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Full text of "Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY. 

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BULLETINS 


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L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES 

SCIENCES ,  DES  LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS 

DR     BELGIQUE. 

m™  ANNÉE,  5me  SÉRIE,  T.  IX. 
1885. 


BRUXELLES, 

P.    IIAYEZ,    IMPRIMEUR    DE    L'ACADÉMIE    ROYALE    DE    BELGIQUE, 
rue  de  Louvam,  108. 

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BULLETINS 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 


BULLETINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES 

SCIENCES,    DES   LETTRES   ET    DES   BEAUX-ARTS 
DE    BELGIQUE. 

CINQUANTE-QUATRIÈME  ANNÉE  —  3uie  SÉRIE,  T.  9. 


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• 


BRUXELLES 


P.  HAYEZ,  IMPIUMEUll  DE  L  ACADÉMIE    HOYALE  DE  BELGIQUE, 

rue  de  Louvain  ,  108. 

1885 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

1885.  —  N°  i. 


CLASSE  DES  SCIENCES. 


Séance  du  iO  janvier  4885. 

M.  Éd.  Dupont,  directeur,  président  de  l'Académie  pour 
l'année  1884,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Éd.  Morren,  directeur  pour  1885; 
P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Longchamps, 
Melsens,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Gandèze,  F.  Donny, 
Ch.  Montigny,  Éd.  Van  Beneden,  C.  Malaise,  F.  Folie, 
Fr.  Crépin,  Éd.  Mailly,  J.  De  Tilly,  Ch.  Van  Bambeke, 
G.  Van  der  Mensbrugghe,  W.  Spring,  membres;  E.  Cata- 
lan, associé;  P.  Mansion,  A.  Renard  et  P.  De  Heen,  cor- 
respondants. 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  1 


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CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  adresse  une  ampliation  de  deux  arrêtés 
royaux  dont  l'un,  en  date  du  10  décembre  dernier,  nomme 
président  de  l'Académie,  pour  1885,  M.  Charles  Piot, 
directeur  de  la  Classe  des  lettres  pendant  ladite  année; 
l'autre,  daté  du  23  du  même  mois,  approuve  l'élection  faite 
par  la  Classe  des  sciences  de  M.  Walthère  Spring  en  qua- 
lité de  membre  titulaire.  —  Pris  pour  notification. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  envoie,  pour  être 
répartis  entre  MM.  les  membres  de  la  Classe  des  sciences, 
cinquante  exemplaires  du  rapport  du  jury  qui  a  été  chargé 
de  décerner  le  prix  quinquennal  des  sciences  physiques  et 
mathématiques  pour  la  période  de  1879-1883.  —  Remer- 
cîments. 

Il  fait  don,  à  la  bibliothèque  de  la  Compagnie,  d'un 
exemplaire  de  l'ouvrage  intitulé  :  Le  Muséon,  revue  inter- 
nationale, publiée  par  la  Société  des  sciences  et  lettres  de 
l'Athénée  oriental,  tome  III,  1884;  ainsi  que  de  l'ouvrage 
suivant,  présenté  au  dernier  concours  pour  la  collation  des 
bourses  de  voyage,  par  M.  le  docteur  Éd.  Remouchamps, 
ancien  élève  de  l'Université  de  Gand  :  Sur  les  glandes  à 
musc  de  Valligalor.  Ce  mémoire  a  été  imprimé  aux  frais 
de  l'État,  sur  la  proposition  du  jury  des  sciences  natu- 
relles. —  Remercîments. 

—  MM.  W.  Spring,  élu  membre;  P.  De  Heen,  élu  cor- 


(  5) 
respondant;  James  P.  Joule,  R.  Virchow,  Jacques  Mole- 
schott  et  le  B9n  A.-E.  Nordenskiôld,  élus  associés,  adres- 
sent des  lettres  de  remercîments. 

— ■  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  envoie,  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Académie,  un  exemplaire  de  la  Carte  de  la 
Belgique  à  l'échelle  du  160,000e  :  chemins  de  fer, 
routes,  etc.,  6  f.  in-plano  avec  note  explicative.  —  Remer- 
cîments. 

—  L'Académie  royale  des  sciences  de  Turin  envoie  le 
programme  du  cinquième  concours  pour  le  prix  Bressa 
auquel,  suivant  la  volonté  du  testateur,  seront  admis  les 
savants  et  les  inventeurs  de  toutes  les  nations. 

Ce  concours  aura  pour  but  de  récompenser  le  savant  ou 
l'inventeur,  à  quelque  nation  qu'il  appartienne,  lequel, 
durant  la  période  quadriennale  de  1885-1886,  «  au  juge- 
ment de  l'Académie  des  sciences  de  Turin,  aura  fait  la 
découverte  la  plus  éclatante  et  la  plus  utile,  ou  qui  aura 
produit  l'ouvrage  le  plus  célèbre  en  fait  de  sciences  phy- 
siques et  expérimentales,  histoire  naturelle,  mathéma- 
thiques  pures  et  appliquées,  chimie,  physiologie  et  patho- 
logie, sans  exclure  la  géologie,  l'histoire,  la  géographie  et 
la  statistique  ». 

Ce  concours  sera  clos  le  31  décembre  1886. 

La  somme  destinée  à  ce  prix  sera  de  12,000  francs 
(douze  mille  francs). 

Aucun  des  membres  nationaux  résidents  ou  non  rési- 
dents de  l'Académie  des  sciences  de  Turin  ne  pourra  con- 
courir à  ce  prix. 

—  L'Association  des  élèves  des  écoles  spéciales  de  l'Uni- 


versilé  de  Liège  sollicite  l'obtention  du  Bulletin  de  l'Aca- 
démie. —  Renvoi  à  la  commission  administrative. 

—  M.  le  docteur  Hubert  Boëns  de  Charleroi  adresse  un 
certain  nombre  d'invitations  pour  les  membres  de  l'Aca- 
démie au  quatrième  congrès  de  la  Ligue  internationale  des 
anlivaccinateurs  —  organisé  à  la  demande  de  la  Société 
anglaise  contre  la  vaccine  obligatoire,  —  qui  aura  lieu  à 
Charleroi,  du  23  au  26  juillet  prochain. 

—  M.  Léopold  Jadoul,  conducteur  des  ponts  et  chaus- 
sées et  instituteur  diplômé  à  Braine-le-Château,  adresse, 
avec  demande  d'examen,  une  brochure  portant  pour  titre: 
Traité  élémentaire  de  géométrie,  comprenant  une  nouvelle 
théorie  de  parallèles  fondée  sur  la  démonstration  du  Pos- 
tulalum  d'Euclide. 

L'ordre  du  jour  est  prononcé  sur  cet  envoi  conformé- 
ment au  règlement  de  la  Classe  qui  interdit  de  faire  des 
rapports  sur  les  ouvrages  imprimés. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt  dans  les  archives  de 
l'Académie  d'un  billet  cacheté  envoyé  par  M.  Edmond  Van 
Aubel  de  Liège,  et  daté  du  5  janvier  1885  :  Recherches 
sur  la  rotation  électromagnétique  du  plan  de  polarisation 
de  la  lumière  et  quelques  phénomènes  analogues. 

A  sa  demande,  M.  Catalan  est  remis  en  possession  de 
son  billet  cacheté  Sur  les  théorèmes  de  Goldbach  et  de  Ber- 
trand, dont  la  Classe  avait  accepté  le  dépôt  dans  la 
séance  du  8  novembre  1884. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

\°  Sur  l'aspect  physique  de  la  planète  Jupiter,  par 


(  S) 
F.Terhy. —  Commissaires:  MM.  Liagre,  Montigny  et  Folie; 
2°  Sur  un  nouveau  moyen  de  déterminer  l'humidité  de 
l'air,  par  A.  Damry,  assistant  à  l'institut  météorologique 
de  Liège.  —  Commissaires  :  MM.  Montigny  et  Liagre. 

—  M.  C.-H.  Delaey,  maréchal  des  logis  en  retraite,  à 
Roulers,  envoie  le  3e  fascicule  (transmission  des  forces 
vives)  de  son  travail  manuscrit  Sur  les  machines  à  vapeur. 
■ —  Dépôt  aux  archives. 

—  M.  Liagre  présente,  au  nom  du  comité  directeur  de 
l'Observatoire  royal  de  Bruxelles,  la  52e  année  (1885)  de 
F Annuaire  de  cet  Établissement.  —  Remercîments. 

La  Classe  reçoit  encore,  à  titre  d'hommages,  les 
ouvrages  suivants,  pour  lesquels  elle  vote  des  remercî- 
ments aux  auteurs  : 

I.  Deux  notes  récentes  relatives  à  la  théorie  de  l'aberra- 
tion, par  F.  Folie  ; 

La  première,  dit  l'auteur,  a  paru  dans  les  Astrono- 
mische  Nachrichlen,  n°  2607.  J'y  fais  voir  : 

1°  Que  c'est  à  tort  que  les  astronomes  n'ont  pas  tenu 
compte,  jusqu'à  présent,  de  l'aberration  systématique,  dans 
la  recherche  du  mouvement  de  transport  du  système 
solaire  dans  l'espace,  et  que  cette  négligence  peut  pro- 
duire, dans  la  détermination  de  la  position  du  point  vers 
lequel  se  meut  le  soleil,  une  erreur  assez  forte  tant  en 
ascension  qu'en  déclinaison;  celle  erreur  peut  atteindre 
plusieurs  degrés,  si  les  dates  des  observations  que  l'on 
compare  entre  elles  sont  distantes  d'un  siècle  environ 
comme  il  convient  pour  une  détermination  précise; 

2°  Qu'il  est  peu  probable  que  notre  nébuleuse  soit 
animée  d'un  mouvement  de  révolution  autour  d'un  certain 


(  6  ) 
centre,  à  moins  que  le  mouvement  de  transport  du  soleil 
ne  se  confonde  avec  celui  de  la  nébuleuse. 

La  seconde  note  a  paru  dans  la  Revue  astronomique 
dirigée  par  M.  Tisserand. 

Elle  a  pour  objet,  dit  M.  Folie,  la  critique  des  expres- 
sions de  la  constante  de  l'aberration  que  renferme  la 
théorie  d'Yvon-Villarceau  intitulée  :  Théorie  de  l'aber- 
ration, dans  laquelle  il  est  tenu  compte  du  déplacement  du 
système  solaire  (1).  J'y  montre,  en  premier  lieu,  qu'Yvon- 
Villarceau  a  omis  de  tenir  compte  du  terme  même  de 
l'aberration  qui  provient  de  ce  déplacement  ;  en  second 
lieu,  que  l'expression  de  la  constante  de  l'aberration 
annuelle,  qui  est  pour  cet  astronome  le  rapport  de  la 
vitesse  de  la  terre  à  la  résultante  de  la  vitesse  absolue  de 
la  lumière  et  de  la  vitesse  de  transport  du  système  solaire, 
devrait  renfermer,  comme  second  terme,  la  résultante  de 
la  vitesse  absolue  de  la  lumière  et  de  toutes  les  vitesses 
dont  la  terre  est  animée;  qu'au  surplus,  si  l'on  exprime 
les  déplacements  apparents  dus  à  l'aberration  en  fonction 
des  positions  apparentes  des  astres,  ce  coefficient  compliqué 
disparaît  pour  faire  place  à  la  constante  ordinaire  de 
l'aberration  ; 

II.  Sur  la  position  stratigraphique  du  terrain  silurien 
et  des  étages  tertiaires  inférieurs  à  Flobecq,  par  E.  Del- 
vaux,  br.  in-8°; 

III.  Discussion  des  observations  d'orages  faites  en  Bel- 
gique pendant  l'année  1879,  suivie  d'un  appendice  com- 
prenant les  observations  recueillies  depuis  un  siècle,  par 
A.  Lancaster;  extr.  in-4°; 

IV.  Le  laboratoire  et  l'enseignement  de  J.-B.  Dumas, 
par  Félix  Le  Blanc;  extr.  in-8°. 

(1)  Addition  à  la  Connaissance  des  temps  pour  1878. 


(  7  ) 


ELECTIONS. 


La  Classe  procède  à  l'élection  de  son  directeur  pour 
l'année  1886. 

Les  suffrages  se  portent  sur  M.  Éd.  Mailly. 

M.  Dupont,  directeur  sortant,  en  cédant  le  fauteuil  à 
son  successeur,  exprime  sa  gratitude  à  ses  collègues  pour 
le  concours  bienveillant  qu'ils  lui  ont  prêté  dans  l'exercice 
de  ses  fonctions.  —  Applaudissements. 

M.  Morren,  en  prenant  en  main  la  direction  des  travaux 
de  la  Classe,  s'exprime  en  ces  termes  : 

»  Messieurs  et  chers  collègues,  sur  le  point  d'occuper 
les  hautes  fonctions  auxquelles  vous  m'avez  appelé,  j'en 
apprécie  l'importance  en  même  temps  que  mon  insuffi- 
sance. Je  compte  sur  vos  sentiments  de  bonne  confra- 
ternité. 

Mon  premier  devoir  est  un  devoir  de  cœur  :  c'est  celui 
de  vous  proposer  de  voter  des  remercîments  à  mon  prédé- 
cesseur pour  le  tact  et  la  courtoisie  avec  lesquels  il  a 
rempli  son  mandat. 

La  considération  de  notre  corps  savant  a  grandi  sous  sa 
présidence.  Sa  ponctualité  a  été  constante  :  il  tenait  à 
cœur  de  ne  manquer  à  aucune  de  nos  réunions  et,  souvent, 
il  a  dû  faire  un  long  voyage  pour  arriver  parmi  nous.  » 
—  Applaudissements. 

M.  le  directeur  invite  M.  Mailly  à  prendre  place  à  côté 
de  lui. 

«  C'est  un  grand  honneur  pour  moi,  dit  M.  Mailly,  que 
d'être  appelé  à  faire  partie  du  bureau  ;  je  vous  remercie, 
Messieurs,  de  la  preuve  d'estime  et  de  confiance  que  vous 
m'avez  donnée.  »  —  Applaudissements. 


(8) 
—  M.  le  secrétaire  perpétuel  informe  l'assemblée  que  la 
Classe  des  lettres,  dans  sa  dernière  séance,  a  choisi  deux 
membres  de  la  Classe  des  sciences,  MM.  Candèze  et  Cata- 
lan, afin  de  faire  partie  du  jury  De  Keyn  pour  cette  année. 
—  Cette  élection  est  ratifiée. 


RAPPORTS. 


La  Classe  entend  la  lecture  des  rapports  de  MM.  Van 
Beneden  père  et  fils,  Morren  et  Plateau  sur  la  requête  par 
laquelle  M.  Camoy,  professeur  à  l'Université  de  Louvain, 
demande  à  être  envoyé  au  laboratoire  de  zoologie  à 
Naples,  à  l'effet  d'y  étudier  :  «  La  spermatogénèse  et,  par 
concomitance,  la  division  cellulaire  des  crustacés  marins  ». 
Ces  rapports  seront  communiqués  à  M.  le  Ministre  de 
l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des  Travaux  publics, 
comme  suite  à  ses  dépêches  du  8  août  et  du  22  décem- 
bre 1884. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Quelques  membres  ayant  exprimé  le  désir  d'obtenir  des 
renseignements  sur  le  tremblement  de  terre  dont  les 
effets,  au  dire  de  certains  journaux,  se  seraient  fait  sentir 
dernièrement  à  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles,  M.  le 
général  Liagre,  membre  du  comité  directeur  de  cet  éta- 


(  9  ) 
blissement,  déclare  que,  dans  son  opinion,  les  phénomènes 
signalés  n'ont  aucune  réalité. 

Une  des  pendules  astronomiques  de  l'Observatoire  s'étant 
arrêtée,  l'horloger  a  cru,  au  premier  moment,  pouvoir 
attribuer  cette  particularité  à  ce  que  le  support  de  l'in- 
strument s'était  incliné;  mais  l'horloge  s'étant  arrêtée  une 
seconde  fois  le  lendemain,  un  nouvel  examen  de  son 
mécanisme  a  permis  de  constater  qu'un  léger  frottement 
s'était  établi  entre  deux  de  ses  axes. 

Quant  à  la  variation  de  niveau  accusée  à^  la  même 
époque  par  l'axe  de  la  lunette  méridienne,  et  dont  les 
journaux  ont  également  parlé,  elle  ne  s'est  élevée,  dit 
M.  le  général  Liagre,  qu'à  un  centième  de  seconde  de 
temps,  ce  qui  ne  présente  rien  d'anormal,  et  rentre  dans 
les  limites  des  variations  ordinaires. 

Les  appareils  enregistreurs  du  service  météorologique 
de  l'établissement  n'ont  d'ailleurs  fourni  aucune  trace  de 
perturbation. 


Note  sur  la  Méthode  des  moindres  carrés  ,•  par  P.  Man- 
sion,  correspondant  de  l'Académie. 

1.  Objet  de  la  présente  Note.  Legendre  a  fait  connaî- 
tre, en  1805,  la  Méthode  des  moindres  carrés,  que  Gauss 
et  Laplace  ont  ultérieurement  rattachée  au  Calcul  des 
Probabilités,  par  des  considérations  très  délicates  Cette 
méthode  permet  de  trouver  les  valeurs  approchées  de  m 
inconnues  liées  entre  elles  par  (m-hn)  équations  linéaires, 
à  peu  près  compatibles  entre  elles.  Pour  arriver  à  ce 
résultat,  on  substitue,  aux  (m-t-ri)  équations  données,  un 
système  de  m  équations  seulement,  dites  équations  nor- 


(  10) 
maies,  qui  s'obtiennent  par  un  procédé  extrêmement  sim- 
ple, mais  exigeant  des  calculs  assez  laborieux. 

Dans  cette  Note,  nous  montrons  que  le  système  normal 
peut  être  remplacé  par  un  autre,  dit  système  auxiliaire,  que 
l'on  déduit  des  équations  données,  sans  a;:cun  calcul,  mais 
qui  contient  (m -+-«)+ m  inconnues.  Celte  remarque,  trop 
simple  sans  doute  pour  avoir  échappé  à  l'attention  des 
géomètres  qui  se  sont  occupés  de  la  méthode  des  moindres 
carrés,  a  surtout  de  l'importance  au  point  de  vue  théo- 
rique. En  résolvant,  par  exemple,  le  système  auxiliaire, 
on  retrouve  immédiatement  le  beau  théorème  sur  les  moin- 
dres carrés,  par  lequel  Jacobi  termine  sa  Théorie  des 
Déterminants.  En  éliminant  entre  les  équations  du  système 
auxiliaire,  par  les  déterminants,  un  certain  nombre  d'incon- 
nues, on  est  conduit  à  un  autre  théorème,  dont  la  démon- 
stration est  l'objet  principal  de  celte  Note.  Ce  théorème 
est,  à  la  fois,  la  généralisation  de  celui  de  Jacobi  et  de 
celui  que  M.  Catalan  démontre  dans  le  premier  paragraphe 
de  son  Mémoire  intitulé  :  Remarques  sur  la  Théorie  des 
moindres  carrés  et  il  peut  se  déduire  de  celui-ci. 

Au  point  de  vue  pratique,  la  substitution  du  système 
auxiliaire  au  système  normal  pourra  quelquefois  être  utile, 
parce  que  le  premier  est  plus  facile  à  transformer  que  le 
second. 

2.  Système  auxiliaire.  Pour  plus  de  simplicité,  consi- 
dérons seulement  cinq  équations,  supposées  à  peu  près 
compatibles,  entre  quatre  inconnues,  savoir  : 

axx  -+-  bty  -+-  CiZ  -+-  gxt  =  /«,, 

tifX  -+-  b$j  -+-  c.2z  -+-  q4  —  /'2> 

I.  a5x  -+■  b5y  -4-  czz  -+-  gzt  =  /»3, 

a^x  ■+-  biy  -+-  C&  -+-  gj,  =  h^ 

asx  -+-  bsy  -f-  csz  -+-  gst  =  hs . 


(  H  ) 
Le  système  normal  correspondant  sera,  en  employant 
les  notations  de  Causs  (*) 


(a«)X  -+-  (ab)Y  -+-  (ac)Z  -+-  (ag)T  = 

-(«*), 

(ab)X  -4-  (66)Y  h-  (6c)Z  h-  (6gf)T  = 

-(M), 

(ac)X  -4-  (6c)Y  -*-  (cc)Z  -4-  (cgr)T  = 

-  (c/0, 

(ah)X  +  (bg)Y  +  (cg)Z+(gg)T  = 

=w- 

II. 


Substituons  les  valeurs  de  X,  Y,  Z,  T,  déduites  de  ce 
système,  à  la  place  de  x,  y,  z,  t  dans  les  équations  données 
et  soient  e4,  e2,  £3,  s4,  eb  les  erreurs  ou  différences  entre 
les  premiers  et  les  seconds  membres.  On  aura 

a,X  -+-  blY  -t-  CjZ  -t-  gf4T  =  /«j  -+-  e,, 
a2X  -4-  62Y  -+-  c2Z  -+-  g2T  =  /*2  +  e2, 
III.  a3X  -t-  63Y  -+-  c3Z  -+-  <jf3T  =  h5  -t-  ts, 

a4X  -+■  64Y  -+-  c4Z  -4-  gf4T  =  /*4  -+-  e4, 
asX  -v-  65Y  -+-  c5Z  -+-  g5T  =  hs  -+-  es. 

En  appliquant,  à  ces  dernières  équations,  la  méthode 
des  moindres  carrés,  et  tenant  compte  du  système  II,  on 
trouve  immédiatement,  entre  les  inconnues  auxiliaires  e, 
les  quatre  équations  suivantes  : 

a,t,  -+-  a2f2  -+-  «3?3  -+-  a4e4  -+-  aBfs  =  0, 
6,f,  -+-  62e2  -+-  fc3<r3  -+-  64e4  -+-  6sf5  =  0, 
Cje,  -t-  c2e2  -»-  c3c3  -t-  c4f4  -+-  CS5S  =  0, 

Le  système  des  neuf  équations  III,  IV  est  évidemment 
équivalent  au  système  normal  IL 

3.  Théorème.  Si  l'on  élimine,  par  la  théorie  des  déter- 
minants, DE  TOUTES  LES  MANIÈRES  POSSIBLES,  p   inconnues 

(*)  On  pose,  comme  l'on  sait, 

(aa)  =  a\  -+-  a;  -+-  a\  -4-  a\  -t-  a\ , 
{ab)  —  «jô,  -4-  a2&2  -t-  fla68  -+-  a46,  -4-  asb5, 
et  de  même  pour  les  autres  expressions  symboliques. 


(  12  ) 
entre  m +  n  équations  linéaires  à  peu  près  compatibles  et 
contenant  m  inconnues,  le  système  normal  des  équations 
ainsi  obtenues  conduit,  pour  les  m — p  inconnues  restantes, 
aux  mêmes  valeurs  que  le  système  normal  des  équations 
primitives.  Il  suffira  de  démontrer  le  théorème  pour  le 
système  considéré  plus  haut,  en  faisant  p=2et  éliminant 
z  et  t,  par  exemple. 

En  éliminant  z  et  t,  par  les  déterminants,  d'abord  entre 
les  équations  I,  puis  entre  les  équations  III,  on  trouve 

^#3 1  y  =p  |  htc,g3  | , 


V. 


VI. 


fàlC$(fs  |  x 
QiC^i  |  X 


a{c2g-ô  |  X  -+-  |  6^3  |  Y  =  |  /t,r2#3  |  -+-  |  e,c#3 
«1^4  |  X  -4-  I  b^gi  |  Y  =  |  /?jc2#,  |  -h  |  e,c,</4 


Le  théorème  sera  démontré,  si  l'on  trouve  le  même 
système  normal  en  appliquant  la  méthode  des  moindres 
carrés  aux  équations  V  ou  aux  équations  VI.  Pour  cela,  il 
suffit  que  l'on  ait,  identiquement  : 

|  «1^3  |    |  fiCo.93  !  +  I  a&gi  |    |  e&gt  |  -+-  etc.  =  0, 
|  b{c2g-0  |    |  EjCggfg  |  -4-  |  6^,  |    |  flc^4  |  -+-  etc.  =  0. 

Le  premier  membre  de  la  première  de  ces  relations  est 
évidemment  égal  au  déterminant  suivant  : 


«1 

Ci 

9i 

1 

0 

0 

0 

0 

a2 

Cj 

.92 

0 

1 

0 

0 

0 

«3 

ez 

0* 

0 

0 

1 

0 

0 

«4 

Ci 

g* 

0 

0 

0 

i 

0 

«5 

c5 

9» 

0 

0 

0 

0 

1 

0 

0 

0 

£1 

fg 

£3 

£4 

f» 

0 

0 

0 

Ci 

Ci 

c3 

c« 

Cs 

0 

0 

0 

Q\ 

q?. 

<t* 

94 

</•; 

(13) 

Multiplions  les  colonnes  A,  5, 6,  7,8  successivement  par 
[ait  a2,  a3,  a4,  a5),  (6^  bit  63,  64,  6S),  (gr1f  g2,  gr5,  04,  ^s)  et 
retranchons-les  respectivement  de  la  première,  de  la 
deuxième  et  de  la  troisième  colonne.  Le  déterminant  de- 
viendra, d'après  les  équations  IV  : 


0 

0 

0 

1 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

1 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

i 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

4 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

*i 

fa 

H 

<ù 

e« 

(ac)     (cg)     (cg)     c,     ca     c3     c,     cs 
(ag)     (ce)     (gg)     gK     g,     g3    g      gs 

Or,  ce  déterminant  est  nul,  parce  que  chacun  de  ces 
termes  contient  au  moins  un  facteur  égal  à  zéro. 

On  établit  de  même  la  seconde  relation.  Le  théorème 
est  donc  démontré. 

4.  Exemple  numérique.  Les  équations,  à  peu  près  com- 
patibles, 

(i)  2x  -+-  Zy  -+-  iz  -+-    £  =  -t-2, 

(2)  5a:-t-4î/-+-    z-t-2f=-+-6, 

(3)  3x -+-    y  -+-  2z  -4-  3t  =  —  2, 

(4)  a:  -+-  4?/  -4-  4«  -+■    f  =  —  i , 

(5)  a:  -t-  2y  —   «  —    r=  -t-  6 

conduisent  au  système  normal 

24X  -t-  27Y  +  20Z  -*-  47T  =  21, 
27X  -h  46Y  +  32Z  -*-  16T  =  36, 
20X4-  32Y-+-  58Z-*-  17T  =  0, 
17X-t-d6Y-f-17Z-t-16T=    i, 

qui  ont  pour  solution 

X  =  2,  Y  =  l,  Z  =  — 1,  T  =  — 2. 


(  *4  ) 
Les  erreurs  correspondantes  sont 

f,  =  —  1,  f  2  = — 1,  £3=1,  fi—lj  %=!. 

Ces  valeurs  vérifient  les  équations 

2e4  -+-  3ej  -+-  5fj  ■+■    f t  -+-    f5  =  0, 

3e!  ■+■  4f8  -4-    e3  -+-  4?t  h-  2f„  =  0, 

4c4  -4-    e2  -+-  2f3  -+-  4c,  —    f5  =  0, 

f ,  -4-  2r2  -+-  3e3  -+-    f4  —    es  =  0. 

En  éliminant  par  les  déterminants,  z  et  t,  de  toutes 
les  manières  possibles  entre  les  équations  données,  il 
viendra 

(123)  —  lia:  —  36?/  =  —  76, 

(124)  —    7x  -*-    7j/  =  — 21, 

(125)  4 8x -*- 29y  = -+-  62, 
(154)  —  10x  +  10*/=  —  30, 
(135)  24x -t- 26?/= -+- 56, 
(145)  —    3x -+-    3?/  =  —    9, 

(234)  _  1 0x  —  57?/  =  —  73, 

(235)  —  x -+-  !/  =  -+-  2, 
(245)  —  17x—  30?/  =  —  59, 
(345)  —  20x  —  27?/  =  —  53. 

Le  système  normal  correspondant 

1854X-4-2725Y=    6393, 
2725X-H  5970Y  =  14420, 

a  pour  solution  X  =  2,  Y  =  1 . 


(  «  ) 


CLASSE    DES   LETTRES. 


Séance  du  6  janvier  4885. 

M.  Wagener,  directeur  pour  l'année  1884,  occupe  le 
fauteuil. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Piot,  directeur  de  la  Classe  et  pré- 
sident de  r Académie  pour  1885;  Gachard,  P.  De  Decker, 
Ch.  Faider,  Thonissen,  Th.  Juste,  Félix  Nève,  Alph.  Wau- 
ters,  Êm.  de  Laveleye,  P.  Willems,  F.  Tielemans,  G.  Rolin- 
Jaequemyns,  S.  Bormans,  Ch.  Potvin,  T.-J.  Lamy, 
A.  Scheler,  P.  Henrard,  membres;  J.  Nolet  de  Brauwere 
van  Sleeland,  Alph.  Rivier,  associés;  et  Ch.  Loomans  cor- 
respondant. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des  Tra- 
vaux publics  adresse  une  expédition  d'un  arrêté  royal  en 
date  du  10  décembre  dernier,  qui  nomme  président  de 
l'Académie  pour  1885  M.  Charles  Piot,  directeur  de  la 
Classe  des  lettres  pour  ladite  année. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  adresse  une  expédition 
d'un  arrêté  royal  de  la  même  date,  nommant  MM.  Bourson, 


(  16  ) 

De  Monge,  Fétis,  Guilliaume  et  Siret  membres  du  jury 
chargé  de  juger  le  concours  triennal  de  littérature  drama- 
tique en  langue  française  pour  la  période  de  1882-1884. 

—  M.  L.  Denis,  secrétaire  de  l'Université  de  Bruxelles, 
envoie,  tant  pour  la  bibliothèque  de  l'Académie  que  pour 
les  membres,  correspondants  et  associés  des  trois  Classes, 
la  Notice  historique,  publiée  par  M.  Léon  Vanderkindere  à 
l'occasion  du  cinquantenaire  de  la  fondation  de  l'Univer- 
sité de  Bruxelles  (1834-1884).  Vol.  gr.  in-8°.  —  Remer- 
cîments. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  dépose  sur  le  bureau 
Y  Annuaire  de  l'Académie  pour  l'année  1885. 

—  M.  Potvin  fait  don  à  la  bibliothèque  de  l'Académie 
d'un  certain  nombre  d'ouvrages  littéraires  (environ  un  mil- 
lier de  volumes  et  brochures),  qui  faisaient  partie  de  sa 
bibliothèque  et  qui  concernent  notre  littérature  nationale. 

La  Classe  vote  des  remercîments  à  M.  Potvin  pour  ce 
don. 

Elle  a  également  volé  des  remercîments  aux  auteurs  et 
donateurs  des  ouvrages  suivants  : 

1°  La  topique  constitutionnelle,  discours  à  la  cour  de 
cassation,  par  M.  Ch.  Faider,  in  8°; 

2°  a)  Bruxelles  en  4815;  b)  Mirabeau,  par  Th.  Juste, 
2  vol.  in-16; 

3°  Histoire  de  huit  bêtes  et  d'une  poupée,  par  C.  Lemon- 
nier.  vol.  in-16; 

4°  V éducation  physique,  par  Vincent  De  Block,  in-18; 

5°  La  poésie  néerlandaise  en  Belgique,  son  passé,  par 
Pol  de  Mont,  2  extraits  in-4°; 

6°  Inventaire  analytique  des  archives  des  États  de  Hai- 


(  17  .) 

naut,  par  L.  Devillers,   tome  Ier,  in-4°,    présenté   par 
M.  S.  Bormans  avec  la  note  bibliographique  suivante  : 


Note  bibliographique  par  M.  Bormans. 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  au  nom  de  M.  Léo- 
pold  Devillers,  mon  collègue  à  la  Commission  royale 
d'histoire,  le  tome  Ier  de  Y  Inventaire  analytique  des 
archives  des  États  de  Hainaut  {Mons,  Hector  Manceau,  1884, 
ccvn-311  pages,  in-4°). 

Ce  volume  ne  contient  pas  seulement  un  inventaire 
raisonné  des  chartes,  de  1200  à  1794,  et  des  résolutions 
des  États  de  Hainaut,  de  1527  à  1600  :  on  y  trouve,  sous 
forme  d'introduction,  un  travail  très  important  sur  l'ori- 
gine, l'organisation  et  les  fastes  de  cet  ancien  corps  repré- 
sentatif. L'auteur  y  a  réuni,  comme  en  un  faisceau,  des 
souvenirs  authentiques  sur  405  assemblées  tenues  de 
1338  à  1527,  époque  où  commence  le  premier  recueil  des 
actes  des  États  de  Hainaut.  La  table  alphabétique  des 
matières  ne  comprend  pas  moins  de  2,915  noms. 

Cette  publication  rendra  de  sérieux  services  à  l'histoire 
nationale.  » 


élections. 

La  Classe  procède  à  l'élection  de  son  directeur  pour 
l'année  1886.  Les  suffrages  se  portent  sur  M.  P.  Willems. 

M.  Wagener,  directeur  sortant,  remercie  ses  confrères 
pour  le  concours  bienveillant  dont  il  a  été  l'objet  de  leur 
part  pendant  l'année  écoulée,  et  qui  lui  a  rendu  facile, 
ajoute-t-il,  l'accomplissement  de  ses  fonctions. 

3me   SÉRIE,  TOME  IX.  2 


(  18  ) 

Après  avoir  payé  un  dernier  hommage  à  la  mémoire  des 
membres  et  correspondants  morts  pendant  l'année  1884, 
MM.  Vandenpeereboom,  Heremans  et  Hymans,  ainsi  que 
des  associés,  MM.  Mignel,  Lepsius  et  Arnlz,  M.  Wagener 
cède  le  fauteuil  à  son  successeur,  M.  Piot,  lequel  propose 
à  la  Classe  de  voter,  par  acclamation,  des  remercîraents  à 
M.  Wagener  pour  le  tact  et  l'impartialité  avec  lesquels  il  a 
dirigé  les  travaux  de  la  Classe.  —  Applaudissements. 

M.  Willems,  invité  à  venir  prendre  place  au  bureau, 
remercie  ses  confrères  du  témoignage  de  sympathie  et  de 
bienveillance  dont  il  vient  d'être  l'objet  et  dont  il  lâchera, 
dit-il,  de  se  rendre  digne. 


PRIX.  BK    Ki: VV 

troisième  concours  :  lre  période,  1883-1884. 
Enseignement  'primaire. 

La  Classe  procède  à  l'élection  des  sept  membres  qui 
seront  chargés  déjuger  le  concours  pour  les  prix  De  Keyn, 
pendant  l'année  1885  : 

Sont  élus  : 

MM.  Catalan  et  Candèze,  membres  de  la  Classe  des 
sciences;  Potvin,  Slecher,  Roersch,  Wagener  et  Waulers, 
membres  de  la  Classe  des  lettres. 

—  La  Classe  a  pris  notification,  à  ce  sujet,  des  ouvrages 
reçus  pour  le  concours  avant  le  31  décembre. 


I  *9  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-ARTS. 


Séance  du  8  janvier  4885. 

M.  Slingenéyer,  directeur  pour  1884,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  Pauli,  directeur  pour  4885;  L.  Al  vin, 
Jos.  Geefs,  C.-A.  Fraikin,  Éd.  Fétis,  Alph.  Balat,  le  che- 
valier L.  de  Burbure,  Ad.  Siret,  A.  Robert,  F.-A.  Gevaert, 
Ad.  Samuel,  G.  Guffens,  J.  Schadde,  Th.  Radoux,  Peter 
Benoit,  Jos.  Jaquet,  J.  Demannez,  P.-J.  Clavs,  Ch.  Verlat, 
Gustave  Biot,  membres;  Alex.  Markelbach  et  le  chevalier 
Edm.  Marchai,  correspondants. 

Avant  la  lecture  du  procès -verbal,  M.  Markelbach 
demande  la  parole  pour  rappeler  que,  dans  la  dernière 
séance,  à  laquelle  il  n'a  pu  assister,  la  Classe,  sur  la  pro- 
position de  son  directeur,  a  bien  voulu  ratifier,  par  ses 
applaudissements,  sa  promotion  d'officier  dans  l'ordre  de 
Léopold. 

Il  remercie  de  tout  cœur  pour  celte  marque  de  sympa- 
thie qui,  à  ses  yeux,  augmente  encore  la  valeur  de  la  dis- 
tinction royale  dont  il  a  été  l'objet.  —  Applaudissements. 


(20) 
CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  adresse  une  ampliation  de  l'arrêté  royal , 
en  date  du  10  décembre  dernier,  qui  nomme  président 
de  l'Académie  pour  1885  M.  Charles  Piot,  directeur  de  la 
Classe  des  lettres  pendant  ladite  année. 

—  Le  même  Ministre,  répondant  au  vœu  émis  par  la 
Classe  des  beaux-arts,  dans  sa  séance  du  4  décembre 
dernier,  de  voir  rétablir  au  Budget  de  son  Département  le 
crédit  de  6,000  francs  accordé,  antérieurement,  en  vue  de 
l'organisation  d'un  grand  festival  annuel  de  musique  clas- 
sique, écrit  a  qu'il  a  le  plus  vif  désir  de  contribuer  à  la 
vulgarisation  des  œuvres  des  grands  maîtres,  mais  que,  eu 
égard  à  la  situation  du  Trésor  public,  il  lui  est  impossible, 
quant  à  présent,  de  solliciter  le  rétablissement  du  crédit 
dont  il  s'agit  ». 

—  L'Académie  royale  des  beaux-arts  d'Anvers  envoie 
le  programme  du  grand  concours  dit  concours  de  Rome, 
qui  sera  ouvert,  en  1885,  pour  la  sculpture. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Aca- 
démie, un  exemplaire  de  la  lre  partie  du  tome  VII  (Les 
Musiciens  néerlandais  en  Espagne),  De  la  musique  aux 
Pays-Bas  avant  le  XIXe  siècle ,  par  Edmond  Vander 
Straeten.  Bruxelles,  1885;  vol.  in-8°.  —  Rcmercîments. 

M.  Albin  Body,  à  Spa,  offre  un  exemplaire  de  son 
ouvrage  intitulé  :  MeyeJ'beer  aux  eaux  de  Spa,  avec  une 
eau-forte  de  G.  Gemay.  Bruxelles,  1885;  in-16.  — 
Remercîments. 


(21  ) 
RAPPORTS. 


Il  est  donné  lecture  des  rapports  de  M.  Siret,  auxquels 
ont  souscrit  MM.  Slingeneyer,  Robert  et  Guffens,  1°  sur 
le  7e  rapport  semestriel  de  M.  Rerni  Cogghe;  2°  sur  le 
1er  rapport  semestriel  de  M.Verbruggen,  lauréats  du  grand 
concours  de  peinture  en  1880  et  en  1883.  —  Ces  docu- 
ments seront  transmis  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture, 
de  l'Industrie  et  des  Travaux  publics. 

