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HARVARD UNIVERSITY
LIBRARY
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY.
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nr.T it) 18S1
BULLETINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEA«X-ARTS
DE BELGIQUE.
gO«»e ANNÉE, 3"^^ SÉRIE, T. XX.
t
1890.
BRUXELLES,
K. fUYEZ, IMPRIMEUR UE l'aCADÉMIE UOYALE DES SCIENCES,
DES LETTRES ET DES REAUX-ARTS DE BELGIQUE,
rue de Louvain, ll"i.
MDCCCXC.
BULLETINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAIX-ARTS DE BELGIQUE.
BULLETINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAIX-ARTS
DE BELGIQUE.
SOIXANTIÈMH ANNÉK. — :}■"« SÉRIE, T. :>0.
W
BRUXELLES,
V. IIAYF.Z, IMPIUMEUK DE l' ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES I.ETTItES ET DES KEAUX-AllTS DE itELGlQLE,
rue (le Louvaiii, lOU.
1890
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BF.AIIX-AHTS DE BELGIQUE.
1890. — N» 7.
CLASSE DES SCIEIICES.
Séance du 5 juillet 1890.
M Stas, directeur, président de l'Académie.
M. LiAGRE, secrétaire perpélueL
Sont présents : MM. F. Plateau, vice-directeur; P.-J. Van
Beneden, le baron de Selys Longcharaps, G. Dewalque,
H. Maus, E. Candèze, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van
Beneden, C. Malaise, F. Folie, A. Briart, Fr. Crépin, J. De
Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugglie, W.
Spring, Louis Henry, P. Mansion, J. Delbœuf, P. De Heen,
membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. Renard,
C. Le Paige, Ch. Lagrange, L. Errera et F. Terby, corres-
pondants.
5'°* SÉRIE, TOME XI. 1
(2)
CORRESPONDANCE.
M. le Minisire de rinlérieur el de l'Inslruclion publique
écrit qu'il a autorisé la publication, dans les Annales
aslronomiques de l'Observatoire de Bruxelles, du « Cata-
logne de 582 étoiles faibles de la zone DM -h 2" observées
à l'institut de Cointe, de 188G à 1889, » par M. de Bail.
Ce manuscrit a été remis à M. Folie, directeur de
l'Observatoire, afin de donner suite à la décision pré-
citée.
— M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction
publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un
exemplaire des ouvrages suivants:
1° Bulletins «"' '3 et A de 4889, du Cercle des natura-
listes hiitois ;
2° Études sur la reproduction. A propos de la matura-
tion de l'œuf parthénogénétique, par Aug. Lameere;
3° Travaux et Mémoires du Bureau international des
poids et mesures, tome VII. — Remerciements.
M. le Ministre de la Guerre envoie le catalogue de la
bibliothèque de son département, tome II. — Remercie-
ments.
.M. Théodore Caruel, professeur à l'Université de Pise,
fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la « Flora
ilaliana » et de quelques autres travaux de Phil. Parla-
( 3 )
tore, ancien associé de la Classe. 11 offre en son nom per-
sonnel : Vrodromo délia flora toscana. Slalislica bolanka
délia Toscana. La Morfologia végétale, etc.
La Classe reçoit encore à titre d'hommages :
1° De la nature psychologique de r/iypnoiisme; par
J. Delbœuf;
2° A. Sur la faune des eaux de la Méditerranée, au
large de Monaco, résultats des campagnes scientifiques du
yacht r 4 Hirondelle » ; B. Expériences de flottage sur les
courants superficiels de l'Atlantique nord; par le prince
Albert de Monaco;
5° Sur la nutation de l'axe du monde; par F. Folie;
A" A. A propos de la maturation de l'œuf parthénogé-
nétique; B. Recherches sur la réduction karyogamique ;
par Aug. Lameere;
5" Le Positif ■+■ et le Négatif — [L.-C.-Ém. Vial, à
Paris];
6° Distribution d'eau : Agglomération bruxelloise. Déri-
vation des sources de Modave. Projet Paul Van Hoe-
gaerden ;
7° A. Nouvelles observations sur l'acclimatation du
a Discoglossus auritus » ; B. Notices sur les mœurs des
batraciens, ¥ fascicule, par Iléron-Boyer.
Sur la question de la nutation diurne, par R. Radau,
numéros de mars, avril et mai 1890 du Bulletin astrono-
mique, publié par M. F. Tisserand, sous les auspices de
l'Observatoire de Paris. Présentés par M. Liagre avec une
noie qui figure ci-après. — Remerciements.
— M. J. Deruyls, chargé de cours à l'Université de
Liège, demande le dépôt dans les archives d'un billet
( 4.)
cacheté (daté du 23 juin dernier) et portant en suscriplion :
« Sur la réduction des covariants ». — Accepté.
— L'Institut royal vénitien des sciences, des lettres et
des arts envoie le programme de ses concours pour les
années 1890, 1891 et 1892.
— M. de Caligny adresse une quatrième lettre sur ses
recherches hydrauliques. — Impression au Bulletin.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
l" Sur les démonstrations du théorème de Standt et
Clausen; par Ernest Cesàro. — Commissaires : MM. Catalan
et Mansion ;
'i" Sur la réduction des fonctions invariantes, ■pâTJSicques
Deruyts. — Commissaires : MM. Le Paige et Mansion;
5° Régularité de l'Horloge; par Ch. Ploën. — Commis-
saires : MM. Van der Mensbrugghe et Lagrange;
4° Recherches physiologiques sur l'occlusion de l'aorte
thoracique; par le docteur Colson. — Commissaires :
MM. Fredericq et Gluge.
— La Classe passe à l'ordre du jour sur un travail
manuscrit de M. Delaurier intitulé : Nouveaux procédés
lumineux pour empêcher les abordages des navires en mer,
l'auteur ayant présenté à l'Académie des sciences de Paris,
le 30 juin dernier, un travail portant le même titre.
(S)
NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.
J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de M. R.
Radau, l'un des collaborateurs du Bulletin astronomique
publié sous les auspices de l'Observatoire de Paris par
M. Tisserand, les trois nunaéros de mars, avril et mai du
Bulletin.
Ces numéros renferment des articles dignes d'attention,
dans lesquels M. Radau présente, avec autant de cour-
toisie que d'autorité, des considérations critiques très
sérieuses sur un sujet qui a été traité à diverses reprises
dans nos publications académiques : je veux parler de la
nulation diurne, ce phénomène très contestable, dont
quelques savants ont déjà tiré des déductions préma-
turées, tant au point de vue de l'astronomie d'observation
qu'au point de vue de la constitution intérieure de notre
globe.
Toutes les personnes auxquelles cette question n'est
pas restée étrangère liront avec un vif intérêt les articles
de M. Radau. L'auteur y signale plusieurs erreurs et
inadvertances dans les calculs par lesquels on a prétendu
établir l'existence de la nutation diurne. Son opinion est
que ce phénomène n'est ni prévu par la théorie, ni établi
par l'observation, et il formule sa conclusion en ces
termes :
< Les astronomes qui prendront la peine d'étudier la
» question reconnaîtront qu'il est prématuré de parler
j> d'effets sensibles produits par la nutation semi-diurne. »
J. LiAGRE.
(6)
Versailles, le 4 juillet 1890.
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
L'étude des propriétés des pièces centrales fixes, objet
spécial de ma lettre du 2 avril dernier, m'a permis de
modifler d'une manière intéressante mon appareil à tube
oscillant automatique, ayant pour but d'élever l'eau au
moyen d'une chute motrice.
Ce système, objet des figures 25 à 28 de la planche Vlll
de mon ouvrage, intitulé : « Recherches théoriques et
s> expérimentales sur les oscillations de l'eau et les
» machines hydrauliques à colonnes liquides oscillantes »,
pouvait continuer à fonctionner malgré une baisse consi-
dérable du niveau d'amont, au-dessous de l'état normal
de ce dernier. Mais, ainsi que je l'avais remarqué page 839,
il y avait des limites assez restreintes dans la hauteur que
le niveau d'amont pouvait atteindre au-dessus de son
état normal, malgré le perfectionnement indiqué à cette
page.
Je vais rappeler succinctement le principe le plus
essentiel de l'appareil dont il s'agit, tel qu'il a fonctionné
à plusieurs Expositions internationales universelles.
Sur un tuyau de conduite partant d'un réservoir d'amont,
et relevé verticalement dans l'eau du bief d'aval, vient se
poser alternativement un tube vertical mobile. Son dia-
mètre est plus grand que celui de son anneau inférieur,
dont le diamètre est le même que celui du tuyau de con-
duite fixe.
(7)
Quand il est soulevé une première fois, la colonne
liqiiitle acquiert de la vilesse dans le tuyau de conduite
précité. Lorsque le tube mobile redescend ensuite sur son
siège, en vertu de phénomènes nouveaux de succion,
décrits dans mon ouvrage, notamment pages 318 à 350
et 5o0 à 368, il entraine un contre-poids suspendu à l'ex-
trémité d'un balancier.
Lorsque, après le versement au sommet du tube vertical,
en vertu de la vitesse acquise de l'eau, il se produit une
oscillation en retour, l'anneau inférieur précité n'étant
plus assez pressé de haut en bas pour empêcher le tube
mobile de se soulever, celui-ci se relève en vertu de son
contre-poids, et la marche est établie indéfiniment.
On peut voir dans mon ouvrage de nombreux détails
sur ce système, notamment pages 785 à 837.
J'avais principalement considéré les pièces fixes des
figures précitées comme ayant pour but de permettre
d'augmenter la hauteur du versement sans employer de
réservoir d'air. On va voir de quelle manière intéressante
les choses peuvent être disposées dans le cas où le niveau
d'amont peut s'élever considérablement au-dessus de son
état normal.
Pour que l'appareil continue à marcher, dans la forme
que je viens de rappeler, d'abord il faut que l'oscillation
en retour descende assez bas. On conçoit donc que, si le
niveau monte au delà d'une certaine hauteur, le tube
mobile ne peut pas se relever.
J'avais bien indiqué qu'on pouvait obvier à cet incon-
vénient, en combinant le tube mobile avec un flotteur qui
serait atteint parle niveau du bief d'amont dans une capa-
cité en communication avec ce bief. Mais, pour les dimen-
sions des appareils que j'avais exécutés, les variations du
(8)
bief supérieur au-dessus de son état normal ne pouvaient
pas être bien grandes.
On conçoit, à cause des phénomènes de succion, que,
par suite de l'augmentation de hauteur dont il s'agit
s'il se débite plus d'eau à chaque période, le flotteur
pourra être entraîné. Mais si la force est suffisante pour
faire redescendre le tube mobile, il faudra prendre des
précautions pour qu'il ne se relève pas trop tôt. En effet,
la force de succion cessera d'agir quand ce tube sera posé
sur son siège.
II faut donc trouver une force capable de le retenir en
temps utile. Or, on peut augmenter le diamètre du tube
mobile, de manière que la pression de haut en bas sur
l'anneau inférieur soit assez grande pour contre-balancer
convenablement, dans certaines limites, le flotteur dont
il s'agit. La pièce fixe aura des dimensions permet-
tant de donner au tube mobile le diamètre nécessaire,
tout en conservant à sa partie supérieure les rapports de
section indispensables pour les effets qu'on se propose.
Pour saisir le principe dans toute sa simplicité, on sup-
posera que les dimensions de la partie du tube mobile,
laissée libre par la pièce centrale fixe, sont disposées de
manière que, dans l'état normal, l'oscillation en retour
descende à peu près au niveau du bief d'aval, et qu'à
cette époque le flotteur, dont l'étude est l'objet spécial
de cette lettre, ne plonge pas dans le niveau du bief
d'amont.
Il est clair qu'à partir de l'instant où le niveau de ce
bief s'élèvera, en vertu de l'aftluence de l'eau motrice,
l'oscillalion en retour descendra moins bas qu'elle ne le
faisait auparavant. Il ne sera pas nécessaire que l'oscilla-
lion descende aussi bas pour que le tube mobile se relève.
I
(9)
Mais il faut éviter, quand il sera redescendu, que la force
de succion, qui aura contribué à le faire redescendre,
ayant cessé d'agir quand il est posé sur son siège, il ne se
relève plus tôt qu'il ne doit le faire, et que cela n'occa-
sionne des soubresauts.
Si le tube mobile a un diamètre assez grand par rapport
à celui de son anneau inférieur, il en résultera, quand
l'oscillation en retour descendra moins que dans l'état
normal, une force qui peut être combinée avec celle du
flotteur pour empêcher celui-ci de relever le tube mobile
avant l'époque convenable, quand le niveau d'aval ne sera
pas trop monté. Or, il est bien à remarquer que, dans l'état
normal du niveau d'amont, le tube mobile pourrait avoir
un assez grand diamètre sans que cela empêchât la colonne
liquide de redescendre jusqu'au niveau du bief d'aval.
On conçoit donc qu'il peut rester assez d'eau dans le
tube mobile pour contre-balancer convenablement le flot-
teur dans son action de bas en haut, et que les conditions
d'équilibre peuvent ne pas différer sensiblement de ce qui
avait lieu dans l'état normal, de sorte que le tube mobile
se relèvera dans des conditions analogues. Il y a, cepen-
dant, un détail qui ne pourra être réglé que par l'expé-
rience.
Quand le tube se lèvera, il tendra à se produire une
succion résultant de la descente de l'eau restée à son
intérieur. Mais il y a déjà une étude préliminaire faite à
l'écluse de l'Aubois et sur un modèle à Versailles, relative-
ment à la forme que, pour des circonstances analogues, on
est obligé de donner à une espèce de collerette relevée
extérieurement, disposée à l'extrémité inférieure du tube
mobile et qui favorise la force de succion, ainsi que cela
est indiqué dans les Annales des Ponts et Chaussées,
( 10)
cahier de juillet 1886, pages 122 et suivantes, où l'on voit
la contirmalion des considérations données pages 954 et
suivantes de mon ouvrage.
Cette lettre, d'ailleurs, a seulement pour but de bien
préciser un principe essentiel.
Veuillez agréer. Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'hom-
mage de mes sentiments de haute considération.
Le Marquis de Caligny.
RAPPORTS.
Contribulions à l'élude du Nebenkern ;
par Emma Leclercq.
Rapport de M. Éd. Va»% Betteden.
« Dans une note intitulée : a Contributions à l'étude du
Nebenkern » M"' Leclercq expose sommairement les
résultats de l'étude qu'elle a entreprise de la spermatoge-
nèse chez l'Alyte et chez quelques Sélaciens {Squatinange et
ScylUum). Celte étude, commencée au laboratoire d'em-
bryologie du Collège de France, a été continuée à l'Institut
histologique de l'Université de Gand. Le but de l'auteur
a été avant tout d'élucider l'histoire de la formation des
figures karyokinétiques; aux données qu'elle fournit rela-
tivement à la division des spermatogonies et des sperma-
tocytes, M"' Leclercq a joint des renseignements sur la
transformation des spermatides en spermatosomes.
Les auteurs allemands emploient le mot Nebenkern,
créé par Biitschli, pour désigner un corps que de la
Valette Saint-Georges a découvert dans les cellules sper- ^
( H )
matiqties de divers animaux; rexistciice de cet élément
énigmaliqiie a été conlirmée par un grand nombre d'obser-
vateurs. Malheureusement, le même nom a été donné
à toutes sortes de formations hétérogènes. Les éléments
les plus divers, dès le moment où ils siègent dans le corps
cellulaire à côté du noyau, soit dans les cellules sperma-
tiques, spermatogonies, spermatocytes, spermalides et
spermatosomes, soit dans n'importe quel genre de cellules,
ont été appelés JSebenkerne. 11 n'y a pas jusqu'à des para-
sites qui n'aient été désignés sous ce nom. Le Nebenkern
dont s'occupe M""' Leclercq est bien l'organe cellulaire
découvert par de la Vallelte Saint-Georges et dénommé
par Bûtschli.
Il n'y a pas bien longtemps, on ignorait totalement le
rôle de cet élément. Des recherches toutes récentes, en
établissant qu'il joue un rôle dans l'édilicalion des figures
karyokinéliques, tendent à confirmer l'opinion que j'ai
formulée, à la suite de mes études sur la mitose chez
l'Ascaride mégalocéphale, d'après laquelle il existerait
dans toute cellule au repos, à côté de l'organe nucléaire,
un autre organe différencié, qui se diviserait préalablement
au noyau et interviendrait pour une part importante dans
la genèse des figures achromatiques, dont l'ensemble
constitue un mécanisme présidant activement à la division.
Cet organe de la cellule, je l'ai découvert dans les blasto-
mères de l'Ascaris, où il se constitue d'un corpuscule cen-
tral, et d'une portion différenciée du corps cellulaire, avec
laquelle il forme ce que j'ai appelé la sphère attractive.
J'ai établi qu'il se divise avant le noyau et que sa division
commence par le dédoublement du corpuscule central,
après quoi que ses moitiés s'écartent l'une de l'autre pour
gagner peu à peu les extrémités opposées d'un diamètre
nucléaire; j'ai montré qu'une portion déterminée des
( 12)
fibrilles achromatiques du fuseau nucléaire et des autres
rayons des asters procèdent des sphères attractives. J'ai le
premier reconnu que le corpuscule central constitue vérita-
blement le centre dynamique de la cellule, qu'il est un
organe permanent des blastomères, au même litre et de la
même manière que le noyau lui-même.
Ces conclusions, confirmées par les observations de
Boveri chez l'Ascaride du Cheval, par RabI, Kôlliker,
Vialleton, Solger, Nuel et tout récemment encore par
Henneguy, dans leurs recherches sur la division et la consti-
tution de cellules d'ordres divers, ont trouvé un nouvel
appui dans les beaux travaux dePlatneretde Hermann sur
la spermatogénèse. Ces auteurs ont montré, en effet, que,
lors de la division des spermalogonies et des spermato-
cytes, tant chez les Mollusques pulmonés et les Lépidop-
tères que chez la Salamandre, le Nebenkern se comporte
comme les organes centraux des blastomères de l'Ascaris;
les ligures dicentriques s'édilient aux dépens des Neben-
kerne, divisés au préalable en deux moitiés qui, après s'être
écartées l'une de l'autre, deviennent les portions polaires
des figures mitosiques.
M"' Leclercq a confirmé les conclusions de Plalner
dans ses études sur la spermatogénèse chez l'Alyte et chez
les Scyllium, en ce sens qu'elle a reconnu que chez ces
vertébrés le Nebenkern intervient dans la formation de
fuseau achromatique. Mais elle n'a pas pu se convaincre de
la division de l'organe central : elle se croit autorisée à
contester la réalité de cette division et admet que le fuseau
tout entier s'édifie directement aux dépens d'un Nebenkern
unique et indivis. Les filaments achromatiques du futur
fuseau, après avoir atteint l'équaleur de la figure dicen-
irique en voie de formation, continueraient à s'allonger,
dépasseraient le plan équatorial et finiraient par se réunir
( <3)
au côté opposé. Les deux pôles de la ligure de division ne
seraient donc pas seulement d'âges différents, mais ils se
formeraient par des processus différents et seraient par
conséquent de valeur différente.
M"' Leclercq a bien voulu me montrer une partie des
préparations sur lesquelles elle se fonde pour soutenir son
opinion. Tout en rendant hommage à l'excellence de ces
préparations, je ne puis m'erapècher de dire qu'à mon
avis elles sont insuffisantes pour établir la thèse que sou-
tient M"* Leclercq.
Que le Nebenkern évolue ou non, comme le pense notre
auteur, il importe en tous cas de distinguer nettement cet
élément d'un noyau de cellule. Dire, comme M"^ Leclercq,
que les cellules spermatiques renferment deux noyaux, un
noyau chromatique ou noyau passif et un noyau accessoire
ou noyau actif, c'est établir dans les termes une confusion
qui, j'en suis convaincu, n'existe pas dans la pensée de
l'auteur.
Je n'analyserai pas les renseignements difficiles à com-
prendre que M"* Leclercq fournit au sujet de la formation
des spermatosomes aux dépens des spermatides. Les faits
qu'elle signale sont fort extraordinaires.
M"^ Leclercq possède des connaissances; ses prépara-
lions témoignent de son habileté en matière de technique
histologique. C'est pourquoi, tout en faisant mes réserves
sur la valeur des résultats annoncés, j'ai l'honneur de
proposer à la Classe d'ordonner l'impression de la courte
notice qu'elle soumet à l'apréciation de l'Académie dans le
Bulletin de la séance, d
Ces conclusions, auxquelles se rallie M. Van Bambeke,
sont adoptées.
(U)
Sur les observations de M. Dwelshauvers-Dery, professeur
à l'Université de Liège, concernant la notice biogra-
phique de Hirn, rédigée par M. Folie, membre de
l'Académie.
itapport de M, Mati».
et M. Dwelshauvers, ancien anni el confident de Hirn,
critique la manière dont M. Folie apprécie l'éminent
associé de l'Académie; il conteste certaines opinions attri-
buées à Hirn par son biographe, et signale une erreur de
fait, qu'il tient à réfuter.
Je ne discuterai pas les opinions contestées, parce qu'elles
ne concernent pas les travaux scientifiques que l'Académie
a la mission d'apprécier.
Pour constater l'erreur annoncée, M. Dwelshauvers
cite le passage suivant extrait de la notice biographique :
« Hirn se rangea tout d'abord parmi les adversaires de
» la théorie de R. Mayer, et ce furent les expériences
» mêmes, qu'il institua dans l'intention de la renverser,
» qui le convertirent et firent de lui l'un de ses plusfer-
» vents adeptes. »
M. Dwelshauvers nous apprend que le Bulletin de la
Société industrielle de Mulhouse, tome XXVI, 1854, pages
i88 à 277, contient des mémoires de Hirn dont il a
fait des extraits qui servent de base à ses observations et
que j'essaierai de résumer.
Les premières expériences sur le frottement ont été
entreprises par Hirn, pour comparer des huiles de grais-
sage; c'est dans le cours de ces expériences qu'il a mesuré
la quantité de calorique produite par le frottement et
trouvé, à une époque où il ignorait les travaux de Mayer,
( IS )
Joule et Foucault, que la quanlilé absolue de calorique
développée par le IVollement médiat, est directement et
uniquement proporlioniiclle au travail mécanique absorbé
par le IVollement.
Lorsque Hirn eut connaissance des travaux des physi-
ciens qui viennent d'èlre cilés, il a considéré la loi for-
mulée par Mayer comme l'une des grandes découvertes de
notre époque; il entreprit de nouvelles expériences pour
en constater l'exactitude. Les résultats qu'il a trouvés l'ont
engagé à proposer à l'énoncé de Mayer la légère modifi-
cation suivante : « La constance parfaite de l'équivalent
D mécanique calorique est troublée par de faibles éléments
B perturbateurs, dont la nature reste encore à déterminer,
» et ne pourra l'être que par de nouvelles expériences
» (l'une certitude excessive. »
M. Dwelshauvers affirme, qu'à la fin de sa vie, Hirn ne
croyait pas que l'on fût en possession de la véritable valeur
de l'équivalent mécanique, ni même d'une démonstration
expérimentale de sa constance.
Le résumé qui précède prouve que Hirn n'a pas, comme
l'annonce la notice biographique, comballu la théorie de
Mayer; qu'après l'avoir étudiée, il ne l'a pas admise d'une
manière absolue ; enfin que Hirn a trouvé, avant de con-
naître les travaux de Mayer, que la quantité de chaleur,
produite par le frottement, est proportionnelle au travail
mécanique absorbé par ce frottement, découverte qui
donne un grand mérite aux expériences de Hirn et dont la
notice biographique ne fait pas mention.
Les reclificalions et l'addition à faire à la notice biogra-
l)hique, d'après les observations de M. Dwelshauvers,
doivent engager l'Académie à donner, à ces observations,
la même publicité qu'à la notice biographique même.
J'ai, en conséquence, l'honneur de proposer d'insérer,
( 16)
dans le Bulletin de la séance, les observations de
M. Dwelshauvers, et de demander qu'à l'avenir les notices
biographiques soient publiées dans l'Annuaire de l'Aca-
démie. »
M. De Tilly, second commissaire, s'est rallié à ces con-
clusions.
La Classe a voté l'impression du travail de M. Dwel-
shauvers dans le Bulletin. La seconde proposition des
commissaires sera portée à l'ordre du jour de la prochaine
séance.
Sur les covariants primaires ; par J. Deruyts.
Rappot't (fe BM. C IjB M*aige.
« Le travail actuel de notre jeune collègue est une suite
de ses recherches antérieures sur les covariants; comme
les précédents mémoires, il est de telle nature qu'il est
bien difficile de rendre compte des résultats qu'il contient
sans faire usage d'expressions analytiques fort compliquées.
Je crois donc pouvoir me borner à dire qu'après avoir lu,
avec la plus grande attention, le mémoire de M. Deruyts,
je le crois digne de figurer dans le Bulletin de la séance;
l'auteur y démontre un grand nombre de propriétés inté-
ressantes des covariants primaires, dont la notion lui est
due, en faisant usage des expressions qu'il appelle irréduc-
tibles; il généralise des propriétés importantes rencontrées
par d'autres géomètres, et ne fait usage que de démon-
strations extrêmement simples.
Néanmoins, malgré leur simplicité et à raison de leur
caractère presque purement symbolique, ces démonstra-
tions ne peuvent être comprises qu'après une étude spéciale
( 17 )
(les procédés de railleur; aussi exprimerai-je l'espoir, dans
l'inlérèl de M. Deruyis, qu'il se décide bientôt à faire de
Tensemble de ses recherches un tout bien coordonné, où
toutes les théories qu'il a découvertes viendraient occuper,
non plus leur place historique, mais leur place logique.
Je suis persuadé qu'un pareil travail honorerait grande-
ment notre jeune collègue de Liège et la science belge. »
Ces conclusions, appuyées par MM. Mansion et De Tilly,
sont volées par la Classe.
Sur la conslitution de la benzopmacoline P ;
par Maurice Delacre.
itappot't (fe 3f, E,oȑis Henry.
« Dans un but qu'il est inutile d'indiquer en ce moment,
M. Delacre s'occupe depuis deux ans de l'étude des pro-
duits de condensation de l'acéto-phénone. Dans le cours
de ces recherches, il a été amené à examiner plusieurs
pinacolines dérivées de l'acétone
dont aucune ne remplit la fonction acétonique. il a été
conduit ainsi à s'occuper de la constitution des pinaco-
Imes. Il serait superflu d'insister sur l'intérêt que présente,
au point de vue général, cette classe de corps; leur con-
stitution touche, en efiel, à la question des transpositions
intra-moléculaires, des déplacements atomiques au sein des
molécules, au milieu des réactions chimiques.
Deux théories ont été proposées sur la conslitution des
5"^ SÉIIIE, TOME XX. 2
C 18)
pinacolines : M. Friedel les regarde comme des composés
syniélriques, les vérilables oxydes correspondant aux
alcools bi- tertiaires que représentent les pinacones;
M. Butlerow, au contraire, en fait des acétones dissymé-
triques de la formule générale
(C„H,)3 = C-C0-C„H,.
A la suite de l'étude qu'il a faite de la benzopinacoline (3,
obtenue autrefois par M. Linnemann, au moyen de la
benzopinacone
(CeHs), - C(OH) -- C(OH) - (CfiHs),,
M. Delacre se range à l'opinion de M. Friedel et attribue
à ce composé la formule
(CeHslâ — C — C — (C6Hi;)2,
qui en fait l'oxyde de l'éthylène tétraphénylé.
Voici les faits sur lesquels il s'appuie et qu'il a résumés
lui-même à la fin de son mémoire :
1° Le tétra-phényl-éthylène, oxydé par le permanganate
de potassium, fournit la benzopinacoline (3, identique à
celle que donne la déshydratation de la benzopinacone
elle-même;
2° La benzopinacoline (3, réduite par le zinc-éthyle,
fournit l'alcool benzopinacolique (3, produit nouveau qu'il
décrit ainsi que son acétate;
3" Cet alcool benzopinacolique, déshydraté, régénère le
tétra-phényl-éthylène primitif.
Le tétra-phényl-éthylène qui sert de point de départ à
( 19)
ce cycle de iransformalions, est un de ces corps dont la
consliliilion peut èlre regardée, à juste tilre, comme cer-
taine. H en résulte que l'argumentation de M. Delacre est
tout à fait péremptoire dès l'instant même que l'on admet
qu'aucune transposition atomique ne s'opère lors de l'oxy-
dation de ce composé. Or, c'est là le point délicat. On sait,
en effet, que, lors de la fixation de l'oxygène sur les dérivés
lialoïdes de l'élhylène, il s'opère des modifications dans
les rapports de combinaison du carbone du noyau car-
boné C = C avec les corps halogènes; c'est ainsi que
l'élhylène tribromé fournit, par l'action de l'oxygène de
l'air, du bromure d'acélyle tri-bromé C Brj — CO Br.
Ke peut-on pas assimiler le radical phényle C,j Hg, dans
ces circonstances, à l'atome d'un corps halogène?
Quoi qu'il en soit, le travail de M. Delacre constitue
une contribution d'un véritable intérêt pour la solution
de la question de la nature des pinacolines.
Il est fait avec tout le soin scrupuleux que l'auteur a
rhabitude de mettre dans ses travaux et ses recherches.
La description des divers composés nouveaux qu'il signale
est accompagnée d'indications cristaliographiques dues à
M. Cesaro.
J'ai donc l'honneur de proposer à l'Académie :
1° D'imprimer le mémoire de M. Delacre dans les Bul-
letins ;
2° De l'engager à continuer ses recherches, dont on
peut attendre des résultats d'un si haut intérêt sous divers
points de vue. »
M. Spring, second commissaire, a appuyé ces conclu-
sions, qui sont votées par la Classe.
( 20 )
iSwr la courbure des courbes planes; par A. Demoulin.
Rapport <fe m. .natmiotty pi'emief cotntnitaait'c
a Le mémoire de M. A. Demoulin, sur lequel je suis
chargé de faire rapport, se compose d'une introduction
contenant l'exposé d'un nouveau système de coordonnées
et une nouvelle expression du rayon de courbure des lignes
planes; puis de deux chapitres consacrés à l'application
aux coniques et aux cubiques des formules trouvées. Nous
allons analyser rapidement les trois principales subdivisions
du mémoire.
Introduction. — Soient A et B deux points fixes, A une
droite flxe rencontrant AB en 0. La position de tout point
M du plan (AB, A) est déterminée par les distances posi -
tives ou négatives m == OA', n = OB' des points A', B'
d'intersection de A avec AM et BM . Si M décrit une droite,
les coordonnées (m, n) variables de ce point, sont liées
entre elles par une équation linéaire en m et linéaire aussi
en n; de plus, on a rw = 0, ?i = 0 simultanément. 11 en
résulte que l'équation d'une droite, en coordonnées wî, n,
est de la forme
A B ^
An -*- Bm -+- Cmn = 0, ou 1 »- C = 0.
m n
On en conclut qu'une courbe d'ordre p, rencontrée par
une droite en p points, est représentée par une relation
Wl,i] = 0 d'ordre/) en-,-.
Une droite MB passant par deux points M (m = OA',
(21 )
ti = OB') dont le second R peut se trouve sur la droite A,
a une équation de la forme :
A'R _ m
ÏÏTl ^ /T"
Si MR est tangente à la courbe 9 (m, n) =0, en M,
on a
(l'i
A'R nrim
B'R mdfi
Par la théorie des transversales, on peut introduire,
dans cette formule, au lieu des segments A'R, B'R, les
droites AM, BM, AA', BB'. On trouve ainsi
(I) .
sin AMR _ sin (A.M,a) MA BB' an
sin BMR ~ sin (BM,a)" WÏi" ÂÂ'' 1^'
Si l'on suppose maintenant que A soit aussi sur la
courbe, et que M se rapproche indéfiniment de A, le point
T où la tangente MT rencontre A et le point R tendent
indéfiniment vers T,, situé à la fois sur A et sur la tan-
gente en A. La formule (I) devient, à la limite,
(III) .
1
sin AT„0 2=„ BO
fA
sin BAT, sin AOÏ„ AB AT„
on
Of
'<?m' "rîi
p„ étant le rayon de courbure en A.
( 22 )
Coniques. En appliquant aux coniques les trois for-
mules fondamentales précédentes, M. Demoulin trouve une
foule de relations métriques relatives ou non aux rayons
de courbure. Il suppose que les coniques considérées
passent par les deux points fondamentaux, ce qui réduit
leur équation à la forme simple mn -+- Bw -4- Cn h- D = 0.
Nous ne citerons que deux des propriétés trouvées ainsi,
l'une connue, l'autre nouvelle :
Les rayons de courbure en deux points d'une conique
sont proportionnels aux cubes des distances de ces points
au pôle de la droite qui les réunit.
Le rayon de courbure pa d'une conique en A, est égal à
\ sin^ BAA,
(X) -AH
4 sinTAAi-sin-BAT'
Al et B sont des points quelconques de la conique, AT est
la tangente en A, H le conjugué de A sur A,?, P le point
de rencontre de AAj avec la tangente BP en B; A, le
symétrique de A^, par rapporta A.
On déduit de là de nombreuses conséquences, quand on
donne, à B et à A,, des positions particulières.
Cubiques. L'auteur applique d'abord les formules fon-
damentales aux cubiques quelconques. Il introduit dans les
résultats trouvés un grand nombre d'éléments géomé-
triques, savoir : A, une sécante quelconque coupant la
cubique en R„ Ra, R3; ABC une autre sécante cou-
pant A en 0 et rencontrant la cubique en A, B, C. Les
parallèles à A en A, B, C rencontrent la cubique en (A^, A2),
(B,, B2), (Ci Cs). En prenant A, B et A pour défmir les
coordonnées, la cubique a une équation de la forme
mW ■+- Bmhi + Cmn^ ■*- Dmn -+• Em* ■+■ Fn^ -t- Gm -\-Hn = 0.
( 23)
Tons les coefficients peuvent s'exprimer au moyen des
éléments définis plus haut et des tangentes AT„, BT4,CT,,
T„, Ti, T, étant sur A. Voici une des nombreuses relations
métriques obtenues, par comparaison des valeurs diverses
obtenues pour les coefficients :
AA,.AA,.OT„.BC_BB,.DB,.OT,.CA CC,.CC,.OT,.AB
OA ÔB ÔC •
On peut en déduire beaucoup d'autres.
La formule (III) donne à l'auteur plusieurs formules plus
ou moins élégantes sur les rayons de courbure; mais il est
difficile de les exposer en langage vulgaire. Nous n'en cite-
rons qu'une seule. On a
(XXIII). . 2p,= ÔÂ\0B.AA,.AA.
AB . OR, . OR2 . OR3 sin ?
Dans cette formule, AB est une tangente en A, à la
cubique qu'elle coupe en B; AAiA,, OB^RoRs sont deux
sécantes parallèles rencontrant la cubique en (A, A^, A2),
(R,, B.2, B3); 0 se trouve sur AB, y est l'angle A,AB.
Le même paragraphe contient aussi de jolies applica-
tions au système cubique formé par une conique et une
droite. Exemple :
(XVH) ^e. = ^^^^
OA . OB. sin jj
AB est une corde d'une conique; B^R, une parallèle à la
tangente en A coupant AB en 0, f l'angle AOB,.
M, A. Demoulin examine ensuite les propriétés des
cubiques unicursales en général, puis de celles qui n ont
( 24 )
pas de points de rebrousseinent, de celles qui ont un point
double, enfin des cubiques cuspidales. Il interprète géo-
métriquement les coeflicients des équations, cherche les
rayons de courbure en difi'érents points remarquables,
particulièrement au point double d'une cubique cruno-
dale. Il trouve aussi maints résultats curieux relatifs aux
coniques inverses de cubiques. Citons trois des proposi-
tions obtenues par l'auteur : \° En un point simple A
d'une cubique ayant un point double B, le rayon de cour-
bure est donné par la formule
1 Ae, . Aô.2 . BBi
(XXXV). . . . —. ■ -.
^ ^ 2sinî) AB.AA,
La tangente en A rencontre la courbe en Aj, les tan-
gentes au point double en 0,, G^; BB, est parallèle à AAj
et (p^BAÂi;2'' En un point double A, le rayon du cercle
osculateur tangent à la tangente AGj est égal à
~Âëi . AA,
AB . B,8, . Bjâ, . sin 5>'
B est un point de la cubique, par où l'on a mené une
sécante rencontrant les tangentes en A, aux points 9i, 02,
tels que BGj = BO,, la courbe en B^ et B^ ; AA^ est paral-
lèle à BB^Ba et rencontre la courbe en A^; 9 =^ BAA^;
5° L'asymptote d'une cubique à point isolé rencontre les
tangentes menées en deux points d'inflexion réels, en deux
points dont la distance est triple de celle des points oii
cette asymptote rencontre les rayons vecteurs joignant le
point isolé aux points d'inflexion (XLVn).
Comme on peut en juger par cette analyse, le mémoire
(2S )
de M. Demonlin contient, dans l'introduction, l'exposé d'un
système original de coordonnées, nouveau autant que nous
pouvons en juger, et une expression remarquable du rayon
de courbure d'une courbe plane dans ce système de coor-
données. Dans les chapitres I et II, il y a un grand nombre
d'applications plus ou moins intéressantes do cette formule
fondamentale. Le mémoire tout entier est écrit avec
mélhode et clarté. Nous proposons à la Classe d'en voter
l'impression dans le Recueil in-S" de ses mémoires et
d'adresser des remerciements à l'auteur. »
ttappot'l de ff . Calaian, deuaciètne co»ntni»»aiwe .
I
« Après l'analyse lumineuse due à notre savant Confrère,
je pourrais me contenter de conclure par la formule habi-
tuelle : je me rallie... Mais, en voulant lire le Mémoire de
M. Demoulin, j'ai été arrêté net, dès la première page. On
y trouve, en effet, les propositions suivantes, non démon-
trées :
« Uéqualion d'une droite, en coordonnées (m, n), savoir.
A B ^
m H
« On a, pour tout point de la droite MR,
m ~Ôr'~ ^[it OR
À étant un paramètre convenable »,
etc.
(26)
Plein de son sujet, le jeune inventeur a considéré,
comme étant évidentes, ces propositions préliminaires, qui
auraient grand besoin d'être expliquées et démontrées.
Est-ce que, au commencement de tout traité de Géométrie
analytique (*), l'auteur ne cherche pas quelle est, en
coordonnées cartésiennes, Véqualion de la ligne droite?
Embarrassé, comme je viens de le dire, j'ai écrit à
M. Demoulin, qui m'a donné les explications nécessaires.
Je pense qu'il fera bien de les introduire dans cette malen-
contreuse page 1 : les lecteurs non initiés à son système
de coordonnées n'auront plus à se creuser la cervelle (**).
II
La page 5 contient une formule (IX), très curieuse, si
elle est exacte. Je n'ai pu en faire la vérification a poste-
riori. Prière, à l'Auteur, de vouloir bien examiner ce point.
III
Le Mémoire, écrit avec méthode et clarté, contient
cependant quelques négligences de style, que je me suis
permis de noter. M. Demoulin les fera facilement dispa-
raître, lors de la re vision des épreuves.
(■) J'emploie le langage ordinaire.
(**) Le jeune et intelligent Auteur pourrait, en outre, donner la
solution de ce problème :
Passer des coordonnées cartésiennes en coordonnées (m, n); et réci-
proquement.
( 27 )
IV
En résumé, et malgré les légères critiques précédentes,
je considère le Mémoire .sur la courbure des lignes pluties
comme un travail remarquable. C'est le début d'un jeune
Professeur dont la position est très intéressante, et qui,
du premier coup, ouvre une nouvelle voie dans le domaine
de la Géométrie comparée. Je me rallie donc, complète-
ment, aux conclusions du premier Commissaire. »
Rappoft de 3t. C. lie Pnige, lê'oiaièttte contmitaaifc.
a Je n'ai rien à ajouter, en ce qui concerne le fond du
mémoire, au rapport si clair et si complet de M. Mansion.
Je crois cependant, comme M. Catalan, que l'auteur doit
nécessairement remplacer la première page de son mémoire
par une rédaction nouvelle; cela ne demanderait guère de
travail, ni même une extension quelque peu considérable
de son étude, et celle-ci, je pense, y gagnerait grandement;
le lecteur arriverait, avec moins d'effort, aux parties neuves
et intéressantes qu'elle contient.
J'ai étudié, avec le plus grand plaisir, le beau mémoire
de M. Demoulin, et je me rallie pleinement aux conclu-
sions de mes deux savants confrères. » — Adopté.
Extraction des métaux; par M. Delaurier.
Rapport de M. Spfing.
a Sous le titre : Extraction des métaux, M. Delaurier
présente à l'Académie trois notes : la première a pour
objet de faire connaître un procédé pour séparer, par
(28)
fusion, l'élain du fer, des rognures de ferblanterie, etc.;
la deuxième traite de l'extraction, par l'électrolyse, de l'ar-
gent des eaux de l'océan Atlantique, et la troisième touche
à l'application du moulin imaginé dernièrement par l'auteur
pour activer des dynamos, dont l'électricité pourrait alors
être utilisée à l'électrolyse de sels divers et même à la
cristallisation du carbone.
L'objet de ces notes sortant du cadre des travaux dont
l'Académie s'occupe, ou bien ne constituant encore que
des desiderata auxquels une vérification expérimentale
fait défaut, je propose à la Classe d'ordonner le dépôt aux
archives du travail de M. Delaurier. »
M. Stas, second commissaire, ayant souscrit à ces con-
clusions, elles sont adoptées par la Classe.
COMMUiNICATIONS ET LECTURES.
Sur la période astronomique dite décimensuelle ;
par F. Folie, membre de l'Académie.
Dans V Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles pour
1890, M. BijI a essayé de déterminer les constantes de la
nutation initiale de l'axe de rotation de la Terre au moyen
de la différence entre les ^ d'une même circompolaire à
ses deux passages consécutifs au méridien.
J'avais fait voir, le premier, que ces deux ^ ne peuvent
pas être égales entre elles, à moins que la nutation initiale
(29 )
ne fût nulle, et j'engageai M. BijI à s'en assurer par ce
procédé.
Il avait trouvé une valeur très faible pour la constante
de cette nutation, qui est égale cependant, à bien peu de
chose près, à celle des variations de la latitude, que Pelers
et Dovvning ont tous deux trouvée de 0",07 environ.
J'ai attribué la faiblesse de ce résultat à ce que, peut-
être, les observations dont M. Bijl a fait usage s'éten-
daient sur une trop longue période, et je lai prié de
déterminer à nouveau les mêmes constantes au moyen des
excellentes séries d'observations faites par W. Slruve à
Dorpat, en 1823-24-25.
Voici les résultats qu'il a obtenus :
i" avril 18-23 0",080 237o
— 4824 0",075 247o
_ 4823 0",083 2o4<>
La concordance étonnante de ces résultats entre eux, et,
quant à la constante numérique, avec ceux de Peters et de
Downing, m'a inspiré une confiance assez grande dans
leur valeur, pour que j'y voie une confirmation des doutes
théoriques, que j'avais depuis longtemps, sur l'exactitude
de la période de 503 jours attribuée par les astronomes
aux variations de la latitude (1).
Voici la raison de ces doutes :
La période de 305 jours se tire de la valeur assignée au
rapport ^^^; pour une Terre solide, ce rapport est bien
certainement compris entre 0,00325 et 0,00327.
Mais pour moi, ce n'est pas de la Terre solide qu'il s'agit
{{) Annuaire pour 1890, p. 299.
(30)
dans des mouvements qui ne sont pas à 1res longue période,
mais de son écorce, et, probablement, d'une partie
ficlivement entraînée du noyau, suivant la théorie de
M. Ronkar.
J'estime donc que ce rapport ^— ne peut être déter-
miné, pour chaque cas particulier, que par l'observation.
C'est ce que j'ai tenté de faire, et le résultats répondu,
et au delà, à mes espérances.
Les constantes angulaires de l'expression des variations
de la latitude, qui ont été déterminées successivement par
Peters (1842), Nyrén (1850), Downing (1872), pour ne
citer que les mieux connues, concordent tellement peu
entre elles que Nyrén ne peut s'empêcher d'en faire la
remarque (1) et que Downing doute même que cette
période soit constante (2).
Voici ce qu'elles sont, si l'on ramène celle de Downing
à S'-Pétersbourg :
Peters 1842 34lo,6
Nyrén 1830 224»
Downing 4872 i75o
La période de 505 jours ferait varier la valeur de cet
angle de 450° environ par an, c'est-à-dire, en négligeant
les circonférences entières, de 200" et 540° respective-
ment de 1842 à 1850 et à 1872; ce qui conduirait, pour
ces deux dernières années, à 18l°,6 et à 281 ",6 au lieu
de 224° et de 175°.
Les écarts sont excessifs.
(t) Mém. Acad. S'-Pétersbourg, t. XIX, n» 2.
(2) M. N., t. XL, p. 452.
( 31 )
La période de 505 jours esl-elle trop longue ou trop
courte ?
Les valeurs déduites des observations de Dorpat
indiquent un accroissement annuel à peine supérieur
à 560% c'est-à-dire une période qui se rapproche bien plus
de onze mois que de dix.
En les comparant à celles de Peters, Nyrén et Downing,
je suis arrivé à un accroissement annuel de 590",5 au lieu
de 450° environ qu'admettent les astronomes, ce qui
conduit, pour le 1" janvier 1824, à 151% en partant de la
moyenne des valeurs trouvées pour le 1" avril des années
1825-24-î;io et en la réduisant au 1" janvier.
Partant de là et de l'accroissement annuel de 590%5,
on trouve, en supprimant les circonférences entières, pour
Observation.
Résidu
4838 (1).
. dol» +'14 + 30;b = 318a
3250
-70
4&i2. .
. lol''+48 + 30;o = 340»
341,6
-1,6
18o0. .
. loi» +2t)-4-30io = 2240
m
0
mn. .
. loi» -4- 48 -+- 30;o = 1750
175
0
Nul astronome ne niera, en présence de ces résultats,
quels que soient, du reste, ses préjugés en faveur de la
période décimensuelle, que la mienne ne réponde, avec
une précision inespérée, aux observations.
A la période décimensuelle, il faut donc substituer ma
période de 556.7 jours moyens; en d'autres termes, à )a
valeur 0.00527 du rapport ^-^ calculé par les astronomes
pour la Terre entière, il faut substituer celle de 0,00296,
qui se déduit de ma période.
(1) Série (l"A\ de la polaire, observées par Preuss, à Dorpat.
( 32 )
La différence est sensible, on le voit.
J'engage vivement les adversaires de la nutation diurne
à y réfléchir, et à lâcher d'expliquer autrement que je
l'ai fait, c'est-à-dire par une hypothèse autre que la mienne
sur la constitution du globe, celte différence entre la valeur
de ^-^, calculée pour une Terre solide, et celle que j'ai
tirée, sans qu'il soit possible de la contester, de toutes les
observations relatives au sujet que je viens de traiter.
Sur la propriété caractéristique de la surface commune
à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle. —
Communication préliminaire; par G. Van der Mens-
brugghe, membre de l'Académie.
Dans mes recherches antérieures, j'ai étudié spéciale-
ment les propriétés de la couche de contact de deux
liquides 1 et 2 qui ne se mêlent pas, et, d'après la théorie
de Gauss, j'ai attribué à cette couche une tension super-
ficielle ayant pour valeur le trinôme
F. + F, - 2F,,,
Fi étant la force contractile de la surface libre du liquide i ,
F2 celle du liquide % et F^^ l'action mutuelle des deux
liquides. Lorsque cette action est très faible, comme, par
exemple, dans le cas de l'eau et de l'huile, le trinôme
F, -1- F2 — 2Fi2 est nécessairement positif et représente
une force agissant sur la surface commune, absolument
comme la force F, ou F2 agirait sur la surface libre de
l'un ou de l'autre liquide pour la rendre aussi petite que
possible.
( 35)
Mais il y a un autre cas de la plus haute importance :
c'est celui où les deux liquides en présence ont l'un |)our
Taulre une grande affinité, comme, par exemple, l'eau et
l'éther ou l'alcool, l'élher et l'huile, l'huile et la potasse ou
la soude. Si je n'ai pas considéré ce cas depuis longtemps,
c'est que je regardais les actions chimiques comme mas-
quant entièrement ou dominant alors les phénomènes
physiques; après mûre réflexion, je puis conchire aujour-
d'hui qu'il n'en est pas ainsi : l'aflinité mutuelle des deux
corps en présence provoque des efîels physiques particu-
liers, que la théorie prévoit dans les moindres détails.
Pour le faire voir, supposons que les liquides 1 et 2
aient entre eux une affinité telle que 2F, .i soit supérieure
la somme Fj h- F2 des tensions superficielles des deux
substances; dès lors, le trinôme F| -h Fg — 2 F-j, devient
négatif, et la force qui règne le long de la surface
commune, au lieu de rendre celte surface aussi petite que
possible, a, au contraire, une tendance opposée : en effet,
soient mm', mm" deux éléments consécutifs cis d'une sec-
tion plane AB (fig. 1) de la surface de contact de deux
liquides; si cette surface est soumise à une tension,
c'est-à-dire si F, + F, > 2 F,,, chaque élément sera solli-
cité par une force Fds, et le point de concours ?>/ par une
résultante dirigée vers le centre de courbure de la sec-
tion; dans ce cas, la surface tend vers un minimum. Mais,
si les deux liquides réagissent fortement l'un sur l'autre,
de manière que F^ -+- F2 < 2 F, 2, les deux forces fds
3°" SÉKIE, TOME XX. O
( 54 )
appliquées en m changent de signe et prennent des direc-
tions opposées aux deux premières; dès lors, la résultante
produit une traction dirigée en sens contraire du rayon de
courbure de la section au point considéré. Celte traction
est d'autant plus forte que l'affinité mutuelle des deux
liquides est plus énergique et que le rayon de courbure
est plus petit. De même qu'on esl convenu d'appeler
tension la force qui produit une résultante dirigée dans le
sens du rayon de courbure et donne à la surface une
étendue minimum, j'appellerai force d'extension, la force
qui donne lieu à une résultante dirigée en sens opposé et
qui tend à augmenter la surface commune.
Telle est, selon moi, l'interprétation très simple de la
valeur de la force qui règne à la couche de contact de
deux liquides soumis à leur affinité réciproque; on voit
donc que, sans empiéter sur le terrain de la chimie, on
peut parfaitement étudier les phénomènes physiques qui
se manifestent dans les conditions supposées.
A l'appui de celte interprétation, qui complète l'en-
semble de mes éludes sur la capillarité, je me bornerai
aujourd'hui à citer les faits suivants :
1. Dans un cristallisoir, on verse une couche d'eau
distillée de 2 milliniètres environ d'épaisseur, et l'on
amène au-dessus de la surface un tube contenant un peu
d'éther; aussitôt, la portion sous-jacente éprouve de vives
trépidations; c'est que partout où une particule d'éther
telle que a (fig. 2) touche l'eau, la tension de celle-ci se
FiG. 2.
trouve subitement remplacée par deux autres forces, l'une
(55)
la tension qui règne vers le sommet n de la particule,
l'autre, la force d'extension de la portion 7u, commune aux
deux liquides; ces deux forces concourent pour abaisser
vivement la particule d'éther, jusqu'à ce qu'elle soil entiè-
rement dissoute.
Si l'on dépose une goutte d'éther sur la couche d'eau,
on constate deux effets simultanés, savoir : un étalement
très rapide de i'éther sur l'eau , lequel est accusé par
le dé|)lacen)ent des parcelles flottantes, et puis des tré-
pidations extrêmement vives dans le voisinage de la por-
tion où a lieu le dépôt de la goutte; ces trépidations
sont tellement fortes que parfois le fond du vase est mis
à nu.
Si l'on remplace l'eau distillée par une couche d'huile
d'olive ayant environ i millimètre d'épaisseur, l'approche
du tube contenant I'éther produit encore une forte
dépression, et, au bout de 20 à 25 secondes, il se forme
un espace circulaire oii le lond du vase est mis à décou-
vert, et pourtant l'huile d'olive n'a qu'une tension deux
fois moindre que celle de l'eau.
Ces expériences sont caractéristiques : elles montrent
bien les effets de la force d'extension que je cherche à
mettre en évidence; car, si l'on dépose une goutte
d'essence de térébenthine sur une mince couche d'eau
distillée, on constate, il est vrai, un étalement extrême-
ment rapide, mais le fond du vase n'est presque jamais mis
à nu : c'est qu'ici la surface de contact éprouve une tension,
tandis que la surface commune à l'huile et à I'éther est
soumise à une force d'extension.
II. Si, à l'exemple de M. Quincke, on fait arriver très
lentement à travers un fil de verre creux un filet extrême-
ment mince d'alcool à la surface-limite d'une bulle d'air
(36)
placée dans i'eaii sous un plan de verre (fig. 5), la bulle
FiG. 3.
éprouve des secousses périodiques à des intervalles qui
dépendent de la vitesse d'arrivée de l'alcool.
Au moment du contact du filet d'alcool avec la surface
limite de la bulle, la tension de l'eau se trouve subitement
remplacée par une force d'extension propre aux deux
liquides, force dont l'effet concourt avec la pression de la
partie supérieure de la bulle pour agiter brusquement
celle-ci et même la tirer vers le bas, si la pression hydrosta-
tique éprouvée par elle n'est pas grande. On comprend
que les trépidations interrompent l'action de l'alcool; la
bulle reprend alors la forme sphérique jusqu'à ce que
l'afflux de ce dernier liquide détermine une nouvelle
secousse, et ainsi de suite.
m. Une masse liquide très petite, entourée d'un autre
liquide qui n'exerce qu'une action chimique négligeable,
est soumise à une tension et prend la forme sphérique;
mais, si la masse ambiante ou la sphérule elle-même con-
tient des traces d'une substance pouvant déterminer une
action chimique en un point de la surface-limite, aussitôt
la tension s'y trouve remplacée par une force d'extension
plus ou moins énergique, suivant le degré d'alFinilé des
( 37 )
substances agissantes; la sphérule se déplace du côté du
point influencé, où se manifeste une excroissance qui se
maintient aussi longtemps que dure l'action chimique,
pour disparaître à l'instant où cesse cette dernière. Si
l'action est très lente, elle doit nécessairement produire
des courants partant précisément du point influencé a
(fig. 4), puisque les portions qui avoisinent ce point con-
servent leur tension.
a
FlG. 4.
Je n'ai pas besoin de dire, en terminant cette communi-
cation préliminaire, que la théorie très simple que je viens
d'exposer s'applique à des phénomènes extrêmement
nombreux, soit dans les corps inorganiques, soit dans les
corps organisés; je me propose d'appuyer mes vues théo-
riques sur des faits suffisamment variés et de combler
ainsi l'unique mais très vaste lacune qui existait encore
dans mes recherches sur la capillarité.
Sur de nouvelles obsenations des canaux de Mars el de
leur gémination; par F. Terby, correspondant de l'Aca-
démie.
L'apparence de canaux simples ou géminés sur la sur-
face de Mars, signalée pour la première fois par M. Schia-
parelli, notre savant associé, a-telle été vérifiée réellement
par d'autres observateurs? Malgré les résultats positifs
obtenus à l'occasion de la dernière opposition en 1888,
certains doutes semblaient encore rester dans l'esprit de
(58)
quelques astronomes. On invoquait surtout les résultats
en partie négatifs de l'Observatoire Lick; on oubliait que
MM. Holden et Keeler avaient en réalité observé quelques
canaux, en commençant leurs investigations seulement
trois mois après l'opposition, à une époque où la planète,
trop éloignée, est déjà abandonnée par les aréographes.
On attendait donc avec impatience les premières nou-
velles de l'opposition actuelle, et c'est pourquoi je me fais
un devoir d'en entretenir l'Académie, et de lui annoncer
tout d'abord qu'en ce moment un astronome anglais bien
connu, M. Stanley Williams, est en voie de rendre pleine
justice à M. Scbiaparelli.
Mars se présente, cette année, dans des conditions déplo-
rables : sa déclinaison australe de 23" ne lui permet de
s'élever que de 16° environ au-dessus de notre horizon, à
son passage au méridien; aussi les ondulations continuelles
de l'image ne m'ont-elles permis, jusqu'au 25 juin, que de
distinguer nettement les grandes lignes de la configura-
tion, sans aucun détail délicat; malgré des tentatives
répétées, poursuivies chaque fois pendant une heure ou
deux, au moins, je dois dire, avec le plus vif regret, que
mes résultats ont été d'une nullité absolue jusqu'à cette
date.
Le 25 juin, pour la première fois, de 9 à 10 heures, j'ai
pu utiliser avec quelque avantage l'oculaire 450 de mon
huit pouces; j'ai vu alors, avec une grande netteté, et pour
la première fois aussi, la baie que M. Scbiaparelli figure
sur la côte de la Grande Syrie, et d'où partent les deux
canaux Astusapes et Astaboras ; par moments, et avec une
grande certitude, je voyais la Syrte se bifurquer en ce
point : d'un côté elle se continuait par la Nilosyrte, très
visible, et de l'autre par le canal Astusapes, qui partait de
la baie en question et circonscrivait l'île Meroe. Le Proto-
(39)
niliis avec le lac Ismenius el le Callirrhoe étaient encore
plus visibles.
Le 24 juin, de 10 heures à 10''30™, l'image fut assez
bonne pour supporter les oculaires 2o0, 280 et 450; je
revis les mêmes détails que la veille; de plus, par moments
seulement, mais avec une certitude complète, je vis le
canal Astnboras se rendant en droite ligne de la baie dont
j'ai parlé au lac /^me/i/ns; j'observais ce canal pour la pre-
mière fois. Le Nepenthes était extrêmement visible en
celte même occasion, et je crois même avoir vu à son ori-
gine le Lac Mœris. Dans la crainte de perdre un seul des
instants si rares de netteté sulïisante pour ces constata-
tions d'une extrême difficulté, je n'ai pas fait de dessin et
je me suis borné 5 vérifier l'accord de l'image avec la carte.
Le 25 juin, dq 9 à 10 heures, l'image était de très
médiocre qualité; une agitation continuelle rendit presque
invisibles les canaux Astiisnpes et Astaboras, ce dernier
surtout, mais sans effacer la baie où ces deux lignes
prennent naissance; par contre, je vis assez bien la
Boréosijrle, parfaitement la Nilosyrfe el le Nepenthes;
également le Profonilus et le lac Ismenius; le Callirrhoe
était plus difficile. L'accord avec la carte était remar-
quable. L'oculaire 250 seul donnait la netteté voulue,
mais était insuffisant comme force; 280, 420, 450 et 560
manquaient de netteté, tout en rendant pourtant quelques
services. La région blanche Hellas, bien limitée, brillait
au bord supérieur, et au bord septentrional, sous le Cal-
lirrhoe, régnait également une vive blancheur.
Telles sont les seules observations utiles que j'aie pu
faire jusqu'à ce jour (5 juillet); depuis le 26 juin, l'agita-
tion de l'image ou les nuages ont déjoué tous mes efforts.
Circonstance à noter : la vue de l'observateur semble
avoir une influence énorme dans ces recherches délicates.
( 40)
Il est cerlain qu'une condilion essentielle de visibilité des
canaux est une neltelé irréprochable du contour des
taches; n'oublions point que, dans ces circonstances de
visibilité, l'image a été comparée à une gravure sur acier.
La vue de tous les observateurs ne semble point se prêter
à des résultats aussi parfaits, et les premiers dessins de
Milan ont même soulevé des objections à cause de leur
netteté extraordinaire.
M. Stanley Williams a publié récemment ses observa-
lions de Jupiter pour 1887 (1) et, au lieu d'offrir l'aspect
nuageux et vague que l'on rencontre si souvent dans les
dessins de cette planète, les figures de l'astronome anglais
semblent quelque peu étranges, uniquement à cause de la
précision inusitée des contours. Par une heureuse coïnci-
dence, ayant observé Jupiter indépendamment à la même
époque, et pouvant identifier, dans mes propres dessins,
presque tous les détails qu'étudie M. Stanley Williams, je
pourrai bientôt confirmer la parfaite exactitude de la plu-
part de ces particularités.
Or, il se fait que M. Stanley Williams vient d'obtenir le
plus magnitique succès en étudiant Mars cette année : il
observe au sud de l'Angleterre, avec un télescope à miroir
de 6 V2 pouces, de Calver, et des grossissements de
520 et de 430 fois. A la date du 51 mai, il avait été favo-
risé déjà au point de pouvoir identifier trente-trois canaux
dont il m'a donné la liste {Cyclops, Eunoslos, Hyblaeus,
Hades, Styx, Cerberus, Tanaïs, Laeslrtjgon, Alcyonius,
Ceraunius, Gigas, Chrysorrhoas, Ganges, Nitokei^as,
Jamuna, Nilus, Indus, Protonilus, Hiddekel, Deutero'
{\) Zenographical fragments, Ij London, Mitchcll and Hughes,
1889.
( a )
vilns, Gelïon, Let/ies, Aelhiops, Titan, Erebus, Siretiiiis,
Orcns, Pijripfilefjetlion, Euphrales, JSepenthes, Phison,
Asclepius, Trilon.)
Il avait remarqué la géminalion de cinq canaux (A'/Zo-
keras, Cerùerus, Erebus ou Hades, Tilan, Euphrales), ei
sou|)çonné celle du Phison. Voici quelques détails qu'il me
Iransnieltait à ce sujet :
« Mlokeras. La géminalion de ce canal a été reraar-
» quée le A avril ; il offrait un aspect particulier qui attira
» mon attention, et, en y regardant de plus près, je vis
» qu'il était composé de deux lignes noires, étroites, bien
» définies, parallèles, dont l'intervalle offrait une teinte
» grise plus faible; \e Nilokeras a encore été vu double
» le 14 mai. Le Cerberus a été vu distinctement double
» le 25 avril (fig. 5), et VErebiis ou le canal Hades, les
» 29 et 30 avril (fig. 4).
» La gémination du Titan a été remarquée le 29 avril
» et aussi trois autres nuits; elle était très distincte; le
» Tifnn était un objet facile (fîg. 4).
B Le 18 mai, la définition étant exceptionnellement
» bonne pendant un temps très court, j'ai vu distincte-
» ment la gémination de VEuphrat.es (lig. 8) : c'était un
j) objet d'une faiblesse et d'une délicatesse exlraordi-
» naires: deux lignes fines, très faibles, légèrement grises
» et parallèles; un peu plus tard, la définition s'élant un
j> peu altérée, tout disparut. »
Les 20 et 21 mai, M. Williams observe le Phison, mais
conserve quelque doute sur sa duplicité, l'image n'étant
pas absolument irréprochable.
Enfin, l'astronome anglais parle aussi de la Libye (fig. 6,
7); il l'observe les 18, 20, 21 et 24 mai, aussi le 27 juin;
cette région était d'un éclat très faible le 21 mai; mais, le
24, elle était plus brillante ; toutefois elle paraissait obscure
(42)
en comparaison de Vhidis regio, qui élail plus blanche et
plus éclatante.
J'ai remarqué moi-même cette teinte grisâtre de la
Libye les 23, 24 et 25 juin, à l'occasion des observations
du Nepenthes, citées plus haut.
M. Williams remarque que les canaux les plus délicats
devenaient visibles seulement à leur passage par le centre
du disque : rarement donc on en voyait plusieurs à la fois ;
en un mot, leur observation était généralement d'une
grande difiiculté.
J'ai joint à cette note les cinq beaux dessins inédits de
l'observateur anglais (fig. 4, 5, 6, 7, 8); ils font apprécier,
mieux que toute description, les résultats extraordinaires,
pour cette période défavorable, que cet astronome a eu le
bonheur d'obtenir.
M. Slanley Williams m'a envoyé son dessin du 27 juin
(fig. 7) dans une lettre datée du 1" juillet; cette lellre
m'apprend que l'astronome anglais, en revoyant plusieurs
des canaux cités plus haut, a réussi à distinguer, de plus,
dix autres lignes de M. Schiaparelli : Boreas, Agatlio-
dœmon (en partie), Fortmiœ, Neclar, Eumenides, Oxus,
Hydaspes, Thotfi, Callirrhoe, Astusapes; ce qui poi te à
quarante-trois le nombre des canaux vérifiés par lui.
M. Williams a vu distinctement la gémination du Gigas le
9 juin. Le 31 mai, à ll"^ 5"", pendant quelques moments
d'une grande netteté, il a vu le Cerberus et VErebus tra-
versant le disque sur le prolongement l'un de l'autre, et
formant comme un seul canal qui était distinctement
double; les deux traits formant le Cfrôerws étaient plus
larges et plus noirs que ceux qui constituaient VErebus,
et donnaient lieti à un élargissement du canal, à partir du
point où commençait le Cerbère.
La tache polaire septentrionale est restée très petite
( ^3)
jusqu'au corn m en ce me ni tle juin; vers le milieu de ce
mois, elle lut ou coin|>lètemenl invisible ou représentée
\nn- une faible Irace. Vers la fin de juin, elle s'accrut
beaucoup subitement et devint plus brillante. Ainsi, les 24
et 20 juin (9''50'"),on la voyait à peine; le 27, au contraire,
à 10 heures, elle apparaissait comme le montre la figure 7.
Le même dessin montre un point u, très noir, dans la
Nilosyrie} malheureusement, l'image se troublant un peu,
M. Williams n'a pu étudier ce détail avec tout le soin
nécessaire. Je me demande si cette tache n'était pas due
à la présence du lac Mœris, très voisin, et dont ce léger
trouble em|)èchait peut-être de reconnaître la véritable
situation (1).
M. Schiaparelli ayant bien voulu, comme M. Williams,
m'autoriser à faire connaître des nouvelles absolument
inédites jusqu'ici, je terminerai celle communication en
donnant quelques extraits des lettres que notre savant
associé a bien voulu m'adresser; celle.s-ci étaient accom-
pagnées des trois superbes dessins que j'ai l'honneur de
soumettre aussi à l'Académie (fig. i, 2, 5).
C'est depuis le 16 mai seulement que M. Schiaparelli
a pu faire des observations utiles : « Tout ce que j'ai vu
» jusqu'à présent, écrit-il à la date du 12 juin, est résumé
» presque entièrement dans les deux dessins que je vous
» envoie (fig. 1, 3). A l'égard du premier (16 mai) (fig. 5),
» je dois observer que les canaux situés en bas, Proto-
(1) M. Stanley Williams m'a écrit, le 12 juillet, qu'il croyait
fondée ceUe explication de la petite tache noire; il m'apprend, en
même temps, qu'il a dédoublé le Protoiiilus et le Lac Isiiienhts; la
ligne ou composante méridionale du Prolonilus paraissait prolonger
VAsclepius. La tache polaire boréale lui a paru, au commencement
de juillet, beaucoup plus petite que le 27 juin.
( U )
D nilus el Deuleronilus, Callirrhoe, Boreosyrtis, Aslu-
» sapes, Pyramvs, el les lacs hmenius et Arelhusa, avec
» le fragment à'Euphrales qui les réunit, étaient très
» visibles, surtout le Callirrhoe et le Protonilus (le Ca/-
» lirrhoe a été vu aussi à Florence par le R. P. Giovan-
» nozzi avec un quatre-pouces de Fraunliofer). L'étran-
» glement du Protonilus était marqué avec beaucoup
» d'évidence. Pour ce qui concerne les canaux près du
» limbe droit, Hiddekel, Gelion, Oxus..., ils étaient fort
» déliés, el l'on ne pouvait juger ni de leur forme, ni de leur
» couleur. Au contraire, Euphrates, P/iison, Typhon et
» Orontes avaient disparu comme canaux, et il ne restait
» à leur place que des bandes d'un rouge un peu plus
» foncé que le champ environnant, bandes qui ne parais-
» saient pas bien terminées, et dont il n'était possible
B de constater que l'existence et la couleur. Il n'était pas
» même possible d'estimer leur largeur, qui, du reste,
» devait être assez considérable, puisqu'elle rendait
» visibles ces bandes malgré le peu de contraste dans la
» couleur. Le même jour, la Terre de Deucalion était fort
» belle, et, ce qui est remarquable, beaucoup plus large à
» l'extrémité gauche qu'à la racine : chose que je vois
» pour la première fois. Tout était confus de l'autre côté,
» Hellas, Ausonia, Libya, etc.. Mais Japygia était assez^
» évidente.
1) Les 4 et 6 juin, j'ai pu examiner avec une certaine
» netteté toute la grande région comprise entre Iris et
» Titan (méridiens IIOMTO"), le Mare Sirenum et VEu-
j> rotas (parallèles 30" sud et 50° nord) : elle est de nou-
» veau à peu près vide d'objets remarquables, comme en
» 1877, 1879 : des canaux, il ne subsiste que des traces
» douteuses vers les bords de la région : le reste est une
D bigarrure de rouge et de jaune de différentes intensités,
( iS )
» éventuellement avec un peu de blanc par-ci par-là, sans
» délimitation exacte; c'est la région la plus dilTicile et la
» moins intéressante de toute la planète. VAraxes et le
» Phasis existent, bien que fort difficiles à voir; 17m
» peut à peine être conjecturé; le double Cet^autiius esl
» assez visible à cause de sa grandeur, mais sa teinte est
» d'un rougeàtre à peine marqué. Les deux Nilus ne sont
j> pas bien sûrs. Seulement, en bas du disque, on voit
» VEurotas, qui forme une gémination imparfaite, et
» VHebrus qui, double en 1888, est maintenant simple.
i> La soirée du 9 juin a donné des résultats plus nou-
» veaux, qui sont représentés d'une manière assez salisfai-
i> santé par l'autre dessin [fig. /). Vous verrez la grande
ï gémination du Chrijsorrhoas et du Nilokeras, cette
» dernière plus foncée et plus évidente, bien que l'autre
» soit très visible aussi; les deux lignes ne sont pas bien
r> définies, mais plutôt estompées, soit du côté intérieur,
p soit du côté extérieur. Le Mare Acidalium ne présente
» rien de nouveau, mais il faut remarquer l'absence
» totale du Lacus Hyperboreits : les régions Ballia et
» Nerigos sont mal délinies et d'apparence nébuleuse. Pas
» iVHijdaspes, Jamuna comme un fil délié; Ganges et
r> Hydraoles plus larges; je ne puis les dédoubler, mais
» leur aspect est résoluble. En haut, Argyre très brillante.
» Mais c'est Thaumasia et le lacus Solis qui offrent le
» plus d'intérêt. Le lac du Soleil, cette tache si belle, si
» noire et si régulière, n'a pu se soustraire au principe de
» la gémination qui tyrannise toute la planète : il est
j) coupé en travers par une bande jaune qui le divise en
9 deux parties d'extension inégale. Le lac Titlionius est
» aussi partagé en deux noyaux d'ombre très forte, aux-
j> quels aboutissent les deux lignes qui composent le
» double C/irysorrhoas. Les anciens émissaires du Lac du
(46)
» Soleil oui disparu; seulement j'ai cru observer nue faible
» trace de VEosphoros; mais quaire émissaires tout à fait
» nouveaux se sont ouverts, dont le |»lus à gauche passe
» sur VAurea C/ierso. Celte presqu'île, autrefois si belle,
» est à peu près abolie, ou du moins transformée. La
» région Thaïunnsia est d'un jaune sombre qui contraste
j) beaucoup avec la surface brillante des environs, surtout
» du limbe supérieur d'Ophir, qui est tout à fait blanc...
» Voyez sur mon dessin du 9 juin {fîg. 1) le canal mar-
» que 1 : le 4 juin, il était beaucoup plus fort que le 6; le
» même jour, 4 juin, il n'y avait pas de trace visible des
D canaux marqués 2 et 3; quarante-huit heures après, ils
» étaient de la plus grande évidence »
Dans une autre lettre datée du 21 juin, le directeur de
l'Observatoire de Milan ajoute : « M. Stanley Williams
» avait bien raison en voyant VEuphrates doublé; il l'est
B effectivement (v. fig. 5), et mieux qu'en 1888; les deux
j> bandes sont parfaites et la couleur est de ce rouge carac-
» térislique que j'ai déjà plusieurs fois signalé dans de
» semblables formations; seulement elle n'est pas très
j) intense. Avec lui et dans le même style sont doublés
» Phison, Orontes, Protonilus et Boreosyrtis : peut-être
» Asiusapes, Astaboras, Oxus, Deiiteronilus. Mais il y a
» quatre géminations composées de lignes fortes, et je
» suis persuadé qu'on les verra ailleurs, si l'on y apporte
i> une attention suffisante: l'une est \eNepenth€s,qm est
» tout à fait comme en 1888; seulement le LacMœris est
» beaucoup plus large et plus visible qu'alors. Deux autres
» géminations ont rendu presque méconnaissable le Sinus
» Sabœus, depuis Hammonis Cornî< jusqu'à h double baie de
» Daives. Enfin, la quatrième géminalion est dans l'isthme
» de la Deitcalionis Regio (qui cette année se présente plus
» brillante et mieux terminée qu'autrefois). Les lignes de
( 47 )
» ces quatre gémina lions soiii peui-èlre de la même cou-
» leur que les autres, mais cette couleur est si forte qu'on
» la (lirait presque noire. C'est comme l'encre de Chine
» qu'on peut charger au point de la rendre noire. »
Ainsi s'exprime M. Schiaparelli. Je termine en insistant
sur les deux faits les plus surprenants que renferme sa
communication : le lac du Soleil est une tache arrondie,
isolée, qui a été ohservée pour la première fois par Màdier
en 1850; elle est une des régions les plus connues de la
planète et a reçu le nom de Mer de Lockyer sur la carte
de Proctor; cette mer ou, si l'on veut, ce grand lac, à
l'exemple de plusieurs autres formations semblables, mais
de moindre importance, telles que le lac Ismenius, le lac
Til/ionius, se montre double aujourd'hui.
Le golfe Sabœus est assurément l'une des régions les
plus visibles, les mieux connues de Mars : dessiné pour la
première fois par Huygens, en 1659, il avait reçu de
M. Proctor le nom de Détroit d'Herschel 11; observé
actuellement au dix-huit pouces de Milan par l'œil perçant
de M. Schiaj)arelli, il se montre composé de deux bandes
reclilignes, larges, parallèles mais très rapprochées, très
difficilement séparables. il semble donc que nulle formation
à la surface de cette planète ne soit soustraite à ce mysté-
rieux phénomène de la gémination.
Cette tendance au dédoublement, prenant un dévelop-
pement si considérable, nous conduit à une dernière
réflexion : le golfe Sabœus se termine par une région que
son importance et sa forme caractéristique ont fait choisir
pour origine des longitudes aréographiques : l'astronome
de Lilienlhal, le premier, en 1798, observa en ce point un
globule noir, dans lequel les observateurs plus modernes
reconnurent une baie, dirigée vers le nord. Le 22 sep-
tembre 1862, pour la première fois, le Rév. Dawes vil
(48)
celle baie nellemenl fourchue; la double baie de Dawes
se voil acluellement toules les fois que les circonstances
sont favorables el les moyens d'observation suffisamment
puissants. Peut-être donc, en dédoublant cette baie, l'ob-
servateur à l'œil d'aigle, comme on l'appelle quelquefois,
faisait-il la première constatation d'une gémination. On lui
doit d'ailleurs aussi les premiers dessins de quelques
canaux de Mars.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Mars observé en 1890, au dix-huit pouces de Merz,
par M. Schiaparelli.
FiG. 1. 9 juin, 8''40% grossissement : 500; to = 70°; S = -♦- 12»
((0 = longitude du méridien centrai, o = latitude du centre).
FiG. 2. 20 juin, ii^, t. sid. Milan, oculaires : 350 et 500 ; oj = 5 i 0» ;
0 = -♦- 15°.
FiG. 5. 16 mai, IS*» '/i. '• *'<^- Milan, oculaire : 500; lo = 320»;
0 = -♦- 7".
Mars observé en 1890, ati télescope à miroir de 6 '/, pouces de Calver,
grossissements : 320 et 430 zb, par M. A. Stanley Williams
FiG. 4. 29 avril, de l^'iôO™ à 14b|5», /, m. Greenwich; lo = 159»;
S = -»- 5».
6, Propontis; c, Trivium Charontis; d, tache grise, confuse, très
faible; e. Titan; f, Erebus ou Hades; g, Boreas? /;, Sirenius; i, tache
un peu plus blanche, mal définie, ovale ; /, région un peu plus
brillante.
FiG. 5. 25at)n/, de 14^30™ à i5»>l5'»; to = 210''; S = -»- 5».
6, Trivium Cliaronlis; g, Laestrygon ; h, Cyclops ; i, Cerberus;
A-, Hades; /, Styx; m, Eunostos;/j, Aethiops; r, Elysium; s, Hyblaeus;
t, Propontis.
Bidïelms,3^ Sàte,, Tome XX.
1890
SduapardU ad nac del-
Mars observé par M Schmparelli .
Mars observé par M. Sianleu fVUlia/ns.
'■irankij Wdàa/ns , ad naz del
(49 )
FiG. 6. 24 mai, de IShO™ à IS^SO™; w = STS»; S = -4- 9».
/j, Triton; /, Libya; A-, Isidis rcgio; c, Nilosyrtis; d, Protonilus ;
e, Borcosyrlis; f, Ascicpius, g, Nepcnthes.
FiG. 7. 27 juin, à 10''0"; co = 297°; S = -♦- 14».
^, Libya; h, Nilosyrtis; i, Thoth ; jh, Aslusapes; p, Asclepius;
r, Protonilus; s, Phison; f, Hcllas; m, petite tache noirâtre.
FiG. 8. 18 mai, de 12'>I8» à IShO»; a) = 331»; o = -♦- 8».
/j, Nilosyrtis; t, Protonilus; k, Iliddekcl; s, Libya; l, Euphrates;
e, Ismcnius lacus; m, petite tache grisâtre, très faible.
Une Coronule de la baie de Saint-Laurent; par P.-J. Van
Beneden, membre de l'Académie.
Il y a quatre ans, dans un discours fort remarquable,
prononcé à la réunion de l'Association Britannique à
Birmingham, sir J. William Dawson lit mention d'un
spécimen de Coronuta, trouvé sur un morceau de peau
de Baleine conservé au Musée Redpathe, à Gaspe, au
fond du golfe de Saint-Laurent. Ce discours avait pour
objet: « la géologie de l'océan Atlantique » (i).
Ce morceau de peau de Baleine provient sans aucun
doute d'un animal capturé par quelque baleinier du pays,
et si ce n'est dans la baie de Gaspe même, c'est, en
tout cas, ou dans la baie de Saint-Laurent, ou sur la côte
du Labrador, où viennent encore, de temps en temps,
échouer des Baleines-
(d) Report of the 56 meeting of thc british Association, 1886.
Revue scientifique, Paris, 1886.
O""^ SÉRIE, TOME XX. 4
( SO)
A quelle espèce faul-il rapporter celle Coronula et de
quelle Baleine provient-elle? Esl-ce la Coronula reginœ,
provenaiil d'une baleine du Nord, comme le peuse le
savant géologue?
Le nom de Coronule a élé introduit, comme on sait, par
Lamarck, au commencement du siècle, pour un prétendu
coquillage qui vil sur la peau des Baleines (1).
Ces Coronules, pris d'abord pour des Mollusques, ont été
reconnus depuis comme de véritables Crustacés, et, eu
4851, Darwin a publié la monographie de ces curieux
Cirripèdes. L'illustre naturaliste admet trois espèces de
Coronules : une sur les Baleines des mers arctiques, une
autre sur les Baleines des États-Unis d'Amérique, de la
Grande-Bretagne, de l'océan Atlanlique et de la Nouvelle-
Zélande, une troisième sur les Baleines de l'océan Paci-
fique. C'est à celte troisième espèce que sir J. William
Dawson rapporte la Coronule de Gaspe.
Nous ferons remarquer en passant que les Baleines
étaient encore fort mal connues à l'époque oîi Darwin a
publié celte monographie, et que la plupart des Coronules,
même celles des grandes collections, n'indiquaient pas
toujours exactement les lieux ou les mers où elles avaient
élé recueillies. Ce sont, du reste, des renseignements,
qui, quoique indispensables pour celte étude, font encore
presque partout défaut aujourd'hui.
Le savant géologue de Montréal a cru pouvoir rap-
porter celle Coronule à une Baleine du . Pacifique, qui
aurait réussi à franchir le passage nord où lanl de navi-
(i) Annales du Muséum, t. I, 1802.
(SI )
gateurs onl échoué, dil-il; tant d'autres animaux marins
sont communs des deux côtés de ce continent (1).
La Coronnla appartient pour lui à l'espèce que Darwin a
décrite sous le nom de reginœ, dans sa belle monographie.
Nous ferons remarquer d'abord que la Baleine venant du
nord ne peut être que la Balœna mysticetus, et que cette
Baleine ne dépasse pas le 64" degré de latitude, d'après
les observations faites pendant tout un siècle, par les
baleiniers danois. Ensuite cette Baleine ne porte jamais
des Coronules; elle n'est couverte que de Cyames, qui
vivent là en vrais parasites.
Les Coronules ne hantent que les Baleines des régions
tempérées, et, comme les Balénoptères n'en ont pas plus
que la Baleine du Nord, la Coronule des côtes du Canada
ne peut provenir que de la Baleine des Basques, c'est-à-
dire, du Nord-Caper, ou bien de la Megaptera boops, que
les baleiniers désignent sous le nom de Humpback.
Et comme celte Coronule du Humpback est si parfaiie-
ment distincte des autres, que l'on a même cru devoir en
faire un genre à part sous le nom de Diadema, il ne peut
rester de doute au sujet de cette détermination.
Depuis longtemps, nous avons cru pouvoir affirmer
qu'il n'existe qu'une seule espèce de Baleine véritable
dans l'Atlantique septentrional, et que les individus, qui,
de temps en temps, viennent encore échouer sur les côtes
des États-Unis ou au Canada, appartiennent à l'espèce que
(1) Dali and Whitcaves hâve shown that some Mollusks and
Echinoderms arc conimon evcn to thc Allantic and Pacific coasts of
norlh America. Dali, Report of Alaska; Whiteaves. Trans. R. S. C.
(52)
les Basques poursuivaient, à l'époque de la grande pêche,
jusqu'en Islande et jusqu'à Terre-Neuve,
Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que Chem-
nitz distinguait parfaitement la Baleine dos Basques de la
Baleine qu'on allait chasser au Spitzberg. En décrivant la
Coronule du Nord-Caper, il fait remarquer que cette
dernière Baleine se défend avec une telle vivacité, contrai-
rement à l'autre, qu'elle semble avoir du vif-argent dans
les veines. Ce sont ses expressions.
Nous n'avons pas voulu nous en tenir à cette première
appréciation; nous avons écrit à iM. Dawson pour avoir
communication de la Coronule même, et, ne pouvant dis-
poser de l'exemplaire unique, M. Dawson a eu l'extrême
obligeance de nous en envoyer une photographie repré-
sentant le coquillage vu des deux côtés.
Pour la comparaison, nous sommes heureusement en
possession de l'excellent dessin de Coronule, dont l'origine
n'est pas douteuse puisqu'il est fait d'après un exemplaire
pris sur la peau d'un vrai Nord-Caper capturé, vers la fin
du siècle dernier, entre l'Islande et Terre-Neuve.
Les Coronules étaient considérées alors comme des
Mollusques, et l'illustre conchyliologisle de l'époque.Chem-
nitz, l'a fait figurer à côté des coquilles véritables (1).
En comparant cette photographie avec le dessin de
Chemnitz, il n'est pas difficile de voir que ces coquillages
ne peuvent appartenir qu'à une seule et même espèce et
qu'il n'y a entre eux qu'une différence de taille provenant
sans aucun doute d'une diflerence d'âge.
(1) Martini u. Chemnitz, Syslematisches Conchilien-Cabinel.
Nûrnberg, pi. LXLIX, fig. 843 et 1844.
(S3)
C'est donc, à noire avis, un vrai Nord-Caper, une Bnlœna
biscayensis qui a porté cette Coronule de Gaspe, une
baleine de l'espèce que les Basques ont chassée d'abord dans
le golfe de Gascogne, qu'ils ont poursuivie plus tard dans
la mer du Nord et dans l'Atlantique jusqu'en Islande et
Terre-Neuve.
Dans l'état actuel de la science, nous croyons pouvoir
affirmer :
i° Que la Baleine franche, la Balœna înysticetus des
naturalistes, habite toute la calotte polaire et passe par le
déiroit de Smyth comme par le détroit de Behring, sans
dépasser le 64* degré de latitude;
2" Que cette Baleine ne porte jamais des Coronules ou
autres Cirripèdes, et ne loge que des Cyames d'une espèce
particulière;
5° Que l'aire hydrographique de la Baleine des Basques,
le Nord-Caper ou Balœna biscnyensis des naturalistes, est
parfaitement limitée, au moins aujourd'hui : au sud à
l'archipel des Açores, au nord à l'île des Ours, à l'est et
à l'ouest à toute la largeur de l'Atlantique;
A° Que cette Baleine héberge généralement des Coro-
nules, indépendamment des Cyames, différentes des Cyames
de la Baleine franche;
5° Que le Hiimpback des baleiniers, qui est la Megaptera
boops des naturalistes, loin d'être confiné dans une mer,
visite au contraire les deux hémisphères sans respecter la
mer de Feu et se retrouve, avec les mêmes caractères
et les mêmes commensaux, dans la mer de BaiBn comme
sur les côtes du Kamschatka, en plein océan Pacifique
comme dans l'océan Austral.
6° Que ce Humpback porte si régulièrement ses Coro-
nules ou mieux ses Diadema, que les Groenlandais
(S4)
prétendent qu'elles viennent an monde avec lui; il y a
plus : sur ces Diadema vil un autre Cirripède, VOlion
Cuvieriiy qui se retrouve dans les divers océans avec les
mêmes caractères (1).
Le Humpback nourrit également, indépendamment de
ces Cirripèdes, une espèce particulière de Cyame, dont
nous aurons bientôt l'honneur d'entretenir l'Académie.
7° Que les Balénoptères ne se couvrent ni de Coronules
ni de Cyames ; on n'a trouvé sur elles, jusqu'à présent, que
des crustacés du genre Penella.
Le R/iachianectes glaucus, petite Baleine des côtes de
Californie, porte des Coronules et des Cyames d'une
espèce particulière, que le capitaine Charles M. Scammon
a fait connaître en 1874 (2).
Une autre petite Baleine, Neobalœna marginata, décou-
verte dans les eaux de la Nouvelle-Zélande, n'a montré
jusqu'à présent ni Coronules, ni Cyames.
La planche qui accompagne celle notice représente la
Coronule de Gaspe, que nous attribuons à une Baleine des
Basques, capturée ou échouée sur les côtes du Canada ou
du Labrador.
(1) Noire savant confrère, M. Van Bambeke, a bien voulu me
remettre, depuis ma communication verbale à l'Académie, un exem-
plaire de Diadema du cap Nord avec Otions et Cyames absolument
semblables à ceux que je possédais déjà de l'océan Pacifique et qui
sont parfaitement bien figurés dans les livres chinois sur la pêche
de la Baleine.
(2) The marine mammals of the North- Western Coast of Norlh
America. San Francisco, in-i», avec planches représentant les
principales espèces.
//// I/chfis: . y. Série, 7o//ic . VA '.
Ivth G.Severa^ns Brajodles.
CoroiuiUi icijuuv
(dS)
Les Anthozoaires pélagiques recueillis par le professeur
Hensen, dans son expédition du Plankton. — Commu-
nication préliminaire. — I. Une larve voisine de la
larve de Semper ; patr Edouard Van Beneden, membre
de TAcadémie.
Mon collègue el ami, M. le professeur Hensen, de l'Uni-
versilé de Kiel, m'a envoyé à l'élude, il y a peu de temps,
les Anlhozoaires pélagiques qu'il a recueillis, l'an dernier,
pendant son expédition du Plankton. J'ai (ait rapidement
le triage du matériel; quelques exemplaires de la plupart
des formes ont été colorés et débités en coupes sériées,
puis soumis à un premier examen.
Tous les Anthozoaires qui m'ont été envoyés sont des
formes larvaires el, chose bien remarquable, la plupart se
rattachent à l'évolution de Cérianthides.
On ne connaît que quatre genres appartenant à cette
tribu : les genres Cerianthus, Arachnaclis, Bathyanthus et
Saccanthus. Encore l'existence de ce dernier genre est-
elle fort problématique : suivant Andres, le genre aurait
été fondé sur des exemplaires mutilés de vrais Cérianlhes
Le genre Balfnjanllms ne comprend que l'espèce Bathyan-
thus balhymetricus de Moseley; un seul exemplaire a
servi à l'établissement du genre et de respèce,et cet unique
exemplaire se trouvait dans un étal de conservation fort
défectueux.
Par contre, le genre Cerianthus est relativement bien
(36)
connu. Il n'est représenté que par un petit nombre
d'espèces; mais l'organisation de quelques-unes de ces
espèces a été fort bien élucidée, grâce aux recherches de
J. Haime, de von Heider, des frères Hertwig, de C. Vogt
et de Danieisscn ; les larves de C. membranaceus ont
été étudiées et décrites par J, Haime, par Kowalewsky et
par Jourdan.
Quant au genre Arachnaclis, créé par Sars, il n'est connu
jusqu'ici que par des formes larvaires recueillies à la
surface de l'océan et étudiées par Sars, A. Agassiz,
C. Vogt et récemment par Boveri. On a pensé que les
Arachnaclis pourraient bien être de jeunes exemplaires de
vrais Cérianthes; mais Boveri annonce dans son mémoire
la découverte à' Arachnaclis adultes obtenus par dragage,
pendant l'expédition du Triton; ils seront prochainement
décrits par R. Hertwig.
Dans le matériel qui m'a été confié par M. Hensen se
trouvent, indépendamment du genre Arachnaclis, repré-
senté par un certain nombre d'individus d'âges divers,
neuf autres formes de Cérianlhides, très différentes les
unes des autres et faciles à caractériser. Je crois pouvoir
affirmer qu'aucune d'elles ne se rapporte ni au genre
Cerianthus, ni au genre Arachnaclis. Elles indiquent
l'existence de nombreux Cérianthides, dont les formes
adultes sont restées inconnues jusqu'ici. Les larves, qui
vivent à la surface de l'océan, en plein Atlantique, tant au
nord qu'au sud de l'équateur, gagnent très probablement
les fonds pour y continuer leur développement et y devenir
sexuées. S'il en était autrement, on ne s'expliquerait pas
comment aucun exemplaire sexué n'a été capturé, et il
n'est pas possible d'admettre que les larves d'animaux
( 37)
apparlenanl à des faunes lillorales se irouvenl en abon-
dance en plein océan.
Quoique les dragages exécutés dans le cours des expé-
ditions océaniques récentes n'aient révélé l'existence dans
les abysses que d'un seul Cériantbide^ le Ualhyanlhus bathy-
metricus de Moseley, il est donc éminemment probable, à
en juger par l'abondance et la variété des larves pélagi-
ques, que cette tribu est représentée dans les grands fonds
par des formes très diverses. Ce fait est intéressant en ce
que les Cérianlbides sont fort probablement apparentées
aux Rugosa ou Tétracoralliaires paléozoïques, dont qua-
rante-six genres sont connus de la période silurienne,
vingt-neuf du dévonien, vingt-quatre du carbonifère, un
seul du permien (Zitlel). Suivant Zillel, le groupe a atteint
son plus grand développement spécifique et numérique
dans le silurien supérieur.
Il en serait donc des Cérianlbides comme des Crinoïdes;
les uns etiesaulres peupleraient principalement, à l'époque
actuelle, les grandes profondeurs des océans.
J'ai tenu à annoncer dès à présent ce premier résultat
de l'étude que j'ai entreprise des Antbozoaires du Plankton,
en attendant la publication spéciale dans laquelle les
différentes formes larvaires seront décrites et flgurées.
Le but principal de la présente note est de faire con-
naître l'organisation d'une larve connue depuis longtemps
quant à ses caractères extérieurs, et qui a beaucoup
intrigué les naturalistes.
En 1807 Semper décrivit une ibrme larvaire des tropi-
ques, sur laquelle, à ce qu'il raconte, son attention avait
été appelée, avant son départ pour les Philippines, par
( S8 )
M. le professeur Behn, de l'Université de Kiel. Pendant
son voyage autour du monde, Behn avait observé, dans
les régions les plus diverses des mers tropicales, un orga-
nisme pélagique de 6 millimètres de longueur, dont le
corps cylindrique était pourvu d'une frange courant paral-
lèlement à l'axe du cylindre et donnait lieu à des phéno-
mènes d'irisation d'un admirable effet. Semper ne tarda
pas à retrouver cet organisme. Il le rencontra une pre-
mière fois au voisinage du cap de Bonne-Espérance, par
42° de latitude méridionale, dans le courant de Mozam-
bique, et plus tard dans le courant de la Sonde, sur la côte
de Java.
Il en a donné une description, accompagnée d'une belle
ligure, dans le Zeilschrifi fur ivissenschaftlic/ie Zoologie^
et a rendu compte, en quelques lignes, des faits qui le
déterminèrent à considérer l'organisme comme une larve
d'Actiniaire.
Cette forme larvaire est connue sous le nom de larve
(le Setnper. Autant que je sache, elle n'a pas été retrouvée
depuis,de telle sorte que nous ne possédons d'autres rensei-
gnements à son sujet queceux que nous devons à la publica-
tion faite, en 1867, par l'éminent naturaliste de Wùrzburg.
Semper n'a pu faire qu'un examen macroscopique de la
larve. Voici les principaux faits qu'il a relevés : le corps,
cylindrique, présente à chacun de ses pôles un orifice
circulaire; l'un d'eux est la bouche; il conduit dans un
tube pharyngien qui, après un court trajet, débouche
dans une cavité cœlentérique, subdivisée à sa périphérie en
six loges parallèles par un nombre égal de méseutéroïdes.
L'orifice aboral, Semper l'appelle anus. Dans la peau se
trouvent des nématocysles de deux types différents. La
(59)
frange irisée règne dans toute la longueur du corps, d'un
pôle à l'autre, suivant une génératrice du cylindre. Elle
est formée de filaments auxquels l'auteur donne le nom .
de cirrhes; elle s'incline alternativement à droite et à
gauche, et les irisations qu'elle présente sont dues à des
phénomènes d'interférence. Elle constitue l'organe de
locomotion et indique, par sa situation médiane, la symé-
trie bilatérale de la larve.
Il est vraiment étrange que ni les traités récents d'em-
bryologie comparée, ni les mémoires spéciaux relatifs au
développement des Anthozoaires ne font mention de la
larve de Semper. Cet oubli tient certainement en partie
au caractère aberrant de l'organisme et à l'impossibilité
de le rattacher à l'évolution d'un groupe déterminé
d'Anthozoaires; peut-être aussi a-t-on conservé quelque
doute sur l'exactitude des renseignements fournis à son
sujet. D'après Semper, la larve aurait six cloisons mésen-
tériques seulement, dont deux notablement plus courtes
que les quatre autres. Or, toutes les recherches faites
sur le développement des Anthozoaires, depuis les travaux
classiques de M. de Lacaze-Duthiers, ont conduit à ce
résultat que, pas plus chez les Aciiniaires que chez les
Hexacoralliaires, dont le développement est connu, il
n'existe, dans le cours de l'évolution, de stade quelque peu
persistant, durant lequel la larve serait pourvue de trois
paires de mésentéroïdes. Dans un travail récent, Boveri
a cherché à établir que tous les Actiniaires passent, au
contraire, par un stade caractérisé par la présence de
quatre paires de cloisons mésentériqiies, constituées comme
celles qui persistent pendant toute la durée de la vie chez
les Edwarsies; elles sont homologues à ces dernières.
( 60)
Tandis que le nombre des sarcoseptes ne s'élève jamais au-
dessus de huit chez les Edwarsies, leur nombre s'accroît,
chez les Acliniaires suivant une loi, variable de tribu à
tribu, mais constante dans les limites d'un même groupe
naturel.
Les frères Hertwig avaient démontré antérieurement
l'importance que présente, au point de vue de la classifi-
cation, le nombre des sarcoseptes et la loi suivant laquelle
s'accroît ce nombre; à la suite de ses recherches sur les
Actiniaires de Challenger, R. Hertwig en était arrivé à
distinguer six tribus parmi les Actiniaires : les Edvvarsides,
les Hexactinides ou Actinies hexamères, auxquelles il faut
adjoindre une partie tout au moins des Madréporaires;
les Monaulées, les Paraclinides, les Cérianthides et les
Zoanlhines. Blochmann et Hilger ont créé depuis une
septième tribu qui comprend les Gonactinides. D'après
Boveri, tous ces animaux passeraient, dans le cours de
leur évolution, par le stade Edwarsia, et ce stade succé-
derait rapidement, dans l'ordre évolutif, au stade à quatre
sarcoseptes, réalisé d'une façon permanente chez les Scy-
phozoaires (S. St ). Mais aucun Actinozoaire actuellement
connu ne présente, dans le cours de son développement,
de stade quelque peu persistant caractérisé par la présence
(le six mésentéroïdes.
Or, à en croire Semper, sa larve, qu'il considère comme
se rattachant au développement d'un Actiniaire, n'aurait
que six sarcoseptes.
Parmi les matériaux qui m'ont été communiqués, j'ai
trouvé un exemplaire fort bien conservé d'un organisme
que Hensen m'avait signalé comme étant probablement
identique à la larve de Semper. L'étude que j'ai faite de
(61 )
celle larve a confirmé la détermination de Hensen, en
ce sens que la larve dont il s'agit est voisine de celle que
Semper a fait connaître. J'ai l'honneur de communiquer
à la Classe la description de cet organisme. La larve, après
avoir été colorée par le carmin boracique, a été coupée
perpendiculairement à son grand axe. Le nombre des
coupes obtenues a été de 220. L'épaisseur moyenne des
coupes est de 0,03 mm., ce qui donne, pour l'organisme
entier une longueur totale de 6,6 millimètres environ.
La larve a été fixée par le sublimé et conservée dans
l'alcool. Les tissus, admirablement conservés, se prêtent à
un eïamen histologique minutieux.
Dans le même travail dans lequel il décrit la larve qui
porte son nom, Semper signale une autre forme larvaire
rappelant certaines larves d'Annélides, en ce qu'elle pré-
sente, à quelque distance en arrière de l'orilice buccal,
une couronne ciliaire transversale. Semper est d'avis que
cette seconde forme doit se rapporter, elle aussi, au déve-
loppement d'un Anlhozoaire; son ectoderme est bourré de
nématocystes de deux formes, rappelant celles qu'il avait
observées chez sa première larve. Il ex[)nme l'opinion que
cette seconde forme pourrait bien être un stade de déve-
loppement plus avancé du même Actiniaire auquel se
rapporte sa première larve.
J'ai trouvé également dans le matériel recueilli par
Hensen un exemplaire de la seconde larve de Semper.
Elle est extrêmement remarquable à divers points de vue;
elle ne se rattache certainement pas au même développe-
ment que la larve à frange vibratile longitudinale, mais
bien à l'évolution d'un Anlhozoaire du même groupe.
(62)
Dans son corps globuleux, qui ne mesure guère plus de
2 millimètres de diamètre, se trouvent logées trois autres
larves du même type, mais d'âges différents; ce qui fait que
la même série de coupes permet d'étudier quatre stades
différents du développement du même organisme. Ce fait,
extraordinaire à première vue, trouve probablement son
explication dans la propriété commune à un grand nombre
d'Actiniaires d'être vivipares. Les larves en voie de déve-
loppement dans la cavitécœlenlérique del'orgaiiisme mater-
nel cheminent dans toutes les parties de cette cavité. C'est
un fait bien connu qu'elles pénètrent même dans les tenta-
cules. On conçoit que des larves plus jeunes puissent péné-
trer par la bouche dans la cavité cœlentérique de larves plus
âgées et y demeurer après la naissance de ces dernières.
Je ferai connaître cette seconde larve dans une note
ultérieure. La présente communication a pour objet la
description de la larve n° 1.
Caractères extérieurs.
La forme générale de la larve rappelle celle d'une poire:
elle est renflée à une de ses extrémités et s'atténue pro-
gressivement à l'autre, où siège l'orifice oral. Celui-ci est
terminal et se voit distinctement à la loupe. L'axe de la
larve n'est pas rectiligne, mais bien incurvé en C. Il est
probable que l'incurvation n'existait pas pendant la vie,
qu'elle s'est produite au moment oii l'organisme a été flxé
par le réactif employé pour le durcir. La concavité de la
courbe répond à la face que nous appelons ventrale.
La surface du corps est ridée et inégale dans sa région
( «3)
moyenne et au niveau du renflement aboral. Elle montre
des crêtes arrondies et des bosselures qui n'ont rien de
régulier. L'élude des coupes démontre que ces rides sont
dues à l'action des réactifs. En certains points, l'ectoderme
s'est détaché de la lamelle mésencliymatique et a été sou-
levé de manière à former les crêtes et les bosselures que
l'on observe à la surface. La portion orale du corps n'a
pas subi ces altérations : elle est lisse et unie.
Toute la surface de la larve est fortement pigmentée, à
l'exception d'une bande médiane qui règne le long de la
face ventrale, sans atteindre cependant l'extrémité aborale :
elle n'intéresse que les deux liers antérieurs du corps et
se prolonge en avant jusqu'à la bouche. Cette bande
médiane occupe la concavité de la courbe larvaire. Au
milieu de la bande se voit un sillon peu accusé; sa colo-
ration est jaunâtre et d'une teinte uniforme, contrastant
avec le reste de la surface du corps, qui est très foncée.
La pigmentation n'est pas uniforme : on distingue à la
loupe des traînées pigmentaires formant un réseau irré-
gulier très serré.
Quand on examine la larve de profil, au moyen d'une
bonne loupe, on dislingue dans sa concavité une sorte de
grumeau translucide, qui remplit l'excavation ventrale;
il n'intéresse pas le renflement aboral. Comme l'ont appris
les coupes, cette formation est due à la présence d'une
frange vibratile analogue à celle que Semper a figurée
chez sa larve. C'est elle qui donne lieu, sur le vivant, à ces
phénomènes d'interférence et produit ces merveilleuses
irisations que Semper a si bien décrites.
Examiné à la loupe, l'orilice buccal m'a paru être de
forme quadrilatère; sur son pourtour on ne distingue
C 64)
aucune irace de tentacules. Je n'ai pas observé d'orifice
à l'extrémité aborale, et l'étude des coupes m'autorise à
affirmer qu'il n'existe pas d'autre orifice que la bouche.
Semper a signalé l'existence d'un orifice circulaire
à chacune des deux extrémités de sa larve cylindrique. Je
ne songe pas à contester l'exactitude du fait affirmé par
l'éminent naturalistedeWiirzburg.il n'est pas possible, vu le
soin avec lequel il a observé sa larve et l'exactitude parfaite
des renseignements qu'il a fournis à son sujet, qu'il ait
affirmé la présence d'un orifice qui n'existerait point.
J'indiquerai plus loin les raisons qui. me portent à croire
que la larve recueuillie par M. Hensen, si voisine qu'elle
soit de celle que Semper a décrite, est non se'ulement
spécifiquement, mais génériquement différente de cette
dernière.
Organisation.
Pour se rendre compte de l'organisation de la larve, il
convient d'examiner tout d'abord une coupe transversale
pratiquée vers le milieu de la longueur du corps.
Une semblable coupe a la forme d'un ovale irrégulier à
grand axe, dirigé transversalement. La symétrie bilatérale
est manifeste. (Fig. 1.)
Ectoderme. — L'ectoderme n'est pas partout adhérent
à la lamelle mésenchymatique. Çà et là se voient, entre
les deux formations, des espaces assez étendus. H en
résulte que l'ectoderme forme des plis irréguliers qui
déterminent l'apparence ridée de la surface. Ces rides,
aussi bien que les fentes que l'on observe entre l'ectoderme
et le mésenchyme, sont manifestement les produits arti-
( 63 )
ficiels de l'action des réaclifs employés pour fixer el durcir
l'organisrae.
Tandis que, dans toutes les larves d'Anthozoaires
décrites jusqu'ici, l'ecloderme présente le même caractère
sur tout le pourtour du corps, il existe chez notre orga-
nisme, du côté de la lace ventrale, une portion nettement
différenciée, bien délimitée à droite el à gauche, dont la
structure el l'aspect contrastent à première vue avec celle du
reste de la couche cellulaire eclodermique. Celle formation,
que j'appellerai la plaque flagellifère, est médiane el symé-
trique. Sa largeur représente la moitié environ du diamètre
transversal de la coupe. Dans les préparations colorées par
le carmin boracique, la plaque llagellilère se montre
colorée en rouge vif. Celle coloration n'affecte pas cepen-
dant toute l'épaisseur de la plaque, mais seulement sa
piirlie profonde, la zone superficielle qui porte les fouets
vibratiles étant d'une teinte rosée uniforme. La coloration
de la zone profonde est due à la présence d'innombrables
noyaux sphériques ou légèrement allongés en bâtonnets
courts, qui fixent énergiquement le carmin. La zone
superficielle est lolalemenl dépourvue de noyaux el se
constitue des portions distales, exclusivement proloplas-
miqiies, des cellules flagellées.
La plaque flagellifère est formée d'une seule et même
espèce de cellules ; ces cellules, excessivement étroites et
filiformes, ont leur noyau placé à des distances variables
(le la lamelle mésenchymalique, mais toujours dans la
profondeur de l'épithélium. On ne trouve dans la plaque
flagellifère ni cellules glandulaires, ni nématocystes, mais
seulement des cellules flagellées. Chacune d'elles présente
à son extrémité libre un petit plateau brillant, puncti-
forme, qui porte le flagellum. Ces petits plateaux conligus
3*"* SÉRIE, TOME XX. 5
( 66 )
donnent lieu à un conlonr très apparent qui, à un lorl
grossissement, se montre constitué de points brillants
juxtaposés et régulièrement alignés.
Dans la portion moyenne de la plaque, la strialion de
l'épithélium, due à sa composition cellulaire, est normale
à la surface ; mais suivant ses bords, les cellules fdiformes
sont inclinées obliquement de dehors et dedans. Il en
résulte qu'aux points où elle se continue avec le reste de
l'ecloderme, à droite et à gauche, la plaque semble former
deux bourrelets que l'on pourrait assez bien comparer
aux bourrelets dorsaux de la plaque médullaire de certains
Vertébrés.
Dans la plus grande partie de sa longueur, la plaque
flagellifère, déprimée à son milieu, saillante suivant ses
bords et constituée de deux moitiés semblables, l'une
droite, l'autre gauche, inclinées l'une vers l'autre, forme
une gouttière largement ouverte. On peut se faire une
idée très exacte de cette gouttière en la comparant à la
gouttière médullaire d'un Sauropside ou d'un Mammifère,
au début de la formation du Myllencéphale. Inutile de
faire observer que je n'entends nullement, en faisant ces
comparaisons, établir entre ces formations le moindre
rapprochement morphologique; je n'ai en vue que de faire
mieux comprendre la forme de la plaque flagellifère.
Nous verrons plus loin qu'à ses deux extrémités la
gouttière devient moins profonde et que la plaque finit
par devenir plane.
La plaque porte, dans toute sa largeur, d'innombrables
fouets vibratiles admirablement conservés. Ces fouets,
dont j'estime la longueur moyenne au tiers environ du
diamètre transversal moyen de la larve, ont un trajet
ondulé. On ne peut les suivre dans toute leur longueur
(67)
sur une coupe; ils forment ensemble une louiïe, striée
en certains points, finement puncluée en d'autres, suivant
que le rasoir a passé parallèlement ou perpendiculairemenl
aux filaments. Il est à remarquer que la frange vibratile
formée par l'ensemble des fouets n'est pas ici une lame
insérée suivant une ligne, comme dans la larve de Semper,
mais bien une couche épaisse dont la largeur répond à
celle de la bande flagellifère elle-même.
Pour terminer la description de la bande, il me reste à
signaler la présence, dans l'épilhélium, de traînées pigmen-
laires, radiaires ou éloilées, semblables à celles que l'on
observe en très grande abondance dans toute l'étendue de
l'ecloderme. Dans la plaque flagellifère, ces éléments pig-
raentaires sont relativement rares. Il est des coupes dans
lesquelles on n'en observe aucune trace.
Le reste de l'ectoderme a un tout autre aspect. Dans
les préparations colorées au carmin boracique, on constate
toujours l'existence, dans l'épaisseur de la couche, de trois
zones difl'éremment colorées. La zone superficielle est d'un
jaune-brun; la moyenne est rose; la profonde est à peu
près incolore. Dans la zone moyenne, il existe de très nom-
breux noyaux, fort rapprochés les uns des autres; on en
trouve également dans la zone profonde, mais ils y sont
clairsemés; dans la zone superficielle ne se rencontrent pas
de noyaux; la coloration jaune-brun de cette zone est due
à la présence d'innombrables nématocystes et de glandes
raonocellulaires dont le contenu, composé de grains, offre
une teinte brunâtre. De plus, l'ectoderme est fortement
pigmenté. 11 semble que le pigment siège dans des cel-
lules spéciales, soit filiformes, et alors i-adiairemenl
dirigées, soit étoilées.
C 68 )
Ce qui dislingue essenliellement i'ectoderme propre-
ment dit, c'est qu'il se constitue de diverses catégories
d'éléments cellulaires : il se compose, en effet, indépen-
damment des cellules épilhéliales ordinaires, d'une énorme
quantité de nématoblastes et d'innombrables cellules glan-
dulaires. Je ne signale pas d'éléments sensoriels, parce
qu'il n'est pas possible de les distinguer dans les coupes;
mais il n'est pas douteux qu'il n'existe ici, comme chez
les autres Cnidaires, des éléments nerveux en partie mêlés
aux autres cellules de I'ectoderme, en partie sous-jacenls
à ces dernières.
Les noyaux de toutes les cellules, quelle que soit la caté-
gorie à laquelle ils appartiennent, sont plus volumineux
que ceux des cellules flagellifères : ils se teintent en rose
et non en rouge vif; ils sont généralement ovalaires et
montrent à peu près constamment des ponctuations
foncées, dont une, particulièrement apparente, est peut-
être un nucléole. Les noyaux des cellules flagellées ont,
au contraire, une apparence homogène.
Les nématocystes se rattachent à deux formes bien
distinctes : les uns, de faibles dimensions, ont la forme de
petits cylindres à bouts arrondis ou de boudins droits; ils
renferment un fil décrivant une spirale extrêmement régu-
lière à la périphérie du cylindre. Us sont de dimensions
un peu variables; mais les différences que l'on remarque
entre eux ne dépassent pas des limites assez étroites.
Ils siègent exclusivement dans la zone superficielle de
, I'ectoderme. Les autres, très volumineux, de forme ovoïde,
renferment un fil enroulé en une spirale très apparente,
mais toujours assez irrégulière, les tours de spire étant
tantôt plus, tantôt moins rapprochés les unes des autres,
et le diamètre de la spire étant sujet à variation dans
( «9)
un même iiématocyste. Ils sont relalivemeni rares. On
en trouve à peine une dizaine dans une même coupe
transversale; ils siègent principalement dans la zone pro-
fonde de l'ectoderme.
Il existe aussi deux formes de cellules glandulaires : les
unes ont un contenu grossièrement, mais uniformément
granuleux, les autres un contenu clair et d'apparence
homogène ou réticulée. Les premières sont de loin les
plus nombreuses. Très étroites dans la zone moyenne
et dans la zone profonde de l'épiderme, au point d'y être
filiformes, elles s'élargissent considérablement et s'évasent
dans la zone superficielle. Les grains brillants, tous de
mêmes dimensions, ont une teinte brunâtre. Les glandes
claires, plus rares, se voient surtout dans la partie orale
du corps.
Lamelle mésenchymalique. — Elle est remarquablement
épaisse et se fait remarquer en outre en ce qu'elle
renferme de très nombreux éléments cellulaires.
Les cellules, disséminées dans une substance fondamen-
tale abondante, faiblement colorée en rose, peuvent être
groupées en deux catégories : les unes sont volumineuses;
leur protoplasme fixe énergiquemeni la matière colorante;
elles sont tantôt arrondies, ovoïdes ou sphéroïdales,
tantôt pourvues de prolongements, et, dans ce cas, fusi-
formes ou éloilées. Les autres sont de dimensions beau-
coup moindres et toujours pourvues de prolongements
très fins et incolores. Les cellules du mésenchyme ne sont
pas uniformêmenl réparties dans la substance fonda-
mentale : très abondantes et voisines les unes des autres
en certains points, elles sont relativement rares dans
d'autres.
( 70)
On trouve, dans la profondeur de l'endoderme, au voisi-
nage de la couche misenchymalique, de nombreuses
cellules présentant des caractères identiques à ceux des
grosses cellules du mésenchyme. Elles contrastent par
tous leurs caractères avec les cellules épithéliales du feuillet
interne; elles sont arrondies ou fusiformes et, dans ce
dernier cas, allongées, non pas perpendiculairement, mais
parallèlement à la lamelle fondamentale. On en voit çà et
là qui sont partiellement engagées dans la substance
fondamentale du mésenchyme, en partie encore dans
l'endoderme. Il n'est pas douteux que les cellules mésen-
chymatiques ne soient, en partie du moins, d'origine
endodermique.
En est-il ainsi de toutes les cellules du mésenchyme?
Je ne le pense pas. On trouve, en effet, dans la profondeur
de l'ectoderme, au voisinage immédiat du mésenchyme,
voire même accolées à la surface ectodermique de la
lamelle, de petites cellules fusiformes qui, au lieu d'être
allongées dans une direction radiaire, sont, au contraire,
tangentielles par rapport au mésenchyme. Dans les points
où l'ectoderme s'est décollé de la lamelle fondamentale, il
n'est pas rare de voir de ces petites cellules ectodermiques,
aiîectant l'apparence de cellules endothéliales vues en
coupe, accolées à la face externe du mésenchyme. Ces
cellules diffèrent des cellules d'origine endodermique par
leurs dimensions minuscules. Jl me paraît probable que
les deux couches épithéliales du corps fournissent l'une et
l'autre des éléments cellulaires au tissu raésenchymatique.
Ce qui confirme cette manière de voir, c'est que, même
dans la plaque flagellifère, on trouve dans la profondeur de
la bande, au contact immédiat de la lamelle mésenchyma-
tique, une mince assise cellulaire dont les éléments con-
( •'l )
Irastenl avec les cellules flagellifères. Leurs noyaux sont
plus volumineux, plus clairs et pourvus d'un point niicléo-
lilbrme. Ces noyaux sont identiques à ceux que l'on
rencontre régulièrement dans les petites cellules du
mésenchyme.
A (Il juger par l'importance qu'a déjà atteinte, dans le
slade larvaire que nous décrivons, la lamelle mésenchy-
malique, et par le nombre des cellules tant endodermiques
qu'eclodermiques, qui paraissent destinées à participer,
dans le cours de l'évolution, à l'accroissement du mésen-
chyme, il semble que cette formation doit être très déve-
loppée dans les organismes dont notre larve nous repré-
sente le début. Dans les larves d'Hexaclinies, d'Edwardsies
et de Cérianlbides que j'ai eues sous les yeux, la lamelle
fondamentale est le plus souvent totalement dépourvue
de cellules; tout au plus y trouve- t-on çà et là quelques
rares noyaux peu apparents. Dans notre larve, au con-
traire, la lamelle fondamentale est un tissu cellulaire bien
caractérisé et les assises cellulaires différenciées de l'endo-
derme et de l'ectoderme, au contact immédiat de la lamelle
fondamentale, ont à peu près l'apparence de la coucbe des
osléoblastes du tissu osseux, des odontoblastes de l'ivoire
dentaire.
Cœlenléron, sarcoseptes et endoderme. — La cavité
cœlentérique présente, vers le milieu de la longueur du
corps, l'apparence d'une fente transversale, en forme de
croissant, la convexité du crois<jant étant dorsale, sa con-
cavité ventrale. (Fig. 1.)
Elle est subdivisée à sa périphérie par trois paires de
macroseples pourvus, suivant leur bord libre, d'un bour-
relet raésentérique, en six loges, dont deux sont médianes.
(72)
quatre latérales; celles-ci sont symétriques deux à deux.
De ces loges, la plus étendue dans le sens transversal est
la loge directrice ou médio-venlraie. Les sarcoseptes qui
la délimitent latéralement ont leurs insertions situées en
dehors des lignes qui répondent aux bords de la plaque
flagellifère. La loge dorsale vient immédiatement après
la loge directrice, en ce qui concerne l'écartement des
cloisons mésentériques qui la délimitent. Les loges latéro-
ventrales sont plus étendues que les loges latéro-dorsales.
Les sarcoseptes directeurs proéminent moins dans la
cavité que les deux autres paires; mais les trois paires
d'organes mésenléroïdes présentent la même structure, à
part la position des fibrilles musculaires, dont il sera
question plus loin.
Indépendamment des trois paires de macroseptes, dont
il vient d'être question, il existe six microseptes : quatre
divisent en deux moitiés semblables les loges latérales; la
troisième paire siège dans la loge dorsale, qu'elle tend à
diviser en trois parlies, dont une médiane et deux latérales.
Il existe donc en tout douze mésentéroïdes, six droits et six
gauches, six macroseptes et six microseptes alternant entre
eux. La loge directrice ventrale seule est dépourvue de
microseptes, la loge médio-dorsale est délimitée par deux
microseptes.
Les trois paires de microseptes sont inégalement
développées. La plus saillante siège dans les loges latéro-
dorsales; si Ton peut conclure du degré de développement
à l'ordre évolutif, il y a lieu de croire que les microseptes
interposés entre les macroseptes latéraux se forment immé-
diatement après les six macroseptes.
La couche endodermique qui tapisse les deux faces de
la lamelle mésenchymatique des mésentéroïdes est mince
(73)
et formée de cellules cuboïdes. Cependant, au conlacl
im.nédiat de la lamelle se voient çà et là des cellules
rusifoimes, adjacentes à la lamelle et qui lixent énergique-
meiil les matières colorantes. Elles sont identiques aux
éléments cellulaires que l'on observe dans l'épaisseur de
cette lamelle.
Les bourrelets mésentériques n'ont aucune tendance à
décrire des circonvolutions. Dans toutes les coupes, ils
affectent une forme arrondie, et l'on y distingue de nom-
breuses cellules glandulaires, les unes à contenu granu-
leux, les autres à contenu clair et d'apparence bomogène.
Toutes les cellules qui constituent ensemble le bourrelet
sont conoïdes et rayonnent dans tous les sens autour de
l'extrémité légèrement renflée eu massue de la lamelle
mésenchymatique.
On dislingue, sous la forme d'une rangée de grains
brillants, une couche de fibrilles musculaires longitudi-
nales dans chacun des macroseptes. Dans les sarcoseptes
directeurs, la couche musculaire siège sur la face opposée
à celle qui délimite la loge médio-venlrale. Dans les deux
autres paires, la couche musculaire est adjacente, au con-
traire, à la face qui regarde la loge directrice.
La surface de la lamelle mésenchymatique, qui porte les
fibrilles, est irrégulière; mais il n'existe pas d'étendards
musculaires proprement dits, à moins que l'on ne consi-
dère comme rudiments de formations semblables les
petites dentelures qui supportent les fibrilles.
Les microseptes diffèrent des macroseptes : i" en ce
que leur lamelle mésenchymatique, très courte, est à peu
près réduite à la massue terminale des macroseptes; 2° en
ce que la couche endodermique qui les recouvre est très
mince; 3" en ce qu'ils ne présentent pas de bourrelet
mésentérique.
(74)
Dans la région du corps où les microseples présentent
leur plus grand développement, c'est-à dire dans la moitié
aborale de la larve, les formations portent déjà quelques
fibrilles musculaires longitudinales. Dans les microseptes
qui délimitent la loge médio-dorsale, les fibrilles siègent sur
la face opposée à celle qui regarde la loge.
Dans les deux autres paires la couche musculaire est au
contraire dirigée dorsalement. H en résulte que, des douze
loges futures, six seront intraseptales, six autres inler-
septales. Les loges médianes sont inlerseptàles, les laté-
rales sont alternativement interseptal.es et intraseptales,
l'alternance se produisant aussi avec les loges médianes.
L'endoderme de la paroi du corps contraste, par son
énorme épaisseur, avec la partie de ce feuillet qui revêt
les sarcoseptes. Il forme des bourrelets saillants dans la
cavité cœlentérique. Le nombre de ces bourrelets répond
exactement au nombre des loges, que celles-ci soient
délimitées exclusivement par des macroseptes, par un
macrosepte et un microsepte, ou par des microseptes. La
largeur du bourrelet répond à celui de la loge. Cependant,
d'une manière générale, l'épaisseur de l'endoderme
pariétal diminue de la face ventrale où elle est maximum,
à la face dorsale où elle est minimum. Les cellules consti-
tutives de ces bourrelets ont pour hauteur l'épaisseur totale
de l'endoderme; leur structure est manifestement réticulée
et vacuoleuse. Il paraît exister une couche de fibrilles
musculaires transversale, à la face interne de la lamelle
mésenchymatique de la paroi du corps, et aussi sur celle
des faces de la lamelle fondamentale des sarcoseptes qui
ne porte pas de fibrilles musculaires longitudinales.
Nous allons, maintenant que nous connaissons la consti-
tution d'une coupe transversale faite vers le milieu de la
( 73 )
longueur du corps, passer en revue les différents organes
et indiquer les résultais que l'étude de la série des coupes
successives nous autorise à formuler.
I, — Plaque fîagellifère.
Celle formation ne règne pas, comme chez la larve de
Semper, dans toute la longueur du corps. Elle s'arrête
brusquement, sans se rétrécir au préalable, au point d'union
des deux tiers antérieurs avec le tiers postérieur du corps
de la larve. Son bord aboral est délimité par un bourrelet
légèrement saillant, de forme semi-circulaire. Ce bour-
relet, au niveau duquel la plaque se continue avec le
reste de l'ectoderme, présente la même constitution que les
bourrelets latéraux que nous avons décrits plus haut.
La plaque s'étend, au contraire, jusqu'à l'extrémité orale
de l'organisme larvaire; elle se rétrécit progressivement
d'arrière en avant et se termine en pointe dans la lèvre
ventrale de l'ouverture buccale. (Fig. 2.) La structure de
la plaque reste la même dans toute sa longueur.
La frange vibratile présente sa hauteur maximum dans
la partie la plus large de la plaque. Sa hauteur diminue
lentement d'arrière en avant.
J'ai déjà dit que la plaque forme gouttière dans la plus
grande partie de sa longueur. (Fig. 6.) La gouttière devient
moins profonde aux extrémités orale et aborale de la
plaque; elle finit par s'effacer complètement.
Les caractères de l'épiderme se maintiennent iden-
tiques dans toute l'étendue de la surface du corps. Tout
au plus constaie-t-on de légères difl'érences dans l'épais-
seur de la couche. Elle est un peu plus mince à l'extrémité
orale.
(76)
II. — L'orifice buccal.
Il n'existe encore aucune trace de tentacules autour de
la bouche. Celle-ci présente la forme d'un hexagone symé-
trique, mais irrégulier. Elle est surmontée par deux lèvres
saillantes inégalement développées : l'une, ventrale, plus
petite, répond à la loge de direction qui vient s'y terminer
en cul-de-sac; l'autre, dorsale, semilunaire, beaucoup plus
étendue que la lèvre ventrale, répond à la loge dorsale et
aux deux paires latérales qui lui sont adjacentes. (Fig. 2et 3.)
La loge dorsale est, des trois, celle qui s'avance le plus
loin dans la lèvre supérieure.
Une coupe faite transversalement, au niveau de l'orifice
buccal, montre avec une netteté remarquable la symétrie
bilatérale de l'organisme.
La plaque flagellifère se termine sur la face externe de
la lèvre ventrale. Elle s'y rétrécit progressivement pour
se terminer en pointe.
m. — Pharynx.
Le pharynx présente des caractères bien particuliers.
(Fig. 4, 5 et 6.) Il montre une symétrie bilatérale parfaite.
Il pourrait paraître, à première vue, que les gouttières
pharyngiennes [Stilcus et Sulculus de Haddon) font ici
défaut. En effet, tant du côté de la face ventrale que du
côté de la face dorsale l'épithélium pharyngien forme une
saillie vers la cavité pharyngienne. Du côté ventral, la
lamelle mésenchymatique de la paroi pharyngienne est
ployée de façon à former un angle saillant vers l'axe de
( 77 )
l'organisme. Mais il me paraît évident qu'en se plaçant au
point de vue morphologique, il laut considérer comme
homologue au Sulcus des autres Anthozoaires la portion
ventrale élargie de la cavité pharyngienne; la plaque
épiiiiéliale très large et peu élevée, qui répond à la loge
directrice, est homologue à cette partie de l'épithélium
pharyngien qui, chez les autres Anthozoaires, constitue le
plancher de la gouttière pharyngienne ventrale (Siphono-
glyphe de Hickson). Il n'est pas possible de résoudre la
question de savoir si la partie dorsale de la fente pharyn-
gienne, celle qui répond à la loge médio-dorsale, doit être
considérée comme un Sulculus.
La cavité proprement dite a la forme d'une fente ventro-
dorsale répondant au plan médian. (Fig. 4.)
Le revêtement eclodermique du pharynx présente laté-
ralement trois paires de bourrelets longitudinaux, symé-
triques deux à deux, séparés les uns des autres par des
sillons bien marqués. Ces trois paires de bourrelets
répondent aux trois paires de sarcoseptes primaires. De
ces bourrelets, ceux qui correspondent aux septa directeurs,
sont les moins volumineux; les moyens sont les plus
considérables.
Dans sa partie initiale, celle qui succède immédiatement
à l'orifice buccal, le pharynx a une forme à peu près
quadrilatère, l'un des côtés répondant à la loge médio-ven-
traie, le côté opposé à la loge dorsale, les côtés latéraux aux
deux paires de loges latérales. (Fig. 4.) Mais, après un court
trajet, le pharynx change de forme : il se développe dans le
sens transversal et montre à la coupe la forme d'un crois-
sant. (Fig. 6.) Le bourrelet épithélial répondant au fond du
Sulcus s'élargit, et en même temps la portion médiane
du plancher du pharynx, soulevée en dos d'âne, fait
{ 78 )
fortement saillie dans la cavité pharyngienne. Ce bourrelet
du Sulcus répond à lui seul à la concavité du croissant.
Les bourrelets qui surmontent les septa directeurs siègent
aux extrémités du croissant. Le bourrelet qui, par sa posi-
tion dorsale, répond au Sulculus, se rétrécit au fur et à
mesure que l'on s'éloigne de l'extrémité orale, et bientôt
disparaît. Les bourrelets épithéliaux qui surmontent les
quatre autres mésentéroïdes régnent le long de la convexité
du croissant pharyngien; ils en forment la voûte, tandis
que la plaque du Sulcus en forme à elle seule le plancher.
Après un court trajet ce plancher se fend sur la ligne
médiane et le pharynx est mis en communication avec la
loge directrice. La fente s'élargit rapidement; elle gagne
bientôt toute la largeur de la cavité pharyngienne, qui se con-
fond alors avec la loge médio-venirale. L'endoderme parié-
tal de la loge directrice constitue alors le plancher de la
cavité du pharynx ; il est très proéminent et envahit en par-
tie la cavité pharyngienne confondue avec la loge direc-
trice. A ce niveau, les loges latérales et la dorsalesontencore
séparées de la cavité pharyngienne, dont la voûte est
encore complète. Mais bientôt les fentes interposées entre
les bourrelets ectodermiques qui répondent nux sarcoseptes
s'approfondissent, et l'on voit toutes les loges communiquer
avec la cavité axiale. Nous nous trouvons cnaintenant dans
la région gastrique ou cœlentérique; les bourrelets qui
garnissent le bord libre des sarcoseptes primaires doivent
être appelés « bourrelets mésentériques » ; nous avons
dépassé le bord inférieur du pharynx.
Il estde toute évidence qu'ici comme chez les Cérianthes
et chez d'autres A nthozoaires, les bourrelets mésentériques
sont la continuation des bourrelets ectodermiques du
phayrnx, comme l'a soutenu Heider et comme l'ont
( 79)
démontré Wilson el Boveri. La slruclure est identique de
part el d'autre, et ii n'existe aucune ligne de démarcation,
au bord inférieur du pharynx, entre les deux genres de
l'ormations qui, en fait, n'en font qu'une.
Il ressort de ce qui précède que, contrairement à ce qui
existe chez d'autres Anlhozoaires et à l'opposé de ce que
Ton connaît chez les Cérianlhldes, depuis les recherches
classiques de J. Haime, chez notre larve le pharynx est
plus court du côté ventral que du côté dorsal. Le Sulcus
est plus court que le Sulculus.
Indépendamment de sa couche épithéliale interne, ecto-
dermique, la paroi du pharynx comprend une lamelle
mésenchymatiqueetun revêtement externe endodermique.
Celui-ci est fort mince; c'est un épilhélium pavimenteux
ou cuboïde qui se continue sur les faces des sarcoseptes.
IV. — Mésenléroïdes {sarcoseptes) et loges mésentériqites.
La larve présente trois paires de macroseptes qui se
fixent à la paroi du [iharynx et sont garnis dans toute
leur longueur, à partir du bord inférieur de cet organe, de
bourrelets mésentériques. De ces trois paires de macro-
septes, l'une délimite la loge directrice et répond à la
paire directrice ventrale des autres Anthozoaires; les deux
autres sont latérales.
La paire directrice, notablement plus courte que les
deux autres, n'atteint pas l'extrémité aborale. Elle ne se
trouve plus sur les coupes de l'extrémité renflée du corps
de la larve. Les deux autres sont à peu près de même
longueur; elles atteignent, ou peu s'en faut, le pôle aboral ;
néanmoins la paire intermédiaire dépasse un peu, vers
cette extrémité, la paire dorsale; elle proémine un peu
( 80)
plus aussi que les deux autres dans la cavité cœlenlérique,
et les bourrelets ectodermiques du pharynx, qui ne sont
que les extrémités orales des bourrelets mésentériques
(entéroïdes de Lacaze-Duthiers), sont plus volumineux,
en ce qui concerne la paire intermédiaire, que les deux
autres.
Il existe en outre trois paires de microseples, dont nous
avons indiqué plus haut les positions. La paire dorsale
délimite la loge médio-dorsale, les deux au.tres alternent
avec les macroseptes latéraux. Ces microseptes n'atteignent
pas la paroi du pharynx, mais sont cependant indiqués
dans la partie orale du corps, même immédiatement en
deçà de la bouche. Ils s'étendent en arrière jusque près de
l'extrémité aborale. La paire adjacente à la paire directrice
est plus courte que les antres : elle ne dépasse guère les
sepla directeurs; la plus longue est interposée entre les
macroseptes latéraux. A ces différences de longueur
correspond une légère différence de leur développement
en saillie. Les microseptes latéraux sont les plus proé-
minents dans la cavité cœlenlérique; puis viennent les
dorsaux; en dernier lieu, les ventraux.
Nul doute que les microseptes ne soient de formation
plus récente que les macroseptes, et qu'il existe dans le
cours de l'évolution de notre larve un stade longtemps
prolongé pendant lequel l'organisme se caractérise par la
présence de six sarcoseptes primaires. Si l'on peut con-
clure, d'ailleurs, de la longueur relative des septa et de
leur degré de développement à l'ordre de leur apparition,
les latéraux apparaîtraient en premier lieu, les dorsaux
ensuite, les sepla directeurs en troisième rang. Viendraient
ensuite, après une période de repos, les microseptes
moyens, puis les dorsaux, enfin les ventraux. A en juger
(81 )
par le développement notablemenl plus avancé des micro-
septes moyens, il doit se présenter dans le cours de l'évolu-
tion un stade, de courte durée, caractérisé par la présence
de huit cloisons, dont six macroseples et deux microseptes.
J'ai représenté, dans le schéma ci-dessous, une figure des-
tinée à représenter synthéiiquement les conclusions que je
viens de formuler. Les chiffres 1 à 6 indiquent l'ordre pro-
bable de succession des mésenléroïdes.
FiG. 1.
Une particularité bien caractéristique de notre larve,
c'est l'extension considérable, dans le sens transversal, de
la loge directrice dans la région pharyngienne du corps.
Néanmoins, la cavité de la loge, et il en est de même de
toutes les autres, se trouve réduite à n'être qu'une fente
étroite par suite de la grande épaisseur de l'endoderme
pariétal, qui proémine fortement dans les cavités mésen-
lériques. (Fig. Â et 6.)
Dans les loges latérales, le bourrelet endodermique
3"* SÉRIE, TOME XX. 6
(82)
pai'iélal se trouve subdivisé par les microseples naissants;
dans la loge dorsale, le bourrelet est subdivisé par la
même cause en trois parties, une médiane et deux laté-
rales. (Fig. 4 et 6.)
Nous devons maintenant nous poser la question de
savoir si notre larve est identique à la larve de Semper.
La forme générale du corps, caractérisée par son allon-
gement considérable, l'existence de six sarcoseptes bien
développés, l'absence totale de toute trace de tentacules
autour de la boucbe, et surtout la présence de la frange
vibratile médiane, ne laissent aucun doute sur l'affinité qui
existe entre les deux larves. Cependant, une série de carac-
tères les différencient nettement et nous obligent à les rat-
tacber à l'évolution d'espèces, probablement même de
genres différents. Ces caractères différentiels sont relatifs :
i° A la forme de la larve, cylindrique d'une part, pyri-
forme de l'autre;
2° A la longueur de la frange vibratile, qui règne dans
toute la longueur du corps cbez la larve de Semper, qui
n'intéresse que les deux tiers antérieurs de la face ven-
trale de l'organisme recueilli par Hensen;
3° A la présence d'un orifice aboral chez la larve de
Semper, orifice qui fait totalement défaut chez notre
exemplaire;
4" Aux organes urlicanls (némalocystes) qui, à en
juger parles figures produites par Semper, sont très diffé-
rents dans les deux larves.
Semper a conclu de la présence de la bordure vibratile
à la symétrie bilatérale de sa larve. Une coupe transversale
du corps, faite en n'importe quel point de sa longueur,
démontre avec la dernière évidence l'ordonnance parfaite-
ment bilatérale de toutes les parties de l'organisme.
( 8-^)
Semper décrit six scpta chrz sa larve; il a vn que l'une
(1rs paires était notablement plus courte que les deux
autres, exactement comme je l'ai décrit pour l'exemplaire
dont j'ai lait l'élude. Si Semper n'a pas signalé l'existence
de trois paires de microseptes, on ne peut en conclure que
ces cloisons naissantes feraient défaut chez sa larve, l'exa-
men macroscopique ne pernjeltant pas de reconnaître la
présence de mésentéroïdes rudimeniaires qui ne font pas
encore saillie dans la cavité cœlentérique. On ne peut
donc attacher aucune importance à celte différence dans
les descriptions.
D'après la description que Semper a donnée de sa larve,
la frange vibratile serait insérée dans un sillon médian
régnant dans une bande claire. Il me paraît éminemment
probable que la bande claire de Semper répond à ce que
j'ai appelé la plaque flagellifère et que le sfouets vibratiles,
formant ensemble la frange, émanent, dans les deux cas,
de toute la surface de la plaque.
On peut se demander si la différence que j'ai signalée
dans la forme des deux organismes n'est pas le résultai
d'un changement qui se serait |)roduil au moment oii l'on
a fixé la larve. L'étude des coupes démontre clairement
qu'il ne peut en être ainsi : le dianièlre de l'extrémité
aborale est cinq ou six fois plus considérable que celui de
l'extrémité orale, sans qu'il y ail aucun indice d'altération ;
les diverses couches présentent approximativement la
même épaisseur dans toute la longueur du corps. l,e peu
de développement du système musculaire ne permet pas
d'ailleurs d'admettre des contractions énergiques et diffé-
rentes dans les diverses régions du corps.
A quel groupe d'Anlhozoaires se rapportent les larves
de Semper et celle que j'ai fait connaître?
(84)
Les recherches dont l'organisation et le développement
des Anlhozoaires ont été l'objet dans le cours de ces der-
nières années ont démontré l'existence dans ce groupe de
plusieurs types évolutifs distincts. L'insuffisance des don-
nées acquises jusqu'ici ne permet pas encore une réforme
définitive de la classification des Anthozoaires; mais la
nécessité de cette réforme est dès à présent établie.
On a confondu à tort, dans le groupe des Actiniaires,des
organismes qui n'ont de commun que le caractère d'ordre
très secondaire d'être dépourvus de formations squelet-
tiques; les Actinies évoluent de manières diverses, suivant
des lois différentes, tandis que, d'autre part, les affinités
qui relient les Hexactiniaires aux Scléroderraés ne sont
plus l'objet d'un doute.
A côté des Octacliniens et des Antipataires, qui consti-
tuent deux groupes naturels bien définis, on peut distinguer
avec R.Herlwig, dans le groupe peu naturel desActiniaires,
sept tribus bien caractérisées :
Les Edwardsies.
Les Hexaclinies.
Les Cérianlhides.
Les Zoanlhines.
Les Monaulées.
Les Paraclinies.
Les Gonactinies.
Edwardsies. — Les Edwardsies possèdent huit sarco-
septes et une symétrie bilatérale bien accusée. Andres et
les frères Hertwig ont fait connaître l'ordonnance des
muscles chez ces organismes. Le pharynx est pourvu de
deux gouttières pharyngiennes, l'une ventrale, l'autre
dorsale ; disons, avec Haddon, d'un sulcus et d'un sulculus
(85)
I.a loge directrice ventrale est délimitée par des mésenlé-
roïdes directeurs qui portent des muscles longitudinaux
opposés. Il en est de môme de la loge dorsale. Les deux
paires latérales ont leurs muscles dirigés venlralement,
comme la paire dorsale. La paire ventrale est donc toujours
reconnaissahle en ce qu'elle porte ses muscles en sens
opposé de ce que l'on observe sur les trois autres paires.
On connaît suflisamment les larves des Edwardsies pour
pouvoir affirmer qu'elles n'ont aucune analogie avec la
larve de Semper; l'existence de douze cloisons dans celle
que nous avons décrite suQil pour écarter toute idée de
rapprochement entre ces larves et les Edwardsies, dont le
nombre des sarcoseptes ne dépasse jamais huit.
Hexactinies. — M. de Lacaze-Duthiers, dans ses mémo-
rables recherches sur le développement des Hexactinies, a
établi qu'il y a lieu de distinguer deux périodes dans l'his-
toire évolutive de ces animaux.
Première période : La première comprend la formation
des douze sarcoseptes primaires, la seconde celle des sepla '
secondaires. Tandis que l'on admettait, avec Milne-
Edwards et J. Haime, qu'il se forme simultanément six
cloisons primaires, puis, à mi-distance entre celles-ci, six
cloisons de second ordre, puis successivement, entre les
cloisons antérieurement formées, douze cloisons de troi-
sième ordre, vingt-quatre de quatrième ordre et ainsi de
suite, M. (le Lacaze-Duthiers a établi que les douze pre-
mières cloisons se forment successivement et symétrique-
ment deux par deux, suivant un ordre bien déterminé. La
jeune Actinie passe, dans le cours de son développement,
par une série de stades, respectivement caractérisés par 2,
(86)
4, 6, 8, 10 et 12 sarcoseptes. Tandis que l'on constate à
une période de repos plus ou moins prolongée après les
stades à 2, à 4 et à 8 cloisons, les stades à 6 et à 10 cloisons
sont de très courte durée.
Si nous désignons par I les sarcoseptes directeurs, par
H, III, IV, V et VI les autres paires, ces numéros d'ordre
indiquant leur degré d'écartement de la paire directrice,
l'ordre de formation serait le suivant : III, VI, I, V, IV et II.
Les cloisons III formées en premier lieu, dirigées transver-
salement par rapport à la fente buccale, divisent la cavité
cœlenlérique en deux chambres, l'une dorsale, plus étendue,
l'autre ventrale, plus réduite, qui, dans le cours du dévelop-
pement, se subdivisent la première en sept, la seconde en
cinq loges.
Quelques doutes ont été émis par les frères Hertwig au
sujet de la loi de formation indiquée par M. de Lacaze-
Dulhiers, en ce qui concerne l'âge relatif des cloisons V
et VI, et ces doutes ont été confirmés par les recherches
de W^ilson sur le développement d'une espèce du genre
Manîcina.
D'après Wilson, l'ordre de formation serait le suivant :
III, V, I, VI, IV et II. Comme on le voit, la différence
entre la manière de voir de M. de Lacaze-Duthiers et
celle de Wilson porte seulement sur l'âge relatif des cloisons
V et VI. D'après Lacaze, VI se formerait avant V; d'après
Wilson, V précéderait VI.
Mais Wilson et Haddon sont d'accord avec M. de Lacaze-
Duthiers pour faire naître les cloisons IV et II en dernier
lieu, l'une dorsalement, l'autre venlralement, par rapport
à la cloison III. Les frères Hertwig, dont les observations
ont été récemment confirmées par Boveri, ont vu chez
Adamsia diaphana les quatre derniers sarcoseptes naître
(87 )
par couples dans les deux loges latérales situées à égale
dislance de la vcniralc et de la dorsale. Ce cas est certai-
nement exceptionnel dans le groupe des Ilexactinies.
Mais il suffit à établir l'existence de variations quant à
l'ordre de succession des sarcoseptes primaires, dans ce
groupe.
Toutes les observations s'accordent néanmoins pour
établir la présence, chez toutes les Hexaclinies, d'un stade
assez prolongé pendant lequel il n'existe que huit cloisons
complètes, répondant, non seulement au point de vue du
nombre et de l'ordre d'apparition des cloisons, mais aussi
au point de vue de l'ordonnance des muscles longitu-
dinaux des méscntéroïdes, aux dispositions réalisées d'une
manière permanente chez les Edwardsies.
C'est ce qui résulte des observations concordantes de
Haddon sur Ilalcampa et Peachia, de J. Playfair M. Murrich
sur Anlaclinia, et de Boveri sur diverses Hexactinies de la
Méditerranée.
De là l'idée formulée par Haddon, Playfair M. Murrich
et Boveri, que les Edwardsies représentent un stade
anceslral de l'évolution des Hexaclinies; les Hexaclinies
passent, dans le cours de leur évolution, par le stade
Edwardsia et sont probablement issus d'Anlhozoaires orga-
nisés à la manière des Edwardsies actuelles.
Seconde période : Des douze loges mésenlériques qui
caractérisent la fin de la première période de l'évolution
des Hexactinies, deux sont médianes el interseptales, dix
latérales, cinq droites, cinq gauches. De ces cinq paires
de loges, trois sont interseptales, deux inlraseptales.
D'après la loi formulée par de Lacaze-Duthiers et confirmée
par tous les observateurs subséquents, la multiplication
du nombres des septa résulte de l'apparition simultanée
( 88)
de couples de mésenléroïdes dans toutes les loges intersep-
tales latérales, à l'exclusion de toute intervention des loges
directrices et des loges intraseptales, conformément au
schéma ci-dessous.
Les lois indiquées ci-dessus paraissent présider au
développement, non seulement des Hexactiniaires, mais
aussi des Hexacoralliaires.
Plusieurs auteurs récents définissent la symétrie de ce
type par le mot biradiaire. Certes la structure, telle qu'elle
se révèle à partir du début de la seconde période du dévelop-
pement, est manifestement biradiaire et non bilatérale : la
force dorsale ne se distingue en rien de la face ventrale
dans le schéma ci-dessus. Mais il ne faut pas oublier que
l'étude du développement a établi que la symétrie primi-
tive est bien nettement bilatérale et qu'elle ne devient
biradiaire que dans le cours de l'évolution. Les sarcoseples
ventraux et dorsaux qui paraissent équivalents dans l'orga-
( 89 )
nisrae développé, ne son pas équivalents, si l'on tient
compte de leur origine.
Le fait que chez tous les Ilexactiniaires et chez les
Hexacoralliaires dont le développement a été étudié, le
stade caractérisé par la présence de six sarcoseptes est
exlrèmemenl passager et raccourci, nous autorise à pen-
ser que la larve de Semper et celle que j'ai décrite ne se
rattachent pas à l'évolution d'Hexactiniens. Cette con-
clusion est confirmée par le fait que les organismes qui se
développent aux dépens de ces larves passent rapidement
du stade à six au stade à douze cloisons. Enfin, parmi
les nombreuses larves d'Hexactiniens qui ont été décrites,
aucune ne présente rien qui ressemble à la plaque flagel-
lifère.
Cérianthides. — 11 résulte des recherches de J. Haime,
de von Heider, des frères Herlwig, d'A. Agassiz, de von
Koch, de Vogt, de Boveri et de mes propres observa-
tions sur un Cérianlhe de nos côtes, que l'ordonnance
des sarcoseptes diffère essentiellement, chez les Cérianthes
et les Arachnactis, de ce qui se trouve réalisé chez tous
les autres Anthozoaires. Une symétrie bilatérale manifeste
se maintient à tous les stades de l'évolution. Il n'existe
plus chez les Cérianlhîdes deux gouttières pharyngiennes,
mais seulement un sulcus, et la face à laquelle répond le
sulcus est appelée face ventrale.
Toutes les observations récentes tendent à établir que
la multiplication des sarcoseptes se fait exclusivement
dans la loge médio-dorsale, par apparition h peu près
simultanée, dans cette loge, de paires successives de nou-
velles cloisons en dedans des paires précédemment formées.
H en résulte que les numéros d'ordre des sarcoseptes,
( 90 )
comptés à parlir de la loge direclrice, marquent aussi
l'ordre de leur apparition successive.
Celle loi se vérifie-t-elle aussi pour les toutes pre-
mières cloisons? Les observations que l'on possède sur les
premiers stades du développement sont insuffisantes pour
résoudre la question.
Les recherches récentes de Boveri sur des larves
qu'il attribue au genre Arachnaclis semblent établir que,
tout au moins chez ces derniers, les quatre premières
paires de sarcoseptes répondent aux cloisons des Edward-
sies, ce qui permet de supposer que l'ordre de formation
des huil premiers sarcoseptes des Cérianlhides est le
même que chez les Edvvardsies et les Ilexactinies : les
Cérianlhides passeraient, comme les Hexactinies, par le
stade Edwardsia. D'après Boveri, les quatre premières
paires formées seraient ies sarcoseptes directeurs et les
trois paires voisines des Cérianlhides adultes.
On connaît les premières formes larvaires des Cérian-
ihes, grâce à J. Haime, à Kowalewsky,à Jourdan; celles des
Arachnactis par les recherches de M. Sars, de A. Agassiz,
de C. Vogt et de Boveri. On peut affirmer que la larve de
Semper ne se rattache pas à l'évolution d'Anlhozoaires
de la tribu des Cérianlhes
Monaulées. — La tribu des Monaulées, créée par
R. Herlwig, ne comprend que le seul genre Sqjtophorus,
une Actinie pourvue de sept paires de sarcoseptes pri-
maires, dont une, délimitant la loge direclrice ventrale,
porte des muscles opposés, les six autres portant alterna-
tivement leurs muscles dorsalement et ventralement, les
muscles étant portés par la face dorsale dans les sarco-
septes adjacents aux sarcoseptes directeurs. Boveri a
( 91 )
montré comment ce type |)eul être déduit de celui des
Kdwardsies, par inlorcalalion, dans cliacune des loges
latérales des jeune Edwaidsies, d'un sarcosepte portant
ses muscles sur sa face dorsale.
Rien ne justifie la supposition qu'un stade à six cloisons
serait caractéristique de l'évolution de ces Monaulées; il
est l"or,t probable, au contraire, comme le fait remarquer
Boveri, que ces Anthozoaires dérivent directement des
Edwardsies.
Elles se rapprochent de ces dernières par la forme très
allongée du corps, par la présence d'une cuticule (péri-
derme), enfin, et c'est là la raison qui a déterminé Boveri
à rattacher directement les Monaulées aux Edwardsies,
plutôt que de les faire dériver des Hexaclinies, leur pha-
rynx est pourvu intérieurement de trois paires de bour-
relets ectodermiqucs, qui ne peuvent se rapj)orter aux
quatorze sarcosepics, et dont la présence ne peut s'expli-
quer que si les Monaulées dérivent d'une forme pourvue
de huit cloisons.
Gonaclinies. — Ce groupe ne comprend que le genre
Gonaclinia, espèce proliféra, récemment créé par Bloch-
mann et Hilgcr. Il se caractérise par la présence de huit
macroseptes offrant l'ordonnance musculaire caractéris-
tique de ceux des Edwardsies, de deux loges directrices et
de deux gouttières pharyngiennes. On compte, en outre,
huit microseptes. Boveri pense que lesGonactinies dérivent
directement des Edwardsies par intercalation des micro-
septes dans les latérales de ces dernières.
En tout cas, l'existence des huit macroseptes homo-
logues à ceux des Edwardsies rend éminemment impro-
bable l'existence de liens de parenté entre les Actinies et
(92)
les larves pourvues d'une plaque flagellifère et de six
macroseples.
Paractinies. — Celle iribu, établie par R. Hertwig, à
laquelle on peut rattacher les Téalides, se caractérise en
ce que toute l'organisation est semblable à celle des Hexac-
tinies, avec cette seule différence que la symétrie n'est pas
dominée par le chiffre 6, ce qui, en ce qui concerne les
Téalides, a été démontré par Gosse et par Dixon. D'après
Boveri, ce type peut être facilement déduit de celui des
Hexacliniens, et il est Tort probable que les premiers stades
du développement, ceux qui s'accomplissent pendant la
première période, ne diffèrent en rien de ce que l'on
observe chez les Hexactiniaires et les Hexacoralliaires.
Rien n'indique que la larve de Semper ail rien de commun
avec les Anthozoaires de cette tribu.
Zoanlhines. — C'est à G. von Koch, au labeur duquel
la science est redevable de tant de beaux travaux sur
l'organisation el le développement des Anthozoaires, que
remontent les premières recherches exactes sur l'anatomie
des Zoanlhines. {Polythoa axinellœ.) Les résultats auxquels
il est arrivé ont été confirmés et étendus par les belles
publications de G. Millier, de Erdmann el de R. Hertwig;
ces derniers ont fait connaître, en partie du moins, la loi
qui règle la multiplication des cloisons.
Tandis que, chez toutes les Actinies hexamènes, les
septa d'un même couple ont même grandeur, même struc-
ture et mêmes fonctions, chez les Zoanlhines, les couples
sont constitués de deux cloisons différentes: l'une com-
plète, fertile el garnie d'un filament mésenlérique, est un
macrosepte; l'autre incomplète, stérile, dépourvue de
filament mésenlérique, est un microseple.
Un macioseple el un microseple forment ensemble nn
couple : ils se regardent par celle de leurs faces qui porte
le muscle longitudinal. Au point de vue de l'ordonnance
des muscles, deux paires font seules exception : elles
siègent aux extrémités opposées du diamètre par lequel
passe le plan de symétrie de l'organisme. Celle symétrie
est nettement bilatérale. Des deux loges médianes, l'une,
ventrale, est délimitée par deux macroseptes; l'autre,
dorsale, par deux microseptes. Dans ces loges les muscles
sont opposés, les cloisons directrices se regardant par leur
face dépourvue de muscles.
Le pbarynx ne possède qu'une gouttière pharyngienne;
elle répond au sulcus de Haddon.
Les paires latérales sont ordonnées de telle manière
que toutes celles qui se trouvent à droite et à gauche de la
loge directrice ventrale ont leur macrosepte plus voisin de
la cloison directrice ventrale, le microseple correspondant
étant plus éloigné de celte cloison. D'autre part, celles qui
sont voisines de la loge directrice dorsale ont leur macro-
septe plus rapproché des microseptes directeurs dorsaux. Il
n'existe jamais que deux paires droites el deux paires
gauches qui suivent la règle énoncée en dernier lieu.
Toutes les autres paires, quel que soit leur nombre, ont
leur macrosepte venlralemenl dirigé. On peut donc distin-
guer, dans une Zoanlhine, une zone dorsale comprenant
la paire médio-dorsale el les quatre paires avoisinanles,
el une zone ventrale comprenant toutes les autres paires,
quel que soit du reste leur nombre. Ce nombre augmente
avec l'âge du polype.
