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Full text of "Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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HARVARD    UNIVERSITY 


LIBRARY 

OF   THE 


MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY. 


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nr.T  it)  18S1 

BULLETINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES 

SCIENCES,  DES  LETTRES  ET  DES  BEA«X-ARTS 

DE    BELGIQUE. 

gO«»e  ANNÉE,  3"^^  SÉRIE,  T.  XX. 

t 

1890. 


BRUXELLES, 

K.     fUYEZ,     IMPRIMEUR     UE    l'aCADÉMIE    UOYALE     DES    SCIENCES, 
DES   LETTRES   ET    DES    REAUX-ARTS    DE    BELGIQUE, 

rue   de   Louvain,    ll"i. 
MDCCCXC. 


BULLETINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES   ET   DES   BEAIX-ARTS   DE   BELGIQUE. 


BULLETINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES 

SCIENCES,    DES    LETTRES    ET    DES   BEAIX-ARTS 
DE    BELGIQUE. 

SOIXANTIÈMH  ANNÉK.  —  :}■"«  SÉRIE,  T.  :>0. 


W 


BRUXELLES, 

V.     IIAYF.Z,     IMPIUMEUK     DE    l' ACADÉMIE     ROYALE     DES    SCIENCES, 
DES    I.ETTItES    ET    DES    KEAUX-AllTS    DE    itELGlQLE, 

rue  (le  Louvaiii,  lOU. 

1890 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BF.AIIX-AHTS  DE  BELGIQUE. 
1890.  —  N»  7. 


CLASSE  DES  SCIEIICES. 


Séance  du  5  juillet  1890. 

M  Stas,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpélueL 

Sont  présents  :  MM.  F.  Plateau,  vice-directeur;  P.-J.  Van 
Beneden,  le  baron  de  Selys  Longcharaps,  G.  Dewalque, 
H.  Maus,  E.  Candèze,  Brialmont,  Éd.  Dupont,  Éd.  Van 
Beneden,  C.  Malaise,  F.  Folie,  A.  Briart,  Fr.  Crépin,  J.  De 
Tilly,  Ch.  Van  Bambeke,  G.  Van  der  Mensbrugglie,  W. 
Spring,  Louis  Henry,  P.  Mansion,  J.  Delbœuf,  P.  De  Heen, 
membres;  Ch.  de  la  Vallée  Poussin,  associé;  A.  Renard, 
C.  Le  Paige,  Ch.  Lagrange,  L.  Errera  et  F.  Terby,  corres- 
pondants. 

5'°*   SÉRIE,    TOME    XI.  1 


(2) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Minisire  de  rinlérieur  el  de  l'Inslruclion  publique 
écrit  qu'il  a  autorisé  la  publication,  dans  les  Annales 
aslronomiques  de  l'Observatoire  de  Bruxelles,  du  «  Cata- 
logne de  582  étoiles  faibles  de  la  zone  DM  -h  2"  observées 
à  l'institut  de  Cointe,  de  188G  à  1889,  »  par  M.  de  Bail. 

Ce  manuscrit  a  été  remis  à  M.  Folie,  directeur  de 
l'Observatoire,  afin  de  donner  suite  à  la  décision  pré- 
citée. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction 
publique  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Académie,  un 
exemplaire  des  ouvrages  suivants: 

1°  Bulletins  «"'  '3  et  A  de  4889,  du  Cercle  des  natura- 
listes hiitois  ; 

2°  Études  sur  la  reproduction.  A  propos  de  la  matura- 
tion de  l'œuf  parthénogénétique,  par  Aug.  Lameere; 

3°  Travaux  et  Mémoires  du  Bureau  international  des 
poids  et  mesures,  tome  VII.  —  Remerciements. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  envoie  le  catalogue  de  la 
bibliothèque  de  son  département,  tome  II.  —  Remercie- 
ments. 

.M.  Théodore  Caruel,  professeur  à  l'Université  de  Pise, 
fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  la  «  Flora 
ilaliana  »  et  de  quelques  autres  travaux  de  Phil.  Parla- 


(  3  ) 
tore,  ancien  associé  de  la  Classe.  11  offre  en  son  nom  per- 
sonnel :  Vrodromo  délia  flora  toscana.  Slalislica  bolanka 
délia  Toscana.  La  Morfologia  végétale,  etc. 
La  Classe  reçoit  encore  à  titre  d'hommages  : 
1°  De  la   nature  psychologique  de  r/iypnoiisme;  par 
J.  Delbœuf; 

2°  A.  Sur  la  faune  des  eaux  de  la  Méditerranée,  au 
large  de  Monaco,  résultats  des  campagnes  scientifiques  du 
yacht  r  4  Hirondelle  »  ;  B.  Expériences  de  flottage  sur  les 
courants  superficiels  de  l'Atlantique  nord;  par  le  prince 
Albert  de  Monaco; 
5°  Sur  la  nutation  de  l'axe  du  monde;  par  F.  Folie; 
A"  A.  A  propos  de  la  maturation  de  l'œuf  parthénogé- 
nétique;  B.  Recherches  sur  la  réduction  karyogamique ; 
par  Aug.  Lameere; 

5"  Le  Positif  ■+■  et  le  Négatif  —  [L.-C.-Ém.  Vial,  à 
Paris]; 

6°  Distribution  d'eau  :  Agglomération  bruxelloise.  Déri- 
vation des  sources  de  Modave.  Projet  Paul  Van  Hoe- 
gaerden  ; 

7°  A.  Nouvelles  observations  sur  l'acclimatation  du 
a  Discoglossus  auritus  »  ;  B.  Notices  sur  les  mœurs  des 
batraciens,  ¥  fascicule,  par  Iléron-Boyer. 

Sur  la  question  de  la  nutation  diurne,  par  R.  Radau, 
numéros  de  mars,  avril  et  mai  1890  du  Bulletin  astrono- 
mique, publié  par  M.  F.  Tisserand,  sous  les  auspices  de 
l'Observatoire  de  Paris.  Présentés  par  M.  Liagre  avec  une 
noie  qui  figure  ci-après.  —  Remerciements. 

—  M.  J.  Deruyls,  chargé  de  cours  à  l'Université  de 
Liège,  demande  le  dépôt  dans  les  archives  d'un  billet 


(  4.) 
cacheté  (daté  du  23  juin  dernier)  et  portant  en  suscriplion  : 
«  Sur  la  réduction  des  covariants  ».  — Accepté. 

—  L'Institut  royal  vénitien  des  sciences,  des  lettres  et 
des  arts  envoie  le  programme  de  ses  concours  pour  les 
années  1890,  1891  et  1892. 

—  M.  de  Caligny  adresse  une  quatrième  lettre  sur  ses 
recherches  hydrauliques.  —  Impression  au  Bulletin. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

l"  Sur  les  démonstrations  du  théorème  de  Standt  et 
Clausen;  par  Ernest  Cesàro.  —  Commissaires  :  MM.  Catalan 
et  Mansion  ; 

'i"  Sur  la  réduction  des  fonctions  invariantes, ■pâTJSicques 
Deruyts.  —  Commissaires  :  MM.  Le  Paige  et  Mansion; 

5°  Régularité  de  l'Horloge;  par  Ch.  Ploën.  —  Commis- 
saires :  MM.  Van  der  Mensbrugghe  et  Lagrange; 

4°  Recherches  physiologiques  sur  l'occlusion  de  l'aorte 
thoracique;  par  le  docteur  Colson.  —  Commissaires  : 
MM.  Fredericq  et  Gluge. 

—  La  Classe  passe  à  l'ordre  du  jour  sur  un  travail 
manuscrit  de  M.  Delaurier  intitulé  :  Nouveaux  procédés 
lumineux  pour  empêcher  les  abordages  des  navires  en  mer, 
l'auteur  ayant  présenté  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris, 
le  30  juin  dernier,  un  travail  portant  le  même  titre. 


(S) 


NOTE   BIBLIOGRAPHIQUE. 

J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  au  nom  de  M.  R. 
Radau,  l'un  des  collaborateurs  du  Bulletin  astronomique 
publié  sous  les  auspices  de  l'Observatoire  de  Paris  par 
M.  Tisserand,  les  trois  nunaéros  de  mars,  avril  et  mai  du 
Bulletin. 

Ces  numéros  renferment  des  articles  dignes  d'attention, 
dans  lesquels  M.  Radau  présente,  avec  autant  de  cour- 
toisie que  d'autorité,  des  considérations  critiques  très 
sérieuses  sur  un  sujet  qui  a  été  traité  à  diverses  reprises 
dans  nos  publications  académiques  :  je  veux  parler  de  la 
nulation  diurne,  ce  phénomène  très  contestable,  dont 
quelques  savants  ont  déjà  tiré  des  déductions  préma- 
turées, tant  au  point  de  vue  de  l'astronomie  d'observation 
qu'au  point  de  vue  de  la  constitution  intérieure  de  notre 
globe. 

Toutes  les  personnes  auxquelles  cette  question  n'est 
pas  restée  étrangère  liront  avec  un  vif  intérêt  les  articles 
de  M.  Radau.  L'auteur  y  signale  plusieurs  erreurs  et 
inadvertances  dans  les  calculs  par  lesquels  on  a  prétendu 
établir  l'existence  de  la  nutation  diurne.  Son  opinion  est 
que  ce  phénomène  n'est  ni  prévu  par  la  théorie,  ni  établi 
par  l'observation,  et  il  formule  sa  conclusion  en  ces 
termes  : 

<  Les  astronomes  qui  prendront  la  peine  d'étudier  la 
»  question  reconnaîtront  qu'il  est  prématuré  de  parler 
j>  d'effets  sensibles  produits  par  la  nutation  semi-diurne.  » 

J.    LiAGRE. 


(6) 


Versailles,  le  4  juillet  1890. 


Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel, 

L'étude  des  propriétés  des  pièces  centrales  fixes,  objet 
spécial  de  ma  lettre  du  2  avril  dernier,  m'a  permis  de 
modifler  d'une  manière  intéressante  mon  appareil  à  tube 
oscillant  automatique,  ayant  pour  but  d'élever  l'eau  au 
moyen  d'une  chute  motrice. 

Ce  système,  objet  des  figures  25  à  28  de  la  planche  Vlll 
de  mon  ouvrage,  intitulé  :  «  Recherches  théoriques  et 
s>  expérimentales  sur  les  oscillations  de  l'eau  et  les 
»  machines  hydrauliques  à  colonnes  liquides  oscillantes  », 
pouvait  continuer  à  fonctionner  malgré  une  baisse  consi- 
dérable du  niveau  d'amont,  au-dessous  de  l'état  normal 
de  ce  dernier.  Mais,  ainsi  que  je  l'avais  remarqué  page  839, 
il  y  avait  des  limites  assez  restreintes  dans  la  hauteur  que 
le  niveau  d'amont  pouvait  atteindre  au-dessus  de  son 
état  normal,  malgré  le  perfectionnement  indiqué  à  cette 
page. 

Je  vais  rappeler  succinctement  le  principe  le  plus 
essentiel  de  l'appareil  dont  il  s'agit,  tel  qu'il  a  fonctionné 
à  plusieurs  Expositions  internationales  universelles. 

Sur  un  tuyau  de  conduite  partant  d'un  réservoir  d'amont, 
et  relevé  verticalement  dans  l'eau  du  bief  d'aval,  vient  se 
poser  alternativement  un  tube  vertical  mobile.  Son  dia- 
mètre est  plus  grand  que  celui  de  son  anneau  inférieur, 
dont  le  diamètre  est  le  même  que  celui  du  tuyau  de  con- 
duite fixe. 


(7) 

Quand  il  est  soulevé  une  première  fois,  la  colonne 
liqiiitle  acquiert  de  la  vilesse  dans  le  tuyau  de  conduite 
précité.  Lorsque  le  tube  mobile  redescend  ensuite  sur  son 
siège,  en  vertu  de  phénomènes  nouveaux  de  succion, 
décrits  dans  mon  ouvrage,  notamment  pages  318  à  350 
et  5o0  à  368,  il  entraine  un  contre-poids  suspendu  à  l'ex- 
trémité d'un  balancier. 

Lorsque,  après  le  versement  au  sommet  du  tube  vertical, 
en  vertu  de  la  vitesse  acquise  de  l'eau,  il  se  produit  une 
oscillation  en  retour,  l'anneau  inférieur  précité  n'étant 
plus  assez  pressé  de  haut  en  bas  pour  empêcher  le  tube 
mobile  de  se  soulever,  celui-ci  se  relève  en  vertu  de  son 
contre-poids,  et  la  marche  est  établie  indéfiniment. 

On  peut  voir  dans  mon  ouvrage  de  nombreux  détails 
sur  ce  système,  notamment  pages  785  à  837. 

J'avais  principalement  considéré  les  pièces  fixes  des 
figures  précitées  comme  ayant  pour  but  de  permettre 
d'augmenter  la  hauteur  du  versement  sans  employer  de 
réservoir  d'air.  On  va  voir  de  quelle  manière  intéressante 
les  choses  peuvent  être  disposées  dans  le  cas  où  le  niveau 
d'amont  peut  s'élever  considérablement  au-dessus  de  son 
état  normal. 

Pour  que  l'appareil  continue  à  marcher,  dans  la  forme 
que  je  viens  de  rappeler,  d'abord  il  faut  que  l'oscillation 
en  retour  descende  assez  bas.  On  conçoit  donc  que,  si  le 
niveau  monte  au  delà  d'une  certaine  hauteur,  le  tube 
mobile  ne  peut  pas  se  relever. 

J'avais  bien  indiqué  qu'on  pouvait  obvier  à  cet  incon- 
vénient, en  combinant  le  tube  mobile  avec  un  flotteur  qui 
serait  atteint  parle  niveau  du  bief  d'amont  dans  une  capa- 
cité en  communication  avec  ce  bief.  Mais,  pour  les  dimen- 
sions des  appareils  que  j'avais  exécutés,  les  variations  du 


(8) 

bief  supérieur  au-dessus  de  son  état  normal  ne  pouvaient 
pas  être  bien  grandes. 

On  conçoit,  à  cause  des  phénomènes  de  succion,  que, 
par  suite  de  l'augmentation  de  hauteur  dont  il  s'agit 
s'il  se  débite  plus  d'eau  à  chaque  période,  le  flotteur 
pourra  être  entraîné.  Mais  si  la  force  est  suffisante  pour 
faire  redescendre  le  tube  mobile,  il  faudra  prendre  des 
précautions  pour  qu'il  ne  se  relève  pas  trop  tôt.  En  effet, 
la  force  de  succion  cessera  d'agir  quand  ce  tube  sera  posé 
sur  son  siège. 

II  faut  donc  trouver  une  force  capable  de  le  retenir  en 
temps  utile.  Or,  on  peut  augmenter  le  diamètre  du  tube 
mobile,  de  manière  que  la  pression  de  haut  en  bas  sur 
l'anneau  inférieur  soit  assez  grande  pour  contre-balancer 
convenablement,  dans  certaines  limites,  le  flotteur  dont 
il  s'agit.  La  pièce  fixe  aura  des  dimensions  permet- 
tant de  donner  au  tube  mobile  le  diamètre  nécessaire, 
tout  en  conservant  à  sa  partie  supérieure  les  rapports  de 
section  indispensables  pour  les  effets  qu'on  se  propose. 

Pour  saisir  le  principe  dans  toute  sa  simplicité,  on  sup- 
posera que  les  dimensions  de  la  partie  du  tube  mobile, 
laissée  libre  par  la  pièce  centrale  fixe,  sont  disposées  de 
manière  que,  dans  l'état  normal,  l'oscillation  en  retour 
descende  à  peu  près  au  niveau  du  bief  d'aval,  et  qu'à 
cette  époque  le  flotteur,  dont  l'étude  est  l'objet  spécial 
de  cette  lettre,  ne  plonge  pas  dans  le  niveau  du  bief 
d'amont. 

Il  est  clair  qu'à  partir  de  l'instant  où  le  niveau  de  ce 
bief  s'élèvera,  en  vertu  de  l'aftluence  de  l'eau  motrice, 
l'oscillalion  en  retour  descendra  moins  bas  qu'elle  ne  le 
faisait  auparavant.  Il  ne  sera  pas  nécessaire  que  l'oscilla- 
lion descende  aussi  bas  pour  que  le  tube  mobile  se  relève. 


I 


(9) 
Mais  il  faut  éviter,  quand  il  sera  redescendu,  que  la  force 
de  succion,  qui  aura  contribué  à  le  faire  redescendre, 
ayant  cessé  d'agir  quand  il  est  posé  sur  son  siège,  il  ne  se 
relève  plus  tôt  qu'il  ne  doit  le  faire,  et  que  cela  n'occa- 
sionne des  soubresauts. 

Si  le  tube  mobile  a  un  diamètre  assez  grand  par  rapport 
à  celui  de  son  anneau  inférieur,  il  en  résultera,  quand 
l'oscillation  en  retour  descendra  moins  que  dans  l'état 
normal,  une  force  qui  peut  être  combinée  avec  celle  du 
flotteur  pour  empêcher  celui-ci  de  relever  le  tube  mobile 
avant  l'époque  convenable,  quand  le  niveau  d'aval  ne  sera 
pas  trop  monté.  Or,  il  est  bien  à  remarquer  que,  dans  l'état 
normal  du  niveau  d'amont,  le  tube  mobile  pourrait  avoir 
un  assez  grand  diamètre  sans  que  cela  empêchât  la  colonne 
liquide  de  redescendre  jusqu'au  niveau  du  bief  d'aval. 

On  conçoit  donc  qu'il  peut  rester  assez  d'eau  dans  le 
tube  mobile  pour  contre-balancer  convenablement  le  flot- 
teur dans  son  action  de  bas  en  haut,  et  que  les  conditions 
d'équilibre  peuvent  ne  pas  différer  sensiblement  de  ce  qui 
avait  lieu  dans  l'état  normal,  de  sorte  que  le  tube  mobile 
se  relèvera  dans  des  conditions  analogues.  Il  y  a,  cepen- 
dant, un  détail  qui  ne  pourra  être  réglé  que  par  l'expé- 
rience. 

Quand  le  tube  se  lèvera,  il  tendra  à  se  produire  une 
succion  résultant  de  la  descente  de  l'eau  restée  à  son 
intérieur.  Mais  il  y  a  déjà  une  étude  préliminaire  faite  à 
l'écluse  de  l'Aubois  et  sur  un  modèle  à  Versailles,  relative- 
ment à  la  forme  que,  pour  des  circonstances  analogues,  on 
est  obligé  de  donner  à  une  espèce  de  collerette  relevée 
extérieurement,  disposée  à  l'extrémité  inférieure  du  tube 
mobile  et  qui  favorise  la  force  de  succion,  ainsi  que  cela 
est   indiqué   dans  les  Annales   des  Ponts  et  Chaussées, 


(  10) 

cahier  de  juillet  1886,  pages  122  et  suivantes,  où  l'on  voit 
la  contirmalion  des  considérations  données  pages  954  et 
suivantes  de  mon  ouvrage. 

Cette  lettre,  d'ailleurs,  a  seulement  pour  but  de  bien 
préciser  un  principe  essentiel. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  l'hom- 
mage  de  mes  sentiments  de  haute  considération. 

Le  Marquis  de  Caligny. 


RAPPORTS. 


Contribulions   à   l'élude  du  Nebenkern  ; 
par  Emma  Leclercq. 

Rapport  de  M.   Éd.  Va»%  Betteden. 

«  Dans  une  note  intitulée  :  a  Contributions  à  l'étude  du 
Nebenkern  »  M"'  Leclercq  expose  sommairement  les 
résultats  de  l'étude  qu'elle  a  entreprise  de  la  spermatoge- 
nèse  chez  l'Alyte  et  chez  quelques  Sélaciens  {Squatinange  et 
ScylUum).  Celte  étude,  commencée  au  laboratoire  d'em- 
bryologie du  Collège  de  France,  a  été  continuée  à  l'Institut 
histologique  de  l'Université  de  Gand.  Le  but  de  l'auteur 
a  été  avant  tout  d'élucider  l'histoire  de  la  formation  des 
figures  karyokinétiques;  aux  données  qu'elle  fournit  rela- 
tivement à  la  division  des  spermatogonies  et  des  sperma- 
tocytes,  M"'  Leclercq  a  joint  des  renseignements  sur  la 
transformation  des  spermatides  en  spermatosomes. 

Les  auteurs  allemands  emploient  le  mot  Nebenkern, 
créé  par  Biitschli,  pour  désigner  un  corps  que  de  la 
Valette  Saint-Georges  a  découvert  dans  les  cellules  sper-  ^ 


(  H  ) 

matiqties  de  divers  animaux;  rexistciice  de  cet  élément 
énigmaliqiie  a  été  conlirmée  par  un  grand  nombre  d'obser- 
vateurs. Malheureusement,  le  même  nom  a  été  donné 
à  toutes  sortes  de  formations  hétérogènes.  Les  éléments 
les  plus  divers,  dès  le  moment  où  ils  siègent  dans  le  corps 
cellulaire  à  côté  du  noyau,  soit  dans  les  cellules  sperma- 
tiques,  spermatogonies,  spermatocytes,  spermalides  et 
spermatosomes,  soit  dans  n'importe  quel  genre  de  cellules, 
ont  été  appelés  JSebenkerne.  11  n'y  a  pas  jusqu'à  des  para- 
sites qui  n'aient  été  désignés  sous  ce  nom.  Le  Nebenkern 
dont  s'occupe  M""'  Leclercq  est  bien  l'organe  cellulaire 
découvert  par  de  la  Vallelte  Saint-Georges  et  dénommé 
par  Bûtschli. 

Il  n'y  a  pas  bien  longtemps,  on  ignorait  totalement  le 
rôle  de  cet  élément.  Des  recherches  toutes  récentes,  en 
établissant  qu'il  joue  un  rôle  dans  l'édilicalion  des  figures 
karyokinéliques,  tendent  à  confirmer  l'opinion  que  j'ai 
formulée,  à  la  suite  de  mes  études  sur  la  mitose  chez 
l'Ascaride  mégalocéphale,  d'après  laquelle  il  existerait 
dans  toute  cellule  au  repos,  à  côté  de  l'organe  nucléaire, 
un  autre  organe  différencié,  qui  se  diviserait  préalablement 
au  noyau  et  interviendrait  pour  une  part  importante  dans 
la  genèse  des  figures  achromatiques,  dont  l'ensemble 
constitue  un  mécanisme  présidant  activement  à  la  division. 
Cet  organe  de  la  cellule,  je  l'ai  découvert  dans  les  blasto- 
mères  de  l'Ascaris,  où  il  se  constitue  d'un  corpuscule  cen- 
tral, et  d'une  portion  différenciée  du  corps  cellulaire,  avec 
laquelle  il  forme  ce  que  j'ai  appelé  la  sphère  attractive. 
J'ai  établi  qu'il  se  divise  avant  le  noyau  et  que  sa  division 
commence  par  le  dédoublement  du  corpuscule  central, 
après  quoi  que  ses  moitiés  s'écartent  l'une  de  l'autre  pour 
gagner  peu  à  peu  les  extrémités  opposées  d'un  diamètre 
nucléaire;  j'ai   montré  qu'une   portion   déterminée  des 


(  12) 
fibrilles  achromatiques  du  fuseau  nucléaire  et  des  autres 
rayons  des  asters  procèdent  des  sphères  attractives.  J'ai  le 
premier  reconnu  que  le  corpuscule  central  constitue  vérita- 
blement le  centre  dynamique  de  la  cellule,  qu'il  est  un 
organe  permanent  des  blastomères,  au  même  litre  et  de  la 
même  manière  que  le  noyau  lui-même. 

Ces  conclusions,  confirmées  par  les  observations  de 
Boveri   chez   l'Ascaride  du  Cheval,  par  RabI,  Kôlliker, 
Vialleton,  Solger,  Nuel  et  tout  récemment  encore  par 
Henneguy,  dans  leurs  recherches  sur  la  division  et  la  consti- 
tution de  cellules  d'ordres  divers,  ont  trouvé  un  nouvel 
appui  dans  les  beaux  travaux  dePlatneretde  Hermann  sur 
la  spermatogénèse.  Ces  auteurs  ont  montré,  en  effet,  que, 
lors  de  la  division  des  spermalogonies  et  des  spermato- 
cytes,  tant  chez  les  Mollusques  pulmonés  et  les  Lépidop- 
tères que  chez  la  Salamandre,  le  Nebenkern  se  comporte 
comme  les  organes  centraux  des  blastomères  de  l'Ascaris; 
les  ligures  dicentriques  s'édilient  aux  dépens  des  Neben- 
kerne,  divisés  au  préalable  en  deux  moitiés  qui,  après  s'être 
écartées  l'une  de  l'autre,  deviennent  les  portions  polaires 
des  figures  mitosiques. 

M"'  Leclercq  a  confirmé  les  conclusions  de  Plalner 
dans  ses  études  sur  la  spermatogénèse  chez  l'Alyte  et  chez 
les  Scyllium,  en  ce  sens  qu'elle  a  reconnu  que  chez  ces 
vertébrés  le  Nebenkern  intervient  dans  la  formation  de 
fuseau  achromatique.  Mais  elle  n'a  pas  pu  se  convaincre  de 
la  division  de  l'organe  central  :  elle  se  croit  autorisée  à 
contester  la  réalité  de  cette  division  et  admet  que  le  fuseau 
tout  entier  s'édifie  directement  aux  dépens  d'un  Nebenkern 
unique  et  indivis.  Les  filaments  achromatiques  du  futur 
fuseau,  après  avoir  atteint  l'équaleur  de  la  figure  dicen- 
irique  en  voie  de  formation,  continueraient  à  s'allonger, 
dépasseraient  le  plan  équatorial  et  finiraient  par  se  réunir 


(  <3) 

au  côté  opposé.  Les  deux  pôles  de  la  ligure  de  division  ne 
seraient  donc  pas  seulement  d'âges  différents,  mais  ils  se 
formeraient  par  des  processus  différents  et  seraient  par 
conséquent  de  valeur  différente. 

M"'  Leclercq  a  bien  voulu  me  montrer  une  partie  des 
préparations  sur  lesquelles  elle  se  fonde  pour  soutenir  son 
opinion.  Tout  en  rendant  hommage  à  l'excellence  de  ces 
préparations,  je  ne  puis  m'erapècher  de  dire  qu'à  mon 
avis  elles  sont  insuffisantes  pour  établir  la  thèse  que  sou- 
tient M"*  Leclercq. 

Que  le  Nebenkern  évolue  ou  non,  comme  le  pense  notre 
auteur,  il  importe  en  tous  cas  de  distinguer  nettement  cet 
élément  d'un  noyau  de  cellule.  Dire,  comme  M"^  Leclercq, 
que  les  cellules  spermatiques  renferment  deux  noyaux,  un 
noyau  chromatique  ou  noyau  passif  et  un  noyau  accessoire 
ou  noyau  actif,  c'est  établir  dans  les  termes  une  confusion 
qui,  j'en  suis  convaincu,  n'existe  pas  dans  la  pensée  de 
l'auteur. 

Je  n'analyserai  pas  les  renseignements  difficiles  à  com- 
prendre que  M"*  Leclercq  fournit  au  sujet  de  la  formation 
des  spermatosomes  aux  dépens  des  spermatides.  Les  faits 
qu'elle  signale  sont  fort  extraordinaires. 

M"^  Leclercq  possède  des  connaissances;  ses  prépara- 
lions  témoignent  de  son  habileté  en  matière  de  technique 
histologique.  C'est  pourquoi,  tout  en  faisant  mes  réserves 
sur  la  valeur  des  résultats  annoncés,  j'ai  l'honneur  de 
proposer  à  la  Classe  d'ordonner  l'impression  de  la  courte 
notice  qu'elle  soumet  à  l'apréciation  de  l'Académie  dans  le 
Bulletin  de  la  séance,  d 

Ces  conclusions,  auxquelles  se  rallie  M.  Van  Bambeke, 
sont  adoptées. 


(U) 


Sur  les  observations  de  M.  Dwelshauvers-Dery,  professeur 
à  l'Université  de  Liège,  concernant  la  notice  biogra- 
phique de  Hirn,  rédigée  par  M.  Folie,  membre  de 
l'Académie. 

itapport  de  M,  Mati». 

et  M.  Dwelshauvers,  ancien  anni  el  confident  de  Hirn, 
critique  la  manière  dont  M.  Folie  apprécie  l'éminent 
associé  de  l'Académie;  il  conteste  certaines  opinions  attri- 
buées à  Hirn  par  son  biographe,  et  signale  une  erreur  de 
fait,  qu'il  tient  à  réfuter. 

Je  ne  discuterai  pas  les  opinions  contestées,  parce  qu'elles 
ne  concernent  pas  les  travaux  scientifiques  que  l'Académie 
a  la  mission  d'apprécier. 

Pour  constater  l'erreur  annoncée,  M.  Dwelshauvers 
cite  le  passage  suivant  extrait  de  la  notice  biographique  : 
«  Hirn  se  rangea  tout  d'abord  parmi  les  adversaires  de 
»  la  théorie  de  R.  Mayer,  et  ce  furent  les  expériences 
»  mêmes,  qu'il  institua  dans  l'intention  de  la  renverser, 
»  qui  le  convertirent  et  firent  de  lui  l'un  de  ses  plusfer- 
»  vents  adeptes.  » 

M.  Dwelshauvers  nous  apprend  que  le  Bulletin  de  la 
Société  industrielle  de  Mulhouse,  tome  XXVI,  1854,  pages 
i88  à  277,  contient  des  mémoires  de  Hirn  dont  il  a 
fait  des  extraits  qui  servent  de  base  à  ses  observations  et 
que  j'essaierai  de  résumer. 

Les  premières  expériences  sur  le  frottement  ont  été 
entreprises  par  Hirn,  pour  comparer  des  huiles  de  grais- 
sage; c'est  dans  le  cours  de  ces  expériences  qu'il  a  mesuré 
la  quantité  de  calorique  produite  par  le  frottement  et 
trouvé,  à  une  époque  où  il  ignorait  les  travaux  de  Mayer, 


(  IS  ) 

Joule  et  Foucault,  que  la  quanlilé  absolue  de  calorique 
développée  par  le  IVollement  médiat,  est  directement  et 
uniquement  proporlioniiclle  au  travail  mécanique  absorbé 
par  le  IVollement. 

Lorsque  Hirn  eut  connaissance  des  travaux  des  physi- 
ciens qui  viennent  d'èlre  cilés,  il  a  considéré  la  loi  for- 
mulée par  Mayer  comme  l'une  des  grandes  découvertes  de 
notre  époque;  il  entreprit  de  nouvelles  expériences  pour 
en  constater  l'exactitude.  Les  résultats  qu'il  a  trouvés  l'ont 
engagé  à  proposer  à  l'énoncé  de  Mayer  la  légère  modifi- 
cation suivante  :  «  La  constance  parfaite  de  l'équivalent 
D  mécanique  calorique  est  troublée  par  de  faibles  éléments 
B  perturbateurs,  dont  la  nature  reste  encore  à  déterminer, 
»  et  ne  pourra  l'être  que  par  de  nouvelles  expériences 
»  (l'une  certitude  excessive.  » 

M.  Dwelshauvers  affirme,  qu'à  la  fin  de  sa  vie,  Hirn  ne 
croyait  pas  que  l'on  fût  en  possession  de  la  véritable  valeur 
de  l'équivalent  mécanique,  ni  même  d'une  démonstration 
expérimentale  de  sa  constance. 

Le  résumé  qui  précède  prouve  que  Hirn  n'a  pas,  comme 
l'annonce  la  notice  biographique,  comballu  la  théorie  de 
Mayer;  qu'après  l'avoir  étudiée,  il  ne  l'a  pas  admise  d'une 
manière  absolue  ;  enfin  que  Hirn  a  trouvé,  avant  de  con- 
naître les  travaux  de  Mayer,  que  la  quantité  de  chaleur, 
produite  par  le  frottement,  est  proportionnelle  au  travail 
mécanique  absorbé  par  ce  frottement,  découverte  qui 
donne  un  grand  mérite  aux  expériences  de  Hirn  et  dont  la 
notice  biographique  ne  fait  pas  mention. 

Les  reclificalions  et  l'addition  à  faire  à  la  notice  biogra- 
l)hique,  d'après  les  observations  de  M.  Dwelshauvers, 
doivent  engager  l'Académie  à  donner,  à  ces  observations, 
la  même  publicité  qu'à  la  notice  biographique  même. 

J'ai,  en  conséquence,  l'honneur  de  proposer  d'insérer, 


(  16) 

dans  le  Bulletin  de  la  séance,  les  observations  de 
M.  Dwelshauvers,  et  de  demander  qu'à  l'avenir  les  notices 
biographiques  soient  publiées  dans  l'Annuaire  de  l'Aca- 
démie. » 

M.  De  Tilly,  second  commissaire,  s'est  rallié  à  ces  con- 
clusions. 

La  Classe  a  voté  l'impression  du  travail  de  M.  Dwel- 
shauvers dans  le  Bulletin.  La  seconde  proposition  des 
commissaires  sera  portée  à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine 
séance. 


Sur  les  covariants  primaires  ;  par  J.  Deruyts. 

Rappot't  (fe  BM.  C  IjB  M*aige. 

«  Le  travail  actuel  de  notre  jeune  collègue  est  une  suite 
de  ses  recherches  antérieures  sur  les  covariants;  comme 
les  précédents  mémoires,  il  est  de  telle  nature  qu'il  est 
bien  difficile  de  rendre  compte  des  résultats  qu'il  contient 
sans  faire  usage  d'expressions  analytiques  fort  compliquées. 
Je  crois  donc  pouvoir  me  borner  à  dire  qu'après  avoir  lu, 
avec  la  plus  grande  attention,  le  mémoire  de  M.  Deruyts, 
je  le  crois  digne  de  figurer  dans  le  Bulletin  de  la  séance; 
l'auteur  y  démontre  un  grand  nombre  de  propriétés  inté- 
ressantes des  covariants  primaires,  dont  la  notion  lui  est 
due,  en  faisant  usage  des  expressions  qu'il  appelle  irréduc- 
tibles; il  généralise  des  propriétés  importantes  rencontrées 
par  d'autres  géomètres,  et  ne  fait  usage  que  de  démon- 
strations extrêmement  simples. 

Néanmoins,  malgré  leur  simplicité  et  à  raison  de  leur 
caractère  presque  purement  symbolique,  ces  démonstra- 
tions ne  peuvent  être  comprises  qu'après  une  étude  spéciale 


(  17  ) 
(les  procédés  de  railleur;  aussi  exprimerai-je  l'espoir,  dans 
l'inlérèl  de  M.  Deruyis,  qu'il  se  décide  bientôt  à  faire  de 
Tensemble  de  ses  recherches  un  tout  bien  coordonné,  où 
toutes  les  théories  qu'il  a  découvertes  viendraient  occuper, 
non  plus  leur  place  historique,  mais  leur  place  logique. 

Je  suis  persuadé  qu'un  pareil  travail  honorerait  grande- 
ment notre  jeune  collègue  de  Liège  et  la  science  belge.  » 

Ces  conclusions,  appuyées  par  MM.  Mansion  et  De  Tilly, 
sont  volées  par  la  Classe. 


Sur  la  conslitution  de  la  benzopmacoline  P  ; 
par  Maurice  Delacre. 

itappot't  (fe  3f,   E,oȑis  Henry. 

«  Dans  un  but  qu'il  est  inutile  d'indiquer  en  ce  moment, 
M.  Delacre  s'occupe  depuis  deux  ans  de  l'étude  des  pro- 
duits de  condensation  de  l'acéto-phénone.  Dans  le  cours 
de  ces  recherches,  il  a  été  amené  à  examiner  plusieurs 
pinacolines  dérivées  de  l'acétone 

dont  aucune  ne  remplit  la  fonction  acétonique.  il  a  été 
conduit  ainsi  à  s'occuper  de  la  constitution  des  pinaco- 
Imes.  Il  serait  superflu  d'insister  sur  l'intérêt  que  présente, 
au  point  de  vue  général,  cette  classe  de  corps;  leur  con- 
stitution touche,  en  efiel,  à  la  question  des  transpositions 
intra-moléculaires,  des  déplacements  atomiques  au  sein  des 
molécules,  au  milieu  des  réactions  chimiques. 

Deux  théories  ont  été  proposées  sur  la  conslitution  des 

5"^    SÉIIIE,   TOME    XX.  2 


C  18) 

pinacolines  :  M.  Friedel  les  regarde  comme  des  composés 
syniélriques,  les  vérilables  oxydes  correspondant  aux 
alcools  bi- tertiaires  que  représentent  les  pinacones; 
M.  Butlerow,  au  contraire,  en  fait  des  acétones  dissymé- 
triques de  la  formule  générale 

(C„H,)3  =  C-C0-C„H,. 

A  la  suite  de  l'étude  qu'il  a  faite  de  la  benzopinacoline  (3, 
obtenue  autrefois  par  M.  Linnemann,  au  moyen  de  la 
benzopinacone 

(CeHs),  -  C(OH)  --  C(OH)  -  (CfiHs),, 

M.  Delacre  se  range  à  l'opinion  de  M.  Friedel  et  attribue 
à  ce  composé  la  formule 

(CeHslâ  —  C  —  C  —  (C6Hi;)2, 

qui  en  fait  l'oxyde  de  l'éthylène  tétraphénylé. 

Voici  les  faits  sur  lesquels  il  s'appuie  et  qu'il  a  résumés 
lui-même  à  la  fin  de  son  mémoire  : 

1°  Le  tétra-phényl-éthylène,  oxydé  par  le  permanganate 
de  potassium,  fournit  la  benzopinacoline  (3,  identique  à 
celle  que  donne  la  déshydratation  de  la  benzopinacone 
elle-même; 

2°  La  benzopinacoline  (3,  réduite  par  le  zinc-éthyle, 
fournit  l'alcool  benzopinacolique  (3,  produit  nouveau  qu'il 
décrit  ainsi  que  son  acétate; 

3"  Cet  alcool  benzopinacolique,  déshydraté,  régénère  le 
tétra-phényl-éthylène  primitif. 

Le  tétra-phényl-éthylène  qui  sert  de  point  de  départ  à 


(  19) 

ce  cycle  de  iransformalions,  est  un  de  ces  corps  dont  la 
consliliilion  peut  èlre  regardée,  à  juste  tilre,  comme  cer- 
taine. H  en  résulte  que  l'argumentation  de  M.  Delacre  est 
tout  à  fait  péremptoire  dès  l'instant  même  que  l'on  admet 
qu'aucune  transposition  atomique  ne  s'opère  lors  de  l'oxy- 
dation de  ce  composé.  Or,  c'est  là  le  point  délicat.  On  sait, 
en  effet,  que,  lors  de  la  fixation  de  l'oxygène  sur  les  dérivés 
lialoïdes  de  l'élhylène,  il  s'opère  des  modifications  dans 
les  rapports  de  combinaison  du  carbone  du  noyau  car- 
boné C  =  C  avec  les  corps  halogènes;  c'est  ainsi  que 
l'élhylène  tribromé  fournit,  par  l'action  de  l'oxygène  de 
l'air,  du  bromure  d'acélyle  tri-bromé  C  Brj  —  CO  Br. 

Ke  peut-on  pas  assimiler  le  radical  phényle  C,j  Hg,  dans 
ces  circonstances,  à  l'atome  d'un  corps  halogène? 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  travail  de  M.  Delacre  constitue 
une  contribution  d'un  véritable  intérêt  pour  la  solution 
de  la  question  de  la  nature  des  pinacolines. 

Il  est  fait  avec  tout  le  soin  scrupuleux  que  l'auteur  a 
rhabitude  de  mettre  dans  ses  travaux  et  ses  recherches. 
La  description  des  divers  composés  nouveaux  qu'il  signale 
est  accompagnée  d'indications  cristaliographiques  dues  à 
M.  Cesaro. 

J'ai  donc  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  : 

1°  D'imprimer  le  mémoire  de  M.  Delacre  dans  les  Bul- 
letins ; 

2°  De  l'engager  à  continuer  ses  recherches,  dont  on 
peut  attendre  des  résultats  d'un  si  haut  intérêt  sous  divers 
points  de  vue.  » 

M.  Spring,  second  commissaire,  a  appuyé  ces  conclu- 
sions, qui  sont  votées  par  la  Classe. 


(  20  ) 


iSwr  la  courbure  des  courbes  planes;  par  A.  Demoulin. 

Rapport  <fe  m.  .natmiotty  pi'emief  cotntnitaait'c 

a  Le  mémoire  de  M.  A.  Demoulin,  sur  lequel  je  suis 
chargé  de  faire  rapport,  se  compose  d'une  introduction 
contenant  l'exposé  d'un  nouveau  système  de  coordonnées 
et  une  nouvelle  expression  du  rayon  de  courbure  des  lignes 
planes;  puis  de  deux  chapitres  consacrés  à  l'application 
aux  coniques  et  aux  cubiques  des  formules  trouvées.  Nous 
allons  analyser  rapidement  les  trois  principales  subdivisions 
du  mémoire. 

Introduction.  —  Soient  A  et  B  deux  points  fixes,  A  une 
droite  flxe  rencontrant  AB  en  0.  La  position  de  tout  point 
M  du  plan  (AB,  A)  est  déterminée  par  les  distances  posi  - 
tives  ou  négatives  m  ==  OA',  n  =  OB'  des  points  A',  B' 
d'intersection  de  A  avec  AM  et  BM .  Si  M  décrit  une  droite, 
les  coordonnées  (m,  n)  variables  de  ce  point,  sont  liées 
entre  elles  par  une  équation  linéaire  en  m  et  linéaire  aussi 
en  n;  de  plus,  on  a  rw  =  0,  ?i  =  0  simultanément.  11  en 
résulte  que  l'équation  d'une  droite,  en  coordonnées  wî,  n, 
est  de  la  forme 

A       B      ^ 
An  -*-  Bm  -+-  Cmn  =  0,         ou  1 »-  C  =  0. 

m       n 

On  en  conclut  qu'une  courbe  d'ordre  p,  rencontrée  par 
une  droite  en  p  points,  est  représentée  par  une  relation 
Wl,i]  =  0  d'ordre/)  en-,-. 
Une  droite  MB  passant  par  deux  points  M  (m  =  OA', 


(21  ) 

ti  =  OB')  dont  le  second  R  peut  se  trouve  sur  la  droite  A, 
a  une  équation  de  la  forme  : 

A'R  _     m 
ÏÏTl  ^     /T" 

Si  MR  est  tangente  à  la  courbe  9  (m,  n)  =0,  en  M, 
on  a 


(l'i 


A'R       nrim 


B'R       mdfi 


Par  la  théorie  des  transversales,  on  peut  introduire, 
dans  cette  formule,  au  lieu  des  segments  A'R,  B'R,  les 
droites  AM,  BM,  AA',  BB'.  On  trouve  ainsi 


(I)    . 


sin  AMR  _  sin  (A.M,a)   MA    BB'   an 
sin  BMR  ~  sin  (BM,a)"  WÏi"  ÂÂ''  1^' 


Si  l'on  suppose  maintenant  que  A  soit  aussi  sur  la 
courbe,  et  que  M  se  rapproche  indéfiniment  de  A,  le  point 
T  où  la  tangente  MT  rencontre  A  et  le  point  R  tendent 
indéfiniment  vers  T,,  situé  à  la  fois  sur  A  et  sur  la  tan- 
gente en  A.  La  formule  (I)  devient,  à  la  limite, 


(III)    . 


1 


sin  AT„0    2=„    BO 


fA 


sin  BAT,       sin  AOÏ„   AB    AT„ 


on 


Of 


'<?m'  "rîi 


p„  étant  le  rayon  de  courbure  en  A. 


(  22  ) 

Coniques.  En  appliquant  aux  coniques  les  trois  for- 
mules fondamentales  précédentes,  M.  Demoulin  trouve  une 
foule  de  relations  métriques  relatives  ou  non  aux  rayons 
de  courbure.  Il  suppose  que  les  coniques  considérées 
passent  par  les  deux  points  fondamentaux,  ce  qui  réduit 
leur  équation  à  la  forme  simple  mn  -+-  Bw  -4-  Cn  h-  D  =  0. 
Nous  ne  citerons  que  deux  des  propriétés  trouvées  ainsi, 
l'une  connue,  l'autre  nouvelle  : 

Les  rayons  de  courbure  en  deux  points  d'une  conique 
sont  proportionnels  aux  cubes  des  distances  de  ces  points 
au  pôle  de  la  droite  qui  les  réunit. 

Le  rayon  de  courbure  pa  d'une  conique  en  A,  est  égal  à 

\  sin^  BAA, 

(X) -AH 


4        sinTAAi-sin-BAT' 

Al  et  B  sont  des  points  quelconques  de  la  conique,  AT  est 
la  tangente  en  A,  H  le  conjugué  de  A  sur  A,?,  P  le  point 
de  rencontre  de  AAj  avec  la  tangente  BP  en  B;  A,  le 
symétrique  de  A^,  par  rapporta  A. 

On  déduit  de  là  de  nombreuses  conséquences,  quand  on 
donne,  à  B  et  à  A,,  des  positions  particulières. 

Cubiques.  L'auteur  applique  d'abord  les  formules  fon- 
damentales aux  cubiques  quelconques.  Il  introduit  dans  les 
résultats  trouvés  un  grand  nombre  d'éléments  géomé- 
triques, savoir  :  A,  une  sécante  quelconque  coupant  la 
cubique  en  R„  Ra,  R3;  ABC  une  autre  sécante  cou- 
pant A  en  0  et  rencontrant  la  cubique  en  A,  B,  C.  Les 
parallèles  à  A  en  A,  B,  C  rencontrent  la  cubique  en  (A^,  A2), 
(B,,  B2),  (Ci  Cs).  En  prenant  A,  B  et  A  pour  défmir  les 
coordonnées,  la  cubique  a  une  équation  de  la  forme 

mW  ■+-  Bmhi  +  Cmn^  ■*-  Dmn  -+•  Em*  ■+■  Fn^  -t-  Gm  -\-Hn  =  0. 


(  23) 
Tons  les  coefficients  peuvent  s'exprimer  au  moyen  des 
éléments  définis  plus  haut  et  des  tangentes  AT„,  BT4,CT,, 
T„,  Ti,  T,  étant  sur  A.  Voici  une  des  nombreuses  relations 
métriques  obtenues,  par  comparaison  des  valeurs  diverses 
obtenues  pour  les  coefficients  : 

AA,.AA,.OT„.BC_BB,.DB,.OT,.CA      CC,.CC,.OT,.AB 
OA  ÔB  ÔC  • 

On  peut  en  déduire  beaucoup  d'autres. 

La  formule  (III)  donne  à  l'auteur  plusieurs  formules  plus 
ou  moins  élégantes  sur  les  rayons  de  courbure;  mais  il  est 
difficile  de  les  exposer  en  langage  vulgaire.  Nous  n'en  cite- 
rons qu'une  seule.  On  a 

(XXIII).     .     2p,=     ÔÂ\0B.AA,.AA. 


AB .  OR, .  OR2 .  OR3  sin  ? 


Dans  cette  formule,  AB  est  une  tangente  en  A,  à  la 
cubique  qu'elle  coupe  en  B;  AAiA,,  OB^RoRs  sont  deux 
sécantes  parallèles  rencontrant  la  cubique  en  (A,  A^,  A2), 
(R,,  B.2,  B3);  0  se  trouve  sur  AB,  y  est  l'angle  A,AB. 

Le  même  paragraphe  contient  aussi  de  jolies  applica- 
tions au  système  cubique  formé  par  une  conique  et  une 
droite.  Exemple  : 

(XVH) ^e.  =  ^^^^ 

OA  .  OB.  sin  jj 

AB  est  une  corde  d'une  conique;  B^R,  une  parallèle  à  la 
tangente  en  A  coupant  AB  en  0,  f  l'angle  AOB,. 

M,  A.  Demoulin  examine  ensuite  les  propriétés  des 
cubiques  unicursales  en  général,  puis  de  celles  qui  n  ont 


(  24  ) 
pas  de  points  de  rebrousseinent,  de  celles  qui  ont  un  point 
double,  enfin  des  cubiques  cuspidales.  Il  interprète  géo- 
métriquement les  coeflicients  des  équations,  cherche  les 
rayons  de  courbure  en  difi'érents  points  remarquables, 
particulièrement  au  point  double  d'une  cubique  cruno- 
dale.  Il  trouve  aussi  maints  résultats  curieux  relatifs  aux 
coniques  inverses  de  cubiques.  Citons  trois  des  proposi- 
tions obtenues  par  l'auteur  :  \°  En  un  point  simple  A 
d'une  cubique  ayant  un  point  double  B,  le  rayon  de  cour- 
bure est  donné  par  la  formule 

1      Ae, .  Aô.2 .  BBi 

(XXXV).     .     .     .     —. ■ -. 

^  ^  2sinî)      AB.AA, 

La  tangente  en  A  rencontre  la  courbe  en  Aj,  les  tan- 
gentes au  point  double  en  0,,  G^;  BB,  est  parallèle  à  AAj 
et  (p^BAÂi;2''  En  un  point  double  A,  le  rayon  du  cercle 
osculateur  tangent  à  la  tangente  AGj  est  égal  à 

~Âëi .  AA, 


AB  .  B,8, .  Bjâ,  .  sin  5>' 

B  est  un  point  de  la  cubique,  par  où  l'on  a  mené  une 
sécante  rencontrant  les  tangentes  en  A,  aux  points  9i,  02, 
tels  que  BGj  =  BO,,  la  courbe  en  B^  et  B^  ;  AA^  est  paral- 
lèle à  BB^Ba  et  rencontre  la  courbe  en  A^;  9  =^  BAA^; 
5°  L'asymptote  d'une  cubique  à  point  isolé  rencontre  les 
tangentes  menées  en  deux  points  d'inflexion  réels,  en  deux 
points  dont  la  distance  est  triple  de  celle  des  points  oii 
cette  asymptote  rencontre  les  rayons  vecteurs  joignant  le 
point  isolé  aux  points  d'inflexion  (XLVn). 
Comme  on  peut  en  juger  par  cette  analyse,  le  mémoire 


(2S  ) 

de  M.  Demonlin  contient,  dans  l'introduction,  l'exposé  d'un 
système  original  de  coordonnées,  nouveau  autant  que  nous 
pouvons  en  juger,  et  une  expression  remarquable  du  rayon 
de  courbure  d'une  courbe  plane  dans  ce  système  de  coor- 
données. Dans  les  chapitres  I  et  II,  il  y  a  un  grand  nombre 
d'applications  plus  ou  moins  intéressantes  do  cette  formule 
fondamentale.  Le  mémoire  tout  entier  est  écrit  avec 
mélhode  et  clarté.  Nous  proposons  à  la  Classe  d'en  voter 
l'impression  dans  le  Recueil  in-S"  de  ses  mémoires  et 
d'adresser  des  remerciements  à  l'auteur.  » 


ttappot'l  de  ff .  Calaian,  deuaciètne  co»ntni»»aiwe . 
I 

«  Après  l'analyse  lumineuse  due  à  notre  savant  Confrère, 
je  pourrais  me  contenter  de  conclure  par  la  formule  habi- 
tuelle :  je  me  rallie...  Mais,  en  voulant  lire  le  Mémoire  de 
M.  Demoulin,  j'ai  été  arrêté  net,  dès  la  première  page.  On 
y  trouve,  en  effet,  les  propositions  suivantes,  non  démon- 
trées : 

«  Uéqualion  d'une  droite,  en  coordonnées  (m,  n),  savoir. 

A        B       ^ 
m        H 

«  On  a,  pour  tout  point  de  la  droite  MR, 

m  ~Ôr'~  ^[it       OR 

À  étant  un  paramètre  convenable  », 
etc. 


(26) 

Plein  de  son  sujet,  le  jeune  inventeur  a  considéré, 
comme  étant  évidentes,  ces  propositions  préliminaires,  qui 
auraient  grand  besoin  d'être  expliquées  et  démontrées. 
Est-ce  que,  au  commencement  de  tout  traité  de  Géométrie 
analytique  (*),  l'auteur  ne  cherche  pas  quelle  est,  en 
coordonnées  cartésiennes,  Véqualion  de  la  ligne  droite? 

Embarrassé,  comme  je  viens  de  le  dire,  j'ai  écrit  à 
M.  Demoulin,  qui  m'a  donné  les  explications  nécessaires. 
Je  pense  qu'il  fera  bien  de  les  introduire  dans  cette  malen- 
contreuse page  1  :  les  lecteurs  non  initiés  à  son  système 
de  coordonnées  n'auront  plus  à  se  creuser  la  cervelle  (**). 


II 

La  page  5  contient  une  formule  (IX),  très  curieuse,  si 
elle  est  exacte.  Je  n'ai  pu  en  faire  la  vérification  a  poste- 
riori. Prière,  à  l'Auteur,  de  vouloir  bien  examiner  ce  point. 


III 

Le  Mémoire,  écrit  avec  méthode  et  clarté,  contient 
cependant  quelques  négligences  de  style,  que  je  me  suis 
permis  de  noter.  M.  Demoulin  les  fera  facilement  dispa- 
raître, lors  de  la  re vision  des  épreuves. 


(■)  J'emploie  le  langage  ordinaire. 

(**)  Le  jeune  et  intelligent  Auteur  pourrait,  en  outre,  donner  la 
solution  de  ce  problème  : 

Passer  des  coordonnées  cartésiennes  en  coordonnées  (m,  n);  et  réci- 
proquement. 


(  27  ) 

IV 

En  résumé,  et  malgré  les  légères  critiques  précédentes, 
je  considère  le  Mémoire  .sur  la  courbure  des  lignes  pluties 
comme  un  travail  remarquable.  C'est  le  début  d'un  jeune 
Professeur  dont  la  position  est  très  intéressante,  et  qui, 
du  premier  coup,  ouvre  une  nouvelle  voie  dans  le  domaine 
de  la  Géométrie  comparée.  Je  me  rallie  donc,  complète- 
ment, aux  conclusions  du  premier  Commissaire.  » 


Rappoft  de  3t.  C.  lie  Pnige,  lê'oiaièttte  contmitaaifc. 

a  Je  n'ai  rien  à  ajouter,  en  ce  qui  concerne  le  fond  du 
mémoire,  au  rapport  si  clair  et  si  complet  de  M.  Mansion. 

Je  crois  cependant,  comme  M.  Catalan,  que  l'auteur  doit 
nécessairement  remplacer  la  première  page  de  son  mémoire 
par  une  rédaction  nouvelle;  cela  ne  demanderait  guère  de 
travail,  ni  même  une  extension  quelque  peu  considérable 
de  son  étude,  et  celle-ci,  je  pense,  y  gagnerait  grandement; 
le  lecteur  arriverait,  avec  moins  d'effort,  aux  parties  neuves 
et  intéressantes  qu'elle  contient. 

J'ai  étudié,  avec  le  plus  grand  plaisir,  le  beau  mémoire 
de  M.  Demoulin,  et  je  me  rallie  pleinement  aux  conclu- 
sions de  mes  deux  savants  confrères.  »  —  Adopté. 


Extraction  des  métaux;  par  M.  Delaurier. 

Rapport  de  M.  Spfing. 

a  Sous  le  titre  :  Extraction  des  métaux,  M.  Delaurier 
présente  à  l'Académie  trois  notes  :  la  première  a  pour 
objet  de  faire  connaître  un  procédé  pour  séparer,  par 


(28) 

fusion,  l'élain  du  fer,  des  rognures  de  ferblanterie,  etc.; 
la  deuxième  traite  de  l'extraction,  par  l'électrolyse,  de  l'ar- 
gent des  eaux  de  l'océan  Atlantique,  et  la  troisième  touche 
à  l'application  du  moulin  imaginé  dernièrement  par  l'auteur 
pour  activer  des  dynamos,  dont  l'électricité  pourrait  alors 
être  utilisée  à  l'électrolyse  de  sels  divers  et  même  à  la 
cristallisation  du  carbone. 

L'objet  de  ces  notes  sortant  du  cadre  des  travaux  dont 
l'Académie  s'occupe,  ou  bien  ne  constituant  encore  que 
des  desiderata  auxquels  une  vérification  expérimentale 
fait  défaut,  je  propose  à  la  Classe  d'ordonner  le  dépôt  aux 
archives  du  travail  de  M.  Delaurier.  » 

M.  Stas,  second  commissaire,  ayant  souscrit  à  ces  con- 
clusions, elles  sont  adoptées  par  la  Classe. 


COMMUiNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur   la   période   astronomique   dite    décimensuelle  ; 
par  F.  Folie,  membre  de  l'Académie. 

Dans  V Annuaire  de  l'Observatoire  de  Bruxelles  pour 
1890,  M.  BijI  a  essayé  de  déterminer  les  constantes  de  la 
nutation  initiale  de  l'axe  de  rotation  de  la  Terre  au  moyen 
de  la  différence  entre  les  ^  d'une  même  circompolaire  à 
ses  deux  passages  consécutifs  au  méridien. 

J'avais  fait  voir,  le  premier,  que  ces  deux  ^  ne  peuvent 
pas  être  égales  entre  elles,  à  moins  que  la  nutation  initiale 


(29  ) 
ne  fût  nulle,  et  j'engageai  M.  BijI  à  s'en  assurer  par  ce 
procédé. 

Il  avait  trouvé  une  valeur  très  faible  pour  la  constante 
de  cette  nutation,  qui  est  égale  cependant,  à  bien  peu  de 
chose  près,  à  celle  des  variations  de  la  latitude,  que  Pelers 
et  Dovvning  ont  tous  deux  trouvée  de  0",07  environ. 

J'ai  attribué  la  faiblesse  de  ce  résultat  à  ce  que,  peut- 
être,  les  observations  dont  M.  Bijl  a  fait  usage  s'éten- 
daient sur  une  trop  longue  période,  et  je  lai  prié  de 
déterminer  à  nouveau  les  mêmes  constantes  au  moyen  des 
excellentes  séries  d'observations  faites  par  W.  Slruve  à 
Dorpat,  en  1823-24-25. 

Voici  les  résultats  qu'il  a  obtenus  : 

i"  avril  18-23 0",080  237o 

—      4824 0",075  247o 

_      4823 0",083  2o4<> 

La  concordance  étonnante  de  ces  résultats  entre  eux,  et, 
quant  à  la  constante  numérique,  avec  ceux  de  Peters  et  de 
Downing,  m'a  inspiré  une  confiance  assez  grande  dans 
leur  valeur,  pour  que  j'y  voie  une  confirmation  des  doutes 
théoriques,  que  j'avais  depuis  longtemps,  sur  l'exactitude 
de  la  période  de  503  jours  attribuée  par  les  astronomes 
aux  variations  de  la  latitude  (1). 

Voici  la  raison  de  ces  doutes  : 

La  période  de  305  jours  se  tire  de  la  valeur  assignée  au 
rapport  ^^^;  pour  une  Terre  solide,  ce  rapport  est  bien 
certainement  compris  entre  0,00325  et  0,00327. 

Mais  pour  moi,  ce  n'est  pas  de  la  Terre  solide  qu'il  s'agit 


{{)  Annuaire  pour  1890,  p.  299. 


(30) 
dans  des  mouvements  qui  ne  sont  pas  à  1res  longue  période, 
mais   de   son   écorce,    et,   probablement,    d'une    partie 
ficlivement  entraînée  du   noyau,  suivant   la    théorie   de 
M.  Ronkar. 

J'estime  donc  que  ce  rapport  ^—  ne  peut  être  déter- 
miné, pour  chaque  cas  particulier,  que  par  l'observation. 

C'est  ce  que  j'ai  tenté  de  faire,  et  le  résultats  répondu, 
et  au  delà,  à  mes  espérances. 

Les  constantes  angulaires  de  l'expression  des  variations 
de  la  latitude,  qui  ont  été  déterminées  successivement  par 
Peters  (1842),  Nyrén  (1850),  Downing  (1872),  pour  ne 
citer  que  les  mieux  connues,  concordent  tellement  peu 
entre  elles  que  Nyrén  ne  peut  s'empêcher  d'en  faire  la 
remarque  (1)  et  que  Downing  doute  même  que  cette 
période  soit  constante  (2). 

Voici  ce  qu'elles  sont,  si  l'on  ramène  celle  de  Downing 
à  S'-Pétersbourg  : 

Peters  1842 34lo,6 

Nyrén  1830 224» 

Downing  4872 i75o 

La  période  de  505  jours  ferait  varier  la  valeur  de  cet 
angle  de  450°  environ  par  an,  c'est-à-dire,  en  négligeant 
les  circonférences  entières,  de  200"  et  540°  respective- 
ment de  1842  à  1850  et  à  1872;  ce  qui  conduirait,  pour 
ces  deux  dernières  années,  à  18l°,6  et  à  281  ",6  au  lieu 
de  224°  et  de  175°. 

Les  écarts  sont  excessifs. 


(t)  Mém.  Acad.  S'-Pétersbourg,  t.  XIX,  n»  2. 
(2)  M.  N.,  t.  XL,  p.  452. 


(  31  ) 

La  période  de  505  jours  esl-elle  trop  longue  ou  trop 
courte  ? 

Les  valeurs  déduites  des  observations  de  Dorpat 
indiquent  un  accroissement  annuel  à  peine  supérieur 
à  560%  c'est-à-dire  une  période  qui  se  rapproche  bien  plus 
de  onze  mois  que  de  dix. 

En  les  comparant  à  celles  de  Peters,  Nyrén  et  Downing, 
je  suis  arrivé  à  un  accroissement  annuel  de  590",5  au  lieu 
de  450°  environ  qu'admettent  les  astronomes,  ce  qui 
conduit,  pour  le  1"  janvier  1824,  à  151%  en  partant  de  la 
moyenne  des  valeurs  trouvées  pour  le  1"  avril  des  années 
1825-24-î;io  et  en  la  réduisant  au  1"  janvier. 

Partant  de  là  et  de  l'accroissement  annuel  de  590%5, 
on  trouve,  en  supprimant  les  circonférences  entières,  pour 


Observation. 

Résidu 

4838  (1). 

.    dol» +'14  +  30;b  =  318a 

3250 

-70 

4&i2.    . 

.    lol''+48  +  30;o  =  340» 

341,6 

-1,6 

18o0.    . 

.    loi» +2t)-4-30io  =  2240 

m 

0 

mn.  . 

.    loi»  -4-  48  -+-  30;o  =  1750 

175 

0 

Nul  astronome  ne  niera,  en  présence  de  ces  résultats, 
quels  que  soient,  du  reste,  ses  préjugés  en  faveur  de  la 
période  décimensuelle,  que  la  mienne  ne  réponde,  avec 
une  précision  inespérée,  aux  observations. 

A  la  période  décimensuelle,  il  faut  donc  substituer  ma 
période  de  556.7  jours  moyens;  en  d'autres  termes,  à  )a 
valeur  0.00527  du  rapport  ^-^  calculé  par  les  astronomes 
pour  la  Terre  entière,  il  faut  substituer  celle  de  0,00296, 
qui  se  déduit  de  ma  période. 

(1)  Série  (l"A\  de  la  polaire,  observées  par  Preuss,  à  Dorpat. 


(  32  ) 

La  différence  est  sensible,  on  le  voit. 

J'engage  vivement  les  adversaires  de  la  nutation  diurne 
à  y  réfléchir,  et  à  lâcher  d'expliquer  autrement  que  je 
l'ai  fait,  c'est-à-dire  par  une  hypothèse  autre  que  la  mienne 
sur  la  constitution  du  globe,  celte  différence  entre  la  valeur 
de  ^-^,  calculée  pour  une  Terre  solide,  et  celle  que  j'ai 
tirée,  sans  qu'il  soit  possible  de  la  contester,  de  toutes  les 
observations  relatives  au  sujet  que  je  viens  de  traiter. 


Sur  la  propriété  caractéristique  de  la  surface  commune 
à  deux  liquides  soumis  à  leur  affinité  mutuelle.  — 
Communication  préliminaire;  par  G.  Van  der  Mens- 
brugghe,  membre  de  l'Académie. 

Dans  mes  recherches  antérieures,  j'ai  étudié  spéciale- 
ment les  propriétés  de  la  couche  de  contact  de  deux 
liquides  1  et  2  qui  ne  se  mêlent  pas,  et,  d'après  la  théorie 
de  Gauss,  j'ai  attribué  à  cette  couche  une  tension  super- 
ficielle ayant  pour  valeur  le  trinôme 

F.  +  F,  -  2F,,, 

Fi  étant  la  force  contractile  de  la  surface  libre  du  liquide  i , 
F2  celle  du  liquide  %  et  F^^  l'action  mutuelle  des  deux 
liquides.  Lorsque  cette  action  est  très  faible,  comme,  par 
exemple,  dans  le  cas  de  l'eau  et  de  l'huile,  le  trinôme 
F,  -1-  F2  —  2Fi2  est  nécessairement  positif  et  représente 
une  force  agissant  sur  la  surface  commune,  absolument 
comme  la  force  F,  ou  F2  agirait  sur  la  surface  libre  de 
l'un  ou  de  l'autre  liquide  pour  la  rendre  aussi  petite  que 
possible. 


(  35) 

Mais  il  y  a  un  autre  cas  de  la  plus  haute  importance  : 
c'est  celui  où  les  deux  liquides  en  présence  ont  l'un  |)our 
Taulre  une  grande  affinité,  comme,  par  exemple,  l'eau  et 
l'éther  ou  l'alcool,  l'élher  et  l'huile,  l'huile  et  la  potasse  ou 
la  soude.  Si  je  n'ai  pas  considéré  ce  cas  depuis  longtemps, 
c'est  que  je  regardais  les  actions  chimiques  comme  mas- 
quant entièrement  ou  dominant  alors  les  phénomènes 
physiques;  après  mûre  réflexion,  je  puis  conchire  aujour- 
d'hui qu'il  n'en  est  pas  ainsi  :  l'aflinité  mutuelle  des  deux 
corps  en  présence  provoque  des  efîels  physiques  particu- 
liers, que  la  théorie  prévoit  dans  les  moindres  détails. 

Pour  le  faire  voir,  supposons  que  les  liquides  1  et  2 
aient  entre  eux  une  affinité  telle  que  2F, .i  soit  supérieure 
la  somme  Fj  h-  F2  des  tensions  superficielles  des  deux 
substances;  dès  lors,  le  trinôme  F|  -h  Fg  — 2  F-j,  devient 
négatif,  et  la  force  qui  règne  le  long  de  la  surface 
commune,  au  lieu  de  rendre  celte  surface  aussi  petite  que 
possible,  a,  au  contraire,  une  tendance  opposée  :  en  effet, 
soient  mm',  mm"  deux  éléments  consécutifs  cis  d'une  sec- 
tion plane  AB  (fig.  1)  de  la  surface  de  contact  de  deux 


liquides;  si  cette  surface  est  soumise  à  une  tension, 
c'est-à-dire  si  F,  +  F,  >  2  F,,,  chaque  élément  sera  solli- 
cité par  une  force  Fds,  et  le  point  de  concours  ?>/  par  une 
résultante  dirigée  vers  le  centre  de  courbure  de  la  sec- 
tion; dans  ce  cas,  la  surface  tend  vers  un  minimum.  Mais, 
si  les  deux  liquides  réagissent  fortement  l'un  sur  l'autre, 
de  manière  que  F^  -+-  F2  <  2  F, 2,  les  deux   forces  fds 

3°"    SÉKIE,    TOME    XX.  O 


(  54  ) 
appliquées  en  m  changent  de  signe  et  prennent  des  direc- 
tions opposées  aux  deux  premières;  dès  lors,  la  résultante 
produit  une  traction  dirigée  en  sens  contraire  du  rayon  de 
courbure  de  la  section  au  point  considéré.  Celte  traction 
est  d'autant  plus  forte  que  l'affinité  mutuelle  des  deux 
liquides  est  plus  énergique  et  que  le  rayon  de  courbure 
est  plus  petit.  De  même  qu'on  esl  convenu  d'appeler 
tension  la  force  qui  produit  une  résultante  dirigée  dans  le 
sens  du  rayon  de  courbure  et  donne  à  la  surface  une 
étendue  minimum,  j'appellerai  force  d'extension,  la  force 
qui  donne  lieu  à  une  résultante  dirigée  en  sens  opposé  et 
qui  tend  à  augmenter  la  surface  commune. 

Telle  est,  selon  moi,  l'interprétation  très  simple  de  la 
valeur  de  la  force  qui  règne  à  la  couche  de  contact  de 
deux  liquides  soumis  à  leur  affinité  réciproque;  on  voit 
donc  que,  sans  empiéter  sur  le  terrain  de  la  chimie,  on 
peut  parfaitement  étudier  les  phénomènes  physiques  qui 
se  manifestent  dans  les  conditions  supposées. 

A  l'appui  de  celte  interprétation,  qui  complète  l'en- 
semble de  mes  éludes  sur  la  capillarité,  je  me  bornerai 
aujourd'hui  à  citer  les  faits  suivants  : 

1.  Dans  un  cristallisoir,  on  verse  une  couche  d'eau 
distillée  de  2  milliniètres  environ  d'épaisseur,  et  l'on 
amène  au-dessus  de  la  surface  un  tube  contenant  un  peu 
d'éther;  aussitôt,  la  portion  sous-jacente  éprouve  de  vives 
trépidations;  c'est  que  partout  où  une  particule  d'éther 
telle  que  a  (fig.  2)  touche  l'eau,  la  tension  de  celle-ci  se 


FiG.  2. 

trouve  subitement  remplacée  par  deux  autres  forces,  l'une 


(55) 

la  tension  qui  règne  vers  le  sommet  n  de  la  particule, 
l'autre,  la  force  d'extension  de  la  portion  7u,  commune  aux 
deux  liquides;  ces  deux  forces  concourent  pour  abaisser 
vivement  la  particule  d'éther,  jusqu'à  ce  qu'elle  soil  entiè- 
rement dissoute. 

Si  l'on  dépose  une  goutte  d'éther  sur  la  couche  d'eau, 
on  constate  deux  effets  simultanés,  savoir  :  un  étalement 
très  rapide  de  i'éther  sur  l'eau ,  lequel  est  accusé  par 
le  dé|)lacen)ent  des  parcelles  flottantes,  et  puis  des  tré- 
pidations extrêmement  vives  dans  le  voisinage  de  la  por- 
tion où  a  lieu  le  dépôt  de  la  goutte;  ces  trépidations 
sont  tellement  fortes  que  parfois  le  fond  du  vase  est  mis 
à  nu. 

Si  l'on  remplace  l'eau  distillée  par  une  couche  d'huile 
d'olive  ayant  environ  i  millimètre  d'épaisseur,  l'approche 
du  tube  contenant  I'éther  produit  encore  une  forte 
dépression,  et,  au  bout  de  20  à  25  secondes,  il  se  forme 
un  espace  circulaire  oii  le  lond  du  vase  est  mis  à  décou- 
vert, et  pourtant  l'huile  d'olive  n'a  qu'une  tension  deux 
fois  moindre  que  celle  de  l'eau. 

Ces  expériences  sont  caractéristiques  :  elles  montrent 
bien  les  effets  de  la  force  d'extension  que  je  cherche  à 
mettre  en  évidence;  car,  si  l'on  dépose  une  goutte 
d'essence  de  térébenthine  sur  une  mince  couche  d'eau 
distillée,  on  constate,  il  est  vrai,  un  étalement  extrême- 
ment rapide,  mais  le  fond  du  vase  n'est  presque  jamais  mis 
à  nu  :  c'est  qu'ici  la  surface  de  contact  éprouve  une  tension, 
tandis  que  la  surface  commune  à  l'huile  et  à  I'éther  est 
soumise  à  une  force  d'extension. 

II.  Si,  à  l'exemple  de  M.  Quincke,  on  fait  arriver  très 
lentement  à  travers  un  fil  de  verre  creux  un  filet  extrême- 
ment mince  d'alcool  à  la  surface-limite  d'une  bulle  d'air 


(36) 
placée  dans  i'eaii  sous  un  plan  de  verre  (fig.  5),  la  bulle 


FiG.  3. 

éprouve  des  secousses  périodiques  à  des  intervalles  qui 
dépendent  de  la  vitesse  d'arrivée  de  l'alcool. 

Au  moment  du  contact  du  filet  d'alcool  avec  la  surface 
limite  de  la  bulle,  la  tension  de  l'eau  se  trouve  subitement 
remplacée  par  une  force  d'extension  propre  aux  deux 
liquides,  force  dont  l'effet  concourt  avec  la  pression  de  la 
partie  supérieure  de  la  bulle  pour  agiter  brusquement 
celle-ci  et  même  la  tirer  vers  le  bas,  si  la  pression  hydrosta- 
tique éprouvée  par  elle  n'est  pas  grande.  On  comprend 
que  les  trépidations  interrompent  l'action  de  l'alcool;  la 
bulle  reprend  alors  la  forme  sphérique  jusqu'à  ce  que 
l'afflux  de  ce  dernier  liquide  détermine  une  nouvelle 
secousse,  et  ainsi  de  suite. 

m.  Une  masse  liquide  très  petite,  entourée  d'un  autre 
liquide  qui  n'exerce  qu'une  action  chimique  négligeable, 
est  soumise  à  une  tension  et  prend  la  forme  sphérique; 
mais,  si  la  masse  ambiante  ou  la  sphérule  elle-même  con- 
tient des  traces  d'une  substance  pouvant  déterminer  une 
action  chimique  en  un  point  de  la  surface-limite,  aussitôt 
la  tension  s'y  trouve  remplacée  par  une  force  d'extension 
plus  ou  moins  énergique,  suivant  le  degré  d'alFinilé  des 


(  37  ) 

substances  agissantes;  la  sphérule  se  déplace  du  côté  du 
point  influencé,  où  se  manifeste  une  excroissance  qui  se 
maintient  aussi  longtemps  que  dure  l'action  chimique, 
pour  disparaître  à  l'instant  où  cesse  cette  dernière.  Si 
l'action  est  très  lente,  elle  doit  nécessairement  produire 
des  courants  partant  précisément  du  point  influencé  a 
(fig.  4),  puisque  les  portions  qui  avoisinent  ce  point  con- 
servent leur  tension. 


a 

FlG.  4. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  dire,  en  terminant  cette  communi- 
cation préliminaire,  que  la  théorie  très  simple  que  je  viens 
d'exposer  s'applique  à  des  phénomènes  extrêmement 
nombreux,  soit  dans  les  corps  inorganiques,  soit  dans  les 
corps  organisés;  je  me  propose  d'appuyer  mes  vues  théo- 
riques sur  des  faits  suffisamment  variés  et  de  combler 
ainsi  l'unique  mais  très  vaste  lacune  qui  existait  encore 
dans  mes  recherches  sur  la  capillarité. 


Sur  de  nouvelles  obsenations  des  canaux  de  Mars  el  de 
leur  gémination;  par  F.  Terby,  correspondant  de  l'Aca- 
démie. 

L'apparence  de  canaux  simples  ou  géminés  sur  la  sur- 
face de  Mars,  signalée  pour  la  première  fois  par  M.  Schia- 
parelli,  notre  savant  associé,  a-telle  été  vérifiée  réellement 
par  d'autres  observateurs?  Malgré  les  résultats  positifs 
obtenus  à  l'occasion  de  la  dernière  opposition  en  1888, 
certains  doutes  semblaient  encore  rester  dans  l'esprit  de 


(58) 

quelques  astronomes.  On  invoquait  surtout  les  résultats 
en  partie  négatifs  de  l'Observatoire  Lick;  on  oubliait  que 
MM.  Holden  et  Keeler  avaient  en  réalité  observé  quelques 
canaux,  en  commençant  leurs  investigations  seulement 
trois  mois  après  l'opposition,  à  une  époque  où  la  planète, 
trop  éloignée,  est  déjà  abandonnée  par  les  aréographes. 

On  attendait  donc  avec  impatience  les  premières  nou- 
velles de  l'opposition  actuelle,  et  c'est  pourquoi  je  me  fais 
un  devoir  d'en  entretenir  l'Académie,  et  de  lui  annoncer 
tout  d'abord  qu'en  ce  moment  un  astronome  anglais  bien 
connu,  M.  Stanley  Williams,  est  en  voie  de  rendre  pleine 
justice  à  M.  Scbiaparelli. 

Mars  se  présente, cette  année,  dans  des  conditions  déplo- 
rables :  sa  déclinaison  australe  de  23"  ne  lui  permet  de 
s'élever  que  de  16°  environ  au-dessus  de  notre  horizon,  à 
son  passage  au  méridien;  aussi  les  ondulations  continuelles 
de  l'image  ne  m'ont-elles  permis,  jusqu'au  25  juin,  que  de 
distinguer  nettement  les  grandes  lignes  de  la  configura- 
tion, sans  aucun  détail  délicat;  malgré  des  tentatives 
répétées,  poursuivies  chaque  fois  pendant  une  heure  ou 
deux,  au  moins,  je  dois  dire,  avec  le  plus  vif  regret,  que 
mes  résultats  ont  été  d'une  nullité  absolue  jusqu'à  cette 
date. 

Le  25  juin,  pour  la  première  fois,  de  9  à  10  heures,  j'ai 
pu  utiliser  avec  quelque  avantage  l'oculaire  450  de  mon 
huit  pouces;  j'ai  vu  alors,  avec  une  grande  netteté,  et  pour 
la  première  fois  aussi,  la  baie  que  M.  Scbiaparelli  figure 
sur  la  côte  de  la  Grande  Syrie,  et  d'où  partent  les  deux 
canaux  Astusapes  et  Astaboras  ;  par  moments,  et  avec  une 
grande  certitude,  je  voyais  la  Syrte  se  bifurquer  en  ce 
point  :  d'un  côté  elle  se  continuait  par  la  Nilosyrte,  très 
visible,  et  de  l'autre  par  le  canal  Astusapes,  qui  partait  de 
la  baie  en  question  et  circonscrivait  l'île  Meroe.  Le  Proto- 


(39) 

niliis  avec  le  lac  Ismenius  el  le  Callirrhoe  étaient  encore 
plus  visibles. 

Le  24  juin,  de  10  heures  à  10''30™,  l'image  fut  assez 
bonne  pour  supporter  les  oculaires  2o0,  280  et  450;  je 
revis  les  mêmes  détails  que  la  veille;  de  plus,  par  moments 
seulement,  mais  avec  une  certitude  complète,  je  vis  le 
canal  Astnboras  se  rendant  en  droite  ligne  de  la  baie  dont 
j'ai  parlé  au  lac  /^me/i/ns;  j'observais  ce  canal  pour  la  pre- 
mière fois.  Le  Nepenthes  était  extrêmement  visible  en 
celte  même  occasion,  et  je  crois  même  avoir  vu  à  son  ori- 
gine le  Lac  Mœris.  Dans  la  crainte  de  perdre  un  seul  des 
instants  si  rares  de  netteté  sulïisante  pour  ces  constata- 
tions d'une  extrême  difficulté,  je  n'ai  pas  fait  de  dessin  et 
je  me  suis  borné  5  vérifier  l'accord  de  l'image  avec  la  carte. 

Le  25  juin,  dq  9  à  10  heures,  l'image  était  de  très 
médiocre  qualité;  une  agitation  continuelle  rendit  presque 
invisibles  les  canaux  Astiisnpes  et  Astaboras,  ce  dernier 
surtout,  mais  sans  effacer  la  baie  où  ces  deux  lignes 
prennent  naissance;  par  contre,  je  vis  assez  bien  la 
Boréosijrle,  parfaitement  la  Nilosyrfe  el  le  Nepenthes; 
également  le  Profonilus  et  le  lac  Ismenius;  le  Callirrhoe 
était  plus  difficile.  L'accord  avec  la  carte  était  remar- 
quable. L'oculaire  250  seul  donnait  la  netteté  voulue, 
mais  était  insuffisant  comme  force;  280,  420,  450  et  560 
manquaient  de  netteté,  tout  en  rendant  pourtant  quelques 
services.  La  région  blanche  Hellas,  bien  limitée,  brillait 
au  bord  supérieur,  et  au  bord  septentrional,  sous  le  Cal- 
lirrhoe, régnait  également  une  vive  blancheur. 

Telles  sont  les  seules  observations  utiles  que  j'aie  pu 
faire  jusqu'à  ce  jour  (5  juillet);  depuis  le  26  juin,  l'agita- 
tion de  l'image  ou  les  nuages  ont  déjoué  tous  mes  efforts. 

Circonstance  à  noter  :  la  vue  de  l'observateur  semble 
avoir  une  influence  énorme  dans  ces  recherches  délicates. 


(  40) 
Il  est  cerlain  qu'une  condilion  essentielle  de  visibilité  des 
canaux  est  une  neltelé  irréprochable  du  contour  des 
taches;  n'oublions  point  que,  dans  ces  circonstances  de 
visibilité,  l'image  a  été  comparée  à  une  gravure  sur  acier. 
La  vue  de  tous  les  observateurs  ne  semble  point  se  prêter 
à  des  résultats  aussi  parfaits,  et  les  premiers  dessins  de 
Milan  ont  même  soulevé  des  objections  à  cause  de  leur 
netteté  extraordinaire. 

M.  Stanley  Williams  a  publié  récemment  ses  observa- 
lions  de  Jupiter  pour  1887  (1)  et,  au  lieu  d'offrir  l'aspect 
nuageux  et  vague  que  l'on  rencontre  si  souvent  dans  les 
dessins  de  cette  planète,  les  figures  de  l'astronome  anglais 
semblent  quelque  peu  étranges,  uniquement  à  cause  de  la 
précision  inusitée  des  contours.  Par  une  heureuse  coïnci- 
dence, ayant  observé  Jupiter  indépendamment  à  la  même 
époque,  et  pouvant  identifier,  dans  mes  propres  dessins, 
presque  tous  les  détails  qu'étudie  M.  Stanley  Williams,  je 
pourrai  bientôt  confirmer  la  parfaite  exactitude  de  la  plu- 
part de  ces  particularités. 

Or,  il  se  fait  que  M.  Stanley  Williams  vient  d'obtenir  le 
plus  magnitique  succès  en  étudiant  Mars  cette  année  :  il 
observe  au  sud  de  l'Angleterre,  avec  un  télescope  à  miroir 
de  6  V2  pouces,  de  Calver,  et  des  grossissements  de 
520  et  de  430  fois.  A  la  date  du  51  mai,  il  avait  été  favo- 
risé déjà  au  point  de  pouvoir  identifier  trente-trois  canaux 
dont  il  m'a  donné  la  liste  {Cyclops,  Eunoslos,  Hyblaeus, 
Hades,  Styx,  Cerberus,  Tanaïs,  Laeslrtjgon,  Alcyonius, 
Ceraunius,  Gigas,  Chrysorrhoas,  Ganges,  Nitokei^as, 
Jamuna,   Nilus,    Indus,  Protonilus,  Hiddekel,   Deutero' 


{\)  Zenographical  fragments,  Ij  London,  Mitchcll  and  Hughes, 
1889. 


(  a  ) 

vilns,  Gelïon,  Let/ies,  Aelhiops,  Titan,  Erebus,  Siretiiiis, 
Orcns,  Pijripfilefjetlion,  Euphrales,  JSepenthes,  Phison, 
Asclepius,  Trilon.) 

Il  avait  remarqué  la  géminalion  de  cinq  canaux  (A'/Zo- 
keras,  Cerùerus,  Erebus  ou  Hades,  Tilan,  Euphrales),  ei 
sou|)çonné  celle  du  Phison.  Voici  quelques  détails  qu'il  me 
Iransnieltait  à  ce  sujet  : 

«  Mlokeras.  La  géminalion  de  ce  canal  a  été  reraar- 
»  quée  le  A  avril  ;  il  offrait  un  aspect  particulier  qui  attira 
»  mon  attention,  et,  en  y  regardant  de  plus  près,  je  vis 
»  qu'il  était  composé  de  deux  lignes  noires,  étroites,  bien 
»  définies,  parallèles,  dont  l'intervalle  offrait  une  teinte 
»  grise  plus  faible;  \e  Nilokeras  a  encore  été  vu  double 
»  le  14  mai.  Le  Cerberus  a  été  vu  distinctement  double 
»  le  25  avril  (fig.  5),  et  VErebiis  ou  le  canal  Hades,  les 
»  29  et  30  avril  (fig.  4). 

»  La  gémination  du  Titan  a  été  remarquée  le  29  avril 
»  et  aussi  trois  autres  nuits;  elle  était  très  distincte;  le 
»   Tifnn  était  un  objet  facile  (fîg.  4). 

B  Le  18  mai,  la  définition  étant  exceptionnellement 
»  bonne  pendant  un  temps  très  court,  j'ai  vu  distincte- 
»  ment  la  gémination  de  VEuphrat.es  (lig.  8)  :  c'était  un 
j)  objet  d'une  faiblesse  et  d'une  délicatesse  exlraordi- 
»  naires:  deux  lignes  fines,  très  faibles,  légèrement  grises 
»  et  parallèles;  un  peu  plus  tard,  la  définition  s'élant  un 
j>   peu  altérée,  tout  disparut.  » 

Les  20  et  21  mai,  M.  Williams  observe  le  Phison,  mais 
conserve  quelque  doute  sur  sa  duplicité,  l'image  n'étant 
pas  absolument  irréprochable. 

Enfin,  l'astronome  anglais  parle  aussi  de  la  Libye  (fig.  6, 
7);  il  l'observe  les  18,  20,  21  et  24  mai,  aussi  le  27  juin; 
cette  région  était  d'un  éclat  très  faible  le  21  mai;  mais,  le 
24,  elle  était  plus  brillante  ;  toutefois  elle  paraissait  obscure 


(42) 

en  comparaison  de  Vhidis  regio,  qui  élail  plus  blanche  et 

plus  éclatante. 

J'ai  remarqué  moi-même  cette   teinte  grisâtre   de  la 

Libye  les  23,  24  et  25  juin,  à  l'occasion  des  observations 

du  Nepenthes,  citées  plus  haut. 

M.  Williams  remarque  que  les  canaux  les  plus  délicats 

devenaient  visibles  seulement  à  leur  passage  par  le  centre 

du  disque  :  rarement  donc  on  en  voyait  plusieurs  à  la  fois  ; 

en    un  mot,  leur  observation   était  généralement   d'une 

grande  difiiculté. 

J'ai  joint  à  cette  note  les  cinq  beaux  dessins  inédits  de 

l'observateur  anglais  (fig.  4,  5,  6,  7,  8);  ils  font  apprécier, 

mieux  que  toute  description,  les  résultats  extraordinaires, 

pour  cette  période  défavorable,  que  cet  astronome  a  eu  le 

bonheur  d'obtenir. 

M.  Slanley  Williams  m'a  envoyé  son  dessin  du  27  juin 
(fig.  7)  dans  une  lettre  datée  du  1"  juillet;  cette  lellre 
m'apprend  que  l'astronome  anglais,  en  revoyant  plusieurs 
des  canaux  cités  plus  haut,  a  réussi  à  distinguer,  de  plus, 
dix  autres  lignes  de  M.  Schiaparelli  :  Boreas,  Agatlio- 
dœmon  (en  partie),  Fortmiœ,  Neclar,  Eumenides,  Oxus, 
Hydaspes,  Thotfi,  Callirrhoe,  Astusapes;  ce  qui  poi  te  à 
quarante-trois  le  nombre  des  canaux  vérifiés  par  lui. 
M.  Williams  a  vu  distinctement  la  gémination  du  Gigas  le 
9  juin.  Le  31  mai,  à  ll"^  5"",  pendant  quelques  moments 
d'une  grande  netteté,  il  a  vu  le  Cerberus  et  VErebus  tra- 
versant le  disque  sur  le  prolongement  l'un  de  l'autre,  et 
formant  comme  un  seul  canal  qui  était  distinctement 
double;  les  deux  traits  formant  le  Cfrôerws  étaient  plus 
larges  et  plus  noirs  que  ceux  qui  constituaient  VErebus, 
et  donnaient  lieti  à  un  élargissement  du  canal,  à  partir  du 
point  où  commençait  le  Cerbère. 

La  tache  polaire  septentrionale  est  restée  très  petite 


(  ^3) 
jusqu'au  corn  m  en  ce  me  ni  tle  juin;  vers  le  milieu  de  ce 
mois,  elle  lut  ou  coin|>lètemenl  invisible  ou  représentée 
\nn-  une  faible  Irace.  Vers  la  fin  de  juin,  elle  s'accrut 
beaucoup  subitement  et  devint  plus  brillante.  Ainsi,  les  24 
et  20  juin  (9''50'"),on  la  voyait  à  peine;  le 27,  au  contraire, 
à  10  heures,  elle  apparaissait  comme  le  montre  la  figure  7. 
Le  même  dessin  montre  un  point  u,  très  noir,  dans  la 
Nilosyrie}  malheureusement,  l'image  se  troublant  un  peu, 
M.  Williams  n'a  pu  étudier  ce  détail  avec  tout  le  soin 
nécessaire.  Je  me  demande  si  cette  tache  n'était  pas  due 
à  la  présence  du  lac  Mœris,  très  voisin,  et  dont  ce  léger 
trouble  em|)èchait  peut-être  de  reconnaître  la  véritable 
situation  (1). 

M.  Schiaparelli  ayant  bien  voulu,  comme  M.  Williams, 
m'autoriser  à  faire  connaître  des  nouvelles  absolument 
inédites  jusqu'ici,  je  terminerai  celle  communication  en 
donnant  quelques  extraits  des  lettres  que  notre  savant 
associé  a  bien  voulu  m'adresser;  celle.s-ci  étaient  accom- 
pagnées des  trois  superbes  dessins  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  aussi  à  l'Académie  (fig.  i,  2,  5). 

C'est  depuis  le  16  mai  seulement  que  M.  Schiaparelli 
a  pu  faire  des  observations  utiles  :  «  Tout  ce  que  j'ai  vu 
»  jusqu'à  présent,  écrit-il  à  la  date  du  12  juin,  est  résumé 
»  presque  entièrement  dans  les  deux  dessins  que  je  vous 
»  envoie  (fig.  1,  3).  A  l'égard  du  premier  (16  mai)  (fig.  5), 
»  je  dois  observer  que  les  canaux  situés  en  bas,  Proto- 


(1)  M.  Stanley  Williams  m'a  écrit,  le  12  juillet,  qu'il  croyait 
fondée  ceUe  explication  de  la  petite  tache  noire;  il  m'apprend,  en 
même  temps,  qu'il  a  dédoublé  le  Protoiiilus  et  le  Lac  Isiiienhts;  la 
ligne  ou  composante  méridionale  du  Prolonilus  paraissait  prolonger 
VAsclepius.  La  tache  polaire  boréale  lui  a  paru,  au  commencement 
de  juillet,  beaucoup  plus  petite  que  le  27  juin. 


(  U  ) 

D   nilus  el  Deuleronilus,   Callirrhoe,    Boreosyrtis,  Aslu- 
»   sapes,  Pyramvs,  el  les  lacs  hmenius  et  Arelhusa,  avec 
»   le   fragment   à'Euphrales  qui  les  réunit,  étaient  très 
»   visibles,  surtout  le  Callirrhoe  et  le  Protonilus  (le  Ca/- 
»  lirrhoe  a  été  vu  aussi  à  Florence  par  le  R.  P.  Giovan- 
»   nozzi  avec  un  quatre-pouces  de  Fraunliofer).  L'étran- 
»  glement  du  Protonilus  était   marqué   avec   beaucoup 
»  d'évidence.  Pour  ce  qui  concerne  les  canaux  près  du 
»    limbe  droit,  Hiddekel,  Gelion,  Oxus...,  ils  étaient  fort 
»   déliés,  el  l'on  ne  pouvait  juger  ni  de  leur  forme,  ni  de  leur 
»   couleur.  Au  contraire,  Euphrates,  P/iison,  Typhon  et 
»   Orontes  avaient  disparu  comme  canaux,  et  il  ne  restait 
»  à  leur  place  que  des  bandes  d'un  rouge  un  peu  plus 
»   foncé  que  le  champ  environnant,  bandes  qui  ne  parais- 
»  saient  pas  bien  terminées,  et  dont  il  n'était  possible 
B  de  constater  que  l'existence  et  la  couleur.  Il  n'était  pas 
»   même  possible  d'estimer  leur   largeur,  qui,  du  reste, 
»  devait  être    assez    considérable,    puisqu'elle    rendait 
»  visibles  ces  bandes  malgré  le  peu  de  contraste  dans  la 
»  couleur.  Le  même  jour,  la  Terre  de  Deucalion  était  fort 
»   belle,  et,  ce  qui  est  remarquable,  beaucoup  plus  large  à 
»  l'extrémité  gauche  qu'à  la  racine  :  chose  que  je  vois 
»   pour  la  première  fois.  Tout  était  confus  de  l'autre  côté, 
»  Hellas,  Ausonia,  Libya,  etc..  Mais  Japygia  était  assez^ 
»  évidente. 

1)  Les  4  et  6  juin,  j'ai  pu  examiner  avec  une  certaine 
»  netteté  toute  la  grande  région  comprise  entre  Iris  et 
»  Titan  (méridiens  IIOMTO"),  le  Mare  Sirenum  et  VEu- 
j>  rotas  (parallèles  30"  sud  et  50°  nord)  :  elle  est  de  nou- 
»  veau  à  peu  près  vide  d'objets  remarquables,  comme  en 
»  1877,  1879  :  des  canaux,  il  ne  subsiste  que  des  traces 
»  douteuses  vers  les  bords  de  la  région  :  le  reste  est  une 
D  bigarrure  de  rouge  et  de  jaune  de  différentes  intensités, 


(  iS  ) 

»  éventuellement  avec  un  peu  de  blanc  par-ci  par-là,  sans 
»  délimitation  exacte;  c'est  la  région  la  plus  dilTicile  et  la 
»  moins  intéressante  de  toute  la  planète.  VAraxes  et  le 
»  Phasis  existent,  bien  que  fort  difficiles  à  voir;  17m 
»  peut  à  peine  être  conjecturé;  le  double  Cet^autiius  esl 
»  assez  visible  à  cause  de  sa  grandeur,  mais  sa  teinte  est 
»  d'un  rougeàtre  à  peine  marqué.  Les  deux  Nilus  ne  sont 
j>  pas  bien  sûrs.  Seulement,  en  bas  du  disque,  on  voit 
»  VEurotas,  qui  forme  une  gémination  imparfaite,  et 
»  VHebrus  qui,  double  en  1888,  est  maintenant  simple. 

i>  La  soirée  du  9  juin  a  donné  des  résultats  plus  nou- 
»  veaux,  qui  sont  représentés  d'une  manière  assez  salisfai- 
i>  santé  par  l'autre  dessin  [fig.  /).  Vous  verrez  la  grande 
ï  gémination  du  Chrijsorrhoas  et  du  Nilokeras,  cette 
»  dernière  plus  foncée  et  plus  évidente,  bien  que  l'autre 
»  soit  très  visible  aussi;  les  deux  lignes  ne  sont  pas  bien 
r>  définies,  mais  plutôt  estompées,  soit  du  côté  intérieur, 
p  soit  du  côté  extérieur.  Le  Mare  Acidalium  ne  présente 
»  rien  de  nouveau,  mais  il  faut  remarquer  l'absence 
»  totale  du  Lacus  Hyperboreits  :  les  régions  Ballia  et 
»  Nerigos  sont  mal  délinies  et  d'apparence  nébuleuse.  Pas 
»  iVHijdaspes,  Jamuna  comme  un  fil  délié;  Ganges  et 
r>  Hydraoles  plus  larges;  je  ne  puis  les  dédoubler,  mais 
»  leur  aspect  est  résoluble.  En  haut,  Argyre  très  brillante. 
»  Mais  c'est  Thaumasia  et  le  lacus  Solis  qui  offrent  le 
»  plus  d'intérêt.  Le  lac  du  Soleil,  cette  tache  si  belle,  si 
»  noire  et  si  régulière,  n'a  pu  se  soustraire  au  principe  de 
»  la  gémination  qui  tyrannise  toute  la  planète  :  il  est 
j)  coupé  en  travers  par  une  bande  jaune  qui  le  divise  en 
9  deux  parties  d'extension  inégale.  Le  lac  Titlionius  est 
»  aussi  partagé  en  deux  noyaux  d'ombre  très  forte,  aux- 
j>  quels  aboutissent  les  deux  lignes  qui  composent  le 
»  double  C/irysorrhoas.  Les  anciens  émissaires  du  Lac  du 


(46) 

»  Soleil  oui  disparu;  seulement  j'ai  cru  observer  nue  faible 
»  trace  de  VEosphoros;  mais  quaire  émissaires  tout  à  fait 
»  nouveaux  se  sont  ouverts,  dont  le  |»lus  à  gauche  passe 
»  sur  VAurea  C/ierso.  Celte  presqu'île,  autrefois  si  belle, 
»  est  à  peu  près  abolie,  ou  du  moins  transformée.  La 
»  région  Thaïunnsia  est  d'un  jaune  sombre  qui  contraste 
j)  beaucoup  avec  la  surface  brillante  des  environs,  surtout 
»  du  limbe  supérieur  d'Ophir,  qui  est  tout  à  fait  blanc... 
»  Voyez  sur  mon  dessin  du  9  juin  {fîg.  1)  le  canal  mar- 
»  que  1  :  le  4  juin,  il  était  beaucoup  plus  fort  que  le  6;  le 
»  même  jour,  4  juin,  il  n'y  avait  pas  de  trace  visible  des 
D  canaux  marqués  2  et  3;  quarante-huit  heures  après,  ils 
»  étaient  de  la  plus  grande  évidence    » 

Dans  une  autre  lettre  datée  du  21  juin,  le  directeur  de 
l'Observatoire  de  Milan  ajoute  :  «  M.  Stanley  Williams 
»  avait  bien  raison  en  voyant  VEuphrates  doublé;  il  l'est 
B  effectivement  (v.  fig.  5),  et  mieux  qu'en  1888;  les  deux 
j>  bandes  sont  parfaites  et  la  couleur  est  de  ce  rouge  carac- 
»  térislique  que  j'ai  déjà  plusieurs  fois  signalé  dans  de 
»  semblables  formations;  seulement  elle  n'est  pas  très 
j)  intense.  Avec  lui  et  dans  le  même  style  sont  doublés 
»  Phison,  Orontes,  Protonilus  et  Boreosyrtis  :  peut-être 
»  Asiusapes,  Astaboras,  Oxus,  Deiiteronilus.  Mais  il  y  a 
»  quatre  géminations  composées  de  lignes  fortes,  et  je 
»  suis  persuadé  qu'on  les  verra  ailleurs,  si  l'on  y  apporte 
i>  une  attention  suffisante:  l'une  est  \eNepenth€s,qm  est 
»  tout  à  fait  comme  en  1888;  seulement  le  LacMœris  est 
»  beaucoup  plus  large  et  plus  visible  qu'alors.  Deux  autres 
»  géminations  ont  rendu  presque  méconnaissable  le  Sinus 
»  Sabœus,  depuis  Hammonis  Cornî<  jusqu'à  h  double  baie  de 
»  Daives.  Enfin,  la  quatrième  géminalion  est  dans  l'isthme 
»  de  la  Deitcalionis  Regio  (qui  cette  année  se  présente  plus 
»  brillante  et  mieux  terminée  qu'autrefois).  Les  lignes  de 


(  47  ) 
»  ces  quatre  gémina lions  soiii  peui-èlre  de  la  même  cou- 
»   leur  que  les  autres,  mais  cette  couleur  est  si  forte  qu'on 
»   la  (lirait  presque  noire.  C'est  comme  l'encre  de  Chine 
»  qu'on  peut  charger  au  point  de  la  rendre  noire.  » 

Ainsi  s'exprime  M.  Schiaparelli.  Je  termine  en  insistant 
sur  les  deux  faits  les  plus  surprenants  que  renferme  sa 
communication  :  le  lac  du  Soleil  est  une  tache  arrondie, 
isolée,  qui  a  été  ohservée  pour  la  première  fois  par  Màdier 
en  1850;  elle  est  une  des  régions  les  plus  connues  de  la 
planète  et  a  reçu  le  nom  de  Mer  de  Lockyer  sur  la  carte 
de  Proctor;  cette  mer  ou,  si  l'on  veut,  ce  grand  lac,  à 
l'exemple  de  plusieurs  autres  formations  semblables,  mais 
de  moindre  importance,  telles  que  le  lac  Ismenius,  le  lac 
Til/ionius,  se  montre  double  aujourd'hui. 

Le  golfe  Sabœus  est  assurément  l'une  des  régions  les 
plus  visibles,  les  mieux  connues  de  Mars  :  dessiné  pour  la 
première  fois  par  Huygens,  en  1659,  il  avait  reçu  de 
M.  Proctor  le  nom  de  Détroit  d'Herschel  11;  observé 
actuellement  au  dix-huit  pouces  de  Milan  par  l'œil  perçant 
de  M.  Schiaj)arelli,  il  se  montre  composé  de  deux  bandes 
reclilignes,  larges,  parallèles  mais  très  rapprochées,  très 
difficilement  séparables.  il  semble  donc  que  nulle  formation 
à  la  surface  de  cette  planète  ne  soit  soustraite  à  ce  mysté- 
rieux phénomène  de  la  gémination. 

Cette  tendance  au  dédoublement,  prenant  un  dévelop- 
pement si  considérable,  nous  conduit  à  une  dernière 
réflexion  :  le  golfe  Sabœus  se  termine  par  une  région  que 
son  importance  et  sa  forme  caractéristique  ont  fait  choisir 
pour  origine  des  longitudes  aréographiques  :  l'astronome 
de  Lilienlhal,  le  premier,  en  1798,  observa  en  ce  point  un 
globule  noir,  dans  lequel  les  observateurs  plus  modernes 
reconnurent  une  baie,  dirigée  vers  le  nord.  Le  22  sep- 
tembre 1862,  pour  la  première  fois,  le  Rév.  Dawes  vil 


(48) 

celle  baie  nellemenl  fourchue;  la  double  baie  de  Dawes 
se  voil  acluellement  toules  les  fois  que  les  circonstances 
sont  favorables  el  les  moyens  d'observation  suffisamment 
puissants.  Peut-être  donc,  en  dédoublant  cette  baie,  l'ob- 
servateur à  l'œil  d'aigle,  comme  on  l'appelle  quelquefois, 
faisait-il  la  première  constatation  d'une  gémination.  On  lui 
doit  d'ailleurs  aussi  les  premiers  dessins  de  quelques 
canaux  de  Mars. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 

Mars  observé  en  1890,  au  dix-huit  pouces  de  Merz, 
par  M.  Schiaparelli. 

FiG.  1.  9  juin,  8''40%  grossissement  :  500;  to  =  70°;  S  =  -♦-  12» 
((0  =  longitude  du  méridien  centrai,  o  =  latitude  du  centre). 

FiG.  2.  20  juin,  ii^,  t.  sid.  Milan,  oculaires  :  350  et  500  ;  oj  =  5  i  0»  ; 
0  =  -♦-  15°. 

FiG.  5.  16  mai,  IS*»  '/i.  '•  *'<^-  Milan,  oculaire  :  500;  lo  =  320»; 

0  =  -♦-  7". 

Mars  observé  en  1890,  ati  télescope  à  miroir  de  6  '/,  pouces  de  Calver, 
grossissements  :  320  et  430  zb,  par  M.  A.  Stanley  Williams 

FiG.  4.  29  avril,  de  l^'iôO™  à  14b|5»,  /,  m.  Greenwich;  lo  =  159»; 
S  =  -»-  5». 

6,  Propontis;  c,  Trivium  Charontis;  d,  tache  grise,  confuse,  très 
faible;  e.  Titan;  f,  Erebus  ou  Hades;  g,  Boreas?  /;,  Sirenius;  i,  tache 
un  peu  plus  blanche,  mal  définie,  ovale  ;  /,  région  un  peu  plus 
brillante. 

FiG.  5.  25at)n/,  de  14^30™  à  i5»>l5'»;  to  =  210'';  S  =  -»-  5». 

6,  Trivium  Cliaronlis;  g,  Laestrygon  ;  h,  Cyclops  ;  i,  Cerberus; 
A-,  Hades;  /,  Styx;  m,  Eunostos;/j,  Aethiops;  r,  Elysium;  s,  Hyblaeus; 
t,  Propontis. 


Bidïelms,3^ Sàte,,  Tome  XX. 


1890 


SduapardU  ad  nac  del- 


Mars  observé  par  M  Schmparelli . 


Mars  observé  par  M.  Sianleu  fVUlia/ns. 


'■irankij  Wdàa/ns ,  ad  naz  del 


(49  ) 

FiG.  6.  24  mai,  de  IShO™  à  IS^SO™;  w  =  STS»;  S  =  -4-  9». 

/j,  Triton;  /,  Libya;  A-,  Isidis  rcgio;  c,  Nilosyrtis;  d,  Protonilus  ; 
e,  Borcosyrlis;  f,  Ascicpius,  g,  Nepcnthes. 

FiG.  7.  27  juin,  à  10''0";  co  =  297°;  S  =  -♦-  14». 

^,  Libya;  h,  Nilosyrtis;  i,  Thoth  ;  jh,  Aslusapes;  p,  Asclepius; 
r,  Protonilus;  s,  Phison;  f,  Hcllas;  m,  petite  tache  noirâtre. 

FiG.  8.  18  mai,  de  12'>I8»  à  IShO»;  a)  =  331»;  o  =  -♦-  8». 

/j,  Nilosyrtis;  t,  Protonilus;  k,  Iliddekcl;  s,  Libya;  l,  Euphrates; 
e,  Ismcnius  lacus;  m,  petite  tache  grisâtre,  très  faible. 


Une  Coronule  de  la  baie  de  Saint-Laurent;  par  P.-J.  Van 
Beneden,  membre  de  l'Académie. 

Il  y  a  quatre  ans,  dans  un  discours  fort  remarquable, 
prononcé  à  la  réunion  de  l'Association  Britannique  à 
Birmingham,  sir  J.  William  Dawson  lit  mention  d'un 
spécimen  de  Coronuta,  trouvé  sur  un  morceau  de  peau 
de  Baleine  conservé  au  Musée  Redpathe,  à  Gaspe,  au 
fond  du  golfe  de  Saint-Laurent.  Ce  discours  avait  pour 
objet:  «  la  géologie  de  l'océan  Atlantique  »  (i). 

Ce  morceau  de  peau  de  Baleine  provient  sans  aucun 
doute  d'un  animal  capturé  par  quelque  baleinier  du  pays, 
et  si  ce  n'est  dans  la  baie  de  Gaspe  même,  c'est,  en 
tout  cas,  ou  dans  la  baie  de  Saint-Laurent,  ou  sur  la  côte 
du  Labrador,  où  viennent  encore,  de  temps  en  temps, 
échouer  des  Baleines- 


(d)  Report  of  the   56   meeting   of  thc  british  Association,   1886. 
Revue  scientifique,  Paris,  1886. 

O""^    SÉRIE,    TOME    XX.  4 


(  SO) 

A  quelle  espèce  faul-il  rapporter  celle  Coronula  et  de 
quelle  Baleine  provient-elle?  Esl-ce  la  Coronula  reginœ, 
provenaiil  d'une  baleine  du  Nord,  comme  le  peuse  le 
savant  géologue? 

Le  nom  de  Coronule  a  élé  introduit,  comme  on  sait,  par 
Lamarck,  au  commencement  du  siècle,  pour  un  prétendu 
coquillage  qui  vil  sur  la  peau  des  Baleines  (1). 

Ces  Coronules,  pris  d'abord  pour  des  Mollusques,  ont  été 
reconnus  depuis  comme  de  véritables  Crustacés,  et,  eu 
4851,  Darwin  a  publié  la  monographie  de  ces  curieux 
Cirripèdes.  L'illustre  naturaliste  admet  trois  espèces  de 
Coronules  :  une  sur  les  Baleines  des  mers  arctiques,  une 
autre  sur  les  Baleines  des  États-Unis  d'Amérique,  de  la 
Grande-Bretagne,  de  l'océan  Atlanlique  et  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  une  troisième  sur  les  Baleines  de  l'océan  Paci- 
fique. C'est  à  celte  troisième  espèce  que  sir  J.  William 
Dawson  rapporte  la  Coronule  de  Gaspe. 

Nous  ferons  remarquer  en  passant  que  les  Baleines 
étaient  encore  fort  mal  connues  à  l'époque  oîi  Darwin  a 
publié  celte  monographie,  et  que  la  plupart  des  Coronules, 
même  celles  des  grandes  collections,  n'indiquaient  pas 
toujours  exactement  les  lieux  ou  les  mers  où  elles  avaient 
élé  recueillies.  Ce  sont,  du  reste,  des  renseignements, 
qui,  quoique  indispensables  pour  celte  étude,  font  encore 
presque  partout  défaut  aujourd'hui. 

Le  savant  géologue  de  Montréal  a  cru  pouvoir  rap- 
porter celle  Coronule  à  une  Baleine  du  .  Pacifique,  qui 
aurait  réussi  à  franchir  le  passage  nord  où  lanl  de  navi- 


(i)  Annales  du  Muséum,  t.  I,  1802. 


(SI  ) 

gateurs  onl  échoué,  dil-il;  tant  d'autres  animaux  marins 
sont  communs  des  deux  côtés  de  ce  continent  (1). 

La  Coronnla  appartient  pour  lui  à  l'espèce  que  Darwin  a 
décrite  sous  le  nom  de  reginœ,  dans  sa  belle  monographie. 

Nous  ferons  remarquer  d'abord  que  la  Baleine  venant  du 
nord  ne  peut  être  que  la  Balœna  mysticetus,  et  que  cette 
Baleine  ne  dépasse  pas  le  64"  degré  de  latitude,  d'après 
les  observations  faites  pendant  tout  un  siècle,  par  les 
baleiniers  danois.  Ensuite  cette  Baleine  ne  porte  jamais 
des  Coronules;  elle  n'est  couverte  que  de  Cyames,  qui 
vivent  là  en  vrais  parasites. 

Les  Coronules  ne  hantent  que  les  Baleines  des  régions 
tempérées,  et,  comme  les  Balénoptères  n'en  ont  pas  plus 
que  la  Baleine  du  Nord,  la  Coronule  des  côtes  du  Canada 
ne  peut  provenir  que  de  la  Baleine  des  Basques,  c'est-à- 
dire,  du  Nord-Caper,  ou  bien  de  la  Megaptera  boops,  que 
les  baleiniers  désignent  sous  le  nom  de  Humpback. 

Et  comme  celte  Coronule  du  Humpback  est  si  parfaiie- 
ment  distincte  des  autres,  que  l'on  a  même  cru  devoir  en 
faire  un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Diadema,  il  ne  peut 
rester  de  doute  au  sujet  de  cette  détermination. 

Depuis  longtemps,  nous  avons  cru  pouvoir  affirmer 
qu'il  n'existe  qu'une  seule  espèce  de  Baleine  véritable 
dans  l'Atlantique  septentrional,  et  que  les  individus,  qui, 
de  temps  en  temps,  viennent  encore  échouer  sur  les  côtes 
des  États-Unis  ou  au  Canada,  appartiennent  à  l'espèce  que 


(1)  Dali  and  Whitcaves  hâve  shown  that  some  Mollusks  and 
Echinoderms  arc  conimon  evcn  to  thc  Allantic  and  Pacific  coasts  of 
norlh  America.  Dali,  Report  of  Alaska;  Whiteaves.  Trans.  R.  S.  C. 


(52) 
les  Basques  poursuivaient,  à  l'époque  de  la  grande  pêche, 
jusqu'en  Islande  et  jusqu'à  Terre-Neuve, 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  remarquer  que  Chem- 
nitz  distinguait  parfaitement  la  Baleine  dos  Basques  de  la 
Baleine  qu'on  allait  chasser  au  Spitzberg.  En  décrivant  la 
Coronule  du  Nord-Caper,  il  fait  remarquer  que  cette 
dernière  Baleine  se  défend  avec  une  telle  vivacité,  contrai- 
rement à  l'autre,  qu'elle  semble  avoir  du  vif-argent  dans 
les  veines.  Ce  sont  ses  expressions. 

Nous  n'avons  pas  voulu  nous  en  tenir  à  cette  première 
appréciation;  nous  avons  écrit  à  iM.  Dawson  pour  avoir 
communication  de  la  Coronule  même,  et,  ne  pouvant  dis- 
poser de  l'exemplaire  unique,  M.  Dawson  a  eu  l'extrême 
obligeance  de  nous  en  envoyer  une  photographie  repré- 
sentant le  coquillage  vu  des  deux  côtés. 

Pour  la  comparaison,  nous  sommes  heureusement  en 
possession  de  l'excellent  dessin  de  Coronule,  dont  l'origine 
n'est  pas  douteuse  puisqu'il  est  fait  d'après  un  exemplaire 
pris  sur  la  peau  d'un  vrai  Nord-Caper  capturé,  vers  la  fin 
du  siècle  dernier,  entre  l'Islande  et  Terre-Neuve. 

Les  Coronules  étaient  considérées  alors  comme  des 
Mollusques,  et  l'illustre  conchyliologisle  de  l'époque.Chem- 
nitz,  l'a  fait  figurer  à  côté  des  coquilles  véritables  (1). 

En  comparant  cette  photographie  avec  le  dessin  de 
Chemnitz,  il  n'est  pas  difficile  de  voir  que  ces  coquillages 
ne  peuvent  appartenir  qu'à  une  seule  et  même  espèce  et 
qu'il  n'y  a  entre  eux  qu'une  différence  de  taille  provenant 
sans  aucun  doute  d'une  diflerence  d'âge. 


(1)  Martini    u.    Chemnitz,    Syslematisches    Conchilien-Cabinel. 
Nûrnberg,  pi.  LXLIX,  fig.  843  et  1844. 


(S3) 

C'est  donc, à  noire  avis,  un  vrai  Nord-Caper,  une  Bnlœna 
biscayensis  qui  a  porté  cette  Coronule  de  Gaspe,  une 
baleine  de  l'espèce  que  les  Basques  ont  chassée  d'abord  dans 
le  golfe  de  Gascogne,  qu'ils  ont  poursuivie  plus  tard  dans 
la  mer  du  Nord  et  dans  l'Atlantique  jusqu'en  Islande  et 
Terre-Neuve. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science,  nous  croyons  pouvoir 
affirmer  : 

i°  Que  la  Baleine  franche,  la  Balœna  înysticetus  des 
naturalistes,  habite  toute  la  calotte  polaire  et  passe  par  le 
déiroit  de  Smyth  comme  par  le  détroit  de  Behring,  sans 
dépasser  le  64*  degré  de  latitude; 

2"  Que  cette  Baleine  ne  porte  jamais  des  Coronules  ou 
autres  Cirripèdes,  et  ne  loge  que  des  Cyames  d'une  espèce 
particulière; 

5°  Que  l'aire  hydrographique  de  la  Baleine  des  Basques, 
le  Nord-Caper  ou  Balœna  biscnyensis  des  naturalistes,  est 
parfaitement  limitée,  au  moins  aujourd'hui  :  au  sud  à 
l'archipel  des  Açores,  au  nord  à  l'île  des  Ours,  à  l'est  et 
à  l'ouest  à  toute  la  largeur  de  l'Atlantique; 

A°  Que  cette  Baleine  héberge  généralement  des  Coro- 
nules, indépendamment  des  Cyames,  différentes  des  Cyames 
de  la  Baleine  franche; 

5°  Que  le  Hiimpback  des  baleiniers,  qui  est  la  Megaptera 
boops  des  naturalistes,  loin  d'être  confiné  dans  une  mer, 
visite  au  contraire  les  deux  hémisphères  sans  respecter  la 
mer  de  Feu  et  se  retrouve,  avec  les  mêmes  caractères 
et  les  mêmes  commensaux,  dans  la  mer  de  BaiBn  comme 
sur  les  côtes  du  Kamschatka,  en  plein  océan  Pacifique 
comme  dans  l'océan  Austral. 

6°  Que  ce  Humpback  porte  si  régulièrement  ses  Coro- 
nules  ou   mieux   ses    Diadema,    que    les    Groenlandais 


(S4) 

prétendent  qu'elles  viennent  an  monde  avec  lui;  il  y  a 
plus  :  sur  ces  Diadema  vil  un  autre  Cirripède,  VOlion 
Cuvieriiy  qui  se  retrouve  dans  les  divers  océans  avec  les 
mêmes  caractères  (1). 

Le  Humpback  nourrit  également,  indépendamment  de 
ces  Cirripèdes,  une  espèce  particulière  de  Cyame,  dont 
nous  aurons  bientôt  l'honneur  d'entretenir  l'Académie. 

7°  Que  les  Balénoptères  ne  se  couvrent  ni  de  Coronules 
ni  de  Cyames  ;  on  n'a  trouvé  sur  elles,  jusqu'à  présent,  que 
des  crustacés  du  genre  Penella. 

Le  R/iachianectes  glaucus,  petite  Baleine  des  côtes  de 
Californie,  porte  des  Coronules  et  des  Cyames  d'une 
espèce  particulière,  que  le  capitaine  Charles  M.  Scammon 
a  fait  connaître  en  1874  (2). 

Une  autre  petite  Baleine,  Neobalœna  marginata,  décou- 
verte dans  les  eaux  de  la  Nouvelle-Zélande,  n'a  montré 
jusqu'à  présent  ni  Coronules,  ni  Cyames. 

La  planche  qui  accompagne  celle  notice  représente  la 
Coronule  de  Gaspe,  que  nous  attribuons  à  une  Baleine  des 
Basques,  capturée  ou  échouée  sur  les  côtes  du  Canada  ou 
du  Labrador. 


(1)  Noire  savant  confrère,  M.  Van  Bambeke,  a  bien  voulu  me 
remettre,  depuis  ma  communication  verbale  à  l'Académie,  un  exem- 
plaire de  Diadema  du  cap  Nord  avec  Otions  et  Cyames  absolument 
semblables  à  ceux  que  je  possédais  déjà  de  l'océan  Pacifique  et  qui 
sont  parfaitement  bien  figurés  dans  les  livres  chinois  sur  la  pêche 
de  la  Baleine. 

(2)  The  marine  mammals  of  the  North- Western  Coast  of  Norlh 
America.  San  Francisco,  in-i»,  avec  planches  représentant  les 
principales  espèces. 


////  I/chfis: .  y.  Série,  7o//ic .  VA  '. 


Ivth  G.Severa^ns  Brajodles. 


CoroiuiUi   icijuuv 


(dS) 


Les  Anthozoaires  pélagiques  recueillis  par  le  professeur 
Hensen,  dans  son  expédition  du  Plankton.  —  Commu- 
nication préliminaire.  —  I.  Une  larve  voisine  de  la 
larve  de  Semper  ;  patr  Edouard  Van  Beneden,  membre 
de  TAcadémie. 

Mon  collègue  el  ami,  M.  le  professeur  Hensen,  de  l'Uni- 
versilé  de  Kiel,  m'a  envoyé  à  l'élude,  il  y  a  peu  de  temps, 
les  Anlhozoaires  pélagiques  qu'il  a  recueillis,  l'an  dernier, 
pendant  son  expédition  du  Plankton.  J'ai  (ait  rapidement 
le  triage  du  matériel;  quelques  exemplaires  de  la  plupart 
des  formes  ont  été  colorés  et  débités  en  coupes  sériées, 
puis  soumis  à  un  premier  examen. 

Tous  les  Anthozoaires  qui  m'ont  été  envoyés  sont  des 
formes  larvaires  el,  chose  bien  remarquable,  la  plupart  se 
rattachent  à  l'évolution  de  Cérianthides. 

On  ne  connaît  que  quatre  genres  appartenant  à  cette 
tribu  :  les  genres  Cerianthus,  Arachnaclis,  Bathyanthus  et 
Saccanthus.  Encore  l'existence  de  ce  dernier  genre  est- 
elle  fort  problématique  :  suivant  Andres,  le  genre  aurait 
été  fondé  sur  des  exemplaires  mutilés  de  vrais  Cérianlhes 
Le  genre  Balfnjanllms  ne  comprend  que  l'espèce  Bathyan- 
thus balhymetricus  de  Moseley;  un  seul  exemplaire  a 
servi  à  l'établissement  du  genre  et  de  respèce,et  cet  unique 
exemplaire  se  trouvait  dans  un  étal  de  conservation  fort 
défectueux. 

Par  contre,  le  genre  Cerianthus  est  relativement  bien 


(36) 
connu.  Il  n'est  représenté  que  par  un  petit  nombre 
d'espèces;  mais  l'organisation  de  quelques-unes  de  ces 
espèces  a  été  fort  bien  élucidée,  grâce  aux  recherches  de 
J.  Haime,  de  von  Heider,  des  frères  Hertwig,  de  C.  Vogt 
et  de  Danieisscn  ;  les  larves  de  C.  membranaceus  ont 
été  étudiées  et  décrites  par  J,  Haime,  par  Kowalewsky  et 
par  Jourdan. 

Quant  au  genre  Arachnaclis,  créé  par  Sars,  il  n'est  connu 
jusqu'ici  que  par  des  formes  larvaires  recueillies  à  la 
surface  de  l'océan  et  étudiées  par  Sars,  A.  Agassiz, 
C.  Vogt  et  récemment  par  Boveri.  On  a  pensé  que  les 
Arachnaclis  pourraient  bien  être  de  jeunes  exemplaires  de 
vrais  Cérianthes;  mais  Boveri  annonce  dans  son  mémoire 
la  découverte  à' Arachnaclis  adultes  obtenus  par  dragage, 
pendant  l'expédition  du  Triton;  ils  seront  prochainement 
décrits  par  R.  Hertwig. 

Dans  le  matériel  qui  m'a  été  confié  par  M.  Hensen  se 
trouvent,  indépendamment  du  genre  Arachnaclis,  repré- 
senté par  un  certain  nombre  d'individus  d'âges  divers, 
neuf  autres  formes  de  Cérianlhides,  très  différentes  les 
unes  des  autres  et  faciles  à  caractériser.  Je  crois  pouvoir 
affirmer  qu'aucune  d'elles  ne  se  rapporte  ni  au  genre 
Cerianthus,  ni  au  genre  Arachnaclis.  Elles  indiquent 
l'existence  de  nombreux  Cérianthides,  dont  les  formes 
adultes  sont  restées  inconnues  jusqu'ici.  Les  larves,  qui 
vivent  à  la  surface  de  l'océan,  en  plein  Atlantique,  tant  au 
nord  qu'au  sud  de  l'équateur,  gagnent  très  probablement 
les  fonds  pour  y  continuer  leur  développement  et  y  devenir 
sexuées.  S'il  en  était  autrement,  on  ne  s'expliquerait  pas 
comment  aucun  exemplaire  sexué  n'a  été  capturé,  et  il 
n'est  pas  possible  d'admettre  que  les  larves  d'animaux 


(  37) 
apparlenanl  à  des  faunes  lillorales  se  irouvenl  en  abon- 
dance en  plein  océan. 

Quoique  les  dragages  exécutés  dans  le  cours  des  expé- 
ditions océaniques  récentes  n'aient  révélé  l'existence  dans 
les  abysses  que  d'un  seul  Cériantbide^  le  Ualhyanlhus  bathy- 
metricus  de  Moseley,  il  est  donc  éminemment  probable,  à 
en  juger  par  l'abondance  et  la  variété  des  larves  pélagi- 
ques, que  cette  tribu  est  représentée  dans  les  grands  fonds 
par  des  formes  très  diverses.  Ce  fait  est  intéressant  en  ce 
que  les  Cérianlbides  sont  fort  probablement  apparentées 
aux  Rugosa  ou  Tétracoralliaires  paléozoïques,  dont  qua- 
rante-six genres  sont  connus  de  la  période  silurienne, 
vingt-neuf  du  dévonien,  vingt-quatre  du  carbonifère,  un 
seul  du  permien  (Zitlel).  Suivant  Zillel,  le  groupe  a  atteint 
son  plus  grand  développement  spécifique  et  numérique 
dans  le  silurien  supérieur. 

Il  en  serait  donc  des  Cérianlbides  comme  des  Crinoïdes; 
les  uns  etiesaulres  peupleraient  principalement, à  l'époque 
actuelle,  les  grandes  profondeurs  des  océans. 

J'ai  tenu  à  annoncer  dès  à  présent  ce  premier  résultat 
de  l'étude  que  j'ai  entreprise  des  Antbozoaires  du  Plankton, 
en  attendant  la  publication  spéciale  dans  laquelle  les 
différentes  formes  larvaires  seront  décrites  et  flgurées. 

Le  but  principal  de  la  présente  note  est  de  faire  con- 
naître l'organisation  d'une  larve  connue  depuis  longtemps 
quant  à  ses  caractères  extérieurs,  et  qui  a  beaucoup 
intrigué  les  naturalistes. 

En  1807  Semper  décrivit  une  ibrme  larvaire  des  tropi- 
ques, sur  laquelle,  à  ce  qu'il  raconte,  son  attention  avait 
été  appelée,  avant  son  départ  pour  les  Philippines,  par 


(  S8  ) 
M.  le  professeur  Behn,  de  l'Université  de  Kiel.  Pendant 
son  voyage  autour  du  monde,  Behn  avait  observé,  dans 
les  régions  les  plus  diverses  des  mers  tropicales,  un  orga- 
nisme pélagique  de  6  millimètres  de  longueur,  dont  le 
corps  cylindrique  était  pourvu  d'une  frange  courant  paral- 
lèlement à  l'axe  du  cylindre  et  donnait  lieu  à  des  phéno- 
mènes d'irisation  d'un  admirable  effet.  Semper  ne  tarda 
pas  à  retrouver  cet  organisme.  Il  le  rencontra  une  pre- 
mière fois  au  voisinage  du  cap  de  Bonne-Espérance,  par 
42°  de  latitude  méridionale,  dans  le  courant  de  Mozam- 
bique, et  plus  tard  dans  le  courant  de  la  Sonde,  sur  la  côte 
de  Java. 

Il  en  a  donné  une  description,  accompagnée  d'une  belle 
ligure,  dans  le  Zeilschrifi  fur  ivissenschaftlic/ie  Zoologie^ 
et  a  rendu  compte,  en  quelques  lignes,  des  faits  qui  le 
déterminèrent  à  considérer  l'organisme  comme  une  larve 
d'Actiniaire. 

Cette  forme  larvaire  est  connue  sous  le  nom  de  larve 
(le  Setnper.  Autant  que  je  sache,  elle  n'a  pas  été  retrouvée 
depuis,de  telle  sorte  que  nous  ne  possédons  d'autres  rensei- 
gnements à  son  sujet  queceux  que  nous  devons  à  la  publica- 
tion faite,  en  1867,  par  l'éminent  naturaliste  de  Wùrzburg. 
Semper  n'a  pu  faire  qu'un  examen  macroscopique  de  la 
larve.  Voici  les  principaux  faits  qu'il  a  relevés  :  le  corps, 
cylindrique,  présente  à  chacun  de  ses  pôles  un  orifice 
circulaire;  l'un  d'eux  est  la  bouche;  il  conduit  dans  un 
tube  pharyngien  qui,  après  un  court  trajet,  débouche 
dans  une  cavité  cœlentérique,  subdivisée  à  sa  périphérie  en 
six  loges  parallèles  par  un  nombre  égal  de  méseutéroïdes. 

L'orifice  aboral,  Semper  l'appelle  anus.  Dans  la  peau  se 
trouvent  des  nématocysles  de  deux  types  différents.  La 


(59) 

frange  irisée  règne  dans  toute  la  longueur  du  corps,  d'un 
pôle  à  l'autre,  suivant  une  génératrice  du  cylindre.  Elle 
est  formée  de  filaments  auxquels  l'auteur  donne  le  nom  . 
de  cirrhes;  elle  s'incline  alternativement  à  droite  et  à 
gauche,  et  les  irisations  qu'elle  présente  sont  dues  à  des 
phénomènes  d'interférence.  Elle  constitue  l'organe  de 
locomotion  et  indique,  par  sa  situation  médiane,  la  symé- 
trie bilatérale  de  la  larve. 

Il  est  vraiment  étrange  que  ni  les  traités  récents  d'em- 
bryologie comparée,  ni  les  mémoires  spéciaux  relatifs  au 
développement  des  Anthozoaires  ne  font  mention  de  la 
larve  de  Semper.  Cet  oubli  tient  certainement  en  partie 
au  caractère  aberrant  de  l'organisme  et  à  l'impossibilité 
de  le  rattacher  à  l'évolution  d'un  groupe  déterminé 
d'Anthozoaires;  peut-être  aussi  a-t-on  conservé  quelque 
doute  sur  l'exactitude  des  renseignements  fournis  à  son 
sujet.  D'après  Semper,  la  larve  aurait  six  cloisons  mésen- 
tériques  seulement,  dont  deux  notablement  plus  courtes 
que  les  quatre  autres.  Or,  toutes  les  recherches  faites 
sur  le  développement  des  Anthozoaires,  depuis  les  travaux 
classiques  de  M.  de  Lacaze-Duthiers,  ont  conduit  à  ce 
résultat  que,  pas  plus  chez  les  Aciiniaires  que  chez  les 
Hexacoralliaires,  dont  le  développement  est  connu,  il 
n'existe,  dans  le  cours  de  l'évolution,  de  stade  quelque  peu 
persistant,  durant  lequel  la  larve  serait  pourvue  de  trois 
paires  de  mésentéroïdes.  Dans  un  travail  récent,  Boveri 
a  cherché  à  établir  que  tous  les  Actiniaires  passent,  au 
contraire,  par  un  stade  caractérisé  par  la  présence  de 
quatre  paires  de  cloisons  mésentériqiies,  constituées  comme 
celles  qui  persistent  pendant  toute  la  durée  de  la  vie  chez 
les  Edwarsies;  elles  sont  homologues  à  ces  dernières. 


(  60) 

Tandis  que  le  nombre  des  sarcoseptes  ne  s'élève  jamais  au- 
dessus  de  huit  chez  les  Edwarsies,  leur  nombre  s'accroît, 
chez  les  Acliniaires  suivant  une  loi,  variable  de  tribu  à 
tribu,  mais  constante  dans  les  limites  d'un  même  groupe 
naturel. 

Les  frères  Hertwig  avaient  démontré  antérieurement 
l'importance  que  présente,  au  point  de  vue  de  la  classifi- 
cation, le  nombre  des  sarcoseptes  et  la  loi  suivant  laquelle 
s'accroît  ce  nombre;  à  la  suite  de  ses  recherches  sur  les 
Actiniaires  de  Challenger,  R.  Hertwig  en  était  arrivé  à 
distinguer  six  tribus  parmi  les  Actiniaires  :  les  Edvvarsides, 
les  Hexactinides  ou  Actinies  hexamères,  auxquelles  il  faut 
adjoindre  une  partie  tout  au  moins  des  Madréporaires; 
les  Monaulées,  les  Paraclinides,  les  Cérianthides  et  les 
Zoanlhines.  Blochmann  et  Hilger  ont  créé  depuis  une 
septième  tribu  qui  comprend  les  Gonactinides.  D'après 
Boveri,  tous  ces  animaux  passeraient,  dans  le  cours  de 
leur  évolution,  par  le  stade  Edwarsia,  et  ce  stade  succé- 
derait rapidement,  dans  l'ordre  évolutif,  au  stade  à  quatre 
sarcoseptes,  réalisé  d'une  façon  permanente  chez  les  Scy- 
phozoaires  (S.  St  ).  Mais  aucun  Actinozoaire  actuellement 
connu  ne  présente,  dans  le  cours  de  son  développement, 
de  stade  quelque  peu  persistant  caractérisé  par  la  présence 
(le  six  mésentéroïdes. 

Or,  à  en  croire  Semper,  sa  larve,  qu'il  considère  comme 
se  rattachant  au  développement  d'un  Actiniaire,  n'aurait 
que  six  sarcoseptes. 

Parmi  les  matériaux  qui  m'ont  été  communiqués,  j'ai 
trouvé  un  exemplaire  fort  bien  conservé  d'un  organisme 
que  Hensen  m'avait  signalé  comme  étant  probablement 
identique  à  la  larve  de  Semper.  L'étude  que  j'ai  faite  de 


(61  ) 

celle  larve  a  confirmé  la  détermination  de  Hensen,  en 
ce  sens  que  la  larve  dont  il  s'agit  est  voisine  de  celle  que 
Semper  a  fait  connaître.  J'ai  l'honneur  de  communiquer 
à  la  Classe  la  description  de  cet  organisme.  La  larve,  après 
avoir  été  colorée  par  le  carmin  boracique,  a  été  coupée 
perpendiculairement  à  son  grand  axe.  Le  nombre  des 
coupes  obtenues  a  été  de  220.  L'épaisseur  moyenne  des 
coupes  est  de  0,03  mm.,  ce  qui  donne,  pour  l'organisme 
entier  une  longueur  totale  de  6,6  millimètres  environ. 

La  larve  a  été  fixée  par  le  sublimé  et  conservée  dans 
l'alcool.  Les  tissus,  admirablement  conservés,  se  prêtent  à 
un  eïamen  histologique  minutieux. 

Dans  le  même  travail  dans  lequel  il  décrit  la  larve  qui 
porte  son  nom,  Semper  signale  une  autre  forme  larvaire 
rappelant  certaines  larves  d'Annélides,  en  ce  qu'elle  pré- 
sente, à  quelque  distance  en  arrière  de  l'orilice  buccal, 
une  couronne  ciliaire  transversale.  Semper  est  d'avis  que 
cette  seconde  forme  doit  se  rapporter,  elle  aussi,  au  déve- 
loppement d'un  Anlhozoaire;  son  ectoderme  est  bourré  de 
nématocystes  de  deux  formes,  rappelant  celles  qu'il  avait 
observées  chez  sa  première  larve.  Il  ex[)nme  l'opinion  que 
cette  seconde  forme  pourrait  bien  être  un  stade  de  déve- 
loppement plus  avancé  du  même  Actiniaire  auquel  se 
rapporte  sa  première  larve. 

J'ai  trouvé  également  dans  le  matériel  recueilli  par 
Hensen  un  exemplaire  de  la  seconde  larve  de  Semper. 
Elle  est  extrêmement  remarquable  à  divers  points  de  vue; 
elle  ne  se  rattache  certainement  pas  au  même  développe- 
ment que  la  larve  à  frange  vibratile  longitudinale,  mais 
bien  à  l'évolution  d'un  Anlhozoaire  du  même  groupe. 


(62) 
Dans  son  corps  globuleux,  qui  ne  mesure  guère  plus  de 
2  millimètres  de  diamètre,  se  trouvent  logées  trois  autres 
larves  du  même  type,  mais  d'âges  différents;  ce  qui  fait  que 
la  même  série  de  coupes  permet  d'étudier  quatre  stades 
différents  du  développement  du  même  organisme.  Ce  fait, 
extraordinaire  à  première  vue,  trouve  probablement  son 
explication  dans  la  propriété  commune  à  un  grand  nombre 
d'Actiniaires  d'être  vivipares.  Les  larves  en  voie  de  déve- 
loppement dans  la  cavitécœlenlérique  del'orgaiiisme  mater- 
nel cheminent  dans  toutes  les  parties  de  cette  cavité.  C'est 
un  fait  bien  connu  qu'elles  pénètrent  même  dans  les  tenta- 
cules. On  conçoit  que  des  larves  plus  jeunes  puissent  péné- 
trer par  la  bouche  dans  la  cavité  cœlentérique  de  larves  plus 
âgées  et  y  demeurer  après  la  naissance  de  ces  dernières. 

Je  ferai  connaître  cette  seconde  larve  dans  une  note 
ultérieure.  La  présente  communication  a  pour  objet  la 
description  de  la  larve  n°  1. 


Caractères  extérieurs. 

La  forme  générale  de  la  larve  rappelle  celle  d'une  poire: 
elle  est  renflée  à  une  de  ses  extrémités  et  s'atténue  pro- 
gressivement à  l'autre,  où  siège  l'orifice  oral.  Celui-ci  est 
terminal  et  se  voit  distinctement  à  la  loupe.  L'axe  de  la 
larve  n'est  pas  rectiligne,  mais  bien  incurvé  en  C.  Il  est 
probable  que  l'incurvation  n'existait  pas  pendant  la  vie, 
qu'elle  s'est  produite  au  moment  oii  l'organisme  a  été  flxé 
par  le  réactif  employé  pour  le  durcir.  La  concavité  de  la 
courbe  répond  à  la  face  que  nous  appelons  ventrale. 

La  surface  du  corps  est  ridée  et  inégale  dans  sa  région 


(  «3) 
moyenne  et  au  niveau  du  renflement  aboral.  Elle  montre 
des  crêtes  arrondies  et  des  bosselures  qui  n'ont  rien  de 
régulier.  L'élude  des  coupes  démontre  que  ces  rides  sont 
dues  à  l'action  des  réactifs.  En  certains  points,  l'ectoderme 
s'est  détaché  de  la  lamelle  mésencliymatique  et  a  été  sou- 
levé de  manière  à  former  les  crêtes  et  les  bosselures  que 
l'on  observe  à  la  surface.  La  portion  orale  du  corps  n'a 
pas  subi  ces  altérations  :  elle  est  lisse  et  unie. 

Toute  la  surface  de  la  larve  est  fortement  pigmentée,  à 
l'exception  d'une  bande  médiane  qui  règne  le  long  de  la 
face  ventrale,  sans  atteindre  cependant  l'extrémité  aborale  : 
elle  n'intéresse  que  les  deux  liers  antérieurs  du  corps  et 
se  prolonge  en  avant  jusqu'à  la  bouche.  Cette  bande 
médiane  occupe  la  concavité  de  la  courbe  larvaire.  Au 
milieu  de  la  bande  se  voit  un  sillon  peu  accusé;  sa  colo- 
ration est  jaunâtre  et  d'une  teinte  uniforme,  contrastant 
avec  le  reste  de  la  surface  du  corps,  qui  est  très  foncée. 

La  pigmentation  n'est  pas  uniforme  :  on  distingue  à  la 
loupe  des  traînées  pigmentaires  formant  un  réseau  irré- 
gulier très  serré. 

Quand  on  examine  la  larve  de  profil,  au  moyen  d'une 
bonne  loupe,  on  dislingue  dans  sa  concavité  une  sorte  de 
grumeau  translucide,  qui  remplit  l'excavation  ventrale; 
il  n'intéresse  pas  le  renflement  aboral.  Comme  l'ont  appris 
les  coupes,  cette  formation  est  due  à  la  présence  d'une 
frange  vibratile  analogue  à  celle  que  Semper  a  figurée 
chez  sa  larve.  C'est  elle  qui  donne  lieu,  sur  le  vivant,  à  ces 
phénomènes  d'interférence  et  produit  ces  merveilleuses 
irisations  que  Semper  a  si  bien  décrites. 

Examiné  à  la  loupe,  l'orilice  buccal  m'a  paru  être  de 
forme  quadrilatère;  sur  son   pourtour  on  ne  distingue 


C  64) 

aucune  irace  de  tentacules.  Je  n'ai  pas  observé  d'orifice 
à  l'extrémité  aborale,  et  l'étude  des  coupes  m'autorise  à 
affirmer  qu'il  n'existe  pas  d'autre  orifice  que  la  bouche. 

Semper  a  signalé  l'existence  d'un  orifice  circulaire 
à  chacune  des  deux  extrémités  de  sa  larve  cylindrique.  Je 
ne  songe  pas  à  contester  l'exactitude  du  fait  affirmé  par 
l'éminent  naturalistedeWiirzburg.il  n'est  pas  possible,  vu  le 
soin  avec  lequel  il  a  observé  sa  larve  et  l'exactitude  parfaite 
des  renseignements  qu'il  a  fournis  à  son  sujet,  qu'il  ait 
affirmé  la  présence  d'un  orifice  qui  n'existerait  point. 
J'indiquerai  plus  loin  les  raisons  qui.  me  portent  à  croire 
que  la  larve  recueuillie  par  M.  Hensen,  si  voisine  qu'elle 
soit  de  celle  que  Semper  a  décrite,  est  non  se'ulement 
spécifiquement,  mais  génériquement  différente  de  cette 
dernière. 

Organisation. 

Pour  se  rendre  compte  de  l'organisation  de  la  larve,  il 
convient  d'examiner  tout  d'abord  une  coupe  transversale 
pratiquée  vers  le  milieu  de  la  longueur  du  corps. 

Une  semblable  coupe  a  la  forme  d'un  ovale  irrégulier  à 
grand  axe,  dirigé  transversalement.  La  symétrie  bilatérale 
est  manifeste.  (Fig.  1.) 

Ectoderme.  —  L'ectoderme  n'est  pas  partout  adhérent 
à  la  lamelle  mésenchymatique.  Çà  et  là  se  voient,  entre 
les  deux  formations,  des  espaces  assez  étendus.  H  en 
résulte  que  l'ectoderme  forme  des  plis  irréguliers  qui 
déterminent  l'apparence  ridée  de  la  surface.  Ces  rides, 
aussi  bien  que  les  fentes  que  l'on  observe  entre  l'ectoderme 
et  le  mésenchyme,  sont  manifestement  les  produits  arti- 


(  63  ) 

ficiels  de  l'action  des  réaclifs  employés  pour  fixer  el  durcir 
l'organisrae. 

Tandis  que,  dans  toutes  les  larves  d'Anthozoaires 
décrites  jusqu'ici,  l'ecloderme  présente  le  même  caractère 
sur  tout  le  pourtour  du  corps,  il  existe  chez  notre  orga- 
nisme, du  côté  de  la  lace  ventrale,  une  portion  nettement 
différenciée,  bien  délimitée  à  droite  el  à  gauche,  dont  la 
structure  el  l'aspect  contrastent  à  première  vue  avec  celle  du 
reste  de  la  couche  cellulaire  eclodermique.  Celle  formation, 
que  j'appellerai  la  plaque  flagellifère,  est  médiane  el  symé- 
trique. Sa  largeur  représente  la  moitié  environ  du  diamètre 
transversal  de  la  coupe.  Dans  les  préparations  colorées  par 
le  carmin  boracique,  la  plaque  llagellilère  se  montre 
colorée  en  rouge  vif.  Celle  coloration  n'affecte  pas  cepen- 
dant toute  l'épaisseur  de  la  plaque,  mais  seulement  sa 
piirlie  profonde,  la  zone  superficielle  qui  porte  les  fouets 
vibratiles  étant  d'une  teinte  rosée  uniforme.  La  coloration 
de  la  zone  profonde  est  due  à  la  présence  d'innombrables 
noyaux  sphériques  ou  légèrement  allongés  en  bâtonnets 
courts,  qui  fixent  énergiquement  le  carmin.  La  zone 
superficielle  est  lolalemenl  dépourvue  de  noyaux  el  se 
constitue  des  portions  distales,  exclusivement  proloplas- 
miqiies,  des  cellules  flagellées. 

La  plaque  flagellifère  est  formée  d'une  seule  et  même 
espèce  de  cellules  ;  ces  cellules,  excessivement  étroites  et 
filiformes,  ont  leur  noyau  placé  à  des  distances  variables 
(le  la  lamelle  mésenchymalique,  mais  toujours  dans  la 
profondeur  de  l'épithélium.  On  ne  trouve  dans  la  plaque 
flagellifère  ni  cellules  glandulaires,  ni  nématocystes,  mais 
seulement  des  cellules  flagellées.  Chacune  d'elles  présente 
à  son  extrémité  libre  un  petit  plateau  brillant,  puncti- 
forme,  qui  porte  le  flagellum.  Ces  petits  plateaux  conligus 

3*"*   SÉRIE,    TOME    XX.  5 


(  66  ) 
donnent  lieu  à  un  conlonr  très  apparent  qui,  à  un  lorl 
grossissement,  se   montre  constitué   de  points  brillants 
juxtaposés  et  régulièrement  alignés. 

Dans  la  portion  moyenne  de  la  plaque,  la  strialion  de 
l'épithélium,  due  à  sa  composition  cellulaire,  est  normale 
à  la  surface  ;  mais  suivant  ses  bords,  les  cellules  fdiformes 
sont  inclinées  obliquement  de  dehors  et  dedans.  Il  en 
résulte  qu'aux  points  où  elle  se  continue  avec  le  reste  de 
l'ecloderme,  à  droite  et  à  gauche,  la  plaque  semble  former 
deux  bourrelets  que  l'on  pourrait  assez  bien  comparer 
aux  bourrelets  dorsaux  de  la  plaque  médullaire  de  certains 
Vertébrés. 

Dans  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur,  la  plaque 
flagellifère,  déprimée  à  son  milieu,  saillante  suivant  ses 
bords  et  constituée  de  deux  moitiés  semblables,  l'une 
droite,  l'autre  gauche,  inclinées  l'une  vers  l'autre,  forme 
une  gouttière  largement  ouverte.  On  peut  se  faire  une 
idée  très  exacte  de  cette  gouttière  en  la  comparant  à  la 
gouttière  médullaire  d'un  Sauropside  ou  d'un  Mammifère, 
au  début  de  la  formation  du  Myllencéphale.  Inutile  de 
faire  observer  que  je  n'entends  nullement,  en  faisant  ces 
comparaisons,  établir  entre  ces  formations  le  moindre 
rapprochement  morphologique;  je  n'ai  en  vue  que  de  faire 
mieux  comprendre  la  forme  de  la  plaque  flagellifère. 

Nous  verrons  plus  loin  qu'à  ses  deux  extrémités  la 
gouttière  devient  moins  profonde  et  que  la  plaque  finit 
par  devenir  plane. 

La  plaque  porte,  dans  toute  sa  largeur,  d'innombrables 
fouets  vibratiles  admirablement  conservés.  Ces  fouets, 
dont  j'estime  la  longueur  moyenne  au  tiers  environ  du 
diamètre  transversal  moyen  de  la  larve,  ont  un  trajet 
ondulé.  On  ne  peut  les  suivre  dans  toute  leur  longueur 


(67) 

sur  une  coupe;  ils  forment  ensemble  une  louiïe,  striée 
en  certains  points,  finement  puncluée  en  d'autres,  suivant 
que  le  rasoir  a  passé  parallèlement  ou  perpendiculairemenl 
aux  filaments.  Il  est  à  remarquer  que  la  frange  vibratile 
formée  par  l'ensemble  des  fouets  n'est  pas  ici  une  lame 
insérée  suivant  une  ligne,  comme  dans  la  larve  de  Semper, 
mais  bien  une  couche  épaisse  dont  la  largeur  répond  à 
celle  de  la  bande  flagellifère  elle-même. 

Pour  terminer  la  description  de  la  bande,  il  me  reste  à 
signaler  la  présence,  dans  l'épilhélium,  de  traînées  pigmen- 
laires,  radiaires  ou  éloilées,  semblables  à  celles  que  l'on 
observe  en  très  grande  abondance  dans  toute  l'étendue  de 
l'ecloderme.  Dans  la  plaque  flagellifère,  ces  éléments  pig- 
raentaires  sont  relativement  rares.  Il  est  des  coupes  dans 
lesquelles  on  n'en  observe  aucune  trace. 

Le  reste  de  l'ectoderme  a  un  tout  autre  aspect.  Dans 
les  préparations  colorées  au  carmin  boracique,  on  constate 
toujours  l'existence,  dans  l'épaisseur  de  la  couche,  de  trois 
zones  difl'éremment  colorées.  La  zone  superficielle  est  d'un 
jaune-brun;  la  moyenne  est  rose;  la  profonde  est  à  peu 
près  incolore.  Dans  la  zone  moyenne,  il  existe  de  très  nom- 
breux noyaux,  fort  rapprochés  les  uns  des  autres;  on  en 
trouve  également  dans  la  zone  profonde,  mais  ils  y  sont 
clairsemés;  dans  la  zone  superficielle  ne  se  rencontrent  pas 
de  noyaux;  la  coloration  jaune-brun  de  cette  zone  est  due 
à  la  présence  d'innombrables  nématocystes  et  de  glandes 
raonocellulaires  dont  le  contenu,  composé  de  grains,  offre 
une  teinte  brunâtre.  De  plus,  l'ectoderme  est  fortement 
pigmenté.  11  semble  que  le  pigment  siège  dans  des  cel- 
lules spéciales,  soit  filiformes,  et  alors  i-adiairemenl 
dirigées,  soit  étoilées. 


C  68  ) 

Ce  qui  dislingue  essenliellement  i'ectoderme  propre- 
ment dit,  c'est  qu'il  se  constitue  de  diverses  catégories 
d'éléments  cellulaires  :  il  se  compose,  en  effet,  indépen- 
damment des  cellules  épilhéliales  ordinaires,  d'une  énorme 
quantité  de  nématoblastes  et  d'innombrables  cellules  glan- 
dulaires. Je  ne  signale  pas  d'éléments  sensoriels,  parce 
qu'il  n'est  pas  possible  de  les  distinguer  dans  les  coupes; 
mais  il  n'est  pas  douteux  qu'il  n'existe  ici,  comme  chez 
les  autres  Cnidaires,  des  éléments  nerveux  en  partie  mêlés 
aux  autres  cellules  de  I'ectoderme,  en  partie  sous-jacenls 
à  ces  dernières. 

Les  noyaux  de  toutes  les  cellules,  quelle  que  soit  la  caté- 
gorie à  laquelle  ils  appartiennent,  sont  plus  volumineux 
que  ceux  des  cellules  flagellifères  :  ils  se  teintent  en  rose 
et  non  en  rouge  vif;  ils  sont  généralement  ovalaires  et 
montrent  à  peu  près  constamment  des  ponctuations 
foncées,  dont  une,  particulièrement  apparente,  est  peut- 
être  un  nucléole.  Les  noyaux  des  cellules  flagellées  ont, 
au  contraire,  une  apparence  homogène. 

Les  nématocystes  se  rattachent  à  deux  formes  bien 
distinctes  :  les  uns,  de  faibles  dimensions,  ont  la  forme  de 
petits  cylindres  à  bouts  arrondis  ou  de  boudins  droits;  ils 
renferment  un  fil  décrivant  une  spirale  extrêmement  régu- 
lière à  la  périphérie  du  cylindre.  Us  sont  de  dimensions 
un  peu  variables;  mais  les  différences  que  l'on  remarque 
entre  eux  ne  dépassent  pas  des  limites  assez  étroites. 
Ils  siègent  exclusivement  dans  la  zone  superficielle  de 
,  I'ectoderme.  Les  autres,  très  volumineux,  de  forme  ovoïde, 
renferment  un  fil  enroulé  en  une  spirale  très  apparente, 
mais  toujours  assez  irrégulière,  les  tours  de  spire  étant 
tantôt  plus,  tantôt  moins  rapprochés  les  unes  des  autres, 
et  le  diamètre  de  la  spire  étant  sujet  à  variation   dans 


(  «9) 
un  même  iiématocyste.  Ils  sont  relalivemeni  rares.  On 
en   trouve  à  peine  une  dizaine  dans  une  même  coupe 
transversale;  ils  siègent  principalement  dans  la  zone  pro- 
fonde de  l'ectoderme. 

Il  existe  aussi  deux  formes  de  cellules  glandulaires  :  les 
unes  ont  un  contenu  grossièrement,  mais  uniformément 
granuleux,  les  autres  un  contenu  clair  et  d'apparence 
homogène  ou  réticulée.  Les  premières  sont  de  loin  les 
plus  nombreuses.  Très  étroites  dans  la  zone  moyenne 
et  dans  la  zone  profonde  de  l'épiderme,  au  point  d'y  être 
filiformes,  elles  s'élargissent  considérablement  et  s'évasent 
dans  la  zone  superficielle.  Les  grains  brillants,  tous  de 
mêmes  dimensions,  ont  une  teinte  brunâtre.  Les  glandes 
claires,  plus  rares,  se  voient  surtout  dans  la  partie  orale 
du  corps. 

Lamelle  mésenchymalique. —  Elle  est  remarquablement 
épaisse  et  se  fait  remarquer  en  outre  en  ce  qu'elle 
renferme  de  très  nombreux  éléments  cellulaires. 

Les  cellules,  disséminées  dans  une  substance  fondamen- 
tale abondante,  faiblement  colorée  en  rose,  peuvent  être 
groupées  en  deux  catégories  :  les  unes  sont  volumineuses; 
leur  protoplasme  fixe  énergiquemeni  la  matière  colorante; 
elles  sont  tantôt  arrondies,  ovoïdes  ou  sphéroïdales, 
tantôt  pourvues  de  prolongements,  et,  dans  ce  cas,  fusi- 
formes  ou  éloilées.  Les  autres  sont  de  dimensions  beau- 
coup moindres  et  toujours  pourvues  de  prolongements 
très  fins  et  incolores.  Les  cellules  du  mésenchyme  ne  sont 
pas  uniformêmenl  réparties  dans  la  substance  fonda- 
mentale :  très  abondantes  et  voisines  les  unes  des  autres 
en  certains  points,  elles  sont  relativement  rares  dans 
d'autres. 


(  70) 

On  trouve,  dans  la  profondeur  de  l'endoderme,  au  voisi- 
nage de  la  couche  misenchymalique,  de  nombreuses 
cellules  présentant  des  caractères  identiques  à  ceux  des 
grosses  cellules  du  mésenchyme.  Elles  contrastent  par 
tous  leurs  caractères  avec  les  cellules  épithéliales  du  feuillet 
interne;  elles  sont  arrondies  ou  fusiformes  et,  dans  ce 
dernier  cas,  allongées,  non  pas  perpendiculairement,  mais 
parallèlement  à  la  lamelle  fondamentale.  On  en  voit  çà  et 
là  qui  sont  partiellement  engagées  dans  la  substance 
fondamentale  du  mésenchyme,  en  partie  encore  dans 
l'endoderme.  Il  n'est  pas  douteux  que  les  cellules  mésen- 
chymatiques  ne  soient,  en  partie  du  moins,  d'origine 
endodermique. 

En  est-il  ainsi  de  toutes  les  cellules  du  mésenchyme? 
Je  ne  le  pense  pas.  On  trouve,  en  effet,  dans  la  profondeur 
de  l'ectoderme,  au  voisinage  immédiat  du  mésenchyme, 
voire  même  accolées  à  la  surface  ectodermique  de  la 
lamelle,  de  petites  cellules  fusiformes  qui,  au  lieu  d'être 
allongées  dans  une  direction  radiaire,  sont,  au  contraire, 
tangentielles  par  rapport  au  mésenchyme.  Dans  les  points 
où  l'ectoderme  s'est  décollé  de  la  lamelle  fondamentale,  il 
n'est  pas  rare  de  voir  de  ces  petites  cellules  ectodermiques, 
aiîectant  l'apparence  de  cellules  endothéliales  vues  en 
coupe,  accolées  à  la  face  externe  du  mésenchyme.  Ces 
cellules  diffèrent  des  cellules  d'origine  endodermique  par 
leurs  dimensions  minuscules.  Jl  me  paraît  probable  que 
les  deux  couches  épithéliales  du  corps  fournissent  l'une  et 
l'autre  des  éléments  cellulaires  au  tissu  raésenchymatique. 

Ce  qui  confirme  cette  manière  de  voir,  c'est  que,  même 
dans  la  plaque  flagellifère,  on  trouve  dans  la  profondeur  de 
la  bande,  au  contact  immédiat  de  la  lamelle  mésenchyma- 
tique,  une  mince  assise  cellulaire  dont  les  éléments  con- 


(  •'l  ) 

Irastenl  avec  les  cellules  flagellifères.  Leurs  noyaux  sont 
plus  volumineux,  plus  clairs  et  pourvus  d'un  point  niicléo- 
lilbrme.  Ces  noyaux  sont  identiques  à  ceux  que  l'on 
rencontre  régulièrement  dans  les  petites  cellules  du 
mésenchyme. 

A  (Il  juger  par  l'importance  qu'a  déjà  atteinte,  dans  le 
slade  larvaire  que  nous  décrivons,  la  lamelle  mésenchy- 
malique,  et  par  le  nombre  des  cellules  tant  endodermiques 
qu'eclodermiques,  qui  paraissent  destinées  à  participer, 
dans  le  cours  de  l'évolution,  à  l'accroissement  du  mésen- 
chyme, il  semble  que  cette  formation  doit  être  très  déve- 
loppée dans  les  organismes  dont  notre  larve  nous  repré- 
sente le  début.  Dans  les  larves  d'Hexaclinies,  d'Edwardsies 
et  de  Cérianlbides  que  j'ai  eues  sous  les  yeux,  la  lamelle 
fondamentale  est  le  plus  souvent  totalement  dépourvue 
de  cellules;  tout  au  plus  y  trouve- t-on  çà  et  là  quelques 
rares  noyaux  peu  apparents.  Dans  notre  larve,  au  con- 
traire, la  lamelle  fondamentale  est  un  tissu  cellulaire  bien 
caractérisé  et  les  assises  cellulaires  différenciées  de  l'endo- 
derme et  de  l'ectoderme,  au  contact  immédiat  de  la  lamelle 
fondamentale,  ont  à  peu  près  l'apparence  de  la  coucbe  des 
osléoblastes  du  tissu  osseux,  des  odontoblastes  de  l'ivoire 
dentaire. 

Cœlenléron,  sarcoseptes  et  endoderme.  —  La  cavité 
cœlentérique  présente,  vers  le  milieu  de  la  longueur  du 
corps,  l'apparence  d'une  fente  transversale,  en  forme  de 
croissant,  la  convexité  du  crois<jant  étant  dorsale,  sa  con- 
cavité ventrale.  (Fig.  1.) 

Elle  est  subdivisée  à  sa  périphérie  par  trois  paires  de 
macroseples  pourvus,  suivant  leur  bord  libre,  d'un  bour- 
relet raésentérique,  en  six  loges,  dont  deux  sont  médianes. 


(72) 

quatre  latérales;  celles-ci  sont  symétriques  deux  à  deux. 
De  ces  loges,  la  plus  étendue  dans  le  sens  transversal  est 
la  loge  directrice  ou  médio-venlraie.  Les  sarcoseptes  qui 
la  délimitent  latéralement  ont  leurs  insertions  situées  en 
dehors  des  lignes  qui  répondent  aux  bords  de  la  plaque 
flagellifère.  La  loge  dorsale  vient  immédiatement  après 
la  loge  directrice,  en  ce  qui  concerne  l'écartement  des 
cloisons  mésentériques  qui  la  délimitent.  Les  loges  latéro- 
ventrales  sont  plus  étendues  que  les  loges  latéro-dorsales. 

Les  sarcoseptes  directeurs  proéminent  moins  dans  la 
cavité  que  les  deux  autres  paires;  mais  les  trois  paires 
d'organes  mésenléroïdes  présentent  la  même  structure,  à 
part  la  position  des  fibrilles  musculaires,  dont  il  sera 
question  plus  loin. 

Indépendamment  des  trois  paires  de  macroseptes,  dont 
il  vient  d'être  question,  il  existe  six  microseptes  :  quatre 
divisent  en  deux  moitiés  semblables  les  loges  latérales;  la 
troisième  paire  siège  dans  la  loge  dorsale,  qu'elle  tend  à 
diviser  en  trois  parlies,  dont  une  médiane  et  deux  latérales. 
Il  existe  donc  en  tout  douze  mésentéroïdes,  six  droits  et  six 
gauches,  six  macroseptes  et  six  microseptes  alternant  entre 
eux.  La  loge  directrice  ventrale  seule  est  dépourvue  de 
microseptes,  la  loge  médio-dorsale  est  délimitée  par  deux 
microseptes. 

Les  trois  paires  de  microseptes  sont  inégalement 
développées.  La  plus  saillante  siège  dans  les  loges  latéro- 
dorsales;  si  Ton  peut  conclure  du  degré  de  développement 
à  l'ordre  évolutif,  il  y  a  lieu  de  croire  que  les  microseptes 
interposés  entre  les  macroseptes  latéraux  se  forment  immé- 
diatement après  les  six  macroseptes. 

La  couche  endodermique  qui  tapisse  les  deux  faces  de 
la  lamelle  mésenchymatique  des  mésentéroïdes  est  mince 


(73) 
et  formée  de  cellules  cuboïdes.  Cependant,  au  conlacl 
im.nédiat  de  la  lamelle  se  voient  çà  et  là  des  cellules 
rusifoimes,  adjacentes  à  la  lamelle  et  qui  lixent  énergique- 
meiil  les  matières  colorantes.  Elles  sont  identiques  aux 
éléments  cellulaires  que  l'on  observe  dans  l'épaisseur  de 
cette  lamelle. 

Les  bourrelets  mésentériques  n'ont  aucune  tendance  à 
décrire  des  circonvolutions.  Dans  toutes  les  coupes,  ils 
affectent  une  forme  arrondie,  et  l'on  y  distingue  de  nom- 
breuses cellules  glandulaires,  les  unes  à  contenu  granu- 
leux, les  autres  à  contenu  clair  et  d'apparence  bomogène. 
Toutes  les  cellules  qui  constituent  ensemble  le  bourrelet 
sont  conoïdes  et  rayonnent  dans  tous  les  sens  autour  de 
l'extrémité  légèrement  renflée  eu  massue  de  la  lamelle 
mésenchymatique. 

On  dislingue,  sous  la  forme  d'une  rangée  de  grains 
brillants,  une  couche  de  fibrilles  musculaires  longitudi- 
nales dans  chacun  des  macroseptes.  Dans  les  sarcoseptes 
directeurs,  la  couche  musculaire  siège  sur  la  face  opposée 
à  celle  qui  délimite  la  loge  médio-venlrale.  Dans  les  deux 
autres  paires,  la  couche  musculaire  est  adjacente,  au  con- 
traire, à  la  face  qui  regarde  la  loge  directrice. 

La  surface  de  la  lamelle  mésenchymatique,  qui  porte  les 
fibrilles,  est  irrégulière;  mais  il  n'existe  pas  d'étendards 
musculaires  proprement  dits,  à  moins  que  l'on  ne  consi- 
dère comme  rudiments  de  formations  semblables  les 
petites  dentelures  qui  supportent  les  fibrilles. 

Les  microseptes  diffèrent  des  macroseptes  :  i"  en  ce 
que  leur  lamelle  mésenchymatique,  très  courte,  est  à  peu 
près  réduite  à  la  massue  terminale  des  macroseptes;  2°  en 
ce  que  la  couche  endodermique  qui  les  recouvre  est  très 
mince;  3"  en  ce  qu'ils  ne  présentent  pas  de  bourrelet 
mésentérique. 


(74) 

Dans  la  région  du  corps  où  les  microseples  présentent 
leur  plus  grand  développement,  c'est-à  dire  dans  la  moitié 
aborale  de  la  larve,  les  formations  portent  déjà  quelques 
fibrilles  musculaires  longitudinales.  Dans  les  microseptes 
qui  délimitent  la  loge  médio-dorsale,  les  fibrilles  siègent  sur 
la  face  opposée  à  celle  qui  regarde  la  loge. 

Dans  les  deux  autres  paires  la  couche  musculaire  est  au 
contraire  dirigée  dorsalement.  H  en  résulte  que,  des  douze 
loges  futures,  six  seront  intraseptales,  six  autres  inler- 
septales.  Les  loges  médianes  sont  inlerseptàles,  les  laté- 
rales sont  alternativement  interseptal.es  et  intraseptales, 
l'alternance  se  produisant  aussi  avec  les  loges  médianes. 

L'endoderme  de  la  paroi  du  corps  contraste,  par  son 
énorme  épaisseur,  avec  la  partie  de  ce  feuillet  qui  revêt 
les  sarcoseptes.  Il  forme  des  bourrelets  saillants  dans  la 
cavité  cœlentérique.  Le  nombre  de  ces  bourrelets  répond 
exactement  au  nombre  des  loges,  que  celles-ci  soient 
délimitées  exclusivement  par  des  macroseptes,  par  un 
macrosepte  et  un  microsepte,  ou  par  des  microseptes.  La 
largeur  du  bourrelet  répond  à  celui  de  la  loge.  Cependant, 
d'une  manière  générale,  l'épaisseur  de  l'endoderme 
pariétal  diminue  de  la  face  ventrale  où  elle  est  maximum, 
à  la  face  dorsale  où  elle  est  minimum.  Les  cellules  consti- 
tutives de  ces  bourrelets  ont  pour  hauteur  l'épaisseur  totale 
de  l'endoderme;  leur  structure  est  manifestement  réticulée 
et  vacuoleuse.  Il  paraît  exister  une  couche  de  fibrilles 
musculaires  transversale,  à  la  face  interne  de  la  lamelle 
mésenchymatique  de  la  paroi  du  corps,  et  aussi  sur  celle 
des  faces  de  la  lamelle  fondamentale  des  sarcoseptes  qui 
ne  porte  pas  de  fibrilles  musculaires  longitudinales. 

Nous  allons,  maintenant  que  nous  connaissons  la  consti- 
tution d'une  coupe  transversale  faite  vers  le  milieu  de  la 


(  73  ) 

longueur  du  corps,  passer  en  revue  les  différents  organes 
et  indiquer  les  résultais  que  l'étude  de  la  série  des  coupes 
successives  nous  autorise  à  formuler. 

I,  —  Plaque  fîagellifère. 

Celle  formation  ne  règne  pas,  comme  chez  la  larve  de 
Semper,  dans  toute  la  longueur  du  corps.  Elle  s'arrête 
brusquement,  sans  se  rétrécir  au  préalable,  au  point  d'union 
des  deux  tiers  antérieurs  avec  le  tiers  postérieur  du  corps 
de  la  larve.  Son  bord  aboral  est  délimité  par  un  bourrelet 
légèrement  saillant,  de  forme  semi-circulaire.  Ce  bour- 
relet, au  niveau  duquel  la  plaque  se  continue  avec  le 
reste  de  l'ectoderme,  présente  la  même  constitution  que  les 
bourrelets  latéraux  que  nous  avons  décrits  plus  haut. 

La  plaque  s'étend,  au  contraire,  jusqu'à  l'extrémité  orale 
de  l'organisme  larvaire;  elle  se  rétrécit  progressivement 
d'arrière  en  avant  et  se  termine  en  pointe  dans  la  lèvre 
ventrale  de  l'ouverture  buccale.  (Fig.  2.)  La  structure  de 
la  plaque  reste  la  même  dans  toute  sa  longueur. 

La  frange  vibratile  présente  sa  hauteur  maximum  dans 
la  partie  la  plus  large  de  la  plaque.  Sa  hauteur  diminue 
lentement  d'arrière  en  avant. 

J'ai  déjà  dit  que  la  plaque  forme  gouttière  dans  la  plus 
grande  partie  de  sa  longueur.  (Fig.  6.)  La  gouttière  devient 
moins  profonde  aux  extrémités  orale  et  aborale  de  la 
plaque;  elle  finit  par  s'effacer  complètement. 

Les  caractères  de  l'épiderme  se  maintiennent  iden- 
tiques dans  toute  l'étendue  de  la  surface  du  corps.  Tout 
au  plus  constaie-t-on  de  légères  difl'érences  dans  l'épais- 
seur de  la  couche.  Elle  est  un  peu  plus  mince  à  l'extrémité 
orale. 


(76) 


II.  —  L'orifice  buccal. 

Il  n'existe  encore  aucune  trace  de  tentacules  autour  de 
la  bouche.  Celle-ci  présente  la  forme  d'un  hexagone  symé- 
trique, mais  irrégulier.  Elle  est  surmontée  par  deux  lèvres 
saillantes  inégalement  développées  :  l'une,  ventrale,  plus 
petite,  répond  à  la  loge  de  direction  qui  vient  s'y  terminer 
en  cul-de-sac;  l'autre,  dorsale,  semilunaire,  beaucoup  plus 
étendue  que  la  lèvre  ventrale,  répond  à  la  loge  dorsale  et 
aux  deux  paires  latérales  qui  lui  sont  adjacentes.  (Fig.  2et  3.) 

La  loge  dorsale  est,  des  trois,  celle  qui  s'avance  le  plus 
loin  dans  la  lèvre  supérieure. 

Une  coupe  faite  transversalement,  au  niveau  de  l'orifice 
buccal,  montre  avec  une  netteté  remarquable  la  symétrie 
bilatérale  de  l'organisme. 

La  plaque  flagellifère  se  termine  sur  la  face  externe  de 
la  lèvre  ventrale.  Elle  s'y  rétrécit  progressivement  pour 
se  terminer  en  pointe. 


m.  —  Pharynx. 

Le  pharynx  présente  des  caractères  bien  particuliers. 
(Fig.  4,  5  et  6.)  Il  montre  une  symétrie  bilatérale  parfaite. 
Il  pourrait  paraître,  à  première  vue,  que  les  gouttières 
pharyngiennes  [Stilcus  et  Sulculus  de  Haddon)  font  ici 
défaut.  En  effet,  tant  du  côté  de  la  face  ventrale  que  du 
côté  de  la  face  dorsale  l'épithélium  pharyngien  forme  une 
saillie  vers  la  cavité  pharyngienne.  Du  côté  ventral,  la 
lamelle  mésenchymatique  de  la  paroi  pharyngienne  est 
ployée  de  façon  à  former  un  angle  saillant  vers  l'axe  de 


(  77  ) 
l'organisme.  Mais  il  me  paraît  évident  qu'en  se  plaçant  au 
point  de  vue  morphologique,  il  laut  considérer  comme 
homologue  au  Sulcus  des  autres  Anthozoaires  la  portion 
ventrale  élargie  de  la  cavité  pharyngienne;  la  plaque 
épiiiiéliale  très  large  et  peu  élevée,  qui  répond  à  la  loge 
directrice,  est  homologue  à  cette  partie  de  l'épithélium 
pharyngien  qui,  chez  les  autres  Anthozoaires,  constitue  le 
plancher  de  la  gouttière  pharyngienne  ventrale  (Siphono- 
glyphe  de  Hickson).  Il  n'est  pas  possible  de  résoudre  la 
question  de  savoir  si  la  partie  dorsale  de  la  fente  pharyn- 
gienne, celle  qui  répond  à  la  loge  médio-dorsale,  doit  être 
considérée  comme  un  Sulculus. 

La  cavité  proprement  dite  a  la  forme  d'une  fente  ventro- 
dorsale  répondant  au  plan  médian.  (Fig.  4.) 

Le  revêtement  eclodermique  du  pharynx  présente  laté- 
ralement trois  paires  de  bourrelets  longitudinaux,  symé- 
triques deux  à  deux,  séparés  les  uns  des  autres  par  des 
sillons  bien  marqués.  Ces  trois  paires  de  bourrelets 
répondent  aux  trois  paires  de  sarcoseptes  primaires.  De 
ces  bourrelets,  ceux  qui  correspondent  aux  septa  directeurs, 
sont  les  moins  volumineux;  les  moyens  sont  les  plus 
considérables. 

Dans  sa  partie  initiale,  celle  qui  succède  immédiatement 
à  l'orifice  buccal,  le  pharynx  a  une  forme  à  peu  près 
quadrilatère,  l'un  des  côtés  répondant  à  la  loge  médio-ven- 
traie,  le  côté  opposé  à  la  loge  dorsale,  les  côtés  latéraux  aux 
deux  paires  de  loges  latérales.  (Fig.  4.)  Mais,  après  un  court 
trajet,  le  pharynx  change  de  forme  :  il  se  développe  dans  le 
sens  transversal  et  montre  à  la  coupe  la  forme  d'un  crois- 
sant. (Fig.  6.)  Le  bourrelet  épithélial  répondant  au  fond  du 
Sulcus  s'élargit,  et  en  même  temps  la  portion  médiane 
du  plancher  du   pharynx,  soulevée   en   dos  d'âne,  fait 


{  78  ) 
fortement  saillie  dans  la  cavité  pharyngienne.  Ce  bourrelet 
du  Sulcus  répond  à  lui  seul  à  la  concavité  du  croissant. 
Les  bourrelets  qui  surmontent  les  septa  directeurs  siègent 
aux  extrémités  du  croissant.  Le  bourrelet  qui,  par  sa  posi- 
tion dorsale,  répond  au  Sulculus,  se  rétrécit  au  fur  et  à 
mesure  que  l'on  s'éloigne  de  l'extrémité  orale,  et  bientôt 
disparaît.  Les  bourrelets  épithéliaux  qui  surmontent  les 
quatre  autres  mésentéroïdes  régnent  le  long  de  la  convexité 
du  croissant  pharyngien;  ils  en  forment  la  voûte,  tandis 
que  la  plaque  du  Sulcus  en  forme  à  elle  seule  le  plancher. 

Après  un  court  trajet  ce  plancher  se  fend  sur  la  ligne 
médiane  et  le  pharynx  est  mis  en  communication  avec  la 
loge  directrice.  La  fente  s'élargit  rapidement;  elle  gagne 
bientôt  toute  la  largeur  de  la  cavité  pharyngienne,  qui  se  con- 
fond alors  avec  la  loge  médio-venirale.  L'endoderme  parié- 
tal de  la  loge  directrice  constitue  alors  le  plancher  de  la 
cavité  du  pharynx  ;  il  est  très  proéminent  et  envahit  en  par- 
tie la  cavité  pharyngienne  confondue  avec  la  loge  direc- 
trice. A  ce  niveau,  les  loges  latérales  et  la  dorsalesontencore 
séparées  de  la  cavité  pharyngienne,  dont  la  voûte  est 
encore  complète.  Mais  bientôt  les  fentes  interposées  entre 
les  bourrelets  ectodermiques  qui  répondent  nux  sarcoseptes 
s'approfondissent, et  l'on  voit  toutes  les  loges  communiquer 
avec  la  cavité  axiale.  Nous  nous  trouvons  cnaintenant  dans 
la  région  gastrique  ou  cœlentérique;  les  bourrelets  qui 
garnissent  le  bord  libre  des  sarcoseptes  primaires  doivent 
être  appelés  «  bourrelets  mésentériques  »  ;  nous  avons 
dépassé  le  bord  inférieur  du  pharynx. 

Il  estde  toute  évidence  qu'ici  comme  chez  les  Cérianthes 
et  chez  d'autres  A  nthozoaires,  les  bourrelets  mésentériques 
sont  la  continuation  des  bourrelets  ectodermiques  du 
phayrnx,  comme   l'a   soutenu    Heider  et   comme   l'ont 


(  79) 
démontré  Wilson  el  Boveri.  La  slruclure  est  identique  de 
part  el  d'autre,  et  ii  n'existe  aucune  ligne  de  démarcation, 
au  bord  inférieur  du  pharynx,  entre  les  deux  genres  de 
l'ormations  qui,  en  fait,  n'en  font  qu'une. 

Il  ressort  de  ce  qui  précède  que,  contrairement  à  ce  qui 
existe  chez  d'autres  Anlhozoaires  et  à  l'opposé  de  ce  que 
Ton  connaît  chez  les  Cérianlhldes,  depuis  les  recherches 
classiques  de  J.  Haime,  chez  notre  larve  le  pharynx  est 
plus  court  du  côté  ventral  que  du  côté  dorsal.  Le  Sulcus 
est  plus  court  que  le  Sulculus. 

Indépendamment  de  sa  couche  épithéliale  interne,  ecto- 
dermique,  la  paroi  du  pharynx  comprend  une  lamelle 
mésenchymatiqueetun  revêtement  externe  endodermique. 
Celui-ci  est  fort  mince;  c'est  un  épilhélium  pavimenteux 
ou  cuboïde  qui  se  continue  sur  les  faces  des  sarcoseptes. 

IV.  —  Mésenléroïdes  {sarcoseptes)  et  loges  mésentériqites. 

La  larve  présente  trois  paires  de  macroseptes  qui  se 
fixent  à  la  paroi  du  [iharynx  et  sont  garnis  dans  toute 
leur  longueur,  à  partir  du  bord  inférieur  de  cet  organe,  de 
bourrelets  mésentériques.  De  ces  trois  paires  de  macro- 
septes, l'une  délimite  la  loge  directrice  et  répond  à  la 
paire  directrice  ventrale  des  autres  Anthozoaires;  les  deux 
autres  sont  latérales. 

La  paire  directrice,  notablement  plus  courte  que  les 
deux  autres,  n'atteint  pas  l'extrémité  aborale.  Elle  ne  se 
trouve  plus  sur  les  coupes  de  l'extrémité  renflée  du  corps 
de  la  larve.  Les  deux  autres  sont  à  peu  près  de  même 
longueur;  elles  atteignent,  ou  peu  s'en  faut,  le  pôle  aboral  ; 
néanmoins  la  paire  intermédiaire  dépasse  un  peu,  vers 
cette  extrémité,  la  paire  dorsale;  elle  proémine  un  peu 


(  80) 
plus  aussi  que  les  deux  autres  dans  la  cavité  cœlenlérique, 
et  les  bourrelets  ectodermiques  du  pharynx,  qui  ne  sont 
que  les  extrémités  orales  des  bourrelets  mésentériques 
(entéroïdes  de  Lacaze-Duthiers),  sont  plus  volumineux, 
en  ce  qui  concerne  la  paire  intermédiaire,  que  les  deux 
autres. 

Il  existe  en  outre  trois  paires  de  microseples,  dont  nous 
avons  indiqué  plus  haut  les  positions.  La  paire  dorsale 
délimite  la  loge  médio-dorsale,  les  deux  au.tres  alternent 
avec  les  macroseptes  latéraux.  Ces  microseptes  n'atteignent 
pas  la  paroi  du  pharynx,  mais  sont  cependant  indiqués 
dans  la  partie  orale  du  corps,  même  immédiatement  en 
deçà  de  la  bouche.  Ils  s'étendent  en  arrière  jusque  près  de 
l'extrémité  aborale.  La  paire  adjacente  à  la  paire  directrice 
est  plus  courte  que  les  antres  :  elle  ne  dépasse  guère  les 
sepla  directeurs;  la  plus  longue  est  interposée  entre  les 
macroseptes  latéraux.  A  ces  différences  de  longueur 
correspond  une  légère  différence  de  leur  développement 
en  saillie.  Les  microseptes  latéraux  sont  les  plus  proé- 
minents dans  la  cavité  cœlenlérique;  puis  viennent  les 
dorsaux;  en  dernier  lieu,  les  ventraux. 

Nul  doute  que  les  microseptes  ne  soient  de  formation 
plus  récente  que  les  macroseptes,  et  qu'il  existe  dans  le 
cours  de  l'évolution  de  notre  larve  un  stade  longtemps 
prolongé  pendant  lequel  l'organisme  se  caractérise  par  la 
présence  de  six  sarcoseptes  primaires.  Si  l'on  peut  con- 
clure, d'ailleurs,  de  la  longueur  relative  des  septa  et  de 
leur  degré  de  développement  à  l'ordre  de  leur  apparition, 
les  latéraux  apparaîtraient  en  premier  lieu,  les  dorsaux 
ensuite,  les  sepla  directeurs  en  troisième  rang.  Viendraient 
ensuite,  après  une  période  de  repos,  les  microseptes 
moyens,  puis  les  dorsaux,  enfin  les  ventraux.  A  en  juger 


(81  ) 

par  le  développement  notablemenl  plus  avancé  des  micro- 
septes  moyens,  il  doit  se  présenter  dans  le  cours  de  l'évolu- 
tion un  stade,  de  courte  durée,  caractérisé  par  la  présence 
de  huit  cloisons,  dont  six  macroseples  et  deux  microseptes. 
J'ai  représenté,  dans  le  schéma  ci-dessous,  une  figure  des- 
tinée à  représenter  synthéiiquement  les  conclusions  que  je 
viens  de  formuler.  Les  chiffres  1  à  6  indiquent  l'ordre  pro- 
bable de  succession  des  mésenléroïdes. 


FiG.  1. 


Une  particularité  bien  caractéristique  de  notre  larve, 
c'est  l'extension  considérable,  dans  le  sens  transversal,  de 
la  loge  directrice  dans  la  région  pharyngienne  du  corps. 
Néanmoins,  la  cavité  de  la  loge,  et  il  en  est  de  même  de 
toutes  les  autres,  se  trouve  réduite  à  n'être  qu'une  fente 
étroite  par  suite  de  la  grande  épaisseur  de  l'endoderme 
pariétal,  qui  proémine  fortement  dans  les  cavités  mésen- 
lériques.  (Fig.  Â  et  6.) 

Dans   les  loges   latérales,  le  bourrelet  endodermique 

3"*    SÉRIE,    TOME    XX.  6 


(82) 

pai'iélal  se  trouve  subdivisé  par  les  microseples  naissants; 
dans  la  loge  dorsale,  le  bourrelet  est  subdivisé  par  la 
même  cause  en  trois  parties,  une  médiane  et  deux  laté- 
rales. (Fig.  4  et  6.) 

Nous  devons  maintenant  nous  poser  la  question  de 
savoir  si  notre  larve  est  identique  à  la  larve  de  Semper. 

La  forme  générale  du  corps,  caractérisée  par  son  allon- 
gement considérable,  l'existence  de  six  sarcoseptes  bien 
développés,  l'absence  totale  de  toute  trace  de  tentacules 
autour  de  la  boucbe,  et  surtout  la  présence  de  la  frange 
vibratile  médiane,  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'affinité  qui 
existe  entre  les  deux  larves.  Cependant,  une  série  de  carac- 
tères les  différencient  nettement  et  nous  obligent  à  les  rat- 
tacber  à  l'évolution  d'espèces,  probablement  même  de 
genres  différents.  Ces  caractères  différentiels  sont  relatifs  : 

i°  A  la  forme  de  la  larve,  cylindrique  d'une  part,  pyri- 
forme  de  l'autre; 

2°  A  la  longueur  de  la  frange  vibratile,  qui  règne  dans 
toute  la  longueur  du  corps  cbez  la  larve  de  Semper,  qui 
n'intéresse  que  les  deux  tiers  antérieurs  de  la  face  ven- 
trale de  l'organisme  recueilli  par  Hensen; 

3°  A  la  présence  d'un  orifice  aboral  chez  la  larve  de 
Semper,  orifice  qui  fait  totalement  défaut  chez  notre 
exemplaire; 

4"  Aux  organes  urlicanls  (némalocystes)  qui,  à  en 
juger  parles  figures  produites  par  Semper,  sont  très  diffé- 
rents dans  les  deux  larves. 

Semper  a  conclu  de  la  présence  de  la  bordure  vibratile 
à  la  symétrie  bilatérale  de  sa  larve.  Une  coupe  transversale 
du  corps,  faite  en  n'importe  quel  point  de  sa  longueur, 
démontre  avec  la  dernière  évidence  l'ordonnance  parfaite- 
ment bilatérale  de  toutes  les  parties  de  l'organisme. 


(  8-^) 

Semper  décrit  six  scpta  chrz  sa  larve;  il  a  vn  que  l'une 
(1rs  paires  était  notablement  plus  courte  que  les  deux 
autres,  exactement  comme  je  l'ai  décrit  pour  l'exemplaire 
dont  j'ai  lait  l'élude.  Si  Semper  n'a  pas  signalé  l'existence 
de  trois  paires  de  microseptes,  on  ne  peut  en  conclure  que 
ces  cloisons  naissantes  feraient  défaut  chez  sa  larve,  l'exa- 
men macroscopique  ne  pernjeltant  pas  de  reconnaître  la 
présence  de  mésentéroïdes  rudimeniaires  qui  ne  font  pas 
encore  saillie  dans  la  cavité  cœlentérique.  On  ne  peut 
donc  attacher  aucune  importance  à  celte  différence  dans 
les  descriptions. 

D'après  la  description  que  Semper  a  donnée  de  sa  larve, 
la  frange  vibratile  serait  insérée  dans  un  sillon  médian 
régnant  dans  une  bande  claire.  Il  me  paraît  éminemment 
probable  que  la  bande  claire  de  Semper  répond  à  ce  que 
j'ai  appelé  la  plaque  flagellifère  et  que  le  sfouets  vibratiles, 
formant  ensemble  la  frange,  émanent,  dans  les  deux  cas, 
de  toute  la  surface  de  la  plaque. 

On  peut  se  demander  si  la  différence  que  j'ai  signalée 
dans  la  forme  des  deux  organismes  n'est  pas  le  résultai 
d'un  changement  qui  se  serait  |)roduil  au  moment  oii  l'on 
a  fixé  la  larve.  L'étude  des  coupes  démontre  clairement 
qu'il  ne  peut  en  être  ainsi  :  le  dianièlre  de  l'extrémité 
aborale  est  cinq  ou  six  fois  plus  considérable  que  celui  de 
l'extrémité  orale,  sans  qu'il  y  ail  aucun  indice  d'altération  ; 
les  diverses  couches  présentent  approximativement  la 
même  épaisseur  dans  toute  la  longueur  du  corps.  l,e  peu 
de  développement  du  système  musculaire  ne  permet  pas 
d'ailleurs  d'admettre  des  contractions  énergiques  et  diffé- 
rentes dans  les  diverses  régions  du  corps. 

A  quel  groupe  d'Anlhozoaires  se  rapportent  les  larves 
de  Semper  et  celle  que  j'ai  fait  connaître? 


(84) 

Les  recherches  dont  l'organisation  et  le  développement 
des  Anlhozoaires  ont  été  l'objet  dans  le  cours  de  ces  der- 
nières années  ont  démontré  l'existence  dans  ce  groupe  de 
plusieurs  types  évolutifs  distincts.  L'insuffisance  des  don- 
nées acquises  jusqu'ici  ne  permet  pas  encore  une  réforme 
définitive  de  la  classification  des  Anthozoaires;  mais  la 
nécessité  de  cette  réforme  est  dès  à  présent  établie. 

On  a  confondu  à  tort,  dans  le  groupe  des  Actiniaires,des 
organismes  qui  n'ont  de  commun  que  le  caractère  d'ordre 
très  secondaire  d'être  dépourvus  de  formations  squelet- 
tiques;  les  Actinies  évoluent  de  manières  diverses,  suivant 
des  lois  différentes,  tandis  que,  d'autre  part,  les  affinités 
qui  relient  les  Hexactiniaires  aux  Scléroderraés  ne  sont 
plus  l'objet  d'un  doute. 

A  côté  des  Octacliniens  et  des  Antipataires,  qui  consti- 
tuent deux  groupes  naturels  bien  définis,  on  peut  distinguer 
avec R.Herlwig,  dans  le  groupe  peu  naturel  desActiniaires, 
sept  tribus  bien  caractérisées  : 


Les  Edwardsies. 

Les  Hexaclinies. 

Les  Cérianlhides. 

Les  Zoanlhines. 

Les  Monaulées. 

Les  Paraclinies. 

Les  Gonactinies. 


Edwardsies.  —  Les  Edwardsies  possèdent  huit  sarco- 
septes  et  une  symétrie  bilatérale  bien  accusée.  Andres  et 
les  frères  Hertwig  ont  fait  connaître  l'ordonnance  des 
muscles  chez  ces  organismes.  Le  pharynx  est  pourvu  de 
deux  gouttières  pharyngiennes,  l'une  ventrale,  l'autre 
dorsale  ;  disons,  avec  Haddon,  d'un  sulcus  et  d'un  sulculus 


(85) 

I.a  loge  directrice  ventrale  est  délimitée  par  des  mésenlé- 
roïdes  directeurs  qui  portent  des  muscles  longitudinaux 
opposés.  Il  en  est  de  môme  de  la  loge  dorsale.  Les  deux 
paires  latérales  ont  leurs  muscles  dirigés  venlralement, 
comme  la  paire  dorsale.  La  paire  ventrale  est  donc  toujours 
reconnaissahle  en  ce  qu'elle  porte  ses  muscles  en  sens 
opposé  de  ce  que  l'on  observe  sur  les  trois  autres  paires. 
On  connaît  suflisamment  les  larves  des  Edwardsies  pour 
pouvoir  affirmer  qu'elles  n'ont  aucune  analogie  avec  la 
larve  de  Semper;  l'existence  de  douze  cloisons  dans  celle 
que  nous  avons  décrite  suQil  pour  écarter  toute  idée  de 
rapprochement  entre  ces  larves  et  les  Edwardsies,  dont  le 
nombre  des  sarcoseptes  ne  dépasse  jamais  huit. 

Hexactinies. —  M.  de  Lacaze-Duthiers,  dans  ses  mémo- 
rables recherches  sur  le  développement  des  Hexactinies,  a 
établi  qu'il  y  a  lieu  de  distinguer  deux  périodes  dans  l'his- 
toire évolutive  de  ces  animaux. 

Première  période  :  La  première  comprend  la  formation 
des  douze  sarcoseptes  primaires,  la  seconde  celle  des  sepla  ' 
secondaires.  Tandis  que  l'on  admettait,  avec  Milne- 
Edwards  et  J.  Haime,  qu'il  se  forme  simultanément  six 
cloisons  primaires,  puis,  à  mi-distance  entre  celles-ci,  six 
cloisons  de  second  ordre,  puis  successivement,  entre  les 
cloisons  antérieurement  formées,  douze  cloisons  de  troi- 
sième ordre,  vingt-quatre  de  quatrième  ordre  et  ainsi  de 
suite,  M.  (le  Lacaze-Duthiers  a  établi  que  les  douze  pre- 
mières cloisons  se  forment  successivement  et  symétrique- 
ment deux  par  deux,  suivant  un  ordre  bien  déterminé.  La 
jeune  Actinie  passe,  dans  le  cours  de  son  développement, 
par  une  série  de  stades,  respectivement  caractérisés  par  2, 


(86) 

4,  6,  8,  10  et  12  sarcoseptes.  Tandis  que  l'on  constate  à 
une  période  de  repos  plus  ou  moins  prolongée  après  les 
stades  à  2,  à  4  et  à  8  cloisons,  les  stades  à  6  et  à  10  cloisons 
sont  de  très  courte  durée. 

Si  nous  désignons  par  I  les  sarcoseptes  directeurs,  par 
H,  III,  IV,  V  et  VI  les  autres  paires,  ces  numéros  d'ordre 
indiquant  leur  degré  d'écartement  de  la  paire  directrice, 
l'ordre  de  formation  serait  le  suivant  :  III,  VI,  I,  V,  IV  et  II. 
Les  cloisons  III  formées  en  premier  lieu,  dirigées  transver- 
salement par  rapport  à  la  fente  buccale,  divisent  la  cavité 
cœlenlérique  en  deux  chambres,  l'une  dorsale,  plus  étendue, 
l'autre  ventrale,  plus  réduite,  qui,  dans  le  cours  du  dévelop- 
pement, se  subdivisent  la  première  en  sept,  la  seconde  en 
cinq  loges. 

Quelques  doutes  ont  été  émis  par  les  frères  Hertwig  au 
sujet  de  la  loi  de  formation  indiquée  par  M.  de  Lacaze- 
Dulhiers,  en  ce  qui  concerne  l'âge  relatif  des  cloisons  V 
et  VI,  et  ces  doutes  ont  été  confirmés  par  les  recherches 
de  W^ilson  sur  le  développement  d'une  espèce  du  genre 
Manîcina. 

D'après  Wilson,  l'ordre  de  formation  serait  le  suivant  : 
III,  V,  I,  VI,  IV  et  II.  Comme  on  le  voit,  la  différence 
entre  la  manière  de  voir  de  M.  de  Lacaze-Duthiers  et 
celle  de  Wilson  porte  seulement  sur  l'âge  relatif  des  cloisons 
V  et  VI.  D'après  Lacaze,  VI  se  formerait  avant  V;  d'après 
Wilson,  V  précéderait  VI. 

Mais  Wilson  et  Haddon  sont  d'accord  avec  M.  de  Lacaze- 
Duthiers  pour  faire  naître  les  cloisons  IV  et  II  en  dernier 
lieu,  l'une  dorsalement,  l'autre  venlralement,  par  rapport 
à  la  cloison  III.  Les  frères  Hertwig,  dont  les  observations 
ont  été  récemment  confirmées  par  Boveri,  ont  vu  chez 
Adamsia  diaphana  les  quatre  derniers  sarcoseptes  naître 


(87  ) 

par  couples  dans  les  deux  loges  latérales  situées  à  égale 
dislance  de  la  vcniralc  et  de  la  dorsale.  Ce  cas  est  certai- 
nement exceptionnel  dans  le  groupe  des  Ilexactinies. 
Mais  il  suffit  à  établir  l'existence  de  variations  quant  à 
l'ordre  de  succession  des  sarcoseptes  primaires,  dans  ce 
groupe. 

Toutes  les  observations  s'accordent  néanmoins  pour 
établir  la  présence,  chez  toutes  les  Hexaclinies,  d'un  stade 
assez  prolongé  pendant  lequel  il  n'existe  que  huit  cloisons 
complètes,  répondant,  non  seulement  au  point  de  vue  du 
nombre  et  de  l'ordre  d'apparition  des  cloisons,  mais  aussi 
au  point  de  vue  de  l'ordonnance  des  muscles  longitu- 
dinaux des  méscntéroïdes,  aux  dispositions  réalisées  d'une 
manière  permanente  chez  les  Edwardsies. 

C'est  ce  qui  résulte  des  observations  concordantes  de 
Haddon  sur  Ilalcampa  et  Peachia,  de  J.  Playfair  M.  Murrich 
sur  Anlaclinia,  et  de  Boveri  sur  diverses  Hexactinies  de  la 
Méditerranée. 

De  là  l'idée  formulée  par  Haddon,  Playfair  M.  Murrich 
et  Boveri,  que  les  Edwardsies  représentent  un  stade 
anceslral  de  l'évolution  des  Hexaclinies;  les  Hexaclinies 
passent,  dans  le  cours  de  leur  évolution,  par  le  stade 
Edwardsia  et  sont  probablement  issus  d'Anlhozoaires  orga- 
nisés à  la  manière  des  Edwardsies  actuelles. 

Seconde  période  :  Des  douze  loges  mésenlériques  qui 
caractérisent  la  fin  de  la  première  période  de  l'évolution 
des  Hexactinies,  deux  sont  médianes  el  interseptales,  dix 
latérales,  cinq  droites,  cinq  gauches.  De  ces  cinq  paires 
de  loges,  trois  sont  interseptales,  deux  inlraseptales. 
D'après  la  loi  formulée  par  de  Lacaze-Duthiers  et  confirmée 
par  tous  les  observateurs  subséquents,  la  multiplication 
du  nombres  des  septa  résulte  de  l'apparition  simultanée 


(  88) 
de  couples  de  mésenléroïdes  dans  toutes  les  loges  intersep- 
tales  latérales,  à  l'exclusion  de  toute  intervention  des  loges 
directrices  et  des  loges  intraseptales,  conformément  au 
schéma  ci-dessous. 


Les  lois  indiquées  ci-dessus  paraissent  présider  au 
développement,  non  seulement  des  Hexactiniaires,  mais 
aussi  des  Hexacoralliaires. 

Plusieurs  auteurs  récents  définissent  la  symétrie  de  ce 
type  par  le  mot  biradiaire.  Certes  la  structure,  telle  qu'elle 
se  révèle  à  partir  du  début  de  la  seconde  période  du  dévelop- 
pement, est  manifestement  biradiaire  et  non  bilatérale  :  la 
force  dorsale  ne  se  distingue  en  rien  de  la  face  ventrale 
dans  le  schéma  ci-dessus.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que 
l'étude  du  développement  a  établi  que  la  symétrie  primi- 
tive est  bien  nettement  bilatérale  et  qu'elle  ne  devient 
biradiaire  que  dans  le  cours  de  l'évolution.  Les  sarcoseples 
ventraux  et  dorsaux  qui  paraissent  équivalents  dans  l'orga- 


(  89  ) 
nisrae  développé,  ne  son  pas  équivalents,  si    l'on    tient 
compte  de  leur  origine. 

Le  fait  que  chez  tous  les  Ilexactiniaires  et  chez  les 
Hexacoralliaires  dont  le  développement  a  été  étudié,  le 
stade  caractérisé  par  la  présence  de  six  sarcoseptes  est 
exlrèmemenl  passager  et  raccourci,  nous  autorise  à  pen- 
ser que  la  larve  de  Semper  et  celle  que  j'ai  décrite  ne  se 
rattachent  pas  à  l'évolution  d'Hexactiniens.  Cette  con- 
clusion est  confirmée  par  le  fait  que  les  organismes  qui  se 
développent  aux  dépens  de  ces  larves  passent  rapidement 
du  stade  à  six  au  stade  à  douze  cloisons.  Enfin,  parmi 
les  nombreuses  larves  d'Hexactiniens  qui  ont  été  décrites, 
aucune  ne  présente  rien  qui  ressemble  à  la  plaque  flagel- 
lifère. 

Cérianthides.  —  11  résulte  des  recherches  de  J.  Haime, 
de  von  Heider,  des  frères  Herlwig,  d'A.  Agassiz,  de  von 
Koch,  de  Vogt,  de  Boveri  et  de  mes  propres  observa- 
tions sur  un  Cérianlhe  de  nos  côtes,  que  l'ordonnance 
des  sarcoseptes  diffère  essentiellement,  chez  les  Cérianthes 
et  les  Arachnactis,  de  ce  qui  se  trouve  réalisé  chez  tous 
les  autres  Anthozoaires.  Une  symétrie  bilatérale  manifeste 
se  maintient  à  tous  les  stades  de  l'évolution.  Il  n'existe 
plus  chez  les  Cérianlhîdes  deux  gouttières  pharyngiennes, 
mais  seulement  un  sulcus,  et  la  face  à  laquelle  répond  le 
sulcus  est  appelée  face  ventrale. 

Toutes  les  observations  récentes  tendent  à  établir  que 
la  multiplication  des  sarcoseptes  se  fait  exclusivement 
dans  la  loge  médio-dorsale,  par  apparition  h  peu  près 
simultanée,  dans  cette  loge,  de  paires  successives  de  nou- 
velles cloisons  en  dedans  des  paires  précédemment  formées. 
H  en   résulte  que  les  numéros  d'ordre  des  sarcoseptes, 


(  90  ) 
comptés  à  parlir  de  la  loge  direclrice,  marquent  aussi 
l'ordre  de  leur  apparition  successive. 

Celle  loi  se  vérifie-t-elle  aussi  pour  les  toutes  pre- 
mières cloisons?  Les  observations  que  l'on  possède  sur  les 
premiers  stades  du  développement  sont  insuffisantes  pour 
résoudre  la  question. 

Les  recherches  récentes  de  Boveri  sur  des  larves 
qu'il  attribue  au  genre  Arachnaclis  semblent  établir  que, 
tout  au  moins  chez  ces  derniers,  les  quatre  premières 
paires  de  sarcoseptes  répondent  aux  cloisons  des  Edward- 
sies,  ce  qui  permet  de  supposer  que  l'ordre  de  formation 
des  huil  premiers  sarcoseptes  des  Cérianlhides  est  le 
même  que  chez  les  Edvvardsies  et  les  Ilexactinies  :  les 
Cérianlhides  passeraient,  comme  les  Hexactinies,  par  le 
stade  Edwardsia.  D'après  Boveri,  les  quatre  premières 
paires  formées  seraient  ies  sarcoseptes  directeurs  et  les 
trois  paires  voisines  des  Cérianlhides  adultes. 

On  connaît  les  premières  formes  larvaires  des  Cérian- 
ihes,  grâce  à  J.  Haime,  à  Kowalewsky,à  Jourdan;  celles  des 
Arachnactis  par  les  recherches  de  M.  Sars,  de  A.  Agassiz, 
de  C.  Vogt  et  de  Boveri.  On  peut  affirmer  que  la  larve  de 
Semper  ne  se  rattache  pas  à  l'évolution  d'Anlhozoaires 
de  la  tribu  des  Cérianlhes 

Monaulées.  —  La  tribu  des  Monaulées,  créée  par 
R.  Herlwig,  ne  comprend  que  le  seul  genre  Sqjtophorus, 
une  Actinie  pourvue  de  sept  paires  de  sarcoseptes  pri- 
maires, dont  une,  délimitant  la  loge  direclrice  ventrale, 
porte  des  muscles  opposés,  les  six  autres  portant  alterna- 
tivement leurs  muscles  dorsalement  et  ventralement,  les 
muscles  étant  portés  par  la  face  dorsale  dans  les  sarco- 
septes adjacents   aux   sarcoseptes  directeurs.   Boveri   a 


(  91   ) 
montré  comment  ce  type  |)eul  être  déduit  de  celui  des 
Kdwardsies,  par  inlorcalalion,  dans  cliacune  des   loges 
latérales  des  jeune  Edwaidsies,  d'un  sarcosepte  portant 
ses  muscles  sur  sa  face  dorsale. 

Rien  ne  justifie  la  supposition  qu'un  stade  à  six  cloisons 
serait  caractéristique  de  l'évolution  de  ces  Monaulées;  il 
est  l"or,t  probable,  au  contraire,  comme  le  fait  remarquer 
Boveri,  que  ces  Anthozoaires  dérivent  directement  des 
Edwardsies. 

Elles  se  rapprochent  de  ces  dernières  par  la  forme  très 
allongée  du  corps,  par  la  présence  d'une  cuticule  (péri- 
derme),  enfin,  et  c'est  là  la  raison  qui  a  déterminé  Boveri 
à  rattacher  directement  les  Monaulées  aux  Edwardsies, 
plutôt  que  de  les  faire  dériver  des  Hexaclinies,  leur  pha- 
rynx est  pourvu  intérieurement  de  trois  paires  de  bour- 
relets ectodermiqucs,  qui  ne  peuvent  se  rapj)orter  aux 
quatorze  sarcosepics,  et  dont  la  présence  ne  peut  s'expli- 
quer que  si  les  Monaulées  dérivent  d'une  forme  pourvue 
de  huit  cloisons. 

Gonaclinies.  —  Ce  groupe  ne  comprend  que  le  genre 
Gonaclinia,  espèce  proliféra,  récemment  créé  par  Bloch- 
mann  et  Hilgcr.  Il  se  caractérise  par  la  présence  de  huit 
macroseptes  offrant  l'ordonnance  musculaire  caractéris- 
tique de  ceux  des  Edwardsies,  de  deux  loges  directrices  et 
de  deux  gouttières  pharyngiennes.  On  compte,  en  outre, 
huit  microseptes.  Boveri  pense  que  lesGonactinies  dérivent 
directement  des  Edwardsies  par  intercalation  des  micro- 
septes dans  les  latérales  de  ces  dernières. 

En  tout  cas,  l'existence  des  huit  macroseptes  homo- 
logues à  ceux  des  Edwardsies  rend  éminemment  impro- 
bable l'existence  de  liens  de  parenté  entre  les  Actinies  et 


(92) 

les  larves  pourvues  d'une  plaque  flagellifère  et  de   six 
macroseples. 

Paractinies.  —  Celle  iribu,  établie  par  R.  Hertwig,  à 
laquelle  on  peut  rattacher  les  Téalides,  se  caractérise  en 
ce  que  toute  l'organisation  est  semblable  à  celle  des  Hexac- 
tinies,  avec  cette  seule  différence  que  la  symétrie  n'est  pas 
dominée  par  le  chiffre  6,  ce  qui,  en  ce  qui  concerne  les 
Téalides,  a  été  démontré  par  Gosse  et  par  Dixon.  D'après 
Boveri,  ce  type  peut  être  facilement  déduit  de  celui  des 
Hexacliniens,  et  il  est  Tort  probable  que  les  premiers  stades 
du  développement,  ceux  qui  s'accomplissent  pendant  la 
première  période,  ne  diffèrent  en  rien  de  ce  que  l'on 
observe  chez  les  Hexactiniaires  et  les  Hexacoralliaires. 
Rien  n'indique  que  la  larve  de  Semper  ail  rien  de  commun 
avec  les  Anthozoaires  de  cette  tribu. 

Zoanlhines.  —  C'est  à  G.  von  Koch,  au  labeur  duquel 
la  science  est  redevable  de  tant  de  beaux  travaux  sur 
l'organisation  el  le  développement  des  Anthozoaires,  que 
remontent  les  premières  recherches  exactes  sur  l'anatomie 
des  Zoanlhines.  {Polythoa  axinellœ.)  Les  résultats  auxquels 
il  est  arrivé  ont  été  confirmés  et  étendus  par  les  belles 
publications  de  G.  Millier,  de  Erdmann  el  de  R.  Hertwig; 
ces  derniers  ont  fait  connaître,  en  partie  du  moins,  la  loi 
qui  règle  la  multiplication  des  cloisons. 

Tandis  que,  chez  toutes  les  Actinies  hexamènes,  les 
septa  d'un  même  couple  ont  même  grandeur,  même  struc- 
ture et  mêmes  fonctions,  chez  les  Zoanlhines,  les  couples 
sont  constitués  de  deux  cloisons  différentes:  l'une  com- 
plète, fertile  el  garnie  d'un  filament  mésenlérique,  est  un 
macrosepte;  l'autre  incomplète,  stérile,  dépourvue  de 
filament  mésenlérique,  est  un  microseple. 


Un  macioseple  el  un  microseple  forment  ensemble  nn 
couple  :  ils  se  regardent  par  celle  de  leurs  faces  qui  porte 
le  muscle  longitudinal.  Au  point  de  vue  de  l'ordonnance 
des  muscles,  deux  paires  font  seules  exception  :  elles 
siègent  aux  extrémités  opposées  du  diamètre  par  lequel 
passe  le  plan  de  symétrie  de  l'organisme.  Celle  symétrie 
est  nettement  bilatérale.  Des  deux  loges  médianes,  l'une, 
ventrale,  est  délimitée  par  deux  macroseptes;  l'autre, 
dorsale,  par  deux  microseptes.  Dans  ces  loges  les  muscles 
sont  opposés,  les  cloisons  directrices  se  regardant  par  leur 
face  dépourvue  de  muscles. 

Le  pbarynx  ne  possède  qu'une  gouttière  pharyngienne; 
elle  répond  au  sulcus  de  Haddon. 

Les  paires  latérales  sont  ordonnées  de  telle  manière 
que  toutes  celles  qui  se  trouvent  à  droite  et  à  gauche  de  la 
loge  directrice  ventrale  ont  leur  macrosepte  plus  voisin  de 
la  cloison  directrice  ventrale,  le  microseple  correspondant 
étant  plus  éloigné  de  celte  cloison.  D'autre  part,  celles  qui 
sont  voisines  de  la  loge  directrice  dorsale  ont  leur  macro- 
septe plus  rapproché  des  microseptes  directeurs  dorsaux.  Il 
n'existe  jamais  que  deux  paires  droites  el  deux  paires 
gauches  qui  suivent  la  règle  énoncée  en  dernier  lieu. 
Toutes  les  autres  paires,  quel  que  soit  leur  nombre,  ont 
leur  macrosepte  venlralemenl  dirigé.  On  peut  donc  distin- 
guer, dans  une  Zoanlhine,  une  zone  dorsale  comprenant 
la  paire  médio-dorsale  el  les  quatre  paires  avoisinanles, 
el  une  zone  ventrale  comprenant  toutes  les  autres  paires, 
quel  que  soit  du  reste  leur  nombre.  Ce  nombre  augmente 
avec  l'âge  du  polype. 