—  Sur  la  proposition  de  M.  Gevaert,  président,  appuyée 
par  ses  collègues  de  la  Commission  pour  la  publication  des 
œuvres  des  grands  musiciens,  la  Classe  renvoie  à  cette 
Commission  le  rapport  de  M.  Edouard  Vander  Straelen 
sur  ses  recherches  musicales,  à  Leyde. 


ÉLECTIONS. 

La  Classe  procède  aux  élections  pour  les  places  va- 
cantes. 

Sont  élus  : 

Section  de  sculpture. —  Correspondant  :  M.  Jos.  Ducaju, 
sculpteur  à  Anvers,  en  remplacement  de  M.  Jehotte, 
décédé;  associé  :  M.  Reynold  Begas,  à  Berlin,  en  rempla- 
cement de  M.  Augustin  Dumont,  décédé. 

Section  d'architecture. —  Associé  :  M.  G.  de  Neureuther, 
à  Munich,  en  remplacement  de  M.  Von  Ferstel,  décédé. 

Section  de  musique.  —  Associés  :  MM.  C.  Saint-Saëns, 
à  Paris,  et  Franz  Liszt,  à  Weimar. 

Section  des  sciences  et  des  lettres  dans  leurs  rapports 


(  22  ) 

avec  les  beaux-arts.  —  Membre  titulaire  :  M.  Henri 
Hymans,  déjà  correspondant,  en  remplacement  de  M.  Pin- 
chart,  décédé;  associés  :  MM.  Ch.  de  Linas,  d'Arras,  et 
Gaetano  Milanesi,  de  Florence. 

—  Il  est  procédé  ensuite  à  l'élection  du  directeur  pour 
l'année  1886.  M.  Alvin  est  élu. 

M.  Slingeneyer,  en  cédant  le  fauteuil  à  son  successeur, 
M.  Pauli,  remercie  ses  confrères  pour  la  bienveillance 
qu'ils  n'ont  cessé  de  lui  témoigner.  —  Applaudissements. 

M.  Pauli  propose  à  la  Classe  de  voter  des  remercîmenls 
à  son  prédécesseur  pour  la  manière  distinguée  avec 
laquelle  il  a  rempli  ses  fonctions.  —  Applaudissements. 

M.  Alvin,  en  prenant  place  au  bureau,  s'exprime  ainsi  : 
«  C'est  un  grand  privilège  que  celui  de  l'âge,  lorsque  l'âge 
procure  l'honneur  de  présider  une  assemblée  aussi  dis- 
tinguée que  celle-ci;  mais  j'ai  bien  peur  de  ne  pas  pouvoir 
remplir  mes  fonctions  jusqu'au  bout.  (Protestations.)  Quoi 
qu'il  en  soit,  je  vous  remercie  du  témoignage  d'estime  que 
vous  venez  de  me  donner.  »  —  Applaudissements. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Juste  (Th.).  —  Mirabeau.  Verviers,  1884;   in-46,  HO  pag. 
(Biblioth.  Gilon). 

—  Bruxelles  en  1815.  Bruxelles,   1884;   in-12,  112  pages 
(Collection  nationale). 

Folie  (F.)  —  Un  chapitre  inédit  d'astronomie  sphérique. 
Kiel,  1884;  extr.  in-4°  (7  pages). 

—  Quelques    remarques    sur   la    théorie   de   l'aberration 
d'Yvon  Villarceau.  Paris,  1884;  extr.  in-8°  (5  pages). 


(23) 

F  aider  (Ch.).  —  La  topique  constitutionnelle,  discours  pro- 
noncé le  15  octobre  1884.  Bruxelles,  1884;  in-8°  (15  pages). 

Vander  Straeten  (Edm.).  —  La  musique  aux  Pays-Bas 
avant  le  XIXe  siècle,  t.  VII,  lre  partie.  Bruxelles,  1885;  in-8°. 

Body  (Albin).  —  Meyerbeer  aux  eaux  de  Spa.  Bruxelles, 
1885;  in-1 0(142  pages  avec  une  eau-forte). 

Devilters  (Léop.).  —  Inventaire  analytique  des  archives  des 
États  de  Hainaut,  tome  1er.  Mons,  1884;  vol.  in-4°. 

Lemonnier  (C).  —  Histoire  de  huit  bêtes  et  d'une  poupée. 
Paris,  1884;  vol  in-10  (142  pages,  fig.) 

Jadoul  (Léop.).  —  Traité  élémentaire  de  géométrie  compre- 
nant une  nouvelle  théorie  de  parallèles  fondée  sur  la  démons- 
tration du  postulatum  d'Euclide.  Namur,  1881 ,  in-8°  (55  p.). 

Remouchamps  (Éd.).  —  Sur  les  glandes  à  musc  de  l'Alliga- 
tor. Bruxelles,  1884;  in-8°  (16  pages,  fig.). 

Mont  (Pol  de).  —  La  poésie  néerlandaise  en  Belgique, 
son  passé.  Paris,  1884;  2  ext.  in-4°  (15  pages). 

De  Block  (Vincent).  —  L'éducation  physique  au  moyen  des 
exercices  corporels  dans  nos  établissements  d'instruction. 
Mons,  1885;  in-18  (250  pages). 

Lancaster  (A .).  —  Discussion  des  observations  d'orages 
faites  en  Belgique  pendant  l'année  1879,  suivie  d'un  appendice 
comprenant  les  observations  recueillies  depuis  un  siècle. 
Bruxelles,  1885;  extr.  in-4°  (58  pages). 

Delvaux  (É.).  —  Documents  sur  la  position  stratigraphique 
du  terrain  silurien  et  des  étages  tertiaires  inférieurs,  qui  for- 
ment le  sous-sol  de  la  commune  de  Flobecq.  Liège,  1885; 
extr.  in-8°  (10  pages). 

In  memoriam  J.-F.-J.  Heremans:  27  januari  1825-13  maart 
1884.  Gand;  in-8°  (89  pages). 

Institut  cartographique  militaire.  —  Carte  de  la  Belgique 
à  l'échelle  du  100,000e:  chemins  de  fer,  routes,  chemins  pavés 
et  empierrés,  cours  d'eau  importants.  Bruxelles,  1884;  0  feuil. 
in-plano  avec  note  explicative  et  feuille  d'assemblage. 


(24  ) 

Observatoire  royal  de  Bruxelles.  —  Annuaire,  1885, 
52e  année.  Bruxelles,  1884;  in-16. 

Université  de  Bruxelles.  —  1854-1884  :  Notice  historique 
faite  à  la  demande  du  conseil  d'administration,  par  L.  Vander- 
kindere.  Bruxelles,  1884;  vol.  gr.  in-8°. 

Société  des  sciences  et  lettres.  Athénée  oriental.  —  Le  Mu- 
séon,  revue  internationale,  t.  III.  Louvain,  Paris,  1884;  in-8°. 

Université  catholique  de  Louvain.  —  Annuaire,  1885.  In-16. 

Collection  nationale,  série  in-12. 

1.  Le  Doudou  ,  souvenirs  d'un  fifre  montois,  par  A.-J. 
Wauters. 

2.  La  découverte  de  l'Amérique,  racontée  par  Pietcr  Devos, 
compagnon  de  Christophe  Colomb,  par  A.-J.  Wauters. 

5.  Le  Royaume  des  Éléphants,  voyage  au  Pays  de  l'Ivoire, 
par  A.-J.  Wauters. 

4.  Le  Congrès  national  de  1830  et  la  Constitution  de  1881 , 
par  L.  Hymans. 

5.  Histoire  d'un  petit  tailleur  et  d'une  machine  à  coudre, 
par  E.  Landoy. 

6    Contes  brabançons,  par  M.  Rety. 

7.  Petit  Manuel  du  citoyen  belge,  par  T.  Davy. 

8.  Le  Chemiîi  de  fer,  par  L.  Hymans. 

9.  Voyage  en  Espagne,  par  P.  Monplaisir. 

10.  Les  Pierres  précieuses,  par  A.-J.  Wauters. 

11.  Nos  Amies  les  plantes,  par  P.  Monplaisir. 

12.  Anneessens  martyr,  par  E.  Leclercq. 

13.  Henri  Conscience,  par  G.  Eekhoud. 

14.  Trois  récits  de  grand-père,  traduits  du  flamand  par 
J.  Elseni,  d'après  P.  Geiregat. 

15.  Myosotis,  quatre  contes,  traduits  du  flamand  par 
J.  Elseni,  d'après  P.  Geiregat. 

16.  De  Bruxelles  à  Karèma,  par  A.-J.  Wauters. 


(  23  ) 

17.  Promenade  dans  la  lune,  par  Hannot. 

18.  Souvenirs  de  voyage  :  Halie-Suisse,  par  L.  Hymans. 

19.  Jeunesse  et  Vacances,  par  L.  Hymans. 

20.  Le  Pays  des  Fleurs,  par  P.  Monplaisir. 

21.  22  et  25.  Les  Gueux  de  Mer,  ou   la   Belgique  sous  le 
duc  d'Albe,  par  H.-G.  Moke. 

24.  Bruxelles  au  temps  jadis,  par  L.  Hymans. 

25.  Histoire  d'une  statue,  par  E.  Leclercq. 

26.  Les  Végétaux  inférieurs,  par  L.  Pire. 

27.  Histoire  orientale  et  point  merveilleuse,  par  De  Puydt. 

28.  Les  premiers  âges  de  la  terre  et  l'Homme  fossile,  par 
J.  Chalon. 

29.  De  Bruxelles  à  Milan,  par  A.-J.  Wauters. 

30.  Les  Jeudis  du  Docteur  Kaferman,  par  Ch.  Kerremans. 
51.  Souvenirs  d'une  Famille  bruxelloise,  par  E.  Lagrange. 
32.  La  Beauté  dans  la  nature  et  dans  l'art,  par  E.  Leclercq. 
53.   Petite  Causerie  sur  la  Société,  par  L.  De  Permentier. 

34.  En  Norvège.  —  Christiania  et  le  Thêlémark,  par  Jules 
Leclercq. 

35.  L'Ecole  de  Pontillien,  par  E.-J.  Dardenne. 

56.  Les  Bêtes  du  professeur  Mètaphus,  par  Edm.  Cattier. 

37.  Henri  Pestalozzi,  par  Georges  Mallet. 

38.  Juges,  Avocats  et  Plaideurs,  par  H.  Frick. 

39.  Histoire  d'une  goutte  d'eau,  par  Van  der  Mensbrugghe. 

40.  Bonheur  tardif  et  Le  prudent  Bruno,  par  Emile  Del  tan. 

41.  Les  Condiments,  par  Louis  Pire. 

42.  Une  Chasse  aux  papillons,  par  H.  Donckier  de  Donceel. 

43.  Une  excursion  à  la  grotte  de  Han,  par  L.  De  Permentier. 

44.  Autrefois  et  aujourd'hui.  —  Les  moyens  de  transport  et 
de  communication,  par  Albert  Dubois. 

45.  Ecole  et  cabaret,  par  K.  Versnaeyen. 

46.  Petites  choses  et  Grandes  leçons,  par  E.  Lagrange. 

47.  Une  Nuit  sous  terre,  par  Martinus. 

48.  Les  Oiseaux  utiles,  par  Eug.  Bolsaie. 

5me  SÉRIE,  TOME  IX.  3 


(2(i  ) 

49.  Les  sept  Merveilles  du  monde,  par  Jules  Carlier. 

50.  Un  Verre  d'eau,  par  Paul  Combes. 

51.  La  Grotte  merveilleuse,  par  Emile  Tandel. 

52.  Trois  camarades  d'école,  par  Emile  Tandel. 
55.   Une  Enfant  solitaire,  par  Emile  Tandel. 

54.  Dans  une  Mine.  —  Voyage  au  pays  de  la  houille,  par 
L.  De  Pcrmentier. 

55.  La  Navigation,  par  Eug.  Bolsaie. 

56.  Dans  les  Alpes. —  Grindelwald-Chamounix,  par  Louis 
Navez. 

57.  Dans  les  Alpes. —  Zermatt-Montreux,  par  Louis  Navez. 

58.  Guillaume  te  Taciturne  et  Marnix  de  Sainte-A  Idegonde, 
par  Ernest  Discailles. 

59.  Les  Ecoles  au  moyen  âge,  par  E.  Lagrange. 

60.  Ecole  buissonnière  à  travers  la  chimief  par  Airelle. 

61.  Bruxelles  en  1815,  par  Théodore  Juste. 

62.  Julien  Sibret.  La  vie  militaire  en  Belgique,  par  Eugène 
Orelio. 

65.  Petite  Histoire  des  grands  peintres.  —  Antiquité.  — 
Ecole  italienne,  par  Lucien  Solvay. 

64.  De  Bruxei.es  au  Caire,  par  Barth. 

65.  Les  Galères  du  roi,  par  E.  Lagrange. 

1.  Lotgevallen  van  mijnpistool,  doorTh.Van  Haesendonck. 

2.  George  Slephenson,    of  wat   nadenken   vermag ,    naar 
Samuel  Smiles,  door  W.-O.  Von  Horn. 

5.  James  Watt,  ofwal  er  van  een  veehoeder  al  groeien  kan, 
naar  Samuel  Smiles,  door  W.-O.  Von  Horn. 

4.  Tvoee  vaderlandsche  martelaars  :  Anneessens-Chapuis, 
door  E  Van  Bergen. 

5.  Historische  schetsen  voor  het  volk,  door  E.  Van  Bergen. 

6.  De    Ontdekking   van    Amerika  ,    verhaald  door  Pieter 
Devos,  gezel  van  Christofïel  Colomb,  door  A.-J.  Wauters. 

7.  Hendrik  Conscience,  door  George  Eekhoud. 

8.  De  Groote  Markt  te  Brussel,  door  H.  Van  Kalken. 


(27) 

Série  in-8". 

Le  petit  forgeron.  —  Le  petit  menuisier.  —  Le  petit  bou- 
langer. 

Les  mémoires  d'une  lycose,  par  Léon  Becker. 

Les  bêtes  du  professeur  Mèlaphus,  par  Edm.  Cattier. 

Souvenirs  de  voyage.  En  Italie,  par  Louis  Hymans. 

Série  in- A". 
Le  vieil  Anvers  et  le  nouvel  Anvers,  par  V.-A.  Lagye. 

Amérique. 

Naval  Observatory,  Washington. —  Report  for  1884.  In-8°. 

Observatorio  astronomico  de  Santiago.  —  Observaciones 
raeteorologicas,  1875-81.  In  -8°. 

Washington  Observatory. —  Observations,  1880.  In-4°. 

Department  of  agriculture.  —  Report  for  the  year  1883. 
Washington;  vol.  in-8°. 

U.  S.  geological  Survey. —  Minerai  resources  of  the  United 
States  (Albert  William).  —  Washington,  1883;  vol.  in-8°. 

Allemagne  et  Autriche-Hongrie. 

Naturforschende  Gesellschaft ,  Bamberg.  —  Dreizehnter 
Bericht  :  Fest-Schrift  zur  Habsecular-Feier,  1884.  In-8°. 

Akademie  der  Wissenschaften,  Wien.  —  Sitzungsberichte 
philos.-histor.  Classe,  Band  CIV,  1  und  2^CV,  1-3;  CVI,  1  und 
2.  Sitzungsberichte,  math,  naturw.  I.  Abthlg.  1883,  6-10; 
1884,  1-5.  IL  Abthlg.  1883,  6-10;  1884,  1-5.  III.  Abth. 
1883,  4-10;  1884;  1  und  2.  —  Denkschriften,  mathem. 
Classe.  Band  47.  —  Denkschr.  histor.  Classe,  Band  34.  — 
Archiv.  65.  Band  1  und  2.  —  Fontes  rerum  Austriacarum, 
Abtheilg.  IL  Band  43.  —  Almanach,  1884. 


(28) 

France. 

Le  Blanc  (Félix).  —  Le  laboratoire  et  l'enseignement  de 
J.-B.  Dumas.  Paris,  1884;  extr.  in-8°(15  pages). 

Quesneville  (G.).  —  Nouvelles  méthodes  pour  la  détermina- 
tion des  éléments  du  lait  et  de  ses  falsifications.  Paris,  1884; 
vol.  in-4°  (105  pages). 

Vial  (L.-Ch.).  —  La  chaleur  et  le  froid,  2e  supplément. 
Paris,  1884;  in-8°  (47  pages). 

Italie. 

Pappafava  (Vladimir).  —  Il  diritto  internazionale  privato, 
delineazioni  storico-giuridiche.  Zara,  1884;  in-8°  (58  pages). 

—  Noticia  historica  sobre  el  notariado  desde  los  tiempos 
mas  remotos  basta  nuestros  dias,  traduccion  de  la  sra.  dona 
Consuelo  Gonzalo  de  las  Casas.  Pola ,  1884;  in-8°  (16  pages). 

—  Ueber  die  Vollstreckbarkeit  der  notariellen  Acte,  iïber- 
setztvon  H.  Bick.  Vienne,  1885;  extr.  in-8°  (18  pages). 

Accademia  Olimpica  di  Vicenza.  —  Atti,  vol.  XVII,  1882. 
ln-8°. 

Pays  divers. 

Warfvinge  (F.-W.).  —  Arsberattelse  fran  Sabbatsbergs 
Sjukhus  i  Stockholm,  1883.  In-8°. 

Aleman  (L.).  —  Grammaire  élémentaire  de  la  langue  Qui- 
chée  publiée  par  A.  Blomme.  Copenhague,  1884;  in-8°  (26  p.). 

Institut  royal  géologique  de  Suède.  —  Cartes  géologiques 
de  la  Suède,  ser.  Aa,  nos  88  et  91  ;  ser.  A6,  n°  10;  ser.  Ba,  n°  4; 
ser.  C,  nos  61-64,  66.  Stockholm;  9  br.  in-8°  et  in-4°,  et 
5  cartes  in-plano. 

Musée  Rouminantzov,  Moscou.  —  Rapport  de  l'Établisse- 
ment pour  1879-82.  —  Catalogue  des  monnaies,  fasc.  I. 
Moscou,  1884;  2  vol.  in-8°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

1885.  —  N°  2. 


CLASSE  DES  SCIENCES. 


Séance  du  7  février  4885. 

M.  Éd.  Morren,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents: MM.  Éd.  Mailly,  vice-directeur;  J.-S.  Stas, 
P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Longchamps, 
Melsens,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Candèze,  Ch.  Mon- 
ligny,  Brialmont,  Éd.  Dupont,Éd.VanBeneden,  C.Malaise, 
F.  Folie,  F.  Crépin,  J.  De  Tilly,  F.-L.  Cornet,  Ch.  Van 
Bambeke,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  W.Spring,  membres; 
E.  Catalan,  associé;  L.  Fredericq,  V.  Masius,  P.  Mansion, 
A.  Renard,  et  P.  De  Heen,  correspondants. 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  4 


(30) 

Avant  la  lecture  du  procès-verbal,  M.  le  directeur  se 
fait  l'organe  de  ses  collègues  en  félicitant  M.  Stas  sur  le 
rétablissement  de  sa  santé.  Il  lui  exprime  la  satisfaction 
qu'il  éprouve  de  le  voir  assister  à  la  séance  après  plusieurs 
mois  d'absence.  —  Applaudissements. 

M.  Stas  remercie  par  quelques  paroles  affectueuses. 

M.  Morren  reprend  la  parole  pour  adresser  des  félicita- 
tions à  M.  A.  Renard  au  sujet  de  la  médaille  Bigsby  que 
la  Société  géologique  de  Londres  vient  de  lui  décerner 
pour  ses  travaux  de  micrographie  géologique,  branche 
dont  il  a  été  un  des  initiateurs. 

«  L'Académie  est  heureuse,  poursuit-il,  de  voir  les  tra- 
vaux de  ses  membres  justement  appréciés  à  l'étranger.  » 
—  Applaudissements. 

M.  Renard  remercie  M.  le  directeur.  «  Je  tâcherai,  par 
mes  travaux,  —  ajoute-l-il  —  de  me  rendre  de  plus  en 
plus  digne  de  l'Académie  à  laquelle  j'ai  l'honneur  d'ap- 
partenir. »  —  Applaudissements. 


CORRESPONDANCE. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  demande  l'avis  de  la  Classe  sur  une  lettre 
par  laquelle  M.  Louis  Henry,  professeur  à  l'Université  de 
Louvain  et  correspondant  de  l'Académie,  sollicite  un  nou- 
veau subside  afin  de  poursuivre  ses  recherches  de  chimie 
organique,  qui  ont  déjà  fait  l'objet  d'un  rapport  déposé  en 
séance  du  13  mai  1873.—  Renvoi  à  MM.  L.-G.  de  Koninck 
et  Spring. 


(  31  ) 

—  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction 
publique  envoie  cinq  exemplaires  d'une  brochure  publiée 
par  son  Département,  et  contenant  les  lois,  arrêtés  et 
règlements  relatifs  à  l'art  de  guérir.  —  Remercîments. 

—  MM.  James-P.  Joule,  Moleschott  et  A.-W.  Hofmann 
accusent  réception  de  leur  diplôme  d'associé. 

—  La  Classe  passe  à  l'ordre  du  jour  : 

1°  Sur  une  lettre,  non  signée,  de  l'auteur  du  mémoire 
présenté  au  dernier  concours  en  réponse  à  la  question 
concernant  la  détermination  des  lignes  de  courbure  de  la 
surface  des  ondes  ; 

2°  Sur  une  lettre  anonyme  soumettant  une  notice  sur 
la  couronne  de  l'hélice  propulsive. —  La  Classe  ne  porte  pas 
de  jugement  sur  des  travaux  non  signés. 

—  La  Classe  reçoit,  à  titre  d'hommages,  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  et  donateurs  : 

1°  Note  sur  une  inclusion  rencontrée  dans  un  œuf  de 
poule,  par  Ch.  Van  Bambeke; 

2°  Onderzoekingen  gedaan  in  het  physiologisch  labo- 
ratorium  der  Utrechtsche  hoogeschool,  par  F.-C.  Donders, 
associé  de  la  Classe,  et  Engelmann  ; 

3°  Annales  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles  : 
Annales  météorologiques,  tome  II  (présenté  par  M.  Liagre, 
au  nom  du  comité  directeur  de  cet  Établissement); 

4°  Bulletin  de  la  fédération  des  Sociétés  d'horticulture 
de  Belgique  pour  488%  ; 

5°  Livre  jubilaire  publié  par  la  Société  de  médecine  de 
Gand,  à  l'occasion  du  50°  anniversaire  de  sa  fondation 


(  ™  ) 
(présenté  par  M.  Van  Bambeke  au  nom  de  ladite  Société); 

6°  Les  roches,  description  et  analyse  de  leurs  éléments 
et  de  leur  structure,  par  Ed.  Jannettaz,  à  Paris  (présenté 
par  M.  Dupont); 

7°  Paléontologie  pratique  :  animaux  et  végétaux  fossiles 
delà  France,  par  Stan.  Meunier  (présenté  par  le  même); 

8°  Der  Granit  unter  dem  Cambrhim  des  hohen  Venu, 
par  A.  von  Lasaulx  (présenté  par  le  même)  ; 

9°  Physical  charl  of  the  world,  par  John  Murray  (Carte 
n-plano  présentée  par  M.  Renard); 

10°  Sept  études  sur  l'état  sphéroïdal;  les  explosions  des 
machines  à  vapeur,  etc.,  par  Jean  Luvini,  à  Turin  (pré- 
senté par  M.  Van  der  Mensbrngghe,  avec  une  note  qui 
ligure  ci-après); 

1 1°  Select  extra-tropical  plants,  par  le  baron  Ferd.  von 
Mueller; 

12°  Les  organismes  problématiques  des  anciennes  mers, 
par  le  marquis  de  Saporla,  associé. 


Note  bibliographique  de  M.  Van  der  Mensbrugghe. 

«  L'ouvrage  offert  à  l'Académie  par  M.  le  professeur 
Luvini  contient  sept  études  sur  des  sujets  différents;  voici 
les  points  que  l'auteur  croit  le  plus  dignes  d'appeler  l'at- 
tention des  physiciens. 

Dans  la  première  élude,  M.  Luvini  signale  l'explication 
de  certains  points  obscurs  de  l'histoire  de  l'étal  sphéroï- 
dal;  le  phénomène  des  bulles  soufflées  sur  les  liquides  à 
l'état  sphéroïdal,  ainsi  que  sur  l'éther  à  l'étal  sphéroïdal  et 
enflammé;  la  détermination  de  la  température  des  liquides 
à  l'état  sphéroïdal  sous  une  pression  quelconque;  la  con- 


(  33  ) 
gélation  de  l'eau  dans  l'étherà  l'étal  sphéroïdal;  la  théorie 
de  ce  phénomène   et   l'explication  de   la  persistance  des 
bulles  soufflées  sur  les  liquides  à  l'état  sphéroïdal. 

Dans  la  deuxième  étude,  qui  traite  des  explosions  des 
machines  à  vapeur,  M.  Luvini  fait  une  réclamation  de 
priorité  en  faveur  de  Bellani,  dont  les  expériences  sur 
l'ébullition  des  liquides  remontent  à  1809,  et  précèdent 
ainsi  de  beaucoup  celles  presque  identiques  de  M.  Gernez 
et  d'autres  physiciens  ;  il  donne  ensuite  les  moyens  pro- 
posés par  les  physiciens  pour  éviter  les  explosions  dues  à 
la  surchauffe;  enfin  il  décrit  un  nouveau  vaporisateur 
dans  le  même  but. 

La  troisième  étude  (trombes  atmosphériques)  donne  les 
observations  de  Spallanzani  sur  les  trombes  et  les  tour- 
billons au-dessus  des  nuages  orageux;  la  théorie  de  Fran- 
klin sur  les  trombes  et  sur  les  vents  d'aspiration,  lesobjec- 
tions  de  Perkins  et  Cadvvalader-Colden;  les  réflexions  de 
M.  Faye,  qui  démontre  l'impossibilité  des  vents  d'aspira- 
tion. 

Dans  la  quatrième  étude,  l'auteur  propose  une  théorie 
entièrement  neuve  de  la  grêle,  et  dont  voici  la  proposition 
fondamentale  :  quand  une  goutte  d'eau  suspendue  dans 
l'air  est  frappée  par  la  foudre,  il  peut  se  faire  un  vide  dans 
l'espace  environnant  et  la  température  de  la  goutte  peut 
descendre  tellement  bas  que  la  congélation  a  lieu  presque 
au  même  instant. 

Cinquième  étude  (Sur  l'électricité  de  l'air,  etc.).  L'au- 
teur cite  les  expériences  de  Faraday,  d'où  l'on  déduit  que 
la  principale  source  de  l'électricité  atmosphérique  consiste 
dans  le  frottement  de  l'air  humide  contre  les  parcelles  de 
glace  suspendues  dans  l'air  ou  contre  les  cendres  lancées 
par  les  volcans;  la  formation  et   l'électrisation  des  nuages 


(54) 

orageux  et  le  mode  de  réélectrisation  rapide  de  ces 
nuages  après  chaque  décharge;  les  nuages  ne  sont  pas 
bons  conducteurs  de  l'électricité;  les  éclairs  ne  sortent  pas 
de  leur  sein  sauf  dans  des  circonstances  toutes  spéciales; 
les  nuages  des  cendres  volcaniques  s'électrisenl  à  la  façon 
des  nuages  orageux. 

La  sixième  étude  est  relative  à  la  réfraction  atmosphé- 
rique latérale  :  les  observations  diétéroscopiques  rendent 
probable  l'existence  de  cette  réfraction,  et  celle  d'une 
période  diurne  dans  l'intensité  du  phénomène. 

Enfin  la  septième  concerne  l'adhésion  des  solides  et 
des  liquides  :  l'auteur  distingue  une  résistance  linéaire  et 
une  résistance  superficielle  opposée  par  les  liquides  au 
mouvement  des  solides  à  leur  surface  :  à  l'intérieur  des 
liquides  se  manifeste  seulement  la  résistance  superficielle, 
tandis  qu'à  la  surface  agissent  à  la  fois  les  deux  résis- 
tances. Sans  cette  distinction,  M.  Luvini  croit  impossible 
de  concilier  les  résultats  en  apparence  contradictoires  de 
Plateau,  de  M.  Marangoni  et  de  l'auteur  lui-même.  » 


PROGRAMME  DE  CONCOURS  POUR  1886. 


La  Classe  arrête  de  la  manière  suivante  son  programme 
de  concours  pour  ladite  année  : 

SECTION   DES  SCIENCES    PHYSIQUES   ET 
MATHÉMATIQUES. 

Première  question.  —  Compléter  l'état  de  nos  con- 
naissances sur  les  partages  qui  se  font  entre  les  acides  et 
les  bases,  lorsqu'on  mélange  des  solutions  de  sels  qui,  par 


(38) 

leur  inaction  mutuelle,   ne  donnent  pas  naissance  à  des 
corps  insolubles. 

Deuxième  question. —  Exposer  et  discuter,  en  s'aidant 
d'expériences  nouvelles,  les  travaux  relatifs  à  la  théorie 
cinétique  des  gaz. 

Troisième  question.  —  Perfectionner  la  théorie  de  V in- 
tégration approximative ,  sous  le  double  rapport  de  la 
rigueur  des  méthodes  et  de  la  facilité  des  applications. 

SECTION    MU-:**   SCIENCES    NATURELLES. 

Première  question.  —  Faire  la  description  des  ter- 
rains tertiaires  belges  appartenant  à  la  série  éocène,  jus- 
qu'au système  laekenien  de  Dumont  inclusivement. 

Deuxième  question.  —  Faire  l'élude  de  quelques-unes 
des  principales  fonctions  d'un  animal  invertébré. 

Troisième  question.  —  On  demande  de  nouvelles  obser- 
vations sur  les  rapports  du  tube  pollinique  avec  l'oosphère, 
chez  un  ou  quelques  phanérogames. 

La  valeur  des  médailles  décernées  comme  prix  sera  de 
six  cents  francs  pour  chacune  de  ces  questions. 

Les  mémoires  devront  être  écrits  lisiblement  et  pour- 
ront être  rédigés  en  français,  en  flamand  ou  en  latin.  Ils 
devront  être  adressés,  francs  de  port,  à  M.  Liagre,  secré- 
taire perpétuel ,  au  Palais  des  Académies ,  avant  le 
1er  août  1886. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les 
citations;  les  auteurs  auront  soin,  par  conséquent,  d'indi- 
quer les  éditions  et  les  pages  des  ouvrages  cités.  On  n'ad- 
mettra que  des  planches  manuscrites. 


C  56  ) 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage; 
ils  y  inscriront  seulement  une  devise,  qu'ils  reproduiront 
dans  un  billet  cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur 
adresse.  Faute  par  eux  de  satisfaire  à  cette  formalité,  le 
prix  ne  pourra  leur  être  accordé. 

Les  mémoires  remis  après  le  terme  prescrit  ou  ceux 
dont  les  auteurs  se  feront  connaître  de  quelque  manière 
que  ce  soit  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumise  son  jugement,  ils 
sont  et  restent  déposés  dans  ses  archives. Toutefois,  les  au- 
teurs peuvent  en  prendre  des  copies  à  leurs  frais  en 
s'adressant,  à  cet  effet,  au  secrétaire  perpétuel. 


—  La  Classe  adopte,  dès  à  présent,  la  question  suivante 
pour  son  concours  de  1887  : 

On  demande  des  recherches  nouvelles  sur  l'écoulement 
linéaire  des  liquides  chimiquement  définis,  par  des  tubes 
capillaires,  en  vue  de  déterminer  si  l'on  peut  appliquer 
aux  liquides  l'hypothèse  des  molécules,  telle  que  l'étude  des 
gaz  nous  l'a  fait  connaître. 

On  se  placera  au  point  de  vue  des  trois  hypothèses  prin- 
cipales admises  aujourd'hui  pour  rendre  compte  de  la 
constitution  intime  des  gaz. 


(  37  ) 

CONCOURS  EXTRAORDINAIRE  POUR  1887. 

Le  Gouvernement  a  proposé  et  les  Chambres  ont 
adopté  une  loi  qui  a  pour  objet  la  conservation  du  poisson 
et  le  repeuplement  des  rivières. 

L'obstacle  capital  qui  empêche  actuellement  d'atteindre 
ce  but,  c'est  la  corruption  des  eaux  dans  les  petites 
rivières  non  navigables  ni  flottables,  qui  sont  contaminées 
par  des  matières  solides  ou  liquides  déversées  par  diffé- 
rentes industries  et  incompatibles  avec  la  reproduction  et 
l'existence  des  poissons. 

L'Académie  fait  appel  à  la  science  pour  faciliter  l'ac- 
complissement des  vues  des  pouvoirs  publics. 

Acceptant  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  qui  met 
généreusement  à  sa  disposition  une  somme  de  trois  mille 
francs,  elle  demande  une  élude  approfondie  des  questions 
suivantes,  à  la  fois  chimiques  et  biologiques  : 

\°  Quelles  sont  les  matières  spéciales  aux  principales 
industries  qui,  en  se  mélangeant  avec  les  eaux  des  petites 
rivières,  les  rendent  incompatibles  avec  l'existence  des 
poissons  et  impropres  à  l'alimentation  publique  aussi  bien 
qu'au  bétail  ; 

2°  La  recherche  et  l'indication  des  moyens  pratiques 
de  purifier  les  eaux  à  la  sortie  des  fabriques  pour  les  ren- 
dre compatibles  avec  la  vie  du  poisson  sans  compromettre 
l'industrie,  en  combinant  les  ressources  que  peuvent  offrir 
la  construction  de  bassins  de  décantation,  le  filtrage,  enfin 
l'emploi  des  agents  chimiques; 

3°  Des  expériences  séparées  sur  les  matières  qui,  dans 
chaque  industrie  spéciale,  causent  la  mort  des  poissons,  et 


(  38  ) 
sur  le  degré  de  résistance  que  chaque  espèce  de  poisson 
comestible  peut  offrir  à  la  destruction  ; 

4°  Une  liste  des  rivières  de  Belgique  qui ,  actuellement, 
sont  dépeuplées  par  cet  état  de  choses,  avec  l'indication 
des  industries  spéciales  à  chacune  de  ces  rivières,  et  la 
liste  des  poissons  comestibles  qui  y  vivaient  avant  rétablis- 
sement de  ces  usines. 

Si  le  mémoire  est  jugé  satisfaisant  pour  la  solution  des 
deux  premiers  paragraphes  (1°  et  2°),  une  somme  de  deux 
mille  francs  pourra  lui  être  décernée,  quand  même  aucune 
réponse  ne  serait  faite  aux  §§  3°  et  4°  de  la  question. 

Les  mémoires  devront  être  écrits  lisiblement  et  être 
adressés,  francs  de  port,  à  M.  Liagre,  secrétaire  perpé- 
tuel, au  Palais  des  Académies,  avant  le  1er  octobre  1887. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les 
citations;  lesauleurs  auront  soin,  par  conséquent,  d'indi- 
quer les  éditions  et  les  pages  des  ouvrages  cités.  On  n'ad- 
mettra que  des  planches  manuscrites. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage; 
ils  y  inscriront  seulement  une  devise,  qu'ils  reproduiront 
dans  un  billet  cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur  adresse; 
faute  par  eux  de  satisfaire  à  cette  formalité,  le  prix  ne 
pourra  leur  être  accordé. 

Les  mémoires  remis  après  le  terme  prescrit  ou  ceux 
dont  les  auteurs  se  feront  connaître  de  quelque  manière 
que  ce  soit  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumis  à  son  jugement,  ils 
sont  et  restent  déposés  dans  ses  archives.  Toutefois,  les 
auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des  copies  à  leurs  frais, 
en  s'adressant,  à  cet  effet,  au  secrétaire  perpétuel. 


(59) 
RAPPORTS 


Sur  la  demande  de  l'auteur,  M.  Joseph  Geefs,  membre 
de  la  section  de  sculpture  de  la  Classe  des  beaux-arts,  la 
Classe  des  sciences  avait  soumis  à  l'appréciation  de  deux 
de  ses  membres  un  atlas,  en  quinze  planches,  avec  texte 
explicatif  en  français  et  en  flamand,  Sur  Vanatomie  pitto- 
resque du  cheval. 

MM.  P.-J.  Van  Beneden  et  Plateau  donnent  leur  avis, 
par  écrit,  sur  le  mérite  et  l'importance  de  ces  quinze  plan- 
ches, dessinées  et  peintes  par  M.  J.  Geefs,  en  vue  de  repro- 
duire l'appareil  locomoteur  du  cheval,  pour  son  cours  d'ana- 
tomie  de  l'Académie  royale  des  beaux- arts  d'Anvers. 

«  Ces  planches,  dit  M.  P.-J.  Van  Beneden,  sont  très 
bien  dessinées  et  avec  tout  le  soin  qu'exige  le  sujet,  et  nous 
sommes  persuadé  qu'elles  remplissent  complètement  le 
but  que  l'auteur  s'est  proposé.  » 

Après  avoir  appuyé  sur  les  services  que  ce  travail  peut 
rendre  aux  artistes,  M.  P.-J.  Van  Beneden  termine  son 
rapport  de  la  manière  suivante  :  «  Nous  félicitons  sincère- 
ment notre  confrère  d'avoir  si  bien  achevé  un  travail  de 
cette  importance,  et  nous  le  remercions  de  nous  avoir  pro- 
curé le  plaisir  de  voir  de  si  belles  planches  anatomiques.  » 

La  Classe  décide,  après  avoir  entendu  le  rapport  de 
M.  Plateau,  que  les  deux  rapports  seront  communiqués  à 
M.  Geefs. 

—  La  Classe  vote  l'impression  au  Bulletin  d'une  noie  de 
M.  Ch.  La^range  sur  laquelle  MM.  De  Tilly  et  Mansion  ont 
émis  un  avis  favorable  :  Formule  nouvelle  pour  le  déve- 
loppement des  fonctions,  en  particulier  des  intégrales. 


(  40  ) 


Recherches  expérimentales  et  analytiques  sur  les  lois  de 
l'écoulement  et  du  choc  des  gaz  en  fonction  de  la  tempé- 
rature; par  M.  Hirn,  associé  de  l'Académie. 

Ititppoft  de   fi.   Folie,  premiei'  commissaire. 

«  Dans  un  nouveau  mémoire  très  important  qui  fait  suite 
à  celui  que  M.  Hirn  a  présenté  à  l'Académie  en  1881  (1), 
notre  éminent  confrère  démontre  expérimentalement  que 
la  force  vive  d'un  courant  de  gaz,  lancé  contre  une  plaque, 
est  indépendante  de  la  température  du  gaz,  résultat  entiè- 
rement conforme  à  celui  des  expériences  précédentes,  et 
plus  précis  même,  pensons-nous. 

On  ne  saurait  trop  louer  le  zèle  infatigable  et  les  soins 
scrupuleux  que  M.  Hirn  a  mis  dans  ce  travail. 