L'arrangement que nous venons de caractériser souffre
une légère modification, utilisée pour la classidcatiou. Dans
quelques genres, la paire externe de la zone dorsale est
( 94 )
formée non pas d'un macrosepte et d'un microseple, mais
bien de deux macroseples. De là, la dislinclion établie par
Erdmann entre ce qu'il appelle le « microtype » réalisé
dans les genres Zoantfiiis, Mammilifera et Corlicifera, et
le « macrotype » qui se rencontre dans les genres Epi-
zoanl/ins et Polyt/ioa.
Tandis que chez les Actinies hexamènes et les Hexa-
coralliaires toute loge inlerseptale, abstraction faite des
loges directrices, est capable d'engendrer un nouveau
couple de cloisons, chez les Zoanlhines il ne se (orme de
nouveaux couples que dans la cavité inlerseptale immédia-
tement adjacente à la loge directrice ventrale. Ce fait
important a été mis en lumière par les belles recherches
de Erdmann.
Chez tous les individus examinés par Erdmann, la zone
dorsale était complète : elle se constituait invariablement
de cinq paires de septa. Il en était tout autrement de la
zone ventrale, qui comprenait d'autant moins de couples
que l'individu analysé était plus jeune. En poussant à
l'extrême la réduction du nombre de ces couples ventraux,
qui prennent successivement naissance dans la loge adja-
cente à la loge médio-ventrale, en ramenant le nombre
de ces couples à zéro, on arrive à un stade caractérisé par la
présence des cinq paires dorsales et de la paire directrice
ventrale, soit en tout de six paires ou de douze cloisons.
Ce stade, qui n'a pas encore été observé, pourrait être
représenté comme ci-dessous, figure 3 pour le microly|)e
[Zoanthus, Mamillifera, Corlicifera), figure A pour le
macrotype [Epizoant/ms, Pobjlhoa) (Erdmann).
On est forcément conduit, en se fondant sur la loi
d'accroissement découverte par Erdmann, à admettre
l'existence d'un semblable stade évolutif chez les Zoan-
( »•' )
lliines. (Voir les ligures ci-dessons : lig. 5, Microlype;
fig. 4, Macrolype.)
FiG. 3.
Fig. 4.
Or, c'est précisément ce stade microlype qui se trouve
réalisé dans la larve que j'ai décrite, et probablement
aussi dans la larve de Semper.
Ce stade suppose, en ce qui concerne le microlype, c'est-
à-dire l'évolution d'un Zoant/ms, d'un MammilUfera ou
d'un Corlicifera, douze septes, dont trois paires de
macroscples et trois paires de microseptes, une loge direc-
trice ventrale délimitée par deux macroseptes; une loge
médio-dorsale, délimitée par deux microseptes, deux paires
de couples latéraux, formés chacun d'un macrosepte dorsal
et d'un microsepte ventral ; tout cela se trouve chez notre
larve.
Ce qui confirme encore notre opinion, d'après laquelle
notre larve et celle de Semper peuvent se rattacher à l'évo-
lution des Zoanlhines, c'est la constitution de la lamelle
mésenchymaliquc, particulièrement développée et pourvue
de nombreux éléments cellulaires, dont les uns sont d'ori-
gine endodermique, les autres des dérivés de i'ectoderme.
Erdmann a reconnu, en effet, la structure relativement
très compliquée du mésenchyme et sa richesse en éléments
cellulaires chez les Zoanthines. Il y décrit : 1° des amas
1 96 )
cellulaires, tantôt arrondis, tantôt ramifiés, confluents et
anastomosés entre eux en un réseau; des canaux peuvent
apparaître dans ces traînées cellulaires; 2» de nombreuses
cellules, disséminées dans la substance fondamentale; elles
.ont filiformes ou fusiformes, éloilées ou arrond.es Je
ne connais aucune larve d'Ânihozoaire cbez laquelle la
lamelle fondamentale soit aussi chargée de cellules que
chez notre larve, aucune autre chez laquelle on d.stmgue,
dans la profondeur des épilhéliums adjacents, une véritable
assise cellulaire, composée de cellules identiques a celles
que l'on observe dans le mésenchyme et qui sont manifeste-
ment prédestinées à l'accroissement du mésenchyme.
\ supposer que la larve de Semper et celle qui a été
décrite dans les pages qui précèdent se rattachent réelle-
ment, comme je le crois, à l'évolution des Zoanlhmes, on
doit se poser la question de savoir quelle position il
convient d'assigner à ce groupe dans la classification des
Authozoaires. . , > . . i-
Boveri, dans .m récent travail, a cherche a etabhr que
les Zoanlhines, aussi bien que les Hexactinies, les Cenan-
Ihides, les Monaulées, les Paractinies et les Gonactinies
peuvent être déduites du stade Edwardsie so,t direc e-
ment, ce qui serait le cas pour les Cér.antludes, es
Hexactinies, les Monaulées et les Gonactinies, soit md,-
rectement par l'intermédiaire des Hexactmies, ce qu,l
suppose être le cas pour les Zoanthines et les Paract.ntes.
Ces conclusions sont basées sur l'étude du développe-
ment, en ce qui concerne les Actinies hexa.neres et les
Cérianthides; sur l'étude de l'organisation, en ce qu, con-
cerne les Monaulées, les Gonactinies, les Zoanlh.nes et les
Paractinies.
La constitution de notre larve semble à première vue
( 97 )
pouvoir êlro interprétée en faveur de l'hypothèse de
Hovori. En effet, elle est caractérisée par la présence de
douze sarcoseples, comme c'est le cas pour les larves des
Hexactinies à la (in de la première période de leur déve-
loppement. Mais cependant, comme la suite du développe-
ment suit une tout autre direction chez les Zoanthines
que celle des Hexactinies, il est clair qu'il ne pourrait
être question de faire dériver les Zoanlhines que d'Hexac-
tinies primitives, pourvues de douze cloisons primaires,
comme chez Halcampa clavtis (R. Hertwig).
Il est à remarquer cependant que notre larve diffère du
stade à douze cloisons primaires des Hexactinies : i" en
ce qu'elle présente trois paires de microseples; chez les
Hexactinies, à douze cloisons, toutes cescloisons deviennent
complètes; 2° en ce que le stade Edvvardsie, qui est de lon-
gue durée chez les Hexactinies, fait défaut chez les Zoan-
thines. Au lieu d'un stade à huit cloisons les Zoanthines
présentent, dans le cours de leur évolution, un stade à six
macroseptes. Or, c'est sur la durée prolongée du stade,
caractérisé par la présence de huit sarcoseptes homo-
logues à ceux des Edwardsies, que Boveri s'est fondé pour
étahlir les affinités des Hexactinies avec les Edwardsies.
IJe crois qu'en raisonnant comme le fait Boveri, nous
devons logiquement conclure à l'ahsence d'affinités entre
les Zoanthines et les Edwardsies, d'une part, des Hexac-
liniens de l'autre. Nous devons admettre pour les Zoan-
lhines un tronc d'origine distinct de celui des Edwardsies,
à moins que l'on ne soit en droit de considérer les micro-
seples dorsaux comme homologues des septa directeurs
dorsaux des Edwardsia.
Il me paraît que les faits n'autorisent pas cette assi-
5"°* SÉHIE, TOiME XX. 7
I
( 98)
milalion. En effet, des (rois paires de microseples qui se
l'ormenl à peu près simullanémeiil, il en esl une qui est
en avance assez notable sur les deux autres, et cette paire
n'est pas la paire médio-dorsale, mais bien celle qui est
interposée entre les macroseptes latéraux. Pour admettre
que les Zoanthines sont issues des Hexactinies primitives
et par conséquent des Edwardsies, il faudrait donc sup-
poser: 4° que les sepla directeurs dorsaux sont devenus des
cloisons incomplètes de complètes qu'elles étaient d'abord;
^^ qu'il s'est produit, dans le cours du développement, un
changement dans l'ordre de formation des septa : la qua-
trième paire de cloisons des Edwarsies anceslrales aurait
apparu chez les Zoanthines postérieurement à la paire
médio-latérale. Il me paraît que rien ne justifie celte
double hypothèse, et l'on ne voit pas pourquoi le stade
Edwardsia, si nettement conservé dans le cours de l'évo-
lution des Actinies hexamènes et chez les Hexacoral-
liaires, se serait effacé dans le cours du développement
des Zoanthines. A s'en tenir aux faits, il me paraît néces-
saire de conclure à l'indépendance du rameau des Zoan-
thines. Il me paraît donc que les rapports entre les divers
groupes, dont il a été question ci-dessus, doivent être
exprimés comme suit ;
Zoantliinos Edwardsies
Cérianthidcs Ucxaclinies Monaulées Gonaclinics
Paraclinies.
BjiIIetins,.'i'' Série, ^ome A'.ï I
/•'/</ •/
^
/'tç /
Fig J.
fï^. / .
( 99 )
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Toutes les figures ont été dessinées à la chambre claire. Les figures
2, 5, 4 et C donnent le même grossissement. Idem pour les figures ^,
5 et 7.
FiG. 1. Coupe transversale vers le milieu de la longueur du corps.
Fio. 2. Idem à rcxtrémitc orale.
FiG. 3. Idem un peu en deçà de cette extrémité.
f, FiG. 4. Idem vers le milieu de la longueur du pharynx.
FiG. 5. Idem voisine de la précédente, dessinée au même grossisse-
ment que J et 7 afin de permettre de juger de la forme de la larve.
FiG. G. Idem près de Textrémilé aborale du pharynx.
FiG. 7. Idem près de l'extrémité aborale du corps.
Sur la consliiution de la benzopinacoline ^ ;
par Maurice Delacre.
Les arguments que l'on a émis en faveur de la consliiu-
tion (le la benzopinacoline (3 généralement admise
aujourd'hui, sont basés principalement sur l'analogie que
ce corps présente avec la pinacoline ordinaire. Il convient
donc de rappeler brièvemenl la discussion dont celle-ci a
été l'objet.
Kn 1862, M. P'riedel fixait la constitution de la pina-
cono, admettant qu'elle se l'orme par hydrogénation et
soudure de djeu.x molécules d'acétone. C'était donc un
alcool bilertiaire dont les deux fonctions alcooliques se
trouvaient mutuellement en position a. Ce résultat incon-
( iOO )
teslablc permettait de déduire tout naturellement la
formule de la pinacoline :
(CIP)*=C(OH) (CHy = C
I _ iro = ! > 0.
(CHY=C(OH) (CH=^)^ = C
En étudiant l'oxydation de la pinacoline, MM. Friedel
et Silva (1) obtinrent un acide valérianique; Boullerow
confirma ce résultat et fit observer l'identité de ce corps
avec l'acide Iriméthylacétique décrit par lui. Partant de
cette réaction, le savant chimiste russe a émis une manière
de voir qui a conquis rapidement l'assentiment de la
plupart des chimistes. Il admit que la transposition
d'atomes, qui se constate indubitablement dans le produit
d'oxydation, s'opère déjà pendant la formation de la pina-
coline à l'aide de la pinacone. La pinacoline répondrait
donc à la formule
CH'>C — CO.CH^
Boutlerow a confirmé cette manière de voir en faisant
agir sur le zinc-méthyle
CH'
CH'>CC0C1 (2);
le produit qu'il a obtenu a été reconnu identique à la
pinacoline.
(i) Bulletin de la Société chimique, t. XIX, p. 195.
(2) Liebig's annalen, t. CLXXIV.
( 101 )
M. Friedel a lait connaître des faits en opposition avec
les idées de Boutlerow; en collaboration avec Silva, il a
démontré que l'action de Pli OCr* sur la pinacone et sur
la pinacoline donne, dans les deux cas, le même chlorure
cil' > CCI-CCl < ^,jj
identique à un produit de chloruration de diisopropyle,
obtenu par M. Schorlemmer.
MM. Friedel et Silva ont étudié ensuite l'alcool que
l'on obtient par hydrogénation de la pinacoline; c'est
d'après eux un alcool tertiaire
d'après Boutlerow un alcool secondaire
CIP>C.CH(0IIJ.CH^
Par oxydation il régénère la pinacoline, mais pour que ce
lait puisse valoir en faveur de la seconde formule, il
faudrait que la constitution acétonique de la pinacoline
fût établie; or, c'est précisément ce qu'il s'agit de prouver.
D'autre part, la déshydratation de l'alcool pinacolique ne
se fait pas nettement; la présence du groupe — CH^ eût
d'ailleurs rendu l'étude de cette réaction difficile et incer-
(aine.
Faute de données analytiques précises sur la constitu-
tion de cet alcool, on peut s'aider de la comparaison des
points d'ébuUilion des différents alcools hexyliques secon-
daires et tertiaires et de leurs élhers.
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0
c a
0 0
C
■_I^
■•^
•-",
Q 0
3
Z3
-3
J2
J2
— '^ï
U.
•M
-y
•w
( 105 ;
Dans ce tableau, où l'on a admis la noti-idciililé des
deux alcools pinacoliques, on remarquera (jne l'alcool
pinacolique secondaire diflère des autres alcools de même
rang, cl se rapproche siugulièreujent des alcools tertiaires.
il y a également anomalie dans le point de fusion de ce
corps; les alcools tertiaires ont généralement un point de
fusion plus élevé que les alcools secondaires correspon-
dants.
Comme conséquence de l'incerlilude qui règne sur la
conslittition de l'alcool pinacolique, la formule de la pina-
coline elle-même est loin d être déterminée précisément.
Cependant, il sulTirait de jeter un coup d'oeil sur les traités
les plus répandus pour s'assurer que la généralité n'en
juge pas ainsi. L'idée d^• Boutlerow y est considérée comme
classiqde; celte transposition atomique (pii s'elfecluerail
durant le passage de la pinacone à la pinacoline est
devenue un des exemples les plus fréquemment cités de
migration intramoléculaire, et cet exemple paraît d'autant
plus intéressant qu'il semble impossible d'en donner une
interprétation quelconque.
Les recherches sur les benzopinacolines ont apporté
une apparente conlirmalion à la manière de voir de Bout-
lerow. On en connaîl jusqu'aujourd'hui deux variétés bien
distinctes (1) :
1° La benzopinacoline a préparée par M. Behr en oxy-
dant le tétraphénylélhylène par CrO^;
(1) MM. Tlioriicr et Zincke atlribucnl au produit considéré
comme l'ether du bcnzhydrol, non pas la formule ^r, îs « _ rù > 0»
(C"H')' =r C (C,'H ) — LU
mais la suivante: l>0. Ce serait donc un troisième
(C'"'H=)' = C
isomère de la benzopinacoline.
( 104 )
2° La benzopinacoline (3 obtenue par M. Linnemann au
moyen de la benzopinacone.
MM. Thôrner et Zincke ont constaté à ce sujet un lait
intéressant : la transformation aisée de la modification a
en modification (3 par l'action de différents agents tels que
PCP, CH^.COCl, etc. Comme conclusion de leurs recherches
sur cet objet, ils ont cru devoir attribuer à la benzopina-
coline 6 la formule acétonique de Boutlerow (C^H^pC.
CO. C^H^, basant principalement leur opinion sur l'action
de l'acide chroinique qui donne du triphénylcarbinol, et
sur celle de la chaux sodée qui agit dans le même sens en
donnant du triphénylméthane.
D'autre part, les auteurs continuaient à considérer avec
M. Behr l'isomère a comme un oxyde
{Cm'f = G
et le regardaient comme un état intermédiaire peu stable
entre la formule symétrique représentant la pinacone et
la formule dissymétrique attribuée à la pinacoline vraie.
Tel était l'état de la question, lorsque j'entrepris, il y a
deux ans, l'étude des condensations de l'acélophénone; j'ai
été amené à y examiner plusieurs pinacolines dérivées de
l'acétone
reu s > C = CH.CO.C^H'',
dont aucune ne présentait de fonction acétonique; pour
plusieurs j'arrivai à prouver qu'elles répondaient indubi-
tablement à la formule proposée par M. Friedel.
En attendant que ces recherches pussent être publiées,
( «03 )
j'ai cru qu'il élail inléressanl de mentionner séparémenl ce
résultai, en appliquant les réactions que j'avais étudiées à
une pinaeoline bien connue.
La benzopinacoline (3 élail tout indiquée à celcflet;sa
structure est comparable pour la simplicité à celle de la
pinaeoline ordinaire, et elle présente sur celle-ci de grands
avantages : son état cristallin en rend l'étude plus facile et
plus certaine; de plus, le remplacement de CH^ par CH\^
éloigne autant que possible les réactions internes suscep-
tibles de se produire avec rintervention de ce radical.
Avant de rendre compte des expériences qui m'ont con-
duit à la constilulion de la benzopinacoline p, je décrirai
les procédés qui ont servi à obtenir le dipbénylmélbane et
letétrapbénylélbylène, afin d'ajouter l'une on l'autre obser-
vation à celles qui ont été publiées.
Mais qu'il me soit permis, au préalable, d'adre.^ser mes
remerciements à M. le professeur Ch. Friedel qui a bien
voulu, en mainte occasion, m'aider de ses conseils et n'a
cessé de me donner des preuves de sa bienveillance.
Préparation du diphénijlmélliane.
[.e dipbénylmélbane qui sert de base à la préparation du
télrapbényléthylène a été obtenu à l'aide de la méthode de
MM. Friedel et Ualsohn; je me suis servi des proportions
eujployées par ces auteurs, mais, n'ayant pas connaissance
des détails de l'opération, j'ai chaufféau bain-marie pendant
environ deux beures. Pour 100 grammes de chlorure de
benzyle, j'ai obtenu 70 grammes, une autre fois 80 grammes
de dipbénylmélbane, puis une dizaine de grammes de
produit distillant de 580'^-400".
( 406 )
Celle porlion dépose de belles aiguilles que l'on fait
égoulter, puis cristalliser dans l'alcool, où ce corps est peu
soluble. Il houl sous la pression ordinaire à 596°-400° sans
éprouver aucune décomposition,
l.a description de ces cristaux et celles qui suivent, ont
été faites par M. Cesâro, dont j'ai eu la bonne fortune d'avoir
la collaboration pour ce travail. Bien des résultats dus à
son extrême obligeance et qui n'ont pu être mentionnés
ici, m'ont aidé ( (Ticacemenl dans mes recherches. Je suis
heureux de pouvoir lui donner ici un faible témoignage de
ma reconnaissance.
« Aiguilles ayant parfois plus de cinq millimètres de longueur; elles
» affeclenl la forme d'octaèdres rhombiques très aigus portant des tron-
» calures sur les arêtes terminales aiguës; les faces sont courbes et ne
» se prêtent à aucune mesure; les arêtes latérales n'existent pas;
» plusieurs faces présentent des lignes de soudure et des angles rentrants.
); Ces aiguilles paraissent avoir un clivage perpendiculaire à leur lon-
» gueur, clivage produisant des faces peu nettes. 11 est rare de trouver
» un octaèdre terminé à ses deux extrémités; or'Jinairement les cristaux
« se terminent d'un côté par le clivage et ont l'aspect pyramidal. On
» aperçoit au microscope, dans les sections perpendiculaires à la lon-
» gueur, des plans de jonction diagonaux indiquant que le solide est
» formé en général par le groupement de quatre individus; la section
» s'éteint nettement suivant ces plans; la partie centrale est opaque. En
» les regardant suivant leur longueur, ces aiguilles qui, dans les autres
» sens, paraissent à peu près incolores, prennent une teinte bleue. Comme
» on le voit, ces cristaux, quoiqu'ils ne puissent donner lieu à aucune
» mesure précise, sont caractéristiques >>.
0=%1926 de ce corps ont donné à la combustion O'^lSol
d'eau et 0^%6d62 d'acide carbonique, ce qui fait pour cent :
Trouvé. Calculé pour C-"H*s.
C -/o 9-2,92 95,02
H"/o 7/10 6,97
( i07 )
Il y a donc loiil lion de {'mire que le produit que j'ai
isolé est le tii[)liénylétliane
M. Waas (!) a obtenu, par l'action de
CH^Cl — CH < ^e[J.
sur la benzine en présence de chlorure d'aluminium, une
huile rougeàtre bouillant au-dessus de 560" et insoluble
dans l'alcool IVoid; c'est probablement le même corps, mais
non séparé des produits huileux distillant au-dessus
de 400°.
Telraphénylélhijlène.
Pour préparer cet hydrocarbure, je me suis servi du
procédé étudié par M. de Ijoissieu (2) au laboratoire de
M. Friedel. Je n'ai rien à ajouter aux indications de l'auteur,
sauf une remarque au sujet des rendements, que j'ai obte-
nus plus satisfaisants. I.e di|diénylmélhane monobromé,
qui se lait quantitativement d'après MM. Friedel et Balsohn,
chauffé à reflux jusqu'à ce (|u'il ne se dégage plus d'acide
bromhydrique, donne la quantité théorique de tétraphényl-
éthylène.
Cet hydrocarbure fond constamment à 214°; distillé
dans le vide et recristallisé dans l'acide acétique, son point
(I) Ihrichle, t. XV, p. J1-J8.
(2j Bulletin de la Sociclc chimique, t. XLIX, p. 681.
( 108 )
de fusion reste le même. H bout à 415°-425'' sous la
pression ordinaire (1).
Oxydation du tétraphényléthylène. — Si, au lieu de se
servir d'acide chromique, comme l'a fait M. Dehr, on prend
le permanganate de potasse, également en solution acétique,
ce n'est pas la benzopinacoline a mais la moditicalion [3
que l'on obtient.
La conclusion que l'on peut tirer de ce fait est impor-
tante; il n'y a plus de raison, en effet, d'attribuer aux deux
benzopinacolines des formules différentes en se basant
sur l'oxydation du tétraphényléthylène, et il devient pro-
bable que toutes deux sont des oxydes de cet hydrocar-
bure.
Je signalerai en passant l'intérêt que ces deux réactions
présentent pour l'étude de l'oxydation des carbures éthy-
léniques; elles me paraissent constituer une objection aux
conclusions que M. G. Wagner a tirées de ses recherches
sur ce sujet (2).
Alcool benzopinacolique (3.
Je n'ai pu hydrogéner la benzopinacoline (3 par le zinc
et l'acide acétique; d'autre part, l'emploi des réducteurs
alcalins se trouvait exclu. Je suis arrivé facilement au but
en me servant du zinc-élhyle; ce réactif me paraît être,
pour les corps à poids moléculaire élevé, un véritable
(1) La détermination a été faite sur une petite quantité, à cause
du point de fusion élevé de ce corps.
(2) Berichte, t. XXI, pp. 5545 et 1240.
( 100 )
agent d'hydrogénation qui a l'avantage, précieux dans
certains cas, de ne s'attaquer qu'aux carbones oxygénés.
De plus, j'ai toujours remarqué jusqu'ici que l'emploi des
zinc-alcoyles donnait des produits d'hydrogénation purs,
et je crois qu'il y aurait possibilité, en étendant sutTisam-
menl l'étude de ce réactif, de (ixer le choix entre les
didérenls représentants de la série du zinc-méthyle pour
obtenir à volonté des pinacones ou des alcools. C'est l'es-
poir d'arriver à ce but qui, au cours de mes recherches,
m'a souvent fait employer le zinc-élliyle comme agent
d'hydrogénation, alors que d'autres réactifs, qui peuvent
paraître plus simples, m'auraient peut-être rendu les mêmes
services.
Pour hydrogéner la benzopinacoline (3, on y ajoute son
poids de zinc-éthyle et un peu d'éther anhydre pour
rendre la masse homogène. Le mélange est chauffé au
bain d'huile dans un ballon surmonté d'un petit réfrigé-
rant, dont le tube est suffisamment large pour permettre
l'évaporation de l'éther; on maintient d'abord la tempéra-
ture vers 70", puis on l'élèvegraduellement vers loO'à 140";
l'opération dure trois jours. On délaie la masse dans
l'éther anhydre, et on la verse peu à peu dans un ballon
contenant de l'eau que l'on acidifie ensuite par l'acide
chlorhydrique. Le produit séparé par fillration est dissous
dans la benzine; la solution, additionnée d'une certaine
quantité de ligroine, est abandonnée au repos. Les cristaux
qui se déposent sont cassants et d'une blancheur parfaite,
peu solubles dans l'alcool chaud, d'où ils se séparent sous
forme de cristaux tabulaires très nets et transparents; ils
fondent à 151°; deux nouvelles cristallisations ne modi-
fient pas ce point de fusion.
(110)
n Pelils crislaux blancs lamellaires à éclal nacré, toujours très aplatis
» suivant la hauteur; ils ont de 1 à 4 millimèlres de largeur. Ils dérivent
» d'un prisme cliciorhombique (fig. 1) dont l'angle est presque droit; ces
» prismes ne sont ordinairement terminés que par la base p qui est
>■ toujours fortement striée suivant le plan de symétrie; quelquefois ils
» portent en outre des faces e' très nettes. Les stries de la base
» constituent souvent des ondulations produites par des alternatives de
» faces p et e*.
Ou a mesuré :
vnn = 89022'
pm ant = '10i)"n9'
me' anl. = diioS'.
On en déduit :
d '• D • n l'O^'^*^'' = '^ = 0.4-286a
» La base est inclinée sur la verticale sous un angle ;3 = QQ"^!' et
y> l'angle p'an de la base est de 84''56Jo(l). »
L'analyse de l'alcool benzopinacolique [3 m'a donné les
résultats suivants :
l. 0,1 522 gr. de substance = 0,0760 gr. H*0 et 0,4295 gr. CO'
II. 0,1 225 gr. — = 0,0755 gr. H'O et 0,5970 gr. CO'
III. 0, 1 647 gr. — = 0,0959 gr. H-0 et 0,5548 gr. CO"
I.
II.
III. Cale, pour C'^eHiiO.
C-/o .
. 88,60
88,55
88,55 89,1.4
H7„ .
. 6,59
6,68
6,46 6,28
L'alcool benzopinacolique traité par la potasse alcooliqtie
donne, d'une part de l'aldéhyde benzoïque et de l'acide,
d'autre part du triphénylméthane fondant à 92" -93° et
donnant la réaction de la fuchsine. La décomposition se
(1) La description de M. Cesâro est accompagnée de considérations
sur l'orientation des crislaux, que l'auteur publiera dans les .annales
de la Société géologique de Belgique.
( <ll )
fait donc, comme pour la benzopinacoline (3, dans le sens
de Téqualion siiivjuile :
(Cll")^ = C(OH) C^II'^
I =c"iF>cii -+- en'cofi.
(C"iF)-=(:ii C'ip
Oxydé pnidoniincnl par CrO^, en présence d'ncide
acétique, l'alcool benzopinacoiique (3 régénère la benzopi-
nacoline (3.
L'anbydride acétique à 200" agil sur cet alcool comme
désiiydralant; il en est de même du chlorure d acélyle ; la
réaction se fait aisément dans un tube à essais; elle est
terminée en un instant; le produit ainsi obtenu fond
directement à 214°; recristallisé dans le sulfure de carbone,
il m'a donné des cristaux que M. Cesâro a bien voulu
déterminer.
« Petits cristaux blancs, uu peu opalins, bien développés dans tous les
» sens; ils sont assez allongés suivant l'arête p/i' (lig. :2); très fragiles;
« dans les fragments on rencontie toujours les angles de la zone ph^.
• Les cristaux ayant environ 1 millimètre de grandeur présentent des
» faces parfaitement miroitanles; dans les cristaux de plus grandes
» dimensions les faces s'oblitèrent et s'arrondissent. Ils se rapportent au
» système du prisme clinorbombique. »
Fie. 2.
a : b: c ='I,1H1.>t: I : d,03o94
j3 = "^o-iT angle plan de la base 8i2oa6'.
Angles. Calculés. Mesurés.
'nwi 8o°H;V 8o"3;i'
pa « adj -l^BHB' !!29»o2'
•W'*ant iU7»-13' 107ol3'
•o"//';iilj .... l22<>o8' 422008'
)>(■* 13ool8' r.aW
e»//ianl d0"2»9' d02o3'
û'e» 4l7<>4',o U-Jo'S'
pm anl \0[o?ff 10|o;tt'
( H2 )
J'ai soumis à M. Cesâro un échantillon de télraphényl-
éthylène préparé à l'aide de l'élher bromhydrique du
benzhydrol et cristallisé dans le sulfure de carbone par
évaporation.
« Petits cristaux tabulaires ayant eu moyenne 1 millimèlre de largeur,
w très aplatis; la large face o', ainsi que p et /t' sont bien réfléchissantes;
» les faces latérales peu nettes et mal développées ne peuvent donner
» lieu à des mesures bien précises. Ces cristaux (lig. 5) ont l'aspect
» clinoédrique à cause du développement inégal des faces m; souvent a'
» est tant soit peu différemment inclinée sur les deux faces m antérieures.
» Ces inégalités sont dues à ce que les cristaux résultent du groupement
» de plusieurs individus à axes imparfaitement parallèles; c'est à la
» même cause que j'attribue la variation des incidences d'un cristal
» à l'autre, variation que l'on peut constater dans le tableau de corres-
M pondance ci-joint. Vus à travers a', ils s'éteignent nettement suivant
» l'arête a'A'; ils doivent être considérés comme clinôrhombiques.
» Les cristaux présentent ordinairement l'ensemble a^li^pm; une fois,
» j'ai observé une petite facette de troncature' sur l'arête pA', répondant
i
» a 0 ï .
» Dans le talileau de correspondance qui suit, on a comparé les angles
» calculés dans l'hydrocarbure résultant de l'enlèvement d'une molécule
» d'eau à l'alcool benzopinacolique 0 à ceux que l'on a mesurés dans le
» télraphényléthylène ordinaire. On voit qu'au point de vue cristallo-
1» graphique il y a identité entre les deux composés. »
^^^
-'T^r/
FiG. 3.
Angles.
Calculés.
Mesurés
mm latéral.
942û7'
94032'
p/î* ant.
I07O13'
i0o737'
/j*ai adj.
iS^ooS'
1230 17'
— 123057'
- 122019' — 122»33'
— 122043'
ma*.
\\\W
\\-l"'iV
- 110031'
_iHo46f_iilo48r
— IIO04I'
mhi.
i32'>46',.S
433031'
- 13307'
o^khK
155049'
15603'
( 11^ )
Acétate du benzopinalcool (3.
La préparalion de l'acélale de Talcool henzopinacolique
demande cerlaines précanlions, à cause de la facilité
exlrèrne avec laquelle cet alcool est décomposé par les
alcalis el du peu de tendance que son hydrogène alcoolique
éprouve à être remplacé par le sodium.
J'en ai dissous deux grammes dans environ 500 c. c.
d'élher privé d'aicool, et j'ai ajouté rapidement un excès
de sodium, soit 0^M5 environ. Le mélange a été addi-
tionné de quelques gouttes de chlorure d'acétyle et aban-
donné à la température ordinaire, après avoir fermé
le ballon à l'aide d'un bouchon traversé par un tube à
chlorure de calcium. Après quelques jours, le métal ayant
disparu, j'ai ajouté un excès de chlorure d'acétyle el laissé
évaporer à la température ordinaire.
On dissout le résidu dans l'alcool chaud; ce n'est
qu'après plusieurs jours que la cristallisation commence;
elle se continue très lentement. Les cristaux fondent
à 131% mais paraissent se ramollir déjà vers 127°; le
point de fusion reste fixe après une nouvelle cristalli-
sation.
0^^,1799 de cet acétate ont donné à l'analyse 0g%i036
d'eau el0«%5793 de GO'^.
(C6H5)« = C0C*H30.
Cale, pour 1
(C6H5,4 = CH.
G»/,. . . . 87.82 88,26
H»/o. . . . 0,40 6,12
Ô""* SÉRIE, TOME XX. O
( "4)
Rewarques et Coiichtsions.
Depuis que MM. ïhorncr el Ziiicko ont publié leurs
recherches sur la lienzopinacoline fi, certains lails admis
par eux comme démontrés ont reçu une interprétation
différente. Je veux parler de la constitution de l'hydrocar-
hure obtenu par l'action de l'acide iodhydrique, auquel les
auteurs attribuaient la formule dissymétrique
C«H«> C = CH- C^'H^
La connaissance précise de l'hydrocarbure symétrique
peu» y L.n.Ln <^ reus
a permis de lui identifier l'iiydrocarbure obtenu par les
auteurs cités. Forcé d'expliquer cette divergence entre la
lormuled-e la benzopinacoline [3 dissymétrique, d'une part,
et son hydrocarbure de réduction, d'autre part, M. An-
schulz (1), faisant l'histoire du tétraphénylélhane, a été
contraint d'admettre que, pendant la réduction, il se faisait
nne transposition d'atomes qui ramenait le type symé-
trique.
Ces faits reçoivent une interprétation plus rationnelle
si l'on atiribue à la benzopinacoline (3 la formule symé-
trique.
J'ai constaté, en outre, que ce corps n'est pas attaqué
par la phényihydrazine en solution dans un excès d'acide
(I) Liebig's Ânnalen, t CCXXXV.
( <I3)
a('«'li(ni(> ^'hiciiil, mémo à IVbiilliiioii. Nouveau fjiil qui esl
iDcompalible avec la lorniiilo acéloiiiijue.
Comme ou a pu le voir, ces (ails coucordenl (deiiie-
meiU avec les expériences doul la description lail l'objet
de cette noie. I.es voici d'ailleurs résumées en quelques
mois :
(C'iHS)'! = C
*° (c/.||5is = f' '•^' l^''''>p'»<^'>}'t'lli}lène oxydé par le per-
manganate donne la benzo|)inacoline [3; j'ai constaté
l'identité parfaite du produit ainsi obtenu avec celui pro-
venant (h; l'action dn chlorure d'acétyle sur la benzopina-
cone; je me suis d'ailleurs servi de ce dernier.
lC«Hû)i = c
^° -. ... ' >^' '3 benzopinacoline S est réduite par le
zinc-é!hyle et donne
'C6H5ji = CH
3° 1,1 alcool benzopinacolique & : celui-ci perd
(le l'eau par l'action du chlorure d'acétyle pour revenir à
(Cin^r^ = c , ,,,,,, ...
4° Il , au tetraphenylethylene primitif.
Une seule transposition sérail possible dans ce cycle de
réactions, c'est à l'action du zinc-éthyle sur la benzopina-
coline (3. Je répondrai par une expérience : c'est la benzo-
pinacoline a qui se transforme en l'isomère P par l'action
de ce réactif.
Comme conclusion, je crois qu'il n'est pas possible,
actuellement, de douter de la formule symétrique de la
benzopinacoline (3; mais je ne veux pas étendre au delà
mes résultats, et liens à me mettre en garde contre les ana-
logies qui pourraient paraître les plus légitimes.
J'ai abordé l'étude de la benzopinacoline a, et j'espère
avoir l'honneur de présenter bientôt mes résultats an
jugement de l'Académie.
Bruxelles, laboratoire privé.
( 116 )
Sur les covariants primaires; par Jacques Deriiyls, chargé
(le cours à TUnivcrsilé de Liège.
Nous nous proposons, dans le travail actuel, de faire
l'étude de quelques propriétés spéciales des covariants
primaires et de leurs polaires. Les propriétés dont nous
nous occuperons trouvent des applications intéressantes
au développement d'un covariani quelconque S, au moyen
de covariants primaires. Nous établirons notamment les
résultats suivants : « Les covariants primaires qui servent
à exprimer S se déduisent des polaires de S. — Le déve-
loppement de S n'est possible que d'une seule manière, si
l'on fait abstraction des modifications évidentes relatives
au groupement des termes. »
Préliminaires.
\. Soit
S = niifi ■+■ nupi -+-••• + nirPr^
l'expression d'un covariant S de formes algébriques à une
ou plusieurs séries cogrédientes de n variables: les lettres m
désignent des fonctions des variables; les quantités repré-
sentées par /)j, /)2i ••• Pr <lépendent seulement des coeffi-
cients de formes algébriques.
Cela posé, nous dirons que ïl^j), est une expression
irréductible, quand on ne peut pas remplacer S par une
somme analogue comprenant un nombre moindre de
I
( "7)
leriiics. Pour la suite, nous aurons à faire usage des consi-
dérulioMs suivantes :
1° Dans une expression irréducliUe, S=-n)ipi, les
mulliplicaleurs p indépendants des variables s'expriment
linéairement au moyen des coefficients de S.
En effet, tout coefficient s du covariant S est une
lonction L du premier degré de p], Pa^ • • • Pr'i d'autre part,
les équations s = L sonl résolubles par rapporta p,,p2, ...p„
puisque le nombre des fondions L linéairement indépen-
dantes est égal à r.
"2" L'expression S = ^îm.pi est irréductible, s'il n existe
aucune relation du premier degré entre les quantités
m,, ni2, ... m,, p„ p, ... p,.
Soit ///',//, H- wlpl + ••• -H »ip//,, une expression de S
comjMenant le plus petit nombre possible de termes; nous
avons à établir l'égalité ;- = p.
Les coefficients de S sont des fonctions linéaires de
Pi, P2^ .-■Pr- il en est de même de pi, p^, ... p',, d'après
la remarque indiquée ci-dessus; dès lors, si l'on identifie
les multiplicateurs de Pi,p-2.---/^. dans les expressions
S = i;»/< p , S = I.im\p\, on obtient /«,, m^y-m^ comme
sommes des quantités m[, />4,--'"p multipliées par des
facteurs numériques. Les fonctions 7»,, w/,, ... w»r sont,
par hypothèse, linéairenjent indépendaFites; on doit donc
avoir r = p: c'est le résultat que nous voulions obtenir.
IL La source d'un covariant à n séries de variables
(al), (j:2), ... (ar7l) est le multiplicateur des plus hautes
puissances de xl ,, aSo, ... x//,. Comme on le sait, la
source définit le covariant, à part une puissance du déter-
minant (± xi ,, x22, ... Jf*'„). D'après cette considération,
nous établirons le théorème suivant :
( lis )
Tout coefficient cVnn covan'ant S est la source d'une
polaire de S, relative à u séries de n variables (*).
Au covarianl S, on peut associer un invariant I ici que
l'on ail symboliquemonl :
I.S = 2Uxn(i: «,/;,.../„),
U étant une somme de produits de formes linéaires:
U = 2ar.'^iv . . . A?;'«ri . . . /i?> . . . a2 . . /i^^-
La fonction U peut s'écrire
si l'on désigne par 0 une opération polaire relative aux
coefficients symboliques al, o2, ... a/:, a, 6, . .. /t, ...;
|ji1, ix%...<^k représentent les degrés du covarianl, par
rapport aux séries de variables (xl), (x2), ... {xk) {**).
(') Nous appelons polaire de S, toute somme de fonctions homo-
gènes obtenues en appliquant à S des opérations polaires relatives
aux variables, analogues à
d (l d . d
X\ =a;li — — + iTla — — H 1- x\„ — — •
dxi rfa;2i dx2^ dx2„
(••) On a
1 ^\\ dall \ da\l \ dai j
®^(m1)(m2)...(mA-)--) /„ M"^*... (a JLV*
" dakl '" \ dakj
( 119)
Tout cocfTicienl de I.S y pour expression symbolique
,7= 20aif''alf '» ... al;;""ai>r-' . . «l'r- ... u {± a^ ... /J.
La fonction
V = (-) «i:;''«ifj« ... .*i;; "«c-' ... «<,:" . . ah^/^^ ... «/c;^'-
est une polaire de U : il eu résulle que le covarianl à n
séries de variables,
esl une polaire de I.S^SU.II (± ttiôo ••• /„)• D'un autre
côté, le covariant S^ a pour source o-, le produit de 1 par
un coefficient de S qui peut être supposé quelconque.
D'après celte comparaison, on obtient le tbéorème énoncé.
Propriétés des covARrANTs primaires.
lil. Un covariant primaire j; est un covariant à ?» — 1
.séries de n variables, (acl), (.r2), ... {xu — 1), qui satisfait
aux équations :
(Il dé dé
xl -— = 0, x2 — = 0, ...x/i — 2 -, ^-"^^ =0.
f/x2 </x3 dxn — I
La l'onction ^ est représentée symboliquement par une
somme de produits de déterminants analogues à
a, tti ... a„
6, l>,...h,
/'xl /'.2 • . • /'x
( 1:20 )
i ayant les valeurs 1 , 2, 3, ... « — 1 (*). Par suile, le cova-
riant'^ ne contient qu'un seul produit, \\^^\^^^...\n—i^^;\
formé au moyen des variables du tableau triangulaire
xi, '*•',,
XÔi XÔi XDj "''.,
xii — Il xn — U x7i—\z.'.3cn — i„_j
(r)
Cette propriété caractérise les covariants primaires.
Pour le vérifier, nous observerons que loul covariant, aux
variables (xi), (x2), ... {xn — 1), doit contenir un produit
de facteurs x\i, x%, ... xH — i„_^ (**). Celle condition
n'est pas remplie pour les polaires
f/T dT dT
a:l-_, a;2-— ,...xW — 2
rfx2 ' f/xô ' dxn — 1 '
quand le covariant T, à n — 1 séries de variables, ne
comprend qu'un î^eul produit, xi'^' x'i^\ . . xU — I^IV»
formé au moyen des éléments du tableau (t). On doit
donc avoir :
rfT rfT dT
xl =0, x2-— = 0,...x?i — 2- - = 0;
f/x2 dxù dxU — 4
par suite, T est un covariant primaire.
(*) Sur les transformations linéaires et la théorie des covariants,
p. 18. Sur la détermination des fonctions invariantes de formes à plu-
sieurs séries de variables, p. A. (Mém. des savants étrangers publiés
par l'Acad. roy. de Belgique, t. LI et LU, in- 4».)
('*) C'est ce qui résulte de l'expression symbolique des covariants.
( 121 )
IV. Pour élnilier les expressions irrédticlihles des
covarianls priinaires, nous ferons usage des |)ropriélés
suivantes, qui se trouvent établies dans nos recherches
antérieures.
I. E.MME I. — Entre les coefficienls de covarianls pri-
maires linéairement indépendants , il ne peut exister
aucnne relation du premier degré qui ne résulte pas du
mode de formation général des covaria)tts primaires.
Lemme II. — Toute fonction linéaire des coefficients
d'un covarianl primaire a pour transformée une expres-
sion contenant la source {*).
Soit [JL le poids d'un covarianl primaire ^, des degrés
|ji.1, iJi%...iJ.n—\ pour les variables (ari), (.x2), ...(a?i — 1};
nous pouvons écrire symboliquement :
•p = 0.e{±a\,a%...an„r, . . . (I)
en prenant
et en désignant par 0 une opération polaire relative aux
coeiricienls al, «2, ...an (*").
(*) Il faut évidemment supposer que la fonction linéaire des
coeflicicnls n'est pas nulle identiquement, d'après la définition des
covarianls primaires,
(*■) Voir le mémoire Sur la détermination des fonctions inva-
rianleSj etc., p. 8.
( 122 )
Considérons une expression irréduclible de 0, par
exemple :
ô = m,pi -+- //(2P2 -i- ■• ■ -^ »irPr- • • • (5)
On déduit de la formule (I) :
f ^ [w,0/î, H 1- '»,.0/v] (rt a I ,a-22 . . . an„Y ,
puis
Wi'f, -H ^î^f-i -+-•••-+- m/K, . . . (4)
(]/, , 4/2, ... ^r étant des quantités indépendantes des varia-
bles.
Les quantités p,, p,' ••• /A sont des lonctions du premier
degré des coefficients de G (§ I); ^{j,, ^p.2' •■ • ^.- sont les
fonctions semblables pour le covariani ^. Ces deux séries
de fonctions sont en même temps linéairement indépen-
dantes; car, il n'existe aucune combinaison linéaire des
coefficients d'un covariant primaire^, qui puisse être nulle
pour V = ^ et différente de zéro pour x = ^ [Lemme 1].
D'après une propriété établie ci-dessus (§ I, 2"), la
formule (4) fournit une expression irréductible du cova-
riant ^. En conséquence, les expressions irréductibles de
covariants primaires des mêmes degrés [j.1 , <j.% . .. [j.!! — l ,
comprennent le même noml)re r de termes.
Remarque. — La source du covariant ^ a, pour les indices
1,2. ...n — 1, n, les poids u.1 -4-jjl, [jL2H-[ji,...;j./i— 1 -+-|j., jx;
aucun autre coefficient de ^ ne peut avoir les mêmes
poids : par conséquent, la source est un multiplicateur
indépendant des variables, dans toute expression irréduc-
tible de ^. Nous désignerons par t];, ce multiplicateur dans
( 123 )
li) (ormiile (-4). D'après l'expression symbolique de ^ (§ 111),
nous aurons :
/«, = u;*-'(i=-rI,x^J, ...a:»,)"'-'"+' ... (5)
V. Nous désignerons par ii, une opération telle que ÛF
est une somme homogène decovariants identiques, multi-
pliés |>ar des polaires de la l'onction F supposée quelconque.
Dans la su i te, les caractérisliquesii affectées d'indices auront
des significations analogues Cela posé, loute fonction il^,
déduite d'un covarianl primaire <h, confient la source 'b^
de ce covarianl.
La quantité
n-/- = ftm, i, -+- Q.nh, . '^-a -+-•■■ -f- Cim^ . '^^
est évidemment une fonction invariante. Effectuons sur
les variables une transformation linéaire de module o : en
désignant par M,, W^, les transformées des quantités wj,, -!;,,
nous aurons :
û>l,.M, H- aJ\L.M\, ■»..-+- qM^m^ = fp {o.nii.fi -t- .-. -t- Clm^^^).
Si l'on identifie les multiplicateurs des divers produits
de variables, on obtient des relations
L(t,,m-2, ...>r,)=-L, (■i,,'f2, ...i,.),
dans lesquelles L, L' désignent des fonctions linéaires
différentes de zéro; la quantité L [Wi, M*,, ... ^V,) est la
transformée de L («L,, -^o» •• • ^r); t^He ne peut pas être
indépendante de la source 6, [Lemme II]; par suite, la
( 124 )
(oDclion Q.<\), supposée différenle de zéro, doil contenir
la source <\>] du covarianl primaire -ji.
VI. Soient <\>\, '\)^,...^t, des covariants primaires:
représentons par ^k la valeur de la fonction 0 [fornmle (3)],
qnand le covariant primaire -]; a la détermination parti-
culière <\)k. Nous aurons, en expressions irréductibles :
ôk = mki . pki -+- mk.2 . pk^ -4- . . . mk^k • pkrt, • (•">')
^k = mki . -pki •«- mki ^L -+- • • mAv* . ik^k- ■ (4')
D'après le Lemme I, il n'exisle aucune relation du
premier degré entre les différents multiplicateurs ^\^,
({;2h , . . . 4^t„ si les covariants 'J^i, <\i%...<\)i sont linéaire-
ment indépendants. Comnie conséquence, on peut établir
la proposition suivante :
Quand les covariants primaires <\)i , <\i% . . . ^^il sont
linéairement indépendants, une fonction de la forme
Q^<\)\ H- 0,^2 -t- ••. H- Qi^t ne peut pas être nulle, à
moins que les quantités 0,({;1, Qg^S, ... Q,^''' "^ soient
nulles séparément.
En effet, l'égalité 2Q.4;< = 0 lournit des relations du
premier degré entre les miillipiicateurs <\)\j; 'h%, ...^tt'.
de pareilles relations ne peuvent avoir lieu que si
elles sont identiques : on doit donc avoir Q|(J;1=0,
^2^2 = 0, ...Q,4;« = 0.
VII. On déduit immédiatement de la formule (3') : .
a^ôk = pki . iliMi/i-, -+- pkt . Q.^mk.2 -^■ • • • ■+- pk^k • fi^wî^V*-
Remplaçons les différentes variables par les coefficients
de formes du premier degré, et substituonsà al ,a2,...a/l— 1
( 12.'; )
les variables rrl, 3% ... xH — i . Kn employant des paren-
llièscs [)oiir in(li(|iier celle modilicalioii, nous écrirons :
I il,9k \ = I pk, j . j 12,m/c, (-♦-...-+- ]pk,, \ . \ iiMn j ; • (0)
jliiÔAj esl alors un covarianl primaire qui a pour source
]i2,mky\ (').
Les covarianls primaires \QJik\ el OA- sont des mêmes
degrés [)ar rapftorl aux variables : leurs expressions irré-
ductibles doivent contenir le même nombre de ternies, rk
(§ IV). Par suite, la formule (6) fournit une expression
irréductible de ]ii3k\-
Quand les sources jQ|ml , j, JQow2, j, ... }L>,w/, j n'ont
entre elles aucune relation du premier degré, les cova-
riants jÛiOl j, \iiM\,... \ii/it\ sont linéairement indé-
pendants; il en esl de même des différents multiplicateurs
\ÙMA (voir§ VI).
Conséquemment, si tes quantités Q^.mki nont entre elles
(*) D'après la formule (2), la fonction 6 est symétrique par rapport
aux variables {x} et aux coefficients (a) : elle satisfait aux équations
de (/e
ai = 0, ... an — -2 = 0.
da2 daîl — 1
On déduit de là :
due dû6
al — = 0, ... an — 2 = 0;
dai dan - 1
puis
d û8 d ne
x\— 1=0, ... a-n-2 — '- ^ = 0;
dx'2 dxïl — 1
ainsi, { tl6 { est un covariant primaire.
( 120 )
aucune relalion linéaire, il en est de même des fonc-
tions O^mkj.
VIII. Soienl[jil4,|jL2A.,...(j(.n — 1a, les degrés (Jucovarianl^jjft
|)ar rapport aux variables (xi), (./2), ...{xU — 1); d'après
la formule (5), le mulliplicaleur mAv, a pour valeur :
wA, = rir'(±a;i,x22...x/,f'*-''*''^'*. . . (5')
Ou a du reste :
lLi, = nk„—7rk, (/= 1,2, ...n — i), . (7)
si l'on représente par tz^i, ttâ:,, ... 7r/:„, les poids de la
l'onction Q^^ki^, pour les indices 1, 2, ... n (*).
Cela posé, admettons qu'il existe une relation linéaire
entre les fonctions ù|,mk^•, on aura par exemple :
f|il,jHl, H- en^HiS, -4- .. . -♦- t^Ci^mSi == 0, . . (8)
les lettres e désignant des facteurs numériques différents
de zéro. Cette relation peut être supposée isobarique; on
a alors: 7^1^ = 7x2; = ••• = tt^. (? = 1, 2, ... n), puis:
mi, = wï2, = ... ^ mS^ à cause des formules (5') et (7).
Dans ces conditions, on obtient :
çl^^\ =Q,»ii, fl, -t- nimL. fia -+-...->- .a,jnlri .'lirn
n^ii-i = n.,m2, . <f 11 -+- £i.2«jl2 . i^la -<- • •• + ii^ml^, . (^l^i,
n^,/,'] = n,W.S, . fil -+- a,mi2. fi* H- . .. -t- iVH'rl •'^Irl-
(*) Il suffit d'observer que la fonction mk^ et ses polaires sont
isobariques : d'autre part, le poids varie de la même manière pour
tous les indices, quand on multiplie une polaire de mk^ par un
covariant identique.
( ^27 )
n'a|)n\s ces rclalioiis cl d'après la lormiilc (S), la loiio
lion e|L>,t];l -+- Soi^^'r'' -t- • • h- £.î.2.({>1 t'sl iiKiépcMidanle
(Ifi la source ^};1, du ccivarianl primaire ^\ ; par siiile,
le covarianl eiti,([il -+- e^tiotj^l -i- ••• -+- e,i.},<[»I doit ôlre
nul (^^ V).
Nous dirons que les op«''ralions L>| ,11,,... iî, sonl linéai-
remeul indépendantes pour (J^l , ^2, ...'^^t, quand il n'exisle
aucune relation du premier degré entre les lonclions
il\<lik, iio^^'i ...iit.'^tk, k ayant une des valeurs 1, 2, 5, ... / :
les (juanlilés li,»rl ,, i^i^j'^^,, ... Q,w/^i ne peuvent alors
satisfaire à la formule (8), ni à toute autre formule analogue
(c'est ce qui résulte des considérations indiquées ci-dessus).
En tenant compte de la propriété établie au paragraphe
précédent, on est conduit à énoncer ce théorème :
// n'existe aucune relalio)! du premier degré entre les
fonctions Ojnk,, si les opérations Q, , Q., , .. . Qt sont
linéairement indépendantes pour <h\, ...<^i.
IX. Si les covariants t|;1 , ^% . . . (|;t n'ont entre eux aucune
relation du premier degré et si les opérations Q,, Qj» ••• ^/
sont linéairement indépendantes pour «[/l, 'j;2, ... «[il, la
fonction iii'^vl -f- ii-y^'S -+-... -f- Q.^'i^i a pour expression
irréductible une somme de ri -<- r2 -+- •• -i- it termes
[rk étant le nombre de termes de l'expression irréductible
de ^k).
En effet, on a par la formule (4') :
Le second membre de cette équation est irréductible
dans les conditions actuelles, parce que les fonctions Q^tnk^
et ^kj sont linéairement indépendantes (§§ I, VI, VIII).
( ^28 )
X. Quand un covarianl S est de la forme Q<\>, les
expressions irréductibles de S et de ses polaires con-
tiennent le même nombre de termes : c'est ce qui résulte
du dernier théorème, pour le cas de / = 1, Nous démon-
trerons la propriété réciproque: Si (es expressions irré-
ductibles du covariant S et de ses polaires comprennent
le même nombre de termes, S est de la forme Qt^.
Tout covariant S est une somme de covariants iden-
tiques multipliés par des polaires de covariants primaires
^\, ^% ...<\)t {'). Nous écrirons :
S = a,^1 -t- û,^2 H -+- n,.;-(; ... (9)
nous pouvons évidemment supposer qu'il n'existe aucune
relation du premier degré entre les fonctions ?[»1, '\)%...f^t,
et que les opérations ^1,^2 ••• û< sont linéairement indé-
pendantes pour <\f\, <\)% ...t\)t. Comme nous l'avons vu
(§ IX), le covariant S a pour expression irréductible :
-t- ... -4- £ï,mti <f<, -+- ••• -+- i\mtr,. <ptrt
Le multiplicateur 4^1 , est fonction linéaire des coeffi-
cients de S : par suite, (|;1 , est la source d'un covariant W
à n séries de variables, que Ton déduit de S au moyen
d'opérations polaires (§§ I et II).
La fonction W est le produit du covariant ^\ par une
puissance du déterminant (± xiiX% ...xn„) : ainsi, W a
pour expression irréductible une somme de ri termes.
(*) Voir les mémoires cités plus haut.
( 129 )
Par supposition, le covarianl S et sa polaire W doivent
avoir des expressions irréductibles comprenant le même
nombre de termes, savoir : ri -+- r2 -f- • • • -+- ri ; on aura,
par conséquent: r2 = 0, r3 = 0,... r/ = 0, c'est-à-dire :
p'-> = 0,<}>Z = 0,...<pt = 0 et S = ft,fi.
Applications.
XI. En supposant le covariant S tout à l'ail quelconque,
nous avons déduit de la formule (9) que le covariant <\>\
multiplié par une puissance de (± x\^x2.2 ... xn„) est une
polaire de S. Conséquemment, les covarianls primaires
^\ , «j>2, . . . ^t auxquels vn covariant S est réductible, sont
des quotients de polaires de S par des puissances du
déterminant (±: xl^xSo . .. xn„).
Réciproquement, les covariants primaires que l'on
peut déduire de S au moyen de polaires, sont des combi-
naisons linéaires de <!^[, t|;2, ... tpt.
Soit, en effet, <\) un covariant primaire, dont le produit
par un covariant identique est une polaire de S : nous
aurons, d'après la formule (9), une relation de la forme :
ap = n\'p\ + aU'2 -¥■ i- Q.\<pt,
dans laquelle Q-^ représente le produit de ^ par un cova-
riant identique.
Il résulte de là que les fonctions ^, ^\, <\)2,... ^t ont
entre elles une relation du premier degré (§ VI) : par
hypothèse, les covarianls t|^l, ^% ...^t sont linéairement
indépendants; en conséquence, ^ est une combinaison
linéaire de 61, d»2, ... tp^
S"* SÉRIE, TOME XX. 9
( i30 )
Si l'on suppose S = «J^l, on oblient celte propriété :
Aîi moyen d'opérations polaires relatives aux variables,
on ne peut pas déduire d'un covariant primaire un autre
covariant primaire.
On peut encore énoncer la proposition suivante:
Si deux covariants S, S' sont réductibles aux mêmes
covariants primaires i^\ , ^% ... ^t, la fonction S', multi-
pliée par lin covariant identique, est une somme de
produits de polaires de S par des covariants identiques.
Pour l'établir, il suffit d'exprimer, clans le développement
de S', les covariants tj^l, 4^2, ...tf^/, au moyen de polaires
de S.
XII. Soient 5^,, -/^^i •••)(< ^^^ covariants primaires
Xi = f.-, -f 1 -<- f.-2 -^2 -*- • • • + ^iS, [i = i\ 2, 3, . . . t),
obtenus comme combinaisons linéaires de ^^il, ^%...^t,
et de telle manière que le déterminant
e = (± enC22 ••• fit)
soit différent de zéro.
Représentons par e X e|/ le mineur de e.^ dans le déter-
minant £. Si les opérations H^, H,, ... H, sont définies par
les formules symboliques
H, = f'i Cl, -t- e'î ^2 -4- • . . -H e'-, Q.I,
on a identiquement :
a,^l -♦- ^2.^2 H h n,.j-« = H,x, -♦- HjXî m h H,x,. (10)
Nous dirons que les développements S = SÛ,4i et
( 131 )
S = SH,v, sont équivalents par tranafoDiiation linéaire.
Cela posé, nous établirons le Ihéorème suivant;
Tous les développements d'un covariant S au moyen de
covariants primaires, sont équivalents entre eux par trans-
formation linéaire (*).
Considérons le covarianl S, développé suivant la for-
mule (9) et suivant une formule analogue
S = ii\i\ -H n','^; H -4- a'„i,'t'. . . . (0')
D'après les résultats indiqués au paragraphe précédent,
J>l, ^% ... (|;f et <\)'[, (|>'2, ... <^7' se déduisent de polaires
de S; les covariants ^ sont des combinaisons linéaires
des covariants <\>' et réciproquement. D'autre part, les
fonctions <\> n'ont entre elles aucune relation du premier
degré: il en est de même pour c};'!, ip'S, ... ^{; T. On a
donc t' = t el des équations
i'i = "Xi = f,i 'i 1 -+- f .^ ^2 -t- • • • -+- e„ 'pt, (,■=,, j . . ,). (1 1 )
pour lesquelles le déterminant (=fc e„e22 •• • e«) est différent
de zéro.
En faisant usage des formules (9'), (iO) el (11), on
obtient :
(«;%■ — ".%.) -^ {^\xi — "2%2) -♦-•••-+- {^a. — "<%/) = 0.
(") Comme cas particulier, on retrouve ce llicorcmc bien connu :
« Une fonction de deux séries de variables binaires (x), (y) n'est
développabie que d'une seule manière comme somme de polaires
multipliées par des puissances de (dz ar, y,). • (Clebscii. Théorie der
biiiàren algcbraischcn Formcn, p. 19. — Gordan. Vnrlesumjen ûbcr
Jnvariantentheorie. Bd. Il, p. 8"2.)
( 452 )
A cause de rimlépendance des Ibnclions yj = 'T>i,
^2 = ^p;, ... y, = <^',, la dernière égalité peut être remplacée
par
(voir § VI). Conséquemmenl, les formules S=Ilû'c};'
el S = SHy sont identiques; en d'autres termes, les
développements (9) et (9') sont équivalents par transfor-
mation linéaire : c'est le résultat que nous avions énoncé.
Sur une notice biographique relative à G.-A. Uirn,
récemment insérée dans le Bulletin de l'Académie.
Observations présentées par M. Dwcisliauvers-Dery,
professeur à l'Université de Liège. .
Ami intime et confident de Hirn, j'ai été péniblement
impressionné en lisant, dans un des derniers numéros du
Bulletin de l'Académie, une notice dans laquelle M. Folie
apprécie son illustre confrère. Outre des affirmations
erronées, provenant de ce que l'auteur ne connaissait
pour ainsi dire pas l'bomme dont il parle, elle renferme
une erreur de fait contre laquelle c'est un devoir sacré
pour moi de protester, car elle revient à une imputation
que Hirn aurait tenue pour injurieuse, celle d'avoir expé-
rimenté dans le but de faire prévaloir une idée préconçue
et non en vue de chercher la vérité.
a Hirn, dit M. Folie (1), se rangea d'abord parmi les
(1 ) Bull, de l'Acad. rotj. de Belgique, o" série, t. XIX, n" 3, 1890,
p. 175.
( <•"> )
» adversaires de la lliéorie de R. Mayer, el ce l'iirenl 1rs
» expériences quil inslitun dans Vinlenlion de la reii'
S) verser qui le coiiveilirenl el iirenl de lui l'i/n de ses plus
» fervents adeptes. »
Voici la vérité, que M. Folie connaîtrait s'il avait lu les
pages 188 à 277 du Bulletin de la Société industrielle de
Mulhouse, tome XXVI, 1854 :
Hirn, alors simple surveillant des machines de la manu-
lacture liaussmann, au Logelbach, avait, vers 1845,
institué une série d'expériences sur le frottement, dans le
but modeste d'essayer les huiles de graissage. Il avait
remarqué que le frottement produisait du calorique, dont
il avait même mesuré la quantité; et c'est au cours de ces
expériences qu'il découvrit la loi formulée comme il suit
(p. 202, loc. cit.) : a La quantité absolue de calorique
» développé par le frottement médiat est directement
» et uniquement proportionnelle au travail mécaniipie
B absorbé par ce frottement... » C'est la loi d'équivalence
de Mayer, énoncée pour un cas particulier, et elle était
inscrite dans le mémoire de Ilirn que Fourneyron présenta
à l'Académie des sciences de Paris le 26 février 1848, et
qui fut ensuite retiré par son auteur. Ce mémoire ne vit
le jour qu'à la séance du 28 juin 18o4 de la Société
industrielle de Mulhouse. Dans le Bulletin de cette
Société, tome XXVI, se trouve, à la suite du mémoire,
une notice dont je fais un extrait un peu long peut-être,
mais nécessaire pour établir la vérité (pp. 238 et suiv.).
« A l'époque, dit Hirn, où j'exécutais celte série
» d'expériences sur la production du calorique par le
» froltement, 'fignorais complètement ce qui avait été
» fait de précis sur le même sujet, d'une part, et depuis
» quelques années déjà par Mayer de Heilbronn, d'autre
( i34 )
» part, et plus récemment par Joule, en Angleterre, et
j> par Regnault, en France. J'avais achevé mon mémoire
V et je l'avais déjà déposé entre les mains de M. Dollfus,
» lorsqu'un article de M. L. Foucault [Journal des Débals
r> du 8 juin) m'apprit qu'en ce qui concerne la loi calori-
» iique posée dans le texte, j'avais été devancé par d'autres
» physiciens, et me permit ainsi de me mettre à l'abri
» d'une accusation bien imméritée de plagiat... D'après ce
> court exposé, on voit que j'ai été, à mon insu, devancé
B quant à la loi calorilique en question, non seulement en
» date, mais encore sous le point de vue de la généralisa-
» tion du principe : ce que je restreins timidement au cas
j> particulier du frottement médiat a été étendu d'une
1) manière absolue à tous les cas possibles par MM. Mayer,
j> Joule et Regnault... Considéré dans l'ensemble et la
i> généralité qu'a su lui donner le physicien de Heilbronn,
D l'énoncé du principe dynajiiique de Mayer constitue
» certainement une des plus grandes découvertes de notre
D époque ; l'énoncé de Mayer nous montre que le calo-
» rique constitue une force accélératrice, une cause du
» mouvement de la matière pondérable Il n'y a donc,
» je le pense, aucune exagération à dire que les décou-
» vertes de l'existence d'un équivalent dynamique du
r> calorique et d'un équivalent chimique de l'électricité se
9 rangent à bon droit à côté de la découverte de la gravi-
D tation universelle. »
Hirn, qui parle ainsi du principe de Mayer quelques
jours après qu'il était venu à sa connaissance, à qui ce
principe a révélé l'existence de l 'élément dynamique, de
la forge à côté de la matière, ce qui fera désormais l'objet
de toutes ses recherches et de toutes ses méditations, Hirn
va-t-il instituer des expériences dans I'intention de ren-
( 13S)
VKRSER ce qu'il a admiré! Hirn, qui ne connaissait môme
pas les travaux de Mayer, s'étail-il rangé d'abord parmi
les adversaires de la nouvelle théorie? Erreur de fait donc
de la part de iM. Folie; mais celle erreur est grave, car
elle porte atteinte au caractère si honnête de Hirn, et
d'autant pins qu'il s'y joint des erreurs d'appréciation telles
que celles-ci : âme ilUiinince..., des convictions non seule-
ment spiritualisles, mais chrétiennes chez l'un comme chez
l'autre (!)...., plusieurs travaux importants lui ont été
dictés par ses convictions spiritualistes et par sa conscience
de CROYANT (!).
Non! iM. Folie, qui n'a vu Ilirn qu'un quart d'heure dans
sa vie, qui a fort peu correspondu avec lui, ne l'a nulle-
ment compris; je me sens même ohligé de lui enlever une
illusion ; cette sympathie dont il se flatte n'était pas par-
tagée par Hirn, j'en ai la preuve. Il n'y avait, d'ailleurs,
rien de commun dans le caractère et dans la conviction de
ces deux hommes.
Ayant donc eu connaissance de la loi de Mayer, Hirn
institua, en efl'cl, des expériences, non pour ta renverser,
mais pour la vérifier. Il avait des doutes, provenant des
chifl'res difl'érents trouvés dans des ordres de phénomènes
différents, et c'est pour les dissiper qu'il procéda à des
essais nouveaux, dans de nouvelles directions, et princi-
palement sur les machines à vapeur. Est-ce là devenir un
converti, un fervent adepte de la théorie de Mayer? J'ose
affirmer qu'à la fin de sa vie Hirn ne croyait pas que l'on
fût en possession de la véritable valeur de l'équivalent
mécanique, ni môme d'une démonstration expérimentale
de sa constance.
A la page 245 du Bulletin de la Société industrielle, déjà
cité, Hirn dit : « Ce qui constitue l'importance de l'énoncé
( 15G )
» de Mayer, ce qui en fait une des grandes lois de la
» nature, c'est sa généralité. Il est donc essentiel de
i> chercher si l'équivalent mécanique varie d'un cas à un
» autre, de déterminer Vamplilude de ces variations, en
» admettant qu'elles existent, et de voir si cette amplitude
j> est suffisante pour nous permettre de prononcer contre
D cette généralité même, qui fait le premier caractère de
» l'énoncé de Mayer... » Et page 251 : « ...elle met en
j> évidence cette généralité, pourvu qu'à l'énoncé du phy-
» sicien de Heilbronn on ajoute cette légère modification :
» la constance parfaite de l'équivalent mécanique du
» calorique est troublée par de faibles éléments perturba-
ï leurs, dont la nature reste encore à déterminer, et ne
» pourra l'être que par de nouvelles expériences d'ime
B exactitude excessive; autrement dit, il est probable que
» cet équivalent est rigoureusement stable, mais que des
» circonstances accessoires, quoique spéciales à chaque
» genre de phénomène, modifient très légèrement sa
» valeur apparente et ne serviront, une fois bien étudiées,
» qu'à mieux faire ressortir l'universalité de la loi calo-
» rifique. »
Les expériences que Hirn institue dans la suite sont
d'une nature toute nouvelle; elles se font en grand sur
une machine à vapeur de plus de cent chevaux. Comme
l'a dit Clausius, cette détermination de l'équivalent méca-
nique est la première obtenue a à l'aide d'une expérience
» où l'on ait converti, non la force en chaleur, mais la
B chaleur en force, et où le corps soumis à l'expérimen-
B tation soit revenu à son élat primitifs. Dans ces nou-
veaux essais, l'action thermique des parois des cylindres
était un élément perturbateur que Hirn étudia et d'où il
tira sa Théorie pratique, acceptée par tous ceux qui con-
( i■^^ )
iiaisscnl les machines à vapeur telles qu'elles sonl, el
autrement que dans des formules.
Le principe expérimental de Mayer avait conduit ïliin
à la conclusion que l'univers n'était pas formé d'un élément
seulement, la matière en mouvement, qu'on ne pouvait
méconnaître l'existence de l'élément dynamique, ni <le
l'élément animique. Et c'est sa soif de vérité qui lui a
dicté ses expériences et les conclusions qu'il en a déduites
dans divers mémoires. En fait, ses huit objections à la
théorie cinétique des gaz sont restées debout, sans la
moindre alleinle. Mais ceci est question d'appréciation.
Ma tâche est terminée, et mon but sera atteint, si j'ai pu
contribuer à détruire l'impression peu favorable que doit
laisser dans l'esprit du lecteur la manière inexacte dont
la notice de M. Folie expose les idées et les travaux d'un
des plus illustres associés de l'Académie royale de
Belgique.
Contributions à l'étude du Nebenkern ou corpuscule acces-
soire dans les cellules (communication préliminaire);
par Emma Leclercq, docteur en sciences naturelles.
Pénétrée de l'importance que les liquides fixateurs
exercent sur les tissus, j'entrepris, au commencement de
l'année dernière (1889), travaillant au laboratoire d'em-
bryogénie comparée du Collège de France avec M. le
professeur Dalbiani, une série d'expéi'iences sur différents
mélanges fixateurs.
Je désirais obtenir des figures nettes et des colorations
spéciales qui me permissent de constater le ou les rapports
existant entre le INebenkern ou corpuscule accessoire, et
les autres éléments de la cellule spermatique.
( <38 )
Je songeais à éliminer autant que possible l'acide chro-
mique et l'acide osmique, auxquels j'attribuais, peut-être à
tort, les résultats imparfaits obtenus jusque-là dans l'étude
de ce corps dit : accessoire.
Frappée de la netteté reniarquable que j'avais obtenue
sur les épithéliums du tube digestif des myriopodes et des
insectes par la liqueur de Frenzel, j'eus recours à ce
réactif, et j'employais aussi le sublimé alcoolique et acé-
tique concurremment avec la liqueur de Flemming.
Je fixais avec ces mélanges les testicules de l'alyte et
j'y constatais la présence d'un Nebenkern, tant dans les
ovules mâles que dans les spermatides, ce qui n'avait pas
encore été démontré chez cet animal.
Je le vis toujours coloré fort différemment du noyau
par les méthodes variées de doubles pu de triples colora-
tions auxquelles j'eus recours.
RÉSULTATS
MATIÈRES COLORANTKS EMPLOYÉES.
—
~ — - - —
sur noyau.
sur le Nebenkern.
(Carmin seul (fix. Frenzel)
Carmin franc.
Rose pâle.
Carmin seul (fix. Flemming) ....
Hematoxyline de Renault
Rose.
Violet.
Rouse 1
Violet foncé )
Picro-carmin de Ranvier ... . . .
Rose.
Orangé.
Violet d'Ehrlich et éosine
Violet.
Rose.
Carmin et violet d'Ehrlich ....
Violet.
Rose.
Picro-carmin tt vert de méthyle . .
Violet.
Jaune carminé.
(Le spermat
ozoïde vert.)
(1) La coloration est foncée pour le >
ebenkern compact,
faible et éosinée
dans le Nebenkern développé.
( 139 }
Nous conslalâmes ensuite, M. le professeur Balbiani ol
moi, que le Nebenkern joue un rôle important dans les
phénomènes de karyokinèse, ce que Éd. Van Bencden,
Platner, von l.avalelle S'-George et d'autres avaient d'ail-
leurs déjà signalé. Nous vîmes de plus qu'on devait au
Nebenkern toute la ligure jusqu'ici désignée sous le nom
d'achromatique dans la karyokinèse.
Des observations ^ur le testicule de la salamandre et de
la souris, ayant avec celles-ci quelques rapports, furent
faites vers la même époque par Hermann, qui ne les fit
connaître que vers la (in de 1889. Mais, tandis que mes
préparations dessinaient colorées franchement, nettes et
sans discontinuité, les fibres du fuseau, celles d'Hermann,
de son aveu même, laissent ces parties assez imparfaites,
ce qu'il attribue à une légère altération du vitellus par le
réactif.
Comme il observe la division de cet élément en deux
centres dont l'un conserverait sa position tandis que
l'antre se dirigerait vers l'autre pôle de la cellule, il en
déduit un rapport avec les sphères attractives de Éd. Van
Beneden, rapport entrevu déjà par Platner, mais qu'Her-
mann devine plutôt qu'il ne le démontre.
Je n'ai observé la division primitive du Nebenkern en
deux centres ni chez l'alyte, ni dans d'autres cellules
spermatiques que j'ai étudiées durant leur division. Et je
puis ajouter que cela ne peut dépendre de la direction des
coupes, car les cellules examinées sont assez petites pour
être conservées dans leur entier.
Cliez l'alyte, cet élément a l'aspect fibrillaire, fibrilles
d'abord enchevêtrées en une masse sphérique (Nebenkern
compact), se développant ensuite et se rangeant autour
d'im centre, se mettant ainsi en s'allongeant en commu-
( 140 ;
nicalion intime avec les éléments du noyau qui semlilfnl
attirés par eux. Un certain nombre de ces fibrilles s'éten-
dent latéralement et présentent un léger épaississement à
leurs extrémités; une fusée éclatant dans l'air représente
assez bien l'aspect que fournit en ce moment le Nebenkern.
Une étude plus approfondie et comparative que j'ai faite
plus lard dans le laboratoire d'bislologie normale de M. le
professeur Van Bambeke à l'Université de Gand, sur des
éléments que je dois en partie à M. Balbiani, me permet
de dire que, dans les phénomènes de karyokinèse observés
chez les spermatides de diflerents scylliums, du squatine
ange et de l'alyte, les fibrilles de ce demi-fuseau primitif,
toujours excentrique à la cellule, semblent travailler à la
formation de la plaque équaloriale. Dès que les anses
chromatiques sont rangées en couronne, un certain nombre
de fibrilles anastomosées ensemble continuent à s'allonger
et atteignent bientôt l'extrémité opposée à la cellule.
A ce moment on trouve donc un fuseau ayant d'un côté
un grand nombre de fibrilles, qui continuent d'ailleurs à
augmenter et à s'allonger, tandis que l'autre portion de ce
fuseau ne possède encore qu'un nombre restreint de
fibrilles. J'ai pu, chez un scyllium, d'espèce indéterminée,
dans les cellules mères de seconde génération, reconnaître
que leur nombre était exactement égal à celui des anses
chromatiques.
Mais cet état est transitoire, car les fibrilles de seconde
formation suivent la route indiquée par les premières; j'ai
remarqué qu'elles croissaient aussi régulièrement ensemble,
sans se rejoindre toutefois, si ce n'est au pôle. Ce qui
permet d'observer dans ce fuseau, encore imparfait, des
couronnes de points nodaux correspondant aux extrémités
un peu renflées de ces mêmes fibrilles n'ayant pas encore
atteint l'extrémité opposée de la cellule.
( ^41 )
Enfin les aslers sont formés à l'un des pôles par le
(léveloppenienl progressif des fibrilles du Ncbenkern, qui
ne s'aiioni^eiil |)lus sudisammenl pour alleindre les élé-
menls du noyau, tandis que l'aster du pôle opposé résulte
de l'allongemcnl et de iVnlre-croisemenl des fibrilles qui
sont intervenues dans rédilication du fuseau.
Ainsi se trouve établie la pbase mélakinèse caractérisée
par un fuseau complet avec un aster à cbaque pôle et les
anses cbromaliques en |)laque équaloriale à son centre.
Ayant étudié ensuite la phase diasler succédant à la
mélakinèse, mes observations concourent avec celles
d'Éd. Van Beneden et de RabI en ce qui concerne le
dédoublement des anses. J'ai remarqué de plus la forma-
tion d'une plaque cellulaire et l'entre-croisemenl des
fibrilles unissantes achromatiques de Van Beneden, décrit
déjà par Flemming, et quelquefois observé par les auteurs
étudiant les mouvements du protoplasme pendant la
division.
J'ai vu aussi qu'il y avait beaucoup d'irrégularité dans
la rapidité plus ou moins grande avec laquelle se produi-
sait cette division; celle-ci est quelquefois si brusque
qu'elle détermine un déchirement de la membrane cellu-
laire, de sorte que les anses chromatiques encore distinctes
floitent un moment attachées à l'une de leurs extrémités
par les fibrilles polaires, tandis que, chez un autre scylliura
et chez le squaline ange, j'ai remarqué que le noyau ren-
trait à la phase de repos avant que la division fût parfaite.
Celle période est particulièrement intéressante : le
noyau présente en ce moment deux portions distinctes,
se colorant différemment, encore fusionnées, mais tendant
à se séparer. La cellule à cet étal semble posséder deux
noyaux en activité; l'un correspond au noyau véritable,
l'autre au Nebenkcrn ou noyau accessoire.
( U2 )
La division élanl complète, on pourrait croire à la
(lisparilion de ce corpuscule accessoire, mais ce n'esl
là qu'une apparence : une observation attentive le décèle
formant encore une enveloppe au noyau. J'ai pu suivre des
fibrilles jusque contre la membrane cellulaire.
Ceci semble répondre à la question de Rabl, qui, con-
statant que les fibrilles sont plus nombreuses à la péri-
phérie du noyau, se demande si elles ne contribuent point
à la formation de la membrane de celui-ci. Toutes mes
observations concourent à l'afTirmative en ce sens. Je
m'abstiens cependant de généraliser ce phénomène à tous
les noyaux cellulaires.
De ces observations je puis déduire aussi la constance
du Nebenkern dans les cellules, et je ne puis m'empêcher
d'établir un rapport très grand entre cet élément, les
sphères attractives de Van Deneden et les sphères archo-
plasmaliques de Boveri : il possède les mêmes propriétés
contractiles que celles-ci; toutefois je n'ai pu constater sa
division préalable à la formation de la couronne équato-
riale, qu'il me faudrait appeler, à cause de cela, couronne
chromatique ou couronne nucléaire, pour être exacte,
réservant le terme de couronne équaloriale exclusivement
à la phase métakinèse.
Platner et Hormann établissent le même rapport entre
le Nebenkern et les sphères attractives; So!ger n'attribue
qu'une sphère attractive pour deux noyaux dans les
cellules pigmenlaires de la peau du brochet (1).
I
(1) Le corpuscule polaire persistant de Rabl, qu'il démontre dans
jcs cellules cpitliéliales du triton el qu'il rapporte aussi à une sphère
attractive, est en réalité un Nebenkern, tant par sa forme que par sa
fonction, à cela près que les fibrilles ne se ramifient point comme il
le montre dans son schéma, ce que je puis affirmer.
( 1^5)
Toiil ceci me l'ail croire qu'il y a des diiréicnccs dans
ces pliéiiomènes cl qu'une élude plus complèle nous les
lera dislinguer.
Pendanl la phase dite de repos cl qui correspond pour
moi à la période de nulrilion de la cellule, les deux
noyaux, noyau cl;romalique el noyau accessoire, lendeul
à se dissocier l'un de l'aulre.
Ayanl remarqué chez le squaline ange l'importance
qu'acquérail le Nehcnkern dans la spermalide au moment
de la phase initiale de l'évolution de celte cellule on sper-
matozoïde, el qu'alors les cellules folliculaires animées d'un
mouvement amœhoïde particulier circulent entre les
groupes de spermatides, el se dirigent ainsi du centre de
l'ampoule vers la membrane propre de celle-ci où elles
viennent s'aplatir, comme l'a décrit l'année dernière le
professeur Balhiani dans son cours au Collège de France,
complétant ainsi l'observation déjà ancienne de Swaen et
Masquelin ; frappée par l'aspect d'activité que présentaient
toutes les cellules en ce moment, j'avais pensé que ce
phénomène correspondait avec la naissance du Nebenkorn
des spermatides. Mais j'ai pu constater que c'était là de
ma part une erreur, car j'ai retrouvé ce mêice corpuscule
accessoire, tant dans les cellules mères ou ovules mâles
que dans les cellules de deuxième génération ; chez les
scylliun)S je n'ai pu le déterminer dans celles de troisième
génération, parce qu'il devient de plus en plus petit en
môme temps que je vois aussi diminuer l'importance du
fuseau qui est extraordinairemenl court dans ces cellules,
et ne comporte qu'un nombre très restreint de (ibrilles.
Ceci me démontre encore que ces phénomènes présen-
tent des variétés, car si la poursuite de cet élément était
impossible chez les spermatides des scylliums que j'exami-
{ iU )
nais, elle esl relativement facile chez la spermatitle du
sqiiatine ange très proche cependant des scylliums.
On connaît les traînées de granulations qui apparaissent
entre les spermatides tant pendant leur multiplication que
pendant la migration des cellules folliculaires, granulations
déjà souvent décrites par les auteurs et différemment
interprétées.
J'ai pu m'assurer que ces granulations étaient de diverses
natures; qu'un certain nombre d'entre elles subissent la
dégénérescence graisseuse, tandis que d'autres évoluent
dans un sens spécial.
J'ai vu ces petits éléments acquérir un noyau très
chromatique, tant vis-à-vis du violet d'Ehrlich que de la
safranine et flxer aussi très particulièrement le vert de
mélhyle. J'ai vu ces noyaux s'entourer d'un protoplasme
et prendre une forme de fuseau un peu courbé en faux, ou
bien émettre deux ou trois prolongements d'un point cen-
tral où se trouvait situé le petit noyau.
Bientôt ces petits éléments se placent contre la mem-
brane des spermatides; l'un d'eux, toujours unique,
pénètre dans la cellule et s'y développe.
Son premier aspect est celui d'une aiguille très chro-
matique. Mais on constate bientôt un accroissement en
tous les sens qui la transforme en une plaque que j'assi-
milerais volontiers au capuchon céphalique des autres
spermatozoïdes, quoique ce soit par la suite un capuchon
de forme très étrange et non encore observé chez d'autres
spermatozoïdes.
Tandis que ce petit corps en forme d'aiguille pénètre
dans la spermatide et vient se placer transversalement à
l'un des pôles du noyau, un deuxième élément très diffé-
rent, ayant la forme d'un crochet obtus, apparaît à son tour
( H5 )
conlre la membrane cellulairo el la perce, loul en poiir-
siiivanl son (';volnlion, donl l'élude permet d'y distinguer
bionlùt trois portions : une portion principale, allongée en
[)àlonnet, articulée à une portion intermédiaire se termi-
nant en une sorte de trompe ou cornet, duquel sort la
portion terminale, espèce de llagel.
Cette curieuse petite pièce va, s'orientanl dans la sper-
malide, constituer l'axe de la queue du spermatozoïde et
semble pénétrer même jusque dans rinléricur du noyau
spermalique.
La plaque cépbalique, donl il vient d'être question tout
à l'heure, poursuit aussi son évolution durant le même
temps, forme une espèce de calotte composée d'un certain
nombre de (ilamenls chromatiques terminés en boutons,
dont le nombre est peut-être fixe, mais que je n'ai pu
déterminer exactement, parce que ceux qui re|)osaient sur
le noyau, très chromatique aussi, m'étaient par suite
invisibles, .le suis portée à croire qu'il y en a huit, car j'en
puis compter cinq, latéralement décomposés en trois et
deux de chaque côté du noyau.
Tandis que ces phénomènes étranges ont lieu, le Neben-
kern ne reste pas inaclif; de spliérique qu'il était d'abord,
il passe à la l'orme en lunule; les fibres qui le composent
se dissocient petit à petit, puis se divisent en deux fais-
ceaux. C'est ainsi du moins qu'il se présente à l'examen.
Les fibrilles s'allongent le long de l'axe caudal chroma-
tique et, continuant leur croissance, vont à la rencontre des
boutons terminaux des fibres chromatiques du capuchon,
entourent celles-ci qui prennent dès lors un aspect n)oni-
liforme et qui disparaissent graduellement en tant qu'élé-
ments chromatiques, entourées qu'elles sont de plus en
plus par les fibres achromatiques.
O"* SÉRIE, TOME XX. \0
( HQ )
Celles-ci, pnr suite de leur développemenl, consliluenl
une |)laqiie céphalique éosinée au spermatozoïde, tandis
que le noyau de celui-ci présente aussi des particularités
intéressantes, mais qu'il m'est diflieile de décrire avec le
détail qu'elles comportent dans celte note préliminaire.
Cette plaque éosinée se transforme en un boulon d'abord
arrondi, ensuite lobé, enlin se dispose en une portion
procépbalique acuminée, toujours non cbromatique, qui
va pénétrant dans la membrane propre de l'ampoule
servir d'organe fixateur au spermatozoïde.
En même temps commence pour cei organe un mouve-
ment spirale. Alors, en ce moment précis, on peut
observer l'excrétion du corps problématique vers la partie
caudale.
Une élude comparative chez différents scylliums et chez
le squatine m'a fait remarquer que le corps problématique
ainsi expulsé a une importance plus ou moins grande,
selon que le mouvement spiral est plus ou moins accentué.
Chez le scyllum canicula, par exemple, où cette spire est
très accusée, ce corps est volumineux relativement à celui
du squatine ange, qui n'a qu'un mouvement spiral faible.
Quant au filament spiral du spermatozoïde de ce même
squatine, il m'a semblé être le reste de la membrane
cellulaire de la spermatide et ne pas être réellement
l'expression d'un filament enroulé, mais bien d'un débris
de membrane subissant le mouvement spiral.
De tout cela il résulte que les cellules spermatiques
sont plus compliquées qu'on ne l'a cru jusqu'ici;
Qu'elles peuvent être considérées, en général, comme
des cellules à deux noyaux : le noyau chromatique ou
noyau des auteurs, que j'appellerais volontiers le noyau
( i" )
passif (1), el le Nebcnkern ou corpuscule accessoire do
V, Lavaletle Sainl-Goerge el de Balbiani, qui se trouve
ôlre en réalité le noyau actif (2) el correspondre à l'aiclio-
plasma de Boveri;
Que c'est un élément constant pour ces cellules;
Qu'il joue un rôle important dans la constitution du
spermatozoïde même et y forme très |)rol)ablemenl l'axe
lihrillaire do firaun, de Jensen et de Ballowitz, en même
temps qu'un manchon externe, ce qui est peut-être spécial
au spermatozoïde dont j'ai suivi l'évolution;
Qu'on peut considérer ce dernier comme la résultante
de l'emboîtement de plusieurs pièces autour d'un axe
chromatique, décomposable en trois portions distinctes,
produites par la différenciation d'une pièce primitivement
unique, d'origine extracellulaire el que je soupçonne être
un élément d'excrétion des cellules folliculaires;
Que cet axe est entouré de fibrilles achromatiques qui
constitueraient l'axe librillaire des auteurs;
Que le noyau proprement dit, traversé de part en part
par cet axe, lui forme une deuxième enveloppe localisée à
l'endroit désigné sous le nom de tête;
Que cette dernière est précédée d'une portion procé-
phalique achromatique qui dérive du Nebenkern;
Qu'elle est entourée d'une espèce de manchon nucléaire.
(1) Ce terme ne préjugeant rien relativement à l'activité physio-
logique du noyau.
(2) Me servant de la comparaison d'Éd. Van Bcneden qui com-
pare la contractilité des fibrilles achromatiques à la contractilité des
fibres musculaires, le Nebenkern serait actif vis-à-vis du noyau
proprement dit, au même titre que le sont les fibres musculaires par
rapport au squelette.
( 148 )
composé à la fois de grains chromatiques et de flbrilles
achromatiques, qui semble se rapporter au capuchon
céphalique des autres spermatozoïdes, et avoir aussi une
origine extracellulaire du moins en ce qui concerne sa
portion chromatique;
Que je ne puis me défendre de comprendre cette forma-
lion, ainsi que l'axe chromatique de la queue, dans le péri-
blaste de Vejdowski, de sorte que ce périblaste a pour moi
une importance plus grande que celle que lui attribue
Vejdowski même, et que je ne puis me ranger à l'opinion
de Solger et peut-être de Platner et de RabI, s'ils veulent
identitier le Nebenkern des cellules spermatiquesau péri-
blaste de cet auteur.
Ce dernier me semble plus compliqué.
Une étude minutieuse comparative pourra seule nous
instruire sur la valeur réelle de tous ces éléments. Toute-
fois je pense qu'ils ont entre eux de très grands rapports,
sans que je sois suffisamment autorisée à les considérer
comme identiques.
Je me fais un plaisir et un devoir d'adresser mes plus
vifs remerciements à MM. les professeurs Balbiani et
Van Bambeke, qui m'ont procuré les moyens de faire
cette élude; que ce dernier reçoive tout particulièrement
l'expression de ma gratitude pour la manière toute dévouée
avec laquelle il a daigné vérifier mes observations et
m'éclairer de ses lumières.
5 mai 1890. Laboratoire d'histologie normale de l'Université de Gand.
J
( *49 )
GL4$SE DES LETTRES.
Séance du 7 juillet 1800.
M. Stecher, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Tiberghien, vice-directeur; Ch.
Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, Alph. Wauters,
P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, Aug.
Scheier, P. Henrard, Ch. Loomans, L. Roersch, L. Vander-
kindere, Al. Henné, meinbres; Alph. Rivier, M. Philippson,
associés; E. Banning, Alfred Giron et le baron J. de
Cheslret, correspondants.
M. le directeur, en ouvrant la séance, annonce, sous
l'impression d'un douloureux sentiment de regret, la perte
que la Classe vient de faire en la personne de l'un de ses
membres titulaires, Mgr. J.-J.-E.-Aloïs Van Weddingen,
aumônier de la Cour, décédé à Laeken, le 7 juillet, à l'âge
de 49 ans.
M. Stecher, après avoir adressé à la mémoire du défunt
un suprême hommage de sympathie, fait savoir que
M. Tiberghien prononcera le discours académique lors des
funérailles, fixées au jeudi 10 juillet, à 11 heures du matin,
à Laekeo.
( i50 )
CORRESPONDANCE.
M. le Minisire de l'Intérieur et de l'Instruction publique
envoie la l""^ livraison du tome IV des Annales de la
Société archéologique de Bruxelles. — Remerciements.
— M. Baumgarten remercie pour l'envoi de son diplôme
d'associé.
— Le comité directeur du Congrès historique et archéo-
logique de Liège annonce que la séance d'ouverture est
fixée ad 3 août prochain.
— La Classe renvoie à l'examen de MM. de Harlez,
Lamy et Goblet d'Alviella un travail manuscrit de M. Louis
de la Vallée Poussin, docteur en philosophie et lettres,
intitulé : Des impuretés et des purifications dans l'Inde
antique.
— Hommages d'ouvrages :
Études morales et littéraires. Épopées et romans cheva-
leresques, II; par Léon de Monge;
Correspondance du cardinal de Granvelle, tome VIII,
156S-1S8d; publiée par Charles Piot, dans la collection
des chroniques belges inédites, éditées par la Commission
royale d'histoire.
El coronel Francisco Verdugo {i 537 -1595), nuevos datas
biograficos y relacion de la campana de Flandes de 164i,
par Vincart; par A.-R. Villa; présenté par M. Piot avec
une note biographique qui ligure ci-après;
( iol )
A. Les SamoaJis de Leone; B. Le Palais... Les sir/nale-
luenls anfhropométriqucs au pui)if de vue judiciaire ; par
leD' E. Ilouzé;
Univcrsilc libre de liruxclles. Annales de la faculté de
philosophie el lellres. Tome I", 2'" fascicule. — Présenlé
par M. Philippson avec une noie biographique qui ligure
ci- a près.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
J'ai l'honneur d'olTrir à la Classe un exemplaire du
tome VIII de la Correspondance de Granvelle, comprenant
les lellres de 1580 à 1581.
Les faits principaux mentionnés dans ces lellres se
rapportent, en grande partie, aux résultats des démarches
faites par le cardinal auprès de iMarguerile de Parme pour
qu'elle reprenne le gouvernement des Pays-Bas. L'impos-
sibilité de rétablir dans ces provinces la tranquillité par la
force el la violence avait engagé Philippe II à employer les
moyens de conciliation tant préconisés par le cardinal,
lorsque celui-ci était devenu un de ses ministres les plus
inlluenls. De l'avis du prélat, Marguerite de Parme était
seule capable de mettre ce principe à exécution complète.
La princesse reçut en conséquence tous les pouvoirs
nécessaires à cet effet, et accepta par dévouement la nou-
velle mission. iMais elle avait compté sans son fils, déjà
investi de pouvoirs semblables depuis longtemps.
Tous les efforts de Granvelle lendant à charger la
duchesse des affaires politiques et son (ils des affaires
( 452 )
de guerre lombèrenl devant la résolution inébranlable
d'Alexandre Farnèse, très décidé à ne pas laisser diviser
le pouvoir.
Ces faits sont très bien développés dans notre volume.
Celui-ci renferme aussi, sur la conduite de Claudio
Laudi, des documents précieux. Laudi était accusé par
Marguerite d'avoir conspiré contre son mari. Elle voulait
une punition sévère infligée au coupable, qui fut protégé
par l'empereur.
Les faits et gestes des malcontents, placés à la tête du
mouvement réactionnaire des provinces wallones contre
celles du nord, le peu de confiance que ces nouveaux con-
vertis inspiraient au gouvernement espagnol, sont mis au
jour dans ce volume. Grâce à l'habileté, employée par
Alexandre de Parme, la réconciliation des provinces catho-
liques avec leur souverain devint un fait accompli.
Dans ses lettres, Granvelle se montre toujours consé-
quent avec lui-même. Royaliste décidé, il veut sauver son
maître par tous les moyens possibles. Catholique sincère,
il veut le triomphe de sa religion, en faisant néanmoins
quelques concessions aux dissidents, sans vouloir admettre
la liberté des cultes, invoquée par ses ennemis et refusée
en même temps par eux en faveur des catholiques.
De nombreux faits relatifs à la conquête du Portugal
sont révélés par le cardinal. Philippe II se préoccupait
tant de cette conquête, qu'il oubliait les Pays-Bas. Il y
laissait son lieutenant général dans un abandon complet,
sans ressources, sans argent. De là, des révélations de la
part du cardinal au sujet des gaspillages des deniers publics
par les employés de la Hazienda, espèce de conseil des
finances, et des agents du trésor.
^ 153 )
Ce volume renferme aussi des données sur la conduite
du duc d'Anjou, l'aspirant malheureux à la main d'Elisa-
beth, reine d'Angleterre, et à la royauté de notre pays.
Les lenteurs du roi à prendre des résolutions, ses indé-
cisions, ses tergiversations font également le désespoir du
cardinal, toujours actif, jamais désœuvré, môme par suite
de i'influcnza, dont il fut atteint en 1S80.
Tous ces détails jettent un grand jour sur l'histoire de la
révolution du XVI* siècle dans notre pays.
Ch. Piot.
El coronel Francisco Verdugo [I537-159S). Nueios
datos biograficos y relacion de la campaàa de Flandes
de lôil , por Vincart, pnblicados per Antonio Rodriguez
Villa. (Le colonel Francisco Verdugo (1557-1598). Nou-
velles données concernant sa biographie, et relation de la
campagne aux Pays-Bas en 1641, par Vincart, accompa-
gnées de notes ex|)licatives, par Antonio Rodriguez Villa).
Madrid, 1890, petit in-S".
Ce volume est le tome III d'une publication intitulée :
Curiosidades de la liisloria de Espaîia.
M. Rodriguez Villa n'en est pas à son début. Pour ne
pas reproduire ici la liste complète de ses publications,
nous citerons seulement celles qui offrent de l'intérêt au,
point de vue de l'histoire de notre pays.
Celles-ci sont : El duque de Albuquerque en la batailla
de Rocroy ; c'est un examen critique du travail de iM^' le
duc d'Aumale à propos de cette bataille; Noticia biogra-
fica de D. Sébastian Fernandez de Medrano, directeur
{ iU )
de l'Académie militaire de Bruxelles (1646 à 170o);
Historia de la campana de 4641 en Flandes, siendo
gobernador gênerai de aquellos paises por Espana el
archiduque Leopoldo.
La biographie de Verdugo, objet principal du volume,
était peu connue jusqu'à ce jour. Une simple note insérée
dans le tome LXXIV, page 561, des Documentos inedilos
para la historia de Espana; les commentaires publiées
en 1618, à Naples, par Alfonso Velasquez de Velasco, les
relations de Herrera dans son Historia gênerai de tiempo
del Seûor rey don Felipe II, étaient tout ce que nous con-
naissions au sujet de ce personnage.
M. Rodriguez Villa a utilisé toutes ces sources pour
nous faire connaître Verdugo, un des officiers espagnols
les plus distingués qui ont pris pari aux guerres du XVI*
siècle dans les Pays-Bas. Tour à tour, il assista au siège de
Haarlem, à un grand nombre d'autres faits d'armes, suivit
Don Juan à Namur, assista à la bataille de Gembloux,
commanda en Frise et dans l'Overijssel. C'était un hardi
soldat, un véritable spadassin du XVP siècle. M. Rodriguez
Villa constate qu'après avoir été incorporé dans l'armée
espagnole, il entra au service du comte Pierre-Ernest de
Mansl'eld à Luxembourg. Hardi et courageux, il y chercha
querelle à tout individu qui parlait mal des Espagnols,
le provoqua en duel et devint ainsi l'objet de la crainte
de tout le monde.
A la suite de cette étude, M. Rodriguez Villa publie plu-
sieurs documents importants concernant ce personnage.
La biographie est suivie du récit de la campagne dans
les Pays-Bas en 1641, rédigé par Jean-Antoine Vincart,
écrivain espagnol qui nous est déjà connu par des mémoires
( m)
semblables pour l'année 1643, imprimés dans les Docu-
mentos incctitos (tome LXXV, page 405), et par ceux des
années 1G44 et 1646, publiés par M. le général Ilenrard.
M. Gacliard cite encore du même auteur des mémoires
inédits pour les campagnes de 1642, 1645 et 1650.
A la suite du récit de Vincart de 1641, M. Rodriguez
Villa publie encore une notice sur la mort de Don Ferdi-
nand, cardinal-inlant, gouverneur des Pays-lias de 1653
à 1641, la biograpbie de Don Francisco de Mello, également
gouverneur de ces provinces, des lettres du roi adressées
à ce personnage.
Nous devons savoir gré à M. Rodriguez Villa d'avoir
entrepris celte publication, qui jette un grand jour sur les
annales de notre pays, et sur les hommes qui y figurent
pendant le XVI* siècle et le suivant.
Ch, Piot.
J'ai l'honneur de présenter à la Classe le deuxième
fascicule des Annales de la Faculté de philosophie et
lettres de l'Université de Bruxelles. Il contient les travaux
de deux élèves de mon collègue, notre confrère M. Vander-
kindere.
M. Louis Wodon a consacré une étude très complète et
extrêmement intéressante au droit de vengeance dans le
comté de Namur aux XIV* et XV* siècles. Sur la foi des
documents authentiques, il prouve que, contrairement à ce
qui se passait en France et dans la plus grande partie de
l'Allemagne, le droit de guerre pour injures personnelles
appartenait, dans le Namurois, non seulement aux nobles.
( 156 )
mais à tous les hommes libres, quelque modeste que fût
leur position. Les autorités politiques et les magistratures
n'y ont pas cherché à refréner les luttes privées; elles se
sont contentées de les discipliner, de les entourer de
garanties légales et juridiques. Ainsi ce droit, disparu
de la plupart des pays d'Europe vers la fin du moyen âge,
s'est maintenu dans le comté de Namur jusqu'au XVI*
siècle. Non moins curieux et peut-être encore plus origi-
nal est le travail de M. Félicien Cattier, relatif à la guerre
privée dans le comté de Hainaut aux XIII' et XIV' siècles.
L'auteur a mis à profit, non seulement la littérature déjà
connue sur cette matière, mais aussi les registres aux plaids M
de la cour de Mous, non encore publics et fort importants. ■
Avec raison, il a surtout insisté sur l'inslilution du fourjur,
qui restreignait la guerre privée au seul coupable et en
exemptait sa famille.
Ainsi fut établi le grand principe de la responsabilité
personnelle, et la guerre entre familles réduite à la chasse
du coupable. Pourquoi les parents de la victime n'aban-
donnaienl-ils pas plutôt ce droit dangereux et coûteux à
l'État, prêt à s'en charger et bien mieux outillé pour
l'exercer que les particuliers? Le fait est que, par cette
habile politique des princes hennuyers, le droit de ven-
geance se perd dans leur pays dès la fin du XIV^ siècle,
au rebours de ce qui se passe dans le comté de Namur. ^
Les travaux dont je viens de parler ont une grande
importance pour l'histoire sociale et politique des deux
provinces dont ils s'occupent; de plus, ils sont encore fort
intéressants pour l'histoire du développement général des
institutions féodales.
M. Philippson.
I
( 1^>7 )
l'ROGRAMMK DE CONCOURS POUR 1892.
Première question.
Apprécier d'une façon critique et scienti^que l'influence
exercée par la littérature française sur les poètes néerlandais
des XI II" et XI V' siècles.
Deuxième question.
Étude sur les Inimouristcs et les pamphlétaires en langue
française en Belgique, de 1800 à 4848.
Troisième question.
Étudier, au point de vue historique et au point de vue
dogmatique, la nature et les effets des traités de garantie,
et spécialement des traités qui ont pour objet la garantie,
par un ou plusieurs États, du territoire, de l' indépendance ,
de la neutralité d'un autre État.
Quatrième question.
Montrer comment l'Espagne, par sa diplomatie et par ses
armées, a combattu la politique de la France aux Pays-
Bas, de 1655 à i700.
( 1^8 )
Cinquième question
Exposer, d'après l'ensembk des textes, quelle était la
position des comtes dans le royaume franc, depuis CJovis
jusqu'au traité de Verdun; établir leurs rapports avec le
roi, avec le clergé et avec la population germanique et
gallo-romane.
Sixième question.
Faire l'histoire et la statistique des caisses d'épargne en
Belgique. Exposer leurs diverses opérations et les résultats
obtenus, surtout au point de vue de la classe ouvrière.
La valeur des médailles d'or présentées comme prix]
sera de mille francs pour la troisième et la sixième ques-|
lion, et de six cents francs pour chacune des quatre autres]
questions.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et pourront]
être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront]
être adressés, francs de port, avant le l^"" février 4892, àj
M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies.j
Conditions réglementaires communes aux concours
annuels.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans lesj
citations et demande, à cet efl'et, que les auteurs indiquent]
les éditions et les pages des livres qu'ils citent.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage,
ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront
( l-"i'J )
dans un billet cachelé renlermant leur nom et Iciir
adresse. Faute par eux de salislairo à cette formalité,
le prix ne pourra leur être accordé.
Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux
dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière
que ce soit, seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concjirrenls que,
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois les
auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais,
en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel.
1>R1X PKKI^IOTCELS.
PRIX TEIHLINCK POUR UNE QUESTION DE LITTÉRATURE
FLAMANDE.
(Troisième période: 1887-1891.)
Un prix de mille francs sera accordé au meilleur ouvrage
en réponse à la question suivante :
Faire l'histoire de la prose néerlandaise avant Marnix
de Sainte- Aldegonde.
Le terme fatal pour la remise des manuscrits, qui
peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin,
expirera le I" février 1891.
Les concurrents devront se conformer aux conditions
réglementaires, ci-dessus, des concours de l'Académie.
( i60 )
PRIX JOSEPH DE REYN.
Sixième concours. (Première période : 1889-1890.)
Enseignement primaire.
La Classe des lettres rappelle que la « première période
du sixième concours annuel » pour les prix Joseph
De Keyn sera close le 31 décembre 1890. Tout ce qui a
rapport à ce concours doit être adressé, avant cette date,
à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel (au palais des Aca-
démies).
Cette période, consacrée à l'enseignement du premier
degré, comprend les ouvrages d'instruction ou d'éducation
primaire.
Peuvent prendre part au concours: les œuvres inédites,
aussi bien que les ouvrages de classe ou de lecture qui
auront été publiés du l"janvier i889au31 décembre 1890.
Ne seront admis au concours que des écrivains belges
et des ouvrages conçus dans un esprit exclusivement
laïque, et étrangers aux matières religieuses. Les ouvrages
pourront être écrits en français ou en flamand, imprimés
ou manuscrits. Les imprimés seront admis quel que soit
le pays où ils auront paru. Les manuscrits pourront être
envoyés signés ou anonymes; dans ce dernier cas, ils
seront accompagnés d'un pli cacheté contenant le nom de
l'auteur et son domicile.
Les travaux manuscrits qui sont soumis à ce concours
( 16' )
demeurent la propriété de l'Académie, mais les auteurs
peuvent en faire prendre copie à leurs frais.
Une somme de 3,o00 francs pourra être répartie entre
les ouvrages couronnés par lo jury.
Tout ouvrage manuscrit qui sera couronné devra être
imprimé pendant l'année courante, et le prix ne sera
délivré à l'autour qu'après la pjihlication de son ouvrage.
La Classe des lettres jugera le concours sur le rapport
d'un jury de sept membres, élu par elle, dans sa séance
du mois de janvier de l'année 1891.
PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE.
(Septième période: 1887-1892.)
La Classe des lettres offre un prix de mille francs
à l'auleur de la meilleure notice, écrite en français, en
flamand ou en latin, consacrée à la vie et aux travaux
de Lambert Lombard, peintre et architecte à Liège
(1506-1566).
Le délai pour la remise des manuscrits expirera le
1" février 1892.
Les concurrents se conformeront aux conditions régle-
mentaires, ci-dessus, des concours annuels de l'Académie.
GRAND PRIX DE STASSART POUR UNE QUESTION d'hiSTOIRE
NATIONALE.
(Sixième période : 1889-1894.)
La Classe des lettres offre, pour la sixième période de
ce concours, un prix de trois mille francs à l'auteur du
3°'* SÉRIE, TOME XX. H
( 1()2 )
meilleur travail, rédigé en français, en flamand ou en latin,
en réponse à la question suivante:
Faire l'histoire du Conseil privé aux Pays-Bas, à partir
de son origine jusqu'en 1794; examiner les attributions de
ce corps, ses prérogatives et sa compétence en matière
politique, d'administration et de justice.
Le délai pour la remise des manuscrits expirera le
i" février 1894.
Les concurrents devront se conformer aux conditions
réglementaires, ci-dessus, des concours de l'Académie.
PRIX DE SAINT-GENOIS POUR UNE QUESTION D HISTOIRE
OU DE LITTÉRATURE EN LANGUE FLAMANDE.
(Troisième période : 1888-1897.)
La Classe des lettres ofl're, pour la troisième période
de ce concours, un prix de mille francs à l'auteur du
meilleur travail, rédigé en flamand, en réponse à la question
suivante :
Caractériser l'influence exercée par la Pléiade française
sur les poètes néerlandais du XV P et du XVIP siècle.
Le délai pour la remise des manuscrits expirera le
1" février 1897.
Les concurrents devront se conformer aux conditions
réglementaires, ci-dessus, des concours de l'Académie.
( <ti5)
PRIX DE LITTÉRATURK FLAMANDE DIT ANTOON BERGMAN^.
(Seconde période: l" février 1SH7. — !-■ février 1897.;
Le prix est réservé, pour celle période, à la meilleure
histoire, écriteen néerlandais, d'une villeoud'unecomniune
ap[)arlenanl à la province de Brabanl (l'arrondissement de
^'ivelles excepté) et comptant au moins cinq mille habi-
tants.
Ilu verlu du règlement, le prix, pour celte seconde
période, peut èlre augmenté des intérêts du prix non
décerné pour la première; il s'élèverait à la somme de trois
mille francs.
Délai pour la remise des travaux : 1" février 1897.
PRIX CASTIAU.
(Quatrième période, 185)0-189:2.)
La Classe rappelle que la quatrième période du prix
Adelson Castiau sera close le 31 décembre 1892.
Ce prix, d'une valeur de mille francs, sera décerné à
l'auteur du meilleur mémoire :
Sur les moyetis d'améliorer la condition morale, intel-
lectuelle et physique des classes laborieuses et des classes
pauvres.
Tout ce qui concerne ce concours devra être adressé
à M. le secrétaire perpétuel de l'Académie avant le
31 décembre i892.
Ne seront admis au concours que les écrivains belges.
Seront seuls examinés les ouvrages soumis directement
( i64 )
par les auteurs. Ces ouvrages pourront être rédigés en
français ou en flamand. Les manuscrits seront reçus
comme les imprimés. S'ils sont anonymes, ils porteront
une devise, qui sera répétée sur un billet cacheté contenant
le nom et le domicile de l'auteur.
Si l'ouvrage couronné est inédit, il devra être publié
dans l'année. Le prix ne .sera délivré au lauréat qu'après la
publication de son travail.
Les manuscrits deviennent la propriété de l'.^cadémie.
RAPPORTS.
II est donné lecture des rapports de MM. Wauters et
Henrard, sur une circulaire du bureau hydrographique
des États Unis, relative à un projet de dénominations géo-
graphiques uniformes. — Ces rapports seront communi-
qués à M. le Ministre des Chemins de fer, Postes et Télé-
graphes.
Type d'Indien du nouveau monde représenté sur un bronze
antique du Louvre. Contribution a l'interprétation
d'un fragment de Cornélius Népos; par M. De Ceu-
leneer, professeur à l'Université de Gand.
Rapport de IW. tVageuef, pê'etttief commissaire.
a Dans un texte de Cornélius Népos, conservé à la fois
par le géographe Pomponius Mêla et par Pline le Natura-
liste, il est dit que Q. Metellus Celer, à Tépoque où il était
proconsul de la Gaule cisalpine, reçut en cadeau d'un
( 165 )
prince barbare un certain nombre d'Indiens, que la
violence des lenipêles avait jetés snr les côles de la Ger-
manie.
D'après Pline, ce prince barbare était roi des Suèves,
tandis que Pomponius Mêla l'appelle rex Boiorum.
Pline ajoute que les Indiens en question s'étaient mis
en mer comme» cia catma.
Le texte de Cornélius Népos soulève plusieurs ques-
tions importantes, que depuis longtemps on a essayé de
résoudre.
M. De Ceuleneer s'efforce, dans la première partie de
son travail, d'y répondre à son tour, et il lâclie de le faire
d'une manière plus précise qu'on ne l'a (ail jusqu'ici.
Il nous apprend à connaître d'abord, avec un luxe de
détails peut-être excessil', les principaux laits de la car-
rière politique de Q. Metellus Celer qui, apiès aNoir,
durant sa préture, soutenu énergiquemenl Cicéron dans
sa lutte contre Calilina, devint proconsul de la Gaule
cisalpine, en l'année 62 avant Jésus-Cbrist.
H cberche ensuite à élucider le point de savoir quel
était le prince barbare mentionné par Pomponius Mêla et
par Pline, Était-il rex Sueiomm ou rex Boiorum?
Tous les manuscrits de Pline donnent la leçon Siieio-
rum, tandis que les manuscrits de Pomponius Mêla four-
nissent une ample moisson de variantes : Botorum, Boa-
rum, Belorum, Lidorum, etc.
Dans le meilleur de ces manuscrits, le Vaticanus 4929,
qui parait dater du X'' siècle, se trouve la leçon Boiorum,
adoptée par le dernier éditeur.
Un savant français du XV|I!« siècle, Pellantier, a cru
devoir donner la préférence au texte de Pline. D'après
lui, le prince barbare qui fit cadeau à Metellus Celer des
( 1()6 )
Indiens échoués sur le littoral de la Germanie n'est autre
que le célèbre Arioviste, bien connu par les Commentaires
de César.
Cette opinion est à juste titre, croyons-nous, combattue
par M. De Ceuleneer, qui fait remarquer que non seule-
ment tous les auteurs anciens appellent Arioviste roi des
Germains et non des Suèves, mais qu'en supposant même
qu'Arioviste ail pu être nommé à bon droit roi des Suèves,
le mot Suèves étant à cette époque à peu près synonyme
de Germains, on ne parvient pas à imaginer ce qui aurait
pu déterminer Arioviste à rechercher les bonnes grâces
du gouverneur de la Gaule cisalpine.
Mais de ce que Pellantier a en tort en identifiant le roi
des Suèves mentionné par Pline avec Arioviste, ne résulte
nullement qu'il ne puisse être question, dans le texte de
l'auteur latin, d'un autre roi des Suèves. C'est ce que
M. De Ceuleneer semble avoir perdu de vue. En tout cas,
c'est une hypothèse que, d'après nous, il aurait dû dis-
cuter.
Le nom cité par Pomponius Mêla est-il plus probable
que celui qui nous est fourni par Pline? M. De Ceuleneer
le pense, à condition qu'on change le mot Bolorum en
Raeforum. Les Boli, dit-il, n'ont jamais existé. Quant aux
Beti ou Baeli — c'est la leçon d'autres manuscrits de
Pomponius Mêla, — ils n'ont pas existé davantage, à
moins qu'on ne les identifie avec les Bataves ou avec les
Baetasii, ainsi que le supposent respectivement Vossiuset
M. Schuermans. Mais aucune de ces conjectures n'est
admissible. Le mot Baetorum, qu'on rencontre dans une
inscription trouvée à Katwyck au XVP siècle, et où est
mentionnée une cohors Baetorum, doit être changé en
Baetorum (nous savons en effet que des cohortes de Raeti
( l«7 )
étaient cantonnées le long du Rliin), et la mènne modifica-
tion doit être apportée au texte de Pomponius Mêla.
One le roi d'une peu[)ladc de Réliens ait clicrclié à se
concilier la faveur du proconsul de la Gaule cisalpine,
cela se conçoit, dit M. De Ceuleneer, d'autant mieux que
Q. Melellus Celer venait de l'aire preuve de la plus grande
énergie dans sa lutte contre les partisans de Catilina.
Il n'y a rien d'étonnant non plus à ce qu'un roi des
Rétiens ait eu en sa possession des Indiens qui étaient
venus échouer en Germanie. C'est, en effet, par la Rétie
que se faisait le commerce du nord de l'Italie avec les
populations riveraines du Rhin. Les Indiens en question
auront donc été vendus comme esclaves et achetés comme
lels par un roi des Réliens.
M. De Ceuleneer aurait pu citera l'appui de sa supposi-
tion le texte bien connu de Tacite {Agric, c. 28) où il est
parlé d'une cohorte d'Usipes qui, après avoir été, comme
les Indiens de Cornélius Népos, jetés par la tempête sur
les côtes de la Germanie : pro praedonibus habili, primnm
a Siiebis, mox a Frisiïs infercepti sunl. Ac fuere quos,per
commercia veniun dafos et in nostram usqite ripam mula-
tione emenlhim acfductos, indicium lanti casus illuslravil.
La conjoncture de M. De Ceuleneer est certes fort ingé-
nieuse, mais on ne peut pas se dissimuler qu'elle repose
sur une base bien fragile.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas cette conjecture qui
constitue la partie la plus originale de sa dissertation.
L'intérêt qu'elle offre réside surtout dans la réponse qu'il
a donnée à la question suivante : De quelle espèce d'In-
diens est-il question dans les textes allégués?
Ce ne peuvent être les habitants de l'Inde proprement
dite. Les raisons que M. De Ceuleneer fait valoir contre
( 1«8 )
une pareille supposition nous paraissent, en effet, déci-
sives.
Comment donc a-t-on été amené à donner le nom
d'Indiens aux malheureux qui étaient venus échouer sur
les côtes de la Germanie? Cela lient, selon toute appa-
rence, à la nuance foncée de leur teint. Comme c'étaient
des hommes noirs, ou à peu près noirs, on les aura pris
pour des Indiens, attendu que dans l'antiquité on confon-
dait assez généralement les Éthiopiens avec les habitants
de l'Inde.
Mais quels peuvent avoir été, en réalité, ces hommes à
teint basané que la tempête avait jetés sur les côtes de la
Germanie? Ce sont probablement, dit M. De Ceuleneer, des
Américains.
Pour étayer cette thèse inattendue, M. De Ceuleneer
entre dans des détails extrêmement circonstanciés et
généralement peu connus sur les relations, de beaucoup
antérieures à Christophe CoIomb,qui ont existé entre l'an-
cien et le nouveau monde. Ainsi, par exemple, il rappelle
que dans VHexaméron du Syrien Jacques, évêque d'Édesse
(né en 653, mort en 708), il est dit qu'entre l'Espagne et
les colonnes d'Hercule, d'une part, et le pays des Chinois,
de l'autre, se trouve une vaste terre inconnue et inha-
bitée. Or, celte indication, qui semble ne pouvoir se rap-
porter qu'à l'Amérique, s'explique probablement par le
fait que des prêtres nestoriens avaient cherché de bonne
heure à faire pénétrer leurs doctrines jusqu'au fond de la
Chine, où l'on avait depuis longtemps des notions, à la
vérité assez vagues, au sujet de l'Amérique. Grâce aux
missionnaires nestoriens, ces notions ont pu très facile-
ment se répandre jusqu'en Syrie, d'où l'évêque d'Édesse
était originaire.
î
( i()9 )
Toule la partie du inénioire de M. De Ceuleneer rela-
tive à ce qu'on savait an moyen âge, plusieurs siècles
avant Colomb, de l'existence d'un vaste continent situé
entre l'Europe et la Chine, est certes lorl intéressante,
mais peut, jusqu'à un certain point, être considérée
comme un hors-d'œuvre. Néanmoins, les indications qu'on
y trouve, notamment au sujet des voyages entrepris, à
partir du X' siècle, par les Scandinaves, qui découvrirent
successivement l'Islande, le Groenland et l'Amérique sep-
tentrionale, dont ils explorèrent les côtes jusqu'au Mary-
land, peut-être même jusqu'à la Floride, — ces indications
servent à atténuer considérablement les objections qu'on
est tenté de l'aire valoir contre la possibilité de l'arrivée
sur les côtes de la Germanie d'un groupe d'Américains
qui auraient (piitlé leur pays à l'époque de Cicéron.
Ce qui, en dehors de ces considérations générales, con-
firme iM. De Ceuleneer dans son hypothèse, c'est un
monument antique conservé au musée du Louvre. En
voici la description, due à M. de Longpérier : « Buste
d'esclave entièrement rasé; ses oreilles sont grandes et
lonibantes. Le haut du crâne s'ouvre au moyen d'une char-
nière et forme couvercle. Au-dessus des oreilles sont
placés des anneaux dans lesquels s'ajuste une anse
mobile, figurant une branche d'arbre avec des nœuds.
Silula, H. 0,195. »
Trois |)holographies de ce buste, vu de l'ace, de profil
et de trois quarts, sont jointes à la dissertation de M. De
Ceuleneer, qui estime qu'on ne se tromperait pas en fai-
sant remonter ce monument, qui est d'un bon travail
romain, au 1" siècle avant J.-C. Alalheureusement, sa
provenance est inconnue. Tout ce qu'on en sait, c'est
( i70)
qu'il (aisail partie de la collection Durand, acquise, pour
le Musée du Louvre, par Charles X, en 1825. Or, si
Durand avait acheté en Italie la plupart des objets for-
mant sa collection d'antiques, il s'en était cependant pro-
curé aussi quelques-uns dans le midi de la France,
D'après M. De Céuleneer, le type représenté par le
buste en question diffère de tous ceux que l'antiquité nous^
a transmis, et tout en lui rappelle la race rouge du nou-
veau monde.
Pour faire constater celle ressemblance de visu, l'au-
teur a eu soin de réunir, sur une planche très bien
dessinée, d'une part le buste du Louvre, coiffé à la mode
indienne, d'autre part dix têtes d'Indiens de l'Amérique,
reproduites d'après les excellentes peintures de Catlin,
conservées au Musée national de Washington.
De l'ensemble des faits exposés ci-dessus, M. De Ceu-
leneer croit pouvoir conclure que les Indiens mentionnés
par Cornélius Népos étaient probablement des Esquimaux
et que, d'un autre côté, c'est le type de la race rouge de
l'Amérique septentrionale que reproduit la silula du
Louvre.
Ces conclusions sont des plus surprenantes; j'ajouterai
qu'elles paraissent empreintes d'un caractère de grande
hardiesse.
M. De Ceuleneer prétend que le type fourni par le
monument du Louvre diffère de tous ceux que l'antiquité
nous a légués.
Nous n'avons pas à notre disposition l'outillage scien-
tifique nécessaire pour contrôler .sérieusement une asser-
tion ayant un caractère aussi général. Mais nous connais-
sons quelques grotesques anciens (jui nous paraissent
( 171 )
offrir une cerlaiiie ressemblance avec le buste d'esclave du
cabinet Durand.
D'ailleurs, les masques des Alellanes ont dû provoquer
la création d'un grand nombre de types étranges, dolicho-
cépbales, à grandes oreilles, etc. Au surplus, si le bronze
du Louvre représente effectivement un Indien des Étals
dii Nord de l'Amérique septentrionale, et s'il date du
I" siècle avant l'ère chrétienne, il est difficile de ne pas
le mettre en rapport avec le fait rapporté par Cornélius
^Y'pos, — car on aurait ainsi affaire, de part et d'autre, à un
fait unique en son genre, de même nature, de la même
époque, du même pays. — C'est-à-dire qu'on serait pour
ainsi dire obligé de supposer que Q. Metellus Celer a
amené à Rome les Indiens dont on lui avait lait cadeau,
qu'ils y ont attiré l'altenlion publique et que, par suite,
un sculpteur de mérite a été amené à se servir de leur
type comme d'un motif d'art industriel. Mais nous voilà
lancé en plein sur l'océan des conjectures!
Nous concluons. Quoi qu'il en soit du degré de proba-
bilité des hypothèses de M. De Ceuleneer, son étude, en
tout cas ingénieuse et savante, nous paraît digne de figu-
rer dans les mémoires de l'Académie, avec les photogra-
phies et le dessin qui l'accompagnent. »
La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles ont
souscrit les deux autres commissaires, M.VL Vanderkin-
dere et Willems.
( 172 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur la méthode du droit naturel; par Charles Loomans,
membre de l'Académie.
Les sciences physiques sont d'accord aujourd'hui sur
les conditions générales de la mélhode à suivre dans
l'étude de la nature et, au lieu de discuter sur le chemin à
prendre, elles marchent en avant, sans crainte de faire
fausse route.
Il n'en est pas toujours ainsi des sciences morales,
appuyées, elles, sur la liberté de l'esprit et non pas sur la
fatalité de la nature. Souvent, elles s'engagent de prime
abord dans des voies opposées, au risque de se séparer
pour toujours et de ne se rencontrer jamais.
Les systèmes de philosophie du droit, depuis Grotius
jusqu'à nos jours, en offrent un exemple frappant.
En désaccord sur la base et sur la méthode à suivre, ils
nous présentent des tendances opposées et contradictoires.
Suivant les uns, le point de départ se trouve dans l'mdi-
vidu; suivant les autres, dans la société. Leur mélbode
tantôt est expérimentale et historique, tantôt elle est
rationnelle et idéale. Il leur arrive en outre, et de nos
jours surtout, de se rattacher à des conceptions métaphy-
siques tout à fait différentes. Faut-il s'étonner, dès lors,
de leurs incertitudes et de leurs contradictions ? Que dis-je?
ils ne s'entendent pas même sur le nom de la science, et
( 173)
les expressions reçues « droit naturel », ou « philosophie
du droit d couvrent d'un voile discret hien des dissen-
timents.
Les systèmes individuels conçoiveiil la société comme
une réunion accidentelle d'individus, tandis que les sys-
tèmes sociaux reconnaissent l'état de société fondé sur la
nature. Les premiers, conséqiionls avec eux-mêmes, ne
sauraient concevoir d'autres droits naturels que les droits
individuels, les droits de l'homme; les seconds, au con-
traire, admettent des droits naturels essentiellement diffé-
rents des droits individuels, ceux de la souveraineté, par
exemple. Suivant la plupart des systèmes individuels, les
individus, par leur volonté libre, se réunissent en sociétés
et se soumettent à des lois conventionnelles dont ils sont
les auteurs. Suivant les systèmes sociaux, au contraire, ils
vivent dans des sociétés fondées sur la nature et y sont
soumis à des lois nécessaires, dont ils ne sont pas les
auteurs. El, en rattachant ces différences à une idée géné-
rale, les systèmes individuels conçoivent la société comme
un tout collectif, composé de parties similaires acciden-
tellement réunies, tandis que les systèmes sociaux lui
appliquent l'idée d'un tout organique comprenant des
parties différentes, naturellement unies en vue d'un but
commun.
L'individualisme, lorsqu'il a recours à la méthode expé-
rimentale, observe les désirs, les besoins, les jouissances
des individus et formule des lois qui en résultent. Quand,
au contraire, il suit la méthode rationnelle, il part de
quelque notion générale de la raison dont il déduit les con-
séquences : le principe de la liberté, par exemple.
Les systèmes sociaux, à leur tour, présentent des diffé-
( 174 )
rences semblables. Il en est qui parlent du fail de la sociélé
humaine et de son développement historique, tandis qu'il
en est d'autres qui se fondent sur l'idée à réaliser par la
société et par son histoire. Les uns trouvent le droit dans
l'histoire, tandis que les autres le cherchent dans la raison.
Pour ne parler que des chefs d'école, Grolius fonde le
droit naturel sur a la sociabililé », qu'il délinit « le désir de
vivre dans une société paisible, réglée par l'entende-
ment (1). »
La sociabilité, si souvent invoquée en droit naturel, est
un fait d'observation vrai en certains cas, sans l'être dans
tous les cas, tous ne désirant pas vivre en sociélé avec tout
le monde. Ce n'est pas du tout l'idée de la sociélé néces-
saire et universelle du genre humain, entrevue par Grolius
lui-même dans ses Prolégomènes et dans son Mare libe-
rum.
L'entendement dont il parle, en l'appelant intellectus,
n'est pas du tout la raison pratique imposant ses lois
absolues et universelles aux volontés et à leurs désirs,
mais c'est la faculté logique (2), formulant des règles de
conduite conformes à leurs désirs; Grolius, eu morale,
suit Arislole et non pas Platon.
El, enfin, la sociabilité n'est pas l'état de sociélé, pas
plus que le désir d'un bien n'est la possession de ce bien ;
aussi, Grolius admet-il l'état de nature et l'origine con-
(i) Appelilus societatis non qualiscumque sed Iranquillœ et pro
sui intelleclus modo ordinatae cum his qui sunt sui generis. De jure
belli et pacis, prol. 6.
(2) Facultas sciendi agendique sccundum gcneralia praecepla,
Ibid., I. F, c. I, X, 7.
( 475 )
venlionnelle de la sociélé civile (i). Son point de dépari
est donc individuel et sa mélhode est expérimentale.
Le point de départ du système utilitaire se trouve
également dans l'observation des individus.
S'inspirant de la philosopliie sensualiste, Bentham
place la volonté sons l'empire du plaisir et de la douleur,
au lieu de la soumettre à la raison.
La plus grande somme de jouissances du plus grand
nombre, tel est le but à atteindre, et l'utilité générale
comprend tout ce qui sert à ce but (2). Calculer exacte-
ment ce qui est d'utilité générale et le réaliser par la
contrainte légale, voilà, en somme, la science de la légis-
lation et l'art du législateur, a l'arilbmétique morale et la
dynamique morale » de Benlbam, fondées en dernière
analyse sur le sable mouvant des plaisirs subjectifs, varia-
bles el relatifs des individus (3).
Kant, au contraire, assigne à l'individualisme une base
rationnelle.
C'est le principe de coexistence d'êtres libres vivant
(1) Haec autcm Icx... penderc videtur a volunlate eorum qui se
priinum in socictalcm civilcm consocianl, a quibus porro jus ad
impcranlcs manat. De jure bclli et pacis, I. I, c. IV, 2.
Ilomincs non praeccpto scd sponte in societatem civilem coiisse,
undc orluni liabct polestas civilis. Ibid.
(2) Principes de législation, chap. I.
(3) « Tout le syslcmc de la morale, tout le système de la législa-
tion portent sur celle base unique : la connaissance des peines et
des j)Iaisirs. C'est le principe de toutes les idées claires. Quand on
parle de vices et de vertus, d'actions immorales ou criminelles, de
système rémuncratoirc ou pénal, de quoi s'agit-il? De peines et de
plaisirs, et pas d'autre cbosc •>. Principes de législation, chap. VI.
( 176)
dans (les conditions physiques qui, suivant lui, fonde
le droit de la raison (Vernunftrecht). Pour que tous
soient libres, il faut la loi du droit qui concilie le libre
arbitre de chacun (die freye Willkùhr) avec celui de tous
les autres en le renfermant dans des limites, et le système
du droit rationnel comprend l'ensemble des conditions de
la coexistence des êtres libres, conformes à cette loi. La
propriété privée, par exemple, est une condition de la
liberté : pas de liberté sans propriété. L'État aussi est une
condition de la liberté de tous. A l'état de nature, les droits
de la liberté et de la propriété ne sont ni reconnus, ni
garantis; et il faut la volonté et la contrainte de l'État pour
les reconnaître et les garantir. Le Contrat social de Kant,
suivant la juste remarque de Stahl, est un contrat imposé
par la raison et ayant un contenu rationnel (1).
C'est donc le principe général et abstrait de la liberté
externe de tous, sans but moral commun à tous, qui fonde
le système de Kant, et sa méthode déduit les conséquences
de ce principe (2).
Le droit rationnel abstrait et ses constructions a /)non,
en contradiction avec la nature des faits amenèrent une
réaction éclatante de la part du droit positif et historique.
(1) Kant, tout en partant des individus à l'état de nature, modifie
l'individualisme dans des points importants. C'est ainsi qu'il admet
un droit public rationnel et non pas conventionnel, fonde sur l'idée
de l'État.
(2) Kant va jusqu'à assimiler les droits de la famille aux droits
de la liberté. Il cherche à montrer que le mariage monogame et
indissoluble, ainsi que l'obligation des parents d'entretenir leurs
enfants, se fondent sur le principe de la liberté de la personne qui
n'est pas moyen pour autrui. V. Kant, Hechtslehre, §§ 25 et 28.
( 177 )
L'école historique, je l'ai déjà dil, pari du lail de
société el de son développement !iistori(iue. Klle rejette
l'état de nature et le droit de la raison, el elle leur substitue
l'étal social et le droit positif, expression nécessaire des
convictions, des mœurs, de la conscience de tous.
Suivant Savigny, « le droil civil non seulement est
positif par son origine, il l'est en outre par son contenu;
il se conipose de deux éléments essentiels, l'un |)olilique,
l'intérêt général, l'autre technique, la logique des règles
juridiques el l'appréciation exacte des faits d, c'est-à-dire
le raisonnement et non pas la raison (1).
Dans ce système, la philosophie du droil positif est une
science historique qui remonte à l'origine des institutions,
montre leur développement continu, non interrompu, en
découvre le principe organique el « qui, loin de vouloir
tout conserver, comme on le lui a reproché, discerne ce
qui est vivant el retranche ce qui a cessé de vivre (2) ».
La philosophie du droit positif, ainsi comprise, n'est pas
une philosophie au sens propre, les origines et le dévelop-
pcnuMil (lu droil établi ne pouvant élre confondus avec les
raisons d'être du droit établi. Aussi Hegel, en signalant
celte lacune, prétend-il la combler à l'aide des principes
de l'idéalisme panthéiste. Sa philosophie du droil, loin de
s'appuyer sur le fait de la société el de son développement,
se fonde sur l'idée de la volonté générale el substantielle,
dont les volontés individuelles sont des manifestations par-
ticulières et phénoménales, et sa méthode, c'est la méthode
(1) Vom Denif xmzcrer Zeit, etc.
(2) Utid. Voir aussi Hugo, Philosophie des Hvchfs, dans son Cours
de droil civil.
3°" SÉRIK, TOME XX. 12
( 178)
d'évolution logique de la volonté générale dans l'Iiisloire.
« Le droit, dit-il, c'est la liberté en tant qu'idée (1) i>.
Une école récente, au lieu de s'inspirer de l'idéalisme
panthéiste, se rattache au système de révolution orga-
nique. Herbert Spencer écrit loie morale évolnlionnùle, et
la sociologie s'a|)pelie elle-même une histoire naturelle des
sociétés humaines (2).
En présence de la situation que je viens d'esquisser, les
questions du point de départ, de la méthode et des prin-
cipes métaphysiques de la morale et du droit s'imposent
plus que jamais à la science; car comment ne pas s'égarer,
lorsqu'on ne s'informe pas même du chemin à prendre (3)?
Je ne puis approfondir ici la question métaphysique, et
je dois me borner à quelques considérations simples et
décisives à ce sujet.
Les sciences morales s'occupent de personnes et de
sociétés de personnes, de leur conduite, de leur histoire,
des lois naturelles et positives qui les régissent, et non
(i) 0 Dicsz dasz cin Dascyn ûberhaiipt, Dascyn des frcycn WVJcns
ist, ist dus Rcdd. » Es ist soniit ûbcrliaupl die Frcylicit als Idée.
Hegel, Philosnpfne des licclds, Einl.,§29. — « Dicscr Enlwickclung
der Idce aïs eigcner Tliâligkcit ilircr Vernunfl siclit das Dcnkcn als
Subjectives, ohne seiiier Seits cine Zulbat hinzu zu fiigcn, iiur zu.
Ibid., §31.
(5J) Cliose digne de remarque, des tendances plus ou moins
malcrialisles ou panlJicisIcs se retrouvent également dans le socia-
lisme et le communisme modernes, et notre temps, si défiant à
l'égard de la mclapbysique, ne peut se passer de la mclapliysique.
(5) Pourtant MM. Fouillée, dans Vldcc moderne du dtoit, et
Beausire, dans ses Principes du droit, ne s'occupent pas de ces ques-
tions importantes.
( 179)
pas de forces privées de la personnalilé, de iMOiivemcnls
el de lois latales.
Qu'on analyse une conception quclconiiue de la morale
el (lu droil, soil naturel, soil posilil", on trouvera au fond
de toutes l'idée de la personne.
Mais quelle est l'idée de la personne?
Ce qui cousiitue proprement la personne iiumaine, ce
n'est pas l'être vivant et sentant, mais c'est le principe
conscient de lui-même el libre, cause indépendante, bul
et non pas moyen, capable, en vertu de son indépendance,
d'appliquer ou de ne pas appliquer ses facultés à des
objets donnés, sans qu'aucun d'eux les détermine el les
limite, auteur, par conséquent, d'un développement libre,
intellectuel, moral, matériel.
Supprimez la personne et son but absolu, la possession
de soi-même, la libre direction des facultés intellectuelles
et morales, mettez à sa place, avec Stuart Mill, je ne sais
quel mécanisme d'associations el de reproductions d'idées,
de sensations, d'appétits, de mouvements, el vous ne
pouvez concevoir ni science, ni moralité, ni droit, ni
dignité, ni respect. Singulière contradiction, de supprimer
la liberté de l'esprit au nom des sciences physiques, lorsque
sans elle il n'y a pas de sciences physiques, ou d'admettre
la liberté dans la vie intellectuelle et dans la science, et de
la nier dans vie morale el dans la conduite. L'esprit serait-
il donc un composé de lacultés divisibles, agissant l'une
sans les autres el à l'exclusion des autres?
Or, l'idée de la personne est l'essence même du spiri-
tualisme. Admettre dans l'homme le princi()e personnel,
auteur de tout développement et de tout perfectionne-
ment humain, attribuer à Dieu la personnalilé absolue el
toute parlaite, auteur de l'univers, en conclure un ordre
moral du monde, qui est l'ordre essentiel des personnes el
( 180 )
des volonlés, voilà la conception spiriliialisle dans son
expression simple el pratique.
Peut-on concevoir la personne humaine dans le système
de l'évolution organique?
Nullement; la personne, à quelque degré d'évolution
organique qu'on suppose, n'est que Tenserable des phéno-
mènes physiques el psychiques produits par l'organisme et
par des forces fatales. Comment, par quelles transforma-
tions pourrait-elle devenir jamais un principe conscient de
lui-même el libre, doué de raison el de facultés libres,
capables descienceelde vertu? Cen'esl pas la science, mais
c'est la fable qui personnifie les forces de la nature.
Et puis, la morale de l'évolution organique n'est pas une
morale. « La morale ayant pour sujet propre la forme
que revêt la conduite universelle dans les dernières étapes
de son évolution » (1); — « la conduite des hommes, une
simple partie de la conduite universelle, telle qu'elle se
manifeste chez tous les êtres vivants » (2); — a l'évolution
de la conduite corrélative à celle des structures el des
fonctions » (3); — « l'homme moral, l'homme dont les
fonctions nombreuses et variées dans leurs genres sont
loules accomplies à des degrés convenablement porpor-
lionnels aux conditions de l'existence » (4); — « la durée
de la vie, la fin suprême » (5). Si c'est là de l'analomie et
de la physiologie, assurément ce n'est pas de la morale.
Conçoit-on mieux la personnalité humaine dans le
(i) Herbert Spencer, Les bases de ta morale coolutionnisle. Paris,
1880, p. 15.
(2) Ibid., p. 4.
(5; Ibid., \). 5.
{i) Ibid., p. 65.
(5; Ibid., p. 10.
( l«l )
systrmc de révolulion idéaliste? Admettez, avec Hegel,
l'essence une et identique se réalisant dans la nature, et
consciente, pensante et voulante dans l'humanité et dans
l'histoire, la personne individuelle n'est qu'une vaine
apparence, elle est la manifestation particulière et phéno-
ménale de l'ahsolu; suivant une expression de Hegel, elle
est « le masque de l'absolu j>.
Et puis, l'évolution logique appliquée à la nature et à
l'histoire, tous les contraires s'appelant les uns les autres
et réalisés tour à tour, le vrai et le faux, le bien et le mal,
le jiisic et l'injuste, le délit et la peine, la paix et la guerre
seront autant de moments différents, tous inévitables,
de l'évolution historique, et il faudra dire avec Hegel,
malgré les protestations de quelques hégéliens : « tout ce
qui est rationnel est réel et tout ce qui est réel est ration-
nel (I) b; tout ce qui doit être se fait et tout ce qui se fait
doit être. Quel parti prendre alors, si tant est qu'on puisse
jamais prendre un parti? Se croiser les bras, se résigner
devant la fatalité inexorable et justifier toute erreur, tout
mal et toute injustice.
Il faut savoir gré aux systèmes d'évolution, de leurs
hardiesses et de leurs témérités; s'ils s'égarent eux-mêmes,
ils nous montrent le chemin à suivre, semblables à ces
guides qui, pendant une nuit profonde, portent des lan-
ternes derrière le dos et qui éclairent les autres sans
s'éclairer eux-mêmes.
C'est donc la conception spiritualisle de l'univers, et c'est
elle seule, qui nous rend raison du monde moral et de ses
(i) Was veriiùnftig ist, das ist wirkiich; und was wirkiicli ist,
das isl vernûnftig. Hegel, Phil. des Redits, Vorrede.
( 182 )
lois. C'est là celte philosophie permanente perennis qnœ-
dam philosophia qui se trouve au fond des convictions,
des mœurs, des lois, des institutions des peuples civilisés
et surtout des peuples chrétiens, monument séculaire
toujours debout au milieu des débris de systèmes construits
un jour et démolis le lendemain.
Les principes généraux du spiritualisme étant mis hors
de question, quel est le point de dépari de la philosophie
morale en général (1) ?
Il se trouve dans la volonté humaine, considérée en fait
et en idée.
Libre en fait, la volonté poursuit des biens divers vrais
ou (aux, agit par des motifs égoïstes ou désintéressés, est
auteur d'actions morales ou immorales.
Mais tout ce qu'elle peut vouloir et faire, elle ne doit pas
le vouloir et le faire; elle doit se conformer à la raison
pratique, à l'ordre essentiel des volontés et aux idées
morales, règles de conduite.
Le fait de la volonté libre et l'idée de ce qu'elle doit
être et faire dans ses rap[)orts divers, tels sont les éléments
simples et primitifs de nos jugements moraux; loin d'être
le témoin indifférent de ce qui existe etse fait, la conscience
l'approuve ou le blâme en le comparant avec ce qui doit
être et se faire, avec l'idée morale.
Observez la conduite de l'homme dans les manifestations
diverses de la vie individuelle, sociale et religieuse, inter-
rogez les jugements de la conscience et de l'histoire, ils se
( 1) Le point de départ de la philosoptiie morale diffère de son
principe objectif. L'un est le prius in ordine cognilionis, l'autre le
prias in ordine rerum.
( <S5 )
ramènent toujours 5 quelque fait ('e la volonté, nialirrc du
jugement moral, à quelque idée de ce que la volonté doit
être, principe du jugement moral, et à la qualilication du
fait par l'application du principe. C'est le procédé naturel
de chacun cl de tous. C'est aussi celui de la philosophie
morale, qui ne nous donne pas la conscience, mais qui
nous montre ce qu'elle contient.
Kt de là une méthode analytique qui consiste essentiel-
lement à n)ettre an jour l'élément de lait et l'élément idéal,
et à exposer le système des idées morales à réaliser dans
la vie individuelle, sociale et religieuse. La loi morale et
ses prescriptions règlent la conduite conformément au.x
idées morales de la parfaite liberté, de la justice, de la
fraternité et de la religion, modèles de conduite.
Le droit naturel, je l'ai montré dans une précédente
élude, forme une partie distincte mais inséparable de la
philosophie morale (1).
Il a pour objet propre l'ordre juridique naturel qui est
la condition de tout perlectionnemenl libre, moral et
matériel.
Sa base prochaine se trouve dans la société humaine con-
sidérée en fait et en idée.
Le genre humain vit, se développe, se perfectionne à
l'état naturel de société et dans diverses espèces de
sociétés fondées sur la nature, la famille, la société civile,
par exemple.
Témoin de ces faits, la conscience émet des jugements
surle juste et l'injuste, en les comparant avecles rapports
(1) « Sur l'idée du droit naturel. « Bull, de l'Acud. roy. de Bel-
(jiqne, 5' série, t. XVII, n» 3, 1889.
r 184 )
juridiques qui doivent exister entre êtres humains, entre
membres de la famille, entre citoyens. Elle a donc l'idée
de la société humaine, l'idée de la famille, l'idée de la
société civile.
Le fait de la société et de son développement historique,
à lui seul, ne nous donne aucune notion de principes de
justice à suivre. Le fait n'est pas le droit, et les sociétés
existantes en fait peuvent se trouver en désaccord avec
les principes de justice; le fait peut être contraire au
droit.
L'idée de la société et des sociétés diverses fondées sur
la nature humaine comprend implicitement tous les prin-
cipes du droit naturel proprement dit, car tous règlent
ou maintiennent les rapports juridiques nécessaires des
sociétés fondées sur la nature.
Le point de départ de la science ainsi compris diffère de
la sociabilité de Grotius. La sociabilité n'est ni le fait, ni
l'iilée de la société.
Il n'a rien de commun avec Vnliliié sociale, telle que
l'entend Bentham. La maxime : utilitas justi mater el œqui
est la négation du droit natyrel.
Ce n'est pas non plus le principe de coexistence de Kant;
coexister, ce n'est pas vivre en société, et le principe de
coexistence n'est pas l'idée de la société et des diverses
sociétés fondées sur la nature humaine.
L'école historique de Savigny, il est vrai, part du fait de
la société, mais elle supprime l'idée; et l'école idéaliste de
Hegel adapte les faits el les idées à l'hypothèse de l'idéa-
lisme panthéiste.
Appuyé sur la base de la société humaine considérée en
fait et en idée, le système du droit naturel comprend deux
( 183)
espèces d'élémenls, qu'on a appelés à jusle litre l'élément
matériel et l'élément rationnel (I).
Le fait de la société, l'étal de société dans lequel l'es-
pèce humaine vil el se développe, l'étal de société humaine
en général, l'étal de famille, l'état de société civile, elc.
Telle esl la matière qui reçoit la l'orme du droit naturel.
L'idée de la société eldes sociétés fondées sur la nature
el l'ensemble des principes de justice qui en résultent, voilà
l'élément rationnel qui donne à la matière la forme du
droit naturel.
C'est avec raison que l'école expérimentale el historique
relève l'importance de l'élément matériel méconnu par le
rationnalisme abstrait (12).
Il n'existe pas d'hommes en général, des êtres libres
vivant dans des conditions physiques, tous indépendants
el égaux à tous égards, mais il existe des individus
vivant à l'état de société; et à côté des droits qui sont les
mêmes pour tous il en est d'autres qui ne sont pas les
mêmes pour tous.
Je parle de l'égalité des droits, et non pas de l'égalité
des biens, en contradiction évidente avec l'individualié el
la liberté. Les hommes ont même nature et présentent
tous des différences individuelles, et le développement
libre, moral et matériel, suivant l'individualité, est une
(t) Waiteii, Nahirrccht und PoUlik, p. 74. — Warnkoemg,
Philosop/iiœ juris deli/iealio, n. 47 : « Sic onine jus tam in mate-
riali quam in rationali fondamcnto est posifum. »
(2) Voir, par exemple, V Esprit des lois, de Montesquieu, la Philo-
sophie du droit, de Hugo, le Droit public général, de Bluntscliii.
( 186)
source permanente d'inégalité des biens moraux et maté-
riels.
Les individus, tels qu'ils nous sont connus par expé-
rience, ne naissent pas à l'état de développement de leurs
forces physiques et de leurs facultés morales; tous dispo-
sant d'eux-mêmes sans dépendre de personne, ils naissent
dans un étal de non-développement physique et moral,
dépendants de leurs semblables, qui leur procurent les
conditions de développement physique et moral.
H n'y a pas davantage de choses, en général, matière
de droit; mais il y a des choses déterminées, d'espèce
différente, par exemple, les unes appartenant au domaine
public, d'autres destinées à l'usage des individus et des
familles, qui en disposent et les transforment par le
travail.
C'est par le travail, par l'application libre des facultés
et des forces à la production des choses utiles et par un
travail renouvelé sans cesse que les individus et les
familles se procurent la demeure qui les protège, le pain
qui les nourrit, le vêlement qui couvre leur nudité : horno
nudtis in terra mida. — Redit Inbor actus in orbem.
Admettre avec Grotius une communauté originaire de
droit naturel quia facile vivebant ex lus quœ sponte terra
ferrebat, et introduire la propriété privée par voie de con-
vention expresse ou tacite; c'est faire des hypothèses en
contradiction avec la nature des faits et avec la loi du
travail.
La nature des choses, l'espèce el les conditions du
travail sont très différentes : entretien des troupeaux et
vie nomade, agriculture el siège lixe, iudustri*' el mines,
travail individuel ou communauté de travail. Il y a donc
( 1«7 )
dos espèces de propriétés 1res diirércrites [i). Que de diffé-
rences aussi entre les actions humaines matière de droit,
entre leiirs inodificalions diverses siiivnnl l'ignorance, l'er-
reur, le (loi, la fraude, la contrainte pli}si(|ne cl morale,
entre les transactions, depuis l'échange jusqu'à l'invention
de la monnaie el de l'écriture, jus(|u'à la vente et la circu-
lation liduciaire !
L'état de société en général et le droit humain en
général est une nouvelle ahstraction. Outre la société
humaine en général el les droits naturels de tout être
humain, il y a des sociétés diverses fondées sur la nalure
humaine et les droits naturels de leurs memhres. Les droits
de l'homme rencontrent les droits de famille qui les modi-
lienl et les limitent. Les uns et les autres se concilient
avec les droits de l'État et de l'autorité souveraine. L'or-
ganisme social comprend des systèmes divers^ tons coor-
donnés entre eux et ayant leurs fonctions propres.
Le droit naturel ni le droit positif ne peuvent donc
l'aire abstraction de Ki nalure des f;iits, el des généralilrs
abstraites sont une source féconde de nialentenduà et
d'erreurs en droit naturel.
L'élément rationnel el l'élément m;itériel, bien quedis-
dincls, sont inséparables. Loin de les séparer, il faut les
unir, el voici pourquoi : les principes rationnels, celui de la
personnalité, par exemple, énoncent des lois objectives qui,
elles, ne naissent pas et ne meurent pas, el non pas des
droits subjectifs qui, eux, naissent et meurent. Pour qu'il
(1) Aiia sunt maritimarum civitatuin jura, alia populorum
raonles saltusquc habilantium aut fertiles rcgioncs colentes, unde
diversa palrimoniorum gênera. Warnkoenig. Pliilosopliiœ juris deli-
neatio, p. l'I.
( 188 )
y ail (les droits appartenant à quelque sujet ou cessant de
lui appartenir, il ne faut pas seulement un principe ou une
loi naturelle, raison d'être de ces droits, il faut en outre un
fait particulier, cause de la naissance ou de la cessation de
ces droits (i). Ainsi le fait de l'existence de l'être humain,
combiné avec le principe de la personnalité, est cause du
droit originaire au respect de la vie et de la liberté, comme
le fait de la mort est cause de la cessation de ce droit.
De même, le fait de l'occupalion de la res nullhis, com-
biné avec le principe de la propriété privée, est cause
d'un droit acquis de propriété, et le fait de la déréliclion
t'st cause de la cessation de ce droit, et, en général, les
causes de la naissance et de la cessation des droits sont
toujours des faits, soit de la nature, soit de la volonté. Le
système du droit naturel comprend donc à la fois un
ensemble de principes, raisons d'être des droits, ei un
ensemble de faits, causes de droits (2).
(1) Les Acquisiliones ipso jure ne font qu'une acception appa-
rente.
(2) Nara nulla esse potest inter homines niutua ratio nisi quae
facto orta sit, ncc illa suàipsâ vi jus alieno tribuit vel juris vinculo
eum alteri adstringit nisi juris quaedam praecepta ciim câ ejusmodi
cflîcacitalcm conjungunl, aut jus ex ilio facto tamquam ex suâ causa
oriri slaluunt. Ibid., p. 87.
La raison (d'un droit), dit Ahrens, est toujours une et la même,
les causes peuvent être très diverses. C'est ainsi que la propriété a
sa raison dans la personnalité de rhommc. Les causes qui la font
naître peuvent cire très différentes. Les causes qui font naître des
rapports de droit sont ou des faits particuliers indépendants de la
volonté humaine, ou des actes de cette volonté. Cours de droit naturel,
T^x'cd., t. I, p. 1-48.
l 189)
Il y a plus : outre les principes de la raison, il faul la
nature du fait pour déterminer le contenu des droits. Ainsi
que l'a rcmarqui' Thiers, les principes de liberté et d'éj^a-
lité sont des principes généraux, et non pas un ensemble
de droits déterminés. Déclarer en termes généraux que
« tous naissent et demeurent libres et égaux », ce n'est pas
savoir quels sont les droits de la liberté individuelle, de la
liberté de travail, de la liberté de conscience, de la liberté
d'association, qui nous apparlienncnt en société. Le prin-
cipe de la propriété privée : tous capables d'acquérir une
propriété alin qu'ils puissent se développer librement, sui-
vant leur individualité, au point de vue moral et matériel,
est la conséquence immédiate du principe de la personna-
lité, et le conmiunisme est la négation de la personnalité
et de la liberté. Mais ce principe, à lui seul, ne nous
apprend pas quels sont les droits de la propriété, soit indivi-
duelle, soit collective, de la propriété mobilière ou immo-
bilière, agricole, industrielle, pas plus que le princi|)e pacla
servnnda, à lui seul, ne nous lait connaître les droits des
vendeurs, des acbeteurs, des sociétaires. C'est la nature
du fait combinée avec le principe qui nous apprend le
contenu du droit.
Enfin, il faut appliquer à cbaque matière les principes
qui lui sont propres, sans les étendre à des matières diffé-
rentes. Que d'applications erronées dos principes de liberté
et d'égalité, lorsqu'on les étend à la famille et à la société
civile! Si tous, en tant qu'êtres humains, ont les droits de
la liberté individuelle, il n'en résulte pas que tous aient
les droits de la liberté politique, et notamment ceux d'élec-
tion et d'éligibilité. La règle pacla servanda fonde la
théorie des contrats, elle ne fonde pas du tout ni le droit
de famille, ni le droit public et pénal, ni le droit interna-
( 190 )
lional. il (aul donc connailre la nature des faits pour faire
rapplicalion des principes qui leur sont propres.