L'arrangement  que  nous  venons  de  caractériser  souffre 
une  légère  modification, utilisée  pour  la  classidcatiou.  Dans 
quelques  genres,  la  paire  externe  de  la  zone  dorsale  est 


(  94  ) 

formée  non  pas  d'un  macrosepte  et  d'un  microseple,  mais 
bien  de  deux  macroseples.  De  là,  la  dislinclion  établie  par 
Erdmann  entre  ce  qu'il  appelle  le  «  microtype  »  réalisé 
dans  les  genres  Zoantfiiis,  Mammilifera  et  Corlicifera,  et 
le  «  macrotype  »  qui  se  rencontre  dans  les  genres  Epi- 
zoanl/ins  et  Polyt/ioa. 

Tandis  que  chez  les  Actinies  hexamènes  et  les  Hexa- 
coralliaires  toute  loge  inlerseptale,  abstraction  faite  des 
loges  directrices,  est  capable  d'engendrer  un  nouveau 
couple  de  cloisons,  chez  les  Zoanlhines  il  ne  se  (orme  de 
nouveaux  couples  que  dans  la  cavité  inlerseptale  immédia- 
tement adjacente  à  la  loge  directrice  ventrale.  Ce  fait 
important  a  été  mis  en  lumière  par  les  belles  recherches 
de  Erdmann. 

Chez  tous  les  individus  examinés  par  Erdmann,  la  zone 
dorsale  était  complète  :  elle  se  constituait  invariablement 
de  cinq  paires  de  septa.  Il  en  était  tout  autrement  de  la 
zone  ventrale,  qui  comprenait  d'autant  moins  de  couples 
que  l'individu  analysé  était  plus  jeune.  En  poussant  à 
l'extrême  la  réduction  du  nombre  de  ces  couples  ventraux, 
qui  prennent  successivement  naissance  dans  la  loge  adja- 
cente à  la  loge  médio-ventrale,  en  ramenant  le  nombre 
de  ces  couples  à  zéro,  on  arrive  à  un  stade  caractérisé  par  la 
présence  des  cinq  paires  dorsales  et  de  la  paire  directrice 
ventrale,  soit  en  tout  de  six  paires  ou  de  douze  cloisons. 
Ce  stade,  qui  n'a  pas  encore  été  observé,  pourrait  être 
représenté  comme  ci-dessous,  figure  3  pour  le  microly|)e 
[Zoanthus,  Mamillifera,  Corlicifera),  figure  A  pour  le 
macrotype  [Epizoant/ms,  Pobjlhoa)  (Erdmann). 

On  est  forcément  conduit,  en  se  fondant  sur  la  loi 
d'accroissement  découverte  par  Erdmann,  à  admettre 
l'existence  d'un  semblable  stade  évolutif  chez  les  Zoan- 


(  »•'  ) 

lliines.  (Voir  les  ligures  ci-dessons  :  lig.  5,  Microlype; 
fig.  4,  Macrolype.) 


FiG.  3. 


Fig.  4. 


Or,  c'est  précisément  ce  stade  microlype  qui  se  trouve 
réalisé  dans  la  larve  que  j'ai  décrite,  et  probablement 
aussi  dans  la  larve  de  Semper. 

Ce  stade  suppose,  en  ce  qui  concerne  le  microlype,  c'est- 
à-dire  l'évolution  d'un  Zoant/ms,  d'un  MammilUfera  ou 
d'un  Corlicifera,  douze  septes,  dont  trois  paires  de 
macroscples  et  trois  paires  de  microseptes,  une  loge  direc- 
trice ventrale  délimitée  par  deux  macroseptes;  une  loge 
médio-dorsale,  délimitée  par  deux  microseptes,  deux  paires 
de  couples  latéraux,  formés  chacun  d'un  macrosepte  dorsal 
et  d'un  microsepte  ventral  ;  tout  cela  se  trouve  chez  notre 
larve. 

Ce  qui  confirme  encore  notre  opinion,  d'après  laquelle 
notre  larve  et  celle  de  Semper  peuvent  se  rattacher  à  l'évo- 
lution des  Zoanlhines,  c'est  la  constitution  de  la  lamelle 
mésenchymaliquc,  particulièrement  développée  et  pourvue 
de  nombreux  éléments  cellulaires,  dont  les  uns  sont  d'ori- 
gine endodermique,  les  autres  des  dérivés  de  i'ectoderme. 

Erdmann  a  reconnu,  en  effet,  la  structure  relativement 
très  compliquée  du  mésenchyme  et  sa  richesse  en  éléments 
cellulaires  chez  les  Zoanthines.  Il  y  décrit  :  1°  des  amas 


1  96  ) 

cellulaires,  tantôt  arrondis,  tantôt  ramifiés,  confluents  et 
anastomosés  entre  eux  en  un  réseau;  des  canaux  peuvent 
apparaître  dans  ces  traînées  cellulaires;  2»  de  nombreuses 
cellules,  disséminées  dans  la  substance  fondamentale;  elles 
.ont  filiformes  ou  fusiformes,  éloilées  ou  arrond.es    Je 
ne  connais  aucune  larve  d'Ânihozoaire  cbez  laquelle  la 
lamelle  fondamentale  soit  aussi  chargée  de  cellules  que 
chez  notre  larve,  aucune  autre  chez  laquelle  on  d.stmgue, 
dans  la  profondeur  des  épilhéliums  adjacents,  une  véritable 
assise  cellulaire,  composée  de  cellules  identiques  a  celles 
que  l'on  observe  dans  le  mésenchyme  et  qui  sont  manifeste- 
ment prédestinées  à  l'accroissement  du  mésenchyme. 

\  supposer  que  la  larve  de  Semper  et  celle  qui  a  été 
décrite  dans  les  pages  qui  précèdent  se  rattachent  réelle- 
ment, comme  je  le  crois,  à  l'évolution  des  Zoanlhmes,  on 
doit  se  poser  la  question  de  savoir  quelle  position  il 
convient  d'assigner  à  ce  groupe  dans  la  classification  des 

Authozoaires.  .  ,  >    .    .  i- 

Boveri,  dans  .m  récent  travail,  a  cherche  a  etabhr  que 
les  Zoanlhines,  aussi  bien  que  les  Hexactinies,  les  Cenan- 
Ihides,  les  Monaulées,  les  Paractinies  et  les  Gonactinies 
peuvent  être  déduites  du  stade  Edwardsie  so,t  direc  e- 
ment,  ce  qui  serait  le  cas  pour  les  Cér.antludes,  es 
Hexactinies,  les  Monaulées  et  les  Gonactinies,  soit  md,- 
rectement  par  l'intermédiaire  des  Hexactmies,  ce  qu,l 
suppose  être  le  cas  pour  les  Zoanthines  et  les  Paract.ntes. 
Ces  conclusions  sont  basées  sur  l'étude  du  développe- 
ment, en  ce  qui  concerne  les  Actinies  hexa.neres  et  les 
Cérianthides;  sur  l'étude  de  l'organisation,  en  ce  qu,  con- 
cerne  les  Monaulées,  les  Gonactinies,  les  Zoanlh.nes  et  les 

Paractinies. 
La  constitution  de  notre  larve  semble  à  première  vue 


(  97  ) 
pouvoir  êlro  interprétée  en  faveur  de  l'hypothèse  de 
Hovori.  En  effet,  elle  est  caractérisée  par  la  présence  de 
douze  sarcoseples,  comme  c'est  le  cas  pour  les  larves  des 
Hexactinies  à  la  (in  de  la  première  période  de  leur  déve- 
loppement. Mais  cependant,  comme  la  suite  du  développe- 
ment suit  une  tout  autre  direction  chez  les  Zoanthines 
que  celle  des  Hexactinies,  il  est  clair  qu'il  ne  pourrait 
être  question  de  faire  dériver  les  Zoanlhines  que  d'Hexac- 
tinies  primitives,  pourvues  de  douze  cloisons  primaires, 
comme  chez  Halcampa  clavtis  (R.  Hertwig). 

Il  est  à  remarquer  cependant  que  notre  larve  diffère  du 
stade  à  douze  cloisons  primaires  des  Hexactinies  :  i"  en 
ce  qu'elle  présente  trois  paires  de  microseples;  chez  les 
Hexactinies,  à  douze  cloisons,  toutes  cescloisons  deviennent 
complètes;  2°  en  ce  que  le  stade  Edvvardsie,  qui  est  de  lon- 
gue durée  chez  les  Hexactinies,  fait  défaut  chez  les  Zoan- 
thines.  Au  lieu  d'un  stade  à  huit  cloisons  les  Zoanthines 
présentent,  dans  le  cours  de  leur  évolution,  un  stade  à  six 
macroseptes.  Or,  c'est  sur  la  durée  prolongée  du  stade, 
caractérisé  par  la  présence  de  huit  sarcoseptes  homo- 
logues à  ceux  des  Edwardsies,  que  Boveri  s'est  fondé  pour 
étahlir  les  affinités  des  Hexactinies  avec  les  Edwardsies. 

IJe  crois  qu'en  raisonnant  comme  le  fait  Boveri,  nous 
devons  logiquement  conclure  à  l'ahsence  d'affinités  entre 
les  Zoanthines  et  les  Edwardsies,  d'une  part,  des  Hexac- 
liniens  de  l'autre.  Nous  devons  admettre  pour  les  Zoan- 
lhines un  tronc  d'origine  distinct  de  celui  des  Edwardsies, 
à  moins  que  l'on  ne  soit  en  droit  de  considérer  les  micro- 
seples dorsaux  comme  homologues  des  septa  directeurs 
dorsaux  des  Edwardsia. 

Il  me  paraît  que  les  faits  n'autorisent  pas  cette  assi- 

5"°*    SÉHIE,    TOiME    XX.  7 


I 


(  98) 
milalion.  En  effet,  des  (rois  paires  de  microseples  qui  se 
l'ormenl  à  peu  près  simullanémeiil,  il  en  esl  une  qui  est 
en  avance  assez  notable  sur  les  deux  autres,  et  cette  paire 
n'est  pas  la  paire  médio-dorsale,  mais  bien  celle  qui  est 
interposée  entre  les  macroseptes  latéraux.  Pour  admettre 
que  les  Zoanthines  sont  issues  des  Hexactinies  primitives 
et  par  conséquent  des  Edwardsies,  il  faudrait  donc  sup- 
poser: 4°  que  les  sepla  directeurs  dorsaux  sont  devenus  des 
cloisons  incomplètes  de  complètes  qu'elles  étaient  d'abord; 
^^  qu'il  s'est  produit,  dans  le  cours  du  développement,  un 
changement  dans  l'ordre  de  formation  des  septa  :  la  qua- 
trième paire  de  cloisons  des  Edwarsies  anceslrales  aurait 
apparu  chez  les  Zoanthines  postérieurement  à  la  paire 
médio-latérale.  Il  me  paraît  que  rien  ne  justifie  celte 
double  hypothèse,  et  l'on  ne  voit  pas  pourquoi  le  stade 
Edwardsia,  si  nettement  conservé  dans  le  cours  de  l'évo- 
lution des  Actinies  hexamènes  et  chez  les  Hexacoral- 
liaires,  se  serait  effacé  dans  le  cours  du  développement 
des  Zoanthines.  A  s'en  tenir  aux  faits,  il  me  paraît  néces- 
saire de  conclure  à  l'indépendance  du  rameau  des  Zoan- 
thines. Il  me  paraît  donc  que  les  rapports  entre  les  divers 
groupes,  dont  il  a  été  question  ci-dessus,  doivent  être 
exprimés  comme  suit  ; 


Zoantliinos     Edwardsies 


Cérianthidcs    Ucxaclinies    Monaulées    Gonaclinics 
Paraclinies. 


BjiIIetins,.'i'' Série,  ^ome A'.ï         I 


/•'/</  •/ 


^ 


/'tç    / 


Fig  J. 


fï^.  / . 


(  99  ) 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 

Toutes  les  figures  ont  été  dessinées  à  la  chambre  claire.  Les  figures 
2,  5,  4  et  C  donnent  le  même  grossissement.  Idem  pour  les  figures  ^, 
5  et  7. 

FiG.  1.  Coupe  transversale  vers  le  milieu  de  la  longueur  du  corps. 

Fio.  2.  Idem  à  rcxtrémitc  orale. 

FiG.  3.  Idem  un  peu  en  deçà  de  cette  extrémité. 
f,    FiG.  4.  Idem  vers  le  milieu  de  la  longueur  du  pharynx. 

FiG.  5.  Idem  voisine  de  la  précédente,  dessinée  au  même  grossisse- 
ment que  J  et  7  afin  de  permettre  de  juger  de  la  forme  de  la  larve. 

FiG.  G.  Idem  près  de  Textrémilé  aborale  du  pharynx. 

FiG.  7.  Idem  près  de  l'extrémité  aborale  du  corps. 


Sur  la  consliiution  de  la  benzopinacoline  ^  ; 
par  Maurice  Delacre. 

Les  arguments  que  l'on  a  émis  en  faveur  de  la  consliiu- 
tion (le  la  benzopinacoline  (3  généralement  admise 
aujourd'hui,  sont  basés  principalement  sur  l'analogie  que 
ce  corps  présente  avec  la  pinacoline  ordinaire.  Il  convient 
donc  de  rappeler  brièvemenl  la  discussion  dont  celle-ci  a 
été  l'objet. 

Kn  1862,  M.  P'riedel  fixait  la  constitution  de  la  pina- 
cono,  admettant  qu'elle  se  l'orme  par  hydrogénation  et 
soudure  de  djeu.x  molécules  d'acétone.  C'était  donc  un 
alcool  bilertiaire  dont  les  deux  fonctions  alcooliques  se 
trouvaient  mutuellement  en  position  a.  Ce  résultat  incon- 


(  iOO  ) 

teslablc   permettait  de   déduire   tout    naturellement    la 
formule  de  la  pinacoline  : 

(CIP)*=C(OH)  (CHy  =  C 

I          _  iro  =  !  >  0. 

(CHY=C(OH)  (CH=^)^  =  C 

En  étudiant  l'oxydation  de  la  pinacoline,  MM.  Friedel 
et  Silva  (1)  obtinrent  un  acide  valérianique;  Boullerow 
confirma  ce  résultat  et  fit  observer  l'identité  de  ce  corps 
avec  l'acide  Iriméthylacétique  décrit  par  lui.  Partant  de 
cette  réaction,  le  savant  chimiste  russe  a  émis  une  manière 
de  voir  qui  a  conquis  rapidement  l'assentiment  de  la 
plupart  des  chimistes.  Il  admit  que  la  transposition 
d'atomes,  qui  se  constate  indubitablement  dans  le  produit 
d'oxydation,  s'opère  déjà  pendant  la  formation  de  la  pina- 
coline à  l'aide  de  la  pinacone.  La  pinacoline  répondrait 
donc  à  la  formule 

CH'>C  — CO.CH^ 

Boutlerow  a  confirmé  cette  manière  de  voir  en   faisant 
agir  sur  le  zinc-méthyle 

CH' 
CH'>CC0C1   (2); 

le  produit  qu'il  a  obtenu  a  été  reconnu   identique  à  la 
pinacoline. 


(i)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XIX,  p.  195. 
(2)  Liebig's  annalen,  t.  CLXXIV. 


(  101  ) 

M.  Friedel  a  lait  connaître  des  faits  en  opposition  avec 

les  idées  de  Boutlerow;  en  collaboration  avec  Silva,  il  a 

démontré  que  l'action  de  Pli  OCr*  sur  la  pinacone  et  sur 

la  pinacoline  donne,  dans  les  deux  cas,  le  même  chlorure 

cil'  >  CCI-CCl  <  ^,jj 

identique  à  un  produit  de  chloruration  de  diisopropyle, 
obtenu  par  M.  Schorlemmer. 

MM.  Friedel  et  Silva  ont  étudié  ensuite  l'alcool  que 
l'on  obtient  par  hydrogénation  de  la  pinacoline;  c'est 
d'après  eux  un  alcool  tertiaire 

d'après  Boutlerow  un  alcool  secondaire 
CIP>C.CH(0IIJ.CH^ 

Par  oxydation  il  régénère  la  pinacoline,  mais  pour  que  ce 
lait  puisse  valoir  en  faveur  de  la  seconde  formule,  il 
faudrait  que  la  constitution  acétonique  de  la  pinacoline 
fût  établie;  or,  c'est  précisément  ce  qu'il  s'agit  de  prouver. 
D'autre  part,  la  déshydratation  de  l'alcool  pinacolique  ne 
se  fait  pas  nettement;  la  présence  du  groupe  — CH^  eût 
d'ailleurs  rendu  l'étude  de  cette  réaction  difficile  et  incer- 
(aine. 

Faute  de  données  analytiques  précises  sur  la  constitu- 
tion de  cet  alcool,  on  peut  s'aider  de  la  comparaison  des 
points  d'ébuUilion  des  différents  alcools  hexyliques  secon- 
daires et  tertiaires  et  de  leurs  élhers. 


(  \m  ) 


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(    105  ; 

Dans  ce  tableau,  où  l'on  a  admis  la  noti-idciililé  des 
deux  alcools  pinacoliques,  on  remarquera  (jne  l'alcool 
pinacolique  secondaire  diflère  des  autres  alcools  de  même 
rang,  cl  se  rapproche  siugulièreujent  des  alcools  tertiaires. 
il  y  a  également  anomalie  dans  le  point  de  fusion  de  ce 
corps;  les  alcools  tertiaires  ont  généralement  un  point  de 
fusion  plus  élevé  que  les  alcools  secondaires  correspon- 
dants. 

Comme  conséquence  de  l'incerlilude  qui  règne  sur  la 
conslittition  de  l'alcool  pinacolique,  la  formule  de  la  pina- 
coline  elle-même  est  loin  d  être  déterminée  précisément. 
Cependant,  il  sulTirait  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur  les  traités 
les  plus  répandus  pour  s'assurer  que  la  généralité  n'en 
juge  pas  ainsi.  L'idée  d^•  Boutlerow  y  est  considérée  comme 
classiqde;  celte  transposition  atomique  (pii  s'elfecluerail 
durant  le  passage  de  la  pinacone  à  la  pinacoline  est 
devenue  un  des  exemples  les  plus  fréquemment  cités  de 
migration  intramoléculaire,  et  cet  exemple  paraît  d'autant 
plus  intéressant  qu'il  semble  impossible  d'en  donner  une 
interprétation  quelconque. 

Les  recherches  sur  les  benzopinacolines  ont  apporté 
une  apparente  conlirmalion  à  la  manière  de  voir  de  Bout- 
lerow. On  en  connaîl  jusqu'aujourd'hui  deux  variétés  bien 
distinctes  (1)  : 

1°  La  benzopinacoline  a  préparée  par  M.  Behr  en  oxy- 
dant le  tétraphénylélhylène  par  CrO^; 

(1)  MM.   Tlioriicr    et   Zincke    atlribucnl    au    produit    considéré 

comme  l'ether  du  bcnzhydrol,  non  pas  la  formule  ^r,  îs  «  _  rù  >  0» 

(C"H')' =r  C  (C,'H  )   — LU 

mais  la  suivante:  l>0.   Ce   serait    donc    un    troisième 

(C'"'H=)'  =  C 

isomère  de  la  benzopinacoline. 


(  104  ) 

2°  La  benzopinacoline  (3  obtenue  par  M.  Linnemann  au 
moyen  de  la  benzopinacone. 

MM.  Thôrner  et  Zincke  ont  constaté  à  ce  sujet  un  lait 
intéressant  :  la  transformation  aisée  de  la  modification  a 
en  modification  (3  par  l'action  de  différents  agents  tels  que 
PCP,  CH^.COCl,  etc.  Comme  conclusion  de  leurs  recherches 
sur  cet  objet,  ils  ont  cru  devoir  attribuer  à  la  benzopina- 
coline 6  la  formule  acétonique  de  Boutlerow  (C^H^pC. 
CO.  C^H^,  basant  principalement  leur  opinion  sur  l'action 
de  l'acide  chroinique  qui  donne  du  triphénylcarbinol,  et 
sur  celle  de  la  chaux  sodée  qui  agit  dans  le  même  sens  en 
donnant  du  triphénylméthane. 

D'autre  part,  les  auteurs  continuaient  à  considérer  avec 
M.  Behr  l'isomère  a  comme  un  oxyde 

{Cm'f  =  G 

et  le  regardaient  comme  un  état  intermédiaire  peu  stable 
entre  la  formule  symétrique  représentant  la  pinacone  et 
la  formule  dissymétrique  attribuée  à  la  pinacoline  vraie. 
Tel  était  l'état  de  la  question,  lorsque  j'entrepris,  il  y  a 
deux  ans,  l'étude  des  condensations  de  l'acélophénone;  j'ai 
été  amené  à  y  examiner  plusieurs  pinacolines  dérivées  de 
l'acétone 

reu s >  C  =  CH.CO.C^H'', 

dont  aucune  ne  présentait  de  fonction  acétonique;  pour 
plusieurs  j'arrivai  à  prouver  qu'elles  répondaient  indubi- 
tablement à  la  formule  proposée  par  M.  Friedel. 

En  attendant  que  ces  recherches  pussent  être  publiées, 


(  «03  ) 

j'ai  cru  qu'il  élail  inléressanl  de  mentionner  séparémenl  ce 
résultai,  en  appliquant  les  réactions  que  j'avais  étudiées  à 
une  pinaeoline  bien  connue. 

La  benzopinacoline  (3  élail  tout  indiquée  à  celcflet;sa 
structure  est  comparable  pour  la  simplicité  à  celle  de  la 
pinaeoline  ordinaire,  et  elle  présente  sur  celle-ci  de  grands 
avantages  :  son  état  cristallin  en  rend  l'étude  plus  facile  et 
plus  certaine;  de  plus,  le  remplacement  de  CH^  par  CH\^ 
éloigne  autant  que  possible  les  réactions  internes  suscep- 
tibles de  se  produire  avec  rintervention  de  ce  radical. 

Avant  de  rendre  compte  des  expériences  qui  m'ont  con- 
duit à  la  constilulion  de  la  benzopinacoline  p,  je  décrirai 
les  procédés  qui  ont  servi  à  obtenir  le  dipbénylmélbane  et 
letétrapbénylélbylène,  afin  d'ajouter  l'une  on  l'autre  obser- 
vation à  celles  qui  ont  été  publiées. 

Mais  qu'il  me  soit  permis,  au  préalable,  d'adre.^ser  mes 
remerciements  à  M.  le  professeur  Ch.  Friedel  qui  a  bien 
voulu,  en  mainte  occasion,  m'aider  de  ses  conseils  et  n'a 
cessé  de  me  donner  des  preuves  de  sa  bienveillance. 


Préparation  du  diphénijlmélliane. 

[.e  dipbénylmélbane  qui  sert  de  base  à  la  préparation  du 
télrapbényléthylène  a  été  obtenu  à  l'aide  de  la  méthode  de 
MM.  Friedel  et  Ualsohn;  je  me  suis  servi  des  proportions 
eujployées  par  ces  auteurs,  mais,  n'ayant  pas  connaissance 
des  détails  de  l'opération,  j'ai  chaufféau  bain-marie  pendant 
environ  deux  beures.  Pour  100  grammes  de  chlorure  de 
benzyle,  j'ai  obtenu  70  grammes,  une  autre  fois 80 grammes 
de  dipbénylmélbane,  puis  une  dizaine  de  grammes  de 
produit  distillant  de  580'^-400". 


(  406  ) 

Celle  porlion  dépose  de  belles  aiguilles  que  l'on  fait 
égoulter,  puis  cristalliser  dans  l'alcool,  où  ce  corps  est  peu 
soluble.  Il  houl  sous  la  pression  ordinaire  à  596°-400°  sans 
éprouver  aucune  décomposition, 

l.a  description  de  ces  cristaux  et  celles  qui  suivent,  ont 
été  faites  par  M.  Cesâro,  dont  j'ai  eu  la  bonne  fortune  d'avoir 
la  collaboration  pour  ce  travail.  Bien  des  résultats  dus  à 
son  extrême  obligeance  et  qui  n'ont  pu  être  mentionnés 
ici,  m'ont  aidé  (  (Ticacemenl  dans  mes  recherches.  Je  suis 
heureux  de  pouvoir  lui  donner  ici  un  faible  témoignage  de 
ma  reconnaissance. 

«  Aiguilles  ayant  parfois  plus  de  cinq  millimètres  de  longueur;  elles 
»  affeclenl  la  forme  d'octaèdres  rhombiques  très  aigus  portant  des  tron- 
»  calures  sur  les  arêtes  terminales  aiguës;  les  faces  sont  courbes  et  ne 
»  se  prêtent  à  aucune  mesure;  les  arêtes  latérales  n'existent  pas; 
»  plusieurs  faces  présentent  des  lignes  de  soudure  et  des  angles  rentrants. 
);  Ces  aiguilles  paraissent  avoir  un  clivage  perpendiculaire  à  leur  lon- 
»  gueur,  clivage  produisant  des  faces  peu  nettes.  11  est  rare  de  trouver 
»  un  octaèdre  terminé  à  ses  deux  extrémités;  or'Jinairement  les  cristaux 
«  se  terminent  d'un  côté  par  le  clivage  et  ont  l'aspect  pyramidal.  On 
»  aperçoit  au  microscope,  dans  les  sections  perpendiculaires  à  la  lon- 
»  gueur,  des  plans  de  jonction  diagonaux  indiquant  que  le  solide  est 
»  formé  en  général  par  le  groupement  de  quatre  individus;  la  section 
»  s'éteint  nettement  suivant  ces  plans;  la  partie  centrale  est  opaque.  En 
»  les  regardant  suivant  leur  longueur,  ces  aiguilles  qui,  dans  les  autres 
»  sens,  paraissent  à  peu  près  incolores,  prennent  une  teinte  bleue.  Comme 
»  on  le  voit,  ces  cristaux,  quoiqu'ils  ne  puissent  donner  lieu  à  aucune 
»  mesure  précise,  sont  caractéristiques  >>. 

0=%1926  de  ce  corps  ont  donné  à  la  combustion  O'^lSol 
d'eau  et  0^%6d62  d'acide  carbonique,  ce  qui  fait  pour  cent  : 

Trouvé.  Calculé  pour  C-"H*s. 

C  -/o 9-2,92  95,02 

H"/o 7/10  6,97 


(   i07  ) 
Il  y  a  donc  loiil  lion  de  {'mire  que  le  produit  que  j'ai 
isolé  est  le  tii[)liénylétliane 

M.  Waas  (!)  a  obtenu,  par  l'action  de 

CH^Cl  —  CH  <  ^e[J. 

sur  la  benzine  en  présence  de  chlorure  d'aluminium,  une 
huile  rougeàtre  bouillant  au-dessus  de  560"  et  insoluble 
dans  l'alcool  IVoid;  c'est  probablement  le  même  corps,  mais 
non  séparé  des  produits  huileux  distillant  au-dessus 
de  400°. 


Telraphénylélhijlène. 

Pour  préparer  cet  hydrocarbure,  je  me  suis  servi  du 
procédé  étudié  par  M.  de  Ijoissieu  (2)  au  laboratoire  de 
M.  Friedel.  Je  n'ai  rien  à  ajouter  aux  indications  de  l'auteur, 
sauf  une  remarque  au  sujet  des  rendements,  que  j'ai  obte- 
nus plus  satisfaisants.  I.e  di|diénylmélhane  monobromé, 
qui  se  lait  quantitativement  d'après  MM.  Friedel  et  Balsohn, 
chauffé  à  reflux  jusqu'à  ce  (|u'il  ne  se  dégage  plus  d'acide 
bromhydrique,  donne  la  quantité  théorique  de  tétraphényl- 
éthylène. 

Cet  hydrocarbure  fond  constamment  à  214°;  distillé 
dans  le  vide  et  recristallisé  dans  l'acide  acétique,  son  point 


(I)  Ihrichle,  t.  XV,  p.  J1-J8. 

(2j   Bulletin  de  la  Sociclc  chimique,  t.  XLIX,  p.  681. 


(  108  ) 
de   fusion  reste  le  même.   H   bout   à  415°-425''  sous  la 
pression  ordinaire  (1). 

Oxydation  du  tétraphényléthylène.  —  Si,  au  lieu  de  se 
servir  d'acide  chromique,  comme  l'a  fait  M.  Dehr,  on  prend 
le  permanganate  de  potasse,  également  en  solution  acétique, 
ce  n'est  pas  la  benzopinacoline  a  mais  la  moditicalion  [3 
que  l'on  obtient. 

La  conclusion  que  l'on  peut  tirer  de  ce  fait  est  impor- 
tante; il  n'y  a  plus  de  raison,  en  effet,  d'attribuer  aux  deux 
benzopinacolines  des  formules  différentes  en  se  basant 
sur  l'oxydation  du  tétraphényléthylène,  et  il  devient  pro- 
bable que  toutes  deux  sont  des  oxydes  de  cet  hydrocar- 
bure. 

Je  signalerai  en  passant  l'intérêt  que  ces  deux  réactions 
présentent  pour  l'étude  de  l'oxydation  des  carbures  éthy- 
léniques;  elles  me  paraissent  constituer  une  objection  aux 
conclusions  que  M.  G.  Wagner  a  tirées  de  ses  recherches 
sur  ce  sujet  (2). 


Alcool  benzopinacolique  (3. 

Je  n'ai  pu  hydrogéner  la  benzopinacoline  (3  par  le  zinc 
et  l'acide  acétique;  d'autre  part,  l'emploi  des  réducteurs 
alcalins  se  trouvait  exclu.  Je  suis  arrivé  facilement  au  but 
en  me  servant  du  zinc-élhyle;  ce  réactif  me  paraît  être, 
pour   les  corps  à  poids   moléculaire  élevé,  un   véritable 


(1)  La  détermination  a  été  faite  sur  une  petite  quantité,  à  cause 
du  point  de  fusion  élevé  de  ce  corps. 

(2)  Berichte,  t.  XXI,  pp.  5545  et  1240. 


(  100  ) 

agent  d'hydrogénation  qui  a  l'avantage,  précieux  dans 
certains  cas,  de  ne  s'attaquer  qu'aux  carbones  oxygénés. 
De  plus,  j'ai  toujours  remarqué  jusqu'ici  que  l'emploi  des 
zinc-alcoyles  donnait  des  produits  d'hydrogénation  purs, 
et  je  crois  qu'il  y  aurait  possibilité,  en  étendant  sutTisam- 
menl  l'étude  de  ce  réactif,  de  (ixer  le  choix  entre  les 
didérenls  représentants  de  la  série  du  zinc-méthyle  pour 
obtenir  à  volonté  des  pinacones  ou  des  alcools.  C'est  l'es- 
poir d'arriver  à  ce  but  qui,  au  cours  de  mes  recherches, 
m'a  souvent  fait  employer  le  zinc-élliyle  comme  agent 
d'hydrogénation,  alors  que  d'autres  réactifs,  qui  peuvent 
paraître  plus  simples,  m'auraient  peut-être  rendu  les  mêmes 
services. 

Pour  hydrogéner  la  benzopinacoline  (3,  on  y  ajoute  son 
poids  de  zinc-éthyle  et  un  peu  d'éther  anhydre  pour 
rendre  la  masse  homogène.  Le  mélange  est  chauffé  au 
bain  d'huile  dans  un  ballon  surmonté  d'un  petit  réfrigé- 
rant, dont  le  tube  est  suffisamment  large  pour  permettre 
l'évaporation  de  l'éther;  on  maintient  d'abord  la  tempéra- 
ture vers  70",  puis  on  l'élèvegraduellement  vers  loO'à  140"; 
l'opération  dure  trois  jours.  On  délaie  la  masse  dans 
l'éther  anhydre,  et  on  la  verse  peu  à  peu  dans  un  ballon 
contenant  de  l'eau  que  l'on  acidifie  ensuite  par  l'acide 
chlorhydrique.  Le  produit  séparé  par  fillration  est  dissous 
dans  la  benzine;  la  solution,  additionnée  d'une  certaine 
quantité  de  ligroine,  est  abandonnée  au  repos.  Les  cristaux 
qui  se  déposent  sont  cassants  et  d'une  blancheur  parfaite, 
peu  solubles  dans  l'alcool  chaud,  d'où  ils  se  séparent  sous 
forme  de  cristaux  tabulaires  très  nets  et  transparents;  ils 
fondent  à  151°;  deux  nouvelles  cristallisations  ne  modi- 
fient pas  ce  point  de  fusion. 


(110) 

n  Pelils  crislaux  blancs  lamellaires  à  éclal  nacré,  toujours  très  aplatis 
»  suivant  la  hauteur;  ils  ont  de  1  à  4  millimèlres  de  largeur.  Ils  dérivent 
»  d'un  prisme  cliciorhombique  (fig.  1)  dont  l'angle  est  presque  droit;  ces 
»  prismes  ne  sont  ordinairement  terminés  que  par  la  base  p  qui  est 
>■  toujours  fortement  striée  suivant  le  plan  de  symétrie;  quelquefois  ils 
»  portent  en  outre  des  faces  e'  très  nettes.  Les  stries  de  la  base 
»  constituent  souvent  des  ondulations  produites  par  des  alternatives  de 
»  faces  p  et  e*. 

Ou  a  mesuré  : 
vnn         =    89022' 
pm  ant  =  '10i)"n9' 
me'  anl.  =  diioS'. 

On  en  déduit  : 
d  '•  D  •  n  l'O^'^*^''  =  '^  =  0.4-286a 

»  La  base  est  inclinée  sur  la  verticale  sous  un  angle  ;3  =  QQ"^!'  et 
y>  l'angle  p'an  de  la  base  est  de  84''56Jo(l).  » 

L'analyse  de  l'alcool  benzopinacolique  [3  m'a  donné  les 
résultats  suivants  : 

l.  0,1 522  gr.  de  substance  =  0,0760  gr.  H*0  et  0,4295  gr.  CO' 

II.  0,1 225  gr.  —         =  0,0755  gr.  H'O  et  0,5970  gr.  CO' 

III.  0, 1 647  gr.  —         =  0,0959  gr.  H-0  et  0,5548  gr.  CO" 


I. 

II. 

III.       Cale,  pour  C'^eHiiO. 

C-/o       . 

.     88,60 

88,55 

88,55             89,1.4 

H7„     . 

.       6,59 

6,68 

6,46               6,28 

L'alcool  benzopinacolique  traité  par  la  potasse  alcooliqtie 
donne,  d'une  part  de  l'aldéhyde  benzoïque  et  de  l'acide, 
d'autre  part  du  triphénylméthane  fondant  à  92" -93°  et 
donnant  la  réaction  de  la  fuchsine.  La  décomposition  se 


(1)  La  description  de  M.  Cesâro  est  accompagnée  de  considérations 
sur  l'orientation  des  crislaux,  que  l'auteur  publiera  dans  les  .annales 
de  la  Société  géologique  de  Belgique. 


(  <ll  ) 

fait  donc,  comme  pour  la  benzopinacoline  (3,  dans  le  sens 
de  Téqualion  siiivjuile  : 

(Cll")^  =  C(OH)     C^II'^ 

I       =c"iF>cii -+- en'cofi. 
(C"iF)-=(:ii        C'ip 

Oxydé  pnidoniincnl  par  CrO^,  en  présence  d'ncide 
acétique,  l'alcool  benzopinacoiique  (3  régénère  la  benzopi- 
nacoline (3. 

L'anbydride  acétique  à  200"  agil  sur  cet  alcool  comme 
désiiydralant;  il  en  est  de  même  du  chlorure  d  acélyle  ;  la 
réaction  se  fait  aisément  dans  un  tube  à  essais;  elle  est 
terminée  en  un  instant;  le  produit  ainsi  obtenu  fond 
directement  à  214°;  recristallisé  dans  le  sulfure  de  carbone, 
il  m'a  donné  des  cristaux  que  M.  Cesâro  a  bien  voulu 
déterminer. 

«  Petits  cristaux  blancs,  uu  peu  opalins,  bien  développés  dans  tous  les 
»  sens;  ils  sont  assez  allongés  suivant  l'arête  p/i'  (lig.  :2);  très  fragiles; 
«  dans  les  fragments  on  rencontie  toujours  les  angles  de  la  zone  ph^. 
•  Les  cristaux  ayant  environ  1  millimètre  de  grandeur  présentent  des 
»  faces  parfaitement  miroitanles;  dans  les  cristaux  de  plus  grandes 
»  dimensions  les  faces  s'oblitèrent  et  s'arrondissent.  Ils  se  rapportent  au 
»  système  du  prisme  clinorbombique.  » 


Fie.  2. 


a  :  b:  c  ='I,1H1.>t:  I  :  d,03o94 

j3  =  "^o-iT       angle  plan  de  la  base  8i2oa6'. 
Angles.  Calculés.      Mesurés. 

'nwi 8o°H;V  8o"3;i' 

pa  «  adj -l^BHB'  !!29»o2' 

•W'*ant iU7»-13'  107ol3' 

•o"//';iilj     ....  l22<>o8'  422008' 

)>(■* 13ool8'  r.aW 

e»//ianl d0"2»9'  d02o3' 

û'e» 4l7<>4',o  U-Jo'S' 

pm  anl \0[o?ff  10|o;tt' 


(  H2  ) 

J'ai  soumis  à  M.  Cesâro  un  échantillon  de  télraphényl- 
éthylène  préparé  à  l'aide  de  l'élher  bromhydrique  du 
benzhydrol  et  cristallisé  dans  le  sulfure  de  carbone  par 
évaporation. 

«  Petits  cristaux  tabulaires  ayant  eu  moyenne  1  millimèlre  de  largeur, 
w  très  aplatis;  la  large  face  o',  ainsi  que  p  et  /t'  sont  bien  réfléchissantes; 
»  les  faces  latérales  peu  nettes  et  mal  développées  ne  peuvent  donner 
»  lieu  à  des  mesures  bien  précises.  Ces  cristaux  (lig.  5)  ont  l'aspect 
»  clinoédrique  à  cause  du  développement  inégal  des  faces  m;  souvent  a' 
»  est  tant  soit  peu  différemment  inclinée  sur  les  deux  faces  m  antérieures. 
»  Ces  inégalités  sont  dues  à  ce  que  les  cristaux  résultent  du  groupement 
»  de  plusieurs  individus  à  axes  imparfaitement  parallèles;  c'est  à  la 
»  même  cause  que  j'attribue  la  variation  des  incidences  d'un  cristal 
»  à  l'autre,  variation  que  l'on  peut  constater  dans  le  tableau  de  corres- 
M  pondance  ci-joint.  Vus  à  travers  a',  ils  s'éteignent  nettement  suivant 
»  l'arête  a'A';  ils  doivent  être  considérés  comme  clinôrhombiques. 

»  Les  cristaux  présentent  ordinairement  l'ensemble  a^li^pm;  une  fois, 

»  j'ai  observé  une  petite  facette  de  troncature' sur  l'arête  pA',  répondant 

i 
»  a  0  ï . 

»  Dans  le  talileau  de  correspondance  qui  suit,  on  a  comparé  les  angles 
»  calculés  dans  l'hydrocarbure  résultant  de  l'enlèvement  d'une  molécule 
»  d'eau  à  l'alcool  benzopinacolique  0  à  ceux  que  l'on  a  mesurés  dans  le 
»  télraphényléthylène  ordinaire.  On  voit  qu'au  point  de  vue  cristallo- 
1»  graphique  il  y  a  identité  entre  les  deux  composés.  » 


^^^ 

-'T^r/ 

FiG.  3. 

Angles. 

Calculés. 

Mesurés 

mm  latéral. 

942û7' 

94032' 

p/î*  ant. 

I07O13' 

i0o737' 

/j*ai  adj. 

iS^ooS' 

1230  17' 

—  123057' 

-  122019'  — 122»33' 

—  122043' 

ma*. 

\\\W 

\\-l"'iV 

-  110031' 

_iHo46f_iilo48r 

—  IIO04I' 

mhi. 

i32'>46',.S 

433031' 

-  13307' 

o^khK 

155049' 

15603' 

(  11^  ) 


Acétate  du  benzopinalcool  (3. 

La  préparalion  de  l'acélale  de  Talcool  henzopinacolique 
demande  cerlaines  précanlions,  à  cause  de  la  facilité 
exlrèrne  avec  laquelle  cet  alcool  est  décomposé  par  les 
alcalis  el  du  peu  de  tendance  que  son  hydrogène  alcoolique 
éprouve  à  être  remplacé  par  le  sodium. 

J'en  ai  dissous  deux  grammes  dans  environ  500  c.  c. 
d'élher  privé  d'aicool,  et  j'ai  ajouté  rapidement  un  excès 
de  sodium,  soit  0^M5  environ.  Le  mélange  a  été  addi- 
tionné de  quelques  gouttes  de  chlorure  d'acétyle  et  aban- 
donné à  la  température  ordinaire,  après  avoir  fermé 
le  ballon  à  l'aide  d'un  bouchon  traversé  par  un  tube  à 
chlorure  de  calcium.  Après  quelques  jours,  le  métal  ayant 
disparu,  j'ai  ajouté  un  excès  de  chlorure  d'acétyle  el  laissé 
évaporer  à  la  température  ordinaire. 

On  dissout  le  résidu  dans  l'alcool  chaud;  ce  n'est 
qu'après  plusieurs  jours  que  la  cristallisation  commence; 
elle  se  continue  très  lentement.  Les  cristaux  fondent 
à  131%  mais  paraissent  se  ramollir  déjà  vers  127°;  le 
point  de  fusion  reste  fixe  après  une  nouvelle  cristalli- 
sation. 

0^^,1799  de  cet  acétate  ont  donné  à  l'analyse  0g%i036 

d'eau  el0«%5793  de  GO'^. 

(C6H5)«  =  C0C*H30. 
Cale,  pour  1 

(C6H5,4  =  CH. 

G»/,.     .     .     .     87.82  88,26 

H»/o.     .     .     .       0,40  6,12 

Ô""*    SÉRIE,    TOME    XX.  O 


(   "4) 


Rewarques  et  Coiichtsions. 

Depuis  que  MM.  ïhorncr  el  Ziiicko  ont  publié  leurs 
recherches  sur  la  lienzopinacoline  fi,  certains  lails  admis 
par  eux  comme  démontrés  ont  reçu  une  interprétation 
différente.  Je  veux  parler  de  la  constitution  de  l'hydrocar- 
hure  obtenu  par  l'action  de  l'acide  iodhydrique,  auquel  les 
auteurs  attribuaient  la  formule  dissymétrique 

C«H«>  C  =  CH-  C^'H^ 

La  connaissance  précise  de  l'hydrocarbure  symétrique 

peu»  y  L.n.Ln  <^  reus 

a  permis  de  lui  identifier  l'iiydrocarbure  obtenu  par  les 
auteurs  cités.  Forcé  d'expliquer  cette  divergence  entre  la 
lormuled-e  la  benzopinacoline  [3  dissymétrique,  d'une  part, 
et  son  hydrocarbure  de  réduction,  d'autre  part,  M.  An- 
schulz  (1),  faisant  l'histoire  du  tétraphénylélhane,  a  été 
contraint  d'admettre  que,  pendant  la  réduction,  il  se  faisait 
nne  transposition  d'atomes  qui  ramenait  le  type  symé- 
trique. 

Ces  faits  reçoivent  une  interprétation  plus  rationnelle 
si  l'on  atiribue  à  la  benzopinacoline  (3  la  formule  symé- 
trique. 

J'ai  constaté,  en  outre,  que  ce  corps  n'est  pas  attaqué 
par  la  phényihydrazine  en  solution  dans  un  excès  d'acide 

(I)  Liebig's  Ânnalen,  t  CCXXXV. 


(  <I3) 

a('«'li(ni(>  ^'hiciiil,  mémo  à  IVbiilliiioii.  Nouveau  fjiil  qui  esl 
iDcompalible  avec  la  lorniiilo  acéloiiiijue. 

Comme  ou  a  pu  le  voir,  ces  (ails  coucordenl  (deiiie- 
meiU  avec  les  expériences  doul  la  description  lail  l'objet 
de  cette  noie.  I.es  voici  d'ailleurs  résumées  en  quelques 
mois  : 

(C'iHS)'!  =  C 

*°  (c/.||5is  =  f'  '•^'  l^''''>p'»<^'>}'t'lli}lène  oxydé  par  le  per- 
manganate donne  la  benzo|)inacoline  [3;  j'ai  constaté 
l'identité  parfaite  du  produit  ainsi  obtenu  avec  celui  pro- 
venant (h;  l'action  dn  chlorure  d'acétyle  sur  la  benzopina- 

cone;  je  me  suis  d'ailleurs  servi  de  ce  dernier. 

lC«Hû)i  =  c 

^°  -.  ...  '  >^'  '3  benzopinacoline  S  est  réduite  par  le 
zinc-é!hyle  et  donne 

'C6H5ji  =  CH 

3°  1,1  alcool  benzopinacolique  &  :  celui-ci  perd 

(le  l'eau  par  l'action  du  chlorure  d'acétyle  pour  revenir  à 

(Cin^r^  =  c  ,       ,,,,,,         ... 

4°  Il ,  au  tetraphenylethylene  primitif. 

Une  seule  transposition  sérail  possible  dans  ce  cycle  de 
réactions,  c'est  à  l'action  du  zinc-éthyle  sur  la  benzopina- 
coline (3.  Je  répondrai  par  une  expérience  :  c'est  la  benzo- 
pinacoline a  qui  se  transforme  en  l'isomère  P  par  l'action 
de  ce  réactif. 

Comme  conclusion,  je  crois  qu'il  n'est  pas  possible, 
actuellement,  de  douter  de  la  formule  symétrique  de  la 
benzopinacoline  (3;  mais  je  ne  veux  pas  étendre  au  delà 
mes  résultats, et  liens  à  me  mettre  en  garde  contre  les  ana- 
logies qui  pourraient  paraître  les  plus  légitimes. 

J'ai  abordé  l'étude  de  la  benzopinacoline  a,  et  j'espère 

avoir   l'honneur  de  présenter   bientôt  mes  résultats  an 

jugement  de  l'Académie. 

Bruxelles,  laboratoire  privé. 


(  116  ) 


Sur  les  covariants  primaires;  par  Jacques  Deriiyls,  chargé 
(le  cours  à  TUnivcrsilé  de  Liège. 

Nous  nous  proposons,  dans  le  travail  actuel,  de  faire 
l'étude  de  quelques  propriétés  spéciales  des  covariants 
primaires  et  de  leurs  polaires.  Les  propriétés  dont  nous 
nous  occuperons  trouvent  des  applications  intéressantes 
au  développement  d'un  covariani  quelconque  S,  au  moyen 
de  covariants  primaires.  Nous  établirons  notamment  les 
résultats  suivants  :  «  Les  covariants  primaires  qui  servent 
à  exprimer  S  se  déduisent  des  polaires  de  S.  —  Le  déve- 
loppement de  S  n'est  possible  que  d'une  seule  manière,  si 
l'on  fait  abstraction  des  modifications  évidentes  relatives 
au  groupement  des  termes.  » 


Préliminaires. 
\.  Soit 

S  =  niifi  ■+■  nupi  -+-•••  +  nirPr^ 

l'expression  d'un  covariant  S  de  formes  algébriques  à  une 
ou  plusieurs  séries  cogrédientes  de  n  variables:  les  lettres  m 
désignent  des  fonctions  des  variables;  les  quantités  repré- 
sentées par /)j, /)2i  •••  Pr  <lépendent  seulement  des  coeffi- 
cients de  formes  algébriques. 

Cela  posé,  nous  dirons  que  ïl^j),  est  une  expression 
irréductible,  quand  on  ne  peut  pas  remplacer  S  par  une 
somme   analogue   comprenant   un    nombre   moindre  de 


I 


(  "7) 

leriiics.  Pour  la  suite,  nous  aurons  à  faire  usage  des  consi- 
dérulioMs  suivantes  : 

1°  Dans  une  expression  irréducliUe,  S=-n)ipi,  les 
mulliplicaleurs  p  indépendants  des  variables  s'expriment 
linéairement  au  moyen  des  coefficients  de  S. 

En  effet,  tout  coefficient  s  du  covariant  S  est  une 
lonction  L  du  premier  degré  de  p],  Pa^  •  •  •  Pr'i  d'autre  part, 
les  équations  s  =  L  sonl  résolubles  par  rapporta  p,,p2, ...p„ 
puisque  le  nombre  des  fondions  L  linéairement  indépen- 
dantes est  égal  à  r. 

"2"  L'expression  S  =  ^îm.pi  est  irréductible,  s'il  n  existe 
aucune  relation  du  premier  degré  entre  les  quantités 
m,,  ni2,  ...  m,,  p„  p,  ...  p,. 

Soit  ///',//,  H-  wlpl  +  •••  -H  »ip//,,  une  expression  de  S 
comjMenant  le  plus  petit  nombre  possible  de  termes;  nous 
avons  à  établir  l'égalité  ;-  =  p. 

Les  coefficients  de  S  sont  des  fonctions  linéaires  de 
Pi,  P2^  .-■Pr-  il  en  est  de  même  de  pi,  p^, ...  p',,  d'après 
la  remarque  indiquée  ci-dessus;  dès  lors,  si  l'on  identifie 
les  multiplicateurs  de  Pi,p-2.---/^.  dans  les  expressions 
S  =  i;»/<  p  ,  S  =  I.im\p\,  on  obtient  /«,,  m^y-m^  comme 
sommes  des  quantités  m[,  />4,--'"p  multipliées  par  des 
facteurs  numériques.  Les  fonctions  7»,,  w/,, ...  w»r  sont, 
par  hypothèse,  linéairenjent  indépendaFites;  on  doit  donc 
avoir  r  =  p:  c'est  le  résultat  que  nous  voulions  obtenir. 

IL  La  source  d'un  covariant  à  n  séries  de  variables 
(al),  (j:2),  ...  (ar7l)  est  le  multiplicateur  des  plus  hautes 
puissances  de  xl ,,  aSo, ...  x//,.  Comme  on  le  sait,  la 
source  définit  le  covariant,  à  part  une  puissance  du  déter- 
minant (±  xi ,,  x22, ...  Jf*'„).  D'après  cette  considération, 
nous  établirons  le  théorème  suivant  : 


(  lis  ) 

Tout  coefficient  cVnn  covan'ant  S  est  la  source  d'une 
polaire  de  S,  relative  à  u  séries  de  n  variables  (*). 

Au  covarianl  S,  on  peut  associer  un  invariant  I  ici  que 
l'on  ail  symboliquemonl  : 

I.S  =  2Uxn(i:  «,/;,.../„), 

U  étant  une  somme  de  produits  de  formes  linéaires: 

U  =  2ar.'^iv . . .  A?;'«ri . . .  /i?>  . . .  a2 . .  /i^^- 

La  fonction  U  peut  s'écrire 

si  l'on  désigne  par  0  une  opération  polaire  relative  aux 
coefficients  symboliques  al,  o2,  ...  a/:,  a,  6,  . .. /t,  ...; 
|ji1,  ix%...<^k  représentent  les  degrés  du  covarianl,  par 
rapport  aux  séries  de  variables  (xl),  (x2), ...  {xk)  {**). 


(')  Nous  appelons  polaire  de  S,  toute  somme  de  fonctions  homo- 
gènes obtenues  en  appliquant  à  S  des  opérations  polaires  relatives 
aux  variables,  analogues  à 

d  (l  d  .       d 

X\  =a;li  — —  +  iTla  — —  H 1-  x\„  — —  • 

dxi  rfa;2i  dx2^  dx2„ 

(••)  On  a 

1  ^\\    dall      \    da\l  \    dai j 

®^(m1)(m2)...(mA-)--)  /„    M"^*...  (a  JLV* 

"  dakl     '"  \    dakj 


(  119) 

Tout  cocfTicienl  de  I.S  y  pour  expression  symbolique 

,7=  20aif''alf '» ...  al;;""ai>r-'  . .  «l'r-  ...  u  {±  a^  ...  /J. 
La  fonction 

V  =  (-)  «i:;''«ifj« ...  .*i;; "«c-' ...  «<,:" . . ah^/^^ ... «/c;^'- 

est  une  polaire  de  U  :  il  eu  résulle  que  le  covarianl  à  n 
séries  de  variables, 

esl  une  polaire  de  I.S^SU.II  (±  ttiôo  ••• /„)•  D'un  autre 
côté,  le  covariant  S^  a  pour  source  o-,  le  produit  de  1  par 
un  coefficient  de  S  qui  peut  être  supposé  quelconque. 
D'après  celte  comparaison,  on  obtient  le  tbéorème  énoncé. 


Propriétés  des  covARrANTs  primaires. 

lil.  Un  covariant  primaire  j;  est  un  covariant  à  ?»  —  1 
.séries  de  n  variables,  (acl),  (.r2), ...  {xu  —  1),  qui  satisfait 
aux  équations  : 

(Il  dé  dé 

xl  -— =  0,         x2  —  =  0,  ...x/i  — 2  -,  ^-"^^    =0. 
f/x2  </x3  dxn  —  I 

La  l'onction  ^  est  représentée  symboliquement  par  une 
somme  de  produits  de  déterminants  analogues  à 


a,     tti ...  a„ 

6,     l>,...h, 


/'xl       /'.2  • .  •  /'x 


(  1:20  ) 

i  ayant  les  valeurs  1 ,  2,  3, ...  «  —  1  (*).  Par  suile,  le  cova- 
riant'^  ne  contient  qu'un  seul  produit,  \\^^\^^^...\n—i^^;\ 
formé  au  moyen  des  variables  du  tableau  triangulaire 


xi,   '*•',, 

XÔi  XÔi  XDj     "''., 

xii  —  Il    xn  —  U    x7i—\z.'.3cn — i„_j 


(r) 


Cette  propriété  caractérise  les  covariants  primaires. 
Pour  le  vérifier,  nous  observerons  que  loul  covariant,  aux 
variables  (xi),  (x2), ...  {xn  —  1),  doit  contenir  un  produit 
de  facteurs  x\i,  x%, ...  xH  —  i„_^  (**).  Celle  condition 
n'est  pas  remplie  pour  les  polaires 

f/T  dT  dT 

a:l-_,         a;2-— ,...xW  — 2 


rfx2  '  f/xô  '  dxn  —  1  ' 

quand  le  covariant  T,  à  n  —  1  séries  de  variables,  ne 
comprend  qu'un  î^eul  produit,  xi'^' x'i^\ . .  xU  —  I^IV» 
formé  au  moyen  des  éléments  du  tableau  (t).  On  doit 
donc  avoir  : 

rfT  rfT  dT 

xl =0,         x2-— =  0,...x?i  — 2- -  =  0; 

f/x2  dxù  dxU  —  4 

par  suite,  T  est  un  covariant  primaire. 


(*)  Sur  les  transformations  linéaires  et  la  théorie  des  covariants, 
p.  18.  Sur  la  détermination  des  fonctions  invariantes  de  formes  à  plu- 
sieurs séries  de  variables,  p.  A.  (Mém.  des  savants  étrangers  publiés 
par  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  LI  et  LU,  in- 4».) 

('*)  C'est  ce  qui  résulte  de  l'expression  symbolique  des  covariants. 


(  121  ) 

IV.  Pour  élnilier  les  expressions  irrédticlihles  des 
covarianls  priinaires,  nous  ferons  usage  des  |)ropriélés 
suivantes,  qui  se  trouvent  établies  dans  nos  recherches 
antérieures. 

I. E.MME  I.  —  Entre  les  coefficienls  de  covarianls  pri- 
maires linéairement  indépendants ,  il  ne  peut  exister 
aucnne  relation  du  premier  degré  qui  ne  résulte  pas  du 
mode  de  formation  général  des  covaria)tts  primaires. 

Lemme  II.  —  Toute  fonction  linéaire  des  coefficients 
d'un  covarianl  primaire  a  pour  transformée  une  expres- 
sion contenant  la  source  {*). 

Soit  [JL  le  poids  d'un  covarianl  primaire  ^,  des  degrés 
|ji.1,  iJi%...iJ.n—\  pour  les  variables  (ari),  (.x2),  ...(a?i  — 1}; 
nous  pouvons  écrire  symboliquement  : 

•p  =  0.e{±a\,a%...an„r,     .     .     .     (I) 
en  prenant 

et  en  désignant  par  0  une  opération  polaire  relative  aux 
coeiricienls  al,  «2,  ...an  (*"). 


(*)  Il  faut  évidemment  supposer  que  la  fonction  linéaire  des 
coeflicicnls  n'est  pas  nulle  identiquement,  d'après  la  définition  des 
covarianls  primaires, 

(*■)  Voir  le  mémoire  Sur  la  détermination  des  fonctions  inva- 
rianleSj  etc.,  p.  8. 


(  122  ) 

Considérons    une    expression    irréduclible    de    0,    par 
exemple  : 

ô  =  m,pi   -+-   //(2P2  -i-   ■•  ■    -^   »irPr-        •        •        •        (5) 

On  déduit  de  la  formule  (I)  : 

f  ^  [w,0/î,  H 1-  '»,.0/v]  (rt  a  I  ,a-22 . . .  an„Y , 


puis 


Wi'f,  -H  ^î^f-i  -+-•••-+-  m/K,     .     .     .     (4) 


(]/, ,  4/2,  ...  ^r  étant  des  quantités  indépendantes  des  varia- 
bles. 

Les  quantités  p,,  p,'  •••  /A  sont  des  lonctions  du  premier 
degré  des  coefficients  de  G  (§  I);  ^{j,,  ^p.2' •■  •  ^.-  sont  les 
fonctions  semblables  pour  le  covariani  ^.  Ces  deux  séries 
de  fonctions  sont  en  même  temps  linéairement  indépen- 
dantes; car,  il  n'existe  aucune  combinaison  linéaire  des 
coefficients  d'un  covariant  primaire^,  qui  puisse  être  nulle 
pour  V  =  ^  et  différente  de  zéro  pour  x  =  ^  [Lemme  1]. 
D'après  une  propriété  établie  ci-dessus  (§  I,  2"),  la 
formule  (4)  fournit  une  expression  irréductible  du  cova- 
riant ^.  En  conséquence,  les  expressions  irréductibles  de 
covariants  primaires  des  mêmes  degrés  [j.1 ,  <j.%  . ..  [j.!!  —  l , 
comprennent  le  même  noml)re  r  de  termes. 

Remarque.  —  La  source  du  covariant  ^  a,  pour  les  indices 
1,2.  ...n  —  1,  n,  les  poids  u.1  -4-jjl,  [jL2H-[ji,...;j./i—  1  -+-|j.,  jx; 
aucun  autre  coefficient  de  ^  ne  peut  avoir  les  mêmes 
poids  :  par  conséquent,  la  source  est  un  multiplicateur 
indépendant  des  variables,  dans  toute  expression  irréduc- 
tible de  ^.  Nous  désignerons  par  t];,  ce  multiplicateur  dans 


(   123  ) 
li)  (ormiile  (-4).  D'après  l'expression  symbolique  de  ^  (§  111), 
nous  aurons  : 

/«,  =  u;*-'(i=-rI,x^J,  ...a:»,)"'-'"+'     ...     (5) 

V.  Nous  désignerons  par  ii,  une  opération  telle  que  ÛF 
est  une  somme  homogène  decovariants  identiques,  multi- 
pliés |>ar  des  polaires  de  la  l'onction  F  supposée  quelconque. 
Dans  la  su i te,  les  caractérisliquesii  affectées  d'indices  auront 
des  significations  analogues  Cela  posé,  loute  fonction  il^, 
déduite  d'un  covarianl  primaire  <h,  confient  la  source  'b^ 
de  ce  covarianl. 

La  quantité 

n-/-  =  ftm,    i,  -+-  Q.nh, .  '^-a  -+-•■■  -f-  Cim^ .  '^^ 

est  évidemment  une  fonction  invariante.  Effectuons  sur 
les  variables  une  transformation  linéaire  de  module  o  :  en 
désignant  par  M,,  W^,  les  transformées  des  quantités  wj,,  -!;,, 
nous  aurons  : 

û>l,.M,  H-  aJ\L.M\,  ■»..-+-  qM^m^  =  fp  {o.nii.fi  -t-  .-.  -t-  Clm^^^). 

Si  l'on  identifie  les  multiplicateurs  des  divers  produits 
de  variables,  on  obtient  des  relations 

L(t,,m-2,  ...>r,)=-L,  (■i,,'f2,  ...i,.), 

dans  lesquelles  L,  L'  désignent  des  fonctions  linéaires 
différentes  de  zéro;  la  quantité  L  [Wi,  M*,, ...  ^V,)  est  la 
transformée  de  L  («L,, -^o»  ••  •  ^r);  t^He  ne  peut  pas  être 
indépendante  de  la  source  6,  [Lemme  II];  par  suite,  la 


(  124  ) 

(oDclion  Q.<\),  supposée  différenle  de  zéro,  doil  contenir 
la  source  <\>]  du  covarianl  primaire  -ji. 

VI.  Soient  <\>\,  '\)^,...^t,  des  covariants  primaires: 
représentons  par  ^k  la  valeur  de  la  fonction  0  [fornmle  (3)], 
qnand  le  covariant  primaire  -];  a  la  détermination  parti- 
culière <\)k.  Nous  aurons,  en  expressions  irréductibles  : 

ôk  =  mki .  pki  -+-  mk.2 .  pk^  -4-  . . .  mk^k  •  pkrt,     •     (•">') 
^k  =  mki .  -pki  •«-  mki    ^L  -+-  •  •    mAv* .  ik^k-     ■     (4') 

D'après  le  Lemme  I,  il  n'exisle  aucune  relation  du 
premier  degré  entre  les  différents  multiplicateurs  ^\^, 
({;2h , . . .  4^t„  si  les  covariants  'J^i,  <\i%...<\)i  sont  linéaire- 
ment indépendants.  Comnie  conséquence,  on  peut  établir 
la  proposition  suivante  : 

Quand  les  covariants  primaires  <\)i ,  <\i%  . . .  ^^il  sont 
linéairement  indépendants,  une  fonction  de  la  forme 
Q^<\)\  H-  0,^2  -t-  ••.  H-  Qi^t  ne  peut  pas  être  nulle,  à 
moins  que  les  quantités  0,({;1,  Qg^S,  ...  Q,^'''  "^  soient 
nulles  séparément. 

En  effet,  l'égalité  2Q.4;<  =  0  lournit  des  relations  du 
premier  degré  entre  les  miillipiicateurs  <\)\j;  'h%,  ...^tt'. 
de  pareilles  relations  ne  peuvent  avoir  lieu  que  si 
elles  sont  identiques  :  on  doit  donc  avoir  Q|(J;1=0, 
^2^2  =  0,  ...Q,4;«  =  0. 

VII.  On  déduit  immédiatement  de  la  formule  (3')  :  . 

a^ôk  =  pki  .  iliMi/i-,  -+-  pkt .  Q.^mk.2  -^■  •  •  •  ■+-  pk^k  •  fi^wî^V*- 

Remplaçons  les  différentes  variables  par  les  coefficients 
de  formes  du  premier  degré,  et  substituonsà  al  ,a2,...a/l— 1 


(  12.';  ) 

les  variables  rrl,  3%  ...  xH  —  i .  Kn  employant  des  paren- 
llièscs  [)oiir  in(li(|iier  celle  modilicalioii,  nous  écrirons  : 

I  il,9k  \  =  I  pk,  j .  j  12,m/c,  (-♦-...-+-  ]pk,,  \ .  \  iiMn  j  ;   •     (0) 

jliiÔAj  esl  alors  un  covarianl  primaire  qui  a  pour  source 
]i2,mky\  ('). 

Les  covarianls  primaires  \QJik\  el  OA-  sont  des  mêmes 
degrés  [)ar  rapftorl  aux  variables  :  leurs  expressions  irré- 
ductibles doivent  contenir  le  même  nombre  de  ternies,  rk 
(§  IV).  Par  suite,  la  formule  (6)  fournit  une  expression 
irréductible  de  ]ii3k\- 

Quand  les  sources  jQ|ml ,  j,  JQow2,  j,  ...  }L>,w/,  j  n'ont 
entre  elles  aucune  relation  du  premier  degré,  les  cova- 
riants  jÛiOl  j,  \iiM\,...  \ii/it\  sont  linéairement  indé- 
pendants; il  en  esl  de  même  des  différents  multiplicateurs 
\ÙMA  (voir§  VI). 

Conséquemment,  si  tes  quantités  Q^.mki  nont  entre  elles 


(*)  D'après  la  formule  (2),  la  fonction  6  est  symétrique  par  rapport 
aux  variables  {x}  et  aux  coefficients  (a)  :  elle  satisfait  aux  équations 

de  (/e 

ai =  0,  ...  an  —  -2 =  0. 

da2  daîl  —  1 

On  déduit  de  là  : 

due  dû6 

al  —  =  0,  ...  an  —  2 =  0; 

dai  dan  -  1 


puis 


d  û8  d  ne 

x\— 1=0,  ...  a-n-2 — '- ^  =  0; 

dx'2  dxïl  —  1 


ainsi,  { tl6  {  est  un  covariant  primaire. 


(  120  ) 

aucune  relalion  linéaire,  il  en  est  de  même  des  fonc- 
tions O^mkj. 

VIII.  Soienl[jil4,|jL2A.,...(j(.n  — 1a,  les  degrés  (Jucovarianl^jjft 
|)ar  rapport  aux  variables  (xi),  (./2),  ...{xU  —  1);  d'après 
la  formule  (5),  le  mulliplicaleur  mAv,  a  pour  valeur  : 

wA,  =  rir'(±a;i,x22...x/,f'*-''*''^'*.     .     .    (5') 
Ou  a  du  reste  : 

lLi,  =  nk„—7rk,  (/=  1,2,  ...n  — i),     .     (7) 

si  l'on  représente  par  tz^i,  ttâ:,,  ...  7r/:„,  les  poids  de  la 
l'onction  Q^^ki^,  pour  les  indices  1,  2,  ...  n  (*). 

Cela  posé,  admettons  qu'il  existe  une  relation  linéaire 
entre  les  fonctions  ù|,mk^•,  on  aura  par  exemple  : 

f|il,jHl,  H-  en^HiS,  -4-  .. .  -♦-  t^Ci^mSi  ==  0,    .     .     (8) 

les  lettres  e  désignant  des  facteurs  numériques  différents 
de  zéro.  Cette  relation  peut  être  supposée  isobarique;  on 
a  alors:  7^1^  =  7x2;  =  •••  =  tt^.  (?  =  1,  2, ...  n),  puis: 
mi,  =  wï2,  =  ...  ^  mS^  à  cause  des  formules  (5')  et  (7). 
Dans  ces  conditions,  on  obtient  : 

çl^^\  =Q,»ii,    fl,  -t-  nimL.  fia  -+-...->-  .a,jnlri  .'lirn 
n^ii-i  =  n.,m2, .  <f  11  -+-  £i.2«jl2 .  i^la  -<-  •  ••  +  ii^ml^, .  (^l^i, 

n^,/,']    =  n,W.S,  .   fil    -+-   a,mi2.   fi*   H-    .  ..    -t-   iVH'rl    •'^Irl- 


(*)  Il  suffit  d'observer  que  la  fonction  mk^  et  ses  polaires  sont 
isobariques  :  d'autre  part,  le  poids  varie  de  la  même  manière  pour 
tous  les  indices,  quand  on  multiplie  une  polaire  de  mk^  par  un 
covariant  identique. 


(  ^27  ) 

n'a|)n\s  ces  rclalioiis  cl  d'après  la  lormiilc  (S),  la  loiio 
lion  e|L>,t];l  -+-  Soi^^'r''  -t-  •  •  h-  £.î.2.({>1  t'sl  iiKiépcMidanle 
(Ifi  la  source  ^};1,  du  ccivarianl  primaire  ^\  ;  par  siiile, 
le  covarianl  eiti,([il  -+-  e^tiotj^l  -i-  •••  -+-  e,i.},<[»I  doit  ôlre 
nul  (^^  V). 

Nous  dirons  que  les  op«''ralions  L>|  ,11,,...  iî,  sonl  linéai- 
remeul  indépendantes  pour  (J^l ,  ^2, ...'^^t,  quand  il  n'exisle 
aucune  relation  du  premier  degré  entre  les  lonclions 
il\<lik,  iio^^'i  ...iit.'^tk,  k  ayant  une  des  valeurs  1,  2,  5, ...  /  : 
les  (juanlilés  li,»rl ,,  i^i^j'^^,, ...  Q,w/^i  ne  peuvent  alors 
satisfaire  à  la  formule  (8),  ni  à  toute  autre  formule  analogue 
(c'est  ce  qui  résulte  des  considérations  indiquées  ci-dessus). 
En  tenant  compte  de  la  propriété  établie  au  paragraphe 
précédent,  on  est  conduit  à  énoncer  ce  théorème  : 

//  n'existe  aucune  relalio)!  du  premier  degré  entre  les 
fonctions  Ojnk,,  si  les  opérations  Q, ,  Q., ,  .. .  Qt  sont 
linéairement  indépendantes  pour  <h\,  ...<^i. 

IX.  Si  les  covariants  t|;1 ,  ^%  . . .  (|;t  n'ont  entre  eux  aucune 
relation  du  premier  degré  et  si  les  opérations  Q,,  Qj»  •••  ^/ 
sont  linéairement  indépendantes  pour  «[/l,  'j;2,  ...  «[il,  la 
fonction  iii'^vl  -f-  ii-y^'S  -+-...  -f-  Q.^'i^i  a  pour  expression 
irréductible  une  somme  de  ri  -<-  r2  -+-  ••  -i-  it  termes 
[rk  étant  le  nombre  de  termes  de  l'expression  irréductible 
de  ^k). 

En  effet,  on  a  par  la  formule  (4')  : 

Le  second  membre  de  cette  équation  est  irréductible 
dans  les  conditions  actuelles,  parce  que  les  fonctions  Q^tnk^ 
et  ^kj  sont  linéairement  indépendantes  (§§  I,  VI,  VIII). 


(  ^28  ) 

X.  Quand  un  covarianl  S  est  de  la  forme  Q<\>,  les 
expressions  irréductibles  de  S  et  de  ses  polaires  con- 
tiennent le  même  nombre  de  termes  :  c'est  ce  qui  résulte 
du  dernier  théorème,  pour  le  cas  de  /  =  1,  Nous  démon- 
trerons la  propriété  réciproque:  Si  (es  expressions  irré- 
ductibles du  covariant  S  et  de  ses  polaires  comprennent 
le  même  nombre  de  termes,  S  est  de  la  forme  Qt^. 

Tout  covariant  S  est  une  somme  de  covariants  iden- 
tiques multipliés  par  des  polaires  de  covariants  primaires 
^\,  ^%  ...<\)t  {').  Nous  écrirons  : 

S  =  a,^1  -t- û,^2  H -+- n,.;-(;     ...    (9) 

nous  pouvons  évidemment  supposer  qu'il  n'existe  aucune 
relation  du  premier  degré  entre  les  fonctions  ?[»1,  '\)%...f^t, 
et  que  les  opérations  ^1,^2  •••  û<  sont  linéairement  indé- 
pendantes pour  <\f\,  <\)%  ...t\)t.  Comme  nous  l'avons  vu 
(§  IX),  le  covariant  S  a  pour  expression  irréductible  : 

-t-  ...  -4-  £ï,mti    <f<,  -+-  •••  -+-  i\mtr,.  <ptrt 

Le  multiplicateur  4^1 ,  est  fonction  linéaire  des  coeffi- 
cients de  S  :  par  suite,  (|;1 ,  est  la  source  d'un  covariant  W 
à  n  séries  de  variables,  que  Ton  déduit  de  S  au  moyen 
d'opérations  polaires  (§§  I  et  II). 

La  fonction  W  est  le  produit  du  covariant  ^\  par  une 
puissance  du  déterminant  (±  xiiX%  ...xn„)  :  ainsi,  W  a 
pour  expression  irréductible  une  somme  de  ri    termes. 


(*)  Voir  les  mémoires  cités  plus  haut. 


(  129  ) 
Par  supposition,  le  covarianl  S  et  sa  polaire  W  doivent 
avoir  des  expressions  irréductibles  comprenant  le  même 
nombre  de  termes,  savoir  :  ri  -+-  r2  -f-  •  •  •  -+-  ri  ;  on  aura, 
par  conséquent:  r2  =  0,  r3  =  0,...  r/  =  0,  c'est-à-dire  : 

p'->  =  0,<}>Z  =  0,...<pt  =  0        et        S  =  ft,fi. 


Applications. 

XI.  En  supposant  le  covariant  S  tout  à  l'ail  quelconque, 
nous  avons  déduit  de  la  formule  (9)  que  le  covariant  <\>\ 
multiplié  par  une  puissance  de  (±  x\^x2.2 ...  xn„)  est  une 
polaire  de  S.  Conséquemment,  les  covarianls  primaires 
^\ ,  «j>2, . . .  ^t  auxquels  vn  covariant  S  est  réductible,  sont 
des  quotients  de  polaires  de  S  par  des  puissances  du 
déterminant  (±:  xl^xSo . ..  xn„). 

Réciproquement,  les  covariants  primaires  que  l'on 
peut  déduire  de  S  au  moyen  de  polaires,  sont  des  combi- 
naisons linéaires  de  <!^[,  t|;2, ...  tpt. 

Soit,  en  effet,  <\)  un  covariant  primaire,  dont  le  produit 
par  un  covariant  identique  est  une  polaire  de  S  :  nous 
aurons,  d'après  la  formule  (9),  une  relation  de  la  forme  : 

ap  =  n\'p\  +  aU'2  -¥■ i-  Q.\<pt, 

dans  laquelle  Q-^  représente  le  produit  de  ^  par  un  cova- 
riant identique. 

Il  résulte  de  là  que  les  fonctions  ^,  ^\,  <\)2,...  ^t  ont 
entre  elles  une  relation  du  premier  degré  (§  VI)  :  par 
hypothèse,  les  covarianls  t|^l,  ^%  ...^t  sont  linéairement 
indépendants;  en  conséquence,  ^  est  une  combinaison 
linéaire  de  61,  d»2, ...  tp^ 

S"*    SÉRIE,    TOME    XX.  9 


(  i30  ) 

Si  l'on  suppose  S  =  «J^l,  on  oblient  celte  propriété  : 
Aîi  moyen  d'opérations  polaires  relatives  aux  variables, 
on  ne  peut  pas  déduire  d'un  covariant  primaire  un  autre 
covariant  primaire. 

On  peut  encore  énoncer  la  proposition  suivante: 
Si  deux  covariants  S,  S'  sont  réductibles  aux  mêmes 
covariants  primaires  i^\ ,  ^%  ...  ^t,  la  fonction  S',  multi- 
pliée  par   lin   covariant    identique,    est   une   somme   de 
produits  de  polaires  de  S  par  des  covariants  identiques. 

Pour  l'établir,  il  suffit  d'exprimer,  clans  le  développement 
de  S',  les  covariants  tj^l,  4^2, ...tf^/,  au  moyen  de  polaires 
de  S. 
XII.  Soient  5^,,  -/^^i  •••)(<  ^^^  covariants  primaires 

Xi  =  f.-,  -f  1  -<-  f.-2  -^2  -*-  •  •  •  +  ^iS,     [i  =  i\  2,  3, . . .  t), 

obtenus  comme  combinaisons  linéaires  de  ^^il,  ^%...^t, 
et  de  telle  manière  que  le  déterminant 


e  =  (±  enC22  •••  fit) 

soit  différent  de  zéro. 

Représentons  par  e  X  e|/  le  mineur  de  e.^  dans  le  déter- 
minant £.  Si  les  opérations  H^,  H,, ...  H,  sont  définies  par 
les  formules  symboliques 

H,  =  f'i  Cl,  -t-  e'î  ^2  -4-  • . .  -H  e'-,  Q.I, 

on  a  identiquement  : 

a,^l  -♦-  ^2.^2  H h  n,.j-«  =  H,x,  -♦-  HjXî  m h  H,x,.    (10) 

Nous  dirons  que   les   développements   S  =  SÛ,4i  et 


(  131  ) 

S  =  SH,v,  sont  équivalents  par  tranafoDiiation  linéaire. 
Cela  posé,  nous  établirons  le  Ihéorème  suivant; 

Tous  les  développements  d'un  covariant  S  au  moyen  de 
covariants  primaires,  sont  équivalents  entre  eux  par  trans- 
formation linéaire  (*). 

Considérons  le  covarianl  S,  développé  suivant  la  for- 
mule (9)  et  suivant  une  formule  analogue 

S  =  ii\i\  -H  n','^;  H -4-  a'„i,'t'.    .    .     .    (0') 

D'après  les  résultats  indiqués  au  paragraphe  précédent, 
J>l,  ^%  ...  (|;f  et  <\)'[,  (|>'2, ...  <^7'  se  déduisent  de  polaires 
de  S;  les  covariants  ^  sont  des  combinaisons  linéaires 
des  covariants  <\>'  et  réciproquement.  D'autre  part,  les 
fonctions  <\>  n'ont  entre  elles  aucune  relation  du  premier 
degré:  il  en  est  de  même  pour  c};'!,  ip'S, ...  ^{;  T.  On  a 
donc  t'  =  t  el  des  équations 

i'i  =  "Xi  =  f,i  'i  1  -+-  f  .^  ^2  -t-  •  •  •  -+-  e„  'pt,  (,■=,,  j . . ,).     (1 1  ) 

pour  lesquelles  le  déterminant  (=fc  e„e22  ••  •  e«)  est  différent 
de  zéro. 

En  faisant  usage  des  formules  (9'),  (iO)  el  (11),  on 
obtient  : 

(«;%■  —  ".%.)  -^  {^\xi — "2%2)  -♦-•••-+-  {^a.  —  "<%/)  =  0. 


(")  Comme  cas  particulier,  on  retrouve  ce  llicorcmc  bien  connu  : 
«  Une  fonction  de  deux  séries  de  variables  binaires  (x),  (y)  n'est 
développabie  que  d'une  seule  manière  comme  somme  de  polaires 
multipliées  par  des  puissances  de  (dz  ar,  y,).  •  (Clebscii.  Théorie  der 
biiiàren  algcbraischcn  Formcn,  p.  19.  —  Gordan.  Vnrlesumjen  ûbcr 
Jnvariantentheorie.  Bd.  Il,  p.  8"2.) 


(  452  ) 

A  cause  de  rimlépendance  des  Ibnclions  yj  =  'T>i, 
^2  =  ^p;, ...  y,  =  <^',,  la  dernière  égalité  peut  être  remplacée 
par 

(voir  §  VI).  Conséquemmenl,  les  formules  S=Ilû'c};' 
el  S  =  SHy  sont  identiques;  en  d'autres  termes,  les 
développements  (9)  et  (9')  sont  équivalents  par  transfor- 
mation linéaire  :  c'est  le  résultat  que  nous  avions  énoncé. 


Sur  une  notice  biographique  relative  à  G.-A.  Uirn, 
récemment  insérée  dans  le  Bulletin  de  l'Académie. 
Observations  présentées  par  M.  Dwcisliauvers-Dery, 
professeur  à  l'Université  de  Liège.  . 

Ami  intime  et  confident  de  Hirn,  j'ai  été  péniblement 
impressionné  en  lisant,  dans  un  des  derniers  numéros  du 
Bulletin  de  l'Académie,  une  notice  dans  laquelle  M.  Folie 
apprécie  son  illustre  confrère.  Outre  des  affirmations 
erronées,  provenant  de  ce  que  l'auteur  ne  connaissait 
pour  ainsi  dire  pas  l'bomme  dont  il  parle,  elle  renferme 
une  erreur  de  fait  contre  laquelle  c'est  un  devoir  sacré 
pour  moi  de  protester,  car  elle  revient  à  une  imputation 
que  Hirn  aurait  tenue  pour  injurieuse,  celle  d'avoir  expé- 
rimenté dans  le  but  de  faire  prévaloir  une  idée  préconçue 
et  non  en  vue  de  chercher  la  vérité. 

a  Hirn,  dit  M.  Folie  (1),  se  rangea  d'abord  parmi  les 

(1  )  Bull,  de  l'Acad.  rotj.  de  Belgique,  o"  série,  t.  XIX,  n"  3,  1890, 
p.  175. 


(  <•">  ) 

»  adversaires  de  la  lliéorie  de  R.  Mayer,  el  ce  l'iirenl  1rs 
»  expériences  quil  inslitun  dans  Vinlenlion  de  la  reii' 
S)  verser  qui  le  coiiveilirenl  el  iirenl  de  lui  l'i/n  de  ses  plus 
»  fervents  adeptes.  » 

Voici  la  vérité,  que  M.  Folie  connaîtrait  s'il  avait  lu  les 
pages  188  à  277  du  Bulletin  de  la  Société  industrielle  de 
Mulhouse,  tome  XXVI,  1854  : 

Hirn,  alors  simple  surveillant  des  machines  de  la  manu- 
lacture  liaussmann,  au  Logelbach,  avait,  vers  1845, 
institué  une  série  d'expériences  sur  le  frottement,  dans  le 
but  modeste  d'essayer  les  huiles  de  graissage.  Il  avait 
remarqué  que  le  frottement  produisait  du  calorique,  dont 
il  avait  même  mesuré  la  quantité;  et  c'est  au  cours  de  ces 
expériences  qu'il  découvrit  la  loi  formulée  comme  il  suit 
(p.  202,  loc.  cit.)  :  a  La  quantité  absolue  de  calorique 
»  développé  par  le  frottement  médiat  est  directement 
»  et  uniquement  proportionnelle  au  travail  mécaniipie 
B  absorbé  par  ce  frottement...  »  C'est  la  loi  d'équivalence 
de  Mayer,  énoncée  pour  un  cas  particulier,  et  elle  était 
inscrite  dans  le  mémoire  de  Ilirn  que  Fourneyron  présenta 
à  l'Académie  des  sciences  de  Paris  le  26  février  1848,  et 
qui  fut  ensuite  retiré  par  son  auteur.  Ce  mémoire  ne  vit 
le  jour  qu'à  la  séance  du  28  juin  18o4  de  la  Société 
industrielle  de  Mulhouse.  Dans  le  Bulletin  de  cette 
Société,  tome  XXVI,  se  trouve,  à  la  suite  du  mémoire, 
une  notice  dont  je  fais  un  extrait  un  peu  long  peut-être, 
mais  nécessaire  pour  établir  la  vérité  (pp.  238  et  suiv.). 

«  A  l'époque,  dit  Hirn,  où  j'exécutais  celte  série 
»  d'expériences  sur  la  production  du  calorique  par  le 
»  froltement,  'fignorais  complètement  ce  qui  avait  été 
»  fait  de  précis  sur  le  même  sujet,  d'une  part,  et  depuis 
»  quelques  années  déjà  par  Mayer  de  Heilbronn,  d'autre 


(  i34  ) 

»  part,  et  plus  récemment  par  Joule,  en  Angleterre,  et 
j>  par  Regnault,  en  France.  J'avais  achevé  mon  mémoire 
V  et  je  l'avais  déjà  déposé  entre  les  mains  de  M.  Dollfus, 
»  lorsqu'un  article  de  M.  L.  Foucault  [Journal  des  Débals 
r>  du  8  juin)  m'apprit  qu'en  ce  qui  concerne  la  loi  calori- 
»  iique  posée  dans  le  texte,  j'avais  été  devancé  par  d'autres 
»  physiciens,  et  me  permit  ainsi  de  me  mettre  à  l'abri 
»  d'une  accusation  bien  imméritée  de  plagiat...  D'après  ce 
>  court  exposé,  on  voit  que  j'ai  été,  à  mon  insu,  devancé 
B  quant  à  la  loi  calorilique  en  question,  non  seulement  en 
»  date,  mais  encore  sous  le  point  de  vue  de  la  généralisa- 
»  tion  du  principe  :  ce  que  je  restreins  timidement  au  cas 
j>  particulier  du  frottement  médiat  a  été  étendu  d'une 
1)  manière  absolue  à  tous  les  cas  possibles  par  MM.  Mayer, 
j>  Joule  et  Regnault...  Considéré  dans  l'ensemble  et  la 
i>  généralité  qu'a  su  lui  donner  le  physicien  de  Heilbronn, 
D  l'énoncé  du  principe  dynajiiique  de  Mayer  constitue 
»  certainement  une  des  plus  grandes  découvertes  de  notre 

D  époque ;  l'énoncé  de  Mayer  nous  montre  que  le  calo- 

»  rique  constitue  une  force  accélératrice,  une  cause  du 

»  mouvement  de  la  matière  pondérable Il  n'y  a  donc, 

»  je  le  pense,  aucune  exagération  à  dire  que  les  décou- 
»  vertes  de  l'existence  d'un  équivalent  dynamique  du 
r>  calorique  et  d'un  équivalent  chimique  de  l'électricité  se 
9  rangent  à  bon  droit  à  côté  de  la  découverte  de  la  gravi- 
D  tation  universelle.  » 

Hirn,  qui  parle  ainsi  du  principe  de  Mayer  quelques 
jours  après  qu'il  était  venu  à  sa  connaissance,  à  qui  ce 
principe  a  révélé  l'existence  de  l 'élément  dynamique,  de 
la  forge  à  côté  de  la  matière,  ce  qui  fera  désormais  l'objet 
de  toutes  ses  recherches  et  de  toutes  ses  méditations,  Hirn 
va-t-il  instituer  des  expériences  dans  I'intention  de  ren- 


(  13S) 

VKRSER  ce  qu'il  a  admiré!  Hirn,  qui  ne  connaissait  môme 
pas  les  travaux  de  Mayer,  s'étail-il  rangé  d'abord  parmi 
les  adversaires  de  la  nouvelle  théorie?  Erreur  de  fait  donc 
de  la  part  de  iM.  Folie;  mais  celle  erreur  est  grave,  car 
elle  porte  atteinte  au  caractère  si  honnête  de  Hirn,  et 
d'autant  pins  qu'il  s'y  joint  des  erreurs  d'appréciation  telles 
que  celles-ci  :  âme  ilUiinince...,  des  convictions  non  seule- 
ment spiritualisles,  mais  chrétiennes  chez  l'un  comme  chez 
l'autre  (!)....,  plusieurs  travaux  importants  lui  ont  été 
dictés  par  ses  convictions  spiritualistes  et  par  sa  conscience 
de  CROYANT  (!). 

Non!  iM.  Folie,  qui  n'a  vu  Ilirn  qu'un  quart  d'heure  dans 
sa  vie,  qui  a  fort  peu  correspondu  avec  lui,  ne  l'a  nulle- 
ment compris;  je  me  sens  même  ohligé  de  lui  enlever  une 
illusion  ;  cette  sympathie  dont  il  se  flatte  n'était  pas  par- 
tagée par  Hirn,  j'en  ai  la  preuve.  Il  n'y  avait,  d'ailleurs, 
rien  de  commun  dans  le  caractère  et  dans  la  conviction  de 
ces  deux  hommes. 

Ayant  donc  eu  connaissance  de  la  loi  de  Mayer,  Hirn 
institua,  en  efl'cl,  des  expériences,  non  pour  ta  renverser, 
mais  pour  la  vérifier.  Il  avait  des  doutes,  provenant  des 
chifl'res  difl'érents  trouvés  dans  des  ordres  de  phénomènes 
différents,  et  c'est  pour  les  dissiper  qu'il  procéda  à  des 
essais  nouveaux,  dans  de  nouvelles  directions,  et  princi- 
palement sur  les  machines  à  vapeur.  Est-ce  là  devenir  un 
converti,  un  fervent  adepte  de  la  théorie  de  Mayer?  J'ose 
affirmer  qu'à  la  fin  de  sa  vie  Hirn  ne  croyait  pas  que  l'on 
fût  en  possession  de  la  véritable  valeur  de  l'équivalent 
mécanique,  ni  môme  d'une  démonstration  expérimentale 
de  sa  constance. 

A  la  page  245  du  Bulletin  de  la  Société  industrielle,  déjà 
cité,  Hirn  dit  :  «  Ce  qui  constitue  l'importance  de  l'énoncé 


(  15G  ) 

»  de  Mayer,  ce  qui  en  fait  une  des  grandes  lois  de  la 
»  nature,  c'est  sa  généralité.  Il  est  donc  essentiel  de 
i>  chercher  si  l'équivalent  mécanique  varie  d'un  cas  à  un 
»  autre,  de  déterminer  Vamplilude  de  ces  variations,  en 
»  admettant  qu'elles  existent,  et  de  voir  si  cette  amplitude 
j>  est  suffisante  pour  nous  permettre  de  prononcer  contre 
D  cette  généralité  même,  qui  fait  le  premier  caractère  de 
»  l'énoncé  de  Mayer...  »  Et  page  251  :  «  ...elle  met  en 
j>  évidence  cette  généralité,  pourvu  qu'à  l'énoncé  du  phy- 
»  sicien  de  Heilbronn  on  ajoute  cette  légère  modification  : 
»  la  constance  parfaite  de  l'équivalent  mécanique  du 
»  calorique  est  troublée  par  de  faibles  éléments  perturba- 
ï  leurs,  dont  la  nature  reste  encore  à  déterminer,  et  ne 
»  pourra  l'être  que  par  de  nouvelles  expériences  d'ime 
B  exactitude  excessive;  autrement  dit,  il  est  probable  que 
»  cet  équivalent  est  rigoureusement  stable,  mais  que  des 
»  circonstances  accessoires,  quoique  spéciales  à  chaque 
»  genre  de  phénomène,  modifient  très  légèrement  sa 
»  valeur  apparente  et  ne  serviront,  une  fois  bien  étudiées, 
»  qu'à  mieux  faire  ressortir  l'universalité  de  la  loi  calo- 
»   rifique.  » 

Les  expériences  que  Hirn  institue  dans  la  suite  sont 
d'une  nature  toute  nouvelle;  elles  se  font  en  grand  sur 
une  machine  à  vapeur  de  plus  de  cent  chevaux.  Comme 
l'a  dit  Clausius,  cette  détermination  de  l'équivalent  méca- 
nique est  la  première  obtenue  a  à  l'aide  d'une  expérience 
»  où  l'on  ait  converti,  non  la  force  en  chaleur,  mais  la 
B  chaleur  en  force,  et  où  le  corps  soumis  à  l'expérimen- 
B  tation  soit  revenu  à  son  élat  primitifs.  Dans  ces  nou- 
veaux essais,  l'action  thermique  des  parois  des  cylindres 
était  un  élément  perturbateur  que  Hirn  étudia  et  d'où  il 
tira  sa  Théorie  pratique,  acceptée  par  tous  ceux  qui  con- 


(  i■^^  ) 

iiaisscnl  les  machines  à  vapeur  telles  qu'elles  sonl,  el 
autrement  que  dans  des  formules. 

Le  principe  expérimental  de  Mayer  avait  conduit  ïliin 
à  la  conclusion  que  l'univers  n'était  pas  formé  d'un  élément 
seulement,  la  matière  en  mouvement,  qu'on  ne  pouvait 
méconnaître  l'existence  de  l'élément  dynamique,  ni  <le 
l'élément  animique.  Et  c'est  sa  soif  de  vérité  qui  lui  a 
dicté  ses  expériences  et  les  conclusions  qu'il  en  a  déduites 
dans  divers  mémoires.  En  fait,  ses  huit  objections  à  la 
théorie  cinétique  des  gaz  sont  restées  debout,  sans  la 
moindre  alleinle.  Mais  ceci  est  question  d'appréciation. 

Ma  tâche  est  terminée,  et  mon  but  sera  atteint,  si  j'ai  pu 
contribuer  à  détruire  l'impression  peu  favorable  que  doit 
laisser  dans  l'esprit  du  lecteur  la  manière  inexacte  dont 
la  notice  de  M.  Folie  expose  les  idées  et  les  travaux  d'un 
des  plus  illustres  associés  de  l'Académie  royale  de 
Belgique. 


Contributions  à  l'étude  du  Nebenkern  ou  corpuscule  acces- 
soire dans  les  cellules  (communication  préliminaire); 
par  Emma  Leclercq,  docteur  en  sciences  naturelles. 

Pénétrée  de  l'importance  que  les  liquides  fixateurs 
exercent  sur  les  tissus,  j'entrepris,  au  commencement  de 
l'année  dernière  (1889),  travaillant  au  laboratoire  d'em- 
bryogénie comparée  du  Collège  de  France  avec  M.  le 
professeur  Dalbiani,  une  série  d'expéi'iences  sur  différents 
mélanges  fixateurs. 

Je  désirais  obtenir  des  figures  nettes  et  des  colorations 
spéciales  qui  me  permissent  de  constater  le  ou  les  rapports 
existant  entre  le  INebenkern  ou  corpuscule  accessoire,  et 
les  autres  éléments  de  la  cellule  spermatique. 


(  <38  ) 

Je  songeais  à  éliminer  autant  que  possible  l'acide  chro- 
mique  et  l'acide  osmique,  auxquels  j'attribuais,  peut-être  à 
tort,  les  résultats  imparfaits  obtenus  jusque-là  dans  l'étude 
de  ce  corps  dit  :  accessoire. 

Frappée  de  la  netteté  reniarquable  que  j'avais  obtenue 
sur  les  épithéliums  du  tube  digestif  des  myriopodes  et  des 
insectes  par  la  liqueur  de  Frenzel,  j'eus  recours  à  ce 
réactif,  et  j'employais  aussi  le  sublimé  alcoolique  et  acé- 
tique concurremment  avec  la  liqueur  de  Flemming. 

Je  fixais  avec  ces  mélanges  les  testicules  de  l'alyte  et 
j'y  constatais  la  présence  d'un  Nebenkern,  tant  dans  les 
ovules  mâles  que  dans  les  spermatides,  ce  qui  n'avait  pas 
encore  été  démontré  chez  cet  animal. 

Je  le  vis  toujours  coloré  fort  différemment  du  noyau 
par  les  méthodes  variées  de  doubles  pu  de  triples  colora- 
tions auxquelles  j'eus  recours. 


RÉSULTATS 

MATIÈRES  COLORANTKS  EMPLOYÉES. 

— 

~ — -             - — 

sur  noyau. 

sur  le  Nebenkern. 

(Carmin  seul  (fix.  Frenzel) 

Carmin  franc. 

Rose  pâle. 

Carmin  seul  (fix.  Flemming) .... 
Hematoxyline  de  Renault 

Rose. 
Violet. 

Rouse      1 
Violet  foncé  ) 

Picro-carmin  de  Ranvier ...    .    .    . 

Rose. 

Orangé. 

Violet  d'Ehrlich  et  éosine 

Violet. 

Rose. 

Carmin  et  violet  d'Ehrlich    .... 

Violet. 

Rose. 

Picro-carmin  tt  vert  de  méthyle    .    . 

Violet. 

Jaune  carminé. 

(Le  spermat 

ozoïde  vert.) 

(1)  La  coloration  est  foncée  pour  le  > 

ebenkern  compact, 

faible  et  éosinée 

dans  le  Nebenkern  développé. 


(  139  } 

Nous  conslalâmes  ensuite,  M.  le  professeur  Balbiani  ol 
moi,  que  le  Nebenkern  joue  un  rôle  important  dans  les 
phénomènes  de  karyokinèse,  ce  que  Éd.  Van  Bencden, 
Platner,  von  l.avalelle  S'-George  et  d'autres  avaient  d'ail- 
leurs déjà  signalé.  Nous  vîmes  de  plus  qu'on  devait  au 
Nebenkern  toute  la  ligure  jusqu'ici  désignée  sous  le  nom 
d'achromatique  dans  la  karyokinèse. 

Des  observations  ^ur  le  testicule  de  la  salamandre  et  de 
la  souris,  ayant  avec  celles-ci  quelques  rapports,  furent 
faites  vers  la  même  époque  par  Hermann,  qui  ne  les  fit 
connaître  que  vers  la  (in  de  1889.  Mais,  tandis  que  mes 
préparations  dessinaient  colorées  franchement,  nettes  et 
sans  discontinuité,  les  fibres  du  fuseau,  celles  d'Hermann, 
de  son  aveu  même,  laissent  ces  parties  assez  imparfaites, 
ce  qu'il  attribue  à  une  légère  altération  du  vitellus  par  le 
réactif. 

Comme  il  observe  la  division  de  cet  élément  en  deux 
centres  dont  l'un  conserverait  sa  position  tandis  que 
l'antre  se  dirigerait  vers  l'autre  pôle  de  la  cellule,  il  en 
déduit  un  rapport  avec  les  sphères  attractives  de  Éd.  Van 
Beneden,  rapport  entrevu  déjà  par  Platner,  mais  qu'Her- 
mann  devine  plutôt  qu'il  ne  le  démontre. 

Je  n'ai  observé  la  division  primitive  du  Nebenkern  en 
deux  centres  ni  chez  l'alyte,  ni  dans  d'autres  cellules 
spermatiques  que  j'ai  étudiées  durant  leur  division.  Et  je 
puis  ajouter  que  cela  ne  peut  dépendre  de  la  direction  des 
coupes,  car  les  cellules  examinées  sont  assez  petites  pour 
être  conservées  dans  leur  entier. 

Cliez  l'alyte,  cet  élément  a  l'aspect  fibrillaire,  fibrilles 
d'abord  enchevêtrées  en  une  masse  sphérique  (Nebenkern 
compact),  se  développant  ensuite  et  se  rangeant  autour 
d'im  centre,  se  mettant  ainsi  en  s'allongeant  en  commu- 


(  140  ; 

nicalion  intime  avec  les  éléments  du  noyau  qui  semlilfnl 
attirés  par  eux.  Un  certain  nombre  de  ces  fibrilles  s'éten- 
dent latéralement  et  présentent  un  léger  épaississement  à 
leurs  extrémités;  une  fusée  éclatant  dans  l'air  représente 
assez  bien  l'aspect  que  fournit  en  ce  moment  le  Nebenkern. 

Une  étude  plus  approfondie  et  comparative  que  j'ai  faite 
plus  lard  dans  le  laboratoire  d'bislologie  normale  de  M.  le 
professeur  Van  Bambeke  à  l'Université  de  Gand,  sur  des 
éléments  que  je  dois  en  partie  à  M.  Balbiani,  me  permet 
de  dire  que,  dans  les  phénomènes  de  karyokinèse  observés 
chez  les  spermatides  de  diflerents  scylliums,  du  squatine 
ange  et  de  l'alyte,  les  fibrilles  de  ce  demi-fuseau  primitif, 
toujours  excentrique  à  la  cellule,  semblent  travailler  à  la 
formation  de  la  plaque  équaloriale.  Dès  que  les  anses 
chromatiques  sont  rangées  en  couronne,  un  certain  nombre 
de  fibrilles  anastomosées  ensemble  continuent  à  s'allonger 
et  atteignent  bientôt  l'extrémité  opposée  à  la  cellule. 

A  ce  moment  on  trouve  donc  un  fuseau  ayant  d'un  côté 
un  grand  nombre  de  fibrilles,  qui  continuent  d'ailleurs  à 
augmenter  et  à  s'allonger,  tandis  que  l'autre  portion  de  ce 
fuseau  ne  possède  encore  qu'un  nombre  restreint  de 
fibrilles.  J'ai  pu,  chez  un  scyllium,  d'espèce  indéterminée, 
dans  les  cellules  mères  de  seconde  génération,  reconnaître 
que  leur  nombre  était  exactement  égal  à  celui  des  anses 
chromatiques. 

Mais  cet  état  est  transitoire,  car  les  fibrilles  de  seconde 
formation  suivent  la  route  indiquée  par  les  premières;  j'ai 
remarqué  qu'elles  croissaient  aussi  régulièrement  ensemble, 
sans  se  rejoindre  toutefois,  si  ce  n'est  au  pôle.  Ce  qui 
permet  d'observer  dans  ce  fuseau,  encore  imparfait,  des 
couronnes  de  points  nodaux  correspondant  aux  extrémités 
un  peu  renflées  de  ces  mêmes  fibrilles  n'ayant  pas  encore 
atteint  l'extrémité  opposée  de  la  cellule. 


(    ^41   ) 

Enfin  les  aslers  sont  formés  à  l'un  des  pôles  par  le 
(léveloppenienl  progressif  des  fibrilles  du  Ncbenkern,  qui 
ne  s'aiioni^eiil  |)lus  sudisammenl  pour  alleindre  les  élé- 
menls  du  noyau,  tandis  que  l'aster  du  pôle  opposé  résulte 
de  l'allongemcnl  et  de  iVnlre-croisemenl  des  fibrilles  qui 
sont  intervenues  dans  rédilication  du  fuseau. 

Ainsi  se  trouve  établie  la  pbase  mélakinèse  caractérisée 
par  un  fuseau  complet  avec  un  aster  à  cbaque  pôle  et  les 
anses  cbromaliques  en  |)laque  équaloriale  à  son  centre. 

Ayant  étudié  ensuite  la  phase  diasler  succédant  à  la 
mélakinèse,  mes  observations  concourent  avec  celles 
d'Éd.  Van  Beneden  et  de  RabI  en  ce  qui  concerne  le 
dédoublement  des  anses.  J'ai  remarqué  de  plus  la  forma- 
tion d'une  plaque  cellulaire  et  l'entre-croisemenl  des 
fibrilles  unissantes  achromatiques  de  Van  Beneden,  décrit 
déjà  par  Flemming,  et  quelquefois  observé  par  les  auteurs 
étudiant  les  mouvements  du  protoplasme  pendant  la 
division. 

J'ai  vu  aussi  qu'il  y  avait  beaucoup  d'irrégularité  dans 
la  rapidité  plus  ou  moins  grande  avec  laquelle  se  produi- 
sait cette  division;  celle-ci  est  quelquefois  si  brusque 
qu'elle  détermine  un  déchirement  de  la  membrane  cellu- 
laire, de  sorte  que  les  anses  chromatiques  encore  distinctes 
floitent  un  moment  attachées  à  l'une  de  leurs  extrémités 
par  les  fibrilles  polaires,  tandis  que,  chez  un  autre  scylliura 
et  chez  le  squaline  ange,  j'ai  remarqué  que  le  noyau  ren- 
trait à  la  phase  de  repos  avant  que  la  division  fût  parfaite. 

Celle  période  est  particulièrement  intéressante  :  le 
noyau  présente  en  ce  moment  deux  portions  distinctes, 
se  colorant  différemment,  encore  fusionnées,  mais  tendant 
à  se  séparer.  La  cellule  à  cet  étal  semble  posséder  deux 
noyaux  en  activité;  l'un  correspond  au  noyau  véritable, 
l'autre  au  Nebenkcrn  ou  noyau  accessoire. 


(  U2  ) 

La  division  élanl  complète,  on  pourrait  croire  à  la 
(lisparilion  de  ce  corpuscule  accessoire,  mais  ce  n'esl 
là  qu'une  apparence  :  une  observation  attentive  le  décèle 
formant  encore  une  enveloppe  au  noyau.  J'ai  pu  suivre  des 
fibrilles  jusque  contre  la  membrane  cellulaire. 

Ceci  semble  répondre  à  la  question  de  Rabl,  qui,  con- 
statant que  les  fibrilles  sont  plus  nombreuses  à  la  péri- 
phérie du  noyau,  se  demande  si  elles  ne  contribuent  point 
à  la  formation  de  la  membrane  de  celui-ci.  Toutes  mes 
observations  concourent  à  l'afTirmative  en  ce  sens.  Je 
m'abstiens  cependant  de  généraliser  ce  phénomène  à  tous 
les  noyaux  cellulaires. 

De  ces  observations  je  puis  déduire  aussi  la  constance 
du  Nebenkern  dans  les  cellules,  et  je  ne  puis  m'empêcher 
d'établir  un  rapport  très  grand  entre  cet  élément,  les 
sphères  attractives  de  Van  Deneden  et  les  sphères  archo- 
plasmaliques  de  Boveri  :  il  possède  les  mêmes  propriétés 
contractiles  que  celles-ci;  toutefois  je  n'ai  pu  constater  sa 
division  préalable  à  la  formation  de  la  couronne  équato- 
riale,  qu'il  me  faudrait  appeler,  à  cause  de  cela,  couronne 
chromatique  ou  couronne  nucléaire,  pour  être  exacte, 
réservant  le  terme  de  couronne  équaloriale  exclusivement 
à  la  phase  métakinèse. 

Platner  et  Hormann  établissent  le  même  rapport  entre 
le  Nebenkern  et  les  sphères  attractives;  So!ger  n'attribue 
qu'une  sphère  attractive  pour  deux  noyaux  dans  les 
cellules  pigmenlaires  de  la  peau  du  brochet  (1). 


I 


(1)  Le  corpuscule  polaire  persistant  de  Rabl,  qu'il  démontre  dans 
jcs  cellules  cpitliéliales  du  triton  el  qu'il  rapporte  aussi  à  une  sphère 
attractive,  est  en  réalité  un  Nebenkern,  tant  par  sa  forme  que  par  sa 
fonction,  à  cela  près  que  les  fibrilles  ne  se  ramifient  point  comme  il 
le  montre  dans  son  schéma,  ce  que  je  puis  affirmer. 


(  1^5) 

Toiil  ceci  me  l'ail  croire  qu'il  y  a  des  diiréicnccs  dans 
ces  pliéiiomènes  cl  qu'une  élude  plus  complèle  nous  les 
lera  dislinguer. 

Pendanl  la  phase  dite  de  repos  cl  qui  correspond  pour 
moi  à  la  période  de  nulrilion  de  la  cellule,  les  deux 
noyaux,  noyau  cl;romalique  el  noyau  accessoire,  lendeul 
à  se  dissocier  l'un  de  l'aulre. 

Ayanl  remarqué  chez  le  squaline  ange  l'importance 
qu'acquérail  le  Nehcnkern  dans  la  spermalide  au  moment 
de  la  phase  initiale  de  l'évolution  de  celte  cellule  on  sper- 
matozoïde, el  qu'alors  les  cellules  folliculaires  animées  d'un 
mouvement  amœhoïde  particulier  circulent  entre  les 
groupes  de  spermatides,  el  se  dirigent  ainsi  du  centre  de 
l'ampoule  vers  la  membrane  propre  de  celle-ci  où  elles 
viennent  s'aplatir,  comme  l'a  décrit  l'année  dernière  le 
professeur  Balhiani  dans  son  cours  au  Collège  de  France, 
complétant  ainsi  l'observation  déjà  ancienne  de  Swaen  et 
Masquelin  ;  frappée  par  l'aspect  d'activité  que  présentaient 
toutes  les  cellules  en  ce  moment,  j'avais  pensé  que  ce 
phénomène  correspondait  avec  la  naissance  du  Nebenkorn 
des  spermatides.  Mais  j'ai  pu  constater  que  c'était  là  de 
ma  part  une  erreur,  car  j'ai  retrouvé  ce  mêice  corpuscule 
accessoire,  tant  dans  les  cellules  mères  ou  ovules  mâles 
que  dans  les  cellules  de  deuxième  génération  ;  chez  les 
scylliun)S  je  n'ai  pu  le  déterminer  dans  celles  de  troisième 
génération,  parce  qu'il  devient  de  plus  en  plus  petit  en 
môme  temps  que  je  vois  aussi  diminuer  l'importance  du 
fuseau  qui  est  extraordinairemenl  court  dans  ces  cellules, 
et  ne  comporte  qu'un  nombre  très  restreint  de  (ibrilles. 

Ceci  me  démontre  encore  que  ces  phénomènes  présen- 
tent des  variétés,  car  si  la  poursuite  de  cet  élément  était 
impossible  chez  les  spermatides  des  scylliums  que  j'exami- 


{  iU  ) 

nais,  elle  esl  relativement  facile  chez  la  spermatitle  du 
sqiiatine  ange  très  proche  cependant  des  scylliums. 

On  connaît  les  traînées  de  granulations  qui  apparaissent 
entre  les  spermatides  tant  pendant  leur  multiplication  que 
pendant  la  migration  des  cellules  folliculaires,  granulations 
déjà  souvent  décrites  par  les  auteurs  et  différemment 
interprétées. 

J'ai  pu  m'assurer  que  ces  granulations  étaient  de  diverses 
natures;  qu'un  certain  nombre  d'entre  elles  subissent  la 
dégénérescence  graisseuse,  tandis  que  d'autres  évoluent 
dans  un  sens  spécial. 

J'ai  vu  ces  petits  éléments  acquérir  un  noyau  très 
chromatique,  tant  vis-à-vis  du  violet  d'Ehrlich  que  de  la 
safranine  et  flxer  aussi  très  particulièrement  le  vert  de 
mélhyle.  J'ai  vu  ces  noyaux  s'entourer  d'un  protoplasme 
et  prendre  une  forme  de  fuseau  un  peu  courbé  en  faux,  ou 
bien  émettre  deux  ou  trois  prolongements  d'un  point  cen- 
tral où  se  trouvait  situé  le  petit  noyau. 

Bientôt  ces  petits  éléments  se  placent  contre  la  mem- 
brane des  spermatides;  l'un  d'eux,  toujours  unique, 
pénètre  dans  la  cellule  et  s'y  développe. 

Son  premier  aspect  est  celui  d'une  aiguille  très  chro- 
matique. Mais  on  constate  bientôt  un  accroissement  en 
tous  les  sens  qui  la  transforme  en  une  plaque  que  j'assi- 
milerais volontiers  au  capuchon  céphalique  des  autres 
spermatozoïdes,  quoique  ce  soit  par  la  suite  un  capuchon 
de  forme  très  étrange  et  non  encore  observé  chez  d'autres 
spermatozoïdes. 

Tandis  que  ce  petit  corps  en  forme  d'aiguille  pénètre 
dans  la  spermatide  et  vient  se  placer  transversalement  à 
l'un  des  pôles  du  noyau,  un  deuxième  élément  très  diffé- 
rent, ayant  la  forme  d'un  crochet  obtus,  apparaît  à  son  tour 


(  H5  ) 

conlre  la  membrane  cellulairo  el  la  perce,  loul  en  poiir- 
siiivanl  son  (';volnlion,  donl  l'élude  permet  d'y  distinguer 
bionlùt  trois  portions  :  une  portion  principale,  allongée  en 
[)àlonnet,  articulée  à  une  portion  intermédiaire  se  termi- 
nant en  une  sorte  de  trompe  ou  cornet,  duquel  sort  la 
portion  terminale,  espèce  de  llagel. 

Cette  curieuse  petite  pièce  va,  s'orientanl  dans  la  sper- 
malide,  constituer  l'axe  de  la  queue  du  spermatozoïde  et 
semble  pénétrer  même  jusque  dans  rinléricur  du  noyau 
spermalique. 

La  plaque  cépbalique,  donl  il  vient  d'être  question  tout 
à  l'heure,  poursuit  aussi  son  évolution  durant  le  même 
temps,  forme  une  espèce  de  calotte  composée  d'un  certain 
nombre  de  (ilamenls  chromatiques  terminés  en  boutons, 
dont  le  nombre  est  peut-être  fixe,  mais  que  je  n'ai  pu 
déterminer  exactement,  parce  que  ceux  qui  re|)osaient  sur 
le  noyau,  très  chromatique  aussi,  m'étaient  par  suite 
invisibles,  .le  suis  portée  à  croire  qu'il  y  en  a  huit,  car  j'en 
puis  compter  cinq,  latéralement  décomposés  en  trois  et 
deux  de  chaque  côté  du  noyau. 

Tandis  que  ces  phénomènes  étranges  ont  lieu,  le  Neben- 
kern  ne  reste  pas  inaclif;  de  spliérique  qu'il  était  d'abord, 
il  passe  à  la  l'orme  en  lunule;  les  fibres  qui  le  composent 
se  dissocient  petit  à  petit,  puis  se  divisent  en  deux  fais- 
ceaux. C'est  ainsi  du  moins  qu'il  se  présente  à  l'examen. 

Les  fibrilles  s'allongent  le  long  de  l'axe  caudal  chroma- 
tique et,  continuant  leur  croissance,  vont  à  la  rencontre  des 
boutons  terminaux  des  fibres  chromatiques  du  capuchon, 
entourent  celles-ci  qui  prennent  dès  lors  un  aspect  n)oni- 
liforme  et  qui  disparaissent  graduellement  en  tant  qu'élé- 
ments chromatiques,  entourées  qu'elles  sont  de  plus  en 
plus  par  les  fibres  achromatiques. 

O"*    SÉRIE,    TOME    XX.  \0 


(  HQ  ) 

Celles-ci,  pnr  suite  de  leur  développemenl,  consliluenl 
une  |)laqiie  céphalique  éosinée  au  spermatozoïde,  tandis 
que  le  noyau  de  celui-ci  présente  aussi  des  particularités 
intéressantes,  mais  qu'il  m'est  diflieile  de  décrire  avec  le 
détail  qu'elles  comportent  dans  celte  note  préliminaire. 

Cette  plaque  éosinée  se  transforme  en  un  boulon  d'abord 
arrondi,  ensuite  lobé,  enlin  se  dispose  en  une  portion 
procépbalique  acuminée,  toujours  non  cbromatique,  qui 
va  pénétrant  dans  la  membrane  propre  de  l'ampoule 
servir  d'organe  fixateur  au  spermatozoïde. 

En  même  temps  commence  pour  cei  organe  un  mouve- 
ment spirale.  Alors,  en  ce  moment  précis,  on  peut 
observer  l'excrétion  du  corps  problématique  vers  la  partie 
caudale. 

Une  élude  comparative  chez  différents  scylliums  et  chez 
le  squatine  m'a  fait  remarquer  que  le  corps  problématique 
ainsi  expulsé  a  une  importance  plus  ou  moins  grande, 
selon  que  le  mouvement  spiral  est  plus  ou  moins  accentué. 
Chez  le  scyllum  canicula,  par  exemple,  où  cette  spire  est 
très  accusée,  ce  corps  est  volumineux  relativement  à  celui 
du  squatine  ange,  qui  n'a  qu'un  mouvement  spiral  faible. 

Quant  au  filament  spiral  du  spermatozoïde  de  ce  même 
squatine,  il  m'a  semblé  être  le  reste  de  la  membrane 
cellulaire  de  la  spermatide  et  ne  pas  être  réellement 
l'expression  d'un  filament  enroulé,  mais  bien  d'un  débris 
de  membrane  subissant  le  mouvement  spiral. 

De  tout  cela  il  résulte  que  les  cellules  spermatiques 
sont  plus  compliquées  qu'on  ne  l'a  cru  jusqu'ici; 

Qu'elles  peuvent  être  considérées,  en  général,  comme 
des  cellules  à  deux  noyaux  :  le  noyau  chromatique  ou 
noyau  des  auteurs,  que  j'appellerais  volontiers  le  noyau 


(  i"  ) 

passif  (1),  el  le  Nebcnkern  ou  corpuscule  accessoire  do 
V,  Lavaletle  Sainl-Goerge  el  de  Balbiani,  qui  se  trouve 
ôlre  en  réalité  le  noyau  actif  (2)  el  correspondre  à  l'aiclio- 
plasma  de  Boveri; 

Que  c'est  un  élément  constant  pour  ces  cellules; 

Qu'il  joue  un  rôle  important  dans  la  constitution  du 
spermatozoïde  même  et  y  forme  très  |)rol)ablemenl  l'axe 
lihrillaire  do  firaun,  de  Jensen  et  de  Ballowitz,  en  même 
temps  qu'un  manchon  externe,  ce  qui  est  peut-être  spécial 
au  spermatozoïde  dont  j'ai  suivi  l'évolution; 

Qu'on  peut  considérer  ce  dernier  comme  la  résultante 
de  l'emboîtement  de  plusieurs  pièces  autour  d'un  axe 
chromatique,  décomposable  en  trois  portions  distinctes, 
produites  par  la  différenciation  d'une  pièce  primitivement 
unique,  d'origine  extracellulaire  el  que  je  soupçonne  être 
un  élément  d'excrétion  des  cellules  folliculaires; 

Que  cet  axe  est  entouré  de  fibrilles  achromatiques  qui 
constitueraient  l'axe  librillaire  des  auteurs; 

Que  le  noyau  proprement  dit,  traversé  de  part  en  part 
par  cet  axe,  lui  forme  une  deuxième  enveloppe  localisée  à 
l'endroit  désigné  sous  le  nom  de  tête; 

Que  cette  dernière  est  précédée  d'une  portion  procé- 
phalique  achromatique  qui  dérive  du  Nebenkern; 

Qu'elle  est  entourée  d'une  espèce  de  manchon  nucléaire. 


(1)  Ce  terme  ne  préjugeant  rien  relativement  à  l'activité  physio- 
logique du  noyau. 

(2)  Me  servant  de  la  comparaison  d'Éd.  Van  Bcneden  qui  com- 
pare la  contractilité  des  fibrilles  achromatiques  à  la  contractilité  des 
fibres  musculaires,  le  Nebenkern  serait  actif  vis-à-vis  du  noyau 
proprement  dit,  au  même  titre  que  le  sont  les  fibres  musculaires  par 
rapport  au  squelette. 


(  148  ) 
composé  à  la  fois  de  grains  chromatiques  et  de  flbrilles 
achromatiques,  qui  semble  se  rapporter  au  capuchon 
céphalique  des  autres  spermatozoïdes,  et  avoir  aussi  une 
origine  extracellulaire  du  moins  en  ce  qui  concerne  sa 
portion  chromatique; 

Que  je  ne  puis  me  défendre  de  comprendre  cette  forma- 
lion,  ainsi  que  l'axe  chromatique  de  la  queue,  dans  le  péri- 
blaste  de  Vejdowski,  de  sorte  que  ce  périblaste  a  pour  moi 
une  importance  plus  grande  que  celle  que  lui  attribue 
Vejdowski  même,  et  que  je  ne  puis  me  ranger  à  l'opinion 
de  Solger  et  peut-être  de  Platner  et  de  RabI,  s'ils  veulent 
identitier  le  Nebenkern  des  cellules  spermatiquesau  péri- 
blaste de  cet  auteur. 

Ce  dernier  me  semble  plus  compliqué. 

Une  étude  minutieuse  comparative  pourra  seule  nous 
instruire  sur  la  valeur  réelle  de  tous  ces  éléments.  Toute- 
fois je  pense  qu'ils  ont  entre  eux  de  très  grands  rapports, 
sans  que  je  sois  suffisamment  autorisée  à  les  considérer 
comme  identiques. 

Je  me  fais  un  plaisir  et  un  devoir  d'adresser  mes  plus 
vifs  remerciements  à  MM.  les  professeurs  Balbiani  et 
Van  Bambeke,  qui  m'ont  procuré  les  moyens  de  faire 
cette  élude;  que  ce  dernier  reçoive  tout  particulièrement 
l'expression  de  ma  gratitude  pour  la  manière  toute  dévouée 
avec  laquelle  il  a  daigné  vérifier  mes  observations  et 
m'éclairer  de  ses  lumières. 

5  mai  1890.  Laboratoire  d'histologie  normale  de  l'Université  de  Gand. 


J 


(  *49  ) 


GL4$SE   DES    LETTRES. 


Séance  du  7  juillet  1800. 

M.  Stecher,  directeur. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Tiberghien,  vice-directeur;  Ch. 
Faider,  le  baron  Kervyn  de  Leltenhove,  Alph.  Wauters, 
P.  Willems,  S.  Bormans,  Ch.  Piot,  Ch.  Potvin,  Aug. 
Scheier,  P.  Henrard,  Ch.  Loomans,  L.  Roersch,  L.  Vander- 
kindere,  Al.  Henné,  meinbres;  Alph.  Rivier,  M.  Philippson, 
associés;  E.  Banning,  Alfred  Giron  et  le  baron  J.  de 
Cheslret,  correspondants. 

M.  le  directeur,  en  ouvrant  la  séance,  annonce,  sous 
l'impression  d'un  douloureux  sentiment  de  regret,  la  perte 
que  la  Classe  vient  de  faire  en  la  personne  de  l'un  de  ses 
membres  titulaires,  Mgr.  J.-J.-E.-Aloïs  Van  Weddingen, 
aumônier  de  la  Cour,  décédé  à  Laeken,  le  7  juillet,  à  l'âge 
de  49  ans. 

M.  Stecher,  après  avoir  adressé  à  la  mémoire  du  défunt 
un  suprême  hommage  de  sympathie,  fait  savoir  que 
M.  Tiberghien  prononcera  le  discours  académique  lors  des 
funérailles,  fixées  au  jeudi  10  juillet,  à  11  heures  du  matin, 
à  Laekeo. 


(  i50  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Minisire  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
envoie  la  l""^  livraison  du  tome  IV  des  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  Bruxelles.  —  Remerciements. 

—  M.  Baumgarten  remercie  pour  l'envoi  de  son  diplôme 
d'associé. 

—  Le  comité  directeur  du  Congrès  historique  et  archéo- 
logique de  Liège  annonce  que  la  séance  d'ouverture  est 
fixée  ad  3  août  prochain. 

—  La  Classe  renvoie  à  l'examen  de  MM.  de  Harlez, 
Lamy  et  Goblet  d'Alviella  un  travail  manuscrit  de  M.  Louis 
de  la  Vallée  Poussin,  docteur  en  philosophie  et  lettres, 
intitulé  :  Des  impuretés  et  des  purifications  dans  l'Inde 
antique. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

Études  morales  et  littéraires.  Épopées  et  romans  cheva- 
leresques, II;  par  Léon  de  Monge; 

Correspondance  du  cardinal  de  Granvelle,  tome  VIII, 
156S-1S8d;  publiée  par  Charles  Piot,  dans  la  collection 
des  chroniques  belges  inédites,  éditées  par  la  Commission 
royale  d'histoire. 

El  coronel  Francisco  Verdugo  {i 537 -1595),  nuevos  datas 
biograficos  y  relacion  de  la  campana  de  Flandes  de  164i, 
par  Vincart;  par  A.-R.  Villa;  présenté  par  M.  Piot  avec 
une  note  biographique  qui  ligure  ci-après; 


(  iol   ) 

A.  Les  SamoaJis  de  Leone;  B.  Le  Palais...  Les  sir/nale- 
luenls  anfhropométriqucs  au  pui)if  de  vue  judiciaire  ;  par 
leD'  E.  Ilouzé; 

Univcrsilc  libre  de  liruxclles.  Annales  de  la  faculté  de 
philosophie  el  lellres.  Tome  I",  2'"  fascicule.  —  Présenlé 
par  M.  Philippson  avec  une  noie  biographique  qui  ligure 
ci- a  près. 


NOTES    BIBLIOGRAPHIQUES. 

J'ai  l'honneur  d'olTrir  à  la  Classe  un  exemplaire  du 
tome  VIII  de  la  Correspondance  de  Granvelle,  comprenant 
les  lellres  de  1580  à  1581. 

Les  faits  principaux  mentionnés  dans  ces  lellres  se 
rapportent,  en  grande  partie,  aux  résultats  des  démarches 
faites  par  le  cardinal  auprès  de  iMarguerile  de  Parme  pour 
qu'elle  reprenne  le  gouvernement  des  Pays-Bas.  L'impos- 
sibilité de  rétablir  dans  ces  provinces  la  tranquillité  par  la 
force  el  la  violence  avait  engagé  Philippe  II  à  employer  les 
moyens  de  conciliation  tant  préconisés  par  le  cardinal, 
lorsque  celui-ci  était  devenu  un  de  ses  ministres  les  plus 
inlluenls.  De  l'avis  du  prélat,  Marguerite  de  Parme  était 
seule  capable  de  mettre  ce  principe  à  exécution  complète. 
La  princesse  reçut  en  conséquence  tous  les  pouvoirs 
nécessaires  à  cet  effet,  et  accepta  par  dévouement  la  nou- 
velle mission.  iMais  elle  avait  compté  sans  son  fils,  déjà 
investi  de  pouvoirs  semblables  depuis  longtemps. 

Tous  les  efforts  de  Granvelle  lendant  à  charger  la 
duchesse  des  affaires  politiques  et  son  (ils  des  affaires 


(  452  ) 

de  guerre  lombèrenl  devant  la  résolution  inébranlable 
d'Alexandre  Farnèse,  très  décidé  à  ne  pas  laisser  diviser 
le  pouvoir. 

Ces  faits  sont  très  bien  développés  dans  notre  volume. 

Celui-ci  renferme  aussi,  sur  la  conduite  de  Claudio 
Laudi,  des  documents  précieux.  Laudi  était  accusé  par 
Marguerite  d'avoir  conspiré  contre  son  mari.  Elle  voulait 
une  punition  sévère  infligée  au  coupable,  qui  fut  protégé 
par  l'empereur. 

Les  faits  et  gestes  des  malcontents,  placés  à  la  tête  du 
mouvement  réactionnaire  des  provinces  wallones  contre 
celles  du  nord,  le  peu  de  confiance  que  ces  nouveaux  con- 
vertis inspiraient  au  gouvernement  espagnol,  sont  mis  au 
jour  dans  ce  volume.  Grâce  à  l'habileté,  employée  par 
Alexandre  de  Parme,  la  réconciliation  des  provinces  catho- 
liques avec  leur  souverain  devint  un  fait  accompli. 

Dans  ses  lettres,  Granvelle  se  montre  toujours  consé- 
quent avec  lui-même.  Royaliste  décidé,  il  veut  sauver  son 
maître  par  tous  les  moyens  possibles.  Catholique  sincère, 
il  veut  le  triomphe  de  sa  religion,  en  faisant  néanmoins 
quelques  concessions  aux  dissidents,  sans  vouloir  admettre 
la  liberté  des  cultes,  invoquée  par  ses  ennemis  et  refusée 
en  même  temps  par  eux  en  faveur  des  catholiques. 

De  nombreux  faits  relatifs  à  la  conquête  du  Portugal 
sont  révélés  par  le  cardinal.  Philippe  II  se  préoccupait 
tant  de  cette  conquête,  qu'il  oubliait  les  Pays-Bas.  Il  y 
laissait  son  lieutenant  général  dans  un  abandon  complet, 
sans  ressources,  sans  argent.  De  là,  des  révélations  de  la 
part  du  cardinal  au  sujet  des  gaspillages  des  deniers  publics 
par  les  employés  de  la  Hazienda,  espèce  de  conseil  des 
finances,  et  des  agents  du  trésor. 


^  153  ) 

Ce  volume  renferme  aussi  des  données  sur  la  conduite 
du  duc  d'Anjou,  l'aspirant  malheureux  à  la  main  d'Elisa- 
beth, reine  d'Angleterre,  et  à  la  royauté  de  notre  pays. 

Les  lenteurs  du  roi  à  prendre  des  résolutions,  ses  indé- 
cisions, ses  tergiversations  font  également  le  désespoir  du 
cardinal,  toujours  actif,  jamais  désœuvré,  môme  par  suite 
de  i'influcnza,  dont  il  fut  atteint  en  1S80. 

Tous  ces  détails  jettent  un  grand  jour  sur  l'histoire  de  la 
révolution  du  XVI*  siècle  dans  notre  pays. 

Ch.  Piot. 


El  coronel  Francisco  Verdugo  [I537-159S).  Nueios 
datos  biograficos  y  relacion  de  la  campaàa  de  Flandes 
de  lôil ,  por  Vincart,  pnblicados  per  Antonio  Rodriguez 
Villa.  (Le  colonel  Francisco  Verdugo  (1557-1598).  Nou- 
velles données  concernant  sa  biographie,  et  relation  de  la 
campagne  aux  Pays-Bas  en  1641,  par  Vincart,  accompa- 
gnées de  notes  ex|)licatives,  par  Antonio  Rodriguez  Villa). 
Madrid,  1890,  petit  in-S". 

Ce  volume  est  le  tome  III  d'une  publication  intitulée  : 
Curiosidades  de  la  liisloria  de  Espaîia. 

M.  Rodriguez  Villa  n'en  est  pas  à  son  début.  Pour  ne 
pas  reproduire  ici  la  liste  complète  de  ses  publications, 
nous  citerons  seulement  celles  qui  offrent  de  l'intérêt  au, 
point  de  vue  de  l'histoire  de  notre  pays. 

Celles-ci  sont  :  El  duque  de  Albuquerque  en  la  batailla 
de  Rocroy  ;  c'est  un  examen  critique  du  travail  de  iM^'  le 
duc  d'Aumale  à  propos  de  cette  bataille;  Noticia  biogra- 
fica  de  D.  Sébastian  Fernandez  de  Medrano,  directeur 


{  iU  ) 

de  l'Académie  militaire  de  Bruxelles  (1646  à  170o); 
Historia  de  la  campana  de  4641  en  Flandes,  siendo 
gobernador  gênerai  de  aquellos  paises  por  Espana  el 
archiduque  Leopoldo. 

La  biographie  de  Verdugo,  objet  principal  du  volume, 
était  peu  connue  jusqu'à  ce  jour.  Une  simple  note  insérée 
dans  le  tome  LXXIV,  page  561,  des  Documentos  inedilos 
para  la  historia  de  Espana;  les  commentaires  publiées 
en  1618,  à  Naples,  par  Alfonso  Velasquez  de  Velasco,  les 
relations  de  Herrera  dans  son  Historia  gênerai  de  tiempo 
del  Seûor  rey  don  Felipe  II,  étaient  tout  ce  que  nous  con- 
naissions au  sujet  de  ce  personnage. 

M.  Rodriguez  Villa  a  utilisé  toutes  ces  sources  pour 
nous  faire  connaître  Verdugo,  un  des  officiers  espagnols 
les  plus  distingués  qui  ont  pris  pari  aux  guerres  du  XVI* 
siècle  dans  les  Pays-Bas.  Tour  à  tour,  il  assista  au  siège  de 
Haarlem,  à  un  grand  nombre  d'autres  faits  d'armes,  suivit 
Don  Juan  à  Namur,  assista  à  la  bataille  de  Gembloux, 
commanda  en  Frise  et  dans  l'Overijssel.  C'était  un  hardi 
soldat,  un  véritable  spadassin  du  XVP  siècle.  M.  Rodriguez 
Villa  constate  qu'après  avoir  été  incorporé  dans  l'armée 
espagnole,  il  entra  au  service  du  comte  Pierre-Ernest  de 
Mansl'eld  à  Luxembourg.  Hardi  et  courageux,  il  y  chercha 
querelle  à  tout  individu  qui  parlait  mal  des  Espagnols, 
le  provoqua  en  duel  et  devint  ainsi  l'objet  de  la  crainte 
de  tout  le  monde. 

A  la  suite  de  cette  étude,  M.  Rodriguez  Villa  publie  plu- 
sieurs documents  importants  concernant  ce  personnage. 

La  biographie  est  suivie  du  récit  de  la  campagne  dans 
les  Pays-Bas  en  1641,  rédigé  par  Jean-Antoine  Vincart, 
écrivain  espagnol  qui  nous  est  déjà  connu  par  des  mémoires 


(  m) 

semblables  pour  l'année  1643,  imprimés  dans  les  Docu- 
mentos  incctitos  (tome  LXXV,  page  405),  et  par  ceux  des 
années  1G44  et  1646,  publiés  par  M.  le  général  Ilenrard. 
M.  Gacliard  cite  encore  du  même  auteur  des  mémoires 
inédits  pour  les  campagnes  de  1642,  1645  et  1650. 

A  la  suite  du  récit  de  Vincart  de  1641,  M.  Rodriguez 
Villa  publie  encore  une  notice  sur  la  mort  de  Don  Ferdi- 
nand, cardinal-inlant,  gouverneur  des  Pays-lias  de  1653 
à  1641,  la  biograpbie  de  Don  Francisco  de  Mello, également 
gouverneur  de  ces  provinces,  des  lettres  du  roi  adressées 
à  ce  personnage. 

Nous  devons  savoir  gré  à  M.  Rodriguez  Villa  d'avoir 
entrepris  celte  publication,  qui  jette  un  grand  jour  sur  les 
annales  de  notre  pays,  et  sur  les  hommes  qui  y  figurent 
pendant  le  XVI*  siècle  et  le  suivant. 

Ch,  Piot. 


J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe  le  deuxième 
fascicule  des  Annales  de  la  Faculté  de  philosophie  et 
lettres  de  l'Université  de  Bruxelles.  Il  contient  les  travaux 
de  deux  élèves  de  mon  collègue,  notre  confrère  M.  Vander- 
kindere. 

M.  Louis  Wodon  a  consacré  une  étude  très  complète  et 
extrêmement  intéressante  au  droit  de  vengeance  dans  le 
comté  de  Namur  aux  XIV*  et  XV*  siècles.  Sur  la  foi  des 
documents  authentiques,  il  prouve  que,  contrairement  à  ce 
qui  se  passait  en  France  et  dans  la  plus  grande  partie  de 
l'Allemagne,  le  droit  de  guerre  pour  injures  personnelles 
appartenait,  dans  le  Namurois,  non  seulement  aux  nobles. 


(  156  ) 

mais  à  tous  les  hommes  libres,  quelque  modeste  que  fût 
leur  position.  Les  autorités  politiques  et  les  magistratures 
n'y  ont  pas  cherché  à  refréner  les  luttes  privées;  elles  se 
sont  contentées  de  les  discipliner,  de  les  entourer  de 
garanties  légales  et  juridiques.  Ainsi  ce  droit,  disparu 
de  la  plupart  des  pays  d'Europe  vers  la  fin  du  moyen  âge, 
s'est  maintenu  dans  le  comté  de  Namur  jusqu'au  XVI* 
siècle.  Non  moins  curieux  et  peut-être  encore  plus  origi- 
nal est  le  travail  de  M.  Félicien  Cattier,  relatif  à  la  guerre 
privée  dans  le  comté  de  Hainaut  aux  XIII'  et  XIV'  siècles. 

L'auteur  a  mis  à  profit,  non  seulement  la  littérature  déjà 
connue  sur  cette  matière,  mais  aussi  les  registres  aux  plaids  M 
de  la  cour  de  Mous,  non  encore  publics  et  fort  importants.  ■ 
Avec  raison,  il  a  surtout  insisté  sur  l'inslilution  du  fourjur, 
qui  restreignait  la  guerre  privée  au  seul  coupable  et  en 
exemptait  sa  famille. 

Ainsi  fut  établi  le  grand  principe  de  la  responsabilité 
personnelle,  et  la  guerre  entre  familles  réduite  à  la  chasse 
du  coupable.  Pourquoi  les  parents  de  la  victime  n'aban- 
donnaienl-ils  pas  plutôt  ce  droit  dangereux  et  coûteux  à 
l'État,  prêt  à  s'en  charger  et  bien  mieux  outillé  pour 
l'exercer  que  les  particuliers?  Le  fait  est  que,  par  cette 
habile  politique  des  princes  hennuyers,  le  droit  de  ven- 
geance se  perd  dans  leur  pays  dès  la  fin  du  XIV^  siècle, 
au  rebours  de  ce  qui  se  passe  dans  le  comté  de  Namur.       ^ 

Les  travaux  dont  je  viens  de  parler  ont  une  grande 
importance  pour  l'histoire  sociale  et  politique  des  deux 
provinces  dont  ils  s'occupent;  de  plus,  ils  sont  encore  fort 
intéressants  pour  l'histoire  du  développement  général  des 
institutions  féodales. 

M.  Philippson. 


I 


(  1^>7  ) 


l'ROGRAMMK  DE  CONCOURS  POUR  1892. 


Première  question. 

Apprécier  d'une  façon  critique  et  scienti^que  l'influence 
exercée  par  la  littérature  française  sur  les  poètes  néerlandais 
des  XI II"  et  XI V'  siècles. 


Deuxième  question. 

Étude  sur  les  Inimouristcs  et  les  pamphlétaires  en  langue 
française  en  Belgique,  de  1800  à  4848. 

Troisième  question. 

Étudier,  au  point  de  vue  historique  et  au  point  de  vue 
dogmatique,  la  nature  et  les  effets  des  traités  de  garantie, 
et  spécialement  des  traités  qui  ont  pour  objet  la  garantie, 
par  un  ou  plusieurs  États,  du  territoire,  de  l' indépendance , 
de  la  neutralité  d'un  autre  État. 

Quatrième  question. 

Montrer  comment  l'Espagne,  par  sa  diplomatie  et  par  ses 
armées,  a  combattu  la  politique  de  la  France  aux  Pays- 
Bas,  de  1655  à  i700. 


(  1^8  ) 

Cinquième  question 

Exposer,  d'après  l'ensembk  des  textes,  quelle  était  la 
position  des  comtes  dans  le  royaume  franc,  depuis  CJovis 
jusqu'au  traité  de  Verdun;  établir  leurs  rapports  avec  le 
roi,  avec  le  clergé  et  avec  la  population  germanique  et 
gallo-romane. 


Sixième  question. 

Faire  l'histoire  et  la  statistique  des  caisses  d'épargne  en 
Belgique.  Exposer  leurs  diverses  opérations  et  les  résultats 
obtenus,  surtout  au  point  de  vue  de  la  classe  ouvrière. 

La  valeur  des  médailles  d'or  présentées  comme  prix] 
sera  de  mille  francs  pour  la  troisième  et  la  sixième  ques-| 
lion,  et  de  six  cents  francs  pour  chacune  des  quatre  autres] 
questions. 

Les  mémoires  devront  être  écrits  lisiblement  et  pourront] 
être  rédigés  en  français,  en  flamand  ou  en  latin.  Ils  devront] 
être  adressés,  francs  de  port,  avant  le  l^""  février  4892,  àj 
M.  J.  Liagre,  secrétaire  perpétuel,  au  palais  des  Académies.j 


Conditions  réglementaires  communes  aux  concours 
annuels. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  lesj 
citations  et  demande,  à  cet  efl'et,  que  les  auteurs  indiquent] 
les  éditions  et  les  pages  des  livres  qu'ils  citent. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage, 
ils  y  inscriront  seulement  une  devise,  qu'ils  reproduiront 


(  l-"i'J  ) 

dans  un  billet  cachelé  renlermant  leur  nom  et  Iciir 
adresse.  Faute  par  eux  de  salislairo  à  cette  formalité, 
le  prix  ne  pourra  leur  être  accordé. 

Les  ouvrages  remis  après  le  temps  prescrit,  ou  ceux 
dont  les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière 
que  ce  soit,  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concjirrenls  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumis  à  son  jugement,  ils 
sont  et  restent  déposés  dans  ses  archives.  Toutefois  les 
auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des  copies  à  leurs  frais, 
en  s'adressant,  à  cet  effet,  au  secrétaire  perpétuel. 


1>R1X   PKKI^IOTCELS. 

PRIX    TEIHLINCK    POUR    UNE    QUESTION    DE    LITTÉRATURE 
FLAMANDE. 

(Troisième  période:  1887-1891.) 

Un  prix  de  mille  francs  sera  accordé  au  meilleur  ouvrage 
en  réponse  à  la  question  suivante  : 

Faire  l'histoire  de  la  prose  néerlandaise  avant  Marnix 
de  Sainte- Aldegonde. 

Le  terme  fatal  pour  la  remise  des  manuscrits,  qui 
peuvent  être  rédigés  en  français,  en  flamand  ou  en  latin, 
expirera  le  I"  février  1891. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  conditions 
réglementaires,  ci-dessus,  des  concours  de  l'Académie. 


(  i60  ) 


PRIX      JOSEPH      DE      REYN. 
Sixième  concours.  (Première  période  :  1889-1890.) 

Enseignement  primaire. 

La  Classe  des  lettres  rappelle  que  la  «  première  période 
du  sixième  concours  annuel  »  pour  les  prix  Joseph 
De  Keyn  sera  close  le  31  décembre  1890.  Tout  ce  qui  a 
rapport  à  ce  concours  doit  être  adressé,  avant  cette  date, 
à  M.  J.  Liagre,  secrétaire  perpétuel  (au  palais  des  Aca- 
démies). 

Cette  période,  consacrée  à  l'enseignement  du  premier 
degré,  comprend  les  ouvrages  d'instruction  ou  d'éducation 
primaire. 

Peuvent  prendre  part  au  concours:  les  œuvres  inédites, 
aussi  bien  que  les  ouvrages  de  classe  ou  de  lecture  qui 
auront  été  publiés  du  l"janvier  i889au31  décembre  1890. 

Ne  seront  admis  au  concours  que  des  écrivains  belges 
et  des  ouvrages  conçus  dans  un  esprit  exclusivement 
laïque,  et  étrangers  aux  matières  religieuses.  Les  ouvrages 
pourront  être  écrits  en  français  ou  en  flamand,  imprimés 
ou  manuscrits.  Les  imprimés  seront  admis  quel  que  soit 
le  pays  où  ils  auront  paru.  Les  manuscrits  pourront  être 
envoyés  signés  ou  anonymes;  dans  ce  dernier  cas,  ils 
seront  accompagnés  d'un  pli  cacheté  contenant  le  nom  de 
l'auteur  et  son  domicile. 

Les  travaux  manuscrits  qui  sont  soumis  à  ce  concours 


(  16'  ) 
demeurent  la  propriété  de  l'Académie,  mais  les  auteurs 
peuvent  en  faire  prendre  copie  à  leurs  frais. 

Une  somme  de  3,o00  francs  pourra  être  répartie  entre 
les  ouvrages  couronnés  par  lo  jury. 

Tout  ouvrage  manuscrit  qui  sera  couronné  devra  être 
imprimé  pendant  l'année  courante,  et  le  prix  ne  sera 
délivré  à  l'autour  qu'après  la  pjihlication  de  son  ouvrage. 

La  Classe  des  lettres  jugera  le  concours  sur  le  rapport 
d'un  jury  de  sept  membres,  élu  par  elle,  dans  sa  séance 
du  mois  de  janvier  de  l'année  1891. 


PRIX  DE  STASSART  POUR  UNE  NOTICE  SUR  UN  BELGE   CÉLÈBRE. 

(Septième  période:  1887-1892.) 

La  Classe  des  lettres  offre  un  prix  de  mille  francs 
à  l'auleur  de  la  meilleure  notice,  écrite  en  français,  en 
flamand  ou  en  latin,  consacrée  à  la  vie  et  aux  travaux 
de  Lambert  Lombard,  peintre  et  architecte  à  Liège 
(1506-1566). 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
1"  février  1892. 

Les  concurrents  se  conformeront  aux  conditions  régle- 
mentaires, ci-dessus,  des  concours  annuels  de  l'Académie. 


GRAND  PRIX  DE  STASSART  POUR  UNE  QUESTION  d'hiSTOIRE 
NATIONALE. 

(Sixième  période  :  1889-1894.) 

La  Classe  des  lettres  offre,  pour  la  sixième  période  de 
ce  concours,  un  prix  de  trois  mille  francs  à  l'auteur  du 

3°'*    SÉRIE,    TOME    XX.  H 


(   1()2  ) 

meilleur  travail,  rédigé  en  français,  en  flamand  ou  en  latin, 
en  réponse  à  la  question  suivante: 

Faire  l'histoire  du  Conseil  privé  aux  Pays-Bas,  à  partir 
de  son  origine  jusqu'en  1794;  examiner  les  attributions  de 
ce  corps,  ses  prérogatives  et  sa  compétence  en  matière 
politique,  d'administration  et  de  justice. 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
i"  février  1894. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  conditions 
réglementaires,  ci-dessus,  des  concours  de  l'Académie. 


PRIX    DE    SAINT-GENOIS  POUR    UNE    QUESTION    D  HISTOIRE 
OU    DE  LITTÉRATURE  EN  LANGUE    FLAMANDE. 

(Troisième  période  :  1888-1897.) 

La  Classe  des  lettres  ofl're,  pour  la  troisième  période 
de  ce  concours,  un  prix  de  mille  francs  à  l'auteur  du 
meilleur  travail,  rédigé  en  flamand,  en  réponse  à  la  question 
suivante  : 

Caractériser  l'influence  exercée  par  la  Pléiade  française 
sur  les  poètes  néerlandais  du  XV P  et  du  XVIP  siècle. 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
1"  février  1897. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  conditions 
réglementaires,  ci-dessus,  des  concours  de  l'Académie. 


(  <ti5) 


PRIX  DE  LITTÉRATURK  FLAMANDE  DIT  ANTOON   BERGMAN^. 

(Seconde  période:   l"  février  1SH7.  —    !-■   février  1897.; 

Le  prix  est  réservé,  pour  celle  période,  à  la  meilleure 
histoire, écriteen  néerlandais, d'une  villeoud'unecomniune 
ap[)arlenanl  à  la  province  de  Brabanl  (l'arrondissement  de 
^'ivelles  excepté)  et  comptant  au  moins  cinq  mille  habi- 
tants. 

Ilu  verlu  du  règlement,  le  prix,  pour  celte  seconde 
période,  peut  èlre  augmenté  des  intérêts  du  prix  non 
décerné  pour  la  première;  il  s'élèverait  à  la  somme  de  trois 
mille  francs. 

Délai  pour  la  remise  des  travaux  :  1"  février  1897. 

PRIX    CASTIAU. 
(Quatrième  période,  185)0-189:2.) 

La  Classe  rappelle  que  la  quatrième  période  du  prix 
Adelson  Castiau  sera  close  le  31  décembre  1892. 

Ce  prix,  d'une  valeur  de  mille  francs,  sera  décerné  à 
l'auteur  du  meilleur  mémoire  : 

Sur  les  moyetis  d'améliorer  la  condition  morale,  intel- 
lectuelle et  physique  des  classes  laborieuses  et  des  classes 
pauvres. 

Tout  ce  qui  concerne  ce  concours  devra  être  adressé 
à  M.  le  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  avant  le 
31  décembre  i892. 

Ne  seront  admis  au  concours  que  les  écrivains  belges. 
Seront  seuls  examinés  les  ouvrages  soumis  directement 


(  i64  ) 

par  les  auteurs.  Ces  ouvrages  pourront  être  rédigés  en 
français  ou  en  flamand.  Les  manuscrits  seront  reçus 
comme  les  imprimés.  S'ils  sont  anonymes,  ils  porteront 
une  devise,  qui  sera  répétée  sur  un  billet  cacheté  contenant 
le  nom  et  le  domicile  de  l'auteur. 

Si  l'ouvrage  couronné  est  inédit,  il  devra  être  publié 
dans  l'année.  Le  prix  ne  .sera  délivré  au  lauréat  qu'après  la 
publication  de  son  travail. 

Les  manuscrits  deviennent  la  propriété  de  l'.^cadémie. 


RAPPORTS. 


II  est  donné  lecture  des  rapports  de  MM.  Wauters  et 
Henrard,  sur  une  circulaire  du  bureau  hydrographique 
des  États  Unis,  relative  à  un  projet  de  dénominations  géo- 
graphiques uniformes.  —  Ces  rapports  seront  communi- 
qués à  M.  le  Ministre  des  Chemins  de  fer,  Postes  et  Télé- 
graphes. 


Type  d'Indien  du  nouveau  monde  représenté  sur  un  bronze 
antique  du  Louvre.  Contribution  a  l'interprétation 
d'un  fragment  de  Cornélius  Népos;  par  M.  De  Ceu- 
leneer,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Rapport  de  IW.    tVageuef,  pê'etttief  commissaire. 

a  Dans  un  texte  de  Cornélius  Népos,  conservé  à  la  fois 
par  le  géographe  Pomponius  Mêla  et  par  Pline  le  Natura- 
liste, il  est  dit  que  Q.  Metellus  Celer,  à  Tépoque  où  il  était 
proconsul  de  la  Gaule  cisalpine,  reçut  en  cadeau  d'un 


(  165  ) 

prince  barbare  un  certain  nombre  d'Indiens,  que  la 
violence  des  lenipêles  avait  jetés  snr  les  côles  de  la  Ger- 
manie. 

D'après  Pline,  ce  prince  barbare  était  roi  des  Suèves, 
tandis  que  Pomponius  Mêla  l'appelle  rex  Boiorum. 

Pline  ajoute  que  les  Indiens  en  question  s'étaient  mis 
en  mer  comme»  cia  catma. 

Le  texte  de  Cornélius  Népos  soulève  plusieurs  ques- 
tions importantes,  que  depuis  longtemps  on  a  essayé  de 
résoudre. 

M.  De  Ceuleneer  s'efforce,  dans  la  première  partie  de 
son  travail,  d'y  répondre  à  son  tour,  et  il  lâclie  de  le  faire 
d'une  manière  plus  précise  qu'on  ne  l'a  (ail  jusqu'ici. 

Il  nous  apprend  à  connaître  d'abord,  avec  un  luxe  de 
détails  peut-être  excessil',  les  principaux  laits  de  la  car- 
rière politique  de  Q.  Metellus  Celer  qui,  apiès  aNoir, 
durant  sa  préture,  soutenu  énergiquemenl  Cicéron  dans 
sa  lutte  contre  Calilina,  devint  proconsul  de  la  Gaule 
cisalpine,  en  l'année  62  avant  Jésus-Cbrist. 

H  cberche  ensuite  à  élucider  le  point  de  savoir  quel 
était  le  prince  barbare  mentionné  par  Pomponius  Mêla  et 
par  Pline,  Était-il  rex  Sueiomm  ou  rex  Boiorum? 

Tous  les  manuscrits  de  Pline  donnent  la  leçon  Siieio- 
rum,  tandis  que  les  manuscrits  de  Pomponius  Mêla  four- 
nissent une  ample  moisson  de  variantes  :  Botorum,  Boa- 
rum,  Belorum,  Lidorum,  etc. 

Dans  le  meilleur  de  ces  manuscrits,  le  Vaticanus  4929, 
qui  parait  dater  du  X''  siècle,  se  trouve  la  leçon  Boiorum, 
adoptée  par  le  dernier  éditeur. 

Un  savant  français  du  XV|I!«  siècle,  Pellantier,  a  cru 
devoir  donner  la  préférence  au  texte  de  Pline.  D'après 
lui,  le  prince  barbare  qui  fit  cadeau  à  Metellus  Celer  des 


(  1()6  ) 
Indiens  échoués  sur  le  littoral  de  la  Germanie  n'est  autre 
que  le  célèbre  Arioviste,  bien  connu  par  les  Commentaires 
de  César. 

Cette  opinion  est  à  juste  titre,  croyons-nous,  combattue 
par  M.  De  Ceuleneer,  qui  fait  remarquer  que  non  seule- 
ment tous  les  auteurs  anciens  appellent  Arioviste  roi  des 
Germains  et  non  des  Suèves,  mais  qu'en  supposant  même 
qu'Arioviste  ail  pu  être  nommé  à  bon  droit  roi  des  Suèves, 
le  mot  Suèves  étant  à  cette  époque  à  peu  près  synonyme 
de  Germains,  on  ne  parvient  pas  à  imaginer  ce  qui  aurait 
pu  déterminer  Arioviste  à  rechercher  les  bonnes  grâces 
du  gouverneur  de  la  Gaule  cisalpine. 

Mais  de  ce  que  Pellantier  a  en  tort  en  identifiant  le  roi 
des  Suèves  mentionné  par  Pline  avec  Arioviste,  ne  résulte 
nullement  qu'il  ne  puisse  être  question,  dans  le  texte  de 
l'auteur  latin,  d'un  autre  roi  des  Suèves.  C'est  ce  que 
M.  De  Ceuleneer  semble  avoir  perdu  de  vue.  En  tout  cas, 
c'est  une  hypothèse  que,  d'après  nous,  il  aurait  dû  dis- 
cuter. 

Le  nom  cité  par  Pomponius  Mêla  est-il  plus  probable 
que  celui  qui  nous  est  fourni  par  Pline?  M.  De  Ceuleneer 
le  pense,  à  condition  qu'on  change  le  mot  Bolorum  en 
Raeforum.  Les  Boli,  dit-il,  n'ont  jamais  existé.  Quant  aux 
Beti  ou  Baeli  —  c'est  la  leçon  d'autres  manuscrits  de 
Pomponius  Mêla,  —  ils  n'ont  pas  existé  davantage,  à 
moins  qu'on  ne  les  identifie  avec  les  Bataves  ou  avec  les 
Baetasii,  ainsi  que  le  supposent  respectivement  Vossiuset 
M.  Schuermans.  Mais  aucune  de  ces  conjectures  n'est 
admissible.  Le  mot  Baetorum,  qu'on  rencontre  dans  une 
inscription  trouvée  à  Katwyck  au  XVP  siècle,  et  où  est 
mentionnée  une  cohors  Baetorum,  doit  être  changé  en 
Baetorum  (nous  savons  en  effet  que  des  cohortes  de  Raeti 


(  l«7   ) 
étaient  cantonnées  le  long  du  Rliin),  et  la  mènne  modifica- 
tion doit  être  apportée  au  texte  de  Pomponius  Mêla. 

One  le  roi  d'une  peu[)ladc  de  Réliens  ait  clicrclié  à  se 
concilier  la  faveur  du  proconsul  de  la  Gaule  cisalpine, 
cela  se  conçoit,  dit  M.  De  Ceuleneer,  d'autant  mieux  que 
Q.  Melellus  Celer  venait  de  l'aire  preuve  de  la  plus  grande 
énergie  dans  sa  lutte  contre  les  partisans  de  Catilina. 

Il  n'y  a  rien  d'étonnant  non  plus  à  ce  qu'un  roi  des 
Rétiens  ait  eu  en  sa  possession  des  Indiens  qui  étaient 
venus  échouer  en  Germanie.  C'est,  en  effet,  par  la  Rétie 
que  se  faisait  le  commerce  du  nord  de  l'Italie  avec  les 
populations  riveraines  du  Rhin.  Les  Indiens  en  question 
auront  donc  été  vendus  comme  esclaves  et  achetés  comme 
lels  par  un  roi  des  Réliens. 

M.  De  Ceuleneer  aurait  pu  citera  l'appui  de  sa  supposi- 
tion le  texte  bien  connu  de  Tacite  {Agric,  c.  28)  où  il  est 
parlé  d'une  cohorte  d'Usipes  qui,  après  avoir  été,  comme 
les  Indiens  de  Cornélius  Népos,  jetés  par  la  tempête  sur 
les  côtes  de  la  Germanie  :  pro  praedonibus  habili,  primnm 
a  Siiebis,  mox  a  Frisiïs  infercepti  sunl.  Ac  fuere  quos,per 
commercia  veniun  dafos  et  in  nostram  usqite  ripam  mula- 
tione  emenlhim  acfductos,  indicium  lanti  casus  illuslravil. 

La  conjoncture  de  M.  De  Ceuleneer  est  certes  fort  ingé- 
nieuse, mais  on  ne  peut  pas  se  dissimuler  qu'elle  repose 
sur  une  base  bien  fragile. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  n'est  pas  cette  conjecture  qui 
constitue  la  partie  la  plus  originale  de  sa  dissertation. 
L'intérêt  qu'elle  offre  réside  surtout  dans  la  réponse  qu'il 
a  donnée  à  la  question  suivante  :  De  quelle  espèce  d'In- 
diens est-il  question  dans  les  textes  allégués? 

Ce  ne  peuvent  être  les  habitants  de  l'Inde  proprement 
dite.  Les  raisons  que  M.  De  Ceuleneer  fait  valoir  contre 


(  1«8  ) 
une   pareille  supposition  nous  paraissent,  en  effet,  déci- 
sives. 

Comment  donc  a-t-on  été  amené  à  donner  le  nom 
d'Indiens  aux  malheureux  qui  étaient  venus  échouer  sur 
les  côtes  de  la  Germanie?  Cela  lient,  selon  toute  appa- 
rence, à  la  nuance  foncée  de  leur  teint.  Comme  c'étaient 
des  hommes  noirs,  ou  à  peu  près  noirs,  on  les  aura  pris 
pour  des  Indiens,  attendu  que  dans  l'antiquité  on  confon- 
dait assez  généralement  les  Éthiopiens  avec  les  habitants 
de  l'Inde. 

Mais  quels  peuvent  avoir  été,  en  réalité,  ces  hommes  à 
teint  basané  que  la  tempête  avait  jetés  sur  les  côtes  de  la 
Germanie?  Ce  sont  probablement,  dit  M.  De  Ceuleneer,  des 
Américains. 

Pour  étayer  cette  thèse  inattendue,  M.  De  Ceuleneer 
entre  dans  des  détails  extrêmement  circonstanciés  et 
généralement  peu  connus  sur  les  relations,  de  beaucoup 
antérieures  à  Christophe  CoIomb,qui  ont  existé  entre  l'an- 
cien et  le  nouveau  monde.  Ainsi,  par  exemple,  il  rappelle 
que  dans  VHexaméron  du  Syrien  Jacques,  évêque  d'Édesse 
(né  en  653,  mort  en  708),  il  est  dit  qu'entre  l'Espagne  et 
les  colonnes  d'Hercule,  d'une  part,  et  le  pays  des  Chinois, 
de  l'autre,  se  trouve  une  vaste  terre  inconnue  et  inha- 
bitée. Or,  celte  indication,  qui  semble  ne  pouvoir  se  rap- 
porter qu'à  l'Amérique,  s'explique  probablement  par  le 
fait  que  des  prêtres  nestoriens  avaient  cherché  de  bonne 
heure  à  faire  pénétrer  leurs  doctrines  jusqu'au  fond  de  la 
Chine,  où  l'on  avait  depuis  longtemps  des  notions,  à  la 
vérité  assez  vagues,  au  sujet  de  l'Amérique.  Grâce  aux 
missionnaires  nestoriens,  ces  notions  ont  pu  très  facile- 
ment se  répandre  jusqu'en  Syrie,  d'où  l'évêque  d'Édesse 
était  originaire. 


î 


(  i()9  ) 

Toule  la  partie  du  inénioire  de  M.  De  Ceuleneer  rela- 
tive à  ce  qu'on  savait  an  moyen  âge,  plusieurs  siècles 
avant  Colomb,  de  l'existence  d'un  vaste  continent  situé 
entre  l'Europe  et  la  Chine,  est  certes  lorl  intéressante, 
mais  peut,  jusqu'à  un  certain  point,  être  considérée 
comme  un  hors-d'œuvre.  Néanmoins,  les  indications  qu'on 
y  trouve,  notamment  au  sujet  des  voyages  entrepris,  à 
partir  du  X'  siècle,  par  les  Scandinaves,  qui  découvrirent 
successivement  l'Islande,  le  Groenland  et  l'Amérique  sep- 
tentrionale, dont  ils  explorèrent  les  côtes  jusqu'au  Mary- 
land,  peut-être  même  jusqu'à  la  Floride,  —  ces  indications 
servent  à  atténuer  considérablement  les  objections  qu'on 
est  tenté  de  l'aire  valoir  contre  la  possibilité  de  l'arrivée 
sur  les  côtes  de  la  Germanie  d'un  groupe  d'Américains 
qui  auraient  (piitlé  leur  pays  à  l'époque  de  Cicéron. 

Ce  qui,  en  dehors  de  ces  considérations  générales,  con- 
firme iM.  De  Ceuleneer  dans  son  hypothèse,  c'est  un 
monument  antique  conservé  au  musée  du  Louvre.  En 
voici  la  description,  due  à  M.  de  Longpérier  :  «  Buste 
d'esclave  entièrement  rasé;  ses  oreilles  sont  grandes  et 
lonibantes.  Le  haut  du  crâne  s'ouvre  au  moyen  d'une  char- 
nière et  forme  couvercle.  Au-dessus  des  oreilles  sont 
placés  des  anneaux  dans  lesquels  s'ajuste  une  anse 
mobile,  figurant  une  branche  d'arbre  avec  des  nœuds. 
Silula,  H.  0,195.  » 

Trois  |)holographies  de  ce  buste,  vu  de  l'ace,  de  profil 
et  de  trois  quarts,  sont  jointes  à  la  dissertation  de  M.  De 
Ceuleneer,  qui  estime  qu'on  ne  se  tromperait  pas  en  fai- 
sant remonter  ce  monument,  qui  est  d'un  bon  travail 
romain,  au  1"  siècle  avant  J.-C.  Alalheureusement,  sa 
provenance  est  inconnue.   Tout  ce  qu'on  en  sait,  c'est 


(  i70) 
qu'il  (aisail  partie  de  la  collection  Durand,  acquise,  pour 
le  Musée  du  Louvre,  par  Charles  X,  en  1825.  Or,  si 
Durand  avait  acheté  en  Italie  la  plupart  des  objets  for- 
mant sa  collection  d'antiques,  il  s'en  était  cependant  pro- 
curé aussi  quelques-uns  dans  le  midi  de  la  France, 

D'après  M.  De  Céuleneer,  le  type  représenté  par  le 
buste  en  question  diffère  de  tous  ceux  que  l'antiquité  nous^ 
a  transmis,  et  tout  en  lui  rappelle  la  race  rouge  du  nou- 
veau monde. 

Pour  faire  constater  celle  ressemblance  de  visu,  l'au- 
teur a  eu  soin  de  réunir,  sur  une  planche  très  bien 
dessinée,  d'une  part  le  buste  du  Louvre,  coiffé  à  la  mode 
indienne,  d'autre  part  dix  têtes  d'Indiens  de  l'Amérique, 
reproduites  d'après  les  excellentes  peintures  de  Catlin, 
conservées  au  Musée  national  de  Washington. 

De  l'ensemble  des  faits  exposés  ci-dessus,  M.  De  Ceu- 
leneer  croit  pouvoir  conclure  que  les  Indiens  mentionnés 
par  Cornélius  Népos  étaient  probablement  des  Esquimaux 
et  que,  d'un  autre  côté,  c'est  le  type  de  la  race  rouge  de 
l'Amérique  septentrionale  que  reproduit  la  silula  du 
Louvre. 

Ces  conclusions  sont  des  plus  surprenantes;  j'ajouterai 
qu'elles  paraissent  empreintes  d'un  caractère  de  grande 
hardiesse. 

M.  De  Ceuleneer  prétend  que  le  type  fourni  par  le 
monument  du  Louvre  diffère  de  tous  ceux  que  l'antiquité 
nous  a  légués. 

Nous  n'avons  pas  à  notre  disposition  l'outillage  scien- 
tifique nécessaire  pour  contrôler  .sérieusement  une  asser- 
tion ayant  un  caractère  aussi  général.  Mais  nous  connais- 
sons quelques   grotesques   anciens   (jui   nous   paraissent 


(  171  ) 

offrir  une  cerlaiiie  ressemblance  avec  le  buste  d'esclave  du 
cabinet  Durand. 

D'ailleurs,  les  masques  des  Alellanes  ont  dû  provoquer 
la  création  d'un  grand  nombre  de  types  étranges,  dolicho- 
cépbales,  à  grandes  oreilles,  etc.  Au  surplus,  si  le  bronze 
du  Louvre  représente  effectivement  un  Indien  des  Étals 
dii  Nord  de  l'Amérique  septentrionale,  et  s'il  date  du 
I"  siècle  avant  l'ère  chrétienne,  il  est  difficile  de  ne  pas 
le  mettre  en  rapport  avec  le  fait  rapporté  par  Cornélius 
^Y'pos,  —  car  on  aurait  ainsi  affaire,  de  part  et  d'autre,  à  un 
fait  unique  en  son  genre,  de  même  nature,  de  la  même 
époque,  du  même  pays.  —  C'est-à-dire  qu'on  serait  pour 
ainsi  dire  obligé  de  supposer  que  Q.  Metellus  Celer  a 
amené  à  Rome  les  Indiens  dont  on  lui  avait  lait  cadeau, 
qu'ils  y  ont  attiré  l'altenlion  publique  et  que,  par  suite, 
un  sculpteur  de  mérite  a  été  amené  à  se  servir  de  leur 
type  comme  d'un  motif  d'art  industriel.  Mais  nous  voilà 
lancé  en  plein  sur  l'océan  des  conjectures! 

Nous  concluons.  Quoi  qu'il  en  soit  du  degré  de  proba- 
bilité des  hypothèses  de  M.  De  Ceuleneer,  son  étude,  en 
tout  cas  ingénieuse  et  savante,  nous  paraît  digne  de  figu- 
rer dans  les  mémoires  de  l'Académie,  avec  les  photogra- 
phies et  le  dessin  qui  l'accompagnent.  » 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  ont 
souscrit  les  deux  autres  commissaires,  M.VL  Vanderkin- 
dere  et  Willems. 


(  172  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  la  méthode  du  droit  naturel;  par  Charles  Loomans, 
membre  de  l'Académie. 

Les  sciences  physiques  sont  d'accord  aujourd'hui  sur 
les  conditions  générales  de  la  mélhode  à  suivre  dans 
l'étude  de  la  nature  et,  au  lieu  de  discuter  sur  le  chemin  à 
prendre,  elles  marchent  en  avant,  sans  crainte  de  faire 
fausse  route. 

Il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  des  sciences  morales, 
appuyées,  elles,  sur  la  liberté  de  l'esprit  et  non  pas  sur  la 
fatalité  de  la  nature.  Souvent,  elles  s'engagent  de  prime 
abord  dans  des  voies  opposées,  au  risque  de  se  séparer 
pour  toujours  et  de  ne  se  rencontrer  jamais. 

Les  systèmes  de  philosophie  du  droit,  depuis  Grotius 
jusqu'à  nos  jours,  en  offrent  un  exemple  frappant. 

En  désaccord  sur  la  base  et  sur  la  méthode  à  suivre,  ils 
nous  présentent  des  tendances  opposées  et  contradictoires. 
Suivant  les  uns,  le  point  de  départ  se  trouve  dans  l'mdi- 
vidu;  suivant  les  autres,  dans  la  société.  Leur  mélbode 
tantôt  est  expérimentale  et  historique,  tantôt  elle  est 
rationnelle  et  idéale.  Il  leur  arrive  en  outre,  et  de  nos 
jours  surtout,  de  se  rattacher  à  des  conceptions  métaphy- 
siques tout  à  fait  différentes.  Faut-il  s'étonner,  dès  lors, 
de  leurs  incertitudes  et  de  leurs  contradictions  ?  Que  dis-je? 
ils  ne  s'entendent  pas  même  sur  le  nom  de  la  science,  et 


(  173) 

les  expressions  reçues  «  droit  naturel  »,  ou  «  philosophie 
du  droit  d  couvrent  d'un  voile  discret  hien  des  dissen- 
timents. 

Les  systèmes  individuels  conçoiveiil  la  société  comme 
une  réunion  accidentelle  d'individus,  tandis  que  les  sys- 
tèmes sociaux  reconnaissent  l'état  de  société  fondé  sur  la 
nature.  Les  premiers,  conséqiionls  avec  eux-mêmes,  ne 
sauraient  concevoir  d'autres  droits  naturels  que  les  droits 
individuels,  les  droits  de  l'homme;  les  seconds,  au  con- 
traire, admettent  des  droits  naturels  essentiellement  diffé- 
rents des  droits  individuels,  ceux  de  la  souveraineté,  par 
exemple.  Suivant  la  plupart  des  systèmes  individuels,  les 
individus,  par  leur  volonté  libre,  se  réunissent  en  sociétés 
et  se  soumettent  à  des  lois  conventionnelles  dont  ils  sont 
les  auteurs.  Suivant  les  systèmes  sociaux,  au  contraire,  ils 
vivent  dans  des  sociétés  fondées  sur  la  nature  et  y  sont 
soumis  à  des  lois  nécessaires,  dont  ils  ne  sont  pas  les 
auteurs.  El,  en  rattachant  ces  différences  à  une  idée  géné- 
rale, les  systèmes  individuels  conçoivent  la  société  comme 
un  tout  collectif,  composé  de  parties  similaires  acciden- 
tellement réunies,  tandis  que  les  systèmes  sociaux  lui 
appliquent  l'idée  d'un  tout  organique  comprenant  des 
parties  différentes,  naturellement  unies  en  vue  d'un  but 
commun. 

L'individualisme,  lorsqu'il  a  recours  à  la  méthode  expé- 
rimentale, observe  les  désirs,  les  besoins,  les  jouissances 
des  individus  et  formule  des  lois  qui  en  résultent.  Quand, 
au  contraire,  il  suit  la  méthode  rationnelle,  il  part  de 
quelque  notion  générale  de  la  raison  dont  il  déduit  les  con- 
séquences :  le  principe  de  la  liberté,  par  exemple. 

Les  systèmes  sociaux,  à  leur  tour,  présentent  des  diffé- 


(  174  ) 
rences  semblables.  Il  en  est  qui  parlent  du  fail  de  la  sociélé 
humaine  et  de  son  développement  historique,  tandis  qu'il 
en  est  d'autres  qui  se  fondent  sur  l'idée  à  réaliser  par  la 
société  et  par  son  histoire.  Les  uns  trouvent  le  droit  dans 
l'histoire,  tandis  que  les  autres  le  cherchent  dans  la  raison. 

Pour  ne  parler  que  des  chefs  d'école,  Grolius  fonde  le 
droit  naturel  sur  a  la  sociabililé  »,  qu'il  délinit  «  le  désir  de 
vivre  dans  une  société  paisible,  réglée  par  l'entende- 
ment (1).  » 

La  sociabilité,  si  souvent  invoquée  en  droit  naturel,  est 
un  fait  d'observation  vrai  en  certains  cas,  sans  l'être  dans 
tous  les  cas,  tous  ne  désirant  pas  vivre  en  sociélé  avec  tout 
le  monde.  Ce  n'est  pas  du  tout  l'idée  de  la  sociélé  néces- 
saire et  universelle  du  genre  humain,  entrevue  par  Grolius 
lui-même  dans  ses  Prolégomènes  et  dans  son  Mare  libe- 
rum. 

L'entendement  dont  il  parle,  en  l'appelant  intellectus, 
n'est  pas  du  tout  la  raison  pratique  imposant  ses  lois 
absolues  et  universelles  aux  volontés  et  à  leurs  désirs, 
mais  c'est  la  faculté  logique  (2),  formulant  des  règles  de 
conduite  conformes  à  leurs  désirs;  Grolius,  eu  morale, 
suit  Arislole  et  non  pas  Platon. 

El,  enfin,  la  sociabilité  n'est  pas  l'état  de  sociélé,  pas 
plus  que  le  désir  d'un  bien  n'est  la  possession  de  ce  bien  ; 
aussi,  Grolius  admet-il  l'état  de  nature  et  l'origine  con- 


(i)  Appelilus  societatis  non  qualiscumque  sed  Iranquillœ  et  pro 
sui  intelleclus  modo  ordinatae  cum  his  qui  sunt  sui  generis.  De  jure 
belli  et  pacis,  prol.  6. 

(2)  Facultas  sciendi  agendique  sccundum  gcneralia  praecepla, 
Ibid.,  I.  F,  c.  I,  X,  7. 


(  475  ) 

venlionnelle  de  la  sociélé  civile  (i).  Son  point  de  dépari 
est  donc  individuel  et  sa  mélhode  est  expérimentale. 

Le  point  de  départ  du  système  utilitaire  se  trouve 
également  dans  l'observation  des  individus. 

S'inspirant  de  la  philosopliie  sensualiste,  Bentham 
place  la  volonté  sons  l'empire  du  plaisir  et  de  la  douleur, 
au  lieu  de  la  soumettre  à  la  raison. 

La  plus  grande  somme  de  jouissances  du  plus  grand 
nombre,  tel  est  le  but  à  atteindre,  et  l'utilité  générale 
comprend  tout  ce  qui  sert  à  ce  but  (2).  Calculer  exacte- 
ment ce  qui  est  d'utilité  générale  et  le  réaliser  par  la 
contrainte  légale,  voilà,  en  somme,  la  science  de  la  légis- 
lation et  l'art  du  législateur,  a  l'arilbmétique  morale  et  la 
dynamique  morale  »  de  Benlbam,  fondées  en  dernière 
analyse  sur  le  sable  mouvant  des  plaisirs  subjectifs,  varia- 
bles el  relatifs  des  individus  (3). 

Kant,  au  contraire,  assigne  à  l'individualisme  une  base 
rationnelle. 

C'est  le  principe  de  coexistence  d'êtres  libres  vivant 


(1)  Haec  autcm  Icx...  penderc  videtur  a  volunlate  eorum  qui  se 
priinum  in  socictalcm  civilcm  consocianl,  a  quibus  porro  jus  ad 
impcranlcs  manat.  De  jure  bclli  et  pacis,  I.  I,  c.  IV,  2. 

Ilomincs  non  praeccpto  scd  sponte  in  societatem  civilem  coiisse, 
undc  orluni  liabct  polestas  civilis.  Ibid. 

(2)  Principes  de  législation,  chap.  I. 

(3)  «  Tout  le  syslcmc  de  la  morale,  tout  le  système  de  la  législa- 
tion portent  sur  celle  base  unique  :  la  connaissance  des  peines  et 
des  j)Iaisirs.  C'est  le  principe  de  toutes  les  idées  claires.  Quand  on 
parle  de  vices  et  de  vertus,  d'actions  immorales  ou  criminelles,  de 
système  rémuncratoirc  ou  pénal,  de  quoi  s'agit-il?  De  peines  et  de 
plaisirs,  et  pas  d'autre  cbosc  •>.  Principes  de  législation,  chap.  VI. 


(  176) 
dans  (les  conditions  physiques  qui,  suivant  lui,  fonde 
le  droit  de  la  raison  (Vernunftrecht).  Pour  que  tous 
soient  libres,  il  faut  la  loi  du  droit  qui  concilie  le  libre 
arbitre  de  chacun  (die  freye  Willkùhr)  avec  celui  de  tous 
les  autres  en  le  renfermant  dans  des  limites,  et  le  système 
du  droit  rationnel  comprend  l'ensemble  des  conditions  de 
la  coexistence  des  êtres  libres,  conformes  à  cette  loi.  La 
propriété  privée,  par  exemple,  est  une  condition  de  la 
liberté  :  pas  de  liberté  sans  propriété.  L'État  aussi  est  une 
condition  de  la  liberté  de  tous.  A  l'état  de  nature,  les  droits 
de  la  liberté  et  de  la  propriété  ne  sont  ni  reconnus,  ni 
garantis;  et  il  faut  la  volonté  et  la  contrainte  de  l'État  pour 
les  reconnaître  et  les  garantir.  Le  Contrat  social  de  Kant, 
suivant  la  juste  remarque  de  Stahl,  est  un  contrat  imposé 
par  la  raison  et  ayant  un  contenu  rationnel  (1). 

C'est  donc  le  principe  général  et  abstrait  de  la  liberté 
externe  de  tous,  sans  but  moral  commun  à  tous,  qui  fonde 
le  système  de  Kant,  et  sa  méthode  déduit  les  conséquences 
de  ce  principe  (2). 

Le  droit  rationnel  abstrait  et  ses  constructions  a /)non, 
en  contradiction  avec  la  nature  des  faits  amenèrent  une 
réaction  éclatante  de  la  part  du  droit  positif  et  historique. 


(1)  Kant,  tout  en  partant  des  individus  à  l'état  de  nature,  modifie 
l'individualisme  dans  des  points  importants.  C'est  ainsi  qu'il  admet 
un  droit  public  rationnel  et  non  pas  conventionnel,  fonde  sur  l'idée 
de  l'État. 

(2)  Kant  va  jusqu'à  assimiler  les  droits  de  la  famille  aux  droits 
de  la  liberté.  Il  cherche  à  montrer  que  le  mariage  monogame  et 
indissoluble,  ainsi  que  l'obligation  des  parents  d'entretenir  leurs 
enfants,  se  fondent  sur  le  principe  de  la  liberté  de  la  personne  qui 
n'est  pas  moyen  pour  autrui.  V.  Kant,  Hechtslehre,  §§  25  et  28. 


(  177  ) 

L'école  historique,  je  l'ai  déjà  dil,  pari  du  lail  de 
société  el  de  son  développement  !iistori(iue.  Klle  rejette 
l'état  de  nature  et  le  droit  de  la  raison,  el  elle  leur  substitue 
l'étal  social  et  le  droit  positif,  expression  nécessaire  des 
convictions,  des  mœurs,  de  la  conscience  de  tous. 

Suivant  Savigny,  «  le  droil  civil  non  seulement  est 
positif  par  son  origine,  il  l'est  en  outre  par  son  contenu; 
il  se  conipose  de  deux  éléments  essentiels,  l'un  |)olilique, 
l'intérêt  général,  l'autre  technique,  la  logique  des  règles 
juridiques  el  l'appréciation  exacte  des  faits  d,  c'est-à-dire 
le  raisonnement  et  non  pas  la  raison  (1). 

Dans  ce  système,  la  philosophie  du  droil  positif  est  une 
science  historique  qui  remonte  à  l'origine  des  institutions, 
montre  leur  développement  continu,  non  interrompu,  en 
découvre  le  principe  organique  el  «  qui,  loin  de  vouloir 
tout  conserver,  comme  on  le  lui  a  reproché,  discerne  ce 
qui  est  vivant  el  retranche  ce  qui  a  cessé  de  vivre  (2)  ». 

La  philosophie  du  droit  positif,  ainsi  comprise,  n'est  pas 
une  philosophie  au  sens  propre,  les  origines  et  le  dévelop- 
pcnuMil  (lu  droil  établi  ne  pouvant  élre  confondus  avec  les 
raisons  d'être  du  droit  établi.  Aussi  Hegel,  en  signalant 
celte  lacune,  prétend-il  la  combler  à  l'aide  des  principes 
de  l'idéalisme  panthéiste.  Sa  philosophie  du  droil,  loin  de 
s'appuyer  sur  le  fait  de  la  société  el  de  son  développement, 
se  fonde  sur  l'idée  de  la  volonté  générale  el  substantielle, 
dont  les  volontés  individuelles  sont  des  manifestations  par- 
ticulières et  phénoménales,  et  sa  méthode,  c'est  la  méthode 


(1)  Vom  Denif  xmzcrer  Zeit,  etc. 

(2)  Utid.  Voir  aussi  Hugo,  Philosophie  des  Hvchfs,  dans  son  Cours 
de  droil  civil. 

3°"    SÉRIK,    TOME    XX.  12 


(  178) 
d'évolution  logique  de  la  volonté  générale  dans  l'Iiisloire. 
«  Le  droit,  dit-il,  c'est  la  liberté  en  tant  qu'idée  (1)  i>. 

Une  école  récente,  au  lieu  de  s'inspirer  de  l'idéalisme 
panthéiste,  se  rattache  au  système  de  révolution  orga- 
nique. Herbert  Spencer  écrit  loie  morale  évolnlionnùle,  et 
la  sociologie  s'a|)pelie  elle-même  une  histoire  naturelle  des 
sociétés  humaines  (2). 

En  présence  de  la  situation  que  je  viens  d'esquisser,  les 
questions  du  point  de  départ,  de  la  méthode  et  des  prin- 
cipes métaphysiques  de  la  morale  et  du  droit  s'imposent 
plus  que  jamais  à  la  science;  car  comment  ne  pas  s'égarer, 
lorsqu'on  ne  s'informe  pas  même  du  chemin  à  prendre  (3)? 

Je  ne  puis  approfondir  ici  la  question  métaphysique,  et 
je  dois  me  borner  à  quelques  considérations  simples  et 
décisives  à  ce  sujet. 

Les  sciences  morales  s'occupent  de  personnes  et  de 
sociétés  de  personnes,  de  leur  conduite,  de  leur  histoire, 
des  lois  naturelles  et  positives  qui  les   régissent,  et   non 


(i)  0  Dicsz  dasz  cin  Dascyn  ûberhaiipt,  Dascyn  des  frcycn  WVJcns 
ist,  ist  dus  Rcdd.  »  Es  ist  soniit  ûbcrliaupl  die  Frcylicit  als  Idée. 
Hegel,  Philosnpfne  des  licclds,  Einl.,§29.  —  «  Dicscr  Enlwickclung 
der  Idce  aïs  eigcner  Tliâligkcit  ilircr  Vernunfl  siclit  das  Dcnkcn  als 
Subjectives,  ohne  seiiier  Seits  cine  Zulbat  hinzu  zu  fiigcn,  iiur  zu. 
Ibid.,  §31. 

(5J)  Cliose  digne  de  remarque,  des  tendances  plus  ou  moins 
malcrialisles  ou  panlJicisIcs  se  retrouvent  également  dans  le  socia- 
lisme et  le  communisme  modernes,  et  notre  temps,  si  défiant  à 
l'égard  de  la   mclapbysique,  ne  peut  se  passer  de  la  mclapliysique. 

(5)  Pourtant  MM.  Fouillée,  dans  Vldcc  moderne  du  dtoit,  et 
Beausire,  dans  ses  Principes  du  droit,  ne  s'occupent  pas  de  ces  ques- 
tions importantes. 


(  179) 
pas  de  forces  privées  de  la  personnalilé,  de  iMOiivemcnls 
el  de  lois  latales. 

Qu'on  analyse  une  conception  quclconiiue  de  la  morale 
el  (lu  droil,  soil  naturel,  soil  posilil",  on  trouvera  au  fond 
de  toutes  l'idée  de  la  personne. 

Mais  quelle  est  l'idée  de  la  personne? 

Ce  qui  cousiitue  proprement  la  personne  iiumaine,  ce 
n'est  pas  l'être  vivant  et  sentant,  mais  c'est  le  principe 
conscient  de  lui-même  el  libre,  cause  indépendante,  bul 
et  non  pas  moyen,  capable,  en  vertu  de  son  indépendance, 
d'appliquer  ou  de  ne  pas  appliquer  ses  facultés  à  des 
objets  donnés,  sans  qu'aucun  d'eux  les  détermine  el  les 
limite,  auteur,  par  conséquent,  d'un  développement  libre, 
intellectuel,  moral,  matériel. 

Supprimez  la  personne  et  son  but  absolu,  la  possession 
de  soi-même,  la  libre  direction  des  facultés  intellectuelles 
et  morales,  mettez  à  sa  place,  avec  Stuart  Mill,  je  ne  sais 
quel  mécanisme  d'associations  el  de  reproductions  d'idées, 
de  sensations,  d'appétits,  de  mouvements,  el  vous  ne 
pouvez  concevoir  ni  science,  ni  moralité,  ni  droit,  ni 
dignité,  ni  respect.  Singulière  contradiction,  de  supprimer 
la  liberté  de  l'esprit  au  nom  des  sciences  physiques,  lorsque 
sans  elle  il  n'y  a  pas  de  sciences  physiques,  ou  d'admettre 
la  liberté  dans  la  vie  intellectuelle  et  dans  la  science,  et  de 
la  nier  dans  vie  morale  el  dans  la  conduite.  L'esprit  serait- 
il  donc  un  composé  de  lacultés  divisibles,  agissant  l'une 
sans  les  autres  el  à  l'exclusion  des  autres? 

Or,  l'idée  de  la  personne  est  l'essence  même  du  spiri- 
tualisme. Admettre  dans  l'homme  le  princi()e  personnel, 
auteur  de  tout  développement  et  de  tout  perfectionne- 
ment humain,  attribuer  à  Dieu  la  personnalilé  absolue  el 
toute  parlaite,  auteur  de  l'univers,  en  conclure  un  ordre 
moral  du  monde,  qui  est  l'ordre  essentiel  des  personnes  el 


(  180  ) 
des  volonlés,  voilà  la  conception  spiriliialisle  dans  son 
expression  simple  el  pratique. 

Peut-on  concevoir  la  personne  humaine  dans  le  système 
de  l'évolution  organique? 

Nullement;  la  personne,  à  quelque  degré  d'évolution 
organique  qu'on  suppose,  n'est  que  Tenserable  des  phéno- 
mènes physiques  el  psychiques  produits  par  l'organisme  et 
par  des  forces  fatales.  Comment,  par  quelles  transforma- 
tions pourrait-elle  devenir  jamais  un  principe  conscient  de 
lui-même  el  libre,  doué  de  raison  el  de  facultés  libres, 
capables  descienceelde  vertu?  Cen'esl  pas  la  science, mais 
c'est  la  fable  qui  personnifie  les  forces  de  la  nature. 

Et  puis,  la  morale  de  l'évolution  organique  n'est  pas  une 
morale.  «  La  morale  ayant  pour  sujet  propre  la  forme 
que  revêt  la  conduite  universelle  dans  les  dernières  étapes 
de  son  évolution  »  (1);  —  «  la  conduite  des  hommes,  une 
simple  partie  de  la  conduite  universelle,  telle  qu'elle  se 
manifeste  chez  tous  les  êtres  vivants  »  (2);  —  a  l'évolution 
de  la  conduite  corrélative  à  celle  des  structures  el  des 
fonctions  »  (3);  —  «  l'homme  moral,  l'homme  dont  les 
fonctions  nombreuses  et  variées  dans  leurs  genres  sont 
loules  accomplies  à  des  degrés  convenablement  porpor- 
lionnels  aux  conditions  de  l'existence  »  (4);  —  «  la  durée 
de  la  vie,  la  fin  suprême  »  (5).  Si  c'est  là  de  l'analomie  et 
de  la  physiologie,  assurément  ce  n'est  pas  de  la  morale. 

Conçoit-on   mieux   la    personnalité   humaine   dans   le 


(i)  Herbert  Spencer,  Les  bases  de  ta  morale  coolutionnisle.  Paris, 

1880,  p.  15. 

(2)  Ibid.,  p.  4. 

(5;  Ibid.,  \).  5. 

{i)  Ibid.,  p.  65. 

(5;  Ibid.,  p.  10. 


(  l«l  ) 

systrmc  de  révolulion  idéaliste?  Admettez,  avec  Hegel, 
l'essence  une  et  identique  se  réalisant  dans  la  nature,  et 
consciente,  pensante  et  voulante  dans  l'humanité  et  dans 
l'histoire,  la  personne  individuelle  n'est  qu'une  vaine 
apparence,  elle  est  la  manifestation  particulière  et  phéno- 
ménale de  l'ahsolu;  suivant  une  expression  de  Hegel,  elle 
est  «  le  masque  de  l'absolu  j>. 

Et  puis,  l'évolution  logique  appliquée  à  la  nature  et  à 
l'histoire,  tous  les  contraires  s'appelant  les  uns  les  autres 
et  réalisés  tour  à  tour,  le  vrai  et  le  faux,  le  bien  et  le  mal, 
le  jiisic  et  l'injuste,  le  délit  et  la  peine,  la  paix  et  la  guerre 
seront  autant  de  moments  différents,  tous  inévitables, 
de  l'évolution  historique,  et  il  faudra  dire  avec  Hegel, 
malgré  les  protestations  de  quelques  hégéliens  :  «  tout  ce 
qui  est  rationnel  est  réel  et  tout  ce  qui  est  réel  est  ration- 
nel (I)  b;  tout  ce  qui  doit  être  se  fait  et  tout  ce  qui  se  fait 
doit  être.  Quel  parti  prendre  alors,  si  tant  est  qu'on  puisse 
jamais  prendre  un  parti?  Se  croiser  les  bras,  se  résigner 
devant  la  fatalité  inexorable  et  justifier  toute  erreur,  tout 
mal  et  toute  injustice. 

Il  faut  savoir  gré  aux  systèmes  d'évolution,  de  leurs 
hardiesses  et  de  leurs  témérités;  s'ils  s'égarent  eux-mêmes, 
ils  nous  montrent  le  chemin  à  suivre,  semblables  à  ces 
guides  qui,  pendant  une  nuit  profonde,  portent  des  lan- 
ternes derrière  le  dos  et  qui  éclairent  les  autres  sans 
s'éclairer  eux-mêmes. 

C'est  donc  la  conception  spiritualisle  de  l'univers,  et  c'est 
elle  seule,  qui  nous  rend  raison  du  monde  moral  et  de  ses 


(i)  Was  veriiùnftig  ist,  das  ist  wirkiich;  und  was  wirkiicli  ist, 
das  isl  vernûnftig.  Hegel,  Phil.  des  Redits,  Vorrede. 


(  182  ) 

lois.  C'est  là  celte  philosophie  permanente  perennis  qnœ- 
dam  philosophia  qui  se  trouve  au  fond  des  convictions, 
des  mœurs,  des  lois,  des  institutions  des  peuples  civilisés 
et  surtout  des  peuples  chrétiens,  monument  séculaire 
toujours  debout  au  milieu  des  débris  de  systèmes  construits 
un  jour  et  démolis  le  lendemain. 

Les  principes  généraux  du  spiritualisme  étant  mis  hors 
de  question,  quel  est  le  point  de  dépari  de  la  philosophie 
morale  en  général  (1)  ? 

Il  se  trouve  dans  la  volonté  humaine,  considérée  en  fait 
et  en  idée. 

Libre  en  fait,  la  volonté  poursuit  des  biens  divers  vrais 
ou  (aux,  agit  par  des  motifs  égoïstes  ou  désintéressés,  est 
auteur  d'actions  morales  ou  immorales. 

Mais  tout  ce  qu'elle  peut  vouloir  et  faire,  elle  ne  doit  pas 
le  vouloir  et  le  faire;  elle  doit  se  conformer  à  la  raison 
pratique,  à  l'ordre  essentiel  des  volontés  et  aux  idées 
morales,  règles  de  conduite. 

Le  fait  de  la  volonté  libre  et  l'idée  de  ce  qu'elle  doit 
être  et  faire  dans  ses  rap[)orts  divers,  tels  sont  les  éléments 
simples  et  primitifs  de  nos  jugements  moraux;  loin  d'être 
le  témoin  indifférent  de  ce  qui  existe  etse  fait,  la  conscience 
l'approuve  ou  le  blâme  en  le  comparant  avec  ce  qui  doit 
être  et  se  faire,  avec  l'idée  morale. 

Observez  la  conduite  de  l'homme  dans  les  manifestations 
diverses  de  la  vie  individuelle,  sociale  et  religieuse,  inter- 
rogez les  jugements  de  la  conscience  et  de  l'histoire,  ils  se 


(  1)  Le  point  de  départ  de  la  philosoptiie  morale  diffère  de  son 
principe  objectif.  L'un  est  le  prius  in  ordine  cognilionis,  l'autre  le 
prias  in  ordine  rerum. 


(  <S5  ) 
ramènent  toujours  5  quelque  fait  ('e  la  volonté,  nialirrc  du 
jugement  moral,  à  quelque  idée  de  ce  que  la  volonté  doit 
être,  principe  du  jugement  moral,  et  à  la  qualilication  du 
fait  par  l'application  du  principe.  C'est  le  procédé  naturel 
de  chacun  cl  de  tous.  C'est  aussi  celui  de  la  philosophie 
morale,  qui  ne  nous  donne  pas  la  conscience,  mais  qui 
nous  montre  ce  qu'elle  contient. 

Kt  de  là  une  méthode  analytique  qui  consiste  essentiel- 
lement à  n)ettre  an  jour  l'élément  de  lait  et  l'élément  idéal, 
et  à  exposer  le  système  des  idées  morales  à  réaliser  dans 
la  vie  individuelle,  sociale  et  religieuse.  La  loi  morale  et 
ses  prescriptions  règlent  la  conduite  conformément  au.x 
idées  morales  de  la  parfaite  liberté,  de  la  justice,  de  la 
fraternité  et  de  la  religion,  modèles  de  conduite. 

Le  droit  naturel,  je  l'ai  montré  dans  une  précédente 
élude,  forme  une  partie  distincte  mais  inséparable  de  la 
philosophie  morale  (1). 

Il  a  pour  objet  propre  l'ordre  juridique  naturel  qui  est 
la  condition  de  tout  perlectionnemenl  libre,  moral  et 
matériel. 

Sa  base  prochaine  se  trouve  dans  la  société  humaine  con- 
sidérée en  fait  et  en  idée. 

Le  genre  humain  vit,  se  développe,  se  perfectionne  à 
l'état  naturel  de  société  et  dans  diverses  espèces  de 
sociétés  fondées  sur  la  nature,  la  famille,  la  société  civile, 
par  exemple. 

Témoin  de  ces  faits,  la  conscience  émet  des  jugements 
surle  juste  et  l'injuste,  en  les  comparant  avecles  rapports 


(1)   «   Sur  l'idée  du  droit  naturel.  «    Bull,  de  l'Acud.  roy.  de  Bel- 
(jiqne,  5'  série,  t.  XVII,  n»  3,  1889. 


r  184  ) 

juridiques  qui  doivent  exister  entre  êtres  humains,  entre 
membres  de  la  famille,  entre  citoyens.  Elle  a  donc  l'idée 
de  la  société  humaine,  l'idée  de  la  famille,  l'idée  de  la 
société  civile. 

Le  fait  de  la  société  et  de  son  développement  historique, 
à  lui  seul,  ne  nous  donne  aucune  notion  de  principes  de 
justice  à  suivre.  Le  fait  n'est  pas  le  droit,  et  les  sociétés 
existantes  en  fait  peuvent  se  trouver  en  désaccord  avec 
les  principes  de  justice;  le  fait  peut  être  contraire  au 
droit. 

L'idée  de  la  société  et  des  sociétés  diverses  fondées  sur 
la  nature  humaine  comprend  implicitement  tous  les  prin- 
cipes du  droit  naturel  proprement  dit,  car  tous  règlent 
ou  maintiennent  les  rapports  juridiques  nécessaires  des 
sociétés  fondées  sur  la  nature. 

Le  point  de  départ  de  la  science  ainsi  compris  diffère  de 
la  sociabilité  de  Grotius.  La  sociabilité  n'est  ni  le  fait,  ni 
l'iilée  de  la  société. 

Il  n'a  rien  de  commun  avec  Vnliliié  sociale,  telle  que 
l'entend  Bentham.  La  maxime  :  utilitas  justi  mater  el  œqui 
est  la  négation  du  droit  natyrel. 

Ce  n'est  pas  non  plus  le  principe  de  coexistence  de  Kant; 
coexister,  ce  n'est  pas  vivre  en  société,  et  le  principe  de 
coexistence  n'est  pas  l'idée  de  la  société  et  des  diverses 
sociétés  fondées  sur  la  nature  humaine. 

L'école  historique  de  Savigny,  il  est  vrai,  part  du  fait  de 
la  société,  mais  elle  supprime  l'idée;  et  l'école  idéaliste  de 
Hegel  adapte  les  faits  el  les  idées  à  l'hypothèse  de  l'idéa- 
lisme panthéiste. 

Appuyé  sur  la  base  de  la  société  humaine  considérée  en 
fait  et  en  idée,  le  système  du  droit  naturel  comprend  deux 


(  183) 

espèces  d'élémenls,  qu'on  a  appelés  à  jusle  litre  l'élément 
matériel  et  l'élément  rationnel  (I). 

Le  fait  de  la  société,  l'étal  de  société  dans  lequel  l'es- 
pèce humaine  vil  el  se  développe,  l'étal  de  société  humaine 
en  général,  l'étal  de  famille,  l'état  de  société  civile,  elc. 
Telle  esl  la  matière  qui  reçoit  la  l'orme  du  droit  naturel. 

L'idée  de  la  société  eldes  sociétés  fondées  sur  la  nature 
el  l'ensemble  des  principes  de  justice  qui  en  résultent,  voilà 
l'élément  rationnel  qui  donne  à  la  matière  la  forme  du 
droit  naturel. 

C'est  avec  raison  que  l'école  expérimentale  el  historique 
relève  l'importance  de  l'élément  matériel  méconnu  par  le 
rationnalisme  abstrait  (12). 

Il  n'existe  pas  d'hommes  en  général,  des  êtres  libres 
vivant  dans  des  conditions  physiques,  tous  indépendants 
el  égaux  à  tous  égards,  mais  il  existe  des  individus 
vivant  à  l'état  de  société;  et  à  côté  des  droits  qui  sont  les 
mêmes  pour  tous  il  en  est  d'autres  qui  ne  sont  pas  les 
mêmes  pour  tous. 

Je  parle  de  l'égalité  des  droits,  et  non  pas  de  l'égalité 
des  biens,  en  contradiction  évidente  avec  l'individualié  el 
la  liberté.  Les  hommes  ont  même  nature  et  présentent 
tous  des  différences  individuelles,  et  le  développement 
libre,  moral  et  matériel,  suivant  l'individualité,  est  une 


(t)  Waiteii,  Nahirrccht  und  PoUlik,  p.  74.  —  Warnkoemg, 
Philosop/iiœ  juris  deli/iealio,  n.  47  :  «  Sic  onine  jus  tam  in  mate- 
riali  quam  in  rationali  fondamcnto  est  posifum.  » 

(2)  Voir,  par  exemple,  V Esprit  des  lois,  de  Montesquieu,  la  Philo- 
sophie du  droit,  de  Hugo,  le  Droit  public  général,  de  Bluntscliii. 


(  186) 
source  permanente  d'inégalité  des  biens  moraux  et  maté- 
riels. 

Les  individus,  tels  qu'ils  nous  sont  connus  par  expé- 
rience, ne  naissent  pas  à  l'état  de  développement  de  leurs 
forces  physiques  et  de  leurs  facultés  morales;  tous  dispo- 
sant d'eux-mêmes  sans  dépendre  de  personne,  ils  naissent 
dans  un  étal  de  non-développement  physique  et  moral, 
dépendants  de  leurs  semblables,  qui  leur  procurent  les 
conditions  de  développement  physique  et  moral. 

H  n'y  a  pas  davantage  de  choses,  en  général,  matière 
de  droit;  mais  il  y  a  des  choses  déterminées,  d'espèce 
différente,  par  exemple,  les  unes  appartenant  au  domaine 
public,  d'autres  destinées  à  l'usage  des  individus  et  des 
familles,  qui  en  disposent  et  les  transforment  par  le 
travail. 

C'est  par  le  travail,  par  l'application  libre  des  facultés 
et  des  forces  à  la  production  des  choses  utiles  et  par  un 
travail  renouvelé  sans  cesse  que  les  individus  et  les 
familles  se  procurent  la  demeure  qui  les  protège,  le  pain 
qui  les  nourrit,  le  vêlement  qui  couvre  leur  nudité  :  horno 
nudtis  in  terra  mida.  —  Redit  Inbor  actus  in  orbem. 
Admettre  avec  Grotius  une  communauté  originaire  de 
droit  naturel  quia  facile  vivebant  ex  lus  quœ  sponte  terra 
ferrebat,  et  introduire  la  propriété  privée  par  voie  de  con- 
vention expresse  ou  tacite;  c'est  faire  des  hypothèses  en 
contradiction  avec  la  nature  des  faits  et  avec  la  loi  du 
travail. 

La  nature  des  choses,  l'espèce  el  les  conditions  du 
travail  sont  très  différentes  :  entretien  des  troupeaux  et 
vie  nomade,  agriculture  el  siège  lixe,  iudustri*'  el  mines, 
travail  individuel  ou  communauté  de  travail.  Il  y  a  donc 


(   1«7  ) 

dos  espèces  de  propriétés  1res  diirércrites  [i).  Que  de  diffé- 
rences aussi  entre  les  actions  humaines  matière  de  droit, 
entre  leiirs  inodificalions  diverses  siiivnnl  l'ignorance,  l'er- 
reur, le  (loi,  la  fraude,  la  contrainte  pli}si(|ne  cl  morale, 
entre  les  transactions,  depuis  l'échange  jusqu'à  l'invention 
de  la  monnaie  el  de  l'écriture,  jus(|u'à  la  vente  et  la  circu- 
lation liduciaire  ! 

L'état  de  société  en  général  et  le  droit  humain  en 
général  est  une  nouvelle  ahstraction.  Outre  la  société 
humaine  en  général  el  les  droits  naturels  de  tout  être 
humain,  il  y  a  des  sociétés  diverses  fondées  sur  la  nalure 
humaine  et  les  droits  naturels  de  leurs  memhres.  Les  droits 
de  l'homme  rencontrent  les  droits  de  famille  qui  les  modi- 
lienl  et  les  limitent.  Les  uns  et  les  autres  se  concilient 
avec  les  droits  de  l'État  et  de  l'autorité  souveraine.  L'or- 
ganisme social  comprend  des  systèmes  divers^  tons  coor- 
donnés  entre  eux  et  ayant  leurs  fonctions  propres. 

Le  droit  naturel  ni  le  droit  positif  ne  peuvent  donc 
l'aire  abstraction  de  Ki  nalure  des  f;iits,  el  des  généralilrs 
abstraites  sont  une  source  féconde  de  nialentenduà  et 
d'erreurs  en  droit  naturel. 

L'élément  rationnel  el  l'élément  m;itériel,  bien  quedis- 
dincls,  sont  inséparables.  Loin  de  les  séparer,  il  faut  les 
unir,  el  voici  pourquoi  :  les  principes  rationnels,  celui  de  la 
personnalité,  par  exemple,  énoncent  des  lois  objectives  qui, 
elles,  ne  naissent  pas  et  ne  meurent  pas,  el  non  pas  des 
droits  subjectifs  qui,  eux,  naissent  et  meurent.  Pour  qu'il 


(1)  Aiia  sunt  maritimarum  civitatuin  jura,  alia  populorum 
raonles  saltusquc  habilantium  aut  fertiles  rcgioncs  colentes,  unde 
diversa  palrimoniorum  gênera.  Warnkoenig.  Pliilosopliiœ  juris  deli- 
neatio,  p.  l'I. 


(  188  ) 

y  ail  (les  droits  appartenant  à  quelque  sujet  ou  cessant  de 
lui  appartenir,  il  ne  faut  pas  seulement  un  principe  ou  une 
loi  naturelle,  raison  d'être  de  ces  droits,  il  faut  en  outre  un 
fait  particulier,  cause  de  la  naissance  ou  de  la  cessation  de 
ces  droits  (i).  Ainsi  le  fait  de  l'existence  de  l'être  humain, 
combiné  avec  le  principe  de  la  personnalité,  est  cause  du 
droit  originaire  au  respect  de  la  vie  et  de  la  liberté,  comme 
le  fait  de  la  mort  est  cause  de  la  cessation  de  ce  droit. 
De  même,  le  fait  de  l'occupalion  de  la  res  nullhis,  com- 
biné avec  le  principe  de  la  propriété  privée,  est  cause 
d'un  droit  acquis  de  propriété,  et  le  fait  de  la  déréliclion 
t'st  cause  de  la  cessation  de  ce  droit,  et,  en  général,  les 
causes  de  la  naissance  et  de  la  cessation  des  droits  sont 
toujours  des  faits,  soit  de  la  nature,  soit  de  la  volonté.  Le 
système  du  droit  naturel  comprend  donc  à  la  fois  un 
ensemble  de  principes,  raisons  d'être  des  droits,  ei  un 
ensemble  de  faits,  causes  de  droits (2). 


(1)  Les  Acquisiliones  ipso  jure  ne  font  qu'une  acception  appa- 
rente. 

(2)  Nara  nulla  esse  potest  inter  homines  niutua  ratio  nisi  quae 
facto  orta  sit,  ncc  illa  suàipsâ  vi  jus  alieno  tribuit  vel  juris  vinculo 
eum  alteri  adstringit  nisi  juris  quaedam  praecepta  ciim  câ  ejusmodi 
cflîcacitalcm  conjungunl,  aut  jus  ex  ilio  facto  tamquam  ex  suâ  causa 
oriri  slaluunt.  Ibid.,  p.  87. 

La  raison  (d'un  droit),  dit  Ahrens,  est  toujours  une  et  la  même, 
les  causes  peuvent  être  très  diverses.  C'est  ainsi  que  la  propriété  a 
sa  raison  dans  la  personnalité  de  rhommc.  Les  causes  qui  la  font 
naître  peuvent  cire  très  différentes.  Les  causes  qui  font  naître  des 
rapports  de  droit  sont  ou  des  faits  particuliers  indépendants  de  la 
volonté  humaine,  ou  des  actes  de  cette  volonté.  Cours  de  droit  naturel, 
T^x'cd.,  t.  I,  p.  1-48. 


l  189) 

Il  y  a  plus  :  outre  les  principes  de  la  raison,  il  faul  la 
nature  du  fait  pour  déterminer  le  contenu  des  droits.  Ainsi 
que  l'a  rcmarqui'  Thiers,  les  principes  de  liberté  et  d'éj^a- 
lité  sont  des  principes  généraux,  et  non  pas  un  ensemble 
de  droits  déterminés.  Déclarer  en  termes  généraux  que 
«  tous  naissent  et  demeurent  libres  et  égaux  »,  ce  n'est  pas 
savoir  quels  sont  les  droits  de  la  liberté  individuelle,  de  la 
liberté  de  travail,  de  la  liberté  de  conscience,  de  la  liberté 
d'association,  qui  nous  apparlienncnt  en  société.  Le  prin- 
cipe de  la  propriété  privée  :  tous  capables  d'acquérir  une 
propriété  alin  qu'ils  puissent  se  développer  librement,  sui- 
vant leur  individualité,  au  point  de  vue  moral  et  matériel, 
est  la  conséquence  immédiate  du  principe  de  la  personna- 
lité, et  le  conmiunisme  est  la  négation  de  la  personnalité 
et  de  la  liberté.  Mais  ce  principe,  à  lui  seul,  ne  nous 
apprend  pas  quels  sont  les  droits  de  la  propriété, soit  indivi- 
duelle, soit  collective,  de  la  propriété  mobilière  ou  immo- 
bilière, agricole,  industrielle,  pas  plus  que  le  princi|)e  pacla 
servnnda,  à  lui  seul,  ne  nous  lait  connaître  les  droits  des 
vendeurs,  des  acbeteurs,  des  sociétaires.  C'est  la  nature 
du  fait  combinée  avec  le  principe  qui  nous  apprend  le 
contenu  du  droit. 

Enfin,  il  faut  appliquer  à  cbaque  matière  les  principes 
qui  lui  sont  propres,  sans  les  étendre  à  des  matières  diffé- 
rentes. Que  d'applications  erronées  dos  principes  de  liberté 
et  d'égalité,  lorsqu'on  les  étend  à  la  famille  et  à  la  société 
civile!  Si  tous,  en  tant  qu'êtres  humains,  ont  les  droits  de 
la  liberté  individuelle,  il  n'en  résulte  pas  que  tous  aient 
les  droits  de  la  liberté  politique,  et  notamment  ceux  d'élec- 
tion et  d'éligibilité.  La  règle  pacla  servanda  fonde  la 
théorie  des  contrats,  elle  ne  fonde  pas  du  tout  ni  le  droit 
de  famille,  ni  le  droit  public  et  pénal,  ni  le  droit  interna- 


(  190  ) 

lional.  il  (aul  donc  connailre  la  nature  des  faits  pour  faire 
rapplicalion  des  principes  qui  leur  sont  propres. 