Après  une  longue  série  d'essais,  relatée  dans  la  sixième 
partie  du  mémoire,  et  qui  ne  l'avait  pas  conduit  à  des 
résultats  suffisamment  concordants,  il  a  eu  le  courage  de 
reprendre  toutes  ses  expériences  à  l'aide  d'un  nouvel  appa- 
reil, dans  lequel  il  a  cherché  à  éviter  toutes  les  causes 
d'erreur  qui  avaient  pu  exister  dans  son  mode  précédent 
d'expérimentation. 

Nous  ne  pouvons  analyser  ici,  ni  les  expériences 
nombreuses  faites  par  le  savant  physicien  sur  l'écoulement 
des  gaz  sans  charge  constante  à  diverses  températures 
(air  sec  et  humide,  acide  carbonique,  hydrogène),  expé- 
riences dont  les  résultats  ont  été  trouvés  par  lui  con- 
formes aux  lois  théoriques  de  l'écoulement  des  gaz;  ni 
même  celles  plus  nombreuses  encore  qu'il  a  faites  sur  le 

(1)  Voir  le  tome  XLIII  des  mémoires  in-4° 


(  a  ) 

choc  d'une  veine  gazeuse  contre  un  plan,  et  qui  l'ont  con- 
duit toutes,  comme  nous  l'avons  dit,  à  cette  conclusion 
que  la  pression  exercée  par  le  gaz  est  égale  au  produit  de 
la  section  effective  de  la  veine  par  le  double  de  la  hauteur 
de  fluide  à  laquelle  est  due  la  vitesse,  et  qu'elle  est 
absolument  indépendante  de  la  température  de  la  source 
fluide. 

Nous  admettons  que  cette  conclusion  est  parfaitement 
vérifiée  par  les  nouvelles  séries  d'expériences  relatées 
dans  le  mémoire  de  notre  associé. 

Mais  admettrons-nous  de  même  les  conséquences  qu'il 
en  déduit  quant  à  la  validité  de  la  théorie  cinétique  des 
gaz? 

On  sait  la  noble  passion  qui  anime  M.  Hirn  dans  les 
efforts  ardents  qu'il  fait,  depuis  bien  des  années,  pour 
arriver  à  renverser  cette  théorie,  récemment  édifiée,  grâce 
surtout  aux  travaux  de  Clausius  et  de  Maxwell. 

Notre  confrère  craint  de  voir,  en  effet,  dans  le  triomphe 
de  cette  théorie,  une  confirmation  des  doctrines  matéria- 
listes. 

Nous  avons  déjà  lit,  dans  un  rapport  antérieur,  que 
nous  ne  partageons  nullement  ces  craintes;  et  nous  nous 
proposons  de  faire  voir,  dans  celui-ci,  qu'à  notre  sens  les 
résultats  obtenus  par  M.  Hirn  ne  sont  nullement  en  con- 
tradiction avec  ceux  de  la  théorie  cinétique  des  gaz. 

En  lisant  le  mémoire  actuel  du  savant  alsacien,  un 
doute  a  surgi  immédiatement  dans  notre  esprit,  et  avec 
une  si  grande  force  que  nous  nous  sommes  étonné  de  ne 
l'avoir  pas  eu  précédemment. 

Il  est  vrai  de  dire  que,  dans  la  théorie  du  mouvement 
d'un  disque  dans  l'air,  le  point  faible,  si  nous  pouvons  nous 


(42) 
permettre  cette  expression,  est  plus  difficile  à  saisir  que 
dans  celle  du  mouvement  de  l'air  contre  un  disque. 

Notre  éminent  confrère  voudra  donc  bien  nous  excuser 
de  ne  pas  le  lui  avoir  signalé  plus  tôt.  C'est,  du  reste, 
tout  bénéfice  pour  la  science,  qu'il  se  soit  décidé  à  con- 
firmer ses  premiers  résultats  par  de  nouvelles  expériences. 

Nous  reproduisons  ci-dessous  la  démonstration  de 
M.  Hirn,  en  soulignant  le  passage  qui  nous  a  particulière- 
ment frappé. 

Un  courant  de  gaz  est  lancé  avec  une  vitesse  v,  par  un 
ajutage,  contre  une  plaque.  Les  particules  gazeuses,  dans 
la  théorie  cinétique,  se  meuvent  dans  toutes  les  directions 
possibles.  On  les  décompose  en  deux  groupes,  dont  les 
uns  se  meuvent  parallèlement,  les  autres  normalement  à 
la  plaque.  «  En  s'échappant  de  l'orifice,  dit  M.  Hirn,  les 
»  particules  du  premier  groupe  continueront  à  avancer 
»  parallèlement  au  plan  avec  la  vitesse  u,  et  normalement 
»  au  plan  avec  la  vitesse  v.  La  percussion  aura  lieu  avec 
»  cette  dernière  vitesse  seulement.  Les  particules  du 
»  second  groupe  au  contraire  auront  une  vitesse  (u  +  v) 

»  normale  au  plan; de  sorte  qu'on 

i»  a  pour  les  percussions  normales,  avec  vitesse  (u  -+-  v), 

1/3  fin, 

»  n  étant  le  nombre  total  des  molécules  et  [x  leur  masse; 
»  et  pour  les  percussions  perpendiculaires  à  l'axe 

»  (1  —  1/3)  fin  =  2/3  fin. 

»  Soit  è  la  densité  ou  le  poids  de  l'unité  de  volume  du 
»  gaz,  la  force  vive  représentée  par  le  mouvement  des 
»  atomes  perpendiculairement  au  plan  sera 

.  l/3-(u-+-v)2-+--    1 )v\ 

9  flf  \        3/ 


(45  ) 
»  Comme  nous  devons  ici  admettre  que  la  température 
»  est  la  même  des  deux  côtés  du  plan  frappé,  il  est  clair 
»  que,  sur  la  face  opposée  au  plan,  et  dans  une  étendue 
»  ms  égale  à  la  section  effective  de  l'orifice,  la  force  vive 
»  des  particules  frappant  le  plan  sera  simplement 

s 

1/3 -M2. 

9 
»  La  pression  exercée  sur  le  plan,  ou  le  poids  néces- 
»  saire  pour  faire  équilibre  au  choc  sera  donc  : 

9  p""TL»l(,,+f)    / 1  ~»J  h  "ns™  *  *\- 

t>  On  voit  que  ce  poids  est  une  fonction  de  w,  et  par  con- 
»  séquenl  de  la  température  absolue  T,  puisque  celte 
»  vitesse  a  pour  valeur  (pour  l'air  en  particulier) 

u  =  48Sm  \ / — , 
V   275 

Le  fait  qui  nous  a  frappé  dans  cette  démonstration,  et 
qui  a  fait  naître  immédiatement  dans  notre  esprit  des 
doutes  sur  son  exactitude  est  celui-ci  :  que  le  mouve- 
ment moléculaire  du  gaz  n'y  paraît  considéré  que  comme 
un  simple  mouvement  de  translation,  et  non  comme  un 
mouvement  vibratoire.  Or,  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  la 
difficulté  de  la  théorie  cinétique  des  gaz  consiste  en  effet 
à  tenir  compte  des  chocs  que  les  particules  gazeuses 
éprouvent  mutuellement  dans  ce  mouvement  vibratoire. 

Aussi  ne  nous  proposons-nous  nullement  de  rechercher 
quelle  serait  la  véritable  théorie  par  laquelle  devrait  être,  en 
toute  rigueur,  remplacée  celle  de  M.  Hirn,  et  nous  bornerons- 
nous  à  lui  signaler,  sous  une  forme  aussi  simple  que  pos- 
sible, c'est-à-dire  en  faisant  abstraction,  comme  lui,  des 
chocs  des  molécules  entre  elles,  la  nature  de  notre  objection. 


(  44  ) 

Dans  ce  but,  nous  supposerons  que  la  vitesse  v  de 
transport  du  gaz  l'emporte  sur  la  vitesse  moyenne  m  de 
ses  particules,  vitesse  qui  correspond,  comme  on  sait,  à 
sa  température. 

Dans  le  mouvement  vibratoire  du  gaz,  nous  devons 
admettre  qu'il  y  a  autant  de  particules  qui  se  meuvent 
dans  un  sens  que  de  celles  qui  se  meuvent  en  sens  con- 
traire; sans  quoi,  l'égalité  des  pressions,  exercées  par  un 
gaz  sur  les  parois  opposées  du  vase  rectangulaire  qui  le 
renferme,  serait  inexplicable  dans  la  théorie  cinétique.  La 
vitesse  totale  des  premières  particules  sera  v  -+-u;  celle 
des  secondes,  v — u;  comme  elles  vont  toutes  choquer 
la  plaque,  leur  force  vive  sera  représentée,  dans  les  nota- 
tions de  M.  Hirn,  par 

-  -  i  (v  -f-  uf  -+-  (v  —  uf  |  . 

Celle  des  particules  qui  vibrent  parallèlement  à  la  plaque 

est,  du  reste,  |  -  u2,  et  celle  des  particules  de  gaz  situées 

de  l'autre  côté  de  la  plaque — !-  -  u2,  comme  dans  les 

°  y 

expressions  de  notre  confrère. 

La  somme  des  forces  vives,  qui  était,  pourlui^  ^-uv-i-t;aJ, 
devient  simplement,  dans  le  cas  dont  nous  nous  occupons, 
égale  à  ^  f2,  c'est-à-dire  à  la  force  vive  de  courant 
gazeux,  quelle  que  soit  sa  température. 

Ce  qui  précède  répond  également  aux  critiques  formu- 
lées par  M.  Hirn  contre  les  résultats  de  la  théorie  ciné- 
tique appliquée  au  mouvement  des  gaz,  résultats  qui, 
d'après  lui,  ne  concorderaient  pas  avec  les  formules  de 
l'hydrodynamique. 

Pour  lui,  en  effet,  cette  théorie  donnerait  pour  la  vitesse 
le  facteur  a  dépendant  du  nombre  des  particules  animées 
du  gazV/|wu  h-  v2ou,  plus  généralement,  l/2«Kt;  +  ^, 


(45  ) 
de  la  vitesse  u.  Or,  ses  expériences  sont  en  contradiction 
absolue  avec  un  semblable  résultat,  et  établissent  «  que  a 
»  n'a  aucune  valeur  appréciable  et  que,  par  conséquent, 
»  ajoute-t-il  (p.  167),  u  est  bien  réellement  nul,  ou  n'a 
»  pas  d'existence  réelle  ». 

D'après  les  équations  que  nous  venons  de  poser,  au  con- 
traire, u  disparaîtrait  dans  l'expression  de  la  force  vive, 
qui  concorderait  ainsi  avec  les  formules  de  l'hydrodyna- 
mique. Nous  ferons  observer,  au  surplus,  que  la  théorie 
cinétique  de  Marwell  n'est  pas  le  moins  du  monde  en  con- 
tradiction avec  ces  formules. 

Nous  voyons  fort  bien  ce  qu'il  y  a  de  trop  spécial  dans 
cette  démonstration,  quoiqu'il  y  soit  partiellement  tenu 
compte  d'un  élément  essentiel  que  M.  Hirn  semble  avoir 
négligé  dans  la  sienne,  le  mouvement  vibratoire  du  gaz. 
Mais  si  elle  peut  se  généraliser,  elle  ne  fera  que  confirmer 
les  résultats  obtenus  par  l'infatigable  expérimentateur. 

Il  est  vrai  que  cette  confirmation  serait  peut-être  pour 
lui  une  grande  désillusion  :  la  théorie  cinétique  des  gaz, 
qu'il  croit  fort  proche  parente  des  doctrines  matérialistes, 
ne  serait  pas  renversée. 

Mais  qu'il  s'en  console,  assez  de  bons  esprits,  et  il  est 
l'un  des  premiers  parmi  eux,  ont  consacré  et  consacre- 
ront encore  des  pages  d'une  argumentation  solide  et  élo- 
quente à  la  défense  de  la  cause  du  spiritualisme,  qui  est 
la  cause  même  de  l'humanité. 

Et  eût-il  démontré  le  néant  de  la  théorie  cinétique  des 
gaz,  il  peut  en  être  bien  persuadé,  et  il  Test  en  effet,  pas 
un  seul  matérialiste  probablement  n'eût,  pour  cela,  abjuré 
ses  doctrines.  Combien  en  rencontrera-l-on,  en  effet,  qui 
soient  en  état  de  suivre  les  théories  et  les  arguments  de 
notre  éminent  confrère? 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  5 


(  46  ) 

Il  y  a  même  un  certain  danger  à  lier  le  sort  du  spiritua- 
lisme à  celui  d'une  théorie  mathématique,  danger  que  n'ont 
pas  toujours  su  éviter  les  partisans  de  doctrines  plus  spi- 
ritualisles  encore  que  celles  de  M.  Hirn. 

Supposons  que  ce  savant  ait  réussi  à  faire  si  bien  adop- 
ter ses  conclusions  que  tous  les  physiciens  en  soient  arrivés 
à  se  dire  :  si  la  théorie  cinétique  des  gaz  était  exacte,  ce 
serait  un  argument  puissant  en  faveur  du  matérialisme; 
heureusement  elle  ne  l'est  pas,  et  nous  pouvons,  en  toute 
sûreté  de  conscience  mathématique ,  rester  spiritualistes 
comme  nous  le  sommes. 

Qu'arriverait-il  le  jour  où  la  théorie  cinétique  des  gaz, 
qui  n'est  encore,  peut-on  dire,  qu'à  l'état  embryonnaire, 
serait  développée  dans  toute  sa  puissance,  et  lèverait  alors 
les  contradictions  apparentes  signalées  par  M.  Hirn?  Le 
matérialisme  n'en  acquerrait-il  pas  une  vigueur  plus 
grande  ? 

Pour  nous,  quelle  que  soit  l'idée  sous  laquelle  on  voudra 
concevoir  les  mouvements  de  l'univers  matériel,  pourvu 
que  celle  idée  soit  simple  et  explique  les  faits,  nous  l'adop- 
terons avec  joie,  sans  nulle  crainte  pour  nos  convictions. 

Pût-on  même  tout  expliquer  par  les  seules  notions  de 
matières  et  de  mouvement,  hypothèse  absurde  (1),  qui 

(1)  Car  «  la  matière  pure  serait  indifférente  au  reste  du  monde  » 
(Helmholtz,  Conservation  de  la  force,  Introduction);  en  d'autres  termes, 
pour  qu'un  point  matériel  en  mouvement  puisse  en  mouvoir  un  autre,  il 
faut  qu'ils  soient  doués  tous  deux  de  l'impénétrabilité  et  de  l'inertie; 
pour  que  cette  communication  de  mouvement  soit  soumise  à  une  loi,  il  y 
faut  joindre  la  notion  de  masse. 

Or,  envisager  la  matière  comme  douée  de  ces  attributs  revient  évidem- 
ment au  fond  à  la  douer  de  forces;  et  rien  d'étonnant  à  ce  qu'à  l'aide  des 
seules  notions  de  matière  et  de  mouvement  ainsi  conçues,  on  croie 
pouvoir  expliquer  les  phénomènes  de  l'univers  matériel. 


(  47) 
pourrait  nous  empêcher  de  considérer,  avec  Faraday, 
l'atome  matériel  comme  un  simple  centre  de  forces,  et  de 
nier  par  conséquent,  tout  en  admettant  les  théories  fondées 
sur  ces  deux  seules  notions,  jusqu'à  l'existence  même  de 
la  matière? 

Au  fond,  nous  abondons,  comme  nous  l'avons  dit  anté- 
rieurement, dans  le  sens  des  idées  spiritualistes,  défendues 
par  M.  Hirn  avec  un  talent  reconnu  par  les  philosophes 
les  plus  compétents,  et,  en  ce  point,  notre  rapport  actuel 
est  d'accord  avec  le  précédent. 

En  un  autre  point,  il  en  diffère,  comme  je  l'ai  dit. 

J'ai  pu  croire  antérieurement  à  la  rigueur  de  cette 
conclusion  tirée  par  notre  savant  associé  de  la  théorie 
cinétique  des  gaz,  à  savoir  : 

Que  la  pression  exercée  sur  un  gaz  par  un  disque  en 
mouvement  dans  celui-ci  est  une  fonction  de  la  tempéra- 
ture de  ce  gaz;  conclusion  que  M.  Hirn  n'avait  pas  trouvée 
confirmée  par  ses  expériences. 

Si  cette  première  conclusion  était  exacte,  la  réciproque, 
à  savoir  : 

Que  la  pression  exercée  par  un  courant  de  gaz  contre 
un  disque  est  une  fonction  de  la  température  de  ce  gaz, 
le  serait,  ce  me  semble,  également. 

Or,  la  démonstration  de  cette  dernière  proposition  ne 
m'a  pas  paru  ressortir  avec  rigueur  de  la  théorie  cinétique; 
je  crois  avoir  montré,  au  moins  pour  le  cas  d'une  vitesse 
considérable  du  courant  de  gaz,  que  sa  pression  n'est  pas, 
suivant  la  théorie  cinétique,  une  fonction  de  la  tempéra- 
ture. 

Les  nombreuses  expériences  de  M.  Hirn  confirmeraient 
donc  cette  théorie  au  lieu  de  l'infirmer. 

Le  soin  avec  lequel  elles  ont  été  faites,  les  recherches 


(  48  ) 
importantes  auxquelles  M.  Hirn  s'est  livré  sur  la  vitesse 
d'écoulement  des  fluides,  l'idée  théorique  très  ingénieuse 
qui  lui  a  servi  de  point  de  départ,  contribuent  à  donner 
une  incontestable  valeur  au  mémoire  de  notre  éminent 
associé. 

Aussi  est  ce  avec  le  plus  grand  empressement  que  je 
propose  à  la  Classe  de  voter  l'impression,  dans  ses  publi- 
cations in-4°,  de  ce  remarquable  travail,  et  d'adresser  à 
l'auteur  ses  remercîments  les  plus  chaleureux  pour  l'hon- 
neur qu'il  a  fait  à  l'Académie  en  le  lui  adressant. 

Note  complémentaire  sur  le  travail  de  M.  Hirn. 

Depuis  l'envoi  de  mon  rapport,  notre  savant  associé  a 
fait  parvenir  à  l'Académie  un  nouveau  chapitre  à  ajouter  à 
son  travail. 

L'étude  et  la  discussion  des  thèses  renfermées  dans  ce 
chapitre  exigeraient  un  temps  fort  long,  et  retarderaient 
considérablement  l'impression  du  mémoire;  elles  ne  modi- 
fieraient cependant  en  rien  nos  conclusions. 

C'est  pourquoi  nous  croyons  devoir  nous  en  référer  sim- 
plement à  celles-ci.  » 

Rapport  de  ,11.    Va**    île*'  Mettsbt'tigghe,   tleua  iènte 
commissaire. 

«  Le  nouveau  Mémoire  présenté  à  l'Académie  par  notre 
éminent  associé  M.  Hirn  se  dislingue  par  son  étendue 
tout  à  fait  exceptionnelle,  par  l'importance  de  la  question 
qui  s'y  trouve  traitée,  et  par  les  soins  vraiment  étonnants 
apportés  à  la  partie  expérimentale,  mais  à  cause  de  mes 
nombreuses  occupations,  il  me  faudrait  des  mois  pour 
analyser  avec  l'attention  qu'il  mérite  un  travail  aussi  con- 


(  «) 
sidérable  qu'important,  dont  l'impression  subirait  alors 
un  grand  retard.  Aussi  bien  la  discussion  est  désormais 
ouverte  entre  M.  Hirn  d'une  part,  et,  de  l'autre,  les  promo- 
teurs de  la  théorie  cinétique  des  gaz,  attaquée  si  vivement 
par  leur  contradicteur. 

J'appelle  de  tous  mes  vœux  le  jour  où  l'un  de  ces  pro- 
moteurs, par  exemple,  notre  illustre  associé  M.  Clausius, 
voudra  répondre  à  M.  Hirn  au  grand  profit  de  la  science 
et  au  grand  honneur  de  la  Classe  des  sciences  devant 
laquelle  le  débat  solennel  a  été  porté  il  y  a  quatre  ans. 

Je  me  rallie  avec  empressement  aux  conclusions  de 
mon  savant  confrère  M.  Folie. 

N.  B.  Je  n'ai  rien  à  modifier  dans  le  présent  rapport,  à 
propos  du  nouveau  chapitre  adressé  par  M.  Hirn  à  l'Aca- 
démie. » 

Kappoi'l  «#«  M .   Metsens,   troisième  contmissait'e. 

Dans  le  travail  nouveau  et  très  développé  que 
M.  G.  A.  Hirn  s'est  fait  un  devoir  d'adresser  à  l'Académie 
dont  il  est  l'associé,  il  s'est  souvenu  du  désir  exprimé  par 
les  trois  commissaires  qui,  en  1881  (1),  engageaient  leur 
savant  confrère  à  continuer  ses  rapports  sympathiques  et 
scientiiiques  avec  l'Académie. 

Le  nouveau  travail,  qui  porte  le  titre  de  :  Recherches 
expérimentales  et  analytiques  sur  les  lois  de  i 'écoulement 
et  du  choc  des  gaz  en  fonction  de  la  température,  est  un 
complément  et  une  suite  nécessaire^  de  celui  dont  l'Aca- 
démie a  ordonné  l'impression  en  1881. 

Dans  son  introduction  l'auteur  caractérise  le  Mémoire 

(1)  Bulletin  de  l'Académie,  l.  II,  3e  série,  sept.  1881,  pp.  225  et  suiv. 


(50) 

actuel  par  les  paroles  suivantes  :  «  Tandis  que  j'avais 
»  cherché  si  la  résistance  qu'éprouve  un  corps,  qui  se 
»  meut  dans  un  gaz  en  repos  relatif,  est  une  fonction  de 
»  la  température,  dans  le  présent  travail,  au  contraire,  j'ai 
»  cherché  si  la  pression  qu'exerce  une  veine  fluide  sur  un 
»  plan  qu'elle  frappe  normalement  et  si  le  volume  d'un 
»  gaz  qui  s'écoule  par  un  orifice  donné  sont  des  fonctions 
»  de  température  ». 

L'auteur  croit  que  les  conséquences  qui  découlent  du 
présent  travail  revêtent  un  caractère  plus  net  et  plus  pré- 
cis encore  que  celles  qui  ressortaient  du  premier;  il  rap- 
pelle l'éternelle  querelle  entre  la  pratique  et  la  théorie,  et 
arrive  à  cette  conclusion  :  «  Pourvu  que  l'on  sache  se 
>  dégager  delVspritde  système  et  de  conceptions  a  priori, 
»  pourvu  qu'on  ail  sans  cesse  sous  les  yeux  l'ensemble  des 
»  conditions  qui  président  aux  phénomènes  physiques,  on 
»  reconnaît  que,  même  en  Hydrodynamique,  les  résultats 
»  de  l'expérience  confirment  d'une  façon  aussi  complète 
»  qu'il  est  possible  les  données  de  l'analyse  ». 

L'auteur  cherche  donc  à  résoudre  le  problème  qu'il  s'est 
posé  par  l'analyse  d'abord  et  l'expérience  ensuite.  Il  ne  se 
dissimule  pas  l'illusion  qu'il  s'était  faite  sur  la  simplicité 
de  pareilles  recherches,  pour  atteindre  une  limite  conve- 
nable d'exactitude;  aussi,  après  une  première  série  de 
recherches  longues  et  pénibles,  dut-il  recommencer  tout 
le  travail,  en  appliquant  à  ses  nouveaux  appareils  tous  les 
perfectionnements  qu'il  put  imaginer. 

Le  mémoire  remarquable  et  important,  de  notre  l'illustre 
confrère,  tant  au  point  de  vue  analytique  qu'expérimental, 
comporte  neuf  parties  distinctes  que  je  crois  devoir  analyser 
très  succinctement  pour  en  donner  une  idée  générale  à 
l'Académie,  sous  la  forme  d'une  espèce  de  tableau  analytique. 


(51  ) 


PREMIÈRE  PARTIE. 

Exposé  analytique  des  lois  de  l'écoulement  des  fluides 
élastiques  sous  charge  constante  a  diverses  tem- 
pératures. 

L'auteur  présente,  au  sujet  de  l'équation  bien  connue 
de  Weisbach  sur  la  vitesse  d'un  gaz  en  fonction  des  pres- 
sions et  des  tempéra lures,  une  démonstration,  qui  en 
certains  points  s'approche,  et  en  d'autres  s'éloigne,  de 
celles  qui  ont  été  données  par  d'autres  auteurs  notam- 
ment et  avec  la  plus  grande  clarté  par  M.  Zeuner.  Il  l'ait 
voir  la  différence  profonde  qui  existe  entre  celte  équation, 
tirée  de  la  Thermodynamique,  et  l'équation  admise  autre- 
fois. 

Toute  la  question  que  l'expérience  aura  à  résoudre  con- 
siste à  savoir  si,  quand  on  fait  varier  la  température,  la 
vitesse  ou  le  volume  d'un  gaz  varient  bien  réellement 
comme  l'indiquent  les  équations  posées. 

DEUXIÈME  PARTIE. 

ÉCOULEMENT  DES  GAZ,  A  DIVERSES  TEMPÉRATURES,  SOUS  DES 
CHARGES    MODÉRÉES   PAR  DIVERSES    ESPÈCES    D'ORIFICES. 

L'auteur  donne  une  description  complète  des  appareils 
qui  lui  ont  servi. 

Tous  les  savants  qui  ont  eu  à  imaginer  d'abord  et  puis  à 
expérimenter  des  appareils  de  physique,  un  peu  compli- 
qués, sauront  apprécier  toutes  les  difficultés  qu'il  a  fallu 


(  S2  ) 
vaincre  pour  disposer  cet  appareil  :  il  s'agissait,  en  effet, 
d'établir  un  gazomètre  jouissant  d'une  liberté  absolue,  de 
mesurer  l'abaissement  de  ce  gazomètre  à  un  centième  de 
seconde  près,  de  déterminer,  en  un  mot,  les  volumes 
de  gaz  écoulés  à  un  dix  millième  près. 

Je  passe  en  me  contentant  de  les  citer  les  vases  à  des- 
siccation, le  tube  à  échauffement  pour  porter  les  gaz  aux 
températures  voulues,  les  orifices  d'écoulement,  les  mano- 
mètres, etc.,  etc. 

Le  mémoire  est  accompagné  de  quatre  grandes  et  belles 
planches,  dessinées  avec  beaucoup  de  soin  ;  il  serait  diffi- 
cile d'entrer  dans  tous  les  détails  à  cet  égard;  on  com- 
prendra qu'il  faut  avoir  les  planches  et  le  texte  sous  les 
yeux. 

L'auteur  s'étend  ensuite  longuement  sur  la  manière 
d'expérimenter  à  froid,  à  chaud,  avec  l'air  d'abord,  puis 
avec  des  gaz  autres  que  l'air,  l'hydrogène  et  l'acide  carbo- 
nique. 

Cette  partie  est  suivie  de  neuf  tableaux  sur  l'écoulement 
des  gaz  à  froid,  à  chaud,  secs  ou  humides,  en  indiquant 
toutes  les  corrections  à  faire  sur  les  mesures  expérimen- 
tales. 

Les  tableaux  sont  précédés  d'une  discussion  critique 
relative  à  l'emploi  des  moyennes  expérimentales. 

On  avait  fait  remarquer  à  M.  Hirn  que,  dans  son  pre- 
mier mémoire  de  1881,  les  différences  de  température 
entre  lesquelles  il  avait  opéré  étaient  trop  restreintes;  en 
effet,  il  ne  s'agissait  que  d'expériences  faites  à  11°  C.  et  à 
50°  C,  dont  les  températures  absolues  correspondent  à 
284  et  323°  et  dont  les  racines  carrées  16,85  et  17,95  ne 
diffèrent  que  de  4,1. 

Dans  les  expériences  de  son  nouveau  travail  on  trouve 


(53) 

des  différences  1res  considérables,  s'élevant  non   pas  à 
50  —  M  =  39°  C,  mais  allant  jusque  176°  et  200°. 
Donc  en  prenant  les  températures  absolues,  on  aura  : 

273  -+-  196  =  -169  dont  la  racine  carrée  est  =  21.66 
273  -f-     20  =  293  —  —  =  17.12; 

et  même 

273  -+-  200  =  473  dont  la  racine  carrée  est  =  21  75 
273  +       0  =  273  —  —  =  16.52. 

L'auteur  dans  cette  deuxième  partie  fait  une  digression 
en  vue  d'expériences  sur  l'écoulement  de  l'eau  par  les 
orifices  qui  lui  ont  servi  à  l'écoulement  des  gaz  et  je  ne 
m'y  arrête  pas;  il  faudrait  être  trop  long. 

TROISIÈME   PARTIE. 

Discussion  de  l'ensemble  des  expériences  précédentes 
au  point  de  vue  de  la  physique  et  de  la  mécanique. 

Dans  le  présent  rapport,  je  n'ai  pas  à  me  prononcer  sur 
les  questions  très  diverses  soulevées. 

Je  dois  cependant  attirer  l'attention  sur  une  restriction 
que  l'auteur  fait,  eu  égard  à  ses  expériences  sur  l'écou- 
lement des  gaz,  et  les  conclusions  qu'il  se  croit  en  droit 
d'en  déduire.  En  effet,  toutes  ses  expériences  ayant  été 
faites  à  des  pressions  modérées  ou  faibles,  il  y  aurait  le 
plus  grand  intérêt  à  les  répéter  sous  de  fortes  pressions. 
Les  expériences,  de  vérification  absolument  rigoureuse 
(faciles  à  mener  à  bonne  fin  avec  un  appareil  dont  il 
donne,  en  projet,  tous  les  organes),  faites  à  haute  pression, 
trancheraient  la  question  d'une  façon  réellement  rigou- 
reuse, mais  l'auteur  a  dû  reculer  devant  les  frais,  qui  ne 
s'élèveraient  pas  à  moins  d'une  quarantaine  de  mille  francs. 


(  54  ) 
Les  expériences  sur  l'écoulement  des  gaz,  selon  qu'ils 
sont  froids  ou  chauds,  démontrent,  d'après  l'auteur,  que, 
prises  dans  leur  ensemble,  les  équations  employées  pour 
trouver  la  vitesse  des  gaz  sont  parfaitement  rationnelles  et 
correctes.  Ces  équations  ne  reposent,  du  reste,  sur  aucune 
hypothèse  particulière  à  la  constitution  des  gaz  et  le  mode 
suivant  lequel  la  température  absolue  figure  dans  certaines 
équations  est,  lui-même,  indépendant  de  toute  hypothèse 
sur  cette  constitution. 

QUATRIÈME  PARTIE. 

Expériences  sur  le  choc  de  l'air  contre  un  plan 
résistant. 

L'auteur  rappelle  d'abord  son  premier  mémoire  de  1881 
et  fait  voir  que  le  choc  d'une  veine  gazeuse,  sur  un  plan 
fixe  et  résistant,  forme  en  quelque  sorte  la  contre-partie  de 
son  travail  précédent  et  que  s'il  arrive  de  cette  façon  aux 
mêmes  conclusions  que  celles  formulées  en  1881,  elles 
seront  confirmées  directement,  bien  que  sous  une  forme 
plus  différente  qu'on  ne  serait  tenté  de  l'admettre  à  pre- 
mière vue.  Or,  ces  conclusions  sont  confirmées,  en  effet, 
d'après  M.  Hirn. 

CINQUIÈME  PARTIE. 

Discussion  des  expériences  sur  le  choc  d'une  veine  de 
gaz  contre  un  plan  résistant  indéfini. 

Le  fait  saillant  qui  ressort  de  ces  expériences  est  le  sui- 
vant :  en  traduisant  la  pression  exercée  sur  le  plateau  dé 
la  balance  par  une  colonne  d'eau  dont  la  section  est  connue 


(55) 
cette  hauteur  est  toujours,  à  très  peu  près,  égale  au  double 
de  la  charge  manomélrique  qui  détermine  l'écoulement  du 
gaz  ;  de  plus,  celte  hauteur  est  absolument  indépendante 
de  la  température  du  gaz. 

L'ensemble  des  expériences  vérifie,  en  un  mot,  com- 
plètement l'ancien  principe  d'Hydrodynamique  :  que  la 
pression  exercée  sur  un  plan  résistant,  par  une  veine 
fluide  qui  la  frappe  normalement,  est  égale  au  produit  de 
la  section  effective  de  la  veine,  par  une  hauteur  de  fluide 
double  de  celle  à  laquelle  est  due  la  vitesse. 

SIXIÈME  PARTIE. 

Digression  rétrospective.  —  Description  d'un  appareil 
qui  avait  été  essayé  primitivement. 

L'auteur  décrit  un  appareil  qu'il  avait  imaginé  et  cons- 
truit en  4882  en  vue  d'étudier  les  lois  de  l'écoulement  et 
du  choc  des  gaz,  lorsque,  à  des  températures  très  diffé- 
rentes, pouvant  même  varier  de  20°  à  200°,  la  densité  est 
maintenue  constante. 

En  jetant  un  coup  d'œil  sur  celle  partie  du  mémoire,  on 
aura  déjà  une  idée  de  toutes  les  difficultés  que  l'auteur  a 
rencontrées  dans  l'exécution  expérimentale  de  son  travail. 
Les  expériences,  en  effet,  ont  complètement  échoué,  quant 
au  but  principal  que  l'auteur  poursuivait;  il  a  donc  dû  se 
borner  à  comparer  la  hauteur  des  deux  manomètres,  dont 
l'un  indiquait  la  charge  de  l'écoulement  et  l'autre  la  pres- 
sion hydrostatique  due  au  choc,  et  à  chercher  si  l'égalité 
des  hauteurs  se  maintenait,  quelle  que  fût  la  température, 
quand  la  densité  était  maintenue  constante. 

Les  résultats  ont  élé  des  plus  affirmalifs  quant  à  cette 
égalité. 


I  86  ) 
Il  cite  un  exemple  :  le  manomètre  de  l'écoulement  mar- 
quant, par  exemple,  0ra,30  à  20  degrés,  le  manomètre  du 
choc  marquait  aussi  0m,30  à  bien  peu  de  chose  près.  Si, 
alors,  on  portait  la  température  à  200°C,  il  fallait  augmen- 
ter la  pression  du  gaz  dans  les  rapports  27g^  20  =  1,614, 
et  pour  maintenir  la  densité  constante,  il  fallait  porter  la 
pression  de  0m,720  à  0,720  x  1,614  =  lm,162l,  résultat 
qui  pouvait  être  prévu  en  raison  du  principe  de  l'égalité 
de  l'action  et  de  la  réaction. 

SEPTIÈME  PARTIE. 

Conséquences  de  l'ensemble  des  résultats  expérimen- 
taux PRÉCÉDENTS  QUANT  AUX  THÉORIES  CONCERNANT  LA 
CONSTITUTION  DES  GAZ. 

Dans  la  septième  partie,  l'auteur  ne  touche  qu'à  la  ques- 
tion des  gaz  et  des  vapeurs,  tandis  que  dans  la  huitième, 
il  étend  la  discussion  à  la  notion  de  la   Force  en  général. 

On  arrive  à  trois  conceptions  bien  distinctes  sur  la 
nature  des  gaz  et  des  vapeurs  (comme  aussi  des  liquides 
et  des  solides  réguliers  et  homogènes)  : 

A.  «  Partant  des  apparences  les  plus  nettes  et  les  plus 
»  spécieuses,  nous  pouvons  considérer  ces  fluides  comme 
»  des  louis  continus,  partout  identiques  à  eux-mêmes 
k  jusque  dans  leurs  divisions  infinitésimales,  eldoués  d'une 
j>  élasticité  relativement  parfaite,  de  le  le  sorte  qu'une 
»  même  masse  revient  toujours  à  un  même  volume,  lors- 
b  qu'elle  est  ramenée  à  la  même  pression  et  à  la  même 
»  température.  » 

B.  «  Quittant  les  seules  apparences  et  armés  d'une 
»  hypothèse,  nous  pouvons  pénétrer  plus  avant  dans  ces 
j>  corps  et  les  considérer  comme  constitués  par  des  parties 


(  57  ) 
d  matérielles  séparées,  indivisibles,  extrêmement  petites, 
»  sinon  infiniment  petites,  tenues  à  de  certaines  distances 
»  variables,  par  une  puissance  répulsive  dont  les  manifes- 
»  tations  diverses  constituent  les  phénomènes  de  la  chaleur 
»  ou  du  calorique  et,  d'une  part,  par  une  puissance  attrac- 
»  tive  interne,  toujours  relativement  très  faible  en  inten- 
»  site  (pour  les  gaz)  et,  d'autre  part,  surtout  soit  par  la 
s>  résistance  et  l'impénétrabilité  des  vases  où  nous  enfer- 
»  mons  ces  fluides,  soit  par  la  pesanteur  (atmosphères 
»  terrestres  et  planétaires).  » 

C.  «  Nous  tenant  toujours  en  dehors  des  apparences  et 
»  poussant  l'hypothèse  beaucoup  plus  loin  encore,  nous 
»  pouvons  faire  abstraction  des  puissances  répulsives  et 
»  attractives  ou,  pour  mieux  dire,  et  ce  qui  est  tout  un, 
»  les  expliquer,  en  considérant  les  parties  matérielles  et 
»  indivisibles  comme  parfaitement  élastiques  et  comme 
»  douées  d'un  mouvement  nécessaire,  par  suite  duquel  ces 
»  particules,  en  se  heurtant  les  unes  les  autres  et  en  heur- 
p  tant  les  parois  des  vaisseaux  où  le  fluide  est  renfermé, 
»  simulent  ce  que  nous  appelons  la  pression  et  la  lempé- 
»  rature  du  gaz  ou  de  la  vapeur.  » 

C'est  cette  dernière  hypothèse  qui  est  la  plus  impor- 
tante à  considérer,  car  l'auteur  cherche  à  en  démontrer  les 
côtés  faibles  et  même  à  la  renverser. 

L'auteur  pense  que  Yexpérimenlalisme  (terme  ironique 
employé  depuis  peu),  fût-il  à  outrance,  appuyé  sur  l'analyse, 
peut  nous  aider  à  décider  en  faveur  de  l'une  ou  de  l'autre 
de  ces  théories,  et  assez  pour  éliminer  au  moins  l'une  de 
ces  trois  hypothèses  sur  la  nature  et  la  constitution  des 
gaz  telles  qu'elles  sont  exposées  entre  autres  dans  les  tra- 
vaux de  M.  Clausius  et  de  M.  Maxwell  principalement, ainsi 
que  d'autres  savants. 


(  58  ) 

Il  fait  voir  d'abord  que  les  résultats  des  expériences, 
quant  au  choc  d'une  veine  gazeuse  contre  un  plan  indéfini, 
sont  inconciliables  avec  l'hypothèse  qui  admet  un  mouve- 
ment continu  et  nécessaire,  d'où  résulteraient  dans  les  gaz 
la  température  et  la  pression;  il  fait  voir  ensuite  que  les 
expériences  sur  l'écoulement  des  gaz  à  diverses  tempéra- 
tures conduisent  absolument  aux  mêmes  conséquences. 