La société humaine est appelée à s'étendre, à se déve-
lopper et à se perfectionner dans le cours des siècles. Sou-
mise à la loi de perfectibilité, elle ne doit pas demeurera
l'état de non-développcmenl et d'imperfection, mais elle
doit, autant que possible, parvenir à un état meilleur. Il y
a donc une nature des faits différente, suivant le dévelop-
pement historique où les sociétés sont parvenues. A côté
(le faits constants qu'on retrouve à tout étal social, depuis
la tribu nomade jusqu'à l'état moderne, par exemple les
individus vivant en société, se servant des choses, échan-
geant des services, propageant l'espèce, les familles unies
sous une autorité quelconque; il en est d'autres qui
diffèrent suivant le développement historique, et, par
conséquent, les principes de droit naturel, non seulement
reçoivent, mais doivent recevoir des applications diffé-
rentes lorsque la nature du fait est différente. Les prin-
cipes sont toujours les mêmes, mais leur réalisation
s'étend et diffère suivant l'étal de la civilisation, et certes
l'invariabilité des lois naturelles ne consiste pas en ce
qu'elles prescriraient même chose, lorsque la nature
du fait est différente. Le code de la raison, toujours le
même, qu'il suffirait de découvrir et de sanctionner pour
fixer d'une manière uniforme la législation des peuples,
est une chimère (1).
(1) So wird lias Redit, in seincr Quelle ciiisund dassclbe, mitder
Entwickelungcii der Gcschiihle verzwcigt und maniiigfaltig. TRE^DK-
LENOURG, Naturredd, S. 82
Saint Augustin fait une observation profonde à ce sujet : « Numquid
( 191 )
Je conclus que l'élémenl rationnel el l'élémenl malc'iiel,
les principes, raisons d'êlre des droits et la nature des laits,
matières (les droits sont organiquement unis et ne peuvent
être séparés. La raison el ses principes généraux ne sau-
raient nous apprendre, ni les causes de la naissance el de
la cessation des droits, ni le contenu des droits, ni les
applications diverses que les principes reçoivent suivant
la nature des laits, et, d'autre part, la nature des laits sans
principes de la raison ne fonde aucun droit. L'élément
historique seul, a dit Trendelenbourg, est aveugle; l'élé-
ment rationnel seul est vide (1).
J'ai montré le londement de l'édifice du droit naturel,
sa forme et ses matériaux. Dès lors, la n)anière de le
construire ne saurait être douteuse.
Quelle est la méthode à suivre pour parvenir à des
notions exactes el scienliliques de l'élément matériel el
de l'élément rationnel, et pour en former un système
d'accord avec la nature des faits el avec les principes qui
leur sont pro|)res ?
D'abord la société, considérée en fait, et son développe-
ment historique nous sont connus par la méthode d'obser-
vation en général.
L'observation intérieure nous révèle l'homme moral ;
l'observalion extérieure nous l'ait connaître l'homme phy-
juslitia varia est et mutabilis? Sed tempora quibus praesidet, non
parilcr cunt, tempora enim sunt... Institiam habere simiil omnia
quœ prœccpit et nulla ex parte variari, et tanion variis lemporibus
non omnia simul sed propria distribuentemct praecipientem. » Conf.,
1. III, eh. 7.
(I) Beidcs gehôrt zusammen. Denn das nur Historische wurde
blind und das nur Idéale leer. \aliirrcchl, S. 3ij.
( i92 )
sique el le monde où il vil, et l'une et l'autre, complélées
par le témoignage, nous montrent l'élal de société el le
développement historique où il est parvenu.
Analyser ce lait général, montrer ce qu'il comprend,
notamment, les sociétés diverses fondées sur la nature
humaine et leurs caractères propres, la société humaine en
général, la famille, la société civile, la société internatio-
nale, la société religieuse en tant que fondée sur la nature
humaine, telle est la méthode à suivre dans l'examen des
faits, matière du droit naturel.
Cette méthode n'est pas du tout la méthode d'observa-
tion des sciences physiques el physiologiques qu'une école
récente a voulu appliquer aux sciences morales. Le positi-
visme part de l'observation, mais son fondateur, Auguste
Comte, ne connaît qu'une espèce d'observation, l'observa-
lion extérieure, tandis qu'il en est une autre non moins
importante, celle des faits qui se passent, non pas dans le
monde extérieur et objectif, mais dans le sujet connais-
sant. Les sciences physiques et physiologiques ont leur
domaine el leur mélhode propres, el ne sauraient nous
donner la moindre notion de l'homme intérieur et moral,
pas même celle d'une simple sensation de plaisir ou de
douleur.
Le fait de la société humaine, matière du droit naturel,
n'est pas l'idée de la société, principe du droit naturel. C'est
la raison, organe des vérités absolues et universelles, qui
nous révèle les idées morales et juridiques, règles de
conduite, non pas la raison pure, les principes a priori
qui interviennent dans l'acquisition et dans le développe-
ment de nos connaissances, mais la raison unie aux
facultés réceptives et notamment au sens du bien el du
jusle et à l'observation de la vie humaine. Pour voir, il
( 193 )
faut lappareil visuel, sans donle, mais il faut en outre la
lumière du soleil et les objets visibles qu'elle éclaire.
Placée en présence du fait de la société humaine,
dirigée par la raison, la science conçoit l'idée de la société
humaine et les principes de justice et de fraternité uni-
verselle qui en résultent, l'idée de la famille et les lois de
justice et d'amour propres à la famille.
La nature des faits étant connue, les principes qui leur
sont propres étant donnés, elle possède les éléments
d'une synthèse objective, d'accord avec la nature des faits
et avec les principes.
La méthode fondamentale du droit naturel consiste
donc dans l'analyse du fait de la société connu par
l'expérience et de l'idée de la société connue par la raison,
à l'occasion de l'expérience, et dans l'application, à chaque
espèce de société fondée sur la nature, des principes de
justice qui lui sont propres.
D'autres procédés, sans établir le droit naturel, le con-
lirment.
Bien souvent on a recours à des considérations d'intérêt
social en matière de liberté, de propriété privée, de famille
et d'hérédité, par exemple, el des auteurs appartenant à
des écoles très différentes, Bentham el Le Play, par
exemple, signalent avec une rare sagacité les résultats
des lois et des institutions pour le bonheur commun.
Certes, l'observation ou l'inobservation des lois natu-
relles est féconde en résultats heureux ou malheureux
pour les sociétés comme pour les individus; mais rien
n'est bien ou juste parce qu'il nous rend heureux. C'est
le bien qui est le principe du bonheur, et ce n'est pas le
bonheur qui est le principe du bien. Les considérations
O"* SÉKIE, TOME XX. 13
( i9i )
d'inlérôl sociiil, de bonheur commun ne fondent donc pas
le droit naturel, mais elles le conlirmcnl.
Il faut en dire autant de l'assentiment des peuples civi-
lisés, et spécialement des peuples chrétiens, en matière de
droit international, par exemple.
Le droit positif des peuples civilisés, dans certaines
parties, est déclaraloire du droit naturel et comprend ainsi
un jtis naliirale qiiod naluralis ratio iibîque consliluit [i).
La loi naturelle, souvent méconnue par les cités antiques,
a été restaurée dans la conscience des peuples chrétiens,
grâce aux enseignements divins du christianisme, qui ne
l'ont pas introduite, mais qui y ont ajouté des lumières et
des forces nouvelles. El c'est ainsi que l'assentiment des
peuples civilisés et surtout les peuples chrétiens confirme
le droit naturel, mais ne le fonde pas.
D'autres procédés doivent être écartés.
La méthode du droit naturel ne peut être la méthode
expérimentale et historique, appuyée uniquement sur
l'observation de la conduite des individus ou des sociétés
Les principes du bien et du juste doivent être connus
avant d'être accomplis. H faut savoir ce qu'on fait avant
d'agir, et non pas après avoir agi, comme il faut le mètre
avant de mesurer et non pas après avoir pris mesure.
Puis les principes pratiques ne se conforment pas à la
conduite, mais celle-ci doit leur être conforme et peut
leur être contraire. D'ailleurs, ils nous présentent un idéal
de perfection placé devant nous, et non pas derrière nous,
qui n'est jamais réalisé à tous égards. Pour toutes ces
(1) V. Ucrmogenianus, fr. 5 D. 1. 1. (de justitia et jure).
( ^93 )
raisons, ils ne pcuvenl cire le résultai de l'observalion de
la conduite.
La niéiliode ù suivre n'esl pas non plus la mélhode
purement rationnelle. La raison pure est une raison
impuissante et stérile; les principes du droit naturel, sans
provenir de l'expérience, se développent à l'occasion de
l'expérience et reçoivent leur application à la nature des
faits connus par Texpérieuce. « Chaque principe du droit,
dit Trendelenbourg, semblable au germe d'une plante tou-
jours renfermé en lui-même jusqu'à ce qu'il rencontre les
conditions extérieures de croissance, ne peut se passer
(l'éléments extérieurs appropriés à sa nature, qui pro-
voquent son développement. Sous ce rapport, le système
du droit naturel ne peut se passer de conditions expéri-
mentales, et il n'admet pas de constructions a priori (1). »
Si je ne me trompe, les considérations que j'ai eu l'hon-
neur de vous présenter font la juste part de la raison et de
l'expérience dans l'étude du droit naturel.
En (inissant, je les résume en quelques mots :
Les systèmes de philosophie du droit, depuis Grotius,
sont en désaccord sur les questions fondamentales du
point de départ, de la méthode et, de nos jours surtout,
sur les principes métaphysiques de la morale et du droit.
Ces principes se trouvent dans la philosophie spirituasle,
(1) Ein solches Unterfangen wurde das Wesen der Entwickclung
verkennen, da jedes Princip dem Samen gleich welcher sich ewig
in sich scibst verschliesst, bis er den aussercn Bedingungen seines
Kciiiiens und Wachsens zurûckgegeben wird, solchen erregenden
Eiemenle von aussen bedarf welche seiner Natur gemass sind.
Insofcrn bedarf die Synthesis cmpirischer Bedingungen und ent-
scljjâgt sich bloss apriorischer Constructionen. Naturrecht, S. 156.
( 19(5 )
tandis que les conceplious panthéiste et matérialiste de
l'univers, conséquentes avec elles-mêmes, sont la négation
de la morale et du droit.
Le point de départ du droit naturel, en tant que distinct
de la morale, c'est la société humaine, considérée en fait et
en idée.
Cette science se compose de deux espèces d'éléments
organiquement unis : l'élément matériel, connu par l'expé-
rience, l'élément idéal, connu par la raison à l'occasion de
l'expérience.
L'analyse du fait et de l'idée de la société, et l'applica-
tion, à chaque société fondée sur la nature, des principes
du droit qui lui sont propres, telle est la méthode fonda-
mentale du droit naturel.
Bien employée, elle conduit à des résultats non moins
certains, qu'il est certain que la société humaine existe et
et que nous avons l'idée de ce qu'elle doit être.
Note concernant Vinfluenza en 1580; par Charles Piot,
membre de l'Académie.
Au moment de passer par la Bourgogne pour se rendre
aux Pays-Bas, en 1580, Marguerite de Parme ressentit
les effets d'une maladie extraordinaire. La Bourgogne en
était infestée; plusieurs personnes de la maison de la
princesse et sa dame d'honneur en furent atteintes et
naoururenl.
Le cardinal de Granvelle souffrit également à Madrid de
cette maladie, qu'il appelle un catarrhe violent. Dans une
lettre adressée à Marguerite, il déclare qu'il est atteint de
( 197 )
lièvres semblables à celles donl elle avait souffert en
Bourgogne. Cette épidémie, qui avait sévi aussi en Italie,
était passée dans l'Aragonais; linalemenl elle avait lait
son apparition à Madrid.
Dans cette ville, le nombre des malades lut le qua-
druple de celui des personnes bien portantes. Tous les jours
des cas nouveaux s'y présentaient « et, dit le cardinal, y en
a plus de S6 en un temps, entre ceulx que m'escripvent. >
Selon sa manière de voir, le mal n'était pas dangereux, si
l'on suivait un bon régime.
A Madrid, toutes les maisons de commerce (bouliscles)
sont fermées comme pendant les jours de fête, par suite
de l'indisposition des personnes chargées d'y faire le
service. Les pharmacies sont ouvertes, il est vrai, mais
très mal pourvues de remèdes. Plus de sucre candi, ni
d'objets semblables à y trouver. Tout est si mauvais, si
corrompu, que les remèdes produisent plus de mal que de
bien.
Les médecins font aussi défaut. Tous sont atteints du
mal; ils ne quittent plus leur domicile. Les personnes
chargées de soigner les malades « ne vallent guères, à
dire la vérité, ni même celles du roi. » La lièvre tierce
dont sont atteints l'Jnfant et l'Infante continue, en dépit
des soins d'Olivarès, protomédecin du monarque, qui a le
plus d'expérience. Quant à Granvelle, il n'a aucune
conliance dans ce médecin « qu'est un ung grand incon-
vénient, dit-il, que ung si grand roy soit si mal pourvu ».
Cette pénurie de bons médecins suggère à Granvelle
des réflexions sur ceux d'autrefois.
Les empereurs romains, ajoule-t-il, envoyaient chercher
à grands frais en Grèce des médecins renommés pour les
consulter. La ville de Rome en lit autant. Feu Charles-Quint
( 198 )
avait des hommes de l'arl d'origine flamande ou italienne,
« afin d'en pourveoir toutes les nations j>.
Depuis l'invasion de celle maladie, Granvelle se plaint
constamment de lièvres et de faiblesse, [.e travail lui
devient pénible; les personnes chargées de tenir les écri-
tures sont atteintes du mal; celte circonstance l'a obligé
à rédiger lui-même une dépèche importante, travad qui
lui coûta cher et mil sa vie en danger.
Jean-Baptiste Tassis, qui souffrait de la même mdispo-
silion, ne put quitter Madrid pour remplir une mission
diplomatique à Paris (1).
(1) Correspondance de Granvelle, t. Vlll, pp. 70, 154, 142 et
suivantes.
( ^'^^ )
CLASSE lïES Bi:\UX-4RTS.
Séance du 3 juillet 1890.
M. Jos. ScHADDE, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. H. Hymans, vice- directeur ; A. Frai-
kin, Éd. Fétis, Ern. Slingeneyer,F.-A.Gevaert, Ad. Samuel,
Joseph Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biol,
Ed. Marchai, Joseph Stallaert, Henri Beyaert, membres;
le comte Jacques de Lalaing et Éd. Van Even, correspou'
dants.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique
soumet à l'examen de la Classe deux compositions musi-
cales intitulées : Mazeppa, zanggedichl voor soli-koor en
orkest [gedicht door J. Van Droo(jenbroeck) et Epittialame,
qui lui ont été envoyées par M. Heckers, prix de Rome en
1887, en exécution de l'article 26 du règlement des grands
concours de composition musicale. — Renvoi à la section
de musique.
( 200 )
— Le même Minisire envoie, pour la bibliothèque de
l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Bruxelles
à travers les âges, tome 111. Bruxelles moderne, par Henri
Hymans et Paul Hymans. — Remerciements.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Renseignements inconnus sur Pierre P h alèse, impt^imeur
de musique à Louvain, i546-l575; par Edouard van
Even, correspondant de l'Académie.
Vers le milieu du XVI* siècle, un Belge créa, à Louvain,
une imprimerie musicale en types mobiles, qui devint, en
peu de temps, l'une des plus importantes de l'époque.
M. Fétis, père, dans sa Biographie universelle des Musi-
ciens, a consacré un intéressant article à Pierre Phalèse.
Mais, à l'époque où écrivait notre éminent et regretté
confrère, on ne possédait encore sur ce typographe que
quelques renseignements épars. Depuis lors, nos investiga-
tions dans les actes de l'ancien échevinage de Louvain nous
ont fait découvrir sur lui des détails curieux et entière-
ment nouveaux. Ces pièces nous ont fait connaître, outre
d'autres particularités intéressantes, les noms de ses
parents et grands-parents, ainsi que la position que ceux-ci
occupaient dans la bourgeoisie louvaniste. Elles nous ont
révélé également le nom de sa femme, qui était jusqu'ici
resté incpnnu.
Nous avons l'honneur de communiquer ces renseigne-
ments à la Classe des beaux-arts de notre Académie, per-
suadé que nous sommes qu'ils seront agréables à ceux
( 201 )
de nos confrères qui s'inléressenl à l'Iiisloire de la musique
en Belgique.
Il résulte des documents que nous avons consultés que
I*ierre Phalèse descendait d'une lamille fixée à Louvain à
partir du XI V" siècle. Dans les actes publics, les membres
de celle famille portent le nom de vander Phaliezen,
valider Plializen et vander Phah/zen. En s'élablissant
comme éditeur dans la ville de \'Alma Mater, Pierre se
crut obligé de donner à son nom une forme classique.
Au bas des tiires de ses publications en langue latine,
il se nomme Petkus Phalesius; mais au bas des titres de
ses publications en langue française, il s'appelle Piekhe
Phalèse. Nous avons conservé cette dernière orthographe.
L'artiste tenait à une famille honorable et considérée.
Son père avait pignon sur rue et bien au soleil.
D'après les actes deséchevinsde Louvain, Pierre Phalèse
était (ils d'Augustin vander Phalizen et de Marguerite
van Poddeghem (1). Augustin était (ils de Jean vander
Phalizen et d'Agnès Laps. Ce Jean vander Phalizen, qui
mourut avant ie 1" mars 1481, exerçait la profession
de brasseur, à la brasserie den Meynaert, Montagne du
Collège. Il était propriétaire d'une ferme avec terres et
prés, située à Tenbroecke, sous Héverlé lez-Louvain. De
sa femme Agnès Laps, il laissa six enfants, savoir : 1° Jean,
mort jeune; 2° Mathilde; 5" Arnould ; A° Ide; 5° Augustin,
et 6» Marguerite (2).
{{) t Peter van der Phalisen, sonc wyleii Augusttfns, die hy
hailde van Margriclcn van Poddeghem, synder liuyswrouwe. »
Acte du! juin 15:28, in-l".
(2) Acte départage du \" mars i48l, in-2'.
( 202 )
Malliikle se maria à Guillaiinje de Weerdt et laissa un
fils, Louis (le Weerdl, qui élail, en 1499, chanoine régu-
lier de l'ordre de Sainl-Auguslin, au prieuré de Belhléem,
près de Louvain (1).
Arnould vander Phalizen devinl peintre, il travailla, en
1468, à Bruges, aux décors qu'on y exécuta à l'occasion
des noces de Charles le Téméraire et de Marguerite d'York.
Cet artiste, qui épousa Catharine Roiiibauts, fille de maître
Jean Rombaiits et de Marguerite van Compenrode (2),
remplit le poste de peintre de la ville de Louvain de 1476
à 1514(5).
Augustin vander Phalizen, le père de notre imprimeur,
fut émancipé devant les échevins de Louvain les 1" mars
1462 et 17 janvier 1475 (4). Il épousa Catharine Boon,
(I ) Acte du 5 novembre 1499, in-2''.
(2) Allen denghenen dat Margriete van Compenrode, wcduwe
meester Jans wylen Rombauls, cum tutore, lieefl geconstitueert en
geordineert hueren procureurs ende voirgangers Henrich van Com-
penrode, hueren vader; Goerys van Compenrode, hueren oom;
Arnde van der Phalizen, zwagher der zelver constituante, enz., allen
hueren zaken.
Acte du 14 octobre 1500, in-S".
^5) Voir notre livre intitulé : L'ancienne Ecole de Peinture de
Louvain, 1870, pp. 80 et 220.
(4) Item, JoHANNES VAN DER Phalizen, braxator, Henricus van der
Phalizen, Crassator, ejus frater, et Augustinus van der Phalizen,
filius prcdicli Joliannis, prius emancipatus.
Acte du l" mars 1462, in-2".
— JoHANNES VAN DEu Phalizhn. braxator, emancipavit .\uciis-
TUNL'M, Margaretam et Ydarn, ejus liberos a pane suo, modo debito
et consueto.
Acte du il janoier 1475, iu-o".
( ^^or> )
veuve de Jean do Calfslckcre (1), propriétaire de la bras-
serie le Trépied, rue de Tirlemoul, el continua la profes-
sion du premier mari de sa femme. On le trouve, qualifié
de brasseur, dans un acte du 10 noviMiibre 1484 (2).
Catharine Boon avait retenu de son union avec Jean de
Calfstekere un (ils, du prénom de Georges (3), qui ne
vivait pas en bonne intelligence avec son beau-père. Un
jour, une discussion des plus violentes éclata entre eux.
Des invectives on en vint aux mains, et une lutte terrible
s'engagea, au cours de laquelle ils reçurent, de part et
d'autre, des blessures très graves et de nombreuses con-
tusions. L'affaire fut portée devant la justice. Le tribunal
des éclievins confia à quatre bourgeois bonorables la mis-
sion de réconcilier les ennemis. Grâce à leurs efforts, un
arrangement intervint. L'une des clauses de ce pacte
prescrivait à chacun des deux batailleurs l'obligation de
{\) hem, Katly.ne Boens, huysvrouwe Aiiguslyns van der Pha-
LizEN, briederc, als coopwyf, hecft gelooft Janne Lyebrechts acht
Rynsgulden, te Ix plecken tstuck, paulo^ ter goeder rekeningen,
d'ecn hclicht ad Epiphaniara Cliristi, en d'ander helicht te groot
vastci:avoiit dacrnac volgende, te bctalen.
Acte du 45 décembre 1 48i, in-5"*.
(2) Item, AL'GLSTiNts van der Phalisen, dictus in dcn Meynacrt,
braxator, commorans pronunc in Camma dicta den Treeft, promisit
niagist, Rcynerio de Lycfkenrode, pronunc Scabino Lovaniensi,
quinque florenos Rhencnses.
Acte du 10 novembre 1484, in-2^.
(5) Item, Algijstinls de Phalisen quiticlamavit expresse Goor-
giuh) den Calfsleker, zijncn helnieden sonc, van allen suicken
penninghen als hy den selvcn -clocnt oft voere hcra vorleet heeft;
Coram Hoeven, Tybe.
Acte du 22 janvier USi, in-2".
( 204 )
solder les honoraires du chirurgien auquel il avait été
forcé de recourir pour se faire soigner (I). Toutefois,
(1) Navolgcnde de submissicn, op ghisteren gcpassecrt, voere
scepenen van Loeven, tusschen den voirsc. Augustine van der
Phalysen en Jorysen den Calfstckerc, ter andere zyden, soe hebbcn
Goessen Tybe, nu ter tyt scepenen, te Loeven, en Jan van Holair,
als seggers des voirsc. Augustyns, Hiiyge van Udekem en Goirt de
Calfstekere, seggers dos voirsc. Jorys, samentlyc vutgesprokcn in der
manieren hier nae volgende :
In den yersten ilat de voirsc. partyen van nu voirtaen goede
gevriende zyn sullen; voirt dat de huwelike voirweerde tusschen
den voirsc. Augustine en zynder huysvrouwe, moeder des voirsc.
Jorys, sal bliven in state en van weerden, alsoe.die ghcmaict es,
vuytghenomen dat deselve gehuysschen ongehouden sullen zyn den
voirsc. Joryse den montcosl en cledercn tcgheven, die in de sclve
huwelike voirweerde begrepen slaen; maer des sullen de voirsc.
gehuysehen den sclven Joryse overgeven, bynncn dit en sint Jans
naisse naistcomendo, en leveren, los en vry van allen gevalicn en
verschenen chyssen, de Gamme geliecten den Trecft, om dacr mede
te doen zyn prouffyt, sonder die te moegen vercoopen bynnen den
leven der voirs. zynder moeder; voirt so sal elc der voirsc. par tien
acngaende der quetsucren en meshandelinge die zy elc den andcren
gedaen hcbben, gehouden zyn te dragen elc tsyns, en den last van
den meester, sonder dat te moegen verhalen aen den anderen, nu
oft in toecomendc tyden, niet tegenstaende dat des cens quetsure
meerder was dan des anders, en daeraf d'een den anderen quytscel-
dinge doen, van alsulcken penningen als hy den selven Joryse
geleent oft voer hem vulgeleet heeft, in voirleden tyden, sonder hem
daeraf yet te moegen eysschen, in eeniger manieren, soe sullen de
voirsc. Augustyn, ter ccne, en Jorys, ter anderen, malcanderen
quytschelden van aile Igene des zy tôt malcanderen te seggen oft le
eysschen moegen hebben, vut saken van des voirsc. is, in eenigc
manieren tôt desen dage toe, en malcanderen dair af nemmermeer
moegen aenspreken of vexeren in eeniger manieren. Coram eisdem.
Acte (lu 11 janvier 1484, 2».
( 205)
il semble que la paix ne dura point. Angnslin vander
Phalizen quilla non seulement sa fenmie, mais son pays.
A la date du 21 lévrier i486, il était en fuite. Le docu-
ment qui nous fournit ce détail est mallierreusemenl muet
sur la cause de ce départ (1).
(1) Hc't zyii comcii voir den laide vaii dcr sladt Katline Boons,
wcdiiwe Jaiis wilen de Calfstekcrc, die nu wyf es Alglstv.vs van der
PiiALiSEiN, en Jorys de Calfstekcre, Imcrcn sonc, on liebbcn docn
Icscn ecnc vuytsprakc godaen voir scepenen van I^oven, en starnde
gercgislreert in desc Camcrcn, jnnuarii xxij, libro Ixxxiiij, tussclien
den voirs Augustyne en Joryssc, en daerentynden hebben zy te
kynncn gcgevcn boe dal de Gamme gehecten den Trecfft, in der
selver vuytspraken gcruert, zeer qualyc es gerepareert, dal dae-
romme hcn van noode es cen gcdeelte daer vuyt te vercoopen oft die
te belasten, en omdcs wille dat hen dat nict doenlyc en ware, mits
der absenlic des voirsc. Augustyns, die aftiendich es, en hem voir-
vluchlich houdf, gcniercl dal zyn wyf gbeen consent dacrinne encan
gedragcn, nocli tocht gcderven, in absenlic hucrs mans, bel en ware
by auclorizatic van der wet, en dat cen van den Borgemeesters dat
consenteerde en ovcrslonde, dwelc es toi geheelder verderffnissen
des voirsc Joris, soe verre daerop niet versien en ware; waerop den
voirsc. raet, nac voirgaendo deliberacie, heeft vuytgesproken en
getermineert dat de voirsc. nioeder en sone sullen moegen vercoopen
eene camcre gelegen aen de Gamme (deest)... oft op de voirsc. Gamme
ij rinsgulden crflic vercoopen, en dat een Borgemeester doene de
goedinge dair over, in de slad van Augustyne staen sal. In concilio
feb XX f (U86).
Item, Katiieri.na Boens, relicla Johannis quondam de Calffstekere,
pronunc uxor Augustini van der Phalisen, de consensu, scitu et
intéresse et volunlalc Arnoldi van den Hove, Burgimagistri oppidi
Lovaniensis, ex parte dicti Augustini, jam absenti et extra patriam
existenti, vigore supradicl. terminationis in Consilio oppidi extcrno...
et Georgius de Galffstckcre, filius dicte Katherine, quem habuit a
( 20G )
Après le décès de Calharine Boou, noire Augustin
vander Phiilizen convola en secondes noces avec une jeune
Louvanisle très honorahie, Marguerite van Poddeghem,
une parente du peintre Jean van Poddeghem, qui avait
travaillé, avec son Irère Arnoiild, aux décors de Bruges,
Cette personne était encore jeune fille quand elle se fit
inscrire, en 1501, dans la confrérie de Notre-Dame de
Louvain, à la collégiale de Saint-Pierre (4). Son mariage
avec vander Phalizen eut donc lieu postérieurement à
l'année indiquée. Cette union paraît avoir été heureuse.
iMais, on l'a dit, le bonheur est souvent peu durable.
Augustin mourut, dans un âge peu avancé, laissant
Marguerite veuve, avec un enfant, notre Pierre Phalèse.
La première fois que nous avons rencontré le nom de
Pierre Phalèse, c'est dans un acte échevinal du 7 juin 1528.
Par cette pièce, le jeune homme, après avoir été émancipé
à cet effet par sa mère, donne procuration pour transporter
à maître Corneille van Meldert, docteur en droit civil et
doyen de Saint-Jacques, la part qu'il possédait dans la
dicto quon<!am Joliannc, cjus primario marito, conslituerunlde se et
corum successoribus Petro dicto Alarts, scrinifici, et suis successo-
ribus, unani parte camme braxatorie, nuncupate den Treefl, site in
Hoclstrata, diclam Slaepcamere , prout eadem caméra distincta est a
dicta camma, etc. feb. xxij.
Item, de voirsc Jorys heeft gelocft der voirsc. zynder moeder wel
en tamelyk te houden, hueren leefdach langduerende, van elen, van
drincken, van cleedoren, schoenen en aile andere betioeflen, soe nae
hueren stact behoeren sal.
Acte du 22 février 148G, in-2».
(1) Registre de la Confrcrie de Notre-Dame de Louvain, aux
archives de réglise de Saint-Pierre.
( 207 )
pro|triclé d'une mnison située h la Cleinslrale, aujourd'hui
rue Sainle-Barbe (1). Celait un immeuble qui avait appar-
tenu à son oncle Arnould vander Plializen (2). Tout rend
(1) Allen (leii^ciion dut F^eti;» va.ndeu Piialisu.n , sonc wylon
Augustyiis, (lien liy hadde van MAïuiitiETEiV van PunDcciiEM, syndcr
huysvrouwen, ierst union broede dt-r voirsc. Margrielen, syndcr
mocdcr, Ijclioirlyk gcdaen, mot conseille, willc en overslaoïi dor
voirsc. Margrielen, /ynder mocdor, in prosenlalia, heeft goconsli-
lueert, sonder eenicii wederrocpen, om in den nanie van dcn voirsc.
consliliiant en van zynent wogc le vcrcoepen aile syn roclit, propric-
Icyt en actie die liy heeft of eenichsins tienj conipeleron niacli,
in cen liuys, met zynen loebchoorten, gcslacn te Loven, in de
Cicynslratc, ende dairinne te goeden ende te gicliten heeren onde
meestcr Cornelis van Meldert, doctoir in de geoslelyken Rechien
ende Dokon van Sint-Jacops, te Loven, voere de Wolhouderon der
stadt van Loven, geluflc van genoecli doene, en warantscap, in dcn
nanio van dcn sclven constituant, daeralf te doen, met allen solemp-
nitoyten van rechte, daer toc gore(|uireirt en behocfTolyck wesendc,
nader stadsrecht van l^oven, de deniers daeraff comende van den
cocper der solver goeden le onlfangen, en daeraff quitanlien tegeven
en le verlyden, elc.
Coram Willoms, Colonia.
Acte du 1 juin 15"i8, in-1^
{'2) Naedicn Claere vakdeu Phalisen, dochter wylen /Irnts vander
Phaliscii, die hij hadde van Kallynen Rombauls, mot Katlymn van
der Phaiisen, huer zuster, den raide der stadl van Loven te kynnen
gegeven hadde hoc dat zy Clecre en Lysken van der Phaiisen, huer
zuster, waren unmondige en onbejairdc kindercn, en hadden cen
huys gelegen fn de Clcynstrale, le Loevcn, dwelck zy gaerne vcr-
coepen souden, soc verre ecncnycgclyk van hen dal aengact, achter-
volgende den tcslamnntc van den voirsc. wyicn Arnde, hueren vader,
dwelck zy niet gcdocn en coslen zonder van der stadt daer toc te
hcbben momboeren, wanl zy eghecn niomboeren en hadden, en zy.
( 208 )
probable qu'il l'avait hérité de l'un des enfants de ce
dernier.
Pierre Phalèse reçut une éducation littéraire. Il savait
le latin, le français et le flamand. Le futur éditeur de
musique épousa Anne Hoegaerls, qui appartenait à une
I
Clecre en Lysken, oiulor huoren dai!:;on waron, noemeii Cilbeerde
3fiie$ en Jan Maes, van vadors wegen, Clase van Winglie en Jan
Ronibouts, van moeders wegen, bidden en begeren aen don voirsc.
Raide hen die moraboirs te willcn ordinercn, oni in den name en
van wegen der voirsc. Claren ende Lysbetten, tvoirsc. huys, soe
verre hen dat aengaen maob, te vorcoepen en te goedcn, de pen-
ningen daeraf eomcnde t'ontfangen en die tôt hueren profyte aen te
leggen, en voirtaen daer inné te doen, gelyk goede momboirs sculdig
zyn van doen; soe heeft don Raedt van der stadt bcvonden de voirse.
begeerte redelyck vvesende, den selven gerustoren dit geconsenteert
en hen gcordineert de voirsc. niomboeren oni 't voirsc. hu\s te ver-
ooepen, te goedon en de penningen daeratT comende tonfangen, en
die, tôt hueren profyte, soe verre huer paert gedragen sal, aen le
leggen; ende voirts gencralyck en specialyek daer inné te doen
en te vorderen aile tgene des goeden momboirs behoiren en scul-
dich zyn.
In Concilio oppidi.
Jeté du H juillet 1511, in-l\
Item, Katharina Loenckens, reliota Magistri Johannis quondam
dicti Langhevoert, contuiit de se et suis sueces>oribus Ahnoloo van
DER Phauzen, lilio Johannis van der Phnlizen et Katharine Rom-
Boi TS, ejus uxori, et corum suecessoribus, domum et curtem, cum
suis pertincntiis, sita in vico dicto Cleynstratc, intor bona Pétri Cus-
lere, ab una parte, et bona Danielis van der Weyden, parte ab
altéra, etc.
-ic/e du 26 octobre 1475, in-ô\
— Voir aussi TActe du iî7 janvier H7S. in-5».
( !20î) )
honorable famille de F^ouvain (1). Son mariage eui lieu
avant le 3 juin 154-4 (2).
(1) llem, Petrls van der Phalisen, (ilius quondam /iuguslint, cl
An.na IIoegaerts, cjus uxor, rpco^îiiovcrtinl indivisiiiii Jolianni van
Mccrbcke, alias Mcerliaix, l>raxatori, ocio florcnos Karoli, te w slii-
vers tstuck.
Acte ccficvinaldu \" juin, lib. 154-i, iii-5".
En marge de celte pièce se Irouvc ce qui suit :
Item, Kacn;! Meerbaix hccfl veiTleerl vuyl dese rinle van achl
Carolus guiden crffelyck, by Peetei» van der Piiallevsen acn z\ udt-r
iiiocdcr aH'gcquclcn le zyne dryc Carolus guldcn crffelyck.
Acliiin juniixvi a" XV een en zcrcnlic/i.
ilem.McrllenWagemaris, soerie Pccters, daer rnoeder afl' \v;is Main-
Mcerbays, heeft bekynl dal Gceraerdt Franctj, inan en momboir van
A.\>A Piialaisen, acn hcni affgequelen liceft Iwec rinsgulden en liiii-n
sluyvcrs erffelyck, uyt dese vyf rinsguldcn.
Aciinn den xxviij septcmbris XVCXCIIJ.
Signe : Merten Wagemans.
Item, .lo"" Anna Houlana, weduwe wylen mecsler Dicrick lii rckc i,
heeft bekcnl dat Gcrnrt Francf/, als iiian en momboir van Anna van
DER Phalisen, aen hacr affgequelen heeft de resterende twce rins-
^ulden, thien sluyvcrs crffelyck, consenterende alsoe in de cassatic
van de voorschreven geheele acht rinsgulden erffelyck.
Aclum den xxo octobris anno 1007.
{"!) Dans l'acte de partage des biens de Jean Meerbaix el .Marie
IIoegaerts, reçu par les échevins de Louvain, le 22 décembre liiTI,
(2") on lit:
<« Syn bleven ende gevalien Peetercn Wagemans, als man ende
niombour van Marie Meerbays, twee Carolus guiden en thien slui-
vers erffelyck, van en vuyt eender rinte van vyf Carolus guiden crf-
felyck, daervoere personelycken verbonden stacii Peeter van Piia-
LizEN en Anna HoLGAERTS,zynder buysvrouwe, met scepenen bricven
van Loeven, van der dael terlien junii, libro XV'^XLIIIJ, in-5', etc.
-Ictedii 22 décembre 1;i71, in-2'.
3""= .SÉKIE, TO.ME \X. 14
( 210 )
Phalèse se fixa dans sa ville natale comme libraire-
éditeur. 1! est permis de croire qu'il contracta le goût des
livres chez son parent Gilbert Maes, qui imprima, à
Louvain, en 1527, un opuscule de Nicolas de Boussut, de
Plaga terrœ, et qui est qualifié de facteur d'écrins et typo-
pographe dans un acte des échevins de 1544, que nos
recherches nous ont fait retrouver (1).
C'est indubitablement en sa qualité de libraire qu'il
devint, en 1542, suppôt de l'Université (2).
A cette époque, le commerce des livres avait pris à
Louvain une extension considérable. La ville universitaire
comptait plusieurs librairies bien approvisionnées. Une
des plus importantes était celle de Gaspar vander Borch,
qui formait le point de réunion des beaux esprits et des
nouveaux venus parmi les étudiants. Il en est question dans
une lettre de Nicolas Clejnaert à Jacques Latomus, datée
d'Evora, le 26 mars 1535. Dans cette épître, le grand
philologue fait une comparaison entre les rassemblements
devant les professeurs de Salamanque et devant le maga-
sin de vander Borch. C'est une peinture vraie, une scène
d'après nature. « Avez-vous déjà vu, à Louvain, dit-il à
Latomus, devant la boutique du libraire Gaspar, ces cercles
que l'on appelle la chancellerie des béjaunes? Eh bien! à
Salamanque, autant de professeurs, autant de groupes
(1) In de Ledighestrate, tusschen de goeden 's Godshuys van
Gembloux, ter eene, cnde Gielbert Maes, scrynmakere ende printere,
ter andere zyden, elc.
/Jcte du 23 juin 1S44. adfînem, in-2".
(2) Compte de l'Université de Louvain de 4î)42.
( !2H )
(j'élutliants an milieu (lesquels les inlorlunés éprouvent
plus (le lourmenls que pendant Theure même de leur
leçon (I). »
Gaspar vander Borcli, donl nous relevons pour la pre-
mière fois le nom de famille, c^'iait ôéya (!'tabli en 1518(2).
Ce libraire, qui avait épous(3 l.aurence Spillemans,
d'Anvers, vivait encore à la date du 12 août 1538 (5).
Pierre Phalèse ouvrit sa librairie quand celle de vander
Borch se ferma. Au début, il vendait, comme les autres
libraires louvanistes, toutes les nouveautés du jour; mais
bientôt il s'occupa plus spécialement d'œuvres musicales,
qu'il faisait imprimer dans les diverses officines de Louvain.
La première publication qui porte son nom date de 1546.
(i ) « Vidisti ne circulos islos Lovaiiii antc tabcrnam librariam
Jasparis, quom illic vocant cancellariam novorum? Quot sunt Sal-
nianlicae professores, totidern cogites te videre discipulorum coronas,
quarum in medio conficitur miser majore molestia, quam in ipsa
doccndi hora. «
.\icoLAi Clemardi, Peregrinatiomim ac de rébus Machometicis Epis-
folœ eleyanlissimœ. lovanii apnd ïlieronymum Wcllœum, anno 1561,
in-12, episl., 8». Cons. sur Cleynaert la belle étude que lui a consa-
crée notre savant confrère M. Félix Ncve, dans l'intéressant volume
qu'il vient de publier sous le titre suivant : De la liinaissance des
lettres et l'essor de l'érudition ancienne en Belgique. Louvain, 1890,
in-S".
(2) Jaspar vander Borch, hoeckvcrcoopnre, on Laurcntie Spille-
mans, syne huysvrouwe, woenende le Loeven.
/icte du 28 août 1518, in-3».
(5) Jaspar vander Borcff, sone wylcn Jans, ende .lannc Swilden,
zyn behouden sone.
Acte du 12 août 15!^S, in-2'.
( 2<2 )
Klle sort des presses d'un typographe de certain renom,
Servais van Zasscn. On lit au bas dn litre : Lovanii apvd
Pcirnm Phalcsiiim, htbiiopolam, et, à la dernière page :
Lovanii ex o/jficiiin Zcrvalii Sasseni, Diestensis.
ï.e jennc libraire avait également recours aux presses
de Rulgrr Velpen, Jacques Balen et Martin de Raymaker
{Bolarius).
Ne menant en vente que des ouvrages de choix, il ne
larda pas à voir prospérer son commerce. Ce succès le
détermina à créer une imprimerie musicale en caraclères
mobiles. L'octroi royal pour établir cet atelier lui fut
délivré le 29 janvier 1551.
Une des premières productions de la nouvelle officine
date de 1552 C'est un recueil de Chansons à quatre par-
ties, nouvellement composées et mises en musicque par
maislre Jfhan de Latre. Au bas du titre on lit l'inscrip-
tion suivante : Imprimé à Louvain par Pierre Phalèse,
pour Imj et Martin Rotaire, Van MDLII.
Phalèse se montra constamment homme de savoir et de
goût. Tout ce qui sortait de ses presses se faisait remar-
(|uer par la netteté et l'élégance des caractères. On com-
prend que ses laborieuses tentatives pour coopérer aux
progrès de l'art musical ne tardèrent point d'être appré-
ciées. En peu de temps, il devint le rival du grand éditeur
Tilman Susalo, établi à Anvers.
Pierre Phalèse édita, sous la forme de petits cahiers
oblongs, d'une exécution charmante, une série considé-
rable de morceaux de compositeurs de toutes les écoles de
l'époque, sur des paroles latines, italiennes, françaises et
flamandes. Ces publications eurent un grand succès, et les
exemplaires que le temps n'a point détruits, forment
( 21.-. )
actuellement encore les délices de ceux qui s'intéressent à
l'histoire de la rausiqne au XVI" siècle.
Par acte du 2ô avril 1542, Pierre Phalèse approuva
tojit ce qui avait été lait, en son nom, par un certain Cor-
neille Verbren»ers, dans une cause appelée devant les
niayciirs et échevins de Berthem (1) Il y a lieu de croire
(|u'il possédait dos terres dans cette commune, située à
deux lieues de l.ouvain.
Un acte de nos échevins du 1"' février 1558 nous
apprend que Phalèse relevait de l'Université (2).
(1) Allen (Icii gheiicn dat Pketer van i)i;u I^iialisen, soiie wyloii
.liignstijus, woncndc te Loveii, icrst laiulcrcndc, ratificereiide en
approbcrende allel geiic des, by Coinelysen Vcrbremcrs, in zynen
naine en van synen wegcn gcdaen ende gebcsoigiicert niacli wcscn,
in der s;;kcn die de voirsc. I^eler, als verweerdcre voor Rleycrc en
sehcpcnen van Bertbem, onbeslist uulstaen heeft, legen Jan van Den
Hriiyne, vercleerende tselve met zyncn bevele en begecrlc gedaen te
zyn, in presentia, hcefl voirts gcconslilueei-t den selvcn Coniclysse
Verbreniers, Gccrde Corbcel, .laniie Melaens, Jorysc Moons, Waltcius
Druys, Jan Nys, Mcesler Joose de Mccstere, Jan Segers, Malhys van
Willcbringen, aut, aile zyn saken, in forma ad lites, etc. Coram Oli-
viers, Rycke.
Acte du 25 air«7 1 bi2, in-l",
{"!) Item, Hcnrick Fcyten, sone Mecsler Severyns, nu tcn tyd
woonende tôt Merchleni, ende Peeter van der Famzkn, zone Auijns-
lyns, woonende binneii deser stadt van Loven, rcnuntcerende aile
prcvilegien, niertdagen ende aile andere goiyckc exeeplien, ende
beznndere, de voirse. Peetei-, dcti privilr/jicn luih de Uniccrsileyl van
Loven, ende obligerende ende subniilterende liunncn persoon ende
aile liunne goeden, liave ende erffvc, bebben geloeft onverselieyden
cndeelek van hcn besunderl, Synioenen de Scepcrc goedc behoirlyke
gocdinge le ilocn liebbcn van aisuicken bccnipt als gelegen es tôt
5™^ SÉKIE, TOME \X. 14.
C 214 )
En 1570, Philippe II fit promulguer une ordonnance
par laquelle il instilua une charge de prololypographe.
Le titulaire de cette nouvelle fonction, Christophe Plantin,
avait pour mission d'examiner ceux qui voulaient exercer,
dans les Pays-Bas, l'art de l'imprimerie. Le 9 juillet de
l'année qu'on vient de lire, « Petrus Phalesius, imprimeur,
demeurant à Louvain, » se présenta devant le grand typo-
graphe anversois pour « estre examiné ». Dans le certi-
ficat que Plantin lui délivra, il déclare qu'il l'a « trouvé
» expert en l'art d'imprimer musique, en quoy il s'es-t
» seulement exercé, et entend latin, François et fla-
» meng (1) ».
Après le décès de Pierre Phalèse, son imprimerie
musicale fut continuée, pendant quelque temps encore, par
son fils Corneille, qui édita, à Louvain, en 1574, un recueil
de morceaux d'Orlando Lassis.
Pierre Phalèse mourut, à Louvain, très probablement
en 1S75. Outre Corneille, dont nous venons de parler, il
laissa deux autres fils, savoir : Hubert Phalèse, sons-prieur
de l'abbaye d'Afflighem, publicisle, et Pierre Phalèse, qui
s'établit comme éditeur de musique, à Anvers, où il s'as-
Meersele, groot omirent vi dachmalen, achtervolgende deii toeseggen
by den voirsc. Henrick Feyten gedaen, voor scepenen van Loven, op
den xxiij en juny a» XV^LJ, in média, voer welke geloefte ende voer
tvoldoen van dcr sclver de voirsc. Symon de Sceperc doen hachten
cndo houden heeft den voirsc. Henrick Feyten, etc.
./ctc du i" février, inscrit entre le Ifi juillet et 5 août iî)58,
in-5".
(t) M. PiiiLiPi'E RoMBOiTS, Certificats drlivrés aux imprimeurs des
Pays-Bas imr Christophe l'iuntin, Anvers, I8S1, p. U.
( 'il.-i )
socia avec Jean liellère, de Liège; sa (ille, Anne Phalèsc,
8e maria à Gérard Franck.
M. Alphonse Goovaerts, chef de section anx archives
générales du royaume, est auteur d'une bibliographie des
publications musicales éditées par les Phalèsc et les lîel-
lèro (1). Ce savant a écrit un second travail renfermant des
particularités biographiques très intéressantes sur ces deux
ramilles qui, par leurs importantes publications, ont con-
tribué, dans une large mesure, à propager le goût de l'art
musical en Belgique (2).
OUVRAGES PRESENTES.
Delbu-iff (./.). — De la nature psychologique de l'hypno-
lismc. Bruxelles, 1890; extr. in-8» (7 p.).
Folie {F.). — Sur la nulation de l'axe du monde. Pari^;,
1890; extr. in-4" (5 p.).
Hijinaîis {Henri) et Hijmans [Paul). — Bruxelles à
travers les âges, tome III. Bruxelles moderne. Bruxelles, 1890;
vol. ui-4°.
Monge{Léon de). — Etudes morales et littéraires. Épopées
et romans elievaleres(iues, II. Louvain, 1889 ; vol. in-18.
(1) Dans son Histoire et bif)lio(jrsplnc de lit typoijrap/iic musicale
<luns les l*ays-Bas. Anvers, 1880.
(;2) Notice biaqrapliifitip sur Pikrre Ph.u.ksi;, imprimeur de musique,
n /Invers, au XV h siècle. Bruxelles, iHti'.t.
; 216 )
ffoeguerilen {Puul Van). — Disfriliulion d'eau. Ai,'gloiné-
ration bruxelloise. Dérivjttion des sources de Modavc. Bruxel-
les, IS'.tO (45 |).).
Speybrouck {Aiig. Van). — Compte rendu des travaux du
conj];rès archéologique cl liislorique de Belgique, tenu en 1889.
Mruges, 48'JO; in-H» (1G2 p.).
Ilouzé {le D' E). — Le Palais. Les applications de l'antliro-
poniétrie et plus spécialement les signalements antliropomé-
triquesau point de vue judiciaire. Conféi'cnce. Bruxelles, 18î)0;
cxlr. in-8''(18 p ).
— Les Samoans de Leone (île Tutuila) exhibés par M. Cun-
ningham au Musée Castan, conférence. Bruxelles, 1890; cxlr.
in-8»(i6p.).
Génard (P.). — Antwerpsch arcliicvenblad, decl XVII,
2^'aflevering. Anvers, 1890; in-8".
Lameere {Aiig.). — A propos de la maturation de l'œuf
parlhénogénétiquc. Bruxelles, 1890; in-8" (88 p., pi.).
— Recherches sur la réduction karyogainique. Bruxelles,
1890; ni-8"(75 p., pi).
Ministère de la Guerre. — Catalogue de la bibliothèque,
2*^ volume. Bruxelles, 1890; vol. in-8".
Cercle des naturalistes hutois. — Bulletin, n"* 3 et 4, 1889.
In-8°.
Société d'archéologie de Bruxelles. — Annales, tome IV,
1*^" livraison. In-8".
Université libre de Bruxelles. — Annales de la faculté de
philosoj)hie et lettres, tome I", "2^ fascicule. Bruxelles, 1890;
in-S".
Société de botanique de Belgique. — Tables généialcs du
Bulletin, tomes I-XXV, 18G2-I887, par Théophile Durand.
Bruxelles, 1$90; in-8°.
( 217 )
Allemagne et AoTRiciiE-noNGiiiE.
CwvaeUachaft der Wissenschaflen, Prag. — Silzungsbr-
riohlc : philos. Classe, 1889. — Die spccuhuivc Idcc (1er
Frcilicil, ilirc Widcrsachcr, ihro priiclischc VcrwcrUuig
(J. Locwf). — Abliaiulliiiigcn, bcidc Classcii, Bd. VU. Rcgcsla
Mohcmiae, pars lil, vol. 0. — Prcisscliriflcn, 3 und 4.
Vercîn fïir Geschichte und Alterthum Schlesiens. — Zeil-
schrifl, Batul ïi4. Codex diplomaticus, Band XV. Brcslau.
Gescllschnft fur... Geschichte, Kicl. — Regesten, III, 1-ô.
Zeilsclirifl, Band XIX.
Koniglkhe Forstdirektion. — Forstslalisliclu: Mitteilungcn
ans Wùrltemherg, 1888, 7. Jahrgang. SluUgart, 4890; in4".
Pln/sikal. und medicinisrhe Gesellsrhaft, Wurzburg. —
Verliandiungcn, Band XXIV, 1-4. Sitzungsberiehtc, 1890, 1-5.
In-8".
Goppelsroeder {Friedr.). — Ueber Feiierbestaltiing. Miilbau-
sen, 1890; in-S» (108 p.).
Amérique.
Ridgway (Robert). — Fiirther notes on Ihe genus xiphoco-
iaptesof Icsson. Washington. 1890; extr. in-8'' (2 p.).
Slarr [David). — Description of a new spccics of fish from
TippecanoeRiver,Indiana. Washington, 1890; cxtr. in-8"(2p.).
France.
[Vial{L.-C.).] — Le positif -t- et le négatif —, duo d'amour
en lin acte, par un pruneau de Tours. Paris, 1890; in-8''(MîO p.).
Monaco [Prince Albert de). — Expériences de Uotlage sur
( 218 )
les courants superficiels de l'Allanlique Nord. Paris. 1890;
in-S'Cie p.).
— Résultats des campagnes scientifiques du yacht !'« Hiron-
delle ». Paris, 1889; in-8''(Dl p.).
— Sur la faune des eaux profondes de la Méditerranée au
large de Monaco. Paris, 1890; exlr. In-i' (3 p.).
Héron-Roger. — Nouvelles observations sur racclimatation
du Discoglossus auritus. Paris, 4890; extr. in-8° (5 p.).
— Notice sur les mœurs des batraciens, 4' fascicule. Angers,
1890; extr. in-8" (58 p., pi).
Radau {R.). — Quelques mots sur la question de la nu la-
lion diurne. Paris, 1890; extr. in-8'' (4 p.).
— Revue des publications astronomiques. Paris, 4890;
2 extr, in-S".
Rouvier [le Z)"^ Jules). — Identité de la dengue et de la
grippe-influenza. Paris, 1890; in-8° (48 p.).
Grande-Bretagne et Colonies britanniques.
New South Wales statistician's office. — Stalistical regisler
for 1889 and previous years: pars 1-4 (Coghlan). Sydney, 1890;
5 cah. in -8°.
Mueller {F. von). — Second systematic census of auslralian
plants, part. I. Melbourne, 1889; in-4".
Thurston {Edgar). — Notes on the pearl and chank fîsheries
and marine fauna of ihe Guif of Manaar. Madras, 1890; in-8".
— Catalogue of the balrachia, salientia and opoda of
southern India. Madras, 1888; in-8°.
( 219 )
Italie.
Parlatore {Filippo) et Caruel (Teodoro). — Flora italiana
ossia descrizione dellc plante che crcscono spontanée o vege-
laiio corne lali in Italia, e nelle isole ad essa aggiacenli,
volume l-Vlll; IX parle 1'. Florence, 1850-lSf.O; iri-8».
Parlatore {Filippo). — Viaggio per le parti settenirionali di
lînropa fatto iielT aniio 18oi. Parte 1". Florence, 1854; vol.
in-8".
^ — Les collections botaniques du Musée royal de physique
et d'histoire naturelle de Florence. Florence, 1874; vol. in-8".
Caruel [Teodoro). — Prodronio délia flora loscana. Florence,
18G0-18G4; vol. in-8».
— Stalistica botanica délia Toscana. Florence, 1871 ; vol.
in-8'.
— La morfologia végétale. Pise, 1878; vol. in-18.
Cesalpino {Andréa). — Theodori Caruelii illustratio in
liorlum siccuni. Florence, 4858; in-18.
Liigari {G.-B.). — Sull' origine e fondazionc di Horaa.
Parte 2\ Rome, 1890; extr. in-4» (48 p.),
Società italiana di scienze naturali. — Atti, volume XXX-
XXXll. Milan, 1887-1889; 5 vol. in-8°.
Fondazione scientifica Cagnola. — Atti, volume VIII. Milan,
1888; vol. in-8<'.
Istituto Lombardo di scienze e lettere. — Rendiconti,
volume XX e XXI. Memorie, lettere, vol. XVIII, fasc. 1.
Classe di matematiche, vol. XVI, 2. Milan, 1888.
Pays-Bas.
Historisch Genootschap, Utrecht. — Werken, nieuwe série
u" 55 en 5G. Bijdragen, deel XII. La Haye, 1889; 5 vol. in-8».
( 220 )
Pays divers.
Villa {Antonio Rodriguez). — El coronel Francisco Verdugo
(1557-1595), nuevos dalos biograficos y relacion de la cam-
paiia de Flandcs de l()41, por Vincart. Madrid, 1890; vol,
in-i2.
Société d'histoire du Danemark. — Libri mcmorialis capi-
luli Lundensis, II. Hefte. Copenhague, 1889; in-8°.
Observatoire de l'Université d'Upsal. — Bulletin mensuel,
vol. XXI, 1889. Upsal; in-4''.
Université de Christiania. — Jahrbuch des meteorolo-
gischen Instiluts, 1887. Viridariuin Norvegicum, Bind III
(Schiibelcr). — Lakis kratere (Aniund Helland). — Syinbolac
ad historiam ecclesiaslicam (L. Daae).
Norwegische Commission der europàischen Gradmessungl
— Geodâlische Arbeiten, Hefle VI und VII Christiania, 1888-j
1890; 2 cah. in-i».
Association géodésique internationale. — Compte rendul
des séances de la 9"^ conférence générale réunie à Paris er
1889. Berlin, 1890; vol. in-4''.
Erratum.
Page 20, première ligne, au lieu de cuurbrs planes, lisez ligiiei
plunett.
i^-®>
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEADX-AHTS DE BELGIQIE
1890. — No 8.
CLASSE DES SCIEUCES.
Séance du 2 août 1890.
M. Stas, directeur, président de l'Académie.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sonl présents : MM. P.-J. Van Beneden, Gluge, G. De-
walque, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, G.
Malaise, Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van
Bambeke, G. Van der Menshrugghe, W. Spring, Louis
Henry, M. Moiirlon, J. Delbœuf, P. De Heen, membres; Ch.
de la Vallée Poussin, associé; L. Fredericq, G. Le Paige,
A.-F. Renard, Léo Errera et F. Terby, correspondants.
MM. F. Plateau, vice-directeur de la Classe, et P. Man-
sion, membre, s'excusent, par écrit, de leur absence.
3"" SÉRIE, TOME XX. 15
( 2i2 )
CORRESPONDAiNCE.
M. le professeur Ch. Ploën, à Jodoigne, exprime le désir
de pouvoir rentrer en possession de sa noie sur la régu-
larilé de Vliorloge, qui avait été renvoyée à l'examen de
iM. Van der Mensbrugghe et sur la(iuelle il n'a pas encore
été fait de rapport. — Accordé.
— M. Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université
de Liège, demande le dé|.>ôl, dans les archives de l'Acadé-
mie, d'un pli cacheté daté du 1" août 1890, et portant
en suscription : JSouvclles recherches sur la théorie des
formes. — Accordé.
— M. Delaey, maréchal des logis d'artillerie en retraite,
à Roulers, adresse une nouvelle suite à ses communica-
tions manuscrites. — Dépôt dans les archives.
— M. Schoentjes, chargé de cours à l'Université de
Gand, soumet à la Classe une reclilication se rapportant à
son travail « Sur la lumière polarisée », imprimé dans
le Bullelin d'avril 1890.
La Classe décide l'impression de cette reclilication dans
le Bullelin de la séance. (Voyez page 224.)
— Hommages d'ouvrages.
1" Inauguration du monument //omspom. Souvenir offert
[)ar la rédaction de la revue « Ciel et Terre » ;
( Tlù )
2" Les encliaiitemmls du monde animal dans les temps
géoioijUjues; par Albcrl Gaiidry, associé;
5" Sur les involulions unicursales. — Sur les surfaces
du iroisième ordre, etc.; 8 broch. par François DtTuyls;
A" yole sur les mouvements parallèles des roclies stra-
ti(iées ; par Alphonse Hriarl;
o" Sur l'entraînement mutuel de Céeorcc et du noyau
terrestres en vertu du frottement intérieur. Réponse à
M. Liagre, par E. Ronkar;
6" .Sur la structure des bandes équatoriales de Jupiter;
par F. Terby ,
7° Considérations sur le mouvement de rotation de la
planète V>»u.s. Traduction du travail de M. Schiaparelli;
par F. Terby;
8° liemarques sur la nutalion diurne, par Lehmann-
Filhès (n"' 2971-2975 des Aslronomische J\achrichlen].
Résumé fait par M. Radau dans le numéro de juin 1890
du liulleiin astronomique, de F. Tisserand. — Remer-
ciements.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Sur les points d'inflexion dans les cubiques; par
Cl. Servais. — Commissaires : MM. Le Paige, Mansion et
De Tilly ;
2° Étude sur un phénomène lumineux et calorifique
accompagnant l'électrolyse ; par Hoho et E. Lagrange.
— Commissaires : MM. Van der Mensbrugglie et De Heen;
5° Études sur le lambic; par L. Vandenhnile et H. Van
Laer. — Commissaires: MM. Henry elGilkinet;
4° Faits pour servir à l'histoire de l'aldéhyde; par
Maurice Delacre. — Commissaire : M. Henry;
( m )
5° Sur les déformations que font naitre dans un hémi-
sphère creux métallique le choc et la pression d'un corps
dur (noie |)réliminaire); jiar H. Schoenljes. — Commis-
saire : M. Van der Monsbriigghe ;
6° La réduction des nitrates en nitrites par les graines
et les tubercules; par Emile Laurent. — Commissaires :
MM. Gilkinel et Errera.
Gand, 18 juilletlSflO.
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
J'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir présenter à
l'Académie royale la rectiOcation suivante, qui m'est dictée
par les lois élémentaires de la loyauté scientifique; elle
est relative à ma note, publiée dans le Bulletin d'avril de
1890, et intitulée : Projet d'expériences destinées à véri-
fier si la lumière polarisée, dont le plan de polarisation
oscille, exerce une influence sur un champ maçjnélique.
Dans ce travail, je décris des expériences ayant pour
but de répondre aux deux questions suivantes :
1° Le phénomène de la polarisation rotaloire magné-
tique ne serait-il pas réversible, et ne pourrait-on provo-
quer des changements dans les vibrations magnétiques en
modiliant brusquement la direction des vibrations lumi-
neuses d'un faisceau polarisé, traversant une substance
transparente placée dans un champ magnétique?
2° Ne pourrait-on pas réussir d'une autre manière, et
provoquer des changements magnétiques en polarisant et
en dépolarisant alternativement un faisceau de lumière
naturelle?
( 22ri )
Ma reclificalion se rapporte à la première question.
Je viens d'apprendre elde conslaler de visu que la con-
jeclure delà réversibilité de la rolalion éleclro-oplique a
été faite et publiée en 1885 par M. E. Leober, et que ce
savant a lait ilcs expériences en vue de la véiifier. Ces
expériences ont eu un résultat négatif.
Il y a plus : M.K.Lecber fait passer un faisceau polarisé
suivant l'axe d'un solénoïde activé par un courant inter-
rompu périodiquement à l'aide d'un diapason. Le faisceau,
ainsi rendu oscillant, passe dans un deuxième solénoïde
formant avec le (il d'un télépbone un circuit fermé.
Ce sont là, dans leur forme générale, les dispositions
des expériences que j'ai projetées.
Outre la conjecture de la réversibilité, l'idée de faire
oscdier le plan des vibrations lumineuses, celle de l'emploi
du télépbone comme électroscope appartiennent donc à
M. Lecber, en vertu de la priorité; je me fais un devoir
de le reconnaître en toute sincérité.
Mais, s'il est vrai que je me suis rencontré avec
M. ï.ecber au point de vue des généralités, mes expé-
riences diffèrent des siennes par les points suivants :
Je produis des oscillations du faisceau polarisé beau-
coup plus étendues, giâce à des substances actives à con-
stantes de Verdel incomparablement plus grandes que
celle de l'air, seule substance dont M. Lécher fasse men-
tion.
Tandis que M. Lécher essaie de créer des champs
magnétiques périodiquement renversés, j'ai proposé de
modifier un champ magnétique existant au préalable;
celte proposition est impliquée dans le titre même de mon
travail. Le champ magnétique permanent est produit,
non dans l'air, mais dans des substances beaucoup plus
( 226 )
actives; les modificalions éventuelles du flux de force se
révèlent dnns le téléphone, non pas directement, mais
indirectement, [)ar les courants induits naissant dans un
solénoïde à fil fin superposé à celui qui produit le champ
permanent.
Les dispositions de M. Lécher me semblent moins
favorables que les miennes à la manifestation éventuelle
de la réversibilité du phénomène électro-optique. J'estime
que celle question intéressante ne sera résolue que le jour
où des expériences auront été faites dans les conditions
que j'ai indiquées dans mon travail.
En dehors des différences signalées plus haut, et pour
terminer ce qui se rapporte à la première question, je
crois pouvoir réclamer comme miennes les méthodes des-
tinées à éviter l'induction directe, ainsi que les disposi-
tions indiquées dans les figures 10 et W de ma note.
Quant à la partie de mon travail relative à la seconde
({uestion, elle est absolument étrangère à la communica-
tion de M. Lécher.
Ayant rendu à César ce qui appartient à César, je n'ai
plus qu'à faire voir comment la communication de
M. Lécher a pu m'échapper dans mes recherches biblio-
graphiques.
Dans les Beiblàtter zu den Annnlen der Phi/sik und
Chemie de Wiedemann, t. Vill, 1884, page xxx de la
table des matières, le travail de M. Lécher porte le titre
suivant, entièrement étranger à la réversibilité du phéno-
mène électro-optique : Induction durcit bewegte statischt
El. nnd Interferenz v. Licht bei FlUssigheiten die voi
Sfrônien durchflossen sind, S. 665.
A la page 66o des Beiblàtter figure un résumé du tra-
vail sous le litre extrêmement vague: E. Lécher. — Einige
( "i-n )
eleclrischc Verstic/ic mit vcr/alircm licsullal. (Ilcp. (J.
Physik, 20, |)|). 151-153, 1884. — Clieni.-phys. Ges. zu
Wicn, 15Nov. 1885.)
Si Ton consiillo le neperloriinn <ler P/n/sik, on Iroiivoà
la page 151 (lu loine XX une conimunicalion laile par
M. hocher à la Société de physique el de chinrïie do Vienne,
le 15 novembre 1885, el inlilnlée : Einir/c eiccirisclic
Vcrsiiche mil negaiivcm liesiilUit.
Rien dans ces lilres ne pouvait me Taire soupçonner le
sujet dont je m'occupais.
Telle est la cause de ma mésaventure. Le hasard ne
m'a pas secondé; lui seul pouvait, dans le cours de mes
recherches bibliographiques, me faire découvrir le travail
de M. Lécher et m'apprendre, une l'ois de plus, qu'il n'y
a rien de nouveau sous le soleil.
Agréez, Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'assurance
de ma considération très distinguée.
H. SCHOENTJES,
(lliargc de cours à rUniversité de Gand.
CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE POUR 1890.
D'après les conditions du programme, le délai pour la
remise des manuscrits expirait le i" août; aucun travail
n'a été adressé en réponse aux six questions inscrites.
( :228 )
RAPPORTS.
MM. Mansion, Catalan et De Tilly donnenl lecture de
leur rapport sur un travail de M. Beaupain intitulé : Sur
quelques intégrales définies.
L'auteur sera prié de tnodilier son travail dans le sens
des rapports.
Nouveau système de machine à vapeur de M. Spanoghe.
Mtapitoi'l de M. Matts,
<r M. Spanoghe soumet à l'Académie un nouveau
système de machine à vapeur, destiné à donner, à l'arbre
moteur, un mouvement de rotation sans bielle et sans
manivelle.
Pour remplacer ces organes mécaniques, l'inventeur
fixe sur l'arbre moteur un noyau concentrique ou renfle-
ment cylindrique, ayant un diamètre moitié du diamètre
du piston à vapeur; puis il creuse, sur la surface cylin-
drique de ce noyau, deux rainures hélicoïdales symétriques
à section carrée, et qui, partant d'un même point, se
dirigent l'une par la droite, l'antre par la gauche, et se
rencontrent à une distance, de leur point de départ, égale
à la course du piston à vapeur.
Ces rainures hélicoïdales sont raccordées de manière à
pouvoir être parcourues successivement par un même
solide mobile, que l'auteur appelle came, et auquel il a
donné la forme d'un petit cylindre, dont la base inférieure
( T29 )
repose sur le lond de la rainure, el la base supérieure fail
corps avecla lige du piston à vapeur.
Des dispositions spéciales empêchent la came de dévier
de la ligne droite, que parcourt la tige du piston à vapeur.
Engagée dans une r;iinure courbe, et obligée de se
mouvoir en ligne droite, la came ne peut progresser qu'en
déplaçant latéralement la rainure qui, creusée dans un
rendement de l'arbre moteur, ne peut recevoir aucun
mouvement longitudinal.
Le déplacement latéral de la rainure détermine la rota-
tion de l'arbre moteur, qui décrit une demi-révolution
lorsque la came parcourt la longueur d'une rainure.
L'arbre continuera son mouvement de rotation, dans le
même sens, pendant que la came parcourra, en rétrogra-
dant, la rainure suivante, parce que celte rainure dévie en
sens opposé de la précédente. Un tour entier de l'arbre
correspond donc au parcours de deux rainures.
En continuant à passer d'une rainure dans la suivante,
la came peut faire tourner indétinimenl l'arbre moteur.
Les rainures ayant une courbure uniforme, la vitesse de
rotation de l'arbre est subordonnée à la vitesse de la
came; cette vitesse doit donc rester invariable pour
imprimer à l'arbre une rotation uniforme.
Devant arriver à l'extrémité de sa course avec sa vitesse
normale, el rétrograder instantanément, la came éprouvera
un cboc d'autant plus violent que sa vitesse normale sera
plus grande.
Ces chocs répétés ne larderont pas à faire abandonner
le système de M. Spanoghe, lors même que le nombre de
tours par minute serait beaucoup inférieur à 200, nombre
qu'il a indiqué comme pouvant être dépassé.
Le problème de concilier une rotation uniforme de
( m) )
l'aibre moleur, avec un moiivcinenl variable du pislon à
vapL'iir, alin <remi)èclier loiil choc aux exlrémilés de sa
course, esl résolu par l'emploi d'une bielle el d'une mani-
velle.
En effet, le boulon de la manivelle décrit une demi-
circonférence, pendant que le pislon parcourt le diamètre.
Si l'on divise la demi-circonférence en un grand nombre
d'arcs égaux, el que, de cbaiiuc point de division, on
abaisse une perpendiculaire sur le diamèlre, la distance
entre deux perpendiculaires voisines esl la plus grande au
milieu du diamètre, et diminue à mesure qu'on approche
de ses extrémités, où elle est sensiblement nulle, ce qui
permet au piston de rétrograder sans choc.
Ces intervalles inégaux sont parcourus par le piston à
vapeur, pendant que la manivelle parcourt dés arcs égaux.
La vitesse de rotation est donc uniforme pendant que la
vitesse du pislon est variable, et décroissante du milieu
vers les extrémités.
En résumé :
L'auteur commet une erreur lorsqu'il suppose que son
système peut remplacer la bielle et la manivelle.
Je suis donc d'avis de ne donner aucune suite à la pro-
position de M. Spanoghe. » — La Classe a partagé cet avis.
p. s. — L'Industrie moderne du 51 août 1890 page 196, décrit
une machine du système Spanoglie, qui fonctionne à grande vitesse
en Amérique.
Pour supprimer les chocs, les extrémités des rainures doivent
avoir été raccordées par une courbe dont la tangente, au point de
jonction, est perpendiculnirc à Taxe de rotation.
Les rainures seront ainsi devenues irrégulières, et le frottement
plus grand. H. M.
(25J )
Sur la réduction des fonctions invariantes ;
par Jncqiios Doriiyls.
Êtniipofl ilf n. t'. 1,4' g'nifff.
« Le court travail que M. Deriiyls présente à la Classe
vient compléter d'une manière heureuse les recherches
(|u'il a entreprises depuis [)lusieurs années sur les formes
invariantes.
Kn s'appiiyant sur un (héorème récemment étahli par
M. Hilbert, l'auteur démontre que tous les covariants pri-
maires de formes algébriques quelconques peuvent s'expri-
mer en fonction d'un nombre limité fl'entre eux.
Pour y arriver, M. Deruyls fait voir que les semi-inva-
riants de première espèce jouissent de cette même pro-
priété.
Rappelant alors ses découvertes antérieures, M. Deruyts
peut énoncer le théorème suivant : Toutes les fonctions
invariantes d'un système de formes aU/ébriques sont réduc-
tibles, au moyen d'additions, de multiplications et d'opé-
rations polaires, à un nombre limité d'entre elles.
Il n'est pas nécessaire de faire ressortir l'importance de
ce résultat.
Je suis donc heureux de proposer à la Classe de voler
l'impression dans le Bulletin de la séance le travail de
M. Deruyls et d'adresser des remerciements à l'auteur
pour celle très intéressante communication. »
.M. Mansion, second commissaire, se rallie aux conclu-
sions de son savant confrère, lescjueiles sont adoptées par
la Classe.
( 252 )
Sur les involutions cubiques conjuguées ; par Cl. Servais.
« La noie que M. Servais présente à la Classe, contient
une étu<le intéressante des involutions cubiques conju-
guées.
L'auteur prend pour point de départ une propriété que
j'ai démontrée, il y a plusieurs années déjà, des couples de
points de ramification r„ r\ (/ = 1, 2, 5, 4) associés aux
points doubles t/, (< = 1, ... 4) de deux pareilles involu-
tions.
Au lieu de représenter les éléments r, r', d sur une
conique quelconque C2, M. Servais projette celle-ci de telle
façon que le triangle d^, d- d^ soit un triangle équilaléral
inscrit à un cercle.
Cette simplification conduit naturellement à une con-
ception plus rapide des propriétés que possèdent les
groupes d'éléments singuliers des involutions.
Aussi M. Servais arrive-t-il à démontrer facilement
toutes les propriétés des involutions conjuguées rencon-
trées par notre savant ami M. Em. Weyr ou par nous-
même, et à y ajouter quelques résultats que nous croyons
nouveaux, notamment ceux qui sont contenus dans les
paragraphes 6 et 6.
En particularisant les involutions conjuguées, on trouve
rinvolution sibi-conjuguée : M. Servais déduit aisément
de son mode de représentation les résultats connus depuis
longtemps et ceux qui nous ont été plus récemment com-
muniqués par notre ami .\L Zeuthen.
( :235 )
Je propose bien volontiers à la Classe d'ordonner l'in-
sertion au Bulletin de la courte note de M. Servais, ainsi
que de la planche qui l'accompagne. »
MM. Mansion et De Tilly se rallient aux conclusions
de leur savant confrère, lesquelles sont adoptées par la
Classe.
Sur les démonstrations du théorème de Staudt et Clausen;
par E. Cesâro.
Happot'i rfe M. f. Manaion.
« Clausen et Staudt, dit M. Éd. Lucas, ont découvert en
même temps, sur les nombres de Bernoulli, un théorème
fort remarquable. On a, pour les nombres de Bernoulli,
l'expression
2 « S >'
dans laquelle Ao, A,, A,,... désignent des nombres entiers,
et % a, (3, ... y tous les nombres premiers qui surpassent
de Cunilétous les diviseurs de n » (Mathesis, L jll, p. 2o)
La démonstration de von Staudt, « profonde et difïicile j>,
d'après M. îlEmmE {Nouvelle Correspondance mathéma-
tique, 1880, VI, p. 122^, a été publiée en i840, dans le
Journal de Crelle, tome XXI, pages 372-374; celle de
Clausen a paru, en même temps, dans les Asironomische
Nachrtchten.
( 254 )
Cet admirable ihéorème, longtemps laissé dans roubli,
a élédémonlré par M. Catalan, avec sa clarté ordinaire,
dans le BiUlelin des sciences mal/témaliques et nslrono-
viiques, 2* série, t. IV, 1" partie, pp. 77-82, en 1880;
puis, la même année, par JM. Fîadicke, dans la ISouvelle
Correspondance malhémalique, t. VI, pp. 503-507. Au
fond, la démonstration de M. Radicke ne diffère pas de
celle de M. Catalan. M. Éd. Lucas en a publié, à son tour,
une démonstration, en 1885, dans Mathesis, t. IM,
pp. 25-28 (*).
La Note de M. E. Cesàro est une élude comparée rela-
tive à ces diverses démonstrations. En un certain sens,
elle en contient aussi une que j'appellerais nouvelle, si le
savant Géomètre italien n'avait pour but principal, dans
son travail, d'établir l'identité substantielfe des diverses
preuves dont je viens de faire l'énuméralion.
Partant de l'identité symbolique
(B -+- \)" — B"=p, (1)
pour définir les nombres de Bernoulli, il en déduit, de
deux manières différentes, la relation connue
1 "> n
B(B -+- 1)(li -+- 2)...(B -+- n — i)---— ; . ('2)
n ■+- 1
puis aisément, par la théorie des équations linéaires,
1.2.. .H L2 ..(«-1) 1.2...(/*-2) 1
n-t-l n n—\ 2
(*) Nous avons en portefeuille, depuis le mois de janvier, une
démonstration un peu difl'érente, qui nous a été envoyée par
M. Lucas, pour Mathesis.
( 255 )
A], A^, ... élanl des délerniinanls numériques qu'il est iiiu-
lile d'écrire. Celle formule (5), oblenue aulremenl, esl le
poinl de dépari de M. Lucas. Il en lire, par Iransformalion
des déterminanls A, au moyen des ihéorèmes de Fermai
el de VVdson, la formule cherchée de von Slaudl el
Glausen.
M. Cesaro arrive au même résultai, en s'appuyanl aussi
sur les mêmes Ihéorèmes, mais sans recourir aux déler-
minanls. De deux manières diirérenles, il Irouve, par inver-
sion de la formule (2), la relalion (3) sous la forme
1.2... w l.!2...(//-l) 1.'2...(«-2) 1
où Tp, 7 esl la somme de lous les produits qu'on peut for-
mer avec q facteurs égaux ou inégaux, pris parmi les
nombres 1, 2 ,3, ..., p. Autrement dit, il oblienl l'inlerpré-
lation des déterminants A.
Il observe ensuite que si l'on a
^ = i'^i» -*- «i'^ •+- "iZ^ -*- •
• •) («0 -+- a.,z -+- «jZ^ ■+- .
•••).
\ ={bo -«- hfZ -+- 6.>2- -+- •
•.)((3o-HS,z-+-p.iZ*-4-.
••),
el si o„ — 6„ esl un multiple de p, il en esl de même de
a,. — P,,, p étant premier. Cette remarque, appliquée au
cas où
ao-+-a,z-t-M..z--f-...=(|— x)...(/j— I — x), ho-i-h^z-h-- =\—z''~\
lui fournil les propriétés des coefticienls A ou T, qui con-
duisent au théorème de von Slaudl el Clausen.
>
( 236 )
M. Cesaro montre ensuite comment on peut passer de
la relalioD (4) à celle de M. Catalan ;
(—1)''B,=1—- A (!"-') -^--A*(l'■•■■) — etc ,
'2 0 4
OU à la relation équivalente, de M. Radicke.
Il résulte de cette étude, qu'au fond, les diverses
démonstrations étudiées reviennent toutes, sous une forme
ou sous une autre, à l'inversion de la relation (2). M. Cesaro
montre, pour terminer, qu'il est impossible d'arriver au
même résultat, par inversion de l'équation de dé(lnition(l).
Par suite, dit-il, « il est permis de douter qu'on puisse
trouver une démonstration du théorème- de Clausen et
Slaudt plus simple que celle de M. I.ucas ».
On peut souscrire à cette conclusion, pourvu qu'on l'en-
tende dans le sens large, en identifiant toutes les démon-
strations qui reposent sur l'une ou l'autre forme de
j'inverse de la relation (2).
Quoi qu'il en soit, l'étude de M. Cesaro met bien en
lumière les liens qui existent entre les diverses démonstra-
tions citées, et en est un complément utile. Nous proposons
à la Classe d'en ordonner l'impression dans le Bulletin et
d'adresser des remerciements à l'auteur. »
M. E. Catalan, premier Commissaire, n'ayant pu examiner
la note de M. Cesaro, se rallie aux conclusions du Rapport
de M. Mansion, lesquelles so::t adoptées par la Classe.
i
( 257 )
Sur les déformations que font naître dans un hémisphère
creux métallique le choc et la pression d'un corps dur;
par M. II. Scliot'nljes.
Mtapgiot'i tif M, IVitt (#<'*• .flftttbt'ugghf.
« Les déformations produites à l'extérieur d'un hémi-
splière creux métallique par le choc ou par la pression
d'un corps dur sont tellement inattendues, que leur
description ne peut manquer d'exciter un intérêt réel,
d'autant plus que les expériences de AI. Daubrée ont
montré le genre de déformations produites sur une enve-
loppe flexible par un accroissement de pression intérieure;
je n'hésite donc pas à proposer à la Classe l'impression de
la note de M. Schoenljes, avec les figures qui l'accom-
pagnent. » — Adopté.
Réduction des nitrates par la lumière solaire; par
Emile Laurent.
Rapport de M. Stna, pi-etniei' coitunimaaife.
« L'auteur de la notice soumise au jugement de la
Classe a reconnu qu'une solution d'azotate de potassium
insolée se conduit comme si elle contenait un azotite.
Il a constaté, en outre, que le même l'ait se présente
avec l'azotate cristallisé insolé. Il conclut, en conséquence,
à la réduction de l'azotate en azotite sous l'influence de la
lumière. Pour s'assurer de l'existence d'un azotite,
M. Laurent se fonde sur le fait que la solution d'azotate
5"* SÉUIE, TOME XX. \Q
( 238 )
insolée, traitée convenablement par le réactif de Griess,
se colore, après trois à quatre minutes d'attente, en rouge-
rose et finit par déposer un précipité rouge en se décolo-
rant. J'ai essayé de contrôler les observations consignées
dans la note, et j'ai reconnu tantôt leur parfaite exactitude
et tantôt des résultats discordants.
J'ai prié mon ami, M. le professeur Depaire, de sou- I
mettre à une vérification complète les indications données
par M. Laurent; en variant les conditions de l'expé-
rimentation, il est arrivé, comme moi, à des résultats
contradictoires.
J'ai invité M. Laurent à reproduire sous mes yeux les
faits observés par lui, en employant à cet effet une
partie des agents ayant servi à l'exécution de ses recher-
ches et en se plaçant dans les conditions premières. J'ai
hâte de dire qu'il s'est rendu à mon désir et qu'il m'a
prouvé ainsi la parfaite exactitude de ses observations. Le
doute n'est pas possible : une solution d'azotate alcalin
insolée se conduit avec le réactif de Griess comme si elle
contenait un azolile.
Cependant, à mon avis, il est permis de se demander
si la coloration rouge-rose que prend une solution d'azotate
de potassium insolée ou une solution d'azotate de potas-
sium insolé, est due à l'existence d'un azotile formé sous
l'influence de l'insolation. Les chimistes qui ont manié le
réactif de Griess ont constaté que cet agent, composé
d'une solution chlorhydrique de chlorure de naphlylamine
et d'acide sulfanilique, exposé à la lumière et à l'air,
dépose un enduit rouge-brun, soluble dans l'alcool, qu'il
colore en rouge foncé. On sait, du reste, que la naphtyla-
mine s'altère légèrement à l'air en se colorant en violet,
qu'à l'état humide le chlorhydrate de naphlylamine rougit
( 239 )
proviplemcut au contact de l'air, et qu'une solution chior-
liydrique de clilorhvdrate de naplitylamine absorbe l'oxy-
gène de l'air et dépose un enduit rouge-brun analogue,
sinon identique, à celui qui adhère aux parois des vases
mal bouchés dans lesquels on conserve le réactif de Griess.
Tout en admettant que le réactif de Griess, employé
convenablement, colore, après quelques instants, en rouge-
rose, une solution saline contenant des traces de nitrite,
la coloration observée par M. Laurent sur ses solutions
d'azotate insolées peut être due à Voxydation de l'un des
éléments de ce réactif par l'oxygène de l'air ambiant. Dans
son travail, M. Laurent s'est borné à constater la produc-
tion de coloration; il s'est abstenu de rechercher si la
matière colorante qui prend naissance renferme, à la fois,
les éléments du réactif employé et de l'acide azoteux,
comme c'est le cas lorsqu'il y a présence d'un azotite.
Avant de tirer une conclusion de ses expériences, l'auteur
aurait dû soumettre à l'analyse élémentaire le composé
rouge qui se dépose par l'action du réactif de Griess sur
une solution d'un azotate alcalin insolée.
Ayant constaté la possibilité de reconnaître la présence
(le traces d'azotile dans une solution saturée d'azotate de
potassium ou de sodium, par la formation ù'azotile d'argent
qui prend naissance par l'addition d'une solution à'azotate
d'argent saturée d'azotate de potassium, j'ai essayé de
rechercher si une solution insolée d'azotate de potassium
non insolé, et si une solution d'azotate de potassium
insolé contiennent une trace appréciable d'azotite.
Pour exécuter les recherches, j'ai institué les essais
suivants. J'ai saturé à 18" de l'eau absolument [iure :
1" Par de l'azotate de potassium pur, non insolé,
préparé par M. Depaire (A);
( 'ito )
2^' Par do Tazolate de polas>iiim pur, fondu dans le
platine, provenant de mes lra>au\ sur les poids atomiques,
et exposé en vase clos pendant vingt-huit années succes-
sivement à la lumière diÛuse et à la radiation solaire
directe (B);
5" Par de Tazolale de sodium pur, fondu dans le platine,
provenant également de mes recherches sur les poids
atomiques, et exposé en vase clos pendant vingt-huit années
successivement à la lumière dilïuse et à la radiation solaire
directe (C) ;
4" Par un mélange d'azotate d'argent fondu etd*azolate
de potassium non insolés i^D';
o" Kniin, jai saturé à IS^ par de l'azotate de potassium
non iusolé, une solution d'azotite de potassium titrant
'6 Vioooû d'acide azoteux, préparé par M. Depaire.
Après avoir recherché l'action du réactif de C.riess dans
les conditions adoptées par M. Laurent, d'une part sur la
solution d'azotate de potassium non iusolé, et d'autre pari
sur la solution d'azotates de potassium et de sodium
insoles, et après avoir reconnu que la première n'éprouve
au bout de dix minutes d'attente qu'une coloration rosée
à peine sensible, et que la deuxième et la troisième s(
colorent intensément en rouge rose après trois à quatre
minutes, j'ai laissé tomber à la surface de 10 centimètres
cubes de solution des azotates A, B et C, contenue dans
un tube bouché par un bout de 2 '/^ centimètres de
diamètre, une goutte de la solution d'azotate d'argent D,
à l'aide d'une pipette débitant vingt-cinq gouttes par centi-
mètre cube.
Au bout de quinze minutes d'attente, aucune zone opa-
lescenie ne s'étaut produite, les essais ont été abandonné
à eux-mêmes jusqu'au lendemain, dans l'obscurité absolue^
(24J )
J'yi repris ensuite trois autres tubes d'essai de mêmes
dimensions que les précédents; après avoir introduit dans
le premier 10 centimètres cubes de solution d'azotate de
potiissium non insolé, (hins le deuxième 10 centimètres
cubes de solution d'azotate de potassium insolé, et dans le
troisième \0 centimètres cubes de solution d'azotate de
sodium insolé, j'ai laissé lombcr à la surface des liquides
mie goutte de solution saturée d'azotate d'argent et d'azo-
tate de potassium.
Après une attente de quinze minutes il ne s'est produit
aucune zone opalescente à la surface des liqueurs d'essai,
et les liquides, ayant été agités pour y répandre uniformé-
ment la solution argentifère, ont conservé leur limpidité
absolue.
Ces faits étant acquis, j'ai laissé lombcr à la surface du
liquide contenu dans chaque tube nue goutte de solution
'^ V«oooo d'azotite de potassium, saturée d'azotate de
potassium (liquide E) à l'aide d'une pipette débitant vingt-
cinq gouttes d'eau par centimètre cube.
Après quelques instants, il s'est produit à la surface des
liquides d'essai une zone opalescente, formée par un
solide brillant; celte zone est descendue successivement
dans le liquide en augmentant d'intensité. J'ai abandonné
au repos les trois tubes jusqu'au lendemain, dans l'obscu-
rité absolue, à côté des trois tubes d'essai qui avaient sim-
plement reçu de l'azotate d'argent.
Le lendemain j'ai constaté que la solution d'azotate de
potassium non insolé et que les solutions d'azotate de
potassium insolé et d'azotate de sodium insolé, ayant reçu
de l'azotate d'argent, avaient conservé leur limpidité
parfaite et n'avaient déposé aucune trace de précipité
cristallin; tandis que les trois liquides d'essai, qui avaient
( 242 )
reçu successivement de l'azolale d'argent et de l'azotite de
potassium, étaient devenus d'une limpidité absolue en
déposant au fond du tube une faible quantité de poussière
cristalline, brillante.
J'ai versé dans trois petits flacons bouchés à l'émeri les
liquides qui n'avaient rien laissé déposer par le repos, et
j'ai exposé pendant trois jours les liquides à la radiation
solaire directe. Par celte insolation les liquides sont restés
incolores et n'ont déposé trace d'azotile d'argent. La radia-
tion solaire a donc été sans effet sur l'azotate de potassium
et sur l'azotate de sodium, insolé ou non insolé, en ce sens
qu'il ne s'est pas formé trace appréciable d'azotile d'argent.
Voulant m'assurer de la nature du précipité crislallin
déposé au fond des solutions ayant reçu successivement
des quantités infinitésimales d'azotate d'argent et d'azotile
de potassium, j'ai institué les essais suivants : ayant
reconnu par l'expérience la rapide transformation, par
oxydation, de l'azotite d'argent en azotate, j'ai élevé lente-
ment la température des liquides d'essai jusqu'à redisso-
lution complète du précipité déposé au fond du tube. En
répétant réchauffement et le refroidissement successifs des
liquides, j'ai constaté que la quantité de précipité repro-
duit par refroidissement a diminué en raison du nombre
d'échauffements opérés en présence de l'air, et qu'après
quatre redissolutions les liquides d'essai n'ont plus rien
déposé par refroidissement. L'azotite d'argent en disso-
lution est, en effet, moins stable qu'on ne le suppose géné-
lement lorsque le liquide a le contact de l'air; il se
transforme en azotate d'argent.
J'ai contrôlé les observations précédentes en opérant
inversement de ce que je viens d'exposer. A cet effet, j'ai
ajouté aux solutions d'azotate de potassium non insolé et
( tiô )
insolé, et qui ne précipitent pas par Vozolale d'argent, un
poids d'azolilc de potassium égal an '/lonooo ''" poids de
l'azolalc alcalin dissous. En additionnant ces essais d'une
quantité d'azotate d'argent pioportionnelle à l'azolite
employé, j'ai constaté, sans doute possible, la formation
d'une zone opalescente à la surface des liquides et la pré-
cipitation subséquente d'azotite d'argent; à deux reprises
différentes j'ai vérifié ces faits avec mon ami M. Depaire,
et les résultats ont été parfaitement concordants.
Cela étant, on peut affirmer qu'une solution saturée
d'azotate de potassium ou de sodium insolée ne contient
pas Viooooo ^^ son poids d'azotite formé par l'insolation.
En répétant ces essais avec des soins convenables, je suis
convaincu qu'on pourra arriver à prouver que, par l'inso-
lation, on ne parvient pas à transformer en azotite Vioooooo
de l'azotate soumis à l'expérimentation.
J'admets avec M. Laurent que l'insolation imprime à une
solution d'azotate de potassium ou de sodium, et à ces
azotates cristallisés, des propriétés que la solution et les
sels cristallisés n'avaient pas avant leur insolation; mais,
eu égard à tous les faits exposés ci-dessus, je ne pense pas
qu'on soit autorisé à attribuer ces modifications à la trans-
formation de l'azotate en azotite, c'est-à-dire à une réduc-
tion de l'azotate. Cela n'est positivement pas vrai dans la
limite du '/lonooo-
La note de M. Laurent renferme des observations dont
je reconnais la parfaite exactitude. Ces observations, ainsi
(lue j'ai pu m'en assurer, sont faites avec soin et clairement
exposées. A ce titre son travail mérite d'être connu. Je
crois être en droit de contester la légitimité des conclu-
sions qu'il déduit de ses recherches, parce qu'il n'a pas
prouvé l'existence d'un azotite dans un azotate insolé. Il
( 244 )
a le tort d'ajouter foi à de simples réactions de coloration,
qui sont trompeuses. C'est là un travers dans lequel
versent actuellement tant d'expérimentateurs, au grand
préjudice des conclusions déduites de recherches exactes
en elles-mêmes. Mon devoir est donc de faire des réserves
formelles sur l'exactitude du tilre et des conclusions de la
note de M. Laurent.
Avec ces réserves, j'ai l'honneur de proposer la à Classe
l'impression dans le Bulletin de la séance du travail de
l'auteur. »
M. Errera, deuxième commissaire, a déclaré se rallier
aux conclusions du rapport de son éminent confrère
M. Stas; il propose également l'impression du travail de
M. Laurent dans le Bulletin de l'Académie.
Rappoft tte If. Gtlltittetf tt'oigième con*n*iit»aii'e.
a 11 ne reste rien à ajouter au rapport si complet et si
précis de notre éminent confrère, premier commissaire.
Comme il le fait observer, différents chimistes, et je
citerai, entre autres, Tiemann et Gartner, ont soulevé des
objections au sujet de l'emploi du réactif de Griess, pour
la constatation des nitrites. Quoi qu'il en soit, la note de
M. Laurent est certainement intéressante, et je me joins
volontiers aux deux premiers commissaires pour en
réclamer l'impression dans le Bulletin de l'Académie. »
Ces conclusions sont adoptées par la Classe.
( 215 )
Sur la réduction des 7iitrates par la levure de bière et par
quelques moisissures ; par É. Laurent.
napftoi'l tif M, fmiIkiÊift, pt'ftttifi' cotninittair'*',
« Dans une noie publiée par l'Académie, M. Jorissen
a constaté que des graines de lin et d'orge, humectées
d'eau, ne germent pas aussi longtemps qu'on les maintient
dans une atmosphère contenant de l'acide cyanhydrique ;
la diastase ne se forme pas, et les nitrates, mis en solu-
tion dans le liquide, ne sont pas transformés en nilriles.
Il y aurait là une série de faits à l'appui de l'opinion de
Marcano, suivant laquelle les propriétés diastasiques
seraient communiquées aux liquides par le développement
de bactéries.
Dans une note ultérieure, M. Jorissen faisait connaître
que des graines d'orge, dont l'extérieur avait été stérilisé
par le passage dans une solution de chlorure mercurique
à un état de dilution tel, que le pouvoir germinatif ne fùl
pas influencé, n'avaient pas formé de nitrite après vingt-
quatre heures, tandis que la même expérience, répétée
avec des graines non stérilisées, fournissait manifestement
la réaction des nitrites.
Suivant M. Laurent, l'absence de réduction, dans le
premier cas, devrait être attribuée à l'action paralysante
ou toxique de l'acide cyanhydrique. Pour ce qui con-
cerne les graines d'orge stérilisées, M. Laurent fait con-
naître le résultat de ses recherches : des graines d'orge et
de maïs en germination, stérilisées et placées dans de l'eau
( 246 )
égalemenl stérilisée, jusqu'à ce que la ligelle eût atleini
1 centimètre de longueur, ne renfermaient pas de bacté-
ries dans leurs tissus, et cependant elles n'en étaient pas
moins capables de réduire les nitrates. Aujourd'hui, comme
autrefois, il considère la réduction des nitrates comme une
propriété commune à certains microbes et aux cellules
des plantes supérieures se développant dans un milieu
privé d'oxygène.
M. Jorissen avait constaté que le moût de bière, addi-
tionné de nitrate et de levure, produit une fermentation
alcoolique très énergique, mais pas de réduction des
nitrates. Suivant M. Laurent, lorsqu'on oblige le ferment
de la levure à végéter dans un liquide faiblement sucré, il
y aurait production de nitrite, et l'absence de réduction
dans l'expérience de M. Jorissen serait due à l'abondance
de nourriture sucrée fournie au saccharomyces, celui-ci ne
décomposant les nitrates que lorsque les aliments sucrés
lui font défaut.
La question en litige est certainement intéressante; elle
ne pourra se résoudre définitivement que par de nom-
breuses observations, et je considère qu'il est avantageux
pour la science de voir la discussion se rouvrir à son sujet.
Je propose donc l'insertion de la note de M. Laurent dans
le Bulletin de la séance. »
Mtapfiot't de M. Et'ê'Cfa, second cotntnistaife.
a J'estime que les expériences délicates dont M. Laurent
nous rend compte dans sa note ont été exécutées avec
beaucoup de soin et avec les connaissances physiologiques
( '^^7 )
approlondies, si nécessaires en ce genre de reclierclics.
Elles conlribueront donc certainement à hâter la solution
(In problème en discussion, et je suis heureux de me
joindre à mon savant confrère, M. Gilkinct, pour proposer
l'insertion du travail de M. Laurent dans le Bulletin de
l'Académie. »
Ces conclusions sont adoptées.
liecherches physiologiques sur l'occlusion de l'aorte
tlioracique; par le D"" Colson.
Mtappoi't dt> Bt. M^éon Ft'edeficq, pi-emict' comntiataiÊ'tf.
a L'auteur du travail soumis à notre appréciation a
étudié systématiquement, chez le chien, les elTets produits
par l'occlusion de l'aorte thoracique sur le sang, la circu-
lation sanguine et lymphatique, la respiration, la calorili-
cation et l'innervation.
11 a utilisé, pour obstruer et désobstruer l'aorte, le
procédé dont je m'étais servi moi-même il y a deux ans, et
qui consiste à introduire dans l'aorte, par la voie de la
carotide droite, une ampoule extensible que l'on peut à
volonté gonfler ou dégonfler.
L'occlusion de l'aorte produit l'anémie aiguë de la
moelle lombaire, d'où excitation passagère, puis paralysie
des centres nerveux lombaires. Ces phénomènes d'excita-
tion et de paralysie atteignent d'abord les centres nerveux
des mouvements volontaires, puis les centres ano-spinal
vl vésiiospinal. plus lanl les otMilros noivoux stMisibles
et, ou iloi nier lion, los oonlros vaso-oonstriolours. L'autour
a ôlô coiuluit ;\ admettre l'excilalion cl la paralysie des
oeulres vaso-oonslrioleurs do rarrièro-lraiu, par une étude
attentive dos oseillations do la pression sanguine générale,
qui se produisent à la suite d'une dosobstruolion do l'aorte,
stiooédanl à une obstruction d'une eorlaine durée. Si
ranémie i\c la luoollo s'est prolongée au delà de douze à
seize minutes, la pression artérielle ne reuïonte plus à sou
niveau primitif après rétablissement du cours du sang.
mais reste fort Iwsse. Ceci nous indique la suppression du
tonus vasoulaire dans Tarrioro-train innervé par la moelle
qui a été souniiso à l'anémie.
L'occlusion de l'aorte refoule la plus grande partie du
sang dans l'avaut-train de l'animal et y produit une hausse
notable et durable de la pression sanguine artérielle.
hausse qui. elle-même, a pour eflet de ralentir les pulsa-
tions cardiaques, ainsi que les mouvemenls respiratoires
^tendance à l'apnéeV 11 en résulte également une augmen-
tation du courant de transsudalion du plasma sanguin à
travei^ les parois des capillaires, d'où concentration du
liquide sanguin et augmentation de la proportion des
globules et des matériaux solides du sang dans l'avant-
Irain. Tant que dure l'occlusion de l'aorte, les phénomènes
inverses se pi'oduisenl dans l'arrière-train : la circulation
lymphatique notamment est entièrement arrêtée dans le
canal ihoracique : elle réparait immédiatement après la
désobstruclion de l'aorte, avec une intensité qui dépend
de la valeur de la pression artérielle.
A la suite d'une occlusion aortique d'une heure, on
retrouve encore dans les pattes de l'animal environ 6 "/^
( 2-^^^ )
(le leur poids de sang (au lifjii de Mi "/«o, proporlion
normale), el, dans le foie, plus de 80»/oo (au lieu de 100°/„„,
proporlion normale)- ^^e sî'"(^ retrouvé dans les organes dr
l'arrière-lrain n'esl pas un siin[»le resie du sang conlenn
dans les vaisseaux au moment de l'occlusion; il provient,
en partie au moins, d'une circulation collatérale, s'eirectuant
( ar les anastomoses artérielles. Cette voie détournée sudit
(pendant une expérience d'oljstrucliorij pour (aire appa-
raître au bout de six à neuf minutes, dans le sang des
veines crurales, le ferro-cyanure de sodium injecté dans
la veine jugulaire externe.
Comme on le voit, l'auteur a l'ail une élude conscien-
cieuse des effets de la suppression de la circulation du
sang dans l'arrière-train du chien. Il a découvert plusieurs
laits nouveaux et intéressants, et a lourni de ces faits une
explication satisfaisante. Son travail est accompagné d'un
grand nombre de tracés et de diagrammes.
.fe propose à la Classe :
i" De voter l'impression du travail de M. Colson dans
les Mémoires in-8", ainsi que l'exécution de quelques-unes
des ligures de ce travail (les (ig. 1, 3, 4, 8, 9, 17,24 et 25,
soit 8 figures sur 32);
2° D'adresser des remerciements à l'auteur. »
a I.e mémoire de M. Colson sur l'occlusion de l'aorte
llioracique est le résultat d'expériences faites à l'Instilul
physiologique de l'Université de Liège, placé sous la
direction habile de notre confrère M. Léon Fredericq.
( 250 )
Celui-ci a donné un résumé si complet du mémoire
soumis au jugement de l'Académie, que je puis me borner
à quelques considérations générales.
El avant tout, je félicite l'auteur d'avoir donné un
résumé historique des travaux de ses devanciers qui ont
traité la même question.
A noire époque de travail accéléré, se vérifie trop
souvent ce mol de Traube, qu' « on ferait moins de décou-
vertes si on lisait un peu plus ».
On l'a vu à la dernière épidémie d'influenza, pendant
laquelle l'apparition de certains phénomènes excita la
surprise des observateurs parce qu'ils avaient négligé de
consulter l'histoire des épidémies antérieures.
Les expériences sur l'occlusion de l'aorte établissent de
nouveau les rapports étroits qui existent entre la circula-
tion du sang et la fonction des centres nerveux. Cette
dernière, depuis celle de l'intelligence jusqu'à celle de la
sensibilité, du mouvement et de la nutrition, cesse quand
les centres ne reçoivent plus du sang la quantité et la
qualité nécessaires de matériaux pour remplacer les pertes
subies dans leur aclivilé.
Ce sont les globules rouges du sang artériel qui amènent
aux cellules nerveuses l'oxygène nécessaire à leur fonc-
tion.
Les expériences de M. le D"" Colson paraissent être
faites avec beaucoup de soin.
L'auteur note minutieusement le temps (secondes et
minutes) qui s'écoule entre l'occlusion de l'aorte et l'appa-
rition des symptômes, paralysie, etc.
Peut-être saura-t-on un jour ce qui se passe dans les
cellules de la moelle pendant l'interruption de l'entrée de
( 25i )
l'oxygène, on suivant la nouvelle voie inaugurée en 1872
par Pfliiger.
Je me rallie donc volontiers aux conclusions du rapport
de mon savant collègue. »
La Classe adopte les conclusions des rapports de ses
commissaires.
Sur le rapport verbal de MM. Henry et Spring, la Classe
vote l'impression au Bulletin d'une notice de M. Maurice
Delacre, intitulée : Faits pour servir à l'histoire de VAldé-
Injde.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur la conservation de l'oxy hémoglobine à l'abri des
germes atmosphériques par Léon Fredericq, correspon-
dant de l'Académie.
Dans une note publiée dans le Bulletin de l'Académie,
11" 2, 1890 (3"= série, tome XIX, pp. 87, 88), j'avais
avancé que l'oxyhémoglobine peut se conserver intacte
pendant plus d'un mois sans perdre son oxygène et sans
se transformer en mélhémoglobine, à la condition
d'exclure rigoureusement l'action des germes atmosphé-
riques.
J'ai constaté depuis que la durée de conservation de
( 252 )
Toxyliémoglobine aseptique n'est pas illimitée. Au bout de
quelques semaines, l'ox} hémoglobine commence à passer
à la mélhémoglobine, et la transformation est complète en
quelques mois. L'ensemencement de cette mélhémoglobine
dans différents milieux de culture a montré qu'elle ne
renfermait réellement aucun germe vivant (1). II suffit
d'ajouter à l'un des tubes contenant de la mélhémoglobine
aseptique une goutte de sang putréfié (ou simplement
exposé à l'air), puis de sceller le tube, pour observer, au
bout de quelques jours, la disparition de l'oxygène de la
mélhémoglobine et la transformation de cette substance
en hémoglobine réduite.
Comme je l'annonçais dans la poie précitée, cette pro-
priété de la matière colorante du sang, de se réduire au
contact des germes atmosphériques, peut servir à recon-
naître si un échantillon de sang ou d'oxyhémoglobine est
réellement stérile. En effet, un échantillon d'oxyhémoglo-
bine, conservé dans un tube scellé et contenant des germes
atmosphériques, se transforme intégralement en quelques
jours en hémoglobine réduite. Si les germes ont été
rigoureusement exclus, l'oxyhémoglobine se conserve
intacte pendant assez longtemps et se transforme ensuite
graduellement en mélhémoglobine. Les deux substances
en question, l'hémoglobine réduite et la mélhémoglobine,
sont faciles à reconnaître, grâce à leur teinte et à leur
spectre d'absorption caractéristique.
(1) M. le D' Henrijean, agrégé spécial à l'Université de Liège, a
hien voulu contrôler par la méthode de renseraencement l'état asep-
tique des échantillons de mélhémoglobine que je lui ai remis.
( 25.- )
Sur la propriété caractértstiqite de la surface commune à
deux liquides soumis à leur affinité mutuelle; deuxième
communication, par G. Van der Mensbrugghe, membre
de l'Académie.
Dans ma première communication sur ce sujet (1), j'ai
défini, on se le rappelle, la force caractéristique qui règne,
selon moi, à la surface commune à deux liquides soumis à
leur affinité mutuelle, force que j'ai appelée force d'exten-
sion, parce qu'elle exerce un elTel directement opposé à
celui de la tension; puis j'ai cité quelques phénomènes qui,
je pense, la rendent bien manifeste; enfin j'ai annoncé
mon intention de l'étayer par des faits de plus en plus
nombreux.
En conséquence, j'ai poursuivi l'étude des phénomènes
où elle joue un rôle plus ou moins important; j'ai com-
mencé par un sujet que j'ai longuement traité, il y a déjà
plus de vingt ans, savoir l'étalement des liquides les uns
sur les autres; en le reprenant, j'aurai l'occasion d'exposer
une théorie nouvelle de ce phénomène et de rendre compte
de certaines particularités qui me paraissaient autrefois
inexplicables; mes idées actuelles les feraient prévoir si le
hasard n'avait présenté depuis longtemps ces singularités
à mon observation.
(I) Voir Bull, de l'Acad. Boy. de Belgique, t. XX, p. 32, 1890.
S"* SÉRIE, TOME XX. \'J
( 254 )
Théorie nouvelle de l'étalement des liquides
les uns sur les autres.
La condition nécessaire de l'élalement d'un liquide sur
un autre a été donnée pour la première fois en 1865,
par M. Marangoni (1), puis, presque simultanément, par
MM. Liidlge (2), Quincke (3) et par moi (4); pour ces
quatre observateurs, la surface commune à deux liquides
est toujours soumise à une force contractile, c'est-à-dire
que dans tous les cas elle tend à diminuer, sauf quand
cette force est nulle (5). De ceUe façon, pour qu'un
(i) Sull' espansione dette goccie d'un liquido galteggianti sulla
superfice di allro liquido. Pavie, 1865.
(2) Ueber die Ausbrcitung der Ftûssigkeiten auf cinander (Ann. de
Pogg., 1869, vol. CXXXVII, p. 362). Le travail de M. Lûdtge a été
imprimé un mois après la présentation de mon premier mémoire à
l'Académie royale de Belgique.
(3) Ueber Capillaritàts-Erscheinungen an der gemeinschafttichen
Oberflâche zweier Fliissiglicitcn (Ibid., t. CXXXIX, pp. 1-89). Le
mémoire de M. Quincke a été achevé très peu de temps après mon
premier travail.
(4) Sur ta tension superficieltc des liquides, considérée au point de
vue de certains mouvements observés à leur surface (Mém. cour, et
mém. des savants étrangers de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXXIV,
1869,ett. XXXVII, 1873.)
(5) Chose étonnante, M. Paul du Bois-Reymond, qui, en 1870,
combattait cependant la tension superficielle des liquides (Ueber dei
Anlheit der Capillaritàt an den Erschcinungcn der Ausbreitung deri
Flûssiykeilcn, Ann. de Pogg., 1870, t. CXXXIX, p. 262), n'a pas osél
( 2r)5 )
liquide 2 de leiision F, sVtalo sur un liquide i de ten-
sion F„ il suini, d'aprc's eux, que la lorce F, soil supé-
rieure à la somme F, -i- F, F élanl la force conlraclile de
la surface commune aux deux substances. Mais on com-
prend sans peine qu'en regardant, à priori, la force F
comme positive dans tous les cas, on s'expose à exclure de
la théorie une infinité de phénomènes où cette même force
est, en réalité, négative.
Pour échapper à une hypothèse quelconque sur le signe
de F, il suffit de substituer à cette force sa valeur
^« "^ ^'2 — 2Fi2, F^2 élanl Taclion réciproque d'un liquide
sur l'autre.
On obtient ainsi :
F, > F, H- F, -f- F, _ 0F,„
inégalité qui se ramène à
F,, > F,.
Si c'est le liquide 1 qui doit s'étaler sur le liquide 2, la
condition nécessaire sera de même
F,2 > F.;
on conclut de là que, pour qu'un liquide s'étale sur nu
autre, il faut et il suffit que l'action mutuelle des deux
supposer négative la force F = F, -4- F, - 2F,.; de cette manière,
il a dû se bornera exprimer sans preuve aucune la conviction que
l'existence d'une force répulsive dans les couches miuces de certains
liquides est établie avec autant de probabilité que les forces physiques
en géncnd.
( 256 )
substances soit svpérieure à la tension du liquide déposé
sur l'autre.
D'après cel énoncé, on voit que l'influence du liquide
servant de base à la goulle destinée à s'élaler, ne se trouve
que dans le terme F^g, exprimant l'action mutuelle des
deux substances.
Je tiens à ajouter que, vers l'époque même où ont été
publiés les travaux cités en dernier lieu, Dupré de Rennes
a touché la question (1), et a donné pour condition du
phénomène l'inégalité
F„ < F,;
mais les calculs dont l'auteur fait précéder cette condition
permettent de la rectifier aisément, et de h rendre iden-
tique à celle que j'ai obtenue plus haut; l'ingénieux physi-
cien français se contente de dire que sa formule « s'ap-
•s> plique au cas bien connu de certaines huiles s'étendant
» sur l'eau en couches très minces, qui apparaissent avec
» de brillantes couleurs. » Aucune expérience n'est raj)-
portée à l'appui de celte remarque.
La théorie que j'ai exposée en 1869 et 18'/3, dans les
mémoires cités plus haut, est applicable de tout point lors-
que l'action réciproque des liquides mis en présence est
inférieure à la demi-somme des tensions de ces substances;
c'est ce qui arrive dans le cas de l'eau distillée et de l'huile
d'olive, de lin, de colza, de navette, etc., dans celui du mer-
cure parfaitement pur et de l'eau ou d'une huile grasse
quelconque, etc. Mais dès que l'affinité entre les deux
(1) Théorie mécanique de la chah'ur, par A. Dupré, Paris, 1869j
voir p. 575.
( 2^7 )
liquides est sudisammeul grande pour doiin«îr lieu à nii
corps nouveau, on a nécessairenienl F,2> F| el F,, > F.^,
car les deux substances ne peuvenlévideinmenl se combiner
qu'en vertu d'une lorce supérieure à la force de coiiésion
de ciiacune d'elles, c'esl-à-dire précisément à F, et à F.^;
le Irinonie F, -h Fj — 2F|2 sera donc nécessairement
négatif, de sorte que Ton pourra réaliser non seulement
l'expansion du liquide de plus faible tension sur celui qui
a la plus grande force contractile, mais encore, si des
causes perturbatrices particulières n'y mettent obstacle,
l'étalement du dernier liquide sur celui dont la tension est
la plus faible.
Cette corjséquence si naturelle n'est pas venue autrefois
à mon esprit, parce que je tenais à exclure autant que
possible les effets de l'aflinité; elle a complètement échappé
aussi aux autres observateurs, par la raison qu'ils regar-
daient à priori le trinôme F, -^ Fa — 2F, 2 comme essen-
tiellement positif ou nul, alors qu'il est négatif dans un
très grand nombre de cas.
Il m'a paru fort intéressant de compléter mes recherches
déjà anciennes et de soumettre la déduction précédente à
des expériences directes; elles ont été faites, à ma prière
el sous ma direction, par mon ancien élève M. F. Leçon te,
dont j'ai déjà eu l'occasion de signaler le zèle el l'aptitude.
I. Une première série d'observations a été faite avec une
solution de soude caustique à 0,25 7o et avec différentes
huiles : on a observé chaque fois l'élalemenl de l'huile
employée sur la solution sodique, puis on a essayé l'expé-
rience inverse, c'est-à-dire l'expansion de la soude sur
l'huile. On a employé généralement de simples verres de
montre destinés à contenir le liquide où devait s'opérer
l'étalement.
( 258 )
Huile d'olive. Amenée en très petite quantité (au bout
d'un fil de verre) sur la surface de la solution sodique,
l'huile s'étale subitement, suivant toute l'étendue superfi-
cielle libre; la lamelle présente successivement les formes
suivantes :
FlG. i.
Presque immédiatement après l'expansion, la lamelle se
contracte et offre une ouverture circulaire qui grandit et
s'échappe; le reslese reforme en lentille, mais l'étalement
ne tarde pas à se produire de nouveau, amenant une nou-
velle rupture suivie de l'apparition d'une autre lentille, et
ainsi de suite jusqu'à quatre ou cinq fois consécutives.
Ces faits, qu'il m'eût été impossible d'expliquer lors de
mes premiers travaux, découlent bien simplement de ma
théorie actuelle : la grande valeur de la force F^2 îi^ec
laquelle la solution de soude et l'huile d'olive tendent à
donner naissance à un corps nouveau, rend le trinôme
F1-+-F2 — 2Fi2 négatif; voilà pourquoi l'étalement s'opère
non seulement en vertu de la tension F^ de la solution de
soude, mais encore par la force d'extension développée
dans la couche de contact; ainsi la condition donnée par
les premiers observateurs, savoir Fi> Fa-f-F, doit être
remplacée ici par celte autre
F, -4- F>F,.
Or, la tension Fj de la solution de soude est déjà à elle seule
( 2i)i) )
double (Je Fo, leiision de l'Iiuile d'olive; le concours de F
doit donc rendre l'expansion exlrèmenienl rapide. Mais, en
raison même de celle rapidité, l'affinité cesse d'agir, le
trinôme redevient positif, tandis que F, a diminué par
suite d'un léger voile de savon déposé sur la solution. De
là le mouvement de retrait de la lame; mais si, en un jmint
de la surface commune, il se produit encore une petite
action chimique, aussitôt il s'y montre une ouverture cir-
culaire ayant ce point comme centre et grandissant jusqu'à
rompre la lame. Enfin, si l'étalement peut se répéter
quatre ou cinq fois de suite, c'est précisément encore
à cause du contact réitéré de l'huile avec de nouvelles
traces de soude; ce contact ne devient impossible, on le
conçoit, que si le dépôt de savon séparant les deux liquides
est devenu assez épais.
Pour soumettre ma théorie à une épreuve très impor-
tante, il fallait essayer maintenant le dépôt d'une quantité
très petite de solution de soude à la surface de l'huile
d'olive contenue dans un verre de montre; la gouttelette
est tombée en majeure partie au fond du verre, mais en
même temps une portion minime de la solution s'est étalée
en un cercle dont le diamètre a crû jusqu'à 20 millimètres
(fig. 2, a); après l'expansion, le cercle est revenu sur lui-
/i
Fjg. 2.
même en laissant des pointes partant du bord (même
lig., 6); à l'intérieur s'est formé un cercle qui a grandi
jusqu'à disloquer la lamelle en plusieurs fragments tout à
( 260 )
fait irréguliers (c), où l'on distinguait une teinte blanche,
celle du savon produit.
Cette expérience est en contradiction directe avec la
théorie où le trinôme F^ -+- Fg — F,, est considéré, à priori,
comme toujours positif; les physiciens qui admettaient
cette restriction, et j'ai été du nombre, devaient nécessai-
rement arriver à la conclusion, que si un liquide 2 peut
s'étaler sur un liquide 1, réciproquement le liquide 1 ne
s'étend jamais sur l'autre ; or, c'est là une déduction con-
traire à l'observation.
Sous la forme (a), la lamelle offre de belles couleurs
irisées; la forme (6) est étoilée, et les diverses pointes se
sont produites sous l'influence de la couche de savon due
à l'affinité de la soude pour l'huile; c'est cçtte même affi-
nité qui donne lieu à la petite ouverture intérieure; quant
à la forme finale, ses irrégularités tiennent à la couche de
savon produite par l'action chimique.
L'expérience peut être répétée un grand nombre de fois;
les lamelles se développent toutefois avec une intensité
légèrement décroissante, en repoussant chaque fois celles
qui se sont étalées antérieurement. Quand on touche la
surface pour la trentième fois, le diamètre de la lamelle
n'est plus que de 5 millimètres, parfois même de 2 milli-
mètres.
Huile de foie de morue. L'étalement d'une très petite
quantité d'huile sur la solution de soude est instantané et
violent; il est suivi d'une prompte résolution en sphérules.
Dans le cas actuel, l'affinité des deux substances est extrê-
mement prononcée.
Inversement, la soude s'étale sur l'huile de foie de morue
en produisant des couleurs; la figure revient ensuite sur
elle-même. L'effet n'a pas sensiblement diminué au soixan-
( 2Gi )
lième contact. Je dois faire reiiianjiier que re.vpansion ne
s'opère pas aussitôt après le clépùl; il y a un moment de
repos, et, en outre, le diamètre de la lame s'accroît moins
rapidement que dans le cas de l'huile d'olive.
Huile (le lin. Tandis que l'étaletnenl sur la solution de
soude est instantané et suivi aussitôt de la transformation
en lentilles, la solution reste plusieurs secondes sur l'huile
avant de s'étaler; la lame n'atteint que li mm. à 8 mm. de
diamètre.
Huile d'amande douce. Étalement subit de l'huile sur la
solution sodique; inversement celle-ci s'étend sur l'huile
en une admirable lamelle brillamment colorée, de 2o milli-
mètres de diamètre. Elle ne tarde pas à être percée d'une
infinité de trous et à disparaître complètement.
Oléine. Étalement instantané et formation d'une infinité
de lentilles sur la solution basique. Réciproquement sur la
couche d'oléine, la solution de soude s'étale lentement en
une lame de 8 millimètres; ensuite, retrait immédiat et
production d'une nuée blanche.
Huile de sésame. Étalement en lame brillante sur la solu-
tion et prompte transformation; il se forme parfois, avant
la résolution en petites lentilles, de magnifiques figures
dentelées (fig. 3); dans la figure ci-dessous, le trait repré-
sente l'huile. Inversement, la solution s'étale sur l'huile
eu une lamelle de 12 millimètres, brillamment colorée.
FlG. 3
II. Cette première série d'expériences démontre bien, on
le voit, l'exaclilude de ma proposition. Actuellement, je vais
rapporter les résultats de quelques expériences analogues,
faites avec une solution de potasse caustique et différentes
huiles.
Huile d'olive : étalement sur la solution de potasse en
une large lame colorée, qui ne tarde pas à disparaître et à
se résoudre en lentilles; l'expérience peut se répéter sept
ou huit fois.
Une très petite quantité de solution de potasse sur
l'huile donne lieu à une lame de 20 millimètres de dia-
mètre, et offrant des couleurs irisées. Le mode d'étale-
ment est assez singulier : les parties externes s'étendent
et laissent un petit bourrelet très visible sur la petite
masse; le diamètre de ce bourrelet va d'abord en décrois-
sant à mesure que s'étend la potasse, puis s'agrandit, et
devient bientôt invisible par suite de l'amincissement en
tous les points. On peut répéter plusieurs fois de suite
l'expérience avec le même succès.
Huile de lin : étalement très vif sur la solution
de potasse, et pouvant se répéter plus de dix fois de
suite.
Pour rendre manifeste l'étalement inverse de la solution
sur l'huile, il faut couvrir la surface de celle-ci de poudre
de lycopode: lors du dépôt d'une gouttelette de solution
de potasse, la plus grande partie va au fond, mais la
poudre s'écarte en laissant libre un cercle de 3 à 7 milli-
mètres de diamètre.
Action tout à fait analogue lors du dépôt de la solution
de potasse sur l'oléine, l'huile de foie de morue et l'huile
d'amande douce.
Sur les huiles d'œillette et de sésame, la solution potas-
sique donne une lame de 50 millimètres de diamètre, pré-
( 2G5 )
sentant de vives couleurs, et linissant par disparaître sans
laisser de trace. On peut reproduire le phénomène un
grand nombre de fois.
III. Une troisième série d'expériences a été faite avec (Je
l'ammoniaque de laboratoire à 2,5 "/o- Comme il (allait s'y
attendre, un grand nombre d'huiles, par exemple l'huile
d'olive, de sésame, de foie de morue, de ricin, etc.,
s'étalent sur la solution, en lamelles qui se transforment
promj)tement en lentilles. Parfois, après quelques minutes,
ces dernières s'étalent à leur tour en petites lamelles de
2 à 5 millimètres de diamètre et percées de nombreuses
ouvertures; c'est ce qui a lieu pour l'huile de lin et pour
l'oléine. D'autres huiles s'étalent sur la solution sous forme
<le lame invisible, qui n'est accusée que par la présence
(le la poudre de lycopode; celle-ci se retire au moment du
contact des deux corps; au bout de quelques minutes, la
lamelle s'est contractée et affecte un contour tout à fait
irrégulier dont on juge par la poudre de lycopode qui sert
de limite.
Voyous actuellement le phénomène inverse. Et tout
d'abord, sur l'huile d'olive, une gouttelette d'ammoniaque
concentrée présente des mouvements vifs dans tous les
sens et un étalement impétueux. Cette même ammoniaque,
étendue au six centième, s'étend en filaments partant de
la masse déposée; la matière s'amasse en certains points
de ces premiers filaments (fig. 4) et forme de nouveaux
centres a, b, c. Enfin de ces centres partent des filaraenls
|)lus minces que les premiers et formant parfois de nou-
velles masses qui se divisent à leur tour. Les derniers
filaments s'étendent sur l'huile en offrant de belles colo-
rations. Partant d'un centre, l'étalement se fait par bandes
( 264 )
concentriques, alternant avec des bandes plus étroites
d'huile. Le tout se fond ensuite graduellement et disparaît,
sauf quelques lentilles constituées probablement par de
l'eau (1).
Fie. 4.
On peut observer des phénomènes tout à fait semblables
lors du dépôt de la solution ammoniacale sur l'huile de
sésame, d'amande douce, de lin, de foie' de morue, de
ricin, etc.; quelquefois il est bon de, recourir à la poudre
de lycopode pour rendre l'étalement manifeste.
Je bornerai là les expériences que je puis citer aujour-
d'hui à l'appui de mes vues complémentaires sur l'étale-
ment des liquides les uns sur les autres; je me réserve
d'en faire connaître encore beaucoup d'autres, si la chose
paraît nécessaire.
(l) Cette expérience est précisément l'inverse de Tune de celles
qu'a rapportées M. Cinlolesi {Bibl. uniu. de Genève, t. LX, 1877):
pourtant les résultats sont entièrement analogues, conformément
à ma nouvelle proposition. Tous les faits sur lesquels le physi-
cien italien appuyait ses objections contre la théorie admise alors,
s'expliquent avec la même facilité.
( mi )
Sur la réduction des fonctions invariantes (*) ; par
Jacques Deniyls, chargé de cours à l'Universilé de
Liège.
1. Dans un travail publié aux Nachrichten de Goel-
tingue ('*), M. Hilberl a énoncé le théorème suivant :
« Soit Fi, Fo, F3, ... nne série non interrompue de
formes à coefficients entiers et d'ordres quelconques par
rapport à n variables homogènes Xj, Xo,... x„ : il existe
toujours un nombre m, tel que toute forme de la série
peut s'écrire :
V = A, F, ■+- A,Fo H V- A„.F,„,
où A) , Ao, . . • An, sont des formes convenables à coefficients
entiers et relatives aux n variables X), x^, ... x„. »
M. Hilbert a déduit de là ce résultat important que,
|)our un système de formes algébriques, les invariants sont
des fonctions entières d'un nombre limité d'entre eux.
2. Nous voulons établir que, le théorème de M. Hilbert
étant admis, on peut exprimer tous les covariants pri-
maires de formes algébriques quelconques, en fonctions
entières d'un nombre limité d'entre eux.
(*) Les résultais indiques aux paragraphes 1 à 4 ont été consignes
dans un billet cacheté déposé à l'Académie en date du 25 juin <890.
(**) Ziir Théorie Jer algcbraiscltcn Gcbildc [Nachriclitcn de Goot-
linguc, J889, p. 425;.
( 2t)6 )
Pour des formes à plusieurs séries de N variables
cogrédienles, les covariants primaires sont des covarianls
à N — 1 séries de variables, qui ont pour sources des
semi-invariants de première espèce (voir les travaux qui
ont été publiés dans les Recueils de l'Académie, 1889,
1890). Par suite, nous avons à établir que, pour un système
donné de formes algébriques, tous les semi-invariants de
première espèce sont des fonctions entières d'un nombre
limité d'entre eux.
Désignons par a ., ^ , etc., les coefficients
des formes algébriques : nous aurons des équations sym-
boliques analogues à
i ..,, „. =alf'al^...al^^a2f'...a2^...
«,a,...j::,;)3ii3j...)3.v; ... ' - -^ «. n
= 6lf'6l^ ... 6l^"'62f» ... 622.^.. = ...
(i;
Ainsi, al, o2, ...; 61,62, ...; etc., sont des systèmes
de symboles équivalents.
Cela posé, tout semi-invariant de première espèce j»
est représenté symboliquement par une somme de pro-
duits de déterminants 0,- d'ordre 2 = 1,2, 3, ... N, tels que
(?.=
h, li^ ... hi
«■) «"2 . . . /î,"
les lettres h, k, ... l désignent des coefficients symboliques
quelconques. Nous écrirons
^ = in (c?,).
( 267 )
3. Prenons u), = '''J^, <j.= '\,'*"^^; remplaçons les
déterminants o, par les déterminants correspondants ;
L'expression in (o-), obtenue au moyen de LU (oj, est
du premier degré par rapport aux produits
al, ...a\fj_ /^a-Ji ... a2^ ■ ...
et par rapport à d'autres produits analogues. Celte expres-
sion représente symboliquement une fonction •/ des coel-
(icients a«vT «* -en os , etc., de formes à plusieurs
VV| ... W^, ^1 ... ^y ...
séries de ul = ^"^,)"^^^ variables, à condition que l'on écrive
symboliquement
a =al^' al^/*a2^' a^^/^
==b\^' ... Mf '"/^^P' ... 6^2^^ .. = etc....
(2)
Les équations symboliques (2) doivent correspondre
aux équations symboliques(l). La fonction-;^ est homogène
( 268 )
par rapport aux diirérenles séries de quantités
parce que la fonction ^ est homogène par rapport aux
diverses séries de coefficients a^ ^ . o ^ . , etc.. D'un
x^,..aji, p,...Pn,... '
autre côté, on réduit la fonction y à tj;, si Ton remplace
chacune des séries de quantités, telles que
par les coefficients correspondants o^ « ..a.-,- ,3 . /3 .' P^"""
lesquels on a :
(5,=^^_.+. + 95c.,.^^+, -H ... -4-.25^,^+.., etc.. ,
{=1, 2, 5, ...N.
Ainsi, loute fonction t]; correspond à une fonction j^, et
réciproquement; en outre, loute relation algébrique entière
entre les fonctions y donne lieu à la relation analogue
entre les fonctions 6 correspondantes. D'après ces consi-
dérations, on établira que les semi-invariants de première
espèce ^ sont des fonctions entières d'un nombre limité
d'entre eux, en prouvant que les fonctions y sont des
sommes de produits d'un nombre limité d'entre elles.
4. Les quantités y sont homogènes par rapport à un
nombre limité n de quantités que nous pourrons désigner
par x^, X2 ... x„, et qui sont les coefficients
( 269 )
D'après le Ihéorèine de M. flilberl (§ I) (*), les fondions y
s écrivent
X = '^iX\ ■*- '^tXi -+-•••-»- A„5/^ ;
(3)
m csl un nombre iini; /j, /;.,../„. sont des détermi-
nations parlicnlières de/; A,, A,, ...A„sont des fonctions
entières et homogènes des quanlilés représentées par
X,, X2, ... x„.
En employant la notation symbollcjuc '/ = i:n{o;),
nous écrirons y^ — S^IT (ô-) ; désignons par
»/l, ijli.-.ijlj,,
iju^ u^i... yfZfj_,
jji séries de ;a variables, et représentons par X, .\ les
fonctions que Ton déduit de ^, y;^ en remplaçant les déter-
minants symboli(jues o' par les déterminants correspon-
dants
/.r.
y-\+»
^l'C-\+'
Nous aurons, d'après l'équation (5),
X = B,X, -+- \l,Xi -+- h 1΄,X„., .
(') La suite F,, F,... est la série des fondions y rangées, par
exemple, de telle manière que les degrés aillent en croissant.
5""^ SÉUIE, TOME X.\. 18
( 270 )
B,,B2,...B„ élanl des fondions invariantes des diffé-
lenles quantités y et x.
Soit /), le degré de la fonction X pour chacune des
séries de variables comprises dans le groupe
(ijUi -*- 1 , ijUi -f- :>,... î/w, H- i), ï = 1 , 2, 3, . . . N.
Appliquons aux deux membres de l'équation (4) l'opé-
ration
d d d
n=llsr
d d d
diju^ -*- '2.^ ^, dij'Xj -f- 2j,
dy^,
d
d
d
dlJUi -+- 'cO+l '/i/S -+- 'ce ,2 dijUi -t- /„+,
La quantité ÛX diffère seulement de -^ par un facteur
numérique, qui n'est pas nul; la quantité ÛBjXi est le
produit de ^, par une fonction analogue à y^.elc.On
aura donc
% = XiXi
%».%.
X" X'^' ••• X'» ^^^^ ^^^ fondions de même espèce que^;
mais elles sont de degrés inférieurs relativement aux quan-
tités désignées par a;,, a-o, ...x„. On peut appliquer à
X" X*' •■• X"' '^^ raisonnements que nous avons indiqués
pour y. En continuant de même, nous trouverons que
toute fonction y est une fonction entière de /i , /o, •• /.»•
( 271 )
Soient .|/,, ^2,...'|„, les semi-invarianls de première
espèce qui correspondent aux fonctions '/t . y^» ••• •/„;
d'après ce qui précède (§ 3), loul semi-in variant de
[)remière espèce, --{/, est une fonction algébrique entière
d'un nombre limité de semi- invariants de première
espèce -^i, '|o, ... (|^„ ('). Il en résulte (§!2) que (oui corariant
primaire d'un syslème donné de formes algébriques quel-
conques, est une somme de produits et de puissances d'un
nombre limité de covariants primaires du syslème.
Exemple. — Dans le cas de N = 5, l'expression symbo-
lique d'une fonction y est un agrégat de déterminants,
tels que o,, (± b^c^), {±d>,e^f^). L'opération O est alors
définie par
\<nj\il \ dtfli dijô-J \ (lijii dijh,- (hji'al
5. Nous avons montré antérieurement que tous les
fovariants sont des sommes de produits de covariants
identiques par des polaires de covariants primaires. D'un
autre côté, toutes les fonctions invariantes se ramènent
aux covariants.
Par suite, lotîtes les fondions invariantes d'un système
de formes algébriques sont réductibles à un nombre limité
d'entre elles, au moyen d'additions, de multiplications et
d'opérations polaires relatives aux variables.
(') Quand les scnii-invariants de première espèce 6 sont des
invariants, la niétliodc suivie se réduit à celle que M. Hilbert a indi-
quée pour ce cas particulier. (Naclirichicn de Goetlingue, 1888,
p. 4îi-2.)
( 272 )
Sur les involutions cubiques conjuguées ; par Cl. Servais»
répétiteur à TUniversité de Gand.
MM. Weyr el Le Paige ont fait connaître diverses rela-
tions intéressantes entre les éléments singuliers de deux
involutions cubiques conjuguées. Nous nous proposons de
démontrer géométriquement ces relations, el d'y ajouter
quelques résultats peut-être nouveaux.
i. Étant donnés deux ternes d'une involution cubique
ayant pour support une conique C,, la conique inscrite
aux deux triangles formés par ces ternes est la conique
d'involulion. Les points de contact sur Cg des tangentes
communes à ces deux coniques, sont les points doubles de
l'involution, el les points d'intersection de ces mêmes
coniques sont les points de ramification. M. Le Paige, dans
son remarquable mémoire « Essais de géométrie supé-
rieure de troisième ordre (*) », a montré qu'il existait
deux involutions, ayant pour points doubles quatre points
donnés x^Xç^x^r^. Ces deux involutions sont dites conju-
guées. En appelant r^vç^r-r^, ^i'^î'^s'l '^s points de ramifica-
tion de ces involutions, ce géomètre fait voir que les deux
points ru el r\ sont sur une conique tangente à C2 au point
or,, et circonscrite au triangle V0V3V4 formé par les tan-
gentes aux points x^, x^, 0-4. C'est de cette propriété que
nous déduisons ce qui suit.
2. Projetons la conique suivant un cercle, de façon que
les points doubles de la projectivité cyclique déterminée
(*) Mémoires de la Société royale dex sciences de Lièyc, t. X,
2« série.
( ^i75 )
par le loriie jr.jX3.r4 soient ù riiilini. Menons par le centre ::
du cercle un diamètre coupant le cercle aux points r, et r[
et la droite V3V4 au point K ; si l'on prend sur V3V4 un
point Kj, tel (|ue K,jro = kjr2,et si l'on mène par le point K,
une tangente au cercle au point x,, je dis (jue les points
r, et r', seront les points de raniidcalion correspondant
nu point double x^, dans les involutions conjuguées dont
v^ K, a.; K
V
-7'
FlG. 1.
les points doubles sont XtX^x^x^. En effet, toutes les
coniques inscrites au quadrilatère a:iX,ri/\ déterminent
sur ^'3V4 une involution, dont x., est un point double et
KK, un couple de points correspondants. L'égalité K.r._, =
Kjx.2 montre que le second point double est à l'infini, et
alors V5 et V4 sont des points correspondants de cette
involution; par conséquent, la conique déterminée par les
points X|jri7',7'jV5 passera par le point V4. Soient H et H,
les points d'intersection de V2V4 avec les droites r^r'i et
K|X, ; on voit que l'angle Ur.x^ est égal à l'angle H, 71x3, et
par conséquent les deux segments HX3 et II1X3 sont égaux;
donc la conique x,X(?-iriV3V4 passera par le point V,, et
(27i)
les points r, et r', sont les points de ramification corres-
pondant à x^.
F-.es deux points r^ et r[ étant en ligne droite avec le
centre du cercle, nous pouvons énoncer le théorème sui-
vant, dû à M. Weyr (*) :
Les points de ramification de deux involtitions cubiques
conjuguées, correspondant à un même point double, sont
conjugués harmoniques des cléments unis de la projecli-
vite cyclique définie par les trois autres points doubles.
o. Les faisceaux des tangentes menées des points x, et
0*2 aux coniques inscrites dans le quadrilatère HiKiVsVj
sont projectifs et ont un rayon uni XiX,^; donc les rayons
homologues se coupent sur une droite qui n'est autre que
KiVg. Les droites XiTi, x^^ sont tangentes à la conique
d'involulion, qui est inscrite dans le quadrilatère H,KiV2V3;
donc elles se coupent sur la droite K.jVg. QU' ^st une dia-
gonale du quadrilatère x,^x<:^x-^X!^\ par conséquent les deux
points r^ et r<^ sont conjugués dans l'involution quadra-
tique définie par les couples x^x=^, x-jJCi^. Donc :
Les couples de points XjXj, X3X4, rirs, rjr^, r5r4, r^rl
font partie d'une même involution quadratique. (Le Paige,
Sur les involutions cubiques (**).)
Nous déterminerons plus loin les points doubles de cette
remarquable involution.
4. Supposons maintenant que les points x^ et x^ soient
à l'infini, le support de l'involution étant toujours un
cercle. Pour obtenir les points r, et r\, il suffit de déter-
miner le pôle Tî de la hessienne du triangle XoX^x^. Or, ce
point est le symétrique du centre C du cercle par rapport
(*) Wiener Bericlile, LXXXI.
(**) Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, t. XII,
2« série.
( '^7o )
au poinl x^ {'); donc r,ri est parallèle ù CK, ou perpen-
diculaire à a;,X2. Mais r,r>j est parallèle à x,xj, donc la
droite r\ri est un diamètre, ainsi que la droite r,K. Nous
concluons de lu :
Les points Xj e/ X4 sont les points doubles de Vinvolulion
quadratique déterminée par les couples rirg et r^rj.
On peut dire aussi que les trois couples rtr'„ r2r'i, x^Xi,
font partie d'une même involution.
5. Les conjugués harmoniques x[ et x'^ des points a:,
et x^, par rapport au couple x-^x^, sont diamétralement
opposés aux points ar, et x^; il résulte de la construction
donnée des points de ramification r, et r', correspondant
à a;,, que dans les involutions conjuguées dont les points
(*) Conséquence d'un théorème de Itctali {Mathesis, l. IX, p. 128).
( ^^70 )
doubles sonl x\x'.x-^Xi^, les points de ramificalion corres-
pondant à x\ sonl Ta et r^.
De ce que la droite r^rl esl perpendiculaire à la droite
x^x^, il résulte que les droites i\r\, r^r\, x^x'^, x^x'i sont
parallèles entre elles; on paut donc dire :
Si \' n et x'2 sont les conjugués harmoniques des points
X| et X2 par rapport aux points X3 et X4, les couples de
poi}tls
X1X2, XoT), a'sl'i, ''lî'i 5 'V'2
/ouf partie d'une même involution.
6. Si l'on considère l'une des involuiions conjuguées,
sa conique d'involution a pour axe la perpendiculaire
abaissée du centre du cercle sur la droite r^r^j. Il suit de là
que si l'on appelle j/s et z^ les points du cer-cle situés sur
celle perpendiculaire, y, cl ij^, z^ etr,, les points qui com-
plèlenl les ternes de l'involiition, définis par 2/3 et sg, les
droites y^yn cl zyz^ sonl parallèles à rjTo, et par conséquent
les couples y\y<i, zyz<^ lont partie de l'involution x^x^, x^^x^.
Donc :
Parmi les couples de Vinvolution quadratique \\\<2, ^z^i
il y en a deux formes par des points correspondants de
Vinvolution cubique ; les deux points qui avec ces couples
fonnont deux ternes de cette involution, sont les points
doubles de rinvolutioii ^quadratique x^x^, X5X4.
7. Soient P le poinl d'intersection des droites x^x^ et
r<^r\, a et [3 les angles Kx^r,' et Kx,?; ou aura
XiV = Xir\ cos (a -H |3) = 2R sin a cos (jc -+- ^),
R étant le rayon du cercle.
On a aussi
X2P = R sin^;
donc
sin [3 = 2 sin a cos (a -+- (3).
(2-7 )
Or,
sin p
(Xir\i\}\) = : — : cos (a -+- (3);
sin X
par conséquenl,
Celle égalilé a élé déduile par M. Le Paige de la condi-
lion qui exprime que deux lernes i)ris respeclivemenl dans
doux involulions conjuguées, sonl apolaircs (').
8. Des égaillés
(x,j-;xi?-i) = — 2 , {xir\x:,r-) = — 2 , (xirlx^r^) = — 2
on déduil le ihéorème suivanl, dû à M. Weyr : Les points
X| et v'i sont les points doubles de la projectivité définie
par les couples Xjro, x^r^, \^\\ (*').
9. Pour que les deux involulions conjuguées coïncidcnl,
il laul que la droile Trrjr', soil langenle au cercle; mais
alors la droile nxi est aussi langenle, et les deux points x^
el r, sonl les points doubles de la projectivité cyclique
délinie par le terne x,2X^Xi. Donc :
Dans une involution sibi-conjuguée, un point double et
le point de ramification correspondant forment les points
doubles de la projectivité cyclique définie par les trois
autres points doubles ("**).
Il résulte de là
(XjXjXsX^) = a, (j'iXoX^Xt) = ce'. . . . [a)
y. el a' étant les racines cubiques imaginaires de l'unité
négative; donc
(') Sur 1rs involulions cubiques. Liège.
{••) Wicnc7- Bericlde, LXXlIi.
("■■) Wevk. Wiener Berictitc, LXXXI. — Le Paige. Involulions
cubiques. Liège.
( 278 )
Les quatre points doubles d'une învolution sibi-cou"
jtiguée forment tm groupe éqiiianharmonique (*).
Des égalités (a) on déduit les suivantes :
{xiTir-j-i) = a, (rir-iJ-j/'t) = «',
qui expriment que
\° Les quatre points de ramification d'une involution
sibi'Conjugiiée forment un système équianhnrmonique ;
2° Les points X| et r^ sont les points doubles de la pro-
jeclivité cyclique définie par le terne r.2V^Ti^^ {").
10. Le point oJa, étant le milieu de l'axe a;,r,, sera un
point double de l'involution définie par les deux couples
FiG. o.
Pour obtenir le point Ta, il faut mener par le point ri
une parallèle à XiX^ ; cette parallèle étant un diamètre, on
voit que
{x^x^-ir^) = — I ,
(') Le Paige. Itivolulions cubiques. Liège.
('*) Le Paige. Idem.
( 27il )
rt'sullal dû à M. Zculhen, et que le conjugué de fj dans
l'involulion j^iTi, X:iXi est le conjugué harmonique de a:,
par rapport au couple x^x^.
11. Si l'on considère l'involution sibi-conjuguée ayant
pour points doubles r^ir^r^, le quatrième point double sera
l'un des points du hcssien du terne r^r-j^, c'est-à-dire r^ ou
.r| ; donc les trois points doubles définissent deux involu-
lions sibi-conjuguées.
Si Ton prend r, comme quatrième point double, le point
de ramification correspondant sera nécessairement X\ ; par
conséquent :
Si l'on prend les quatre points de ramification d'une
involution sibi-conjuguée comme points doubles, on obtient
une nouvelle involution sibi-conjxiguée, qui a pour points
de ramification les quatre points doubles de la première {') .
12. Les droites Xçix[ et ic^iCi étant perpendiculaires au
diamètre r^r^^, ces deux points de ramification seront les
points doubles de l'involution
X{Xi, X^Xi, X^Xi.
On peut aussi faire voir que les couples
X^X^, X^X^, X^Vi, X'^r^
font partie d'une môme involution, ainsi que les couples
Xa^î, x^Xi, Xil'^, ^i^'i.
La tangente au point x^ coupe le diamètre r,r2 en un
point G, tel que CG = SGrj-, par conséquent
(oTjrjX^x,) = — 2.
(•) Le Paice. Wiener Berichie, LXXXV.
( 280 )
13. Les deux triangles x^r.^x], oc^r^x'. élanl cquilalé-
raux, la conique de l'involulion délinie par ces deux ternes
de points sera un cercle concentrique au cercle C. Les
deux cercles ayant un double contact suivant la corde x^x^,
Tinvolution X2r.jXj,Xir,xi a deux points triples x^x^.
5«r les démonstrations du théorème de Slaudt et Clausen;
par Ernest Cesàro.
Les nombres de Bernoulli élanl déOnis par l'égalité
symbolique
(B-4-1)"— 0" = /;, (1)
on sait que Bj„ est égal à un nombre entier, diminué de la
somme des inverses de tous les nombres premiers qui,
diminués de Vunité, divisent 2n. Ce curieux théorème,
découvert par Clausen et par Staudt, a été démontré fort
simplement par M. Catalan dans le tome IV (2^ série) du
Bulletin de Darboux, et par M. Lucas dans le tome III de
Mat/iesis. Ou verra plus loin que ces deux démonstrations
ne diffèrent pas essentiellement l'une de l'autre. Nous
allons d'abord montrer que, moyennant quelques légères
modifications, la démonstration de M. Lucas peut être
rendue incomparablement plus simple et surtout pins
élémentaire que toute autre démonstration connue.
Si l'on observe que
X(x+l)(x-+-2)...(x-h«— l) = X"-^cr„_,,,X"-'+(T„_,,2X"-*H H(T„_,,„_,X,
où <^„-i,p représente la somme des produits p à p des n — I
premiers nombres naturels, et si l'on pose
s.. = 1 " -4- 2" -+- 5" -+- • • • -t- X",
( 2cSI )
on peut mcllro ridcnlilé évidenle
SOUS la forme que voici :
x(j-t-l)(x-+-2)...(x-i-/<
Symboliquement,
jr fx -t- 1 ) (x -t- 2) . . . (x -+- ?t)
s (s -t- I ) (s -4- 2) ... (,s -+-;<— 1 ) =
;i -t- 1
En égalant les coedicienls de x dans les deux membres,
et en se rappelant que B„ est le cocffîcient de x dans s„,
on en déduit la relation connue
B(n -4- 1)(B-4-2)...(B + n— 1) = -^. . (2)
On obtient ainsi le système d'équaiions
ni
B„_, -+- C-„_2, iB„_2 -t- ••• -4- cr„_j „_jBi =
I
d'où l'on lire
n\ {n - \)\ (n — 2)! i
« -I- I ;/ ,, _ I - ., " " V /
( 582 )
après avoir posé
0 1 ... <X„_j_,,.3 <T„--.,p-i
'-P.*
C'est la formule (3) qui sert de point de départ à M. Lucas
pour la démonstration proprement dite du théorème de
Slaudt et Clausen ; mais nous verrons que la formule dont
se sert M. Catalan ne diffère de (5) qu'en apparence.
Si l'on ne veut pas employer les déterminants, on peut
avoir recours à une proposition de calcul symbolique, dont
la démonstration n'offre pas de difficultés ("). On opère
l'inversion de la relation symbolique
o„ = A (A -4- t\) (A -+- f^) ... (A -t- f„_,)
(*) Celte proposition pourrait être démontrée en quelques lignes
par des considérations de calcul symbolique, ou bien en ayant
recours aux formules pour la dérivation des fonctions de fonctions.
En voici d'ailleurs une démonstration tout à fait élémentaire. Posons
F«(3:) = (l -+-îix)(l -+-£ja-)...(i -\-£„x) = \ -+-(T„, ,a:-4-c7,,îa;'H
Évidemment
1
fn (^)
= I — r„, lO; -+- T«, «x- — T„, 3X' -1-
Si Ton exprime que le coefficient de x'''^' dans le développement
( 285 )
en écrivant
OÙ Tp., représenle la somme de lous les produits qu'on
|icul former avec q facteurs, égaux ou inégaux, pris parmi
les nombres s,, £0, ^3, ..., c^. En particulier, on a vu qu'on
peut supposer
f» = "> "„ = : , A„ = B„
« -»- 1
Donc
»! (» — i)! in — '2)l i
7l-^-I 71 11 — I :2
T,,„ représentant la somme de tous les produits de 7 nom-
dc
= (l -+-£„.M.r)(l -+-î„^îX/ ...(I -t-e„+„2)
est nul, on obtient
Si l'on a égard :'i colle relation, et que dans l'expression
rj„-|.i — (a-„, iA„ -+- cr„,2A,_i -H h a„.„\^)
de A„:|On remplace A,, A,, .. , A„ par leurs valeurs, suivant la
formule
A,. = o„ — ~„ i.i^n 1 -+- ~u-'..ian-t — ••• rfc ~),n-ia, ,
on trouve i)réciscnienl ce que devient cette formule lorsqu'on change
jj en 7i-\-\. Donc, etc.
( 284 )
bres entiers, égaux ou inégaux, non supérieurs à p. On
retrouve ainsi la formule (3), et l'on obtient, en même
temps, l'interprétation des déterminants A.
il est vrai que c'est sur les propriétés de ces détermi-
nants que repose une partie de la démonstration de
M. Lucas; mais il est aisé d'établir les propriétés des nom-
bres T sans employer leur expression sous forme de déter-
minants, et sans même s'éloigner du mode de démonstra-
tion adopté par M. Lucas. On a, en vertu du théorème de
Fermât, la congruence identique
{x — \){x — '■2)...[x — p -*- i) ^xP-^ — i
par rapport au module premier p. On en déduit sans
peine (*) que le développement.
(x — 'I)(x — 2)...[x — /?-+-!) x''"*
■-) --t-... (o)
,;'+•
(') Soient
f(z)z=\ -f- f/jS -h o^z- -+-•••, é{z)= i -h biZ -*- b^z'^ -i- ■ '
deux séries de puissances, à coefficients entiers. Si les coefficients
de cf — 4' ^^"^ divisibles par p, il en sera évidemment do même des
coefficients de la série qu'on obtient en divisant cp — 4^ par
? iz)ô{z) = \^ C,Z -h c,z' -}-■■■
On aura donc aussi
?-'P 1 1
= = 0. (mod. fj).
En d'autres termes, si l'on pose
1 1
( 28r) )
esl idenliqiiemenl congru, par rapport au même module,
au développement
I 111
Il en résulte
T^_,,,= I OU t^_,,,-=eO, (mod. /;),
suivant que q esl divisible ou non par p — 1. Cela étant, si
l'on observe que
ip-vr. 1 ip-\y. . {p-iy. . i
= -' = entier, = entier .
p -2 ]) p p
suivant que
/) ^= 4, p = nombre composé > 4, p = nombre premier,
la formule (i) donne
1 1 \
{— J;"Ii„ = entier -+--T3,„.3-+--r„_, ,„_„+, -t--T4.,,„_j^,+ •••,
la 0
OÙ a, b, c,... représentent tous les nombres premiers qui
les congrucnccs a„ s;^ 6„ cnlraincnt an ^ ,ln pour « = 1, 2, 5, ... En
particulier, on peut prendre
3""* SÉRIE, TOME XX. 19
( 286 )
ne surpass(MU pas n+ï. Lorsque n est pair, 3"~'-i-i est
divisible par 4; d'où il suit que le nombre
2
est pair. Conséquemment
,1 \
B2„ = entier — -r„_,,2«-a4i "*- T-^o-i.in-b+i
\a b
a, b, c, ... étant tous les nombres premiers, non supérieurs
k'^n-hi. On a vu que t„_,,2„_„+i est divisible par a, tant
que %i—a+i ou 2n n'est pas divisible par a — \. Dans le
cas contraire
enlicp
Il en résulte que, si «, (3, y,,., sont ceux des nombres a, 6,
Cy.. qui, diminués de l'unité, divisent 2n, on a
Bj,, = en lier
1 i \
— I h- —
a S 7'
C'est le théorème de Clausen et Staudt.
Remarquons que la comparaison de (5) avec la formul(
connue
(p — IV
{x — i){x~^2)...{x-p-i-i) ftj,
- = y x-'à» - (o')
donne
( '^" )
Dès lors, la reialion (4) devient
< < I
Si l'on observe que A''(0';=/) A" '(;/''), on n d'abord
puis, souslrayant celle égalilé de la suivante
0= 1 — A (1"-') -+- A-(l''') ,
on obtient la formule
(-l)"B, = i- ' a(1"-')-^1a-^(|-')_....
J ù 4
employée par M. Catalan.
Remarquons aussi que la relation (4) pourrait être
déduite directement de l'identité
En développant les deux membres on obtient
1 = 00
Il suflit d'égaler entre eux les coeflicients de x" pour
( 288 }
retrouver la formule [A). De même, la relation (2) est une
conséquence immédiate de l'identité
(I _a-)-" = e-'"»«('-',
qui, interprétée symboliquement, devient
R B(B-f- 1) ^ B(B+ l)(B-4-2) ^
1 1.2 1.2.3
1 X x* x^
= log(1— a;) = 1 +-+--+- — -+-...,
x 2 o 4
d'où Ton déduit (2) par identification des coeflicients
de x\
C'est toujours à l'inversion de l'égalité (2) que les
auteurs demandent la démonstration du théorème de
Slaudt et Clausen. Il est naturel de chercher si cette
démonstration peut être directement fondée sur l'inver-
sion de l'égalité de définition (1). Celle-ci peut être mise
sous la forme
(B-4-w)''=l, (G)
ou u„
, de
sorte que
e'''^
xe"
e^ — l
Quels que soient d'ailleurs les nombres m, on opère évi-
demment l'inversion de (6) en définissant d'abord de nou-
veaux nombres v au moyen de l'égalité symbolique
(m — v)" = 0,
( 289 )
cl en écriTanl ensuite
:i — i')
Pour les nombres de Bcrnonlli, celle inversion esl illu-
soire, parce que le second membre conlienl les nombres
m(}mes qu'il s'agirail d'exprimer. En efîel,
] X xe"
~~ ë-" ~ 1 — e-' ^ e' -^ ~ '
d'où rp=Bp. Une inversion explicite de la formule de défi-
nition n'esl donc pas possible, de sorte qu'il faut nécessai-
rement recourir à quelque autre relation, par exemple
à (2). Comme celle-ci se déduit fort simplement de (1), et
que, d'ailleurs, elle conduit au but d'une manière rapide
et directe, il esl permis de douter qu'on puisse trouver
une démonstration du tbéorème de Clausen el Staudl plus
simple que celle de M. Lucas.
Faits pour servir à l'histoire de Valdéhyde;
par Maurice Delacre.
§ I, — La slaliilitc de l'Iivdrato de chloral esl-clJc atlriiiualile
à la pi'êsrncc du cldoïc dans ce cnniposé?
L'hydrale de l'aldébyde ordinaire n'est pas connu à l'état
isolé, tandis que l'iiydrate de chloral est un composé bien
détini el stable. On a chercbé à expliquer celte différence
en admettant que le cblore, à cause de son caractère
négatif, a une influence sur les bydroxyles et donne de la
stabilité à la fonction glycoléthylidénique formée par cette
( 290 )
liydralalion. Celle idée a cours depuis longlemps, el je
crois qu'elle esl encore sulTisamment en honneur dans les
traités classiques pour motiver les quelques remarques que
je vais faire à ce sujet.