La  société  humaine  est  appelée  à  s'étendre,  à  se  déve- 
lopper et  à  se  perfectionner  dans  le  cours  des  siècles.  Sou- 
mise à  la  loi  de  perfectibilité,  elle  ne  doit  pas  demeurera 
l'état  de  non-développcmenl  et  d'imperfection,  mais  elle 
doit,  autant  que  possible,  parvenir  à  un  état  meilleur.  Il  y 
a  donc  une  nature  des  faits  différente,  suivant  le  dévelop- 
pement historique  où  les  sociétés  sont  parvenues.  A  côté 
(le  faits  constants  qu'on  retrouve  à  tout  étal  social,  depuis 
la  tribu  nomade  jusqu'à  l'état  moderne,  par  exemple  les 
individus  vivant  en  société,  se  servant  des  choses,  échan- 
geant des  services,  propageant  l'espèce,  les  familles  unies 
sous  une  autorité  quelconque;  il  en  est  d'autres  qui 
diffèrent  suivant  le  développement  historique,  et,  par 
conséquent,  les  principes  de  droit  naturel,  non  seulement 
reçoivent,  mais  doivent  recevoir  des  applications  diffé- 
rentes lorsque  la  nature  du  fait  est  différente.  Les  prin- 
cipes sont  toujours  les  mêmes,  mais  leur  réalisation 
s'étend  et  diffère  suivant  l'étal  de  la  civilisation,  et  certes 
l'invariabilité  des  lois  naturelles  ne  consiste  pas  en  ce 
qu'elles  prescriraient  même  chose,  lorsque  la  nature 
du  fait  est  différente.  Le  code  de  la  raison,  toujours  le 
même,  qu'il  suffirait  de  découvrir  et  de  sanctionner  pour 
fixer  d'une  manière  uniforme  la  législation  des  peuples, 
est  une  chimère  (1). 


(1)  So  wird  lias  Redit,  in  seincr  Quelle  ciiisund  dassclbe,  mitder 
Entwickelungcii  der  Gcschiihle  verzwcigt  und  maniiigfaltig.  TRE^DK- 
LENOURG,  Naturredd,  S.  82 

Saint  Augustin  fait  une  observation  profonde  à  ce  sujet  :  «  Numquid 


(  191  ) 

Je  conclus  que  l'élémenl  rationnel  el  l'élémenl  malc'iiel, 
les  principes,  raisons  d'êlre  des  droits  et  la  nature  des  laits, 
matières  (les  droits  sont  organiquement  unis  et  ne  peuvent 
être  séparés.  La  raison  el  ses  principes  généraux  ne  sau- 
raient nous  apprendre,  ni  les  causes  de  la  naissance  el  de 
la  cessation  des  droits,  ni  le  contenu  des  droits,  ni  les 
applications  diverses  que  les  principes  reçoivent  suivant 
la  nature  des  laits,  et,  d'autre  part,  la  nature  des  laits  sans 
principes  de  la  raison  ne  fonde  aucun  droit.  L'élément 
historique  seul,  a  dit  Trendelenbourg,  est  aveugle;  l'élé- 
ment rationnel  seul  est  vide  (1). 

J'ai  montré  le  londement  de  l'édifice  du  droit  naturel, 
sa  forme  et  ses  matériaux.  Dès  lors,  la  n)anière  de  le 
construire  ne  saurait  être  douteuse. 

Quelle  est  la  méthode  à  suivre  pour  parvenir  à  des 
notions  exactes  el  scienliliques  de  l'élément  matériel  el 
de  l'élément  rationnel,  et  pour  en  former  un  système 
d'accord  avec  la  nature  des  faits  el  avec  les  principes  qui 
leur  sont  pro|)res  ? 

D'abord  la  société,  considérée  en  fait,  et  son  développe- 
ment historique  nous  sont  connus  par  la  méthode  d'obser- 
vation en  général. 

L'observation  intérieure  nous  révèle  l'homme  moral  ; 
l'observalion  extérieure  nous  l'ait  connaître  l'homme  phy- 


juslitia  varia  est  et  mutabilis?  Sed  tempora  quibus  praesidet,  non 
parilcr  cunt,  tempora  enim  sunt...  Institiam  habere  simiil  omnia 
quœ  prœccpit  et  nulla  ex  parte  variari,  et  tanion  variis  lemporibus 
non  omnia  simul  sed  propria  distribuentemct  praecipientem.  »  Conf., 
1.  III,  eh.  7. 

(I)  Beidcs  gehôrt  zusammen.  Denn  das  nur   Historische  wurde 
blind  und  das  nur  Idéale  leer.  \aliirrcchl,  S.  3ij. 


(  i92  ) 

sique  el  le  monde  où  il  vil,  et  l'une  et  l'autre,  complélées 
par  le  témoignage,  nous  montrent  l'élal  de  société  el  le 
développement  historique  où  il  est  parvenu. 

Analyser  ce  lait  général,  montrer  ce  qu'il  comprend, 
notamment,  les  sociétés  diverses  fondées  sur  la  nature 
humaine  et  leurs  caractères  propres,  la  société  humaine  en 
général,  la  famille,  la  société  civile,  la  société  internatio- 
nale, la  société  religieuse  en  tant  que  fondée  sur  la  nature 
humaine,  telle  est  la  méthode  à  suivre  dans  l'examen  des 
faits,  matière  du  droit  naturel. 

Cette  méthode  n'est  pas  du  tout  la  méthode  d'observa- 
tion des  sciences  physiques  el  physiologiques  qu'une  école 
récente  a  voulu  appliquer  aux  sciences  morales.  Le  positi- 
visme part  de  l'observation,  mais  son  fondateur,  Auguste 
Comte,  ne  connaît  qu'une  espèce  d'observation,  l'observa- 
lion  extérieure,  tandis  qu'il  en  est  une  autre  non  moins 
importante,  celle  des  faits  qui  se  passent,  non  pas  dans  le 
monde  extérieur  et  objectif,  mais  dans  le  sujet  connais- 
sant. Les  sciences  physiques  et  physiologiques  ont  leur 
domaine  el  leur  mélhode  propres,  el  ne  sauraient  nous 
donner  la  moindre  notion  de  l'homme  intérieur  et  moral, 
pas  même  celle  d'une  simple  sensation  de  plaisir  ou  de 
douleur. 

Le  fait  de  la  société  humaine,  matière  du  droit  naturel, 
n'est  pas  l'idée  de  la  société,  principe  du  droit  naturel.  C'est 
la  raison,  organe  des  vérités  absolues  et  universelles,  qui 
nous  révèle  les  idées  morales  et  juridiques,  règles  de 
conduite,  non  pas  la  raison  pure,  les  principes  a  priori 
qui  interviennent  dans  l'acquisition  et  dans  le  développe- 
ment de  nos  connaissances,  mais  la  raison  unie  aux 
facultés  réceptives  et  notamment  au  sens  du  bien  el  du 
jusle  et  à  l'observation  de  la  vie  humaine.  Pour  voir,  il 


(  193  ) 

faut  lappareil  visuel,  sans  donle,  mais  il  faut  en  outre  la 
lumière  du  soleil  et  les  objets  visibles  qu'elle  éclaire. 

Placée  en  présence  du  fait  de  la  société  humaine, 
dirigée  par  la  raison,  la  science  conçoit  l'idée  de  la  société 
humaine  et  les  principes  de  justice  et  de  fraternité  uni- 
verselle qui  en  résultent,  l'idée  de  la  famille  et  les  lois  de 
justice  et  d'amour  propres  à  la  famille. 

La  nature  des  faits  étant  connue,  les  principes  qui  leur 
sont  propres  étant  donnés,  elle  possède  les  éléments 
d'une  synthèse  objective,  d'accord  avec  la  nature  des  faits 
et  avec  les  principes. 

La  méthode  fondamentale  du  droit  naturel  consiste 
donc  dans  l'analyse  du  fait  de  la  société  connu  par 
l'expérience  et  de  l'idée  de  la  société  connue  par  la  raison, 
à  l'occasion  de  l'expérience,  et  dans  l'application,  à  chaque 
espèce  de  société  fondée  sur  la  nature,  des  principes  de 
justice  qui  lui  sont  propres. 

D'autres  procédés,  sans  établir  le  droit  naturel,  le  con- 
lirment. 

Bien  souvent  on  a  recours  à  des  considérations  d'intérêt 
social  en  matière  de  liberté,  de  propriété  privée,  de  famille 
et  d'hérédité,  par  exemple,  el  des  auteurs  appartenant  à 
des  écoles  très  différentes,  Bentham  el  Le  Play,  par 
exemple,  signalent  avec  une  rare  sagacité  les  résultats 
des  lois  et  des  institutions  pour  le  bonheur  commun. 

Certes,  l'observation  ou  l'inobservation  des  lois  natu- 
relles est  féconde  en  résultats  heureux  ou  malheureux 
pour  les  sociétés  comme  pour  les  individus;  mais  rien 
n'est  bien  ou  juste  parce  qu'il  nous  rend  heureux.  C'est 
le  bien  qui  est  le  principe  du  bonheur,  et  ce  n'est  pas  le 
bonheur  qui  est  le  principe  du  bien.  Les  considérations 

O"*    SÉKIE,    TOME    XX.  13 


(  i9i  ) 

d'inlérôl  sociiil,  de  bonheur  commun  ne  fondent  donc  pas 
le  droit  naturel,  mais  elles  le  conlirmcnl. 

Il  faut  en  dire  autant  de  l'assentiment  des  peuples  civi- 
lisés, et  spécialement  des  peuples  chrétiens,  en  matière  de 
droit  international,  par  exemple. 

Le  droit  positif  des  peuples  civilisés,  dans  certaines 
parties,  est  déclaraloire  du  droit  naturel  et  comprend  ainsi 
un  jtis  naliirale  qiiod  naluralis  ratio  iibîque  consliluit  [i). 
La  loi  naturelle,  souvent  méconnue  par  les  cités  antiques, 
a  été  restaurée  dans  la  conscience  des  peuples  chrétiens, 
grâce  aux  enseignements  divins  du  christianisme,  qui  ne 
l'ont  pas  introduite,  mais  qui  y  ont  ajouté  des  lumières  et 
des  forces  nouvelles.  El  c'est  ainsi  que  l'assentiment  des 
peuples  civilisés  et  surtout  les  peuples  chrétiens  confirme 
le  droit  naturel,  mais  ne  le  fonde  pas. 

D'autres  procédés  doivent  être  écartés. 

La  méthode  du  droit  naturel  ne  peut  être  la  méthode 
expérimentale  et  historique,  appuyée  uniquement  sur 
l'observation  de  la  conduite  des  individus  ou  des  sociétés 

Les  principes  du  bien  et  du  juste  doivent  être  connus 
avant  d'être  accomplis.  H  faut  savoir  ce  qu'on  fait  avant 
d'agir,  et  non  pas  après  avoir  agi,  comme  il  faut  le  mètre 
avant  de  mesurer  et  non  pas  après  avoir  pris  mesure. 
Puis  les  principes  pratiques  ne  se  conforment  pas  à  la 
conduite,  mais  celle-ci  doit  leur  être  conforme  et  peut 
leur  être  contraire.  D'ailleurs,  ils  nous  présentent  un  idéal 
de  perfection  placé  devant  nous,  et  non  pas  derrière  nous, 
qui  n'est  jamais  réalisé  à   tous  égards.  Pour  toutes  ces 


(1)  V.  Ucrmogenianus,  fr.  5  D.  1.  1.  (de  justitia  et  jure). 


(  ^93  ) 

raisons,  ils  ne  pcuvenl  cire  le  résultai  de  l'observalion  de 
la  conduite. 

La  niéiliode  ù  suivre  n'esl  pas  non  plus  la  mélhode 
purement  rationnelle.  La  raison  pure  est  une  raison 
impuissante  et  stérile;  les  principes  du  droit  naturel, sans 
provenir  de  l'expérience,  se  développent  à  l'occasion  de 
l'expérience  et  reçoivent  leur  application  à  la  nature  des 
faits  connus  par  Texpérieuce.  «  Chaque  principe  du  droit, 
dit  Trendelenbourg,  semblable  au  germe  d'une  plante  tou- 
jours renfermé  en  lui-même  jusqu'à  ce  qu'il  rencontre  les 
conditions  extérieures  de  croissance,  ne  peut  se  passer 
(l'éléments  extérieurs  appropriés  à  sa  nature,  qui  pro- 
voquent son  développement.  Sous  ce  rapport,  le  système 
du  droit  naturel  ne  peut  se  passer  de  conditions  expéri- 
mentales, et  il  n'admet  pas  de  constructions  a  priori  (1).  » 

Si  je  ne  me  trompe,  les  considérations  que  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  vous  présenter  font  la  juste  part  de  la  raison  et  de 
l'expérience  dans  l'étude  du  droit  naturel. 

En  (inissant,  je  les  résume  en  quelques  mots  : 

Les  systèmes  de  philosophie  du  droit,  depuis  Grotius, 
sont  en  désaccord  sur  les  questions  fondamentales  du 
point  de  départ,  de  la  méthode  et,  de  nos  jours  surtout, 
sur  les  principes  métaphysiques  de  la  morale  et  du  droit. 

Ces  principes  se  trouvent  dans  la  philosophie  spirituasle, 


(1)  Ein  solches  Unterfangen  wurde  das  Wesen  der  Entwickclung 
verkennen,  da  jedes  Princip  dem  Samen  gleich  welcher  sich  ewig 
in  sich  scibst  verschliesst,  bis  er  den  aussercn  Bedingungen  seines 
Kciiiiens  und  Wachsens  zurûckgegeben  wird,  solchen  erregenden 
Eiemenle  von  aussen  bedarf  welche  seiner  Natur  gemass  sind. 
Insofcrn  bedarf  die  Synthesis  cmpirischer  Bedingungen  und  ent- 
scljjâgt  sich  bloss  apriorischer  Constructionen.  Naturrecht,  S.  156. 


(  19(5  ) 
tandis  que  les  conceplious  panthéiste  et  matérialiste  de 
l'univers,  conséquentes  avec  elles-mêmes,  sont  la  négation 
de  la  morale  et  du  droit. 

Le  point  de  départ  du  droit  naturel,  en  tant  que  distinct 
de  la  morale,  c'est  la  société  humaine,  considérée  en  fait  et 
en  idée. 

Cette  science  se  compose  de  deux  espèces  d'éléments 
organiquement  unis  :  l'élément  matériel,  connu  par  l'expé- 
rience, l'élément  idéal,  connu  par  la  raison  à  l'occasion  de 
l'expérience. 

L'analyse  du  fait  et  de  l'idée  de  la  société,  et  l'applica- 
tion, à  chaque  société  fondée  sur  la  nature,  des  principes 
du  droit  qui  lui  sont  propres,  telle  est  la  méthode  fonda- 
mentale du  droit  naturel. 

Bien  employée,  elle  conduit  à  des  résultats  non  moins 
certains,  qu'il  est  certain  que  la  société  humaine  existe  et 
et  que  nous  avons  l'idée  de  ce  qu'elle  doit  être. 


Note  concernant  Vinfluenza  en  1580;  par  Charles  Piot, 
membre  de  l'Académie. 

Au  moment  de  passer  par  la  Bourgogne  pour  se  rendre 
aux  Pays-Bas,  en  1580,  Marguerite  de  Parme  ressentit 
les  effets  d'une  maladie  extraordinaire.  La  Bourgogne  en 
était  infestée;  plusieurs  personnes  de  la  maison  de  la 
princesse  et  sa  dame  d'honneur  en  furent  atteintes  et 
naoururenl. 

Le  cardinal  de  Granvelle  souffrit  également  à  Madrid  de 
cette  maladie,  qu'il  appelle  un  catarrhe  violent.  Dans  une 
lettre  adressée  à  Marguerite,  il  déclare  qu'il  est  atteint  de 


(  197  ) 

lièvres  semblables  à  celles  donl  elle  avait  souffert  en 
Bourgogne.  Cette  épidémie,  qui  avait  sévi  aussi  en  Italie, 
était  passée  dans  l'Aragonais;  linalemenl  elle  avait  lait 
son  apparition  à  Madrid. 

Dans  cette  ville,  le  nombre  des  malades  lut  le  qua- 
druple de  celui  des  personnes  bien  portantes.  Tous  les  jours 
des  cas  nouveaux  s'y  présentaient  «  et,  dit  le  cardinal,  y  en 
a  plus  de  S6  en  un  temps,  entre  ceulx  que  m'escripvent.  > 
Selon  sa  manière  de  voir,  le  mal  n'était  pas  dangereux,  si 
l'on  suivait  un  bon  régime. 

A  Madrid,  toutes  les  maisons  de  commerce  (bouliscles) 
sont  fermées  comme  pendant  les  jours  de  fête,  par  suite 
de  l'indisposition  des  personnes  chargées  d'y  faire  le 
service.  Les  pharmacies  sont  ouvertes,  il  est  vrai,  mais 
très  mal  pourvues  de  remèdes.  Plus  de  sucre  candi,  ni 
d'objets  semblables  à  y  trouver.  Tout  est  si  mauvais,  si 
corrompu,  que  les  remèdes  produisent  plus  de  mal  que  de 
bien. 

Les  médecins  font  aussi  défaut.  Tous  sont  atteints  du 
mal;  ils  ne  quittent  plus  leur  domicile.  Les  personnes 
chargées  de  soigner  les  malades  «  ne  vallent  guères,  à 
dire  la  vérité,  ni  même  celles  du  roi.  »  La  lièvre  tierce 
dont  sont  atteints  l'Jnfant  et  l'Infante  continue,  en  dépit 
des  soins  d'Olivarès,  protomédecin  du  monarque,  qui  a  le 
plus  d'expérience.  Quant  à  Granvelle,  il  n'a  aucune 
conliance  dans  ce  médecin  «  qu'est  un  ung  grand  incon- 
vénient, dit-il,  que  ung  si  grand  roy  soit  si  mal  pourvu  ». 

Cette  pénurie  de  bons  médecins  suggère  à  Granvelle 
des  réflexions  sur  ceux  d'autrefois. 

Les  empereurs  romains,  ajoule-t-il,  envoyaient  chercher 
à  grands  frais  en  Grèce  des  médecins  renommés  pour  les 
consulter.  La  ville  de  Rome  en  lit  autant.  Feu  Charles-Quint 


(  198  ) 
avait  des  hommes  de  l'arl  d'origine  flamande  ou  italienne, 
«  afin  d'en  pourveoir  toutes  les  nations  j>. 

Depuis  l'invasion  de  celle  maladie,  Granvelle  se  plaint 
constamment  de  lièvres  et  de  faiblesse,  [.e  travail  lui 
devient  pénible;  les  personnes  chargées  de  tenir  les  écri- 
tures sont  atteintes  du  mal;  celte  circonstance  l'a  obligé 
à  rédiger  lui-même  une  dépèche  importante,  travad  qui 
lui  coûta  cher  et  mil  sa  vie  en  danger. 

Jean-Baptiste  Tassis,  qui  souffrait  de  la  même  mdispo- 
silion,  ne  put  quitter  Madrid  pour  remplir  une  mission 
diplomatique  à  Paris  (1). 


(1)  Correspondance  de  Granvelle,  t.  Vlll,    pp.  70,   154,   142  et 


suivantes. 


(  ^'^^  ) 


CLASSE   lïES   Bi:\UX-4RTS. 


Séance  du  3  juillet  1890. 

M.  Jos.  ScHADDE,  directeur. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  H.  Hymans,  vice- directeur  ;  A.  Frai- 
kin,  Éd.  Fétis,  Ern.  Slingeneyer,F.-A.Gevaert,  Ad.  Samuel, 
Joseph  Jaquet,  J.  Demannez,  G.  De  Groot,  Gustave  Biol, 
Ed.  Marchai,  Joseph  Stallaert,  Henri  Beyaert,  membres; 
le  comte  Jacques  de  Lalaing  et  Éd.  Van  Even,  correspou' 
dants. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
soumet  à  l'examen  de  la  Classe  deux  compositions  musi- 
cales intitulées  :  Mazeppa,  zanggedichl  voor  soli-koor  en 
orkest  [gedicht  door  J.  Van  Droo(jenbroeck)  et  Epittialame, 
qui  lui  ont  été  envoyées  par  M.  Heckers,  prix  de  Rome  en 
1887,  en  exécution  de  l'article  26  du  règlement  des  grands 
concours  de  composition  musicale.  —  Renvoi  à  la  section 
de  musique. 


(  200  ) 

—  Le  même  Minisire  envoie,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Académie,  un  exemplaire  de  l'ouvrage  intitulé  :  Bruxelles 
à  travers  les  âges,  tome  111.  Bruxelles  moderne,  par  Henri 
Hymans  et  Paul  Hymans.  —  Remerciements. 


COMMUNICATIONS   ET    LECTURES. 


Renseignements  inconnus  sur  Pierre  P  h  alèse,  impt^imeur 
de  musique  à  Louvain,  i546-l575;  par  Edouard  van 
Even,  correspondant  de  l'Académie. 

Vers  le  milieu  du  XVI*  siècle,  un  Belge  créa,  à  Louvain, 
une  imprimerie  musicale  en  types  mobiles,  qui  devint,  en 
peu  de  temps,  l'une  des  plus  importantes  de  l'époque. 
M.  Fétis,  père,  dans  sa  Biographie  universelle  des  Musi- 
ciens,  a  consacré  un  intéressant  article  à  Pierre  Phalèse. 
Mais,  à  l'époque  où  écrivait  notre  éminent  et  regretté 
confrère,  on  ne  possédait  encore  sur  ce  typographe  que 
quelques  renseignements  épars.  Depuis  lors,  nos  investiga- 
tions dans  les  actes  de  l'ancien  échevinage  de  Louvain  nous 
ont  fait  découvrir  sur  lui  des  détails  curieux  et  entière- 
ment nouveaux.  Ces  pièces  nous  ont  fait  connaître,  outre 
d'autres  particularités  intéressantes,  les  noms  de  ses 
parents  et  grands-parents,  ainsi  que  la  position  que  ceux-ci 
occupaient  dans  la  bourgeoisie  louvaniste.  Elles  nous  ont 
révélé  également  le  nom  de  sa  femme,  qui  était  jusqu'ici 
resté  incpnnu. 

Nous  avons  l'honneur  de  communiquer  ces  renseigne- 
ments à  la  Classe  des  beaux-arts  de  notre  Académie,  per- 
suadé que  nous  sommes  qu'ils  seront  agréables  à  ceux 


(  201  ) 

de  nos  confrères  qui  s'inléressenl  à  l'Iiisloire  de  la  musique 
en  Belgique. 

Il  résulte  des  documents  que  nous  avons  consultés  que 
I*ierre  Phalèse  descendait  d'une  lamille  fixée  à  Louvain  à 
partir  du  XI V"  siècle.  Dans  les  actes  publics,  les  membres 
de  celle  famille  portent  le  nom  de  vander  Phaliezen, 
valider  Plializen  et  vander  Phah/zen.  En  s'élablissant 
comme  éditeur  dans  la  ville  de  \'Alma  Mater,  Pierre  se 
crut  obligé  de  donner  à  son  nom  une  forme  classique. 
Au  bas  des  tiires  de  ses  publications  en  langue  latine, 
il  se  nomme  Petkus  Phalesius;  mais  au  bas  des  titres  de 
ses  publications  en  langue  française,  il  s'appelle  Piekhe 
Phalèse.  Nous  avons  conservé  cette  dernière  orthographe. 

L'artiste  tenait  à  une  famille  honorable  et  considérée. 
Son  père  avait  pignon  sur  rue  et  bien  au  soleil. 

D'après  les  actes  deséchevinsde  Louvain,  Pierre  Phalèse 
était  (ils  d'Augustin  vander  Phalizen  et  de  Marguerite 
van  Poddeghem  (1).  Augustin  était  (ils  de  Jean  vander 
Phalizen  et  d'Agnès  Laps.  Ce  Jean  vander  Phalizen,  qui 
mourut  avant  ie  1"  mars  1481,  exerçait  la  profession 
de  brasseur,  à  la  brasserie  den  Meynaert,  Montagne  du 
Collège.  Il  était  propriétaire  d'une  ferme  avec  terres  et 
prés,  située  à  Tenbroecke,  sous  Héverlé  lez-Louvain.  De 
sa  femme  Agnès  Laps,  il  laissa  six  enfants,  savoir  :  1°  Jean, 
mort  jeune;  2°  Mathilde;  5"  Arnould  ;  A°  Ide;  5°  Augustin, 
et  6»  Marguerite  (2). 


{{)   t  Peter  van  der  Phalisen,  sonc   wyleii  Augusttfns,   die  hy 
hailde  van  Margriclcn  van  Poddeghem,  synder  liuyswrouwe.  » 
Acte  du!  juin  15:28,  in-l". 
(2)  Acte  départage  du  \"  mars  i48l,  in-2'. 


(  202  ) 

Malliikle  se  maria  à  Guillaiinje  de  Weerdt  et  laissa  un 
fils,  Louis  (le  Weerdl,  qui  élail,  en  1499,  chanoine  régu- 
lier de  l'ordre  de  Sainl-Auguslin,  au  prieuré  de  Belhléem, 
près  de  Louvain  (1). 

Arnould  vander  Phalizen  devinl  peintre,  il  travailla,  en 
1468,  à  Bruges,  aux  décors  qu'on  y  exécuta  à  l'occasion 
des  noces  de  Charles  le  Téméraire  et  de  Marguerite  d'York. 
Cet  artiste,  qui  épousa  Catharine  Roiiibauts,  fille  de  maître 
Jean  Rombaiits  et  de  Marguerite  van  Compenrode  (2), 
remplit  le  poste  de  peintre  de  la  ville  de  Louvain  de  1476 
à  1514(5). 

Augustin  vander  Phalizen,  le  père  de  notre  imprimeur, 
fut  émancipé  devant  les  échevins  de  Louvain  les  1"  mars 
1462  et  17  janvier  1475  (4).  Il  épousa  Catharine  Boon, 


(I  )   Acte  du  5  novembre  1499,  in-2''. 

(2)  Allen  denghenen  dat  Margriete  van  Compenrode,  wcduwe 
meester  Jans  wylen  Rombauls,  cum  tutore,  lieefl  geconstitueert  en 
geordineert  hueren  procureurs  ende  voirgangers  Henrich  van  Com- 
penrode, hueren  vader;  Goerys  van  Compenrode,  hueren  oom; 
Arnde  van  der  Phalizen,  zwagher  der  zelver  constituante,  enz.,  allen 
hueren  zaken. 

Acte  du  14  octobre  1500,  in-S". 

^5)  Voir  notre  livre  intitulé  :  L'ancienne  Ecole  de  Peinture  de 
Louvain,  1870,  pp.  80  et  220. 

(4)  Item,  JoHANNES  VAN  DER  Phalizen,  braxator,  Henricus  van  der 
Phalizen,  Crassator,  ejus  frater,  et  Augustinus  van  der  Phalizen, 
filius  prcdicli  Joliannis,  prius  emancipatus. 

Acte  du  l"  mars  1462,  in-2". 

—  JoHANNES  VAN  DEu  Phalizhn.  braxator,  emancipavit  .\uciis- 
TUNL'M,  Margaretam  et  Ydarn,  ejus  liberos  a  pane  suo,  modo  debito 
et  consueto. 

Acte  du  il  janoier  1475,  iu-o". 


(  ^^or>  ) 

veuve  de  Jean  do  Calfslckcre  (1),  propriétaire  de  la  bras- 
serie le  Trépied,  rue  de  Tirlemoul,  el  continua  la  profes- 
sion du  premier  mari  de  sa  femme.  On  le  trouve,  qualifié 
de  brasseur,  dans  un  acte  du  10  noviMiibre  1484  (2). 

Catharine  Boon  avait  retenu  de  son  union  avec  Jean  de 
Calfstekere  un  (ils,  du  prénom  de  Georges  (3),  qui  ne 
vivait  pas  en  bonne  intelligence  avec  son  beau-père.  Un 
jour,  une  discussion  des  plus  violentes  éclata  entre  eux. 
Des  invectives  on  en  vint  aux  mains,  et  une  lutte  terrible 
s'engagea,  au  cours  de  laquelle  ils  reçurent,  de  part  et 
d'autre,  des  blessures  très  graves  et  de  nombreuses  con- 
tusions. L'affaire  fut  portée  devant  la  justice.  Le  tribunal 
des  éclievins  confia  à  quatre  bourgeois  bonorables  la  mis- 
sion de  réconcilier  les  ennemis.  Grâce  à  leurs  efforts,  un 
arrangement  intervint.  L'une  des  clauses  de  ce  pacte 
prescrivait  à  chacun  des  deux  batailleurs  l'obligation  de 


{\)  hem,  Katly.ne  Boens,  huysvrouwe  Aiiguslyns  van  der  Pha- 
LizEN,  briederc,  als  coopwyf,  hecft  gelooft  Janne  Lyebrechts  acht 
Rynsgulden,  te  Ix  plecken  tstuck,  paulo^  ter  goeder  rekeningen, 
d'ecn  hclicht  ad  Epiphaniara  Cliristi,  en  d'ander  helicht  te  groot 
vastci:avoiit  dacrnac  volgende,  te  bctalen. 

Acte  du  45  décembre  1  48i,  in-5"*. 

(2)  Item,  AL'GLSTiNts  van  der  Phalisen,  dictus  in  dcn  Meynacrt, 
braxator,  commorans  pronunc  in  Camma  dicta  den  Treeft,  promisit 
niagist,  Rcynerio  de  Lycfkenrode,  pronunc  Scabino  Lovaniensi, 
quinque  florenos  Rhencnses. 

Acte  du  10  novembre  1484,  in-2^. 

(5)  Item,  Algijstinls  de  Phalisen  quiticlamavit  expresse  Goor- 
giuh)  den  Calfsleker,  zijncn  helnieden  sonc,  van  allen  suicken 
penninghen  als  hy  den  selvcn  -clocnt  oft  voere  hcra  vorleet  heeft; 
Coram  Hoeven,  Tybe. 

Acte  du  22  janvier  USi,  in-2". 


(  204  ) 

solder  les  honoraires  du  chirurgien  auquel  il  avait  été 
forcé  de  recourir  pour  se  faire  soigner  (I).  Toutefois, 


(1)  Navolgcnde  de  submissicn,  op  ghisteren  gcpassecrt,  voere 
scepenen  van  Loeven,  tusschen  den  voirsc.  Augustine  van  der 
Phalysen  en  Jorysen  den  Calfstckerc,  ter  andere  zyden,  soe  hebbcn 
Goessen  Tybe,  nu  ter  tyt  scepenen,  te  Loeven,  en  Jan  van  Holair, 
als  seggers  des  voirsc.  Augustyns,  Hiiyge  van  Udekem  en  Goirt  de 
Calfstekere,  seggers  dos  voirsc.  Jorys,  samentlyc  vutgesprokcn  in  der 
manieren  hier  nae  volgende  : 

In  den  yersten  ilat  de  voirsc.  partyen  van  nu  voirtaen  goede 
gevriende  zyn  sullen;  voirt  dat  de  huwelike  voirweerde  tusschen 
den  voirsc.  Augustine  en  zynder  huysvrouwe,  moeder  des  voirsc. 
Jorys,  sal  bliven  in  state  en  van  weerden,  alsoe.die  ghcmaict  es, 
vuytghenomen  dat  deselve  gehuysschen  ongehouden  sullen  zyn  den 
voirsc.  Joryse  den  montcosl  en  cledercn  tcgheven,  die  in  de  sclve 
huwelike  voirweerde  begrepen  slaen;  maer  des  sullen  de  voirsc. 
gehuysehen  den  sclven  Joryse  overgeven,  bynncn  dit  en  sint  Jans 
naisse  naistcomendo,  en  leveren,  los  en  vry  van  allen  gevalicn  en 
verschenen  chyssen,  de  Gamme  geliecten  den  Trecft,  om  dacr  mede 
te  doen  zyn  prouffyt,  sonder  die  te  moegen  vercoopen  bynnen  den 
leven  der  voirs.  zynder  moeder;  voirt  so  sal  elc  der  voirsc.  par  tien 
acngaende  der  quetsucren  en  meshandelinge  die  zy  elc  den  andcren 
gedaen  hcbben,  gehouden  zyn  te  dragen  elc  tsyns,  en  den  last  van 
den  meester,  sonder  dat  te  moegen  verhalen  aen  den  anderen,  nu 
oft  in  toecomendc  tyden,  niet  tegenstaende  dat  des  cens  quetsure 
meerder  was  dan  des  anders,  en  daeraf  d'een  den  anderen  quytscel- 
dinge  doen,  van  alsulcken  penningen  als  hy  den  selven  Joryse 
geleent  oft  voer  hem  vulgeleet  heeft,  in  voirleden  tyden,  sonder  hem 
daeraf  yet  te  moegen  eysschen,  in  eeniger  manieren,  soe  sullen  de 
voirsc.  Augustyn,  ter  ccne,  en  Jorys,  ter  anderen,  malcanderen 
quytschelden  van  aile  Igene  des  zy  tôt  malcanderen  te  seggen  oft  le 
eysschen  moegen  hebben,  vut  saken  van  des  voirsc.  is,  in  eenigc 
manieren  tôt  desen  dage  toe,  en  malcanderen  dair  af  nemmermeer 
moegen  aenspreken  of  vexeren  in  eeniger  manieren.  Coram  eisdem. 

Acte  (lu  11  janvier  1484,  2». 


(  205) 

il  semble  que  la  paix  ne  dura  point.  Angnslin  vander 
Phalizen  quilla  non  seulement  sa  fenmie,  mais  son  pays. 
A  la  date  du  21  lévrier  i486,  il  était  en  fuite.  Le  docu- 
ment qui  nous  fournit  ce  détail  est  mallierreusemenl  muet 
sur  la  cause  de  ce  départ  (1). 


(1)  Hc't  zyii  comcii  voir  den  laide  vaii  dcr  sladt  Katline  Boons, 
wcdiiwe  Jaiis  wilen  de  Calfstekcrc,  die  nu  wyf  es  Alglstv.vs  van  der 
PiiALiSEiN,  en  Jorys  de  Calfstekcre,  Imcrcn  sonc,  on  liebbcn  docn 
Icscn  ecnc  vuytsprakc  godaen  voir  scepenen  van  I^oven,  en  starnde 
gercgislreert  in  desc  Camcrcn,  jnnuarii  xxij,  libro  Ixxxiiij,  tussclien 
den  voirs  Augustyne  en  Joryssc,  en  daerentynden  hebben  zy  te 
kynncn  gcgevcn  boe  dal  de  Gamme  gehecten  den  Trecfft,  in  der 
selver  vuytspraken  gcruert,  zeer  qualyc  es  gerepareert,  dal  dae- 
romme  hcn  van  noode  es  cen  gcdeelte  daer  vuyt  te  vercoopen  oft  die 
te  belasten,  en  omdcs  wille  dat  hen  dat  nict  doenlyc  en  ware,  mits 
der  absenlic  des  voirsc.  Augustyns,  die  aftiendich  es,  en  hem  voir- 
vluchlich  houdf,  gcniercl  dal  zyn  wyf  gbeen  consent  dacrinne  encan 
gedragcn,  nocli  tocht  gcderven,  in  absenlic  hucrs  mans,  bel  en  ware 
by  auclorizatic  van  der  wet,  en  dat  cen  van  den  Borgemeesters  dat 
consenteerde  en  ovcrslonde,  dwelc  es  toi  geheelder  verderffnissen 
des  voirsc  Joris,  soe  verre  daerop  niet  versien  en  ware;  waerop  den 
voirsc.  raet,  nac  voirgaendo  deliberacie,  heeft  vuytgesproken  en 
getermineert  dat  de  voirsc.  nioeder  en  sone  sullen  moegen  vercoopen 
eene  camcre  gelegen  aen  de  Gamme  (deest)...  oft  op  de  voirsc.  Gamme 
ij  rinsgulden  crflic  vercoopen,  en  dat  een  Borgemeester  doene  de 
goedinge  dair  over,  in  de  slad  van  Augustyne  staen  sal.  In  concilio 
feb  XX  f  (U86). 

Item,  Katiieri.na  Boens,  relicla  Johannis  quondam  de  Calffstekere, 
pronunc  uxor  Augustini  van  der  Phalisen,  de  consensu,  scitu  et 
intéresse  et  volunlalc  Arnoldi  van  den  Hove,  Burgimagistri  oppidi 
Lovaniensis,  ex  parte  dicti  Augustini,  jam  absenti  et  extra  patriam 
existenti,  vigore  supradicl.  terminationis  in  Consilio  oppidi  extcrno... 
et  Georgius  de  Galffstckcre,  filius  dicte  Katherine,  quem   habuit  a 


(  20G  ) 

Après  le  décès  de  Calharine  Boou,  noire  Augustin 
vander  Phiilizen  convola  en  secondes  noces  avec  une  jeune 
Louvanisle  très  honorahie,  Marguerite  van  Poddeghem, 
une  parente  du  peintre  Jean  van  Poddeghem,  qui  avait 
travaillé,  avec  son  Irère  Arnoiild,  aux  décors  de  Bruges, 

Cette  personne  était  encore  jeune  fille  quand  elle  se  fit 
inscrire,  en  1501,  dans  la  confrérie  de  Notre-Dame  de 
Louvain,  à  la  collégiale  de  Saint-Pierre  (4).  Son  mariage 
avec  vander  Phalizen  eut  donc  lieu  postérieurement  à 
l'année  indiquée.  Cette  union  paraît  avoir  été  heureuse. 
iMais,  on  l'a  dit,  le  bonheur  est  souvent  peu  durable. 
Augustin  mourut,  dans  un  âge  peu  avancé,  laissant 
Marguerite  veuve,  avec  un  enfant,  notre  Pierre  Phalèse. 

La  première  fois  que  nous  avons  rencontré  le  nom  de 
Pierre  Phalèse,  c'est  dans  un  acte  échevinal  du  7  juin  1528. 
Par  cette  pièce,  le  jeune  homme,  après  avoir  été  émancipé 
à  cet  effet  par  sa  mère,  donne  procuration  pour  transporter 
à  maître  Corneille  van  Meldert,  docteur  en  droit  civil  et 
doyen  de  Saint-Jacques,  la  part  qu'il   possédait  dans  la 


dicto  quon<!am  Joliannc,  cjus  primario  marito,  conslituerunlde  se  et 
corum  successoribus  Petro  dicto  Alarts,  scrinifici,  et  suis  successo- 
ribus,  unani  parte  camme  braxatorie,  nuncupate  den  Treefl,  site  in 
Hoclstrata,  diclam  Slaepcamere ,  prout  eadem  caméra  distincta  est  a 
dicta  camma,  etc.  feb.  xxij. 

Item,  de  voirsc  Jorys  heeft  gelocft  der  voirsc.  zynder  moeder  wel 
en  tamelyk  te  houden,  hueren  leefdach  langduerende,  van  elen,  van 
drincken,  van  cleedoren,  schoenen  en  aile  andere  betioeflen,  soe  nae 
hueren  stact  behoeren  sal. 

Acte  du  22  février  148G,  in-2». 

(1)  Registre  de  la  Confrcrie  de  Notre-Dame  de  Louvain,  aux 
archives  de  réglise  de  Saint-Pierre. 


(  207  ) 

pro|triclé  d'une  mnison  située  h  la  Cleinslrale,  aujourd'hui 
rue  Sainle-Barbe  (1).  Celait  un  immeuble  qui  avait  appar- 
tenu à  son  oncle  Arnould  vander  Plializen  (2).  Tout  rend 


(1)  Allen  (leii^ciion  dut  F^eti;»  va.ndeu  Piialisu.n  ,  sonc  wylon 
Augustyiis,  (lien  liy  hadde  van  MAïuiitiETEiV  van  PunDcciiEM,  syndcr 
huysvrouwen,  ierst  union  broede  dt-r  voirsc.  Margrielen,  syndcr 
mocdcr,  Ijclioirlyk  gcdaen,  mot  conseille,  willc  en  overslaoïi  dor 
voirsc.  Margrielen,  /ynder  mocdor,  in  prosenlalia,  heeft  goconsli- 
lueert,  sonder  eenicii  wederrocpen,  om  in  den  nanie  van  dcn  voirsc. 
consliliiant  en  van  zynent  wogc  le  vcrcoepen  aile  syn  roclit,  propric- 
Icyt  en  actie  die  liy  heeft  of  eenichsins  tienj  conipeleron  niacli, 
in  cen  liuys,  met  zynen  loebchoorten,  gcslacn  te  Loven,  in  de 
Cicynslratc,  ende  dairinne  te  goeden  ende  te  gicliten  heeren  onde 
meestcr  Cornelis  van  Meldert,  doctoir  in  de  geoslelyken  Rechien 
ende  Dokon  van  Sint-Jacops,  te  Loven,  voere  de  Wolhouderon  der 
stadt  van  Loven,  geluflc  van  genoecli  doene,  en  warantscap,  in  dcn 
nanio  van  dcn  sclven  constituant,  daeralf  te  doen,  met  allen  solemp- 
nitoyten  van  rechte,  daer  toc  gore(|uireirt  en  behocfTolyck  wesendc, 
nader  stadsrecht  van  l^oven,  de  deniers  daeraff  comende  van  den 
cocper  der  solver  goeden  le  onlfangen,  en  daeraff  quitanlien  tegeven 
en  le  verlyden,  elc. 

Coram  Willoms,  Colonia. 

Acte  du  1  juin  15"i8,  in-1^ 

{'2)  Naedicn  Claere  vakdeu  Phalisen,  dochter  wylen  /Irnts  vander 
Phaliscii,  die  hij  hadde  van  Kallynen  Rombauls,  mot  Katlymn  van 
der  Phaiisen,  huer  zuster,  den  raide  der  stadl  van  Loven  te  kynnen 
gegeven  hadde  hoc  dat  zy  Clecre  en  Lysken  van  der  Phaiisen,  huer 
zuster,  waren  unmondige  en  onbejairdc  kindercn,  en  hadden  cen 
huys  gelegen  fn  de  Clcynstrale,  le  Loevcn,  dwelck  zy  gaerne  vcr- 
coepen souden,  soc  verre  ecncnycgclyk  van  hen  dal  aengact,  achter- 
volgende  den  tcslamnntc  van  den  voirsc.  wyicn  Arnde,  hueren  vader, 
dwelck  zy  niet  gcdocn  en  coslen  zonder  van  der  stadt  daer  toc  te 
hcbben  momboeren,  wanl  zy  eghecn  niomboeren  en  hadden,  en  zy. 


(  208  ) 

probable  qu'il  l'avait  hérité  de  l'un  des  enfants  de  ce 
dernier. 

Pierre  Phalèse  reçut  une  éducation  littéraire.  Il  savait 
le  latin,  le  français  et  le  flamand.  Le  futur  éditeur  de 
musique  épousa  Anne  Hoegaerls,  qui  appartenait  à  une 


I 


Clecre  en  Lysken,  oiulor  huoren  dai!:;on  waron,  noemeii  Cilbeerde 
3fiie$  en  Jan  Maes,  van  vadors  wegen,  Clase  van  Winglie  en  Jan 
Ronibouts,  van  moeders  wegen,  bidden  en  begeren  aen  don  voirsc. 
Raide  hen  die  moraboirs  te  willcn  ordinercn,  oni  in  den  name  en 
van  wegen  der  voirsc.  Claren  ende  Lysbetten,  tvoirsc.  huys,  soe 
verre  hen  dat  aengaen  maob,  te  vorcoepen  en  te  goedcn,  de  pen- 
ningen  daeraf  eomcnde  t'ontfangen  en  die  tôt  hueren  profyte  aen  te 
leggen,  en  voirtaen  daer  inné  te  doen,  gelyk  goede  momboirs  sculdig 
zyn  van  doen;  soe  heeft  don  Raedt  van  der  stadt  bcvonden  de  voirse. 
begeerte  redelyck  vvesende,  den  selven  gerustoren  dit  geconsenteert 
en  hen  gcordineert  de  voirsc.  niomboeren  oni  't  voirsc.  hu\s  te  ver- 
ooepen,  te  goedon  en  de  penningen  daeratT  comende  tonfangen,  en 
die,  tôt  hueren  profyte,  soe  verre  huer  paert  gedragen  sal,  aen  le 
leggen;  ende  voirts  gencralyck  en  specialyek  daer  inné  te  doen 
en  te  vorderen  aile  tgene  des  goeden  momboirs  behoiren  en  scul- 
dich  zyn. 

In  Concilio  oppidi. 

Jeté  du  H  juillet  1511,  in-l\ 

Item,  Katharina  Loenckens,  reliota  Magistri  Johannis  quondam 
dicti  Langhevoert,  contuiit  de  se  et  suis  sueces>oribus  Ahnoloo  van 
DER  Phauzen,  lilio  Johannis  van  der  Phnlizen  et  Katharine  Rom- 
Boi  TS,  ejus  uxori,  et  corum  suecessoribus,  domum  et  curtem,  cum 
suis  pertincntiis,  sita  in  vico  dicto  Cleynstratc,  intor  bona  Pétri  Cus- 
lere,  ab  una  parte,  et  bona  Danielis  van  der  Weyden,  parte  ab 
altéra,  etc. 

-ic/e  du  26  octobre  1475,  in-ô\ 

—  Voir  aussi  TActe  du  iî7  janvier  H7S.  in-5». 


(  !20î)  ) 

honorable  famille  de  F^ouvain  (1).  Son  mariage  eui  lieu 
avant  le  3  juin  154-4  (2). 


(1)  llem,  Petrls  van  der  Phalisen,  (ilius  quondam  /iuguslint,  cl 
An.na  IIoegaerts,  cjus  uxor,  rpco^îiiovcrtinl  indivisiiiii  Jolianni  van 
Mccrbcke,  alias  Mcerliaix,  l>raxatori,  ocio  florcnos  Karoli,  te  w  slii- 
vers  tstuck. 

Acte  ccficvinaldu  \"  juin,  lib.  154-i,  iii-5". 

En  marge  de  celte  pièce  se  Irouvc  ce  qui  suit  : 

Item,  Kacn;!  Meerbaix  hccfl  veiTleerl  vuyl  dese  rinle  van  achl 
Carolus  guiden  crffelyck,  by  Peetei»  van  der  Piiallevsen  acn  z\  udt-r 
iiiocdcr  aH'gcquclcn  le  zyne  dryc  Carolus  guldcn  crffelyck. 

Acliiin  juniixvi  a"  XV  een  en  zcrcnlic/i. 

ilem.McrllenWagemaris, soerie  Pccters,  daer  rnoeder  afl' \v;is  Main- 
Mcerbays,  heeft  bekynl  dal  Gceraerdt  Franctj,  inan  en  momboir  van 
A.\>A  Piialaisen,  acn  hcni  affgequelen  liceft  Iwec  rinsgulden  en  liiii-n 
sluyvcrs  erffelyck,  uyt  dese  vyf  rinsguldcn. 

Aciinn  den  xxviij  septcmbris  XVCXCIIJ. 

Signe  :  Merten  Wagemans. 

Item,  .lo""  Anna  Houlana,  weduwe  wylen  mecsler  Dicrick  lii  rckc  i, 
heeft  bekcnl  dat  Gcrnrt  Francf/,  als  iiian  en  momboir  van  Anna  van 
DER  Phalisen,  aen  hacr  affgequelen  heeft  de  resterende  twce  rins- 
^ulden,  thien  sluyvcrs  crffelyck,  consenterende  alsoe  in  de  cassatic 
van  de  voorschreven  geheele  acht  rinsgulden  erffelyck. 

Aclum  den  xxo  octobris  anno  1007. 

{"!)  Dans  l'acte  de  partage  des  biens  de  Jean  Meerbaix  el  .Marie 
IIoegaerts,  reçu  par  les  échevins  de  Louvain,  le  22  décembre  liiTI, 
(2")  on  lit: 

<«  Syn  bleven  ende  gevalien  Peetercn  Wagemans,  als  man  ende 
niombour  van  Marie  Meerbays,  twee  Carolus  guiden  en  thien  slui- 
vers  erffelyck,  van  en  vuyt  eender  rinte  van  vyf  Carolus  guiden  crf- 
felyck, daervoere  personelycken  verbonden  stacii  Peeter  van  Piia- 
LizEN  en  Anna  HoLGAERTS,zynder  buysvrouwe,  met  scepenen  bricven 
van  Loeven,  van  der  dael  terlien  junii,  libro  XV'^XLIIIJ,  in-5',  etc. 
-Ictedii  22  décembre  1;i71,  in-2'. 

3""=    .SÉKIE,    TO.ME    \X.  14 


(  210  ) 

Phalèse  se  fixa  dans  sa  ville  natale  comme  libraire- 
éditeur.  1!  est  permis  de  croire  qu'il  contracta  le  goût  des 
livres  chez  son  parent  Gilbert  Maes,  qui  imprima,  à 
Louvain,  en  1527,  un  opuscule  de  Nicolas  de  Boussut,  de 
Plaga  terrœ,  et  qui  est  qualifié  de  facteur  d'écrins  et  typo- 
pographe  dans  un  acte  des  échevins  de  1544,  que  nos 
recherches  nous  ont  fait  retrouver  (1). 

C'est  indubitablement  en  sa  qualité  de  libraire  qu'il 
devint,  en  1542,  suppôt  de  l'Université  (2). 

A  cette  époque,  le  commerce  des  livres  avait  pris  à 
Louvain  une  extension  considérable.  La  ville  universitaire 
comptait  plusieurs  librairies  bien  approvisionnées.  Une 
des  plus  importantes  était  celle  de  Gaspar  vander  Borch, 
qui  formait  le  point  de  réunion  des  beaux  esprits  et  des 
nouveaux  venus  parmi  les  étudiants.  Il  en  est  question  dans 
une  lettre  de  Nicolas  Clejnaert  à  Jacques  Latomus,  datée 
d'Evora,  le  26  mars  1535.  Dans  cette  épître,  le  grand 
philologue  fait  une  comparaison  entre  les  rassemblements 
devant  les  professeurs  de  Salamanque  et  devant  le  maga- 
sin de  vander  Borch.  C'est  une  peinture  vraie,  une  scène 
d'après  nature.  «  Avez-vous  déjà  vu,  à  Louvain,  dit-il  à 
Latomus,  devant  la  boutique  du  libraire  Gaspar,  ces  cercles 
que  l'on  appelle  la  chancellerie  des  béjaunes?  Eh  bien!  à 
Salamanque,  autant  de   professeurs,  autant  de  groupes 


(1)  In  de  Ledighestrate,  tusschen  de  goeden  's  Godshuys  van 
Gembloux,  ter  eene,  cnde  Gielbert  Maes,  scrynmakere  ende  printere, 
ter  andere  zyden,  elc. 

/Jcte  du  23  juin  1S44.  adfînem,  in-2". 

(2)  Compte  de  l'Université  de  Louvain  de  4î)42. 


(  !2H  ) 

(j'élutliants  an  milieu  (lesquels  les  inlorlunés  éprouvent 
plus  (le  lourmenls  que  pendant  Theure  même  de  leur 
leçon  (I).  » 

Gaspar  vander  Borcli,  donl  nous  relevons  pour  la  pre- 
mière fois  le  nom  de  famille,  c^'iait  ôéya  (!'tabli  en  1518(2). 
Ce  libraire,  qui  avait  épous(3  l.aurence  Spillemans, 
d'Anvers,  vivait  encore  à  la  date  du  12  août  1538  (5). 

Pierre  Phalèse  ouvrit  sa  librairie  quand  celle  de  vander 
Borch  se  ferma.  Au  début,  il  vendait,  comme  les  autres 
libraires  louvanistes,  toutes  les  nouveautés  du  jour;  mais 
bientôt  il  s'occupa  plus  spécialement  d'œuvres  musicales, 
qu'il  faisait  imprimer  dans  les  diverses  officines  de  Louvain. 
La  première  publication  qui  porte  son  nom  date  de  1546. 


(i  )  «  Vidisti  ne  circulos  islos  Lovaiiii  antc  tabcrnam  librariam 
Jasparis,  quom  illic  vocant  cancellariam  novorum?  Quot  sunt  Sal- 
nianlicae  professores,  totidern  cogites  te  videre  discipulorum  coronas, 
quarum  in  medio  conficitur  miser  majore  molestia,  quam  in  ipsa 
doccndi  hora.  « 

.\icoLAi  Clemardi,  Peregrinatiomim  ac  de  rébus  Machometicis  Epis- 
folœ  eleyanlissimœ.  lovanii apnd  ïlieronymum  Wcllœum,  anno  1561, 
in-12,  episl.,  8».  Cons.  sur  Cleynaert  la  belle  étude  que  lui  a  consa- 
crée notre  savant  confrère  M.  Félix  Ncve,  dans  l'intéressant  volume 
qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  suivant  :  De  la  liinaissance  des 
lettres  et  l'essor  de  l'érudition  ancienne  en  Belgique.  Louvain,  1890, 
in-S". 

(2)  Jaspar  vander  Borch,  hoeckvcrcoopnre,  on  Laurcntie  Spille- 
mans, syne  huysvrouwe,  woenende  le  Loeven. 

/icte  du  28  août  1518,  in-3». 

(5)  Jaspar  vander  Borcff,  sone  wylcn  Jans,  ende  .lannc  Swilden, 
zyn  behouden  sone. 

Acte  du  12  août  15!^S,  in-2'. 


(  2<2  ) 

Klle  sort  des  presses  d'un  typographe  de  certain  renom, 
Servais  van  Zasscn.  On  lit  au  bas  dn  litre  :  Lovanii  apvd 
Pcirnm  Phalcsiiim,  htbiiopolam,  et,  à  la  dernière  page  : 
Lovanii  ex  o/jficiiin  Zcrvalii  Sasseni,  Diestensis. 

ï.e  jennc  libraire  avait  également  recours  aux  presses 
de  Rulgrr  Velpen,  Jacques  Balen  et  Martin  de  Raymaker 
{Bolarius). 

Ne  menant  en  vente  que  des  ouvrages  de  choix,  il  ne 
larda  pas  à  voir  prospérer  son  commerce.  Ce  succès  le 
détermina  à  créer  une  imprimerie  musicale  en  caraclères 
mobiles.  L'octroi  royal  pour  établir  cet  atelier  lui  fut 
délivré  le  29  janvier  1551. 

Une  des  premières  productions  de  la  nouvelle  officine 
date  de  1552  C'est  un  recueil  de  Chansons  à  quatre  par- 
ties, nouvellement  composées  et  mises  en  musicque  par 
maislre  Jfhan  de  Latre.  Au  bas  du  titre  on  lit  l'inscrip- 
tion suivante  :  Imprimé  à  Louvain  par  Pierre  Phalèse, 
pour  Imj  et  Martin  Rotaire,  Van  MDLII. 

Phalèse  se  montra  constamment  homme  de  savoir  et  de 
goût.  Tout  ce  qui  sortait  de  ses  presses  se  faisait  remar- 
(|uer  par  la  netteté  et  l'élégance  des  caractères.  On  com- 
prend que  ses  laborieuses  tentatives  pour  coopérer  aux 
progrès  de  l'art  musical  ne  tardèrent  point  d'être  appré- 
ciées. En  peu  de  temps,  il  devint  le  rival  du  grand  éditeur 
Tilman  Susalo,  établi  à  Anvers. 

Pierre  Phalèse  édita,  sous  la  forme  de  petits  cahiers 
oblongs,  d'une  exécution  charmante,  une  série  considé- 
rable de  morceaux  de  compositeurs  de  toutes  les  écoles  de 
l'époque,  sur  des  paroles  latines,  italiennes,  françaises  et 
flamandes.  Ces  publications  eurent  un  grand  succès,  et  les 
exemplaires  que  le  temps   n'a    point  détruits,  forment 


(  21.-.  ) 

actuellement  encore  les  délices  de  ceux  qui  s'intéressent  à 
l'histoire  de  la  rausiqne  au  XVI"  siècle. 

Par  acte  du  2ô  avril  1542,  Pierre  Phalèse  approuva 
tojit  ce  qui  avait  été  lait,  en  son  nom,  par  un  certain  Cor- 
neille Verbren»ers,  dans  une  cause  appelée  devant  les 
niayciirs  et  échevins  de  Berthem  (1)  Il  y  a  lieu  de  croire 
(|u'il  possédait  dos  terres  dans  cette  commune,  située  à 
deux  lieues  de  l.ouvain. 

Un  acte  de  nos  échevins  du  1"'  février  1558  nous 
apprend  que  Phalèse  relevait  de  l'Université  (2). 


(1)  Allen  (Icii  gheiicn  dat  Pketer  van  i)i;u  I^iialisen,  soiie  wyloii 
.liignstijus,  woncndc  te  Loveii,  icrst  laiulcrcndc,  ratificereiide  en 
approbcrende  allel  geiic  des,  by  Coinelysen  Vcrbremcrs,  in  zynen 
naine  en  van  synen  wegcn  gcdaen  ende  gebcsoigiicert  niacli  wcscn, 
in  der  s;;kcn  die  de  voirsc.  I^eler,  als  verweerdcre  voor  Rleycrc  en 
sehcpcnen  van  Bertbem,  onbeslist  uulstaen  heeft,  legen  Jan  van  Den 
Hriiyne,  vercleerende  tselve  met  zyncn  bevele  en  begecrlc  gedaen  te 
zyn,  in  presentia,  hcefl  voirts  gcconslilueei-t  den  selvcn  Coniclysse 
Verbreniers,  Gccrde  Corbcel,  .laniie  Melaens,  Jorysc  Moons,  Waltcius 
Druys,  Jan  Nys,  Mcesler  Joose  de  Mccstere,  Jan  Segers,  Malhys  van 
Willcbringen,  aut,  aile  zyn  saken,  in  forma  ad  lites,  etc.  Coram  Oli- 
viers, Rycke. 

Acte  du  25  air«7  1  bi2,  in-l", 

{"!)  Item,  Hcnrick  Fcyten,  sone  Mecsler  Severyns,  nu  tcn  tyd 
woonende  tôt  Merchleni,  ende  Peeter  van  der  Famzkn,  zone  Auijns- 
lyns,  woonende  binneii  deser  stadt  van  Loven,  rcnuntcerende  aile 
prcvilegien,  niertdagen  ende  aile  andere  goiyckc  exeeplien,  ende 
beznndere,  de  voirse.  Peetei-,  dcti  privilr/jicn  luih  de  Uniccrsileyl  van 
Loven,  ende  obligerende  ende  subniilterende  liunncn  persoon  ende 
aile  liunne  goeden,  liave  ende  erffvc,  bebben  geloeft  onverselieyden 
cndeelek  van  hcn  besunderl,  Synioenen  de  Scepcrc  goedc  behoirlyke 
gocdinge  le  ilocn  liebbcn  van  aisuicken  bccnipt  als  gelegen  es  tôt 
5™^   SÉKIE,    TOME    \X.  14. 


C  214  ) 

En  1570,  Philippe  II  fit  promulguer  une  ordonnance 
par  laquelle  il  instilua  une  charge  de  prololypographe. 
Le  titulaire  de  cette  nouvelle  fonction,  Christophe  Plantin, 
avait  pour  mission  d'examiner  ceux  qui  voulaient  exercer, 
dans  les  Pays-Bas,  l'art  de  l'imprimerie.  Le  9  juillet  de 
l'année  qu'on  vient  de  lire,  «  Petrus  Phalesius,  imprimeur, 
demeurant  à  Louvain,  »  se  présenta  devant  le  grand  typo- 
graphe anversois  pour  «  estre  examiné  ».  Dans  le  certi- 
ficat que  Plantin  lui  délivra,  il  déclare  qu'il  l'a  «  trouvé 
»  expert  en  l'art  d'imprimer  musique,  en  quoy  il  s'es-t 
»  seulement  exercé,  et  entend  latin,  François  et  fla- 
»   meng  (1)  ». 

Après  le  décès  de  Pierre  Phalèse,  son  imprimerie 
musicale  fut  continuée,  pendant  quelque  temps  encore,  par 
son  fils  Corneille,  qui  édita,  à  Louvain,  en  1574,  un  recueil 
de  morceaux  d'Orlando  Lassis. 

Pierre  Phalèse  mourut,  à  Louvain,  très  probablement 
en  1S75.  Outre  Corneille,  dont  nous  venons  de  parler,  il 
laissa  deux  autres  fils,  savoir  :  Hubert  Phalèse,  sons-prieur 
de  l'abbaye  d'Afflighem,  publicisle,  et  Pierre  Phalèse,  qui 
s'établit  comme  éditeur  de  musique,  à  Anvers,  où  il  s'as- 


Meersele,  groot  omirent  vi  dachmalen,  achtervolgende  deii  toeseggen 
by  den  voirsc.  Henrick  Feyten  gedaen,  voor  scepenen  van  Loven,  op 
den  xxiij  en  juny  a»  XV^LJ,  in  média,  voer  welke  geloefte  ende  voer 
tvoldoen  van  dcr  sclver  de  voirsc.  Symon  de  Sceperc  doen  hachten 
cndo  houden  heeft  den  voirsc.  Henrick  Feyten,  etc. 

./ctc  du  i"  février,  inscrit  entre  le  Ifi  juillet  et  5  août  iî)58, 
in-5". 

(t)  M.  PiiiLiPi'E  RoMBOiTS,  Certificats  drlivrés  aux  imprimeurs  des 
Pays-Bas  imr  Christophe  l'iuntin,  Anvers,  I8S1,  p.  U. 


(  'il.-i  ) 

socia  avec  Jean  liellère,  de  Liège;  sa  (ille,  Anne  Phalèsc, 
8e  maria  à  Gérard  Franck. 

M.  Alphonse  Goovaerts,  chef  de  section  anx  archives 
générales  du  royaume,  est  auteur  d'une  bibliographie  des 
publications  musicales  éditées  par  les  Phalèsc  et  les  lîel- 
lèro  (1).  Ce  savant  a  écrit  un  second  travail  renfermant  des 
particularités  biographiques  très  intéressantes  sur  ces  deux 
ramilles  qui,  par  leurs  importantes  publications,  ont  con- 
tribué, dans  une  large  mesure,  à  propager  le  goût  de  l'art 
musical  en  Belgique  (2). 


OUVRAGES  PRESENTES. 


Delbu-iff  (./.).  —  De  la  nature  psychologique  de  l'hypno- 
lismc.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-8»  (7  p.). 

Folie  {F.).  —  Sur  la  nulation  de  l'axe  du  monde.  Pari^;, 
1890;  extr.  in-4"  (5  p.). 

Hijinaîis  {Henri)  et  Hijmans  [Paul).  —  Bruxelles  à 
travers  les  âges,  tome  III.  Bruxelles  moderne.  Bruxelles,  1890; 
vol.  ui-4°. 

Monge{Léon  de).  — Etudes  morales  et  littéraires.  Épopées 
et  romans  elievaleres(iues,  II.  Louvain,  1889  ;  vol.  in-18. 


(1)  Dans  son  Histoire  et  bif)lio(jrsplnc  de  lit  typoijrap/iic  musicale 
<luns  les  l*ays-Bas.  Anvers,  1880. 

(;2)  Notice  biaqrapliifitip  sur  Pikrre  Ph.u.ksi;,  imprimeur  de  musique, 
n  /Invers,  au  XV h  siècle.  Bruxelles,  iHti'.t. 


;  216  ) 

ffoeguerilen  {Puul  Van).  —  Disfriliulion  d'eau.  Ai,'gloiné- 
ration  bruxelloise.  Dérivjttion  des  sources  de  Modavc.  Bruxel- 
les, IS'.tO  (45  |).). 

Speybrouck  {Aiig.  Van).  —  Compte  rendu  des  travaux  du 
conj];rès  archéologique  cl  liislorique  de  Belgique,  tenu  en  1889. 
Mruges,  48'JO;  in-H»  (1G2  p.). 

Ilouzé  {le  D'  E).  —  Le  Palais.  Les  applications  de  l'antliro- 
poniétrie  et  plus  spécialement  les  signalements  antliropomé- 
triquesau  point  de  vue  judiciaire. Conféi'cnce.  Bruxelles,  18î)0; 
cxlr.  in-8''(18  p  ). 

—  Les  Samoans  de  Leone  (île  Tutuila)  exhibés  par  M.  Cun- 
ningham  au  Musée  Castan,  conférence.  Bruxelles,  1890;  cxlr. 
in-8»(i6p.). 

Génard  (P.).  —  Antwerpsch  arcliicvenblad,  decl  XVII, 
2^'aflevering.  Anvers,  1890;  in-8". 

Lameere  {Aiig.).  —  A  propos  de  la  maturation  de  l'œuf 
parlhénogénétiquc.  Bruxelles,  1890;  in-8"  (88  p.,  pi.). 

—  Recherches  sur  la  réduction  karyogainique.  Bruxelles, 
1890;  ni-8"(75  p.,  pi). 

Ministère  de  la  Guerre.  —  Catalogue  de  la  bibliothèque, 
2*^  volume.  Bruxelles,  1890;  vol.  in-8". 

Cercle  des  naturalistes  hutois.  —  Bulletin,  n"*  3  et  4,  1889. 
In-8°. 

Société  d'archéologie  de  Bruxelles.  —  Annales,  tome  IV, 
1*^"  livraison.  In-8". 

Université  libre  de  Bruxelles.  —  Annales  de  la  faculté  de 
philosoj)hie  et  lettres,  tome  I",  "2^  fascicule.  Bruxelles,  1890; 
in-S". 

Société  de  botanique  de  Belgique.  —  Tables  généialcs  du 
Bulletin,  tomes  I-XXV,  18G2-I887,  par  Théophile  Durand. 
Bruxelles,  1$90;  in-8°. 


(  217  ) 


Allemagne  et  AoTRiciiE-noNGiiiE. 

CwvaeUachaft  der  Wissenschaflen,  Prag.  —  Silzungsbr- 
riohlc  :  philos.  Classe,  1889.  —  Die  spccuhuivc  Idcc  (1er 
Frcilicil,  ilirc  Widcrsachcr,  ihro  priiclischc  VcrwcrUuig 
(J.  Locwf).  —  Abliaiulliiiigcn,  bcidc  Classcii,  Bd.  VU.  Rcgcsla 
Mohcmiae,  pars  lil,  vol.  0.  —  Prcisscliriflcn,  3  und  4. 

Vercîn  fïir  Geschichte  und  Alterthum  Schlesiens.  —  Zeil- 
schrifl,  Batul  ïi4.  Codex  diplomaticus,  Band  XV.  Brcslau. 

Gescllschnft  fur...  Geschichte,  Kicl.  —  Regesten,  III,  1-ô. 
Zeilsclirifl,  Band  XIX. 

Koniglkhe  Forstdirektion.  —  Forstslalisliclu:  Mitteilungcn 
ans  Wùrltemherg,  1888,  7.  Jahrgang.  SluUgart,  4890;  in4". 

Pln/sikal.  und  medicinisrhe  Gesellsrhaft,  Wurzburg.  — 
Verliandiungcn,  Band  XXIV,  1-4.  Sitzungsberiehtc,  1890,  1-5. 
In-8". 

Goppelsroeder  {Friedr.).  —  Ueber  Feiierbestaltiing.  Miilbau- 
sen,  1890;  in-S»  (108  p.). 


Amérique. 

Ridgway  (Robert).  —  Fiirther  notes  on  Ihe  genus  xiphoco- 
iaptesof  Icsson.  Washington.  1890;  extr.  in-8''  (2  p.). 

Slarr  [David).  —  Description  of  a  new  spccics  of  fish  from 
TippecanoeRiver,Indiana.  Washington,  1890;  cxtr.  in-8"(2p.). 


France. 

[Vial{L.-C.).]  —  Le  positif  -t-  et  le  négatif  —,  duo  d'amour 

en  lin  acte,  par  un  pruneau  de  Tours.  Paris,  1890;  in-8''(MîO  p.). 

Monaco  [Prince  Albert  de).  —  Expériences  de  Uotlage  sur 


(  218  ) 

les  courants  superficiels  de  l'Allanlique  Nord.   Paris.   1890; 
in-S'Cie  p.). 

—  Résultats  des  campagnes  scientifiques  du  yacht  !'«  Hiron- 
delle ».  Paris,  1889;  in-8''(Dl  p.). 

—  Sur  la  faune  des  eaux  profondes  de  la  Méditerranée  au 
large  de  Monaco.  Paris,  1890;  exlr.  In-i'  (3  p.). 

Héron-Roger.  —  Nouvelles  observations  sur  racclimatation 
du  Discoglossus  auritus.  Paris,  4890;  extr.  in-8°  (5  p.). 

—  Notice  sur  les  mœurs  des  batraciens,  4'  fascicule.  Angers, 
1890;  extr.  in-8"  (58  p.,  pi). 

Radau  {R.).  —  Quelques  mots  sur  la  question  de  la  nu  la- 
lion  diurne.  Paris,  1890;  extr.  in-8''  (4  p.). 

—  Revue    des    publications   astronomiques.   Paris,   4890; 
2  extr,  in-S". 

Rouvier  [le  Z)"^  Jules).   —  Identité  de  la  dengue  et  de  la 
grippe-influenza.  Paris,  1890;  in-8°  (48  p.). 


Grande-Bretagne  et  Colonies  britanniques. 

New  South  Wales  statistician's  office.  —  Stalistical  regisler 
for  1889  and  previous  years:  pars  1-4  (Coghlan).  Sydney,  1890; 
5  cah.  in -8°. 

Mueller  {F.  von).  —  Second  systematic  census  of  auslralian 
plants,  part.  I.  Melbourne,  1889;  in-4". 

Thurston  {Edgar).  —  Notes  on  the  pearl  and  chank  fîsheries 
and  marine  fauna  of  ihe  Guif  of  Manaar.  Madras,  1890;  in-8". 

—  Catalogue  of  the  balrachia,  salientia  and  opoda  of 
southern  India.  Madras,  1888;  in-8°. 


(  219  ) 


Italie. 

Parlatore  {Filippo)  et  Caruel  (Teodoro).  —  Flora  italiana 
ossia  descrizione  dellc  plante  che  crcscono  spontanée  o  vege- 
laiio  corne  lali  in  Italia,  e  nelle  isole  ad  essa  aggiacenli, 
volume  l-Vlll;  IX  parle  1'.  Florence,  1850-lSf.O;  iri-8». 

Parlatore  {Filippo).  —  Viaggio  per  le  parti  settenirionali  di 
lînropa  fatto  iielT  aniio  18oi.  Parte  1".  Florence,  1854;  vol. 
in-8". 

^    —  Les  collections  botaniques  du  Musée  royal  de  physique 
et  d'histoire  naturelle  de  Florence.  Florence,  1874;  vol.  in-8". 

Caruel  [Teodoro).  —  Prodronio  délia  flora  loscana.  Florence, 
18G0-18G4;  vol.  in-8». 

—  Stalistica  botanica  délia  Toscana.  Florence,  1871  ;  vol. 
in-8'. 

—  La  morfologia  végétale.  Pise,  1878;  vol.  in-18. 
Cesalpino   {Andréa).   —   Theodori    Caruelii    illustratio   in 

liorlum  siccuni.  Florence,  4858;  in-18. 

Liigari  {G.-B.).  —  Sull'  origine  e  fondazionc  di  Horaa. 
Parte  2\  Rome,  1890;  extr.  in-4»  (48  p.), 

Società  italiana  di  scienze  naturali.  —  Atti,  volume  XXX- 
XXXll.  Milan,  1887-1889;  5  vol.  in-8°. 

Fondazione  scientifica  Cagnola. —  Atti,  volume  VIII.  Milan, 
1888;  vol.  in-8<'. 

Istituto  Lombardo  di  scienze  e  lettere.  —  Rendiconti, 
volume  XX  e  XXI.  Memorie,  lettere,  vol.  XVIII,  fasc.  1. 
Classe  di  matematiche,  vol.  XVI,  2.  Milan,  1888. 


Pays-Bas. 

Historisch  Genootschap,  Utrecht.  —  Werken,  nieuwe  série 
u"  55  en  5G.  Bijdragen,  deel  XII.  La  Haye,  1889;  5  vol.  in-8». 


(  220  ) 


Pays  divers. 

Villa  {Antonio  Rodriguez).  —  El  coronel  Francisco  Verdugo 
(1557-1595),  nuevos  dalos  biograficos  y  relacion  de  la  cam- 
paiia  de  Flandcs  de  l()41,  por  Vincart.  Madrid,  1890;  vol, 
in-i2. 

Société  d'histoire  du  Danemark.  —  Libri  mcmorialis  capi- 
luli  Lundensis,  II.  Hefte.  Copenhague,  1889;  in-8°. 

Observatoire  de  l'Université  d'Upsal.  —  Bulletin  mensuel, 
vol.  XXI,  1889.  Upsal;  in-4''. 

Université  de  Christiania.  —  Jahrbuch  des  meteorolo- 
gischen  Instiluts,  1887.  Viridariuin  Norvegicum,  Bind  III 
(Schiibelcr).  —  Lakis  kratere  (Aniund  Helland).  —  Syinbolac 
ad  historiam  ecclesiaslicam  (L.  Daae). 

Norwegische  Commission  der  europàischen  Gradmessungl 
—  Geodâlische  Arbeiten,  Hefle  VI  und  VII  Christiania,  1888-j 
1890;  2  cah.  in-i». 

Association  géodésique  internationale.  —  Compte  rendul 
des  séances  de  la  9"^  conférence  générale  réunie  à  Paris  er 
1889.  Berlin,  1890;  vol.  in-4''. 


Erratum. 


Page  20,  première  ligne,  au  lieu  de  cuurbrs  planes,   lisez  ligiiei 
plunett. 


i^-®> 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEADX-AHTS  DE  BELGIQIE 

1890.  —  No  8. 


CLASSE  DES  SCIEUCES. 


Séance  du  2  août  1890. 

M.  Stas,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sonl  présents  :  MM.  P.-J.  Van  Beneden,  Gluge,  G.  De- 
walque,  E.  Candèze,  Éd.  Dupont,  Éd.  Van  Beneden,  G. 
Malaise,  Fr.  Crépin,  Éd.  Mailly,  J.  De  Tilly,  Ch.  Van 
Bambeke,  G.  Van  der  Menshrugghe,  W.  Spring,  Louis 
Henry,  M.  Moiirlon,  J.  Delbœuf,  P.  De  Heen,  membres;  Ch. 
de  la  Vallée  Poussin,  associé;  L.  Fredericq,  G.  Le  Paige, 
A.-F.  Renard,  Léo  Errera  et  F.  Terby,  correspondants. 

MM.  F.  Plateau,  vice-directeur  de  la  Classe,  et  P.  Man- 
sion,  membre,  s'excusent,  par  écrit,  de  leur  absence. 

3""   SÉRIE,    TOME    XX.  15 


(  2i2  ) 


CORRESPONDAiNCE. 


M.  le  professeur  Ch.  Ploën,  à  Jodoigne,  exprime  le  désir 
de  pouvoir  rentrer  en  possession  de  sa  noie  sur  la  régu- 
larilé  de  Vliorloge,  qui  avait  été  renvoyée  à  l'examen  de 
iM.  Van  der  Mensbrugghe  et  sur  la(iuelle  il  n'a  pas  encore 
été  fait  de  rapport.  —  Accordé. 

—  M.  Jacques  Deruyts,  chargé  de  cours  à  l'Université 
de  Liège,  demande  le  dé|.>ôl,  dans  les  archives  de  l'Acadé- 
mie, d'un  pli  cacheté  daté  du  1"  août  1890,  et  portant 
en  suscription  :  JSouvclles  recherches  sur  la  théorie  des 
formes.  —  Accordé. 

—  M.  Delaey,  maréchal  des  logis  d'artillerie  en  retraite, 
à  Roulers,  adresse  une  nouvelle  suite  à  ses  communica- 
tions manuscrites.  —  Dépôt  dans  les  archives. 

—  M.  Schoentjes,  chargé  de  cours  à  l'Université  de 
Gand,  soumet  à  la  Classe  une  reclilication  se  rapportant  à 
son  travail  «  Sur  la  lumière  polarisée  »,  imprimé  dans 
le  Bullelin  d'avril  1890. 

La  Classe  décide  l'impression  de  cette  reclilication  dans 
le  Bullelin  de  la  séance.  (Voyez  page  224.) 

—  Hommages  d'ouvrages. 

1"  Inauguration  du  monument  //omspom.  Souvenir  offert 
[)ar  la  rédaction  de  la  revue  «  Ciel  et  Terre  »  ; 


(   Tlù  ) 

2"  Les  encliaiitemmls  du  monde  animal  dans  les  temps 
géoioijUjues;  par  Albcrl  Gaiidry,  associé; 

5"  Sur  les  involulions  unicursales.  —  Sur  les  surfaces 
du  iroisième  ordre,  etc.;  8  broch.  par  François  DtTuyls; 

A"  yole  sur  les  mouvements  parallèles  des  roclies  stra- 
ti(iées ;  par  Alphonse  Hriarl; 

o"  Sur  l'entraînement  mutuel  de  Céeorcc  et  du  noyau 
terrestres  en  vertu  du  frottement  intérieur.  Réponse  à 
M.  Liagre,  par  E.  Ronkar; 

6"  .Sur  la  structure  des  bandes  équatoriales  de  Jupiter; 
par  F.  Terby , 

7°  Considérations  sur  le  mouvement  de  rotation  de  la 
planète  V>»u.s.  Traduction  du  travail  de  M.  Schiaparelli; 
par  F.  Terby; 

8°  liemarques  sur  la  nutalion  diurne,  par  Lehmann- 
Filhès  (n"'  2971-2975  des  Aslronomische  J\achrichlen]. 
Résumé  fait  par  M.  Radau  dans  le  numéro  de  juin  1890 
du  liulleiin  astronomique,  de  F.  Tisserand.  —  Remer- 
ciements. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Sur  les  points  d'inflexion  dans  les  cubiques;  par 
Cl.  Servais.  —  Commissaires  :  MM.  Le  Paige,  Mansion  et 
De  Tilly  ; 

2°  Étude  sur  un  phénomène  lumineux  et  calorifique 
accompagnant  l'électrolyse ;  par  Hoho  et  E.  Lagrange. 
—  Commissaires  :  MM.  Van  der  Mensbrugglie  et  De  Heen; 

5°  Études  sur  le  lambic;  par  L.  Vandenhnile  et  H.  Van 
Laer. —  Commissaires:  MM.  Henry  elGilkinet; 

4°  Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'aldéhyde;  par 
Maurice  Delacre.  —  Commissaire  :  M.  Henry; 


(  m  ) 

5°  Sur  les  déformations  que  font  naitre  dans  un  hémi- 
sphère creux  métallique  le  choc  et  la  pression  d'un  corps 
dur  (noie  |)réliminaire);  jiar  H.  Schoenljes.  —  Commis- 
saire :  M.  Van  der  Monsbriigghe  ; 

6°  La  réduction  des  nitrates  en  nitrites  par  les  graines 
et  les  tubercules;  par  Emile  Laurent.  —  Commissaires  : 
MM.  Gilkinel  et  Errera. 


Gand,  18  juilletlSflO. 

Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel, 

J'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  bien  vouloir  présenter  à 
l'Académie  royale  la  rectiOcation  suivante,  qui  m'est  dictée 
par  les  lois  élémentaires  de  la  loyauté  scientifique;  elle 
est  relative  à  ma  note,  publiée  dans  le  Bulletin  d'avril  de 
1890,  et  intitulée  :  Projet  d'expériences  destinées  à  véri- 
fier si  la  lumière  polarisée,  dont  le  plan  de  polarisation 
oscille,  exerce  une  influence  sur  un  champ  maçjnélique. 

Dans  ce  travail,  je  décris  des  expériences  ayant  pour 
but  de  répondre  aux  deux  questions  suivantes  : 

1°  Le  phénomène  de  la  polarisation  rotaloire  magné- 
tique ne  serait-il  pas  réversible,  et  ne  pourrait-on  provo- 
quer des  changements  dans  les  vibrations  magnétiques  en 
modiliant  brusquement  la  direction  des  vibrations  lumi- 
neuses d'un  faisceau  polarisé,  traversant  une  substance 
transparente  placée  dans  un  champ  magnétique? 

2°  Ne  pourrait-on  pas  réussir  d'une  autre  manière,  et 
provoquer  des  changements  magnétiques  en  polarisant  et 
en  dépolarisant  alternativement  un  faisceau  de  lumière 
naturelle? 


(  22ri  ) 

Ma  reclificalion  se  rapporte  à  la  première  question. 
Je  viens  d'apprendre  elde  conslaler  de  visu  que  la  con- 
jeclure  delà  réversibilité  de  la  rolalion  éleclro-oplique  a 
été  faite  et  publiée  en  1885  par  M.  E.  Leober,  et  que  ce 
savant  a  lait  ilcs  expériences  en  vue  de  la  véiifier.  Ces 
expériences  ont  eu  un  résultat  négatif. 

Il  y  a  plus  :  M.K.Lecber  fait  passer  un  faisceau  polarisé 
suivant  l'axe  d'un  solénoïde  activé  par  un  courant  inter- 
rompu périodiquement  à  l'aide  d'un  diapason.  Le  faisceau, 
ainsi  rendu  oscillant,  passe  dans  un  deuxième  solénoïde 
formant  avec  le  (il  d'un  télépbone  un  circuit  fermé. 

Ce  sont  là,  dans  leur  forme  générale,  les  dispositions 
des  expériences  que  j'ai  projetées. 

Outre  la  conjecture  de  la  réversibilité,  l'idée  de  faire 
oscdier  le  plan  des  vibrations  lumineuses,  celle  de  l'emploi 
du  télépbone  comme  électroscope  appartiennent  donc  à 
M.  Lecber,  en  vertu  de  la  priorité;  je  me  fais  un  devoir 
de  le  reconnaître  en  toute  sincérité. 

Mais,  s'il  est  vrai  que  je  me  suis  rencontré  avec 
M.  ï.ecber  au  point  de  vue  des  généralités,  mes  expé- 
riences diffèrent  des  siennes  par  les  points  suivants  : 

Je  produis  des  oscillations  du  faisceau  polarisé  beau- 
coup plus  étendues, giâce  à  des  substances  actives  à  con- 
stantes de  Verdel  incomparablement  plus  grandes  que 
celle  de  l'air,  seule  substance  dont  M.  Lécher  fasse  men- 
tion. 

Tandis  que  M.  Lécher  essaie  de  créer  des  champs 
magnétiques  périodiquement  renversés,  j'ai  proposé  de 
modifier  un  champ  magnétique  existant  au  préalable; 
celte  proposition  est  impliquée  dans  le  titre  même  de  mon 
travail.  Le  champ  magnétique  permanent  est  produit, 
non  dans  l'air,  mais  dans  des  substances  beaucoup  plus 


(  226  ) 

actives;  les  modificalions  éventuelles  du  flux  de  force  se 
révèlent  dnns  le  téléphone,  non  pas  directement,  mais 
indirectement,  [)ar  les  courants  induits  naissant  dans  un 
solénoïde  à  fil  fin  superposé  à  celui  qui  produit  le  champ 
permanent. 

Les  dispositions  de  M.  Lécher  me  semblent  moins 
favorables  que  les  miennes  à  la  manifestation  éventuelle 
de  la  réversibilité  du  phénomène  électro-optique.  J'estime 
que  celle  question  intéressante  ne  sera  résolue  que  le  jour 
où  des  expériences  auront  été  faites  dans  les  conditions 
que  j'ai  indiquées  dans  mon  travail. 

En  dehors  des  différences  signalées  plus  haut,  et  pour 
terminer  ce  qui  se  rapporte  à  la  première  question,  je 
crois  pouvoir  réclamer  comme  miennes  les  méthodes  des- 
tinées à  éviter  l'induction  directe,  ainsi  que  les  disposi- 
tions indiquées  dans  les  figures  10  et  W  de  ma  note. 

Quant  à  la  partie  de  mon  travail  relative  à  la  seconde 
({uestion,  elle  est  absolument  étrangère  à  la  communica- 
tion de  M.  Lécher. 

Ayant  rendu  à  César  ce  qui  appartient  à  César,  je  n'ai 
plus  qu'à  faire  voir  comment  la  communication  de 
M.  Lécher  a  pu  m'échapper  dans  mes  recherches  biblio- 
graphiques. 

Dans  les  Beiblàtter  zu  den  Annnlen  der  Phi/sik  und 
Chemie  de  Wiedemann,  t.  Vill,  1884,  page  xxx  de  la 
table  des  matières,  le  travail  de  M.  Lécher  porte  le  titre 
suivant,  entièrement  étranger  à  la  réversibilité  du  phéno- 
mène électro-optique  :  Induction  durcit  bewegte  statischt 
El.  nnd  Interferenz  v.  Licht  bei  FlUssigheiten  die  voi 
Sfrônien  durchflossen  sind,  S.  665. 

A  la  page  66o  des  Beiblàtter  figure  un  résumé  du  tra- 
vail sous  le  litre  extrêmement  vague:  E.  Lécher.  —  Einige 


(  "i-n  ) 

eleclrischc  Verstic/ic  mit  vcr/alircm  licsullal.  (Ilcp.  (J. 
Physik,  20,  |)|).  151-153,  1884.  —  Clieni.-phys.  Ges.  zu 
Wicn,  15Nov.  1885.) 

Si  Ton  consiillo  le  neperloriinn  <ler  P/n/sik,  on  Iroiivoà 
la  page  151  (lu  loine  XX  une  conimunicalion  laile  par 
M.  hocher  à  la  Société  de  physique  el  de  chinrïie  do  Vienne, 
le  15  novembre  1885,  el  inlilnlée  :  Einir/c  eiccirisclic 
Vcrsiiche  mil  negaiivcm  liesiilUit. 

Rien  dans  ces  lilres  ne  pouvait  me  Taire  soupçonner  le 
sujet  dont  je  m'occupais. 

Telle  est  la  cause  de  ma  mésaventure.  Le  hasard  ne 
m'a  pas  secondé;  lui  seul  pouvait,  dans  le  cours  de  mes 
recherches  bibliographiques,  me  faire  découvrir  le  travail 
de  M.  Lécher  et  m'apprendre,  une  l'ois  de  plus,  qu'il  n'y 
a  rien  de  nouveau  sous  le  soleil. 

Agréez,  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  l'assurance 
de  ma  considération  très  distinguée. 

H.  SCHOENTJES, 
(lliargc  de  cours  à  rUniversité  de  Gand. 


CONCOURS  ANNUEL  DE  LA  CLASSE  POUR   1890. 


D'après  les  conditions  du  programme,  le  délai  pour  la 
remise  des  manuscrits  expirait  le  i"  août;  aucun  travail 
n'a  été  adressé  en  réponse  aux  six  questions  inscrites. 


(  :228  ) 


RAPPORTS. 


MM.  Mansion,  Catalan  et  De  Tilly  donnenl  lecture  de 
leur  rapport  sur  un  travail  de  M.  Beaupain  intitulé  :  Sur 
quelques  intégrales  définies. 

L'auteur  sera  prié  de  tnodilier  son  travail  dans  le  sens 
des  rapports. 


Nouveau  système  de  machine  à  vapeur  de  M.  Spanoghe. 

Mtapitoi'l  de  M.  Matts, 

<r  M.  Spanoghe  soumet  à  l'Académie  un  nouveau 
système  de  machine  à  vapeur,  destiné  à  donner,  à  l'arbre 
moteur,  un  mouvement  de  rotation  sans  bielle  et  sans 
manivelle. 

Pour  remplacer  ces  organes  mécaniques,  l'inventeur 
fixe  sur  l'arbre  moteur  un  noyau  concentrique  ou  renfle- 
ment cylindrique,  ayant  un  diamètre  moitié  du  diamètre 
du  piston  à  vapeur;  puis  il  creuse,  sur  la  surface  cylin- 
drique de  ce  noyau,  deux  rainures  hélicoïdales  symétriques 
à  section  carrée,  et  qui,  partant  d'un  même  point,  se 
dirigent  l'une  par  la  droite,  l'antre  par  la  gauche,  et  se 
rencontrent  à  une  distance,  de  leur  point  de  départ,  égale 
à  la  course  du  piston  à  vapeur. 

Ces  rainures  hélicoïdales  sont  raccordées  de  manière  à 
pouvoir  être  parcourues  successivement  par  un  même 
solide  mobile,  que  l'auteur  appelle  came,  et  auquel  il  a 
donné  la  forme  d'un  petit  cylindre,  dont  la  base  inférieure 


(  T29  ) 

repose  sur  le  lond  de  la  rainure,  el  la  base  supérieure  fail 
corps  avecla  lige  du  piston  à  vapeur. 

Des  dispositions  spéciales  empêchent  la  came  de  dévier 
de  la  ligne  droite,  que  parcourt  la  tige  du  piston  à  vapeur. 

Engagée  dans  une  r;iinure  courbe,  et  obligée  de  se 
mouvoir  en  ligne  droite,  la  came  ne  peut  progresser  qu'en 
déplaçant  latéralement  la  rainure  qui,  creusée  dans  un 
rendement  de  l'arbre  moteur,  ne  peut  recevoir  aucun 
mouvement  longitudinal. 

Le  déplacement  latéral  de  la  rainure  détermine  la  rota- 
tion de  l'arbre  moteur,  qui  décrit  une  demi-révolution 
lorsque  la  came  parcourt  la  longueur  d'une  rainure. 

L'arbre  continuera  son  mouvement  de  rotation,  dans  le 
même  sens,  pendant  que  la  came  parcourra,  en  rétrogra- 
dant, la  rainure  suivante,  parce  que  celte  rainure  dévie  en 
sens  opposé  de  la  précédente.  Un  tour  entier  de  l'arbre 
correspond  donc  au  parcours  de  deux  rainures. 

En  continuant  à  passer  d'une  rainure  dans  la  suivante, 
la  came  peut  faire  tourner  indétinimenl  l'arbre  moteur. 

Les  rainures  ayant  une  courbure  uniforme,  la  vitesse  de 
rotation  de  l'arbre  est  subordonnée  à  la  vitesse  de  la 
came;  cette  vitesse  doit  donc  rester  invariable  pour 
imprimer  à  l'arbre  une  rotation  uniforme. 

Devant  arriver  à  l'extrémité  de  sa  course  avec  sa  vitesse 
normale,  el  rétrograder  instantanément,  la  came  éprouvera 
un  cboc  d'autant  plus  violent  que  sa  vitesse  normale  sera 
plus  grande. 

Ces  chocs  répétés  ne  larderont  pas  à  faire  abandonner 
le  système  de  M.  Spanoghe,  lors  même  que  le  nombre  de 
tours  par  minute  serait  beaucoup  inférieur  à  200,  nombre 
qu'il  a  indiqué  comme  pouvant  être  dépassé. 

Le  problème  de  concilier  une  rotation   uniforme  de 


(  m)  ) 

l'aibre  moleur,  avec  un  moiivcinenl  variable  du  pislon  à 
vapL'iir,  alin  <remi)èclier  loiil  choc  aux  exlrémilés  de  sa 
course,  esl  résolu  par  l'emploi  d'une  bielle  el  d'une  mani- 
velle. 

En  effet,  le  boulon  de  la  manivelle  décrit  une  demi- 
circonférence,  pendant  que  le  pislon  parcourt  le  diamètre. 

Si  l'on  divise  la  demi-circonférence  en  un  grand  nombre 
d'arcs  égaux,  el  que,  de  cbaiiuc  point  de  division,  on 
abaisse  une  perpendiculaire  sur  le  diamèlre,  la  distance 
entre  deux  perpendiculaires  voisines  esl  la  plus  grande  au 
milieu  du  diamètre,  et  diminue  à  mesure  qu'on  approche 
de  ses  extrémités,  où  elle  est  sensiblement  nulle,  ce  qui 
permet  au  piston  de  rétrograder  sans  choc. 

Ces  intervalles  inégaux  sont  parcourus  par  le  piston  à 
vapeur,  pendant  que  la  manivelle  parcourt  dés  arcs  égaux. 

La  vitesse  de  rotation  est  donc  uniforme  pendant  que  la 
vitesse  du  pislon  est  variable,  et  décroissante  du  milieu 
vers  les  extrémités. 

En  résumé  : 

L'auteur  commet  une  erreur  lorsqu'il  suppose  que  son 
système  peut  remplacer  la  bielle  et  la  manivelle. 

Je  suis  donc  d'avis  de  ne  donner  aucune  suite  à  la  pro- 
position de  M.  Spanoghe.  »  —  La  Classe  a  partagé  cet  avis. 

p.  s.  —  L'Industrie  moderne  du  51  août  1890  page  196,  décrit 
une  machine  du  système  Spanoglie,  qui  fonctionne  à  grande  vitesse 
en  Amérique. 

Pour  supprimer  les  chocs,  les  extrémités  des  rainures  doivent 
avoir  été  raccordées  par  une  courbe  dont  la  tangente,  au  point  de 
jonction,  est  perpendiculnirc  à  Taxe  de  rotation. 

Les  rainures  seront  ainsi  devenues  irrégulières,  et  le  frottement 
plus  grand.  H.  M. 


(25J  ) 


Sur  la   réduction   des   fonctions   invariantes  ; 
par  Jncqiios  Doriiyls. 

Êtniipofl  ilf   n.  t'.  1,4'  g'nifff. 

«  Le  court  travail  que  M.  Deriiyls  présente  à  la  Classe 
vient  compléter  d'une  manière  heureuse  les  recherches 
(|u'il  a  entreprises  depuis  [)lusieurs  années  sur  les  formes 
invariantes. 

Kn  s'appiiyant  sur  un  (héorème  récemment  étahli  par 
M.  Hilbert,  l'auteur  démontre  que  tous  les  covariants  pri- 
maires de  formes  algébriques  quelconques  peuvent  s'expri- 
mer en  fonction  d'un  nombre  limité  fl'entre  eux. 

Pour  y  arriver,  M.  Deruyls  fait  voir  que  les  semi-inva- 
riants de  première  espèce  jouissent  de  cette  même  pro- 
priété. 

Rappelant  alors  ses  découvertes  antérieures,  M.  Deruyts 
peut  énoncer  le  théorème  suivant  :  Toutes  les  fonctions 
invariantes  d'un  système  de  formes  aU/ébriques  sont  réduc- 
tibles, au  moyen  d'additions,  de  multiplications  et  d'opé- 
rations polaires,  à  un  nombre  limité  d'entre  elles. 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  ressortir  l'importance  de 
ce  résultat. 

Je  suis  donc  heureux  de  proposer  à  la  Classe  de  voler 
l'impression  dans  le  Bulletin  de  la  séance  le  travail  de 
M.  Deruyls  et  d'adresser  des  remerciements  à  l'auteur 
pour  celle  très  intéressante  communication.  » 

.M.  Mansion,  second  commissaire,  se  rallie  aux  conclu- 
sions de  son  savant  confrère,  lescjueiles  sont  adoptées  par 
la  Classe. 


(  252  ) 

Sur  les  involutions  cubiques  conjuguées  ;  par  Cl.  Servais. 

«  La  noie  que  M.  Servais  présente  à  la  Classe,  contient 
une  étu<le  intéressante  des  involutions  cubiques  conju- 
guées. 

L'auteur  prend  pour  point  de  départ  une  propriété  que 
j'ai  démontrée,  il  y  a  plusieurs  années  déjà,  des  couples  de 
points  de  ramification  r„  r\  (/  =  1,  2,  5,  4)  associés  aux 
points  doubles  t/,  (<  =  1,  ...  4)  de  deux  pareilles  involu- 
tions. 

Au  lieu  de  représenter  les  éléments  r,  r',  d  sur  une 
conique  quelconque  C2,  M.  Servais  projette  celle-ci  de  telle 
façon  que  le  triangle  d^,  d-  d^  soit  un  triangle  équilaléral 
inscrit  à  un  cercle. 

Cette  simplification  conduit  naturellement  à  une  con- 
ception plus  rapide  des  propriétés  que  possèdent  les 
groupes  d'éléments  singuliers  des  involutions. 

Aussi  M.  Servais  arrive-t-il  à  démontrer  facilement 
toutes  les  propriétés  des  involutions  conjuguées  rencon- 
trées par  notre  savant  ami  M.  Em.  Weyr  ou  par  nous- 
même,  et  à  y  ajouter  quelques  résultats  que  nous  croyons 
nouveaux,  notamment  ceux  qui  sont  contenus  dans  les 
paragraphes  6  et  6. 

En  particularisant  les  involutions  conjuguées,  on  trouve 
rinvolution  sibi-conjuguée  :  M.  Servais  déduit  aisément 
de  son  mode  de  représentation  les  résultats  connus  depuis 
longtemps  et  ceux  qui  nous  ont  été  plus  récemment  com- 
muniqués par  notre  ami  .\L  Zeuthen. 


(  :235  ) 
Je  propose  bien  volontiers  à  la  Classe  d'ordonner  l'in- 
sertion au  Bulletin  de  la  courte  note  de  M.  Servais,  ainsi 
que  de  la  planche  qui  l'accompagne.  » 

MM.  Mansion  et  De  Tilly  se  rallient  aux  conclusions 
de  leur  savant  confrère,  lesquelles  sont  adoptées  par  la 
Classe. 


Sur  les  démonstrations  du  théorème  de  Staudt  et  Clausen; 
par  E.  Cesâro. 

Happot'i   rfe  M.   f.   Manaion. 

«  Clausen  et  Staudt,  dit  M. Éd.  Lucas,  ont  découvert  en 
même  temps,  sur  les  nombres  de  Bernoulli,  un  théorème 
fort  remarquable.  On  a,  pour  les  nombres  de  Bernoulli, 
l'expression 

2        «        S  >' 

dans  laquelle  Ao,  A,,  A,,...  désignent  des  nombres  entiers, 
et  %  a,  (3,  ...  y  tous  les  nombres  premiers  qui  surpassent 
de  Cunilétous  les  diviseurs  de  n  »  (Mathesis,  L  jll,  p.  2o) 
La  démonstration  de  von  Staudt,  «  profonde  et  difïicile  j>, 
d'après  M.  îlEmmE  {Nouvelle  Correspondance  mathéma- 
tique, 1880,  VI,  p.  122^,  a  été  publiée  en  i840,  dans  le 
Journal  de  Crelle,  tome  XXI,  pages  372-374;  celle  de 
Clausen  a  paru,  en  même  temps,  dans  les  Asironomische 
Nachrtchten. 


(  254  ) 

Cet  admirable  ihéorème,  longtemps  laissé  dans  roubli, 
a  élédémonlré  par  M.  Catalan,  avec  sa  clarté  ordinaire, 
dans  le  BiUlelin  des  sciences  mal/témaliques  et  nslrono- 
viiques,  2*  série,  t.  IV,  1"  partie,  pp.  77-82,  en  1880; 
puis,  la  même  année,  par  JM.  Fîadicke,  dans  la  ISouvelle 
Correspondance  malhémalique,  t.  VI,  pp.  503-507.  Au 
fond,  la  démonstration  de  M.  Radicke  ne  diffère  pas  de 
celle  de  M.  Catalan.  M.  Éd.  Lucas  en  a  publié,  à  son  tour, 
une  démonstration,  en  1885,  dans  Mathesis,  t.  IM, 
pp.  25-28  (*). 

La  Note  de  M.  E.  Cesàro  est  une  élude  comparée  rela- 
tive à  ces  diverses  démonstrations.  En  un  certain  sens, 
elle  en  contient  aussi  une  que  j'appellerais  nouvelle,  si  le 
savant  Géomètre  italien  n'avait  pour  but  principal,  dans 
son  travail,  d'établir  l'identité  substantielfe  des  diverses 
preuves  dont  je  viens  de  faire  l'énuméralion. 

Partant  de  l'identité  symbolique 

(B  -+-  \)"  —  B"=p, (1) 

pour  définir  les  nombres  de  Bernoulli,  il  en  déduit,  de 
deux  manières  différentes,  la  relation  connue 

1  ">      n 

B(B -+-  1)(li -+- 2)...(B -+- n  — i)---— ;    .     ('2) 

n  ■+-  1 

puis  aisément,  par  la  théorie  des  équations  linéaires, 

1.2.. .H     L2  ..(«-1)         1.2...(/*-2)  1 

n-t-l  n  n—\  2 


(*)  Nous  avons  en  portefeuille,  depuis  le  mois  de  janvier,  une 
démonstration  un  peu  difl'érente,  qui  nous  a  été  envoyée  par 
M.  Lucas,  pour  Mathesis. 


(  255  ) 

A],  A^, ...  élanl  des  délerniinanls  numériques  qu'il  est  iiiu- 
lile  d'écrire.  Celle  formule  (5),  oblenue  aulremenl,  esl  le 
poinl  de  dépari  de  M.  Lucas.  Il  en  lire,  par  Iransformalion 
des  déterminanls  A,  au  moyen  des  ihéorèmes  de  Fermai 
el  de  VVdson,  la  formule  cherchée  de  von  Slaudl  el 
Glausen. 

M.  Cesaro  arrive  au  même  résultai,  en  s'appuyanl  aussi 
sur  les  mêmes  Ihéorèmes,  mais  sans  recourir  aux  déler- 
minanls.  De  deux  manières  diirérenles,  il  Irouve,  par  inver- 
sion de  la  formule  (2),  la  relalion  (3)  sous  la  forme 

1.2... w     l.!2...(//-l)  1.'2...(«-2)  1 

où  Tp,  7  esl  la  somme  de  lous  les  produits  qu'on  peut  for- 
mer avec  q  facteurs  égaux  ou  inégaux,  pris  parmi  les 
nombres  1,  2  ,3, ...,  p.  Autrement  dit,  il  oblienl  l'inlerpré- 
lation  des  déterminants  A. 
Il  observe  ensuite  que  si  l'on  a 


^  =  i'^i»  -*-  «i'^  •+-  "iZ^  -*-  • 

•  •)  («0  -+-  a.,z  -+-  «jZ^  ■+-  . 

•••). 

\  ={bo  -«-  hfZ  -+-  6.>2-  -+-  • 

•.)((3o-HS,z-+-p.iZ*-4-. 

••), 

el  si  o„  —  6„  esl  un  multiple  de  p,  il  en  esl  de  même  de 
a,.  —  P,,,  p  étant  premier.  Cette  remarque,  appliquée  au 
cas  où 

ao-+-a,z-t-M..z--f-...=(|— x)...(/j— I — x),  ho-i-h^z-h--  =\—z''~\ 

lui  fournil  les  propriétés  des  coefticienls  A  ou  T,  qui  con- 
duisent au  théorème  de  von  Slaudl  el  Clausen. 


> 


(  236  ) 
M.  Cesaro  montre  ensuite  comment  on  peut  passer  de 
la  relalioD  (4)  à  celle  de  M.  Catalan  ; 

(—1)''B,=1—- A  (!"-')  -^--A*(l'■•■■)  — etc  , 
'2        0  4 

OU  à  la  relation  équivalente,  de  M.  Radicke. 

Il  résulte  de  cette  étude,  qu'au  fond,  les  diverses 
démonstrations  étudiées  reviennent  toutes,  sous  une  forme 
ou  sous  une  autre,  à  l'inversion  de  la  relation  (2).  M.  Cesaro 
montre,  pour  terminer,  qu'il  est  impossible  d'arriver  au 
même  résultat,  par  inversion  de  l'équation  de  dé(lnition(l). 
Par  suite,  dit-il,  «  il  est  permis  de  douter  qu'on  puisse 
trouver  une  démonstration  du  théorème- de  Clausen  et 
Slaudt  plus  simple  que  celle  de  M.  I.ucas  ». 

On  peut  souscrire  à  cette  conclusion,  pourvu  qu'on  l'en- 
tende dans  le  sens  large,  en  identifiant  toutes  les  démon- 
strations qui  reposent  sur  l'une  ou  l'autre  forme  de 
j'inverse  de  la  relation  (2). 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'étude  de  M.  Cesaro  met  bien  en 
lumière  les  liens  qui  existent  entre  les  diverses  démonstra- 
tions citées,  et  en  est  un  complément  utile.  Nous  proposons 
à  la  Classe  d'en  ordonner  l'impression  dans  le  Bulletin  et 
d'adresser  des  remerciements  à  l'auteur.  » 

M.  E.  Catalan,  premier  Commissaire,  n'ayant  pu  examiner 
la  note  de  M.  Cesaro,  se  rallie  aux  conclusions  du  Rapport 
de  M.  Mansion,  lesquelles  so::t  adoptées  par  la  Classe. 


i 


(  257  ) 


Sur  les  déformations  que  font  naître  dans  un  hémisphère 
creux  métallique  le  choc  et  la  pression  d'un  corps  dur; 
par  M.  II.  Scliot'nljes. 

Mtapgiot'i  tif  M,   IVitt  (#<'*•  .flftttbt'ugghf. 

«  Les  déformations  produites  à  l'extérieur  d'un  hémi- 
splière  creux  métallique  par  le  choc  ou  par  la  pression 
d'un  corps  dur  sont  tellement  inattendues,  que  leur 
description  ne  peut  manquer  d'exciter  un  intérêt  réel, 
d'autant  plus  que  les  expériences  de  AI.  Daubrée  ont 
montré  le  genre  de  déformations  produites  sur  une  enve- 
loppe flexible  par  un  accroissement  de  pression  intérieure; 
je  n'hésite  donc  pas  à  proposer  à  la  Classe  l'impression  de 
la  note  de  M.  Schoenljes,  avec  les  figures  qui  l'accom- 
pagnent. »  —  Adopté. 


Réduction    des    nitrates    par    la    lumière    solaire;   par 
Emile  Laurent. 

Rapport  de  M.  Stna,  pi-etniei'  coitunimaaife. 

«  L'auteur  de  la  notice  soumise  au  jugement  de  la 
Classe  a  reconnu  qu'une  solution  d'azotate  de  potassium 
insolée  se  conduit  comme  si  elle  contenait  un  azotite. 

Il  a  constaté,  en  outre,  que  le  même  l'ait  se  présente 
avec  l'azotate  cristallisé  insolé.  Il  conclut,  en  conséquence, 
à  la  réduction  de  l'azotate  en  azotite  sous  l'influence  de  la 
lumière.  Pour  s'assurer  de  l'existence  d'un  azotite, 
M.  Laurent  se  fonde  sur  le  fait  que  la  solution  d'azotate 

5"*    SÉUIE,    TOME    XX.  \Q 


(  238  ) 

insolée,  traitée  convenablement  par  le  réactif  de  Griess, 
se  colore,  après  trois  à  quatre  minutes  d'attente,  en  rouge- 
rose  et  finit  par  déposer  un  précipité  rouge  en  se  décolo- 
rant. J'ai  essayé  de  contrôler  les  observations  consignées 
dans  la  note,  et  j'ai  reconnu  tantôt  leur  parfaite  exactitude 
et  tantôt  des  résultats  discordants. 

J'ai  prié  mon  ami,  M.  le  professeur  Depaire,  de  sou-  I 
mettre  à  une  vérification  complète  les  indications  données 
par  M.   Laurent;  en   variant  les   conditions   de   l'expé- 
rimentation, il  est  arrivé,  comme  moi,  à  des  résultats 
contradictoires. 

J'ai  invité  M.  Laurent  à  reproduire  sous  mes  yeux  les 
faits  observés  par  lui,  en  employant  à  cet  effet  une 
partie  des  agents  ayant  servi  à  l'exécution  de  ses  recher- 
ches et  en  se  plaçant  dans  les  conditions  premières.  J'ai 
hâte  de  dire  qu'il  s'est  rendu  à  mon  désir  et  qu'il  m'a 
prouvé  ainsi  la  parfaite  exactitude  de  ses  observations.  Le 
doute  n'est  pas  possible  :  une  solution  d'azotate  alcalin 
insolée  se  conduit  avec  le  réactif  de  Griess  comme  si  elle 
contenait  un  azolile. 

Cependant,  à  mon  avis,  il  est  permis  de  se  demander 
si  la  coloration  rouge-rose  que  prend  une  solution  d'azotate 
de  potassium  insolée  ou  une  solution  d'azotate  de  potas- 
sium insolé,  est  due  à  l'existence  d'un  azotile  formé  sous 
l'influence  de  l'insolation.  Les  chimistes  qui  ont  manié  le 
réactif  de  Griess  ont  constaté  que  cet  agent,  composé 
d'une  solution  chlorhydrique  de  chlorure  de  naphlylamine 
et  d'acide  sulfanilique,  exposé  à  la  lumière  et  à  l'air, 
dépose  un  enduit  rouge-brun,  soluble  dans  l'alcool,  qu'il 
colore  en  rouge  foncé.  On  sait,  du  reste,  que  la  naphtyla- 
mine  s'altère  légèrement  à  l'air  en  se  colorant  en  violet, 
qu'à  l'état  humide  le  chlorhydrate  de  naphlylamine  rougit 


(  239  ) 

proviplemcut  au  contact  de  l'air,  et  qu'une  solution  chior- 
liydrique  de  clilorhvdrate  de  naplitylamine  absorbe  l'oxy- 
gène de  l'air  et  dépose  un  enduit  rouge-brun  analogue, 
sinon  identique,  à  celui  qui  adhère  aux  parois  des  vases 
mal  bouchés  dans  lesquels  on  conserve  le  réactif  de  Griess. 

Tout  en  admettant  que  le  réactif  de  Griess,  employé 
convenablement,  colore,  après  quelques  instants,  en  rouge- 
rose,  une  solution  saline  contenant  des  traces  de  nitrite, 
la  coloration  observée  par  M.  Laurent  sur  ses  solutions 
d'azotate  insolées  peut  être  due  à  Voxydation  de  l'un  des 
éléments  de  ce  réactif  par  l'oxygène  de  l'air  ambiant.  Dans 
son  travail,  M.  Laurent  s'est  borné  à  constater  la  produc- 
tion de  coloration;  il  s'est  abstenu  de  rechercher  si  la 
matière  colorante  qui  prend  naissance  renferme,  à  la  fois, 
les  éléments  du  réactif  employé  et  de  l'acide  azoteux, 
comme  c'est  le  cas  lorsqu'il  y  a  présence  d'un  azotite. 
Avant  de  tirer  une  conclusion  de  ses  expériences,  l'auteur 
aurait  dû  soumettre  à  l'analyse  élémentaire  le  composé 
rouge  qui  se  dépose  par  l'action  du  réactif  de  Griess  sur 
une  solution  d'un  azotate  alcalin  insolée. 

Ayant  constaté  la  possibilité  de  reconnaître  la  présence 
(le  traces  d'azotile  dans  une  solution  saturée  d'azotate  de 
potassium  ou  de  sodium,  par  la  formation  ù'azotile  d'argent 
qui  prend  naissance  par  l'addition  d'une  solution  à'azotate 
d'argent  saturée  d'azotate  de  potassium,  j'ai  essayé  de 
rechercher  si  une  solution  insolée  d'azotate  de  potassium 
non  insolé,  et  si  une  solution  d'azotate  de  potassium 
insolé  contiennent  une  trace  appréciable  d'azotite. 

Pour  exécuter  les  recherches,  j'ai  institué  les  essais 
suivants.  J'ai  saturé  à  18"  de  l'eau  absolument  [iure  : 

1"  Par  de  l'azotate  de  potassium  pur,  non  insolé, 
préparé  par  M.  Depaire  (A); 


(  'ito  ) 

2^'  Par  do  Tazolate  de  polas>iiim  pur,  fondu  dans  le 
platine,  provenant  de  mes  lra>au\  sur  les  poids  atomiques, 
et  exposé  en  vase  clos  pendant  vingt-huit  années  succes- 
sivement à  la  lumière  diÛuse  et  à  la  radiation  solaire 
directe  (B); 

5"  Par  de  Tazolale  de  sodium  pur,  fondu  dans  le  platine, 
provenant  également  de  mes  recherches  sur  les  poids 
atomiques,  et  exposé  en  vase  clos  pendant  vingt-huit  années 
successivement  à  la  lumière  dilïuse  et  à  la  radiation  solaire 
directe  (C)  ; 

4"  Par  un  mélange  d'azotate  d'argent  fondu  etd*azolate 
de  potassium  non  insolés  i^D'; 

o"  Kniin,  jai  saturé  à  IS^  par  de  l'azotate  de  potassium 
non  iusolé,  une  solution  d'azotite  de  potassium  titrant 
'6  Vioooû  d'acide  azoteux,  préparé  par  M.  Depaire. 

Après  avoir  recherché  l'action  du  réactif  de  C.riess  dans 
les  conditions  adoptées  par  M.  Laurent,  d'une  part  sur  la 
solution  d'azotate  de  potassium  non  iusolé,  et  d'autre  pari 
sur  la  solution  d'azotates  de  potassium  et  de  sodium 
insoles,  et  après  avoir  reconnu  que  la  première  n'éprouve 
au  bout  de  dix  minutes  d'attente  qu'une  coloration  rosée 
à  peine  sensible,  et  que  la  deuxième  et  la  troisième  s( 
colorent  intensément  en  rouge  rose  après  trois  à  quatre 
minutes,  j'ai  laissé  tomber  à  la  surface  de  10  centimètres 
cubes  de  solution  des  azotates  A,  B  et  C,  contenue  dans 
un  tube  bouché  par  un  bout  de  2  '/^  centimètres  de 
diamètre,  une  goutte  de  la  solution  d'azotate  d'argent  D, 
à  l'aide  d'une  pipette  débitant  vingt-cinq  gouttes  par  centi- 
mètre cube. 

Au  bout  de  quinze  minutes  d'attente,  aucune  zone  opa- 
lescenie  ne  s'étaut  produite,  les  essais  ont  été  abandonné 
à  eux-mêmes  jusqu'au  lendemain,  dans  l'obscurité  absolue^ 


(24J  ) 

J'yi  repris  ensuite  trois  autres  tubes  d'essai  de  mêmes 
dimensions  que  les  précédents;  après  avoir  introduit  dans 
le  premier  10  centimètres  cubes  de  solution  d'azotate  de 
potiissium  non  insolé,  (hins  le  deuxième  10  centimètres 
cubes  de  solution  d'azotate  de  potassium  insolé,  et  dans  le 
troisième  \0  centimètres  cubes  de  solution  d'azotate  de 
sodium  insolé,  j'ai  laissé  lombcr  à  la  surface  des  liquides 
mie  goutte  de  solution  saturée  d'azotate  d'argent  et  d'azo- 
tate de  potassium. 

Après  une  attente  de  quinze  minutes  il  ne  s'est  produit 
aucune  zone  opalescente  à  la  surface  des  liqueurs  d'essai, 
et  les  liquides,  ayant  été  agités  pour  y  répandre  uniformé- 
ment la  solution  argentifère,  ont  conservé  leur  limpidité 
absolue. 

Ces  faits  étant  acquis,  j'ai  laissé  lombcr  à  la  surface  du 
liquide  contenu  dans  chaque  tube  nue  goutte  de  solution 
'^  V«oooo  d'azotite  de  potassium,  saturée  d'azotate  de 
potassium  (liquide  E)  à  l'aide  d'une  pipette  débitant  vingt- 
cinq  gouttes  d'eau  par  centimètre  cube. 

Après  quelques  instants,  il  s'est  produit  à  la  surface  des 
liquides  d'essai  une  zone  opalescente,  formée  par  un 
solide  brillant;  celte  zone  est  descendue  successivement 
dans  le  liquide  en  augmentant  d'intensité.  J'ai  abandonné 
au  repos  les  trois  tubes  jusqu'au  lendemain,  dans  l'obscu- 
rité absolue,  à  côté  des  trois  tubes  d'essai  qui  avaient  sim- 
plement reçu  de  l'azotate  d'argent. 

Le  lendemain  j'ai  constaté  que  la  solution  d'azotate  de 
potassium  non  insolé  et  que  les  solutions  d'azotate  de 
potassium  insolé  et  d'azotate  de  sodium  insolé,  ayant  reçu 
de  l'azotate  d'argent,  avaient  conservé  leur  limpidité 
parfaite  et  n'avaient  déposé  aucune  trace  de  précipité 
cristallin;  tandis  que  les  trois  liquides  d'essai,  qui  avaient 


(  242  ) 

reçu  successivement  de  l'azolale  d'argent  et  de  l'azotite  de 
potassium,  étaient  devenus  d'une  limpidité  absolue  en 
déposant  au  fond  du  tube  une  faible  quantité  de  poussière 
cristalline,  brillante. 

J'ai  versé  dans  trois  petits  flacons  bouchés  à  l'émeri  les 
liquides  qui  n'avaient  rien  laissé  déposer  par  le  repos,  et 
j'ai  exposé  pendant  trois  jours  les  liquides  à  la  radiation 
solaire  directe.  Par  celte  insolation  les  liquides  sont  restés 
incolores  et  n'ont  déposé  trace  d'azotile  d'argent.  La  radia- 
tion solaire  a  donc  été  sans  effet  sur  l'azotate  de  potassium 
et  sur  l'azotate  de  sodium,  insolé  ou  non  insolé,  en  ce  sens 
qu'il  ne  s'est  pas  formé  trace  appréciable  d'azotile  d'argent. 

Voulant  m'assurer  de  la  nature  du  précipité  crislallin 
déposé  au  fond  des  solutions  ayant  reçu  successivement 
des  quantités  infinitésimales  d'azotate  d'argent  et  d'azotile 
de  potassium,  j'ai  institué  les  essais  suivants  :  ayant 
reconnu  par  l'expérience  la  rapide  transformation,  par 
oxydation,  de  l'azotite  d'argent  en  azotate,  j'ai  élevé  lente- 
ment la  température  des  liquides  d'essai  jusqu'à  redisso- 
lution complète  du  précipité  déposé  au  fond  du  tube.  En 
répétant  réchauffement  et  le  refroidissement  successifs  des 
liquides,  j'ai  constaté  que  la  quantité  de  précipité  repro- 
duit par  refroidissement  a  diminué  en  raison  du  nombre 
d'échauffements  opérés  en  présence  de  l'air,  et  qu'après 
quatre  redissolutions  les  liquides  d'essai  n'ont  plus  rien 
déposé  par  refroidissement.  L'azotite  d'argent  en  disso- 
lution est,  en  effet,  moins  stable  qu'on  ne  le  suppose  géné- 
lement  lorsque  le  liquide  a  le  contact  de  l'air;  il  se 
transforme  en  azotate  d'argent. 

J'ai  contrôlé  les  observations  précédentes  en  opérant 
inversement  de  ce  que  je  viens  d'exposer.  A  cet  effet,  j'ai 
ajouté  aux  solutions  d'azotate  de  potassium  non  insolé  et 


(  tiô  ) 

insolé,  et  qui  ne  précipitent  pas  par  Vozolale  d'argent,  un 
poids  d'azolilc  de  potassium  égal  an  '/lonooo  ''"  poids  de 
l'azolalc  alcalin  dissous.  En  additionnant  ces  essais  d'une 
quantité  d'azotate  d'argent  pioportionnelle  à  l'azolite 
employé,  j'ai  constaté,  sans  doute  possible,  la  formation 
d'une  zone  opalescente  à  la  surface  des  liquides  et  la  pré- 
cipitation subséquente  d'azotite  d'argent;  à  deux  reprises 
différentes  j'ai  vérifié  ces  faits  avec  mon  ami  M.  Depaire, 
et  les  résultats  ont  été  parfaitement  concordants. 

Cela  étant,  on  peut  affirmer  qu'une  solution  saturée 
d'azotate  de  potassium  ou  de  sodium  insolée  ne  contient 
pas  Viooooo  ^^  son  poids  d'azotite  formé  par  l'insolation. 
En  répétant  ces  essais  avec  des  soins  convenables,  je  suis 
convaincu  qu'on  pourra  arriver  à  prouver  que,  par  l'inso- 
lation, on  ne  parvient  pas  à  transformer  en  azotite  Vioooooo 
de  l'azotate  soumis  à  l'expérimentation. 

J'admets  avec  M.  Laurent  que  l'insolation  imprime  à  une 
solution  d'azotate  de  potassium  ou  de  sodium,  et  à  ces 
azotates  cristallisés,  des  propriétés  que  la  solution  et  les 
sels  cristallisés  n'avaient  pas  avant  leur  insolation;  mais, 
eu  égard  à  tous  les  faits  exposés  ci-dessus,  je  ne  pense  pas 
qu'on  soit  autorisé  à  attribuer  ces  modifications  à  la  trans- 
formation de  l'azotate  en  azotite,  c'est-à-dire  à  une  réduc- 
tion de  l'azotate.  Cela  n'est  positivement  pas  vrai  dans  la 
limite  du  '/lonooo- 

La  note  de  M.  Laurent  renferme  des  observations  dont 
je  reconnais  la  parfaite  exactitude.  Ces  observations,  ainsi 
(lue  j'ai  pu  m'en  assurer,  sont  faites  avec  soin  et  clairement 
exposées.  A  ce  titre  son  travail  mérite  d'être  connu.  Je 
crois  être  en  droit  de  contester  la  légitimité  des  conclu- 
sions qu'il  déduit  de  ses  recherches,  parce  qu'il  n'a  pas 
prouvé  l'existence  d'un  azotite  dans  un  azotate  insolé.  Il 


(  244  ) 

a  le  tort  d'ajouter  foi  à  de  simples  réactions  de  coloration, 
qui  sont  trompeuses.  C'est  là  un  travers  dans  lequel 
versent  actuellement  tant  d'expérimentateurs,  au  grand 
préjudice  des  conclusions  déduites  de  recherches  exactes 
en  elles-mêmes.  Mon  devoir  est  donc  de  faire  des  réserves 
formelles  sur  l'exactitude  du  tilre  et  des  conclusions  de  la 
note  de  M.  Laurent. 

Avec  ces  réserves,  j'ai  l'honneur  de  proposer  la  à  Classe 
l'impression  dans  le  Bulletin  de  la  séance  du  travail  de 
l'auteur.  » 


M.  Errera,  deuxième  commissaire,  a  déclaré  se  rallier 
aux  conclusions  du  rapport  de  son  éminent  confrère 
M.  Stas;  il  propose  également  l'impression  du  travail  de 
M.  Laurent  dans  le  Bulletin  de  l'Académie. 


Rappoft  tte  If.  Gtlltittetf  tt'oigième  con*n*iit»aii'e. 

a  11  ne  reste  rien  à  ajouter  au  rapport  si  complet  et  si 
précis  de  notre  éminent  confrère,  premier  commissaire. 
Comme  il  le  fait  observer,  différents  chimistes,  et  je 
citerai,  entre  autres,  Tiemann  et  Gartner,  ont  soulevé  des 
objections  au  sujet  de  l'emploi  du  réactif  de  Griess,  pour 
la  constatation  des  nitrites.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  note  de 
M.  Laurent  est  certainement  intéressante,  et  je  me  joins 
volontiers  aux  deux  premiers  commissaires  pour  en 
réclamer  l'impression  dans  le  Bulletin  de  l'Académie.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptées  par  la  Classe. 


(  215  ) 


Sur  la  réduction  des  7iitrates  par  la  levure  de  bière  et  par 
quelques  moisissures  ;  par  É.  Laurent. 

napftoi'l  tif  M,  fmiIkiÊift,  pt'ftttifi'  cotninittair'*', 

«  Dans  une  noie  publiée  par  l'Académie,  M.  Jorissen 
a  constaté  que  des  graines  de  lin  et  d'orge,  humectées 
d'eau,  ne  germent  pas  aussi  longtemps  qu'on  les  maintient 
dans  une  atmosphère  contenant  de  l'acide  cyanhydrique  ; 
la  diastase  ne  se  forme  pas,  et  les  nitrates,  mis  en  solu- 
tion dans  le  liquide,  ne  sont  pas  transformés  en  nilriles. 
Il  y  aurait  là  une  série  de  faits  à  l'appui  de  l'opinion  de 
Marcano,  suivant  laquelle  les  propriétés  diastasiques 
seraient  communiquées  aux  liquides  par  le  développement 
de  bactéries. 

Dans  une  note  ultérieure,  M.  Jorissen  faisait  connaître 
que  des  graines  d'orge,  dont  l'extérieur  avait  été  stérilisé 
par  le  passage  dans  une  solution  de  chlorure  mercurique 
à  un  état  de  dilution  tel,  que  le  pouvoir  germinatif  ne  fùl 
pas  influencé,  n'avaient  pas  formé  de  nitrite  après  vingt- 
quatre  heures,  tandis  que  la  même  expérience,  répétée 
avec  des  graines  non  stérilisées,  fournissait  manifestement 
la  réaction  des  nitrites. 

Suivant  M.  Laurent,  l'absence  de  réduction,  dans  le 
premier  cas,  devrait  être  attribuée  à  l'action  paralysante 
ou  toxique  de  l'acide  cyanhydrique.  Pour  ce  qui  con- 
cerne les  graines  d'orge  stérilisées,  M.  Laurent  fait  con- 
naître le  résultat  de  ses  recherches  :  des  graines  d'orge  et 
de  maïs  en  germination,  stérilisées  et  placées  dans  de  l'eau 


(  246  ) 

égalemenl  stérilisée,  jusqu'à  ce  que  la  ligelle  eût  atleini 
1  centimètre  de  longueur,  ne  renfermaient  pas  de  bacté- 
ries dans  leurs  tissus,  et  cependant  elles  n'en  étaient  pas 
moins  capables  de  réduire  les  nitrates.  Aujourd'hui,  comme 
autrefois,  il  considère  la  réduction  des  nitrates  comme  une 
propriété  commune  à  certains  microbes  et  aux  cellules 
des  plantes  supérieures  se  développant  dans  un  milieu 
privé  d'oxygène. 

M.  Jorissen  avait  constaté  que  le  moût  de  bière,  addi- 
tionné de  nitrate  et  de  levure,  produit  une  fermentation 
alcoolique  très  énergique,  mais  pas  de  réduction  des 
nitrates.  Suivant  M.  Laurent,  lorsqu'on  oblige  le  ferment 
de  la  levure  à  végéter  dans  un  liquide  faiblement  sucré,  il 
y  aurait  production  de  nitrite,  et  l'absence  de  réduction 
dans  l'expérience  de  M.  Jorissen  serait  due  à  l'abondance 
de  nourriture  sucrée  fournie  au  saccharomyces,  celui-ci  ne 
décomposant  les  nitrates  que  lorsque  les  aliments  sucrés 
lui  font  défaut. 

La  question  en  litige  est  certainement  intéressante;  elle 
ne  pourra  se  résoudre  définitivement  que  par  de  nom- 
breuses observations,  et  je  considère  qu'il  est  avantageux 
pour  la  science  de  voir  la  discussion  se  rouvrir  à  son  sujet. 
Je  propose  donc  l'insertion  de  la  note  de  M.  Laurent  dans 
le  Bulletin  de  la  séance.   » 


Mtapfiot't  de  M.   Et'ê'Cfa,  second  cotntnistaife. 

a  J'estime  que  les  expériences  délicates  dont  M.  Laurent 
nous  rend  compte  dans  sa  note  ont  été  exécutées  avec 
beaucoup  de  soin  et  avec  les  connaissances  physiologiques 


(  '^^7  ) 

approlondies,  si  nécessaires  en  ce  genre  de  reclierclics. 
Elles  conlribueront  donc  certainement  à  hâter  la  solution 
(In  problème  en  discussion,  et  je  suis  heureux  de  me 
joindre  à  mon  savant  confrère,  M.  Gilkinct,  pour  proposer 
l'insertion  du  travail  de  M.  Laurent  dans  le  Bulletin  de 
l'Académie.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptées. 


liecherches    physiologiques    sur    l'occlusion     de     l'aorte 
tlioracique;  par  le  D""  Colson. 

Mtappoi't  dt>  Bt.  M^éon  Ft'edeficq,  pi-emict'  comntiataiÊ'tf. 

a  L'auteur  du  travail  soumis  à  notre  appréciation  a 
étudié  systématiquement,  chez  le  chien,  les  elTets  produits 
par  l'occlusion  de  l'aorte  thoracique  sur  le  sang,  la  circu- 
lation sanguine  et  lymphatique,  la  respiration,  la  calorili- 
cation  et  l'innervation. 

11  a  utilisé,  pour  obstruer  et  désobstruer  l'aorte,  le 
procédé  dont  je  m'étais  servi  moi-même  il  y  a  deux  ans,  et 
qui  consiste  à  introduire  dans  l'aorte,  par  la  voie  de  la 
carotide  droite,  une  ampoule  extensible  que  l'on  peut  à 
volonté  gonfler  ou  dégonfler. 

L'occlusion  de  l'aorte  produit  l'anémie  aiguë  de  la 
moelle  lombaire,  d'où  excitation  passagère,  puis  paralysie 
des  centres  nerveux  lombaires.  Ces  phénomènes  d'excita- 
tion et  de  paralysie  atteignent  d'abord  les  centres  nerveux 
des  mouvements  volontaires,  puis  les  centres  ano-spinal 


vl  vésiiospinal.  plus  lanl  les  otMilros  noivoux  stMisibles 
et,  ou  iloi  nier  lion,  los  oonlros  vaso-oonstriolours.  L'autour 
a  ôlô  coiuluit  ;\  admettre  l'excilalion  cl  la  paralysie  des 
oeulres  vaso-oonslrioleurs  do  rarrièro-lraiu,  par  une  étude 
attentive  dos  oseillations  do  la  pression  sanguine  générale, 
qui  se  produisent  à  la  suite  d'une  dosobstruolion  do  l'aorte, 
stiooédanl  à  une  obstruction  d'une  eorlaine  durée.  Si 
ranémie  i\c  la  luoollo  s'est  prolongée  au  delà  de  douze  à 
seize  minutes,  la  pression  artérielle  ne  reuïonte  plus  à  sou 
niveau  primitif  après  rétablissement  du  cours  du  sang. 
mais  reste  fort  Iwsse.  Ceci  nous  indique  la  suppression  du 
tonus  vasoulaire  dans  Tarrioro-train  innervé  par  la  moelle 
qui  a  été  souniiso  à  l'anémie. 

L'occlusion  de  l'aorte  refoule  la  plus  grande  partie  du 
sang  dans  l'avaut-train  de  l'animal  et  y  produit  une  hausse 
notable  et  durable  de  la  pression  sanguine  artérielle. 
hausse  qui.  elle-même,  a  pour  eflet  de  ralentir  les  pulsa- 
tions cardiaques,  ainsi  que  les  mouvemenls  respiratoires 
^tendance  à  l'apnéeV  11  en  résulte  également  une  augmen- 
tation du  courant  de  transsudalion  du  plasma  sanguin  à 
travei^  les  parois  des  capillaires,  d'où  concentration  du 
liquide  sanguin  et  augmentation  de  la  proportion  des 
globules  et  des  matériaux  solides  du  sang  dans  l'avant- 
Irain.  Tant  que  dure  l'occlusion  de  l'aorte,  les  phénomènes 
inverses  se  pi'oduisenl  dans  l'arrière-train  :  la  circulation 
lymphatique  notamment  est  entièrement  arrêtée  dans  le 
canal  ihoracique  :  elle  réparait  immédiatement  après  la 
désobstruclion  de  l'aorte,  avec  une  intensité  qui  dépend 
de  la  valeur  de  la  pression  artérielle. 

A  la  suite  d'une  occlusion  aortique  d'une  heure,  on 
retrouve  encore  dans  les  pattes  de  l'animal  environ  6  "/^ 


(  2-^^^  ) 
(le  leur  poids  de  sang  (au  lifjii  de  Mi  "/«o,  proporlion 
normale),  el,  dans  le  foie,  plus  de  80»/oo  (au  lieu  de  100°/„„, 
proporlion  normale)-  ^^e  sî'"(^  retrouvé  dans  les  organes  dr 
l'arrière-lrain  n'esl  pas  un  siin[»le  resie  du  sang  conlenn 
dans  les  vaisseaux  au  moment  de  l'occlusion;  il  provient, 
en  partie  au  moins,  d'une  circulation  collatérale,  s'eirectuant 
(  ar  les  anastomoses  artérielles.  Cette  voie  détournée  sudit 
(pendant  une  expérience  d'oljstrucliorij  pour  (aire  appa- 
raître au  bout  de  six  à  neuf  minutes,  dans  le  sang  des 
veines  crurales,  le  ferro-cyanure  de  sodium  injecté  dans 
la  veine  jugulaire  externe. 

Comme  on  le  voit,  l'auteur  a  l'ail  une  élude  conscien- 
cieuse des  effets  de  la  suppression  de  la  circulation  du 
sang  dans  l'arrière-train  du  chien.  Il  a  découvert  plusieurs 
laits  nouveaux  et  intéressants,  et  a  lourni  de  ces  faits  une 
explication  satisfaisante.  Son  travail  est  accompagné  d'un 
grand  nombre  de  tracés  et  de  diagrammes. 

.fe  propose  à  la  Classe  : 

i"  De  voter  l'impression  du  travail  de  M.  Colson  dans 
les  Mémoires  in-8",  ainsi  que  l'exécution  de  quelques-unes 
des  ligures  de  ce  travail  (les  (ig.  1,  3,  4,  8,  9, 17,24  et  25, 
soit  8  figures  sur  32); 

2°  D'adresser  des  remerciements  à  l'auteur.  » 


a  I.e  mémoire  de  M.  Colson  sur  l'occlusion  de  l'aorte 
llioracique  est  le  résultat  d'expériences  faites  à  l'Instilul 
physiologique  de  l'Université  de  Liège,  placé  sous  la 
direction  habile  de  notre  confrère  M.  Léon  Fredericq. 


(  250  ) 

Celui-ci  a  donné  un  résumé  si  complet  du  mémoire 
soumis  au  jugement  de  l'Académie,  que  je  puis  me  borner 
à  quelques  considérations  générales. 

El  avant  tout,  je  félicite  l'auteur  d'avoir  donné  un 
résumé  historique  des  travaux  de  ses  devanciers  qui  ont 
traité  la  même  question. 

A  noire  époque  de  travail  accéléré,  se  vérifie  trop 
souvent  ce  mol  de  Traube,  qu'  «  on  ferait  moins  de  décou- 
vertes si  on  lisait  un  peu  plus  ». 

On  l'a  vu  à  la  dernière  épidémie  d'influenza,  pendant 
laquelle  l'apparition  de  certains  phénomènes  excita  la 
surprise  des  observateurs  parce  qu'ils  avaient  négligé  de 
consulter  l'histoire  des  épidémies  antérieures. 

Les  expériences  sur  l'occlusion  de  l'aorte  établissent  de 
nouveau  les  rapports  étroits  qui  existent  entre  la  circula- 
tion du  sang  et  la  fonction  des  centres  nerveux.  Cette 
dernière,  depuis  celle  de  l'intelligence  jusqu'à  celle  de  la 
sensibilité,  du  mouvement  et  de  la  nutrition,  cesse  quand 
les  centres  ne  reçoivent  plus  du  sang  la  quantité  et  la 
qualité  nécessaires  de  matériaux  pour  remplacer  les  pertes 
subies  dans  leur  aclivilé. 

Ce  sont  les  globules  rouges  du  sang  artériel  qui  amènent 
aux  cellules  nerveuses  l'oxygène  nécessaire  à  leur  fonc- 
tion. 

Les  expériences  de  M.  le  D""  Colson  paraissent  être 
faites  avec  beaucoup  de  soin. 

L'auteur  note  minutieusement  le  temps  (secondes  et 
minutes)  qui  s'écoule  entre  l'occlusion  de  l'aorte  et  l'appa- 
rition des  symptômes,  paralysie,  etc. 

Peut-être  saura-t-on  un  jour  ce  qui  se  passe  dans  les 
cellules  de  la  moelle  pendant  l'interruption  de  l'entrée  de 


(  25i  ) 
l'oxygène,  on  suivant  la  nouvelle  voie  inaugurée  en  1872 
par  Pfliiger. 

Je  me  rallie  donc  volontiers  aux  conclusions  du  rapport 
de  mon  savant  collègue.  » 

La  Classe  adopte  les  conclusions  des  rapports  de  ses 
commissaires. 


Sur  le  rapport  verbal  de  MM.  Henry  et  Spring,  la  Classe 
vote  l'impression  au  Bulletin  d'une  notice  de  M.  Maurice 
Delacre,  intitulée  :  Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  VAldé- 
Injde. 


COMMUNICATIONS   ET   LECTURES. 


Sur  la  conservation  de  l'oxy hémoglobine  à  l'abri  des 
germes  atmosphériques  par  Léon  Fredericq,  correspon- 
dant de  l'Académie. 

Dans  une  note  publiée  dans  le  Bulletin  de  l'Académie, 
11"  2,  1890  (3"=  série,  tome  XIX,  pp.  87,  88),  j'avais 
avancé  que  l'oxyhémoglobine  peut  se  conserver  intacte 
pendant  plus  d'un  mois  sans  perdre  son  oxygène  et  sans 
se  transformer  en  mélhémoglobine,  à  la  condition 
d'exclure  rigoureusement  l'action  des  germes  atmosphé- 
riques. 

J'ai  constaté  depuis  que  la  durée  de  conservation  de 


(  252  ) 

Toxyliémoglobine  aseptique  n'est  pas  illimitée.  Au  bout  de 
quelques  semaines,  l'ox}  hémoglobine  commence  à  passer 
à  la  mélhémoglobine,  et  la  transformation  est  complète  en 
quelques  mois.  L'ensemencement  de  cette  mélhémoglobine 
dans  différents  milieux  de  culture  a  montré  qu'elle  ne 
renfermait  réellement  aucun  germe  vivant  (1).  II  suffit 
d'ajouter  à  l'un  des  tubes  contenant  de  la  mélhémoglobine 
aseptique  une  goutte  de  sang  putréfié  (ou  simplement 
exposé  à  l'air),  puis  de  sceller  le  tube,  pour  observer,  au 
bout  de  quelques  jours,  la  disparition  de  l'oxygène  de  la 
mélhémoglobine  et  la  transformation  de  cette  substance 
en  hémoglobine  réduite. 

Comme  je  l'annonçais  dans  la  poie  précitée,  cette  pro- 
priété de  la  matière  colorante  du  sang,  de  se  réduire  au 
contact  des  germes  atmosphériques,  peut  servir  à  recon- 
naître si  un  échantillon  de  sang  ou  d'oxyhémoglobine  est 
réellement  stérile.  En  effet,  un  échantillon  d'oxyhémoglo- 
bine, conservé  dans  un  tube  scellé  et  contenant  des  germes 
atmosphériques,  se  transforme  intégralement  en  quelques 
jours  en  hémoglobine  réduite.  Si  les  germes  ont  été 
rigoureusement  exclus,  l'oxyhémoglobine  se  conserve 
intacte  pendant  assez  longtemps  et  se  transforme  ensuite 
graduellement  en  mélhémoglobine.  Les  deux  substances 
en  question,  l'hémoglobine  réduite  et  la  mélhémoglobine, 
sont  faciles  à  reconnaître,  grâce  à  leur  teinte  et  à  leur 
spectre  d'absorption  caractéristique. 


(1)  M.  le  D'  Henrijean,  agrégé  spécial  à  l'Université  de  Liège,  a 
hien  voulu  contrôler  par  la  méthode  de  renseraencement  l'état  asep- 
tique des  échantillons  de  mélhémoglobine  que  je  lui  ai  remis. 


(  25.-  ) 


Sur  la  propriété  caractértstiqite  de  la  surface  commune  à 
deux  liquides  soumis  à  leur  affinité  mutuelle;  deuxième 
communication,  par  G.  Van  der  Mensbrugghe,  membre 
de  l'Académie. 

Dans  ma  première  communication  sur  ce  sujet  (1),  j'ai 
défini,  on  se  le  rappelle,  la  force  caractéristique  qui  règne, 
selon  moi,  à  la  surface  commune  à  deux  liquides  soumis  à 
leur  affinité  mutuelle,  force  que  j'ai  appelée  force  d'exten- 
sion, parce  qu'elle  exerce  un  elTel  directement  opposé  à 
celui  de  la  tension;  puis  j'ai  cité  quelques  phénomènes  qui, 
je  pense,  la  rendent  bien  manifeste;  enfin  j'ai  annoncé 
mon  intention  de  l'étayer  par  des  faits  de  plus  en  plus 
nombreux. 

En  conséquence,  j'ai  poursuivi  l'étude  des  phénomènes 
où  elle  joue  un  rôle  plus  ou  moins  important;  j'ai  com- 
mencé par  un  sujet  que  j'ai  longuement  traité,  il  y  a  déjà 
plus  de  vingt  ans,  savoir  l'étalement  des  liquides  les  uns 
sur  les  autres;  en  le  reprenant,  j'aurai  l'occasion  d'exposer 
une  théorie  nouvelle  de  ce  phénomène  et  de  rendre  compte 
de  certaines  particularités  qui  me  paraissaient  autrefois 
inexplicables;  mes  idées  actuelles  les  feraient  prévoir  si  le 
hasard  n'avait  présenté  depuis  longtemps  ces  singularités 
à  mon  observation. 


(I)  Voir  Bull,  de  l'Acad.  Boy.  de  Belgique,  t.  XX,  p.  32,  1890. 
S"*    SÉRIE,   TOME    XX.  \'J 


(  254  ) 


Théorie  nouvelle  de  l'étalement  des  liquides 
les  uns  sur  les  autres. 

La  condition  nécessaire  de  l'élalement  d'un  liquide  sur 
un  autre  a  été  donnée  pour  la  première  fois  en  1865, 
par  M.  Marangoni  (1),  puis,  presque  simultanément,  par 
MM.  Liidlge  (2),  Quincke  (3)  et  par  moi  (4);  pour  ces 
quatre  observateurs,  la  surface  commune  à  deux  liquides 
est  toujours  soumise  à  une  force  contractile,  c'est-à-dire 
que  dans  tous  les  cas  elle  tend  à  diminuer,  sauf  quand 
cette   force  est  nulle  (5).   De   ceUe   façon,  pour  qu'un 


(i)  Sull'  espansione  dette  goccie  d'un  liquido  galteggianti  sulla 
superfice  di  allro  liquido.  Pavie,  1865. 

(2)  Ueber  die  Ausbrcitung  der  Ftûssigkeiten  auf  cinander  (Ann.  de 
Pogg.,  1869,  vol.  CXXXVII,  p.  362).  Le  travail  de  M.  Lûdtge  a  été 
imprimé  un  mois  après  la  présentation  de  mon  premier  mémoire  à 
l'Académie  royale  de  Belgique. 

(3)  Ueber  Capillaritàts-Erscheinungen  an  der  gemeinschafttichen 
Oberflâche  zweier  Fliissiglicitcn  (Ibid.,  t.  CXXXIX,  pp.  1-89).  Le 
mémoire  de  M.  Quincke  a  été  achevé  très  peu  de  temps  après  mon 
premier  travail. 

(4)  Sur  ta  tension  superficieltc  des  liquides,  considérée  au  point  de 
vue  de  certains  mouvements  observés  à  leur  surface  (Mém.  cour,  et 
mém.  des  savants  étrangers  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  XXXIV, 
1869,ett.  XXXVII,  1873.) 

(5)  Chose  étonnante,  M.  Paul  du  Bois-Reymond,  qui,  en  1870, 
combattait  cependant  la  tension  superficielle  des  liquides  (Ueber  dei 
Anlheit  der  Capillaritàt  an  den  Erschcinungcn  der  Ausbreitung  deri 
Flûssiykeilcn,  Ann.  de  Pogg.,  1870,  t.  CXXXIX,  p.  262),  n'a  pas  osél 


(  2r)5  ) 

liquide  2  de  leiision  F,  sVtalo  sur  un  liquide  i  de  ten- 
sion F„  il  suini,  d'aprc's  eux,  que  la  lorce  F,  soil  supé- 
rieure à  la  somme  F,  -i-  F,  F  élanl  la  force  conlraclile  de 
la  surface  commune  aux  deux  substances.  Mais  on  com- 
prend sans  peine  qu'en  regardant,  à  priori,  la  force  F 
comme  positive  dans  tous  les  cas,  on  s'expose  à  exclure  de 
la  théorie  une  infinité  de  phénomènes  où  cette  même  force 
est,  en  réalité,  négative. 

Pour  échapper  à  une  hypothèse  quelconque  sur  le  signe 
de  F,  il  suffit  de  substituer  à  cette  force  sa  valeur 
^«  "^  ^'2  —  2Fi2,  F^2  élanl  Taclion  réciproque  d'un  liquide 
sur  l'autre. 

On  obtient  ainsi  : 

F,  >  F,  H-  F,  -f-  F,  _  0F,„ 

inégalité  qui  se  ramène  à 

F,,  >  F,. 

Si  c'est  le  liquide  1  qui  doit  s'étaler  sur  le  liquide  2,  la 
condition  nécessaire  sera  de  même 

F,2  >  F.; 

on  conclut  de  là  que,  pour  qu'un  liquide  s'étale  sur  nu 
autre,  il  faut  et  il  suffit  que  l'action  mutuelle  des  deux 


supposer  négative  la  force  F  =  F,  -4-  F,  -  2F,.;  de  cette  manière, 
il  a  dû  se  bornera  exprimer  sans  preuve  aucune  la  conviction  que 
l'existence  d'une  force  répulsive  dans  les  couches  miuces  de  certains 
liquides  est  établie  avec  autant  de  probabilité  que  les  forces  physiques 
en  géncnd. 


(  256  ) 

substances  soit  svpérieure  à  la  tension  du  liquide  déposé 
sur  l'autre. 

D'après  cel  énoncé,  on  voit  que  l'influence  du  liquide 
servant  de  base  à  la  goulle  destinée  à  s'élaler,  ne  se  trouve 
que  dans  le  terme  F^g,  exprimant  l'action  mutuelle  des 
deux  substances. 

Je  tiens  à  ajouter  que,  vers  l'époque  même  où  ont  été 
publiés  les  travaux  cités  en  dernier  lieu,  Dupré  de  Rennes 
a  touché  la  question  (1),  et  a  donné  pour  condition  du 
phénomène  l'inégalité 

F„  <  F,; 

mais  les  calculs  dont  l'auteur  fait  précéder  cette  condition 
permettent  de  la  rectifier  aisément,  et  de  h  rendre  iden- 
tique à  celle  que  j'ai  obtenue  plus  haut;  l'ingénieux  physi- 
cien français  se  contente  de  dire  que  sa  formule  «  s'ap- 
•s>  plique  au  cas  bien  connu  de  certaines  huiles  s'étendant 
»  sur  l'eau  en  couches  très  minces,  qui  apparaissent  avec 
»  de  brillantes  couleurs.  »  Aucune  expérience  n'est  raj)- 
portée  à  l'appui  de  celte  remarque. 

La  théorie  que  j'ai  exposée  en  1869  et  18'/3,  dans  les 
mémoires  cités  plus  haut,  est  applicable  de  tout  point  lors- 
que l'action  réciproque  des  liquides  mis  en  présence  est 
inférieure  à  la  demi-somme  des  tensions  de  ces  substances; 
c'est  ce  qui  arrive  dans  le  cas  de  l'eau  distillée  et  de  l'huile 
d'olive,  de  lin,  de  colza,  de  navette,  etc.,  dans  celui  du  mer- 
cure parfaitement  pur  et  de  l'eau  ou  d'une  huile  grasse 
quelconque,  etc.  Mais  dès  que  l'affinité  entre  les  deux 


(1)    Théorie  mécanique  de  la  chah'ur,  par  A.  Dupré,  Paris,  1869j 
voir  p.  575. 


(  2^7  ) 
liquides  est  sudisammeul  grande  pour  doiin«îr  lieu  à  nii 
corps  nouveau,  on  a  nécessairenienl  F,2>  F|  el  F,,  >  F.^, 
car  les  deux  substances  ne  peuvenlévideinmenl  se  combiner 
qu'en  vertu  d'une  lorce  supérieure  à  la  force  de  coiiésion 
de  ciiacune  d'elles,  c'esl-à-dire  précisément  à  F,  et  à  F.^; 
le  Irinonie  F,  -h  Fj  —  2F|2  sera  donc  nécessairement 
négatif,  de  sorte  que  Ton  pourra  réaliser  non  seulement 
l'expansion  du  liquide  de  plus  faible  tension  sur  celui  qui 
a  la  plus  grande  force  contractile,  mais  encore,  si  des 
causes  perturbatrices  particulières  n'y  mettent  obstacle, 
l'étalement  du  dernier  liquide  sur  celui  dont  la  tension  est 
la  plus  faible. 

Cette  corjséquence  si  naturelle  n'est  pas  venue  autrefois 
à  mon  esprit,  parce  que  je  tenais  à  exclure  autant  que 
possible  les  effets  de  l'aflinité;  elle  a  complètement  échappé 
aussi  aux  autres  observateurs,  par  la  raison  qu'ils  regar- 
daient à  priori  le  trinôme  F,  -^  Fa  —  2F, 2  comme  essen- 
tiellement positif  ou  nul,  alors  qu'il  est  négatif  dans  un 
très  grand  nombre  de  cas. 

Il  m'a  paru  fort  intéressant  de  compléter  mes  recherches 
déjà  anciennes  et  de  soumettre  la  déduction  précédente  à 
des  expériences  directes;  elles  ont  été  faites,  à  ma  prière 
el  sous  ma  direction,  par  mon  ancien  élève  M.  F.  Leçon  te, 
dont  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  signaler  le  zèle  el  l'aptitude. 

I.  Une  première  série  d'observations  a  été  faite  avec  une 
solution  de  soude  caustique  à  0,25  7o  et  avec  différentes 
huiles  :  on  a  observé  chaque  fois  l'élalemenl  de  l'huile 
employée  sur  la  solution  sodique,  puis  on  a  essayé  l'expé- 
rience inverse,  c'est-à-dire  l'expansion  de  la  soude  sur 
l'huile.  On  a  employé  généralement  de  simples  verres  de 
montre  destinés  à  contenir  le  liquide  où  devait  s'opérer 
l'étalement. 


(  258  ) 

Huile  d'olive.  Amenée  en  très  petite  quantité  (au  bout 
d'un  fil  de  verre)  sur  la  surface  de  la  solution  sodique, 
l'huile  s'étale  subitement,  suivant  toute  l'étendue  superfi- 
cielle libre;  la  lamelle  présente  successivement  les  formes 
suivantes  : 


FlG.  i. 


Presque  immédiatement  après  l'expansion,  la  lamelle  se 
contracte  et  offre  une  ouverture  circulaire  qui  grandit  et 
s'échappe;  le  reslese  reforme  en  lentille,  mais  l'étalement 
ne  tarde  pas  à  se  produire  de  nouveau,  amenant  une  nou- 
velle rupture  suivie  de  l'apparition  d'une  autre  lentille,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  quatre  ou  cinq  fois  consécutives. 

Ces  faits,  qu'il  m'eût  été  impossible  d'expliquer  lors  de 
mes  premiers  travaux,  découlent  bien  simplement  de  ma 
théorie  actuelle  :  la  grande  valeur  de  la  force  F^2  îi^ec 
laquelle  la  solution  de  soude  et  l'huile  d'olive  tendent  à 
donner  naissance  à  un  corps  nouveau,  rend  le  trinôme 
F1-+-F2 — 2Fi2  négatif;  voilà  pourquoi  l'étalement  s'opère 
non  seulement  en  vertu  de  la  tension  F^  de  la  solution  de 
soude,  mais  encore  par  la  force  d'extension  développée 
dans  la  couche  de  contact;  ainsi  la  condition  donnée  par 
les  premiers  observateurs,  savoir  Fi>  Fa-f-F,  doit  être 
remplacée  ici  par  celte  autre 

F,  -4-  F>F,. 

Or,  la  tension  Fj  de  la  solution  de  soude  est  déjà  à  elle  seule 


(  2i)i)  ) 
double  (Je  Fo,  leiision  de  l'Iiuile  d'olive;  le  concours  de  F 
doit  donc  rendre  l'expansion  exlrèmenienl  rapide.  Mais,  en 
raison  même  de  celle  rapidité,  l'affinité  cesse  d'agir,  le 
trinôme  redevient  positif,  tandis  que  F,  a  diminué  par 
suite  d'un  léger  voile  de  savon  déposé  sur  la  solution.  De 
là  le  mouvement  de  retrait  de  la  lame;  mais  si,  en  un  jmint 
de  la  surface  commune,  il  se  produit  encore  une  petite 
action  chimique,  aussitôt  il  s'y  montre  une  ouverture  cir- 
culaire ayant  ce  point  comme  centre  et  grandissant  jusqu'à 
rompre  la  lame.  Enfin,  si  l'étalement  peut  se  répéter 
quatre  ou  cinq  fois  de  suite,  c'est  précisément  encore 
à  cause  du  contact  réitéré  de  l'huile  avec  de  nouvelles 
traces  de  soude;  ce  contact  ne  devient  impossible,  on  le 
conçoit,  que  si  le  dépôt  de  savon  séparant  les  deux  liquides 
est  devenu  assez  épais. 

Pour  soumettre  ma  théorie  à  une  épreuve  très  impor- 
tante, il  fallait  essayer  maintenant  le  dépôt  d'une  quantité 
très  petite  de  solution  de  soude  à  la  surface  de  l'huile 
d'olive  contenue  dans  un  verre  de  montre;  la  gouttelette 
est  tombée  en  majeure  partie  au  fond  du  verre,  mais  en 
même  temps  une  portion  minime  de  la  solution  s'est  étalée 
en  un  cercle  dont  le  diamètre  a  crû  jusqu'à  20  millimètres 
(fig.  2,  a);  après  l'expansion,  le  cercle  est  revenu  sur  lui- 


/i 


Fjg.  2. 


même  en  laissant  des  pointes  partant  du  bord  (même 
lig.,  6);  à  l'intérieur  s'est  formé  un  cercle  qui  a  grandi 
jusqu'à  disloquer  la  lamelle  en  plusieurs  fragments  tout  à 


(  260  ) 

fait  irréguliers  (c),  où  l'on  distinguait  une  teinte  blanche, 
celle  du  savon  produit. 

Cette  expérience  est  en  contradiction  directe  avec  la 
théorie  où  le  trinôme  F^  -+-  Fg  —  F,,  est  considéré,  à  priori, 
comme  toujours  positif;  les  physiciens  qui  admettaient 
cette  restriction,  et  j'ai  été  du  nombre,  devaient  nécessai- 
rement arriver  à  la  conclusion,  que  si  un  liquide  2  peut 
s'étaler  sur  un  liquide  1,  réciproquement  le  liquide  1  ne 
s'étend  jamais  sur  l'autre  ;  or,  c'est  là  une  déduction  con- 
traire à  l'observation. 

Sous  la  forme  (a),  la  lamelle  offre  de  belles  couleurs 
irisées;  la  forme  (6)  est  étoilée,  et  les  diverses  pointes  se 
sont  produites  sous  l'influence  de  la  couche  de  savon  due 
à  l'affinité  de  la  soude  pour  l'huile;  c'est  cçtte  même  affi- 
nité qui  donne  lieu  à  la  petite  ouverture  intérieure;  quant 
à  la  forme  finale,  ses  irrégularités  tiennent  à  la  couche  de 
savon  produite  par  l'action  chimique. 

L'expérience  peut  être  répétée  un  grand  nombre  de  fois; 
les  lamelles  se  développent  toutefois  avec  une  intensité 
légèrement  décroissante,  en  repoussant  chaque  fois  celles 
qui  se  sont  étalées  antérieurement.  Quand  on  touche  la 
surface  pour  la  trentième  fois,  le  diamètre  de  la  lamelle 
n'est  plus  que  de  5  millimètres,  parfois  même  de  2  milli- 
mètres. 

Huile  de  foie  de  morue.  L'étalement  d'une  très  petite 
quantité  d'huile  sur  la  solution  de  soude  est  instantané  et 
violent;  il  est  suivi  d'une  prompte  résolution  en  sphérules. 
Dans  le  cas  actuel,  l'affinité  des  deux  substances  est  extrê- 
mement prononcée. 

Inversement,  la  soude  s'étale  sur  l'huile  de  foie  de  morue 
en  produisant  des  couleurs;  la  figure  revient  ensuite  sur 
elle-même.  L'effet  n'a  pas  sensiblement  diminué  au  soixan- 


(  2Gi  ) 
lième  contact.  Je  dois  faire  reiiianjiier  que  re.vpansion  ne 
s'opère  pas  aussitôt  après  le  clépùl;  il  y  a  un  moment  de 
repos,  et,  en  outre,  le  diamètre  de  la  lame  s'accroît  moins 
rapidement  que  dans  le  cas  de  l'huile  d'olive. 

Huile  (le  lin.  Tandis  que  l'étaletnenl  sur  la  solution  de 
soude  est  instantané  et  suivi  aussitôt  de  la  transformation 
en  lentilles,  la  solution  reste  plusieurs  secondes  sur  l'huile 
avant  de  s'étaler;  la  lame  n'atteint  que  li  mm.  à  8  mm.  de 
diamètre. 

Huile  d'amande  douce.  Étalement  subit  de  l'huile  sur  la 
solution  sodique;  inversement  celle-ci  s'étend  sur  l'huile 
en  une  admirable  lamelle  brillamment  colorée,  de  2o  milli- 
mètres de  diamètre.  Elle  ne  tarde  pas  à  être  percée  d'une 
infinité  de  trous  et  à  disparaître  complètement. 

Oléine.  Étalement  instantané  et  formation  d'une  infinité 
de  lentilles  sur  la  solution  basique.  Réciproquement  sur  la 
couche  d'oléine,  la  solution  de  soude  s'étale  lentement  en 
une  lame  de  8  millimètres;  ensuite,  retrait  immédiat  et 
production  d'une  nuée  blanche. 

Huile  de  sésame.  Étalement  en  lame  brillante  sur  la  solu- 
tion et  prompte  transformation;  il  se  forme  parfois,  avant 
la  résolution  en  petites  lentilles,  de  magnifiques  figures 
dentelées  (fig.  3);  dans  la  figure  ci-dessous,  le  trait  repré- 
sente l'huile.  Inversement,  la  solution  s'étale  sur  l'huile 
eu  une  lamelle  de  12  millimètres,  brillamment  colorée. 


FlG.  3 

II.  Cette  première  série  d'expériences  démontre  bien,  on 


le  voit,  l'exaclilude  de  ma  proposition.  Actuellement,  je  vais 
rapporter  les  résultats  de  quelques  expériences  analogues, 
faites  avec  une  solution  de  potasse  caustique  et  différentes 
huiles. 

Huile  d'olive  :  étalement  sur  la  solution  de  potasse  en 
une  large  lame  colorée,  qui  ne  tarde  pas  à  disparaître  et  à 
se  résoudre  en  lentilles;  l'expérience  peut  se  répéter  sept 
ou  huit  fois. 

Une  très  petite  quantité  de  solution  de  potasse  sur 
l'huile  donne  lieu  à  une  lame  de  20  millimètres  de  dia- 
mètre, et  offrant  des  couleurs  irisées.  Le  mode  d'étale- 
ment est  assez  singulier  :  les  parties  externes  s'étendent 
et  laissent  un  petit  bourrelet  très  visible  sur  la  petite 
masse;  le  diamètre  de  ce  bourrelet  va  d'abord  en  décrois- 
sant à  mesure  que  s'étend  la  potasse,  puis  s'agrandit,  et 
devient  bientôt  invisible  par  suite  de  l'amincissement  en 
tous  les  points.  On  peut  répéter  plusieurs  fois  de  suite 
l'expérience  avec  le  même  succès. 

Huile  de  lin  :  étalement  très  vif  sur  la  solution 
de  potasse,  et  pouvant  se  répéter  plus  de  dix  fois  de 
suite. 

Pour  rendre  manifeste  l'étalement  inverse  de  la  solution 
sur  l'huile,  il  faut  couvrir  la  surface  de  celle-ci  de  poudre 
de  lycopode:  lors  du  dépôt  d'une  gouttelette  de  solution 
de  potasse,  la  plus  grande  partie  va  au  fond,  mais  la 
poudre  s'écarte  en  laissant  libre  un  cercle  de  3  à  7  milli- 
mètres de  diamètre. 

Action  tout  à  fait  analogue  lors  du  dépôt  de  la  solution 
de  potasse  sur  l'oléine,  l'huile  de  foie  de  morue  et  l'huile 
d'amande  douce. 

Sur  les  huiles  d'œillette  et  de  sésame,  la  solution  potas- 
sique donne  une  lame  de  50  millimètres  de  diamètre,  pré- 


(  2G5  ) 
sentant  de  vives  couleurs,  et  linissant  par  disparaître  sans 
laisser  de  trace.  On   peut  reproduire  le  phénomène  un 
grand  nombre  de  fois. 

III.  Une  troisième  série  d'expériences  a  été  faite  avec  (Je 
l'ammoniaque  de  laboratoire  à  2,5  "/o-  Comme  il  (allait  s'y 
attendre,  un  grand  nombre  d'huiles,  par  exemple  l'huile 
d'olive,  de  sésame,  de  foie  de  morue,  de  ricin,  etc., 
s'étalent  sur  la  solution,  en  lamelles  qui  se  transforment 
promj)tement  en  lentilles.  Parfois,  après  quelques  minutes, 
ces  dernières  s'étalent  à  leur  tour  en  petites  lamelles  de 
2  à  5  millimètres  de  diamètre  et  percées  de  nombreuses 
ouvertures;  c'est  ce  qui  a  lieu  pour  l'huile  de  lin  et  pour 
l'oléine.  D'autres  huiles  s'étalent  sur  la  solution  sous  forme 
<le  lame  invisible,  qui  n'est  accusée  que  par  la  présence 
(le  la  poudre  de  lycopode;  celle-ci  se  retire  au  moment  du 
contact  des  deux  corps;  au  bout  de  quelques  minutes,  la 
lamelle  s'est  contractée  et  affecte  un  contour  tout  à  fait 
irrégulier  dont  on  juge  par  la  poudre  de  lycopode  qui  sert 
de  limite. 

Voyous  actuellement  le  phénomène  inverse.  Et  tout 
d'abord,  sur  l'huile  d'olive,  une  gouttelette  d'ammoniaque 
concentrée  présente  des  mouvements  vifs  dans  tous  les 
sens  et  un  étalement  impétueux.  Cette  même  ammoniaque, 
étendue  au  six  centième,  s'étend  en  filaments  partant  de 
la  masse  déposée;  la  matière  s'amasse  en  certains  points 
de  ces  premiers  filaments  (fig.  4)  et  forme  de  nouveaux 
centres  a,  b,  c.  Enfin  de  ces  centres  partent  des  filaraenls 
|)lus  minces  que  les  premiers  et  formant  parfois  de  nou- 
velles masses  qui  se  divisent  à  leur  tour.  Les  derniers 
filaments  s'étendent  sur  l'huile  en  offrant  de  belles  colo- 
rations. Partant  d'un  centre,  l'étalement  se  fait  par  bandes 


(  264  ) 
concentriques,  alternant  avec  des  bandes   plus  étroites 
d'huile.  Le  tout  se  fond  ensuite  graduellement  et  disparaît, 
sauf  quelques  lentilles  constituées  probablement  par  de 
l'eau  (1). 


Fie.  4. 

On  peut  observer  des  phénomènes  tout  à  fait  semblables 
lors  du  dépôt  de  la  solution  ammoniacale  sur  l'huile  de 
sésame,  d'amande  douce,  de  lin,  de  foie'  de  morue,  de 
ricin,  etc.;  quelquefois  il  est  bon  de,  recourir  à  la  poudre 
de  lycopode  pour  rendre  l'étalement  manifeste. 

Je  bornerai  là  les  expériences  que  je  puis  citer  aujour- 
d'hui à  l'appui  de  mes  vues  complémentaires  sur  l'étale- 
ment des  liquides  les  uns  sur  les  autres;  je  me  réserve 
d'en  faire  connaître  encore  beaucoup  d'autres,  si  la  chose 
paraît  nécessaire. 


(l)  Cette  expérience  est  précisément  l'inverse  de  Tune  de  celles 
qu'a  rapportées  M.  Cinlolesi  {Bibl.  uniu.  de  Genève,  t.  LX,  1877): 
pourtant  les  résultats  sont  entièrement  analogues,  conformément 
à  ma  nouvelle  proposition.  Tous  les  faits  sur  lesquels  le  physi- 
cien italien  appuyait  ses  objections  contre  la  théorie  admise  alors, 
s'expliquent  avec  la  même  facilité. 


(  mi  ) 


Sur  la  réduction  des  fonctions  invariantes  (*)  ;  par 
Jacques  Deniyls,  chargé  de  cours  à  l'Universilé  de 
Liège. 

1.  Dans  un  travail  publié  aux  Nachrichten  de  Goel- 
tingue  ('*),  M.  Hilberl  a  énoncé  le  théorème  suivant  : 

«  Soit  Fi,  Fo,  F3,  ...  nne  série  non  interrompue  de 
formes  à  coefficients  entiers  et  d'ordres  quelconques  par 
rapport  à  n  variables  homogènes  Xj,  Xo,...  x„  :  il  existe 
toujours  un  nombre  m,  tel  que  toute  forme  de  la  série 
peut  s'écrire  : 

V  =  A, F,  ■+-  A,Fo  H V-  A„.F,„, 

où  A) ,  Ao, . .  •  An,  sont  des  formes  convenables  à  coefficients 
entiers  et  relatives  aux  n  variables  X),  x^,  ...  x„.  » 

M.  Hilbert  a  déduit  de  là  ce  résultat  important  que, 
|)our  un  système  de  formes  algébriques,  les  invariants  sont 
des  fonctions  entières  d'un  nombre  limité  d'entre  eux. 

2.  Nous  voulons  établir  que,  le  théorème  de  M.  Hilbert 
étant  admis,  on  peut  exprimer  tous  les  covariants  pri- 
maires de  formes  algébriques  quelconques,  en  fonctions 
entières  d'un  nombre  limité  d'entre  eux. 


(*)  Les  résultais  indiques  aux  paragraphes  1  à  4  ont  été  consignes 
dans  un  billet  cacheté  déposé  à  l'Académie  en  date  du  25  juin  <890. 

(**)  Ziir  Théorie  Jer  algcbraiscltcn  Gcbildc  [Nachriclitcn  de  Goot- 
linguc,  J889,  p.  425;. 


(  2t)6  ) 

Pour  des  formes  à  plusieurs  séries  de  N  variables 
cogrédienles,  les  covariants  primaires  sont  des  covarianls 
à  N  —  1  séries  de  variables,  qui  ont  pour  sources  des 
semi-invariants  de  première  espèce  (voir  les  travaux  qui 
ont  été  publiés  dans  les  Recueils  de  l'Académie,  1889, 
1890).  Par  suite,  nous  avons  à  établir  que,  pour  un  système 
donné  de  formes  algébriques,  tous  les  semi-invariants  de 
première  espèce  sont  des  fonctions  entières  d'un  nombre 
limité  d'entre  eux. 

Désignons  par  a  .,     ^     ,  etc.,  les  coefficients 

des  formes  algébriques  :  nous  aurons  des  équations  sym- 
boliques analogues  à 


i  ..,,     „.     =alf'al^...al^^a2f'...a2^... 

«,a,...j::,;)3ii3j...)3.v; ...  '        -  -^        «.  n 

=  6lf'6l^ ...  6l^"'62f» ...  622.^..  =  ... 


(i; 


Ainsi,  al,  o2, ...;  61,62, ...;  etc.,  sont  des  systèmes 
de  symboles  équivalents. 

Cela  posé,  tout  semi-invariant  de  première  espèce  j» 
est  représenté  symboliquement  par  une  somme  de  pro- 
duits de  déterminants  0,-  d'ordre  2  =  1,2,  3, ...  N,  tels  que 


(?.= 


h,     li^  ...  hi 

«■)        «"2    .  .  .    /î," 


les  lettres  h,  k, ...  l  désignent  des  coefficients  symboliques 
quelconques.  Nous  écrirons 


^  =  in  (c?,). 


(  267  ) 

3.  Prenons  u),  =  '''J^,  <j.=    '\,'*"^^;   remplaçons   les 
déterminants  o,  par  les  déterminants  correspondants  ; 


L'expression  in  (o-),  obtenue  au  moyen  de  LU  (oj,  est 
du  premier  degré  par  rapport  aux  produits 

al,      ...a\fj_  /^a-Ji      ...  a2^  ■   ... 

et  par  rapport  à  d'autres  produits  analogues.  Celte  expres- 
sion représente  symboliquement  une  fonction  •/  des  coel- 
(icients  a«vT      «*  -en     os      ,  etc.,  de  formes  à  plusieurs 

VV|  ...  W^,  ^1  ...  ^y  ... 

séries  de  ul  =  ^"^,)"^^^  variables,  à  condition  que  l'on  écrive 
symboliquement 


a  =al^'      al^/*a2^'     a^^/^ 

==b\^' ...  Mf '"/^^P'  ...  6^2^^  ..  =  etc.... 


(2) 


Les   équations  symboliques  (2)  doivent   correspondre 
aux  équations  symboliques(l).  La  fonction-;^ est  homogène 


(  268  ) 

par  rapport  aux  diirérenles  séries  de  quantités 

parce  que  la  fonction  ^  est  homogène  par  rapport  aux 
diverses  séries  de  coefficients  a^    ^  .  o     ^  .    ,  etc..  D'un 

x^,..aji,  p,...Pn,...  ' 

autre  côté,  on  réduit  la  fonction  y  à  tj;,  si  Ton  remplace 
chacune  des  séries  de  quantités,  telles  que 

par  les  coefficients  correspondants  o^  «  ..a.-,-  ,3  .  /3     .'  P^""" 
lesquels  on  a  : 

(5,=^^_.+.  +  95c.,.^^+,  -H  ...   -4-.25^,^+..,  etc..    , 

{=1,  2,  5,  ...N. 

Ainsi,  loute  fonction  t];  correspond  à  une  fonction  j^,  et 
réciproquement;  en  outre,  loute  relation  algébrique  entière 
entre  les  fonctions  y  donne  lieu  à  la  relation  analogue 
entre  les  fonctions  6  correspondantes.  D'après  ces  consi- 
dérations, on  établira  que  les  semi-invariants  de  première 
espèce  ^  sont  des  fonctions  entières  d'un  nombre  limité 
d'entre  eux,  en  prouvant  que  les  fonctions  y  sont  des 
sommes  de  produits  d'un  nombre  limité  d'entre  elles. 

4.  Les  quantités  y  sont  homogènes  par  rapport  à  un 
nombre  limité  n  de  quantités  que  nous  pourrons  désigner 
par  x^,  X2 ...  x„,  et  qui  sont  les  coefficients 


(  269  ) 
D'après  le  Ihéorèine  de  M.  flilberl  (§  I)  (*),  les  fondions  y 


s  écrivent 


X  =  '^iX\  ■*-  '^tXi  -+-•••-»-  A„5/^  ; 


(3) 


m  csl  un  nombre  iini;  /j, /;.,../„.  sont  des  détermi- 
nations parlicnlières  de/;  A,,  A,,  ...A„sont  des  fonctions 
entières  et   homogènes   des   quanlilés   représentées  par 

X,,  X2,  ...  x„. 

En   employant   la   notation   symbollcjuc  '/  =  i:n{o;), 
nous  écrirons  y^  —  S^IT  (ô-)  ;  désignons  par 

»/l,     ijli.-.ijlj,, 


iju^     u^i...  yfZfj_, 


jji  séries  de  ;a  variables,  et  représentons  par  X,  .\  les 
fonctions  que  Ton  déduit  de  ^,  y;^  en  remplaçant  les  déter- 
minants symboli(jues  o'  par  les  déterminants  correspon- 
dants 


/.r. 


y-\+» 


^l'C-\+' 


Nous  aurons,  d'après  l'équation  (5), 

X  =  B,X,  -+-  \l,Xi  -+- h  1΄,X„.,     . 


(')  La  suite  F,,  F,...  est  la  série   des   fondions   y    rangées,   par 
exemple,  de  telle  manière  que  les  degrés  aillent  en  croissant. 
5""^   SÉUIE,    TOME    X.\.  18 


(  270  ) 

B,,B2,...B„  élanl  des  fondions  invariantes  des  diffé- 
lenles  quantités  y  et  x. 

Soit  /),  le  degré  de  la  fonction  X  pour  chacune  des 
séries  de  variables  comprises  dans  le  groupe 

(ijUi  -*-  1 ,  ijUi  -f-  :>,...  î/w,  H-  i),    ï  =  1 ,  2,  3, . . .  N. 

Appliquons  aux  deux   membres  de  l'équation  (4)  l'opé- 
ration 

d  d  d 


n=llsr 


d  d  d 


diju^  -*-  '2.^  ^,      dij'Xj  -f-  2j, 


dy^, 


d 


d 


d 


dlJUi   -+-    'cO+l         '/i/S    -+-    'ce   ,2  dijUi   -t-    /„+, 


La  quantité  ÛX  diffère  seulement  de  -^  par  un  facteur 
numérique,  qui  n'est  pas  nul;  la  quantité  ÛBjXi  est  le 
produit  de  ^,  par  une  fonction  analogue  à  y^.elc.On 
aura  donc 


%  =  XiXi 


%».%. 


X"  X'^' •••  X'»  ^^^^  ^^^  fondions  de  même  espèce  que^; 
mais  elles  sont  de  degrés  inférieurs  relativement  aux  quan- 
tités désignées  par  a;,,  a-o,  ...x„.  On  peut  appliquer  à 
X"  X*'  •■•  X"'  '^^  raisonnements  que  nous  avons  indiqués 
pour  y.  En  continuant  de  même,  nous  trouverons  que 
toute  fonction  y  est  une  fonction  entière  de  /i ,  /o,  ••  /.»• 


(  271  ) 

Soient  .|/,,  ^2,...'|„,  les  semi-invarianls  de  première 
espèce  qui  correspondent  aux  fonctions  '/t .  y^»  •••  •/„; 
d'après  ce  qui  précède  (§  3),  loul  semi-in variant  de 
[)remière  espèce,  --{/,  est  une  fonction  algébrique  entière 
d'un  nombre  limité  de  semi- invariants  de  première 
espèce  -^i,  '|o, ...  (|^„  (').  Il  en  résulte  (§!2)  que  (oui  corariant 
primaire  d'un  syslème  donné  de  formes  algébriques  quel- 
conques, est  une  somme  de  produits  et  de  puissances  d'un 
nombre  limité  de  covariants  primaires  du  syslème. 

Exemple.  —  Dans  le  cas  de  N  =  5,  l'expression  symbo- 
lique d'une  fonction  y  est  un  agrégat  de  déterminants, 
tels  que  o,,  (±  b^c^),  {±d>,e^f^).  L'opération  O  est  alors 
définie  par 

\<nj\il      \       dtfli  dijô-J     \       (lijii  dijh,-  (hji'al 

5.  Nous  avons  montré  antérieurement  que  tous  les 
fovariants  sont  des  sommes  de  produits  de  covariants 
identiques  par  des  polaires  de  covariants  primaires.  D'un 
autre  côté,  toutes  les  fonctions  invariantes  se  ramènent 
aux  covariants. 

Par  suite,  lotîtes  les  fondions  invariantes  d'un  système 
de  formes  algébriques  sont  réductibles  à  un  nombre  limité 
d'entre  elles,  au  moyen  d'additions,  de  multiplications  et 
d'opérations  polaires  relatives  aux  variables. 


(')  Quand  les  scnii-invariants  de  première  espèce  6  sont  des 
invariants,  la  niétliodc  suivie  se  réduit  à  celle  que  M.  Hilbert  a  indi- 
quée pour  ce  cas  particulier.  (Naclirichicn  de  Goetlingue,  1888, 
p.  4îi-2.) 


(  272  ) 


Sur  les  involutions  cubiques  conjuguées  ;  par  Cl.  Servais» 
répétiteur  à  TUniversité  de  Gand. 

MM.  Weyr  el  Le  Paige  ont  fait  connaître  diverses  rela- 
tions intéressantes  entre  les  éléments  singuliers  de  deux 
involutions  cubiques  conjuguées.  Nous  nous  proposons  de 
démontrer  géométriquement  ces  relations,  el  d'y  ajouter 
quelques  résultats  peut-être  nouveaux. 

i.  Étant  donnés  deux  ternes  d'une  involution  cubique 
ayant  pour  support  une  conique  C,,  la  conique  inscrite 
aux  deux  triangles  formés  par  ces  ternes  est  la  conique 
d'involulion.  Les  points  de  contact  sur  Cg  des  tangentes 
communes  à  ces  deux  coniques,  sont  les  points  doubles  de 
l'involution,  el  les  points  d'intersection  de  ces  mêmes 
coniques  sont  les  points  de  ramification.  M.  Le  Paige,  dans 
son  remarquable  mémoire  «  Essais  de  géométrie  supé- 
rieure de  troisième  ordre  (*)  »,  a  montré  qu'il  existait 
deux  involutions,  ayant  pour  points  doubles  quatre  points 
donnés  x^Xç^x^r^.  Ces  deux  involutions  sont  dites  conju- 
guées. En  appelant  r^vç^r-r^,  ^i'^î'^s'l  '^s  points  de  ramifica- 
tion de  ces  involutions,  ce  géomètre  fait  voir  que  les  deux 
points  ru  el  r\  sont  sur  une  conique  tangente  à  C2  au  point 
or,,  et  circonscrite  au  triangle  V0V3V4  formé  par  les  tan- 
gentes aux  points  x^,  x^,  0-4.  C'est  de  cette  propriété  que 
nous  déduisons  ce  qui  suit. 

2.  Projetons  la  conique  suivant  un  cercle,  de  façon  que 
les  points  doubles  de  la  projectivité  cyclique  déterminée 

(*)  Mémoires  de  la  Société  royale  dex  sciences  de  Lièyc,  t.  X, 
2«  série. 


(  ^i75  ) 

par  le  loriie  jr.jX3.r4  soient  ù  riiilini.  Menons  par  le  centre  :: 
du  cercle  un  diamètre  coupant  le  cercle  aux  points  r,  et  r[ 
et  la  droite  V3V4  au  point  K  ;  si  l'on  prend  sur  V3V4  un 
point  Kj,  tel  (|ue  K,jro  =  kjr2,et  si  l'on  mène  par  le  point  K, 
une  tangente  au  cercle  au  point  x,,  je  dis  (jue  les  points 
r,  et  r',  seront  les  points  de  raniidcalion  correspondant 
nu  point  double  x^,  dans  les  involutions  conjuguées  dont 


v^ K,    a.;    K 


V 

-7' 


FlG.  1. 


les  points  doubles  sont  XtX^x^x^.  En  effet,  toutes  les 
coniques  inscrites  au  quadrilatère  a:iX,ri/\  déterminent 
sur  ^'3V4  une  involution,  dont  x.,  est  un  point  double  et 
KK,  un  couple  de  points  correspondants.  L'égalité  K.r._,  = 
Kjx.2  montre  que  le  second  point  double  est  à  l'infini,  et 
alors  V5  et  V4  sont  des  points  correspondants  de  cette 
involution;  par  conséquent,  la  conique  déterminée  par  les 
points  X|jri7',7'jV5  passera  par  le  point  V4.  Soient  H  et  H, 
les  points  d'intersection  de  V2V4  avec  les  droites  r^r'i  et 
K|X,  ;  on  voit  que  l'angle  Ur.x^  est  égal  à  l'angle  H, 71x3,  et 
par  conséquent  les  deux  segments  HX3  et  II1X3  sont  égaux; 
donc  la  conique  x,X(?-iriV3V4  passera  par  le  point  V,,  et 


(27i) 

les  points  r,  et  r',  sont  les  points  de  ramification  corres- 
pondant à  x^. 

F-.es  deux  points  r^  et  r[  étant  en  ligne  droite  avec  le 
centre  du  cercle,  nous  pouvons  énoncer  le  théorème  sui- 
vant, dû  à  M.  Weyr  (*)  : 

Les  points  de  ramification  de  deux  involtitions  cubiques 
conjuguées,  correspondant  à  un  même  point  double,  sont 
conjugués  harmoniques  des  cléments  unis  de  la  projecli- 
vite  cyclique  définie  par  les  trois  autres  points  doubles. 

o.  Les  faisceaux  des  tangentes  menées  des  points  x,  et 
0*2  aux  coniques  inscrites  dans  le  quadrilatère  HiKiVsVj 
sont  projectifs  et  ont  un  rayon  uni  XiX,^;  donc  les  rayons 
homologues  se  coupent  sur  une  droite  qui  n'est  autre  que 
KiVg.  Les  droites  XiTi,  x^^  sont  tangentes  à  la  conique 
d'involulion,  qui  est  inscrite  dans  le  quadrilatère  H,KiV2V3; 
donc  elles  se  coupent  sur  la  droite  K.jVg.  QU'  ^st  une  dia- 
gonale du  quadrilatère  x,^x<:^x-^X!^\  par  conséquent  les  deux 
points  r^  et  r<^  sont  conjugués  dans  l'involution  quadra- 
tique définie  par  les  couples  x^x=^,  x-jJCi^.  Donc  : 

Les  couples  de  points  XjXj,  X3X4,  rirs,  rjr^,  r5r4,  r^rl 
font  partie  d'une  même  involution  quadratique.  (Le  Paige, 
Sur  les  involutions  cubiques  (**).) 

Nous  déterminerons  plus  loin  les  points  doubles  de  cette 
remarquable  involution. 

4.  Supposons  maintenant  que  les  points  x^  et  x^  soient 
à  l'infini,  le  support  de  l'involution  étant  toujours  un 
cercle.  Pour  obtenir  les  points  r,  et  r\,  il  suffit  de  déter- 
miner le  pôle  Tî  de  la  hessienne  du  triangle  XoX^x^.  Or,  ce 
point  est  le  symétrique  du  centre  C  du  cercle  par  rapport 

(*)   Wiener  Bericlile,  LXXXI. 
(**)  Mémoires  de  la  Société  royale  des  sciences  de  Liège,  t.  XII, 
2«  série. 


(  '^7o  ) 
au  poinl  x^  {');  donc  r,ri  est  parallèle  ù  CK,  ou  perpen- 
diculaire à  a;,X2.  Mais  r,r>j  est  parallèle  à  x,xj,  donc  la 
droite  r\ri  est  un  diamètre,  ainsi  que  la  droite  r,K.  Nous 
concluons  de  lu  : 

Les  points  Xj  e/  X4  sont  les  points  doubles  de  Vinvolulion 
quadratique  déterminée  par  les  couples  rirg  et  r^rj. 

On  peut  dire  aussi  que  les  trois  couples  rtr'„  r2r'i,  x^Xi, 
font  partie  d'une  même  involution. 

5.  Les  conjugués  harmoniques  x[  et  x'^  des  points  a:, 


et  x^,  par  rapport  au  couple  x-^x^,  sont  diamétralement 
opposés  aux  points  ar,  et  x^;  il  résulte  de  la  construction 
donnée  des  points  de  ramification  r,  et  r',  correspondant 
à  a;,,  que  dans  les  involutions  conjuguées  dont  les  points 


(*)  Conséquence  d'un  théorème  de  Itctali  {Mathesis,  l.  IX,  p.  128). 


(  ^^70  ) 

doubles  sonl  x\x'.x-^Xi^,  les  points  de  ramificalion  corres- 
pondant à  x\  sonl  Ta  et  r^. 

De  ce  que  la  droite  r^rl  esl  perpendiculaire  à  la  droite 
x^x^,  il  résulte  que  les  droites  i\r\,  r^r\,  x^x'^,  x^x'i  sont 
parallèles  entre  elles;  on  paut  donc  dire  : 

Si  \' n  et  x'2  sont  les  conjugués  harmoniques  des  points 
X|  et  X2  par  rapport  aux  points  X3  et  X4,  les  couples  de 
poi}tls 

X1X2,       XoT),       a'sl'i,       ''lî'i  5       'V'2 

/ouf  partie  d'une  même  involution. 

6.  Si  l'on  considère  l'une  des  involuiions  conjuguées, 
sa  conique  d'involution  a  pour  axe  la  perpendiculaire 
abaissée  du  centre  du  cercle  sur  la  droite  r^r^j.  Il  suit  de  là 
que  si  l'on  appelle  j/s  et  z^  les  points  du  cer-cle  situés  sur 
celle  perpendiculaire,  y,  cl  ij^,  z^  etr,,  les  points  qui  com- 
plèlenl  les  ternes  de  l'involiition,  définis  par  2/3  et  sg,  les 
droites  y^yn  cl  zyz^  sonl  parallèles  à  rjTo,  et  par  conséquent 
les  couples  y\y<i,  zyz<^  lont  partie  de  l'involution  x^x^,  x^^x^. 

Donc  : 

Parmi  les  couples  de  Vinvolution  quadratique  \\\<2,  ^z^i 
il  y  en  a  deux  formes  par  des  points  correspondants  de 
Vinvolution  cubique  ;  les  deux  points  qui  avec  ces  couples 
fonnont  deux  ternes  de  cette  involution,  sont  les  points 
doubles  de  rinvolutioii  ^quadratique  x^x^,  X5X4. 

7.  Soient  P  le  poinl  d'intersection  des  droites  x^x^  et 
r<^r\,  a  et  [3  les  angles  Kx^r,'  et  Kx,?;  ou  aura 

XiV  =  Xir\  cos  (a  -H  |3)  =  2R  sin  a  cos  (jc  -+-  ^), 

R  étant  le  rayon  du  cercle. 
On  a  aussi 

X2P  =  R  sin^; 
donc 

sin  [3  =  2  sin  a  cos  (a  -+-  (3). 


(2-7  ) 

Or, 

sin  p 

(Xir\i\}\)  = : —  :  cos  (a  -+-  (3); 

sin  X 

par  conséquenl, 

Celle  égalilé  a  élé  déduile  par  M.  Le  Paige  de  la  condi- 
lion  qui  exprime  que  deux  lernes  i)ris  respeclivemenl  dans 
doux  involulions  conjuguées,  sonl  apolaircs  ('). 

8.  Des  égaillés 

(x,j-;xi?-i)  =  —  2 ,     {xir\x:,r-)  =  —  2 ,     (xirlx^r^)  =  —  2 

on  déduil  le  ihéorème  suivanl,  dû  à  M.  Weyr  :  Les  points 
X|  et  v'i  sont  les  points  doubles  de  la  projectivité  définie 
par  les  couples  Xjro,  x^r^,  \^\\  (*'). 

9.  Pour  que  les  deux  involulions  conjuguées  coïncidcnl, 
il  laul  que  la  droile  Trrjr',  soil  langenle  au  cercle;  mais 
alors  la  droile  nxi  est  aussi  langenle,  et  les  deux  points  x^ 
el  r,  sonl  les  points  doubles  de  la  projectivité  cyclique 
délinie  par  le  terne  x,2X^Xi.  Donc  : 

Dans  une  involution  sibi-conjuguée,  un  point  double  et 
le  point  de  ramification  correspondant  forment  les  points 
doubles  de  la  projectivité  cyclique  définie  par  les  trois 
autres  points  doubles  ("**). 

Il  résulte  de  là 

(XjXjXsX^)  =  a,      (j'iXoX^Xt)  =  ce'.      .      .      .      [a) 

y.  el  a'  étant  les  racines  cubiques  imaginaires  de  l'unité 
négative;  donc 


(')  Sur  1rs  involulions  cubiques.  Liège. 
{••)   Wicnc7-  Bericlde,  LXXlIi. 

("■■)  Wevk.    Wiener  Berictitc,   LXXXI.  —  Le  Paige.  Involulions 
cubiques.  Liège. 


(  278  ) 
Les  quatre  points   doubles  d'une  învolution  sibi-cou" 
jtiguée  forment  tm  groupe  éqiiianharmonique  (*). 
Des  égalités  (a)  on  déduit  les  suivantes  : 

{xiTir-j-i)  =  a,     (rir-iJ-j/'t)  =  «', 

qui  expriment  que 

\°  Les  quatre  points  de  ramification  d'une  involution 
sibi'Conjugiiée  forment  un  système  équianhnrmonique  ; 

2°  Les  points  X|  et  r^  sont  les  points  doubles  de  la  pro- 
jeclivité  cyclique  définie  par  le  terne  r.2V^Ti^^  {"). 

10.  Le  point  oJa,  étant  le  milieu  de  l'axe  a;,r,,  sera  un 
point  double  de  l'involution  définie  par  les  deux  couples 


FiG.   o. 


Pour  obtenir  le  point  Ta,  il  faut  mener  par  le  point  ri 

une  parallèle  à  XiX^  ;  cette  parallèle  étant  un  diamètre,  on 

voit  que 

{x^x^-ir^)  =  —  I , 


(')  Le  Paige.  Itivolulions  cubiques.  Liège. 
('*)  Le  Paige.  Idem. 


(  27il  ) 

rt'sullal  dû  à  M.  Zculhen,  et  que  le  conjugué  de  fj  dans 
l'involulion  j^iTi,  X:iXi  est  le  conjugué  harmonique  de  a:, 
par  rapport  au  couple  x^x^. 

11.  Si  l'on  considère  l'involution  sibi-conjuguée  ayant 
pour  points  doubles  r^ir^r^,  le  quatrième  point  double  sera 
l'un  des  points  du  hcssien  du  terne  r^r-j^,  c'est-à-dire  r^  ou 
.r|  ;  donc  les  trois  points  doubles  définissent  deux  involu- 
lions  sibi-conjuguées. 

Si  Ton  prend  r,  comme  quatrième  point  double,  le  point 
de  ramification  correspondant  sera  nécessairement  X\  ;  par 
conséquent  : 

Si  l'on  prend  les  quatre  points  de  ramification  d'une 
involution  sibi-conjuguée  comme  points  doubles,  on  obtient 
une  nouvelle  involution  sibi-conjxiguée,  qui  a  pour  points 
de  ramification  les  quatre  points  doubles  de  la  première  {') . 

12.  Les  droites  Xçix[  et  ic^iCi  étant  perpendiculaires  au 
diamètre  r^r^^,  ces  deux  points  de  ramification  seront  les 
points  doubles  de  l'involution 

X{Xi,      X^Xi,      X^Xi. 

On  peut  aussi  faire  voir  que  les  couples 

X^X^,      X^X^,      X^Vi,      X'^r^ 

font  partie  d'une  môme  involution,  ainsi  que  les  couples 

Xa^î,      x^Xi,      Xil'^,     ^i^'i. 

La  tangente  au  point  x^  coupe  le  diamètre  r,r2  en  un 
point  G,  tel  que  CG  =  SGrj-,  par  conséquent 

(oTjrjX^x,)  =  —  2. 


(•)  Le  Paice.  Wiener  Berichie,  LXXXV. 


(  280  ) 

13.  Les  deux  triangles  x^r.^x],  oc^r^x'.  élanl  cquilalé- 
raux,  la  conique  de  l'involulion  délinie  par  ces  deux  ternes 
de  points  sera  un  cercle  concentrique  au  cercle  C.  Les 
deux  cercles  ayant  un  double  contact  suivant  la  corde  x^x^, 
Tinvolution  X2r.jXj,Xir,xi  a  deux  points  triples  x^x^. 


5«r  les  démonstrations  du  théorème  de  Slaudt  et  Clausen; 
par  Ernest  Cesàro. 

Les   nombres  de  Bernoulli  élanl  déOnis  par  l'égalité 

symbolique 

(B-4-1)"— 0"  =  /;, (1) 

on  sait  que  Bj„  est  égal  à  un  nombre  entier,  diminué  de  la 
somme  des  inverses  de  tous  les  nombres  premiers  qui, 
diminués  de  Vunité,  divisent  2n.  Ce  curieux  théorème, 
découvert  par  Clausen  et  par  Staudt,  a  été  démontré  fort 
simplement  par  M.  Catalan  dans  le  tome  IV  (2^  série)  du 
Bulletin  de  Darboux,  et  par  M.  Lucas  dans  le  tome  III  de 
Mat/iesis.  Ou  verra  plus  loin  que  ces  deux  démonstrations 
ne  diffèrent  pas  essentiellement  l'une  de  l'autre.  Nous 
allons  d'abord  montrer  que,  moyennant  quelques  légères 
modifications,  la  démonstration  de  M.  Lucas  peut  être 
rendue  incomparablement  plus  simple  et  surtout  pins 
élémentaire  que  toute  autre  démonstration  connue. 
Si  l'on  observe  que 

X(x+l)(x-+-2)...(x-h«— l)  =  X"-^cr„_,,,X"-'+(T„_,,2X"-*H H(T„_,,„_,X, 

où  <^„-i,p  représente  la  somme  des  produits  p  à  p  des  n — I 
premiers  nombres  naturels,  et  si  l'on  pose 

s..  =  1  "  -4-  2"  -+-  5"  -+-  •  •  •  -t-  X", 


(  2cSI   ) 
on  peut  mcllro  ridcnlilé  évidenle 

SOUS  la  forme  que  voici  : 

x(j-t-l)(x-+-2)...(x-i-/< 


Symboliquement, 

jr  fx  -t-  1  )  (x  -t-  2) . . .  (x  -+-  ?t) 


s  (s  -t-  I  )  (s  -4-  2) ...  (,s  -+-;<—  1  )  = 


;i  -t-  1 


En  égalant  les  coedicienls  de  x  dans  les  deux  membres, 
et  en  se  rappelant  que  B„  est  le  cocffîcient  de  x  dans  s„, 
on  en  déduit  la  relation  connue 


B(n -4- 1)(B-4-2)...(B  +  n— 1)  =  -^.     .     (2) 


On  obtient  ainsi  le  système  d'équaiions 


ni 


B„_,  -+-   C-„_2,  iB„_2  -t-    •••  -4-  cr„_j  „_jBi  = 


I 


d'où  l'on  lire 


n\  {n  -  \)\  (n  — 2)!  i 

«  -I-  I  ;/  ,,  _  I        -  .,     "    "      V   / 


(  582  ) 


après  avoir  posé 


0  1  ...    <X„_j_,,.3        <T„--.,p-i 


'-P.* 


C'est  la  formule  (3)  qui  sert  de  point  de  départ  à  M.  Lucas 
pour  la  démonstration  proprement  dite  du  théorème  de 
Slaudt  et  Clausen  ;  mais  nous  verrons  que  la  formule  dont 
se  sert  M.  Catalan  ne  diffère  de  (5)  qu'en  apparence. 

Si  l'on  ne  veut  pas  employer  les  déterminants,  on  peut 
avoir  recours  à  une  proposition  de  calcul  symbolique,  dont 
la  démonstration  n'offre  pas  de  difficultés  (").  On  opère 
l'inversion  de  la  relation  symbolique 

o„  =  A  (A  -4-  t\)  (A  -+-  f^) ...  (A  -t-  f„_,) 


(*)  Celte  proposition  pourrait  être  démontrée  en  quelques  lignes 
par  des  considérations  de  calcul  symbolique,  ou  bien  en  ayant 
recours  aux  formules  pour  la  dérivation  des  fonctions  de  fonctions. 
En  voici  d'ailleurs  une  démonstration  tout  à  fait  élémentaire.  Posons 

F«(3:)  =  (l  -+-îix)(l  -+-£ja-)...(i  -\-£„x)  =  \  -+-(T„, ,a:-4-c7,,îa;'H 

Évidemment 

1 


fn  (^) 


=  I  —  r„,  lO;  -+-  T«,  «x-  —  T„,  3X'  -1- 


Si  Ton   exprime  que  le  coefficient  de  x'''^'  dans  le  développement 


(  285  ) 
en  écrivant 

OÙ  Tp.,  représenle  la  somme  de  lous  les  produits  qu'on 
|icul  former  avec  q  facteurs,  égaux  ou  inégaux,  pris  parmi 
les  nombres  s,,  £0,  ^3,  ...,  c^.  En  particulier,  on  a  vu  qu'on 
peut  supposer 


f»  =  ">     "„  = : ,     A„  =  B„ 

«  -»-  1 


Donc 


»!        (»  — i)!  in  —  '2)l  i 

7l-^-I  71  11 — I  :2 


T,,„  représentant  la  somme  de  tous  les  produits  de  7  nom- 


dc 

=  (l  -+-£„.M.r)(l  -+-î„^îX/  ...(I  -t-e„+„2) 

est  nul,  on  obtient 

Si  l'on  a  égard  :'i  colle  relation,  et  que  dans  l'expression 

rj„-|.i  —  (a-„,  iA„  -+-  cr„,2A,_i  -H h  a„.„\^) 

de  A„:|On  remplace  A,,  A,,  .. ,   A„   par   leurs  valeurs,  suivant  la 
formule 

A,.  =  o„  —  ~„   i.i^n   1  -+-  ~u-'..ian-t  —  •••  rfc  ~),n-ia, , 

on  trouve  i)réciscnienl  ce  que  devient  cette  formule  lorsqu'on  change 
jj  en  7i-\-\.  Donc,  etc. 


(  284  ) 

bres  entiers,  égaux  ou  inégaux,  non  supérieurs  à  p.  On 
retrouve  ainsi  la  formule  (3),  et  l'on  obtient,  en  même 
temps,  l'interprétation  des  déterminants  A. 

il  est  vrai  que  c'est  sur  les  propriétés  de  ces  détermi- 
nants que  repose  une  partie  de  la  démonstration  de 
M.  Lucas;  mais  il  est  aisé  d'établir  les  propriétés  des  nom- 
bres T  sans  employer  leur  expression  sous  forme  de  déter- 
minants, et  sans  même  s'éloigner  du  mode  de  démonstra- 
tion adopté  par  M.  Lucas.  On  a,  en  vertu  du  théorème  de 
Fermât,  la  congruence  identique 

{x  —  \){x  —  '■2)...[x  —  p  -*-  i)  ^xP-^  —  i 

par  rapport  au  module  premier  p.  On  en  déduit  sans 
peine  (*)  que  le  développement. 


(x — 'I)(x  —  2)...[x — /?-+-!)      x''"* 


■-) --t-...     (o) 


,;'+• 


(')  Soient 

f(z)z=\  -f-  f/jS  -h  o^z-  -+-•••,         é{z)=  i  -h  biZ  -*-  b^z'^  -i-  ■  ' 

deux  séries  de  puissances,  à  coefficients  entiers.  Si  les  coefficients 
de  cf  — 4'  ^^"^  divisibles  par  p,  il  en  sera  évidemment  do  même  des 
coefficients  de  la  série  qu'on  obtient  en  divisant  cp  — 4^  par 

?  iz)ô{z)  =  \^  C,Z -h  c,z' -}-■■■ 

On  aura  donc  aussi 

?-'P       1       1 

= =  0.  (mod.  fj). 

En  d'autres  termes,  si  l'on  pose 

1  1 


(  28r)  ) 

esl  idenliqiiemenl  congru,  par  rapport  au  même  module, 
au  développement 


I  111 


Il  en  résulte 

T^_,,,=  I  OU  t^_,,,-=eO,         (mod. /;), 

suivant  que  q  esl  divisible  ou  non  par  p — 1.  Cela  étant,  si 
l'on  observe  que 

ip-vr.    1    ip-\y.       .      {p-iy.       .      i 

=  -'      =  entier,     =  entier . 

p  -2  ])  p  p 

suivant  que 

/)  ^=  4,     p  =  nombre  composé  >  4,     p  =  nombre  premier, 

la  formule  (i)  donne 

1  1  \ 

{—  J;"Ii„  =  entier  -+--T3,„.3-+--r„_, ,„_„+,  -t--T4.,,„_j^,+  •••, 
la  0 

OÙ  a,  b,  c,...  représentent  tous  les  nombres  premiers  qui 


les  congrucnccs  a„  s;^  6„  cnlraincnt  an  ^  ,ln  pour  «  =  1,  2,  5,  ...  En 
particulier,  on  peut  prendre 


3""*    SÉRIE,    TOME    XX.  19 


(  286  ) 

ne  surpass(MU  pas  n+ï.  Lorsque  n  est  pair,  3"~'-i-i  est 
divisible  par  4;  d'où  il  suit  que  le  nombre 


2 


est  pair.  Conséquemment 


,1  \ 

B2„  =  entier  —    -r„_,,2«-a4i  "*-  T-^o-i.in-b+i 
\a  b 


a,  b,  c,  ...  étant  tous  les  nombres  premiers,  non  supérieurs 
k'^n-hi.  On  a  vu  que  t„_,,2„_„+i  est  divisible  par  a,  tant 
que  %i—a+i  ou  2n  n'est  pas  divisible  par  a — \.  Dans  le 
cas  contraire 


enlicp 


Il  en  résulte  que,  si  «,  (3,  y,,.,  sont  ceux  des  nombres  a,  6, 
Cy..  qui,  diminués  de  l'unité,  divisent  2n,  on  a 


Bj,,  =  en  lier 


1        i         \ 

— I h-  — 

a         S        7' 


C'est  le  théorème  de  Clausen  et  Staudt. 

Remarquons  que  la  comparaison  de  (5)  avec  la  formul( 
connue 


(p  —  IV 


{x  —  i){x~^2)...{x-p-i-i)       ftj, 


-  =  y  x-'à»  -  (o') 


donne 


(  '^"  ) 

Dès  lors,  la  reialion  (4)  devient 


<  <  I 


Si  l'on  observe  que  A''(0';=/) A"  '(;/''),  on  n  d'abord 
puis,  souslrayant  celle  égalilé  de  la  suivante 

0=  1  —  A  (1"-')  -+-  A-(l''') , 

on  obtient  la  formule 


(-l)"B,  =  i-  '  a(1"-')-^1a-^(|-')_.... 
J         ù  4 


employée  par  M.  Catalan. 

Remarquons  aussi  que   la    relation  (4)   pourrait  être 
déduite  directement  de  l'identité 


En  développant  les  deux  membres  on  obtient 


1  =  00 


Il  suflit  d'égaler  entre  eux  les  coeflicients  de  x"  pour 


(  288  } 

retrouver  la  formule  [A).  De  même,  la  relation  (2)  est  une 
conséquence  immédiate  de  l'identité 

(I  _a-)-"  =  e-'"»«('-', 

qui,  interprétée  symboliquement,  devient 

R  B(B-f-  1)    ^        B(B+  l)(B-4-2)    ^ 

1  1.2  1.2.3 

1  X        x*       x^ 

= log(1—  a;)  =  1  +-+--+-  —  -+-..., 

x  2        o        4 

d'où   Ton   déduit   (2)  par  identification    des  coeflicients 
de  x\ 

C'est  toujours  à  l'inversion  de  l'égalité  (2)  que  les 
auteurs  demandent  la  démonstration  du  théorème  de 
Slaudt  et  Clausen.  Il  est  naturel  de  chercher  si  cette 
démonstration  peut  être  directement  fondée  sur  l'inver- 
sion de  l'égalité  de  définition  (1).  Celle-ci  peut  être  mise 
sous  la  forme 

(B-4-w)''=l, (G) 


ou  u„ 


,  de 

sorte  que 

e'''^ 

xe" 
e^  —  l 

Quels  que  soient  d'ailleurs  les  nombres  m,  on  opère  évi- 
demment l'inversion  de  (6)  en  définissant  d'abord  de  nou- 
veaux nombres  v  au  moyen  de  l'égalité  symbolique 

(m  —  v)"  =  0, 


(  289  ) 
cl  en  écriTanl  ensuite 


:i  — i') 


Pour  les  nombres  de  Bcrnonlli,  celle  inversion  esl  illu- 
soire, parce  que  le  second  membre  conlienl  les  nombres 
m(}mes  qu'il  s'agirail  d'exprimer.  En  efîel, 

]  X  xe" 

~~  ë-"  ~  1  —  e-'  ^  e'  -^  ~      ' 

d'où  rp=Bp.  Une  inversion  explicite  de  la  formule  de  défi- 
nition n'esl  donc  pas  possible,  de  sorte  qu'il  faut  nécessai- 
rement recourir  à  quelque  autre  relation,  par  exemple 
à  (2).  Comme  celle-ci  se  déduit  fort  simplement  de  (1),  et 
que,  d'ailleurs,  elle  conduit  au  but  d'une  manière  rapide 
et  directe,  il  esl  permis  de  douter  qu'on  puisse  trouver 
une  démonstration  du  tbéorème  de  Clausen  el  Staudl  plus 
simple  que  celle  de  M.  Lucas. 


Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  Valdéhyde; 
par  Maurice  Delacre. 

§  I,  —  La  slaliilitc  de  l'Iivdrato  de  chloral  esl-clJc  atlriiiualile 
à  la  pi'êsrncc  du  cldoïc  dans  ce  cnniposé? 

L'hydrale  de  l'aldébyde  ordinaire  n'est  pas  connu  à  l'état 
isolé,  tandis  que  l'iiydrate  de  chloral  est  un  composé  bien 
détini  el  stable.  On  a  chercbé  à  expliquer  celte  différence 
en  admettant  que  le  cblore,  à  cause  de  son  caractère 
négatif,  a  une  influence  sur  les  bydroxyles  et  donne  de  la 
stabilité  à  la  fonction  glycoléthylidénique  formée  par  cette 


(  290  ) 
liydralalion.  Celle  idée  a  cours  depuis  longlemps,  el  je 
crois  qu'elle  esl  encore  sulTisamment  en  honneur  dans  les 
traités  classiques  pour  motiver  les  quelques  remarques  que 
je  vais  faire  à  ce  sujet. 

En  comparant  l'hydrate  de  chloral 

CCP.CH<gj} 
au  produit  hypothétique 

CH^CH<2[}, 

on  n'a  pas  tenu  suffisamment  compte  d'un  fait  qui  a 
cependant  joué  un  grand  rôle  dans  l'histoire  de  la  chimie 
moderne;  je  veux  parler  de  la  dissociation  ,de  l'hydrate  de 
chloral.  Pratiquement,  ce  phénomène  n'a  pas  d'influence 
sur  la  stahilité  de  ce  dernier  produit,  même  à  la  tempéra- 
ture de  l'ébuUition,  attendu  que  le  chloral  anhydre  et  l'eau 
ont  des  points  d'ébullition  très  rapprochés.  Les  condi- 
tions sont  toutes  différentes  en  ce  qui  concerne  l'hydrate 
d'aldéhyde 

CH\CH<^J|; 

si,  par  analogie  avec  le  chloral,  on  admet  la  dissociation  de 
sa  vapeur,  son  instabilité  s'expliquera  tout  naturellement 
par  la  grande  tension  de  la  vapeur  de  l'aldéhyde  et  par  le 
grand  écart  qui  existe  entre  son  point  d'ébullition  et  celui 
de  l'eau. 