Je  dois  me  contenter  de  donner  l'opinion  de  l'auteur, 
laissant  nécessairement  de  côté  les  questions  d'analyse 
que  ce  chapitre  comporte  ;  le  rapport  de  mon  savant 
confrère  M.  Folie  appelle  l'attention  sur  cette  partie  et 
en  présente  une  critique  sur  laquelle  je  n'ai  nullement  le 
droit  de  me  prononcer  ;  laissons  le  débat  complet  se 
produire  entre  les  cinétistes  d'une  part  et,  d'autre  part,  les 
savants  qui  n'admettent  pas  ces  opinions. 

HUITIÈME  PARTIE. 

L'hypothèse  de  la  cinétique  pure  porte  a  faux  dans 
l'interprétation  de  certains  faits  depuis  longtemps 
connus  en  physique. 

Dans  ces  derniers  temps,  alors  que  son  travail  était  déjà 
soumis  à  l'examen  des  commissaires  de  l'Académie,  l'au- 
teur a  fait  remettre  à  M.  le  secrétaire  perpétuel  un  complé- 
ment important  à  son  travail. 

11  cherche  à  définir,  d'abord,  ce  qu'il  faut  entendre  par 
cinétique  pure,  théorie  dans  laquelle  il  faut  considérer 
les  gaz  comme  étant  constitués  par  des  atomes  ou  molé- 
cules, infiniment  petits,  parfaitement  indépendants  les  uns 
des  autres,  se  mouvant  dans  un  vide  parfait  avec  une 
vitesse  spécifique  pour  chaque  température,  variable,  par 
suite,  d'une  température  à  une  autre. 


(  59  ) 

11  fait  remarquer  expressément  que,  dans  cette  hypo- 
thèse, on  fait  forcément  abstraction  de  la  force  pour  y 
substituer,  comme  cause  unique  et  seule  possible  du  mou- 
vement, le  mouvement  lui-même. 

Il  prend  quelques  faits  physiques  et  mécaniques  et  fait 
remarquer  qu'en  somme  ces  faits  s'expliquent  parfaite- 
ment dans  l'hypothèse  cinétique  et  que  l'explication  con- 
corde parfaitement  avec  les  lois,  si  bien  prouvées  et  géné- 
ralement admises,  de  la  Thermodynamique;  bien  d'autres 
faits  s'expliquent  de  même.  Je  crois  inutile  de  rappeler  à 
ce  sujet  les  travaux  classiques  de  notre  illustre  associé 
M.  Clausius. 

Pour  d'autres  phénomènes,  tout  aussi  importants,  l'ex- 
plication est  en  opposition  formelle  avec  les  faits  et  les  lois 
de  la  Thermodynamique.  Analysant  et  appliquant  la  loi 
de  Weisbach  sur  l'écoulement  des  gaz,  loi  qui  repose 
directement  sur  les  principes  de  la  Thermodynamique  et 
les  propriétés  fondamentales  essentielles  des  gaz,  il  montre 
que,  d'après  cette  équation,  la  vitesse  de  l'air  à  0°C,  par 
exemple,  qui  se  jetterait  dans  un  espace  complètement 
vide,  s'élèverait  à  735  mètres  par  seconde. 

Or,  d'après  la  cinétique,  les  atomes  de  l'air  sec  à  0°C. 
ont  une  vitesse  de  485  mètres  seulement.  Si  donc  on  sup- 
pose un  réservoir  de  cet  air,  en  rapport  avec  un  vide 
parfait,  l'écoulement,  d'après  M.  Hirn,  ne  pourra  donner 
lieu  qu'à  une  vitesse  de  485  mètres,  ce  qui  est  contraire 
à  l'équation  de  Weisbach,  fondée  sur  les  lois  de  la  Ther- 
modynamique. 

Si  au  lieu  d'un  réservoir  de  forme  quelconque,  on 
emploie,  pour  renfermer  le  gaz,  un  cylindre,  et,  qu'après 
y  avoir  pratiqué  une  ouverture,  on  y  fasse  mouvoir  un  pis- 
ton de  façon  à  maintenir  la  pression  constante,  il  n'en 


(  60) 
résultera  pas  moins  que  la  température  de  l'air  s'élèvera, 
que  la  vitesse  des  atomes  ira  en  croissant,  quoique  la 
pression  soit  maintenue  constante,  résultat  de  nouveau 
contraire  à  la  Thermodynamique  et  aux  faits  surabondam- 
ment prouvés. 

Il  examine  ensuite  le  cas  où  les  atomes  parfaitement 
élastiques  se  choquent  et  cherche  à  analyser  tous  les  phé- 
nomènes qui  résultent  de  ces  chocs.  Ici  je  suis  forcé  de 
renoncer  à  des  développements;  je  devrais  reproduire  une 
partie  de  ce  chapitre,  qui  malheureusement  n'a  pas  pu 
être  examiné  en  détail  par  mes  confrères. 

Notons  encore,  avant  de  reproduire  la  conclusion  for- 
melle de  M.  Hirn,  que  ce  savant  signale  la  formule  de 
Weisbach  comme  n'ayant  pu  être  vérifiée  pour  le  cas  d'un 
gaz  se  jetant  dans  le  vide,  mais  elle  a  été  vérifiée  dans 
d'autres  cas  de  l'écoulement  des  gaz,  ce,  qu'avec  raison, 
M.  Hirn  juge  suffisant  au  cas  particulier. 

M.  Hirn  se  demande  comment  certains  gaz  explosifs 
résistent  à  des  chocs  comme  ceux  de  l'air  en  mouvement, 
exemple  C120,  C1203,  et,  peut-être,  pourrait-il  y  aojuler 
d'autres  liquides  ou  solides  comme  le  chlorure  et  l'iodure 
d'azote,  les  fulminates. 

Mais  quoi  qu'il  en  soit,  il  est  incontestable  que,  dans 
les  vases  placés  dans  le  vide,  les  molécules  ou  les  atomes 
ne  peuvent  sortir  qu'avec  leur  vitesse  propre  correspon- 
dant à  leur  température  actuelle. 

Je  me  borne  à  donner  in  extenso  le  dernier  alinéa  de 
cette  importante  addition  au  mémoire. 

t  En  un  mot  donc  et  pour  conclure,  si  l'hypothèse  d'un 
»  assemblage  d'atomes  parfaitement  élastiques,  mais 
»  indépendants  les  uns  des  autres,  explique  certains  phé- 
»  nomènes  de  la  Physique  Mécanique  des  gaz,  elle  échoue, 


(  61  ) 
»  au  contraire,  radicalement  contre  l'interprétation 
»  d'antres  phénomènes,  tout  aussi  nombreux  et  tout  aussi 
»  importants.  Et  l'ensemble  des  phénomènes  ne  peut 
»  s'expliquer  d'une  façon  rationnelle  que  quand  on  admet 
»  une  solidarité  continue  entre  les  atomes,  de  telle  sorte 
»  que  n'importe  lequel  d'entre  eux  ne  peut  changer  de 
»  position  sans  que  tous  les  autres  se  trouvent  dans  de 
»  nouvelles  conditions  d'équilibre.  » 

Ici  s'arrête  le  travail  analytique  et  expérimental  de 
M.  Hirn. 

Vos  trois  commissaires  sont  unanimement  d'avis  que  la 
partie  expérimentale  du  travail  est  traitée  avec  des  soins 
réellement  extraordinaires,  étonnants  même;  qu'il  mérite, 
sans  réserve  aucune,  la  plus  haute  approbation  de  l'Acadé- 
mie et  que  notre  savant  associé  a  bien  mérité  de  la  Science. 
Abstraction  faite  de  la  critique  de  l'un  des  nombreux  cal- 
culs du  mémoire  dans  lesquels  j'ai  cru  devoir  me  récuser, 
il  reste  parfaitement  établi  par  les  expériences  et  admis 
par  mes  deux  savants  confrères,  que  dans  le  phénomène 
du  choc  d'une  veine  fluide,  la  pression  exercée  par  le  gaz 
est  indépendante  de  la  température,  comme  M.  Hirn  l'avait 
dit  dans  son  premier  mémoire  de  J881-1882.  De  plus, 
que  cette  pression  ou  la  résistance  des  gaz  est,  à  fort  peu 
près,  proportionnelle  à  la  densité,  ou  en  un  mot  :  «  que  la 
»  pression  et  la  température  des  gaz  ne  sont  pas  consti- 
»  tuées  par  les  mouvements,  de  quelque  genre  qu'on  veuille, 
r>  des  atomes  matériels  ». 

Ce  fait  étant  absolument  mis  hors  de  doute,  quelle 
conclusion  faut-il  en  tirer  pour  rester  logique  et  en  har- 
monie avec  l'analyse?  Ici,  deux  de  nos  illustres  associés 
sont  d'un  avis  tout  opposé. 

En  effet  :  pour  M.  Hirn,  beaucoup  de  faits  de  Physique 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  6 


C  62  ) 
Mécanique  s'expliquent  dans  la  théorie  cinétique,  d'autres, 
au  contraire,  ne  s'expliquent  plus  et  sont  en  contradiction 
manifeste  avec  cette  théorie  et  les  principes,  hors  de  doute 
aujourd'hui,  de  la  Thermodynamique,  science  au  dévelop- 
pement de  laquelle  notre  illustre  associé  M.  Clausius  a  pris 
une  si  large  et  si  honorable  part.  (Dans  la  neuvième  partie 
du  travail,  M.  Hirn  lui  rend  un  hommage  éclatant.)  Pour 
M.  Clausius,  au  contraire,  d'après  les  opinions  de  mon 
savant  confrère  M.  Folie,  les  données  des  expériences  de 
M.  Hirn  et  même  des  résultats  analytiques  sont  en  con- 
cordance avec  la  théorie  cinétique. 

Votre  troisième  commissaire  se  gardera  bien  de  se  pro- 
noncer entre  ces  opinions,  malgré  les  déductions  si 
logiques  exposées  par  M.  Hirn  dans  celte  huitième  partie; 
il  est  de  son  devoir  de  s'abstenir,  comme  le  font  ses  con- 
frères, forcément  obligés,  faute  de  temps,  de  renoncer  à 
examiner  cette  partie  très  importante  du  travail  de  M.  Hirn, 
avec  l'attention  qu'elle  semble  mériter. 

Quoi  qu'il  en  soit  donc,  le  dilemme  ci-dessus  semble 
plutôt  pouvoir  se  résoudre  par  le  calcul  et  ses  artifices 
que  par  de  nouvelles  expériences.  Mes  deux  savants  con- 
frères admettent  la  réalité  et  l'importance  des  faits  que 
M.  Hirn  a  mis  hors  de  doute.  Il  ne  s'agit  plus  que  d'une 
simple  question  d'interprétation. 

J'ai  déjà  dit,  et  je  me  plais  à  le  répéter  :  notre  savant 
associé  a  tenu  compte  des  critiques  que  mes  savants  con- 
frères ont,  sous  une  forme  dubitative,  faites  à  son  travail  de 
1881,  à  propos  des  expériences  qui  leur  paraissaient  exé- 
cutées dans  des  limites  trop  restreintes  de  la  température 
absolue,  281°  et  523°,  dont  les  racines  carrées  ne  différaient 
que  de  1,1  ;  dans  le  travail  actuel  il  a  poussé  la  diffé- 
rence des  températures  absolues  de  273°  à  473°,  c'est-à- 


(63) 

dire  de  200°  C,  au  lieu  de  39°  C,  mais,  il  est  vrai,  pour  des 
expériences  différentes  de  celles  de  son  premier  mémoire. 

L'un  de  nous  se  contentait  en  effet  de  dire  alors,  tout 
en  se  ralliant  aux  conclusions  du  premier  commissaire, 
qu'il  avait  des  appréhensions  et  des  doutes  sur  l'exactitude 
rigoureuse  des  raisonnements  de  M.  Hirn. 

Je  rappelle  ces  antécédents  pour  montrer  à  l'Académie 
que  la  question  est,  et  restera  longtemps  encore,  sans 
doute,  controversée. 

Quoi  qu'il  en  soit  et  sans  avoir  à  me  prononcer,  je 
reviens  à  l'opinion  que  j'ai  émise  dans  mon  rapport  sur 
le  mémoire  de  1881;  car,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  mon  confrère 
M.  Van  der  Mensbrugghe  partage  mon  opinion  dans  son 
rapport  sur  le  mémoire  actuel.  Je  me  répète  donc  aujour- 
d'hui en  disant  : 

«  Je  crois  devoir  faire  remarquer  que  la  question  se 
»  débattra  entre  nos  deux  illustres  associés  MM.  Clausius 
»  et  Hirn  et  entre  tous  les  savants  qui  se  sont  occupés  de 
»  la  théorie  des  gaz  et  des  résistances  qu'ils  opposent  aux 
»  corps  qui  s'y  meuvent;  les  recueils  de  l'Académie  seront, 
j>  j'ose  l'affirmer  d'avance,  largement  mis  à  leur  disposition 
»  et  nos  recueils  deviendront  le  champ  clos  où  la  question 
»  se  débattra  au  grand  profit  de  la  science  et  de  la  vérité. 

J'ajoutais  :  «  M.  Hirn  aura,  sans  doute,  une  rude  lutte  à 
b  soutenir  ». 

On  me  permettra  d'exprimer  mes  vifs  regrets  de  voir 
que  cette  lutte  courtoise,  entre  deux  grandes  illustrations 
scientifiques,  nos  associés,  et  bien  d'autres  savants  émi- 
nents  encore,  ait  été  différée  si  longtemps  et  je  l'appelle 
de  tous  mes  vœux  et  de  toutes  mes  forces. 

En  effet,  si  même  dans  une  seule  expérience,  ou  dans 


(  64) 
un  seul  fait  analysé  par  M.  Hirn,  la  théorie  cinétique 
des  gaz  est  en  défaut,  il  pourra  arriver,  pour  celte  théorie, 
ce  qui  est  arrivé  en  optique  pour  le  choix  à  faire  entre  le 
système  de  l'émission  qui  n'explique  pas  le  phénomène 
des  interférences  et  le  système  des  ondulations  qui  en 
donnait  une  explication  rationnelle. 

Comme  je  l'ai  déjà  dit,  la  lutte  sera  vive  et  longue.  En 
effet,  ne  sait-on  pas  qu'un  illustre  savant  qui  a  fait  des 
découvertes  remarquables  en  optique  a  professé  toute  sa 
vie  le  système  de  l'émission,  alors  que  le  système  des  on- 
dulations était  admis  par  la  généralité  des  physiciens, 
surtout  depuis  les  travaux  de  A.  Fresnel  ?  N'oublions  pas 
que  la  théorie  des  ondulations  due  au  génie  de  Descartes 
au  commencement  du  XVIIe  siècle,  poursuivie  habilement 
par  Huyghens  dans  ses  conséquences,  vers  le  milieu  du 
XVIIe  siècle,  admise  par  Euler  vers  le  milieu  du  XVIIIe, 
alors  que  Newton  avait  déjà  produit  son  système  de  l'émis- 
sion, soutenu  par  le  grand  nom  de  cet  immortel  savant, 
que  celte  théorie  de  l'émission,  dis-je,  était  adoptée  géné- 
ralement jusqu'au  commencement  du  XIXe. —  L'hypolhèse 
ou  le  système  des  ondulations  paraissait  absolument  aban- 
donné lorsque  le  docteur  Thomas  Young  rappela  sur  lui 
l'attention  des  physiciens.  —  On  sait  ce  qui  est  arrivé  de 
cette  hypothèse  explicative  des  phénomènes  lumineux  qui 
reste,  généralement,  adoptée  aujourd'hui  et  qui  sera  pro- 
fessée aussi  longtemps  qu'elle  expliquera  tous  les  faits 
connus  de  l'optique  et  ceux  que  l'avenir  découvrira  encore. 

Je  prie  l'Académie  de  me  pardonner  ces  longueurs  et 
celte  digression,  car,  je  ne  crains  pas  de  le  dire,  je  suis 
profondément  ému  quand  je  vois  un  savant  de  la  valeur 
de  M.  Hirn  en  contradiction  avec  un  savant  de  la  valeur 
de  M.  Clausius,   comme  Descartes,  Huyghens  et  Euler 


(  65  ; 
l'ont  été  avec  Newton.  Qui  ne  le  serait  pas,  quand  on  voit 
M.  Hirn  affirmer  nettement  que  certains  faits  posés  par  la 
Cinétique  pure  ou,  du  moins,  qui  sont  les  conséquences 
forcées  de  cette  doctrine,  sont  en  opposition  formelle  avec 
les  principes  de  la  Thermodynamique, science  qui  a  changé 
la  face  de  la  physique,  science  dans  laquelle,  entre  tous, 
M.  Clausius  s'est  fait  un  titre  de  gloire  immortelle? 

Je  reste  plus  indécis  que  mes  deux  savants  collègues, 
je  ne  choisis  pas;  car,  indépendamment  de  mon  incompé- 
tence sur  certains  points,  j'ai  un  motif  péremptoire  à 
faire  valoir. 

En  effet ,  je  cherche  et  je  chercherai  toujours  à  faire 
étudier  les  travaux  de  M.  Hirn  par  nos  jeunes  savants; 
espérant  qu'en  provoquant  des  travaux,  la  vérité  absolue 
ou  relative  ressortira,  tôt  ou  tard,  de  celte  importante 
lutte;  au  moins,  ils  seront  de  nature  à  nous  rapprocher 
de  la  vérité. 

Disons-le  hardiment  :  Vainqueurs  et  Vaincus  auront 
bien  mérité  de  la  Science. 

Me  voici  arrivé  aux  trois  quarts  de  ma  tâche;  il  me  reste 
peu  de  chose  à  dire  sur  la  neuvième  et  dernière  partie. 

NEUVIÈME  PARTIE. 

Conséquences  philosophiques  qui  découlent  des  expé- 
riences RELATÉES  DANS  CE  TKAVAIL. 

Oculos  habenl  sed  nolunt  videre. 

Cette  partie  très  importante  du  travail  de  M.  Hirn  méri- 
terait un  examen  détaillé,  au  point  de  vue  des  questions 
de  haute  philosophie  qu'il  entame,  comme  déduction  de 
simples  faits  physiques  et  mécaniques. 


(  66) 

S'il  est  vrai  que  M.  Him  a  de  nouveau  cherché  à  prouver, 
dans  cette  neuvième  partie,  principalement:  qu'un  mathé- 
maticien et  un  physicien  peut,  quand  il  le  veut,  penser, 
sentir  et  écrire  dans  la  langue  de  tout  le  monde,  il  est 
tout  aussi  vrai,  cependant,  qu'il  est  difficile  d'en  donner  un 
résumé  satisfaisant  sans  être  entraîné  dans  des  longueurs; 
aussi,  mes  savants  confrères  n'ont-ils  que  peu  insisté  sur 
celte  dernière  partie  du  travail  que  j'examine  rapidement 
sans  m'aslreindre  à  suivre  l'ordre  que  l'auteur  a  adopté. 

M.  Him  semble  s'être  laissé  guider  par  une  pensée  pro- 
fonde qu'il  produit  sous  la  forme  suivante  :  Nos  sciences, 
que  d'aucuns  s'efforcent  de  loger  dans  des  casiers  bien 
distincts,  se  fondent  en  réalité  ensemble;  et  tel  qui  dans 
son  laboratoire  poursuit  un  problème  de  Chimie,  de  Phy- 
sique, travaille  souvent,  à  son  insu,  à  la  solution  d'un  pro- 
blème de  haute  Philosophie. 

Il  serait,  en  effet,  facile  d'en  donner  une  foule  d'exemples; 
quoi  qu'il  en  soit,  j'imiterai,  partiellement  au  moins,  la 
réserve  de  mes  confrères,  d'autant  plus,  que  j'aurais  à 
répéter  sous  une  autre  forme,  peut-être  avec  un  peu  plus 
de  détails  encore,  ce  que  j'ai  dit  dans  mon  rapport  de  1881 
et,  principalement,  dans  les  pages  246  à  257  du  Bulletin 
de  la  séance  du  8  octobre  1881. 

J'ajoute  de  suite,  ce  qui  facilite  ma  tâche  et  mon  devoir, 
que  l'auteur  n'a  rien  changé  d'essentiel  pour  le  fond  aux 
conséquences  déduites  des  expériences  du  mémoire  publié 
par  l'Académie  en  1882,  à  ses  travaux,  publiés  depuis 
1850,  et  principalement  dans  son  ouvrage  :  Conséquences 
philosophiques  et  métaphysiques  de  la  Thermodynamique. 
—  Analyse  élémentaire  de  l'Univers,  publié  en  1868,  voire 
même  dans  son  travail  :  la  Musique  et  l'Acoustique,  publié 
en  1878,  et  La  Vie  future  et  la  Science  publiée  en  1881. 


(  67  ) 

L'auteur  lui-même  a  le  soin  de  dire  qu'il  ne  considère 
cette  partie  de  son  travail  que  comme  un  étai  de  plus  à 
ses  anciens  travaux.  Des  questions  de  haute  philosophie 
ont  été  traitées  dans  ces  travaux.  M.  Hirn  revient,  en 
somme,  à  cette  grande  pensée  :  qu'il  est  possible,  avec  les 
données  positives  de  la  science,  de  fonder  les  assises  so- 
lides d'une  métaphysique  expérimentale  à  l'abri  des  injures 
du  temps;  opinion  qu'il  émettait  déjà  en  1850,  et  qu'il 
poursuit  avec  persévérance  depuis  cette  époque. 

M.  Hirn  fait  du  reste  remarquer  aussi,  comme  je  le 
disais  dans  mon  rapport  sur  le  travail  de  M.  Ronkar  (Bul- 
letin de  l'Académie,  t.  VIII,  p.  160,  séance  du  2  août!  884), 
que,  malheureusement,  aucune  critique  proprement  dite 
n'a  été  formulée,  tendant  à  réfuter  les  expériences  ou  les 
conséquences  du  travail  publié  en  1881  par  l'Académie. 
Peut-être  même,  dit-il,  n'a-t-on  pas  voulu  me  lire;  il 
aurait  le  droit  d'en  être  tristement  affecté. 

Cette  partie  du  travail  est  subdivisée  en  huit  chapitres 
distincts. 

Il  donne,  après  avoir  défini  ce  qu'il  appelle  la  cinétique 
pure,  le  nom  et  l'opinion  des  savants,  tels  que  MM.  Mole- 
schott,  Du  Bois-Raymond,  Colla,  Drossbach,  Biichner,  de 
Saint-Robert,  qui,  en  général,  n'admettent  pas,  comme 
M.  Hirn,  que  la  Force  ou  les  Forces  ont  une  existence 
aussi  réelle  que  celle  de  la  matière  elle-même,  c'est-à-dire 
qu'il  les  considère  comme  des  principes  constitutifs  de 
l'univers,  indépendants  de  la  matière. 

Ces  savants  nient  la  Force  et  lui  substituent  le  mouve- 
ment comme  cause  unique  du  mouvement,  c'est-à-dire 
qu'il  ne  peut  naître  dans  un  point  matériel  qu'à  la  condi- 
tion expresse  que  ce  point  matériel  soit  en  contact  immé- 
diat avec  d'autre  matière,  déjà  en  mouvement  elle-même. 


(  68) 

Pour  M.  Hirn,  au  conlraire,  les  Forces  sont  des  puis- 
sances dynamiques  constituant  des  principes  de  relation 
entre  les  êtres;  il  rappelle  à  ce  sujet  l'opinion  deNewlon  : 
deux  masses  matérielles  ne  peuvent  agir  l'une  sur  l'autre, 
à  travers  le  vide,  c'est-à-dire  sans  quelque  chose  d'inter- 
posé qui  établisse  leur  relation.  Parlant  de  la  gravitation, 
il  rappelle  le  calcul  par  lequel  de  Laplace  a  démontré  que 
si  la  gravitation  a  une  vitesse  de  propagation,  cette  vitesse 
doit  être  au  minimum  de  cinquante  millions  de  fois  supé- 
rieure à  celle  de  la  lumière;  c'est-à-dire  que  l'on  peut  la 
considérer  comme  infinie  :  ce  qui  revient  de  fait  à  dire 
qu'il  n'y  a  pas  ici  de  vitesse  et  que  la  force  est  sans  cesse 
partout  en  activité. 

Quant  au  mouvement  lui-même,  il  est  absolument 
absurde  de  le  considérer  comme  un  être  réel,  qui  peut 
s'ajouter  ou  se  soustraire;  nous  sommes  obligés  ou  réduits 
à  le  considérer  comme  n'étant  qu'un  état  de  la  matière. 
En  mécanique,  on  détermine  les  lois  du  mouvement  avec 
la  plus  grande  précision,  et  il  paraît  puéril  de  partir 
des  lois  du  mouvement  pour  lui  donner  le  litre  de  causalité 
unique  dans  l'univers. 

M.  Hirn  discute  aussi  le  principe  qui  admet  que  la  force 
ne  peut  être  physiquement  séparée  de  la  matière;  même 
en  admettant  qu'il  en  soit  ainsi,  ce  qui  est  contredit  par 
certains  faits,  il  n'en  résulterait  pas  moins,  pour  M.  Hirn, 
que  la  Force  pourrait  avoir  une  existence  indépendante 
de  la  matière  elle-même. 

«  Entre  le  Soleil  et  les  planètes,  entre  les  planètes  et 
»  leurs  satellites,  entre  la  Terre  et  le  corps  pesant  que  je 
»  soulève,  il  se  trouve  quelque  chose  qui  élablil  le  rapport 
»  que  nous  appelons  attraction.  Que  ce  quelque  chose  soit 
»  ou  non  séparable  physiquement  des  corps  qu'il  met  en 


(  69  ) 
»  relation,  qu'il  soit,  comme  tant  de  personnes  le  veulent, 
»  de  la  matière  en  mouvement,  ou  qu'il  constitue  un  élé- 

>  ment  autre,  toujours  est-il  qu'il  remplit  i'espace  stel- 
»  laire  autrement  que  les  masses  qui  nous  semblent  s'at- 
»  tirer;  il  est  distinct  de  celles-ci.  » 

M.  Hirn  en  conclut  :  «  Que  la  Force  soit  ou  non  sépa- 
»   rable  des  points  matériels  qu'elle  met  en  rapport,  je  dis 

>  donc  de  plein  droit  qu'elle  constitue  un  élément  dis- 
»  tinct.  » 

On  a  vu  que  Hirn  s'appuie  souvent  sur  les  données  de 
la  Thermodynamique,  et  il  pense  que  de  l'existence  d'un 
équivalent  mécanique  de  la  chaleur,  de  l'électricité  :  il  riy 
a  absolument  qu'une  seule  conclusion  à  tirer,  à  savoir,  que 
toutes  les  forces  de  l'univers  peuvent  se  faire  équilibre  et 
se  substituer  les  unes  aux  autres. 

Il  saute  aux  yeux  combien  celte  idée  diffère  de  celle 
qui  ;idmet  que  les  forces  se  transforment 'les  unes  dans  les 
autres,  mais  je  m'arrête  dans  celte  analyse  déjà  trop  longue, 
bien  que  sommaire. 

Quant  à  la  seconde  proposition  de  la  Thermodynamique, 
je  me  contente  de  signaler  comment  M.  Hirn  apprécie  à  ce 
sujet  les  travaux  de  notre  illustre  associé  M.  Clausius. 
Voici  comment  il  s'exprime  :  Je  pense  n'être  injuste  envers 
personne  en  disant  que  c'est  M.  Clausius  qui  a  su  le  mieux 
en  mettre  en  relief  toute  l'importance  et  lui  donner  un 
caractère  neuf  et  spécial  :  je  n'exagérerai  en  aucune  façon 
en  disant  que  ce  grand  analyste  a  su  ainsi  fonder  une 
branche  nouvelle  en  Physique.  Je  ne  me  permettrai  d'émettre 
qu'un  regret,  c'est  qu'après  avoir  livré  ses  travaux  à  la 
publicité  sous  leur  forme  abstraite  et  rigoureusement 
mathématique,  il  n'ait  pas  voulu  lui-même  leur  donner 
aussi  une  forme  plus   élémentaire  et  plus  abordable  au 


(70) 

grand  nombre  des  intelligences.  Je  ne  puis  attribuer  qu'à 
cette  considération  le  fait  que  ces  magnifiques  études  sont 
encore  aujourd'hui  si  peu  connues  et  que  les  termes  nou- 
veaux tels  que  Entropie,  Ergal,  Viriel,  dont  M.  Clausius 
légitime  parfaitement  l'introduction  dans  la  Science,  sont 
lettres  mortes  pour  l'immense  majorité  du  public,  même 
compétent. 

Il  est  un  point  que  je  ne  puis  passer  sous  silence  : 
M.  Hirn  pense  que  la  plupart  des  systèmes  explicatifs  qui 
ont  pour  base  une  cinétique  quelconque  reposent  sur  des 
illusions  et  des  inconséquences  de  raisonnement;  mais  il 
faut  faire  une  restriction  importante  à  cet  énoncé,  car  il 
ne  concerne  en  aucune  façon  les  hypothèses  que  quelques 
grands  mathématiciens  ont  admises  pour  traduire  certains 
phénomènes  par  l'Analyse.  Il  examine  l'hypothèse  de 
l'éther  lumineux,  dont  les  mouvements  se  communiquent 
à  d'autres  particules.  Tout  en  faisant  remarquer  que  la 
lumière,  bien  que  considérée  et  expliquée  dans  le  système 
des  ondulations,  traduit  admirablement  les  plus  minimes 
détails  des  phénomènes  de  l'optique,  il  n'est,  cependant, 
pas  permis  d'avancer,  malgré  son  utilité  incontestable, 
qu'il  répond  à  la  vérité  absolue;  il  est,  du  reste,  incon- 
ciliable avec  certains  faits  pris  en  dehors  de  l'optique  : 
la  chaleur,  la  lumière,  l'électricité  statique,  l'électricité 
dynamique,  le  magnétisme,  la  gravitation. 

On  arrive  à  devoir  créer  un  éther  à  la  fois  élastique 
et  non  élastique,  à  la  fois  en  mouvement  accidentel  (onde 
lumineuse,  calorifique...)  et  en  mouvement  nécessaire 
(éther  propulseur  ou  gravifique),  mais  il  faut  étudier  toute 
cette  discussion  dans  le  mémoire  lui-même,  un  extrait 
pouvant  induire  le  lecteur  en  erreur  et  laisser  le  doute 
dans  l'esprit. 


(  7i  ) 

Je  ne  m'arrêterai  pas  au  paragraphe  VIII,  le  dernier 
de  cette  neuvième  partie  du  mémoire  intitulé:  Parallèle 
entre  l'École  matérialiste  et  Vhcole  spiritualiste,  m'en 
référant  strictement  à  mon  rapport  de  1881.  —  Je  me 
borne  à  donner  la  conclusion  générale  par  laquelle  l'au- 
teur termine  son  Mémoire  : 

1°  «  On  cesse  logiquement  et  forcément  d'appartenir  à 
»  l'École  matérialiste,  dès  que  dans  les  phénomènes  du 
»  monde  physique  on  fait  intervenir  un  élément  autre 
»  que  la  matière  en  mouvement  ou  en  repos.  » 

2°  «  On  devient  tout  aussi  logiquement  et  forcément 
»  matérialiste,  dès  qu'on  nie  l'existence  d'un  élément 
»  distinct  et  supérieur  intervenant  dans  les  phénomènes 
»  du  monde  physique.  La  négation  de  la  force  considérée 
»  comme  élément  dynamique  spécifique  condamne  au 
s  matérialisme  le  chimiste  et  le  physicien  dans  son  labo- 
»  ratoire  et  le  philosophe  dans  son  cabinet  de  méditation.  » 

«  L'École  matérialiste,  j'en  suis  certain,  souscrira  tout 
»  entière  à  la  première  assertion.  Les  partisans  de  l'École 
»  opposée,  j'en  suis  tout  aussi  sûr,  ne  souscriront  pas 
»  tous  à  la  seconde  proposition.  C'est  d'eux  qu'on  est  bien 
>  obligé  de  dire  :  Oculos  habenl  sed  nolunt  videre.  » 

Je  me  rallie  avec  le  plus  vif  empressement  aux  conclu- 
sions de  mes  savants  confrères.  » 

La  Classe,  adoptant  les  conclusions  des  rapports  de  ses 
trois  commissaires ,  vote  de  chaleureux  remercîments  à 
M.  Hirn  pour  la  présentation  de  son  travail  et  décide 
l'impression  de  celui-ci,  avec  les  planches  qui  l'accom- 
pagnent, dans  le  recueil  des  Mémoires  in-4°. 


(  72  ) 

Études  sur  l'aspect  physique  de  la  planète  Jupiter; 
par  M.  F.  Terby. 

Rapport  de  M.    I,i «*/»•*>. 

«  La  connaissance  exacte  de  la  nature  des  bandes  et 
des  taches  que  l'on  observe  à  la  surface  de  Jupiter  est  un 
problème  d'astronomie  physique  qui  a  provoqué,  pendant 
ces  dernières  années,  de  nombreuses  et  intéressantes 
recherches.  Les  astronomes  ont  compris  en  effet  que,  pour 
arriver  à  reconnaître  le  degré  d'instabilité  ou  de  fixité  des 
différents  détails  de  la  planète,  il  ne  suffisait  pas  de 
dessiner  ceux-ci  à  certains  intervalles;  mais  qu'il  fallait 
au  contraire  étudier  le  disque  d'une  manière,  pour  ainsi 
dire,  continue,  et  accumuler,  à  chacune  des  oppositions 
de  la  planète,  assez  de  matériaux  pour  pouvoir,  de  leur 
discussion,  déduire  des  conséquences  sérieuses. 

C'est  un  travail  de  ce  genre  que  M.  Terby  présente 
aujourd'hui  à  l'Académie.  L'astronome  de  Louvain,  dont 
plusieurs  notices  relatives  à  l'aspect  physique  des  planètes 
ont  déjà  paru  dans  nos  publications,  s'est  livré  à  un 
examen  attentif  de  la  surface  de  Jupiter,  depuis  le  19 
août  1881  jusqu'au  25  mars  1882.  Le  mémoire  qu'il 
soumet  aujourd'hui  au  jugement  de  la  classe  renferme 
une  description  détaillée  des  nombreuses  observations 
qu'il  a  faites  à  ce  sujet. 

Cette  description  est  accompagnée  de  88  dessins,  dont 
les  détails  attestent  le  soin  que  M.  Terby  a  mis  dans  ses 
observations.  Ces  dessins,  obtenus  avec  le  secours  de 
moyens  optiques  relativement  faibles  (l'ouverture  de  la 
lunette  employée  ne  dépassant  pas  neuf  centimètres),  ne 
donnent  évidemment  que   les  détails  les  plus  saillants, 


(73  ) 

parmi  ceux  qui  se  montrent  sur  le  disque  de  Jupiter; 
mais  par  ce  fait  même,  ils  offrent  un  intérêt  tout  spécial. 
En  effet,  lorsqu'on  les  comparera  aux  dessins  obtenus  à 
l'aide  d'instruments  plus  puissants,  les  particularités  qu'ils 
présentent  seront  des  points  de  repère,  et  pourront  servir 
de  contrôle  dans  l'étude  des  nombreux  détails  dont  les 
bandes  de  Jupiter  sont,  pour  ainsi  dire,  parsemées. 

Dans  les  planches  jointes  au  compte  rendu  détaillé  des 
observations,  les  dessins  de  la  planète  sont  tous  rangés 
par  ordre  de  longitude  jovicentrique  du  méridien  central. 
On  peut  ainsi,  par  un  simple  coup  d'œil,  se  rendre  compte, 
soit  de  la  permanence  de  certains  détails,  soit  des  change- 
ments survenus  dans  l'aspect  physique  d'une  même  région 
delà  planète,  dans  l'intervalle  des  observations.  Je  ferai 
remarquer  à  ce  propos  qu'il  serait  utile  que  les  dates  des 
observations  fussent  mentionnées  en  regard  des  dessins. 

Pour  faciliter  l'élude  des  différentes  planches,  on 
pourrait  encore  demander  à  l'auteur  de  disposer  le  texte 
de  ses  observations,  non  pas,  comme  il  l'a  fait,  par  ordre 
de  dates,  mais  dans  l'ordre  qu'il  a  adopté  pour  ranger  ses 
dessins,  c'est-à-dii  '  par  ordre  de  longitudes. 

Dans  le  courant  de  ses  observations,  M.  Terby  a  eu 
l'occasion  de  faire  quelques  remarques  sur  les  variations 
d'intensité  que  présentent  les  ombres  des  satellites,  dans 
leurs  passages  sur  le  disque  de  la  planète.  Il  a  aussi 
relevé  les  instants  auxquels  la  lâche  rouge  passait  au 
méridien  central  du  disque  de  Jupiter,  et  a  pu  en  conclure 
que  le  mouvement  de  rotation  de  cette  tache  a  continué  à 
subir,  pendant  l'opposition  de  1881-1882,  le  retard  que 
d'autres  observateurs  lui  avaient  reconnu  dans  les  oppo- 
sitions antérieures. 

Le  présent  mémoire,  qui  ne  renferme,  pour  ainsi  dire, 


(74) 

que  les  données  principales  du  problème,  peut  être 
considéré  comme  formant  la  première  partie  d'un  travail 
subséquent,  dans  lequel  M.  Terby  se  propose  de  discuter 
«  quelles  sont  les  taches  fixes,  lesquelles  sont  distinctes, 
»  mobiles,  et  lesquelles  enfin  sont  variables  ».  Ce  travail 
sera  du  plus  haut  intérêt,  car  il  nous  donnera  peut-être  la 
solution  d'un  des  problèmes  les  plus  complexes  qui  se 
présentent  dans  l'étude  physique  des  planètes. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  d'insérer  le  travail 
de  M.  Terby  dans  le  recueil  de  nos  Mémoires  in-4°,  et 
d'adresser  des  remercîments  à  l'auteur  pour  son  intéres- 
sante communication.  » 

Rapport   de  .11.   Ch.   Montigny, 

«  Le  rapport  de  M.  le  général  Liagre  vous  fait  connaître 
l'objet  du  mémoire  de  M.  Terby,  l'importance  et  les  diffi- 
cultés que  présente  la  question  des  changements  fréquents 
que  subit  l'aspect  physique  de  la  planète  Jupiter,  question 
que  M.  Terby  étudie  avec  ce  zèle  et  celte  persévérance 
dont  il  nous  a  déjà  donné  d'autres  preuves;  en  présence 
de  ces  indications  si  précises,  je  dois  me  borner  à  me 
rallier  aux  conclusions  du  rapport  dont  vous  venez  d'en- 
tendre la  lecture.  » 

Rapport  de  9M.  Folie. 

«  Je  me  rallie  avec  empressement  aux  conclusions  de 
mes  savants  confrères,  ainsi  qu'aux  observations  que 
M.  le  général  Liagre  a  présentées  avec  raison  sur  les 
avantages  que  le  lecteur  retirerait  du  classement  des 
observations  de  M.  Terby  dans  l'ordre  même  des  planches 
qui  accompagnent  le  travail. 