En comparant l'hydrate de chloral
CCP.CH<gj}
au produit hypothétique
CH^CH<2[},
on n'a pas tenu suffisamment compte d'un fait qui a
cependant joué un grand rôle dans l'histoire de la chimie
moderne; je veux parler de la dissociation ,de l'hydrate de
chloral. Pratiquement, ce phénomène n'a pas d'influence
sur la stahilité de ce dernier produit, même à la tempéra-
ture de l'ébuUition, attendu que le chloral anhydre et l'eau
ont des points d'ébullition très rapprochés. Les condi-
tions sont toutes différentes en ce qui concerne l'hydrate
d'aldéhyde
CH\CH<^J|;
si, par analogie avec le chloral, on admet la dissociation de
sa vapeur, son instabilité s'expliquera tout naturellement
par la grande tension de la vapeur de l'aldéhyde et par le
grand écart qui existe entre son point d'ébullition et celui
de l'eau.
L'analogie n'est donc pas possible entre les hydrates de
chloral et d'aldéhyde acétique, et la valeur de l'idée dualis-
tique que l'on a émise demande à être examinée parj
d'autres moyens. Au lieu de considérer les glycols éthyli-
déniques, nous pouvons porter nos observations sur leurs
( 291 )
éllicrs simples (acélals); rhydrogèiio alcooli<|ue s'y trouve
remplacé par un radical de même signe el possédant même
un caractère posilir|)lns prononcé.
Préparation du climéthylacétat. — Première opération :
Aldéhyde (Kb. 21") .... ii2 grammes
Alcool mélhylique .... 52 —
le mélange s'échauire fortement; le lendemain, sans avoir
chauffé, j'ai ajouté du chlorure de calcium desséché, el
après vingt-quatre heures, j'ai décanté 40 grammes de
produit n'ayant pas l'odeur d'aldéhyde, qui se réduisent à
51 gr ammes après dossiccalion complète sur CaCl^.
Deu.xième opération :
Aldéhyde (Éb. 21"). , . . 88 grammes.
Alcool mélhylique. ... 128 —
J'ai placé l'alcool dans un ballon entouré d'eau froide et
surmonté d'un serpentin refroidi à l'aide d'un mélange de
sulfate de soude et d'acide chlorhydrique; j'ai introduit
l'aldéhyde par le serpentin (1); le mélange s'échauffe for-
tement sans que le réfrigérant manifeste son utilité. J'ai
séparé, au moyen du chlorure de calcium et après plu-
sieurs décantations, 152 grammes de produit sec.
Distillé dans un appareil Le Bel-Henninger, il passe
entre 62° et 64"; il ne se sépare qu'une très petite quan-
tité de produits inférieurs.
0,1777 grammes de ce produit ont donné à la combus-
(1) Je crois qu'il est important de verser l'alJéhjde dans l'alcool
et lion Talcool dans raldcliyde.
( 292 )
lion 0,1828 grammes d'eau et 0,3460 de CO^, ce qui fail :
Trouvé. Calculé pour CH3.CH<;^|;{|s
C»/„ 55.10 53.55
H°/o . . . . 11.45 lUl
Ce produit a une odeur analogue à celle de l'acélal
élhylique; à l'état pur, il se dissout dans deux à trois
volumes d'eau et ne réduit pas le nitrate d'argent ammo-
niacal; il est sans action sur le zinc-élhyle, à la tempé-
rature ordinaire.
Si l'influence du chlore dans le chloral se manifestait
pour fixer les hydroxyles, on devrait s'attendre à la con-
stater dans le même sens dans les acétals. En ce qui
concerne le dimétliylacétal, l'expérience contredit cette
prévision; la réaction si nette que je viens de décrire et
qui, eu égard aux conditions de l'opération, peut être
considérée comme théorique, ne se fait plus si l'on rem-
place l'aldéhyde par l'aldéhyde Irichlorée. Les essais que
j'ai faits, même en chauff'ant à l'ébullition le mélange de
chloral et d'alcool mélhylique, sont restés sans résultat.
Un autre fait, mais de sens électrochimique contraire,
tend également à prouver que les affinités de l'aldéhyde
sont plus énergiques que celles du chloral dans les réac-
tions d'addition; c'est la combinaison du chlorure d'acélyle
à l'aldéhyde. M. Maxwell Simpson, à qui l'on doit la
découverte de cette réaction, chauffait le mélange à 100",
en matras scellé; cette précaution est superflue, attendu
que, même avec la paraldéhyde, l'addition se fait théori-
quement dès la température ordinaire. Au contraire, la
réaction du chlorure d'acétyle sur le chloral est pénible;
elle est pour ainsi dire nulle à la température ordinaire.
; 2!»5 )
puisque je trouve dans mes notes qu'un mélange de 53
grammes de ( hlurure d'acétvle et de (12 gracnmes de chloral
anhydre, chaulFés pondant une heure au bain-niarie, n'ont
pas donné une quantité de produit d'addition suffisante
pour en apprécier le point d'éhullilion. Ce n'est qu'en
chauffant le mélange en matras scellé, au bain-marie, pen-
dant quatre jours, que je suis arrivé à une combinaison ù
peu près com[)lète.
Dans ces acétochlorhydrates élhylidéniques,
tu . (.11 <,.. vl (.(.l'.t.II < ,
l'observation se trouve en concordance avec l'idée dualis-^
ti(|ue; la consé(juence nécessaire de l'hypothèse émise au
sujet de la stabilité de l'hydrate de chloral était que les
radicaux acides devaient avoir moins de tendance à entrer
en combinaison avec le chloral qu'avec l'aldéhyde ordi-
naire. Mais si l'on voulait voir dans ce fait autre chose
qu'une coïncidence fortuite avec la théorie dualistiijue, on
se verrait forcé d'expliquer le fait absolument opposé de
la synthèse du diméthylacétal. Tout s'explique, au con-
traire, si l'on admet que l'aldéhyde a un pouvoir addi-
tionnel plus énergique que le chloral.
§ II. — Préparation du Itiacctatc d'étliylidéne.
J'ai constaté précédemment (1) que l'acide acétique agit,
très faiblement il est vrai, sur l'éther
(1) Bulletin de la Soc. cliim. de Paris, lomc XLVIil, p. 75 (1887).
c lu )
produil par l'addilion du chlorure d'acélyle à l'aldéhyde
bichlorée. La réaclion s'éfl'eclue suivant l'équation :
(:iicr-.CH<^p^'^.
CtP.COOH-=CHCl-.CIl
OC-H'O
IICl.
Elle ne se l'ait pas avec l'élher lélrachloré correspon-
dant dérivé du chloral
cci\cii<J;, "'
au contraire, elle est facile avec l'éther monochloré
.OC-H''0
CH^CH<
Cl
et donne un procédé avantageux pour la préparation du
biacéiate d'élhylidène.
60 grammes d'élher acétique monochloré a ont été
chauffés pendant quelques heures avec 51 grammes
d'acide acétique; il se dégage beaucoup d'acide chlorhy-
drique; en distillant directement on recueille 40 grammes
de 130"- 160° et 21 grammes de 160°-170^
On peut remplacer l'élher de Simpson par le chlorure
d'acélyle et la paraldéhyde à molécules égales. Le mélange
de ces deux corps avec l'acide acétique se refroidit d'abord
(dépolymérisalion de la paraldéhyde), puis s'échauffe en
dégageant très peu d'acide chlorhydrique (formation d'acé-
tochlorhydrine éthylidénique) ; enfin, si l'on vient à chauffer,
l'acide chlorhydrique se dégage en abondance (formation
du biacéiate).
Dans une opération où j'ai employé 95 grammes de
paraldéhyde, 180 grammes de chlorure d'acélyle (au lieu
de 166) et 120 grammes d'acide acétique, j'ai obtenu
d'abord 151 grammes de biacéiate d'élhylidène distillant
( 295 )
enlrc 1(30" et 170"; les lèlcs chauffées de nouveau oui
douiié encore 59 grammes entre les mêmes limiles, puis,
en cliauffanl de nouveau les résidus, successivement
24 grammes et 1-4 grammes. Les résidus réunis ù ceux
d'autres opérations donnent encore du biacétate lorsqu'on
les chauffe avec du chlorure d'acélyle.
Le sodium agit lentement à Iroid sur le i)iacétate d'élhy-
lidène, la réaction est vive à 100"; il se forme beaucoup
d'acétate de soude qui em|)èche l'attaque complète du
métal. Les produits, en faible quantité, paraissent très
complexes. L'espoir d'arriver à une substitution nette
m'avait fait essayer cette réaction, et cet insuccès m'en-
gage à abandonner ce travail, de ce côté du moins. J'ai
cru cependant que la préparation du biacétate d'éthyli-
dène était suffisamment intéressante pour mériler une
mention spéciale. La réaction qui lui sert de base rap-
proche, en effet, le groupement — CHCI — de l'acéto-
chlorhydrique, du même groupement de l'éther bichloré.
Bruxelles, laboratoire privé.
Sur les déformations que font naître, dans un hémisphère
creux métallique, le choc et la pression d'un corps dur
(note préliminaire); par H. Schoentjes, chargé de cours
à l'Université de Gand.
L'exposé succinct des considérations qui m'ont conduit
à taire ce travail peut présenter, me semble-t-il, un cer-
tain intérêt.
J'ai été invité dans le courant de 1888, à m'occuper,
dans l'intérêt d'un service public, de la solution d'une
question qui se ramène, au fond, à la suivante :
( 296 )
Étant donné un hémisphère creux en laiton, embouti au
marteau, de 0,S de millimètre d'épaisseur, peut-on le rem-
placer par un hémisphère creux en bronze d'aluminium
à 10 °/o, d'épaisseur moindre, et déformable au même degré
par le choc; quelle est cette épaisseur rainima ?
Il s'agissait de remplacer l'appareil en laiton par un
autre moins lourd et aussi résistant. Le bronze d'alumi-
nium à 10 7o semblait, a priori, réunir les conditions
requises, à cause de son poids spécifique plus faible et de
sa rigidité bien connue.
L'expérience permettait seule de résoudre le problème.
Il fallait produire des déformations dans l'hémisphère
en laiton; produire, dans des conditions identiques, des
déformations dans des hémisphères en bronze d'épaisseur
moindre, et adopter l'appareil en bronze qui, sous une
épaisseur plus petite, aurait subi une déformation de
même importance ou d'importance moindre que l'hémi-
sphère en laiton.
Je me suis procuré une tôle de laiton de 0,5 de milli-
mètre d'épaisseur et quelques tôles de bronze d'aluminium
laminées à diverses épaisseurs. J'ai fait emboutir ces tôles
au marteau, par le même ouvrier, de façon à en former
une série d'hémisphères de 20 centimètres de diamètre.
L'épaisseur moyenne de chaque hémisphère était déduite
de son poids, de sa surface, et de son poids spécifique.
J'ai appliqué ces objets successivement par leur base
sur une planche horizontale et, à l'aide d'un appareil à
déclanchement que je crois inutile de décrire, j'ai laissé
tomber d'une même hauteur, sur le sommet des différents
hémisphères, une boule en fer de 6 centimètres de dia-
mètre et pesant 860 grammes.
Le choc se produisait ainsi d'une façon symétrique au
I
( ^297 )
point de vue des corps en conlacl, et les résullals des
expériences élaienl comparables.
La boule en fer, en choquanl les liémisplières, y pro-
duisait des délormations dont il s'agissait d'évaluer l'im-
porliince relative. Dans plusieurs cas, l'aspect seul des
cavités suftisait pour établir la comparaison ; dans d'autres,
il y avait doute. Pour lever la diiriculié, et prolitant de
cette circonstance que les bords de la délormalion sont
sensiblement dans un même plan, j'ai rempli les cavités
avec un mélange de cire et de paraffine fondues. Lorsque le
mélange était figé, j'ai enlevé l'excès avec le tranchant
d'un couteau passant sur les bords de la déformation. Le
poids du mélange contenu dans la cavité permettait de
conclure.
Telle est, en principe, la marche suivie pour résoudre
le problème posé; quant à la solution même, elle ne pré-
sente aucun intérêt au point de vue de cette note.
Pendant que je m'occupais de ces essais, mon attention
a été attirée sur la forme inattendue des cavités produites
par le choc. Comme cela arrive fréquemment dans les tra-
vaux de laboratoire, ces expériences, entreprises dans un
but industriel, m'ont conduit à en entreprendre d'autres
dans un but scientifique.
Si l'on soumet un hémisphère creux métallique, de
faible épaisseur, à un choc ou à une pression, à l'aide de
corps qui l'attaquent ou qui le |)ressent suivant des sur-
faces géométriques régulières, les déformations sont ordi-
nairement d'une régularité remarquable, quand les chocs
ou les pressions se produisent au sommet et suivant l'axe
de l'hémisphère.
Ces déformations consistent en un système de plis for-
mant une sorte de pyramide ou de tronc de pyramide
symétrique dans tous ses éléments.
( 298 )
Je me suis proposé de délerminer quelques-unes des
lois qui régissent la production de ces déformations
bizarres et inattendues. J'ai l'intention de soumettre plus
tard à l'Académie un travail plus complet sur mon mode
d'opérer, sur les appareils dont je me sers, et les résultats
de mes recherches. Je me borne aujourd'hui à lui com-
muniquer des exemplaires de quelques déformations obte-
nues, et à lui signaler quelques résultats.
J'ai renoncé aux hémisphères travaillés au marteau, car
ils sont peu uniformes au point de vue de l'épaisseur, de
la dureté et de la densité. Les hémisphères, annexes de la
présente note, sont tirés de tôles de laiton de 0,4 de mil-
limètre environ; leur diamètre est de 15 centimètres. Ils
sont repousses au tour sur un mandrin en cuivre; par
conséquent leur densité, leur, dureté, leur épaisseur sont
uniformes suivant un même parallèle; Ces éléments varient
très probablement dans le sens des méridiens; la dureté
et la densité allant en croissant, et l'épaisseur en dimi-
nuant, du sommet vers le bord.
Les hémisphères reposent par leur base sur un bloc en
bois présentant une rainure circulaire qui épouse le con-
tour de la base; celle-ci ne peut donc pas se déformer par
le choc ou par la pression. L'air contenu sous l'hémisphère
pouvait s'échapper librement.
Les exemplaires annexés à cette note, au nombre de
dix, ont été déformés de la manière suivante ;
Un corps travaillé de façon à présenter une surface
sphérique ou une surlace plane à contour régulier, était
posé sur le sommet de l'hémisphère par la surface dont il
s'agit. Un marteau, convenablement guidé, tombait sur le
corps et celui-ci, transmettant le choc à l'hémisphère, y
faisait naître la déformation.
( 299 )
Hémis((hère I (lig. 1). La déformalion résulte du choc
d'une sphère de 3 cenlimèlrcsde diamètre; elle présente
l'aspect d'une pyramide triangulaire à laces latérales
courheset convexes. Les sommets de la hase sont distants
de 80 millimètres environ; ils déterminent un triangle sen-
sihlement équilatéral. Les côtésdu triangle sont formés de
plis arrondis. Il m'a |)aru intéressant de mettre en évi-
dence la ligne culminante de la surface des plis formant
la base; à cet effet, j'ai raclé la surface avec le hord recti-
ligne d'un couteau, en le faisant passer simultanément sur
deux côtés de la base. On obtient ainsi une ligne brillante,
représentée en a b c sur la figure. Des lignes semblables
ont été tracées sur les autres exemplaires.
La déformation étant orientée d'une façon convenable
par rapport à la lumière du jour, et le métal étant rendu
brillant, on voit se dessiner sur la surface de la cavité une
figure rappelant une feuille de trèfle, l'axe de chacune des
feuilles composantes coïncidant avec un des plis latéraux.
Le point le plus bas de la cavité est à 25 millimètres au-
dessous de la position primitive du sommet.
Il résulte des expériences faites jusqu'ici que la forme
triangulaire est la forme normale des déformations pro-
duites par le choc d'une sphère. Les sphères choquantes
dont je me suis servi ont respectivement J, 2, 5, 4 centi-
mètres de diamètre. Les chocs ont été plus ou moins éner-
giques; dans certains cas, ils ont été répétés sur le même
hémisphère. Sur quinze hémisphères soumis aux essais,
quatorze présentent une déformation triangulaire, le quin-
zième porte une cavité quadrangulaire dont la base est
peu régulière. D'après ce qui suit, il est probable que des
chocs répétés transformeraient la cavité quadrangulaire en
une autre à base triangulaire.
( 300 )
Ayant remarqué que le choc produit par un corps de
forme quelconque, un simple coup de marteau, par exemple,
fait naître des déformations à plis latéraux, je me suis
demandé s'il ne serait pas possible de provoquer la forma-
tion de ces plis suivant des méridiens déterminés.
Les hémisphères II, 111, IV, V (figures 2, 3, 4, 5) se
rapportent à des essais de ce genre.
Hémisphère II (fig. 2). Le corps choquant est un
morceau de fer travaillé de façon à présenter comme sur-
face d'attaque un triangle équilatéral dont le côté a
10 millimètres de longueur. La déformation est un tronc
de pyramide triangulaire à faces latérales courbes. Les
côtés de la grande base sont sensiblement égaux et ont
une longueur de 80 millimètres. Les trois plis latéraux
parlent des trois sommets du triangle choquant. Le sommet
est descendu de 30 millimètres environ. L'hémisphère a
été soumis à trois chocs successifs. Les trois lignes culmi-
nantes successives sont visibles sur l'exemplaire, et
indiquées sur la figure. Les reflets de la lumière produisent
le long des plis l'aspect de la feuille de trèfle.
Hémisphère III (fig. 5). Le corps choquant est en fer;
la face qui a produit la déformation est un carré de
50 millimètres de côté. Quatre plis latéraux partent des
sommets du carré de la face choquante, dont l'empreinte
est au fond de la cavité. La déformation a la-forme d'un
tronc de pyramide à base carrée. Les sommcls de la grande
base forment une figure carrée dont les côtés ont environ
70 millimètres de longueur.
La dislance du fond de la cavité au sommet de l'hémi-
sphère est de 54 millimètres.
Hémisphères IV et V (fig. 4 et 5). Les déformations sont
respectivement penlagonales et hexagonales; les plis lalé-
( 3(M )
rnnx pnrlcnt (1rs sommels dos surfaces clioqnanles, ({iii
sont respcclivcincnt un jXMilagone de 25 niillimùlres, et
un hexagone de 18 millimètres de côté.
Le côté de la grande base pentagonalc a 55 millimètres,
celui de la grande base hexagonale a 57 millimètres.
Dans le premier cas, le fond de la cavité est à 27 milli-
mètres, et dans le second, à 23 millimètres sous le sommet.
Pour les hémisphères II, III, iV, les sommets des faces
cliO(juanles déterminent la position des plis latéraux de la
déformation. Cette loi s'est toujours vérifiée dans le cas
d'une face choquante triangulaire, quelle que fût la gran-
deur du choc, (jiie le choc fût répété ou non sur le même
hémisphère; j'ai opéré sur quinze hémisphères, el je me
suis servi de triangles choquants dont les côtés avaient
iO, 50, 25, 20, 15, 10 millimètres de longueur.
Mais la loi n'est vraie pour les autres faces choquantes,
que pour autant que la face soit assez grande, que la
déformation ne soit pas trop considérable ou que les chocs
ne soient pas répétés sur le même hémisphère.
Dans le cas où la surface choquante est peti'e et le choc
faible, le nombre de plis latéraux est égal au nombre de
sommets de la ligure qui produit le choc; mais, si le choc
est énergi(]ue, ou s'il est répété un certain nombre de
fois, la figure tend à se simplifier : des arêtes font défaut
dès le premier choc, ou bien, si leur nombre est complet
d'abord, une ou plusieurs des arêtes s'effacent ou tendent
à s'effacer lorsque le choc se reproduit.
La simplification de la figure sous l'effet de chocs répétés
se reproduit d'autant plus facilement que la figure primi-
tive et complète est plus irrégulière.
Voici quelques exemples de ces anomalies :
Hémisphère VI (fig. 6). Le petit carré choquant dont
S*"* SÉRIE, TOME XX. 20
( 502 )
l'empreinle se voit au lond de la cavité avait produit au
premier choc une figure quadrilatère très irrégulière. Un
deuxième choc a (ait disparaître le pli A, et la base de la
déformnlion est devenue triangulaire, le triangle étant
régulier.
Hémisphère VII (fig. 7). Le choc d'un petit pentagone a
produit d'emblée une délormalion quadrangulaire. L'une
des arêtes est plus longue que les trois autres.
Hémisphère VJll (fig. 8). La déformation produite par
une lace choquante hexagonale était d'abord hexagonale;
un deuxième choc l'a transformée en une cavité quadri-
latère, deux arêtes A et B s'étanl eflacées et ne contii-
buant plus à la formation de la grande base.
J'ai opéré aussi sur des cylindres choquants, à base
circulaire, dont les diamètres sont de 55, 50, 2o, J9 et
14 millimètres.
En général, la déformation est quadrangulaire; quatre
plis latéraux se raccordent entre eux au fond de la cavité,
suivant des lignes tangentes à l'empreinte circulaire de la
face choquante du cylindre.
L'hémisphère IX (fig. 9) offre un exemple de celle
déformation.
Dans le cas de petites surfaces choquâmes circulaires,
la déformation est souvent triangulaire. Dans le cas de
chocs répétés avec des faces relalivemenl grandes, une
déformation primitivement quadrilatère peut devenir tri-
angulaire; tel est le cas de l'hémisphère X (fig. 10). Un
premier choc avail produit une déformation quadrilatère
peu régulière; sous l'effet d'un deuxième choc, l'une des
arêtes A s'est effacée partiellement, et la forme générale
de la cavité est devenue triangulaire.
Je me propose d'examiner dans mes recherches ulté-
( ."505 )
rieures les effets dus à des pressions croissantes produites
(inr rintcimédiaire des surfaces qui ont déterminé les
dél'ormations par clioc. Je provoquerai aussi des déforma-
tions à l'aide de chocs peu réguliers, tels (jue des coups de
marteau donnés à la main.
Je me propose aussi d'étudier les déformations produites
par le cIjoc et la pression dans le cas où le corps agit sur
l'hémisphère par un certain nombre de petites surfaces
disposées suivant des figures régulières.
Enfin, je compte m'occuper des pressions et des chocs
produits parallèlement à l'axe de l'hémisphère en des
points autres que le sommet.
héduclion des nitrates par la lumière solaire-
par Emile Laurent.
L'influence de la lumière sur les matières organiques
a été l'ohjel d observations très anciennes. On en doit
l'étude méthodique à M. Duclaux (1), qui a soumis à la
radiation solaire un grand nombre de substances hydro-
carbonées. Ce savant a montré que toutes les réactions que
|ieut produire la chaleur peuvent aussi être provoquées
par la lumière. L'inverse n'est pas vrai, et il y a beaucoup
(le phénomènes d'oxydation et de réduction que la lumière
semble seule capable de déterminer.
Dans ces réactions, qui se résument toutes en une
dislocation de la molécule primitive du composé orga-
(I) E. DccLAUX, Action de la lumière solaire sur les substances
hydrocarbonces. Annales de l'InstiliU ayronomique du Paris, t. X,
1886.
( 304 )
nique, il se produit un certain nonobre de corps tels que
les acides carbonique, oxalique, lormique, acétique, buty-
rique el valérianique, l'alcool élbylique et les aldéhydes
mélhylique el élbylique.
Coïncidence remarquable, qui a élé bien comprise par
M. Duclaux, tous ces corps résiduaires sont aussi les pro-
duits les plus communs de l'action des microbes. Leur
formation dans des phénomènes aussi différents est donc
en relation avec la stabilité de leur molécule, plutôt
qu'avec la nature de l'agent qui les produit.
Il est intéressant de voir de simples actions chimiques,
provoquées par la lumière, donner lieu à la formation de
corps que nous sommes habitués à considérer comme des
produits de l'activité des microbes.
Ce ne sont pas seulement les substances organiques
qui peuvent être décomposées par la radiation solaire. Les
acides et les sels inorganiques subissent des modifications
du même ordre bien connues des chimistes. C'est ainsi
que l'acide nitrique pur se réduit sous l'inlluence du rayon
solaire avec production de peroxyde d'azote, et se colore
d'autant plus qu'il était plus concentré.
J'ai observé qu'il en était de même pour les nitrates :
sous l'influence de la lumière, ils sont réduits en nilriles.
On avait longtemps considéré ce phénomène comme par-
ticulier à quelques bactéries. Eu 1885, j'ai indiqué que les
plantes supérieures (graines en germination el tubercules)
jouissent de la même propriété. Depuis lors, j'ai constaté
qu'il en est de même pour des moisissures et pour des
Levures (1). Nous voici de nouveau en présence d'un
(1) Voir ma noie Sur la réduction des Jiilrutes parles Levures et
les 7noisissures dans ce Dullelin.
( 3U5 )
phénomène que l'on allrihuail exclusivemenl aux microbes
sons l'inflnencc (Fiin simple préjugé el qui, cependjnl, e>t
liés général dans la nature.
La sensibilité des solutions de nitrates vis-à-vis de la
lumière est très grande.
Au mois d'aoùl J887, j'avais (Xposé au soleil, dans une
serre, quatre tubes à essai, dont deux contenaient 10 cen-
limèlres cubes de nitrate de potassium à 5 7o, el les deux
autres du nitrate de sodium à la même concentration. En
njème temps, je mettais deux tubes témoins sous «me
cloche noire. Tous les tubes avaient élé au préalable
stérilisés afin d'éviter l'action des bactéries. La radiation
solaire était très vive; à l'intérieur des tubes, la tempé-
rature ne fut jamais supérieure à 59'.
Après deux heures d'insolation, je fus surpris de con-
stater dans les tubes insolés une réaction très nette des
nilrites, tandis que les tubes à l'obscurité n'en donnaient
pas de trace. Les nitrites étaient caractérisés au moyen du
réactif de Griess (aciJe sulfanilique, acide chlorhydrique
el chlorure de naphtylamine). C'est un réactif d'une
sensibilité extrême.
Il n'est même pas nécessaire de soumettre les solutions
nitriques à l'action directe des rayons solaires. Des Itibes
avec nitrates en solution furent placés sur une fenêtre
exposée au nord ; ils ne recevaient que de la lumière
diffuse. Néanmoins, après six heures, ils donnaient une
réaction nitrense assez marquée.
Ces expériences ont élé reprises et complétées pendant
l'été de l'année 1<S89, qui, à Paris, a élé extrêmement favo-
rable aux essais de cette nature.
Le 13 juin, j'exposais au soleil trois tubes à essai; l'un
( 306 )
renfermait du nitrate de potassium à i "/«i un autre du
nitrate de sodium, et le troisième du nitrate de calcium à
la même concentration. A côté, je plaçais trois tubes avec
les mêmes solutions, sauf cette dilférence que les rayons
solaires devaient traverser pour les atteindre une couche
de sulfate de quinine de 3 centimètres d'épaisseur. Il y
avait aussi trois tubes avec nitrates sous une coucbe d'eau
distillée de même épaisseur, et trois autres tubes sous
une cloche noire. Enfin, un treizième tube bien bouché
renfermait 1 gramme de nitrate de potassium desséché au
préalable à 170°.
L'expérience avait été commencée à midi, par un soleil
radieux et un ciel sans nuage. A 4 heures, les trois
tubes exposés directement au soleil et les. tubes sous la
couche d'eau distillée donnaient la réaction des nitrites de
la manière la plus netle. Par contre, les tubes à obscu-
rité n'en contenaient point de traces. Quant aux tubes
sous le sulfate de quinine, ils ont donné une réaction
extrêmement faible, ce que j'attribue à ce que le sulfate
de quinine n'intercepte pas complètement les rayons chi-
miques. Dans ces derniers tubes, laissés en expérience
jtjsqu'au 16 juin, la proportion de nitrite n'a pas aug-
menté sensiblement, bien que le soleil ait été très ardent
pendant les journées du 14 et du 15.
Le nitrate sec, exposé au soleil, avait aussi subi l'action
réductrice : dissous dans l'eau, il donnait une faible réac-
tion nitreuse.
Depuis les expériences de Niepce de Saint-Victor, on
sait que certaines substances, — l'acide pyrogallique et le
papier sont du nombre, — impressionnées par la lumière,
permettent la réduction d'un sel d'argent, ajouté ultérieu-
( '^^7 )
roment dans l'obscurilé. Il n'en esl pas ainsi pour les
nitrates : ils doivent être exposés directement ù la lumière.
Dans deux tubes secs exposés pendant trois heures à
un soleil intense, j'ai introduit quelques centimètres cubes
de nitrate de potassium en sohilion à 1 °l„. Je n'ai constaté
par la suite aucune réaction de nitrite. On ne réussit pas
mieux si l'on introduit dans les tubes insolés de l'eau
distillée ou une substance organique, comme la peptone.
Une solution de nitrate que l'on y ajoute après cinq ou six
heures d'insolation ne subit aucune modification.
La réduction des nitrates par la lumière esl indépen-
dante de la présence de l'oxygène. Dans un tube à essai
qui contenait une solution de nitrate, j'ai fait le vide avec la
pompe à mercure. La production de nitrite a été aussi
active qu'au contact de l'air.
L'action de la lumière sur les nitrates ne paraît pas
s'arrêter à la production des nitrites. Une solution de
nitrite de potassium à 1 pour 100,000, exposée à la lumière
directe pendant trois heures d'été, donna une réaction
visiblement plus faible que la même solution placée à
l'obscurité ou sous la solution de sulfate de quinine.
Selon les groupements moléculaires sur lesquels elle
exerce son action, la lumière esl un agent d'oxydation
aussi bien qu'un agent de réduction. Ainsi, du papier
imprégné d'une solution de gaïac bleuit au soleil, et le
même papier, plongé d'abord dans un bain d'eau de chlore
et devenu bleu, se décolore après quelques heures d'inso-
lation i\).
(I) J. Herschel, Philos. Transacl., 1842, et E. Bbcquerel, De la
lumière, t. II, p. 98.
( 508 )
On pourrait donc supposer que la lumière soil capable
(le déterminer la nilrilication des sels ammoniacaux. A
plusieurs reprises, en 1887 el en 1889, j'ai exposé au
soleil des solutions de sulfate el de chlorure d'ammoniaque.
Mais jamais, même après dix jours d'insolation intense, il
n'y a eu production de traces de nitrate. Les rayons
solaires détruisent donc les nitrates, mais ne peuvent
provoquer la production de ces sels aux déj)ens des sub-
stances ammoniacales.
L'action réductrice du soleil sur les nitrates peut assu-
rément s'exercer sur le nitrate d'ammoniaque produit
dans l'atmosphère par les actions électriques et qui s'y
trouve en sus[)ension à l'étal de particules. D'autre part,
les couches superticielles du sol sont celles où la nilrihca-
tion est la plus active. Dans nos champs cultivés, à
l'époque des labours el des semailles, de petites quantités
de nitrates doivent être modiliées par les rayons solaires.
Enfin, la sève des plantes renferme souvent des nitrates
qui parviennent dans les feuilles el s'y trouvent exposés
à l'influence de la radiation. Qui sait si ces sels n'y sont
pas l'objet de phénomènes réducteurs?
D'après ce que nous savons sur la composition des
substances organiques azotées les plus fréquentes dans les
végétaux, on peut supposer que les nitrates sont réduits
et transformés en combinaisons ammoniacales avant d'être
assimilés par le protoplasme. Chez les Champignons et les
Bactéries, la lumière est certainement étrangère à ce phé-
nomène, mais il ne serait pas impossible qu'il en fût tout
autrement chez les plantes supérieures à chlorophylle.
( 509 )
Sur la réduction des nitrates par la Levure de bière et par
quelques moisissures; [)ai Kmile Laiiienl.
Dans une note publiée en 188i dans le liulletin de
l'Acadéniie, iM. Jorissen annonçait que les graines ren-
ferment normalement des bactéries et que ce sont ces
microbes qui sécrètent la diastase au moment de la ger-
mination. Il contestait, en outre, le pouvoir réducteur des
graines vis-à-vis des nitrates.
Aucune expérience directe faite par iM. Jorissen ne
parait avoir servi de base à ces bypotbèses. Elles n'ont eu
d'autre point de départ que l'observation suivante, due à
M. Jorissen : dans un milieu qui renferme de l'acide
cyanbydrique, ni la germination des graines, ni la réduc-
tion des nitrates n'ont lieu. L'embryon n'est pas détruit
et il peut se développer dès que les conditions de milieu
redeviennent favorables.
Au lieu de voir dans ce fait un exemple de l'action
analogue des substances paralysantes ou toxiques sur les
plantes supérieures et sur les microbes, M. Jorissen en a
conclu qu'il y avait, dans les graines, des bactéries char-
gées de sécréter la diastase. Quant à la réduction des
nitrates, ces mêmes bactéries n'en devaient pas être
capables, car M. Jorissen en niait la possibilité pour les
graines soustraites à l'action des microbes extérieurs.
Ces diverses assertions m'avaient paru exagérées, et je
consacrai une partie de l'biver de 1884 à les vérifier par
l'expérience. Les résultats de mes recherches sur ce sujet
furent soumis à l'Académie en juin 1885. ils étaient abso-
( 3iU )
lumenl opposés à ceux de M. Jorissen : les graines el les
tubercules que j'avais étudiés ne renferment pas de bac-
téries à l'étal normal; les graines d'Orge et de Maïs en
germination peuvent réduire les nitrates.
Quelque temps après, M. Jorissen (1) émettait l'avis que
j'avais tort de ne pas accorder grand crédit aux travaux
de M. Béchamp, de M. Marcano et de Wigand sur l'exis-
tence des bactéries intracellulaires. Il invoquait {loc. cit.,
p. 591) l'opinion de M. Traube et de M. Pfeffer pour pré-
tendre que les bactéries sont les seuls organismes qui
possèdent le pouvoir de réduire les nitrates dans les
liquides de culture.
De plus, M, Jorissen a fait deux essais dont j'admets
volontiers l'importance. 11 a siérilisé cinquante graines
d'orge par l'immersion dans le sublimé, les a lavées à l'eau
distillée bouillie, puis les a introduites dans un petit ballon
siérilisé avec 50 centimètres cubes d'une solution de
salpêtre à 1 °/o. Celle-ci avait été au préalable bouillie
pour la rendre stérile. M. Jorissen fermait ensuite le ballon
au moyen d'un tampon d'ouate et exposait le tout à une
température de 15 à 18°. Après vingt-quatre heures, il a
constaté que le liquide était parfaitement limpide, que
l'empois d'amidon ioduré ne le colorait pas en bleu après
acidulation et qu'il ne jaunissait pas avec le métadiami-
dobenzol. Il ne contenait donc pas de nilrite, et cepen-
dant les graines n'avaient pas perdu leur faculté de
germer.
L'auleur s'abstient de spécifier si les graines d'Orge
(I) Bttll. de l'Acad. royale de Belgique, 5* série, t. X, p. 583, 1885.
( 3ii )
élaienl en germinnlion au moinenl où il les a mises en
expérience. C'est cependant un point très importani,
puisque l'activité physiologique des graines se manifeste
surtout pendant la germination.
J'aurais voulu également que M. Jorissen eût répété la
recherche de nitrile après deux, trois, quatre ou ciuij jours,
lorsque précisément la germination des graines est assez
avancée. Mais j'ai la conviction que M. Jorissen en aura
été empêché par l'apparition des bactéries dans son ballon
en expérience. Il est, en effet, presque impossible de mani-
puler cinquante graines dans l'air sans les exposer à être
contaminées par quelque germe de microbes. J'en sais
(]uelque chose, malgré l'habitude que j'ai aujourd'hui des
iiavaux microbiques.
Je suis non seulement incrédule à ce sujet : j'estime
qu'une simple ébullition pourrait bien ne pas stériliser
une solution de salpêtre.
L'expérience de M. Jorissen avec la l^evure de bière n'est
pas non plus bien probante. Du moût de bière, qu'il a pré-
paré avec une solution de nitrate de potassium, a été
ensemencé avec 1 ou 2 grammes de levure sèche, bien
saine. La présence d'acide nilreux n'a pas été observée.
Cette expérience est-elle péremptoire? J'en doute, et
voici mes raisons : La levure sèche, telle qu'on la trouve
dans le commerce, n'est pas pure, mais renferme toujours
(les bactéries capables de détruire les nitrates. Ce phéno-
mène n'a pas été réalisé à cause de la prédominance de la
Levure. Et si celle-ci n'a pas réduit les nitrates à la lin de
la fermentation, il est permis de supposer que c'est un
elfet de la fermentation alcoolique elle-même. En effet, la
Levure emprunte son oxygène au sucre avec une si grande
( 51-^ )
lacilité qu'il sérail élonnant qu'elle réduisît les nitrates
aussi longtemps qu'elle a du sucre à sa disposition. Je
démontrerai |)lus loin que cette supposition est parfaite-
ment conforme aux faits.
M. Jorissen, à la (in de son mémoire, annonçait qu'il
communiquerait bientôt des faits nouveaux à l'Académie.
Je les ai attendus depuis quatre ans, car j'aurais préféré
discuter en une fois tous les arguments de mon honorable
contradicteur.
Comme en 1885, j'alFirme que les graines de Maïs,
d'Orge, de Froment, les tubercules de Pomme de terre, de
Carotte, de Betterave, les tiges de Cactées ne renferment
pas de bactéries. Les résultats que j'avais obtenus ont été
confirmés [)ar des expérimentateurs habitués aux études
niicrobiques.
M. Fernbach [i) a fait des centaines d'essais de culture
avec des fragments pris à l'intérieur de tomates, de navets,
de carottes, de betteraves et de pommes de terre. J'ai eu
l'occasion d'être témoin de ces expériences exécutées avec
les soins les plus minutieux. Les morceaux de tissus, enle-
vés au moyen d'un emporte-pièce stérilisé, étaient intro-
duits dans du bouillon de veau ou dans de l'eau de navet
sucrée, milieux très favorables au plus grand nombre de
microbes. Sur cinq cent cinquante-cinq essais faits par
M. Fernbach, trente-cinq seulement ont été fertiles. Cent
tubes qui renfermaient des morceaux de pomme de terre
sont restés stériles. Les cas d'altération s'expliquent par
les chances d'infection qui résultent de la manipulation
(1) Annales de l'Institut Pasteur, t. II, p. 567, 1888.
f
( ">I3 )
(les vases de cullure el par la section au contacl de l'air
des cylindrrs pris dans 1rs luberciilfs. L'auleiir suppose
que des germes peuvent accidenlellemenl être introduits
à l'intérieur des plantes par de petits animaux.
. M. di Veslea (1) el MM. J. Granclier et K. Deschamps (2)
sont arrivés aux mêmes résultats en opérant sur des
légumes tuberculeux, des nervures de Laitue et des tiges
d'Asperge. Pour augmenter les chances d'infection, ces
végétaux furent arrosés avec des liquides très riches en
microbes.
De mon côté, j'ai fait en 1889 quelques nouveaux essais
sur des graines de Maïs et d'Orge en germination. Elles
avaient été stérilisées par un séjour de quinze minutes dans
un bain de bichlorure de mercure à \ 7oo> P"is lavées à
l'eau stérilisée par le chauffage à 120°. Ces graines furent
ensuite introduites avec précaution dans de larges tubes
à essai qui contenaient un peu d'eau stérilisée. Lorsque la
ligelle eut atteint 1 centimètre, les graines furent coupées
en deux au moyen d'un scalpel tlambé. J'y versai de la
gélatine nutritive ou du bouillon, sans constater par la
suite de traces de développement de bactéries (3).
Le seul exemple de microbes non verts (4) en symbiose
dans les cellules des plantes supérieures, et qui soil bien
(1) Annales de l'Inslilut Pasteur, t. II, p. 070, t888.
(■2) Archives de médecine cxpcrim. et d'anatumie palhol., i" série,
t. I, p. 53, J889.
(3) Voir ma noie Sur l'absence de bactéries dans les vaisseaux des
/liantes (Bullclin de rAcadcmie, avril 1890).
{i) On connaît des algues inférieures qui vivent dans les tissus de
végétaux plus élevés (Cycadécs, Gunncra, Azolla, etc.).
( 31i )
démontré, est relatif aux nodosités radicales des Légumi-
neuses (1).
Le cas des nodosités des Légumineuses n'est probable-
ment pas isolé parmi les végétaux, mais ce serait une exagé-
ration injustifiable que de généraliser en cette circonstance,
selon i'babitude trop fréquente de certains biologistes.
Bien que les graines et les tubercules que j'ai étudiés
en 1885 ne renferment pas de bactéries, ils n'en sont pas
moins capables de réduire les nitrates. Il suffit de répéter
les essais que j'avais indiqués, il y a cinq ans, pour se
rendre à l'évidence. Une douzaine de graines de Mais, de
Pois ou d'Orge, ou des morceaux de Pomme de terre
placés au fond d'un tube à essai, sous une couche assez
épaisse d'une solution de nitrate de potassium, donnent,
après quelques heures, une réaction des nitrites assez
marquée. Je me suis servi, pour les caractériser, de la
naphtylamine en présence d'acide sulfanilique et d'une
goutte d'acide chlorhydrique.
Aujourd'hui, comme en 1885, la réduction des nitrates
me paraît être, ainsi que la fermentation alcoolique, une
propriété commune à certains microbes et aux cellules de
plantes supérieures, lorsque la vie se fait dans un milieu
privé d'oxygène.
Ce serait une erreur de supposer que les Levures et les
moisissures soient incapables de réduire les nitrates.
Lorsqu'on fait fermenter des moûts très riches en sucre,
additionnés d'un nitrate, on ne trouve jamais de traces de
nitrite. Cela s'explique sans difficulté, comme je l'ai dit à
la page oH. Il en est tout autrement lorsqu'on oblige le
(I) Voir ma note Sur les twdosités du Pois (Bulletin de l'Académie,
juin 1890).
( 3IS )
f'ermenl à vivre dans un liquide l'aihlemenl sucré et que la
semence que l'on y introduit est très abondante. Voici le
mélange dans lequel j'ai fait des essais de réduction de
nitrate par la Levure :
Eau iOÛO ce,
Pliosplialc de potassium 5,73 «r.
Sulfate (le magnésium 0,1
Nitrate de sodium 6,07 (i)
Saccharose 2,5
Ce mélange, traité par l'acide sulfanilique et le chlorure
de naplitylamine, ne donnait aucune trace de nitrite après
stérilisation à l'autoclave à 120°. II fut réparti dans des
matras coniques remplis jusqu'au voisinage du goulot.
Celte précaution rendait l'aération du liquide beaucoup
moins facile. Après stérilisation, j'ai introduit dans ces
matras des dépôts de Levures récoltés dans des cultures en
moûts sucrés et absolument privés de bactéries. Les dépôts
avaient d'ailleurs eu pour point de départ des triages
répétés sur gélatine avec moût de bière.
J'ai expérimenté sur les races de levures suivantes :
Levure de bière haute de Bruxelles,
— — basse de Strasbourg,
— basse de via de Champagne,
Mycolevure de M. Duclaux.
Ce dernier organisme est une forme-levure remarquble
par la rapidité de sa croissance et par la propriété de
donner des mycodermes qui, après immersion dans un
liquide sucré, provoquent une fermentation alcoolitjue
active.
Les matras en expérience ont été placés à la tempéra-
(1) Cette quantité fractionnaire correspond à 1 graiinne d'azote
par litre.
k
( 3I« )
lure de 20 à 22". Après deux jours, la réaction des nilriles
était des plus évidentes dans le matras avec la myco-
levure; elle était moins nette avec les trois autres Levures.
Cependant, au bout de huit jours, il n'y avait plus le
moindre doute sur le pouvoir réducteur de ces Levures
vis-à-vis des nitrates.
On vient de le voir, un microbe qui d'habitude n'exerce
pas d'action réductrice sur les nitrates, acquiert cette pro-
priété lorsqu'on le place dans des conditions appropriées.
Aussi faut-il toujours se garder de généralisations préma-
turées lorsqu'on s'occupe de la physiologie des organismes
inférieurs.
En dehors de la propriété de faire fermenter les sucres,
on sait quelles analogies existent entre la vie des Levures
et celle d'un grand nombre de moisissures. Bien que
M. Nâgeli(l) ait affirmé que ces derniers champignons
ne peuvent pas réduire les nitrates, opinion acceptée par
M. Jorissen, je me suis décidé à faire quelques essais de
vérification. J'ai mis en culture à 15-20", dans la solution
nourricière indiquée plus haut :
Cladosponum herbarum avec ses états polymorphes de
Demaiium pullulans et de forme-levure;
Pénicillium glaiicum,
Aspergillus glaucus,
— nigcr,
Allcrnaria temiia,
Botnjtis cinerea,
Mucor racemosus.
Dans les milieux artificiels, ces champignons végètent
avec une vigueur assez inégale. Mais, pour peu que la
culture dure, on constate que certaines espèces possèdent
(1) Untersuch. ûbcr Niedcre Pilze, p. 4S, i88'2.
(317)
ù un degré bien marqué le pouvoir de réduire les nilrales
en nilriles. Tels sont :
Clado.spnrium herbantm et ses étals polymorphes,
Pcnici II in m filuu eu m ,
AUeniariu icniiis,
Miicor racemosHS.
Je n'ai pas constaté d'action réductrice avec les deux
espèces â'Aspergillus et avec le Botrytis cinerea.
D'après l'opinion que j'ai rappelée à la page 514, la
réduction des nitrates coïncide avec l'état de vie anaérobie.
Or, parmi les moisissures qui peuvent faire cette réduc-
tion, il n'y a que le Mucor racemosus qui résiste pendant
un temps assez long à la privation d'oxygène. Mais il n'est
pas nécessaire que toute la plante se trouve dans cet état
pour enlever l'oxygène aux nitrates. Il suffit que des por-
tions du mycélium, comme les filaments développés dans
la profondeur du liquide, soient soustraites à l'action de
l'oxygène pour provoquer des phénomènes de réduction (1).
(1) L'obscrvatiori suivante concorde parfaitement avec cette opi-
nion. Lorsqu'on cultive comparativement le PenicUlhnn rjlaucum dans
une solution minérale avec du sulfate d'ammoniaque, et dans une
autre avec nitrate de sodium, l'aspect du mycélium n'est pas iden-
tique dans les deux cultures, bien que le poids de la récolte soit sen-
siblement le même de part et d'autre. Dans le mélange ammoniacal,
lis filaments mycéliens sont serrés à la surface du liquide et forment
un tissu très lisse à lu face inférieure. Au contraire, dans la solution
nitrique, le mycélium envoie de petites masses filamenteuses dans la
couche liquide sous-jaccnte. Une telle inégalité de développement du
nu'n>c organisme ne peut s'cxpli(jucr que i)ar l'intervention du nitrate
dans les phénomènes respiratoires. (Note ajoutée pendant l'impres-
sion.)
Paris, laboratoire de chimie biologique de la Sorbonne, à f Institut Pasti'ui'.
5""* SÉUIE, TOME XX. "ii
(318)
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 4 aoûl 1890.
M. Stecher, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Tiberghien, vice-directeur ; le
baron Kervyn de Lettenhove, Alph. Waulérs, Aug. Wage-
ner, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin,
T.-J. Lamy, Àug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle,
L. Roersch, L. Vanderkindere, Al. Henné, G Frédérix,
le comte Goblet d'Âlviella, membres; Alph. Rivier, asso-
cié; A Giron, correspondant.
CORRESPONDANCE.
M. Tiberghien, vice-directeur, communique le discours
qu'il a prononcé au nom de la Classe, le 10 juillet dernier,
aux funérailles de M^' A. Van AVeddingen.
La Classe vote des remerciements à M. Tiberghien et
décide l'impression de ce discours dans le Bulletin de la
séance.
Elle confie à M«' Lamy le soin de rédiger, pour VAn-
nuaire de l'Académie, la notice biographique du dél'unt.
C 5(9 )
-- M. le Ministre de rinlérieur et de l'Instruction
publique transmet cinq exemplaires du programme des
concours actuellement ouverts pour le « Prix du Roi i>
Ces concours (exclusivement belges) ont pour objet :
Année 1894: /. meilleur ouvrage mr C architecture el
spécialement sur les constructions récentes en fer et en
verre ;
1895 : l'histoire de la fondation, par les principaux
peuples anciens et modernes, de leurs dépendances d'outre-
mer;
1896 : l'enseignement et la pratique des exercices corpo-
rels dans nos établissements d'instruction publique.
— Le même Ministre envoie :
A. 50 exemplaires du rapport du jury qui a jugé le
premier concours décennal de philologie (période de 1880
a 1 889) ;
B. Pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire
des ouvrages suivants ;
1» Procès-verbaux des séances des conseils provinciaux
session de 1889 ;
2" Rapport sur les travaux de la Commission royale
d histoire en 1889 ;
3° Rapport sur la situation de la bibliothèque royale
durant l'année 1888;
4° Études et notices historiques concernant l'histoire des
Pays-Bas; par Gachard, tomes I-Ilf ;
5° Verslagen en mededeelingen der koninklijke vlaamsche
Académie voor taal- en lelterkunde, 1890, Mei en Juni •
fio Notice sur l'origine et la tenue des anciens registres
d état civil dans la province de Hainaui ; par Th. Dernier •
( 320 )
7» Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de
Liège, lome V, V partie;
8" .4m Vésuve, compte rendu d'une excursion des soirées
populaires de Verviers; par Karl Griin;
9» Klaus Groth in zijn leven en streven als dichter, taal-
kamper, inensch, met reisverhaal en lerugbiik op de dietsche
beweging; par C.-J. Hansen ;
10° Inventaire des chartes des comtes de Namur ; par
Ch. Piol. — Remerciements.
»
— Hommages d'ouvrages.
1° A. La purification selon l'Àvesta et le Gômez; B. Le
culte de la croix avant le christianisme; Ç. Comparaison
de deux traductions d'un chant de l'Avesta a Aveslica liï »,
3 brochures de M. de Harlez, présentées par M. Willems,
avec une note qui figure ci-après;
2° La querelle des investitures dans les diocèses de Liège
et de Cambrai, V" partie. Les réformes grégoriennes, etc.
(1075-1092), par Alfred Gauchie; présenté par M. Lamy,
avec une note qui figure ci-après;
3» A. Deux monnaies frappées en Flandre en ^581 ;
B. Un tiers d'écu inédit de Charles II de Gonzague ; par le
vicomte B. deJonghe;
4° Essai sur le statut du Mont ou « Iloop » d'Haze-
brouck, et sur ses rapports avec l'ancien droit franc; par
H. Hosdey. — Remerciements.
— M. le comte de Franqueville accuse réception de son
diplôme d'aèsocié.
— Le Comité organisateur de la huitième session du
congrès international des Américanistes adresse les circu-
( "'21 )
laires relatives à celle réunion, qui s'ouvrira à Paris le
14 octobre prochain.
— La Société industrielle de Mulhouse envoie le pro-
gramme des prix proposés pour être décernés dans son
assemblée générale de mai 1891.
PRIX BIENNAL DE PHILOLOGIE CLASSIQUE.
Première période (1891-1892).
La Classe des leltres offre un prix de 2,7S0 francs à l'au-
icur du meilleur travail, rédigé en français, en flamand ou
en lalin, en réponse à la question suivante :
Faire une étude critique mr les rapports publics et privés
qui ont existé entre tes Romains et les Juifs jusqu'à la prise
de Jérusalem par Titus.
Le délai pour la remise des manuscrits expirera le
31 décembre 1892. Ils devront être adressés, francs de
port, à M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie, au Palais
des Académies, à Bruxelles.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les
citations, et demande à cet effet que les auteurs indiquent
les éditions et les pages des livres qu'ils citent.
Les ouvrages remis après le temps prescrit ou ceux
dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière
que ce soit, seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois les
auteurs peuvent en faire prendre des copies, à leurs frais,
en s'adressanl à cet effet au Secrétaire perpétuel.
( 32*2 )
Ne seront admis à concourir que des auteurs belges;
les membres ou correspondants de l'Académie sont exclus
du concours.
Les mémoires ne pourront être signés; ils porteront une
devise qui sera répétée dans un bulletin cacbeté joint au
manuscrit et renfermant les nom, prénoms et adresse de
l'auteur. Faute par les concurrents de satisfaire à celte for-
malité, le prix ne pourra leur être accordé.
La Classe des lettres jugera le concours sur le rapport
d'une Commission de trois membres désignés par elle dans
la séance du mois de janvier qui suivra la clôture de cbaque
période biennale.
Si, à l'expiration de la période biennale, aucun mémoire
digne du prix n'est parvenu à la Classe, le délai pourra
être prolongé de deux ans et la récompense éventuelle-
ment doublée. Si la Classe ne croit pas devoir doubler la
récompense, elle mettra au concours une deuxième ques-
tion, tout en maintenant celle pour laquelle le délai aura
été prolongé.
Dans le cas oij aucun mémoire digne du prix n'aura été
reçu, la Classe pourra accorder le prix à un travail
imprimé, relatif à la philologie classique, qui aura été
publié par un auteur belge dans le même intervalle.
Sont toutefois exclus les ouvrages destinés à l'enseigne-
ment proprement dit, à l'exception des éditions de textes
dites savantes et des grammaires ou dissertations gram-
maticales ayant pour objet de faire progresser la science.
La Classe pourra également, dans ce cas, mettre au con-
cours ou récompenser la traduction française d'un ouvrage
de philologie important, qui, d'après elle, serait con-
sulté avec fruit par les membres du personnel enseignant.
( ■■>2'> )
hisrours prononce aux fiinorailles de M*' A. Van Wcd-
tliu(jen, \c 10 jiiillrl ISîH); pur M. Tilu'i j;lii('n, vicc-
(lirt'i'lciii- (le l:i Classe» di's Icllit's.
Kncoro nii lioinnu» i\c ItiiMi, iiii lioiniiu' d'i^siiril. un
liDiniiic (lt> CdMir cjni di'sii iid dans la toinho! Kncore une
HtMi(' donloiiioust' pour la icpiiltlitjnc des Icllros (M pour
TAcadiMuio rovalo do lud^iinio ! IMtMirons un conlVôiiM'l
lin ami, ol ivsi^noiis-noiis! Il uv nous rosle qu'à célébrer
sa ménioirc.
A lois Van Wcddinj^iMi natinit î^l l.oiivain \c 18 aoAt ISII.
Il li( SOS éliidos dans sa ville nalale, an e(»llèj:;e des Jose-
philes el à l'iiniversilé, el olilinl le lilie de doelenr en
pliilosi)|diie el en lliéolojj;ie. Il t'nl prélal de la maison du
Pape, ehanoine honoraire de iMalines el anmt^nier de la
Cour. Son niérile el ses pu Itl ira lions le désij;iièren( à la
Classe des lellres de l'Aeadémie. Il lui élu eorrespondanl
en iSiSOel memhre eiïeelil" en ISOO.
C'osl à ee lilre que je sois appelé ;"! lui ilire nn élernel
adieu, au nom de ses eonlVères.
Les ouvrages qui illnsltèrenl la eariière de Van Wed-
dinjien el (|ni reeommandeni son nom à la posiérilé sont
nombreux el variés. Ils eomprennenl d'abord plusieurs
volumes de poésies, de eriiiques lilléraires, d'éludés apo-
logétiques, doclrinales el philosophiques, el ensuite quel-
ques mémoires publiés sous les aiispiees de l'Aeadémie,
après examen el rapport.
Ces travaux aeadémiqnes de noire sav.int eonlVére sont
au nombre de trois, savoir :
( 324 )
i , Un essai critique sur la philosophie de saint Anselme
de Cantorbery, mémoire couronné par la Classe des leltres
en 1874;
2. Les bases de r objectivité de la connaissance dans le
domaine de la spontanéité et de la réflexion, Introduction
à rétude de la philosophie critique; ouvrage présenté
en 1887;
3. L'esprit de la psychologie d'Aristote, étude critique
sur le Traité de rame, en cours de publication.
On voit par cette rapide esquisse que Van Weddingen
s'attachait surtout à l'élude approfondie d'Aristote et des
grands docteurs du moyen âge, mais qu'il les interprétait
assez largement pour les concilier avec la critique moderne,
et qu'il avait la noble ambition de réaliser, sur la base de
la raison, la synthèse de la théologie orthodoxe et de la
libre philosophie. Une pareille lâche, bien comprise, suffit
à illustrer un savant.
L'œuvre capitale de Van Weddingen est son livre sur
l'objectivité de la connaissance humaine. Le but de l'au-
teur est d'établir la légitimité de nos connaissances, qu'elles
aient leur source dans l'expérience ou dans la raison, et la
démonstration de cette thèse se tire à la fois des ten-
dances inconscientes imprimées dans la nature des êtres
et des procédés dialectiques de l'esprit. L'ouvrage est un
pur traité de métaphysique générale et positive, dirigé
contre la critique négative de Kant et contre l'agnosticisme
intolérable de Spencer. C'est ici que la pensée de notre
regretté confrère atteint toute son élévation, se déploie
dans toute son ampleur et se revêt de ses formes les plus
riches, les plus neuves et les plus colorées. Le style est à
la hauteur de l'intelligence. Nulle part Van Weddingen ne
montre mieux quelle était l'étendue de son savoir et la
( ">2S )
sagacité de son esprit. Aucune découverte ne lui échappe
dans aucune province de la science. Il connaît les travaux
(les novateurs aussi bien que ceux des anciens et des sco-
lasliques, et il reste lidèle à son projet fondamental : unir
la philosophie à la religion, compléter les doctrines d'Aris-
lote et de saint Thomas par les conquêtes des sciences
contemporaines. Il est convaincu qu'aucune recherche
n'est interdite à la raison, parce que la vérité est divine et
qu'aucune vérité ne saurait être contraire à la vérité.
Avec celle hauteur de convicfion, il sait aussi éviter les
exagérations des écoles sensualistes, qui se réclament de
méthode expérimentale. Il aime la nouveauté, mais il
n'accepte pas comme vrai tout ce qui est nouveau.
Mais ce n'est pas seulement par les dons de l'intelli-
gence et de l'imagination que brillait notre éminent con-
frère, il excellait aussi par les qualités du cœur et du
caractère. Quoiqu'il fût un des derniers élus de la Classe
des lettres, il jouissait pleinement de l'estime et de l'affec-
tion de tous ses collègues, sans distinction d'opinions poli-
tiques ou religieuses. Sa modestie, son aménité, sa
charité, sa tolérance étaient incomparables. Il était un
modèle de confraternité académique. Aussi tous ses con-
frères garderont-ils un sympathique et douloureux sou-
venir de sa fin prématurée. Sa mémoire ne périra point
parmi nous.
Adieu, cher et vénéré confrère. Vous avez accompli en
des circonstances difliciles une grande mission, vous avez
fait votre devoir et tout votre devoir. Reposez en pais!
vous pouvez compter sur l'éternelle justice.
526 ^
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de noire
savant confrère, M^"" de Harlez, trois opuscules de natures
très diverses.
Le prenfiier est une réponse à un cas de conscience posé
à l'auleur par les Zoroaslriens de Bombay. Ces braves
gens, obligés de se purifier par un bain d'urine de vache,
voudraient bien modifier cet usage, mais ils se demandent
si le texte de l'Avesta leur permet d'y toucher.
Le second traite du prétendu culte de la croix chré-
tienne avant le christianisme et tempère uh zèle quelque
peu intempestif.
Le troisième a pour objet la comparaison de deux tra-
ductions d'un chant de l'Avesta et montre à quoi sont
arrivés les novateurs.
Bien que courtes, ces brochures, comme on le voit, ne
manquent ni d'importance, ni d'intérêt.
P. WiLLEMS.
J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de M. l'abbé
Gauchie, la dissertation historique qu'il a présentée à la
Faculté de philosophie et lettres de l'Université catholique
de Louvain pour l'obtention du grade de docteur en
sciences historiques. Ce travail, fruii de recherches patientes
et consciencieuses, honore le talent du jeune historien et
ouvre dignement les travaux de la conférence historique
que dirige M. le professeur Moeller.
Dans une introduction très condensée, l'auteur expose
( 327 )
l'origine el les tléveloppemenls de la puissance lempo-
relle dont onl joui, durant le moyen âge, les princes-
évèqiies de Liège el les archevêques de Cambrai. Il aborde
ensuite son sujet : La querelle des inve^lilnrcs dans les
diocèses de Liège et de Cambrai. La lutte entre le sacer-
doce et l'empire va des premiers décrets de réforme de
Grégoire Vil jusqu'au concordai de Worms (1073-1122).
M. Gauchie ne donne ici que la première partie, qui expose
les réformes de Grégoire VII pour maintenir le célibat des
prêtres el abolir la simonie el les agitations qu'elles ame-
nèrent sous l'épiscopal de Gérard II à Cambrai (1U70-
1092), et sous celui de Henri 1 le Pacilique, à Liège (1075-
1091). Parmi les discussions intéressantes que renferme
l'ouvrage, nous signalons parliculicremenl celles qui con-
cernent Sigebert de Gembloux el les Dicta cujusdam de
discordia papœ el régis.
T.-J. Lamy.
RAPPORTS.
Des impuretés et des purifications dans l'Inde antique;
par Louis de la Vallée Poussin, docteur en philosophie
el lettres.
« L'objet du travail de M. Louis de la Vallée Poussin,
comme son titre l'indique, est un des points les plus
importants et les plus intéressants des croyances religieuses
de l'antiquité el des temps modernes même, pour autant
que ces croyances se sont conservées plus ou moins
intactes jusqu'à nos jours. C'est aussi une de ces concep-
tions religieuses dont l'origine est enveloppée de ténèbres
( 328 )
et que l'on s'explique avec le plus de tliflicullé : les
souillures conliaclées par Thomme et les moyens prescrits
pour les effacer. S'il ne s'agissait que de cette tache
qu'imprime toute faute d'un caractère plus ou moins
dégradant, on se l'expliquerait sans peine, on aurait à
en chercher la source dans le dictamen de la conscience
humaine, de sa raison suffisamment développée.
Mais, chose étrange, les fautes, les crimes même ne sont
pas les causes principales de ces contaminations: des êtres
incapables de mal faire, parce qu'il leur manque l'intelli-
gence et la volonté lihre, la matière elle-même, sont
principalement sujets à tomber sous cette flétrissure et à
l'étendre sur l'homme par le simple contact/ Si, à certains
points de vue, la cause première de cette croyance à des
souillures est saisissable comme, par exemple, quand elles
proviennent de la mort, en maints autres cas on ne peut
s'en rendre compte qu'avec peine. On pourra le faire
peut-être quand on aura sous les yeux un tableau complet
de cette question, si importante pour l'histoire de la pensée
humaine et du développement des idées religieuses. Il
faudra pour cela réunir tous les renseignements que
[)eùvent fournir les monuments des nombreux peuples
chez qui la croyance aux impuretés religieuses a régné au
commencement de leur histoire. Ce sera une vaste synthèse
où l'on pourra trouver peut-être la solution complète du
problème.
M. de la Vallée n'a pas eu la prétention de la fournir,
mais simplement d'apporter une part de contribution à ce
travail de recherches et de réunion de documents, qui doit
servir de préliminaire à une systématisation des éléments
épars. Indianiste, il a demandé cette parla l'Inde, à l'Inde
brahmaniste principalement, parce que c'est en elle que la
notion des impuretés a pris le plus d'extension. Portée sur
( 3-20 )
ce terrain, la discussion à d'autant plus d'intérêt que Tlnde
actuelle observe encore toutes ces règles que leur ont
transmises les pères de la race brahmanique, à ce poinî
qu'un brahmane consciencieux ne manquera point d'aller
se purifier avec le plus grand soin quand les nécessités
politiques et sociales l'ont obligé d'entrer en contact avec
un européen, impur jusqu'à la moelle des os.
Bien qu'ayant l'Inde pour but d'étude exclusif, M. de la
Vallée n'a cependant point négligé de donner à ses lecteurs
une idée de ce qu'était la croyance en question en Eran,
en Egypte, en Grèce, à Rome et chez les Juifs.
La curiosité scientifique pourrait peut-être demander
davantage, mais on ne pourrait, ce me semble, faire un
reproche à l'auteur de s'être borné à cela, puisque le reste
était en dehors du cadre qu'il s'était tracé. Il renvoie du
reste, maintes fois, aux sources ceux qui désireraient en
savoir davantage.
L'auteur a pris les matériaux de son élude principale-
ment dans le code fameux des lois de Manou, qui présente
de la question l'exposé le plus complet et le plus digne
de foi. Naturellement, ce n'est point à une traduction,
mais au texte lui-même qu'il les a demandés, et, comme
ce texte est souvent obscur et d'interprétation difficile, il
a consulté, comparé les différentes traductions, comme
le commentaire de Kulluka, et s'est servi des derniers
travaux de Biihler, Jolly et autres, pour éclaircir les points
douteux. Son travail n'est donc point sans mérite philo-
logique.
Ajoutons que si l'auteur n'a point prétendu résoudre la
question d'origine en général, il ne l'a point négligée dans
les détails, mais l'a touchée plusieurs fois avec intelligence
et une juste réserve.
Voilà ce qu'il me semblait juste de dire de ce travail
( 530 )
au point de vue général; je dois ensuite exposer en peu
de mots de quoi il se compose et comment il se divise.
Après une courte entrée en matière, M. de la Vallée
expose l'objet de son étude et ses sources dont il apprécie
la valeur. Comme il l'établit très bien, ces codes brahma-
niques n'ont point par eux-mêmes une autorité légale. Ce
sont des exposés de systèmes, de vues religieuses, auxquels
les maîtres de la terre se soumettent quand bon leur
semble. Néanmoins ils méritent croyance quand on se place
uniquement sur le terrain religieux.
L'auteur constate ensuite le rôle que jouent dans le code
de Manou les maximes et les prescriptions relatives aux
impiiretés et aux moyens prescrits pour les- effacer, l'idée
que l'on s'en faisait, l'origine qu'on leur attribuait à
l'époque brahmanique; il ajoute à cela quelques aperçus
comparatifs. Puis il entre dans le cœur même de son
sujet.
Les notions relatives aux souillures et aux purifications
que l'on rencontre dans les codes indous n'y sont point sys-
tématisées; on les trouve, au contraire, répandues en beau-
coup d'endroits, selon la nature de l'objet auquel elles se
rapportent. L'auteur a recueilli tous les passages qui s'y
réfèrent et les a coordonnés pour en faire un système
méthodique.
Il explique ainsi successivement tout ce qui concerne,
en premier lieu, le Mailhuna ou union sexuelle, ainsi
que la conception et la naissance; en second lieu, le
manger et le boire, les conditions qui rendent la mandu-
cation permise, les aliments dont on peut ou ne peut pas
se nourrir à cause de leur essence pure ou impure.
Pour ces deux points, l'auteur cherche également ce
qui peut expliquer l'origine de ces singulières maximes, et
demande pour cela des renseignements aux livres sacrés
( 3-51 )
d'aulres peuples; il discute ce qui est originaire ou plus
récent, il s'adresse spécialement à l'Avesla et à la Bible,
dont il explique bien le caractère en celte matière si
féconde en choses étonnantes.
Il distingue très bien les différentes espèces ou catégories
d'aliments qui font les objets des prescriptions et des
défenses : aliments mauvais en eux-mêmes et en toutes
circonstances; aliments accidentellement souillés, boissons
enivrantes, etc. Suivent les prescriptions imposant les
purifications et les pénitences, puis les règles d'abstinence
relatives aux novices, celles qui ont pour objet la propreté
matérielle et corporelle.
Ici se rangent les ablutions et purifications diverses.
En troisième lieu viennent les prescriptions longues et
compliquées qui concernent la mort et les souillures
qu'elle engendre, soit par contact, soit à dislance.
Tout ceci est trop étendu et trop embrouillé pour que
nous entrions dans aucun détail. Qui lira l'exposé que nous
en donne M. de la Vallée en aura une idée claire et
complète, en même temps qu'il verra avec plaisir les
notions comparatives que l'auteur a jointes au corps de
son travail.
Après une courte excursion sur le terrain de la philo-
logie classique et des lois bibliques en ce qui concerne
l'impureté provenant de la mort, M. de la Vallée examine
les effets de l'impureté morale, des fautes et des crimes,
au point de vue de la souillure qu'ils engendrent, 11 con-
state avec raison cette confusion des notions de morale et
de physique qui se rencontre dans toutes les religions ou
philosophies de l'Orient ancien et moderne, là ou l'in-
fluence du christianisme ne s'est point lait sentir. Il établit
la nature de ces conceptions et les exagérations ou erreurs
qu'ils engendrent; il saisit bien le principe de ces théories,
( 332 )
parfois bien singulières, celle énergie de nalure mauvaise
qui règne dans l'homme indépendamment de sa volonté, et
qui produit la souillure là où nulle faute morale ne peut se
constater, et cette manière de voir peu compréhensible,
qui transforme les abstractions en êtres substantiels ayant
une vertu propre, produisant des effets nécessaires. Ainsi
les sens proviennent d'une entité universelle qui se prête
dans chaque individu aux opérations propres à chacun d'eux;
l'acte commis a une virtualité substantielle qui poursuit
l'homme à travers des existences successives très nom-
breuses. L'auteur montre parfaitement, en outre, combien
ces théories sont inconciliables avec les exigences de la
vie pratique; il nous fait ensuite toucher- du doigt des
principes nouveaux introduits dans le code de Manou et
indiquant un nouveau courant d'idée, une époque plus
récente, la purification par le repentir et les bonnes
œuvres.
Dans un dernier chapitre, M. de la Vallée examine la
place qu'occupe le code des impuretés et purifications dans
le système religieux des brahmanes, et, pour en rendre
mieux raison, il fait précéder cet examen de l'exposé des
idées semblables ou analogues que Ion rencontre dans les
livres religieux de l'Eran et de la Judée, comme chez les
auteurs classiques. Il distingue fort bien cette différence
qui provient du déisme imparfait des sages indous et de
leurs vues panthéistiques.
Ici se terminait la tâche que M. de la Vallée s'était
imposée.
Pour nous, reportons nos regards en arrière et, jelant
un coup d'œil sur tout l'ensemble, nous croyons ne pou-
voir faire autrement que de reconnaître que l'auteur a
rempli convenablement celte lâche. Ce travail, nous ne
pouvons le nier, prouve chez celui qui l'a conçu et exécuté
( 333 )
outre une connaissance satisfaisante de sa matière et de la
langue de ses sources, le sanscrit et l'intelligence des
questions d'histoire religieuse, du talent de distinguer, de
systématiser et d'exposer, de lespril de recherche et de
travail sérieux.
On pourra différer d'avis sur certaines questions acces-
soires, on pourra peut-être désirer plus û'exairs compa-
ratifs; mais on ne pourra nier, je pense, que la lecture de
cette élude ne soit utile et pleine d'intérêt pour tous ceux
qui s'occupent de ces importantes questions.
La conclusion de ce rapport, que je me suis efforcé de
resserrer dans les limites d'un exposé succinct et d'une
appréciation générale, est naturellement qu'il sera bon et
utile d'accorder au jeune auteur les honneurs des publi-
cations académiques, afin d'encourager chez nos conci-
toyens les essais scientifiques sérieux et profitables. »
M. T.-J. Lamy, deuxième commissaire, déclare se rallier
à la proposition de son honoré et savant confrère, M^"" de
Harlez.
Rapport de M. fe cotnle Goblel d'Alviella,
troiaième cotntnittnife,
a M. Louis de la Vallée Poussin a choisi nn des pro-
blèmes les plus importants de l'hiérographie générale, et il
le traite avec une compétence que ne contestera aucun
lecteur de son travail. Le livre des lois de Manou, dans
lequel il puise de première main ses principaux renseigne-
ments, est réduit, dans cette étude, à sa juste valeur de
législation théorique, idéale, artificielle. Mais, par cela
3""* SÉRIE, TOME XX. 22
( 354 )
même que le Manava Dliarma Câslra reflète des tendances
philosophiques plutôt qu'il n'exjmse des lois positives, les
passages parfois contradictoires qu'il doit à la diversité de
ses collaborateurs permettent de saisir au passage l'évolution
qui, chez les Hindous, a fait donner une acception morale
à l'idée, d'abord toute matérielle et légale, de l'impureté.
Il serait intéressant de voir l'auteur, avec les connaissances
philologiques et historiques dont il fait preuve, suivre à
ce propos, de plus près encore, dans la langue aussi bien
que dans les idées, les traces de l'évolution qui a modifié,
dans un sens moral et abstrait, la signification de tant de
termes originairement appliqués à des objets matériels et
concrets.
On aurait pu désirer également, comme le dit notre
savant confrère M. de Harlez, un peu plus d'excursions
comparatives chez les différents peuples où la croyance
aux impuretés religieuses a régné dès les commencements
de l'histoire. J'ajouterai que, pour être couplet, un travail
comparatif de ce genre devrait également s'étendre aux
notions analogues, observées chez les peuples non civilisés
de toute époque. — Ainsi, pour ne citer qu'un exemple,
M. de la Vallée Poussin croit que, dans un grand nombre
de cas, l'attribution d'impureté à un acte ou à un objet est
le résultat d'une préoccupation hygiénique revêtue de la
sanction divine. Sans doute il en a été ainsi à l'égard de
certains détails qui éveillent chez l'homme une répugnance
naturelle et en quelque sorte instinctive. Mais, en général,
les préoccupations d'hygiène représentent le moindre souci
des peuples chez lesquels nous trouvons les notions d'im-
pureté et de purification religieuse dans leur état rudimen-
taire. Il importe donc d'examiner avec soin chaque cas
particulier, alors même que l'hygiène semblerait d'accord
avec la prescription religieuse. Conformément à la théorie
( 535 )
domiuanle, M. de la Vallée Poussin semble attribuer une
origine hygiénique à l'usage de la circoncision. Cependant,
si l'on étudie cet usage chez les peuples qui le pratiquent
en Afrique, en Asie et même en Océanie, il semble se
rattacher plutôt à l'institution du sacrifice. N'est-ce pas
une offrande faite à des êtres surhumains, soit pour leur
être agréable à raison de la privation qu'on s'impose, soit
surtout comme rachat de la personne entière, à l'instar de
ces innombrables sacrifices de substitution où l'on offre la
partie pour le tout : les cheveux, les dents, une phalange
du doigi, quelques gouttes de sang, etc.? Chez plus d'un
peuple qui attribue la maladie à une intervention des
esprits, la circoncision figure comme remède. Aux îles
Fidji, ce qui est plus significatif encore, quand un person-
nage d'importance est frappé de maladie, on circoncise
parfois, non le malade, mais un de ses parents ou quelque
jeune homme de bonne volonté. Il y a, dans la Bible même,
un passage qui pourrait jusqu'à un certain point se prêter
à une interprétation du même genre. Ce sont les ver-
sets 24-26 du chapitre IV de l'Exode, où il est raconté que
rÉlernel cherchait à faire mourir iMoïse, mais que Séphora
sauva celui-ci en circoncisant son fils.
M. Louis de la Vallée Poussin, à la vérité, n'a entendu
s'occuper que de l'Inde, où, avec sa connaissance de la litté-
rature hindoue, il a l'avantage de re.^ter sur un terrain abso-
lument solide, et c'est sans doute pourquoi il a restreint le
champ de ses comparaisons aux peuples indo-européens
et aux Juifs. Il fait observer avec beaucoup de vraisem-
blance que chez les Hindous l'obligation de la pureté
n'est pas directement en rapport avec l'idée de Dieu, con-
trairement à ce qui existait chez les Juifs et les Perses.
Pour l'esprit hindou, l'impureté est la condition inévitable
du n»onde fini; toute action humaine renferme un élément
( 336 )
plus ou moins impur, et cet élément se maintient ou plutôt
se perpétue indéliniment, comme toutes les conséquences
de nos actes, si l'on ne se soustrait à ce cycle fatal par des
cérémonies de purification. — Chez les Juifs et les Perses,
il faut être pur, parce que Dieu est pur et que c'est la
meilleure façon de lui ressembler; les impuretés physiques
ou morales sont une participation à la nature des mauvais
esprits, qui entraînent l'homme à s'en rendre coupable. —
M. de la Vallée Poussin, si je comprends bien sa pensée,
semble admettre que la conception hindoue représente un
état plus ancien des notions relatives à la pureté. Je serais
plutôt disposé à admettre le contraire. Tout en reconnais-
sant que le dualisme avestéen offre les traces incontestables
d'une systématisation avancée, je trouve que, logiquement,
l'idée d'attribuer à l'influence de mauvais esprits les actes
malfaisants on impurs, aussi bien que les événements nui-
sibles, représente une croyance plus voisine des concep-
tions primitives que le système philosophique si complexe
et si profond du Karma, c'est-à-dire d'une loi absolue par
laquelle les effets s'enchaînent aux causes en dehors de
toute intervention surnaturelle.
Quoi qu'il en soit de ces observations, le travail de
M. Louis de la Vallée Poussin me paraît mériter, tant pour
la méthode que pour les conclusions, les éloges que lui
décerne le premier rapporteur, et je suis heureux, pour ma
parti de me rallier aux conclusions de mes savants
confrères. »
Conformément aux conclusions de ces rapports, la Classe
décide l'impression du travail de M. de la Vallée Poussin
dans le recueil des Mémoires in-8°.
( 357 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 7 août 1890.
M. Jos. ScHADDE, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MiM. C.-A. Fraikin, God. GufTens, J. De-
mannez, G.De Groot, Gustave Biot, Edm. Marchai, Joseph
Stallaert, Henri Beyaert, membres; F. Laureys, corres-
pondant.
M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique
transmet :
1° Une copie du procès-verbal du jugement du grand
concours d'architecture de cette année, décernant le grand
prix à M. Arthur Verhelle, de Bruges, élève de l'Académie
royale des beaux-arts de Bruxelles; le second prix à
iM. Adolphe Kockerols, d'Anvers, élève de l'institut supé-
rieur des beaux-arts de la même ville; une première men
lion honorable à M. Emile Vercecken, d'Anvers, élève de
S""* SÉRIE, TOME XX. 22.
( 538 )
l'Académie des beaux-arls d'Anvers et de MM. Schadde
et J. Vereecken, et une deuxième mention honorable à
M. Hubert Marcq, de Bruxelles, élève des Académies
d'Anvers et de Bruxelles.
Le résultat de ce concours sera proclamé en séance
publique de la Classe;
2° Une ampliation d'un arrêté ministériel en date du
1" août courant, par lequel M. de Casembrool, bibliothé-
caire du Conservatoire royal de musique de Bruxelles, a
été adjoint à la Commission chargée de la publication des
œuvres des anciens musiciens belges;
3" Un exemplaire du travail de M. F.-A. Gevaerl, inti-
tulé : Les origines du chant liturgigue de Céglise latine.
Étude d'histoire musicale. — Remerciements.
— M. Schadde offre, de la part de M. le baron J. de Baye,
membre de la Société des antiquaires de France, à Paris,
un exemplaire de sa Note sur quelques antiquités décou-
vertes en Suède. — Remerciements.
RAPPORTS.
D'après son ordre du jour, la Classe était appelée à
entendre la lecture de différents rapports. Vu l'absence des
rapporteurs, la lecture de ces pièces a été ajournée à la
séance d'octobre.
( Ô5ÎI )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Gevaerl {Fr.-Ai(g.). — Les oriiçines du clinnt liturgique de
l'église latine. Étude d'histoire musicnic. Giiiid, 1890; in-S"
(92 p.).
Harlez {C. de). — La purification selon i'Avesta et le
Gôraêz. Louvain, 1890; exlr. in-8'' (8 p.).
— Aveslica. IIL 1890; extr. in-S" (1 1 p.).
— Lecultede la Croixavantic christianisme. Louvain, 1890;
extr. in-8» (8 p ).
Bn'art {AI}).). — Note sur les mouvements |)arallèles des
roches stratifiées. Liège, 1890; in-S" (8 p.).
Terbjj (F.). — Sur la structure des handes équatorialcs de
Jupiter. Bruxelles, 1890; exlr. iu-8° (3 p.).
Srinaparelli [G.-V.). — Considérations sur le mouvement
de rotation de la planète Vénus, premier article. Bruxelles,
1890; 5 extr. in-S".
Vercoullie {J.). — Bcknopt etymologisch woordenboek dcr
nederlandsche taai. Gand, 1890; vol. in-8'' (520 p.).
Verhoogen [René) cl Baert (Charles). — Premières
recherches sur la nature et l'étiologie du tétanos. Bruxelles,
1890; vol. in-8''.
Bernier {Théodore). — Notice sur lorigine et la tenue des
anciens registres d'état civil dans la province de Ilainaul.
Angrc, 1887; in-S» (70 p.).
de Jonghe {le V" U.]. — Deux monnaies frappées en
Flandre en 1581. Bruxelles, 1890; extr. in-8» (8 p.).
— Un tiers d'écu inédit de Charles II de Gonzaguc. Paris
1890; extr. in-8» (o p.).
Dcrutjls {Fratiçois). — Sur la représentation des involu-
tions unicursales. Bruxelles, 1887; in-8° (26 p.).
( 340 )
Dcruyts (François). — Génération linéaire de quelques
courbes à éléments multiples. Gand, 1887; extr. in-S" (4 p.).
— Génération d'une surface du troisième ordre. Bruxelles,
1887; extr. in-8'>(i2 p.).
— Sur quelques transformations géométriques. Bruxelles,
1887; extr. 10-8° (16 p.).
— Sur les théorèmes fondamentaux de la géométrie pro-
jective. Bruxelles, 1888; exlr. in-S" (1G p.).
— Sur une propriété commune aux courbes normales des
espaces linéaires. Bruxelles, 1889; extr, in-8'' (12 p.).
— Sur la représentation de l'homographie de seconde
espèce sur la cubique gauche. Bruxelles, 1889; extr. in-S"
(20 p.).
Grun (Karl). — Au Vésuve, compte rendu d'une excursion
des soirées populaires de Verviers. Verviers, 1889; in-18.
Ronkar (£".). — Sur l'entraînement mutuel de l'écorce et
du noyau terrestres en vertu du frottement intérieur. Réponse
à la notice de M. J. Liagre. Bruxelles, 1890; in-8'' (15 p.).
Cauchie [Alfred). — La querelle des investitures dans les
diocèses de Liège et de Cambrai. 1" partie. Louvain, 1890;
vol. in-8".
Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. — Bulletin,
tome V, 1" partie. Liège, 1889; in-8».
Conseils provinciaux. — Procès-verbaux des séances de
l'année 1889. Bruxelles, Anvers, etc.; 9 vol. in-8°.
Ministère des Affaires Étrangères. — Catalogue de la
Bibliothèque, tomes I et H avec table alphabétique. Bruxelles,
1878-90; 5 vol. in-8°.
Archives de l'Etat. — Inventaires des archives de la Bel-
gique : Inventaire des chartes des comtes de Naïuur. Bruxelles,
1890; vol. in-folio.
Société chorale et littéraire les Mélophiles de f/asselt. —
Bulletin, 2C« volume. In-8".
( •">« )
Allemagne et AuTniciiE-IloNGitiE.
Zool.-botan. Gesellschaft, Wien. — Verhandlungcn, 1890.
In-8".
Preuss. geodàtisches Institut. — Das Mittclwasscr dcr
Oslsee bel Swinemùndc, 2. Miltheilung Berlin, 1890; in-4°.
— Asli'ononi. goodalische Arbeiten, I. Ordniing. Berlin,
1890; in-i°.
Nalurwisaenscliaftlicher Verein in Magdeburg — Jahres-
bcricbt, 1889; in-8°.
Cenlral-Austall fier Météorologie und Erdmagnetismus . —
Jiibrbùcher, 1888. Vienne, 1889; vol. in-4».
Stosae {A.). — Der Ilarn nacb Unlerbindung der drei
Darmartericn. Leipzig, 1890; exlr. in-8" (7 p.).
yaturliistor. Verein. — Verbandlungen, 46. Jabrgang.
Bonn, 1889; in-8».
Université de Giessen. — Thèses et dissertations de 1889-90.
29 br. in-8°.
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Lincoln, 1888-90; in-8°.
Moutier {Adolphe). — Annuaire statistique de la province
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d'Hazebrouck, et sur ses rapports avec l'ancien droit franc.
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BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LHTTRES ET DES BEAlIX-AItTS DE BELGIQUE.
1890. — N°^ 9-10.
CLASSE DES SCIEl^CES.
Séance du // octobre 1890.
M. Stas, direcleur, président de l'Académie.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. F. Plateau, vice-directeur; P.-J. Van
Bcneden, le baron Edni. de Selys Longchamps, Gluge,
G. Dewalque, E. Candèze, Brialmonl, Éd. Dupont, Éd. Van
Beneden, C. Malaise, A. Briart, Fr. Crépin, Éd. Mailly,
J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe,
W. Spring, Louis Henry, M. Monrion, P. Mansion, J, Del-
bœul', P. De Hecn, membres; E. Catalan, Cb. de la Vallée
Poussin, associés; C. Le Paige, C. Vanlair et F. Terby,
correspondants.
5"* SÉKIE, TOME XX. 25
( 34G )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre (le rinlérieur et de rinstruction publique
envoie pour la Bibliothèque de l'Acadénoie un exemplaire
de VEnqiiête sur l'épidémie de grippe qui a régné en Bel-
gique en 'I889-J890. — Remerciements.
— La Société royale de médecine publique fait savoir
que la dixième réunion du corps médical belge se tiendra,
sous ses auspices, le dimanche 12 octobre, à 10 heures et
demie du matin, à l'hôtel de ville de Bruxelles.
La Société royale de médecine publique communique,
en même temps, les questions qu'elle se propose de traiter
dans cette réunion.
— M. E. Solvay adresse un pli cacheté portant la date
du 7 août 1890. — Le dépôt en est accepté.
— M. William Grosseleste, ingénieur à Mulhouse,
adresse un exemplaire de la médaille frappée à l'effigie
de G.-A. Hirn, ainsi que la brochure consacrée à la mani-
lestalion qui a eu lieu en l'honneur de cet ancien associé
de la Classe. — Remerciements.
— Hommages d'ouvrages :
1° De l'existence probable chez Phallus Impudicus d'un
involucrum ou indusium rudimen taire ; par Ch. Van Bam-
beke ;
2° Considérations sur le mouvement de rotation de la
( 547 3
planète Vénus (quatrième arliclc), el les canaux de Mars,
nouvelles observations ; par F. Terby;
5° Quatrième et cinquième notes sur les observations
(les coups de foudre en Belgique; par F. Evrard el L. Lam-
bolle;
4" De la corrélation des heures et des dates dans les
divers fuseaux; par Ernest Pasquier;
5° Étude expérimentale sur un mouvement curieux des
ovoïdes et des ellipsoïdes; par Félix Leconte;
G" Bulletin astronomique, juillet 1890; offert par
R. Radau, de Paris;
7° Causeries odonatologiques (n°* 1 et 2); par Edm. de
Selys Eongchamps;
8° Compte rvndu de la session extraordinaire de la
Société géologique de Belgique, tenue à Dinanl les /", 2,
5 et 4 septembre iSSS; présenté par M. Dewalque, avec
une note qui ligure ci-après;
9° Suites à Bu/fon. Histoire naturelle des annelés mariîjs
et d'eau douce. Tome III, première partie, Lombriciniens,
Hirudiniens, etc.; par Léon Vaillant. — Remerciements.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
i" La réduction des nitrates par les moisissures et h s
levures; par A. Jorissen. — Commissaires : MM. Stas,
Gilkinel et Errera ;
2" Sur Vellipse de Brocard; par E. Catatan. — Commit-
saire : M. Mansion ;
3° Sur diverses conséquences du théorème de Neicton ;
[)ar Alph. Demoulin. — Commissaires : M.M. Catalan, Man-
sion el Le Paige;
A" Observations physiques de la planète Mars faites en
( 34.8 )
i890, à Péromias, près Bourg -en-Bresse, à l'aide d'un
réflecteur de 216"""; par J. Guillaume. — Commissaires:
MM. Folie et Terby;
5» Sur la dypnone; par Maurice Delacre. — Commis-
saires : MM. Henry el Spring;
6° Quatre lettres sur le grisou; par Ém. Delaurier. —
Commissaire : M. Briart.
NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.
J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un exemplaire du
Compte rendu de l'excursion que la Société géologique de
Belgique a faite dans les environs de Dinanl, en septembre
1888, pour étudier le calcaire carbonifère.
La plus grande partie de ce travail a été rédigée par
notre confrère M. Ch. de la Vallée Poussin, que j'avais
prié d'être notre guide et avec qui j'avais revu cette région.
Le reste est dû aux membres qui ont pris part aux discus-
sions, ainsi qu'au secrétaire.
Tout le monde ici connaît les discussions qui ont eu
lieu sur la constitution du calcaire carbonifère de notre
pays el les critiques dont la carte géologique détaillée a
été l'objet à celte occasion. J'ai convié nos confrères à
venir examiner avec nous le canton de Dinanl, qui était
donné comme type : un bon nombre ont répondu à cet
appel. J'ai la ferme confiance que les géologues qui vou-
dront bien se donner la peine d'étudier ce compte rendu
reconnaîtront aisément si ces critiques n'étaient pas fon-
dées. G. Dewalque.
( 549 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
UInfluenza de 1580; par Th. Gluge, membre
de l'Académie.
M. Piot, archiviste général du royaume, a communiqué
à la Classe des lellres, dans sa séance du mois de juillet
de celte année, un intéressant document sur \'influenzn
de 1580.
En ma qualité de très ancien historien des épidémies
d'influenza (1), — j'en ai publié l'histoire il y a plus d'un
demi-siècle et beaucoup de journaux étrangers ont men-
tionné mon ouvrage l'hiver dernier, — je crois devoir
rappeler qu'une excellente description de cette épidémie
est due à un médecin flamand, Johann Weyer ou Wierus
(1515-1588); elle porte le litre suivant :
Joh. Wierus, Medic. observât, hactemts incognit. Lib. II.
Depeslilenli et epidemica tussi, quœ anno ^1580 universam
fere Europam invasit (0pp. omn. Amstel., 1660).
C'est le même médecin brabançon qui combattit avec
courage la superstition de la sorcellerie, qui a lait tant de
victimes innocentes, et dont les traces se trouvent malheu-
reusement encore trop souvent parmi les populations igno-
rantes. Je terminerai par une remarque d'ordre purement
physiologique.
(l) Voyez Gluge, Die lufluenza, elc. Minden, 1837,
( 35'0 )
Dans la lettre du cardinal de Granvelle, communiquée
par M. Piot, le minisire de Philippe II se plaint de l'infério-
rité des médecins espagnols comparés avec leurs confrères
flamands et italiens; en effet, en Espagne le fanatisme avait
déjà achevé l'atrophie intellectuelle, plus lente à se déve-
lopper, par la même cause, sur un sol moins bien préparé.
En présence du fanatisme qui envahit, de nouveau,
l'Europe depuis les bords de la Neva jusqu'à ceux de
l'Escaut, il est nécessaire de signaler le danger qui menace
le progrès scientifique.
Sur la fréquence des étoiles filantes pendant les nuits des
9 et 10 août 1890; par F. Terby, correspondant de
l'Académie.
Une circonstance favorable m'ayant permis de juger
cette année, dans de bonnes conditions, de la fréquence
(les Perséides, j'ai l'honneur de communiquer très briève-
ment à l'Académie quelques renseignements sur ce sujet.
Un ami, M. l'ingénieur V. Van Lint, ayant bien voulu
m'offrir sa collaboration, nous nous sommes partagé les
heures du 9 et du 10 août, seules nuits qui aient été favo-
rables; la nuit du 11 est demeurée couverte. Mon colla-
borateur a veillé jusqu'à 1 heure du matin et je me suis
réservé les heures de la matinée. Le dernier quartier de
la lune avait eu lieu le 7; notre satellite n'éclairait donc
que très faiblement le ciel, après minuit, à l'époque de
nos observations. J'ai réuni, dans le tableau suivant, nos
principaux résultats; l'absence de mention indique que le
ciel était serein.
io'"
3
étoiles lilantes.
io™
4
étoiles filantes.
In"'
5
étoiles filantes; 1 traînée.
Itim
:2
étoiles lilantes; 1 traînée; lé^çers nuages
15m
0
étoile filante.
15»
1
étoile filante; légers nuages.
lo"'
0
étoile filante.
nr
( 3al )
Le 9 août. ^- M. Van Lint; champ d'observation : NK,
7-, du ciel.
])(> IV' à ll'ilîi™ en 15™ 5 étoiles filantes.
Il h 15m à dlKWra en
H''30'" à dli'fô"' en
H '■'»;)"' h lt2'' en
1:2'' à I2i'l<> en
h2''lo«> à -12''30'" en
12''30'n à i2''lu"i en
121' Ui™ à 13'' en
Total : en 2'' 20 étoiles filantes.
M. Terby; champ d'observation : SE, Ve du ciel.
De 12''58'n à 13'' 12" eu 14'» 6 étoiles filantes; 3 traînées.
13'112'n à I3''2i'» en 12'" o étoiles filantes; i traînée.
13''2o" à 'l3''3S'n en 43'» 0 étoile filante.
13''i2'n à l3''o"'" en lo'» .H étoiles filantes; 1 traînée.
13''59"' à 14''3i'" en 32"' 3 étoiles filantes; 2 traînées.
14''33°' à 14''41"' en S'" 0 éoitle filante.
Total : en l''34'» 21 étoiles filantes.
Le 10 août. — M. Van Lint; champ d'observation :
NE, '/s du ciel.
Le ciel s'éclaircil seulement vers ll^SO™.
De •11''20"' à ll''30«' en -lO" 4 étoiles filantes.
lli'SO"' à 11'' 40™ en 10™ 4 étoiles filantes; 1 traînée; ciel en
partie couvert.
0 étoile filante; ciel en partie couvert.
2 étoiles filantes; ciel en partie couvert.
3 étoiles filantes.
11 étoiles filantes; 2 traînées.
3 étoiles filantes.
Total : en l''3o™ 29 étoiles filantes.
M. Terby; champ d'observation : SO, Vs du ciel.
De 12''31™ à 13''H™ en 20™ 10 étoiles filantes.
13''11™ à 13''14™ en 3™ 2 étoiles filantes; 1 traînée.
13''13"' à 13''2l)'" en 11™ 3 étoiles filantes; ciel partiellement
couvert.
Total : en 34'° 17 étoiles filantes.
ll''tô™
à
12''
en
13™
12''
à
12'' 13™
en
15™
12" 13™
à
401.30™
eu
13™
121)30™
à
12''4o™
en
13™
12''43™
à
13''
eu
13™
( 352 )
Le 14, ciel couvert.
L'inspection de ce tableau montre : 1° que le 9, avant
minuit, un observateur ayant en vue le '/s du ciel pouvait
compter de 3 à 5 étoiles filantes en 15 minutes, mais que
ce nombre s'est accru après minuit, puisqu'un observa-
teur ayant en vue seulement le '/e ^u ciel pouvait en
compter de 5 à 6 dans le même intervalle.
2° Que le JO il était possible à un observateur, regardant
'/s du ciel, d'en compter, après minuit, 11 en 15 minutes,
c'est-à-dire de 12"30'" à 12"45'", intervalle pendant lequel
semble s'être produit un véritable maximum ; on voit aussi
qu'en dehors de ce maximum, les étoiles fdantes appa-
raissaient le 10, assez approximativement, à raison tïune
par deux minutes pour un seul observateur.
Les traînées étaient rares et peu persistantes et je ne
puis signaler que deux météores d'un éclat comparable à
celui de Jupiter.
Des éclairs ont été notés pendant les deux nuits du 9
et du 10.
Le P. Denza a constaté une apparition plus remarquable
de ces météores en Italie (1), mais ses résultats ne sont
pas en contradiction avec les nôtres, car il fixe le maximum
à la nuit du 11, qui, pour nous, est restée totalement
couverte.
La Classe se constitue en comité secret pour prendre
connaissance, d'après l'article 16 de son règlement, de la
liste des candidatures pour les places vacantes, dressée par
la section des sciences mathématiques et physiques.
(1) Revue scientifique du 27 septembre d890j résumé des Comjo/es
rendus de l'Académie des sciences de Paris.
( 553 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 13 octobre 1890.
M. Stecher, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MiM. G. Tibergliien, vice-directeur ; P. De
Decker, Ch. Faider, le baron Kervyo de Leltenliove, Félix
Nève, Alph. Wauters, Aug. Wagener, G. Rolin Jaeque-
myns, S. Bormans, Ch. Plot, Ch. Polvin, T.-J. Lamy,
Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, Alex. Henné,
le comte Goblel d'Alviella, membres; Alph. Rivier, Joan
BohI, associés; É. Banning, correspondant.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique
envoie, pour la Bibliothèque de l'Académie, un exemplaire
(les ouvrages suivants :
1° Marie Stuart, tomes I et H; par le baron Kervyn de
Lettenhove;
2° Inventaire analytique et chronologique des archives de
la ville de Sainl-Trond, tome IV, f* livr.; par F. Slraven;
( 354- )
5° Bibliolheca Belgica, livraisons 100 à 103; par F.
Vander Haeghen ;
4° Catalogue général de la Bibliothèque de la ville de
Tcnnonde, 1" et 2* parties;
5" Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
lome IV, 2' livraison ;
6° Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse
de Liège, lome V, 2^ partie;
7° Vonken en stralen, poëzie; par Eug. Van Oye;
8° Compte rendu des travaux du Congrès archéologique
et historique tenu à Anvers en septembre i889 ;
9° Woordenboek der nederlandsche taal, 2'^" reeks,
lO**" aflevering. — Remerciements.
M. le Ministre des Affaires Étrangères adresse un exem-
plaire des Actes de la conférence de Bruxelles pour la
suppression de l'esclavage {1889-1890), accompagné de
deux cahiers, également in-4°, intitulés : La traite des
esclaves en Afrique, — Remerciements.
— Hommages d'ouvrages.
1° Loi du 24 juillet 1889 sur la protection des enfants
maltraités ou moralement abandonnés ; par Léon Lalle-
mand, associé;
2° Les habitations ouvrières en Belgique; par le baron
H. de Royer de Dour. (Ouvrage qui a remporté le prix
Castiau, en 1890);
3° Over de onmatigheid; traduction, par Pol. Meirs-
schaut, de l'ouvrage du D"" Delaunois « Sur l'intempérance »
couronné en 1888, par l'Académie;
4° L'Académie royale de Belgique; par Victor Flourde
Saint-Genis ;
5" A. Petit traité des punitions et des récompenses à
( 55o )
l'usage des inaîtres el des parents; B. Entretiens sur la
liberté de conscience; par Félix Héinenl;
6" De l'indemnité de plus-value au profil du fermier
sortant; par H. Pascaud ;
"" Auto-governo nazionale ed internazionale... soln-
zione dei piu' ardiu problemi sociali. Ouvrage anonyme
(jui a été soumis au dernier concours Casliau ;
8° Une loi sur les habitations ouvrières (loi belge du
9 aoùl 1889); par Anlony Roulliel;
9° I-LI. Cérémonial de la Chine antique, avec des
exirails des meilleurs commentaires, traduit pour la pre-
mière fois par C. de Harlez (avec une note du traducteur
(\u\ ligure ci-après);
10" Estadistica gênerai de la Republica mexicana, n° 5,
offert par la direction générale de la statistique, à Mexico ;
11° A. Étude du Folklore en Flandre; B. De hand en
(le vingeren in het volksgeloof; par Aug. Gilléo;
12° Le théâtre de la Monnaie depuis sa fondation jus-
qu'à nos jours; par Jacques Isnardon. — Présenté par
M. Wauters avec une note qui (igure ci-après ;
15° Discours prononcé aux funérailles de il/""" Van Wed-
dingen, le 10 juillet 1890; par G. Tibergliien. — Remer-
ciements.
— M. Lamy présente, pour V Annuaire de 1891 , la
notice biographique de M»"" Aloïs Van Weddingen, ancien
membre de la Classe. — Remerciements.
— M. Alpli. de Vlaminck soumet son mémoire sur les
origines, etc. de la ville de Gand, modifié el complété
conformément aux rapports de MM. Wagener, Wauters et
Vander Haeghen, lus dans la séance du 5 février 1890.
— Renvoi aux mêmes commissaires.
( 356 )
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres la
traduction, largement commentée, de l'I-LT, ou grand
Cérémonial de la Chine, rédigé il y a vingt-trois siècles, et
dont le contenu remonte à trois mille ans d'ici.
Ce livre, qui n'a jamais été traduit pi même touché par
un écrivain non chinois, a cela d'intéressant et d'important,
qu'il nous présente l'état (idèle de la civilisation chinoise
aux divers degrés de l'échelle sociale, à une époque loin-
taine dont peu de peuples ont conservé quelque souvenir.
Il fait revivre sous nos yeux ce peuple, si peu nombreux
à son origine, et qui sut, par la supériorité de sa civilisa-
tion, se créer le plus vaste empire que le ciel ait jamais
recouvert.
On comprend qu'un rituel de ce genre abonde de pas-
sages obscurs; grâce aux commentaires anciens et nom-
breux dont j'ai pu disposer, je puis espérer en avoir pénétré
le sens. C. de Harlez.
J'ai l'honneur de présenter à la Classe un volume des
plus intéressants qui a paru cette année et qui est inti-
tulé : Le théâtre de la Monnaie, depuis sa fondation
jusqu'à nos jours, par Jacques Isnardon (un volume
grand in-S", Bruxelles, Schott frères, imprimerie de
A. Lefèvre). Comme le dit avec raison M. Arthur Pougin,
dans une préface placée en tête du volume, il y a lieu de
s'étonner qu'aucun auteur ne se soit jamais occupéspéciale-
( o57 )
iiHMU de riiisloire d'un ihéàlrc aussi justement renommé
que celui du grand lliéâlre de Bruxelles. Mais cet écrivain,
en ne citant que d'autres monographies de théâtres, aurait
dû cependant Caire exception pour Vllisloire du thédlre
fronçais en Belgique, par Faber, ouvrage récemment
paru (1878-1880) en cinq vohimes grand in-8". Bien que
les aunales de la Monnaie n'en lussent pas l'ohjet unique,
elles y occupent une large place et M. Isnardon a pu y
puiser plus d'un détail, dont il a lait son profit.
M. Jacques Isnardon, actuellement fixé à Paris, a été
pendant plusieurs années attaché au théâtre de la Mon-
naie, où il a chanté avec succès. On doit lui savoir gré de
la masse d'informations qu'il est parvenu à recueillir et,
plus encore, de la manière dont il li's a mises en œuvre.
Sans se laisser aller au plaisir de tout dire, il a su avec
art être assez complet pour ne rien omettre d'important
et ne pas être assez long pour rebuter le lecteur par trop
de détails. Ces derniers, sur tout ce qui concerne la com-
position des troupes théâtrales et les questions de compta-
bilité, sont rejetés dans des tableaux qui complètent la
narration sans l'entraver, ni l'alourdir. L'histoire même
du théâtre est écrite avec beaucoup d'entrain, semée
d'épisodes et d'anecdotes; l'auteur se fait lire avec intérêt
et nous rappelle parfaitement les transformations que le
théâtre a subies, les œuvres principales qui y ont été
exécutées et les hommes qui en ont eu la direction ou
(]ui ont le plus contribué à sa prospérité. Des repro-
ductions de vues anciennes, de portraits, d'alfiches illustrent
le volume et lui donnent un cachet élégant auquel con-
tribuent aussi la beauté de l'iuipression et le choix du
l»apier.
( 358 )
S'il m'élait permis de joindre une légère critique à ce
tribut d'éloges justement mérité, j'exprimerais le regret
que M. Isnardon n'ait, pour ainsi dire, fait aucune mention
(le la transformation radicale que subit le théâtre de la
Monnaie il y a une quarantaine d'années. La comédie, la
tragédie, le drame, le vaudeville, (\u\ y avaient été repré-
sentés et cela pendant quelques années avec tant de
succès que la scène de la Monnaie pouvait rivaliser avec
les meilleurs théâtres de Paris, furent d'abord rejetés au
second plan (après 4849) et enfin abandonnés d'une
manière absolue (en 1859). C'était là, ce me semble, un
fait assez important, dont il aurait dû être largement tenu
compte dans l'histoire du théâtre. Il préoccupa considéra-
blement le public, et donna lieu à de vives discussions au
conseil communal de Bruxelles et dans la presse. Dans
tous les cas, il constitue dans notre histoire dramatique
une période nouvelle. L'art du tragédien et du comédien,
qui y avait occupé la première place, se réfugie dans des
scènes secondaires; le théâtre de la Monnaie ne reste pins
ouvert qu'aux représentations d'œuvres de chant et de
musique. On sait que, sous ce rapport, de grands progrès
ont été réalisés et que, grâce à de larges subventions et à
des directions intelligentes, le théâtre de la Monnaie est
devenu l'une des premières scènes de l'Europe. M. Isnardon
a tracé de cette situation un tableau animé et qui termine
le livre de la façon la plus heureuse.
Alphonse VVautf.rs.
( ôo9 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
La fécondai ion artificielle du palmier dans la sytnboliqtic
assyrienne ; par le comte Goblei d'Alviella, membre
de l'Académie.
Au cours (lu mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à la
dernière séance publique de la Classe des lellres sur les
arbres paradisiaques des Sémites et des Aryas, j'ai suivi
dans ses migrations le type assyrien de l'arbre sacré
entre deux génies ou deux monstres affrontés, mais sans
insister sur la signidcation première des éléments sym-
Iwliques qui figurent dans cette combinaison et en me
bornant à exposer, d'après les textes, les croyances ou les
mythes dont elle pouvait offrir la représentation figurée (1 ).
Une ingénieuse et suggestive dissertation que M. Edw.
B. Tylor vient de publier dans les Proceedings de la Society
of Biblical Arcfiaeology (2), ainsi que les observations sur
le même sujet qui se sont produites dans les dernières
livraisons du Babylonian and Oriental Record (3), nous
(i) Les arbres paradisiaques des /irijus et des Sémites dans les
Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XIX. o« série, pp. 655 ctsuiv.
(2) The wingcd Fir/urcs of the Assyrian and olher ancicnt Monu-
ments ^ tire à part avec 4 planches. Londres, 1890.
(5) E. BoNAViA. Did tlie Assyrians know the Sexes of tlie Date
Palms? (février-avril 1890) — W. S'-Ciiad. Boscawen. A'ofes on tlte
( 360 )
permellronl peut-être aujourd'hui de faire un pas de plus
vers une vue d'ensemble sur l'origine et la signification du
symbole de l'arbre sacré chez les Assyriens.
FiG. i. Bas-relief assyrien.
(l'ERROT et Chipiez. Art antique, t. Il, f. 8.)
Assyrian Sacrcd Trccs (mars 1890). — Terrien de la Couperie.
Sti'ay notes on ancicnt Date Palms in Antcrior Asia (avril 1890) —
Tlie Calendar Plant of China, thc Cosmic Tree and the Date Palm of
Babylonia (septembre 1890). — Je saisis roccasion pour rétablir
dans son intégralité le texte que j'avais emprunté à M. le professeur
Terrien de la Couperie relativement à la plante calendrier dos anciens
chinois: « La plante lih kiep, au premier de chaque mois, portait une
gousse et ainsi de suite, chaque jour, jusqu'au 15, alors que, le 16,
une gousse tombait et ainsi chaque jour, jusqu'à la fin du mois; si le
mois était court (29 joursj, une gousse se desséchait sans tomber. »
Une partie de ce texte avait été omis par une erreur typographique
dans la première version du Bubylonian and Oriental Record.
( 361 )
J'ai /ail allusion, dans ma leclure, à des monumenls
assyriens où les deux génies, figurés aux côlés de l'arl.re
sacré, lennienl d'une main nn réceplacle à anse et de
l'autre main, projelée en avanl, un ol.jei conique, légère-
ment ellipsoïde, à surface réticulée, avec une pointe parois
légèrement recourbée. Sur un bas-relief, acluellemenl au
Louvre, ces génies plongent l'extrémité du cône dans
une des palmettes sculptées à l'extrémité d'une brandie
latérale (fig. i). D'autres monumenls laissent apercevoir
le même objet disposé comme un fruit, tantôt entre les
feuilles d'un palmier conventionnel, tantôt à l'extrémité
de longues branches parallèles [i).
En présence des controverses qui se sont poursuivies
de longue date sur la nature de cet objet, je m'étais
adressé à plusieurs de nos confrères de la classe des
sciences pour savoir s'il n'y avait pas là un fruit donl
ils pourraient déterminer l'espèce. Malheureusement je
n'en possédais que des reproductions assez approxima-
tives, et les conventions de l'art assyrien, quand elles
s'appliquent à une plante ou à un fruit, ont souvent de
quoi faire hésiter le botaniste le plus intrépide. Je m'élais
donc contenté de mentionner brièvement les diverses
interprétations produites jusqu'ici.
Parmi ces interprétations, celle qui ralliait le plus de
suffrages consistait à faire de ce fruil une pomme de pin
ou de cèdre. En effet, outre la ressemblance de l'ima-e
qui est très sensible, le cône du cèdre, comme nous^e
(I) Cf. Bull, de l'Acad. roy. de Helyiquc, l. XIX, 3'- série fi- 3
a et b. ' ^'
O"" SÉHIE, TOME XX.
. 24
( 362 )
savons par des lexles, possédait en Mésopolamic une
réputalion prophylactique et rénovatrice qui le destinait
assez naturellement à figurer sur l'arbre de vie, ainsi
qu'entre les mains des dieux ou des génies chargés de
mettre les démons en fuite. M, Bonavia, qui naguère
penchait pour voir un citron dans certaines représenta-
tions de ce fruit, s'était lui-même rallié récemment à
l'opinion qu'on se trouvait devant une pomme de pin.
Il ajoutait, toutefois, que, dans la main des deux génies,
elle remplissait l'office d'un goupillon pour projeter sur
l'arbre l'eau lustrale qu'ils puisaient dans le seau ou récep-
tacle tenu de l'autre main (1). Nous assisterions ainsi à
une véritable scène d'exorcisme, comme on en décrit dans
les textes magiques de l'époque. L'eau, consacrée par
certaines formules, a figuré presque partout parmi les
éléments employés pour meltre en fuite les méchants
esprits, et la légende mésopolamienne de la descente
d'Istar aux enfers nous fait connaître la croyance à une
source, dont l'eau, répandue sur les défunts, aurait eu le
pouvoir de les rappeler à l'existence. Enfin, M. Bonavia
peut invoquer ici un témoignage qui, s'il était bien établi,
serait d'un grand poids en faveur de sa thèse. C'est l'asser-
tion d'un Oriental, reproduite par un assyriologue des plus
avantageusement connus, M. W. S'-Chad. Boscawen, sui-
vant laquelle il existerait encore aujourd'hui en Orient
certaines sectes qui se serviraient, pour leurs aspersions
sacrées, d'une pomme de pin et d'un seau analogues aux
modèles fournis par les bas-reliefs assyriens (2).
(1) Babylonian and Oriental Record, t. IV, p. 9i.
(2) Ibid., l. IV, n'i, p. 96.
( 365 )
Ici inlervienl M. Edw. Tylor pour soutenir que l'objet
conique n'est pas à proprement parler un fruit, mais
bien l'inflorescence du palmier mâle, et que la scène où
il ligure est tout simplement la IVuclification du palmier
femelle.
A cet effet, il commence par établir que les Babyloniens
connaissaient la sexualité des palmiers et même le pro-
cédé de fructilicaiion consistant à répandre artificiellement
sur les régimes du palmier femelle le pollen renfermé
dans les inflorescences du palmier mâle. « Les pal-
» miers, dit Hérodote, en décrivant la Cbaldée, abondent
1» dans tout le pays plat; la plupart portent un fruit qui
» fournit à la fois le pain, le vin et le miel. Ils sont cul-
» livés comme le figuier, notamment en ceci : Les indi-
» gènes attachent le fruit du palmier mâle, comme disent
» les Grecs, aux branches du dattier femelle, afin que le
5 cynips entre dans les dattes, les mûrisse et les empêche
» de tomber (1). » — a Quand le mâle fleurit, dit de son côté
» Théophraste, on coupe le spalhe sur lequel se dresse
i> l'inflorescence, puis on secoue la fleur, ainsi que le
i> pollen, sur le fruit du palmier femelle. (2) »
Après avoir reproduit ces textes et d'autres encore
empruntés à des auteurs subséquents, M. Tylor fait ressor-
tir, par des copies prises sur nature, — et c'est là, à mon
(t) tJisf.y lib. I, CXCIII. — Ilcrodotc se tromj)e en ce qu'il attri-
bue le transport du pollen à l'aetion d'un insecte, comme c'est parfois
le cas dans la capriflcation du figuier, mais cette méprise ne porte
pas sur le procédé lui-même.
(2) IJist. plant., II, c. 2, 6j c. 7, 4.
( ô(ii )
avis. raiguiiuMU lo plus décisif on tavoiir de sa ihèse —
que les inflorescences iln palmier mâle sont idenliques au
cône rélicnlé des monnnienls assvriens.
Fie. "i. Bas-roliof assvrien.
FiG. 3. hifloresoeuce du pjilmier iiuUe.
iTvLOR. Wiiigtd Figures of Assyrian Monuments.]
Appliquant ces données à rinterprétalion des monu-
ments tigurés, il y montre les ijénies tantôt approchant du
( 5(i:j )
palmier femelle l'inflorescence du palmier mâle qu'ils ont
tirée du panier ou réceptacle représenté dans l'autre main,
tantôt même [)longeaiil la fleur dans la couronne ou dans
le régime du palmier (luelle est destiné*' à léconder (fig. \).
Enfin, comme représentation complète de celte scène,
désormais passée à l'état de mythe, il reproduit, d'après
l'atlas de Layard, un has-relief de Nimroud, où, en avant
des deux génies qui s'aj)proclienl du palmier, l'inflorescence
à la main, on découvre deux personnages agenouillés dans
l'altitude de l'in vocation, tenant en main l'extrémité d'un
ruban ondulé qui descend du disque orniihomorphe placé
au-dessus de l'arhre.
Fig. i. Bas-relief as^yrien.
(Layakd. Munuiiieiits of Sineieh, pi. VI.;
On a généralement regardé ces personnages comme des
orants et les deux rubans comme un symbole du lien qui
les met en communication avec leur dieu. M. Tylor y voit
des cordes par lesquelles des divinités dirigent ou main-
tiennent le globe solaire au-dessus du palmier, afin d'activer
la maturation des dattes, alors que les deux génies figurés
à l'arrière-plan se préparent à remplir leur mission fécon-
datrice.
( 366 )
Ainsi la représentation de l'arbre sacré, dans laquelle on
a si souvent voulu trouver un profond et mystérieux sym-
bolisme, n'aurait que la portée pratique d'une scène
empruntée à la vie agricole. Quant à la nature des person-
nages qui jouent un rôle dans cette scène, on plutôt en ce
qui concerne l'attribution à des dieux d'une opération
généralement accomplie par la main de l'homme, ce serait
simplement une preuve de l'importance que les Mésopo-
lamiens attachaient à la culture de leur palmier et à la
fécondation de ses fruits, — tout au plus un mythe histo-
rique, reportant à des dieux l'invention d'un des procédés
qui ont le plus contribué à assurer le développement de la
prospérité chaldéenne. — N'est-ce pas ce que semble indi-
quer la présence de l'inflorescence dans la main d'un per-
sonnage revêtu d'une peau de poisson, dans lequel on
s'accorde à reconnaître Oannes ou Ea, le dieu amphibie qui
passe pour avoir enseigné aux Clialdéens l'agriculture, les
lettres, les aris et les autres éléments de la civilisation (1 ) ?
J'estime que M. Tylor a parfaitement saisi la signifi-
cation primitive du thème commenté dans son mémoire.
Mais il ne faut pas méconnnaître que ce thème avait reçu
chez les Assyriens un sens éminemment symbolique. Nous
en avons la preuve dans la place qui lui est attribuée sur
les monuments, dans la fréquence de sa reproduction,
dans les attributs surhumains des personnages qui y inter-
viennent. Or, le propre d'un symbole, c'est précisément
d'emprunter à la vie ordinaire un objet matériel ou un acte
aisément représentable pour lui faire figurer, par analogie
(l) Bérose, frag. I, § 5.
( 5(i7 )
011 par convenlion, une idée abstraite, ou du moins ud fait
qui par lui-même échappe à loule lenlalive de représon-
lalion ligurée. Ici, le l'ail concret, c'est la lécondalion arti-
ficielle du |)almier; tel est le point de départ que, à mon
avis, les recherches de M. Tylor ont mis désormais en
pleine lumière. Mais reste à savoir quel est le fait abstrait
dont ce procédé a fourni le symbole?
M. Tylor lui-même suggère, à litre d'hypothèse, que les
génies affrontés pourraient représenter soit les venls fer-
lilisaleurs, soit les divinités dont l'induence fertilisante
était tupi/iée par la fécondation artificielle des palmiers.
Cette dernière opération serait donc devenue le symbole
de la fécondation naturelle, ou plutôt de la fécondation
opérée par ce que nous appelons des agents naturels et
ce que les Mésopotamiens regardaient comme des person-
nifications divines des forces de la nature.
Ne pouvons-nous aller même plus loin et nous demander
si ce procédé n'aurait pas fourni un symbole de la fécon-
dation en général, — une représentation symbolique de
l'opération mystérieuse partout accomplie, sous les formes
les plus diverses, par les forces fécondantes disséminées
dans la nature entière?
La culture du dattier est loin d'offrir pour la monta-
gneuse Assyrie l'importance vitale qu'elle revêt pour la
basse Chaldée; le palmier y pousse, mais il n'y porte que
des fruits insignifiants. Cependant c'est en Assyrie, à Nim-
roud et à Khorsabad, que se rencontre presque exclusive-
ment la scène des génies ailés fertilisant l'arbre sacré.
Suivant M. Ch. S'-Chad. Boscavven, ces représentations
ne remontent pas au delà du IX* siècle avant notre ère;
elles sont, à peu d'exceptions près, l'œuvre d'artistes
( 5G8 )
assyriens et non babyloniens(l). Il faut donc que les Assy-
riens y aient attaché une signification cachée, quelque
chose d'au Ire et de plus que la simple fécondation du
palmier.
D'autre part, il s'en faut que l'arbre ainsi figuré soit
toujours un palmier. La même mise en scène s'appllcjuc,
comme j'ai eu l'occasion do le montrer précédemment, à
des grenadiers et à des conifères (jui cependant ne com-
portent pas ce mode de fécondation, — voire à des arbres
conventionnels où un tronc de palmier sert de support à
une plante grimpante (2). — Ces variations dans le choix
de l'arbre ne peuvent s'expliquer que s'il s'agit de rendre
l'idée de fécondation en général, et non plus- exclusivement
de représenter la fécondation arlilicielle d'une espèce par-
ticulière.
A plus forte raison celte extension du symbole résulle-
t-elledes monuments oîi l'on voit ces génies approcher
l'inflorescence, non plus d'un palmier ou même d'un arbre
quelconque, mais du visage d'un roi ou de quelque haut
personnage. Il faut admettre qu'ici l'objet en question a
une valeur vivificatriceou du moins prophylactique, comme
celle que les textes attribuent à la pomme du cèdre (5).
(1) Bubylonian and Oriental Record, t. IV, n" i, p. 05. — Cepen-
dant on possède an Musée dn Louvre un exemplaire trouvé dans le
palais d'Assonr-Nazirpal el qui par conséquent remonte pour le
moins au \' siècle.
(2) Voir Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XIX, 3« série,
fig. o c.
(5) « Prends le fruit du cèdre, — dit l'un des textes sur lesquels
s'appuyait François Lenormant pour soutenir sa thèse sur la nature
du fruit figuré dans la main des génies, — et présente-le à la face
( 5()9 )
Sur une arcliivolle de Kliorsabud, on voit deux génies
ailés qui présenlenl l'inflorescence à une rosace.
FiG. 5. Bas-reliff de Kllo^^al)a(i.
(V. I>i,ACK. Miiiioiul cl fAssyne, t. III. pi. i",,)
Suivant le savant professeur d'Oxford, cette rosace ne
serait autre qu'une couronne de palmier « vue d'au-dessus
ou d'en dessous » (1).
Mais les analogies de l'art font de la rosace — qu'elle
soit empruntée au lotus ou à toute autre fleur— un symbole
essentiellement solaire, et les génies qui s'en approchent
ne peuvent avoir ici pour mission, — si celte scène a une
valeur symbolique — ,que de ranimer les forces du soleil,
de féconder la matrice d'où il s'élance à chaque naissance
nouvelle, ou peut-être de lui emprunter ses eflluves vivi-
ficateurs pour en charger leur engin végétal. Il faut
remarquer qu'ils tiennent l'objet conique de la même façon
que les dieux de l'Egypte manient parfois la clef de vie.
» du malade: h cèdre est l'arbre qui donne le cliarme pur et
« repousse les démons ennemis tendeurs de pièges. . {Origines di-
l'hisloirc. Paris, 1880, pp. 83-84).
(i) Winyed l'iyures, etc., p. 10,
( 370 )
En résumé, les Assyriens semblent avoir puisé dans les
relations sexuelles des végétaux ou, à proprement parler,
du palmier, le même symbolisme relatif au renouvellement
ou à la communication de la vie, que d'autres peuples ont
emprunté aux relations sexuelles de l'humanité. Il est,
d'ailleurs, facile à comprendre que l'inflorescence du pal-
mier mâle ait rempli l'office symbolique ailleurs échu au
phallus, comme emblème par excellence de la force fécon-
dante. Quant au palmier femelle, il est devenu le symbole
de la nature génératrice ou, pour mieux dire, de la matrice
universelle, que personnifie si clairement, chez les Mésopo-
tamiens, la grande déesse astrale ou terrestre connue sous
le nom d'islar, de Mylitta, d'Anat, etc. Ainsi s'explique à
la fois la représentation de cette déesse par des arbres
réels ou conventionnels, prototypes ou équivalents des
ashérahs cananéens, — l'appellation de « déesse de
l'arbre de vie », que décernent à la « déesse de l'Éden »
certains textes cunéiformes (1) — ; enfin, la scène si fré-
quente du disque ailé planant au-dessus de l'arbre sacré,
pour symboliser, comme l'avait deviné François Lenor-
manl, l'union d'Ashour et de sa parèdre, du ciel fécondant
et de la terre mère (2).
Il est à remarquer que le sens originaire du thème
ne paraît pas avoir passé chez les peuples voisins, notam-
ment chez les Phéniciens et chez les Perses, qui adop-
tèrent, dans leurs représentations figurées, le type assy-
rien de l'arbre sacré entre deux personnages ou deux
monstres affrontés. D'une part, l'arbre y perd de plus en
{i) A. H. Saya. Religion of the ancicnt Babylonians. Londres,
1887, p. 240.
(2) Origines de l'histoire, t. I, p. 88.
( ^'71 }
plus les formes du palmier pour consliliier un tnlrclaco-
menl de rameaux et de spires qu'il devient impossible de
rallacher à une espèce déterminée. D'autre part, le cône; a
disparu dans la main des deux acolytes; ceux-ci ont plutôt
l'air de s'approcher de l'arbre pour y cueillir un fruit ou une
fleur. Tantôt, comme dans les bas-reliefs de Persépolis,
ce sont des animaux monstrueux qui portent la patte sur
l'extrémité d'une branche; tantôt, ce sont des prêtres ou
des génies qui font mine de cueillir un fruit ou une fleur,
comme sur la coupe phénicienne dont j'ai déjà reproduit
la gravure significative (pi., fig. a).
Il semble, dans ce cas, que le thème assyrien, dépouillé
de sa signification première, symbolise, non plus la fécon-
dation de la nature, mais quelque mythe roulant sur la
cueillette des produits de l'arbre sacré. Or, nous savons
précisément que des mythes de ce genre existaient, d'une
part, chez les Indo-Iraniens, dans les légendes relatives au
soma-haoma, dont le suc procurait l'immortalité; d'autre
part, chez les populations palestiniennes, comme en
témoigne la tradition de l'arbre de vie relatée dans la
Genèse. Nous aurions donc là un exemple de la facilité
avec laquelle un symbole change de signification en chan-
geant de patrie.
Je dois, du reste, ajouter que le prototype des animaux
monstrueux, spoliateurs ou gardiens de l'arbre sacré, se
rencontre déjà, en Assyrie, sur des cylindres et même dans
des bas-reliefs. Layard reproduit notamment un cylinrlre
où l'on voit les deux génies, l'objet conique à la main,
montés sur des sphynx (jui portent la patte sur une des
branches inférieures et avancent la tête comme pour
mordre dans une des grenades figurées au bout des
blanches (pi. n" 1). Il est donc possible que les deux appli-
^ 372 )
cations du symbole aient coexisté chez les Assyriens, alors
que leurs voisins l'auraient employé exclusivement à iUiis-
Irer leur mythe relatif au rapt des fruits de l'arbre de vie.
J'ai montré, dans la planche annexée à mon mémoire,
la reproduction de l'arbre sacré entre ses deux monstres
affrontés se propageant à travers la Perse, la Phénicie, la
Grèce, jusque dans l'Europe du moyen âge. Je demanderai
de pouvoir ajouter à la présente note une autre planche où
seront exposées les migrations de ce qu'on peut appeler le
second type de ce symbole, c'est-à-dire l'arbre entre deux
personnages humains. D'Assyrie, nous voyons, en effet, ce
thème passer dans l'art babylonien, puis dans l'art hindou,
chinois et japonais, gagner de l'Inde l'a'rchipel de la
Sonde, enlin atteindre peut-être le Nouveau-Monde, parmi
les symboles de l'ancien Mexique. — Il va sans dire que,
pas plus dans ses migrations vers l'Orient que vers l'Occi-
dent, il n'a intégralement conservé son sens primitif; mais
j'ai déjà eu l'occasion de vous montrer, dans l'étude de
nombreux symboles, comment les formes symboliques
peuvent se propager bien au delà des mythes qu'elles ont
pour mission de représenter.
L'arbre qui porte sur les monnaies de Myra en Lyeie
l'image d'une déesse placée à la bifurcation des branches,
entre deux bûcherons, la hache levée (pi. 3) (1), peut être
envisagé comme représentant une conception analogue à
Vasherah, surtout si celle divinité est Myrrha qui, enceinte
d'Adonis et transforn»ée en arbre, fut délivrée, suivant une
version rapportée par Hygin, par un coup de hache. — De
même, l'arbre entouré du dragon qui, sur un vase grec,
(1) Barclay V. Head. Historia Ntimorum. Oxford, 1887, p. 578,
fig. 519.
/f
Fir.. II. IMiénicic.
Fie. b. Grèce.
-^-1 V
î'^i
i.ï-5
C^t,LJ''^i#
i*:J
Fie. i;. l*erse.
FiG. d. Perse.
Fie. t Lycie.
Fie. i Chiildéc.
Fie. k. Amérique.
( 373 )
nous appai ail entre deux Hespérides cueillant les ponnnes
d'or pour le compte d'Hercule (pi., fig. ^)(1), peut encore se
rattacher, malgré les libertés que l'art grec a prises avec le
thème traditionnel, aux représentations (igurées du mythe
oriental relatif à l'arbre cosmogonique ou à l'arbre de vie.
Mais la signilication primitive de l'image n'a plus rien de
commun avec sa reproduction, quand, nous dirigeant vers
l'est, nous voyons l'arbre sacré devenir chez les Perses un
pyrée entre deux orants ou deux prêtres (pi., (ig. d et e) (2),
chez les Hindous le support de la déesse Parbati entre
deux éléphants (3), voire de Krishna entre deux gopi'es [A],
chez les Bouddhistes le support du Bouddha entre deux
ÎNagas à forme humaine (pi., fig. g) (5), chez les Javanais
l'arbre Bô lui-même (pi., lig h et i) (6), enfin — qu'on me
pardonne, par égard pour la ressemblance des figures, la
témérité de l'assertion — dans l'Amérique précolombienne,
le perchoir du dieu-perroquel ou de quelque autre oiseau
sacré (pi., fig. k) (7).
Cependant l'identité du modèle n'en reste pas moins
établie, dans la plupart des cas, non seulement par
l'ensemble de la combinaison — ce qu'on peut appeler un
air de famille — mais encore par la similitude de certains
détails qui sont comme les signes particuliers de son passe-
(t) Guir.NAUT. ndir/ioiis de l'aiitiijuilc^ t. IV, pi. CI^XXXI, fig. GGb.
(2) GiiGNALT. Milhra, pi. XLIV c, fig. 2.
(5) RIooR. Ilindu Panthéon, pi. XXX.
(4-) Glignalt. Religions de l'antiquité, t. IV, pi. XII, n» 70.
(b) BuKGESS cl l'iiRGL'ssoiN. Cave Tetnplcs of India, pi. X, fig. 35.
(G) MiLLiES. Monnaies de l'Archipel Indien, pi. VI, fig. 50 cl IX,
f.g. 67.
(7) Cykls Thomas. Gravure d'un manuscrit maya. Publicalions of
the Bureau of Ethnography. Washinglon, 1882, t. III, p. 52.
( 574 )
port. Telle esl, par exemple, la présence d'une paire de
volutes entre lesquelles se dresse le tronc ou qui le coupent
à nii-hauteur. On a pu constater la reproduction de ce motif
dans les exemplaires d'arbre sacré entre deux monstres
que j'ai précédemment signalés dans la symbolique respec-
tive de la Mésopotamie, de la Perse, de la Phénicie, de la
Grèce, du moyen âge chrétien, etc. {Bîtll. de l'Acacl.,
t. XIX, 3'^ série, tig. 4, 6, 7, 8, 9, 11 et 13 de la planche).
— On le retrouvera également parmi les (igures de la
planche ci-jointe, où il affecte tantôt la forme de deux
pétales ou de deux cornes évasées (fig. a, d et k), tantôt de
deux branches recourbées (fig. h elj), tantôt enfin de deux
serpents s'élançant de l'arbre comme pour' en défendre
l'approche aux deux assaillants affrontés (pi., fig. c) (1).
Un détail moins fréquent, mais qui peut cependant aider
à constater une transmission de types, sinon de mythes,
c'est la présence dans la scène d'un ou de deux serpents
(fig. b, c, g et j). — Enfin, nous pouvons encore regarder
comme une caractéristique de notre symbole la symétrie
qui, là où le thème n'est pas encore altéré, s'observe tant
dans la disposition des branches aux deux côtés de l'arbre
que dans la physionomie et même l'altitude des deux aco-
lytes (fig. a, c, rf, g, h, i,j\ k). Cette disposition est peut-
être plus sensible encore dans les exemplaires de l'arbre
entre deux monstres affrontés.
(i) L'appendice en question manque à l'arbre qui sert de support
au Bouddha dans les sculptures de Kanerki, et que j'ai reproduit ici,
ainsi que sur les exemplaires japonais du même thème qui se trou-
vent au musée Guimet. Mais il se révèle de la façon la plus incon-
testable dans un sujet identique qui se rencontre à la grotte de Karly
et qu'on trouvera reproduit dans Moor, Hindn Pant/ieon, pi. LXXil.
( 37S )
La Conférence de Bruxelles son origine et ses Actes; par
Ë. Banning, correspondant de l'Académie.
M. le Minisire des Affaires Étrangères m'a confié la
mission de présenter, au nom du Gouvernement, à la
Classe des lettres de l'Académie, les Actes de la Confé-
rence qui a siégé à Bruxelles du 18 novembre 1889 au
2 juillet 1890. Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de
déterminer brièvement la nature et l'objet de ces docu-
ments. Quelque pressantes que soient les questions poli-
tiques qui se débattent autour du terrain où la Conférence
a dû se placer, les idées morales, supérieures aux préoc-
cupations du jour comme aux compétitions nationales,
dominent de si haut son œuvre, qu'elle intéresse au même
degré l'homme d'étude et l'homme public.
La traite africaine est chez les nations de l'Occident une
institution des temps modernes. A une époque de rénova-
tion féconde, elle apparaît comme une tache sombre dans
un tableau d'ailleurs plein de grandeur. Le mal semé dans
les ténèbres prit une rapide extension; personne n'a écrit
ni n'écrira l'histoire de ce qu'il a engendré de malheurs,
de ruines et de crimes. Le XV1% le XVI1% le XVIll" siècle
même nous étonnent aujourd'hui jusqu'au scandale par
l'indiirérence inexplicable des meilleurs esprits, par l'apa-
thie de la conscience générale devant cet énorme forfait.
A peine, de loin en loin, un cri de réprobation se fait-il
entendre au nom de la science ou de la religion. Jusqu'en
1743, les traités (ïasienlo se renouvellent périodiquement
entre les Puissances les plus civilisées de l'Europe, et
reproduisent les clauses cyniques qui font des Gouverne-
ments les associés bénéficiaires des négriers, sans que
(376 )
l'opinion s'émeuve, sans l'ombre d'un scrupule ni d'un
remords.
Ce n'est que vers la seconde moitié du siècle dernier
qu'un sentiment nouveau commence à se faire jour. Une
page sarcaslique de Montesquieu en reste une expression
célèbre (1). Il faut descendre toutefois jusqu'en 1787, trois
ans après la publication de l'émouvant écrit de Ramsay,
pour que la protestation prenne corps par la fondation à
Londres, sous la direction de Th. Clarkson, de VAntî-Sla-
venj Socîely. Dès l'année suivante, {'Association africaine,
constituée dans la même ville, inaugure à côté d'elle l'ère
des grandes explorations géographiques qui, en révélant
pas à pas les secrets d'un continent ignoré, ont fini par
permettre d'attaquer la traite à son foyer.
La Révolution française, dans une heure d'enthousiasme,
abolit l'esclavage, mais sans toucher au trafic qui l'ali-
mente; le décret voté par la Convention le 4 février 1794
n'eut d'ailleurs qu'une durée éphémère. C'est à l'Angle-
terre qu'appartient la grande initiative sur ce terrain.
En 4807, elle proscrivit la traite. Ce ne fut qu'après
vingt ans de lutte, après sept défaites, que les promoteurs
et défenseurs de cette mémorable mesure, Wilberforce,
W. Pitt, W. Smith, Granville, Fox, Burke, Romilly et bien
d'autres triomphèrent enfin des dernières résistances. Le
Congrès de Vienne et celui de Vérone donnèrent la sanc-
tion de l'Europe à cet acte décisif et posèrent les bases de
son application universelle. En 1826, après la renoncia-
tion du Portugal et l'accession du Brésil, aucune nation
chrétienne ne tolérait plus la traite à titre légal.
Le mouvement à partir de cette époque prend une
(1) Esprit des lois, livre XV, chapitre 5.
I
( 377 )
double direction : d'une pari, par l'action persistante du
Gouvernement britannique, s'organise de proche en proche
la surveillance des côtes d'Afrique dans le but d'inter-
cepter la marchandise humaine; d'autre part, un courant
puissant d'idées se forme pour revendiquer la liberté de
l'esclave et pousse à la suppression de la traite par la
clôture des marchés qu'elle approvisionne. Le problème de
l'abolition de l'esclavage dans les colonies s'impose bientôt
à l'attention publique. Ici encore, l'honneur d'avoir tracé
la voie appartient à l'Angleterre. L'Acte, justement célèbre
du 28 août J833, supprima l'esclavage dans les colonies
anglaises et rendit la liberté à 780,000 esclaves. Une
somme de vingt millions de livres sterling fut la rançon et
l'expiation du passé.
En J8-i8, la France suivit ce glorieux exemple. A tra-
vers des crises terribles, au milieu de commotions dont le
souvenir est présent à toutes les mémoires, l'idée libéra-
trice ûl désormais son tour du monde. Il y a trois ans, elle
accomplit au Brésil sa dernière étape sur le sol chrétien.
Les États de l'Orient, sous l'empire de la loi musul-
mane, conservent seuls aujourd'hui, parmi les nations
policées, une forme mitigée de servitude domestique. Mais
l'Afrique, mère et patrie des millions d'esclaves emportés
sous tous les climats, restait immobile dans sa barbarie
native, livrée à tous les excès, souillée de tous les vices
contractés au cours de trois siècles de razzias et de guerres
intestines au profit de la traite coloniale.
^ Ce fut la conséquence de cette magnilique campagne
d'exploration dont je signalais tantôt le début et qui a
compté dans ce siècle tant de héros et de martyrs, de faire
connaître à l'Europe, avec la nature et la conformation du
continent africain, l'état moral et social des peuples qui
O"* SÉRIE, TOME XX. 2o
( 578 )
l'habitenl. On avait pu croire que la surveillance des
escadres, en purgeant les mers des bâtiments négriers, et
surtout la clôture des marchés américains d'esclaves,
auraient réagi dans un sens pacificateur sur la condition
de la race noire aux lieux d'origine et frayé les voies à
son entrée dans la civilisation. L'expérience n'a pas
justifié cet espoir. Un fléau aussi invétéré ne pouvait céder
d'un coup. La traite refoulée à l'occident prit sa direction |
vers l'est et ses ravages ne cessèrent pas d'ensanglanter
des régions immenses, d'y anéantir tout germe de culture.
Tandis que les côtes septentrionale et orientale conti-
nuaient, sur presque toute leur étendue, de servir de
débouché au trafic proscrit, tout le centre du continent
africain, sur une superficie excédant celle de l'Europe,
apparut comme un immense terrain de chasse en même
temps qu'un marché de consommation et d'exportation
de la denrée humaine.
C'est dans la seconde moitié de ce siècle que les infor-
mations s'accumulèrent à cet égard avec une désolanie
uniformité. Les grands voyageurs contemporains qui par-
coururent en tous sens l'Afrique pendant ces cinquante
dernières années se trouvèrent unanimes pour dénoncer
l'énormilé de la plaie saignante de tout un peuple. Les
scènes atroces dont ils sont à chaque pas les témoins
impuissants, leur dictent à tous des tableaux dont rien
n'égale la navrante éloquence. A côté d'eux, le Gouver-
nement Britannique entreprenait alors et poursuivait avec
une admirable persévérance ce vaste recueil de publica-
tions oflicielles sur le Slave Irade, dont les volumes se
comptent par centaine et où vient aboutir, sur cette
matière, sa correspondance avec tous ses agents en contact
avec la traite ou l'esclavage. En 1876, une date à retenir,
paraît le rapport de la Commission chargée par le Cabinet
( ">71) )
(le Londres (rexariiiiicr la question des esclaves lugilils ;
c'était alors une source de conflits internationaux et
presque un péril dans les rapports des chefs d'escadre avec
les goiivcrnemenls des contrées où l'esclavage restait une
institution légale. L'eiiquèle ouverte à celle occasion sur
la situation intérieure de l'Afrique conlirma tous les récils
des voyageurs, montra les dévastations et les meurtres
commis par les chasseurs d'esclaves, comme la misère
profonde de leurs victimes (I). Avant même que celle
enquête eût abouti, le secrétaire de la Société anliescla-
vagiste de Londres, M. J. Cooper, publiait son livre ; « Le
Conliiient perdu, » où il résumait l'ensemble des faits
recueillis à celte époque au sujet de la traite el de l'escla-
vage, et concluait à une intervention prochaine des Puis-
sances eurojtéennes (2). Cinq ans auparavant, un écrivain
français, M. Berlioux, avait rempli avec succès la même
lâche dans son remarquable et éloquent ouvrage sur la
traite orientale (3).
Cependant la conscience publique restait inerte. Hors
l'Angleterre, et là même dans un cercle relativement
restreint, les relations des voyageurs, les appels des mis-
sionnaires, les témoignages recueillis par le Gouverne-
ment Britannique, ne troublaient guère la masse des
esprits. L'Afrique restait une terre inconnue pour la plu-
part d'entre eux. La presse ignorait celle rubrique. Les
(1) Royal Commission on fugitive slaves. Report of the Commis-
sioners. Minutes of the évidence, etc. London, 1876. C, 1516 I.
(2) The losl Continent; or Slavery and the slavc-lrade in Africa.
London, 1875.
(5) La traite orientale. Histoire des chasses à l'homme uryanisées
en Afrique depuis quinze ans pour les marches de l'Orient. Paris,
1870.
( 580 )
dénomina lions ethnographiques el géographiques d'un
continent si près de nous déconcertaient par leur étran-
geté; c'était un thème à saillies plus ou moins spirituelles.
Les noms des plus illustres voyageurs, des Caillié, des
Barth, des Speke et Burton, des Livingstone, des Schwein-
furlh, des Rohifs, des Duveyrier, des Nachtigal, des Came-
ron, n'arrivaient guère à la foule et leurs travaux n'inté-
ressaient que quelques initiés. Que furent les rentrées de
Livingstone en Europe comparées au récent retour triom-
phal de Stanley?
C'est l'initiative du Roi des Belges, c'est la Conférence
de 1876 — il doit être permis de constater un fait géné-
ralement reconnu -^ qui a opéré sous Ce rapport une
révolution. La question africaine a été mise à l'ordre du
jour des préoccupations européennes el n'a plus cessé d'y
tenir une place toujours grandissante. Elle est devenue
l'un des facteurs dominants de la politique contempo-
raine. L'opinion si longtemps indifférente s'y attache avec
passion, et l'étude, sous tous ses aspects, en devient popu-
laire.
L'Association internationale africaine s'était placée sur
le terrain de la science et de la philanthropie : faciliter
l'exploration par la création de stations hospitalières, pré-
parer la civilisation de la race noire par l'extinction de la
traite el de l'esclavage : tel fut son programme. La place
prépondérante que tenait celle dernière préoccupation
dans la pensée de son Fondateur, apparaît dans un dis-
cours prononcé le 6 novembre 4876. « L'esclavage —
ainsi s'exprimait le Roi, — qui se maintient encore sur
une notable partie du continent africain, constitue une
plaie que tous les amis de la civilisation doivent désirer de
voir disparaître. Les horreurs de cet état de choses, les
milliers de victimes que la traite des noirs fait massacrer
( "^81 )
chaque année, le nombre plus grand encore des êtres
parlailemenl innocents (jui, brutalement réduits en raji-
tivité, sont condamnés en masse à des travaux forcés à
perpétuité, ont vivement émn tous ceux qui ont quelque
peu approfondi l'étude de cette déplorable situation, d
Dans une publication qui rendait compte à ce moment
même des délibérations de la Conférence du mois de
septembre précédent, cette situation était explicitement
définie et l'une de ces conclusions était celle-ci :
ce Si pendant quatre siècles les connaissances de l'Eu-
rope relativement à l'Afrique et à la condition des peuples
qui l'habitent sont demeurées stationnaires, la cause prin-
cipale, sinon unique, en est l'existence du commerce des
esclaves. La traite est l'ennemie et l'écueil de tout progrès;
elle se maintient, elle s'étend encore de nos jours, malgré
la proscription solennelle dont l'ont frappée, à diverses
reprises, toutes les nations civilisées. L'heure est venue
de donner une sanction efficace et universelle à leurs
déclarations comme à leurs engagements. Tout effort
pour civiliser les populations de l'Afrique doit avoir pour
objectif immédiat l'extinction de la traite, non seulement
dans ses manifestations directes, mais aussi dans le prin-
cipe qui l'alimente et qui n'est autre que l'institution de
l'esclavage tant dans les Étals musulmans de l'Orient que
chez hs Africains eux-mêmes (1). »
C'est au moment où ce plan est formulé que Stanley
rentre en Europe avec la solution du problème du Congo.
Cet événement, dont le Roi des Belges reconnut d'emblée
la haute portée, fournit aussitôt, aux idées qui avaient
dirigé la Conférence de 1876, une base positive d'applica-
(1) L'Afrique et la Conférence géographique de Bruxelles, 1877,
première édition, p. 84.
( 382 )
lion. Le Comité d'éludés du Haul-Congo fui constitué
(^5 novembre 1878) : après six ans d'efforts, il avait
couvert de stations les deux rives du fleuve géant et
créé le cadre d'un vaste établissement colonial en contact
avec l'un des principaux foyers de la traite. Les Puissances
s'intéressèrent à cette création hardie; elles en pressen-
tirent dès lors les hautes conséquences politiques. La
Conférence de Berlin se réunit, el en consacrant l'œuvre
accomplie, en traçant les lois de son développement éco-
nomique, elle renouvela la proscription de la traite el
proclama l'obligation étroite d'y mettre nn terme, non
seulement sur mer par l'action des croisières, mais aussi
sur terre, par l'extension de l'occupation européenne.
L'article \X de l'Acte général, présage et programme
d'une ère nouvelle, s'exprimait ainsi :
« Conformément aux principes du droit des gens, tels
qu'ils sont reconnus par les Puissances signataires, la
traite des esclaves étant interdite, et les opérations qui,
sur terre ou sur mer, fournissent des esclaves à la traite
devant être également considérées comme interdites, les
Puissances qui exercent ou qui exerceront des droits de
souveraineté ou une influence dans les territoires formant
le bassin conventionnel du Congo, déclarent que ces terri-
toires ne pourront servir ni de marché ni de voie de tran-
sit pour la traite des esclaves, de quelque race que ce soit.
Chacune de ces Puissances s'engage à employer tous les
moyens en son pouvoir pour mettre fin à ce commerce et
pour punir ceux qui s'en occupent. »
C'est le 26 février 1885 que quatorze Puissances con-
sacraient cet engagement, qui acquérait ainsi une portée
universelle. Mais pour le remplir, une situation nouvelle
devait se produire sur le théâtre même de la traite. De
puissants intérêts nationaux vinrent y coopérer. Un mou-
I
( 383 )
vemonl général, inlonsc, réiléclii, enlraîne loul à coup oL
siiniillaiiémenl les principales nations de l'Europe vers
le continent mystérieux, et les porte à s'en distribuer les
gigantesques provinces. Le partage politique de l'Afrique
s'accomplit en cinq ans, sans guerre, presque sans conJlil,
par une entente amiable sur les bases du traité de Berlin.
Les sanglantes luttes coloniales qui avaient arrêté et
retardé de deux siècles l'expansion des établissements
créés en Amérique et en Asie, sont conjurées, étouffées
dans le germe. Le terrain désormais est préparé : les obli-
gations contractées envers les races indigènes deviennent
susceptibles d'exécution. Une grande force morale entre
alors en scène : la religion vient prêter son concours à
l'œuvre de la politique.
Les missions cbréliennes, catholiques et protestantes,
n'avaient pas laissé de diriger depuis des siècles vers
l'Afrique les efforts de leur zèle; mais l'étroilesse des res-
sources, l'étendue du champ d'action, les rigueurs du
climat, les hostilités créées et entretenues j)ar la traite,
avaient paralysé les plus généreux sacrifices. L'heure était
venue maintenant où de plus riches moissons s'annon-
çaient, mais c'était à la condition d'écarter d'abord le
principal obstacle à tout progrès : la traite et l'esclavage.
La Papauté intervient à ce moment. Par son encyclique
du 5 mai 1888, aux évêques du Brésil, le chef de l'Église
catholique se prononce avec énergie contre le trafic de
l'homme et réclame sa suppression au nom du dogme
chrétien, de la charité humaine. Ce fut le signal d'un
grand mouvement, qui allait mettre au service de la
rédemption de l'Afrique les ardeurs du prosélytisme reli-
gieux. Il se trouva pour remplir cette mission un homme
doué des plus nobles qualités de l'apôtre. Le cardinal
Lavigerie commença sa prédication. A Paris, à Londres, à
( 584 )
Bruxelles, à Rome, sa parole éloqiienle et palhélique
remua les esprits, suscita de généreux dévouements. Des
centres de propagande s'établirent dans la plupart des
contrées de l'Europe; les Sociétés anliesclavagistes ces-
sèrent d'être une institution anglaise.
Des négociations étaient ouvertes dès lors dans le même
sens entre les Cabinets de Berlin et de Londres. L'insur-
rection arabe à la côte orientale d'Afrique avait fait recon-
naître qu'une action décisive contre la traite s'imposait
même sur le terrain politique. Le discours prononcé par
l'Empereur d'Allemagne à l'ouverture de la session de
novembre 1888, fut une expression solennelle de cette
pensée, et les motions d'adhésion chaleiïreuse et pres-
sante votées au Reichslag allemand (14 décembre 1888)
comme au Parlement britannique (27 mars 1889), mon-
trèrent le sentiment public préparé à seconder les projets
des Gouvernements. Dès le 17 septembre 1888, le premier
Ministre de la Grande-Bretagne avait résolu de provoquer
une intervention collective des Puissances, et par un hom-
mage qui ne saurait être apprécié trop haut, c'est à la
Belgique qu'il déférait l'honneur de prendre cette grande
initiative. « Le changement, disait-il, qui s'est produit
dans la condition politique du littoral africain, commande
aujourd'hui une action commune de la part des Puis-
sances qui ont la responsabilité de son administration.
Cette action tendrait à fermer tous les marchés étrangers
d'esclaves et aurait pour effet d'arrêter les chasses à l'inté-
rieur.
» La grande œuvre entreprise par le Roi des Belges
dans la constitution de l'Étal du Congo et le vif intérêt
que prend Sa Majesté à toutes les questions intéressant le
bien-être des races de l'Afrique, porte le Gouvernement
de Sa Majesté à espérer que la Belgique pourrait être
( 385 )
disposée à |)ren(]rc l'initialive d'inviler les Puissances à se
réunir en Coiirérence à Bruxelles, alin d'examiner les
meilleurs moyens d'arriver ù la suppression graduelle de
la traite des esclaves sur le conlinenl d'Afrique et à la
clôture immédiate de tous les marchés extérieurs que la
traite continue d'approvisionner de nos jours. »
Les opérations militaires et maritimes qui s'imposèrent,
à celle époque, sur la côte de Zanzibar, amenèrent un
ajournement momentané de la réunion prévue : mais
aussitôt que la situation se fut dégagée, la négociation fut
reprise. Le 24 août 1889, le Gouvernement belge convo-
quait à Bruxelles la Conférence qui s'ouvrit le 18 novembre.
Dix-sept Puissances allaient y prendre pari : c'étaient,
outre la Perse, toutes celles qui avaient participé ou adhéré
à la Conférence de Berlin. Ce choix s'imposait : l'Acte
général et les conventions annexes de 1884-85 consti-
tuaient le point de départ obligé d'une assemblée qui
allait donner une sanction positive, en rapport avec les
situations nouvelles, aux engagements conlraclés à celte
époque.
Peut-être, Messieurs, me suis-je étendu sur ces faits
préliminaires plus que ne le comporte le cadre d'une note
explicative; mais il semblait utile de les rappeler afin de
mettre dans leur vrai jour les documents qui font l'objet
de cette communicalionjainsi que l'œuvre dont ils indiquent
à grands traits la genèse.
Ces documents sont au nombre de trois. Le premier est
un recueil d'informations relatives à l'état actuel de la traite
des nègres sur terre comme sur mer, dans les pays d'ori-
gine comme dans les pays de destination. Les témoignages
recueillis sous forme d'extraits émanent tous de voya-
geurs, de missionnaires, d'olïiciers de marine, d'agents
( 586 )
(liplomaliquesel consulaires, d'hommes, en un mot, qui ont
vu par eux-mêmes et dont le langage exclut tout soupçon
d'ignorance ou de partialité. Ces lémoignagnes se répar-
tissent sur l'espace d'un demi-siècle, de 1840 à 1890; mais
de beaucoup la plus grande part, les neuf dixièmes au
moins, sont dus à des contemporains et ne remontent pas
au delà d'une dizaine d'années. C'est donc bien la situation
actuelle qu'ils constatent. Est-il besoin de dire que cette
situation est profondément déplorable? L'Afrique, sur plus
de la moitié de sa vaste étendue, demeure un champ de
carnage et de dévastation où se donnent librement carrière
tous les vices, toutes les passions qui sont la plaie de l'hu-
manité et la négation de toute culture. C'est de l'horreur
même de ce tableau, qui ne comporte pas d'analyse, que
ressortent la nécessité et l'urgence des moyens de salut.