L'analogie  n'est  donc  pas  possible  entre  les  hydrates  de 
chloral  et  d'aldéhyde  acétique,  et  la  valeur  de  l'idée  dualis- 
tique  que  l'on  a   émise  demande  à  être  examinée  parj 
d'autres  moyens.  Au  lieu  de  considérer  les  glycols  éthyli- 
déniques,  nous  pouvons  porter  nos  observations  sur  leurs 


(  291  ) 

éllicrs  simples  (acélals);  rhydrogèiio  alcooli<|ue  s'y  trouve 
remplacé  par  un  radical  de  même  signe  el  possédant  même 
un  caractère  posilir|)lns  prononcé. 

Préparation  du  climéthylacétat.  —  Première  opération  : 

Aldéhyde  (Kb.  21")  ....     ii2  grammes 
Alcool  mélhylique    ....     52       — 

le  mélange  s'échauire  fortement;  le  lendemain,  sans  avoir 
chauffé,  j'ai  ajouté  du  chlorure  de  calcium  desséché,  el 
après  vingt-quatre  heures,  j'ai  décanté  40  grammes  de 
produit  n'ayant  pas  l'odeur  d'aldéhyde,  qui  se  réduisent  à 
51  gr  ammes  après  dossiccalion  complète  sur  CaCl^. 
Deu.xième  opération  : 

Aldéhyde  (Éb.  21").     ,     .     .       88  grammes. 
Alcool  mélhylique.     ...     128       — 

J'ai  placé  l'alcool  dans  un  ballon  entouré  d'eau  froide  et 
surmonté  d'un  serpentin  refroidi  à  l'aide  d'un  mélange  de 
sulfate  de  soude  et  d'acide  chlorhydrique;  j'ai  introduit 
l'aldéhyde  par  le  serpentin  (1);  le  mélange  s'échauffe  for- 
tement sans  que  le  réfrigérant  manifeste  son  utilité.  J'ai 
séparé,  au  moyen  du  chlorure  de  calcium  et  après  plu- 
sieurs décantations,  152  grammes  de  produit  sec. 

Distillé  dans  un  appareil  Le  Bel-Henninger,  il  passe 
entre  62°  et  64";  il  ne  se  sépare  qu'une  très  petite  quan- 
tité de  produits  inférieurs. 

0,1777  grammes  de  ce  produit  ont  donné  à  la  combus- 


(1)  Je  crois  qu'il  est  important  de  verser  l'alJéhjde  dans  l'alcool 
et  lion  Talcool  dans  raldcliyde. 


(  292  ) 
lion  0,1828  grammes  d'eau  et  0,3460  de  CO^,  ce  qui  fail  : 

Trouvé.        Calculé  pour  CH3.CH<;^|;{|s 

C»/„ 55.10  53.55 

H°/o     .     .     .     .     11.45  lUl 

Ce  produit  a  une  odeur  analogue  à  celle  de  l'acélal 
élhylique;  à  l'état  pur,  il  se  dissout  dans  deux  à  trois 
volumes  d'eau  et  ne  réduit  pas  le  nitrate  d'argent  ammo- 
niacal; il  est  sans  action  sur  le  zinc-élhyle,  à  la  tempé- 
rature ordinaire. 

Si  l'influence  du  chlore  dans  le  chloral  se  manifestait 
pour  fixer  les  hydroxyles,  on  devrait  s'attendre  à  la  con- 
stater dans  le  même  sens  dans  les  acétals.  En  ce  qui 
concerne  le  dimétliylacétal,  l'expérience  contredit  cette 
prévision;  la  réaction  si  nette  que  je  viens  de  décrire  et 
qui,  eu  égard  aux  conditions  de  l'opération,  peut  être 
considérée  comme  théorique,  ne  se  fait  plus  si  l'on  rem- 
place l'aldéhyde  par  l'aldéhyde  Irichlorée.  Les  essais  que 
j'ai  faits,  même  en  chauff'ant  à  l'ébullition  le  mélange  de 
chloral  et  d'alcool  mélhylique,  sont  restés  sans  résultat. 

Un  autre  fait,  mais  de  sens  électrochimique  contraire, 
tend  également  à  prouver  que  les  affinités  de  l'aldéhyde 
sont  plus  énergiques  que  celles  du  chloral  dans  les  réac- 
tions d'addition;  c'est  la  combinaison  du  chlorure  d'acélyle 
à  l'aldéhyde.  M.  Maxwell  Simpson,  à  qui  l'on  doit  la 
découverte  de  cette  réaction,  chauffait  le  mélange  à  100", 
en  matras  scellé;  cette  précaution  est  superflue,  attendu 
que,  même  avec  la  paraldéhyde,  l'addition  se  fait  théori- 
quement dès  la  température  ordinaire.  Au  contraire,  la 
réaction  du  chlorure  d'acétyle  sur  le  chloral  est  pénible; 
elle  est  pour  ainsi  dire  nulle  à  la  température  ordinaire. 


;  2!»5  ) 
puisque  je  trouve  dans  mes  notes  qu'un  mélange  de  53 
grammes  de  (  hlurure  d'acétvle  et  de  (12  gracnmes  de  chloral 
anhydre,  chaulFés  pondant  une  heure  au  bain-niarie,  n'ont 
pas  donné  une  quantité  de  produit  d'addition  suffisante 
pour  en  apprécier  le  point  d'éhullilion.  Ce  n'est  qu'en 
chauffant  le  mélange  en  matras  scellé,  au  bain-marie,  pen- 
dant quatre  jours,  que  je  suis  arrivé  à  une  combinaison  ù 
peu  près  com[)lète. 
Dans  ces  acétochlorhydrates  élhylidéniques, 

tu  .  (.11  <,..  vl    (.(.l'.t.II  <  , 

l'observation  se  trouve  en  concordance  avec  l'idée  dualis-^ 
ti(|ue;  la  consé(juence  nécessaire  de  l'hypothèse  émise  au 
sujet  de  la  stabilité  de  l'hydrate  de  chloral  était  que  les 
radicaux  acides  devaient  avoir  moins  de  tendance  à  entrer 
en  combinaison  avec  le  chloral  qu'avec  l'aldéhyde  ordi- 
naire. Mais  si  l'on  voulait  voir  dans  ce  fait  autre  chose 
qu'une  coïncidence  fortuite  avec  la  théorie  dualistiijue,  on 
se  verrait  forcé  d'expliquer  le  fait  absolument  opposé  de 
la  synthèse  du  diméthylacétal.  Tout  s'explique,  au  con- 
traire, si  l'on  admet  que  l'aldéhyde  a  un  pouvoir  addi- 
tionnel plus  énergique  que  le  chloral. 

§  II.  —  Préparation  du  Itiacctatc  d'étliylidéne. 

J'ai  constaté  précédemment  (1)  que  l'acide  acétique  agit, 
très  faiblement  il  est  vrai,  sur  l'éther 


(1)  Bulletin  de  la  Soc.  cliim.  de  Paris,  lomc  XLVIil,  p.  75  (1887). 


c  lu  ) 

produil  par  l'addilion  du  chlorure  d'acélyle  à  l'aldéhyde 
bichlorée.  La  réaclion  s'éfl'eclue  suivant  l'équation  : 


(:iicr-.CH<^p^'^. 


CtP.COOH-=CHCl-.CIl 


OC-H'O 


IICl. 


Elle  ne  se  l'ait  pas  avec  l'élher  lélrachloré  correspon- 
dant dérivé  du  chloral 

cci\cii<J;,     "' 

au  contraire,  elle  est  facile  avec  l'éther  monochloré 

.OC-H''0 


CH^CH< 


Cl 


et  donne  un  procédé  avantageux  pour  la  préparation  du 
biacéiate  d'élhylidène. 

60  grammes  d'élher  acétique  monochloré  a  ont  été 
chauffés  pendant  quelques  heures  avec  51  grammes 
d'acide  acétique;  il  se  dégage  beaucoup  d'acide  chlorhy- 
drique;  en  distillant  directement  on  recueille  40  grammes 
de  130"- 160°  et  21  grammes  de  160°-170^ 

On  peut  remplacer  l'élher  de  Simpson  par  le  chlorure 
d'acélyle  et  la  paraldéhyde  à  molécules  égales.  Le  mélange 
de  ces  deux  corps  avec  l'acide  acétique  se  refroidit  d'abord 
(dépolymérisalion  de  la  paraldéhyde),  puis  s'échauffe  en 
dégageant  très  peu  d'acide  chlorhydrique  (formation  d'acé- 
tochlorhydrine  éthylidénique)  ;  enfin,  si  l'on  vient  à  chauffer, 
l'acide  chlorhydrique  se  dégage  en  abondance  (formation 
du  biacéiate). 

Dans  une  opération  où  j'ai  employé  95  grammes  de 
paraldéhyde,  180  grammes  de  chlorure  d'acélyle  (au  lieu 
de  166)  et  120  grammes  d'acide  acétique,  j'ai  obtenu 
d'abord  151  grammes  de  biacéiate  d'élhylidène  distillant 


(  295  ) 

enlrc  1(30"  et  170";  les  lèlcs  chauffées  de  nouveau  oui 
douiié  encore  59  grammes  entre  les  mêmes  limiles,  puis, 
en  cliauffanl  de  nouveau  les  résidus,  successivement 
24  grammes  et  1-4  grammes.  Les  résidus  réunis  ù  ceux 
d'autres  opérations  donnent  encore  du  biacétate  lorsqu'on 
les  chauffe  avec  du  chlorure  d'acélyle. 

Le  sodium  agit  lentement  à  Iroid  sur  le  i)iacétate  d'élhy- 
lidène,  la  réaction  est  vive  à  100";  il  se  forme  beaucoup 
d'acétate  de  soude  qui  em|)èche  l'attaque  complète  du 
métal.  Les  produits,  en  faible  quantité,  paraissent  très 
complexes.  L'espoir  d'arriver  à  une  substitution  nette 
m'avait  fait  essayer  cette  réaction,  et  cet  insuccès  m'en- 
gage à  abandonner  ce  travail,  de  ce  côté  du  moins.  J'ai 
cru  cependant  que  la  préparation  du  biacétate  d'éthyli- 
dène  était  suffisamment  intéressante  pour  mériler  une 
mention  spéciale.  La  réaction  qui  lui  sert  de  base  rap- 
proche, en  effet,  le  groupement  —  CHCI  —  de  l'acéto- 
chlorhydrique,  du  même  groupement  de  l'éther  bichloré. 

Bruxelles,  laboratoire  privé. 


Sur  les  déformations  que  font  naître,  dans  un  hémisphère 
creux  métallique,  le  choc  et  la  pression  d'un  corps  dur 
(note  préliminaire);  par  H.  Schoentjes,  chargé  de  cours 
à  l'Université  de  Gand. 

L'exposé  succinct  des  considérations  qui  m'ont  conduit 
à  taire  ce  travail  peut  présenter,  me  semble-t-il,  un  cer- 
tain intérêt. 

J'ai  été  invité  dans  le  courant  de  1888,  à  m'occuper, 
dans  l'intérêt  d'un  service  public,  de  la  solution  d'une 
question  qui  se  ramène,  au  fond,  à  la  suivante  : 


(  296  ) 

Étant  donné  un  hémisphère  creux  en  laiton,  embouti  au 
marteau,  de  0,S  de  millimètre  d'épaisseur,  peut-on  le  rem- 
placer par  un  hémisphère  creux  en  bronze  d'aluminium 
à  10  °/o,  d'épaisseur  moindre,  et  déformable  au  même  degré 
par  le  choc;  quelle  est  cette  épaisseur  rainima  ? 

Il  s'agissait  de  remplacer  l'appareil  en  laiton  par  un 
autre  moins  lourd  et  aussi  résistant.  Le  bronze  d'alumi- 
nium à  10  7o  semblait,  a  priori,  réunir  les  conditions 
requises,  à  cause  de  son  poids  spécifique  plus  faible  et  de 
sa  rigidité  bien  connue. 

L'expérience  permettait  seule  de  résoudre  le  problème. 

Il  fallait  produire  des  déformations  dans  l'hémisphère 
en  laiton;  produire,  dans  des  conditions  identiques,  des 
déformations  dans  des  hémisphères  en  bronze  d'épaisseur 
moindre,  et  adopter  l'appareil  en  bronze  qui,  sous  une 
épaisseur  plus  petite,  aurait  subi  une  déformation  de 
même  importance  ou  d'importance  moindre  que  l'hémi- 
sphère en  laiton. 

Je  me  suis  procuré  une  tôle  de  laiton  de  0,5  de  milli- 
mètre d'épaisseur  et  quelques  tôles  de  bronze  d'aluminium 
laminées  à  diverses  épaisseurs.  J'ai  fait  emboutir  ces  tôles 
au  marteau,  par  le  même  ouvrier,  de  façon  à  en  former 
une  série  d'hémisphères  de  20  centimètres  de  diamètre. 
L'épaisseur  moyenne  de  chaque  hémisphère  était  déduite 
de  son  poids,  de  sa  surface,  et  de  son  poids  spécifique. 

J'ai  appliqué  ces  objets  successivement  par  leur  base 
sur  une  planche  horizontale  et,  à  l'aide  d'un  appareil  à 
déclanchement  que  je  crois  inutile  de  décrire,  j'ai  laissé 
tomber  d'une  même  hauteur,  sur  le  sommet  des  différents 
hémisphères,  une  boule  en  fer  de  6  centimètres  de  dia- 
mètre et  pesant  860  grammes. 

Le  choc  se  produisait  ainsi  d'une  façon  symétrique  au 


I 


(  ^297  ) 
point  de  vue  des  corps  en  conlacl,  et  les  résullals  des 
expériences  élaienl  comparables. 

La  boule  en  fer,  en  choquanl  les  liémisplières,  y  pro- 
duisait des  délormations  dont  il  s'agissait  d'évaluer  l'im- 
porliince  relative.  Dans  plusieurs  cas,  l'aspect  seul  des 
cavités  suftisait  pour  établir  la  comparaison  ;  dans  d'autres, 
il  y  avait  doute.  Pour  lever  la  diiriculié,  et  prolitant  de 
cette  circonstance  que  les  bords  de  la  délormalion  sont 
sensiblement  dans  un  même  plan,  j'ai  rempli  les  cavités 
avec  un  mélange  de  cire  et  de  paraffine  fondues.  Lorsque  le 
mélange  était  figé,  j'ai  enlevé  l'excès  avec  le  tranchant 
d'un  couteau  passant  sur  les  bords  de  la  déformation.  Le 
poids  du  mélange  contenu  dans  la  cavité  permettait  de 
conclure. 

Telle  est,  en  principe,  la  marche  suivie  pour  résoudre 
le  problème  posé;  quant  à  la  solution  même,  elle  ne  pré- 
sente aucun  intérêt  au  point  de  vue  de  cette  note. 

Pendant  que  je  m'occupais  de  ces  essais,  mon  attention 
a  été  attirée  sur  la  forme  inattendue  des  cavités  produites 
par  le  choc.  Comme  cela  arrive  fréquemment  dans  les  tra- 
vaux de  laboratoire,  ces  expériences,  entreprises  dans  un 
but  industriel,  m'ont  conduit  à  en  entreprendre  d'autres 
dans  un  but  scientifique. 

Si  l'on  soumet  un  hémisphère  creux  métallique,  de 
faible  épaisseur,  à  un  choc  ou  à  une  pression,  à  l'aide  de 
corps  qui  l'attaquent  ou  qui  le  |)ressent  suivant  des  sur- 
faces géométriques  régulières,  les  déformations  sont  ordi- 
nairement d'une  régularité  remarquable,  quand  les  chocs 
ou  les  pressions  se  produisent  au  sommet  et  suivant  l'axe 
de  l'hémisphère. 

Ces  déformations  consistent  en  un  système  de  plis  for- 
mant une  sorte  de  pyramide  ou  de  tronc  de  pyramide 
symétrique  dans  tous  ses  éléments. 


(  298  ) 

Je  me  suis  proposé  de  délerminer  quelques-unes  des 
lois  qui  régissent  la  production  de  ces  déformations 
bizarres  et  inattendues.  J'ai  l'intention  de  soumettre  plus 
tard  à  l'Académie  un  travail  plus  complet  sur  mon  mode 
d'opérer,  sur  les  appareils  dont  je  me  sers,  et  les  résultats 
de  mes  recherches.  Je  me  borne  aujourd'hui  à  lui  com- 
muniquer des  exemplaires  de  quelques  déformations  obte- 
nues, et  à  lui  signaler  quelques  résultats. 

J'ai  renoncé  aux  hémisphères  travaillés  au  marteau,  car 
ils  sont  peu  uniformes  au  point  de  vue  de  l'épaisseur,  de 
la  dureté  et  de  la  densité.  Les  hémisphères,  annexes  de  la 
présente  note,  sont  tirés  de  tôles  de  laiton  de  0,4  de  mil- 
limètre environ;  leur  diamètre  est  de  15  centimètres.  Ils 
sont  repousses  au  tour  sur  un  mandrin  en  cuivre;  par 
conséquent  leur  densité,  leur,  dureté,  leur  épaisseur  sont 
uniformes  suivant  un  même  parallèle; Ces  éléments  varient 
très  probablement  dans  le  sens  des  méridiens;  la  dureté 
et  la  densité  allant  en  croissant,  et  l'épaisseur  en  dimi- 
nuant, du  sommet  vers  le  bord. 

Les  hémisphères  reposent  par  leur  base  sur  un  bloc  en 
bois  présentant  une  rainure  circulaire  qui  épouse  le  con- 
tour de  la  base;  celle-ci  ne  peut  donc  pas  se  déformer  par 
le  choc  ou  par  la  pression.  L'air  contenu  sous  l'hémisphère 
pouvait  s'échapper  librement. 

Les  exemplaires  annexés  à  cette  note,  au  nombre  de 
dix,  ont  été  déformés  de  la  manière  suivante  ; 

Un  corps  travaillé  de  façon  à  présenter  une  surface 
sphérique  ou  une  surlace  plane  à  contour  régulier,  était 
posé  sur  le  sommet  de  l'hémisphère  par  la  surface  dont  il 
s'agit.  Un  marteau,  convenablement  guidé,  tombait  sur  le 
corps  et  celui-ci,  transmettant  le  choc  à  l'hémisphère,  y 
faisait  naître  la  déformation. 


(  299  ) 

Hémis((hère  I  (lig.  1).  La  déformalion  résulte  du  choc 
d'une  sphère  de  3  cenlimèlrcsde  diamètre;  elle  présente 
l'aspect  d'une  pyramide  triangulaire  à  laces  latérales 
courheset  convexes.  Les  sommets  de  la  hase  sont  distants 
de  80  millimètres  environ;  ils  déterminent  un  triangle  sen- 
sihlement  équilatéral.  Les  côtésdu  triangle  sont  formés  de 
plis  arrondis.  Il  m'a  |)aru  intéressant  de  mettre  en  évi- 
dence la  ligne  culminante  de  la  surface  des  plis  formant 
la  base;  à  cet  effet,  j'ai  raclé  la  surface  avec  le  hord  recti- 
ligne  d'un  couteau,  en  le  faisant  passer  simultanément  sur 
deux  côtés  de  la  base.  On  obtient  ainsi  une  ligne  brillante, 
représentée  en  a  b  c  sur  la  figure.  Des  lignes  semblables 
ont  été  tracées  sur  les  autres  exemplaires. 

La  déformation  étant  orientée  d'une  façon  convenable 
par  rapport  à  la  lumière  du  jour,  et  le  métal  étant  rendu 
brillant,  on  voit  se  dessiner  sur  la  surface  de  la  cavité  une 
figure  rappelant  une  feuille  de  trèfle,  l'axe  de  chacune  des 
feuilles  composantes  coïncidant  avec  un  des  plis  latéraux. 
Le  point  le  plus  bas  de  la  cavité  est  à  25  millimètres  au- 
dessous  de  la  position  primitive  du  sommet. 

Il  résulte  des  expériences  faites  jusqu'ici  que  la  forme 
triangulaire  est  la  forme  normale  des  déformations  pro- 
duites par  le  choc  d'une  sphère.  Les  sphères  choquantes 
dont  je  me  suis  servi  ont  respectivement  J,  2,  5,  4  centi- 
mètres de  diamètre.  Les  chocs  ont  été  plus  ou  moins  éner- 
giques; dans  certains  cas,  ils  ont  été  répétés  sur  le  même 
hémisphère.  Sur  quinze  hémisphères  soumis  aux  essais, 
quatorze  présentent  une  déformation  triangulaire,  le  quin- 
zième porte  une  cavité  quadrangulaire  dont  la  base  est 
peu  régulière.  D'après  ce  qui  suit,  il  est  probable  que  des 
chocs  répétés  transformeraient  la  cavité  quadrangulaire  en 
une  autre  à  base  triangulaire. 


(  300  ) 

Ayant  remarqué  que  le  choc  produit  par  un  corps  de 
forme  quelconque,  un  simple  coup  de  marteau,  par  exemple, 
fait  naître  des  déformations  à  plis  latéraux,  je  me  suis 
demandé  s'il  ne  serait  pas  possible  de  provoquer  la  forma- 
tion de  ces  plis  suivant  des  méridiens  déterminés. 

Les  hémisphères  II,  111,  IV,  V  (figures  2,  3,  4,  5)  se 
rapportent  à  des  essais  de  ce  genre. 

Hémisphère  II  (fig.  2).  Le  corps  choquant  est  un 
morceau  de  fer  travaillé  de  façon  à  présenter  comme  sur- 
face d'attaque  un  triangle  équilatéral  dont  le  côté  a 
10  millimètres  de  longueur.  La  déformation  est  un  tronc 
de  pyramide  triangulaire  à  faces  latérales  courbes.  Les 
côtés  de  la  grande  base  sont  sensiblement  égaux  et  ont 
une  longueur  de  80  millimètres.  Les  trois  plis  latéraux 
parlent  des  trois  sommets  du  triangle  choquant.  Le  sommet 
est  descendu  de  30  millimètres  environ.  L'hémisphère  a 
été  soumis  à  trois  chocs  successifs.  Les  trois  lignes  culmi- 
nantes successives  sont  visibles  sur  l'exemplaire,  et 
indiquées  sur  la  figure.  Les  reflets  de  la  lumière  produisent 
le  long  des  plis  l'aspect  de  la  feuille  de  trèfle. 

Hémisphère  III  (fig.  5).  Le  corps  choquant  est  en  fer; 
la  face  qui  a  produit  la  déformation  est  un  carré  de 
50  millimètres  de  côté.  Quatre  plis  latéraux  partent  des 
sommets  du  carré  de  la  face  choquante,  dont  l'empreinte 
est  au  fond  de  la  cavité.  La  déformation  a  la-forme  d'un 
tronc  de  pyramide  à  base  carrée.  Les  sommcls  de  la  grande 
base  forment  une  figure  carrée  dont  les  côtés  ont  environ 
70  millimètres  de  longueur. 

La  dislance  du  fond  de  la  cavité  au  sommet  de  l'hémi- 
sphère est  de  54  millimètres. 

Hémisphères  IV  et  V  (fig.  4  et  5).  Les  déformations  sont 
respectivement  penlagonales  et  hexagonales;  les  plis  lalé- 


(  3(M   ) 
rnnx  pnrlcnt  (1rs  sommels  dos  surfaces  clioqnanles,  ({iii 
sont  respcclivcincnt  un  jXMilagone  de  25  niillimùlres,  et 
un  hexagone  de  18  millimètres  de  côté. 

Le  côté  de  la  grande  base  pentagonalc  a  55  millimètres, 
celui  de  la  grande  base  hexagonale  a  57  millimètres. 

Dans  le  premier  cas,  le  fond  de  la  cavité  est  à  27  milli- 
mètres, et  dans  le  second,  à  23  millimètres  sous  le  sommet. 

Pour  les  hémisphères  II,  III,  iV,  les  sommets  des  faces 
cliO(juanles  déterminent  la  position  des  plis  latéraux  de  la 
déformation.  Cette  loi  s'est  toujours  vérifiée  dans  le  cas 
d'une  face  choquante  triangulaire,  quelle  que  fût  la  gran- 
deur du  choc,  (jiie  le  choc  fût  répété  ou  non  sur  le  même 
hémisphère;  j'ai  opéré  sur  quinze  hémisphères,  el  je  me 
suis  servi  de  triangles  choquants  dont  les  côtés  avaient 
iO,  50,  25,  20, 15,  10  millimètres  de  longueur. 

Mais  la  loi  n'est  vraie  pour  les  autres  faces  choquantes, 
que  pour  autant  que  la  face  soit  assez  grande,  que  la 
déformation  ne  soit  pas  trop  considérable  ou  que  les  chocs 
ne  soient  pas  répétés  sur  le  même  hémisphère. 

Dans  le  cas  où  la  surface  choquante  est  peti'e  et  le  choc 
faible,  le  nombre  de  plis  latéraux  est  égal  au  nombre  de 
sommets  de  la  ligure  qui  produit  le  choc;  mais,  si  le  choc 
est  énergi(]ue,  ou  s'il  est  répété  un  certain  nombre  de 
fois,  la  figure  tend  à  se  simplifier  :  des  arêtes  font  défaut 
dès  le  premier  choc,  ou  bien,  si  leur  nombre  est  complet 
d'abord,  une  ou  plusieurs  des  arêtes  s'effacent  ou  tendent 
à  s'effacer  lorsque  le  choc  se  reproduit. 

La  simplification  de  la  figure  sous  l'effet  de  chocs  répétés 
se  reproduit  d'autant  plus  facilement  que  la  figure  primi- 
tive et  complète  est  plus  irrégulière. 

Voici  quelques  exemples  de  ces  anomalies  : 

Hémisphère  VI  (fig.  6).  Le  petit  carré  choquant  dont 

S*"*    SÉRIE,    TOME    XX.  20 


(  502  ) 

l'empreinle  se  voit  au  lond  de  la  cavité  avait  produit  au 
premier  choc  une  figure  quadrilatère  très  irrégulière.  Un 
deuxième  choc  a  (ait  disparaître  le  pli  A,  et  la  base  de  la 
déformnlion  est  devenue  triangulaire,  le  triangle  étant 
régulier. 

Hémisphère  VII  (fig.  7).  Le  choc  d'un  petit  pentagone  a 
produit  d'emblée  une  délormalion  quadrangulaire.  L'une 
des  arêtes  est  plus  longue  que  les  trois  autres. 

Hémisphère  VJll  (fig.  8).  La  déformation  produite  par 
une  lace  choquante  hexagonale  était  d'abord  hexagonale; 
un  deuxième  choc  l'a  transformée  en  une  cavité  quadri- 
latère, deux  arêtes  A  et  B  s'étanl  eflacées  et  ne  contii- 
buant  plus  à  la  formation  de  la  grande  base. 

J'ai  opéré  aussi  sur  des  cylindres  choquants,  à  base 
circulaire,  dont  les  diamètres  sont  de  55,  50,  2o,  J9  et 
14  millimètres. 

En  général,  la  déformation  est  quadrangulaire;  quatre 
plis  latéraux  se  raccordent  entre  eux  au  fond  de  la  cavité, 
suivant  des  lignes  tangentes  à  l'empreinte  circulaire  de  la 
face  choquante  du  cylindre. 

L'hémisphère  IX  (fig.  9)  offre  un  exemple  de  celle 
déformation. 

Dans  le  cas  de  petites  surfaces  choquâmes  circulaires, 
la  déformation  est  souvent  triangulaire.  Dans  le  cas  de 
chocs  répétés  avec  des  faces  relalivemenl  grandes,  une 
déformation  primitivement  quadrilatère  peut  devenir  tri- 
angulaire; tel  est  le  cas  de  l'hémisphère  X  (fig.  10).  Un 
premier  choc  avail  produit  une  déformation  quadrilatère 
peu  régulière;  sous  l'effet  d'un  deuxième  choc,  l'une  des 
arêtes  A  s'est  effacée  partiellement,  et  la  forme  générale 
de  la  cavité  est  devenue  triangulaire. 

Je  me  propose  d'examiner  dans  mes  recherches  ulté- 


(  ."505  ) 
rieures  les  effets  dus  à  des  pressions  croissantes  produites 
(inr  rintcimédiaire  des  surfaces  qui  ont  déterminé  les 
dél'ormations  par  clioc.  Je  provoquerai  aussi  des  déforma- 
tions à  l'aide  de  chocs  peu  réguliers,  tels  (jue  des  coups  de 
marteau  donnés  à  la  main. 

Je  me  propose  aussi  d'étudier  les  déformations  produites 
par  le  cIjoc  et  la  pression  dans  le  cas  où  le  corps  agit  sur 
l'hémisphère  par  un  certain  nombre  de  petites  surfaces 
disposées  suivant  des  figures  régulières. 

Enfin,  je  compte  m'occuper  des  pressions  et  des  chocs 
produits  parallèlement  à  l'axe  de  l'hémisphère  en  des 
points  autres  que  le  sommet. 


héduclion  des  nitrates  par  la  lumière  solaire- 
par  Emile  Laurent. 

L'influence  de  la  lumière  sur  les  matières  organiques 
a  été  l'ohjel  d  observations  très  anciennes.  On  en  doit 
l'étude  méthodique  à  M.  Duclaux  (1),  qui  a  soumis  à  la 
radiation  solaire  un  grand  nombre  de  substances  hydro- 
carbonées. Ce  savant  a  montré  que  toutes  les  réactions  que 
|ieut  produire  la  chaleur  peuvent  aussi  être  provoquées 
par  la  lumière.  L'inverse  n'est  pas  vrai,  et  il  y  a  beaucoup 
(le  phénomènes  d'oxydation  et  de  réduction  que  la  lumière 
semble  seule  capable  de  déterminer. 

Dans  ces  réactions,  qui  se  résument  toutes  en  une 
dislocation  de  la  molécule  primitive   du  composé  orga- 


(I)  E.  DccLAUX,  Action  de  la  lumière  solaire  sur  les  substances 
hydrocarbonces.  Annales  de  l'InstiliU  ayronomique  du  Paris,  t.  X, 


1886. 


(  304  ) 

nique,  il  se  produit  un  certain  nonobre  de  corps  tels  que 
les  acides  carbonique,  oxalique,  lormique,  acétique,  buty- 
rique el  valérianique,  l'alcool  élbylique  et  les  aldéhydes 
mélhylique  el  élbylique. 

Coïncidence  remarquable,  qui  a  élé  bien  comprise  par 
M.  Duclaux,  tous  ces  corps  résiduaires  sont  aussi  les  pro- 
duits les  plus  communs  de  l'action  des  microbes.  Leur 
formation  dans  des  phénomènes  aussi  différents  est  donc 
en  relation  avec  la  stabilité  de  leur  molécule,  plutôt 
qu'avec  la  nature  de  l'agent  qui  les  produit. 

Il  est  intéressant  de  voir  de  simples  actions  chimiques, 
provoquées  par  la  lumière,  donner  lieu  à  la  formation  de 
corps  que  nous  sommes  habitués  à  considérer  comme  des 
produits  de  l'activité  des  microbes. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  les  substances  organiques 
qui  peuvent  être  décomposées  par  la  radiation  solaire.  Les 
acides  et  les  sels  inorganiques  subissent  des  modifications 
du  même  ordre  bien  connues  des  chimistes.  C'est  ainsi 
que  l'acide  nitrique  pur  se  réduit  sous  l'inlluence  du  rayon 
solaire  avec  production  de  peroxyde  d'azote,  et  se  colore 
d'autant  plus  qu'il  était  plus  concentré. 

J'ai  observé  qu'il  en  était  de  même  pour  les  nitrates  : 
sous  l'influence  de  la  lumière,  ils  sont  réduits  en  nilriles. 
On  avait  longtemps  considéré  ce  phénomène  comme  par- 
ticulier à  quelques  bactéries.  Eu  1885,  j'ai  indiqué  que  les 
plantes  supérieures  (graines  en  germination  el  tubercules) 
jouissent  de  la  même  propriété.  Depuis  lors,  j'ai  constaté 
qu'il  en  est  de  même  pour  des  moisissures  et  pour  des 
Levures  (1).   Nous  voici  de   nouveau  en   présence  d'un 


(1)   Voir  ma  noie  Sur  la  réduction  des  Jiilrutes  parles  Levures  et 
les  7noisissures  dans  ce  Dullelin. 


(  3U5  ) 

phénomène  que  l'on  allrihuail  exclusivemenl  aux  microbes 
sons  l'inflnencc  (Fiin  simple  préjugé  el  qui,  cependjnl,  e>t 
liés  général  dans  la  nature. 

La  sensibilité  des  solutions  de  nitrates  vis-à-vis  de  la 
lumière  est  très  grande. 

Au  mois  d'aoùl  J887,  j'avais  (Xposé  au  soleil,  dans  une 
serre,  quatre  tubes  à  essai,  dont  deux  contenaient  10  cen- 
limèlres  cubes  de  nitrate  de  potassium  à  5  7o,  el  les  deux 
autres  du  nitrate  de  sodium  à  la  même  concentration.  En 
njème  temps,  je  mettais  deux  tubes  témoins  sous  «me 
cloche  noire.  Tous  les  tubes  avaient  élé  au  préalable 
stérilisés  afin  d'éviter  l'action  des  bactéries.  La  radiation 
solaire  était  très  vive;  à  l'intérieur  des  tubes,  la  tempé- 
rature ne  fut  jamais  supérieure  à  59'. 

Après  deux  heures  d'insolation,  je  fus  surpris  de  con- 
stater dans  les  tubes  insolés  une  réaction  très  nette  des 
nilrites,  tandis  que  les  tubes  à  l'obscurité  n'en  donnaient 
pas  de  trace.  Les  nitrites  étaient  caractérisés  au  moyen  du 
réactif  de  Griess  (aciJe  sulfanilique,  acide  chlorhydrique 
el  chlorure  de  naphtylamine).  C'est  un  réactif  d'une 
sensibilité  extrême. 

Il  n'est  même  pas  nécessaire  de  soumettre  les  solutions 
nitriques  à  l'action  directe  des  rayons  solaires.  Des  Itibes 
avec  nitrates  en  solution  furent  placés  sur  une  fenêtre 
exposée  au  nord  ;  ils  ne  recevaient  que  de  la  lumière 
diffuse.  Néanmoins,  après  six  heures,  ils  donnaient  une 
réaction  nitrense  assez  marquée. 

Ces  expériences  ont  élé  reprises  et  complétées  pendant 
l'été  de  l'année  1<S89,  qui,  à  Paris,  a  élé  extrêmement  favo- 
rable aux  essais  de  cette  nature. 

Le  13  juin,  j'exposais  au  soleil  trois  tubes  à  essai;  l'un 


(  306  ) 

renfermait  du  nitrate  de  potassium  à  i  "/«i  un  autre  du 
nitrate  de  sodium,  et  le  troisième  du  nitrate  de  calcium  à 
la  même  concentration.  A  côté,  je  plaçais  trois  tubes  avec 
les  mêmes  solutions,  sauf  cette  dilférence  que  les  rayons 
solaires  devaient  traverser  pour  les  atteindre  une  couche 
de  sulfate  de  quinine  de  3  centimètres  d'épaisseur.  Il  y 
avait  aussi  trois  tubes  avec  nitrates  sous  une  coucbe  d'eau 
distillée  de  même  épaisseur,  et  trois  autres  tubes  sous 
une  cloche  noire.  Enfin,  un  treizième  tube  bien  bouché 
renfermait  1  gramme  de  nitrate  de  potassium  desséché  au 
préalable  à  170°. 

L'expérience  avait  été  commencée  à  midi,  par  un  soleil 
radieux  et  un  ciel  sans  nuage.  A  4  heures,  les  trois 
tubes  exposés  directement  au  soleil  et  les.  tubes  sous  la 
couche  d'eau  distillée  donnaient  la  réaction  des  nitrites  de 
la  manière  la  plus  netle.  Par  contre,  les  tubes  à  obscu- 
rité n'en  contenaient  point  de  traces.  Quant  aux  tubes 
sous  le  sulfate  de  quinine,  ils  ont  donné  une  réaction 
extrêmement  faible,  ce  que  j'attribue  à  ce  que  le  sulfate 
de  quinine  n'intercepte  pas  complètement  les  rayons  chi- 
miques. Dans  ces  derniers  tubes,  laissés  en  expérience 
jtjsqu'au  16  juin,  la  proportion  de  nitrite  n'a  pas  aug- 
menté sensiblement,  bien  que  le  soleil  ait  été  très  ardent 
pendant  les  journées  du  14  et  du  15. 

Le  nitrate  sec,  exposé  au  soleil,  avait  aussi  subi  l'action 
réductrice  :  dissous  dans  l'eau,  il  donnait  une  faible  réac- 
tion nitreuse. 

Depuis  les  expériences  de  Niepce  de  Saint-Victor,  on 
sait  que  certaines  substances,  —  l'acide  pyrogallique  et  le 
papier  sont  du  nombre,  —  impressionnées  par  la  lumière, 
permettent  la  réduction  d'un  sel  d'argent,  ajouté  ultérieu- 


(  '^^7  ) 
roment  dans  l'obscurilé.  Il  n'en  esl  pas  ainsi   pour  les 
nitrates  :  ils  doivent  être  exposés  directement  ù  la  lumière. 

Dans  deux  tubes  secs  exposés  pendant  trois  heures  à 
un  soleil  intense,  j'ai  introduit  quelques  centimètres  cubes 
de  nitrate  de  potassium  en  sohilion  à  1  °l„.  Je  n'ai  constaté 
par  la  suite  aucune  réaction  de  nitrite.  On  ne  réussit  pas 
mieux  si  l'on  introduit  dans  les  tubes  insolés  de  l'eau 
distillée  ou  une  substance  organique,  comme  la  peptone. 
Une  solution  de  nitrate  que  l'on  y  ajoute  après  cinq  ou  six 
heures  d'insolation  ne  subit  aucune  modification. 

La  réduction  des  nitrates  par  la  lumière  esl  indépen- 
dante de  la  présence  de  l'oxygène.  Dans  un  tube  à  essai 
qui  contenait  une  solution  de  nitrate, j'ai  fait  le  vide  avec  la 
pompe  à  mercure.  La  production  de  nitrite  a  été  aussi 
active  qu'au  contact  de  l'air. 

L'action  de  la  lumière  sur  les  nitrates  ne  paraît  pas 
s'arrêter  à  la  production  des  nitrites.  Une  solution  de 
nitrite  de  potassium  à  1  pour  100,000,  exposée  à  la  lumière 
directe  pendant  trois  heures  d'été,  donna  une  réaction 
visiblement  plus  faible  que  la  même  solution  placée  à 
l'obscurité  ou  sous  la  solution  de  sulfate  de  quinine. 

Selon  les  groupements  moléculaires  sur  lesquels  elle 
exerce  son  action,  la  lumière  esl  un  agent  d'oxydation 
aussi  bien  qu'un  agent  de  réduction.  Ainsi,  du  papier 
imprégné  d'une  solution  de  gaïac  bleuit  au  soleil,  et  le 
même  papier,  plongé  d'abord  dans  un  bain  d'eau  de  chlore 
et  devenu  bleu,  se  décolore  après  quelques  heures  d'inso- 
lation i\). 


(I)  J.  Herschel,  Philos.  Transacl.,  1842,  et  E.  Bbcquerel,  De  la 
lumière,  t.  II,  p.  98. 


(  508  ) 

On  pourrait  donc  supposer  que  la  lumière  soil  capable 
(le  déterminer  la  nilrilication  des  sels  ammoniacaux.  A 
plusieurs  reprises,  en  1887  el  en  1889,  j'ai  exposé  au 
soleil  des  solutions  de  sulfate  el  de  chlorure  d'ammoniaque. 
Mais  jamais,  même  après  dix  jours  d'insolation  intense,  il 
n'y  a  eu  production  de  traces  de  nitrate.  Les  rayons 
solaires  détruisent  donc  les  nitrates,  mais  ne  peuvent 
provoquer  la  production  de  ces  sels  aux  déj)ens  des  sub- 
stances ammoniacales. 

L'action  réductrice  du  soleil  sur  les  nitrates  peut  assu- 
rément s'exercer  sur  le  nitrate  d'ammoniaque  produit 
dans  l'atmosphère  par  les  actions  électriques  et  qui  s'y 
trouve  en  sus[)ension  à  l'étal  de  particules.  D'autre  part, 
les  couches  superticielles  du  sol  sont  celles  où  la  nilrihca- 
tion  est  la  plus  active.  Dans  nos  champs  cultivés,  à 
l'époque  des  labours  el  des  semailles,  de  petites  quantités 
de  nitrates  doivent  être  modiliées  par  les  rayons  solaires. 
Enfin,  la  sève  des  plantes  renferme  souvent  des  nitrates 
qui  parviennent  dans  les  feuilles  el  s'y  trouvent  exposés 
à  l'influence  de  la  radiation.  Qui  sait  si  ces  sels  n'y  sont 
pas  l'objet  de  phénomènes  réducteurs? 

D'après  ce  que  nous  savons  sur  la  composition  des 
substances  organiques  azotées  les  plus  fréquentes  dans  les 
végétaux,  on  peut  supposer  que  les  nitrates  sont  réduits 
et  transformés  en  combinaisons  ammoniacales  avant  d'être 
assimilés  par  le  protoplasme.  Chez  les  Champignons  et  les 
Bactéries,  la  lumière  est  certainement  étrangère  à  ce  phé- 
nomène, mais  il  ne  serait  pas  impossible  qu'il  en  fût  tout 
autrement  chez  les  plantes  supérieures  à  chlorophylle. 


(  509  ) 


Sur  la  réduction  des  nitrates  par  la  Levure  de  bière  et  par 
quelques  moisissures;  [)ai  Kmile  Laiiienl. 

Dans  une  note  publiée  en  188i  dans  le  liulletin  de 
l'Acadéniie,  iM.  Jorissen  annonçait  que  les  graines  ren- 
ferment normalement  des  bactéries  et  que  ce  sont  ces 
microbes  qui  sécrètent  la  diastase  au  moment  de  la  ger- 
mination. Il  contestait,  en  outre,  le  pouvoir  réducteur  des 
graines  vis-à-vis  des  nitrates. 

Aucune  expérience  directe  faite  par  iM.  Jorissen  ne 
parait  avoir  servi  de  base  à  ces  bypotbèses.  Elles  n'ont  eu 
d'autre  point  de  départ  que  l'observation  suivante,  due  à 
M.  Jorissen  :  dans  un  milieu  qui  renferme  de  l'acide 
cyanbydrique,  ni  la  germination  des  graines,  ni  la  réduc- 
tion des  nitrates  n'ont  lieu.  L'embryon  n'est  pas  détruit 
et  il  peut  se  développer  dès  que  les  conditions  de  milieu 
redeviennent  favorables. 

Au  lieu  de  voir  dans  ce  fait  un  exemple  de  l'action 
analogue  des  substances  paralysantes  ou  toxiques  sur  les 
plantes  supérieures  et  sur  les  microbes,  M.  Jorissen  en  a 
conclu  qu'il  y  avait,  dans  les  graines,  des  bactéries  char- 
gées de  sécréter  la  diastase.  Quant  à  la  réduction  des 
nitrates,  ces  mêmes  bactéries  n'en  devaient  pas  être 
capables,  car  M.  Jorissen  en  niait  la  possibilité  pour  les 
graines  soustraites  à  l'action  des  microbes  extérieurs. 

Ces  diverses  assertions  m'avaient  paru  exagérées,  et  je 
consacrai  une  partie  de  l'biver  de  1884  à  les  vérifier  par 
l'expérience.  Les  résultats  de  mes  recherches  sur  ce  sujet 
furent  soumis  à  l'Académie  en  juin  1885.  ils  étaient  abso- 


(  3iU  ) 

lumenl  opposés  à  ceux  de  M.  Jorissen  :  les  graines  el  les 
tubercules  que  j'avais  étudiés  ne  renferment  pas  de  bac- 
téries à  l'étal  normal;  les  graines  d'Orge  et  de  Maïs  en 
germination  peuvent  réduire  les  nitrates. 

Quelque  temps  après,  M.  Jorissen  (1)  émettait  l'avis  que 
j'avais  tort  de  ne  pas  accorder  grand  crédit  aux  travaux 
de  M.  Béchamp,  de  M.  Marcano  et  de  Wigand  sur  l'exis- 
tence des  bactéries  intracellulaires.  Il  invoquait  {loc.  cit., 
p.  591)  l'opinion  de  M.  Traube  et  de  M.  Pfeffer  pour  pré- 
tendre que  les  bactéries  sont  les  seuls  organismes  qui 
possèdent  le  pouvoir  de  réduire  les  nitrates  dans  les 
liquides  de  culture. 

De  plus,  M,  Jorissen  a  fait  deux  essais  dont  j'admets 
volontiers  l'importance.  11  a  siérilisé  cinquante  graines 
d'orge  par  l'immersion  dans  le  sublimé,  les  a  lavées  à  l'eau 
distillée  bouillie,  puis  les  a  introduites  dans  un  petit  ballon 
siérilisé  avec  50  centimètres  cubes  d'une  solution  de 
salpêtre  à  1  °/o.  Celle-ci  avait  été  au  préalable  bouillie 
pour  la  rendre  stérile.  M.  Jorissen  fermait  ensuite  le  ballon 
au  moyen  d'un  tampon  d'ouate  et  exposait  le  tout  à  une 
température  de  15  à  18°.  Après  vingt-quatre  heures,  il  a 
constaté  que  le  liquide  était  parfaitement  limpide,  que 
l'empois  d'amidon  ioduré  ne  le  colorait  pas  en  bleu  après 
acidulation  et  qu'il  ne  jaunissait  pas  avec  le  métadiami- 
dobenzol.  Il  ne  contenait  donc  pas  de  nilrite,  et  cepen- 
dant les  graines  n'avaient  pas  perdu  leur  faculté  de 
germer. 

L'auleur  s'abstient  de  spécifier  si  les  graines  d'Orge 


(I)  Bttll.  de  l'Acad.  royale  de  Belgique,  5*  série,  t.  X,  p.  583, 1885. 


(  3ii  ) 

élaienl  en  germinnlion  au  moinenl  où  il  les  a  mises  en 
expérience.  C'est  cependant  un  point  très  importani, 
puisque  l'activité  physiologique  des  graines  se  manifeste 
surtout  pendant  la  germination. 

J'aurais  voulu  également  que  M.  Jorissen  eût  répété  la 
recherche  de  nitrile  après  deux,  trois,  quatre  ou  ciuij  jours, 
lorsque  précisément  la  germination  des  graines  est  assez 
avancée.  Mais  j'ai  la  conviction  que  M.  Jorissen  en  aura 
été  empêché  par  l'apparition  des  bactéries  dans  son  ballon 
en  expérience.  Il  est, en  effet,  presque  impossible  de  mani- 
puler cinquante  graines  dans  l'air  sans  les  exposer  à  être 
contaminées  par  quelque  germe  de  microbes.  J'en  sais 
(]uelque  chose,  malgré  l'habitude  que  j'ai  aujourd'hui  des 
iiavaux  microbiques. 

Je  suis  non  seulement  incrédule  à  ce  sujet  :  j'estime 
qu'une  simple  ébullition  pourrait  bien  ne  pas  stériliser 
une  solution  de  salpêtre. 

L'expérience  de  M.  Jorissen  avec  la  l^evure  de  bière  n'est 
pas  non  plus  bien  probante.  Du  moût  de  bière,  qu'il  a  pré- 
paré avec  une  solution  de  nitrate  de  potassium,  a  été 
ensemencé  avec  1  ou  2  grammes  de  levure  sèche,  bien 
saine.  La  présence  d'acide  nilreux  n'a  pas  été  observée. 

Cette  expérience  est-elle  péremptoire?  J'en  doute,  et 
voici  mes  raisons  :  La  levure  sèche,  telle  qu'on  la  trouve 
dans  le  commerce,  n'est  pas  pure,  mais  renferme  toujours 
(les  bactéries  capables  de  détruire  les  nitrates.  Ce  phéno- 
mène n'a  pas  été  réalisé  à  cause  de  la  prédominance  de  la 
Levure.  Et  si  celle-ci  n'a  pas  réduit  les  nitrates  à  la  lin  de 
la  fermentation,  il  est  permis  de  supposer  que  c'est  un 
elfet  de  la  fermentation  alcoolique  elle-même.  En  effet,  la 
Levure  emprunte  son  oxygène  au  sucre  avec  une  si  grande 


(  51-^  ) 

lacilité  qu'il  sérail  élonnant  qu'elle  réduisît  les  nitrates 
aussi  longtemps  qu'elle  a  du  sucre  à  sa  disposition.  Je 
démontrerai  |)lus  loin  que  cette  supposition  est  parfaite- 
ment conforme  aux  faits. 

M.  Jorissen,  à  la  (in  de  son  mémoire,  annonçait  qu'il 
communiquerait  bientôt  des  faits  nouveaux  à  l'Académie. 
Je  les  ai  attendus  depuis  quatre  ans,  car  j'aurais  préféré 
discuter  en  une  fois  tous  les  arguments  de  mon  honorable 
contradicteur. 

Comme  en  1885,  j'alFirme  que  les  graines  de  Maïs, 
d'Orge,  de  Froment,  les  tubercules  de  Pomme  de  terre,  de 
Carotte,  de  Betterave,  les  tiges  de  Cactées  ne  renferment 
pas  de  bactéries.  Les  résultats  que  j'avais  obtenus  ont  été 
confirmés  [)ar  des  expérimentateurs  habitués  aux  études 
niicrobiques. 

M.  Fernbach  [i)  a  fait  des  centaines  d'essais  de  culture 
avec  des  fragments  pris  à  l'intérieur  de  tomates,  de  navets, 
de  carottes,  de  betteraves  et  de  pommes  de  terre.  J'ai  eu 
l'occasion  d'être  témoin  de  ces  expériences  exécutées  avec 
les  soins  les  plus  minutieux.  Les  morceaux  de  tissus,  enle- 
vés au  moyen  d'un  emporte-pièce  stérilisé,  étaient  intro- 
duits dans  du  bouillon  de  veau  ou  dans  de  l'eau  de  navet 
sucrée,  milieux  très  favorables  au  plus  grand  nombre  de 
microbes.  Sur  cinq  cent  cinquante-cinq  essais  faits  par 
M.  Fernbach,  trente-cinq  seulement  ont  été  fertiles.  Cent 
tubes  qui  renfermaient  des  morceaux  de  pomme  de  terre 
sont  restés  stériles.  Les  cas  d'altération  s'expliquent  par 
les  chances  d'infection  qui  résultent  de  la  manipulation 


(1)  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  II,  p.  567,  1888. 


f 


(  ">I3  ) 

(les  vases  de  cullure  el  par  la  section  au  contacl  de  l'air 
des  cylindrrs  pris  dans  1rs  luberciilfs.  L'auleiir  suppose 
que  des  germes  peuvent  accidenlellemenl  être  introduits 
à  l'intérieur  des  plantes  par  de  petits  animaux. 
.  M.  di  Veslea  (1)  el  MM.  J.  Granclier  et  K.  Deschamps  (2) 
sont  arrivés  aux  mêmes  résultats  en  opérant  sur  des 
légumes  tuberculeux,  des  nervures  de  Laitue  et  des  tiges 
d'Asperge.  Pour  augmenter  les  chances  d'infection,  ces 
végétaux  furent  arrosés  avec  des  liquides  très  riches  en 
microbes. 

De  mon  côté,  j'ai  fait  en  1889  quelques  nouveaux  essais 
sur  des  graines  de  Maïs  et  d'Orge  en  germination.  Elles 
avaient  été  stérilisées  par  un  séjour  de  quinze  minutes  dans 
un  bain  de  bichlorure  de  mercure  à  \  7oo>  P"is  lavées  à 
l'eau  stérilisée  par  le  chauffage  à  120°.  Ces  graines  furent 
ensuite  introduites  avec  précaution  dans  de  larges  tubes 
à  essai  qui  contenaient  un  peu  d'eau  stérilisée.  Lorsque  la 
ligelle  eut  atteint  1  centimètre,  les  graines  furent  coupées 
en  deux  au  moyen  d'un  scalpel  tlambé.  J'y  versai  de  la 
gélatine  nutritive  ou  du  bouillon,  sans  constater  par  la 
suite  de  traces  de  développement  de  bactéries  (3). 

Le  seul  exemple  de  microbes  non  verts  (4)  en  symbiose 
dans  les  cellules  des  plantes  supérieures,  et  qui  soil  bien 


(1)   Annales  de  l'Inslilut  Pasteur,  t.  II,  p.  070,  t888. 

(■2)  Archives  de  médecine  cxpcrim.  et  d'anatumie  palhol.,  i"  série, 
t.  I,  p.  53,  J889. 

(3)  Voir  ma  noie  Sur  l'absence  de  bactéries  dans  les  vaisseaux  des 
/liantes  (Bullclin  de  rAcadcmie,  avril  1890). 

{i)  On  connaît  des  algues  inférieures  qui  vivent  dans  les  tissus  de 
végétaux  plus  élevés  (Cycadécs,  Gunncra,  Azolla,  etc.). 


(  31i  ) 

démontré,  est  relatif  aux  nodosités  radicales  des  Légumi- 
neuses (1). 

Le  cas  des  nodosités  des  Légumineuses  n'est  probable- 
ment pas  isolé  parmi  les  végétaux,  mais  ce  serait  une  exagé- 
ration injustifiable  que  de  généraliser  en  cette  circonstance, 
selon  i'babitude  trop  fréquente  de  certains  biologistes. 

Bien  que  les  graines  et  les  tubercules  que  j'ai  étudiés 
en  1885  ne  renferment  pas  de  bactéries,  ils  n'en  sont  pas 
moins  capables  de  réduire  les  nitrates.  Il  suffit  de  répéter 
les  essais  que  j'avais  indiqués,  il  y  a  cinq  ans,  pour  se 
rendre  à  l'évidence.  Une  douzaine  de  graines  de  Mais,  de 
Pois  ou  d'Orge,  ou  des  morceaux  de  Pomme  de  terre 
placés  au  fond  d'un  tube  à  essai,  sous  une  couche  assez 
épaisse  d'une  solution  de  nitrate  de  potassium,  donnent, 
après  quelques  heures,  une  réaction  des  nitrites  assez 
marquée.  Je  me  suis  servi,  pour  les  caractériser,  de  la 
naphtylamine  en  présence  d'acide  sulfanilique  et  d'une 
goutte  d'acide  chlorhydrique. 

Aujourd'hui,  comme  en  1885,  la  réduction  des  nitrates 
me  paraît  être,  ainsi  que  la  fermentation  alcoolique,  une 
propriété  commune  à  certains  microbes  et  aux  cellules  de 
plantes  supérieures,  lorsque  la  vie  se  fait  dans  un  milieu 
privé  d'oxygène. 

Ce  serait  une  erreur  de  supposer  que  les  Levures  et  les 
moisissures  soient  incapables  de  réduire  les  nitrates. 
Lorsqu'on  fait  fermenter  des  moûts  très  riches  en  sucre, 
additionnés  d'un  nitrate,  on  ne  trouve  jamais  de  traces  de 
nitrite.  Cela  s'explique  sans  difficulté,  comme  je  l'ai  dit  à 
la  page  oH.  Il  en  est  tout  autrement  lorsqu'on  oblige  le 

(I)  Voir  ma  note  Sur  les  twdosités  du  Pois  (Bulletin  de  l'Académie, 
juin  1890). 


(  3IS  ) 
f'ermenl  à  vivre  dans  un  liquide  l'aihlemenl  sucré  et  que  la 
semence  que  l'on  y  introduit  est  très  abondante.  Voici  le 
mélange  dans  lequel  j'ai  fait  des  essais  de  réduction  de 
nitrate  par  la  Levure  : 

Eau iOÛO  ce, 

Pliosplialc  de  potassium 5,73  «r. 

Sulfate  (le  magnésium 0,1 

Nitrate  de  sodium 6,07      (i) 

Saccharose 2,5 

Ce  mélange,  traité  par  l'acide  sulfanilique  et  le  chlorure 
de  naplitylamine,  ne  donnait  aucune  trace  de  nitrite  après 
stérilisation  à  l'autoclave  à  120°.  II  fut  réparti  dans  des 
matras  coniques  remplis  jusqu'au  voisinage  du  goulot. 
Celte  précaution  rendait  l'aération  du  liquide  beaucoup 
moins  facile.  Après  stérilisation,  j'ai  introduit  dans  ces 
matras  des  dépôts  de  Levures  récoltés  dans  des  cultures  en 
moûts  sucrés  et  absolument  privés  de  bactéries.  Les  dépôts 
avaient  d'ailleurs  eu  pour  point  de  départ  des  triages 
répétés  sur  gélatine  avec  moût  de  bière. 

J'ai  expérimenté  sur  les  races  de  levures  suivantes  : 

Levure  de  bière  haute  de  Bruxelles, 

—  —        basse  de  Strasbourg, 

—  basse  de  via  de  Champagne, 
Mycolevure  de  M.  Duclaux. 

Ce  dernier  organisme  est  une  forme-levure  remarquble 
par  la  rapidité  de  sa  croissance  et  par  la  propriété  de 
donner  des  mycodermes  qui,  après  immersion  dans  un 
liquide  sucré,  provoquent  une  fermentation  alcoolitjue 
active. 

Les  matras  en  expérience  ont  été  placés  à  la  tempéra- 

(1)  Cette  quantité  fractionnaire  correspond  à  1  graiinne  d'azote 
par  litre. 


k 


(  3I«  ) 
lure  de  20  à  22".  Après  deux  jours,  la  réaction  des  nilriles 
était  des  plus  évidentes  dans  le  matras  avec  la  myco- 
levure;  elle  était  moins  nette  avec  les  trois  autres  Levures. 
Cependant,  au  bout  de  huit  jours,  il  n'y  avait  plus  le 
moindre  doute  sur  le  pouvoir  réducteur  de  ces  Levures 
vis-à-vis  des  nitrates. 

On  vient  de  le  voir,  un  microbe  qui  d'habitude  n'exerce 
pas  d'action  réductrice  sur  les  nitrates,  acquiert  cette  pro- 
priété lorsqu'on  le  place  dans  des  conditions  appropriées. 
Aussi  faut-il  toujours  se  garder  de  généralisations  préma- 
turées lorsqu'on  s'occupe  de  la  physiologie  des  organismes 
inférieurs. 

En  dehors  de  la  propriété  de  faire  fermenter  les  sucres, 
on  sait  quelles  analogies  existent  entre  la  vie  des  Levures 
et  celle  d'un  grand  nombre  de  moisissures.  Bien  que 
M.  Nâgeli(l)  ait  affirmé  que  ces  derniers  champignons 
ne  peuvent  pas  réduire  les  nitrates,  opinion  acceptée  par 
M.  Jorissen,  je  me  suis  décidé  à  faire  quelques  essais  de 
vérification.  J'ai  mis  en  culture  à  15-20",  dans  la  solution 
nourricière  indiquée  plus  haut  : 

Cladosponum  herbarum  avec  ses  états  polymorphes  de 

Demaiium  pullulans  et  de  forme-levure; 
Pénicillium  glaiicum, 
Aspergillus  glaucus, 

—  nigcr, 

Allcrnaria  temiia, 
Botnjtis  cinerea, 
Mucor  racemosus. 

Dans  les  milieux  artificiels,  ces  champignons  végètent 
avec  une  vigueur  assez  inégale.  Mais,  pour  peu  que  la 
culture  dure,  on  constate  que  certaines  espèces  possèdent 

(1)  Untersuch.  ûbcr  Niedcre  Pilze,  p.  4S,  i88'2. 


(317) 

ù  un  degré  bien  marqué  le  pouvoir  de  réduire  les  nilrales 
en  nilriles.  Tels  sont  : 

Clado.spnrium  herbantm  et  ses  étals  polymorphes, 
Pcnici  II  in  m  filuu  eu  m , 
AUeniariu  icniiis, 
Miicor  racemosHS. 

Je  n'ai  pas  constaté  d'action  réductrice  avec  les  deux 
espèces  â'Aspergillus  et  avec  le  Botrytis  cinerea. 

D'après  l'opinion  que  j'ai  rappelée  à  la  page  514,  la 
réduction  des  nitrates  coïncide  avec  l'état  de  vie  anaérobie. 
Or,  parmi  les  moisissures  qui  peuvent  faire  cette  réduc- 
tion, il  n'y  a  que  le  Mucor  racemosus  qui  résiste  pendant 
un  temps  assez  long  à  la  privation  d'oxygène.  Mais  il  n'est 
pas  nécessaire  que  toute  la  plante  se  trouve  dans  cet  état 
pour  enlever  l'oxygène  aux  nitrates.  Il  suffit  que  des  por- 
tions du  mycélium,  comme  les  filaments  développés  dans 
la  profondeur  du  liquide,  soient  soustraites  à  l'action  de 
l'oxygène  pour  provoquer  des  phénomènes  de  réduction  (1). 

(1)  L'obscrvatiori  suivante  concorde  parfaitement  avec  cette  opi- 
nion. Lorsqu'on  cultive  comparativement  le  PenicUlhnn  rjlaucum  dans 
une  solution  minérale  avec  du  sulfate  d'ammoniaque,  et  dans  une 
autre  avec  nitrate  de  sodium,  l'aspect  du  mycélium  n'est  pas  iden- 
tique dans  les  deux  cultures,  bien  que  le  poids  de  la  récolte  soit  sen- 
siblement le  même  de  part  et  d'autre.  Dans  le  mélange  ammoniacal, 
lis  filaments  mycéliens  sont  serrés  à  la  surface  du  liquide  et  forment 
un  tissu  très  lisse  à  lu  face  inférieure.  Au  contraire,  dans  la  solution 
nitrique,  le  mycélium  envoie  de  petites  masses  filamenteuses  dans  la 
couche  liquide  sous-jaccnte.  Une  telle  inégalité  de  développement  du 
nu'n>c  organisme  ne  peut  s'cxpli(jucr  que  i)ar  l'intervention  du  nitrate 
dans  les  phénomènes  respiratoires.  (Note  ajoutée  pendant  l'impres- 
sion.) 

Paris,  laboratoire  de  chimie  biologique  de  la  Sorbonne,  à  f  Institut  Pasti'ui'. 
5""*    SÉUIE,    TOME    XX.  "ii 


(318) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Séance  du  4  aoûl  1890. 

M.  Stecher,  directeur. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Tiberghien,  vice-directeur  ;  le 
baron  Kervyn  de  Lettenhove,  Alph.  Waulérs,  Aug.  Wage- 
ner,  P.  Willems,  S.  Bormans,  Ch.  Piot,  Ch.  Potvin, 
T.-J.  Lamy,  Àug.  Scheler,  P.  Henrard,  J.  Gantrelle, 
L.  Roersch,  L.  Vanderkindere,  Al.  Henné,  G  Frédérix, 
le  comte  Goblet  d'Âlviella,  membres;  Alph.  Rivier,  asso- 
cié; A  Giron,  correspondant. 


CORRESPONDANCE. 

M.  Tiberghien,  vice-directeur,  communique  le  discours 
qu'il  a  prononcé  au  nom  de  la  Classe,  le  10  juillet  dernier, 
aux  funérailles  de  M^'  A.  Van  AVeddingen. 

La  Classe  vote  des  remerciements  à  M.  Tiberghien  et 
décide  l'impression  de  ce  discours  dans  le  Bulletin  de  la 
séance. 

Elle  confie  à  M«'  Lamy  le  soin  de  rédiger,  pour  VAn- 
nuaire  de  l'Académie,  la  notice  biographique  du  dél'unt. 


C  5(9  ) 

--  M.  le  Ministre  de  rinlérieur  et  de  l'Instruction 
publique  transmet  cinq  exemplaires  du  programme  des 
concours  actuellement  ouverts  pour  le  «  Prix  du  Roi  i> 

Ces  concours  (exclusivement  belges)  ont  pour  objet  : 

Année  1894:  /.  meilleur  ouvrage  mr  C architecture  el 
spécialement  sur  les  constructions  récentes  en  fer  et  en 
verre  ; 

1895  :  l'histoire  de  la  fondation,  par  les  principaux 
peuples  anciens  et  modernes,  de  leurs  dépendances  d'outre- 
mer; 

1896  :  l'enseignement  et  la  pratique  des  exercices  corpo- 
rels dans  nos  établissements  d'instruction  publique. 

—  Le  même  Ministre  envoie  : 

A.  50  exemplaires  du  rapport  du  jury  qui  a  jugé  le 
premier  concours  décennal  de  philologie  (période  de  1880 
a  1 889)  ; 

B.  Pour  la  bibliothèque  de  l'Académie,  un  exemplaire 
des  ouvrages  suivants  ; 

1»  Procès-verbaux  des  séances  des  conseils  provinciaux 
session  de  1889  ; 

2"  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Commission  royale 
d  histoire  en  1889  ; 

3°  Rapport  sur  la  situation  de  la  bibliothèque  royale 
durant  l'année  1888; 

4°  Études  et  notices  historiques  concernant  l'histoire  des 
Pays-Bas;  par  Gachard,  tomes  I-Ilf  ; 

5°  Verslagen  en  mededeelingen  der  koninklijke  vlaamsche 
Académie  voor  taal-  en  lelterkunde,  1890,  Mei  en  Juni  • 

fio  Notice  sur  l'origine  et  la  tenue  des  anciens  registres 
d  état  civil  dans  la  province  de  Hainaui  ;  par  Th.  Dernier  • 


(  320  ) 

7»  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de 
Liège,  lome  V,  V  partie; 

8"  .4m  Vésuve,  compte  rendu  d'une  excursion  des  soirées 
populaires  de  Verviers;  par  Karl  Griin; 

9»  Klaus  Groth  in  zijn  leven  en  streven  als  dichter,  taal- 
kamper,  inensch,  met  reisverhaal  en  lerugbiik  op  de  dietsche 
beweging;  par  C.-J.  Hansen  ; 

10°  Inventaire  des  chartes  des  comtes  de  Namur  ;  par 

Ch.  Piol.  —  Remerciements. 

» 

—  Hommages  d'ouvrages. 

1°  A.  La  purification  selon  l'Àvesta  et  le  Gômez;  B.  Le 
culte  de  la  croix  avant  le  christianisme;  Ç.  Comparaison 
de  deux  traductions  d'un  chant  de  l'Avesta  a  Aveslica  liï  », 
3  brochures  de  M.  de  Harlez,  présentées  par  M.  Willems, 
avec  une  note  qui  figure  ci-après; 

2°  La  querelle  des  investitures  dans  les  diocèses  de  Liège 
et  de  Cambrai,  V"  partie.  Les  réformes  grégoriennes,  etc. 
(1075-1092),  par  Alfred  Gauchie;  présenté  par  M.  Lamy, 
avec  une  note  qui  figure  ci-après; 

3»  A.  Deux  monnaies  frappées  en  Flandre  en  ^581  ; 
B.  Un  tiers  d'écu  inédit  de  Charles  II  de  Gonzague  ;  par  le 
vicomte  B.  deJonghe; 

4°  Essai  sur  le  statut  du  Mont  ou  «  Iloop  »  d'Haze- 
brouck,  et  sur  ses  rapports  avec  l'ancien  droit  franc;  par 
H.  Hosdey.  —  Remerciements. 

—  M.  le  comte  de  Franqueville  accuse  réception  de  son 
diplôme  d'aèsocié. 

—  Le  Comité  organisateur  de  la  huitième  session  du 
congrès  international  des  Américanistes  adresse  les  circu- 


(  "'21  ) 

laires  relatives  à  celle  réunion,  qui  s'ouvrira  à  Paris  le 
14  octobre  prochain. 

—  La  Société  industrielle  de  Mulhouse  envoie  le  pro- 
gramme des  prix  proposés  pour  être  décernés  dans  son 
assemblée  générale  de  mai  1891. 


PRIX    BIENNAL    DE    PHILOLOGIE    CLASSIQUE. 
Première  période  (1891-1892). 

La  Classe  des  leltres  offre  un  prix  de  2,7S0  francs  à  l'au- 
icur  du  meilleur  travail,  rédigé  en  français,  en  flamand  ou 
en  lalin,  en  réponse  à  la  question  suivante  : 

Faire  une  étude  critique  mr  les  rapports  publics  et  privés 
qui  ont  existé  entre  tes  Romains  et  les  Juifs  jusqu'à  la  prise 
de  Jérusalem  par  Titus. 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
31  décembre  1892.  Ils  devront  être  adressés,  francs  de 
port,  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  au  Palais 
des  Académies,  à  Bruxelles. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les 
citations,  et  demande  à  cet  effet  que  les  auteurs  indiquent 
les  éditions  et  les  pages  des  livres  qu'ils  citent. 

Les  ouvrages  remis  après  le  temps  prescrit  ou  ceux 
dont  les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière 
que  ce  soit,  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumis  à  son  jugement,  ils 
sont  et  restent  déposés  dans  ses  archives.  Toutefois  les 
auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des  copies,  à  leurs  frais, 
en  s'adressanl  à  cet  effet  au  Secrétaire  perpétuel. 


(  32*2  ) 

Ne  seront  admis  à  concourir  que  des  auteurs  belges; 
les  membres  ou  correspondants  de  l'Académie  sont  exclus 
du  concours. 

Les  mémoires  ne  pourront  être  signés;  ils  porteront  une 
devise  qui  sera  répétée  dans  un  bulletin  cacbeté  joint  au 
manuscrit  et  renfermant  les  nom,  prénoms  et  adresse  de 
l'auteur.  Faute  par  les  concurrents  de  satisfaire  à  celte  for- 
malité, le  prix  ne  pourra  leur  être  accordé. 

La  Classe  des  lettres  jugera  le  concours  sur  le  rapport 
d'une  Commission  de  trois  membres  désignés  par  elle  dans 
la  séance  du  mois  de  janvier  qui  suivra  la  clôture  de  cbaque 
période  biennale. 

Si,  à  l'expiration  de  la  période  biennale,  aucun  mémoire 
digne  du  prix  n'est  parvenu  à  la  Classe,  le  délai  pourra 
être  prolongé  de  deux  ans  et  la  récompense  éventuelle- 
ment doublée.  Si  la  Classe  ne  croit  pas  devoir  doubler  la 
récompense,  elle  mettra  au  concours  une  deuxième  ques- 
tion, tout  en  maintenant  celle  pour  laquelle  le  délai  aura 
été  prolongé. 

Dans  le  cas  oij  aucun  mémoire  digne  du  prix  n'aura  été 
reçu,  la  Classe  pourra  accorder  le  prix  à  un  travail 
imprimé,  relatif  à  la  philologie  classique,  qui  aura  été 
publié  par  un  auteur  belge  dans  le  même  intervalle. 

Sont  toutefois  exclus  les  ouvrages  destinés  à  l'enseigne- 
ment proprement  dit,  à  l'exception  des  éditions  de  textes 
dites  savantes  et  des  grammaires  ou  dissertations  gram- 
maticales ayant  pour  objet  de  faire  progresser  la  science. 
La  Classe  pourra  également,  dans  ce  cas,  mettre  au  con- 
cours ou  récompenser  la  traduction  française  d'un  ouvrage 
de  philologie  important,  qui,  d'après  elle,  serait  con- 
sulté avec  fruit  par  les  membres  du  personnel  enseignant. 


(  ■■>2'>  ) 


hisrours  prononce  aux  fiinorailles  de  M*'  A.  Van  Wcd- 
tliu(jen,  \c  10  jiiillrl  ISîH);  pur  M.  Tilu'i j;lii('n,  vicc- 
(lirt'i'lciii-  (le  l:i  Classe»  di's  Icllit's. 

Kncoro  nii  lioinnu»  i\c  ItiiMi,  iiii  lioiniiu'  d'i^siiril.  un 
liDiniiic  (lt>  CdMir  cjni  di'sii  iid  dans  la  toinho!  Kncore  une 
HtMi('  donloiiioust'  pour  la  icpiiltlitjnc  des  Icllros  (M  pour 
TAcadiMuio  rovalo  do  lud^iinio  !  IMtMirons  un  conlVôiiM'l 
lin  ami,  ol  ivsi^noiis-noiis!  Il  uv  nous  rosle  qu'à  célébrer 
sa  ménioirc. 

A  lois  Van  Wcddinj^iMi  natinit  î^l  l.oiivain  \c  18  aoAt  ISII. 
Il  li(  SOS  éliidos  dans  sa  ville  nalale,  an  e(»llèj:;e  des  Jose- 
philes  el  à  l'iiniversilé,  el  olilinl  le  lilie  de  doelenr  en 
pliilosi)|diie  el  en  lliéolojj;ie.  Il  t'nl  prélal  de  la  maison  du 
Pape,  ehanoine  honoraire  de  iMalines  el  anmt^nier  de  la 
Cour.  Son  niérile  el  ses  pu Itl  ira  lions  le  désij;iièren(  à  la 
Classe  des  lellres  de  l'Aeadémie.  Il  lui  élu  eorrespondanl 
en  iSiSOel  memhre  eiïeelil"  en  ISOO. 

C'osl  à  ee  lilre  que  je  sois  appelé  ;"!  lui  ilire  nn  élernel 
adieu,  au  nom  de  ses  eonlVères. 

Les  ouvrages  qui  illnsltèrenl  la  eariière  de  Van  Wed- 
dinjien  el  (|ni  reeommandeni  son  nom  à  la  posiérilé  sont 
nombreux  el  variés.  Ils  eomprennenl  d'abord  plusieurs 
volumes  de  poésies,  de  eriiiques  lilléraires,  d'éludés  apo- 
logétiques, doclrinales  el  philosophiques,  el  ensuite  quel- 
ques mémoires  publiés  sous  les  aiispiees  de  l'Aeadémie, 
après  examen  el  rapport. 

Ces  travaux  aeadémiqnes  de  noire  sav.int  eonlVére  sont 
au  nombre  de  trois,  savoir  : 


(  324  ) 

i ,  Un  essai  critique  sur  la  philosophie  de  saint  Anselme 
de  Cantorbery,  mémoire  couronné  par  la  Classe  des  leltres 
en  1874; 

2.  Les  bases  de  r objectivité  de  la  connaissance  dans  le 
domaine  de  la  spontanéité  et  de  la  réflexion,  Introduction 
à  rétude  de  la  philosophie  critique;  ouvrage  présenté 
en  1887; 

3.  L'esprit  de  la  psychologie  d'Aristote,  étude  critique 
sur  le  Traité  de  rame,  en  cours  de  publication. 

On  voit  par  cette  rapide  esquisse  que  Van  Weddingen 
s'attachait  surtout  à  l'élude  approfondie  d'Aristote  et  des 
grands  docteurs  du  moyen  âge,  mais  qu'il  les  interprétait 
assez  largement  pour  les  concilier  avec  la  critique  moderne, 
et  qu'il  avait  la  noble  ambition  de  réaliser,  sur  la  base  de 
la  raison,  la  synthèse  de  la  théologie  orthodoxe  et  de  la 
libre  philosophie.  Une  pareille  lâche,  bien  comprise,  suffit 
à  illustrer  un  savant. 

L'œuvre  capitale  de  Van  Weddingen  est  son  livre  sur 
l'objectivité  de  la  connaissance  humaine.  Le  but  de  l'au- 
teur est  d'établir  la  légitimité  de  nos  connaissances,  qu'elles 
aient  leur  source  dans  l'expérience  ou  dans  la  raison,  et  la 
démonstration  de  cette  thèse  se  tire  à  la  fois  des  ten- 
dances inconscientes  imprimées  dans  la  nature  des  êtres 
et  des  procédés  dialectiques  de  l'esprit.  L'ouvrage  est  un 
pur  traité  de  métaphysique  générale  et  positive,  dirigé 
contre  la  critique  négative  de  Kant  et  contre  l'agnosticisme 
intolérable  de  Spencer.  C'est  ici  que  la  pensée  de  notre 
regretté  confrère  atteint  toute  son  élévation,  se  déploie 
dans  toute  son  ampleur  et  se  revêt  de  ses  formes  les  plus 
riches,  les  plus  neuves  et  les  plus  colorées.  Le  style  est  à 
la  hauteur  de  l'intelligence.  Nulle  part  Van  Weddingen  ne 
montre  mieux  quelle  était  l'étendue  de  son  savoir  et  la 


(  ">2S  ) 
sagacité  de  son  esprit.  Aucune  découverte  ne  lui  échappe 
dans  aucune  province  de  la  science.  Il  connaît  les  travaux 
(les  novateurs  aussi  bien  que  ceux  des  anciens  et  des  sco- 
lasliques,  et  il  reste  lidèle  à  son  projet  fondamental  :  unir 
la  philosophie  à  la  religion,  compléter  les  doctrines  d'Aris- 
lote  et  de  saint  Thomas  par  les  conquêtes  des  sciences 
contemporaines.  Il  est  convaincu  qu'aucune  recherche 
n'est  interdite  à  la  raison,  parce  que  la  vérité  est  divine  et 
qu'aucune  vérité  ne  saurait  être  contraire  à  la  vérité. 
Avec  celle  hauteur  de  convicfion,  il  sait  aussi  éviter  les 
exagérations  des  écoles  sensualistes,  qui  se  réclament  de 
méthode  expérimentale.  Il  aime  la  nouveauté,  mais  il 
n'accepte  pas  comme  vrai  tout  ce  qui  est  nouveau. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  par  les  dons  de  l'intelli- 
gence et  de  l'imagination  que  brillait  notre  éminent  con- 
frère, il  excellait  aussi  par  les  qualités  du  cœur  et  du 
caractère.  Quoiqu'il  fût  un  des  derniers  élus  de  la  Classe 
des  lettres,  il  jouissait  pleinement  de  l'estime  et  de  l'affec- 
tion de  tous  ses  collègues,  sans  distinction  d'opinions  poli- 
tiques ou  religieuses.  Sa  modestie,  son  aménité,  sa 
charité,  sa  tolérance  étaient  incomparables.  Il  était  un 
modèle  de  confraternité  académique.  Aussi  tous  ses  con- 
frères garderont-ils  un  sympathique  et  douloureux  sou- 
venir de  sa  fin  prématurée.  Sa  mémoire  ne  périra  point 
parmi  nous. 

Adieu,  cher  et  vénéré  confrère.  Vous  avez  accompli  en 
des  circonstances  difliciles  une  grande  mission,  vous  avez 
fait  votre  devoir  et  tout  votre  devoir.  Reposez  en  pais! 
vous  pouvez  compter  sur  l'éternelle  justice. 


526  ^ 


NOTES    BIBLIOGRAPHIQUES. 

J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  au  nom  de  noire 
savant  confrère,  M^""  de  Harlez,  trois  opuscules  de  natures 
très  diverses. 

Le  prenfiier  est  une  réponse  à  un  cas  de  conscience  posé 
à  l'auleur  par  les  Zoroaslriens  de  Bombay.  Ces  braves 
gens,  obligés  de  se  purifier  par  un  bain  d'urine  de  vache, 
voudraient  bien  modifier  cet  usage,  mais  ils  se  demandent 
si  le  texte  de  l'Avesta  leur  permet  d'y  toucher. 

Le  second  traite  du  prétendu  culte  de  la  croix  chré- 
tienne avant  le  christianisme  et  tempère  uh  zèle  quelque 
peu  intempestif. 

Le  troisième  a  pour  objet  la  comparaison  de  deux  tra- 
ductions d'un  chant  de  l'Avesta  et  montre  à  quoi  sont 
arrivés  les  novateurs. 

Bien  que  courtes,  ces  brochures,  comme  on  le  voit,  ne 
manquent  ni  d'importance,  ni  d'intérêt. 

P.  WiLLEMS. 


J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  l'abbé 
Gauchie,  la  dissertation  historique  qu'il  a  présentée  à  la 
Faculté  de  philosophie  et  lettres  de  l'Université  catholique 
de  Louvain  pour  l'obtention  du  grade  de  docteur  en 
sciences  historiques.  Ce  travail,  fruii  de  recherches  patientes 
et  consciencieuses,  honore  le  talent  du  jeune  historien  et 
ouvre  dignement  les  travaux  de  la  conférence  historique 
que  dirige  M.  le  professeur  Moeller. 

Dans  une  introduction  très  condensée,  l'auteur  expose 


(  327  ) 

l'origine  el  les  tléveloppemenls  de  la  puissance  lempo- 
relle  dont  onl  joui,  durant  le  moyen  âge,  les  princes- 
évèqiies  de  Liège  el  les  archevêques  de  Cambrai.  Il  aborde 
ensuite  son  sujet  :  La  querelle  des  inve^lilnrcs  dans  les 
diocèses  de  Liège  et  de  Cambrai.  La  lutte  entre  le  sacer- 
doce et  l'empire  va  des  premiers  décrets  de  réforme  de 
Grégoire  Vil  jusqu'au  concordai  de  Worms  (1073-1122). 
M.  Gauchie  ne  donne  ici  que  la  première  partie,  qui  expose 
les  réformes  de  Grégoire  VII  pour  maintenir  le  célibat  des 
prêtres  el  abolir  la  simonie  el  les  agitations  qu'elles  ame- 
nèrent sous  l'épiscopal  de  Gérard  II  à  Cambrai  (1U70- 
1092),  et  sous  celui  de  Henri  1  le  Pacilique,  à  Liège  (1075- 
1091).  Parmi  les  discussions  intéressantes  que  renferme 
l'ouvrage,  nous  signalons  parliculicremenl  celles  qui  con- 
cernent Sigebert  de  Gembloux  el  les  Dicta  cujusdam  de 
discordia  papœ  el  régis. 

T.-J.  Lamy. 


RAPPORTS. 


Des  impuretés  et  des  purifications  dans  l'Inde  antique; 
par  Louis  de  la  Vallée  Poussin,  docteur  en  philosophie 
el  lettres. 

«  L'objet  du  travail  de  M.  Louis  de  la  Vallée  Poussin, 
comme  son  titre  l'indique,  est  un  des  points  les  plus 
importants  et  les  plus  intéressants  des  croyances  religieuses 
de  l'antiquité  el  des  temps  modernes  même,  pour  autant 
que  ces  croyances  se  sont  conservées  plus  ou  moins 
intactes  jusqu'à  nos  jours.  C'est  aussi  une  de  ces  concep- 
tions religieuses  dont  l'origine  est  enveloppée  de  ténèbres 


(  328  ) 

et  que  l'on  s'explique  avec  le  plus  de  tliflicullé  :  les 
souillures  conliaclées  par  Thomme  et  les  moyens  prescrits 
pour  les  effacer.  S'il  ne  s'agissait  que  de  cette  tache 
qu'imprime  toute  faute  d'un  caractère  plus  ou  moins 
dégradant,  on  se  l'expliquerait  sans  peine,  on  aurait  à 
en  chercher  la  source  dans  le  dictamen  de  la  conscience 
humaine,  de  sa  raison  suffisamment  développée. 

Mais,  chose  étrange,  les  fautes,  les  crimes  même  ne  sont 
pas  les  causes  principales  de  ces  contaminations:  des  êtres 
incapables  de  mal  faire,  parce  qu'il  leur  manque  l'intelli- 
gence et  la  volonté  lihre,  la  matière  elle-même,  sont 
principalement  sujets  à  tomber  sous  cette  flétrissure  et  à 
l'étendre  sur  l'homme  par  le  simple  contact/  Si,  à  certains 
points  de  vue,  la  cause  première  de  cette  croyance  à  des 
souillures  est  saisissable  comme,  par  exemple,  quand  elles 
proviennent  de  la  mort,  en  maints  autres  cas  on  ne  peut 
s'en  rendre  compte  qu'avec  peine.  On  pourra  le  faire 
peut-être  quand  on  aura  sous  les  yeux  un  tableau  complet 
de  cette  question,  si  importante  pour  l'histoire  de  la  pensée 
humaine  et  du  développement  des  idées  religieuses.  Il 
faudra  pour  cela  réunir  tous  les  renseignements  que 
[)eùvent  fournir  les  monuments  des  nombreux  peuples 
chez  qui  la  croyance  aux  impuretés  religieuses  a  régné  au 
commencement  de  leur  histoire.  Ce  sera  une  vaste  synthèse 
où  l'on  pourra  trouver  peut-être  la  solution  complète  du 
problème. 

M.  de  la  Vallée  n'a  pas  eu  la  prétention  de  la  fournir, 
mais  simplement  d'apporter  une  part  de  contribution  à  ce 
travail  de  recherches  et  de  réunion  de  documents,  qui  doit 
servir  de  préliminaire  à  une  systématisation  des  éléments 
épars.  Indianiste,  il  a  demandé  cette  parla  l'Inde,  à  l'Inde 
brahmaniste  principalement,  parce  que  c'est  en  elle  que  la 
notion  des  impuretés  a  pris  le  plus  d'extension.  Portée  sur 


(  3-20  ) 

ce  terrain,  la  discussion  à  d'autant  plus  d'intérêt  que  Tlnde 
actuelle  observe  encore  toutes  ces  règles  que  leur  ont 
transmises  les  pères  de  la  race  brahmanique,  à  ce  poinî 
qu'un  brahmane  consciencieux  ne  manquera  point  d'aller 
se  purifier  avec  le  plus  grand  soin  quand  les  nécessités 
politiques  et  sociales  l'ont  obligé  d'entrer  en  contact  avec 
un  européen,  impur  jusqu'à  la  moelle  des  os. 

Bien  qu'ayant  l'Inde  pour  but  d'étude  exclusif,  M.  de  la 
Vallée  n'a  cependant  point  négligé  de  donner  à  ses  lecteurs 
une  idée  de  ce  qu'était  la  croyance  en  question  en  Eran, 
en  Egypte,  en  Grèce,  à  Rome  et  chez  les  Juifs. 

La  curiosité  scientifique  pourrait  peut-être  demander 
davantage,  mais  on  ne  pourrait,  ce  me  semble,  faire  un 
reproche  à  l'auteur  de  s'être  borné  à  cela,  puisque  le  reste 
était  en  dehors  du  cadre  qu'il  s'était  tracé.  Il  renvoie  du 
reste,  maintes  fois,  aux  sources  ceux  qui  désireraient  en 
savoir  davantage. 

L'auteur  a  pris  les  matériaux  de  son  élude  principale- 
ment dans  le  code  fameux  des  lois  de  Manou,  qui  présente 
de  la  question  l'exposé  le  plus  complet  et  le  plus  digne 
de  foi.  Naturellement,  ce  n'est  point  à  une  traduction, 
mais  au  texte  lui-même  qu'il  les  a  demandés,  et,  comme 
ce  texte  est  souvent  obscur  et  d'interprétation  difficile,  il 
a  consulté,  comparé  les  différentes  traductions,  comme 
le  commentaire  de  Kulluka,  et  s'est  servi  des  derniers 
travaux  de  Biihler,  Jolly  et  autres,  pour  éclaircir  les  points 
douteux.  Son  travail  n'est  donc  point  sans  mérite  philo- 
logique. 

Ajoutons  que  si  l'auteur  n'a  point  prétendu  résoudre  la 
question  d'origine  en  général,  il  ne  l'a  point  négligée  dans 
les  détails,  mais  l'a  touchée  plusieurs  fois  avec  intelligence 
et  une  juste  réserve. 

Voilà  ce  qu'il  me  semblait  juste  de  dire  de  ce  travail 


(  530  ) 

au  point  de  vue  général;  je  dois  ensuite  exposer  en  peu 
de  mots  de  quoi  il  se  compose  et  comment  il  se  divise. 

Après  une  courte  entrée  en  matière,  M.  de  la  Vallée 
expose  l'objet  de  son  étude  et  ses  sources  dont  il  apprécie 
la  valeur.  Comme  il  l'établit  très  bien,  ces  codes  brahma- 
niques n'ont  point  par  eux-mêmes  une  autorité  légale.  Ce 
sont  des  exposés  de  systèmes,  de  vues  religieuses,  auxquels 
les  maîtres  de  la  terre  se  soumettent  quand  bon  leur 
semble.  Néanmoins  ils  méritent  croyance  quand  on  se  place 
uniquement  sur  le  terrain  religieux. 

L'auteur  constate  ensuite  le  rôle  que  jouent  dans  le  code 
de  Manou  les  maximes  et  les  prescriptions  relatives  aux 
impiiretés  et  aux  moyens  prescrits  pour  les- effacer,  l'idée 
que  l'on  s'en  faisait,  l'origine  qu'on  leur  attribuait  à 
l'époque  brahmanique;  il  ajoute  à  cela  quelques  aperçus 
comparatifs.  Puis  il  entre  dans  le  cœur  même  de  son 
sujet. 

Les  notions  relatives  aux  souillures  et  aux  purifications 
que  l'on  rencontre  dans  les  codes  indous  n'y  sont  point  sys- 
tématisées; on  les  trouve,  au  contraire,  répandues  en  beau- 
coup d'endroits,  selon  la  nature  de  l'objet  auquel  elles  se 
rapportent.  L'auteur  a  recueilli  tous  les  passages  qui  s'y 
réfèrent  et  les  a  coordonnés  pour  en  faire  un  système 
méthodique. 

Il  explique  ainsi  successivement  tout  ce  qui  concerne, 
en  premier  lieu,  le  Mailhuna  ou  union  sexuelle,  ainsi 
que  la  conception  et  la  naissance;  en  second  lieu,  le 
manger  et  le  boire,  les  conditions  qui  rendent  la  mandu- 
cation  permise,  les  aliments  dont  on  peut  ou  ne  peut  pas 
se  nourrir  à  cause  de  leur  essence  pure  ou  impure. 

Pour  ces  deux  points,  l'auteur  cherche  également  ce 
qui  peut  expliquer  l'origine  de  ces  singulières  maximes,  et 
demande  pour  cela  des  renseignements  aux  livres  sacrés 


(  3-51  ) 
d'aulres  peuples;  il  discute  ce  qui  est  originaire  ou  plus 
récent,  il  s'adresse  spécialement  à  l'Avesla  et  à  la  Bible, 
dont  il  explique  bien   le  caractère  en  celte  matière  si 
féconde  en  choses  étonnantes. 

Il  distingue  très  bien  les  différentes  espèces  ou  catégories 
d'aliments  qui  font  les  objets  des  prescriptions  et  des 
défenses  :  aliments  mauvais  en  eux-mêmes  et  en  toutes 
circonstances;  aliments  accidentellement  souillés,  boissons 
enivrantes,  etc.  Suivent  les  prescriptions  imposant  les 
purifications  et  les  pénitences,  puis  les  règles  d'abstinence 
relatives  aux  novices,  celles  qui  ont  pour  objet  la  propreté 
matérielle  et  corporelle. 

Ici  se  rangent  les  ablutions  et  purifications  diverses. 

En  troisième  lieu  viennent  les  prescriptions  longues  et 
compliquées  qui  concernent  la  mort  et  les  souillures 
qu'elle  engendre,  soit  par  contact,  soit  à  dislance. 

Tout  ceci  est  trop  étendu  et  trop  embrouillé  pour  que 
nous  entrions  dans  aucun  détail.  Qui  lira  l'exposé  que  nous 
en  donne  M.  de  la  Vallée  en  aura  une  idée  claire  et 
complète,  en  même  temps  qu'il  verra  avec  plaisir  les 
notions  comparatives  que  l'auteur  a  jointes  au  corps  de 
son  travail. 

Après  une  courte  excursion  sur  le  terrain  de  la  philo- 
logie classique  et  des  lois  bibliques  en  ce  qui  concerne 
l'impureté  provenant  de  la  mort,  M.  de  la  Vallée  examine 
les  effets  de  l'impureté  morale,  des  fautes  et  des  crimes, 
au  point  de  vue  de  la  souillure  qu'ils  engendrent,  11  con- 
state avec  raison  cette  confusion  des  notions  de  morale  et 
de  physique  qui  se  rencontre  dans  toutes  les  religions  ou 
philosophies  de  l'Orient  ancien  et  moderne,  là  ou  l'in- 
fluence du  christianisme  ne  s'est  point  lait  sentir.  Il  établit 
la  nature  de  ces  conceptions  et  les  exagérations  ou  erreurs 
qu'ils  engendrent;  il  saisit  bien  le  principe  de  ces  théories, 


(  332  ) 

parfois  bien  singulières,  celle  énergie  de  nalure  mauvaise 
qui  règne  dans  l'homme  indépendamment  de  sa  volonté,  et 
qui  produit  la  souillure  là  où  nulle  faute  morale  ne  peut  se 
constater,  et  cette  manière  de  voir  peu  compréhensible, 
qui  transforme  les  abstractions  en  êtres  substantiels  ayant 
une  vertu  propre,  produisant  des  effets  nécessaires.  Ainsi 
les  sens  proviennent  d'une  entité  universelle  qui  se  prête 
dans  chaque  individu  aux  opérations  propres  à  chacun  d'eux; 
l'acte  commis  a  une  virtualité  substantielle  qui  poursuit 
l'homme  à  travers  des  existences  successives  très  nom- 
breuses. L'auteur  montre  parfaitement,  en  outre,  combien 
ces  théories  sont  inconciliables  avec  les  exigences  de  la 
vie  pratique;  il  nous  fait  ensuite  toucher- du  doigt  des 
principes  nouveaux  introduits  dans  le  code  de  Manou  et 
indiquant  un  nouveau  courant  d'idée,  une  époque  plus 
récente,  la  purification  par  le  repentir  et  les  bonnes 
œuvres. 

Dans  un  dernier  chapitre,  M.  de  la  Vallée  examine  la 
place  qu'occupe  le  code  des  impuretés  et  purifications  dans 
le  système  religieux  des  brahmanes,  et,  pour  en  rendre 
mieux  raison,  il  fait  précéder  cet  examen  de  l'exposé  des 
idées  semblables  ou  analogues  que  Ion  rencontre  dans  les 
livres  religieux  de  l'Eran  et  de  la  Judée,  comme  chez  les 
auteurs  classiques.  Il  distingue  fort  bien  cette  différence 
qui  provient  du  déisme  imparfait  des  sages  indous  et  de 
leurs  vues  panthéistiques. 

Ici  se  terminait  la  tâche  que  M.  de  la  Vallée  s'était 
imposée. 

Pour  nous,  reportons  nos  regards  en  arrière  et,  jelant 
un  coup  d'œil  sur  tout  l'ensemble,  nous  croyons  ne  pou- 
voir faire  autrement  que  de  reconnaître  que  l'auteur  a 
rempli  convenablement  celte  lâche.  Ce  travail,  nous  ne 
pouvons  le  nier,  prouve  chez  celui  qui  l'a  conçu  et  exécuté 


(  333  ) 

outre  une  connaissance  satisfaisante  de  sa  matière  et  de  la 
langue  de  ses  sources,  le  sanscrit  et  l'intelligence  des 
questions  d'histoire  religieuse,  du  talent  de  distinguer,  de 
systématiser  et  d'exposer,  de  lespril  de  recherche  et  de 
travail  sérieux. 

On  pourra  différer  d'avis  sur  certaines  questions  acces- 
soires, on  pourra  peut-être  désirer  plus  û'exairs  compa- 
ratifs; mais  on  ne  pourra  nier,  je  pense,  que  la  lecture  de 
cette  élude  ne  soit  utile  et  pleine  d'intérêt  pour  tous  ceux 
qui  s'occupent  de  ces  importantes  questions. 

La  conclusion  de  ce  rapport,  que  je  me  suis  efforcé  de 
resserrer  dans  les  limites  d'un  exposé  succinct  et  d'une 
appréciation  générale,  est  naturellement  qu'il  sera  bon  et 
utile  d'accorder  au  jeune  auteur  les  honneurs  des  publi- 
cations académiques,  afin  d'encourager  chez  nos  conci- 
toyens les  essais  scientifiques  sérieux  et  profitables.  » 

M.  T.-J.  Lamy,  deuxième  commissaire,  déclare  se  rallier 
à  la  proposition  de  son  honoré  et  savant  confrère,  M^""  de 
Harlez. 


Rapport  de  M.  fe  cotnle   Goblel   d'Alviella, 
troiaième  cotntnittnife, 

a  M.  Louis  de  la  Vallée  Poussin  a  choisi  nn  des  pro- 
blèmes les  plus  importants  de  l'hiérographie  générale,  et  il 
le  traite  avec  une  compétence  que  ne  contestera  aucun 
lecteur  de  son  travail.  Le  livre  des  lois  de  Manou,  dans 
lequel  il  puise  de  première  main  ses  principaux  renseigne- 
ments, est  réduit,  dans  cette  étude,  à  sa  juste  valeur  de 
législation   théorique,  idéale,  artificielle.  Mais,   par   cela 

3""*    SÉRIE,    TOME    XX.  22 


(  354  ) 

même  que  le  Manava  Dliarma  Câslra  reflète  des  tendances 
philosophiques  plutôt  qu'il  n'exjmse  des  lois  positives,  les 
passages  parfois  contradictoires  qu'il  doit  à  la  diversité  de 
ses  collaborateurs  permettent  de  saisir  au  passage  l'évolution 
qui,  chez  les  Hindous,  a  fait  donner  une  acception  morale 
à  l'idée,  d'abord  toute  matérielle  et  légale,  de  l'impureté. 
Il  serait  intéressant  de  voir  l'auteur,  avec  les  connaissances 
philologiques  et  historiques  dont  il  fait  preuve,  suivre  à 
ce  propos,  de  plus  près  encore,  dans  la  langue  aussi  bien 
que  dans  les  idées,  les  traces  de  l'évolution  qui  a  modifié, 
dans  un  sens  moral  et  abstrait,  la  signification  de  tant  de 
termes  originairement  appliqués  à  des  objets  matériels  et 
concrets. 

On  aurait  pu  désirer  également,  comme  le  dit  notre 
savant  confrère  M.  de  Harlez,  un  peu  plus  d'excursions 
comparatives  chez  les  différents  peuples  où  la  croyance 
aux  impuretés  religieuses  a  régné  dès  les  commencements 
de  l'histoire.  J'ajouterai  que,  pour  être  couplet,  un  travail 
comparatif  de  ce  genre  devrait  également  s'étendre  aux 
notions  analogues,  observées  chez  les  peuples  non  civilisés 
de  toute  époque.  —  Ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  exemple, 
M.  de  la  Vallée  Poussin  croit  que,  dans  un  grand  nombre 
de  cas,  l'attribution  d'impureté  à  un  acte  ou  à  un  objet  est 
le  résultat  d'une  préoccupation  hygiénique  revêtue  de  la 
sanction  divine.  Sans  doute  il  en  a  été  ainsi  à  l'égard  de 
certains  détails  qui  éveillent  chez  l'homme  une  répugnance 
naturelle  et  en  quelque  sorte  instinctive.  Mais,  en  général, 
les  préoccupations  d'hygiène  représentent  le  moindre  souci 
des  peuples  chez  lesquels  nous  trouvons  les  notions  d'im- 
pureté et  de  purification  religieuse  dans  leur  état  rudimen- 
taire.  Il  importe  donc  d'examiner  avec  soin  chaque  cas 
particulier,  alors  même  que  l'hygiène  semblerait  d'accord 
avec  la  prescription  religieuse.  Conformément  à  la  théorie 


(  535  ) 
domiuanle,  M.  de  la  Vallée  Poussin  semble  attribuer  une 
origine  hygiénique  à  l'usage  de  la  circoncision.  Cependant, 
si  l'on  étudie  cet  usage  chez  les  peuples  qui  le  pratiquent 
en  Afrique,  en  Asie  et  même  en  Océanie,  il  semble  se 
rattacher  plutôt  à  l'institution  du  sacrifice.  N'est-ce  pas 
une  offrande  faite  à  des  êtres  surhumains,  soit  pour  leur 
être  agréable  à  raison  de  la  privation  qu'on  s'impose,  soit 
surtout  comme  rachat  de  la  personne  entière,  à  l'instar  de 
ces  innombrables  sacrifices  de  substitution  où  l'on  offre  la 
partie  pour  le  tout  :  les  cheveux,  les  dents,  une  phalange 
du  doigi,  quelques  gouttes  de  sang,  etc.?  Chez  plus  d'un 
peuple  qui  attribue  la  maladie  à  une  intervention  des 
esprits,  la  circoncision  figure  comme  remède.  Aux  îles 
Fidji,  ce  qui  est  plus  significatif  encore,  quand  un  person- 
nage d'importance  est  frappé  de  maladie,  on  circoncise 
parfois,  non  le  malade,  mais  un  de  ses  parents  ou  quelque 
jeune  homme  de  bonne  volonté.  Il  y  a,  dans  la  Bible  même, 
un  passage  qui  pourrait  jusqu'à  un  certain  point  se  prêter 
à  une  interprétation  du  même  genre.  Ce  sont  les  ver- 
sets 24-26  du  chapitre  IV  de  l'Exode,  où  il  est  raconté  que 
rÉlernel  cherchait  à  faire  mourir  iMoïse,  mais  que  Séphora 
sauva  celui-ci  en  circoncisant  son  fils. 

M.  Louis  de  la  Vallée  Poussin,  à  la  vérité,  n'a  entendu 
s'occuper  que  de  l'Inde,  où,  avec  sa  connaissance  de  la  litté- 
rature hindoue,  il  a  l'avantage  de  re.^ter  sur  un  terrain  abso- 
lument solide,  et  c'est  sans  doute  pourquoi  il  a  restreint  le 
champ  de  ses  comparaisons  aux  peuples  indo-européens 
et  aux  Juifs.  Il  fait  observer  avec  beaucoup  de  vraisem- 
blance que  chez  les  Hindous  l'obligation  de  la  pureté 
n'est  pas  directement  en  rapport  avec  l'idée  de  Dieu,  con- 
trairement à  ce  qui  existait  chez  les  Juifs  et  les  Perses. 
Pour  l'esprit  hindou,  l'impureté  est  la  condition  inévitable 
du  n»onde  fini;  toute  action  humaine  renferme  un  élément 


(  336  ) 

plus  ou  moins  impur,  et  cet  élément  se  maintient  ou  plutôt 
se  perpétue  indéliniment,  comme  toutes  les  conséquences 
de  nos  actes,  si  l'on  ne  se  soustrait  à  ce  cycle  fatal  par  des 
cérémonies  de  purification.  —  Chez  les  Juifs  et  les  Perses, 
il  faut  être  pur,  parce  que  Dieu  est  pur  et  que  c'est  la 
meilleure  façon  de  lui  ressembler;  les  impuretés  physiques 
ou  morales  sont  une  participation  à  la  nature  des  mauvais 
esprits,  qui  entraînent  l'homme  à  s'en  rendre  coupable.  — 
M.  de  la  Vallée  Poussin,  si  je  comprends  bien  sa  pensée, 
semble  admettre  que  la  conception  hindoue  représente  un 
état  plus  ancien  des  notions  relatives  à  la  pureté.  Je  serais 
plutôt  disposé  à  admettre  le  contraire.  Tout  en  reconnais- 
sant que  le  dualisme  avestéen  offre  les  traces  incontestables 
d'une  systématisation  avancée,  je  trouve  que,  logiquement, 
l'idée  d'attribuer  à  l'influence  de  mauvais  esprits  les  actes 
malfaisants  on  impurs,  aussi  bien  que  les  événements  nui- 
sibles, représente  une  croyance  plus  voisine  des  concep- 
tions primitives  que  le  système  philosophique  si  complexe 
et  si  profond  du  Karma,  c'est-à-dire  d'une  loi  absolue  par 
laquelle  les  effets  s'enchaînent  aux  causes  en  dehors  de 
toute  intervention  surnaturelle. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  observations,  le  travail  de 
M.  Louis  de  la  Vallée  Poussin  me  paraît  mériter,  tant  pour 
la  méthode  que  pour  les  conclusions,  les  éloges  que  lui 
décerne  le  premier  rapporteur,  et  je  suis  heureux,  pour  ma 
parti  de  me  rallier  aux  conclusions  de  mes  savants 
confrères.  » 

Conformément  aux  conclusions  de  ces  rapports,  la  Classe 
décide  l'impression  du  travail  de  M.  de  la  Vallée  Poussin 
dans  le  recueil  des  Mémoires  in-8°. 


(  357  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-ARTS. 


Séance  du  7  août  1890. 

M.  Jos.  ScHADDE,  directeur. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MiM.  C.-A.  Fraikin,  God.  GufTens,  J.  De- 
mannez,  G.De  Groot,  Gustave  Biot,  Edm.  Marchai,  Joseph 
Stallaert,  Henri  Beyaert,  membres;  F.  Laureys,  corres- 
pondant. 


M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
transmet  : 

1°  Une  copie  du  procès-verbal  du  jugement  du  grand 
concours  d'architecture  de  cette  année,  décernant  le  grand 
prix  à  M.  Arthur  Verhelle,  de  Bruges,  élève  de  l'Académie 
royale  des  beaux-arts  de  Bruxelles;  le  second  prix  à 
iM.  Adolphe  Kockerols,  d'Anvers,  élève  de  l'institut  supé- 
rieur des  beaux-arts  de  la  même  ville;  une  première  men 
lion  honorable  à  M.  Emile  Vercecken,  d'Anvers,  élève  de 

S""*    SÉRIE,    TOME    XX.  22. 


(  538  ) 

l'Académie  des  beaux-arls  d'Anvers  et  de  MM.  Schadde 
et  J.  Vereecken,  et  une  deuxième  mention  honorable  à 
M.  Hubert  Marcq,  de  Bruxelles,  élève  des  Académies 
d'Anvers  et  de  Bruxelles. 

Le  résultat  de  ce  concours  sera  proclamé  en  séance 
publique  de  la  Classe; 

2°  Une  ampliation  d'un  arrêté  ministériel  en  date  du 
1"  août  courant,  par  lequel  M.  de  Casembrool,  bibliothé- 
caire du  Conservatoire  royal  de  musique  de  Bruxelles,  a 
été  adjoint  à  la  Commission  chargée  de  la  publication  des 
œuvres  des  anciens  musiciens  belges; 

3"  Un  exemplaire  du  travail  de  M.  F.-A.  Gevaerl,  inti- 
tulé :  Les  origines  du  chant  liturgigue  de  Céglise  latine. 
Étude  d'histoire  musicale.  —  Remerciements. 

—  M.  Schadde  offre,  de  la  part  de  M.  le  baron  J.  de  Baye, 
membre  de  la  Société  des  antiquaires  de  France,  à  Paris, 
un  exemplaire  de  sa  Note  sur  quelques  antiquités  décou- 
vertes en  Suède.  —  Remerciements. 


RAPPORTS. 


D'après  son  ordre  du  jour,  la  Classe  était  appelée  à 
entendre  la  lecture  de  différents  rapports.  Vu  l'absence  des 
rapporteurs,  la  lecture  de  ces  pièces  a  été  ajournée  à  la 
séance  d'octobre. 


(  Ô5ÎI  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Gevaerl  {Fr.-Ai(g.).  —  Les  oriiçines  du  clinnt  liturgique  de 
l'église  latine.  Étude  d'histoire  musicnic.  Giiiid,  1890;  in-S" 
(92  p.). 

Harlez  {C.  de).  —  La  purification  selon  i'Avesta  et  le 
Gôraêz.  Louvain,  1890;  exlr.  in-8''  (8  p.). 

—  Aveslica.  IIL  1890;  extr.  in-S"  (1 1  p.). 

—  Lecultede  la  Croixavantic  christianisme.  Louvain,  1890; 
extr.  in-8»  (8  p  ). 

Bn'art  {AI}).).  —  Note  sur  les  mouvements  |)arallèles  des 
roches  stratifiées.  Liège,  1890;  in-S"  (8  p.). 

Terbjj  (F.).  —  Sur  la  structure  des  handes  équatorialcs  de 
Jupiter.  Bruxelles,  1890;  exlr.  iu-8°  (3  p.). 

Srinaparelli  [G.-V.).  —  Considérations  sur  le  mouvement 
de  rotation  de  la  planète  Vénus,  premier  article.  Bruxelles, 
1890;  5  extr.  in-S". 

Vercoullie  {J.).  —  Bcknopt  etymologisch  woordenboek  dcr 
nederlandsche  taai.  Gand,  1890;  vol.  in-8''  (520  p.). 

Verhoogen  [René)  cl  Baert  (Charles).  —  Premières 
recherches  sur  la  nature  et  l'étiologie  du  tétanos.  Bruxelles, 
1890;  vol.  in-8''. 

Bernier  {Théodore).  —  Notice  sur  lorigine  et  la  tenue  des 
anciens  registres  d'état  civil  dans  la  province  de  Ilainaul. 
Angrc,  1887;  in-S»  (70  p.). 

de  Jonghe  {le  V"  U.].  —  Deux  monnaies  frappées  en 
Flandre  en  1581.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-8»  (8  p.). 

—  Un  tiers  d'écu  inédit  de  Charles  II  de  Gonzaguc.  Paris 
1890;  extr.  in-8»  (o  p.). 

Dcrutjls  {Fratiçois).  —  Sur  la  représentation  des  involu- 
tions  unicursales.  Bruxelles,  1887;  in-8°  (26  p.). 


(  340  ) 

Dcruyts  (François).  —  Génération  linéaire  de  quelques 
courbes  à  éléments  multiples.  Gand,  1887;  extr.  in-S"  (4  p.). 

—  Génération  d'une  surface  du  troisième  ordre.  Bruxelles, 
1887;  extr.  in-8'>(i2  p.). 

—  Sur  quelques  transformations  géométriques.  Bruxelles, 
1887;  extr.  10-8°  (16  p.). 

—  Sur  les  théorèmes  fondamentaux  de  la  géométrie  pro- 
jective.  Bruxelles,  1888;  exlr.  in-S"  (1G  p.). 

—  Sur  une  propriété  commune  aux  courbes  normales  des 
espaces  linéaires.  Bruxelles,  1889;  extr,  in-8''  (12  p.). 

—  Sur  la  représentation  de  l'homographie  de  seconde 
espèce  sur  la  cubique  gauche.  Bruxelles,  1889;  extr.  in-S" 
(20  p.). 

Grun  (Karl).  —  Au  Vésuve,  compte  rendu  d'une  excursion 
des  soirées  populaires  de  Verviers.  Verviers,  1889;  in-18. 

Ronkar  (£".).  —  Sur  l'entraînement  mutuel  de  l'écorce  et 
du  noyau  terrestres  en  vertu  du  frottement  intérieur.  Réponse 
à  la  notice  de  M.  J.  Liagre.  Bruxelles,  1890;  in-8''  (15  p.). 

Cauchie  [Alfred).  —  La  querelle  des  investitures  dans  les 
diocèses  de  Liège  et  de  Cambrai.  1"  partie.  Louvain,  1890; 
vol.  in-8". 

Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de  Liège.  —  Bulletin, 
tome  V,  1"  partie.  Liège,  1889;  in-8». 

Conseils  provinciaux.  —  Procès-verbaux  des  séances  de 
l'année  1889.  Bruxelles,  Anvers,  etc.;  9  vol.  in-8°. 

Ministère  des  Affaires  Étrangères.  —  Catalogue  de  la 
Bibliothèque,  tomes  I  et  H  avec  table  alphabétique.  Bruxelles, 
1878-90;  5  vol.  in-8°. 

Archives  de  l'Etat.  —  Inventaires  des  archives  de  la  Bel- 
gique :  Inventaire  des  chartes  des  comtes  de  Naïuur.  Bruxelles, 
1890;  vol.  in-folio. 

Société  chorale  et  littéraire  les  Mélophiles  de  f/asselt.  — 
Bulletin,  2C«  volume.  In-8". 


(  •">«  ) 


Allemagne  et  AuTniciiE-IloNGitiE. 

Zool.-botan.  Gesellschaft,  Wien.  —  Verhandlungcn,  1890. 
In-8". 

Preuss.  geodàtisches  Institut.  —  Das  Mittclwasscr  dcr 
Oslsee  bel  Swinemùndc,  2.  Miltheilung  Berlin,  1890;  in-4°. 

—  Asli'ononi.  goodalische  Arbeiten,  I.  Ordniing.  Berlin, 
1890;  in-i°. 

Nalurwisaenscliaftlicher  Verein  in  Magdeburg  —  Jahres- 
bcricbt,  1889;  in-8°. 

Cenlral-Austall  fier  Météorologie  und  Erdmagnetismus .  — 
Jiibrbùcher,  1888.  Vienne,  1889;  vol.  in-4». 

Stosae  {A.).  —  Der  Ilarn  nacb  Unlerbindung  der  drei 
Darmartericn.  Leipzig,  1890;  exlr.  in-8"  (7  p.). 

yaturliistor.  Verein.  —  Verbandlungen,  46.  Jabrgang. 
Bonn,  1889;  in-8». 

Université  de  Giessen. —  Thèses  et  dissertations  de  1889-90. 
29  br.  in-8°. 


Amérique. 

Universily  of  Nebraska.  —  Studies,  volume  I,  n<"  1-3. 
Lincoln,  1888-90;  in-8°. 

Moutier  {Adolphe).  —  Annuaire  statistique  de  la  province 
de  Buenos- Ayres,  1888.  La  Plata;  in-8\ 

Instiiuto  historico  e  geograpliico  Brnzilerio.  —  Revista, 
(omo  LU,  2.  Rio  de  Janeiro,  1889;  in-8°. 

Nova  Scotiun  Inslitule  of  natural  science. —  Proceedings 
and  Transactions,  voL  VII,  part.  5.  Halifax,  1889;  in-S". 


(  34^2  ) 


France. 

Gaudry  {Albert).  —  Les  enchaînements  du  monde  animal 
dans  les  temps  géologiques  fossiles  secondaires.  Paris,  1890; 
vol   in -8». 

Hosdey  {H.).  —  Essai  sur  le  statut  du  Mont  ou  «  Hoop  » 
d'Hazebrouck,  et  sur  ses  rapports  avec  l'ancien  droit  franc. 
Dunkerquc,  1890;  in-8»  (197  p.). 

Observatoire  de  Nice.  —  Annales,  tome  III,  texte  et  atlas. 
Paris,  1890;  1  vol.  in-i"  et  1  vol.  in-folio. 

Université  de  Lille.  —  Travaux  et  mémoires,  tome  i", 
n°'  1-3,  1889;  in-8°. 

Nadaillac  [le  M"  de).  —  Le  péril  national.  Paris,  1890; 
cxtr.  in-S"  (48  p.). 

Baye  {te  baron  J.  de).  —  Note  sur  quelques  antiquités 
découvertes  en  Suède.  Paris,  1890;  extr.  in-8''  (!2I  p.). 


Grande-Bretagne,  Irlande  et  Colonies  britanniques. 

Payne  {F.).  —  A  few  notes  upon  the  Eskimo  of  Cape  Prince 
of  Wales,  Hudson's  Sliail.  Salem,  1889;  extr.  in-8°  (3  p.). 

Distant  {W.-L.).  —  A  monogra|)li  of  oriental  Cicadidae, 
part.  3.  Londres,  1890;  in  4". 

Edinburgh  geulogical  Society.  —  Transactions,  vol.  VI, 
1  ;  in-8». 

Department  of  mines,  N.  S.  Wales,  Sydney.  —  Mcmoirs  of 
the  geologieal  survey  :  n"'  5  and  4.  —  Records,  vol.  I,  5.  — 
Annual  report,  1889. 


(  34-3  ) 

New  Zealand  Inslihite.  —  Transactions  and  proceedings, 
vol.  XXII,  188!».  Wellington;  vol.  in-8°. 

Knlomological  Society,  London.  —  Transactions,  1888 
and  1889.  In-8°. 

Aslronomical  Society,  London.  —  Memoirs,  vol.  XLIX, 
2.  In-4". 


Italie. 

Zanon  (Giann.).  —  L'ElcItrieità  nuovi  falti  c  vecohic  ipolcsi. 
Rome,  1890;  cxtr.  in-8»  (55  p.). 

Socielà  veueto-trenlina  di  scienze  naturali.  —  Bullettino, 
lomo  IV,  4.  Padoue,  1890;  in-8». 

Accademia  di  scienze,  lettere  e  belle  arli  di  Palermo.  — 
Bullettino,  anno  V,  2-();  anno  VI,  I-fi;  in-4». 

Osservatorio  di  Brera  in  Milano.  —  Puhblicazioni, 
n"  XXXVI.  Milan;  in-^». 


Pays  divers. 

Akademie  vamvetensclmppen.  —  Jaarboek,  1889.  Amor, 
carmcn...  Hoeufttiano.  Verhandelingcn,  deel  XXVII. 

Sociél(''  scientifique  et  littéraire  de  Jassy.  —  Arliiva,  n"  1-5, 
1889-90.  In-8°. 

Nuturforschende  Gesellscliaft,  Chur. —iaUreshericht,  1888- 
1889.  In-8°. 

Gesellschaft  fïlr  Litcratur  und  Kunst,  Milau.  —  Sitzungs- 
berichtc,  1889.  In-8». 


(  34i  ) 

Observatorio  de  Madrid.  —  Observaciones  meteorologicos 
y  Resumen,  188C-1889.  In-8°. 

Academia  de  ciencias  morales  y  potiticas.  —  Necrologia  y 
discursos,  1889-90.  Madrid;  in-8°. 

Naturforschende  Gesellscliaft,  Dorpat.  —  Schriftcn,  V.  — 
Sitzungsberichte,  1889.  In-8°. 

Société  royale  des  sciences  d'Upsal.  —  Nova  acla,  XIV,  1. 
Catalogue  méthodique  des  Acla  et  Nova  acta,  1744-1889. 
In-4". 

Sveriges  offenlliga  Bibliothek.  —  Katalog  n"  4,  1889 
(Dahigren).  Stockholm,  1890.  In-8''. 

Université  de  Lund.  —  Acta,  tom.  XXV.  In-4°. 


ï^. 


BULLETIN 


DE 

L'ACADÉMIE   ROYALE  DES  SCIENCES, 

DES 

LHTTRES  ET  DES  BEAlIX-AItTS  DE  BELGIQUE. 

1890. —  N°^  9-10. 


CLASSE  DES  SCIEl^CES. 


Séance  du   //  octobre   1890. 

M.  Stas,  direcleur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  F.  Plateau,  vice-directeur;  P.-J.  Van 
Bcneden,  le  baron  Edni.  de  Selys  Longchamps,  Gluge, 
G.  Dewalque,  E.  Candèze,  Brialmonl,  Éd.  Dupont,  Éd.  Van 
Beneden,  C.  Malaise,  A.  Briart,  Fr.  Crépin,  Éd.  Mailly, 
J.  De  Tilly,  Ch.  Van  Bambeke,  G.  Van  der  Mensbrugghe, 
W.  Spring,  Louis  Henry,  M.  Monrion,  P.  Mansion,  J,  Del- 
bœul',  P.  De  Hecn,  membres;  E.  Catalan,  Cb.  de  la  Vallée 
Poussin,  associés;  C.  Le  Paige,  C.  Vanlair  et  F.  Terby, 
correspondants. 

5"*    SÉKIE,    TOME    XX.  25 


(  34G  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  (le  rinlérieur  et  de  rinstruction  publique 
envoie  pour  la  Bibliothèque  de  l'Acadénoie  un  exemplaire 
de  VEnqiiête  sur  l'épidémie  de  grippe  qui  a  régné  en  Bel- 
gique en  'I889-J890.  —  Remerciements. 

—  La  Société  royale  de  médecine  publique  fait  savoir 
que  la  dixième  réunion  du  corps  médical  belge  se  tiendra, 
sous  ses  auspices,  le  dimanche  12  octobre,  à  10  heures  et 
demie  du  matin,  à  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles. 

La  Société  royale  de  médecine  publique  communique, 
en  même  temps,  les  questions  qu'elle  se  propose  de  traiter 
dans  cette  réunion. 

—  M.  E.  Solvay  adresse  un  pli  cacheté  portant  la  date 
du  7  août  1890.  —  Le  dépôt  en  est  accepté. 

—  M.  William  Grosseleste,  ingénieur  à  Mulhouse, 
adresse  un  exemplaire  de  la  médaille  frappée  à  l'effigie 
de  G.-A.  Hirn,  ainsi  que  la  brochure  consacrée  à  la  mani- 
lestalion  qui  a  eu  lieu  en  l'honneur  de  cet  ancien  associé 
de  la  Classe.  —  Remerciements. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

1°  De  l'existence  probable  chez  Phallus  Impudicus  d'un 
involucrum  ou  indusium  rudimen  taire  ;  par  Ch.  Van  Bam- 
beke  ; 

2°  Considérations  sur  le  mouvement  de  rotation  de  la 


(  547  3 
planète  Vénus  (quatrième  arliclc),  el  les  canaux  de  Mars, 
nouvelles  observations  ;  par  F.  Terby; 

5°  Quatrième  et  cinquième  notes  sur  les  observations 
(les  coups  de  foudre  en  Belgique;  par  F.  Evrard  el  L.  Lam- 
bolle; 

4"  De  la  corrélation  des  heures  et  des  dates  dans  les 
divers  fuseaux;  par  Ernest  Pasquier; 

5°  Étude  expérimentale  sur  un  mouvement  curieux  des 
ovoïdes  et  des  ellipsoïdes;  par  Félix  Leconte; 

G"  Bulletin  astronomique,  juillet  1890;  offert  par 
R.  Radau,  de  Paris; 

7°  Causeries  odonatologiques  (n°*  1  et  2);  par  Edm.  de 
Selys  Eongchamps; 

8°  Compte  rvndu  de  la  session  extraordinaire  de  la 
Société  géologique  de  Belgique,  tenue  à  Dinanl  les  /",  2, 
5  et  4  septembre  iSSS;  présenté  par  M.  Dewalque,  avec 
une  note  qui  ligure  ci-après; 

9°  Suites  à  Bu/fon.  Histoire  naturelle  des  annelés  mariîjs 
et  d'eau  douce.  Tome  III,  première  partie,  Lombriciniens, 
Hirudiniens,  etc.;  par  Léon  Vaillant.  —  Remerciements. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

i"  La  réduction  des  nitrates  par  les  moisissures  et  h  s 
levures;  par  A.  Jorissen.  —  Commissaires  :  MM.  Stas, 
Gilkinel  et  Errera  ; 

2"  Sur  Vellipse  de  Brocard;  par  E.  Catatan.  —  Commit- 
saire  :  M.  Mansion  ; 

3°  Sur  diverses  conséquences  du  théorème  de  Neicton  ; 
[)ar  Alph.  Demoulin.  —  Commissaires  :  M.M.  Catalan,  Man- 
sion el  Le  Paige; 

A"  Observations  physiques  de  la  planète  Mars  faites  en 


(  34.8  ) 
i890,  à  Péromias,  près  Bourg -en-Bresse,  à  l'aide  d'un 
réflecteur  de  216""";  par  J.  Guillaume.  —  Commissaires: 
MM.  Folie  et  Terby; 

5»  Sur  la  dypnone;  par  Maurice  Delacre.  —  Commis- 
saires :  MM.  Henry  el  Spring; 

6°  Quatre  lettres  sur  le  grisou;  par  Ém.  Delaurier.  — 
Commissaire  :  M.  Briart. 


NOTE     BIBLIOGRAPHIQUE. 

J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  un  exemplaire  du 
Compte  rendu  de  l'excursion  que  la  Société  géologique  de 
Belgique  a  faite  dans  les  environs  de  Dinanl,  en  septembre 
1888,  pour  étudier  le  calcaire  carbonifère. 

La  plus  grande  partie  de  ce  travail  a  été  rédigée  par 
notre  confrère  M.  Ch.  de  la  Vallée  Poussin,  que  j'avais 
prié  d'être  notre  guide  et  avec  qui  j'avais  revu  cette  région. 
Le  reste  est  dû  aux  membres  qui  ont  pris  part  aux  discus- 
sions, ainsi  qu'au  secrétaire. 

Tout  le  monde  ici  connaît  les  discussions  qui  ont  eu 
lieu  sur  la  constitution  du  calcaire  carbonifère  de  notre 
pays  el  les  critiques  dont  la  carte  géologique  détaillée  a 
été  l'objet  à  celte  occasion.  J'ai  convié  nos  confrères  à 
venir  examiner  avec  nous  le  canton  de  Dinanl,  qui  était 
donné  comme  type  :  un  bon  nombre  ont  répondu  à  cet 
appel.  J'ai  la  ferme  confiance  que  les  géologues  qui  vou- 
dront bien  se  donner  la  peine  d'étudier  ce  compte  rendu 
reconnaîtront  aisément  si  ces  critiques  n'étaient  pas  fon- 
dées. G.  Dewalque. 


(  549  ) 


COMMUNICATIONS   ET    LECTURES. 


UInfluenza  de  1580;  par  Th.  Gluge,  membre 
de  l'Académie. 

M.  Piot,  archiviste  général  du  royaume,  a  communiqué 
à  la  Classe  des  lellres,  dans  sa  séance  du  mois  de  juillet 
de  celte  année,  un  intéressant  document  sur  \'influenzn 
de  1580. 

En  ma  qualité  de  très  ancien  historien  des  épidémies 
d'influenza  (1),  —  j'en  ai  publié  l'histoire  il  y  a  plus  d'un 
demi-siècle  et  beaucoup  de  journaux  étrangers  ont  men- 
tionné mon  ouvrage  l'hiver  dernier,  —  je  crois  devoir 
rappeler  qu'une  excellente  description  de  cette  épidémie 
est  due  à  un  médecin  flamand,  Johann  Weyer  ou  Wierus 
(1515-1588);  elle  porte  le  litre  suivant  : 

Joh.  Wierus,  Medic.  observât,  hactemts  incognit.  Lib.  II. 
Depeslilenli  et  epidemica  tussi,  quœ  anno  ^1580  universam 
fere  Europam  invasit  (0pp.  omn.  Amstel.,  1660). 

C'est  le  même  médecin  brabançon  qui  combattit  avec 
courage  la  superstition  de  la  sorcellerie,  qui  a  lait  tant  de 
victimes  innocentes,  et  dont  les  traces  se  trouvent  malheu- 
reusement encore  trop  souvent  parmi  les  populations  igno- 
rantes. Je  terminerai  par  une  remarque  d'ordre  purement 
physiologique. 


(l)  Voyez  Gluge,  Die  lufluenza,  elc.  Minden,  1837, 


(  35'0  ) 

Dans  la  lettre  du  cardinal  de  Granvelle,  communiquée 
par  M.  Piot,  le  minisire  de  Philippe  II  se  plaint  de  l'infério- 
rité des  médecins  espagnols  comparés  avec  leurs  confrères 
flamands  et  italiens;  en  effet,  en  Espagne  le  fanatisme  avait 
déjà  achevé  l'atrophie  intellectuelle,  plus  lente  à  se  déve- 
lopper, par  la  même  cause,  sur  un  sol  moins  bien  préparé. 

En  présence  du  fanatisme  qui  envahit,  de  nouveau, 
l'Europe  depuis  les  bords  de  la  Neva  jusqu'à  ceux  de 
l'Escaut,  il  est  nécessaire  de  signaler  le  danger  qui  menace 
le  progrès  scientifique. 


Sur  la  fréquence  des  étoiles  filantes  pendant  les  nuits  des 
9  et  10  août  1890;  par  F.  Terby,  correspondant  de 
l'Académie. 

Une  circonstance  favorable  m'ayant  permis  de  juger 
cette  année,  dans  de  bonnes  conditions,  de  la  fréquence 
(les  Perséides,  j'ai  l'honneur  de  communiquer  très  briève- 
ment à  l'Académie  quelques  renseignements  sur  ce  sujet. 
Un  ami,  M.  l'ingénieur  V.  Van  Lint,  ayant  bien  voulu 
m'offrir  sa  collaboration,  nous  nous  sommes  partagé  les 
heures  du  9  et  du  10  août,  seules  nuits  qui  aient  été  favo- 
rables; la  nuit  du  11  est  demeurée  couverte.  Mon  colla- 
borateur a  veillé  jusqu'à  1  heure  du  matin  et  je  me  suis 
réservé  les  heures  de  la  matinée.  Le  dernier  quartier  de 
la  lune  avait  eu  lieu  le  7;  notre  satellite  n'éclairait  donc 
que  très  faiblement  le  ciel,  après  minuit,  à  l'époque  de 
nos  observations.  J'ai  réuni,  dans  le  tableau  suivant,  nos 
principaux  résultats;  l'absence  de  mention  indique  que  le 
ciel  était  serein. 


io'" 

3 

étoiles  lilantes. 

io™ 

4 

étoiles  filantes. 

In"' 

5 

étoiles  filantes;  1  traînée. 

Itim 

:2 

étoiles  lilantes;  1  traînée;  lé^çers  nuages 

15m 

0 

étoile  filante. 

15» 

1 

étoile  filante;  légers  nuages. 

lo"' 

0 

étoile  filante. 

nr 


(  3al  ) 
Le  9  août.  ^-  M.  Van  Lint;  champ  d'observation  :  NK, 
7-,  du  ciel. 

])(>  IV'  à  ll'ilîi™  en    15™    5    étoiles  filantes. 

Il  h  15m  à  dlKWra  en 

H''30'"  à  dli'fô"'  en 

H '■'»;)"'  h  lt2''         en 

1:2''  à  I2i'l<>  en 

h2''lo«>  à  -12''30'"  en 

12''30'n  à  i2''lu"i  en 

121' Ui™  à  13''         en 

Total  :  en     2''     20    étoiles  filantes. 

M.  Terby;  champ  d'observation  :  SE,  Ve  du  ciel. 

De  12''58'n  à  13'' 12"  eu  14'»  6  étoiles  filantes;  3  traînées. 

13'112'n  à  I3''2i'»  en  12'"  o  étoiles  filantes;  i  traînée. 

13''2o"  à  'l3''3S'n  en  43'»  0  étoile  filante. 

13''i2'n  à  l3''o"'"  en  lo'»  .H  étoiles  filantes;  1  traînée. 

13''59"'  à  14''3i'"  en  32"'  3  étoiles  filantes;  2  traînées. 

14''33°'  à  14''41"'  en  S'"  0  éoitle  filante. 

Total  :  en    l''34'»   21    étoiles  filantes. 

Le   10  août.  —  M.  Van  Lint;  champ  d'observation  : 
NE,  '/s  du  ciel. 

Le  ciel  s'éclaircil  seulement  vers  ll^SO™. 

De  •11''20"'  à  ll''30«'  en      -lO"      4  étoiles  filantes. 

lli'SO"'  à  11'' 40™  en      10™      4  étoiles  filantes;  1  traînée;  ciel  en 

partie  couvert. 

0  étoile  filante;  ciel  en  partie  couvert. 

2  étoiles  filantes;  ciel  en  partie  couvert. 

3  étoiles  filantes. 
11  étoiles  filantes;  2  traînées. 

3    étoiles  filantes. 

Total  :  en  l''3o™    29    étoiles  filantes. 

M.  Terby;  champ  d'observation  :  SO,  Vs  du  ciel. 

De  12''31™  à  13''H™  en      20™  10    étoiles  filantes. 

13''11™  à  13''14™  en       3™  2    étoiles  filantes;  1  traînée. 
13''13"'  à  13''2l)'"  en      11™      3    étoiles  filantes;  ciel  partiellement 

couvert. 

Total  :  en      34'°  17    étoiles  filantes. 


ll''tô™ 

à 

12'' 

en 

13™ 

12'' 

à 

12'' 13™ 

en 

15™ 

12" 13™ 

à 

401.30™ 

eu 

13™ 

121)30™ 

à 

12''4o™ 

en 

13™ 

12''43™ 

à 

13'' 

eu 

13™ 

(  352  ) 

Le  14,  ciel  couvert. 

L'inspection  de  ce  tableau  montre  :  1°  que  le  9,  avant 
minuit,  un  observateur  ayant  en  vue  le  '/s  du  ciel  pouvait 
compter  de  3  à  5  étoiles  filantes  en  15  minutes,  mais  que 
ce  nombre  s'est  accru  après  minuit,  puisqu'un  observa- 
teur ayant  en  vue  seulement  le  '/e  ^u  ciel  pouvait  en 
compter  de  5  à  6  dans  le  même  intervalle. 

2°  Que  le  JO  il  était  possible  à  un  observateur,  regardant 
'/s  du  ciel,  d'en  compter,  après  minuit,  11  en  15  minutes, 
c'est-à-dire  de  12"30'"  à  12"45'",  intervalle  pendant  lequel 
semble  s'être  produit  un  véritable  maximum  ;  on  voit  aussi 
qu'en  dehors  de  ce  maximum,  les  étoiles  fdantes  appa- 
raissaient le  10,  assez  approximativement,  à  raison  tïune 
par  deux  minutes  pour  un  seul  observateur. 

Les  traînées  étaient  rares  et  peu  persistantes  et  je  ne 
puis  signaler  que  deux  météores  d'un  éclat  comparable  à 
celui  de  Jupiter. 

Des  éclairs  ont  été  notés  pendant  les  deux  nuits  du  9 
et  du  10. 

Le  P.  Denza  a  constaté  une  apparition  plus  remarquable 
de  ces  météores  en  Italie  (1),  mais  ses  résultats  ne  sont 
pas  en  contradiction  avec  les  nôtres,  car  il  fixe  le  maximum 
à  la  nuit  du  11,  qui,  pour  nous,  est  restée  totalement 
couverte. 


La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  prendre 
connaissance,  d'après  l'article  16  de  son  règlement,  de  la 
liste  des  candidatures  pour  les  places  vacantes,  dressée  par 
la  section  des  sciences  mathématiques  et  physiques. 

(1)  Revue  scientifique  du  27  septembre  d890j  résumé  des  Comjo/es 
rendus  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris. 


(  553  ) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Séance  du    13  octobre  1890. 

M.  Stecher,  directeur. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MiM.  G.  Tibergliien,  vice-directeur  ;  P.  De 
Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyo  de  Leltenliove,  Félix 
Nève,  Alph.  Wauters,  Aug.  Wagener,  G.  Rolin  Jaeque- 
myns,  S.  Bormans,  Ch.  Plot,  Ch.  Polvin,  T.-J.  Lamy, 
Aug.  Scheler,  P.  Henrard,  J.  Gantrelle,  Alex.  Henné, 
le  comte  Goblel  d'Alviella,  membres;  Alph.  Rivier,  Joan 
BohI,  associés;  É.  Banning,  correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
envoie,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Académie,  un  exemplaire 
(les  ouvrages  suivants  : 

1°  Marie  Stuart,  tomes  I  et  H;  par  le  baron  Kervyn  de 
Lettenhove; 

2°  Inventaire  analytique  et  chronologique  des  archives  de 
la  ville  de  Sainl-Trond,  tome  IV,  f*  livr.;  par  F.  Slraven; 


(  354-  ) 

5°  Bibliolheca  Belgica,  livraisons  100  à  103;  par  F. 
Vander  Haeghen ; 

4°  Catalogue  général  de  la  Bibliothèque  de  la  ville  de 
Tcnnonde,  1"  et  2*  parties; 

5"  Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles, 
lome  IV,  2'  livraison  ; 

6°  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse 
de  Liège,  lome  V,  2^  partie; 

7°   Vonken  en  stralen,  poëzie;  par  Eug.  Van  Oye; 

8°  Compte  rendu  des  travaux  du  Congrès  archéologique 
et  historique  tenu  à  Anvers  en  septembre  i889  ; 

9°  Woordenboek  der  nederlandsche  taal,  2'^"  reeks, 
lO**"  aflevering.  —  Remerciements. 

M.  le  Ministre  des  Affaires  Étrangères  adresse  un  exem- 
plaire des  Actes  de  la  conférence  de  Bruxelles  pour  la 
suppression  de  l'esclavage  {1889-1890),  accompagné  de 
deux  cahiers,  également  in-4°,  intitulés  :  La  traite  des 
esclaves  en  Afrique,  —  Remerciements. 

—  Hommages  d'ouvrages. 

1°  Loi  du  24  juillet  1889  sur  la  protection  des  enfants 
maltraités  ou  moralement  abandonnés  ;  par  Léon  Lalle- 
mand,  associé; 

2°  Les  habitations  ouvrières  en  Belgique;  par  le  baron 
H.  de  Royer  de  Dour.  (Ouvrage  qui  a  remporté  le  prix 
Castiau,  en  1890); 

3°  Over  de  onmatigheid;  traduction,  par  Pol.  Meirs- 
schaut,  de  l'ouvrage  du  D""  Delaunois  «  Sur  l'intempérance  » 
couronné  en  1888,  par  l'Académie; 

4°  L'Académie  royale  de  Belgique;  par  Victor  Flourde 
Saint-Genis  ; 

5"  A.  Petit  traité  des  punitions  et  des  récompenses  à 


(  55o  ) 
l'usage  des  inaîtres  el  des  parents;  B.  Entretiens  sur  la 
liberté  de  conscience;  par  Félix  Héinenl; 

6"  De  l'indemnité  de  plus-value  au  profil  du  fermier 
sortant;  par  H.  Pascaud  ; 

""  Auto-governo  nazionale  ed  internazionale...  soln- 
zione  dei  piu'  ardiu  problemi  sociali.  Ouvrage  anonyme 
(jui  a  été  soumis  au  dernier  concours  Casliau  ; 

8°  Une  loi  sur  les  habitations  ouvrières  (loi  belge  du 
9  aoùl  1889);  par  Anlony  Roulliel; 

9°  I-LI.  Cérémonial  de  la  Chine  antique,  avec  des 
exirails  des  meilleurs  commentaires,  traduit  pour  la  pre- 
mière fois  par  C.  de  Harlez  (avec  une  note  du  traducteur 
(\u\  ligure  ci-après); 

10"  Estadistica  gênerai  de  la  Republica  mexicana,  n°  5, 
offert  par  la  direction  générale  de  la  statistique,  à  Mexico  ; 

11°  A.  Étude  du  Folklore  en  Flandre;  B.  De  hand  en 
(le  vingeren  in  het  volksgeloof;  par  Aug.  Gilléo; 

12°  Le  théâtre  de  la  Monnaie  depuis  sa  fondation  jus- 
qu'à nos  jours;  par  Jacques  Isnardon.  —  Présenté  par 
M.  Wauters  avec  une  note  qui  (igure  ci-après  ; 

15°  Discours  prononcé  aux  funérailles  de  il/"""  Van  Wed- 
dingen,  le  10  juillet  1890;  par  G.  Tibergliien.  —  Remer- 
ciements. 

—  M.  Lamy  présente,  pour  V Annuaire  de  1891 ,  la 
notice  biographique  de  M»""  Aloïs  Van  Weddingen,  ancien 
membre  de  la  Classe.  —  Remerciements. 

—  M.  Alpli.  de  Vlaminck  soumet  son  mémoire  sur  les 
origines,  etc.  de  la  ville  de  Gand,  modifié  el  complété 
conformément  aux  rapports  de  MM.  Wagener,  Wauters  et 
Vander  Haeghen,  lus  dans  la  séance  du  5  février  1890. 
—  Renvoi  aux  mêmes  commissaires. 


(  356  ) 


NOTES    BIBLIOGRAPHIQUES. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe  des  lettres  la 
traduction,  largement  commentée,  de  l'I-LT,  ou  grand 
Cérémonial  de  la  Chine,  rédigé  il  y  a  vingt-trois  siècles,  et 
dont  le  contenu  remonte  à  trois  mille  ans  d'ici. 

Ce  livre,  qui  n'a  jamais  été  traduit  pi  même  touché  par 
un  écrivain  non  chinois,  a  cela  d'intéressant  et  d'important, 
qu'il  nous  présente  l'état  (idèle  de  la  civilisation  chinoise 
aux  divers  degrés  de  l'échelle  sociale,  à  une  époque  loin- 
taine dont  peu  de  peuples  ont  conservé  quelque  souvenir. 
Il  fait  revivre  sous  nos  yeux  ce  peuple,  si  peu  nombreux 
à  son  origine,  et  qui  sut,  par  la  supériorité  de  sa  civilisa- 
tion, se  créer  le  plus  vaste  empire  que  le  ciel  ait  jamais 
recouvert. 

On  comprend  qu'un  rituel  de  ce  genre  abonde  de  pas- 
sages obscurs;  grâce  aux  commentaires  anciens  et  nom- 
breux dont  j'ai  pu  disposer,  je  puis  espérer  en  avoir  pénétré 
le  sens.  C.  de  Harlez. 


J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe  un  volume  des 
plus  intéressants  qui  a  paru  cette  année  et  qui  est  inti- 
tulé :  Le  théâtre  de  la  Monnaie,  depuis  sa  fondation 
jusqu'à  nos  jours,  par  Jacques  Isnardon  (un  volume 
grand  in-S",  Bruxelles,  Schott  frères,  imprimerie  de 
A.  Lefèvre).  Comme  le  dit  avec  raison  M.  Arthur  Pougin, 
dans  une  préface  placée  en  tête  du  volume,  il  y  a  lieu  de 
s'étonner  qu'aucun  auteur  ne  se  soit  jamais occupéspéciale- 


(  o57  ) 
iiHMU  de  riiisloire  d'un  ihéàlrc  aussi  justement  renommé 
que  celui  du  grand  lliéâlre  de  Bruxelles.  Mais  cet  écrivain, 
en  ne  citant  que  d'autres  monographies  de  théâtres,  aurait 
dû  cependant  Caire  exception  pour  Vllisloire  du  thédlre 
fronçais  en  Belgique,  par  Faber,  ouvrage  récemment 
paru  (1878-1880)  en  cinq  vohimes  grand  in-8".  Bien  que 
les  aunales  de  la  Monnaie  n'en  lussent  pas  l'ohjet  unique, 
elles  y  occupent  une  large  place  et  M.  Isnardon  a  pu  y 
puiser  plus  d'un  détail,  dont  il  a  lait  son  profit. 

M.  Jacques  Isnardon,  actuellement  fixé  à  Paris,  a  été 
pendant  plusieurs  années  attaché  au  théâtre  de  la  Mon- 
naie, où  il  a  chanté  avec  succès.  On  doit  lui  savoir  gré  de 
la  masse  d'informations  qu'il  est  parvenu  à  recueillir  et, 
plus  encore,  de  la  manière  dont  il  li's  a  mises  en  œuvre. 
Sans  se  laisser  aller  au  plaisir  de  tout  dire,  il  a  su  avec 
art  être  assez  complet  pour  ne  rien  omettre  d'important 
et  ne  pas  être  assez  long  pour  rebuter  le  lecteur  par  trop 
de  détails.  Ces  derniers,  sur  tout  ce  qui  concerne  la  com- 
position des  troupes  théâtrales  et  les  questions  de  compta- 
bilité, sont  rejetés  dans  des  tableaux  qui  complètent  la 
narration  sans  l'entraver,  ni  l'alourdir.  L'histoire  même 
du  théâtre  est  écrite  avec  beaucoup  d'entrain,  semée 
d'épisodes  et  d'anecdotes;  l'auteur  se  fait  lire  avec  intérêt 
et  nous  rappelle  parfaitement  les  transformations  que  le 
théâtre  a  subies,  les  œuvres  principales  qui  y  ont  été 
exécutées  et  les  hommes  qui  en  ont  eu  la  direction  ou 
(]ui  ont  le  plus  contribué  à  sa  prospérité.  Des  repro- 
ductions de  vues  anciennes,  de  portraits,  d'alfiches  illustrent 
le  volume  et  lui  donnent  un  cachet  élégant  auquel  con- 
tribuent aussi  la  beauté  de  l'iuipression  et  le  choix  du 
l»apier. 


(  358  ) 

S'il  m'élait  permis  de  joindre  une  légère  critique  à  ce 
tribut  d'éloges  justement  mérité,  j'exprimerais  le  regret 
que  M.  Isnardon  n'ait,  pour  ainsi  dire,  fait  aucune  mention 
(le  la  transformation  radicale  que  subit  le  théâtre  de  la 
Monnaie  il  y  a  une  quarantaine  d'années.  La  comédie,  la 
tragédie,  le  drame,  le  vaudeville,  (\u\  y  avaient  été  repré- 
sentés et  cela  pendant  quelques  années  avec  tant  de 
succès  que  la  scène  de  la  Monnaie  pouvait  rivaliser  avec 
les  meilleurs  théâtres  de  Paris,  furent  d'abord  rejetés  au 
second  plan  (après  4849)  et  enfin  abandonnés  d'une 
manière  absolue  (en  1859).  C'était  là,  ce  me  semble,  un 
fait  assez  important,  dont  il  aurait  dû  être  largement  tenu 
compte  dans  l'histoire  du  théâtre.  Il  préoccupa  considéra- 
blement le  public,  et  donna  lieu  à  de  vives  discussions  au 
conseil  communal  de  Bruxelles  et  dans  la  presse.  Dans 
tous  les  cas,  il  constitue  dans  notre  histoire  dramatique 
une  période  nouvelle.  L'art  du  tragédien  et  du  comédien, 
qui  y  avait  occupé  la  première  place,  se  réfugie  dans  des 
scènes  secondaires;  le  théâtre  de  la  Monnaie  ne  reste  pins 
ouvert  qu'aux  représentations  d'œuvres  de  chant  et  de 
musique.  On  sait  que,  sous  ce  rapport,  de  grands  progrès 
ont  été  réalisés  et  que,  grâce  à  de  larges  subventions  et  à 
des  directions  intelligentes,  le  théâtre  de  la  Monnaie  est 
devenu  l'une  des  premières  scènes  de  l'Europe.  M.  Isnardon 
a  tracé  de  cette  situation  un  tableau  animé  et  qui  termine 
le  livre  de  la  façon  la  plus  heureuse. 

Alphonse  VVautf.rs. 


(  ôo9  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


La  fécondai  ion  artificielle  du  palmier  dans  la  sytnboliqtic 
assyrienne  ;  par  le  comte  Goblei  d'Alviella,  membre 
de  l'Académie. 

Au  cours  (lu  mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lire  à  la 
dernière  séance  publique  de  la  Classe  des  lellres  sur  les 
arbres  paradisiaques  des  Sémites  et  des  Aryas,  j'ai  suivi 
dans  ses  migrations  le  type  assyrien  de  l'arbre  sacré 
entre  deux  génies  ou  deux  monstres  affrontés,  mais  sans 
insister  sur  la  signidcation  première  des  éléments  sym- 
Iwliques  qui  figurent  dans  cette  combinaison  et  en  me 
bornant  à  exposer,  d'après  les  textes,  les  croyances  ou  les 
mythes  dont  elle  pouvait  offrir  la  représentation  figurée  (1  ). 

Une  ingénieuse  et  suggestive  dissertation  que  M.  Edw. 
B.  Tylor  vient  de  publier  dans  les  Proceedings  de  la  Society 
of  Biblical  Arcfiaeology  (2),  ainsi  que  les  observations  sur 
le  même  sujet  qui  se  sont  produites  dans  les  dernières 
livraisons  du  Babylonian  and  Oriental  Record  (3),  nous 


(i)  Les  arbres  paradisiaques  des  /irijus  et  des  Sémites  dans  les 
Bull,  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  XIX.  o«  série,  pp.  655  ctsuiv. 

(2)  The  wingcd  Fir/urcs  of  the  Assyrian  and  olher  ancicnt  Monu- 
ments ^  tire  à  part  avec  4  planches.  Londres,  1890. 

(5)  E.  BoNAViA.  Did  tlie  Assyrians  know  the  Sexes  of  tlie  Date 
Palms?  (février-avril  1890)  —  W.  S'-Ciiad.  Boscawen.  A'ofes  on  tlte 


(  360  ) 
permellronl  peut-être  aujourd'hui  de  faire  un  pas  de  plus 
vers  une  vue  d'ensemble  sur  l'origine  et  la  signification  du 
symbole  de  l'arbre  sacré  chez  les  Assyriens. 


FiG.  i.  Bas-relief  assyrien. 
(l'ERROT  et  Chipiez.  Art  antique,  t.  Il,  f.  8.) 


Assyrian  Sacrcd  Trccs  (mars  1890).  —  Terrien  de  la  Couperie. 
Sti'ay  notes  on  ancicnt  Date  Palms  in  Antcrior  Asia  (avril  1890)  — 
Tlie  Calendar  Plant  of  China,  thc  Cosmic  Tree  and  the  Date  Palm  of 
Babylonia  (septembre  1890).  —  Je  saisis  roccasion  pour  rétablir 
dans  son  intégralité  le  texte  que  j'avais  emprunté  à  M.  le  professeur 
Terrien  de  la  Couperie  relativement  à  la  plante  calendrier  dos  anciens 
chinois:  «  La  plante  lih  kiep,  au  premier  de  chaque  mois,  portait  une 
gousse  et  ainsi  de  suite,  chaque  jour,  jusqu'au  15,  alors  que,  le  16, 
une  gousse  tombait  et  ainsi  chaque  jour,  jusqu'à  la  fin  du  mois;  si  le 
mois  était  court  (29  joursj,  une  gousse  se  desséchait  sans  tomber.  » 
Une  partie  de  ce  texte  avait  été  omis  par  une  erreur  typographique 
dans  la  première  version  du  Bubylonian  and  Oriental  Record. 


(  361  ) 
J'ai  /ail  allusion,  dans  ma  leclure,  à  des  monumenls 
assyriens  où  les  deux  génies,  figurés  aux  côlés  de  l'arl.re 
sacré,  lennienl  d'une  main  nn  réceplacle  à  anse  et  de 
l'autre  main,  projelée  en  avanl,  un  ol.jei  conique,  légère- 
ment ellipsoïde,  à  surface  réticulée,  avec  une  pointe  parois 
légèrement  recourbée.  Sur  un  bas-relief,  acluellemenl  au 
Louvre,  ces  génies  plongent  l'extrémité  du  cône  dans 
une  des  palmettes  sculptées  à  l'extrémité  d'une  brandie 
latérale  (fig.  i).  D'autres  monumenls  laissent  apercevoir 
le  même  objet  disposé  comme  un  fruit,  tantôt  entre  les 
feuilles  d'un  palmier  conventionnel,  tantôt  à  l'extrémité 
de  longues  branches  parallèles  [i). 

En  présence  des  controverses  qui  se  sont  poursuivies 
de  longue  date  sur  la  nature  de  cet  objet,  je  m'étais 
adressé  à  plusieurs  de  nos  confrères  de  la  classe  des 
sciences  pour  savoir  s'il  n'y  avait  pas  là  un  fruit  donl 
ils  pourraient  déterminer  l'espèce.  Malheureusement  je 
n'en  possédais  que  des  reproductions  assez  approxima- 
tives, et  les  conventions  de  l'art  assyrien,  quand  elles 
s'appliquent  à  une  plante  ou  à  un  fruit,  ont  souvent  de 
quoi  faire  hésiter  le  botaniste  le  plus  intrépide.  Je  m'élais 
donc  contenté  de  mentionner  brièvement  les  diverses 
interprétations  produites  jusqu'ici. 

Parmi  ces  interprétations,  celle  qui  ralliait  le  plus  de 
suffrages  consistait  à  faire  de  ce  fruil  une  pomme  de  pin 
ou  de  cèdre.  En  effet,  outre  la  ressemblance  de  l'ima-e 
qui  est  très  sensible,  le  cône  du  cèdre,  comme  nous^e 


(I)  Cf.  Bull,  de  l'Acad.  roy.  de  Helyiquc,  l.  XIX,  3'- série   fi-   3 
a  et  b.  '     ^' 


O""    SÉHIE,    TOME    XX. 


.    24 


(  362  ) 

savons  par  des  lexles,  possédait  en  Mésopolamic  une 
réputalion  prophylactique  et  rénovatrice  qui  le  destinait 
assez  naturellement  à  figurer  sur  l'arbre  de  vie,  ainsi 
qu'entre  les  mains  des  dieux  ou  des  génies  chargés  de 
mettre  les  démons  en  fuite.  M,  Bonavia,  qui  naguère 
penchait  pour  voir  un  citron  dans  certaines  représenta- 
tions de  ce  fruit,  s'était  lui-même  rallié  récemment  à 
l'opinion  qu'on  se  trouvait  devant  une  pomme  de  pin. 
Il  ajoutait,  toutefois,  que,  dans  la  main  des  deux  génies, 
elle  remplissait  l'office  d'un  goupillon  pour  projeter  sur 
l'arbre  l'eau  lustrale  qu'ils  puisaient  dans  le  seau  ou  récep- 
tacle tenu  de  l'autre  main  (1).  Nous  assisterions  ainsi  à 
une  véritable  scène  d'exorcisme,  comme  on  en  décrit  dans 
les  textes  magiques  de  l'époque.  L'eau,  consacrée  par 
certaines  formules,  a  figuré  presque  partout  parmi  les 
éléments  employés  pour  meltre  en  fuite  les  méchants 
esprits,  et  la  légende  mésopolamienne  de  la  descente 
d'Istar  aux  enfers  nous  fait  connaître  la  croyance  à  une 
source,  dont  l'eau,  répandue  sur  les  défunts,  aurait  eu  le 
pouvoir  de  les  rappeler  à  l'existence.  Enfin,  M.  Bonavia 
peut  invoquer  ici  un  témoignage  qui,  s'il  était  bien  établi, 
serait  d'un  grand  poids  en  faveur  de  sa  thèse.  C'est  l'asser- 
tion d'un  Oriental,  reproduite  par  un  assyriologue  des  plus 
avantageusement  connus,  M.  W.  S'-Chad.  Boscawen,  sui- 
vant laquelle  il  existerait  encore  aujourd'hui  en  Orient 
certaines  sectes  qui  se  serviraient,  pour  leurs  aspersions 
sacrées,  d'une  pomme  de  pin  et  d'un  seau  analogues  aux 
modèles  fournis  par  les  bas-reliefs  assyriens  (2). 


(1)  Babylonian  and  Oriental  Record,  t.  IV,  p.  9i. 

(2)  Ibid.,  l.  IV,  n'i,  p.  96. 


(  365  ) 

Ici  inlervienl  M.  Edw.  Tylor  pour  soutenir  que  l'objet 
conique  n'est  pas  à  proprement  parler  un  fruit,  mais 
bien  l'inflorescence  du  palmier  mâle,  et  que  la  scène  où 
il  ligure  est  tout  simplement  la  IVuclification  du  palmier 
femelle. 

A  cet  effet,  il  commence  par  établir  que  les  Babyloniens 
connaissaient  la  sexualité  des  palmiers  et  même  le  pro- 
cédé de  fructilicaiion  consistant  à  répandre  artificiellement 
sur  les  régimes  du  palmier  femelle  le  pollen  renfermé 
dans  les  inflorescences  du  palmier  mâle.  «  Les  pal- 
»  miers,  dit  Hérodote,  en  décrivant  la  Cbaldée,  abondent 
1»  dans  tout  le  pays  plat;  la  plupart  portent  un  fruit  qui 
»  fournit  à  la  fois  le  pain,  le  vin  et  le  miel.  Ils  sont  cul- 
»  livés  comme  le  figuier,  notamment  en  ceci  :  Les  indi- 
»  gènes  attachent  le  fruit  du  palmier  mâle,  comme  disent 
»  les  Grecs,  aux  branches  du  dattier  femelle,  afin  que  le 
5  cynips  entre  dans  les  dattes,  les  mûrisse  et  les  empêche 
»  de  tomber  (1).  »  —  a  Quand  le  mâle  fleurit,  dit  de  son  côté 
»  Théophraste,  on  coupe  le  spalhe  sur  lequel  se  dresse 
i>  l'inflorescence,  puis  on  secoue  la  fleur,  ainsi  que  le 
i>  pollen,  sur  le  fruit  du  palmier  femelle.  (2)  » 

Après  avoir  reproduit  ces  textes  et  d'autres  encore 
empruntés  à  des  auteurs  subséquents,  M.  Tylor  fait  ressor- 
tir, par  des  copies  prises  sur  nature,  —  et  c'est  là,  à  mon 


(t)  tJisf.y  lib.  I,  CXCIII.  —  Ilcrodotc  se  tromj)e  en  ce  qu'il  attri- 
bue le  transport  du  pollen  à  l'aetion  d'un  insecte,  comme  c'est  parfois 
le  cas  dans  la  capriflcation  du  figuier,  mais  cette  méprise  ne  porte 
pas  sur  le  procédé  lui-même. 

(2)   IJist.  plant.,  II,  c.  2,  6j  c.  7,  4. 


(  ô(ii  ) 

avis.  raiguiiuMU  lo  plus  décisif  on  tavoiir  de  sa  ihèse  — 
que  les  inflorescences  iln  palmier  mâle  sont  idenliques  au 
cône  rélicnlé  des  monnnienls  assvriens. 


Fie.  "i.  Bas-roliof  assvrien. 


FiG.  3.  hifloresoeuce  du  pjilmier  iiuUe. 
iTvLOR.  Wiiigtd  Figures  of  Assyrian  Monuments.] 


Appliquant  ces  données  à  rinterprétalion  des  monu- 
ments tigurés,  il  y  montre  les  ijénies  tantôt  approchant  du 


(  5(i:j  ) 

palmier  femelle  l'inflorescence  du  palmier  mâle  qu'ils  ont 
tirée  du  panier  ou  réceptacle  représenté  dans  l'autre  main, 
tantôt  même  [)longeaiil  la  fleur  dans  la  couronne  ou  dans 
le  régime  du  palmier  (luelle  est  destiné*'  à  léconder  (fig.  \). 
Enfin,  comme  représentation  complète  de  celte  scène, 
désormais  passée  à  l'état  de  mythe,  il  reproduit,  d'après 
l'atlas  de  Layard,  un  has-relief  de  Nimroud,  où,  en  avant 
des  deux  génies  qui  s'aj)proclienl  du  palmier,  l'inflorescence 
à  la  main,  on  découvre  deux  personnages  agenouillés  dans 
l'altitude  de  l'in vocation,  tenant  en  main  l'extrémité  d'un 
ruban  ondulé  qui  descend  du  disque  orniihomorphe  placé 
au-dessus  de  l'arhre. 


Fig.  i.  Bas-relief  as^yrien. 
(Layakd.  Munuiiieiits  of  Sineieh,  pi.  VI.; 


On  a  généralement  regardé  ces  personnages  comme  des 
orants  et  les  deux  rubans  comme  un  symbole  du  lien  qui 
les  met  en  communication  avec  leur  dieu.  M.  Tylor  y  voit 
des  cordes  par  lesquelles  des  divinités  dirigent  ou  main- 
tiennent le  globe  solaire  au-dessus  du  palmier,  afin  d'activer 
la  maturation  des  dattes,  alors  que  les  deux  génies  figurés 
à  l'arrière-plan  se  préparent  à  remplir  leur  mission  fécon- 
datrice. 


(  366  ) 

Ainsi  la  représentation  de  l'arbre  sacré,  dans  laquelle  on 
a  si  souvent  voulu  trouver  un  profond  et  mystérieux  sym- 
bolisme, n'aurait  que  la  portée  pratique  d'une  scène 
empruntée  à  la  vie  agricole.  Quant  à  la  nature  des  person- 
nages qui  jouent  un  rôle  dans  cette  scène,  on  plutôt  en  ce 
qui  concerne  l'attribution  à  des  dieux  d'une  opération 
généralement  accomplie  par  la  main  de  l'homme,  ce  serait 
simplement  une  preuve  de  l'importance  que  les  Mésopo- 
lamiens  attachaient  à  la  culture  de  leur  palmier  et  à  la 
fécondation  de  ses  fruits,  —  tout  au  plus  un  mythe  histo- 
rique, reportant  à  des  dieux  l'invention  d'un  des  procédés 
qui  ont  le  plus  contribué  à  assurer  le  développement  de  la 
prospérité  chaldéenne.  —  N'est-ce  pas  ce  que  semble  indi- 
quer la  présence  de  l'inflorescence  dans  la  main  d'un  per- 
sonnage revêtu  d'une  peau  de  poisson,  dans  lequel  on 
s'accorde  à  reconnaître  Oannes  ou  Ea,  le  dieu  amphibie  qui 
passe  pour  avoir  enseigné  aux  Clialdéens  l'agriculture,  les 
lettres,  les  aris  et  les  autres  éléments  de  la  civilisation  (1  )  ? 

J'estime  que  M.  Tylor  a  parfaitement  saisi  la  signifi- 
cation primitive  du  thème  commenté  dans  son  mémoire. 
Mais  il  ne  faut  pas  méconnnaître  que  ce  thème  avait  reçu 
chez  les  Assyriens  un  sens  éminemment  symbolique.  Nous 
en  avons  la  preuve  dans  la  place  qui  lui  est  attribuée  sur 
les  monuments,  dans  la  fréquence  de  sa  reproduction, 
dans  les  attributs  surhumains  des  personnages  qui  y  inter- 
viennent. Or,  le  propre  d'un  symbole,  c'est  précisément 
d'emprunter  à  la  vie  ordinaire  un  objet  matériel  ou  un  acte 
aisément  représentable  pour  lui  faire  figurer,  par  analogie 


(l)  Bérose,  frag.  I,  §  5. 


(  5(i7  ) 

011  par  convenlion,  une  idée  abstraite,  ou  du  moins  ud  fait 
qui  par  lui-même  échappe  à  loule  lenlalive  de  représon- 
lalion  ligurée.  Ici,  le  l'ail  concret,  c'est  la  lécondalion  arti- 
ficielle du  |)almier;  tel  est  le  point  de  départ  que,  à  mon 
avis,  les  recherches  de  M.  Tylor  ont  mis  désormais  en 
pleine  lumière.  Mais  reste  à  savoir  quel  est  le  fait  abstrait 
dont  ce  procédé  a  fourni  le  symbole? 

M.  Tylor  lui-même  suggère,  à  litre  d'hypothèse,  que  les 
génies  affrontés  pourraient  représenter  soit  les  venls  fer- 
lilisaleurs,  soit  les  divinités  dont  l'induence  fertilisante 
était  tupi/iée  par  la  fécondation  artificielle  des  palmiers. 
Cette  dernière  opération  serait  donc  devenue  le  symbole 
de  la  fécondation  naturelle,  ou  plutôt  de  la  fécondation 
opérée  par  ce  que  nous  appelons  des  agents  naturels  et 
ce  que  les  Mésopotamiens  regardaient  comme  des  person- 
nifications divines  des  forces  de  la  nature. 

Ne  pouvons-nous  aller  même  plus  loin  et  nous  demander 
si  ce  procédé  n'aurait  pas  fourni  un  symbole  de  la  fécon- 
dation en  général,  —  une  représentation  symbolique  de 
l'opération  mystérieuse  partout  accomplie,  sous  les  formes 
les  plus  diverses,  par  les  forces  fécondantes  disséminées 
dans  la  nature  entière? 

La  culture  du  dattier  est  loin  d'offrir  pour  la  monta- 
gneuse Assyrie  l'importance  vitale  qu'elle  revêt  pour  la 
basse  Chaldée;  le  palmier  y  pousse,  mais  il  n'y  porte  que 
des  fruits  insignifiants.  Cependant  c'est  en  Assyrie,  à  Nim- 
roud  et  à  Khorsabad,  que  se  rencontre  presque  exclusive- 
ment la  scène  des  génies  ailés  fertilisant  l'arbre  sacré. 
Suivant  M.  Ch.  S'-Chad.  Boscavven,  ces  représentations 
ne  remontent  pas  au  delà  du  IX*  siècle  avant  notre  ère; 
elles  sont,   à   peu  d'exceptions  près,  l'œuvre  d'artistes 


(  5G8  ) 

assyriens  et  non  babyloniens(l).  Il  faut  donc  que  les  Assy- 
riens y  aient  attaché  une  signification  cachée,  quelque 
chose  d'au  Ire  et  de  plus  que  la  simple  fécondation  du 
palmier. 

D'autre  part,  il  s'en  faut  que  l'arbre  ainsi  figuré  soit 
toujours  un  palmier.  La  même  mise  en  scène  s'appllcjuc, 
comme  j'ai  eu  l'occasion  do  le  montrer  précédemment,  à 
des  grenadiers  et  à  des  conifères  (jui  cependant  ne  com- 
portent pas  ce  mode  de  fécondation,  —  voire  à  des  arbres 
conventionnels  où  un  tronc  de  palmier  sert  de  support  à 
une  plante  grimpante  (2).  —  Ces  variations  dans  le  choix 
de  l'arbre  ne  peuvent  s'expliquer  que  s'il  s'agit  de  rendre 
l'idée  de  fécondation  en  général,  et  non  plus- exclusivement 
de  représenter  la  fécondation  arlilicielle  d'une  espèce  par- 
ticulière. 

A  plus  forte  raison  celte  extension  du  symbole  résulle- 
t-elledes  monuments  oîi  l'on  voit  ces  génies  approcher 
l'inflorescence,  non  plus  d'un  palmier  ou  même  d'un  arbre 
quelconque,  mais  du  visage  d'un  roi  ou  de  quelque  haut 
personnage.  Il  faut  admettre  qu'ici  l'objet  en  question  a 
une  valeur  vivificatriceou  du  moins  prophylactique,  comme 
celle  que  les  textes  attribuent  à  la  pomme  du  cèdre  (5). 


(1)  Bubylonian  and  Oriental  Record,  t.  IV,  n"  i,  p.  05.  —  Cepen- 
dant on  possède  an  Musée  dn  Louvre  un  exemplaire  trouvé  dans  le 
palais  d'Assonr-Nazirpal  el  qui  par  conséquent  remonte  pour  le 
moins  au  \'  siècle. 

(2)  Voir  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  t.  XIX,  3«  série, 
fig.  o  c. 

(5)  «  Prends  le  fruit  du  cèdre,  —  dit  l'un  des  textes  sur  lesquels 
s'appuyait  François  Lenormant  pour  soutenir  sa  thèse  sur  la  nature 
du  fruit  figuré  dans  la  main  des  génies,  —  et  présente-le  à  la   face 


(  5()9  ) 
Sur  une  arcliivolle  de  Kliorsabud,  on  voit  deux  génies 
ailés  qui  présenlenl  l'inflorescence  à  une  rosace. 


FiG.  5.  Bas-reliff  de  Kllo^^al)a(i. 
(V.  I>i,ACK.  Miiiioiul  cl  fAssyne,  t.  III.  pi.  i",,) 

Suivant  le  savant  professeur  d'Oxford,  cette  rosace  ne 
serait  autre  qu'une  couronne  de  palmier  «  vue  d'au-dessus 
ou  d'en  dessous  »  (1). 

Mais  les  analogies  de  l'art  font  de  la  rosace  —  qu'elle 
soit  empruntée  au  lotus  ou  à  toute  autre  fleur—  un  symbole 
essentiellement  solaire,  et  les  génies  qui  s'en  approchent 
ne  peuvent  avoir  ici  pour  mission,  —  si  celte  scène  a  une 
valeur  symbolique  — ,que  de  ranimer  les  forces  du  soleil, 
de  féconder  la  matrice  d'où  il  s'élance  à  chaque  naissance 
nouvelle,  ou  peut-être  de  lui  emprunter  ses  eflluves  vivi- 
ficateurs  pour  en  charger  leur  engin  végétal.  Il  faut 
remarquer  qu'ils  tiennent  l'objet  conique  de  la  même  façon 
que  les  dieux  de  l'Egypte  manient  parfois  la  clef  de  vie. 


»   du  malade:  h  cèdre   est   l'arbre  qui    donne   le    cliarme   pur  et 
«    repousse  les  démons  ennemis  tendeurs  de  pièges.  .  {Origines  di- 
l'hisloirc.  Paris,  1880,  pp.  83-84). 
(i)    Winyed  l'iyures,  etc.,  p.  10, 


(  370  ) 

En  résumé,  les  Assyriens  semblent  avoir  puisé  dans  les 
relations  sexuelles  des  végétaux  ou,  à  proprement  parler, 
du  palmier,  le  même  symbolisme  relatif  au  renouvellement 
ou  à  la  communication  de  la  vie,  que  d'autres  peuples  ont 
emprunté  aux  relations  sexuelles  de  l'humanité.  Il  est, 
d'ailleurs,  facile  à  comprendre  que  l'inflorescence  du  pal- 
mier mâle  ait  rempli  l'office  symbolique  ailleurs  échu  au 
phallus,  comme  emblème  par  excellence  de  la  force  fécon- 
dante. Quant  au  palmier  femelle,  il  est  devenu  le  symbole 
de  la  nature  génératrice  ou,  pour  mieux  dire,  de  la  matrice 
universelle,  que  personnifie  si  clairement,  chez  les  Mésopo- 
tamiens,  la  grande  déesse  astrale  ou  terrestre  connue  sous 
le  nom  d'islar,  de  Mylitta,  d'Anat,  etc.  Ainsi  s'explique  à 
la  fois  la  représentation  de  cette  déesse  par  des  arbres 
réels  ou  conventionnels,  prototypes  ou  équivalents  des 
ashérahs  cananéens,  —  l'appellation  de  «  déesse  de 
l'arbre  de  vie  »,  que  décernent  à  la  «  déesse  de  l'Éden  » 
certains  textes  cunéiformes  (1)  — ;  enfin,  la  scène  si  fré- 
quente du  disque  ailé  planant  au-dessus  de  l'arbre  sacré, 
pour  symboliser,  comme  l'avait  deviné  François  Lenor- 
manl,  l'union  d'Ashour  et  de  sa  parèdre,  du  ciel  fécondant 
et  de  la  terre  mère  (2). 

Il  est  à  remarquer  que  le  sens  originaire  du  thème 
ne  paraît  pas  avoir  passé  chez  les  peuples  voisins,  notam- 
ment chez  les  Phéniciens  et  chez  les  Perses,  qui  adop- 
tèrent, dans  leurs  représentations  figurées,  le  type  assy- 
rien de  l'arbre  sacré  entre  deux  personnages  ou  deux 
monstres  affrontés.  D'une  part,  l'arbre  y  perd  de  plus  en 

{i)  A.  H.  Saya.  Religion  of  the  ancicnt  Babylonians.  Londres, 
1887,  p.  240. 

(2)  Origines  de  l'histoire,  t.  I,  p.  88. 


(  ^'71  } 
plus  les  formes  du  palmier  pour  consliliier  un  tnlrclaco- 
menl  de  rameaux  et  de  spires  qu'il  devient  impossible  de 
rallacher  à  une  espèce  déterminée.  D'autre  part,  le  cône;  a 
disparu  dans  la  main  des  deux  acolytes;  ceux-ci  ont  plutôt 
l'air  de  s'approcher  de  l'arbre  pour  y  cueillir  un  fruit  ou  une 
fleur.  Tantôt,  comme  dans  les  bas-reliefs  de  Persépolis, 
ce  sont  des  animaux  monstrueux  qui  portent  la  patte  sur 
l'extrémité  d'une  branche;  tantôt,  ce  sont  des  prêtres  ou 
des  génies  qui  font  mine  de  cueillir  un  fruit  ou  une  fleur, 
comme  sur  la  coupe  phénicienne  dont  j'ai  déjà  reproduit 
la  gravure  significative  (pi.,  fig.  a). 

Il  semble,  dans  ce  cas,  que  le  thème  assyrien,  dépouillé 
de  sa  signification  première,  symbolise,  non  plus  la  fécon- 
dation de  la  nature,  mais  quelque  mythe  roulant  sur  la 
cueillette  des  produits  de  l'arbre  sacré.  Or,  nous  savons 
précisément  que  des  mythes  de  ce  genre  existaient,  d'une 
part,  chez  les  Indo-Iraniens,  dans  les  légendes  relatives  au 
soma-haoma,  dont  le  suc  procurait  l'immortalité;  d'autre 
part,  chez  les  populations  palestiniennes,  comme  en 
témoigne  la  tradition  de  l'arbre  de  vie  relatée  dans  la 
Genèse.  Nous  aurions  donc  là  un  exemple  de  la  facilité 
avec  laquelle  un  symbole  change  de  signification  en  chan- 
geant de  patrie. 

Je  dois,  du  reste,  ajouter  que  le  prototype  des  animaux 
monstrueux,  spoliateurs  ou  gardiens  de  l'arbre  sacré,  se 
rencontre  déjà,  en  Assyrie,  sur  des  cylindres  et  même  dans 
des  bas-reliefs.  Layard  reproduit  notamment  un  cylinrlre 
où  l'on  voit  les  deux  génies,  l'objet  conique  à  la  main, 
montés  sur  des  sphynx  (jui  portent  la  patte  sur  une  des 
branches  inférieures  et  avancent  la  tête  comme  pour 
mordre  dans  une  des  grenades  figurées  au  bout  des 
blanches  (pi.  n"  1).  Il  est  donc  possible  que  les  deux  appli- 


^  372  ) 

cations  du  symbole  aient  coexisté  chez  les  Assyriens,  alors 
que  leurs  voisins  l'auraient  employé  exclusivement  à  iUiis- 
Irer  leur  mythe  relatif  au  rapt  des  fruits  de  l'arbre  de  vie. 
J'ai  montré,  dans  la  planche  annexée  à  mon  mémoire, 
la  reproduction  de  l'arbre  sacré  entre  ses  deux  monstres 
affrontés  se  propageant  à  travers  la  Perse,  la  Phénicie,  la 
Grèce,  jusque  dans  l'Europe  du  moyen  âge.  Je  demanderai 
de  pouvoir  ajouter  à  la  présente  note  une  autre  planche  où 
seront  exposées  les  migrations  de  ce  qu'on  peut  appeler  le 
second  type  de  ce  symbole,  c'est-à-dire  l'arbre  entre  deux 
personnages  humains.  D'Assyrie,  nous  voyons,  en  effet,  ce 
thème  passer  dans  l'art  babylonien,  puis  dans  l'art  hindou, 
chinois  et  japonais,  gagner  de  l'Inde  l'a'rchipel  de  la 
Sonde, enlin  atteindre  peut-être  le  Nouveau-Monde,  parmi 
les  symboles  de  l'ancien  Mexique.  —  Il  va  sans  dire  que, 
pas  plus  dans  ses  migrations  vers  l'Orient  que  vers  l'Occi- 
dent, il  n'a  intégralement  conservé  son  sens  primitif;  mais 
j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  vous  montrer,  dans  l'étude  de 
nombreux  symboles,  comment  les  formes  symboliques 
peuvent  se  propager  bien  au  delà  des  mythes  qu'elles  ont 
pour  mission  de  représenter. 

L'arbre  qui  porte  sur  les  monnaies  de  Myra  en  Lyeie 
l'image  d'une  déesse  placée  à  la  bifurcation  des  branches, 
entre  deux  bûcherons,  la  hache  levée  (pi.  3)  (1),  peut  être 
envisagé  comme  représentant  une  conception  analogue  à 
Vasherah,  surtout  si  celle  divinité  est  Myrrha  qui,  enceinte 
d'Adonis  et  transforn»ée  en  arbre,  fut  délivrée,  suivant  une 
version  rapportée  par  Hygin,  par  un  coup  de  hache.  —  De 
même,  l'arbre  entouré  du  dragon  qui,  sur  un  vase  grec, 

(1)  Barclay  V.  Head.  Historia  Ntimorum.  Oxford,  1887,  p.  578, 
fig.  519. 


/f 


Fir..  II.  IMiénicic. 


Fie.  b.  Grèce. 


-^-1    V 


î'^i 


i.ï-5 


C^t,LJ''^i# 


i*:J 


Fie.  i;.  l*erse. 


FiG.  d.  Perse. 


Fie.  t    Lycie. 


Fie.  i   Chiildéc. 


Fie.  k.  Amérique. 


(  373  ) 
nous  appai ail  entre  deux  Hespérides  cueillant  les  ponnnes 
d'or  pour  le  compte  d'Hercule  (pi.,  fig.  ^)(1),  peut  encore  se 
rattacher,  malgré  les  libertés  que  l'art  grec  a  prises  avec  le 
thème  traditionnel,  aux  représentations  (igurées  du  mythe 
oriental  relatif  à  l'arbre  cosmogonique  ou  à  l'arbre  de  vie. 
Mais  la  signilication  primitive  de  l'image  n'a  plus  rien  de 
commun  avec  sa  reproduction,  quand,  nous  dirigeant  vers 
l'est,  nous  voyons  l'arbre  sacré  devenir  chez  les  Perses  un 
pyrée  entre  deux  orants  ou  deux  prêtres  (pi.,  (ig.  d  et  e)  (2), 
chez  les  Hindous  le  support  de  la  déesse  Parbati  entre 
deux  éléphants  (3),  voire  de  Krishna  entre  deux  gopi'es  [A], 
chez  les  Bouddhistes  le  support  du  Bouddha  entre  deux 
ÎNagas  à  forme  humaine  (pi.,  fig.  g)  (5),  chez  les  Javanais 
l'arbre  Bô  lui-même  (pi.,  lig  h  et  i)  (6),  enfin  —  qu'on  me 
pardonne,  par  égard  pour  la  ressemblance  des  figures,  la 
témérité  de  l'assertion  —  dans  l'Amérique  précolombienne, 
le  perchoir  du  dieu-perroquel  ou  de  quelque  autre  oiseau 
sacré  (pi.,  fig.  k)  (7). 

Cependant  l'identité  du  modèle  n'en  reste  pas  moins 
établie,  dans  la  plupart  des  cas,  non  seulement  par 
l'ensemble  de  la  combinaison  —  ce  qu'on  peut  appeler  un 
air  de  famille  —  mais  encore  par  la  similitude  de  certains 
détails  qui  sont  comme  les  signes  particuliers  de  son  passe- 


(t)  Guir.NAUT.  ndir/ioiis  de  l'aiitiijuilc^  t.  IV,  pi.  CI^XXXI,  fig.  GGb. 

(2)  GiiGNALT.  Milhra,  pi.  XLIV  c,  fig.  2. 

(5)   RIooR.  Ilindu  Panthéon,  pi.  XXX. 

(4-)  Glignalt.  Religions  de  l'antiquité,  t.  IV,  pi.  XII,  n»  70. 

(b)   BuKGESS  cl  l'iiRGL'ssoiN.  Cave  Tetnplcs  of  India,  pi.  X,  fig.  35. 

(G)  MiLLiES.  Monnaies  de  l'Archipel  Indien,  pi.  VI,  fig.  50  cl  IX, 
f.g.  67. 

(7)  Cykls  Thomas.  Gravure  d'un  manuscrit  maya.  Publicalions  of 
the  Bureau  of  Ethnography.  Washinglon,  1882,  t.  III,  p.  52. 


(  574  ) 

port.  Telle  esl,  par  exemple,  la  présence  d'une  paire  de 
volutes  entre  lesquelles  se  dresse  le  tronc  ou  qui  le  coupent 
à  nii-hauteur.  On  a  pu  constater  la  reproduction  de  ce  motif 
dans  les  exemplaires  d'arbre  sacré  entre  deux  monstres 
que  j'ai  précédemment  signalés  dans  la  symbolique  respec- 
tive de  la  Mésopotamie,  de  la  Perse,  de  la  Phénicie,  de  la 
Grèce,  du  moyen  âge  chrétien,  etc.  {Bîtll.  de  l'Acacl., 
t.  XIX,  3'^  série,  tig.  4,  6,  7,  8,  9,  11  et  13  de  la  planche). 
—  On  le  retrouvera  également  parmi  les  (igures  de  la 
planche  ci-jointe,  où  il  affecte  tantôt  la  forme  de  deux 
pétales  ou  de  deux  cornes  évasées  (fig.  a,  d  et  k),  tantôt  de 
deux  branches  recourbées  (fig.  h  elj),  tantôt  enfin  de  deux 
serpents  s'élançant  de  l'arbre  comme  pour' en  défendre 
l'approche  aux  deux  assaillants  affrontés  (pi.,  fig.  c)  (1). 

Un  détail  moins  fréquent,  mais  qui  peut  cependant  aider 
à  constater  une  transmission  de  types,  sinon  de  mythes, 
c'est  la  présence  dans  la  scène  d'un  ou  de  deux  serpents 
(fig.  b,  c,  g  et  j).  —  Enfin,  nous  pouvons  encore  regarder 
comme  une  caractéristique  de  notre  symbole  la  symétrie 
qui,  là  où  le  thème  n'est  pas  encore  altéré,  s'observe  tant 
dans  la  disposition  des  branches  aux  deux  côtés  de  l'arbre 
que  dans  la  physionomie  et  même  l'altitude  des  deux  aco- 
lytes (fig.  a,  c,  rf,  g,  h,  i,j\  k).  Cette  disposition  est  peut- 
être  plus  sensible  encore  dans  les  exemplaires  de  l'arbre 
entre  deux  monstres  affrontés. 


(i)  L'appendice  en  question  manque  à  l'arbre  qui  sert  de  support 
au  Bouddha  dans  les  sculptures  de  Kanerki,  et  que  j'ai  reproduit  ici, 
ainsi  que  sur  les  exemplaires  japonais  du  même  thème  qui  se  trou- 
vent au  musée  Guimet.  Mais  il  se  révèle  de  la  façon  la  plus  incon- 
testable dans  un  sujet  identique  qui  se  rencontre  à  la  grotte  de  Karly 
et  qu'on  trouvera  reproduit  dans  Moor,  Hindn  Pant/ieon,  pi.  LXXil. 


(  37S  ) 


La  Conférence  de  Bruxelles  son  origine  et  ses  Actes;  par 
Ë.  Banning,  correspondant  de  l'Académie. 

M.  le  Minisire  des  Affaires  Étrangères  m'a  confié  la 
mission  de  présenter,  au  nom  du  Gouvernement,  à  la 
Classe  des  lettres  de  l'Académie,  les  Actes  de  la  Confé- 
rence qui  a  siégé  à  Bruxelles  du  18  novembre  1889  au 
2  juillet  1890.  Peut-être  ne  sera-t-il  pas  sans  intérêt  de 
déterminer  brièvement  la  nature  et  l'objet  de  ces  docu- 
ments. Quelque  pressantes  que  soient  les  questions  poli- 
tiques qui  se  débattent  autour  du  terrain  où  la  Conférence 
a  dû  se  placer,  les  idées  morales,  supérieures  aux  préoc- 
cupations du  jour  comme  aux  compétitions  nationales, 
dominent  de  si  haut  son  œuvre,  qu'elle  intéresse  au  même 
degré  l'homme  d'étude  et  l'homme  public. 

La  traite  africaine  est  chez  les  nations  de  l'Occident  une 
institution  des  temps  modernes.  A  une  époque  de  rénova- 
tion féconde,  elle  apparaît  comme  une  tache  sombre  dans 
un  tableau  d'ailleurs  plein  de  grandeur.  Le  mal  semé  dans 
les  ténèbres  prit  une  rapide  extension;  personne  n'a  écrit 
ni  n'écrira  l'histoire  de  ce  qu'il  a  engendré  de  malheurs, 
de  ruines  et  de  crimes.  Le  XV1%  le  XVI1%  le  XVIll"  siècle 
même  nous  étonnent  aujourd'hui  jusqu'au  scandale  par 
l'indiirérence  inexplicable  des  meilleurs  esprits,  par  l'apa- 
thie de  la  conscience  générale  devant  cet  énorme  forfait. 
A  peine,  de  loin  en  loin,  un  cri  de  réprobation  se  fait-il 
entendre  au  nom  de  la  science  ou  de  la  religion.  Jusqu'en 
1743,  les  traités  (ïasienlo  se  renouvellent  périodiquement 
entre  les  Puissances  les  plus  civilisées  de  l'Europe,  et 
reproduisent  les  clauses  cyniques  qui  font  des  Gouverne- 
ments les  associés  bénéficiaires  des  négriers,  sans  que 


(376  ) 

l'opinion  s'émeuve,  sans  l'ombre  d'un  scrupule  ni  d'un 
remords. 

Ce  n'est  que  vers  la  seconde  moitié  du  siècle  dernier 
qu'un  sentiment  nouveau  commence  à  se  faire  jour.  Une 
page  sarcaslique  de  Montesquieu  en  reste  une  expression 
célèbre  (1).  Il  faut  descendre  toutefois  jusqu'en  1787,  trois 
ans  après  la  publication  de  l'émouvant  écrit  de  Ramsay, 
pour  que  la  protestation  prenne  corps  par  la  fondation  à 
Londres,  sous  la  direction  de  Th.  Clarkson,  de  VAntî-Sla- 
venj  Socîely.  Dès  l'année  suivante,  {'Association  africaine, 
constituée  dans  la  même  ville,  inaugure  à  côté  d'elle  l'ère 
des  grandes  explorations  géographiques  qui,  en  révélant 
pas  à  pas  les  secrets  d'un  continent  ignoré,  ont  fini  par 
permettre  d'attaquer  la  traite  à  son  foyer. 

La  Révolution  française,  dans  une  heure  d'enthousiasme, 
abolit  l'esclavage,  mais  sans  toucher  au  trafic  qui  l'ali- 
mente; le  décret  voté  par  la  Convention  le  4  février  1794 
n'eut  d'ailleurs  qu'une  durée  éphémère.  C'est  à  l'Angle- 
terre qu'appartient  la  grande  initiative  sur  ce  terrain. 
En  4807,  elle  proscrivit  la  traite.  Ce  ne  fut  qu'après 
vingt  ans  de  lutte,  après  sept  défaites,  que  les  promoteurs 
et  défenseurs  de  cette  mémorable  mesure,  Wilberforce, 
W.  Pitt,  W.  Smith,  Granville,  Fox,  Burke,  Romilly  et  bien 
d'autres  triomphèrent  enfin  des  dernières  résistances.  Le 
Congrès  de  Vienne  et  celui  de  Vérone  donnèrent  la  sanc- 
tion de  l'Europe  à  cet  acte  décisif  et  posèrent  les  bases  de 
son  application  universelle.  En  1826,  après  la  renoncia- 
tion du  Portugal  et  l'accession  du  Brésil,  aucune  nation 
chrétienne  ne  tolérait  plus  la  traite  à  titre  légal. 

Le   mouvement  à  partir  de  cette  époque    prend   une 


(1)  Esprit  des  lois,  livre  XV,  chapitre  5. 


I 


(  377  ) 
double  direction  :  d'une  pari,  par  l'action  persistante  du 
Gouvernement  britannique,  s'organise  de  proche  en  proche 
la  surveillance  des  côtes  d'Afrique  dans  le  but  d'inter- 
cepter la  marchandise  humaine;  d'autre  part,  un  courant 
puissant  d'idées  se  forme  pour  revendiquer  la  liberté  de 
l'esclave  et  pousse  à  la  suppression  de  la  traite  par  la 
clôture  des  marchés  qu'elle  approvisionne.  Le  problème  de 
l'abolition  de  l'esclavage  dans  les  colonies  s'impose  bientôt 
à  l'attention  publique.  Ici  encore,  l'honneur  d'avoir  tracé 
la  voie  appartient  à  l'Angleterre.  L'Acte,  justement  célèbre 
du  28  août  J833,  supprima  l'esclavage  dans  les  colonies 
anglaises  et  rendit  la  liberté  à  780,000  esclaves.  Une 
somme  de  vingt  millions  de  livres  sterling  fut  la  rançon  et 
l'expiation  du  passé. 

En  J8-i8,  la  France  suivit  ce  glorieux  exemple.  A  tra- 
vers des  crises  terribles,  au  milieu  de  commotions  dont  le 
souvenir  est  présent  à  toutes  les  mémoires,  l'idée  libéra- 
trice ûl  désormais  son  tour  du  monde.  Il  y  a  trois  ans,  elle 
accomplit  au  Brésil  sa  dernière  étape  sur  le  sol  chrétien. 
Les  États  de  l'Orient,  sous  l'empire  de  la  loi  musul- 
mane, conservent  seuls  aujourd'hui,  parmi    les  nations 
policées,  une  forme  mitigée  de  servitude  domestique.  Mais 
l'Afrique,  mère  et  patrie  des  millions  d'esclaves  emportés 
sous  tous  les  climats,  restait  immobile  dans  sa  barbarie 
native,  livrée  à  tous  les  excès,  souillée  de  tous  les  vices 
contractés  au  cours  de  trois  siècles  de  razzias  et  de  guerres 
intestines  au  profit  de  la  traite  coloniale. 
^  Ce  fut  la  conséquence  de  cette  magnilique  campagne 
d'exploration  dont  je  signalais  tantôt  le  début  et  qui  a 
compté  dans  ce  siècle  tant  de  héros  et  de  martyrs,  de  faire 
connaître  à  l'Europe,  avec  la  nature  et  la  conformation  du 
continent  africain,  l'état  moral  et  social  des  peuples  qui 

O"*   SÉRIE,    TOME    XX.  2o 


(  578  ) 
l'habitenl.   On   avait  pu  croire  que   la  surveillance  des 
escadres,  en  purgeant  les  mers  des  bâtiments  négriers,  et 
surtout   la   clôture   des   marchés   américains   d'esclaves, 
auraient  réagi  dans  un  sens  pacificateur  sur  la  condition 
de  la  race  noire  aux  lieux  d'origine  et  frayé  les  voies  à 
son   entrée   dans    la   civilisation.    L'expérience    n'a  pas 
justifié  cet  espoir.  Un  fléau  aussi  invétéré  ne  pouvait  céder 
d'un  coup.  La  traite  refoulée  à  l'occident  prit  sa  direction      | 
vers  l'est  et  ses  ravages  ne  cessèrent  pas  d'ensanglanter 
des  régions  immenses,  d'y  anéantir  tout  germe  de  culture. 
Tandis  que  les  côtes  septentrionale  et  orientale  conti- 
nuaient,  sur  presque  toute  leur  étendue,  de  servir  de 
débouché  au  trafic  proscrit,  tout  le  centre  du  continent 
africain,  sur  une  superficie  excédant  celle  de  l'Europe, 
apparut  comme  un  immense  terrain  de  chasse  en  même 
temps  qu'un  marché  de  consommation  et  d'exportation 
de  la  denrée  humaine. 

C'est  dans  la  seconde  moitié  de  ce  siècle  que  les  infor- 
mations s'accumulèrent  à  cet  égard  avec  une  désolanie 
uniformité.  Les  grands  voyageurs  contemporains  qui  par- 
coururent en  tous  sens  l'Afrique  pendant  ces  cinquante 
dernières  années  se  trouvèrent  unanimes  pour  dénoncer 
l'énormilé  de  la  plaie  saignante  de  tout  un  peuple.   Les 
scènes  atroces  dont  ils  sont  à  chaque  pas   les  témoins 
impuissants,  leur  dictent  à  tous  des  tableaux  dont  rien 
n'égale  la  navrante  éloquence.  A  côté  d'eux,  le  Gouver- 
nement Britannique  entreprenait  alors  et  poursuivait  avec 
une  admirable  persévérance  ce  vaste  recueil  de  publica- 
tions oflicielles  sur  le  Slave  Irade,  dont  les  volumes  se 
comptent  par   centaine   et  où   vient  aboutir,  sur  cette 
matière,  sa  correspondance  avec  tous  ses  agents  en  contact 
avec  la  traite  ou  l'esclavage.  En  1876,  une  date  à  retenir, 
paraît  le  rapport  de  la  Commission  chargée  par  le  Cabinet 


(  ">71)  ) 
(le  Londres  (rexariiiiicr  la  question  des  esclaves  lugilils  ; 
c'était  alors  une  source  de  conflits  internationaux  et 
presque  un  péril  dans  les  rapports  des  chefs  d'escadre  avec 
les  goiivcrnemenls  des  contrées  où  l'esclavage  restait  une 
institution  légale.  L'eiiquèle  ouverte  à  celle  occasion  sur 
la  situation  intérieure  de  l'Afrique  conlirma  tous  les  récils 
des  voyageurs,  montra  les  dévastations  et  les  meurtres 
commis  par  les  chasseurs  d'esclaves,  comme  la  misère 
profonde  de  leurs  victimes  (I).  Avant  même  que  celle 
enquête  eût  abouti,  le  secrétaire  de  la  Société  anliescla- 
vagiste  de  Londres,  M.  J.  Cooper,  publiait  son  livre  ;  «  Le 
Conliiient  perdu,  »  où  il  résumait  l'ensemble  des  faits 
recueillis  à  celte  époque  au  sujet  de  la  traite  el  de  l'escla- 
vage, et  concluait  à  une  intervention  prochaine  des  Puis- 
sances eurojtéennes  (2).  Cinq  ans  auparavant,  un  écrivain 
français,  M.  Berlioux,  avait  rempli  avec  succès  la  même 
lâche  dans  son  remarquable  et  éloquent  ouvrage  sur  la 
traite  orientale  (3). 

Cependant  la  conscience  publique  restait  inerte.  Hors 
l'Angleterre,  et  là  même  dans  un  cercle  relativement 
restreint,  les  relations  des  voyageurs,  les  appels  des  mis- 
sionnaires, les  témoignages  recueillis  par  le  Gouverne- 
ment Britannique,  ne  troublaient  guère  la  masse  des 
esprits.  L'Afrique  restait  une  terre  inconnue  pour  la  plu- 
part d'entre  eux.  La  presse  ignorait  celle  rubrique.  Les 


(1)  Royal  Commission  on  fugitive  slaves.  Report  of  the  Commis- 
sioners.  Minutes  of  the  évidence,  etc.  London,  1876.  C,  1516  I. 

(2)  The  losl  Continent;  or  Slavery  and  the  slavc-lrade  in  Africa. 
London,  1875. 

(5)  La  traite  orientale.  Histoire  des  chasses  à  l'homme  uryanisées 
en  Afrique  depuis  quinze  ans  pour  les  marches  de  l'Orient.  Paris, 
1870. 


(  580  ) 
dénomina lions  ethnographiques  el  géographiques  d'un 
continent  si  près  de  nous  déconcertaient  par  leur  étran- 
geté;  c'était  un  thème  à  saillies  plus  ou  moins  spirituelles. 
Les  noms  des  plus  illustres  voyageurs,  des  Caillié,  des 
Barth,  des  Speke  et  Burton,  des  Livingstone,  des  Schwein- 
furlh,  des  Rohifs,  des  Duveyrier,  des  Nachtigal,  des  Came- 
ron,  n'arrivaient  guère  à  la  foule  et  leurs  travaux  n'inté- 
ressaient que  quelques  initiés.  Que  furent  les  rentrées  de 
Livingstone  en  Europe  comparées  au  récent  retour  triom- 
phal de  Stanley? 

C'est  l'initiative  du  Roi  des  Belges,  c'est  la  Conférence 
de  1876  —  il  doit  être  permis  de  constater  un  fait  géné- 
ralement reconnu  -^  qui  a  opéré  sous  Ce  rapport  une 
révolution.  La  question  africaine  a  été  mise  à  l'ordre  du 
jour  des  préoccupations  européennes  el  n'a  plus  cessé  d'y 
tenir  une  place  toujours  grandissante.  Elle  est  devenue 
l'un  des  facteurs  dominants  de  la  politique  contempo- 
raine. L'opinion  si  longtemps  indifférente  s'y  attache  avec 
passion,  et  l'étude,  sous  tous  ses  aspects,  en  devient  popu- 
laire. 

L'Association  internationale  africaine  s'était  placée  sur 
le  terrain  de  la  science  et  de  la  philanthropie  :  faciliter 
l'exploration  par  la  création  de  stations  hospitalières,  pré- 
parer la  civilisation  de  la  race  noire  par  l'extinction  de  la 
traite  el  de  l'esclavage  :  tel  fut  son  programme.  La  place 
prépondérante  que  tenait  celle  dernière  préoccupation 
dans  la  pensée  de  son  Fondateur,  apparaît  dans  un  dis- 
cours prononcé  le  6  novembre  4876.  «  L'esclavage  — 
ainsi  s'exprimait  le  Roi,  —  qui  se  maintient  encore  sur 
une  notable  partie  du  continent  africain,  constitue  une 
plaie  que  tous  les  amis  de  la  civilisation  doivent  désirer  de 
voir  disparaître.  Les  horreurs  de  cet  état  de  choses,  les 
milliers  de  victimes  que  la  traite  des  noirs  fait  massacrer 


(  "^81  ) 
chaque  année,  le  nombre  plus  grand  encore  des  êtres 
parlailemenl  innocents  (jui,  brutalement  réduits  en  raji- 
tivité,  sont  condamnés  en  masse  à  des  travaux  forcés  à 
perpétuité,  ont  vivement  émn  tous  ceux  qui  ont  quelque 
peu  approfondi  l'étude  de  cette  déplorable  situation,  d 

Dans  une  publication  qui  rendait  compte  à  ce  moment 
même  des  délibérations  de  la  Conférence  du  mois  de 
septembre  précédent,  cette  situation  était  explicitement 
définie  et  l'une  de  ces  conclusions  était  celle-ci  : 

ce  Si  pendant  quatre  siècles  les  connaissances  de  l'Eu- 
rope relativement  à  l'Afrique  et  à  la  condition  des  peuples 
qui  l'habitent  sont  demeurées  stationnaires,  la  cause  prin- 
cipale, sinon  unique,  en  est  l'existence  du  commerce  des 
esclaves.  La  traite  est  l'ennemie  et  l'écueil  de  tout  progrès; 
elle  se  maintient,  elle  s'étend  encore  de  nos  jours,  malgré 
la  proscription  solennelle  dont  l'ont  frappée,  à  diverses 
reprises,  toutes  les  nations  civilisées.  L'heure  est  venue 
de  donner  une  sanction  efficace  et  universelle  à  leurs 
déclarations  comme  à  leurs  engagements.  Tout  effort 
pour  civiliser  les  populations  de  l'Afrique  doit  avoir  pour 
objectif  immédiat  l'extinction  de  la  traite,  non  seulement 
dans  ses  manifestations  directes,  mais  aussi  dans  le  prin- 
cipe qui  l'alimente  et  qui  n'est  autre  que  l'institution  de 
l'esclavage  tant  dans  les  Étals  musulmans  de  l'Orient  que 
chez  hs  Africains  eux-mêmes  (1).  » 

C'est  au  moment  où  ce  plan  est  formulé  que  Stanley 
rentre  en  Europe  avec  la  solution  du  problème  du  Congo. 
Cet  événement,  dont  le  Roi  des  Belges  reconnut  d'emblée 
la  haute  portée,  fournit  aussitôt,  aux  idées  qui  avaient 
dirigé  la  Conférence  de  1876,  une  base  positive  d'applica- 

(1)  L'Afrique  et  la  Conférence  géographique  de  Bruxelles,  1877, 
première  édition,  p.  84. 


(  382  ) 

lion.  Le  Comité  d'éludés  du  Haul-Congo  fui  constitué 
(^5  novembre  1878)  :  après  six  ans  d'efforts,  il  avait 
couvert  de  stations  les  deux  rives  du  fleuve  géant  et 
créé  le  cadre  d'un  vaste  établissement  colonial  en  contact 
avec  l'un  des  principaux  foyers  de  la  traite.  Les  Puissances 
s'intéressèrent  à  cette  création  hardie;  elles  en  pressen- 
tirent dès  lors  les  hautes  conséquences  politiques.  La 
Conférence  de  Berlin  se  réunit,  el  en  consacrant  l'œuvre 
accomplie,  en  traçant  les  lois  de  son  développement  éco- 
nomique, elle  renouvela  la  proscription  de  la  traite  el 
proclama  l'obligation  étroite  d'y  mettre  nn  terme,  non 
seulement  sur  mer  par  l'action  des  croisières,  mais  aussi 
sur  terre,  par  l'extension  de  l'occupation  européenne. 
L'article  \X  de  l'Acte  général,  présage  et  programme 
d'une  ère  nouvelle,  s'exprimait  ainsi  : 

«  Conformément  aux  principes  du  droit  des  gens,  tels 
qu'ils  sont  reconnus  par  les  Puissances  signataires,  la 
traite  des  esclaves  étant  interdite,  et  les  opérations  qui, 
sur  terre  ou  sur  mer,  fournissent  des  esclaves  à  la  traite 
devant  être  également  considérées  comme  interdites,  les 
Puissances  qui  exercent  ou  qui  exerceront  des  droits  de 
souveraineté  ou  une  influence  dans  les  territoires  formant 
le  bassin  conventionnel  du  Congo,  déclarent  que  ces  terri- 
toires ne  pourront  servir  ni  de  marché  ni  de  voie  de  tran- 
sit pour  la  traite  des  esclaves,  de  quelque  race  que  ce  soit. 
Chacune  de  ces  Puissances  s'engage  à  employer  tous  les 
moyens  en  son  pouvoir  pour  mettre  fin  à  ce  commerce  et 
pour  punir  ceux  qui  s'en  occupent.  » 

C'est  le  26  février  1885  que  quatorze  Puissances  con- 
sacraient cet  engagement,  qui  acquérait  ainsi  une  portée 
universelle.  Mais  pour  le  remplir,  une  situation  nouvelle 
devait  se  produire  sur  le  théâtre  même  de  la  traite.  De 
puissants  intérêts  nationaux  vinrent  y  coopérer.  Un  mou- 


I 


(  383  ) 

vemonl  général,  inlonsc,  réiléclii,  enlraîne  loul  à  coup  oL 
siiniillaiiémenl  les  principales  nations  de  l'Europe  vers 
le  continent  mystérieux,  et  les  porte  à  s'en  distribuer  les 
gigantesques  provinces.  Le  partage  politique  de  l'Afrique 
s'accomplit  en  cinq  ans,  sans  guerre,  presque  sans  conJlil, 
par  une  entente  amiable  sur  les  bases  du  traité  de  Berlin. 
Les  sanglantes  luttes  coloniales  qui  avaient  arrêté  et 
retardé  de  deux  siècles  l'expansion  des  établissements 
créés  en  Amérique  et  en  Asie,  sont  conjurées,  étouffées 
dans  le  germe.  Le  terrain  désormais  est  préparé  :  les  obli- 
gations contractées  envers  les  races  indigènes  deviennent 
susceptibles  d'exécution.  Une  grande  force  morale  entre 
alors  en  scène  :  la  religion  vient  prêter  son  concours  à 
l'œuvre  de  la  politique. 

Les  missions  cbréliennes,  catholiques  et  protestantes, 
n'avaient  pas  laissé  de  diriger  depuis  des  siècles  vers 
l'Afrique  les  efforts  de  leur  zèle;  mais  l'étroilesse  des  res- 
sources, l'étendue  du  champ  d'action,  les  rigueurs  du 
climat,  les  hostilités  créées  et  entretenues  j)ar  la  traite, 
avaient  paralysé  les  plus  généreux  sacrifices.  L'heure  était 
venue  maintenant  où  de  plus  riches  moissons  s'annon- 
çaient, mais  c'était  à  la  condition  d'écarter  d'abord  le 
principal  obstacle  à  tout  progrès  :  la  traite  et  l'esclavage. 
La  Papauté  intervient  à  ce  moment.  Par  son  encyclique 
du  5  mai  1888,  aux  évêques  du  Brésil,  le  chef  de  l'Église 
catholique  se  prononce  avec  énergie  contre  le  trafic  de 
l'homme  et  réclame  sa  suppression  au  nom  du  dogme 
chrétien,  de  la  charité  humaine.  Ce  fut  le  signal  d'un 
grand  mouvement,  qui  allait  mettre  au  service  de  la 
rédemption  de  l'Afrique  les  ardeurs  du  prosélytisme  reli- 
gieux. Il  se  trouva  pour  remplir  cette  mission  un  homme 
doué  des  plus  nobles  qualités  de  l'apôtre.  Le  cardinal 
Lavigerie  commença  sa  prédication.  A  Paris,  à  Londres,  à 


(  584  ) 

Bruxelles,  à  Rome,  sa  parole  éloqiienle  et  palhélique 
remua  les  esprits,  suscita  de  généreux  dévouements.  Des 
centres  de  propagande  s'établirent  dans  la  plupart  des 
contrées  de  l'Europe;  les  Sociétés  anliesclavagistes  ces- 
sèrent d'être  une  institution  anglaise. 

Des  négociations  étaient  ouvertes  dès  lors  dans  le  même 
sens  entre  les  Cabinets  de  Berlin  et  de  Londres.  L'insur- 
rection arabe  à  la  côte  orientale  d'Afrique  avait  fait  recon- 
naître qu'une  action  décisive  contre  la  traite  s'imposait 
même  sur  le  terrain  politique.  Le  discours  prononcé  par 
l'Empereur  d'Allemagne  à  l'ouverture  de  la  session  de 
novembre  1888,  fut  une  expression  solennelle  de  cette 
pensée,  et  les  motions  d'adhésion  chaleiïreuse  et  pres- 
sante votées  au  Reichslag  allemand  (14  décembre  1888) 
comme  au  Parlement  britannique  (27  mars  1889),  mon- 
trèrent le  sentiment  public  préparé  à  seconder  les  projets 
des  Gouvernements.  Dès  le  17  septembre  1888,  le  premier 
Ministre  de  la  Grande-Bretagne  avait  résolu  de  provoquer 
une  intervention  collective  des  Puissances,  et  par  un  hom- 
mage qui  ne  saurait  être  apprécié  trop  haut,  c'est  à  la 
Belgique  qu'il  déférait  l'honneur  de  prendre  cette  grande 
initiative.  «  Le  changement,  disait-il,  qui  s'est  produit 
dans  la  condition  politique  du  littoral  africain,  commande 
aujourd'hui  une  action  commune  de  la  part  des  Puis- 
sances qui  ont  la  responsabilité  de  son  administration. 
Cette  action  tendrait  à  fermer  tous  les  marchés  étrangers 
d'esclaves  et  aurait  pour  effet  d'arrêter  les  chasses  à  l'inté- 
rieur. 

»  La  grande  œuvre  entreprise  par  le  Roi  des  Belges 
dans  la  constitution  de  l'Étal  du  Congo  et  le  vif  intérêt 
que  prend  Sa  Majesté  à  toutes  les  questions  intéressant  le 
bien-être  des  races  de  l'Afrique,  porte  le  Gouvernement 
de  Sa  Majesté  à  espérer  que  la  Belgique  pourrait  être 


(  385  ) 

disposée  à  |)ren(]rc  l'initialive  d'inviler  les  Puissances  à  se 
réunir  en  Coiirérence  à  Bruxelles,  alin  d'examiner  les 
meilleurs  moyens  d'arriver  ù  la  suppression  graduelle  de 
la  traite  des  esclaves  sur  le  conlinenl  d'Afrique  et  à  la 
clôture  immédiate  de  tous  les  marchés  extérieurs  que  la 
traite  continue  d'approvisionner  de  nos  jours.  » 

Les  opérations  militaires  et  maritimes  qui  s'imposèrent, 
à  celle  époque,  sur  la  côte  de  Zanzibar,  amenèrent  un 
ajournement  momentané  de  la  réunion  prévue  :  mais 
aussitôt  que  la  situation  se  fut  dégagée,  la  négociation  fut 
reprise.  Le  24  août  1889,  le  Gouvernement  belge  convo- 
quait à  Bruxelles  la  Conférence  qui  s'ouvrit  le  18  novembre. 
Dix-sept  Puissances  allaient  y  prendre  pari  :  c'étaient, 
outre  la  Perse,  toutes  celles  qui  avaient  participé  ou  adhéré 
à  la  Conférence  de  Berlin.  Ce  choix  s'imposait  :  l'Acte 
général  et  les  conventions  annexes  de  1884-85  consti- 
tuaient le  point  de  départ  obligé  d'une  assemblée  qui 
allait  donner  une  sanction  positive,  en  rapport  avec  les 
situations  nouvelles,  aux  engagements  conlraclés  à  celte 
époque. 