(  75  ) 

L'auteur  pourrait  adopter  aisément  cette  disposition, 
sans  même  devoir  prendre  la  peine  de  recopier  ce  travail 
assez  volumineux. 

Il  suffirait,  pour  cela,  qu'il  indiquât  en  marge  l'ordre 
dans  lequel  les  observations  doivent  se  suivre  dans  l'im- 
pression du  travail,  et  qu'il  ajoutât  la  date  à  chacun  des 
dessins  qu'il  a  pris  de  la  planète.  A  l'occasion  de  l'instant 
du  passage  de  la  tache  rouge  par  le  méridien  central  de 
Jupiter,  M.  Terby  a  fait  quelques  observations  d'éclipsés 
du  premier  satellite.  Je  pense  qu'il  serait  très  utile  qu'il 
se  livrât  à  des  observations  suivies  de  ces  phénomènes.  » 

La  Classe,  adoptant  les  conclusions  de  ces  trois  rapports, 
vote  des  remercîments  à  M.  Terby  et  décide  l'impression 
de  son  travail  dans  le  recueil  des  Mémoires  in-4°. 


Recherches  sur  le  spectre  du  carbone  dans  l'arc  électrique 
en  rapport  avec  le  spectre  des  comètes  et  le  spectre 
solaire;  par  M.  Ch.  Fievez,  astronome  chef  de  service 
à  l'Observatoire  royal. 

Mtappofi    de    M.  Slas. 

«  En  entreprenant  des  recherches  sur  le  spectre  élec- 
trique du  carbone,  M.  Fievez  a  eu  principalement  pour 
but  d'élucider  la  question  du  spectre  des  comètes  dans  ses 
rapports  avec  le  spectre  solaire.  Par  ses  travaux  antérieurs 
cet  habile  et  ingénieux  observateur  est  mieux  que  tout 
autre  à  même  de  résoudre  ce  problème.  Il  faut  en  effet 


(  76  ) 
posséder  une  connaissance  approfondie  du  faciès  et  des 
raies  du  spectre  solaire  pour  être  en  état  d'entreprendre 
et  de  mener  à  bonne  fin  un  pareil  travail. 

A  l'aide  des  moyens  d'observation  actuellement  connus, 
le  spectre  cométaire  se  présente  sous  la  forme  d'un  espace 
obscur  sillonné  de  quatre  bandes  faiblement  lumineuses  : 
une  jaune,  une  verte,  une  bleue  et  une  violette.  Ces 
bandes  présentent  un  éclat  différent  et  une  intensité 
lumineuse  très  inégale. 

La  bande  verte  est  la  plus  brillante;  elle  reste  visible, 
lorsque  les  autres  cessent  de  l'être.  On  doit  au  célèbre 
physicien  astronome  W.  Huggins  la  démonstration  directe 
de  l'identité  des  bandes  cométaires  avec  les  bandes  carbo- 
nées, si  faciles  à  produire  à  l'aide  de  l'analyse  prismatique 
du  cane  interne  du  dard  oxycarbohydrique.  En  effet,  dans 
ce  cas,  l'espace  spectral  obscur  est  sillonné  ou  par  les 
mêmes  bandes  jaune,  verte,  bleue  et  violette,  auxquelles 
vient  s'ajouter  une  bande  rouge  lorsqu'on  a  complété 
le  spectre  carboné,  ou  par  des  raies  fines  nettement  défi- 
nies et  produites  à  l'aide  de  la  résolution  des  bandes, 
selon  f  analyseur  employé. 

L'intensité  relativement  faible  de  la  lumière  cométaire 
n'a  pas  permis  jusqu'ici  de  se  servir,  pour  l'observation  de 
son  spectre,  d'analyseur  en  état  de  résoudre  des  bandes 
en  raies  fines.  On  est  donc  forcé  de  se  contenter  du  spectre 
incomplet  de  bandes,  ou  de  recourir  à  une  voie  indirecte, 
celle  qui  consiste  à  analyser  spectroscopiquementla  vapeur 
de  carbone  portée  à  l'incandescence  dans  l'arc  électrique. 

C'est  le  moyen  auquel  M.  Fievez  a  eu  recours  en  se 
servant  du  système  d'appareil  dans  lequel  il  a  combiné 
l'analyse  prismatique  avec  l'analyse  par  diffraction,  et  qu'il 
a  employé  pour  l'étude  du  spectre  solaire  lui-même.  Ses 


(  77  ) 
observations  sur  le  spectre  carboné  sont  donc  exécutées 
dans  les  mêmes  conditions  et  partant  sont  absolument 
comparables.  Elles  ont  porté  sur  les  bandes  jaune,  verte 
et  bleue,  dont  il  relève  une  à  une  toutes  les  raies  tines  ou 
larges,  superposées  aux  raies  du  spectre  solaire,  en  tenant 
compte  du  nombre,  de  l'intensité  et  de  la  distance  nor- 
male des  raies  composantes.  Il  a  consigné  sur  trois  plan- 
ches qui  accompagnent  le  texte  toutes  les  observations 
minutieusement  contrôlées. 

L'absorption  de  lumière  par  son  système  d'appareil  est 
trop  grande  pour  utiliser  celui-ci  au  relevé  exact  des  raies 
provenant  de  la  résolution  des  bandes  rouge  et  violette  du 
spectre  carboné. 

Ce  travail  devra  être  repris  pour  ces  deux  bandes  à 
l'aide  d'un  système  d'appareil  moins  absorbant. 

L'arc  électrique,  long  de  huit  millimètres,  jaillissant 
entre  des  électrodes  de  charbon,  était  produit  par  une 
machine  Gramme  d'une  puissance  lumineuse  de  400  car- 
cels.  JM.  Fievez  a  constaté,  avec  certitude,  qu'un  faisceau 
de  rayons  parallèles,  émanant  de  l'arc,  analysé,  produit 
un  spectre  continu  sur  lequel  les  raies  carbonées  se  déta- 
chent avec  éclat.  Il  a  reconnu  en  contrôlant  suffisamment 
ses  observations  que,  lorsque  l'image  des  électrodes  et  de 
l'arc  est  projetée  en  même  temps  sur  la  fenle  du  collima- 
teur, les  raies  carbonées  sont  seulement  visibles  dans 
l'espace  compris  entre  les  électrodes,  et  que  l'éclat  des 
raies  varie  inversement  avec  la  distance  des  électrodes  et 
directement  avec  l'intensité  électrique. 

Les  pointes  de  charbons  fournissent  donc  simplement 
un  spectre  continu,  preuve  qu'ils  ne  sont  pas  entourés  de 
vapeur  carbonée. 

Les  observations  de  M.  Fievez  confirment  donc  les  faits 

3mc  SÉRIE,  TOME  IX.  7 


(  78) 
constatés  antérieurement  sur  la  nature  de  la  lumière  élec- 
trique s'élançant  entre  les  extrémités  polaires  des  charbons. 
Cette  lumière,  d'un  bleu  virant  légèrement  au  pourpre, 
se  compose  en  effet  de  deux  espèces  de  rayons  :  des  rayons 
blancs  émis  par  les  charbons  incandescents  et  des  rayons 
envoyés  par  l'arc  saturé  de  carbone  en  vapeur. 

M.  le  lieutenant-général  Liagre  et  moi,  nous  avons, 
pendant  l'exécution  du  travail,  constaté,  à  plusieurs 
reprises,  l'exactitude  des  observations  de  M.  Fievez  et 
notamment  l'absence  de  corrélation  des  raies  ou  bandes 
carbonées  avec  les  raies  fines  ou  fortes  du  spectre  solaire. 
De  cette  absence  de  coïncidence  M.  Fievez  ne  conclut  pas 
et  avec  raison  que  les  bandes  carbonées  n'existent  pas  à 
l'état  de  raies  brillantes,  vu  qu'elles  pourraient  s'y  trouver 
sans  être  visibles  quelle  que  pût  être  du  reste  la  cause  de 
leur  invisibilité. 

J'ai  dit  plus  haut  :  M.  Fievez  a  constaté  que  l'éclat  des 
raies  dans  l'arc  voltaïque  varie  inversement  avec  la  dis- 
tance des  électrodes  et  directement  avec  l'intensité  élec- 
trique. On  peut  se  demander  si  ces  observations  et  ces 
conclusions  ne  sont  pas  contraires  à  celles  déduites  par 
M.  Rossetli  de  son  travail  sur  le  rayonnement  des  flam- 
mes (1).  Le  savant  physicien  italien  a  trouvé  constante 
(4000°)  la  température  de  l'arc  électrique  quelles  que 
fussent  {'épaisseur  de  l'arc  et  Y  intensité  du  courant  qui 
l'engendre.  Mais  l'éclat  des  raies  est-il  réellement  en  rap- 
port avec  la  température  de  la  vapeur  émissive?  Cette 
vapeur  émissive  peut  être  très  éclatante  sans  être  à  une 


(1)  Sur  les  pouvoirs  absorbant  et  émissifdes  flammes  et  sur  la  tempé- 
rature de  l'arc  voltaïque,  par  M.  F.  Rossetli.  (Ann.  de  chimie  et  de 
physique,  5e  série,  tome  XVIII,  p.  457,  1879.) 


(  79) 

température  aussi  élevée  que  telle  autre  moins  éclatante. 
Les  phénomènes  observés  par  l'analyse  prismatique  du 
limbe  et  des  taches  solaires  viennent,  me  semble-t-il,  à 
l'appui  de  mon  interprétation. 

L'analyse  que  je  viens  de  faire  du  travail  de  M.  Fievez 
permet  d'en  apprécier  l'importance.  J'ai  l'honneur  de 
proposer  à  la  Classe  d'en  ordonner  l'impression  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie,  ainsi  que  des  trois  planches  qui 
en  sont  inséparables. 

A  mon  avis,  le  tracé  des  raies  carbonées  sur  ces  plan- 
ches doit  être  représenté  sur  fond  noir,  par  des  lignes 
blanches  au  lieu  de  traits  colorés,  comme  ils  le  sont  sur  les 
originaux  soumis  à  la  Classe.  Ces  lignes  blanches  doivent 
être  de  longueur  variable. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  également  à  la  Classe  de 
voter  des  remercîments  à  M.  Fievez  pour  sa  communica- 
tion, et  de  l'engager  à  compléter  son  travail  par  le  relevé 
des  raies  des  bandes  rouge  et  violette,  dès  qu'il  sera  par- 
venu à  se  procurer  un  analyseur  à  l'aide  duquel  ce  relevé 
pourra  être  convenablement  exécuté.  » 

La  Classe  adopte  les  conclusions  de  ce  rapport,  aux- 
quelles se  rallient  MM.  Liagre  et  Montigny. 

Sur  trois  communications  relatives  à  l'amélioration  des 
aérostats;  par  MM.  Gérard, Van  Weddingen  et  Jacquet. 

Rapport  de  M.    ttaus. 

«  Des  ballons,  munis  d'un  moteur  électrique  à  hélice , 
ont  parcouru  récemment,  près  de  Paris,  des  itinéraires 
déterminés  d'avance  et  aboutissant  à  leur  point  de  départ. 

Ces  résultats  ont  stimulé  l'imagination  des  inventeurs, 


(  80  ) 

el  l'Académie  a  reçu  trois  lettres  contenant  des  proposi- 
tions destinées  à  perfectionner  la  navigation  aérienne. 

La  première  lettre,  du  22  août  1884,  est  adressée  par 
M.  Gérard,  horloger  à  Liège. 

La  deuxième,  en  date  du  1er  septembre  1884,  est  de 
M.  Van  Weddingen  qui  habile  Hasselt. 

La  troisième,  expédiée  de  Houflalize,  par  M.  Jacquet, 
porte  la  date  du  18  septembre  1884. 

M.  Gérard  fait  d'abord  remarquer  que  MM.  les  capi- 
taines Renard  et  Krebs  font  un  secret  du  moteur  élec- 
trique qu'ils  ont  employé,  pour  opérer  les  ascensions 
aérostatiques  dont  M.  Hervé-Mangon  a  rendu  compte  à 
l'Académie  des  sciences  de  Paris,  dans  sa  séance  du 
18  août  1884,  tandis  qu'il  a  exposé  à  Vienne  en  1885,  un 
moteur  électrique  à  hélice  dont  la  photographie  et  une 
description  succincte  accompagnent  sa  lettre  précitée. 
L'auteur  ajoute  qu'il  a  construit  un  compteur  qui  permet 
de  déterminer  le  nombre  de  révolutions  que  fait  le  petit 
moteur  électrique. 

Ce  nombre  est  de  666  par  minute  lorsqu'il  fait  mou- 
voir l'hélice  et  1552  par  minute  lorsque  l'hélice  est  enlevé, 
le  courant  étant  fourni  par  une  faible  pile  de  6  éléments 
Daniel  modifiés  par  M.  Gérard  (zinc  dans  les  vases  poreux). 

La  photographie  el  la  description  du  moleur  électrique 
de  M.  Gérard  n'en  donnant  qu'une  idée  incomplète,  j'ai 
prié  noire  obligeant  confrère  M.  Spring,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Liège,  de  demander  quelques  explications  à  l'in- 
venteur. 

M.  Gérard  ne  s'est  point  borné  à  fournir  les  renseigne- 
ments réclamés,  il  m'a  envoyé  son  appareil  accompagné 
du  compteur,  ce  qui  m'a  permis  de  le  faire  fonctionner 
au  .Musée  de  l'Industrie  avec  le  concours  de  M.  Romme- 
laere,  chimiste  de  cet  établissement. 


V  **  ) 

En  employant  le  courant  produit  par  deux  éléments 
Leclanché,  grand  modèle  à  trois  plaques,  le  petit  moteur 
électrique  muni  de  son  hélice  a  l'ait  790  révolutions  par 
minute;  avec  trois  éléments  semblables  il  a  fait  1,052 
et  avec  quatre  éléments  1,211  révolutions  par  minute. 

Ces  nombres  de  révolutions  ont  été  indiqués  par  le 
compteur  annexé  à  l'appareil. 

Le  moteur  électrique  qui  nous  occupe  est  une  modifica- 
tion d'un  moteur  de  M.  Gérard,  dont  M.  le  comte  du  Moncel 
a  donné  la  description,  dans  son  Exposé  des  applications 
de  i 'électricité ,  tome  V,  page  381,  édition  de  1878. 

«  Ce  système,  dit  M.  du  Moncel,  n'est  autre  chose  que 
»  l'application  aux  électro-moteurs  de  la  disposition  élec- 
»  tro-magnétique  que  le  même  inventeur  avait  appliquée 
»  aux  horloges  (qui  ont  figuré  à  l'Exposition  universelle 
»  de  1867)  et  que  nous  avons  décrite  tome  IV,  page  151. 
»  Cette  disposition  consiste,  comme  nous  l'avons  vu,  dans 
»  un  électro-aimant  dont  les  extrémités  polaires  se  pro- 
i  longent  et  se  recourbent,  de  manière  à  se  présenter 
»  l'une  devant  l'autre  et  à  constituer  une  sorte  d'O  allongé 
»  interrompu  par  une  fente  de  1  à  2  millimètres.  Consi- 
»  dérée  d'après  son  mode  d'action,  cette  disposition  revient 
d  à  celle  d'un  électro-aimantdont  les  pôles  seraient  munis 
»  de  semelles  de  fer  très  rapprochées  Tune  de  l'autre  et 
»  réagissant  sur  l'armature  par  les  parties  voisines  de 
»  l'extrémité  de  ces  semelles.  Dans  un  mémoire  que  j'ai 
>  présenté  à  l'Académie  le  15  juillet  1-875,  continue  M.  du 
»  Moncel,  j'ai  montré  que  la  force  attractive,  résultant 
»  de  celte  disposition,  était  avantageuse  et  à  ce  point  de 
»  vue,  M.  Gérard  est  dans  le  vrai.  » 

M.  du  Moncel  décrit  ensuite  ce  moteur  qui  produisait 
un  mouvement  alternatif  transformé  en  mouvement  rota- 


(82) 

tif  à  l'aide  d'une  bielle  et  d'une  manivelle,  tandis  que  le 
moteur  électrique  qui  nous  occupe  donne  immédiate- 
ment le  mouvement  de  rotation  en  employant  encore  des 
pôles  allongés. 

Ce  nouveau  moteur  électrique  se  compose  d'un  électro- 
aimant l'orme  de  deux  bobines  dont  les  noyaux  en  fer 
doux  sont  fixés,  par  leurs  extrémités  inférieures,  à  une 
traverse  en  1er,  tandis  que  les  extrémités  supérieures 
dépassent  les  bobines  d'une  longueur  un  peu  moindre  que 
la  moitié  de  l'intervalle  qui  sépare  les  axes  des  bobines; 
ces  extrémités  sont  pliées  à  angle  droit  à  leur  sortie  des 
bobines,  forment  des  pôles  allongés  dirigés  l'un  vers 
l'autre,  en  laissant  un  petit  intervalle  entre  eux.  C'est  dans 
ce  petit  intervalle  que  passe  l'arbre  moteur  situé  dans  le 
même  plan  que  les  axes  des  bobines.  Cet  arbre  traverse 
un  barreau  en  fer  doux  de  manière  à  former  deux  rayons 
égaux  et  perpendiculaires  à  l'arbre  auquel  ils  sont  solide- 
ment fixés. 

Ces  deux  rayons  en  fer  passent,  pendant  la  rotation 
de  l'arbre,  au-dessus  et  très  près  des  pôles  plies  qui  ont  à 
peu  près  la  même  longueur  que  les  rayons.  L'arbre  moteur 
est  maintenu  en  bas  par  une  petite  crapaudine,  située  entre 
les  bobines,  et  par  un  coussinet  voisin  de  son  extrémité 
supérieure  à  laquelle  est  fixé  l'hélice. 

Lorsque  le  courant  traverse  le  fil  des  bobines,  les  deux 
rayons  en  fer  sont  attirés  et  ils  s'arrêteraient  au-dessus 
des  pôles,  si  le  courant  était  permanent.  Pour  empêcher 
cet  arrêt,  le  courant  est  interrompu  à  l'instant  du  passage 
des  rayons  au-dessus  des  pôles,  l'attraction  cesse  et  les 
rayons  en  fer  continuent  à  tourner  en  vertu  de  leur  iner- 
tie, puis  lorsqu'ils  ont  dépassé  la  perpendiculaire  à  la 
droite  déterminée  par  les  pôles,  le  courant  est  rétabli  et 
les  rayons  en  fer  sont  de  nouveau  attirés  jusqu'à  une  nou- 


(  83) 
velle  interruption  qui  se  fera,  comme  la  précédente,  lors- 
qu'ils se  trouveront  au-dessus  des  pôles. 

Le  courant  sera  donc  établi  et  interrompu  deux  fois  par 
révolution  de  l'arbre  moteur. 

Les  passages  et  les  interruptions  du  courant  sont  opé- 
rés aux  moments  opportuns  au  moyen  de  surfaces  de 
contact,  fixées  à  l'arbre  moteur  et  présentant  des  dimen- 
sions convenables  pour  atteindre  le  but  indiqué. 

L'inventeur,  en  rapprochant  de  l'axe  de  rotation  les 
extrémités  des  pôles,  obtient  le  résultat  favorable  signalé 
par  M.  du  Moncel. 

En  effet,  les  rayons  en  fer  sont  assez  rapprochés  des 
pôles  pour  être  attirés  pendant  toute  la  durée  du  passage 
du  courant. 

Le  moteur  électrique  de  M.  Gérard  diffère  de  l'appareil 
rotatif  attribué  à  M.  Froment,  par  le  nombre  de  rayons  en 
fer  doux  et  par  la  disposition  des  pôles. 

L'appareil  Froment  a  six  rayons  au  lieu  de  deux,  et  les 
pôles  de  forme  ordinaire  dépassent  peu  les  extrémités  des 
bobines. 

Pour  apprécier  l'avantage  que  paraît  devoir  présenter  le 
motfur  Gérard  sur  l'appareil  Froment,  il  serait  nécessaire 
de  faire  des  expériences  comparatives  avec  deux  instru- 
ments de  même  volume  et  de  même  poids,  afin  que  la 
résistance  de  l'air  et  des  frottements  soit  la  même  pour  les 
deux  systèmes. 

Le  maximum  de  travail  mécanique,  fourni  par  les 
divers  moteurs,  correspond  à  une  vitesse  spéciale  à  chacun 
d'eux.  La  prodigieuse  vitesse  de  l'électricité  fait  croire  que 
le  maximum  d'effet  dynamique  des  moteurs  électriques 
correspond  à  une  très  grande  vitesse,  que  l'on  réduira,  en 
la  transmettant,  au  degré  qui  convient  aux  diverses  appli- 
cations. 


(M) 

MM.  Tissandier  ont  employé  pour  moteur  électrique  de 
leur  aérostat  une  machine  Siemens,  nouveau  modèleront 
le  mouvement  de  rotation  est  décuple  de  celui  de  l'hélice. 

Je  crois  cette  disposition  préférable  à  l'application 
directe  de  l'hélice  sur  l'arbre  moteur.  Cette  observation 
relative  à  l'emploi  du  moteur  électrique  de  M.  Gérard  ne 
diminue  en  rien  son  mérite. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  de  remercier 
M.  Gérard  de  sa  communication  et  de  lui  adresser  une 
copie  du  présent  rapport.  La  description  donnée  ci-dessus 
faisant  suffisamment  connaître  son  moteur  électrique,  je 
propose  de  déposer  sa  lettre  avec  ses  annexes  aux  archives. 

Deuxième  communication. 

La  seconde  lettre  est  adressée  par  M.  Van  Weddingen; 
l'auteur  craint  que  le  mouvement  giratoire  de  l'hélice 
imprime  des  secousses  à  ia  nacelle  ;  et  pour  parer  à  cet 
inconvénient,  il  propose  d'établir  sous  la  nacelle  une 
grande  roue  horizontale  et  de  faire  tourner  rapidement 
l'arbre  vertical  de  cette  roue  par  un  moteur  quelconque. 
M.  Van  Weddingen  croit  que  la  force  centrifuge,  déve- 
loppée par  la  rotation  de  la  roue,  ferait  avancer  le  ballon 
vers  le  point  de  l'horizon  qui  serait  choisi. 

Il  est  certain  que  la  force  centrifuge  indiquée  ne  pro- 
duira pas  la  translation  rectiligne  du  ballon  prévue  par 
l'inventeur.  Je  propose  le  dépôt  aux  archives. 

Tro  is  iè  m  e  commu  n  ication . 

L'auteur  de  la  troisième  lettre,  M.  Jacquet,  croit  que  si 
l'on  fixait  au  ballon  une  plaque  en  acier,  il  suffirait  à  l'aé- 
ronaute  de  présenter  un  aimant  à  cette  plaque  pour  attirer 


(  83  ) 
le  ballon  dans  la  direction  qu'il  désire  suivre.  M.  Jacquet 
oublie  que  l'aimant,  pour  attirer  le  ballon,  doit  nécessai- 
rement avoir  un  point  d'attache  extérieur  capable  de 
résistera  l'effort  de  traction  qu'il  s'agit  d'exercer  sur  l'aé- 
rostat. 
Je  propose  le  dépôt  de  cette  lettre  aux  archives.  » 

La  Classe  adopte  les  conclusions  de  ce  rapport,  aux- 
quelles s'est  rallié  M.  Monligny,  second  commissaire; 
en  conséquence  :  des  remercîments  seront  adressés  à 
M.  Gérard  pour  la  communication  de  son  travail,  qui  sera 
déposé  dans  les  Archives,  de  même  que  les  notes  de 
MM.  Van  Weddingen  et  Jacquet. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


De  raccord  entre  les  indications  des  couleurs  dans  la 
scintillation  des  étoiles  et  les  variations  atmosphériques  ; 
par  M.  Ch.  Montigny,  membre  de  l'Académie. 

La  lumière  est  un  agent  physique  excessivement  sen- 
sible aux  changements  qu'éprouvent  les  milieux  qu'elle 
traverse.  L'examen  si  délicat  des  rayons  émanés  des  étoiles 
après  leur  passage  dans  l'air,  nous  révèle,  dans  la  scintil- 
lation, les  variations  de  courte  durée  et  surtout  les  troubles 
profonds  que  notre  atmosphère  éprouve  dans  ses  éléments 
principaux.  L'application  de  la  scintillation  à  la  prévision 
du  temps  n'est  point  limitée  aux  changements  survenant 
d'un  jour  à  l'autre  :  un  fait  récent  nous  a  montré  que  des 


(86  ) 

indications  nouvelles  permettent  de  piévoir  le  temps  à 
plus  longue  échéance.  En  effet,  en  Juin  1883,  j'annonçai 
que,  dans  le  cours  de  cette  année,  les  pluies  seraient  moins 
abondantes  et  moins  persistantes  dans  nos  régions  que 
précédemment;  et  il  en  a  été  ainsi  (1).  Les  mêmes  indices, 
c'est-à-dire  la  diminution  de  fréquence  de  la  teinte  bleue 
et  l'accroissement  du  vert  parmi  les  couleurs  de  la  scintil- 
lation, se  manifestant  avec  plus  d'intensité  dès  le  com- 
mencement de  1884,  je  renouvelai,  à  cette  époque,  la 
même  prévision  pour  nos  contrées.  Les  circonstances  du 
temps  l'ont  pleinement  justifiée  :  nous  avons  joui,  dans 
nos  régions,  d'un  Été  magnifique,  et  le  beau  temps  persista 
presque  sans  interruption  jusqu'à  la  fin  de  l'Automne. 

Mais  ce  n'est  point  de  la  réussite  de  ces  prévisions  que  je 
désire  entretenir  l'Académie.  Le  travail  que  j'ai  l'honneur 
de  lui  présenter  a  pour  objet  d'établir,  au  moyen  de  résul- 
tats recueillis  pendant  ces  dernières  années,  d'abord  l'im- 
portance des  indications  que  nous  donne,  par  sa  fréquence 
et  son  intensité,  la  couleur  bleue  parmi  les  teintes  qui 
sont  réparties  sur  la  circonférence  que  décrit  l'image  de 
l'étoile  par  le  jeu  du  scintillomètre  adapté  à  la  lunette.  Ces 
résultats  nous  montreront  que  la  prédominance  de  plus  en 
plus  marquée  de  la  couleur  bleue  dans  la  scintillation,  est 
un  indice  certain  de  pluies  de  plus  en  plus  abondantes;  que 
la  fréquence  et  l'intensité  de  cette  teinte  augmentent  avec 
la  quantité  d'eau  contenue  dans  l'air,  et  qu'au  contraire, 


(1)  «  Cetle  prévision  s'est  pleinement  justifiée  :  il  faut  remonter  à 
»  l'année  1875,  en  effet,  pour  trouver  une  quantité  de  pluie  inférieure  à 
»  celle  de  1885.  On  a  recueilli  pendant  cette  année  688  millimètres  d'eau 
»  et  676  en  1875.  Les  totaux  des  années  intermédiaires  sont  tous  supé- 
»  rieurs  à  ces  nombres.  »  (A.  Lancaster,  Ciel  et  Terre,  n°  du  15  Février 
1884) 


(87) 

ces  caractères  du  bleu  s'affaiblissent  beaucoup  lorsque 
cette  quantité  diminue.  La  prédominance  plus  ou  moins 
marquée  du  bleu  dans  la  scintillation  nous  donnerait  ainsi 
la  mesure  de  la  quantité  d'eau  qui  est  en  suspension  dans 
l'atmosphère,  au-dessus  de  la  région  d'observation. 

Les  faits  dont  il  s'agit  trouvent  leur  explication  com- 
plète dans  la  couleur  bleue  de  l'eau,  comme  je  l'ai  déjà  dit, 
et  comme  nous  le  verrons  mieux  encore. 

Les  observations  relatives  à  la  même  période,  c'est-à- 
dire  aux  quatre  années  1881  à  1884,  nous  montreront 
aussi  que  la  fréquence  de  la  couleur  verte  et  même  du 
violet  dans  la  scintillation  des  étoiles  coïncide  avec  le 
beau  temps,  et  qu'elle  en  est  le  présage,  comme  je  l'ai 
annoncé  précédemment,  en  m'appuyant  sur  les  résultais 
recueillis  pendant  les  belles  années  depuis  l'origine  de  mes 
observations,  en  1870. 

Il  importe  de  rappeler  brièvement  ici,  à  cause  de  leurs 
rapports  avec  l'objet  principal  de  mon  travail,  que  les  indi- 
cations de  la  scintillation  sur  lesquelles  repose  la  prévision 
du  temps,  sont  au  nombre  de  trois  : 

1°  L'intensité  de  la  scintillation; 

2°  La  diversité  des  caractères  que  présente,  selon  l'état 
du  ciel,  le  trait  circulaire  décrit  par  l'image  de  l'étoile 
scintillante; 

3°  Les  couleurs,  particulièrement  le  bleu  et  le  vert,  que 
l'analyse  du  phénomène  au  moyen  du  scintillomèlre  met 
en  évidence. 

L'intensité  exprime  le  nombre  de  changements  de  cou- 
leurs que  l'image  d'une  étoile  subit  en  une  seconde  de 
temps.  Ce  nombre,  qui  est  déduit  de  la  quantité  des  teintes 
brillantes  qui  sont  étalées  sur  le  cercle  décrit  par  l'image 
stellaire,  doit  être  ramené,  pour  toutes  les  étoiles  obser- 


(  88  j 
vées,  à  60°  de  distance  zénithale,  par  un  mode  de  calcul 
que  j'ai  exposé.  L'intensité  de  la  scintillation  pendant  une 
soirée  d'observation  est  la  moyenne  des  intensités  parti- 
culières des  diverses  étoiles  observées  dans  le  cours  de 
celle-ci. 

Cette  indication  est  la  plus  importante  des  trois,  parce 
qu'elle  est  exprimée  par  un  nombre.  Mais  l'intensité  subit 
toutes  les  influences  atmosphériques,  comme  je  l'ai  mon- 
tré (1).  De  plus,  elle  augmente  notablement  quand  des 
dépressions  passent  dans  les  régions  supérieures  de  l'air, 
sans  étendre  leurs  effets  jusqu'au  niveau  du  sol  (2).  Enlin, 
l'intensité  est  vivement  affectée  quand  une  aurore  boréale 
brille  au  lieu  de  l'observation,  ou  que  des  perturbations 
magnétiques  y  surviennent  pendant  le  cours  de  celle-ci  (3). 

J'ai  montré  que  c'est  la  présence  de  l'eau  en  quantité 
plus  ou  moins  grande  dans  l'atmosphère,  qui  exerce 
l'influence  la  plus  marquée  sur  l'intensité  de  la  scintilla- 

(  I  )  Recherches  sur  la  scintillation  selon  l'état  de  V atmosphère.  (Bul- 
letin de  l'académie  royale  de  Belgique,  années  1876  et  1878  ) 

(  '?)  J'exposerai  dans  un  autre  travail  un  fait  curieux,  qui  s'est  renouvelé 
plusieurs  fois  dans  le  cours  de  mes  observations  On  sait  que  l'arrivée  en 
Europe  de  dépressions  annoncées  par  le  New-York  Herald  ne  s'est  pas 
toujours  réalisée  pour  nos  contrées.  Or,  il  est  survenu  plusieurs  (bis  qu'à 
la  date  indiquée  par  ces  avertissements, la  scintillation  éprouva  un  accrois- 
sement très  marqué,  mais  passager,  et  que  le  Irait  décrit  par  la  plupart 
des  étoiles  dans  la  lunette  était  pointillé,  ce  qui  caractérise  le  passage 
des  dépressions  au  niveau  du  sol.  J'en  ai  conclu  que  ces  caractères,  qui  ne 
s'expliquaient  par  aucun  phénomène  produit  à  la  surface  du  sol,  accusaient 
le  passage  de  la  bourrasque  prédite  dans  les  régions  supérieures  de  l'air, 
sans  qu'elle  étendît  ses  effets  jusque  dans  les  régious  inférieures.  Ce  sujet 
important  mérite  une  étude  spéciale  que  j'aborderai  par  la  suite. 

(3)  Accroissement  de  la  scintillation  des  étoiles  pendant  les  aurores 
boréales.  (Bulletin,  etc.,  années  1870,  1878,  1881  et  1882.) 

Accroissement  de  la  scintillation  des  étoiles  pendant  les  perturbations 
magnétiques.  (Bulletin,  années  1882  et  1885.) 


(  89  ) 
lion.  Il  n'est  donc  pas  surprenant  que  les  accroissements 
de  cette  intensité  pronostiquent  la  pluie  un  ou  deux  jours 
à  l'avance,  comme  je  l'ai  fait  voir. 

Les  caractères  du  trait  circulaire  que  l'image  slellaire 
décrit  dans  la  lunette  par  le  jeu  du  scintillomètre,  ne  sont 
pas  exprimés  en  chiffre  ;  mais  l'épaisseur  du  trait  est  sus- 
ceptible de  l'être.  Celte  mesure  aura  son  importance,  car 
j'ai  remarqué  depuis  longtemps  que  plus  le  trait  s'épaissit 
aux  approches  de  la  pluie,  plus  celle-ci  persistera.  Du 
reste,  d'autres  caractères  suppléent,  dans  les  conditions 
actuelles,  à  la  mesure  de  l'épaisseur,  au  point  de  vue  de 
la  prévision  du  temps.  En  effet ,  le  trait  circulaire,  qui  est 
étroit,  parfaitement  régulier  ou  nettement  limité  sur  ses 
bords  quand  le  temps  est  beau,  présente  d'abord  des  fila- 
ments déliés  quand  le  temps  changera;  puis  le  lendemain 
il  s'est  épaissi,  sa  régularité  s'est,  altérée;  il  est  devenu 
diffus,  ondulé  ou  même  frangé  quand  la  pluie  est  survenue, 
et  pointillé  ou  perlé  lorsqu'elle  est  amenée  par  une 
dépression.  Les  déformations  progressives  que  subit  le 
trait  circulaire  sont  un  présage  certain  des  troubles  atmo- 
sphériques (1). 

Quand  l'étoile  vers  laquelle  la  lunette  est  dirigée  ne 
scintille  pas,  son  image  trace  un  trait  continu  présentant 

(1)  Un  exemple  récent  nous  montrera  l'accord  entre  l'intensité  delà 
scintillation,  les  caractères  du  trait  et  les  approches  ou  la  présence  de 
troubles  atmosphériques. 

Le  16  Novembre  dernier,  après  une  belle  journée,  l'intensité  de  la  scin- 
tillation est  faible  à  56,  et  le  trait  est  généralement  régulier. 

Le  17,  l'état  du  ciel  ne  permet  de  faire  aucune  observation. 

Le  18,  la  scintillation  est  très  forte  à  105.  Le  trait  est  diffus  à  l'Est.  Les 
couleurs  sont  vives  avec  excès  de  bleu  très  faible  pour  7  étoiles  sur 
24  observées.  La  pluie  était  survenue. 

Le  19,  l'intensité  s'élève  à  139;  le  trait  est  pointillé  à  l'Est,  au  Nord  et 


(  90  ) 

la  teinle  de  l'étoile;  mais  si  celle-ci  scintille,  cette  courbe 
circulaire  se  fractionne  en  arcs  teints  de  vives  couleurs 
variant  rapidement,  et  parmi  lesquelles  brillent  ordinaire- 
ment le  rouge,  l'orangé,  le  jaune,  le  vert,  le  vert-bleu,  le 
bleu  et  parfois  le  violet  (1). 

Sauf  près  de  l'horizon  et  dans  certaines  conditions 
atmosphériques,  toutes  ces  teintes  n'apparaissent  point 
simultanément.  Ordinairement,  on  ne  voit  au  même 
moment  que  trois  ou  quatre  couleurs  différentes,  réparties 
sur  les  arcs  plus  ou  moins  nombreux  et  continus  qui 
forment  le  trait  circulaire.  La  nature  des  couleurs  perçues 
et  leur  nombre  dépendent  de  l'étoile  elle-même,  de  la 
hauteur  à  laquelle  on  l'observe  et  surtout  des  circonstances 
atmosphériques. 

Quand  le  ciel  est  serein,  ces  brillantes  couleurs  se  dis- 
tinguent parfaitement  les  unes  des  autres ,  le  cercle  décrit 
dans  ma  lunette  se  présentant  sous  un  diamètre  apparent 
d'un  centimètre  environ  (2). 

au  Nord-Ouest.  Les  couleurs  présentent  un  excès  de  bleu  pour  5  étoiles 
sur  22. 

Le  Bulletin  de  l'Observatoire  de  Bruxelles  en  date  du  20, nous  apprend 
que  la  dépression  annoncée  dès  le  19  par  le  trait  pointillé  pour  la  région 
Nord-Ouest,  Nord-Est,  nous  est  venue  du  Nord,  et  que  le  20  Novembre  elle 
couvre  la  Scandinavie  et  la  mer  du  Nord. 

(1)  Pour  éviter  une  complication  extrême,  j'ai  dû  ranger  sous  une 
même  dénomination  les  diverses  nuances  d'une  même  teinte;  ainsi  le 
rouge-cérise,  Yamarante,  le  pourpre,  le  rose...  sont  des  nuances  du  rouge 
qui  apparaissent,  tantôt  l'une,  tantôt  l'autre,  dans  la  scintillation. 

(2)  La  grandeur  de  celte  circonférence  dépend  de  l'épaisseur  de  la  lame 
de  verre  qui  tourne  obliquement  dans  le  scintillomètre,  puis  de  l'incli- 
naison de  cette  lame  sur  son  axe  de  rotation,  comme  je  l'ai  fait  voir  en 
précisant  les  conditions  optiques  suivant  lesquelles  cet  instrument  doit 
être  construit.  {Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  2e  série, 
t.  XVII,  1864) 


(  91  ) 

Je  me  réserve  de  revenir  sur  la  question  si  importante 
des  couleurs  dans  un  travail  spécial,  où  je  ferai  connaître 
la  fréquence  relative  des  diverses  couleurs  qui  caractérisent 
la  scintillation  de  cent  vingt  étoiles  principales,  classées 
suivant  les  types  du  P.  Secchi,  en  distinguant  les  résultats 
obtenus,  les  uns  sous  l'influence  de  la  pluie,  les  autres 
par  un  temps  sec,  comme  je  l'ai  fait,  du  reste,  à  l'égard 
des  étoiles  du  troisième  type  (1).  Je  n'ai  à  m'occuper  ici 
que  de  la  diversité  des  caractères  que  présentent  les  cou- 
leurs bleue,  verte  et  violette  dans  la  scintillation  selon 
l'état  du  ciel,  et  comme  signes  du  temps. 

La  teinte  bleue  prédomine  sur  les  autres  couleurs  aux 
approches  de  la  pluie  ou  lorsqu'elle  est  survenue  (2).  L'eau 
pure  en  masse  est  bleue  d'après  MM.  Bunsen  etW.Spring  (3). 


(1)  Voir  Bulletins  de  l'Académie,  t.  XLV,  2e  série,  et  t.  VII,  3'  série. 

(2)  Sur  la  prédominance  de  la  couleur  bleue  dans  les  observations  de 
scintillation.  (Bulletin  de  l'Académie,  2e  série,  t.  XLV1I,  1879.) 