Une introduction placée en tête du recueil en explique le
pian et résume les résultats statistiques : quatre-vingt
mille personnes jetées sur les marchés de la traite, quatre
cent mille existences, un millier en moyenne par jour,
sacrifiées chaque année au fléau. C'est exactement au môme
total qu'arrivait W. Pitt dans son mémorable discours pro-
noncé au Parlement britannique, le 2 avril 1792, et dont
rhorrcuir, disait-il, dépasse toutes les limites de l'imagi-
nation. Une carte spéciale représente l'aire de la traite, les
routes qu'elle parcourt et les principaux centres qu'elle
alimente à l'intérieur de l'Afrique. Ce document peut être
considéré, dans sa teneur globale, comme l'exposé des
motifs des résolutions adoptées par les Puissances. L'Acte
général de la Conférence a été construit d'après le plan du
recueil préparé par les soins du Gouvernement belge, et
les moyens de répression ont été mis en rapport avec
l'ordre suivi dans cette enquête.
é
( 387 )
Le second cJociimenl présenté à la Conférence par les
Plénipolenliaires belges a des proportions moins étendues.
C'est un exposé des rapports de droit public subsistant, à
la veille de l'ouverture de la Conférence, entre les Puis-
sances qui y ont pris part, en matière de répression de la
traite africaine. Quelques indications au sujet de la légis-
lation servile des États d'Orient qui ont contracté, à cet
égard, des obligations internationales, complètent celte
élude. C'est aux transactions du Congrès de Vienne qu'elle
prend son point de départ. Depuis 1815, l'Angleterre a
exécuté sur ce terrain un travail diplomaliijue digne d'ad-
miralion par la pensée qui l'inspire, par l'étendue du
domaine qu'il embrasse, par la persévérance invincible
dont il témoigne. L'épineuse question du droit de visite ne
fut qu'un é|)isode de celle laborieuse campagne. Vingt-six
États d'Europe et d'Amérique se trouvaient, au momenl de
la convocation de la Conférence, enveloppés dans un vaste
système d'engagements réciproques pour la répression de
la traite sur mer. Près de cent conventions spéciales, inter-
venues enlre la Grande-Bretagne et les chefs africains et
asiatiques de la côle ou des îles, renforçaient l'efiicacité de
celle espèce de blocus. L'état juridique qui procède de ces
nombreux traités esl d'une grande complication : il a été
détini naguère, avec une précision remarquable et une
étonnante érudition, par i\L de Martitz, le savant professeur
de droit public à l'Université de Tubingue (1). L'œuvre du
jurisconsulte allemand eslconçue particulièrement au point
(1) Das internationale System zur Unterdrùckung des Afrikani-
schen Sklavenhandels in seinem heutigen Bestande. Archiv fur
ôffentliches Rccht. i" Bd, S. 3-107. Freiburg i. B. t885.
( 588 )
de vue historique; le mémoire belge esl surtout synllié-
lique. II détermine, d'après les traités en vigueur, les prin-
cipes et règles de droit qui sont reconnus et appliqués par
les Puissances pour la répression de la traite maritime et
le jugement des cas litigieux qu'elle soulève.
Les Protocoles de la Conférence, au nombre de trente-
trois, forment le troisième, et de beaucoup le plus impor-
tant, des documents qui vous sont présentés. Ils renferment
dans un volume de 700 pages les actes de l'Assemblée et
les rapports de ses commissions. Deux parties distinctes
apparaissent à première vue dans ce recueil. Jusqu'au mois
de mai 1890, époque où fut introduite la proposition rela-
tive à l'établissement des droits d'entrée dans le bassin
conventionnel du Congo, les protocole^ ne relatent que les
délaralions ofticielles des Gouvernements et les décisions
prises par la Conférence. Toutes les délibérations dont
procède l'Acte général ont lieu dans des commissions; les
procès-verbaux de leurs débats existent; ils formeraient au
moins deux volumes ayant l'importance de celui des pro-
tocoles, mais ils ne sont pas destinés actuellement à la
publicité. La substance et les conclusions en sont repro-
duites dans les rapports présentés à la Conférence et
joints à ses protocoles. Cette règle, invariablement suivie
pour tous les chapitres dont se compose l'Acte général,
sauf les dispositions finales, ne l'a pas été pour la question
des droits d'entrée, où des considérations de principe et de
procédure ont obligé de suivre une autre marche. Celte
dernière question seule a été discutée en séance plénière et
n'a pas fait, par conséquent, l'objet d'un rapport. Les déci-
sions intervenues sont consignées, par une conséquence
ultérieure, dans un acte distinct, quoique connexe à l'acte
principal et formant corps avec lui.
I
( 389 )
L'Acte général comple cent articles répartis en sept
chapitres. Pour les discuter et les établir, la Conférence a
décidé de suivre la marche même de la traite et d'y
opposer ainsi, dans chacune des piiases qu'elle parcourt,
des moyens appropriés de répression. Prenant son point
de départ au foyer même du mal, aux lieux d'origine de la
traite et des chasses, elle suit pas à pas le négrier et ses
captifs, les accompagne sur les routes qui mènent à la côte,
passe sur mer pour y régler minutieusement la surveillance
et l'action des croisières, aborde enlin les pays de desti-
nation où se consomme la marchandise humaine, frappant
à chaque étape les coupables, affranchissant et protégeant
les victimes. Puis, arrivée au terme de cette carrière
d'opprobre et de douleur, elle a cherché des sanctions, des
moyens d'exécution divers, et en a déterminé de trois
espèces : la création d'institutions permanentes de secours,
d'information ou de contrôle dans les pays d'esclavage et
de traite ainsi qu'en Europe, la réglementation du trafic
des spiritueux, la création de ressources flnancières en
vue de faciliter l'accomplissement des décisions prises.
Telle est, en quelques lignes, l'économie de celte œuvre
qui a rempli huit mois de patients labeurs, qui s'est
trouvée aux prises pendant son élaboration avec les mul-
tiples éléments de conflit, avec les courants d'antagonisme
inhérents au système européen, et qui a néanmoins abouti,
parce qu'au-dessus de toutes les divergences planait une
haute pensée morale, parce que tous les Gouvernements
avaient le même désir, ardent et sincère, de coopérer à
une cause « dont le triomphe final — ainsi qu'on disait
déjà au Congrès de Vienne — sera un des plus beaux
monuments du siècle qui l'a embrassée et qui l'aura si
glorieusement terminée. »
( 590 )
Le cominenlaire polilique et Juridique des cent articles
de l'Acte général exigerait un volume. Ce travail, au
surplus, serait prématuré. L'œuvre de la Conférence
attend encore la sanction législative des pays contractants
et la ralilicalion de leurs Gouvernements, il suffira donc
de caractériser en quelques mots la portée des divers
chapitres.
Le premier a pour objet la répression de la traite aux
lieux de capture : c'est au cœur de l'Afrique même qu'il
importe actuellement d'agir. Toute intervention isolée ou
temporaire sur un lliéàlre si vaste serait inefficace : il y
faut l'action persistante des Gouvernetnents, agissant
d'après un plan commun, en vue d'un but identique. Un
système progressif d'occu|)ation européenne est arrêté à
celte fin. Une législation répressive, fondée sur les prin-
cipes qui dominent le Code pénal de toutes les nations civi-
lisées, assurera le châtiment des coupables, en quelque lieu
qu'ils se trouvent. Le traflc des armes à feu et des muni-
tions est le plus puissant auxiliaire de la traite : des
dispositions sévèrement restrictives enlèveront des mains
des chasseurs d'hommes l'instrument du crime et la cause
de leur supériorité. Le chapitre II, qui n'est qu'un complé-
ment du premier, édicté les mesures nécessaires pour sur-
veiller les routes du commerce, régler la police des cara-
vanes, intercepter les convois d'esclaves en assurant la
liberté des captifs, la poursuite des malfaiteurs.
Le chapitre III trace en quarante-deux articles les règles
de la répression de la traite sur mer. Depuis 1841, une
divergence fondamentale de vues s'est accusée, sous ce
rapport, entre l'Angleterre, suivie par presque toutes les
Puissances, et la France soutenant le principe de l'invio-
labilité absolue du pavillon. Ce long conflit va cesser : le
( 391 )
droit (Je visite, s'il n'est pas légalement supprimé, est
appelé à faire place à un code spécial réglant l'octroi du
pavillon et la vérilicalion des papiers de bord, mrme ceux
(jui concernent les passagers. La procédure pour l'applica-
lion du système est prévue dans ses moindres détails.
Trois principes nouveaux régiront l'action des croisières,
môme entre les Puissances qui admettent le droit de
visite : la surveillance est restreinte à une zone relative-
ment étroite de l'océan Indien; cette surveillance ne
s'étend que sur les liâliments d'un port inférieur à 500 ton-
neaux; le droit d'asile pour l'esclave est absolu, au moins
à bord des bàlimenls de guerre.
Les mesures à prendre aux pays de destination de la
traite, qu'ils soient situés dans ou hors l'Afrique, forment
la matière du chapitre iV. Les Étals africains, asiatiques
et même européen, soumis à la loi muisumane, con-
servent l'inslitulion de l'esclavage domestique. Il n'appar-
tenait pas à la Conférence, respectueuse du principe de la
souveraineté nationale, d'intervenir dans le régime inté-
rieur de ces Étals; d'autre part, il est manifeste que l'exis-
tence de l'esclavage dans ces pays est un appât à la
iraile et contribue à l'entretenir. Des dispositions transac-
lionnelles ont été prises à l'effet de répondre à cette
double exigence, sur la base de la loi ottomane du 16 dé-
cembre 1889. L'importation, l'exportation, le transit, le
commerce des esclaves sont interdits : le mal est donc au
moins circonscrit dans des limites fixes. Des engagements
solennels ont été pris pour la mise en vigueur des clauses
conventionnelles; la coopération à cette fin des agents
diplomatiques et consulaires des Puissances contractantes
est prévue dans des conditions déterminées.
( 592 )
Tels sont les moyens de répression correspondant aux
trois phases principales de la traite. Les moyens d'exécu-
lion relèvent également de trois ordres d'idées.
Des inslilutions permanentes sont appelées à garantir
l'accomplissement des vues de la Conférence. Le cha-
pitre Y en détermine la nature. Le Bureau international
de Zanzibar et ses succursales seconderont dans les mers
d'Orient l'action répressive des croiseurs. Les bureaux
d'affranchissement, qui ont rendu des services signalés en
Egypte, protégeront efficacement les esclaves libérés dan?
les contrées où la condition servile n'a pas tota'eraei
disparu. Les Puissances enfin organisent entre elles u .
échange de documents concernant l'esclavage et la traite,
et se communiquent les mesures prises en vertu de l'Acte
général. Ces renseignements, dont l'envoi implique une
garantie sérieuse d'exécution, seront recueillis et publiés
à Bruxelles, où convergeront désormais les plus impor-
tantes informations au sujet de la traite africaine.
L'histoire coloniale a démontré le penchant irrésistible
qui entraîne les populations semi-barbares vers les bois-
sons spiritueuses. Sous les climats torrides suri l'al-
coolisme est une cause irréuiédiable de destructi( phy-
sique et morale; il devient ainsi un obstacle à la iL-^e en
culture de l'Afrique, comme à l'extinction de la In ' :
l'une ne peut être que l'œuvre de la race indigène, l'autre
suppose des populations viriles, capables d'une résistance
efficace. Le mal que la traite exerce à la côte orientait,
les spiritueux le font à la côte occidentale; en pénétrant
vers l'intérieur, ils paralysent les tentatives civilisatrices
et aident aux entreprises des négriers. C'est par ces con-
sidérations multiples que la question du trafic des eaux-
( 593 )
de-vie s'est raUachée au plan d'émancipalion tracé par la
Conférence. Deux mesures principales résument au cha-
pitre VI ses dispositions à cet égard : interdiction absolue
d'importer ou de fabriquer des spiritueux dans les régions
où l'usage n'en a pas encore pénétré; établissement dans
les autres d'un droit d'entrée progressif en vue de res-
treindre la consommation. C'est une des matières les plus
ardues que la Conférence ait eu à traiter, à raison des
grands intérêts économiques qu'elle affecte. La clause qui
préserve les contrées non encore contaminées est absolue
et irrévocable; elle protège efficacement les neuf dixièmes
de l'Afrique. Quant aux autres, si la décision intervenue
|>ouvail paraître étroite, elle n'est pas définitive, et il
n'est pas à prévoir qu'elle soit revisée dans un sens
régressif.
Arrivée à ce point de sa tâche, après avoir édicté les
obligations rigoureuses qui incomberaient désormais aux
Puissances souveraines ou protectrices en Afrique, une
question nouvelle, qui devait faire l'objet d'un chapitre Vil,
a surgi devant l'Assemblée : celle de la création des res-
sources financières qui permissent de faire face aux
dépenses nécessitées par la répression de la traite. Les
ttats ou colonies du bassin conventionnel du Congo se
trouvent sous ce rapport dans une situation spéciale. Le
degré actuel d'organisation et de développement du pays
ne leur permet pas de demander des ressources suffisantes
à l'impôt direct; les taxes intérieures de consommation
manquent encore des bases qui les rendraient fructueuses;
il ne reste donc que la douane, source principale, presque
unique, des receltes dans la plupart des colonies nais-
santes, dans toutes celles d'Afrique. Mais l'article IV de
3°"* SÉRIE, TOME XX. 26
( 394 )
l'Acte général de Berlin établit la franchise absolue pour
un terme de vingt ans au moins : le moment était-il venu
de reviser cette clause dans un intérêt supérieur de civi-
lisation et d'humanité? Toutes les Puissances, sauf une,
ont répondu affirmativement : de là, la résolution d'auto-
riser la perception d'un droit d'entrée maximum de 40 %
de la valeur des marchandises importées.
Mais il s'est présenté ici une circonstance particulière.
Les États-Unis n'ont pas encore ratifié l'Acte de Berlin;
ils ne pouvaient donc participer officiellement à sa revi-
sion. D'autre part, l'État du Congo se trouve lié vis-à-vis
du Gouvernement américain par la déclaration du 22 avril
1884, qui lui garantit l'entière liberté du commerce.
C'est pour tenir compte de celte difficulté que la propo-
sition relative aux droits d'entrée a été distraite de l'Acte
général : elle fait l'objet d'une double déclaration créant
un lien de droit entre les Puissances signataires de l'Acte
de Berlin, d'une part, les Étals-Unis et l'État du Congo, de
l'autre.
Seuls, les Pays-Bas maintiennent leur opposition sur ce
terrain : ils contestent à la Conférence de Bruxelles la
compétence nécessaire pour reviser l'Acte de Berlin, et
.soutiennent que le principe de la liberté commerciale est
une condition indispensable du développement écono-
mique du bassin du Congo. Les seize autres Puissances
représentées n'ont pas partagé ce sentiment : elles répon-
ilent que, signataires ou adhérentes de l'Acte de Berlin,
leur compétence pour le modifier est certaine, et qu'elles
en ont usé en fait, de l'aveu même du Cabinet de
La Haye, en réglant le trafic des armes et des spiritueux;
que le principe de la liberté commerciale n'est pas en
( 595 )
cause, puisqu'il n'a é(é coricôdé qu'à lenne lixe, el qu'au
surplus un droit d'entrée modéré, uniforme dans toute
l'étendue du bassin du Congo, exclusif de tout régime
différentiel, n'en saurait i;uère plus entraver l'expansion
économique que la perception de tels droits ne le fait dans
aucune autre possession africaine. Le dissentiment subsiste
en ces termes : en attendant qu'il s'aplanisse, une com-
mission technique va se réunir à Bruxelles pour élaborer
le tarif commun prévu par les déclarations du 2 juillet.
Quelque secondaire que paraisse en elle-même la raison
d'être de celle opposition au regard de l'œuvre totale, elle
a cette conséquence grave de lui assigner un caractère
provisoire : car, d'un côté, les Puissances n'admettent pas
la disjonction des deux Actes, considérant l'un comme le
n)oyen d'exécution de l'autre et réclamant dès lors la
signature simultanée des deux; el, d'un autre côté, elles
sont également unajiimes à reconnaître que l'Acte général
de Berlin ne saurait être revisé que du consentement de
tous les États signataires. Une négociation ultérieure ej>l
donc indispensable; le terme extrême en a été fixé au
2 janvier 1891.
Il ne paraît pas téméraire de prévoir qu'une entente
s'établira. L'Acte général de Bruxelles, dans sa teneur
actuelle, constitue une législation complèleconlre la traite.
Les Pays-Bas l'acceptent dans son intégrité el reven-
diquent comme un droit, comme un honneur, la faculté
d'y apposer leur signature. Le différend est donc en quelque
sorte externe : il porte sur un moyen d'exécution, com-
pliqué d'un cas de procédure. L'obstacle ne saurait être
au-dessus des efforts combinés de la diplomatie euro-
péenne, conduite sur ce terrain par une pensée d'ordre uni-
( 391) )
vcrsel. Un jurisconsiille émineni, dont le nom a déjà paru
dans ces pages, exprimait naguère à ce sujet des vues qui
correspondent à un sentiment de plus en plus général.
« De même que chaque législation positive, disait-il, le
système du droit international doit servir les fins de la
communauté, il ne considère dans chaque Étal souverain
que le membre auxiliaire d'une association qui enveloppe
le monde, et il crée les moyens et les formes à l'aide des-
(juels les intérêts généraux de l'humanité, qui acquièrent
sans cesse une extension, une importance croissante,
parviennent à se réaliser. Que pour servir de tels intérêts
l'État particulier doit s'imposer des sacrifices, parfois de
durs sacrifices, même sans compensalion ; que dans l'as-
sociation des Étals l'intérêt individuel doit cédera l'intérêt
commun : c'est là précisément le sens profond, la hante
portée que le droit public moderne a commencé à acquérir
sous l'impulsion des traités dirigés contre le trafic des
esclaves (1). »
Ce n'est pas lorsqu'elle va toucher le but que la magni-
fique évolution accomplie par le droit international en cette
matière depuis un siècle puisse subir un échec, l.'œuvre
de la Conférence de Bruxelles n'est pas à cette heure par-
faite : il lui reste des difficultés à vaincre, des antago-
nismes à écarter, des intérêts à concilier; mais les bases
sont posées, les principes sont admis, les dispositions fon-
damentales sont acquises. Au moment où l'Afrique devient
un patrimoine européen, où les deux cent millions d'hommes
qui la peuplent vont participer au travail de la civilisation
(i) \oti Martitz, Arc/iiv fur ô/fentlichcs liccht, Bd I, S. 29.
( 3i>7 )
Cl enrichir son domaine de loiil un conlinenl, il est jusie,
il est nécessaire qu'une législation unique, dictée par les
plus hautes considérations de justice et de charité, vienne
régir ce monde nouveau et en bannir à jamais le fléau
d'une servitude héréditaire. Tout présage que le siècle
prochain verra s'accomplir sur ce théâtre un mouvement
analogue à celui du XVI* : il en verra se renouveler les
conquêtes, il ne faut pas qu'il soit témoin des mêmes
crimes. Les semences de culture répandues aujourd'hui à
[jleines mains sur ce sol vierge ne donneront d'opulentes
moissons qu'au soleil de la liberté, sous l'égide de lois
|)rotectrices élevées à la hauteur d'une loi des nations.
Telle est la mission qu'ont voulu remplir les Puissances:
en s'en acquittant, elles ont eu le sentiment d'être les
organes de la conscience du genre humain.
( 398 )
CLASSE DES BEAUX-4RTS.
Séance du 9 octobre 4890.
M. Jos. ScHADDE, (lirecleur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. H. Hymans, vice-directeur; Éd.
Fétis, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert,
Ad. Samuel, Ad. Pauli, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Deman-
nez, P.-J. Clays, G. De Grool, Edm. Marchai, J. Stallaert,
Henri Beyaert, J. Rousseau, Max. Rooses, Alex. Markel-
hach, membres; A. Hennebicq, le comte Jacques de
Lalaing, F. Laureys et J. Robie, correspondants.
CORRESPONDANCE.
PM. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique
fait savoir que M. P. Lebrun, premier second prix du grand
concours de composition musicale de 1889, a été invité à
mettre son œuvre à l'étude afin que l'audition puisse en
avoir lieu dans la séance publique de la Classe des beaux-
arts, fixée au dimanche 26 octobre, à 1 heure et demie.
— Le même haut fonctionnaire demande, d'urgence,
l'avis de la Classe sur une nouvelle requête de M. Montald
( 3î)9 )
ayant jiour objel de pouvoir venir surveiller à Bruxelles
l'inslallalion de son envoi réglementaire. — La décision,
prise séance tenante par la Commission chargée de s'occu-
|)er des travaux des prix de Rome pour la peinture, sera
transmise au Ministre.
— M. le Ministre de l'Intérieur et de rinslruction
publique soumet à l'appréciation de la Classe les rapports
suivants :
Sixième rap|)ort de M. Montald. — Renvoi à MM. Fétis,
Robert, Slingeneyer et Guiïens;
Cinquième rapport de M. De Wulf. — Renvoi à la sec-
lion d'architecture ;
Troisième rapport de M. De Braey. — Renvoi à la même
section;
Deuxième rapport de M. Lagae. — Renvoi à la section
de sculpture.
— M. Charles Meerens adresse, à titre d'hommage, son
dernier ouvrage intitulé : La gamme musicale majeure et
mineure. — Remerciements.
CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1890.
ART APPL-If^VÉ.
Peinture.
La Classe avait remis au concours, pour l'année actuelle,
le sujet suivant qui a figuré au programme de 1886 :
Projet de diplôme (dessin ou grisaille) destiné aux lau-
( 400 )
réals (les différents concours ouverts par l'Académie royale
des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. —
Prix : 600 francs.
Huit projets ont été reçus. Ils portent les devises sui-
vantes :
N"^ i. Vivre, cesl combattre.
2. Ars longa, vita brevis.
3. Prodesse et delectare.
4. Age quod agis.
5. Fama volât.
6. Harmonie.
7. Géométrie.
8. Plus d'honneur que de travail.
L'entêtement ne conduit à rien.
Je fais bien le mal et mal le bien.
Héraldiste je le suis, mais à mes heures.
Conformément à l'article 38 du règlement général de
l'Académie, la Classe ne se prononcera que dans sa pro-
chaine séance sur le rapport de la section de peinture qui
a jugé ce concours.
Gravure en médailles.
La Classe avait proposé comme sujet :
Une médaille comme moralive de la loi qui a autorisé
S. M. Léopold II à prendre la souveraineté de l'État indé-
pendant du Congo.
L'avers est réservé à l'effigie de Léopold II.
( iOI )
Les conciirrenls avaient le choix, pour le revers, enlre
les sujets suivants :
La Belgique et l'État du Congo unis nous une même
souveraineté.
L'État du Congo accomplissant en Afrique son œuvre
civilisatrice. — Prix : 600 francs.
Aucun modèle n'a été reçu.
RAPPORTS.
Il est donné lecture par la section d'architecture de son
appréciation du quatrième rapport semestriel et du premier
envoi réglementaire de M. De Wulf. — Renvoi à M. le
Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique pour
être communiqué à l'intéressé.
Sur un perfectionnement au mécanisme des flûtes; par
A. Léonard, professeur au Conservatoire royal de Gand.
Knftporl fie tf.fW, €!evaet'tf Satnuet et Hadoux.
a La notice que M. Léonard soumet à l'appréciation de
l'Académie renferme la description succincte d'un perfec-
tionnement intéressant qu'il a apporté au mécanisme des
flûtes.
La disposition des clefs, dans les flûtes Boehm, est telle
que l'exécution de certaines batteries est impraticable dans
un mouvement quelque peu rapide. Il y a ainsi une série
de sons liés et de trilles auxquels il faut renoncer. Ceci
est d'autant plus regrettable que ces notes se trouvent
précisément dans le registre grave, dont l'orchestration
( 402 )
moderne sait lirer tant de parti pour le coloris instru-
mental.
Or, il suffit, comme M. Léonard l'indique, d'adjoindre
deux clefs supplémentaires au mécanisme ordinaire des
flûtes, et de déplacer une des pattes déjà existantes, pour
rendre exécutable sur cet instrument, avec la plus grande
facilité de doigté, tout ce qui jusqu'à présent devait forcé-
ment être omis. C'est, à l'aide d'un procédé extrêmement
simple, un double avantage obtenu pour le compositeur
qui, d'une part, trouve des ressources nouvelles, et, de
l'autre, n'a plus à se préoccuper de savoir s'il peut, ou ne
peut pas, écrire pour la flûte tels ou tels groupes de notes.
Il est même assez singulier qu'un perfectionnement
aussi nécessaire n'ait pas vu le jour plus tôt ; car le méca-
nisme de Boehm n'a pas été sans subir quelques modi-
fications depuis son origine. Mais il y avait à trouver la
place des nouvelles ciels; et c'est en cela que l'innovation
indiquée par M. Léonard est surtout ingénieuse.
Toutefois, il faut bien le reconnaître, les avantages que
le mécanisme de M. Léonard nous ofl're sont encore Actifs
pour l'instanl. lis ne deviendront réels qu'à partir du
moment où, partout, dans tous les orchestres, les flûtes
seront munies des nouvelles clefs supplémentaires. Tout
compositeur préférera renoncer à tel efl'et de sonorité que
de voir son œuvre exclue de la majeure partie des
orchestres, faute d'un instrument convenable. ïl serait par
conséquent fort désirable que le perfectionnement dû à
M. Léonard fût bientôt adopté dans tous les pays.
Je propose donc à la Classe :
1° D'émettre un tel vœu;
2' De publier dans le Bullelin de l'Académie la notice
et la planche représentant le mécanisme. » — Adopté.
(^ 403 )
COMiMUNICATIONS ET LECTURES.
^'ote sur U7i perfectionnement au mécanisme des flûtes;
par Adolphe Léonard, professeur de flûte au Conserva-
toire royal de Gand.
J'ai l'honneur de sounnettre à l'appréciation de l'Aca-
démie un perfectionnement que j'ai apporté au mécanisme
de Boehm, et qui a pour but de rendre exécutables, sur
les grandes flûtes, tous les trilles, batteries ou liés com-
pris dans l'étendue de l'instrument.
On sait qu'il est de toute impossibilité de lier rapide-
ment, sur une flûte de Boehm descendant jusqu'à Vut, les
groupes de notes suivants :
et, en plus, les groupes
r
rn " /n "
lorsque l'instrument est construit pour descendre jusqu'au
si naturel, ainsi que cela tend à se généraliser.
( 404 )
La raison en est simplement que ces notes doivent se
prendre toutes quatre à l'aide d'un même doigt (le petit
doigt de la main droite) et que l'on ne peut ainsi passer
suffisamment vite d'une clef à l'autre (1).
Il y a là, dans le mécanisme de Boehm, tel qu'il existe
à présent, un défaut réel.
J'ai cherché à y remédier, et, dans ce but, j'ai fait
disposer deux clefs supplémentaires, sorte de clefs de
secours, qui permettent de prendre avec le petit doigt de
la main gauche des notes confiées jusqu'ici exclusivement
au petit doigt de la main droite.
Ces deux clefs sont marquées 5 et 6 dans la planche
ci-jointe (laquelle ne représente que la [partie du méca-
nisme qui nous intéresse).
La clefs (dont on pourrait se passer pour les flûtes ne
descendant qu'à Vut) a pour fonction de fermer les deux
soupapes C et A, et donne ainsi le do dièze (2).
La clef 6 ne fait que doubler la clef 4, qui donne le
ré dièze; on a ainsi deux manières de prendre celte
note.
Grâce à ces deux clefs — qui ont été très remarqua-
blement combinées par M. E. Albert (à Bruxelles), de
façon à pouvoir aisément les adapter à n'importe quelle
flûte Boehm existante, — grâce à ces deux clefs, dis-je, il
devient possible, non seulement d'exécuter ce qui est
(i) Ces clefs sont numérotées, de un à quatre, dans la planche qui
accompagne cette note.
(2) La soupape A ne sert qu'à préparer le 5!, en vue de certaines
combinaisons de doigté dont on pourra se rendre compte plus
loin.
( mi )
considéré comme impralicahle sur la flûte, mais encore de
le faire sans la moindie difliciillé.
D'ailleurs, voici le doigté des six trilles ou batteries
indiquées plus haut.
3 0 -2 a
1 t;
Les chiffres se rapportent aux clefs du dessin, et le
signe -+- marque celles qu'il faut tenir abaissées.
On peut voir ainsi que, seul, le premier de ces trilles
ilemande l'action alternative des deux petits doigts. Les
autres se font tous à l'aide d'un seul doigt.
Je ferai remarquer une particularité assez intéressante
de ce doigté : c'est que, à l'aide des deux clefs 2 et 5, sui-
vant que la première ou la seconde est maintenue abaissée
pendant les battements de l'autre, ou si les battements se
font alternativement des deux clefs, on produit trois trilles
ilifférents.
Malgré l'addition de ces deux clefs 5 et 6, certaines
batteries de trois notes resteraient encore inexécutables
dans un mouvement quelque peu rapide. Telle est, par
exemple, la batterie
, a
I 6 7
' X
-w \
^r1
vi'
l .
C7 ^.J
f tel
y
qui exige l'abaissement successif des clefs 1, 6 et 7. L'im-
( 406 )
possibililé réside ici dans la difficulté d'un glissement suffi-
samment rapide du petit doigt de la clef 6 à la clef 7.
Pour parer à cet inconvénient et rendre ainsi mon
l»erfeclionnemenl complet, il m'a suffi de doubler la clef 7
[»ar la patte de secours 8. De cette manière le sol dièze se
prendra, non par le petit doigt de la main gauche, mais (à
l'aide de la patte 8) par l'index de la main droite.
Il est à considérer que cette patte de secours 8 existe
sur toutes les flûtes ordinaires, où elle est employée à dou-
bler, non la clef 7, mais la soupape qui se manœuvre par
le quatrième doigt (l'annulaire) de la main gauche; et cela
simplement pour accorder aux personnes qui ont de la
peine à faire un trille à l'aide de ce quatrième doigt, la faci-
lité de se servir, dans ce cas, de l'index de l'autre main.
Aujourd'hui la technique s'est beaucoup développée et il
n'est plus permis de ne pas savoir triller du quatrième
doigt de la main gauche. Je n'ai donc pas hésité à désaf-
fecter la clef 8 de son ancienne fonction, pour lui donner
celle que je viens d'indiquer, avec la disposition marquée
dans le dessin.
Tel est l'ensemble des modifications que j'ai apportées
au mécanisme de Boehm, et qui permettent, comme je l'ai
dit, d'exécuter sur la flûte n'importe quel passage de
musique compris dans l'étendue de l'instrument. Vu les
exigences croissantes de l'orchestration moderne, il m'a
semblé que ces perfectionnements méritaient l'attention de
TAcadémie.
LEGENDE
/- Cleffernmni les soupapes A.E.C et domuml le si naturel . >^. af/é^ntaiii les soupapes B.C,etdowmU> le do iiabirel .3 Oef fèrnajtt ki soupape Cet d^nnmU le clc, dièze . ^. Clef ouvrait h .^upof^ D
etdmnani le x-e dieze . o. l'ie/yènnant Us soupapes A,C.et domaiU le do dièze ou le si naturel &^y« on mamhait la soupape B au mcnjen des Clefs 2 ou l . 6. Clef cumxmt la soupape D et dcmnant le rè diéze .
7. Uef ouvrant la soupape E et donnant le sol dièze . cf. Patie d, secours dcubUmt la Clef 7 . '
( 407 )
CLASSb DES lU: AUX- A RTS.
Séance du 23 octobre 1890.
M. Jos. ScHADDE, (lireclenr.
M. J. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. H. Hymans, vice - directeur ;
C.-A. Fraikin, Éd. Félis, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert,
F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Th. Radoux,
Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G"" De Groot,
G. Biot, Edm. Marchai, Th. Vinçolle, Jos. Slallaert, Henri
Reyaert, J. Rousseau, Max. Rooses, membres; J.-B. Meu-
nier, A. Hennebicq, le comte Jacques de Lalaing et
F. Laureys, correspondants.
CORRESPONDANCE.
LL. MM. le Roi et la Reine, ainsi que LL. AA. RR. W le
Comte et M"^ la Comtesse de Flandre, font exprimer leurs
regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la
Classe.
MM. les Ministres de l'Intérieur et de l'Instruction
publique, de la Guerre, de l'Agriculture, de l'Industrie et
des Travaux publics, ainsi que le Bureau de l'Académie
royale de médecine, remercient pour l'invitation qui leur
a été faite pour la même solennité.
( 408 )
— M. le Minisire de Tlntérieur el de l'Inslrnclion
publique fait connaître qu'il a confié à MM. Namur el
Pickery lils l'exécution des bustes, en marbre, de Joseph
Braeml el de Charles de Bériot, anciens menjbres de la
Classe.
— Le nnême Ministre, demande l'avis de la Classe sur
le modèle : 1° du busle de feu le chevalier de Buriin,
ancien membre de la Classe des sciences, commandé à
M. de Tombay; 2° du busle de feu Eug. Defacqz, ancien
membre de la Classe des lettres, commandé à M. Vandeu-
kerkhove-Saïbas.
— M. de Harlez, membre de la Classe des lettres, prie
ses confrères de la Classe des beaux-arts de bien vouloir
accepter l'hommage d'un exemplaire de son livre intitulé :
I-LI, Cérémonial de ta Chine antique, avec des extraits
des meilleurs commentaires, traduit pour la première fois.
— M. Raab, associé de la Classe, à Munich, adresse, à
titre d'hommage, un exemplaire du tirage, avant la lettre,
de sa gravure, les noces de Cann, de Paul Véronèse (Musée
de Dresde). — Remerciements.
JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1890).
Peinture.
Conformément à l'article 58 du règlement général de
l'Académie, la Classe procède au jugement du concours
d'art appliqué pour la peinture, dout le sujet est un « projet
( 409 )
«le diplôme pour les lauréats des difîérenls concours aca-
démiques ». La section de peinture avait présenté, dans la
dernière séance, son rapport sur ce concours.
Le prix de 600 francs est décerné à XL G.-F. Hoffnian,
à Forest lez-Bruxelles, auteur du projet portant la devise :
Faina volai.
Une mention honorable est votée, à l'unanimité, à l'au-
teur du projet portant la devise : Géométrie. L'auteur est
prié de Taire savoir s'il accepte celle distinction.
RAPPORTS.
r
Il est donné lecture, par la section de sculpture, de l'avis
qu'elle a émis sur les modèles des bustes de feu le
chevalier de Burtin et d'Eugène Defacqz, exécutés par
MM. de Tombay et Vandenkerkhove-Saïbas.
Cet avis sera transmis à M. le ^Ministre de l'Intérieur et
de l'Instruction publique.
PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE.
Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe,
M. Schadde donne lecture du discours qu'il se propose de
prononcer, en sa qualité de directeur, dans la séance
publique fixée au dimanche 26 octobre.
ô™* SÉIUE, TOME XX. 27
( ilO )
CLA8SE DES BEAVX-ARTS.
Séance publique du dimanche 26 octobre 1890.
M. ScHADDE, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
M. H. Hymans, vice-directeur, prend également place
au bureau
Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, Éd. Félis, Ern. Slin-
geneyer, F. -A. Gevaert, Th. Radoux, Jos Jaquet, Jos.
Deraannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, le
chevalier Edm. Marchai, Joseph Slallaert, J. Rousseau,
membres; F. Laureys, E. Van Even et J. Robie, corres-
pondants.
Assistent à la séance :
Classe des sciences. — MM. F. Plateau, vice-directeur;]
P.-J. Van Beneden, G. Devvalque, C. Malaise, F. Crépin,!
J. De Tilly, G. Van der Mensbrugghe, M. Mourlon, P. De;
Heen, membres.
Classe des lettres. — MM. G. Tiberghien, vice-direcA
teur; P. De Decker, Ch. Faider, Alph. Wauters, P. Wil-j
lems, Ch. Piot, Ch. Potvin, P. Henrard, Alex. Henné,'
membres; et Alph. Rivier, associé.
( 4H )
M. Scliadde ouvre la séance à 1 heure el demie el donne
lecture de son discours ayant pour titre :
Quelques considéraliona snr C enseignement donné aux
artisans au point de vue de leur profession.
Mesdames, Messieurs,
La fin du XIX' siècle sera caractérisée par la recherche
de la solution à donner à un des prohièmes les plus ardus
que l'organisation économique et sociale moderne ait
imposé :
L'amélioration du sort de l'ouvrier el, en général, de
tous ceux qui demandent au travail manuel les moyens
d'existence.
Les autorités les plus compétentes, les personnages les
plus augustes se consacrent à l'étude de celle question,
mais l'examinent spécialement dans ses rapports avec la
grande industrie et l'exploitation minière, qui occupent
certes un très grand nombre d'ouvriers. — A côlé de
ceux-ci existe une classe peut-être tout aussi nombreuse
d'artisans, et dont le sort occupe moins vivement l'atten-
tion générale : nous voulons parler des divers corps de
métier qui vivent de ce que l'on a désigné sous le nom
général de l'industrie du bâtiment. Pour ceux-ci, le travail
In'a plus le caractère machinal que présente le travail de
la fabrique, de l'usine ou de la mine, il existe pour eux
une latitude dans l'exécution de l'ouvrage, il est permis
à l'artisan d'avoir une idée personnelle, d'y donner un
aspect ou une forme moins banale et parfois artistique.
C'est spécialement du sort des artisans du bâtiment que
V 412)
je me propose de vous entretenir quelques instants, au
point de vue de l'enseignement d'abord et de la condition
sociale ensuite.
Les |)roressions dont je m'occupe sont très nombreuses :
ce sont les maçons, les tailleurs de pierre, les charpentiers,
les menuisiers, les plombiers, les mosaïstes, les vitriers,
les peintres, les tapissiers, les ébénistes. Il faut y ajouter
encore les marbriers, les forgerons, les ornemanistes, les
sculpteurs et une quantité d'arti;.ans spécialistes.
Bien qu'incomplète, cette liste est déjà longue.
Semble-t-il pratique et rationnel de donner à des corps
de métier si divers, un enseignement unique qui réponde
aussi bien aux besoins du tailleur de pierre que du
lapissier?
Oui, tous doivent savoir dessiner, comprendre un plan,
exprimer leur pensée par le trait; mais avant tout leur
intelligence doit être dirigée vers ce qui concerne directe-
ment leur profession spéciale.
L'enseignement doit être davantage professionnel. Dans
chaque branche du travail des artisans, il y a un nombre
inlini d'objets à reproduire par le dessin, depuis les plus
simples jusqu'aux plus compliqués, comme forme et comme
composition.
Au lieu d'imposer à un forgeron l'étude de la figure
humaine et de le forcer pendant plusieurs années à suivre
un enseignement sinon inutile, au moins fort préjudiciable
à l'avancement dans son métier, qu'on lui fasse dessiner
immédiatement des objets qu'il aura tôt ou tard à exé-
cuter : qu'on débute en lui apprenant à copier une ancre
siiujjle et vulgaire d'abord, une autre avec un enroulement,
une troisième quelque peu plus ornée, un grillage à barres
parallèles, à panneaux carrés ou circulaires; qu'on lui
( ^l"> )
indique ensuite qu'avec une légère adjonclion, ces objtis
prennent un aspect artistique, et l'on peut être convainc ii
«jue l'élève comprendra bien mieux cet enseignemcni ,
dont le cùlé pratique lui saule aux yeux, que toutes les
corrections à propos d'un dessin d'après la figure qui lui
aura été imposé, sans souci aucun de son métier
Les élèves en général saisissent fort bien ce qui peut
leur être utile dans les études qu'ils doivent Caire. Si l'on
constate actuellement cbez l'artisan élève une certaine
inapplication, de la nonchalance, il faut l'attribuer en
[)arlie à la trop grande généralisation des études.
JNos académies ne semblent avoir pour but que de créer
des artistes et n'ont de l'utilité que pour le petit nombre
de ceux qui les fréquentent. La grande masse des élèves
reçoit une instruction qui ne leur sert pour ainsi dire
à rien.
Aussi les plaintes des pères de famille sont-elles justi-
fiées, car tous veulent donner à leurs enfants une instruc-
tion prali(]up, en vue du métier auquel ils les destinent,
dans l'espoir de trouver chez leurs fils, au bout de deux
ou trois ans de dessin, un aide dans leurs travaux, un
gagne-pain de plus aux lins d'alléger les charges de la
famille.
On ne doit pas perdre de vue que, dans le ménage de
l'artisan, l'enfant doit fournir sa quote-part d'entretien le
plus loi possible. Si, après avoir fréquenté une école
primaire jusqu'à l'âge de 12 ou 15 ans, l'élève entre dans
une académie ou dans une école de dessin et que là il
doive pendant trois ans s'appliquer à reproduire des têtes
ou des torses, il atleindra ses 16 ans sans comprendre
une épure ou un plan, et c'est alors seulement qu'il sera
( 414 )
autorisé à suivre un enseignement se rapprochant plus de
sa profession, mais encore trop général.
Avant d'en être arrivé à ce point, il peut s'être lassé des
éludes, il aura pris le pli de l'inattention pour le travail,
il sera peut-être déjà contraint d'abandonner entièrement
le dessin pour ne plus songer qu'à gagner sa vie comme
simple ouvrier.
Au lieu d'avoir développé l'intelligence de l'ouvrier ou
de l'artisan, au lieu de lui avoir fait estimer son métier,
on ne sera arrivé qu'à lui laisser pour le moins une
indifférence complète; au lieu d'avoir réalisé un progrès,
on aura produit une réduction de la valeur du travail en
diminuant les connaissances spéciales, que chaque corps
de métier doit posséder.
De ces considérations, il ressort que les nombreux
ouvriers qui doivent travailler dans l'industrie du bâti-
ment sont, au point de vue de l'enseignement, dans une
situation des plus fâcheuses.
Au lieu de s'appliquer à les initier au dessin en tant
qu'il leur sera nécessaire ou utile dans leur profession, au
lieu de spécialiser la connaissance du dessin au point de
vue du métier, on tient l'ouvrier éloigné des connaissances
spéciales que l'enseignement devrait donner; on l'instruit
comme si un jour il devait être un peintre ou un autre
artiste. De cette façon, l'ouvrier, au lieu de perfectionner
son métier, est contraint de suivre la voie de la routine;
l'instruction que le père n'avait pas reçue, dont l'expérience
lui avait fait sentir la nécessité et qu'il avait fait donner
à son flls, n'a servi à rien.
Si, au contraire, cet enseignement avait été spécialisé,
le (ils eût acquis des connaissances qu'il aurait pu utiliser,
( ^1^ )
il eùl créé un capital productif: la rémunération du travail,
devenu intelligent, eùl été plus grande. Ainsi l'artisan
pouvait trouver des ressources, dont son compagnon, qui
n'avait pas eu le bonheur de recevoir le même enseigne-
ment, était privé. — De cette façon, l'artisan se relèverait
à ses propres yeux, en même temps qu'il verrait son salaire
augmenter, et ainsi naîtrait une richesse relative, un bien-
être pour la famille entière.
L'enseignement, pour être rationnel, doit avoir pour
objectif chacun des métiers considérés isolément. Il est
élémentaire que chaque métier exige des connaissances
spéciales; ce sont ces connaissances que l'on doit s'appli-
quer à développer, à épurer, à rendre autant que possible
artistiques. Alors l'artisan, abandonné à lui-même, devenu
patron, travaillant d'après ses idées propres, exécuterait
son travail moins machinalement, ne se contenterait plus
de reproduire plus ou moins habilement ce qu'il a vu faire
et ainsi que cela était fait. — On ne verrait plus se pro-
duire tant d'objets et tant de meubles sans goût aucun,
sans élégance, sans grâce, en désaccord complet avec le
milieu dans lequel ils doivent être placés.
Noussonmies loin du temps où, pour devenir patron, il
fallait produire un chef-d'œuvre; si cet examen, auquel
les aspirants patrons étaient soumis, existait de nos jours,
beaucoup ne l'auraient pu subir.
Dans l'art de la construction, il est désolant de constater
que les connaissances professionnelles et l'esprit d'ini-
tiative font habituellement défaut, non seulement chez
l'ouvrier, mais aussi chez le patron. Dans une construction
de quelque importance, c'est l'architecte qui doit supporter
tout le poids du travail; il ne suilil pas qu'il produise un
plan avec tous les détails et les coupes, il faut qu'il indique
(4IC)
au maçon, au charpenlier et aux autres méliers qu'il
emploie la façon d'exécuter l'ouvrage, la manière d'utiliser
les matériaux. Aux connaissances que son arl réclame et
qu'il doit posséder, il doit joindre les connaissances spé-
ciales et techniques de tous les métiers. Et quand il s'agit
de rornemenlalion intérieure du bâtiment, de l'ameuble-
ment, le même phénomène se présente. Y a-l-il à placer
un meuble, faut-il un décor, un foyer, c'est à l'architecte
à faire le dessin, et encore doit-il prendre soin d'indiquer
le moyen de l'exécuter. Le patron, tout comme l'ouvrier,
abdique toute initiative, se borne à recevoir des instruc-
tions et des ordres ; de cette façon, pour concevoir un plan
et aussi pour l'exécuter dans tous ses détails, il ne reste
qu'un homme, c'est l'architecte.
En résumé, au point de vue des intérêts de l'ouvrier, de
son bien-être, de son amélioration sociale, comme aussi au
point de vue de l'art en général, il convient que l'ensei-
gnement professionnel soit mieux dirigé, davantage spé-
cialisé, que l'on s'efforce de faire de l'artisan un artiste
dans son n)étier. Ainsi, non seulement l'artisan se créera
des ressources, mais encore le goût artistique se déve-
loppera dans les masses et l'on n'aura plus à regretter les
déplorables dégradations dont nos monuments publics,
les hôtels, les maisons et nos parcs ont été l'objet.
Dans certaines de nos grandes villes, des efforts louables
se font pour développer l'enseignement professionnel;
notre but a été de signaler ces efforts, de les approuver et
de les encourager. Tenant compte du résultat à atteindre,
vous m'excuserez, Messieurs, d'avoir abusé pendant si
longtemps de votre trop bienveillante attention. — Applau-
dissements.
I
(in )
— iM. le secrétaire perpétuel proclame de la manière
suivante le résultat des concours :
CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1890.
Les concours annuels ouverts par la Classe des beaux-
arts de l'Académie ont donné les résultats suivants :
PARTIE L,ITTÉR%lRi:.
Quatre questions avaient été inscrites au programme de
concours pour l'année actuelle. Elles avaient pour objet
de demander ; 1° Quelle était, depuis le XP siècle, la com-
position instrumentale des bandes de musiciens employées
par les magistrats des villes, etc. ; 2° L'histoire de la céra-
mique aux Paijs-Bas; 5° L'influence, exercée en France
par les sculpteurs belges du XV'^ siècle, et 4° De déterminer
les caractères de l'architecture flamande du XVI^ siècle.
La Classe a constaté avec regret qu'aucun mémoire
ne lui a été présenté en réponse à ces questions.
ART APPE,IQIIÉ.
Peinture.
La Classe avait remis au concours, pour l'année actuelle,
le sujet suivant, qui a ligure au programme de 1886 :
Projet de diplôme (dessin ou grisaille) destiné aux lau-
réats des différents concours ouverts par l' Académie royale
des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.
( 418 )
La Classe désirait que ce projet fût conçu dans le carac-
tère simple qui doit convenir à un diplôme académique.
Huit dessins ou grisailles ont été reçus. Ils portent les
devises suivantes :
N"* 1. Vivre, c'est combattre.
2. Ars longa, vila brevis. ■
3. Prodesse et delectare.
4. Age quud agis.
5. Fama volât.
6. Harmonie.
1. Géométrie.
8. Plus d'ho7ineur que de travail, etc.
La Classe, se ralliant au rapport de sa section de pein-
ture, vote le prix proposé de six cents francs au projet n° 5
portant la devise : Fama volât.
L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme
auteur de ce travail M. Guillaume-François Hoffman, à
Forest lez-Bruxelles.
Une mention honorable a été accordée, à l'unanimité,
au projet n" 7 portant la devise : Géométrie.
L'auteur est prié de faire savoir s'il accepte cette
distinction.
Gravure en médailles.
La Classe avait proposé comme sujet :
Une médaille conimémorative de la loi qui a autorisé
S. M. Léopold II à prendre la souveraineté de l'État indé-
pendant du Congo.
L'avers est réservé à l'effigie de Léopold II.
( 419 )
Les concurenls avaient le choix, pour le revers, entre
les sujets suivants :
« La Belgique et l'État du Congo imis sons une même
souveraineté. »
« L'hlat du Congo accomplissant en Afrique son œuvre
civilisatrice. » — Prix : 600 francs.
La Classe a également constaté, avec regret, qu'aucun
modèle ne lui a été soumis.
PRIX DE ROME.
Grand concours d'architecture de 1890.
D'après les décisions du jury chargé de juger le grand
concours d'architecture qui a eu lieu cette année, le pre-
mier prix a été décerné à M. Arthur Verhelle, de Bruges,
élève de l'Académie royale des beaux-arls de Bruxelles;
Le seco7id prix à M. Adolphe Kockerols, d'Anvers, élève
de l'Institut supérieur des beaux-arts de la même ville;
Une première mention honorable a été accordée à
M. Emile Vereecken, d'Anvers, élève de l'Académie des
beaux-arts d'Anvers et de MM. Schadde et J. Vereecken,
et une deuxième mention honorable à M. Hubert Marcq, de
Bruxelles, élève des Académies d'Anvers et de Bruxelles.
La séance a été terminée par l'exécution de la cantate :
Sinaï, poème couronné de M. Jules Sauvenière, musique
de M. Paul Lebrun, de Gand, premier second prix du
grand concours de composition musicale de 1889.
( 420 )
Voici les noms des solistes :
M. Charles Waeyenberge [Moïse);
M. Auguste Van Gheluvve [le Récitant);
M"* Elvire Van Ackere [Marie, sœur de Moïse).
Les chœurs ont été chantés par les élèves du cours
d'ensemble vocal du Conservatoire royal de Gand et les
membres de la section chorale de la Société Royale
« des Chœurs » de la même ville.
OUVRAGES PRESENTES.
Leltenhove [le baron Kervxjn de). — Marie Stuart. L'œuvre
puritaine — le procès — le supplice, 1S85-1 587, tonnes I et H.
Paris, 1889; 2 vol. in-8°.
Tiberghien {G.). — Discours prononcé aux funérailles de
W A. Van Weddingen, le 10 juillet 1890. Bruxelles, 1890;
extr. in-8'' (4 p.).
Harlez (C. de). — I-LI, cérémonial de la Chine antique, avec
des extraits des meilleurs commentaires, Paris, 1890; vol.
10-8» (408 p., 7 pi.).
Terby (F.). — Considérations sur le mouvement de rotation
delà planète Vénus. Bruxelles, 1890; extr. in-8°(10 p.et 1 pi.).
— Sur de nouvelles observations des canaux de Mars et de
leur gémination. Bruxelles, 1890; extr. in-8° (15 p. et 1 pi.).
Bambeke [Ch. Van). — De l'existence probable chez Phal-
lus impiidicus d'un involucrum ou indusium rudimentaire.
Gand, 1890; extr. in-S» (9 p., 1 pi.).
Selys Longcliamps[Edm. de). — Causeries odonatologiques,
n"' 1 et 2. Pruxelles, 1890; extr. in-8° (6 p.).
( m )
liohijns [G.). — Discours sur l'utilité de la oonnnissancc des
liuiyucs vivantes et l'importimcc du Ihunand. Liège, iSÎJO;
iii-S" (K; p.).
Deriiyts {Jacques). — Sur les covariants primaires.
Bruxelles, 1890; exlr. in-8° (19 p.).
— Sur la réduction des fonctions invariantes. JJruxelIcs,
1800; cxtr. in-8° (7 p.).
Isnardo/i (Jacques). — Le théâtre de la Monnaie dej)uis sa
fondation jusqu'à nos jours. Bruxelles, 4890; vol. gr. in-S"
(illustrations).
Giltée [Aug.). — De hand en de vingeren in het volksge-
loof. S. 1. nid. ln-18 (52 p.).
— L'élude du folklore en Flandre. Bruxelles, 1890; extr.
in-S" (19 p.).
Preudlwmme de Dorre {A.). — Matériaux pour la faune
entomologique des Flandres : Coléoptères, 4"° centurie.
Bruxelles, 1890; in-S".
— Matériaux pour la faune entomologique de la province
de Brabant : Coléoptères, 5°" centurie, Bruxelles, 1890; in-8°.
Delaunois. — Over de onmatiglieid. Uit het fransch ver-
laald op last der rcgeering door Pol. Meirsschaut. Louvain,
1890;in-8»(83 p.).
Delmer {Louis). — La vivisection. Rapport de la Commis-
sion spéciale d'enquête sur la vivisection. Bruxelles, 1890;
in-S» (iO p.).
Meerens {Charles). — La gamme musicale majeure et
mineure. Bruxelles, 1890; in-8° (.o2 p.).
Dormal et Tihon. — La station préhistorique de l'hermi-
lageà Iluccorgne. Bruxelles, 1890; extr. in-8'' (15 p. et 1 pi,).
Oye {Eugène Va?i). — Vonkcn en stralcn, poëzic, 1870-7(î.
Gand, 1889; in-8».
Boger de Dour (Je haron //. de). — Les habitations ouvrières
en Belgique. Bruxelles, 1890; vol. gr. in-8°.
Evrard {F.) et Lambotte {L.). — Quatrième et cinquième
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Bruxelles, 1889-1890; 2 exir. in-S" (47 et 53 p.).
Pasquier {Ernesl). — De la corrélation des heures et des
dates dans les divers fuseaux. Louvain, 1890; extr. in-8° (5 p.
et 2 tableaux).
Leconte {Félix). — Étude expérimentale sur un mouvement
curieux des ovoïdes et des ellipsoïdes. Genève, 4890; extr.
in-8<'(12 p.,! pi.).
Straven {Fr.). — Inventaire analytique et chronologique des
archives de la ville de Sainl-Trond, tome IV, i" livr. Saint-
Trond, 1889; in-8°.
Mid\oHe[Fclicien). — La ramie, conférence faite à la Société
centrale du travail professionnel. Paris, 1890; in-S" (15 p ).
— Le décorticage de la ramie. Dole, 1890; in-8°(8 p.).
WiUemx-Fonds. — Een hockje van Zuid-Vlaandcren, Oude-
naarde, Ronse en omstrekcn, door Orner Wattez. Gand, 1890;
in-18.
Kon. Vlaamsclie Académie. — Dit is die Istory van Troyen
van Jacob Van Macriant, dccl II; deel IV, 2. Gand, 1890; in-8".
Ville de Termonde. — Catalogue général de la Bibliothèque
de la ville de Termonde, 1" et 2°" parties. 1883-1887; in-8".
Ministère des Affaires étrangères. — Actes de la conférence
de Bruxelles (1889-1890). Bruxelles, 1890; vol. in-f».
— La traite des esclaves en Afrique : Actes internationaux
et documents relatifs à la législation des pays d'Orient, recueil-
lis pour la conférence de Bruxelles. Bruxelles, 1889; in-f"
(38 p.).
— La traite des esclaves en Afrique : Renseignements et
documents recueillis pourla conférencede Bruxelles. Bruxelles,
1890; vol. in-f' (264 p.).
Ministère de V Agriculture, etc. — Enquête sur l'épidémie
(le grippe qui a régné en Belgique en 1889-1890. Documents
et rapports. Bruxelles, 1890; in-8".
Société d'archéologie de Bruxelles. — Annales, tome IV,
qme Hyraison. Bruxelles, 1890; in-8°.
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Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. — Bulletin,
tome V, 2**' partie. In-8*.
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Kolliker [A.). — Uebcr die ersle Enlwicklung der Nervi
olfactorii. Wurzbourg, 1890; extr. in-8" (4 p.).
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Fîmbryonen. Wurzbourg, 1890; cxlr. in-8° (2 p.).
Manifestation en l'honneur de G.-A. Hirn : Médaille frappée
à son cfligie. S. 1. ni date [1889]; in-4'' (portrait).
Gad (/.) und Heymans [J.-F.). — Uebcr das Myelin, die
myelinlialtigen und myelinlosen Nervenfosern. Berlin, 1890;
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Marcuse (A.). — Resullate der forgesetzten berliner Beo-
bachtungsreitc betrcffend die Vcranderlichkeit der Polhôhen.
Berlin, 1890;in-4° (4 p. et 1 fig.).
Kalischer [W S.). — Wirkt das Licht magnetisch? S. 1. ni
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Abtheilung, 4. und 14. Stuck. 1890; 2 vol. in-4°.
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Université de Tubingue. — Thèses et dissertations inaugu-
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Académie des sciences de Budapest. — Almanaeh, Bulletins
et Mémoires pour 1889-1890.
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miques, 1889-90. 52 brochures.
Handelsslatistisches Bureau, Haniburg. — Tabellarische
Uebersichlen im Jahre 1889, In-4°.
Naturf'orschende Gesellschaft, Dantzig. — Monographie der
ballischen Bernsteinbaume (Conwentz). 1890; in-i".
Naturwissenscliafllicher Verein, Regensburg. — Berichlc,
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Physikal.-ôkonomische Gesellschaft. — Schriften, 1889.
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Staatsarchiv in Stuttgart. — Wûrterabergisches Urkunden-
buch, D. Band, 1889; vol. in-4''.
Senckenbergische Nuturforschende Gesellschaft. — Beriehl,
1890. Franefort-sur-Mein; in-8°.
Meteorologischcs Institut, Berlin. — Ergebnisse der meteo-
rologischen Beobachtungen im Jahre 1890. Berlin; in-4°.
Naturwissenschaftlicher Verein fur Steiermark. — Mittei-
lungen, 1888. Graz, 1889; in-8''.
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Jahrbucher, Hcft 78-87 und 89. 1884-1890; gr. in-8».
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Bolany : Journal, n" 171, 172, 174, 181, 182. Zoology :
Transactions, vol. V, pari 4. Journal, n" 122, 123, 133-135,
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Royal Society of London. — Transactions for the year 1889.
Londres, 2 vol. in-4".
Royal Society of Canada. — Proceedings and Transactions
for 1889, volume VII. Montréal, 1890; in-4».
Italie.
Aulo-governo nazionale ed internazionale, o la soluzione
pratica dei [)iu' ardui problemi politico-economico-sociali.
Turin, 1890-91; gr. in-8".
Vecchi (Stanislas). — L'essenza reale délie quantità ora dette
immaginaric la rappresenlazione diretla dclle quantità com-
plesse c la legge di conlinuità in gconietria. Parme, 1890; in-4*
(o5 p., fig.).
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Pays-Bas.
Teijlers gocigeleerd genootschap. — Verhandclingen, decl
XII. Harlem, 1890; in-8».
Natuxirkundige vereeniging in Nederlandsch-Indië. ~ Tijd-
scbrifl, deel XLIX. Batavia, 1890; vol. in-8".
Koninklijkc Bibliolheek. — Vcrslag der aanwinsten gedu-
rende 1889. La Haye, 1890; in-8°.
Société historique du duché de Limbourg. — Publications,
tome XXVI, 1889. Maestricht, 1890; vol.in-8°.
Pays divers.
Antiqvitets Akademien. — Tidskrift Xi, I och 2. — Monads-
blad, 1888. Stockholm; in-8".
Université d'Cpscd. — Programmes et dissertations, 1889-90.
32 broch. in-8'' et in-4".
Société des amis d'histoire naturelle, Moscou. — Mémoires,
1890. In-4°.
Société helvétique des sciences naturelles. — Nouveaux
mémoires, vol. XXXII, 1" livr. Zurich, 1890; in-4°. — Compte
rendu des travaux de la 72' session réunie à Lugano en 1889.
In-8'', — Matériaux pour la carte géologique de la Suisse,
16"' livraison. Berne, 1890; vol. in-4°.
Nalurforschende Gesellschaft iti Bern. — Mitleilungen ans
dem Jabre 1889. In-8".
Institut égyptien. — Bulletin, 1889. Le Caire, 1890; in-8°.
Observatorio do infante D. Luiz. — Annaes,1887, vol. XXV.
Lisbonne; in-4°.
Observatorio de marina de San Fernando. — Anales, sec-
cion 2% 1889. San Fernando, 1890; in-i".
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALK DES SCIENCES,
DES
LKTTRES ET DES BEArX-ARTS DE BELGIQUE.
d890. — JNoU.
CLASSE DES SCIEi\CES.
Séafice du 8 novembre 1890.
M. Stas, directeur, président de l'Académie.
M. LiAGRE, secrétaire perpélueL
Sont présents : MM. P.-J. Van Beneden, le baron de Selv.
Ungchamps G. Dewalqne, E. Candèze, Éd. D po
G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon
Ch de , a Vallée Pouss.n, associés; Alpb. Renard, C. Le
J^aige, L. Errera et F. Terby, correspondants.
BamLr ^'''r"' ^■;^^-^''''^^'^'-^ J- De Tilly et Ch. Van
BambeKe, membres, s'excusent de ne pouvoir assister à la
séance
S""* SÉRIE, TOME XX
29
( 430 )
CORRESPONDANCE.
M. le Minisire de rinlérieiiret de rinslruclion publique
demande l'avis de l'Académie sur l'adhésion éventuelle du
Gouvernement belge au Congrès de Rome, oiî seraient
représentés les États membres de l'Union géodésique
internationale, à l'eiïel d'examiner les propositions de
l'Académie de Bologne pour l'introduction à\m méridien
initial unique, et de l'heure universelle. — Renvoi à
m\. Liagre, Folie et De Tilly.
— Le même Ministre écrit qu'il a chargé les statuaires
de Tombay et Hérain d'exécuter les bustes en marbre du
chevalier X. de Burtin et de B.-Ch. Du Mortier, anciens
membres de la Classe.
— La Classe accepte le dépôt dans les archives de l'Aca-
démie d'un billet cacheté deMM.A.-F. Renard et J. Cornet :
Sur le mode de formation de la craie 'phosphatée.
— M. le Minisire envoie, pour la bibliothèque de l'Aca-
démie, les livraisons 289 et 290 de la Flora batava. —
Remerciements.
— Hommages d'ouvrages :
1° Nouvelles stations préhistoriques des bords de la
Meuse entre Profondeville et Annevoie ; par Tilo Zanar-
delli;
2° La respiration des plantes; par Léo Errera;
( 431 )
5° Annalas délia Socielad rhaeloromanscha, i" annada,
Coire;
4" Noie sur l'unification des heures au point de vue de
l'exploitation des chemins de fer; par Louis de Busscherc.
— Renicrciemenls.
— Les travaux mamiscrils suivants sont renvoyés ù
l'examen de commissaires;
1" Contribution à la question de l'azote ; par A. Peter-
mann. Second mémoire. — Commissaires : MiM. Slas,
Henry et Spring;
2° j\ew Quantitative test for bread, flour, albumen, etc. ;
par John Barker Smith, de Londres. — Commissaire :
M. Spring.
RAPPORTS.
Il est donné lecture du rapport de M. Mansion, sur un
mémoire de M. Catalan Sur l'ellipse de Brocard. — Remer-
ciements à l'auteur et impression de son travail dans le
recueil des Mémoires in-^", avec la planche qui l'accom-
pagne.
Sur les points d'inflexion dans les cubiques;
par Cl. Servais.
Wtnppot't tic M. C. Ce Paige,
« Le mémoire soumis à la Classe par M. Servais con-
tient un grand nombre de propriétés intéressantes des
points d'inflexion d'une cubique. Ces propriétés ne sont
( 452 )
pas toutes nouvelles, mais elles sont toutes démontrées
par un procédé uniforme et extrêmement simple.
L'auteur commence par exposer les propriétés des
groupes de trois points AiAgÂs obtenus et projetant d'un
point P, de la courbe, sur celle-ci, trois points d'inflexion
alignés W.WgWg.
Il arrive aisément à ce théorème : Les rayons qui pro-
jettent tous les ternes d'un même genre (A^AgAs) d'uii
point quelconque à la cubique, forment une involulion
cubique du premier rang.
Comme cas particulier, on obtient ce théorème curieux :
Les trois ternes de rayons qui projettent d'un point quel-
conque du plan, le terne de points d'inflexion situés sur
les côtés d'un triangle inflexionnel, font partie d'une invo-
lulion cubique de premier rang.
Si le centre de projection, au lieu d'être quelconque, est
situé sur une droite inflexionnelle, ne faisant pas partie
du triangle choisi, l'involulion cubique devient une involu-
tion quadratique.
Je ne suivrai pas l'auteur dans les développements qu'il
déduit des propriétés essentielles que je viens de rappeler :
ces conséquences sont, pour la plupart, des propriétés
connues, tandis que les théorèmes que j'ai reproduits me
paraissent nouveaux et constituent la partie fondamentale
du travail que j'analyse en ce moment.
Dans un second paragraphe, M. Servais arrive à éta-
blir d'une manière élégante l'existence des neuf points
d'inflexion d'une cubique, comme conséquence du théo-
rème intéressant qui suit :
Si autour d'un point S de la polaire harmonique d\(n
point d'inflexion Wj on fait tourner une sécante qui coupe
( ^'"55 )
la courbe en des points AjAoAj, les rayons W,A„ WiAj,
W,A3 font partie iVune invotution cubique du premier
rang.
La conlribulion nouvelle que M. Servais vient d'apporter
à l'élude des cubiques, me paraît digne de l'approbation
de l'Académie, et je serais heureux que la Classe voulut
bien en ordonner l'impression au Bulletin de la séance ».
La Classe a adopté ces conclusions, auxqueJies ont
souscrit les deux autres commissaires, mi Mansion et
De Tilly.
Sur la dypnone; par Maurice Delacre.
a Les acétones, comme les aldéhydes, sont remarquables
|)ar leur aptitude extraordinaire à fournir des produits de
condensation sous l'action d'agents divers. Cette question
générale est depuis longtemps l'objet de l'attention des
chimistes; iM. Delacre a jugé utile, et avec raison, de s'en
occuper à ï>on tour.
Comme objet de ses recherches, il a choisi l'acélophé-
none CcH»— CO— CH3, dont les condensations sont plus
nettes que celles de l'acétone ordinaire.
Sous l'action du zinc-éthyle et sous l'action de l'acide
chlorhydrique, l'acélophénone donne naissance par élimi-
nation d'eau à une acétone de condensation, non saturée,
de la formule
/
( 434 )
Ce produit correspond, comme on le voit, à l'oxyde de
mésilyle
Cil,.
CH.
>C = CH— CO — CFI3,
dont M. Kekulé a fait connaître la véritable constitution.
Pour en rappeler l'origine et faciliter la nomenclature
de ses dérivés, M. Delacre a donné à ce composé le nom de
dypnone, hypnone est, comme l'on sait, le nom sous lequel
est désigné Tacétophénone dans le domaine médical.
La dypnone constitue un liquide épais d'un jaune clair,
incristallisable et non distillable. M. Delacre décrit l'action
de la phénylhydrazine, de l'hydroxylamine et du brome sur
ce composé. Ces constatations ne laissent aucun doute sur
la nature acétonique et le caractère non saturé de ce pro-
duit. M. Delacre a encore examiné l'action de la chaleur;
cette action paraît fort compliquée et fournit divers corps,
parmi lesquels le plus intéressant est la triphényl-benzine
symétrique 4 — 3 — 5. C'est ce même hydrocarbure qui
se forme encore comme produit principal dans l'action du
pentachlorure de phosphore, de l'acide chlorhydrique et
du zincélhyle sur la dypnone.
Le mécanisme de sa production reste encore à trouver.
Quoi qu'il en soit, on peut affirmer avec M. Delacre que la
formation de la dypnone précède celle de la triphényl-
benzine, dans la réaction prolongée de l'acide chlorhydrique
sur l'acétophénone, selon MM. Berlhold et Engler.
Le travail de M. Delacre se distingue par le même soin
scrupuleux et patient qui caractérise toutes ses recher-
ches.
J'ai l'honneur de proposer à l'Académie : i° d'insérer
( 435 )
dans les Bulletins ce nouveau Mémoire de notre jeune
et actif correspondant, et, 2" de lui voter des remer-
ciements pour ses fréquentes et si intéressantes commu-
nications ».
La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles M. Spring,
second commissaire, s'est rallié.
Sur le nouveau genre Posadaea de la famille des Cucurbi-
lacées; par Alfred Cogniaux.
Mtappot't de Êt.ft^ Cfépit» et Gilhiitet.
a Nous avons pris connaissance de la note de
M. Cogniaux intitulée : Le nouveau genre Posadaea, de la
famille des Cucurbitacées et nous jugeons que celte note
est digne d'être insérée dans le Bulletin de l'Académie. »
— Adopté.
La réduction des nitrates en nitrites par les graines et les
tubercules; par É. Laurent.
Rapiiorl He M, CHIkittet, pi'entiet' cotttittiêêaive.
a Dans la note soumise à notre examen, M. Laurent
fait connaître le résultat de ses nouvelles recherches sur
la réduction des nitrates. Il constate que les graines de
maïs, d'orge, de pois, de lupin blanc, de fève et de haricot,
( 436 )
préalablement sléiilisées, mises à germer el plongées
ensuite dans une solution de nitrate potassique à i'/o.
donnent lieu à là production de nitrite, à la condition,
toutefois, que les graines soient recouvertes d'une couche
épaisse de liquide. Au contraire, il n'y a pas de réduc-
tion, lorsque la couche de solution nitrée ne présente
qu'une faible épaisseur et offre une grande surface d'aéra-
tion.
D'après l'auteur, la réduction constatée dans le premier
cas doit être attribuée au fait que les graines empruntent
au nitrate une partie nécessaire à leur respiration.
M. Laurent ne nous fait pas connaître explicitement la
cause à laquelle il attribue l'absence de réduction dans le
second cas. Toutefois, on peut inférer de ses conclusions
qu'il admet alors une oxydation aux dépens de l'oxygène
de l'air.
Le réactif employé pour déceler le nitrite est unique-
ment le chlorure de naphtylamine en présence des acides
chlorhydrique et sulfanilique. L'honorable M. Stas et moi-
même, nous avons constaté précédemment que ce réactif
n'était pas à l'abri de toute critique.
L'auteur a observé la réduction du nitrate par les tuber-
cules de topinambour, de radis, de navet, etc., ainsi que
par les pétioles, les pédoncules el les fruits de différentes
plantes. 11 constate enfin que par une élévation de tempé-
rature convenable, par l'immersion dans l'alcool où le
chloroforme, on peut tuer les cellules sans en faire dispa-
raître entièrement le pouvoir réducteur, ce qui conduit à
la supposition qu'il existe dans les tissus végétaux des
substances douées de propriétés réductrices.
Nous devons faire remaquér à l'auteur que celte expé-
( 437 )
rionce semble en conlradiclion avec sa conclusion, qu'il
lormule de la manière suivante :
a La réduction des nilrales en nilriles par les végétaux
» est, comme la fermentation alcoolique, une conséquence
» de la vie qui se continue dans un milieu privé d'oxy-
* gène libre ».
La note de M. Laurent étant la suite des communica-
tions qu'il a adressées à l'Académie sur le même sujet, j'ai
l'honneur d'en proposer l'insertion au Bulletin de la
séance. »
Mtappoi'l de 3Ë. Kt'fet-a, aecoitil conttniaaaifB.
« A l'analyse si claire que mon savant confrère, M. Gil-
kinet, a faite du travail de M. Laurent, je n'ai que deux
mots à ajouter.
Il n'est pas tout à fait exact que l'auteur se soit unique-
ment servi du chlorure de naphlylamine pour déceler les
nilrites. Bien au contraire, comme M. Laurent le dit dans
sa note, il a employé pour ses premiers essais à la fois le
réactif iodé, la métaphénylène-diamine et le chlorure de
naphtylamine. C'est seulement après avoir constaté qu'ils
donnaient des résultats concordants, qu'il s'est tenu au plus
sensible et au plus caractéristique de ces réactifs.
Quant à la contradiction relevée par le savant premier
commissaire, elle me semble plutôt apparente que réelle.
Beaucoup de physiologistes admettent, en effet, aujour-
d'hui, que la respiration ne se fait point directement, mais
par l'intermédiaire de corps avides d'oxygène, produits
I
( 438 )
par le protoplasme. Quoique la production de ces corps
soit un phénomène vital, leur pouvoir réducteur peut très
bien survivre à la cellule. Les expériences de M. Laurent
ne me paraissent donc pas en conflit avec ses conclusions.
Aussi est-ce avec grand plaisir que je me joins à mon
confrère, M. Gilkinet, pour proposer l'insertion du travail
de M. Laurent dans le Bulletin de la séance. » — Adopté.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
A l'occasion des variations de lalihide constatées à Berlin,
à Postdam et à Prague; par F. Folie, membre de l'Aca-
démie.
J'étais précisément occupé à réduire les hauteurs du pôle
déterminées par Peters à Poulkova en 1842, en cherchant
à introduire dans cette réduction plusieurs corrections dont
les astronomes ne tiennent encore aucun compte, lorsque
j'ai reçu le travail de M. Helmert.
Je me suis demandé aussitôt si les variations (réelles ou
apparentes) de la hauteur du pôle, constatées à Berlin, à
Postdam et à Prague, ne pourraient pas être notablement
diminuées en ajoutant aux termes ordinaires de l'aberra-
tion les termes périodiques de l'aberration systématique.
Il y aurait lien, alors, de corriger les hauteurs du pôle
obtenues dans les trois Observatoires, de l'aberration systé-
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ij^zmar- Jeirier Jfar\y
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Jtun Judleâ Aoûl Sememire- Ocà>l>r& Jvudm-ère Wécemhi-e.
;> f9 29 9 /.9 29 (.f /cJ" 2 S 7 ff 27 -J // 27 e /& 2â & 16 2f
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1 :
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i
(439)
raalique en déclinaison, dont le lerme principal esl de la
l'orme :
A-î = k [Xa -+- B^>) sin r? cos (A' — a),
k étant un coetTicienl qui renferme comme facteur la vitesse
du système solaire, Âa h- B6 la notation en usage dans la
connaissance des temps, A' l'apex du mouvement systé-
matique, a et ^ les coordonnées de l'étoile.
J'ai calculé ce terme (au facteur k près) pour les obser-
vations de Pelers qui s'étendent du 14 mars au 19 décem-
bre 1842, avec une lacune, toutefois, du 20 octobre à cette
dernière date, et j'en ai fait un diagramme, en adoptant
une échelle qui me donnât des ordonnées maxima et
miniraa à peu près égales à celles des courbes de M. Hcl-
mert. Ce diagramme, qui porte le n" 1 dans la planche
ci-jointe, esl fort semblable à la courbe de Berlin, qui y
figure également.
La ressemblance est surtout frappante si l'on transpose
le diagramme de la manière dont il est ligure sous le n° 2.
L'application de cette correction à toutes les étoiles qui
ont été observées à Berlin, à Posldam et à Prague exige-
rail un labeur très considérable, el je doute qu'on l'entre-
prenne avant d'être (ixé sur la grandeur de la viiesse de
transport du système solaire.
C'est dans le but de la déterminer que j'ai entrepris les
calculs dont je viens de faire mention.
Il m'a paru intéressant de les rapprocher des variations
de latitude constatées, et que j'hésiterai à croire réelles
aussi longtemps que je ne serai pas fixé sur plusieurs points
encore obscurs des formules des réductions stellaires.
( 440 )
Sur les graptolilhes de Belgique; par le professeur
C. Malaise, membre de l'Académie.
Les graptolithes, objet de nombreux travaux dans ces
dernières années, ont acquis, pour les terrains paléozoïques
inférieurs, une importance aussi grande que les ammonites
pour les terrains mésozoïques et les mammifères pour les
terrains néozoïques.
Les géologues et les paléontologues stratigrapbes s'occu-
pent plus spécialement de l'étude des espèces quant aux
caractères que celles-ci peuvent leur fournir, au point de
vue de l'âge relatif et du synchronisme des formations
géologiques. Sous ce rapport, les polypiers laissés par les
graptolithes ont parfaitement répondu à ce que les géolo-
gues attendent des fossiles.
Les polypiers à formes délicates et variées, laissés par
ces intéressants hydrozoaires, ont permis de constater
que certaines espèces caractérisaient des niveaux et des
zones, où la même espèce a une aire de dispersion d'une
très grande étendue.
Les graptolithes se rencontrent dans le silurien à diffé-
rents niveaux, lesquels sont parfaitement bien caractérisés
par des espèces et des genres spéciaux. Ceux que l'on
trouve à la base de ce terrain sont dendroïdes ou à plusieurs
branches, à rameaux unilatéraux, ou n'ayant des cellules
que d'un seul côté. Ils caractérisent la faune seconde infé-
rieure. Ceux de la faune seconde supérieure sont simples,
mais diprionidés ou bilatéraux, c'est-à-dire ont deux rangs
de cellules de chaque côté.- Ceux de la faune troisième sont
généralement monoprionidés, ou simples et unilatéraux, à
I
( 44i )
une seule rangée de cellules. Il y a des genres qui établis-
sent le passage entre les diprionidés et les monoprionidés,
notamment le Dimorphograplus, qui est simple et diprio-
nidé à la base avec cellules bilatérales, et qui se divise
au sommet en deux branches, monoprionidé, à cellules
unilatérales.
Les graptolithes ont fourni de nombreux et précieux
points de repère des zones ou horizons géologiques en
Angleterre, en Ecosse, en Irlande, en Scandinavie, en
Bohême, en Tliuringe et dans l'Amérique du Nord.
Souvent même, il arrive que les graptolithes repré-
sentent à eux seuls certains niveaux ; les autres fossiles
manquent, et les strates sont réduites à des couches ne
renfermant que les polypiers de ces hydrozoaires. Des
couches noires ampéhteuses, considérées comme de même
âge, ont été reconnues, grâce aux graptolithes, comme
constituées de plusieurs niveaux différents.
La position des graptolithes dans la série animale a été
très disculée; ils ont tour à tour passé pour des céphalo-
podes, des bryozoaires, des actinozoaires et des hydro-
zoaires. M. le professeur C. Lapworlh dit qu'ils font partie
actuellement de la famille des plumaridés, au bas de
l'échelle des hydrozoaires, dans le sous-ordre deshydroïdes,
au voisinage immédiat des rhizopodes. M. le professeur
P.-J. Van Beneden, qui les considère comme des forami-
nifères (1), paraît donc aussi les rapprocher de la position
assignée en dernier lieu.
L'élude de la répartition slratigraphiquedes graptolithes
dans les différentes régions siluriennes du globe a montré
qu'ils se répartissent en six niveaux principaux, dans
(t) Opinion jadis admise, également, par Qucnslcdt.
( 442 )
lesquels on a observé un certain nombre de zones. Ces
niveaux sont les suivants :
C. — Pour la l'aunu iroisièiue ou silurien suiiérieur.
6. Graptolitlies des niveaux de Wenlock et de Ludlow.
5. Graptolitlies du niveau de Llandovery.
B. — l'our la faune seconde ou silurien inférieur.
4. Graptolitlies du niveau de Bala ou Caradoc.
o. Graptolitlies du niveau de Llandcilo.
2. Graptolitlies du niveau de l'Arenig.
A. — Pour la faune primordiale on cambrien supérieur.
i. Graptolitlies du niveau des schistes à UicUjoucma sociale
ou Dictyuiiema jlabclliformis.
Nous possédons ces divers niveaux : !2, 4, 5 et 6, d'une
façon positive, et 1 et 5 d'une façon problématique.
Quoique l'on rapproche Diclyonema sociale des grapto-
litlies, on n'a pas encore signalé ces derniers en compa-
gnie de Diclyonema sociale, dans les diverses localités où
ce fossile a été observé en Belgique.
Le niveau équivalent de LIandeilo pourrait se trouver à
Sart-Bernard, dont quelques graptolitlies paraissent être
des espèces caractéristiques de ce niveau.
Lorsque je présentais à la Classe des sciences, en 1869,
mon mémoire sur le terrain silurien, imprimé en 1875(1),
je ne connaissais que le Climacograpliis scataris et le
Monograptus priodon, à deux niveaux différents. J'indi-
quais à Statle 6' /ûiiacogra/î/Ms sca/am; mais un examen
(1) C. JJalaise : Description du terrain silurien du centre de la
Belgique. (iMcmoircs couronnes et Mémoires des savants étrangers,
publiés par lAcadémic royale de Belgique, t. XXXVII, pp. 102 à
104, Bruxelles, 1875.)
( 443 ;
ultérieur plus allenlif, alors que j'étais mieux préparé à
ce genre d'études, m'a démontré que c'était Diplograptus
pristinifunnis, espèce de l'Arcnig.
Depuis lors, j'ai rencontré de nombreux graptolithes
dans le silurien du massif du Brabant et dans celui de la
bande de Sanibre-el-Meuse, je puis citer actuellement
quarante espèces réparties dans différentes zones des
faunes siluriennes seconde et troisième.
Si sous le rapport du nombre, les graptolithes de Bel-
gique ne peuvent pas encore se mettre en parallèle avec
ceux des régions classiques siluriennes des lies britan-
niques, de Scandinavie et de l'Amérique du Nord; sous
celui de la conservation et de la beauté des spécimens,
notre pays n'a rien à envier aux régions siluriennes les
plus favorisées.
Nous avons donc, actuellement, quarante espèces répar-
ties straligraphiquement dans le silurien belge, alors que
l'on n'en connaissait que deux en 1869.
Depuis lors, nous avons recueilli de nouveaux grapto-
lithes, dans divers gisements de la bande de Sambre-et-
Meuse, gisements que nous comptons faire connaître
lorsque nous décrirons la constitution de ladite bande.
L'exploitation des eurites quartzeuse^ ou rbyolites à
Grand-Manil, qui a pris une certaine extension dans ces
derniers temps, nous a permis de récoller de nouveaux
graptolithes au sud de ce gisement, et nous espérons,
prochainement, pouvoir y reconnaître plusieurs zones.
Nous avons pu constater que, pour la plupart des espèces
rencontrées en Belgique, il y a concordance entre les
divers horizons que l'on a établis dans les Iles britanni-
ques, en Scandinavie, dans l'Amérique du Nord, etc., et la
position que ces graptolithes occupent en Belgique.
( 444 )
A la séance du 3 février 1883, dans ma note Sur In
constitution du massif silurien du Brabanl (1), j'annonce
que j'ai trouvé au hameau d'Insépré, nom qui doit être
remplacé par celui de Broqiietia (Malonne), à 2,600 mètres
au S.-E. de Malonne, Monograptus priodon, associé à
Cardiola internipla et à Orthoceras, sp.
Je présente à la Société géologique de Belgique, le
18 février 4883, « des exemplaires de Monograptus
priodon et une contre-empreinte de Cardiola inlerrupla,
représentants de la faune troisième et provenant de la
bande de Sambre-et-Meuse (2) b.
A la séance du M juillet 1887, j'annonce à la Société
géologique de Belgique que j'ai reconnu « trois niveaux à
graptolithes dans la bande de Sambre-et-Meuse :
A. Cliiiiacograptus sculari.i? à la partie inférieure, puis
B. Monoijraplus priodon.
C. Monograptus colonus.
Le Monograptus priodon est très abondant à la partie
inférieur de B et Monograptus colonus dans la partie supé-
rieure de C (3) ».
Je signalai parmi les graptolithes les plus caractéristi-
ques de la bande de Sambre-et-Meuse, Monograptus colo-
nus et Monograptus priodon, rencontrés en un très grand
(1) Bull, de l'Acad. roy. des sciences, etc., de Belgique, 3" série,
t. V, p. 206. Bruxelles 1885.
(2) Annales de la Société géologique de Belgique, t. X, BnUefln,
pp. xcv-xcvi. IJège, 1885.
(5) Ihid., t. XIV, Bulletin, p. clxxxiv, Liège, 1888.
( un )
nombre de points, que de nouvelles recherches augmente-
ront encore.
En 1887, profitant de la réunion, à Manciiesler, de l'As-
sociation britannique pour ravancement des sciences, je
passais à Birmingham, chez le professeur Ch. Lapworth,
bien connu pour ses beaux travaux sur les graplolithes.
Le savant professeur de Mason-Science-Collcge me reçut
très cordialement et m'aida beaucoup dans l'étude des
graptolithes de Belgique.
D'autre pari, dans le courant de cette année, en juillet
4890, j'ai reçu la visite de M. le D"" Sv. Leonh, Tôrnquist,
attaché à l'Université de Lund, qui a également reconnu
les grandes analogies qui relient la Belgique graptolithique
à la Scandinavie, et, par suite, aux lies britanniques et à
l'Amérique du Nord.
Le 19 février 1888, j'annonçai à la Société géologique
de Belgique que j'avais reconnu a trois niveaux à grapto-
lithes dans le silurien du Brabant, correspondant à des
zones bien caractérisées dans les lies britanniques :
i" Le niveau inférieur correspond à celui de Bala et de
Caradoc;
2° Le niveau moyen, équivalent de LIandovery, est
admirablement et richement représenté;
5" Le niveau le plus récent est caractérisé par la faune
troisième supérieure de Wenloch et de Ludiow. »
Le 20 novembre 1888, je dis à la même Société que
« jusqu'à présent, j'ai reconnu trois niveaux à grapto-
(1) Annales de la Socicté gcoloyiquc de Belgique, t. XV, Bulletin,
j), Lxxv, Liège, 1888.
O"** SÉl'.IE, TOME XX. 50
( 446 )
lithes dans la bande silurienne de Sambre-el-Meiise, qui
sont, à partir de la base :
y> i" Les schistes noirs de Huy, etc., à Dichograptus
octobrachialus , Dichograptus hexabrachiatvs, Didymo-
graplus Murcliisoni et Diplograptus pris fini formis ;
j> 2" Schistes quartzeux grisâtres, plus ou moins ferru-
gineux à Monograptiis priodon ;
» 3° Schistes et psammites à Monograptus colonus {i). »
J'avais assimilé, en 1873, un graptolilhe trouvé dans
la tranchée de Stalle, près de l'ouverture occidentale du
tunnel, au CAimacograplus scalaris que l'on trouve
à Grand-Manil. Depuis lors, ayant pu recueillir, en 1886-
1887, des échantillons nombreux et en boji étal à Huy,
j'ai pu m'assurer que ce graplolilhe est le Diplograptus
pristiniformis, Hall.
Le premier niveau, celui que l'on peut très bien voir à
Huy, à Slatte et à Sart-Bernard, est l'équivalent de l'Are-
nig; le deuxième correspond au Wenloch et le troisième
au Ludiow.
Examinons successivement les différents niveaux que
l'on trouve dans le silurien du Brabanl et dans la bande
de Sambre-et-Meuse, en appelant l'attention sur les prin-
cipaux gisements, types des niveaux équivalents à Arenig,
Caradoc, LIandovery, Wenlock et Ludiow.
Dans le massif silurien du Brabanl, il y a trois niveaux
à graplolilhes que Ton voit très bien à Grand-Manil, Le
niveau le plus inférieur se trouve dans les schistes fossili-
(d) Ann. de la Soc. fjéol. de Belgique, t. XV, IlidUlin, p. xi.iv,
Liège, 1888.
( 447 )
l'ùres bien connus, où l'on renconlrc des traces assez
;ibon(lan(es de Climacograptus. Les échantillons sont en
trop mauvais étal de conservation pour pouvoir les déter-
miner spéciOiiuement. On peut les rapprocher, également,
de Climacograptus candaliis, l.apw., (.7. siyloideus, Lapw.,
CL tubxdi férus, Lapw.
Immédiatement au-dessous et au-dessus des euriles ou
rhyoliles, au-dessus surtout, on voit le niveau caractéris-
tique des graplolithes du LIandovery.
CUmacwirapius normulia, La|jw. {Cl. scaluris, L. sp. var.)
— rectdiKjularis, M' Coy.
iHiuoyhofjraptus elomjatu.i, Lapw,
— Swanstotit, Laiw.
[Hplograplits inodeains, Lapw.
— vetiiciilosus'f ^\ch.
Monoijvoptiis (jrecjarius, Lapw. (.]/. sagiltariu.s, His.)
— lepiotlteca, Lapw.
— letiuis, Portl. {.tf. discreciis, Nich.)
Ce niveau à graptolilhes, très remarquable, se trouve
en Angleterre à la base iJu LIandovery. C'est le niveau de
Grand-Manil, imminédiatement supérieur aux eurites ou
ryolilhes anciennes.
En dessous de ces roches, on trouve également des
traces de graptolitlies, qui se rapprochent des espèces
précitées, an moins de Climacorjraptus normalis, mais
en trop mauvais étal pour pouvoir assumer une détermi-
nation spécifique.
Le niveau à graptolithe de LIandovery se retrouve à
SombrefTc (?), Nivelles el Monstreux, au voisinage des
euriles, et à Fauquez (litre), Rebecq (?) el Corlil-Wodon (?).
On observe dans ces divers gisements au moins une
des espèces qui caractérisent le niveau de Grand-.Manil.
A quelques centaines de mètres plus au sud, au point
( 4-48 )
où l'Orneau tourne ;'i droile, j'ai rencontré la faune de
Wenlock.
MonograplHS [lolieviicii.i, Bair.
— Galaetis's, ? Lapw.
— (conf ) pcrsonaïus, Tullb.
— prindoii, Bronii.
— l'foteiis, Barr.
— (conf.) Sedfjwiclii, Porll.
— subcoiiiciis, Tuinq.
On y trouve également : Prolovirgularia dichotoma,
M' Coy.
Un examen plus attentif et de meilleurs échantillons
recueillis à Monstreux, près Nivelles, me font rapporter
les échantillons encore assez mauvais y récoltés à Mono-
groplus Bohémiens et M. colomis, espèces de Ludiow.
D'autre part, nous venons de voir que nous avons à
Grand-Manil, à un niveau supérieur à celui du voisinage
des eurites, Monograplus priodon, = Wenlock; également
à Grand-Manil, au-dessus surtout et au-dessous des eurites
ou rhyoliles, Monograptns gregarius, Lapw, Climaco-
graplus normalis, Lapw. = LIandovery. Et plus au Nord,
le niveau de Caradoc.
Tous ces divers niveaux appartiennent à la faune troi-
sième.
Comme conséquence de ces découvertes, il faudra donc
modifier l'échelle slratigraphique du silurien, donnée
en 1883 (1), de la façon suivante : l'échelle stratigraphique
(1) C. Malaise. Sur la constitution du massif silurien du Bra-
bant. (Bull, de l'Acad. royale des sciences, etc., de Belgique, 3« série,
t. V. p. 201. Bruxelles, ISSô.)
C. Malaise. Sur la composition du massif ardoisier du Hrabanl.
(Annales de la Soc. géologique de Belgique, t. X, Mémoires, p. 22.
Liège, 1882-1883.)
( i4l) )
du cambrien ne changeani pas. Il laiil retrancher de
l'assise de Gemhloux les schistes à graplolithes el les
reporter dans l'assise de Rontjuières. Ces «leux assises
seront alors modifiées de la façon suivante :
AS»iISE »C nO.I'QlUKnEJS (S 3).
Quartzites, grès et phyllades à Monograplus colonus,
Monagraphis priodoii, Cliniacograplits scalaris, L. sp.
(Faune troisième). Eurites quarizeuses ou rhyolithes.
(Puisssance approximative : 600 mètres.)
S 3/'. Schistes ou phyllades gris-hicuàtre ou gris-noirâtre, mats, plus ou moins
feuilletés; jaunâtres et grisâtres par altération (traces de calcaire et
d'aragonite, recherches d'ardoises), à Monograptus colonus.
— 3e. Quartzites stratoïdcs, grès ou psammites feuilletés gris-verdâtre ou jau-
nâtre à Monograptus priodon.
— 3(/. Schistes ou phyllades gris-verdâlre ou gris-uoirâtre.
— 3c. Schistes noirâtres et grisâtres à Clintacograptus scalaris.
— Sb. Eurites quartzeuses ou rhyolithes anciennes.
— 3o. Schistes ou phyllades noirâtres à Climacograptus scalaris.
ASSISE ne CiE.lIBI.OUX (S 2).
Schistes ou phyllades noirâtres ou bleuâtres, simples
ou quarlzeux, pliis ou moins pailletés et pyritifères; gri-
sâtres, jaunâtres et brunâtres par altération; à Orthis,
Calymene, etc. (Faune seconde). Porphyroïdes.
(Puissance approximative : HOO mètres.)
S "le. Porphyroïdes.
— '2b. Schistes quartzcux fossilifères à Orthis, Cahjmene, Trinuclcus, etc.
— la. Phyllades ou schistes quartzeux, plus ou moins psammitiques, parfois
pailletés, bleuâtres, grisâtres ou bigarrés des deux.
Dans la bande de Sambre-et-Meuse, nous avons les
équivalents de Ârenig, Wenlock et Ludiow.
Citons parmi les graplolithes caractéristiques du niveau
( 450 )
d'Arenlg que l'on observe aux exlréniilés orienlales et
occidentales du luniiel de Huy-Stalte et de la grande
tranchée entre Sari-Bernard el Naninne (1) :
Climacograptus anlenuarius, Hal
— Scliarctibergi, Lapw
Dichograptus hexabrachyatiis, Mal
— multiplex ? Nich
— ociobrachijatus, Hall
IHdymograptus iiiilcntii-i, Hall. var. tiaiiuf!, Loven
— Murcliisoni, Beck
— Nicliolsoni, Lapw
— nitidiis? Hall
— pseudo-elegans, Mal
Diplograptus foliaceus ? Muvch
— pristiiiifonni.s, Hall
— [Cryptograptiis) iricornis, CaiT. .
Phyllograptus aiiguslifoliiis, Hall
— typus, Hall .......
Pluinograptus
Tetragraptus bryonoides, Hall
? Thamnograptus .... .... . .
? Trochograplus
(I) C. Malaise. Les s-hisics siluriens de Huy, et leur si(jnificalio7i
géologiques. ( \nnalns de la Société géologique de Belgique, t. XV,
Bulletin, p. xxxix. Liège, 1888).
C. M.ALAisE. Sur les schistes noirs de Sari-Bernard. {Ibid., p. lxxiv.)
C. Malaise. Découverte de la faune de la base du silurien en Belgique,
(Bull, de l'Acad. royale des sciences, etc., de Belgique, 5" série,
t. XV, p. 305. Bruxelles, 1888.)
( 451 )
Accompagnant ces graplolillies nous avons : Caryocaris
Wrig/itii, Sali, cl ^rjlina binodosa, Sait.; et parfois Lin-
guln, sp., Uyolithes, sp., reste de divers trilohitcs; excré-
ments d'annélidos, l'ucoïdes et cornets d'emboîtements
[cône in cono).
Au sud-est de Naninne, dans les schistes quartzeux, fer-
rugineux et brunâtres à la surface des feuillets, se trouve
un très beau gisement du niveau de Wenlock, gisement
qui m'a été indiqué par M. Arm. Lambotle, et dans lequel
j'ai reconnu les espèces suivantes :
Cijrlo<jrui)tus Murchisvui. CaiT.
Monograplus lioliemicus, Barr.
— circinatusyTornq.
— Mlssoiii, Barr.
— ■ phodon, Bronn.
— vomeriuus, Mcli.
Retiolites Geinitzianiis, Barr.
On y trouve également Cardiola inlerrupla et OrtfiO'
ceras, sp.
A la limite de Fosse et de Malonne, près de la roule de
Fosse à FloreiTe, sur la rive droite de la Fuette, on
voit des graptoliilies du niveau de Wenlock, représentés
par :
MonofjraptUi colonus, Barr.
— ?îtlssoui, Barr.
Retiolites Geiiiitziaiius, Barr.
On y voit aussi Ort/wceras, sp. et Cardiola interrupta.
Nous avons donc, dans le massif silurien du Brabant et
dans la bande de Sambre-et-Meuse, la plupart des équi-
valents des niveaux à graptolithes des Iles britanniques.
( 452 )
Massif dc Brabant.
Bande de Sambre-et-Meuse.
6. b. I.udlomv.
Monstreux. Fosse, Malonne, etc.
G. fit. Wenlock.
Grand-Manil, à 200 mètres au sud des Naainne, Malonne, etc.
eurites, etc.
5. Llandover
Grand-Manil, près des eurites ou ryolithes.
Fosse ?
4-. Caradoc.
Grand-Manil, Gisement à 0«/î«, Fosse? Gisement à Orthis, Triiiit-
Trinucleus, Calymene, etc. cleus, Calymene, etc.
3. Llandeîlo,
Non observé. Sart-Bernard ?
"Z, Arenig
Non observé.
Huy, Statte, Sart-Bernard ,
1. Dictj
Non observé.
Non observé.
Mais on rencontre Dictyonema sociale aux environs de
Spa et autres localités du massif cambrien de l'Ardenne.
( 453 )
Sur les points d'inflexion dans les cubiques ; par Cl. Servais,
répétiteur à l'Université de Gand.
§ I.
1. Soient W,, Wj, W3 trois points d'inflexion d'une
cubique situés en ligne droite; les droites qui joignent un
point quelconque P] de la courbe à ces trois points déter-
minent trois nouveaux points A,, A,, A3 de la cubique. Si
P^ et P3 sont les intersections des droites AjW^ et A1VV3
avec la cubique, les points P.,, W3, A.2 seront collinéaires,
ainsi que les points P,, W-,, A3. Le terne A^AgAgest donc
la projection des trois points Wj, Wg, W3 faite d'un des
points P,, P,, P5. On peut obtenir une infinité de ternes
analogues à AjAoAsetun point de la courbe ne lait pariie
que d'un seul de ces ternes; nous les appellerons des
ternes de même genre.
2. Si l'on projette un terne A, A2A3 d'un point Q, de la
cubique, on obtient un terne B1B2B5 de même genre que
A,A2A3, c'est-à-dire pouvant être déduit par projection des
trois points W,, W.,, W3. En effet, soient R et R' les points
d'intersection des droites B^W, et B2W3 avec la cubique;
des deux groupes de points collinéaires B,, W,, R et
Al, W,, P,, on conclut que les deux droites Q,W| et P,R
se coupent sur la cubique, il en est de même des deux
droites Q,W^, P,R', à cause des deux groupes B,, W3, R'
et A2, Wj, Pj. Les deux points R et R' sont donc coïnci-
dents et le terne B1B2B3 est de même genre que A,A2A3.
( iU )
On déduit de là le théorème suivant :
Les rayons qui projettent tous les ternes de même genre,
d'un point quelconque de la cubique, forment une involu-
tion cubique du premier rang.
3. Les trois points d'inflexion W^, W2, W3 constituent
un terne du genre A1A2A3; on le voit en prenant pour
centre de projection un des trois points Wi, Wg, W3. Si
on les projette d'un autre point d'inflexion, on voit que les
six points d'inflexion restants forment aussi deux ternes
de même genre. Un terne AiAsÂs peut donc se déduire de
l'un des ternes de points d'inflexion situés sur les côtés
du triangle inflexionnel dont l'un des côtés est W1W2W3.
Comme il y a quatre triangles inflexionnels, il y. aura
quatre genres de ternes, mais un seul est réel. Les droites
qui unissent les quatre couples de points, qui complètent
les ternes définis par le point A^ de la cubique, passent
par le tangentiel de ce point. Cela résulte d'une propriété
qui sera démontrée au n" 5.
On peut aussi énoncer le théorème suivant :
Si l'on joint un point de la cubique aux trois ternes de
points d'inflexion situés sur les côtés d'un triangle
inflexionnel, on obtient trois ternes de rayons faisant
partie d'une même involution cubique du premier rang.
4. Par un point quelconque du plan passe une cubique
ayant pour points d'inflexion ceux de la cubique; on peut
donc remplacer dans le théorème précédent le point de la
cubique par un point quelconque du plan, et obtenir le
théorème plus général :
Les trois ternes de rayons qui projellenl d'un point
quelconque du plan les ternes de points d'inflexion situés
sur les côtés d'un triangle inflexionnel, font partie d'une
involution cubique du premier rang.
Si l'on prend un sommet du triangle pour centre de pro-
( 433 )
jeclion, rinvolulioii a deux élémenls triples; on retrouve
ainsi la propriélé :
Deux sounnets d'un triangle inflexionnel sont les points
du hessien des trois points d'inflexion, situés sur le côté
qui les unit.
On peut dire aussi :
Les quatre droites inflexionnelles qui passent par un
même point d'inflexion forment un groupe éqtiianharmo-
nique.
Prenons le centre de projection en un point quelconque
d'une droite inflexionnelle, qui n'est pas un côté du
triangle inflexionnel considéré. Cette droite sera un rayon
de l'involulion faisant partie de trois groupes; donc l'invo-
Itition cubique se réduit à une involulion quadratique et
à un rayon fixe. Comme la droite choisie est une transver-
s;ile pour trois triangles inflexionnels, on peut dire :
Si Von joint un point quelconque d'une droite inflexion-
nelle aux six points d'inflexion non situés sur cette droite,
on obtient six rayons qui peuvent être partagés, de trois
manières difl'érentes, en trois couples de rayons faisant
partie d'une involution quadratique.
5. Lorsque trois points d'inflexion sont collinéaires,
leurs polaires harmoniques sont concourantes; nous dirons
que ce terne de polaires correspond à la droite inflexion-
nelle.
Cela étant, on a le théorème suivant :
Les trois ternes de polaires harmoniques, correspondant
aux côtés d'un triangle inflexionnel, déterminent sur une
droite quelconque trois ternes de points appartenant à une
involution cubique du premier rang.
On déduit de là, par un choix convenable de la sécante,
les propriétés :
( 456 ;
Une polaire harmonique est coupée par les antres en
quatre points, formant un groupe équiunhar rnonique ;
Une droite menée par le point de concours de trois
polaires harmoniques coupe les six autres polaires en
six points, qui peuvent être partagés de trois manières
différentes , en trois couples appartenant à une invoiution
quadratique.
6. Pour obtenir les éléments singuliers de l'involulion
cubique formée par les rayons qui projettent d'un point
Qi de la courbe tous les ternes AiÂgAg de même genre,
nous démontrerons une propriété du terne AjAgAs- Soit
Ri le point d'intersection de A2A3 avec la courbe, ce point
étant pris pour centre de projection; A, est projeté en A3
et A3 en A^; donc R) est le tangenliel de A|. Par consé-
quent : Les tangenliels des sommets du triangle AjA2A3
sont situés sur les côtés opposés et forment un terne de
même genre. Cela étant, on a un rayon double de l'involu-
tion, chaque fois que deux points A2, A3 d'un même terne
sont en ligne droite avec le point Qi ; mais, d'après ce que
nous venons de démontrer, Qi sera le tangenliel de A).
Par conséquent : Les ragons de ramification sont les tan-
gentes menées de Q, à la courbe.
Les droites A1A3, A^Aa rencontrent la courbe respec-
tivement en Q.i et Q3, qui sont les tangenliels de A2 et A3
et qui complètent le terne de même genre délini par Qp
Les rayons doubles so)it donc les rayons qui projettent de
Q,, le quadruple ayant pour centre le point Q.2 ou le
point Q5.
Un terne Q1Q.2Q3 jouit donc de la propriété que l'un des
points est le centre de perspective des quadruples corres-
pondant aux deux autres.
7. Les développements qui précèdent démontrent le
\
(457)
théorème .'«uivaiil : l.es droites qui joignent un point P
d'une cubique aux trois points d'inflexion W,, Wg, W3,
situés en ligne droite, coupent la conique polaire de P en
trois points X|, X.2, X3, tels qu'il existe une conique inscrite
au triangle X1X2X3 et circonscrite au quadruple dont le
centre est V.
Celle conique est la conique d'involulion correspondant
aux ternes de même genre que WiWgWj.
8. Soient A1A2A3, B1B2B3 deux ternes de même genre;
les deux triangles AjAoAs, BjBjjBs ont trois centres de
perspective silués sur la courbe; par conséquent l'hexagone
A1B1A2B2A3B3 est un hexagone de Sleiner. On voit ainsi
que les hexagones de Sleiner peuvent être partagés en
quatre genres différents.
On déduit de ce qui précède que les trois ternes de
rayons qui projettent d'un point de la cubique les sommets
aiternanls d'un hexagone de Sleiner et ses centres de
perspective, font partie d'une involulion cubique donl b'S
rayons de ramification sont les tangentes menées du point
à la cubique. On peut dire aussi: Les deux ternes de rayons
qui joignent un point P de la cubique aux sommets alter-
nants d'un hexagone de Steiner, rencontrent la conique
polaire de P en deux groupes de points XjXgXs, Y,Y2Y3,
tels que la conique inscrite aux deux triangles X1X2X3,
YjYgYs, est circonscrite au quadruple dont le centre est P.
9. On a vu que tous les ternes A)A.2A3 du même genre
déterminent une involulion; les rayons qui projettent
d'un point P de la cubique les sommets I,, 1,, Ï5 du triangle
inflexionnel correspondant, font partie de l'involulion con-
juguée; en effet, les rayons PI,, PIo forment le hessien
des trois rayons qui joignent le point P aux trois points
d'inflexion silués sur 1,1,; de même pour les couples de
rayons Plg, PI3 et PI3, PI^. Donc :
( 4S8 )
Les deux ternes de rayons qui projettent d'un point de
la cubique un terne ^^^^^■^ et tes sommets du triangle
inftexionnel correspondant, sont conjugués harmoniques
du troisième ordre.
Ou bien :
L'involnlion formée par les ternes du même genre est
contenue dans Cinvolution cubique du deuxième rang,
définie par les trois rayons triples qui joignant un point
de la cubique aux sommets du triangle infiexionnel cor-
respondant à Vinvolution considérée.
Les élémerils neutres d'une involution cubique du
deuxième rang fonl partie de toutes les involutions déli-
nies par deux ternes de points; donc :
Le hessien des trois rayons qui joignent un point de la
cubique aux sommets d'un triangle infiexionnel, ren-
contre la courbe en deux couples de points A^, A, et Bj, B2,
tels que A|, B| ou A2, Bj sont les centres de perspective
d'hexagones de Steiner.
10. A chaque genre de ternes A1A2A5 correspond une
involution; ces quatre involutions ont les mêmes rayons
de ramification. Quel que soit le point P choisi sur la
courbe, le rapport anharmonique des rayons de ramifica-
tion est constant (théorème de Salmon); il en sera de même
des rayons doubles. En eflet, on a l'égalité suivante, due à
M. Zeuthen, entre les éléments singuliers d'une involution
cubique du premier rang
[{rsr.rzri) — {dAdT.dif]'^ i{dtdidzdt) [rir^r^Vi) [((/jf/a^Mi) — 1 ]",
dans laquelle (/,, (/21 cf^, d^ sont les éléments doubles et
rj, Tg, rj, r^ les éléments de ramification.
Cette égalité nous montre que le rapport anharmonique
des rayons de ramification étant donné, celui des rayons
( 4;)y )
doubles peut prendre quatre valeurs déterminées. Ces
quatre valeurs correspondent aux quatre involutions que
nous avons déterminées dans les cubiques, et l'on peut
énoncer le théorème suivant :
Si l'on joint ini point quelconque d'inie cubique à deux
points crin/lexion fixes, on obtient deux itonveanx points
Aj ef Ao de la courbe ; le rapport anliarmoniquo des rayons
qui projettent de A^j le quadruple dont le centre est A^, a
une valeur constante.
Considérant les couples de points d'inflexion en ligne
droite avec le même point d'inflexion, à chaque couple
correspond un rapport anharmonique; si nous représentons
par a^, «2, a-, «4 ces rapports et par (3 celui des tangentes
menées d'un point de la cubique, on a, d'après l'égalité
de Zeuthen,
On voit aussi que si {didod^d^) est donné, il existe deux
valeurs pour [r^rç^r^^ri); elles correspondent aux deux in\o-
lulipns conjuguées ayant pour éléments doubles rf,,c/2,</3,(/4.
Si l'on appelle r',, r^, r'^, r'^ les rayons de ramification de la
seconde, on aura
(r.r.r.j-j) {roy\rl) = [d^d^d-^dif.
11. Une cubique est déterminée si l'on donne un hexa-
gone de Slciner AiB,A2B2A3B3 inscrit à cette courbe; cela
revient en cfl'et à donner neuf points de la courbe. On peut
d'ailleurs déterminer les tangentes menées à la courbe par
un sommet A| de l'hexagone. On joint ce point aux sommets
B], Bo, B5 et aux centres de perspective, ces deux ternes
déterminent uf^e involulion dont les rayons de ramification
sont les tangentes menées de A, à la cubique. On peut
donc les coaslruire.
( 460 )
JS. Si les sommets d'un hexagone sont disposés par
couples sur deux systèmes de trois droites concourantes,
il existe nn troisième système jouissant de la même pro-
priété.
En effet, la cubique passant par les sommets de l'hexa-
gone et par les deux points de concours des systèmes de
droites est déterminée; l'hexagone considéré sera donc un
hexagone de Steiner pour celte cubique, et il a trois centres
de perspective.
i. Soit S un point de la polaire harmonique du point
d'inflexion W^ ; par ce point on mène une sécante rencon-
trant la courbe aux points A,, A2, A5. Le j)oint S restant
fixe, tous les ternes de rayons analogues W^A,, WjAg,
WjAj font partie d'une même involution cubique du pre-
mier rang.
Le rayon W^S et ceux qui passent par les points de
contact des tangentes menées de S à la courbe, sont les
rayons doubles rf^, «/g, dg, d^ de cette involution ; les rayons
de ramification r,, rg, rg, r^ sont la tangente au point Wj
et les droites qui joignent le point W^ aux points d'inter-
section de la cubique avec les tangentes issues de S. On
déduit de là les propriétés :
Si d'un point S de la polaire harmonique d'un point
d'inflexion W^, on mène des tangentes à la cubique, les
trois couples de droites Ô2Vi, dgrg, d4r4 qui joignent le point
d'inflexion à un point de contact et à son tangenliel, déter-
minent deux faisceaux projectifs ayant le rayon WjS
pour rayon double.
Les couples de droites djdg, d3d4, rjro, r5r4 font partie
d'une même involution quadratique.
( ^61 )
Si r' est le second rayon double des deux faisceaux pro-
jectifs on a
(rf,r;rf<rî) = — 2.
2. Considérons la conique polaire d'un poinl quelconque
de la polaire harmonique du poinl d'inllexion Wi ; elle ren-
contre la cubique en six points ABCA,B,C, tels que les
droites AA|, BB,, CC, passent par le poinl W^. Les ternes
de rayons analogues WjA, W,B, W,C, forment une invo-
lulion cubique du premier rang possédant quatre rayons
doubles.
Chaque point de rencontre de la cubique avec un rayon
double est un point d'inilcxion; donc : tnie cw^/^i/e po*-
sède, en général, neuf points d'inflexion.
Notre démonstration suppose l'existence d'un point
d'inflexion, mais on peut l'établir aisément.
Les rayons doubles de celle involution étant les quatre
droites influxionnelles passant par W^, l'involulion consi-
dérée est une involution sibi-conjuguée.
Les rayons de ramification de cette involution sont les
droites qui joignent W, aux sommets opposés des quatre
triangles itidcxionncls; car on a vu que deux sommets
d'un triangle iiiflexionnel forment le hessien des trois
points d'inflexion situés sur le côte qui les unit. On déduit
de là :
Les rayons qui j oignent un point d'inflexion aux som-
mets qui lui sont opposés dans les quatre triangles
inflexionni'ls, forment un groupe équianharmonique.
3. Soient Wj, W^, Wg trois points d'inflexion en ligne
droite, celle droite est un rayon double de l'involulion, et
le rayon de ramification correspondant est la droite qui
joint W, au sommet opposé du triangle dont WiWaWj est
ô"* SÉIIIE, TOME XX. 31
( 4-G2 )
un des côtés. Ce rayon renconlre la courbe en deux points
tels que les tangentes en ces points passent par le point
(le renconlre des tangentes aux points W, cl W3. Donc :
La droite qui joint un point cVin flexion Wj au sommet
opposé d'un triangle inflexionnel, rencontre la courbe en
deux points tels que les tangentes en ces points, et les tan-
gentes aux points d'inflexion situés avec W^ sur un côté
du triangle, se coupent en un même point.
4. Dans une involution sibi-conjuguée, rf,, c/.,, c/3, ^4
étant les éléments doubles, r,, r,, r^, r^ les rayons de
ramification correspondants, on a
((/.r.rf^ra) = — 2 ;
par conséquent : deux droites inflexionnelles passant par
un point d'inflexion Wj, et les deux droites qui joignent ce
point aux sommets opposés des deux triangles inflexionnels
correspondants, forment un faisceau dont le rapport anhar-
monique est égal à 3.
On a aussi
{did^r^r^ = — 1
donc :
Deux droites inflexionnelles passant par un point d'in-
flexion W^, et les deux droites qui joignent ce point aux
sommets opposés des deux triangles inflexionnels non cor-
respondants, forment un faisceau harmonique.
5. Dans une involution sibi-conjuguée, deux ternes
d'éléments sont apolaires; on peut donc dire :
Si deux ternes de rayons, issus d'un point d'inflexion,
rencontrent chacun la courbe en six points appartenant à
une conique polaire, ces deux ternes sont conjugués har-
moniques du troisième ordre.
( 463 )
Sur ta Dupiionc ^![{5>C = CII.CO.CII»;
par Maurice Delacre.
L'étude de la condensation des acétones a donné lieu à
des travaux nonnbrcux et importants. La formule de
l'oxyde de mésilyle découvert par Kane, et reconnu plus
tard par M. Filtig (1) comme produit de condensation de
l'acétone ordinaire, a été l'objet d'interprétations diverses.
C'est en 1867 que M. Kékiilé (2) proposa celle qui est
universellement admise aujourd'hui :
^|J3>C = Cn.C0.CH';
il admit pour la pliorone la constitution suivante :
^23>c = cii.c = cn.co.ciP.
CH'
Celle manière de voir venait confirmer l'opinion de
M. Baeyer (5), admettant que ces deux corps sont inler-
(1) Liebiy's Annakn, t. CX, p. 32.
(2) Zeitschr.fûr Chcmic, 1867.
(3) Ann., t. CXL, p. 306,
( 464 )
interm(^diaires entre l'acélone et le mésilylène ; en effet,
celui-ci pouvait, d'après cela, se formuler
Cil II ,
^jj,>C = CII.C = CII.C.CIF,
en'
et les recherches de M. Ladenburg (I) ont prouvé depuis
la position symétrique des trois mélhyles dans cet hydro-
carbure.
La formule de l'oxyde de mésilyle demandait à être
étudiée de plus près. En 187G, M. Claisen (2) se chargea
de ce travail, qui eut pour résultat d'appuyer sur des faits
précis la constitution de ce corps. En ce qui concerne la
phorone, l'auteur ne suit pas M. Kékulé. Après avoir établi
qu'elle est susceptible de fixer deux molécules de brome,
il lui attribue la formule symétrique
^[J3>C = CH.CO.CH = C<^[[3.
Voici comment il appuie son opinion (5) : l'acétone et
Toxyde de mésilyle contiennent tous deux le groupement
— CO.CH^; trailés par l'aldéhyde benzoïque en présence
d'acide chlorhydrique gazeux, ils donnent des produits de
condensation. La phorone ne réagit pas dans les mêmes
circonstances; l'auteur en conclut qu'elle ne contient pas
le groupement — CO.CH^.
(i) Aromatische Fcrfiinrfwn^cH, p. 33.
(2) Licbig's Annalcii, t. CLXXX, p. 18.
(5) Berichle, t. XiV, p. 352.
( 46:> )
Comme on le voit, celle formule de la phorone n'est pas
susceptible de donner du mei.il} lène par simple di'sliydra-
tation. Aussi M. Claisen, examinant la question de savoir
si l'oxyde de mésilylc cl la phorone sont intermédiaires
entre l'acétone cl la trimélliylbenzine, s'esl-il prononcé
ouvertement pour la négative. Voici les expériences sur
lesquelles il fonde sa conviction.
L'oxyde de mésilyle distillé avec de l'acide sulfurique
concentré donne, d'après Hollmeyer, du mésilylcne.
M. Claisen confirma celle observation et annonça que la
phorone agit de môme. Mais, en distillant à reflux ces deux
produits avec de l'acide sulfurique dilué, il obtint, non
plus du mésilylène, mais des produits d'hydratation : de
l'acétone et de l'oxyde de mésilyle. L'auteur en tire la con-
clusion que l'acide concentré agit de même el que, dans
l'expérience de Hollmeyer, la formation du mésilylène est
précédée de la production d'acétone.
Celle inlerprélalion a l'avantage d'expliquer la forma-
lion du mésilylène à l'aide de l'oxyde de mésilyle, réaction
qui ne peut se faire, quel qu'en soit le mécanisme, sans
une décomposition immédiate ou médiate, totale ou par-
tielle. Pour la phorone, elle a le même avantage, si l'on
admet la formule de M. Claisen.
Mais il me semble que l'auteur va trop loin dans ses
conclusions. Dans les conditions où il s'est placé, il ne se
forme pas de mésilylène; a-l-il le droit de conclure que
l'acide concentré et l'acide dilué agissent dans le môme
sens? Et, eùl-il retiré de l'acétone en se plaçant dans les
conditions indiquées par Hollmeyer, il ne me paraîtrait
pas légitime d'en conclure que l'oxyde de mésilyle ne joue
aucun rôle dans la réaction.
L'intérêt qui s'attache à la solution de la question
( 466 )
traitée par M. Claisen m'a engagea diriger mes recherches
(]ans ce sens. Les acétones donnent-elles naissance à deux
séries de condensations, l'une tendant à former des
phorones, l'autre une chaîne benzinique? Si tel était
le cas, ne serait-on pas en droit d'admettre que l'eau
qui se forme dans la synthèse de la benzine prend nais-
sance à l'aide de deux hydrogènes provenant de chaînons
différents, et ne devrait-on pas donner la préférence à une
autre formule que celle de Kékulé?
Au lieu de prendre l'acétone ordinaire, j'ai fixé mon
choix sur l'acétophénone, dont les condensations sont plus
faciles et plus nettes, et ne donnent pas naissance aux
produits résineux qui viennent souvent gêner les réactions
de l'acétone.
MM. Berthold et Engler (1) ont déjà préparé la triphé-
nylbenzine en saturant l'acétophénone d'acide chlorhydrique
sec, et séparant les cristaux d'hydrocarbure qui se déposent
après plusieurs jours; mais là se bornent nos connaissances
sur ce sujet.
Préparation de la Dypnone. Première méthode. — Elle
consiste à faire agir le zinc-éthyle sur l'acétophénone en
grand excès, par exemple iSO grammes d'acétophénone
pour 19 grammes de zinc-éthyle; l'acétophénone doit être
très pure; on agite le mélange et on le refroidit, ou on
l'échauffé légèrement si la température extérieure rend
cette précaution nécessaire. Avec les proportions citées,
il s'est dégagé environ 5 litres d'un gaz non absorbable
par le brome (éthane). L'odeur d'éthylène que ce gaz
possède, et qui pourrait induire en erreur sur sa nature,
(1) Berichte, t. VU, p. H23.
(4G7)
est (Jiio ù hi présence de traces de ziiic-élliyle. I.e dégage-
ment gnzenx continue encore très leniemenl pendant nn
à deux jours; le mélange devient ensuite solide par suite
de la présence d'oxyde de zinc hydraté à l'état gélatineux;
on cliaulle au bain-marie pour désagréger la masse et Ton
sépare par (iltration l'oxyde de zinc, que l'on peut arriver
à priver complètement de matières organiques par des
lavages répétés à l'éther.
Le liquide liltré, additiotiné du résidu de la disiillaiion
de l'éllier des lavages, a été distillé dans le vide. J'ai
recueilli 92 grammes d'acétophénone, entre 140" et 220°,
2 gramn>es, à 25o"-256'' (pr. 50 millimètres) 42 grammes.
Dans une autre opération, avec 450 grammes d'acéto-
phénone et 53 grammes de zinc-élhyle, j'ai obtenu, outre
500 grammes de mélhylbenzoïle en excès, 115 grammes
de produit bouillant (ixc entre 224° et 227° (pr. 15 milli-
mètres); il reste 12 grammes de résidu, mais je n'ai pu y
déceler la Iriphényl benzine.
Deuxième méthode. — C'est une modilication du pro-
cédé em|)loyé par MM. Berthold et Engler pour préparer
la triphénylbenzine. On salure d'acide cblorhydrique sec
le mélhyllienzoïle maintenu dans un mélange réfrigérant.
Au lieu d'attendre plusieurs jours, on distille le lendemain
sous pression raréfiée, en ayant soin d'ajouter au
mélange un peu d'acide acétique pour éviter les soubre-
sauts.
Avec 200 grammes d'acétophénone et 20 grammes
d'acide cblorhydrique sec, j'ai obtenu 42 grammes de pro-
duit bouillant à 214°-216° sous pression raréfiée; avec
243 grammes d'acétophénone et 18 grammes d'acide,
48 grammes du même produit. Dans l'un et l'autre cas, il
n'y a eu qu'un résidu tout à fait négligeable, dans lequel
( 468 )
je n'ai pu déceler la présence de triphénylbenzine par
crislaliisalion dans Tacide acétique.
Le produit que Ton peut isoler par l'une ou l'autre
méthode bout sans décomposition sous pression raréfiée.
Le même échantillon, soumis à trois distillations succes-
sives, a passé très fixe :
1" à 225' sous la pression de 22 millimètres.
2° à 245° sous la pression de 57 millimètres.
5» à 240° sous la pression de 28 millimètres.
Je n'ai pu le faire cristalliser dans un mélange de neige
carbonique et d'éther.
C'est un liquide très épais, jaune clair; il possède une
odeur faible, non sans analogie avec celle de l'acétophé-
none. Préparé au moyen de zinc-éthyle, il se trouble après
quelque temps, surtout en été, en donnant un produit
blanc, amorphe, insoluble dans la plupart des dissolvants
ordinaires. J'ai eu trop peu de ce corps pour pouvoir
l'étudier, mais j'ai remarqué que le produit obtenu par
l'acide chlorhydrique ne donne pas lieu à ce dépôt; je suis
donc tenté de croire qu'il est formé par une petite quan-
tité de produit zincique volatil.
Voici les analyses de ce produit, faites avec des échan-
tillons d'origine différente :
L 0,2026 gramme de substance ont donné 0,1201
gramme d'eau et 0,639o gramme d'acide carbonique.
H. 0,2559 gramme, 0,1584 gramme d'eau et 0,7466
gramme d'acide carbonique.
III. 0,1267 gramme, 0,0764 gramme d'eau et 0,3994
gramme d'acide carbonique.
( 469 )
IV. 0,1271 gramme, 0,0749 gramme d'eau ei 0,4015
gramme de CO'^.
V. 0,1 9o5 gramme, 0,1170 gramme d'eau cl 0,0147
gramme de CO^.
On en déduit :
Cnlciilé
I II
III
IV
V pour G"iH«»0.
C V. 8G,08 8(5,01
85,97
86,15
85,75 80,40
H •/. G,58 G,51
6,70
0,54
0,05 0,50
Ce corps dérive donc de la condensation de deux
molécules d'acélophénone avecéliminalion d'une molécule
d'eau
^;!{}3>C0 + CIP.CO.cni'^ = ^^[}î>C = CH.CO.C«IP -h IPO;
il est à l'acélophénoDe ce que l'oxyde de mésilyle est à
l'acétone.
J'ai donné à ce corps le nom de dypnone (dis hypnone}
alin de faciliter la nomenclature de ses dérivés.
Action de lap/iényl/n/drazine. — J'ai ajouté 2,5 grammes
de phénylhydrazine à 7 grammes de dypnone dissous dans
un excès d'acide acétique glacial ; le lendemain, le mélange
étant resté clair, j'ai chauffé jusqu'à commencement
d'ébullition ; il se dépose bienlôl à froid de beaux cristaux;
lorsque ceux-ci n'augmentent plus, on filtre et l'on ajoute
au liquide une quantité convenable d'acitle acétique
jusqu'à ce qu'il ne se dépose plus rien a|)rcs (juclques
jours. Les premiers produits qui se forment sont iden-
tiques aux derniers; le liquide mère, additionné de trois
volumes d'alcool, dépose encore un peu de cristaux qui,
( 470 )
après purificalion convenable, fondent à la même tempé-
rature que le produit principal.
Celui-ci se présente en masses de cristaux blancs,
satinés, qui fondent à 176°. Ils cristallisent bien de l'acide
acétique et de l'alcool; la solution alcolique a une fluo-
rescence bleue, mais le produit perd celte propriété par un
■grand nombre de cristallisations.
0,1759 gramme de produit ont donné à la combustion
0,1019 gramme d'eau et 0,5427 gramme de CO^ ce qui
fait pour cent :
Trouvé. Calculé pour C^aHaoNi*.
C»/„ 84,U 84,88
H»/o 6,45 • 6,11
Je n'ai pu opérer la combustion de cette azone avec
l'oxyde de cuivre en poudre, même en grande quantité ; les
dosages d'azote ont marcbé par soubresauts et même avec
explosion.
Action (le Chydroxylamme. — J'ai fait agir la dypnone
sur une solution alcoolique d'hydroxylamine préparée en
faisant agir la quantité calculée de sodium sur la solution
de chlorbydrate dans l'alcool absolu. J'ai laissé réagir pen-
dant une dizaine de jours à la température ordinaire, puis
j'ai distillé la plus grande partie de l'alcool ; l'évaporation
a été achevée à la température ordinaire; les cristaux
séchés sur de la porcelaine dégourdie ont été recristallisés
dans l'éther de pétrole.
Ils se présentent en belles masses satinées d'un blanc
éclatant, très solubles dans l'alcool, l'éther, la benzine; ils
fondent à 65°.
( «I )
0,0900 gianunc de stibslaiice ont donhé, par la méthode
de Dumas, 5,2 ('ciilimèlres cubes d'azole, à 10", el sous la
pression de 7G9,o millimèlres.
Trouvé. Calculé pour C»6H5N0.
N% 7,00 5,90
Dans certains cas j'ai obtenu, en même temps que celte
oxime, des cristaux très nets cl brillants, qui fondent
nellement à 1 15^5. Ils sont plus lourds que les premiers;
celte propriété permet de les séparer lorsque la cristalli-
sation a été suiïisamment lente. Ils sont aussi moins
solubles dans l'étlicr. Ce corps, qui est peut-être un
isomère du précédent, ne se forme jamais qu'en très petite
quantité; cela m'a empêché d'en aborder l'étude.
Action du brome. — Le seul fait que je veuille faire
ressortir pour le moment est la netleté avec laquelle b
dypnone absorbe le brome, molécule pour molécule, en
s'échauffant fortement. J'ai dilué la dypnone avec de l'élher
on du sulfure de; carbone el refroidi la solution dans un
mélange de suH'ale de soude et d'acide chlorhydrique; le
brome est absorbé instanlanément sans qu'il se dégage
d'acide bromhydrique, mais bientôt le mélange commence
à fumer. Eu laissant évaporer le dissolvant, on recueille
une huile verdàlre, incrislallisable, qui ne m'a rien donné
de net à la distillation dans le vide; le seul moyen que
j'aie eu d'isoler un composé défini est de traiter le produit
brut pa:- la pliényihydrazine en solution acétique. Après
quelques jours on sépare les cristaux, on les lave à l'éther
et on les fait cristalliser dans l'alcool. Ils se présentent
en m;igiiiliqiies paillettes ayant l'éclat de l'argent, et qui
fondent en se décomposant à 205" ou 215", selon que l'on
( 47^ )
chauffe plus ou moins vile. Ce corps conlient 42,22 % de
brome, tandis que l'azone du bibromure de la dypnone
n'en renfermerait que 52,22 %• Je reviendrai peut-être
dans la suite sur cette réaction.
Distillation de la dypnone sous la pression ordinaire.
Le thermomètre s'élève rapidement à 325"; un tiers de la
masse distille de 525° à 535"; c'est un liquide jaune-paille,
tenant de l'eau en suspension; le reste passe entre 555"
et 540°. Ces produits ont été soumis simultanément à une
nouvelle distillation dans le vide; il se sépare :
i" De l'acétophénone;
2" De l'acide benzoïque en très petite quantité; on le
reconnaît à son point de fusion et à sa solubilité dans l'eau
bouillante.
0,2224 gramme ont donné à la combustion 0,1045
gramme d'eau et 0,5605 gramme de CO^.
Trouvé. Calculé pour Cm^O^
C "/o C8,73 G8,85
H»/, 5,21 4,91
5° La dypnone non transformée;
4" De la triphénylbenzine, cristallisant très bien de
l'acide acétique; elle fond d'abord à 169°, mais, après
quelques cristallisations, le point de fusion atteint 171° :
L 0,1129 gramme ont donné 0,0668 gramme d'eau
et 0,5886 de CO^.
II. 0,1187 gramme, 0,0668 d'eau et 0,4094 gramme
de C02.
Trouvé Calculé
I. II. pour C^-m^o.
C/o ... 93,87 94,07 94,10
H"/, . . . 6,57 6,44 5,88
( 473 )
L'explicalion de celle réaclion inlcrne me paraît bien
diflicile ù donner pour le moment. La production de
iripliényluenzine (1, 3, 5) est le fait le plus saillant de
l'histoire de la dypnone; l'acide ciilorliydrique alcooli(|ue,
le pcntaclilorure de phosphore, le zinc-élh}le donnent cet
hydrocarbure comme produit principal ou unique; tel est
au moins le résnilal de la réaclion lorsqu'on dislillc les
produits dans le vide.
Rien dans la conslilulion de la dypnone ne permet
de prévoir la production si aisée de Iriphénylbenzine.
C'est pourquoi j'ai enlrc|)ris de chercher à l'expliquer, et
mes travaux dans ce sens feront l'objet de communications
ultérieures.
Quoi qu'il en soit, la formule de la dypnone me parait
bien établie par son caractère acéloniqne et la propriété
qu'elle possède de fixer une molécule de brome, et il me
paraît tout à fait légilime de la considérer comme l'homo-
logue de l'oxyde de mésityle.
Si l'on se rappelle la préparation par l'acide chlorhy-
drique décrite plus haut et celle de la iriphénylbenzine
donnée par .MM. Bcrlhold cl Engler, on arrive inévitable-
ment à celle conclusion que le produit que j'ai isolé
est intermédiaire entre Tacélophénone et la Iriphényl-
benzine.
Voici une expérience qui pourra lever tous les doutes à
cet égard :
123 grammes d'acélophénone avaient été saturés par
22 grammes d'acide chloihydrique sec; en en distillant
une parlic le lendemain, sous pression raréfiée, j'avais
obtenu de la dypnone dans les conditions décrites précé-
demment.
30 grammes du mélange sont restés au repos pendant
(474)
deux mois; j'ai distillé direclemonl, sous pression réduite,
après addition d'acide acétique; toute l'acétophénone a été
extraite en chauffant au bain d'huile graduellement jusqu'à
200". En distillant ensuite au bain de chlorure de zinc, le
thermomètre s'est élevé directement à 287" (pr. 15 milli-
mètres), et il a passé deux grammes d'un liquide qui s'est
bientôt pris en masse; c'était de la triphénylbenzine
mélangée de très peu de dypnone. ïl est resté dans le
ballon 12 grammes de triphénylbenzine.
La dypnone formée au commencement de la réaction a
donc disparu, et l'on doit admettre qu'elle a servi à la
formation de la triphénylbenzine.
L'explication de la synthèse de ce dernier hydrocarbure
me paraît devoir être celle donnée, il y a longtemps, par
M. Kékulé pour la triméthylbenzine :
jF6Î!î>C.CH.CO.C'=H''-+-CHlCO.CW=iJîÎ5>G.CH.C .CW+H^O
(j 11 '-'■'* Il
CH
co.cnv ;
cette phorone se déshydraterait pour donner de la triphé-
nylbenzine.
Mais j'ai cherché vainement à isoler cette phorone. Cet
insuccès semble confirmer la formule de M. Claisen; son
existence est impossible d'après elle, dans le cas de l'acé-
tophénone. On devrait admettre d'après cela qu'il y a
deux séries de phorones; les unes, à la limite des conden-
sations des acétones, répondraient à la formule de
M. Claisen ; les autres, correspondant à la formule pro-
posée par M, Kékulé, serviraient d'intermédiaire entre
l'oxyde de mésityle et le mésitylène.
( i75 )
Au contraire, les faits sont plus simples, s'il est permis
de mettre en doute la manière dont M. Claisen interprèle
la constitution de la phorone, et l'on serait tenté de revenir
à l'interprétation primitive si simple et si claire de la syn-
thèse de la henzine. L'objection que l'on pourrait faire à
cette manière de voir, provenant de la non-existence (ou
de l'instabilité) de la phorone de l'acétophénone, ne me
parait pas avoir grande valeur. La condensation de l'acé-
tone et celle de l'acétophénone ne sont pas comparables;
la première, à froid, ne va pas au delà de la phorone; la
seconde ne s'arrête qu'à la lrij)hénylbenzine, et il serait
très possible, s'il existe une phorone correspondante, que
sa déshydratation interne fût plus énergique que celle qui
se fait pour lui donner naissance.
Bruxelles, laboratoire privé.
Le nouveau genre Posadaea, de la famille des
Ciicurbitacées ; par Alfred Cogniaux.
Au mois d'août 1888, je reçus de M. le docteur Posada-
Arango, professeur à l'Université de Médellin (Colombie),
un beau fruit avec graines mûres et un fragment de
rameau avec quelques feuilles, d'une Cucurbitacée que je
ne pus rapporter à aucun des genres connus de cette
famille. Les notes que le collecteur joignait à son envoi
me donnaient bien la conviction que celte plante devait
former un genre nouveau, mais ne suffisaient pas pour me
permettre de décrire ce genre, ni surtout pour en fixer la
place dans la famille.
. Je m'étais donc abstenu de nommer cette plante
( 476 )
jusqu'à ce que, dans un paquet de Cucurbilacées que
!M. Alphonse de Candolle soumellait à mon examen au
mois de mai dernier, je trouvai un exemplaire de la même
plante, récolte aussi en 1888 par le professeur colombien,
et portant quelques fleurs. Bien que celles-ci fussent
imparfaitement déveloi)pées, elles confirmaient pleinement
mon impression première sur la nouveauté du genre; mais
comme il me restait des doutes sur certains caractères
importants, M. de Candolle eut la bonté de réclamer, pour
compléter mon élude, des fleurs en bonétat,que M.Posada-
Arango put lui envoyer dans une lettre en date du
20 juillet. L'illustre botaniste de Genève m'ayant commu-
niqué ces fleurs, je puis maintenant décrire le nouveau
genre, que je crois bon de dédier au botaniste colombien à
qui on en doit la découverte. Voici les caractères du genre
et de l'unique espèce qu'il comprend jusqu'ici :
Posadaea, Cogn. gcn. nov.
Flores monoici. Masculi raccmosi, pauci. Calycis tubus
subrolalus, 5-lobalus, lobis ovato-lanccolalis, aculis, rcflcxis.
Coroila rotala, usquc ad basim 5-parlita, scgmcntis irrcgularilcr
obovalis, apicc plus minusvc cmarginalis. Slamina 5, libéra,
in mcdio lubicalcycini scssiIia;anllicracquadranguIari-obova-
tae, dorso aflixac, una unilocularis caclcrae bilocularcs, loculis
linearibus, apicc cxlus rcplicalis non sigmoidco-flcxuosis,
conncclivo angusio, apicc ultra loculos non produclo. Pollen
sphaericum, lacvc, poris 3 aperlum. Pistillodium cupuliforme,
obscuruin. — Flores fcminci solilarii, inflorcscenliac mascu-
lae coaxillarcs. Calyx supra ovariura maris. Corollac segmenta
ovalo-oblonga, apicc rotundata. Slaminodia 5, brcvia, ligulata.
Ovarium elliplico-ovoidcum, triplacenlifcrum; stylus brevis,
crassus, stigmalibus 5, dilalatis, obcordalis, subrcflcxis; ovula
( 477 )
numcrosn, liorizoninlia. Friictiis indchisccns, sphacrioiis,
c'orticc lignoso, cariic piilposo. Scniina numerosa, angustc ol>o-
vata, compressa, iminarginata, lacvia.
Ilcrba répons, pilosiila. Folia longe pctiolala, ambitu 7-
iingulata vel suborbicularia, intégra vel usque ad médium tri-
lobala, basi j)rofunde emarginata. Cirrhi bifidi, superiores
sirapliccs. Flores médiocres, lutci, cbraclcati vol minulissime
bibracteolali. Fruclus majusculus.
Posadaea sphaerocarpa, spec. nov.
Rami salis graciles, siriati, dense foliosi, pclioli cirrhiqiic
pills longiiisciilis flcxnosis subsparse vesliti. Petioliis robiisius,
slriatus, '/-i"' ^'"1- longus. Folia membranacca, lacté viiidia,
ulrinque primum sparsepilosula dcmum punctato-scabra prac-
cipue supra, raargine minutissime rcmolcqiie dcnticulata,
usque 18 cm. longa et 19 cm. lala, lobis apice rotundatis et
apiculatis; nervi sublus levitcr prominentcs, duo latérales 5-4-
l'urcati, imum sinum marginantes; sinus basilaris subrec-
tangularis, 5 cm. profundus, Ô-4 cm. latus. Cirrhi lon-
giusculi, robustiusculi infcrne incrassali, sulcali. Pedunculiis
communis niasculus gracilis, sulcatus, «parse pilosulus, apice
5-4-florus, 5-4 cm. longus; pcdicclli densiusculc pilosuli, 2-1 1
mm. longi. Calyx pilosulus, tubo 8-9 mm. longo, lobis o-ncr-
viis, 5 mm. longis. CoroUa exius pubcrula, segmentis 7-9-ner-
viis, 8-9 mm. longis latisquc. Antherae albae, 2 mm. longae.
Pedunculus fcmincus robustus, slriatus, pilis longiusculis
flcxuosis crassisque dense veslilus, 2-5 cm. longus. Calycis
lobi 2 mm. longi. Corollae segmenta 1 cm. longa, 4-5 mm.
lata. Staminodia obtusa, 1 '/.i-^ mm. longa. Ovarium subsparse
pilosum; slylus 5 mm. longus, sligmatibus canescenlibus,
5 mm. lalis. Fruclus 8-10 cm. crassus, pulpa alba. Seniina
canesccnlia, basi leviler altenuata, apice rotundata, margiiie
obtusa, 12-14 mm. longa, 7-8 mm. lala, 2-2 '/a mm. crassa.
In Colombia prope Medellin (D'A. Posada-Arango).
3'"^ SÉIilE, TOME XX. 52
( ^78 )
Le genre Posadaea appartient clairement à la tribu des
Cucumérinées; il a certains rapports avec les Apodan-
t/iera, mais la forme des loges des anthères ne permet
pas de le placer dans la môme section de la Iribu que ces
derniers; je crois devoir le ranger à la suite des Cucume-
ropsis Naud., délimités comme je l'ai fait précédemment
{Monogr. Phaner., III, p. 517).
M. Posada-Arango m'écrivait : « On se sert ici de cette
Cucurbitacée pour faire des vases, comme avec le fruit des
Lagenaria. » Le fruit qu'il m'a envoyé fait maintenant
partie des collections du Jardin botanique de Bruxelles.
M. Alph. de Candolle a fait semer des graines de Posadaea
dans les serres de son fils, M. Casimir de Candolle, situées
près de Genève; les plantes obtenues végètent avec une
grande vigueur, mais elles n'ont pas fleuri jusqu'ici.
La réduction des nitrates en nitriles par les graines et les
tubercules; par Emile Laurent.
Schônbein (1) avait signalé autrefois la réduction des
nitrates en nitrites par les graines. Comme l'a supposé
i\I. Jorissen (2), il est probable que cette observation
n'était pas exacte et qu'il y avait eu, dans les expériences
faites par le chimiste allemand, intervention de bactéries
réductrices des nitrates. Toutefois, rien no permettait de
conclure que les plantes supérieures fussent dépourvues
(1) Journal fur pralitische Chemic, Bd. CV, p. 211, 1868.
(2) Bulletin de l'Académie rotjale de Belgique, 3= série, t. VIII,
p. 550, i884.
( m )
(le la même propriété physiologique. C'est ce que je fai-
sais remarquer dans une note présentée à l'Académie
en 1885 (l), et je fondais mon o|»inion sur quelques essais
fais avec des graines d'Orge el de Maïs plongées, pendant
la germination, an sein d'une solution de nitrate de potas-
sium.
Dans une deuxième note (2), M. Jorissen assurait que
a la transformation des nitrates en nilrites, telle qu'elle
» a été observée jusqu'à présent pendant l'imbibilion des
» graines, n'est pas autre chose qu'un cas particulier de
» la fermentation putride. »
Je n'avais pas le moindre doute relativement à l'absence
complète de bactéries dans les solutions de nitrate qui
avaient été, sous mes yeux, le siège de phénomènes
réducteurs pro-voqués par des graines en germination.
Cependant, je l'avoue, la valeur du réactif iodé que j'avais
employé est assez contestable pour caractériser les nitrites.
Pour ce motif, je me décidai, en mai 1887, à répéter
mes essais el à faire usage de réactifs plus parfaits.
Des graines de Maïs furent plongées dans l'eau tiède
pour en ramollir les téguments. Dans deux larges-tubes à
essais, stérilisés à 180°, j'introduisis quinze de ces graines
et je les immergeai aussitôt dans une solution à 17oo de
bichlorure de mercure. Au bout de quinze minutes, elles
lurent lavées à deux reprises avec de l'eau stérilisée par
la (iltration sur la porcelaine; un peu d'eau fut conservé
au fond des tubes pour éviter la dessiccation des graines.
(1) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, ô' série, t. X,
p. 58, 1885.
(2) Id., t. X, p. 585.
( 4-80 )
Dans chaque lube, quelques graines ne germèrent pas;
elles avaienl élé tuées par le sublimé.
Lorsque les tigelles avaienl 1 à 2 centimètres de lon-
gueur, je versai au Tond des tubes une solution de nitrate
de potassium à 1 °/.,. Vingt-quatre heures après, je fis
l'essai des nitrites au moyen des trois réactifs suivants,
préparés d'après les indications données par M. Waring-
ton (1):
Le réactif iodé;
La mélaphényline diamine;
Le chlorure de naphtylamine en présence des acides
chlorhydrique et sulfanilique.
Ces trois réactifs indiquèrent la présence de nitrites
dans les liquides que renfermaient les deux tubes avec
grains de Maïs. A(in de m'assurer de l'absence de bacté-
ries dans ceux-ci, je mélangeai quelques gouttes du
liquide avec de la gélatine nutritive bien neutre. Elle
demeura parfaitement stérile.
J'aurais pu communiquer ce résultat à l'Académie
beaucoup plus tôt ; j'ai cru qu'il valait mieux multiplier
les observations, les répéter sur différentes espèces et dans
des conditions variées. Car, dans les questions de biologie,
l'étude comparée d'un certain nombre d'organismes est
singulièrement instructive pour l'expérimentateur lui-
même.
Mes nouvelles recherches sur la réduction des nitrates
par les végétaux ont porté sur les graines, les tubercules,
les tissus charnus et les sucs des plantes vasculaires, ainsi
que sur un certain nombre de moisissures et de levures.
(I) Chemical- News j 25 janvier 1885.
( 4Hi )
Les résultats l'oiirnis par ces cliampignons ont été précé-
demment communiqués ù rAcadémie.
Des réactifs de l'acide nitreux indiqués plus haut, je
n'ai plus employé que le troisième, qui est de beaucoup
le plus caractéristique.
Il consiste dans l'addition successive, au liquide à
essayer, d'acide sulfanilique, d'acide chlorliydriquc el de
chlorure de naphtylamine. Dans les soluiions qui con-
tiennent moins d'un cent-millième d'acide nitreux, une
goutte ('/20 ^6 centimètre cube) d'acide chlorhydrique
à iO 7o et trois gouttes des deux autres corps dissous à
saturation dans l'eau déterminent l'apparition d'une colo-
ration rose plus ou moins foncée et persistante. Dans les
solutions plus concentrées, il convient d'ajouter une quan-
tité d'acide sulfanilique et de chlorure de naphtylamine
d'autant plus grande qu'il y a plus d'acide nitreux en
présence. Sans cette précaution, la coloration diminue
d'intensité ou disparaît après un temps assez court.
De l'avis de beaucoup de chimistes, les réactions colo-
rées n'ont qu'une valeur relative, surtout lorsqu'elles se
passent dans un milieu aussi complexe que la matière
vivante. Pour faire droit à cette objection, dont je suis
loin de méconnaître la portée, j'ai toujours eu soin de
faire, à côté des expériences de réduction par les tissus
végétaux, des essais avec les mêmes tissus plongeant dans
Teau distillée. Toute différence dans les réactions de la
solution nitrique et de l'eau pure ne pouvait provenir que
de la présence du nitrate et, dans le cas actuel, je me
trouvais en droit de l'attribuer à la réduction de ce même
nitrate.
Pendant l'été de 1889, j'ai eu l'occasion de faire un
( 482 )
grand nombre d'essais de réduction des nitrates par les
graines. Celles-ci étaient stérilisées par l'immersion dans
une solution de sublimé et elles germaient dans de longs
tubes à essais, cbauffés au préalable à d80". Lorsque les
tigelles avaient atleint^l à 6 centimètres de longueur, je
versais dans les tubes une solution de nitrate de potas-
sium, de sodium ou de calcium à 1 7», qui ne donnait
pas trace de nitrites(i). Les solutions renfermées dans
des matras- pipettes peuvent être aisément introduites
dans des tubes contenant les graines, sans y apporter de
germes. Lorsqu'il n'en est pas ainsi, la solution ne tarde
pas à se troubler par suite du développement îles microbes;
ceux-ci se nourrissent de substances organiques que les
graines ont laissé diffuser. Le plus souvent, les tubes en
expériences étaient placés à l'étuve à 50-35°, température
favorable, à la fois, à la vie des graines en germination et
à celle des bactéries.
Mes essais ont été faits avec des graines de Maïs, d'Orge
de Pois, de Lupin blanc, de Fève et de Haricot. C'est avec
le Pois que les phénomènes réducteurs sont le plus actifs.
Des graines de cette espèce, en germination, immergées
dans la solution de nitrate de potassium à 1 7o, permettent
d'observer la formation de nitrite au bout d'une heure. Ce
temps estyencore diminué lorsqu'on fait le vide ou lors-
qu'on remplace l'air par un gaz inerte. L'hydrogène con-
(i) J'insiste expressément sur ce point. La plupart des eaux dis-
tillées et conservées dans les laboratoires contiennent des quantités
notables de nitrates et de nitrites. Il en est de même des nitrates con-
servés, à l'état solide, dans des bocaux exposés à la lumière.
( 483 )
vient mieux que l'anhydride carbonique, qui sen)hle
ralentir les actions réductrices provoquées par les tissus
végétaux. Des pianlules de Pois, plongées dans le vide et
placées à la température de 15°, réduisent les nitrates
avec une activité telle que l'on peut constater la présence
de nitritc une demi-heure après l'immersion.
Au contraire, il n'y a pas réduction des nitrates lorsque
la solution (|ui les contient se présente en couche peu
épaisse et offre une grande surface d'aération pour un
très petit volume de liquide. C'est ce que l'on obtient lors-
qu'on met des graines dans un vase à fond plat, sous une
très faible couche de solution de nitrate.
Il me paraît bien difficile d'interpréter ces faits sans
admettre que ce sont les graines qui enlèvent au nitrate
une partie de l'oxygène nécessaire à leurs phénomènes
respiratoires. La quantité d'oxygène ainsi absorbé, sans
être excessive, n'est pas négligeable.
J'ai vu quarante-cinq graines de Pois, germées, plongées
dans 50 centimètres cubes de la solution nitrique, donner,
après quatre heures, ime réaction nitreuse équivalente à
celle d'une solution de 0,05 gramme de nitrite de potas-
sium dissous dans 50 centimètres cubes d'eau (1 7oo). Ce
chiffre correspond à 0,00565 gramme d'oxygène absorbé,
c'est-à-dire à un volume d'environ A centimètres cubes.
Je me suis assuré que, pour le Pois, le pouvoir réduc-
teur est, à poids égal, plus accentué dans les cotylédons
que dans les jeunes embryons en voie de croissance.
Cependant, lorsque les plantules ont atteint une dizaine
de centimètres de longueur, les tiges et les racines
produisent des nitrites tout aussi activement que les
cotylédons.
( 48i )
Le pouvoir réducteur des lu hercules n'csl pas moins
facile à mellre en évidence que celui des graines en ger-
mination. Il est manifeste, lorsqu'on immerge dans une
solution de nitrate, contenue dans un tube à essai, de
minces fragments de pomme de terre récemment récoltée.
Une heure suffit pour obtenir la réaction des nitrites. On
n'en voit pas de trace si les fragments sont placés dans un
cristallisoir sous une couche peu épaisse de solution
nitrique.
J'ai également observé la réduction du nitrate de potas-
sium en nitrile avec les tubercules de Topinambour, de
Radis, de Navet, de Chicorée à café, de Betterave, de
Chou-rave, de Stachys luberifera, les pétioles de feuilles
de Chou, de Laitue, de Bette, de Céleri et de Raifort, les
tiges de Clienopodinm Quinoa, ô' Impatiens Balsamina et
Rot/leî, ô' Amarantus melandiolicus, les pédoncules du fruit
de la Courge, les jeunes fruits de Tomate et de Piment.
Comme je l'ai dit précédemment, j'avais soin de faire,
pour chaque espèce, un essai de contrôle en plongeant les
tissus, mis en expérience, dans l'eau distillée. Dans ces
conditions, les tubercules de Pomme de terre et de Radis
donnèrent d'une manière assez nette la réaction de l'acide
nitreux. Ce résultat s'explique par la présence d'une cer-
taine quantité de nitrate dans les tissus de ces deux
espèces. Je m'en suis assuré avec la diphénylamine.
Enfin, on peut, par un chauffage convenable ou par
l'immersion dans l'alcool ou le chloroforme, tuer les cel-
lules sans en faire disparaître complètement le pouvoir
réducteur à l'égard des nitrates. Je me borne aujourd'hui
à signaler ce fait; il conduit à supposer qu'il existe dans
les tissus végétaux des substances spéciales douées de pro-
( 48.J )
priétés récluctivcs, C'esl une opinion que je compte déve-
lopper dans un prochain travail.
Les expériences résumées dans cette note confirment
les conclusions auxquelles j'étais arrivé en 1885, à la
suite de mes recherches sur le même sujet :
!•* Les graines en germination elles tubercules, al je
puis maintenant ajouter, un grand nombre d'autres tissus
végétaux, sont capables de réduire les nitrates en nitrites.
2° La réduction des nitrates en nitrites par les végétaux
est, comme la fermentation alcoolique, une conséquence de
la vie qui se continue dans un milieu privé d'oxygène à
l'état libre.
La Classe se constitue en comité secret pour s'occuper
de la discussion des titres des candidats présentés pour
les places vacantes.
( 486 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 3 novembre 1890.
M. Stecher, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. G. Tibergliien, vice-directeur ; P. De
Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, Alph.
Waulers, Emile de Laveleye, Aug. Wagener, G. Rolin
Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Polvin, T.-J.
Lamy, P. Henrard, J. Gantrelle, L. Vanderkinderc, Alex.
Henné, le comte Goblel d'Alviella, membres; Alph. Rivier,
associé; Ferd. Vander Haeghen, P. De Monge, Alfr. Giron
et le baron J. de Chestret de Hanefîe, correspondants.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique
demande que la Classe lui soumette une liste :
1" De quatorze noms pour la formation du jury chargé
de juger la neuvième période du concours quinquennal
d'histoire nationale;
2° De quatorze noms, également, pour la formation du
jury chargé de juger la deuxième période du concours
quinquennal des sciences historiques;
( ^87 )
5° De dix noms pour la formation du jury cliargé de
juger la onzième période du concours iriennal de lilléra-
lure dramatique en langue française.
M. le secrétaire perpétuel annonce que, en vue de faci-
liter la formation de ces listes, il adressera aux membres
une circulaire rappelant les noms qui ont déjà été proposés
pour la composition des jurys antérieurs. — La formation
de ces listes sera portée à l'ordre du jour de la prochaine
séance.
— M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Inslruclion
publique fait savoir que, conformément au désir qui lui
a été exprimé par la Classe, il a confié aux statuaires
Pollard et Vandenkerkhove-Saïbas, l'exécution des bustes
en marbre d'Edouard Ducpeliaux et d'Eugène Defacqz,
anciens membres,
— Le môme .Ministre envoie, pour la Bibliothèque de
l'Académie, un exemplaire de Vlnvenlaire ou tab'e analy-
tique et alphabétique des noms de personnes contenus dans
les registres aux gages et pensions des chambres des
comptes; par J. Proosl, archiviste adjoint du royaume. —
Remerciements.