Peut-être,  Messieurs,  me  suis-je  étendu  sur  ces  faits 
préliminaires  plus  que  ne  le  comporte  le  cadre  d'une  note 
explicative;  mais  il  semblait  utile  de  les  rappeler  afin  de 
mettre  dans  leur  vrai  jour  les  documents  qui  font  l'objet 
de  cette  communicalionjainsi  que  l'œuvre  dont  ils  indiquent 
à  grands  traits  la  genèse. 

Ces  documents  sont  au  nombre  de  trois.  Le  premier  est 
un  recueil  d'informations  relatives  à  l'état  actuel  de  la  traite 
des  nègres  sur  terre  comme  sur  mer,  dans  les  pays  d'ori- 
gine comme  dans  les  pays  de  destination.  Les  témoignages 
recueillis  sous  forme  d'extraits  émanent  tous  de  voya- 
geurs, de   missionnaires,  d'olïiciers  de  marine,  d'agents 


(  586  ) 
(liplomaliquesel  consulaires, d'hommes,  en  un  mot,  qui  ont 
vu  par  eux-mêmes  et  dont  le  langage  exclut  tout  soupçon 
d'ignorance  ou  de  partialité.  Ces  lémoignagnes  se  répar- 
tissent sur  l'espace  d'un  demi-siècle,  de  1840  à  1890;  mais 
de  beaucoup  la  plus  grande  part,  les  neuf  dixièmes  au 
moins,  sont  dus  à  des  contemporains  et  ne  remontent  pas 
au  delà  d'une  dizaine  d'années.  C'est  donc  bien  la  situation 
actuelle  qu'ils  constatent.  Est-il  besoin  de  dire  que  cette 
situation  est  profondément  déplorable?  L'Afrique,  sur  plus 
de  la  moitié  de  sa  vaste  étendue,  demeure  un  champ  de 
carnage  et  de  dévastation  où  se  donnent  librement  carrière 
tous  les  vices,  toutes  les  passions  qui  sont  la  plaie  de  l'hu- 
manité et  la  négation  de  toute  culture.  C'est  de  l'horreur 
même  de  ce  tableau,  qui  ne  comporte  pas  d'analyse,  que 
ressortent  la  nécessité  et  l'urgence  des  moyens  de  salut. 
Une  introduction  placée  en  tête  du  recueil  en  explique  le 
pian  et  résume  les  résultats  statistiques  :  quatre-vingt 
mille  personnes  jetées  sur  les  marchés  de  la  traite,  quatre 
cent  mille  existences,  un  millier  en  moyenne  par  jour, 
sacrifiées  chaque  année  au  fléau.  C'est  exactement  au  môme 
total  qu'arrivait  W.  Pitt  dans  son  mémorable  discours  pro- 
noncé au  Parlement  britannique,  le  2  avril  1792,  et  dont 
rhorrcuir,  disait-il,  dépasse  toutes  les  limites  de  l'imagi- 
nation. Une  carte  spéciale  représente  l'aire  de  la  traite,  les 
routes  qu'elle  parcourt  et  les  principaux  centres  qu'elle 
alimente  à  l'intérieur  de  l'Afrique.  Ce  document  peut  être 
considéré,  dans  sa  teneur  globale,  comme  l'exposé  des 
motifs  des  résolutions  adoptées  par  les  Puissances.  L'Acte 
général  de  la  Conférence  a  été  construit  d'après  le  plan  du 
recueil  préparé  par  les  soins  du  Gouvernement  belge,  et 
les  moyens  de  répression  ont  été  mis  en  rapport  avec 
l'ordre  suivi  dans  cette  enquête. 


é 


(  387  ) 

Le  second  cJociimenl  présenté  à  la  Conférence  par  les 
Plénipolenliaires  belges  a  des  proportions  moins  étendues. 
C'est  un  exposé  des  rapports  de  droit  public  subsistant,  à 
la  veille  de  l'ouverture  de  la  Conférence,  entre  les  Puis- 
sances qui  y  ont  pris  part,  en  matière  de  répression  de  la 
traite  africaine.  Quelques  indications  au  sujet  de  la  légis- 
lation servile  des  États  d'Orient  qui  ont  contracté,  à  cet 
égard,  des  obligations  internationales,  complètent  celte 
élude.  C'est  aux  transactions  du  Congrès  de  Vienne  qu'elle 
prend  son  point  de  départ.  Depuis  1815,  l'Angleterre  a 
exécuté  sur  ce  terrain  un  travail  diplomaliijue  digne  d'ad- 
miralion  par  la  pensée  qui  l'inspire,  par  l'étendue  du 
domaine  qu'il  embrasse,  par  la  persévérance  invincible 
dont  il  témoigne.  L'épineuse  question  du  droit  de  visite  ne 
fut  qu'un  é|)isode  de  celle  laborieuse  campagne.  Vingt-six 
États  d'Europe  et  d'Amérique  se  trouvaient,  au  momenl  de 
la  convocation  de  la  Conférence,  enveloppés  dans  un  vaste 
système  d'engagements  réciproques  pour  la  répression  de 
la  traite  sur  mer.  Près  de  cent  conventions  spéciales,  inter- 
venues enlre  la  Grande-Bretagne  et  les  chefs  africains  et 
asiatiques  de  la  côle  ou  des  îles,  renforçaient  l'efiicacité  de 
celle  espèce  de  blocus.  L'état  juridique  qui  procède  de  ces 
nombreux  traités  esl  d'une  grande  complication  :  il  a  été 
détini  naguère,  avec  une  précision  remarquable  et  une 
étonnante  érudition,  par  i\L  de  Martitz,  le  savant  professeur 
de  droit  public  à  l'Université  de  Tubingue  (1).  L'œuvre  du 
jurisconsulte  allemand  eslconçue  particulièrement  au  point 


(1)  Das  internationale  System  zur  Unterdrùckung  des  Afrikani- 
schen  Sklavenhandels  in  seinem  heutigen  Bestande.  Archiv  fur 
ôffentliches  Rccht.  i"  Bd,  S.  3-107.  Freiburg  i.  B.  t885. 


(  588  ) 

de  vue  historique;  le  mémoire  belge  esl  surtout  synllié- 
lique.  II  détermine,  d'après  les  traités  en  vigueur,  les  prin- 
cipes et  règles  de  droit  qui  sont  reconnus  et  appliqués  par 
les  Puissances  pour  la  répression  de  la  traite  maritime  et 
le  jugement  des  cas  litigieux  qu'elle  soulève. 

Les  Protocoles  de  la  Conférence,  au  nombre  de  trente- 
trois,  forment  le  troisième,  et  de  beaucoup  le  plus  impor- 
tant, des  documents  qui  vous  sont  présentés.  Ils  renferment 
dans  un  volume  de  700  pages  les  actes  de  l'Assemblée  et 
les  rapports  de  ses  commissions.  Deux  parties  distinctes 
apparaissent  à  première  vue  dans  ce  recueil.  Jusqu'au  mois 
de  mai  1890,  époque  où  fut  introduite  la  proposition  rela- 
tive à  l'établissement  des  droits  d'entrée  dans  le  bassin 
conventionnel  du  Congo,  les  protocole^  ne  relatent  que  les 
délaralions  ofticielles  des  Gouvernements  et  les  décisions 
prises  par  la  Conférence.  Toutes  les  délibérations  dont 
procède  l'Acte  général  ont  lieu  dans  des  commissions;  les 
procès-verbaux  de  leurs  débats  existent;  ils  formeraient  au 
moins  deux  volumes  ayant  l'importance  de  celui  des  pro- 
tocoles, mais  ils  ne  sont  pas  destinés  actuellement  à  la 
publicité.  La  substance  et  les  conclusions  en  sont  repro- 
duites dans  les  rapports  présentés  à  la  Conférence  et 
joints  à  ses  protocoles.  Cette  règle,  invariablement  suivie 
pour  tous  les  chapitres  dont  se  compose  l'Acte  général, 
sauf  les  dispositions  finales,  ne  l'a  pas  été  pour  la  question 
des  droits  d'entrée,  où  des  considérations  de  principe  et  de 
procédure  ont  obligé  de  suivre  une  autre  marche.  Celte 
dernière  question  seule  a  été  discutée  en  séance  plénière  et 
n'a  pas  fait,  par  conséquent,  l'objet  d'un  rapport.  Les  déci- 
sions intervenues  sont  consignées,  par  une  conséquence 
ultérieure,  dans  un  acte  distinct,  quoique  connexe  à  l'acte 
principal  et  formant  corps  avec  lui. 


I 


(  389  ) 

L'Acte  général  comple  cent  articles  répartis  en  sept 
chapitres.  Pour  les  discuter  et  les  établir,  la  Conférence  a 
décidé  de  suivre  la  marche  même  de  la  traite  et  d'y 
opposer  ainsi,  dans  chacune  des  piiases  qu'elle  parcourt, 
des  moyens  appropriés  de  répression.  Prenant  son  point 
de  départ  au  foyer  même  du  mal,  aux  lieux  d'origine  de  la 
traite  et  des  chasses,  elle  suit  pas  à  pas  le  négrier  et  ses 
captifs,  les  accompagne  sur  les  routes  qui  mènent  à  la  côte, 
passe  sur  mer  pour  y  régler  minutieusement  la  surveillance 
et  l'action  des  croisières,  aborde  enlin  les  pays  de  desti- 
nation où  se  consomme  la  marchandise  humaine,  frappant 
à  chaque  étape  les  coupables,  affranchissant  et  protégeant 
les  victimes.  Puis,  arrivée  au  terme  de  cette  carrière 
d'opprobre  et  de  douleur,  elle  a  cherché  des  sanctions,  des 
moyens  d'exécution  divers,  et  en  a  déterminé  de  trois 
espèces  :  la  création  d'institutions  permanentes  de  secours, 
d'information  ou  de  contrôle  dans  les  pays  d'esclavage  et 
de  traite  ainsi  qu'en  Europe,  la  réglementation  du  trafic 
des  spiritueux,  la  création  de  ressources  flnancières  en 
vue  de  faciliter  l'accomplissement  des  décisions  prises. 

Telle  est,  en  quelques  lignes,  l'économie  de  celte  œuvre 
qui  a  rempli  huit  mois  de  patients  labeurs,  qui  s'est 
trouvée  aux  prises  pendant  son  élaboration  avec  les  mul- 
tiples éléments  de  conflit,  avec  les  courants  d'antagonisme 
inhérents  au  système  européen,  et  qui  a  néanmoins  abouti, 
parce  qu'au-dessus  de  toutes  les  divergences  planait  une 
haute  pensée  morale,  parce  que  tous  les  Gouvernements 
avaient  le  même  désir,  ardent  et  sincère,  de  coopérer  à 
une  cause  «  dont  le  triomphe  final  —  ainsi  qu'on  disait 
déjà  au  Congrès  de  Vienne  —  sera  un  des  plus  beaux 
monuments  du  siècle  qui  l'a  embrassée  et  qui  l'aura  si 
glorieusement  terminée.  » 


(  590  ) 

Le  cominenlaire  polilique  et  Juridique  des  cent  articles 
de  l'Acte  général  exigerait  un  volume.  Ce  travail,  au 
surplus,  serait  prématuré.  L'œuvre  de  la  Conférence 
attend  encore  la  sanction  législative  des  pays  contractants 
et  la  ralilicalion  de  leurs  Gouvernements,  il  suffira  donc 
de  caractériser  en  quelques  mots  la  portée  des  divers 
chapitres. 

Le  premier  a  pour  objet  la  répression  de  la  traite  aux 
lieux  de  capture  :  c'est  au  cœur  de  l'Afrique  même  qu'il 
importe  actuellement  d'agir.  Toute  intervention  isolée  ou 
temporaire  sur  un  lliéàlre  si  vaste  serait  inefficace  :  il  y 
faut  l'action  persistante  des  Gouvernetnents,  agissant 
d'après  un  plan  commun,  en  vue  d'un  but  identique.  Un 
système  progressif  d'occu|)ation  européenne  est  arrêté  à 
celte  fin.  Une  législation  répressive,  fondée  sur  les  prin- 
cipes qui  dominent  le  Code  pénal  de  toutes  les  nations  civi- 
lisées, assurera  le  châtiment  des  coupables,  en  quelque  lieu 
qu'ils  se  trouvent.  Le  traflc  des  armes  à  feu  et  des  muni- 
tions est  le  plus  puissant  auxiliaire  de  la  traite  :  des 
dispositions  sévèrement  restrictives  enlèveront  des  mains 
des  chasseurs  d'hommes  l'instrument  du  crime  et  la  cause 
de  leur  supériorité.  Le  chapitre  II,  qui  n'est  qu'un  complé- 
ment du  premier,  édicté  les  mesures  nécessaires  pour  sur- 
veiller les  routes  du  commerce,  régler  la  police  des  cara- 
vanes, intercepter  les  convois  d'esclaves  en  assurant  la 
liberté  des  captifs,  la  poursuite  des  malfaiteurs. 

Le  chapitre  III  trace  en  quarante-deux  articles  les  règles 
de  la  répression  de  la  traite  sur  mer.  Depuis  1841,  une 
divergence  fondamentale  de  vues  s'est  accusée,  sous  ce 
rapport,  entre  l'Angleterre,  suivie  par  presque  toutes  les 
Puissances,  et  la  France  soutenant  le  principe  de  l'invio- 
labilité absolue  du  pavillon.  Ce  long  conflit  va  cesser  :  le 


(  391  ) 
droit  (Je  visite,  s'il  n'est  pas  légalement  supprimé,  est 
appelé  à  faire  place  à  un  code  spécial  réglant  l'octroi  du 
pavillon  et  la  vérilicalion  des  papiers  de  bord,  mrme  ceux 
(jui  concernent  les  passagers.  La  procédure  pour  l'applica- 
lion  du  système  est  prévue  dans  ses  moindres  détails. 
Trois  principes  nouveaux  régiront  l'action  des  croisières, 
môme  entre  les  Puissances  qui  admettent  le  droit  de 
visite  :  la  surveillance  est  restreinte  à  une  zone  relative- 
ment étroite  de  l'océan  Indien;  cette  surveillance  ne 
s'étend  que  sur  les  liâliments  d'un  port  inférieur  à  500  ton- 
neaux; le  droit  d'asile  pour  l'esclave  est  absolu,  au  moins 
à  bord  des  bàlimenls  de  guerre. 

Les  mesures  à  prendre  aux  pays  de  destination  de  la 
traite,  qu'ils  soient  situés  dans  ou  hors  l'Afrique,  forment 
la  matière  du  chapitre  iV.  Les  Étals  africains,  asiatiques 
et  même  européen,  soumis  à  la  loi  muisumane,  con- 
servent l'inslitulion  de  l'esclavage  domestique.  Il  n'appar- 
tenait pas  à  la  Conférence,  respectueuse  du  principe  de  la 
souveraineté  nationale,  d'intervenir  dans  le  régime  inté- 
rieur de  ces  Étals;  d'autre  part,  il  est  manifeste  que  l'exis- 
tence de  l'esclavage  dans  ces  pays  est  un  appât  à  la 
iraile  et  contribue  à  l'entretenir.  Des  dispositions  transac- 
lionnelles  ont  été  prises  à  l'effet  de  répondre  à  cette 
double  exigence,  sur  la  base  de  la  loi  ottomane  du  16  dé- 
cembre 1889.  L'importation,  l'exportation,  le  transit,  le 
commerce  des  esclaves  sont  interdits  :  le  mal  est  donc  au 
moins  circonscrit  dans  des  limites  fixes.  Des  engagements 
solennels  ont  été  pris  pour  la  mise  en  vigueur  des  clauses 
conventionnelles;  la  coopération  à  cette  fin  des  agents 
diplomatiques  et  consulaires  des  Puissances  contractantes 
est  prévue  dans  des  conditions  déterminées. 


(  592  ) 

Tels  sont  les  moyens  de  répression  correspondant  aux 
trois  phases  principales  de  la  traite.  Les  moyens  d'exécu- 
lion  relèvent  également  de  trois  ordres  d'idées. 

Des  inslilutions  permanentes  sont  appelées  à  garantir 
l'accomplissement  des  vues  de  la  Conférence.  Le  cha- 
pitre Y  en  détermine  la  nature.  Le  Bureau  international 
de  Zanzibar  et  ses  succursales  seconderont  dans  les  mers 
d'Orient  l'action  répressive  des  croiseurs.  Les  bureaux 
d'affranchissement,  qui  ont  rendu  des  services  signalés  en 
Egypte,  protégeront  efficacement  les  esclaves  libérés  dan? 
les  contrées  où  la  condition  servile  n'a  pas  tota'eraei 
disparu.  Les  Puissances  enfin  organisent  entre  elles  u  . 
échange  de  documents  concernant  l'esclavage  et  la  traite, 
et  se  communiquent  les  mesures  prises  en  vertu  de  l'Acte 
général.  Ces  renseignements,  dont  l'envoi  implique  une 
garantie  sérieuse  d'exécution,  seront  recueillis  et  publiés 
à  Bruxelles,  où  convergeront  désormais  les  plus  impor- 
tantes informations  au  sujet  de  la  traite  africaine. 

L'histoire  coloniale  a  démontré  le  penchant  irrésistible 
qui  entraîne  les  populations  semi-barbares  vers  les  bois- 
sons spiritueuses.  Sous  les  climats  torrides  suri  l'al- 
coolisme est  une  cause  irréuiédiable  de  destructi(  phy- 
sique et  morale;  il  devient  ainsi  un  obstacle  à  la  iL-^e  en 
culture  de  l'Afrique,  comme  à  l'extinction  de  la  In  '  : 
l'une  ne  peut  être  que  l'œuvre  de  la  race  indigène,  l'autre 
suppose  des  populations  viriles,  capables  d'une  résistance 
efficace.  Le  mal  que  la  traite  exerce  à  la  côte  orientait, 
les  spiritueux  le  font  à  la  côte  occidentale;  en  pénétrant 
vers  l'intérieur,  ils  paralysent  les  tentatives  civilisatrices 
et  aident  aux  entreprises  des  négriers.  C'est  par  ces  con- 
sidérations multiples  que  la  question  du  trafic  des  eaux- 


(  593  ) 

de-vie  s'est  raUachée  au  plan  d'émancipalion  tracé  par  la 
Conférence.  Deux  mesures  principales  résument  au  cha- 
pitre VI  ses  dispositions  à  cet  égard  :  interdiction  absolue 
d'importer  ou  de  fabriquer  des  spiritueux  dans  les  régions 
où  l'usage  n'en  a  pas  encore  pénétré;  établissement  dans 
les  autres  d'un  droit  d'entrée  progressif  en  vue  de  res- 
treindre la  consommation.  C'est  une  des  matières  les  plus 
ardues  que  la  Conférence  ait  eu  à  traiter,  à  raison  des 
grands  intérêts  économiques  qu'elle  affecte.  La  clause  qui 
préserve  les  contrées  non  encore  contaminées  est  absolue 
et  irrévocable;  elle  protège  efficacement  les  neuf  dixièmes 
de  l'Afrique.  Quant  aux  autres,  si  la  décision  intervenue 
|>ouvail  paraître  étroite,  elle  n'est  pas  définitive,  et  il 
n'est  pas  à  prévoir  qu'elle  soit  revisée  dans  un  sens 
régressif. 

Arrivée  à  ce  point  de  sa  tâche,  après  avoir  édicté  les 
obligations  rigoureuses  qui  incomberaient  désormais  aux 
Puissances  souveraines  ou  protectrices  en  Afrique,  une 
question  nouvelle,  qui  devait  faire  l'objet  d'un  chapitre  Vil, 
a  surgi  devant  l'Assemblée  :  celle  de  la  création  des  res- 
sources financières  qui  permissent  de  faire  face  aux 
dépenses  nécessitées  par  la  répression  de  la  traite.  Les 
ttats  ou  colonies  du  bassin  conventionnel  du  Congo  se 
trouvent  sous  ce  rapport  dans  une  situation  spéciale.  Le 
degré  actuel  d'organisation  et  de  développement  du  pays 
ne  leur  permet  pas  de  demander  des  ressources  suffisantes 
à  l'impôt  direct;  les  taxes  intérieures  de  consommation 
manquent  encore  des  bases  qui  les  rendraient  fructueuses; 
il  ne  reste  donc  que  la  douane,  source  principale,  presque 
unique,  des  receltes  dans  la  plupart  des  colonies  nais- 
santes, dans  toutes  celles  d'Afrique.  Mais  l'article  IV  de 

3°"*    SÉRIE,    TOME    XX.  26 


(  394  ) 

l'Acte  général  de  Berlin  établit  la  franchise  absolue  pour 
un  terme  de  vingt  ans  au  moins  :  le  moment  était-il  venu 
de  reviser  cette  clause  dans  un  intérêt  supérieur  de  civi- 
lisation et  d'humanité?  Toutes  les  Puissances,  sauf  une, 
ont  répondu  affirmativement  :  de  là,  la  résolution  d'auto- 
riser la  perception  d'un  droit  d'entrée  maximum  de  40  % 
de  la  valeur  des  marchandises  importées. 

Mais  il  s'est  présenté  ici  une  circonstance  particulière. 
Les  États-Unis  n'ont  pas  encore  ratifié  l'Acte  de  Berlin; 
ils  ne  pouvaient  donc  participer  officiellement  à  sa  revi- 
sion. D'autre  part,  l'État  du  Congo  se  trouve  lié  vis-à-vis 
du  Gouvernement  américain  par  la  déclaration  du  22  avril 
1884,  qui  lui  garantit  l'entière  liberté  du  commerce. 
C'est  pour  tenir  compte  de  celte  difficulté  que  la  propo- 
sition relative  aux  droits  d'entrée  a  été  distraite  de  l'Acte 
général  :  elle  fait  l'objet  d'une  double  déclaration  créant 
un  lien  de  droit  entre  les  Puissances  signataires  de  l'Acte 
de  Berlin,  d'une  part,  les  Étals-Unis  et  l'État  du  Congo,  de 
l'autre. 

Seuls,  les  Pays-Bas  maintiennent  leur  opposition  sur  ce 
terrain  :  ils  contestent  à  la  Conférence  de  Bruxelles  la 
compétence  nécessaire  pour  reviser  l'Acte  de  Berlin,  et 
.soutiennent  que  le  principe  de  la  liberté  commerciale  est 
une  condition  indispensable  du  développement  écono- 
mique du  bassin  du  Congo.  Les  seize  autres  Puissances 
représentées  n'ont  pas  partagé  ce  sentiment  :  elles  répon- 
ilent  que,  signataires  ou  adhérentes  de  l'Acte  de  Berlin, 
leur  compétence  pour  le  modifier  est  certaine,  et  qu'elles 
en  ont  usé  en  fait,  de  l'aveu  même  du  Cabinet  de 
La  Haye,  en  réglant  le  trafic  des  armes  et  des  spiritueux; 
que  le  principe  de  la  liberté  commerciale  n'est  pas  en 


(  595  ) 

cause,  puisqu'il  n'a  é(é  coricôdé  qu'à  lenne  lixe,  el  qu'au 
surplus  un  droit  d'entrée  modéré,  uniforme  dans  toute 
l'étendue  du  bassin  du  Congo,  exclusif  de  tout  régime 
différentiel,  n'en  saurait  i;uère  plus  entraver  l'expansion 
économique  que  la  perception  de  tels  droits  ne  le  fait  dans 
aucune  autre  possession  africaine.  Le  dissentiment  subsiste 
en  ces  termes  :  en  attendant  qu'il  s'aplanisse,  une  com- 
mission technique  va  se  réunir  à  Bruxelles  pour  élaborer 
le  tarif  commun  prévu  par  les  déclarations  du  2  juillet. 

Quelque  secondaire  que  paraisse  en  elle-même  la  raison 
d'être  de  celle  opposition  au  regard  de  l'œuvre  totale,  elle 
a  cette  conséquence  grave  de  lui  assigner  un  caractère 
provisoire  :  car,  d'un  côté,  les  Puissances  n'admettent  pas 
la  disjonction  des  deux  Actes,  considérant  l'un  comme  le 
n)oyen  d'exécution  de  l'autre  et  réclamant  dès  lors  la 
signature  simultanée  des  deux;  el,  d'un  autre  côté,  elles 
sont  également  unajiimes  à  reconnaître  que  l'Acte  général 
de  Berlin  ne  saurait  être  revisé  que  du  consentement  de 
tous  les  États  signataires.  Une  négociation  ultérieure  ej>l 
donc  indispensable;  le  terme  extrême  en  a  été  fixé  au 
2  janvier  1891. 

Il  ne  paraît  pas  téméraire  de  prévoir  qu'une  entente 
s'établira.  L'Acte  général  de  Bruxelles,  dans  sa  teneur 
actuelle,  constitue  une  législation  complèleconlre  la  traite. 
Les  Pays-Bas  l'acceptent  dans  son  intégrité  el  reven- 
diquent comme  un  droit,  comme  un  honneur,  la  faculté 
d'y  apposer  leur  signature.  Le  différend  est  donc  en  quelque 
sorte  externe  :  il  porte  sur  un  moyen  d'exécution,  com- 
pliqué d'un  cas  de  procédure.  L'obstacle  ne  saurait  être 
au-dessus  des  efforts  combinés  de  la  diplomatie  euro- 
péenne, conduite  sur  ce  terrain  par  une  pensée  d'ordre  uni- 


(  391)  ) 

vcrsel.  Un  jurisconsiille  émineni,  dont  le  nom  a  déjà  paru 
dans  ces  pages,  exprimait  naguère  à  ce  sujet  des  vues  qui 
correspondent  à  un  sentiment  de  plus  en  plus  général. 
«  De  même  que  chaque  législation  positive,  disait-il,  le 
système  du  droit  international  doit  servir  les  fins  de  la 
communauté,  il  ne  considère  dans  chaque  Étal  souverain 
que  le  membre  auxiliaire  d'une  association  qui  enveloppe 
le  monde,  et  il  crée  les  moyens  et  les  formes  à  l'aide  des- 
(juels  les  intérêts  généraux  de  l'humanité,  qui  acquièrent 
sans  cesse  une  extension,  une  importance  croissante, 
parviennent  à  se  réaliser.  Que  pour  servir  de  tels  intérêts 
l'État  particulier  doit  s'imposer  des  sacrifices,  parfois  de 
durs  sacrifices,  même  sans  compensalion  ;  que  dans  l'as- 
sociation des  Étals  l'intérêt  individuel  doit  cédera  l'intérêt 
commun  :  c'est  là  précisément  le  sens  profond,  la  hante 
portée  que  le  droit  public  moderne  a  commencé  à  acquérir 
sous  l'impulsion  des  traités  dirigés  contre  le  trafic  des 
esclaves  (1).  » 

Ce  n'est  pas  lorsqu'elle  va  toucher  le  but  que  la  magni- 
fique évolution  accomplie  par  le  droit  international  en  cette 
matière  depuis  un  siècle  puisse  subir  un  échec,  l.'œuvre 
de  la  Conférence  de  Bruxelles  n'est  pas  à  cette  heure  par- 
faite :  il  lui  reste  des  difficultés  à  vaincre,  des  antago- 
nismes à  écarter,  des  intérêts  à  concilier;  mais  les  bases 
sont  posées,  les  principes  sont  admis,  les  dispositions  fon- 
damentales sont  acquises.  Au  moment  où  l'Afrique  devient 
un  patrimoine  européen,  où  les  deux  cent  millions  d'hommes 
qui  la  peuplent  vont  participer  au  travail  de  la  civilisation 


(i)  \oti  Martitz,  Arc/iiv  fur  ô/fentlichcs  liccht,  Bd  I,  S.  29. 


(  3i>7  ) 

Cl  enrichir  son  domaine  de  loiil  un  conlinenl,  il  est  jusie, 
il  est  nécessaire  qu'une  législation  unique,  dictée  par  les 
plus  hautes  considérations  de  justice  et  de  charité,  vienne 
régir  ce  monde  nouveau  et  en  bannir  à  jamais  le  fléau 
d'une  servitude  héréditaire.  Tout  présage  que  le  siècle 
prochain  verra  s'accomplir  sur  ce  théâtre  un  mouvement 
analogue  à  celui  du  XVI*  :  il  en  verra  se  renouveler  les 
conquêtes,  il  ne  faut  pas  qu'il  soit  témoin  des  mêmes 
crimes.  Les  semences  de  culture  répandues  aujourd'hui  à 
[jleines  mains  sur  ce  sol  vierge  ne  donneront  d'opulentes 
moissons  qu'au  soleil  de  la  liberté,  sous  l'égide  de  lois 
|)rotectrices  élevées  à  la  hauteur  d'une  loi  des  nations. 

Telle  est  la  mission  qu'ont  voulu  remplir  les  Puissances: 
en  s'en  acquittant,  elles  ont  eu  le  sentiment  d'être  les 
organes  de  la  conscience  du  genre  humain. 


(  398  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-4RTS. 


Séance  du  9  octobre  4890. 

M.  Jos.  ScHADDE,  (lirecleur. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  H.  Hymans,  vice-directeur;  Éd. 
Fétis,  Ernest  Slingeneyer,  Alex.  Robert,  F.-A.  Gevaert, 
Ad.  Samuel,  Ad.  Pauli,  Th.  Radoux,  Jos.  Jaquet,  J.  Deman- 
nez,  P.-J.  Clays,  G.  De  Grool,  Edm.  Marchai,  J.  Stallaert, 
Henri  Beyaert,  J.  Rousseau,  Max.  Rooses,  Alex.  Markel- 
hach,  membres;  A.  Hennebicq,  le  comte  Jacques  de 
Lalaing,  F.  Laureys  et  J.  Robie,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


PM.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
fait  savoir  que  M.  P.  Lebrun,  premier  second  prix  du  grand 
concours  de  composition  musicale  de  1889,  a  été  invité  à 
mettre  son  œuvre  à  l'étude  afin  que  l'audition  puisse  en 
avoir  lieu  dans  la  séance  publique  de  la  Classe  des  beaux- 
arts,  fixée  au  dimanche  26  octobre,  à  1  heure  et  demie. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  demande,  d'urgence, 
l'avis  de  la  Classe  sur  une  nouvelle  requête  de  M.  Montald 


(  3î)9  ) 

ayant  jiour  objel  de  pouvoir  venir  surveiller  à  Bruxelles 
l'inslallalion  de  son  envoi  réglementaire.  —  La  décision, 
prise  séance  tenante  par  la  Commission  chargée  de  s'occu- 
|)er  des  travaux  des  prix  de  Rome  pour  la  peinture,  sera 
transmise  au  Ministre. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  rinslruction 
publique  soumet  à  l'appréciation  de  la  Classe  les  rapports 
suivants  : 

Sixième  rap|)ort  de  M.  Montald.  —  Renvoi  à  MM.  Fétis, 
Robert,  Slingeneyer  et  Guiïens; 

Cinquième  rapport  de  M.  De  Wulf.  —  Renvoi  à  la  sec- 
lion  d'architecture  ; 

Troisième  rapport  de  M.  De  Braey.  —  Renvoi  à  la  même 
section; 

Deuxième  rapport  de  M.  Lagae.  —  Renvoi  à  la  section 
de  sculpture. 

—  M.  Charles  Meerens  adresse,  à  titre  d'hommage,  son 
dernier  ouvrage  intitulé  :  La  gamme  musicale  majeure  et 
mineure.  —  Remerciements. 


CONCOURS  DE  LA  CLASSE  POUR  1890. 

ART      APPL-If^VÉ. 

Peinture. 

La  Classe  avait  remis  au  concours,  pour  l'année  actuelle, 
le  sujet  suivant  qui  a  figuré  au  programme  de  1886  : 

Projet  de  diplôme  (dessin  ou  grisaille)  destiné  aux  lau- 


(  400  ) 
réals  (les  différents  concours  ouverts  par  l'Académie  royale 
des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique.  — 
Prix  :  600  francs. 

Huit  projets  ont  été  reçus.  Ils  portent  les  devises  sui- 
vantes : 

N"^  i.  Vivre,  cesl  combattre. 

2.  Ars  longa,  vita  brevis. 

3.  Prodesse  et  delectare. 

4.  Age  quod  agis. 

5.  Fama  volât. 

6.  Harmonie. 

7.  Géométrie. 

8.  Plus  d'honneur  que  de  travail. 
L'entêtement  ne  conduit  à  rien. 
Je  fais  bien  le  mal  et  mal  le  bien. 
Héraldiste  je  le  suis,  mais  à  mes  heures. 

Conformément  à  l'article  38  du  règlement  général  de 
l'Académie,  la  Classe  ne  se  prononcera  que  dans  sa  pro- 
chaine séance  sur  le  rapport  de  la  section  de  peinture  qui 
a  jugé  ce  concours. 

Gravure  en  médailles. 

La  Classe  avait  proposé  comme  sujet  : 

Une  médaille  comme moralive  de  la  loi  qui  a  autorisé 
S.  M.  Léopold  II  à  prendre  la  souveraineté  de  l'État  indé- 
pendant du  Congo. 

L'avers  est  réservé  à  l'effigie  de  Léopold  II. 


(  iOI   ) 
Les  conciirrenls  avaient  le  choix,  pour  le  revers,  enlre 
les  sujets  suivants  : 

La  Belgique  et  l'État  du  Congo  unis  nous  une  même 
souveraineté. 

L'État  du  Congo  accomplissant  en  Afrique  son  œuvre 
civilisatrice.  —  Prix  :  600  francs. 

Aucun  modèle  n'a  été  reçu. 


RAPPORTS. 

Il  est  donné  lecture  par  la  section  d'architecture  de  son 
appréciation  du  quatrième  rapport  semestriel  et  du  premier 
envoi  réglementaire  de  M.  De  Wulf.  —  Renvoi  à  M.  le 
Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique  pour 
être  communiqué  à  l'intéressé. 


Sur  un  perfectionnement  au  mécanisme  des  flûtes;  par 
A.  Léonard,  professeur  au  Conservatoire  royal  de  Gand. 

Knftporl  fie  tf.fW,  €!evaet'tf  Satnuet  et   Hadoux. 

a  La  notice  que  M.  Léonard  soumet  à  l'appréciation  de 
l'Académie  renferme  la  description  succincte  d'un  perfec- 
tionnement intéressant  qu'il  a  apporté  au  mécanisme  des 
flûtes. 

La  disposition  des  clefs,  dans  les  flûtes  Boehm,  est  telle 
que  l'exécution  de  certaines  batteries  est  impraticable  dans 
un  mouvement  quelque  peu  rapide.  Il  y  a  ainsi  une  série 
de  sons  liés  et  de  trilles  auxquels  il  faut  renoncer.  Ceci 
est  d'autant  plus  regrettable  que  ces  notes  se  trouvent 
précisément  dans  le  registre  grave,  dont  l'orchestration 


(  402  ) 

moderne  sait  lirer  tant  de  parti  pour  le  coloris  instru- 
mental. 

Or,  il  suffit,  comme  M.  Léonard  l'indique,  d'adjoindre 
deux  clefs  supplémentaires  au  mécanisme  ordinaire  des 
flûtes,  et  de  déplacer  une  des  pattes  déjà  existantes,  pour 
rendre  exécutable  sur  cet  instrument,  avec  la  plus  grande 
facilité  de  doigté,  tout  ce  qui  jusqu'à  présent  devait  forcé- 
ment être  omis.  C'est,  à  l'aide  d'un  procédé  extrêmement 
simple,  un  double  avantage  obtenu  pour  le  compositeur 
qui,  d'une  part,  trouve  des  ressources  nouvelles,  et,  de 
l'autre,  n'a  plus  à  se  préoccuper  de  savoir  s'il  peut,  ou  ne 
peut  pas,  écrire  pour  la  flûte  tels  ou  tels  groupes  de  notes. 

Il  est  même  assez  singulier  qu'un  perfectionnement 
aussi  nécessaire  n'ait  pas  vu  le  jour  plus  tôt  ;  car  le  méca- 
nisme de  Boehm  n'a  pas  été  sans  subir  quelques  modi- 
fications depuis  son  origine.  Mais  il  y  avait  à  trouver  la 
place  des  nouvelles  ciels;  et  c'est  en  cela  que  l'innovation 
indiquée  par  M.  Léonard  est  surtout  ingénieuse. 

Toutefois,  il  faut  bien  le  reconnaître,  les  avantages  que 
le  mécanisme  de  M.  Léonard  nous  ofl're  sont  encore  Actifs 
pour  l'instanl.  lis  ne  deviendront  réels  qu'à  partir  du 
moment  où,  partout,  dans  tous  les  orchestres,  les  flûtes 
seront  munies  des  nouvelles  clefs  supplémentaires.  Tout 
compositeur  préférera  renoncer  à  tel  efl'et  de  sonorité  que 
de  voir  son  œuvre  exclue  de  la  majeure  partie  des 
orchestres,  faute  d'un  instrument  convenable.  ïl  serait  par 
conséquent  fort  désirable  que  le  perfectionnement  dû  à 
M.  Léonard  fût  bientôt  adopté  dans  tous  les  pays. 

Je  propose  donc  à  la  Classe  : 

1°  D'émettre  un  tel  vœu; 

2'  De  publier  dans  le  Bullelin  de  l'Académie  la  notice 
et  la  planche  représentant  le  mécanisme.  »  —  Adopté. 


(^  403  ) 


COMiMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


^'ote  sur  U7i  perfectionnement  au  mécanisme  des  flûtes; 
par  Adolphe  Léonard,  professeur  de  flûte  au  Conserva- 
toire royal  de  Gand. 

J'ai  l'honneur  de  sounnettre  à  l'appréciation  de  l'Aca- 
démie un  perfectionnement  que  j'ai  apporté  au  mécanisme 
de  Boehm,  et  qui  a  pour  but  de  rendre  exécutables,  sur 
les  grandes  flûtes,  tous  les  trilles,  batteries  ou  liés  com- 
pris dans  l'étendue  de  l'instrument. 

On  sait  qu'il  est  de  toute  impossibilité  de  lier  rapide- 
ment, sur  une  flûte  de  Boehm  descendant  jusqu'à  Vut,  les 
groupes  de  notes  suivants  : 


et,  en  plus,  les  groupes 


r 


rn  "  /n  " 


lorsque  l'instrument  est  construit  pour  descendre  jusqu'au 
si  naturel,  ainsi  que  cela  tend  à  se  généraliser. 


(  404  ) 

La  raison  en  est  simplement  que  ces  notes  doivent  se 
prendre  toutes  quatre  à  l'aide  d'un  même  doigt  (le  petit 
doigt  de  la  main  droite)  et  que  l'on  ne  peut  ainsi  passer 
suffisamment  vite  d'une  clef  à  l'autre  (1). 

Il  y  a  là,  dans  le  mécanisme  de  Boehm,  tel  qu'il  existe 
à  présent,  un  défaut  réel. 

J'ai  cherché  à  y  remédier,  et,  dans  ce  but,  j'ai  fait 
disposer  deux  clefs  supplémentaires,  sorte  de  clefs  de 
secours,  qui  permettent  de  prendre  avec  le  petit  doigt  de 
la  main  gauche  des  notes  confiées  jusqu'ici  exclusivement 
au  petit  doigt  de  la  main  droite. 

Ces  deux  clefs  sont  marquées  5  et  6  dans  la  planche 
ci-jointe  (laquelle  ne  représente  que  la  [partie  du  méca- 
nisme qui  nous  intéresse). 

La  clefs  (dont  on  pourrait  se  passer  pour  les  flûtes  ne 
descendant  qu'à  Vut)  a  pour  fonction  de  fermer  les  deux 
soupapes  C  et  A,  et  donne  ainsi  le  do  dièze  (2). 

La  clef  6  ne  fait  que  doubler  la  clef  4,  qui  donne  le 
ré  dièze;  on  a  ainsi  deux  manières  de  prendre  celte 
note. 

Grâce  à  ces  deux  clefs  —  qui  ont  été  très  remarqua- 
blement combinées  par  M.  E.  Albert  (à  Bruxelles),  de 
façon  à  pouvoir  aisément  les  adapter  à  n'importe  quelle 
flûte  Boehm  existante,  —  grâce  à  ces  deux  clefs,  dis-je,  il 
devient  possible,   non  seulement  d'exécuter  ce  qui   est 


(i)  Ces  clefs  sont  numérotées,  de  un  à  quatre,  dans  la  planche  qui 
accompagne  cette  note. 

(2)  La  soupape  A  ne  sert  qu'à  préparer  le  5!,  en  vue  de  certaines 
combinaisons  de  doigté  dont  on  pourra  se  rendre  compte  plus 
loin. 


(  mi  ) 

considéré  comme  impralicahle  sur  la  flûte,  mais  encore  de 
le  faire  sans  la  moindie  difliciillé. 

D'ailleurs,  voici  le  doigté  des  six   trilles  ou  batteries 
indiquées  plus  haut. 


3      0         -2      a 


1     t; 


Les  chiffres  se  rapportent  aux  clefs  du  dessin,  et  le 
signe  -+-  marque  celles  qu'il  faut  tenir  abaissées. 

On  peut  voir  ainsi  que,  seul,  le  premier  de  ces  trilles 
ilemande  l'action  alternative  des  deux  petits  doigts.  Les 
autres  se  font  tous  à  l'aide  d'un  seul  doigt. 

Je  ferai  remarquer  une  particularité  assez  intéressante 
de  ce  doigté  :  c'est  que,  à  l'aide  des  deux  clefs  2  et  5,  sui- 
vant que  la  première  ou  la  seconde  est  maintenue  abaissée 
pendant  les  battements  de  l'autre,  ou  si  les  battements  se 
font  alternativement  des  deux  clefs,  on  produit  trois  trilles 
ilifférents. 

Malgré  l'addition  de  ces  deux  clefs  5  et  6,  certaines 
batteries  de  trois  notes  resteraient  encore  inexécutables 
dans  un  mouvement  quelque  peu  rapide.  Telle  est,  par 
exemple,  la  batterie 


,     a 

I       6     7 

'  X 

-w  \ 

^r1 

vi' 

l  . 

C7  ^.J 

f    tel 

y 

qui  exige  l'abaissement  successif  des  clefs  1,  6  et  7.  L'im- 


(  406  ) 

possibililé  réside  ici  dans  la  difficulté  d'un  glissement  suffi- 
samment rapide  du  petit  doigt  de  la  clef  6  à  la  clef  7. 

Pour  parer  à  cet  inconvénient  et  rendre  ainsi  mon 
l»erfeclionnemenl  complet,  il  m'a  suffi  de  doubler  la  clef  7 
[»ar  la  patte  de  secours  8.  De  cette  manière  le  sol  dièze  se 
prendra,  non  par  le  petit  doigt  de  la  main  gauche,  mais  (à 
l'aide  de  la  patte  8)  par  l'index  de  la  main  droite. 

Il  est  à  considérer  que  cette  patte  de  secours  8  existe 
sur  toutes  les  flûtes  ordinaires,  où  elle  est  employée  à  dou- 
bler, non  la  clef  7,  mais  la  soupape  qui  se  manœuvre  par 
le  quatrième  doigt  (l'annulaire)  de  la  main  gauche;  et  cela 
simplement  pour  accorder  aux  personnes  qui  ont  de  la 
peine  à  faire  un  trille  à  l'aide  de  ce  quatrième  doigt,  la  faci- 
lité de  se  servir,  dans  ce  cas,  de  l'index  de  l'autre  main. 
Aujourd'hui  la  technique  s'est  beaucoup  développée  et  il 
n'est  plus  permis  de  ne  pas  savoir  triller  du  quatrième 
doigt  de  la  main  gauche.  Je  n'ai  donc  pas  hésité  à  désaf- 
fecter la  clef  8  de  son  ancienne  fonction,  pour  lui  donner 
celle  que  je  viens  d'indiquer,  avec  la  disposition  marquée 
dans  le  dessin. 

Tel  est  l'ensemble  des  modifications  que  j'ai  apportées 
au  mécanisme  de  Boehm,  et  qui  permettent,  comme  je  l'ai 
dit,  d'exécuter  sur  la  flûte  n'importe  quel  passage  de 
musique  compris  dans  l'étendue  de  l'instrument.  Vu  les 
exigences  croissantes  de  l'orchestration  moderne,  il  m'a 
semblé  que  ces  perfectionnements  méritaient  l'attention  de 
TAcadémie. 


LEGENDE 


/-  Cleffernmni  les  soupapes  A.E.C  et  domuml  le  si  naturel .  >^.  af/é^ntaiii  les  soupapes  B.C,etdowmU>  le  do  iiabirel  .3  Oef  fèrnajtt  ki  soupape  Cet  d^nnmU  le  clc,  dièze .  ^.  Clef  ouvrait  h  .^upof^  D 
etdmnani  le  x-e  dieze .  o.  l'ie/yènnant  Us  soupapes  A,C.et  domaiU  le  do  dièze  ou  le  si  naturel  &^y«  on  mamhait  la  soupape  B  au  mcnjen  des  Clefs  2  ou  l  .  6.  Clef  cumxmt  la  soupape  D  et  dcmnant  le  rè  diéze  . 
7.  Uef  ouvrant  la  soupape  E et  donnant  le  sol  dièze .  cf.  Patie  d,  secours  dcubUmt  la  Clef  7 .  ' 


(  407  ) 


CLASSb   DES   lU:  AUX- A  RTS. 


Séance  du  23  octobre  1890. 

M.  Jos.  ScHADDE,  (lireclenr. 

M.  J.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  H.  Hymans,  vice  -  directeur  ; 
C.-A.  Fraikin,  Éd.  Félis,  Ern.  Slingeneyer,  Alex.  Robert, 
F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel,  Ad.  Pauli,  Th.  Radoux, 
Jos.  Jaquet,  J.  Demannez,  P.-J.  Clays,  G""  De  Groot, 
G.  Biot,  Edm.  Marchai,  Th.  Vinçolle,  Jos.  Slallaert,  Henri 
Reyaert,  J.  Rousseau,  Max.  Rooses,  membres;  J.-B.  Meu- 
nier, A.  Hennebicq,  le  comte  Jacques  de  Lalaing  et 
F.  Laureys,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 

LL.  MM.  le  Roi  et  la  Reine,  ainsi  que  LL.  AA.  RR.  W  le 
Comte  et  M"^  la  Comtesse  de  Flandre,  font  exprimer  leurs 
regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  publique  de  la 
Classe. 

MM.  les  Ministres  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction 
publique,  de  la  Guerre,  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et 
des  Travaux  publics,  ainsi  que  le  Bureau  de  l'Académie 
royale  de  médecine,  remercient  pour  l'invitation  qui  leur 
a  été  faite  pour  la  même  solennité. 


(  408  ) 

—  M.  le  Minisire  de  Tlntérieur  el  de  l'Inslrnclion 
publique  fait  connaître  qu'il  a  confié  à  MM.  Namur  el 
Pickery  lils  l'exécution  des  bustes,  en  marbre,  de  Joseph 
Braeml  el  de  Charles  de  Bériot,  anciens  menjbres  de  la 

Classe. 

—  Le  nnême  Ministre, demande  l'avis  de  la  Classe  sur 
le  modèle  :  1°  du  busle  de  feu  le  chevalier  de  Buriin, 
ancien  membre  de  la  Classe  des  sciences,  commandé  à 
M.  de  Tombay;  2°  du  busle  de  feu  Eug.  Defacqz,  ancien 
membre  de  la  Classe  des  lettres,  commandé  à  M.  Vandeu- 
kerkhove-Saïbas. 

—  M.  de  Harlez,  membre  de  la  Classe  des  lettres,  prie 
ses  confrères  de  la  Classe  des  beaux-arts  de  bien  vouloir 
accepter  l'hommage  d'un  exemplaire  de  son  livre  intitulé  : 
I-LI,  Cérémonial  de  ta  Chine  antique,  avec  des  extraits 
des  meilleurs  commentaires,  traduit  pour  la  première  fois. 

—  M.  Raab,  associé  de  la  Classe,  à  Munich,  adresse,  à 
titre  d'hommage,  un  exemplaire  du  tirage,  avant  la  lettre, 
de  sa  gravure,  les  noces  de  Cann,  de  Paul  Véronèse  (Musée 
de  Dresde).  —  Remerciements. 


JUGEMENT  DU  CONCOURS  ANNUEL  (1890). 

Peinture. 

Conformément  à  l'article  58  du  règlement  général  de 
l'Académie,  la  Classe  procède  au  jugement  du  concours 
d'art  appliqué  pour  la  peinture, dout  le  sujet  est  un  «  projet 


(  409  ) 

«le  diplôme  pour  les  lauréats  des  difîérenls  concours  aca- 
démiques ».  La  section  de  peinture  avait  présenté,  dans  la 
dernière  séance,  son  rapport  sur  ce  concours. 

Le  prix  de  600  francs  est  décerné  à  XL  G.-F.  Hoffnian, 
à  Forest  lez-Bruxelles,  auteur  du  projet  portant  la  devise  : 
Faina  volai. 

Une  mention  honorable  est  votée,  à  l'unanimité,  à  l'au- 
teur du  projet  portant  la  devise  :  Géométrie.  L'auteur  est 
prié  de  Taire  savoir  s'il  accepte  celle  distinction. 


RAPPORTS. 


r 


Il  est  donné  lecture,  par  la  section  de  sculpture,  de  l'avis 
qu'elle  a  émis  sur  les  modèles  des  bustes  de  feu  le 
chevalier  de  Burtin  et  d'Eugène  Defacqz,  exécutés  par 
MM.  de  Tombay  et  Vandenkerkhove-Saïbas. 

Cet  avis  sera  transmis  à  M.  le  ^Ministre  de  l'Intérieur  et 
de  l'Instruction  publique. 


PRÉPARATIFS    DE    LA   SÉANCE    PUBLIQUE. 

Conformément  à  l'article  15  du  règlement  de  la  Classe, 
M.  Schadde  donne  lecture  du  discours  qu'il  se  propose  de 
prononcer,  en  sa  qualité  de  directeur,  dans  la  séance 
publique  fixée  au  dimanche  26  octobre. 


ô™*    SÉIUE,   TOME    XX.  27 


(  ilO  ) 


CLA8SE  DES  BEAVX-ARTS. 


Séance  publique  du  dimanche  26  octobre  1890. 

M.  ScHADDE,  directeur. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

M.  H.  Hymans,  vice-directeur,  prend  également  place 
au  bureau 

Sont  présents  :  MM.  C.-A.  Fraikin,  Éd.  Félis,  Ern.  Slin- 
geneyer,  F. -A.  Gevaert,  Th.  Radoux,  Jos  Jaquet,  Jos. 
Deraannez,  P.-J.  Clays,  G.  De  Groot,  Gustave  Biot,  le 
chevalier  Edm.  Marchai,  Joseph  Slallaert,  J.  Rousseau, 
membres;  F.  Laureys,  E.  Van  Even  et  J.  Robie,  corres- 
pondants. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  sciences.  —  MM.  F.  Plateau,  vice-directeur;] 
P.-J.  Van  Beneden,  G.  Devvalque,  C.  Malaise,  F.  Crépin,! 
J.  De  Tilly,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  M.  Mourlon,  P.  De; 
Heen,  membres. 

Classe  des  lettres.  —  MM.  G.  Tiberghien,  vice-direcA 
teur;  P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  Alph.  Wauters,  P.  Wil-j 
lems,  Ch.  Piot,  Ch.  Potvin,  P.  Henrard,  Alex.  Henné,' 
membres;  et  Alph.  Rivier,  associé. 


(  4H  ) 

M.  Scliadde  ouvre  la  séance  à  1  heure  el  demie  el  donne 
lecture  de  son  discours  ayant  pour  titre  : 


Quelques   considéraliona    snr    C enseignement  donné  aux 
artisans  au  point  de  vue  de  leur  profession. 

Mesdames,  Messieurs, 

La  fin  du  XIX'  siècle  sera  caractérisée  par  la  recherche 
de  la  solution  à  donner  à  un  des  prohièmes  les  plus  ardus 
que  l'organisation  économique  et  sociale  moderne  ait 
imposé  : 

L'amélioration  du  sort  de  l'ouvrier  el,  en  général,  de 
tous  ceux  qui  demandent  au  travail  manuel  les  moyens 
d'existence. 

Les  autorités  les  plus  compétentes,  les  personnages  les 
plus  augustes  se  consacrent  à  l'étude  de  celle  question, 
mais  l'examinent  spécialement  dans  ses  rapports  avec  la 
grande  industrie  et  l'exploitation  minière,  qui  occupent 
certes  un  très  grand  nombre  d'ouvriers.  —  A  côlé  de 
ceux-ci  existe  une  classe  peut-être  tout  aussi  nombreuse 
d'artisans,  et  dont  le  sort  occupe  moins  vivement  l'atten- 
tion générale  :  nous  voulons  parler  des  divers  corps  de 
métier  qui  vivent  de  ce  que  l'on  a  désigné  sous  le  nom 
général  de  l'industrie  du  bâtiment.  Pour  ceux-ci,  le  travail 

In'a  plus  le  caractère  machinal  que  présente  le  travail  de 
la  fabrique,  de  l'usine  ou  de  la  mine,  il  existe  pour  eux 
une  latitude  dans  l'exécution  de  l'ouvrage,  il  est  permis 
à  l'artisan  d'avoir  une  idée  personnelle,  d'y  donner  un 
aspect  ou  une  forme  moins  banale  et  parfois  artistique. 
C'est  spécialement  du  sort  des  artisans  du  bâtiment  que 


V  412) 
je  me  propose  de  vous  entretenir  quelques  instants,  au 
point  de  vue  de  l'enseignement  d'abord  et  de  la  condition 
sociale  ensuite. 

Les  |)roressions  dont  je  m'occupe  sont  très  nombreuses  : 
ce  sont  les  maçons,  les  tailleurs  de  pierre,  les  charpentiers, 
les  menuisiers,  les  plombiers,  les  mosaïstes,  les  vitriers, 
les  peintres,  les  tapissiers,  les  ébénistes.  Il  faut  y  ajouter 
encore  les  marbriers,  les  forgerons,  les  ornemanistes,  les 
sculpteurs  et  une  quantité  d'arti;.ans  spécialistes. 

Bien  qu'incomplète,  cette  liste  est  déjà  longue. 

Semble-t-il  pratique  et  rationnel  de  donner  à  des  corps 
de  métier  si  divers,  un  enseignement  unique  qui  réponde 
aussi  bien  aux  besoins  du  tailleur  de  pierre  que  du 
lapissier? 

Oui,  tous  doivent  savoir  dessiner,  comprendre  un  plan, 
exprimer  leur  pensée  par  le  trait;  mais  avant  tout  leur 
intelligence  doit  être  dirigée  vers  ce  qui  concerne  directe- 
ment leur  profession  spéciale. 

L'enseignement  doit  être  davantage  professionnel.  Dans 
chaque  branche  du  travail  des  artisans,  il  y  a  un  nombre 
inlini  d'objets  à  reproduire  par  le  dessin,  depuis  les  plus 
simples  jusqu'aux  plus  compliqués,  comme  forme  et  comme 
composition. 

Au  lieu  d'imposer  à  un  forgeron  l'étude  de  la  figure 
humaine  et  de  le  forcer  pendant  plusieurs  années  à  suivre 
un  enseignement  sinon  inutile,  au  moins  fort  préjudiciable 
à  l'avancement  dans  son  métier,  qu'on  lui  fasse  dessiner 
immédiatement  des  objets  qu'il  aura  tôt  ou  tard  à  exé- 
cuter :  qu'on  débute  en  lui  apprenant  à  copier  une  ancre 
siiujjle  et  vulgaire  d'abord,  une  autre  avec  un  enroulement, 
une  troisième  quelque  peu  plus  ornée,  un  grillage  à  barres 
parallèles,  à  panneaux  carrés  ou   circulaires;  qu'on  lui 


(  ^l">  ) 

indique  ensuite  qu'avec  une  légère  adjonclion,  ces  objtis 
prennent  un  aspect  artistique,  et  l'on  peut  être  convainc  ii 
«jue  l'élève  comprendra  bien  mieux  cet  enseignemcni , 
dont  le  cùlé  pratique  lui  saule  aux  yeux,  que  toutes  les 
corrections  à  propos  d'un  dessin  d'après  la  figure  qui  lui 
aura  été  imposé,  sans  souci  aucun  de  son  métier 

Les  élèves  en  général  saisissent  fort  bien  ce  qui  peut 
leur  être  utile  dans  les  études  qu'ils  doivent  Caire.  Si  l'on 
constate  actuellement  cbez  l'artisan  élève  une  certaine 
inapplication,  de  la  nonchalance,  il  faut  l'attribuer  en 
[)arlie  à  la  trop  grande  généralisation  des  études. 

JNos  académies  ne  semblent  avoir  pour  but  que  de  créer 
des  artistes  et  n'ont  de  l'utilité  que  pour  le  petit  nombre 
de  ceux  qui  les  fréquentent.  La  grande  masse  des  élèves 
reçoit  une  instruction  qui  ne  leur  sert  pour  ainsi  dire 
à  rien. 

Aussi  les  plaintes  des  pères  de  famille  sont-elles  justi- 
fiées, car  tous  veulent  donner  à  leurs  enfants  une  instruc- 
tion prali(]up,  en  vue  du  métier  auquel  ils  les  destinent, 
dans  l'espoir  de  trouver  chez  leurs  fils,  au  bout  de  deux 
ou  trois  ans  de  dessin,  un  aide  dans  leurs  travaux,  un 
gagne-pain  de  plus  aux  lins  d'alléger  les  charges  de  la 
famille. 

On  ne  doit  pas  perdre  de  vue  que,  dans  le  ménage  de 
l'artisan,  l'enfant  doit  fournir  sa  quote-part  d'entretien  le 
plus  loi  possible.  Si,  après  avoir  fréquenté  une  école 
primaire  jusqu'à  l'âge  de  12  ou  15  ans,  l'élève  entre  dans 
une  académie  ou  dans  une  école  de  dessin  et  que  là  il 
doive  pendant  trois  ans  s'appliquer  à  reproduire  des  têtes 
ou  des  torses,  il  atleindra  ses  16  ans  sans  comprendre 
une  épure  ou  un  plan,  et  c'est  alors  seulement  qu'il  sera 


(  414  ) 

autorisé  à  suivre  un  enseignement  se  rapprochant  plus  de 
sa  profession,  mais  encore  trop  général. 

Avant  d'en  être  arrivé  à  ce  point,  il  peut  s'être  lassé  des 
éludes,  il  aura  pris  le  pli  de  l'inattention  pour  le  travail, 
il  sera  peut-être  déjà  contraint  d'abandonner  entièrement 
le  dessin  pour  ne  plus  songer  qu'à  gagner  sa  vie  comme 
simple  ouvrier. 

Au  lieu  d'avoir  développé  l'intelligence  de  l'ouvrier  ou 
de  l'artisan,  au  lieu  de  lui  avoir  fait  estimer  son  métier, 
on  ne  sera  arrivé  qu'à  lui  laisser  pour  le  moins  une 
indifférence  complète;  au  lieu  d'avoir  réalisé  un  progrès, 
on  aura  produit  une  réduction  de  la  valeur  du  travail  en 
diminuant  les  connaissances  spéciales,  que  chaque  corps 
de  métier  doit  posséder. 

De  ces  considérations,  il  ressort  que  les  nombreux 
ouvriers  qui  doivent  travailler  dans  l'industrie  du  bâti- 
ment sont,  au  point  de  vue  de  l'enseignement,  dans  une 
situation  des  plus  fâcheuses. 

Au  lieu  de  s'appliquer  à  les  initier  au  dessin  en  tant 
qu'il  leur  sera  nécessaire  ou  utile  dans  leur  profession,  au 
lieu  de  spécialiser  la  connaissance  du  dessin  au  point  de 
vue  du  métier,  on  tient  l'ouvrier  éloigné  des  connaissances 
spéciales  que  l'enseignement  devrait  donner;  on  l'instruit 
comme  si  un  jour  il  devait  être  un  peintre  ou  un  autre 
artiste.  De  cette  façon,  l'ouvrier,  au  lieu  de  perfectionner 
son  métier,  est  contraint  de  suivre  la  voie  de  la  routine; 
l'instruction  que  le  père  n'avait  pas  reçue,  dont  l'expérience 
lui  avait  fait  sentir  la  nécessité  et  qu'il  avait  fait  donner 
à  son  flls,  n'a  servi  à  rien. 

Si,  au  contraire,  cet  enseignement  avait  été  spécialisé, 
le  (ils  eût  acquis  des  connaissances  qu'il  aurait  pu  utiliser, 


(  ^1^  ) 

il  eùl  créé  un  capital  productif:  la  rémunération  du  travail, 
devenu  intelligent,  eùl  été  plus  grande.  Ainsi  l'artisan 
pouvait  trouver  des  ressources,  dont  son  compagnon,  qui 
n'avait  pas  eu  le  bonheur  de  recevoir  le  même  enseigne- 
ment, était  privé.  —  De  cette  façon,  l'artisan  se  relèverait 
à  ses  propres  yeux,  en  même  temps  qu'il  verrait  son  salaire 
augmenter,  et  ainsi  naîtrait  une  richesse  relative,  un  bien- 
être  pour  la  famille  entière. 

L'enseignement,  pour  être  rationnel,  doit  avoir  pour 
objectif  chacun  des  métiers  considérés  isolément.  Il  est 
élémentaire  que  chaque  métier  exige  des  connaissances 
spéciales;  ce  sont  ces  connaissances  que  l'on  doit  s'appli- 
quer à  développer,  à  épurer,  à  rendre  autant  que  possible 
artistiques.  Alors  l'artisan,  abandonné  à  lui-même,  devenu 
patron,  travaillant  d'après  ses  idées  propres,  exécuterait 
son  travail  moins  machinalement,  ne  se  contenterait  plus 
de  reproduire  plus  ou  moins  habilement  ce  qu'il  a  vu  faire 
et  ainsi  que  cela  était  fait.  —  On  ne  verrait  plus  se  pro- 
duire tant  d'objets  et  tant  de  meubles  sans  goût  aucun, 
sans  élégance,  sans  grâce,  en  désaccord  complet  avec  le 
milieu  dans  lequel  ils  doivent  être  placés. 

Noussonmies  loin  du  temps  où,  pour  devenir  patron,  il 
fallait  produire  un  chef-d'œuvre;  si  cet  examen,  auquel 
les  aspirants  patrons  étaient  soumis,  existait  de  nos  jours, 
beaucoup  ne  l'auraient  pu  subir. 

Dans  l'art  de  la  construction,  il  est  désolant  de  constater 
que  les  connaissances  professionnelles  et  l'esprit  d'ini- 
tiative font  habituellement  défaut,  non  seulement  chez 
l'ouvrier,  mais  aussi  chez  le  patron.  Dans  une  construction 
de  quelque  importance,  c'est  l'architecte  qui  doit  supporter 
tout  le  poids  du  travail;  il  ne  suilil  pas  qu'il  produise  un 
plan  avec  tous  les  détails  et  les  coupes,  il  faut  qu'il  indique 


(4IC) 

au  maçon,  au  charpenlier  et  aux  autres  méliers  qu'il 
emploie  la  façon  d'exécuter  l'ouvrage,  la  manière  d'utiliser 
les  matériaux.  Aux  connaissances  que  son  arl  réclame  et 
qu'il  doit  posséder,  il  doit  joindre  les  connaissances  spé- 
ciales et  techniques  de  tous  les  métiers.  Et  quand  il  s'agit 
de  rornemenlalion  intérieure  du  bâtiment,  de  l'ameuble- 
ment, le  même  phénomène  se  présente.  Y  a-l-il  à  placer 
un  meuble,  faut-il  un  décor,  un  foyer,  c'est  à  l'architecte 
à  faire  le  dessin,  et  encore  doit-il  prendre  soin  d'indiquer 
le  moyen  de  l'exécuter.  Le  patron,  tout  comme  l'ouvrier, 
abdique  toute  initiative,  se  borne  à  recevoir  des  instruc- 
tions et  des  ordres  ;  de  cette  façon,  pour  concevoir  un  plan 
et  aussi  pour  l'exécuter  dans  tous  ses  détails,  il  ne  reste 
qu'un  homme,  c'est  l'architecte. 

En  résumé,  au  point  de  vue  des  intérêts  de  l'ouvrier,  de 
son  bien-être,  de  son  amélioration  sociale,  comme  aussi  au 
point  de  vue  de  l'art  en  général,  il  convient  que  l'ensei- 
gnement professionnel  soit  mieux  dirigé,  davantage  spé- 
cialisé, que  l'on  s'efforce  de  faire  de  l'artisan  un  artiste 
dans  son  n)étier.  Ainsi,  non  seulement  l'artisan  se  créera 
des  ressources,  mais  encore  le  goût  artistique  se  déve- 
loppera dans  les  masses  et  l'on  n'aura  plus  à  regretter  les 
déplorables  dégradations  dont  nos  monuments  publics, 
les  hôtels,  les  maisons  et  nos  parcs  ont  été  l'objet. 

Dans  certaines  de  nos  grandes  villes,  des  efforts  louables 
se  font  pour  développer  l'enseignement  professionnel; 
notre  but  a  été  de  signaler  ces  efforts,  de  les  approuver  et 
de  les  encourager.  Tenant  compte  du  résultat  à  atteindre, 
vous  m'excuserez,  Messieurs,  d'avoir  abusé  pendant  si 
longtemps  de  votre  trop  bienveillante  attention.  —  Applau- 
dissements. 


I 


(in  ) 

—  iM.  le  secrétaire  perpétuel  proclame  de  la  manière 
suivante  le  résultat  des  concours  : 


CONCOURS   DE    LA   CLASSE    POUR    1890. 


Les  concours  annuels  ouverts  par  la  Classe  des  beaux- 
arts  de  l'Académie  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

PARTIE    L,ITTÉR%lRi:. 

Quatre  questions  avaient  été  inscrites  au  programme  de 
concours  pour  l'année  actuelle.  Elles  avaient  pour  objet 
de  demander  ;  1°  Quelle  était,  depuis  le  XP  siècle,  la  com- 
position instrumentale  des  bandes  de  musiciens  employées 
par  les  magistrats  des  villes,  etc.  ;  2°  L'histoire  de  la  céra- 
mique aux  Paijs-Bas;  5°  L'influence,  exercée  en  France 
par  les  sculpteurs  belges  du  XV'^  siècle,  et  4°  De  déterminer 
les  caractères  de  l'architecture  flamande  du  XVI^  siècle. 

La  Classe  a  constaté  avec  regret  qu'aucun  mémoire 
ne  lui  a  été  présenté  en  réponse  à  ces  questions. 

ART     APPE,IQIIÉ. 

Peinture. 

La  Classe  avait  remis  au  concours,  pour  l'année  actuelle, 
le  sujet  suivant,  qui  a  ligure  au  programme  de  1886  : 

Projet  de  diplôme  (dessin  ou  grisaille)  destiné  aux  lau- 
réats des  différents  concours  ouverts  par  l' Académie  royale 
des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique. 


(  418  ) 

La  Classe  désirait  que  ce  projet  fût  conçu  dans  le  carac- 
tère simple  qui  doit  convenir  à  un  diplôme  académique. 

Huit  dessins  ou  grisailles  ont  été  reçus.  Ils  portent  les 
devises  suivantes  : 

N"*  1.  Vivre,  c'est  combattre. 

2.  Ars  longa,  vila  brevis.  ■ 

3.  Prodesse  et  delectare. 

4.  Age  quud  agis. 

5.  Fama  volât. 

6.  Harmonie. 
1.  Géométrie. 

8.  Plus  d'ho7ineur  que  de  travail,  etc. 

La  Classe,  se  ralliant  au  rapport  de  sa  section  de  pein- 
ture, vote  le  prix  proposé  de  six  cents  francs  au  projet  n°  5 
portant  la  devise  :  Fama  volât. 

L'ouverture  du  billet  cacheté  a  fait  connaître  comme 
auteur  de  ce  travail  M.  Guillaume-François  Hoffman,  à 
Forest  lez-Bruxelles. 

Une  mention  honorable  a  été  accordée,  à  l'unanimité, 
au  projet  n"  7  portant  la  devise  :  Géométrie. 

L'auteur  est  prié  de  faire  savoir  s'il  accepte  cette 
distinction. 

Gravure  en  médailles. 
La  Classe  avait  proposé  comme  sujet  : 

Une  médaille  conimémorative  de  la  loi  qui  a  autorisé 
S.  M.  Léopold  II  à  prendre  la  souveraineté  de  l'État  indé- 
pendant du  Congo. 

L'avers  est  réservé  à  l'effigie  de  Léopold  II. 


(  419  ) 

Les  concurenls  avaient  le  choix,  pour  le  revers,  entre 
les  sujets  suivants  : 

«  La  Belgique  et  l'État  du  Congo  imis  sons  une  même 
souveraineté.  » 

«  L'hlat  du  Congo  accomplissant  en  Afrique  son  œuvre 
civilisatrice.  »  —  Prix  :  600  francs. 

La  Classe  a  également  constaté,  avec  regret,  qu'aucun 
modèle  ne  lui  a  été  soumis. 


PRIX  DE  ROME. 

Grand  concours  d'architecture  de  1890. 

D'après  les  décisions  du  jury  chargé  de  juger  le  grand 
concours  d'architecture  qui  a  eu  lieu  cette  année,  le  pre- 
mier prix  a  été  décerné  à  M.  Arthur  Verhelle,  de  Bruges, 
élève  de  l'Académie  royale  des  beaux-arls  de  Bruxelles; 

Le  seco7id  prix  à  M.  Adolphe  Kockerols,  d'Anvers,  élève 
de  l'Institut  supérieur  des  beaux-arts  de  la  même  ville; 

Une  première  mention  honorable  a  été  accordée  à 
M.  Emile  Vereecken,  d'Anvers,  élève  de  l'Académie  des 
beaux-arts  d'Anvers  et  de  MM.  Schadde  et  J.  Vereecken, 
et  une  deuxième  mention  honorable  à  M.  Hubert  Marcq,  de 
Bruxelles,  élève  des  Académies  d'Anvers  et  de  Bruxelles. 


La  séance  a  été  terminée  par  l'exécution  de  la  cantate  : 
Sinaï,  poème  couronné  de  M.  Jules  Sauvenière,  musique 
de  M.  Paul  Lebrun,  de  Gand,  premier  second  prix  du 
grand  concours  de  composition  musicale  de  1889. 


(  420  ) 
Voici  les  noms  des  solistes  : 

M.  Charles  Waeyenberge  [Moïse); 

M.  Auguste  Van  Gheluvve  [le  Récitant); 

M"*  Elvire  Van  Ackere  [Marie,  sœur  de  Moïse). 

Les  chœurs  ont  été  chantés  par  les  élèves  du  cours 
d'ensemble  vocal  du  Conservatoire  royal  de  Gand  et  les 
membres  de  la  section  chorale  de  la  Société  Royale 
«  des  Chœurs  »  de  la  même  ville. 


OUVRAGES  PRESENTES. 


Leltenhove  [le  baron  Kervxjn  de).  —  Marie  Stuart.  L'œuvre 
puritaine  —  le  procès  —  le  supplice,  1S85-1 587,  tonnes  I  et  H. 
Paris,  1889;  2  vol.  in-8°. 

Tiberghien  {G.).  —  Discours  prononcé  aux  funérailles  de 
W  A.  Van  Weddingen,  le  10  juillet  1890.  Bruxelles,  1890; 
extr.  in-8''  (4  p.). 

Harlez  (C.  de).  —  I-LI,  cérémonial  de  la  Chine  antique,  avec 
des  extraits  des  meilleurs  commentaires,  Paris,  1890;  vol. 
10-8»  (408  p.,  7  pi.). 

Terby  (F.).  —  Considérations  sur  le  mouvement  de  rotation 
delà  planète  Vénus.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-8°(10  p.et  1  pi.). 

—  Sur  de  nouvelles  observations  des  canaux  de  Mars  et  de 
leur  gémination.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-8°  (15  p.  et  1  pi.). 

Bambeke  [Ch.  Van).  —  De  l'existence  probable  chez  Phal- 
lus impiidicus  d'un  involucrum  ou  indusium  rudimentaire. 
Gand,  1890;  extr.  in-S»  (9  p.,  1  pi.). 

Selys  Longcliamps[Edm.  de).  —  Causeries  odonatologiques, 
n"'  1  et  2.  Pruxelles,  1890;  extr.  in-8°  (6  p.). 


(  m  ) 

liohijns  [G.).  —  Discours  sur  l'utilité  de  la  oonnnissancc  des 
liuiyucs  vivantes  et  l'importimcc  du  Ihunand.  Liège,  iSÎJO; 
iii-S"  (K;  p.). 

Deriiyts  {Jacques).  —  Sur  les  covariants  primaires. 
Bruxelles,  1890;  exlr.  in-8°  (19  p.). 

—  Sur  la  réduction  des  fonctions  invariantes.  JJruxelIcs, 
1800;  cxtr.  in-8°  (7  p.). 

Isnardo/i  (Jacques).  —  Le  théâtre  de  la  Monnaie  dej)uis  sa 
fondation  jusqu'à  nos  jours.  Bruxelles,  4890;  vol.  gr.  in-S" 
(illustrations). 

Giltée  [Aug.).  —  De  hand  en  de  vingeren  in  het  volksge- 
loof.  S.  1.  nid.  ln-18  (52  p.). 

—  L'élude  du  folklore  en  Flandre.  Bruxelles,  1890;  extr. 
in-S"  (19  p.). 

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Bruxelles,  1890;  in-S". 

—  Matériaux  pour  la  faune  entomologique  de  la  province 
de  Brabant  :  Coléoptères,  5°"  centurie,  Bruxelles,  1890;  in-8°. 

Delaunois.  —  Over  de  onmatiglieid.  Uit  het  fransch  ver- 
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de  la  ville  de  Termonde,  1"  et  2°"  parties.  1883-1887;  in-8". 

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de  Bruxelles  (1889-1890).  Bruxelles,  1890;  vol.  in-f». 

—  La  traite  des  esclaves  en  Afrique  :  Actes  internationaux 
et  documents  relatifs  à  la  législation  des  pays  d'Orient,  recueil- 
lis pour  la  conférence  de  Bruxelles.  Bruxelles,  1889;  in-f" 
(38  p.). 

—  La  traite  des  esclaves  en  Afrique  :  Renseignements  et 
documents  recueillis  pourla  conférencede Bruxelles.  Bruxelles, 
1890;  vol.  in-f'  (264  p.). 

Ministère  de  V Agriculture,  etc.  —  Enquête  sur  l'épidémie 
(le  grippe  qui  a  régné  en  Belgique  en  1889-1890.  Documents 
et  rapports.  Bruxelles,  1890;  in-8". 

Société  d'archéologie  de  Bruxelles.  —  Annales,  tome  IV, 
qme  Hyraison.  Bruxelles,  1890;  in-8°. 


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Fîmbryonen.  Wurzbourg,  1890;  cxlr.  in-8°  (2  p.). 

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myelinlialtigen  und  myelinlosen  Nervenfosern.  Berlin,  1890; 
extr.  in-8°  (21  p.). 

Marcuse  (A.).  —  Resullate  der  forgesetzten  berliner  Beo- 
bachtungsreitc  betrcffend  die  Vcranderlichkeit  der  Polhôhen. 
Berlin,  1890;in-4°  (4  p.  et  1  fig.). 

Kalischer  [W  S.).  —  Wirkt  das  Licht  magnetisch?  S.  1.  ni 
d.;  in-12(10  p.). 

Astronumisclie  Gesellscliaft,  Leipzig.  —  Catalog,  ersle 
Abtheilung,  4.  und  14.  Stuck.  1890;  2  vol.  in-4°. 

Gesellscliaft  der  Wissenscliaflcn,  Prag.  —  Sitzungsberichte 
der  malbcmatiscbe  Classe,  1890,  1.  In-S". 

Statislisches  Bureau,  Budapest.  —  Publicationen,  XXIII 
und  XXIV.  Berlin,  1890;  in-8°. 

Museo  civico  di  sloria  naturule  di  Trieste.  —  Atti,  vol.  VIII. 
1890;  in-S". 

Verein  fiir  Erdkunde,  Leipzig.  —  Mitteilungen,  1889  In-8". 

Scide.sische  Gesellscliaft  fiir  vaterlàndische  Cultur.  — 
Jahrcs-Bericht,  1889;  in-8°. 


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Ferdinandeum  fur  Tirol  und  Vorarlberg.  —  Zeitschrift, 
ô't.  Ileft.  Innsbruck,  1890;  in-8". 

Université  de  Tubingue.  —  Thèses  et  dissertations  inaugu- 
rales, 1889-90. 

Université  de  Kiel.  —  Thèses  et  dissertations  inaugurales, 
1889-90. 

Académie  des  sciences  de  Budapest.  —  Almanaeh,  Bulletins 
et  Mémoires  pour  1889-1890. 

Université  de  Heidelberg.  —  Thèses  et  dissertations  acadé- 
miques, 1889-90.  52  brochures. 

Handelsslatistisches  Bureau,  Haniburg.  —  Tabellarische 
Uebersichlen  im  Jahre  1889,  In-4°. 

Naturf'orschende  Gesellschaft,  Dantzig.  —  Monographie  der 
ballischen  Bernsteinbaume  (Conwentz).  1890;  in-i". 

Naturwissenscliafllicher  Verein,  Regensburg.  —  Berichlc, 
HcftII.  1890;in-8«. 

Physikal.-ôkonomische  Gesellschaft.  —  Schriften,  1889. 
Konigsberg;  in -4". 

Staatsarchiv  in  Stuttgart.  —  Wûrterabergisches  Urkunden- 
buch,  D.  Band,  1889;  vol.  in-4''. 

Senckenbergische  Nuturforschende  Gesellschaft.  —  Beriehl, 
1890.  Franefort-sur-Mein;  in-8°. 

Meteorologischcs  Institut,  Berlin.  —  Ergebnisse  der  meteo- 
rologischen  Beobachtungen  im  Jahre  1890.  Berlin;  in-4°. 

Naturwissenschaftlicher  Verein  fur  Steiermark.  —  Mittei- 
lungen,  1888.  Graz,  1889;  in-8''. 

Verein  von  Alterthumsfreunden  im  Rheinlande,  Bonn.  — 
Jahrbucher,  Hcft  78-87  und  89.  1884-1890;  gr.  in-8». 

Verein  fur  Kunst  und  Allerthum  in  Ulm.  —  Urkunden  zur 
Gcschichte  der  Pfarrkirche  in  Ulm.  1890;  in-8". 

Sternivarle  zu  Prag.  —  Beobachtungen,  1889;  in-4». 


(  425  ) 


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1889;  in-8''(l4i  p.). 

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1888;  vol.  iri-4". 

Minisleriu  ilc  Foinento.  —  Esladislica  gênerai  de  ]:i  Hc|tu- 
blica  mexicaiii^  aiîo  V  (Anloiiio  Pemifiel).  Mexico,  18110;  vol. 
gr.  in-8». 

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—  Bulletin,  54-57.  -—  Monographs,  XV  and  XVI.  Washing- 
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Smilhsonian  Institution.  —  Annual  report,  188G,  part  2; 

1887,  i  and  ±  Washington,  1889;  5  vol.  in-8". 
Observutorio  astronoinico  de  Rio  de  Janeiro.  —  Annuario, 

1888,  1889,  1890.  5  vol.  in- 18. 

Signal  Office.  —  Tri-daily  meleorological  Record,  1878, 
october-deceniber.  Washington,  1884;  in-4"'. 

—  Annual  report,  pars  1  and  2,  1890;  in-8». 

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tomo  VII,  2-4;  secunda  série,  tomo  1,  n"  4,  6,  7  y  8.  Mexico; 
in-4°. 

Washburn  Observatortj.  —  Publications,  volume  VI,  1  and  2. 
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Minnesota  Academy  of  natural  Sciences.  —  Bulletin, 
vol.  III,  \.  Minneapolis,  1889;  in-8''. 

U.  States  naval  Observatory.  —  Observations  madc  during 
1884.  Washington,  1889;  vol.  in-4». 

Impérial  Observutorio,  Rio  de  Janeiro.  —  Annaes,  tomo  IV, 
1"  et  2'''  parties.  1889;  2  vol.  in-4°. 

ù"""    SÉHIE,    TO.ME    XX.  28 


(  426  ) 

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dix  I  :  The  international  astrophotographic  congress  (Winter- 
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Hall).  In-4». 

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tion des  enfants  maltraités  ou  moralement  abandonnés.  Paris, 
1890;  in  8°  (20  p.). 

Pascaud  [H).  —  De  l'indemnité  de  plus-value  au  profit  du 
fermier  sortant.  Paris,  1890;  in-8°  (54  p.). 

Marchot  [Paul).  —  Le  patois  de  Saint-Hubert  (Luxembourg 
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RouUiet  [Antony).  —  Une  loi  sur  les  habitations  ouvrières 
(loi  belge  du  9  août  1889).  Paris,  1890;  extr.  in-8»  (20  p.) 

Vaillant  [Léon).  —  Histoire  naturelle  des  annélides  marins 
et  d'eau  douce,  tome  III,  1'"'=  partie.  Paris,  1889;  vol.  in-8°. 


Grande-Bretagne,  Irlande  et  Colonies  britanniques. 

Maiden  [J.-H.).  —  Wattles  and  VVattlebarks  beinghintson 
the  conservation  and  cultivation  of  wattles,  together  with  par- 
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(  ^27  ) 

Royal  Socielt/  of  Victoria.  —  Transactions,  vol.  I,  pari  2. 
Melbourne,  1889;  in-'^°. 

Royal  Dublin  Society.  —  Scicntific  Transaction •;,  vol.  II, 
n"'  1-5.  Proceedings,  vol.  IV-VI. 

Society  of  Edinhurgh,  —  Proceedings,  vol.  XV  and  XVI. — 
Transactions,  XXXI II,  3;  .XXXV. 

Liverpool  biotogical  Society.  —  Proceedings  and  transac- 
tions, vol  IV.  1889-90;  in-8°. 

Linnean  Society,  London.  —  Proceedings,  may,  1890. 
Bolany  :  Journal,  n"  171,  172,  174,  181,  182.  Zoology  : 
Transactions,  vol.  V,  pari  4.  Journal,  n"  122,  123,  133-135, 
141-144. 

Meteorological  Department  ofindia.  —  Iland-book  of  cyclo- 
nic  slorms  in  the  hay  of  Bengal  for  ihe  use  of  sailors  (J.  Eliot). 
—  Cyclone  mcmoirs,  pari  II  (J.  Eliot).  —  Report  on  the  raeteo- 
rology  of  India  in  1888. 

Literary  and  philosopliical  Society  of  Liverpool.  —  Procee- 
dings, n»'  XLI,  XLII  and  XLIII.  In-8''. 

Royal  Society  of  London.  —  Transactions  for  the  year  1889. 
Londres,  2  vol.  in-4". 

Royal  Society  of  Canada.  —  Proceedings  and  Transactions 
for  1889,  volume  VII.  Montréal,  1890;  in-4». 


Italie. 

Aulo-governo  nazionale  ed  internazionale,  o  la  soluzione 
pratica  dei  [)iu'  ardui  problemi  politico-economico-sociali. 
Turin,  1890-91;  gr.  in-8". 

Vecchi  (Stanislas).  —  L'essenza  reale  délie  quantità  ora  dette 
immaginaric  la  rappresenlazione  diretla  dclle  quantità  com- 
plesse  c  la  legge  di  conlinuità  in  gconietria.  Parme,  1890;  in-4* 
(o5  p.,  fig.). 


(  428  ) 


Pays-Bas. 

Teijlers  gocigeleerd  genootschap.  —  Verhandclingen,  decl 
XII.  Harlem,  1890;  in-8». 

Natuxirkundige  vereeniging  in  Nederlandsch-Indië.  ~  Tijd- 
scbrifl,  deel  XLIX.  Batavia,  1890;  vol.  in-8". 

Koninklijkc  Bibliolheek.  —  Vcrslag  der  aanwinsten  gedu- 
rende  1889.  La  Haye,  1890;  in-8°. 

Société  historique  du  duché  de  Limbourg.  —  Publications, 
tome  XXVI,  1889.  Maestricht,  1890;  vol.in-8°. 


Pays  divers. 

Antiqvitets  Akademien. —  Tidskrift  Xi,  I  och  2. —  Monads- 
blad,  1888.  Stockholm;  in-8". 

Université  d'Cpscd. —  Programmes  et  dissertations,  1889-90. 
32  broch.  in-8''  et  in-4". 

Société  des  amis  d'histoire  naturelle,  Moscou.  —  Mémoires, 
1890.  In-4°. 

Société  helvétique  des  sciences  naturelles.  —  Nouveaux 
mémoires,  vol.  XXXII,  1"  livr.  Zurich,  1890;  in-4°.  —  Compte 
rendu  des  travaux  de  la  72' session  réunie  à  Lugano  en  1889. 
In-8'',  —  Matériaux  pour  la  carte  géologique  de  la  Suisse, 
16"'  livraison.  Berne,  1890;  vol.  in-4°. 

Nalurforschende  Gesellschaft  iti  Bern.  —  Mitleilungen  ans 
dem  Jabre  1889.  In-8". 

Institut  égyptien.  —  Bulletin,  1889.  Le  Caire,  1890;  in-8°. 

Observatorio  do  infante  D.  Luiz.  —  Annaes,1887,  vol.  XXV. 
Lisbonne;  in-4°. 

Observatorio  de  marina  de  San  Fernando.  —  Anales,  sec- 
cion  2%  1889.  San  Fernando,  1890;  in-i". 


BULLETIN 

DE 

L'ACADÉMIE   ROYALK  DES  SCIENCES, 

DES 
LKTTRES  ET  DES  BEArX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

d890.  —  JNoU. 
CLASSE  DES  SCIEi\CES. 


Séafice  du  8  novembre  1890. 

M.  Stas,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpélueL 

Sont  présents  :  MM.  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  de  Selv. 
Ungchamps   G.  Dewalqne,  E.    Candèze,  Éd.    D  po 

G.  Van   der   Mensbrugghe,   Louis   Henry,   M.   Mourlon 

Ch    de  , a  Vallée  Pouss.n,  associés;  Alpb.  Renard,  C.  Le 
J^aige,  L.  Errera  et  F.  Terby,  correspondants. 

BamLr  ^'''r"'  ^■;^^-^''''^^'^'-^  J-  De  Tilly  et  Ch.  Van 
BambeKe,  membres,  s'excusent  de  ne  pouvoir  assister  à  la 


séance 

S""*    SÉRIE,    TOME    XX 


29 


(  430  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Minisire  de  rinlérieiiret  de  rinslruclion  publique 
demande  l'avis  de  l'Académie  sur  l'adhésion  éventuelle  du 
Gouvernement  belge  au  Congrès  de  Rome,  oiî  seraient 
représentés  les  États  membres  de  l'Union  géodésique 
internationale,  à  l'eiïel  d'examiner  les  propositions  de 
l'Académie  de  Bologne  pour  l'introduction  à\m  méridien 
initial  unique,  et  de  l'heure  universelle.  —  Renvoi  à 
m\.  Liagre,  Folie  et  De  Tilly. 

—  Le  même  Ministre  écrit  qu'il  a  chargé  les  statuaires 
de  Tombay  et  Hérain  d'exécuter  les  bustes  en  marbre  du 
chevalier  X.  de  Burtin  et  de  B.-Ch.  Du  Mortier,  anciens 
membres  de  la  Classe. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt  dans  les  archives  de  l'Aca- 
démie d'un  billet  cacheté  deMM.A.-F.  Renard  et  J.  Cornet  : 
Sur  le  mode  de  formation  de  la  craie  'phosphatée. 

—  M.  le  Minisire  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Aca- 
démie, les  livraisons  289  et  290  de  la  Flora  batava.  — 
Remerciements. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

1°  Nouvelles  stations  préhistoriques  des  bords  de  la 
Meuse  entre  Profondeville  et  Annevoie ;  par  Tilo  Zanar- 
delli; 

2°  La  respiration  des  plantes;  par  Léo  Errera; 


(  431   ) 

5°  Annalas  délia  Socielad  rhaeloromanscha,  i"  annada, 
Coire; 

4"  Noie  sur  l'unification  des  heures  au  point  de  vue  de 
l'exploitation  des  chemins  de  fer;  par  Louis  de  Busscherc. 
—  Renicrciemenls. 

—  Les  travaux  mamiscrils  suivants  sont  renvoyés  ù 
l'examen  de  commissaires; 

1"  Contribution  à  la  question  de  l'azote  ;  par  A.  Peter- 
mann.  Second  mémoire.  —  Commissaires  :  MiM.  Slas, 
Henry  et  Spring; 

2°  j\ew  Quantitative  test  for  bread,  flour,  albumen,  etc.  ; 
par  John  Barker  Smith,  de  Londres.  —  Commissaire  : 
M.  Spring. 


RAPPORTS. 

Il  est  donné  lecture  du  rapport  de  M.  Mansion,  sur  un 
mémoire  de  M. Catalan  Sur  l'ellipse  de  Brocard.  —  Remer- 
ciements à  l'auteur  et  impression  de  son  travail  dans  le 
recueil  des  Mémoires  in-^",  avec  la  planche  qui  l'accom- 
pagne. 


Sur  les  points  d'inflexion  dans  les  cubiques; 
par  Cl.  Servais. 

Wtnppot't  tic  M.  C.  Ce  Paige, 

«  Le  mémoire  soumis  à  la  Classe  par  M.  Servais  con- 
tient un  grand  nombre  de  propriétés  intéressantes  des 
points  d'inflexion  d'une  cubique.  Ces  propriétés  ne  sont 


(  452  ) 

pas  toutes  nouvelles,  mais  elles  sont  toutes  démontrées 
par  un  procédé  uniforme  et  extrêmement  simple. 

L'auteur  commence  par  exposer  les  propriétés  des 
groupes  de  trois  points  AiAgÂs  obtenus  et  projetant  d'un 
point  P,  de  la  courbe,  sur  celle-ci,  trois  points  d'inflexion 
alignés  W.WgWg. 

Il  arrive  aisément  à  ce  théorème  :  Les  rayons  qui  pro- 
jettent tous  les  ternes  d'un  même  genre  (A^AgAs)  d'uii 
point  quelconque  à  la  cubique,  forment  une  involulion 
cubique  du  premier  rang. 

Comme  cas  particulier,  on  obtient  ce  théorème  curieux  : 
Les  trois  ternes  de  rayons  qui  projettent  d'un  point  quel- 
conque du  plan,  le  terne  de  points  d'inflexion  situés  sur 
les  côtés  d'un  triangle  inflexionnel,  font  partie  d'une  invo- 
lulion cubique  de  premier  rang. 

Si  le  centre  de  projection,  au  lieu  d'être  quelconque,  est 
situé  sur  une  droite  inflexionnelle,  ne  faisant  pas  partie 
du  triangle  choisi,  l'involulion  cubique  devient  une  involu- 
tion  quadratique. 

Je  ne  suivrai  pas  l'auteur  dans  les  développements  qu'il 
déduit  des  propriétés  essentielles  que  je  viens  de  rappeler  : 
ces  conséquences  sont,  pour  la  plupart,  des  propriétés 
connues,  tandis  que  les  théorèmes  que  j'ai  reproduits  me 
paraissent  nouveaux  et  constituent  la  partie  fondamentale 
du  travail  que  j'analyse  en  ce  moment. 

Dans  un  second  paragraphe,  M.  Servais  arrive  à  éta- 
blir d'une  manière  élégante  l'existence  des  neuf  points 
d'inflexion  d'une  cubique,  comme  conséquence  du  théo- 
rème intéressant  qui  suit  : 

Si  autour  d'un  point  S  de  la  polaire  harmonique  d\(n 
point  d'inflexion  Wj  on  fait  tourner  une  sécante  qui  coupe 


(  ^'"55  ) 

la  courbe  en  des  points  AjAoAj,  les  rayons  W,A„  WiAj, 
W,A3  font  partie  iVune  invotution  cubique  du  premier 
rang. 

La  conlribulion  nouvelle  que  M.  Servais  vient  d'apporter 
à  l'élude  des  cubiques,  me  paraît  digne  de  l'approbation 
de  l'Académie,  et  je  serais  heureux  que  la  Classe  voulut 
bien  en  ordonner  l'impression  au  Bulletin  de  la  séance  ». 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxqueJies  ont 
souscrit  les  deux  autres  commissaires,  mi  Mansion  et 
De  Tilly. 


Sur  la  dypnone;  par  Maurice  Delacre. 

a  Les  acétones,  comme  les  aldéhydes,  sont  remarquables 
|)ar  leur  aptitude  extraordinaire  à  fournir  des  produits  de 
condensation  sous  l'action  d'agents  divers.  Cette  question 
générale  est  depuis  longtemps  l'objet  de  l'attention  des 
chimistes;  iM.  Delacre  a  jugé  utile,  et  avec  raison,  de  s'en 
occuper  à  ï>on  tour. 

Comme  objet  de  ses  recherches,  il  a  choisi  l'acélophé- 
none  CcH»— CO— CH3,  dont  les  condensations  sont  plus 
nettes  que  celles  de  l'acétone  ordinaire. 

Sous  l'action  du  zinc-éthyle  et  sous  l'action  de  l'acide 
chlorhydrique,  l'acélophénone  donne  naissance  par  élimi- 
nation d'eau  à  une  acétone  de  condensation,  non  saturée, 
de  la  formule 


/ 


(  434  ) 

Ce  produit  correspond,  comme  on  le  voit,  à  l'oxyde  de 
mésilyle 

Cil,. 


CH. 


>C  =  CH— CO  — CFI3, 


dont  M.  Kekulé  a  fait  connaître  la  véritable  constitution. 

Pour  en  rappeler  l'origine  et  faciliter  la  nomenclature 
de  ses  dérivés,  M.  Delacre  a  donné  à  ce  composé  le  nom  de 
dypnone,  hypnone  est,  comme  l'on  sait,  le  nom  sous  lequel 
est  désigné  Tacétophénone  dans  le  domaine  médical. 

La  dypnone  constitue  un  liquide  épais  d'un  jaune  clair, 
incristallisable  et  non  distillable.  M.  Delacre  décrit  l'action 
de  la  phénylhydrazine,  de  l'hydroxylamine  et  du  brome  sur 
ce  composé.  Ces  constatations  ne  laissent  aucun  doute  sur 
la  nature  acétonique  et  le  caractère  non  saturé  de  ce  pro- 
duit. M.  Delacre  a  encore  examiné  l'action  de  la  chaleur; 
cette  action  paraît  fort  compliquée  et  fournit  divers  corps, 
parmi  lesquels  le  plus  intéressant  est  la  triphényl-benzine 
symétrique  4  —  3  —  5.  C'est  ce  même  hydrocarbure  qui 
se  forme  encore  comme  produit  principal  dans  l'action  du 
pentachlorure  de  phosphore,  de  l'acide  chlorhydrique  et 
du  zincélhyle  sur  la  dypnone. 

Le  mécanisme  de  sa  production  reste  encore  à  trouver. 
Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  affirmer  avec  M.  Delacre  que  la 
formation  de  la  dypnone  précède  celle  de  la  triphényl- 
benzine,  dans  la  réaction  prolongée  de  l'acide  chlorhydrique 
sur  l'acétophénone,  selon  MM.  Berlhold  et  Engler. 

Le  travail  de  M.  Delacre  se  distingue  par  le  même  soin 
scrupuleux  et  patient  qui  caractérise  toutes  ses  recher- 
ches. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  :  i°  d'insérer 


(  435  ) 
dans  les  Bulletins  ce  nouveau  Mémoire  de  notre  jeune 
et  actif  correspondant,  et,  2"  de  lui  voter  des   remer- 
ciements pour  ses  fréquentes  et  si  intéressantes  commu- 
nications ». 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  M.  Spring, 
second  commissaire,  s'est  rallié. 


Sur  le  nouveau  genre  Posadaea  de  la  famille  des  Cucurbi- 
lacées;  par  Alfred  Cogniaux. 

Mtappot't  de  Êt.ft^  Cfépit»    et  Gilhiitet. 

a  Nous  avons  pris  connaissance  de  la  note  de 
M.  Cogniaux  intitulée  :  Le  nouveau  genre  Posadaea,  de  la 
famille  des  Cucurbitacées  et  nous  jugeons  que  celte  note 
est  digne  d'être  insérée  dans  le  Bulletin  de  l'Académie.  » 
—  Adopté. 


La  réduction  des  nitrates  en  nitrites  par  les  graines  et  les 
tubercules;  par  É.  Laurent. 

Rapiiorl  He  M,  CHIkittet,  pi'entiet'  cotttittiêêaive. 

a  Dans  la  note  soumise  à  notre  examen,  M.  Laurent 
fait  connaître  le  résultat  de  ses  nouvelles  recherches  sur 
la  réduction  des  nitrates.  Il  constate  que  les  graines  de 
maïs,  d'orge,  de  pois,  de  lupin  blanc,  de  fève  et  de  haricot, 


(  436  ) 

préalablement  sléiilisées,  mises  à  germer  el  plongées 
ensuite  dans  une  solution  de  nitrate  potassique  à  i'/o. 
donnent  lieu  à  là  production  de  nitrite,  à  la  condition, 
toutefois,  que  les  graines  soient  recouvertes  d'une  couche 
épaisse  de  liquide.  Au  contraire,  il  n'y  a  pas  de  réduc- 
tion, lorsque  la  couche  de  solution  nitrée  ne  présente 
qu'une  faible  épaisseur  et  offre  une  grande  surface  d'aéra- 
tion. 

D'après  l'auteur,  la  réduction  constatée  dans  le  premier 
cas  doit  être  attribuée  au  fait  que  les  graines  empruntent 
au  nitrate  une  partie  nécessaire  à  leur  respiration. 
M.  Laurent  ne  nous  fait  pas  connaître  explicitement  la 
cause  à  laquelle  il  attribue  l'absence  de  réduction  dans  le 
second  cas.  Toutefois,  on  peut  inférer  de  ses  conclusions 
qu'il  admet  alors  une  oxydation  aux  dépens  de  l'oxygène 
de  l'air. 

Le  réactif  employé  pour  déceler  le  nitrite  est  unique- 
ment le  chlorure  de  naphtylamine  en  présence  des  acides 
chlorhydrique  et  sulfanilique.  L'honorable  M.  Stas  et  moi- 
même,  nous  avons  constaté  précédemment  que  ce  réactif 
n'était  pas  à  l'abri  de  toute  critique. 

L'auteur  a  observé  la  réduction  du  nitrate  par  les  tuber- 
cules de  topinambour,  de  radis,  de  navet,  etc.,  ainsi  que 
par  les  pétioles,  les  pédoncules  el  les  fruits  de  différentes 
plantes.  11  constate  enfin  que  par  une  élévation  de  tempé- 
rature convenable,  par  l'immersion  dans  l'alcool  où  le 
chloroforme,  on  peut  tuer  les  cellules  sans  en  faire  dispa- 
raître entièrement  le  pouvoir  réducteur,  ce  qui  conduit  à 
la  supposition  qu'il  existe  dans  les  tissus  végétaux  des 
substances  douées  de  propriétés  réductrices. 

Nous  devons  faire  remaquér  à  l'auteur  que  celte  expé- 


(  437  ) 

rionce  semble  en  conlradiclion  avec  sa  conclusion,  qu'il 
lormule  de  la  manière  suivante  : 

a  La  réduction  des  nilrales  en  nilriles  par  les  végétaux 
»  est,  comme  la  fermentation  alcoolique,  une  conséquence 
»  de  la  vie  qui  se  continue  dans  un  milieu  privé  d'oxy- 
*  gène  libre  ». 

La  note  de  M.  Laurent  étant  la  suite  des  communica- 
tions qu'il  a  adressées  à  l'Académie  sur  le  même  sujet,  j'ai 
l'honneur  d'en  proposer  l'insertion  au  Bulletin  de  la 
séance.  » 


Mtappoi'l  de  3Ë.    Kt'fet-a,  aecoitil  conttniaaaifB. 

«  A  l'analyse  si  claire  que  mon  savant  confrère,  M.  Gil- 
kinet,  a  faite  du  travail  de  M.  Laurent,  je  n'ai  que  deux 
mots  à  ajouter. 

Il  n'est  pas  tout  à  fait  exact  que  l'auteur  se  soit  unique- 
ment servi  du  chlorure  de  naphlylamine  pour  déceler  les 
nilrites.  Bien  au  contraire,  comme  M.  Laurent  le  dit  dans 
sa  note,  il  a  employé  pour  ses  premiers  essais  à  la  fois  le 
réactif  iodé,  la  métaphénylène-diamine  et  le  chlorure  de 
naphtylamine.  C'est  seulement  après  avoir  constaté  qu'ils 
donnaient  des  résultats  concordants,  qu'il  s'est  tenu  au  plus 
sensible  et  au  plus  caractéristique  de  ces  réactifs. 

Quant  à  la  contradiction  relevée  par  le  savant  premier 
commissaire,  elle  me  semble  plutôt  apparente  que  réelle. 
Beaucoup  de  physiologistes  admettent,  en  effet,  aujour- 
d'hui, que  la  respiration  ne  se  fait  point  directement,  mais 
par  l'intermédiaire  de  corps  avides  d'oxygène,   produits 


I 


(  438  ) 

par  le  protoplasme.  Quoique  la  production  de  ces  corps 
soit  un  phénomène  vital,  leur  pouvoir  réducteur  peut  très 
bien  survivre  à  la  cellule.  Les  expériences  de  M.  Laurent 
ne  me  paraissent  donc  pas  en  conflit  avec  ses  conclusions. 
Aussi  est-ce  avec  grand  plaisir  que  je  me  joins  à  mon 
confrère,  M.  Gilkinet,  pour  proposer  l'insertion  du  travail 
de  M.  Laurent  dans  le  Bulletin  de  la  séance.  »  —  Adopté. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


A  l'occasion  des  variations  de  lalihide  constatées  à  Berlin, 
à  Postdam  et  à  Prague;  par  F.  Folie,  membre  de  l'Aca- 
démie. 

J'étais  précisément  occupé  à  réduire  les  hauteurs  du  pôle 
déterminées  par  Peters  à  Poulkova  en  1842,  en  cherchant 
à  introduire  dans  cette  réduction  plusieurs  corrections  dont 
les  astronomes  ne  tiennent  encore  aucun  compte,  lorsque 
j'ai  reçu  le  travail  de  M.  Helmert. 

Je  me  suis  demandé  aussitôt  si  les  variations  (réelles  ou 
apparentes)  de  la  hauteur  du  pôle,  constatées  à  Berlin,  à 
Postdam  et  à  Prague,  ne  pourraient  pas  être  notablement 
diminuées  en  ajoutant  aux  termes  ordinaires  de  l'aberra- 
tion les  termes  périodiques  de  l'aberration  systématique. 
Il  y  aurait  lien,  alors,  de  corriger  les  hauteurs  du  pôle 
obtenues  dans  les  trois  Observatoires,  de  l'aberration  systé- 


/âS9 
ij^zmar-     Jeirier       Jfar\y 
h  10   2\0  30   i}    19    i     //   2 


Jbvil 


Ma, 


r  3-/  /p  20  3^  ro  2Y>  30 


I  -     !   '       ' 

Jtun  Judleâ       Aoûl        Sememire-  Ocà>l>r&      Jvudm-ère     Wécemhi-e. 

;>    f9  29    9    /.9  29    (.f  /cJ"   2 S    7    ff  27    -J    //   27   e    /&  2â    &    16   2f 


52"jo'//"6o 


77"5o 


77  "4o 


77"3o 


77  "2o 


77"7o 


77"oo 


769o 


76  d'o 




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1            : 

Bidhân  delJcademie'  n^ï:î.  1390.  Cvmmii/ucaà'cm  ai\Y.FoLiE. 


i 


(439) 

raalique  en  déclinaison,  dont  le  lerme  principal  esl  de  la 
l'orme  : 

A-î  =  k  [Xa  -+-  B^>)  sin  r?  cos  (A'  —  a), 

k  étant  un  coetTicienl  qui  renferme  comme  facteur  la  vitesse 
du  système  solaire,  Âa  h-  B6  la  notation  en  usage  dans  la 
connaissance  des  temps,  A'  l'apex  du  mouvement  systé- 
matique, a  et  ^  les  coordonnées  de  l'étoile. 

J'ai  calculé  ce  terme  (au  facteur  k  près)  pour  les  obser- 
vations de  Pelers  qui  s'étendent  du  14  mars  au  19  décem- 
bre 1842,  avec  une  lacune,  toutefois,  du  20  octobre  à  cette 
dernière  date,  et  j'en  ai  fait  un  diagramme,  en  adoptant 
une  échelle  qui  me  donnât  des  ordonnées  maxima  et 
miniraa  à  peu  près  égales  à  celles  des  courbes  de  M.  Hcl- 
mert.  Ce  diagramme,  qui  porte  le  n"  1  dans  la  planche 
ci-jointe,  esl  fort  semblable  à  la  courbe  de  Berlin,  qui  y 
figure  également. 

La  ressemblance  est  surtout  frappante  si  l'on  transpose 
le  diagramme  de  la  manière  dont  il  est  ligure  sous  le  n°  2. 

L'application  de  cette  correction  à  toutes  les  étoiles  qui 
ont  été  observées  à  Berlin,  à  Posldam  et  à  Prague  exige- 
rail  un  labeur  très  considérable,  el  je  doute  qu'on  l'entre- 
prenne avant  d'être  (ixé  sur  la  grandeur  de  la  viiesse  de 
transport  du  système  solaire. 

C'est  dans  le  but  de  la  déterminer  que  j'ai  entrepris  les 
calculs  dont  je  viens  de  faire  mention. 

Il  m'a  paru  intéressant  de  les  rapprocher  des  variations 
de  latitude  constatées,  et  que  j'hésiterai  à  croire  réelles 
aussi  longtemps  que  je  ne  serai  pas  fixé  sur  plusieurs  points 
encore  obscurs  des  formules  des  réductions  stellaires. 


(  440  ) 


Sur   les   graptolilhes   de    Belgique;     par    le    professeur 
C.  Malaise,  membre  de  l'Académie. 

Les  graptolithes,  objet  de  nombreux  travaux  dans  ces 
dernières  années,  ont  acquis,  pour  les  terrains  paléozoïques 
inférieurs,  une  importance  aussi  grande  que  les  ammonites 
pour  les  terrains  mésozoïques  et  les  mammifères  pour  les 
terrains  néozoïques. 

Les  géologues  et  les  paléontologues  stratigrapbes  s'occu- 
pent plus  spécialement  de  l'étude  des  espèces  quant  aux 
caractères  que  celles-ci  peuvent  leur  fournir,  au  point  de 
vue  de  l'âge  relatif  et  du  synchronisme  des  formations 
géologiques.  Sous  ce  rapport,  les  polypiers  laissés  par  les 
graptolithes  ont  parfaitement  répondu  à  ce  que  les  géolo- 
gues attendent  des  fossiles. 

Les  polypiers  à  formes  délicates  et  variées,  laissés  par 
ces  intéressants  hydrozoaires,  ont  permis  de  constater 
que  certaines  espèces  caractérisaient  des  niveaux  et  des 
zones,  où  la  même  espèce  a  une  aire  de  dispersion  d'une 
très  grande  étendue. 

Les  graptolithes  se  rencontrent  dans  le  silurien  à  diffé- 
rents niveaux,  lesquels  sont  parfaitement  bien  caractérisés 
par  des  espèces  et  des  genres  spéciaux.  Ceux  que  l'on 
trouve  à  la  base  de  ce  terrain  sont  dendroïdes  ou  à  plusieurs 
branches,  à  rameaux  unilatéraux,  ou  n'ayant  des  cellules 
que  d'un  seul  côté.  Ils  caractérisent  la  faune  seconde  infé- 
rieure. Ceux  de  la  faune  seconde  supérieure  sont  simples, 
mais  diprionidés  ou  bilatéraux,  c'est-à-dire  ont  deux  rangs 
de  cellules  de  chaque  côté.- Ceux  de  la  faune  troisième  sont 
généralement  monoprionidés,  ou  simples  et  unilatéraux,  à 


I 


(  44i  ) 
une  seule  rangée  de  cellules.  Il  y  a  des  genres  qui  établis- 
sent le  passage  entre  les  diprionidés  et  les  monoprionidés, 
notamment  le  Dimorphograplus,  qui  est  simple  et  diprio- 
nidé  à  la  base  avec  cellules  bilatérales,  et  qui  se  divise 
au  sommet  en  deux  branches,  monoprionidé,  à  cellules 
unilatérales. 

Les  graptolithes  ont  fourni  de  nombreux  et  précieux 
points  de  repère  des  zones  ou  horizons  géologiques  en 
Angleterre,  en  Ecosse,  en  Irlande,  en  Scandinavie,  en 
Bohême,  en  Tliuringe  et  dans  l'Amérique  du  Nord. 

Souvent  même,  il  arrive  que  les  graptolithes  repré- 
sentent à  eux  seuls  certains  niveaux  ;  les  autres  fossiles 
manquent,  et  les  strates  sont  réduites  à  des  couches  ne 
renfermant  que  les  polypiers  de  ces  hydrozoaires.  Des 
couches  noires  ampéhteuses,  considérées  comme  de  même 
âge,  ont  été  reconnues,  grâce  aux  graptolithes,  comme 
constituées  de  plusieurs  niveaux  différents. 

La  position  des  graptolithes  dans  la  série  animale  a  été 
très  disculée;  ils  ont  tour  à  tour  passé  pour  des  céphalo- 
podes, des  bryozoaires,  des  actinozoaires  et  des  hydro- 
zoaires. M.  le  professeur  C.  Lapworlh  dit  qu'ils  font  partie 
actuellement  de  la  famille  des  plumaridés,  au  bas  de 
l'échelle  des  hydrozoaires, dans  le  sous-ordre  deshydroïdes, 
au  voisinage  immédiat  des  rhizopodes.  M.  le  professeur 
P.-J.  Van  Beneden,  qui  les  considère  comme  des  forami- 
nifères  (1),  paraît  donc  aussi  les  rapprocher  de  la  position 
assignée  en  dernier  lieu. 

L'élude  de  la  répartition  slratigraphiquedes  graptolithes 
dans  les  différentes  régions  siluriennes  du  globe  a  montré 
qu'ils  se  répartissent  en  six   niveaux   principaux,  dans 


(t)  Opinion  jadis  admise,  également,  par  Qucnslcdt. 


(  442  ) 

lesquels  on  a  observé  un  certain  nombre  de  zones.  Ces 
niveaux  sont  les  suivants  : 

C.  —  Pour  la  l'aunu  iroisièiue  ou  silurien  suiiérieur. 

6.  Graptolitlies  des  niveaux  de  Wenlock  et  de  Ludlow. 

5.  Graptolitlies  du  niveau  de  Llandovery. 
B.  —  l'our  la  faune  seconde  ou  silurien  inférieur. 

4.  Graptolitlies  du  niveau  de  Bala  ou  Caradoc. 

o.  Graptolitlies  du  niveau  de  Llandcilo. 

2.  Graptolitlies  du  niveau  de  l'Arenig. 
A.  —  Pour  la  faune  primordiale  on  cambrien  supérieur. 

i.  Graptolitlies  du  niveau  des  schistes  à  UicUjoucma  sociale 
ou  Dictyuiiema  jlabclliformis. 

Nous  possédons  ces  divers  niveaux  :  !2,  4,  5  et  6,  d'une 
façon  positive,  et  1  et  5  d'une  façon  problématique. 

Quoique  l'on  rapproche  Diclyonema  sociale  des  grapto- 
litlies, on  n'a  pas  encore  signalé  ces  derniers  en  compa- 
gnie de  Diclyonema  sociale,  dans  les  diverses  localités  où 
ce  fossile  a  été  observé  en  Belgique. 

Le  niveau  équivalent  de  LIandeilo  pourrait  se  trouver  à 
Sart-Bernard,  dont  quelques  graptolitlies  paraissent  être 
des  espèces  caractéristiques  de  ce  niveau. 

Lorsque  je  présentais  à  la  Classe  des  sciences,  en  1869, 
mon  mémoire  sur  le  terrain  silurien,  imprimé  en  1875(1), 
je  ne  connaissais  que  le  Climacograpliis  scataris  et  le 
Monograptus  priodon,  à  deux  niveaux  différents.  J'indi- 
quais à  Statle  6' /ûiiacogra/î/Ms  sca/am;  mais  un  examen 


(1)  C.  JJalaise  :  Description  du  terrain  silurien  du  centre  de  la 
Belgique.  (iMcmoircs  couronnes  et  Mémoires  des  savants  étrangers, 
publiés  par  lAcadémic  royale  de  Belgique,  t.  XXXVII,  pp.  102  à 
104,  Bruxelles,  1875.) 


(  443  ; 

ultérieur  plus  allenlif,  alors  que  j'étais  mieux  préparé  à 
ce  genre  d'études,  m'a  démontré  que  c'était  Diplograptus 
pristinifunnis,  espèce  de  l'Arcnig. 

Depuis  lors,  j'ai  rencontré  de  nombreux  graptolithes 
dans  le  silurien  du  massif  du  Brabant  et  dans  celui  de  la 
bande  de  Sanibre-el-Meuse,  je  puis  citer  actuellement 
quarante  espèces  réparties  dans  différentes  zones  des 
faunes  siluriennes  seconde  et  troisième. 

Si  sous  le  rapport  du  nombre,  les  graptolithes  de  Bel- 
gique ne  peuvent  pas  encore  se  mettre  en  parallèle  avec 
ceux  des  régions  classiques  siluriennes  des  lies  britan- 
niques, de  Scandinavie  et  de  l'Amérique  du  Nord;  sous 
celui  de  la  conservation  et  de  la  beauté  des  spécimens, 
notre  pays  n'a  rien  à  envier  aux  régions  siluriennes  les 
plus  favorisées. 

Nous  avons  donc,  actuellement,  quarante  espèces  répar- 
ties straligraphiquement  dans  le  silurien  belge,  alors  que 
l'on  n'en  connaissait  que  deux  en  1869. 

Depuis  lors,  nous  avons  recueilli  de  nouveaux  grapto- 
lithes, dans  divers  gisements  de  la  bande  de  Sambre-et- 
Meuse,  gisements  que  nous  comptons  faire  connaître 
lorsque  nous  décrirons  la  constitution  de  ladite  bande. 

L'exploitation  des  eurites  quartzeuse^  ou  rbyolites  à 
Grand-Manil,  qui  a  pris  une  certaine  extension  dans  ces 
derniers  temps,  nous  a  permis  de  récoller  de  nouveaux 
graptolithes  au  sud  de  ce  gisement,  et  nous  espérons, 
prochainement,  pouvoir  y  reconnaître  plusieurs  zones. 

Nous  avons  pu  constater  que,  pour  la  plupart  des  espèces 
rencontrées  en  Belgique,  il  y  a  concordance  entre  les 
divers  horizons  que  l'on  a  établis  dans  les  Iles  britanni- 
ques, en  Scandinavie,  dans  l'Amérique  du  Nord,  etc.,  et  la 
position  que  ces  graptolithes  occupent  en  Belgique. 


(  444  ) 

A  la  séance  du  3  février  1883,  dans  ma  note  Sur  In 
constitution  du  massif  silurien  du  Brabanl  (1),  j'annonce 
que  j'ai  trouvé  au  hameau  d'Insépré,  nom  qui  doit  être 
remplacé  par  celui  de  Broqiietia  (Malonne),  à  2,600  mètres 
au  S.-E.  de  Malonne,  Monograptus  priodon,  associé  à 
Cardiola  internipla  et  à  Orthoceras,  sp. 

Je  présente  à  la  Société  géologique  de  Belgique,  le 
18  février  4883,  «  des  exemplaires  de  Monograptus 
priodon  et  une  contre-empreinte  de  Cardiola  inlerrupla, 
représentants  de  la  faune  troisième  et  provenant  de  la 
bande  de  Sambre-et-Meuse  (2)  b. 

A  la  séance  du  M  juillet  1887,  j'annonce  à  la  Société 
géologique  de  Belgique  que  j'ai  reconnu  «  trois  niveaux  à 
graptolithes  dans  la  bande  de  Sambre-et-Meuse  : 

A.  Cliiiiacograptus  sculari.i?  à  la  partie  inférieure,  puis 

B.  Monoijraplus  priodon. 

C.  Monograptus  colonus. 

Le  Monograptus  priodon  est  très  abondant  à  la  partie 
inférieur  de  B  et  Monograptus  colonus  dans  la  partie  supé- 
rieure de  C  (3)  ». 

Je  signalai  parmi  les  graptolithes  les  plus  caractéristi- 
ques de  la  bande  de  Sambre-et-Meuse,  Monograptus  colo- 
nus et  Monograptus  priodon,  rencontrés  en  un  très  grand 


(1)  Bull,  de  l'Acad.  roy.  des  sciences,  etc.,  de  Belgique,  3"  série, 
t.  V,  p.  206.  Bruxelles  1885. 

(2)  Annales  de  la  Société  géologique  de  Belgique,   t.   X,   BnUefln, 
pp.  xcv-xcvi.  IJège,  1885. 

(5)    Ihid.,  t.  XIV,  Bulletin,  p.  clxxxiv,  Liège,  1888. 


(  un  ) 

nombre  de  points,  que  de  nouvelles  recherches  augmente- 
ront encore. 

En  1887,  profitant  de  la  réunion,  à  Manciiesler,  de  l'As- 
sociation britannique  pour  ravancement  des  sciences,  je 
passais  à  Birmingham,  chez  le  professeur  Ch.  Lapworth, 
bien  connu  pour  ses  beaux  travaux  sur  les  graplolithes. 
Le  savant  professeur  de  Mason-Science-Collcge  me  reçut 
très  cordialement  et  m'aida  beaucoup  dans  l'étude  des 
graptolithes  de  Belgique. 

D'autre  pari,  dans  le  courant  de  cette  année,  en  juillet 
4890,  j'ai  reçu  la  visite  de  M.  le  D""  Sv.  Leonh,  Tôrnquist, 
attaché  à  l'Université  de  Lund,  qui  a  également  reconnu 
les  grandes  analogies  qui  relient  la  Belgique  graptolithique 
à  la  Scandinavie,  et,  par  suite,  aux  lies  britanniques  et  à 
l'Amérique  du  Nord. 

Le  19  février  1888,  j'annonçai  à  la  Société  géologique 
de  Belgique  que  j'avais  reconnu  a  trois  niveaux  à  grapto- 
lithes dans  le  silurien  du  Brabant,  correspondant  à  des 
zones  bien  caractérisées  dans  les  lies  britanniques  : 

i"  Le  niveau  inférieur  correspond  à  celui  de  Bala  et  de 
Caradoc; 

2°  Le  niveau  moyen,  équivalent  de  LIandovery,  est 
admirablement  et  richement  représenté; 

5"  Le  niveau  le  plus  récent  est  caractérisé  par  la  faune 
troisième  supérieure  de  Wenloch  et  de  Ludiow.  » 

Le  20  novembre  1888,  je  dis  à  la  même  Société  que 
«  jusqu'à  présent,  j'ai  reconnu  trois  niveaux  à  grapto- 


(1)  Annales  de  la  Socicté gcoloyiquc  de  Belgique,  t.  XV,  Bulletin, 
j),  Lxxv,  Liège,  1888. 

O"**    SÉl'.IE,    TOME    XX.  50 


(  446  ) 

lithes  dans  la  bande  silurienne  de  Sambre-el-Meiise,  qui 
sont,  à  partir  de  la  base  : 

y>  i"  Les  schistes  noirs  de  Huy,  etc.,  à  Dichograptus 
octobrachialus ,  Dichograptus  hexabrachiatvs,  Didymo- 
graplus  Murcliisoni  et  Diplograptus  pris  fini formis  ; 

j>  2"  Schistes  quartzeux  grisâtres, plus  ou  moins  ferru- 
gineux à  Monograptiis  priodon  ; 

»  3°  Schistes  et  psammites  à  Monograptus  colonus  {i).  » 

J'avais  assimilé,  en  1873,  un  graptolilhe  trouvé  dans 
la  tranchée  de  Stalle,  près  de  l'ouverture  occidentale  du 
tunnel,  au  CAimacograplus  scalaris  que  l'on  trouve 
à  Grand-Manil.  Depuis  lors,  ayant  pu  recueillir,  en  1886- 
1887,  des  échantillons  nombreux  et  en  boji  étal  à  Huy, 
j'ai  pu  m'assurer  que  ce  graplolilhe  est  le  Diplograptus 
pristiniformis,  Hall. 

Le  premier  niveau,  celui  que  l'on  peut  très  bien  voir  à 
Huy,  à  Slatte  et  à  Sart-Bernard,  est  l'équivalent  de  l'Are- 
nig;  le  deuxième  correspond  au  Wenloch  et  le  troisième 
au  Ludiow. 

Examinons  successivement  les  différents  niveaux  que 
l'on  trouve  dans  le  silurien  du  Brabanl  et  dans  la  bande 
de  Sambre-et-Meuse,  en  appelant  l'attention  sur  les  prin- 
cipaux gisements,  types  des  niveaux  équivalents  à  Arenig, 
Caradoc,  LIandovery,  Wenlock  et  Ludiow. 

Dans  le  massif  silurien  du  Brabanl,  il  y  a  trois  niveaux 
à  graplolilhes  que  Ton  voit  très  bien  à  Grand-Manil,  Le 
niveau  le  plus  inférieur  se  trouve  dans  les  schistes  fossili- 


(d)   Ann.  de  la  Soc.  fjéol.  de  Belgique,  t.   XV,   IlidUlin,  p.  xi.iv, 
Liège,  1888. 


(  447  ) 

l'ùres  bien  connus,  où  l'on  renconlrc  des  traces  assez 
;ibon(lan(es  de  Climacograptus.  Les  échantillons  sont  en 
trop  mauvais  étal  de  conservation  pour  pouvoir  les  déter- 
miner spéciOiiuement.  On  peut  les  rapprocher,  également, 
de  Climacograptus  candaliis,  l.apw.,  (.7.  siyloideus,  Lapw., 
CL  tubxdi férus,  Lapw. 

Immédiatement  au-dessous  et  au-dessus  des  euriles  ou 
rhyoliles,  au-dessus  surtout,  on  voit  le  niveau  caractéris- 
tique des  graplolithes  du  LIandovery. 

CUmacwirapius  normulia,  La|jw.  {Cl.  scaluris,  L.  sp.  var.) 

—  rectdiKjularis,  M'  Coy. 
iHiuoyhofjraptus  elomjatu.i,  Lapw, 

—  Swanstotit,  Laiw. 
[Hplograplits  inodeains,  Lapw. 

—  vetiiciilosus'f  ^\ch. 

Monoijvoptiis  (jrecjarius,  Lapw.  (.]/.  sagiltariu.s,  His.) 

—  lepiotlteca,  Lapw. 

—  letiuis,  Portl.  {.tf.  discreciis,  Nich.) 

Ce  niveau  à  graptolilhes,  très  remarquable,  se  trouve 
en  Angleterre  à  la  base  iJu  LIandovery.  C'est  le  niveau  de 
Grand-Manil,  imminédiatement  supérieur  aux  eurites  ou 
ryolilhes  anciennes. 

En  dessous  de  ces  roches,  on  trouve  également  des 
traces  de  graptolitlies,  qui  se  rapprochent  des  espèces 
précitées,  an  moins  de  Climacorjraptus  normalis,  mais 
en  trop  mauvais  étal  pour  pouvoir  assumer  une  détermi- 
nation spécifique. 

Le  niveau  à  graptolithe  de  LIandovery  se  retrouve  à 
SombrefTc  (?),  Nivelles  el  Monstreux,  au  voisinage  des 
euriles, et  à  Fauquez  (litre), Rebecq  (?)  el  Corlil-Wodon  (?). 

On  observe  dans  ces  divers  gisements  au  moins  une 
des  espèces  qui  caractérisent  le  niveau  de  Grand-.Manil. 

A  quelques  centaines  de  mètres  plus  au  sud,  au  point 


(  4-48  ) 
où  l'Orneau  tourne  ;'i  droile,  j'ai  rencontré  la  faune  de 
Wenlock. 

MonograplHS  [lolieviicii.i,  Bair. 

—  Galaetis's,  ?  Lapw. 

—  (conf  )  pcrsonaïus,  Tullb. 

—  prindoii,  Bronii. 

—  l'foteiis,  Barr. 

—  (conf.)  Sedfjwiclii,  Porll. 

—  subcoiiiciis,  Tuinq. 

On  y  trouve  également  :  Prolovirgularia  dichotoma, 
M'  Coy. 

Un  examen  plus  attentif  et  de  meilleurs  échantillons 
recueillis  à  Monstreux,  près  Nivelles,  me  font  rapporter 
les  échantillons  encore  assez  mauvais  y  récoltés  à  Mono- 
groplus  Bohémiens  et  M.  colomis,  espèces  de  Ludiow. 

D'autre  part,  nous  venons  de  voir  que  nous  avons  à 
Grand-Manil,  à  un  niveau  supérieur  à  celui  du  voisinage 
des  eurites,  Monograplus  priodon,  =  Wenlock;  également 
à  Grand-Manil,  au-dessus  surtout  et  au-dessous  des  eurites 
ou  rhyoliles,  Monograptns  gregarius,  Lapw,  Climaco- 
graplus  normalis,  Lapw.  =  LIandovery.  Et  plus  au  Nord, 
le  niveau  de  Caradoc. 

Tous  ces  divers  niveaux  appartiennent  à  la  faune  troi- 
sième. 

Comme  conséquence  de  ces  découvertes,  il  faudra  donc 
modifier  l'échelle  slratigraphique  du  silurien,  donnée 
en  1883  (1),  de  la  façon  suivante  :  l'échelle  stratigraphique 

(1)  C.  Malaise.  Sur  la  constitution  du  massif  silurien  du  Bra- 
bant.  (Bull,  de  l'Acad.  royale  des  sciences,  etc.,  de  Belgique,  3«  série, 
t.  V.  p.  201.  Bruxelles,  ISSô.) 

C.  Malaise.  Sur  la  composition  du  massif  ardoisier  du  Hrabanl. 
(Annales  de  la  Soc.  géologique  de  Belgique,  t.  X,  Mémoires,  p.  22. 
Liège,  1882-1883.) 


(   i4l)  ) 
du  cambrien    ne   changeani  pas.   Il    laiil   retrancher  de 
l'assise  de  Gemhloux   les  schistes  à  graplolithes  el  les 
reporter  dans  l'assise  de  Rontjuières.   Ces  «leux  assises 
seront  alors  modifiées  de  la  façon  suivante  : 

AS»iISE    »C    nO.I'QlUKnEJS    (S    3). 

Quartzites,  grès  et  phyllades  à  Monograplus  colonus, 
Monagraphis  priodoii,  Cliniacograplits  scalaris,  L.  sp. 
(Faune  troisième).  Eurites  quarizeuses  ou  rhyolithes. 

(Puisssance  approximative  :  600  mètres.) 

S  3/'.  Schistes  ou  phyllades  gris-hicuàtre  ou  gris-noirâtre,  mats,  plus  ou  moins 
feuilletés;  jaunâtres  et  grisâtres  par  altération  (traces  de  calcaire  et 
d'aragonite,  recherches  d'ardoises),  à  Monograptus  colonus. 

—  3e.  Quartzites  stratoïdcs,  grès  ou  psammites  feuilletés  gris-verdâtre  ou  jau- 

nâtre à  Monograptus  priodon. 

—  3(/.  Schistes  ou  phyllades  gris-verdâlre  ou  gris-uoirâtre. 

—  3c.  Schistes  noirâtres  et  grisâtres  à  Clintacograptus  scalaris. 

—  Sb.  Eurites  quartzeuses  ou  rhyolithes  anciennes. 

—  3o.  Schistes  ou  phyllades  noirâtres  à  Climacograptus  scalaris. 

ASSISE    ne    CiE.lIBI.OUX    (S    2). 

Schistes  ou  phyllades  noirâtres  ou  bleuâtres,  simples 
ou  quarlzeux,  pliis  ou  moins  pailletés  et  pyritifères;  gri- 
sâtres, jaunâtres  et  brunâtres  par  altération;  à  Orthis, 
Calymene,  etc.  (Faune  seconde).  Porphyroïdes. 

(Puissance  approximative  :  HOO  mètres.) 

S  "le.  Porphyroïdes. 

—  '2b.  Schistes  quartzcux  fossilifères  à  Orthis,  Cahjmene,  Trinuclcus,  etc. 

—  la.  Phyllades  ou  schistes  quartzeux,  plus  ou  moins  psammitiques,  parfois 

pailletés,  bleuâtres,  grisâtres  ou  bigarrés  des  deux. 

Dans  la  bande  de  Sambre-et-Meuse,  nous  avons  les 
équivalents  de  Ârenig,  Wenlock  et  Ludiow. 

Citons  parmi  les  graplolithes  caractéristiques  du  niveau 


(  450  ) 

d'Arenlg  que  l'on  observe  aux  exlréniilés  orienlales  et 
occidentales  du  luniiel  de  Huy-Stalte  et  de  la  grande 
tranchée  entre  Sari-Bernard  el  Naninne  (1)  : 


Climacograptus  anlenuarius,  Hal 

—  Scliarctibergi,  Lapw 

Dichograptus  hexabrachyatiis,  Mal 

—  multiplex  ?  Nich 

—  ociobrachijatus,  Hall 

IHdymograptus  iiiilcntii-i,  Hall.  var.  tiaiiuf!,  Loven 

—  Murcliisoni,  Beck 

—  Nicliolsoni,  Lapw 

—  nitidiis?  Hall 

—  pseudo-elegans,  Mal 

Diplograptus  foliaceus  ?  Muvch 

—  pristiiiifonni.s,  Hall 

—  [Cryptograptiis)  iricornis,  CaiT.     . 
Phyllograptus  aiiguslifoliiis,  Hall 

—  typus,    Hall     ....... 

Pluinograptus 

Tetragraptus  bryonoides,  Hall 

?  Thamnograptus  ....         ....         .    . 

?  Trochograplus    


(I)  C.  Malaise.  Les  s-hisics  siluriens  de  Huy,  et  leur  si(jnificalio7i 

géologiques.  (  \nnalns  de   la   Société  géologique  de  Belgique,  t.  XV, 

Bulletin,  p.  xxxix.  Liège,  1888). 

C.  M.ALAisE.  Sur  les  schistes  noirs  de  Sari-Bernard.  {Ibid.,  p.  lxxiv.) 
C.  Malaise.  Découverte  de  la  faune  de  la  base  du  silurien  en  Belgique, 

(Bull,  de  l'Acad.   royale   des  sciences,  etc.,  de  Belgique,  5"   série, 

t.  XV,  p.  305.  Bruxelles,  1888.) 


(  451  ) 

Accompagnant  ces  graplolillies  nous  avons  :  Caryocaris 
Wrig/itii,  Sali,  cl  ^rjlina  binodosa,  Sait.;  et  parfois  Lin- 
guln,  sp.,  Uyolithes,  sp.,  reste  de  divers  trilohitcs;  excré- 
ments d'annélidos,  l'ucoïdes  et  cornets  d'emboîtements 
[cône  in  cono). 

Au  sud-est  de  Naninne,  dans  les  schistes  quartzeux,  fer- 
rugineux et  brunâtres  à  la  surface  des  feuillets,  se  trouve 
un  très  beau  gisement  du  niveau  de  Wenlock,  gisement 
qui  m'a  été  indiqué  par  M.  Arm.  Lambotle,  et  dans  lequel 
j'ai  reconnu  les  espèces  suivantes  : 

Cijrlo<jrui)tus  Murchisvui.  CaiT. 
Monograplus  lioliemicus,  Barr. 

—  circinatusyTornq. 

—  Mlssoiii,  Barr. 

—  ■         phodon,  Bronn. 

—  vomeriuus,  Mcli. 
Retiolites  Geinitzianiis,  Barr. 

On  y  trouve  également  Cardiola  inlerrupla  et  OrtfiO' 
ceras,  sp. 

A  la  limite  de  Fosse  et  de  Malonne,  près  de  la  roule  de 
Fosse  à  FloreiTe,  sur  la  rive  droite  de  la  Fuette,  on 
voit  des  graptoliilies  du  niveau  de  Wenlock,  représentés 
par  : 

MonofjraptUi  colonus,  Barr. 

—  ?îtlssoui,  Barr. 
Retiolites  Geiiiitziaiius,  Barr. 

On  y  voit  aussi  Ort/wceras,  sp.  et  Cardiola  interrupta. 

Nous  avons  donc,  dans  le  massif  silurien  du  Brabant  et 
dans  la  bande  de  Sambre-et-Meuse,  la  plupart  des  équi- 
valents des  niveaux  à  graptolithes  des  Iles  britanniques. 


(  452  ) 


Massif  dc  Brabant. 


Bande  de  Sambre-et-Meuse. 


6.    b.    I.udlomv. 

Monstreux.  Fosse,  Malonne,  etc. 

G.    fit.    Wenlock. 

Grand-Manil,  à  200  mètres  au  sud  des  Naainne,  Malonne,  etc. 

eurites,  etc. 


5.    Llandover 

Grand-Manil,  près  des  eurites  ou  ryolithes. 


Fosse  ? 


4-.    Caradoc. 

Grand-Manil,  Gisement  à  0«/î«,  Fosse?  Gisement  à   Orthis,    Triiiit- 

Trinucleus,  Calymene,  etc.  cleus,  Calymene,  etc. 

3.    Llandeîlo, 

Non  observé.  Sart-Bernard  ? 


"Z,    Arenig 


Non  observé. 


Huy,  Statte,  Sart-Bernard , 


1.    Dictj 


Non  observé. 


Non  observé. 


Mais  on  rencontre  Dictyonema  sociale  aux  environs  de 
Spa  et  autres  localités  du  massif  cambrien  de  l'Ardenne. 


(  453  ) 


Sur  les  points  d'inflexion  dans  les  cubiques  ;  par  Cl.  Servais, 
répétiteur  à  l'Université  de  Gand. 


§  I. 


1.  Soient  W,,  Wj,  W3  trois  points  d'inflexion  d'une 
cubique  situés  en  ligne  droite;  les  droites  qui  joignent  un 
point  quelconque  P]  de  la  courbe  à  ces  trois  points  déter- 
minent trois  nouveaux  points  A,,  A,,  A3  de  la  cubique.  Si 
P^  et  P3  sont  les  intersections  des  droites  AjW^  et  A1VV3 
avec  la  cubique,  les  points  P.,,  W3,  A.2  seront  collinéaires, 
ainsi  que  les  points  P,,  W-,,  A3.  Le  terne  A^AgAgest  donc 
la  projection  des  trois  points  Wj,  Wg,  W3  faite  d'un  des 
points  P,,  P,,  P5.  On  peut  obtenir  une  infinité  de  ternes 
analogues  à  AjAoAsetun  point  de  la  courbe  ne  lait  pariie 
que  d'un  seul  de  ces  ternes;  nous  les  appellerons  des 
ternes  de  même  genre. 

2.  Si  l'on  projette  un  terne  A, A2A3  d'un  point  Q,  de  la 
cubique,  on  obtient  un  terne  B1B2B5  de  même  genre  que 
A,A2A3,  c'est-à-dire  pouvant  être  déduit  par  projection  des 
trois  points  W,,  W.,,  W3.  En  effet,  soient  R  et  R'  les  points 
d'intersection  des  droites  B^W,  et  B2W3  avec  la  cubique; 
des  deux  groupes  de  points  collinéaires  B,,  W,,  R  et 
Al,  W,,  P,,  on  conclut  que  les  deux  droites  Q,W|  et  P,R 
se  coupent  sur  la  cubique,  il  en  est  de  même  des  deux 
droites  Q,W^,  P,R',  à  cause  des  deux  groupes  B,,  W3,  R' 
et  A2,  Wj,  Pj.  Les  deux  points  R  et  R'  sont  donc  coïnci- 
dents et  le  terne  B1B2B3  est  de  même  genre  que  A,A2A3. 


(  iU  ) 

On  déduit  de  là  le  théorème  suivant  : 

Les  rayons  qui  projettent  tous  les  ternes  de  même  genre, 
d'un  point  quelconque  de  la  cubique,  forment  une  involu- 
tion  cubique  du  premier  rang. 

3.  Les  trois  points  d'inflexion  W^,  W2,  W3  constituent 
un  terne  du  genre  A1A2A3;  on  le  voit  en  prenant  pour 
centre  de  projection  un  des  trois  points  Wi,  Wg,  W3.  Si 
on  les  projette  d'un  autre  point  d'inflexion,  on  voit  que  les 
six  points  d'inflexion  restants  forment  aussi  deux  ternes 
de  même  genre.  Un  terne  AiAsÂs  peut  donc  se  déduire  de 
l'un  des  ternes  de  points  d'inflexion  situés  sur  les  côtés 
du  triangle  inflexionnel  dont  l'un  des  côtés  est  W1W2W3. 
Comme  il  y  a  quatre  triangles  inflexionnels,  il  y.  aura 
quatre  genres  de  ternes,  mais  un  seul  est  réel.  Les  droites 
qui  unissent  les  quatre  couples  de  points,  qui  complètent 
les  ternes  définis  par  le  point  A^  de  la  cubique,  passent 
par  le  tangentiel  de  ce  point.  Cela  résulte  d'une  propriété 
qui  sera  démontrée  au  n"  5. 

On  peut  aussi  énoncer  le  théorème  suivant  : 

Si  l'on  joint  un  point  de  la  cubique  aux  trois  ternes  de 
points  d'inflexion  situés  sur  les  côtés  d'un  triangle 
inflexionnel,  on  obtient  trois  ternes  de  rayons  faisant 
partie  d'une   même   involution  cubique  du  premier  rang. 

4.  Par  un  point  quelconque  du  plan  passe  une  cubique 
ayant  pour  points  d'inflexion  ceux  de  la  cubique;  on  peut 
donc  remplacer  dans  le  théorème  précédent  le  point  de  la 
cubique  par  un  point  quelconque  du  plan,  et  obtenir  le 
théorème  plus  général  : 

Les  trois  ternes  de  rayons  qui  projellenl  d'un  point 
quelconque  du  plan  les  ternes  de  points  d'inflexion  situés 
sur  les  côtés  d'un  triangle  inflexionnel,  font  partie  d'une 
involution  cubique  du  premier  rang. 

Si  l'on  prend  un  sommet  du  triangle  pour  centre  de  pro- 


(  433  ) 

jeclion,  rinvolulioii  a  deux  élémenls  triples;  on  retrouve 
ainsi  la  propriélé  : 

Deux  sounnets  d'un  triangle  inflexionnel  sont  les  points 
du  hessien  des  trois  points  d'inflexion,  situés  sur  le  côté 
qui  les  unit. 

On  peut  dire  aussi  : 

Les  quatre  droites  inflexionnelles  qui  passent  par  un 
même  point  d'inflexion  forment  un  groupe  éqtiianharmo- 
nique. 

Prenons  le  centre  de  projection  en  un  point  quelconque 
d'une  droite  inflexionnelle,  qui  n'est  pas  un  côté  du 
triangle  inflexionnel  considéré.  Cette  droite  sera  un  rayon 
de  l'involulion  faisant  partie  de  trois  groupes;  donc  l'invo- 
Itition  cubique  se  réduit  à  une  involulion  quadratique  et 
à  un  rayon  fixe.  Comme  la  droite  choisie  est  une  transver- 
s;ile  pour  trois  triangles  inflexionnels,  on  peut  dire  : 

Si  Von  joint  un  point  quelconque  d'une  droite  inflexion- 
nelle aux  six  points  d'inflexion  non  situés  sur  cette  droite, 
on  obtient  six  rayons  qui  peuvent  être  partagés,  de  trois 
manières  difl'érentes,  en  trois  couples  de  rayons  faisant 
partie  d'une  involution  quadratique. 

5.  Lorsque  trois  points  d'inflexion  sont  collinéaires, 
leurs  polaires  harmoniques  sont  concourantes;  nous  dirons 
que  ce  terne  de  polaires  correspond  à  la  droite  inflexion- 
nelle. 

Cela  étant,  on  a  le  théorème  suivant  : 

Les  trois  ternes  de  polaires  harmoniques,  correspondant 
aux  côtés  d'un  triangle  inflexionnel,  déterminent  sur  une 
droite  quelconque  trois  ternes  de  points  appartenant  à  une 
involution  cubique  du  premier  rang. 

On  déduit  de  là,  par  un  choix  convenable  de  la  sécante, 
les  propriétés  : 


(  456  ; 

Une  polaire  harmonique  est  coupée  par  les  antres  en 
quatre  points,  formant  un  groupe  équiunhar rnonique ; 

Une  droite  menée  par  le  point  de  concours  de  trois 
polaires  harmoniques  coupe  les  six  autres  polaires  en 
six  points,  qui  peuvent  être  partagés  de  trois  manières 
différentes ,  en  trois  couples  appartenant  à  une  invoiution 
quadratique. 

6.  Pour  obtenir  les  éléments  singuliers  de  l'involulion 
cubique  formée  par  les  rayons  qui  projettent  d'un  point 
Qi  de  la  courbe  tous  les  ternes  AiÂgAg  de  même  genre, 
nous  démontrerons  une  propriété  du  terne  AjAgAs-  Soit 
Ri  le  point  d'intersection  de  A2A3  avec  la  courbe,  ce  point 
étant  pris  pour  centre  de  projection;  A,  est  projeté  en  A3 
et  A3  en  A^;  donc  R)  est  le  tangenliel  de  A|.  Par  consé- 
quent :  Les  tangenliels  des  sommets  du  triangle  AjA2A3 
sont  situés  sur  les  côtés  opposés  et  forment  un  terne  de 
même  genre.  Cela  étant,  on  a  un  rayon  double  de  l'involu- 
tion,  chaque  fois  que  deux  points  A2,  A3  d'un  même  terne 
sont  en  ligne  droite  avec  le  point  Qi  ;  mais,  d'après  ce  que 
nous  venons  de  démontrer,  Qi  sera  le  tangenliel  de  A). 
Par  conséquent  :  Les  ragons  de  ramification  sont  les  tan- 
gentes menées  de  Q,  à  la  courbe. 

Les  droites  A1A3,  A^Aa  rencontrent  la  courbe  respec- 
tivement en  Q.i  et  Q3,  qui  sont  les  tangenliels  de  A2  et  A3 
et  qui  complètent  le  terne  de  même  genre  délini  par  Qp 
Les  rayons  doubles  so)it  donc  les  rayons  qui  projettent  de 
Q,,  le  quadruple  ayant  pour  centre  le  point  Q.2  ou  le 
point  Q5. 

Un  terne  Q1Q.2Q3  jouit  donc  de  la  propriété  que  l'un  des 
points  est  le  centre  de  perspective  des  quadruples  corres- 
pondant aux  deux  autres. 

7.  Les  développements  qui  précèdent  démontrent  le 


\ 


(457) 

théorème  .'«uivaiil  :  l.es  droites  qui  joignent  un  point  P 
d'une  cubique  aux  trois  points  d'inflexion  W,,  Wg,  W3, 
situés  en  ligne  droite,  coupent  la  conique  polaire  de  P  en 
trois  points  X|,  X.2,  X3,  tels  qu'il  existe  une  conique  inscrite 
au  triangle  X1X2X3  et  circonscrite  au  quadruple  dont  le 
centre  est  V. 

Celle  conique  est  la  conique  d'involulion  correspondant 
aux  ternes  de  même  genre  que  WiWgWj. 

8.  Soient  A1A2A3,  B1B2B3  deux  ternes  de  même  genre; 
les  deux  triangles  AjAoAs,  BjBjjBs  ont  trois  centres  de 
perspective  silués  sur  la  courbe;  par  conséquent  l'hexagone 
A1B1A2B2A3B3  est  un  hexagone  de  Sleiner.  On  voit  ainsi 
que  les  hexagones  de  Sleiner  peuvent  être  partagés  en 
quatre  genres  différents. 

On  déduit  de  ce  qui  précède  que  les  trois  ternes  de 
rayons  qui  projettent  d'un  point  de  la  cubique  les  sommets 
aiternanls  d'un  hexagone  de  Sleiner  et  ses  centres  de 
perspective,  font  partie  d'une  involulion  cubique  donl  b'S 
rayons  de  ramification  sont  les  tangentes  menées  du  point 
à  la  cubique.  On  peut  dire  aussi:  Les  deux  ternes  de  rayons 
qui  joignent  un  point  P  de  la  cubique  aux  sommets  alter- 
nants d'un  hexagone  de  Steiner,  rencontrent  la  conique 
polaire  de  P  en  deux  groupes  de  points  XjXgXs,  Y,Y2Y3, 
tels  que  la  conique  inscrite  aux  deux  triangles  X1X2X3, 
YjYgYs,  est  circonscrite  au  quadruple  dont  le  centre  est  P. 

9.  On  a  vu  que  tous  les  ternes  A)A.2A3  du  même  genre 
déterminent  une  involulion;  les  rayons  qui  projettent 
d'un  point  P  de  la  cubique  les  sommets  I,,  1,,  Ï5  du  triangle 
inflexionnel  correspondant,  font  partie  de  l'involulion  con- 
juguée; en  effet,  les  rayons  PI,,  PIo  forment  le  hessien 
des  trois  rayons  qui  joignent  le  point  P  aux  trois  points 
d'inflexion  silués  sur  1,1,;  de  même  pour  les  couples  de 
rayons  Plg,  PI3  et  PI3,  PI^.  Donc  : 


(  4S8  ) 

Les  deux  ternes  de  rayons  qui  projettent  d'un  point  de 
la  cubique  un  terne  ^^^^^■^  et  tes  sommets  du  triangle 
inftexionnel  correspondant,  sont  conjugués  harmoniques 
du  troisième  ordre. 

Ou  bien  : 

L'involnlion  formée  par  les  ternes  du  même  genre  est 
contenue  dans  Cinvolution  cubique  du  deuxième  rang, 
définie  par  les  trois  rayons  triples  qui  joignant  un  point 
de  la  cubique  aux  sommets  du  triangle  infiexionnel  cor- 
respondant à  Vinvolution  considérée. 

Les  élémerils  neutres  d'une  involution  cubique  du 
deuxième  rang  fonl  partie  de  toutes  les  involutions  déli- 
nies  par  deux  ternes  de  points;  donc  : 

Le  hessien  des  trois  rayons  qui  joignent  un  point  de  la 
cubique  aux  sommets  d'un  triangle  infiexionnel,  ren- 
contre la  courbe  en  deux  couples  de  points  A^,  A,  et  Bj,  B2, 
tels  que  A|,  B|  ou  A2,  Bj  sont  les  centres  de  perspective 
d'hexagones  de  Steiner. 

10.  A  chaque  genre  de  ternes  A1A2A5  correspond  une 
involution;  ces  quatre  involutions  ont  les  mêmes  rayons 
de  ramification.  Quel  que  soit  le  point  P  choisi  sur  la 
courbe,  le  rapport  anharmonique  des  rayons  de  ramifica- 
tion est  constant  (théorème  de  Salmon);  il  en  sera  de  même 
des  rayons  doubles.  En  eflet,  on  a  l'égalité  suivante,  due  à 
M.  Zeuthen,  entre  les  éléments  singuliers  d'une  involution 
cubique  du  premier  rang 

[{rsr.rzri)  —  {dAdT.dif]'^  i{dtdidzdt)  [rir^r^Vi)  [((/jf/a^Mi)  —  1  ]", 

dans  laquelle  (/,,  (/21  cf^,  d^  sont  les  éléments  doubles  et 
rj,  Tg,  rj,  r^  les  éléments  de  ramification. 

Cette  égalité  nous  montre  que  le  rapport  anharmonique 
des  rayons  de  ramification  étant  donné,  celui  des  rayons 


(  4;)y  ) 

doubles  peut  prendre  quatre  valeurs  déterminées.  Ces 
quatre  valeurs  correspondent  aux  quatre  involutions  que 
nous  avons  déterminées  dans  les  cubiques,  et  l'on  peut 
énoncer  le  théorème  suivant  : 

Si  l'on  joint  ini  point  quelconque  d'inie  cubique  à  deux 
points  crin/lexion  fixes,  on  obtient  deux  itonveanx  points 
Aj  ef  Ao  de  la  courbe  ;  le  rapport  anliarmoniquo  des  rayons 
qui  projettent  de  A^j  le  quadruple  dont  le  centre  est  A^,  a 
une  valeur  constante. 

Considérant  les  couples  de  points  d'inflexion  en  ligne 
droite  avec  le  même  point  d'inflexion,  à  chaque  couple 
correspond  un  rapport  anharmonique;  si  nous  représentons 
par  a^,  «2,  a-,  «4  ces  rapports  et  par  (3  celui  des  tangentes 
menées  d'un  point  de  la  cubique,  on  a,  d'après  l'égalité 
de  Zeuthen, 

On  voit  aussi  que  si  {didod^d^)  est  donné,  il  existe  deux 
valeurs  pour  [r^rç^r^^ri);  elles  correspondent  aux  deux  in\o- 
lulipns  conjuguées  ayant  pour  éléments  doubles  rf,,c/2,</3,(/4. 
Si  l'on  appelle  r',,  r^,  r'^,  r'^  les  rayons  de  ramification  de  la 
seconde,  on  aura 

(r.r.r.j-j)  {roy\rl)  =  [d^d^d-^dif. 

11.  Une  cubique  est  déterminée  si  l'on  donne  un  hexa- 
gone de  Slciner  AiB,A2B2A3B3  inscrit  à  cette  courbe;  cela 
revient  en  cfl'et  à  donner  neuf  points  de  la  courbe.  On  peut 
d'ailleurs  déterminer  les  tangentes  menées  à  la  courbe  par 
un  sommet  A|  de  l'hexagone.  On  joint  ce  point  aux  sommets 
B],  Bo,  B5  et  aux  centres  de  perspective,  ces  deux  ternes 
déterminent  uf^e  involulion  dont  les  rayons  de  ramification 
sont  les  tangentes  menées  de  A,  à  la  cubique.  On  peut 
donc  les  coaslruire. 


(  460  ) 

JS.  Si  les  sommets  d'un  hexagone  sont  disposés  par 
couples  sur  deux  systèmes  de  trois  droites  concourantes, 
il  existe  nn  troisième  système  jouissant  de  la  même  pro- 
priété. 

En  effet,  la  cubique  passant  par  les  sommets  de  l'hexa- 
gone et  par  les  deux  points  de  concours  des  systèmes  de 
droites  est  déterminée;  l'hexagone  considéré  sera  donc  un 
hexagone  de  Steiner  pour  celte  cubique,  et  il  a  trois  centres 
de  perspective. 

i.  Soit  S  un  point  de  la  polaire  harmonique  du  point 
d'inflexion  W^  ;  par  ce  point  on  mène  une  sécante  rencon- 
trant la  courbe  aux  points  A,,  A2,  A5.  Le  j)oint  S  restant 
fixe,  tous  les  ternes  de  rayons  analogues  W^A,,  WjAg, 
WjAj  font  partie  d'une  même  involution  cubique  du  pre- 
mier rang. 

Le  rayon  W^S  et  ceux  qui  passent  par  les  points  de 
contact  des  tangentes  menées  de  S  à  la  courbe,  sont  les 
rayons  doubles  rf^,  «/g,  dg,  d^  de  cette  involution  ;  les  rayons 
de  ramification  r,,  rg,  rg,  r^  sont  la  tangente  au  point  Wj 
et  les  droites  qui  joignent  le  point  W^  aux  points  d'inter- 
section de  la  cubique  avec  les  tangentes  issues  de  S.  On 
déduit  de  là  les  propriétés  : 

Si  d'un  point  S  de  la  polaire  harmonique  d'un  point 
d'inflexion  W^,  on  mène  des  tangentes  à  la  cubique,  les 
trois  couples  de  droites  Ô2Vi,  dgrg,  d4r4  qui  joignent  le  point 
d'inflexion  à  un  point  de  contact  et  à  son  tangenliel,  déter- 
minent deux  faisceaux  projectifs  ayant  le  rayon  WjS 
pour  rayon  double. 

Les  couples  de  droites  djdg,  d3d4,  rjro,  r5r4  font  partie 
d'une  même  involution  quadratique. 


(  ^61  ) 

Si  r'  est  le  second  rayon  double  des  deux  faisceaux  pro- 
jectifs  on  a 

(rf,r;rf<rî)  =  —  2. 

2.  Considérons  la  conique  polaire  d'un  poinl  quelconque 
de  la  polaire  harmonique  du  poinl  d'inllexion  Wi  ;  elle  ren- 
contre la  cubique  en  six  points  ABCA,B,C,  tels  que  les 
droites  AA|,  BB,,  CC,  passent  par  le  poinl  W^.  Les  ternes 
de  rayons  analogues  WjA,  W,B,  W,C,  forment  une  invo- 
lulion  cubique  du  premier  rang  possédant  quatre  rayons 
doubles. 

Chaque  point  de  rencontre  de  la  cubique  avec  un  rayon 
double  est  un  point  d'inilcxion;  donc  :  tnie  cw^/^i/e  po*- 
sède,  en  général,  neuf  points  d'inflexion. 

Notre  démonstration  suppose  l'existence  d'un  point 
d'inflexion,  mais  on  peut  l'établir  aisément. 

Les  rayons  doubles  de  celle  involution  étant  les  quatre 
droites  influxionnelles  passant  par  W^,  l'involulion  consi- 
dérée est  une  involution  sibi-conjuguée. 

Les  rayons  de  ramification  de  cette  involution  sont  les 
droites  qui  joignent  W,  aux  sommets  opposés  des  quatre 
triangles  itidcxionncls;  car  on  a  vu  que  deux  sommets 
d'un  triangle  iiiflexionnel  forment  le  hessien  des  trois 
points  d'inflexion  situés  sur  le  côte  qui  les  unit.  On  déduit 
de  là  : 

Les  rayons  qui  j oignent  un  point  d'inflexion  aux  som- 
mets qui  lui  sont  opposés  dans  les  quatre  triangles 
inflexionni'ls,  forment  un  groupe  équianharmonique. 

3.  Soient  Wj,  W^,  Wg  trois  points  d'inflexion  en  ligne 
droite,  celle  droite  est  un  rayon  double  de  l'involulion,  et 
le  rayon  de  ramification  correspondant  est  la  droite  qui 
joint  W,  au  sommet  opposé  du  triangle  dont  WiWaWj  est 

ô"*   SÉIIIE,    TOME   XX.  31 


(  4-G2  ) 

un  des  côtés.  Ce  rayon  renconlre  la  courbe  en  deux  points 
tels  que  les  tangentes  en  ces  points  passent  par  le  point 
(le  renconlre  des  tangentes  aux  points  W,  cl  W3.  Donc  : 
La  droite  qui  joint  un  point  cVin flexion  Wj  au  sommet 
opposé  d'un  triangle  inflexionnel,  rencontre  la  courbe  en 
deux  points  tels  que  les  tangentes  en  ces  points,  et  les  tan- 
gentes aux  points  d'inflexion  situés  avec  W^  sur  un  côté 
du  triangle,  se  coupent  en  un  même  point. 

4.  Dans  une  involution  sibi-conjuguée,  rf,,  c/.,,  c/3,  ^4 
étant  les  éléments  doubles,  r,,  r,,  r^,  r^  les  rayons  de 
ramification  correspondants,  on  a 

((/.r.rf^ra)  =  —  2  ; 

par  conséquent  :  deux  droites  inflexionnelles  passant  par 
un  point  d'inflexion  Wj,  et  les  deux  droites  qui  joignent  ce 
point  aux  sommets  opposés  des  deux  triangles  inflexionnels 
correspondants,  forment  un  faisceau  dont  le  rapport  anhar- 
monique  est  égal  à  3. 

On  a  aussi 

{did^r^r^  =  —  1 
donc  : 

Deux  droites  inflexionnelles  passant  par  un  point  d'in- 
flexion W^,  et  les  deux  droites  qui  joignent  ce  point  aux 
sommets  opposés  des  deux  triangles  inflexionnels  non  cor- 
respondants, forment  un  faisceau  harmonique. 

5.  Dans  une  involution  sibi-conjuguée,  deux  ternes 
d'éléments  sont  apolaires;  on  peut  donc  dire  : 

Si  deux  ternes  de  rayons,  issus  d'un  point  d'inflexion, 
rencontrent  chacun  la  courbe  en  six  points  appartenant  à 
une  conique  polaire,  ces  deux  ternes  sont  conjugués  har- 
moniques du  troisième  ordre. 


(  463  ) 


Sur  ta  Dupiionc  ^![{5>C  =  CII.CO.CII»; 
par  Maurice  Delacre. 

L'étude  de  la  condensation  des  acétones  a  donné  lieu  à 
des  travaux  nonnbrcux  et  importants.  La  formule  de 
l'oxyde  de  mésilyle  découvert  par  Kane,  et  reconnu  plus 
tard  par  M.  Filtig  (1)  comme  produit  de  condensation  de 
l'acétone  ordinaire,  a  été  l'objet  d'interprétations  diverses. 
C'est  en  1867  que  M.  Kékiilé  (2)  proposa  celle  qui  est 
universellement  admise  aujourd'hui  : 

^|J3>C  =  Cn.C0.CH'; 
il  admit  pour  la  pliorone  la  constitution  suivante  : 

^23>c  =  cii.c  =  cn.co.ciP. 

CH' 

Celle   manière   de   voir   venait    confirmer    l'opinion   de 
M.  Baeyer  (5),  admettant  que  ces  deux  corps  sont  inler- 


(1)  Liebiy's  Annakn,  t.  CX,  p.  32. 

(2)  Zeitschr.fûr  Chcmic,  1867. 

(3)  Ann.,  t.  CXL,  p.  306, 


(  464  ) 

interm(^diaires  entre  l'acélone  et  le  mésilylène  ;  en  effet, 
celui-ci  pouvait,  d'après  cela,  se  formuler 


Cil  II       , 

^jj,>C  =  CII.C  =  CII.C.CIF, 

en' 


et  les  recherches  de  M.  Ladenburg  (I)  ont  prouvé  depuis 
la  position  symétrique  des  trois  mélhyles  dans  cet  hydro- 
carbure. 

La  formule  de  l'oxyde  de  mésilyle  demandait  à  être 
étudiée  de  plus  près.  En  187G,  M.  Claisen  (2)  se  chargea 
de  ce  travail,  qui  eut  pour  résultat  d'appuyer  sur  des  faits 
précis  la  constitution  de  ce  corps.  En  ce  qui  concerne  la 
phorone,  l'auteur  ne  suit  pas  M.  Kékulé.  Après  avoir  établi 
qu'elle  est  susceptible  de  fixer  deux  molécules  de  brome, 
il  lui  attribue  la  formule  symétrique 

^[J3>C  =  CH.CO.CH  =  C<^[[3. 

Voici  comment  il  appuie  son  opinion  (5)  :  l'acétone  et 
Toxyde  de  mésilyle  contiennent  tous  deux  le  groupement 
—  CO.CH^;  trailés  par  l'aldéhyde  benzoïque  en  présence 
d'acide  chlorhydrique  gazeux,  ils  donnent  des  produits  de 
condensation.  La  phorone  ne  réagit  pas  dans  les  mêmes 
circonstances;  l'auteur  en  conclut  qu'elle  ne  contient  pas 
le  groupement  —  CO.CH^. 


(i)  Aromatische  Fcrfiinrfwn^cH,  p.  33. 
(2)   Licbig's  Annalcii,   t.  CLXXX,  p.  18. 
(5)  Berichle,  t.  XiV,  p.  352. 


(  46:>  ) 

Comme  on  le  voit,  celle  formule  de  la  phorone  n'est  pas 
susceptible  de  donner  du  mei.il} lène  par  simple  di'sliydra- 
tation.  Aussi  M.  Claisen,  examinant  la  question  de  savoir 
si  l'oxyde  de  mésilylc  cl  la  phorone  sont  intermédiaires 
entre  l'acétone  cl  la  trimélliylbenzine,  s'esl-il  prononcé 
ouvertement  pour  la  négative.  Voici  les  expériences  sur 
lesquelles  il  fonde  sa  conviction. 

L'oxyde  de  mésilyle  distillé  avec  de  l'acide  sulfurique 
concentré  donne,  d'après  Hollmeyer,  du  mésilylcne. 
M.  Claisen  confirma  celle  observation  et  annonça  que  la 
phorone  agit  de  môme.  Mais,  en  distillant  à  reflux  ces  deux 
produits  avec  de  l'acide  sulfurique  dilué,  il  obtint,  non 
plus  du  mésilylène,  mais  des  produits  d'hydratation  :  de 
l'acétone  et  de  l'oxyde  de  mésilyle.  L'auteur  en  tire  la  con- 
clusion que  l'acide  concentré  agit  de  même  el  que,  dans 
l'expérience  de  Hollmeyer,  la  formation  du  mésilylène  est 
précédée  de  la  production  d'acétone. 

Celle  inlerprélalion  a  l'avantage  d'expliquer  la  forma- 
lion  du  mésilylène  à  l'aide  de  l'oxyde  de  mésilyle,  réaction 
qui  ne  peut  se  faire,  quel  qu'en  soit  le  mécanisme,  sans 
une  décomposition  immédiate  ou  médiate,  totale  ou  par- 
tielle. Pour  la  phorone,  elle  a  le  même  avantage,  si  l'on 
admet  la  formule  de  M.  Claisen. 

Mais  il  me  semble  que  l'auteur  va  trop  loin  dans  ses 
conclusions.  Dans  les  conditions  où  il  s'est  placé,  il  ne  se 
forme  pas  de  mésilylène;  a-l-il  le  droit  de  conclure  que 
l'acide  concentré  et  l'acide  dilué  agissent  dans  le  môme 
sens?  Et,  eùl-il  retiré  de  l'acétone  en  se  plaçant  dans  les 
conditions  indiquées  par  Hollmeyer,  il  ne  me  paraîtrait 
pas  légitime  d'en  conclure  que  l'oxyde  de  mésilyle  ne  joue 
aucun  rôle  dans  la  réaction. 

L'intérêt  qui  s'attache  à  la  solution  de   la   question 


(  466  ) 

traitée  par  M.  Claisen  m'a  engagea  diriger  mes  recherches 
(]ans  ce  sens.  Les  acétones  donnent-elles  naissance  à  deux 
séries  de  condensations,  l'une  tendant  à  former  des 
phorones,  l'autre  une  chaîne  benzinique?  Si  tel  était 
le  cas,  ne  serait-on  pas  en  droit  d'admettre  que  l'eau 
qui  se  forme  dans  la  synthèse  de  la  benzine  prend  nais- 
sance à  l'aide  de  deux  hydrogènes  provenant  de  chaînons 
différents,  et  ne  devrait-on  pas  donner  la  préférence  à  une 
autre  formule  que  celle  de  Kékulé? 

Au  lieu  de  prendre  l'acétone  ordinaire,  j'ai  fixé  mon 
choix  sur  l'acétophénone,  dont  les  condensations  sont  plus 
faciles  et  plus  nettes,  et  ne  donnent  pas  naissance  aux 
produits  résineux  qui  viennent  souvent  gêner  les  réactions 
de  l'acétone. 

MM.  Berthold  et  Engler  (1)  ont  déjà  préparé  la  triphé- 
nylbenzine  en  saturant  l'acétophénone  d'acide  chlorhydrique 
sec,  et  séparant  les  cristaux  d'hydrocarbure  qui  se  déposent 
après  plusieurs  jours;  mais  là  se  bornent  nos  connaissances 
sur  ce  sujet. 

Préparation  de  la  Dypnone.  Première  méthode.  —  Elle 
consiste  à  faire  agir  le  zinc-éthyle  sur  l'acétophénone  en 
grand  excès,  par  exemple  iSO  grammes  d'acétophénone 
pour  19  grammes  de  zinc-éthyle;  l'acétophénone  doit  être 
très  pure;  on  agite  le  mélange  et  on  le  refroidit,  ou  on 
l'échauffé  légèrement  si  la  température  extérieure  rend 
cette  précaution  nécessaire.  Avec  les  proportions  citées, 
il  s'est  dégagé  environ  5  litres  d'un  gaz  non  absorbable 
par  le  brome  (éthane).  L'odeur  d'éthylène  que  ce  gaz 
possède,  et  qui  pourrait  induire  en  erreur  sur  sa  nature, 

(1)  Berichte,  t.  VU,  p.  H23. 


(4G7) 

est  (Jiio  ù  hi  présence  de  traces  de  ziiic-élliyle.  I.e  dégage- 
ment gnzenx  continue  encore  très  leniemenl  pendant  nn 
à  deux  jours;  le  mélange  devient  ensuite  solide  par  suite 
de  la  présence  d'oxyde  de  zinc  hydraté  à  l'état  gélatineux; 
on  cliaulle  au  bain-marie  pour  désagréger  la  masse  et  Ton 
sépare  par  (iltration  l'oxyde  de  zinc,  que  l'on  peut  arriver 
à  priver  complètement  de  matières  organiques  par  des 
lavages  répétés  à  l'éther. 

Le  liquide  liltré,  additiotiné  du  résidu  de  la  disiillaiion 
de  l'éllier  des  lavages,  a  été  distillé  dans  le  vide.  J'ai 
recueilli  92  grammes  d'acétophénone,  entre  140"  et  220°, 
2  gramn>es,  à  25o"-256''  (pr.  50  millimètres)  42  grammes. 

Dans  une  autre  opération,  avec  450  grammes  d'acéto- 
phénone et  53  grammes  de  zinc-élhyle,  j'ai  obtenu,  outre 
500  grammes  de  mélhylbenzoïle  en  excès,  115  grammes 
de  produit  bouillant  (ixc  entre  224°  et  227°  (pr.  15  milli- 
mètres); il  reste  12  grammes  de  résidu,  mais  je  n'ai  pu  y 
déceler  la  Iriphényl benzine. 

Deuxième  méthode.  —  C'est  une  modilication  du  pro- 
cédé em|)loyé  par  MM.  Berthold  et  Engler  pour  préparer 
la  triphénylbenzine.  On  salure  d'acide  cblorhydrique  sec 
le  mélhyllienzoïle  maintenu  dans  un  mélange  réfrigérant. 
Au  lieu  d'attendre  plusieurs  jours,  on  distille  le  lendemain 
sous  pression  raréfiée,  en  ayant  soin  d'ajouter  au 
mélange  un  peu  d'acide  acétique  pour  éviter  les  soubre- 
sauts. 

Avec  200  grammes  d'acétophénone  et  20  grammes 
d'acide  cblorhydrique  sec,  j'ai  obtenu  42  grammes  de  pro- 
duit bouillant  à  214°-216°  sous  pression  raréfiée;  avec 
243  grammes  d'acétophénone  et  18  grammes  d'acide, 
48  grammes  du  même  produit.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il 
n'y  a  eu  qu'un  résidu  tout  à  fait  négligeable,  dans  lequel 


(  468  ) 

je  n'ai  pu  déceler  la  présence  de  triphénylbenzine  par 
crislaliisalion  dans  Tacide  acétique. 

Le  produit  que  Ton  peut  isoler  par  l'une  ou  l'autre 
méthode  bout  sans  décomposition  sous  pression  raréfiée. 
Le  même  échantillon,  soumis  à  trois  distillations  succes- 
sives, a  passé  très  fixe  : 

1"  à  225'  sous  la  pression  de  22  millimètres. 
2°  à  245°  sous  la  pression  de  57  millimètres. 
5»  à  240°  sous  la  pression  de  28  millimètres. 

Je  n'ai  pu  le  faire  cristalliser  dans  un  mélange  de  neige 
carbonique  et  d'éther. 

C'est  un  liquide  très  épais,  jaune  clair;  il  possède  une 
odeur  faible,  non  sans  analogie  avec  celle  de  l'acétophé- 
none.  Préparé  au  moyen  de  zinc-éthyle,  il  se  trouble  après 
quelque  temps,  surtout  en  été,  en  donnant  un  produit 
blanc,  amorphe,  insoluble  dans  la  plupart  des  dissolvants 
ordinaires.  J'ai  eu  trop  peu  de  ce  corps  pour  pouvoir 
l'étudier,  mais  j'ai  remarqué  que  le  produit  obtenu  par 
l'acide  chlorhydrique  ne  donne  pas  lieu  à  ce  dépôt;  je  suis 
donc  tenté  de  croire  qu'il  est  formé  par  une  petite  quan- 
tité de  produit  zincique  volatil. 

Voici  les  analyses  de  ce  produit,  faites  avec  des  échan- 
tillons d'origine  différente  : 

L  0,2026  gramme  de  substance  ont  donné  0,1201 
gramme  d'eau  et  0,639o  gramme  d'acide  carbonique. 

H.  0,2559  gramme,  0,1584  gramme  d'eau  et  0,7466 
gramme  d'acide  carbonique. 

III.  0,1267  gramme,  0,0764  gramme  d'eau  et  0,3994 
gramme  d'acide  carbonique. 


(  469  ) 

IV.  0,1271  gramme,  0,0749  gramme  d'eau  ei  0,4015 
gramme  de  CO'^. 

V.  0,1 9o5  gramme,  0,1170  gramme  d'eau  cl  0,0147 
gramme  de  CO^. 


On  en  déduit  : 

Cnlciilé 

I              II 

III 

IV 

V        pour  G"iH«»0. 

C  V.     8G,08       8(5,01 

85,97 

86,15 

85,75         80,40 

H  •/.       G,58         G,51 

6,70 

0,54 

0,05         0,50 

Ce  corps  dérive  donc  de  la  condensation  de  deux 
molécules  d'acélophénone  avecéliminalion  d'une  molécule 
d'eau 


^;!{}3>C0  +  CIP.CO.cni'^  =  ^^[}î>C  =  CH.CO.C«IP  -h  IPO; 


il  est  à  l'acélophénoDe  ce  que  l'oxyde  de  mésilyle  est  à 
l'acétone. 

J'ai  donné  à  ce  corps  le  nom  de  dypnone  (dis  hypnone} 
alin  de  faciliter  la  nomenclature  de  ses  dérivés. 

Action  de  lap/iényl/n/drazine.  — J'ai  ajouté  2,5  grammes 
de  phénylhydrazine  à  7  grammes  de  dypnone  dissous  dans 
un  excès  d'acide  acétique  glacial  ;  le  lendemain,  le  mélange 
étant  resté  clair,  j'ai  chauffé  jusqu'à  commencement 
d'ébullition  ;  il  se  dépose  bienlôl  à  froid  de  beaux  cristaux; 
lorsque  ceux-ci  n'augmentent  plus,  on  filtre  et  l'on  ajoute 
au  liquide  une  quantité  convenable  d'acitle  acétique 
jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dépose  plus  rien  a|)rcs  (juclques 
jours.  Les  premiers  produits  qui  se  forment  sont  iden- 
tiques aux  derniers;  le  liquide  mère,  additionné  de  trois 
volumes  d'alcool,  dépose  encore  un  peu  de  cristaux  qui, 


(  470  ) 

après  purificalion  convenable,  fondent  à  la  même  tempé- 
rature que  le  produit  principal. 

Celui-ci  se  présente  en  masses  de  cristaux  blancs, 
satinés,  qui  fondent  à  176°.  Ils  cristallisent  bien  de  l'acide 
acétique  et  de  l'alcool;  la  solution  alcolique  a  une  fluo- 
rescence bleue,  mais  le  produit  perd  celte  propriété  par  un 
■grand  nombre  de  cristallisations. 

0,1759  gramme  de  produit  ont  donné  à  la  combustion 
0,1019  gramme  d'eau  et  0,5427  gramme  de  CO^  ce  qui 
fait  pour  cent  : 

Trouvé.         Calculé  pour  C^aHaoNi*. 

C»/„ 84,U  84,88 

H»/o 6,45  •  6,11 

Je  n'ai  pu  opérer  la  combustion  de  cette  azone  avec 
l'oxyde  de  cuivre  en  poudre,  même  en  grande  quantité  ;  les 
dosages  d'azote  ont  marcbé  par  soubresauts  et  même  avec 
explosion. 

Action  (le  Chydroxylamme.  —  J'ai  fait  agir  la  dypnone 
sur  une  solution  alcoolique  d'hydroxylamine  préparée  en 
faisant  agir  la  quantité  calculée  de  sodium  sur  la  solution 
de  chlorbydrate  dans  l'alcool  absolu.  J'ai  laissé  réagir  pen- 
dant une  dizaine  de  jours  à  la  température  ordinaire,  puis 
j'ai  distillé  la  plus  grande  partie  de  l'alcool  ;  l'évaporation 
a  été  achevée  à  la  température  ordinaire;  les  cristaux 
séchés  sur  de  la  porcelaine  dégourdie  ont  été  recristallisés 
dans  l'éther  de  pétrole. 

Ils  se  présentent  en  belles  masses  satinées  d'un  blanc 
éclatant,  très  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  la  benzine;  ils 
fondent  à  65°. 


(  «I  ) 

0,0900  gianunc  de  stibslaiice  ont  donhé,  par  la  méthode 
de  Dumas,  5,2  ('ciilimèlres  cubes  d'azole,  à  10",  el  sous  la 
pression  de  7G9,o  millimèlres. 

Trouvé.  Calculé  pour  C»6H5N0. 

N% 7,00  5,90 

Dans  certains  cas  j'ai  obtenu,  en  même  temps  que  celte 
oxime,  des  cristaux  très  nets  cl  brillants,  qui  fondent 
nellement  à  1 15^5.  Ils  sont  plus  lourds  que  les  premiers; 
celte  propriété  permet  de  les  séparer  lorsque  la  cristalli- 
sation a  été  suiïisamment  lente.  Ils  sont  aussi  moins 
solubles  dans  l'étlicr.  Ce  corps,  qui  est  peut-être  un 
isomère  du  précédent,  ne  se  forme  jamais  qu'en  très  petite 
quantité;  cela  m'a  empêché  d'en  aborder  l'étude. 

Action  du  brome.  —  Le  seul  fait  que  je  veuille  faire 
ressortir  pour  le  moment  est  la  netleté  avec  laquelle  b 
dypnone  absorbe  le  brome,  molécule  pour  molécule,  en 
s'échauffant  fortement.  J'ai  dilué  la  dypnone  avec  de  l'élher 
on  du  sulfure  de;  carbone  el  refroidi  la  solution  dans  un 
mélange  de  suH'ale  de  soude  et  d'acide  chlorhydrique;  le 
brome  est  absorbé  instanlanément  sans  qu'il  se  dégage 
d'acide  bromhydrique,  mais  bientôt  le  mélange  commence 
à  fumer.  Eu  laissant  évaporer  le  dissolvant,  on  recueille 
une  huile  verdàlre,  incrislallisable,  qui  ne  m'a  rien  donné 
de  net  à  la  distillation  dans  le  vide;  le  seul  moyen  que 
j'aie  eu  d'isoler  un  composé  défini  est  de  traiter  le  produit 
brut  pa:-  la  pliényihydrazine  en  solution  acétique.  Après 
quelques  jours  on  sépare  les  cristaux,  on  les  lave  à  l'éther 
et  on  les  fait  cristalliser  dans  l'alcool.  Ils  se  présentent 
en  m;igiiiliqiies  paillettes  ayant  l'éclat  de  l'argent,  et  qui 
fondent  en  se  décomposant  à  205"  ou  215",  selon  que  l'on 


(  47^  ) 
chauffe  plus  ou  moins  vile.  Ce  corps  conlient  42,22  %  de 
brome,  tandis  que  l'azone  du  bibromure  de  la  dypnone 
n'en  renfermerait  que  52,22  %•  Je  reviendrai   peut-être 
dans  la  suite  sur  cette  réaction. 

Distillation  de  la  dypnone  sous  la  pression  ordinaire. 
Le  thermomètre  s'élève  rapidement  à  325";  un  tiers  de  la 
masse  distille  de  525°  à  535";  c'est  un  liquide  jaune-paille, 
tenant  de  l'eau  en  suspension;  le  reste  passe  entre  555" 
et  540°.  Ces  produits  ont  été  soumis  simultanément  à  une 
nouvelle  distillation  dans  le  vide;  il  se  sépare  : 

i"  De  l'acétophénone; 

2"  De  l'acide  benzoïque  en  très  petite  quantité;  on  le 
reconnaît  à  son  point  de  fusion  et  à  sa  solubilité  dans  l'eau 
bouillante. 

0,2224  gramme  ont  donné  à  la  combustion  0,1045 
gramme  d'eau  et  0,5605  gramme  de  CO^. 

Trouvé.  Calculé  pour  Cm^O^ 

C  "/o C8,73  G8,85 

H»/, 5,21  4,91 

5°  La  dypnone  non  transformée; 

4"  De  la  triphénylbenzine,  cristallisant  très  bien  de 
l'acide  acétique;  elle  fond  d'abord  à  169°,  mais,  après 
quelques  cristallisations,  le  point  de  fusion  atteint  171°  : 

L  0,1129  gramme  ont  donné  0,0668  gramme  d'eau 
et  0,5886  de  CO^. 

II.  0,1187  gramme,  0,0668  d'eau  et  0,4094  gramme 
de  C02. 

Trouvé  Calculé 

I.  II.  pour  C^-m^o. 

C/o      ...     93,87  94,07  94,10 

H"/,     .     .     .       6,57  6,44  5,88 


(  473  ) 

L'explicalion  de  celle  réaclion  inlcrne  me  paraît  bien 
diflicile  ù  donner  pour  le  moment.  La  production  de 
iripliényluenzine  (1,  3,  5)  est  le  fait  le  plus  saillant  de 
l'histoire  de  la  dypnone;  l'acide  ciilorliydrique  alcooli(|ue, 
le  pcntaclilorure  de  phosphore,  le  zinc-élh}le  donnent  cet 
hydrocarbure  comme  produit  principal  ou  unique;  tel  est 
au  moins  le  résnilal  de  la  réaclion  lorsqu'on  dislillc  les 
produits  dans  le  vide. 

Rien  dans  la  conslilulion  de  la  dypnone  ne  permet 
de  prévoir  la  production  si  aisée  de  Iriphénylbenzine. 
C'est  pourquoi  j'ai  enlrc|)ris  de  chercher  à  l'expliquer,  et 
mes  travaux  dans  ce  sens  feront  l'objet  de  communications 
ultérieures. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  formule  de  la  dypnone  me  parait 
bien  établie  par  son  caractère  acéloniqne  et  la  propriété 
qu'elle  possède  de  fixer  une  molécule  de  brome,  et  il  me 
paraît  tout  à  fait  légilime  de  la  considérer  comme  l'homo- 
logue de  l'oxyde  de  mésityle. 

Si  l'on  se  rappelle  la  préparation  par  l'acide  chlorhy- 
drique  décrite  plus  haut  et  celle  de  la  iriphénylbenzine 
donnée  par  .MM.  Bcrlhold  cl  Engler,  on  arrive  inévitable- 
ment à  celle  conclusion  que  le  produit  que  j'ai  isolé 
est  intermédiaire  entre  Tacélophénone  et  la  Iriphényl- 
benzine. 

Voici  une  expérience  qui  pourra  lever  tous  les  doutes  à 
cet  égard  : 

123  grammes  d'acélophénone  avaient  été  saturés  par 
22  grammes  d'acide  chloihydrique  sec;  en  en  distillant 
une  parlic  le  lendemain,  sous  pression  raréfiée,  j'avais 
obtenu  de  la  dypnone  dans  les  conditions  décrites  précé- 
demment. 

30  grammes  du  mélange  sont  restés  au  repos  pendant 


(474) 

deux  mois;  j'ai  distillé  direclemonl,  sous  pression  réduite, 
après  addition  d'acide  acétique;  toute  l'acétophénone  a  été 
extraite  en  chauffant  au  bain  d'huile  graduellement  jusqu'à 
200".  En  distillant  ensuite  au  bain  de  chlorure  de  zinc,  le 
thermomètre  s'est  élevé  directement  à  287"  (pr.  15  milli- 
mètres), et  il  a  passé  deux  grammes  d'un  liquide  qui  s'est 
bientôt  pris  en  masse;  c'était  de  la  triphénylbenzine 
mélangée  de  très  peu  de  dypnone.  ïl  est  resté  dans  le 
ballon  12  grammes  de  triphénylbenzine. 

La  dypnone  formée  au  commencement  de  la  réaction  a 
donc  disparu,  et  l'on  doit  admettre  qu'elle  a  servi  à  la 
formation  de  la  triphénylbenzine. 

L'explication  de  la  synthèse  de  ce  dernier  hydrocarbure 
me  paraît  devoir  être  celle  donnée,  il  y  a  longtemps,  par 
M.  Kékulé  pour  la  triméthylbenzine  : 


jF6Î!î>C.CH.CO.C'=H''-+-CHlCO.CW=iJîÎ5>G.CH.C    .CW+H^O 

(j  11  '-'■'*  Il 

CH 

co.cnv  ; 


cette  phorone  se  déshydraterait  pour  donner  de  la  triphé- 
nylbenzine. 

Mais  j'ai  cherché  vainement  à  isoler  cette  phorone.  Cet 
insuccès  semble  confirmer  la  formule  de  M.  Claisen;  son 
existence  est  impossible  d'après  elle,  dans  le  cas  de  l'acé- 
tophénone. On  devrait  admettre  d'après  cela  qu'il  y  a 
deux  séries  de  phorones;  les  unes,  à  la  limite  des  conden- 
sations des  acétones,  répondraient  à  la  formule  de 
M.  Claisen  ;  les  autres,  correspondant  à  la  formule  pro- 
posée par  M,  Kékulé,  serviraient  d'intermédiaire  entre 
l'oxyde  de  mésityle  et  le  mésitylène. 


(  i75  ) 
Au  contraire,  les  faits  sont  plus  simples,  s'il  est  permis 
de  mettre  en  doute  la  manière  dont  M.  Claisen  interprèle 
la  constitution  de  la  phorone,  et  l'on  serait  tenté  de  revenir 
à  l'interprétation  primitive  si  simple  et  si  claire  de  la  syn- 
thèse de  la  henzine.  L'objection  que  l'on  pourrait  faire  à 
cette  manière  de  voir,  provenant  de  la  non-existence  (ou 
de  l'instabilité)  de  la  phorone  de  l'acétophénone,  ne  me 
parait  pas  avoir  grande  valeur.  La  condensation  de  l'acé- 
tone et  celle  de  l'acétophénone  ne  sont  pas  comparables; 
la  première,  à  froid,  ne  va  pas  au  delà  de  la  phorone;  la 
seconde  ne  s'arrête  qu'à  la  lrij)hénylbenzine,  et  il  serait 
très  possible,  s'il  existe  une  phorone  correspondante,  que 
sa  déshydratation  interne  fût  plus  énergique  que  celle  qui 
se  fait  pour  lui  donner  naissance. 

Bruxelles,  laboratoire  privé. 


Le  nouveau  genre  Posadaea,  de  la  famille  des 
Ciicurbitacées ;  par  Alfred  Cogniaux. 

Au  mois  d'août  1888,  je  reçus  de  M.  le  docteur  Posada- 
Arango,  professeur  à  l'Université  de  Médellin  (Colombie), 
un  beau  fruit  avec  graines  mûres  et  un  fragment  de 
rameau  avec  quelques  feuilles,  d'une  Cucurbitacée  que  je 
ne  pus  rapporter  à  aucun  des  genres  connus  de  cette 
famille.  Les  notes  que  le  collecteur  joignait  à  son  envoi 
me  donnaient  bien  la  conviction  que  celte  plante  devait 
former  un  genre  nouveau,  mais  ne  suffisaient  pas  pour  me 
permettre  de  décrire  ce  genre,  ni  surtout  pour  en  fixer  la 
place  dans  la  famille. 
.  Je  m'étais    donc  abstenu   de   nommer    cette    plante 


(  476  ) 

jusqu'à  ce  que,  dans  un  paquet  de  Cucurbilacées  que 
!M.  Alphonse  de  Candolle  soumellait  à  mon  examen  au 
mois  de  mai  dernier,  je  trouvai  un  exemplaire  de  la  même 
plante,  récolte  aussi  en  1888  par  le  professeur  colombien, 
et  portant  quelques  fleurs.  Bien  que  celles-ci  fussent 
imparfaitement  déveloi)pées,  elles  confirmaient  pleinement 
mon  impression  première  sur  la  nouveauté  du  genre;  mais 
comme  il  me  restait  des  doutes  sur  certains  caractères 
importants,  M.  de  Candolle  eut  la  bonté  de  réclamer,  pour 
compléter  mon  élude,  des  fleurs  en  bonétat,que  M.Posada- 
Arango  put  lui  envoyer  dans  une  lettre  en  date  du 
20  juillet.  L'illustre  botaniste  de  Genève  m'ayant  commu- 
niqué ces  fleurs,  je  puis  maintenant  décrire  le  nouveau 
genre,  que  je  crois  bon  de  dédier  au  botaniste  colombien  à 
qui  on  en  doit  la  découverte.  Voici  les  caractères  du  genre 
et  de  l'unique  espèce  qu'il  comprend  jusqu'ici  : 

Posadaea,  Cogn.  gcn.  nov. 

Flores  monoici.  Masculi  raccmosi,  pauci.  Calycis  tubus 
subrolalus,  5-lobalus,  lobis  ovato-lanccolalis,  aculis,  rcflcxis. 
Coroila  rotala,  usquc  ad  basim  5-parlita,  scgmcntis irrcgularilcr 
obovalis,  apicc  plus  minusvc  cmarginalis.  Slamina  5,  libéra, 
in  mcdio  lubicalcycini  scssiIia;anllicracquadranguIari-obova- 
tae,  dorso  aflixac,  una  unilocularis  caclcrae  bilocularcs,  loculis 
linearibus,  apicc  cxlus  rcplicalis  non  sigmoidco-flcxuosis, 
conncclivo  angusio,  apicc  ultra  loculos  non  produclo.  Pollen 
sphaericum,  lacvc,  poris  3  aperlum.  Pistillodium  cupuliforme, 
obscuruin.  —  Flores  fcminci  solilarii,  inflorcscenliac  mascu- 
lae  coaxillarcs.  Calyx  supra  ovariura  maris.  Corollac  segmenta 
ovalo-oblonga,  apicc  rotundata.  Slaminodia  5,  brcvia,  ligulata. 
Ovarium  elliplico-ovoidcum,  triplacenlifcrum;  stylus  brevis, 
crassus,  stigmalibus  5,  dilalatis,  obcordalis,  subrcflcxis;  ovula 


(  477  ) 

numcrosn,  liorizoninlia.  Friictiis  indchisccns,  sphacrioiis, 
c'orticc  lignoso,  cariic  piilposo.  Scniina  numerosa,  angustc  ol>o- 
vata,  compressa,  iminarginata,  lacvia. 

Ilcrba  répons,  pilosiila.  Folia  longe  pctiolala,  ambitu  7- 
iingulata  vel  suborbicularia,  intégra  vel  usque  ad  médium  tri- 
lobala,  basi  j)rofunde  emarginata.  Cirrhi  bifidi,  superiores 
sirapliccs.  Flores  médiocres,  lutci,  cbraclcati  vol  minulissime 
bibracteolali.  Fruclus  majusculus. 

Posadaea  sphaerocarpa,  spec.  nov. 

Rami  salis  graciles,  siriati,  dense  foliosi,  pclioli  cirrhiqiic 
pills  longiiisciilis  flcxnosis  subsparse  vesliti.  Petioliis  robiisius, 
slriatus,  '/-i"'  ^'"1-  longus.  Folia  membranacca,  lacté  viiidia, 
ulrinque  primum  sparsepilosula  dcmum  punctato-scabra  prac- 
cipue  supra,  raargine  minutissime  rcmolcqiie  dcnticulata, 
usque  18  cm.  longa  et  19  cm.  lala,  lobis  apice  rotundatis  et 
apiculatis;  nervi  sublus  levitcr  prominentcs,  duo  latérales  5-4- 
l'urcati,  imum  sinum  marginantes;  sinus  basilaris  subrec- 
tangularis,  5  cm.  profundus,  Ô-4  cm.  latus.  Cirrhi  lon- 
giusculi,  robustiusculi  infcrne  incrassali,  sulcali.  Pedunculiis 
communis  niasculus  gracilis,  sulcatus,  «parse  pilosulus,  apice 
5-4-florus,  5-4  cm.  longus;  pcdicclli  densiusculc  pilosuli,  2-1 1 
mm.  longi.  Calyx  pilosulus,  tubo  8-9  mm.  longo,  lobis  o-ncr- 
viis,  5  mm.  longis.  CoroUa  exius  pubcrula,  segmentis  7-9-ner- 
viis,  8-9  mm.  longis  latisquc.  Antherae  albae,  2  mm.  longae. 
Pedunculus  fcmincus  robustus,  slriatus,  pilis  longiusculis 
flcxuosis  crassisque  dense  veslilus,  2-5  cm.  longus.  Calycis 
lobi  2  mm.  longi.  Corollae  segmenta  1  cm.  longa,  4-5  mm. 
lata.  Staminodia  obtusa,  1  '/.i-^  mm.  longa.  Ovarium  subsparse 
pilosum;  slylus  5  mm.  longus,  sligmatibus  canescenlibus, 
5  mm.  lalis.  Fruclus  8-10  cm.  crassus,  pulpa  alba.  Seniina 
canesccnlia,  basi  leviler  altenuata,  apice  rotundata,  margiiie 
obtusa,  12-14  mm.  longa,  7-8  mm.  lala,  2-2  '/a  mm.  crassa. 
In  Colombia  prope  Medellin  (D'A.  Posada-Arango). 
3'"^   SÉIilE,   TOME   XX.  52 


(  ^78  ) 

Le  genre  Posadaea  appartient  clairement  à  la  tribu  des 
Cucumérinées;  il  a  certains  rapports  avec  les  Apodan- 
t/iera,  mais  la  forme  des  loges  des  anthères  ne  permet 
pas  de  le  placer  dans  la  môme  section  de  la  Iribu  que  ces 
derniers;  je  crois  devoir  le  ranger  à  la  suite  des  Cucume- 
ropsis  Naud.,  délimités  comme  je  l'ai  fait  précédemment 
{Monogr.  Phaner.,  III,  p.  517). 

M.  Posada-Arango  m'écrivait  :  «  On  se  sert  ici  de  cette 
Cucurbitacée  pour  faire  des  vases,  comme  avec  le  fruit  des 
Lagenaria.  »  Le  fruit  qu'il  m'a  envoyé  fait  maintenant 
partie  des  collections  du  Jardin  botanique  de  Bruxelles. 
M.  Alph.  de  Candolle  a  fait  semer  des  graines  de  Posadaea 
dans  les  serres  de  son  fils,  M.  Casimir  de  Candolle,  situées 
près  de  Genève;  les  plantes  obtenues  végètent  avec  une 
grande  vigueur,  mais  elles  n'ont  pas  fleuri  jusqu'ici. 


La  réduction  des  nitrates  en  nitriles  par  les  graines  et  les 
tubercules;  par  Emile  Laurent. 

Schônbein  (1)  avait  signalé  autrefois  la  réduction  des 
nitrates  en  nitrites  par  les  graines.  Comme  l'a  supposé 
i\I.  Jorissen  (2),  il  est  probable  que  cette  observation 
n'était  pas  exacte  et  qu'il  y  avait  eu,  dans  les  expériences 
faites  par  le  chimiste  allemand,  intervention  de  bactéries 
réductrices  des  nitrates.  Toutefois,  rien  no  permettait  de 
conclure  que  les  plantes  supérieures   fussent  dépourvues 


(1)  Journal  fur pralitische  Chemic,  Bd.  CV,  p.  211,  1868. 

(2)  Bulletin  de  l'Académie  rotjale  de   Belgique,  3=  série,   t.  VIII, 
p.  550,  i884. 


(  m  ) 

(le  la  même  propriété  physiologique.  C'est  ce  que  je  fai- 
sais remarquer  dans  une  note  présentée  à  l'Académie 
en  1885  (l),  et  je  fondais  mon  o|»inion  sur  quelques  essais 
fais  avec  des  graines  d'Orge  el  de  Maïs  plongées,  pendant 
la  germination,  an  sein  d'une  solution  de  nitrate  de  potas- 
sium. 

Dans  une  deuxième  note  (2),  M.  Jorissen  assurait  que 
a  la  transformation  des  nitrates  en  nilrites,  telle  qu'elle 
»  a  été  observée  jusqu'à  présent  pendant  l'imbibilion  des 
»  graines,  n'est  pas  autre  chose  qu'un  cas  particulier  de 
»   la  fermentation  putride.  » 

Je  n'avais  pas  le  moindre  doute  relativement  à  l'absence 
complète  de  bactéries  dans  les  solutions  de  nitrate  qui 
avaient  été,  sous  mes  yeux,  le  siège  de  phénomènes 
réducteurs  pro-voqués  par  des  graines  en  germination. 
Cependant,  je  l'avoue,  la  valeur  du  réactif  iodé  que  j'avais 
employé  est  assez  contestable  pour  caractériser  les  nitrites. 
Pour  ce  motif,  je  me  décidai,  en  mai  1887,  à  répéter 
mes  essais  el  à  faire  usage  de  réactifs  plus  parfaits. 

Des  graines  de  Maïs  furent  plongées  dans  l'eau  tiède 
pour  en  ramollir  les  téguments.  Dans  deux  larges-tubes  à 
essais,  stérilisés  à  180°,  j'introduisis  quinze  de  ces  graines 
et  je  les  immergeai  aussitôt  dans  une  solution  à  17oo  de 
bichlorure  de  mercure.  Au  bout  de  quinze  minutes,  elles 
lurent  lavées  à  deux  reprises  avec  de  l'eau  stérilisée  par 
la  (iltration  sur  la  porcelaine;  un  peu  d'eau  fut  conservé 
au  fond  des  tubes  pour  éviter  la  dessiccation  des  graines. 


(1)  Bulletin  de  l'Académie    royale  de  Belgique,   ô'  série,    t.   X, 
p.  58,  1885. 

(2)  Id.,  t.  X,  p.  585. 


(  4-80  ) 

Dans  chaque  lube,  quelques  graines  ne  germèrent  pas; 
elles  avaienl  élé  tuées  par  le  sublimé. 

Lorsque  les  tigelles  avaienl  1  à  2  centimètres  de  lon- 
gueur, je  versai  au  Tond  des  tubes  une  solution  de  nitrate 
de  potassium  à  1  °/.,.  Vingt-quatre  heures  après,  je  fis 
l'essai  des  nitrites  au  moyen  des  trois  réactifs  suivants, 
préparés  d'après  les  indications  données  par  M.  Waring- 
ton  (1): 

Le  réactif  iodé; 

La  mélaphényline  diamine; 

Le  chlorure  de  naphtylamine  en  présence  des  acides 
chlorhydrique  et  sulfanilique. 

Ces  trois  réactifs  indiquèrent  la  présence  de  nitrites 
dans  les  liquides  que  renfermaient  les  deux  tubes  avec 
grains  de  Maïs.  A(in  de  m'assurer  de  l'absence  de  bacté- 
ries dans  ceux-ci,  je  mélangeai  quelques  gouttes  du 
liquide  avec  de  la  gélatine  nutritive  bien  neutre.  Elle 
demeura  parfaitement  stérile. 

J'aurais  pu  communiquer  ce  résultat  à  l'Académie 
beaucoup  plus  tôt  ;  j'ai  cru  qu'il  valait  mieux  multiplier 
les  observations,  les  répéter  sur  différentes  espèces  et  dans 
des  conditions  variées.  Car,  dans  les  questions  de  biologie, 
l'étude  comparée  d'un  certain  nombre  d'organismes  est 
singulièrement  instructive  pour  l'expérimentateur  lui- 
même. 

Mes  nouvelles  recherches  sur  la  réduction  des  nitrates 
par  les  végétaux  ont  porté  sur  les  graines,  les  tubercules, 
les  tissus  charnus  et  les  sucs  des  plantes  vasculaires,  ainsi 
que  sur  un  certain  nombre  de  moisissures  et  de  levures. 


(I)   Chemical- News j  25  janvier  1885. 


(  4Hi  ) 

Les  résultats  l'oiirnis  par  ces  cliampignons  ont  été  précé- 
demment communiqués  ù  rAcadémie. 

Des  réactifs  de  l'acide  nitreux  indiqués  plus  haut,  je 
n'ai  plus  employé  que  le  troisième,  qui  est  de  beaucoup 
le  plus  caractéristique. 

Il  consiste  dans  l'addition  successive,  au  liquide  à 
essayer,  d'acide  sulfanilique,  d'acide  chlorliydriquc  el  de 
chlorure  de  naphtylamine.  Dans  les  soluiions  qui  con- 
tiennent moins  d'un  cent-millième  d'acide  nitreux,  une 
goutte  ('/20  ^6  centimètre  cube)  d'acide  chlorhydrique 
à  iO  7o  et  trois  gouttes  des  deux  autres  corps  dissous  à 
saturation  dans  l'eau  déterminent  l'apparition  d'une  colo- 
ration rose  plus  ou  moins  foncée  et  persistante.  Dans  les 
solutions  plus  concentrées,  il  convient  d'ajouter  une  quan- 
tité d'acide  sulfanilique  et  de  chlorure  de  naphtylamine 
d'autant  plus  grande  qu'il  y  a  plus  d'acide  nitreux  en 
présence.  Sans  cette  précaution,  la  coloration  diminue 
d'intensité  ou  disparaît  après  un  temps  assez  court. 

De  l'avis  de  beaucoup  de  chimistes,  les  réactions  colo- 
rées n'ont  qu'une  valeur  relative,  surtout  lorsqu'elles  se 
passent  dans  un  milieu  aussi  complexe  que  la  matière 
vivante.  Pour  faire  droit  à  cette  objection,  dont  je  suis 
loin  de  méconnaître  la  portée,  j'ai  toujours  eu  soin  de 
faire,  à  côté  des  expériences  de  réduction  par  les  tissus 
végétaux,  des  essais  avec  les  mêmes  tissus  plongeant  dans 
Teau  distillée.  Toute  différence  dans  les  réactions  de  la 
solution  nitrique  et  de  l'eau  pure  ne  pouvait  provenir  que 
de  la  présence  du  nitrate  et,  dans  le  cas  actuel,  je  me 
trouvais  en  droit  de  l'attribuer  à  la  réduction  de  ce  même 
nitrate. 

Pendant  l'été  de  1889,  j'ai  eu  l'occasion   de  faire   un 


(  482  ) 

grand  nombre  d'essais  de  réduction  des  nitrates  par  les 
graines.  Celles-ci  étaient  stérilisées  par  l'immersion  dans 
une  solution  de  sublimé  et  elles  germaient  dans  de  longs 
tubes  à  essais,  cbauffés  au  préalable  à  d80".  Lorsque  les 
tigelles  avaient  atleint^l  à  6  centimètres  de  longueur,  je 
versais  dans  les  tubes  une  solution  de  nitrate  de  potas- 
sium, de  sodium  ou  de  calcium  à  1  7»,  qui  ne  donnait 
pas  trace  de  nitrites(i).  Les  solutions  renfermées  dans 
des  matras- pipettes  peuvent  être  aisément  introduites 
dans  des  tubes  contenant  les  graines,  sans  y  apporter  de 
germes.  Lorsqu'il  n'en  est  pas  ainsi,  la  solution  ne  tarde 
pas  à  se  troubler  par  suite  du  développement  îles  microbes; 
ceux-ci  se  nourrissent  de  substances  organiques  que  les 
graines  ont  laissé  diffuser.  Le  plus  souvent,  les  tubes  en 
expériences  étaient  placés  à  l'étuve  à  50-35°,  température 
favorable,  à  la  fois,  à  la  vie  des  graines  en  germination  et 
à  celle  des  bactéries. 

Mes  essais  ont  été  faits  avec  des  graines  de  Maïs,  d'Orge 
de  Pois,  de  Lupin  blanc,  de  Fève  et  de  Haricot.  C'est  avec 
le  Pois  que  les  phénomènes  réducteurs  sont  le  plus  actifs. 
Des  graines  de  cette  espèce,  en  germination,  immergées 
dans  la  solution  de  nitrate  de  potassium  à  1  7o,  permettent 
d'observer  la  formation  de  nitrite  au  bout  d'une  heure.  Ce 
temps  estyencore  diminué  lorsqu'on  fait  le  vide  ou  lors- 
qu'on remplace  l'air  par  un  gaz  inerte.  L'hydrogène  con- 


(i)  J'insiste  expressément  sur  ce  point.  La  plupart  des  eaux  dis- 
tillées et  conservées  dans  les  laboratoires  contiennent  des  quantités 
notables  de  nitrates  et  de  nitrites.  Il  en  est  de  même  des  nitrates  con- 
servés, à  l'état  solide,  dans  des  bocaux  exposés  à  la  lumière. 


(  483  ) 

vient  mieux  que  l'anhydride  carbonique,  qui  sen)hle 
ralentir  les  actions  réductrices  provoquées  par  les  tissus 
végétaux.  Des  pianlules  de  Pois,  plongées  dans  le  vide  et 
placées  à  la  température  de  15°,  réduisent  les  nitrates 
avec  une  activité  telle  que  l'on  peut  constater  la  présence 
de  nitritc  une  demi-heure  après  l'immersion. 

Au  contraire,  il  n'y  a  pas  réduction  des  nitrates  lorsque 
la  solution  (|ui  les  contient  se  présente  en  couche  peu 
épaisse  et  offre  une  grande  surface  d'aération  pour  un 
très  petit  volume  de  liquide.  C'est  ce  que  l'on  obtient  lors- 
qu'on met  des  graines  dans  un  vase  à  fond  plat,  sous  une 
très  faible  couche  de  solution  de  nitrate. 

Il  me  paraît  bien  difficile  d'interpréter  ces  faits  sans 
admettre  que  ce  sont  les  graines  qui  enlèvent  au  nitrate 
une  partie  de  l'oxygène  nécessaire  à  leurs  phénomènes 
respiratoires.  La  quantité  d'oxygène  ainsi  absorbé,  sans 
être  excessive,  n'est  pas  négligeable. 

J'ai  vu  quarante-cinq  graines  de  Pois,  germées,  plongées 
dans  50  centimètres  cubes  de  la  solution  nitrique,  donner, 
après  quatre  heures,  ime  réaction  nitreuse  équivalente  à 
celle  d'une  solution  de  0,05  gramme  de  nitrite  de  potas- 
sium dissous  dans  50  centimètres  cubes  d'eau  (1  7oo).  Ce 
chiffre  correspond  à  0,00565  gramme  d'oxygène  absorbé, 
c'est-à-dire  à  un  volume  d'environ  A  centimètres  cubes. 

Je  me  suis  assuré  que,  pour  le  Pois,  le  pouvoir  réduc- 
teur est,  à  poids  égal,  plus  accentué  dans  les  cotylédons 
que  dans  les  jeunes  embryons  en  voie  de  croissance. 
Cependant,  lorsque  les  plantules  ont  atteint  une  dizaine 
de  centimètres  de  longueur,  les  tiges  et  les  racines 
produisent  des  nitrites  tout  aussi  activement  que  les 
cotylédons. 


(  48i  ) 

Le  pouvoir  réducteur  des  lu  hercules  n'csl  pas  moins 
facile  à  mellre  en  évidence  que  celui  des  graines  en  ger- 
mination. Il  est  manifeste,  lorsqu'on  immerge  dans  une 
solution  de  nitrate,  contenue  dans  un  tube  à  essai,  de 
minces  fragments  de  pomme  de  terre  récemment  récoltée. 
Une  heure  suffit  pour  obtenir  la  réaction  des  nitrites.  On 
n'en  voit  pas  de  trace  si  les  fragments  sont  placés  dans  un 
cristallisoir  sous  une  couche  peu  épaisse  de  solution 
nitrique. 

J'ai  également  observé  la  réduction  du  nitrate  de  potas- 
sium en  nitrile  avec  les  tubercules  de  Topinambour,  de 
Radis,  de  Navet,  de  Chicorée  à  café,  de  Betterave,  de 
Chou-rave,  de  Stachys  luberifera,  les  pétioles  de  feuilles 
de  Chou,  de  Laitue,  de  Bette,  de  Céleri  et  de  Raifort,  les 
tiges  de  Clienopodinm  Quinoa,  ô' Impatiens  Balsamina  et 
Rot/leî,  ô' Amarantus  melandiolicus,  les  pédoncules  du  fruit 
de  la  Courge,  les  jeunes  fruits  de  Tomate  et  de  Piment. 

Comme  je  l'ai  dit  précédemment,  j'avais  soin  de  faire, 
pour  chaque  espèce,  un  essai  de  contrôle  en  plongeant  les 
tissus,  mis  en  expérience,  dans  l'eau  distillée.  Dans  ces 
conditions,  les  tubercules  de  Pomme  de  terre  et  de  Radis 
donnèrent  d'une  manière  assez  nette  la  réaction  de  l'acide 
nitreux.  Ce  résultat  s'explique  par  la  présence  d'une  cer- 
taine quantité  de  nitrate  dans  les  tissus  de  ces  deux 
espèces.  Je  m'en  suis  assuré  avec  la  diphénylamine. 