(3)  La  couleur  des  eaux,  par  M.  W.  Spring.  (Bulletin  de  l'Académie 
royale  de  Belgique,  3e  série, t.  V,  Janvier  1885.)  Je  me  bornerai  à  citer  les 
conclusions  de  ce  remarquable  iravail  au  sujet  de  la  couleur  de  l'eau  d'une 
pureté  parfaite  :  «  Cette  eau  pure,  versée  dans  des  tubes  de  4  mètres  de 
i»  longueur,  dit  M.  Spring,  a  fait  voir  une  couleur  bleue  dont  on  se  repré- 
»  sentera  difficilement  la  pureté.  Le  plus  beau  bleu  du  ciel,  tel  qu'on  peut 
»  le  voir  par  une  journée  sereine,  quand  on  se  trouve  au  sommet  d'une 
»  montagne  élevée  au-dessus  des  émanations  grossières  du  sol,  peut  seul 
y>  lui  être  comparé.  J'ai  abandonné  les  tubes  eux-mêmes  pendant  deux 
»  semaines,  et  je  n'ai  pu  constater  aucun  changement  dans  la  pureté  de 
»  la  coloration.  Cette  fixité  de  couleur  est  peut-être  un  indice  de  la  grande 
»  pureté  de  l'eau...  »  Après  avoir  relaté  d'autres  expériences,  M.  Spring 
s'exprime  ainsi  :  «  Il  me  paraît  établi  par  là  que  l'eau  aussi  pure  qu'on 
»  puisse  l'obtenir  n'est  pas  incolore,  mais  douée  d'une  couleur  bleue  pro- 
»  venant,  non  d'une  réflexion  de  la  lumière  incidente,  mais  d'une  absorp- 
v  tion  du  jaune.  »  (Pp.  19  et  21.) 


(  92) 
J'explique  facilement  par  ce  fait  comment  le  bleu,  lorsqu'il 
prédomine  dans  la  scintillation,  pronostique  la  pluie  :  c'est 
par  la  raison  qu'il  y  a  beaucoup  d'eau  dans  l'atmosphère, 
n'importe  sous  quel  étal.  En  effet,  le  bleu  est  non  seule- 
ment la  couleur  de  l'eau  liquide,  mais  aussi  de  l'eau  à  l'état 
solide  quand  elle  est  pure  (W.  Spring)  Or,  l'eau  est  répan- 
due dans  l'atmosphère,  surtout  aux  approches  de  la  pluie, 
soit  en  gouttelettes,  soit  en  vésicules  à  parois  liquides,  soit 
en  petits  cristaux  flottant  dans  les  régions  élevées.  Mais  l'eau 
se  trouve  incontestablement  aussi  dans  l'air,  en  tout  temps 
et  en  tous  lieux,  à  l'état  de  dissolution  en  quantité  plus 
ou  moins  grande.  Sous  cet  état  la  vapeur  d'eau  imprime- 
l-elle  à  l'air  une  teinte  bleue  perceptible  par  transparence? 
L'expérience  directe  n'a  pu  nous  indiquer  jusque  mainte- 
nant quelle  est  la  couleur  de  la  vapeur  d'eau,  et  rigoureuse- 
ment, nous  ne  pouvons  affirmer  que  sa  couleur  soit  le  bleu, 
par  la  seule  raison  que  c'est  celle  de  l'eau  à  l'état  liquide 
et  à  l'état  solide.  Mais  des  faits  naturels,  sur  lesquels 
j'appelle  ici  l'attention,  nous  autorisent  à  admettre,  je  dirai 
presque  sans  conteste,  que  la  vapeur  d'eau  imprime  une 
couleur  bleue,  visible  par  transparence,  à  de  grandes 
masses  d'air  dans  lesquelles  celle  vapeur  est  à  l'étal  de 
dissolution. 

Lorsque  j'habitais  les  environs  de  Namur,  dans  un  site 
très  pittoresque  d'où  la  vue  s'étend  à  plus  de  dix  kilo- 
mètres vers  des  montagnes  peu  élevées,  j'ai  remarqué  en 
Été,  qu'après  de  chaudes  pluies  d'orage  qui  devaienl  avoir 
suturé  momentanément  les  couches  inférieures  de  l'air, 
ces  montagnes  éloignées  paraissaient  avec  une  teinte 
bleuâtre,  d'une  limpidité  parfaite.  M.  Lancaster,  méléo- 
rologiste-inspecteur  à  l'Observatoire,  a  fait  maintes  fois, 


(  93  ) 
également  dans  noire  pays,  la  même  observation  dans  de 
semblables  conditions  (1). 

La  belle  teinte  bleue  qui  caractérise  les  paysages  en 
Italie  et  dans  les  régions  méridionales,  est,  sans  aucun 
doute,  un  effet  de  transparence  produit  par  la  couleur 
bleue  de  la  vapeur  d'eau,  qui  se  trouve  à  l'état  de  disso- 
lution parfaite  dans  ces  couches  inférieures  de  l'air  de  ces 
beaux  pays,  grâce  à  l'élévation  de  la  température. 

Passons  à  un  second  fait.  J'ai  remarqué  dans  le  cours 
des  dernières  années  de  pluie,  à  Bruxelles,  que  la  lumière 
de  foyers  électriques  vus,  à  une  grande  distance,  avec  un 
brillant  éclat,  paraissait  parfaitement  blanche  quand  le 
temps  était  beau  et  sec,  mais  qu'elle  accusait  une  teinte 
légèrement  bleuâtre,  à  la  même  distance,  pendant  les 
périodes  de  pluie  prolongées  de  celle  époque,  et  cela,  sans 
que  la  pluie  tombât  au  moment  même  de  l'observation. 
Celte  différence  marquée  m'avait  frappé  en  ce  temps-là, 
en  observant,  de  la  place  Liedts,  celui  des  deux  foyers  de 
lumière  qui  éclairent  la  place  des  Nations,  en  face  de  la 
station  du  Nord,  que  l'on  aperçoit,  à  travers  la  rue  de 
Brabant,  à  une  distance  de  950  mètres  environ.  Ces  diffé- 
rences, que  je  me  suis  parfaitement  expliquées  lorsque 
j'eus  connaissance  du  travail  de  M.  W.  Spring  sur  la 
couleur  de  l'eau  pure,  ont  été  remarquées  en  examinant, 
à  celte  distance,  ce  foyer  de  lumière  électrique,  particu- 
lièrement aux  époques  de  pluie  prolongées.  Sa  teinte  blan- 
che lorsque  l'air  était  sec,  devenait  légèrement  bleuâtre 
lorsqu'il  était  saturé  d'humidité.  On  ne  peut  objecter  ici 
que  l'arc  ou  la  lumière  électrique  présente  une  certaine 

fl)  D'après  •  ce  que  j'ai  appris  de  M.   Lancasler,  ce  fait  a  été  déjà 
remarqué  par  plusieurs  observateurs,  entre  autres  par  Sir  John  Herschel. 
5me    SÉRIE,    TOME  IX.  8 


(  94  ) 

quantité  de  rayons  bleus  en  excès  dans  les  conditions 
ordinaires,  car  cette  quantité  doit  rester  intrinsèquement 
la  même,  que  l'air  soitsecou  humide,  jusqu'ici  rien  n'ayant 
prouvé  le  contraire  (1). 

M.  Lancaster  a  également  remarqué  que  les  parties  de 
l'air  environnant  les  lumières  électriques  de  la  place  des 
Nations,  vues  à  distance,  mais  d'un  autre  endroit,  affectaient 
alors  une  teinte  blanchâtre  par  un  temps  sec,  et  une  teinte 
bleuâtre  lorsque  le  temps  était  très  humide  et  pluvieux. 

Je  conclus  des  laits  précédents  que,  s'il  était  possible 
de  contenir  la  vapeur  dans  un  tube  de  très  grande  lon- 
gueur, elle  présenterait  par  transparence  une  teinte  légè- 
rement bleuâtre,  comme  l'eau  parfaitement  pure  dans  les 
expériences  de  M.  Spring  (2). 
pas  accusé  pour  toutes  les  étoiles  observées  dans   une 

(1)  L'effet  que  je  signale  ici  est  devenu  moins  sensible  à  cause  de  la 
diminution  d'humidité  que  l'air  a  éprouvée.  L'humidité  absolue  étant 
représentée  par  100,  d'après  les  indications  contenues  dans  le  Bulletin  de 
V Observatoire,  l'humidité  relative  à  9  heures  du  soir,  pendant  mes  soirées 
d'observation,  a  diminué,  moyennement,  de  85  en  1882,  à  81  en  1883,  pour 
s'abaisser  à  78  en  1884. 

(2)  Citons  ici  les  considérations  si  importantes  émises  par  J.  Tyndall  au 
sujet  de  la  couleur  bleue  de  la  vapeur  d'eau  : 

«  ...  Autant  que  je  puis  en  juger  à  présent,  la  vapeur  d'eau  et  l'eau 
»  liquide  absorbent  la  même  classe  de  rayons;  c'est  une  autre  manière 
»  d'établir  que  la  couleur  de  l'eau  pure  est  aussi  la  couleur  de  sa  vapeur- 
»  Ce  serait  donc  à  la  vapeur  d'eau  que  l'atmosphère  doit  d'être  un  milieu 
»  de  couleur  bleue.  11  y  a  longtemps,  je  crois,  qu'on  a  remarqué  que  le 
»  bleu  du  firmament  et  des  montagnes  lointaines  de  l'horizon  augmentait 
»  avec  la  quantité  de  vapeur  d'eau  contenue  dans  l'air.  Or,  la  substance 
»  qui  modifie  le  ton  d'une  couleur  doit  être  en  même  temps  une  source 
»  ou  cause  de  couleur.  Mais  je  ne  veux  pas  m'aventurer  à  présent  à 
»  rechercher  si  l'azur  du  ciel,  la  question  la  plus  difficile  de  la  météoro- 
»  logie,  doit  être  réellement  expliqué  de  cette  manière.  »  (La  chaleur 
considérée  comme  un  mode  de  mouvement,  par  J.  Tyndall,  traduction  de 
M.  l'abbé  Moigno,  p.  387,  édit.  1864.) 


(  (JS  ) 

D'après  ce  qui  précède,  on  conçoit  aisément  que  les 
rayons  lumineux  émanés  des  étoiles  traversant,  aux  épo- 
ques de  pluie,  des  couches  atmosphériques  contenant  de 
grandes  quantités  d'eau  d'une  pureté  parfaite,  qui  s'y 
trouve^soil  en  dissolution,  soit  à  l'état  liquide,  ou  en  très 
petits  cristaux,  participent  de  la  couleur  bleue  de  l'eau. 
Alors  cette  couleur  prédominera  nécessairement  dans  la 
scintillation  sur  les  autres  couleurs  que  le  jeu  du  scintil- 
lomètre  sépare  (1). 

Depuis  la  création  du  Bulletin  météorologique  de  notre 
Observatoire  par  M.  Houzeau,  les  résultats  de  mes  observa- 
tions y  ont  été  insérés  selon  le  désir  qu'il  a  bien  voulu 
m'exprimer.  Les  caractères  d'intensité  et  surtout  de  fré- 
quence de  la  teinte  bleue  sur  le  trait  circulaire  décrit  par 
l'image  des  étoiles,  caractères  que  j'avais  remarqués 
depuis  longtemps  en  temps  de  pluie,  ont  été  indiqués, 
à  partir  de  1879,  par  ces  expressions  spéciales  :  excès 
très  faible,  faible,  assez  marqué,  marqué.  J'indique  en 
outre,  chaque  fois,  le  nombre  des  étoiles  qui  ont  accusé 
un  excès  de  bleu  dans  leur  scintillation,  afin  de  pouvoir 
le  comparer  au  nombre  total  des  étoiles  observées  pendant 
la  même  soirée.  Cette  double  indication  est  absolument 
nécessaire,  comme  en  jugera  plus  loin. 

On  doit  se  demander  ici  pourquoi  l'excès  de  bleu  n'est-il 

(1)  Il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  ici  que  dans  ses  Géorgiques,  Virgile 
cite  parmi  les  pronostics  du  temps,  la  teinte  azurée  du  Soleil  à  son  cou- 
cher annonçant  la  pluie  pour  le  lendemain  : 

Cœruleus  pluviam  denantiat,  igneus  euros. 

Georgicorum,  lib.  I. 

A  propos  de  la  scintillation,  Virgile  fait  la  remarque  que  le  temps  se 
met  au  beau  quand  le  trait  lumineux  lancé  par  les  étoiles  paraît  moins  vif: 

Nam  neque  tum  stellis  acies  obtusa  videtur. 

Ibidem. 


(  M  ) 
même  soirée,  aux  approches  de  la  pluie,  ou  quand  elle  est 
déjà  survenue?  Voici  deux  raisons  importantes  qui  expli- 
quent ce  fait.  La  première,  c'est  la  couleur  propre  des 
étoiles.  En  effet,  depuis  très  longtemps,  j'ai  remarqué  que, 
même  pendant  des  périodes  de  pluies  abondantes  et 
persistantes,  l'accroissement  du  bleu  est  beaucoup  moins 
sensible  dans  la  scintillation  des  étoiles  du  troisième  type, 
qui  sont  rouges  et  orangées,  que  pour  les  étoiles  du 
deuxième,  qui  sont  jaunes,  et  surtout  pour  celles  du  pre- 
mier qui  sont  blanches.  La  différence  à  cet  égard  s'est 
déjà  manifestée  dans  le  travail  cité  plus  haut,  concernant 
les  couleurs  que  présentent  quinze  étoiles  du  troisième  type 
et  deux  du  second,  et  dans  lequel  j'ai  distingué  les  obser- 
vations appartenant  à  des  périodes  les  unes  de  sécheresse, 
les  autres,  de  pluie.  Or,  le  rapport  de  la  fréquence  du  bleu 
sous  l'influence  de  la  pluie  à  sa  fréquence  par  un  temps 
sec  est  m  ou  1,07,  pour  les  étoiles  du  troisième  type, 
rouges  ou  orangées,  tandis  que  le  môme  rapport  s'élève 
à  fff  ou  1,29,  pour  La  Chèvre  et  Pollux,  qui  sont  des 
étoiles  jaunes  ou  du  deuxième  type.  Je  ne  forme  aucun 
doute  que  la  valeur  du  môme  rapport  ne  sera  encore  plus 
forte  pour  les  étoiles  blanches.  D'après  cela,  on  conçoit 
qu'aux  époques  de  pluie  les  étoiles  observées  dans  une 
même  soirée  étantde  couleurs  différentes,  toutes  n'accusent 
pas  un  excès  de  bleu  sensible  dans  leur  scintillation  (1). 


(1)  Les  faits  dont  il  est  question  s'accordent  parfaitement  avec  l'expli- 
cation de  la  prédominance  du  bleu  aux  époques  de  pluie  qui  repose  sur  la 
couleur  bleue  de  l'eau,  el  ne  contredisent  eu  aucune  manière  cette  expli- 
cation. En  effet  :  pourquoi  l'eau  pure  paraît-elle  bleue  par  transparence 
lorsqu'on  regarde  au  travers  de  ce  milieu,  contenu  dans  un  long  tube, 
une  lumière  blanche,  la  lumière  du  jour,  par  exemple?  c'est  parce  que 
l'eau  absorbe  en  moindre  proportion  les  rayons  bleus  que  ceux  de  l'une 


(  97  ) 
Voici  la  seconde  raison  qui  concourt  à  diminuer  le 
nombre  des  étoiles  accusant  un  excès  de  bleu  quand  il  y  a 
lieu.  Dès  l'origine  de  mes  observations,  j'ai  été  conduit  à 
admettre,  ce  qui  ne  peut  d'ailleurs  nous  surprendre,  qu'il 
existe  dans  l'océan  aérien,  même  pendant  les  plus  fortes 
tempêtes  qui  l'agitent,  des  courants  qui  se  distinguent  de 
la  masse  d'air  en  mouvement  par  leur  vitesse,  leur  tempé- 
rature, leur  degré  d'humidité,  etc.  On  comprend  d'après 
ce  fait,  les  différences  sous  le  rapport  des  couleurs  que 
présente,  dans  une  même  soirée,  la  scintillation  dans  les 
diverses  parties  du  ciel,  et  cela,  indépendamment  des 
différences  qui  sont  inhérentes  à  la  lumière  des  étoiles 
elles-mêmes.  Ajoutons  ici  qu'en  ce  qui  concerne  l'inten- 
sité, sauf  en  Été,  —  et  encore  faut-il  de  belles  soirées 
où  l'air  est  relativement  calme,  —  il  est  rare  que  la  scin- 
tillation ait  la  même  intensité  à  l'Est,  au  Sud,  à  l'Ouest  et 
au  Nord ,  directions  principales  suivant  lesquelles  j'indique 
les  intensités  particulières  de  la  scintillation  dans  le  Bul- 
letin. On  conçoit  donc  que  les  circonstances  d'où  dépend 
l'apparition  d'un  excès  de  bleu  doivent  varier  le  plus  sou- 
vent suivant  les  parties  du  ciel  où  les  étoiles  sont  observées. 
J'ai   souvent   remarqué,   par  exemple,   que,   quand    une 


des  couleurs  que  contient  la  lumière  blanche,  et  qui  sont  les  rayons  jaunes 
d'après  M.  Spring. 

Mais,  si  la  lumière  considérée  par  transparence  était  de  teinte  orangée, 
par  exemple,  la  couleur  bleue  naturelle  de  l'eau  ne  serait  guère  apparente 
ou  ne  le  serait  pas  du  tout  dans  cette  expérience,  si  la  lumière  éclairante 
renfermait  très  peu  de  rayons  bleus.  On  conçoit  que  ces  faits,  qui  se 
rattachent  à  la  question  si  délicate  de  l'absorption  de  la  lumière  par  les 
milieux  diaphanes,  doivent  être  pris  en  considération  dans  l'étude  des 
particularités  que  présente  la  scintillation,  et  cc^la,  de  la  manière  que 
je  viens  d'indiquer  brièvement. 


(98) 

dépression  nous  arrive  de  l'Ouest,  l'excès  de  bleu  est  bien 
plus  apparent  dans  cette  direction  que  suivant  toute  autre. 
Quand  le  temps  est  au  beau  chez  nous  et  qu'il  pleut  en 
France,  l'excès  de  bleu  se  manifeste  principalement  pour 
les  étoiles  observées  au  Sud  (1). 

On  sait  que  des  étoiles,  telles  que  Régulus,  Castor, 
Wéga,  Sirius,  sont  bleues.  Même  en  temps  ordinaire,  la 
couleur  bleue  est  particulièrement  accusée  dans  la  scintil- 
lation de  ces  étoiles  colorées,  par  le  nombre  et  la  grandeur 
des  arcs  bleus.  Il  ne  convient  donc  pas  de  prendre  ces 
étoiles  comme  point  de  départ  dans  l'estimation  d'un  excès 
de  bleu;  mais,  quand  cet  excès  se  présente  pour  d'autres 
étoiles,  il  faut  nécessairement  tenir  compte  de  celui  qui 
affecte  la  scintillation  des  étoiles  bleues,  les  arcs  de  cette 
teinte  étant  alors  plus  nombreux  et  plus  accusés  sur  le 
trait  circulaire  décrit  par  leurs  images  dans  la  lunette. 

Il  importe  de  montrer  actuellement  que  les  expressions: 


(1)  Je  citerai  d'autres  exemples  de  faits  touchant  ces  dernières  ques- 
tions : 

Le  30  Juin  dernier,  pendant  une  série  de  beaux  jours,  vers  9  heures  du 
soir,  par  un  vent  de  Nord-Nord-Ouest,  l'intensité  de  la  scintillation  fut  38 
à  l'Est,  41  au  Sud,  53  à  l'Ouest  et  au  Nord. 

Le  8  Août  suivant,  au  milieu  d'une  suite  de  beaux  jours,  l'intensité  ne 
s'éleva,  suivant  les  mêmes  directions,  qu'à  21,  28,  30,  28,  et  cela  par  un 
vent  d'Est. 

Mais  quand  l'atmosphère  est  profondément  agitée,  les  intensités  de  la 
scintillation  suivant  les  divers  azimuts  sont  très  différentes.  Ainsi,  le 
24  Octobre  1882,  lorsqu'une  forte  tempête  sévissait  en  Angleterre,  sur  la 
Manche  et  la  mer  du  Nord,  la  scintillation  s'éleva  à  228  à  l'Est,  à  240  au 
Sud,  à  188  à  l'Ouest  et  à  276  au  Nord,  pour  52  étoiles  observées  entre  six 
et  sept  heures  du  soir.  Les  couleurs  de  la  scintillation  étaient  très  vives  et 
présentaient  un  excès  de  bleu  très  faible  pour  8  étoiles  seulement.  La 
quantité  d'eau  de  pluie  recueillie  à  Bruxelles,  le  24  et  le  25  Octobre,  ne 
s'éleva  qu'à  5  millimètres  en  totalité. 


(99) 

excès  très  faible,  faible,  assez  marqué,  marqué,  que 
j'emploie  pour  désigner  les  prépondérances  progressives 
du  bleu  dans  la  scintillation,  sont  en  parfaite  concordance 
avec  les  variations  correspondantes  de  l'intensité  de  la 
scintillation,  de  la  quantité  d'eau  de  pluie  recueillie,  du 
degré  d'humidité  de  l'air  au  niveau  du  sol,  et  avec  le 
nombre  relatif  des  étoiles  qui  accusent  l'un  ou  l'autre 
excès  de  bleu. 

Mais  avant  d'établir^cette  comparaison,  je  dois  répondre 
à  cette  question  :  lorsqu'un  excès  de  bleu  s'est  manifesté 
dans  la  scintillation  à  Bruxelles,  a-t-il  plu  chaque  fois  dans 
cette  localité,  soit  le  jour  de  l'observation,  soit  le  lende- 
main ou  le  surlendemain?  Les  indications  contenues  dans 
le  Bulletin  de  l'Observatoire  par  rapport  aux  autres  sta- 
tions météorologiques  du  pays,  Maeseyck,  Arlon  et  Fumes, 
montrent  que,  si  par  exception  il  n'a  point  plu  à  Bruxelles 
chaque  fois  qu'un  excès  de  bleu  s'y  manifesta  dans  la  scin- 
tillation, la  pluie  est  presque  toujours  survenue  à  l'une  des 
trois  autres  stations,  et  particulièrement  à  Furnes,  ville 
située  au  bord  de  la  mer.  Les  exceptions  pour  Bruxelles 
sont  le  plus  fréquentes  par  rapport  aux  excès  de  bleu  très 
faibles;  mais  elles  le  sont  très  peu  à  l'égard  des  excès  assez 
marqués  et  marqués.  On  s'explique  parfaitement  cette 
dernière  différence  (1). 


(1)  Voici  quelle  est  la  position  de  chacune  de  ces  stations  météorologi- 
ques par  rapport  à  Bruxelles: 

Furnes  est  situé  à  122  kilomètres  de  Bruxelles,  à  l'Ouesl-Nord-Ouest. 

Maeseyck  se  trouve  à  10a  kilomètres         —  à  l'Est-Nord-Est. 

Ârlon  est  éloigné  de  167  kilomètres  —  au  Sud-Esî. 

Le  nombre  total  des  soirées  d'observations  avec  excès  de  bleu  dans  la 
scintillation,  qui  n'ont  pu  être  utilisées  pour  les  calculs  du  tableau  sui- 
vant, parce  qu'elles'n'ont  pas  été  suivies  de  pluie  à  BruxeIIes,est  114,  dont 


(   100) 

Les  faits  dont  il  vient  d'être  question  nous  prouvent 
que,  lorsqu'il  survient,  comme  présage  de  pluie,  un  accrois- 
sement d'humidité  dans  les  couches  supérieures  de  l'air, 
celui-ci  étend  ses  effets  à  de  grandes  distances,  sans  que 
pour  cela  il  provoque  infailliblement  la  chute  de  la  pluie 
dans  toutes  les  localités  où  cet  accroissement  se  manifeste. 

Dans  le  tableau  suivant,  je  mets  en  comparaison  les 
moyennes  indiquées  que  j'ai  déduites  de  toutes  les  obser- 
vations effectuées  depuis  1879  jusqu'au  mois  de  Décembre 
dernier,  lorsque  les  étoiles  accusaient  l'un  ou  l'autre  de 
ces  excès  de  bleu,  et  que  celui-ci  coïncida  avec  une  chute 
de  pluie  à  Bruxelles,  le  jour  de  l'observation,  le  lendemain 
ou  le  surlendemain.  Ainsi,  par  exemple,  les  différentes 
moyennes  relatives  à  l'excès  de  bleu  très  faible  sont 
déduites  des  données  respectives  qui  ont  été  recueillies 
pendant  les  237  soirées  où  cet  excès  très  faible  a  été 
observé  en  coïncidence  avec  de  la  pluie,  à  Bruxelles.  Les 
moyennes  25  et  7  concernant  les  étoiles  observées  nous 
apprennent  que,  dans  ce  cas,  en  moyenne  7  étoiles  ont 
accusé  un  excès  de  bleu  très  faible  pour  23  étoiles  obser- 
vées. Le  rapport  de  ces  deux  nombres  est  0,30.  Le  même 
rapport  s'élève  à  0,58  pour  l'excès  marqué,  11  étoiles  accu- 
sant alors  en  moyenne  cet  excès  sur  19  étoiles  observées. 


83,  23,  3  et  S  observations  correspondent  respectivement  aux  excès  très 
faibles,  faibles,  assez  marqués  et  marqués  On  conçoit  parfaitement  la 
raison  de  cette  diminution  progressive  :  l'appréciation  d'un  excès  de  bleu 
offrant  très  peu  de  doute  quand  il  prédomine  de  beaucoup. 

Il  importe  d'ajouter  ici  que  les  indications  relatives  aux  excès  progres- 
sifs du  bleu  résultent  d'appréciations  qui  me  sont  personnelles,  et  au  sujet 
desquelles  je  ne  puis  donner  ici  de  règle  Gxe.  Mais  il  n'y  a  point  de  doute 
qu'après  quelques  soirées  d'observations  de  scintillation  faites  pendant 
une  période  de  pluie,  tout  observateur  se  formera  aisément  une  échelle 
progressive  applicable  aux  divers  excès  du  bleu. 


101  ) 


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(  i02  ) 

Les  résultats  que  présente  ce  tableau  se  réunissent  à 
l'ensemble  des  considérations  précédentes  pour  nous  auto- 
riser à  formuler  la  proposition  suivante  : 

Lorsque,  parmi  les  couleurs  de  la  scintillation ,  le  bleu 
prédomine  par  son  intensité  et  surtout  par  sa  fréquence, 
cet  excès  annonce  presque  toujours  la  pluie  :  alors,  la  sein- 
tillation  est  en  moyenne  d'autant  plus  forte,  la  quantité  de 
vapeur  d'eau  contenue  dans  l'air  an  niveau  du  sol  est 
d'autant  plus  grande  et  les  pluies  qui  surviendront  seront 
probablement  d'autant  plus  abondantes,  que  la  prédomi- 
nance du  bleu  est  plus  marquée.  Enfin,  la  proportion  des 
étoiles  qui  accusent  cette  prédominance  augmente  avec  la 
grandeur  de  cet  excès  de  bleu. 

Cet  ensemble  de  résultats,  tout  à  fait  nouveaux,  est 
d'une  très  grande  importance:  ils  nous  montrent  d'abord 
que  le  point  de  départ  de  l'explication  et  des  considérations 
que  j'ai  émises  au  sujet  de  la  prédominance  du  bleu  dans 
la  scintillation,  est  parfaitement  justifié.  De  plus,  l'impor- 
tance de  l'excès  de  cette  couleur  jointe  au  nombre  des 
étoiles  qui  l'accusent  donnerait,  en  quelque  sorte,  la 
mesure  de  la  quantité  d'eau  contenue  dans  les  régions 
supérieures  de  l'air,  ainsi  que  la  remarque  en  a  été  faite, 
au  sujet  de  la  prédominance  du  bleu  dans  la  scintillation, 
par  M.  Cornu,  lorsqu'il  présenta  un  exemplaire  de  mon 
premier  travail  sur  celte  question  à  l'Académie  des  sciences 
de  France  (1). 

Les  valeurs  numériques  figurant  dans  chaque  colonne 
du  tableau  précédent  augmentent  régulièrement  :  celte 
progression  continue  justifie  complètement  la  méthode 
que  j'ai  suivie  dans  l'estimation  et  l'indication  des  carac- 
tères que  présente  la  couleur  bleue  dans  la  scintillation. 

Le  tableau  nous  indique  une  autre  relation  que  voici  : 

(1)  Séance  du  50  Juin  1884. 


(  103  ) 

les  moyennes  des  quantités  totales  d'eau  de  pluie  recueil- 
lies pendant  les  deux  jours  qui  suivirent  les  observations 
de  scintillation,  sont  exactement  dans  la  même  proportion- 
nalité que  les  rapports  du  nombre  des  étoiles  accusant 
Pun  des  excès  de  bleu  indiqué,  au  nombre  total  des 
étoiles  observées  dans  la  même  soirée.  Voici  en  effet  les 
proportionnalités  des  nombres  figurant  respectivement 
dans  la  cinquième  et  la  huitième  colonnes  du  tableau  : 

Proportionnalité  Proportionnalité 

des  entre 

quantités  totales  les  nombres 

EXCES  DU  BLEU.                               d'eau  de  pluie.  des  étoiles. 

Très  faible 1,00  1,00 

Faible 1,28  1,27 

Assez  marqué 1,S6  1,57 

Marqué 2,07  1,90 

Il  faudrait  inférer  de  l'identité  des  proportionnalités 
correspondant  à  un  même  excès  de  bleu  que,  généralement, 
la  somme  des  quantités  d'eau  de  pluie  recueillies  pendant 
les  deux  jours  qui  suivent  une  observation  de  scintilla- 
tion avec  excès  de  bleu,  sont  annoncées  par  le  degré 
d'humidité  des  couches  supérieures  de  l'air  au  moment 
même  de  cette  observation. 

Concluons  de  ce  qui  précède  que  la  chute  de  la  pluie 
dans  une  région  dépend  principalement  de  conditions  qui 
sont  inhérentes  à  l'air  lui-même  au-dessus  de  cette  région. 

L'ensemble  des  considérations  précédentes  concernant 
la  prédominance  momentanée  du  bleu  dans  la  scintillation 
nous  a  fait  connaître  la  signification,  l'importance,  la  cause 
de  ces  apparitions,  et  par  cela  même,  elles  ont  donné  à  ce 
phénomène  les  caractères  d'un  fait  scientifique  incontestable. 

Je  montrerai  actuellement  que  la  prédominance  du  bleu 
a  été  moins  fréquente  pendant  les  deux  années  1885  et 
1884,  la  première  qui  est  une  année  demi-sèche  et  la 
seconde   une   année   tout  à  fait  sèche,  que  pendant  les 


(  104  ) 

années  1881  et  1882,  qui  sont  des  années  humides.  Je 
ferai  voir  en  même  temps  que  les  apparitions  des  couleurs 
verte  et  violette,  la  première  surtout,  ont  été  bien  plus 
marquées  pendant  la  dernière  période,  celle  des  années 
sèches,  comme  je  l'ai  particulièrement  annoncé  à  l'égard 
du  vert,  cette  couleur  ayant  toujours  caractérisé  le  beau 
temps  dès  l'origine  de  mes  observations. 

Le  tableau  suivant  mettra  ces  faits  en  évidence,  en  nous 
indiquant  pour  chacune  des  quatre  années  : 

1°  La  fréquence  relative  des  étoiles  qui  ont  accusé  un 
excès  de  bleu  sur  mille  étoiles  observées  ; 

2°  Les  fréquences  relatives  des  apparitions  des  couleurs 
verte  et  violette ,  c'est-à-dire  le  nombre  de  fois  que  cha- 
cune de  ces  teintes  a  figuré  parmi  mille  couleurs  relevées 
dans  la  scintillation  ; 

3°  La  quantité  d'eau  de  pluie  recueillie  pendant  chaque 
année  météorologique  qui  commence,  comme  on  le  sait, 
au  1 er  Décembre  de  l'année  précédant  celle  qui  est  indiquée 
au  tableau  (1). 

(1)  Pour  effectuer  les  calculs  dont  il  s'agit,  j'ai  formé  les  relevés,  pour 
les  différents  mois  de  chacune  des  années  indiquées,  des  éléments  néces- 
saires à  ces  calculs  qui  sont  inscrits  clans  mes  registres  d'observation.  Je 
me  bornerai  à  indiquer  ici  les  tolalités  des  résultats  obtenus  pour  les 
quatre  années  1881  à  1884,  afin  de  montrer  qu'elles  nous  permettent,  par 
leur  grandeur,  d'eu  déduire  des  données  certaines  : 

1°  Nombre  des  soirées  d'observation  pendant  les  quatre  années      704 
2°        —      des  étoiles  observées  —  —  14717 

5°        —      des  couleurs  différentes  inscrites —  —  40479 

4°        —      des  étodes  qui  ont  accusé  un  excès  de  bleu  pendant 

les  quatre  années  2997 

5°        —      des  apparitions  de  la  couleur  verte  pendant  ces  mêmes 

années  826 

6°        —      des  apparitions  de  la  couleur   violette  pendant  la 

même  période.  36 

La  fréquence  relative  du  vert  sur  mille  couleurs  observées  est  20.4 
d'après  les  nombres  5°  et  5°.  Nous  retrouverons  la  même  fréquence  au 
second  tableau  suivant. 


(    105    ) 

- 

FRÉQUENCES  RELATIVES 

QUANTITÉ 
d'eau  de  pluie 

des 

des 

des 

ANNÉES 

étoiles 

avec  excès 

apparitions 

de 
la  couleur 

apparitions 

de 
la  couleur 

recueillie 
pendant 

DE  BLEU 

sur 

VERTE 

sur 

VIOLETTE 
sur 

l'année  météo- 

mille étoiles 

mille  couleurs 

mille  couleurs 

rologique. 

observées. 

observées. 

observées. 

millim. 

252 

10 

0,4 

889 

1882 

225 

200 

9 
17 

0,7 
2 

785 
731 

1884 

134 

59 

4 

620 

Ce  tableau  nous  montre  que  la  quantité  d'eau  de  pluie 
ayant  diminué  régulièrement,  c'est-à-dire  sans  interrup- 
tion, d'une  année  à  l'autre,  le  nombre  des  étoiles  accusant 
un  excès  de  bleu  a  diminué  avec  la  même  régularité.  Par 
contre,  la  fréquence  des  couleurs  verte  et  violette  a  aug- 
menté progressivement  à  mesure  que  la  quantité  de  pluie 
diminua.  C'est  à  l'égard  de  l'année  1884,  pendant  laquelle 
cette  diminution  est  le  plus  marquée,  que  les  différences 
relatives  aux  couleurs  sont  le  plus  saillantes  (1). 


(1)  Onremarquera  que  laquanlité  d'eau  de  pluieattribuée  à  l'année  1883 
par  M.  Lancaster  dans  la  noie  de  la  première  page,  ne  s'élève  qu'à 
688  millimètres,  quantité  inférieure  de  43  millimètres  au  nombre  indiqué 
dans  le  tableau;  cette  différence  résulte  de  ce  qu'il  a  fallu  faire  entrer  dans 
le  calcul  actuel  de  la  quantité  d'eau  tombée  pendant  l'année  météorolo- 
gique 1883,  la  pluie  recueillie  pendant  le  mois  de  Décembre  1882,  qui 
s'élève  à  104  millimèires,  quantité  très  forte  par  exception.  (Voir  le 
tableau  donné  par  M.  Lancaster  dans  V Annuaire  de  1884.) 


(  106  ) 

On  conçoit,  d'après  ces  résultats,  qui  s'annoncèrent  dès 
les  premiers  mois  de  1883,  comment  au  mois  de  Juin  de 
cette  année,  je  fus  conduit  à  émettre  une  prévision  en 
m'appuyant  sur  des  faits  que  la  scintillation  des  étoiles 
manifesta,  dès  cette  époque,  et  comment,  après  sa  réalisa- 
tion, je  fus  en  droit  de  la  renouveler,  d'une  manière  plus 
précise,  dans  la  séance  du  5  Avril  1884  (1). 

La  fréquence  de  la  couleur  verte  étant  très  marquée, 
dans  le  tableau  précédent,  pour  1884,  année  qui  s'est 
signalée  par  la  température  élevée  et  la  sécheresse  en  Été, 
et  pendant  une  partie  du  Printemps  et  de  l'Automne,  je  me 


(1)  Voici  dans  quels  termes  je  formulai  mon  opinion  la  seconde  fois,  ou 
en  Avril  1884  : 

La  coïncidence  signalée  entre  l'apparition,  la  fréquence  de  certaines 
couleurs  dans  la  scintillation  des  étoiles  et  la  diminution  des  pluies 
dans  le  cours  de  Cannée  dernière  a  justifié  la  prévision  que  j'avais 
émise  dès  le  mois  de  Juin.  Le  retour  des  mêmes  i7idices  m'autorise  à 
renouveler  la  même  prévision  pour  l'année  actuelle,  en  annonçant  que, 
dans  nos  régions,  les  pluies  seront  moins  fréquentes  et  moins  abondantes 
que  pendant  les  six  années  antérieures  à  1883. 

J'ai  étendu  cette  prévision,  sous  forme  de  conjecture,  aux  années  sui- 
vantes, en  ajoutant  : 

Nous  pouvons  espérer  que  nous  sommes  heureusement  sortis  de  la 
période  des  années  pluvieuses  qui  commença  en  1876,  et  que  nous 
sommes  revenus  dans  une  série  de  belles  années,  ou  tout  au  moins  d'an- 
nées plus  régulières  en  ce  qui  concerne  les  pluies,  ce  qui  est  si  désirable 
sous  tant  de  rapports. 

Il  importe  de  remarquer  que  cette  dernière  conjecture  applicable  à  une 
certaine  période  d'années  postérieures,  repose  sur  ce  que,  depuis  1885, 
nous  sommes  sortis  des  années  de  pluie  qui  ont  été  si  marquées  à  partir 
de  1876,  et  que  ces  périodes,  dont  la  météorologie  n'a  pas  encore  réussi  à 
préciser  la  succession,  semble  alterner  avec  des  périodes  d'années  sèches. 
Voyez  à  ce  sujet  l'article  si  intéressant  qui  est  intitulé  :  La  pluie  en  Bel- 
gique, que  M.  A.  Lancastera  publié  dans  l' Annuaire  de  l'Observatoire  de 
Bruxelles,  pour  l'année  1884. 


(  107) 
suis  demandé  si  les  apparitions  de  la  couleur  verte  dans  la 
scintillation  ne  seraient  pas  soumises  à  une  variation  men- 
suelle régulière.  Le  tableau  suivant  répond  affirmativement 
à  cettequestion,  et  tout  aussi  bien  pour  des  années  humides 
que  pour  des  années  sèches.  Les  nombres  inscrits  repré- 
sentent, pour  chaque  mois,  les  moyennes  des  fréquences 
relatives  du  vert  sur  mille  couleurs  observées. 