— Hommages d'ouvrages.
1° Des ouvertures de crédit et des comptes courants
garantis par nue hypothèque; par Gustave Beltjens;
2" L'étrusque, Vonibrien et l'osque dans quelques-uns
de leurs rapports intimes avec l'italien ; par T. Zanardelli ;
3° A. Les fondeurs d'artillerie aux Pays-Bas; B. His-
toire du siège d'Oslende (1601-1604); par le général
P. Henrard;
4" L'enseignement à Braine- le- Comte avant i794y
2™" édition; par Ernest Matthieu. — Remerciements.
( 488 )
— La Société courlandaisc de lilléraliire et des arts à
Mitau annonce qu'elle célébrera le 25 novembre/ 5 décem-
bre 1890, son soixante-quinzième anniversaire de fonda-
lion. — Une lettre de félicitations sera adressée à celte
Société.
— A la demande de M. Van V^eerdeghem, M. Bormans
présente à la Classe un mémoire manuscrit écrit en
flamand, sur des fragments Ihiois du roman de Perceval.
— Commissaires : MM. Willems, Roersch et Stecher.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Les métiers de la ville de Huy, à propos d'un insigne de
la corporation des merciers; par le baron J, de Chestret
de Haneffe, correspondant de l'Académie.
L
[] y avait au milieu du Xïll* siècle, dans les principales
villes du pays de Liège, quatre éléments prêts à se dispu-
ter le pouvoir : le parti monarchique, attaché au chef de
la principauté; le parti hiérarchique du clergé; le parti
aristocratique, composé des hommes libres ou getis de
lignage ;entïn\e parti démocratique, de beaucoup supérieur
en nombre, mais dépourvu de toute organisation militaire
ou politique (i).
(I) Cf. Warnkoenig, Précis de V histoire de Licf/e, p. 40.
( 489 )
Dcscondnnls des ancions propriétaires du sol, les patri-
ciens vivaient de leurs revenus ou reliraient les plus gros
profits du connmerce. A côté d'eux, les petits bourgeois
subsistaient de leur travail, comme ouvriers ou artisans.
Bien que jouissant de droits civils importants (1), ils
vivaient dans l'oppression et étaient soumis aux redevances
publiques (2).
On admet généralement que peu à peu les gens de cette
dernière classe se réunirent en associations privées, com-
posées d'individus préoccupés des mêmes idées et parta-
geant les mêmes plaisirs; mais aucun h'storien, aucune
charte ne nous a conservé les règlements de ces confréries
primitives. Tout ce qu'on peut dire de positif, c'est que les
hommes de même profession s'établissaient ordinairement
dans la môme rue, dans le môme quartier, et qu'ils avaient
l'habitude de se grouper en corps distincts, lorsqu'ils
étaient en campagne ou assistaient aux cérémonies publi-
ques (5). La chronique de Jean d'Outreraeuse ne laisse
aucun doute sur cette situation politique. Après avoir
relaté les hauts faits, d'ailleurs fort contestables, des
bouchers au siège de Bouillon, en HM, l'auteur a soin
d'ajouter : « Ansi deveis savoir que la gens de commune
n'avoil encors point de fralerniteil, ne maistre ne banire,
(1) Les habitants de Huy, notamment, se prévalaient de droits
civils qui remontaient jusqu'au temps de l'évêque Théoduin (10G6).
(2) Voir IIenaux, IJisloire du pays de Libye, o" édit., cliap. XVIII
et XIX.
(5) Cf. S. BoRMANS, Le bon métier des ta/meurs de l'ancienne cité de
Liège, 1863.
( 490 )
ains en aloient en oust desous le banire de esquevins d. Il
en était de même à la Warde de Steppes (1215) et encore
en 1231 : a A cel temps n'avoit encors li commonalleit
de Liège vois ne puissanche ne mestiers ne fraterniteil
enssemble, ne vois de rien à faire, ains fasoient leurs
labures et les nobles governoient (I) ».
Depuis l'année 1229 environ, l'administration des villes
avait été enlevée au pouvoir judiciaire, représenté par
réclievinage, pour être confiée à un conseil composé, à
Liège du moins, de deux maîtres et d'un certain nombre
de jurés qu'on renouvelait annuellement. Le régime
communal se trouva ainsi établi; mais les échevins, nobles
d'origine, s'étaient réservé le droit de nommer les magis-
trats municipaux, qu'ils choisissaient naturellement dans
leur caste (2).
On connaît les noms des deux maîtres du peuple qui se
trouvaient à la tête de la commune de Liège le 22 jan-
vier 1251. A Huy, ces officiers paraissent n'avoir été
établis que plus tard. Il n'en est pas question dans l'acte
du 15 juillet 1249, par lequel « Les avoué, maire, éche-
vins, jurés et les douze maîtres des drapiers de Huy
prennent l'engagement vis-à-vis de la ville d'Anvers de ne
pas recevoir chez eux les hommes de métier mécon-
tents » (5). S'il faut en croire Mélart (4), ce fut à l'insliga-
(1) Jean d'Outremeuse, Ly iiiyreur des hislors, t. IV, p. 581 ;
l. V, pp. 87 et 207.
(2) Henaux, t. F, pp. 205 et suiv. — Ordonnances de la principauté
de Liège, t. I, p. xxxv.
(5) Walters, Table chronologique des chartes et diplômes imprimés.
(4) L'histoire de la ville et chastcau de Huy, p. liô.
( «I )
lion de Henri de Dinant, en 1253, que les Hulois créèrent
deux bourgmestres, ce que depuis, ajoute-t-il, ils ont
d'année en année continué de faire.
Dès l'origine du gouvernement communal, la ville de
Huy fut administrée par un conseil composé de douze
jurés, qui jamais n'élaient choisis dans les métiers. Au
rapport de Jean d'Oulremeuse (année i 298), ceux-ci furent
d'ahord au nombre de quatre, parmi lesquels nous ne
voyons pas figurer les drapiers cités plus liant. C'étaient : les
boulangers, les brasseurs, les mangons (bouchers) et les
tanneurs avec les corbesiers (savetiers). Ces quatre vieux
métiers, comme on les appelait, avaient une charte datant
« bien de cent ans », des statuts, des ordonnances; et
chacun était rigoureusement tenu de respecter leurs fran-
chises. Ils étaient gouvernés par seize hommes qu'on élisait
tous les ans, quatre dans chaque métier, et qui faisaient
le serment d'y maintenir la justice et d'en garder les pri-
vilèges (1).
Or, il arriva qu'en l'année 1299, un conflit sanglant
s'éleva entre les praticiens et les métiers de Huy. Le
nombre de ceux-ci, toujours au dire de Jean d'Outremeuse,
fut alors augmenté de sept, ce qui le porta à onze et celui
des gouverneurs à quarante-quatre. Nous ne connaissons
pas la composition de ces différents métiers, qui, tout
(t) Jea.n d'Outremelse, t. V, p. 551. — L'aulcur ajoute : « Et
les nonimoit-ons les un de castcal por les nii mesticrs ». Plus loin,
il elle les noms des « un qui esloicnt por les mesticrs de cel année »;
ce qui semble indiquer que les seize gouverneurs n'étaient pas tous
également ajjpelcs à remplir certaines fonctions.
( 492 )
l'indique, existaient depuis plus longtemps; mais, outre les
bouchers, on cite, comme ayant pris part à la lutte, un
meunier, un tisserand, un drapier, un fèvre (forgeron) et
deux individus (Hanes le merqueres et Hubin li vies
cheriers) qui paraissent avoir été l'un mercier, l'autre
cherwier ou cultivateur.
L'organisation militaire de ces métiers semble dater de
la même époque, car on les voit combattre sous leurs
propres bannières. D'ailleurs, l'évêque Hugues de Châlon
leur était favorable; il alla même jusqu'à destituer les
échevins de Huy, qui s'étaient réfugiés à Liège et alliés
avec les grands de la cité, révoltés contre lui (1).
Les drapiers, faisant cause commune avec les échevins,
les avaient suivis dans leur exil. Jean de -Warnant et la
Chronique de Gembloux (2) attribuent même les troubles
de Huy à un différend qui se serait élevé, à l'instigation
des tisserands, entre la ville et les drapiers. Quoi qu'il en
soit, on voit que, le 25 novembre 1500, les gouverneurs
ou wardains de ce dernier métier ratifièrent le traité
par lequel les bourgeois de Liège et des autres villes
du pays, s'étaient mis sous la protection du comte de
Flandre (3).
{{) Jean d'Outremeuse, pp. 552 à 559. — L'émancipation des
métiers à Huy coïncide avec leur organisation à Liège, où l'évêque,
gagné par une somme d'argent, venait de reconnaître leurs confré-
ries armées, au grand déplaisir des échevins (1297).
(2) Dans Chapeauville, t. II, p. 334,
(5) o Nous li Maistrc, li Eskcvin, li Jureit, li Consclz et li Wardain
de le Drapperic delle Ville de Iluy, faisons savoir à tous ke nous
( 493 )
La paix no fiii iviablie que sous Adolphe de Waldeck,
le 50 jiiiilol 1302. Par letlres de ce jour, l'évèquc révoqua
toutes les chartes octroyées aux métiers de la ville de Huy
et statua qu'ils devraient lui en demander d'autres (1). Puis
il se réserva de nommer annuellement deux des quatre
i^ouverneurs de chaque métier, rétablit les anciens éche-
vins, proscrivit tem|)orairement les douze jurés cl les
Quatre (chefs de métiers?) qui s'étaient emparés du gou-
vernement, et s'attribua différentes prérogatives au détri-
ment des privilèges des habitants de Huy (2),
Les métiers furent remis en possession de leurs fran-
chises, en lolO, par l'évêque Thibaut de Bar, qui voulut
par là reconnaître les services que les Hulois lui avaient
rendus dans son ex|)édition contre le comte de Hainaut (o).
IL
Après cette première époque, il serait difficile de suivre
pas à pas, dans l'histoire, les vicissitudes des métiers de
Huy. Comme ceux de Liège, ils arrivèrent, à travers les
révolutions du XIY^ siècle, à s'emparer du gouvernement
de leur ville et à participer à celui du pays; la noblesse
leil Alloyanclic et tclz Convcncnccs ke li Maistrc, li Eskevin, li Jurcit
et toute la Comuiiitcis de la Cyteit de Liège ont faites à très Haut et
1res Noble Home Slonsiiignor Jelian, etc. » (Henaux, t. I, p. 287.)
K - (1) ScHOONBROODT, Inventaire des cUarles du chapitre de Saint -
Lamfjcrt, n" -iHâ.
(2j Jean d'Outremeuse, t. V, p. 581.
(3) Ibidem, t. VI, p. 124.
3™' SÉRIE, TOMI-: XX. 55
{ 494 )
urbaine disparut en tant que classe distincte, et, pour
jouir des franchises de la connmune, il devint indispensable
de se faire affilier à un bon métier.
Depuis un temps immémorial, c'était dans l'arrière-cour
du couvent des Frères Mineurs Franciscains que les bour-
geois de Huy avaient le droit de s'assembler pour toutes
(es affaires qui regardaient la ville, et chaque métier y
avait une chambre. Ce couvent, qui, en l'année 1244,
avait été transféré dans la rue des Chevaliers, fut recon-
struit en 1665; mais attendu, probablement, que la ville
n'était pas intervenue dans la dépense, une ordonnance
de Maximilien-Henri de Bavière restreignit le droit des
métiers aux assemblées qui avaient pour but l'élection du
magistrat ou la députalion aux états (1).
Chacun sait que ce même prince,, par le funeste coup
d'État de 1684, abolit à tout jamais, dans sa capitale, les
corporations de métiers en tant que collèges politiques.
A Huy, comme dans les autres bonnes villes régies par des
|)rivilèges particuliers, la réformation de l'élection magis-
trale donna lieu à un règlement spécial, et, à partir du
15 juin 1686, les électeurs se trouvèrent réduits à une
minorité de bourgeois classés en six chambres et choisis
par le prince (2).
Ce règlement fut confirmé par Joseph-Clément de
Ijavière, en 1715, mais avec celte modification qu'au lieu
(1) Saumery, Les délices du païs de Liège, t. II, p. 65; J. Fréso\,
Notice historique sur l'ancien moua stère des Frères-Mineurs-Francis-
cains de Huy, dans les Annales du Cercle hutois, t. VII, pp. 201
et 231, — La rénovation magistrale se faisait alors le jour de l'octave
de saint Martin (18 novembre); plus tard elle fut fixée au {"juillet.
(2) Ordonnances de lu principauté de Liège, 5« série, t. I, p. 66.
( m )
(le six chambres, il y en aurait onze, portant chacune le
nom (lu ()atron d'un mc^tier (1),
Tous les genres d'industrie et de commerce n'ayant
pas partout prospéré également ni simultanément, les
différentes professions devaient nécessairement se répartir,
selon les lieux, de difl'érentes manières. Tandis qu'à Liège,
cité importante, il existait trente-deux métiers, les nom-
breuses professions qui s'y trouvaient représentées ne
formaient à Huy, nous l'avons déjà dit, que onze corpo-
rations. Autour du métier principal se groupaient tous les
arts, toutes les professions qui avaient avec le premier
quelque analogie; ils en étaient ce qu'à Liège on appelait
les membres, et à Huy, les quarts.
Chaque année, le jour de l'octave de saint Servais
(20 mai), du moins jusqu'en 1775, les métiers de Huy se
réunissaient sur leurs chambres respectives, pour y pro-
céder à l'élection de leurs officiers, nommément les gou-
verneurs et le rentier (receveur). Une ordonnance portant
règlement, de 1621 (2), pourrait faire supposer que ces
gouverneurs devaient nécessairement être au nombre de
quatre, ainsi que l'écrivait Jean d'Outremeuse; mais, dans
le fait, on n'en trouve souvent que trois et même deux
pour certains collèges.
On connaît une liste des métiers de Huy de l'année
1615 (5). Elle est incomplète, inexacte; mais on peut en
conclure que l'ordre suivi dans le règlement de 1715
n'était pas nouveau. Nous nous y conformerons dans la
(1) Ordonnances de la principaulc de Liège, ù' série, t. I, p. il\.
(2) Ibid., 2« série, t. IH, p. |.
(5) Annales du Cercle hulois, t. V, p. 58.
( 496 )
revue que nous allons passer/le ces corporations et dans
l'indication des patrons dont elles étaient tenues de chô-
mer la fête.
l'ic. 1.
i. Fèbvres. — A Huy, comme à Liège, on comprenait
sous ce nom les forgerons, les serruriers, les armuriers,
les taillandiers, les couteliers, les potiers cl'élain, etc. Un
règlement inédit du métier des fèbvres grossiers, en date
du 6 avril 1426 (1), fait mention des cloutiers, fondeurs et
serruriers. A la charte originale était appendu un sceau à
l'eflîgie de saint Éloi, l'évêque-orfèvre qui devint le patron
de ceux qui travaillaient les métaux.
FiG. 2.
2. Meuniers et boulangers. — Sainte Catherine, la
docte patronne des écoles et des philosophes, l'était aussi
(d) Arcliives de l'État, à Liège, registre remis en 1876.
( ^!»7 )
des meuniers et boulanj^'crs (IG5!2, 1715). Cependant le
nouveau règlement (le 17i'2 leur prescrit d'honorer spé-
cialement saint Adalbert, cet humble évèque qui, devenu
moine, faisait la cuisine de son couvent (1).
FiG. [i.
3. Brasseurs. — Dans une répartition de l'année 1615,
la ville taxajce métier beaucoup jplus haut que les autres,
sans doute parce qu'il était alors le plus riche. II avait
pour patron saint Arnould.
Fie. 4.
4. Mascliers (bouchers), y compris les cabaretiers,
(1) Dans une autre ville du diocèse de Liège, à Maestricht, saint
Âdalbert était pareillement le patron des boulangers.
( 498 )
hôteliers el cuisiniers travaillant pour le public. Patron :
saint Hubert.
1
|i
fii
il
l
y—t'
Fie. n.
5. Tanneurs et corbesiers (cordonniers, savetiers).
Patron : saint Crépin, l'anôlre-cordonnier.
Fie. G,
6. Drapiers. — Personne n'ignore combien, dans les
Flandres, la fabrication du drap était florissante au moyen
âge. Dans la partie orientale de la Belgique, on connaît la
réputation de Verviers, qui, à une époque plus rapprochée
de nous, finit par absorber la plupart des manufactures du
pays. Mais a-t-on jamais, de nos jours, entendu parler des
anciens drapiers de Huy ? C'étaient eux pourtant qui, dès
le XIII* siècle au moins, y exerçaient la principale industrie,
celle dont s'occupaient à la fois hommes, femmes et
( 499 )
enfants (I). Outre les drapiers proprement dits, qui pro-
bablement étalent des propriétaires de métiers, il y avait
des halUers (marchands), des foulons, des fondeurs, des
texheurs (tisserands), et des tindeurs (teinturiers), Les
différentes associations que Cormaiont ces artisans étaient
elles-mêmes indistinctement qualifiées de métiers ou de
quarts, et quelques-unes avaient leurs privilèges particu-
liers. De là des contestations interminables, avec les
balliers notamment, lesquelles mirent la corporation à
deux doigts de sa perte et nécessitèrent plusieurs règle-
ments entre les années 1557 et 1598. Celui de lSo8 est
particulièrement remarquable en ce qu'il nous représente
catégoriquement le métier des drapiers de Huy comme
ayant été le principal de son espèce « des dix-sept bonnes
villes délie draperie ayans franchises (2) b.
Cependant l'industrie drapière, à Huy, atteinte de nou-
veau par les guerres de Louis XIV, ne fit plus que végéter.
Une société se forma, en 1714, pour la relever; on fit
venir des ouvriers étrangers et particulièrement de Sedan ;
mais bientôt des difîicullés surgirent, et si le métier lui-
même subsista jusqu'à la révolution française, la manu-
facture de draps n'eut pas deux années d'existence (5).
(1) Ordonnances de la principauté de Liège (1537), 2* série, t. I,
p. 107.
(2) Ibid., 2* série, t. Il, pp. 201 et suiv. — Le même règlement
rappelle une ordonnance de 155G rétablissant l'unité du métier,
moyennant l'élection de deux gouverneurs pour les drapiers, un pour
les foulons et tondeurs, et un quatrième pour les teinturiers.
(5) Annales du Cercle hutois, t. V, p. 175; Drapiers de fluy,
Chartes, reg. de 1714 et années suiv.
( 500 )
En verlu d'une ordonnance de 1434, confirmant d'an-
ciens usages, les drapiers devaient entendre la messe cl
chômer le jour de saint Séverin.
Leur sceau, tel qu'il se trouve appendu à une charte de
l'année 1560, représente les armes de Huy sous la forme
de trois tours crénelées, portant bannière et saillant sur un
mur; en haut, une navette; à gauche, une carde; à droite,
une paire de forces; au-dessous, un écu vide. Légende :
S{ee)l... me'ty... drapp,.. la ville de... (fig. 1 de la planche).
FiG. 7.
7. Maroniers ou naiveurs (mariniers, bateliers), y com-
pris les sabliers et harengiers (marchands de sel et pois-
sonniers). Au métier des naiveurs se trouvait agrégée une
société qui existait déjà au XV^ siècle et jouissait de pré-
rogatives particulières; c'était celle des biseurs, c'est-à-
dire bateliers conduisant la bisawe ou bateau couvert
destiné à transporter des voyageurs et des marchan-
dises (1).
Les naiveurs étaient sous la protection de saint Nicolas,
(1) Ordonnances de la principauté de Liège, ô« série, t. F, p. 25a.
(SOI )
CD souvenir de rinlercossion de cet évèque qui, d'après la
légende, sauva des mariniers en danger (I).
1-"IG. 8.
8. Merciers, y compris le quart des toiliers. Les gens
de ce métier vendaient aussi des articles de toilette, des
épiceries, des drogues, du lard et une loule d'autres menus
objets. Us honoraient saint Michel comme patron, sans
doute parce que leur emblème était une balance, et que le
saint est quelquefois figuré présentant une balance à Jésus.
Fio 9.
9. Tailleurs (anciennement nommés entretailleurs ou
parmenliers),vienx-wariers (fripiers) et vairains-xhoxhiers
(pelletiers). Ce métier comprenait les cfiaussetiers et four-
(1) Jacques de Voragine, La léfjende dorée.
502 )
nissait les estimeurs des objets mobiliers. Il fêlait particu-
lièrement sainte Anne.
FiG. 10.
iO. Maçons et charpentiers, y compris les mairniers ou
marchands de bois. Les autres quarts étaient les tailleurs
de pierres, les briquetiers, les chaufourniers, les manou-
vriers, les scieurs, les escriniers (menuisiers), les cou-
vreurs, les charrons, les entretailleurs (tailleurs d'images),
les tourneurs, etc. Leur patronne était sainte Barbe, pro-
bablement à cause de sa tour légendaire, qui était œuvre
de maçon.
Fifi. il.
11. Vignerons. — Les gens de ce métier sont cités par
Jean d'Oulremeuse au commencement du XIV' siècle. Ils
formaient, avec les cotiers ou maraîchers, une corporation
dont le patron était saint Vincent.
( 505 )
m.
A la guerre, comme dans les cérémonies publiques, nos
métiers déployaient leurs bannières. Ils avaient leurs
sceaux, des insignes pour leurs chefs, et, principalement
dans nos provinces flamandes, des médailles ou méreaux
pour leurs membres. Tous ces objets portaient des
emblèmes héraldiques particuliers, rarement des armoiries
véritables. Le plus souvent on y représentait des figures de
saints ou d'industriels, des matières ou des instruments de
travail. A Huy, les armes parlantes dominent et se
détachent sur un fond rouge. C'est ainsi du moins que
nous les trouvons blasonnées dans un vieil armoriai con-
servé aux archives de l'État, à Liège.
Si l'on excepte les méreaux, qui n'avaient pas de valeur
et n'excitaient pas la colère des princes, bien peu de ces
marques extérieures de la puissance des corporations sont
arrivées jusqu'à nous. Autant les riches colliers <les gildes
d'archers, d'arbalétriers, d'arquebusiers se sont trouvés
nombreux à nos expositions rétrospectives, autant étaient
rares les insignes portés par les chefs de métiers. A peine
en peut-on citer un pour nos opulentes communes du
nord; il n'y en avait point de provenance wallonne.
Il n'est donc pas sans intérêt de faire connaître une
relique de cette espèce, ayant appartenu au métier des
merciers de Huy. C'est une plaque bombée, de forme rec-
tangulaire, en argent repoussé et ciselé, fixée par derrière
à une feuille de laiton munie de quatre annelets qui per-
mettaient de l'attacher à une bandoulière. Au milieu, dans
un ovale entouré de feuilles d'acanthe, on voit saint Michel
( 504 )
en costume de guerrier romain, foulant aux pieds le
démon et tenant une balance; dans le champ, la date 16-36.
Autour, se trouve gravée l'inscription : "^ Av temps Sacré
DE Waresme, Robert Uagnet, Paqvay de Parfonry Govveu-
NEVR^ et Jean De Movmal' Rentie"^ (fig. 2 de la planche,
collection de l'auteur).
Celte inscription concorde parfaitement avec le procès-
verbal dont voici un extrait, d'après le registre aux reccz
du métier des merciers de Huy (1613-1642) (1) :
Élection des gouverneurs des merciers et autres officiers
de Van 1635 :
Sac7^é de Varesme.
Robert Ragnet.
Pacquay Parfonrieu.
Jean de Moumalle, renthier.
Suivent les noms des cinquante-cinq compagnons qui
donnèrent leur voix, « le jour de l'octave Monsieur saint
Servais, 1635 », plus ceux de cinq autres qui se firent
inscrire le lendemain, il convient d'ajouter que ces réu-
nions des merciers avaient lieu a sur leur chambre ordi-
naire, en la maison de La Ralance, sur le Marché ».
Mais à cette pièce ne se borne pas tout ce dont l'art est
redevable aux merciers de Huy. Sur la garde d'un autre
registre aux recez de la même corporation (1643-1666),
se trouve collée une gravure de Michel Natalis, inconnue à
l'auteur de son Œuvre. Elle représente saint Michel dans
(l) Archives de l'État, à Liège.
Iiiilli'iin^i,')'' s,rfic. loim- \ \
0 tlenrotte.del'
( 50ri )
une atliludc différente cl foudroyant de son épée un dra-
jj;on cornu. L'archange tient également une balance, mais
ici les plateaux, au lieu d'être vides ou de contenir des
poids et du pain d'épice, comme on pourrait s'y attendre,
sont occupés par deux petits enfants figurant des âmes, et
l'un de ces plateaux est accroché par le diable, qui s'efforce
de le faire pencher de son côté. Ne se croirait-on pas de
deux siècles en arrière, tant est naïve cette réminiscence
iconographique? Au bas de la planche se trouvent les
quatre écussons des trois gouverneurs et du rentier élus
en 1643, ce qui nous donne du même coup l'âge de la
gravure.
On peut conclure de ce qui précède, que les blasons des
métiers étaient sujets à certaines modifications, du moins
dans leurs parties accessoires. On remarquera aussi que
les bourgeois de Huy savaient honorer leurs chefs et s'en-
tendaient à choisir les artistes qui travaillaient pour eux.
( o06 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 6 novembre 4890.
M. Jos. ScHADDE, directeur.
M. J. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. H. Hymans, vice-directeur ; C.-A.
Fraikin, Éd. Fétis, Ernest Slingeneyer, F. -A. Gevaert,
Ad. Samuel, God. Guffens, Th. Radoux, Joseph Jaquet,
J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Grool, Gustave Biol,
Edm. Marchai, Joseph Stallaert, Henri Beyaert, J. Rous-
seau, Max. Rooses, membres; A. Hennebicq, F. Laureys
et J. Robie, correspondants.
CORRESPONDANCE.
La Classe apprend, avec un profond sentiment de regret,
la perte qu'elle vient de faire en la personne d'un des
membres de la section de peinture, M. Charles-Michel Ver-
lat, né à Anvers le 25 novembre 1824 et décédé dans la
même ville le 24 octobre dernier.
M. Schadde, en sa qualité de directeur de la Classe,
s'est fait l'organe de ses confrères aux funérailles.
Des remerciements lui sont votés pour son discours,
qui sera inséré dans le Bulletin de la séance.
( o"7)
Une lettre de condoléance sera adressée à M"" veuve
Verlal.
— M. G. rioiïinan adresse dos remerciements au sujet
du prix accordé à son projet de diplôme destiné aux lau-
réats de l'Académie.
— M. le vicomte Delaborde, associé, offre un exemplaire
de sa notice sur l'architecte Questel, ancien associé de
l'Académie. — Remerciements.
Discow^s prononcé aux funérailles de Charles Verlat ; par
J. Schadde, directeur de la Classe des beaux-arts.
Messieurs,
Organe de la Classe des beaux-arts de l'Académie royale
de Belgique, je viens rendre un suprême hommage à la
mémoire de l'un de ses membres les plus distingués, de
Charles Yerlat, un collègue, un ami.
Ce n'est pas seulement la Compagnie au nom de laquelle
je porte la parole qui est atteinte par cette perte doulou-
reuse; la ville d'Anvers, le pays entier, s'attristent quand
ils voient disparaître un artiste aussi éminent, dont la
renommée fait partie du patrimoine national.
Cette renommée, dont l'art flamand a le droit d'être fier,
Charles Verlat l'avait conquise par ses rares qualités de
coloriste, par l'esprit si fin qu'il dépensait dans ses œuvres,
par la variété de ses sujets, qu'il traitait tous de main
de maître, par la noble ambition qui l'animait de se sur-
passer lui-même, entrevoyant toujours un but plus élevé à
atteindre.
I
( 508 )
Des voix autorisées, des voix éloqiienles et émues vous
ont entretenus de ses rares aptitudes. Professeur épris de
son art et dévoué à ses élèves, qui voyaient en lui le maître
par excellence, il savait attiser l'étincelle du feu sacré,
partout où il en découvrait l'existence.
Je ne parlerai pas ici du nombre considérable d'œuvres
qui ont valu à Charles Verlat une réputation universelle,
je tiens seulement à vous rappeler la dernière conception à
laquelle il a travaillé, celle qui devait couronner une
carrière déjà si brillante : la décoration murale du vestibule
de l'hôtel de ville d'Anvers. Un des panneaux de ce vaste
travail est seul achevé, mais Verlat y a donné toute la
mesure d'un talent qui n'a pas cessé de grandir.
Aucune œuvre ne l'avait autant intéressé, autant cap-
tivé.
Il venait à peine de terminer cette grande et belle page,
lorsqu'il ressentit les premières atteintes du mal contre
lequel il a lutté longtemps avec énergie et auquel il a
succombé.
Charles Verlat fut élu membre de l'Académie royale de
Belgique, le iO janvier 1884; l'Académie, en l'admettant
dans son sein, avait rendu hommage à un talent consacré
par les suffrages de ses pairs, par les nombreuses distinc-
tions que Charles Verlat s'était vu décerner en Belgique et
à l'étranger.
Et maintenant, qu'il me soit permis, devant sa dépouille
mortelle, en souvenir d'une vieille liaison, d'oublier ma
mission officielle et d'adresser un dernier adieu au collègue,
à l'ami, que nous avons le profond regret de ne plus voir
occuper la place qu'il avait parmi nous. Adieu, Charles
Verlat, adieu !
C 509 )
nAITORTS.
Il esl donné lecture des rapports suivants :
1° De la section de musique, sur deux compositions
musicales de M. Heckers, soumises à l'Académie, à titre
d'envoi réglenientaire, comme grand prix du concours de
composition musicale de 1887. — Renvoi à M. le iMinistre
de l'Intérieur et de l'Instruction publique;
2° De la section de sculpture (rapjjorteur M. Marchai),
sur le deuxième rapport semestriel de M. Lagae, premier
prix du grand concours de sculpture de 1888. — Même
renvoi.
3" De la même section, sur le modèle du buste de feu
J. Braemt, exécuté par M. Namur. — Même renvoi.
Sur la nécessité de créer une école de reslauralion
de tableaux; par L. Lampe.
KappoÊ'l do ff.rr. Féli» {t'appot'tcur), Slingoneye»', Slatlaei'l
et MSotisaeau,
La note de M. Lampe sur la nécessité de créer une école
de restauration de tableaux débute par des considérations
très justes, mais peu nouvelles, sur le danger que courent
les œuvres de maîtres confiées à des mains inexpérimen-
tées. Pour peu qu'on ait vécu dans le monde des arts, on
3°'* SÉRIE, TOME XX. 54
( 510 )
sait combien de tableaux ont été gâlés, combien ont élé
enlièremenl perdus par le fait de restaurations maladroites.
L'auteur de la note met dans ses récriminations contre les
retoucheurs coupables de maladresse une chaleur qui va
parfois jusqu'à l'emphase; mais cela n'empêche pas qu'au
fond il ait raison. Toutefois, pour être juste, il ne faut pas
s'en prendre uniquement aux hommes du métier des
outrages infligés à des peintures anciennes dignes de plus
de respect. Certains de leurs clients sont les vrais cou-
pables, exigeant que les tableaux confiés par eux au restau-
rateur pour un nettoyage, souvent inutile, et pour des
retouches qui n'étaient pas indispensables, leur reviennent
avec la fraîcheur de peintures de récente exécution.
Témoin les Rubens de la Galerie Médicis, que la direction du
Louvre a fait récurer à fond il y a quelques années et qui,
par l'enlèvement du glacis, sont devenus d'un éclat furieu-
sement tapageur. Comme on faisait remarquer au conser-
vateur d'alors combien l'enlèvement de l'ancienne patine
avait élé préjudiciable aux œuvres du maître et quelle
fâcheuse ihipression produisait leur crudité discordante, il
répondit que rien n'empêchait de les réharmoniser de
nouveau, sans doute au moyen d'une sauce quelconque,
c'est-à-dire par un surcroît de vandalisme. Ce ne sont pas
seulement les chefs-d'œuvre de Rubens qui ont souffert
du nettoyage, au Louvre; on signalait dernièrement la
Femme hydropique de Gérard Dou comme étant gravement
compromise par une opération de ce genre. Les musées de
Dresde et de Munich ont soumis bon nombre d'œuvresde
prix au système du nettoyage par le procédé Petenkoff, et
sous prétexte d'en éclaircir le coloris en les débarrassant du
voile dont le temps les avait recouvertes, leur ont donné un
éclat brutal qui blesse les regards des gens de goût. Tout
( 311 )
lo monde n'a pas été satisfait du nettoyage qu'a subi der-
nièrement la Ronde de nuit (litre faux, mais corisacré par
l'usage) de Rembrandt. La plupart du lem[)s, le nettoyage
(les tableaux est un acte de vandalisme. Disons que c'est
un mal qui ne sévit pas au Musée de Bruxelles, où l'on
respecte la patine séculaire qui est un grand charme aux
yeux des vrais connaisseurs, convaincus que le temps a
: été, pour bien des peintres, un précieux collaborateur.
Il y a des praticiens qui entendent singulièrement la
restauration des tableaux. Dans un Traité mélhodique de
la peinture à VhuHe, suivi de l'art de la restauration des
tableaux, M. F. Goupil, élève d'Horace Vernet, s'exprime
ainsi, après avoir expliqué comme quoi les retouches qui
se trouvaient d'abord dans le ton de la peinture deviennent
visibles au bout de quelque temps : « Il est certain que
les parties nouvellement peintes devront changer dans un
temps donné, tandis que les anciennes ne bougeront pas.
De là la discordance. Pour éviter ce résultat, un habile
restaurateur ne doit pas se borner à repeindre les frag-
ments endommagés; il lui faut peindre un peu partout,
en sorte que le tableau semble peint nouvellement. » Cette
théorie est absolument monstrueuse. On comprend ce que
peut devenir un tableau ancien entre>fc-3 mains d'un pra-
ticien professant de tels principes.
On a publié des traités de la restauration des tableaux
meilleurs que celui de M. Goupil. Celui d'Horsin-Déon :
De la conservation et de la restauration des tableaux, ren-
ferme l'exposé des vrais principes de l'art de conserver la
santé des peintures anciennes et de guérir leurs maladies,
car il y a une hygiène comme une médecine picturale.
Dans le travail qu'il soumet à l'Académie, M. Lampe
demande l'établissement, sous les auspices du Gouverne-
( 5iî2 )
n.enl, d'un cours public de reslauralion des tableaux
anciens. Ce scrail, di(-il, ouvrir une carrière nouvelle à
cerlains de nos jeunes arlisles qui, leurs éludes acadé-
miques icrniinées, pourraient, au bout de trois ou quatre
années d'un enseignement pratique, sul)ii- un examen
devant une commission compétente et recevoir un diplôme
qui leur |)crnietlrail d'exercer, dans le pays et à l'étran-
ger, une profession lucrative.
Si l'on fait trop de peintres d'bistoire, de portraits, de
tableaux de genre et de paysages dans les Académies, il
faut, par bumanilé, éviter de faire trop de peintres restau-
rateurs. C'est une carrière où l'encombrement serait éga-
lement à craindre, si l'on y poussait de nombreux jeunes
gens par les facilités qu'offrent les cours publics et gratuits.
Il n'y a pas toujours des tableaux à retoucher; à la vérité,
au train dont va la peinture des artistes du XIX* siècle,
les restaurateurs ne manqueront pas de besogne plus
tard. Les tableaux anciens qu'il faut retoucher sont ceux
auxquels il est arrivé un accident, un choc ou une
déchirure. Ceux qui sont conservés avec soin dans les
musées ou dans les cabinets d'amateurs restent intacts, ne
portant pas en eux-mêmes un principe de détérioration.
Il n'en est pas de même des tableaux modernes, qui sont,
pour la plupart, atteints d'une maladie chronique à peu
près incurable. Tous les tableaux de l'école française et
beaucoup de tableaux de l'école belge de l'époque contem-
j)oraine souffrent de cette maladie, qui se manifeste par
des fendillements, par des crevasses, par une sorte de lèpre
ou d'éléphaniiasis qui les ronge. Il en est dont l'aspect est
lamentable; d'autres sont entièrement perdus. Dans le
portrait de Cherubini, |)ar Ingres, la figure de la muse
n'existe plus. Le Naufrage de la Méduse, de Géricaull, est
(315)
Ibrl avarié; on perdrait son temps à citer les luhleaiix dn
siècle qui sont crevassés à ce point, qu'il semble (|ii'on les
voit ;\ travers un grillage. Quelquefois aussi c'est la partie
supérieure du tableau (pii coule sur l'inférieure, comnn;
cela est arrivé à deux tableaux du Musée de Bruxelles
qu'il aurait fallu retourner de temps en temps pour
remettre les choses ù leur place, et (|ue les auteurs ont dû
réparer, ayant l'humiliation de voir leurs œuvres durer
moins qu'eux-mêmes, eux qui avaient eji, sans doute, la
prétention et l'illusion de la postérité. Ces maladies, qui
n'ont pas atteint les tableaux des maîtres anciens, ont
pour causes l'abus du bitume et de certains siccatifs, la
mauvaise (Qualité des couleurs, des huiles et des vernis,
ainsi que le mancpie de discernement dans l'emploi des
procédés d'exécution.
Est-ce en prévision des désastres dont sont menacés un
grand nombre d'œuvres de peinture des artistes contem-
porains, (jue l'auteur du projet soumis à l'Académie vou-
(h'ait voir créer une institution qui multiplierait les
restaurateurs?
Dans la pensée de M. Lampe, l'apprentissage des peintres
décorateurs devrait durer trois ou quatre années, qui
succéderaient à celles des éludes académiques. Ne seraient
admis à suivre le nouveau cours que les jeunes gens qui
auraient appris préalablement à dessiner et à peindre. Ils
seraient récompensés de leur persévérance par l'obtention
d'un diplôme constatant qu'ils sont habiles en leur art,
car la restauration est un art, et ce témoignage de capacité
les ferait bien accueillir, suivant l'auteur du projet, partout
où ils iraient exercer leur profession, à l'étranger comme
en Belgique.
La difficulté serait peut-être de trouver un homme de
( 514 )
lalcnt et d'expérience, sachant tout ce qu'il faut savoir
pour donner l'enseignement projeté, et disposé à commu-
niquer à d'autres, qui deviendraient des concurrents, toute
la science (lu'il a acquise par une longue pratique. Il n'est
guère de peintre restaurateur qui n'ait la prétention de
posséder des secrets dont l'emploi lui donne la supériorité
qu'il se llalle d'avoir. Le professeur nommé par le Gouver-
nement ne pourrait évidemment pas conserver cette pré-
tention; il devrait révéler à ses élèves tous ses procédés,
mystérieux ou non.
Pour faire l'éducation complète d'un peintre restaura-
teur, on ne devrait pas se borner à lui donner des instruc-
tions théoriques sur les travaux qu'il sera appelé à exé-
cuter; il faudrait lui enseigner, non seulement la pratique
(le la restauration proprement dite, mais. encore celle du
dévernissage, du nettoyage, du reiixage, du masliquage,
(lu rentoilage, de tout ce qui constitue enlin l'art de
remettre en étal un tableau qui a subi des altérations
quelconques. On lui dirait qu'il ne doit pas viser à faire
montre de son talent de peintre; qu'il doit se borner, dans
ses restaurations, à faire le strict nécessaire et que le peu
qui reste de l'ancienne peinture vaut mieux que tout ce
qu'y peut ajouter le restaurateur.
Ce n'est pas la première fois qu'on songe à établir un
enseignement public de l'art de restaurer les anciennes
peintures. Il y a quelque quarante ans que le Gouverne-
ment chargea feu M. Etienne Le Roy, dont la compétence
n'était pas discutable, du soin de donner un cours destiné
à former des peintres restaurateurs. Cette mesure n'eut
pas même un commencement d'exécution. M. Etienne Le
Roy n'ouvrit pas le cours en question et par conséquent
ne forma pas d'élèves. Sera-t-on plus heureux cette fois?
( 5i5 )
Kl d'abord, à qui s'adrcssera-l-on ? Sans prétendre (ju'il
n'y ail pas chez nous de peinlre reslauraleur sachant son
métier, on peut dire qu'il n'y en a pas dont la supériorité
soil si bien établie, qu'il puisse inspirer une conflance
ahsohie quant aux résultais de son enseignement.
Une (liiricullé à laquelle n'a pas songé l'auteur du projet
que nous examinons est celle-ci : où se procurera-l-on des
tableaux anciens sur lesquels puissent opérer les élèves du
cours, auxquels on ne pourrait délivrer le diplôme dont il
est question qu'après les avoir vus à l'œuvre? Ouvrirail-on
un atelier officiel de restauration? Ce sont là des points
que ne toucbe pas M. Lampe.
En résumé, l'auteur du travail soumis à l'Académie,
travail assez conlus d'ailleurs, où il est parlé de choses
qui n'ont pas un rapport direct avec l'objet dont il traite,
a raison lorsqu'il s'attache à prouver que la restauration
des tableaux exige des connaissances, une sagacité et une
conscience que n'ont pas toujours ceux qui en font leur
profession, et lorsqu'il parle de l'utilité qu'il y aurait à
répandre la notion des vrais principes de cet art, dont
l'importance n'est méconnue ni des directions de musées,
ni des amateurs éclairés. Quant aux mesures d'exécution
par lesquelles serait réalisée l'idée de créer un enseigne-
ment public de l'art en question, elles ne sont pas suffi-
samment indiquées pour que l'Académie puisse se pro-
noncer sur les résultats qu'on serait en droit d'attendre de
l'application de cette idée.
Je propose de remercier M. Lampe de sa communication
et d'ordonner le dépôt de son travail dans les archives de
l'Académie. » — Adopté.
( ^*6 )
ÉLECTIONS.
La Classe se constitue en comité secret pour prendre
connaissance de la liste de présentation des candidatures
pour les places vacantes, liste arrêtée par les sections de
peinture et de musique.
OUVRAGES PRESENTES.
Henrard [P.). — Les fondeurs d'artillerie aux Pays-Bas
Anvers, 1890; in-8° (58 p.).
— Histoire du siège d'Oslende (1601-1604). Bruxelles, 1890;
in-8» (148 p.).
Errera [L.]. — La respiration des plantes, Rruxelles, 1890,
extr. in-8'' (27 p.).
De Busschere [Louis). — Note sur l'unification des heures
au point de vue de l'exploitation des chemins de fer. Gand,
1890; in-8°.
Zanardelli [Tito). — Nouvelles stations préhistoriques des
bords de la Meuse, entre Profondeville et Annevoye. Bruxelles,
1890; in-8°(20 p.).
— L'Étrusque, l'Ombrien et l'Osque dans quelques-uns
de leurs rapports intimes avec l'Italien. Bruxelles, 1890; extr.
in-S» (38 p.).
Ooms (/.). — Notice sur le nouveau réseau téléphonique
militaire, reliant les forts et établissements de la position
d'Anvers. S. 1. ni d.; in-4" (6 p.).
( s^7 )
Beltjens (Giist.). — ['Des oiivcriiircs de cn-dil cl dc^ comptes
cour.inls gjirantis par une hypothèque. Bruxelles, 1890; iii-8»
(54 p.).
Mdtllileii (Ernest). — L'euseii^iiernent à Braine-Ie-Comte,
2« édition. Hrainc- le -Comte, 1890; in-8° (64 p.).
Vander flaeghen {F.). — Bihliothcra Belgica, livraisons 100
i\ 103. (Jand; in- 1^2,
Vlaamsche Académie van iaal- en lellerhunde, Genl. —
Jaarbock, 1890. — Verslagen en medcdeelingen, 1889-90.
In-8».
Académie royale de médecine de Belgique. — Procès-ver-
baux des séances, 1890. Bulletin, 1890. Mémoires couronnés,
tome IX, 5« fasc. ; X, 1", 2% 5^ In-8'.
Ministère des Affaires Étrangères. — Recueil consulaire,
tomes LXIV à LXX. Bruxelles; in-8''.
Ministère de l'Agriculture, etc. — Bulletin de l'Agriculture,
1890, tome VI. — Bulletin administratif, tome V, 1889. In-8".
Archives de la Belgique. — Inventaire ou table alphabé-
tique et analytique des noms de personnes contenus dans les
registres aux gages et pensions des Chambres des comptes, par
J. Proost. Bruxelles, 1890; in-folio.
Willems-Fonds, Cent. — Jacob Van Maerlant (A. Vermast).
In-18.
Catalogus Codicum hagiographicorum latinorum antiquo-
rum, saeeulo XVI, etc., tonius II. Bruxelles, 1890; vol. in-8".
Allemagne et Autriche-Honguie.
Lesska {Franz). — Lehrsatz beziehend die Dreiecke, 1890;
6 pages autographiées.
V ère in fur Erdkunde, Halle. — Mitteilungen, 1890. I11-8».
( 518 )
Physikal. -médecin. Socielàl, Erlangen. — Silzungsberichle,
n. Hcfl. In-S».
K. geodulisches Inslitut, Berlin. — Jahresbericht fur
1889-90. In-8".
Fiirsilich Jablonowski'sche Gesellschaft zu Leipzig. —
Prcisschriftcn, n' X dcr malhemalisch-nalurw. Scclion. Gr.
in -8».
Académie des sciences de Cracovie. — Bulletin international,
1890; in-8°.
Akademic der Wissenschaften zu Berlin. — Silzungsbe-
richle, 1889-1890. — Abhandlungen, 4889. — Polilische
Corrcspondcnz Fricdrich's des Grossen, Bd XVIII, 1.
Geographische Anstalt, Gotha. — Milleilungen, 1890. —
Eiganzungslicft, N' 96-99. Golba, 1890; in-i».
Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. — Abhand-
lungen und Berichtc fiir 1890. Register zu don Jahrgângen
184G-1883 der Berichtc und zu den Banden l-XII der Abhand-
lungen der malhem. Classe.
K. bayerische Akudeniie zu Mûnchen. — Ilistor. Classe :
Abhandlungen, Bd. XVIII, 5; XIX, 1,2. — Math.-physikal.
Classe : Abhandlungen XVII, 1. Sitzungsberichtc, 1889-4890.
— Philos. -philol. Classe : Abhandlungen, Band XVIII, 2.
Almanach fiir 4 890.
Casopis pro pestovani Mathemaliky a Fysiky, 4890. Prague,
4890; in -8°.
Geologische Reichsanstall, Wien. — Jahrbuch, Jahrg., 1890.
— Verhandlungen, 4889-90. — Abhandlungen, Band XIII, 4 ;
XV, 4,2.
Akademie der Wissenschaften zu Wien. — Anzeiger, 4890;
in-8°.
K. K. naturhistorisches Hof muséum, — Annalen, IV, 4;
V, 4, 5. Vienne; in-8".
( SI9)
ÂHI^niQUR.
University of the State of .Yew-Y'ork : Neiv-York State
Muséum. — 43"* Annual report, for 1889. — 103** Annual
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John Ilopkins Universitij, Baltimore. — American chcmi-
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— American journal of raathcmaiics, vol. XII, 1-4. Index to
volumes I-X. — Circulars, n" 73-77, 83. — Studies from the
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715-27, 729-46, 748. Calcutta; in-8''.
Cambridge pliilosophical Societg. — Proccedings, vol. VII, \ .
Irish Academg, Dublin. — Proccedings, lliird séries, vol. I,
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Zoological Society, London. — Proccedings, 1889, parts 1,
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Kon. Akademie va?i Welenschappen, Amsterdam. — Ver-
slagen en inededeeligen : natuurkunde, deel VI, 3; VII, 1, 2.
Letterknnde, VI.
Bataviaasch Genootscliap van Kunsten en Wetenschappen,
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Jardin botanique de Buitenzorg. — Annales, vol. VIII, 2;
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École polytechnique, Delft. — Annales, 1890. Leyde; in-4''.
Maatscliuppij der nederlandsche letterkunde, Leiden. —
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landscli-lndië. — Uijdriigcn, b'^' rceks, V, 1-4. La Haye;
in-8°.
Dierkiindige vereeniging. — Tijdschrift, II, 4. Leydc, 188U;
in -8°.
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Société impériale des natur(distes de Moscou. — Bulletin.
1889-1890; in-8«. iMéraoircs, t. XV, G; in-4°.
Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. — Mémoires,
t. XXXVI, 9 à 17; XXXVII, 1-7. Buljelin, 1890. — Reperlo-
riiim fur Météorologie, Band XII; in-4''.
Comité géologique à Saint-Pétersbourg. — Mémoires et
Bulletin, 1889.
Société /inlandaisedes sciences. — Ofversigt, XXXI, 1888-89.
Bidrag, 48. Hefto. Ilelsingfors, 1889; 2 vol. in-8°.
Suède, Norwège et Danemark.
Académie royale de Copenhague. — Mémoires: Classe des
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Société des antiquaires de Copenhague. — Aarboger, 1889-
90. Mémoires, 1889. — Nordiske Fortidsminder, I. Hefte.
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Société scientifique et littéraire de Jassy. — Archiva d889;
1890, n" 1 et 2. 10-8°.
Impérial University ofJapan. — Journal of the collège of
science, vol. III, 4. Tokyo, 1890; in-4°.
Deutsche Gesellschaft fier Natur- und Votkerkunde Ost-
Asiens.— Milteilungen, Ueft 43 und 44. Yokohama, 1.890;
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Seismological Society ofJapan. — Transactions, vol. XIV,
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Société khédivale de géographie, Le Caire. — Bulletin,
5^ série, n" 5, 4; in-8».
Jornal de sciencias malheraaticas e astronoraicas (F. Gomes
Teixeira), vol. IX, 4-6. Coïmbre; in-8°.
Societad rhaeto-romanscha. — Annalas, 4' Annada. Coire,
1889; vol. in-8».
BULLETIN
DR
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LKTTRES ET DES BEAIX-AUTS DE BELGIQUE.
1890. — N» 12.
CLASSE DES SCIEUCES.
Séance du 6 décembre i890.
M. Stas, directeur, président de l'Académie.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. F. Plateau, vice-directeur, le baron
de Selys Longchamps, G. Dewalque, H. Maus, Brialmont,
Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie,
Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke,
Âlf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring,
Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf,
P. De heen, membres; E. Catalan, Ch.de la Vallée Poussin,
associés; Léon Fredericq, J.-B. Masius, C. Le Paige,
Ch. Lagrange, L. Errera et F. Terby, correspondants.
3"' SÉRIE, TOME XX. 35
( 526 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Inlérieuret derinstruclion publique
envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, les Bulletins
n"' i et % année 1890, du Cercle hutois des naturalistes.
— Remerciements.
— Hommages d'ouvrages :
i" Sur un théorème de M. Mannheim; par E. Catalan;
2° Essai d'une théorie mathématique de la lumière, de
la chaleur, etc.; par Colnet d'Huarl, associé de la Classe,
à Luxembourg;
3° Résumé météorologique de 4889, pour Genève et le
grand Saint-Bernard ; par A. Kammermann;
4° // Cocodrillo fossile; par Giovanni Omboni;
5° La Naupathie; par le D"" Vanlair;
6° Sur l'unification de l'heure; par E. Pasquier;
7" Contribution à l'élude de la circulation cérébrale;
par les docteurs J. De Boeck et J. Verhoogen ;
8° Ueber den Einftuss der Temperatur auf die
Liestungsfàhigkeit der Muskelsubstanz; par J. Cad et
J.-F. Heymans;
9° Histoire naturelle des annelés marins et d'eau douce,
tome ni, seconde partie; par L. Vaillant. — Remercie-
ments.
— M. Jacques Deruyts demande le dépôt dans les
archives d'un billet cacheté, daté du 28 novembre 1890, et
portant en suscription : Notes sur les covariants primaires.
Une demande semblable est faite par M. Van der
Mensbrugghe pour un billet cacheté portant en suscription:
Sur quelques effets curieux de diffusion et de réflexion
( 527 )
des reflets lumineux. — Le dépôl de ces billets est accepté.
— M. Terby demande l'ouverture d'iin billet cacheté,
daté du 20 avril 1887, portant comme mart|iie dislinclive la
lettre A, dont la Classe a accepté le dépôt dans sa séance
(In 10 mai suivant.
M. Terby demande, en même temps, à être inscrit à
l'ordre du jour de la séance pour une lecture relative au
contenu de ce pli. — Voir : Communications el lectures.
— M. É. Dupont présente pour V Annuaire de 1891 la
notice biographique de L.-G. de Koninck. — Remercie-
ments.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Lettre de M. Eugène Ferron, en date du 22 no-
vembre 1890, a[)pelanl l'attention sur un article des
Annales de Poggendorl' (1889) relatif à l'e^wa/ion /bwrfa-
vietilale de la théorie de la lumière. — Commissaires :
MM. Mansion, De Tilly et Van der Mensbrugghe;
2° Notice sur la monazite de JSil-Sainl-Vincent; par
A. Franck. — Commissaires : MM. de la Vallée Poussin el
Renard;
5° Réduction des nitrates par la lumière solaire,
2* note; par Emile Laurent. — Commissaires : MM. Stas,
Errera et Gilkinet;
4° Aote relative au problème de chercher une fonction
W, satisfaisant aux conditions, etc.; par L. de Rail. —
Commissaires : MM. Mansion et Catalan ;
5" Recherches sur la précipitation fractionnée des siib-
stances albuminoïdes du sérum sanguin du bœuf; par
J.-H. Corin el G. Ansiaux. — Commissaires : MM. Frede-
ricq et Masius.
( 528 )
RAPPORTS.
MM. Liagre, Folie et De Tilly donnent lecture de leurs
rapports sur les dépêches de MM. les Ministres de inté-
rieur et des Chemins de fer, demandant l'avis de l'Aca-
démie sur l'adoption, en Belgique, d'un méridien unique
et de l'heure universelle, questions soulevées par l'Acadé-
mie des sciences de l'Institut de Bologne. — La décision
prise par la Classe sera communiquée à M. le Ministre de
l'Intérieur et de l'Instruction publique, en même temps que
la copie des rapports précités.
Observations physiques de la planète Mars en 4890;
par J. Guillaume.
Rapport tte U. Terhy, pt'etniei* cotninistaiwe.
« Notre savant confrère, M. Folie, empêché par une
indisposition, a désiré que je remplisse les fonctions de
premier commissaire dans l'examen du mémoire sur Mars
que M. Guillaume a soumis à la Classe; j'ai donc étudié le
travail en question avec le plus grand soin et j'ai reconnu
que les observations de l'auteur sont de nature à offrir un
grand intérêt aux aréographes.
L'Observatoire de M. Guillaume est situé à Péronnas,
près de Bourg-en-Bresse, dans le département de l'Ain;
sa latitude n'excède celle de Milan que de 43' environ.
L'auteur se sert d'un télescope à miroir de Wilh, de 0,216°°"
d'ouverture, et s'est déjà fait avantageusement connaître
( 529 )
par des dessins aslronomi(|ues très bien exécutés : je fais
allusion à ses observations de Saturne et de certains cra-
tères lunaires, tels que Godin, Parry, Aristarqne,etc. Ayant
dirigé son attention sur Mars pendant l'opposition si défavo-
rable de cette année, il a pu, à maintes reprises, constater
l'apparition mystérieuse des canaux et même le dédouble-
ment de ceux-ci : ses observations viennent donc à l'appui
de celles de M. Schiaparelli.
Je puis dire que, dans la grande majorité des cas, je
suis d'accord avec M. Guillaume, quant à l'identification des
détails dessinés par lui; il est naturel aussi qu'au milieu
de configurations parfois très compliquées, il se produise
entre nous des divergences d'opinion.
M. Guillaume donne pour chaque dessin la longitude
du méridien central calculée d'après les éphémérides de
M. Marth; ces longitudes ne sont qu'approximatives,
comme il le dit lui-môme, mais suffisent pour les identi-
fications. Les grandes configurations de Mars sont d'ailleurs
si bien connues aujourd'hui, qu'au premier coup d'oeil jeté
sur un dessin bien réussi on reconnaît la région qui s'offre
aux regards.
Les nombreux et précieux détails exposés par l'auteur
me donnent la conviction que ce mémoire sera consulté
avec fruit par les aréographes, et aura son importance dans
les discussions qui se prolongeront certainement long-
temps encore au sujet des canaux de Mars.
J'ai donc l'honneur de demander à l'Académie l'impres-
sion de ce travail dans les Bulletins, avec les dessins qui
y sont joints. »
La Classe a adopté les conclusions de ce rapport, auquel
a souscrit M. Folie, second commissaire.
( 530 )
Nouvelle méthode pour la détermination quantitative du
pain, de la farine, de l'albumine, etc.; par John Bar-
ker Smith.
nappori dm SE. Spring.
« M. John Barker Smilh expose, dans la note qu'il
vient de présenter à l'Académie, une nouvelle méthode
pour la détermination rapide de la richesse de la farine, du
pain, etc., en composés azotés. Celte méthode est basée sur
la propriété du gluten d'exercer une action réductrice sur
le permanganate de potassium, bien plus énergique que
celle de l'amidon. En lait, on compare la valeur de deux
farines à l'aide de la quantité de permanganate de potas-
sium réduit, dans les mêmes conditions, par des poids
égaux des deux échantillons.
Pour se prononcer, avec sûreté, sur la valeur d'une
telle méthode, il faut s'en rapporter à l'expérience.
Étant privé de mon laboratoire depuis longtemps déjà,
par suite des obstacles mis par certaines personnes à
l'achèvement de l'Institut de chimie de l'Université de
Liège, je n'ai pu procéder moi-même au contrôle des
résultats de M. Smilh. J'ai prié mon collègue M. le profes-
seur Jorissen, plus compétent, au surplus, que moi dans
la matière, de vouloir bien se charger de ce soin. Il a
accepté le travail avec la meilleure grâce et il m'a écrit ce
qui suit :
a Je me suis assuré que l'observation de l'auteur est
» exacte pour ce qui concerne le gluten humide; cette
» substance réduit énergiquement le permanganate, tandis
» que l'amidon, par exemple, dans les conditions indi-
( ■«' )
v quées, n'agit pas sensiblemeol sur ce réactif. J'ai con-
p slaté de plus, en opérant suivant les indications de
t> l'auteur, que les quantités de permanganate réduites par
» divers échanlillons croissent avec la richesse de ces
p échanlillons en gluten.
» Tout en faisant des réserves sur l'emploi d'un réactif
p aussi impressionnable que le permanganate pour l'ana-
D lyse de mélanges plus ou moins complexes de pro-
p duits organiques, dont l'action individuelle sur ce com-
p posé devrait être tout d'abord étudiée minutieusement,
p j'estime, continue M. Jorissen, que l'observation de
p l'auteur est intéressante et qu'elle peut donner nais-
p sance à une méthode rapide pour la détermination de
p la teneur en gluten de la farine et du pain, p
Ainsi aidé par M. Jorissen, auquel il me sera permis de
réitérer mes remerciements, je crois pouvoir proposer, en
toute sûreté, à la Classe, d'accueillir la note de M. Smith
dans le Bulletin de la séance. » — Adopté.
De l'influence de la température extérieure sur la produc-
tion de chaleur chez les animaux à sang chaud; par
M. Ansiaux.
Mtapport <fe HÊ, tiàon JF'Ê-edet'icqf pÈ'etnief commiasai»'«.
c Les recherches de calorimétrie soumises à notre appré-
ciation sont destinées à élucider une question de physio-
logie fort importante et encore controversée : l'influence
que les variations de la température extérieure exercent
sur la thermogenèse chez les animaux à sang chaud. La plu-
part des auteurs admettent, avec Pflûger et ses élèves, qu'un
( 532 )
abaissement de la température extérieure provoque chez
l'animal à sang chaud une exagération de la production de
chaleur; mais ceci est loin d'être admis par tous. Pour
Winlernilz, Senator et d'autres, le froid n'aurait aucune
influence sur la production de chaleur. Ch. Richet et ses
élèves affirment même que le rayonnement calorifique
diminue, lorsque la température extérieure s'abaisse.
Même divergence d'opinions au sujet de l'action des
températures élevées.
M. Ansiaux a soumis des cobayes placés dans le calori-
mètre d'Arsonval, à des températures comprises entre
-j- 3° et -t- 32", et a mesuré, pour chacune de ces tempé-
ratures, leur production de chaleur. Il est arrivé à ce
résultat fort intéressant, que la production de chaleur
présente, chez le cobaye, un minimum, qui- correspond à
une température voisine de la moyenne diurne en été ou au
printemps : -h 20°. Dès que l'on s'écarte de cette tempé-
rature, soit en plus, soit en moins, la production de cha-
leur augmente: c'est donc aux températures très basses
ou très élevées que l'on constate les valeurs les plus fortes
de la Ihermogenèse,
Je me permets de faire observer que ce résultat inté-
ressant, et qui semblera même paradoxal en ce qui
concerne l'action des températures élevées, est entièrement
conforme à ce que j'avais avancé en 1882, dans le mémoire
sur la régulation de la température chez les animaux à
sang chaud, que la Classe des sciences m'a fait l'honneur
de couronner. Le travail de M. Ansiaux ne fait nullement
double emploi avec le mien. J'avais eu recours dans mes
expériences à une méthode indirecte et jusqu'à un certain
point incertaine, qui consiste à calculer la quantité de
chaleur produite, au moyen de la quantité d'oxygène con-
sommée dans chaque expérience.
( 533 )
M. Ansiaux a mesuré direclemenl, au moyen du calori-
mètre, les quantités de chaleur rayonnécs par les animaux
en expérience. J'ajouterai qu'au moment où M. Ansiaux
venait de terminer la rédaction de son travail, il a eu con-
naissance d'un mémoire récent de Rosenthal sur le môme
sujet et exécuté également au moyen du calorimètre à air
de d'Arsonval. Le savant physiologiste d'Erlangen arrive
aux mêmes conclusions que M. Ansiaux.
J'ai l'honneur de proposer à la Classe de voter des
remerciements à l'auteur, ainsi que l'impression de son
intéressant travail dans le Dutlelin de la séance, avec les
figures qui l'accompagnent. »
Mlapport de .ff. Maaitf, tecond cotntnitaaire.
a Les expériences nombreuses et consciencieuses de
M. G. Ansiaux me paraissent à l'abri de tout reproche.
Elles démontrent qu'il existe un minimum de production
de chaleur qui, chez le cobaye, se présente vers H- 20" c, et
que toute température inférieure ou supérieure exagère la
thermogenèse.
Je me rallie aux conclusions de M. Léon Fredericq,
d'autant plus que les résultats obtenus par M. Ansiaux
au moyen du calorimètre confirment les conclusions
auxquelles est arrivé, par une autre voie, notre savant
collègue. )>
Conformément aux conclusions de ces deux rapports,
des remerciements sont votés à iM. Ansiaux et son travail
paraîtra au Bulletin.
L
( 534 }
Sur le grisou ; quatre lettres par M. Delaurier.
nnppoft de M, Bfiaft,
« J'ai déjà en l'occasion de m'expiiquer sur les procédés
de M. Delaurier pour prévenir les explosions de grisou
dans les mines. Il combat l'emploi de la lampe de sûreté et
la remplace par une multitude de petites lampes à feu nu
ou par des courants électriques interrompus, qui auraient
pour effet de brûler le gaz hydrogène carboné à mesure
qu'il se produit. Cela prouve que M. Delaurier n'a aucune
idée d'une mine à grisou, et son procédé pour empêcher
les explosions aurait probablement pour effet de n'en
rater aucune. Je propose le dépôt aux archives. » —
Adopté.
ÉLECTIONS.
La Classe procède à l'élection des membres de sa Com-
mission spéciale des finances pour 1891. — Les membres
sortants sont réélus.
M. Brialmont remplacera M. Montigny, décédé.
( 535 )
COiMMUNICATIONS ET LECTURES.
Faits démontrant la permanence des taches sombres de
Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation;
par F. Terhy, correspondant de l'Académie.
Le 26 avril 1887, j'écrivis une note concernant la pla-
nète Vénus, et je l'envoyai à l'Académie royale sous l'orme
d'un pli cacheté, dont cette assemblée voulu! bien accepter
le dépôt dans la séance du 10 mai suivant (i). Cette note
était conçue en ces termes et accompagnée d'un dessin de
Vénus (2) :
« Le 11 avril 1887,je résolusdesaisir toutes les occasions
» d'observer la planète Vénus à l'aide de l'équatorial de
» 8 pouces de Grubb. Jusqu'aujourd'hui, 26 avril 1887,
» malgré l'éloignement encore très grand de l'astre, j'ai
D obtenu les résultats suivants :
» 1° L'existence des taches n'est pas douteuse, leur
i> position peut être reconnue, mais leurs contours et leur
» l'orme sont très indécis;
(1) BuUelins, 3' série, tome Xllt, 1887, p. -470.
(2) Ce billet cacheté a été ouvert à la séance du C décembre
1890 et inséré entre guillemets dans la présente notice.
»
( 536 )
» 2" Jusqu'aujourd'hui, l'aspect de la planète a été, en
général, conforme à cette figure :
Dessin du "26 avril 1887, de iMi"' à
5ii4i}m ji, j,oi,.^ temps moyen de
Bruxelles. Image renversée.
» C'est-à-dire que j'ai observé : en a, la tache la plus
ï marquée du disque, très voisine du limbe; en 6, une
» ombre étendue qui a rendu constamment la région sud
> du disque plus sombre que la région nord; en c, des
K ombres légères; en d, un filet sombre qui longe le bord
» brillant de la planète; en e et en /", deux régions plus
» blanches que le reste;
B 5° La permanence de cet aspect avait, on le conçoit,
> quelque chose de décourageant; mais cette impression
» défavorable se dissipe si l'on tient compte des faits sui-
> vants :
» 4° D'après les éléments de Bianchmi et de De Vico^
i le pôle nord de Vénus doit se trouver, pendant cette
» période d'observations, précisément dans la région a, et
j> la rotation s'effectuer suivant la flèche g.
» 5° Les taches de Biancliini et de De Vico étant situées
ï vers l'équateur,- doivent donc se trouver en grande
» partie dans la région obscure lorsqu'elles occupent la
( 5i37 )
p partie inférieure apparente de Vénus, et passer dans la
i> région claire seulement en arrivant à la partie supé-
D rieure; elles ne sont donc bien visibles actuellement
» qu'en atteignant la moitié supérieure ou méridionale du
» disque, où elles causent cet obscurcissement permanent
» de la corne sud en s'y succédant constamment.
» 6° L'immobilité de la tache a s'explique également à
D cause de son voisinage du pôle : elle ne serait autre que
j> la mare boreum ou Marci Poli de Bianchini ;
» 1° Ces résultats font bien augurer des observations
» futures, la planète Vénus devant se rapprocher bientôt
» considérablement de la terre.
» Louvain, 26 avril 1887. »
Je prie l'Académie de bien vouloir aujourd'hui prendre
acte seulement des trois premiers points de cette note :
1° constatation des taches de Vénus; 2" dessin du 26 avril
1887; 3° constatation de l'invariabilité de l'aspect de la
planète.
J'essayais, dans les autres paragraphes du pli cacheté, de
me rendre compte de cette permanence d'aspect en invo-
quant la position approximative de l'axe d'après les éléments
de Bianchini et de De Vico; M. Schiaparelli, en effet, ne
nous avait point appris encore, à celte époque, que cer-
taines planètes principales ont une durée de rotation
égale à celle de leur révolution. En saisissant toutes les
occasions favorables d'observer la planète Vénus jusqu'au
19 août 1887, je ne tardai pas à reconnaître que, si mon
explication de l'invariabilité d'aspect pouvait, jusqu'à un
cerluin point, être admise, principalement au point de vue
des données de Bianchini, pendant les mois d'avril et peut-
être de mai 1887, elle devenait en tous cas inadmissible
( S58 )
après celle époque, altendu que les lâches se compor-
taient tout autrement que celle hypothèse me l'avait fait
prévoir.
]| ne faut donc plus attacher à celle simple conjecture
d'autre importance que celle-ci : elle demeure une preuve
de l'évidence avec laquelle j'avais constaté, en 1887,
V inaltérabilité de Caspect de la planète.
Comment interpréter alors ces inégalités d'éclat presque
invariables el singulièrement décourageantes pour l'ob-
servateur qui cherche une irace d'un mouvement de rota-
tion, comme je le faisais à celle époque? Elles me parurent
reffet d'une espèce d'illusion inexplicable, el, plein de
découragement, j'abandonnai l'observation régulière de
Vénus depuis l'année 1888.
Les beaux travaux de M. Sehiaparelli sur Mercure et
sur Vénus n'étaient point parvenus à me faire considérer
plus favorablement mes observations : ce savant, en effet,
attache beaucoup plus d'importance à certaines taches
claires de Vénus qu'aux ombres légères sur lesquelles
s'était portée surtout mon attention.
Le 27 octobre 1890, M. Perrotin présenta à rinslitul de
France une note d'un intérêt capital el confirmant les
résultats de notre savant associé de Milan (1); celte note
contient un spécimen des dessins de Vénus que le direc-
teur de l'Observatoire de Nice a exécutés, sans doute avec
le plus grand équalorial de cet établissement.
Les dessins de M. Perrotin ont été pour moi une révé-
lation et m'ont conduit à une série de conclusions telle-
ment étonnantes, favorisées par des coïncidences tellement
(t) Comptes rendus de VAcad. des sciences de Paris, tome CXI,
séance du 27 octobre 1890.
\
( S5<) )
inattendues, cpie j'eusse à peine osé en entretenir après
coup l'Académie, si le pli cacheté, dont il a été question
plus haut, n'avait été lu pour en garantir la parfaite
authenticité.
// est incontestnble d'abord que le premier dessin de
M. Perrolin, du 23 mai IS90, reproduit /idélement l'aspect
du croquis que l'enfermait mon pli cacheté, croquis qui se
rapporte au 26 avril 1887 (voyez la fig. i des Comptes
rendus et aussi la fîg. 15 de notre planche) : on y recon-
naît la grande ombre qui obscurcit les régions méridionales
et des ombres qui occupent le terminateur et les régions
boréales; j'avais spécialement signalé la blancheur qui
règne au nord et au sud, au voisinage des cornes, blan-
cheur que M. Perrotin signale aussi au nord (voir la des-
cription du dessin extraite du pli cacheté).
Cet aspecta été observé à Louvain d'une manière presque
invariable du il avril an 11 juin, pendant deux mois par
conséquent {fig. 1 à 19): or, M. Perrotin l'observe égale-
ment à Nice en 1890, pendant deux mois environ, si
nous nous en rapportons à ses dessins (voir fig. 1,2 et 5
des Comptes rendus), et c'est seulement vers le 15 juillet
que s'accentue un second type dans la disposition des
ombres {fig. 3 des Comptes rendus) : la grande tache du
sud semble avoir glissé vers la gauche par un mouvement
insensible, en entraînant après elle une bande allant du
nord au sud et qui commence à se détacher du termi-
nateur.
Or, exactement deux inois aussi après ma première
observation, c'est-à-dire le 12 juin, je représente une
bande placée absolument comme celle de M. Perrotin (voir
notre fig. 21), et cette bande continue à être le détail
invariablement visible jusque dans le courant du mois
d'août (Voir nos figures 21 à 4/); je l'observe et la dessine
( 540 )
du milieu de juin au commencement d'août 1887, et
M. Perrolin du milieu de juillet à la fin de septembre 1890;
elle persiste donc à Louvain et à Nice également pendant
deux mois environ.
Tels sont les deux types de taches dessinés indépen-
damment pendant la durée de nos observations, qui se sont
prolongées de part et d'autre pendant quatre mois au
moins.
11 y a plus encore : la bande sombre de M. Perrotin, en
se détachant du terminaleur, fait place à un segment bril-
lant situé entre la bande et la limite d'éclairement, dans
le dessin du 24 juin, c'est-à-dire un mois après l'observa-
tion qui a fourni le premier dessin (voir fig. 2 de M. Per-
rotin); or, le 11 mai, un mois après le commencement de
mes observations, je signale une tache claire exactement
dans la même situation (voir notre fig. ^7); je dessine
encore une tache claire le long du terminateur les 9 et
27 juin {\o\r fig. i8el52).
Faut-il voir dans ces similitudes d'aspects à trois ans
d'intervalle autre chose que l'effet du hasard? Une autre
coïncidence, aussi étonnante que les précédentes, permet
au contraire de tirer de tous ces faits d'importantes con-
clusions. Demandons-nous quelle partie de leur orbite par-
couraient Vénus et la Terre à ces deux époques et quelles
étaient les positions relatives des deux astres. Nous trou-
vons d'abord que la longitude héliocentrique de Vénus, au
moment du dessin que renfermait mon pli cacheté, était
de 12i°, en nombre rond; or, celle qui correspond au
dessin de M. Perrotin, du 23 mai 1890, était de 420".
Quant aux longitudes héliocentriques de la Terre, elles
étaient respectivement à ces deux dates : 215° et 242°,
c'est-à-dire que la Terre, à l'époque des observations de
Nice, n'avait qu'une avance de 27° environ par rapport à
^ Sil )
sa position correspondant à l'observation de Lonvain. Voici
(railleurs un tableau contenant les longitudes béliocen-
iriques de Vénus et de la Terre pendant toute la période
(!es observations de M.Perrotin et des njiennes :
1887.
26 avril
26 mai .
12 juin.
Longitudes héliocentriques.
26 juin 220°
43 juillet. ,
i'S août. . .
VÉNL'S.
TERRE.
1890.
VÉNUS.
TERRE
1210
21-io
23 mai . . .
120O
242°
4 70»
2iio
24 juin . . .
1720
272»
197"
2610
1o juillet . .
206"
2920
220°
27io
2 aoiit . . .
23oo
310O
2470
290O
17 août . . .
209»
324»
2960
320»
27 septembre
3240
40
Reconnaissons donc que, pendant nos recberches sur
Vénus en 1887 et en 1890, la planète parcourait exacte-
ment la même portion de son orbite, et que la position
relative de la Terre n'était pas bien différente.
Quand on voit une série d'une vingtaine de dessins,
indépendants les uns des autres, montrer pendant deux
moisun obscurcissement semblable, presque invariablement
dans les mêmes régions, et ensuite une autre série d'une
vingtaine de dessins, succédant aux premiers, accuser
tous, pendant deux autres mois, une nouvelle, mais aussi
invariable répartition de ces ombres; quand on voit ensuite
se reproduire les deux mêmes séries de phénomènes à
trois ans d'intervalle, aux mêmes longitudes héliocen-
triques de Vénus et dans les mêmes positions relatives, à
très peu près, de Vénus et de la Terre, il me semble diffi-
cile d'échapper à ces conclusions :
O"* SÉRIE, TOME XX. 36
( 542 )
1° Ces observations ont porté sur la même portion de
la surface planétaire;
2» Vénus, en parcourant la même partie de son orbite,
après trois ans d'intervalle, ou après cinq révolutions
complètes, a donc tourné, d'une façon permanente, vers
les mêmes points du ciel, la même partie de sa surface,
pendant la période de ces observations;
5"> La planète a donc aussi, à ces deux époques, tourné
à fort peu près la même face au soleil;
4° Vénus doit donc avoir un mouvement de rotation
très lent, comme l'a avancé M. Schiaparelli et comme le
confirme M. Perrolin;
S" Il doit exister à la surface de la planète non seule-
ment des taches claires permanentes, mais aussi des taches
sombres, offrant le même caractère de fixité, comparables
à celles de Mars; ces taches sont suffisamment fixes pour
être reconnues après trois ans d'intervalle; seulement
elles sont très difficiles à observer à cause de leurs limites
indécises, dues probablement à une atmosphère épaisse et
chargée de nuages. Jusqu'ici, la permanence des taches
sombres surtout était sérieusement révoquée en doute;
ces taches, d'ailleurs, jusqu'à présent, ne semblent offrir
aucune ressemblance avec les ombres dessinées par Bian-
cliini et De Vico.
Cherchons à faire un pas de plus et voyons s'il n'existe
point ici quelque argument en faveur de la probabilité
d'une durée de rotation exactement égale à celle de la
révolution : ainsi nous vériûerons et nous compléterons à
la fois nos conclusions.
Supposons donc que la rotation de Vénus se fasse
autour d'un axe à très peu près perpendiculaire au plan de
( 513 )
l'orbile cl en une durée précisément égale à celle de la
révolulion. Dans ces conditions, et en considérant les
déplacements dus à la libration comme peu considérables,
une tache observée sur le disque conservera sa position
relativement au terminaleur, en d'autres termes suivra le
tirmin;itt'ur dans la rotation de celui-ci autour du centre
de la planète. Considérons une phase quelconque de Vénus,
la phase dichotome, par exemple, qui précède la conjonc-
tion inférieure; supposons que nous constations la pré-
sence d'une tache quelconque, soit une tache allongée,
dirigée du nord au sud, parallèle au terminaleur; si cette
bande est une tache permanente de la surface, nous
devrons la retrouver à fort peu près dans la même posi-
tion toutes les fois que la phase de la planète sera la même
pour nous : telle est la simplicité que ce système apporte
dans la comparaison autrefois si ditficile, en apparence, des
dessins de Vénus, que nous pouvons immédialemenl faire
l'application de cette conséquence à un certain nombre
d'observalions de diverses époques.
Le 17 février 1889 (flg. 48), la planète se trouvant dans
cette phase dichotome, je dessine une bande dirigée du
sud au nord; la longitude béliocentrique de Vénus est
(le 105°, et celle de la Terre de 149°. IN'avons-nous point
de très sérieuses raisons de croire cette lâche identique
avec la bande que M. Perrolin et moi nous avons dessinée
respectivement en 1890 et en 1887? On la voit notamment
dans mon dessin du 6 juillet 1887 [fig. 35), alors que
la phase était la même, la longitude béliocentrique de
Vénus étant de 236° et celle de la Terre de 284^
Le D' De Bail, de l'Observatoire de Coinle, a publié
quelques dessins de Vénus dans les Mémoires de l'Acadé-
mie {i) : il observait en mars, avril et mai 1884; ses
dessins renferment une bande dirigée du sud au nord, au
sujet de laquelle il s'exprime ainsi :
« Bien que je ne pense pas que les changements
ï ci-dessus indiqués reposent uniquement sur une illu-
» sien, j'ai remarqué d'autres fois que, pendant plusieurs
j> heures, il n'y avait aucun changement dans la position
» de celte ombre, et alors je n'ai plus continué les obser-
\> valions. »
M. De Bail, pas plus que nous, n'avait deviné la vérité;
mais aujourd'hui je considère comme très probable que
cette bande immuable élait celle dont nous nous occupons
ici.
Vers l'année 1880 (2), j'ai réuni environ cinq cents
dessins de Vénus, dans le but de travailler à une Apfiro-
dilographie qui eût réalisé pour cette planète ce que
V Aréocjraphie est pour Mars. Grâce à l'extrême obligeance
de M. Denning, j'ai pu, à celle époque, prendre une copie
complète des notes et des soixante-trois dessins de Vénus
réunis autrefois par la Société astronomique anglaise
d'observalion (3); les originaux, presque tous inédits, sont
conservés actuellement à la Société royale astronomique
de Londres.
Nous y voyons, entre autres, des croquis de la planète
pour 1873 et pour 1871, recueillis par MM. Ormesher,
Seabroke, Hollis et Worlhinglon. Or, M. Ormesher a
dessiné une bande sombre, en février et mars 1873, à des
(1) Mém, cour, et des savants étrangers, in-i», tome XLVII, 1885.
(2) Bull, de l'Acad., 2* série, tome XLIX, p. 214.
(3) Voyez English Méchante, tome XIII, 1871, n» 514, p. 41.
( 545 )
('l>oques dès voisines de la dicliolomie, et celle bande est
orientée comme celle qui nous occupe (v. fig. A de noire
planche); de même M. Seabroke, de Hugby, en dessine
une toul à fait semblable, notamment le 6 juin I87i (notre
fig. B); chose bien remarquable, M. Worihington la figure
également le 6 juin IS7 1 et indéj^ndammcnl (noire
fig. C); il l'observe aussi le M juin (celle dale marqué*;
d'un poinl interrogalif) et les 51 juillet et 2 août de la
même année. Nous reconnaissons encore le même détail
dans un dessin de M. Ilollis, du 17 juillet 1871.
Peul-on ciler une preuve plus frappante de la réalité de
celle bande que le fait de son existence dans les deux
dessins indépendants de MiM. Seabroke et Worlhington,
exécutés le n)cme jour? C'est incontestablement la même
tache, et l'absence de l'heure exacte pour le dessin de
M. Worlhington peut seule avoir soustrait celle observa -
lion à une comparaison aussi instructive. Mais aujourd'hui,
peu nous importe celle heure, si M. Schiaparelli est dans
le vrai !
Que M. Seabroke ait réellement vu, en 1871, la bande
observée à Louvain et à Nice en 1887 et en 1890, c'est ce
qui doit paraître d'une absolue vérité après la dernière
preuve que voici : M. Perrotin, à la faveur d'un instrument
très puissant, n'a point dessiné cette bande aussi simple-
ment que nous : elle apparaît dans ses dessins avec
plusieurs ramifications, et sa forme générale caractéris-
tique s'accentue bien dans les dessins 4 et S des Comptes
rendus^ où on la voit se bifurquer au nord et au sud : elle
se compose ainsi de deux angles placés d'une manière
inverse, l'un comprenant entre ses côtés les régions voi-
sines de la corne sud, l'autre y comprenant celles qui sont
voisines de la corne nord, les sommets des deux angles
( 546 )
étant opposés et reliés par la partie la plus apparente de
la bande; or, pour le 13 mai 1871, M. Seabroke figure
deux fois une tache très apparente, rigoureusement de
celte forme très caractéristique (notre fig. D); ces deux
dessins sont faits à Rugby, en même temps, indépendam-
ment, par deux observateurs, avec des instruments diffé-
rents! Ces observations de 1871, de même que celle
de 1890, précédaient la phase dichotome; mais quelles
étaient alors les longitudes héliocentriques de Vénus et de
la Terre? Elles étaient, le 15 mai 1871, de 145° pour
Vénus et de 232" pour la Terre, et le 2 août 1890, respec-
tivement de 235" et de 310" pour les deux astres; ces lon-
gitudes différaient donc de 87° dans le premier cas et de
75° dans le second, et dans le même sens; et, ici surtout,
à une phase presque identique correspondait une identité
absolue d'aspect ! Écoulons d'ailleurs ce que dit M. Sea-
broke dans les notes inédites que nous possédons et nous
croirons lire, en propres termes, la description de M. Per-
rotin; il s'agit de l'aspect général de la planète en 1871 :
a Quand Vénus fut éclairée environ de moitié », dit
» M. Seabroke, « la corne sud apparut généralement
» plus sombre que la corne nord, et près de la corne
» nord il y avait une petite région plus brillante que le
» reste.... »
M. Seabroke avait d'ailleurs eu l'obligeance de m'envoyer
directement une copie de la plupart de ces dessins faits à
Rugby, et ses croquis confirment pleinement l'exactitude
des figures conservées à la Société royale astronomique.
Dans l'envoi de M. Seabroke se trouvaient aussi d'autres
dessins, notamment deux pour 1876 : l'un, du 17 mars,
précède la phase dichotome; l'autre, du 11 mai, la suit;
or, ces deux dessins contiennent indubitablement les taches
^ 547 )
dont nous nous occupons et, pour compléler l'analogie,
celui du M mai renferme de plus une tache claire, placée
entre la bande et le tcrminaleur, exactement dans la situa-
tion où M. Perrolin et moi nous avons oh^^ervé un détail
semblable. Et quelles étaient encore une fois les dilférences
de longitudes hélioccntriciues de Vénus et de la Terre à
ces deux dates? 76° dans le premier cas et 41" dans le
second.
Remontant plus haut encore, nous trouvons, dans les
Nova Acla Academiœ ISaturœ Cnriosorum (1), deux des-
sins de Gruithuisen, du l'^'" février et du 17 février 1817,
contenant très probablement celle même tache à l'époque
de la dichotomie précédant la conjonction inférieure. On
est frappé aussi de la ressemblance extraordinaire du des-
sin de Gruithuisen du 8 mai 1815 avec le premier dessin
de M. Perrolin pour 1890, et avec celui que renfermait
mon billet cacheté pour 1887; ces observations correspon-
dent toutes à une phase analogue, précédant celle de la
dichotomie.
Enfin, ouvrons les Fragments aphroditographiques de
Schrôter, et nous y trouverons encore la bande en question
dans les figures 34 et 35, du 27 février 4793, et dans les
figures 7 et 8, du 11 avril et du 8 mai 1788, observations
se rapportant toutes, à très peu près, à l'époque de la
phase dichotome. L'astronome de Lilienthal figure encore
six fois une bande semblable du 28 février au 16 mars
1788 (fig. 1 à 6 des Aphrod. fragm.).
En réunissant les premiers éléments de celle notice,
j'étais bien loin de m'attendre à ce résultat; et si, envisa-
(1) Bonn, 1820} Tomi decimi pars prior, p. 241, pi. XIX.
( ^^8 )
goaiU un ensemble si étrange de coïncidences comme la
manifcslalion d'une vérité, les astronomes partagent la
même conviction, ce sera assurément pour la première fois
que la trace d'une tache permanente de Vénus aura été
suivie pendant la durée d'un siècle; le fait est d'autant
plus étonnant d'ailleurs que celte tache semble n'avoir
rien de commun avec les ombres représentées par Bian-
chini et De Vico.
Mais s'il s'agit réellement de la même bande sombre, ne
pouvons-nous pas alors, avec grande probabilité, en inférer
que celte bande obéit à un mouvement de rotation qui
s'identifie en quelque sorte avec celui du terminateur?
J'ai fait suivre celle notice d'une planche contenant la
presque totalité de mes dessins de Vénus, exécutés à une
échelle très petite, mais suffisante à cause de la simplicité
des taches; la planche est accompagnée d'une explication
renfermant tous les détails des observations et les rensei-
gnements propres à faciliter la comparaison avec les
figures de M. Perrotin. Elle contient aussi les importants
dessins de MM. Ormesher, Seabroke et Worthinglon, dont
il est question ici et qui étaient restés totalement ignorés.
Explication de la planche.
Les taches que j'ai observées sur Vénus sont d'une
faiblesse extrême; il est impossible de les représenter par
le dessin sans les exagérer; elles apparaissent comme
des obscurcissements presque insaisissables de certaines
régions; il est impossible de fixer leurs contours réels
avec certitude; néanmoins les impressions que produit
leur ensemble sur notre rétine sont suffisamment constantes
pour que notre œil en réalise en quelque sorte la synthèse
( 549 )
dans une forme caraclérislique, toujours idenlique pour
chacune; leur persistance pendant de longues périodes
dans le même lieu doit contribuer l)caucou|> à nous garantir
leur réalité; elles apparaissent avec plus de certitude dans
un ciel éclairé, ou en munissant l'oculaire d'un verre
légèiement teinlé, de façon à affaiblir l'éclat de l'image;
l'usage des <lia|)hragmes réduisant convenablement l'ou-
verture de l'instrument peut aussi faciliter ces observa-
lions (I). Elles se voient mieux et plus vile à l'aide de
faibles grossissements, et il n'y a à cela rien d'élonnanl,
ceux-ci permettant toujours mieux d'apprécier de très
légères différences d'intensité à la surface d'une planète.
Si l'on observe en certaines régions ces légers obscurcisse-
inenls, on voit aussi en d'autres une recrudescence d'éclat,
souvent tout aussi peu définie, quelquefois sous forme de
lâches claires assez apparentes; ces taches. sont parfois
d'une blancheur marquée; je les ai munies d'un conlour
pointillé dans mes dessins, pour bien les faire distinguer.
Généralement les deux cornes de la planète apparaissent
blanches, d'un éclat qui rappelle les taches polaires de
Mars; celte blancheur se continue souvent le long du bord
éclairé, opposé au terminateur; elle y forme une espèce
d'ourlet, ordinairement très éclatant, surtout très régulier,
qui semble séparé du reste de la surface par une fine ligne
obscure, parfaitement concentrique à ce bord éclairé; j'ai
représenté cette particularité toutes les fois qu'elle m'est
apparue. Cette ligne obscure semble souvent renforcée en
certains points de son parcours. Ordinairement, l'éclat de
la surface va en décroissant du bord éclairé au termina-
Il) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2« série, tome XLIX,
p. 214.
C 550 )
leur, et, le long de ce dernier, règne une obscurité relolive
qui frappe le plus souvent l'attention.
Le point noir qui accompagne nos dessins indique la
position du diamètre vertical apparent au moment de
l'observation.
y y avril i8S7, entre 5" el 6"30'" (t. m. a. de Bruxelles),
fig. 1 . Image parfaitement terminée, blanche, sans rayon-
nement; avec 450, l'éclat est uniforme; avec 250 et sur-
tout 150, je constate qu'il y a des taches, mais trop difficiles
à délimiter; leur existence et leur situation sont certaines,
mais leur forme est indécise; je ne vois pas d'ourlet bril-
lant au bord éclairé.
'16 avril, 5''; image trop agitée pour 450 et 280, mais
elle est bien terminée et bonne avec 250 et 150; les
ombres sont réparties comme dans la fig. i , celle qui
règne au nord étant plus certaine que l'autre.
16 avril, de 55''27'" à 22''45'"; 150 et 250; inégalités
d'éclat; image trop agitée.
i7 avril, de â''^"* à 5''50"', même résultat. De S^SO"" à
6^10"*, fifj. 2; très bonne image; 450, 250; taches sombres
certaines, surtout celle du bord éclairé nord, à gauche,
vers le bas; les deux petites taches brillantes un peu dou-
teuses.
i7 avril, de 22''34."' à 22''45"' el à 23''d0'"; trop d'agita-
tion.
'iS avril, de A''5i"' à 5''fo"'; bonne image, taches très
difficiles, mais certaines pourtant; fig. 3, à 5'' 10'", avec 280;
fig. 4, à 5"/ 5*", avec 150.
i9 avril, de 6''25"' à 6'3o"'; fig. 5; 150 et 250; image
parfaite, taches très indécises, certaines pourtant; impos-
sible de fixer leurs contours.
(bbl )
i9 avril, 21''5i'"; trop d'agi talion.
20 avril, de 4^41"" à 5''15", fig. (J ; image parfaite, mais
quelques trépidations. La flg. 6 a été dessinée avec 250 et
l'ouverture de 8 pouces entière ; avec des diaphragmes qui
réduisent l'ouverture à 6 et à 4 pouces, l'irnage est bonne,
mais tous les détails sont douteux avec 250; 150 confirme
les inégalités d'éclal de la figure avec louverlure de
6 pouces.
6''50'", 250 et ouverture de 6 pouces, fig. 7. L'image
présente une tendance à la formation de l'ourlet brillant
au bord éclairé, ourlet limité par un lilamenl sombre.
6''45'"; 250, 8 pouces; fig. 8, Cette figure est la plus
satisfaisante; on croit voir deux points blancs à la corne
boréale et un point à la corne australe, ce dernier étant
moins certain que les autres. Après 7''30™, l'image a trop
d'éclal.
2i avril, 5''40"', 150; on ne doute pas de la présence
des taches.
6\26i),fig.9.
<5''/5-, 280, fig. iO.
6''20"', 280, fig. fl ; le bord éclairé très brillant; la tache
au bord éclairé nord pins marquée; la corne nord blanche.
7", 280, fig. 42; la tache longeant le bord éclairé nord
toujours plus marquée.
5\ 280, fig. 45; image trop brillante, liséré brillant.
22 avril, de 6" 15"" à 6'25'''; fig. 44; 250; ciel nuageux.
26 avril, de 5''24"' à 5'40"' el à 5"55"'; fig. 45; 250, 280,
180, 150; image un peu ondulante (voir le dessin que ren-
fermait mon billet cacheté). Blancheur au nord et au sud ;
la lâche longeant le bord éclairé nord est la plus marquée,
puis celle qui obscurcit la région sud, puis celle qui occupe
le lerminateur dans la moitié inférieure. C'est ce dessin
C 5-52 )
qui offre une grande analogie avec la fig. 1 de M. Perrolin,
du 23 mai 1890, e( avec le croquis de Gruilhuisen, du
8 mai 1815 (voir page 547).
De 6'' 16"' à 6''20"\ 150 confirme encore ce dessin, mais
l'image devient de plus en plus ondulante; à 6''o0'", trop
d'ondulations.
i" mai, de 4''52'" à S'^tO""; image trop agitée pour per-
mettre de dessiner; cependant l'aspect noté les jours pré-
cédents se confirme encore : la tache qui longe le bord
éclairé nord est seulement soupçonnée, étant plus faible;
le bord sud est blanc, les régions méridionales du disque
sont assombries; on soupçonne le trait gris qui longe le
bord brillant.
De 7''30"* à 8'\ image trop ondulante. •
S mai, de 4''45"' à 5^10"", je remarque tout au plus que
ia région sud est plus sombre; la tache au bord éclairé
nord est douteuse, très faible; il semble exister une blan-
cheur au nord, au bas du disque.
De ô'dQ'" à 7''; fig. 46; 280, 180; à 8" 15'", on n'observe
plus rien de certain.
fO mai, de S'' 15'" à (Ç''50'"; 150,280 ; on n'obtient aucun
résultat bien certain; on croit voir encore la tache qui
obscurcit la partie sud et celle qui est au bord éclairé nord.
y/ mai, de S" 15"' à S''50"' ; fig. 47. En diaphragmant
l'objectif à 4 pouces et avec 150, on distingue l'ourlet
brillant au bord éclairé; le reste de la surface est inégale-
ment assombri; le diaphragme de 6 pouces et 150 donnent
les meilleurs résultats jusqu'à 8''45'" ; l'image est ensuite
trop ondulante pour 250; 150, avec le diaphragme de
6 pouces, confirme le dessin : la région sud est donc encore
obscurcie, et l'on voit une lâche au bord éclairé nord; de
plus, entre la grande ombre méridionale et le terminateur,
( 555 )
une ri^gion claire, à comparer ù celle que AI. Perrolin figure
le 24 juin 1890.
i2 mai, de 7''iô"' à 5"; ouverture réduite à 6 pouces;
180, loO ; nuageux ; rien de certain ; il y a des lâches, mais
il est impossible d'en lixer le dessin; la répartition générale
semble encore la même.
i7 mai, à S'oO"'; trop ondulant, taches trop indécises
22 mai, cleV àl'W'; 180, 280. On ne voit rien de
certain, sauf le bord ou le liséré blanc et brillant, et le trait
sombre qui le limite.
27 mai, de 5'40- à 4"; 150, 250; image trop agitée;
le bord éclairé est plus blanc que le reste, et celte blan-
cheur est limitée par la strie habiluelle.
Deô'^àe'SO'"; 250, 280, 180; image bonne et tran-
quille; cependant, rien de certain; 8M5-, trop ondulant
28 mai, de 7^/0"• à /"^o"'; 150, 250; image parfaite; la
partie sud plus sombre; on voit le liséré brillant avec strie
sombre; rien de bien tranché.
9 juin, de 5"3I"' à S'oi"', fig. 18; 180, 280, 250, 150;
on voit la répartition habiluelle des ombres; le bord éclairé
est blanc; on voit une tache claire contre le terminateur;
tous les détails semblent certains, quoique très faiblement
accusés.
il juin, de 4'43- à 4'4o-, 250; observation interrom-
pue par les nuages; cependant, on a vu la partie sud plus
ombrée que le reste, ficj. 19.
De 5" à S'ô-, 150 confirme ce détail; on continue
ensuite avec 280 jusqu'à 5"12-, mais l'agitation est trop
grande.
^2 juin, de S' 17- à 8'35-, ftg. 20; 150, 280; le bord
éclaire est plus blanc, limité par la strie sombre; à la fin
de l'observalion, avec 180, l'anneau ou liséré brille inlen-
b
( 554 )
sémenl en blanc au bord éclairé, el les lâches se monlreni
d'une laçon loul à l'ail cerlaine, en affeclanl la Corme
indiquée par la fig. 21; nous relrouvons donc ici la bande
sombre orientée N.-S., que M. Perrolin figure égalemenl
le 45 juiliel 1890, et qui va reparaître presque invariable-
ment dans tout le reste de cette série de dessins pour 1887,
de même qu'elle reparaît dans toute la série de M. Perro-
lin pour 1890. C'est la bande dont nous avons plus haut
retrouvé la trace en 1788, 1793, 1815, 1817, 1871, 1875,
1876, 1884, 1887 et 1890; on la connaîlrait donc et elle
persisterait depuis un siècle! Dans la fig. 2/, le maximum
d'éclat esl dans l'ourlet blanc du bord éclairé, el le maxi-
mum d'obscurité dans la portion du filet sombre bordant
ce liséré au limbe éclairé nord, comme dans heaucouj)
d'observalions précédentes; la tache ou bande sombre
allant du sud au nord est moins accusée.
1 4 juin, de J'Sr à 7''i5'", fig. 22; 180. Les inégalités
d'éclat sont trop difficiles à bien définir; on cherche à
représenter les ombres le plus exactement possible, mais
le résultat est douteux.
De S'iS"^ à S''23"\ fig. 25; 180; la région ou bande
sombre est cerlaine cette fois; l'oculaire 280 la confirme,
mais la montre plus faiblement. Le bord éclairé esl plus
brillant; les deux cornes sont blanches; image trop ondu-
lante ensuite.
i7 juin, 8''24"'; 180; agité; ondulant; fig. 24; bord
éclairé blanc ei brillant; cornes blanches, surtout celle du
nord ; tache sombre.
i9 juin, de S''2r à S''44"', fig. 25; 180 muni d'un verre
légèrement teinté; bord éclairé blanc, cornes très blanches;
tache visible ; le filet qui limite l'ourlet blanc esl renforcé
au bord éclairé nord et au bord éclairé sud, el moins
marqué au bord occidental.
( 5o5 )
20 juin, de 5*55'" à S'SO'"; 280, 180; fio- 26. Vénus est
Irop agilce.
21 juin, de S'oT"' à 8'4S'", firj. 27; 150, 180 muni de
verres teintés; trop d'agitation; corne nord blanche; tache
apparente.
22 juin, de S''2r' à S'ôO"'; 180; fîg. 28; ondulant;
région plus sombre certaine; corne nord blanche; tout
trop indécis.
23 juin, de S'ôô"' à d'o'"; 180; fig. 29; les deux cornes
sont blanches; 280 {fig. 50) confirme les deux cornes
blanches et le liséré plus blanc que le reste; avec cet ocu-
laire, les pointes blanches des cornes sont plus petites;
décroissance d'éclat vers le lerminateur, mais pas de taches
assez définies.
25 juin, de 4^52"' à 5''3'", fig. 31; 180, 280; trop agité;
les cornes sont blanches; le bord éclairé est blanc; entre
le filet sombre qui limite l'ourlet blanc et la tache sombre
qui règne le long du terminaleur, on voit une teinte jaune;
la région sombre qui longe le terminaleur a une légère
teinte rougeâtre.
27 juin, de 6"o5'" à T''?", fig. 32; 250; cornes blanches;
180 confirme la répartition des ombres et fait soupçonner
une tache claire contre le terminateur; image calme.
i" juillet, à 6''4o"' et de 7'* à 7''6^ fig. 33; 150; image
très bonne; taches certaines, mais toujours très légères,
indéfinissables; la corne sud a paru plus longue et plus
pointue que la corne nord; bord éclairé blanc, ainsi que
les deux cornes.
De 8^30"' à 8''34"', fig. 3â; 150; image ondulante; les
cornes sont régulières, la corne septentrionale est plus
blanche; la tache est certaine et très marquée, relati-
vement.
( 556 )
5 juillet, 7''5'"du soir; 250; trop ondulant.
De S^IS" à 8^26"'; 250; ondulant; néanmoins tache
certaine, présentant toujours la môme forme d'une bande
allant du sud au nord, comme dans la fig. 34; 150 et 180
confirment; le bord éclairé est blanc.
6 juillet, de 8" 18'" à 8^3ù"\ fig. 35; 180; la tache est
certaine; la corne sud est plus pointue; les deux cornes
sont blanches, comme aussi le bord éclairé, qui forme un
liséré très visible; 280 confirme les résultats.
Le même jour, j'avais observé aussi de 7''/5"' à l^i8"\
fig. 36; 180; un peu agité; tache certaine avec limite assez
tranchée; le bord éclairé est blanc, de même que les deux
cornes; la corne méridionale est plus pointue que la corne
septentrionale.
7 juillet, de S'' 17'" à 8''32'", fig. 37; 250; la corne sud
est plus pointue que la corne nord; liséré blanc; corne
septentrionale blanche; tache certaine avec 150 et 180;
ses bords paraissent ondulés, surtout du côté du lermi-
nateur.
8 juillet, de 8''6'" à 8''I8"', fig. 38; 150, 180; image plus
ondulante que le 7; observation plus difficile; cependant
on croit voir encore la même tache; bord éclairé blane;
les cornes blanches, surtout la corne nord; la corne sud
plus pointue.
i^ juillet j de 7''28'" à 7'^5/"'; 180; taches douteuses; on
voit le liséré blanc; la corne sud paraît plus pointue que
la corne nord.
De8''30'" à 8''35"',fig. 39; 180; liséré blanc, brillant; la
tache notée comme certaine; image ondulante.
i6 juillet, de 8^16"' à 8''20"\ fig. 40; 180; image trop
ondulante; cependant on voit l'ourlet blanc, et la tache
sombre est notée comme certaine.
( 557 )
19 juillet, de 8" i 9" à S''22'' ; 180; la même lâche esl
très visible el certaine.
21 juillet, (te 4''oS"' à 6''0'"; 180; irop agile; nuages;
(in voit 1res bien la décroissance d'éclal vers le lerrai-
n a leur.
26 juillet, de S'S" à S' 12", fig. 41 ; 180; trop ondulant,
mais la tache esl très marquée.
/" août, de 6''4'" à G'IO"', fig. 42; 180; image trop
agitée; on voit le liséré blanc, à la droite duquel succède
lin éclat jaune-rougeâlre, puis la région grise accusant
une décroissance marquée de lumière en approchant du
terminateur.
4 août, de S'iO"" à 5''25'", fig. 43; 180; très belle
image, quoiqu'un peu agitée; 280 confirme les détails
dessinés.
y.9 août, de 6''5"' à ô^W", fig, 44; 180; image ondu-
l.mle; planète trop rapprochée de l'horizon; bord éclaire
très blanc.
Ici se termine la série des observations faites avant la
conjonction inférieure de 1887, et avec elle la collection
de dessins renfermant la bande observée aussi par M. Per-
rotin. Il sera peut-être utile de mentionner, pour finir, les
x'pl observations suivantes :
i4 novembre I8S7, de 20'!"' à 20''9"', fig. 45; 250, 150,
180; taches certaines; image agitée.
5 janvier 4889, à 5''25"'; 150; taches indélinissables,
mais certaines ; les deux cornes blanches, surtout la corne
septentrionale.
6 janvier 1889, de 5''40'' à 5''55'\ fig. 46; 150; bonne
image. La surface entière est tachée, mais on note
comme certaine surtout la bande qui longe le bord naéri-
S""* SÉRIE, TOME XX. 37.
^( 558 )
(lional éclairé; les deux cornes sont blanches; 250 con-
firme ces résultais.
i2 février 1889, de 4''35'" à i^W", fig. 47; 180; image
agitée; le bord éclairé est brillant; tout est trop peu
défini. Les cornes semblent se terminer par une pointe
brusque, surtout la corne sud.
a février 1889, de 5^5'" à 5'o5'", fig. 48; 250, 150,
180; terminateur plutôt légèrement concave que convexe;
bande sombre du nord au sud, certaine avec 150 et 180;
cornes blanches; liséré brillant bordé du trait sombre.
Dans ma conviction, cette bande est la même que celle
qui a été observée en 1887 et en 1890 (voir p. 543).
38 février 1889, de 3"42'" à S'âô"", fig. 49; 150, 180;
mouvements; taches certaines, mais trop peu délinies;
cornes blanches; liséré brillant, blanc, bordé par un irait
gris renforcé en deux points : ce dernier détail bien
constaté, bien certain.
6 mars 1889, de 5' 40"" à 4\ fig. 50; 250, 150; taches
trop faibles, mais certaines; cornes blanches; liséré bril-
lant, blanc, surtout au bord nord éclairé; les cornes sont
munies d'une sorte de trait sombre.
fig. A. H. Ormesher. 1875, feb. 22, 8''20'", Greenwich m. t.;
marking obscrved without much diflîculty; 5 */* '"• refracU
power 149. — The raarkings were vcry plainly secn.
Fig. B. G. M. Seabroke. 1871, juin 6, SHO"; réfracteur de
8 '/4 pouces d'ouverture.
Fig. C. F. VVoRTHiNGTON. 1871, juin 6, réflecteur équatorial
de 15 pouces.
Fig. D. G. M. Seabroke. 1871, mai 15, S'^SO"; réfracteur de
8 '/,. pouces.
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20
r is^. dfià
35
37
48
lath. G Saiwer^j-ns
( o5i) )
Sur des Mollusques vivants cl poslpliocènes recueillis au
cours d'un voi/age au Congo en 1887; par É. Dupont,
membre de l'Académie.
Lorsque je me rendis au Congo, il y a irois ans, je
m'étais attendu à y faire une abondante récolle de Mol-
lusques vivants. Arrivé au milieu de la saison sèche,
je lus cependant peu surpris de ne pas en rencontrer
d'abord de terrestres et crus que la saison des pluies me
dédommagerait amplement. Par contre, le fleuve était
alors à ses plus basses eaux, et comme j'allais en remonter
lentement les rives dans la région des cataractes, je comp-
lais réunir sans peine de nombreuses formes fluviatiles.
Il n'en fut ainsi dans aucun des deux cas. Les Mollusques
sont très rares, au moins dans la partie parcourue de
l'océan au confluent du Kassaï, soit sur une distance
de 600 kilomètres dans l'intérieur.
La recherche de celte partie de la faune de l'Afrique
équaloriale ne fut certainement pas l'objet principal de
mes observations. Cependant elle ne fut jamais perdue
complètement de vue, et, lorsqu'un endroit paraissait favo-
rable, j'y portais une sérieuse attention. On va voir, par le
travail descriptif dont M. Philippe Dautzenberg a bien
voulu se charger avec autant d'obligeance que de compé-
lence, combien la récolte fut peu variée : trois espèces
terrestres, six espèces fluviatiles.
Si les prévisions ne se réalisèrent pas quant à l'abon-
dance et à la variété, elles furent fort dépassées sous le
( 5G0 )
rapport des nouveautés. Dunker en 1853, Morelet en 1866
avaient notamment décrit trente espèces de coquilles flu-
viatiles et terrestres de l'Angola et du Benguéla, régions
contiguës au sud à la région du Congo. Il semblait peu
probable qu'un contingent, en apparence aussi mince que
celui que je rapportais, renfermât des formes encore
inconnues. Tel ne fut pas le résultat de leur examen par
M. Daulzenberg. Le savant conchyliologisle, sur les trois
espèces de Mollusques terrestres, indique une forme, voi-
sine de YAc/ialina tincta, non signalée jusqu'à présent;
sur les cinq espèces de Mollusques fluviatiles, une seule est
déjà décrite, trois sont nouvelles, une autre est probable-
ment nouvelle aussi, mais de conservation insuffisante
pour une affirmation formelle.
Parmi les trois formes fluviatiles inédites, l'une n'a même
pu être raltacbée à un genre connu et a donné lieu à la
création du singulier genre Pseiidogibbula.
Ces faits constatés, il semblera intéressant de recher-
cher les causes de la pénurie de coquilles dans un pays
couvert d'herbes, de bois avec escarpements rocheux,
dans un lleuve d'un si grand développement et à si nom-
breux alfluents, drainant une étendue de plus de 300 degrés
carrés.
L'absence presque complète de roches calcareuses est
l'un des caractères du bassin intérieur du Congo. Ces
roches ne se trouvent un peu développées que dans la
région moyenne des cataractes, où elles semblent se rap-
porter au devonien, et dans la région littorale, où elles
appartiennentau 1er tiaire supérieur. Les alluvions anciennes
et actuelles du Congo ne renferment, du reste, que des
traces infimes de carbonate de chaux, et j'ai montré à
( 561 )
une autre occasion qne ces alluvions recouvrent tout le
bassin du fleuve (I).
En outre, les eaux du Congo et de la plupart de ses
alïluents doivent leur couleur brune à la présence d'une
matière organique, prohablenienl l'acide apocrénique,
d'après les études qu'en a laites M. KIcinent (2). Nous
savons que ce caractère, dérivant d'une origine maréca-
geuse, n'est pas compatible avec des territoires à roches
calcareuses, traversés par les cours d'eau qui le possèdent.
On pouvait donc se demander si la rareté des coquilles
n'était pas une conséquence directe de la rareté du carbo-
nate de chaux dans ces contrées. Or, il eut fallu dans ce
cas que leur test fût plus mince et moins bien conformé
que dans leurs congénères d'autres pays, ce qui n'a pas
lieu et écarte cette e\|)lication.
Une autre circonsiance e>t à remarquer. \'Achatina
tincta et la forme nouvelle que M. Dautzenberg lui adjoint
sont très abondantes dans les forêts, à en juger par le nom-
bre d'exemplaires qu'on peut en recueillir dans les bois en
voie de défrichement. J'ai pu faire souvent cette observa-
tion, notamment sur le Stanley-Pool à Léopoldville. La
belle et grande Achalina Bandeirana a été rencontrée, au
contraire, en six ou sept exemplaires, à la saison des pluies,
dans un campement de la route des caravanes, au pied
de rochers émergeant des herbes.
({) Verh. dcr GvscUsch. fïir Erdkunde zit Berlin. Band XV, p. 4'JO,
1888. Lettres sur le Conyo, p. b02, t8S9.
(2) Bull, de la Soc. belge de géologie, de paléontologie et d'hydro-
logie, t. MF, p. 259, 1889.
( 562 )
Il semble en résulter que les Mollusques peuvent diffi-
cilement vivre dans les savanes, et la raison s'en présente
immédiatement, les herbes étant incendiées chaque année.
De sorte que les Mollus(|ues ne peuvent se développer
abondamment que dans les endroits protégés contre cette
conflagration, particulièrement dans les bois.
Si cette explication est plausible pour les espèces ter-
restres, il reste à chercher à se rendre compte de la rareté
des Mollusques fluviatilcs. IJAnipullaria Woniei, qui a
offert le curieux phénomène de vivre encore près d'une
année après sa capture, quoiqu'elle n'eût été entourée
que d'ouale, et un Lanistes ont été trouvés sur une
berge sableuse du Slanley-Pool. Avec une valve de
VUnio, dont il va être question, et observée dans un cam-
pement de pêcheurs sur Tîle Bamou, ce sont les seules
traces de Mollusques que j'aie aperçues sur les bords de
cette grande expansion du Congo, dont j'ai étudié les
rives pendant près d'un mois avant la crue du fleuve.
Dans la région des cataractes, le fait est plus digned'atten-
tion encore. Au mois d'août, les eaux étant à peu près à
leur plus bas niveau, de grands étangs et des flaques de
moindres dimensions, principalement entre Isanghila et
Yellala, s'étendent à côté du fleuve et restent isolés de lui
jusqu'aux époques de crue par des barrières rocheuses.
C'étaient des endroits favorables aux recherches, où, sem-
blait-il, les Mollusques devaient pulluler. Je n'y trouvai,
et dans quelques-uns seulement, que des exemplaires,
relativement pas très nombreux, d'un Unio reconnu de
nouvelle espèce par M. Dautzenberg.
Une autre trouvaille fut faite sur le bord du fleuve,
remonté en pirogue à Vivi. Des rochers de gneiss amphi-
( 3C3 )
boliqnc, bordant les berges, fournirent des Mollusques
plus abondants, du nouveau genre Pseudogibbula, qui
vivent sur ces rocbes au milieu des rapides, oii ils sont
alternativement submergés et émergés par les eaux aelion-
nées par les tourbillons.
Ce sont lu les seuls Mollusques fluvialilcs observés dans
la région des cbules.
On sait combien le cours du Congo est rapide, même en
dehors des cataractes. Un sable jaune très grossier couvre
les rives du fleuve au Stanley-Pool et en amont, ainsi
qu'on peut le voir sur les berges des îles ou des rives enta-
mées par le courant; il alterne avec de l'argile compacte
grise qui, d'après les analyses de M. Klement, confirmant
mes déductions sur place, est du kaolin impur. L'argile
paraît dominer en aval de la région des chutes jusqu'à
l'océan. Mais dans cette région des chutes elle-même, je
n'ai rencontré que du sable à gros grains.
Ces observations sur la rapidité de cours, sa corrélation
avec la nature des dépôts montrent que les eaux doivent
être constamment chargées de sédiments, ce qu'établissent
du reste encore les analyses, et, par le fait, être très défa-
vorables an développement des Mollusques, attendu que
les matières solides en suspension pénètrent dans les
organes de ceux-ci et en arrêtent le fonctionnement.
Il n'y a pas lieu, je pense, d'attribuer une action sem-
blable à la matière organique colorante qui sature les eaux
du fleuve et de la plupart de ses tributaires. Cette substance
ne semble pas être malsaine et rendre dangereux l'usage
de l'eau. L'observation concorde sur ce point dans les
régions américaines et africaines. On ne voit dès lors pas
en quoi elle nuirait à la pullulation des Mollusques, d'autant
plus que dans le Haut-Congo, là où le cours du fleuve est
( 564 )
lent, de grands Unio sont, paraîl-il, abondants, et, ainsi
que nous allons le voir, le même fait se reproduit dans la
partie voisine de l'estuaire pour les Galatées.
A environ soixante-cinq kilomètres avant d'arriver à
l'océan, et jusqu'à trente-cinq kilomètres de celui-ci, dans
la partie du fleuve encore influencée par la marée, les
bords des îles, au moins sur la rive droite, sont en maints
endroits couverts d'amas épais et étendus de valves dépa-
reillées d'im Lamellibranche, du genre Galateia. Tantôt et
le plus souvent grandes presque comme la main, tantôt
au contraire très petites, quelques-unes comme une pièce
d'un centime, ces valves, de dimensions si conirastanles,
quoique appartenant à la même espèce dont elles repré-
sentent des âges difî'érents, ne se mélangent guère. Les
grandes sont d'ordinaire en petits tertres très surbaissés,
dont l'épaisseur atteint, suivant plusieurs observations,
souvent plus d'un mètre; elles sont entassées les unes sur
les autres sans ordre et non mélangées à d'autres objets.
Les petites sont à côté, également en amas. Leur quantité
est telle que les factoreries vont les chercher pour en faire
de la chaux.
Leur présence sur les berges ne pouvait remonter à une
époque reculée. Les amas, situés contre le bord du fleuve
et soumis aux remous de ses eaux impétueuses, sont
formés de coquilles fortement usées. Mais j'observai dans
l'île de Mélella, près de factoreries abandonnées, que les
coquilles de l'un d'eux étaient mieux conservées, parce
qu'elles avaient été protégées contre ces remous par les
racines d'un grand arbre qui venait d'être abattu par]
l'érosion du courant; elles ne pouvaient donc remonter à
une époque bien antérieure à la croissance de cet arbre
lui-même.
. 5(iS )
La relalion de l'expédiiion scientifique du capitaine
Tuckey en 1816 nous donne à leur «''gard des renseigne-
ments précis. Parlant de ces îles, rinforliiné explorateur et
l'un de ses malheureux compagnons, le [)rofesseur Smith,
disent qu'on voyait le long de leur hord de grands mon-
ceaux de coquilles d'une espèce de Mt/n et qu'une grande
quantité de leurs parties molles, séchées et à demi cuites,
étaient suspendues sous des cabanes (K; joncs, piquées
dans des brochettes de bois; elles étaient pêchées par les
indigènes pendant le temps des basses eaux (I).
Cette pèclie paraît avoir cessé aujourd'hui. Les amas
de coquilles, véritables Kjoekkenmoeddings, restent les
témoins de l'extension qu'elle a prise.
Enfin, à l'embouchure du fleuve, dans les racines des
palétuviers, d'aspect si étrange, on recueille sans peine,
aux environs de Banane, à marée basse, de nombreuses
huîtres {Oslrea guineensis).
A ces espèces vivantes viennent se joindre deux espèces
fluviatiles fossiles. A l'extrémité de la crique de Banane,
le fleuve est bordé par une falaise d'alluvions anciennes,
de la hauteur d'une vingtaine de mètres. Ces alluvions,
irrégulièrement stratifiées et formées de couches de sable
argileux en alternance avec des veines de kaolin impur,
reposent sur un lit épais de cailloux roulés et de graviers
à disposition lenticulaire. En montant à la Mission de
Nemlao, j'observai dans ce limon, à une hauteur d'environ
quinze mètres, une poche restreinte de coquilles apparte-
nant à deux geures : des valves disjointes de Galatées
- (1) Narrative of an Expédition to explore the River Zaïre. London,
In-i», 1818, pp. 93 et 291.
( 506 )
d'espèce nouvelle, bien différcnle de la G. Tuckeiji que
les nègres péchaient jadis, mais reconnue comme très
voisine d'espèces acluelles par M. Daulzenberg, et des
valves jointes de Fischéries d'espèce également nouvelle
et voisine d'une espèce actuelle.
Par leur gisement, ces coquilles d'estuaires sont évi-
demment fossiles cl remontent à l'époque du dépôt des
alluvions de bas-niveau du Congo. Leurs étroites adinités
avec des espèces encore vivantes établissent qu'elles ne
peuvent remonter qu'à une époque posi pliocène ou qua-
ternaire. Nous y puisons donc une donnée paléontologique
importante pour fixer l'âge de ces alluvions et du phéno-
mène hydrographique dont elles dérivent.
Mollusques recueillis au Congo par M. E. Dupont, entre
l'embouchure du fleuve et le confluent du Kassaï; par
Ph. Dautzenberg.
Le voyage scientifique entrepris par M. Dupont, en
1887, avait pour but principal l'étude du Congo au point
de vue géologique; mais le savant directeur de notre
Musée n'a point négligé de recueillir en même temps des
documents concernant les diverses branches de l'histoire
naturelle et il a bien voulu me confier l'examen des
coquilles qu'il a pu récoller.
Bien que la région du Congo semble mal partagée au
point de vue malacologique, M. Dupont a été assez heu-
reux pour découvrir un certain nombre de formes inédites
ou intéressantes qui forment l'objet de cette notice. .
o67 )
Mollusque* terrestres.
Acbalina Banrfeirana. Morelel.
i86C. Achaiina Bandeiraua Mobelet. Journal de Conchy-
lioloyie, l. VI, p. 156.
1868. Achatina Bandcirana Mohelet. Mollusques terrestres
et flutiatiles du coyaye du D' Friedrich Wtlwitsch, p. 67,
|>1. IV, fig. 1.
Habitat. — M. Dupont a recueilli auprès de hlocs de
roches, dans nue plaine herbeuse près de Banza-.Manléka,
sur le sentier des caravanes, entre Matadi et Loukoungou,
trois exemplaires de cette magnifique espèce. Ils se rap-
portent exactement à la diagnose donnée par M. Morelel;
mais leur taille dépasse de beaucoup celle du type décrit.
L'un des exemplaires atteint, en effet, 160 millimètres de
'ongueur et 77 millimètres de diamètre, tandis que les
dimensions indiquées par .M. Morelel sont : longueur,
101 millim., diamètre, 45 miliim.
AcLaliBa lincta. Reeve.
18^2. Acbalina tiiicta Reeve. Conrhologia systematica, t. Il,
pi. CLXXIX, fig. 18.
184H. Acbalina lincta Reeve. Conchologia IconicOf pi. XI,
fig. 29.
Habitat. — Cette espèce bien connue est abondante dans
les forêts; on en rencontre de nombreux exemplaires
dans toutes les parties en voie de défrichement.
AchaliBa «kliKerata nov. sp. pi. I, fi^. 1.
Testa imperforafa, ovato-oblonga, nitida, solidiuscula.
Spira conoidea, turrita, apice oblusiasculo. .Anfr. 8, sal con-
( S68 )
vcxis, striis incremcnti subrcgulariler oblique plicatis, ad
suturas linca impressa obsolète marj^inatis. Anfr. ultimo spira
paulukun brcviore. Apertura ovata, raarginibus callo adnato
junctis; coUumella subrecta, contorla, auguste truncata; labro
simplice. Colore, sub cpidermide luteo, albido, slrigis fiilvis
obscure flammulato. Apertura fauce albida, columella vivide
rosea. Long. 93, diam. niaj. 53 mill. Apertura 45 mill. longa,
50 mill. lata.
Coquille imperforée, de forme ovale-allongée, luisante,
assez solide. Spire élevée, conoïde, lurriculée, obtuse au
sommet, composée de 8 tours un peu convexes, ornés de
lignes d'accroissement pliciformes obliques. Les tours sont
marginés à leur partie supérieure par une strie décurrenle
plus ou moins apparente qui règne au-dessous de la
suture. Le dernier tour est un peu plus court que la
spire. Ouverture ovale; columelle presque droite, un peu
tordue, étroitem<Mit tronquée à la base, reliée au labre par
une callosité appliquée, très luisante, nettement limitée;
labre simple, tranchant. Coloration : fond d'un blanc gri-
sâtre orné de larges flammulcs irréguiières d'un fauve car-
néolé, peu apparentes, qui s'effacent presque com|)lète-
ment sur la moitié inférieure du dernier tour. P'ace interne
du labre d'un blanc légèrement azuré. Collumelle et callo-
sité colorées d'un rose vif. Toute la surface de la coquille
est recouverte d'un épiderme jaunâtre, lisse et très adhé-
rent.
La coquille que je viens de décrire appartient au même
groupe que l'Acliatina lincta Reeve, et en est fort voisine.
Sa sculpture est la même, sa forme est un peu plus renflée
moins élancée; mais, connaissant l'extrême variabilité de
la plupart des Acliatina sous ce rapport, je ne me serais
pas contenté de ce caractère pour la séparer de VA. tincta,
( 569 )
si, d'un autre côté, son système de coloration n'était tout
à fait dillérent.
ChczVA. oblillerata, les flarumules longitudinales sont
peu apparentes et disparaissent à partir de la périphérie
du dernier tour; chez VA. tincta, au contraire, ces fiam-
mules sont très foncées, presque noires, et augmentent
encore d'intensité vers la base de la coquille. De plus, chez
VA. oblillerata la columelle et la callosité coluraellaire sont
teintées de rose vif, alors que ces parties de la coquille
sont d'un blanc laiteux ou bleuâtre chez VA. tincta.
Habitat. — Avec l'espèce précédente, dans les bois en
défrichement de Léopoldville.
Mollusques d'eau douce.
Ampullarin Wcrnei. Philippi.
1851. Ampullaria NYcrnci ï*\\\l\vv\. Sijstematisches Conchy-
lien Cabinet von Martini und Chemnitz- Galtung AmpuHaria,
pi. V, fîg. 4, et pi. XVII, fig. 2.
L'exemplaire recueilli se rapporte parfaitement à la
ligure 2 de la planche XVII de la monographie de
Philippi.
Habitat. — Kimpoko (Stanley-Pool) dans le sable. Le seul
exemplaire, recueilli fin septembre 1887 par M. Dupont,
est arrivé vivant en Europe au mois de mai suivant, sim-
plement enveloppé de coton, et j'ai pu encore en observer
l'animal pendant plus d'un mois à la fin de l'été.
Lanistessp.?
M. Dupont a trouvé dans la même localité que V Ampul-
laria Wernei, un exemplaire unique d'un Lanistes qu'il
( fî70 )
ne m'a pas été possible d'identifier, à cause de l'érosion
presque complète de son lest. J'ai pourtant pu constater
qu'il est dépourvu de sculpture spirale et par conséquent
différent du Lanisles lybicus Morelel, ainsi que du L. Ber-
nardianus du même auteur. La spire est plus déprimée
que chez aucune des espèces décrites; aussi est-il probable
que de nouveaux matériaux de la même région vien-
dront conûrmer plus tard qu'il s'agit là d'une espèce nou-
velle.
Pscudogibbula nov. gen.
Pseudogibbula Duponli nov. sp, pi. I, 6g. 2, 3, 4, 5, 6.
Testa imperforata, lenuicula, conoidea, transversira lirata;
apice obtuso, plerumque decorticato. Anfr., 5-4 superne
subplanatis, deinde convexiusoulis; anf. ultimo obtuse biangu-
lato, basi subexcavato. Apertura rhombordali, marginibus cailo
te.'iui, nilido, junctis ; coliimella obliqua subarcuaia, basin
versus dentata. Colore fusco; coluraella albida.
Operculo corneo, tenui, paucispirato, nucleo laterali. Long. 7,
diam. maj. 7 mill. Apertui'a 3 mill. longa, 4 '/a m'IL '^ta-
Coquille imperforée assez mince, de forme conoïde, à
sommet obtus, presque toujours érodé. Spire composée de
3-4 tours peu convexes, séparés par une suture bien
marquée. Ces tours sont un peu aplatis à leur partie
supérieure; le dernier est bi-anguleux et sa base est légè-
rement creusée dans la région ombilicale. Toute la surface
du test est garnie de cordons décurrents nombreux, alter-
nativement plus forts et plus faibles ; on en compte environ
dix principaux sur l'avant-dernier tour. Des stries d'ac-
croissement fines et arquées, rendent les cordons un peu
granuleux. Ouverture rhomboïdale. Labre simple, tran-
chant, lisse et luisant, mais non nacré, du côté interne.
( S7I )
Columelle peu arquée, oblique, pourvue vers la base d'une
denliculalioii produite par i'exlrémité d'un funicule colu-
meilaire spiral (|iii se prolonge dans l'inlérieur de la
coquille. Callosité delà columelle appliquée, très luisante,
nettement limitée et reliée au labre par un dépôt luisant
extrêmement mince. Coloration d'un brun marron foncé
uniforme, à l'exception de la columelle qui est blanche.
Opercule corné, mince, paucispiré, à nucléus latéral, d'un
brun jaunâtre clair.
Ce curieux mollusque a l'aspect d'un Trochidé du genre
Gibbida et, par sa forme générale, il se rapproche d'une
manière surprenante d'une espèce marine européenne bien
connue: Gibbula tumida Monlagu. .Mais la nature de son
test, la conformation de sa columelle et de son opercule
indiquent clairement que nous nous trouvons en présence
d'une forme appartenant à la famille des Lillorinidae.
Le genre Cremnoconchiis a été créé par M. Blauford
pour des mollusques de la même famille et de mœurs ana-
logues, découverts dans l'Inde (type : C. Syfiadrensis
Blanf,). Mais les Cremnoconchus possèdent des coquilles
perforées et qui ne présentent aucune trace de pli ou de
dent à la columelle. Le genre Spekia établi par iM. Bour-
guignat pour un mollusque du lac Tanganyika, possède une
coluiuelle calleuse; mais son opercule présente, comme
celui des Paludinidae, un enroulement concentrique, avec
nucléus sublatéral.
Dans ces conditions, il ne m'a pas été possible de relier
la coquille qui nous occupe, ni au genre Cremnoconchus,
ni au genre Spekia, et je me suis décidé à proposer pour
elle un nom générique nouveau. Les caractères du genre
Pseudogibbula se confondent jusqu'à présent avec ceux
( 572 )
de l'espèce décrite, puisqu'elle est encore la seule con-
nue.
Habitat. — Le P. Duponti a élé rencontré en grand
nombre à Vivi sur des roches de gneiss ampliiholiqiie qui
émergent sur les bords des rapides du Congo à l'époque
des basses eaux, mais qui sont constamment mouillés par
les remous produits par les tourbillons.
L'nio slngnoruni, nov. sp.
PI. l,fig. 7,8, 9, 40.
Concha leaui, inaequilaterali, transversim subquadrato-
ovaia, comprcssiuscula, conccnlrice conferlim riigata; lalere
antico parvo, producto, rotundalo; latere po>tico lalo, valdc
cxpanso; maiginc dorsal! clevalo, arcualo; margine postico
dcclivi, arcuato. Umbonibus lacvibus, in speciiniiiibus senio-
ribus dceorlicatis. Epidermide fusca; margarila cacruleo alba.
Denlibus latcralibus anticis parvis; poslicis lamcllalis, elon-
galis. Longil. 48 niillim.; lat. 35; ait. utriusque valvae
47 Va mill.
Coquille bivalve, mince, inéquilalérale, transverse, peu
renflée, de forme ovale-subquadrangulaire. Côté antérieur
petit, faiblement prolongé, arrondi. Côté postérieur large,
très dilaté; bord dorsal élevé, arqué; bord postérieur
arrondi. Sommets complètement lisses, fortement érodés
chez les individus adultes. Épiderme composé de nom-
breuses lamelles très fines, serrées, irrégulières et un peu
onduleuses. Nacre de l'intérieur peu brillante, d'un blanc
bleuâtre. Dents latérales antérieures petites; dents laté-
rales postérieures allongées, lamelleuses. In)pressions du
muscle adducteur antérieur petites, assez bien marquées
( S73 )
dans les exemplaires adultes; impressions du muscle
adducteur postérieur toujours superficielles. Impression
palléale superficielle. Coloration jaune olive sale; épi-
derme d'un brun ferrugineux.
'O'
Habitat. — Assez abondant dans des flaques existant
aux eaux basses entre Vivi et Isangbila, près du confluent
de la M'pakassa.
Gainfcia Tiickc} i nov. sp.
PI. Il, fig. l,ii, 3,4,3, G.
Concha Irigona solidissima, pondcrosa,concentriceconfcrtim
striata plicisque radianlibus scxcnis latc coslata, postice rude
nodoso angulata; umhonibus crassis, valde promincntibus,
plcriimquc profunde crosis. Longit. 130 raillim., lat. 108, ait.
utriusquc valvae 64 millim.
Coquille solide, très épaisse et lourde, renflée vers les
sommets; de forme trigone plus ou moins équilatérale.
Sommets anguleux, très proéminents, dépassant la char-
nière, ordinairement profondément érodés. Côté antérieur
d'abord rectiligne, ensuite arrondi et dilaté. Côté posté-
rieur rectiligne et décrivant un angle à sa jonction avec
le bord ventral qui est arqué et plus ou moins ondulé.
La surface externe des valves ne présente dans le voisi-
nage des sommets que des stries d'accroissement obso-
lètes; mais le reste du test est garni de côtes rayonnantes
larges, assez convexes, séparées par des intervalles con-
caves. Chez les exemplaires bien conservés, on voit que la
partie supérieure des côtes est ornée de stries divergentes
extrêmement fines, tandis que le reste de leur étendue
ainsi que les intervalles qui les séparent, sont régulière-
ment garnis de stries transverses. Une sorte de crête
3"°* SÉRIE, TOME XX. 38
( 574 )
noduleuse cl comme marlelée 'se dirige du sommel vers
le bord vcnlral et limite le corselet. Lunule concave, assez
bien limitée. Corselet grand, un peu concave, garni de
plis transverses plus ou moins irréguliers. Nymphes fortes,
bien saillantes.
La charnière de la valve droite est épaisse, triangulaire,
et porte deux lories dents cardinales élevées, convergentes
au sommet et séparées à la hase par une fossette triangu-
laire. De chaque côté des dents cardinales, on observe
une fossette profonde : l'antérieure est triangulaire; la
posiérieure étroite et allongée. Enfin, la charnière est
limitée à chaque extrémité par une dent latérale faible.
Dans la valve gauche, la dent cardinale médiane est peu
saillante et accompagnée de fossettes profondes; les deux
autres dents cardinales sont plus élevées : l'antérieure
est forte et trigone, la postérieure étroite et allongée. Les
parties creuses de la charnière sont finement ridées dans
les deux valves. Impressions des muscles adducteurs pro-
fondes; impression palléale bien marquée, échancrée pos-
térieurement par un sinus assez profond.
La plupart des exemplaires recueillis présentent des
traces de coloration consistant en rayons violacés et en
zones concentriques de même nuance. A l'intérieur des
valves, la région des impressions des muscles adducteurs
est aussi teintée de violet. L'épiderme, dont l'une des
valves que j'ai examinées est encore en partie revêtue, est
d'un brun fauve, assez clair et luisant.
Bien que le Galaleia Tiickeyi soit sujet à des variations
fort importantes sous le rapport du renflement et de
l'épaisseur des valves, de la puissance de la charnière, etc.,
sa sculpture externe suffît à le distinguer de toutes les
espèces décrites jusqu'à ce jour.
C 575 )
On ne pciil guère le comparer qu'au G. Bernardii Dun-
ker (1), espèce qui présente également une sorte de crête
postérieure noduleuse; mais sa forme est bien plus Irigone,
moins Iransvcrse; ses crocliels sont plus proéminents; sa
cliarnièrc est plus forte en proportion; enfin, sa surface
rayonnéc est très ditTérente de la surface irrégulièrement
bosselée du G. Bernardii.
Par sa forme générale, notre espèce se ra|)proclierail
plutôt du G. radiaia; mais celui-ci est tout à fait lisse et
ne présente jamais aucune trace de côtes rayonnantes.
Les nombreuses valves de différents âges rapportées par
M. Dupont permettent de suivre le mode de développe-
ment, qui semble bien constant : cbez les exemplaires
jeunes, la coquille ne possède jamais aucun vestige de
côtes; chez les exemplaires plus adultes, on les voit appa-
raître près du bord ventral; les exemplaires bien déve-
loppés sont conformes à notre description; enfin, chez
certains individus exceptionnellement âgés et épais, les
côtes s'elfacent presque complètement, mais la crête reste
toujours élevée et noduleuse.
L'examen de la môme série d'échantillons fournit encore
les observations suivantes : la forme générale est presque
équilatérale dans le jeune âge; la région cardinale est
alors très haute et occupe un espace relativement très
(1) Galatea Bernardii, Dunker, Journal de conchyliologie t V
(1857), p. 558, pi. Xir, fig. 5.
Galalca Dcniardii, Dunk., Bernard, et Fischer, Monographie des
genres Galatca et Fischcria, p. 52, pi. V. fig. { à 5; pi. VIII, fig. 8-
vignette, p. 54. ' o >
(876 )
grand; les dents sont beaucoup moins obliques et présen-
tent à leur base de nombreuses ramifications. Dans les
exemplaires tout à fait jeunes, le côté antérieur est le plus
grand; en avançant en âge, les deux côtés s'égalisent et,
plus tard, le côté postérieur acquiert un plus grand déve-
loppement que le côté antérieur.
J'ai suivi l'exemple de M. de Brito Capello (1), en
adoptant l'ortbographe Galaleia au lieu de Galatea. Pour
être tout à fait correct, il faudrait écrire Galallwia (du
grec raXaOet.a); mais comme il existe déjà parmi les Crus-
tacés un genre Galathea, il vaut mieux, afin d'éviter la
confusion, renoncer à trop de perfection au point de vue
étymologique.
Habitat. — Le G. Tuckeyi n'a pas été recueilli vivant
par M. Dupont. Les nombreuses valves qu'il a rapportées
proviennent d'amas situés au bord des îles du Bas-Congo,
sur un parcours d'environ 32 kilomètres; la localité la
plus rapprochée de l'embouchure du fleuve est celle de
l'île de Mélella, à 35 kilomètres de la côte; la plus éloignée
se trouve dans un îlot vis-à-vis du village de Samboëla,
près du confluent de la rivière Passikondé, à 67 kilomètres
de la côte. Ces valves constituent des amas qui émergent
peu au-dessus du niveau des hautes eaux, et leur abon-
dance est telle que les factoreries commencent à les
exploiter pour les transformer en chaux.
(I) Description de quelques espèces du (jenre Galateia du Bengo et
du Quanza, in Mem. Acad. R. Lisboa, t. V, part. II (187iS).
I
( 577 )
MollusqxtP.s postpliocènes.
Gal.i(cîn Diiponli nov. sp.
PI. III, flg. 1, 2.
Testa (liam. umb.-veiitr. G7 niillim.; diam. anl-posl. 75 mil-
lim.; crass. bO inillim.; valde Irigona, umboncs versus soli-
dissima. Pagina cxterna valvarum slriis incrcmcnli obsoletis
ornala. Cardo crassissimus. Nympliae parvulae.
Coquille de forme irigone, un peu arrondie en avant,
subangiileuse en arrière, très épaisse vers les sommets,
plutôt mince vers le bord ventral. Surface externe des
valves ne présentant que des stries d'accroissement obso-
lètes. Sommets anguleux, proéminents, dépassant la char-
nière. Corselet un peu concave, limité par un angle bien
prononcé et très élevé. Nymphes petites, peu saillantes.
Charnière grande, haute, épaisse, et pourvue de dents très
fortes. Impressions des muscles adducteurs profondes.
Chez les exemplaires jeunes, la charnière occupe plus
du tiers de la hauteur totale de la coquille.
Le G. Duponti ne peut être comparé qu'au G. radiata
Lamarck; mais il diffère de celte espèce par sa forme plus
triangulaire, ses bords latéraux plus droits, plus allongés,
ses nymphes beaucoup plus petites, sa charnière plus forte
t;t surtout plus haute, ses impressions musculaires plus
profondes.
Gisement. — M. Dupont a découvert cette espèce, en
valves disjointes et mélangées au Fisclieria Lenzi, dans
une poche située dans l'alluvion ancienne du Congo, à une
quinzaine de mètres au-dessus des hautes eaux du fleuve,
au fond du port de Banane, près de la mission de Nemiao.
( 578 )
Fischeria Lenzi n. sp.
PI. III, fig. 5-8.
Conclia lumida, ovalo-transvcrsa, subaequilalerali, parum
solida,anliccsubrolundata, poslice subrostala; inarginedorsali
arcualo; raargine venlrali expanso, poslice subsinuato; api-
cibus prominentibus, subaiigulalis.
Cardine valvae dexlrac dente cardinal! mediano bifido ac
dentibus lateralibus laraclliformis niunito. Cardine valvae
sinistrac dentibus cardinalibus duobiis, medio fossula Irigona
sejunclis muiiito, dentibus lateralibus vero nullis.
Longil. 21 millira; lat. 17 millim; ait. utriusque valvae
42 millim.
Coquille renflée, ovalaire, un peu iransverse, subéqui-
latérale, peu épaisse; bord antérieur subrarrondi; boni
postérieur 1res faiblement atténué et rostre; bord dorsal
régulièrement arqué; bord ventral largement arrondi, sub-
sinueux du côté postérieur. Sommets saillants Irigones;
nymphes bien développées. La charnière de la valve droite
est pourvue d'une dent cardinale médiane bitide accom-
pagnée de deu.x fossettes profondes, puis de dents latérales
lamelliformes très allongées. La charnière de la valve
gauche porte deux dents cardinales séparées par une
fossette triangulaire, mais elle est dépourvue de dents
latérales.
Il ne m'a pas été possible d'identifier cette espèce
avec le Fischeria Delesaerti Bernardi : elle en diffère
par sa taille plus petite, sa forme moins Iransverse, moins
rostrée du côté postérieur, sa charnière moins forte,
ses sommets plus saillants, son test plus mince. Par sa
forme générale, le F. Lenzi se rapproche davantage des
/)»// lî'.Vtvv*', li'im .V.V
Mollusques (lu Congo
Chromolith G Severeyns
1 . Aclialina otldierala .
2.3.4.5- PseiidosJiWiula [)uponti .
6. ( of^entdc i
7.0 l luo stay'noiMJin . (\alve droite)
9 . 10 . "^ ( l aive aaïuJie )
'Série. Tome A'.V
Mollusques du Congo
PI.. II
Zith G. Seosr&yns.
1 Galaleia Tuckei .' lalve droite, >
2 I Chamière de la valve quii^Ji» )
3.4. —
5.6. ^
I JllT )
/)//// .)' .V(7V<'. Toinf XX I M
MdllllSCllICS l)()sl |)ll()((MU'S (lu ( OIIVO
v$
1 . ii . (/aliil cia l )ii[)()iili .
3.4-.5 . l'isclicria l-cii'/.i . ^Itilvo (/(uicJw i
n •? o ^ /a/rr ilroilc I
Lvth GSeoere.^
( Îi7!) )
exemplaires adultes du F. tnnic.ala von Marlens; mais il
est aussi plus pelil, beaucoup plus mince; ses crochets
sont plus développés et son bord postérieur est moins
rostre. La dissemblance s'accentue si l'on compare notre
espèce à des exemplaires jeunes du F. Inincata. J'ai
pu constater ce fait en examinant une série d'individus
de différents âges, recueillis à Assinie par M. Maurice
Chaper. Cette espèce a été dédiée, à la demande de
M. Dupont, au célèbre explorateur et géologue autrichien
M. Oscar Lenz.
U Gisement. — Valves réunies et mélangées à celles du
" Galateia précédent dans l'alluvion ancienne de Nemlao,
près de Banane.
Mollusques marins.
La plage sablonneuse, à pente douce, qui borde l'Océan
le long de la pointe de Banana, puis au nord-est, au pied
d'tme falaise d'alluvions anciennes du Congo, est presque
dépourvue de coquilles rejetées. Sur une étendue de dix
kilomètres au nord de Banana, M. Dupont n'a pu recueillir
que les trois espèces suivantes :
Tellina ptebeia Hanley (valves).
Donax elongalus Lamark. — Pamet Adanson.
Cardium costatum Linné (fragments).
\
( 580 )
Note sur la physiologie de la branchie; par Léon Fredericq,
correspondant de l'Académie.
§ I. — Crustacés.
J'ai montré, dans un travail publié en 1884, que la
proportion de sels solubles contenue dans le sang des
Crustacés (et des Invertébrés marins en général) peut
varier dans des limites fort larges (de 0,94 à 3,59 de
sels pour 100 de sang, soit plus que du simple au triple),
suivant le degré de salure de l'eau dans laquelle les
animaux vivent. Il s'établit vraisemblablement, au niveau
de la branchie, un équilibre osmotique entre les sels du
sang et ceux de l'eau de mer. La paroi vivante de la bran-
chie qui sépare les deux liquides en présence se compor-
terait ici comme la membrane inerte d'un dialyseur.
L'expérience suivante est d'accord avec cette manière
de voir : deux Crabes Maja ayant séjourné à l'aquarium
du laboratoire Arago, à Banynis, dans de l'eau de mer
contenant o9s'",55 de sel par litre, turent saignés par la
section des pattes, le 30 mai 4890. Une partie de ce sang
fut introduite dans un boyau de papier parchemin et sou-
mise à la dialyse vis-à-vis de l'eau de mer pendant qua-
rante-huit heures.
Le sang du crabe n° 1 contenait 3s%39 % de sels avant
la dialyse et 3e^20 7o après la dialyse; celui du n° 2 pré-
sentait, avant comme après dialyse, 3s'',54' % de sels.
Après quarante-huit heures de dialyse, la composition
sah'ne du sang n'avait donc varié que d'une quantité insi-
gnifiante dans une des expériences, et était restée la même
dans l'autre.
( S81 )
§ II. — Poissons.
Chez les poissons, au conlrnire, la proporlion de sels
soluhles contenue clans le sang esl, jusqu'à un certain point,
indépendante de celle du milieu extérieur. J'ai trouvé, en
moyenne, U',19 de sels pour 100 centimètres cubes dans
le sang des poissons plagiostomes (ilaie, Cenlrine), alors
que l'eau dans laquelle les animaux avaient été péchés con-
tenait un peu moins de 4 "U de sels. En outre, l'équilibre
osmolique entre le sang des poissons et l'eau de mer qui
baigne leur branchie, était loin d'être atteint : en effet, en
soumettant ce sang à la dialyse vis-à-vis de l'eau de mer,
j'arrive presque à doubler la proportion de sels contenue
dans le premier litjuide. Après dialyse, je trouve jusqu'à
5,668 7o de sels (moyenne 5,379 "/o). alors qu'avant dialyse
le maximum était de 1,93 % et la moyenne de 1,79 "/o-
La paroi branchiale des poissons ne se comporte donc
pas comme la membrane inerte d'un dialyseur : cette
membrane branchiale, qui laisse passer avec facilité l'oxy-
gène et l'acide carbonique dans l'acte de la respiration,
oppose aux sels une barrière pour ainsi dire infranchis-
sable. Cette membrane fait donc une véritable sélection
parmi les substances dissoutes dans l'eau de mer; elle
admet les unes et rejette les autres. Il est probable qu'elle
agit de môme vis-à-vis des substances diffusibles : sucre,
urée, etc., contenues dans le sang des poissons. Je me
propose de faire quelques recherches sur ce sujet, dès que
l'occasion m'en sera offerte.
J'ajoute, en terminant, que les dosages de sels ont été
exécutés à l'Institut de physiologie de l'Université de Liège,
( 582 )
sur (les matériaux recueillis an mois de mai dernier à
Baiiyuls. Je liens à remercier ici M. le professeur de
Lacaze-Dulliiers de la libéralité avec laquelle il a mis à
ma disposition les belles installations du laboratoire
Arago.
Sur la conservation de r/iéinocijanine à l'abri de Cair ;
par Léon Fredericq, correspondant de l'Académie.
Un échantillon de sang de Poulpe [Oclopus vulgaris) fut
recueilli à Banyuls au mois de mai 1890, et renfermé sur
place dans un tube de verre scellé à la lampe. Le tube
fut ouvert à la fin de novembre, c'çst-à-dire six mois
après. Son contenu répandait une odeur repoussante.
Malgré la putréfaction qui avait, pendant six mois,
exercé ses ravages sur les substances dissoutes dans
le liquide, la matière cuprifère à laquelle j'ai donné le
nom d'hémocyanine s'était conservée intacte. Le liquide
exposé à l'air prit une belle couleur bleue et fournit par la
chaleur un abondant coagulum de matière albuminoïde
bleue cuprifère.
U/iémocyanine résiste donc à la putréfaction quand elle
est conservée en vase clos, à l'abri de l'air. C'est un point
de ressemblance de plus qu'elle présente avec la matière
ferrifère rouge de notre sang, y/iémogtobine. On sait quc^
l'hémocyanine joue chez les Crustacés et chez les Mollus-
ques Gastéropodes et Céphalopodes, le rôle respiratoire
que l'hémoglobine joue dans noire sang et dans celui des
autres Vertébrés.
( 385 )
Observations physiques de la planète Mars en 1890, faites
à Péronnas, près Boia-rj-cn-Brcsse ; par J. Guillaume.
(Communication adressée à M. le général Liagre, secrétaire perpétuel
de l'Académie royale de Belgique.)
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
Sachant rinlérèl bienveillant que prend votre illustre
Académie aux travaux d'astronomie physique, j'ai l'honneur
de vous adresser un choix de mes meilleures observations
faites sur la planète Mars durant la dernière op|)Osition.
■RIalgré les mauvaises conditions dans lesquelles j'ai dû
observer, comme la plupart des astronomes européens
d'ailleurs (brusques variations atmosphériques, et surtout
la grande déclinaison australe de la planète), j'ai eu la
bonne fortune de voir un certain nombre de canaux, mais
je dois dire que c'était une observation difficile et parfois
douteuse, ce qui explique mes doutes dans plusieurs cas
au sujet de leur identification.
Déjà M. le D' Terby a fait connaître à votre Académie,
Monsieur le Secrétaire perpétuel, ses premières observa-
tions, ainsi que celles du grand observateur milanais,
M. Schiaparelli, et de M. S. Williams. Grâce aux résultats
obtenus et aux nouveaux témoignages qui ne manqueront
certainement pas d'arriver, on est en droit d'affirmer de
plus en plus l'existence certaine, si souvent discutée, de
Capparence de canaux ou réseaux à la surface de Mars;
( 584. )
leur couleur rst rose brique, el leur dédoublement, très
curieux, en fait un sujet d'étude des plus intéressants; ma
ligure 26 représente leur aspect dédoublé.
Mes dessins reproduisent, aussi fidèlement que j'ai pu
le faire, tout ce que j'ai vu ; je les donne tels que je les ai
faits, sans les corriger; ils pourraient sans doute être
retouchés avec avantage dans bien des endroits, car on y
remarque bien des défauts d'exécution, mais je craindrais
trop de changer mon impression en les modifiant. Peut-
être ma mélliode d'observation est-elle pour quelque chose
dans ces défauts; la voici : je ne me suis jamais inquiété,
avant d'observer, de la région qui allait se présenter à ma
vue, pas plus que de consulter des dessins de la planète;
c'est peut-être un tort que j'ai eu, car, en consultant préa-
lablement une carte de l'hémisphère que j'allais voir, j'au-
rais pu noter plus de détails sans doute; mais j'ai du moins
l'avantage de n'avoir pas été infiuencé pour les détails
notés.
J'appellerai votre attention. Monsieur le Secrétaire per-
pétuel, sur les variations de teintes que j'ai constatées au
cours de mes observations sur certaines mers; il suffît
d'examiner Syrtis major, par exemple, pour se convaincre
de ces changements. Ces variations ne peuvent guère
s'expliquer autrement que par la présence de nuages dans
l'atmosphère de Mars; la comparaison du dessin du 19 mai
à lO*" 5"" (fig. 6), que je donne pour cette particularité,
avec celui du 25 mai à 11 h. (fig. 12) est convaincante;
il est évident que, le 19, l'atmosphère était moins pure sur
cette région que le 23.
J'ai observé avec un excellent réflecteur de With, de
216mm (j^ diamètre et l'°,95 de foyer; lorsqu'il n'y a pas
(ÎJ8S)
(l'indication de grossissement (1), c'est 19o fois qui a été
employé; les heures inscrites sont celles du méridien de
Paris (l'heure nationale est en vigueur ici dans l'usage
civil), et la longitude aréographique du méridien central a
été déterminée approximativement, d'après l'éphéméride
de M. Marlh, pour faciliter la comparaison des dessins avec
les cartes de M. Schiaparelli.
J'ose espérer que le peu que j'ai obtenu vous intéressera,
et je vous prie, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir
bien agréer l'expression de mes sentiments les plus
respectueux.
Observatoire de Péronnas (2), près Bourg-
en-Bresse (France).
Observations.
22 avril, ô** 10"° à 5'' 15"" du matin. Bonne vue, mais des nuages
sont venus avant que j'aie eu le temps d'entreprendre un
dessin; j'ai dessiné de mémoire le peu que j'ai pu voir (fig. d).
Noté la Grande Sfjrte et, sans doute, Boreosyrlis (1) qui se
prolonge, très faible, à l'ouest, puis en contournant vers le sud,
par Alcyonius (2), Fretum Anian (3) et Styx (4), peut-être
jusqu'à Trlvium Charontis, que je n'ai pas eu le temps de
voir. Une partie claire, a, correspond à Hesperia; Hadriaticum
Mare visible au sud de la Grande Syrie, et c'est peut-être
(1) Détermination faite avec un dynamètrc de Ramsden.
(2) Position approchée : long, est de Paris, 2» 52' 20"j
lat. nord 46» 11' 19".
( 586 }
Cydops et Letlies que je noie en (5) et (6); le prolongement
de la Grande Syrie par Nilosyrtis (7) ne se voit pas nette-
ment, on le devine plutôt par différence de teinte. — L 250";
i -4- 4°; D IV'jb (L=: longitude du méridien eentral; X = lati-
tude du centre; D = diamètre).
6 mai, 2''i0'" à 2'' 40'» du matin. Image mcdiocre,dctails diffi-
eiles à noter; grossissements I "27, ICI et 1 95,ce dernier presque
trop fort (fig. 2). Margaritifer Sinus et Aurorae Sinus, h
l'ouest, sont très sombres; (8) Ganges, bien visible; on devine
Phusis (9) et /r/s (10); ruwcnirfes-Gt^/as? (H), et peut-être
Sîrenius en (i2). VAmazonis, d, se dctacbe parfaitement au-
dessus du Propontis; Chryse, a, est la région la plus claire;
vient ensuite Phaëlordis, C, puis 3Iemnonia,.r- Pôles bien
blancs. Tout le centre du disque est grisâtre et l'on y devine
bien des petits détails qu'il serait sans doute possible de fixer
si la vue était meilleure. — L 11 0»; X -t- G" ; D 1 6",7.
16 mai,1''10°'à 2 h.Oculairc ICI. Image assez bonned'abord,
moins à la fin (fig. 5). On devine Indus-Oxus (15); Jordanis
ou CaUirrlwe (14) est estompe. A l'est, tache sombre que je
suppose formée par Mare Acidalium, Lacus Niliacus et Lacus
Lunae, reliés pav Nilokeras ; Ganges (8) assez visibles; Te7npe
6', à lest, est bien blanc ; les 6 sont Deucalionis liegio,
JVoachis et Argyre, blancs également et séparés par Mare
Erythraeum. Les mers ont une même teinte gris ardoise. —
Observé encore jusqu'à 'i^'IO"' avec 127, 195 et 288, mais sans
rien pouvoir noter de plus. — LC; i -v- 7°; D 18".