Enfin,  on  peut,  par  un  chauffage  convenable  ou  par 
l'immersion  dans  l'alcool  ou  le  chloroforme,  tuer  les  cel- 
lules sans  en  faire  disparaître  complètement  le  pouvoir 
réducteur  à  l'égard  des  nitrates.  Je  me  borne  aujourd'hui 
à  signaler  ce  fait;  il  conduit  à  supposer  qu'il  existe  dans 
les  tissus  végétaux  des  substances  spéciales  douées  de  pro- 


(  48.J  ) 
priétés  récluctivcs,  C'esl  une  opinion  que  je  compte  déve- 
lopper dans  un  prochain  travail. 

Les  expériences  résumées  dans  cette  note  confirment 
les  conclusions  auxquelles  j'étais  arrivé  en  1885,  à  la 
suite  de  mes  recherches  sur  le  même  sujet  : 

!•*  Les  graines  en  germination  elles  tubercules,  al  je 
puis  maintenant  ajouter,  un  grand  nombre  d'autres  tissus 
végétaux,  sont  capables  de  réduire  les  nitrates  en  nitrites. 

2°  La  réduction  des  nitrates  en  nitrites  par  les  végétaux 
est,  comme  la  fermentation  alcoolique,  une  conséquence  de 
la  vie  qui  se  continue  dans  un  milieu  privé  d'oxygène  à 
l'état  libre. 


La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  s'occuper 
de  la  discussion  des  titres  des  candidats  présentés  pour 
les  places  vacantes. 


(  486  ) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Séance  du  3  novembre  1890. 

M.  Stecher,  directeur. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  G.  Tibergliien,  vice-directeur  ;  P.  De 
Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Leltenhove,  Alph. 
Waulers,  Emile  de  Laveleye,  Aug.  Wagener,  G.  Rolin 
Jaequemyns,  S.  Bormans,  Ch.  Piot,  Ch.  Polvin,  T.-J. 
Lamy,  P.  Henrard,  J.  Gantrelle,  L.  Vanderkinderc,  Alex. 
Henné,  le  comte  Goblel  d'Alviella,  membres;  Alph.  Rivier, 
associé;  Ferd.  Vander  Haeghen,  P.  De  Monge,  Alfr.  Giron 
et  le  baron  J.  de  Chestret  de  Hanefîe,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
demande  que  la  Classe  lui  soumette  une  liste  : 

1"  De  quatorze  noms  pour  la  formation  du  jury  chargé 
de  juger  la  neuvième  période  du  concours  quinquennal 
d'histoire  nationale; 

2°  De  quatorze  noms,  également,  pour  la  formation  du 
jury  chargé  de  juger  la  deuxième  période  du  concours 
quinquennal  des  sciences  historiques; 


(  ^87  ) 

5°  De  dix  noms  pour  la  formation  du  jury  cliargé  de 
juger  la  onzième  période  du  concours  iriennal  de  lilléra- 
lure  dramatique  en  langue  française. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  que,  en  vue  de  faci- 
liter la  formation  de  ces  listes,  il  adressera  aux  membres 
une  circulaire  rappelant  les  noms  qui  ont  déjà  été  proposés 
pour  la  composition  des  jurys  antérieurs. —  La  formation 
de  ces  listes  sera  portée  à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine 
séance. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Inslruclion 
publique  fait  savoir  que,  conformément  au  désir  qui  lui 
a  été  exprimé  par  la  Classe,  il  a  confié  aux  statuaires 
Pollard  et  Vandenkerkhove-Saïbas,  l'exécution  des  bustes 
en  marbre  d'Edouard  Ducpeliaux  et  d'Eugène  Defacqz, 
anciens  membres, 

—  Le  môme  .Ministre  envoie,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Académie,  un  exemplaire  de  Vlnvenlaire  ou  tab'e  analy- 
tique et  alphabétique  des  noms  de  personnes  contenus  dans 
les  registres  aux  gages  et  pensions  des  chambres  des 
comptes;  par  J.  Proosl,  archiviste  adjoint  du  royaume.  — 
Remerciements. 

—  Hommages  d'ouvrages. 

1°  Des  ouvertures  de  crédit  et  des  comptes  courants 
garantis  par  nue  hypothèque;  par  Gustave  Beltjens; 

2"  L'étrusque,  Vonibrien  et  l'osque  dans  quelques-uns 
de  leurs  rapports  intimes  avec  l'italien  ;  par  T.  Zanardelli  ; 

3°  A.  Les  fondeurs  d'artillerie  aux  Pays-Bas;  B.  His- 
toire du  siège  d'Oslende  (1601-1604);  par  le  général 
P.  Henrard; 

4"  L'enseignement  à  Braine- le- Comte  avant  i794y 
2™"  édition;  par  Ernest  Matthieu.  —  Remerciements. 


(  488  ) 

—  La  Société  courlandaisc  de  lilléraliire  et  des  arts  à 
Mitau  annonce  qu'elle  célébrera  le  25  novembre/ 5  décem- 
bre 1890,  son  soixante-quinzième  anniversaire  de  fonda- 
lion.  —  Une  lettre  de  félicitations  sera  adressée  à  celte 
Société. 

—  A  la  demande  de  M.  Van  V^eerdeghem,  M.  Bormans 
présente  à  la  Classe  un  mémoire  manuscrit  écrit  en 
flamand,  sur  des  fragments  Ihiois  du  roman  de  Perceval. 
—  Commissaires  :  MM.  Willems,  Roersch  et  Stecher. 


COMMUNICATIONS   ET   LECTURES. 


Les  métiers  de  la  ville  de  Huy,  à  propos  d'un  insigne  de 
la  corporation  des  merciers;  par  le  baron  J,  de  Chestret 
de  Haneffe,  correspondant  de  l'Académie. 

L 

[]  y  avait  au  milieu  du  Xïll*  siècle,  dans  les  principales 
villes  du  pays  de  Liège,  quatre  éléments  prêts  à  se  dispu- 
ter le  pouvoir  :  le  parti  monarchique,  attaché  au  chef  de 
la  principauté;  le  parti  hiérarchique  du  clergé;  le  parti 
aristocratique,  composé  des  hommes  libres  ou  getis  de 
lignage ;entïn\e  parti  démocratique,  de  beaucoup  supérieur 
en  nombre,  mais  dépourvu  de  toute  organisation  militaire 
ou  politique  (i). 

(I)  Cf.  Warnkoenig,  Précis  de  V histoire  de  Licf/e,  p.  40. 


(  489  ) 

Dcscondnnls  des  ancions  propriétaires  du  sol,  les  patri- 
ciens vivaient  de  leurs  revenus  ou  reliraient  les  plus  gros 
profits  du  connmerce.  A  côté  d'eux,  les  petits  bourgeois 
subsistaient  de  leur  travail,  comme  ouvriers  ou  artisans. 
Bien  que  jouissant  de  droits  civils  importants  (1),  ils 
vivaient  dans  l'oppression  et  étaient  soumis  aux  redevances 
publiques  (2). 

On  admet  généralement  que  peu  à  peu  les  gens  de  cette 
dernière  classe  se  réunirent  en  associations  privées,  com- 
posées d'individus  préoccupés  des  mêmes  idées  et  parta- 
geant les  mêmes  plaisirs;  mais  aucun  h'storien,  aucune 
charte  ne  nous  a  conservé  les  règlements  de  ces  confréries 
primitives.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  de  positif,  c'est  que  les 
hommes  de  même  profession  s'établissaient  ordinairement 
dans  la  môme  rue,  dans  le  môme  quartier,  et  qu'ils  avaient 
l'habitude  de  se  grouper  en  corps  distincts,  lorsqu'ils 
étaient  en  campagne  ou  assistaient  aux  cérémonies  publi- 
ques (5).  La  chronique  de  Jean  d'Outreraeuse  ne  laisse 
aucun  doute  sur  cette  situation  politique.  Après  avoir 
relaté  les  hauts  faits,  d'ailleurs  fort  contestables,  des 
bouchers  au  siège  de  Bouillon,  en  HM,  l'auteur  a  soin 
d'ajouter  :  «  Ansi  deveis  savoir  que  la  gens  de  commune 
n'avoil  encors  point  de  fralerniteil,  ne  maistre  ne  banire, 


(1)  Les  habitants  de  Huy,  notamment,  se  prévalaient  de  droits 
civils  qui  remontaient  jusqu'au  temps  de  l'évêque  Théoduin  (10G6). 

(2)  Voir  IIenaux,  IJisloire  du  pays  de  Libye,  o"  édit.,  cliap.  XVIII 
et  XIX. 

(5)   Cf.  S.  BoRMANS,  Le  bon  métier  des  ta/meurs  de  l'ancienne  cité  de 
Liège,  1863. 


(  490  ) 

ains  en  aloient  en  oust  desous  le  banire  de  esquevins  d.  Il 
en  était  de  même  à  la  Warde  de  Steppes  (1215)  et  encore 
en  1231  :  a  A  cel  temps  n'avoit  encors  li  commonalleit 
de  Liège  vois  ne  puissanche  ne  mestiers  ne  fraterniteil 
enssemble,  ne  vois  de  rien  à  faire,  ains  fasoient  leurs 
labures  et  les  nobles  governoient  (I)  ». 

Depuis  l'année  1229  environ,  l'administration  des  villes 
avait  été  enlevée  au  pouvoir  judiciaire,  représenté  par 
réclievinage,  pour  être  confiée  à  un  conseil  composé,  à 
Liège  du  moins,  de  deux  maîtres  et  d'un  certain  nombre 
de  jurés  qu'on  renouvelait  annuellement.  Le  régime 
communal  se  trouva  ainsi  établi;  mais  les  échevins,  nobles 
d'origine,  s'étaient  réservé  le  droit  de  nommer  les  magis- 
trats municipaux,  qu'ils  choisissaient  naturellement  dans 
leur  caste  (2). 

On  connaît  les  noms  des  deux  maîtres  du  peuple  qui  se 
trouvaient  à  la  tête  de  la  commune  de  Liège  le  22  jan- 
vier 1251.  A  Huy,  ces  officiers  paraissent  n'avoir  été 
établis  que  plus  tard.  Il  n'en  est  pas  question  dans  l'acte 
du  15  juillet  1249,  par  lequel  «  Les  avoué,  maire,  éche- 
vins, jurés  et  les  douze  maîtres  des  drapiers  de  Huy 
prennent  l'engagement  vis-à-vis  de  la  ville  d'Anvers  de  ne 
pas  recevoir  chez  eux  les  hommes  de  métier  mécon- 
tents »  (5).  S'il  faut  en  croire  Mélart  (4),  ce  fut  à  l'insliga- 


(1)  Jean   d'Outremeuse,    Ly  iiiyreur  des  hislors,  t.  IV,   p.  581  ; 
l.  V,  pp.  87  et  207. 

(2)  Henaux,  t.  F,  pp.  205  et  suiv.  —  Ordonnances  de  la  principauté 
de  Liège,  t.  I,  p.  xxxv. 

(5)  Walters,  Table  chronologique  des  chartes  et  diplômes  imprimés. 
(4)   L'histoire  de  la  ville  et  chastcau  de  Huy,  p.  liô. 


(  «I  ) 

lion  de  Henri  de  Dinant,  en  1253,  que  les  Hulois  créèrent 
deux  bourgmestres,  ce  que  depuis,  ajoute-t-il,  ils  ont 
d'année  en  année  continué  de  faire. 

Dès  l'origine  du  gouvernement  communal,  la  ville  de 
Huy  fut  administrée  par  un  conseil  composé  de  douze 
jurés,  qui  jamais  n'élaient  choisis  dans  les  métiers.  Au 
rapport  de  Jean  d'Oulremeuse  (année  i  298),  ceux-ci  furent 
d'ahord  au  nombre  de  quatre,  parmi  lesquels  nous  ne 
voyons  pas  figurer  les  drapiers  cités  plus  liant.  C'étaient  :  les 
boulangers,  les  brasseurs,  les  mangons  (bouchers)  et  les 
tanneurs  avec  les  corbesiers  (savetiers).  Ces  quatre  vieux 
métiers,  comme  on  les  appelait,  avaient  une  charte  datant 
«  bien  de  cent  ans  »,  des  statuts,  des  ordonnances;  et 
chacun  était  rigoureusement  tenu  de  respecter  leurs  fran- 
chises. Ils  étaient  gouvernés  par  seize  hommes  qu'on  élisait 
tous  les  ans,  quatre  dans  chaque  métier,  et  qui  faisaient 
le  serment  d'y  maintenir  la  justice  et  d'en  garder  les  pri- 
vilèges (1). 

Or,  il  arriva  qu'en  l'année  1299,  un  conflit  sanglant 
s'éleva  entre  les  praticiens  et  les  métiers  de  Huy.  Le 
nombre  de  ceux-ci,  toujours  au  dire  de  Jean  d'Outremeuse, 
fut  alors  augmenté  de  sept,  ce  qui  le  porta  à  onze  et  celui 
des  gouverneurs  à  quarante-quatre.  Nous  ne  connaissons 
pas  la  composition  de  ces  différents  métiers,  qui,  tout 


(t)  Jea.n  d'Outremelse,  t.  V,  p.  551.  —  L'aulcur  ajoute  :  «  Et 
les  nonimoit-ons  les  un  de  castcal  por  les  nii  mesticrs  ».  Plus  loin, 
il  elle  les  noms  des  «  un  qui  esloicnt  por  les  mesticrs  de  cel  année  »; 
ce  qui  semble  indiquer  que  les  seize  gouverneurs  n'étaient  pas  tous 
également  ajjpelcs  à  remplir  certaines  fonctions. 


(  492  ) 

l'indique,  existaient  depuis  plus  longtemps;  mais,  outre  les 
bouchers,  on  cite,  comme  ayant  pris  part  à  la  lutte,  un 
meunier,  un  tisserand,  un  drapier,  un  fèvre  (forgeron)  et 
deux  individus  (Hanes  le  merqueres  et  Hubin  li  vies 
cheriers)  qui  paraissent  avoir  été  l'un  mercier,  l'autre 
cherwier  ou  cultivateur. 

L'organisation  militaire  de  ces  métiers  semble  dater  de 
la  même  époque,  car  on  les  voit  combattre  sous  leurs 
propres  bannières.  D'ailleurs,  l'évêque  Hugues  de  Châlon 
leur  était  favorable;  il  alla  même  jusqu'à  destituer  les 
échevins  de  Huy,  qui  s'étaient  réfugiés  à  Liège  et  alliés 
avec  les  grands  de  la  cité,  révoltés  contre  lui  (1). 

Les  drapiers,  faisant  cause  commune  avec  les  échevins, 
les  avaient  suivis  dans  leur  exil.  Jean  de  -Warnant  et  la 
Chronique  de  Gembloux  (2)  attribuent  même  les  troubles 
de  Huy  à  un  différend  qui  se  serait  élevé,  à  l'instigation 
des  tisserands,  entre  la  ville  et  les  drapiers.  Quoi  qu'il  en 
soit,  on  voit  que,  le  25  novembre  1500,  les  gouverneurs 
ou  wardains  de  ce  dernier  métier  ratifièrent  le  traité 
par  lequel  les  bourgeois  de  Liège  et  des  autres  villes 
du  pays,  s'étaient  mis  sous  la  protection  du  comte  de 
Flandre  (3). 


{{)  Jean  d'Outremeuse,  pp.  552  à  559.  —  L'émancipation  des 
métiers  à  Huy  coïncide  avec  leur  organisation  à  Liège,  où  l'évêque, 
gagné  par  une  somme  d'argent,  venait  de  reconnaître  leurs  confré- 
ries armées,  au  grand  déplaisir  des  échevins  (1297). 

(2)   Dans  Chapeauville,  t.  II,  p.  334, 

(5)  o  Nous  li  Maistrc,  li  Eskcvin,  li  Jureit,  li  Consclz  et  li  Wardain 
de  le  Drapperic  delle  Ville  de  Iluy,  faisons  savoir  à  tous  ke  nous 


(  493  ) 

La  paix  no  fiii  iviablie  que  sous  Adolphe  de  Waldeck, 
le  50  jiiiilol  1302.  Par  letlres  de  ce  jour,  l'évèquc  révoqua 
toutes  les  chartes  octroyées  aux  métiers  de  la  ville  de  Huy 
et  statua  qu'ils  devraient  lui  en  demander  d'autres  (1).  Puis 
il  se  réserva  de  nommer  annuellement  deux  des  quatre 
i^ouverneurs  de  chaque  métier,  rétablit  les  anciens  éche- 
vins,  proscrivit  tem|)orairement  les  douze  jurés  cl  les 
Quatre  (chefs  de  métiers?)  qui  s'étaient  emparés  du  gou- 
vernement, et  s'attribua  différentes  prérogatives  au  détri- 
ment des  privilèges  des  habitants  de  Huy  (2), 

Les  métiers  furent  remis  en  possession  de  leurs  fran- 
chises, en  lolO,  par  l'évêque  Thibaut  de  Bar,  qui  voulut 
par  là  reconnaître  les  services  que  les  Hulois  lui  avaient 
rendus  dans  son  ex|)édition  contre  le  comte  de  Hainaut  (o). 


IL 


Après  cette  première  époque,  il  serait  difficile  de  suivre 
pas  à  pas,  dans  l'histoire,  les  vicissitudes  des  métiers  de 
Huy.  Comme  ceux  de  Liège,  ils  arrivèrent,  à  travers  les 
révolutions  du  XIY^  siècle,  à  s'emparer  du  gouvernement 
de  leur  ville  et  à  participer  à  celui  du  pays;  la  noblesse 


leil  Alloyanclic  et  tclz  Convcncnccs  ke  li  Maistrc,  li  Eskevin,  li  Jurcit 
et  toute  la  Comuiiitcis  de  la  Cyteit  de  Liège  ont  faites  à  très  Haut  et 
1res  Noble  Home  Slonsiiignor  Jelian,  etc.  »  (Henaux,  t.  I,  p.  287.) 
K    -   (1)   ScHOONBROODT,   Inventaire  des   cUarles   du  chapitre  de  Saint - 
Lamfjcrt,  n"  -iHâ. 

(2j  Jean  d'Outremeuse,  t.  V,  p.  581. 
(3)  Ibidem,  t.  VI,  p.  124. 

3™'    SÉRIE,    TOMI-:    XX.  55 


{  494  ) 

urbaine  disparut  en  tant  que  classe  distincte,  et,  pour 
jouir  des  franchises  de  la  connmune,  il  devint  indispensable 
de  se  faire  affilier  à  un  bon  métier. 

Depuis  un  temps  immémorial,  c'était  dans  l'arrière-cour 
du  couvent  des  Frères  Mineurs  Franciscains  que  les  bour- 
geois de  Huy  avaient  le  droit  de  s'assembler  pour  toutes 
(es  affaires  qui  regardaient  la  ville,  et  chaque  métier  y 
avait  une  chambre.  Ce  couvent,  qui,  en  l'année  1244, 
avait  été  transféré  dans  la  rue  des  Chevaliers,  fut  recon- 
struit en  1665;  mais  attendu,  probablement,  que  la  ville 
n'était  pas  intervenue  dans  la  dépense,  une  ordonnance 
de  Maximilien-Henri  de  Bavière  restreignit  le  droit  des 
métiers  aux  assemblées  qui  avaient  pour  but  l'élection  du 
magistrat  ou  la  députalion  aux  états  (1). 

Chacun  sait  que  ce  même  prince,,  par  le  funeste  coup 
d'État  de  1684,  abolit  à  tout  jamais,  dans  sa  capitale,  les 
corporations  de  métiers  en  tant  que  collèges  politiques. 
A  Huy,  comme  dans  les  autres  bonnes  villes  régies  par  des 
|)rivilèges  particuliers,  la  réformation  de  l'élection  magis- 
trale donna  lieu  à  un  règlement  spécial,  et,  à  partir  du 
15  juin  1686,  les  électeurs  se  trouvèrent  réduits  à  une 
minorité  de  bourgeois  classés  en  six  chambres  et  choisis 
par  le  prince  (2). 

Ce  règlement  fut  confirmé  par  Joseph-Clément  de 
Ijavière,  en  1715,  mais  avec  celte  modification  qu'au  lieu 


(1)  Saumery,  Les  délices  du  païs  de  Liège,  t.  II,  p.  65;  J.  Fréso\, 
Notice  historique  sur  l'ancien  moua stère  des  Frères-Mineurs-Francis- 
cains  de  Huy,  dans  les  Annales  du  Cercle  hutois,  t.  VII,  pp.  201 
et  231,  —  La  rénovation  magistrale  se  faisait  alors  le  jour  de  l'octave 
de  saint  Martin  (18  novembre);  plus  tard  elle  fut  fixée  au  {"juillet. 

(2)  Ordonnances  de  lu  principauté  de  Liège,  5«  série,  t.  I,  p.  66. 


(  m  ) 

(le  six  chambres,  il  y  en  aurait  onze,  portant  chacune  le 
nom  (lu  ()atron  d'un  mc^tier  (1), 

Tous  les  genres  d'industrie  et  de  commerce  n'ayant 
pas  partout  prospéré  également  ni  simultanément,  les 
différentes  professions  devaient  nécessairement  se  répartir, 
selon  les  lieux,  de  difl'érentes  manières.  Tandis  qu'à  Liège, 
cité  importante,  il  existait  trente-deux  métiers,  les  nom- 
breuses professions  qui  s'y  trouvaient  représentées  ne 
formaient  à  Huy,  nous  l'avons  déjà  dit,  que  onze  corpo- 
rations. Autour  du  métier  principal  se  groupaient  tous  les 
arts,  toutes  les  professions  qui  avaient  avec  le  premier 
quelque  analogie;  ils  en  étaient  ce  qu'à  Liège  on  appelait 
les  membres,  et  à  Huy,  les  quarts. 

Chaque  année,  le  jour  de  l'octave  de  saint  Servais 
(20  mai),  du  moins  jusqu'en  1775,  les  métiers  de  Huy  se 
réunissaient  sur  leurs  chambres  respectives,  pour  y  pro- 
céder à  l'élection  de  leurs  officiers,  nommément  les  gou- 
verneurs et  le  rentier  (receveur).  Une  ordonnance  portant 
règlement,  de  1621  (2),  pourrait  faire  supposer  que  ces 
gouverneurs  devaient  nécessairement  être  au  nombre  de 
quatre,  ainsi  que  l'écrivait  Jean  d'Outremeuse;  mais,  dans 
le  fait,  on  n'en  trouve  souvent  que  trois  et  même  deux 
pour  certains  collèges. 

On  connaît  une  liste  des  métiers  de  Huy  de  l'année 
1615  (5).  Elle  est  incomplète,  inexacte;  mais  on  peut  en 
conclure  que  l'ordre  suivi  dans  le  règlement  de  1715 
n'était  pas  nouveau.  Nous  nous  y  conformerons  dans  la 


(1)  Ordonnances  de  la  principaulc  de  Liège,  ù'  série,  t.  I,  p.  il\. 

(2)  Ibid.,  2«  série,  t.  IH,  p.  |. 

(5)  Annales  du  Cercle  hulois,  t.  V,  p.  58. 


(  496  ) 

revue  que  nous  allons  passer/le  ces  corporations  et  dans 
l'indication  des  patrons  dont  elles  étaient  tenues  de  chô- 
mer la  fête. 


l'ic.  1. 


i.  Fèbvres.  —  A  Huy,  comme  à  Liège,  on  comprenait 
sous  ce  nom  les  forgerons,  les  serruriers,  les  armuriers, 
les  taillandiers,  les  couteliers,  les  potiers  cl'élain,  etc.  Un 
règlement  inédit  du  métier  des  fèbvres  grossiers,  en  date 
du  6  avril  1426  (1),  fait  mention  des  cloutiers,  fondeurs  et 
serruriers.  A  la  charte  originale  était  appendu  un  sceau  à 
l'eflîgie  de  saint  Éloi,  l'évêque-orfèvre  qui  devint  le  patron 
de  ceux  qui  travaillaient  les  métaux. 


FiG.  2. 


2.  Meuniers  et  boulangers.   —   Sainte  Catherine,  la 
docte  patronne  des  écoles  et  des  philosophes,  l'était  aussi 


(d)  Arcliives  de  l'État,  à  Liège,  registre  remis  en  1876. 


(  ^!»7  ) 
des  meuniers  et  boulanj^'crs  (IG5!2,  1715).  Cependant  le 
nouveau  règlement  (le  17i'2  leur   prescrit  d'honorer  spé- 
cialement saint  Adalbert,  cet  humble  évèque  qui,  devenu 
moine,  faisait  la  cuisine  de  son  couvent  (1). 


FiG.  [i. 


3.  Brasseurs.  —  Dans  une  répartition  de  l'année  1615, 
la  ville  taxajce  métier  beaucoup  jplus  haut  que  les  autres, 
sans  doute  parce  qu'il  était  alors  le  plus  riche.  II  avait 
pour  patron  saint  Arnould. 


Fie.  4. 


4.  Mascliers  (bouchers),   y   compris   les   cabaretiers, 


(1)  Dans  une  autre  ville  du  diocèse  de  Liège,  à  Maestricht,  saint 
Âdalbert  était  pareillement  le  patron  des  boulangers. 


(  498  ) 
hôteliers  el  cuisiniers  travaillant  pour  le  public.  Patron  : 
saint  Hubert. 


1 

|i 

fii 

il 

l 

y—t' 

Fie.  n. 


5.    Tanneurs   et   corbesiers   (cordonniers,   savetiers). 
Patron  :  saint  Crépin,  l'anôlre-cordonnier. 


Fie.  G, 

6.  Drapiers.  —  Personne  n'ignore  combien,  dans  les 
Flandres,  la  fabrication  du  drap  était  florissante  au  moyen 
âge.  Dans  la  partie  orientale  de  la  Belgique,  on  connaît  la 
réputation  de  Verviers,  qui,  à  une  époque  plus  rapprochée 
de  nous,  finit  par  absorber  la  plupart  des  manufactures  du 
pays.  Mais  a-t-on  jamais,  de  nos  jours,  entendu  parler  des 
anciens  drapiers  de  Huy  ?  C'étaient  eux  pourtant  qui,  dès 
le  XIII*  siècle  au  moins,  y  exerçaient  la  principale  industrie, 
celle  dont  s'occupaient  à   la  fois  hommes,  femmes  et 


(  499  ) 

enfants  (I).  Outre  les  drapiers  proprement  dits,  qui  pro- 
bablement étalent  des  propriétaires  de  métiers,  il  y  avait 
des  halUers  (marchands),  des  foulons,  des  fondeurs,  des 
texheurs  (tisserands),  et  des  tindeurs  (teinturiers),  Les 
différentes  associations  que  Cormaiont  ces  artisans  étaient 
elles-mêmes  indistinctement  qualifiées  de  métiers  ou  de 
quarts,  et  quelques-unes  avaient  leurs  privilèges  particu- 
liers. De  là  des  contestations  interminables,  avec  les 
balliers  notamment,  lesquelles  mirent  la  corporation  à 
deux  doigts  de  sa  perte  et  nécessitèrent  plusieurs  règle- 
ments entre  les  années  1557  et  1598.  Celui  de  lSo8  est 
particulièrement  remarquable  en  ce  qu'il  nous  représente 
catégoriquement  le  métier  des  drapiers  de  Huy  comme 
ayant  été  le  principal  de  son  espèce  «  des  dix-sept  bonnes 
villes  délie  draperie  ayans  franchises  (2)  b. 

Cependant  l'industrie  drapière,  à  Huy,  atteinte  de  nou- 
veau par  les  guerres  de  Louis  XIV,  ne  fit  plus  que  végéter. 
Une  société  se  forma,  en  1714,  pour  la  relever;  on  fit 
venir  des  ouvriers  étrangers  et  particulièrement  de  Sedan  ; 
mais  bientôt  des  difîicullés  surgirent,  et  si  le  métier  lui- 
même  subsista  jusqu'à  la  révolution  française,  la  manu- 
facture de  draps  n'eut  pas  deux  années  d'existence  (5). 


(1)  Ordonnances  de  la  principauté  de  Liège  (1537),  2*  série,  t.  I, 
p.  107. 

(2)  Ibid.,  2*  série,  t.  Il,  pp.  201  et  suiv.  —  Le  même  règlement 
rappelle  une  ordonnance  de  155G  rétablissant  l'unité  du  métier, 
moyennant  l'élection  de  deux  gouverneurs  pour  les  drapiers,  un  pour 
les  foulons  et  tondeurs,  et  un  quatrième  pour  les  teinturiers. 

(5)  Annales  du  Cercle  hutois,  t.  V,  p.  175;  Drapiers  de  fluy, 
Chartes,  reg.  de  1714  et  années  suiv. 


(  500  ) 

En  verlu  d'une  ordonnance  de  1434,  confirmant  d'an- 
ciens usages,  les  drapiers  devaient  entendre  la  messe  cl 
chômer  le  jour  de  saint  Séverin. 

Leur  sceau,  tel  qu'il  se  trouve  appendu  à  une  charte  de 
l'année  1560,  représente  les  armes  de  Huy  sous  la  forme 
de  trois  tours  crénelées,  portant  bannière  et  saillant  sur  un 
mur;  en  haut,  une  navette;  à  gauche,  une  carde;  à  droite, 
une  paire  de  forces;  au-dessous,  un  écu  vide.  Légende  : 
S{ee)l...  me'ty...  drapp,..  la  ville  de...  (fig.  1  de  la  planche). 


FiG.  7. 

7.  Maroniers  ou  naiveurs  (mariniers,  bateliers),  y  com- 
pris les  sabliers  et  harengiers  (marchands  de  sel  et  pois- 
sonniers). Au  métier  des  naiveurs  se  trouvait  agrégée  une 
société  qui  existait  déjà  au  XV^  siècle  et  jouissait  de  pré- 
rogatives particulières;  c'était  celle  des  biseurs,  c'est-à- 
dire  bateliers  conduisant  la  bisawe  ou  bateau  couvert 
destiné  à  transporter  des  voyageurs  et  des  marchan- 
dises (1). 

Les  naiveurs  étaient  sous  la  protection  de  saint  Nicolas, 


(1)    Ordonnances  de  la  principauté  de  Liège,  ô«  série,  t.  F,  p.  25a. 


(SOI  ) 
CD  souvenir  de  rinlercossion  de  cet  évèque  qui,  d'après  la 
légende,  sauva  des  mariniers  en  danger  (I). 


1-"IG.  8. 

8.  Merciers,  y  compris  le  quart  des  toiliers.  Les  gens 
de  ce  métier  vendaient  aussi  des  articles  de  toilette,  des 
épiceries,  des  drogues,  du  lard  et  une  loule  d'autres  menus 
objets.  Us  honoraient  saint  Michel  comme  patron,  sans 
doute  parce  que  leur  emblème  était  une  balance,  et  que  le 
saint  est  quelquefois  figuré  présentant  une  balance  à  Jésus. 


Fio   9. 


9.  Tailleurs  (anciennement  nommés  entretailleurs  ou 
parmenliers),vienx-wariers  (fripiers)  et  vairains-xhoxhiers 
(pelletiers).  Ce  métier  comprenait  les  cfiaussetiers  et  four- 


(1)  Jacques  de  Voragine,  La  léfjende  dorée. 


502  ) 


nissait  les  estimeurs  des  objets  mobiliers.  Il  fêlait  particu- 
lièrement sainte  Anne. 


FiG.  10. 

iO.  Maçons  et  charpentiers,  y  compris  les  mairniers  ou 
marchands  de  bois.  Les  autres  quarts  étaient  les  tailleurs 
de  pierres,  les  briquetiers,  les  chaufourniers,  les  manou- 
vriers,  les  scieurs,  les  escriniers  (menuisiers),  les  cou- 
vreurs, les  charrons,  les  entretailleurs  (tailleurs  d'images), 
les  tourneurs,  etc.  Leur  patronne  était  sainte  Barbe,  pro- 
bablement à  cause  de  sa  tour  légendaire,  qui  était  œuvre 
de  maçon. 


Fifi.  il. 


11.  Vignerons.  —  Les  gens  de  ce  métier  sont  cités  par 
Jean  d'Oulremeuse  au  commencement  du  XIV'  siècle.  Ils 
formaient,  avec  les  cotiers  ou  maraîchers,  une  corporation 
dont  le  patron  était  saint  Vincent. 


(  505  ) 


m. 


A  la  guerre,  comme  dans  les  cérémonies  publiques,  nos 
métiers  déployaient  leurs  bannières.  Ils  avaient  leurs 
sceaux,  des  insignes  pour  leurs  chefs,  et,  principalement 
dans  nos  provinces  flamandes,  des  médailles  ou  méreaux 
pour  leurs  membres.  Tous  ces  objets  portaient  des 
emblèmes  héraldiques  particuliers,  rarement  des  armoiries 
véritables.  Le  plus  souvent  on  y  représentait  des  figures  de 
saints  ou  d'industriels,  des  matières  ou  des  instruments  de 
travail.  A  Huy,  les  armes  parlantes  dominent  et  se 
détachent  sur  un  fond  rouge.  C'est  ainsi  du  moins  que 
nous  les  trouvons  blasonnées  dans  un  vieil  armoriai  con- 
servé aux  archives  de  l'État,  à  Liège. 

Si  l'on  excepte  les  méreaux,  qui  n'avaient  pas  de  valeur 
et  n'excitaient  pas  la  colère  des  princes,  bien  peu  de  ces 
marques  extérieures  de  la  puissance  des  corporations  sont 
arrivées  jusqu'à  nous.  Autant  les  riches  colliers  <les  gildes 
d'archers,  d'arbalétriers,  d'arquebusiers  se  sont  trouvés 
nombreux  à  nos  expositions  rétrospectives,  autant  étaient 
rares  les  insignes  portés  par  les  chefs  de  métiers.  A  peine 
en  peut-on  citer  un  pour  nos  opulentes  communes  du 
nord;  il  n'y  en  avait  point  de  provenance  wallonne. 

Il  n'est  donc  pas  sans  intérêt  de  faire  connaître  une 
relique  de  cette  espèce,  ayant  appartenu  au  métier  des 
merciers  de  Huy.  C'est  une  plaque  bombée,  de  forme  rec- 
tangulaire, en  argent  repoussé  et  ciselé,  fixée  par  derrière 
à  une  feuille  de  laiton  munie  de  quatre  annelets  qui  per- 
mettaient de  l'attacher  à  une  bandoulière.  Au  milieu,  dans 
un  ovale  entouré  de  feuilles  d'acanthe,  on  voit  saint  Michel 


(  504  ) 

en  costume  de  guerrier  romain,  foulant  aux  pieds  le 
démon  et  tenant  une  balance;  dans  le  champ,  la  date  16-36. 
Autour,  se  trouve  gravée  l'inscription  :  "^  Av  temps  Sacré 
DE  Waresme,  Robert  Uagnet,  Paqvay  de  Parfonry  Govveu- 
NEVR^  et  Jean  De  Movmal'  Rentie"^  (fig.  2  de  la  planche, 
collection  de  l'auteur). 

Celte  inscription  concorde  parfaitement  avec  le  procès- 
verbal  dont  voici  un  extrait,  d'après  le  registre  aux  reccz 
du  métier  des  merciers  de  Huy  (1613-1642)  (1)  : 

Élection  des  gouverneurs  des  merciers  et  autres  officiers 
de  Van  1635  : 

Sac7^é  de  Varesme. 
Robert  Ragnet. 
Pacquay  Parfonrieu. 
Jean  de  Moumalle,  renthier. 

Suivent  les  noms  des  cinquante-cinq  compagnons  qui 
donnèrent  leur  voix,  «  le  jour  de  l'octave  Monsieur  saint 
Servais,  1635  »,  plus  ceux  de  cinq  autres  qui  se  firent 
inscrire  le  lendemain,  il  convient  d'ajouter  que  ces  réu- 
nions des  merciers  avaient  lieu  a  sur  leur  chambre  ordi- 
naire, en  la  maison  de  La  Ralance,  sur  le  Marché  ». 

Mais  à  cette  pièce  ne  se  borne  pas  tout  ce  dont  l'art  est 
redevable  aux  merciers  de  Huy.  Sur  la  garde  d'un  autre 
registre  aux  recez  de  la  même  corporation  (1643-1666), 
se  trouve  collée  une  gravure  de  Michel  Natalis,  inconnue  à 
l'auteur  de  son  Œuvre.  Elle  représente  saint  Michel  dans 


(l)  Archives  de  l'État,  à  Liège. 


Iiiilli'iin^i,')'' s,rfic.  loim-    \  \ 


0  tlenrotte.del' 


(  50ri  ) 

une  atliludc  différente  cl  foudroyant  de  son  épée  un  dra- 
jj;on  cornu.  L'archange  tient  également  une  balance,  mais 
ici  les  plateaux,  au  lieu  d'être  vides  ou  de  contenir  des 
poids  et  du  pain  d'épice,  comme  on  pourrait  s'y  attendre, 
sont  occupés  par  deux  petits  enfants  figurant  des  âmes,  et 
l'un  de  ces  plateaux  est  accroché  par  le  diable,  qui  s'efforce 
de  le  faire  pencher  de  son  côté.  Ne  se  croirait-on  pas  de 
deux  siècles  en  arrière,  tant  est  naïve  cette  réminiscence 
iconographique?  Au  bas  de  la  planche  se  trouvent  les 
quatre  écussons  des  trois  gouverneurs  et  du  rentier  élus 
en  1643,  ce  qui  nous  donne  du  même  coup  l'âge  de  la 
gravure. 

On  peut  conclure  de  ce  qui  précède,  que  les  blasons  des 
métiers  étaient  sujets  à  certaines  modifications,  du  moins 
dans  leurs  parties  accessoires.  On  remarquera  aussi  que 
les  bourgeois  de  Huy  savaient  honorer  leurs  chefs  et  s'en- 
tendaient à  choisir  les  artistes  qui  travaillaient  pour  eux. 


(  o06  ) 


CLASSE   DES   BEAUX-ARTS. 


Séance  du  6  novembre  4890. 

M.  Jos.  ScHADDE,  directeur. 

M.  J.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  H.  Hymans,  vice-directeur  ;  C.-A. 
Fraikin,  Éd.  Fétis,  Ernest  Slingeneyer,  F. -A.  Gevaert, 
Ad.  Samuel,  God.  Guffens,  Th.  Radoux,  Joseph  Jaquet, 
J.  Demannez,  P.-J.  Clays,  G.  De  Grool,  Gustave  Biol, 
Edm.  Marchai,  Joseph  Stallaert,  Henri  Beyaert,  J.  Rous- 
seau, Max.  Rooses,  membres;  A.  Hennebicq,  F.  Laureys 
et  J.  Robie,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 

La  Classe  apprend,  avec  un  profond  sentiment  de  regret, 
la  perte  qu'elle  vient  de  faire  en  la  personne  d'un  des 
membres  de  la  section  de  peinture,  M.  Charles-Michel  Ver- 
lat,  né  à  Anvers  le  25  novembre  1824  et  décédé  dans  la 
même  ville  le  24  octobre  dernier. 

M.  Schadde,  en  sa  qualité  de  directeur  de  la  Classe, 
s'est  fait  l'organe  de  ses  confrères  aux  funérailles. 

Des  remerciements  lui  sont  votés  pour  son  discours, 
qui  sera  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  séance. 


(  o"7) 
Une  lettre  de  condoléance  sera  adressée  à  M""  veuve 
Verlal. 

—  M.  G.  rioiïinan  adresse  dos  remerciements  au  sujet 
du  prix  accordé  à  son  projet  de  diplôme  destiné  aux  lau- 
réats de  l'Académie. 

—  M.  le  vicomte  Delaborde,  associé,  offre  un  exemplaire 
de  sa  notice  sur  l'architecte  Questel,  ancien  associé  de 
l'Académie.  —  Remerciements. 


Discow^s  prononcé  aux  funérailles  de  Charles  Verlat ;  par 
J.  Schadde,  directeur  de  la  Classe  des  beaux-arts. 

Messieurs, 

Organe  de  la  Classe  des  beaux-arts  de  l'Académie  royale 
de  Belgique,  je  viens  rendre  un  suprême  hommage  à  la 
mémoire  de  l'un  de  ses  membres  les  plus  distingués,  de 
Charles  Yerlat,  un  collègue,  un  ami. 

Ce  n'est  pas  seulement  la  Compagnie  au  nom  de  laquelle 
je  porte  la  parole  qui  est  atteinte  par  cette  perte  doulou- 
reuse; la  ville  d'Anvers,  le  pays  entier,  s'attristent  quand 
ils  voient  disparaître  un  artiste  aussi  éminent,  dont  la 
renommée  fait  partie  du  patrimoine  national. 

Cette  renommée,  dont  l'art  flamand  a  le  droit  d'être  fier, 
Charles  Verlat  l'avait  conquise  par  ses  rares  qualités  de 
coloriste,  par  l'esprit  si  fin  qu'il  dépensait  dans  ses  œuvres, 
par  la  variété  de  ses  sujets,  qu'il  traitait  tous  de  main 
de  maître,  par  la  noble  ambition  qui  l'animait  de  se  sur- 
passer lui-même,  entrevoyant  toujours  un  but  plus  élevé  à 
atteindre. 


I 


(  508  ) 

Des  voix  autorisées,  des  voix  éloqiienles  et  émues  vous 
ont  entretenus  de  ses  rares  aptitudes.  Professeur  épris  de 
son  art  et  dévoué  à  ses  élèves,  qui  voyaient  en  lui  le  maître 
par  excellence,  il  savait  attiser  l'étincelle  du  feu  sacré, 
partout  où  il  en  découvrait  l'existence. 

Je  ne  parlerai  pas  ici  du  nombre  considérable  d'œuvres 
qui  ont  valu  à  Charles  Verlat  une  réputation  universelle, 
je  tiens  seulement  à  vous  rappeler  la  dernière  conception  à 
laquelle  il  a  travaillé,  celle  qui  devait  couronner  une 
carrière  déjà  si  brillante  :  la  décoration  murale  du  vestibule 
de  l'hôtel  de  ville  d'Anvers.  Un  des  panneaux  de  ce  vaste 
travail  est  seul  achevé,  mais  Verlat  y  a  donné  toute  la 
mesure  d'un  talent  qui  n'a  pas  cessé  de  grandir. 

Aucune  œuvre  ne  l'avait  autant  intéressé,  autant  cap- 
tivé. 

Il  venait  à  peine  de  terminer  cette  grande  et  belle  page, 
lorsqu'il  ressentit  les  premières  atteintes  du  mal  contre 
lequel  il  a  lutté  longtemps  avec  énergie  et  auquel  il  a 
succombé. 

Charles  Verlat  fut  élu  membre  de  l'Académie  royale  de 
Belgique,  le  iO  janvier  1884;  l'Académie,  en  l'admettant 
dans  son  sein,  avait  rendu  hommage  à  un  talent  consacré 
par  les  suffrages  de  ses  pairs,  par  les  nombreuses  distinc- 
tions que  Charles  Verlat  s'était  vu  décerner  en  Belgique  et 
à  l'étranger. 

Et  maintenant,  qu'il  me  soit  permis,  devant  sa  dépouille 
mortelle,  en  souvenir  d'une  vieille  liaison,  d'oublier  ma 
mission  officielle  et  d'adresser  un  dernier  adieu  au  collègue, 
à  l'ami,  que  nous  avons  le  profond  regret  de  ne  plus  voir 
occuper  la  place  qu'il  avait  parmi  nous.  Adieu,  Charles 
Verlat,  adieu  ! 


C  509  ) 


nAITORTS. 


Il  esl  donné  lecture  des  rapports  suivants  : 

1°  De  la  section  de  musique,  sur  deux  compositions 
musicales  de  M.  Heckers,  soumises  à  l'Académie,  à  titre 
d'envoi  réglenientaire,  comme  grand  prix  du  concours  de 
composition  musicale  de  1887.  —  Renvoi  à  M.  le  iMinistre 
de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique; 

2°  De  la  section  de  sculpture  (rapjjorteur  M.  Marchai), 
sur  le  deuxième  rapport  semestriel  de  M.  Lagae,  premier 
prix  du  grand  concours  de  sculpture  de  1888.  —  Même 
renvoi. 

3"  De  la  même  section,  sur  le  modèle  du  buste  de  feu 
J.  Braemt,  exécuté  par  M.  Namur.  —  Même  renvoi. 


Sur  la  nécessité  de  créer  une  école  de  reslauralion 
de  tableaux;  par  L.  Lampe. 

KappoÊ'l  do  ff.rr.  Féli»  {t'appot'tcur),  Slingoneye»',  Slatlaei'l 
et  MSotisaeau, 

La  note  de  M.  Lampe  sur  la  nécessité  de  créer  une  école 
de  restauration  de  tableaux  débute  par  des  considérations 
très  justes,  mais  peu  nouvelles,  sur  le  danger  que  courent 
les  œuvres  de  maîtres  confiées  à  des  mains  inexpérimen- 
tées. Pour  peu  qu'on  ait  vécu  dans  le  monde  des  arts,  on 

3°'*   SÉRIE,   TOME   XX.  54 


(  510  ) 

sait  combien  de  tableaux  ont  été  gâlés,  combien  ont  élé 
enlièremenl  perdus  par  le  fait  de  restaurations  maladroites. 
L'auteur  de  la  note  met  dans  ses  récriminations  contre  les 
retoucheurs  coupables  de  maladresse  une  chaleur  qui  va 
parfois  jusqu'à  l'emphase;  mais  cela  n'empêche  pas  qu'au 
fond  il  ait  raison.  Toutefois,  pour  être  juste,  il  ne  faut  pas 
s'en  prendre  uniquement  aux  hommes  du  métier  des 
outrages  infligés  à  des  peintures  anciennes  dignes  de  plus 
de  respect.  Certains  de  leurs  clients  sont  les  vrais  cou- 
pables, exigeant  que  les  tableaux  confiés  par  eux  au  restau- 
rateur pour  un  nettoyage,  souvent  inutile,  et  pour  des 
retouches  qui  n'étaient  pas  indispensables,  leur  reviennent 
avec  la   fraîcheur  de   peintures   de   récente   exécution. 
Témoin  les  Rubens  de  la  Galerie  Médicis,  que  la  direction  du 
Louvre  a  fait  récurer  à  fond  il  y  a  quelques  années  et  qui, 
par  l'enlèvement  du  glacis,  sont  devenus  d'un  éclat  furieu- 
sement tapageur.  Comme  on  faisait  remarquer  au  conser- 
vateur d'alors  combien  l'enlèvement  de  l'ancienne  patine 
avait  élé  préjudiciable  aux  œuvres  du  maître  et  quelle 
fâcheuse  ihipression  produisait  leur  crudité  discordante,  il 
répondit  que  rien  n'empêchait  de  les  réharmoniser  de 
nouveau,  sans  doute  au  moyen  d'une  sauce  quelconque, 
c'est-à-dire  par  un  surcroît  de  vandalisme.  Ce  ne  sont  pas 
seulement  les  chefs-d'œuvre  de  Rubens  qui  ont  souffert 
du  nettoyage,  au  Louvre;  on  signalait  dernièrement  la 
Femme  hydropique  de  Gérard  Dou  comme  étant  gravement 
compromise  par  une  opération  de  ce  genre.  Les  musées  de 
Dresde  et  de  Munich  ont  soumis  bon  nombre  d'œuvresde 
prix  au  système  du  nettoyage  par  le  procédé  Petenkoff,  et 
sous  prétexte  d'en  éclaircir  le  coloris  en  les  débarrassant  du 
voile  dont  le  temps  les  avait  recouvertes,  leur  ont  donné  un 
éclat  brutal  qui  blesse  les  regards  des  gens  de  goût.  Tout 


(  311  ) 

lo  monde  n'a  pas  été  satisfait  du  nettoyage  qu'a  subi  der- 
nièrement la  Ronde  de  nuit  (litre  faux,  mais  corisacré  par 
l'usage)  de  Rembrandt.  La  plupart  du  lem[)s,  le  nettoyage 
(les  tableaux  est  un  acte  de  vandalisme.  Disons  que  c'est 
un  mal  qui  ne  sévit  pas  au  Musée  de  Bruxelles,  où  l'on 
respecte  la  patine  séculaire  qui  est  un  grand  charme  aux 
yeux  des  vrais  connaisseurs,  convaincus  que  le  temps  a 
:     été,  pour  bien  des  peintres,  un  précieux  collaborateur. 

Il  y  a  des  praticiens  qui  entendent  singulièrement  la 
restauration  des  tableaux.  Dans  un  Traité  mélhodique  de 
la  peinture  à  VhuHe,  suivi  de  l'art  de  la  restauration  des 
tableaux,  M.  F.  Goupil,  élève  d'Horace  Vernet,  s'exprime 
ainsi,  après  avoir  expliqué  comme  quoi  les  retouches  qui 
se  trouvaient  d'abord  dans  le  ton  de  la  peinture  deviennent 
visibles  au  bout  de  quelque  temps  :  «  Il  est  certain  que 
les  parties  nouvellement  peintes  devront  changer  dans  un 
temps  donné,  tandis  que  les  anciennes  ne  bougeront  pas. 
De  là  la  discordance.  Pour  éviter  ce  résultat,  un  habile 
restaurateur  ne  doit  pas  se  borner  à  repeindre  les  frag- 
ments endommagés;  il  lui  faut  peindre  un  peu  partout, 
en  sorte  que  le  tableau  semble  peint  nouvellement.  »  Cette 
théorie  est  absolument  monstrueuse.  On  comprend  ce  que 
peut  devenir  un  tableau  ancien  entre>fc-3  mains  d'un  pra- 
ticien professant  de  tels  principes. 

On  a  publié  des  traités  de  la  restauration  des  tableaux 
meilleurs  que  celui  de  M.  Goupil.  Celui  d'Horsin-Déon  : 
De  la  conservation  et  de  la  restauration  des  tableaux,  ren- 
ferme l'exposé  des  vrais  principes  de  l'art  de  conserver  la 
santé  des  peintures  anciennes  et  de  guérir  leurs  maladies, 
car  il  y  a  une  hygiène  comme  une  médecine  picturale. 

Dans  le  travail  qu'il  soumet  à  l'Académie,  M.  Lampe 
demande  l'établissement,  sous  les  auspices  du  Gouverne- 


(  5iî2  ) 

n.enl,  d'un  cours  public  de  reslauralion  des  tableaux 
anciens.  Ce  scrail,  di(-il,  ouvrir  une  carrière  nouvelle  à 
cerlains  de  nos  jeunes  arlisles  qui,  leurs  éludes  acadé- 
miques icrniinées,  pourraient,  au  bout  de  trois  ou  quatre 
années  d'un  enseignement  pratique,  sul)ii-  un  examen 
devant  une  commission  compétente  et  recevoir  un  diplôme 
qui  leur  |)crnietlrail  d'exercer,  dans  le  pays  et  à  l'étran- 
ger, une  profession  lucrative. 

Si  l'on  fait  trop  de  peintres  d'bistoire,  de  portraits,  de 
tableaux  de  genre  et  de  paysages  dans  les  Académies,  il 
faut,  par  bumanilé,  éviter  de  faire  trop  de  peintres  restau- 
rateurs. C'est  une  carrière  où  l'encombrement  serait  éga- 
lement à  craindre,  si  l'on  y  poussait  de  nombreux  jeunes 
gens  par  les  facilités  qu'offrent  les  cours  publics  et  gratuits. 
Il  n'y  a  pas  toujours  des  tableaux  à  retoucher;  à  la  vérité, 
au  train  dont  va  la  peinture  des  artistes  du  XIX*  siècle, 
les  restaurateurs  ne  manqueront  pas  de  besogne  plus 
tard.  Les  tableaux  anciens  qu'il  faut  retoucher  sont  ceux 
auxquels  il  est  arrivé  un  accident,  un  choc  ou  une 
déchirure.  Ceux  qui  sont  conservés  avec  soin  dans  les 
musées  ou  dans  les  cabinets  d'amateurs  restent  intacts,  ne 
portant  pas  en  eux-mêmes  un  principe  de  détérioration. 
Il  n'en  est  pas  de  même  des  tableaux  modernes,  qui  sont, 
pour  la  plupart,  atteints  d'une  maladie  chronique  à  peu 
près  incurable.  Tous  les  tableaux  de  l'école  française  et 
beaucoup  de  tableaux  de  l'école  belge  de  l'époque  contem- 
j)oraine  souffrent  de  cette  maladie,  qui  se  manifeste  par 
des  fendillements,  par  des  crevasses,  par  une  sorte  de  lèpre 
ou  d'éléphaniiasis  qui  les  ronge.  Il  en  est  dont  l'aspect  est 
lamentable;  d'autres  sont  entièrement  perdus.  Dans  le 
portrait  de  Cherubini,  |)ar  Ingres,  la  figure  de  la  muse 
n'existe  plus.  Le  Naufrage  de  la  Méduse,  de  Géricaull,  est 


(315) 

Ibrl  avarié;  on  perdrait  son  temps  à  citer  les  luhleaiix  dn 
siècle  qui  sont  crevassés  à  ce  point,  qu'il  semble  (|ii'on  les 
voit  ;\  travers  un  grillage.  Quelquefois  aussi  c'est  la  partie 
supérieure  du  tableau  (pii  coule  sur  l'inférieure,  comnn; 
cela  est  arrivé  à  deux  tableaux  du  Musée  de  Bruxelles 
qu'il  aurait  fallu  retourner  de  temps  en  temps  pour 
remettre  les  choses  ù  leur  place,  et  (|ue  les  auteurs  ont  dû 
réparer,  ayant  l'humiliation  de  voir  leurs  œuvres  durer 
moins  qu'eux-mêmes,  eux  qui  avaient  eji,  sans  doute,  la 
prétention  et  l'illusion  de  la  postérité.  Ces  maladies,  qui 
n'ont  pas  atteint  les  tableaux  des  maîtres  anciens,  ont 
pour  causes  l'abus  du  bitume  et  de  certains  siccatifs,  la 
mauvaise  (Qualité  des  couleurs,  des  huiles  et  des  vernis, 
ainsi  que  le  mancpie  de  discernement  dans  l'emploi  des 
procédés  d'exécution. 

Est-ce  en  prévision  des  désastres  dont  sont  menacés  un 
grand  nombre  d'œuvres  de  peinture  des  artistes  contem- 
porains, (jue  l'auteur  du  projet  soumis  à  l'Académie  vou- 
(h'ait  voir  créer  une  institution  qui  multiplierait  les 
restaurateurs? 

Dans  la  pensée  de  M.  Lampe,  l'apprentissage  des  peintres 
décorateurs  devrait  durer  trois  ou  quatre  années,  qui 
succéderaient  à  celles  des  éludes  académiques.  Ne  seraient 
admis  à  suivre  le  nouveau  cours  que  les  jeunes  gens  qui 
auraient  appris  préalablement  à  dessiner  et  à  peindre.  Ils 
seraient  récompensés  de  leur  persévérance  par  l'obtention 
d'un  diplôme  constatant  qu'ils  sont  habiles  en  leur  art, 
car  la  restauration  est  un  art,  et  ce  témoignage  de  capacité 
les  ferait  bien  accueillir,  suivant  l'auteur  du  projet,  partout 
où  ils  iraient  exercer  leur  profession,  à  l'étranger  comme 
en  Belgique. 

La  difficulté  serait  peut-être  de  trouver  un  homme  de 


(  514  ) 

lalcnt  et  d'expérience,  sachant  tout  ce  qu'il  faut  savoir 
pour  donner  l'enseignement  projeté,  et  disposé  à  commu- 
niquer à  d'autres,  qui  deviendraient  des  concurrents,  toute 
la  science  (lu'il  a  acquise  par  une  longue  pratique.  Il  n'est 
guère  de  peintre  restaurateur  qui  n'ait  la  prétention  de 
posséder  des  secrets  dont  l'emploi  lui  donne  la  supériorité 
qu'il  se  llalle  d'avoir.  Le  professeur  nommé  par  le  Gouver- 
nement ne  pourrait  évidemment  pas  conserver  cette  pré- 
tention; il  devrait  révéler  à  ses  élèves  tous  ses  procédés, 
mystérieux  ou  non. 

Pour  faire  l'éducation  complète  d'un  peintre  restaura- 
teur, on  ne  devrait  pas  se  borner  à  lui  donner  des  instruc- 
tions théoriques  sur  les  travaux  qu'il  sera  appelé  à  exé- 
cuter; il  faudrait  lui  enseigner,  non  seulement  la  pratique 
(le  la  restauration  proprement  dite,  mais. encore  celle  du 
dévernissage,  du  nettoyage,  du  reiixage,  du  masliquage, 
(lu  rentoilage,  de  tout  ce  qui  constitue  enlin  l'art  de 
remettre  en  étal  un  tableau  qui  a  subi  des  altérations 
quelconques.  On  lui  dirait  qu'il  ne  doit  pas  viser  à  faire 
montre  de  son  talent  de  peintre;  qu'il  doit  se  borner,  dans 
ses  restaurations,  à  faire  le  strict  nécessaire  et  que  le  peu 
qui  reste  de  l'ancienne  peinture  vaut  mieux  que  tout  ce 
qu'y  peut  ajouter  le  restaurateur. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'on  songe  à  établir  un 
enseignement  public  de  l'art  de  restaurer  les  anciennes 
peintures.  Il  y  a  quelque  quarante  ans  que  le  Gouverne- 
ment chargea  feu  M.  Etienne  Le  Roy,  dont  la  compétence 
n'était  pas  discutable,  du  soin  de  donner  un  cours  destiné 
à  former  des  peintres  restaurateurs.  Cette  mesure  n'eut 
pas  même  un  commencement  d'exécution.  M.  Etienne  Le 
Roy  n'ouvrit  pas  le  cours  en  question  et  par  conséquent 
ne  forma  pas  d'élèves.  Sera-t-on  plus  heureux  cette  fois? 


(  5i5  ) 
Kl  d'abord,  à  qui  s'adrcssera-l-on  ?  Sans  prétendre  (ju'il 
n'y  ail  pas  chez  nous  de  peinlre  reslauraleur  sachant  son 
métier,  on  peut  dire  qu'il  n'y  en  a  pas  dont  la  supériorité 
soil  si  bien  établie,  qu'il  puisse  inspirer  une  conflance 
ahsohie  quant  aux  résultais  de  son  enseignement. 

Une  (liiricullé  à  laquelle  n'a  pas  songé  l'auteur  du  projet 
que  nous  examinons  est  celle-ci  :  où  se  procurera-l-on  des 
tableaux  anciens  sur  lesquels  puissent  opérer  les  élèves  du 
cours,  auxquels  on  ne  pourrait  délivrer  le  diplôme  dont  il 
est  question  qu'après  les  avoir  vus  à  l'œuvre?  Ouvrirail-on 
un  atelier  officiel  de  restauration?  Ce  sont  là  des  points 
que  ne  toucbe  pas  M.  Lampe. 

En  résumé,  l'auteur  du  travail  soumis  à  l'Académie, 
travail  assez  conlus  d'ailleurs,  où  il  est  parlé  de  choses 
qui  n'ont  pas  un  rapport  direct  avec  l'objet  dont  il  traite, 
a  raison  lorsqu'il  s'attache  à  prouver  que  la  restauration 
des  tableaux  exige  des  connaissances,  une  sagacité  et  une 
conscience  que  n'ont  pas  toujours  ceux  qui  en  font  leur 
profession,  et  lorsqu'il  parle  de  l'utilité  qu'il  y  aurait  à 
répandre  la  notion  des  vrais  principes  de  cet  art,  dont 
l'importance  n'est  méconnue  ni  des  directions  de  musées, 
ni  des  amateurs  éclairés.  Quant  aux  mesures  d'exécution 
par  lesquelles  serait  réalisée  l'idée  de  créer  un  enseigne- 
ment public  de  l'art  en  question,  elles  ne  sont  pas  suffi- 
samment indiquées  pour  que  l'Académie  puisse  se  pro- 
noncer sur  les  résultats  qu'on  serait  en  droit  d'attendre  de 
l'application  de  cette  idée. 

Je  propose  de  remercier  M.  Lampe  de  sa  communication 
et  d'ordonner  le  dépôt  de  son  travail  dans  les  archives  de 
l'Académie.  »  —  Adopté. 


(  ^*6  ) 


ÉLECTIONS. 


La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  prendre 
connaissance  de  la  liste  de  présentation  des  candidatures 
pour  les  places  vacantes,  liste  arrêtée  par  les  sections  de 
peinture  et  de  musique. 


OUVRAGES  PRESENTES. 


Henrard  [P.).  —  Les  fondeurs  d'artillerie  aux  Pays-Bas 
Anvers,  1890;  in-8°  (58  p.). 

—  Histoire  du  siège d'Oslende  (1601-1604).  Bruxelles,  1890; 
in-8»  (148  p.). 

Errera  [L.].  —  La  respiration  des  plantes,  Rruxelles,  1890, 
extr.  in-8''  (27  p.). 

De  Busschere  [Louis).  —  Note  sur  l'unification  des  heures 
au  point  de  vue  de  l'exploitation  des  chemins  de  fer.  Gand, 
1890;  in-8°. 

Zanardelli  [Tito).  —  Nouvelles  stations  préhistoriques  des 
bords  de  la  Meuse,  entre  Profondeville  et  Annevoye.  Bruxelles, 
1890;  in-8°(20  p.). 

—  L'Étrusque,  l'Ombrien  et  l'Osque  dans  quelques-uns 
de  leurs  rapports  intimes  avec  l'Italien.  Bruxelles,  1890;  extr. 
in-S»  (38  p.). 

Ooms  (/.).  —  Notice  sur  le  nouveau  réseau  téléphonique 
militaire,  reliant  les  forts  et  établissements  de  la  position 
d'Anvers.  S.  1.  ni  d.;  in-4"  (6  p.). 


(  s^7  ) 

Beltjens  (Giist.).  — ['Des  oiivcriiircs  de  cn-dil  cl  dc^  comptes 
cour.inls  gjirantis  par  une  hypothèque.  Bruxelles,  1890;  iii-8» 
(54  p.). 

Mdtllileii  (Ernest).  —  L'euseii^iiernent  à  Braine-Ie-Comte, 
2«  édition.  Hrainc- le -Comte,  1890;  in-8°  (64  p.). 

Vander  flaeghen  {F.).  —  Bihliothcra  Belgica,  livraisons  100 
i\  103.  (Jand;  in- 1^2, 

Vlaamsche  Académie  van  iaal-  en  lellerhunde,  Genl.  — 
Jaarbock,  1890.  —  Verslagen  en  medcdeelingen,  1889-90. 
In-8». 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Procès-ver- 
baux des  séances,  1890.  Bulletin,  1890.  Mémoires  couronnés, 
tome  IX,  5«  fasc.  ;  X,  1",  2%  5^  In-8'. 

Ministère  des  Affaires  Étrangères.  —  Recueil  consulaire, 
tomes  LXIV  à  LXX.  Bruxelles;  in-8''. 

Ministère  de  l'Agriculture,  etc.  —  Bulletin  de  l'Agriculture, 
1890,  tome  VI.  —  Bulletin  administratif,  tome  V,  1889.  In-8". 

Archives  de  la  Belgique.  —  Inventaire  ou  table  alphabé- 
tique et  analytique  des  noms  de  personnes  contenus  dans  les 
registres  aux  gages  et  pensions  des  Chambres  des  comptes,  par 
J.  Proost.  Bruxelles,  1890;  in-folio. 

Willems-Fonds,  Cent.  —  Jacob  Van  Maerlant  (A.  Vermast). 
In-18. 

Catalogus  Codicum  hagiographicorum  latinorum  antiquo- 
rum, saeeulo  XVI,  etc.,  tonius  II.  Bruxelles,  1890;  vol.  in-8". 


Allemagne  et  Autriche-Honguie. 

Lesska  {Franz).  —  Lehrsatz  beziehend  die  Dreiecke,  1890; 
6  pages  autographiées. 

V  ère  in  fur  Erdkunde,  Halle.  —  Mitteilungen,  1890.  I11-8». 


(  518  ) 

Physikal. -médecin.  Socielàl,  Erlangen.  —  Silzungsberichle, 
n.  Hcfl.  In-S». 

K.  geodulisches  Inslitut,  Berlin.  —  Jahresbericht  fur 
1889-90.  In-8". 

Fiirsilich  Jablonowski'sche  Gesellschaft  zu  Leipzig.  — 
Prcisschriftcn,  n'  X  dcr  malhemalisch-nalurw.  Scclion.  Gr. 
in -8». 

Académie  des  sciences  de  Cracovie.  —  Bulletin  international, 
1890;  in-8°. 

Akademic  der  Wissenschaften  zu  Berlin.  —  Silzungsbe- 
richle, 1889-1890.  —  Abhandlungen,  4889.  —  Polilische 
Corrcspondcnz  Fricdrich's  des  Grossen,  Bd  XVIII,  1. 

Geographische  Anstalt,  Gotha.  —  Milleilungen,  1890.  — 
Eiganzungslicft,  N' 96-99.  Golba,  1890;  in-i». 

Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Leipzig.  —  Abhand- 
lungen und  Berichtc  fiir  1890.  Register  zu  don  Jahrgângen 
184G-1883  der  Berichtc  und  zu  den  Banden  l-XII  der  Abhand- 
lungen der  malhem.  Classe. 

K.  bayerische  Akudeniie  zu  Mûnchen.  —  Ilistor.  Classe  : 
Abhandlungen,  Bd.  XVIII,  5;  XIX,  1,2.  —  Math.-physikal. 
Classe  :  Abhandlungen  XVII,  1.  Sitzungsberichtc,  1889-4890. 

—  Philos. -philol.    Classe  :   Abhandlungen,  Band   XVIII,   2. 
Almanach  fiir  4  890. 

Casopis  pro  pestovani  Mathemaliky  a  Fysiky,  4890.  Prague, 
4890;  in -8°. 

Geologische  Reichsanstall,  Wien.  — Jahrbuch,  Jahrg.,  1890. 

—  Verhandlungen,  4889-90.  —  Abhandlungen,  Band  XIII,  4  ; 
XV,  4,2. 

Akademie  der  Wissenschaften  zu  Wien.  —  Anzeiger,  4890; 
in-8°. 

K.  K.  naturhistorisches  Hof muséum,  —  Annalen,  IV,  4; 
V,  4,  5.  Vienne;  in-8". 


(  SI9) 


ÂHI^niQUR. 

University  of  the  State  of  .Yew-Y'ork  :  Neiv-York  State 
Muséum.  —  43"*  Annual  report,  for  1889.  —  103**  Annual 
ri'portof  the  régents.  Albany,  1890;  2  vol.  in-8'. 

John  Ilopkins  Universitij,  Baltimore.  —  American  chcmi- 
cal  journal,  vol.  XI,  .6-8;  XII,  l-o.  General  index  of 
volumes  I-X. —  American  journal  of  philology,  vol.  X,  2;  XI,  1 . 
—  American  journal  of  raathcmaiics,  vol.  XII,  1-4.  Index  to 
volumes  I-X.  —  Circulars,  n"  73-77,  83.  —  Studies  from  the 
biological  lahoralory,  vol,  IV,  b,  G.  —  Studies  in  historical  and 
political  science,  7""  séries,  VII-XII;  8"*  séries,  I-IV. 

Boston  Society  ofnatural  history. —  Proceedings,vol.  XXIV, 
i  and  2.  In-8". 

.Muséum  of  comparative  zoulugi/,  al  Harvard  Collège,  Cam- 
bridge. —  Memoirs,  XVI,  5;  XVII,  1. 

Ministerio  de  instruccion  pubdca.  —  La  agricultura,  ano  I, 
n"'  2-6;  8-13;  15-20.  Guatemala,  1890;  in-8°. 

El  monitor  escolar,  tomo  I,  nura.  11-14;  21-25;  II,  1.  La 
Union,  1890;  in-8°. 

Sociedad  de  geograpliia...  mexicana.  —  Boletin,  tomo  I,  5. 
In-8». 

Estados  Unidos  Mexicanos.  —  Informes  y  documenios  rela- 
tivos  a  comercio,  agricultura  e  industrias,  1889-1890.  Mexico; 
in-8». 

Sociedad  centi/ica  «  Antonio Alzate  ». —  3Iemorias,  tomo  III, 
1-0;  IV,  1  y  2.  Mexico;  in-8°. 

Observatorio  meteorologico  de  Mexico.  —  Boletin  mcnsual, 
tomo  I,  1889. 

Observatorio  meteorologico  del  collegio  Pio  de  Villa  Colon. 
—  Boletin  mensual,  ano  II,  1889,  n"  1,  4-9.  Montevideo;  in-4"*. 


(  520  ) 

American  philosopkical  Society,  Pliiludelphia.  —  Procec- 
dings,  vol.  XXVI,  n"  130;  XXVII,  151  ;  XXVIII,  132,  1Ô5. — 
Transactions,  XVI,  3. 

Department  for  the  Interior,  Bureau  of  Education,  Washing- 
ton. —  Ciicular  of  inform,  1889,  n"  2;  1890,  n"  1  and  2.  — 
Report  for  the  ycar  1887-8, 

Smithsonian  Institution,  Washington  :  United  States  natio- 
nal Muséum.  —  Procecdings,  vol.  XII,  1889.  Bulletin  n»  38. 


FllANCE. 

Delaborde  [le  comte  Henri).  —  Notice  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  M.  Questel.  Paris,  1890;  in-i"  (21  p  ). 

Detmer  (W.)  —  Manuel  technique  de  physiologie  végétale, 
traduit  de  l'allemand  par  le  D''  Henri  Micheels.  Paris,  1890; 
vol.  in-S"  (421  p.,  gravures). 

Société  de  Borda,  Dux.  —  Bulletin,  15""  année,  1890.  In-8". 

Académie  de  médecine.  —  Bulletin,  1890.  Paris;  in -8°. 

Académie  des  inscriptions,  Paris.  —  Comptes  rendus  des 
séances  de  l'année  1890.  In-S". 

Académie  des  sciences,  Paris.  —  Comptes  rendus  des  séances 
de  l'année  1890.  In-4°. 

Bulletin  astronomique  (Tisserand),  1890,  juin  et  juillet. 
In-8°. 

JoMrna/rfes.sat'aytis,  1889,  juillet-décembre;  1890,  janvier  à 
mars.  In-4°. 

Ministère  de  l'Instruction  publique  à  Paris.  —  Bulletin  ilu 
comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  :  (a)  section 
d'histoire  et  de  philologie,  1889,  1-2;  {b)  archéologie,  1889, 
2;  (c)  géographie  historique  et  descriptive,  1889,  n°  2.  —  Revue 
des  travaux  scientifiques,  t.  VIII,  12;  IX,  1-7. 

Musée  Guimet.  —  Revue  de  l'histoire  des  religions,  t  XX, 
1-3;  XXI,  1.  —  Annales,  t.  XV-XVII. 


(  S2^  ) 

Société  géologique,  Paris.  —  Bulletin,  1890.  Iii-8°- 
Société  arcliéologiqite  du  midi  de  la  France,   Toulouse. 
Bullclin,  série  iii-8°,  ii°  4.  Mémoires,  l.  XIV,  5"°  livr.  In-i" 


GnANDE-BnETAGNE,    IhLA.NDE  ET  COLOMEs    BftlTA.NNIQUES. 

Birmingham  pltilosopliicalSocietg. —  Proccedings,  vol.  Vil, 
part.  i.  In-S". 

B.  gpogruphical  Societij  of  Australasia.—  Proccedings  and 
Iransaclions  of  llie  Qucensland  branch,  1889-1890.  Brisbane, 
in-8". 

Asiadc  Society  of  Bengal.  —  Proccedings  and  Journal 
(1890),  parts  I,  II.  —  Bibliolbeca  Indica  :  new  séries,  n"'  7H, 
715-27,  729-46,  748.  Calcutta;  in-8''. 

Cambridge  pliilosophical  Societg. —  Proccedings,  vol.  VII,  \ . 

Irish  Academg,  Dublin.  —  Proccedings,  lliird  séries,  vol.  I, 
parts  2  and  5.  Transactions,  XXIX,  12,15.  — Cunningbani 
memoirs,  n"  V. 

Royal  Institule  of  british  architects,  London.  —  Procce- 
dings, 1890. 

Zoological  Society,  London.  —  Proccedings,  1889,  parts  1, 
5  and  4.  Transactions,  vol.  XII,  10-11. 

Society  of  antiquaries,  London.  —  Proccedings,  vol.  Xll, 
n"  4.  In-8°. 

Natural  history  Society  of  Montréal. —  The  Canadian  record 
of  science,  vol.  III,  8;  IV,  5;  {11-8". 

Canadian  Institule,  Toronto.  —  Proccedings,  vol.  VU,  2; 
in-S". 

Department  of  Mines  :  Geological  Survey  of  N.  S.  Wales, 
Sydney.  —  Memoirs,  palcontology,  n"  8.  Records,  vol.  ÎI, 
part.  1. 


(  522  ) 


Italie. 

Boterno  [Vincenzo  Albanese  dï).  —  Del  poterc  temporale. 
Modica,  1890;  in-i8  ((ÎG  p.) 

Baculo  (D\  Barlolomeo).  —  Centri  termici.  Naplcs,  1890; 
in-8''(16  p.). 

—  Contribulo  alla  dotlrina  délie  localizzazioni  ccrebrali  e 
délia  epilessia  Jacksoniana.  Naples,  1890;  in-8°  (24  p.). 

Accademia  di  belle  arti  in  Milano.  —  Atti,  1889.  In-8". 


Pays-Bas  et  Indes  NiîBnLANDAiSES. 

Eeden  [F.  W.  Van).  —  Flora  batava,  aflevering  287-290. 
Leyde;  in-4°. 

Woordenboek  der  nederlandsche  taal  (Beets,  Kluyver), 
iweede  reeks,  10*^'  aflevering;  derde  reeks,  15^*  aflevering,  La 
Haye,  1889;  in-8". 

Kon.  Akademie  va?i  Welenschappen,  Amsterdam.  —  Ver- 
slagen  en  inededeeligen  :  natuurkunde,  deel  VI,  3;  VII,  1,  2. 
Letterknnde,  VI. 

Bataviaasch  Genootscliap  van  Kunsten  en  Wetenschappen, 
Batavia.  —  Tijdschrift.  Notulen  voor  1889-90.  —  Dagh- 
register  gehouden  int  Kasteel  Batavia  (1661).  —  Plakaatboek, 
deel  G,  1750-1754.  —  De  derde  javaanschc  successie-oorlog 
(174G-1755). 

Jardin  botanique  de  Buitenzorg.  —  Annales,  vol.  VIII,  2; 
IX,  1 .  In-S». 

École  polytechnique,  Delft.  —  Annales,  1890.  Leyde;  in-4''. 

Maatscliuppij  der  nederlandsche  letterkunde,  Leiden.  — 
Tijdschrift,  deel  IX,  3. 


(  S2r>  ) 

Instiluut  voor  de  taal-,  land-  en  volkenhunde  van  Xeder- 
landscli-lndië.  —  Uijdriigcn,  b'^'  rceks,  V,  1-4.  La  Haye; 
in-8°. 

Dierkiindige  vereeniging.  —  Tijdschrift,  II,  4.  Leydc,  188U; 
in -8°. 


Russie. 

Société  impériale  des  natur(distes  de  Moscou.  —  Bulletin. 
1889-1890;  in-8«.  iMéraoircs,  t.  XV,  G;  in-4°. 

Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg.  —  Mémoires, 
t.  XXXVI,  9  à  17;  XXXVII,  1-7.  Buljelin,  1890.  —  Reperlo- 
riiim  fur  Météorologie,  Band  XII;  in-4''. 

Comité  géologique  à  Saint-Pétersbourg.  —  Mémoires  et 
Bulletin,  1889. 

Société  /inlandaisedes  sciences. —  Ofversigt,  XXXI,  1888-89. 
Bidrag,  48.  Hefto.  Ilelsingfors,  1889;  2  vol.  in-8°. 


Suède,  Norwège  et  Danemark. 

Académie  royale  de  Copenhague.  —  Mémoires:  Classe  des 
sciences,  6' série,  vol.  VI,  1.  Oversigt,  1890. 

Société  des  antiquaires  de  Copenhague.  —  Aarboger,  1889- 
90.  Mémoires,  1889.  —  Nordiske  Fortidsminder,  I.  Hefte. 

Musée  du  Nord,  Stockholm.  —  Afbildningar,  2  och  5: 
Island.  —  Samfundet,  1887. 


(  524  ) 


Pays  divers. 

Wol/  (/?.)•  —  Astronoiuische  Milteilungen,  LXXIV-LXXVI. 
Zurich;  in-8". 

Société  scientifique  et  littéraire  de  Jassy.  —  Archiva  d889; 
1890,  n"  1  et  2.  10-8°. 

Impérial  University  ofJapan.  —  Journal  of  the  collège  of 
science,  vol.  III,  4.  Tokyo,  1890;  in-4°. 

Deutsche  Gesellschaft  fier  Natur-  und  Votkerkunde  Ost- 
Asiens.—  Milteilungen,  Ueft  43  und  44.  Yokohama,  1.890; 
in-4". 

Seismological  Society  ofJapan.  —  Transactions,  vol.  XIV, 
Tokyo. 

Société  khédivale  de  géographie,  Le  Caire.  —  Bulletin, 
5^  série,  n"  5,  4;  in-8». 

Jornal  de  sciencias  malheraaticas  e  astronoraicas  (F.  Gomes 
Teixeira),  vol.  IX,  4-6.  Coïmbre;  in-8°. 

Societad  rhaeto-romanscha.  —  Annalas,  4'  Annada.  Coire, 
1889;  vol.  in-8». 


BULLETIN 


DR 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LKTTRES  ET  DES   BEAIX-AUTS  DE  BELGIQUE. 
1890.  —  N»  12. 


CLASSE  DES  SCIEUCES. 


Séance  du  6  décembre  i890. 

M.  Stas,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  F.  Plateau,  vice-directeur,  le  baron 
de  Selys  Longchamps,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  Brialmont, 
Éd.  Dupont,  Éd.  Van  Beneden,  C.  Malaise,  F.  Folie, 
Fr.  Crépin,  Éd.  Mailly,  J.  De  Tilly,  Ch.  Van  Bambeke, 
Âlf.  Gilkinet,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  W.  Spring, 
Louis  Henry,  M.  Mourlon,  P.  Mansion,  J.  Delbœuf, 
P.  De  heen, membres;  E.  Catalan,  Ch.de  la  Vallée  Poussin, 
associés;  Léon  Fredericq,  J.-B.  Masius,  C.  Le  Paige, 
Ch.  Lagrange,  L.  Errera  et  F.  Terby,  correspondants. 

3"'    SÉRIE,    TOME    XX.  35 


(  526  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Inlérieuret  derinstruclion  publique 
envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Académie,  les  Bulletins 
n"'  i  et  %  année  1890,  du  Cercle  hutois  des  naturalistes. 
—  Remerciements. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

i"  Sur  un  théorème  de  M.  Mannheim;  par  E.  Catalan; 

2°  Essai  d'une  théorie  mathématique  de  la  lumière,  de 
la  chaleur,  etc.;  par  Colnet  d'Huarl,  associé  de  la  Classe, 
à  Luxembourg; 

3°  Résumé  météorologique  de  4889,  pour  Genève  et  le 
grand  Saint-Bernard  ;  par  A.  Kammermann; 

4°  //  Cocodrillo  fossile;  par  Giovanni  Omboni; 

5°  La  Naupathie;  par  le  D""  Vanlair; 

6°  Sur  l'unification  de  l'heure;  par  E.  Pasquier; 

7"  Contribution  à  l'élude  de  la  circulation  cérébrale; 
par  les  docteurs  J.  De  Boeck  et  J.  Verhoogen  ; 

8°  Ueber  den  Einftuss  der  Temperatur  auf  die 
Liestungsfàhigkeit  der  Muskelsubstanz;  par  J.  Cad  et 
J.-F.  Heymans; 

9°  Histoire  naturelle  des  annelés  marins  et  d'eau  douce, 
tome  ni,  seconde  partie;  par  L.  Vaillant.  —  Remercie- 
ments. 

—  M.  Jacques  Deruyts  demande  le  dépôt  dans  les 
archives  d'un  billet  cacheté,  daté  du  28  novembre  1890,  et 
portant  en  suscription  :  Notes  sur  les  covariants  primaires. 

Une  demande  semblable  est  faite  par  M.  Van  der 
Mensbrugghe  pour  un  billet  cacheté  portant  en  suscription: 
Sur  quelques  effets  curieux  de  diffusion  et  de  réflexion 


(  527  ) 
des  reflets  lumineux.  —  Le  dépôl  de  ces  billets  est  accepté. 

—  M.  Terby  demande  l'ouverture  d'iin  billet  cacheté, 
daté  du  20  avril  1887,  portant  comme  mart|iie  dislinclive  la 
lettre  A,  dont  la  Classe  a  accepté  le  dépôt  dans  sa  séance 
(In  10  mai  suivant. 

M.  Terby  demande,  en  même  temps,  à  être  inscrit  à 
l'ordre  du  jour  de  la  séance  pour  une  lecture  relative  au 
contenu  de  ce  pli.  —  Voir  :  Communications  el  lectures. 

—  M.  É.  Dupont  présente  pour  V Annuaire  de  1891  la 
notice  biographique  de  L.-G.  de  Koninck.  —  Remercie- 
ments. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Lettre  de  M.  Eugène  Ferron,  en  date  du  22  no- 
vembre 1890,  a[)pelanl  l'attention  sur  un  article  des 
Annales  de  Poggendorl' (1889)  relatif  à  l'e^wa/ion /bwrfa- 
vietilale  de  la  théorie  de  la  lumière.  —  Commissaires  : 
MM.  Mansion,  De  Tilly  et  Van  der  Mensbrugghe; 

2°  Notice  sur  la  monazite  de  JSil-Sainl-Vincent;  par 
A.  Franck. —  Commissaires  :  MM.  de  la  Vallée  Poussin  el 
Renard; 

5°  Réduction  des  nitrates  par  la  lumière  solaire, 
2*  note;  par  Emile  Laurent.  —  Commissaires  :  MM.  Stas, 
Errera  et  Gilkinet; 

4°  Aote  relative  au  problème  de  chercher  une  fonction 
W,  satisfaisant  aux  conditions,  etc.;  par  L.  de  Rail.  — 
Commissaires  :  MM.  Mansion  et  Catalan  ; 

5"  Recherches  sur  la  précipitation  fractionnée  des  siib- 
stances  albuminoïdes  du  sérum  sanguin  du  bœuf;  par 
J.-H.  Corin  el  G.  Ansiaux.  —  Commissaires  :  MM.  Frede- 
ricq  et  Masius. 


(  528  ) 


RAPPORTS. 


MM.  Liagre,  Folie  et  De  Tilly  donnent  lecture  de  leurs 
rapports  sur  les  dépêches  de  MM.  les  Ministres  de  inté- 
rieur et  des  Chemins  de  fer,  demandant  l'avis  de  l'Aca- 
démie sur  l'adoption,  en  Belgique,  d'un  méridien  unique 
et  de  l'heure  universelle,  questions  soulevées  par  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  l'Institut  de  Bologne.  —  La  décision 
prise  par  la  Classe  sera  communiquée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique,  en  même  temps  que 
la  copie  des  rapports  précités. 


Observations  physiques  de  la  planète  Mars  en  4890; 
par  J.  Guillaume. 

Rapport  tte  U.   Terhy,  pt'etniei*  cotninistaiwe. 

«  Notre  savant  confrère,  M.  Folie,  empêché  par  une 
indisposition,  a  désiré  que  je  remplisse  les  fonctions  de 
premier  commissaire  dans  l'examen  du  mémoire  sur  Mars 
que  M.  Guillaume  a  soumis  à  la  Classe;  j'ai  donc  étudié  le 
travail  en  question  avec  le  plus  grand  soin  et  j'ai  reconnu 
que  les  observations  de  l'auteur  sont  de  nature  à  offrir  un 
grand  intérêt  aux  aréographes. 

L'Observatoire  de  M.  Guillaume  est  situé  à  Péronnas, 
près  de  Bourg-en-Bresse,  dans  le  département  de  l'Ain; 
sa  latitude  n'excède  celle  de  Milan  que  de  43'  environ. 
L'auteur  se  sert  d'un  télescope  à  miroir  de  Wilh,  de  0,216°°" 
d'ouverture,  et  s'est  déjà  fait  avantageusement  connaître 


(  529  ) 

par  des  dessins  aslronomi(|ues  très  bien  exécutés  :  je  fais 
allusion  à  ses  observations  de  Saturne  et  de  certains  cra- 
tères lunaires,  tels  que  Godin,  Parry,  Aristarqne,etc.  Ayant 
dirigé  son  attention  sur  Mars  pendant  l'opposition  si  défavo- 
rable de  cette  année,  il  a  pu,  à  maintes  reprises,  constater 
l'apparition  mystérieuse  des  canaux  et  même  le  dédouble- 
ment de  ceux-ci  :  ses  observations  viennent  donc  à  l'appui 
de  celles  de  M.  Schiaparelli. 

Je  puis  dire  que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  je 
suis  d'accord  avec  M.  Guillaume, quant  à  l'identification  des 
détails  dessinés  par  lui;  il  est  naturel  aussi  qu'au  milieu 
de  configurations  parfois  très  compliquées,  il  se  produise 
entre  nous  des  divergences  d'opinion. 

M.  Guillaume  donne  pour  chaque  dessin  la  longitude 
du  méridien  central  calculée  d'après  les  éphémérides  de 
M.  Marth;  ces  longitudes  ne  sont  qu'approximatives, 
comme  il  le  dit  lui-môme,  mais  suffisent  pour  les  identi- 
fications. Les  grandes  configurations  de  Mars  sont  d'ailleurs 
si  bien  connues  aujourd'hui,  qu'au  premier  coup  d'oeil  jeté 
sur  un  dessin  bien  réussi  on  reconnaît  la  région  qui  s'offre 
aux  regards. 

Les  nombreux  et  précieux  détails  exposés  par  l'auteur 
me  donnent  la  conviction  que  ce  mémoire  sera  consulté 
avec  fruit  par  les  aréographes,  et  aura  son  importance  dans 
les  discussions  qui  se  prolongeront  certainement  long- 
temps encore  au  sujet  des  canaux  de  Mars. 

J'ai  donc  l'honneur  de  demander  à  l'Académie  l'impres- 
sion de  ce  travail  dans  les  Bulletins,  avec  les  dessins  qui 
y  sont  joints.  » 

La  Classe  a  adopté  les  conclusions  de  ce  rapport,  auquel 
a  souscrit  M.  Folie,  second  commissaire. 


(  530  ) 


Nouvelle  méthode  pour  la  détermination  quantitative  du 
pain,  de  la  farine,  de  l'albumine,  etc.;  par  John  Bar- 
ker  Smith. 

nappori  dm  SE.  Spring. 

«  M.  John  Barker  Smilh  expose,  dans  la  note  qu'il 
vient  de  présenter  à  l'Académie,  une  nouvelle  méthode 
pour  la  détermination  rapide  de  la  richesse  de  la  farine,  du 
pain,  etc.,  en  composés  azotés.  Celte  méthode  est  basée  sur 
la  propriété  du  gluten  d'exercer  une  action  réductrice  sur 
le  permanganate  de  potassium,  bien  plus  énergique  que 
celle  de  l'amidon.  En  lait,  on  compare  la  valeur  de  deux 
farines  à  l'aide  de  la  quantité  de  permanganate  de  potas- 
sium réduit,  dans  les  mêmes  conditions,  par  des  poids 
égaux  des  deux  échantillons. 

Pour  se  prononcer,  avec  sûreté,  sur  la  valeur  d'une 
telle  méthode,  il  faut  s'en  rapporter  à  l'expérience. 
Étant  privé  de  mon  laboratoire  depuis  longtemps  déjà, 
par  suite  des  obstacles  mis  par  certaines  personnes  à 
l'achèvement  de  l'Institut  de  chimie  de  l'Université  de 
Liège,  je  n'ai  pu  procéder  moi-même  au  contrôle  des 
résultats  de  M.  Smilh.  J'ai  prié  mon  collègue  M.  le  profes- 
seur Jorissen,  plus  compétent,  au  surplus,  que  moi  dans 
la  matière,  de  vouloir  bien  se  charger  de  ce  soin.  Il  a 
accepté  le  travail  avec  la  meilleure  grâce  et  il  m'a  écrit  ce 
qui  suit  : 

a  Je  me  suis  assuré  que  l'observation  de  l'auteur  est 
»  exacte  pour  ce  qui  concerne  le  gluten  humide;  cette 
»  substance  réduit  énergiquement  le  permanganate,  tandis 
»  que  l'amidon,  par  exemple,  dans  les  conditions   indi- 


(  ■«'  ) 

v  quées,  n'agit  pas  sensiblemeol  sur  ce  réactif.  J'ai  con- 
p  slaté  de  plus,  en  opérant  suivant  les  indications  de 
t>  l'auteur,  que  les  quantités  de  permanganate  réduites  par 
»  divers  échanlillons  croissent  avec  la  richesse  de  ces 
p  échanlillons  en  gluten. 

»  Tout  en  faisant  des  réserves  sur  l'emploi  d'un  réactif 
p  aussi  impressionnable  que  le  permanganate  pour  l'ana- 
D  lyse  de  mélanges  plus  ou  moins  complexes  de  pro- 
p  duits  organiques,  dont  l'action  individuelle  sur  ce  com- 
p  posé  devrait  être  tout  d'abord  étudiée  minutieusement, 
p  j'estime,  continue  M.  Jorissen,  que  l'observation  de 
p  l'auteur  est  intéressante  et  qu'elle  peut  donner  nais- 
p  sance  à  une  méthode  rapide  pour  la  détermination  de 
p   la  teneur  en  gluten  de  la  farine  et  du  pain,  p 

Ainsi  aidé  par  M.  Jorissen,  auquel  il  me  sera  permis  de 
réitérer  mes  remerciements,  je  crois  pouvoir  proposer,  en 
toute  sûreté,  à  la  Classe,  d'accueillir  la  note  de  M.  Smith 
dans  le  Bulletin  de  la  séance.  »  —  Adopté. 


De  l'influence  de  la  température  extérieure  sur  la  produc- 
tion de  chaleur  chez  les  animaux  à  sang  chaud;  par 
M.  Ansiaux. 

Mtapport    <fe    HÊ,    tiàon    JF'Ê-edet'icqf     pÈ'etnief   commiasai»'«. 

c  Les  recherches  de  calorimétrie  soumises  à  notre  appré- 
ciation sont  destinées  à  élucider  une  question  de  physio- 
logie fort  importante  et  encore  controversée  :  l'influence 
que  les  variations  de  la  température  extérieure  exercent 
sur  la  thermogenèse  chez  les  animaux  à  sang  chaud.  La  plu- 
part des  auteurs  admettent,  avec  Pflûger  et  ses  élèves,  qu'un 


(  532  ) 

abaissement  de  la  température  extérieure  provoque  chez 
l'animal  à  sang  chaud  une  exagération  de  la  production  de 
chaleur;  mais  ceci  est  loin  d'être  admis  par  tous.  Pour 
Winlernilz,  Senator  et  d'autres,  le  froid  n'aurait  aucune 
influence  sur  la  production  de  chaleur.  Ch.  Richet  et  ses 
élèves  affirment  même  que  le  rayonnement  calorifique 
diminue,  lorsque  la  température  extérieure  s'abaisse. 

Même  divergence  d'opinions  au  sujet  de  l'action  des 
températures  élevées. 

M.  Ansiaux  a  soumis  des  cobayes  placés  dans  le  calori- 
mètre d'Arsonval,  à  des  températures  comprises  entre 
-j-  3°  et  -t-  32",  et  a  mesuré,  pour  chacune  de  ces  tempé- 
ratures, leur  production  de  chaleur.  Il  est  arrivé  à  ce 
résultat  fort  intéressant,  que  la  production  de  chaleur 
présente,  chez  le  cobaye,  un  minimum,  qui-  correspond  à 
une  température  voisine  de  la  moyenne  diurne  en  été  ou  au 
printemps  :  -h  20°.  Dès  que  l'on  s'écarte  de  cette  tempé- 
rature, soit  en  plus,  soit  en  moins,  la  production  de  cha- 
leur augmente:  c'est  donc  aux  températures  très  basses 
ou  très  élevées  que  l'on  constate  les  valeurs  les  plus  fortes 
de  la  Ihermogenèse, 

Je  me  permets  de  faire  observer  que  ce  résultat  inté- 
ressant, et  qui  semblera  même  paradoxal  en  ce  qui 
concerne  l'action  des  températures  élevées,  est  entièrement 
conforme  à  ce  que  j'avais  avancé  en  1882,  dans  le  mémoire 
sur  la  régulation  de  la  température  chez  les  animaux  à 
sang  chaud,  que  la  Classe  des  sciences  m'a  fait  l'honneur 
de  couronner.  Le  travail  de  M.  Ansiaux  ne  fait  nullement 
double  emploi  avec  le  mien.  J'avais  eu  recours  dans  mes 
expériences  à  une  méthode  indirecte  et  jusqu'à  un  certain 
point  incertaine,  qui  consiste  à  calculer  la  quantité  de 
chaleur  produite,  au  moyen  de  la  quantité  d'oxygène  con- 
sommée dans  chaque  expérience. 


(  533  ) 

M.  Ansiaux  a  mesuré  direclemenl,  au  moyen  du  calori- 
mètre, les  quantités  de  chaleur  rayonnécs  par  les  animaux 
en  expérience.  J'ajouterai  qu'au  moment  où  M.  Ansiaux 
venait  de  terminer  la  rédaction  de  son  travail,  il  a  eu  con- 
naissance d'un  mémoire  récent  de  Rosenthal  sur  le  môme 
sujet  et  exécuté  également  au  moyen  du  calorimètre  à  air 
de  d'Arsonval.  Le  savant  physiologiste  d'Erlangen  arrive 
aux  mêmes  conclusions  que  M.  Ansiaux. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  de  voter  des 
remerciements  à  l'auteur,  ainsi  que  l'impression  de  son 
intéressant  travail  dans  le  Dutlelin  de  la  séance,  avec  les 
figures  qui  l'accompagnent.  » 


Mlapport  de  .ff.  Maaitf,  tecond  cotntnitaaire. 

a  Les  expériences  nombreuses  et  consciencieuses  de 
M.  G.  Ansiaux  me  paraissent  à  l'abri  de  tout  reproche. 
Elles  démontrent  qu'il  existe  un  minimum  de  production 
de  chaleur  qui,  chez  le  cobaye,  se  présente  vers  H-  20"  c,  et 
que  toute  température  inférieure  ou  supérieure  exagère  la 
thermogenèse. 

Je  me  rallie  aux  conclusions  de  M.  Léon  Fredericq, 
d'autant  plus  que  les  résultats  obtenus  par  M.  Ansiaux 
au  moyen  du  calorimètre  confirment  les  conclusions 
auxquelles  est  arrivé,  par  une  autre  voie,  notre  savant 
collègue.  )> 

Conformément  aux  conclusions  de  ces  deux  rapports, 
des  remerciements  sont  votés  à  iM.  Ansiaux  et  son  travail 
paraîtra  au  Bulletin. 


L 


(  534  } 
Sur  le  grisou  ;  quatre  lettres   par   M.   Delaurier. 

nnppoft  de  M,  Bfiaft, 

«  J'ai  déjà  en  l'occasion  de  m'expiiquer  sur  les  procédés 
de  M.  Delaurier  pour  prévenir  les  explosions  de  grisou 
dans  les  mines.  Il  combat  l'emploi  de  la  lampe  de  sûreté  et 
la  remplace  par  une  multitude  de  petites  lampes  à  feu  nu 
ou  par  des  courants  électriques  interrompus,  qui  auraient 
pour  effet  de  brûler  le  gaz  hydrogène  carboné  à  mesure 
qu'il  se  produit.  Cela  prouve  que  M.  Delaurier  n'a  aucune 
idée  d'une  mine  à  grisou,  et  son  procédé  pour  empêcher 
les  explosions  aurait  probablement  pour  effet  de  n'en 
rater  aucune.  Je  propose  le  dépôt  aux  archives.  »  — 
Adopté. 


ÉLECTIONS. 


La  Classe  procède  à  l'élection  des  membres  de  sa  Com- 
mission spéciale  des  finances  pour  1891.  —  Les  membres 
sortants  sont  réélus. 

M.  Brialmont  remplacera  M.  Montigny,  décédé. 


(  535  ) 


COiMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Faits  démontrant  la  permanence  des  taches  sombres  de 
Vénus  et  la  lenteur  de  leur  mouvement  de  rotation; 
par  F.  Terhy,  correspondant  de  l'Académie. 

Le  26  avril  1887,  j'écrivis  une  note  concernant  la  pla- 
nète Vénus,  et  je  l'envoyai  à  l'Académie  royale  sous  l'orme 
d'un  pli  cacheté,  dont  cette  assemblée  voulu!  bien  accepter 
le  dépôt  dans  la  séance  du  10  mai  suivant  (i).  Cette  note 
était  conçue  en  ces  termes  et  accompagnée  d'un  dessin  de 
Vénus  (2)  : 

«  Le  11  avril  1887,je  résolusdesaisir  toutes  les  occasions 
»  d'observer  la  planète  Vénus  à  l'aide  de  l'équatorial  de 
»  8  pouces  de  Grubb.  Jusqu'aujourd'hui,  26  avril  1887, 
»  malgré  l'éloignement  encore  très  grand  de  l'astre,  j'ai 
D  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»  1°  L'existence  des  taches  n'est  pas  douteuse,  leur 
i>  position  peut  être  reconnue,  mais  leurs  contours  et  leur 
»   l'orme  sont  très  indécis; 


(1)  BuUelins,  3'  série,  tome  Xllt,  1887,  p.  -470. 

(2)  Ce  billet  cacheté  a  été   ouvert  à  la  séance  du  C    décembre 
1890  et  inséré  entre  guillemets  dans  la  présente  notice. 


» 


(  536  ) 

»  2"  Jusqu'aujourd'hui,  l'aspect  de  la  planète  a  été,  en 
général,  conforme  à  cette  figure  : 


Dessin  du  "26  avril  1887,  de  iMi"'  à 
5ii4i}m  ji,  j,oi,.^  temps  moyen  de 
Bruxelles.  Image  renversée. 


»  C'est-à-dire  que  j'ai  observé  :  en  a,  la  tache  la  plus 
ï  marquée  du  disque,  très  voisine  du  limbe;  en  6,  une 
»  ombre  étendue  qui  a  rendu  constamment  la  région  sud 

>  du  disque  plus  sombre  que  la  région  nord;  en  c,  des 
K  ombres  légères;  en  d,  un  filet  sombre  qui  longe  le  bord 
»  brillant  de  la  planète;  en  e  et  en  /",  deux  régions  plus 
»  blanches  que  le  reste; 

B  5°  La  permanence  de  cet  aspect  avait,  on  le  conçoit, 

>  quelque  chose  de  décourageant;  mais  cette  impression 
»  défavorable  se  dissipe  si  l'on  tient  compte  des  faits  sui- 

>  vants  : 

»  4°  D'après  les  éléments  de  Bianchmi  et  de  De  Vico^ 
i  le  pôle  nord  de  Vénus  doit  se  trouver,  pendant  cette 
»  période  d'observations,  précisément  dans  la  région  a,  et 
j>   la  rotation  s'effectuer  suivant  la  flèche  g. 

»  5°  Les  taches  de  Biancliini  et  de  De  Vico  étant  situées 
ï  vers  l'équateur,-  doivent  donc  se  trouver  en  grande 
»  partie  dans  la  région  obscure  lorsqu'elles  occupent  la 


(  5i37  ) 
p  partie  inférieure  apparente  de  Vénus,  et  passer  dans  la 
i>  région  claire  seulement  en  arrivant  à  la  partie  supé- 
D  rieure;  elles  ne  sont  donc  bien  visibles  actuellement 
»  qu'en  atteignant  la  moitié  supérieure  ou  méridionale  du 
»  disque,  où  elles  causent  cet  obscurcissement  permanent 
»  de  la  corne  sud  en  s'y  succédant  constamment. 

»  6°  L'immobilité  de  la  tache  a  s'explique  également  à 
D  cause  de  son  voisinage  du  pôle  :  elle  ne  serait  autre  que 
j>   la  mare  boreum  ou  Marci  Poli  de  Bianchini  ; 

»  1°  Ces  résultats  font  bien  augurer  des  observations 
»  futures,  la  planète  Vénus  devant  se  rapprocher  bientôt 
»  considérablement  de  la  terre. 

»  Louvain,  26  avril  1887.  » 

Je  prie  l'Académie  de  bien  vouloir  aujourd'hui  prendre 
acte  seulement  des  trois  premiers  points  de  cette  note  : 
1°  constatation  des  taches  de  Vénus;  2"  dessin  du  26  avril 
1887;  3°  constatation  de  l'invariabilité  de  l'aspect  de  la 
planète. 

J'essayais,  dans  les  autres  paragraphes  du  pli  cacheté,  de 
me  rendre  compte  de  cette  permanence  d'aspect  en  invo- 
quant la  position  approximative  de  l'axe  d'après  les  éléments 
de  Bianchini  et  de  De  Vico;  M.  Schiaparelli,  en  effet,  ne 
nous  avait  point  appris  encore,  à  celte  époque,  que  cer- 
taines planètes  principales  ont  une  durée  de  rotation 
égale  à  celle  de  leur  révolution.  En  saisissant  toutes  les 
occasions  favorables  d'observer  la  planète  Vénus  jusqu'au 
19  août  1887,  je  ne  tardai  pas  à  reconnaître  que,  si  mon 
explication  de  l'invariabilité  d'aspect  pouvait,  jusqu'à  un 
cerluin  point,  être  admise,  principalement  au  point  de  vue 
des  données  de  Bianchini,  pendant  les  mois  d'avril  et  peut- 
être  de  mai  1887,  elle  devenait  en  tous  cas  inadmissible 


(  S58  ) 
après  celle  époque,  altendu  que  les  lâches  se  compor- 
taient tout  autrement  que  celle  hypothèse  me  l'avait  fait 
prévoir. 

]|  ne  faut  donc  plus  attacher  à  celle  simple  conjecture 
d'autre  importance  que  celle-ci  :  elle  demeure  une  preuve 
de  l'évidence  avec  laquelle  j'avais  constaté,  en  1887, 
V inaltérabilité  de  Caspect  de  la  planète. 

Comment  interpréter  alors  ces  inégalités  d'éclat  presque 
invariables  el  singulièrement  décourageantes  pour  l'ob- 
servateur qui  cherche  une  irace  d'un  mouvement  de  rota- 
tion, comme  je  le  faisais  à  celle  époque?  Elles  me  parurent 
reffet  d'une  espèce  d'illusion  inexplicable,  el,  plein  de 
découragement,  j'abandonnai  l'observation  régulière  de 
Vénus  depuis  l'année  1888. 

Les  beaux  travaux  de  M.  Sehiaparelli  sur  Mercure  et 
sur  Vénus  n'étaient  point  parvenus  à  me  faire  considérer 
plus  favorablement  mes  observations  :  ce  savant,  en  effet, 
attache  beaucoup  plus  d'importance  à  certaines  taches 
claires  de  Vénus  qu'aux  ombres  légères  sur  lesquelles 
s'était  portée  surtout  mon  attention. 

Le  27  octobre  1890,  M.  Perrotin  présenta  à  rinslitul  de 
France  une  note  d'un  intérêt  capital  el  confirmant  les 
résultats  de  notre  savant  associé  de  Milan  (1);  celte  note 
contient  un  spécimen  des  dessins  de  Vénus  que  le  direc- 
teur de  l'Observatoire  de  Nice  a  exécutés,  sans  doute  avec 
le  plus  grand  équalorial  de  cet  établissement. 

Les  dessins  de  M.  Perrotin  ont  été  pour  moi  une  révé- 
lation et  m'ont  conduit  à  une  série  de  conclusions  telle- 
ment étonnantes, favorisées  par  des  coïncidences  tellement 


(t)  Comptes  rendus  de    VAcad.  des  sciences  de  Paris,  tome  CXI, 
séance  du  27  octobre  1890. 


\ 


(  S5<)  ) 

inattendues,  cpie  j'eusse  à  peine  osé  en  entretenir  après 
coup  l'Académie,  si  le  pli  cacheté,  dont  il  a  été  question 
plus  haut,  n'avait  été  lu  pour  en  garantir  la  parfaite 
authenticité. 

//  est  incontestnble  d'abord  que  le  premier  dessin  de 
M.  Perrolin,  du  23  mai  IS90,  reproduit  /idélement  l'aspect 
du  croquis  que  l'enfermait  mon  pli  cacheté,  croquis  qui  se 
rapporte  au  26  avril  1887  (voyez  la  fig.  i  des  Comptes 
rendus  et  aussi  la  fîg.  15  de  notre  planche)  :  on  y  recon- 
naît la  grande  ombre  qui  obscurcit  les  régions  méridionales 
et  des  ombres  qui  occupent  le  terminateur  et  les  régions 
boréales;  j'avais  spécialement  signalé  la  blancheur  qui 
règne  au  nord  et  au  sud,  au  voisinage  des  cornes,  blan- 
cheur que  M.  Perrotin  signale  aussi  au  nord  (voir  la  des- 
cription du  dessin  extraite  du  pli  cacheté). 

Cet  aspecta  été  observé  à  Louvain  d'une  manière  presque 
invariable  du  il  avril  an  11  juin,  pendant  deux  mois  par 
conséquent  {fig.  1  à  19):  or,  M.  Perrotin  l'observe  égale- 
ment à  Nice  en  1890,  pendant  deux  mois  environ,  si 
nous  nous  en  rapportons  à  ses  dessins  (voir  fig.  1,2  et  5 
des  Comptes  rendus),  et  c'est  seulement  vers  le  15  juillet 
que  s'accentue  un  second  type  dans  la  disposition  des 
ombres  {fig.  3  des  Comptes  rendus)  :  la  grande  tache  du 
sud  semble  avoir  glissé  vers  la  gauche  par  un  mouvement 
insensible,  en  entraînant  après  elle  une  bande  allant  du 
nord  au  sud  et  qui  commence  à  se  détacher  du  termi- 
nateur. 

Or,  exactement  deux  inois  aussi  après  ma  première 
observation,  c'est-à-dire  le  12  juin,  je  représente  une 
bande  placée  absolument  comme  celle  de  M.  Perrotin  (voir 
notre  fig.  21),  et  cette  bande  continue  à  être  le  détail 
invariablement  visible  jusque  dans  le  courant  du  mois 
d'août  (Voir  nos  figures  21  à  4/);  je  l'observe  et  la  dessine 


(  540  ) 
du  milieu  de  juin  au  commencement   d'août  1887,  et 
M.  Perrolin  du  milieu  de  juillet  à  la  fin  de  septembre  1890; 
elle  persiste  donc  à  Louvain  et  à  Nice  également  pendant 
deux  mois  environ. 

Tels  sont  les  deux  types  de  taches  dessinés  indépen- 
damment pendant  la  durée  de  nos  observations,  qui  se  sont 
prolongées  de  part  et  d'autre  pendant  quatre  mois  au 
moins. 

11  y  a  plus  encore  :  la  bande  sombre  de  M.  Perrotin,  en 
se  détachant  du  terminaleur,  fait  place  à  un  segment  bril- 
lant situé  entre  la  bande  et  la  limite  d'éclairement,  dans 
le  dessin  du  24  juin,  c'est-à-dire  un  mois  après  l'observa- 
tion qui  a  fourni  le  premier  dessin  (voir  fig.  2  de  M.  Per- 
rotin); or,  le  11  mai,  un  mois  après  le  commencement  de 
mes  observations,  je  signale  une  tache  claire  exactement 
dans  la  même  situation  (voir  notre  fig.  ^7);  je  dessine 
encore  une  tache  claire  le  long  du  terminateur  les  9  et 
27  juin  {\o\r  fig.  i8el52). 

Faut-il  voir  dans  ces  similitudes  d'aspects  à  trois  ans 
d'intervalle  autre  chose  que  l'effet  du  hasard?  Une  autre 
coïncidence,  aussi  étonnante  que  les  précédentes,  permet 
au  contraire  de  tirer  de  tous  ces  faits  d'importantes  con- 
clusions. Demandons-nous  quelle  partie  de  leur  orbite  par- 
couraient Vénus  et  la  Terre  à  ces  deux  époques  et  quelles 
étaient  les  positions  relatives  des  deux  astres.  Nous  trou- 
vons d'abord  que  la  longitude  héliocentrique  de  Vénus,  au 
moment  du  dessin  que  renfermait  mon  pli  cacheté,  était 
de  12i°,  en  nombre  rond;  or,  celle  qui  correspond  au 
dessin  de  M.  Perrotin,  du  23  mai  1890,  était  de  420". 
Quant  aux  longitudes  héliocentriques  de  la  Terre,  elles 
étaient  respectivement  à  ces  deux  dates  :  215°  et  242°, 
c'est-à-dire  que  la  Terre,  à  l'époque  des  observations  de 
Nice,  n'avait  qu'une  avance  de  27°  environ  par  rapport  à 


^  Sil  ) 
sa  position  correspondant  à  l'observation  de  Lonvain.  Voici 
(railleurs  un   tableau  contenant  les  longitudes  béliocen- 
iriques  de  Vénus  et  de  la  Terre  pendant  toute  la  période 
(!es  observations  de  M.Perrotin  et  des  njiennes  : 


1887. 


26  avril 
26  mai . 
12  juin. 


Longitudes  héliocentriques. 


26  juin 220° 

43  juillet.  , 
i'S  août.  .  . 


VÉNL'S. 

TERRE. 

1890. 

VÉNUS. 

TERRE 

1210 

21-io 

23  mai  .  .  . 

120O 

242° 

4  70» 

2iio 

24  juin  .  .  . 

1720 

272» 

197" 

2610 

1o  juillet .  . 

206" 

2920 

220° 

27io 

2  aoiit  .  .  . 

23oo 

310O 

2470 

290O 

17  août .  .  . 

209» 

324» 

2960 

320» 

27  septembre 

3240 

40 

Reconnaissons  donc  que,  pendant  nos  recberches  sur 
Vénus  en  1887  et  en  1890,  la  planète  parcourait  exacte- 
ment la  même  portion  de  son  orbite,  et  que  la  position 
relative  de  la  Terre  n'était  pas  bien  différente. 

Quand  on  voit  une  série  d'une  vingtaine  de  dessins, 
indépendants  les  uns  des  autres,  montrer  pendant  deux 
moisun  obscurcissement  semblable,  presque  invariablement 
dans  les  mêmes  régions,  et  ensuite  une  autre  série  d'une 
vingtaine  de  dessins,  succédant  aux  premiers,  accuser 
tous,  pendant  deux  autres  mois,  une  nouvelle,  mais  aussi 
invariable  répartition  de  ces  ombres;  quand  on  voit  ensuite 
se  reproduire  les  deux  mêmes  séries  de  phénomènes  à 
trois  ans  d'intervalle,  aux  mêmes  longitudes  héliocen- 
triques de  Vénus  et  dans  les  mêmes  positions  relatives,  à 
très  peu  près,  de  Vénus  et  de  la  Terre,  il  me  semble  diffi- 
cile d'échapper  à  ces  conclusions  : 

O"*    SÉRIE,    TOME    XX.  36 


(  542  ) 

1°  Ces  observations  ont  porté  sur  la  même  portion  de 
la  surface  planétaire; 

2»  Vénus,  en  parcourant  la  même  partie  de  son  orbite, 
après  trois  ans  d'intervalle,  ou  après  cinq  révolutions 
complètes,  a  donc  tourné,  d'une  façon  permanente,  vers 
les  mêmes  points  du  ciel,  la  même  partie  de  sa  surface, 
pendant  la  période  de  ces  observations; 

5">  La  planète  a  donc  aussi,  à  ces  deux  époques,  tourné 
à  fort  peu  près  la  même  face  au  soleil; 

4°  Vénus  doit  donc  avoir  un  mouvement  de  rotation 
très  lent,  comme  l'a  avancé  M.  Schiaparelli  et  comme  le 
confirme  M.  Perrolin; 

S"  Il  doit  exister  à  la  surface  de  la  planète  non  seule- 
ment des  taches  claires  permanentes,  mais  aussi  des  taches 
sombres,  offrant  le  même  caractère  de  fixité,  comparables 
à  celles  de  Mars;  ces  taches  sont  suffisamment  fixes  pour 
être  reconnues  après  trois  ans  d'intervalle;  seulement 
elles  sont  très  difficiles  à  observer  à  cause  de  leurs  limites 
indécises,  dues  probablement  à  une  atmosphère  épaisse  et 
chargée  de  nuages.  Jusqu'ici,  la  permanence  des  taches 
sombres  surtout  était  sérieusement  révoquée  en  doute; 
ces  taches,  d'ailleurs,  jusqu'à  présent,  ne  semblent  offrir 
aucune  ressemblance  avec  les  ombres  dessinées  par  Bian- 
cliini  et  De  Vico. 

Cherchons  à  faire  un  pas  de  plus  et  voyons  s'il  n'existe 
point  ici  quelque  argument  en  faveur  de  la  probabilité 
d'une  durée  de  rotation  exactement  égale  à  celle  de  la 
révolution  :  ainsi  nous  vériûerons  et  nous  compléterons  à 
la  fois  nos  conclusions. 

Supposons  donc  que  la  rotation  de  Vénus  se  fasse 
autour  d'un  axe  à  très  peu  près  perpendiculaire  au  plan  de 


(  513  ) 

l'orbile  cl  en  une  durée  précisément  égale  à  celle  de  la 
révolulion.  Dans  ces  conditions,  et  en  considérant  les 
déplacements  dus  à  la  libration  comme  peu  considérables, 
une  tache  observée  sur  le  disque  conservera  sa  position 
relativement  au  terminaleur,  en  d'autres  termes  suivra  le 
tirmin;itt'ur  dans  la  rotation  de  celui-ci  autour  du  centre 
de  la  planète.  Considérons  une  phase  quelconque  de  Vénus, 
la  phase  dichotome,  par  exemple,  qui  précède  la  conjonc- 
tion inférieure;  supposons  que  nous  constations  la  pré- 
sence d'une  tache  quelconque,  soit  une  tache  allongée, 
dirigée  du  nord  au  sud,  parallèle  au  terminaleur;  si  cette 
bande  est  une  tache  permanente  de  la  surface,  nous 
devrons  la  retrouver  à  fort  peu  près  dans  la  même  posi- 
tion toutes  les  fois  que  la  phase  de  la  planète  sera  la  même 
pour  nous  :  telle  est  la  simplicité  que  ce  système  apporte 
dans  la  comparaison  autrefois  si  ditficile,  en  apparence,  des 
dessins  de  Vénus,  que  nous  pouvons  immédialemenl  faire 
l'application  de  cette  conséquence  à  un  certain  nombre 
d'observalions  de  diverses  époques. 

Le  17  février  1889  (flg.  48),  la  planète  se  trouvant  dans 
cette  phase  dichotome,  je  dessine  une  bande  dirigée  du 
sud  au  nord;  la  longitude  béliocentrique  de  Vénus  est 
(le  105°,  et  celle  de  la  Terre  de  149°.  IN'avons-nous  point 
de  très  sérieuses  raisons  de  croire  cette  lâche  identique 
avec  la  bande  que  M.  Perrolin  et  moi  nous  avons  dessinée 
respectivement  en  1890  et  en  1887?  On  la  voit  notamment 
dans  mon  dessin  du  6  juillet  1887  [fig.  35),  alors  que 
la  phase  était  la  même,  la  longitude  béliocentrique  de 
Vénus  étant  de  236°  et  celle  de  la  Terre  de  284^ 

Le  D'  De  Bail,  de  l'Observatoire  de  Coinle,  a  publié 
quelques  dessins  de  Vénus  dans  les  Mémoires  de  l'Acadé- 


mie  {i)  :  il  observait  en  mars,  avril  et  mai  1884;  ses 
dessins  renferment  une  bande  dirigée  du  sud  au  nord,  au 
sujet  de  laquelle  il  s'exprime  ainsi  : 

«  Bien  que  je  ne  pense  pas  que  les  changements 
ï  ci-dessus  indiqués  reposent  uniquement  sur  une  illu- 
»  sien,  j'ai  remarqué  d'autres  fois  que,  pendant  plusieurs 
j>  heures,  il  n'y  avait  aucun  changement  dans  la  position 
»  de  celte  ombre,  et  alors  je  n'ai  plus  continué  les  obser- 
\>   valions.  » 

M.  De  Bail,  pas  plus  que  nous,  n'avait  deviné  la  vérité; 
mais  aujourd'hui  je  considère  comme  très  probable  que 
cette  bande  immuable  élait  celle  dont  nous  nous  occupons 
ici. 

Vers  l'année  1880  (2),  j'ai  réuni  environ  cinq  cents 
dessins  de  Vénus,  dans  le  but  de  travailler  à  une  Apfiro- 
dilographie  qui  eût  réalisé  pour  cette  planète  ce  que 
V Aréocjraphie  est  pour  Mars.  Grâce  à  l'extrême  obligeance 
de  M.  Denning,  j'ai  pu,  à  celle  époque,  prendre  une  copie 
complète  des  notes  et  des  soixante-trois  dessins  de  Vénus 
réunis  autrefois  par  la  Société  astronomique  anglaise 
d'observalion  (3);  les  originaux,  presque  tous  inédits,  sont 
conservés  actuellement  à  la  Société  royale  astronomique 
de  Londres. 

Nous  y  voyons,  entre  autres,  des  croquis  de  la  planète 
pour  1873  et  pour  1871,  recueillis  par  MM.  Ormesher, 
Seabroke,  Hollis  et  Worlhinglon.  Or,  M.  Ormesher  a 
dessiné  une  bande  sombre,  en  février  et  mars  1873,  à  des 


(1)  Mém,  cour,  et  des  savants  étrangers,  in-i»,  tome  XLVII,  1885. 

(2)  Bull,  de  l'Acad.,  2*  série,  tome  XLIX,  p.  214. 

(3)  Voyez  English  Méchante,  tome  XIII,  1871,  n»  514,  p.  41. 


(  545  ) 

('l>oques  dès  voisines  de  la  dicliolomie,  et  celle  bande  est 
orientée  comme  celle  qui  nous  occupe  (v.  fig.  A  de  noire 
planche);  de  même  M.  Seabroke,  de  Hugby,  en  dessine 
une  toul  à  fait  semblable,  notamment  le  6  juin  I87i  (notre 
fig.  B);  chose  bien  remarquable,  M.  Worihington  la  figure 
également  le  6  juin  IS7 1  et  indéj^ndammcnl  (noire 
fig.  C);  il  l'observe  aussi  le  M  juin  (celle  dale  marqué*; 
d'un  poinl  interrogalif)  et  les  51  juillet  et  2  août  de  la 
même  année.  Nous  reconnaissons  encore  le  même  détail 
dans  un  dessin  de  M.  Ilollis,  du  17  juillet  1871. 

Peul-on  ciler  une  preuve  plus  frappante  de  la  réalité  de 
celle  bande  que  le  fait  de  son  existence  dans  les  deux 
dessins  indépendants  de  MiM.  Seabroke  et  Worlhington, 
exécutés  le  n)cme  jour?  C'est  incontestablement  la  même 
tache,  et  l'absence  de  l'heure  exacte  pour  le  dessin  de 
M.  Worlhington  peut  seule  avoir  soustrait  celle  observa - 
lion  à  une  comparaison  aussi  instructive.  Mais  aujourd'hui, 
peu  nous  importe  celle  heure,  si  M.  Schiaparelli  est  dans 
le  vrai  ! 

Que  M.  Seabroke  ait  réellement  vu,  en  1871,  la  bande 
observée  à  Louvain  et  à  Nice  en  1887  et  en  1890,  c'est  ce 
qui  doit  paraître  d'une  absolue  vérité  après  la  dernière 
preuve  que  voici  :  M.  Perrotin,  à  la  faveur  d'un  instrument 
très  puissant,  n'a  point  dessiné  cette  bande  aussi  simple- 
ment que  nous  :  elle  apparaît  dans  ses  dessins  avec 
plusieurs  ramifications,  et  sa  forme  générale  caractéris- 
tique s'accentue  bien  dans  les  dessins  4  et  S  des  Comptes 
rendus^  où  on  la  voit  se  bifurquer  au  nord  et  au  sud  :  elle 
se  compose  ainsi  de  deux  angles  placés  d'une  manière 
inverse,  l'un  comprenant  entre  ses  côtés  les  régions  voi- 
sines de  la  corne  sud,  l'autre  y  comprenant  celles  qui  sont 
voisines  de  la  corne  nord,  les  sommets  des  deux  angles 


(  546  ) 

étant  opposés  et  reliés  par  la  partie  la  plus  apparente  de 
la  bande;  or,  pour  le  13  mai  1871,  M.  Seabroke  figure 
deux  fois  une  tache  très  apparente,  rigoureusement  de 
celte  forme  très  caractéristique  (notre  fig.  D);  ces  deux 
dessins  sont  faits  à  Rugby,  en  même  temps,  indépendam- 
ment, par  deux  observateurs,  avec  des  instruments  diffé- 
rents! Ces  observations  de  1871,  de  même  que  celle 
de  1890,  précédaient  la  phase  dichotome;  mais  quelles 
étaient  alors  les  longitudes  héliocentriques  de  Vénus  et  de 
la  Terre?  Elles  étaient,  le  15  mai  1871,  de  145°  pour 
Vénus  et  de  232"  pour  la  Terre,  et  le  2  août  1890,  respec- 
tivement de  235"  et  de  310"  pour  les  deux  astres;  ces  lon- 
gitudes différaient  donc  de  87°  dans  le  premier  cas  et  de 
75°  dans  le  second,  et  dans  le  même  sens;  et,  ici  surtout, 
à  une  phase  presque  identique  correspondait  une  identité 
absolue  d'aspect  !  Écoulons  d'ailleurs  ce  que  dit  M.  Sea- 
broke dans  les  notes  inédites  que  nous  possédons  et  nous 
croirons  lire,  en  propres  termes,  la  description  de  M.  Per- 
rotin;  il  s'agit  de  l'aspect  général  de  la  planète  en  1871  : 
a  Quand  Vénus  fut  éclairée  environ  de  moitié  »,  dit 
»  M.  Seabroke,  «  la  corne  sud  apparut  généralement 
»  plus  sombre  que  la  corne  nord,  et  près  de  la  corne 
»  nord  il  y  avait  une  petite  région  plus  brillante  que  le 
»  reste....  » 

M.  Seabroke  avait  d'ailleurs  eu  l'obligeance  de  m'envoyer 
directement  une  copie  de  la  plupart  de  ces  dessins  faits  à 
Rugby,  et  ses  croquis  confirment  pleinement  l'exactitude 
des  figures  conservées  à  la  Société  royale  astronomique. 
Dans  l'envoi  de  M.  Seabroke  se  trouvaient  aussi  d'autres 
dessins,  notamment  deux  pour  1876  :  l'un,  du  17  mars, 
précède  la  phase  dichotome;  l'autre,  du  11  mai,  la  suit; 
or,  ces  deux  dessins  contiennent  indubitablement  les  taches 


^  547  ) 
dont  nous  nous  occupons  et,  pour  compléler  l'analogie, 
celui  du  M  mai  renferme  de  plus  une  tache  claire,  placée 
entre  la  bande  et  le  tcrminaleur,  exactement  dans  la  situa- 
tion où  M.  Perrolin  et  moi  nous  avons  oh^^ervé  un  détail 
semblable.  Et  quelles  étaient  encore  une  fois  les  dilférences 
de  longitudes  hélioccntriciues  de  Vénus  et  de  la  Terre  à 
ces  deux  dates?  76°  dans  le  premier  cas  et  41"  dans  le 
second. 

Remontant  plus  haut  encore,  nous  trouvons,  dans  les 
Nova  Acla  Academiœ  ISaturœ  Cnriosorum  (1),  deux  des- 
sins de  Gruithuisen,  du  l'^'"  février  et  du  17  février  1817, 
contenant  très  probablement  celle  même  tache  à  l'époque 
de  la  dichotomie  précédant  la  conjonction  inférieure.  On 
est  frappé  aussi  de  la  ressemblance  extraordinaire  du  des- 
sin de  Gruithuisen  du  8  mai  1815  avec  le  premier  dessin 
de  M.  Perrolin  pour  1890,  et  avec  celui  que  renfermait 
mon  billet  cacheté  pour  1887;  ces  observations  correspon- 
dent toutes  à  une  phase  analogue,  précédant  celle  de  la 
dichotomie. 

Enfin,  ouvrons  les  Fragments  aphroditographiques  de 
Schrôter,  et  nous  y  trouverons  encore  la  bande  en  question 
dans  les  figures  34  et  35,  du  27  février  4793,  et  dans  les 
figures  7  et  8,  du  11  avril  et  du  8  mai  1788,  observations 
se  rapportant  toutes,  à  très  peu  près,  à  l'époque  de  la 
phase  dichotome.  L'astronome  de  Lilienthal  figure  encore 
six  fois  une  bande  semblable  du  28  février  au  16  mars 
1788  (fig.  1  à  6  des  Aphrod.  fragm.). 

En  réunissant  les  premiers  éléments  de  celle  notice, 
j'étais  bien  loin  de  m'attendre  à  ce  résultat;  et  si,  envisa- 


(1)  Bonn,  1820}  Tomi  decimi  pars  prior,  p.  241,  pi.  XIX. 


(  ^^8  ) 
goaiU  un  ensemble  si  étrange  de  coïncidences  comme  la 
manifcslalion  d'une  vérité,  les  astronomes  partagent  la 
même  conviction,  ce  sera  assurément  pour  la  première  fois 
que  la  trace  d'une  tache  permanente  de  Vénus  aura  été 
suivie  pendant  la  durée  d'un  siècle;  le  fait  est  d'autant 
plus  étonnant  d'ailleurs  que  celte  tache  semble  n'avoir 
rien  de  commun  avec  les  ombres  représentées  par  Bian- 
chini  et  De  Vico. 

Mais  s'il  s'agit  réellement  de  la  même  bande  sombre,  ne 
pouvons-nous  pas  alors,  avec  grande  probabilité,  en  inférer 
que  celte  bande  obéit  à  un  mouvement  de  rotation  qui 
s'identifie  en  quelque  sorte  avec  celui  du  terminateur? 

J'ai  fait  suivre  celle  notice  d'une  planche  contenant  la 
presque  totalité  de  mes  dessins  de  Vénus,  exécutés  à  une 
échelle  très  petite,  mais  suffisante  à  cause  de  la  simplicité 
des  taches;  la  planche  est  accompagnée  d'une  explication 
renfermant  tous  les  détails  des  observations  et  les  rensei- 
gnements propres  à  faciliter  la  comparaison  avec  les 
figures  de  M.  Perrotin.  Elle  contient  aussi  les  importants 
dessins  de  MM.  Ormesher,  Seabroke  et  Worthinglon,  dont 
il  est  question  ici  et  qui  étaient  restés  totalement  ignorés. 

Explication  de  la  planche. 

Les  taches  que  j'ai  observées  sur  Vénus  sont  d'une 
faiblesse  extrême;  il  est  impossible  de  les  représenter  par 
le  dessin  sans  les  exagérer;  elles  apparaissent  comme 
des  obscurcissements  presque  insaisissables  de  certaines 
régions;  il  est  impossible  de  fixer  leurs  contours  réels 
avec  certitude;  néanmoins  les  impressions  que  produit 
leur  ensemble  sur  notre  rétine  sont  suffisamment  constantes 
pour  que  notre  œil  en  réalise  en  quelque  sorte  la  synthèse 


(  549  ) 

dans  une  forme  caraclérislique,  toujours  idenlique  pour 
chacune;  leur  persistance  pendant  de   longues   périodes 
dans  le  même  lieu  doit  contribuer  l)caucou|>  à  nous  garantir 
leur  réalité;  elles  apparaissent  avec  plus  de  certitude  dans 
un  ciel  éclairé,  ou   en   munissant  l'oculaire  d'un   verre 
légèiement  teinlé,  de  façon  à  affaiblir  l'éclat  de  l'image; 
l'usage  des  <lia|)hragmes  réduisant  convenablement  l'ou- 
verture de  l'instrument  peut  aussi  faciliter  ces  observa- 
lions  (I).  Elles  se  voient  mieux  et  plus  vile  à  l'aide  de 
faibles  grossissements,  et  il  n'y  a  à  cela  rien  d'élonnanl, 
ceux-ci   permettant  toujours  mieux   d'apprécier  de  très 
légères  différences  d'intensité  à  la  surface  d'une  planète. 
Si  l'on  observe  en  certaines  régions  ces  légers  obscurcisse- 
inenls,  on  voit  aussi  en  d'autres  une  recrudescence  d'éclat, 
souvent  tout  aussi  peu  définie,  quelquefois  sous  forme  de 
lâches  claires  assez  apparentes;  ces  taches. sont  parfois 
d'une  blancheur  marquée;  je  les  ai  munies  d'un  conlour 
pointillé  dans  mes  dessins,  pour  bien  les  faire  distinguer. 
Généralement  les  deux  cornes  de  la  planète  apparaissent 
blanches,  d'un   éclat  qui   rappelle  les  taches  polaires  de 
Mars;  celte  blancheur  se  continue  souvent  le  long  du  bord 
éclairé,  opposé  au  terminateur;  elle  y  forme  une  espèce 
d'ourlet,  ordinairement  très  éclatant,  surtout  très  régulier, 
qui  semble  séparé  du  reste  de  la  surface  par  une  fine  ligne 
obscure,  parfaitement  concentrique  à  ce  bord  éclairé;  j'ai 
représenté  cette  particularité  toutes  les  fois  qu'elle  m'est 
apparue.  Cette  ligne  obscure  semble  souvent  renforcée  en 
certains  points  de  son  parcours.  Ordinairement,  l'éclat  de 
la  surface  va  en  décroissant  du  bord  éclairé  au  termina- 
Il)  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  2«  série,  tome  XLIX, 
p.  214. 


C  550  ) 

leur,  et,  le  long  de  ce  dernier,  règne  une  obscurité  relolive 
qui  frappe  le  plus  souvent  l'attention. 

Le  point  noir  qui  accompagne  nos  dessins  indique  la 
position  du  diamètre  vertical  apparent  au  moment  de 
l'observation. 

y  y  avril  i8S7,  entre  5"  el  6"30'"  (t.  m.  a.  de  Bruxelles), 
fig.  1 .  Image  parfaitement  terminée,  blanche,  sans  rayon- 
nement; avec  450,  l'éclat  est  uniforme;  avec  250  et  sur- 
tout 150,  je  constate  qu'il  y  a  des  taches,  mais  trop  difficiles 
à  délimiter;  leur  existence  et  leur  situation  sont  certaines, 
mais  leur  forme  est  indécise;  je  ne  vois  pas  d'ourlet  bril- 
lant au  bord  éclairé. 

'16  avril,  5'';  image  trop  agitée  pour  450  et  280,  mais 
elle  est  bien  terminée  et  bonne  avec  250  et  150;  les 
ombres  sont  réparties  comme  dans  la  fig.  i ,  celle  qui 
règne  au  nord  étant  plus  certaine  que  l'autre. 

16  avril,  de  55''27'"  à  22''45'";  150  et  250;  inégalités 
d'éclat;  image  trop  agitée. 

i7  avril,  de  â''^"*  à  5''50"',  même  résultat.  De  S^SO""  à 
6^10"*,  fifj.  2;  très  bonne  image;  450,  250;  taches  sombres 
certaines,  surtout  celle  du  bord  éclairé  nord,  à  gauche, 
vers  le  bas;  les  deux  petites  taches  brillantes  un  peu  dou- 
teuses. 

i7  avril,  de  22''34."'  à  22''45"'  el  à  23''d0'";  trop  d'agita- 
tion. 

'iS  avril,  de  A''5i"'  à  5''fo"';  bonne  image,  taches  très 
difficiles,  mais  certaines  pourtant;  fig.  3,  à  5'' 10'",  avec  280; 
fig.  4,  à  5"/ 5*",  avec  150. 

i9  avril,  de  6''25"'  à  6'3o"';  fig.  5;  150  et  250;  image 
parfaite,  taches  très  indécises,  certaines  pourtant;  impos- 
sible de  fixer  leurs  contours. 


(bbl  ) 

i9  avril,  21''5i'";  trop  d'agi  talion. 

20  avril,  de  4^41""  à  5''15",  fig.  (J ;  image  parfaite,  mais 
quelques  trépidations.  La  flg.  6  a  été  dessinée  avec  250  et 
l'ouverture  de  8  pouces  entière  ;  avec  des  diaphragmes  qui 
réduisent  l'ouverture  à  6  et  à  4  pouces,  l'irnage  est  bonne, 
mais  tous  les  détails  sont  douteux  avec  250;  150  confirme 
les  inégalités  d'éclal  de  la  figure  avec  louverlure  de 
6  pouces. 

6''50'",  250  et  ouverture  de  6  pouces,  fig.  7.  L'image 
présente  une  tendance  à  la  formation  de  l'ourlet  brillant 
au  bord  éclairé,  ourlet  limité  par  un  lilamenl  sombre. 

6''45'";  250,  8  pouces;  fig.  8,  Cette  figure  est  la  plus 
satisfaisante;  on  croit  voir  deux  points  blancs  à  la  corne 
boréale  et  un  point  à  la  corne  australe,  ce  dernier  étant 
moins  certain  que  les  autres.  Après  7''30™,  l'image  a  trop 
d'éclal. 

2i  avril,  5''40"',  150;  on  ne  doute  pas  de  la  présence 
des  taches. 

6\26i),fig.9. 

<5''/5-,  280,  fig.  iO. 

6''20"',  280,  fig.  fl  ;  le  bord  éclairé  très  brillant;  la  tache 
au  bord  éclairé  nord  pins  marquée;  la  corne  nord  blanche. 

7",  280,  fig.  42;  la  tache  longeant  le  bord  éclairé  nord 
toujours  plus  marquée. 

5\  280,  fig.  45;  image  trop  brillante,  liséré  brillant. 

22  avril,  de  6"  15""  à  6'25''';  fig.  44;  250;  ciel  nuageux. 

26  avril,  de  5''24"'  à  5'40"'  el  à  5"55"';  fig.  45;  250,  280, 
180,  150;  image  un  peu  ondulante  (voir  le  dessin  que  ren- 
fermait mon  billet  cacheté).  Blancheur  au  nord  et  au  sud  ; 
la  lâche  longeant  le  bord  éclairé  nord  est  la  plus  marquée, 
puis  celle  qui  obscurcit  la  région  sud,  puis  celle  qui  occupe 
le  lerminateur  dans  la  moitié  inférieure.  C'est  ce  dessin 


C  5-52  ) 
qui  offre  une  grande  analogie  avec  la  fig.  1  de  M.  Perrolin, 
du  23  mai  1890,  e(  avec  le  croquis  de  Gruilhuisen,  du 
8  mai  1815  (voir  page  547). 

De  6'' 16"'  à  6''20"\  150  confirme  encore  ce  dessin,  mais 
l'image  devient  de  plus  en  plus  ondulante;  à  6''o0'",  trop 
d'ondulations. 

i"  mai,  de  4''52'"  à  S'^tO"";  image  trop  agitée  pour  per- 
mettre de  dessiner;  cependant  l'aspect  noté  les  jours  pré- 
cédents se  confirme  encore  :  la  tache  qui  longe  le  bord 
éclairé  nord  est  seulement  soupçonnée,  étant  plus  faible; 
le  bord  sud  est  blanc,  les  régions  méridionales  du  disque 
sont  assombries;  on  soupçonne  le  trait  gris  qui  longe  le 
bord  brillant. 

De  7''30"*  à  8'\  image  trop  ondulante.   • 

S  mai,  de  4''45"'  à  5^10"",  je  remarque  tout  au  plus  que 
ia  région  sud  est  plus  sombre;  la  tache  au  bord  éclairé 
nord  est  douteuse,  très  faible;  il  semble  exister  une  blan- 
cheur au  nord,  au  bas  du  disque. 

De  ô'dQ'"  à  7'';  fig.  46;  280, 180;  à  8"  15'",  on  n'observe 
plus  rien  de  certain. 

fO  mai,  de  S'' 15'"  à  (Ç''50'";  150,280  ;  on  n'obtient  aucun 
résultat  bien  certain;  on  croit  voir  encore  la  tache  qui 
obscurcit  la  partie  sud  et  celle  qui  est  au  bord  éclairé  nord. 

y/  mai,  de  S"  15"'  à  S''50"' ;  fig.  47.  En  diaphragmant 
l'objectif  à  4  pouces  et  avec  150,  on  distingue  l'ourlet 
brillant  au  bord  éclairé;  le  reste  de  la  surface  est  inégale- 
ment assombri;  le  diaphragme  de  6  pouces  et  150 donnent 
les  meilleurs  résultats  jusqu'à  8''45'"  ;  l'image  est  ensuite 
trop  ondulante  pour  250;  150,  avec  le  diaphragme  de 
6  pouces,  confirme  le  dessin  :  la  région  sud  est  donc  encore 
obscurcie,  et  l'on  voit  une  lâche  au  bord  éclairé  nord;  de 
plus,  entre  la  grande  ombre  méridionale  et  le  terminateur, 


(  555  ) 

une  ri^gion  claire, à  comparer  ù  celle  que  AI.  Perrolin  figure 

le  24  juin  1890. 

i2  mai,  de  7''iô"'  à  5";  ouverture  réduite  à  6  pouces; 

180,  loO  ;  nuageux  ;  rien  de  certain  ;  il  y  a  des  lâches,  mais 

il  est  impossible  d'en  lixer  le  dessin;  la  répartition  générale 

semble  encore  la  même. 

i7  mai,  à  S'oO"';  trop  ondulant,  taches  trop  indécises 
22  mai,  cleV  àl'W';  180,  280.  On  ne  voit  rien  de 

certain,  sauf  le  bord  ou  le  liséré  blanc  et  brillant,  et  le  trait 

sombre  qui  le  limite. 

27  mai,  de  5'40-  à  4";  150,  250;  image  trop  agitée; 
le  bord  éclairé  est  plus  blanc  que  le  reste,  et  celte  blan- 
cheur est  limitée  par  la  strie  habiluelle. 

Deô'^àe'SO'";  250,  280,  180;  image  bonne  et  tran- 
quille; cependant,  rien  de  certain;  8M5-,  trop  ondulant 

28  mai,  de  7^/0"•  à  /"^o"';  150,  250;  image  parfaite;  la 
partie  sud  plus  sombre;  on  voit  le  liséré  brillant  avec  strie 
sombre;  rien  de  bien  tranché. 

9  juin,  de  5"3I"'  à  S'oi"',  fig.  18;  180,  280,  250,  150; 
on  voit  la  répartition  habiluelle  des  ombres;  le  bord  éclairé 
est  blanc;  on  voit  une  tache  claire  contre  le  terminateur; 
tous  les  détails  semblent  certains,  quoique  très  faiblement 
accusés. 

il  juin,  de  4'43-  à  4'4o-,  250;  observation  interrom- 
pue par  les  nuages;  cependant,  on  a  vu  la  partie  sud  plus 
ombrée  que  le  reste,  ficj.  19. 

De  5"  à  S'ô-,  150  confirme  ce  détail;  on  continue 
ensuite  avec  280  jusqu'à  5"12-,  mais  l'agitation  est  trop 
grande. 

^2  juin,  de  S' 17-  à  8'35-,  ftg.  20;  150,  280;  le  bord 
éclaire  est  plus  blanc,  limité  par  la  strie  sombre;  à  la  fin 
de  l'observalion,  avec  180,  l'anneau  ou  liséré  brille  inlen- 


b 


(  554  ) 

sémenl  en  blanc  au  bord  éclairé,  el  les  lâches  se  monlreni 
d'une  laçon  loul  à  l'ail  cerlaine,  en  affeclanl  la  Corme 
indiquée  par  la  fig.  21;  nous  relrouvons  donc  ici  la  bande 
sombre  orientée  N.-S.,  que  M.  Perrolin  figure  égalemenl 
le  45  juiliel  1890,  et  qui  va  reparaître  presque  invariable- 
ment dans  tout  le  reste  de  cette  série  de  dessins  pour  1887, 
de  même  qu'elle  reparaît  dans  toute  la  série  de  M.  Perro- 
lin pour  1890.  C'est  la  bande  dont  nous  avons  plus  haut 
retrouvé  la  trace  en  1788, 1793, 1815, 1817,  1871,  1875, 
1876,  1884,  1887  et  1890;  on  la  connaîlrait  donc  et  elle 
persisterait  depuis  un  siècle!  Dans  la  fig.  2/,  le  maximum 
d'éclat  esl  dans  l'ourlet  blanc  du  bord  éclairé,  el  le  maxi- 
mum d'obscurité  dans  la  portion  du  filet  sombre  bordant 
ce  liséré  au  limbe  éclairé  nord,  comme  dans  heaucouj) 
d'observalions  précédentes;  la  tache  ou  bande  sombre 
allant  du  sud  au  nord  est  moins  accusée. 

1 4  juin,  de  J'Sr  à  7''i5'",  fig.  22;  180.  Les  inégalités 
d'éclat  sont  trop  difficiles  à  bien  définir;  on  cherche  à 
représenter  les  ombres  le  plus  exactement  possible,  mais 
le  résultat  est  douteux. 

De  S'iS"^  à  S''23"\  fig.  25;  180;  la  région  ou  bande 
sombre  est  cerlaine  cette  fois;  l'oculaire  280  la  confirme, 
mais  la  montre  plus  faiblement.  Le  bord  éclairé  esl  plus 
brillant;  les  deux  cornes  sont  blanches;  image  trop  ondu- 
lante ensuite. 

i7  juin,  8''24"';  180;  agité;  ondulant;  fig.  24;  bord 
éclairé  blanc  ei  brillant;  cornes  blanches,  surtout  celle  du 
nord  ;  tache  sombre. 

i9  juin,  de  S''2r  à  S''44"',  fig.  25;  180  muni  d'un  verre 
légèrement  teinté;  bord  éclairé  blanc, cornes  très  blanches; 
tache  visible  ;  le  filet  qui  limite  l'ourlet  blanc  esl  renforcé 
au  bord  éclairé  nord  et  au  bord  éclairé  sud,  el  moins 
marqué  au  bord  occidental. 


(  5o5  ) 

20  juin,  de  5*55'"  à  S'SO'";  280,  180;  fio-  26.  Vénus  est 
Irop  agilce. 

21  juin,  de  S'oT"'  à  8'4S'",  firj.  27;  150,  180  muni  de 
verres  teintés;  trop  d'agitation;  corne  nord  blanche;  tache 
apparente. 

22  juin,  de  S''2r'  à  S'ôO"';  180;  fîg.  28;  ondulant; 
région  plus  sombre  certaine;  corne  nord  blanche;  tout 
trop  indécis. 

23  juin,  de  S'ôô"'  à  d'o'";  180;  fig.  29;  les  deux  cornes 
sont  blanches;  280  {fig.  50)  confirme  les  deux  cornes 
blanches  et  le  liséré  plus  blanc  que  le  reste;  avec  cet  ocu- 
laire, les  pointes  blanches  des  cornes  sont  plus  petites; 
décroissance  d'éclat  vers  le  lerminateur,  mais  pas  de  taches 
assez  définies. 

25  juin,  de  4^52"'  à  5''3'",  fig.  31;  180,  280;  trop  agité; 
les  cornes  sont  blanches;  le  bord  éclairé  est  blanc;  entre 
le  filet  sombre  qui  limite  l'ourlet  blanc  et  la  tache  sombre 
qui  règne  le  long  du  terminaleur,  on  voit  une  teinte  jaune; 
la  région  sombre  qui  longe  le  terminaleur  a  une  légère 
teinte  rougeâtre. 

27  juin,  de  6"o5'"  à  T''?",  fig.  32;  250;  cornes  blanches; 
180  confirme  la  répartition  des  ombres  et  fait  soupçonner 
une  tache  claire  contre  le  terminateur;  image  calme. 

i"  juillet,  à  6''4o"'  et  de  7'*  à  7''6^  fig.  33;  150;  image 
très  bonne;  taches  certaines,  mais  toujours  très  légères, 
indéfinissables;  la  corne  sud  a  paru  plus  longue  et  plus 
pointue  que  la  corne  nord;  bord  éclairé  blanc,  ainsi  que 
les  deux  cornes. 

De  8^30"'  à  8''34"',  fig.  3â;  150;  image  ondulante;  les 
cornes  sont  régulières,  la  corne  septentrionale  est  plus 
blanche;  la  tache  est  certaine  et  très  marquée,  relati- 
vement. 


(  556  ) 

5  juillet,  7''5'"du  soir;  250;  trop  ondulant. 

De  S^IS"  à  8^26"';  250;  ondulant;  néanmoins  tache 
certaine,  présentant  toujours  la  môme  forme  d'une  bande 
allant  du  sud  au  nord,  comme  dans  la  fig.  34;  150  et  180 
confirment;  le  bord  éclairé  est  blanc. 

6  juillet,  de  8"  18'"  à  8^3ù"\  fig.  35;  180;  la  tache  est 
certaine;  la  corne  sud  est  plus  pointue;  les  deux  cornes 
sont  blanches,  comme  aussi  le  bord  éclairé,  qui  forme  un 
liséré  très  visible;  280  confirme  les  résultats. 

Le  même  jour,  j'avais  observé  aussi  de  7''/5"'  à  l^i8"\ 
fig.  36;  180;  un  peu  agité;  tache  certaine  avec  limite  assez 
tranchée;  le  bord  éclairé  est  blanc,  de  même  que  les  deux 
cornes;  la  corne  méridionale  est  plus  pointue  que  la  corne 
septentrionale. 

7  juillet,  de  S'' 17'"  à  8''32'",  fig.  37;  250;  la  corne  sud 
est  plus  pointue  que  la  corne  nord;  liséré  blanc;  corne 
septentrionale  blanche;  tache  certaine  avec  150  et  180; 
ses  bords  paraissent  ondulés,  surtout  du  côté  du  lermi- 
nateur. 

8  juillet,  de  8''6'"  à  8''I8"',  fig.  38;  150, 180;  image  plus 
ondulante  que  le  7;  observation  plus  difficile;  cependant 
on  croit  voir  encore  la  même  tache;  bord  éclairé  blane; 
les  cornes  blanches,  surtout  la  corne  nord;  la  corne  sud 
plus  pointue. 

i^  juillet j  de  7''28'"  à  7'^5/"';  180;  taches  douteuses;  on 
voit  le  liséré  blanc;  la  corne  sud  paraît  plus  pointue  que 
la  corne  nord. 

De8''30'"  à  8''35"',fig.  39;  180;  liséré  blanc,  brillant;  la 
tache  notée  comme  certaine;  image  ondulante. 

i6  juillet,  de  8^16"'  à  8''20"\  fig.  40;  180;  image  trop 
ondulante;  cependant  on  voit  l'ourlet  blanc,  et  la  tache 
sombre  est  notée  comme  certaine. 


(  557  ) 

19  juillet,  de  8" i 9"  à  S''22'' ;  180;  la  même  lâche  esl 
très  visible  el  certaine. 

21  juillet,  (te  4''oS"'  à  6''0'";  180;  irop  agile;  nuages; 
(in  voit  1res  bien  la  décroissance  d'éclal  vers  le  lerrai- 
n  a  leur. 

26  juillet,  de  S'S"  à  S' 12",  fig.  41  ;  180;  trop  ondulant, 
mais  la  tache  esl  très  marquée. 

/"  août,  de  6''4'"  à  G'IO"',  fig.  42;  180;  image  trop 
agitée;  on  voit  le  liséré  blanc,  à  la  droite  duquel  succède 
lin  éclat  jaune-rougeâlre,  puis  la  région  grise  accusant 
une  décroissance  marquée  de  lumière  en  approchant  du 
terminateur. 

4  août,  de  S'iO""  à  5''25'",  fig.  43;  180;  très  belle 
image,  quoiqu'un  peu  agitée;  280  confirme  les  détails 
dessinés. 

y.9  août,  de  6''5"'  à  ô^W",  fig,  44;  180;  image  ondu- 
l.mle;  planète  trop  rapprochée  de  l'horizon;  bord  éclaire 
très  blanc. 

Ici  se  termine  la  série  des  observations  faites  avant  la 
conjonction  inférieure  de  1887,  et  avec  elle  la  collection 
de  dessins  renfermant  la  bande  observée  aussi  par  M.  Per- 
rotin.  Il  sera  peut-être  utile  de  mentionner,  pour  finir,  les 
x'pl  observations  suivantes  : 

i4  novembre  I8S7,  de  20'!"'  à  20''9"',  fig.  45;  250, 150, 
180;  taches  certaines;  image  agitée. 

5  janvier  4889,  à  5''25"';  150;  taches  indélinissables, 
mais  certaines  ;  les  deux  cornes  blanches,  surtout  la  corne 
septentrionale. 

6  janvier  1889,  de  5''40''  à  5''55'\  fig.  46;  150;  bonne 
image.  La  surface  entière  est  tachée,  mais  on  note 
comme  certaine  surtout  la  bande  qui  longe  le  bord  naéri- 

S""*    SÉRIE,    TOME    XX.  37. 


^(  558  ) 

(lional  éclairé;  les  deux  cornes  sont  blanches;  250  con- 
firme ces  résultais. 

i2  février  1889,  de  4''35'"  à  i^W",  fig.  47;  180;  image 
agitée;  le  bord  éclairé  est  brillant;  tout  est  trop  peu 
défini.  Les  cornes  semblent  se  terminer  par  une  pointe 
brusque,  surtout  la  corne  sud. 

a  février  1889,  de  5^5'"  à  5'o5'",  fig.  48;  250,  150, 
180;  terminateur  plutôt  légèrement  concave  que  convexe; 
bande  sombre  du  nord  au  sud,  certaine  avec  150  et  180; 
cornes  blanches;  liséré  brillant  bordé  du  trait  sombre. 
Dans  ma  conviction,  cette  bande  est  la  même  que  celle 
qui  a  été  observée  en  1887  et  en  1890  (voir  p.  543). 

38  février  1889,  de  3"42'"  à  S'âô"",  fig.  49;  150,  180; 
mouvements;  taches  certaines,  mais  trop  peu  délinies; 
cornes  blanches;  liséré  brillant,  blanc,  bordé  par  un  irait 
gris  renforcé  en  deux  points  :  ce  dernier  détail  bien 
constaté,  bien  certain. 

6  mars  1889,  de  5' 40""  à  4\  fig.  50;  250,  150;  taches 
trop  faibles,  mais  certaines;  cornes  blanches;  liséré  bril- 
lant, blanc,  surtout  au  bord  nord  éclairé;  les  cornes  sont 
munies  d'une  sorte  de  trait  sombre. 


fig.  A.  H.  Ormesher.  1875,  feb.  22,  8''20'",  Greenwich  m.  t.; 
marking  obscrved  without  much  diflîculty;  5  */*  '"•  refracU 
power  149.  —  The  raarkings  were  vcry  plainly  secn. 

Fig.  B.  G.  M.  Seabroke.  1871,  juin  6,  SHO";  réfracteur  de 
8  '/4  pouces  d'ouverture. 

Fig.  C.  F.  VVoRTHiNGTON.  1871,  juin  6,  réflecteur  équatorial 
de  15  pouces. 

Fig.  D.  G.  M.  Seabroke.  1871,  mai  15,  S'^SO";  réfracteur  de 
8  '/,. pouces. 


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BaU  .V.<ier 


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20 


r  is^.  dfià 


35 


37 


48 


lath.  G  Saiwer^j-ns 


(  o5i)  ) 


Sur  des  Mollusques  vivants  cl  poslpliocènes  recueillis  au 
cours  d'un  voi/age  au  Congo  en  1887;  par  É.  Dupont, 
membre  de  l'Académie. 

Lorsque  je  me  rendis  au  Congo,  il  y  a  irois  ans,  je 
m'étais  attendu  à  y  faire  une  abondante  récolle  de  Mol- 
lusques vivants.  Arrivé  au  milieu  de  la  saison  sèche, 
je  lus  cependant  peu  surpris  de  ne  pas  en  rencontrer 
d'abord  de  terrestres  et  crus  que  la  saison  des  pluies  me 
dédommagerait  amplement.  Par  contre,  le  fleuve  était 
alors  à  ses  plus  basses  eaux,  et  comme  j'allais  en  remonter 
lentement  les  rives  dans  la  région  des  cataractes,  je  comp- 
lais réunir  sans  peine  de  nombreuses  formes  fluviatiles. 
Il  n'en  fut  ainsi  dans  aucun  des  deux  cas.  Les  Mollusques 
sont  très  rares,  au  moins  dans  la  partie  parcourue  de 
l'océan  au  confluent  du  Kassaï,  soit  sur  une  distance 
de  600  kilomètres  dans  l'intérieur. 

La  recherche  de  celte  partie  de  la  faune  de  l'Afrique 
équaloriale  ne  fut  certainement  pas  l'objet  principal  de 
mes  observations.  Cependant  elle  ne  fut  jamais  perdue 
complètement  de  vue,  et,  lorsqu'un  endroit  paraissait  favo- 
rable, j'y  portais  une  sérieuse  attention.  On  va  voir,  par  le 
travail  descriptif  dont  M.  Philippe  Dautzenberg  a  bien 
voulu  se  charger  avec  autant  d'obligeance  que  de  compé- 
lence,  combien  la  récolte  fut  peu  variée  :  trois  espèces 
terrestres,  six  espèces  fluviatiles. 

Si  les  prévisions  ne  se  réalisèrent  pas  quant  à  l'abon- 
dance et  à  la  variété,  elles  furent  fort  dépassées  sous  le 


(  5G0  ) 

rapport  des  nouveautés.  Dunker  en  1853,  Morelet  en  1866 
avaient  notamment  décrit  trente  espèces  de  coquilles  flu- 
viatiles  et  terrestres  de  l'Angola  et  du  Benguéla,  régions 
contiguës  au  sud  à  la  région  du  Congo.  Il  semblait  peu 
probable  qu'un  contingent,  en  apparence  aussi  mince  que 
celui  que  je  rapportais,  renfermât  des  formes  encore 
inconnues.  Tel  ne  fut  pas  le  résultat  de  leur  examen  par 
M.  Daulzenberg.  Le  savant  conchyliologisle,  sur  les  trois 
espèces  de  Mollusques  terrestres,  indique  une  forme,  voi- 
sine de  YAc/ialina  tincta,  non  signalée  jusqu'à  présent; 
sur  les  cinq  espèces  de  Mollusques  fluviatiles,  une  seule  est 
déjà  décrite,  trois  sont  nouvelles,  une  autre  est  probable- 
ment nouvelle  aussi,  mais  de  conservation  insuffisante 
pour  une  affirmation  formelle. 

Parmi  les  trois  formes  fluviatiles  inédites,  l'une  n'a  même 
pu  être  raltacbée  à  un  genre  connu  et  a  donné  lieu  à  la 
création  du  singulier  genre  Pseiidogibbula. 

Ces  faits  constatés,  il  semblera  intéressant  de  recher- 
cher les  causes  de  la  pénurie  de  coquilles  dans  un  pays 
couvert  d'herbes,  de  bois  avec  escarpements  rocheux, 
dans  un  lleuve  d'un  si  grand  développement  et  à  si  nom- 
breux alfluents,  drainant  une  étendue  de  plus  de  300  degrés 
carrés. 

L'absence  presque  complète  de  roches  calcareuses  est 
l'un  des  caractères  du  bassin  intérieur  du  Congo.  Ces 
roches  ne  se  trouvent  un  peu  développées  que  dans  la 
région  moyenne  des  cataractes,  où  elles  semblent  se  rap- 
porter au  devonien,  et  dans  la  région  littorale,  où  elles 
appartiennentau  1er  tiaire  supérieur.  Les  alluvions  anciennes 
et  actuelles  du  Congo  ne  renferment,  du  reste,  que  des 
traces  infimes  de  carbonate  de  chaux,  et  j'ai  montré  à 


(  561  ) 

une  autre  occasion  qne  ces  alluvions  recouvrent  tout  le 
bassin  du  fleuve  (I). 

En  outre,  les  eaux  du  Congo  et  de  la  plupart  de  ses 
alïluents  doivent  leur  couleur  brune  à  la  présence  d'une 
matière  organique,  prohablenienl  l'acide  apocrénique, 
d'après  les  études  qu'en  a  laites  M.  KIcinent  (2).  Nous 
savons  que  ce  caractère,  dérivant  d'une  origine  maréca- 
geuse, n'est  pas  compatible  avec  des  territoires  à  roches 
calcareuses,  traversés  par  les  cours  d'eau  qui  le  possèdent. 

On  pouvait  donc  se  demander  si  la  rareté  des  coquilles 
n'était  pas  une  conséquence  directe  de  la  rareté  du  carbo- 
nate de  chaux  dans  ces  contrées.  Or,  il  eut  fallu  dans  ce 
cas  que  leur  test  fût  plus  mince  et  moins  bien  conformé 
que  dans  leurs  congénères  d'autres  pays,  ce  qui  n'a  pas 
lieu  et  écarte  cette  e\|)lication. 

Une  autre  circonsiance  e>t  à  remarquer.  \'Achatina 
tincta  et  la  forme  nouvelle  que  M.  Dautzenberg  lui  adjoint 
sont  très  abondantes  dans  les  forêts,  à  en  juger  par  le  nom- 
bre d'exemplaires  qu'on  peut  en  recueillir  dans  les  bois  en 
voie  de  défrichement.  J'ai  pu  faire  souvent  cette  observa- 
tion, notamment  sur  le  Stanley-Pool  à  Léopoldville.  La 
belle  et  grande  Achalina  Bandeirana  a  été  rencontrée,  au 
contraire,  en  six  ou  sept  exemplaires,  à  la  saison  des  pluies, 
dans  un  campement  de  la  route  des  caravanes,  au  pied 
de  rochers  émergeant  des  herbes. 


({)  Verh.  dcr  GvscUsch.  fïir  Erdkunde  zit  Berlin.  Band  XV,  p.  4'JO, 
1888.  Lettres  sur  le  Conyo,  p.  b02,  t8S9. 

(2)  Bull,  de  la  Soc.  belge  de  géologie,  de  paléontologie  et  d'hydro- 
logie, t.  MF,  p.  259,  1889. 


(  562  ) 

Il  semble  en  résulter  que  les  Mollusques  peuvent  diffi- 
cilement vivre  dans  les  savanes,  et  la  raison  s'en  présente 
immédiatement,  les  herbes  étant  incendiées  chaque  année. 
De  sorte  que  les  Mollus(|ues  ne  peuvent  se  développer 
abondamment  que  dans  les  endroits  protégés  contre  cette 
conflagration,  particulièrement  dans  les  bois. 

Si  cette  explication  est  plausible  pour  les  espèces  ter- 
restres, il  reste  à  chercher  à  se  rendre  compte  de  la  rareté 
des  Mollusques  fluviatilcs.  IJAnipullaria  Woniei,  qui  a 
offert  le  curieux  phénomène  de  vivre  encore  près  d'une 
année  après  sa  capture,  quoiqu'elle  n'eût  été  entourée 
que  d'ouale,  et  un  Lanistes  ont  été  trouvés  sur  une 
berge  sableuse  du  Slanley-Pool.  Avec  une  valve  de 
VUnio,  dont  il  va  être  question,  et  observée  dans  un  cam- 
pement de  pêcheurs  sur  Tîle  Bamou,  ce  sont  les  seules 
traces  de  Mollusques  que  j'aie  aperçues  sur  les  bords  de 
cette  grande  expansion  du  Congo,  dont  j'ai  étudié  les 
rives  pendant  près  d'un  mois  avant  la  crue  du  fleuve. 

Dans  la  région  des  cataractes,  le  fait  est  plus  digned'atten- 
tion  encore.  Au  mois  d'août,  les  eaux  étant  à  peu  près  à 
leur  plus  bas  niveau,  de  grands  étangs  et  des  flaques  de 
moindres  dimensions,  principalement  entre  Isanghila  et 
Yellala,  s'étendent  à  côté  du  fleuve  et  restent  isolés  de  lui 
jusqu'aux  époques  de  crue  par  des  barrières  rocheuses. 
C'étaient  des  endroits  favorables  aux  recherches,  où,  sem- 
blait-il, les  Mollusques  devaient  pulluler.  Je  n'y  trouvai, 
et  dans  quelques-uns  seulement,  que  des  exemplaires, 
relativement  pas  très  nombreux,  d'un  Unio  reconnu  de 
nouvelle  espèce  par  M.  Dautzenberg. 

Une  autre  trouvaille  fut  faite  sur  le  bord  du  fleuve, 
remonté  en  pirogue  à  Vivi.  Des  rochers  de  gneiss  amphi- 


(  3C3  ) 

boliqnc,  bordant  les  berges,  fournirent  des  Mollusques 
plus  abondants,  du  nouveau  genre  Pseudogibbula,  qui 
vivent  sur  ces  rocbes  au  milieu  des  rapides,  oii  ils  sont 
alternativement  submergés  et  émergés  par  les  eaux  aelion- 
nées  par  les  tourbillons. 

Ce  sont  lu  les  seuls  Mollusques  fluvialilcs observés  dans 
la  région  des  cbules. 

On  sait  combien  le  cours  du  Congo  est  rapide,  même  en 
dehors  des  cataractes.  Un  sable  jaune  très  grossier  couvre 
les  rives  du  fleuve  au  Stanley-Pool  et  en  amont,  ainsi 
qu'on  peut  le  voir  sur  les  berges  des  îles  ou  des  rives  enta- 
mées par  le  courant;  il  alterne  avec  de  l'argile  compacte 
grise  qui,  d'après  les  analyses  de  M.  Klement,  confirmant 
mes  déductions  sur  place,  est  du  kaolin  impur.  L'argile 
paraît  dominer  en  aval  de  la  région  des  chutes  jusqu'à 
l'océan.  Mais  dans  cette  région  des  chutes  elle-même,  je 
n'ai  rencontré  que  du  sable  à  gros  grains. 

Ces  observations  sur  la  rapidité  de  cours,  sa  corrélation 
avec  la  nature  des  dépôts  montrent  que  les  eaux  doivent 
être  constamment  chargées  de  sédiments,  ce  qu'établissent 
du  reste  encore  les  analyses,  et,  par  le  fait,  être  très  défa- 
vorables an  développement  des  Mollusques,  attendu  que 
les  matières  solides  en  suspension  pénètrent  dans  les 
organes  de  ceux-ci  et  en  arrêtent  le  fonctionnement. 

Il  n'y  a  pas  lieu,  je  pense,  d'attribuer  une  action  sem- 
blable à  la  matière  organique  colorante  qui  sature  les  eaux 
du  fleuve  et  de  la  plupart  de  ses  tributaires.  Cette  substance 
ne  semble  pas  être  malsaine  et  rendre  dangereux  l'usage 
de  l'eau.  L'observation  concorde  sur  ce  point  dans  les 
régions  américaines  et  africaines.  On  ne  voit  dès  lors  pas 
en  quoi  elle  nuirait  à  la  pullulation  des  Mollusques,  d'autant 
plus  que  dans  le  Haut-Congo,  là  où  le  cours  du  fleuve  est 


(  564  ) 
lent,  de  grands  Unio  sont,  paraîl-il,  abondants,  et,  ainsi 
que  nous  allons  le  voir,  le  même  fait  se  reproduit  dans  la 
partie  voisine  de  l'estuaire  pour  les  Galatées. 

A  environ  soixante-cinq  kilomètres  avant  d'arriver  à 
l'océan,  et  jusqu'à  trente-cinq  kilomètres  de  celui-ci,  dans 
la  partie  du  fleuve  encore  influencée  par  la  marée,  les 
bords  des  îles,  au  moins  sur  la  rive  droite,  sont  en  maints 
endroits  couverts  d'amas  épais  et  étendus  de  valves  dépa- 
reillées d'im  Lamellibranche,  du  genre  Galateia.  Tantôt  et 
le  plus  souvent  grandes  presque  comme  la  main,  tantôt 
au  contraire  très  petites,  quelques-unes  comme  une  pièce 
d'un  centime,  ces  valves,  de  dimensions  si  conirastanles, 
quoique  appartenant  à  la  même  espèce  dont  elles  repré- 
sentent des  âges  difî'érents,  ne  se  mélangent  guère.  Les 
grandes  sont  d'ordinaire  en  petits  tertres  très  surbaissés, 
dont  l'épaisseur  atteint,  suivant  plusieurs  observations, 
souvent  plus  d'un  mètre;  elles  sont  entassées  les  unes  sur 
les  autres  sans  ordre  et  non  mélangées  à  d'autres  objets. 
Les  petites  sont  à  côté,  également  en  amas.  Leur  quantité 
est  telle  que  les  factoreries  vont  les  chercher  pour  en  faire 
de  la  chaux. 

Leur  présence  sur  les  berges  ne  pouvait  remonter  à  une 
époque  reculée.  Les  amas,  situés  contre  le  bord  du  fleuve 
et  soumis  aux  remous  de  ses  eaux  impétueuses,  sont 
formés  de  coquilles  fortement  usées.  Mais  j'observai  dans 
l'île  de  Mélella,  près  de  factoreries  abandonnées,  que  les 
coquilles  de  l'un  d'eux  étaient  mieux  conservées,  parce 
qu'elles  avaient  été  protégées  contre  ces  remous  par  les 
racines  d'un  grand  arbre  qui  venait  d'être  abattu  par] 
l'érosion  du  courant;  elles  ne  pouvaient  donc  remonter  à 
une  époque  bien  antérieure  à  la  croissance  de  cet  arbre 
lui-même. 


.  5(iS  ) 

La  relalion  de  l'expédiiion  scientifique  du  capitaine 
Tuckey  en  1816  nous  donne  à  leur  «''gard  des  renseigne- 
ments précis.  Parlant  de  ces  îles,  rinforliiné  explorateur  et 
l'un  de  ses  malheureux  compagnons,  le  [)rofesseur  Smith, 
disent  qu'on  voyait  le  long  de  leur  hord  de  grands  mon- 
ceaux de  coquilles  d'une  espèce  de  Mt/n  et  qu'une  grande 
quantité  de  leurs  parties  molles,  séchées  et  à  demi  cuites, 
étaient  suspendues  sous  des  cabanes  (K;  joncs,  piquées 
dans  des  brochettes  de  bois;  elles  étaient  pêchées  par  les 
indigènes  pendant  le  temps  des  basses  eaux  (I). 

Cette  pèclie  paraît  avoir  cessé  aujourd'hui.  Les  amas 
de  coquilles,  véritables  Kjoekkenmoeddings,  restent  les 
témoins  de  l'extension  qu'elle  a  prise. 

Enfin,  à  l'embouchure  du  fleuve,  dans  les  racines  des 
palétuviers,  d'aspect  si  étrange,  on  recueille  sans  peine, 
aux  environs  de  Banane,  à  marée  basse,  de  nombreuses 
huîtres  {Oslrea  guineensis). 

A  ces  espèces  vivantes  viennent  se  joindre  deux  espèces 
fluviatiles  fossiles.  A  l'extrémité  de  la  crique  de  Banane, 
le  fleuve  est  bordé  par  une  falaise  d'alluvions  anciennes, 
de  la  hauteur  d'une  vingtaine  de  mètres.  Ces  alluvions, 
irrégulièrement  stratifiées  et  formées  de  couches  de  sable 
argileux  en  alternance  avec  des  veines  de  kaolin  impur, 
reposent  sur  un  lit  épais  de  cailloux  roulés  et  de  graviers 
à  disposition  lenticulaire.  En  montant  à  la  Mission  de 
Nemlao,  j'observai  dans  ce  limon,  à  une  hauteur  d'environ 
quinze  mètres,  une  poche  restreinte  de  coquilles  apparte- 
nant à  deux  geures  :  des  valves  disjointes  de  Galatées 


-  (1)  Narrative  of  an  Expédition  to  explore  the  River  Zaïre.  London, 
In-i»,  1818,  pp.  93  et  291. 


(  506  ) 

d'espèce  nouvelle,  bien  différcnle  de  la  G.  Tuckeiji  que 
les  nègres  péchaient  jadis,  mais  reconnue  comme  très 
voisine  d'espèces  acluelles  par  M.  Daulzenberg,  et  des 
valves  jointes  de  Fischéries  d'espèce  également  nouvelle 
et  voisine  d'une  espèce  actuelle. 

Par  leur  gisement,  ces  coquilles  d'estuaires  sont  évi- 
demment fossiles  cl  remontent  à  l'époque  du  dépôt  des 
alluvions  de  bas-niveau  du  Congo.  Leurs  étroites  adinités 
avec  des  espèces  encore  vivantes  établissent  qu'elles  ne 
peuvent  remonter  qu'à  une  époque  posi pliocène  ou  qua- 
ternaire. Nous  y  puisons  donc  une  donnée  paléontologique 
importante  pour  fixer  l'âge  de  ces  alluvions  et  du  phéno- 
mène hydrographique  dont  elles  dérivent. 


Mollusques  recueillis  au  Congo  par  M.  E.  Dupont,  entre 
l'embouchure  du  fleuve  et  le  confluent  du  Kassaï;  par 


Ph.  Dautzenberg. 


Le  voyage  scientifique  entrepris  par  M.  Dupont,  en 
1887,  avait  pour  but  principal  l'étude  du  Congo  au  point 
de  vue  géologique;  mais  le  savant  directeur  de  notre 
Musée  n'a  point  négligé  de  recueillir  en  même  temps  des 
documents  concernant  les  diverses  branches  de  l'histoire 
naturelle  et  il  a  bien  voulu  me  confier  l'examen  des 
coquilles  qu'il  a  pu  récoller. 

Bien  que  la  région  du  Congo  semble  mal  partagée  au 
point  de  vue  malacologique,  M.  Dupont  a  été  assez  heu- 
reux pour  découvrir  un  certain  nombre  de  formes  inédites 
ou  intéressantes  qui  forment  l'objet  de  cette  notice.   . 


o67  ) 

Mollusque*  terrestres. 

Acbalina  Banrfeirana.  Morelel. 

i86C.  Achaiina  Bandeiraua  Mobelet.  Journal  de  Conchy- 
lioloyie,  l.  VI,  p.  156. 

1868.  Achatina  Bandcirana  Mohelet.  Mollusques  terrestres 
et  flutiatiles  du  coyaye  du  D'  Friedrich  Wtlwitsch,  p.  67, 
|>1.  IV,  fig.  1. 

Habitat.  —  M.  Dupont  a  recueilli  auprès  de  hlocs  de 
roches,  dans  nue  plaine  herbeuse  près  de  Banza-.Manléka, 
sur  le  sentier  des  caravanes,  entre  Matadi  et  Loukoungou, 
trois  exemplaires  de  cette  magnifique  espèce.  Ils  se  rap- 
portent exactement  à  la  diagnose  donnée  par  M.  Morelel; 
mais  leur  taille  dépasse  de  beaucoup  celle  du  type  décrit. 
L'un  des  exemplaires  atteint,  en  effet,  160  millimètres  de 
'ongueur  et  77  millimètres  de  diamètre,  tandis  que  les 
dimensions  indiquées  par  .M.  Morelel  sont  :  longueur, 
101  millim.,  diamètre,  45  miliim. 

AcLaliBa  lincta.  Reeve. 

18^2.  Acbalina  tiiicta  Reeve.  Conrhologia  systematica,  t.  Il, 
pi.  CLXXIX,  fig.  18. 

184H.  Acbalina  lincta  Reeve.  Conchologia  IconicOf  pi.  XI, 
fig.  29. 

Habitat.  —  Cette  espèce  bien  connue  est  abondante  dans 
les  forêts;  on  en  rencontre  de  nombreux  exemplaires 
dans  toutes  les  parties  en  voie  de  défrichement. 

AchaliBa  «kliKerata  nov.  sp.  pi.  I,  fi^.  1. 
Testa     imperforafa,     ovato-oblonga,     nitida,    solidiuscula. 
Spira  conoidea,  turrita,  apice  oblusiasculo.  .Anfr.  8,  sal  con- 


(  S68  ) 

vcxis,  striis  incremcnti  subrcgulariler  oblique  plicatis,  ad 
suturas  linca  impressa  obsolète  marj^inatis.  Anfr.  ultimo  spira 
paulukun  brcviore.  Apertura  ovata,  raarginibus  callo  adnato 
junctis;  coUumella  subrecta,  contorla,  auguste  truncata;  labro 
simplice.  Colore,  sub  cpidermide  luteo,  albido,  slrigis  fiilvis 
obscure  flammulato.  Apertura  fauce  albida,  columella  vivide 
rosea.  Long.  93,  diam.  niaj.  53  mill.  Apertura  45  mill.  longa, 
50  mill.  lata. 

Coquille  imperforée,  de  forme  ovale-allongée,  luisante, 
assez  solide.  Spire  élevée,  conoïde,  lurriculée,  obtuse  au 
sommet,  composée  de  8  tours  un  peu  convexes,  ornés  de 
lignes  d'accroissement  pliciformes  obliques.  Les  tours  sont 
marginés  à  leur  partie  supérieure  par  une  strie  décurrenle 
plus  ou  moins  apparente  qui  règne  au-dessous  de  la 
suture.  Le  dernier  tour  est  un  peu  plus  court  que  la 
spire.  Ouverture  ovale;  columelle  presque  droite,  un  peu 
tordue,  étroitem<Mit  tronquée  à  la  base,  reliée  au  labre  par 
une  callosité  appliquée,  très  luisante,  nettement  limitée; 
labre  simple,  tranchant.  Coloration  :  fond  d'un  blanc  gri- 
sâtre orné  de  larges  flammulcs  irréguiières  d'un  fauve  car- 
néolé,  peu  apparentes,  qui  s'effacent  presque  com|)lète- 
ment  sur  la  moitié  inférieure  du  dernier  tour.  P'ace  interne 
du  labre  d'un  blanc  légèrement  azuré.  Collumelle  et  callo- 
sité colorées  d'un  rose  vif.  Toute  la  surface  de  la  coquille 
est  recouverte  d'un  épiderme  jaunâtre,  lisse  et  très  adhé- 
rent. 

La  coquille  que  je  viens  de  décrire  appartient  au  même 
groupe  que  l'Acliatina  lincta  Reeve,  et  en  est  fort  voisine. 
Sa  sculpture  est  la  même,  sa  forme  est  un  peu  plus  renflée 
moins  élancée;  mais,  connaissant  l'extrême  variabilité  de 
la  plupart  des  Acliatina  sous  ce  rapport,  je  ne  me  serais 
pas  contenté  de  ce  caractère  pour  la  séparer  de  VA.  tincta, 


(  569  ) 

si,  d'un  autre  côté,  son  système  de  coloration  n'était  tout 
à  fait  dillérent. 

ChczVA.  oblillerata,  les  flarumules  longitudinales  sont 
peu  apparentes  et  disparaissent  à  partir  de  la  périphérie 
du  dernier  tour;  chez  VA.  tincta,  au  contraire,  ces  fiam- 
mules  sont  très  foncées,  presque  noires,  et  augmentent 
encore  d'intensité  vers  la  base  de  la  coquille.  De  plus,  chez 
VA.  oblillerata  la  columelle  et  la  callosité  coluraellaire  sont 
teintées  de  rose  vif,  alors  que  ces  parties  de  la  coquille 
sont  d'un  blanc  laiteux  ou  bleuâtre  chez  VA.  tincta. 

Habitat.  —  Avec  l'espèce  précédente,  dans  les  bois  en 
défrichement  de  Léopoldville. 

Mollusques  d'eau  douce. 

Ampullarin  Wcrnei.  Philippi. 

1851.  Ampullaria  NYcrnci  ï*\\\l\vv\.  Sijstematisches  Conchy- 
lien  Cabinet  von  Martini  und  Chemnitz- Galtung  AmpuHaria, 
pi.  V,  fîg.  4,  et  pi.  XVII,  fig.  2. 

L'exemplaire  recueilli  se  rapporte  parfaitement  à  la 
ligure  2  de  la  planche  XVII  de  la  monographie  de 
Philippi. 

Habitat.  —  Kimpoko  (Stanley-Pool)  dans  le  sable.  Le  seul 
exemplaire,  recueilli  fin  septembre  1887  par  M.  Dupont, 
est  arrivé  vivant  en  Europe  au  mois  de  mai  suivant,  sim- 
plement enveloppé  de  coton,  et  j'ai  pu  encore  en  observer 
l'animal  pendant  plus  d'un  mois  à  la  fin  de  l'été. 

Lanistessp.? 

M.  Dupont  a  trouvé  dans  la  même  localité  que  V Ampul- 
laria Wernei,  un  exemplaire  unique  d'un  Lanistes  qu'il 


(  fî70  ) 

ne  m'a  pas  été  possible  d'identifier,  à  cause  de  l'érosion 
presque  complète  de  son  lest.  J'ai  pourtant  pu  constater 
qu'il  est  dépourvu  de  sculpture  spirale  et  par  conséquent 
différent  du  Lanisles  lybicus  Morelel,  ainsi  que  du  L.  Ber- 
nardianus  du  même  auteur.  La  spire  est  plus  déprimée 
que  chez  aucune  des  espèces  décrites;  aussi  est-il  probable 
que  de  nouveaux  matériaux  de  la  même  région  vien- 
dront conûrmer  plus  tard  qu'il  s'agit  là  d'une  espèce  nou- 
velle. 

Pscudogibbula  nov.  gen. 

Pseudogibbula  Duponli  nov.  sp,  pi.  I,  6g.  2,  3,  4,  5,  6. 

Testa  imperforata,  lenuicula,  conoidea,  transversira  lirata; 
apice  obtuso,  plerumque  decorticato.  Anfr.,  5-4  superne 
subplanatis,  deinde  convexiusoulis;  anf.  ultimo  obtuse  biangu- 
lato,  basi  subexcavato.  Apertura  rhombordali,  marginibus  cailo 
te.'iui,  nilido,  junctis  ;  coliimella  obliqua  subarcuaia,  basin 
versus  dentata.  Colore  fusco;  coluraella  albida. 

Operculo  corneo,  tenui,  paucispirato,  nucleo  laterali.  Long.  7, 
diam.  maj.  7  mill.  Apertui'a  3  mill.  longa,  4  '/a  m'IL  '^ta- 

Coquille  imperforée  assez  mince,  de  forme  conoïde,  à 
sommet  obtus,  presque  toujours  érodé.  Spire  composée  de 
3-4  tours  peu  convexes,  séparés  par  une  suture  bien 
marquée.  Ces  tours  sont  un  peu  aplatis  à  leur  partie 
supérieure;  le  dernier  est  bi-anguleux  et  sa  base  est  légè- 
rement creusée  dans  la  région  ombilicale.  Toute  la  surface 
du  test  est  garnie  de  cordons  décurrents  nombreux,  alter- 
nativement plus  forts  et  plus  faibles  ;  on  en  compte  environ 
dix  principaux  sur  l'avant-dernier  tour.  Des  stries  d'ac- 
croissement fines  et  arquées,  rendent  les  cordons  un  peu 
granuleux.  Ouverture  rhomboïdale.  Labre  simple,  tran- 
chant, lisse  et  luisant,  mais  non  nacré,  du  côté  interne. 


(  S7I  ) 
Columelle  peu  arquée,  oblique,  pourvue  vers  la  base  d'une 
denliculalioii  produite  par  i'exlrémité  d'un  funicule  colu- 
meilaire  spiral  (|iii  se  prolonge  dans  l'inlérieur  de  la 
coquille.  Callosité  delà  columelle  appliquée,  très  luisante, 
nettement  limitée  et  reliée  au  labre  par  un  dépôt  luisant 
extrêmement  mince.  Coloration  d'un  brun  marron  foncé 
uniforme,  à  l'exception  de  la  columelle  qui  est  blanche. 
Opercule  corné,  mince,  paucispiré,  à  nucléus  latéral,  d'un 
brun  jaunâtre  clair. 

Ce  curieux  mollusque  a  l'aspect  d'un  Trochidé  du  genre 
Gibbida  et,  par  sa  forme  générale,  il  se  rapproche  d'une 
manière  surprenante  d'une  espèce  marine  européenne  bien 
connue:  Gibbula  tumida  Monlagu.  .Mais  la  nature  de  son 
test,  la  conformation  de  sa  columelle  et  de  son  opercule 
indiquent  clairement  que  nous  nous  trouvons  en  présence 
d'une  forme  appartenant  à  la  famille  des  Lillorinidae. 

Le  genre  Cremnoconchiis  a  été  créé  par  M.  Blauford 
pour  des  mollusques  de  la  même  famille  et  de  mœurs  ana- 
logues, découverts  dans  l'Inde  (type  :  C.  Syfiadrensis 
Blanf,).  Mais  les  Cremnoconchus  possèdent  des  coquilles 
perforées  et  qui  ne  présentent  aucune  trace  de  pli  ou  de 
dent  à  la  columelle.  Le  genre  Spekia  établi  par  iM.  Bour- 
guignat  pour  un  mollusque  du  lac  Tanganyika,  possède  une 
coluiuelle  calleuse;  mais  son  opercule  présente,  comme 
celui  des  Paludinidae,  un  enroulement  concentrique,  avec 
nucléus  sublatéral. 

Dans  ces  conditions,  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  relier 
la  coquille  qui  nous  occupe,  ni  au  genre  Cremnoconchus, 
ni  au  genre  Spekia,  et  je  me  suis  décidé  à  proposer  pour 
elle  un  nom  générique  nouveau.  Les  caractères  du  genre 
Pseudogibbula  se  confondent  jusqu'à  présent  avec  ceux 


(  572  ) 

de  l'espèce  décrite,  puisqu'elle  est  encore  la  seule  con- 


nue. 


Habitat.  —  Le  P.  Duponti  a  élé  rencontré  en  grand 
nombre  à  Vivi  sur  des  roches  de  gneiss  ampliiholiqiie  qui 
émergent  sur  les  bords  des  rapides  du  Congo  à  l'époque 
des  basses  eaux,  mais  qui  sont  constamment  mouillés  par 
les  remous  produits  par  les  tourbillons. 

L'nio  slngnoruni,  nov.  sp. 

PI.  l,fig.  7,8,  9,  40. 

Concha  leaui,  inaequilaterali,  transversim  subquadrato- 
ovaia,  comprcssiuscula,  conccnlrice  conferlim  riigata;  lalere 
antico  parvo,  producto,  rotundalo;  latere  po>tico  lalo,  valdc 
cxpanso;  maiginc  dorsal!  clevalo,  arcualo;  margine  postico 
dcclivi,  arcuato.  Umbonibus  lacvibus,  in  speciiniiiibus  senio- 
ribus  dceorlicatis.  Epidermide  fusca;  margarila  cacruleo  alba. 
Denlibus  latcralibus  anticis  parvis;  poslicis  lamcllalis,  elon- 
galis.  Longil.  48  niillim.;  lat.  35;  ait.  utriusque  valvae 
47  Va  mill. 

Coquille  bivalve,  mince,  inéquilalérale,  transverse,  peu 
renflée,  de  forme  ovale-subquadrangulaire.  Côté  antérieur 
petit,  faiblement  prolongé,  arrondi.  Côté  postérieur  large, 
très  dilaté;  bord  dorsal  élevé,  arqué;  bord  postérieur 
arrondi.  Sommets  complètement  lisses,  fortement  érodés 
chez  les  individus  adultes.  Épiderme  composé  de  nom- 
breuses lamelles  très  fines,  serrées,  irrégulières  et  un  peu 
onduleuses.  Nacre  de  l'intérieur  peu  brillante,  d'un  blanc 
bleuâtre.  Dents  latérales  antérieures  petites;  dents  laté- 
rales postérieures  allongées,  lamelleuses.  In)pressions  du 
muscle  adducteur  antérieur  petites,  assez  bien  marquées 


(  S73  ) 
dans   les   exemplaires  adultes;   impressions   du   muscle 
adducteur  postérieur  toujours  superficielles.  Impression 
palléale  superficielle.   Coloration  jaune  olive   sale;  épi- 
derme  d'un  brun  ferrugineux. 


'O' 


Habitat.  —  Assez  abondant  dans  des  flaques  existant 
aux  eaux  basses  entre  Vivi  et  Isangbila,  près  du  confluent 
de  la  M'pakassa. 

Gainfcia  Tiickc}  i  nov.  sp. 

PI.  Il,  fig.  l,ii,  3,4,3,  G. 

Concha  Irigona  solidissima,  pondcrosa,concentriceconfcrtim 
striata  plicisque  radianlibus  scxcnis  latc  coslata,  postice  rude 
nodoso  angulata;  umhonibus  crassis,  valde  promincntibus, 
plcriimquc  profunde  crosis.  Longit.  130  raillim.,  lat.  108,  ait. 
utriusquc  valvae  64  millim. 

Coquille  solide,  très  épaisse  et  lourde,  renflée  vers  les 
sommets;  de  forme  trigone  plus  ou  moins  équilatérale. 
Sommets  anguleux,  très  proéminents,  dépassant  la  char- 
nière, ordinairement  profondément  érodés.  Côté  antérieur 
d'abord  rectiligne,  ensuite  arrondi  et  dilaté.  Côté  posté- 
rieur rectiligne  et  décrivant  un  angle  à  sa  jonction  avec 
le  bord  ventral  qui  est  arqué  et  plus  ou  moins  ondulé. 

La  surface  externe  des  valves  ne  présente  dans  le  voisi- 
nage des  sommets  que  des  stries  d'accroissement  obso- 
lètes; mais  le  reste  du  test  est  garni  de  côtes  rayonnantes 
larges,  assez  convexes,  séparées  par  des  intervalles  con- 
caves. Chez  les  exemplaires  bien  conservés,  on  voit  que  la 
partie  supérieure  des  côtes  est  ornée  de  stries  divergentes 
extrêmement  fines,  tandis  que  le  reste  de  leur  étendue 
ainsi  que  les  intervalles  qui  les  séparent,  sont  régulière- 
ment garnis  de  stries  transverses.  Une  sorte  de  crête 

3"°*    SÉRIE,    TOME    XX.  38 


(  574  ) 

noduleuse  cl  comme  marlelée  'se  dirige  du  sommel  vers 
le  bord  vcnlral  et  limite  le  corselet.  Lunule  concave,  assez 
bien  limitée.  Corselet  grand,  un  peu  concave,  garni  de 
plis  transverses  plus  ou  moins  irréguliers.  Nymphes  fortes, 
bien  saillantes. 

La  charnière  de  la  valve  droite  est  épaisse,  triangulaire, 
et  porte  deux  lories  dents  cardinales  élevées,  convergentes 
au  sommet  et  séparées  à  la  hase  par  une  fossette  triangu- 
laire. De  chaque  côté  des  dents  cardinales,  on  observe 
une  fossette  profonde  :  l'antérieure  est  triangulaire;  la 
posiérieure  étroite  et  allongée.  Enfin,  la  charnière  est 
limitée  à  chaque  extrémité  par  une  dent  latérale  faible. 
Dans  la  valve  gauche,  la  dent  cardinale  médiane  est  peu 
saillante  et  accompagnée  de  fossettes  profondes;  les  deux 
autres  dents  cardinales  sont  plus  élevées  :  l'antérieure 
est  forte  et  trigone,  la  postérieure  étroite  et  allongée.  Les 
parties  creuses  de  la  charnière  sont  finement  ridées  dans 
les  deux  valves.  Impressions  des  muscles  adducteurs  pro- 
fondes; impression  palléale  bien  marquée,  échancrée  pos- 
térieurement par  un  sinus  assez  profond. 

La  plupart  des  exemplaires  recueillis  présentent  des 
traces  de  coloration  consistant  en  rayons  violacés  et  en 
zones  concentriques  de  même  nuance.  A  l'intérieur  des 
valves,  la  région  des  impressions  des  muscles  adducteurs 
est  aussi  teintée  de  violet.  L'épiderme,  dont  l'une  des 
valves  que  j'ai  examinées  est  encore  en  partie  revêtue,  est 
d'un  brun  fauve,  assez  clair  et  luisant. 

Bien  que  le  Galaleia  Tiickeyi  soit  sujet  à  des  variations 
fort  importantes  sous  le  rapport  du  renflement  et  de 
l'épaisseur  des  valves,  de  la  puissance  de  la  charnière,  etc., 
sa  sculpture  externe  suffît  à  le  distinguer  de  toutes  les 
espèces  décrites  jusqu'à  ce  jour. 


C  575  ) 

On  ne  pciil  guère  le  comparer  qu'au  G.  Bernardii  Dun- 
ker  (1),  espèce  qui  présente  également  une  sorte  de  crête 
postérieure  noduleuse;  mais  sa  forme  est  bien  plus  Irigone, 
moins  Iransvcrse;  ses  crocliels  sont  plus  proéminents;  sa 
cliarnièrc  est  plus  forte  en  proportion;  enfin,  sa  surface 
rayonnéc  est  très  ditTérente  de  la  surface  irrégulièrement 
bosselée  du  G.  Bernardii. 

Par  sa  forme  générale,  notre  espèce  se  ra|)proclierail 
plutôt  du  G.  radiaia;  mais  celui-ci  est  tout  à  fait  lisse  et 
ne  présente  jamais  aucune  trace  de  côtes  rayonnantes. 

Les  nombreuses  valves  de  différents  âges  rapportées  par 
M.  Dupont  permettent  de  suivre  le  mode  de  développe- 
ment, qui  semble  bien  constant  :  cbez  les  exemplaires 
jeunes,  la  coquille  ne  possède  jamais  aucun  vestige  de 
côtes;  chez  les  exemplaires  plus  adultes,  on  les  voit  appa- 
raître près  du  bord  ventral;  les  exemplaires  bien  déve- 
loppés sont  conformes  à  notre  description;  enfin,  chez 
certains  individus  exceptionnellement  âgés  et  épais,  les 
côtes  s'elfacent  presque  complètement,  mais  la  crête  reste 
toujours  élevée  et  noduleuse. 

L'examen  de  la  môme  série  d'échantillons  fournit  encore 
les  observations  suivantes  :  la  forme  générale  est  presque 
équilatérale  dans  le  jeune  âge;  la  région  cardinale  est 
alors  très  haute  et  occupe  un  espace  relativement  très 


(1)  Galatea  Bernardii,  Dunker,  Journal  de  conchyliologie  t  V 
(1857),  p.  558,  pi.  Xir,  fig.  5. 

Galalca  Dcniardii,  Dunk.,  Bernard,  et  Fischer,  Monographie  des 
genres  Galatca  et  Fischcria,  p.  52,  pi.  V.  fig.  {  à  5;  pi.  VIII,  fig.  8- 
vignette,  p.  54.  '    o      > 


(876  ) 

grand;  les  dents  sont  beaucoup  moins  obliques  et  présen- 
tent à  leur  base  de  nombreuses  ramifications.  Dans  les 
exemplaires  tout  à  fait  jeunes,  le  côté  antérieur  est  le  plus 
grand;  en  avançant  en  âge,  les  deux  côtés  s'égalisent  et, 
plus  tard,  le  côté  postérieur  acquiert  un  plus  grand  déve- 
loppement que  le  côté  antérieur. 

J'ai  suivi  l'exemple  de  M.  de  Brito  Capello  (1),  en 
adoptant  l'ortbographe  Galaleia  au  lieu  de  Galatea.  Pour 
être  tout  à  fait  correct,  il  faudrait  écrire  Galallwia  (du 
grec  raXaOet.a);  mais  comme  il  existe  déjà  parmi  les  Crus- 
tacés un  genre  Galathea,  il  vaut  mieux,  afin  d'éviter  la 
confusion,  renoncer  à  trop  de  perfection  au  point  de  vue 
étymologique. 

Habitat.  —  Le  G.  Tuckeyi  n'a  pas  été  recueilli  vivant 
par  M.  Dupont.  Les  nombreuses  valves  qu'il  a  rapportées 
proviennent  d'amas  situés  au  bord  des  îles  du  Bas-Congo, 
sur  un  parcours  d'environ  32  kilomètres;  la  localité  la 
plus  rapprochée  de  l'embouchure  du  fleuve  est  celle  de 
l'île  de  Mélella,  à  35  kilomètres  de  la  côte;  la  plus  éloignée 
se  trouve  dans  un  îlot  vis-à-vis  du  village  de  Samboëla, 
près  du  confluent  de  la  rivière  Passikondé,  à  67  kilomètres 
de  la  côte.  Ces  valves  constituent  des  amas  qui  émergent 
peu  au-dessus  du  niveau  des  hautes  eaux,  et  leur  abon- 
dance est  telle  que  les  factoreries  commencent  à  les 
exploiter  pour  les  transformer  en  chaux. 


(I)   Description  de  quelques  espèces  du  (jenre  Galateia  du  Bengo  et 
du  Quanza,  in  Mem.  Acad.  R.  Lisboa,  t.  V,  part.  II  (187iS). 


I 


(  577  ) 

MollusqxtP.s  postpliocènes. 

Gal.i(cîn  Diiponli  nov.  sp. 

PI.  III,  flg.  1,  2. 

Testa  (liam.  umb.-veiitr.  G7  niillim.;  diam.  anl-posl.  75  mil- 
lim.;  crass.  bO  inillim.;  valde  Irigona,  umboncs  versus  soli- 
dissima.  Pagina  cxterna  valvarum  slriis  incrcmcnli  obsoletis 
ornala.  Cardo  crassissimus.  Nympliae  parvulae. 

Coquille  de  forme  irigone,  un  peu  arrondie  en  avant, 
subangiileuse  en  arrière,  très  épaisse  vers  les  sommets, 
plutôt  mince  vers  le  bord  ventral.  Surface  externe  des 
valves  ne  présentant  que  des  stries  d'accroissement  obso- 
lètes. Sommets  anguleux,  proéminents,  dépassant  la  char- 
nière. Corselet  un  peu  concave,  limité  par  un  angle  bien 
prononcé  et  très  élevé.  Nymphes  petites,  peu  saillantes. 
Charnière  grande,  haute,  épaisse,  et  pourvue  de  dents  très 
fortes.  Impressions  des  muscles  adducteurs  profondes. 

Chez  les  exemplaires  jeunes,  la  charnière  occupe  plus 
du  tiers  de  la  hauteur  totale  de  la  coquille. 

Le  G.  Duponti  ne  peut  être  comparé  qu'au  G.  radiata 
Lamarck;  mais  il  diffère  de  celte  espèce  par  sa  forme  plus 
triangulaire,  ses  bords  latéraux  plus  droits,  plus  allongés, 
ses  nymphes  beaucoup  plus  petites,  sa  charnière  plus  forte 
t;t  surtout  plus  haute,  ses  impressions  musculaires  plus 
profondes. 

Gisement.  —  M.  Dupont  a  découvert  cette  espèce,  en 
valves  disjointes  et  mélangées  au  Fisclieria  Lenzi,  dans 
une  poche  située  dans  l'alluvion  ancienne  du  Congo,  à  une 
quinzaine  de  mètres  au-dessus  des  hautes  eaux  du  fleuve, 
au  fond  du  port  de  Banane,  près  de  la  mission  de  Nemiao. 


(  578  ) 

Fischeria  Lenzi  n.  sp. 

PI.  III,  fig.  5-8. 

Conclia  lumida,  ovalo-transvcrsa,  subaequilalerali,  parum 
solida,anliccsubrolundata,  poslice  subrostala;  inarginedorsali 
arcualo;  raargine  venlrali  expanso,  poslice  subsinuato;  api- 
cibus  prominentibus,  subaiigulalis. 

Cardine  valvae  dexlrac  dente  cardinal!  mediano  bifido  ac 
dentibus  lateralibus  laraclliformis  niunito.  Cardine  valvae 
sinistrac  dentibus  cardinalibus  duobiis,  medio  fossula  Irigona 
sejunclis  muiiito,  dentibus  lateralibus  vero  nullis. 

Longil.  21  millira;  lat.  17  millim;  ait.  utriusque  valvae 
42  millim. 

Coquille  renflée,  ovalaire,  un  peu  iransverse,  subéqui- 
latérale,  peu  épaisse;  bord  antérieur  subrarrondi;  boni 
postérieur  1res  faiblement  atténué  et  rostre;  bord  dorsal 
régulièrement  arqué;  bord  ventral  largement  arrondi,  sub- 
sinueux du  côté  postérieur.  Sommets  saillants  Irigones; 
nymphes  bien  développées.  La  charnière  de  la  valve  droite 
est  pourvue  d'une  dent  cardinale  médiane  bitide  accom- 
pagnée de  deu.x  fossettes  profondes,  puis  de  dents  latérales 
lamelliformes  très  allongées.  La  charnière  de  la  valve 
gauche  porte  deux  dents  cardinales  séparées  par  une 
fossette  triangulaire,  mais  elle  est  dépourvue  de  dents 
latérales. 


Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'identifier  cette  espèce 
avec  le  Fischeria  Delesaerti  Bernardi  :  elle  en  diffère 
par  sa  taille  plus  petite,  sa  forme  moins  Iransverse,  moins 
rostrée  du  côté  postérieur,  sa  charnière  moins  forte, 
ses  sommets  plus  saillants,  son  test  plus  mince.  Par  sa 
forme  générale,  le  F.  Lenzi  se  rapproche  davantage  des 


/)»//  lî'.Vtvv*',  li'im  .V.V 


Mollusques    (lu    Congo 


Chromolith  G  Severeyns 

1  .  Aclialina     otldierala  . 
2.3.4.5-    PseiidosJiWiula     [)uponti  . 

6.  ( of^entdc  i 

7.0          l  luo      stay'noiMJin  .  (\alve  droite) 
9  .  10  .  "^ (  l  aive  aaïuJie  ) 


'Série.  Tome  A'.V 


Mollusques    du  Congo 


PI.. II 


Zith   G.  Seosr&yns. 


1  Galaleia      Tuckei  .'  lalve  droite,  > 

2  I  Chamière  de  la  valve  quii^Ji»  ) 

3.4.      — 
5.6.      ^ 


I  JllT  ) 


/)////  .)'  .V(7V<'.  Toinf  XX  I  M 

MdllllSCllICS      l)()sl  |)ll()((MU'S     (lu     (    OIIVO 


v$ 


1  .  ii  .     (/aliil  cia      l  )ii[)()iili  . 
3.4-.5  .    l'isclicria      l-cii'/.i  .  ^Itilvo    (/(uicJw i 
n  •?  o  ^  /a/rr    ilroilc  I 


Lvth  GSeoere.^ 


(  Îi7!)  ) 
exemplaires  adultes  du  F.  tnnic.ala  von  Marlens;  mais  il 
est  aussi  plus  pelil,  beaucoup  plus  mince;  ses  crochets 
sont  plus  développés  et  son  bord  postérieur  est  moins 
rostre.  La  dissemblance  s'accentue  si  l'on  compare  notre 
espèce  à  des  exemplaires  jeunes  du  F.  Inincata.  J'ai 
pu  constater  ce  fait  en  examinant  une  série  d'individus 
de  différents  âges,  recueillis  à  Assinie  par  M.  Maurice 
Chaper.  Cette  espèce  a  été  dédiée,  à  la  demande  de 
M.  Dupont,  au  célèbre  explorateur  et  géologue  autrichien 
M.  Oscar  Lenz. 

U        Gisement.  —  Valves  réunies  et  mélangées  à  celles  du 
"     Galateia  précédent  dans  l'alluvion  ancienne  de  Nemlao, 
près  de  Banane. 


Mollusques  marins. 

La  plage  sablonneuse,  à  pente  douce,  qui  borde  l'Océan 
le  long  de  la  pointe  de  Banana,  puis  au  nord-est,  au  pied 
d'tme  falaise  d'alluvions  anciennes  du  Congo,  est  presque 
dépourvue  de  coquilles  rejetées.  Sur  une  étendue  de  dix 
kilomètres  au  nord  de  Banana,  M.  Dupont  n'a  pu  recueillir 
que  les  trois  espèces  suivantes  : 

Tellina  ptebeia  Hanley  (valves). 

Donax  elongalus  Lamark.  —  Pamet  Adanson. 

Cardium  costatum  Linné  (fragments). 


\ 


(  580  ) 


Note  sur  la  physiologie  de  la  branchie;  par  Léon  Fredericq, 
correspondant  de  l'Académie. 

§  I.  —  Crustacés. 

J'ai  montré,  dans  un  travail  publié  en  1884,  que  la 
proportion  de  sels  solubles  contenue  dans  le  sang  des 
Crustacés  (et  des  Invertébrés  marins  en  général)  peut 
varier  dans  des  limites  fort  larges  (de  0,94  à  3,59  de 
sels  pour  100  de  sang,  soit  plus  que  du  simple  au  triple), 
suivant  le  degré  de  salure  de  l'eau  dans  laquelle  les 
animaux  vivent.  Il  s'établit  vraisemblablement,  au  niveau 
de  la  branchie,  un  équilibre  osmotique  entre  les  sels  du 
sang  et  ceux  de  l'eau  de  mer.  La  paroi  vivante  de  la  bran- 
chie qui  sépare  les  deux  liquides  en  présence  se  compor- 
terait ici  comme  la  membrane  inerte  d'un  dialyseur. 

L'expérience  suivante  est  d'accord  avec  cette  manière 
de  voir  :  deux  Crabes  Maja  ayant  séjourné  à  l'aquarium 
du  laboratoire  Arago,  à  Banynis,  dans  de  l'eau  de  mer 
contenant  o9s'",55  de  sel  par  litre,  turent  saignés  par  la 
section  des  pattes,  le  30  mai  4890.  Une  partie  de  ce  sang 
fut  introduite  dans  un  boyau  de  papier  parchemin  et  sou- 
mise à  la  dialyse  vis-à-vis  de  l'eau  de  mer  pendant  qua- 
rante-huit heures. 

Le  sang  du  crabe  n°  1  contenait  3s%39  %  de  sels  avant 
la  dialyse  et  3e^20  7o  après  la  dialyse;  celui  du  n°  2  pré- 
sentait, avant  comme  après  dialyse,  3s'',54'  %  de  sels. 

Après  quarante-huit  heures  de  dialyse,  la  composition 
sah'ne  du  sang  n'avait  donc  varié  que  d'une  quantité  insi- 
gnifiante dans  une  des  expériences,  et  était  restée  la  même 
dans  l'autre. 


(  S81  ) 


§  II.  —  Poissons. 

Chez  les  poissons,  au  conlrnire,  la  proporlion  de  sels 
soluhles  contenue  clans  le  sang  esl,  jusqu'à  un  certain  point, 
indépendante  de  celle  du  milieu  extérieur.  J'ai  trouvé,  en 
moyenne,  U',19  de  sels  pour  100  centimètres  cubes  dans 
le  sang  des  poissons  plagiostomes  (ilaie,  Cenlrine),  alors 
que  l'eau  dans  laquelle  les  animaux  avaient  été  péchés  con- 
tenait un  peu  moins  de  4  "U  de  sels.  En  outre,  l'équilibre 
osmolique  entre  le  sang  des  poissons  et  l'eau  de  mer  qui 
baigne  leur  branchie,  était  loin  d'être  atteint  :  en  effet,  en 
soumettant  ce  sang  à  la  dialyse  vis-à-vis  de  l'eau  de  mer, 
j'arrive  presque  à  doubler  la  proportion  de  sels  contenue 
dans  le  premier  litjuide.  Après  dialyse,  je  trouve  jusqu'à 
5,668  7o  de  sels  (moyenne  5,379  "/o).  alors  qu'avant  dialyse 
le  maximum  était  de  1,93  %  et  la  moyenne  de  1,79  "/o- 

La  paroi  branchiale  des  poissons  ne  se  comporte  donc 
pas  comme  la  membrane  inerte  d'un  dialyseur  :  cette 
membrane  branchiale,  qui  laisse  passer  avec  facilité  l'oxy- 
gène et  l'acide  carbonique  dans  l'acte  de  la  respiration, 
oppose  aux  sels  une  barrière  pour  ainsi  dire  infranchis- 
sable. Cette  membrane  fait  donc  une  véritable  sélection 
parmi  les  substances  dissoutes  dans  l'eau  de  mer;  elle 
admet  les  unes  et  rejette  les  autres.  Il  est  probable  qu'elle 
agit  de  môme  vis-à-vis  des  substances  diffusibles  :  sucre, 
urée,  etc.,  contenues  dans  le  sang  des  poissons.  Je  me 
propose  de  faire  quelques  recherches  sur  ce  sujet,  dès  que 
l'occasion  m'en  sera  offerte. 

J'ajoute,  en  terminant,  que  les  dosages  de  sels  ont  été 
exécutés  à  l'Institut  de  physiologie  de  l'Université  de  Liège, 


(  582  ) 
sur  (les  matériaux  recueillis  an  mois  de  mai  dernier  à 
Baiiyuls.  Je  liens  à  remercier  ici  M.  le  professeur  de 
Lacaze-Dulliiers  de  la  libéralité  avec  laquelle  il  a  mis  à 
ma  disposition  les  belles  installations  du  laboratoire 
Arago. 


Sur  la  conservation  de  r/iéinocijanine  à  l'abri  de  Cair  ; 
par  Léon  Fredericq,  correspondant  de  l'Académie. 

Un  échantillon  de  sang  de  Poulpe  [Oclopus  vulgaris)  fut 
recueilli  à  Banyuls  au  mois  de  mai  1890,  et  renfermé  sur 
place  dans  un  tube  de  verre  scellé  à  la  lampe.  Le  tube 
fut  ouvert  à  la  fin  de  novembre,  c'çst-à-dire  six  mois 
après.  Son  contenu  répandait  une  odeur  repoussante. 

Malgré  la  putréfaction  qui  avait,  pendant  six  mois, 
exercé  ses  ravages  sur  les  substances  dissoutes  dans 
le  liquide,  la  matière  cuprifère  à  laquelle  j'ai  donné  le 
nom  d'hémocyanine  s'était  conservée  intacte.  Le  liquide 
exposé  à  l'air  prit  une  belle  couleur  bleue  et  fournit  par  la 
chaleur  un  abondant  coagulum  de  matière  albuminoïde 
bleue  cuprifère. 