MOIS. 

FRÉQUENCES  MENSUELLES 

des  apparitions  de  la  couleur  verte. 

Années  humides. 

1881-1882. 

Années  sèches. 

1883-1884. 

Moyennes 

générales. 

Mars 

2 
6 
5 
6 

15 

25 

16 

9 

11 

13 

7 

2 

4 
14 
23 
39 
39 
48 
48 
49 
41 
33 
40 

3 

3 

10 
14 
23 
27 
36 
32 
29 
'  26 
23 
23 
2 

Mai 

Juillet        

Septembre 

Octobre 

Moyennes.    .    .    . 

10 

32 

21 

Ce  tableau  nous  montre  que  la  fréquence  des  apparitions 
de  la  couleur  verte  augmente  régulièrement  depuis  le 
mois  de  Janvier  jusqu'en  Juin,  Juillet  et  Août,  époque  de 
sécheresse  et  des  fortes  chaleurs,  pour  diminuer  ensuite 
pendant  la  seconde  période  de  l'année.  Ces  variations  sont 
beaucoup  plus  marquées  pour  les  années  sèches  que  pour 
les  années  humides. 


(  108  ) 

On  voit  mieux  encore  d'après  cela  comment  l'accrois- 
sement de  fréquence  du  vert, en  se  joignant  à  la  diminution 
du  bleu  dans  la  scintillation  dès  le  commencement  de 
1883,  m'autorisa  à  annoncer  le  retour  du  beau  temps  au 
milieu  de  cette  année,  et  à  renouveler  cette  prévision  dès 
le  commencement  d'Avril  1884  avec  plus  de  certitude 
encore. 

Dans  le  travail  publié  en  1878,  j'ai  déduit  de  nom- 
breuses observations  de  quinze  étoiles  rouges  et  orangées 
ou  du  troisième  type,  puis  des  deux  étoiles  jaunes,  La 
Chèvre  et  Pollux,  du  second  type,  les  fréquences  relatives 
des  principales  couleurs,  en  distinguant  les  indications 
obtenues  par  un  temps  pluvieux,  puis  par  un  temps  sec  (1). 
Voici  les  deux  séries  de  résultats  et  les  rapports  des  deux 
valeurs  se  rapportant  à  une  même  couleur  : 


FRÉQUENCE 

RELATIVE 

COULEURS. 

par  un 

par  un 

Rapports. 

temps  sec. 

temps  pluvieux. 

Rouge  

283 

276 

4,036 
0.900 

Orangé 

127 

441 

Jaune   

263 

259 

4,012 

Vert 

408 

77 

4,403 
0,854 
4,333 

Bleu 

203 

240 

Violet   

4 

3 

(1)  Recherches  sur  les  changements  de  couleurs  qui  caractérisent  la 
scintillation  des  étoiles  rouges  et  orangées,  ou  du  troisième  type.  (Bul- 
letin de  l'Académie  royale  de  Belgique,  2e  série,  t.  XLV,  Avril  1878.) 


(  109  ) 

Sauf  pour  le  bleu  et  l'orangé,  la  fréquence  des  diverses 
couleurs  est  plus  marquée  par  un  temps  sec  que  sous  l'in- 
fluence de  la  pluie.  Il  devrait  en  être  ainsi  pour  le  bleu. 
Remarquons  le  également,  c'est  pour  le  vert  que  l'accrois- 
sement dans  le  premier  cas  est  le  plus  marqué.  Ce  résultat 
s'accorde  parfaitement  avec  ce  qui  précède.  Il  s'agira  d'en 
rechercher  la  raison  lorsque  j'aurai  étendu  le  travail  concer- 
nant les  couleurs  à  toutes  les  étoiles  que  j'ai  observées. 

Dans  son  travail,  M.  W.  Spring  indique  des  expériences 
d'où  il  conclut  que  la  couleur  bleue  de  l'eau  aussi 
pure  qu'on  puisse  l'obtenir,  provient  d'une  absorption  du 
jaune.  Or,  les  résultats  précédents  nous  montrent  que 
dans  la  scintillation  la  fréquence  du  jaune  est  moindre 
par  un  temps  de  pluie  que  par  un  temps  sec,  ce  qui  s'ac- 
corde parfaitement  avec  celte  conclusion  (1). 

Les  résultats  exposésdans  cette  notice  démontrent  d'une 
manière  incontestable  que  les  changements  de  couleurs 
qui  caractérisent  la  scintillation  des  étoiles  sont  soumis  à 


(I)  Il  est  hors  de  doute  que  le  pouvoir  absorbant  de  l'air  pour  la  lumière 
doit  intervenir  dans  la  scintillation.  Dans  ses  recherches  sur  l'absorption 
de  la  lumière  par  l'air  dans  des  conditions  différentes,  M.  H.  Wild,  après 
avoir  établi  que  la  poussière  suspendue  dans  l'air  diminue  sa  transparence 
à  un  très  haut  degré,  est  arrivé  à  cette  conclusion  : 

«  De  l'air  à  peu  près  débarrassé  de  poussière  exerce  une  action  absor- 
»  bante  plus  grande  quand  il  est  saturé  de  vapeur  d'eau  que  lorsqu'il  est 
»  sec.  » 

D'après  ce  savant,  le  coefficient  de  transparence  de  l'air  parfaitement 
sec  et  sans  poussière  est  0,9972,  tandis  que  celui  de  l'air  à  peu  près  dé- 
barrassé de  poussière  et  saturé  de  vapeur  d'eau  à  14°  n'est  que  0,993. 

Je  me  bornerai  ici  à  faire  ce  rapprochement,  en  ajoutant  que  d'après 
M.  Wild  l'air  sec,  sans  poussière,  mais  agité,  .présente  un  coefficient  de 
transparence  0,987,  qui  est  encore  moindre  que  les  précédents. 

{Archives  de  Genève,  u°  du  15  Février  1869.) 
3me  SÉKIE,  TOME  IX.  9 


(  110  ) 
des  lois  générales  tout  aussi  régulières  que  celles  qui 
règlent  les  variations  d'intensité,  et  que  les  indications 
données  par  les  couleurs  sont  aussi  parfaitement  applica- 
bles à  la  prévision  du  temps. 


Sur  l'existence  de  roches  mâclifères  dans  le  terrain  devo- 
nien  inférieur  de  l'Ardenne  belge;  par  É.  Dupont, 
membre  de  l'Académie. 

L'un  des  principaux  résultats  des  travaux  d'André  Du- 
mont  sur  l'Ardenne  a  été  la  découverte  de  la  zone  qu'il  a 
appelée  Zone  métamorphique  de  Paliseul.  Elle  traverse 
l'Ardenne  de  l'Est  à  l'Ouest  suivant  l'axe  de  cette  chaîne 
de  montagne.  Les  roches  des  divers  terrains  qui  s'y 
trouvent,  ont  subi  une  suite  de  modifications  sensibles 
sur  lesquelles  l'illustre  géologue  a  longuement  insisté  (1). 
L'oxyde  de  fer  y  est  souvent  à  l'état  de  cristaux  d'aimant 
dans  les  couches  cambriennes  et  gedinniennes;  les  couches 
du  groupe  qu'il  a  appelé  taunusien,  sont  fréquemment 
grenatifères  et  amphiboliques  et  renferment  diverses 
espèces  de  micas  considérées  comme  des  produits  méta- 
morphiques. .   , 

Le  fait  que  j'ai  à  mentionner  ici  ajoute  un  minerai 
important  à  ceux  qui  ont  été  reconnus  jusqu'à  présent 
dans  les  roches  à  grenats  et  à  amphibole  si  développées 
entre  Bastogne  et  Bertrix. 

En  1885,  j'observais,  au  Sud  de  la  station  de  Libra- 
mont,  dans  des  quartziles  et  des  phyllades  taunusiens,  des 

( ,  )  Mémoire  sur  le  terrain  rhénan  (Mém.  in-4»  de  l'Àcad.  roy.  de  Belg., 
t.  XXII,  p.  71,1848). 


(  111  ) 

roches  grenatifères  et  amphiboliques  bien  caractérisées, 
semblables  à  celles  que  Dumont  a  décrites  et  dont  l'étude 
a  été  ensuite  reprise  par  M.  Renard  (1).  Parmi  ces  roches, 
il  s'en  trouvait  quelques-unes  renfermant,  en  outre,  de 
grands  cristaux  que  j'eus  bientôt  l'occasion  de  montrer  à 
M.  Charles  Barrois.  Le  savant  explorateur  des  Asturies  et 
de  la  Bretagne  m'engagea  à  comparer  ce  minéral  à  la 
chiastolithe. 

L'examen  comparatif  de  mes  échantillons  avec  des 
roches  mâclilères  de  Bretagne,  des  Pyrénées  et  d'autres 
régions  ne  laissa,  en  effet,  pas  de  doute  sur  leur  identité 
avec  une  andalousite  impure  ou  chiastolithe. 

Les  cristaux  de  Libramont  ont  une  longueur  de  plusieurs 
centimètres  et  souvent  plus  d'un  centimètre  de  côté. 
Enchâssés  dans  la  roche  noire  à  grenats  et  à  amphibole,  ils 
sont  d'un  vert  clair  avec  inclusions  irrégulières  de  matières 
noirâtres  ou  ocreuses  et  parfois  de  petits  grenats  bien 
cristallisés. 

Je  découvris  l'an  dernier  un  second  gîte  de  ces  roches 
à  chiastolithe  à  5  kilomètres  à  l'Est  de  Libramont,  égale- 
ment dans  des  roches  remplies  de  grenats.  Mes  recherches 
ne  m'en  ont  pas  encore  fait  découvrir  sur  d'autres  points. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  l'andalousite  a  été 
signalée  en  Ardenne,  mais  seulement  dans  le  terrain  cam- 
brien. 

Dumont  en  mentionne  à  Vielsalm,  à  Salm-Chàteau  et  à 
Otlré  dans  les  couches  cambriennes  du  massif  de  Slavelot. 
Elle  ne  s'y  présente  pas  dans  les  mêmes  conditions  qu'aux 
environs  de  Libramont.  L'andalousite  cristallisée  et  frag- 


(1)  Les  roches  grenatifères  et  amphiboliques  de  la  région  de  Bastogne 
(Bull,  du  Musée  roy.  d'hist.  nat  de  Belg.,  1. 1, 1882). 


{  H2  ) 
mentaire,d'un  bleu  de  ciel  ou  d'un  verl  clair,  s'y  rencontre, 
dit-il,  dans  des  liions  de  quartz  et  d'une  substance  qu'il 
rattache  à  la  pyrophvllile  (1).  Le  Musée  de  Bruxelles  en 
possède  des  spécimens  provenant  de  la  collection  Davreux. 

MM.  de  Lapparent  et  Guyerdet  ont  recueilli,  au  milieu 
de  déblais  près  de  Laifour,  Ardenne  française,  c'est-à- 
dire  dans  la  région  des  porphy roules  de  la  Meuse,  un  frag- 
ment de  phyllade  noir  renfermant  des  màcles  fort  nettes. 
L'une  d'elles  se  présente  sous  la  forme  de  la  mâcle  pen- 
larhombique  d'Haùy.  Celle  andalousile  cambrienne  se 
montre  donc  en  ce  point  sous  d'autres  conditions  que  dans 
le  massif  de  Slavelot;  elle  est  enclavée  non  dans  des  roches 
(iloniennes,  mais  dans  les  couches  elles-mêmes  comme  à 
Libramont.  C'est  une  véritable  roche  mâclifère.  L'échan- 
tillon de  Laifour,  qui  se  trouve  dans  les  collections  de 
l'École  des  mines  de  Paris,  a  élé  mentionné  chez  nous 
pour  la  première  fois  par  M.  Malaise  (1). 

Des  roches  analogues,  provenant  cette  fois  du  devonien 
inférieur,  ont  été  observées  dans  les  provinces  rhénanes; 
elles  y  présentent  des  circonstances  curieuses. 

Dans  un  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie au  nom  de  l'auteur,  M.  von  Lasaulx  fait  connaître 
l'existence  du  granit  en  place  sur  notre  frontière  dans  les 
Hautes  Fagnes  (3).  Ce  granit  a  élé  mis  au  jour  au  milieu 
du  terrain  cambrien  près  de  Lamersdorf  l'automne  dernier 
dans  une  tranchée  du  chemin  de  fer  en  construction  pour 
relier  Aix-la-Chapelle  à  Montjoic. 


(1)  Mémoire  sur  le  terrain  ardennais  (Mém.  in-4°  de  l'Acad.  de  Belg, 

t.  XX,  p.  15",  18i'). 

(2)  Ann.  Suc.  géol.  de  Belg.,  t.  III,  p.  xci,  1876. 

(3)  Der  Granit  unler  demCambrium  des  hohen  venu  (Verhandl.  der 
nat.  vereins  fur  Rheinl.  und  Weslf.  1884.) 


(  US  ) 

Le  savant  professeur  expose,  à  cette  occasion,  les  indices 
que  Ton  possédait  jusqu'alors  sur  la  présence  du  granit 
dans  le  grand  massif  primaire  qui  s'étend  du  Rhin  à 
l'extrémité  Ouest  de  PArdenne  française.  Il  rappelle  notam- 
ment la  découverte,  faite  par  Wolf,  de  fragments  de  ro  lies 
granitiques  enclavés  dans  les  déjections  des  anciens  vol- 
cans du  Rhin  et  de  PEifel,  surtout  du  Laacher-see.  Il 
insiste  longuement  sur  l'association  à  ces  débris  de  frag- 
ments de  phyllades  où  abondent  des  cristaux  d'andalousite 
de  petite  dimension.  Ces  roches  mâclifères  n'affleurent  pas 
dans  la  région;  elles  ont  été  rejelées  des  profondeurs  par 
les  éruptions  volcaniques. 

Nous  venons  de  voir  que  les  roches  à  andalousite  de 
Libramont  se  trouvent  au  contraire  à  la  surface. 

La  présence  des  couches  mâclifères  a  une  importance 
géologique  considérable. 

La  plupart  des  géologues  les  considèrent  comme  annon- 
çant d'une  manière  certaine  le  voisinage  du  granit. 

En  décrivant  les  roches  à  andalousite  du  magma  volca- 
nique du  Laacher-see,  M.  von  Lasaulx  rappelle  que 
M.  Rosenbusch,  à  l'examen  des  échantillons  de  Wolf, 
n'avait  pas  hésité  à  déclarer  qu'ils  indiquaient  la  présence 
en  profondeur  d'une  zone  de  schistes  en  contact  avec  le 
granit.  M.  von  Lasaulx  se  prononce  dans  le  même  sens 
que  le  savant  géologue  de  Strasbourg. 

M.  Barrois  émettait  aussi  l'avis  que  si  les  couches  de 
Libramont  étaient  réellement  mâclifères,  elles  dénotaient 
le  voisinage  du  granit.  Ces  roches,  qui' affleurent  dans  le 
devonien  inférieur  de  PArdenne  belge  au  milieu  des  roches 
à  grenats  et  à  amphibole,  sembleraient  donc  annoncer  que 
le  granit  y  existe  soit  à  la  surface,  mais  recouvert  de  ter- 
rain détritique,  soit  en  profondeur  sans  avoir  atteint  la 


(  414  ) 
surface.  Mes  recherches  pour  le  découvrir  n'ont  pas  abouti 
l'an  dernier;  on  peut  croire  que  de  nouvelles  tentatives 
ne  tarderont  pas  à  nous  fixer  sur  la  question. 


Formule  nouvelle  pour  le  développement  des  fonctions, 
en  particulier  des  intégrales  ;  par  Ch.  Lagrange,  astro- 
nome à  l'Observatoire  royal. 

J'ai  trouvé  la  formule  suivante  qu'il  me  paraît  utile  de 
faire  connaître,  la  forme  très  simple  de  son  reste  la  rendant 
immédiatement  applicable  au  développement  d'un  grand 
nombre  de  fonctions,  en  particulier  à  celui  des  intégrales. 

On  a 

F'x  -+-  Fa    x  —  a 
(4)     Fx  =  Fa  + •— j— 

Y"x  —  F"  a     n—\     (x  —  a)* 

2  2n— 1*      1.2 

F'"x  -+-  F"  a     rc  —  1       7i-2     (x  —  a)5 
H  2  2w  —  1    2w  —  2  '     1.2.3 

F"x—  F,Ta    n  —  \      n  —  2     n— 3     (x— a)* 
2  2n  —  1  '  in  — 2    2n— 3    1.2.3.4 

-+-  ... 

F^— (_ l^F/'-a  n  —  1  -n  —  2--.n-M-*-l     (a-0)11 
-*-(—  !)/*-'  -  2n— t-2n— 2—2n— M-f-1  '  1.2.3...^ 


F"x  —  (—  \)nFna  (x—a)n 


(-1)" 


2  w.n  -t- 1  ...  2n  —  1 

F»"+'(a  -+-  9ft)  6"  (x— a)îfl+i 


w.»-+-l    1.2.5...2n— 1 
où  a  est  une  valeur  déterminée  de  x,  n  un  nombre  entier 


(  li5  ) 

positif  («==1,  %  3,  ...)  et  où  l'on  a  h  =  x  —  «,  0 <G <  1 . 

Comme  la  démonstration  directe  et  générale  de  cette 
formule  exige  d'assez  longs  développements  et  comme  elle 
repose  sur  un  principe  que  je  crois  nouveau,  je  compte  en 
faire  l'objet  d'un  travail  spécial.  Mais  voici  des  formules 
particulières  qui  s'en  déduisent  et  dont  il  est  facile  de 
vérifier  immédiatement  l'exactitude. 

La  formule  (!)  pour  n  =  i,  2,  3,  4  ...  donne  successi- 
vement les  formules  particulières 

F'x  -*-  F'a                    F'"(a  -t-  eh)  e(x  —  af 
(2)    Fx  =  Fa  -f- (x  —  a) ï L2 L 

F'x  +  F'a                     F"x  —  F"a  , 
(5)     Fx  =  Fan- .(x-a) (x  -  af 

Fv(a  +  6h)  e\x  —  af 
H  72 

F'x  -+-  F'a  F"x  —  F"a  , 

(4)  Fx=Fa-*- - .(x  — a) (x  —  af 

F'"x  -+-  F'"a  ,  ,       F'"(a  -+-  eh) <33(x—  a)7 

-4-  ■ (x  —  a) 

120         v  2880 

F'x  -t-  F'a  F"x — F"a 

(5)  Fx  =  Fa  -*- (x  —  a)  —  3  — (x  —  a)* 

F'"x -f- F'"a  VB      F,Tx  — F"a 

-\ ■  (x  —  af — — —  (x  —  af 

84         v  1680      v  ' 

F,x(a  -t-  âfc)  e*(x  —  a)9 

201600 

etc.,  etc. 

En  posant 

r  F'x  -+-  F'a  1 

(6)  Wjx  =  Fx  —    Fa  ^ (x  —  a) 


(  H6  ) 

[F'x  -4-  F'a 
Fa  -4- (x  —  a) 

F"x-F"a  1 

(x  —  af 

12         v  J 

T           F'a;  -+-  F'a  , 
(8)     W5x  =  Fx  -    Fa  -+- {x  —  a) 

F"x  —  F'a  ,       F"'x  -+-  F'"a  ,  x_~| 

(x  —  af  h (x  —  a)3  , 

10         V  '  120  V  ;_| 

etc.,  etc.,  on  peut  s'assurer  aisément  par  la  dérivation  que, 
pour  x=a,Wlx,  W2#,W3x,  ...  sont  respectivement  nulles 
ainsi  que  leurs  première,  deux  premières,  trois  pre- 
mières, etc.,  dérivées  (*).  On  a  dès  lors,  par  le  théorème 
de  Taylor, 

WÎ'(o  +■  eh) 
lX = — i~2 —  (x  ~~  a) 

Wi"(o  -t-  eh) 

w*x==-Hj.^(x-a) 

Wj,v(a  -+-  eh) 

W3x  =— - •  (x  -  a)*,  etc. 

1.2.3.4      v  ; 

et  en  substituant  dans  ces  dernières  formules  pour  W/', 
W2"\  W3'v ...  leurs  valeurs  tirées  de  (6),  (7),  (8),  on 
retrouve  les  formules  (2),  (3),  (4),...  qui  sont  ainsi 
démontrées. 

Exemple  d'application.  Soit  ¥x=f~  qu'on  désigne 
par  I.  x. 


(*)  On  remarquera  que  ces  conditions  ne  seraient  pas  suffisantes  pour 
déterminer  les  coefficients  numériques,  supposés  inconnus. 


(  H7  ) 
La  formule  (4),  par  exemple,  donnera  en  y  faisant 

F'x  =  a;"1,   F'x  =  -  xr\  ¥'"x  =  -*-  îx'\  P"x  = 
-+-  1.2.5.4.5.6  a;-7, 

{x  +  a){x  —  a)       (x'-a2)  {x  —  af 

(9)      1.  x.  =  \.a.  h ■ rrrr" 

v  '  2ax  !0aV 

{xz  -+-  a3)  (a;  —  af       ô3  /  x  —  a 


60a  V  4  \o  -t-  6h 

Soient  pris  pour  exemple  x  =  11,  a  =  10. 

Le  reste 

63  /  ac  —  a  \7       1  /x  —  a\' 
~  4  la  -+-  ô/i/     '"Il     a     / 

donnera  avec  ces  valeurs 

R  <  —     ou     R  <  0,000  000  025 
4 

(9)  donnera  donc  1. 11  avec  7  décimales  exactes. 

On  trouve,  en  effet,  ainsi 

21  21  2351 

1    M*  _  j    JQ    . H   _ 

2.110       121.1000       60.1551.1000 

=  1.  40  -+- — (30  121.100 

60.1351.1000 v 

—  60.11  -+-  1 1 1  )  ==  I.  10  -+-  0,09531018 

ce  qui  donne  pour  le  log.  vulgaire  de  11  (en  multipliant 
par  le  module  0,43429448  et  faisant  attention  au  signe  du 
reste  complémentaire  dans  la  formule  (9)), 

1,041392675  <  log.  11  <  1,041392685 
log.  11  =1,0413927 

dont  les  7  décimales  sont  en  effet  exactes. 


(  us  ) 


CLASSE    DES    LUT  TU  ES. 


Séance  du  2  février  4885. 

M.  Ch.  Piot,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.  Willems,  vice-directeur; 
Gachard,  P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de 
Lettenhove,  Th.  Juste,  Alph.  Wauters,  Ém.  de  Laveleye, 
Alph.  Le  Roy,  Ém.  de  Borchgrave,  À.  Wagener,  F.  Tiele- 
mans,  G.  Rolin-Jaequemyns,  S.  Bormans,  Ch.  Potvin, 
J.  Stecher,  T.-J.  Lamy,  Aug.  Scheler,  P.  Henrard,  mem- 
bres; J.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland,  Alph.  Rivier, 
associés;  J.  Gantrelle  et  G.  Tiherghien,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Acadé- 
mie, les  ouvrages  suivants  : 

Essai  historique  sur  les  abbés  et  l'abbaye  de  S^Silvin 
d'Auchy  les  Moines,  ordre  de  S'-Benoît,  au  diocèse  de 
Boulogne,  par  l'abbé  Fromentin; 

Bulletin  de  la  section  littéraire  de  la  Société  des  Mélo- 
philes  de  Hasselt,  20e  volume.  —  Remercîments. 


(  119  ) 

—  M.  le  baron  de  Witte  envoie  les  numéros  9-12  de 
l'aiiiiée  1884,  de  la  Gazette  archéologique  qu'il  publie  avec 
M.  Robert  de  Lasleyrie. 

Mme  veuve  Louis  Hymans  adresse  les  livraisons  27  el  28 
de  l'ouvrage  de  son  mari  :  Bruxelles  à  travers  les  âges. 

Mme  veuve  Heremans  fait  hommage  d'un  exemplaire  du 
livre,  paru  récemment,  intitulé  :  In  memoriam  J.-F.-J.  He- 
remans. —  Remercîments. 

MM.  A.-N.  Lebègue  et  Cie,  éditeurs  à  Bruxelles,  font 
parvenir  un  exemplaire  des  ouvrages  publiés  jusqu'à  ce  jour 
dans  leur  Collection  nationale  ;  la  liste  sera  imprimée  au 
Bulletin. 

La  Classe  reçoit  encore,  à  titre  d'hommages,  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  : 

1°  Les  Pays-Bas  sous  Philippe  II  (1565-1567),  nou- 
velle édition,  par  Th.  Juste; 

2°  Het  menschdom  verlost  van  L.  de  Coninck,  critisch 
aan-,  door-  en  omgehaald,  par  J.  Nolel  de  Brauwere  van 
Sleeland; 

3°  Liège  au  XIXe  siècle  :  les  transformations,  par 
Aug.  Hock  (présenté  par  M.  Stecher); 

4°  Les  fêtes  jubilaires  célébrées  à  l'occasion  du  cinquan- 
tième anniversaire  de  l'Université  de  Louvain  :  compte 
rendu  général,  par  E.  Descamps  (présenté  par  M.  Lamy); 

5°  Éléments  de  grammaire  française  à  l'usage  de  l'en- 
seignement moyen,  par  J.  Delbœuf  et  L.  Roersch  (présenté 
par  M.  Le  Roy); 

6°  Annuaire  de  l'Université  catholique  de  Louvain, 
1885; 

7°  Geschiedenis  van  Amsterdam,  door  J.  Ter  Gouw, 
3de  en  4de  deel; 


(  120  ) 

8°  Glossaire  du  roman  de  Selna,  par  A.  Massy,  avocat 
à  Gand  (présenté  par  M.  Wagener); 

9°  a)  Kaiser  Karels  V.  Krônung  in  Aachen  beschrieben 
von  B.  Castiglione  ;  b)  II  palazzo  Fiano  di  Roma  e  Filippo 
Calandrini  Cardinale,  par  A.  de  Reumonl,  associé  de  la 
Classe. 


NOTES   BIBLIOGRAPHIQUES. 


i°  Par  M.  Le  Roy. 

«  MM.  Delbœuf  et  Roersch,  l'un  et  l'autre  mes  collègues 
à  l'Université  de  Liège,  me  chargent  de  présenter  à  la 
Classe  un  manuel  classique  intitulé  :  Éléments  de  gram- 
maire française  à  l'usage  de  V enseignement  moyen  (Liège, 
Desoer,  1885,  in-12).  Je  voudrais  m'acquitter  dignement 
de  celte  tâche  en  vous  faisant  remarquer  comment,  après 
tant  d'autres,  les  deux  auteurs  ont  trouvé  le  secret  d'être 
neufs,  en  évitant  avec  le  plus  grand  soin  les  définitions 
banales  ou  inexactes,  et  en  mettant  à  prolil  les  conquêtes 
les  plus  récentes  de  la  philosophie  du  langage,  sans  oublier 
un  instant  qu'ils  s'adressent  aux  jeunes  intelligences.  Mais, 
pour  plusieurs  raisons,  je  crois  devoir  m'abstenir  de  toute 
appréciation  élogieuse  ou  critique.  D'abord,  MM.  Delbœuf 
et  Roersch  font  partie  de  notre  compagnie,  et  il  n'entre 
pas  dans  nos  usages,  que  je  sache,  de  porter  ici  des  juge- 
ments sur  les  œuvres  de  nos  confrères,  du  moins  sur  celles 
qui  ne  sont  pas  destinées  à  figurer  dans  nos  Bulletins  ou 
nos  Mémoires.  Ensuite,  le  Moniteur  belge  vient  de  nous 


(  i21  ) 

apprendre  que  le  livre  des  deux  honorables  professeurs 
liégeois  prend  part  à  un  concours  ouvert  par  le  Gouverne- 
ment :  je  serais  mal  venu  à  devancer  l'opinion  du  jury, 
surtout  si  j'entreprenais  de  comparer  ce  travail  à  ceux  des 
émules  de  MM.  Delbœuf  et  Roersch.  La  plus  stricte  absten- 
tion m'est  donc  commandée;  seulement,  qu'il  me  soit 
permis  de  savoir  gré  à  deux  savants  académiciens  de  n'avoir 
pas  dédaigné  d'écrire  pour  l'enfance.  Les  publications  de 
cette  sorte  sont  modestes  en  apparence;  en  réalité  elles 
sont  hautement  importantes,  à  raison  de  l'influence 
qu'elles  peuvent  être  appelées  à  exercer  sur  l'éducation 
intellectuelle  de  toute  une  génération.  » 

2°  Par  M.   Wagener  : 

a  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe  de  la  part  de 
M.  l'avocat  Massy,  de  Gand,  un  exemplaire  de  son  Glos- 
saire du  roman  de  Selna. 

Ce  roman  ou  plutôt  cette  nouvelle  égyptienne  fut  trouvée 
par  Auguste  Mariette  à  Thèbes,  en  1865,  parmi  des  manu- 
scrits hiératiques  et  coptes  déposés  dans  le  cercueil  de  leur 
ancien  propriétaire,  un  moine  copte.  Elle  est  conservée 
aujourd'hui  au  Musée  de  Boulacq. 

Le  manuscrit  qui  la  contient  se  composait  de  six  pages 
de  quarante  lignes  chacune.  Les  deux  premières  ont  dis- 
paru et  la  partie  de  la  feuille  n°  3  qui  contient  le  premier 
mot  de  chaque  ligne  fait  également  défaut. 

Le  roman  de  Setna  est  écrit  en  caractères  dèmoliques  de 
la  meilleure  époque.  L'original  remonte  donc  probablement 
au  règne  de  Ptolémée  II  Phi ladel plie   (284-248  av.  J.-C). 

Cet  ouvrage,  publié  par  Mariette  dans  ses  Papyrus  égyp- 
tiens du  Musée  de  Boulacq  (1871,  I,  pi.  29-32),  a  été 


(  122  ) 

traduit  et  commenté  par  MM.  Brugsch,  Révillout,  Maspéro 
et  Le  Page  Renouf. 

En  voici  le  sujet,  brièvement  résumé  : 

Le  prince  Châ-em-us-t  Setna  descend  dans  la  nécropole 
de  Memphis  afin  de  s'y  procurer  un  livre  magique  de 
Thoth,  l'Hermès  égyptien.  Il  arrive  ainsi  à  la  tombe  de 
Ptah-nefer-ka  et  de  son  épouse  Sahura.  qui  est  en  même 
temps  sa  sœur.  Celle-ci,  dans  l'intention  de  détourner 
Setna  du  but  qu'il  poursuit,  lui  apprend  qu'elle  aussi  a  eu 
jadis  en  sa  possession  un  pareil  livre,  qui  a  été  pour  elle 
et  pour  toute  sa  famille  une  source  de  malheurs.  Elle  lui 
raconte  alors  tous  les  événements  de  sa  vie  jusqu'à  sa 
mort,  celle  de  son  mari  et  de  leur  enfant  Merhu.  Plah- 
nefer-ka,  qui  dormait  du  sommeil  de  la  mort  à  côté  de  sa 
femme,  se  réveille  à  son  tour  et  engage  également  Setna 
à  abandonner  son  projet.  Mais  celui-ci,  brûlant  du  désir 
de  posséder  le  livre  magique,  propose  à  Ptah-nefer-ka  de 
s'en  remettre  au  sort  pour  trancher  la  question.  Ils  se 
mettent  à  jouer  :  Setna  triche,  gagne  la  partie  et  emporte 
son  précieux  volume. 

A  partir  de  ce  moment  il  ne  connaît  plus  que  malheurs 
et  tribulations.  Un  jour  il  aperçoit  une  femme  d'une  rare 
beauté.  A  peine  l'a-t-il  vue  que  son  cœur  brûle  d'amour 
pour  elle.  11  veut  la  posséder  et  la  fascination  que  celte 
femme  exerce  sur  lui  esl  telle  qu'il  souscrit  successivement 
à  toutes  ses  exigences.  Il  faut  qu'il  lui  abandonne  tout  ce 
qu'il  possède  et  que  de  plus  il  lui  sacrifie  ses  enfants 

Setna  s'y  résout,  mais  au  moment  où  ses  vœux  vont 
s'accomplir,  il  est  pris  d'un  vertige  et  tombe  en  défaillance. 
Puis,  quand  il  revient  à  lui,  il  s'aperçoit  que  tout  cela 
n'était  qu'un  rêve  et  que  ses  enfants  vivent  encore. 


(  123  ) 

Tel  est  le  canevas  du  curieux  roman  égyptien  pour 
lequel  M.  Massy  a  composé  un  vocabulaire.  L'écriture 
démotique  présente  de  grandes  difficultés.  A  force  d'en 
vouloir  simplifier  les  caractères,  on  a  fait  en  sorte  que 
ceux-ci  ne  présentent  plus  entre  eux  que  de  faibles  diffé- 
rences et  servent  parfois  à  remplacer  toute  une  série  de 
signes  primitifs. 

A  côté  des  vocables  démotiques,  classés  méthodique- 
ment, M.  Massy  a  placé,  autant  que  possible,  leur  tran- 
scription hiéroglyphique,  leurs  équivalents  coptes  et  finale- 
ment leur  signification  en  français.  D'après  ce  que  m'a 
affirmé  un  égyptologue  gantois  —  qui  naturellement  n'est 
pas  M.  Massy,  —  ce  Glossaire  sera  très  utile  à  ceux  qui 
s'occupent  du  déchiffrement  des  textes  démotiques.  En  le 
présentant  à  l'Académie  et  en  l'accompagnant  de  cette 
courte  notice,  je  crois  m'inspirer  des  sentiments  de  sym- 
pathie qui  animent  la  Classe  à  l'égard  de  tous  ceux  qui, 
dans  notre  pays,  s'efforcent  d'élargir  le  cadre  des  études 
philologiques.  » 

5°  Par  M.  Stecher. 

«  Le  volume  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe 
au  nom  de  M.  Aug.  Hock  est  intitulé  :  Liège  au  XIXe  siècle. 
C'est  le  digne  complément  d'un  autre  ouvrage  déjà  men- 
tionné dans  nos  Bulletins  :  Liège  au  XVe  siècle  (Prome- 
nades rétrospectives). L'auteur  s'est  principalement  attaché 
à  montrer  le  contraste  entre  l'ancien  régime  et  l'esprit  de 
la  société  actuelle.  Sans  parti  pris,  sans  autre  passion  que 
l'amour  de  sa  ville  natale,  M.  Hock  réussit  à  faire  voir 
aux  gens  de  bonne  foi  les  avantages  de  la  vie  moderne. 
Ce  panégyrique   n'exige   aucune  injustice   à  l'égard  du 


124  ) 

passé.  Le  pittoresque  d'autrefois  est  rappelé,  ressuscité 
même  au  milieu  des  élégances  et  du  confortable  d'aujour- 
d'hui. 

Au  reste,  Liège,  grâce  à  son  beau  fleuve  et  à  sa  belle 
ceinture  de  collines,  ne  saurait  perdre  sa  physionomie,  qui 
demeure  originale  à  travers  toutes  les  transformations. 
Elles  ont  pourtant  été  assez  profondes  depuis  cinquante 
ans,  rien  qu'à  en  juger  par  a  le  plan  figuratif  des  trente- 
deux  tours,  moulins  et  usines  situées  dans  le  quartier 
d'Outre-Meuse  »  (p.  232).  Les  détails  les  plus  caractéris- 
tiques et  les  renseignements  les  plus  inattendus  s'accu- 
mulent dans  ce  livre,  à  la  faveur  d'un  dialogue  humo- 
ristique cordial  et  fin,  institué,  interrompu  et  repris  sans 
cesse  entre  l'auteur  et  un  partisan  de  l'ancien  régime. 

Parmi  les  renseignements  qu'amène  cette  discussion 
courtoise,  on  noiera  surtout  avec  intérêt  ceux  qui  font 
revivre  l'ancienne  cité  épiscopale  et  princière  au  moment 
où,  comme  on  disait  alors,  a  elle  passait  aux  Belges».  Ou- 
tre un  spirituel  dessin  de  M.  Camille  Renard  et  le  plan  figu- 
ratif d'Outre-Meuse,  il  convient  de  mentionner,  parmi  les 
illustrations  de  l'œuvre,  six  charmantes  gravures  hors  texte. 
Celle  de  J.  Dieppe,  faite  au  siècle  dernier,  et  qui  montre 
encore  la  Meuse  passant  place  du  Théâtre,  révèle  le  mieux 
le  caractère  du  panorama  liégeois.  Une  autre  vue,  dessinée 
en  1740  par  le  Hollandais  J.  Beyer,  nous  reporte  à  l'an- 
cien faubourg  d'Avroy,  dont  on  ne  retrouve  presque  plus 
rien  aujourd'hui. 

M.  Hock  annonce  la  publication  prochaine  d'une  troi- 
sième étude  destinée  à  achever  ce  curieux  parallèle  entre 
l'ancienne  principauté  et  la  province  actuelle  de  Liège.  » 


(  m  ) 


4°  Par  M.  Lamy. 


«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  de  la  part 
de  mon  collègue  M.  le  professeur  Descamps,  le  volume 
qui  contient  le  compte  rendu  général  des  fêtes  jubilaires 
célébrées  à  l'occasion  du  cinquantième  anniversaire  de 
l'Université  catholique  de  Louvain.  On  y  trouve  la  liste  des 
membres  du  corps  académique  depuis  la  restauration  de 
l'Université,  les  adresses,  les  discours  et  tous  les  documents 
concernant  ces  magnifiques  fêtes  jubilaires,  qui  ont  duré 
trois  jours  avec  un  ordre  parfailet  l'enthousiasme  unanime 
de  quinze  à  seize  cents  étudiants  acclamant  la  religion  et 
la  science,  l'Église  et  la  Patrie,  le  souverain  Pontife  et  le 
Roi.  Parmi  les  discours  et  les  toasts  nous  ne  pouvons  nous 
dispenser  de  mentionner  le  rapport  de  Msr  Piéraerts  sur 
les  cinquante  premières  années  de  l'Université.  Ce 
volume  comprend  encore  la  description  du  cortège  histo- 
rique qui  dénia,  à  cette  occasion,  dans  les  rues  de  Louvain 
et  quelques  pièces  de  poésie  que  ne  dédaigneront  pas,  je 
pense,  les  amis  des  lettres.  » 


RÉSULTATS  DU  CONCOURS  ANNUEL  POUR  1885. 

La  Classe  prend  notification  de  la  réception  de  deux 
manuscrits  écrits  en  flamand  et  portant  pour  devises  : 

Le  premier  :  Musica  est  scientia  bene-  movendi  (S.  Au- 
gustin), 

Le  second  :  Sine  labor... 

Envoyés  en  réponse  à  la  troisième  question  : 

On  demande  une  étude  sur  l'application  des  règles  de 
la  métrique  grecque  et  latine  à  la  poésie  néerlandaise. 
3me  série,  tome  ix.  40 


(   126  ) 

L'auteur  y  ajoutera  un  choix  varié  d'exemples  et  une 
bibliographie  critique. 