19 mai, i -+- 8"; D 18",5. Image agitée, mais qui permet
néanmoins de voir bien les détails.
De 0''5'" à 0"15'» (fig. 4), noté Thoth (15); Astapiis (16) et
Asclepitis (17), dont l'espace intermédiaire est un peu
estompé; Euphrales (18); Indus- Oxus (15), Deuleronilus (19);
( ;^87 )
au bout de Nilost/rlis (7) il y n une tiiclic sombre triangulaire,
prob.iMcnuMU limitée au nord piU' CuUirrhoe, et au sud |)ar
Protuiiilus (20). Deucalionis lieyio, o, se drlaclic bien au-
dessus de Sijrtis Major. Comme l'indique mon dessin, Syrlis
Major n'a pas partout le même aspect, elle e>t plus sombre
vers l'est. — L 325°.
De 0''2b™ à 0''oO'" (fig. li), on note en outre !Veppnthes{i\)eK
j)eut-èlre Lucus Mœris ; Phison (22); est-ce Gehon-Oxus, ou
IJichlckel qui est en (23)? cl Indus en (24), très large, sinon
double. (25) m'a d'abord semble êlrer^.sf«6ora.s, mais ce n'est
passa vraie orientation. Qu'est-ce alors?... Si c'était Pro<C7Jî7ws
et Jordanis, la tacbe au-dessous serait Callirrhoc (?). Lacus
JViliaciis cl Mare Acidalium forment la tache qui paraît à
l'est. Le continent au sud de Sinus Sabaeus semble divisé en
trois parties. — L 528°.
De I h. à I^'IS"" (fig. 7), note encore Anubis (2G), Typlio-
iiius (27) et Orontes (28); je me demande si c'est bien Vlndus '
qui est en (2-4), car dans ce cas (29) serait flijdaspes'2 CalUr-
î/joc (50) se prolonge jusqu'au bord oriental; Nepenlhcs (21)
double? A la fin, je note une laclie bien blanche, 6. La région
correspondant à Lyhia, à l'ouest, est aussi bien blanche, 6'. —
L 556".
De l'Mo'"!) 1 ''50'" (fig. 8) £'(//3/jrafes est nettement double jus-
qu'à Tijplionius-Orontes; on prolonge P/(/so;i jusqu'à Nilo-
Sjjrtis; //k/^/s? est double; (25) plus net qu'il y a un instant et
bien double. M'est apparaît une tache sombre allongée vers le
sud : ce doit être Lacus Niliacus et Lacus Lunae. — L 539°.
De 1*'30"' à l''45°'(fig. 9). Euphrales paraît double jusqu'à
iVi/osî/rtii" ; c'est un joli ruban rose, estompé, dont les bords
sont plus foncés; l'espace entre Gehon (51) et Indus (24) est
estompé également. Une nouvelle division (32) va de Margari-
tifer Sinus, scmble-t-il, à Lacus Lunae : Ilydraotes, sans
doute? je ne vois pas très bien; depuis un moment l'image se
gâte. — L 545°.
( 588 )
De l''45"' à 2 h. Image de pins en plus défectueuse.
De 2 h. à ^''SO" (fig. 10.). P/ti.so«? reparaît bien faiblement.
Ce doit être Indus que je Tois en (24) et Gatiges en (8), larges
tous deux; Hiddekel (31) large aussi, double peut-être. Lacus
Niliacus, prolonge par Nilokeras jusqu'à Lacus Lunae, doit
être ce qui forme la tache triangulaire orientale. Murgaritifer
Sinus et Ain'orae Sinus sont bien sombres. — L 550°.
La vue devient tellement mauvaise qu'il faut quitter le
télescope. En général, les canaux sont difiiciles à voir, mais je
suis certain que si les circonstances étaient plus favorables,
mon instrument me permettrait d'en voir davantage.
21 mai, i 1 h. à 1 l''20'"(fig. 1 1). Image très agitée. On entre-
voit Cyclops? (3); AmenthesiZù), plutôt que Thoth, me semble-
l-il. A noter Triton? en (54) et JVepenlhes (21). Facilement
visible, mais estompé, Boreosyrtis (1), prolongé à l'ouest par
Heliconius, je pense, et Cullirrlwe (30). La région à l'est de
Syrtis Major est très claire, cette clarté paraît limitée par
Typhonius (27) et Phison (22). Syrtis Major est plus sombre
que les autres mers- — Observé encore jusqu'à H'^dO", mais
sans rien pouvoir ajouter à mon croquis. — L 280°; X -+- 8°;
D 18",3.
25 mai, 1 1 h. à 1 i HO" (fig. \ 2), puis de 1 1 ""oO à minuit 20".
L'image laissait bien à désirer; enfin il y a eu quelques calmes
durant lesquels j'ai pu noter des détails intéressants. — A une
sorte de baie dans Mare Cimmerium correspond une limite de
teinte qui se prolonge jusqu'à Boreosyrtis (I); ce peut être
Styx (4) et Fretum Anian^ Amenthes (55), ou Thoth? va
jusqu'à Boreosyrtis. La Grande Syrte est bien sombre. On
entrevoit Asclepius (17) et une division (15) qui peut être
Thoth lirolongé. Nepenthes (21) bien visible; nettement visible
aussi une petite baie a dans Isidis Regio. De l'autre côté de
Syrtis Majorée vois nettement une petite baie à l'embouchure
( 58!) )
de VAstusapes? (3î)). On voit toujours celte tnchc sombre a dans
le prolongement de Nitosijrtis, limitée, scmblc-t-il, par Pro-
tonittis et Callirrhoe. La région h', limitée sur mon dessin par
un pointillé, est la plus claire; vient ensuite 6. Au nord de
Doreosyrtis j'ai noté deux |)ctiles taches plus sombres à l'ouest
qu'à l'est. Durant la première observation, j'ai entrevu une
division (56), que je n'ai pas revue après — L 205°; X -+- 8";
D18",7.
"iU mai, 1''20™ à 2 h. (fig. 15). L'image vaut mieux que le 23.
On voit NejH'iilhes, Doreosyrtis, Prolotiilus... C'est une de mes
pauvres observations. — L287''; A -+-9°; I) I8",î).
4 juin, 1 O^liô"' à H ''25'" (fig. i 4). Image mystérieuse ! Elle est
très agitée et ce n'est que très difficilement que je note
quelques détails. Ce sont j)lutôt des différences de teintes que
je limite, que la vraie apparence de canaux ; néanmoins je crois
reconnaître Phasis (9), Iris (10), Araxes? (37), Sirenius (12),
Titan (58), Laestrygon? (59); peut-on voir un dédoublement
d'O/'CM.s, en (40)? La région sombre et irrégulière dans la par-
tie inférieure du disque doit être formée par la réunion de
Trivium Charontis, Styx, Erebus, Propoiitis, Tanaïs et
l'ouest de Ceruuniiis, et c'est sans doute Phlegra et Cebrenia
qui forment la région claire au milieu. Rien ne distingue
VEli'sitim, qui brille tant parfois, et qui doit être en a. J'ai
entrevu une tache neigeuse c', puis une plus faible au-dessus,
à peine marquée. Nerigos s'en va à l'ouest, b'. — L 156°,
A -+-11°; D 19",5.
5 juin, 9*'30™ à 9''55'°, puis jusqu'à IC'SS" (fig. 15). Image
médiocre, il faut diaphragmer à S pouces pour avoir un peu de
netteté. Noté plusieurs régions blanches, 6, autour du disque.
Les canaux sont un peu dans les conditions de visibilité de la
veille. A l'ouest, Aurea Clierso, a, sépare Aurorae Sinus de
Lacus Tithotiiits, qui sont assez sombres. Au N.-E. arrive une
5"" SftRIE, TOME XX. 39
ï
( 590 )
tache, sombre aussi, formée du Proponlis et Trimum Cha-
rontis réunis. J'entrevois des divisions qui correspondent à
Fortunae (41); ? (42); Phasis (9); Iris (10); Cerau-
7a'MS?(43); Sirenius (12); n'est-ce pas Titan qui est en (38) et
Tartarus en (44)? (40) me semble un peu trop bas pour être
Orcus ; (45) a une situation intermédiaire à Tartarus et
Atilaeus; c'est peut-être Chrysorrhoas (4G) qui limite la région
blanche de l'ouest? En tous (as je ne vois pas de canal ici, je
ne constate qu'une limite de teinte. Je n'ai pas vu Solis Lacus
qui devait être en /, mais je dois dire qu'ignorant sa présence,
je n'ai pas fixé mon attention sur ce point. — L 1 32°; i -h 1 1 ";
D 19",D.
i6 juin, 8'*55'" (fig. 1G). Image meilleure que les précé-
dentes. La calotte australe est blanche. Subueus Sinus, Margor
ritifer Sinus et Auroi'ae Sinus sont sombres; Ismenius
Lacus, a, se voit bien, et mieux encore et séparés, Mare Acida-
lium, S, et Lacus Niliacus, r', Deuteronilus (19) se voit assez
bien; est-ce Nilokeras qui est en (47)? indus pas très sûr;
Gunges (8) bien visible et large. Tache blanche au N.-E.,
Tempe, sans doute. — L 15*.
A 10''lo'" (fig. 17). Un petit lac est visible au S.-W. de Lacus
Niliacus, sans que l'on aperçoive de communication entre eux,
juste où devrait paraître l'embouchure de Ylndiis; c'est sans
doute Tanaïs qui est en (48). Une tache aussi large que Mare
Acidalium, mais faible, occupe, ou englobe plutôt, la place de
Lacus Lunae. Ganges se voit bien; Mare Acidalium et Lacus
IViliacus sont toujours bien visibles. La région t, claire, doit
éire Tempe; n'est-ce pas Dardanus qui est en (49)? — L 39";
i- 13°; D18",9.
18 juin; 9''35'" à 9''55" (fig. 18). La naissance de Gehon et
Hiddekel est très visible dans Sinus Sabaeus; Edom pro-
mont., c, est marqué par une tache blanche; je me demande si -
la baie qui paraît à l'est n'est pas VAgallwdaemon venant de :
Lacus Tithonius dans Aurorae Sinus? Mare Acidalium et
I
( SOI )
Lacus Niliacus ne font qu'une même tochc, (3; le petit lac au
S.-W. de Lacus IVilianis est toujours visible, y; Lacus hme-
tiius, â, et L. Arelhusa, e, sont parfiiitcmcni visibles. Le Deu-
teronilus est estompé; Tandis est tout au bord du disque (48).
— L 12»
De 10''u5™ à 11''20'" (fig. 19). Image moins bonne. Sinus
Sabaeus (baie fourchue) est arrondi. Mare Acidalium est
séparée de Lacus JViliacus ; Lacus Lunac toujours large, le
\)elil lacr toujours nettement visible. On voit Gunges, Deute-
ronilus, Tandis et Uranius? (50). Tache neigeuse au pôle
boréal. La calotte australe, claire, correspond à Noachis,
Argyre cl Ogygis Regio; au-dessous Pyrrhae liegio, x, cl
Dcucalionis Regio, y. — L 52" ; i -+- 15°; D i8",7.
19 juin, S^SO à D h. (fig. 20). Image des plus mauvaises, et
néanmoins j'entrevois des bandes estompées qui correspondent
à Dculeronilas{\9), Gelion (51), Indus (24). La tache qui arrive
à l'est (trop avancée sur mon dessin) est Mai-e Acidalium et
Lacus Niliacus. Région claire, c, à l'ouest, Lybia, sans doute.
— L555°; \ -+- 15»; D 18",7.
20 juin, 9''2o"' à OMo" (fig. 21). Vue assez bonne, bien inté-
ressante en tous cas. Lybia est la région claire, c, à l'ouest;
Edom, c', claire aussi, est limitée comme l'indique mon dessin;
y a-l-il là un canal? Je vois VEuphrates parliellcraent, puis
Iliddekel (51), Gehon (31) et Indus-Oxus (15). En bas, le pro-
longement de Syrtis Major par N^ilosyrtis, Boreosyrlis, Pro-
tonilus. Lacus Ismenius, Deuteronilus et Lacus Niliacus. Un
canal (52) large et estompé part de Lacus Jsmenius et va
au N.-E. : ne serait-ce pas Jordanis? L 351°; > -♦- 13";
D 18",G.
Observation continuée de 1 0*" 15° h IC'ÔS". Gr«;K/e 5^rfe
bien près du bord occidental du disque; N'ilosyrtis a déjà
disparu. Sinus Sabaeus est toujours fourchu; on note encore
Hiddekel, Gehon, indus-Oxus, Protonilus, Deuteronilus,
( 592 )
Tanais, et (52). Lacus Ismenius; Lacus Niliacus et Mare
Acidaliuni sont assemblés. Imhs-Oxus se dédouble par
instants, estompé; cette apparence est peut-être causée par le
bouillonnement de l'image?
23 juin, de 9''25'" à 9''35"' (fig. 22). Image assez bonne; de
légers nuages passant devant ne la rendent que meilleure. Je
note une division sombre, large et estompée, à l'ouest, qui
doit être IVepenthes. IVilosyrlis est sombre, de même que
Marc Erytraeum, a l'est, puis Sabaeus Sinus, Lacus Isme-
nius, et la partie boréale de Syrlis Major ainsi qu'un peu vers
l'est. Protonilus bien visible; Hiddekel et Euphrates sont à
peine marqués, mais larges (doubles peut-être?). Boreosyrtis
et Callirrhoe sont estompés; nouveau canal? (55) sous Lacus
Ismenius; Astusapes (33). a, Lacus Arethusa?'Le pôle austral
est plus blanc que l'autre. — L 324°; )i -h 1 5°; D I8",3.
24juin,8''33'°à8''50"(fîg.2D) Image bien médiocre, et pour-
tant l'observation n'est pas des moins bonnes. Hammonis
cornu, h, se distingue par un angle assez marqué; il y a un
angle marqué aussi en a, vers l'cmboucbure de VAnubis, sans
doute. La pointe australe de ViU' Meroë, i, est saillante, et la
naissance d'Astusapes (55), large, forme une baie très visible.
Je note encore Boreosyrtis (i), Callirrhoe (50), Protonilus,
Lacus Ismenius et Deuteronilus. Le continent à l'est de Syrtis
major est clair jusqu'à V Euphrates, semble-t-il. Est-ce Sinus
Sabaeus qui paraît à l'est, ou la naissance de ï Indus? A
l'ouest, Syrtis Minor est assez sombre. Isidis Regio, c, est
claire et limitée au sud \idiV Nepentbes et TItotli? à l'ouest. Une
zone sombre s'étend sur Mare Australe et Syrtis Major. —
L503"; X -H 15^0 18",2.
25 juin, 9'' 10° à 9»'55'"(fig. 24) Vue passable. i4sfî/sa/)es (35)
est certain; HiddeUelt (51), faiblement marqué, est large.
Boreosyrtis, Protonilus et Lacus Ismenius sont bien visibles.
Aspect de la planète Mars en 1890
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2j Juin ff^lO
76 JuiUei ,y'
.<•/• ,- yexrev
( 593 )
Calollcs polaii'c's Manches; c est I)it'ri cl.iirc, c'est Isidis Ilcgio
limilrc au sud par Ncpenlhes cl à l'ouesl par Tliulh; Lethes-
Amendii'S prolonge Sortis Miiior, assez sombre; la naissance
6'Astapus, X, sur yilosijrlis (orme une hii'w.Affsotiiu ne parait
pas délaclu'e de IIeUas;]c vois disliiiclcmenl deux divisions
sur celte irgioii, (/ et e. Marc Tyrrhcnum en a. A l'est, IVoa-
chis el DeucitHunis liccjio sont assemblés. L'aspect sombre
de Syrlis Major e^t (■ul•ieu^emcnt limité au sud. — L. 505";
i -t- 14"; D !8',1.
IG juillet, 8 h. à 8''15'" (fig. !2o). Vue assez bonne, mais peu
détaillée; le peu que je note est difficile. Mare Australe est
sombre en haut du disque, et en a il y a une lâche assez large
qui doit avoisiner Tinjle I. Ce qu'il y a de plus intéressant
est la vue de Solis Lacus, j3; le reste du disque est marbré de
parties sombres, estompées et à bords mal limités, dont la
nature est difficile à définir. Araxes (57) à peu près certain;
Eumenides (54) ; Iris (1 0), Phlegethon? {^b)... C'est tout ce que
je me risque à nommer. Tache blanche en y. Aurorue Sinus
en 6, et Murgaritifer Siîiiis en c. Les pôles sont marqués par
une calotte blanche. — L 94" ; X -+- 14"; D 15",7.
Je crois avoir noté Gigas le 9 juin eljamuna\e 18 juillet,
mais le reste de mes observations ne m'a rien donné de
plus que ce qui précède; je n'ai plus vu, en général, que
les grandes lignes bien connues de l'aréographie.
Le 8 septembre, de 7''5'" à T'^IO™, l'aspect était à peu
près celui du premier dessin qui accompagne ces noies
(22 avril), mais sans détails; du moins j'ai cru en voir un
instant, mais si douteux, que je les considère comme sub-
jectifs; les neiges du pôle boréal étaient très visibles, mais
ne débordaient pas le disque, comme cela se voil à cer-
tains moments.
( 594 )
De l'influence de la température extérieure sur la pro-
duction de chaleur chez les animaux à sang chaud. —
Piecherches de calorimétrie ; par Georges Ansiaux, étu-
diant en médecine, à Liège.
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la chaleur animale, 1878-79, t. IV, pp. 587-406; 2» Journal la
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de biologie: Recherches de calorimétrie animale, nov. et déc. 1884,
pp. 651, 721, 763, et janvier 1885, pp. 50-65; 4° Recherches sur la
calorimétrie, 1" partie. Méthodes et appareils. Journal de Tanatomie
et de la physiologie, 1886, t. XXII, pp. 115-165 (1).
Desplats. Nouvelle méthode indirecte pour l'étude de la chaleur
animale. Jonrnal de l'anatomie et de la physiologie, 1886, t. XXII,
pp. 215-224.
Léon Fredericq. Sur la régulation de la température chez les ani-
maux à sang chaud. Archives de biologie, 1882, t. III, pp. 687-805.
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Journal de l'anat. cl de la physiol., t. XXiil, 1887, pp. 400-461, et
thèse de Paris, 1887, 66 p., 10 fig.
(1) d'Arsonval vient de publier: Recherches de calorimétrie animale. Arch.
de Physiologie, 1890, t. XXII, n» 3, pp. 610 et 622 et n<> 4, pp. 781-790. {Nott
ajoutée pendant l'impression.)
( 59o )
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mung warmbliUigcr Thicre. Archiv. f. patholog, Aiialomie, 188^,
l. XC, pp. 48;2-i99.
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556; 5" Ueber Wàrme und Oxydation d. lebcndigen Materie. Id., 1878,
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QuiNQUAUD. De l'influence du froid et de la chaleur sur les phéno-
mènes chimiques de la respiration et de la nutrition élémentaire.
Journal de l'anal, et de la physiol., 1887, t. XXIII, pp. 527-599.
Charles Ricbet. 1° Comptes rendus de la Société de biologie : La
caloritnétrie à siphon et la production de chaleur, 1884, pp. 707-715;
La calorimctne par rayonnement, 1885, pp. 2-8; 2° Influence de la
température extérieure sur la production de chaleur; C. R. Acad. d.
Sciences, 29 juin 1885; 3° Recherches de calorimétrie. Archives de
physiol., 1885, t. VI, pp. 257-292; 4» La chaleur animale. Paris,
1889, cliap. XI, pp. 215-240. La calorimétrîe et la production de
chaleur.
RosENTHAL J. (l). 1» Calorimctrische Untersuchungen. Archiv. f.
Physiol., 1889, pp. 1-53; 2° Calorimctrische Untersuchungen an
Sàugelhiere. Sitzber. d. Bcrliner Akad. d. Wissenschaften, 1888,
t. L, pp. 1309-1519.
RÛBNER. Ein Calorimetcr f. physiol. n. hygienische Zwecke. Zeitschr.
f. Biologie, t. XXV (N. F., VII), pp. 400-426.
(■1) Voir les trnvaux récents de Roscnthal signalés au § H.
( 596 )
Senator. i" Ueber Wânnehildung u. Stoffwechscl im tjesunden v.
fieberhaften Zustandc. Centralblalt f. med. Wissensch., iSH ,
pp. 757-753; 2" Neue Untersuchungcn iibcr die Wàrmebildung ii. dcn
Stoffwechsel. Aichiv. f. Anat. u. Physiol., 1872, pp. 1-54, et 1874,
pp. 18-57.
SlGALAS. Recherches expérimentales de calorimctrie aminale; mesure
de la radiation calorifique et des combustions respiratoires. Paris, 1890,
et thèse de Bordeaux, 1890. (D'après une analyse dans Gaz. hebdo-
mad. de médec. et de chirurgie, 1890, n» 20, p. 512.)
Voit. Ueber d. Wirkung d. Temperatnr d. umgebenden Luft auf d.
Zersetzung im Organismus d. Warmblûter. Zeitsch. f. Biologie,
t. XIV, p. 57.
WiNTERMTZ. 1» Der Einfluss d. Wârmcentziehungen auf die
Wàrmeproduction. Medic. Jarhrb. d. Gesellsch. d; Aertze in Wien,
1871 , p. 180, et 1872, 2'" Hefi. (D'après une analyse dans Jahresber.
d. Anat. u. Physiol, 1871, pp. 225-226); '•1°' lieitràge z. Lehre von d.
Wàrmercgulation. Archiv. f. palhol. Analomie, t. LVI, 1872, pp. 181-
196; 3» Die Bcdeutimg d. Haulfunclion fur die Kôrpertcmperatur u.
die Wàrmercgulation. Wien. medic. Jahrb., 1875, pp. 1-38. (D'après
une analyse dans Jahresber. d. Anat. u. Phys., 1875, t. IF, p. 69.)
§ I. — Introduction historique.
Dans l'élude de la liille des animanx à sang chaud
contre les variations de la température extérieure, on peut
avoir recours à deux méthodes.
La première, la plus en usage jusque dans ces derniers
temps, est une méthode indirecte. Elle est fondée sur
l'examen des combustions à l'intérieur des tissus vivants,
se traduisant par les deux phénomènes : l'un initial,
absorption d'oxygène, l'autre ultime, excrétion de CO^.
V «97 )
On admet généralomenl que la pioduclion de chaleur
esl parallèle à l'inlensilé de ces deux fondions ou, suivant
l'expression de Ricliel, que le coeflicienl chiniiqne corres-
pond au coeflicienl calorilique. Il y a lieu cependant de se
demander si la proportion entre h; nond)re de calories et
la production de CO-, par exemple, est aussi rigoureuse
que la plupart des auteurs l'admettent. Les résultats
obtenus récemment par Quinquaud et J. Rosenthal (2)
tendent ù démontrer <]u'ii y a des réserves à faire à ce
sujet.
La seconde mélhoûo, dirccle, absolument démonstrative
et beaucoup moins sujette à caution, consiste dans la
mesure de la chaleur rayonnée par l'animal. C'est la
méthode calorimétrique proprement dite.
C'est grâce aux travaux de d'Arsonval qu'elle a atteint
un haut degré de perfection et une vraie valeur scientifique.
Enfin, récemment, d'antres physiologistes ont construit des
appareils un peu différents de ceux de d'Arsonval, mais
fondés d'ailleurs sur les mêmes principes (Rosenthal,
RiJBNER, Quinqual'd).
En comparant les conclusions tirées des expériences
établissant l'influence de la température extérieure sur la
production de chaleur, on peut constater entre les auteurs
les divergences les plus considérables, sans que cela tienne
d'ailleurs aux méthodes employées, chacune d'elles ayant
fourni des défenseurs aux difl'éreutes théories. Les figures
schématiques 1, 2 et 10 donnent une idée de leur diver-
sité; il n'y a pour ainsi dire plus d'autre o|)inion possible.
Nous proposons de classer les conclusions des auteurs
de la façon suivante :
( 598 )
A. Méthode calorimétrique.
a. RicHET el Langlois (fig. \) affirment que le maximum
de la radiation calorifique se produit chez le lapin vers
13 à 14" C, chez le cohaye vers 11°, chez les enfants
vers 18° C; que la quantité de chaleur rayonnée augmente
aussi bien lorsque la température extérieure s'abaisse, que
lorsqu'elle s'élève au-dessus de celle température (1).
Fig. i. Courbe indiquant la quantité de clialeur produite en une heure par un
kilogramme de lapin, suivant la température extérieure. — Sur l'ordonnée
inférieure sont marquées les températures de — SJ à -+- 28» C. Sur l'ordonnée
latérale sont indiquées les quantités de chaleur produite, représentées en
centimètres cubes d'eau ( 1 centimètre cube = 83 calories). On y voit nettement
qu'il y a à 14» un optimum pour la radiation calorifique (d'après Ch. Richet.)
(1) Nous ne savons pas, faute d'indication spéciale à ce sujets si
ces températures sont celles de l'air ambiant ou celles de l'cuceintp
caiorimélriquc où se trouve l'animal.
( 599 )
Dans un travail tout récent, Sigalas est arrivé à des
conclusions identiques à celle de Ricliet.
A partir de \A° le rayonnement calorifique diminuerait
avec l'élévation de la température extérieure, tandis que
la consommation d'oxygène augmenterait.
6. QuiNQUAUD, se basant sur des expériences trop peu
nombreuses il est vrai, comme il le reconnaît lui-même,
conclut que la quantité de chaleur émise à la suite de
la réfrigération et de réchauffement est plus grande qu'à
l'état normal.
Ce résultat serait en concordance avec ceux obtenus par
l'étude des phénomènes chimiques de la respiration (1).
c. « Au-dessus de 20° C, dit d'Arsonval (5, p. 721), on
constate que la production de chaleur augmente avec la
température du milieu ambiant. » A -+- 5° C. un lapin
produit 12 calories par heure, soit le double de sa produc-
tion de chaleur à \1° C.
B. Méthode indirecte.
a. Conclusions de Pflïjger et de la plupart des physio-
logistes (voir lig. 2) :
FiG. 2. Courbe schématique résumant les conclusions des travaux de PQUger.
(1) L'appareil dont s'est servi cet auteur enregistre la quanlilc
(le chaleur rayonnée et dose simultanément les volumes de CO»
el O. Pour lu description, voir Quiiiquaud, p. 595.
( 600 )
II y a un maximum de production de chaleur à la tem-
pérature la plus basse compatible avec le maintien de la
température interne.
Il y a au contraire un minimum à la température la
plus haute possible dans les mêmes conditions. La régu-
lation est donc parfaite et réalise un maximum d'utilité.
6. LoEwy constate, au contraire, que chez l'homme la
régulation de la température se fait d'une façon très
incomplète. D'après lui, une forte déperdition de chaleur
amène toujours un abaissement de la température interne;
enfin la production de chaleur resterait identique aussi
longtemps que les muscles ne présentent pas de contrac-
tions toniques et cloniques.
c. Les trois expérimentateurs suivants professent une
doctrine bien différente (lig. iO).
D'après Page, lorsque le milieu ambiant esta 25° C, la
quantité de CO^ exhalée par le chien représente un mini-
mum. Vers 42° C, elle est trois lois et demi supérieure à
celle excrétée normalement.
En utilisant les données recueillies par Voit dans ses
expériences sur l'homme, on peut tracer une courbe de
même allure que celle qui correspond aux résultats de
Page; le point minimum se présente seulement à une
température plus basse.
Dans cet ordre d'idées, c'est le travail de Léon Frede-
RiCQ qui apporte les preuves les plus convaincantes à la
théorie que nous exposons maintenant. Pour lui, il existe
chez tous les animaux un minimum de radiation calori-
fique. Chez l'homme habillé il est environ à 18° C. Toute
température supérieure ou inférieure a pour effet d'aug-
menter les combustions interstitielles (voir Fredericq,
p. 783). Dans la lutte contre la chaleur, l'organisme ne
peut qu'accroître rimj)ortance des perles que subit sa cha-
( 601 )
leur propre (évaporalion ciilanéc et pulmonaire, dilalalion
des vaisseaux de la peau), sans pouvoir restreindre sa
production de chaleur. Au contraire, dans la lulle contre
le froid, la radiation calorifique s'exagère.
d. D'après Wimernitz el Senator, l'énergie des phéno-
mènes de combustion ne subit aucune modification du
chef de la température ambiante.
Celte opinion repose sur des dosages de CO-, quelques
expériences de calorimétrie (calorimètre à eau), el surtout
sur l'élude de la distribution du sang dans la peau, les
muscles et les organes internes.
En résumé, quatre opinions ont cours à l'heure
actuelle :
i° Celle de Richel et de ses élèves (fig. i) ;
2° Celle de Pflûger, partagée par la plupart des physio-
logistes (fig. 2);
3° La troisième est défendue par un petit nombre
d'auteurs (L. Fredericq, Voit, Page, d'Arsonval, Quinquaud)
(fig. 10);
4° Celle de Winternitz el Senalor.
§ 2. — Disposition des expériences.
1° Description de l'appareil (fig. 3).
Nous nous sommes servi du calorimètre à air de
d'Arsonval. Dans nos premières expériences, le calorimètre
présentait comme partie compensatrice un grand flacon
en verre : c'est l'appareil qui a servi aux recherches de
Léon Fredericq sur l'efl'el que les soustractions sanguines
exercent sur la thermogenèse. (Soustract. sang., Mém. de
l'Acad. de Belgique, 1886, t. Vllj, p. 86).
( 602 )
La compensation est ici imparfaite, car elle ne corrige
pas entièrement les variations de la température exté-
rieure; celles-ci n'agissent pas, en effet, avec la même
rapidité sur le vase en verre et sur le récipient en métal.
Nous avons bientôt abandonné cet appareil pour nous
servir d'un autre calorimètre, de d'Arsonval également,
mais légèrement modilié. Il se compose de deux récipients
en cuivre rouge, l'un pouvant servir de calorimètre, l'autre
de compensateur; tous deux sont d'ailleurs exactement,
semblables sous tous les rapports. Chacun de ces réci-
pients (1) consiste en une boîte cylindrique A, B, à double
paroi, couchée horizontalement, fermée par un couvercle
vertical également à double paroi, et représentant l'une
des bases du cylindre. Des consoles soulèvent chacun des
calorimètres à environ 15 centimètres de la table.
Les cavités internes de chaque récipient et de son cou-
vercle sont réunies par un lube bifurqué T, dont la branche
simple est reliée au manomètre différentiel à pétrole M.
Sur le trajet de la branche simple de ce tube de commu-
nication, se trouve greffé un tube vertical t, ouvert infé-
rieurement et établissant par conséquent une communica-
tion entre les cavités annulaires internes de chaque
récipient et l'air extérieur. Le tube reste ouvert dans
l'intervalle des expériences; on empêche ainsi soit l'action
déformante sur le récipient, soit le refoulement du pétrole
dans l'un des appareils, ce que des variations considérables
(1) Voici les dimensions du calorimètre:
La longueur prise extérieurement est de 54 centimètres, la hau-
teur de 35.
La cavité annulaire ayant 3 centimètres, la longueur de la cavité
interne est de 51 centimètres sur 27 de hauteur.
1
( (i05 }
dans la pression barométrique ou la lempéralure pourraient
amener. Une heure on deux avnnl le coniniencemenl de
l'expérience, on ferme l'appareil en plongeant les extré-
mités ouvertes des deux tiihes verticaux dans deux vases
cylindriques renfermant du mercure. (Voir plus loin.)
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( 604 )
Deux orilices placés aux exlrémilés de l'axe du cylindre
assurent la venlilalion de Tespace interne dans lequel se
place l'animal. Un troisième orifice, placé latéralement,
donne passage à un thermomètre coudé 9 indiquant la
température de l'enceinte interne. Ce thermomètre, dont
la lecture est très aisée, même à distance, est placé de
façon à ne pouvoir subir le contact de l'animal en expé-
rience.
Nous ajouterons que tous les joints des tubes en verre
et en caoutchouc sont soigneusement fixés et graissés. Il
est facile de conserver le même poli, et par conséquent le
même pouvoir émissif aux boîtes calorimétriques.
Enlin, en ce qui concerne le manomèl.re, Rosenthal a
conseillé d'employer le pétrole. Étant moins dense que
l'eau, il donne plus de sensibilité à l'appareil; il présente
de plus l'avantage de ne pas se congeler.
2" Précautions à oitserver concernant l'appareil.
A. On doit s'assurer de l'absence de fuites. A cet effet,
on met séparément chacun des calorimètres sous pression
(plusieurs centimètres de mercure) et on les surveille
pendant vingt-quatre heures au moins.
Nous tenons compte naturellement des oscillations de
la colonne barométrique pendant ce temps; elles pourraient
en effet masquer l'effet d'une fuite ou faire croire à son]
existence.
B. Une heure ou deux avant le commencement de
chaque expérience, on observe l'état du manomètre. Si,
pendant ce temps, l'équilibre a persisté, les expériences
ultérieures sont considérées comme valables.
( 6()D )
C. Les deux calorimètres doivent être suffisamment
éloignés l'un de l'autre. La distance sera suffisante si un
ihermomùlre sensible, placé dans le calorimètre vide,
indique une température égale à celle de la salle.
D. Il est bon enfin de placer l'animal tantôt dans un
(les calorimètres, tantôt dans l'autre, et d'oserver si, dans
dans les mêmes conditions, on obtient des résultats iden-
tiques.
E. Nous ferons remarquer que la plupart du temps les
lectures du manomètre ont été faites sans lunette, ce qui
n'influence en rien les résultats, comme nous avons pu
nous en convaincre par la comparaison d'une lecture avec
lunette suivie d'une lecture à l'œil nu.
5° Graduation du calorimètre (1).
On a procédé de la même façon que Léon Fredericq,
{Soustract. sang., p. 89), c'est-à-dire qu'ici aussi la source
de chaleur servant de mesure est réchauffement produit
par le passage d'un courant constant dans un 111 de maille-
chort introduit dans le calorimètre. La résistance du fil
est de 0,59 ohms. L'intensité du courant fourni par une
batterie d'accumulateurs Julien est de 6,7 ampères.
En vertu de la loi de Joule, ou a :
l'R 6,7^ X 0,39
W = X 3G00 = T- X 3600,
9,81 X 4:24 9,81 X 4^4
d'où W = 15,5 calories par heure.
(1) IVous nous faisons à la fois un plaisir et un devoir de remercier
ici M. Éric Gérard, directeur de l'Institut électro-technique Monle-
fiorc, annexé à l'Université de Liège, et son assistant M. de Weydlich,
qui ont bien voulu se charger de la graduation de l'appareil.
5""^ SÉIUE, TOME XX. 40
( 606 )
Ce dégagement de chaleur produit, au boulde2h. 15 ra.,
une dénivellation de 275,4 mm. au manomède, soit donc
par calorie-heure 18 mm. Le dégagement d'une calorie-
heure donne donc une hauteur manométrique de 18 mm.;
chaque millimètre de pression mesure la production de
0,055 calorie par heure.
RiJBNER a fait remarquer que, pour son calorimètre,
construit également d'après les principes de d'Arsonval, le
nombre de calories cédées à l'appareil n'est pas exactement
proportionnel au degré de dilatation de l'air (mesuré au
volumètre).
D'après lui, les perles de chaleur du calorimètre aug-
mentent d'importance avec l'intensité de la source calo-
rifique, par suite d'une circulation plus active de l'air dans^
l'espace annulaire (Mantelraum) en communication avec
le volumètre. (Voir RIjbner, pp. 416 et suivantes.)
4° Animaux.
C'est principalement sur des cobayes que nos expé-
riences ont été faites. Les conditions suivantes nous
semblent absolument nécessaires pour être en droit d(
considérer les résultats comme valables.
A. On doit choisir des animaux adultes. Selon toute vrai-
semblance, car ce point n'est pas complètement élucidé^
la régulation de la température se fait d'une façon beau-
coup moins parfaite chez les animaux nouveau-nés (1).
(t) Comparez Raudmtz, Die Wàrmcregelung bcim Ncugeborenen.
Zeitsch. f. Biologie, 1887, XXIV, p. 438; G. Ansiaux, La mort pari
le refroidissement. Archives de biologie, 1889, X, p. 171 ; Nassarop,]
p. 484
( fiOT )
B. Les animaux doivent être à jeun.
Pendant la période de digestion, ils dégagent une quan-
tité de chaleur variable d'un instant à l'autre. Si l'on place
un cobaye |)cu de temps après son repas dans le calori-
mètre, on constale en eflel que la quantité de chaleur
rayonnée ne reste pas constante. Après avoir atteint une
valeur très grande, elle diminue lentement jusqu'à la fin
de la digestion.
Les expériences étant faites dans l'après-midi ou la
soirée, le mieux est de donner la nourriture entre sept et
huit heures du soir immédiatement après l'expérience,
et d'enlever dans la matinée les débris d'aliments qui pour-
raient rester.
C. Si l'on expérimente sur les mêmes animaux pendant
longtemps, il est utile de les peser de nouveau de temps
en temps.
D. Pour éviter les suites d'une variation brusque de
température, il est bon de placer les cobayes ou lapins,
quelque temps avant l'expérience, dans un endroit ayant
une température voisine de celle du calorimètre chauffé par
le séjour de l'animal.
E. Comme on le verra plus loin, les animaux restent
plus ou moins longtemps dans l'appareil; la durée du
séjour est sans influence bien marquée sur le résultat
final.
F. Dans un grand nombre d'expériences, nous avons
pris la température rectale des cobayes. Les diminutions
ou les augmentations qu'elle a présentées se réduisent
toujours à un ou deux dixièmes de degré. Nous avions,
d'ailleurs, préciséftient choisi les cobayes comme offrant
aux variations de la température extérieure une résistance
plus grande que la plupart des animaux.
( 608 )
5" Expériences.
A. Durée de l'expérience.
La chaleur rayonnée par l'animal est équivalente à celle
perdue par l'appareil quand le manomèlre est devenu
stationnaire.
La durée de l'expérience est donc déterminée par le
tetnps nécessaire à l'obtention du point fixe.
Pour le premier appareil, il lallail en moyenne une
heure à une heure trente minutes; avec le calorimètre
compensateur, au moins deux heures. Nous considérons
que le point fixe est obtenu lorsque le manomètre indique
la même pression pendant dix minutes au moins.
B. Il est possible d'abréger considérablement le temps
d'une seconde expérience faite sur un autre animal, une
ibis l'appareil chaulïé par un premier animal. Le point
fixe est obtenu rapidement (quinze à trente minutes),
d'autant plus rapidement que le nombre de calories déga-
gées par deux animaux qui se succèdent sont des valeurs
plus rapprochées; aussi, pour perdre le moins de temps
possible, rangeons-nous les animaux d'après leur poids,
soit en série croissante, soit en série décroissante.
C. Les expériences ont été réparties sur un long espace
de temps; les unes ont été laites en hiver, les autres, soit
en été (ce qui est plus pratique), soit en hiver dans des
appartements artificiellement chauffés. Les résultats des
expériences faites dans ces deux derniers cas sont iden-
tiques, ce qui répond à l'objection que l'on pourrait
tirer de la différence du régime alimentaire auquel se
soumettent instinctivement les animaux dans les diffé-
rentes saisons.
( 609 )
D I.e nombre de nos expériences a élé de plus d'une
centaine.
E. Les températures indiquées sur les diagrammes sont
les températures relevées sur le thermomètre de C enceinte
calorimétrique chauffée par le séjour de l'animal dans
r appareil.
§ 3. — Résultats des expériences et conclusions.
Nous avons pensé qu'il était préférable de mettre sous
les yeux du lecteur des diagrammes plutôt que de longues
et fastidieuses colonnes de chiffres, très peu démonstra-
tives d'ailleurs.
Nous donnons ici aux figures 4 à 9 les courbes repré-
sentant la moyenne de toutes nos expériences avec l'indi-
cation de ces expériences.
Quelques recherches faites sur le lapin nous ont permis
d'établir une courbe d'allure analogue. Nous ne la publions
pas, parce que nous considérons le nombre de ces expé-
riences comme n'étant pas suffisant.
Les figures ci-après démontrent d'une façon évidente
qu'il existe un minimum de la radiation calorifique. (Voir
fig. 4-9.)
On ne peut déterminer d'une façon absolue la tempéra-
ture à laquelle a lieu cette production minimum. Chez le
cobaye, elle nous a paru se présenter entre 20 et 25° C.
Cette température est, bien entendu, celle relevée à l'in-
térieur du calorimètre à la fin de l'expérience.
Des six diagrammes que nous avons pu établir, l'un
(ûg. 6) nous renseigne le minimum entre ^9° et 23° C;
les cinq autres l'indiquent comme situé très près de 25° C.
( 610 )
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Fie S Courbe moyenne indiquant le nombre de calories dégagées par kilo-
gramme-heure de cobaye aux différentes températures comprises entre -+- 4"
et 26" C. (icmpcraturc de l'enceinte calorimétrique) Vingt expériences faites sur
le cobaye n" 111, poids: 381 grammes; le minimum de production de chaleur
est silué vers 19-'-'23o C.
FiG 6. Courbe moyenne indiquant le nombre de calories dégagées par kilo-
gramme-heure de cobaye aux différentes températures comprises entre + 8»
et 290 c. Quinze expériences faites sur le cobaye n» VII, poids : 418 grammes;
li; minimum est silué vers 2 i'-iio" C.
FiG. 1. Tableau indiquant le nombre de calories dégagées par kilogramme-heure
de cobaye aux différentes températures de l'enceinte calorimétrique comprises
entre + 1° et 30^ C. Dix-sept expériences faites sur le cobaye n" V, poids : 422
srammes; minimum à 25» C.
( 612 )
FiG. 8. Courbe moyenne indiquant le nombre de calories dégagées par kilo-
gramme-heure de cobaye aux différentes températures de l'enceinte calorimé-
trique comprises entre -+- 8» à 27° C. Quatorze expériences faites sur le cobaye
n" I, poids : 430 grammes; minimum de production de chaleur \ers 24» C.
FiG. 9. Tableau indiquant le nombre de calories dégagées par kilogramme-heure
de cobaye aux différentes températures de l'enceinte calorimétrique comprises
entre -4- 7» et 31° C. Seize expériences faites sur le cobaye n" IX, poids :
305 grammes; minimum vers 24" C.
(613)
En règle générale donc, toute température supérieure ou
inférieure à 25° C. produira, chez le cobaye, une augmen-
tation des combustions interstitielles.
0^\
iO"
0"
iO'
KiG. 10. Diagramme schématique représentant les variations de la production
de chaleur (ligne verticale) aux différentes températures 0° à A0"> C. (ligne
horizontale).
180. Point minimum de la radiation calorifique chez l'homme
(LÉON Frederico. Voit).
2oo. Point minimum de la radiation calorifique chez le chien (Page)
et le cobaye (Ansiaux.)
10°. Les combustions ne s'exagèrent que parce que la température interne de
l'animal augmente (PflOGer).
Les résultats de mes expériences confirment donc la
théorie que Léon Fredericq a établie à l'aide de ses expé-
riences et de celles de Page et Voit (méthode indirecte).
Pour Page même, la production minimum de CO^ se
produit chez le chien à 2o° C.
Entin Quinquaud et d'Arsonval sont arrivés à des résul-
tats analogues aux nôtres (méthode directe), mais établis
par un trop petit nombre d'expériences (1).
(1) Pendant la rédaction de ce travail, nous avons eu con-
naissance de celui de Rosextual, naais seulement d'après des ana-
lyses.
En ce qui concerne la production de chaleur, nous sommes lieu-
( 614 )
Les conclusions que nous venons d'énoncer concernant
l'influence de la température extérieure sur la production
de chaleur des animaux à sang chaud étant établies par
deux méthodes absolument difi'érentes, acquièrent ainsi
un haut degré de probabilité.
Nouvelle méthode pour la détermination quantitative de
la valeur du pain, de la farine, de l'albumine, etc. ; par
John Barker Smith, docteur en médecine à Dulwich
(Londres).
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une nou-
velle méthode pour doser le gluten dans le pain, la farine,
et dans les aliments farineux, ainsi que pour le dosage de
l'albumine dans le lait et dans de nombreux aliments
d'origine animale.
Il est inutile de faire ressortir la grande importance de
cette question ; cependant je prendrai la liberté de signaler
l'économie, la rapidité et l'exactitude de ma méthode.
Soixante essais de farine ou de pain dissous peuvent être
aisément exécutés par un étudiant en chimie, en une heure
de temps.
reux de constater que nous sommes arrivé à des conclusions
identiques aux siennes.
D'après lui, le point minimum peut se présenter à des tempé-
ratures un peu différentes.
J. RosENTUAL. Calorimelrische Unlersuclmngen, 5'" Artikel. Mûnch.
raed. Wochensch., i889, XXXVI, N" 55, S. 927 (d'après des ana-
lyses dans Schmidt's Jahrb., 1890, n» 10, p. 7, et Jahresber. d. ges.
Medic, 1890, p. i84.
( «13 )
Une solution d'un seul grain de permanganate de
potassium pur dans douze onces d'eau fournira douze
mesures quantitatives normales, et, en pratique, soixante
sous-mesures, à utiliser quantitativement, seront données
par ce seul grain de permanganate de potassium.
La mesure normale étant introduite dans un petit
llacon après avoir été acidulée par de l'acide sullurique,
on y laisse couler, au moyen d'une burette graduée, la
solution de pain ou de farine jusqu'à décoloration com-
plète.
D'autre part, on dissout un échantillon de gluten
humide (1 gramme) dans quelques centimètres cubes d'une
solution de potasse que l'on étend ensuite d'eau jusqu'à
100 c. c. Si 10 c. c. de cette solution décolorent la mesure
normale (1), le titre du gluten humide sera de 1 déci-
gramme.
Cela posé, voici comment on opère pour le pain et pour
la farine.
a. Pain. On fait bouillir une petite quantité de solution
de potasse avec 4 gramme de pain, jusqu'à ce que celui-ci
reste dissous après dilution à 100 c. c. Si 2o c. c. décolo-
rent la mesure normale, le pain contiendra l'équivalent
de 40 7o de gluten humide.
b. Farine. On triture convenablement \ gramme de
farine, dans un mortier, avec un peu de potasse en solu-
tion, puis on étend d'eau jusque 1 00 c. c. Si 50 c. c. de ce
mélange décolorent le permanganate, on dira que la farine
contiendra 53 "/o de gluten humide.
Pour l'examen du lait, de la crème, de la caséine, les
matières albuminoïdes décolorent le permanganate et
(1) 5 milligrammes de permanganate de potassium.
( 616)
renseigneront approximativement sur la valeur du lait.
Cependant ces principes réagissent avec le permanganate
d'une manière différente; ainsi, tandis que 0^',3 de crème
décolore la mesure normale et 1"%5 de lait, il reste
toujours un grand pouvoir décolorant dans le lait écrémé.
Le grand pouvoir décolorant de la crème ne paraît pour-
tant pas dû à la présence de la graisse, qu'on peut éliminer
au moyen de l'éther. En outre, la caséine semble réagir
faiblement avec le permanganate. C'est donc le principe
albuminoïde qui donne au lait son grand pouvoir déco-
lorant.
'J'ai flxé provisoirement à0°'",04le titre de toutes lesalbu-,
mines sèches, et j'ai été conduit à agir de la sorte à la suite
de divers essais, parce que le rapport du gluten sec au
gluten humide s'approche de ce nombre. Le titre de l'albu-
mine de l'œuf a été trouvé de 0^^,25 et celui-ci, divisé
par le rapport de l'albumine sèche, savoir 6, s'approche
de nouveau de ce nombre. En outre, après avoir précipité
la caséine du lait par l'acide phosphorique, la quantité
d'albumine restée en solution s'approche encore de ce
nombre.
Je suis occupé maintenant de déterminer par des
méthodes directes les diverses albumines; c'est pourquoi
le titre de 0=^04 ne doit être considéré que comme provi-
soire.
Notes complémentaires.
A froid.
a. Dans ce groupe se trouvent les matières albumi-
noïdes qu'il suffit de diluer dans de l'eau; par exemple, le
lait condensé, les peptones, les extraits de viandes, le
sérum, etc.
( 617 )
b. Dans ce groupe se trouvent les substances albumi-
neuses qu'on doit mettre en solution en les faisant bouillir
ou macérer dans une solution de potasse; par exemple, le
gluten, le pain, la farine, la nucléine, la viande, les albu-
mines coagulées (sérum, sang, librine).
A l'ébuUition.
c. Les matières de ce groupe, souvent associées à celles
des groupes précédents, doivent être traitées à l'ébullilion
parfois répétée. Ce sont : les mucilages, les sucres, l'em-
pois, l'alcool, dont le titre est variable (0^',C), etc.
Par exemple, l'empois et les mucilages ont un pouvoir
décolorant qui diffère peu de celui du blanc d'œuf, tandis
que ce dernier a un pouvoir double de celui de l'alcool;
les sucres, au contraire, se rapprochent de l'albumine
sèche.
Il est à noter aussi qu'une solution normale de perman-
ganate bouillanle se trouve réduite, par les albumines,
cinq fois plus facilement qu'à la température ordinaire.
( 6<8 )
CLASSE DliS LETTRES.
Séance du 1" décembre 1890.
M. Stecher, directeur.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. G. Tiberghien,uïce-rf/rec^eî/r;Alph.
Wauters, Emile de Laveleye, P. Willems, G. Rolin-Jae-
quemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, T.-J. Lamy,
P. Henrard, J. Ganlrelle, L. Roersch, L. Vanderkindere,
Alex. Henné, G. Frédérix, le comte Goblet d'Alviella,
membres; M. Philippson, associé; E. Banning, De Monge,
A. Giron et le baron J. de Cheslret, correspondants.
M. Alph. Le Roy écrit que sa santé n'est pas encore
assez raffermie pour lui permettre d'assister à la séance.
CORRESPONDANCE.
La classe apprend, avec un profond sentiment de regret,
la perte qu'elle a faite en la personne de l'un de ses
membres titulaires, M. Auguste Scheler, bibliothécaire du
Roi et de S. A. R. le Comte de Flandre, décédé à Ixellcs,
le 16 novembre, à l'âge de 71 ans.
{ 019 )
M. le directeur, après avoir adressé à la mémoire du
dél'unl un suprême hommage de sympathie, propose de
voler des remerciemenls au vice-directeur, M. ïibtighien,
qui a bien voulu se faire l'organe de l'Académie lors «les
l'unéraillcs. — Adopté.
Ce discours figure ci-après.
Une lettre de condoléance sera adressée à la famille du
défunt.
— M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction
publique envoie pour la bibliothèque de l'Académie :
1" Deux exemplaires de la brochure renfermant les Dis-
positions organiques sur les certificats d'études moyennes
et les épreuves préparatoires;
2° Deux exeujplaires de la publication intitulée :
Vœuvre du Congo, conférence par le comte Hippolyte
d'Ursel. — Remerciements.
— Le même Ministre soumet à l'avis de la Classe
une brochure intitulée : Unser Leben envoyée au Roi,
par M. Adolf Gaul, de Berlin, destinée, d'après l'auteur,
à un concours scientifique institué par le Gouvernement
belge. — Commissaire : M. Vanderkindere.
— Hommages d'ouvrages :
\° Discours inaugural prononcé à Couverture solennelle
des cours de l'Université de Liège, le 21 octobre 1890; par
L. Roersch;
2" San-Li'Tu. Tableau des trois rituels. Traits de
mœurs chinoises avant l'ère chrétienne; par C. de Harlez;
5° Des clôtures et des plantations; discours par M. Detroz,
prononcé à la cour d'appel de Liège ;
( 620 )
4° Études sur Wibald, abbé de Stavelot; par le chanoine
Toussaint;
5" Bulletin des archives d'Anvers, tome XVIIl, S""* et
^me livraisons; tome XVIII, 1*^* livraison; par P. Génard;
6° De afschaffing der normaalscliolen voor het middel-
baar onderwijs; par A. De Ceulenter;
1" A. Pénombre Medievali. B. Lucrezia Beniamini.
C. Luigi, Alfonso e Rodolfo Gonzaga; par Giovanni Scar-
donelli;
8" Manuel de droit électoral; par A. Giron;
9° A. Franz Foulon : Poèmes flamands et poésies
diverses. B- Auguste Doulrepont : La Clef d'Amors, n° 5
de la Bibliolheca norniannica; présentés par M. Stecher.
avec une note qui ligure ci-après;
10° Henri le Navigateur et l'Académie portugaise de
Sagrès, par le lieutenant général Wauwermans; présenté
par M. Henrard, avec une note qui figure ci-après. —
Remerciements.
— M. le D"" H. Logeman soumet à l'appréciation de la
Classe une notice manuscrite, avec cinq photographies,
sur une inscription anglo-saxonne gravée sur un reliquaire
de la vraie croix, appartenant au trésor de l'église collé-
giale des SS. Michel et Gudule de Bruxelles. — Commis-
saires : MM. Wauters, Roersch et Gantrelle.
ÉLECTIONS.
La Classe procède à l'élection :
i° De quatorze candidats pour la formation des jurys
chargés de juger la neuvième période du concours quin-
( 62i )
qnennal d'histoire nationale, et pour la seconde période
du concours quinquennal des sciences historiques;
2° De dix candidats pour la formation du jury cliargé de
ju^er la onzième période du concours triennal de littéra-
ture dramatique en langue française.
Ces trois listes seront transmises à M. le iMinislre de
l'Intérieur et de l'iDstruction publique.
— I.a Classe continue aux membres sortants le man-
dat de coniposer sa commission spéciale des linances pour
1891.
Discours prononcé aux funérailles de M. Auguste Scheler;
par G. Tibergbien, vice-directeur de la Classe.
Je viens, au nom de l'Académie royale, dire un dernier
adieu à un ami, à un collègue de l'Université, à un confrère
de la Classe des lettres, l'un des plus nobles par les qua-
lités du cœur, l'un des plus dignes et des plus illustres par
les dons de l'intelligence et j)ar l'ardeur au travail, l'un
des plus modestes aussi et des plus fidèles à la loi du
devoir.
Auguste Scheler a été enlevé inopinément à sa famille
et à la science, après une longue vie de labeurs et de
souffrances. Il avait été tout à la fois comblé d'honneurs
et secoué par les épreuves les plus douloureuses. Célébrons
sa mémoire comme celle d'un héros et d'un martyr de la
philologie.
5"°' SÉRIE, TOME XX. 41
( 622 )
Les événements de sa vie ne sont pas nombreux. Il
naquit à Ebnat, en Suisse, le 6 avril 1819. Il fit ses études
en Allemagne et reçut le litre de docteur en philosophie
et letlre.s à l'Université d'Erlangen en 1839. Puis il vint
s'établir en Belgique. Il fut chargé de l'instruction litté-
raire des enfants de notre premier Roi et, plus lard, du
prince Baudouin. Il fut nommé successivement bibliothé-
caire du Roi et du Comte de Flandre, oIHcier de l'Ordre
de Léopold, professeur de grammaire comparée et de
langue romane à l'Université de Bruxelles. Il fut élu
associé de l'Académie en 1868 et membre effectif en 1884,
après avoir obtenu la grande naturalisation « pour services
éminenîs rendus au pays ». H fut désigné pour remplir
les fonctions de directeur de la Classe, mais l'état de sa
santé l'empêcha d'accepter ce poste. Il faisait partie de la
Commission instituée pour la publication des œuvres des
grands écrivains du pays. L'année dernière on fêlait chez
lui le cinquantenaire de sa réception comme docteur. Il
était miné déjà par la maladie, et madame Scheler n'était
pas loin de la mort! Enfin, cette année même, le 5 mai
1890, il obtint par arrêté royal le prix décennal de philo-
logie. Honneurs et douleurs, c'était toute sa vie, vie glo-
rieuse, mais dure et ingrate.
Les publications de Scheler sont très considérables,
mais toujours consacrées aux lettres, à l'histoire ou à la
philologie, surtout à la philologie romane. Je ne saurais
en ce moment solennel les énumérer toutes. Je saurais
moins encore les apprécier comme il convient. Un philo-
logue doit être jugé par un philologue dans le silence el le
recneillemenl du cabinet. Mais la réputation de notre
cminent confrère n'est plus à faire. Tous ceux qui s'occu-
( 625 )
penl (le linguistique, en Belgique el à l'élranger, sont
unanimes pour vanler la science de Scheler et pour le
mettre au |)remier rang des romanistes. Le rapport du jury
qui lui a décerné le prix décennal confirme pleinement cet
éloge.
Je ne parlerai pas de sa dissertation doctorale en latin
sur Julien l'Apostat, de ses commentaires sur Homère et
sur Sophocle, de ses lettres sur la prononciation du grec,
de ses travaux sur la langue allemande, de ses écrits
historiques et particulièrement de ses recherches sur le
séjour de Tapôlre saint Pierre à Rome, qui ont été tra-
duites en anglais, ni de sa collaboration au Bullelin du
bibliophile belge el à plusieurs revues allemandes. Toutes
ces publications annonçaient sa vocation, mais n'étaient
que le prélude de ses hautes éludes de philologie.
Son <i Dictionnaire d'élymologie française d'après les
résultats de la science moderne » est une œuvre d'immense
érudition, qui' obtint rapidement trois éditions el qui est
devenue classique. Lillré en faisait le plus grand cas. Il
faut y joindre la suite el la fin du « Dictionnaire étymo-
logique de la langue wallonne » de Grandgagnage, et les
compléments à 1' « Elymologisches Wôrlerbuch der roma-
nischen Sprachen » de Friedrich Diez.
Ses gloses sur la lexicographie latine du XIP el du
XIII* siècle, son glossaire romain-latin du XV" siècle, ses
études sur la transformation française des mots latins et
son exposé des lois qui régissent celle transformation sont
des œuvres de premier ordre qui sont désormais indispen-
sables pour l'interprétation des auteurs du moyen âge. Ses
éditions accompagnées de notes et de glossaires de plu-
sieurs romans et de quelques chansons de geste, d'après
( 624 )
les anciens manuscrits enfouis dans les bibliothèques et
mis au jour pour la première fois, sont des découvertes
précieuses qui répandent une vive lumière sur l'origine et
sur l'évolution de nos idiomes, et souvent sur les mœurs
et sur les événements d'une époque.
Restent encore, après tous ces volumes, les publica-
tions académiques de Scheler. Elles sont insérées dans les
Mémoires de l'Académie. Elles comprennent un glossaire
philologique de la geste de Liège de Jean d'Ouiremeuse,
une élude lexicologique sur les poésies de Gilles li Muisis,
un glossaire latin-français du Catholicon de Lille.
Les Bulletins mensuels de l'Académie contiennent éga-
lement quelques fragments, notes et rapports de notre
infatigable confrère.
Enlin les travaux de la Commission de publication des
grands écrivains du pays renferment quelques-unes des
œuvres les plus importantes du célèbre romaniste. Ce sont
les Dicls et Contes de Baudouin de Condé, les Dicts de
Walriqnel de Couvin, les poésies de Froissart avec glos-
saire, Us glossaires des chroniques de Froissart, Adenés
li Roi, les Trouvères belges et Li regret Guillaume.
« Dans tous ces travaux, dit le rapport du jury de philo-
logie, où l'ingéniosité de l'esprit et la méthode ne servent
pas moins au savant que les lenteurs de l'érudition,
M. Scheler a toujours fait preuve d'un véritable sens phi-
lologi(iuc. Il a, de toutes les qualités de l'étymologiste, la
plus rare et la plus nécessaire, la circonspection...
ï L'Académie n'a pas eu de collaborateur plus laborieux
et plus fidèle dans la restitution historique et philologique
de notre passé littéraire...
> La philologie romane a trouvé en M. Scheler un
représentant dont l'autorité est aujourd'hui reconnue...
( b2o )
» Son œuvre est une sous sa diversité apparente, et
cette unité constitue peut-être le plus noble liire de ce
travailleur modeste à notre admiration. »
Voilà riiomm^; dont nous déplorons la perle. Son sou-
venir sera impérissable p.irmi nous. A l'Académie et à
l'Université, chacun aimait et vénérait ce savant si doux,
si bienveillant, si désintéressé, et si grand dans son
alïliction.
Mais que sont nos regrets, comparés au deuil de la
r.imille? Je ne puis y penser sans efîroi... Une seule chose
me rassure, c'est ()ue Scheler, dans ses plus grandes infor-
tunes, a toujours gardé intacte sa conliance en Dieu. Qu'il
repose en pai.x ! Sa conliance ne sera pas déçue. Sa vie et
sa mort sont un exemple pour ses enfants et pour nous
tous.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
M. Franz Foulon, d'Ath, me prie de présenter à la
Classe ses Puèmes flamands (1). C'est une mission bien
agréable pour moi, [)uisqu'il s'agit d'un Wallon qui, comme
il m'écrit, a tenté de rendre un peu de la poésie naturelle
de nos Flandres. Cette tentative au moins patriotique a le
droit d'intéresser une Académie qui, dans ses éludes,
n'exclut rien de ce qui constitue la vie belge.
(Il I-'kanz Foulon. Poèmes flamands rt poésies diverses. — Au beau
P'iys de Flandre.. — Vieilles chansons. — Sontiets à Willem. —
finndels siititils. (iaiid, .\(i. Hostc, éditeur, I8il0, 1 14 pages, iii-l2
(avec un dessin d'Oiner Coppens).
( 626 )
Mais il est bon de remarquer aussi que, pour être
national et neuf, M. Foulon n'a pas cru nécessaire de se
faire un rythme excentrique, ni un glossaire étrange et
accessible à quelques rares initiés. Il se sert du français
usuel pour un style et des idées qui sont bien à lui.
Ce n'est pas qu'il ait horreur des innovations, même
pour la césure; mais il croit ne devoir innover que par ^
opportunité d'art et à bon escient. A aucun prix, il ne f
prétend s'interposer entre son lecteur et le sujet qui
l'inspire. S'il cherche à localiser ses impressions, s'il
s'évertue à nationaliser ses esquisses, c'est sans préjudice
des droits réels, imprescriptibles de l'idiome autorisé. En
de certaines pièces, telles que Carillonnenr, Bannières,
Après la pluie, Dentellières, Laitière, Vieille ville, Marée
basse, etc., on éprouve un charme qui, après tout, n'est
pas vulgaire, celui de sentir des vibrances de lumière bien
flamande dans une langue demeurée irrécusablement
française. J. Stecher.
J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de l'auteur,
le texte critique de la Clef d'Amors, poème français qui
semble dater de la fin du XIII' siècle, M. Auguste Doutre-
pont, professeur agrégé de philologie romane, sorti de
l'École normale des humanités de Liège, récemment encore
attaché comme lecteur de langue française à l'Université
de Halle, a publié cette curieuse paraphrase d'Ovide dans
la Bibliotheca normannica de Hermann Suchier.
a La préface, dit une revue de Paris, le Moyen âge, est
un bon morceau de critique littéraire et de philologie. »
( G"27 )
Après des comparaisons sagaces avec VArs amatoria, le
jeune philologue décrit el classe les divers manuscrits,
étudie la métrique et la langue du poète français. Il cherche
même ù découvrir son nom dans la longue charade, placée
ù la tin de la Clef d' A mors, selon la manie du temps.
Ce travail, (|ui a été remarqué en Allemagne, est le
IVuit d'un séjour de deux ans à Florence et à Paris, où
M, Doutrepont a pu utiliser les manuscrits et les éditions
anciennes, et à Halle, où il a trouvé un éditeur et un impri-
meur. Dans le monde des spécialistes, on est d'accord pour
reconnaîlre ici une contribution sérieuse, même après les
tentatives faites par Edwin Tross, Michelant et Kôrting.
Au point de vue littéraire aussi, des lecteurs moins
friands de critique paléographique trouvèrent des rappro-
chements ingénieux et des suggestions assez lines.
J. Stecher.
Henri le Navigateur et l'Académie portugaise de Sagrès ;
par le lieutenant général Wauwermans.
Ce livre, qui porte en sous-titre : Introduction à l'étude
de l'école anversoise de géographie au XVI' siècle, pourrait
aussi bien s'appeler : « L'histoire de la recherche de la
roule maritime des Indes, et des découvertes des côtes
d'Afrique et de l'Amérique qui en furent les consé-
quences. »
A l'époque des croisades, nous dit l'auteur, la pratique
navale se bornait encore au cabotage, mélhode timide qui
maintenait toujours les marins en vue des côtes et les
( C28 )
obligeait, aussitôt la nuit tombante, de jeter l'ancre de
peur de s'égarer.
L'usage de la boussole, enseignée par les Arabes aux
marins italiens, enhardit les navigateurs. On s'éloigna
des côtes et on voyagea la nuit; mais seulement dans les
mers fermées du nord et du midi, car, sur l'Atlantique,
personne n'osait prendre le large : une terreur vague
paralysait les marins et les ramenait vers l'est, quand
parfois ils s'écartaient accidentellement du rivage. Vers
l'ouest, au delà du monde connu, régnaient les ténèbres
et, jusqu'au commencement du XV siècle, les récits les
plus extraordinaires remplissaient les légendes et les vies
des saints. Toutefois, déjà au XIV% .des portulans
indiquent, avec plus ou moins d'exactitude, les archipels
des Açores, de Madère et des Canaries, découverts par
hasard par des navigateurs poussés au large par les tem-
pêtes.
C'est dans la première moitié du XV" siècle que s'ouvre
l'ère des découvertes méthodiques, sous l'inllnence et par
l'initiative du prince Henri de Portugal. 11 était fils de
Jean l"" et de Pliili|)pine de Lancastre et frère d'Isabelle,
qui épousa le duc de Bourgogne Philippe le Bon et fut
mère de Charles le Téméraire. Né avec des dispositions
remarquables pour les sciences exactes, il s'entoura de
savanls et de navigateurs illustres de tous les pays, et
établit à Sagrès, près du cap Saint-Vincent, une école
navale, à laquelle fut attaché un atelier important de
dessinateurs de cartes, afin d'en pourvoir les marins
portugais.
Sur la foi de renseignements donnés par les Arabes,
Henri résolut de poursuivre la reconnaissance des côtes
d'Afrique, qui n'étaient connues que jusqu'au cap Non, et
( ()29 )
il profila de son autorité de Grand-iMaîlre de l'Ordre du
Clirisl pour obliger ses chevaliers, dans leurs voyages
maritimes, à dépasser ce point, que la superstition parais-
sait désigner comme la limite extrême du inonde. Par
sa persistance, les chevaliers atteignirent successivement
les côtes d'Afrique jusqu'au cap Mansurado, à G" de lati-
tude nord.
Après sa mort, en 1-405, les voyages de découvertes se
continuèrent. liarlholomé Diaz doiihla le cap clesTempélcs,
que Jean 11 nomma cop de Bunne-Espcrauce, le récit que
lui fît Diaz lui faisant prévoir que la roule des Indes était
découverte. Dix ans plus tard (1497), Vasco de Gama
achevait l'œuvre du prince Henri en contournant le pre-
mier le continent africain.
L'école de Sagrès avait introduit dans la marine l'usage
de {'astrolabe et la coutume de déterminer chaque jour
la latitude par l'observation de la hauteur des astres.
Afin de recliher la position du pointa l'aide de ces obser-
vations, les caries étaient quadrillées au moyen de
parallèles et de méridiens également espacés; enfin elle
substitua aux cartes plates celles à développement cylin-
drique.
il n'est pas douteux que les progrès réalisés en Portu-
gal par les navigateurs n'aient été connus de Christophe
Colomb, arrivé à Lisbonne en '14-70, et qui, indépendam-
ment de son métier de caboteur, pratiqué dans la bonne
saison, dessinait des cartes marines pour se procurer des
ressources pendant l'hiver.
Durant un séjour qu'il lit aux Açores et à Madère, près
de deux de ses beaux-frères, on lui signala des objets
ouvrés par la main de l'homme et apportés par un courant
d'ouest; il en conclut la présence à l'occidenl d'une terre
( 630 )
qui, d'après lui, ne pouvait être que les Indes, cherchées
jusqu'alors à l'orient.
Nous ne suivrons pas le général Wauwermans dans ses
biographies de Colonr)b et de Magellan, « dont l'étonnant
voyage complète et synthétise les découvertes de Colomb
et de Vasco de Gama » ; nous nous bornerons, avec l'au-
teur, à rappeler que Guicciardin attribue l'origine de la
richesse d'Anvers au choix que les Portugais firent de
cette ville pour entrepôt des « drogueries et épiceries » des
Indes, dans leur commerce avec le nord et le centre de
l'Europe.
Très clairement exposée, l'histoire de ces prolégomènes
des grandes découvertes maritimes de l'époque moderne,
nous prouve une fois de plus que les progrès de l'huma-
nité ne procèdent pas par bonds, mais par efforts lents et fl
successifs; une découverte en entraîne une autre et est
elle-même le résultat synthétique des faits qui l'ont précédée,
plutôt que l'intuition inconsciente d'un homme de génie.
P. Henrard.
RAPPORTS.
Een paar fragmenlen van den Roman van Perchevael ;
door Fr. Van Veerdeghem.
i M. Fr. Van Veerdeghem, chargé de cours à l'Université
de Liège, a eu la bonne chance de faire récemment, dans
un livre provenant de la bibliothèque de feu notre confrère
M. Bormans, une heureuse trouvaille. 11 s'agit de deux
( 6-'l )
feuillets doubles en parchemin, conlenanl des fragments
d'une traduction tliioise du Perceval de Chrétien de Troyes.
L'existence de ces feuillets avait été déjà annoncée par feu
M. Bormans en 1857 (1), mais ils n'avaient pas été publiés,
et ils s'étaient perdus dans la suite.
Le travail, soumis par \\. Van Veerdeghem à notre
Classe, contient :
i" Une courte préface, dans laquelle l'auteur décrit les
feuilles manuscrites;
2° Le texte, rendant avec beaucoup de soin, autant
que nous avons pu en juger, le texte original Chacun des
deux fragments comprend 568 vers. M. Van Veerdeghem
a placé en bas du texte des notes explicatives élémentaires,
qui ont été effacées au crayon et (jui ne semblent donc
pas être destinées à l'impression;
Z" Cinq pages d'annotations exégétiques;
4° Des extraits d'un texte ihiois du même roman, insérés
dans le manuscrit de la traduction du roman de Lancelot,
publié par Jouckbioet (livre II, 37552-37584, 58255-
58550,58615-58680);
5° Des extraits du texte original de Perceval le Gallois,
|)ublié par notre confrère M. Polvin (I, v. 6940-7217,
7559-7866).
Il n'y a pas de doute que les fragments nouvellement
retrouvés méritent d'être publiés. Tous ces restes de nos
anciennes littératures nationales présentent le plus haut
intérêt, non seulement au point de vue linguistique, mais
encore pour l'élude comparative de la littérature et de la
(I) Biillct. de l'Acad. roy. de Belgique, 2« scr., l. I, pp. ÎJO0-SiO7.
( 652 )
civilisation pendant le moyen âge. Je ne vois pas de raison
de réimprimer les evlrails des éditions de MM. Jonckbioet
el Potvin. Ceux qui s'intéressent à ces études irouveroni
facilement l'occasion de consulter ces éditions, qui doivent
se rencontrer dans toutes les grandes bibliothèques.
Les annotations qui suivent le texte sont, comme
l'auteur le dit lui-même, en majeure partie superflues pour
les linguistes. Aussi pourrait-on en élaguer une bonne
part et reporter au bas du texte les quelques remarques
vraiment utiles qui restent.
Nous somnjes donc d'avis qu'il y a lieu d'imprimer la
préface et le texte des fragments avec un choix fait dans
les remarques, et le Bulletin nous semble te mieux con-
venir pour cette publication. »
Kappoft <fe .n. Koet'schf deuaciètne cummittaire .
« Ces fragments d'une traduction en vers thiois du
roman Perce val li Gallois ne sont pas entièrement incon-
nus. Une grande partie en a été publiée par Jonckbioet
dans le Lancelot.
La version que le célèbre littérateur a donné du premier
fragment, diffère notablement de celle que vient de retrou-
ver M. Van Veerdeghem. Cette dernière serre le texte
original de plus près; l'autre abrège, retranche ce qui
paraît retarder le récit. Il est difficile de savoir s'il faut
attribuer les deux textes à des auteurs différents, mais à
cause de l'identité de la plupart des rimes, il ne paraît pas
douteux que le rédacteur de la version du Lancelot n'ait
( 635 )
on sous les yeux le lexle tloiil nous nous occupons en ce
moment.
La partie du second fragment publiée par Jonckbiocl
est celle qui se rapporte aux exploits de Gauvain, c'est-
à-dire les soixante premiers vers. Ici la dillérence se borne
à quelques variantes sans importance. Les vers 61 à 3G8
sont entièrement nouveaux.
Nous pensons, avec notre savant ami iM. Willems, que
les deux fragments méritent d'être publiés. Si le premier
n'a pas tout l'attrait de la nouveauté, il permet de consta-
ter comment le même texte peut se rencontrer avec des
rédactions différentes. A ce point de vue, je ne puis
qu'approuver l'idée de M. Van Veerdegbem de donner en
appendice les extraits correspondants du Lancelot, ouvrage
assez peu répandu. 11 importe aussi de comparer la tra-
duction à l'original, mais comme il est plus facile de se
procurer l'édition de M. Potvin, il paraît superflu d'en
réimprimer des extraits.
Ayant eu le manuscrit sous les yeux, j'ai pu reconnaître
mieux encore que iM. Willems l'exactitude de l'éditeur et
la sagacité dont il a fait preuve dans le déchiffrement de
maint endroit d'une lecture fort difficile. Mais il m'a été
permis aussi de relever un certain nombre de passages où
la vraie leçon semble lui avoir échappé.
Fragment I, v. 48, l'original porte Soe mi waerheit ende
Ironwe, non Sec mi waerheit, etc.
V. 51, voerwnrt loe, non voerwart soe;
V. 76, Thiebaut die, pas Tiebauldoe ;
V. 81, loue u Got, psisjone;
V. 127, Gringo'etten, pas Gringeletten;
V. 25S, Dese siverde, pas de siverde;
V. 277, dese macte kelcken, pas dese macte bekken;
( 634 )
V. 341, dar, pas dat;
Fragment II. 106, bi sire groler oemoedecheden, pas bi
sire oemoedecheden ;
V. 147, wat dadi daer bi uer trouwen, pas wat dadi
daer bi verlrouwen ;
V. 170, soe, pas so;
V. 257, misdaen, pas mesdaen ;
V. 236, Her, pas hor ;
V. 246, mine, pas nine ;
V. 263, genost, pas gevost;
V. 266, f//en vrouwe, pas c/ie m urowice.
Dien n'est qu'une variante orthographique pour din ou
V. 275, ghene sonde = ce péché-là, pas aliène sonde;
V. 346, Dien helpl, sone laetsi niet, pas dien helpt sane,
lates niet.
Des fautes de lecture doivent entraîner des interpréta-
tions erronées. C'est ce qui est arrivé à M. Van Veerde-
ghem au fragment I, v. 342. H lit :
Ten ersten sullen si hem beconden
Van gocder minne; onderlinghe
Hadden si gesprokea van andren dinghe.
Dat sulke twc saten in sulkcr slede
Dat dochte mi grote ledichede.
Le dernier mot est expliqué par vrijheid.
Il faut lire au contraire :
Ten ersten sullen si liem beconden
Van goeder minne onderlinghe.
Hadden si ghesproken van andren dinghe,
Dar sulke twe saten in sulker stede,
Dat dochte mi grote ledichede.
( 655 )
Cela veut dire : « s'ils avaient parlé d'autre chose que
d'amour, alors qu'ils en avaient si belle occasion, leur
entrelien m'eût paru bien oiseux. »
Au V. 246, nous lisons dans le texte de M. Van Veer-
deghem :
Occ sach ic wcdcr ende vort
Dat Gracl vor mi draglicn,
Nine horde nienian daroin vraghen.
Il donne à nine le sens de noc/i, ni.
Mais on voit par le contexte que Perceval s'accuse de
n'avoir interrogé personne sur la destination du Grâl. Il
faut donc lire : Mine horde nienian dar om vraghen :
personne ne m'entendit faire une question à ce sujet.
Au v. 265, l'éditeur lisant Vrient, die heuet gcvost
meest een sonde die du niet en vreest, dit que g evost vient
de geiorscen, « opzoeken, vinden. » Le passage devient
clair, si on lit genost, participe de nosen, nuire. <r Amis,
dit le français, moull l'a néu uns péciés dont tu ne ses
mot. »
M, Van Veerdeghem a cru ne devoir rien changer an
texte de son manuscrit. Il hésite même d'accepter la
proposition que lui a faite M. Verdam de corriger ic
en itf II, 14, ic ware mi liever dat hier ghedoghede VU
iaer sulke qtiale, etc. En faveur de ic, il cite le vers 248,
ic ware mi liever doet, et un passage analogue de Rei-
naut van Montalbaen. Mais ic est là sujet de la phrase
et a doet pour attribut. Au v. 14, le sujet de ivare est
la proposition introduite par dat, qui doit être annoncée
par il = hel.
( 636 )
Puisque nous sommes sur le terrain de la critique,
je voudrais lire II, 80, LX. Ridderen d'après le texte
français, et changer v. 27o dar en dat. Au v. 75, le
signe du renvoi devait être placé deux vers plus loin
après darloe liaddi suie ghevat. Celle phrase était suivie
des quatre vers que le copiste a passés et mis au bas
de la page. »
MSappofl de 3f. Sfechct', tt'oiaiéine cotnnttaaaife,
« Avec une compétence toute spéciale, mes deux
savants confrères reconnaissent l'inlérét qu'offre la com-
munication de M. Van Veerdeghein. Je n'ai rien à ajouter
à leurs justes ohservalions; elles font suffisamment con-
clure à l'importance d'un document de comparaison phi-
lologique.
Je crois toutefois qu'il serait utile de laisser subsister le
texte Polvin à côté des textes Jonckhloet et Bormans. Il
s'agit, en somme, de constater des nuances et des variétés
de détail, ce qui semble commander la juxtaposition des
textes. j>
Conformément aux conclusions dos rapports de ses
commissaires, la Classe décide l'impression au Bulletin au
travail de M. Van Veerdeghera.
( ^57 )
COMMUNICATIONS KT LECTURES.
Een paar fragmenlen van den Roman van Perchevael ;
uitgegeven door F. Van Vcerdcglicm, professer aan de
Hoogere Normaalschool voor Hnmaniora, le Luik.
r
VOORREDE.
Voor eenige weken vond ik in een boek herkomslig uii
de bibliollieek van wijlen professor J. Borraans tvvee dub-
bele blaadjes oud perkamenl met middelnederlandsche
verzen beschreven. Na kennis van den inhoud genonrien
le hebben, kwam ik loi de overluiging dal ik de hand
gelegd bad op bel fragmenl van de dielscbe verlaling van
Chreslien de Troyes' Perceval le Gallois, dal de geleerde
professor ten jare 1857 in de Dietsclie Warande aankon-
digde, docb nooil, voor zoo ver ik weel, iiilgaf.
Dcze iwee dubbele blaadjes vormen eigenlijkvier bladen
van ons hedendaagsch oclavo forraaal, dus samen achl
bladzijden; iedere bladzijde heefl iwee kolommen, elke
van zes en veerlig regels.
Hel fragmenl moel deel gemaakl hebben van een codex
de voliedige verlaling van den Perchevael bevallende.
Volgens de mededeeling in de Dictsclte Warande (4857,
bl. \\A), werd hel « van een boekdeksel afgedaan D.Geen
5""* SÉKIE, TOME XX. 42
C 658 )
wonder dus dal hel wat beschadigd is : hier en daar is het
gescheurd, doorknaagd of bcvlekl. Op de laalslc bladzijde
zijn eenigo regels min of meer uilgesleten en bijna onlees-
baar geworden. Het binnenblad, regelmalig doorsneden,
is vvellicht cens onder bel mes van een boekbinder
geweest.
Waar het perkamenl niet gescbonden is, is bel schrifl
duidelijk, zelfs sierlijk. De groolere boofdiellers der afdee-
lingen zijn rood, zonder versiersclen; de aanvangslellers
der verzen zijn boofdiellers, ofwel kleine, gewone lelter-
leekens; zij zijn regelmalig mel rood doorslreept of
gedeellelijk rood gemaakt. Den lijd der vervaardigingslipl
le bepalen warc moeiiijk; uil ailes scbijnl le blijken dal
hel handschrifl lot de ivveede heift der derlieude eeuw
moet opklimmen.
Wal den inboud belreft, de vier eersle bladzijden, of
oG8 eersle verzen, bevallen, gebeel of gedeellelijk, drie
episoden : 1° die van Walcwein en Tibaiil, of liever vao
Walewein en de Jonkvronw « mellen cleinen mouwen »
(Fragment I, v. 1-100); 2° de jacht van Walewein op eene
wille bindc (Fragm. I, v. 101-176); 5° Waleweins aan-
komsl bij koning Vergulal en zijne belrekkingen mel diens
zusler (Fragm. I, v. 177-568).
In de vier laatsle bladzijden bebben wij slecbls twee
episoden : 1° bel slol van WaleNveins wedervaren len hove
van koring Vergulal, wien bij den ecd moet doen de
blocdendc specr le gaan opzoeken (Fragm. Il, v. 1-60);
2° Perchevaels verwildering, zijne onlmoeliiig met eene
schare van boelelingen, zijn berouw, zijne aankomst bij
zijn oom den kluizenaar, zijne biccbt en bel gebed dal
deze kluizenaar hem leerl (Fragm. Il, v. 61-568).
Daarmcde breekt bel handschrifl af.
( G3Î) )
Tusschen fragmciil I en fragment ii heslaal eenc
gaping. Ilel gedeelle dal hier onlbretkl nioct de vcrdere
lolgevallen van Walewein len hove van Vergulal bcval
hebbcn, loi op bel ougenblik dal hij genoodzaakl is le
zwcren de blocdcndc speer le gaan opzocKen. Is die gn|)ing
aanzicnlijk? Wanneerwij den Transcben icksl van Clires-
lirns Perceval in Polvins uilgave raadpicgen, dan bespeii-
ren wij dadelijk dal de verlaling in ons IVagmcnl dicn
leksi nagenocg op den voel volgl, ja zelfs, dal elke épisode,
en in den Franschen leksl en in de middelnedcriandscbe
verlaling, nagenoeg helzelfdc gelai verzcn (ell. Nu, bel
gelai verzen waar Chreslien de Troyes Waleweins weder-
varen beschrijfl na de onldekking zijner liefde voor Ver-
gulals zusler, lotop bel oogenblik dal hij den laslonlvangl
de bloedende speer le gaan opzoeken, beloopt drie hon-
derd Ivsee en iwinlig (v. 7217-7559). Daaruil mcen ik le
mogen opmaken dai in bel fragmenlecn dubbcl lusscben-
blad (vierbladzijden of drie bonderd acbl en zeslig verzen)
onlbreekl. Ware dil bcbouden, dan zon ons fragmenl een
gebeel gevormd bebben van 1104 verzen.
Ondanks deze Iccmle achten wij dil paar fragmenlen
niet van belang onlblool. Voor de kennis van bel middel-
nederiandscb leverl bel woorden en uitdrukkingen op die
1^"' meesl, wcl is waar, ook elders voorkomen, docb wier
bcleekenis hier met sliplbeid kan aangegevcn en bcpaaid
worden. Uit dit oogpunl is vooral belangrijk de uilbrei-
ding(Fragm. I, v. 245-294-) waar de bandel en nijverbcid
cener middeleenwscbe slad besebreveu zijn, besclirijving
die onwillckeurig aan bel Brugge der middeieeuwen doel
denken.
Voor de gcscbiedenis onzer vroegere leltcrkunde zijn
de fragmenlen ook van zeker gewicbl. Dal bel gcbcele
( 640 )
werk van Clireslien, dal gansch zijn Perceval le Gallois
bij ons verlaaid was gevvorden, slaal nu vast. Wal D"^ Jan
le Winkel in zijne Geschiedenis der Ncderlandsche Let-
terkunde (I, bl. 177) nog meetide sleehls le mogen ver-
raoeden, woidt door het lenigvindeii van dit fragmeiil
eene onwederli'gbare, cène volkomen zekerheid, allhans
voor dil gedeelte van 'i gedichl van den Franschun
irouvère.
Zoo als men weel, bezillen wij van belzellde werk eene
gedeellelijke verlaling die in bel handschrift van den
roman van Lancelol iiigescboven is en in D"^ Jonckbloels
uilgave v. 56948-42546 van bel tweede boek uilinaakl.
Daar Jonckbloels uilgave niel in ieders bereik is, bebben
wij het raadzaam geacbl in eene bijiage (Bijlage A) de epi-
soden die met het fragment overeenslemmen mede te
deelen. Om dezelfde reden bebben wij uit Polvins uilgave
van den Perceval le Gallois die gedeellen overgenomen,
wierinboud in onze fragmenlen weergevonden wordl; zij
vornien hier de Bijlage B, De lezer zal aldus in slaal zijn
zicb zonder moeile of zoeken een denkbeeld le vormen
van de waarde en belangrijkheid dezer fragmenlen.
Van iiet handschrift bebben wij, zooveel doenlijk, een
getrouwen afdruk geleverd, Wat onleesbaar of afgeslelen
was, hebben wij door stipjes vervangen. Sleehls daar waar
zeer weinig, een lellerteeken, eene leltergreep of een
woordonlbrak en bel ontbrekendegemakkelijk en natuur-
lijk uit de omgeving op te maken was, hebben wij gepoogd
de leemlen in te vullen; deze invullingen zijn evenwel
tusschen Iwee haakjes geplaalst.
Onze fragmenlen bevallcn een zeker gelai dier verkor-
lingen welke men in de bandschriften der derliende eeuw
vaak aanlrefl. Van eigennamen, zoo als VValewein en Per-
( 641 )
chcvad, li(( It men slechlsde eersle IcUergreoi); helzelfde
i;cl(H \oo\' jour fro II w en coninc\ licl wooni ridder \\or(\i
hijna immcr sicchis bij niiikkl ((.ncr K iiilgedrukl; de
lcller{;rep|) cr, z<owfl midden iii de Nvoordcn als in den
uilgang,wordlvaakdooreen soorl van accent c vcrvangen;
cen saiiipnlr(kliingj«le(lven ver\angl ook soms andere lol-
lers, zoo als ra en sprac, dal spc gesclircvcn wordl; ende
wordl hijna inimer en gesclireseii, enz. Deze verkorlingen
ineenden wij niel le moelen behoiiden, len einde hcl lezen
van liet stuk gemakkelijker le maken.
Eenvoimiglieid van spelling heslaal hier even weinig aïs
in de ovcrigc middehiederlandsche handschriflen : meer-
malen sfaal o of oo voor oc, en i voor ie [tiiodi = iiweti,
inoel gij ; vuor=^voer; so en soe; hir en liicr)\ nu eens
heefl men daer, dan weder dar\ nu nemmer, dan nemer,
menglien en menrjen (menig), gi en rjhi, Itacr en liar, heefl
eu heft, ersten en ierslen, scindi en sendi, berounesse,
berouicenesse en berowenesse. enz, enz. Eenheid van spel-
ling, verhuiging of vervoeging hehhen wij in onze uitgave
niet gepoogd lot stand le brengen. Geene veiandering,
hoe goring ook, hebben wij liieromlrent in den tcksl
gehrachl; wij achllen bel roekeloos iels aan de Iczing van
bel bandscbriri le wijzigen. Slecbls daar waar V klaarblij-
kelijk de plaals inneemt van W, namelijk in sverde, ive
vrochfcn, vollon, versvareii, enz., hehhen wij duidelijk-
beidsbalve de W liersleld.
Zelfs bandtaslelijke misgrepen van den schrijver of
afschrijver en kennelijk hedorven plaalsen hebben wij
geliiten zoo als zij in bel handschrifl voorkomen. Een paar
malen hebben wij in eene nota het een of ander toi bel
hersteilen der ware lezing voorgeslagen. De punclualie is
van ons.
( G42 )
Wij hcbben lict nnllelooâ geachl eene verklarende
woordenlijst bij onze uilgave le voegen; len gevolge van
hcl vorderen van D"" Verdams Middelnederlandsch Woor-
deiiboek mag men bol lijdvak der verklarende woorden-
bjslen als geslolen bescbouwen. In de aanleekeningen
hobben wij slecbls eenige ongewone vormen en woorden
opgebelderd.
Nocb de Percbevaels romans in 't algemeen, noch wat
er van in den Laneeiol ingeseboven werd of in onze frag-
menlen voorkoml, nocb Cbreslien de Troyes' Perceval le
Gallois dacblen wij bier te moeien bespreken; wal D"" Jan
le Winkel er over mededeeit in de inleiding zijner uilgave
van den roman van Moriaen scheen ons loe le kunnen
volslaan.
FRAGMENT I.
Suie gcval cnde suie aventure
Dat liem soe wordcn te sure.
Wclkcn riddcr soc lu ghcmoele,
Wicn soe hi mellen spcrc groete,
y Hi dcdcm stegcrcp onde gcroiden
Rumen cnde ligghen acn der heideii.
le wanc noit eer man en sach
Min lier Walcwcin om bcjach
So sere pincn le ghcre stcdc
10 Aise hi tcscn tornoi dcdc.
Dus wan hi met sire hant sciere
Rikeiikcr orse des dages vicre :
Dat icrstc seindi der joncfrouwcn
Die men hcil melten eleincn mouwcnj
( 645 )
m Dat andcr scndi 1er licrbcrglicn binnon
Hcr Garijss. wivc, sirc wcrdinncn;
Dat dcrdc scinde lii Iiarc doclilcr
Die dics levedc vt'lc te sochtcr
AIsi ici liaddc dal harc vcrsierdc;
20 Harc andcr dochicr scindi tvicrdc
Die niet en was beliageirc min;
Aldus bestaedc iii sin ghcwin.
Ende aïs min hcr Walewein sacli
Dat gine over dcn middacli,
•25 En wiidc lii langer tornicrcn nicl;
Ende met dcscn die tornoi seict.
Hcr Walewein kcrdc wcder in die slal
Die des dages hadde vcrwonncn dat
Dal Ridderen [sci] dcn grole ende clcne
50 Dat lu van bcidcn siden aliène
Dion pris dics dages liadJc bejagct.
Hoe dickc was doe daer gevragcl
Beide stilie ende opcnbarc
Ofto icman wislc wic lii warc ;
55 Manlic vragcdc andren of liis iet kindc.
Hcr Walewein rect met gheninde
Ter hcrbergcn. Aise hi dar quam,
Saeh hi vocr hem ende vernam
Ter dore stacn die selvc jonefrouwc
iO Die hem ghegeven hadJc die mouwe.
Die jonefrouwc licp endo glicgrcp
Meltcr haut sincn steghercp
Ende danelc hem al opcnbarc
Dat hi dor die bedc van harc
iSi Dics dages so vclc haddc gedaen.
Hcr Walewein anlworde saen :
Vs. 2). Dat ridderen, naar aile waarschijnlijkheid eene verschrijving voor
die ridderen.
( 644 )
Hct was wcl rcchl, licvc joncfrouwe,
Sec (?) mi wacrhcit cndc trouwc;
Gi licbt dics icgcn mi verdient
50 Dat u riddcr ende u vricnt
Ben ende voerwart soc sal sin ;
Ende of gi icvveren der hulpcn min
Behoevct, soe ontbicdct mi;
In vvat onleden soc ic si
5?) Begrcpcn, ic corne u, bi Gode,
Te hulpcn metten icrsten bodc.
Binnen dat si sprakcn dose wort,
Soe quam die hcrc van der port
Ende dancte hem der cren saen,
60 Die hi sinen kinde haddc gedacn
Ende nodene te bh'venc met hem.
Hcr Walcwcin sprac : le bem
Hastich; inné mach niet merrfn ;
Lcttic langer, hct mochte mi werren;
65 le wil riden. Ghebiedi iet?
Tibaul sprac: Hère, nenic niet,
Sonder dat ic gerne uen name
Soude weten, wart u beciuame.
Hi antwordcm alte hant :
70 Walewcin bon ic gênant
Ende bcn des conincs Arturs nevc;
Inné loghcn nemer, dat ic levé,
, Minen nacm dor enegen man,
Ende inné seiden noit nochtan
75 Mine wasser tierstcn om ghevraget.
Tibaut doc des wcl bchagct
Dat min hcr Waiewein es
Ende sprac : Hcrc, des sijt gewes,
Dat ic hcbbe, staet al, bi Gode,
Vs. 50. Dat u ridder, dat ic, met uitvallen van ic; zie ook fragm. Il, vs i5.
( un )
80 Tucn wille endc tucu gchodc.
lier Walcwcin sprac : Dat joue u («olj
Min willo eiido iiiiii {;cl)ot.
Dais dat gi blivcn niocl gcsont.
Eiide als die joncfrouwc dal vcrstoiil,
85 Dat lier Walcwcin wildc rldcn
Nccli si liein tcn selvcn lidcn
Endc cuslc sincn voct.
Aise her Walcwcin dit vcrstoct,
Sprac lii : Joncfrouwc, wals dat gi doct ?
KO Si sprac : llcrc, ic caisse ucn voct
Op gcnadc dat gi
Mins gelinkcn suit dar bi.
Her Walcwcin sprac : licvc joncfrouwc,
Dor mine wacrhcit endc trouwe,
9Î) Gi hcbt mi ghcdacn suie crc.
Inné vcrgct nommer mcrc.
Darna heft hi orlof genomen
Nict aliène acn hem somen,
Mar acn hem allen die hi daer siet.
lOO Donc wildi langer Ictte nict.
Hi rcct met hastcn al dcn dach.
Dics nachts hi tencn clostar lach
Daer hem niet en glicbrac
Endc mon hcni crc dcdc endc gemac
105 Aise cncn gocden man bctam.
Dics margens, aise die dach quam,
Rcet hi danen dor cen lant
Dar hi andcrs nict en vaut
Dan wildcrncsse endc wocstine.
HO Dus rcct lier Walcwcin entie sine
Totc cen lutte! over none;
Doc quam gercden desc cône
Ncven die sidc van cncn woudc,
Daer hi bcneven lidcn soude,
( 64(3 )
1 15 Dar wilde stondcn ter wcitlcn vcle.
Hcr Walcwcin hicl te sine spclc
Encn cnapc bctcn te liant,
Die ccn ors Icide in die liant,
Dal barde starc was eiide {;roct.
120 Tcncn cnapc lii glieboct
Dat lii bctc endc lors vcrgordc.
Dat was gcdacn mcHcn wordc.
Des was hcr Walcwcin barde blidc
Endc bcte nodcr van dcn rossidc,
125 Endc ginc sillcn op dat ors
Dicn bi nict en glielrnde wors
Dan sinen Griiigclctlen.
Doe gaf bi hcin al sonder Icltcn
Ecn spcre dat starc was onde slidc. •
130 Die cnape nani dat rosside
Dacr bi op sat te voren
Ende min hcr Walcwcin slocli met sporcn
Tcn wildc wart dar bijt sacli staen,
Ende was ondcr dcn trop soc saen,
135 Dats dcn cnapc baddc wondcr.
Ene hinde sacli hi dar ondcr
Die aiso wit was aïs ccn swacn.
Aise bise sach, bi sctte haer anc
Sin bertc endc sinon sin,
140 Dat bi dar vorcn groct ghewin
Niet en prisdc nonc mindc,
Mocbt sin ors die wittc hinde
Verlopcn endc makcn stanc.
Hi sach die wittc hinde die spranc
145 Ende met crachte licp dar vorcn.
Hi nam sin ors mcltcn sporcn
Vs. 137. Stvaeii, het rijm vergt swane
Vs. 143. Verlopen ende makeii siane, loopend inhalen en te schande brengen,|
overtretfen, overwinnen.
I
( U7 )
Endc voldc liacr soc mcl ghcwclt,
Dat Iii liacr dede acii dat vclt
Soc mcnghcii kicr ciide soincngcn waiic,
150 Dal lii der liindcn acn liarcn danc
Dat spcr Inidc op liarcn liais.
Haddc lii oeil luttcl n)cr ghuvals,
Hi haddu gcloUct wcl dio liindc ;
Macr hi incrclc cndc vcrkiiidc
155 Datsin ors cns voclcn mocl :
Des wart die liinde licm oiigcrcct.
Doc kcrdc hi wcdcr lotcrslralcu
Dur hi Iharnascii haddc gclatcn
Endc sprac : Bclc, Joncl,
ICO Endc sic wat dcscii orsc Ici ;
Het houtel hardc acn ciicn voct.
Jonctc hi was hardc vrocl
Endc raarscaic gocl van pcrdcn ;
Hi hctc ncdcr tolcr crdcn
165 Endc hicf dcn ors op sinon voct.
Aise Jonctc vcrstoct
Waer om dors houle, hi sprac :
Dit ors hcft gccn onghemac,
Sonder dattet hevcl vcriorcn
170 Van sinen reclilen vocte vorcn
Ecn iser cndc iicm die voct es bloct ;
Et en hevel cl ghenen nocl.
Nu, ride wi saclilc, sprac Jonct.
Tes wi vinden cncn smet
Vs. i47. Volde, verschrijving voor volckde of volhde ; deze schrijfwijze vindt
inen ook in het door E. Martin uitgegeven fragment van den Reinaert.
Vs. 135. Eus voeten meet. In Lancelot vs. 382K) mietde; wellicht is meet licl
imperf. van een w. w. miten dat hinken beteekende; het w. w. kan beide sterk en
/wak gcweest zijn. Hooglecraar J. Yerdam décide mij mede : c Bij Lexer (Mlid.
WOrterbuch) komtonder andere kinderspeien een znw nîize voor. Zou dat hinken
kiinnen beteekenen? Dan zou het w, w. miten er door bevestigd worden. » In het
West vlaamsch (zie De Bô, West vlaamsch Idiolicon) is het w. w. tnijden, ontwij
ken, omzichtig liandelen enz. ook sterk en zwak. Uebbeu wij hiereene bijzondere
aanwending van dit w. w.'.' !k twijfel er aan.
( G4S )
17'i Endc docn dit ors wodcr bcsiaen;
Soo sait liarde rcchtc gacn.
Dus quam min lier Walcwcin
Butcn dat wout acn ccn plein
Ghcrcdcn op enc scone katsidc;
i80 Doc sach hi comcn lopcndc liede
Utc encn caslclc tcn scivcn stondcn
Beide met Iiornc onde met honden,
Hoghc glicscorst na jagcrs wisc.
Riddcrcn quamcn dar na van prise :
18?) Dat cen was ccn scocn jonc man
Scocnrc dan ic ghcseggen can.
Die sconc dedc wcl sin ère :
Hi groetc Walcwcin den herc
Endc iiamcn bi sire liant
100 Endc sprac : lier ridder, in dit huit
Mocti willecomen sin.
Te descn sconcn castele min,
Dien gi hier staen sict,
Dar hcrbcrgct te naclit, en lates niel;
105 îc bid u dat ghijs nict vcrraidet.
Desc herc die hir met mi ridet,
Hi sal daer u gheleidc sin.
Des biddic u occ, ghcscllc min,
Sprac lii totcn ridder die reet met hein,
^200 Dat ginc ten husc, daer ic bem
Wonendc, met cren ghclcidet
Endc gi van hem ninc sceidet,
Ecr gine bringct dar min suster si;
Endc segt mcrc suster of si van mi
205 Emmer meer vvil hebbcn cre,
Dat si descn selvcn herc
Hovcschelikc endc vvcl onthalc,
Met hovpscher dact, met soeler talc;
Vs. "204. Mère suster, schrijffout voor mire suster.
( Ci9 )
Eiidc of si nuit niindc inan
210 Dat si dcscn riiinnc dan,
Endc mi, die Iiacr brocdcr bcm;
Endo si lioudc gcsclscap Iicni
Alsoc of ic warc bi harc,
Dat hcni die lijt niot en vcrswarc,
"■llli Endc sine niake blido cndc in hoghen;
Wi soelcn kercn soe \\i icrsl moglicn.
Endc aise gi dat bebt glicdaen.
Soc volget mi hier wodcr sacn
Endc len orstcn dat gi comt te mi,
2^0 So suhvi varcn, ic cndc gi,
Endc sullon dcscn hcrc houdcn
Alsulc ghcselscap, aise wi woudcn
Dat bi ons bildc in sin lant.
Na dcsc talc es te bant
225 Die riddcr van sincn bere ghcsccidcn,
Die bcren Walcwein sal gbcicidcn
Te sulkcr stat cndç dar sal latcn,
Dar sine aile ter doct batcn.
Mar hi peinsdc over wacr
250 Dat hi was onbckennct dacr
Dor dat blrc noit \va(s) gesien.
Soc vcriiet bi bcm in dicn
Dat bi sorgbcdc te min cen dcci.
Hi bcscoudc dcn caslccl
253 Die op cen arm sat van dcr zce ;
Des prise hine velc te race.
Acn dander side, le lande wart,
Was die castccl so wcl bcwart
Met torncn endc met vastcn murcn,
240 D;il si die cracbt van baron gbcbiircn
Van cncn bare nict ontsaglicn,
Hue iangbc dat si dar vorcn lagbcn.
Ende aïs min bcr Walcwein quum
Binncn dcn portcn, bi doc vernam
( 050 )
245 Menccli palais Iioglic cndc rikc,
Van slcncn glicrnurt cicilikc;
Hi sach die slralcn endc die cautscieden
Wandcicn vul van sconcn liedcn,
Van sconcn porlcrs, van sconen portecghen;
250 Hi sach die wissclliaiickc iccghen
Vul van siivcr cndc van goude,
Darbi die mante mcncclifoude;
Hi sach liedc van ambaclitcn
Die misselikc ambacht vrachlcn
255 Aise misselikc ambacht sin :
Dcsc macctc couscu ijscrin,
Dcse hclmc van bruncn stalc,
Dcse swcrde die sncdcn walc,
Dcsc halsbcrghc, dcse haisbcrguic,
260 Dcsc acoton, dcsc wambcsulc,
Dcse coifcn, dcsc Iicrscnicre.n
Dcse brc[idc]lcn, dcse tcslicren
Dcse ghcrcidcn, dcsc scildcj
So wat wapencn so mcn wilde,
265 Mochte cic man dar licbben vondcn
Gnoch te copc lallcn stonden.
Occ sach die ridilcr ghcmcit
Bi dcr slralcn dacr hi rcit
Andcr liedc dic dadcn makcn
270 Bcidc briinielc cndc scarlakcn
Van gocdcr varwcn cndc goet wollcn;
Dcsc wevcn, dic gcnc voUen,
Dcsc carde, dcsc wicdcn.
Occ sach hi anibachte van andrcn iicdi'ii
275 Dic siivcr smcdcn cndc goût,
Endc scocnlicit wrochtcn mcnccbfoutj
Dcsc macte bckkcn roct guidijn,
Vs. 260, Wambcsulc, vcrklcinwoord van wambais, dus zeker buikklocd of
wmnbuis; andcie vormcii ziju wamsucl en wambezoen.
Vs. "HI. Giildijn, hct rijm vcrgt guldinc.
( «SI )
Dcsc scolclcn silverine,
Dcsc nappe, dcsc coppc,
280 Dcsc liakc, dcsc knoppc.
Dcsc gcspcn cndc gordclkinc,
Dcsc dicrc vinj^ct liiic
En aridrc cicrlioit niencchfoudc
Dcidc van silvcro onde van goudc.
285 Glionc slralc in allcn sinncn
Was vul van comanscapcn binncn,
Aise of mon dacr aile daghc
Vullc niarct te houdcnc plaghc :
Ilir lacli dal grone, dar dat blawc,
2110 Hier dat boni wcrc, dar dal grawc;
Hier vcrcocht mcn ginghcbarc,
Gindcr canclc eiidc zcdcwarc,
Hier pcpcr endc gindcr grelnc.
Dus rect met min lier Waiewcinc
29Î) Gcnc riddcr nul gliemakc
Bcscouwcn mcnglicrandc sakc
Tcssi lotcn tornc qiiamcn.
Cnapen spronglien dicsc vcrnamen
Ter portcn comen, cndc hcbbcn sacn
500 Die ors cndc dat Iiarnasch onlfaen.
Ghcne riddcr nam te hant
Min hcr Walcwcin bidcr hant
Endc Icidenc in cen canicr binncn
Endc grotc die joncfroutvc mctminncii
505 Darna sprac hi : Sict, joncfrouwc,
Dcsen gast sent u op trouwe
U brocder, die coninc, min Iierc,
Endc onlbicl u dat gi licni doet erc,
Endcgi alsojcgcn hem vart
ôlO Aise of gi sin suslcr wart,
Endc aise of hi warc u brocder
Ues vadcr kint endc ucr mocder.
Endc lioudet hem gesciscap soc
Dal hi blidc si cndc vioc;
( 65^ ;
ÔI5 Hier toc maiict u, joncfromvc,
U broedcr op al sulkc trouwc
Aïs es tusschcn hcni cndc u.
le moel wccicrkcrcn nu
Tôt ucn broedcr, in glient wout;
520 Dcscn riddcrc wesct hout,
Endc sijt goedcrliernc jcghen hem.
Die joucfrouwc sprac : Bi Gode, ic bein
Suie ghcsclscap barde blidc;
Hcts rccht dat icnc niet en mide,
525 Endc ic sine vricndinnc si
Die sulkcn gliesclle scindct mi ;
le sal bcm dor niins broedcr bedc
Endc dor sins selvcs hovcschcdc,
Doen al dat goct cnde al die cre,
5Ô0 Hi es 80 wel glicdanen berc,
Dat ic mach endc dat ic can. ,
Met dcscn nam si dcn cdellcn man
Hovcsciielikc bidcr bant;
Endc die bode nam orlof te liant
555 Endc vocr le sincn berc wart.
Minbcr Walcwein ginc siltcn ter vart
Bidcr joncfrouwen, Icn sclvcn stonden.
Tcn crsten sullcn si bcm bcconden
Van gocdcr minncn ondcriingbc.
5iO Haddcn si ghcsproken van andren dinghe,
Dar sulkc twc saten in sulkcr stede,
Dat dochte mi grotc Icdicbcde.
Soc goedc stade baddcn si;
Hem en was nieman na no bi,
545 Endc warcn jonc cndc sconc beide
Endc bat vulmacct in hovcscbeide
Vs. 'S'M. Edellen, wellichl cène schrijffout voor edelen.
Vs. 3il. Dar, niet dat, zoo als de hccr Roersch mij deed opmerken en Icli-
L-liede = onnut, tijdverspilling.
( 053 )
Dan u icman gliesccghcn constc.
Minhcr Walcwciii bcgoiisle
Op die joncfrouwc le soekcne minne,
5ÎJ0 Ende scide liaer Icn bcginnc
Dat hi hacr vriciit ciidc har riddi-r ware
Bcidc stillc cndc opciibarc,
Eiidc soude woson al siii Icvcn.
Die joncfrouwc iicfl hem wedcrghcghcven
555 Sulke laïc die hem was bequnmc.
Die sclve joncfrouwc hadde dcn nanie
Dat si was hovc(s)cb ciide vroet,
Scone, wctcndc cndc goct
Glicslade cnde van rcincn mocde;
5G0 Dar on» was si sonder hoedc
Dats ieman sal wachlon oftc spien.
Kcu riddcr es comen binnen dien
Ter camer dore met glicncnde
Die Lcrcn Walcwcin scier kcndc,
505 Dar hi sat al sonder rouwc,
Ende sach hena cusscn die joncfrouwc j
Ende als dit ghcnc riddcr sach
Uiep hi vclc ludc : owach !
FRAGMENT 11.
Vcrschcts blocls cen Irane
Van dcn spcrc, in niincn wanc.
Het es bcscrcvcn ende vorseghet,
Ecn coninerike, dal verre leghet,
5 Dat rike van Logcrs eset ghenant,
Dat wilcn was der licidcne lant,
Sal biden spcre wcrdcn Icslocrl.
Dat spcre, dar ghi af htbtghehocrl,
Sal min hcr Walcwcin soikcn varcn;
10 Occ moct hi sckcrtu cndc swarcn
S°" SÉIUE, TOME XX. ^3
( 654 )
Dcn coninc dat hijt hem sal biinghcn.
Walcwcin sprac : Sal mcn mi dwinghcu
Te sweren cncii valschen cet,
le ware mi liever, godewcet,
i î) Dat hier ghedoghede vu jaer
Sulke quale die mi waer le swacr.
Dan ic mi kerde acn sulke vocrc
Dat ic sckcrde en de swocre
Dat ic niet vermocht te donc.
20 Die goede man sprac : Ridder cono,
Hier nés nieman die des ghert
Dat ghi ues dankes verswert;
Mar ghi suit sweren openbarc
Te beiaghenc dat spare
25 Suit doen al u macht met vlitc;
Ontvechtct u, soc weset quite:
Of ghi spere niet moghet ghewiniien,
Soe moeti te desen torne binncn
Tenden jare gheven u,
50 In sulker vancnessen aise ghi sijt nu.
Walewein antworde : Desen cet
Aldus te donc bem ic gherect.
Dus sin Walewein braclit le voren
Die heilcghen ende heft ghesworcn
55 Dat hi sal docn al sine macht
Te soekene den witten scacht
Dar aile lieden hanghet ane
Vcrschets bloets enc trane;
Of hijs oec niet can ghcwinncn.
iO Ili sal tcn selvcn torne binnen
Hem sciven levercn dcr vancnessen
Tote dien dat men dcr verrancssen
Vs. 1 i. Ic ivarc mi liever. Ic kan eene verschrijviu;,' zijn voor u =^ hit = )tct.
Zic ook vs. 248 en Matthes, Reinout van Montalbaen, bl. 5i.
Vs. 27. Spore, wellicht is t = dat voor spere vveggcvallcii.
( 655 )
Mcm quite makct cndc clacr
Dar bi om es ghchalrl dacr.
i3 Aise dcsc cet was ghcdacti.
Nam lier Walcwein orlof saeii
Totcii colline en der joncfrouwni
Die lieni ghehulfiich was met lroii\v( n;
Dama acn aile die dar waren.
îiO Aile sine cnapeii liict lii oec vareii
Te horen lande ende wedcr sccdcn ;
Die orsen hict hi hem weder leden
Aile sonder dat Grincolet.
Iloe scre wcndc doc Jonct
5!i Ende die cnapcn aighemcne
Dor haren herc, die aliène
Die M'ildc varcn dolen int vrerade laiit.
Hier laet die boec aile bant
Van haren Walewein die talc
(50 Ende seghet u vort van Perclievale.
Pcrchevael, dat scgt dyslorie,
llcvet vcrloren sine menioric
Van droeven gbcpcinse ende van swaren,
Soc dat hi in v jaren
Cl) Noit in monsteren quam,
Noch in steden dar hi vernani
AIsoc vcle als van encn \\orde
Einghe dinc die te [Go]d[e ho]rde
Ende an Gode vroc no [sp]ade
70 Noch en bede, no en bat ghenadc;
Dat segliel die boec overwaer.
Aldus re[ct] hi v jaer
Dat hi op Gode en acht[e] niel;
Nochtan d[ar] binnen en licl lii nict,
7t) Hoc sert them wart te sure,
Hinc voer soeken aventure
Vs. 7;;. Scri, uellicht voor sere.
Vs. 7(i. Voôr vers 77 staat in het liandschrifl en kiuisjc; wai vcrdci, aan di ti
( 05'6 )
Ende ridderscap ovcral.
Dartoc Iiaddi suie ghcval
Dat lii binncn dcn v jarcn
80 Riddcrcn, die aile warcn
Van hoglien prise ende van love,
Scinde lotcs conincs Ârlurs hovc,
Die hi met sire cracht vcrwan.
Darna quani die cdcl nian
85 Ten cinde van dcn v jarcn
In [ene] wiidcrncssc glicvarcn
Ende quam ut enen vvoude glictrcct
Al ghcwapent ende ors verdect.
Dat hi enghcnc soe hoghcn dinc
90 Noil en begrep no aen en vinc,
Het en vergine tsire crcn al.
Darloe haddi suie ghcval.
Daer quamen g[hc]g[a]en insin ghemoct
Wulien ende barvoet
93 Dric riddcr ende v joncfrouwcn, ic wane :
Allé hadden si cappcn ane
Ende aise n[a] Pcrchcvacl soude lidcn
Ende in sine wapcn saghcn ridcn,
Dochtet dcn vrouwen sclsamc.
iOO Ecn van den ridderen ricp hem ane :
Ay, her riddcr, wals u ghcsciel?
En ghelovcdi acn Gode niet,
Dat ghi hcdcn wapciic draghet?
Ja, ende starf die sonc der maglict
105 Aen den crucc aise lieden
Bi sire oemocdcchcden ;
voet der kolom, voor vers 89, staat cen dergelijk kruisje gevolgd van de vier
vorzeu Dat hi eiiltgene — suie gheval. Waarscliijnlijk wenschte de schrijver of
de kopist deze vier verzen iia vers 76 ingclascbl le zicn. Doet mcn zulks, dan
Mioot hct vers Ende ridderseap overal wegvallen; doet inen het uiel, dan lieeft
nien twcemaal liet vers Daertoe liaddi suie gheval. Ovci igens, na vs. 88, onder-
brekcn deze vier verzeu het verhaal.
( 6^w )
Onlwapcnl » oft wcsoii rnacli.
Pcrchcvacl sprac, dio np ;^hcncn dach
En achtc norli op gliciicii lijt :
liO Scgt mi, v[ri]cnt, wic dat glii sijt,
Wat tiaghc csct hcileii ilan?
Doc antwortlcni die gocdc iiian :
Hcrc, vrachdi wat daglic lict es?
Ilct es d[ic dacli], des sijt ghcwcs,
115 Die hcitct g[o]ct Vridacli,
Die mon wcl met redite mach
Ileilen; want hi es vclc goct.
Die werelt, die vcrlorcn stocl
Bi Adams overmocdichcdcn,
120 Si wart vcrlosct aise li[c]dcn
Van der eweliker doet;
Darom es redcne vêle groct
Dat dcse dacii ghcheten si
Bi der heileger doet die hi
125 Aise iieden aen deii crucc ontfinc,
Dar sine mcnsclieit ane hinc
Endc anc verstarf aise iieden.
EIc man soude met ocniocdcghcdcn
Heden pcnitentic doen
150 Die utcn sonden es ghcvloen,
Ende soude Gode biddcn afllael
Van aire sondcrliker daet.
Nieman en soude le dcsen lidcn
Die iierslen esghcwapent riden.
155 Aise Perchevael dit vcrstoet,
Sprac iii : [Dat] u Got glieve goet ;
Segt mi, w[a]nen comedi?
Die ridder sprac: Hcrc, van liicr bi,
Van enen heileglien ermite
140 Die Gode dient met sulken viite
Hier bi int wout daer hi leghet,
Dat hi en ghcnrc spise en pleghct.
{ 638 )
En hi ccmparlikc Icvcl
Bi dcr gliciiadcn die Iii hevcl
au Van der gloricn van Ijeniclrike.
Pcrchevacl sprac haslclikc :
Wat dadi daer, bi vcrlrouwcn V
Doc anlworde een van dcn vrouwcn ;
Vraghcdi wal \vi dar dadcn ?
150 Hcrc, \vi gingliem licm le glicnadcn
Ende te bicchtcn van onscr incsdacl,
Endcsochten tonscr zielcn raet,
Ende van onscr zielcn pardocn :
Betcr dinc m icli nicman docn
155 Die hem te Go le wil bckcren.
Pcrchevacl sprac : Wildi mi Icren
Wacr ic mach vlndcn dcn ermite.
Die mi doet mire sonden quitc?
Dar willic rid(!n sonder sparcn.
ICO — Of glii wilt ten ermite varcn,
Sprac die vrouwc, ic rade u dat,
Dat ghi bout desen scivon pat
Dien ghi ons sict comen ghcgacn ;
Soe suldi vor u vindcn stacn
iC5 Bi cuen bcrghe ecn ncdcr wout
Datdickccs ende mencchfout;
Dan rijl inl woul en lates nict,
Ende volghct den pade die ghi sict,
Dar vvi hebben ghecnochl die rijs ;
170 So raodi sweges wcrdcn wijs
Ende moglict tolcn ermite comen.
Dus hebben si orlof ghcnomen
Ende daden liare bcdevart;
Ende Pcrchevacl rcct te woude wart
175 Sincn pat so? hi redits mochtc.
Hier Linnen quam in sin ghcdochlc,
Perchcvale, in corlcn stonden
Enc berouncsse van sincn sonden;
( 05!) )
Soc dat hi scre bcgan vcrsuchlcn
180 tilde sine mcsdact serc vruchtcn,
Ual Pcrchevacl. die cdel ma»,
Soe scre wciioii bi'gau
Dat ijcm die traiic lieet ciide diiiiic
Van den oghen lole op die icinrie
185 Velc gliediclilcIickLT ronneii.
Hct was le riierliciie bi der soiincii
Een luttel min dan middacli,
Doe Pcrchevacl quam dar hi sacli
Ene clenc capcllc staen int wout
190 Die die ermite grau onde out
lladdc ghestichlet dar ter stede.
Pcrchevacl bcle cnde dede
Al sine wapen van hem sacn :
Sin ors liet hi aliène staen;
195 Den toghel hi an een rijs bant.
Hi ghinc ter capellcn, dar hi vant
Enen pape ende den ermite
Ende een clerskin dat met vlile
Dat ambacht van den daghe begonsten
200 Soe si bcst ende sconste consten.
Nu hort wat Pcrchevacl doe dede :
Hi vicl ncdcr in knicghcbcde
Tierst dat hi in die capellc quam ;
Ende alsene die ermite vernam
205 Dat Pcrchevacl wcndc ende versuchtc,
Dede hi als ene die Gode vruchte ;
Vricndclike hinc totem ricp.
Pcrchevacl totcn ermite liep ;
Sine bcrouwencsse was groct ;
210 Hi viel den ermite op sine voct
Vs. 183. Dinue, dun. Wat is hier de beleekcnis vau duu? Overvloedig? l'ija?
Vs. 198. Dai, verschrijving voor die.
( 660 )
Endc boct sine hande op glicnadc
Ende sprac : Hcre, in uc glienadc
Willic van minen sondcn stacn
Ende boeten dat îc hcbbc niesdaen;
215 le hebbe gocdes rades noet.
Die goede man hem ghcboet
Dat hi sine biecbte dade
Clarliice ende lii haddc gbcstade
Berowencsse van sire mcsdaet :
220 Soe mochti wcl hebben alïlaet
Van sinen sondcn, sonder waen,
Perchevael sprac : Sli hevet ghcstaen
V jaer min aventuere soe,
Dat ic aile doghet vioe
22b Ende ic anders nine dede
Enghene dinc dan archede
Ende sonde waer so ic mochte,
Ende ic sonden niet en vruchlc,
Ende ie Gode nine bekende
250 Noch ane en bede no ne minde
Ende ic Godes al vergat.
Ay vricnt, dadi dat,
Sprac die goede man saen,
Dat was harde sere mesdaen ;
258 Dat verghevedi onse Hère Jhesus, —
Her, tes conincs Vischers huus
Was ic luttel te minen goede,
Dar ie een dropcl van blocdc
Sach vor mi rinnen opcnbare
240 Uten ijserc vaii enen spare ;
Dat bloet sach ic ant ijser hanghen,
Ende die duvel liadde mi so bcvanghcn,
Dat le niet en sprac een wort.
Oec sach ic weder ende vort
245 Dat Grael vor mi draghen,
Nine horde nieman dar om vraghen.
( cfii )
Des licbbic don rou soc groct
Dal ic mi warc licvor docl
BIcvcn lersclvcr «Icdo.
2t)0 Hier om est dal ic Gode dedc
Clarlikc al ulc milieu glicdochtc
Endc oit sint, woer so ic mochtc.
El niet en dedi- dan (]n:iel.
Aise die ermite dit vcrslact,
255 Segliet hi : Oft u es Lecjuamc,
Vrient, so sect mi ucn namc,
Giii die saghct dat Gracl.
Ilcrc, ic lietc Perclievae!.
Aise die ermite dit horde,
2G0 Versuclitc lii scrc mcllen wortie ;
Want lii vcrkendcdicn namc wale;
Doe sprac hi le Perchcvalc :
Vrient, di hcvel ghcnost mecsl
Een sonde die du niet en vrcest;
2G5 Dat was dor dcn grotcn rouwe
Die din moeder hadde, die u vrouwe,
Die du in onmachtc licls licgiicn
IJi iiare porlen tender bricghen,
Ende dusc licls licghen endc scicls van hare.
270 le seel di a! openbarc
Die rou van di slochsc te doel.
Des heveslu die sonde groct.
Dat di gcscicde, Perchcvacl,
Als dar du saghest dat Gracl,
275 Dar du so vêle niuc bed^chts
Dat dure iet om vraglien moehts;
[licls] dor die selve sonde groe[t]
[Daltu bist] comcu in mcng[cr] n[ocl]
Vs. '263. Ghenoii, van »jo;e« = scliaJen, zoo als de lieer Roerscli mij deed
(^Iimciken en niet ghevost, zoo als ik eerst gelezen had.
( OG-2 )
Perclievael, wat licipct vcriiolcii ?
:280 En liaildediii niocJcr Ji nict bcvolcn
Don rik[ci)] Gode, die di glicboct,
Du wart verloren cndc doct ;
Mar God hadde dire nioeder soc warf,
Dat hi di tote nocli lievcl glicspart,
285 Dor die dogliet van hare,
Beide slillc cnde opcnbare,
Kudc licvct di verloest ute mengiicr iioct
Ende bescermet van dcr doct
Endc van vancncsscn le mcngcr slont.
290 A[lic] ne (?) sonde slocl di dcn mont
Dar du dat sperc saghost an
Dar dat bloct utc ran.
Ende doc du saghest, Perciievael, •
V[ort cnde \vc]der dat Gracl
293 Etidc dune vraghest no me no min,
D[ar bi] ha[adstii] dommen sin.
lladstu ghevragbct vant ghciagbc
Van dat Grael ende wicn men plaghc
Darmcdc te dicncn, dat war goct.
300 [iNu salies] di m ikcn vroct :
Viscer, dicn mon dar mcde dicnt,
Dat es ccn min li^ve vrient;
m es min vleselikc brocder,
Pcrcbcvacl, ende din moedcr
505 Was min suster cnde die sin,
Ende du bist sonc der suster min.
Die rikc Visckcrc, dat verstaet \va!c,
Es sonc conincs, die metten Grale
Ilem doct dienen, nevc PcrcUcvael,
510 Oec scctçliie di dat ant Gracl
Vs '261. GlteboeC, imperf. van ijhcbiedeii, hier scheppen, in hot Icvcii roefen.
Vs. 297. Ghelaglie, zuw. van tjlicli'jfjen; hier belang, waarde.
( 005 )
Hem noil le diciicn medc en quam
No vlcscli, no visclic, no wilt, no tam
Inl Grael draclil mcii daghclike
Eue oslie vor don coiiinc rikc;
51!) Andcrs eu nul hi onglionc spise.
Dio ghcnadcn Gods van Paredysc
Doel hem glicnoglica le sincn live.
Nie en warl s;lieboren inaii van wivc
Die moclilc sccghcn, Pcrclicvael,
520 Hoc hcilcglnn dinc es dal Grael.
Die Coniiic hcvel nu xii jaer
Gheleghen in enc camcr dacr
Dar mcn dal Grael (in) drocli.
Dcrrc lalen es nu giiocli.
325 Pcrchcvacl, wel lievc ncve,
Die penilencic, die ic u ghcve,
Knde die ic u vor u[e] sonden ladc,
Jof ghisc vor uc mesdade
Will onlfacn, dics neniel gocm,
350 Pcrchevacl sprac : Ja ic, oeni.
Licvc neve, soc hort uji nu :
In verlanesscn, radie u,
Van aire sondlikcr dact,
Dal glii le monslre ghernc gact,
355 Aile daghe aise ghi nioghcl;
Dar moeghedi Icrcn aile doglicl.
Ercl Gode cnde minnet Gode
Ende houl ghcrne sine ghcbode.
Die men ghcbicdcl in die kerkc;
340 Ercl papcn ende clerke ;
Uienel allen goed'.'n liedcn,
Dal en lael u niel verbieden ;
Oec radie u ende mane op Irowe,
Of ghi vrowc of joncfrowc
Vs. 32S. Juf = of, indien.
( C64. )
345 In grolcr noct bcgrcpcn sict,
Dicn liclpt sane, latcs nie»;
Ilcljjct vveducn cndc wcsen
Dar si begrepcri sin in vrcsen;
Sijt carllalcchtich lallcn slondcn ;
350 Wildi dit houdcn vor uc sonden?
Pcrclicvael sprac: Ja ic, herc.
Soc soeldi dor die Gods c[re]
Bliven twc wckcn noch met mi;
Wi sullen leven, ic cndc ghi,
555 Bi sulkcr spiscn aïs es die mine.
Perclievael sprac : Dats cne pinc
Dar ic liardc gherect toc bem.
Die ermite leidene met hciu
Endc Icrde hem stille ene goede ghebodc
360 Die hi hem soe langhe vesten dcde
Dat hi se const wel int ghevoch.
In die ghebedc vvaren gnoch
Van ons Ilcren meste namen
Die nieman te nocmen en bclamcn,
365 Hi ne ware in vrcsen van der doet.
Die goede raan Perchevael gheboet
Dat hi die namen niet en soude
Nocraen in watre noch in woude
Vs. 388. In watre noch in woude. Nergens, op geene plaats, in geenc omstan-
(li;^hei(l. Wellicht is dit eene staande uitdrukking ovcreenkomende met ons te
vjuter noch te tand. Men kau er niedc vergelijken Vienle Maitijii, vs. •lÛa.
(Vadoi'l. Mus., bl. (34) :
Dus es edelheit aen bant :
Men vint se in watre noch op sant,
Sine hebben trouwe versworen.
( GG3 )
BIJLAGE A.
LakCELOT, bock 11, V. 375:^2-37381.
FUAGMENT 1, V. 1-100.
Die knapc rcct wcdcr Isincn liorc,
Die des dagcs opter licide
Mcnegen dedc rumen sijn gcrcide.
le wane noil mau ne sacli
Mcer Waieweine piiien om bejach
Op cnen dach ; dies wan hi seierc
Rikcliker orssc vire.
Dirste siiidi der joncfrouwcn
Diemcn licet metlen clencn mouwcn :
Dandcr 1er Iierbergeii binncn
Heren Garijns wive, der wcrdinncn :
Terde siiidi liarrc dochtcr ter stedc :
Dal vierdc liarre susler niede.
Aldus bestacldi sijn bejach;
Endc doent ginc om dcn middach
Donc wildi nembcr lornircn,
Ende die tornoy bcgan falgircn.
Walcwein rccl ter berbcrgen tien tidcn
II i baddc deii prijs van beiden sidcn.
Dar \\ard slillc endc oppcnbarc
Dicke gevragel wic bi warc,
Maer nieman coude gcwclen dal.
Doc lier Walewcin quani in die stal
Vaut hi Isire hcrbcrgeu saon
Die joncfrouwe, diue heefl onlfacn
Vrindelike, ende danclc hem .scre
Dat hi harc dade die ère
Dat hi dor harc loruierdc daer.
Ilacr vadcr quam oec dacr uaei-
( 666 )
Eniic dankets hem, cnde die wcrdiiiiM!
Ende beidc hacr dochlcre oec met simic;
Eiide her Garijn dancle hem mcdc
Der ercn die lii lien allen dedc.
Si vrachdeii om sincn naine le haut :
— a Walewein », scit hi, <« benic geiiaul
Des conincs Arliirs sustcr soene :
le bens te lochgene iiict gewone. •>
Doe boden si hem harcn dienst serc.
Walewein dancte der ère
Ende heeft an hen orlof genomen.
Mettien es die joncfrouwe comcn
Ende custen daer an sincn voet.
— a Wat eest, joncfrouvve, wal gi doul! •
— « le eusse uwen voet dor dat gi
Mijns gcdinken suit daer bi. »
Walewein sprac : « Wei llvc joncfronwe,
le sal u altocs sijn getrouwej
Gi hebt mi gedaen sulke crc
In vergeets nembermcre. «
Dus heeft hi orlof genonicn
iNiet aliène anc hen sonien,
Maer an hen allen die daer waren.
Lancelot, bock II. v. 38'23;^38;!;!(t.
Fragment I, v. 101-318. '
Davenlure doet ons weten
Dat Walewein, die ridderc vermelen,
Doe hi orlof haddc genomen
Te Tyntavel, dat hi es conien
Soe verre gereden, dat hi vcrsach
Enen cloester, daer hi snachs lach.
Des andcrdages, si u becant,
Waest al weldernesse cnde woest la ni
( C(i7 )
Dacr vaiil lii liindcn liardc vclc.
Dacr uam lii ccn ors le siiicii sjtck'
Hiidc rccl na die liinden soe,
Dal lii enc liiiidc \\c\ m doe
Mcltcn spcrc liaddo gcslekcii dacr,
Jlaer sijii ors siiccfdc dacr nacr
Kiidc micldc an cncii voct.
Doe keerde Walcwcin, die ridd r goct;
Endc dcdc sijn ors bcsicn.
Doe seidc die kiicclit nicllien
Dal eeii jscr liadde vcriorcn
Acn sinen reclilcrcn vocl \orcn.
Dus redon si vorl endc hcbbcn gcmucl
Velc liedo al ongcgrocl.
Dacrna quamcii Iwc riddcrs dan :
Dccn was ccn sconc jonc n;an :
Die jongc nam Walcwcine bider hanl
Endc groclenc vrindclijc le bani,
Kndc seidc doc blidclijc na dcsru
lii nioet cmbersijn gasl wesen ;
• Endc ic sal biddcn dcscn bore
Dal bi niel u le mire berbcrgen kcro. »
lier Walcwcin gclovel bem dacr,
Doe bat bi sincn gesdlc dacr nacr
Dat hinc Isire suslcr soude Icidcn,
Endc barc bcvalc sonder bcidcii
Dat sine aise wel onlfinge darc
Aise oft hi sclvc quamc le bare,
Endc dat sine niinnc endc cre doc.
Dus voer die riddcre met bcm alsoe
Ende sal bcrcn Walcwcine voron endc lalen
Dacr sine al lolcr docl balcn.
.Niel verre vas bi oplie vart,
Ilinc sacb cncn caslccl vcl bcward.
( GC8 )
Die op cncn ann sat van dcr zce :
Dics prisdinc vclc te mec.
An dandcr side was die castccl
Met slarkcn murcn al gchccl
Gemucrt wcl in aiien sinncn,
So datter an was gecn winncn.
Dus quamense gcrcdcn binncn dcr stede.
Daer sach lier Walewein occ mode
Alrchande ainbacht makcn
Van so mencgcr, mcssilikcr sakcn,
Dat ict niel vcrtrccken conde :
En doccli occ niet le dcscr stondc.
Dus redensc te gadere met gcmake.
Her Walewein bcscoudc nienegc sake
Eer si totcn torrc quamen.
Knapen sprongcn op do sijt vernanien
Ende hcbben hercn Walewcins partonlfacn;
Ende die riddcre namcn sacn
Bider hant ende hirenbinncn
Leidene 1ère camcrc met minncn,
Daer die joncfrouwe binnen was nu,
Ende scidc : « Dcsen gast sent u
Uwe broder, die coninc niijn hcrc,
Ende onlbiat u dat gi hem doet cre,
Ende alsoc jogen hem gevard
Oft gi sijn sustcr ward;
Ende bout hem geselscap soe
Dat hi blidc si ende vroe.
Ilicrtoe maent u nu, joncfrouwe,
U broder op gcrcclitc Irouwc.
le sal (sac) wedcr varen in geen wout :
Sijt dcsen riddcre iiout,
Ende maecten vro tcsen tidc ».
— « Dcser geselscap bcuic blide ;
lli scient so ovcriioveschen herc;
le sal hem doen al die ère
( (m )
Die ic mach cndc die ic cao. '
Mctticn iinin si dioii odi'l nian
Ilovcsclilike bidci- iiuiit ;
Endc die bodc natn orlof le h:iiit
Endc vocr tsiiicii fiorc wcdcr.
Mijn lier Walewcin j^iiic silUn neder
Bidcr joncfrouweii ton selvcn slonden.
Ten irsten seleiisc licii bccomlrn
Ondcriingc van goder miiinc.
Hi seide te liare ton ijegimic.
Dat hi haer vrient cnde riddcre ware,
Bcidc stillc endc oppcnbare,
Endc soiid wcscn al sijn Icvcn.
Die joncfrouwc hccft hem wcdcr gegeveri
Sulke taie die was bequame.
Si haddc van liovcschcit groten namc.
Ecn riddere es conien biiincn dien,
Ende heeft heren Walewcine cusscnsicn
Die joncfrouwc, ende hi verkindcnc dacr.
Walewcine, ende maecte gerocchle daer nacr.
Lancelot, boek II, v. 38613-38680.
Fragment II, v. i-GO.
Vcrsehes bloels cnc tranc.
Van dien sperc, na minen wane.
Es vorscrevcn ende vorseget :
Een conincrike dat verre leget,
Dat rike van Logrcs es gênant,
Dat w'ilen was dcr hcidcnc lant,
Sal biden sperc al sijn testort.
Dat spere, daer gi af licbt gehort,
Sal hcr Walcwein sokcn varcn.
Occ sal hi sekeren ende swareii
SÉRIE, TOME XX. 44
( «70 )
Don coninc dat hijl hem sal bringcn. »
Walewcin sprac : « Salmcn mi dwingeii
Te swernc cncgcn vaiscen ect?
Noch warc mi iiver, Godewcct,
Dat ic doglicde sevcn jaer.
Selke qualc die mi ware swacr,
Dan ic'mi'keerdc an sulke vorc,
Dat ic sekerde cnde swore
Dat ic nine vcrmochte te donc. •
Die gode man sprac : « Ridder cône.
Hier nés nieman die des gccrt
Dat gi u (lancs u ict verswecrd;
Maer gi sclt sweren oppcnbare,
Dat gi om te bejagen dat spare
Suit doen al u macht met vlilc.
Onlfcchtct u 80 siilijs quile :
Oft gi tspere niet cont gewihncn,
So nioelti tesen lorre binnen
Tenden den jarc gcven u
In suie gevanenessc aïs gi sijt nu. »
Hcr Walewcinc antvvordc : « Desen cet
Aldus te donc benic gcrccl;
Maer ic moct lirstcn varcn
Ene joncfrouwe verloesscn te Montesclarcn
Die ic mi vcrmat ère
Te verlocssenc ul haren sere
Eer Ginganbrisie! bericp mi.
Daerna varie, wildi,
Dat sperc soekcn een jaer. »
Si locfdent wel, ende brachlen dacr
Die lieilegen Walewcinc te voren,
Ende bi bevet daer gesworen
Dat hi sal doen al sine macht
Te sokcnc den wilten scacht,
Daer alloes hangct anc
Versées bloets enc tranej
( «71 )
on liijs occ nict can gcwinncn
Ili sal tcn selvcn torrc biiincn
lleiii scivc» Icvcrcii in gcvanciicssen,
Ofle lii sal dos lives mcsscn,
Ofl vanJcr vcrrancsscn licm makcn claor,
Dacr lii om es geliacliUt daer.
Aise dcsc cet was gcdacn
Nani Walcwcin orlof sacn
Andcii coninc cndc andcr joncfrouwcn,
Die lu'in geholpcn liadde met Irowcn,
Ende anc aile die dacr waren,
Eiidc es aldus en wech gcvaren.
Sine knapcii gaf hi orlof,
Ende hiolsc varcn in Arturs hof,
Ende es aldus van hcn gesecden.
Die orsse hiet lii weder loden
Aile, sonder sijn Gringalet.
Hoc scre wcciide due Jonet
Ende die andore knapcn mcdc
Docnt dacr quain Icnen gescedc,
Ende dat lu wildc in vrccmt lant
Aliène varen dolen !
BIJLAGE B.
Perceval le Gallois, I, v. 69i0-7217.
Fragment I, v. 1-3G8.
()DiO Alant l'escuier venir voient
Qui le cheval nicnoit en désire;
La pucelc à une fenestre
Trouva séant, se li prcsantc;
Celle mercis plus de sissante
C9i5 L'on rcnt et le ceval fait prendre;
Et cil en va le mierci rendre
( ^7-2 )
A son signorqui sambloit cslre
Del tornoicmcnt sirc et mcstrc;
Qu'il n'i a clicvalier si cointe,
Ct)50 Se de la lance li lui s'acointc,
Qu'il ne li lollc les cstriers;
Onques de gacngnicr destriers
Ne fu mes si enlaientés;
lin en a. le jor, présentes
6955 Que il gaengna de sa main :
S'en envoia le prcinerain
A la damosclc petite;
De l'autre à la femme s'aquitc
Au vavassor qui il moult plot;
6960 Une de ses ii filles ot
Le tiere, et l'autre tôt le quart..
Et li tornoiemcns départ;
Si s'en entrent parmi la J)ortc;
Mesire Gauwains en aporte
6965 D'une part et d'autre le pris.
N'il n'estoit pas cncor midis
Quant il fu partis de l'estour;
Rlesire Gau\vains au retour
Ot de chevaliers si grant roule
6970 Que plaine en fu la vile toute;
Que Irestout cil ki le sivoient
Enquerre et demander voloicnt
Qui il erl, ne de quel contrée.
Il a la puccle encontrce
6975 Tout droit à l'uis de son oslel,
Et ele ne fist onques cl,
Mais ke ele à l'estrier le prist,
Sel salua et si H dist :
» V cens mercis, biaus très dous sire ! »
6980 Et il sot bien qu'ele volt dire,
Se li respondi come frans :
u Ains seroie kenus et blans,
( (>75 )
Amie, quejou me rccroic
De vos servir où que je soie.
(iOSB Jii de vous ne senii si loiiig,
Se savoir puis voslrc bcsoing.
Que jà cssoincs me relicngne
K'au premier niesage ne viengae. »
« Grans niercis ! « fait la damosicic.
6990 Ensi parloient cil et celé.
Quant ses pères vint en la place
El de lot son pooir porcace
Que nicsirc Gauwains rcmaingnc
La nuit et que son oslcl praingne ;
6995 Mais ançois li requiert et prie
Que son nom, se lui plaist, li die.
Mcsirc Gauwains s'escoudisl
De rcmanoir et se li dist :
« Sire, Gauwains suis apielcs ;
7000 Onques mes noms ne fu celés
En liu où il me fust requis;
IV'onques encore ne le dis
S'ançois demandés ne me fu. •
Et, quant li sire a entendu
7095 Que c'esloit mesire Gauwains,
Moult fu SCS cuers de joie plains,
El li dist : <i Sire, or remanés
Anuit, mon service prenés;
Car aine de rien ne vos sicrvi,
7010 N'onques en ma vie ne vi
Chevalier, ce vos puis jurer.
Que je tant vosisce honerer. •
De remanoir moult li pria.
Et mesire Gauwains 11 a
7015 Toute la priicre escondile ;
Et la damoselc petite,
Qui n'esloit foie ne mauvaise,
Le prent au pie et si le baise
( 674- )
El à Damledicu le comandc ;
7020 Et mesirc Gauwains demande
Qu'clc avoit à cou entendu;
Et ele li a rcspondu
Que elle li avait baisic
Por celé entenlion le pié
7025 Que de li li resouvenisl
En quelque liu que il venisl;
Et il li dist : « Ne dotés mie,
Si m'ait Dcx, ma doce amie,
Jamais ne vos oublierai
7050 Quant jou de ci départirai. »
Atant départ et congié prent
A son oste et à l'autre gent;
Si le comandent à Diu luit.
Mesire Gauwains, celé nuit,
7035 En une obédience giut;
S'i ot quanquc il li cstulj
Et l'endemain, bien par malin,
Aloit cevauçant son cemin
Tant que il vit en trespassant
7040 Biestes qui aloient paissant
Lés l'orière d'une foriest ;
A 1 varlct dist qu'il s'arricst.
Qui I de ses chevaus menoit
Tout le mellor et si tenoit
7045 Une lance moult roidc et fort ;
La lance dist qu'il li apport.
Et que son ceval li estraingne,
Celui qu'il maine en dcstrc praignc
Son palefroi et se li maint j
7050 En celui mie ne remaint
Que il li a sans demorance
Baillé le ceval et la lance ;
El il s'en lorne après les bisses,
El si lor fait tant lors et guises
( 075 )
70ÎJ5 Que une blancc en cnlrcprist
Les une roce et si li niist
Son le col la lance en travers,
Et la biscc saut corne cers,
Se li estort et il aprics,
7060 Et cacc tant ke à bien priés
Le retainsist et arriestast.
Se ses chevaus ne dcsdcrast
D'un des pics devant tôt à net ;
Et mcsire Gauwains se met
7065 Apriès son harnas à la voie,
Qu'il sent son ccval qu'il redoic
Sous lui, si l'en anuie trop;
Mais il ne set qui l'a fait clop,
S'estos el pié fcru ne l'a ;
7070 Tant que Yonct apela.
Si l'a comandé à descendre
El de son ccval garde prendre,
Qui moult clocc très-durement ;
Et cil fait son comandemcnt,
7075 Se li liève le piet en haut.
Et trueve que uns fers li faut,
El disl que il l'estuet fiérer,
Si n'i a mais que del errer.
Tout souavet voist tant qu'il Iruisse
7088 Fcvrc qui refiércr le puisée;
Puis errèrent tant que il virent
Gens fors ki d'un castcl issirent
El vinrent toute une caucie;
Devant avoit gcnt si corcie,
7085 Garçons à pié qui ciens menoienl
Et véncor apriès venoient
Qui portoient espins trcnçans
Et apriès haces et siergiins
Qui ars et saiaites portoient,
7090 Et après chevalier venoient;
( 676 )
Apriès trcslos les chevaliers
En vinrent doi sor ii destriers,
Dont li uns csloit jouvenciaus,
Sor tos les autres grans et biaus;
7095 Et cil, sor nionsignour Gauwain
S'en va et le prist par la main
Et dist : « Sire, je vos retieng,
Alcs-vous ent là dont je vicng;
Bien dcsccndrës en mes maisons,
7100 Bien est huimais tans et raisons
De herberger, si ne vos poise;
G'ai une scror moult corloise
Qui de vous grant joie fera,
Et eis sires vos i menra
7105 Que vous vcés chi dalés moi, »
Lors dit : « Aies, je vos envoi
Biaus compains, avoec ce signor,
Si le menés à ma seror ;
Salués-le prcmièremant,
7110 Puis li dites que je li mand
Par l'amor et par la grant foi
Qui doit estre entre lui et moi,
S'ele onques ama chevalier,
Que aint celui et tiengnc cier,
71 IS Et k'ele autant face de lui
Com de moi ki ses frères sui ;
Tel solas et tel compagnie
Li face qu'il ne li griet mie
Quant nos seromes revenu,
7120 Et ele l'ara retenu
Avoec li débonairement.
Si nos sivcs hastivcment,
Qireje m'en vorrai revenir,
Por lui compagnie tenir,
7125 Au plus tost que je porai onques.
Li chevaliers s'en part adonques.
( ti" )
Qui monsignciir Gauvaiii coiiduist
Là ù de mort le hécnl tuit;
Mais il n'i est pas conçus,
7130 Car onqncs mais n'i fu véus.
Si n'i quidc avoir iiulc garde.
Le siège del castcl csgardc
Qui sor I brac de mer séoil,
El les murs et la ter véoit
71 5Î) Si fors que nule rien ne dote,
Etesgardc la vile toute
Pupice de moult bcle gent,
Et les cangcs, d'or et d'argent
. Trcstous coviers, et de monnoies;
7140 Avoit les places et les voies
Totes plaines de bons ovriers
Qui faisoicnt divers mestiers.
Si corn li mestier sont divers :
Cil fait hiaumes cl cil haubcrs,
7145 Et cil sièleset cil escus,
El cil lorains ovrcs menus,
Cil les espces i fourbissent,
Cil foulent dras cl cil les tissent,
Cil les pinent et cil les tondent,
7it50 Cil antre l'or et l'argent fondent.
Cil font œuvres rices et bièles,
Coupes, hanas et escuièles,
Et goviaus ouvrés à esinaus,
Aniaus, çaintures cl frcmaus;
7155 Bien pcusl-ori quidier et croire
K'cn la vile cust tos jors foire,
Qui de tans avoirs esloit plaine.
De poivre, do cire et de graine.
Et de panes vaires et grises
7160 Et de toutes marccandises.
Toutes ces choses regardant,
Et de lius an lius remirant,
( 678 )
Ont tant aie k'cn la lor furent;
Et varlet salent ki reciurcnt
7165 Tous les chevaux et l'autre ator;
Li chevaliers entre en la tor
Seus avoec monsigncur Gauwain;
Si l'en maine, pris par la main,
Jusqu'en la Cambre à la pucelc.
7170 Et si li dist : « Amie bièle,
Vostre frère salus vos mande
Et de ce signor vos comande
Qu'il soit honorés et siervis;
Si nel faites mie à envis,
7175 Mais treslont d'autresi bon cucr
Com se vous estiés sa suer
Et com s'il estoit vostre frère.
Or gardés ne soies avère
De toute sa volenté faire,
7180 Mais large, france et débonaire.
Or en pensés, que je m'en vois.
Qu'il le me covienl sivre el bois. »
Et celé dist, ki grant joie a :
« Benéois soit ki m'envoia
7185 Tel compagnie come ceste;
Qui si biel compagnon me preste
Ne me het pas, soie merci.
Biaus sire, or venés seoir ci,
Fait la pucièle, dalcs moi ;
7190 Por cou que biel et gent vos voi
Et por mon frère ki m'en prie,
Vos ferai bièle compagnie. •
Tantost li chevaliers s'en torne
Qui avoec eus plus ne séjornc;
7195 Et Mesire Gauvains remaint.
Qui de cou mie ne se plaint
Qu'il est seus avoec la pucièle
Qui moult estoit cortoisc et bièle
( ^>70 )
El tantcsloil bien afaitie
7200 Que pas ne quiilc estrc engignic
De ce qii'ele est seule avoec lui.
D'amours |)arolent anibedui.
Et, s'il d'autre cosc parlassent,
De granle liuiseuse se nioslasscnl.
720K iMesire Gauwains le requiert
D'amors et prie et dist qu'il ierl
Ses chevaliers toute sa vie,
Et elle nel refuse niic,
Ains li olroic volenlicrs.
7210 Un vavasours endemcnliers
Entra laicns, qui moult lor nut,
Qui monsigneur Gauwin conut;
Si les trova entrebaisant
Et moult trcs-grant joie faisant,
7215 Et, puisque il vit celé joie,
Ne pot tenir sa boukc coie,
Ains s'escria à grant vertu :
l'ERCEVAL LE GALLOIS I, V. 7538-7530.
FllAGMENT II, V. 1-60.
Et raesire Gauwains s'en aile
Querre la lance dont li fers
7540 Sainnc los jors, j'à n'ert si ters
Del sane tout cler que elc pleure.
Si est cscrit qu'il est une cure
Que tous li roiaumes de Logres,
Dont jadis fu li tien; al Ogres,
7545 £rt détruite par celé lance.
De ce, sairemenl et (lance
Vioul avoir mesire li rois. »
a Certes, je me lairoie ançois.
( 680 )
Fait mesirc Gauwains, çaiens
75K0 U morir, u languir vivens,
Que je saircment en fesisce.
Ne que ma foi vos en picvisse.
N'ai pas de ma mort tel paor
Que jà mius ne voelle à honor
7555 La mort sofTrir et endurer
Que vivre à liontc et parjurer. »
« Biaus sire, fait li vavasours,
II ne vous crt jà dcsbonours,
Ncjà, je quic, n'en serés pire
7560 En 1 sens que je vos voel dire :
Vous juerrcs que de la lance
Qucrrc fercs voslre poissance;
Se vous la lance ne trovés,
En cestc tour vos remetés;
7565 Si sercs del saireracnt quites: »
« Ensi, fail-il, com vous le dites,
Sui-ge pries del sairemcnt faire.
I moult pressieus saintuaire
. Li a on maintenant fors trait,
7570 Et il a le sairemcnt fait
Qui il metra tolc sa paine
A querre la lance qui saine.
Ensi la balalle est laissie.
Jusqu'à I an est respilie
7575 De lui et de Guigambrcsil.
Escapcs est de grant péril
Quant il issi de la tor fors
Et il fu par ce plait cstors.
A la pucièle congié prist
7580 Et à trestout ses variés dist
Que en lor tière s'en alasscnt
Et ses cevaus en remcnasccnt
Trestous, fors que le Gringalet.
Plorant s'en partent li varlet
( 681 )
7Î>8K De lor signor et si sVn vont ;
Del errer ne dcl duel qu'il font
Rien plus à dire ne nie plaist;
De monsignor Gainvain se taist
Ici li contes à eslal.
7590 Si comcnce de Perceval.
Perceval le Gallois I, v. "o91-"86G.
Fragment II, v. GI-;îG8.
Pcrccvaus, ce conlc Tesloire,
A si perdue sa mémoire
Que de Diu ne li soviens mes;
V ans passa avrius et mes,
7595 Ce sont V ans trcslot entier,
Ains que il entrast en niostier,
Ne Dieu ne sa crois n'aoura ;
Tout cnsi V ans esploita
Et pour çou ne laissa il mie
7000 A rcqucrre chevalerie;
Et les estrangcs aventures,
Les félenesses et les dures
Aloil querant, et s'en trova
Tant que moult bien s"i esprova;
7G05 Nonqucs n'enprist cose si grief
Dont il ne venist bien à cief ;
Lx chevaliers de pris,
A la court le roi Artu pris,
Dcdens les v ans envoia ;
76iO Ensi les v ans esploila
Conques de Dieu ne li sovinf.
Et au cief des v ans avint
Que il par un désert aloit
Ceminant, si com il soioit,
7Ctl5 De toutes ses armes armés;
S"a m chevaliers enconlrés
( 682 )
Et avocc dames jusqu'à dis;
Lors cics en lor caperons mis,
Si aloient trestuil à pié
7G20 Et en langes el descaucié.
De celui qui armes venoit
Et la lance et l'escu lenoit
S'esmcrvcllièrent moult les dames
Qui, por sauvcmcnt de lor armes
7C25 Lor penitance à prié faisoient
Por les pcciès que fais avoient;
Et H uns des m chevaliers
L'arrieste et dist : « Biaus sire ciers,
Dont ne créés- vos Jhésucrist
7650 Qui la novele loi escrist
Et la douna as cresliiens?
Certes, il n'est raisons ne biens
D'armes porter, ains est grans tors.
Au jor ke Jhésucris fu mors. »
7635 Et cil qui n'avoit nul apens
De jor ne d'oure ne de tcns.
Tant avoit en son cucr d'anui,
Rcspont : » Qués jor est-il dont hui? •>
Qucs jors! Sire, si ncl savés,
76i0 C'est li venredis aourés,
Qu'on doit simplement aourcr
La crois et ses péciés plorer;
Que lui fu cil en crois pendus
Qui fu XXX deniers vendus;
7643 Cil ki de tos péciés fu mondes.
Vit les péciés dont tos li mondes
Ert cnliiés et entéciés,
Si devint hom por nos péciés;
Voirs ert que Dex et hora fu il,
7650 Que la Virge enfanta i fil.
Que par S'-Espcrit conclut,
U Dex et car et sane reciut ;
( 683 )
Si fut sa dcilcs coverte
En car d'omc, cVst cosc ccrlc,
7('>'J5 Et ki cnsi ne le kcrra
Jà en ia face nel verra ;
Il fut nés de la Virge Dame
El prist d'onie ia forme et l'arme
Avocc la sainte déité,
7GG0 Qui, à tel jor, par vérité,
Com hui est, fu en la crois mis;
Et traist d'inficr tos ses amis;
Moult par fu sainte celé mors
Qui sauva les vis, et les mors
7GG5 Uesuscila de mort à vie;
Li fol juïs, par lor envie,
C'on devroit tuer come ciens,
Fiscnt lor mal et nos grans biens.
Quant il en la crois le levèrent;
7G70 Eus perdirent et nos sauvèrent.