U/iémocyanine  résiste  donc  à  la  putréfaction  quand  elle 
est  conservée  en  vase  clos,  à  l'abri  de  l'air.  C'est  un  point 
de  ressemblance  de  plus  qu'elle  présente  avec  la  matière 
ferrifère  rouge  de  notre  sang,  y/iémogtobine.  On  sait  quc^ 
l'hémocyanine  joue  chez  les  Crustacés  et  chez  les  Mollus- 
ques Gastéropodes  et  Céphalopodes,  le  rôle  respiratoire 
que  l'hémoglobine  joue  dans  noire  sang  et  dans  celui  des 
autres  Vertébrés. 


(  385  ) 


Observations  physiques  de  la  planète  Mars  en  1890,  faites 
à  Péronnas,  près  Boia-rj-cn-Brcsse  ;  par  J.  Guillaume. 

(Communication  adressée  à  M.  le  général  Liagre,  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  royale  de  Belgique.) 

Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel, 

Sachant  rinlérèl  bienveillant  que  prend  votre  illustre 
Académie  aux  travaux  d'astronomie  physique,  j'ai  l'honneur 
de  vous  adresser  un  choix  de  mes  meilleures  observations 
faites  sur  la  planète  Mars  durant  la  dernière  op|)Osition. 

■RIalgré  les  mauvaises  conditions  dans  lesquelles  j'ai  dû 
observer,  comme  la  plupart  des  astronomes  européens 
d'ailleurs  (brusques  variations  atmosphériques,  et  surtout 
la  grande  déclinaison  australe  de  la  planète),  j'ai  eu  la 
bonne  fortune  de  voir  un  certain  nombre  de  canaux,  mais 
je  dois  dire  que  c'était  une  observation  difficile  et  parfois 
douteuse,  ce  qui  explique  mes  doutes  dans  plusieurs  cas 
au  sujet  de  leur  identification. 

Déjà  M.  le  D'  Terby  a  fait  connaître  à  votre  Académie, 
Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  ses  premières  observa- 
tions, ainsi  que  celles  du  grand  observateur  milanais, 
M.  Schiaparelli,  et  de  M.  S.  Williams.  Grâce  aux  résultats 
obtenus  et  aux  nouveaux  témoignages  qui  ne  manqueront 
certainement  pas  d'arriver,  on  est  en  droit  d'affirmer  de 
plus  en  plus  l'existence  certaine,  si  souvent  discutée,  de 
Capparence  de  canaux  ou  réseaux  à  la  surface  de  Mars; 


(  584.  ) 

leur  couleur  rst  rose  brique,  el  leur  dédoublement,  très 
curieux,  en  fait  un  sujet  d'étude  des  plus  intéressants;  ma 
ligure  26  représente  leur  aspect  dédoublé. 

Mes  dessins  reproduisent,  aussi  fidèlement  que  j'ai  pu 
le  faire,  tout  ce  que  j'ai  vu  ;  je  les  donne  tels  que  je  les  ai 
faits,  sans  les  corriger;  ils  pourraient  sans  doute  être 
retouchés  avec  avantage  dans  bien  des  endroits,  car  on  y 
remarque  bien  des  défauts  d'exécution,  mais  je  craindrais 
trop  de  changer  mon  impression  en  les  modifiant.  Peut- 
être  ma  mélliode  d'observation  est-elle  pour  quelque  chose 
dans  ces  défauts;  la  voici  :  je  ne  me  suis  jamais  inquiété, 
avant  d'observer,  de  la  région  qui  allait  se  présenter  à  ma 
vue,  pas  plus  que  de  consulter  des  dessins  de  la  planète; 
c'est  peut-être  un  tort  que  j'ai  eu,  car,  en  consultant  préa- 
lablement une  carte  de  l'hémisphère  que  j'allais  voir,  j'au- 
rais pu  noter  plus  de  détails  sans  doute;  mais  j'ai  du  moins 
l'avantage  de  n'avoir  pas  été  infiuencé  pour  les  détails 
notés. 

J'appellerai  votre  attention.  Monsieur  le  Secrétaire  per- 
pétuel, sur  les  variations  de  teintes  que  j'ai  constatées  au 
cours  de  mes  observations  sur  certaines  mers;  il  suffît 
d'examiner  Syrtis  major,  par  exemple,  pour  se  convaincre 
de  ces  changements.  Ces  variations  ne  peuvent  guère 
s'expliquer  autrement  que  par  la  présence  de  nuages  dans 
l'atmosphère  de  Mars;  la  comparaison  du  dessin  du  19  mai 
à  lO*"  5""  (fig.  6),  que  je  donne  pour  cette  particularité, 
avec  celui  du  25  mai  à  11  h.  (fig.  12)  est  convaincante; 
il  est  évident  que,  le  19,  l'atmosphère  était  moins  pure  sur 
cette  région  que  le  23. 

J'ai  observé  avec  un  excellent  réflecteur  de  With,  de 
216mm  (j^  diamètre  et  l'°,95  de  foyer;  lorsqu'il  n'y  a  pas 


(ÎJ8S) 

(l'indication  de  grossissement  (1),  c'est  19o  fois  qui  a  été 
employé;  les  heures  inscrites  sont  celles  du  méridien  de 
Paris  (l'heure  nationale  est  en  vigueur  ici  dans  l'usage 
civil),  et  la  longitude  aréographique  du  méridien  central  a 
été  déterminée  approximativement,  d'après  l'éphéméride 
de  M.  Marlh,  pour  faciliter  la  comparaison  des  dessins  avec 
les  cartes  de  M.  Schiaparelli. 

J'ose  espérer  que  le  peu  que  j'ai  obtenu  vous  intéressera, 
et  je  vous  prie,  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  de  vouloir 
bien  agréer  l'expression  de  mes  sentiments  les  plus 
respectueux. 

Observatoire  de  Péronnas  (2),  près  Bourg- 
en-Bresse  (France). 


Observations. 

22  avril,  ô**  10"°  à  5'' 15""  du  matin.  Bonne  vue,  mais  des  nuages 
sont  venus  avant  que  j'aie  eu  le  temps  d'entreprendre  un 
dessin;  j'ai  dessiné  de  mémoire  le  peu  que  j'ai  pu  voir  (fig.  d). 
Noté  la  Grande  Sfjrte  et,  sans  doute,  Boreosyrlis  (1)  qui  se 
prolonge,  très  faible,  à  l'ouest,  puis  en  contournant  vers  le  sud, 
par  Alcyonius  (2),  Fretum  Anian  (3)  et  Styx  (4),  peut-être 
jusqu'à  Trlvium  Charontis,  que  je  n'ai  pas  eu  le  temps  de 
voir.  Une  partie  claire,  a,  correspond  à  Hesperia;  Hadriaticum 
Mare  visible  au  sud  de  la  Grande  Syrie,  et  c'est  peut-être 


(1)  Détermination  faite  avec  un  dynamètrc  de  Ramsden. 

(2)  Position  approchée  :  long,  est  de  Paris,    2»  52'  20"j 

lat.  nord  46»  11' 19". 


(  586  } 

Cydops  et  Letlies  que  je  noie  en  (5)  et  (6);  le  prolongement 
de  la  Grande  Syrie  par  Nilosyrtis  (7)  ne  se  voit  pas  nette- 
ment, on  le  devine  plutôt  par  différence  de  teinte. —  L  250"; 
i  -4-  4°;  D  IV'jb  (L=:  longitude  du  méridien  eentral;  X  =  lati- 
tude du  centre;  D  =  diamètre). 

6  mai,  2''i0'"  à  2'' 40'»  du  matin.  Image  mcdiocre,dctails  diffi- 
eiles  à  noter; grossissements  I  "27,  ICI  et  1 95,ce  dernier  presque 
trop  fort  (fig.  2).  Margaritifer  Sinus  et  Aurorae  Sinus,  h 
l'ouest,  sont  très  sombres;  (8)  Ganges,  bien  visible;  on  devine 
Phusis  (9)  et  /r/s  (10);  ruwcnirfes-Gt^/as?  (H),  et  peut-être 
Sîrenius  en  (i2).  VAmazonis,  d,  se  dctacbe  parfaitement  au- 
dessus  du  Propontis;  Chryse,  a,  est  la  région  la  plus  claire; 
vient  ensuite  Phaëlordis,  C,  puis  3Iemnonia,.r-  Pôles  bien 
blancs.  Tout  le  centre  du  disque  est  grisâtre  et  l'on  y  devine 
bien  des  petits  détails  qu'il  serait  sans  doute  possible  de  fixer 
si  la  vue  était  meilleure.  —  L  11 0»;  X  -t-  G"  ;  D  1 6",7. 

16  mai,1''10°'à  2  h.Oculairc ICI. Image  assez  bonned'abord, 
moins  à  la  fin  (fig.  5).  On  devine  Indus-Oxus  (15);  Jordanis 
ou  CaUirrlwe  (14)  est  estompe.  A  l'est,  tache  sombre  que  je 
suppose  formée  par  Mare  Acidalium,  Lacus  Niliacus  et  Lacus 
Lunae,  reliés  pav  Nilokeras ;  Ganges  (8)  assez  visibles;  Te7npe 
6',  à  lest,  est  bien  blanc  ;  les  6  sont  Deucalionis  liegio, 
JVoachis  et  Argyre,  blancs  également  et  séparés  par  Mare 
Erythraeum.  Les  mers  ont  une  même  teinte  gris  ardoise.  — 
Observé  encore  jusqu'à  'i^'IO"'  avec  127,  195  et  288,  mais  sans 
rien  pouvoir  noter  de  plus.  —  LC;  i  -v-  7°;  D  18". 

19  mai,  i  -+-  8";  D  18",5.  Image  agitée,  mais  qui  permet 
néanmoins  de  voir  bien  les  détails. 

De  0''5'"  à  0"15'»  (fig.  4),  noté  Thoth  (15);  Astapiis  (16)  et 
Asclepitis  (17),  dont  l'espace  intermédiaire  est  un  peu 
estompé;  Euphrales  (18);  Indus- Oxus (15), Deuleronilus  (19); 


(  ;^87  ) 

au  bout  de  Nilost/rlis  (7)  il  y  n  une  tiiclic  sombre  triangulaire, 
prob.iMcnuMU  limitée  au  nord  piU'  CuUirrhoe,  et  au  sud  |)ar 
Protuiiilus  (20).  Deucalionis  lieyio,  o,  se  drlaclic  bien  au- 
dessus  de  Sijrtis  Major.  Comme  l'indique  mon  dessin,  Syrlis 
Major  n'a  pas  partout  le  même  aspect,  elle  e>t  plus  sombre 
vers  l'est.  —  L  325°. 

De  0''2b™  à  0''oO'"  (fig.  li),  on  note  en  outre  !Veppnthes{i\)eK 
j)eut-èlre  Lucus  Mœris ;  Phison  (22);  est-ce  Gehon-Oxus,  ou 
IJichlckel  qui  est  en  (23)?  cl  Indus  en  (24),  très  large,  sinon 
double.  (25)  m'a  d'abord  semble  êlrer^.sf«6ora.s,  mais  ce  n'est 
passa  vraie  orientation.  Qu'est-ce  alors?...  Si  c'était Pro<C7Jî7ws 
et  Jordanis,  la  tacbe  au-dessous  serait  Callirrhoc  (?).  Lacus 
JViliaciis  cl  Mare  Acidalium  forment  la  tache  qui  paraît  à 
l'est.  Le  continent  au  sud  de  Sinus  Sabaeus  semble  divisé  en 
trois  parties.  —  L  528°. 

De  I  h.  à  I^'IS""  (fig.  7),  note  encore  Anubis  (2G),  Typlio- 
iiius  (27)  et  Orontes  (28);  je  me  demande  si  c'est  bien  Vlndus  ' 
qui  est  en  (2-4),  car  dans  ce  cas  (29)  serait  flijdaspes'2  CalUr- 
î/joc  (50)  se  prolonge  jusqu'au  bord  oriental;  Nepenlhcs  (21) 
double?  A  la  fin,  je  note  une  laclie  bien  blanche,  6.  La  région 
correspondant  à  Lyhia,  à  l'ouest,  est  aussi  bien  blanche,  6'.  — 
L  556". 

De  l'Mo'"!)  1 ''50'"  (fig.  8)  £'(//3/jrafes  est  nettement  double  jus- 
qu'à Tijplionius-Orontes;  on  prolonge  P/(/so;i  jusqu'à  Nilo- 
Sjjrtis;  //k/^/s?  est  double;  (25)  plus  net  qu'il  y  a  un  instant  et 
bien  double.  M'est  apparaît  une  tache  sombre  allongée  vers  le 
sud  :  ce  doit  être  Lacus  Niliacus  et  Lacus  Lunae.  —  L  539°. 

De  1*'30"'  à  l''45°'(fig.  9).  Euphrales  paraît  double  jusqu'à 
iVi/osî/rtii"  ;  c'est  un  joli  ruban  rose,  estompé,  dont  les  bords 
sont  plus  foncés;  l'espace  entre  Gehon  (51)  et  Indus  (24)  est 
estompé  également.  Une  nouvelle  division  (32)  va  de  Margari- 
tifer  Sinus,  scmble-t-il,  à  Lacus  Lunae  :  Ilydraotes,  sans 
doute?  je  ne  vois  pas  très  bien;  depuis  un  moment  l'image  se 
gâte.  —  L  545°. 


(  588  ) 

De  l''45"'  à  2  h.  Image  de  pins  en  plus  défectueuse. 

De  2  h.  à  ^''SO"  (fig.  10.).  P/ti.so«?  reparaît  bien  faiblement. 
Ce  doit  être  Indus  que  je  Tois  en  (24)  et  Gatiges  en  (8),  larges 
tous  deux;  Hiddekel  (31)  large  aussi,  double  peut-être.  Lacus 
Niliacus,  prolonge  par  Nilokeras  jusqu'à  Lacus  Lunae,  doit 
être  ce  qui  forme  la  tache  triangulaire  orientale.  Murgaritifer 
Sinus  et  Ain'orae  Sinus  sont  bien  sombres.  —  L  550°. 

La  vue  devient  tellement  mauvaise  qu'il  faut  quitter  le 
télescope.  En  général,  les  canaux  sont  difiiciles  à  voir,  mais  je 
suis  certain  que  si  les  circonstances  étaient  plus  favorables, 
mon  instrument  me  permettrait  d'en  voir  davantage. 

21  mai,  i  1  h.  à  1  l''20'"(fig.  1 1).  Image  très  agitée.  On  entre- 
voit Cyclops?  (3);  AmenthesiZù),  plutôt  que  Thoth,  me  semble- 
l-il.  A  noter  Triton?  en  (54)  et  JVepenlhes  (21).  Facilement 
visible,  mais  estompé,  Boreosyrtis  (1),  prolongé  à  l'ouest  par 
Heliconius,  je  pense,  et  Cullirrlwe  (30).  La  région  à  l'est  de 
Syrtis  Major  est  très  claire,  cette  clarté  paraît  limitée  par 
Typhonius  (27)  et  Phison  (22).  Syrtis  Major  est  plus  sombre 
que  les  autres  mers-  —  Observé  encore  jusqu'à  H'^dO",  mais 
sans  rien  pouvoir  ajouter  à  mon  croquis.  —  L  280°;  X  -+-  8°; 
D  18",3. 

25  mai,  1 1  h.  à  1  i HO"  (fig.  \  2),  puis  de  1 1  ""oO  à  minuit  20". 
L'image  laissait  bien  à  désirer;  enfin  il  y  a  eu  quelques  calmes 
durant  lesquels  j'ai  pu  noter  des  détails  intéressants.  — A  une 
sorte  de  baie  dans  Mare  Cimmerium  correspond  une  limite  de 
teinte  qui  se  prolonge  jusqu'à  Boreosyrtis  (I);  ce  peut  être 
Styx  (4)  et  Fretum  Anian^  Amenthes  (55),  ou  Thoth?  va 
jusqu'à  Boreosyrtis.  La  Grande  Syrte  est  bien  sombre.  On 
entrevoit  Asclepius  (17)  et  une  division  (15)  qui  peut  être 
Thoth  lirolongé.  Nepenthes  (21)  bien  visible;  nettement  visible 
aussi  une  petite  baie  a  dans  Isidis  Regio.  De  l'autre  côté  de 
Syrtis  Majorée  vois  nettement  une  petite  baie  à  l'embouchure 


(  58!)  ) 

de  VAstusapes?  (3î)).  On  voit  toujours  celte  tnchc  sombre  a  dans 
le  prolongement  de  Nitosijrtis,  limitée,  scmblc-t-il,  par  Pro- 
tonittis  et  Callirrhoe.  La  région  h',  limitée  sur  mon  dessin  par 
un  pointillé,  est  la  plus  claire;  vient  ensuite  6.  Au  nord  de 
Doreosyrtis  j'ai  noté  deux  |)ctiles  taches  plus  sombres  à  l'ouest 
qu'à  l'est.  Durant  la  première  observation,  j'ai  entrevu  une 
division  (56),  que  je  n'ai  pas  revue  après  —  L  205°;  X  -+-  8"; 
D18",7. 

"iU  mai,  1''20™  à  2  h.  (fig.  15).  L'image  vaut  mieux  que  le  23. 
On  voit  NejH'iilhes,  Doreosyrtis,  Prolotiilus...  C'est  une  de  mes 
pauvres  observations.  —  L287'';  A  -+-9°;  I)  I8",î). 

4  juin,  1  O^liô"'  à  H  ''25'"  (fig.  i  4).  Image  mystérieuse  !  Elle  est 
très  agitée  et  ce  n'est  que  très  difficilement  que  je  note 
quelques  détails.  Ce  sont  j)lutôt  des  différences  de  teintes  que 
je  limite,  que  la  vraie  apparence  de  canaux  ;  néanmoins  je  crois 
reconnaître  Phasis  (9),  Iris  (10),  Araxes?  (37),  Sirenius  (12), 
Titan  (58),  Laestrygon?  (59);  peut-on  voir  un  dédoublement 
d'O/'CM.s,  en  (40)?  La  région  sombre  et  irrégulière  dans  la  par- 
tie inférieure  du  disque  doit  être  formée  par  la  réunion  de 
Trivium  Charontis,  Styx,  Erebus,  Propoiitis,  Tanaïs  et 
l'ouest  de  Ceruuniiis,  et  c'est  sans  doute  Phlegra  et  Cebrenia 
qui  forment  la  région  claire  au  milieu.  Rien  ne  distingue 
VEli'sitim,  qui  brille  tant  parfois,  et  qui  doit  être  en  a.  J'ai 
entrevu  une  tache  neigeuse  c',  puis  une  plus  faible  au-dessus, 
à  peine  marquée.  Nerigos  s'en  va  à  l'ouest,  b'.  —  L  156°, 
A -+-11°;  D  19",5. 

5  juin,  9*'30™  à  9''55'°,  puis  jusqu'à  IC'SS"  (fig.  15).  Image 
médiocre,  il  faut  diaphragmer  à  S  pouces  pour  avoir  un  peu  de 
netteté.  Noté  plusieurs  régions  blanches,  6,  autour  du  disque. 
Les  canaux  sont  un  peu  dans  les  conditions  de  visibilité  de  la 
veille.  A  l'ouest,  Aurea  Clierso,  a,  sépare  Aurorae  Sinus  de 
Lacus  Tithotiiits,  qui  sont  assez  sombres.  Au  N.-E.  arrive  une 

5""    SftRIE,    TOME    XX.  39 


ï 


(  590  ) 

tache,  sombre  aussi,  formée  du  Proponlis  et  Trimum  Cha- 
rontis  réunis.  J'entrevois  des  divisions  qui  correspondent  à 

Fortunae  (41);  ?  (42);  Phasis   (9);  Iris  (10);  Cerau- 

7a'MS?(43);  Sirenius  (12);  n'est-ce  pas  Titan  qui  est  en  (38)  et 
Tartarus  en  (44)?  (40)  me  semble  un  peu  trop  bas  pour  être 
Orcus  ;  (45)  a  une  situation  intermédiaire  à  Tartarus  et 
Atilaeus;  c'est  peut-être  Chrysorrhoas  (4G)  qui  limite  la  région 
blanche  de  l'ouest?  En  tous  (as  je  ne  vois  pas  de  canal  ici,  je 
ne  constate  qu'une  limite  de  teinte.  Je  n'ai  pas  vu  Solis  Lacus 
qui  devait  être  en  /,  mais  je  dois  dire  qu'ignorant  sa  présence, 
je  n'ai  pas  fixé  mon  attention  sur  ce  point.  —  L  1 32°;  i  -h  1 1  "; 
D  19",D. 

i6  juin,  8'*55'"  (fig.  1G).  Image  meilleure  que  les  précé- 
dentes. La  calotte  australe  est  blanche.  Subueus  Sinus,  Margor 
ritifer  Sinus  et  Auroi'ae  Sinus  sont  sombres;  Ismenius 
Lacus,  a,  se  voit  bien,  et  mieux  encore  et  séparés,  Mare  Acida- 
lium,  S,  et  Lacus  Niliacus,  r',  Deuteronilus  (19)  se  voit  assez 
bien;  est-ce  Nilokeras  qui  est  en  (47)?  indus  pas  très  sûr; 
Gunges  (8)  bien  visible  et  large.  Tache  blanche  au  N.-E., 
Tempe,  sans  doute. —  L  15*. 

A  10''lo'"  (fig.  17).  Un  petit  lac  est  visible  au  S.-W.  de  Lacus 
Niliacus,  sans  que  l'on  aperçoive  de  communication  entre  eux, 
juste  où  devrait  paraître  l'embouchure  de  Ylndiis;  c'est  sans 
doute  Tanaïs  qui  est  en  (48).  Une  tache  aussi  large  que  Mare 
Acidalium,  mais  faible,  occupe,  ou  englobe  plutôt,  la  place  de 
Lacus  Lunae.  Ganges  se  voit  bien;  Mare  Acidalium  et  Lacus 
IViliacus  sont  toujours  bien  visibles.  La  région  t,  claire,  doit 
éire  Tempe;  n'est-ce  pas  Dardanus  qui  est  en  (49)?  —  L  39"; 
i-  13°;  D18",9. 

18  juin;  9''35'"  à  9''55"  (fig.  18).  La  naissance  de  Gehon  et 
Hiddekel  est  très   visible  dans  Sinus  Sabaeus;  Edom  pro- 
mont., c,  est  marqué  par  une  tache  blanche;  je  me  demande  si    - 
la  baie  qui  paraît  à  l'est  n'est  pas  VAgallwdaemon  venant  de    : 
Lacus  Tithonius  dans  Aurorae  Sinus?  Mare  Acidalium  et 


I 


(  SOI  ) 

Lacus  Niliacus  ne  font  qu'une  même  tochc,  (3;  le  petit  lac  au 
S.-W.  de  Lacus  IVilianis  est  toujours  visible,  y;  Lacus  hme- 
tiius,  â,  et  L.  Arelhusa,  e,  sont  parfiiitcmcni  visibles.  Le  Deu- 
teronilus  est  estompé;  Tandis  est  tout  au  bord  du  disque  (48). 

—  L  12» 

De  10''u5™  à  11''20'"  (fig.  19).  Image  moins  bonne.  Sinus 
Sabaeus  (baie  fourchue)  est  arrondi.  Mare  Acidalium  est 
séparée  de  Lacus  JViliacus  ;  Lacus  Lunac  toujours  large,  le 
\)elil  lacr  toujours  nettement  visible.  On  voit  Gunges,  Deute- 
ronilus,  Tandis  et  Uranius?  (50).  Tache  neigeuse  au  pôle 
boréal.  La  calotte  australe,  claire,  correspond  à  Noachis, 
Argyre  cl  Ogygis  Regio;  au-dessous  Pyrrhae  liegio,  x,  cl 
Dcucalionis  Regio,  y.  —  L  52"  ;  i  -+-  15°;  D  i8",7. 

19  juin,  S^SO  à  D  h.  (fig.  20).  Image  des  plus  mauvaises,  et 
néanmoins  j'entrevois  des  bandes  estompées  qui  correspondent 
à  Dculeronilas{\9),  Gelion  (51),  Indus  (24).  La  tache  qui  arrive 
à  l'est  (trop  avancée  sur  mon  dessin)  est  Mai-e  Acidalium  et 
Lacus  Niliacus.  Région  claire,  c,  à  l'ouest,  Lybia,  sans  doute. 

—  L555°;  \  -+-  15»;  D  18",7. 

20  juin,  9''2o"'  à  OMo"  (fig.  21).  Vue  assez  bonne,  bien  inté- 
ressante en  tous  cas.  Lybia  est  la  région  claire,  c,  à  l'ouest; 
Edom,  c',  claire  aussi,  est  limitée  comme  l'indique  mon  dessin; 
y  a-l-il  là  un  canal?  Je  vois  VEuphrates  parliellcraent,  puis 
Iliddekel  (51),  Gehon  (31)  et  Indus-Oxus  (15).  En  bas,  le  pro- 
longement de  Syrtis  Major  par  N^ilosyrtis,  Boreosyrlis,  Pro- 
tonilus.  Lacus  Ismenius,  Deuteronilus  et  Lacus  Niliacus.  Un 
canal  (52)  large  et  estompé  part  de  Lacus  Jsmenius  et  va 
au  N.-E.  :  ne  serait-ce  pas  Jordanis?  L  351°;  >  -♦-  13"; 
D  18",G. 

Observation  continuée  de  1 0*"  15°  h  IC'ÔS".  Gr«;K/e  5^rfe 
bien  près  du  bord  occidental  du  disque;  N'ilosyrtis  a  déjà 
disparu.  Sinus  Sabaeus  est  toujours  fourchu;  on  note  encore 
Hiddekel,    Gehon,   indus-Oxus,   Protonilus,    Deuteronilus, 


(  592  ) 

Tanais,  et  (52).  Lacus  Ismenius;  Lacus  Niliacus  et  Mare 
Acidaliuni  sont  assemblés.  Imhs-Oxus  se  dédouble  par 
instants,  estompé;  cette  apparence  est  peut-être  causée  par  le 
bouillonnement  de  l'image? 

23  juin,  de  9''25'"  à  9''35"'  (fig.  22).  Image  assez  bonne;  de 
légers  nuages  passant  devant  ne  la  rendent  que  meilleure.  Je 
note  une  division  sombre,  large  et  estompée,  à  l'ouest,  qui 
doit  être  IVepenthes.  IVilosyrlis  est  sombre,  de  même  que 
Marc  Erytraeum,  a  l'est,  puis  Sabaeus  Sinus,  Lacus  Isme- 
nius, et  la  partie  boréale  de  Syrlis  Major  ainsi  qu'un  peu  vers 
l'est.  Protonilus  bien  visible;  Hiddekel  et  Euphrates  sont  à 
peine  marqués,  mais  larges  (doubles  peut-être?).  Boreosyrtis 
et  Callirrhoe  sont  estompés;  nouveau  canal?  (55)  sous  Lacus 
Ismenius;  Astusapes  (33).  a,  Lacus  Arethusa?'Le  pôle  austral 
est  plus  blanc  que  l'autre.  —  L  324°;  )i  -h  1 5°;  D  I8",3. 

24juin,8''33'°à8''50"(fîg.2D)  Image  bien  médiocre,  et  pour- 
tant l'observation  n'est  pas  des  moins  bonnes.  Hammonis 
cornu,  h,  se  distingue  par  un  angle  assez  marqué;  il  y  a  un 
angle  marqué  aussi  en  a,  vers  l'cmboucbure  de  VAnubis,  sans 
doute.  La  pointe  australe  de  ViU'  Meroë,  i,  est  saillante,  et  la 
naissance  d'Astusapes  (55),  large,  forme  une  baie  très  visible. 
Je  note  encore  Boreosyrtis  (i),  Callirrhoe  (50),  Protonilus, 
Lacus  Ismenius  et  Deuteronilus.  Le  continent  à  l'est  de  Syrtis 
major  est  clair  jusqu'à  V Euphrates,  semble-t-il.  Est-ce  Sinus 
Sabaeus  qui  paraît  à  l'est,  ou  la  naissance  de  ï Indus?  A 
l'ouest,  Syrtis  Minor  est  assez  sombre.  Isidis  Regio,  c,  est 
claire  et  limitée  au  sud  \idiV  Nepentbes  et  TItotli?  à  l'ouest.  Une 
zone  sombre  s'étend  sur  Mare  Australe  et  Syrtis  Major.  — 
L503";  X  -H  15^0  18",2. 

25  juin,  9'' 10°  à  9»'55'"(fig.  24)  Vue  passable.  i4sfî/sa/)es  (35) 
est  certain;  HiddeUelt  (51),  faiblement  marqué,  est  large. 
Boreosyrtis,  Protonilus  et  Lacus  Ismenius  sont  bien  visibles. 


Aspect    de    la  planète    Mars    en    1890 


Hiill  ySene   lm„  XX 


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/.')  A/a,  /''.-nr- 

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J.V  Mai 

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2j  Juin  ff^lO 


76  JuiUei  ,y' 


.<•/•  ,-  yexrev 


(  593  ) 

Calollcs  polaii'c's  Manches;  c  est  I)it'ri  cl.iirc,  c'est  Isidis  Ilcgio 
limilrc  au  sud  par  Ncpenlhes  cl  à  l'ouesl  par  Tliulh;  Lethes- 
Amendii'S  prolonge  Sortis  Miiior,  assez  sombre;  la  naissance 
6'Astapus,  X,  sur  yilosijrlis  (orme  une  hii'w.Affsotiiu  ne  parait 
pas  délaclu'e  de  IIeUas;]c  vois  disliiiclcmenl  deux  divisions 
sur  celte  irgioii,  (/  et  e.  Marc  Tyrrhcnum  en  a.  A  l'est,  IVoa- 
chis  el  DeucitHunis  liccjio  sont  assemblés.  L'aspect  sombre 
de  Syrlis  Major  e^t  (■ul•ieu^emcnt  limité  au  sud.  —  L.  505"; 
i  -t-  14";  D  !8',1. 

IG  juillet,  8  h.  à  8''15'"  (fig.  !2o).  Vue  assez  bonne,  mais  peu 
détaillée;  le  peu  que  je  note  est  difficile.  Mare  Australe  est 
sombre  en  haut  du  disque,  et  en  a  il  y  a  une  lâche  assez  large 
qui  doit  avoisiner  Tinjle  I.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  intéressant 
est  la  vue  de  Solis  Lacus,  j3;  le  reste  du  disque  est  marbré  de 
parties  sombres,  estompées  et  à  bords  mal  limités,  dont  la 
nature  est  difficile  à  définir.  Araxes  (57)  à  peu  près  certain; 
Eumenides  (54)  ;  Iris  (1 0),  Phlegethon?  {^b)...  C'est  tout  ce  que 
je  me  risque  à  nommer.  Tache  blanche  en  y.  Aurorue  Sinus 
en  6,  et  Murgaritifer  Siîiiis  en  c.  Les  pôles  sont  marqués  par 
une  calotte  blanche.  —  L  94"  ;  X  -+-  14";  D  15",7. 

Je  crois  avoir  noté  Gigas  le 9  juin  eljamuna\e  18 juillet, 
mais  le  reste  de  mes  observations  ne  m'a  rien  donné  de 
plus  que  ce  qui  précède;  je  n'ai  plus  vu,  en  général,  que 
les  grandes  lignes  bien  connues  de  l'aréographie. 

Le  8  septembre,  de  7''5'"  à  T'^IO™,  l'aspect  était  à  peu 
près  celui  du  premier  dessin  qui  accompagne  ces  noies 
(22  avril),  mais  sans  détails;  du  moins  j'ai  cru  en  voir  un 
instant,  mais  si  douteux,  que  je  les  considère  comme  sub- 
jectifs; les  neiges  du  pôle  boréal  étaient  très  visibles,  mais 
ne  débordaient  pas  le  disque,  comme  cela  se  voil  à  cer- 
tains moments. 


(  594  ) 


De  l'influence  de  la  température  extérieure  sur  la  pro- 
duction de  chaleur  chez  les  animaux  à  sang  chaud.  — 
Piecherches  de  calorimétrie ;  par  Georges  Ansiaux,  étu- 
diant en  médecine,  à  Liège. 

NOTICE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

d'Arsonval.  {"  Travaux  du  laboratoire  de  Marey.  Recherches  sur 
la  chaleur  animale,  1878-79,  t.  IV,  pp.  587-406;  2»  Journal  la 
Lumière  électrique,  1884,  n"'  36-59;  5»  Comptes  rendus  de  la  Société 
de  biologie:  Recherches  de  calorimétrie  animale,  nov.  et  déc.  1884, 
pp.  651,  721,  763,  et  janvier  1885,  pp.  50-65;  4°  Recherches  sur  la 
calorimétrie,  1"  partie.  Méthodes  et  appareils.  Journal  de  Tanatomie 
et  de  la  physiologie,  1886,  t.  XXII,  pp.  115-165  (1). 

Desplats.  Nouvelle  méthode  indirecte  pour  l'étude  de  la  chaleur 
animale.  Jonrnal  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie,  1886,  t.  XXII, 
pp.  215-224. 

Léon  Fredericq.  Sur  la  régulation  de  la  température  chez  les  ani- 
maux à  sang  chaud.  Archives  de  biologie,  1882,  t.  III,  pp.  687-805. 

HOPPE.  Ueber  den  Einfluss  d.  W ânneverlustes  auf  d.  Eigentempe- 
ratur  d.  warmblûtigen  Thiere.  Xrchiv.  f.  pathol.  Anatom.,  1857, 
t.  XI,  pp.  453  464. 

Langlois.  Contribution  à  l'étude  de  la  calorimétrie  chez  l'homme. 
Journal  de  l'anat.  cl  de  la  physiol.,  t.  XXiil,  1887,  pp.  400-461,  et 
thèse  de  Paris,  1887,  66  p.,  10  fig. 


(1)  d'Arsonval  vient  de  publier:  Recherches  de  calorimétrie  animale.  Arch. 
de  Physiologie,  1890,  t.  XXII,  n»  3,  pp.  610  et  622  et  n<>  4,  pp.  781-790.  {Nott 
ajoutée  pendant  l'impression.) 


(  59o  ) 

LoBWV.  Urber  die  Wàrmcregulafion  beim  Menschen.  Arcljiv.  f.  d. 
gcs.  Physiologie,  t.  XLV,  p.  0-25  (vorl.  Mitllilg.)  et  l.  XLVI.  p.  189 
(ausfûhri.  Abliandlg.) 

Nassarof.  Einige  Versuche  ûber  kûnstlkfip  Abkûhhing  u.  Erwàr- 
mung  warmbliUigcr  Thicre.  Archiv.  f.  patholog,  Aiialomie,  188^, 
l.  XC,  pp.  48;2-i99. 

Page.Sootp  experimenfs  asto  the  influence  oftlie  snrrounding  tempé- 
rature on  the  diacharg  of  carbonic  acid  in  the  dog.  Journal  of  Pliysio- 
logy,  t.  II.  1882,  pp.  228-23i,  et  CoIIcclcd  papers  of  llie  physiolo- 
gical  Laboralory,  University  Collège  in  London,  1879-1881. 

Pflûger.  1"  Ueber  Ttmperatur  u.  Sloffwechscl  d.  Sàugelhicrc  (vorl. 
Mitthlg.).  Archiv.  f.  d.  ges.  Physiologie,  1876.  t.  XII,  pp.  282-285; 
2»  Ueber  Wàrmereyulalion  d.  Sàugelhiere  (vorl.  Millhg.)  Id.,  pp.  333- 
556;  5"  Ueber  Wàrme  und  Oxydation  d.  lebcndigen  Materie.  Id.,  1878, 
t.  XVIII.  pp.  247-581. 

QuiNQUAUD.  De  l'influence  du  froid  et  de  la  chaleur  sur  les  phéno- 
mènes chimiques  de  la  respiration  et  de  la  nutrition  élémentaire. 
Journal  de  l'anal,  et  de  la  physiol.,  1887,  t.  XXIII,  pp.  527-599. 

Charles  Ricbet.  1°  Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie  :  La 
caloritnétrie  à  siphon  et  la  production  de  chaleur,  1884,  pp.  707-715; 
La  calorimctne  par  rayonnement,  1885,  pp.  2-8;  2°  Influence  de  la 
température  extérieure  sur  la  production  de  chaleur;  C.  R.  Acad.  d. 
Sciences,  29  juin  1885;  3°  Recherches  de  calorimétrie.  Archives  de 
physiol.,  1885,  t.  VI,  pp.  257-292;  4»  La  chaleur  animale.  Paris, 
1889,  cliap.  XI,  pp.  215-240.  La  calorimétrîe  et  la  production  de 
chaleur. 

RosENTHAL  J.  (l).  1»  Calorimctrische  Untersuchungen.  Archiv.  f. 
Physiol.,  1889,  pp.  1-53;  2°  Calorimctrische  Untersuchungen  an 
Sàugelhiere.  Sitzber.  d.  Bcrliner  Akad.  d.  Wissenschaften,  1888, 
t.  L,  pp.  1309-1519. 

RÛBNER.  Ein  Calorimetcr  f.  physiol.  n.  hygienische  Zwecke.  Zeitschr. 
f.  Biologie,  t.  XXV  (N.  F.,  VII),  pp.  400-426. 


(■1)  Voir  les  trnvaux  récents  de  Roscnthal  signalés  au  §  H. 


(  596  ) 

Senator.  i"  Ueber  Wânnehildung  u.  Stoffwechscl  im  tjesunden  v. 
fieberhaften  Zustandc.  Centralblalt  f.  med.  Wissensch.,  iSH , 
pp.  757-753;  2"  Neue  Untersuchungcn  iibcr  die  Wàrmebildung  ii.  dcn 
Stoffwechsel.  Aichiv.  f.  Anat.  u.  Physiol.,  1872,  pp.  1-54,  et  1874, 
pp.  18-57. 

SlGALAS.  Recherches  expérimentales  de  calorimctrie  aminale;  mesure 
de  la  radiation  calorifique  et  des  combustions  respiratoires.  Paris,  1890, 
et  thèse  de  Bordeaux,  1890.  (D'après  une  analyse  dans  Gaz.  hebdo- 
mad.  de  médec.  et  de  chirurgie,  1890,  n»  20,  p.  512.) 

Voit.  Ueber  d.  Wirkung  d.  Temperatnr  d.  umgebenden  Luft  auf  d. 
Zersetzung  im  Organismus  d.  Warmblûter.  Zeitsch.  f.  Biologie, 
t.  XIV,  p.  57. 

WiNTERMTZ.  1»  Der  Einfluss  d.  Wârmcentziehungen  auf  die 
Wàrmeproduction.  Medic.  Jarhrb.  d.  Gesellsch.  d;  Aertze  in  Wien, 
1871 ,  p.  180,  et  1872,  2'"  Hefi.  (D'après  une  analyse  dans  Jahresber. 
d.  Anat.  u.  Physiol,  1871,  pp.  225-226);  '•1°' lieitràge  z.  Lehre  von  d. 
Wàrmercgulation.  Archiv.  f.  palhol.  Analomie,  t.  LVI,  1872,  pp.  181- 
196;  3»  Die  Bcdeutimg  d.  Haulfunclion  fur  die  Kôrpertcmperatur  u. 
die  Wàrmercgulation.  Wien.  medic.  Jahrb.,  1875,  pp.  1-38.  (D'après 
une  analyse  dans  Jahresber.  d.  Anat.  u.  Phys.,  1875,  t.  IF,  p.  69.) 


§  I.  —  Introduction  historique. 

Dans  l'élude  de  la  liille  des  animanx  à  sang  chaud 
contre  les  variations  de  la  température  extérieure,  on  peut 
avoir  recours  à  deux  méthodes. 

La  première,  la  plus  en  usage  jusque  dans  ces  derniers 
temps,  est  une  méthode  indirecte.  Elle  est  fondée  sur 
l'examen  des  combustions  à  l'intérieur  des  tissus  vivants, 
se  traduisant  par  les  deux  phénomènes  :  l'un  initial, 
absorption  d'oxygène,  l'autre  ultime,  excrétion  de  CO^. 


V  «97  ) 

On  admet  généralomenl  que  la  pioduclion  de  chaleur 
esl  parallèle  à  l'inlensilé  de  ces  deux  fondions  ou,  suivant 
l'expression  de  Ricliel,  que  le  coeflicienl  chiniiqne  corres- 
pond au  coeflicienl  calorilique.  Il  y  a  lieu  cependant  de  se 
demander  si  la  proportion  entre  h;  nond)re  de  calories  et 
la  production  de  CO-,  par  exemple,  est  aussi  rigoureuse 
que  la  plupart  des  auteurs  l'admettent.  Les  résultats 
obtenus  récemment  par  Quinquaud  et  J.  Rosenthal  (2) 
tendent  ù  démontrer  <]u'ii  y  a  des  réserves  à  faire  à  ce 
sujet. 

La  seconde  mélhoûo,  dirccle,  absolument  démonstrative 
et  beaucoup  moins  sujette  à  caution,  consiste  dans  la 
mesure  de  la  chaleur  rayonnée  par  l'animal.  C'est  la 
méthode  calorimétrique  proprement  dite. 

C'est  grâce  aux  travaux  de  d'Arsonval  qu'elle  a  atteint 
un  haut  degré  de  perfection  et  une  vraie  valeur  scientifique. 
Enfin,  récemment,  d'antres  physiologistes  ont  construit  des 
appareils  un  peu  différents  de  ceux  de  d'Arsonval,  mais 
fondés  d'ailleurs  sur  les  mêmes  principes  (Rosenthal, 
RiJBNER,  Quinqual'd). 

En  comparant  les  conclusions  tirées  des  expériences 
établissant  l'influence  de  la  température  extérieure  sur  la 
production  de  chaleur,  on  peut  constater  entre  les  auteurs 
les  divergences  les  plus  considérables,  sans  que  cela  tienne 
d'ailleurs  aux  méthodes  employées,  chacune  d'elles  ayant 
fourni  des  défenseurs  aux  difl'éreutes  théories.  Les  figures 
schématiques  1,  2  et  10  donnent  une  idée  de  leur  diver- 
sité; il  n'y  a  pour  ainsi  dire  plus  d'autre  o|)inion  possible. 

Nous  proposons  de  classer  les  conclusions  des  auteurs 
de  la  façon  suivante  : 


(  598  ) 

A.  Méthode  calorimétrique. 

a.  RicHET  el  Langlois  (fig.  \)  affirment  que  le  maximum 
de  la  radiation  calorifique  se  produit  chez  le  lapin  vers 
13  à  14"  C,  chez  le  cohaye  vers  11°,  chez  les  enfants 
vers  18°  C;  que  la  quantité  de  chaleur  rayonnée  augmente 
aussi  bien  lorsque  la  température  extérieure  s'abaisse,  que 
lorsqu'elle  s'élève  au-dessus  de  celle  température  (1). 


Fig.  i.  Courbe  indiquant  la  quantité  de  clialeur  produite  en  une  heure  par  un 
kilogramme  de  lapin,  suivant  la  température  extérieure.  —  Sur  l'ordonnée 
inférieure  sont  marquées  les  températures  de  —  SJ  à  -+-  28»  C.  Sur  l'ordonnée 
latérale  sont  indiquées  les  quantités  de  chaleur  produite,  représentées  en 
centimètres  cubes  d'eau  (  1  centimètre  cube  =  83  calories).  On  y  voit  nettement 
qu'il  y  a  à  14»  un  optimum  pour  la  radiation  calorifique  (d'après  Ch.  Richet.) 


(1)  Nous  ne  savons  pas,  faute  d'indication  spéciale  à  ce  sujets  si 
ces  températures  sont  celles  de  l'air  ambiant  ou  celles  de  l'cuceintp 
caiorimélriquc  où  se  trouve  l'animal. 


(  599  ) 

Dans  un  travail  tout  récent,  Sigalas  est  arrivé  à  des 
conclusions  identiques  à  celle  de  Ricliet. 

A  partir  de  \A°  le  rayonnement  calorifique  diminuerait 
avec  l'élévation  de  la  température  extérieure,  tandis  que 
la  consommation  d'oxygène  augmenterait. 

6.  QuiNQUAUD,  se  basant  sur  des  expériences  trop  peu 
nombreuses  il  est  vrai,  comme  il  le  reconnaît  lui-même, 
conclut  que  la  quantité  de  chaleur  émise  à  la  suite  de 
la  réfrigération  et  de  réchauffement  est  plus  grande  qu'à 
l'état  normal. 

Ce  résultat  serait  en  concordance  avec  ceux  obtenus  par 
l'étude  des  phénomènes  chimiques  de  la  respiration  (1). 

c.  «  Au-dessus  de  20°  C,  dit  d'Arsonval  (5,  p.  721),  on 
constate  que  la  production  de  chaleur  augmente  avec  la 
température  du  milieu  ambiant.  »  A  -+-  5°  C.  un  lapin 
produit  12  calories  par  heure,  soit  le  double  de  sa  produc- 
tion de  chaleur  à  \1°  C. 

B.  Méthode  indirecte. 

a.  Conclusions  de  Pflïjger  et  de  la  plupart  des  physio- 
logistes (voir  lig.  2)  : 


FiG.  2.  Courbe  schématique  résumant  les  conclusions  des  travaux  de  PQUger. 

(1)  L'appareil  dont  s'est  servi  cet  auteur  enregistre  la  quanlilc 
(le  chaleur  rayonnée  et  dose  simultanément  les  volumes  de  CO» 
el  O.   Pour  lu  description,  voir  Quiiiquaud,   p.  595. 


(  600  ) 

II  y  a  un  maximum  de  production  de  chaleur  à  la  tem- 
pérature la  plus  basse  compatible  avec  le  maintien  de  la 
température  interne. 

Il  y  a  au  contraire  un  minimum  à  la  température  la 
plus  haute  possible  dans  les  mêmes  conditions.  La  régu- 
lation est  donc  parfaite  et  réalise  un  maximum  d'utilité. 

6.  LoEwy  constate,  au  contraire,  que  chez  l'homme  la 
régulation  de  la  température  se  fait  d'une  façon  très 
incomplète.  D'après  lui,  une  forte  déperdition  de  chaleur 
amène  toujours  un  abaissement  de  la  température  interne; 
enfin  la  production  de  chaleur  resterait  identique  aussi 
longtemps  que  les  muscles  ne  présentent  pas  de  contrac- 
tions toniques  et  cloniques. 

c.  Les  trois  expérimentateurs  suivants  professent  une 
doctrine  bien  différente  (lig.  iO). 

D'après  Page,  lorsque  le  milieu  ambiant  esta  25°  C,  la 
quantité  de  CO^  exhalée  par  le  chien  représente  un  mini- 
mum. Vers  42°  C,  elle  est  trois  lois  et  demi  supérieure  à 
celle  excrétée  normalement. 

En  utilisant  les  données  recueillies  par  Voit  dans  ses 
expériences  sur  l'homme,  on  peut  tracer  une  courbe  de 
même  allure  que  celle  qui  correspond  aux  résultats  de 
Page;  le  point  minimum  se  présente  seulement  à  une 
température  plus  basse. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  c'est  le  travail  de  Léon  Frede- 
RiCQ  qui  apporte  les  preuves  les  plus  convaincantes  à  la 
théorie  que  nous  exposons  maintenant.  Pour  lui,  il  existe 
chez  tous  les  animaux  un  minimum  de  radiation  calori- 
fique. Chez  l'homme  habillé  il  est  environ  à  18°  C.  Toute 
température  supérieure  ou  inférieure  a  pour  effet  d'aug- 
menter les  combustions  interstitielles  (voir  Fredericq, 
p.  783).  Dans  la  lutte  contre  la  chaleur,  l'organisme  ne 
peut  qu'accroître  rimj)ortance  des  perles  que  subit  sa  cha- 


(  601  ) 
leur  propre  (évaporalion  ciilanéc  et  pulmonaire,  dilalalion 
des   vaisseaux   de   la  peau),  sans  pouvoir  restreindre  sa 
production  de  chaleur.  Au  contraire,  dans  la  lulle  contre 
le  froid,  la  radiation  calorifique  s'exagère. 

d.  D'après  Wimernitz  el  Senator,  l'énergie  des  phéno- 
mènes de  combustion  ne  subit  aucune  modification  du 
chef  de  la  température  ambiante. 

Celte  opinion  repose  sur  des  dosages  de  CO-,  quelques 
expériences  de  calorimétrie  (calorimètre  à  eau),  el  surtout 
sur  l'élude  de  la  distribution  du  sang  dans  la  peau,  les 
muscles  et  les  organes  internes. 

En  résumé,  quatre  opinions  ont  cours  à  l'heure 
actuelle  : 

i°  Celle  de  Richel  et  de  ses  élèves  (fig.  i)  ; 

2°  Celle  de  Pflûger,  partagée  par  la  plupart  des  physio- 
logistes (fig.  2); 

3°  La  troisième  est  défendue  par  un  petit  nombre 
d'auteurs  (L.  Fredericq,  Voit,  Page,  d'Arsonval,  Quinquaud) 
(fig.  10); 

4°  Celle  de  Winternitz  el  Senalor. 


§  2.  —  Disposition   des  expériences. 

1°  Description  de  l'appareil  (fig.  3). 

Nous  nous  sommes  servi  du  calorimètre  à  air  de 
d'Arsonval.  Dans  nos  premières  expériences,  le  calorimètre 
présentait  comme  partie  compensatrice  un  grand  flacon 
en  verre  :  c'est  l'appareil  qui  a  servi  aux  recherches  de 
Léon  Fredericq  sur  l'efl'el  que  les  soustractions  sanguines 
exercent  sur  la  thermogenèse.  (Soustract.  sang.,  Mém.  de 
l'Acad.  de  Belgique,  1886,  t.  Vllj,  p.  86). 


(  602  ) 

La  compensation  est  ici  imparfaite,  car  elle  ne  corrige 
pas  entièrement  les  variations  de  la  température  exté- 
rieure; celles-ci  n'agissent  pas,  en  effet,  avec  la  même 
rapidité  sur  le  vase  en  verre  et  sur  le  récipient  en  métal. 
Nous  avons  bientôt  abandonné  cet  appareil  pour  nous 
servir  d'un  autre  calorimètre,  de  d'Arsonval  également, 
mais  légèrement  modilié.  Il  se  compose  de  deux  récipients 
en  cuivre  rouge,  l'un  pouvant  servir  de  calorimètre,  l'autre 
de  compensateur;  tous  deux  sont  d'ailleurs  exactement, 
semblables  sous  tous  les  rapports.  Chacun  de  ces  réci- 
pients (1)  consiste  en  une  boîte  cylindrique  A,  B,  à  double 
paroi,  couchée  horizontalement,  fermée  par  un  couvercle 
vertical  également  à  double  paroi,  et  représentant  l'une 
des  bases  du  cylindre.  Des  consoles  soulèvent  chacun  des 
calorimètres  à  environ  15  centimètres  de  la  table. 

Les  cavités  internes  de  chaque  récipient  et  de  son  cou- 
vercle sont  réunies  par  un  lube  bifurqué  T,  dont  la  branche 
simple  est  reliée  au  manomètre  différentiel  à  pétrole  M. 
Sur  le  trajet  de  la  branche  simple  de  ce  tube  de  commu- 
nication, se  trouve  greffé  un  tube  vertical  t,  ouvert  infé- 
rieurement  et  établissant  par  conséquent  une  communica- 
tion entre  les  cavités  annulaires  internes  de  chaque 
récipient  et  l'air  extérieur.  Le  tube  reste  ouvert  dans 
l'intervalle  des  expériences;  on  empêche  ainsi  soit  l'action 
déformante  sur  le  récipient,  soit  le  refoulement  du  pétrole 
dans  l'un  des  appareils,  ce  que  des  variations  considérables 


(1)  Voici  les  dimensions  du  calorimètre: 

La  longueur  prise  extérieurement  est  de  54  centimètres,  la  hau- 
teur de  35. 

La  cavité  annulaire  ayant  3  centimètres,  la  longueur  de  la  cavité 
interne  est  de  51  centimètres  sur  27  de  hauteur. 


1 


(  (i05  } 

dans  la  pression  barométrique  ou  la  lempéralure  pourraient 
amener.  Une  heure  on  deux  avnnl  le  coniniencemenl  de 
l'expérience,  on  ferme  l'appareil  en  plongeant  les  extré- 
mités ouvertes  des  deux  tiihes  verticaux  dans  deux  vases 
cylindriques  renfermant  du  mercure.  (Voir  plus  loin.) 


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(  604  ) 

Deux  orilices  placés  aux  exlrémilés  de  l'axe  du  cylindre 
assurent  la  venlilalion  de  Tespace  interne  dans  lequel  se 
place  l'animal.  Un  troisième  orifice,  placé  latéralement, 
donne  passage  à  un  thermomètre  coudé  9  indiquant  la 
température  de  l'enceinte  interne.  Ce  thermomètre,  dont 
la  lecture  est  très  aisée,  même  à  distance,  est  placé  de 
façon  à  ne  pouvoir  subir  le  contact  de  l'animal  en  expé- 
rience. 

Nous  ajouterons  que  tous  les  joints  des  tubes  en  verre 
et  en  caoutchouc  sont  soigneusement  fixés  et  graissés.  Il 
est  facile  de  conserver  le  même  poli,  et  par  conséquent  le 
même  pouvoir  émissif  aux  boîtes  calorimétriques. 

Enlin,  en  ce  qui  concerne  le  manomèl.re,  Rosenthal  a 
conseillé  d'employer  le  pétrole.  Étant  moins  dense  que 
l'eau,  il  donne  plus  de  sensibilité  à  l'appareil;  il  présente 
de  plus  l'avantage  de  ne  pas  se  congeler. 


2"  Précautions  à  oitserver  concernant  l'appareil. 

A.  On  doit  s'assurer  de  l'absence  de  fuites.  A  cet  effet, 
on  met  séparément  chacun  des  calorimètres  sous  pression 
(plusieurs  centimètres  de  mercure)  et  on  les  surveille 
pendant  vingt-quatre  heures  au  moins. 

Nous  tenons  compte  naturellement  des  oscillations  de 
la  colonne  barométrique  pendant  ce  temps;  elles  pourraient 
en  effet  masquer  l'effet  d'une  fuite  ou  faire  croire  à  son] 
existence. 

B.  Une  heure  ou  deux  avant  le  commencement  de 
chaque  expérience,  on  observe  l'état  du  manomètre.  Si, 
pendant  ce  temps,  l'équilibre  a  persisté,  les  expériences 
ultérieures  sont  considérées  comme  valables. 


(    6()D   ) 

C.  Les  deux  calorimètres  doivent  être  suffisamment 
éloignés  l'un  de  l'autre.  La  distance  sera  suffisante  si  un 
ihermomùlre  sensible,  placé  dans  le  calorimètre  vide, 
indique  une  température  égale  à  celle  de  la  salle. 

D.  Il  est  bon  enfin  de  placer  l'animal  tantôt  dans  un 
(les  calorimètres,  tantôt  dans  l'autre,  et  d'oserver  si,  dans 
dans  les  mêmes  conditions,  on  obtient  des  résultats  iden- 
tiques. 

E.  Nous  ferons  remarquer  que  la  plupart  du  temps  les 
lectures  du  manomètre  ont  été  faites  sans  lunette,  ce  qui 
n'influence  en  rien  les  résultats,  comme  nous  avons  pu 
nous  en  convaincre  par  la  comparaison  d'une  lecture  avec 
lunette  suivie  d'une  lecture  à  l'œil  nu. 

5°  Graduation  du  calorimètre  (1). 

On  a  procédé  de  la  même  façon  que  Léon  Fredericq, 
{Soustract.  sang.,  p.  89),  c'est-à-dire  qu'ici  aussi  la  source 
de  chaleur  servant  de  mesure  est  réchauffement  produit 
par  le  passage  d'un  courant  constant  dans  un  111  de  maille- 
chort  introduit  dans  le  calorimètre.  La  résistance  du  fil 
est  de  0,59  ohms.  L'intensité  du  courant  fourni  par  une 
batterie  d'accumulateurs  Julien  est  de  6,7  ampères. 

En  vertu  de  la  loi  de  Joule,  ou  a  : 

l'R  6,7^  X  0,39 

W  = X  3G00  = T-  X  3600, 

9,81  X  4:24  9,81  X  4^4 

d'où  W  =  15,5  calories  par  heure. 

(1)  IVous  nous  faisons  à  la  fois  un  plaisir  et  un  devoir  de  remercier 
ici  M.  Éric  Gérard,  directeur  de  l'Institut  électro-technique  Monle- 
fiorc,  annexé  à  l'Université  de  Liège,  et  son  assistant  M.  de  Weydlich, 
qui  ont  bien  voulu  se  charger  de  la  graduation  de  l'appareil. 
5""^    SÉIUE,    TOME    XX.  40 


(  606   ) 

Ce  dégagement  de  chaleur  produit,  au  boulde2h.  15  ra., 
une  dénivellation  de  275,4  mm.  au  manomède,  soit  donc 
par  calorie-heure  18  mm.  Le  dégagement  d'une  calorie- 
heure  donne  donc  une  hauteur  manométrique  de  18  mm.; 
chaque  millimètre  de  pression  mesure  la  production  de 
0,055  calorie  par  heure. 

RiJBNER  a  fait  remarquer  que,  pour  son  calorimètre, 
construit  également  d'après  les  principes  de  d'Arsonval,  le 
nombre  de  calories  cédées  à  l'appareil  n'est  pas  exactement 
proportionnel  au  degré  de  dilatation  de  l'air  (mesuré  au 
volumètre). 

D'après  lui,  les  perles  de  chaleur  du  calorimètre  aug- 
mentent d'importance  avec  l'intensité  de  la  source  calo- 
rifique, par  suite  d'une  circulation  plus  active  de  l'air  dans^ 
l'espace  annulaire  (Mantelraum)  en  communication  avec 
le  volumètre.  (Voir  RIjbner,  pp.  416  et  suivantes.) 

4°  Animaux. 

C'est  principalement  sur  des  cobayes  que  nos  expé- 
riences ont  été  faites.  Les  conditions  suivantes  nous 
semblent  absolument  nécessaires  pour  être  en  droit  d( 
considérer  les  résultats  comme  valables. 

A.  On  doit  choisir  des  animaux  adultes.  Selon  toute  vrai- 
semblance, car  ce  point  n'est  pas  complètement  élucidé^ 
la  régulation  de  la  température  se  fait  d'une  façon  beau- 
coup moins  parfaite  chez  les  animaux  nouveau-nés  (1). 

(t)  Comparez  Raudmtz,  Die  Wàrmcregelung  bcim  Ncugeborenen. 
Zeitsch.  f.  Biologie,  1887,  XXIV,  p.  438;  G.  Ansiaux,  La  mort  pari 
le  refroidissement.  Archives  de  biologie,  1889,  X,  p.  171  ;  Nassarop,] 
p.  484 


(  fiOT  ) 

B.  Les  animaux  doivent  être  à  jeun. 

Pendant  la  période  de  digestion,  ils  dégagent  une  quan- 
tité de  chaleur  variable  d'un  instant  à  l'autre.  Si  l'on  place 
un  cobaye  |)cu  de  temps  après  son  repas  dans  le  calori- 
mètre, on  constale  en  eflel  que  la  quantité  de  chaleur 
rayonnée  ne  reste  pas  constante.  Après  avoir  atteint  une 
valeur  très  grande,  elle  diminue  lentement  jusqu'à  la  fin 
de  la  digestion. 

Les  expériences  étant  faites  dans  l'après-midi  ou  la 
soirée,  le  mieux  est  de  donner  la  nourriture  entre  sept  et 
huit  heures  du  soir  immédiatement  après  l'expérience, 
et  d'enlever  dans  la  matinée  les  débris  d'aliments  qui  pour- 
raient rester. 

C.  Si  l'on  expérimente  sur  les  mêmes  animaux  pendant 
longtemps,  il  est  utile  de  les  peser  de  nouveau  de  temps 
en  temps. 

D.  Pour  éviter  les  suites  d'une  variation  brusque  de 
température,  il  est  bon  de  placer  les  cobayes  ou  lapins, 
quelque  temps  avant  l'expérience,  dans  un  endroit  ayant 
une  température  voisine  de  celle  du  calorimètre  chauffé  par 
le  séjour  de  l'animal. 

E.  Comme  on  le  verra  plus  loin,  les  animaux  restent 
plus  ou  moins  longtemps  dans  l'appareil;  la  durée  du 
séjour  est  sans  influence  bien  marquée  sur  le  résultat 
final. 

F.  Dans  un  grand  nombre  d'expériences,  nous  avons 
pris  la  température  rectale  des  cobayes.  Les  diminutions 
ou  les  augmentations  qu'elle  a  présentées  se  réduisent 
toujours  à  un  ou  deux  dixièmes  de  degré.  Nous  avions, 
d'ailleurs,  préciséftient  choisi  les  cobayes  comme  offrant 
aux  variations  de  la  température  extérieure  une  résistance 
plus  grande  que  la  plupart  des  animaux. 


(  608  ) 


5"  Expériences. 

A.  Durée  de  l'expérience. 

La  chaleur  rayonnée  par  l'animal  est  équivalente  à  celle 
perdue  par  l'appareil  quand  le  manomèlre  est  devenu 
stationnaire. 

La  durée  de  l'expérience  est  donc  déterminée  par  le 
tetnps  nécessaire  à  l'obtention  du  point  fixe. 

Pour  le  premier  appareil,  il  lallail  en  moyenne  une 
heure  à  une  heure  trente  minutes;  avec  le  calorimètre 
compensateur,  au  moins  deux  heures.  Nous  considérons 
que  le  point  fixe  est  obtenu  lorsque  le  manomètre  indique 
la  même  pression  pendant  dix  minutes  au  moins. 

B.  Il  est  possible  d'abréger  considérablement  le  temps 
d'une  seconde  expérience  faite  sur  un  autre  animal,  une 
ibis  l'appareil  chaulïé  par  un  premier  animal.  Le  point 
fixe  est  obtenu  rapidement  (quinze  à  trente  minutes), 
d'autant  plus  rapidement  que  le  nombre  de  calories  déga- 
gées par  deux  animaux  qui  se  succèdent  sont  des  valeurs 
plus  rapprochées;  aussi,  pour  perdre  le  moins  de  temps 
possible,  rangeons-nous  les  animaux  d'après  leur  poids, 
soit  en  série  croissante,  soit  en  série  décroissante. 

C.  Les  expériences  ont  été  réparties  sur  un  long  espace 
de  temps;  les  unes  ont  été  laites  en  hiver,  les  autres,  soit 
en  été  (ce  qui  est  plus  pratique),  soit  en  hiver  dans  des 
appartements  artificiellement  chauffés.  Les  résultats  des 
expériences  faites  dans  ces  deux  derniers  cas  sont  iden- 
tiques, ce  qui  répond  à  l'objection  que  l'on  pourrait 
tirer  de  la  différence  du  régime  alimentaire  auquel  se 
soumettent  instinctivement  les  animaux  dans  les  diffé- 
rentes saisons. 


(  609  ) 

D  I.e  nombre  de  nos  expériences  a  élé  de  plus  d'une 
centaine. 

E.  Les  températures  indiquées  sur  les  diagrammes  sont 
les  températures  relevées  sur  le  thermomètre  de  C enceinte 
calorimétrique  chauffée  par  le  séjour  de  l'animal  dans 
r  appareil. 

§  3.  —  Résultats  des  expériences  et  conclusions. 

Nous  avons  pensé  qu'il  était  préférable  de  mettre  sous 
les  yeux  du  lecteur  des  diagrammes  plutôt  que  de  longues 
et  fastidieuses  colonnes  de  chiffres,  très  peu  démonstra- 
tives d'ailleurs. 

Nous  donnons  ici  aux  figures  4  à  9  les  courbes  repré- 
sentant la  moyenne  de  toutes  nos  expériences  avec  l'indi- 
cation de  ces  expériences. 

Quelques  recherches  faites  sur  le  lapin  nous  ont  permis 
d'établir  une  courbe  d'allure  analogue.  Nous  ne  la  publions 
pas,  parce  que  nous  considérons  le  nombre  de  ces  expé- 
riences comme  n'étant  pas  suffisant. 

Les  figures  ci-après  démontrent  d'une  façon  évidente 
qu'il  existe  un  minimum  de  la  radiation  calorifique.  (Voir 
fig.  4-9.) 

On  ne  peut  déterminer  d'une  façon  absolue  la  tempéra- 
ture à  laquelle  a  lieu  cette  production  minimum.  Chez  le 
cobaye,  elle  nous  a  paru  se  présenter  entre  20  et  25°  C. 
Cette  température  est,  bien  entendu,  celle  relevée  à  l'in- 
térieur du  calorimètre  à  la  fin  de  l'expérience. 

Des  six  diagrammes  que  nous  avons  pu  établir,  l'un 
(ûg.  6)  nous  renseigne  le  minimum  entre  ^9°  et  23°  C; 
les  cinq  autres  l'indiquent  comme  situé  très  près  de  25°  C. 


(  610  ) 


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Fie  S  Courbe  moyenne  indiquant  le  nombre  de  calories  dégagées  par  kilo- 
gramme-heure de  cobaye  aux  différentes  températures  comprises  entre  -+-  4" 
et  26"  C.  (icmpcraturc  de  l'enceinte  calorimétrique)  Vingt  expériences  faites  sur 
le  cobaye  n"  111,  poids:  381  grammes;  le  minimum  de  production  de  chaleur 
est  silué  vers  19-'-'23o  C. 


FiG  6.  Courbe  moyenne  indiquant  le  nombre  de  calories  dégagées  par  kilo- 
gramme-heure de  cobaye  aux  différentes  températures  comprises  entre  +  8» 
et  290  c.  Quinze  expériences  faites  sur  le  cobaye  n»  VII,  poids  :  418  grammes; 
li;  minimum  est  silué  vers  2  i'-iio"  C. 


FiG.  1.  Tableau  indiquant  le  nombre  de  calories  dégagées  par  kilogramme-heure 
de  cobaye  aux  différentes  températures  de  l'enceinte  calorimétrique  comprises 
entre  + 1°  et  30^  C.  Dix-sept  expériences  faites  sur  le  cobaye  n"  V,  poids  :  422 
srammes;  minimum  à  25»  C. 


(  612  ) 


FiG.  8.  Courbe  moyenne  indiquant  le  nombre  de  calories  dégagées  par  kilo- 
gramme-heure de  cobaye  aux  différentes  températures  de  l'enceinte  calorimé- 
trique comprises  entre  -+-  8»  à  27°  C.  Quatorze  expériences  faites  sur  le  cobaye 
n"  I,  poids  :  430  grammes;  minimum  de  production  de  chaleur  \ers  24»  C. 


FiG.  9.  Tableau  indiquant  le  nombre  de  calories  dégagées  par  kilogramme-heure 
de  cobaye  aux  différentes  températures  de  l'enceinte  calorimétrique  comprises 
entre -4- 7»  et  31°  C.  Seize  expériences  faites  sur  le  cobaye  n"  IX,  poids  : 
305  grammes;  minimum  vers  24"  C. 


(613) 

En  règle  générale  donc,  toute  température  supérieure  ou 
inférieure  à  25°  C.  produira,  chez  le  cobaye,  une  augmen- 
tation des  combustions  interstitielles. 


0^\ 

iO" 

0" 

iO' 

KiG.  10.  Diagramme  schématique  représentant  les  variations  de  la  production 
de  chaleur  (ligne  verticale)  aux  différentes  températures  0°  à  A0">  C.  (ligne 
horizontale). 

180.  Point  minimum  de  la  radiation  calorifique  chez  l'homme 

(LÉON  Frederico.  Voit). 

2oo.  Point  minimum  de  la  radiation  calorifique  chez  le  chien  (Page) 

et  le  cobaye  (Ansiaux.) 

10°.  Les  combustions  ne  s'exagèrent  que  parce  que  la  température  interne  de 

l'animal  augmente  (PflOGer). 

Les  résultats  de  mes  expériences  confirment  donc  la 
théorie  que  Léon  Fredericq  a  établie  à  l'aide  de  ses  expé- 
riences et  de  celles  de  Page  et  Voit  (méthode  indirecte). 
Pour  Page  même,  la  production  minimum  de  CO^  se 
produit  chez  le  chien  à  2o°  C. 

Entin  Quinquaud  et  d'Arsonval  sont  arrivés  à  des  résul- 
tats analogues  aux  nôtres  (méthode  directe),  mais  établis 
par  un  trop  petit  nombre  d'expériences  (1). 


(1)  Pendant  la  rédaction  de  ce  travail,  nous  avons  eu  con- 
naissance de  celui  de  Rosextual,  naais  seulement  d'après  des  ana- 
lyses. 

En  ce  qui  concerne  la  production  de  chaleur,  nous  sommes  lieu- 


(  614  ) 

Les  conclusions  que  nous  venons  d'énoncer  concernant 
l'influence  de  la  température  extérieure  sur  la  production 
de  chaleur  des  animaux  à  sang  chaud  étant  établies  par 
deux  méthodes  absolument  difi'érentes,  acquièrent  ainsi 
un  haut  degré  de  probabilité. 


Nouvelle  méthode  pour  la  détermination  quantitative  de 
la  valeur  du  pain,  de  la  farine,  de  l'albumine,  etc.  ;  par 
John  Barker  Smith,  docteur  en  médecine  à  Dulwich 
(Londres). 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  nou- 
velle méthode  pour  doser  le  gluten  dans  le  pain,  la  farine, 
et  dans  les  aliments  farineux,  ainsi  que  pour  le  dosage  de 
l'albumine  dans  le  lait  et  dans  de  nombreux  aliments 
d'origine  animale. 

Il  est  inutile  de  faire  ressortir  la  grande  importance  de 
cette  question  ;  cependant  je  prendrai  la  liberté  de  signaler 
l'économie,  la  rapidité  et  l'exactitude  de  ma  méthode. 
Soixante  essais  de  farine  ou  de  pain  dissous  peuvent  être 
aisément  exécutés  par  un  étudiant  en  chimie,  en  une  heure 
de  temps. 


reux  de  constater  que  nous  sommes  arrivé  à  des  conclusions 
identiques  aux  siennes. 

D'après  lui,  le  point  minimum  peut  se  présenter  à  des  tempé- 
ratures un  peu  différentes. 

J.  RosENTUAL.  Calorimelrische  Unlersuclmngen,  5'"  Artikel.  Mûnch. 
raed.  Wochensch.,  i889,  XXXVI,  N"  55,  S.  927  (d'après  des  ana- 
lyses dans  Schmidt's  Jahrb.,  1890,  n»  10,  p.  7,  et  Jahresber.  d.  ges. 
Medic,  1890,  p.  i84. 


(  «13  ) 

Une  solution  d'un  seul  grain  de  permanganate  de 
potassium  pur  dans  douze  onces  d'eau  fournira  douze 
mesures  quantitatives  normales,  et,  en  pratique,  soixante 
sous-mesures,  à  utiliser  quantitativement,  seront  données 
par  ce  seul  grain  de  permanganate  de  potassium. 

La  mesure  normale  étant  introduite  dans  un  petit 
llacon  après  avoir  été  acidulée  par  de  l'acide  sullurique, 
on  y  laisse  couler,  au  moyen  d'une  burette  graduée,  la 
solution  de  pain  ou  de  farine  jusqu'à  décoloration  com- 
plète. 

D'autre  part,  on  dissout  un  échantillon  de  gluten 
humide  (1  gramme)  dans  quelques  centimètres  cubes  d'une 
solution  de  potasse  que  l'on  étend  ensuite  d'eau  jusqu'à 
100  c.  c.  Si  10  c.  c.  de  cette  solution  décolorent  la  mesure 
normale  (1),  le  titre  du  gluten  humide  sera  de  1  déci- 
gramme. 

Cela  posé,  voici  comment  on  opère  pour  le  pain  et  pour 
la  farine. 

a.  Pain.  On  fait  bouillir  une  petite  quantité  de  solution 
de  potasse  avec  4  gramme  de  pain,  jusqu'à  ce  que  celui-ci 
reste  dissous  après  dilution  à  100  c.  c.  Si  2o  c.  c.  décolo- 
rent la  mesure  normale,  le  pain  contiendra  l'équivalent 
de  40  7o  de  gluten  humide. 

b.  Farine.  On  triture  convenablement  \  gramme  de 
farine,  dans  un  mortier,  avec  un  peu  de  potasse  en  solu- 
tion, puis  on  étend  d'eau  jusque  1 00  c.  c.  Si  50  c.  c.  de  ce 
mélange  décolorent  le  permanganate,  on  dira  que  la  farine 
contiendra  53  "/o  de  gluten  humide. 

Pour  l'examen  du  lait,  de  la  crème,  de  la  caséine,  les 
matières   albuminoïdes    décolorent   le   permanganate   et 


(1)  5  milligrammes  de  permanganate  de  potassium. 


(  616) 

renseigneront  approximativement  sur  la  valeur  du  lait. 
Cependant  ces  principes  réagissent  avec  le  permanganate 
d'une  manière  différente;  ainsi,  tandis  que  0^',3  de  crème 
décolore  la  mesure  normale  et  1"%5  de  lait,  il  reste 
toujours  un  grand  pouvoir  décolorant  dans  le  lait  écrémé. 
Le  grand  pouvoir  décolorant  de  la  crème  ne  paraît  pour- 
tant pas  dû  à  la  présence  de  la  graisse,  qu'on  peut  éliminer 
au  moyen  de  l'éther.  En  outre,  la  caséine  semble  réagir 
faiblement  avec  le  permanganate.  C'est  donc  le  principe 
albuminoïde  qui  donne  au  lait  son  grand  pouvoir  déco- 
lorant. 

'J'ai  flxé  provisoirement  à0°'",04le  titre  de  toutes  lesalbu-, 
mines  sèches,  et  j'ai  été  conduit  à  agir  de  la  sorte  à  la  suite 
de  divers  essais,  parce  que  le  rapport  du  gluten  sec  au 
gluten  humide  s'approche  de  ce  nombre.  Le  titre  de  l'albu- 
mine de  l'œuf  a  été  trouvé  de  0^^,25  et  celui-ci,  divisé 
par  le  rapport  de  l'albumine  sèche,  savoir  6,  s'approche 
de  nouveau  de  ce  nombre.  En  outre,  après  avoir  précipité 
la  caséine  du  lait  par  l'acide  phosphorique,  la  quantité 
d'albumine  restée  en  solution  s'approche  encore  de  ce 
nombre. 

Je  suis  occupé  maintenant  de  déterminer  par  des 
méthodes  directes  les  diverses  albumines;  c'est  pourquoi 
le  titre  de  0=^04  ne  doit  être  considéré  que  comme  provi- 
soire. 

Notes  complémentaires. 

A  froid. 

a.  Dans  ce  groupe  se  trouvent  les  matières  albumi- 
noïdes  qu'il  suffit  de  diluer  dans  de  l'eau;  par  exemple,  le 
lait  condensé,  les  peptones,  les  extraits  de  viandes,  le 
sérum,  etc. 


(  617  ) 

b.  Dans  ce  groupe  se  trouvent  les  substances  albumi- 
neuses  qu'on  doit  mettre  en  solution  en  les  faisant  bouillir 
ou  macérer  dans  une  solution  de  potasse;  par  exemple,  le 
gluten,  le  pain,  la  farine,  la  nucléine,  la  viande,  les  albu- 
mines coagulées  (sérum,  sang,  librine). 

A  l'ébuUition. 

c.  Les  matières  de  ce  groupe,  souvent  associées  à  celles 
des  groupes  précédents,  doivent  être  traitées  à  l'ébullilion 
parfois  répétée.  Ce  sont  :  les  mucilages,  les  sucres,  l'em- 
pois, l'alcool,  dont  le  titre  est  variable  (0^',C),  etc. 

Par  exemple,  l'empois  et  les  mucilages  ont  un  pouvoir 
décolorant  qui  diffère  peu  de  celui  du  blanc  d'œuf,  tandis 
que  ce  dernier  a  un  pouvoir  double  de  celui  de  l'alcool; 
les  sucres,  au  contraire,  se  rapprochent  de  l'albumine 
sèche. 

Il  est  à  noter  aussi  qu'une  solution  normale  de  perman- 
ganate bouillanle  se  trouve  réduite,  par  les  albumines, 
cinq  fois  plus  facilement  qu'à  la  température  ordinaire. 


(  6<8  ) 


CLASSE   DliS   LETTRES. 


Séance  du  1"  décembre   1890. 

M.  Stecher,  directeur. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  G.  Tiberghien,uïce-rf/rec^eî/r;Alph. 
Wauters,  Emile  de  Laveleye,  P.  Willems,  G.  Rolin-Jae- 
quemyns,  S.  Bormans,  Ch.  Piot,  Ch.  Potvin,  T.-J.  Lamy, 
P.  Henrard,  J.  Ganlrelle,  L.  Roersch,  L.  Vanderkindere, 
Alex.  Henné,  G.  Frédérix,  le  comte  Goblet  d'Alviella, 
membres;  M.  Philippson,  associé;  E.  Banning,  De  Monge, 
A.  Giron  et  le  baron  J.  de  Cheslret,  correspondants. 

M.  Alph.  Le  Roy  écrit  que  sa  santé  n'est  pas  encore 
assez  raffermie  pour  lui  permettre  d'assister  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


La  classe  apprend,  avec  un  profond  sentiment  de  regret, 
la  perte  qu'elle  a  faite  en  la  personne  de  l'un  de  ses 
membres  titulaires,  M.  Auguste  Scheler,  bibliothécaire  du 
Roi  et  de  S.  A.  R.  le  Comte  de  Flandre,  décédé  à  Ixellcs, 
le  16  novembre,  à  l'âge  de  71  ans. 


{  019  ) 

M.  le  directeur,  après  avoir  adressé  à  la  mémoire  du 
dél'unl  un  suprême  hommage  de  sympathie,  propose  de 
voler  des  remerciemenls  au  vice-directeur,  M.  ïibtighien, 
qui  a  bien  voulu  se  faire  l'organe  de  l'Académie  lors  «les 
l'unéraillcs.  —  Adopté. 

Ce  discours  figure  ci-après. 

Une  lettre  de  condoléance  sera  adressée  à  la  famille  du 
défunt. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction 
publique  envoie  pour  la  bibliothèque  de  l'Académie  : 

1"  Deux  exemplaires  de  la  brochure  renfermant  les  Dis- 
positions organiques  sur  les  certificats  d'études  moyennes 
et  les  épreuves  préparatoires; 

2°  Deux  exeujplaires  de  la  publication  intitulée  : 
Vœuvre  du  Congo,  conférence  par  le  comte  Hippolyte 
d'Ursel. —  Remerciements. 

—  Le  même  Ministre  soumet  à  l'avis  de  la  Classe 
une  brochure  intitulée  :  Unser  Leben  envoyée  au  Roi, 
par  M.  Adolf  Gaul,  de  Berlin,  destinée,  d'après  l'auteur, 
à  un  concours  scientifique  institué  par  le  Gouvernement 
belge.  —  Commissaire  :  M.  Vanderkindere. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

\°  Discours  inaugural  prononcé  à  Couverture  solennelle 
des  cours  de  l'Université  de  Liège,  le  21  octobre  1890;  par 
L.  Roersch; 

2"  San-Li'Tu.  Tableau  des  trois  rituels.  Traits  de 
mœurs  chinoises  avant  l'ère  chrétienne;  par  C.  de  Harlez; 

5°  Des  clôtures  et  des  plantations;  discours  par  M.  Detroz, 
prononcé  à  la  cour  d'appel  de  Liège  ; 


(  620  ) 

4°  Études  sur  Wibald,  abbé  de  Stavelot;  par  le  chanoine 
Toussaint; 

5"  Bulletin  des  archives  d'Anvers,  tome  XVIIl,  S""*  et 
^me  livraisons;  tome  XVIII,  1*^*  livraison;  par  P.  Génard; 

6°  De  afschaffing  der  normaalscliolen  voor  het  middel- 
baar  onderwijs;  par  A.  De  Ceulenter; 

1"  A.  Pénombre  Medievali.  B.  Lucrezia  Beniamini. 
C.  Luigi,  Alfonso  e  Rodolfo  Gonzaga;  par  Giovanni  Scar- 
donelli; 

8"  Manuel  de  droit  électoral;  par  A.  Giron; 

9°  A.  Franz  Foulon  :  Poèmes  flamands  et  poésies 
diverses.  B-  Auguste  Doulrepont  :  La  Clef  d'Amors,  n°  5 
de  la  Bibliolheca  norniannica;  présentés  par  M.  Stecher. 
avec  une  note  qui  ligure  ci-après; 

10°  Henri  le  Navigateur  et  l'Académie  portugaise  de 
Sagrès,  par  le  lieutenant  général  Wauwermans;  présenté 
par  M.  Henrard,  avec  une  note  qui  figure  ci-après.  — 
Remerciements. 

—  M.  le  D""  H.  Logeman  soumet  à  l'appréciation  de  la 
Classe  une  notice  manuscrite,  avec  cinq  photographies, 
sur  une  inscription  anglo-saxonne  gravée  sur  un  reliquaire 
de  la  vraie  croix,  appartenant  au  trésor  de  l'église  collé- 
giale des  SS.  Michel  et  Gudule  de  Bruxelles.  —  Commis- 
saires :  MM.  Wauters,  Roersch  et  Gantrelle. 


ÉLECTIONS. 


La  Classe  procède  à  l'élection  : 

i°  De  quatorze  candidats  pour  la  formation  des  jurys 
chargés  de  juger  la  neuvième  période  du  concours  quin- 


(  62i  ) 

qnennal  d'histoire  nationale,  et  pour  la  seconde  période 
du  concours  quinquennal  des  sciences  historiques; 

2°  De  dix  candidats  pour  la  formation  du  jury  cliargé  de 
ju^er  la  onzième  période  du  concours  triennal  de  littéra- 
ture dramatique  en  langue  française. 

Ces  trois  listes  seront  transmises  à  M.  le  iMinislre  de 
l'Intérieur  et  de  l'iDstruction  publique. 

—  I.a  Classe  continue  aux  membres  sortants  le  man- 
dat de  coniposer  sa  commission  spéciale  des  linances  pour 
1891. 


Discours  prononcé  aux  funérailles  de  M.  Auguste  Scheler; 
par  G.  Tibergbien,  vice-directeur  de  la  Classe. 

Je  viens,  au  nom  de  l'Académie  royale,  dire  un  dernier 
adieu  à  un  ami,  à  un  collègue  de  l'Université,  à  un  confrère 
de  la  Classe  des  lettres,  l'un  des  plus  nobles  par  les  qua- 
lités du  cœur,  l'un  des  plus  dignes  et  des  plus  illustres  par 
les  dons  de  l'intelligence  et  j)ar  l'ardeur  au  travail,  l'un 
des  plus  modestes  aussi  et  des  plus  fidèles  à  la  loi  du 
devoir. 

Auguste  Scheler  a  été  enlevé  inopinément  à  sa  famille 
et  à  la  science,  après  une  longue  vie  de  labeurs  et  de 
souffrances.  Il  avait  été  tout  à  la  fois  comblé  d'honneurs 
et  secoué  par  les  épreuves  les  plus  douloureuses.  Célébrons 
sa  mémoire  comme  celle  d'un  héros  et  d'un  martyr  de  la 
philologie. 

5"°'   SÉRIE,    TOME    XX.  41 


(  622  ) 

Les  événements  de  sa  vie  ne  sont  pas  nombreux.  Il 
naquit  à  Ebnat,  en  Suisse,  le  6  avril  1819.  Il  fit  ses  études 
en  Allemagne  et  reçut  le  litre  de  docteur  en  philosophie 
et  letlre.s  à  l'Université  d'Erlangen  en  1839.  Puis  il  vint 
s'établir  en  Belgique.  Il  fut  chargé  de  l'instruction  litté- 
raire des  enfants  de  notre  premier  Roi  et,  plus  lard,  du 
prince  Baudouin.  Il  fut  nommé  successivement  bibliothé- 
caire du  Roi  et  du  Comte  de  Flandre,  oIHcier  de  l'Ordre 
de  Léopold,  professeur  de  grammaire  comparée  et  de 
langue  romane  à  l'Université  de  Bruxelles.  Il  fut  élu 
associé  de  l'Académie  en  1868  et  membre  effectif  en  1884, 
après  avoir  obtenu  la  grande  naturalisation  «  pour  services 
éminenîs  rendus  au  pays  ».  H  fut  désigné  pour  remplir 
les  fonctions  de  directeur  de  la  Classe,  mais  l'état  de  sa 
santé  l'empêcha  d'accepter  ce  poste.  Il  faisait  partie  de  la 
Commission  instituée  pour  la  publication  des  œuvres  des 
grands  écrivains  du  pays.  L'année  dernière  on  fêlait  chez 
lui  le  cinquantenaire  de  sa  réception  comme  docteur.  Il 
était  miné  déjà  par  la  maladie,  et  madame  Scheler  n'était 
pas  loin  de  la  mort!  Enfin,  cette  année  même,  le  5  mai 
1890,  il  obtint  par  arrêté  royal  le  prix  décennal  de  philo- 
logie. Honneurs  et  douleurs,  c'était  toute  sa  vie,  vie  glo- 
rieuse, mais  dure  et  ingrate. 

Les  publications  de  Scheler  sont  très  considérables, 
mais  toujours  consacrées  aux  lettres,  à  l'histoire  ou  à  la 
philologie,  surtout  à  la  philologie  romane.  Je  ne  saurais 
en  ce  moment  solennel  les  énumérer  toutes.  Je  saurais 
moins  encore  les  apprécier  comme  il  convient.  Un  philo- 
logue doit  être  jugé  par  un  philologue  dans  le  silence  el  le 
recneillemenl  du  cabinet.  Mais  la  réputation  de  notre 
cminent  confrère  n'est  plus  à  faire.  Tous  ceux  qui  s'occu- 


(  625  ) 

penl  (le  linguistique,  en  Belgique  el  à  l'élranger,  sont 
unanimes  pour  vanler  la  science  de  Scheler  et  pour  le 
mettre  au  |)remier  rang  des  romanistes.  Le  rapport  du  jury 
qui  lui  a  décerné  le  prix  décennal  confirme  pleinement  cet 
éloge. 

Je  ne  parlerai  pas  de  sa  dissertation  doctorale  en  latin 
sur  Julien  l'Apostat,  de  ses  commentaires  sur  Homère  et 
sur  Sophocle,  de  ses  lettres  sur  la  prononciation  du  grec, 
de  ses  travaux  sur  la  langue  allemande,  de  ses  écrits 
historiques  et  particulièrement  de  ses  recherches  sur  le 
séjour  de  Tapôlre  saint  Pierre  à  Rome,  qui  ont  été  tra- 
duites en  anglais,  ni  de  sa  collaboration  au  Bullelin  du 
bibliophile  belge  el  à  plusieurs  revues  allemandes.  Toutes 
ces  publications  annonçaient  sa  vocation,  mais  n'étaient 
que  le  prélude  de  ses  hautes  éludes  de  philologie. 

Son  <i  Dictionnaire  d'élymologie  française  d'après  les 
résultats  de  la  science  moderne  »  est  une  œuvre  d'immense 
érudition,  qui' obtint  rapidement  trois  éditions  el  qui  est 
devenue  classique.  Lillré  en  faisait  le  plus  grand  cas.  Il 
faut  y  joindre  la  suite  el  la  fin  du  «  Dictionnaire  étymo- 
logique de  la  langue  wallonne  »  de  Grandgagnage,  et  les 
compléments  à  1'  «  Elymologisches  Wôrlerbuch  der  roma- 
nischen  Sprachen  »  de  Friedrich  Diez. 

Ses  gloses  sur  la  lexicographie  latine  du  XIP  el  du 
XIII*  siècle,  son  glossaire  romain-latin  du  XV"  siècle,  ses 
études  sur  la  transformation  française  des  mots  latins  et 
son  exposé  des  lois  qui  régissent  celle  transformation  sont 
des  œuvres  de  premier  ordre  qui  sont  désormais  indispen- 
sables pour  l'interprétation  des  auteurs  du  moyen  âge.  Ses 
éditions  accompagnées  de  notes  et  de  glossaires  de  plu- 
sieurs romans  et  de  quelques  chansons  de  geste,  d'après 


(  624  ) 
les  anciens  manuscrits  enfouis  dans  les  bibliothèques  et 
mis  au  jour  pour  la  première  fois,  sont  des  découvertes 
précieuses  qui  répandent  une  vive  lumière  sur  l'origine  et 
sur  l'évolution  de  nos  idiomes,  et  souvent  sur  les  mœurs 
et  sur  les  événements  d'une  époque. 

Restent  encore,  après  tous  ces  volumes,  les  publica- 
tions académiques  de  Scheler.  Elles  sont  insérées  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie.  Elles  comprennent  un  glossaire 
philologique  de  la  geste  de  Liège  de  Jean  d'Ouiremeuse, 
une  élude  lexicologique  sur  les  poésies  de  Gilles  li  Muisis, 
un  glossaire  latin-français  du  Catholicon  de  Lille. 

Les  Bulletins  mensuels  de  l'Académie  contiennent  éga- 
lement quelques  fragments,  notes  et  rapports  de  notre 
infatigable  confrère. 

Enlin  les  travaux  de  la  Commission  de  publication  des 
grands  écrivains  du  pays  renferment  quelques-unes  des 
œuvres  les  plus  importantes  du  célèbre  romaniste.  Ce  sont 
les  Dicls  et  Contes  de  Baudouin  de  Condé,  les  Dicts  de 
Walriqnel  de  Couvin,  les  poésies  de  Froissart  avec  glos- 
saire, Us  glossaires  des  chroniques  de  Froissart,  Adenés 
li  Roi,  les  Trouvères  belges  et  Li  regret  Guillaume. 

«  Dans  tous  ces  travaux,  dit  le  rapport  du  jury  de  philo- 
logie, où  l'ingéniosité  de  l'esprit  et  la  méthode  ne  servent 
pas  moins  au  savant  que  les  lenteurs  de  l'érudition, 
M.  Scheler  a  toujours  fait  preuve  d'un  véritable  sens  phi- 
lologi(iuc.  Il  a,  de  toutes  les  qualités  de  l'étymologiste,  la 
plus  rare  et  la  plus  nécessaire,  la  circonspection... 

ï  L'Académie  n'a  pas  eu  de  collaborateur  plus  laborieux 
et  plus  fidèle  dans  la  restitution  historique  et  philologique 
de  notre  passé  littéraire... 

>  La  philologie  romane  a  trouvé  en  M.  Scheler  un 
représentant  dont  l'autorité  est  aujourd'hui  reconnue... 


(  b2o  ) 

»  Son  œuvre  est  une  sous  sa  diversité  apparente,  et 
cette  unité  constitue  peut-être  le  plus  noble  liire  de  ce 
travailleur  modeste  à  notre  admiration.  » 

Voilà  riiomm^;  dont  nous  déplorons  la  perle.  Son  sou- 
venir sera  impérissable  p.irmi  nous.  A  l'Académie  et  à 
l'Université,  chacun  aimait  et  vénérait  ce  savant  si  doux, 
si  bienveillant,  si  désintéressé,  et  si  grand  dans  son 
alïliction. 

Mais  que  sont  nos  regrets,  comparés  au  deuil  de  la 
r.imille?  Je  ne  puis  y  penser  sans  efîroi...  Une  seule  chose 
me  rassure,  c'est  ()ue  Scheler,  dans  ses  plus  grandes  infor- 
tunes, a  toujours  gardé  intacte  sa  conliance  en  Dieu.  Qu'il 
repose  en  pai.x  !  Sa  conliance  ne  sera  pas  déçue.  Sa  vie  et 
sa  mort  sont  un  exemple  pour  ses  enfants  et  pour  nous 
tous. 


NOTES    BIBLIOGRAPHIQUES. 

M.  Franz  Foulon,  d'Ath,  me  prie  de  présenter  à  la 
Classe  ses  Puèmes  flamands  (1).  C'est  une  mission  bien 
agréable  pour  moi,  [)uisqu'il  s'agit  d'un  Wallon  qui,  comme 
il  m'écrit,  a  tenté  de  rendre  un  peu  de  la  poésie  naturelle 
de  nos  Flandres.  Cette  tentative  au  moins  patriotique  a  le 
droit  d'intéresser  une  Académie  qui,  dans  ses  éludes, 
n'exclut  rien  de  ce  qui  constitue  la  vie  belge. 


(Il  I-'kanz  Foulon.  Poèmes  flamands  rt  poésies  diverses.  —  Au  beau 
P'iys  de  Flandre..  —  Vieilles  chansons.  —  Sontiets  à  Willem.  — 
finndels  siititils.  (iaiid,  .\(i.  Hostc,  éditeur,  I8il0,  1  14  pages,  iii-l2 
(avec  un  dessin  d'Oiner  Coppens). 


(  626  ) 

Mais  il  est  bon  de  remarquer  aussi  que,  pour  être 
national  et  neuf,  M.  Foulon  n'a  pas  cru  nécessaire  de  se 
faire  un  rythme  excentrique,  ni  un  glossaire  étrange  et 
accessible  à  quelques  rares  initiés.  Il  se  sert  du  français 
usuel  pour  un  style  et  des  idées  qui  sont  bien  à  lui. 

Ce  n'est  pas  qu'il  ait  horreur  des  innovations,  même 
pour  la  césure;  mais  il  croit  ne  devoir  innover  que  par  ^ 
opportunité  d'art  et  à  bon  escient.  A  aucun  prix,  il  ne  f 
prétend  s'interposer  entre  son  lecteur  et  le  sujet  qui 
l'inspire.  S'il  cherche  à  localiser  ses  impressions,  s'il 
s'évertue  à  nationaliser  ses  esquisses,  c'est  sans  préjudice 
des  droits  réels,  imprescriptibles  de  l'idiome  autorisé.  En 
de  certaines  pièces,  telles  que  Carillonnenr,  Bannières, 
Après  la  pluie,  Dentellières,  Laitière,  Vieille  ville,  Marée 
basse,  etc.,  on  éprouve  un  charme  qui,  après  tout,  n'est 
pas  vulgaire,  celui  de  sentir  des  vibrances  de  lumière  bien 
flamande  dans  une  langue  demeurée  irrécusablement 
française.  J.  Stecher. 


J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  de  la  part  de  l'auteur, 
le  texte  critique  de  la  Clef  d'Amors,  poème  français  qui 
semble  dater  de  la  fin  du  XIII'  siècle,  M.  Auguste  Doutre- 
pont,  professeur  agrégé  de  philologie  romane,  sorti  de 
l'École  normale  des  humanités  de  Liège,  récemment  encore 
attaché  comme  lecteur  de  langue  française  à  l'Université 
de  Halle,  a  publié  cette  curieuse  paraphrase  d'Ovide  dans 
la  Bibliotheca  normannica  de  Hermann  Suchier. 

a  La  préface,  dit  une  revue  de  Paris,  le  Moyen  âge,  est 
un  bon  morceau  de  critique  littéraire  et  de  philologie.  » 


(  G"27  ) 

Après  des  comparaisons  sagaces  avec  VArs  amatoria,  le 
jeune  philologue  décrit  el  classe  les  divers  manuscrits, 
étudie  la  métrique  et  la  langue  du  poète  français.  Il  cherche 
même  ù  découvrir  son  nom  dans  la  longue  charade,  placée 
ù  la  tin  de  la  Clef  d' A  mors,  selon  la  manie  du  temps. 

Ce  travail,  (|ui  a  été  remarqué  en  Allemagne,  est  le 
IVuit  d'un  séjour  de  deux  ans  à  Florence  et  à  Paris,  où 
M,  Doutrepont  a  pu  utiliser  les  manuscrits  et  les  éditions 
anciennes,  et  à  Halle,  où  il  a  trouvé  un  éditeur  et  un  impri- 
meur. Dans  le  monde  des  spécialistes,  on  est  d'accord  pour 
reconnaîlre  ici  une  contribution  sérieuse,  même  après  les 
tentatives  faites  par  Edwin  Tross,  Michelant  et  Kôrting. 

Au  point  de  vue  littéraire  aussi,  des  lecteurs  moins 
friands  de  critique  paléographique  trouvèrent  des  rappro- 
chements ingénieux  et  des  suggestions  assez  lines. 

J.  Stecher. 


Henri  le  Navigateur  et  l'Académie  portugaise  de  Sagrès  ; 
par  le  lieutenant  général  Wauwermans. 

Ce  livre,  qui  porte  en  sous-titre  :  Introduction  à  l'étude 
de  l'école  anversoise  de  géographie  au  XVI'  siècle,  pourrait 
aussi  bien  s'appeler  :  «  L'histoire  de  la  recherche  de  la 
roule  maritime  des  Indes,  et  des  découvertes  des  côtes 
d'Afrique  et  de  l'Amérique  qui  en  furent  les  consé- 
quences. » 

A  l'époque  des  croisades,  nous  dit  l'auteur,  la  pratique 
navale  se  bornait  encore  au  cabotage,  mélhode  timide  qui 
maintenait   toujours  les  marins  en  vue  des  côtes  et  les 


(  C28  ) 

obligeait,  aussitôt  la  nuit  tombante,  de  jeter  l'ancre  de 
peur  de  s'égarer. 

L'usage  de  la  boussole,  enseignée  par  les  Arabes  aux 
marins  italiens,  enhardit  les  navigateurs.  On  s'éloigna 
des  côtes  et  on  voyagea  la  nuit;  mais  seulement  dans  les 
mers  fermées  du  nord  et  du  midi,  car,  sur  l'Atlantique, 
personne  n'osait  prendre  le  large  :  une  terreur  vague 
paralysait  les  marins  et  les  ramenait  vers  l'est,  quand 
parfois  ils  s'écartaient  accidentellement  du  rivage.  Vers 
l'ouest,  au  delà  du  monde  connu,  régnaient  les  ténèbres 
et,  jusqu'au  commencement  du  XV  siècle,  les  récits  les 
plus  extraordinaires  remplissaient  les  légendes  et  les  vies 
des  saints.  Toutefois,  déjà  au  XIV%  .des  portulans 
indiquent,  avec  plus  ou  moins  d'exactitude,  les  archipels 
des  Açores,  de  Madère  et  des  Canaries,  découverts  par 
hasard  par  des  navigateurs  poussés  au  large  par  les  tem- 
pêtes. 

C'est  dans  la  première  moitié  du  XV"  siècle  que  s'ouvre 
l'ère  des  découvertes  méthodiques,  sous  l'inllnence  et  par 
l'initiative  du  prince  Henri  de  Portugal.  11  était  fils  de 
Jean  l""  et  de  Pliili|)pine  de  Lancastre  et  frère  d'Isabelle, 
qui  épousa  le  duc  de  Bourgogne  Philippe  le  Bon  et  fut 
mère  de  Charles  le  Téméraire.  Né  avec  des  dispositions 
remarquables  pour  les  sciences  exactes,  il  s'entoura  de 
savanls  et  de  navigateurs  illustres  de  tous  les  pays,  et 
établit  à  Sagrès,  près  du  cap  Saint-Vincent,  une  école 
navale,  à  laquelle  fut  attaché  un  atelier  important  de 
dessinateurs  de  cartes,  afin  d'en  pourvoir  les  marins 
portugais. 

Sur  la  foi  de  renseignements  donnés  par  les  Arabes, 
Henri  résolut  de  poursuivre  la  reconnaissance  des  côtes 
d'Afrique,  qui  n'étaient  connues  que  jusqu'au  cap  Non,  et 


(  ()29  ) 

il  profila  de  son  autorité  de  Grand-iMaîlre  de  l'Ordre  du 
Clirisl  pour  obliger  ses  chevaliers,  dans  leurs  voyages 
maritimes,  à  dépasser  ce  point,  que  la  superstition  parais- 
sait désigner  comme  la  limite  extrême  du  inonde.  Par 
sa  persistance,  les  chevaliers  atteignirent  successivement 
les  côtes  d'Afrique  jusqu'au  cap  Mansurado,  à  G"  de  lati- 
tude nord. 

Après  sa  mort,  en  1-405,  les  voyages  de  découvertes  se 
continuèrent.  liarlholomé  Diaz  doiihla  le  cap  clesTempélcs, 
que  Jean  11  nomma  cop  de  Bunne-Espcrauce,  le  récit  que 
lui  fît  Diaz  lui  faisant  prévoir  que  la  roule  des  Indes  était 
découverte.  Dix  ans  plus  tard  (1497),  Vasco  de  Gama 
achevait  l'œuvre  du  prince  Henri  en  contournant  le  pre- 
mier le  continent  africain. 

L'école  de  Sagrès  avait  introduit  dans  la  marine  l'usage 
de  {'astrolabe  et  la  coutume  de  déterminer  chaque  jour 
la  latitude  par  l'observation  de  la  hauteur  des  astres. 
Afin  de  recliher  la  position  du  pointa  l'aide  de  ces  obser- 
vations, les  caries  étaient  quadrillées  au  moyen  de 
parallèles  et  de  méridiens  également  espacés;  enfin  elle 
substitua  aux  cartes  plates  celles  à  développement  cylin- 
drique. 

il  n'est  pas  douteux  que  les  progrès  réalisés  en  Portu- 
gal par  les  navigateurs  n'aient  été  connus  de  Christophe 
Colomb,  arrivé  à  Lisbonne  en  '14-70,  et  qui,  indépendam- 
ment de  son  métier  de  caboteur,  pratiqué  dans  la  bonne 
saison,  dessinait  des  cartes  marines  pour  se  procurer  des 
ressources  pendant  l'hiver. 

Durant  un  séjour  qu'il  lit  aux  Açores  et  à  Madère,  près 
de  deux  de  ses  beaux-frères,  on  lui  signala  des  objets 
ouvrés  par  la  main  de  l'homme  et  apportés  par  un  courant 
d'ouest;  il  en  conclut  la  présence  à  l'occidenl  d'une  terre 


(  630  ) 

qui,  d'après  lui,  ne  pouvait  être  que  les  Indes,  cherchées 
jusqu'alors  à  l'orient. 

Nous  ne  suivrons  pas  le  général  Wauwermans  dans  ses 
biographies  de  Colonr)b  et  de  Magellan,  «  dont  l'étonnant 
voyage  complète  et  synthétise  les  découvertes  de  Colomb 
et  de  Vasco  de  Gama  »  ;  nous  nous  bornerons,  avec  l'au- 
teur, à  rappeler  que  Guicciardin  attribue  l'origine  de  la 
richesse  d'Anvers  au  choix  que  les  Portugais  firent  de 
cette  ville  pour  entrepôt  des  «  drogueries  et  épiceries  »  des 
Indes,  dans  leur  commerce  avec  le  nord  et  le  centre  de 
l'Europe. 

Très  clairement  exposée,  l'histoire  de  ces  prolégomènes 
des  grandes  découvertes  maritimes  de  l'époque  moderne, 
nous  prouve  une  fois  de  plus  que  les  progrès  de  l'huma- 
nité ne  procèdent  pas  par  bonds,  mais  par  efforts  lents  et  fl 
successifs;  une  découverte  en  entraîne  une  autre  et  est 
elle-même  le  résultat  synthétique  des  faits  qui  l'ont  précédée, 
plutôt  que  l'intuition  inconsciente  d'un  homme  de  génie. 

P.  Henrard. 


RAPPORTS. 


Een  paar  fragmenlen  van  den  Roman  van  Perchevael ; 
door  Fr.  Van  Veerdeghem. 

i  M.  Fr.  Van  Veerdeghem,  chargé  de  cours  à  l'Université 
de  Liège,  a  eu  la  bonne  chance  de  faire  récemment,  dans 
un  livre  provenant  de  la  bibliothèque  de  feu  notre  confrère 
M.  Bormans,  une  heureuse  trouvaille.  11  s'agit  de  deux 


(  6-'l  ) 

feuillets  doubles  en  parchemin,  conlenanl  des  fragments 
d'une  traduction  tliioise  du  Perceval  de  Chrétien  de  Troyes. 
L'existence  de  ces  feuillets  avait  été  déjà  annoncée  par  feu 
M.  Bormans  en  1857  (1),  mais  ils  n'avaient  pas  été  publiés, 
et  ils  s'étaient  perdus  dans  la  suite. 

Le  travail,  soumis  par  \\.  Van  Veerdeghem  à  notre 
Classe,  contient  : 

i"  Une  courte  préface,  dans  laquelle  l'auteur  décrit  les 
feuilles  manuscrites; 

2°  Le  texte,  rendant  avec  beaucoup  de  soin,  autant 
que  nous  avons  pu  en  juger,  le  texte  original  Chacun  des 
deux  fragments  comprend  568  vers.  M.  Van  Veerdeghem 
a  placé  en  bas  du  texte  des  notes  explicatives  élémentaires, 
qui  ont  été  effacées  au  crayon  et  (jui  ne  semblent  donc 
pas  être  destinées  à  l'impression; 

Z"  Cinq  pages  d'annotations  exégétiques; 

4°  Des  extraits  d'un  texte  ihiois  du  même  roman,  insérés 
dans  le  manuscrit  de  la  traduction  du  roman  de  Lancelot, 
publié  par  Jouckbioet  (livre  II,  37552-37584,  58255- 
58550,58615-58680); 

5°  Des  extraits  du  texte  original  de  Perceval  le  Gallois, 
|)ublié  par  notre  confrère  M.  Polvin  (I,  v.  6940-7217, 
7559-7866). 

Il  n'y  a  pas  de  doute  que  les  fragments  nouvellement 
retrouvés  méritent  d'être  publiés.  Tous  ces  restes  de  nos 
anciennes  littératures  nationales  présentent  le  plus  haut 
intérêt,  non  seulement  au  point  de  vue  linguistique,  mais 
encore  pour  l'élude  comparative  de  la  littérature  et  de  la 


(I)  Biillct.  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  2«  scr.,  l.  I,  pp.  ÎJO0-SiO7. 


(  652  ) 
civilisation  pendant  le  moyen  âge.  Je  ne  vois  pas  de  raison 
de  réimprimer  les  evlrails  des  éditions  de  MM.  Jonckbioet 
el  Potvin.  Ceux  qui  s'intéressent  à  ces  études  irouveroni 
facilement  l'occasion  de  consulter  ces  éditions,  qui  doivent 
se  rencontrer  dans  toutes  les  grandes  bibliothèques. 

Les  annotations  qui  suivent  le  texte  sont,  comme 
l'auteur  le  dit  lui-même,  en  majeure  partie  superflues  pour 
les  linguistes.  Aussi  pourrait-on  en  élaguer  une  bonne 
part  et  reporter  au  bas  du  texte  les  quelques  remarques 
vraiment  utiles  qui  restent. 

Nous  somnjes  donc  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'imprimer  la 
préface  et  le  texte  des  fragments  avec  un  choix  fait  dans 
les  remarques,  et  le  Bulletin  nous  semble  te  mieux  con- 
venir pour  cette  publication.  » 


Kappoft  <fe  .n.   Koet'schf  deuaciètne  cummittaire . 


«  Ces  fragments  d'une  traduction  en  vers  thiois  du 
roman  Perce  val  li  Gallois  ne  sont  pas  entièrement  incon- 
nus. Une  grande  partie  en  a  été  publiée  par  Jonckbioet 
dans  le  Lancelot. 

La  version  que  le  célèbre  littérateur  a  donné  du  premier 
fragment,  diffère  notablement  de  celle  que  vient  de  retrou- 
ver M.  Van  Veerdeghem.  Cette  dernière  serre  le  texte 
original  de  plus  près;  l'autre  abrège,  retranche  ce  qui 
paraît  retarder  le  récit.  Il  est  difficile  de  savoir  s'il  faut 
attribuer  les  deux  textes  à  des  auteurs  différents,  mais  à 
cause  de  l'identité  de  la  plupart  des  rimes,  il  ne  paraît  pas 
douteux  que  le  rédacteur  de  la  version  du  Lancelot  n'ait 


(  635  ) 

on  sous  les  yeux  le  lexle  tloiil  nous  nous  occupons  en  ce 
moment. 

La  partie  du  second  fragment  publiée  par  Jonckbiocl 
est  celle  qui  se  rapporte  aux  exploits  de  Gauvain,  c'est- 
à-dire  les  soixante  premiers  vers.  Ici  la  dillérence  se  borne 
à  quelques  variantes  sans  importance.  Les  vers  61  à  3G8 
sont  entièrement  nouveaux. 

Nous  pensons,  avec  notre  savant  ami  iM.  Willems,  que 
les  deux  fragments  méritent  d'être  publiés.  Si  le  premier 
n'a  pas  tout  l'attrait  de  la  nouveauté,  il  permet  de  consta- 
ter comment  le  même  texte  peut  se  rencontrer  avec  des 
rédactions  différentes.  A  ce  point  de  vue,  je  ne  puis 
qu'approuver  l'idée  de  M.  Van  Veerdegbem  de  donner  en 
appendice  les  extraits  correspondants  du  Lancelot,  ouvrage 
assez  peu  répandu.  11  importe  aussi  de  comparer  la  tra- 
duction à  l'original,  mais  comme  il  est  plus  facile  de  se 
procurer  l'édition  de  M.  Potvin,  il  paraît  superflu  d'en 
réimprimer  des  extraits. 

Ayant  eu  le  manuscrit  sous  les  yeux,  j'ai  pu  reconnaître 
mieux  encore  que  iM.  Willems  l'exactitude  de  l'éditeur  et 
la  sagacité  dont  il  a  fait  preuve  dans  le  déchiffrement  de 
maint  endroit  d'une  lecture  fort  difficile.  Mais  il  m'a  été 
permis  aussi  de  relever  un  certain  nombre  de  passages  où 
la  vraie  leçon  semble  lui  avoir  échappé. 

Fragment  I,  v.  48,  l'original  porte  Soe  mi  waerheit  ende 
Ironwe,  non  Sec  mi  waerheit,  etc. 

V.  51,  voerwnrt  loe,  non  voerwart  soe; 

V.  76,  Thiebaut  die,  pas  Tiebauldoe  ; 

V.  81,  loue  u  Got,  psisjone; 

V.  127,  Gringo'etten,  pas  Gringeletten; 

V.  25S,  Dese  siverde,  pas  de  siverde; 

V.  277,  dese  macte  kelcken,  pas  dese  macte  bekken; 


(  634  ) 

V.  341,  dar,  pas  dat; 

Fragment  II.  106,  bi  sire  groler  oemoedecheden,  pas  bi 
sire  oemoedecheden  ; 

V.  147,  wat  dadi  daer  bi  uer  trouwen,  pas  wat  dadi 
daer  bi  verlrouwen  ; 

V.  170,  soe,  pas  so; 

V.  257,  misdaen,  pas  mesdaen  ; 

V.  236,  Her,  pas  hor  ; 

V.  246,  mine,  pas  nine  ; 

V.  263,  genost,  pas  gevost; 

V.  266,  f//en  vrouwe,  pas  c/ie  m  urowice. 

Dien  n'est  qu'une  variante  orthographique  pour  din  ou 

V.  275,  ghene  sonde  =  ce  péché-là,  pas  aliène  sonde; 

V.  346,  Dien  helpl,  sone  laetsi  niet,  pas  dien  helpt  sane, 
lates  niet. 

Des  fautes  de  lecture  doivent  entraîner  des  interpréta- 
tions erronées.  C'est  ce  qui  est  arrivé  à  M.  Van  Veerde- 
ghem  au  fragment  I,  v.  342.  H  lit  : 

Ten  ersten  sullen  si  hem  beconden 
Van  gocder  minne;  onderlinghe 
Hadden  si  gesprokea  van  andren  dinghe. 
Dat  sulke  twc  saten  in  sulkcr  slede 
Dat  dochte  mi  grote  ledichede. 

Le  dernier  mot  est  expliqué  par  vrijheid. 
Il  faut  lire  au  contraire  : 

Ten  ersten  sullen  si  liem  beconden 
Van  goeder  minne  onderlinghe. 
Hadden  si  ghesproken  van  andren  dinghe, 
Dar  sulke  twe  saten  in  sulker  stede, 
Dat  dochte  mi  grote  ledichede. 


(  655  ) 

Cela  veut  dire  :  «  s'ils  avaient  parlé  d'autre  chose  que 
d'amour,  alors  qu'ils  en  avaient  si  belle  occasion,  leur 
entrelien  m'eût  paru  bien  oiseux.  » 

Au  V.  246,  nous  lisons  dans  le  texte  de  M.  Van  Veer- 
deghem  : 

Occ  sach  ic  wcdcr  ende  vort 

Dat  Gracl  vor  mi  draglicn, 

Nine  horde  nienian  daroin  vraghen. 

Il  donne  à  nine  le  sens  de  noc/i,  ni. 

Mais  on  voit  par  le  contexte  que  Perceval  s'accuse  de 
n'avoir  interrogé  personne  sur  la  destination  du  Grâl.  Il 
faut  donc  lire  :  Mine  horde  nienian  dar  om  vraghen  : 
personne  ne  m'entendit  faire  une  question  à  ce  sujet. 

Au  v.  265,  l'éditeur  lisant  Vrient,  die  heuet  gcvost 
meest  een  sonde  die  du  niet  en  vreest,  dit  que  g evost  vient 
de  geiorscen,  «  opzoeken,  vinden.  »  Le  passage  devient 
clair,  si  on  lit  genost,  participe  de  nosen,  nuire.  <r  Amis, 
dit  le  français,  moull  l'a  néu  uns  péciés  dont  tu  ne  ses 
mot.  » 

M,  Van  Veerdeghem  a  cru  ne  devoir  rien  changer  an 
texte  de  son  manuscrit.  Il  hésite  même  d'accepter  la 
proposition  que  lui  a  faite  M.  Verdam  de  corriger  ic 
en  itf  II,  14,  ic  ware  mi  liever  dat  hier  ghedoghede  VU 
iaer  sulke  qtiale,  etc.  En  faveur  de  ic,  il  cite  le  vers  248, 
ic  ware  mi  liever  doet,  et  un  passage  analogue  de  Rei- 
naut  van  Montalbaen.  Mais  ic  est  là  sujet  de  la  phrase 
et  a  doet  pour  attribut.  Au  v.  14,  le  sujet  de  ivare  est 
la  proposition  introduite  par  dat,  qui  doit  être  annoncée 
par  il  =  hel. 


(  636  ) 

Puisque  nous  sommes  sur  le  terrain  de  la  critique, 
je  voudrais  lire  II,  80,  LX.  Ridderen  d'après  le  texte 
français,  et  changer  v.  27o  dar  en  dat.  Au  v.  75,  le 
signe  du  renvoi  devait  être  placé  deux  vers  plus  loin 
après  darloe  liaddi  suie  ghevat.  Celle  phrase  était  suivie 
des  quatre  vers  que  le  copiste  a  passés  et  mis  au  bas 
de  la  page.  » 


MSappofl  de  3f.  Sfechct',   tt'oiaiéine  cotnnttaaaife, 

«  Avec  une  compétence  toute  spéciale,  mes  deux 
savants  confrères  reconnaissent  l'inlérét  qu'offre  la  com- 
munication de  M.  Van  Veerdeghein.  Je  n'ai  rien  à  ajouter 
à  leurs  justes  ohservalions;  elles  font  suffisamment  con- 
clure à  l'importance  d'un  document  de  comparaison  phi- 
lologique. 

Je  crois  toutefois  qu'il  serait  utile  de  laisser  subsister  le 
texte  Polvin  à  côté  des  textes  Jonckhloet  et  Bormans.  Il 
s'agit,  en  somme,  de  constater  des  nuances  et  des  variétés 
de  détail,  ce  qui  semble  commander  la  juxtaposition  des 
textes.  j> 

Conformément  aux  conclusions  dos  rapports  de  ses 
commissaires,  la  Classe  décide  l'impression  au  Bulletin  au 
travail  de  M.  Van  Veerdeghera. 


(  ^57  ) 


COMMUNICATIONS   KT    LECTURES. 


Een  paar  fragmenlen  van  den  Roman  van  Perchevael  ; 
uitgegeven  door  F.  Van  Vcerdcglicm,  professer  aan  de 
Hoogere  Normaalschool  voor  Hnmaniora,  le  Luik. 


r 


VOORREDE. 

Voor  eenige  weken  vond  ik  in  een  boek  herkomslig  uii 
de  bibliollieek  van  wijlen  professor  J.  Borraans  tvvee  dub- 
bele  blaadjes  oud  perkamenl  met  middelnederlandsche 
verzen  beschreven.  Na  kennis  van  den  inhoud  genonrien 
le  hebben,  kwam  ik  loi  de  overluiging  dal  ik  de  hand 
gelegd  bad  op  bel  fragmenl  van  de  dielscbe  verlaling  van 
Chreslien  de  Troyes'  Perceval  le  Gallois,  dal  de  geleerde 
professor  ten  jare  1857  in  de  Dietsclie  Warande  aankon- 
digde,  docb  nooil,  voor  zoo  ver  ik  weel,  iiilgaf. 

Dcze  iwee  dubbele  blaadjes  vormen  eigenlijkvier  bladen 
van  ons  hedendaagsch  oclavo  forraaal,  dus  samen  achl 
bladzijden;  iedere  bladzijde  heefl  iwee  kolommen,  elke 
van  zes  en  veerlig  regels. 

Hel  fragmenl  moel  deel  gemaakl  hebben  van  een  codex 
de  voliedige  verlaling  van  den  Perchevael  bevallende. 
Volgens  de  mededeeling  in  de  Dictsclte  Warande  (4857, 
bl.  \\A),  werd  hel  «  van  een  boekdeksel  afgedaan  D.Geen 

5""*    SÉKIE,    TOME    XX.  42 


C  658  ) 
wonder  dus  dal  hel  wat  beschadigd  is  :  hier  en  daar  is  het 
gescheurd,  doorknaagd  of  bcvlekl.  Op  de  laalslc  bladzijde 
zijn  eenigo  regels  min  of  meer  uilgesleten  en  bijna  onlees- 
baar  geworden.  Het  binnenblad,  regelmalig  doorsneden, 
is  vvellicht  cens  onder  bel  mes  van  een  boekbinder 
geweest. 

Waar  het  perkamenl  niet  gescbonden  is,  is  bel  schrifl 
duidelijk,  zelfs  sierlijk.  De  groolere  boofdiellers  der  afdee- 
lingen  zijn  rood,  zonder  versiersclen;  de  aanvangslellers 
der  verzen  zijn  boofdiellers,  ofwel  kleine,  gewone  lelter- 
leekens;  zij  zijn  regelmalig  mel  rood  doorslreept  of 
gedeellelijk  rood  gemaakt.  Den  lijd  der  vervaardigingslipl 
le  bepalen  warc  moeiiijk;  uil  ailes  scbijnl  le  blijken  dal 
hel  handschrifl  lot  de  ivveede  heift  der  derlieude  eeuw 
moet  opklimmen. 

Wal  den  inboud  belreft,  de  vier  eersle  bladzijden,  of 
oG8  eersle  verzen,  bevallen,  gebeel  of  gedeellelijk,  drie 
episoden  :  1°  die  van  Walcwein  en  Tibaiil,  of  liever  vao 
Walewein  en  de  Jonkvronw  «  mellen  cleinen  mouwen  » 
(Fragment  I,  v.  1-100);  2°  de  jacht  van  Walewein  op  eene 
wille  bindc  (Fragm.  I,  v.  101-176);  5°  Waleweins  aan- 
komsl  bij  koning  Vergulal  en  zijne  belrekkingen  mel  diens 
zusler  (Fragm.  I,  v.  177-568). 

In  de  vier  laatsle  bladzijden  bebben  wij  slecbls  twee 
episoden  :  1°  bel  slol  van  WaleNveins  wedervaren  len  hove 
van  koring  Vergulal,  wien  bij  den  ecd  moet  doen  de 
blocdendc  specr  le  gaan  opzoeken  (Fragm.  Il,  v.  1-60); 
2°  Perchevaels  verwildering,  zijne  onlmoeliiig  met  eene 
schare  van  boelelingen,  zijn  berouw,  zijne  aankomst  bij 
zijn  oom  den  kluizenaar,  zijne  biccbt  en  bel  gebed  dal 
deze  kluizenaar  hem  leerl  (Fragm.  Il,  v.  61-568). 

Daarmcde  breekt  bel  handschrifl  af. 


(  G3Î)  ) 

Tusschen  fragmciil  I  en  fragment  ii  heslaal  eenc 
gaping.  Ilel  gedeelle  dal  hier  onlbretkl  nioct  de  vcrdere 
lolgevallen  van  Walewein  len  hove  van  Vergulal  bcval 
hebbcn,  loi  op  bel  ougenblik  dal  hij  genoodzaakl  is  le 
zwcren  de  blocdcndc  speer  le  gaan  opzocKen.  Is  die  gn|)ing 
aanzicnlijk?  Wanneerwij  den  Transcben  icksl  van  Clires- 
lirns  Perceval  in  Polvins  uilgave  raadpicgen,  dan  bespeii- 
ren  wij  dadelijk  dal  de  verlaling  in  ons  IVagmcnl  dicn 
leksi  nagenocg  op  den  voel  volgl,  ja  zelfs,  dal  elke  épisode, 
en  in  den  Franschen  leksl  en  in  de  middelnedcriandscbe 
verlaling,  nagenoeg  helzelfdc  gelai  verzcn  (ell.  Nu,  bel 
gelai  verzen  waar  Chreslien  de  Troyes  Waleweins  weder- 
varen  beschrijfl  na  de  onldekking  zijner  liefde  voor  Ver- 
gulals  zusler,  lotop  bel  oogenblik  dal  hij  den  laslonlvangl 
de  bloedende  speer  le  gaan  opzoeken,  beloopt  drie  hon- 
derd  Ivsee  en  iwinlig  (v.  7217-7559).  Daaruil  mcen  ik  le 
mogen  opmaken  dai  in  bel  fragmenlecn  dubbcl  lusscben- 
blad  (vierbladzijden  of  drie  bonderd  acbl  en  zeslig  verzen) 
onlbreekl.  Ware  dil  bcbouden,  dan  zon  ons  fragmenl  een 
gebeel  gevormd  bebben  van  1104  verzen. 

Ondanks  deze  Iccmle  achten  wij  dil  paar  fragmenlen 
niet  van  belang  onlblool.  Voor  de  kennis  van  bel  middel- 
nederiandscb  leverl  bel  woorden  en  uitdrukkingen  op  die 
1^"'  meesl,  wcl  is  waar,  ook  elders  voorkomen,  docb  wier 
bcleekenis  hier  met  sliplbeid  kan  aangegevcn  en  bcpaaid 
worden.  Uit  dit  oogpunl  is  vooral  belangrijk  de  uilbrei- 
ding(Fragm.  I,  v.  245-294-)  waar  de  bandel  en  nijverbcid 
cener  middeleenwscbe  slad  besebreveu  zijn,  besclirijving 
die  onwillckeurig  aan  bel  Brugge  der  middeieeuwen  doel 
denken. 

Voor  de  gcscbiedenis  onzer  vroegere  leltcrkunde  zijn 
de  fragmenlen  ook  van  zeker  gewicbl.  Dal  bel  gcbcele 


(  640  ) 
werk  van  Clireslien,  dal  gansch  zijn  Perceval  le  Gallois 
bij  ons  verlaaid  was  gevvorden,  slaal  nu  vast.  Wal  D"^  Jan 
le  Winkel  in  zijne  Geschiedenis  der  Ncderlandsche  Let- 
terkunde  (I,  bl.  177)  nog  meetide  sleehls  le  mogen  ver- 
raoeden,  woidt  door  het  lenigvindeii  van  dit  fragmeiil 
eene  onwederli'gbare,  cène  volkomen  zekerheid,  allhans 
voor  dil  gedeelte  van  'i  gedichl  van  den  Franschun 
irouvère. 

Zoo  als  men  weel,  bezillen  wij  van  belzellde  werk  eene 
gedeellelijke  verlaling  die  in  bel  handschrift  van  den 
roman  van  Lancelol  iiigescboven  is  en  in  D"^  Jonckbloels 
uilgave  v.  56948-42546  van  bel  tweede  boek  uilinaakl. 
Daar  Jonckbloels  uilgave  niel  in  ieders  bereik  is,  bebben 
wij  het  raadzaam  geacbl  in  eene  bijiage  (Bijlage  A)  de  epi- 
soden  die  met  het  fragment  overeenslemmen  mede  te 
deelen.  Om  dezelfde  reden  bebben  wij  uit  Polvins  uilgave 
van  den  Perceval  le  Gallois  die  gedeellen  overgenomen, 
wierinboud  in  onze  fragmenlen  weergevonden  wordl;  zij 
vornien  hier  de  Bijlage  B,  De  lezer  zal  aldus  in  slaal  zijn 
zicb  zonder  moeile  of  zoeken  een  denkbeeld  le  vormen 
van  de  waarde  en  belangrijkheid  dezer  fragmenlen. 

Van  iiet  handschrift  bebben  wij,  zooveel  doenlijk,  een 
getrouwen  afdruk  geleverd,  Wat  onleesbaar  of  afgeslelen 
was,  hebben  wij  door  stipjes  vervangen.  Sleehls  daar  waar 
zeer  weinig,  een  lellerteeken,  eene  leltergreep  of  een 
woordonlbrak  en  bel  ontbrekendegemakkelijk  en  natuur- 
lijk  uit  de  omgeving  op  te  maken  was,  hebben  wij  gepoogd 
de  leemlen  in  te  vullen;  deze  invullingen  zijn  evenwel 
tusschen  Iwee  haakjes  geplaalst. 

Onze  fragmenlen  bevallcn  een  zeker  gelai  dier  verkor- 
lingen  welke  men  in  de  bandschriften  der  derliende  eeuw 
vaak  aanlrefl.  Van  eigennamen,  zoo  als  VValewein  en  Per- 


(  641  ) 
chcvad,  li((  It  men  slechlsde  eersle  IcUergreoi);  helzelfde 
i;cl(H  \oo\'  jour fro II  w  en  coninc\  licl  wooni  ridder  \\or(\i 
hijna  immcr  sicchis  bij  niiikkl  ((.ncr  K  iiilgedrukl;  de 
lcller{;rep|)  cr,  z<owfl  midden  iii  de  Nvoordcn  als  in  den 
uilgang,wordlvaakdooreen  soorl  van  accent  c  vcrvangen; 
cen  saiiipnlr(kliingj«le(lven  ver\angl  ook  soms  andere  lol- 
lers,  zoo  als  ra  en  sprac,  dal  spc  gesclircvcn  wordl;  ende 
wordl  hijna  inimer  en  gesclireseii,  enz.  Deze  verkorlingen 
ineenden  wij  niel  le  moelen  behoiiden,  len  einde  hcl  lezen 
van  liet  stuk  gemakkelijker  le  maken. 

Eenvoimiglieid  van  spelling  heslaal  hier  even  weinig  aïs 
in  de  ovcrigc  middehiederlandsche  handschriflen  :  meer- 
malen  sfaal  o  of  oo  voor  oc,  en  i  voor  ie  [tiiodi  =  iiweti, 
inoel  gij  ;  vuor=^voer;  so  en  soe;  hir  en  liicr)\  nu  eens 
heefl  men  daer,  dan  weder  dar\  nu  nemmer,  dan  nemer, 
menglien  en  menrjen  (menig),  gi  en  rjhi,  Itacr  en  liar,  heefl 
eu  heft,  ersten  en  ierslen,  scindi  en  sendi,  berounesse, 
berouicenesse  en  berowenesse.  enz,  enz.  Eenheid  van  spel- 
ling, verhuiging  of  vervoeging  hehhen  wij  in  onze  uitgave 
niet  gepoogd  lot  stand  le  brengen.  Geene  veiandering, 
hoe  goring  ook,  hebben  wij  liieromlrent  in  den  tcksl 
gehrachl;  wij  achllen  bel  roekeloos  iels  aan  de  Iczing  van 
bel  bandscbriri  le  wijzigen.  Slecbls  daar  waar  V  klaarblij- 
kelijk  de  plaals  inneemt  van  W,  namelijk  in  sverde,  ive 
vrochfcn,  vollon,  versvareii,  enz.,  hehhen  wij  duidelijk- 
beidsbalve  de  W  liersleld. 

Zelfs  bandtaslelijke  misgrepen  van  den  schrijver  of 
afschrijver  en  kennelijk  hedorven  plaalsen  hebben  wij 
geliiten  zoo  als  zij  in  bel  handschrifl  voorkomen.  Een  paar 
malen  hebben  wij  in  eene  nota  het  een  of  ander  toi  bel 
hersteilen  der  ware  lezing  voorgeslagen.  De  punclualie  is 
van  ons. 


(  G42  ) 

Wij  hcbben  lict  nnllelooâ  geachl  eene  verklarende 
woordenlijst  bij  onze  uilgave  le  voegen;  len  gevolge  van 
hcl  vorderen  van  D""  Verdams  Middelnederlandsch  Woor- 
deiiboek  mag  men  bol  lijdvak  der  verklarende  woorden- 
bjslen  als  geslolen  bescbouwen.  In  de  aanleekeningen 
hobben  wij  slecbls  eenige  ongewone  vormen  en  woorden 
opgebelderd. 

Nocb  de  Percbevaels  romans  in  't  algemeen,  noch  wat 
er  van  in  den  Laneeiol  ingeseboven  werd  of  in  onze  frag- 
menlen  voorkoml,  nocb  Cbreslien  de  Troyes'  Perceval  le 
Gallois  dacblen  wij  bier  te  moeien  bespreken;  wal  D""  Jan 
le  Winkel  er  over  mededeeit  in  de  inleiding  zijner  uilgave 
van  den  roman  van  Moriaen  scheen  ons  loe  le  kunnen 
volslaan. 


FRAGMENT  I. 

Suie  gcval  cnde  suie  aventure 

Dat  liem soe  wordcn  te  sure. 

Wclkcn  riddcr  soc  lu  ghcmoele, 
Wicn  soe  hi  mellen  spcrc  groete, 

y  Hi  dcdcm  stegcrcp  onde  gcroiden 
Rumen  cnde  ligghen  acn  der  heideii. 
le  wanc  noit  eer  man  en  sach 
Min  lier  Walcwcin  om  bcjach 
So  sere  pincn  le  ghcre  stcdc 

10  Aise  hi  tcscn  tornoi  dcdc. 

Dus  wan  hi  met  sire  hant  sciere 
Rikeiikcr  orse  des  dages  vicre  : 
Dat  icrstc  seindi  der  joncfrouwcn 
Die  men  hcil  melten  eleincn  mouwcnj 


(  645  ) 

m   Dat  andcr  scndi  1er  licrbcrglicn  binnon 
Hcr  Garijss.  wivc,  sirc  wcrdinncn; 
Dat  dcrdc  scinde  lii  Iiarc  doclilcr 
Die  dics  levedc  vt'lc  te  sochtcr 
AIsi  ici  liaddc  dal  harc  vcrsierdc; 

20  Harc  andcr  dochicr  scindi  tvicrdc 
Die  niet  en  was  beliageirc  min; 
Aldus  bestaedc  iii  sin  ghcwin. 
Ende  aïs  min  hcr  Walewein  sacli 
Dat  gine  over  dcn  middacli, 

•25  En  wiidc  lii  langer  tornicrcn  nicl; 
Ende  met  dcscn  die  tornoi  seict. 
Hcr  Walewein  kcrdc  wcder  in  die  slal 
Die  des  dages  hadde  vcrwonncn  dat 
Dal  Ridderen  [sci]  dcn  grole  ende  clcne 

50  Dat  lu  van  bcidcn  siden  aliène 
Dion  pris  dics  dages  liadJc  bejagct. 
Hoe  dickc  was  doe  daer  gevragcl 
Beide  stilie  ende  opcnbarc 
Ofto  icman  wislc  wic  lii  warc  ; 

55  Manlic  vragcdc  andren  of  liis  iet  kindc. 
Hcr  Walewein  rect  met  gheninde 
Ter  hcrbergcn.  Aise  hi  dar  quam, 
Saeh  hi  vocr  hem  ende  vernam 
Ter  dore  stacn  die  selvc  jonefrouwc 

iO  Die  hem  ghegeven  hadJc  die  mouwe. 
Die  jonefrouwc  licp  endo  glicgrcp 
Meltcr  haut  sincn  steghercp 
Ende  danelc  hem  al  opcnbarc 
Dat  hi  dor  die  bedc  van  harc 
iSi  Dics  dages  so  vclc  haddc  gedaen. 
Hcr  Walewein  anlworde  saen  : 


Vs.  2).  Dat  ridderen,  naar  aile  waarschijnlijkheid  eene  verschrijving  voor 
die  ridderen. 


(  644  ) 

Hct  was  wcl  rcchl,  licvc  joncfrouwe, 

Sec  (?)  mi  wacrhcit  cndc  trouwc; 

Gi  licbt  dics  icgcn  mi  verdient 
50  Dat  u  riddcr  ende  u  vricnt 

Ben  ende  voerwart  soc  sal  sin  ; 

Ende  of  gi  icvveren  der  hulpcn  min 

Behoevct,  soe  ontbicdct  mi; 

In  vvat  onleden  soc  ic  si 
5?)  Begrcpcn,  ic  corne  u,  bi  Gode, 

Te  hulpcn  metten  icrsten  bodc. 

Binnen  dat  si  sprakcn  dose  wort, 

Soe  quam  die  hcrc  van  der  port 

Ende  dancte  hem  der  cren  saen, 
60  Die  hi  sinen  kinde  haddc  gedacn 

Ende  nodene  te  bh'venc  met  hem. 

Hcr  Walcwcin  sprac  :  le  bem 

Hastich;  inné  mach  niet  merrfn  ; 

Lcttic  langer,  hct  mochte  mi  werren; 
65  le  wil  riden.  Ghebiedi  iet? 

Tibaul  sprac:  Hère,  nenic  niet, 

Sonder  dat  ic  gerne  uen  name 

Soude  weten,  wart  u  beciuame. 

Hi  antwordcm  alte  hant  : 
70  Walewcin  bon  ic  gênant 

Ende  bcn  des  conincs  Arturs  nevc; 

Inné  loghcn  nemer,  dat  ic  levé, 
,  Minen  nacm  dor  enegen  man, 

Ende  inné  seiden  noit  nochtan 
75  Mine  wasser  tierstcn  om  ghevraget. 

Tibaut  doc  des  wcl  bchagct 

Dat  min  hcr  Waiewein  es 

Ende  sprac  :  Hcrc,  des  sijt  gewes, 

Dat  ic  hcbbe,  staet  al,  bi  Gode, 

Vs.  50.  Dat  u  ridder,  dat  ic,  met  uitvallen  van  ic;  zie  ook  fragm.  Il,  vs  i5. 


(  un  ) 

80  Tucn  wille  endc  tucu  gchodc. 

lier  Walcwcin  sprac  :  Dat  joue  u  («olj 

Min  willo  eiido  iiiiii  {;cl)ot. 

Dais  dat  gi  blivcn  niocl  gcsont. 

Eiide  als  die  joncfrouwc  dal  vcrstoiil, 
85  Dat  lier  Walcwcin  wildc  rldcn 

Nccli  si  liein  tcn  selvcn  lidcn 

Endc  cuslc  sincn  voct. 

Aise  her  Walcwcin  dit  vcrstoct, 

Sprac  lii  :  Joncfrouwc,  wals  dat  gi  doct  ? 
KO  Si  sprac  :  llcrc,  ic  caisse  ucn  voct 

Op  gcnadc  dat  gi 

Mins  gelinkcn  suit  dar  bi. 

Her  Walcwcin  sprac  :  licvc  joncfrouwc, 

Dor  mine  wacrhcit  endc  trouwe, 
9Î)  Gi  hcbt  mi  ghcdacn  suie  crc. 

Inné  vcrgct  nommer  mcrc. 

Darna  heft  hi  orlof  genomen 

Nict  aliène  acn  hem  somen, 

Mar  acn  hem  allen  die  hi  daer  siet. 
lOO  Donc  wildi  langer  Ictte  nict. 

Hi  rcct  met  hastcn  al  dcn  dach. 

Dics  nachts  hi  tencn  clostar  lach 

Daer  hem  niet  en  glicbrac 

Endc  mon  hcni  crc  dcdc  endc  gemac 
105  Aise  cncn  gocden  man  bctam. 

Dics  margens,  aise  die  dach  quam, 

Rcet  hi  danen  dor  cen  lant 

Dar  hi  andcrs  nict  en  vaut 

Dan  wildcrncsse  endc  wocstine. 
HO  Dus  rcct  lier  Walcwcin  entie  sine 

Totc  cen  lutte!  over  none; 

Doc  quam  gercden  desc  cône 

Ncven  die  sidc  van  cncn  woudc, 

Daer  hi  bcneven  lidcn  soude, 


(  64(3  ) 


1 15  Dar  wilde  stondcn  ter  wcitlcn  vcle. 
Hcr  Walcwcin  hicl  te  sine  spclc 
Encn  cnapc  bctcn  te  liant, 
Die  ccn  ors  Icide  in  die  liant, 
Dal  barde  starc  was  eiide  {;roct. 
120  Tcncn  cnapc  lii  glieboct 

Dat  lii  bctc  endc  lors  vcrgordc. 
Dat  was  gcdacn  mcHcn  wordc. 
Des  was  hcr  Walcwcin  barde  blidc 
Endc  bcte  nodcr  van  dcn  rossidc, 
125  Endc  ginc  sillcn  op  dat  ors 
Dicn  bi  nict  en  glielrnde  wors 
Dan  sinen  Griiigclctlen. 
Doe  gaf  bi  hcin  al  sonder  Icltcn 
Ecn  spcre  dat  starc  was  onde  slidc.  • 
130  Die  cnape  nani  dat  rosside 
Dacr  bi  op  sat  te  voren 
Ende  min  hcr  Walcwcin  slocli  met  sporcn 
Tcn  wildc  wart  dar  bijt  sacli  staen, 
Ende  was  ondcr  dcn  trop  soc  saen, 
135  Dats  dcn  cnapc  baddc  wondcr. 
Ene  hinde  sacli  hi  dar  ondcr 
Die  aiso  wit  was  aïs  ccn  swacn. 
Aise  bise  sach,  bi  sctte  haer  anc 
Sin  bertc  endc  sinon  sin, 
140  Dat  bi  dar  vorcn  groct  ghewin 
Niet  en  prisdc  nonc  mindc, 
Mocbt  sin  ors  die  wittc  hinde 
Verlopcn  endc  makcn  stanc. 
Hi  sach  die  wittc  hinde  die  spranc 
145  Ende  met  crachte  licp  dar  vorcn. 
Hi  nam  sin  ors  mcltcn  sporcn 


Vs.  137.  Stvaeii,  het  rijm  vergt  swane 

Vs.  143.  Verlopen  ende  makeii  siane,  loopend  inhalen  en  te  schande  brengen,| 
overtretfen,  overwinnen. 


I 


(  U7  ) 

Endc  voldc  liacr  soc  mcl  ghcwclt, 

Dat  Iii  liacr  dede  acii  dat  vclt 

Soc  mcnghcii  kicr  ciide  soincngcn  waiic, 
150  Dal  lii  der  liindcn  acn  liarcn  danc 

Dat  spcr  Inidc  op  liarcn  liais. 

Haddc  lii  oeil  luttcl  n)cr  ghuvals, 

Hi  haddu  gcloUct  wcl  dio  liindc  ; 

Macr  hi  incrclc  cndc  vcrkiiidc 
155  Datsin  ors  cns  voclcn  mocl  : 

Des  wart  die  liinde  licm  oiigcrcct. 
Doc  kcrdc  hi  wcdcr  lotcrslralcu 

Dur  hi  Iharnascii  haddc  gclatcn 

Endc  sprac  :  Bclc,  Joncl, 
ICO  Endc  sic  wat  dcscii  orsc  Ici  ; 

Het  houtel  hardc  acn  ciicn  voct. 

Jonctc  hi  was  hardc  vrocl 

Endc  raarscaic  gocl  van  pcrdcn  ; 

Hi  hctc  ncdcr  tolcr  crdcn 
165  Endc  hicf  dcn  ors  op  sinon  voct. 

Aise  Jonctc  vcrstoct 

Waer  om  dors  houle,  hi  sprac  : 

Dit  ors  hcft  gccn  onghemac, 

Sonder  dattet  hevcl  vcriorcn 
170  Van  sinen  reclilen  vocte  vorcn 

Ecn  iser  cndc  iicm  die  voct  es  bloct  ; 

Et  en  hevel  cl  ghenen  nocl. 

Nu,  ride  wi  saclilc,  sprac  Jonct. 

Tes  wi  vinden  cncn  smet 


Vs.  i47.  Volde,  verschrijving  voor  volckde  of  volhde ;  deze  schrijfwijze  vindt 
inen  ook  in  het  door  E.  Martin  uitgegeven  fragment  van  den  Reinaert. 

Vs.  135.  Eus  voeten  meet.  In  Lancelot  vs.  382K)  mietde;  wellicht  is  meet  licl 
imperf.  van  een  w.  w.  miten  dat  hinken  beteekende;  het  w.  w.  kan  beide  sterk  en 
/wak  gcweest  zijn.  Hooglecraar  J.  Yerdam  décide  mij  mede  :  c  Bij  Lexer  (Mlid. 
WOrterbuch)  komtonder  andere  kinderspeien  een  znw  nîize  voor.  Zou  dat  hinken 
kiinnen  beteekenen?  Dan  zou  het  w,  w.  miten  er  door  bevestigd  worden.  »  In  het 
West  vlaamsch  (zie  De  Bô,  West  vlaamsch  Idiolicon)  is  het  w.  w.  tnijden,  ontwij 
ken,  omzichtig  liandelen  enz.  ook  sterk  en  zwak.  Uebbeu  wij  hiereene  bijzondere 
aanwending  van  dit  w.  w.'.'  !k  twijfel  er  aan. 


(  G4S  ) 

17'i  Endc  docn  dit  ors  wodcr  bcsiaen; 
Soo  sait  liarde  rcchtc  gacn. 
Dus  quam  min  lier  Walcwcin 
Butcn  dat  wout  acn  ccn  plein 
Ghcrcdcn  op  enc  scone  katsidc; 

i80  Doc  sach  hi  comcn  lopcndc  liede 
Utc  encn  caslclc  tcn  scivcn  stondcn 
Beide  met  Iiornc  onde  met  honden, 
Hoghc  glicscorst  na  jagcrs  wisc. 
Riddcrcn  quamcn  dar  na  van  prise  : 

18?)  Dat  cen  was  ccn  scocn  jonc  man 
Scocnrc  dan  ic  ghcseggen  can. 
Die  sconc  dedc  wcl  sin  ère  : 
Hi  groetc  Walcwcin  den  herc 
Endc  iiamcn  bi  sire  liant 

100  Endc  sprac  :  lier  ridder,  in  dit  huit 
Mocti  willecomen  sin. 
Te  descn  sconcn  castele  min, 
Dien  gi  hier  staen  sict, 
Dar  hcrbcrgct  te  naclit,  en  lates  niel; 

105  îc  bid  u  dat  ghijs  nict  vcrraidet. 
Desc  herc  die  hir  met  mi  ridet, 
Hi  sal  daer  u  gheleidc  sin. 
Des  biddic  u  occ,  ghcscllc  min, 
Sprac  lii  totcn  ridder  die  reet  met  hein, 

^200  Dat  ginc  ten  husc,  daer  ic  bem 
Wonendc,  met  cren  ghclcidet 
Endc  gi  van  hem  ninc  sceidet, 
Ecr  gine  bringct  dar  min  suster  si; 
Endc  segt  mcrc  suster  of  si  van  mi 

205  Emmer  meer  vvil  hebbcn  cre, 
Dat  si  descn  selvcn  herc 
Hovcschelikc  endc  vvcl  onthalc, 
Met  hovpscher  dact,  met  soeler  talc; 


Vs.  "204.  Mère  suster,  schrijffout  voor  mire  suster. 


(  Ci9  ) 

Eiidc  of  si  nuit  niindc  inan 
210  Dat  si  dcscn  riiinnc  dan, 

Endc  mi,  die  Iiacr  brocdcr  bcm; 
Endo  si  lioudc  gcsclscap  Iicni 
Alsoc  of  ic  warc  bi  harc, 
Dat  hcni  die  lijt  niot  en  vcrswarc, 
"■llli  Endc  sine  niake  blido  cndc  in  hoghen; 
Wi  soelcn  kercn  soe  \\i  icrsl  moglicn. 
Endc  aise  gi  dat  bebt  glicdaen. 
Soc  volget  mi  hier  wodcr  sacn 
Endc  len  orstcn  dat  gi  comt  te  mi, 
2^0  So  suhvi  varcn,  ic  cndc  gi, 

Endc  sullon  dcscn  hcrc  houdcn 
Alsulc  ghcselscap,  aise  wi  woudcn 
Dat  bi  ons  bildc  in  sin  lant. 
Na  dcsc  talc  es  te  bant 
225  Die  riddcr  van  sincn  bere  ghcsccidcn, 
Die  bcren  Walcwein  sal  gbcicidcn 
Te  sulkcr  stat  cndç  dar  sal  latcn, 
Dar  sine  aile  ter  doct  batcn. 
Mar  hi  peinsdc  over  wacr 
250  Dat  hi  was  onbckennct  dacr 
Dor  dat  blrc  noit  \va(s)  gesien. 
Soc  vcriiet  bi  bcm  in  dicn 
Dat  bi  sorgbcdc  te  min  cen  dcci. 
Hi  bcscoudc  dcn  caslccl 
253  Die  op  cen  arm  sat  van  dcr  zce  ; 
Des  prise  hine  velc  te  race. 
Acn  dander  side,  le  lande  wart, 
Was  die  castccl  so  wcl  bcwart 
Met  torncn  endc  met  vastcn  murcn, 
240  D;il  si  die  cracbt  van  baron  gbcbiircn 
Van  cncn  bare  nict  ontsaglicn, 
Hue  iangbc  dat  si  dar  vorcn  lagbcn. 
Ende  aïs  min  bcr  Walcwein  quum 
Binncn  dcn  portcn,  bi  doc  vernam 


(  050  ) 

245  Menccli  palais  Iioglic  cndc  rikc, 

Van  slcncn  glicrnurt  cicilikc; 

Hi  sach  die  slralcn  endc  die  cautscieden 

Wandcicn  vul  van  sconcn  liedcn, 

Van  sconcn  porlcrs,  van  sconen  portecghen; 
250  Hi  sach  die  wissclliaiickc  iccghen 

Vul  van  siivcr  cndc  van  goude, 

Darbi  die  mante  mcncclifoude; 

Hi  sach  liedc  van  ambaclitcn 

Die  misselikc  ambacht  vrachlcn 
255  Aise  misselikc  ambacht  sin  : 

Dcsc  macctc  couscu  ijscrin, 

Dcse  hclmc  van  bruncn  stalc, 

Dcse  swcrde  die  sncdcn  walc, 

Dcsc  halsbcrghc,  dcse  haisbcrguic, 
260  Dcsc  acoton,  dcsc  wambcsulc, 

Dcse  coifcn,  dcsc  Iicrscnicre.n 

Dcse  brc[idc]lcn,  dcse  tcslicren 

Dcse  ghcrcidcn,  dcsc  scildcj 

So  wat  wapencn  so  mcn  wilde, 
265  Mochte  cic  man  dar  licbben  vondcn 

Gnoch  te  copc  lallcn  stonden. 

Occ  sach  die  ridilcr  ghcmcit 

Bi  dcr  slralcn  dacr  hi  rcit 

Andcr  liedc  dic  dadcn  makcn 
270  Bcidc  briinielc  cndc  scarlakcn 

Van  gocdcr  varwcn  cndc  goet  wollcn; 

Dcsc  wevcn,  dic  gcnc  voUen, 

Dcsc  carde,  dcsc  wicdcn. 

Occ  sach  hi  anibachte  van  andrcn  iicdi'ii 
275  Dic  siivcr  smcdcn  cndc  goût, 

Endc  scocnlicit  wrochtcn  mcnccbfoutj 

Dcsc  macte  bckkcn  roct  guidijn, 

Vs.  260,   Wambcsulc,  vcrklcinwoord  van  wambais,  dus  zeker  buikklocd  of 
wmnbuis;  andcie  vormcii  ziju  wamsucl  en  wambezoen. 
Vs.  "HI.  Giildijn,  hct  rijm  vcrgt  guldinc. 


(  «SI  ) 

Dcsc  scolclcn  silverine, 
Dcsc  nappe,  dcsc  coppc, 
280  Dcsc  liakc,  dcsc  knoppc. 

Dcsc  gcspcn  cndc  gordclkinc, 
Dcsc  dicrc  vinj^ct  liiic 
En  aridrc  cicrlioit  niencchfoudc 
Dcidc  van  silvcro  onde  van  goudc. 
285  Glionc  slralc  in  allcn  sinncn 

Was  vul  van  comanscapcn  binncn, 
Aise  of  mon  dacr  aile  daghc 
Vullc  niarct  te  houdcnc  plaghc  : 
Ilir  lacli  dal  grone,  dar  dat  blawc, 
2110  Hier  dat  boni  wcrc,  dar  dal  grawc; 
Hier  vcrcocht  mcn  ginghcbarc, 
Gindcr  canclc  eiidc  zcdcwarc, 
Hier  pcpcr  endc  gindcr  grelnc. 
Dus  rect  met  min  lier  Waiewcinc 
29Î)  Gcnc  riddcr  nul  gliemakc 

Bcscouwcn  mcnglicrandc  sakc 
Tcssi  lotcn  tornc  qiiamcn. 
Cnapen  spronglien  dicsc  vcrnamen 
Ter  portcn  comen,  cndc  hcbbcn  sacn 
500  Die  ors  cndc  dat  Iiarnasch  onlfaen. 
Ghcne  riddcr  nam  te  hant 
Min  hcr  Walcwcin  bidcr  hant 
Endc  Icidenc  in  cen  canicr  binncn 
Endc  grotc  die  joncfroutvc  mctminncii 
505  Darna  sprac  hi  :  Sict,  joncfrouwc, 
Dcsen  gast  sent  u  op  trouwe 
U  brocder,  die  coninc,  min  Iierc, 
Endc  onlbicl  u  dat  gi  licni  doet  erc, 
Endcgi  alsojcgcn  hem  vart 
ôlO  Aise  of  gi  sin  suslcr  wart, 

Endc  aise  of  hi  warc  u  brocder 
Ues  vadcr  kint  endc  ucr  mocder. 
Endc  lioudet  hem  gesciscap  soc 
Dal  hi  blidc  si  cndc  vioc; 


(  65^  ; 

ÔI5  Hier  toc  maiict  u,  joncfromvc, 

U  broedcr  op  al  sulkc  trouwc 

Aïs  es  tusschcn  hcni  cndc  u. 

le  moel  wccicrkcrcn  nu 

Tôt  ucn  broedcr,  in  glient  wout; 
520  Dcscn  riddcrc  wesct  hout, 

Endc  sijt  goedcrliernc  jcghen  hem. 

Die  joucfrouwc  sprac  :  Bi  Gode,  ic  bein 

Suie  ghcsclscap  barde  blidc; 

Hcts  rccht  dat  icnc  niet  en  mide, 
525  Endc  ic  sine  vricndinnc  si 

Die  sulkcn  gliesclle  scindct  mi  ; 

le  sal  bcm  dor  niins  broedcr  bedc 

Endc  dor  sins  selvcs  hovcschcdc, 

Doen  al  dat  goct  cnde  al  die  cre, 
5Ô0  Hi  es  80  wel  glicdanen  berc, 

Dat  ic  mach  endc  dat  ic  can.  , 

Met  dcscn  nam  si  dcn  cdellcn  man 

Hovcsciielikc  bidcr  bant; 

Endc  die  bode  nam  orlof  te  liant 
555  Endc  vocr  le  sincn  berc  wart. 

Minbcr  Walcwein  ginc  siltcn  ter  vart 

Bidcr  joncfrouwen,  Icn  sclvcn  stonden. 

Tcn  crsten  sullcn  si  bcm  bcconden 

Van  gocdcr  minncn  ondcriingbc. 
5iO  Haddcn  si  ghcsproken  van  andren  dinghe, 

Dar  sulkc  twc  saten  in  sulkcr  stede, 

Dat  dochte  mi  grotc  Icdicbcde. 

Soc  goedc  stade  baddcn  si; 

Hem  en  was  nieman  na  no  bi, 
545   Endc  warcn  jonc  cndc  sconc  beide 

Endc  bat  vulmacct  in  hovcscbeide 


Vs.  'S'M.  Edellen,  wellichl  cène  schrijffout  voor  edelen. 
Vs.  3il.  Dar,  niet  dat,  zoo  als  de  hccr  Roersch  mij  deed  opmerken  en  Icli- 
L-liede  =  onnut,  tijdverspilling. 


(  053  ) 

Dan  u  icman  gliesccghcn  constc. 

Minhcr  Walcwciii  bcgoiisle 

Op  die  joncfrouwc  le  soekcne  minne, 

5ÎJ0  Ende  scide  liaer  Icn  bcginnc 

Dat  hi  hacr  vriciit  ciidc  har  riddi-r  ware 

Bcidc  stillc  cndc  opciibarc, 

Eiidc  soude  woson  al  siii  Icvcn. 

Die  joncfrouwc  iicfl  hem  wedcrghcghcven 

555  Sulke  laïc  die  hem  was  bequnmc. 

Die  sclve  joncfrouwc  hadde  dcn  nanie 
Dat  si  was  hovc(s)cb  ciide  vroet, 
Scone,  wctcndc  cndc  goct 
Glicslade  cnde  van  rcincn  mocde; 

5G0  Dar  on»  was  si  sonder  hoedc 

Dats  ieman  sal  wachlon  oftc  spien. 
Kcu  riddcr  es  comen  binnen  dien 
Ter  camer  dore  met  glicncnde 
Die  Lcrcn  Walcwcin  scier  kcndc, 

505  Dar  hi  sat  al  sonder  rouwc, 

Ende  sach  hena  cusscn  die  joncfrouwc  j 
Ende  als  dit  ghcnc  riddcr  sach 
Uiep  hi  vclc  ludc  :  owach  ! 


FRAGMENT  11. 

Vcrschcts  blocls  cen  Irane 
Van  dcn  spcrc,  in  niincn  wanc. 
Het  es  bcscrcvcn  ende  vorseghet, 
Ecn  coninerike,  dal  verre  leghet, 
5  Dat  rike  van  Logcrs  eset  ghenant, 
Dat  wilcn  was  der  licidcne  lant, 
Sal  biden  spcre  wcrdcn  Icslocrl. 
Dat  spcre,  dar  ghi  af  htbtghehocrl, 
Sal  min  hcr  Walcwcin  soikcn  varcn; 
10  Occ  moct  hi  sckcrtu  cndc  swarcn 

S°"    SÉIUE,   TOME    XX.  ^3 


(  654  ) 

Dcn  coninc  dat  hijt  hem  sal  biinghcn. 
Walcwcin  sprac  :  Sal  mcn  mi  dwinghcu 
Te  sweren  cncii  valschen  cet, 
le  ware  mi  liever,  godewcet, 

i  î)  Dat  hier  ghedoghede  vu  jaer 

Sulke  quale  die  mi  waer  le  swacr. 
Dan  ic  mi  kerde  acn  sulke  vocrc 
Dat  ic  sckcrde  en  de  swocre 
Dat  ic  niet  vermocht  te  donc. 

20  Die  goede  man  sprac  :  Ridder  cono, 
Hier  nés  nieman  die  des  ghert 
Dat  ghi  ues  dankes  verswert; 
Mar  ghi  suit  sweren  openbarc 
Te  beiaghenc  dat  spare 

25  Suit  doen  al  u  macht  met  vlitc; 
Ontvechtct  u,  soc  weset  quite: 
Of  ghi  spere  niet  moghet  ghewiniien, 
Soe  moeti  te  desen  torne  binncn 
Tenden  jare  gheven  u, 

50   In  sulker  vancnessen  aise  ghi  sijt  nu. 
Walewein  antworde  :  Desen  cet 
Aldus  te  donc  bem  ic  gherect. 
Dus  sin  Walewein  braclit  le  voren 
Die  heilcghen  ende  heft  ghesworcn 

55   Dat  hi  sal  docn  al  sine  macht 
Te  soekene  den  witten  scacht 
Dar  aile  lieden  hanghet  ane 
Vcrschets  bloets  enc  trane; 
Of  hijs  oec  niet  can  ghcwinncn. 

iO  Ili  sal  tcn  selvcn  torne  binnen 

Hem  sciven  levercn  dcr  vancnessen 
Tote  dien  dat  men  dcr  verrancssen 


Vs.  1  i.  Ic  ivarc  mi  liever.  Ic  kan  eene  verschrijviu;,'  zijn  voor  u  =^  hit  =  )tct. 
Zic  ook  vs.  248  en  Matthes,  Reinout  van  Montalbaen,  bl.  5i. 
Vs.  27.  Spore,  wellicht  is  t  =  dat  voor  spere  vveggcvallcii. 


(  655  ) 

Mcm  quite  makct  cndc  clacr 
Dar  bi  om  es  ghchalrl  dacr. 
i3       Aise  dcsc  cet  was  ghcdacti. 
Nam  lier  Walcwein  orlof  saeii 
Totcii  colline  en  der  joncfrouwni 
Die  lieni  ghehulfiich  was  met  lroii\v(  n; 
Dama  acn  aile  die  dar  waren. 
îiO  Aile  sine  cnapeii  liict  lii  oec  vareii 
Te  horen  lande  ende  wedcr  sccdcn  ; 
Die  orsen  hict  hi  hem  weder  leden 
Aile  sonder  dat  Grincolet. 
Iloe  scre  wcndc  doc  Jonct 
5!i   Ende  die  cnapcn  aighemcne 
Dor  haren  herc,  die  aliène 
Die  M'ildc  varcn  dolen  int  vrerade  laiit. 
Hier  laet  die  boec  aile  bant 
Van  haren  Walewein  die  talc 
(50   Ende  seghet  u  vort  van  Perclievale. 
Pcrchevael,  dat  scgt  dyslorie, 
llcvet  vcrloren  sine  menioric 
Van  droeven  gbcpcinse  ende  van  swaren, 
Soc  dat  hi  in  v  jaren 
Cl)  Noit  in  monsteren  quam, 
Noch  in  steden  dar  hi  vernani 
AIsoc  vcle  als  van  encn  \\orde 
Einghe  dinc  die  te  [Go]d[e  ho]rde 
Ende  an  Gode  vroc  no  [sp]ade 
70  Noch  en  bede,  no  en  bat  ghenadc; 
Dat  segliel  die  boec  overwaer. 
Aldus  re[ct]  hi  v  jaer 
Dat  hi  op  Gode  en  acht[e]  niel; 
Nochtan  d[ar]  binnen  en  licl  lii  nict, 
7t)   Hoc  sert  them  wart  te  sure, 
Hinc  voer  soeken  aventure 

Vs.  7;;.  Scri,  uellicht  voor  sere. 

Vs.  7(i.  Voôr  vers  77  staat  in  het  liandschrifl  en  kiuisjc;  wai  vcrdci,  aan  di  ti 


(  05'6  ) 

Ende  ridderscap  ovcral. 

Dartoc  Iiaddi  suie  ghcval 

Dat  lii  binncn  dcn  v  jarcn 
80   Riddcrcn,  die  aile  warcn 

Van  hoglien  prise  ende  van  love, 

Scinde  lotcs  conincs  Ârlurs  hovc, 

Die  hi  met  sire  cracht  vcrwan. 

Darna  quani  die  cdcl  nian 
85  Ten  cinde  van  dcn  v  jarcn 

In  [ene]  wiidcrncssc  glicvarcn 

Ende  quam  ut  enen  vvoude  glictrcct 

Al  ghcwapent  ende  ors  verdect. 

Dat  hi  enghcnc  soe  hoghcn  dinc 
90  Noil  en  begrep  no  aen  en  vinc, 

Het  en  vergine  tsire  crcn  al. 

Darloe  haddi  suie  ghcval. 

Daer  quamen  g[hc]g[a]en  insin  ghemoct 

Wulien  ende  barvoet 
93  Dric  riddcr  ende  v  joncfrouwcn,  ic  wane  : 

Allé  hadden  si  cappcn  ane 

Ende  aise  n[a]  Pcrchcvacl  soude  lidcn 

Ende  in  sine  wapcn  saghcn  ridcn, 

Dochtet  dcn  vrouwen  sclsamc. 
iOO  Ecn  van  den  ridderen  ricp  hem  ane  : 

Ay,  her  riddcr,  wals  u  ghcsciel? 

En  ghelovcdi  acn  Gode  niet, 

Dat  ghi  hcdcn  wapciic  draghet? 

Ja,  ende  starf  die  sonc  der  maglict 
105   Aen  den  crucc  aise  lieden 

Bi  sire  oemocdcchcden  ; 


voet  der  kolom,  voor  vers  89,  staat  cen  dergelijk  kruisje  gevolgd  van  de  vier 
vorzeu  Dat  hi  eiiltgene  —  suie  gheval.  Waarscliijnlijk  wenschte  de  schrijver  of 
de  kopist  deze  vier  verzen  iia  vers  76  ingclascbl  le  zicn.  Doet  mcn  zulks,  dan 
Mioot  hct  vers  Ende  ridderseap  overal  wegvallen;  doet  inen  het  uiel,  dan  lieeft 
nien  twcemaal  liet  vers  Daertoe  liaddi  suie  gheval.  Ovci  igens,  na  vs.  88,  onder- 
brekcn  deze  vier  verzeu  het  verhaal. 


(  6^w  ) 

Onlwapcnl  »  oft  wcsoii  rnacli. 

Pcrchcvacl  sprac,  dio  np  ;^hcncn  dach 

En  achtc  norli  op  gliciicii  lijt  : 
liO  Scgt  mi,  v[ri]cnt,  wic  dat  glii  sijt, 

Wat  tiaghc  csct  hcileii  ilan? 

Doc  antwortlcni  die  gocdc  iiian  : 

Hcrc,  vrachdi  wat  daglic  lict  es? 

Ilct  es  d[ic  dacli],  des  sijt  ghcwcs, 
115  Die  hcitct  g[o]ct  Vridacli, 

Die  mon  wcl  met  redite  mach 

Ileilen;  want  hi  es  vclc  goct. 

Die  werelt,  die  vcrlorcn  stocl 

Bi  Adams  overmocdichcdcn, 
120  Si  wart  vcrlosct  aise  li[c]dcn 

Van  der  eweliker  doet; 

Darom  es  redcne  vêle  groct 

Dat  dcse  dacii  ghcheten  si 

Bi  der  heileger  doet  die  hi 
125  Aise  iieden  aen  deii  crucc  ontfinc, 

Dar  sine  mcnsclieit  ane  hinc 

Endc  anc  verstarf  aise  iieden. 

EIc  man  soude  met  ocniocdcghcdcn 

Heden  pcnitentic  doen 
150  Die  utcn  sonden  es  ghcvloen, 

Ende  soude  Gode  biddcn  afllael 

Van  aire  sondcrliker  daet. 

Nieman  en  soude  le  dcsen  lidcn 

Die  iierslen  esghcwapent  riden. 
155       Aise  Perchevael  dit  vcrstoet, 

Sprac  iii  :  [Dat]  u  Got  glieve  goet  ; 

Segt  mi,  w[a]nen  comedi? 

Die  ridder  sprac:  Hcrc,  van  liicr  bi, 

Van  enen  heileglien  ermite 
140  Die  Gode  dient  met  sulken  viite 

Hier  bi  int  wout  daer  hi  leghet, 

Dat  hi  en  ghcnrc  spise  en  pleghct. 


{  638  ) 

En  hi  ccmparlikc  Icvcl 

Bi  dcr  gliciiadcn  die  Iii  hevcl 

au  Van  der  gloricn  van  Ijeniclrike. 
Pcrchevacl  sprac  haslclikc  : 
Wat  dadi  daer,  bi  vcrlrouwcn  V 
Doc  anlworde  een  van  dcn  vrouwcn  ; 
Vraghcdi  wal  \vi  dar  dadcn  ? 

150  Hcrc,  \vi  gingliem  licm  le  glicnadcn 
Ende  te  bicchtcn  van  onscr  incsdacl, 
Endcsochten  tonscr  zielcn  raet, 
Ende  van  onscr  zielcn  pardocn  : 
Betcr  dinc  m  icli  nicman  docn 

155  Die  hem  te  Go  le  wil  bckcren. 

Pcrchevacl  sprac  :  Wildi  mi  Icren 
Wacr  ic  mach  vlndcn  dcn  ermite. 
Die  mi  doet  mire  sonden  quitc? 
Dar  willic  rid(!n  sonder  sparcn. 

ICO  —  Of  glii  wilt  ten  ermite  varcn, 
Sprac  die  vrouwc,  ic  rade  u  dat, 
Dat  ghi  bout  desen  scivon  pat 
Dien  ghi  ons  sict  comen  ghcgacn  ; 
Soe  suldi  vor  u  vindcn  stacn 

iC5  Bi  cuen  bcrghe  ecn  ncdcr  wout 
Datdickccs  ende  mencchfout; 
Dan  rijl  inl  woul  en  lates  nict, 
Ende  volghct  den  pade  die  ghi  sict, 
Dar  vvi  hebben  ghecnochl  die  rijs  ; 

170  So  raodi  sweges  wcrdcn  wijs 

Ende  moglict  tolcn  ermite  comen. 
Dus  hebben  si  orlof  ghcnomen 
Ende  daden  liare  bcdevart; 
Ende  Pcrchevacl  rcct  te  woude  wart 

175  Sincn  pat  so?  hi  redits  mochtc. 

Hier  Linnen  quam  in  sin  ghcdochlc, 
Perchcvale,  in  corlcn  stonden 
Enc  berouncsse  van  sincn  sonden; 


(  05!)  ) 

Soc  dat  hi  scre  bcgan  vcrsuchlcn 
180  tilde  sine  mcsdact  serc  vruchtcn, 
Ual  Pcrchevacl.  die  cdel  ma», 
Soe  scre  wciioii  bi'gau 
Dat  ijcm  die  traiic  lieet  ciide  diiiiic 
Van  den  oghen  lole  op  die  icinrie 
185   Velc  gliediclilcIickLT  ronneii. 

Hct  was  le  riierliciie  bi  der  soiincii 
Een  luttel  min  dan  middacli, 
Doe  Pcrchevacl  quam  dar  hi  sacli 
Ene  clenc  capcllc  staen  int  wout 
190  Die  die  ermite  grau  onde  out 
lladdc  ghestichlet  dar  ter  stede. 
Pcrchevacl  bcle  cnde  dede 
Al  sine  wapen  van  hem  sacn  : 
Sin  ors  liet  hi  aliène  staen; 
195  Den  toghel  hi  an  een  rijs  bant. 
Hi  ghinc  ter  capellcn,  dar  hi  vant 
Enen  pape  ende  den  ermite 
Ende  een  clerskin  dat  met  vlile 
Dat  ambacht  van  den  daghe  begonsten 
200  Soe  si  bcst  ende  sconste  consten. 

Nu  hort  wat  Pcrchevacl  doe  dede  : 
Hi  vicl  ncdcr  in  knicghcbcde 
Tierst  dat  hi  in  die  capellc  quam  ; 
Ende  alsene  die  ermite  vernam 
205  Dat  Pcrchevacl  wcndc  ende  versuchtc, 
Dede  hi  als  ene  die  Gode  vruchte  ; 
Vricndclike  hinc  totem  ricp. 
Pcrchevacl  totcn  ermite  liep  ; 
Sine  bcrouwencsse  was  groct  ; 
210  Hi  viel  den  ermite  op  sine  voct 


Vs.  183.  Dinue,  dun.  Wat  is  hier  de  beleekcnis  vau  duu?  Overvloedig?  l'ija? 
Vs.  198.  Dai,  verschrijving  voor  die. 


(  660  ) 


Endc  boct  sine  hande  op  glicnadc 
Ende  sprac  :  Hcre,  in  uc  glienadc 
Willic  van  minen  sondcn  stacn 
Ende  boeten  dat  îc  hcbbc  niesdaen; 

215  le  hebbe  gocdes  rades  noet. 
Die  goede  man  hem  ghcboet 
Dat  hi  sine  biecbte  dade 
Clarliice  ende  lii  haddc  gbcstade 
Berowencsse  van  sire  mcsdaet  : 

220  Soe  mochti  wcl  hebben  alïlaet 
Van  sinen  sondcn,  sonder  waen, 
Perchevael  sprac  :  Sli  hevet  ghcstaen 
V  jaer  min  aventuere  soe, 
Dat  ic  aile  doghet  vioe 

22b  Ende  ic  anders  nine  dede 
Enghene  dinc  dan  archede 
Ende  sonde  waer  so  ic  mochte, 
Ende  ic  sonden  niet  en  vruchlc, 
Ende  ie  Gode  nine  bekende 

250  Noch  ane  en  bede  no  ne  minde 
Ende  ic  Godes  al  vergat. 

Ay vricnt,  dadi  dat, 

Sprac  die  goede  man  saen, 
Dat  was  harde  sere  mesdaen  ; 

258  Dat  verghevedi  onse  Hère  Jhesus,  — 
Her,  tes  conincs  Vischers  huus 
Was  ic  luttel  te  minen  goede, 
Dar  ie  een  dropcl  van  blocdc 
Sach  vor  mi  rinnen  opcnbare 

240  Uten  ijserc  vaii  enen  spare  ; 

Dat  bloet  sach  ic  ant  ijser  hanghen, 
Ende  die  duvel  liadde  mi  so  bcvanghcn, 
Dat  le  niet  en  sprac  een  wort. 
Oec  sach  ic  weder  ende  vort 

245  Dat  Grael  vor  mi  draghen, 

Nine  horde  nieman  dar  om  vraghen. 


(  cfii  ) 

Des  licbbic  don  rou  soc  groct 

Dal  ic  mi  warc  licvor  docl 

BIcvcn  lersclvcr  «Icdo. 
2t)0  Hier  om  est  dal  ic  Gode  dedc 

Clarlikc  al  ulc  milieu  glicdochtc 

Endc  oit  sint,  woer  so  ic  mochtc. 

El  niet  en  dedi-  dan  (]n:iel. 

Aise  die  ermite  dit  vcrslact, 
255  Segliet  hi  :  Oft  u  es  Lecjuamc, 

Vrient,  so  sect  mi  ucn  namc, 

Giii  die  saghct  dat  Gracl. 

Ilcrc,  ic  lietc  Perclievae!. 

Aise  die  ermite  dit  horde, 
2G0  Versuclitc  lii  scrc  mcllen  wortie  ; 

Want  lii  vcrkendcdicn  namc  wale; 

Doe  sprac  hi  le  Perchcvalc  : 

Vrient,  di  hcvel  ghcnost  mecsl 

Een  sonde  die  du  niet  en  vrcest; 
2G5  Dat  was  dor  dcn  grotcn  rouwe 

Die  din  moeder  hadde,  die  u  vrouwe, 

Die  du  in  onmachtc  licls  licgiicn 

IJi  iiare  porlen  tender  bricghen, 

Ende  dusc  licls  licghen  endc  scicls  van  hare. 
270  le  seel  di  a!  openbarc 

Die  rou  van  di  slochsc  te  doel. 

Des  heveslu  die  sonde  groct. 

Dat  di  gcscicde,  Perchcvacl, 

Als  dar  du  saghest  dat  Gracl, 
275  Dar  du  so  vêle  niuc  bed^chts 

Dat  dure  iet  om  vraglien  moehts; 

[licls]  dor  die  selve  sonde  groe[t] 

[Daltu  bist]  comcu  in  mcng[cr]  n[ocl] 


Vs.  '263.  Ghenoii,  van  »jo;e«  =  scliaJen,  zoo  als  de  lieer  Roerscli  mij  deed 
(^Iimciken  en  niet  ghevost,  zoo  als  ik  eerst  gelezen  had. 


(  OG-2  ) 

Perclievael,  wat  licipct  vcriiolcii  ? 
:280  En  liaildediii  niocJcr  Ji  nict  bcvolcn 

Don  rik[ci)]  Gode,  die  di  glicboct, 

Du  wart  verloren  cndc  doct  ; 

Mar  God  hadde  dire  nioeder  soc  warf, 

Dat  hi  di  tote  nocli  lievcl  glicspart, 
285  Dor  die  dogliet  van  hare, 

Beide  slillc  cnde  opcnbare, 

Kudc  licvct  di  verloest  ute  mengiicr  iioct 

Ende  bescermet  van  dcr  doct 

Endc  van  vancncsscn  le  mcngcr  slont. 
290  A[lic]  ne  (?)  sonde  slocl  di  dcn  mont 

Dar  du  dat  sperc  saghost  an 

Dar  dat  bloct  utc  ran. 

Ende  doc  du  saghest,  Perciievael,    • 

V[ort  cnde  \vc]der  dat  Gracl 
293  Etidc  dune  vraghest  no  me  no  min, 

D[ar  bi]  ha[adstii]  dommen  sin. 

lladstu  ghevragbct  vant  ghciagbc 

Van  dat  Grael  ende  wicn  men  plaghc 

Darmcdc  te  dicncn,  dat  war  goct. 
300  [iNu  salies]  di  m  ikcn  vroct  : 

Viscer,  dicn  mon  dar  mcde  dicnt, 

Dat  es  ccn  min  li^ve  vrient; 

m  es  min  vleselikc  brocder, 

Pcrcbcvacl,  ende  din  moedcr 
505  Was  min  suster  cnde  die  sin, 

Ende  du  bist  sonc  der  suster  min. 

Die  rikc  Visckcrc,  dat  verstaet  \va!c, 

Es  sonc  conincs,  die  metten  Grale 

Ilem  doct  dienen,  nevc  PcrcUcvael, 
510  Oec  scctçliie  di  dat  ant  Gracl 


Vs  '261.  GlteboeC,  imperf.  van  ijhcbiedeii,  hier  scheppen,  in  hot  Icvcii  roefen. 
Vs.  297.  Ghelaglie,  zuw.  van  tjlicli'jfjen;  hier  belang,  waarde. 


(  005  ) 

Hem  noil  le  diciicn  medc  en  quam 
No  vlcscli,  no  visclic,  no  wilt,  no  tam 
Inl  Grael  draclil  mcii  daghclike 
Eue  oslie  vor  don  coiiinc  rikc; 
51!)  Andcrs  eu  nul  hi  onglionc  spise. 
Dio  ghcnadcn  Gods  van  Paredysc 
Doel  hem  glicnoglica  le  sincn  live. 
Nie  en  warl  s;lieboren  inaii  van  wivc 
Die  moclilc  sccghcn,  Pcrclicvael, 
520  Hoc  hcilcglnn  dinc  es  dal  Grael. 
Die  Coniiic  hcvel  nu  xii  jaer 
Gheleghen  in  enc  camcr  dacr 
Dar  mcn  dal  Grael  (in)  drocli. 
Dcrrc  lalen  es  nu  giiocli. 
325  Pcrchcvacl,  wel  lievc  ncve, 
Die  penilencic,  die  ic  u  ghcve, 
Knde  die  ic  u  vor  u[e]  sonden  ladc, 
Jof  ghisc  vor  uc  mesdade 
Will  onlfacn,  dics  neniel  gocm, 
350  Pcrchevacl  sprac  :  Ja  ic,  oeni. 
Licvc  neve,  soc  hort  uji  nu  : 
In  verlanesscn,  radie  u, 
Van  aire  sondlikcr  dact, 
Dal  glii  le  monslre  ghernc  gact, 
355  Aile  daghe  aise  ghi  nioghcl; 
Dar  moeghedi  Icrcn  aile  doglicl. 
Ercl  Gode  cnde  minnet  Gode 
Ende  houl  ghcrne  sine  ghcbode. 
Die  men  ghcbicdcl  in  die  kerkc; 
340  Ercl  papcn  ende  clerke  ; 
Uienel  allen  goed'.'n  liedcn, 
Dal  en  lael  u  niel  verbieden  ; 
Oec  radie  u  ende  mane  op  Irowe, 
Of  ghi  vrowc  of  joncfrowc 

Vs.  32S.  Juf  =  of,  indien. 


(  C64.  ) 

345  In  grolcr  noct  bcgrcpcn  sict, 

Dicn  liclpt  sane,  latcs  nie»; 

Ilcljjct  vveducn  cndc  wcsen 

Dar  si  begrepcri  sin  in  vrcsen; 

Sijt  carllalcchtich  lallcn  slondcn  ; 
350  Wildi  dit  houdcn  vor  uc  sonden? 

Pcrclicvael  sprac:  Ja  ic,  herc. 

Soc  soeldi  dor  die  Gods  c[re] 

Bliven  twc  wckcn  noch  met  mi; 

Wi  sullen  leven,  ic  cndc  ghi, 
555  Bi  sulkcr  spiscn  aïs  es  die  mine. 

Perclievael  sprac  :  Dats  cne  pinc 

Dar  ic  liardc  gherect  toc  bem. 

Die  ermite  leidene  met  hciu 

Endc  Icrde  hem  stille  ene  goede  ghebodc 
360  Die  hi  hem  soe  langhe  vesten  dcde 

Dat  hi  se  const  wel  int  ghevoch. 

In  die  ghebedc  vvaren  gnoch 

Van  ons  Ilcren  meste  namen 

Die  nieman  te  nocmen  en  bclamcn, 
365  Hi  ne  ware  in  vrcsen  van  der  doet. 

Die  goede  raan  Perchevael  gheboet 

Dat  hi  die  namen  niet  en  soude 

Nocraen  in  watre  noch  in  woude 


Vs.  388.  In  watre  noch  in  woude.  Nergens,  op  geene  plaats,  in  geenc  omstan- 
(li;^hei(l.  Wellicht  is  dit  eene  staande  uitdrukking  ovcreenkomende  met  ons  te 
vjuter  noch  te  tand.  Men  kau  er  niedc  vergelijken  Vienle  Maitijii,  vs.  •lÛa. 
(Vadoi'l.  Mus.,  bl.  (34)  : 

Dus  es  edelheit  aen  bant  : 

Men  vint  se  in  watre  noch  op  sant, 

Sine  hebben  trouwe  versworen. 


(  GG3  ) 


BIJLAGE  A. 

LakCELOT,  bock  11,  V.  375:^2-37381. 

FUAGMENT    1,   V.   1-100. 

Die  knapc  rcct  wcdcr  Isincn  liorc, 

Die  des  dagcs  opter  licide 

Mcnegen  dedc  rumen  sijn  gcrcide. 

le  wane  noil  mau  ne  sacli 

Mcer  Waieweine  piiien  om  bejach 

Op  cnen  dach  ;  dies  wan  hi  seierc 

Rikcliker  orssc  vire. 

Dirste  siiidi  der  joncfrouwcn 

Diemcn  licet  metlen  clencn  mouwcn  : 

Dandcr  1er  Iierbergeii  binncn 

Heren  Garijns  wive,  der  wcrdinncn  : 

Terde  siiidi  liarrc  dochtcr  ter  stedc  : 

Dal  vierdc  liarre  susler  niede. 

Aldus  bestacldi  sijn  bejach; 

Endc  doent  ginc  om  dcn  middach 

Donc  wildi  nembcr  lornircn, 

Ende  die  tornoy  bcgan  falgircn. 

Walcwein  rccl  ter  berbcrgen  tien  tidcn 

II i  baddc  deii  prijs  van  beiden  sidcn. 

Dar  \\ard  slillc  endc  oppcnbarc 

Dicke  gevragel  wic  bi  warc, 

Maer  nieman  coude  gcwclen  dal. 

Doc  lier  Walewcin  quani  in  die  stal 

Vaut  hi  Isire  hcrbcrgeu  saon 

Die  joncfrouwe,  diue  heefl  onlfacn 

Vrindelike,  ende  danclc  hem  .scre 

Dat  hi  harc  dade  die  ère 

Dat  hi  dor  harc  loruierdc  daer. 

Ilacr  vadcr  quam  oec  dacr  uaei- 


(  666  ) 

Eniic  dankets  hem,  cnde  die  wcrdiiiiM! 
Ende  beidc  hacr  dochlcre  oec  met  simic; 
Eiide  her  Garijn  dancle  hem  mcdc 
Der  ercn  die  lii  lien  allen  dedc. 
Si  vrachdeii  om  sincn  naine  le  haut  : 

—  a  Walewein  »,  scit  hi,  <«  benic  geiiaul 
Des  conincs  Arliirs  sustcr  soene  : 

le  bens  te  lochgene  iiict  gewone.  •> 
Doe  boden  si  hem  harcn  dienst  serc. 
Walewein  dancte  der  ère 
Ende  heeft  an  hen  orlof  genomen. 
Mettien  es  die  joncfrouwe  comcn 
Ende  custen  daer  an  sincn  voet. 

—  a  Wat  eest,  joncfrouvve,  wal  gi  doul!  • 

—  «  le  eusse  uwen  voet  dor  dat  gi 
Mijns  gcdinken  suit  daer  bi.  » 
Walewein  sprac  :  «  Wei  llvc  joncfronwe, 
le  sal  u  altocs  sijn  getrouwej 

Gi  hebt  mi  gedaen  sulke  crc 
In  vergeets  nembermcre.  « 
Dus  heeft  hi  orlof  genonicn 
iNiet  aliène  anc  hen  sonien, 
Maer  an  hen  allen  die  daer  waren. 


Lancelot,  bock  II.  v.  38'23;^38;!;!(t. 
Fragment  I,  v.  101-318.    ' 


Davenlure  doet  ons  weten 

Dat  Walewein,  die  ridderc  vermelen, 

Doe  hi  orlof  haddc  genomen 

Te  Tyntavel,  dat  hi  es  conien 

Soe  verre  gereden,  dat  hi  vcrsach 

Enen  cloester,  daer  hi  snachs  lach. 

Des  andcrdages,  si  u  becant, 

Waest  al  weldernesse  cnde  woest  la  ni 


(  C(i7  ) 

Dacr  vaiil  lii  liindcn  liardc  vclc. 

Dacr  uam  lii  ccn  ors  le  siiicii  sjtck' 

Hiidc  rccl  na  die  liinden  soe, 

Dal  lii  enc  liiiidc  \\c\  m  doe 

Mcltcn  spcrc  liaddo  gcslekcii  dacr, 

Jlaer  sijii  ors  siiccfdc  dacr  nacr 

Kiidc  micldc  an  cncii  voct. 

Doe  keerde  Walcwcin,  die  ridd  r  goct; 

Endc  dcdc  sijn  ors  bcsicn. 

Doe  seidc  die  kiicclit  nicllien 

Dal  eeii  jscr  liadde  vcriorcn 

Acn  sinen  reclilcrcn  vocl  \orcn. 

Dus  redon  si  vorl  endc  hcbbcn  gcmucl 

Velc  liedo  al  ongcgrocl. 

Dacrna  quamcii  Iwc  riddcrs  dan  : 

Dccn  was  ccn  sconc  jonc  n;an  : 

Die  jongc  nam  Walcwcine  bider  hanl 

Endc  groclenc  vrindclijc  le  bani, 

Kndc  seidc  doc  blidclijc  na  dcsru 

lii  nioet  cmbersijn  gasl  wesen  ; 

•   Endc  ic  sal  biddcn  dcscn  bore 

Dal  bi  niel  u  le  mire  berbcrgen  kcro.  » 

lier  Walcwcin  gclovel  bem  dacr, 

Doe  bat  bi  sincn  gesdlc  dacr  nacr 

Dat  hinc  Isire  suslcr  soude  Icidcn, 

Endc  barc  bcvalc  sonder  bcidcii 

Dat  sine  aise  wel  onlfinge  darc 

Aise  oft  hi  sclvc  quamc  le  bare, 

Endc  dat  sine  niinnc  endc  cre  doc. 

Dus  voer  die  riddcre  met  bcm  alsoe 

Ende  sal  bcrcn  Walcwcine  voron  endc  lalen 

Dacr  sine  al  lolcr  docl  balcn. 

.Niel  verre  vas  bi  oplie  vart, 

Ilinc  sacb  cncn  caslccl  vcl  bcward. 


(  GC8  ) 

Die  op  cncn  ann  sat  van  dcr  zce  : 

Dics  prisdinc  vclc  te  mec. 

An  dandcr  side  was  die  castccl 

Met  slarkcn  murcn  al  gchccl 

Gemucrt  wcl  in  aiien  sinncn, 

So  datter  an  was  gecn  winncn. 

Dus  quamense  gcrcdcn  binncn  dcr  stede. 

Daer  sach  lier  Walewein  occ  mode 

Alrchande  ainbacht  makcn 

Van  so  mencgcr,  mcssilikcr  sakcn, 

Dat  ict  niel  vcrtrccken  conde  : 

En  doccli  occ  niet  le  dcscr  stondc. 

Dus  redensc  te  gadere  met  gcmake. 

Her  Walewein  bcscoudc  nienegc  sake 

Eer  si  totcn  torrc  quamen. 

Knapen  sprongcn  op  do  sijt  vernanien 

Ende  hcbben  hercn  Walewcins  partonlfacn; 

Ende  die  riddcre  namcn  sacn 

Bider  hant  ende  hirenbinncn 

Leidene  1ère  camcrc  met  minncn, 

Daer  die  joncfrouwe  binnen  was  nu, 

Ende  scidc  :  «  Dcsen  gast  sent  u 

Uwe  broder,  die  coninc  niijn  hcrc, 

Ende  onlbiat  u  dat  gi  hem  doet  cre, 

Ende  alsoc  jogen  hem  gevard 

Oft  gi  sijn  sustcr  ward; 

Ende  bout  hem  geselscap  soe 

Dat  hi  blidc  si  ende  vroe. 

Ilicrtoe  maent  u  nu,  joncfrouwe, 

U  broder  op  gcrcclitc  Irouwc. 

le  sal  (sac)  wedcr  varen  in  geen  wout  : 

Sijt  dcsen  riddcre  iiout, 

Ende  maecten  vro  tcsen  tidc  ». 

—  «  Dcser  geselscap  bcuic  blide  ; 

lli  scient  so  ovcriioveschen  herc; 

le  sal  hem  doen  al  die  ère 


(  (m  ) 

Die  ic  mach  cndc  die  ic  cao.  ' 

Mctticn  iinin  si  dioii  odi'l  nian 

Ilovcsclilike  bidci- iiuiit  ; 

Endc  die  bodc  natn  orlof  le  h:iiit 

Endc  vocr  tsiiicii  fiorc  wcdcr. 

Mijn  lier  Walewcin  j^iiic  silUn  neder 

Bidcr  joncfrouweii  ton  selvcn  slonden. 

Ten  irsten  seleiisc  licii  bccomlrn 

Ondcriingc  van  goder  miiinc. 

Hi  seide  te  liare  ton  ijegimic. 

Dat  hi  haer  vrient  cnde  riddcre  ware, 

Bcidc  stillc  endc  oppcnbare, 

Endc  soiid  wcscn  al  sijn  Icvcn. 

Die  joncfrouwc  hccft  hem  wcdcr  gegeveri 

Sulke  taie  die  was  bequame. 

Si  haddc  van  liovcschcit  groten  namc. 

Ecn  riddere  es  conien  biiincn  dien, 

Ende  heeft  heren  Walewcine  cusscnsicn 

Die  joncfrouwc,  ende  hi  verkindcnc  dacr. 

Walewcine,  ende  maecte  gerocchle  daer  nacr. 


Lancelot,  boek  II,  v.  38613-38680. 
Fragment  II,  v.  i-GO. 


Vcrsehes  bloels  cnc  tranc. 
Van  dien  sperc,  na  minen  wane. 
Es  vorscrevcn  ende  vorseget  : 
Een  conincrike  dat  verre  leget, 
Dat  rike  van  Logrcs  es  gênant, 
Dat  w'ilen  was  dcr  hcidcnc  lant, 
Sal  biden  sperc  al  sijn  testort. 
Dat  spere,  daer  gi  af  licbt  gehort, 
Sal  hcr  Walcwein  sokcn  varcn. 
Occ  sal  hi  sekeren  ende  swareii 
SÉRIE,   TOME   XX.  44 


(  «70  ) 

Don  coninc  dat  hijl  hem  sal  bringcn.  » 

Walewcin  sprac  :  «  Salmcn  mi  dwingeii 

Te  swernc  cncgcn  vaiscen  ect? 

Noch  warc  mi  iiver,  Godewcct, 

Dat  ic  doglicde  sevcn  jaer. 

Selke  qualc  die  mi  ware  swacr, 

Dan  ic'mi'keerdc  an  sulke  vorc, 

Dat  ic  sekerde  cnde  swore 

Dat  ic  nine  vcrmochte  te  donc.  • 

Die  gode  man  sprac  :  «  Ridder  cône. 

Hier  nés  nieman  die  des  gccrt 

Dat  gi  u  (lancs  u  ict  verswecrd; 

Maer  gi  sclt  sweren  oppcnbare, 

Dat  gi  om  te  bejagen  dat  spare 

Suit  doen  al  u  macht  met  vlilc. 

Onlfcchtct  u  80  siilijs  quile  : 

Oft  gi  tspere  niet  cont  gewihncn, 

So  nioelti  tesen  lorre  binnen 

Tenden  den  jarc  gcven  u 

In  suie  gevanenessc  aïs  gi  sijt  nu.  » 

Hcr  Walewcinc  antvvordc  :  «  Desen  cet 

Aldus  te  donc  benic  gcrccl; 

Maer  ic  moct  lirstcn  varcn 

Ene  joncfrouwe  verloesscn  te  Montesclarcn 

Die  ic  mi  vcrmat  ère 

Te  verlocssenc  ul  haren  sere 

Eer  Ginganbrisie!  bericp  mi. 

Daerna  varie,  wildi, 

Dat  sperc  soekcn  een  jaer.  » 

Si  locfdent  wel,  ende  brachlen  dacr 

Die  lieilegen  Walewcinc  te  voren, 

Ende  bi  bevet  daer  gesworen 

Dat  hi  sal  doen  al  sine  macht 

Te  sokcnc  den  wilten  scacht, 

Daer  alloes  hangct  anc 

Versées  bloets  enc  tranej 


(  «71   ) 

on  liijs  occ  nict  can  gcwinncn 

Ili  sal  tcn  selvcn  torrc  biiincn 

lleiii  scivc»  Icvcrcii  in  gcvanciicssen, 

Ofle  lii  sal  dos  lives  mcsscn, 

Ofl  vanJcr  vcrrancsscn  licm  makcn  claor, 

Dacr  lii  om  es  geliacliUt  daer. 

Aise  dcsc  cet  was  gcdacn 

Nani  Walcwcin  orlof  sacn 

Andcii  coninc  cndc  andcr  joncfrouwcn, 

Die  lu'in  geholpcn  liadde  met  Irowcn, 

Ende  anc  aile  die  dacr  waren, 

Eiidc  es  aldus  en  wech  gcvaren. 

Sine  knapcii  gaf  hi  orlof, 

Ende  hiolsc  varcn  in  Arturs  hof, 

Ende  es  aldus  van  hcn  gesecden. 

Die  orsse  hiet  lii  weder  loden 

Aile,  sonder  sijn  Gringalet. 

Hoc  scre  wcciide  due  Jonet 

Ende  die  andore  knapcn  mcdc 

Docnt  dacr  quain  Icnen  gescedc, 

Ende  dat  lu  wildc  in  vrccmt  lant 

Aliène  varen  dolen  ! 


BIJLAGE  B. 

Perceval  le  Gallois,  I,  v.  69i0-7217. 
Fragment  I,  v.  1-3G8. 

()DiO  Alant  l'escuier  venir  voient 

Qui  le  cheval  nicnoit  en  désire; 
La  pucelc  à  une  fenestre 
Trouva  séant,  se  li  prcsantc; 
Celle  mercis  plus  de  sissante 

C9i5  L'on  rcnt  et  le  ceval  fait  prendre; 
Et  cil  en  va  le  mierci  rendre 


(  ^7-2  ) 

A  son  signorqui  sambloit  cslre 

Del  tornoicmcnt  sirc  et  mcstrc; 

Qu'il  n'i  a  clicvalier  si  cointe, 
Ct)50  Se  de  la  lance  li  lui  s'acointc, 

Qu'il  ne  li  lollc  les  cstriers; 

Onques  de  gacngnicr  destriers 

Ne  fu  mes  si  enlaientés; 

lin  en  a.  le  jor,  présentes 
6955  Que  il  gaengna  de  sa  main  : 

S'en  envoia  le  prcinerain 

A  la  damosclc  petite; 

De  l'autre  à  la  femme  s'aquitc 

Au  vavassor  qui  il  moult  plot; 
6960  Une  de  ses  ii  filles  ot 

Le  tiere,  et  l'autre  tôt  le  quart.. 

Et  li  tornoiemcns  départ; 

Si  s'en  entrent  parmi  la  J)ortc; 

Mesire  Gauwains  en  aporte 
6965  D'une  part  et  d'autre  le  pris. 

N'il  n'estoit  pas  cncor  midis 

Quant  il  fu  partis  de  l'estour; 

Rlesire  Gau\vains  au  retour 

Ot  de  chevaliers  si  grant  roule 
6970  Que  plaine  en  fu  la  vile  toute; 

Que  Irestout  cil  ki  le  sivoient 

Enquerre  et  demander  voloicnt 

Qui  il  erl,  ne  de  quel  contrée. 

Il  a  la  puccle  encontrce 
6975  Tout  droit  à  l'uis  de  son  oslel, 

Et  ele  ne  fist  onques  cl, 

Mais  ke  ele  à  l'estrier  le  prist, 

Sel  salua  et  si  H  dist  : 
»  V  cens  mercis,  biaus  très  dous  sire  !  » 
6980  Et  il  sot  bien  qu'ele  volt  dire, 

Se  li  respondi  come  frans  : 
u  Ains  seroie  kenus  et  blans, 


(  (>75  ) 

Amie,  quejou  me  rccroic 
De  vos  servir  où  que  je  soie. 

(iOSB  Jii  de  vous  ne  senii  si  loiiig, 
Se  savoir  puis  voslrc  bcsoing. 
Que  jà  cssoincs  me  relicngne 
K'au  premier  niesage  ne  viengae.  » 
«  Grans  niercis  !  «   fait  la  damosicic. 

6990  Ensi  parloient  cil  et  celé. 

Quant  ses  pères  vint  en  la  place 
El  de  lot  son  pooir  porcace 
Que  nicsirc  Gauwains  rcmaingnc 
La  nuit  et  que  son  oslcl  praingne  ; 

6995  Mais  ançois  li  requiert  et  prie 

Que  son  nom,  se  lui  plaist,  li  die. 
Mcsirc  Gauwains  s'escoudisl 
De  rcmanoir  et  se  li  dist  : 
«  Sire,  Gauwains  suis  apielcs  ; 

7000  Onques  mes  noms  ne  fu  celés 
En  liu  où  il  me  fust  requis; 
IV'onques  encore  ne  le  dis 
S'ançois  demandés  ne  me  fu.  • 
Et,  quant  li  sire  a  entendu 

7095  Que  c'esloit  mesire  Gauwains, 
Moult  fu  SCS  cuers  de  joie  plains, 
El  li  dist  :  <i  Sire,  or  remanés 
Anuit,  mon  service  prenés; 
Car  aine  de  rien  ne  vos  sicrvi, 

7010  N'onques  en  ma  vie  ne  vi 

Chevalier,  ce  vos  puis  jurer. 
Que  je  tant  vosisce  honerer.  • 
De  remanoir  moult  li  pria. 
Et  mesire  Gauwains  11  a 

7015  Toute  la  priicre  escondile  ; 
Et  la  damoselc  petite, 
Qui  n'esloit  foie  ne  mauvaise, 
Le  prent  au  pie  et  si  le  baise 


(  674-  ) 

El  à  Damledicu  le  comandc  ; 

7020  Et  mesirc  Gauwains  demande 
Qu'clc  avoit  à  cou  entendu; 
Et  ele  li  a  rcspondu 
Que  elle  li  avait  baisic 
Por  celé  entenlion  le  pié 

7025  Que  de  li  li  resouvenisl 

En  quelque  liu  que  il  venisl; 
Et  il  li  dist  :  «  Ne  dotés  mie, 
Si  m'ait  Dcx,  ma  doce  amie, 
Jamais  ne  vos  oublierai 

7050  Quant  jou  de  ci  départirai.   » 
Atant  départ  et  congié  prent 
A  son  oste  et  à  l'autre  gent; 
Si  le  comandent  à  Diu  luit. 
Mesire  Gauwains,  celé  nuit, 

7035  En  une  obédience  giut; 
S'i  ot  quanquc  il  li  cstulj 
Et  l'endemain,  bien  par  malin, 
Aloit  cevauçant  son  cemin 
Tant  que  il  vit  en  trespassant 

7040  Biestes  qui  aloient  paissant 
Lés  l'orière  d'une  foriest  ; 
A  1  varlct  dist  qu'il  s'arricst. 
Qui  I  de  ses  chevaus  menoit 
Tout  le  mellor  et  si  tenoit 

7045  Une  lance  moult  roidc  et  fort  ; 
La  lance  dist  qu'il  li  apport. 
Et  que  son  ceval  li  estraingne, 
Celui  qu'il  maine  en  dcstrc  praignc 
Son  palefroi  et  se  li  maint  j 

7050  En  celui  mie  ne  remaint 
Que  il  li  a  sans  demorance 
Baillé  le  ceval  et  la  lance  ; 
El  il  s'en  lorne  après  les  bisses, 
El  si  lor  fait  tant  lors  et  guises 


(  075  ) 


70ÎJ5  Que  une  blancc  en  cnlrcprist 
Les  une  roce  et  si  li  niist 
Son  le  col  la  lance  en  travers, 
Et  la  biscc  saut  corne  cers, 
Se  li  estort  et  il  aprics, 

7060  Et  cacc  tant  ke  à  bien  priés 
Le  retainsist  et  arriestast. 
Se  ses  chevaus  ne  dcsdcrast 
D'un  des  pics  devant  tôt  à  net  ; 
Et  mcsire  Gauwains  se  met 

7065  Apriès  son  harnas  à  la  voie, 

Qu'il  sent  son  ccval  qu'il  redoic 
Sous  lui,  si  l'en  anuie  trop; 
Mais  il  ne  set  qui  l'a  fait  clop, 
S'estos  el  pié  fcru  ne  l'a  ; 

7070  Tant  que  Yonct  apela. 

Si  l'a  comandé  à  descendre 
El  de  son  ccval  garde  prendre, 
Qui  moult  clocc  très-durement  ; 
Et  cil  fait  son  comandemcnt, 

7075  Se  li  liève  le  piet  en  haut. 

Et  trueve  que  uns  fers  li  faut, 
El  disl  que  il  l'estuet  fiérer, 
Si  n'i  a  mais  que  del  errer. 
Tout  souavet  voist  tant  qu'il  Iruisse 

7088  Fcvrc  qui  refiércr  le  puisée; 

Puis  errèrent  tant  que  il  virent 
Gens  fors  ki  d'un  castcl  issirent 
El  vinrent  toute  une  caucie; 
Devant  avoit  gcnt  si  corcie, 

7085  Garçons  à  pié  qui  ciens  menoienl 
Et  véncor  apriès  venoient 
Qui  portoient  espins  trcnçans 
Et  apriès  haces  et  siergiins 
Qui  ars  et  saiaites  portoient, 

7090  Et  après  chevalier  venoient; 


(  676  ) 

Apriès  trcslos  les  chevaliers 
En  vinrent  doi  sor  ii  destriers, 
Dont  li  uns  csloit  jouvenciaus, 
Sor  tos  les  autres  grans  et  biaus; 

7095  Et  cil,  sor  nionsignour  Gauwain 
S'en  va  et  le  prist  par  la  main 
Et  dist  :  «  Sire,  je  vos  retieng, 
Alcs-vous  ent  là  dont  je  vicng; 
Bien  dcsccndrës  en  mes  maisons, 

7100  Bien  est  huimais  tans  et  raisons 
De  herberger,  si  ne  vos  poise; 
G'ai  une  scror  moult  corloise 
Qui  de  vous  grant  joie  fera, 
Et  eis  sires  vos  i  menra 

7105  Que  vous  vcés  chi  dalés  moi,  » 
Lors  dit  :  «  Aies,  je  vos  envoi 
Biaus  compains,  avoec  ce  signor, 
Si  le  menés  à  ma  seror  ; 
Salués-le  prcmièremant, 

7110   Puis  li  dites  que  je  li  mand 
Par  l'amor  et  par  la  grant  foi 
Qui  doit  estre  entre  lui  et  moi, 
S'ele  onques  ama  chevalier, 
Que  aint  celui  et  tiengnc  cier, 

71 IS  Et  k'ele  autant  face  de  lui 

Com  de  moi  ki  ses  frères  sui  ; 
Tel  solas  et  tel  compagnie 
Li  face  qu'il  ne  li  griet  mie 
Quant  nos  seromes  revenu, 

7120  Et  ele  l'ara  retenu 

Avoec  li  débonairement. 
Si  nos  sivcs  hastivcment, 
Qireje  m'en  vorrai  revenir, 
Por  lui  compagnie  tenir, 

7125  Au  plus  tost  que  je  porai  onques. 
Li  chevaliers  s'en  part  adonques. 


(  ti"   ) 

Qui  monsignciir  Gauvaiii  coiiduist 
Là  ù  de  mort  le  hécnl  tuit; 
Mais  il  n'i  est  pas  conçus, 

7130  Car  onqncs  mais  n'i  fu  véus. 
Si  n'i  quidc  avoir  iiulc  garde. 
Le  siège  del  castcl  csgardc 
Qui  sor  I  brac  de  mer  séoil, 
El  les  murs  et  la  ter  véoit 

71 5Î)  Si  fors  que  nule  rien  ne  dote, 
Etesgardc  la  vile  toute 
Pupice  de  moult  bcle  gent, 
Et  les  cangcs,  d'or  et  d'argent 
.  Trcstous  coviers,  et  de  monnoies; 

7140  Avoit  les  places  et  les  voies 
Totes  plaines  de  bons  ovriers 
Qui  faisoicnt  divers  mestiers. 
Si  corn  li  mestier  sont  divers  : 
Cil  fait  hiaumes  cl  cil  haubcrs, 

7145  Et  cil  sièleset  cil  escus, 

El  cil  lorains  ovrcs  menus, 
Cil  les  espces  i  fourbissent, 
Cil  foulent  dras  cl  cil  les  tissent, 
Cil  les  pinent  et  cil  les  tondent, 

7it50  Cil  antre  l'or  et  l'argent  fondent. 
Cil  font  œuvres  rices  et  bièles, 
Coupes,  hanas  et  escuièles, 
Et  goviaus  ouvrés  à  esinaus, 
Aniaus,  çaintures  cl  frcmaus; 

7155   Bien  pcusl-ori  quidier  et  croire 
K'cn  la  vile  cust  tos  jors  foire, 
Qui  de  tans  avoirs  esloit  plaine. 
De  poivre,  do  cire  et  de  graine. 
Et  de  panes  vaires  et  grises 

7160  Et  de  toutes  marccandises. 
Toutes  ces  choses  regardant, 
Et  de  lius  an  lius  remirant, 


(  678  ) 

Ont  tant  aie  k'cn  la  lor  furent; 
Et  varlet  salent  ki  reciurcnt 

7165  Tous  les  chevaux  et  l'autre  ator; 
Li  chevaliers  entre  en  la  tor 
Seus  avoec  monsigncur  Gauwain; 
Si  l'en  maine,  pris  par  la  main, 
Jusqu'en  la  Cambre  à  la  pucelc. 

7170  Et  si  li  dist  :  «  Amie  bièle, 
Vostre  frère  salus  vos  mande 
Et  de  ce  signor  vos  comande 
Qu'il  soit  honorés  et  siervis; 
Si  nel  faites  mie  à  envis, 

7175  Mais  treslont  d'autresi  bon  cucr 
Com  se  vous  estiés  sa  suer 
Et  com  s'il  estoit  vostre  frère. 
Or  gardés  ne  soies  avère 
De  toute  sa  volenté  faire, 

7180  Mais  large,  france  et  débonaire. 
Or  en  pensés,  que  je  m'en  vois. 
Qu'il  le  me  covienl  sivre  el  bois.  » 
Et  celé  dist,  ki  grant  joie  a  : 
«  Benéois  soit  ki  m'envoia 

7185  Tel  compagnie  come  ceste; 

Qui  si  biel  compagnon  me  preste 
Ne  me  het  pas,  soie  merci. 
Biaus  sire,  or  venés  seoir  ci, 
Fait  la  pucièle,  dalcs  moi  ; 

7190  Por  cou  que  biel  et  gent  vos  voi 
Et  por  mon  frère  ki  m'en  prie, 
Vos  ferai  bièle  compagnie.  • 

Tantost  li  chevaliers  s'en  torne 
Qui  avoec  eus  plus  ne  séjornc; 

7195  Et  Mesire  Gauvains  remaint. 
Qui  de  cou  mie  ne  se  plaint 
Qu'il  est  seus  avoec  la  pucièle 
Qui  moult  estoit  cortoisc  et  bièle 


(  ^>70  ) 

El  tantcsloil  bien  afaitie 

7200  Que  pas  ne  quiilc  estrc  engignic 
De  ce  qii'ele  est  seule  avoec  lui. 
D'amours  |)arolent  anibedui. 
Et,  s'il  d'autre  cosc  parlassent, 
De  granle  liuiseuse  se  nioslasscnl. 

720K  iMesire  Gauwains  le  requiert 

D'amors  et  prie  et  dist  qu'il  ierl 
Ses  chevaliers  toute  sa  vie, 
Et  elle  nel  refuse  niic, 
Ains  li  olroic  volenlicrs. 

7210  Un  vavasours  endemcnliers 

Entra  laicns,  qui  moult  lor  nut, 
Qui  monsigneur  Gauwin  conut; 
Si  les  trova  entrebaisant 
Et  moult  trcs-grant  joie  faisant, 

7215  Et,  puisque  il  vit  celé  joie, 
Ne  pot  tenir  sa  boukc  coie, 
Ains  s'escria  à  grant  vertu  : 


l'ERCEVAL  LE   GALLOIS   I,   V.  7538-7530. 
FllAGMENT   II,  V.    1-60. 