Tuit cil ki en lui ont créance
Doivent hui estre en penitancc;
Hui ne déust hom ki l)iu croie
Armes porter n'en camp n'en voie. »
7075 « Et dont venés-vous ore ensi? »
Fait Percevans : « Sire, de chi,
D'un preudome, d'un saint herniite.
Qui en ceste foricst habite,
Ne ne vit, tant pur est preudora,
7C80 Se de la gloire del ciel non. «>
« Por Dieu, Signor, là que féistes'/
Que demandastes, que quesistes? »
« Coi? Sire, fait une des dan)cs,
De nos péciés li demandâmes
7085 Consel, et confesse en préismes;
La plus grant besoingne i féismes
Que nus crcsliens puisse faire.
Qui voelle à Damlcdieu retrairc. »
( 684 )
Cou que Pcrcevans oï ot
7690 'Le fîst plorcr, et se li plot
Que au saint home alast p.iricr:
c. Là vorrai-jou, fait-il, alor;
Aler i voel, se jou savoic
Tenir le sentier et ia voie. ■<
7695 « Sire, ki alcr i vorroit,
Si tcnist ce sentier trop droit,
Si corne nos somes venu,
Par ce bos espcs et menu;
Si se préist garde des rains
7700 Que nos noasmcs à nos mains
Quant nous par ilucqucs venismes;
Teus entresagnes i fcismes
For cou que nus n'i forvoiast
Qui vers le saint iiermile alast.
7705 A tant à Dieu s'entrecomandent,
Riens nule plus ne se demandent;
Et Percevans el sentier entre
Et sospire dcl cuer del ventre
Por çou que meffcs se sentoit
7710 Viers Dieu, dont moult se repentoit^
Plorant, s'ent vint par le boscage;
Et, quant il vint à rermitage,
Si se descent et se désarme.
Son ccval ataceà I carme,
7715 Puis si s'en entre ciés l'ermite;
En une capièle petite
Trova l'ermite et I provoirc;
Dist une leçon, c'est la voire.
Qu'il commcnçoient le service
7720 Le plus haut qui en sainte glise
Puist estre dis et le plusdous.
Percevans se mist à jenous
Tantost com entre en la capelc,
Et li bons hom à lui Tapele,
( t)85 )
77:25 Qui niouli le vit sitnpic et plorant;
Et jusques cl niontoii coiihiut
L'niwc (les iols II dé^^outoil;
Et PiTCcvaiis, (jiii moult doutoit
Avoir vers Diiiuk-iiiu nn-spris,
7730 Par le piet a rcrniite pris.
Se li est Loin, et ses mains joinst,
!Si li i)ric qu'il li par doinst.
Conscl, que grant nieslii r ou a ;
Et li boins honi li cumaiida
7755 A dire sa conliossiou,
Qu'il u'arajà remission
S'il n'est confiés et rcpetitaus.
u Sire, fait-il, bien a V ans
Que jou ne soi ù ge me fui,
77iO Ne Dieu n'amai ne Diu ne crui ;
N'onqucs puis ne fis se mal non. »>
a lia, biaus amis, fait li prcudora,
Di moi por coi tu as cou lait
Et prie Dieu que merci ait
774b De l'arme de son pécéour. »
« Sire, ciés le roi Pescéour
Fui une fois et vi la lance
Dont li fiers saine sans doutance;
Et, de celé goûte de sanc
7750 Que à la pointe dcl fer blanc
Vie pendre, riens ne demandai;
Onques puis, certes, n'amendai;
El dcl Gréai que jou revi
Ne soc pas qui on en servi;
7755 S'en ai eut puis si grant duel.
Mors fusce piéça, à mon voel,
Et Damiedicu en oubliai.
Ne puis merci ne li criai,
Ne ne fis rien que je séusce
77(iO Por coi jamais merci éusec. •
3'"" SÉRIE, TOMK XX. ^^
()8() )
llu ! Liaiis uiiiis, dislli prcudoni,
Or me di coincnt lu as nom. »
Kt il li dist : « Prrcovans, siro.
A ce mot, li iirciidom sospiic,
776.') Qui le nom a rccouncu,
Et dist : « Amis, moult t'a néu
Uns péciés dont tu ne ses mot,
Ce fu li dious que la mère ol
De toi, quant tu partis de ii,
7770 K' à tièrc pasméc kaï
Au ciof del pont devant la porte,
Et de ce duel fu elle morte;
Pour le pécié que tu en as,
T'avint que riens ne demandas
777Î) De la lance ne del Graal;
Si t'en sont avenu maint mal ;
Ne n'eusses pas tant duré
S'ele ne t'cust comandé
A Damiedieu, ce saccs-tu ;
778U iMais sa proière ot tel vertu
Que Diex por li t'a regardé,
De mort et de prison garde.
Péciés la langue te Irença
Quant le fier, qui aine n'cstaiiça
7785 De sainier, devant loi véis.
Ne la raison n'en cnqnesis;
Quant tu del Graal ne sens
Cui on en sert, fol sens eus;
Cil cui l'en sert, il est mes frère,
7790 Ma suei- cl soie lu ta mère,
Et del rice Pescéour croi
Que il est fius à celui roi
Qui del Graal servir se fait ;
Mais ne quidiés pas que il ait
771)5 Lus ne lan)proie ne saumon ;
D'une sole oisie li sains liom
( 687 )
Quant en ce GrénI li aportc,
Sa vie sosticnl cl conforlc.
Tant sainte cose est li Graaus;
7800 Kt cil est si esperitaus
K'à sa vie jtius ne covient
Que l'oiste cpiiel Gréai vient.
Xx ans i a cslet ensi
Que fors do la cambre n'issi
7805 U le Gréai véis entrer.
Or te voel enjoimlre et doncr
Pénitance de ton pccic »
» Bians oncles, cnsi le voel ç,ié.
Fait Percevaus, de moult bon cuer;
7810 Quant ma mère fu vostre suer,
Rien me dcvés neveu clamer
Et je vous oncle, et mius amer. »
u Voirs est biaus niés; mes or m'cntens
Se de la mère le repcns,
781f> Si aies boine repentance,
El va el nom de pénitance,
Au mostier ains qu'en autre leu,
Volentiers, si i auras preu;
Ne fisses mie por nul piait,
7820 Si tu iès en lin ù il ait
Mostier, capclc ne perroce.
Va i quant sonera la cloce
U ainçois se tu iès levés,
Jà de cou ne seras grevés,
7825 Ains en iert moult l'arme avancie;
Et, se la messe est coumencie,
Tant i fera il mellor cstre.
Tant i demeure que li prcstre
Aura tout dit et tout canté;
7850 Se il te vient à volenlé,
Encore poras monter en pris,
S'auras honor et paradis;
C 088 )
Dieu croi, Dieu aime et Diu aore;
Preudomc et preudcfume onorej
7835 Contre le provoire te liève.
C'est I services ki poi griève
Et Diex l'aime, par vérité,
Por çou qu'il vient d'umilité;
Se puceie aide requiert,
7840 Aide li, ke mius t'en icrl.
U veve dame u orfenine;
Icele aumosne est entérine;
Aïde leur, si feras bien,
Garde jà nclie lesses por rien.
7845 Ce voel que por tes péciés faces.
Se ravoier vins totes grasses
Ensi corn tu avoir les sieus;
Or me di se faire le vieus. »
« Oïl, fait-il, moult volentiers. »
7850 (, Or te pri que II jors entiers
Avccqucs moi çaiens remagnes
Et que en pénitance pragnes
Tel viande com est la moic. »
Et Percevans la li ottroie;
7855 Et li ermites li conselle
Une orison dedens s'orelle,
Si l'afrema tant qu'il le sot;
Et en celé orison si ot
Assés des noms Notre Signor,
7860 Car il i furent li gregnor
Que nomer doie boce d'orne
Se por paor de mor nés nome.
Quant l'orison li ot aprise
Deffendi lui qu'ennuie guise
7865 Ne le déist sans grant péril,
« Non ferai-je, sire, » fait-il.
( G89 )
GLASSi: lits «i:\UX-AIVTS.
Séance du â décembre 1890.
M. Jos. ScuADDE, directeur.
M. J. Lfagre, sccrélaire per[)éluel.
Sont présents : MM. H. Hymans, vice - directeur ;
Ern. Slingeneyer, F.-A. Gevaeri, Ad. Samuel, Ad. Pauli,
God. Guffens, J. Demaunez, P.-J. Clays, G. De Groot,
G. Biot, Edm. Marchai, Th. Viuçotle, Jos. Slallaerl,
J. Rousseau, Alex. Markelhach, Max. Rooses, membres;
F. Laureys et Charles Tardieu, correspondants.
COnRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intérieur el de l'Instruction publique
envoie :
i° Une nouvelle série de bulletins résultant des
recherches musicales de M. Edmond Vander Straelen dans
les bibliothèques d'Augsbourg et de Breslau. — Renvoi à
la Commission chargée de publier les œuvres des grands
musiciens du pays ;
2° Le troisième rapport semestriel de M. Jules Lagae,
lauréat du grand concours de sculpture de 1888. — Ren-
voi à la section de sculpture.
; 690 )
— Le même Ministre demande l'avis de l'Académie :
i" sur le busle en marbre de Louis Alvin, ancien membre
de la Classe, commandé à M. Vinçolle pour la galerie des
bustes des académiciens décédés; 2" sur le modèle du
busle de B.-Cli. Du Mortier, ancien membre de la Classe
des sciences, commandé à M. Jacques Herain pour la
même galerie. — Renvoi à la section précitée.
— M. Charles de Harlez, membre de la Classe des
lettres, prie la Classe des beaux-arts de bien vouloir
accepter un exemplaire de son travail intitulé : San-li-t'u,
tableau des trois rituels. Traits de mœurs chinoises avant
l'ère chrétienne, — Remerciements.
ÉLECTION.
La Classe continue aux membres sortants la mission
de composer sa Commission spéciale des finances
pour 1891.
PROGRAMME DE CO.\COURS POUR 1892.
PARTIE LITTÉRAIRE.
Premfèke question.
Quelle était la compasilion insirumentale des bandes de
musiciens employées par les nwgislrals des villes, par les
souverains et par les (orporalions de métiers, principale-
ment dans les provinces belges, depuis le XP siècle jusqu'à
la fin de la domination espagnole? Quel était le genre de
( «f»l )
musique qu'exéculaient ces hamlesy Quelles sont les causes
de la dispariliori pres(iue lolale des morceaux composés à
leur usage?
Deuxième question.
Faire Vliistoire de la céramique an point de vue de l'art,
dans nos provinces, depuis le XV' siècle jusqu'à la fin du
XVIII' siècle.
Troisième queï>tion.
Quelle influence ont exercée en France, du XIV'' au
XVI" siècle, les sculpteurs »és" dans les provinces belgiques
ou dans la principauté de Liège? Citez tes œuvres nées de
cette influence et les maîtres qui la caractérisent.
Le mot « provinces helgiques » est pris ici dans l'accep-
tion qu'il avait an XVI* siècle.
Quatrième question.
Déterminer, en les précisant par des croquis, les carac-
tères de l'architecture flamande du XVI^ siècle. Indiquer
les principaux édifices dans lesquels ces caractères se ren-
contrent. Donner l'analyse de ces édifices.
La valeur des médailles d'or présentées comme prix
pour ces questions sera de 1,000 francs pour la première,
pour la troisième et pour la quatrième, et de SOO francs
pour la deuxième question.
Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doi-
vent être lisiblement écrits et peuvent être rédigés en
français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés
( 692 )
francs de port, avanl le 1" juin 1892, à M. J. Liagre,
secrétaire perpétuel, au palais des Académies.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage;
ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans
un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse.
Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne
pourra leur être accordé.
Les ouvrages remis après le temps prescrit ou ceux dont
les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce
soit, seront exclus du concours.
L'Académie demande la pli)s grande exactitude dans les
citations : elle exige, à cet effet, que les concurrents indi-
quent les éditions et les pages des ouvrages qui seront
mentionnés dans les travaux présentés à son jugement.
Les planches manuscrites, seules, seront admises.
L'Académie se réserve le droit de publier les travaux
couronnés.
Elle croit devoir rappeler aux concurrents que les
manuscrits des mémoires soumis à son jugement restent
déposés dans ses archives comme étant devenus sa pro-
priété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre
copie à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire
perpétuel.
ART M.JPV1.1QVÉ»
Gravure en, taille douce.
On demande le portrait en buste, gravé en taille douce,
d'un Belge contemporain, ayant une notoriété reconnue
dans le domaine politique, administratif, scientifique,
littéraire ou artistique. Ce portrait sera absolument
inédit.
( 695 )
Les coricurrenls seroiil tenus de produire leur dessin
.'xcInsivemtMil (riipiès iialiir»', en même temps que deux
épreuves au moins de la giaviire.
La tète mesurera de 6 à 7 centimètres.
Le prix sera de 800 francs.
Seul pi lire.
On demande une figure en bas-relief reprcuentont « La
Justice » et destinée à orner un panneau d'une salle d'un
palais de justice. ^
Celte figure devra être assise et modelée dans un
cadre mesurant l'",20 de hauteur sur 80 centimètres de
largeur.
Le pi ix sera de 800 francs.
Les gravures et les bas-reliefs devront être remis au
secrétariat de l'Académie avant le l*"" octobie 1892.
L'Académie n'accepte que des travaux complètement
terminés; les gravures ne peuvent être ni tirées sur chine,
ni encadrées, ni mises sous verre. Le plâtre et la cire sont
admis pour les bas-reliefs.
Les auteurs couronnés sont tenus de donner une
reproduction photographique do leur œuvre, pour être
conservée dans les archives de l'Académie.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur travail;
ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans
un i)illet cacheté renfermant leur nom et leur adresse.
Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne
pourra leur être accordé.
Les travaux remis après le terme prescrit, ou ceux dont
les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce
soit, seront exclus du concours.
( 094 )
RAPPORTS.
Il est donné lecture des appréciations suivantes:
1° De MM. Fétis, Robert, Slingeneyer et Guffens :
A. Sur le premier rapport semestriel de M. Dierickx,
premier prix pour la peinture, de la fondation Godecharle,
en 1887;
B. Sur le sixième rapport semestriel de M. G. Montald,
prix de Rome pour la peinture, en 1886;
2° De la section de sculpture :
A. Sur le buste en marbre de feu L. Al vin, par
M. Tb. Vinçotte;
B. Sur le modèle du buste de feu B.-Ch. Dumortier, par
M J. Herain.
Ges appréciations seront transmises à M, le Ministre de
l'Intérieur et de l'Instruction publique.
La Glasse se constitue en comité secret pour procéder h
la discussion des titres des candidats présentés pour'
les places vacantes et à l'inscription de candidatures'
nouvelles.
( 695 )
CLASSE «ES SCIEWICES.
Séattce (lu 15 décembre 1890.
M. Stas, (lirecleur, président de l'Académie.
M, LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. P.-J. Van Beneden, le baron Edm.
de S» lys Longehamps, G. Dewalque, H. Mans, E. Candèze,
Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise,
F. Folie, Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Cii. Van
Bambeke, AU". Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, Louis
Hem y, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, P. De Heen,
membres ; F. Catalan, Cb. de la Vallée Poussin, associés;
C. Le Paige, A. Renard, F. Terby, correspondants.
M. F. Plateau, vice-directeur, obligé d'assister aux funé-
railles de M. Verslraelen, processeur à l'Université de
Gand, s'e.xcuse de ne pouvoir être présent à la séance.
CORRESPONDANCE.
LL. MM. le Roi et la Reine, ainsi tpie LL. AA. RR. M^'
le Comle et M""* la Comtesse de Flandre font exprimer
leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique,
MM. les Ministres de l'Intérieur et de l'Instruction
publique, de la Guerre, de l'Agriculture, de l'Industrie et
des Travaux publics, et l'Académie royale de médecine
( 696 )
adressent leurs remerciemenls pour l'invilalion à la même
solennité.
M. le Ministre de l'Intérieur et de l'instruction publique
ajoute qu'il regrette d'être empêché de se rendre à cette
cérémonie.
— M. P.-J. Van Beneden fait hommage, de la part de
M. Giovanni Capellini, d'un travail imprimé portant pour
titre : Sul coccodrilliano garialoïde (Tomistoma calarita-
nus), scoperto nella collina di Cagliari, nel 1868. —
Remerciements.
— Sur sa demande, M. L. de Bail sera remis en
possession de son travail présenté lors de la dernière
séance et sur lequel il n'a pas encore été fait de rapport.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Réponse à la note de M. Tisserand; par F. Folie. —
Commissaires : MM. De Tilly et Mansion;
2° Notes préliminaires sur rorganisation et le déve-
loppement de différentes formes d'anthozoaires ; par Paul
Cerfonlaine. — Commissaires : MM. Éd. Van Beneden et
Van Bambeke.
RAPPORTS.
Sur les acélals mixtes ; par Maurice Delacre.
nappofl He Ht. EéOttit MMent'y,
« Le travail de M. Delacre a trait à la question géné-
rale de l'existence des composés oxy-alkylés mixtes. On
sait que ceux d'entre ces composés qui correspondent
( 697 )
aux acides polybasiqiies ou aux alcools polyalomiques
exislenl comme tels el sont dislillahles; les grou|iemenls
oxy-alkylés 0 — C„Hj„^., divers qu'ils reulermenl y sont
fixés sur des atomes de carbone distincts. Ceux, au lon-
liaire, où ces groupements sont fixés sur un seul et même
atome de carbone, paraissent en général ne pouvoir pas
exister ou du moins manquer de stabilité sous l'action
de la cbaleur. Il en est ainsi notamment des dérivés
aldéhydiques
-'"<oc.,H,„.+r
M. Rubenkamp, un des élèves de Geuther, a constaté
que l'acélal méthyl-éthylique
n'existe pas, ou du moins se scinde sous l'action de la
chaleur dans les deux acétals simples correspondants.
M. Delacre a examiné comment se comportent, quand
on les chauffe, les acétals mixtes, méthyl-éthylique mono-
chloré
c".c-c"<oc"l
el bichloré
ciici,-c:ii<oci[j^
composés qu'il obtient aisément parla réaction sur l'alcool
métbylique des éthers bichloré
et Iric/doré
Cl
CH.Cl— CU<^)(.^„_^
CHCL-CIK^'
( ()98 )
La dislillalion de ces composés confirme, d'une manière
générale, la manière de voir de M. Rnbenkamp, du moins
en ce sens qu'ils ne sont pas disliliables comme tels dans
les conditions ordinaires de pression.
Le travail de M. Delacre renferme divers faits intéres-
sants et constatés avec précision.
J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'en décider
l'insertion dans les Bulletins. » — Adopté.
COMMUNlCATlOiNS ET LECTURES.
Note au sujet des aiéials mixtes; par Maurice Delacre.
Dans un travail exécuté au laboratoire de Geulher,
M. Riibencamp (1) a soutenu et donné des preuves de ce
fait que le méthylélhylacélal
o rtîî
préparé par Wurtz n'est qu'un mélange de diméthylacétal
et de diéthylacélal. C'est ainsi, en effet, que le produit se
sépare à la distillation fractionnée.
Que cette transformation du produit mixte soit provo-
quée par l'action d'une chaleur prolongée, ou que, ainsi
(i) Jnnales de Lichig, l. CCXXV, p. 2G7.
( (;99 )
que l'admet M. Riibencainp, le produit mixte ne soit réel-
lenii'nl pas susceptible dVxisler, le fait n'en est pas moins
de la plus haute importance au point de vue de l'histoire
des acélals, et l'un des plus intéressants qui aient été
décrits dans cette série remarquable de travaux entrepris
sous la direction de Geulher.
La noie que j'ai Ihonneur de présenter à l'Académie a
pour but de décrire les faits, confirmant cette manière de
voir, que j'ai été amené à constater pour les acétals mono-
et bichlorés.Si j'ai pris la liberlé de vérifier les expériences
de M. Rijbencamp, c'est qu'elles me paraissaient se trouver
en contradiction avec l'existence du méthylélhylacétal
monociiloré admise par iM. Lieben, et dont un examen
superficiel m'avait fait croire à la stabilité.
On sait que cet acétal mixte a été préparé par l'action
du mélhylate de sodium sur l'éther bichloré. M. Lieben
le décrit comme bouillant à 157°. J'avais cherché, il y a
quelques années, à préparer l'aldéhyde monochlorée en
partant de cet acétal, et j'avais constaté, en distillant rapi-
dement le produit, qu'il possédait en effet ce point d'ébul-
lition. J'ai donc repris mes expériences, et, mettant à
profit la modification heureuse que MAL Paterno et
Marzara (I) ont apportée à la préparation de l'acétal
monociiloré, j'ai remplacé le méthylate de sodium par l'al-
cool mélhylique; il est inutile, dans ce cas, d'employer un
très grand excès d'alcool, comme cela est nécessaire pour
la préparation de l'acétal biéthylique.
Ce dernier fait me semble digne d'être remarqué. La
même différence que l'on constate entre l'action de l'al-
(t) Bulletin delà Soc. scinit. de Paris, i87i, l. XXI, p. 219.
( 700 )
cool mélhylique el celle de l'alcool élhylique sur Télher
bichloré se retrouve dans l'action de ces deux réactifs sur
l'aldéhyde ordinaire (éb. 22°). J*ai décrit précédemment
l'action de l'alcool méthylique (1) comme très énergique;
rien de semblable ne se passe avec l'alcool élhylique, et,
s'il se forme du diéthyl-acétal, la réaction est loin d'avoir
un caractère Irancbé comme la synthèse du dimélhyl-
acétal.
Voici donc comment j'ai préparé le méthylétbylacélal
monochloré :
195 grammes d'élher bichloré ont été additionnés de
48 grammes d'alcool méthylique ; il y a échaufTement vif
et léger dégagement acide. Lorsqu'on vient à chauffer, il
se dégage des torrents dacide chlorhydrique. Tout déga-
gement ayant cessé, après deux heures environ, on traite
par l'eau et on sépare le produit. Après dessiccation, j'ai
recueilli, en distillant dans un simple ballon :
115°. . . . 10 grammes
U5'-I5Û°. . . . iô —
dôOo-loO». ... 90 —
Il y a un résidu. Ces rendements, très satisfaisants, sont
les mêmes que ceux que l'on obtient dans la préparation
de l'acétal biéthylique. On ne les améliore guère en aug-
mentant la quantité d'alcool; avec 286 grammes d'élher
bichloré et 30 grammes d'alcool méthylique, j'ai obtenu
193 grammes de produit brut non distillé.
Voici le résultat de deux fractionnements successifs
(1) huit, de l'Académie roy. de Belgique, 3' série, t. XX, p. 299
(1890).
(701 )
d'un produit semblable dans un appareil Lebel-HenoiDgcT
à quatre boules, muni de toiles de platine :
75». .
. . 18
grammes
75'-9d». .
57
—
95»-tlOv .
. 58
■ —
IIO'-IÔO*. .
. 28
—
150'- 155». .
. 60
—
155"- 140». .
. 4y
—
140'-i45'. .
. 55
—
145'-Jo5». .
. 59
—
155'- 160». .
. 11
—
Il a un résidu (a).
J'ai soumis ces produits à un nouveau fractionnement
dans le même appareil.
I. 150°- 133° (60 grammes) :
1 50'. .
. . 14 grammes
150"- 155". .
. . 18 —
155»-140'. .
. . 15 —
II. lôo^-liO" (49 grammes) H- 15 grammes du frac-
tionnement précédent -i- le résidu précédent (logrammes)
ont donné :
15o». . .
155»- 140». . .
140'- 143». . .
19 grammes
29 —
14 —
m. Demêmel40°-14o°(o3
précédent (14 grammes) :
1 4 grammes) -»- le résidu
155°. .
. . 4 grammes
I5o''-140°. .
. . 15 —
140'-14o». .
. . 25 —
145«-I50°. .
. . 23 —
5"* SÉRIE, TOME ÏX.
46
( 702 )
IV. Enfin le résidu (12 grammes), additionné de 57
grammes (éb. 145"- 153"), a donné :
135°. .
2 grammes
135»- 145°. .
. . 16 —
145°-15d». .
. . 19 —
4.'>5°-160°. .
. . G —
Le résidu réuni à celui (a) du premier fraclionne-
menl a été distillé dans un simple ballon; on sépare
7 grammes entre 153''-160°, puis le thermomètre s'élève
jusqu'au-dessus de 200".
Tous les produits passant de 160°-160°, en tout 24
grammes, ont été redistillés plusieurs mois après dans un
simple ballon :
lôO». . .
5 grammes
130°- 153°. . .
4 —
lo5'-IGO°. .
. 6 —
puis le thermomètre monte.
Ces résultats ne laissent aucun doute sur l'instabilité de
l'acétal mélhylélhylique monochloré à la température de
l'ébullition ; mais ils permettent de douter sérieusement
que la réaction (ou la séparation) ne se fasse d'après la
manière de voir de M. Riibencamp.
Le diéthylacéial bout vers 156°; d'autre part, d'après
les analogies, on peut supposer que le point d'ébullition
de l'acétal bimélhylique serait situé vers 117°. On remar-
quera dans les tableaux précédents qu'il n'y a pas d'arrêt
marqué à ces températures, qu'une quantité notable de
produit distille sous 110% et qu'il se forme des corps
bouillant bien au-dessus de 160°. Il ne m'a d'ailleurs pas
( 703 )
élé possible d'isoler de produit défini el pur ; ce qui distille
vers 100° a une forte odeur d'aldéhyde crotonique ; la
quantité minime (G grammes) qtii distille sans arrêt entre
155° et 160° possède l'odeur caractéristique de l'acétal
hiéthylique moiiocldoré; elle renferme 26,78 % de chlore
(l'acétal hiéthylique en contient 23,2 °/o, l'acétal mixte
25,65). Ce n'est donc pas un produit pur.
L'incertitude de ces résultats m'a fait douter de la sta-
bilité du diéthylacétal vis-à-vis de la chaleur. En distillant
rapidement, dans un appareil Lebel-Henninger à quatre
houles, de l'acétal hiéthylique monochloré préparé par le
procédé de MM. Paterno et Marzara, j'ai recueilli 502 gram-
mes entre 156° et 160°. J'ai chauffé cette portion pendant
sept heures au réfrigérant ascendant et je l'ai distillée très
lentement dans un appareil Lebel; elle s'est fractionnée
comme il suit :
H0°. . . . S5 grammes
idO°-150°. ... 20 —
1500-150°. ... 28 —
150»-160». ... 337 —
Les résidus, réunis à ceux provenant d'autres opérations,
passent sans point fixe jusqu'à 220° et au delà. Malgré
les quantités notables d'acétal mises en œuvre, je n'ai pu
isoler encore un produit de l'action de la chaleur; l'un des
produits qui distillent sous 150" possède une odeur suave
et se comporte vis-à-vis du brome comme un corps non
saturé. Je reviendrai sur ce sujet en poursuivant l'étude
des composés élhylidéniques; le seul fait qui m'intéresse
pour le moment, l'instabilité du diéthylacétal, me semble
démontré.
( 704 )
Si le dérivé diélhylique est instable, il n'y a rien d'élon-
nanl à ce que le produit mixte le soit. Le mécanisme de
ces transformations étant inconnu, était-il bien légitime
de considérer la présence de diétbylacélal dans les pro-
duits de distillation de Tacélal mixte comme une confir-
mation des idées de M. Riibencamp? J'ai pensé qu'il était
préférable de poursuivre mes recherches sur les acétals
bichlorés, dont le dérivé biéthylique est tout à fait stable.
L'acétal bichloré brut, tel que je l'ai obtenu (i) par le
procédé de M. Lieben, bout fixe vers 180° lorsqu'on le
distille dans un ballon ordinaire; mais si l'on distille dans
un appareil Lebel-Henninger ou qu'on le traite par la
potasse alcoolique, on sépare un produit non saturé, bouil-
lant à 144% et l'acéial bichloré pur bouillant à i82°. Je
reviendrai sur les conditions de cette préparation et me
contenterai, pour le moment, de mentionner que l'acétal
ainsi obtenu est absolument stable à sa température d'ébul-
lilion; après deux ans de conservation il n'a pas manifesté
la moindre altération et distillait fixe à la même tempé-
rature.
Le mélhylélhylacétal bichloré s'obtient facilement en
partant de l'élher éthylique trichloré CHCl^.CHCI.O.C^H^
Celui-ci a été obtenu par M. Krey, par l'action du penta-
chlorure de phosphore sur le diétbylacélal bichloré; au
lieu de précipiter par l'eau, il me semble plus avantageux
de distiller directement le produit de la réaction.
Pour 50 grammes d'acétal bichloré pur, j'ai recueilli
44 grammes (ihéor. 47) entre 160° et 170°; le ballon est
sec lorsque le thermomètre marque 174°. Dans une autre
(<) Voir ce recueil, t. XIII, 1«87.
I
( 705 )
opérationv j'ai obtenu, pour 112 grammes d'acélal, 105
grammes el, après une nouvelle reclilicalion, 97 grammes
de produit bouillant entre 160" et 174°; il reste très peu
de liquide comme résidu, mais il ne possède pas l'odeur
d'acétal bicbloré.
En traitant l'élher trichloré par la proportion théorique
de mélhylale de sodium dilué par l'élher, on obtient faci-
lement le produit correspondant à l'acétal mixte; on sait,
en effet, d'après M. Lieben, que, dans ces circonstances, le
chlore du groupement secondaire — CHCI — est seul
attaqué. Les rendements sont assez peu avantageux; pour
les deux produits obtenus plus haut j'ai recueilli 79 gr.
d'acétal bouillant entre 140° et 180°.
J'ai redistillé ce produit dans un petit appareil Lebel à
six boules, sans toiles de platine. Le thermomètre s'élève
directement à 145% puis rapidement à 148°; les fraction-
nements se font comme il suit :
HS^-ISS". . . 22 grammes (arrêt prolongé à 148°)
155"-! 60°. . . 9 —
1600-172°. . . 16 —
172»- 174°. . . 9 —
174°-185». . . 12 —
La première portion est sans doute le diméthylacétal ; en
la redistillant on recueille 10 grammes entre 146° et 149°.
Ce n'est pourtant pas un produit pur, car il acquiert peu
à peu l'odeur de chlorure acide (1).
(1) J'ai observe la même particularilc pour le produit non saturé
bouillant à iH", que j'ai mentionné plus haut. M. le professeur
L. Henry a eu la bonté d'appeler à ce sujet mon attention sur la fixa-
(706)
La dernière porlion (174°-! 85°), distillée une seconde
fois, donne 7 grammes entre 179" et 182°; c'est, à n'en pas
douter, de l'acétal biciiloré : son point d'ébullition et son
odeur tout à fait différente de celle des produits inférieurs
suffisent à le caractériser.
On ne peut donc hésiter à étendre au cas de l'acétal
raéthyléthylique biciiloré les conclusions de M. Riibencamp.
Mais il me paraît difficile, avec des produits liquides, de
décider si les acétals mixtes existent réellement ou s'ils
sont seulement instables. J'aborderai dans ce but l'étude
des acétals du chloral.
Je ferai encore une remarque avant de terminer. Chacun
sait combien l'éther bichloré
CH^CI.CHCU^ .
CH3.CHÎ ^"
est instable sous l'action de la chaleur. M. L. Henry a
constaté ce fait intéressant que l'éther tétrachloré
CC13.CHCI ^
CH3.CH2 ^"
distille sans aucune décomposition ; Pélher trichloré
CHCl'î.CHCI.
CH3.CH2
>0
est également stable à sa température d'ébullition.
Un fait analogue se retrouve dans l'histoire des acétals;
lion de l'oxygène aux étiiylèncs halogènes (Demole) et à l'élhylène
Irichloro-étiiyloxylé (L. Henuv. Ann. de la Société scientifique de
Bruxelles, 1880.) Une fixation analogue se fait dans le cas présent.
i
( 707 )
le dérivé monocliloré n'esl pas absoliimenl §table à sa lem-
péraliire (rébiillilion ; le produit hicliloré correspondant
l'est complètement, bien (|u'il distille une vingtaine de
degrés plus haut.
On pourrait déduire de là, avec une apparence de raison,
que l'instabilité de l'éther bichloré est due au groupement
— aPCI (H^^ réagissant sur 0?), et non à — CIICI — ,
ainsi que les réactions éuergiipies de ce dernier groupe
pourraient le faire supposer.
Bruxelles, laljoraloire privé.
ÉLECTIONS ET PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIUUE.
La Classe procède aux élections pour les places vacantes;
les résultats seront proclamés dans la séance publique.
Conformément à l'article 17 du règlement, MM. Slas
ei Le Paige donnent lecture de leurs communications
destinées à celle solennité.
( 708 )
CLASSE DES SCIEUCES.
Séance publique du 46 décembre 4890.
M. Stas, directeur, président de l'Académie.
M. LiAGRE, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MiVl. P.-J. Van Beneden, le baron de
Selys Longehamps, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze,
Éd. Dupont, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise,
F. Folie, Fr. Crépin, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke,
Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry,
M. Mourlon, J. Delbœuf, P. De Heen, membres; E. Catalan,
Ch. de la Vallée Poussin, assoc/és; C. Le Paige, L. Errera,
F. Terby, J. Deruyts, correspondants.
M. Plateau, vice-directeur, s'excuse de ne pouvoir être
présent à la séance.
Assistent à la séance :
Classe des lettres : MM. G. Tiberghien, vice-directeur;
le baron Kervyn de Lettenhove, Alph. Wauters, Ch. Pot-
vin, T.-J. Lamy, P. Henrard, Al. Henné, Gustave Frédérix,
membres; É. Banning, correspondant.
Classe des beaux-arts : MM. Jos. Schadde, directeur;
H. Hymans, vice-directeur ; C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Jos.
Jaquet, Jos. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, Edm.
Marchai, J. Rousseau, Alex. Markelbach, membres; J. Robie,
correspondant.
( 701) )
La séance est ouverte à \ heure el demie.
M. Slas donne lecture d'un discours ayant pour litre :
De la nature de la lumière solaire; ce discours sera
imprimé dans le tome XUX des Mémoires de l'Académie.
Un astronome belge du XVII' siècle, Godefroid Wendelin;
par C. Le Paige, membre de l'Académie.
Il y a plusieurs années déjà, lorsque j'ai essayé de
reprendre l'œuvre commencée par le savant et regretté
Adolphe Quetelet, el de retracer la vie des mathématiciens
(lui ont illustré la Belgique, j'ai rencontré quelques figures
qui m'ont séduit d'abord. Ailleurs, j'ai tâché de faire revivre
l'un de nos plus grandsgéomètres: René-François de Sluse;
aujourd'hui, je voudrais Caire le portrait d'un homme que
son pays natal a trop oublié : Godefroid Wendelin.
C'est une figure sympathique entre toutes que celle de
cet aventureux astronome que son humeur inquiète con-
duit à travers l'Europe et qui, dans les situations les plus
diverses, parfois les plus difficiles, ne cesse de poursuivre
une idée, de ce savant que nous rencontrons, à l'aurore de
la vie, poussé par un secret instinct vers les observations
célestes, el que nous retrouvons, au déclin de ses jours, à
plus de quatre-vingts ans, fidèle aux premières passions de
sa jeunesse.
C'est en outre un type complexe, moins rare au
XVII* siècle qu'aujourd'hui, un savant pour qui les champs
des cieux ne sont pas assez larges encore.
Entraîné par l'amour des vieilles gloires de la terre fla-
mande, il s'essaye à expliquer l'origine et les difficultés de
la loi salique en mettant au service de ses recherches sa
profonde connaissance de la langue thioise et toule Tin-
( 710 )
géniosilé d'un esprit aiguisé par des observations multi-
ples dans le vaste domaine de la nature; c'est encore un
charmant écrivain qui peut rivaliser, dans l'épigramme
latine, avec un mallre, Constantin Huygens, et lutter, dans
un tournoi de couce^//, avec les poètes provençaux.
Son imagination ardente le pousse à scruter les épo-
ques les plus lointaines, les plus ténébreuses de l'histoire :
émule du grand Newton, il ne craint pas de s'aventurer,
comme lui, dans les forêts mystérieuses de la chronologie.
Il ne me serait guère possible, aujourd'hui, de suivre
notre savant sur les routes diverses qu'il a parcourues : il
rae suffira de parler de l'homme et d'exposer ses recher-
ches astronomiques, heureux si je ne suis pas Irop au-des-
sous de la tâche que j'ai assumée, même en la circonscri-
vant de la sorte.
Godefroid Wendelin naquit à Herck, une des bonnes
villes de l'ancien pays de Liège, le 6 juin 1580,aux limites
de ce XVM siècle qui vit remuer tant d'idées, s'accumuler
tant de travaux, tant de recherches.
Toute sa vie, il semble porter la marque de cette époque
avide de retrouver les richesses de l'antiquité tout à coup
dévoilée, accumulant des trésors que les âges futurs
devaient mettre en œuvre. Il a gardé, du XVI* siècle, la
soif inextinguible du savoir, le besoin de tout scruter, l'in-
fatigable ardeur au travail ; mais ces qualités, il les joindra
à celles qu'apporte avec lui un siècle nouveau, et il ne sera
pas indigne d'être le contemporain de Huygens, de Gas-
sendi, de Pascal.
La petite ville où Wendelin vit le jour possédait alors
une école latine dirigée par un savant modeste, Henri Alen.
Celui-ci, avec ses fonctions de recteur, cumulait celles de
secrétaire de la ville, ce qui ne l'empêchait pas, à l'occa-
sion, de composer des vers grecs d'assez bonne tournure :
C 711 )
on connaissail 1rs langues savantes à celle époque. Des
liens (Je p;iienté l'utiissaienl peul-èlreà noire héros, car il
en Cul le parrain.
C'est sous ce maître que noire compatriote fil ses pre-
mières études : dès l'abord, il s'y distingua: à treize ans, il
écrivait en lalin des vers iambiques qui excitèrent l'admi-
ration.
Sans nul doute, l'étude des sciences exactes ne devait
pas occuper une bien large place dans l'école de Herck,
maison se tromperait peut-être si l'on croyait qu'elle y était
enlièremenl délaissée. L'attention de l'eni'ant était attirée
déjà vers le spectacle des grands phénomènes célestes, au
point que les circonstances d'une éclipse de lune, arrivée
en 1590, ne le laissèrent pas indifférent.
L'école latine n'étant probablement pas organisée de
façon à permettre au jeune Wendelin d'y terminer ses
humanités, ses parents résolurent de l'envoyer à Tournai.
Le jour même de son départ pour le collège des Jésuites,
le 24 avril 1595, est marqué par une éclipse de lune : les
anciens auraient vu un présage dans cette coïncidence.
Pour nous, bornons-nous à noter que mainl événement de
la vie de notre savant est caractérisé de la sorte.
Ce n'était pas mince chose, à cette époque, que de
quitter la maison paternelle pour s'en aller au loin : la nuil
entière, toute la famille s'occupe des préparatifs du départ;
seul, Wendelin ne peut s'arracher entièrement à l'obser-
vation du phénomène qui le frappe, et il en note les
phases comme il le peut.
Son séjour à Tournai ne fut pas de longue durée : trois
ans plus tard, le 21 février 1598, notre jeune humaniste
suit les cours de l'université de Louvain.
Celle date, c'est Wendelin encore qui nous la conserve,
( 712 )
car elle lui rappelle une éclipse de lune: heureux souvenir
qui nous permet, comme par une échappée, de jeter un
regard sur la vie laborieuse des étudiants d'alors: al/éclipse,
dit Wendelin, commença un peu après quatre heures, au
moment où nous nous éveillions pour réciter nos prières
et nous mettre au travail : à coup sûr, il n'était pas quatre
heures et quart, »
Ne vous semhle-t-il point entendre cet autre écolier,
« l'ornement de son siècle », nous dit Guillaume du Val
en son Collège de France, Henry de Mesmes, écrivant dans
ses Mémoires : « Nous étions debout à quatre heures et,
ayant prié Dieu, allions à cinq heures aux esludes, nos
gros livres sous le bras, nos écritoires et nos. chandeliers
à la main »? Ceci se passait, en 1545, à l'université de
Toulouse.
Ces habitudes matineuses, Wendelin les conserva dans
la suite. En 1608, lorsqu'il habite Forcalquier, nous le
voyons, devançant l'aurore. Un livre à la main, il s'éloigne
de la cité : épris du calme de la nature, il s'en va pour
jouir des senteurs de la campagne, pour goûter la fraî-
cheur des primes heures du jour; c'est ainsi qu'une pre-
mière fois il put observer la pluie rouge.
A Louvain, Wendelin compléta surtout son éducation
littéraire; il aborda l'étude de l'hébreu et s'y rendit habile.
Quant aux mathématiques, il dut retirer peu de proflt
des enseignements de VAlma Mater.
Depuis 1593, les leçons brillantes d'Adrien Romain
avaient cessé : l'émule de Viète avait été appelé à Wurtz-
burg, cl son successeur, Jean Storms de iMalines, malgré
les éloges que lui décerne Valère André, ne fut jamais
qu'un pauvre versificateur dont toute l'activité se borna,
pendant un demi-siècle, à mettre en soi-disant vers la phy-
( 715 )
sique d'Arislole, l'expression approchée du rapport de la
circonférence au diamèlrc, ou les différenics formes du
carré magique de 16.
Faul-il s'étonner que Wendelin ait voulu s'abreuver à
des sources plus pures et plus abondantes?
Cédant, pour la première fois, à ce besoin de déplace-
ment qui l'agita toute sa vie, il résolut de se rendre à
Prague. Peut-être y était-il attiré par le désir de s'attacher
à Tycho-Brahé, qui résidail alors dans cette ville. Il ne lui
fut pas donné d'atteindre le but de son voyage, et le pays
de Liège, qui faillit, à cette époque, donner asile au grand
astronome danois, n'eut pas même l'heureuse fortune de
voir un de ses enfants parmi les disciples du célèbre
observateur.
Parti avec un de ses amis, Wendelin fut obligé, par la
maladie, de s'arrêter à Nuremberg. Ce relard forcé donna
un autre cours à ses idées. Il revint à Herck, mais n'y
passa qu'un instant.
Bientôt nous le voyons se diriger vers le midi.
En 1599, il est à Marseille, dont il détermine la latitude :
ce fut, sans nul doute, son premier travail astronomique
sérieux, et il semble se rattacher à un projet qu'il pour-
suivit durant de longues années.
Mais, éloigné des siens, dans un pays étranger, la vie
devait lui être parfois dilïicile : un moment, Wendelin
devint correcteur d'imprimerie; ce ne fut qu'un emploi
passager.
En 1600, le désir de gagner l'indulgence du jubilé le
conduit à Rome; il parcourt l'Italie et, finalement, revient
à Marseille.
La Provence allait le posséder longtemps. Il s'établit
d'abord à Digne : on ne sait au juste s'il fut régent au
(711)
collège on s'il ouvrit une écolo de malliémnlii]ucs; maison
ra|)porle volontiers qu'il compta parmi ses élèves le célèbre
dassenili. Sorbière, Colomiez, et, ce qui est plus probant,
Mantelius, qui semble tenir ses renseignements de
Wendelin, Valère André, qui publia sa Dibliol/ieca beUjica
du vivant de notre astronome et de l'illustre prévôt de
Digne, affirment la chose; mais le P. Bougerel, le bio-
graphe du grand adversaire de Descartes, combat ce sen-
timent par d'assez bonnes raisons.
De Digne, Wendelin passa à Valensole : deux années de
suite il conquit dans celle ville, à la suite d'un concours
public, une des chaires du collège; à la rentrée de 1604,
il renonça à la lutte, non pas qu'il la craignit, mais parce
qu'il avait donné suite à de nouveaux projets.
Un instant il était revenu au pay§ natal, mais la bru-
meuse Campine et ses bruyères mélancoliques ne pouvaient
lutter avec le brillant soleil de la Provence, de\enue une
seconde patrie pour l'ardent voyageur; aussi est-ce sans
élonnement que nous voyons notre compatriote regagner
rapidement le midi.
Il y trouva d'ailleurs une hospitalière demeure chez
André d'Arnaud, seigneur de Aliravail, lieutenant général
de la sénéchaussée de Forcalquier.
Ami des lettres, auteur lui-même de vers charmants,
André d'Arnaud choisit Wendelin comme précepteur de
ses enfants : notre savant rencontra chez lui un foyer
familial ; il s'y trouvait assis, non comme un hôte passager,
mais comme un ami.
Lié avec Peiresc, avec Gassendi, avec cent autres, le
vice-sénéchal, était, commecux, un curieux. 11 avait amassé
une riche bibliothèque, où (iguraient avec honneur quelques
joyaux, comme ce Codex arnaldinus, ce manuscrit de Jean
( 715 )
(Je Linicres que l'aslronome belge dut feuilleter tant de
fois.
Wendelin ne se borna pas, en ciïel, à faire l'éducalion
(les enfiinls d'André d'Arnaud — l'un de ceux-ci, d'ail-
leurs, Scipion, élail presque de l'âge du précepteur et lui
pour lui plutôt un compagnon qu'un élève, — renseigne-
ment des langues mortes et de l'hisloire n'occupait pas
tout son temps. Et, au surplus, ce n'était pas avec un
homme de celte trempe que les journées pouvaient limiter
le travail : les nuils étaient à lui, les nuits pendant les-
quelles, grâce à l'admirable transparence du ciel de la
Provence, il pouvait observer quand il le voulait. Puis,
nous l'avons vu, au besoin il devançait le jour.
Au reste, tout lui était sujet d'étude : si, pendant une
grande partie de l'année, la famille d'Arnaud, retenue par
les fonctions de son chef, habitait Forcalquier, quelques
mois étaient réservés à un séjour au pied des Alpes, à
Chateauneuf-Miravail. Wendelin savait y continuer, y
étendre môme ses travaux.
De la terrasse du château, il pouvait se livrer à ses
observations aimées; en outre, le pays lui fournissait des
sujets bien dignes d'exciter sa curiosité.
A quelque distance du château s'élève la montagne de
Lure; Wendelin ne craint pas d'en escalader les deux
mille mètres : c'est que du haut de cette pointe isolée des
Alpes, il domine la Provence tout entière : au loin, la
chaîne du Dauphiné et, entre les deux, la vallée merveil-
leuse, Miravail, le domaine de son ami et protecteur.
Souvent les brouillards enveloppent la montagne :
Wendelin monte alors jusqu'à la cîme, et son enthousiasme
éclate lorsque, dominant la nue, il voit au-dessus de sa
tête briller le resplendissant soleil.
(716)
Mais à ses pieds, sur l'aulre versant, s'étend une sorte
d'abîme qu'atteint à peine la lumière du jour : dans leur
langue imagée, les hommes du midi l'appellent l'Enfer. De
cette sombre vallée, parfois s'élève comme la fumée d'une
cbaumine. Alors, malheur à celui qui ne fuit pas. Soudain le
tonnerre gronde, la foudre éclate, la grêle tombe. Spectacle
étrange et grandiose dans son horreur, qui, plus d'une fois,
a frappé noire savant lorsque, descendant du sommet de
Lure, où il était seul en face du ciel azuré, il entend tout
à coup à ses pieds le roulement du tonnerre, il aperçoit,
dans la triste vallée, la foudre qui brise et qui tue, il voit
les ravages produits par le vent qui déracine les arbres et
renverse les habitations.
A près d'un demi-siècle de distance, ce souvenir viendra
l'assaillir ; il semble encore avoir sous les yeux ce spectacle
afTreux de désolation et de mort.
Huit années s'écoulèrent ainsi, partagées entre l'ensei-
gnement et l'étude, huit années d'une vie paisible pendant
lesquelles Wendelin poursuit, aidé par Scipion d'Arnaud,
ses observations célestes, ne manquant pas une occasion
d'augmenter son catalogue d'éclipsés.
En passant, il note tous les phénomènes naturels qui le
frappent, comme cette pluie rouge des premiers jours de
juillet 1608, dont j'ai déjà parlé, et qui éveilla, à un si haut
degré, l'attention de Peiresc; comme encore cette invasion
de papillons dont les essaims nombreux obscurcissent le
soleil en Grèce, en Italie, et qui, traversant les Alpes,
envahissent la Provence et vont plus loin encore, jusqu'aux
extrêmes frontières de l'Espagne.
Ce furent certes les heures les plus heureuses de sa vie.
Comme il s'abreuve, avec délices, à cette « source bonne >
que lui offre la bibliothèque de son hôte, comme il jouit
des amitiés ûdèles qui l'entourent !
( 7i7 )
Le souvenir des heures passées à Forcalquier ne s effacera
plus de sa mémoire : a c'est la Provence, dil-il en 1628,
dans une lettre à Peiresc, qui lui a donné le premier tcinct
des mathématiques, et il espère qu'elle en esclorra les
fruicts i>, car il compte toujours revoir celte seconde pairie;
il va presque, dans son affection pour elle, jusqu'à médire
de la terre natale : « ne voullanl pas croupir dans cet air
très sombre où il ne peut jamais faire observation qui
vaille » ; il n'a pas même oublié les vendanges — il écrit
au mois <le septembre, — et s'il exprime à Peiresc son désir
« d'eslancher la soilqui le presse de humer le suc de sa
bibliothèque d, il avoue qu'il no. dédaignerait pas de venir
a gouster le vin nouveau ». Ce qu'il n'a point oublié sur-
tout, ce sont les nonibreux et fidèles amis qu'il a laissés
derrière lui et, avant tous, son élève, son compagnon,
Scipion d'Arnaud, celui qu'il appelle son Arnaud.
Cependant, il fallut abandonner les vallées ensoleillées
de la Provence et les pics escarpées de Lure pour les
plaines monotones de la Campine. Les enfants d'André
d'Arnaud sont d'âge à se passer d'un précepteur; les
parents de Wendelin sont njorts; il a des intérêts à régler
dans les Pays-Bas. Une dernière fois il salue la terre pro-
vençale et il part, entreprenant à pied la route immense
de Forcalquier à Herck.
Peut-être est-ce à ce moment qu'il s'arrêta à Paris et
qu'il y conquit le diplôme de docteur en droit. Un instant
même, s'il faut en croire des biographes, il songe à s'établir
dans la grande ville et à y exercer la profession d'avocat;
projet bien vite évanoui : Wendelin s'achemine de nouveau
vers nos contrées.
Le 14 mai 1612 il est à Liège et, le jour même où il
foule le sol natal, il lui est donné de pouvoir observer une
éclipse de lune.
3"" SÉRIE, TOME XX. 47
{ 718 )
Son retour quelques annérs plus loi eût élé, peul-on
croire, ulilcaux progrès de l'aslronomie dans noire pays;
le irône épiscopal de Liège élail occupé alors par un prince
forl épris de science, qui sut, à l'occasion, proléger Tycho-
Bralié el Kepler. Il n'esl pas téméraire de penser qu'Er-
nesl de Bavière, qui enlrelenail deux astronomes dans son
palais, qui se livrait lui-même à des travaux scientifiques,
eût protégé un enfant du pays de Liège, qui revenait pré-
cédé de la réputation de savant universel.
Mais Ernest de Bavière élail mort le M lévrier de celte
année, et il ne semble pas avoir légué ses goûts à son
neveu et successeur, Ferdinand.
L'ardeur de Wendelin pour les lointains voyages semble
momentanément calmée; il a trente-deux ans et prend la
résolution d'entrer dans les ordres. Pendant plusieurs
années, il poursuit ses études ihéologiques et reçoit enfin,
à Malines, le 21 décembre 1619, le sous-diaconat. Bientôt
il est nommé curé de Beets; c'est là que nous le trouvons,
observant une éclipse, le 9 décembre 1620.
Nous ne savons an juste combien de temps il dirigea
celte paroisse ; il rapporte des observations qu'il y fil jus-
qu'en 1651, et, en 1652, le 26 avril, lorsqu'il publie son
éloge de la Toison d'or, il est encore pasteur du modeste
village.
A celle époque, il est déjà célèbre; Erycius Puteanus
proclame qu'il sait tout ce qu'on peut savoir ou que, si
pareille science n'esl point permise à l'homme, il ignore
le moins possible; le conseil des flnances lui octroie un
subside annuel de cent-vingt florins et, pour apprécier la
valeur de celle somme, on doit se rappeler que la chaire
de mathématiques à Louvain valait deux cents florins à
son possesseur; enfin, l'infante Isabelle, qui semble avoir
( 71'-> )
hérilé du goût de son aïeul (Iharles-Qi)int pour rastrono-
mie, accorde à Wendelin une prébende de chanoine de
Condé.
Ce n'esl pas à Beels senlcrnenl que nous rencontrons
noire savant; il est tantôt à Liège, lanlôt à Bruxelles, à
Anvers surtout, où l'appelle l'impression de son premier
ouvrage, de son Loxias, (|ui constitue l'un de ses princi-
paux titres scientirKjues.
Bientôt il échange la cure de Beels contre celle de
Herck, sa patrie; en 1655, le 3 mars, c'est dans celte ville
qu'il observe une éclipse de lune, et pendant quinze ans il
y poursuivra ses recherches astronomiques.
C'est dans le cimetière même qui entoure son égli-^e
qu'il a établi ce qu'on peut appeler son observatoire; les
deux tours du temple lui servent de mires. A ses côtés, il
a disposé des sabliers, des cadrans sciatériques pour fixer
l'heure des phénomènes; l'ombre de la lune, au besoin une
visée, lui permettra de préciser les instants. Puis il s'aide
de la sonnerie de l'horloge, non pas comme d'un moyen
absolu, mais afin de déterminer les différences de temps.
Ensuite il faut voir de quels moyens il fait usage pour
mesurer avec exactitude les durées fort petites; il pourrait
se servir des pulsations de l'artère, mais ce procédé lui
inspire peu de confiance, car il dépend trop de l'état de
santé, de la situation d'esprit où l'on se trouve; il a mieux
que tout cela. Depuis sa jeunesse, il s'est exercé à réciter
d'une manière uniforme le poème d'Hésiode : Les œuvres
et les jours, trente vers par minute, un hémistiche par
seconde. Nos astronomes se contenteraient difficilement
de pareils instruments; mais ils n'étaient pas si défec-
tueux entre les mains de qui savait en user, puisque, avec
de pareils moyens, dès que l'emploi du pendule à secondes
( 720 )
se fut inlroduit,WendeIin, qui fut l'un des premiers à s'en
servir, sut découvrir les causes principales d'inégalité des
battemenls. Conlrairemenl à l'affirmation de Galilée, il
proclame l'induence de l'amplitude, et, qui plus est, un
demi-siècle avant Lahire, il voit que les oscillations, en
moyenne, sont plus longues en élé qu'en hiver. Sans
doute, il n'aperçoit par les causes immédiates du phéno-
mène, mais, plus habile que Huygens et que Wallis, aver-
tis cependant par lui, il découvre le fait lui-même. Celte
observation fait le plus grand honneur à sa sagacité et à
son habileté d'observateur. Faut-il ajouter que, pour rendre
plus sensibles les inégalités qu'il constate, il se sert d'un
pendule de quarante-deux pieds environ? .
Il est curieux de voir combien il a su intéresser ses
parents, ses confrères, ses paroissiens riiéme à ses travaux.
Lorsqu'il est appelé à Bruxelles, à Anvers, ses frères le
suppléent à Herck dans l'observation des éclipses; lorsqu'il
observe lui-même, on voit le pasteur d'un village voisin,
le curé de Donck, partager ses labeurs; il s'est créé des
aides-astronomes, des jeunes gens intelligents et doués
d'une excellente vue, qu'il associe à ses travaux ; bien plus,
c'est le secours des habitants qu'il invoque. Ils sont là, à
quelque distance de lui-même, le contrôlant, notant le
moment précis d'un phénomène.
Si, comme il y a lieu de le croire, il prenait la moyenne
des résultats, il devait obtenir des nombres d'une exacti-
tude fort grande; c'est, en effet, ce qui semble résulter de
la concordance entre les données de ses observations et
celles de ses calculs.
Je l'ai dit déjà : parfois il quittait sa paroisse, même au
moment où il fallait observer une de ces éclipses qu'il
aimait tant à noter; c'est qu'ailleurs il trouvait des instal-
( 72i )
lalions meilIcMiros que los siennes. A Bruxelles, c'est de
préférence chez son ami Jcan-Jacqnes Chilïlel qu'il s'arrèle,
sans [)Oiir cela dédaigner l'accueil du comte de fiucquoi,
du marquis de Torrès, du président Roose, du chancelier
Boisschol; à Anvers, c'est le |)ensionnaire Jacques Edel-
heer qui le reçoit. Ce jurisconsulte n'est pas tant absorbé
par ses charges de judicalure qu'il ne puisse établir dans
sa demeure un cercle mural excellent, dû aux mains habiles
de l'élève, on dirait aujourd'hui l'assistant, de Descaries,
Gérard van Guischoven.
Le pensionnaire n'est pas seul à se servir de Tinstru-
menl; le 27 septembre 1643, par exemple, nous trouvons
réunis chez lui, pour observer une éclipse, avec Wendelin
et Gutschoven, le secrétaire de la ville, Gaspar Gevaert,
un savant et un poète; le trésorier Jean van Eyck et même
une dame, Anna Romer, tous entraînés par l'exemple de
Wendelin.
L'âge n'a pas, on le voit, refroidi l'ardeur de notre
savant; il ne cesse de parcourir les bibliothèques, de pro-
fiter de toutes les occasions qui s'offrent à lui d'augmenter
ses connaissances, de pénétrer plus profondément dans les
secrets de la nature. Il excite ses amis, ses correspondants
à lui communiquer leurs découvertes, leurs observations.
Sa réputation s'est étendue dans l'Europe entière : Gas-
sendi, Naudé, Mersenne, Roulliaud, Petau, Huygens citent
à l'envi ses travaux; Descartes, qui place si haut, et avec
raison, sa Géométrie, met Wendelin au petit nombre des
mathématiciens dignes de l'apprécier et désire vivement
connaître le jugement qu'il en porte.
Un phénomène dont j'ai dit un mot déjà vint davan-
tage encore appeler l'attention sur notre savant: c'est cette
pluie rouge dont il a entendu parler dans son enfance, en
( 722 )
1590, (Jonl il a élé témoin une première fois, en 1608, à
Forcalquicr, cl qui se reproduisit à Bruxelles le 6 octobre
1G46.
Avec son ami Jean-Jacques Cliifllet, Wendelin entre-
prend de donner l'explication de la pluie merveilleuse; il
goule l'eau recueillie et lui trouve une saveur analogue à
celle des eaux de Spa; il rapproche le lait de coloration
d'autres phénomènes naturels et attribue la couleur rosée
de la pluie au mélange, à la vapeur d'eau, de vapeurs bitu-
mineuses et sulfureuses.
Le petit livret où Wendelin rapporte cette explication
fut bientôt entre toutes les mains. En peu de temps il fut
imprimé deux fois à Bruxelles, la seconde édition avec des
additions. La même année (1647) il fut réimprimé à Paris;
en 1655, il trouva un nouvel éditeur à Londres. Jean-
Jacques Chilïlet , Gassendi, Plempius, Gaspar Gevaert,
René iMoreau, Robert Fervacque écrivirent de nombreuses
lettres sur ce sujet; un professeur de Prague, Jean-Marc
Marci, trop peu apprécié jusqu'ici, publia en 1647 un
opuscule sous le même litre que celui du savant belge.
Le travail de Wendelin n'appelait pas seulement l'at-
tention sur un 'phénomène météorologique qui se repro-
duisit en 1571, en 1590, en 1608, en 1638, en 1645,
en 1646; il contenait une foule d'idées ingénieuses sur la
constitution de la terre, sur l'existence d'un noyau liquide
en ignition, sur l'attraction naturelle de la terre et de la
lune, cause des marées, sur le mouvement elliptique des
planètes.
La modeste cure de Herck, même un canonicat de
Condé, ce pouvait sembler peu de chose pour un savant
dont notre pays avait le droit d'être fier. Cependant, heu-
reux au milieu de ses livres et de ses instruments, par-
( 723 )
toul accueilli comme il le mc'rilail, VVendelin n'aurait
pruhabltmi'iil pas songé à se plaindre de voir les hon-
neurs loin de lui. Mais les honneurs vinrent le chercher
dans sa solitude de Herck : l'évèque de Tournai le nomma
chanoine de sa cathédrale et même lui confia les fonc-
tions d'olTicial (1649).
Wendelin, revenu aux lieux où s'étaient écoulées
quelques années de sa jeunesse, s'acquitta avec zèle de sa
charge, mais n'en continua pas moins à observer les
astres, car il ne faut pas croire la méchante remarque de
van Langren dans une lettre à Bouillaud, que « le hon
Vendelin ne faicl plus rien, il se contente de sa bonne
chanoinie à Tournay (7 sept. 1632). » La publication du
Teralologia comelica vint donner un éclatant démenti à
cette accusation de paresse.
Faut-il croire que le poids de l'âge commençait à se
faire sentir, sept ans plus tard, lorsque notre astronome
commit celte grosse erreur de calcul que lui reproche
Iluygens, au sujet de l'éclipsé du 14 novembre 16o9?
« L'erreur du bonhomme Wendelinus, dit-il dans une
lettre à Bouillaud du il décembre de cette année, a esté
[)laisante en cette même éclipse, car il l'attendoit un jour
auparavant qu'elle ne devoit arriver, et cela avec toute la
préparation nécessaire et en compagnie de plusieurs qu'il
avoit conviez. »
L'erreur était fort excusable, et Wendelin était encore
robuste et plein de projets : il le montra bien lorsqu'il
voulut, au commencement de l'année 1660, revoir sa
chère Campine. Dans ce voyage il s'arrêta à Hasselt, fit
cadeau de .ses œuvres à son ami l'historien Mantelius et
lui indiqua les nombreux travaux qu'il comptait publier
encore.
( 724 )
Cependant, s'il faut en croire la plupart des historiens,
sa vie ne se serait guère prolongée au delà de celte époque :
il serait mort à Renaix, en 1660, après avoir renoncé à
son canonical de Tournai. Néanmoins on peut observer que
dans son histoire de Hasselt, publiée en 1665, Mantelins
ne parle pas de la mort de son ami, et que, d'après un
portrait qui figure dans un ouvrage du savant Ghesquière,
Wendelin n'aurait cessé de vivre qu'en 1667.
Il ne nous reste maintenant qu'à jeter un coup d'œil
rapide sur l'œuvre de notre savant astronome, sur le
travail accumulé pendant celte longue et laborieuse exis-
tence.
Dès sa jeunesse, comme nous l'avons dit, il détermina
la latitude de Marseille : c'était le premier effort qu'il fil
pour élucider une question née de l'examen d'une obser-
vation de l'ombre du gnomon, due à Pythéas.
La valeur de l'obliquité de l'écliplique, déduite de cette
antique détermination, ne concordait poinl avec celle que
divers astronomes avaient calculée.
Wendelin se refusait à croire à une variation brusque
de cette obliquité; avec son esprit investigateur, il pré-
voyait l'existence d'une loi qu'il fallait découvrir, vérifier
ensuite. Alors que Tycho-Brahé avait cru devoir conclure
à un accroissement momentané et singulier de l'obliquité,
le jeune astronome ne pouvait admettre une modifica-
tion inexpliquée d'une loi naturelle.
Tout d'abord, il dén)èle, avec une grande sagacité, les
causes d'erreur qui peuvent influer sur la grandeur de la
constante à calculer.
Il faut déterminer avec le plus grand soin la latitude
des lieux oîi l'on observe, tenir compte des réfractions et
enfin de la parallaxe solaire.
( TiS )
Avec une persévérance remarquable, Wendelin [)Our-
suivra, duranl une longue série d'années, le cours de ses
observations; pendant un quart de siècle, il accumule les
résultats avant de publier son Loxias, et, plus tard, après
l'apparition de son livre, il réunira tous les éléments
nécessaires pour perfectionner son œuvre.
En premier lieu, il constate que les anciennes observa-
tions des latitudes, obtenues à l'aide du gnomon, doivent
être corrigées du derai-diamèlre apparent du soleil.
C'est ainsi qu'il est amené à poursuivre pendant plusieurs
années, de IGOo à lG12,à Forcalquier, des rechercbcs sur
le diamètre apparent du soleil, en recevant sur un écran
l'image de cet astre, par une ouverture étroite exactement
mesurée.
Cette correction lui donne pour la latitude d'Alexan-
drie, élément essentiel de la question qu'il étudie, 31° 13';
d'un autre côté, la même latitude, déterminée par Éra-
toslhènes à l'aide d'une observation d'étoile, est de 31° 9';
des considérations géodésiques enfin conduisent à admettre
un nombre un peu différent : 31° 8' 35". Wendelin prend
la moyenne approchée de ces trois résultats et fixe la
latitude à 31° 10'.
De même, il reprend, avec le plus grand soin, le calcul
de la distance du soleil ou, ce qui revient au môme, de
la parallaxe solaire. Il applique la méthode des dichoto-
mies d'Arislarque de Samos et fait usage du télescope dès
que la connaissance de cet instrument s'est généralisée.
Il fixa ainsi à une minute la parallaxe solaire. C'était
déjà une valeur bien plus approchée que celle dont ses
contemporains faisaient usage.
Armé de la sorte, il reprend la détermination de l'obli-
quité de l'écliptique et en constate la diminution continue
depuis l'époque l'Ératosthènes.
( 7-26 )
Il va plus loin, car il exprime la loi du phénomène et en
assigne même la période.
D'une façon absolue, celle loi n'est pas exacte; elle
diffère de celle de Laplace, elle détermine la période d'un
phénomène dont la périodicité n'est pas reconnue, même
de nos jours. Mais, d'un autre côlé, pour une durée relati-
vement longue, la formule qui traduit sa loi représente
assez bien la variation de l'obliquité de l'écliptique.
Wendelin ne s'en tint pas à ce premier essai; pendant
vingt ans, il reprit différentes fois la question. C'est ainsi
qu'il pria son ami Gassendi de refaire les observations
du gnomon à Marseille, pour discuter à nouveau les résul-
tats dus à Pythéas.
Appuyé sur de nouvelles observations de dichotomies
et sur des vues théoriques ingénieuses, bien que parfois
contestables, il évalue à 14" au plus la parallaxe solaire,
résultat le plus précis qu'on eût eu jusqu'alors.
Je ne rappellerai pas ses nombreuses observations
d'éclipsés dont il publia le tableau, et qui devaient lui
servir à édifier ou plutôt à contrôler une nouvelle théorie
de la lune.
Ajouterai-je qu'il s'est empressé d'admettre les théories
coperniciennes, mieux encore les lois de Kepler.
11 n'hésita pas à faire connaître ses opinions dans
son traité De la pluie rouge et dans son Teralologia
Comelica.
Il ne prend qu'une minime précaution, bien mince en
réalité. Le corps qui se meut dans son orbite elliptique, en
trois cent soixante-cinq jours environ, s'appellera le
Teriium corpus. Mais nul ne s'y trompe. Liberl de Froid-
mont, l'ardent défenseur des décisions contraires à
Galilée, appelle Wendelin le Keplé-copernicien, mais il ne
reste pas moins son admirateur et son ami.
( 727 )
Bien plus, Wendelin apporta aux idées de Kepler une
éclalanle conûrmalion: il découvrit que, pour les satel-
lites de Jupiter, la seconde loi du mouvement elliptique
se vérifie; les carrés des temps de leurs révolutions autour
(le la planète sont entre eux comme les cubes de leurs
distances à l'astre.
Il faut bien avouer cependant que notre astronome ne
fui pas sa!is commettre quelques erreurs ; c'est ainsi qu'il
s'obstinait à vouloir établir l'égalité des jours solaires;
c'est ainsi encore qu'il voulait faire parcourir à la lune une
courbe ovoïde.
Le temps a passé sur les travaux de Wendelin; ses
découvertes se sont effacées devant celles du grand Newton
et de ses disciples; mais il ne serait pas juste d'oublier
celui qui, le premier, a su démêler les variations dans la
durée des oscillations du pendule, qui a constaté et établi
la diminution continue de l'obliquité de l'écliptique, qui a
calculé, avec une exactitude inconnue jusqu'à lui, la
parallaxe solaire, qui enfin a contribué à établir d'une
manière ferme le système de Kepler.
De nombreux chercheurs, surtout en Provence, et à
leur tète un descendant d'André d'Arnaud, M. de Berlue
Perussis, puis le savant éditeur des lettres de Peiresc,
M. Tamizey de Larroque, M. Tardieu de Sisleron,
M. l'abbé Pierrisnard s'occupent à rappeler la gloire de
l'astronome flamand. Bientôt, sur le sommet de Lure,
dominant sa Provence aimée, un monument durable
s'élèvera en souvenir du Belge qui, devançant de plus de.
deux siècles les observateurs du Ventoux, a commencé
dans ces contrées les premières recherches météoro-
logiques.
( 728 )
— M. le secrétaire perpétuel proclame, de la manière
suivante, le résultai des concours et des élections.
CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE POUR 1890.
Six questions composaient le programme de concours
de la Classe pour l'année 1890; le délai pour l'envoi des
manuscrits expirait le 1" août dernier. Trois questions
avaient pour objets des sujets se rapportant aux sciences
mathématiques et physiques; les trois autres concernaient
les sciences naturelles.
La Classe a constaté avec regret qu'aucun mémoire ne
lui a été présenté en réponse à ces questions.
ELECTIONS.
La Classe a eu le regret de perdre, cette année, un de
ses membres titulaires : Charles Montigny; un de ses
correspondants : Charles Fiévez ; et deux de ses associés :
Gustave-Adolphe Hirn et Christophe Blys-Ballot.
Ont été élus :
Membre titulaire, sauf approbation royale : M. Constan-
tin Le Paige, professeur à l'Université de Liège;
Correspondant : M. Jacques Deruyts, chargé de cours
à l'Université de Liège;
Associés : MM. Arthur Cayley, professeur à l'Université
de Cambridge; Louis Fizeau, membre de l'Académie des
sciences de Paris; et Adolphe von Baeyer, membre de
l'Académie des sciences de Munich.
( 729 )
OUVRAGES PRESENTES.
Barlez {C. de). — San-Li-T'ii, tableau des irois rituels. Traits
de mœurs chinoises avant 1 erc chrétienne. Paris, 1890; extr.
in-8» (48 p., pi.).
Giron (A.). — Manuel de droit électoral, Bruxelles, 1890;
vol. in-8'.
Vanlair (C). — La naupathie. Bruxelles, 1890; extr. in-S"
(51 p.).
Pasquier {Ernest). — Sur l'unilication de l'heure. 1890;
extr. in-8° (3 p.).
Catalan [Eug). — Sur un théorème de M. Mannheim.
Rome, 1 890 ; extr. gr. in-8° (1 5 p.).
Roersch (Z.). — Discours inaugural et rapport à Touver-
ture solennelle des cours de l'Université de Liège, le 21 octo-
bre 1890. Liège, 1890; in-8".
Génurd (P.). — Antwcrpsch archievcnblad, decl XVII, S***
en ¥" aflevcring ; decl XVIII, I''' aflevering. In-8°.
Delroz. — Des clôtures et des plantations, discours. Liège,
1890; in-8'' (57 p.).
Toussaint {l'abbé). — Études sur Wibald, abbé de Stavelot,
du Mont-Cassin et de la Nouvellc-Corbie. Namur, 1890; vol.
in-8».
De Ceuleneer {A.). — De afschaffing der normaalscholen
voor het middelbaar liooger ondcrwijs. Gand, 1890; in-8°
(25 p.).
Vf sel {le comte Hippolyte d'). — L'œuvre du Roi au Congo;
son passé, son présent, son avenir. Bruxelles, 1890; extr.
in-8» (24 p.).
( 750)
Deruyls {Fr.). — Sur une propriété des dclcrrainanls
symétriques gauches. Bruxelles, 1890; extr. in-8''(4 p.).
— Sur la corrélation polaire involutive dans un espace
linéaire quelconque. Bruxelles, 1890; extr. in 8° (16 p.)-
Foulon (Franz). — Poèmes flamands et poésies diverses.
Gand, 1890; in-8".
Wauwermans (te général). — Henri le Navigateur et l'Aca-
démie portugaise de Sagrès. Introduction à l'étude de l'école
anversoise de géographie du XVI* siècle. Anvers, 1890; vol.
in -8".
De Boeck (J.) vX Verhoogen (J). — Contribution à l'élude
de la circulation cérébrale. Bruxelles, 1890; in-8''.
Ministère de V Intérieur. — Application de la loi de 1890
sur la collation des grades académiques et le programme des
examens universitaires. Bruxelles, 1890; extr. in-8°(55 p.).
Conservatoire royal de musique de Bruxelles. — Annuaire,
14"* année, 1890. In-S".
Allemagne et Adtriche-Hongiue.
Korosi ( Joseph ). — Bulletin annuel des finances des
grandes villes, 10"" année, 188G. Budapest, 1890; gr. in-8'.
Gad (J.) und Heymans (J.-F.). — Ueber den Einfluss der
Temperalur auf die Leistuiigsfahigkeit der Muskelsubstanz.
Leipzig, 1890; extr. in-8° (115 p., 1 pi).
Dotitrepont (Aug.). — La clef d'amors, texte critique avec
introduction, appendice et glossaire. Halle, 1890; in-8°.
Benko (Jerolim Freihern von). — Das Datum auf den Phi-
lippinen. Vienne, 1890; in-8'' (14 p.).
Verein fur Gescliiclite der Mark Brandenburg, Berlin. —
Forscbungen, 3 Ed., i> Hâifte. ln-8''.
Nalurforschende Gesellschaft. — Schriflen, neue Folge,
Band VII, 5. Dantzig, 1890; in-8°.
(731 )
Statistisclies Landcsamt. — Wùrlicmbcrj^ischc Vicrlcl-
jalirshcfic fur Landesi;;cschichle, 181)0. 1 uiul II. Sliillgart;
in-8'.
Naturforschende Gesetlschaft. — XV. Bciiclu. Banibcrg,
1890; in- S».
Arclutcologischc Gcsellsrliu/t zii Berlin. — 50. Programm
zura Winckelmaiinsfeste. 1890; in-4'.
Académie de Metz. — Mémoires, 1886-87. In-S".
France.
Vaillant {Léon). — Histoire naturelle des annelés marins el
d'eau douce: Lombricinicns, liirndiniens, bdcllomorphes, etc.,
t. III, 2°" partie. Paris, 181)0; vol. in-S".
Curavev-Cachin (Alfred). — Le Poudingue de Palasson sur
le versant sud-ouest du plateau central. Paris, 1889; extr.
in-8''(11 p. et! pi.).
— La grotte de Roset, près Puicelcy. Paris, 1889; extr.
in-8» (10 p).
— Le cimetière mérovingien du Gravas. Gaillac, 1891;
in-8° (52 p. et une photographie).
lioulliel [Anlony). — Législation internationale des incen-
dies. Paris, 1890; in-8" (o6 p ).
Concours international de chronométrie : comptes rendus
des travaux (E. Caspari). Paris, 1890; vol. in-4°.
École supérieure de pharmacie de Montpellier. — Thèses
diverses. Montpellier, 1890; 2ri extr. in-4°.
Société des Antiquaires de France. — Bulletin, 1888. Paris;
vol. in-8».
Société linnéenne du Nord de la France. — Bulletin, 1 889.
In-8«.
Académie des sciences et belles-lettres d* Angers. — Séance
( 732 )
solennelle de rentrée du 22 novembre 1888 : Discours par
Forquel de Dorne. Angers; in-S".
— Séance du 18 décembre 1889 : La France préhistorique
par Carlailhac, analyse par Ed. Piettc. Angers, 1890; in-S".
Société (les antiquaires de Picardie. — Bulletin, 1890,
avril-juin. Amiens, 1890; in-8", — Mémoires, tome XII.
Académie d'Hippone. — Comptes rendus des réunions du
5 mars et du 12 mai 1890 Bône; in-8°.
Académie de Besançon. — Travaux de 1889. ln-8°.
Société linnéenne de Normandie, Caen. — Bulletin, 4' série,
vol. III, 1888-89. ^1-8»
Société des sciences naturelles et mathématiques de Cher-
bourg. — Mémoires, l. XXVI. Paris, 1889; vol. in-8».
Archives de la Cùte-d'Or. — Inventaire rsommaire des
archives départementales antérieures à 1790 (J. Garnier),
série C, tome IV, Dijon, 1890; in-4°.
Société industrielle et agricole d'Angers. — Bulletin; 1889,
1" et 2' semestres; iii-S".
Société savoisienne d'histoire. — Mémoires, t. XXV. Cham-
béry, 1890; in-8°.
Société d'émulation de Cambrai. — Mémoires, t. XLIV,
1889. In-8°.
Société de Borda, Dax. — Bulletin, avril à septembre de
1890. In-8''.
Société havraise d'études diverses. — Recueil 1889. Le
Havre; in-8''
Muséum d'histoire naturelle. — Nouvelles archives o* série,
tome II, 1" fascicule. Paris; in-4°.
Société archéologique et historique du Limousin. — Bulle-
tin, t. XXXVII. Limoges, 1890; vol. in-8°.
Académie de Stanislas, Nancy. — Mémoires, 1889; vol.
iQ-8».
Société des sciences de Nancy. — Bulletin, 1889, fasc. 25.
In-8«.
l 7.35 )
Journal des savants, 1890, avril-aoùl. Pnris; iii-4°.
Ministère, de l'Instruction jnthlique d Paris. — llullclin
(lu comilô (les travaux liislori(jtics et sciciililiqucs ; («) seclidii
(I hisloircctdc philologie, I8«'J, 5 cl 4; I8î)0, 1-2; (6) arclu'o-
lojîic, 1889, 5; 1890, I cl 2; (c) gcof^rapliic historique cl
descriptive, 188!), 3-<i; !8î)(), I cl 2; {(/) sciences cconomicpics
cl sociales, 1881), 1 et 2. — Revue des travaux scicntifi(jii(N.
t. IX, 8-12; X, 1 cl 2.
— Bibliographie des travaux historiques et archéologiques
publics par les Sociétés savantes (le la France, t. M, I" livr.
Paris, 1890; 111-4°.
Musée (iiiimrt. — Revue de l'histoire des religions, l. XXI.
2 cl 5; XXII, 1. — Annales, t. XV-XVII.
Société de l'histoire de France. — Annuaire et Bulletin,
1889. Paris; in-8".
Société des études historiques, Paris. — Revue, 1889. In-8°.
Académie de Reims. — Travaux, volumes 82 cl 84. Reims,
1889-90; 2 vol in-8'.
Société libre d'émulation de Rouen. — Bulletin, 1889-90,
1" partie. In-8°.
Académie de législation de Toulouse. -*- Recueil, t. XXXVII.
In-S".
Société archéologique de Soissons. — Bulletin, t. X\ III,
1887; in 8».
Société d'agriculture, sciences et arts du département de la
Haute-Saône. — Bulletin, 5" série, n" 19. Vesoul, 1888; \oi.
iii-8°.
Bureau international des poids et inesvres. — Travaux ( l
mémoires, tome VII, Paris, 1890; vol. in-4". — Comptes
rendus des séances de la prcniièrc conférence générale des
poids cl mesures, en 1889. Paris, 1890; in-S". — Proc("'s-
vcrhaux, 1889. In-8".
SÉRIE, TO.ME XX. 48
(754)
Gkande-Bretacne, Irlande et Colonies buitanmques.
Mue Coy (Fred). — Prodromus of tlic zoology of Victoria,
décade XX. Melbourne, 1890; in-8».
Philosopltical Society of Glasgow. — Procecdings, vol. XXI,
1889-90. In-8°.
Royal Society of Edinburgh. — Procecdings, vol. XVII.
In-8».
The naiitical Almanac for 1894. Londres, 1890; vol. in-8°.
Government statislician's Office. — The wealth and pro-
grcss of New South Walcs, 1880-90, V»- issue. — Statistical
rcgisler for 1889. Sydney; 2 vol. in-8».
Italie.
Scarilovclli {Giovanni}. — Pénombre mcdievoli. Hologne.
1890; in-8''(26 p.).
— Lucrezia Beniamini. Bologne, 1890; in-8'' (;2l p.).
— Luigi, Alfonso et Rodolfo Gonzaga, marchesi di Castel-
goffredo. Bologne, 1 890 ; in -8» (45 p.).
Omboni {Giov.). — Il coccodrillo fossile di Tresché, nei selle
lomuni. Venise, 1890; exlr. in-8°(20 p., 2 pi.).
Capellini {Giov.). — Sul cocodrilliano Garialoïdc, scoperlo
iiolla collina di cagliari ncl 18G8. Rome, 1890; in-4'', exlr. in-4''
(29 p., pi.).
Bertolini {Darid). — I numbri. Venise, 1890; extr. in-8''
(40 p.).
Puglisi Pico. — Consigli ai catlivi pocli. Poema indostanico.
Pdlcrme, 1891; in-S" (1G p.).
( 73S )
Soctelà italianà délie scienze, Napoli. — Memoric di malc-
matica et di fisica, série icrza, tomo VU.
Osservalorio di Dnra in Milano. — Pubhlicazioni, n» 57 :
andaïuonlo aniiuîile e diurno dolla i)ioi;gia nel clinia di Milano;
per E. Fini. Milan, 1891 ; in-4°.
Pays-Bas et I>des NiÎEnLANDAiSES.
Grcshoff. — Onderzoek naar de planlensloffen van Ncder-
landsch-Indië. Batavia, 1890; in-8° (127 p.).
Slerrenivaclit le Leideii. — Verslagcn 1872-1889. Annalcn,
Band V und VI.
Zeeuwsch genonlschup, Middvlbur(j. — Ilel aandeel van
Zacliarias Janse in de uilvinding der verrekijkers. 1890;
br. in-8°.
Pays divers.
Colnel-d'Huarl {de). — Essai d'une théorie mathématique
de la lumière, de la chaleur, etc. Luxembourg, 1890; extr.
iii-S" (106 p.,fig.).
Kammernumii (A.). — Résumé météorologique de l'année
1889, pour Genève et le Grand Saint-Bernard. Genève, 1890;
in-8«.
iHanlamour {Pli.). — Des mouvements périodiques du sol,
12' année. Genève, 1890: extr. in-8'' (G p.).
Schiveizericlie geodâtische Commission. — Das Dreiccknetz,
Band V.Zurich, 1890;in-4».
Instilulo y Observalorio de Marina de San- Fernando. • —
Almanaque nautico, 1892. — Catalogo de la Biblioleca. Madrid,
1890; 2 vol. in-8»
( 750 )
Physikalisches-Central-Observatoriiim. — Annalcn, I88î>, 1.
Saint-Pélcrsboiirg, 1890; vol. iii-8".
Dergens Muscum. — Aarsbcrclnung for 1889. Bergen, 1890;
vol. in-8''.
Coellio (Joseph- lîamos). — Ilisloria do infnnlc I). Dnarle,
Ii-mao de El-Rfy D. Joào IV, lomo 11. Lisbonne, 1890; vol.
iii-8".
Se.hkahet for Udgivelse af Kilder lit dnnsk Historù;. —
Aktstykker, Bind I-llI. Copenhague, 1885-90; 5 vol. in-8».
En outre, duranl Tannée 1890, IWcaddmiea reçu les Rceucils,
ainsi que les publications «les So('iétés savantes dont les noms
suivent :
Anvers. Académie d'archéologie. — Sociélé de géographie. —
Société de méilecine. — Sociélé de phaniiacie.
Bruxelles. L'Abeille, revue pédagogique. — Analecla Bol-
landiana. — Annales de médecine vétérinaire. — Annales
des travaux publics. — Annules d'oculistique. — Association
belge de photographie. — Bibliographie de la Belgique. —
Ciel el terre. — Commission royale d'histoire. — Commis-
sions royales d'art et d'archéologie — L'Ecole, revue péda-
gogique. — institut de droit international et de législation
comparée. — Moniteur industriel belge. — Presse médicale
belge. — Revue de Belgique. — Sociétés d'Anthropologie,
centrale d'Architecture, de Botanique, d'Électriciens, Enlomo-
logique, de Géologie, Paléontologie el Hydrologie, de Géogra-
phie, Malacologique, de Microscopie, de Médecine publique,
de Numismatique, de Pharmacie, des Sciences médicales et
naturelles. — Sociélé scientifique.
Cliarleroi. Société paléontologique et archéologique.
Enghien. Cercle archéologique.
Gand. Messager des sciences historiques. — Revue de Cin-
slruction publique. — Société de médecine.
Liège. L'Écho vétérinaire. — Le Scalpel. — Sociélé des
Bibliophiles liégeois. — Sociélé médico-chirurgicale.
( 757 )
Nil mur. Sociélc archvologique.
Nivelles. Sucicié archéoloyicjiie.
Siiiiil-Nicolas. Cercle arcliculo'jiijuc.
Tournai. Sociclc liistuii(iue cl liltéraire.
Berlin. Archiv der MulhemaliU nud PInjsik. — Detilschc
chcniische Gcsellsclhift. — Gcoloyische Gesellscha/Ï. — Gesell-
scltafl fur Erdhuiih'. — Gesdlsvhafl fur Anthropologie,
Klhnologie und Urgescliichle. — Gcsellschafl valurforschender
Frcunde. — Pliysikulinctie Gesellschafl. — Pliijsiologisclie
Geseltschufl.
Bonn. Ndlurfiistorischer Vcrein der prcussischen Rhcinlande
vnd Wcslphulens.
Giosscn. Gesselschaff fiir yalur- und Heilkunde.
Halle. NuluruHss. Verein fur Sacitsen und Thûringen.
léna. Médic.-nutuncissenscliaflliche Gesellscltaft.
Leipzig. Astronomisclie Genellschuft. — Beibldlter zu den
Anyiulen der Physik und Chenue. — Repertorium der Physih.
— Zoologischer Anzeiger.
Marijourg. Juliresbtrichl iiher die ForlsdiriUe der Cheniie.
Slrasltourg. Société des sciences, agriculture et arts de la
liasse- Alsace.
Vienne. Anthropologische Gesellschafl.
Wurzbou rg. Phijsikal.-mcdizinische Gesellschafl.
Boston. Academy of arts and science. — Society of natural
history.
Cordova. Acadeniia nacional de ciencias eraclas.
Bucnos-Ayres. Sociedad cienlifica Argentina.
New-Haven, Journal of sciences and arts.
New-York. Anierican geogrufihical Society. — Academy of
sciences.
Pljila(lei|iliie. Franklin Jnstitute. — Hislorical Society. —
Academy of natural sciences. — The amcrican naturalist.
( "58 )
Rio de Janeiro Club de Engenharia — liislituto historico e
geographico. — Observatorio. — Sociedade de geographia.
Madrid. Sociedad geografîca. — Àcademia de la hisloria.
Amiens. Société induslrielle. — Société des antiquaires. —
Société linnéenne du Nord de la France.
Caen. Société des beaux-arts.
Lille. Société géologique du Nord.
Marseille. Société scientifique induslrielle.
Paris. L'Astronomie [Flammarion). — Bulletin scientifique
de la France et de la Belgique [Gia7'd). — Ecole normale supé-
rieure. — Journal de ^agriculture. — Le Cosmos. — La
Nature. — Le Progrès médical. — Les Mondes. — Le Polij-
biblion. — Moniteur scientifique. — Revue britannique. —
Bévue des questions historiques. — Revue politique et litté-
raire. — Revue scientifique. — Revue numismatique. — Revue
internationale de l'électricité. — Semaine des constructeurs. —
Société nationale d'agriculture. — Société des antiquaires. —
Société de biologie. — Société des études liisloriques. — Société
géologique. — Société zoologique. — Société de géographie. —
Société mathématique. — Société philomatique . — Société d'an-
thropologie. — Société météorologique.
Sainl-Cmer. Société des antiquaires de la Morinie.
Toulouse. Société franco -hispano -portugaise. — Société
d'histoire naturelle.
Valenciennes. Société d'agriculture, sciences et arts.
Edimbourg. Royal physical Society.
Londres. Anlhropohgical Institule. — Aslronom'ical Society.
— Asiatic Society. — Chemical Society. — Entomological
Society. — Geographical Society. — Geological Society. —
Historical Society. — Institution of mechanical engineers. —
Institution of civil engineers. — Institution of Great Britaiii.
— Iroi\. — Mathematical Society. — Meteorological Society. —
( 75î) )
Microscopical Society. — Xalnre. — Ntimismatic Society. —
Royal Society. — Statistical. Societij.
Ncwcasllc-upon-Tvnc. Itislilute of mining and mecliauical
engineers.
Bresciîi. Ateneo
Florence. Socielà entoinologica italiuna. — Rivista scien-
tiflco-induslriaie. — Dibliuleca nazionale centrale.
Modène. Società dei naturalisli.
Naples. Zoologische Station.
Palerme. Circolo matematico.
Pise. Società loscana di acienze naturali.
Rome. Academia dei Lincei. — Academia pontificia de
)iuovi Lincei. — Bulletin dei vulcanismo italiano. — Comitalo
di artigliera e genio. — Minislerio dei lavori publici. —
Biblioteca nazionale centrale Vittorio Emanuele. — Stazioni
agrarie.
Turin, Academia délie scienze.
Delft. Ecole polytechnique.
Harlem. Société hollandaise des sciences.
Saint-Pétersbourg. Société de géographie. — Société de
chimie.
Stockholm. Entomologisk Tidskrift. — Nordiskt medicinsk
Arkiv.
Berne. Le droit d'auteur.
Genève. Archives des sciences physiques et naturelles. —
Société de géographie.
Zurich. Nalurforschende Gesellschaft.
BDLLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
TABLES ALPHABÉTIQUES
DU TOME VINGTIÈiME DE LA TROISIÈME SÉRIE.
1890.
TABLE DES AUTEURS.
Académie des sciences de Bologne. — Envoi à l'examen fen ce (|ui
concerne la Belgique) de ses propositions pour l'introduction d'un
méridien initial unique et d'une heure universelle, 430; communica-
lion au Ministre des rapports faits sur ces questions par M3I. Liaj^îrc,
Folie et De Tilly, 528.
Albert de Monaco {Le prince). — Hommage d'ouvrages, 3.
Alvin (Feu Louis). — Exécution de son buste |)ar M. Vinçotte, 694.
Anonymes. — Hommage d'ouvrage, 3oo; mention honorable accordée
à un projet de diplôme, 409, 418.
Ansiaux (G.). — Influence de la température extérieure sur la pro-
duction de la chaleur chez les animaux à sang chaud, 594; rapport
sur ce travail par MM. Fredericq et 3Iasius, o31, 533.
Ansiaux (G.) et Cor in iJ.-H.). — Soumettent leurs recherches sur la
précipitation fractionnée des substances albuminoïdes du sérum
sanguin du bœuf, r)"27.
Balat (Alph.). — Rapport ; \on- De Wulf.
linmheke (Charles Van). - Hommage d'ouvrage, 346. — Rapport : voir
Leclercq (Emma).
BanningiÉ.). — La Conférence de Bruxelles, son origine et ses actes,
375.
TAItl.K I)i:s AUTEUKS. 74 1
liaumgarten {Hennann). — Remercie pour son diplôme, 160.
Baye (J. de). — Hommage d'ouvrage, 338.
Duijer {Adolphe von). — Élu associé, 7!28.
Heaupain (/.). — Lecture des rapports de MM. Mansion, Catalan et
De Tilly sur son travail concernant quc'lt{ues intégrales définies,
228.
Beltjens (Gustave). — Hommage d'ouvrage, 487.
Benedcn [Edouard Van). — Les antliozoaii'os pélagiques recueillis par
le professeur Hensen dans son expédition du Plankton. — Com-
munication préliminaire : L Une larve voisine de la larve de
Semper, 55. — Ra[)port : voir Leclercq (Emma).
Beiu'den (P.J. \an). — Inc coronule de la baie de Saint-Laurent,
49; réélu membre de la Commission spéciah! des finances, 534.
Bériot (Feu Cit. de). — Son buste sera exécuté par M. Pickerv (filsi,
408.
Beyaerl (H.). — Rapport : voir De Wulf.
Braemt (Feu /.). — Son buste sera exécuté par M. .\amur, i08, oO'.K
Brialmonl (Alexis). — Élu membre de la Commission spéciale dos
finances, 534.
Brian (Alphonse). — Hommage d'ouvrage, 223. — Rapport : \oir
Delaurier.
Bureau hydrographique des Étals-Unis à Washington. — Communi-
cation au Ministre des rapports de MM. Wauters et Henrard sur la
circulaire du Bureau relative à un projet de système uniforme de
dénominations géographiques, 164.
Buriin {Le chev. X. de). — Son buste sera exécuté par M. De Tombav,
400, 430.
Caligny (Le maj-quis de). — Cinquième lettre sur ses appareils d'hy-
draulique, 6.
Capellini (Giovanni). — Hommage d'ouvrage, 696.
Caruel [Théodore). - Hommage d'ouvrage, 2. — Voir Parlatore.
Catalan (Eugène). - Soumet un travail intitulé : Sur l'ellipse de
Brocard, 347; lecture du rapport de M. Mansion sur ce mémoire,
qui figurera dans le Becueil in-i», t. XLIX, 431; lionniiage d'ouvrage,
526. - Rapi)orls : voir Beaupain, Césùro (Érn.), Demoulin.
7 m TABLE OES AIIKIKS.
Cauchie (.4//.). — Hommage d'ouvrage (La querelle des investitures
dans les diocèses de Liège et de Cambrai, lf<^ partie), 3-20; note sur
ce volume par T.-J. Lamy, 3"26.
C.ayley {Arthur). — Élu associé, 728.
Cerfontaine {Paul)- — Soumet des notes préliminaires sur l'organi-
sation et le développement des différentes formes d'anthozoaires.
096.
Cesàro (Ernest). — Sur les démonstrations du théorème de Standt et
Clausen, 280; rapport sur ce travail par MM. Mansion et Catalan,
233, 230.
Oiestret de llaih'lfc {Le baron J. de\ — Les métiers de la ville de Huy,
à propos d'un insigne de la corporation des merciers, 488.
« Ciel et terre » {Rédaction de la Revue). — Hommage d'ouvrage, 222.
Cogniaux {Alfred). — Le nouveau genre Posadea de la famille des
Cucurbitacées, 473; rapport sur ce travail par MM. Crépin et Gil-
kinet, 43o.
Colnet d'Huart {.\le.r.]. — Hommage d'ouvrage, 526.
Colson. — Soumet un travail intitulé : Recherches pliysiologiquos
sur l'occlusion de l'aorte thoracique, 4; rapports sur ce travail
(imprimé dans le tome XLIV des Mémoires in-S») par M5L Fredericq
et Gluge, 247, 249.
Corin (J.-H.) et Ansiaiix (C». — Soumettent leurs recherches sur la
précipitation fractionnée des substances alhuminoïdes du sérum
sanguin du bœuf, 527.
Cornet (/.). - Dépose un billet cacheté, 430.
Crépin (Fr.). — Rapport : voir Cogniaux.
Dautzenberg{Ph.). — Mollusques recueillis au Congo par M. Éd. Du-
pont entre l'embouchure du fleuve et le confluent du kassaï, 5(.)(î.
De Boeck (/.). — Hommage d'ouvrage, 520.
De Bail [L.)— Son catalogue de 382 étoiles faibles de la zone DM ■+■ 'i'>
sera publié dans les Annales astronomiques de l'Observatoire de
Bruxelles, 2; soumet une note relative au problème de chercher
une fonction W, satisfaisant aux conditions, etc., 527; remis en
possession de son manuscrit, 090.
De Braey {Mich.). — Envoi à l'examen de son troisième rapport, 399.
TAfll.K liKS AL TKUHS. 745
De DussrhcreiLouLsK — Hommaj^f; d'ouvrage, -iSl.
de Cascmbroot. — Adjoint à la Commission phargéc de la publication
des œuvres des anciens musiciens heli^'es, 338.
De Ceulencer (Adolf). — Rapport de MM. Wat^ener, Vanderkindere ft
Willems sur son travail inlitiilc : Type d'Indien du nouveau mond<'
représenté sur un bronze antique du Louvre. Contribution à l'in-
terprétation d'un fragment de Cornélius Népo.s, 164, 171; hommage
d'ouvrat^e, &2():
De Decker (P.). — fiét-lu mcinbre de la Commission spéciale des
finances, 021.
Defacqz (Feu Eu(j.). — M. van den Kerkhove-Saibas est cliargi- de
l'exécution de son buste, 487, 401).
De Groot {Guillaume). — Rapport : voir Lagae.
DelabordelLe vicomte Henri). - Hommage d'ouvrage, 507.
Delacre [Maurice). — Sur la constitution de la benzopinacoline i, '.)'.!;
faits pour servir à l'histoire de l'aldéhyde, 28'J; sur la dypnonc
CH' ^C = CII.C().C'H"',463; rapports sur ces travaux par MM. Henry
et Spring, 17, 19, 2.-]l, 433, 43o; sur les acétals mixtes, 608; rapport
sur cette note par M. Henry, 696.
Delaey (C.-II.]. — .\dresse une suite à ses communications manu-
scrites, 222.
Delaurier (Emile). — Ordre du jour sur son travail concernant les
abordages des navires en mer, 4; rapi)0rt de MM. Stas et Spring
sur ses notes (déposées aux archives) concernant l'extraction des
métaux, 27, 28; adresse quatre lettres (déposées aux archives; rela-
tives au grisou, 348; rapport de M. Briartsur ses notes, o34.
de la Vallée Poussin (Lovis). — Soumet un travail intitulé : Des impu-
retés et des purifications dans l'Inde antiriue, 150; rapport sur ce
travail (imprimé dans le tome XLIV des Mémoires 'inS" ) ^ par
MM. de llarlez, T.-J. Lamy et le comte Goblet d'.\lviella, 327, 333.
DelbœufU.). — Hommage d'ouvrage, 3.
Demannez iJ.). — Réélu membre de la Commission spéciale des
finances, 690.
Demoulin (Alph.). — Rapports de MM. Mansion, Catalan et Le Paige
sur son travail concernant la courbure des lignes planes (im|)res-
sion dans le tome .XLIV des Mémoires it\-H°), 20, 25, 27 ; soumet un
travail intitulé : sur les diverses conséquences du théorème di*
Newton, 347.
Dcruyts (François). — Hommage d'ouvrages, 223.
744 TAltLK DKS ALTKL'RS.
D.rttyts (Jacques). — Dépose des billets cachetés, 3, 'i'2'2, TiriG; sur la
réduction dos fonctions invariantes, IGti; rapport sur ce travail pai'
MM. lie l'aige cl Mansion, 231; sui' les covariants primaires, 116:
rapi)ort sur ce travail par MM. Le l'aiii;e, Mansion et De Tilly, l(i,
17; élu correspondant, 728.
Detroz (J.-C). — Hommage d'ouvrage, G19.
(Il' Ylaminck [Alpk.). - Soumet une revision de son mémoire sur les
origines de la ville de (iand, 3iji).
Dewalque <€.). — Hommage d'ouvrage avec note bibliographique
(Compte rendu de la session extraordinaire de la Société géologique
de Belgique, à Dinant), 347, 3i8.
De \\idf\Cli.). — Envoi à l'examen de son cinquième rapport semes-
triel, 399; communication au Ministre des appréciations faites par
MM. Pauli, Balat, Scliadde et Beyaert de .son quatrième rapport
semestriel et de son premier envoi réglementaire, 401.
Dierickx iJos.). — Communication au Ministre de l'appréciation faite
par MM. Fétis, Robert . Slingeneyer et (Uiffens de son premier
rapport, 094.
Direction générale de la statistique, à Mexico. — Hommage d'ouvrage,
355.
Doutrepont {B. -Auguste). — Hommage d'ouvrage (La clef d'Amors).
020; note sur ce volume par M. Steclier, 626.
Ducpetiaux (Feu Edouard). — Son buste sera exécuté pai' M. PoUard.
487.
I>n Mortier (Feu B.-Ch.y - Son buste sera exécuté par M. Hérain, 430.
694.
Dupont (Éd.). — Sur des mollusques vivants et post-pliocènes
recueillis au cours d'un voyage au Congo en 1887, t)o9; remet pour
VAnnuaire le manuscrit de sa notice sur L.-G. de Koninck, 527.
— Voir Daulzenberg.
Divelshauwcrs-Dery . — Observations sur une notice biographique de
G. -A. Hirn récemment insérée dans le Bulletin de l'Académie.
132; rapport de MM. Mans et De Tilly sur ee travail, 14, 16.
i:
Errera (Léo). — Hommage d'ouvrage, 430. — Rapports : voir
Laurent.
Even [Éd. Van). - Renseignements inconnus sur Pierre Phalèse,
imprimeur de musique à Louvain (1546-1573), 200.
Evrard (F.). — Hommage d'ouvrage, 347.
TArU.E DKS ALTKLRS. 7''. 5
Faider (Ch.). — Réélu membre de la Commission spéciale des
finances, (Jtil.
Fcrron (Eugène). - Knvoi il l'examen de sa lettre relative à l'équalioii
fondamentale de la théorie de la lumière, î'dl.
Fétis(Kd.). — Rapports : voir Lampe, Dierickx, Montald.
Fizeau (Louis). — Klu associé, 7:28.
Flour de Saint-Genis (Victor). — Hommage d'ouvrage, 334.
Folie (Fr.). — Hommage d'ouvrage, 3; sur la période astronomique
dite décimensuelle. 28; à l'occa-sion des variations de latitude con-
statées à Berlin, à Potsdam et à Prague, -438; soumet une réponse
à la note critique de M. Tisserand, (i'JO. — Rapports : woir Académie
des sciences de Bologne, et Guillaume.
Foulon (Franz). — Hommage d'ouvrage iPoèmes flamands et poésies
diverses), &20; note sur ce volume, par J. Steclier, G'So.
Fratkin (Ch.). — Réélu membre de la Commission spéciale des
finances, GlX). — Rapport : voir Lagae.
Franck (.\ .).. — Soumet une notice sur la monazite de Nil-Saint-Viii-
cent, .t27.
Franquevillc (Le comte de). — Accuse réce[ition de son diplôme, 320.
Frcdericq (Léon). — Sur la conservation de l'oxyliémoglobine à l'abri
des germes atmosphériques, 2ol; sur la physiologie de la branchie.
o80; sur la conservation de l'hémocyanine à l'abri de l'air, o82. —
Rapports : voir Ansiau.x, Cobon.
Gad (J.). — Hommage d'ouvrage, o2(5.
Gaudry (Albert). — Hommage d'ouvi-age, 223.
Gaul (Adolf). — Adresse une brochure destinée à prendre part à un
concours scientifique institué, d'après lui, parle Gouvernement
belge, 011).
Génard iP.). — Hommage d'ouvrage, 620.
Gevacrl (F.-Aug.). — Rapport : voir Léonard.
Gilkinct (Alf.). — Rai)ports : voir Cogniau.v, Laurent.
Giron (A.). — Hommage d'ouvrage, (520.
Giflée (Aug.). — Hommage d'ouvrage. 3oo.
746 TABLE DES AUTEURS.
liluge (Théophile). — L'influenza de 1580, 349; réélu membre de la
Commission spéciale des finances, 534. — Rapport : voir Colson.
Coblet d'AlvicUa (Le comte Eugène). — La fécondation artificielle du
palmier dans la symbolique assyrienne, 359. — Rapport : voir de la
Xallée-Poussin (L.).
GrossetesLe {William). — Adresse un exemplaire de la médaille et
de la brochure parues à l'occasion de la manifestation G. -A. Hirn,
346.
Guffens (Godf.). — Rapports : voir Dierickx, Monlald.
Guillaume (J.). — Observations physiques de la planète Mars en 1890,
laites à Péronnas, près Bourg-en-Bresse, 583; rapport sur ce travail
par 3IM. Terby et Folie, 5!28, 5-29.
11
llarlez {Le chevalier Ch. de). — Hommage d'ouvrages, 320, 355, 408,
619, 690; Notes bibliographiques : 1° par 31. Willems sur les trois
opuscules suivants : A. La purification selon l'Avesta et le Gomez;
B. Les cultes de la croix avant le christianisme ; C. Comparaison
de deux traductions d'un chant de l'Avesta, 3-26; 2° par l'auteur:
I-LI ou grand cérémonial de la Chine, 356. — Rapport : voir de la
Vallée Poussin.
Ueckers (Pierre). — Envoi à l'examen de ses deux compositions musi-
cales intitulées : Mazeppa et Epithalame, 199 ; communication au
Ministre des avis émis sur ces œuvres, 509.
Iléinent (F.). — Hommage d'ouvrages, 354.
Hcnrard {Paul}. — Hommage d'ouvrages, 487. — Rapport : voir
Bureau hydrographique de Washington. — Note bibliographique :
voir Wauwermans.
Henry [Louis). — Rapports : voir Dclacre.
Hérain (Jacques). — Chargé de l'exécution du buste de B.-Ch. Du
Mortier, 430; communication au Ministre de l'appréciation du
modèle de ce buste, 694.
Ucron-Boyer. — Hommage d'ouvrage, 3.
llcymans(J.-F.). —Hommage d'ouvrage, 5"26.
llirn (Feu G.-A.^. — Voir Dwelshauvers-Dery et Grosseteste.
ïloffman (G.-F.). — Prix accordé à son projet de diplôme, 409; pro-
clamé lauréat, 418; remercie, 507.
TABLE I)KS AUTEL'HS. 747
Hoegaerden (Paul Van). — Hoiiiniai>e d'ouvrai^e, 3.
Hoho et Lagrange(E.). — Souiiiellenl une Olude sur un phénomène
lumineux et calorifniuo act'oiiipai^naiit l'élcclrolyse, 223.
Hoiac{E.). — lloniniaiçe d'ouvragos, loi.
InsiUut royal vénitien des sciences, des lettres et des arts. — Adresse
le programme de ses concours pour 1890-1892, 4.
hnardon [Jacques). — Wonmvà^c d'ouvrage (Le théûtre de la Monnaie
depuis sa fondation jusqu'à nos jours', 353; note sur ce volume par
Alpii. Wauters, 356.
Jacquet {Joseph). — Rapport : voir Lagae.
Jorissen {A.). — Soumet un travail : La réduction des nitrates par les
moisissures et les levures, 3iT.
K
Kammermann (A.). — Hommage d'ouvrage, 526.
Kocherols (Adolphe^ — Lauréat 'second prix) du grand concours
d'architecture de 1890, 337; proclamé, 419.
Laer{H. Van) et Vandenliulle (L.). — Soumettent une étude sur le
lambic, 223.
Lagae {Jules). — Knvoi à l'examen de ses deuxième et troisième
rapports, 399, 089; comnmnication au Ministre de l'appréciation
faite par la section de sculjjture de son deuxième rapport, 509.
Lagrange (E.). — Voir Uoho.
Lallcmand {Léon). — Hommage d'ouvrage, 35i.
Lambotte (L.). — Honmiage d'ouvrage, 347.
Lameere [Ang.). — Hommage d'ouvrages, 3.
718 TABLE DES AUTEURS.
Lampe (L.). — Rapport de MM. Fétis, Slingeneyer, Stallaert et
Rousseau sur son projet de créer une école de restauration de
tableaux, 509.
Lainy {Tli.). — Accepte de rédiger pour V Annuaire la notice biogra-
phique de Msr A. Van Weddingen, 318; remet le manuscrit de cette
notice, 3oo. — Notice bibliographique : voir Cauchie. — Rapport :
voir de la Vallée Poussin (L.).
Laurent {Emile). — Réduction des nitrates par la lumière solaire,
303; rapports sur ce travail par MM. Stas, Errera et Gilkinet, 237,
244; soumet une 2* note sur le même sujet, .^27; sur la réduction
des nitrates par la levure de bière et par quelques moisissures,
309; sur la réduction des nitrates en nitrites par les graines et les
tubercules, -i78; rapports sur ces travaux par MM. Gilkinet et
Errera, 2-4o, 247, -430, 437.
Lebrun (P.). — Exécution de sa cantate, 398, 419.
Leclercq \Emma). — Contributions à l'étude du Nebenkern ou cor-
puscule accessoire dans les cellules (communication préliminaire»,
137; rapport sur ce travail par MM. Éd. Van Bencden et Van Bani-
beke, 10, 13.
Leconle (Félix). — Hommage d'ouvrage, 3i7.
Léonard [A.]. — Sur un perfectionnement au mécanisme des flûtes.
403; rapport sur ce travail par M. Gevaert, Samuel et Radoux, 401.
Le Paige (C. — Tn astronome belge du XVIIe siècle, Godefroid Wen-
delin,709; élu membre titulaire, 728. -Rapports: voir CV^iro (£■>•« ,
Demoulin, Deruyts (/.), Servais.
Liagre (J.-B.-J.). — Rapport : voir Académie des sciences de Bologne.
— Note bibliographique. Voir Radau.
Logeman [H.). — Soumet une notice sur une inscription anglo-
saxonne gravée sur un reliquaii'e de la vraie croix, appartenant au
trésor de l'église collégiale des SS. Michel et Gudule de Bruxelles,
620.
Loomans (Charles,. — Sur la mélliode du droit naturel, 172.
>l
MailUj (Éd.). — Réélu membre de la Commission spéciale des
finances, 534.
Malaise (C). — Sur les graptolithes de Belgique, 440.
lAIlLK IIKS Ail KL US. 7 il)
Mansidii (Paul). - llappoits : voir firaitjmiti , C.alakin , Cfsitn-,
J>e>ii(>itlin, Di'nnjls (,/.), Servais.
Marchai [le chevalier Kilmowl). — Rapnoit : voir Iaujuc.
Marcq [Hubert). — Lauréat (iiiontion tionoralilc) du t^rand concours
d'arcliiiecturo de 1890. H38; proclamé, 419.
)lasii(s(J.-B.-N.). - Rapport : voir Aîisiaii.v.
Matthieu (Ernest). — Hommage d'ouvrai,^e, 487.
Maus (Henri). — Réélu membre de la Commission s|)éciale dos
finances, ;')34. — Rapports : voir Owclahauvers-Dery, Spanoghe.
Meerens {Charles). — Ho m m ai^e d'ouvrage, 399.
Meirsschaut {P.\ — Hommage d'ouvrage, 354.
Ministre lie la Guerre (M. le). — Hommage d'ouvrage, 2.
Ministre de rintcrieur et de l'Instruction publique (M. le). — Homm:ige
d'ouvrages, 2, l;iO, 2()0, 319, 346, 3.-i3, 430, 487, im, 619.
Ministre des Affaires Étrangères. — Hommage d'ouvrage, 354.
Mange {Léon de). — Hommage d'ouvrage, l.-iO.
Montald {(!.). — Communication au Ministre des avis émis sur : I" sa
demande de pouvoir venir surveiller à Bruxelles l'installation de
son envoi réglementaire, 398; S» son sixième rapport semestriel, 69'i.
IN
Namur. — Cliargc de l'exécution du buste de J. Braemt, 408; com-
munication au Ministre de l'appréciation du modèle de ce buste,
509.
O
Oinboni {Giovanni'}. — Hommage d'ouvrage, 526.
I'
Parlatore (Feu Philippe). — Hommage d'ouvrages fait en son nom par
Th. Caruel, 2.
Pascaud iH.). — Hommage d'ouvrage, 355.
Pasqnier iErnest). — Hommage d'ouvrage, 347, 526.
PauliiÀd.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances,
690. — Rapport : voir De Wul(.
5""^ SÉKIE, TOME XX. 49
750 TABLE DES AUTEURS.
Pclrnnann (A.). — Soumet un second mémoire sur la queslion de
l'azote, -431.
l'halcsc {Pierre). — Renseignements inconnus sur..., 200.
Pliilippson{Marlin\. — Notice bibliographique : voir Université libre
de Bruxelles.
Pickenj {fils). — Chargé de l'exécution du buste de Ch. de Bériot, 408.
Piol Charles). — Hommage du tome VIII de la Correspondance du
cardinal de Gi'anvoUe avec note bibliograi)lii(iue, 150, loi; note
concernant l'intluenza en 1580, 196; réélu membre de la Commis-
sion spéciale des finances, 021. — Note bibliographique : voir
Villa.
Ploè'n (Ch.). — Soumet un travail sur la régularité de l'horloge, 4;
remis en possession de son manuscrit, 222.
Pollard. — Chargé d'exécuter le buste de Ducpetiaux, 487.
U
Raah (J.-L.). - Hommage d'une gravure, 408.
Radau (R.). - Hommage d'ouvrages. Extraits du Bulletin astrono-
mique, 3, 223, 347; note sur le premier de ces extraits (Question de
la nutation diurne), par J. Liagre, S.
Badoux {Th.). - Rapport : voir Léonard.
Benard (A.-F.). — Dépose un billet cacheté, 430.
Robert (Alex.). — Rapports : voir Dierickx, Montald.
Boersch [L.). — Hommage d'ouvrage, 619. — Rapport : voir Veerde-
ghem.
Bonkar {E.). — Hommage d'ouvrage, 223.
Boulliet {Antomj). — Hommage d'ouvrage, 355.
Bousseau (J.). — Rapport : voir Lampe.
Boijer de Dour {H. De). - Hommage d'ouvrage, 354.
i^amuel {Ad.). — Réélu membre de la Commission spéciale des
finances, 690. — Rapport : voir Léonard.
Scardonclli {Giovanni). — Hommage d'ouvrage, 620.
Srhadde {Jos.). — Quelques consitlérations sur l'enseignement donné
aux artisans au point de vue de leur profession (discours), 411:
discours prononcé aux funérailles de Charles Verlat, 507. — Rap-
port : voir De Wulf.
TABLE DES Al TEIKS. 75 1
Sclu'lcr (AïKj.). — Annonce tie sa mort, GIH; discours |)rononcé à ses
runéraillcs par M. Tibcrgliien, 0^21.
Schocntjcs {II.). — Lettre rcctilicative au sujet de son travail intitulé :
Pro.et d'expériences destinées à vérifier si la luniièn; polarisée,
ciont le plan de polarisation oscille, exerce une influence sur un
champ magnétique, tîîii; sur les déformations que font naître dans
un hémisphère creux métallique le choc et la pression d'un corps
dur (note préliminaire), 295; rapport sur ce travail |)ar M. Van dt.'r
Mensbrugghe, 237.
Si'lijs Lomjcimmps [Edm. de). — llomiuai^e irouvraj^^e, 317.
Servais {Clciitcnl). — Sur les involulions cubiques conjuj^uées, 272;
sur les points d'inflexions dans les cubiques, 4.-)3; rapports sur
ces travaux par MM. Le Paige, Mansion et De Tilly, 232, 233, 431,
433.
Slingeneyer {Ern.). — Réélu membre de la Commission spéciale des
finances, (390. — Rapports : voir Lampe, Dierickx, Monlald.
Smith {John Barker). — Nouvelle méthode pour la détermination
quantitative de la valeur du pain, de la farine, de l'albumine, etc.,
<)14; rapport sur ce travail par 5L Spring, o30.
Suciélc courlandaise de lilléralure et des arts à Mitau. — Félicitations
à l'occ-esion de son 7oe anniversaire de fondation, 488.
Société de médecine publi(jue. — Annonce la dixième réunion du corps
médical belge, 34G.
Société industrielle de Mulhouse. — Adresse son programme de con-
cours poui' 1891, 321.
Société géologique de Belgique. — \o\v Dewalque.
Soluay (E.). — Dépose un pli cacheté, 346.
Spanoghe. — Rapport de 31. Maus sur son travail (déposé aux
archives) intitulé : Nouveau système de machine à vapeur, 228.
Spring (U'.). — Rapports : voir Delacre, Delaurier, Smith {John
Barker).
Slallaert (/.). — Rapport : voir Lampe.
Stas {J.-S.). — De la nature de la lumière solaire (discours lu en
séance publique et imprimé dans le tome .\LIX des Mémoires in-i"),
709. — Rai)ports : voir Delaurier, Laurent.
Stecher[J.). — .N'otes bibliographiques : voir Foulon et Doutrepont. —
Rapport : voir Veerdeghem.
752 TABIH DKS AUTEURS.
Terby (F). — Sur de nouvelles observations des canaux de Mars et de
leur ç;émination, 37 ; sur la fréquence des étoiles fdantes pendant
les nuits des 9 et 10 août 1890, 3oO; ouverture de son billet cacbolc
marqué A, bi'i : faits démontrant la permanence des taches sombres
de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation, 53.'); hom-
mages d'ouvrages, 2'23, 346. — Rapport : voir Guillaume.
Thonisscn (J.-J.). — Réélu membre de la Commission spéciale dc<
finances, 6:21.
Tiberghien (Guillaume). — Discours prononcés : A, aux funérailles
de Mif A. Van AVeddingen, 3:23: B, aux funérailles de M. Scheler.
621; hommage d'ouvrage, oo.'i.
Tilly (J. De). — Rapports : voir Académie des sciences de Bologne,
Beaupain, Deruyts <J.), Servais (CL).
Tombay (De}. — Chargé de l'exécution du buste du chevalier X. de
Burtin, 430; communication au Ministre de l'avis émis sur le
modèle de ce buste, 409.
Toussairit {Le chanoine). — Hommage d'ouvrage, 620.
U
iniversité Libre de Bru.velles. — Hommage d'ouvrage (Annales de la
faculté de philosophie et lettres, tome I^^, '2« fascicule), loi; note
sur ce fascicule par M. Philippson. lo5.
Vaillant {Léon\ - Hommage d'ouvrage, 347, 5"26.
Vandenhulle (L.) el van Laer (H.). — Soumettent une étude sur le
lambic, 223.
van den Kerkiiove-Sa'ibas. — Chargé de l'exécution du buste d'Eug.
Defacqz, 487; communication au Ministre de l'avis émis sur son
modèle, 409.
\ anderkindere (Léon). - Rapport : voir De Ceuleneer.
Van der Mensbrugglic (G.). — Sur la propriété caractéristique de la
surface commune à deux liquides soumis à leur afiinité mutuelle
première el deuxième communications), 32, 2o3; dépose un billet
cacheté, 526. — Rapport : voir Sclioentjes.
TABLK DKS ALTKUUS. 753
Vuiidtr Stractcn (lùliii.). — lùivoi à l'exiiinen d'une nouvelle série
de Bulletins résultant de ses recherches musicales dans les biblio-
thèques d'Augsbourt; et de Breslau, ()8*.).
Vunlair (6'.). — Hoinmaiie d'ouvniiçe, .'i-iO.
\i'cnle(jhem (Van.). — Een |)aar trai;meiileii vaii den Uoinan van
Peichevacl, 037; rapports sur ce travail par MM. Willcms, Koersch
cl Stecher, 030, 03:2, ()30.
W'reecken (Èniilei. — Lauréat (mention lionorable) du i^rand concouis
d'architecture de 1800, 337 ; proclanu-, 411).
y<'rlielle [Arlliur). — Lauréat \\<^>- prix) du i,M'and cuncours d'archi-
tecture de 1890, 337 ; proclamé, il'J.
Wr/ujogen iJ.-F.). — nommai,^ d'ouvrai^e, ,'>"J0.
Virlal (Ch.-}t.). — Annonce de sa mort, ."JOO; discours prononré à ses
funérailles par J. Schaddc, o07.
Vial (L.-C.-Ém.). — Ilomniaiçe d'ouvrai,'e, 3.
Villa (A.-R.). — Hommage d'ouvrai;e (Kl coronel Francisco Verdugo,
15o7-lo0o), 150; note sur ce volume par M. Piot, 153.
Vinçotle (Thomas). — Communication au Ministre de rappréciatioii
de son buste en marbre de iéu Alvin, CM. — Rapport : voir Lagae.
>V
Wagener- {Aiig.\ — Rapport : voir De Ceuleneer.
Wauters\.\lph.). — \\c(A\x, membre de la Commission spéciale des
finances, 0:21. — Rapports : voir Bureau hydrographique de
Washington. — Note biblioi^raphique : voir Isnardon.
}Vauwermans (H.-E.). - Hommai;e d'ouvraj^^e (Henri le .Navigateur et
l'Académie portugaise de Sagres), 020; note sur ce volume par
M. Henrard, 027.
Weddingen (J.-J.-Alois Van). — Annonce de sa mort, 149; discours
prononcé à ses funérailles par G. Tiberghien, 323; sa notice biogra-
phique rédigée pour Y Annuaire par T.-J. Laray, 318, 355.
W'endelin (Godefroid), par C. Le Paige, 709.
Willems (Pierre). — Note bibliographique : voir De Harlez. — Rap-
port : voir De Ceuleneer, Veerdeghem.
Z
Zaïiardelli (Tito]. — Hommages d'ouvrages, 430, 487.
TABLK DES MATIÈRES.
Agriculture — Voir Chimie (Petermann».
Archénlogie. — De Cel-i.eneer (Adoi.f). Rapport de MM. Wagener, Van-
(lerkindere et Willems sur son travail destiné aux mémoires, et inti-
tulé : Type d'Indien du nouveau monde représenté sur un bronze
antique du Louvre. Contributions à l'interprétation d'un fragment
de Cornélius Népos, 164, 171.
An industriel. - Schadde (J.). Quelques considérations sur l'ensei-
gnement donné aux artisans au point de vue de leur profession,
411.
Astronomie. — Académie des sciences de Bologne. Demande d'avis
sur l'adoption, en Belgique, de ses propositions relatives au méi'i-
dien initial unique et à l'heure universelle, 430; communication au
Ministre des rapports faits sur ces propositions par MM. Liagre,
Folie et De Tilly, 528. — de Ball (L.). Son catalogue de 382 étoiles
faibles de la zone DM -+- 2°, observées de 1886 à 1889, sera publii»
dans les Annales astronomiques de l'Observatoire de Bruxelles, 2.
— Folie (F.). Sur la période astronomique dite décimensuelle, 28;
il l'occasion des variations de latitute constatées à Berlin, à Potsdam
et à Prague, 438; soumet une réponse à la note de M. Tisserand,
696. — Guillaume (J.). Observations physiques de la planète Mars
faites en 1890, à Péronnas, près Bourg-en-Bresse, 583; rapport sur
ce travail par MM. Terby et Folie, 528, 529. — Terby (F. t. Sur de
nouvelles observations des canaux de Mars et de leur gémination,
37; sur la fréquence des étoiles filantes pendant les nuits des 9
et 10 août 1890, 350; faits démontrant la permanence des taches
sombres de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation,
535. — Voir Biographie, Spectroscopie.
B
BeaiLX-arts. — Lami'e (L.). Rapports de MM. Fétis, Slingeneyer,
Stallaert et Rousseau sur son projet de création d'une école de
restauration de tableaux, 509. — Voir Art industriel, Bustes,
Concours [Prix de Rome}, Concours de la Classe des beaux-arls.
Musique.
TAItlJ-: IIKS MAilKllKS, /O*)
Bibliographie. — Noies sur les ouvraijes suivants : La (luercUe îles
iaveslitures dans les diocèses de Liùge et de Cambrai. Première
partie: Les réformes gréi^orionnes, etc., 107.>!()'>i. (Ai.F. Calchii:),
par Th.-J. Lamy, 3"iO. — .1. Puiilication selon l'Avesta et le (;oniez.
B. Le culte de la croix avant le christianisme. (!. \)eu\ traductions
d'un champ île l'.Vvesla (Cii. UK IIaui.ez), par I». Willcms, '.i-lii: \ \A.
Cérémonial de la Chine antique (Ch. de IIari.ez), par le traducteur,
, 356. — Com[)te rendu de l'excursion de la Société idéologique d(^
Belgique dans les environs de Dinant, par (i. Dewalque , :iiS.
— La clef d'Amors (Alg. noLTKEi'O.NT), par i. Stecher, Gtifi. —
Poèmes flamands et poésies diverses Franz Foi i.on', par J. Stecher,
625. — Le théâtre de la Monnaie depuis sa fondation jusiju'à nos
jours (Jacq. Isnaudon), par Alph. Wauters, 350. - Correspon-
dance de Cranvelle, tome VIII, parCh Piot, loi. — Con.sidération
sur la nutation diurne (Kadai), par .1. Liagre, 5. — Annales de la
Faculté de philosophie et lettres (Université libre de Bruxei-les),
par M. Phili|ipson, 155. — Kl coronel Francisco Verdugo. 1537-I5'.»<S
(A.U. Villa), parCh. [»iot. 153. — Henri le Navigateur et l'Académie
portugaise de Sagres (Wal'wermans), par P. llenrard, 627.
Billets cachetés déposés par MM. Deruyts, .Jacques, 3, 222, 526;
E. Solvay, 346: A.-F. Renard et J. Cornet, 430; Van der Mensbrug-
ghe, 526. — Ouvertui'e d'un billet (marqué A) déposé par .M. Tei hv.
527.
Biographie. — Dwelshaivers-Dery. Observations sur la notice
biographique de (i.-A. Hirn, insérée dans le Bllleti.n de l'.Vcadémie
132; rapport sur cette note par M.M. Maus et De Tilly, 14, 16. -
EvEN (Ed. Van). Renseignements inconnus sur Pierre Phalèse,
imprimeur de musique h Louvain (1546-1573', 200. — Le Pakie (C).
Un astronome belge du XVIP- siècle, (lodefroid Wendelin, 709. —
Schadde (J.). Discours prononcé aux funérailles de Charles Verlat,
507. — TiCEUGHiLN iC..'. Discours prononcés aux funérailles : A. de
Mk^ a. Van Weddingen, 323; B. de M. Scheler,621. - Voir .Yo//m-
biographiques pour IWnnuaire.
Biologie. — Hexede.n (Éd. Va.n). Les anthozoaires pélagi(pies
recueillis par le professeur Hensen dans son expédition du Plank-
ton. Communication |)réliminaire. I. Une larve voisine de la larve
de Semper, 55. — Cerfontaixe (Pali.i. Soumet des notes prélimi-
naires sur l'organisation et le développement des différentes formes
d'anthozoaires, 696. — Leclercq (Emma). Contributions à l'étude
7o6 TABLE 1>KS MATIÉKKS.
(lu Nebeiikorn ou corpuscule accessoiie dans les cellules, 137 ;
rapport sur ce travail par iMM. VA. Van Beneden et Van Baui-
heke, 10, 13. — Voir Ckiinie, Physiologie.
Bolaniijue. — Cogmalx (Alfred). Le nouveau i-enre Posauea de la
famille des Cucurbitacées, 47.-); ra|)port sur ce travail par MM. Cré-
j)in et Gilkinet; 435. — Voir Chimie.
Brasserie. — Voir Chimie.
Bustes des académiciens décèdes. — Sont désii^nés |)ar le Gouverne-
ment i)0ur exécuter les bustes suivants : Cli. de Bériol, par M. l*ic-
kery tils, 108; J. Braemt par M. .N'amur, 408; chevalier de Hurlin.
par M. de Tombay, 430; Eug. Deiacqz, par M. van den Kerckove-
Saïbas, 487; B.-Cli. Du Mortier, par M. Hérain, 430; Éd. Ducpetiaux,
par 31. PoUard, 487; communication au Ministre des avis émis:
1'^ sur les modèles des bustes Braemt, oO'.); de Burlin, 409; Defacqz,
409; Du Mortier, 094: !2« .sur le buste en marbre de feu Al vin,
exécuté par Th. Vini,"otte, 694.
C.
Chimie. — Dklacue (M.uricei. Sur la constitution de la benzopina-
coline 3,99; faits pour servir à l'histoire de l'aldéhyde, :289; sur
la dypnone nu;, >C = CH.CO.C'H-, 4(33; rapports sur ces travaux
par MM. Henry et Spring, 17, 19, i2ol, 433, 435; sur les acétals
mixtes, 6^8; rapport sur cette note par M. Henry, 096. — Delaliuer
(EMILE). Rapport de MM. Stas et Spring sur ses trois notes concer-
nant l'extraction des métaux (dépôt aux archives), "21, 28. —
JoRissEX (E.). Soumet une note intitulée : sur la réduction des
nitrates par les moisissures et les levures, 347. — Lairem
(Emile). Réduction des nitrates par la lumière solaire, 303; rap-
ports sur ce travail par MM. Stas, Errera et (Ulkinet, "237, ::J44;
soumet une '2f note sur le même sujet, 527 ; sur la réduction des
nitrates par la levure de bière et par quelques moisissures, 309 ;
sur la réduction des nitrates en nilrites par les graines et les
tubercules, 478; rapports sur ces travaux par MM. Gilkinet et Errera,
215, 247, 435, 437. — Petermânn tX.) Soumet un second mémoire
sur la question de l'azote, i31. — Smith (John Barker). Nouvelle
méthode pour la détermination quantitative de la valeur du pain,
de la farine, de l'albumine, etc., 614; rapport sur cette note i)ar
M. Spring, 530. — Stas (J.-S.). De la nature de la lumière solaire
TAIILK IIKS MATlkRES 757
(discours lu en sc-aiicc |)iil»lii|iic ci iiii|»riiiit' dans le lomu Xi-IX-dcs
Mémoires in-i»,. 70'J. — Vandexiilu.e (L.) cl Van Laer (II.). Sou-
iiictlenl leurs éludes sur le lambic, "l^i.
CoinmLs.sion chargée de ta publication des œuvres des anciens musi'
riens belges. M. de Caseinbrool, adjoint à la Commission,- 338:
envoi h son examen d'une nouvelle série de Bulletins, résultant
des roeliorclics do M. Kdm. Vander Slracten dans les biblio-
thèques d'Auijsbourg et de Hieslau, iyH'J. — spéciale des finances
lléélection : Classe des sciences, .>I4; Classe des lettres, G'-il ;
Classe des bealx-arts, G90.
Omcliyologie. — Voir Malacologie.
Concours. — Les institutions suivantes adressent leurs proi^rammes :
Institut royal vénitien des sciences, des lettres et des arts, 4; Société
industrielle de Mulhouse, .'Wl. — A. Cail. Soumet une brochure
intitulée : Vnscr Leben, destinée, d'après lui, à un concours scienti-
fique institué par le Gouvernement, Gl'.).
Concours de la Classe des sciences {1800). — Sans résultat, '^'27, 7!28.
Concours de la Classe des lettres (1802). - Programme, 1;)7.
Concours de la Classe des beaux-arts (1800). - Partie littéraire.
Sans résultat, il7. — Art ai'I'LIQLé. Peinture. Projets reçus, 400;
M. G. -F. Iloffman, lauréat, 409, 417. Gravure en médaille. Sans
résultat, 400, 418. - (189^2). Programme, GIMJ.
Concours (grands). Prix de Rome. — Architecture (1887). Envoi
îj l'examen du cinquième rapport de M. De Wulf, 399; communi-
cation au Ministre des appréciations du quatrième rapport et du
lei" envoi réglementaire du même laui'éat, 'k^i; {1890). Lauréats,
337; proclamation, 419. — Musique (1887). Communication au
Ministre de l'appréciation de deux compositions musicales (envoi
réglementaire) du lauréat Heckers, o09; (1880). Exécution de la
cantate de M. Lebrun, 398; 419. - Peinture (1886). Communica-
tion au Minisire des a])préciations émises : 1" sur la demande de
M. Montald de pouvoir venir surveillera Bruxelles l'installation de
son envoi réglementaire, 398; "1" sur le sixième rapport du même
lauréat, G94. — Sculpture (1888). Envoi à l'examen des deuxième
et troisième rapports de M. Lagae, 399, 089; communication au
Ministre de l'appréciation du deuxième rapport précité, ,*J09. — Voir
Prix Godeeharle.
Ctmgrès, Sessions. — Ouverture du congrès historique et archéolo-
gique de Liège, loO; huitième session du Congrès international des
Américanistes, 320; dixième réunion du corps médical belge, 346.
758 TABLE t»KS MATIKUKS.
D
Dons. — Ouvrages imprimés par MM. le prince Albert de Monaco, 3;
anonyme, 355; Bambeke (Van), 346; Baye (de), 338; Beltjens, 487;
Briart, 223; Capellini, 696; Garuel, 2; Catalan, 526; Gauchie, 320;
Ciel et Terre (La Rédaction de), 222; Colnet d'IIuart, 526; De Boeck,
526; De Busschere, 431; De Ceuleneer, 620; Delaborde, 507; Del-
bœuf, 3; Deruyts (F.), 223; Detroz, 619; Dewalque, 347; Direction
générale de la statistique à Mexico, 355; Doutrepont, 620; Errera,
430; Evrard (F.), 347; Flour de Saint-Genis, 354; Folie, 3; Foulon,
620; Gad, 526; Gaudry, 223; Génard, 620; Giron, 620; Gittée, 355;
Grosseteste, 346; Ilarîez (de), 320, 355, 408, 526," 619, 690; Hément,
354; Henrard,487; Héron-Royer, 3; Heymans(J.-F.), 526; Hoegaer-
den, 3; Houzé, 151; Isnardon, 355; Kammermann, 526; Lalle-
mand, 354; Lambotte, 347; Lameere, 3; Leconte, 347; Matthieu,
487; Meerens, 399; Meirsschaut, 354; Ministre de la Guerre, 2;
Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, 2, 150, 200,
319, 346, 353, 430, 487, 526, 619; Ministre des Affaires Étrangères,
354; Monge (L. de), 150; Omboni, 526; Parlatore (P.), 2; Pascaud,
865; Pasquier, 347, 526; Radau, 3, 223, 347; Roersch, 619; Ronkar,
223; Roulliet, 355; Royer de Dour, 354; Seardonelli, 620; Selys
Longchamps, 347; Terby, 223, 346; Tiberghien, 355; Toussaint,
620; Université libre de Bruxelles, 151; Vaillant, 347, 526; Van-
lair, 526; Verhoogen (J.), 526; Vial, 3; Villa, 150; Wauwermans,
620; Zanardelli, 130, 487. — Gravure : Raab, 408. — Médaille :
Grosseteste, 346.
Droit naturel. — Sur la méthode du droit naturel, par Charles
Loomans, 172.
Élections. — Classe des sciences : MM. Le Paige, élu membre
titulaire; J. Deruyts, élu correspondant; A. Cayley, L. Fizeau et
A, von Bayer, élus associés, 728. — Classe des lettres : M. Baum-
garten et le comte de Franqueville remercient pour leurs diplômes
d'associés, 150, 320.
TAItLK l)i:S MATIKHKS. 7.j'J
Épiyraphii'. — Lo(1Em.\.n ^M.)- Souincl une notice sur une inscri|tlion
anijlo-saxonno gravée sur un reliquaire de la vraie croix du trésor
de l'cglisc collégiale des SS. -Michel et Gudule de Bruxelles, G'iO.
Esclavayc. - Voir Politique.
(icographie. — Voir Uijdroijraphie.
Véobgie, minéralogie et paléontologie. — Franck (A.). Soumet une
notice sur la nionazite de Nil-Saint-Vincent, o-27. — Malaise (C).
Sur les graptolitlies de Bt'lgi([uo, iW. — Voir Malacologie.
II
Histoire. — de Vlamlnck (Ar.Pii.)- Soumet une revision de son travail
concernant les origines de la ville de Gand, 3oo. — de Chestiiet
DE IIa.neffe (le baron'. Les métiers de la ville de Huy, à proi)OS
d'un insigne de la corporation des merciers, 488. — Voir Archéo-
logie.
Histoire des beaux-arts. — \oïr Biographie (Van Even).
Histoire des religions. — de la Vallée Polssln Louisj. Soumet un
travail intitulé : Des impuretés et des purifications dans l'Inde
antique, l.'iO; rapports de MM. de Harlez, Lamy et Goblet d'.\lviella
sur ce travail imprimé dans le tome XLIV des Mémoires in-8", 3"2T,
333. — Voir Symbolique.
Histoire littéraire. — Voir Philologie.
Hydraulique. — Caligxy Le marquis Anatole de). Cinquième lettre
sur ses recherches d'hydraulique, G.
Hydrographie.— Bukeai hydrogkaphiqiedes États-Ums a Washing-
ton. Communication au Gouvernement des rap|)orts de M.M. Wau-
lers et Henrard sur la demande de renseignements du Bureau
concernant un projet de système uniforme de dénominations géo-
graphiques, 16i.
Jubilé, manifestation. — Manifestation en l'honneur de G.-.\. Hirn
(Médaille et brochure offertes à l'Académie), 3-46; soixanle-(iuin-
zième anniversaire de fondation de la Société courlandaise de litté-
rature et des arts de Mitau (Félicitations i, 488.
L
Législation et jurisprudence. Voir Droit.
760 TABLE DES MATIÈRES.
Malacologie. — Dupont (Ed.). Sur des iiiollu.squi;s vivants et post-
pliocônes recueillis au cours d'un voyage au Congo en 1887, 550.
- DAUTZE.MiEiu; (Ph.). 3Iollus(iues recueillis au Congo par M. É.
llu|)ont, entre l'embouchure du fleuve et le confluent du Kassaï,
566.
Marine. — Delauuier (Emile). La Classe des sciences passe à l'ordre
du jour sur son travail intitulé : Nouveaux procédés lumineux pour
empêcher les abordages des navires en mer, 4.
Malhématiques. — Beaupain (.].). Lecture des rapports de MM. Man-
sion. Catalan et De Tilly sur son travail concernant quelques inté-
grales définies, 228.— Catalan (Eue). Soumet un travail sur l'ellipse
de Brocard, 347 ; lecture du rapport de M. Mansionsurce mémoire,
qui figurera dans le tome XLIX des Mémoires in-4o, 431. — Cesauo
(Ernest). Sur les démonstrations du théorème de Standt et Clausen,
280; rapport sur ce travail i)ar MM. Mansion et Catalan, 233, 236. —
De Ball (L.). Soumet une note relative au problème de chercher
une fonction W, satisfaisant aux conditions, etc. 527; remis en
possession de son manuscrit, 696. — Demoulin (A.). Rapports de
MM. 3Iansion, Catalan et Le Paige sur son travail imprimé dans le
tome XLIV des Mémoires in-8"j concernant la courbure des lignes
planes, 20, 25. 27 ; soumet un travail sur diverses conséquences
(lu théorème de Xewton, 347. — Deruyts (Jacques). Sur la réduc-
tion des fonctions invariantes, 265; l'apport sur ce travail par
MM. Le Paige et Mansion, 231; sur les covariants primaires, 116;
rapport sur ce travail par M3L Le Paige, Mansion et De Tilly, 16, 17.
— Ferron (Eug.). Adresse une lettre relative à l'équation fonda-
mentale de la théorie de la lumière, 527. — Servais (Clém.). Sur
les points d'inflexion dans les cubiques, 453; sur les involutions
cubiques conjuguées, 272; rapports sur ces travaux par MM. Le
Paige, Mansion et De Tilly, 232, 233, 431, 433.
Mécanique. - Spanoghe (J.-E.). Rapport de 3L Maus sur son nouveau
système de machine à vapeur, 228. — Voir Hydraulique.
Microbiologie. — Voir Chimie. (Laurent, E....)
Mines. — Delaurieu (E.). Adresse quatre lettres sur le grisou, 348 ;
rapport sur ces notes (dépôt aux archives) par M. Briart, 53i.
Musique. — Perfectionnement au mécanisme des flûtes, par Adolphe
Léonard, 403; rapport sur ce travail par MM. Gevaert, Samuel et
Radoux, 401. — Voir Biographie.
TAFU.K IIKS MAIIKHKS. 7(il
Nécrologie. — Annonce do la niorl de MM. .I.-J.-I". Aloïs Van W oi!-
dint^en, 149; Ans;. Sdiclcr, 018; Cli. Vcrhit, .'i(X).
Notices biographiques pour l'Annuaire. — M. Lamy charge de faire la
notice sur Aloïs Van Weddingen remet son manuscrit, 318, 35S. —
M. Dupont remet le manuscrit ûo sa notice sur I,.-(i. de Koninck,
O
Ouvrages prè.'>entés. — Juillet, '215; août, 389; octobre, 420; novem-
bre, 516; décembre, TiÛ.
Veintnre. — Lampe (L.;. Rapport de ilM. Fctis, Slingencyer, Staliacri
et Rousseau sur son projet de créer une école de restauration de
tableaux, 500.
Philanthropie . — Voir Politique.
Philologie. — Van Veeudeghem (F.)- Fen paar fragmenten van don
Roman van Perchevael, 637 ; rapports sur ce travail par MM. Wil-
lems, Roersch et Stecher, 630, 63t2, 636. — Voir Archéologie {Dv.
Ceuleneer).
Physiologie. — Ansiaux (G.). Influence de la température extérieuic
sur la production de la chaleur chez les animaux h sang chaud, 59i :
rapport sur ce travail par 3IM. Fredericq et Masius, 531, 533. —
CoRiN (J.-II.) et Ansiaux (G.). Soumettent leurs recherches sur la
précipitation fractionnée des substances albuminoïdes du sérum
sanguin du bœuf, 527. — Colson. Soumet ses recherches phy-
siologi(}ues sur l'occlusion de l'aorte thoracique, 4; rapports do
MM. L. Fredericq et Gluge sur ce travail imprimé dans le tome XLIV
des Mémoires in-S», 247, 249. — Fredeiucq(L.). Sur la conservation
de l'oxyhémoglobine à l'abri des germes atmosphériques, 251 ; sur
la physiologie de la branchie, 580; sur la conservation do l'hémo-
cyanine à l'abri de l'air, 582. — Voir Biologie et Chimie.
762 TABLE DES MATIÈRES.
Physique. — Hoho et Lagrange (E.). Soumettent une étude sur un
pliénomône lumineux et calorifique accompagnant l'électrolyse,
'^"iS. - Ploën (Cn.)- Soumet un travail concernant la régularité de
l'horloge, 4; remis en possession de son manuscrit, 222. —
ScHOEMjES (H.). Projet d'expériences destinées à vérifier si la
lumière polarisée, dont le plan de polarisation oscille, exerce une
influence sur un champ magnétique (lettre rectificative), 224; sur
les déformations que font naître dans un hémisphère creux métal-
lique le choc et la pression d'un corps dur (note préliminaire), 295;
rapport sur ce travail par M. Van der Mensbrugghe, 237. — Van
DER Mensbrugghe fG.). Sur la jjropriété caractéristique de la surface
commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle, première
et deuxième parties, 32, 253.
Poliliqiie. — Banning (É.). La Conférence de Bruxelles, son origine et
ses actes, 375.
Prix biennal de philologie classique. — Programme, de la première
période, 321.
Prix décennal de philologie (première période, 1880-1889). — M. le
Ministre transmet cinquante exemplaires du rapport du jury, 319.
Prix triennal de littérature dramatique en langue française (onzième
période). — Formation de la liste double des candidats pour le
choix du jury, 487; communication de cette liste au Ministre, 621.
Prix quinquennaux : A. Histoire nationale (neuvième période);
B. Sciences historiques (deuxième période). — Formation des listes
doubles des candidats pour le choix des jurys, 486; communication
de ces listes au 3Iinistre, 621.
Prix du Roi. — Questions pour 1894, 1895, 1896, 319.
Prix Antoon Bergmann (deuxième période). — Programme, 162.
Prix Castiau (quatrième période». — Programme, 163.
Prix de Saint-Génois (troisième ])ériode . — Programme, 162.
Prix de Stassart : A. Notice sur un belge célèbre (septième période);
B. Question d'histoire nationale (sixième période). — Programmes,
161.
Prix Joseph De Keyn (sixième concours, première période). — Pro-
gramme, 160.
Prix Teirlinck (troisième période, 1887-1891). — Programme, 159.
Prix Godecliarle. — Architecture (1888). Envoi à l'examen du troi-
sième rapport de M. De Braey, 399. — Peinture (1887). Commu-
nication au Ministre des appréciations du premier rapport de
M.J.Dierickx, 694.
TAIU.K lli:S MATIÈRES. 7ii'
Sciences wcdicaloi. — Pior (Cn.). Noie conconianl riiillucnza en lîi80,
19G. - GixGE (Th.). L'influcnza cn liJ80, 3i9.
Sciences morales et politiques. — Voir Politique.
Séances. — Classe des sciences : 5 juillet, 2; "2 août, 221 ; li octobre,
345; 8 novembre, 429; (i décembre, M.'i; lo décembre, (39o; séance
publi(iue du i(3 décembre, 708. — Classe des lettres : 7 juillet,
149; 4 août, 318; 13 octobre, 333; 3 novembre, 486; l*-'' décembre,
618. — Classe des beaux-auts : 3 juillet, 199; 7 août, 337;
9 octobre, 398; 23 octobre, 407; séance publique du 26 octobre,
410; 6 novembre, 506; 4 décembre, 689.
Spectroscopie. — De la nature tic la lumière solaire, par J.-S. Stas
(discours lu en séance publique et imprimé dans le tome XLIX des
Mémoires in-4"), 709.
Symbolique. — La fécondation artificielle du palmier dans la symbo-
lique assyrienne, i)ar le comte Goblet d'Alviella, 359.
Z
Zoologie. — Van Beneden (P.-J.v Une coronule de la baie de Saint-
Laurent, 49. — Voir Biologie, Malacologie.
TABLK DKS PLAiNCHES ET DES FIGURES.
Pages^33-37, 258-264. — Sur la propriété caractéristique de la surface
commune à deux liquides soumis à leur affinité
mutuelle, l'* et 2* parties; par G. Van der Mens-
bruggbe (4 -\- 4 figures).
— 48. — A'ouvelles observations des canaux de Mars et de leur
gémination; p;u- F. Tei'by(l plancbe).
— 54. — Coronule de la baie de Saint-Laurent; par P.-J. Van
Beneden (1 planche).
— 81, 88, 95, 98. — Une larve voisine de la larve de Semper; par
Éd. Van Beneden (4 figures et 1 planche).
76i TABLE KES PLANCIIKS, Kit:.
Pages 110, m, il2. — Constitution de la bonzopinacoline p; par
Maurice Delacre (3 fii,niios).
— 273, 275, 278. — Sur les involutions cubiques conjuguées; par
Clém. Servais (3 figures).
— 303. — Sur les déformations que font naitre dans un hémi-
sphère creux le choc et la pression d'un corps dur
(note préliminaire); par H. Schoentjes (1 planche).
— 360-373. — La fécondation artificielle du palmier dans la sym-
bolique assyrienne; par le comte Goblet d'Alviella
(5 figures et 1 planche).
— 403,405,406. — Perfectionnement au mécanisme des flûtes;
par A. Léonard (2 gravures et 1 planche).
— 438. — A l'occasion des variations de latitude constatées à
Berlin, à Potsdam et à Prague; par F. Folie (dia-
gramme, 1 planches
— 496-304. — Les métiers de la ville de Huy, à propos d'un insigne
de la corporation des merciers; par le baron J. de
Chestret de Haneffe (11 figures et 1 planche).
— 536-558. — Faits démontrant la permanence des taches sombres
de Vénus et la lenteur de leur mouvement de rotation ;
par F. Terby (1 figure et 1 planche).
— 579. — Mollusques recueillis au Congo par M. É. Dupont entre
rembouchure du fleuve et le confluent du Kassaï ; par
Ph. iJautzenberg (3 jilanches).
— 583. — Observations physiques de la planète Mars en 1890
faites à Péronnas, près Bourg-en-Bresse; par J. Guil-
laume (1 planche).
— 598, 599, 603, 610-013. — De l'influence de la température exté-
rieure surla production de la chaleur chez les animaux
à sang chaud: par Georges Ansiaux (10 figures).
KRKAÏA.
Pages 491. — Ligne 20, au lieu de : praticiens, lisez patriciens.
— 493. — Ligne 8, au lieu de : métiers, lisez métier.
— 603. — Ligne 19, au lieu de : métiers, lisez métier.
PUBLICATIONS ACADEMIQUES.
Depuis la r(!or{,'aiiisalion, en dSltJ.
Nouveaui HK^nioIreo, tomes i-XiX (1»20-1845); in-4°. — Mémoires)
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tome X.
Mémoires ruuronne»*, loincs I\XV (,1817-1842); iu-4". — JMéiuoires
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(1845-188U); in-l". — Prix : 8 l'r. par vol. à partir du tome XIJ.
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Tables des Mémoires (1816-1857) (1858-1878). Iii-1«.
Annuaire, 1^^ à 57'»" année, 1835-lhi)l ; in-18.
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1858, in-S". — 2" série, tomes 1-XX (1857-l8b6), tomes XXi-L (1867-
188U), 1885; iu-8".
llibliographic académique, 1"" édit., 1854, 2« édit., 1874, ô« édit.,
1886; iu-18.
eatalogiie de la Bibliothèque de l'Académie, l^e partie : Sociéli s savantes
et Recueils périodiques^ 2''«' partie :scieuces, lettres, arts, 1881-90; 4 vol. in-8°.
Catalogue de la bibliolliéque du baron de Stassart, 1865; in-8».
Centième anniversaire de foiulaiion (1772-1872). 1872; 2 vol. gr. in-8".
Monuments de la Itllerature flamande.
OKuvres de Van JMuerlaut : Uer natuken blueme, tome l", publie par
M. J. liormans, 1857; 1 vol. in-8«; — Rymbyiîel, avec Glossaire, publié
par iM. J. David, 1858-1860; 4 vol. in-8»; — Alexa.m>ers Geesten, publie par
AI. Snellaerl, 1860-1862; '2, vol. in-8". — i^ederlandsclie gedicbten, etc.,
publiées par M. Snellaert, 1869 ; 1 vol. in-8». — Pajrtlionopeus van Bloys,
publie par M. J. Rornians, 1871; 1 vol. in-8°. — Spegliel der XWyshelt, van
Jan Prael, publie par M. J. Bormans, 1872; 1 vol. iu-8°.
Œuvres des grands écrivains du pays.
OEuvres de chasteilain, publiées par M. Kervyn de Lelteuhove.
1865-1865, 8 vol. in-8". — Le l^'' livre des Ciirouiques de ■•'roissart,
publié par le même. 1865, 2 vol. in-8». — Clironiques de Jeban le Bel,
publiées par M. Poiain. 1865, 2 vol. in-8°. — LI Itoumans de Cléoiuadès^
publié par M. Van Hasselt. 1866, 2 vol. in-8». — Bits et contes de Jean et
Baudouin de Condé, publies par M. Auguste Sclieler. 1866, 5 vol. in-8».
— LIars d'amour, etc., publie par M. J. Petit. 1866-1872, :i vol. in-8°. —
OEuvres de Froissart : Chroniques, publiées par M. Kervyn de Letlen-
hove. 1867-1877, 26 vol. in-8»; - /^oesies, publiées par Ai. Scbeler. 1870-1872.
5 vol. in-8"; — Glossaire, publié par le même. 1874, un vol. in-8». — Lettres
de Commiiies, publiées par M. Kervjn de Lettenhove. 1867, 5 vol. in-8».
— Dits de Maiiiquet «le Couviu, publies par M. A. Sclieler. 1868, 1 vol.
in-8». — Les Enfances Ogter, publiées par le même. 1874, 1 vol. iu-8». —
Bneves de Commarchis, i)ar Adeues li Rois, publie par le même. 1874,
1 vol. in-8°. — Li itoumans de Uerte aus graus pies, publie par le
même. 1874, 1 vol. in-8". — Trouvères belges du Xll« au X.l%'« siècle,
publies par le même. 1876, 1 vol. in-8°. — Nouvelle série, 1879, 1 vol. iu-8". —
Li Bastars de Bullion, publié par le même. 1877, I vol. iu-8». — Bécits
d'un Bourgeois de Valenciennes (Xl»'»^ siècle), publies par M, le
baron Kervyn de Lellenliove. 1877, 1 vol. in-8°. — OEuvres de Gblllcbert
de Lauuoy, publiées par M. Polvin. 1878, 1 vol. in-8». — Poésies de
Gilles li iiiulsis, publiées par M. Kervyn de Lelteuhove. 1882, 2 vol. in-8».
— OEuvres de Jlean Leniaire de Belges, publiées par M. J. Steuher.
1882-.85, 5 W\. Lb-8". — Li Kegret Ciulllaume, publié par M. A. Scheler.
lyb2, vol, in-8'.
Bioyraphie nationale.
Biographie nationale, t. 1 à X; XI, If' fa.sc. Bruxelles, 1866-1890
gr. in-8°.
Commission royale d'histoire.
Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du
Gouvernement; 85 vol. in-4».(Voir la liste sur la couverture des Chroniques.)
Comptes rendu.> des séances, I'>^ série, avec table (1857-1849), 18 vol.
in-8«. — 2»"^ série, ave.; table (1850-1859), 15 vol. iu-8». — ô™" série (1860-
18/2), 16 vol. jii-8". — 4""^ série, tomes 1-XVI (1875-1889).
Annexes aux Bulletins, 17 volumes in-8». (Voir la liste sur la couverture
des Lhroniques et des Coiiiples rendus.)
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