Et  raesire  Gauwains  s'en  aile 
Querre  la  lance  dont  li  fers 

7540  Sainnc  los  jors,  j'à  n'ert  si  ters 

Del  sane  tout  cler  que  elc  pleure. 
Si  est  cscrit  qu'il  est  une  cure 
Que  tous  li  roiaumes  de  Logres, 
Dont  jadis  fu  li  tien;  al  Ogres, 

7545  £rt  détruite  par  celé  lance. 
De  ce,  sairemenl  et  (lance 
Vioul  avoir  mesire  li  rois.  » 
a  Certes,  je  me  lairoie  ançois. 


(  680  ) 

Fait  mesirc  Gauwains,  çaiens 

75K0  U  morir,  u  languir  vivens, 
Que  je  saircment  en  fesisce. 
Ne  que  ma  foi  vos  en  picvisse. 
N'ai  pas  de  ma  mort  tel  paor 
Que  jà  mius  ne  voelle  à  honor 

7555  La  mort  sofTrir  et  endurer 

Que  vivre  à  liontc  et  parjurer.  » 
«  Biaus  sire,  fait  li  vavasours, 
II  ne  vous  crt  jà  dcsbonours, 
Ncjà,  je  quic,  n'en  serés  pire 

7560  En  1  sens  que  je  vos  voel  dire  : 
Vous  juerrcs  que  de  la  lance 
Qucrrc  fercs  voslre  poissance; 
Se  vous  la  lance  ne  trovés, 
En  cestc  tour  vos  remetés; 

7565  Si  sercs  del  saireracnt  quites:  » 
«  Ensi,  fail-il,  com  vous  le  dites, 
Sui-ge  pries  del  sairemcnt  faire. 
I  moult  pressieus  saintuaire 
.  Li  a  on  maintenant  fors  trait, 

7570  Et  il  a  le  sairemcnt  fait 
Qui  il  metra  tolc  sa  paine 
A  querre  la  lance  qui  saine. 
Ensi  la  balalle  est  laissie. 
Jusqu'à  I  an  est  respilie 

7575  De  lui  et  de  Guigambrcsil. 
Escapcs  est  de  grant  péril 
Quant  il  issi  de  la  tor  fors 
Et  il  fu  par  ce  plait  cstors. 
A  la  pucièle  congié  prist 

7580  Et  à  trestout  ses  variés  dist 
Que  en  lor  tière  s'en  alasscnt 
Et  ses  cevaus  en  remcnasccnt 
Trestous,  fors  que  le  Gringalet. 
Plorant  s'en  partent  li  varlet 


(  681  ) 

7Î>8K  De  lor  signor  et  si  sVn  vont  ; 

Del  errer  ne  dcl  duel  qu'il  font 

Rien  plus  à  dire  ne  nie  plaist; 

De  monsignor  Gainvain  se  taist 

Ici  li  contes  à  eslal. 
7590  Si  comcnce  de  Perceval. 


Perceval  le  Gallois  I,  v.  "o91-"86G. 
Fragment  II,  v.  GI-;îG8. 

Pcrccvaus,  ce  conlc  Tesloire, 
A  si  perdue  sa  mémoire 
Que  de  Diu  ne  li  soviens  mes; 
V  ans  passa  avrius  et  mes, 
7595  Ce  sont  V  ans  trcslot  entier, 
Ains  que  il  entrast  en  niostier, 
Ne  Dieu  ne  sa  crois  n'aoura  ; 
Tout  cnsi  V  ans  esploita 
Et  pour  çou  ne  laissa  il  mie 
7000  A  rcqucrre  chevalerie; 

Et  les  estrangcs  aventures, 
Les  félenesses  et  les  dures 
Aloil  querant,  et  s'en  trova 
Tant  que  moult  bien  s"i  esprova; 
7G05  Nonqucs  n'enprist  cose  si  grief 
Dont  il  ne  venist  bien  à  cief  ; 
Lx  chevaliers  de  pris, 
A  la  court  le  roi  Artu  pris, 
Dcdens  les  v  ans  envoia  ; 
76iO  Ensi  les  v  ans  esploila 

Conques  de  Dieu  ne  li  sovinf. 
Et  au  cief  des  v  ans  avint 
Que  il  par  un  désert  aloit 
Ceminant,  si  com  il  soioit, 
7Ctl5   De  toutes  ses  armes  armés; 
S"a  m  chevaliers  enconlrés 


(  682  ) 


Et  avocc  dames  jusqu'à  dis; 
Lors  cics  en  lor  caperons  mis, 
Si  aloient  trestuil  à  pié 

7G20  Et  en  langes  el  descaucié. 
De  celui  qui  armes  venoit 
Et  la  lance  et  l'escu  lenoit 
S'esmcrvcllièrent  moult  les  dames 
Qui,  por  sauvcmcnt  de  lor  armes 

7C25  Lor  penitance  à  prié  faisoient 
Por  les  pcciès  que  fais  avoient; 
Et  H  uns  des  m  chevaliers 
L'arrieste  et  dist  :  «  Biaus  sire  ciers, 
Dont  ne  créés- vos  Jhésucrist 

7650  Qui  la  novele  loi  escrist 
Et  la  douna  as  cresliiens? 
Certes,  il  n'est  raisons  ne  biens 
D'armes  porter,  ains  est  grans  tors. 
Au  jor  ke  Jhésucris  fu  mors.  » 

7635  Et  cil  qui  n'avoit  nul  apens 
De  jor  ne  d'oure  ne  de  tcns. 
Tant  avoit  en  son  cucr  d'anui, 
Rcspont  :  »  Qués  jor  est-il  dont  hui?  •> 
Qucs  jors!  Sire,  si  ncl  savés, 

76i0  C'est  li  venredis  aourés, 

Qu'on  doit  simplement  aourcr 
La  crois  et  ses  péciés  plorer; 
Que  lui  fu  cil  en  crois  pendus 
Qui  fu  XXX  deniers  vendus; 

7643  Cil  ki  de  tos  péciés  fu  mondes. 

Vit  les  péciés  dont  tos  li  mondes 
Ert  cnliiés  et  entéciés, 
Si  devint  hom  por  nos  péciés; 
Voirs  ert  que  Dex  et  hora  fu  il, 

7650  Que  la  Virge  enfanta  i  fil. 
Que  par  S'-Espcrit  conclut, 
U  Dex  et  car  et  sane  reciut  ; 


(  683  ) 

Si  fut  sa  dcilcs  coverte 
En  car  d'omc,  cVst  cosc  ccrlc, 
7('>'J5  Et  ki  cnsi  ne  le  kcrra 
Jà  en  ia  face  nel  verra  ; 
Il  fut  nés  de  la  Virge  Dame 
El  prist  d'onie  ia  forme  et  l'arme 
Avocc  la  sainte  déité, 
7GG0  Qui,  à  tel  jor,  par  vérité, 

Com  hui  est,  fu  en  la  crois  mis; 
Et  traist  d'inficr  tos  ses  amis; 
Moult  par  fu  sainte  celé  mors 
Qui  sauva  les  vis,  et  les  mors 
7GG5   Uesuscila  de  mort  à  vie; 
Li  fol  juïs,  par  lor  envie, 
C'on  devroit  tuer  come  ciens, 
Fiscnt  lor  mal  et  nos  grans  biens. 
Quant  il  en  la  crois  le  levèrent; 
7G70  Eus  perdirent  et  nos  sauvèrent. 
Tuit  cil  ki  en  lui  ont  créance 
Doivent  hui  estre  en  penitancc; 
Hui  ne  déust  hom  ki  l)iu  croie 
Armes  porter  n'en  camp  n'en  voie.  » 
7075   «  Et  dont  venés-vous  ore  ensi?  » 
Fait  Percevans  :  «  Sire,  de  chi, 
D'un  preudome,  d'un  saint  herniite. 
Qui  en  ceste  foricst  habite, 
Ne  ne  vit,  tant  pur  est  preudora, 
7C80  Se  de  la  gloire  del  ciel  non.  «> 

«  Por  Dieu,  Signor,  là  que  féistes'/ 
Que  demandastes,  que  quesistes?  » 
«  Coi?  Sire,  fait  une  des  dan)cs, 
De  nos  péciés  li  demandâmes 
7085  Consel,  et  confesse  en  préismes; 
La  plus  grant  besoingne  i  féismes 
Que  nus  crcsliens  puisse  faire. 
Qui  voelle  à  Damlcdieu  retrairc.  » 


(  684  ) 

Cou  que  Pcrcevans  oï  ot 

7690  'Le  fîst  plorcr,  et  se  li  plot 

Que  au  saint  home  alast  p.iricr: 
c.  Là  vorrai-jou,  fait-il,  alor; 
Aler  i  voel,  se  jou  savoic 
Tenir  le  sentier  et  ia  voie.  ■< 

7695    «  Sire,  ki  alcr  i  vorroit, 

Si  tcnist  ce  sentier  trop  droit, 
Si  corne  nos  somes  venu, 
Par  ce  bos  espcs  et  menu; 
Si  se  préist  garde  des  rains 

7700  Que  nos  noasmcs  à  nos  mains 

Quant  nous  par  ilucqucs  venismes; 
Teus  entresagnes  i  fcismes 
For  cou  que  nus  n'i  forvoiast 
Qui  vers  le  saint  iiermile  alast. 

7705  A  tant  à  Dieu  s'entrecomandent, 
Riens  nule  plus  ne  se  demandent; 
Et  Percevans  el  sentier  entre 
Et  sospire  dcl  cuer  del  ventre 
Por  çou  que  meffcs  se  sentoit 

7710  Viers  Dieu,  dont  moult  se  repentoit^ 
Plorant,  s'ent  vint  par  le  boscage; 
Et,  quant  il  vint  à  rermitage, 
Si  se  descent  et  se  désarme. 
Son  ccval  ataceà  I  carme, 

7715  Puis  si  s'en  entre  ciés  l'ermite; 
En  une  capièle  petite 
Trova  l'ermite  et  I  provoirc; 
Dist  une  leçon,  c'est  la  voire. 
Qu'il  commcnçoient  le  service 

7720  Le  plus  haut  qui  en  sainte  glise 
Puist  estre  dis  et  le  plusdous. 
Percevans  se  mist  à  jenous 
Tantost  com  entre  en  la  capelc, 
Et  li  bons  hom  à  lui  Tapele, 


(  t)85  ) 

77:25  Qui  niouli  le  vit  sitnpic  et  plorant; 

Et  jusques  cl  niontoii  coiihiut 

L'niwc  (les  iols  II  dé^^outoil; 

Et  PiTCcvaiis,  (jiii  moult  doutoit 

Avoir  vers  Diiiuk-iiiu  nn-spris, 
7730  Par  le  piet  a  rcrniite  pris. 

Se  li  est  Loin,  et  ses  mains  joinst, 

!Si  li  i)ric  qu'il  li  par  doinst. 

Conscl,  que  grant  nieslii  r  ou  a  ; 

Et  li  boins  honi  li  cumaiida 
7755  A  dire  sa  conliossiou, 

Qu'il  u'arajà  remission 

S'il  n'est  confiés  et  rcpetitaus. 

u  Sire,  fait-il,  bien  a  V  ans 

Que  jou  ne  soi  ù  ge  me  fui, 
77iO  Ne  Dieu  n'amai  ne  Diu  ne  crui  ; 

N'onqucs  puis  ne  fis  se  mal  non.  »> 

a   lia,  biaus  amis,  fait  li  prcudora, 

Di  moi  por  coi  tu  as  cou  lait 

Et  prie  Dieu  que  merci  ait 
774b  De  l'arme  de  son  pécéour.  » 

«  Sire,  ciés  le  roi  Pescéour 

Fui  une  fois  et  vi  la  lance 

Dont  li  fiers  saine  sans  doutance; 

Et,  de  celé  goûte  de  sanc 
7750  Que  à  la  pointe  dcl  fer  blanc 

Vie  pendre,  riens  ne  demandai; 

Onques  puis,  certes,  n'amendai; 

El  dcl  Gréai  que  jou  revi 

Ne  soc  pas  qui  on  en  servi; 
7755  S'en  ai  eut  puis  si  grant  duel. 

Mors  fusce  piéça,  à  mon  voel, 

Et  Damiedicu  en  oubliai. 

Ne  puis  merci  ne  li  criai, 

Ne  ne  fis  rien  que  je  séusce 
77(iO  Por  coi  jamais  merci  éusec.  • 

3'""    SÉRIE,    TOMK    XX.  ^^ 


()8()  ) 


llu  !  Liaiis  uiiiis,  dislli  prcudoni, 
Or  me  di  coincnt  lu  as  nom.  » 
Kt  il  li  dist  :  «   Prrcovans,  siro. 
A  ce  mot,  li  iirciidom  sospiic, 

776.')  Qui  le  nom  a  rccouncu, 

Et  dist  :  «   Amis,  moult  t'a  néu 
Uns  péciés  dont  tu  ne  ses  mot, 
Ce  fu  li  dious  que  la  mère  ol 
De  toi,  quant  tu  partis  de  ii, 

7770  K'  à  tièrc  pasméc  kaï 

Au  ciof  del  pont  devant  la  porte, 
Et  de  ce  duel  fu  elle  morte; 
Pour  le  pécié  que  tu  en  as, 
T'avint  que  riens  ne  demandas 

777Î)   De  la  lance  ne  del  Graal; 

Si  t'en  sont  avenu  maint  mal  ; 
Ne  n'eusses  pas  tant  duré 
S'ele  ne  t'cust  comandé 
A  Damiedieu,  ce  saccs-tu  ; 

778U  iMais  sa  proière  ot  tel  vertu 
Que  Diex  por  li  t'a  regardé, 
De  mort  et  de  prison  garde. 
Péciés  la  langue  te  Irença 
Quant  le  fier,  qui  aine  n'cstaiiça 

7785  De  sainier,  devant  loi  véis. 
Ne  la  raison  n'en  cnqnesis; 
Quant  tu  del  Graal  ne  sens 
Cui  on  en  sert,  fol  sens  eus; 
Cil  cui  l'en  sert,  il  est  mes  frère, 

7790   Ma  suei-  cl  soie  lu  ta  mère, 
Et  del  rice  Pescéour  croi 
Que  il  est  fius  à  celui  roi 
Qui  del  Graal  servir  se  fait  ; 
Mais  ne  quidiés  pas  que  il  ait 

771)5  Lus  ne  lan)proie  ne  saumon  ; 
D'une  sole  oisie  li  sains  liom 


(  687  ) 

Quant  en  ce  GrénI  li  aportc, 
Sa  vie  sosticnl  cl  conforlc. 
Tant  sainte  cose  est  li  Graaus; 
7800  Kt  cil  est  si  esperitaus 

K'à  sa  vie  jtius  ne  covient 

Que  l'oiste  cpiiel  Gréai  vient. 

Xx  ans  i  a  cslet  ensi 

Que  fors  do  la  cambre  n'issi 
7805  U  le  Gréai  véis  entrer. 

Or  te  voel  enjoimlre  et  doncr 

Pénitance  de  ton  pccic     » 

»   Bians  oncles,  cnsi  le  voel  ç,ié. 

Fait  Percevaus,  de  moult  bon  cuer; 
7810  Quant  ma  mère  fu  vostre  suer, 

Rien  me  dcvés  neveu  clamer 

Et  je  vous  oncle,  et  mius  amer.   » 

u  Voirs  est  biaus  niés;  mes  or  m'cntens 

Se  de  la  mère  le  repcns, 
781f>  Si  aies  boine  repentance, 

El  va  el  nom  de  pénitance, 

Au  mostier  ains  qu'en  autre  leu, 

Volentiers,  si  i  auras  preu; 

Ne  fisses  mie  por  nul  piait, 
7820  Si  tu  iès  en  lin  ù  il  ait 

Mostier,  capclc  ne  perroce. 

Va  i  quant  sonera  la  cloce 

U  ainçois  se  tu  iès  levés, 

Jà  de  cou  ne  seras  grevés, 
7825  Ains  en  iert  moult  l'arme  avancie; 

Et,  se  la  messe  est  coumencie, 

Tant  i  fera  il  mellor  cstre. 

Tant  i  demeure  que  li  prcstre 

Aura  tout  dit  et  tout  canté; 
7850  Se  il  te  vient  à  volenlé, 

Encore  poras  monter  en  pris, 

S'auras  honor  et  paradis; 


C  088  ) 

Dieu  croi,  Dieu  aime  et  Diu  aore; 
Preudomc  et  preudcfume  onorej 

7835  Contre  le  provoire  te  liève. 
C'est  I  services  ki  poi  griève 
Et  Diex  l'aime,  par  vérité, 
Por  çou  qu'il  vient  d'umilité; 
Se  puceie  aide  requiert, 

7840  Aide  li,  ke  mius  t'en  icrl. 
U  veve  dame  u  orfenine; 
Icele  aumosne  est  entérine; 
Aïde  leur,  si  feras  bien, 
Garde  jà  nclie  lesses  por  rien. 

7845  Ce  voel  que  por  tes  péciés  faces. 
Se  ravoier  vins  totes  grasses 
Ensi  corn  tu  avoir  les  sieus; 
Or  me  di  se  faire  le  vieus.  » 
«  Oïl,  fait-il,  moult  volentiers.  » 

7850  (,   Or  te  pri  que  II  jors  entiers 
Avccqucs  moi  çaiens  remagnes 
Et  que  en  pénitance  pragnes 
Tel  viande  com  est  la  moic.  » 
Et  Percevans  la  li  ottroie; 

7855  Et  li  ermites  li  conselle 

Une  orison  dedens  s'orelle, 
Si  l'afrema  tant  qu'il  le  sot; 
Et  en  celé  orison  si  ot 
Assés  des  noms  Notre  Signor, 

7860  Car  il  i  furent  li  gregnor 

Que  nomer  doie  boce  d'orne 
Se  por  paor  de  mor  nés  nome. 
Quant  l'orison  li  ot  aprise 
Deffendi  lui  qu'ennuie  guise 

7865  Ne  le  déist  sans  grant  péril, 
«  Non  ferai-je,  sire,  »  fait-il. 


(  G89  ) 


GLASSi:   lits   «i:\UX-AIVTS. 


Séance  du  â  décembre  1890. 

M.  Jos.  ScuADDE,  directeur. 

M.  J.  Lfagre,  sccrélaire  per[)éluel. 

Sont  présents  :  MM.  H.  Hymans,  vice  -  directeur  ; 
Ern.  Slingeneyer,  F.-A.  Gevaeri,  Ad.  Samuel,  Ad.  Pauli, 
God.  Guffens,  J.  Demaunez,  P.-J.  Clays,  G.  De  Groot, 
G.  Biot,  Edm.  Marchai,  Th.  Viuçotle,  Jos.  Slallaerl, 
J.  Rousseau,  Alex.  Markelhach,  Max.  Rooses,  membres; 
F.  Laureys  et  Charles  Tardieu,  correspondants. 


COnRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  el  de  l'Instruction  publique 
envoie  : 

i°  Une  nouvelle  série  de  bulletins  résultant  des 
recherches  musicales  de  M.  Edmond  Vander  Straelen  dans 
les  bibliothèques  d'Augsbourg  et  de  Breslau.  —  Renvoi  à 
la  Commission  chargée  de  publier  les  œuvres  des  grands 
musiciens  du  pays  ; 

2°  Le  troisième  rapport  semestriel  de  M.  Jules  Lagae, 
lauréat  du  grand  concours  de  sculpture  de  1888.  —  Ren- 
voi à  la  section  de  sculpture. 


;  690  ) 

—  Le  même  Ministre  demande  l'avis  de  l'Académie  : 
i"  sur  le  busle  en  marbre  de  Louis  Alvin,  ancien  membre 
de  la  Classe,  commandé  à  M.  Vinçolle  pour  la  galerie  des 
bustes  des  académiciens  décédés;  2"  sur  le  modèle  du 
busle  de  B.-Cli.  Du  Mortier,  ancien  membre  de  la  Classe 
des  sciences,  commandé  à  M.  Jacques  Herain  pour  la 
même  galerie.  —  Renvoi  à  la  section  précitée. 

—  M.  Charles  de  Harlez,  membre  de  la  Classe  des 
lettres,  prie  la  Classe  des  beaux-arts  de  bien  vouloir 
accepter  un  exemplaire  de  son  travail  intitulé  :  San-li-t'u, 
tableau  des  trois  rituels.  Traits  de  mœurs  chinoises  avant 
l'ère  chrétienne,  —  Remerciements. 


ÉLECTION. 

La  Classe  continue  aux  membres  sortants  la  mission 
de  composer  sa  Commission  spéciale  des  finances 
pour  1891. 


PROGRAMME  DE  CO.\COURS  POUR  1892. 

PARTIE    LITTÉRAIRE. 

Premfèke  question. 

Quelle  était  la  compasilion  insirumentale  des  bandes  de 
musiciens  employées  par  les  nwgislrals  des  villes,  par  les 
souverains  et  par  les  (orporalions  de  métiers,  principale- 
ment dans  les  provinces  belges,  depuis  le  XP  siècle  jusqu'à 
la  fin  de  la  domination  espagnole?  Quel  était  le  genre  de 


(  «f»l  ) 

musique  qu'exéculaient  ces  hamlesy  Quelles  sont  les  causes 
de  la  dispariliori  pres(iue  lolale  des  morceaux  composés  à 
leur  usage? 

Deuxième  question. 

Faire  Vliistoire  de  la  céramique  an  point  de  vue  de  l'art, 
dans  nos  provinces,  depuis  le  XV'  siècle  jusqu'à  la  fin  du 
XVIII'  siècle. 

Troisième  queï>tion. 

Quelle  influence  ont  exercée  en  France,  du  XIV''  au 
XVI"  siècle,  les  sculpteurs  »és"  dans  les  provinces  belgiques 
ou  dans  la  principauté  de  Liège?  Citez  tes  œuvres  nées  de 
cette  influence  et  les  maîtres  qui  la  caractérisent. 

Le  mot  «  provinces  helgiques  »  est  pris  ici  dans  l'accep- 
tion qu'il  avait  an  XVI*  siècle. 

Quatrième  question. 

Déterminer,  en  les  précisant  par  des  croquis,  les  carac- 
tères de  l'architecture  flamande  du  XVI^  siècle.  Indiquer 
les  principaux  édifices  dans  lesquels  ces  caractères  se  ren- 
contrent. Donner  l'analyse  de  ces  édifices. 

La  valeur  des  médailles  d'or  présentées  comme  prix 
pour  ces  questions  sera  de  1,000  francs  pour  la  première, 
pour  la  troisième  et  pour  la  quatrième,  et  de  SOO  francs 
pour  la  deuxième  question. 

Les  mémoires  envoyés  en  réponse  à  ces  questions  doi- 
vent être  lisiblement  écrits  et  peuvent  être  rédigés  en 
français,  en  flamand  ou  en  latin.  Ils  devront  être  adressés 


(  692  ) 

francs  de  port,  avanl  le  1"  juin  1892,  à  M.  J.  Liagre, 
secrétaire  perpétuel,  au  palais  des  Académies. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage; 
ils  n'y  inscriront  qu'une  devise,  qu'ils  reproduiront  dans 
un  billet  cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur  adresse. 
Faute,  par  eux,  de  satisfaire  à  cette  formalité,  le  prix  ne 
pourra  leur  être  accordé. 

Les  ouvrages  remis  après  le  temps  prescrit  ou  ceux  dont 
les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière  que  ce 
soit,  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  demande  la  pli)s  grande  exactitude  dans  les 
citations  :  elle  exige,  à  cet  effet,  que  les  concurrents  indi- 
quent les  éditions  et  les  pages  des  ouvrages  qui  seront 
mentionnés  dans  les  travaux  présentés  à  son  jugement. 

Les  planches  manuscrites,  seules,  seront  admises. 

L'Académie  se  réserve  le  droit  de  publier  les  travaux 
couronnés. 

Elle  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que  les 
manuscrits  des  mémoires  soumis  à  son  jugement  restent 
déposés  dans  ses  archives  comme  étant  devenus  sa  pro- 
priété. Toutefois,  les  auteurs  peuvent  en  faire  prendre 
copie  à  leurs  frais,  en  s'adressant,  à  cet  effet,  au  secrétaire 
perpétuel. 


ART    M.JPV1.1QVÉ» 

Gravure  en,  taille  douce. 

On  demande  le  portrait  en  buste,  gravé  en  taille  douce, 
d'un  Belge  contemporain,  ayant  une  notoriété  reconnue 
dans  le  domaine  politique,  administratif,  scientifique, 
littéraire  ou  artistique.  Ce  portrait  sera  absolument 
inédit. 


(  695  ) 

Les  coricurrenls  seroiil  tenus  de  produire  leur  dessin 
.'xcInsivemtMil  (riipiès  iialiir»',  en  même  temps  que  deux 
épreuves  au  moins  de  la  giaviire. 

La  tète  mesurera  de  6  à  7  centimètres. 

Le  prix  sera  de  800  francs. 

Seul  pi  lire. 

On  demande  une  figure  en  bas-relief  reprcuentont  «  La 
Justice  »  et  destinée  à  orner  un  panneau  d'une  salle  d'un 
palais  de  justice.  ^ 

Celte  figure  devra  être  assise  et  modelée  dans  un 
cadre  mesurant  l'",20  de  hauteur  sur  80  centimètres  de 
largeur. 

Le  pi  ix  sera  de  800  francs. 

Les  gravures  et  les  bas-reliefs  devront  être  remis  au 
secrétariat  de  l'Académie  avant  le  l*""  octobie  1892. 

L'Académie  n'accepte  que  des  travaux  complètement 
terminés;  les  gravures  ne  peuvent  être  ni  tirées  sur  chine, 
ni  encadrées,  ni  mises  sous  verre.  Le  plâtre  et  la  cire  sont 
admis  pour  les  bas-reliefs. 

Les  auteurs  couronnés  sont  tenus  de  donner  une 
reproduction  photographique  do  leur  œuvre,  pour  être 
conservée  dans  les  archives  de  l'Académie. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  travail; 
ils  n'y  inscriront  qu'une  devise,  qu'ils  reproduiront  dans 
un  i)illet  cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur  adresse. 
Faute,  par  eux,  de  satisfaire  à  cette  formalité,  le  prix  ne 
pourra  leur  être  accordé. 

Les  travaux  remis  après  le  terme  prescrit,  ou  ceux  dont 
les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière  que  ce 
soit,  seront  exclus  du  concours. 


(  094  ) 


RAPPORTS. 


Il  est  donné  lecture  des  appréciations  suivantes: 
1°  De  MM.  Fétis,  Robert,  Slingeneyer  et  Guffens  : 

A.  Sur  le  premier  rapport  semestriel  de  M.  Dierickx, 
premier  prix  pour  la  peinture,  de  la  fondation  Godecharle, 
en  1887; 

B.  Sur  le  sixième  rapport  semestriel  de  M.  G.  Montald, 
prix  de  Rome  pour  la  peinture,  en  1886; 

2°  De  la  section  de  sculpture  : 

A.  Sur  le  buste  en  marbre  de  feu  L.  Al  vin,  par 
M.  Tb.  Vinçotte; 

B.  Sur  le  modèle  du  buste  de  feu  B.-Ch.  Dumortier,  par 
M   J.  Herain. 

Ges  appréciations  seront  transmises  à  M,  le  Ministre  de 
l'Intérieur  et  de  l'Instruction    publique. 


La  Glasse  se  constitue  en  comité  secret  pour  procéder  h 
la   discussion    des    titres   des   candidats   présentés  pour' 
les  places   vacantes  et   à   l'inscription    de   candidatures' 
nouvelles. 


(  695  ) 


CLASSE  «ES  SCIEWICES. 


Séattce  (lu  15  décembre  1890. 

M.  Stas,  (lirecleur,  président  de  l'Académie. 
M,  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm. 
de  S»  lys  Longehamps,  G.  Dewalque,  H.  Mans,  E.  Candèze, 
Brialmont,  Éd.  Dupont,  Éd.  Van  Beneden,  C.  Malaise, 
F.  Folie,  Fr.  Crépin,  Éd.  Mailly,  J.  De  Tilly,  Cii.  Van 
Bambeke,  AU".  Gilkinet,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  Louis 
Hem  y,  M.  Mourlon,  P.  Mansion,  J.  Delbœuf,  P.  De  Heen, 
membres  ;  F.  Catalan,  Cb.  de  la  Vallée  Poussin,  associés; 
C.  Le  Paige,  A.  Renard,  F.  Terby,  correspondants. 

M.  F.  Plateau,  vice-directeur,  obligé  d'assister  aux  funé- 
railles de  M.  Verslraelen,  processeur  à  l'Université  de 
Gand,  s'e.xcuse  de  ne  pouvoir  être  présent  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


LL.  MM.  le  Roi  et  la  Reine,  ainsi  tpie  LL.  AA.  RR.  M^' 
le  Comle  et  M""*  la  Comtesse  de  Flandre  font  exprimer 
leurs  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  publique, 

MM.  les  Ministres  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction 
publique,  de  la  Guerre,  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et 
des  Travaux  publics,  et  l'Académie  royale  de  médecine 


(  696  ) 

adressent  leurs  remerciemenls  pour  l'invilalion  à  la  même 
solennité. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'instruction  publique 
ajoute  qu'il  regrette  d'être  empêché  de  se  rendre  à  cette 
cérémonie. 

—  M.  P.-J.  Van  Beneden  fait  hommage,  de  la  part  de 
M.  Giovanni  Capellini,  d'un  travail  imprimé  portant  pour 
titre  :  Sul  coccodrilliano  garialoïde  (Tomistoma  calarita- 
nus),  scoperto  nella  collina  di  Cagliari,  nel  1868.  — 
Remerciements. 

—  Sur  sa  demande,  M.  L.  de  Bail  sera  remis  en 
possession  de  son  travail  présenté  lors  de  la  dernière 
séance  et  sur  lequel  il  n'a  pas  encore  été  fait  de  rapport. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Réponse  à  la  note  de  M.  Tisserand;  par  F.  Folie.  — 
Commissaires  :  MM.  De  Tilly  et  Mansion; 

2°  Notes  préliminaires  sur  rorganisation  et  le  déve- 
loppement de  différentes  formes  d'anthozoaires ;  par  Paul 
Cerfonlaine.  —  Commissaires  :  MM.  Éd.  Van  Beneden  et 
Van  Bambeke. 


RAPPORTS. 


Sur  les  acélals  mixtes  ;  par   Maurice    Delacre. 

nappofl  He  Ht.  EéOttit  MMent'y, 

«  Le  travail  de  M.  Delacre  a  trait  à  la  question  géné- 
rale de  l'existence  des  composés  oxy-alkylés  mixtes.  On 
sait  que  ceux   d'entre  ces  composés  qui  correspondent 


(  697  ) 
aux  acides  polybasiqiies  ou  aux  alcools  polyalomiques 
exislenl  comme  tels  el  sont  dislillahles;  les  grou|iemenls 
oxy-alkylés  0  —  C„Hj„^.,  divers  qu'ils  reulermenl  y  sont 
fixés  sur  des  atomes  de  carbone  distincts.  Ceux,  au  lon- 
liaire,  où  ces  groupements  sont  fixés  sur  un  seul  et  même 
atome  de  carbone,  paraissent  en  général  ne  pouvoir  pas 
exister  ou  du  moins  manquer  de  stabilité  sous  l'action 
de  la  cbaleur.  Il  en  est  ainsi  notamment  des  dérivés 
aldéhydiques 

-'"<oc.,H,„.+r 

M.  Rubenkamp,  un  des  élèves  de  Geuther,  a  constaté 
que  l'acélal  méthyl-éthylique 

n'existe  pas,  ou  du  moins  se  scinde  sous  l'action  de  la 
chaleur  dans  les  deux  acétals  simples  correspondants. 

M.  Delacre  a  examiné  comment  se  comportent,  quand 
on  les  chauffe,  les  acétals  mixtes,  méthyl-éthylique  mono- 
chloré 

c".c-c"<oc"l 

el  bichloré 

ciici,-c:ii<oci[j^ 

composés  qu'il  obtient  aisément  parla  réaction  sur  l'alcool 
métbylique  des  éthers  bichloré 


et  Iric/doré 


Cl 
CH.Cl— CU<^)(.^„_^ 


CHCL-CIK^' 


(  ()98  ) 

La  dislillalion  de  ces  composés  confirme,  d'une  manière 
générale,  la  manière  de  voir  de  M.  Rnbenkamp,  du  moins 
en  ce  sens  qu'ils  ne  sont  pas  disliliables  comme  tels  dans 
les  conditions  ordinaires  de  pression. 

Le  travail  de  M.  Delacre  renferme  divers  faits  intéres- 
sants et  constatés  avec  précision. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  d'en  décider 
l'insertion  dans  les  Bulletins.  »  —  Adopté. 


COMMUNlCATlOiNS   ET    LECTURES. 


Note  au  sujet  des  aiéials  mixtes;  par   Maurice  Delacre. 

Dans  un  travail  exécuté  au  laboratoire  de  Geulher, 
M.  Riibencamp  (1)  a  soutenu  et  donné  des  preuves  de  ce 
fait  que  le  méthylélhylacélal 

o  rtîî 

préparé  par  Wurtz  n'est  qu'un  mélange  de  diméthylacétal 
et  de  diéthylacélal.  C'est  ainsi,  en  effet,  que  le  produit  se 
sépare  à  la  distillation  fractionnée. 

Que  cette  transformation  du  produit  mixte  soit  provo- 
quée par  l'action  d'une  chaleur  prolongée,  ou  que,  ainsi 


(i)  Jnnales  de  Lichig,  l.  CCXXV,  p.  2G7. 


(  (;99  ) 

que  l'admet  M.  Riibencainp,  le  produit  mixte  ne  soit  réel- 
lenii'nl  pas  susceptible  dVxisler,  le  fait  n'en  est  pas  moins 
de  la  plus  haute  importance  au  point  de  vue  de  l'histoire 
des  acélals,  et  l'un  des  plus  intéressants  qui  aient  été 
décrits  dans  cette  série  remarquable  de  travaux  entrepris 
sous  la  direction  de  Geulher. 

La  noie  que  j'ai  Ihonneur  de  présenter  à  l'Académie  a 
pour  but  de  décrire  les  faits,  confirmant  cette  manière  de 
voir,  que  j'ai  été  amené  à  constater  pour  les  acétals  mono- 
et  bichlorés.Si  j'ai  pris  la  liberlé  de  vérifier  les  expériences 
de  M.  Rijbencamp,  c'est  qu'elles  me  paraissaient  se  trouver 
en  contradiction  avec  l'existence  du  méthylélhylacétal 
monociiloré  admise  par  iM.  Lieben,  et  dont  un  examen 
superficiel  m'avait  fait  croire  à  la  stabilité. 

On  sait  que  cet  acétal  mixte  a  été  préparé  par  l'action 
du  mélhylate  de  sodium  sur  l'éther  bichloré.  M.  Lieben 
le  décrit  comme  bouillant  à  157°.  J'avais  cherché,  il  y  a 
quelques  années,  à  préparer  l'aldéhyde  monochlorée  en 
partant  de  cet  acétal,  et  j'avais  constaté,  en  distillant  rapi- 
dement le  produit,  qu'il  possédait  en  effet  ce  point  d'ébul- 
lition.  J'ai  donc  repris  mes  expériences,  et,  mettant  à 
profit  la  modification  heureuse  que  MAL  Paterno  et 
Marzara  (I)  ont  apportée  à  la  préparation  de  l'acétal 
monociiloré,  j'ai  remplacé  le  méthylate  de  sodium  par  l'al- 
cool mélhylique;  il  est  inutile,  dans  ce  cas,  d'employer  un 
très  grand  excès  d'alcool,  comme  cela  est  nécessaire  pour 
la  préparation  de  l'acétal  biéthylique. 

Ce  dernier  fait  me  semble  digne  d'être  remarqué.  La 
même  différence  que  l'on  constate  entre  l'action  de  l'al- 


(t)   Bulletin  delà  Soc.  scinit.  de  Paris,  i87i,  l.  XXI,  p.  219. 


(  700  ) 
cool  mélhylique  el  celle  de  l'alcool  élhylique  sur  Télher 
bichloré  se  retrouve  dans  l'action  de  ces  deux  réactifs  sur 
l'aldéhyde  ordinaire  (éb.  22°).  J*ai  décrit  précédemment 
l'action  de  l'alcool  méthylique  (1)  comme  très  énergique; 
rien  de  semblable  ne  se  passe  avec  l'alcool  élhylique,  et, 
s'il  se  forme  du  diéthyl-acétal,  la  réaction  est  loin  d'avoir 
un  caractère  Irancbé  comme  la  synthèse  du  dimélhyl- 
acétal. 

Voici  donc  comment  j'ai  préparé  le  méthylétbylacélal 
monochloré  : 

195  grammes  d'élher  bichloré  ont  été  additionnés  de 
48  grammes  d'alcool  méthylique  ;  il  y  a  échaufTement  vif 
et  léger  dégagement  acide.  Lorsqu'on  vient  à  chauffer,  il 
se  dégage  des  torrents  dacide  chlorhydrique.  Tout  déga- 
gement ayant  cessé,  après  deux  heures  environ,  on  traite 
par  l'eau  et  on  sépare  le  produit.  Après  dessiccation,  j'ai 
recueilli,  en  distillant  dans  un  simple  ballon  : 

115°.     .     .     .     10  grammes 
U5'-I5Û°.     .     .     .     iô        — 
dôOo-loO».     ...     90        — 

Il  y  a  un  résidu.  Ces  rendements,  très  satisfaisants,  sont 
les  mêmes  que  ceux  que  l'on  obtient  dans  la  préparation 
de  l'acétal  biéthylique.  On  ne  les  améliore  guère  en  aug- 
mentant la  quantité  d'alcool;  avec  286  grammes  d'élher 
bichloré  et  30  grammes  d'alcool  méthylique,  j'ai  obtenu 
193  grammes  de  produit  brut  non  distillé. 

Voici   le  résultat  de   deux  fractionnements  successifs 


(1)  huit,  de  l'Académie   roy.  de  Belgique,   3'  série,  t.  XX,  p.  299 
(1890). 


(701  ) 

d'un  produit  semblable  dans  un  appareil  Lebel-HenoiDgcT 
à  quatre  boules,  muni  de  toiles  de  platine  : 


75».     . 

.     .     18 

grammes 

75'-9d».     . 

57 

— 

95»-tlOv     . 

.     58 

■ — 

IIO'-IÔO*.     . 

.     28 

— 

150'- 155».     . 

.     60 

— 

155"- 140».     . 

.    4y 

— 

140'-i45'.     . 

.     55 

— 

145'-Jo5».     . 

.     59 

— 

155'- 160».     . 

.     11 

— 

Il  a  un  résidu  (a). 

J'ai  soumis  ces  produits  à  un  nouveau  fractionnement 
dans  le  même  appareil. 

I.  150°- 133°  (60  grammes)  : 


1 50'.     . 

.     .     14  grammes 

150"- 155".     . 

.     .     18        — 

155»-140'.     . 

.     .     15        — 

II.  lôo^-liO"  (49  grammes)  H-  15  grammes  du  frac- 
tionnement précédent -i- le  résidu  précédent  (logrammes) 
ont  donné  : 

15o».  .  . 
155»- 140».  .  . 
140'- 143».     .     . 


19  grammes 
29        — 
14        — 


m.  Demêmel40°-14o°(o3 
précédent  (14  grammes)  : 


1 4  grammes)  -»-  le  résidu 


155°.     . 

.     .       4  grammes 

I5o''-140°.     . 

.     .     15        — 

140'-14o».     . 

.     .     25        — 

145«-I50°.     . 

.     .     23        — 

5"*    SÉRIE,    TOME    ÏX. 


46 


(  702  ) 
IV.  Enfin   le  résidu  (12  grammes),  additionné  de  57 
grammes  (éb.  145"- 153"),  a  donné  : 


135°.     . 

2  grammes 

135»- 145°.     . 

.     .     16        — 

145°-15d».     . 

.     .     19        — 

4.'>5°-160°.     . 

.     .       G        — 

Le  résidu  réuni  à  celui  (a)  du  premier  fraclionne- 
menl  a  été  distillé  dans  un  simple  ballon;  on  sépare 
7  grammes  entre  153''-160°,  puis  le  thermomètre  s'élève 
jusqu'au-dessus  de  200". 

Tous  les  produits  passant  de  160°-160°,  en  tout  24 
grammes,  ont  été  redistillés  plusieurs  mois  après  dans  un 
simple  ballon  : 


lôO».     .     . 

5  grammes 

130°- 153°.     .     . 

4       — 

lo5'-IGO°.     . 

.       6        — 

puis  le  thermomètre  monte. 

Ces  résultats  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'instabilité  de 
l'acétal  mélhylélhylique  monochloré  à  la  température  de 
l'ébullition  ;  mais  ils  permettent  de  douter  sérieusement 
que  la  réaction  (ou  la  séparation)  ne  se  fasse  d'après  la 
manière  de  voir  de  M.  Riibencamp. 

Le  diéthylacéial  bout  vers  156°;  d'autre  part,  d'après 
les  analogies,  on  peut  supposer  que  le  point  d'ébullition 
de  l'acétal  bimélhylique  serait  situé  vers  117°.  On  remar- 
quera dans  les  tableaux  précédents  qu'il  n'y  a  pas  d'arrêt 
marqué  à  ces  températures,  qu'une  quantité  notable  de 
produit  distille  sous  110%  et  qu'il  se  forme  des  corps 
bouillant  bien  au-dessus  de  160°.  Il  ne  m'a  d'ailleurs  pas 


(  703  ) 
élé  possible  d'isoler  de  produit  défini  el  pur  ;  ce  qui  distille 
vers  100°  a  une  forte  odeur  d'aldéhyde  crotonique  ;  la 
quantité  minime  (G  grammes)  qtii  distille  sans  arrêt  entre 
155°  et  160°  possède  l'odeur  caractéristique  de  l'acétal 
hiéthylique  moiiocldoré;  elle  renferme  26,78  %  de  chlore 
(l'acétal  hiéthylique  en  contient  23,2  °/o,  l'acétal  mixte 
25,65).  Ce  n'est  donc  pas  un  produit  pur. 

L'incertitude  de  ces  résultats  m'a  fait  douter  de  la  sta- 
bilité du  diéthylacétal  vis-à-vis  de  la  chaleur.  En  distillant 
rapidement,  dans  un  appareil  Lebel-Henninger  à  quatre 
houles,  de  l'acétal  hiéthylique  monochloré  préparé  par  le 
procédé  de  MM.  Paterno  et  Marzara,  j'ai  recueilli  502  gram- 
mes entre  156°  et  160°.  J'ai  chauffé  cette  portion  pendant 
sept  heures  au  réfrigérant  ascendant  et  je  l'ai  distillée  très 
lentement  dans  un  appareil  Lebel;  elle  s'est  fractionnée 
comme  il  suit  : 

H0°.  .     .     .     S5  grammes 

idO°-150°.  ...     20       — 

1500-150°.  ...     28        — 

150»-160».  ...  337        — 

Les  résidus,  réunis  à  ceux  provenant  d'autres  opérations, 
passent  sans  point  fixe  jusqu'à  220°  et  au  delà.  Malgré 
les  quantités  notables  d'acétal  mises  en  œuvre,  je  n'ai  pu 
isoler  encore  un  produit  de  l'action  de  la  chaleur;  l'un  des 
produits  qui  distillent  sous  150"  possède  une  odeur  suave 
et  se  comporte  vis-à-vis  du  brome  comme  un  corps  non 
saturé.  Je  reviendrai  sur  ce  sujet  en  poursuivant  l'étude 
des  composés  élhylidéniques;  le  seul  fait  qui  m'intéresse 
pour  le  moment,  l'instabilité  du  diéthylacétal,  me  semble 
démontré. 


(  704  ) 

Si  le  dérivé  diélhylique  est  instable,  il  n'y  a  rien  d'élon- 
nanl  à  ce  que  le  produit  mixte  le  soit.  Le  mécanisme  de 
ces  transformations  étant  inconnu,  était-il  bien  légitime 
de  considérer  la  présence  de  diétbylacélal  dans  les  pro- 
duits de  distillation  de  Tacélal  mixte  comme  une  confir- 
mation des  idées  de  M.  Riibencamp?  J'ai  pensé  qu'il  était 
préférable  de  poursuivre  mes  recherches  sur  les  acétals 
bichlorés,  dont  le  dérivé  biéthylique  est  tout  à  fait  stable. 

L'acétal  bichloré  brut,  tel  que  je  l'ai  obtenu  (i)  par  le 
procédé  de  M.  Lieben,  bout  fixe  vers  180°  lorsqu'on  le 
distille  dans  un  ballon  ordinaire;  mais  si  l'on  distille  dans 
un  appareil  Lebel-Henninger  ou  qu'on  le  traite  par  la 
potasse  alcoolique,  on  sépare  un  produit  non  saturé,  bouil- 
lant à  144%  et  l'acéial  bichloré  pur  bouillant  à  i82°.  Je 
reviendrai  sur  les  conditions  de  cette  préparation  et  me 
contenterai,  pour  le  moment,  de  mentionner  que  l'acétal 
ainsi  obtenu  est  absolument  stable  à  sa  température  d'ébul- 
lilion;  après  deux  ans  de  conservation  il  n'a  pas  manifesté 
la  moindre  altération  et  distillait  fixe  à  la  même  tempé- 
rature. 

Le  mélhylélhylacétal  bichloré  s'obtient  facilement  en 
partant  de  l'élher  éthylique  trichloré  CHCl^.CHCI.O.C^H^ 
Celui-ci  a  été  obtenu  par  M.  Krey,  par  l'action  du  penta- 
chlorure  de  phosphore  sur  le  diétbylacélal  bichloré;  au 
lieu  de  précipiter  par  l'eau,  il  me  semble  plus  avantageux 
de  distiller  directement  le  produit  de  la  réaction. 

Pour  50  grammes  d'acétal  bichloré  pur,  j'ai  recueilli 
44  grammes  (ihéor.  47)  entre  160°  et  170°;  le  ballon  est 
sec  lorsque  le  thermomètre  marque  174°.  Dans  une  autre 


(<)   Voir  ce  recueil,  t.  XIII,  1«87. 


I 


(  705  ) 

opérationv  j'ai  obtenu,  pour  112  grammes  d'acélal,  105 
grammes  el,  après  une  nouvelle  reclilicalion,  97  grammes 
de  produit  bouillant  entre  160"  et  174°;  il  reste  très  peu 
de  liquide  comme  résidu,  mais  il  ne  possède  pas  l'odeur 
d'acétal  bicbloré. 

En  traitant  l'élher  trichloré  par  la  proportion  théorique 
de  mélhylale  de  sodium  dilué  par  l'élher,  on  obtient  faci- 
lement le  produit  correspondant  à  l'acétal  mixte;  on  sait, 
en  effet,  d'après  M.  Lieben,  que,  dans  ces  circonstances,  le 
chlore  du  groupement  secondaire  — CHCI —  est  seul 
attaqué.  Les  rendements  sont  assez  peu  avantageux;  pour 
les  deux  produits  obtenus  plus  haut  j'ai  recueilli  79  gr. 
d'acétal  bouillant  entre  140°  et  180°. 

J'ai  redistillé  ce  produit  dans  un  petit  appareil  Lebel  à 
six  boules,  sans  toiles  de  platine.  Le  thermomètre  s'élève 
directement  à  145%  puis  rapidement  à  148°;  les  fraction- 
nements se  font  comme  il  suit  : 

HS^-ISS".  .  .  22  grammes  (arrêt  prolongé  à  148°) 

155"-!  60°.  .  .     9       — 

1600-172°.  .  .  16       — 

172»- 174°.  .  .     9       — 

174°-185».  .  .  12       — 

La  première  portion  est  sans  doute  le  diméthylacétal  ;  en 
la  redistillant  on  recueille  10  grammes  entre  146°  et  149°. 
Ce  n'est  pourtant  pas  un  produit  pur,  car  il  acquiert  peu 
à  peu  l'odeur  de  chlorure  acide  (1). 


(1)  J'ai  observe  la  même  particularilc  pour  le  produit  non  saturé 
bouillant  à  iH",  que  j'ai  mentionné  plus  haut.  M.  le  professeur 
L.  Henry  a  eu  la  bonté  d'appeler  à  ce  sujet  mon  attention  sur  la  fixa- 


(706) 

La  dernière  porlion  (174°-! 85°),  distillée  une  seconde 
fois,  donne  7  grammes  entre  179"  et  182°;  c'est,  à  n'en  pas 
douter,  de  l'acétal  biciiloré  :  son  point  d'ébullition  et  son 
odeur  tout  à  fait  différente  de  celle  des  produits  inférieurs 
suffisent  à  le  caractériser. 

On  ne  peut  donc  hésiter  à  étendre  au  cas  de  l'acétal 
raéthyléthylique  biciiloré  les  conclusions  de  M.  Riibencamp. 
Mais  il  me  paraît  difficile,  avec  des  produits  liquides,  de 
décider  si  les  acétals  mixtes  existent  réellement  ou  s'ils 
sont  seulement  instables.  J'aborderai  dans  ce  but  l'étude 
des  acétals  du  chloral. 

Je  ferai  encore  une  remarque  avant  de  terminer.  Chacun 
sait  combien  l'éther  bichloré 

CH^CI.CHCU^     . 
CH3.CHÎ  ^" 

est  instable  sous  l'action  de  la  chaleur.  M.   L.  Henry  a 
constaté  ce  fait  intéressant  que  l'éther  tétrachloré 

CC13.CHCI     ^ 
CH3.CH2  ^" 

distille  sans  aucune  décomposition  ;  Pélher  trichloré 
CHCl'î.CHCI. 


CH3.CH2 


>0 


est  également  stable  à  sa  température  d'ébullition. 
Un  fait  analogue  se  retrouve  dans  l'histoire  des  acétals; 


lion  de  l'oxygène  aux  étiiylèncs  halogènes  (Demole)  et  à  l'élhylène 
Irichloro-étiiyloxylé  (L.  Henuv.  Ann.  de  la  Société  scientifique  de 
Bruxelles,  1880.)  Une  fixation  analogue  se  fait  dans  le  cas  présent. 


i 


(  707  ) 
le  dérivé  monocliloré  n'esl  pas  absoliimenl  §table  à  sa  lem- 
péraliire  (rébiillilion  ;  le  produit  hicliloré  correspondant 
l'est  complètement,  bien  (|u'il  distille  une   vingtaine  de 
degrés  plus  haut. 

On  pourrait  déduire  de  là,  avec  une  apparence  de  raison, 
que  l'instabilité  de  l'éther  bichloré  est  due  au  groupement 
—  aPCI  (H^^  réagissant  sur  0?),  et  non  à  —  CIICI  — , 
ainsi  que  les  réactions  éuergiipies  de  ce  dernier  groupe 
pourraient  le  faire  supposer. 

Bruxelles,  laljoraloire  privé. 


ÉLECTIONS    ET    PRÉPARATIFS    DE    LA    SÉANCE    PUBLIUUE. 

La  Classe  procède  aux  élections  pour  les  places  vacantes; 
les  résultats  seront  proclamés  dans  la  séance  publique. 

Conformément  à  l'article  17  du  règlement,  MM.  Slas 
ei  Le  Paige  donnent  lecture  de  leurs  communications 
destinées  à  celle  solennité. 


(  708  ) 


CLASSE  DES  SCIEUCES. 


Séance  publique  du  46  décembre  4890. 

M.  Stas,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MiVl.  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  de 
Selys  Longehamps,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Candèze, 
Éd.  Dupont,  Brialmont,  Éd.  Van  Beneden,  C.  Malaise, 
F.  Folie,  Fr.  Crépin,  Éd.  Mailly,  Ch.  Van  Bambeke, 
Alf.  Gilkinet,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  Louis  Henry, 
M.  Mourlon,  J.  Delbœuf,  P.  De  Heen,  membres;  E.  Catalan, 
Ch.  de  la  Vallée  Poussin,  assoc/és;  C.  Le  Paige,  L.  Errera, 
F.  Terby,  J.  Deruyts,  correspondants. 

M.  Plateau,  vice-directeur,  s'excuse  de  ne  pouvoir  être 
présent  à  la  séance. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  lettres  :  MM.  G.  Tiberghien,  vice-directeur; 
le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  Alph.  Wauters,  Ch.  Pot- 
vin,  T.-J.  Lamy,  P.  Henrard,  Al.  Henné,  Gustave  Frédérix, 
membres;  É.  Banning,  correspondant. 

Classe  des  beaux-arts  :  MM.  Jos.  Schadde,  directeur; 
H.  Hymans,  vice-directeur  ;  C.-A.  Fraikin,  Éd.  Fétis,  Jos. 
Jaquet,  Jos.  Demannez,  G.  De  Groot,  Gustave  Biot,  Edm. 
Marchai,  J.  Rousseau,  Alex.  Markelbach,  membres;  J.  Robie, 
correspondant. 


(  701)  ) 

La  séance  est  ouverte  à  \  heure  el  demie. 

M.  Slas  donne  lecture  d'un  discours  ayant  pour  litre  : 
De  la  nature  de  la  lumière  solaire;  ce  discours  sera 
imprimé  dans  le  tome  XUX  des  Mémoires  de  l'Académie. 


Un  astronome  belge  du  XVII'  siècle,  Godefroid  Wendelin; 
par  C.  Le  Paige,  membre  de  l'Académie. 

Il  y  a  plusieurs  années  déjà,  lorsque  j'ai  essayé  de 
reprendre  l'œuvre  commencée  par  le  savant  et  regretté 
Adolphe  Quetelet,  el  de  retracer  la  vie  des  mathématiciens 
(lui  ont  illustré  la  Belgique, j'ai  rencontré  quelques  figures 
qui  m'ont  séduit  d'abord.  Ailleurs,  j'ai  tâché  de  faire  revivre 
l'un  de  nos  plus  grandsgéomètres:  René-François  de  Sluse; 
aujourd'hui,  je  voudrais  Caire  le  portrait  d'un  homme  que 
son  pays  natal  a  trop  oublié  :  Godefroid  Wendelin. 

C'est  une  figure  sympathique  entre  toutes  que  celle  de 
cet  aventureux  astronome  que  son  humeur  inquiète  con- 
duit à  travers  l'Europe  et  qui,  dans  les  situations  les  plus 
diverses,  parfois  les  plus  difficiles,  ne  cesse  de  poursuivre 
une  idée,  de  ce  savant  que  nous  rencontrons,  à  l'aurore  de 
la  vie,  poussé  par  un  secret  instinct  vers  les  observations 
célestes,  el  que  nous  retrouvons,  au  déclin  de  ses  jours,  à 
plus  de  quatre-vingts  ans,  fidèle  aux  premières  passions  de 
sa  jeunesse. 

C'est  en  outre  un  type  complexe,  moins  rare  au 
XVII*  siècle  qu'aujourd'hui,  un  savant  pour  qui  les  champs 
des  cieux  ne  sont  pas  assez  larges  encore. 

Entraîné  par  l'amour  des  vieilles  gloires  de  la  terre  fla- 
mande, il  s'essaye  à  expliquer  l'origine  et  les  difficultés  de 
la  loi  salique  en  mettant  au  service  de  ses  recherches  sa 
profonde  connaissance  de  la  langue  thioise  et  toule  Tin- 


(  710  ) 

géniosilé  d'un  esprit  aiguisé  par  des  observations  multi- 
ples dans  le  vaste  domaine  de  la  nature;  c'est  encore  un 
charmant  écrivain  qui  peut  rivaliser,  dans  l'épigramme 
latine,  avec  un  mallre,  Constantin  Huygens,  et  lutter,  dans 
un  tournoi  de  couce^//,  avec  les  poètes  provençaux. 

Son  imagination  ardente  le  pousse  à  scruter  les  épo- 
ques les  plus  lointaines,  les  plus  ténébreuses  de  l'histoire  : 
émule  du  grand  Newton,  il  ne  craint  pas  de  s'aventurer, 
comme  lui,  dans  les  forêts  mystérieuses  de  la  chronologie. 

Il  ne  me  serait  guère  possible,  aujourd'hui,  de  suivre 
notre  savant  sur  les  routes  diverses  qu'il  a  parcourues  :  il 
rae  suffira  de  parler  de  l'homme  et  d'exposer  ses  recher- 
ches astronomiques,  heureux  si  je  ne  suis  pas  Irop  au-des- 
sous de  la  tâche  que  j'ai  assumée,  même  en  la  circonscri- 
vant de  la  sorte. 

Godefroid  Wendelin  naquit  à  Herck,  une  des  bonnes 
villes  de  l'ancien  pays  de  Liège,  le  6  juin  1580,aux  limites 
de  ce  XVM  siècle  qui  vit  remuer  tant  d'idées,  s'accumuler 
tant  de  travaux,  tant  de  recherches. 

Toute  sa  vie,  il  semble  porter  la  marque  de  cette  époque 
avide  de  retrouver  les  richesses  de  l'antiquité  tout  à  coup 
dévoilée,  accumulant  des  trésors  que  les  âges  futurs 
devaient  mettre  en  œuvre.  Il  a  gardé,  du  XVI*  siècle,  la 
soif  inextinguible  du  savoir,  le  besoin  de  tout  scruter,  l'in- 
fatigable ardeur  au  travail  ;  mais  ces  qualités,  il  les  joindra 
à  celles  qu'apporte  avec  lui  un  siècle  nouveau,  et  il  ne  sera 
pas  indigne  d'être  le  contemporain  de  Huygens,  de  Gas- 
sendi, de  Pascal. 

La  petite  ville  où  Wendelin  vit  le  jour  possédait  alors 
une  école  latine  dirigée  par  un  savant  modeste,  Henri  Alen. 
Celui-ci,  avec  ses  fonctions  de  recteur,  cumulait  celles  de 
secrétaire  de  la  ville,  ce  qui  ne  l'empêchait  pas,  à  l'occa- 
sion, de  composer  des  vers  grecs  d'assez  bonne  tournure  : 


C  711  ) 
on  connaissail  1rs  langues  savantes  à  celle  époque.  Des 
liens  (Je  p;iienté  l'utiissaienl  peul-èlreà  noire  héros,  car  il 
en  Cul  le  parrain. 

C'est  sous  ce  maître  que  noire  compatriote  fil  ses  pre- 
mières études  :  dès  l'abord,  il  s'y  distingua:  à  treize  ans,  il 
écrivait  en  lalin  des  vers  iambiques  qui  excitèrent  l'admi- 
ration. 

Sans  nul  doute,  l'étude  des  sciences  exactes  ne  devait 
pas  occuper  une  bien  large  place  dans  l'école  de  Herck, 
maison  se  tromperait  peut-être  si  l'on  croyait  qu'elle  y  était 
enlièremenl  délaissée.  L'attention  de  l'eni'ant  était  attirée 
déjà  vers  le  spectacle  des  grands  phénomènes  célestes,  au 
point  que  les  circonstances  d'une  éclipse  de  lune,  arrivée 
en  1590,  ne  le  laissèrent  pas  indifférent. 

L'école  latine  n'étant  probablement  pas  organisée  de 
façon  à  permettre  au  jeune  Wendelin  d'y  terminer  ses 
humanités,  ses  parents  résolurent  de  l'envoyer  à  Tournai. 

Le  jour  même  de  son  départ  pour  le  collège  des  Jésuites, 
le  24  avril  1595,  est  marqué  par  une  éclipse  de  lune  :  les 
anciens  auraient  vu  un  présage  dans  cette  coïncidence. 
Pour  nous,  bornons-nous  à  noter  que  mainl  événement  de 
la  vie  de  notre  savant  est  caractérisé  de  la  sorte. 

Ce  n'était  pas  mince  chose,  à  cette  époque,  que  de 
quitter  la  maison  paternelle  pour  s'en  aller  au  loin  :  la  nuil 
entière,  toute  la  famille  s'occupe  des  préparatifs  du  départ; 
seul,  Wendelin  ne  peut  s'arracher  entièrement  à  l'obser- 
vation du  phénomène  qui  le  frappe,  et  il  en  note  les 
phases  comme  il  le  peut. 

Son  séjour  à  Tournai  ne  fut  pas  de  longue  durée  :  trois 
ans  plus  tard,  le  21  février  1598,  notre  jeune  humaniste 
suit  les  cours  de  l'université  de  Louvain. 

Celle  date,  c'est  Wendelin  encore  qui  nous  la  conserve, 


(  712  ) 

car  elle  lui  rappelle  une  éclipse  de  lune:  heureux  souvenir 
qui  nous  permet,  comme  par  une  échappée,  de  jeter  un 
regard  sur  la  vie  laborieuse  des  étudiants  d'alors:  al/éclipse, 
dit  Wendelin,  commença  un  peu  après  quatre  heures,  au 
moment  où  nous  nous  éveillions  pour  réciter  nos  prières 
et  nous  mettre  au  travail  :  à  coup  sûr,  il  n'était  pas  quatre 
heures  et  quart,  » 

Ne  vous  semhle-t-il  point  entendre  cet  autre  écolier, 
«  l'ornement  de  son  siècle  »,  nous  dit  Guillaume  du  Val 
en  son  Collège  de  France,  Henry  de  Mesmes, écrivant  dans 
ses  Mémoires  :  «  Nous  étions  debout  à  quatre  heures  et, 
ayant  prié  Dieu,  allions  à  cinq  heures  aux  esludes,  nos 
gros  livres  sous  le  bras,  nos  écritoires  et  nos. chandeliers 
à  la  main  »?  Ceci  se  passait,  en  1545,  à  l'université  de 
Toulouse. 

Ces  habitudes  matineuses,  Wendelin  les  conserva  dans 
la  suite.  En  1608,  lorsqu'il  habite  Forcalquier,  nous  le 
voyons,  devançant  l'aurore.  Un  livre  à  la  main,  il  s'éloigne 
de  la  cité  :  épris  du  calme  de  la  nature,  il  s'en  va  pour 
jouir  des  senteurs  de  la  campagne,  pour  goûter  la  fraî- 
cheur des  primes  heures  du  jour;  c'est  ainsi  qu'une  pre- 
mière fois  il  put  observer  la  pluie  rouge. 

A  Louvain,  Wendelin  compléta  surtout  son  éducation 
littéraire;  il  aborda  l'étude  de  l'hébreu  et  s'y  rendit  habile. 

Quant  aux  mathématiques,  il  dut  retirer  peu  de  proflt 
des  enseignements  de  VAlma  Mater. 

Depuis  1593,  les  leçons  brillantes  d'Adrien  Romain 
avaient  cessé  :  l'émule  de  Viète  avait  été  appelé  à  Wurtz- 
burg,  cl  son  successeur,  Jean  Storms  de  iMalines,  malgré 
les  éloges  que  lui  décerne  Valère  André,  ne  fut  jamais 
qu'un  pauvre  versificateur  dont  toute  l'activité  se  borna, 
pendant  un  demi-siècle,  à  mettre  en  soi-disant  vers  la  phy- 


(  715  ) 
sique  d'Arislole,  l'expression  approchée  du  rapport  de  la 
circonférence  au   diamèlrc,  ou  les  différenics  formes  du 
carré  magique  de  16. 

Faul-il  s'étonner  que  Wendelin  ait  voulu  s'abreuver  à 
des  sources  plus  pures  et  plus  abondantes? 

Cédant,  pour  la  première  fois,  à  ce  besoin  de  déplace- 
ment qui  l'agita  toute  sa  vie,  il  résolut  de  se  rendre  à 
Prague.  Peut-être  y  était-il  attiré  par  le  désir  de  s'attacher 
à  Tycho-Brahé,  qui  résidail  alors  dans  cette  ville.  Il  ne  lui 
fut  pas  donné  d'atteindre  le  but  de  son  voyage,  et  le  pays 
de  Liège,  qui  faillit,  à  cette  époque,  donner  asile  au  grand 
astronome  danois,  n'eut  pas  même  l'heureuse  fortune  de 
voir  un  de  ses  enfants  parmi  les  disciples  du  célèbre 
observateur. 

Parti  avec  un  de  ses  amis,  Wendelin  fut  obligé,  par  la 
maladie,  de  s'arrêter  à  Nuremberg.  Ce  relard  forcé  donna 
un  autre  cours  à  ses  idées.  Il  revint  à  Herck,  mais  n'y 
passa  qu'un  instant. 

Bientôt  nous  le  voyons  se  diriger  vers  le  midi. 

En  1599,  il  est  à  Marseille,  dont  il  détermine  la  latitude  : 
ce  fut,  sans  nul  doute,  son  premier  travail  astronomique 
sérieux,  et  il  semble  se  rattacher  à  un  projet  qu'il  pour- 
suivit durant  de  longues  années. 

Mais,  éloigné  des  siens,  dans  un  pays  étranger,  la  vie 
devait  lui  être  parfois  dilïicile  :  un  moment,  Wendelin 
devint  correcteur  d'imprimerie;  ce  ne  fut  qu'un  emploi 
passager. 

En  1600,  le  désir  de  gagner  l'indulgence  du  jubilé  le 
conduit  à  Rome;  il  parcourt  l'Italie  et,  finalement,  revient 
à  Marseille. 

La  Provence  allait  le  posséder  longtemps.  Il  s'établit 
d'abord  à  Digne  :  on  ne  sait  au  juste  s'il  fut  régent  au 


(711) 

collège  on  s'il  ouvrit  une  écolo  de  malliémnlii]ucs;  maison 
ra|)porle  volontiers  qu'il  compta  parmi  ses  élèves  le  célèbre 
dassenili.  Sorbière,  Colomiez,  et,  ce  qui  est  plus  probant, 
Mantelius,  qui  semble  tenir  ses  renseignements  de 
Wendelin,  Valère  André,  qui  publia  sa  Dibliol/ieca  beUjica 
du  vivant  de  notre  astronome  et  de  l'illustre  prévôt  de 
Digne,  affirment  la  chose;  mais  le  P.  Bougerel,  le  bio- 
graphe du  grand  adversaire  de  Descartes,  combat  ce  sen- 
timent par  d'assez  bonnes  raisons. 

De  Digne,  Wendelin  passa  à  Valensole  :  deux  années  de 
suite  il  conquit  dans  celle  ville,  à  la  suite  d'un  concours 
public,  une  des  chaires  du  collège;  à  la  rentrée  de  1604, 
il  renonça  à  la  lutte,  non  pas  qu'il  la  craignit,  mais  parce 
qu'il  avait  donné  suite  à  de  nouveaux  projets. 

Un  instant  il  était  revenu  au  pay§  natal,  mais  la  bru- 
meuse Campine  et  ses  bruyères  mélancoliques  ne  pouvaient 
lutter  avec  le  brillant  soleil  de  la  Provence,  de\enue  une 
seconde  patrie  pour  l'ardent  voyageur;  aussi  est-ce  sans 
élonnement  que  nous  voyons  notre  compatriote  regagner 
rapidement  le  midi. 

Il  y  trouva  d'ailleurs  une  hospitalière  demeure  chez 
André  d'Arnaud,  seigneur  de  Aliravail,  lieutenant  général 
de  la  sénéchaussée  de  Forcalquier. 

Ami  des  lettres,  auteur  lui-même  de  vers  charmants, 
André  d'Arnaud  choisit  Wendelin  comme  précepteur  de 
ses  enfants  :  notre  savant  rencontra  chez  lui  un  foyer 
familial  ;  il  s'y  trouvait  assis,  non  comme  un  hôte  passager, 
mais  comme  un  ami. 

Lié  avec  Peiresc,  avec  Gassendi,  avec  cent  autres,  le 
vice-sénéchal,  était, commecux,  un  curieux.  11  avait  amassé 
une  riche  bibliothèque,  où  (iguraient  avec  honneur  quelques 
joyaux,  comme  ce  Codex  arnaldinus,  ce  manuscrit  de  Jean 


(  715  ) 
(Je  Linicres  que  l'aslronome   belge  dut  feuilleter  tant  de 
fois. 

Wendelin  ne  se  borna  pas,  en  ciïel,  à  faire  l'éducalion 
(les  enfiinls  d'André  d'Arnaud  —  l'un  de  ceux-ci,  d'ail- 
leurs, Scipion,  élail  presque  de  l'âge  du  précepteur  et  lui 
pour  lui  plutôt  un  compagnon  qu'un  élève, —  renseigne- 
ment des  langues  mortes  et  de  l'hisloire  n'occupait  pas 
tout  son  temps.  Et,  au  surplus,  ce  n'était  pas  avec  un 
homme  de  celte  trempe  que  les  journées  pouvaient  limiter 
le  travail  :  les  nuils  étaient  à  lui,  les  nuits  pendant  les- 
quelles, grâce  à  l'admirable  transparence  du  ciel  de  la 
Provence,  il  pouvait  observer  quand  il  le  voulait.  Puis, 
nous  l'avons  vu,  au  besoin  il  devançait  le  jour. 

Au  reste,  tout  lui  était  sujet  d'étude  :  si,  pendant  une 
grande  partie  de  l'année,  la  famille  d'Arnaud,  retenue  par 
les  fonctions  de  son  chef,  habitait  Forcalquier,  quelques 
mois  étaient  réservés  à  un  séjour  au  pied  des  Alpes,  à 
Chateauneuf-Miravail.  Wendelin  savait  y  continuer,  y 
étendre  môme  ses  travaux. 

De  la  terrasse  du  château,  il  pouvait  se  livrer  à  ses 
observations  aimées;  en  outre,  le  pays  lui  fournissait  des 
sujets  bien  dignes  d'exciter  sa  curiosité. 

A  quelque  distance  du  château  s'élève  la  montagne  de 
Lure;  Wendelin  ne  craint  pas  d'en  escalader  les  deux 
mille  mètres  :  c'est  que  du  haut  de  cette  pointe  isolée  des 
Alpes,  il  domine  la  Provence  tout  entière  :  au  loin,  la 
chaîne  du  Dauphiné  et,  entre  les  deux,  la  vallée  merveil- 
leuse, Miravail,  le  domaine  de  son  ami  et  protecteur. 

Souvent  les  brouillards  enveloppent  la  montagne  : 
Wendelin  monte  alors  jusqu'à  la  cîme,  et  son  enthousiasme 
éclate  lorsque,  dominant  la  nue,  il  voit  au-dessus  de  sa 
tête  briller  le  resplendissant  soleil. 


(716) 

Mais  à  ses  pieds,  sur  l'aulre  versant,  s'étend  une  sorte 
d'abîme  qu'atteint  à  peine  la  lumière  du  jour  :  dans  leur 
langue  imagée,  les  hommes  du  midi  l'appellent  l'Enfer.  De 
cette  sombre  vallée,  parfois  s'élève  comme  la  fumée  d'une 
cbaumine.  Alors,  malheur  à  celui  qui  ne  fuit  pas.  Soudain  le 
tonnerre  gronde,  la  foudre  éclate,  la  grêle  tombe.  Spectacle 
étrange  et  grandiose  dans  son  horreur,  qui,  plus  d'une  fois, 
a  frappé  noire  savant  lorsque,  descendant  du  sommet  de 
Lure,  où  il  était  seul  en  face  du  ciel  azuré,  il  entend  tout 
à  coup  à  ses  pieds  le  roulement  du  tonnerre,  il  aperçoit, 
dans  la  triste  vallée,  la  foudre  qui  brise  et  qui  tue,  il  voit 
les  ravages  produits  par  le  vent  qui  déracine  les  arbres  et 
renverse  les  habitations. 

A  près  d'un  demi-siècle  de  distance,  ce  souvenir  viendra 
l'assaillir  ;  il  semble  encore  avoir  sous  les  yeux  ce  spectacle 
afTreux  de  désolation  et  de  mort. 

Huit  années  s'écoulèrent  ainsi,  partagées  entre  l'ensei- 
gnement et  l'étude,  huit  années  d'une  vie  paisible  pendant 
lesquelles  Wendelin  poursuit,  aidé  par  Scipion  d'Arnaud, 
ses  observations  célestes,  ne  manquant  pas  une  occasion 
d'augmenter  son  catalogue  d'éclipsés. 

En  passant,  il  note  tous  les  phénomènes  naturels  qui  le 
frappent,  comme  cette  pluie  rouge  des  premiers  jours  de 
juillet  1608,  dont  j'ai  déjà  parlé,  et  qui  éveilla,  à  un  si  haut 
degré,  l'attention  de  Peiresc;  comme  encore  cette  invasion 
de  papillons  dont  les  essaims  nombreux  obscurcissent  le 
soleil  en  Grèce,  en  Italie,  et  qui,  traversant  les  Alpes, 
envahissent  la  Provence  et  vont  plus  loin  encore,  jusqu'aux 
extrêmes  frontières  de  l'Espagne. 

Ce  furent  certes  les  heures  les  plus  heureuses  de  sa  vie. 
Comme  il  s'abreuve,  avec  délices,  à  cette  «  source  bonne  > 
que  lui  offre  la  bibliothèque  de  son  hôte,  comme  il  jouit 
des  amitiés  ûdèles  qui  l'entourent  ! 


(  7i7  ) 

Le  souvenir  des  heures  passées  à  Forcalquier  ne  s  effacera 
plus  de  sa  mémoire  :  a  c'est  la  Provence,  dil-il  en  1628, 
dans  une  lettre  à  Peiresc,  qui  lui  a  donné  le  premier  tcinct 
des  mathématiques,  et  il  espère  qu'elle  en  esclorra  les 
fruicts  i>,  car  il  compte  toujours  revoir  celte  seconde  pairie; 
il  va  presque,  dans  son  affection  pour  elle,  jusqu'à  médire 
de  la  terre  natale  :  «  ne  voullanl  pas  croupir  dans  cet  air 
très  sombre  où  il  ne  peut  jamais  faire  observation  qui 
vaille  »  ;  il  n'a  pas  même  oublié  les  vendanges  —  il  écrit 
au  mois  <le  septembre,  —  et  s'il  exprime  à  Peiresc  son  désir 
«  d'eslancher  la  soilqui  le  presse  de  humer  le  suc  de  sa 
bibliothèque  d,  il  avoue  qu'il  no.  dédaignerait  pas  de  venir 
a  gouster  le  vin  nouveau  ».  Ce  qu'il  n'a  point  oublié  sur- 
tout, ce  sont  les  nonibreux  et  fidèles  amis  qu'il  a  laissés 
derrière  lui  et,  avant  tous,  son  élève,  son  compagnon, 
Scipion  d'Arnaud,  celui  qu'il  appelle  son  Arnaud. 

Cependant,  il  fallut  abandonner  les  vallées  ensoleillées 
de  la  Provence  et  les  pics  escarpées  de  Lure  pour  les 
plaines  monotones  de  la  Campine.  Les  enfants  d'André 
d'Arnaud  sont  d'âge  à  se  passer  d'un  précepteur;  les 
parents  de  Wendelin  sont  njorts;  il  a  des  intérêts  à  régler 
dans  les  Pays-Bas.  Une  dernière  fois  il  salue  la  terre  pro- 
vençale et  il  part,  entreprenant  à  pied  la  route  immense 
de  Forcalquier  à  Herck. 

Peut-être  est-ce  à  ce  moment  qu'il  s'arrêta  à  Paris  et 
qu'il  y  conquit  le  diplôme  de  docteur  en  droit.  Un  instant 
même,  s'il  faut  en  croire  des  biographes,  il  songe  à  s'établir 
dans  la  grande  ville  et  à  y  exercer  la  profession  d'avocat; 
projet  bien  vite  évanoui  :  Wendelin  s'achemine  de  nouveau 
vers  nos  contrées. 

Le  14  mai  1612  il  est  à  Liège  et,  le  jour  même  où  il 
foule  le  sol  natal,  il  lui  est  donné  de  pouvoir  observer  une 
éclipse  de  lune. 

3""   SÉRIE,   TOME    XX.  47 


{  718  ) 

Son  retour  quelques  annérs  plus  loi  eût  élé,  peul-on 
croire,  ulilcaux  progrès  de  l'aslronomie  dans  noire  pays; 
le  irône  épiscopal  de  Liège  élail  occupé  alors  par  un  prince 
forl  épris  de  science,  qui  sut,  à  l'occasion,  proléger  Tycho- 
Bralié  el  Kepler.  Il  n'esl  pas  téméraire  de  penser  qu'Er- 
nesl  de  Bavière,  qui  enlrelenail  deux  astronomes  dans  son 
palais,  qui  se  livrait  lui-même  à  des  travaux  scientifiques, 
eût  protégé  un  enfant  du  pays  de  Liège,  qui  revenait  pré- 
cédé de  la  réputation  de  savant  universel. 

Mais  Ernest  de  Bavière  élail  mort  le  M  lévrier  de  celte 
année,  et  il  ne  semble  pas  avoir  légué  ses  goûts  à  son 
neveu  et  successeur,  Ferdinand. 

L'ardeur  de  Wendelin  pour  les  lointains  voyages  semble 
momentanément  calmée;  il  a  trente-deux  ans  et  prend  la 
résolution  d'entrer  dans  les  ordres.  Pendant  plusieurs 
années,  il  poursuit  ses  études  ihéologiques  et  reçoit  enfin, 
à  Malines,  le  21  décembre  1619,  le  sous-diaconat.  Bientôt 
il  est  nommé  curé  de  Beets;  c'est  là  que  nous  le  trouvons, 
observant  une  éclipse,  le  9  décembre  1620. 

Nous  ne  savons  an  juste  combien  de  temps  il  dirigea 
celte  paroisse  ;  il  rapporte  des  observations  qu'il  y  fil  jus- 
qu'en 1651,  et,  en  1652,  le  26  avril,  lorsqu'il  publie  son 
éloge  de  la  Toison  d'or,  il  est  encore  pasteur  du  modeste 
village. 

A  celle  époque,  il  est  déjà  célèbre;  Erycius  Puteanus 
proclame  qu'il  sait  tout  ce  qu'on  peut  savoir  ou  que,  si 
pareille  science  n'esl  point  permise  à  l'homme,  il  ignore 
le  moins  possible;  le  conseil  des  flnances  lui  octroie  un 
subside  annuel  de  cent-vingt  florins  et,  pour  apprécier  la 
valeur  de  celle  somme,  on  doit  se  rappeler  que  la  chaire 
de  mathématiques  à  Louvain  valait  deux  cents  florins  à 
son  possesseur;  enfin,  l'infante  Isabelle,  qui  semble  avoir 


(  71'->  ) 
hérilé  du  goût  de  son  aïeul  (Iharles-Qi)int  pour  rastrono- 
mie,  accorde  à  Wendelin   une   prébende  de  chanoine  de 
Condé. 

Ce  n'esl  pas  à  Beels  senlcrnenl  que  nous  rencontrons 
noire  savant;  il  est  tantôt  à  Liège,  lanlôt  à  Bruxelles,  à 
Anvers  surtout,  où  l'appelle  l'impression  de  son  premier 
ouvrage,  de  son  Loxias,  (|ui  constitue  l'un  de  ses  princi- 
paux titres  scientirKjues. 

Bientôt  il  échange  la  cure  de  Beels  contre  celle  de 
Herck,  sa  patrie;  en  1655,  le  3  mars,  c'est  dans  celte  ville 
qu'il  observe  une  éclipse  de  lune,  et  pendant  quinze  ans  il 
y  poursuivra  ses  recherches  astronomiques. 

C'est  dans  le  cimetière  même  qui  entoure  son  égli-^e 
qu'il  a  établi  ce  qu'on  peut  appeler  son  observatoire;  les 
deux  tours  du  temple  lui  servent  de  mires.  A  ses  côtés,  il 
a  disposé  des  sabliers,  des  cadrans  sciatériques  pour  fixer 
l'heure  des  phénomènes;  l'ombre  de  la  lune,  au  besoin  une 
visée,  lui  permettra  de  préciser  les  instants.  Puis  il  s'aide 
de  la  sonnerie  de  l'horloge,  non  pas  comme  d'un  moyen 
absolu,  mais  afin  de  déterminer  les  différences  de  temps. 
Ensuite  il  faut  voir  de  quels  moyens  il  fait  usage  pour 
mesurer  avec  exactitude  les  durées  fort  petites;  il  pourrait 
se  servir  des  pulsations  de  l'artère,  mais  ce  procédé  lui 
inspire  peu  de  confiance,  car  il  dépend  trop  de  l'état  de 
santé,  de  la  situation  d'esprit  où  l'on  se  trouve;  il  a  mieux 
que  tout  cela.  Depuis  sa  jeunesse,  il  s'est  exercé  à  réciter 
d'une  manière  uniforme  le  poème  d'Hésiode  :  Les  œuvres 
et  les  jours,  trente  vers  par  minute,  un  hémistiche  par 
seconde.  Nos  astronomes  se  contenteraient  difficilement 
de  pareils  instruments;  mais  ils  n'étaient  pas  si  défec- 
tueux entre  les  mains  de  qui  savait  en  user,  puisque,  avec 
de  pareils  moyens,  dès  que  l'emploi  du  pendule  à  secondes 


(  720  ) 
se  fut  inlroduit,WendeIin,  qui  fut  l'un  des  premiers  à  s'en 
servir,  sut  découvrir  les  causes  principales  d'inégalité  des 
battemenls.  Conlrairemenl  à  l'affirmation  de  Galilée,  il 
proclame  l'induence  de  l'amplitude,  et,  qui  plus  est,  un 
demi-siècle  avant  Lahire,  il  voit  que  les  oscillations,  en 
moyenne,  sont  plus  longues  en  élé  qu'en  hiver.  Sans 
doute,  il  n'aperçoit  par  les  causes  immédiates  du  phéno- 
mène, mais,  plus  habile  que  Huygens  et  que  Wallis,  aver- 
tis cependant  par  lui,  il  découvre  le  fait  lui-même.  Celte 
observation  fait  le  plus  grand  honneur  à  sa  sagacité  et  à 
son  habileté  d'observateur.  Faut-il  ajouter  que,  pour  rendre 
plus  sensibles  les  inégalités  qu'il  constate,  il  se  sert  d'un 
pendule  de  quarante-deux  pieds  environ?     . 

Il  est  curieux  de  voir  combien  il  a  su  intéresser  ses 
parents,  ses  confrères,  ses  paroissiens  riiéme  à  ses  travaux. 

Lorsqu'il  est  appelé  à  Bruxelles,  à  Anvers,  ses  frères  le 
suppléent  à  Herck  dans  l'observation  des  éclipses;  lorsqu'il 
observe  lui-même,  on  voit  le  pasteur  d'un  village  voisin, 
le  curé  de  Donck,  partager  ses  labeurs;  il  s'est  créé  des 
aides-astronomes,  des  jeunes  gens  intelligents  et  doués 
d'une  excellente  vue,  qu'il  associe  à  ses  travaux  ;  bien  plus, 
c'est  le  secours  des  habitants  qu'il  invoque.  Ils  sont  là,  à 
quelque  distance  de  lui-même,  le  contrôlant,  notant  le 
moment  précis  d'un  phénomène. 

Si,  comme  il  y  a  lieu  de  le  croire,  il  prenait  la  moyenne 
des  résultats,  il  devait  obtenir  des  nombres  d'une  exacti- 
tude fort  grande;  c'est,  en  effet,  ce  qui  semble  résulter  de 
la  concordance  entre  les  données  de  ses  observations  et 
celles  de  ses  calculs. 

Je  l'ai  dit  déjà  :  parfois  il  quittait  sa  paroisse,  même  au 
moment  où  il  fallait  observer  une  de  ces  éclipses  qu'il 
aimait  tant  à  noter;  c'est  qu'ailleurs  il  trouvait  des  instal- 


(  72i  ) 

lalions  meilIcMiros  que  los  siennes.  A  Bruxelles,  c'est  de 
préférence  chez  son  ami  Jcan-Jacqnes  Chilïlel  qu'il  s'arrèle, 
sans  [)Oiir  cela  dédaigner  l'accueil  du  comte  de  fiucquoi, 
du  marquis  de  Torrès,  du  président  Roose,  du  chancelier 
Boisschol;  à  Anvers,  c'est  le  |)ensionnaire  Jacques  Edel- 
heer  qui  le  reçoit.  Ce  jurisconsulte  n'est  pas  tant  absorbé 
par  ses  charges  de  judicalure  qu'il  ne  puisse  établir  dans 
sa  demeure  un  cercle  mural  excellent, dû  aux  mains  habiles 
de  l'élève,  on  dirait  aujourd'hui  l'assistant,  de  Descaries, 
Gérard  van  Guischoven. 

Le  pensionnaire  n'est  pas  seul  à  se  servir  de  Tinstru- 
menl;  le  27  septembre  1643,  par  exemple,  nous  trouvons 
réunis  chez  lui,  pour  observer  une  éclipse,  avec  Wendelin 
et  Gutschoven,  le  secrétaire  de  la  ville,  Gaspar  Gevaert, 
un  savant  et  un  poète;  le  trésorier  Jean  van  Eyck  et  même 
une  dame,  Anna  Romer,  tous  entraînés  par  l'exemple  de 
Wendelin. 

L'âge  n'a  pas,  on  le  voit,  refroidi  l'ardeur  de  notre 
savant;  il  ne  cesse  de  parcourir  les  bibliothèques,  de  pro- 
fiter de  toutes  les  occasions  qui  s'offrent  à  lui  d'augmenter 
ses  connaissances,  de  pénétrer  plus  profondément  dans  les 
secrets  de  la  nature.  Il  excite  ses  amis,  ses  correspondants 
à  lui  communiquer  leurs  découvertes,  leurs  observations. 
Sa  réputation  s'est  étendue  dans  l'Europe  entière  :  Gas- 
sendi, Naudé,  Mersenne,  Roulliaud,  Petau,  Huygens  citent 
à  l'envi  ses  travaux;  Descartes,  qui  place  si  haut,  et  avec 
raison,  sa  Géométrie,  met  Wendelin  au  petit  nombre  des 
mathématiciens  dignes  de  l'apprécier  et  désire  vivement 
connaître  le  jugement  qu'il  en  porte. 

Un  phénomène  dont  j'ai  dit  un  mot  déjà  vint  davan- 
tage encore  appeler  l'attention  sur  notre  savant:  c'est  cette 
pluie  rouge  dont  il  a  entendu  parler  dans  son  enfance,  en 


(  722  ) 

1590,  (Jonl  il  a  élé  témoin  une  première  fois,  en  1608,  à 
Forcalquicr,  cl  qui  se  reproduisit  à  Bruxelles  le  6  octobre 
1G46. 

Avec  son  ami  Jean-Jacques  Cliifllet,  Wendelin  entre- 
prend de  donner  l'explication  de  la  pluie  merveilleuse;  il 
goule  l'eau  recueillie  et  lui  trouve  une  saveur  analogue  à 
celle  des  eaux  de  Spa;  il  rapproche  le  lait  de  coloration 
d'autres  phénomènes  naturels  et  attribue  la  couleur  rosée 
de  la  pluie  au  mélange,  à  la  vapeur  d'eau,  de  vapeurs  bitu- 
mineuses et  sulfureuses. 

Le  petit  livret  où  Wendelin  rapporte  cette  explication 
fut  bientôt  entre  toutes  les  mains.  En  peu  de  temps  il  fut 
imprimé  deux  fois  à  Bruxelles,  la  seconde  édition  avec  des 
additions.  La  même  année  (1647)  il  fut  réimprimé  à  Paris; 
en  1655,  il  trouva  un  nouvel  éditeur  à  Londres.  Jean- 
Jacques  Chilïlet ,  Gassendi,  Plempius,  Gaspar  Gevaert, 
René  iMoreau,  Robert  Fervacque  écrivirent  de  nombreuses 
lettres  sur  ce  sujet;  un  professeur  de  Prague,  Jean-Marc 
Marci,  trop  peu  apprécié  jusqu'ici,  publia  en  1647  un 
opuscule  sous  le  même  litre  que  celui  du  savant  belge. 

Le  travail  de  Wendelin  n'appelait  pas  seulement  l'at- 
tention sur  un  'phénomène  météorologique  qui  se  repro- 
duisit en  1571,  en  1590,  en  1608,  en  1638,  en  1645, 
en  1646;  il  contenait  une  foule  d'idées  ingénieuses  sur  la 
constitution  de  la  terre,  sur  l'existence  d'un  noyau  liquide 
en  ignition,  sur  l'attraction  naturelle  de  la  terre  et  de  la 
lune,  cause  des  marées,  sur  le  mouvement  elliptique  des 
planètes. 

La  modeste  cure  de  Herck,  même  un  canonicat  de 
Condé,  ce  pouvait  sembler  peu  de  chose  pour  un  savant 
dont  notre  pays  avait  le  droit  d'être  fier.  Cependant,  heu- 
reux au  milieu  de  ses  livres  et  de  ses  instruments,  par- 


(  723  ) 
toul  accueilli  comme  il  le  mc'rilail,  VVendelin  n'aurait 
pruhabltmi'iil  pas  songé  à  se  plaindre  de  voir  les  hon- 
neurs loin  de  lui.  Mais  les  honneurs  vinrent  le  chercher 
dans  sa  solitude  de  Herck  :  l'évèque  de  Tournai  le  nomma 
chanoine  de  sa  cathédrale  et  même  lui  confia  les  fonc- 
tions d'olTicial  (1649). 

Wendelin,  revenu  aux  lieux  où  s'étaient  écoulées 
quelques  années  de  sa  jeunesse,  s'acquitta  avec  zèle  de  sa 
charge,  mais  n'en  continua  pas  moins  à  observer  les 
astres,  car  il  ne  faut  pas  croire  la  méchante  remarque  de 
van  Langren  dans  une  lettre  à  Bouillaud,  que  «  le  hon 
Vendelin  ne  faicl  plus  rien,  il  se  contente  de  sa  bonne 
chanoinie  à  Tournay  (7  sept.  1632).  »  La  publication  du 
Teralologia  comelica  vint  donner  un  éclatant  démenti  à 
cette  accusation  de  paresse. 

Faut-il  croire  que  le  poids  de  l'âge  commençait  à  se 
faire  sentir,  sept  ans  plus  tard,  lorsque  notre  astronome 
commit  celte  grosse  erreur  de  calcul  que  lui  reproche 
Iluygens,  au  sujet  de  l'éclipsé  du  14  novembre  16o9? 
«  L'erreur  du  bonhomme  Wendelinus,  dit-il  dans  une 
lettre  à  Bouillaud  du  il  décembre  de  cette  année,  a  esté 
[)laisante  en  cette  même  éclipse,  car  il  l'attendoit  un  jour 
auparavant  qu'elle  ne  devoit  arriver,  et  cela  avec  toute  la 
préparation  nécessaire  et  en  compagnie  de  plusieurs  qu'il 
avoit  conviez.  » 

L'erreur  était  fort  excusable,  et  Wendelin  était  encore 
robuste  et  plein  de  projets  :  il  le  montra  bien  lorsqu'il 
voulut,  au  commencement  de  l'année  1660,  revoir  sa 
chère  Campine.  Dans  ce  voyage  il  s'arrêta  à  Hasselt,  fit 
cadeau  de  .ses  œuvres  à  son  ami  l'historien  Mantelius  et 
lui  indiqua  les  nombreux  travaux  qu'il  comptait  publier 
encore. 


(  724  ) 

Cependant,  s'il  faut  en  croire  la  plupart  des  historiens, 
sa  vie  ne  se  serait  guère  prolongée  au  delà  de  celte  époque  : 
il  serait  mort  à  Renaix,  en  1660,  après  avoir  renoncé  à 
son  canonical  de  Tournai.  Néanmoins  on  peut  observer  que 
dans  son  histoire  de  Hasselt,  publiée  en  1665,  Mantelins 
ne  parle  pas  de  la  mort  de  son  ami,  et  que,  d'après  un 
portrait  qui  figure  dans  un  ouvrage  du  savant  Ghesquière, 
Wendelin  n'aurait  cessé  de  vivre  qu'en  1667. 

Il  ne  nous  reste  maintenant  qu'à  jeter  un  coup  d'œil 
rapide  sur  l'œuvre  de  notre  savant  astronome,  sur  le 
travail  accumulé  pendant  celte  longue  et  laborieuse  exis- 
tence. 

Dès  sa  jeunesse,  comme  nous  l'avons  dit,  il  détermina 
la  latitude  de  Marseille  :  c'était  le  premier  effort  qu'il  fil 
pour  élucider  une  question  née  de  l'examen  d'une  obser- 
vation de  l'ombre  du  gnomon,  due  à  Pythéas. 

La  valeur  de  l'obliquité  de  l'écliplique,  déduite  de  cette 
antique  détermination,  ne  concordait  poinl  avec  celle  que 
divers  astronomes  avaient  calculée. 

Wendelin  se  refusait  à  croire  à  une  variation  brusque 
de  cette  obliquité;  avec  son  esprit  investigateur,  il  pré- 
voyait l'existence  d'une  loi  qu'il  fallait  découvrir,  vérifier 
ensuite.  Alors  que  Tycho-Brahé  avait  cru  devoir  conclure 
à  un  accroissement  momentané  et  singulier  de  l'obliquité, 
le  jeune  astronome  ne  pouvait  admettre  une  modifica- 
tion inexpliquée  d'une  loi  naturelle. 

Tout  d'abord,  il  dén)èle,  avec  une  grande  sagacité,  les 
causes  d'erreur  qui  peuvent  influer  sur  la  grandeur  de  la 
constante  à  calculer. 

Il  faut  déterminer  avec  le  plus  grand  soin  la  latitude 
des  lieux  oîi  l'on  observe,  tenir  compte  des  réfractions  et 
enfin  de  la  parallaxe  solaire. 


(  TiS  ) 

Avec  une  persévérance  remarquable,  Wendelin  [)Our- 
suivra,  duranl  une  longue  série  d'années,  le  cours  de  ses 
observations;  pendant  un  quart  de  siècle,  il  accumule  les 
résultats  avant  de  publier  son  Loxias,  et,  plus  tard,  après 
l'apparition  de  son  livre,  il  réunira  tous  les  éléments 
nécessaires  pour  perfectionner  son  œuvre. 

En  premier  lieu,  il  constate  que  les  anciennes  observa- 
tions des  latitudes,  obtenues  à  l'aide  du  gnomon,  doivent 
être  corrigées  du  derai-diamèlre  apparent  du  soleil. 

C'est  ainsi  qu'il  est  amené  à  poursuivre  pendant  plusieurs 
années,  de  IGOo  à  lG12,à  Forcalquier,  des  rechercbcs  sur 
le  diamètre  apparent  du  soleil,  en  recevant  sur  un  écran 
l'image  de  cet  astre,  par  une  ouverture  étroite  exactement 
mesurée. 

Cette  correction  lui  donne  pour  la  latitude  d'Alexan- 
drie, élément  essentiel  de  la  question  qu'il  étudie,  31°  13'; 
d'un  autre  côté,  la  même  latitude,  déterminée  par  Éra- 
toslhènes  à  l'aide  d'une  observation  d'étoile,  est  de  31°  9'; 
des  considérations  géodésiques  enfin  conduisent  à  admettre 
un  nombre  un  peu  différent  :  31°  8'  35".  Wendelin  prend 
la  moyenne  approchée  de  ces  trois  résultats  et  fixe  la 
latitude  à  31°  10'. 

De  même,  il  reprend,  avec  le  plus  grand  soin,  le  calcul 
de  la  distance  du  soleil  ou,  ce  qui  revient  au  môme,  de 
la  parallaxe  solaire.  Il  applique  la  méthode  des  dichoto- 
mies d'Arislarque  de  Samos  et  fait  usage  du  télescope  dès 
que  la  connaissance  de  cet  instrument  s'est  généralisée. 

Il  fixa  ainsi  à  une  minute  la  parallaxe  solaire.  C'était 
déjà  une  valeur  bien  plus  approchée  que  celle  dont  ses 
contemporains  faisaient  usage. 

Armé  de  la  sorte,  il  reprend  la  détermination  de  l'obli- 
quité de  l'écliptique  et  en  constate  la  diminution  continue 
depuis  l'époque  l'Ératosthènes. 


(  7-26  ) 

Il  va  plus  loin,  car  il  exprime  la  loi  du  phénomène  et  en 
assigne  même  la  période. 

D'une  façon  absolue,  celle  loi  n'est  pas  exacte;  elle 
diffère  de  celle  de  Laplace,  elle  détermine  la  période  d'un 
phénomène  dont  la  périodicité  n'est  pas  reconnue,  même 
de  nos  jours.  Mais,  d'un  autre  côlé,  pour  une  durée  relati- 
vement longue,  la  formule  qui  traduit  sa  loi  représente 
assez  bien  la  variation  de  l'obliquité  de  l'écliptique. 

Wendelin  ne  s'en  tint  pas  à  ce  premier  essai;  pendant 
vingt  ans,  il  reprit  différentes  fois  la  question.  C'est  ainsi 
qu'il  pria  son  ami  Gassendi  de  refaire  les  observations 
du  gnomon  à  Marseille,  pour  discuter  à  nouveau  les  résul- 
tats dus  à  Pythéas. 

Appuyé  sur  de  nouvelles  observations  de  dichotomies 
et  sur  des  vues  théoriques  ingénieuses,  bien  que  parfois 
contestables,  il  évalue  à  14"  au  plus  la  parallaxe  solaire, 
résultat  le  plus  précis  qu'on  eût  eu  jusqu'alors. 

Je  ne  rappellerai  pas  ses  nombreuses  observations 
d'éclipsés  dont  il  publia  le  tableau,  et  qui  devaient  lui 
servir  à  édifier  ou  plutôt  à  contrôler  une  nouvelle  théorie 
de  la  lune. 

Ajouterai-je  qu'il  s'est  empressé  d'admettre  les  théories 
coperniciennes,  mieux  encore  les  lois  de  Kepler. 

11   n'hésita    pas  à  faire  connaître    ses   opinions   dans 

son   traité  De  la  pluie  rouge   et  dans  son    Teralologia 

Comelica. 

Il  ne  prend  qu'une  minime  précaution,  bien  mince  en 

réalité.  Le  corps  qui  se  meut  dans  son  orbite  elliptique,  en 
trois  cent  soixante-cinq  jours  environ,  s'appellera  le 
Teriium  corpus.  Mais  nul  ne  s'y  trompe.  Liberl  de  Froid- 
mont,  l'ardent  défenseur  des  décisions  contraires  à 
Galilée,  appelle  Wendelin  le  Keplé-copernicien,  mais  il  ne 
reste  pas  moins  son  admirateur  et  son  ami. 


(  727  ) 

Bien  plus,  Wendelin  apporta  aux  idées  de  Kepler  une 
éclalanle  conûrmalion:  il  découvrit  que,  pour  les  satel- 
lites de  Jupiter,  la  seconde  loi  du  mouvement  elliptique 
se  vérifie;  les  carrés  des  temps  de  leurs  révolutions  autour 
(le  la  planète  sont  entre  eux  comme  les  cubes  de  leurs 
distances  à  l'astre. 

Il  faut  bien  avouer  cependant  que  notre  astronome  ne 
fui  pas  sa!is  commettre  quelques  erreurs  ;  c'est  ainsi  qu'il 
s'obstinait  à  vouloir  établir  l'égalité  des  jours  solaires; 
c'est  ainsi  encore  qu'il  voulait  faire  parcourir  à  la  lune  une 
courbe  ovoïde. 

Le  temps  a  passé  sur  les  travaux  de  Wendelin;  ses 
découvertes  se  sont  effacées  devant  celles  du  grand  Newton 
et  de  ses  disciples;  mais  il  ne  serait  pas  juste  d'oublier 
celui  qui,  le  premier,  a  su  démêler  les  variations  dans  la 
durée  des  oscillations  du  pendule,  qui  a  constaté  et  établi 
la  diminution  continue  de  l'obliquité  de  l'écliptique,  qui  a 
calculé,  avec  une  exactitude  inconnue  jusqu'à  lui,  la 
parallaxe  solaire,  qui  enfin  a  contribué  à  établir  d'une 
manière  ferme  le  système  de  Kepler. 

De  nombreux  chercheurs,  surtout  en  Provence,  et  à 
leur  tète  un  descendant  d'André  d'Arnaud,  M.  de  Berlue 
Perussis,  puis  le  savant  éditeur  des  lettres  de  Peiresc, 
M.  Tamizey  de  Larroque,  M.  Tardieu  de  Sisleron, 
M.  l'abbé  Pierrisnard  s'occupent  à  rappeler  la  gloire  de 
l'astronome  flamand.  Bientôt,  sur  le  sommet  de  Lure, 
dominant  sa  Provence  aimée,  un  monument  durable 
s'élèvera  en  souvenir  du  Belge  qui,  devançant  de  plus  de. 
deux  siècles  les  observateurs  du  Ventoux,  a  commencé 
dans  ces  contrées  les  premières  recherches  météoro- 
logiques. 


(  728  ) 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  proclame,  de  la  manière 
suivante,  le  résultai  des  concours  et  des  élections. 

CONCOURS  ANNUEL  DE  LA  CLASSE  POUR  1890. 


Six  questions  composaient  le  programme  de  concours 
de  la  Classe  pour  l'année  1890;  le  délai  pour  l'envoi  des 
manuscrits  expirait  le  1"  août  dernier.  Trois  questions 
avaient  pour  objets  des  sujets  se  rapportant  aux  sciences 
mathématiques  et  physiques;  les  trois  autres  concernaient 
les  sciences  naturelles. 

La  Classe  a  constaté  avec  regret  qu'aucun  mémoire  ne 
lui  a  été  présenté  en  réponse  à  ces  questions. 


ELECTIONS. 

La  Classe  a  eu  le  regret  de  perdre,  cette  année,  un  de 
ses  membres  titulaires  :  Charles  Montigny;  un  de  ses 
correspondants  :  Charles  Fiévez  ;  et  deux  de  ses  associés  : 
Gustave-Adolphe  Hirn  et  Christophe  Blys-Ballot. 

Ont  été  élus  : 

Membre  titulaire,  sauf  approbation  royale  :  M.  Constan- 
tin Le  Paige,  professeur  à  l'Université  de  Liège; 

Correspondant  :  M.  Jacques  Deruyts,  chargé  de  cours 
à  l'Université  de  Liège; 

Associés  :  MM.  Arthur  Cayley,  professeur  à  l'Université 
de  Cambridge;  Louis  Fizeau,  membre  de  l'Académie  des 
sciences  de  Paris;  et  Adolphe  von  Baeyer,  membre  de 
l'Académie  des  sciences  de  Munich. 


(  729  ) 


OUVRAGES  PRESENTES. 


Barlez  {C.  de). —  San-Li-T'ii,  tableau  des  irois  rituels.  Traits 
de  mœurs  chinoises  avant  1  erc  chrétienne.  Paris,  1890;  extr. 
in-8»  (48  p.,  pi.). 

Giron  (A.).  —  Manuel  de  droit  électoral,  Bruxelles,  1890; 
vol.  in-8'. 

Vanlair  (C).  —  La  naupathie.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-S" 
(51  p.). 

Pasquier  {Ernest).  —  Sur  l'unilication  de  l'heure.  1890; 
extr.  in-8°  (3  p.). 

Catalan  [Eug).  —  Sur  un  théorème  de  M.  Mannheim. 
Rome,  1 890  ;  extr.  gr.  in-8°  (1 5  p.). 

Roersch  (Z.).  —  Discours  inaugural  et  rapport  à  Touver- 
ture  solennelle  des  cours  de  l'Université  de  Liège,  le  21  octo- 
bre 1890.  Liège,  1890;  in-8". 

Génurd  (P.).  —  Antwcrpsch  archievcnblad,  decl  XVII,  S*** 
en  ¥"  aflevcring  ;  decl  XVIII,  I'''  aflevering.  In-8°. 

Delroz.  —  Des  clôtures  et  des  plantations,  discours.  Liège, 
1890;  in-8'' (57  p.). 

Toussaint  {l'abbé). —  Études  sur  Wibald,  abbé  de  Stavelot, 
du  Mont-Cassin  et  de  la  Nouvellc-Corbie.  Namur,  1890;  vol. 
in-8». 

De  Ceuleneer  {A.).  —  De  afschaffing  der  normaalscholen 
voor  het  middelbaar  liooger  ondcrwijs.  Gand,  1890;  in-8° 
(25  p.). 

Vf  sel  {le  comte  Hippolyte  d').  —  L'œuvre  du  Roi  au  Congo; 
son  passé,  son  présent,  son  avenir.  Bruxelles,  1890;  extr. 
in-8»  (24  p.). 


(  750) 

Deruyls  {Fr.).  —  Sur  une  propriété  des  dclcrrainanls 
symétriques  gauches.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-8''(4  p.). 

—  Sur  la  corrélation  polaire  involutive  dans  un  espace 
linéaire  quelconque.  Bruxelles,  1890;  extr.  in  8°  (16  p.)- 

Foulon  (Franz).  —  Poèmes  flamands  et  poésies  diverses. 
Gand,  1890;  in-8". 

Wauwermans  (te  général).  —  Henri  le  Navigateur  et  l'Aca- 
démie portugaise  de  Sagrès.  Introduction  à  l'étude  de  l'école 
anversoise  de  géographie  du  XVI*  siècle.  Anvers,  1890;  vol. 
in -8". 

De  Boeck  (J.)  vX  Verhoogen  (J).  —  Contribution  à  l'élude 
de  la  circulation  cérébrale.  Bruxelles,  1890;  in-8''. 

Ministère  de  V Intérieur.  —  Application  de  la  loi  de  1890 
sur  la  collation  des  grades  académiques  et  le  programme  des 
examens  universitaires.  Bruxelles,  1890;  extr.  in-8°(55  p.). 

Conservatoire  royal  de  musique  de  Bruxelles. —  Annuaire, 
14"*  année,  1890.  In-S". 


Allemagne  et  Adtriche-Hongiue. 

Korosi  (  Joseph  ).  —  Bulletin  annuel  des  finances  des 
grandes  villes,  10""  année,  188G.  Budapest,  1890;  gr.  in-8'. 

Gad  (J.)  und  Heymans  (J.-F.).  —  Ueber  den  Einfluss  der 
Temperalur  auf  die  Leistuiigsfahigkeit  der  Muskelsubstanz. 
Leipzig,  1890;  extr.  in-8°  (115  p.,  1  pi). 

Dotitrepont  (Aug.).  —  La  clef  d'amors,  texte  critique  avec 
introduction,  appendice  et  glossaire.  Halle,  1890;  in-8°. 

Benko  (Jerolim  Freihern  von).  —  Das  Datum  auf  den  Phi- 
lippinen.  Vienne,  1890;  in-8''  (14  p.). 

Verein  fur  Gescliiclite  der  Mark  Brandenburg,  Berlin.  — 
Forscbungen,  3  Ed.,  i>  Hâifte.  ln-8''. 

Nalurforschende  Gesellschaft.  —  Schriflen,  neue  Folge, 
Band  VII,  5.  Dantzig,  1890;  in-8°. 


(731  ) 

Statistisclies  Landcsamt.  —  Wùrlicmbcrj^ischc  Vicrlcl- 
jalirshcfic  fur  Landesi;;cschichle,  181)0.  1  uiul  II.  Sliillgart; 
in-8'. 

Naturforschende  Gesetlschaft.  —  XV.  Bciiclu.  Banibcrg, 
1890;  in- S». 

Arclutcologischc  Gcsellsrliu/t  zii  Berlin.  —  50.  Programm 
zura  Winckelmaiinsfeste.  1890;  in-4'. 

Académie  de  Metz.  —  Mémoires,  1886-87.  In-S". 


France. 

Vaillant  {Léon).  —  Histoire  naturelle  des  annelés  marins  el 
d'eau  douce:  Lombricinicns,  liirndiniens,  bdcllomorphes,  etc., 
t.  III,  2°"  partie.  Paris,  181)0;  vol.  in-S". 

Curavev-Cachin  (Alfred).  —  Le  Poudingue  de  Palasson  sur 
le  versant  sud-ouest  du  plateau  central.  Paris,  1889;  extr. 
in-8''(11  p.  et!  pi.). 

—  La  grotte  de  Roset,  près  Puicelcy.  Paris,  1889;  extr. 
in-8»  (10  p). 

—  Le  cimetière  mérovingien  du  Gravas.  Gaillac,  1891; 
in-8°  (52  p.  et  une  photographie). 

lioulliel  [Anlony).  —  Législation  internationale  des  incen- 
dies. Paris,  1890;  in-8"  (o6  p  ). 

Concours  international  de  chronométrie  :  comptes  rendus 
des  travaux  (E.  Caspari).  Paris,  1890;  vol.  in-4°. 

École  supérieure  de  pharmacie  de  Montpellier.  —  Thèses 
diverses.  Montpellier,  1890;  2ri  extr.  in-4°. 

Société  des  Antiquaires  de  France. —  Bulletin,  1888.  Paris; 
vol.  in-8». 

Société  linnéenne  du  Nord  de  la  France.  —  Bulletin,  1 889. 
In-8«. 

Académie  des  sciences  et  belles-lettres  d* Angers.  —  Séance 


(  732  ) 

solennelle  de  rentrée  du  22  novembre  1888  :  Discours  par 
Forquel  de  Dorne.  Angers;  in-S". 

—  Séance  du  18  décembre  1889  :  La  France  préhistorique 
par  Carlailhac,  analyse  par  Ed.  Piettc.  Angers,  1890;  in-S". 

Société  (les  antiquaires  de  Picardie.  —  Bulletin,  1890, 
avril-juin.  Amiens,  1890;  in-8",  —  Mémoires,  tome  XII. 

Académie  d'Hippone.  —  Comptes  rendus  des  réunions  du 
5  mars  et  du  12  mai  1890  Bône;  in-8°. 

Académie  de  Besançon.  —  Travaux  de  1889.  ln-8°. 

Société  linnéenne  de  Normandie,  Caen.  —  Bulletin,  4' série, 
vol.  III,  1888-89.  ^1-8» 

Société  des  sciences  naturelles  et  mathématiques  de  Cher- 
bourg. —  Mémoires,  l.  XXVI.  Paris,  1889;  vol.  in-8». 

Archives  de  la  Cùte-d'Or.  —  Inventaire rsommaire  des 
archives  départementales  antérieures  à  1790  (J.  Garnier), 
série  C,  tome  IV,  Dijon,  1890;  in-4°. 

Société  industrielle  et  agricole  d'Angers.  —  Bulletin;  1889, 
1"  et  2'  semestres;  iii-S". 

Société  savoisienne  d'histoire.  —  Mémoires,  t.  XXV.  Cham- 
béry,  1890;  in-8°. 

Société  d'émulation  de  Cambrai.  —  Mémoires,   t.  XLIV, 

1889.  In-8°. 

Société  de  Borda,  Dax.  —  Bulletin,  avril  à  septembre  de 

1890.  In-8''. 

Société  havraise  d'études  diverses.  —  Recueil  1889.  Le 
Havre;  in-8'' 

Muséum  d'histoire  naturelle.  —  Nouvelles  archives  o*  série, 
tome  II,  1"  fascicule.  Paris;  in-4°. 

Société  archéologique  et  historique  du  Limousin.  —  Bulle- 
tin, t.  XXXVII.  Limoges,  1890;  vol.  in-8°. 

Académie  de  Stanislas,  Nancy.  —  Mémoires,  1889;  vol. 
iQ-8». 

Société  des  sciences  de  Nancy.  —  Bulletin,  1889,  fasc.  25. 
In-8«. 


l  7.35  ) 

Journal  des  savants,  1890,  avril-aoùl.  Pnris;  iii-4°. 

Ministère,  de  l'Instruction  jnthlique  d  Paris.  —  llullclin 
(lu  comilô  (les  travaux  liislori(jtics  et  sciciililiqucs  ;  («)  seclidii 
(I  hisloircctdc  philologie,  I8«'J,  5  cl  4;  I8î)0,  1-2;  (6)  arclu'o- 
lojîic,  1889,  5;  1890,  I  cl  2;  (c)  gcof^rapliic  historique  cl 
descriptive,  188!),  3-<i;  !8î)(),  I  cl  2;  {(/)  sciences  cconomicpics 
cl  sociales,  1881),  1  et  2.  —  Revue  des  travaux  scicntifi(jii(N. 
t.  IX,  8-12;  X,  1  cl  2. 

—  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéologiques 
publics  par  les  Sociétés  savantes  (le  la  France,  t.  M,  I"  livr. 
Paris,  1890;  111-4°. 

Musée  (iiiimrt.  —  Revue  de  l'histoire  des  religions,  l.  XXI. 
2  cl  5;  XXII,  1.  —  Annales,  t.  XV-XVII. 

Société  de  l'histoire  de  France.  —  Annuaire  et  Bulletin, 
1889.  Paris;  in-8". 

Société  des  études  historiques,  Paris.  —  Revue,  1889.  In-8°. 

Académie  de  Reims.  —  Travaux,  volumes  82  cl  84.  Reims, 
1889-90;  2  vol  in-8'. 

Société  libre  d'émulation  de  Rouen.  —  Bulletin,  1889-90, 
1"  partie.  In-8°. 

Académie  de  législation  de  Toulouse.  -*-  Recueil,  t.  XXXVII. 
In-S". 

Société  archéologique  de  Soissons.  —  Bulletin,  t.  X\  III, 
1887;  in  8». 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  du  département  de  la 
Haute-Saône.  —  Bulletin,  5"  série,  n"  19.  Vesoul,  1888;  \oi. 
iii-8°. 

Bureau  international  des  poids  et  inesvres.  —  Travaux  (  l 
mémoires,  tome  VII,  Paris,  1890;  vol.  in-4".  —  Comptes 
rendus  des  séances  de  la  prcniièrc  conférence  générale  des 
poids  cl  mesures,  en  1889.  Paris,  1890;  in-S".  —  Proc("'s- 
vcrhaux,  1889.  In-8". 


SÉRIE,    TO.ME    XX.  48 


(754) 


Gkande-Bretacne,  Irlande  et  Colonies  buitanmques. 

Mue  Coy  (Fred).  —  Prodromus  of  tlic  zoology  of  Victoria, 
décade  XX.  Melbourne,  1890;  in-8». 

Philosopltical  Society  of  Glasgow.  —  Procecdings,  vol.  XXI, 
1889-90.  In-8°. 

Royal  Society  of  Edinburgh.  —  Procecdings,  vol.  XVII. 
In-8». 

The  naiitical  Almanac  for  1894.  Londres,  1890;  vol.  in-8°. 

Government  statislician's  Office.  —  The  wealth  and  pro- 
grcss  of  New  South  Walcs,  1880-90,  V»-  issue.  —  Statistical 
rcgisler  for  1889.  Sydney;  2  vol.  in-8». 


Italie. 

Scarilovclli  {Giovanni}.  —  Pénombre  mcdievoli.  Hologne. 
1890;  in-8''(26  p.). 

—  Lucrezia  Beniamini.  Bologne,  1890;  in-8''  (;2l  p.). 

—  Luigi,  Alfonso  et  Rodolfo  Gonzaga,  marchesi  di  Castel- 
goffredo.  Bologne,  1 890  ;  in -8»  (45  p.). 

Omboni  {Giov.).  —  Il  coccodrillo  fossile  di  Tresché,  nei  selle 
lomuni.  Venise,  1890;  exlr.  in-8°(20  p.,  2  pi.). 

Capellini  {Giov.).  —  Sul  cocodrilliano  Garialoïdc,  scoperlo 
iiolla  collina  di  cagliari  ncl  18G8.  Rome,  1890;  in-4'',  exlr.  in-4'' 
(29  p.,  pi.). 

Bertolini  {Darid).  —  I  numbri.  Venise,  1890;  extr.  in-8'' 
(40  p.). 

Puglisi  Pico.  — Consigli  ai  catlivi  pocli.  Poema  indostanico. 
Pdlcrme,  1891;  in-S"  (1G  p.). 


(  73S  ) 

Soctelà  italianà  délie  scienze,  Napoli.  —  Memoric  di  malc- 
matica  et  di  fisica,  série  icrza,  tomo  VU. 

Osservalorio  di  Dnra  in  Milano.  —  Pubhlicazioni,  n»  57  : 
andaïuonlo  aniiuîile  e  diurno  dolla  i)ioi;gia  nel  clinia  di  Milano; 
per  E.  Fini.  Milan,  1891  ;  in-4°. 


Pays-Bas  et  I>des  NiÎEnLANDAiSES. 

Grcshoff.  —  Onderzoek  naar  de  planlensloffen  van  Ncder- 
landsch-Indië.  Batavia,  1890;  in-8°  (127  p.). 

Slerrenivaclit  le  Leideii.  —  Verslagcn  1872-1889.  Annalcn, 
Band  V  und  VI. 

Zeeuwsch  genonlschup,  Middvlbur(j.  —  Ilel  aandeel  van 
Zacliarias  Janse  in  de  uilvinding  der  verrekijkers.  1890; 
br.  in-8°. 


Pays  divers. 

Colnel-d'Huarl  {de).  —  Essai  d'une  théorie  mathématique 
de  la  lumière,  de  la  chaleur,  etc.  Luxembourg,  1890;  extr. 
iii-S"  (106  p.,fig.). 

Kammernumii  (A.).  —  Résumé  météorologique  de  l'année 
1889,  pour  Genève  et  le  Grand  Saint-Bernard.  Genève,  1890; 
in-8«. 

iHanlamour  {Pli.).  —  Des  mouvements  périodiques  du  sol, 
12'  année.  Genève,  1890:  extr.  in-8''  (G  p.). 

Schiveizericlie  geodâtische  Commission.  —  Das  Dreiccknetz, 
Band  V.Zurich,  1890;in-4». 

Instilulo  y  Observalorio  de  Marina  de  San- Fernando.  • — 
Almanaque  nautico,  1892.  —  Catalogo  de  la  Biblioleca.  Madrid, 
1890;  2  vol.  in-8» 


(  750  ) 

Physikalisches-Central-Observatoriiim.  —  Annalcn,  I88î>,  1. 
Saint-Pélcrsboiirg,  1890;  vol.  iii-8". 

Dergens  Muscum.  —  Aarsbcrclnung  for  1889.  Bergen,  1890; 
vol.  in-8''. 

Coellio  (Joseph- lîamos).  —  Ilisloria  do  infnnlc  I).  Dnarle, 
Ii-mao  de  El-Rfy  D.  Joào  IV,  lomo  11.  Lisbonne,  1890;  vol. 
iii-8". 

Se.hkahet  for  Udgivelse  af  Kilder  lit  dnnsk  Historù;.  — 
Aktstykker,  Bind  I-llI.  Copenhague,  1885-90;  5  vol.  in-8». 

En  outre,  duranl  Tannée  1890,  IWcaddmiea  reçu  les  Rceucils, 
ainsi  que  les  publications  «les  So('iétés  savantes  dont  les  noms 
suivent  : 

Anvers.  Académie  d'archéologie.  —  Sociélé  de  géographie.  — 
Société  de  méilecine.  —  Sociélé  de  phaniiacie. 

Bruxelles.  L'Abeille,  revue  pédagogique.  —  Analecla  Bol- 
landiana.  —  Annales  de  médecine  vétérinaire.  —  Annales 
des  travaux  publics.  —  Annules  d'oculistique.  —  Association 
belge  de  photographie.  —  Bibliographie  de  la  Belgique.  — 
Ciel  el  terre.  —  Commission  royale  d'histoire.  —  Commis- 
sions royales  d'art  et  d'archéologie  —  L'Ecole,  revue  péda- 
gogique. —  institut  de  droit  international  et  de  législation 
comparée.  —  Moniteur  industriel  belge.  —  Presse  médicale 
belge.  —  Revue  de  Belgique.  —  Sociétés  d'Anthropologie, 
centrale  d'Architecture,  de  Botanique,  d'Électriciens,  Enlomo- 
logique,  de  Géologie,  Paléontologie  el  Hydrologie,  de  Géogra- 
phie, Malacologique,  de  Microscopie,  de  Médecine  publique, 
de  Numismatique,  de  Pharmacie,  des  Sciences  médicales  et 
naturelles.  —  Sociélé  scientifique. 

Cliarleroi.  Société  paléontologique  et  archéologique. 
Enghien.  Cercle  archéologique. 

Gand.  Messager  des  sciences  historiques.  —  Revue  de  Cin- 
slruction  publique.  —  Société  de  médecine. 

Liège.  L'Écho   vétérinaire.  —   Le    Scalpel.  —   Sociélé    des 
Bibliophiles  liégeois.  —  Sociélé  médico-chirurgicale. 


(  757  ) 

Nil  mur.  Sociélc  archvologique. 
Nivelles.  Sucicié  archéoloyicjiie. 
Siiiiil-Nicolas.   Cercle  arcliculo'jiijuc. 
Tournai.  Sociclc  liistuii(iue  cl  liltéraire. 

Berlin.  Archiv  der  MulhemaliU  nud  PInjsik.  —  Detilschc 
chcniische  Gcsellsclhift.  —  Gcoloyische  Gesellscha/Ï.  —  Gesell- 
scltafl  fur  Erdhuiih'.  —  Gesdlsvhafl  fur  Anthropologie, 
Klhnologie  und  Urgescliichle.  —  Gcsellschafl  valurforschender 
Frcunde.  —  Pliysikulinctie  Gesellschafl.  —  Pliijsiologisclie 
Geseltschufl. 

Bonn.  Ndlurfiistorischer  Vcrein  der  prcussischen  Rhcinlande 
vnd  Wcslphulens. 

Giosscn.   Gesselschaff  fiir  yalur-  und  Heilkunde. 

Halle.  NuluruHss.  Verein  fur  Sacitsen  und  Thûringen. 

léna.   Médic.-nutuncissenscliaflliche  Gesellscltaft. 

Leipzig.  Astronomisclie  Genellschuft.  —  Beibldlter  zu  den 
Anyiulen  der  Physik  und  Chenue. —  Repertorium  der  Physih. 
—  Zoologischer  Anzeiger. 

Marijourg.  Juliresbtrichl  iiher  die  ForlsdiriUe   der  Cheniie. 

Slrasltourg.  Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  de  la 
liasse- Alsace. 

Vienne.  Anthropologische  Gesellschafl. 

Wurzbou rg.  Phijsikal.-mcdizinische  Gesellschafl. 

Boston.  Academy  of  arts  and  science.  —  Society  of  natural 
history. 

Cordova.  Acadeniia  nacional  de  ciencias  eraclas. 

Bucnos-Ayres.  Sociedad  cienlifica  Argentina. 

New-Haven,  Journal  of  sciences  and  arts. 

New-York.  Anierican  geogrufihical  Society.  —  Academy  of 
sciences. 

Pljila(lei|iliie.  Franklin  Jnstitute.  —  Hislorical  Society.  — 
Academy  of  natural  sciences.  —  The  amcrican  naturalist. 


(  "58  ) 

Rio  de  Janeiro  Club  de  Engenharia  —  liislituto  historico  e 
geographico.  —  Observatorio.  —  Sociedade  de  geographia. 

Madrid.  Sociedad geografîca.  —  Àcademia  de  la  hisloria. 

Amiens.  Société  induslrielle.  —  Société  des  antiquaires.  — 
Société  linnéenne  du  Nord  de  la  France. 

Caen.  Société  des  beaux-arts. 

Lille.  Société  géologique  du  Nord. 

Marseille.  Société  scientifique  induslrielle. 

Paris.  L'Astronomie  [Flammarion).  —  Bulletin  scientifique 
de  la  France  et  de  la  Belgique  [Gia7'd).  —  Ecole  normale  supé- 
rieure. —  Journal  de  ^agriculture.  —  Le  Cosmos.  —  La 
Nature.  —  Le  Progrès  médical.  —  Les  Mondes.  —  Le  Polij- 
biblion.  —  Moniteur  scientifique.  —  Revue  britannique.  — 
Bévue  des  questions  historiques.  —  Revue  politique  et  litté- 
raire. —  Revue  scientifique.  —  Revue  numismatique.  —  Revue 
internationale  de  l'électricité.  —  Semaine  des  constructeurs.  — 
Société  nationale  d'agriculture.  —  Société  des  antiquaires.  — 
Société  de  biologie.  —  Société  des  études  liisloriques.  —  Société 
géologique.  —  Société  zoologique.  —  Société  de  géographie.  — 
Société  mathématique.  —  Société  philomatique .  —  Société  d'an- 
thropologie. —  Société  météorologique. 

Sainl-Cmer.  Société  des  antiquaires  de  la  Morinie. 

Toulouse.  Société  franco -hispano -portugaise.  —  Société 
d'histoire  naturelle. 

Valenciennes.  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Edimbourg.  Royal  physical  Society. 

Londres.  Anlhropohgical  Institule. —  Aslronom'ical Society. 

—  Asiatic  Society.  —  Chemical  Society.  —  Entomological 
Society.  —  Geographical  Society.  —  Geological  Society.  — 
Historical  Society.  —  Institution  of  mechanical  engineers.  — 
Institution  of  civil  engineers.  —  Institution  of  Great  Britaiii. 

—  Iroi\.  —  Mathematical  Society.  —  Meteorological  Society.  — 


(  75î)  ) 

Microscopical  Society.  —  Xalnre.  —  Ntimismatic  Society.  — 
Royal  Society.  —  Statistical.  Societij. 

Ncwcasllc-upon-Tvnc.  Itislilute  of  mining  and  mecliauical 
engineers. 

Bresciîi.  Ateneo 

Florence.  Socielà  entoinologica  italiuna.  —  Rivista  scien- 
tiflco-induslriaie.  —  Dibliuleca  nazionale  centrale. 

Modène.  Società  dei  naturalisli. 

Naples.  Zoologische  Station. 

Palerme.  Circolo  matematico. 

Pise.  Società  loscana  di  acienze  naturali. 

Rome.  Academia  dei  Lincei.  —  Academia  pontificia  de 
)iuovi  Lincei.  —  Bulletin  dei  vulcanismo  italiano.  —  Comitalo 
di  artigliera  e  genio.  —  Minislerio  dei  lavori  publici.  — 
Biblioteca  nazionale  centrale  Vittorio  Emanuele.  —  Stazioni 
agrarie. 

Turin,  Academia  délie  scienze. 

Delft.  Ecole  polytechnique. 

Harlem.  Société  hollandaise  des  sciences. 

Saint-Pétersbourg.  Société  de  géographie.  —  Société  de 
chimie. 

Stockholm.  Entomologisk  Tidskrift.  —  Nordiskt  medicinsk 
Arkiv. 

Berne.  Le  droit  d'auteur. 

Genève.  Archives  des  sciences  physiques  et  naturelles.  — 
Société  de  géographie. 

Zurich.  Nalurforschende  Gesellschaft. 


BDLLETIN    DE    L'ACADÉMIE    ROYALE    DE    BELGIQUE. 

TABLES  ALPHABÉTIQUES 

DU  TOME  VINGTIÈiME  DE  LA  TROISIÈME  SÉRIE. 

1890. 

TABLE  DES  AUTEURS. 


Académie  des  sciences  de  Bologne.  —  Envoi  à  l'examen  fen  ce  (|ui 
concerne  la  Belgique)  de  ses  propositions  pour  l'introduction  d'un 
méridien  initial  unique  et  d'une  heure  universelle,  430;  communica- 
lion  au  Ministre  des  rapports  faits  sur  ces  questions  par  M3I.  Liaj^îrc, 
Folie  et  De  Tilly,  528. 

Albert  de  Monaco  {Le  prince).  —  Hommage  d'ouvrages,  3. 

Alvin  (Feu  Louis).  —  Exécution  de  son  buste  |)ar  M.  Vinçotte,  694. 

Anonymes.  —  Hommage  d'ouvrage,  3oo;  mention  honorable  accordée 
à  un  projet  de  diplôme,  409,  418. 

Ansiaux  (G.).  —  Influence  de  la  température  extérieure  sur  la  pro- 
duction de  la  chaleur  chez  les  animaux  à  sang  chaud,  594;  rapport 
sur  ce  travail  par  MM.  Fredericq  et  3Iasius,  o31,  533. 

Ansiaux  (G.)  et  Cor  in  iJ.-H.).  —  Soumettent  leurs  recherches  sur  la 
précipitation  fractionnée  des  substances  albuminoïdes  du  sérum 
sanguin  du  bœuf,  r)"27. 


Balat  (Alph.).  —  Rapport  ;  \on-  De  Wulf. 

linmheke  (Charles  Van).  -  Hommage  d'ouvrage,  346.  —  Rapport  :  voir 

Leclercq  (Emma). 
BanningiÉ.).  —  La  Conférence  de  Bruxelles,  son  origine  et  ses  actes, 

375. 


TAItl.K    I)i:s    AUTEUKS.  74 1 

liaumgarten  {Hennann).  —  Remercie  pour  son  diplôme,  160. 

Baye  (J.  de).  —  Hommage  d'ouvrage,  338. 

Duijer  {Adolphe  von).  —  Élu  associé,  7!28. 

Heaupain  (/.).  —  Lecture  des  rapports  de  MM.  Mansion,  Catalan  et 
De  Tilly  sur  son  travail  concernant  quc'lt{ues  intégrales  définies, 
228. 

Beltjens  (Gustave).  —  Hommage  d'ouvrage,  487. 

Benedcn  [Edouard  Van).  —  Les  antliozoaii'os  pélagiques  recueillis  par 
le  professeur  Hensen  dans  son  expédition  du  Plankton.  —  Com- 
munication préliminaire  :  L  Une  larve  voisine  de  la  larve  de 
Semper,  55.  —  Ra[)port  :  voir  Leclercq  (Emma). 

Beiu'den  (P.J.  \an).  —  Inc  coronule  de  la  baie  de  Saint-Laurent, 
49;  réélu  membre  de  la  Commission  spéciah!  des  finances,  534. 

Bériot  (Feu  Cit.  de).  —  Son  buste  sera  exécuté  par  M.  Pickerv  (filsi, 
408. 

Beyaerl  (H.).  —  Rapport  :  voir  De  Wulf. 

Braemt  (Feu  /.).  —  Son  buste  sera  exécuté  par  M.  .\amur,  i08,  oO'.K 

Brialmonl  (Alexis).  —  Élu  membre  de  la  Commission  spéciale  dos 
finances,  534. 

Brian  (Alphonse).  —  Hommage  d'ouvrage,  223.  —  Rapport  :  \oir 
Delaurier. 

Bureau  hydrographique  des  Étals-Unis  à  Washington.  —  Communi- 
cation au  Ministre  des  rapports  de  MM.  Wauters  et  Henrard  sur  la 
circulaire  du  Bureau  relative  à  un  projet  de  système  uniforme  de 
dénominations  géographiques,  164. 

Buriin  {Le  chev.  X.  de).  —  Son  buste  sera  exécuté  par  M.  De  Tombav, 
400,  430. 


Caligny  (Le  maj-quis  de).  —  Cinquième  lettre  sur  ses  appareils  d'hy- 
draulique, 6. 

Capellini  (Giovanni).  —  Hommage  d'ouvrage,  696. 

Caruel  [Théodore).  -  Hommage  d'ouvrage,  2.  —  Voir  Parlatore. 

Catalan  (Eugène).  -  Soumet  un  travail  intitulé  :  Sur  l'ellipse  de 
Brocard,  347;  lecture  du  rapport  de  M.  Mansion  sur  ce  mémoire, 
qui  figurera  dans  le  Becueil  in-i»,  t.  XLIX,  431;  lionniiage  d'ouvrage, 
526.  -  Rapi)orls  :  voir  Beaupain,  Césùro  (Érn.),  Demoulin. 


7 m  TABLE    OES    AIIKIKS. 

Cauchie  (.4//.).  —  Hommage  d'ouvrage  (La  querelle  des  investitures 

dans  les  diocèses  de  Liège  et  de  Cambrai,  lf<^  partie),  3-20;  note  sur 

ce  volume  par  T.-J.  Lamy,  3"26. 
C.ayley  {Arthur).  —  Élu  associé,  728. 

Cerfontaine  {Paul)-  —  Soumet  des  notes  préliminaires  sur  l'organi- 
sation et  le  développement  des  différentes  formes  d'anthozoaires. 

096. 
Cesàro  (Ernest).  —  Sur  les  démonstrations  du  théorème  de  Standt  et 

Clausen,  280;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Mansion  et  Catalan, 

233,  230. 
Oiestret  de  llaih'lfc  {Le  baron  J.  de\  —  Les  métiers  de  la  ville  de  Huy, 

à  propos  d'un  insigne  de  la  corporation  des  merciers,  488. 
«  Ciel  et  terre  »  {Rédaction  de  la  Revue).  —  Hommage  d'ouvrage,  222. 
Cogniaux  {Alfred).  —  Le  nouveau  genre  Posadea  de  la  famille  des 

Cucurbitacées,  473;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Crépin  et  Gil- 

kinet,  43o. 
Colnet  d'Huart  {.\le.r.].  —  Hommage  d'ouvrage,  526. 
Colson.  —  Soumet  un  travail  intitulé  :  Recherches  pliysiologiquos 

sur  l'occlusion  de  l'aorte  thoracique,  4;  rapports  sur  ce  travail 

(imprimé  dans  le  tome  XLIV  des  Mémoires  in-S»)  par  M5L  Fredericq 

et  Gluge,  247,  249. 
Corin  (J.-H.)  et  Ansiaiix  (C».  —  Soumettent  leurs  recherches  sur  la 

précipitation  fractionnée  des  substances  alhuminoïdes  du  sérum 

sanguin  du  bœuf,  527. 
Cornet  (/.).  -  Dépose  un  billet  cacheté,  430. 
Crépin  (Fr.).  —  Rapport  :  voir  Cogniaux. 


Dautzenberg{Ph.).  —  Mollusques  recueillis  au  Congo  par  M.  Éd.  Du- 
pont entre  l'embouchure  du  fleuve  et  le  confluent  du  kassaï,  5(.)(î. 

De  Boeck  (/.).  —  Hommage  d'ouvrage,  520. 

De  Bail  [L.)—  Son  catalogue  de  382  étoiles  faibles  de  la  zone  DM  ■+■  'i'> 
sera  publié  dans  les  Annales  astronomiques  de  l'Observatoire  de 
Bruxelles,  2;  soumet  une  note  relative  au  problème  de  chercher 
une  fonction  W,  satisfaisant  aux  conditions,  etc.,  527;  remis  en 
possession  de  son  manuscrit,  090. 

De  Braey  {Mich.).  —  Envoi  à  l'examen  de  son  troisième  rapport,  399. 


TAfll.K    liKS    AL TKUHS.  745 

De  DussrhcreiLouLsK  —  Hommaj^f;  d'ouvrage,  -iSl. 

de  Cascmbroot.  —  Adjoint  à  la  Commission  phargéc  de  la  publication 
des  œuvres  des  anciens  musiciens  heli^'es,  338. 

De  Ceulencer  (Adolf).  —  Rapport  de  MM.  Wat^ener,  Vanderkindere  ft 
Willems  sur  son  travail  inlitiilc  :  Type  d'Indien  du  nouveau  mond<' 
représenté  sur  un  bronze  antique  du  Louvre.  Contribution  à  l'in- 
terprétation d'un  fragment  de  Cornélius  Népo.s,  164, 171;  hommage 
d'ouvrat^e,  &2(): 

De  Decker  (P.).  —  fiét-lu  mcinbre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  021. 

Defacqz  (Feu  Eu(j.).  —  M.  van  den  Kerkhove-Saibas  est  cliargi-  de 
l'exécution  de  son  buste,  487,  401). 

De  Groot  {Guillaume).  —  Rapport  :  voir  Lagae. 

DelabordelLe  vicomte  Henri).  -  Hommage  d'ouvrage,  507. 

Delacre  [Maurice).  —  Sur  la  constitution  de  la  benzopinacoline  i,  '.)'.!; 
faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'aldéhyde,  28'J;  sur  la  dypnonc 

CH'  ^C  =  CII.C().C'H"',463;  rapports  sur  ces  travaux  par  MM.  Henry 

et  Spring,  17,  19,  2.-]l,  433,  43o;  sur  les  acétals  mixtes,  608;  rapport 
sur  cette  note  par  M.  Henry,  696. 

Delaey  (C.-II.].  —  .\dresse  une  suite  à  ses  communications  manu- 
scrites, 222. 

Delaurier  (Emile).  —  Ordre  du  jour  sur  son  travail  concernant  les 
abordages  des  navires  en  mer,  4;  rapi)0rt  de  MM.  Stas  et  Spring 
sur  ses  notes  (déposées  aux  archives)  concernant  l'extraction  des 
métaux,  27,  28;  adresse  quatre  lettres  (déposées  aux  archives;  rela- 
tives au  grisou,  348;  rapport  de  M.  Briartsur  ses  notes,  o34. 

de  la  Vallée  Poussin  (Lovis).  —  Soumet  un  travail  intitulé  :  Des  impu- 
retés et  des  purifications  dans  l'Inde  antiriue,  150;  rapport  sur  ce 
travail  (imprimé  dans  le  tome  XLIV  des  Mémoires 'inS" ) ^  par 
MM.  de  llarlez,  T.-J.  Lamy  et  le  comte  Goblet  d'.\lviella,  327,  333. 

DelbœufU.).  —  Hommage  d'ouvrage,  3. 

Demannez  iJ.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  690. 

Demoulin  (Alph.).  —  Rapports  de  MM.  Mansion,  Catalan  et  Le  Paige 
sur  son  travail  concernant  la  courbure  des  lignes  planes  (im|)res- 
sion  dans  le  tome  .XLIV  des  Mémoires  it\-H°),  20,  25,  27  ;  soumet  un 
travail  intitulé  :  sur  les  diverses  conséquences  du  théorème  di* 
Newton,  347. 

Dcruyts  (François).  —  Hommage  d'ouvrages,  223. 


744  TAltLK    DKS    ALTKL'RS. 

D.rttyts  (Jacques).  —  Dépose  des  billets  cachetés,  3,  'i'2'2,  TiriG;  sur  la 
réduction  dos  fonctions  invariantes,  IGti;  rapport  sur  ce  travail  pai' 
MM.  lie  l'aige  cl  Mansion,  231;  sui'  les  covariants  primaires,  116: 
rapi)ort  sur  ce  travail  par  MM.  Le  l'aiii;e,  Mansion  et  De  Tilly,  l(i, 
17;  élu  correspondant,  728. 

Detroz  (J.-C).  —  Hommage  d'ouvrage,  G19. 

(Il'  Ylaminck  [Alpk.).  -  Soumet  une  revision  de  son  mémoire  sur  les 
origines  de  la  ville  de  (iand,  3iji). 

Dewalque  <€.).  —  Hommage  d'ouvrage  avec  note  bibliographique 
(Compte  rendu  de  la  session  extraordinaire  de  la  Société  géologique 
de  Belgique,  à  Dinant),  347,  3i8. 

De  \\idf\Cli.).  — Envoi  à  l'examen  de  son  cinquième  rapport  semes- 
triel, 399;  communication  au  Ministre  des  appréciations  faites  par 
MM.  Pauli,  Balat,  Scliadde  et  Beyaert  de  .son  quatrième  rapport 
semestriel  et  de  son  premier  envoi  réglementaire,  401. 

Dierickx  iJos.).  —  Communication  au  Ministre  de  l'appréciation  faite 
par  MM.  Fétis,  Robert .  Slingeneyer  et  (Uiffens  de  son  premier 
rapport,  094. 

Direction  générale  de  la  statistique,  à  Mexico.  — Hommage  d'ouvrage, 
355. 

Doutrepont  {B. -Auguste).  —  Hommage  d'ouvrage  (La  clef  d'Amors). 
020;  note  sur  ce  volume  par  M.  Steclier,  626. 

Ducpetiaux  (Feu  Edouard).  —  Son  buste  sera  exécuté  pai' M.  PoUard. 
487. 

I>n  Mortier  (Feu  B.-Ch.y  -  Son  buste  sera  exécuté  par  M.  Hérain,  430. 
694. 

Dupont  (Éd.).  —  Sur  des  mollusques  vivants  et  post-pliocènes 
recueillis  au  cours  d'un  voyage  au  Congo  en  1887,  t)o9;  remet  pour 
VAnnuaire  le  manuscrit  de  sa  notice  sur  L.-G.  de  Koninck,  527. 
—  Voir  Daulzenberg. 

Divelshauwcrs-Dery .  —  Observations  sur  une  notice  biographique  de 
G. -A.  Hirn  récemment  insérée  dans  le  Bulletin  de  l'Académie. 
132;  rapport  de  MM.  Mans  et  De  Tilly  sur  ee  travail,  14,  16. 

i: 

Errera  (Léo).    —   Hommage   d'ouvrage,   430.    —   Rapports  :    voir 

Laurent. 
Even  [Éd.  Van).  -  Renseignements  inconnus  sur  Pierre  Phalèse, 

imprimeur  de  musique  à  Louvain  (1546-1573),  200. 
Evrard  (F.).  —  Hommage  d'ouvrage,  347. 


TArU.E    DKS    ALTKLRS.  7''.  5 


Faider  (Ch.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  (Jtil. 

Fcrron  (Eugène).  -  Knvoi  il  l'examen  de  sa  lettre  relative  à  l'équalioii 
fondamentale  de  la  théorie  de  la  lumière,  î'dl. 

Fétis(Kd.).  —  Rapports  :  voir  Lampe,  Dierickx,  Montald. 

Fizeau  (Louis).  —  Klu  associé,  7:28. 

Flour  de  Saint-Genis  (Victor).  —  Hommage  d'ouvrage,  334. 

Folie  (Fr.).  —  Hommage  d'ouvrage,  3;  sur  la  période  astronomique 
dite  décimensuelle.  28;  à  l'occa-sion  des  variations  de  latitude  con- 
statées à  Berlin,  à  Potsdam  et  à  Prague,  -438;  soumet  une  réponse 
à  la  note  critique  de  M.  Tisserand,  (i'JO.  —  Rapports  :  woir  Académie 
des  sciences  de  Bologne,  et  Guillaume. 

Foulon  (Franz).  —  Hommage  d'ouvrage  iPoèmes  flamands  et  poésies 
diverses),  &20;  note  sur  ce  volume,  par  J.  Steclier,  G'So. 

Fratkin  (Ch.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  GlX).  —  Rapport  :  voir  Lagae. 

Franck  (.\ .)..  —  Soumet  une  notice  sur  la  monazite  de  Nil-Saint-Viii- 
cent,  .t27. 

Franquevillc  (Le  comte  de).  —  Accuse  réce[ition  de  son  diplôme,  320. 

Frcdericq  (Léon).  —  Sur  la  conservation  de  l'oxyliémoglobine  à  l'abri 
des  germes  atmosphériques,  2ol;  sur  la  physiologie  de  la  branchie. 
o80;  sur  la  conservation  de  l'hémocyanine  à  l'abri  de  l'air,  o82.  — 
Rapports  :  voir  Ansiau.x,  Cobon. 


Gad  (J.).  —  Hommage  d'ouvrage,  o2(5. 

Gaudry  (Albert).  —  Hommage  d'ouvi-age,  223. 

Gaul  (Adolf).  —  Adresse  une  brochure  destinée  à  prendre  part  à  un 

concours  scientifique  institué,  d'après  lui,  parle  Gouvernement 

belge,  011). 
Génard  iP.).  —  Hommage  d'ouvrage,  620. 
Gevacrl  (F.-Aug.).  —  Rapport  :  voir  Léonard. 
Gilkinct  (Alf.).  —  Rai)ports  :  voir  Cogniau.v,  Laurent. 
Giron  (A.).  —  Hommage  d'ouvrage,  (520. 
Giflée  (Aug.).  —  Hommage  d'ouvrage.  3oo. 


746  TABLE   DES   AUTEURS. 

liluge  (Théophile).  —  L'influenza  de  1580,  349;  réélu  membre  de  la 

Commission  spéciale  des  finances,  534.  —  Rapport  :  voir  Colson. 
Coblet  d'AlvicUa  (Le  comte  Eugène).  —  La  fécondation  artificielle  du 

palmier  dans  la  symbolique  assyrienne,  359.  —  Rapport  :  voir  de  la 

Xallée-Poussin  (L.). 
GrossetesLe  {William).  —  Adresse  un  exemplaire  de  la  médaille  et 

de  la  brochure  parues  à  l'occasion  de  la  manifestation  G. -A.  Hirn, 

346. 
Guffens  (Godf.).  —  Rapports  :  voir  Dierickx,  Monlald. 
Guillaume  (J.).  —  Observations  physiques  de  la  planète  Mars  en  1890, 

laites  à  Péronnas,  près  Bourg-en-Bresse,  583;  rapport  sur  ce  travail 

par  3IM.  Terby  et  Folie,  5!28,  5-29. 


11 


llarlez  {Le  chevalier  Ch.  de).  —  Hommage  d'ouvrages,  320,  355,  408, 
619,  690;  Notes  bibliographiques  :  1°  par  31.  Willems  sur  les  trois 
opuscules  suivants  :  A.  La  purification  selon  l'Avesta  et  le  Gomez; 
B.  Les  cultes  de  la  croix  avant  le  christianisme  ;  C.  Comparaison 
de  deux  traductions  d'un  chant  de  l'Avesta,  3-26;  2°  par  l'auteur: 
I-LI  ou  grand  cérémonial  de  la  Chine,  356.  —  Rapport  :  voir  de  la 
Vallée  Poussin. 

Ueckers  (Pierre).  —  Envoi  à  l'examen  de  ses  deux  compositions  musi- 
cales intitulées  :  Mazeppa  et  Epithalame,  199  ;  communication  au 
Ministre  des  avis  émis  sur  ces  œuvres,  509. 

Iléinent  (F.).  —  Hommage  d'ouvrages,  354. 

Hcnrard  {Paul}.  —  Hommage  d'ouvrages,  487.  —  Rapport  :  voir 
Bureau  hydrographique  de  Washington.  —  Note  bibliographique  : 
voir  Wauwermans. 

Henry  [Louis).  —  Rapports  :  voir  Dclacre. 

Hérain  (Jacques).  —  Chargé  de  l'exécution  du  buste  de  B.-Ch.  Du 
Mortier,  430;  communication  au  Ministre  de  l'appréciation  du 
modèle  de  ce  buste,  694. 

Ucron-Boyer.  —  Hommage  d'ouvrage,  3. 

llcymans(J.-F.).  —Hommage  d'ouvrage,  5"26. 

llirn  (Feu  G.-A.^.  —  Voir  Dwelshauvers-Dery  et  Grosseteste. 

ïloffman  (G.-F.).  —  Prix  accordé  à  son  projet  de  diplôme,  409;  pro- 
clamé lauréat,  418;  remercie,  507. 


TABLE    I)KS    AUTEL'HS.  747 

Hoegaerden  (Paul  Van).  —  Hoiiiniai>e  d'ouvrai^e,  3. 

Hoho  et  Lagrange(E.).  —  Souiiiellenl  une  Olude  sur  un  phénomène 

lumineux  et  calorifniuo  act'oiiipai^naiit  l'élcclrolyse,  223. 
Hoiac{E.).  —  lloniniaiçe  d'ouvragos,  loi. 


InsiUut  royal  vénitien  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts.  —  Adresse 

le  programme  de  ses  concours  pour  1890-1892,  4. 
hnardon  [Jacques).  — Wonmvà^c  d'ouvrage  (Le  théûtre  de  la  Monnaie 

depuis  sa  fondation  jusqu'à  nos  jours',  353;  note  sur  ce  volume  par 

Alpii.  Wauters,  356. 


Jacquet  {Joseph).  —  Rapport  :  voir  Lagae. 

Jorissen  {A.).  —  Soumet  un  travail  :  La  réduction  des  nitrates  par  les 
moisissures  et  les  levures,  3iT. 


K 

Kammermann  (A.).  —  Hommage  d'ouvrage,  526. 
Kocherols  (Adolphe^  —  Lauréat  'second  prix)  du  grand  concours 
d'architecture  de  1890,  337;  proclamé,  419. 


Laer{H.  Van)  et  Vandenliulle  (L.).  —  Soumettent  une  étude  sur  le 
lambic,  223. 

Lagae  {Jules).  —  Knvoi  à  l'examen  de  ses  deuxième  et  troisième 
rapports,  399,  089;  comnmnication  au  Ministre  de  l'appréciation 
faite  par  la  section  de  sculjjture  de  son  deuxième  rapport,  509. 

Lagrange  (E.).  —  Voir  Uoho. 

Lallcmand  {Léon).  —  Hommage  d'ouvrage,  35i. 

Lambotte  (L.).  —  Honmiage  d'ouvrage,  347. 

Lameere  [Ang.).  —  Hommage  d'ouvrages,  3. 


718  TABLE    DES   AUTEURS. 

Lampe  (L.).  —  Rapport  de  MM.  Fétis,  Slingeneyer,  Stallaert  et 
Rousseau  sur  son  projet  de  créer  une  école  de  restauration  de 
tableaux,  509. 

Lainy  {Tli.).  —  Accepte  de  rédiger  pour  V Annuaire  la  notice  biogra- 
phique de  Msr  A.  Van  Weddingen,  318;  remet  le  manuscrit  de  cette 
notice,  3oo.  —  Notice  bibliographique  :  voir  Cauchie.  —  Rapport  : 
voir  de  la  Vallée  Poussin  (L.). 

Laurent  {Emile).  —  Réduction  des  nitrates  par  la  lumière  solaire, 
303;  rapports  sur  ce  travail  par  MM.  Stas,  Errera  et  Gilkinet,  237, 
244;  soumet  une  2*  note  sur  le  même  sujet,  .^27;  sur  la  réduction 
des  nitrates  par  la  levure  de  bière  et  par  quelques  moisissures, 
309;  sur  la  réduction  des  nitrates  en  nitrites  par  les  graines  et  les 
tubercules,  -i78;  rapports  sur  ces  travaux  par  MM.  Gilkinet  et 
Errera,  2-4o,  247,  -430,  437. 

Lebrun  (P.).  —  Exécution  de  sa  cantate,  398,  419. 

Leclercq  \Emma).  —  Contributions  à  l'étude  du  Nebenkern  ou  cor- 
puscule accessoire  dans  les  cellules  (communication  préliminaire», 
137;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Éd.  Van  Bencden  et  Van  Bani- 
beke,  10,  13. 

Leconle  (Félix).  —  Hommage  d'ouvrage,  3i7. 

Léonard  [A.].  —  Sur  un  perfectionnement  au  mécanisme  des  flûtes. 
403;  rapport  sur  ce  travail  par  M.  Gevaert,  Samuel  et  Radoux,  401. 

Le  Paige  (C.  —  Tn  astronome  belge  du  XVIIe  siècle,  Godefroid  Wen- 
delin,709;  élu  membre  titulaire,  728.  -Rapports:  voir  CV^iro  (£■>•«  , 
Demoulin,  Deruyts  (/.),  Servais. 

Liagre  (J.-B.-J.).  —  Rapport  :  voir  Académie  des  sciences  de  Bologne. 
—  Note  bibliographique.  Voir  Radau. 

Logeman  [H.).  —  Soumet  une  notice  sur  une  inscription  anglo- 
saxonne  gravée  sur  un  reliquaii'e  de  la  vraie  croix,  appartenant  au 
trésor  de  l'église  collégiale  des  SS.  Michel  et  Gudule  de  Bruxelles, 
620. 

Loomans  (Charles,.  —  Sur  la  mélliode  du  droit  naturel,  172. 


>l 


MailUj   (Éd.).   —  Réélu   membre  de  la  Commission   spéciale   des 

finances,  534. 
Malaise  (C).  —  Sur  les  graptolithes  de  Belgique,  440. 


lAIlLK    IIKS    Ail  KL  US.  7  il) 

Mansidii   (Paul).    -    llappoits   :  voir   firaitjmiti ,    C.alakin ,    Cfsitn-, 

J>e>ii(>itlin,  Di'nnjls  (,/.),  Servais. 
Marchai  [le chevalier  Kilmowl).  —  Rapnoit  :  voir  Iaujuc. 
Marcq  [Hubert).  —  Lauréat  (iiiontion  tionoralilc)  du  t^rand  concours 

d'arcliiiecturo  de  1890.  H38;  proclamé,  419. 
)lasii(s(J.-B.-N.).  -  Rapport  :  voir  Aîisiaii.v. 
Matthieu  (Ernest).  —  Hommage  d'ouvrai,^e,  487. 
Maus  (Henri).    —    Réélu   membre   de   la   Commission  s|)éciale  dos 

finances,  ;')34.  —  Rapports  :  voir  Owclahauvers-Dery,  Spanoghe. 
Meerens  {Charles).  —  Ho  m  m  ai^e  d'ouvrage,  399. 
Meirsschaut  {P.\  —  Hommage  d'ouvrage,  354. 
Ministre  lie  la  Guerre  (M.  le).  —  Hommage  d'ouvrage,  2. 
Ministre  de  rintcrieur  et  de  l'Instruction  publique  (M.  le).  —  Homm:ige 

d'ouvrages,  2,  l;iO,  2()0,  319,  346,  3.-i3,  430,  487,  im,  619. 
Ministre  des  Affaires  Étrangères.  —  Hommage  d'ouvrage,  354. 
Mange  {Léon  de).  —  Hommage  d'ouvrage,  l.-iO. 
Montald  {(!.).  —  Communication  au  Ministre  des  avis  émis  sur  :  I"  sa 

demande  de  pouvoir  venir  surveiller  à  Bruxelles  l'installation  de 

son  envoi  réglementaire,  398;  S»  son  sixième  rapport  semestriel,  69'i. 


IN 

Namur.  —  Cliargc  de  l'exécution  du  buste  de  J.  Braemt,  408;  com- 
munication au  Ministre  de  l'appréciation  du  modèle  de  ce  buste, 
509. 

O 

Oinboni  {Giovanni'}.  —  Hommage  d'ouvrage,  526. 


I' 

Parlatore  (Feu  Philippe).  —  Hommage  d'ouvrages  fait  en  son  nom  par 

Th.  Caruel,  2. 
Pascaud  iH.).  —  Hommage  d'ouvrage,  355. 
Pasqnier  iErnest).  —  Hommage  d'ouvrage,  347,  526. 
PauliiÀd.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des  finances, 

690.  —  Rapport  :  voir  De  Wul(. 

5""^    SÉKIE,    TOME    XX.  49 


750  TABLE    DES   AUTEURS. 

Pclrnnann  (A.).  —  Soumet  un  second  mémoire  sur  la  queslion  de 
l'azote,  -431. 

l'halcsc  {Pierre).  —  Renseignements  inconnus  sur...,  200. 

Pliilippson{Marlin\.  —  Notice  bibliographique  :  voir  Université  libre 
de  Bruxelles. 

Pickenj  {fils).  —  Chargé  de  l'exécution  du  buste  de  Ch.  de  Bériot,  408. 

Piol  Charles).  —  Hommage  du  tome  VIII  de  la  Correspondance  du 
cardinal  de  Gi'anvoUe  avec  note  bibliograi)lii(iue,  150,  loi;  note 
concernant  l'intluenza  en  1580,  196;  réélu  membre  de  la  Commis- 
sion spéciale  des  finances,  021.  —  Note  bibliographique  :  voir 
Villa. 

Ploè'n  (Ch.).  —  Soumet  un  travail  sur  la  régularité  de  l'horloge,  4; 
remis  en  possession  de  son  manuscrit,  222. 

Pollard.  —  Chargé  d'exécuter  le  buste  de  Ducpetiaux,  487. 

U 

Raah  (J.-L.).  -  Hommage  d'une  gravure,  408. 

Radau  (R.).  -  Hommage  d'ouvrages.  Extraits  du  Bulletin  astrono- 
mique, 3,  223,  347;  note  sur  le  premier  de  ces  extraits  (Question  de 
la  nutation  diurne),  par  J.  Liagre,  S. 

Badoux  {Th.).  -  Rapport  :  voir  Léonard. 

Benard  (A.-F.).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  430. 

Robert  (Alex.).  —  Rapports  :  voir  Dierickx,  Montald. 

Boersch  [L.).  —  Hommage  d'ouvrage,  619.  —  Rapport  :  voir  Veerde- 
ghem. 

Bonkar  {E.).  —  Hommage  d'ouvrage,  223. 

Boulliet  {Antomj).  —  Hommage  d'ouvrage,  355. 

Bousseau  (J.).  —  Rapport  :  voir  Lampe. 

Boijer  de  Dour  {H.  De).  -  Hommage  d'ouvrage,  354. 


i^amuel  {Ad.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  690.  —  Rapport  :  voir  Léonard. 

Scardonclli  {Giovanni).  —  Hommage  d'ouvrage,  620. 

Srhadde  {Jos.).  —  Quelques  consitlérations  sur  l'enseignement  donné 
aux  artisans  au  point  de  vue  de  leur  profession  (discours),  411: 
discours  prononcé  aux  funérailles  de  Charles  Verlat,  507.  —  Rap- 
port :  voir  De  Wulf. 


TABLE    DES  Al  TEIKS.  75 1 

Sclu'lcr  (AïKj.).  —  Annonce  tie  sa  mort,  GIH;  discours  |)rononcé  à  ses 

runéraillcs  par  M.  Tibcrgliien,  0^21. 
Schocntjcs  {II.).  —  Lettre  rcctilicative  au  sujet  de  son  travail  intitulé  : 
Pro.et  d'expériences  destinées  à  vérifier  si  la  luniièn;  polarisée, 
ciont  le  plan  de  polarisation  oscille,  exerce  une  influence  sur  un 
champ  magnétique,  tîîii;  sur  les  déformations  que  font  naître  dans 
un  hémisphère  creux  métallique  le  choc  et  la  pression  d'un  corps 
dur  (note  préliminaire),  295;  rapport  sur  ce  travail  |)ar  M.  Van  dt.'r 
Mensbrugghe,  237. 
Si'lijs  Lomjcimmps  [Edm.  de).  —  llomiuai^e  irouvraj^^e,  317. 
Servais  {Clciitcnl).  —  Sur  les  involulions  cubiques  conjuj^uées,  272; 
sur  les  points  d'inflexions  dans  les  cubiques,  4.-)3;  rapports  sur 
ces  travaux  par  MM.  Le  Paige,  Mansion  et  De  Tilly,  232,  233,  431, 
433. 
Slingeneyer  {Ern.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 

finances,  (390.  —  Rapports  :  voir  Lampe,  Dierickx,  Monlald. 
Smith  {John  Barker).  —  Nouvelle  méthode  pour  la  détermination 
quantitative  de  la  valeur  du  pain,  de  la  farine,  de  l'albumine,  etc., 
<)14;  rapport  sur  ce  travail  par  5L  Spring,  o30. 
Suciélc  courlandaise  de  lilléralure  et  des  arts  à  Mitau.  —  Félicitations 

à  l'occ-esion  de  son  7oe  anniversaire  de  fondation,  488. 
Société  de  médecine  publi(jue.  —  Annonce  la  dixième  réunion  du  corps 

médical  belge,  34G. 
Société  industrielle  de  Mulhouse.  —  Adresse  son  programme  de  con- 
cours poui'  1891,  321. 
Société  géologique  de  Belgique.  —  \o\v  Dewalque. 
Soluay  (E.).  —  Dépose  un  pli  cacheté,  346. 
Spanoghe.   —  Rapport  de  31.   Maus    sur  son  travail  (déposé  aux 

archives)  intitulé  :  Nouveau  système  de  machine  à  vapeur,  228. 
Spring  (U'.).  —  Rapports  :  voir  Delacre,  Delaurier,  Smith  {John 

Barker). 
Slallaert  (/.).  —  Rapport  :  voir  Lampe. 

Stas  {J.-S.).  —  De  la  nature  de  la  lumière  solaire  (discours  lu  en 
séance  publique  et  imprimé  dans  le  tome  .\LIX  des  Mémoires  in-i"), 
709.  —  Rai)ports  :  voir  Delaurier,  Laurent. 
Stecher[J.).  —  .N'otes  bibliographiques  :  voir  Foulon  et  Doutrepont.  — 
Rapport  :  voir  Veerdeghem. 


752  TABIH    DKS   AUTEURS. 


Terby  (F).  —  Sur  de  nouvelles  observations  des  canaux  de  Mars  et  de 
leur  ç;émination,  37  ;  sur  la  fréquence  des  étoiles  fdantes  pendant 
les  nuits  des  9  et  10  août  1890,  3oO;  ouverture  de  son  billet  cacbolc 
marqué  A,  bi'i  :  faits  démontrant  la  permanence  des  taches  sombres 
de  Vénus  et  la  lenteur  de  leur  mouvement  de  rotation,  53.');  hom- 
mages d'ouvrages,  2'23,  346.  —  Rapport  :  voir  Guillaume. 

Thonisscn  (J.-J.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  dc< 
finances,  6:21. 

Tiberghien  (Guillaume).  —  Discours  prononcés  :  A,  aux  funérailles 
de  Mif  A.  Van  AVeddingen,  3:23:  B,  aux  funérailles  de  M.  Scheler. 
621;  hommage  d'ouvrage,  oo.'i. 

Tilly  (J.  De).  —  Rapports  :  voir  Académie  des  sciences  de  Bologne, 
Beaupain,  Deruyts  <J.),  Servais  (CL). 

Tombay  (De}.  —  Chargé  de  l'exécution  du  buste  du  chevalier  X.  de 
Burtin,  430;  communication  au  Ministre  de  l'avis  émis  sur  le 
modèle  de  ce  buste,  409. 

Toussairit  {Le  chanoine).  —  Hommage  d'ouvrage,  620. 


U 

iniversité  Libre  de  Bru.velles.  —  Hommage  d'ouvrage  (Annales  de  la 
faculté  de  philosophie  et  lettres,  tome  I^^,  '2«  fascicule),  loi;  note 
sur  ce  fascicule  par  M.  Philippson.  lo5. 


Vaillant  {Léon\  -  Hommage  d'ouvrage,  347,  5"26. 

Vandenhulle  (L.)  el  van  Laer  (H.).  —  Soumettent  une  étude  sur  le 

lambic,  223. 
van  den  Kerkiiove-Sa'ibas.  —  Chargé  de  l'exécution  du  buste  d'Eug. 

Defacqz,  487;  communication  au  Ministre  de  l'avis  émis  sur  son 

modèle,  409. 
\ anderkindere  (Léon).  -  Rapport  :  voir  De  Ceuleneer. 
Van  der  Mensbrugglic  (G.).  —  Sur  la  propriété  caractéristique  de  la 

surface  commune  à  deux  liquides  soumis  à  leur  afiinité  mutuelle 
première  el  deuxième  communications),  32,  2o3;  dépose  un  billet 

cacheté,  526.  —  Rapport  :  voir  Sclioentjes. 


TABLK    DKS    ALTKUUS.  753 

Vuiidtr  Stractcn  (lùliii.).  —  lùivoi  à  l'exiiinen  d'une  nouvelle  série 
de  Bulletins  résultant  de  ses  recherches  musicales  dans  les  biblio- 
thèques d'Augsbourt;  et  de  Breslau,  ()8*.). 

Vunlair  (6'.).  —  Hoinmaiie  d'ouvniiçe,  .'i-iO. 

\i'cnle(jhem  (Van.).  —  Een  |)aar  trai;meiileii  vaii  den  Uoinan  van 
Peichevacl,  037;  rapports  sur  ce  travail  par  MM.  Willcms,  Koersch 
cl  Stecher,  030,  03:2,  ()30. 

W'reecken  (Èniilei.  —  Lauréat  (mention  lionorable)  du  i^rand  concouis 
d'architecture  de  1800,  337  ;  proclanu-,  411). 

y<'rlielle  [Arlliur).  —  Lauréat  \\<^>-  prix)  du  i,M'and  cuncours  d'archi- 
tecture de  1890,  337  ;  proclamé,  il'J. 

Wr/ujogen  iJ.-F.).  —  nommai,^  d'ouvrai^e,  ,'>"J0. 

Virlal  (Ch.-}t.).  —  Annonce  de  sa  mort,  ."JOO;  discours  prononré  à  ses 
funérailles  par  J.  Schaddc,  o07. 

Vial  (L.-C.-Ém.).  —  Ilomniaiçe  d'ouvrai,'e,  3. 

Villa  (A.-R.).  —  Hommage  d'ouvrai;e  (Kl  coronel  Francisco  Verdugo, 
15o7-lo0o),  150;  note  sur  ce  volume  par  M.  Piot,  153. 

Vinçotle  (Thomas).  —  Communication  au  Ministre  de  rappréciatioii 
de  son  buste  en  marbre  de  iéu  Alvin,  CM.  —  Rapport  :  voir  Lagae. 

>V 

Wagener-  {Aiig.\  —  Rapport  :  voir  De  Ceuleneer. 

Wauters\.\lph.).  —  \\c(A\x,  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  0:21.  —  Rapports  :  voir  Bureau  hydrographique  de 
Washington.  —  Note  biblioi^raphique  :  voir  Isnardon. 

}Vauwermans  (H.-E.).  -  Hommai;e  d'ouvraj^^e  (Henri  le  .Navigateur  et 
l'Académie  portugaise  de  Sagres),  020;  note  sur  ce  volume  par 
M.  Henrard,  027. 

Weddingen  (J.-J.-Alois  Van).  —  Annonce  de  sa  mort,  149;  discours 
prononcé  à  ses  funérailles  par  G.  Tiberghien,  323;  sa  notice  biogra- 
phique rédigée  pour  Y  Annuaire  par  T.-J.  Laray,  318,  355. 

W'endelin  (Godefroid),  par  C.  Le  Paige,  709. 

Willems  (Pierre).  —  Note  bibliographique  :  voir  De  Harlez.  —  Rap- 
port :  voir  De  Ceuleneer,  Veerdeghem. 

Z 

Zaïiardelli  (Tito].  —  Hommages  d'ouvrages,  430,  487. 


TABLK  DES  MATIÈRES. 


Agriculture  —  Voir  Chimie  (Petermann». 

Archénlogie.  —  De  Cel-i.eneer  (Adoi.f).  Rapport  de  MM.  Wagener,  Van- 
(lerkindere  et  Willems  sur  son  travail  destiné  aux  mémoires,  et  inti- 
tulé :  Type  d'Indien  du  nouveau  monde  représenté  sur  un  bronze 
antique  du  Louvre.  Contributions  à  l'interprétation  d'un  fragment 
de  Cornélius  Népos,  164,  171. 

An  industriel.  -  Schadde  (J.).  Quelques  considérations  sur  l'ensei- 
gnement donné  aux  artisans  au  point  de  vue  de  leur  profession, 
411. 

Astronomie.  —  Académie  des  sciences  de  Bologne.  Demande  d'avis 
sur  l'adoption,  en  Belgique,  de  ses  propositions  relatives  au  méi'i- 
dien  initial  unique  et  à  l'heure  universelle,  430;  communication  au 
Ministre  des  rapports  faits  sur  ces  propositions  par  MM.  Liagre, 
Folie  et  De  Tilly,  528.  —  de  Ball  (L.).  Son  catalogue  de  382  étoiles 
faibles  de  la  zone  DM  -+-  2°,  observées  de  1886  à  1889,  sera  publii» 
dans  les  Annales  astronomiques  de  l'Observatoire  de  Bruxelles,  2. 
—  Folie  (F.).  Sur  la  période  astronomique  dite  décimensuelle,  28; 
il  l'occasion  des  variations  de  latitute  constatées  à  Berlin,  à  Potsdam 
et  à  Prague,  438;  soumet  une  réponse  à  la  note  de  M.  Tisserand, 
696.  —  Guillaume  (J.).  Observations  physiques  de  la  planète  Mars 
faites  en  1890,  à  Péronnas,  près  Bourg-en-Bresse,  583;  rapport  sur 
ce  travail  par  MM.  Terby  et  Folie,  528,  529.  —  Terby  (F. t.  Sur  de 
nouvelles  observations  des  canaux  de  Mars  et  de  leur  gémination, 
37;  sur  la  fréquence  des  étoiles  filantes  pendant  les  nuits  des  9 
et  10  août  1890,  350;  faits  démontrant  la  permanence  des  taches 
sombres  de  Vénus  et  la  lenteur  de  leur  mouvement  de  rotation, 
535.  —  Voir  Biographie,  Spectroscopie. 

B 

BeaiLX-arts.  —  Lami'e  (L.).  Rapports  de  MM.  Fétis,  Slingeneyer, 
Stallaert  et  Rousseau  sur  son  projet  de  création  d'une  école  de 
restauration  de  tableaux,  509.  —  Voir  Art  industriel,  Bustes, 
Concours  [Prix  de  Rome},  Concours  de  la  Classe  des  beaux-arls. 
Musique. 


TAItlJ-:    IIKS    MAilKllKS,  /O*) 

Bibliographie.  —  Noies  sur  les  ouvraijes  suivants  :  La  (luercUe  îles 
iaveslitures  dans  les  diocèses  de  Liùge  et  de  Cambrai.  Première 
partie:  Les  réformes  gréi^orionnes,  etc.,  107.>!()'>i.  (Ai.F.  Calchii:), 
par  Th.-J.  Lamy,  3"iO.  —  .1.  Puiilication  selon  l'Avesta  et  le  (;oniez. 
B.  Le  culte  de  la  croix  avant  le  christianisme.  (!.  \)eu\  traductions 
d'un  champ  île  l'.Vvesla  (Cii.  UK  IIaui.ez),  par  I».  Willcms,  '.i-lii:  \  \A. 
Cérémonial  de  la  Chine  antique  (Ch.  de  IIari.ez),  par  le  traducteur, 

,  356.  —  Com[)te  rendu  de  l'excursion  de  la  Société  idéologique  d(^ 
Belgique  dans  les  environs  de  Dinant,  par  (i.  Dewalque ,  :iiS. 
—  La  clef  d'Amors  (Alg.  noLTKEi'O.NT),  par  i.  Stecher,  Gtifi.  — 
Poèmes  flamands  et  poésies  diverses  Franz  Foi  i.on',  par  J.  Stecher, 
625.  —  Le  théâtre  de  la  Monnaie  depuis  sa  fondation  jusiju'à  nos 
jours  (Jacq.  Isnaudon),  par  Alph.  Wauters,  350.  -  Correspon- 
dance de  Cranvelle,  tome  VIII,  parCh  Piot,  loi.  —  Con.sidération 
sur  la  nutation  diurne  (Kadai),  par  .1.  Liagre,  5.  —  Annales  de  la 
Faculté  de  philosophie  et  lettres  (Université  libre  de  Bruxei-les), 
par  M.  Phili|ipson,  155.  —  Kl  coronel  Francisco  Verdugo.  1537-I5'.»<S 
(A.U.  Villa),  parCh.  [»iot.  153.  — Henri  le  Navigateur  et  l'Académie 
portugaise  de  Sagres  (Wal'wermans),  par  P.  llenrard,  627. 

Billets  cachetés  déposés  par  MM.  Deruyts,  .Jacques,  3,  222,  526; 
E.  Solvay,  346:  A.-F.  Renard  et  J.  Cornet,  430;  Van  der  Mensbrug- 
ghe,  526.  —  Ouvertui'e  d'un  billet  (marqué  A)  déposé  par  .M.  Tei  hv. 
527. 

Biographie.  —  Dwelshaivers-Dery.  Observations  sur  la  notice 
biographique  de  (i.-A.  Hirn,  insérée  dans  le  Bllleti.n  de  l'.Vcadémie 
132;  rapport  sur  cette  note  par  M.M.  Maus  et  De  Tilly,  14,  16.  - 
EvEN  (Ed.  Van).  Renseignements  inconnus  sur  Pierre  Phalèse, 
imprimeur  de  musique  h  Louvain  (1546-1573',  200.  —  Le  Pakie  (C). 
Un  astronome  belge  du  XVIP-  siècle,  (lodefroid  Wendelin,  709.  — 
Schadde  (J.).  Discours  prononcé  aux  funérailles  de  Charles  Verlat, 
507.  —  TiCEUGHiLN  iC..'.  Discours  prononcés  aux  funérailles  :  A.  de 
Mk^  a.  Van  Weddingen,  323;  B.  de  M.  Scheler,621.  -  Voir  .Yo//m- 
biographiques  pour  IWnnuaire. 

Biologie.  —  Hexede.n  (Éd.  Va.n).  Les  anthozoaires  pélagi(pies 
recueillis  par  le  professeur  Hensen  dans  son  expédition  du  Plank- 
ton.  Communication  |)réliminaire.  I.  Une  larve  voisine  de  la  larve 
de  Semper,  55.  —  Cerfontaixe  (Pali.i.  Soumet  des  notes  prélimi- 
naires sur  l'organisation  et  le  développement  des  différentes  formes 
d'anthozoaires,  696.  —  Leclercq  (Emma).  Contributions  à  l'étude 


7o6  TABLE    1>KS    MATIÉKKS. 

(lu  Nebeiikorn  ou  corpuscule  accessoiie  dans  les  cellules,  137 ; 
rapport  sur  ce  travail  par  iMM.  VA.  Van  Beneden  et  Van  Baui- 
heke,  10,  13.  —  Voir  Ckiinie,  Physiologie. 

Bolaniijue.  —  Cogmalx  (Alfred).  Le  nouveau  i-enre  Posauea  de  la 
famille  des  Cucurbitacées,  47.-);  ra|)port  sur  ce  travail  par  MM.  Cré- 
j)in  et  Gilkinet;  435.  —  Voir  Chimie. 

Brasserie.  —  Voir  Chimie. 

Bustes  des  académiciens  décèdes.  —  Sont  désii^nés  |)ar  le  Gouverne- 
ment i)0ur  exécuter  les  bustes  suivants  :  Cli.  de  Bériol,  par  M.  l*ic- 
kery  tils,  108;  J.  Braemt  par  M.  .N'amur,  408;  chevalier  de  Hurlin. 
par  M.  de  Tombay,  430;  Eug.  Deiacqz,  par  M.  van  den  Kerckove- 
Saïbas,  487;  B.-Cli.  Du  Mortier,  par  M.  Hérain,  430;  Éd.  Ducpetiaux, 
par  31.  PoUard,  487;  communication  au  Ministre  des  avis  émis: 
1'^  sur  les  modèles  des  bustes  Braemt,  oO'.);  de  Burlin,  409;  Defacqz, 
409;  Du  Mortier,  094:  !2«  .sur  le  buste  en  marbre  de  feu  Al  vin, 
exécuté  par  Th.  Vini,"otte,  694. 

C. 

Chimie.  —  Dklacue  (M.uricei.  Sur  la  constitution  de  la  benzopina- 
coline  3,99;  faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'aldéhyde,  :289;  sur 
la  dypnone  nu;,  >C  =  CH.CO.C'H-,  4(33;  rapports  sur  ces  travaux 
par  MM.  Henry  et  Spring,  17,  19,  i2ol,  433,  435;  sur  les  acétals 
mixtes,  6^8;  rapport  sur  cette  note  par  M.  Henry,  096.  —  Delaliuer 
(EMILE).  Rapport  de  MM.  Stas  et  Spring  sur  ses  trois  notes  concer- 
nant l'extraction  des  métaux  (dépôt  aux  archives),  "21,  28.  — 
JoRissEX  (E.).  Soumet  une  note  intitulée  :  sur  la  réduction  des 
nitrates  par  les  moisissures  et  les  levures,  347.  —  Lairem 
(Emile).  Réduction  des  nitrates  par  la  lumière  solaire,  303;  rap- 
ports sur  ce  travail  par  MM.  Stas,  Errera  et  (Ulkinet,  "237,  ::J44; 
soumet  une  '2f  note  sur  le  même  sujet,  527  ;  sur  la  réduction  des 
nitrates  par  la  levure  de  bière  et  par  quelques  moisissures,  309  ; 
sur  la  réduction  des  nitrates  en  nilrites  par  les  graines  et  les 
tubercules,  478;  rapports  sur  ces  travaux  par  MM.  Gilkinet  et  Errera, 
215,  247,  435,  437.  —  Petermânn  tX.)  Soumet  un  second  mémoire 
sur  la  question  de  l'azote,  i31.  —  Smith  (John  Barker).  Nouvelle 
méthode  pour  la  détermination  quantitative  de  la  valeur  du  pain, 
de  la  farine,  de  l'albumine,  etc.,  614;  rapport  sur  cette  note  i)ar 
M.  Spring,  530.  —  Stas  (J.-S.).  De  la  nature  de  la  lumière  solaire 


TAIILK    IIKS    MATlkRES  757 

(discours  lu  en  sc-aiicc  |)iil»lii|iic  ci  iiii|»riiiit'  dans  le  lomu  Xi-IX-dcs 
Mémoires  in-i»,.  70'J.  —  Vandexiilu.e  (L.)  cl  Van  Laer  (II.).  Sou- 
iiictlenl  leurs  éludes  sur  le  lambic,  "l^i. 

CoinmLs.sion  chargée  de  ta  publication  des  œuvres  des  anciens  musi' 
riens  belges.  M.  de  Caseinbrool,  adjoint  à  la  Commission,-  338: 
envoi  h  son  examen  d'une  nouvelle  série  de  Bulletins,  résultant 
des  roeliorclics  do  M.  Kdm.  Vander  Slracten  dans  les  biblio- 
thèques d'Auijsbourg  et  de  Hieslau,  iyH'J.  —  spéciale  des  finances 
lléélection  :  Classe  des  sciences,  .>I4;  Classe  des  lettres,  G'-il  ; 
Classe  des  bealx-arts,  G90. 

Omcliyologie.  —  Voir  Malacologie. 

Concours.  —  Les  institutions  suivantes  adressent  leurs  proi^rammes  : 
Institut  royal  vénitien  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts,  4;  Société 
industrielle  de  Mulhouse,  .'Wl.  —  A.  Cail.  Soumet  une  brochure 
intitulée  :  Vnscr  Leben,  destinée,  d'après  lui,  à  un  concours  scienti- 
fique institué  par  le  Gouvernement,  Gl'.). 

Concours  de  la  Classe  des  sciences  {1800).  —  Sans  résultat,  '^'27,  7!28. 

Concours  de  la  Classe  des  lettres  (1802).  -  Programme,  1;)7. 

Concours  de  la  Classe  des  beaux-arts  (1800).  -  Partie  littéraire. 
Sans  résultat,  il7.  —  Art  ai'I'LIQLé.  Peinture.  Projets  reçus,  400; 
M.  G. -F.  Iloffman,  lauréat,  409,  417.  Gravure  en  médaille.  Sans 
résultat,  400, 418.  -  (189^2).  Programme,  GIMJ. 

Concours  (grands).  Prix  de  Rome.  —  Architecture  (1887).  Envoi 
îj  l'examen  du  cinquième  rapport  de  M.  De  Wulf,  399;  communi- 
cation au  Ministre  des  appréciations  du  quatrième  rapport  et  du 
lei"  envoi  réglementaire  du  même  laui'éat,  'k^i;  {1890).  Lauréats, 
337;  proclamation,  419.  —  Musique  (1887).  Communication  au 
Ministre  de  l'appréciation  de  deux  compositions  musicales  (envoi 
réglementaire)  du  lauréat  Heckers,  o09;  (1880).  Exécution  de  la 
cantate  de  M.  Lebrun,  398;  419.  -  Peinture  (1886).  Communica- 
tion au  Minisire  des  a])préciations  émises  :  1"  sur  la  demande  de 
M.  Montald  de  pouvoir  venir  surveillera  Bruxelles  l'installation  de 
son  envoi  réglementaire,  398;  "1"  sur  le  sixième  rapport  du  même 
lauréat,  G94.  —  Sculpture  (1888).  Envoi  à  l'examen  des  deuxième 
et  troisième  rapports  de  M.  Lagae,  399,  089;  communication  au 
Ministre  de  l'appréciation  du  deuxième  rapport  précité,  ,*J09.  —  Voir 
Prix  Godeeharle. 

Ctmgrès,  Sessions.  —  Ouverture  du  congrès  historique  et  archéolo- 
gique de  Liège,  loO;  huitième  session  du  Congrès  international  des 
Américanistes,  320;  dixième  réunion  du  corps  médical  belge,  346. 


758  TABLE    t»KS    MATIKUKS. 


D 


Dons.  —  Ouvrages  imprimés  par  MM.  le  prince  Albert  de  Monaco,  3; 
anonyme,  355;  Bambeke  (Van),  346;  Baye  (de),  338;  Beltjens,  487; 
Briart,  223;  Capellini,  696;  Garuel,  2;  Catalan,  526;  Gauchie,  320; 
Ciel  et  Terre  (La  Rédaction  de),  222;  Colnet  d'IIuart,  526;  De  Boeck, 
526;  De  Busschere,  431;  De  Ceuleneer,  620;  Delaborde,  507;  Del- 
bœuf,  3;  Deruyts  (F.),  223;  Detroz,  619;  Dewalque,  347;  Direction 
générale  de  la  statistique  à  Mexico,  355;  Doutrepont,  620;  Errera, 
430;  Evrard  (F.),  347;  Flour  de  Saint-Genis,  354;  Folie,  3;  Foulon, 
620;  Gad,  526;  Gaudry,  223;  Génard,  620;  Giron,  620;  Gittée,  355; 
Grosseteste,  346;  Ilarîez  (de),  320,  355,  408,  526,"  619,  690;  Hément, 
354;  Henrard,487;  Héron-Royer,  3;  Heymans(J.-F.),  526;  Hoegaer- 
den,  3;  Houzé,  151;  Isnardon,  355;  Kammermann,  526;  Lalle- 
mand,  354;  Lambotte,  347;  Lameere,  3;  Leconte,  347;  Matthieu, 
487;  Meerens,  399;  Meirsschaut,  354;  Ministre  de  la  Guerre,  2; 
Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique,  2,  150,  200, 
319,  346,  353,  430,  487,  526,  619;  Ministre  des  Affaires  Étrangères, 
354;  Monge  (L.  de),  150;  Omboni,  526;  Parlatore  (P.),  2;  Pascaud, 
865;  Pasquier,  347,  526;  Radau,  3,  223,  347;  Roersch,  619;  Ronkar, 
223;  Roulliet,  355;  Royer  de  Dour,  354;  Seardonelli,  620;  Selys 
Longchamps,  347;  Terby,  223,  346;  Tiberghien,  355;  Toussaint, 
620;  Université  libre  de  Bruxelles,  151;  Vaillant,  347,  526;  Van- 
lair,  526;  Verhoogen  (J.),  526;  Vial,  3;  Villa,  150;  Wauwermans, 
620;  Zanardelli,  130,  487.  —  Gravure  :  Raab,  408.  —  Médaille  : 
Grosseteste,  346. 

Droit  naturel.  —  Sur  la  méthode  du  droit  naturel,  par  Charles 
Loomans,  172. 


Élections.  —  Classe  des  sciences  :  MM.  Le  Paige,  élu  membre 
titulaire;  J.  Deruyts,  élu  correspondant;  A.  Cayley,  L.  Fizeau  et 
A,  von  Bayer,  élus  associés,  728.  —  Classe  des  lettres  :  M.  Baum- 
garten  et  le  comte  de  Franqueville  remercient  pour  leurs  diplômes 
d'associés,  150,  320. 


TAItLK    l)i:S    MATIKHKS.  7.j'J 

Épiyraphii'.  —  Lo(1Em.\.n  ^M.)-  Souincl  une  notice  sur  une  inscri|tlion 
anijlo-saxonno  gravée  sur  un  reliquaire  de  la  vraie  croix  du  trésor 
de  l'cglisc  collégiale  des  SS. -Michel  et  Gudule  de  Bruxelles,  G'iO. 

Esclavayc.  -  Voir  Politique. 


(icographie.  —  Voir  Uijdroijraphie. 

Véobgie,  minéralogie  et  paléontologie.  —  Franck  (A.).  Soumet  une 

notice  sur  la  nionazite  de  Nil-Saint-Vincent,  o-27.  —  Malaise  (C). 

Sur  les  graptolitlies  de  Bt'lgi([uo,  iW.  —  Voir  Malacologie. 

II 

Histoire.  —  de  Vlamlnck  (Ar.Pii.)-  Soumet  une  revision  de  son  travail 
concernant  les  origines  de  la  ville  de  Gand,  3oo.  —  de  Chestiiet 
DE  IIa.neffe  (le  baron'.  Les  métiers  de  la  ville  de  Huy,  à  proi)OS 
d'un  insigne  de  la  corporation  des  merciers,  488.  —  Voir  Archéo- 
logie. 

Histoire  des  beaux-arts.  —  \oïr  Biographie  (Van  Even). 

Histoire  des  religions.  —  de  la  Vallée  Polssln  Louisj.  Soumet  un 
travail  intitulé  :  Des  impuretés  et  des  purifications  dans  l'Inde 
antique,  l.'iO;  rapports  de  MM.  de  Harlez,  Lamy  et  Goblet  d'.\lviella 
sur  ce  travail  imprimé  dans  le  tome  XLIV  des  Mémoires  in-8",  3"2T, 
333.  —  Voir  Symbolique. 

Histoire  littéraire.  —  Voir  Philologie. 

Hydraulique.  —  Caligxy  Le  marquis  Anatole  de).  Cinquième  lettre 
sur  ses  recherches  d'hydraulique,  G. 

Hydrographie.—  Bukeai  hydrogkaphiqiedes  États-Ums  a  Washing- 
ton. Communication  au  Gouvernement  des  rap|)orts  de  M.M.  Wau- 
lers  et  Henrard  sur  la  demande  de  renseignements  du  Bureau 
concernant  un  projet  de  système  uniforme  de  dénominations  géo- 
graphiques, 16i. 


Jubilé,  manifestation.  —  Manifestation  en  l'honneur  de  G.-.\.  Hirn 
(Médaille  et  brochure  offertes  à  l'Académie),  3-46;  soixanle-(iuin- 
zième  anniversaire  de  fondation  de  la  Société  courlandaise  de  litté- 
rature et  des  arts  de  Mitau  (Félicitations  i,  488. 

L 

Législation  et  jurisprudence.  Voir  Droit. 


760  TABLE    DES    MATIÈRES. 


Malacologie.  —  Dupont  (Ed.).  Sur  des  iiiollu.squi;s  vivants  et  post- 
pliocônes  recueillis  au  cours  d'un  voyage  au  Congo  en  1887,  550. 

-  DAUTZE.MiEiu;  (Ph.).  3Iollus(iues  recueillis  au  Congo  par  M.  É. 
llu|)ont,  entre  l'embouchure  du  fleuve  et  le  confluent  du  Kassaï, 
566. 

Marine.  —  Delauuier  (Emile).  La  Classe  des  sciences  passe  à  l'ordre 
du  jour  sur  son  travail  intitulé  :  Nouveaux  procédés  lumineux  pour 
empêcher  les  abordages  des  navires  en  mer,  4. 

Malhématiques.  —  Beaupain  (.].).  Lecture  des  rapports  de  MM.  Man- 
sion.  Catalan  et  De  Tilly  sur  son  travail  concernant  quelques  inté- 
grales définies,  228.— Catalan  (Eue).  Soumet  un  travail  sur  l'ellipse 
de  Brocard,  347  ;  lecture  du  rapport  de  M.  Mansionsurce  mémoire, 
qui  figurera  dans  le  tome  XLIX  des  Mémoires  in-4o,  431.  —  Cesauo 
(Ernest).  Sur  les  démonstrations  du  théorème  de  Standt  et  Clausen, 
280;  rapport  sur  ce  travail  i)ar  MM.  Mansion  et  Catalan,  233,  236.  — 
De  Ball  (L.).  Soumet  une  note  relative  au  problème  de  chercher 
une  fonction  W,  satisfaisant  aux  conditions,  etc.  527;  remis  en 
possession  de  son  manuscrit,  696.  —  Demoulin  (A.).  Rapports  de 
MM.  3Iansion,  Catalan  et  Le  Paige  sur  son  travail  imprimé  dans  le 
tome  XLIV  des  Mémoires  in-8"j  concernant  la  courbure  des  lignes 
planes,  20,  25.  27  ;  soumet  un  travail  sur  diverses  conséquences 
(lu  théorème  de  Xewton,  347.  —  Deruyts  (Jacques).  Sur  la  réduc- 
tion des  fonctions  invariantes,  265;  l'apport  sur  ce  travail  par 
MM.  Le  Paige  et  Mansion,  231;  sur  les  covariants  primaires,  116; 
rapport  sur  ce  travail  par  M3L  Le  Paige,  Mansion  et  De  Tilly,  16,  17. 

—  Ferron  (Eug.).  Adresse  une  lettre  relative  à  l'équation  fonda- 
mentale de  la  théorie  de  la  lumière,  527.  —  Servais  (Clém.).  Sur 
les  points  d'inflexion  dans  les  cubiques,  453;  sur  les  involutions 
cubiques  conjuguées,  272;  rapports  sur  ces  travaux  par  MM.  Le 
Paige,  Mansion  et  De  Tilly,  232,  233,  431,  433. 

Mécanique.  -  Spanoghe  (J.-E.).  Rapport  de  3L  Maus  sur  son  nouveau 

système  de  machine  à  vapeur,  228.  —  Voir  Hydraulique. 
Microbiologie.  —  Voir  Chimie.  (Laurent,  E....) 
Mines.  —  Delaurieu  (E.).  Adresse  quatre  lettres  sur  le  grisou,  348  ; 

rapport  sur  ces  notes  (dépôt  aux  archives)  par  M.  Briart,  53i. 
Musique.  —  Perfectionnement  au  mécanisme  des  flûtes,  par  Adolphe 

Léonard,  403;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Gevaert,  Samuel  et 

Radoux,  401.  —  Voir  Biographie. 


TAFU.K    IIKS    MAIIKHKS.  7(il 


Nécrologie.  —  Annonce  do  la  niorl  de  MM.  .I.-J.-I".  Aloïs  Van  W  oi!- 
dint^en,  149;  Ans;.  Sdiclcr,  018;  Cli.  Vcrhit,  .'i(X). 

Notices  biographiques  pour  l'Annuaire.  —  M.  Lamy  charge  de  faire  la 
notice  sur  Aloïs  Van  Weddingen  remet  son  manuscrit,  318,  35S. — 
M.  Dupont  remet  le  manuscrit  ûo  sa  notice  sur  I,.-(i.  de  Koninck, 


O 

Ouvrages  prè.'>entés.  —  Juillet,  '215;  août,  389;  octobre,  420;  novem- 
bre, 516;  décembre,  TiÛ. 


Veintnre.  —  Lampe  (L.;.  Rapport  de  ilM.  Fctis,  Slingencyer,  Staliacri 
et  Rousseau  sur  son  projet  de  créer  une  école  de  restauration  de 
tableaux,  500. 

Philanthropie .  —  Voir  Politique. 

Philologie.  —  Van  Veeudeghem  (F.)-  Fen  paar  fragmenten  van  don 
Roman  van  Perchevael,  637  ;  rapports  sur  ce  travail  par  MM.  Wil- 
lems,  Roersch  et  Stecher,  630,  63t2,  636.  —  Voir  Archéologie  {Dv. 
Ceuleneer). 

Physiologie.  —  Ansiaux  (G.).  Influence  de  la  température  extérieuic 
sur  la  production  de  la  chaleur  chez  les  animaux  h  sang  chaud,  59i  : 
rapport  sur  ce  travail  par  3IM.  Fredericq  et  Masius,  531,  533.  — 
CoRiN  (J.-II.)  et  Ansiaux  (G.).  Soumettent  leurs  recherches  sur  la 
précipitation  fractionnée  des  substances  albuminoïdes  du  sérum 
sanguin  du  bœuf,  527.  —  Colson.  Soumet  ses  recherches  phy- 
siologi(}ues  sur  l'occlusion  de  l'aorte  thoracique,  4;  rapports  do 
MM.  L.  Fredericq  et  Gluge  sur  ce  travail  imprimé  dans  le  tome  XLIV 
des  Mémoires  in-S»,  247,  249.  —  Fredeiucq(L.).  Sur  la  conservation 
de  l'oxyhémoglobine  à  l'abri  des  germes  atmosphériques,  251  ;  sur 
la  physiologie  de  la  branchie,  580;  sur  la  conservation  do  l'hémo- 
cyanine  à  l'abri  de  l'air,  582.  —  Voir  Biologie  et  Chimie. 


762  TABLE   DES    MATIÈRES. 

Physique.  —  Hoho  et  Lagrange  (E.).  Soumettent  une  étude  sur  un 
pliénomône  lumineux  et  calorifique  accompagnant  l'électrolyse, 
'^"iS.  -  Ploën  (Cn.)-  Soumet  un  travail  concernant  la  régularité  de 
l'horloge,  4;  remis  en  possession  de  son  manuscrit,  222.  — 
ScHOEMjES  (H.).  Projet  d'expériences  destinées  à  vérifier  si  la 
lumière  polarisée,  dont  le  plan  de  polarisation  oscille,  exerce  une 
influence  sur  un  champ  magnétique  (lettre  rectificative),  224;  sur 
les  déformations  que  font  naître  dans  un  hémisphère  creux  métal- 
lique le  choc  et  la  pression  d'un  corps  dur  (note  préliminaire),  295; 
rapport  sur  ce  travail  par  M.  Van  der  Mensbrugghe,  237.  —  Van 
DER  Mensbrugghe  fG.).  Sur  la  jjropriété  caractéristique  de  la  surface 
commune  à  deux  liquides  soumis  à  leur  affinité  mutuelle,  première 
et  deuxième  parties,  32,  253. 

Poliliqiie.  —  Banning  (É.).  La  Conférence  de  Bruxelles,  son  origine  et 
ses  actes,  375. 

Prix  biennal  de  philologie  classique.  —  Programme, de  la  première 
période,  321. 

Prix  décennal  de  philologie  (première  période,  1880-1889).  —  M.  le 
Ministre  transmet  cinquante  exemplaires  du  rapport  du  jury,  319. 

Prix  triennal  de  littérature  dramatique  en  langue  française  (onzième 
période).  —  Formation  de  la  liste  double  des  candidats  pour  le 
choix  du  jury,  487;  communication  de  cette  liste  au  Ministre,  621. 

Prix  quinquennaux  :  A.  Histoire  nationale  (neuvième  période); 
B.  Sciences  historiques  (deuxième  période).  —  Formation  des  listes 
doubles  des  candidats  pour  le  choix  des  jurys,  486;  communication 
de  ces  listes  au  3Iinistre,  621. 

Prix  du  Roi.  —  Questions  pour  1894,  1895,  1896,  319. 

Prix  Antoon  Bergmann  (deuxième  période).  —  Programme,  162. 

Prix  Castiau  (quatrième  période».  —  Programme,  163. 

Prix  de  Saint-Génois  (troisième  ])ériode  .  —  Programme,  162. 

Prix  de  Stassart  :  A.  Notice  sur  un  belge  célèbre  (septième  période); 
B.  Question  d'histoire  nationale  (sixième  période).  —  Programmes, 
161. 

Prix  Joseph  De  Keyn  (sixième  concours,  première  période).  —  Pro- 
gramme, 160. 

Prix  Teirlinck  (troisième  période,  1887-1891).  —  Programme,  159. 

Prix  Godecliarle.  —  Architecture  (1888).  Envoi  à  l'examen  du  troi- 
sième rapport  de  M.  De  Braey,  399.  —  Peinture  (1887).  Commu- 
nication au  Ministre  des  appréciations  du  premier  rapport  de 
M.J.Dierickx,  694. 


TAIU.K    lli:S    MATIÈRES.  7ii' 


Sciences  wcdicaloi.  —  Pior  (Cn.).  Noie  conconianl  riiillucnza  en  lîi80, 
19G.  -  GixGE  (Th.).  L'influcnza  cn  liJ80,  3i9. 

Sciences  morales  et  politiques.  —  Voir  Politique. 

Séances.  —  Classe  des  sciences  :  5  juillet,  2;  "2  août,  221  ;  li  octobre, 
345;  8  novembre,  429;  (i  décembre,  M.'i;  lo  décembre,  (39o;  séance 
publi(iue  du  i(3  décembre,  708.  —  Classe  des  lettres  :  7  juillet, 
149;  4  août,  318;  13  octobre,  333;  3  novembre,  486;  l*-'' décembre, 
618.  —  Classe  des  beaux-auts  :  3  juillet,  199;  7  août,  337; 
9  octobre,  398;  23  octobre,  407;  séance  publique  du  26  octobre, 
410;  6  novembre,  506;  4  décembre,  689. 

Spectroscopie.  —  De  la  nature  tic  la  lumière  solaire,  par  J.-S.  Stas 
(discours  lu  en  séance  publique  et  imprimé  dans  le  tome  XLIX  des 
Mémoires  in-4"),  709. 

Symbolique.  —  La  fécondation  artificielle  du  palmier  dans  la  symbo- 
lique assyrienne,  i)ar  le  comte  Goblet  d'Alviella,  359. 

Z 

Zoologie.  —  Van  Beneden  (P.-J.v  Une  coronule  de  la  baie  de  Saint- 
Laurent,  49.  —  Voir  Biologie,  Malacologie. 


TABLK  DKS  PLAiNCHES  ET  DES  FIGURES. 


Pages^33-37,  258-264.  —  Sur  la  propriété  caractéristique  de  la  surface 
commune  à  deux  liquides  soumis  à  leur  affinité 
mutuelle,  l'*  et  2*  parties;  par  G.  Van  der  Mens- 
bruggbe  (4  -\-  4  figures). 

—  48.  —  A'ouvelles  observations  des  canaux  de  Mars  et  de  leur 

gémination;  p;u-  F.  Tei'by(l  plancbe). 

—  54.  —  Coronule  de  la  baie  de  Saint-Laurent;  par  P.-J.  Van 

Beneden  (1  planche). 

—  81,  88,  95,  98.  —  Une  larve  voisine  de  la  larve  de  Semper;  par 

Éd.  Van  Beneden  (4  figures  et  1  planche). 


76i  TABLE    KES    PLANCIIKS,    Kit:. 

Pages  110,  m,  il2.  —  Constitution  de  la  bonzopinacoline  p;  par 
Maurice  Delacre  (3  fii,niios). 

—  273,  275,  278.  —  Sur  les  involutions  cubiques  conjuguées;  par 

Clém.  Servais  (3  figures). 

—  303.  —  Sur  les  déformations  que  font  naitre  dans  un  hémi- 

sphère creux  le  choc  et  la  pression  d'un  corps  dur 
(note  préliminaire);  par  H.  Schoentjes  (1  planche). 

—  360-373.  —  La  fécondation  artificielle  du  palmier  dans  la  sym- 

bolique assyrienne;  par  le  comte  Goblet  d'Alviella 
(5  figures  et  1  planche). 

—  403,405,406.  —  Perfectionnement  au  mécanisme  des  flûtes; 

par  A.  Léonard  (2  gravures  et  1  planche). 

—  438.  —  A  l'occasion  des  variations  de  latitude  constatées  à 

Berlin,  à  Potsdam  et  à  Prague;  par  F.  Folie  (dia- 
gramme, 1  planches 

—  496-304.  —  Les  métiers  de  la  ville  de  Huy,  à  propos  d'un  insigne 

de  la  corporation  des  merciers;  par  le  baron  J.  de 
Chestret  de  Haneffe  (11  figures  et  1  planche). 

—  536-558.  — Faits  démontrant  la  permanence  des  taches  sombres 

de  Vénus  et  la  lenteur  de  leur  mouvement  de  rotation  ; 
par  F.  Terby  (1  figure  et  1  planche). 

—  579.  —  Mollusques  recueillis  au  Congo  par  M.  É.  Dupont  entre 

rembouchure  du  fleuve  et  le  confluent  du  Kassaï  ;  par 
Ph.  iJautzenberg  (3  jilanches). 

—  583.  —  Observations  physiques  de  la  planète  Mars  en  1890 

faites  à  Péronnas,  près  Bourg-en-Bresse;  par  J.  Guil- 
laume (1  planche). 

—  598,  599,  603,  610-013.  — De  l'influence  de  la  température  exté- 

rieure surla  production  de  la  chaleur  chez  les  animaux 
à  sang  chaud:  par  Georges  Ansiaux  (10  figures). 


KRKAÏA. 


Pages  491.  —  Ligne  20,  au  lieu  de  :  praticiens,  lisez  patriciens. 

—  493.  —  Ligne    8,  au  lieu  de  :  métiers,  lisez  métier. 

—  603.  —  Ligne  19,  au  lieu  de  :  métiers,  lisez  métier. 


PUBLICATIONS  ACADEMIQUES. 

Depuis  la  r(!or{,'aiiisalion,  en  dSltJ. 

Nouveaui  HK^nioIreo,  tomes  i-XiX  (1»20-1845);  in-4°. —  Mémoires) 
lomi's  XX-XLMI,  0«1^-J««'«');  '"--*"•  —  l'i'ix  :  8  Ir  pai"  volume  à  partir  du 
tome  X. 

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Annuaire,  1^^  à  57'»"  année,  1835-lhi)l  ;  in-18. 

Bulletins,  1"  série,  tomes  I-XXIII; — 2«ser.,  t.I-L;  —  3«  sér.,  t.  I-XX, 
in-8<'.  —  iiinue-xes  aux  Bulletins  de  1854,  in-8"'.  —  Prix  :  4  fr.  par  vol. 

Tabl«t>i  générales  des  Bulletins  :  tomes  1-XXIii,  \"  série  (1852-1856). 
1858,  in-S".  —  2"  série,  tomes  1-XX  (1857-l8b6),  tomes  XXi-L  (1867- 
188U),  1885;  iu-8". 

llibliographic  académique,  1""  édit.,  1854,  2«  édit.,  1874,  ô«  édit., 
1886; iu-18. 

eatalogiie  de  la  Bibliothèque  de  l'Académie,  l^e  partie  :  Sociéli  s  savantes 
et  Recueils  périodiques^  2''«'  partie  :scieuces,  lettres, arts,  1881-90;  4  vol.  in-8°. 

Catalogue  de  la  bibliolliéque  du  baron  de  Stassart,  1865;  in-8». 

Centième  anniversaire  de  foiulaiion  (1772-1872).  1872;  2  vol.  gr.  in-8". 

Monuments  de  la  Itllerature  flamande. 

OKuvres  de  Van  JMuerlaut  :  Uer  natuken  blueme,  tome  l",  publie  par 
M.  J.  liormans,  1857;  1  vol.  in-8«;  —  Rymbyiîel,  avec  Glossaire,  publié 
par  iM.  J.  David,  1858-1860;  4  vol.  in-8»;  —  Alexa.m>ers  Geesten, publie  par 
AI.  Snellaerl,  1860-1862;  '2,  vol.  in-8".  —  i^ederlandsclie  gedicbten,  etc., 
publiées  par  M.  Snellaert,  1869  ;  1  vol.  in-8».  —  Pajrtlionopeus  van  Bloys, 
publie  par  M.  J.  Rornians,  1871;  1  vol.  in-8°.  —  Spegliel  der  XWyshelt,  van 
Jan  Prael,  publie  par  M.  J.  Bormans,  1872;  1  vol.  iu-8°. 

Œuvres  des  grands  écrivains  du  pays. 

OEuvres  de  chasteilain,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Lelteuhove. 
1865-1865,  8  vol.  in-8".  —  Le  l^''  livre  des  Ciirouiques  de  ■•'roissart, 
publié  par  le  même.  1865,  2  vol.  in-8».  —  Clironiques  de  Jeban  le  Bel, 
publiées  par  M.  Poiain.  1865, 2  vol.  in-8°.  —  LI  Itoumans  de  Cléoiuadès^ 
publié  par  M.  Van  Hasselt.  1866,  2  vol.  in-8».  —  Bits  et  contes  de  Jean  et 
Baudouin  de  Condé,  publies  par  M.  Auguste  Sclieler.  1866,  5  vol.  in-8». 

—  LIars d'amour,  etc.,  publie  par  M.  J.  Petit.  1866-1872,  :i  vol.  in-8°. — 
OEuvres  de  Froissart  :  Chroniques,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Letlen- 
hove.  1867-1877,  26  vol.  in-8»;  -  /^oesies,  publiées  par  Ai.  Scbeler.  1870-1872. 
5  vol.  in-8";  —  Glossaire,  publié  par  le  même.  1874,  un  vol.  in-8».  —  Lettres 
de  Commiiies,  publiées  par  M.  Kervjn  de  Lettenhove.  1867,  5  vol.  in-8». 

—  Dits  de  Maiiiquet  «le  Couviu,  publies  par  M.  A.  Sclieler.  1868,  1  vol. 
in-8».  —  Les  Enfances  Ogter,  publiées  par  le  même.  1874,  1  vol.  iu-8».  — 
Bneves  de  Commarchis,  i)ar  Adeues  li  Rois,  publie  par  le  même.  1874, 
1  vol.  in-8°.  —  Li  itoumans  de  Uerte  aus  graus  pies,  publie  par  le 
même.  1874, 1  vol.  in-8". —  Trouvères  belges  du  Xll«  au  X.l%'«  siècle, 
publies  par  le  même.  1876,  1  vol.  in-8°.  —  Nouvelle  série,  1879, 1  vol.  iu-8".  — 
Li  Bastars  de  Bullion,  publié  par  le  même.  1877,  I  vol.  iu-8».  —  Bécits 
d'un  Bourgeois  de  Valenciennes  (Xl»'»^  siècle),  publies  par  M,  le 
baron  Kervyn  de  Lellenliove.  1877, 1  vol.  in-8°.  —  OEuvres  de  Gblllcbert 
de  Lauuoy,  publiées  par  M.  Polvin.  1878,  1  vol.  in-8».  —  Poésies  de 
Gilles  li  iiiulsis,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Lelteuhove.  1882,  2  vol.  in-8». 

—  OEuvres  de  Jlean  Leniaire  de  Belges,  publiées  par  M.  J.  Steuher. 
1882-.85,  5  W\.  Lb-8".  —  Li  Kegret  Ciulllaume,  publié  par  M.  A.  Scheler. 
lyb2,  vol,  in-8'. 

Bioyraphie  nationale. 

Biographie  nationale,  t.  1  à  X;  XI,  If'  fa.sc.  Bruxelles,  1866-1890 
gr.  in-8°. 

Commission  royale  d'histoire. 

Collection  de  Chroniques  belges  inédites,  publiées  par  ordre  du 
Gouvernement;  85  vol.  in-4».(Voir  la  liste  sur  la  couverture  des  Chroniques.) 

Comptes  rendu.>  des  séances,  I'>^  série,  avec  table  (1857-1849),  18  vol. 
in-8«.  —  2»"^  série,  ave.;  table  (1850-1859),  15  vol.  iu-8».  —  ô™"  série  (1860- 
18/2),  16  vol.  jii-8".  —  4""^  série,  tomes  1-XVI  (1875-1889). 

Annexes  aux  Bulletins,  17  volumes  in-8».  (Voir  la  liste  sur  la  couverture 
des  Lhroniques  et  des  Coiiiples  rendus.) 


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