M  en  vraagt  eene  studie  over  de  toepassing  van  het 
grieksc/ien  lalijnsch  mefrum  op  de  nederlandsche  poëzij. 

De  schrijver  voege  er  bij  eene  keur  van  verscheidenheid 
in  voorbeelden,  aan  het  laatste  taaleigen  ontleend,  mits- 
gaders  eene  critiek  der  bibliographische  werken,  hande- 
lende  over  nederhmdschen-metrischen  versbouw. 

Commissaires:  MM.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland, 
Willems  et  Wagener. 


ÉLECTIONS. 

Conformément  à  l'article  12  de  son  règlement,  la  Classe 
procède  à  l'élection  du  comité  de  trois  membres,  chargé, 
conjointement  avec  les  trois  membres  du  bureau,  de  la 
présentation  des  candidatures  aux  places  vacantes. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

La  mort  de  don  Juan,  par  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove, 
membre  de  l'Académie  (1). 

Don  Juan  avait  conservé  ses  positions  entre  Jauche  et 
Tirlemonl,  lorsqu'il  apprit  à  la  fois  l'arrivée  du  duc  Casi- 
mir et  l'agression  du  duc  d'Alençon.  D'après  les  bruits  qui 


(1)  Extrait  du  tome   V  de  l'ouvrage  iulilulé  :  les  Huguenots  et  les 

Gueux. 


(  ni  ) 

couraient,  les  Étals  pouvaient  former  ainsi  une  armée  de 
30,000  fantassins  et  de  14,000  chevaux.  Les  forces  de 
don  Juan  étaient  bien  inférieures  à  celles  qu'il  avait  à 
combattre:  il  se  retira  le  14  septembre  à  Bouges,  à  la 
jonction  de  la  Sambre  et  de  la  Meuse,  et  ordonna  d'établir 
à  la  hâte  un  camp  retranché  là  même  où  Charles-Quint 
avait  résolu  de  se  fortifier  dans  ses  guerres  contre 
Henri  11(1). 

Une  dernière  ressource  était  prévue  dans  le  cas  où  cette 
position  n'aurait  pu  être  défendue  :  c'était  de  se  réfugier, 
comme  dans  un  suprême  asile,  au  château  de  Namur  (2). 

Cependant  une  fortune  meilleure  semble  sourire  à  don 
Juan.  Des  levées  importantes  ont  été  faites  en  Allemagne. 
Le  duc  de  Saxe  a  promis  d'amener  quatre  mille  chevaux  ; 
douze  mille  hommes  de  pied  seront  sous  les  ordres  d'An- 
nibal  d'Allaemps  et  de  plusieurs  colonels  allemands.  Déjà 
les  reîlres  catholiques  sont  arrivés  dans  le  Luxembourg. 
Don  Juan  ne  tardera  pas  à  prendre  l'offensive  (3)  :  ce  sera 
pour  venger  l'échec  de  Rymenam  et  renouveler  Je  triom- 
phe de  Gembloux. 

Si  l'espoir  renaît  dans  le  camp  espagnol,  don  Juan  ne 
pourra  le  partager.  Il  n'a  pas  un  réal  pour  payer  ni  les 
troupes  qui  lui  arrivent,  ni  celles  qui  sont  déjà  réunies 
autour  de  lui  (4).  Une  de  ces  terribles  épidémies  qui  sévis- 
sent au  milieu  des  armées  s'est  déclarée  dans  son  camp  : 


(1)  Lettres  du  14,  du   13,  du  16  et  du  18  septembre   1578.  Arch. 
d'Ypres. 

(2)  Lettre  du  25  septembre  1578.  Arch.  d'Ypres. 

(3)  Lettres  du  14  et  du  16  septembre  1578.  Arch.  d'Ypres. 

(4)  Lettres  du  10  et  du  18  septembre  1578.  Arch.  d'Ypres. 


(  128  ) 

les  soldats  meurent  en  grand  nombre  ,  sans  secours,  sans 
médecins  (1). 

Don  Juan  sent  lui-même  que  la  lutte  qu'il  soutient 
depuis  près  de  deux  années  a  épuisé  toutes  les  forces  de 
sa  jeunesse  et  de  son  énergie.  Les  premiers  jours  qu'il 
passe  au  camp  de  Bouges  sont  consacrés  à  des  épanche- 
menls  adressés  aux  amis  absents,  qui  ressemblent  à  de 
touchants  adieux.  Il  écrit  à  Pedro  de  Mendoça  :  <r  Notre  vie 
»  ne  se  compte  plus  que  par  heures...  Nous  lutterons  jus- 
»  qu'à  notre  dernier  soupir  (2).  »  Il  ajoute  dans  une  lettre 
adressée  à  André  Doria  :  «  Heureux  ceux  qui  comme  vous 
»  goûtent  une  vie  paisible  loin  des  agitations  du  monde! 
»  Comme  homme,  comme  ami,  souvenez-vous  de  moi  dans 
»  vos  prières  (3).  »  Enfin  le  20  septembre  il  dicte  une  der- 
nière dépêche  à  Philippe  II.  Après  un  long  exposé  de  la 
situation  des  affaires  il  se  plaint  de  ne  pas  recevoir  ses 
instructions  sur  ce  qu'il  y  a  lieu  de  faire;  car,  quelles 
qu'elles  dussent  être,  il  les  exécuterait  sans  hésiter,  et  il 
ne  demandait  qu'à  perdre  la  vie  avec  honneur.  Le  roi  pou- 
vait-il à  ce  point  abandonner  celui  qui  l'avait  servi  en 
sujet  et  en  frère  avec  tant  de  zèle  et  de  fidélité;  car  la 
tâche  qui  lui  avait  été  imposée,  était  telle  que  les  forces 
humaines  ne  pouvaient  ni  y  suffire,  ni  y  résister.  Cette  fois 
encore,  Philippe  II  ne  se  laissa  pas  émouvoir,  et  il  se  borna 
à  écrire  en  marge  de  la  dépêche  de  don  Juan  :  «  II  n'y  a 
»  pas  lieu  d'y  répondre  ».  Lignes  bien  cruelles  et  bien 
inutiles;  car,  lorsqu'elles  furent  tracées,  le  sacrifice  était 
accompli  (4). 


(1)  Lettres  du  8  et  du  14  septembre  1578.  Arch.  d'Ypres. 

(2)  Bor,  I.  XII. 

(3)  Arch.  d'Ypres;  Bor.1.  XII. 

(4)  Ms.  de  Perez  à  la  Haye. 


(  1"29  ) 

Une  triste  et  soudaine  rumeur  s'est  répandue  dans  le 
camp  espagnol  :  Don  Juan  est  lui-même  atteint  par  la  con- 
tagion qui  y  règne.  Le  jour  même  où  il  a  écrit  à  Mendoça  et 
à  Doria,  il  se  sent  pris  vers  huit  heures  du  soir  d'un  accès 
de  fièvre  (1).  Les  nuits  devenaient  froides  :  le  séjour  sous 
la  tente  convenait  peu  à  un  malade.  Sur  les  hauteurs  de 
Bouges  s'élevait  une  ferme  ruinée  où  un  vaste  colombier 
à  deux  étages  était  seul  resté  debout.  On  remplaça  l'échelle 
par  un  escalier;  on  ferma  les  ouvertures  par  des  rideaux; 
on  couvrit  les  murailles  de  tapisseries  aux  couleurs  vives, 
aux  riches  écussons,  aux  grands  personnages;  et  ce  fut  là 
que  quelques  soldats,  fiers  du  poids  déposé  sur  leurs 
épaules,  portèrent  leur  chef  sous  la  conduite  de  don  Ber- 
nardino  de  Çuniga,que  Don  Juan  avait  choisi  comme  le  plus 
digne  de  cet  honneur;  car  Çuniga  avait  porté  sa  bannière 
sur  les  Alpuxarres  et  combattu  sur  son  navire  à  la  journée 
de  Lépante. 

Les  jours  suivants,  la  fièvre  reparut  vers  le  soir  et  avec 
des  symptômes  plus  graves.  Le  pouls  ne  se  faisait  plus  sen- 
tir. Une  sueur  abondante  se  manifestait,  et  la  peau  était  si 
chaude  qu'à  peine  pouvait-on  y  porter  la  main.  Le  malade 
ressentait  de  fortes  piqûres  ou  des  contractions  violentes 
comme  si  on  l'eût  resserré  dans  un  élau.  Des  vomissements 
se  succédaient,  et  la  gorge  semblait  se  fermer.  Les  mains, 
les  bras,  les  pieds  tremblaient  convulsivement.  Parfois  il 
s'élançait  brusquement  de  son  lit,  parfois  il  y  retombait  si 
épuisé  et  si  faible  qu'il  fallait  trois  ou  quatre  personnes 
pour  le  soutenir.  Le  sommeil  avait  disparu,  et,  si  parfois  il 


(1)  Une  relation  du  16  septembre  porte  que  don  Juan  est  en  bonne 
santé  (Arch.  d'Ypres.)  La  maladie  ne  se  déclara  que  quelques  heures  plus 
tard 


(  lâO  ) 
semblait  s'endormir,  c'était  pour  se  réveiller  aussitôt,  l'es- 
prit troublé  par  d'étranges  visions  et  criant  à  haute  voix  : 
«  On  vient  me  tuer!  voilà  les  ennemis!  voilà  les  traîtres!  » 

Les  médecins  avaient  eu  recours  aux  remèdes  ordinaires 
contre  l'épidémie;  mais  ils  avaient  cru  aussi  ne  pas  devoir 
négliger  ceux  que  l'on  employait  contre  le  poison  (1). 

Le  septième  jour,  la  fièvre  pourprée  se  déclare;  le  mal 
s'aggrave  d'heure  en  heure.  On  reconnaît  tous  les  carac- 
tères du  typhus  qui  décime  les  soldats,  et  on  se  souvient 
que  don  Juan  les  visitait  pour  les  consoler:  c'est  à  leur 
chevet  sans  doute  que  la  contagion  l'a  atteint  (2). 

Le  28  septembre,  don  Juan  fit  appeler  le  prince  de 
Parme  el  lui  remit,  avec  son  épée,  le  commandement  de 
l'armée  (3).  Mais,  à  celle  heure  suprême,  il  avait  peine  à  se 
séparer,  non  des  misères  qu'il  avait  traversées,  mais  des 
grandes  espérances  qu'il  avait  conçues  :  la  chrétienté 
affranchie  des  menaces  de  l'islamisme,  l'Angleterre  déli- 
vrée d'une  odieuse  tyrannie,  l'Espagne  même  recouvrant, 
après  une  politique  étroite  et  soupçonneuse,  son  ère  de 
chevaleresque  grandeur.  Tels  étaient  les  vastes  desseins 
que  de  sa  bouche  mourante  il  confiait  àOltavioGonzaga  (4). 
Il  ajoutait  en  s'adressant  à  son  confesseur  le  P.  Dorante  : 
«  Pendant  toute  ma  vie,  je  n'ai  pas  eu  un  pouce  de  terre 
»  à  moi  (5)  »  ;  et  à  ce  sujet  il  répétait  le  verset  du  livre  de 


(1  )  Y  de  algunos  remedios  (con  alguna  sospecha)  conlra  veneno.  Rel.  du 
Dr  Ramirez. 

(2)  Lettre  du  P.  Dorante,  du  5  octobre  1578. 

("  )  Lettre  d'Ott.  Gonzaga,  du  28  septembre  1578  ;  lettre  de  Languel,  du 
12  octobre  1578. 

(4)  Lettre  d'Ott.  Gonzaga,  du  4  octobre  1578. 

(5)  Letlre  du  P.  Dorante,  du  5  octobre  1578.  (Gachard,  La  Bibl.de 
Madrid,  p.  449  ) 


(  «51  ) 
Job  :  Nudus  eyressus  sum  de  utero  malris  meœ  et  nuaus 
revertar  Mue. 

Le  29  el  le  50  septembre,  après  une  légère  amélioration, 
la  fièvre  devint  plus  forte.  Le  malade  était  en  proie  au 
délire  :  il  ne  parlait  que  de  munitions,  de  tranchées,  de 
mouvements  de  cavalerie;  et,  déjà  sur  le  seuil  de  la 
tombe,  il  appelait  à  haute  voix  ses  capitaines  pour  leur 
promettre  de  nouvelles  victoires  (1). 

Lorsque  le  soleil  dissipa,  le  Jer  octobre,  les  brumes  qui 
flottaient  su  la  Meuse,  le  deuil  de  la  nature  semblait  se 
confondre  avec  celui  des  hommes.  On  était  à  la  veille  de 
l'anniversaire  de  la  bataille  de  Lépante:  don  Juan  ne  devait 
plus  le  célébrer.  La  nuit  précédente  une  comète  avait  paru 
dans  le  ciel,  verte  el  azurée  au  centre,  vivement  colorée 
et  entourée  de  rayons  d'une  éclatante  blancheur  (2).  Selon 
les  idées  acceptées  au  XVIe  siècle,  c'était  le  signe  certain 
de  la  mort  de  quelque  grand  personnage,  et  celte  fois  on 
ne  s'était  pas  trompé. 

Don  Juan  fit  de  louchants  adieux  à  Otlavio  Gonzaga  en 
l'appelant  son  ami  (3);  il  n'avait  rien  à  léguer  à  ses  servi- 
teurs, mais  il  leur  distribua  tout  ce  qui  lui  restait:  «  Je 
»  n'ai  plus,  disait-il,  qu'une  chose  à  demander  au  roi, 
»  c'est  d'être  enseveli  aux  pieds  de  l'empereur  mon  père, 
»  ou,  si  le  roi  ne  veut  le  permettre,  à  Notre-Dame  de  Mont- 
»  serrât  (4)  ».  Puis  il  pria  son  confesseur  le  P.  Dorante 
d'offrir  pour  lui  à  côté  de  son  lit  le  sacrifice  de  la  messe, 
el,  quand  le  prêtre  éleva  l'hostie,  il  inclina  le  front  pour 


(1)  Lettre  du  P.  Dorante. 

(2)  Que  puso  a  lodos  grande  admiracion.  Rel.  du  Dr  Ramirez. 

(3)  Son  esas  palabras.  Lettre  d'Où.  Gonzaga,  du  4  octobre  1578. 

(4)  Lettre  d'Où.  Gonzaga,  du  4  octobre  1578.  (Arch.de  Simancas.) 


(  132  ) 
s'humilier  devant  Dieu  :   dernier  terme   des  grandeurs 
humaines  (1). 

Quelques  instants  après,  don  Juan  expirait  au  milieu  des 
larmes  de  ses  capitaines  et  de  ses  serviteurs  (2).  Ainsi  dis- 
paraissait à  trente-deux  ans  le  dernier  héros  des  croisades, 
le  véritable  héritier  du  génie  de  Charles-Quint,  prématu- 
rément brisé  par  la  lutte  et  le  combat  (3). 

«  En  cet  instant,  écrit  Ottavio  Gonzaga  à  Philippe  II, 
s  ce  noble  prince,  frère  de  Votre  Majesté,  vient  de  rendre 
»  le  dernier  soupir.  L'état  où  nous  sommes,  Votre  Majesté 
»  pourra  le  comprendre  {A).  »  Il  ajoutait  dans  une  lettre 
destinée  à  Perez  :  «  Notre  douleur  est  extrême,  elle  ne 
»  cessera  jamais.  Les  pierres  mêmes  pleurent  ce  pauvre 
»   prince  (5).  » 

Don  Juan  avait  confié  à  Ottavio  Gonzaga  le  soin  de 
détruire  des  papiers  et  des  portraits  qui  rappelaient  sans 
doute  les  faiblesses  de  sa  vie  :  il  y  avait  là  des  œuvres  dues 
à  des  peintres  célèbres  de  l'Italie,  dont  Gonzaga  déplorait 
la  perte  en  les  livrant  au  feu  (6). 

Le  docteur  Ramirez,  qui  avait  donné  ses  soins  au  prince, 
adressa  au  roi  d'Espagne  une  longue  relation  de  sa  mala- 


(1)  Lettre  du  P.  Dorante.  Philippe  II  répondit  à  cette  lettre  le  SOnovem- 
bre(Arch.  de  Simancas). 

(2)  Rel.  du  Dr  Ramirez  (Arch.  de  Simancas);  lettre  de  Gabriel  de 
Çuniga,  du  2  octobre  1578  (Arch.  de  Simancas);  lettre  de  Languet,  du 
12  octobre  1578. 

(Z)  Erant  qui  Austriacum  Germanicumque  componerent  décore  forma? 
;etate,  bellorum  gestis,  rumore  properatœ  mortis.  Strada. 

(4)  En  este  punto  acaba  de  espirar  este  noble  principe  y  hermano  a 
V.  Md.  Todos  quedamos  quai  pude  V.  Md  considerar.  Lettre  d'Olt.  Gonzaga, 
du  1er  octobre  1578.  (Arch.  de  Simancas,) 

(5)  Lettre  d'Ott.  Gonzaga,  même  date. 

(6)  Lellre  d'Olt.  Gonzaga,  du  20  octobre  1578.  (Arch.  de  Simancas) 


(  153  ) 

die.  Perez,  en  la  transmettant  à  Philippe  II,  y  traçait  celte 
note  marginale  :  «  Il  ne  s'y  trouve  rien  qui  mérite  d'être 
»  lu  (l)». 

Les  médecins  procédèrent  à  l'autopsie.  Tout  le  sang 
avait  reflué  au  cerveau;  le  cœur  n'était  plus  qu'un  lambeau 
desséché.  Les  entrailles  répandaient  une  si  forte  odeur 
qu'il  fallut  porterie  corps  au  grand  air.  Jamais  les  médecins 
n'avaient  vu  pareille  corruption,  bien  que  quelques-uns 
affirmassent  l'avoir  déjà  rencontrée  chez  ceux  qui  étaient 
morts  par  le  poison  (2). 

Ainsi,  malgré  les  symptômes  le  plus  nettement  caracté- 
risés d'une  épidémie  typhoïde,  la  préoccupation  du  poison 
se  retrouve  jusque  dans  le  rapport  officiel  des  médecins. 
On  comprend  qu'elle  ait  aussi  laissé  sa  trace  dans  les 
écrits  des  contemporains.  Strada  la  mentionne  vaguement 
en  alléguant  une  lettre  d'Alexandre  Farnèse  (3);  Mai  lin  del 
Rio  semble  y  croire  (4).  Parmi  les  historiens  protestants,  Du 
Plessis-Mornay  l'affirme  en  faisant  remonter  la  responsa- 
bilité du  crime  à  un  ami  du  prince  d'Orange  et  des  États  (5). 
Brantôme,  à  l'affût  des  récits  romanesques,  place  le  poison 
dans  une  paire  de  bottines  parfumées,  en  y  mêlant  une 
histoire  d'amour  que  le  grave  Burleigh  reproduit  dans  son 
Liber  memorialis  mortuoriim  (6). 

(1)  Arcb.  de  Simancas. 

("2)  Se  admiraron  mucho  de  ver  la  corrupcion  tan  inutisada  y  nuDca 
vista,  aunque  algunos  dixeron  que  en  otros  se  habia  vislo  que  habian 
muerlo  de  veneno.  Rel.  du  Dr  Ramierz. 

(A)  In  corpore  extitisse  non  obscura  veneni  vestigia  affirmant  qui  vide- 
runt.  Strada,  1.  X. 

(3)  Cerlior  fides  veneni  quorumdam  animos  occupavit.  Mart.  del  Rio, 
t.  III,  p  318. 

(5)  Du  Plessis-Mornay  parle  d'un  Marseillais  qui  aurait  reçu  de  l'abbé 
de  Sainle-Gertiude  vingt  mille  florins  pour  empoisonner  don  Juan. 

(6)  Brantôme,  t.  Il,  pp.  129  et  130  ;  Murdw,  p.  745. 


(  134  ) 

Le  poison,  cette  fois,  n'était  pas  nécessaire  pour  expli 
quer  la  fin  de  don  Juan  ;  son  séjour  aux  Pays-Bas  n'avait 
été  qu'une  longue  agonie.  Le  corps  devait  se  briser  sous 
l'effort  d'une  imagination  aussi  ardente. 

Les  funérailles  de  don  Juan  furent  célébrées  avec  une 
grande  pompe  à  Namur.  On  avait  placé  sur  son  front  la 
couronne  ducale,  à  ses'piedsses  gants  et  son  casque.  Toute 
l'armée  était  réunie  pour  lui  rendre  les  derniers  honneurs, 
et  il  n'était  point  de  soldat  qui  ne  versât  des  larmes  (1). 

Henri  111  et  Catherine  de  Médicis  adressèrent  à  Phi- 
lippe II  de  solennelles  lettres  de  condoléance  (2).  L'archi- 
duc don  Ferdinand  fit  demander  qu'on  lui  envoyât,  comme 
souvenir  de  don  Juan,  quelques-unes  désarmes  qu'il  avait 
portées  (5). 

Enfin,  le  50  novembre  1578,  Philippe  II,  exauçant  le 
dernier  vœu  de  don  Juan,  donna  l'ordre  de  l'ensevelir 
près  de  Charles-Quint  au  monastère  de  Saint-Laurent  (4). 
Pour  se  conformer  à  ces  instructions,  le  prince  de  Parme 
résolut  d'entourer  du  plus  grand  secret  (5)  l'envoi  de  ces 
nobles  dépouilles.  Elles  traversèrent  la  France  mêlées  aux 
bagages  de  don  Gabriel  de  Çuniga  (6);  et  ce  fut  seulement 
quand  elles  furent  arrivées  à  l'Escurial,  que  l'on  réunit  les 
ossements,  d'après  le  récit  de  Strada,  pour  étaler  sur  un 
lit  de  parade  tout  ce  que  la  poussière  terrestre  conservait 
encore  de  la  glorieuse  image  du  fils  de  Charles-Quint  (7). 


(1)  Lettre  de  J.-B.  Taxis,  du  13  oclohre  1578  (Arch   de  Simancas); 
Brantôme,  t.  I,  p.  518. 

(2)  Arch.  de  Simancas. 

(5)  Lellre  de  J.-B.  Taxis,  du  2  octobre  1578.  (Arch  de  Simancas.) 

(4)  Arch.  de  Simancas. 

(5)  Con  gran  secrelo  y  disimulacion. 

(6)  Lettre  du  prince  de  Parme,  du  9  janvier  1579.  (Arch.  de  Simancas.) 

(7)  Strada,!.  IX. 


(  i35  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-ARTS. 


Séance  du  5  février  1885. 

M.  Paulf,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L.  Alvin,  vice-  directeur  ;  Jos.  Geefs, 
C.-A.  Fraikin,  Éd.  Fétis,  Alph.  Balat,  le  chevalier  L.  de 
Burbure,  Ad.  Siret,  Al.  Robert,  F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel, 
Jos.  Schadde,  Jos.  Jaquet,  J.  Demannez,  P.-J.  Clays, 
Charles  Verlal,  G.  De  Groot,  Gustave  Biot,  H.  Hymans, 
membres;  Joseph  Slallaert,  Al.  Markelbach,  le  chevalier 
Edm.  Marchai  et  Jos.  Du  Caju,  correspondants. 

MM.  Mailly,  membre  de  la  Classe  des  sciences,  et  Chalon, 
membre  de  la  Classe  des  lettres,  assistent  à  la  séance. 

Au  début  de  la  séance,  M.  le  directeur  souhaite  la  bien- 
venue aux  nouveaux  élus  qui  assistent  à  la  réunion  : 
MM.  Hymans  et  Joseph  Du  Caju.  —  Applaudissements. 


CORRESPONDANCE 

M.  Peter  Benoit  écrit  que  la  maladie  de  sa  mère  l'em- 
pêche d'assister  à  la  séance. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  adresse  une  expédition  de  l'arrêté  royal 
du  21  janvier,  qui  approuve  l'élection  de  M.  H.  Hymans 
en  qualité  de  membre  titulaire. 


(  136  j 

—  La  Classe  a  reçu  des  lettres  de  remercîments  de 
MM.  Hymans,  élu  membre;  Du  Caju,  élu  correspondant; 
Reynold  Begas,  de  Linas,  de  Neurcuther,  Milanesi  et 
Saint-Saëns,  élus  associés. 

—  M.  Mignon  soumet  à  l'appréciation  de  l'Académie  le 
buste  en  marbre  de  feu  Scbmerling,  ancien  correspondant 
de  la  Classe  des  sciences,  qui  lui  a  été  commandé  par  le 
Gouvernement  pour  la  Galerie  des  bustes  du  palais  des 
Académies.  —  La  section  de  sculpture  estime  que  cette 
œuvre  mérite  d'être  reçue;  cet  avis,  partagé  par  la  Classe, 
sera  transmis  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Indus- 
trie et  des  Travaux  publics. 

—  M.  Ch.  de  Linas,  associé  à  Arras,  offre  un  exem- 
plaire d'un  extrait  de  la  Revue  de  l'art  chrétien  :  Le  trip- 
tyque byzantin  de  la  collection  Ilarbaville  à  Arras. 

M.  Jean  Rousseau,  inspecteur  général  des  beaux-arts  au 
Ministère  de  l'Agriculture,  fait  hommage  d'un  exemplaire 
de  son  ouvrage  intitulé  :  Hans  Holbein  (2  portraits  et 
35  gravures).  Paris,  1885;  in-4°.  —  Remercîments. 


ÉLECTION. 

M.  Henri  Hymans  est  élu  délégué  de  la  Classe  des 
beaux-arts  auprès  de  la  Commission  pour  la  publication 
d'une  Biographie  nationale,  en  remplacement  de  M.  Balat, 
démissionnaire. 


CAISSE    CENTRALE    DES    ARTISTES. 

M.  Alvin,  trésorier  de  l'Institution,  donne  connaissance 
de  la  situation  financière  de  la  caisse  pour  l'année  "1884. 


(  137  ) 
La  Classe  vote  des  remercîments  à  M.  Alvin,  ainsi  qu'au 
secrétaire,  M.  Fétis,  pour  la  manière  dont  ils  ont  géré  les 
intérêts  de  la  Caisse  des  artistes  pendant  l'année  écoulée. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Bambeke  [Ch.  Van).  —  Noie  sur  une  inclusion  rencontrée 
dans  un  œuf  de  poule.  Gand,  1884;  extr.  in-8°  (14  p.,  1  pi.). 

Delbœuf  et  Roersch.  —  Eléments  de  grammaire  française  à 
l'usage  de  l'enseignement  moyen.  Liège,  1885;  in-8°  (146  p.). 

Nolet  de  Brauivere  van  Steeland  (J.).  —  Het  menschdom 
verlost  van  L.  De  Coninck,  critisch  aan-  door-  en  omgehaald. 
Anvers,  1884;  extr.  in-8°  (73  pages). 

Schiffers  (F.).  —  Compte  rendu  des  travaux  et  de  la  situa- 
tion de  la  Société  médico-chirurgicale  de  Liège  pendant  l'année 
1884.  Liège,  1884;  in-8°  (16  pages). 

—  Syphilis  laryngée.  —  Emploi  de  l'acide  chromique  dans 
l'œdème  de  la  glotte.  Liège,  1844;  extr.  in-8°  (4  pages). 

—  Sténose  du  larynx.  Liège,  1884;  extr.  in-8°  (4  pages). 

—  Cartilage  aryténoïde  nécrosé  et  rejeté  pendant  la  vie. 
Liège,  1884;  extr.  in-8°  (2  pages). 

Voltolini  (Le  DT). —  De  l'épistaxis,  traduit  de  l'allemand  par 
F.  Schiffers.  Liège,  1884;  extr.  in -8°  (8  pages). 

Stroobant  (Paul).  —  Sur  l'agrandissement  apparent  des 
constellations,  du  soleil  et  de  la  lune  à  l'horizon.  Bruxelles, 
1885;  extr.  in-8°  (15  pages). 

Hock  (Aug.).  —  Liège  au  XIX0  siècle  :  Les  transformations. 
Liège,  1885;  in-8°(262  pages). 

Massy  (A.).  —  Glossaire  du  roman  de  Sctna.  [Gand,  1885]; 
in-4°  (16  pages). 

Descamps  (E.).  —  Les  fêtes  jubilaires  célébrées  à  l'occasion 


(  158) 

du  cinquantième  anniversaire  de  l'Université  catholique  de 
Louvain  :  Compte  rendu  général.  Louvain,  1884;  in-4°  (164  p.). 

Rousseau  (Jean).  —  Hans  Holbein ,  ouvrage  accompagné  de 
deux  portraits  de  Hans  Holbein  et  de  55  gravures  d'après  les 
œuvres  du  maître.  Paris,  1885;  in-4°  (72  pages).  [Biblioth. 
d'art  ancien.] 

Verstraeten  (Théod.).  —  Les  eaux  anciennes  et  les  eaux 
actuelles  de  Bruxelles.  Bruxelles,  1884;  in-8°  (79  p  ,  19  pi.). 

Putsage  (/.).  —  Le  déterminisme  et  la  science  rationnelle. 
Un  mot  à  propos  de  la  discussion  contradictoire  entre  M.  A. 
Réville  et  M.  A.  Cappelle.  Bruxelles,  1885;  extr.  in-8°  (107  p.). 

Ministère  de  l'Agriculture,  etc.  —  Bulletin  de  la  fédération 
des  sociétés  d'horticulture  de  Belgique,  1882.  Bruxelles,  1884; 
vol.  in-8°. 

Ministère  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
(Administration  du  service  de  santé  et  d'hygiène  publique). — 
Loi,  arrêtés  et  règlements  relatifs  à  l'art  de  guérir.  Bruxelles, 
1885;  br.  in-8°  (5  exempl.). 

Société  chorale  et  littéraire  des  Mélophiles  de  Hasselt.  — 
Bulletin  de  la  section  littéraire,  20e  volume.  In-8°. 

Société  de  médecine  de  Gand.  —  Livre  jubilaire  à  l'occasion 
du  cinquantième  anniversaire  de  sa  fondation.  Gand,  1884; 
vol.  gr.  in-8°. 

Club  Alpin  belge.  —  Bulletin,  n°  5.  Bruxelles,  1885;  in-8°. 

Société  géologique  de  Belgique.  —  Annales,  t.  XI,  1885-84. 
Liège,  vol.  in-8°. 

Observatoire  royal  de  Bruxelles.  —  Annales,  2e  série  : 
Annales  météorologiques,  t.  IL  In-4°. 


Allemagne  et  Autriche-Hongrie. 

Reumont  (Alfr.  de).  —  Kaiser  Karls  V.  Krônung  in  Aachen, 
beschrieben  von  Baldassar  Castiglione.  Aix-la-Chapelle,  1885; 
extr.  in-8°  (24  pages). 


(  159  ) 

Lasaulx(A.  von).  —  Der  Granit  unter  dem  Cambrium  des 
hohen  Venn.  Bonn,  1884;  extr.  in-8°  (55  pages). 

Physikal.-medic.  Gesellschafl.  —  Sitzungsberichte,  Jahr- 
gang  1884.  —  Verhandlungen,  neue  Folge,  XVIII.  Band. 
Wurzbourg;  in-8°. 

K.  ungar.  geolog.  Anstall.  —  Mittheilungen,  Band  VII. 
2.  —  Evkonyve  I;  V,  I;  VI,  2;  VII,  2.  —  General  Index 
sâinnitbiclier  Publicationen  (1852-82).  Budapest,  1871-84;  8°. 

Nussauischer  Verein  fur  Naturkunde.  —  Jahrbùcher, 
Jabrgang  57.  Wiesbaden,  1884;  in-8°. 

Gesellschaft  naturforschender  Freunde,  Berlin.  —  Sit- 
zungs-Berichte,  1884.  Berlin;  in-8°. 

Senckenbergische  naturforschende  Gesellschaft.  —  Bericht, 
1884;  inr8°. 

Naturforschende  Gesellschaft,  Freiburg  i.  Br.  —  Berichte, 
Band  VIII,  2.  In-8°. 

Universitât,  Marburg.  —  Akademische  Schriften.  06  br. 
in-8°  et  in-4°. 

Naturwissenschaftlicher  Verein,  Hamburg.  —  Abhandlun- 
gen,  Band  VIII,  1-5.  In-4°. 

Universitât,  Tùbingen.  —  Akadcmiscbe  Schriften,  1884; 
26  br.  in-8°  etin-4n. 

Amérique. 

Surgeon  gênerai 's  office.  Annual  Beport,  1884. — Washing- 
ton; in-8°. 

War  Department  :  Signal  office.  —  Professional  papers, 
n°  XIV.  Washington,  1884;  in-4°. 

Sociedad  mexicana  de  historia  natitral.  —  La  Naturaleza, 
tomo  VI,  21-24;  VII,  1.  Mexico,  1885-84;  in-4°. 

Academy  of  nalural  sciences.  —  Journal,  vol.  IX,  part  1. 
Philadelphie,  1884;  in-4°. 

Academia  naeional  de  ciencias  en  Cordoba.  —  Boletin, 
t.  VII,  1.  In-8°. 


(  140  ) 

France  et  Algérie. 

Bouillet  («/.).  —  Précis  d'histoire  de  la  médecine;  avec  une 
introduction  par  A.  Laboulbène.  Paris,  1883;  vol.  in-8°. 

Linas  (Ch.  de).  —  Le  triptyque  byzantin  de  la  collection 
Harbaville,  à  Arras.  [Paris],  1885;  extr.  in-4°  (28  p.  pi.) 

Jannetlaz  (Ed.).  —  Les  Roches,  description  et  analyse  de 
leurs  éléments  minéralogiques  et  de  leur  structure.  Paris, 
1884;  vol.  in-16  (486  p.,  grav.,  pi.  et  cartes). 

Meunier  (Stan.).  —  Traité  de  paléontologie  pratique,  gise- 
ment et  description  des  animaux  et  des  végétaux  fossiles  de 
la  France.  Paris,  1884;  in-16  (vignettes  et  cartes). 

Gannal  (Dr).  —  Les  cimetières,  2e  fasc.  Paris;  in-8°. 

Saporta  (Le  Mu  de).  —  Les  organismes  problématiques  des 
anciennes  mers.  Paris,  1884;  in-4°  (100  p.  pi.). 

Fromentin  (l'abbé).  —  Essai  historique  sur  les  abbés  de 
l'abbaye  de  Saint-Silvin  d'Auchy-les-Moines,  ordre  de  Saint- 
Benoit  au  diocèse  de  Boulogne,  nouvelle  édition.  Arras,  Paris, 
1882;  vol.  in-8°  (592  pages). 

Académie  d'Hippone.  —  Bulletin  n°  19  avec  supplément  : 
Table  générale  des  documents  épigraphiques  publiés  par 
l'Académie  de  1865  à  1884.  Bône  ;  in-8°. 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Besançon. 
—  [Publications  pour]  1885.  In -8°. 

Société  d'agriculture,  etc.  Douai.  —  Souvenirs  de  la  Flan- 
dre wallonne,  2e  série,  t.  IV.  1884.  In-8°. 

Société  libre  d'émulation,  Rouen.  —  Bulletin,  1883-84.  In-8°. 

Société  d'émulation  d'Abbeville. —  Bulletin,  1881-85.  In-8°. 

Société  d'émulation  du  Doubs.  —  Mémoires,  5e  sér ,  t.  VIII. 
Besançon;  in-8°. 

Société  linnéenne  de  Bordeaux.  —  Actes,  4e  série,  t.  VII 
In-8°. 

Société  des  antiquaires  de  Picardie.  —  Mémoires,  t.  X. 
Amiens,  1885;  vol.  in-4°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  KOYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

1885.  —  N°  5. 


CLASSE  DES  SCIENCES. 


Séance  du  7  mars  4885. 

M.  Morren,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  Éd.  Mailly,  vice-directeur;  J.-S.  Stas, 
L.-G.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de 
Selys  Longchamps,  Melsens,  G.  Dewalque,  H.  Maus, 
E.  Candèze,  Ch.  Montigny,  Brialraont,  Éd.  Dupont,  Éd. 
Van  Beneden,  C.  Malaise,  F.  Folie,  Fr.  Crépin,  J.  De  Tilly, 
F.-L.  Cornet,  Ch.  Van  Bambeke,  Alf.  Gilkinet,  G.  Van 
der  Mensbrugghe,  W.  Spring,  membres;  E.  Catalan, 
associé;  M.  Mourlon,  V.  Masius,  A.  Renard  et  P.  De  Heen, 
correspondants. 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  il 


(  1^2  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  John  G.  Bourinol,  secrétaire  honoraire  de  la  Société 
royale  du  Canada,  à  Ottawa,  invite  l'Académie,  au  nom 
du  conseil  de  la  Société,  à  envoyer  des  délégués  à  la  qua- 
trième session  annuelle  qui  s'ouvrira  le  19  mai  prochain, 
dans  le  palais  du  Parlement,  à  Ottawa. 

—  M.  le  baron  A.-E.  Nordenskïold  accuse  réception 
de  son  diplôme  d'associé. 

—  L'Académie  de  Stanislas  à  Nancy  envoie  le  pro- 
gramme des  concours  pour  le  prix  fondé  par  M.  le 
Dr  Herpin,  de  Metz  (questions  scientifiques,  agricoles,  etc., 
se  rapportant  particulièrement  à  la  Lorraine),  et  pour  le 
prix  de  chimie  appliquée  fondé  par  M.  Paul  Bonfils. 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  relatifs  au  prix 
Herpin  expire  le  31  mars  prochain;  celui  pour  le  prix 
Bonfils,  le  1er  mars  1886. 

—  M.  Alhanase  Boblin.  à  Paris,  envoie  une  note  de 
géométrie  intitulée  :  Transformation  des  cas  illusoires 
de  la  moyenne  proportionnelle  en  solutions  réelles.  — 
Dépôt  aux  archives. 

La  Classe  accepte  encore  le  dépôt  dans  les  archives  d'un 
pli  cacheté  de  MM.  Froville  et  A.  Brachet,  de  Paris,  con- 
tenant une  noie  sur  un  nouvel  éclaireur  sous-marin. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  du 
comité  directeur,  le  3e  fascicule  du  tome  V  des  Annales 
astronomiques  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles. 


(  1«  ) 

Ce  fascicule  contient  : 

1°  Les  passages  de  2,142  étoiles,  observées  à  la  lunette 
méridienne,  dans  le  courant  de  Tannée  1882; 

2°  Le  catalogue  des  ascensions  droites  déduites  de  ces 
observations,  ramenées  à  l'époque  1882,  00; 

3°  Les  phénomènes  des  satellites  de  Jupiter,  observés 
en  1885  et  1884,  à  l'aide  de  l'équalorial  de  15  centimètres; 

4°  Deux  planches  de  dessins  de  la  lune,  d'après  les 
observations  faites  au  même  équatorial  en  1881,  1885 
et  1884; 

o°  Enfin,  une  étude  de  la  région  rouge  (A.-C.)  du 
spectre  solaire.  —  Remercîmenls. 

La  classe  reçoit  encore,  à  titre  d'hommage,  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîmenls 
aux  auteurs  : 

1°  Notice  sur  les  lois  du  frottement,  par  G.-A.  Hirn, 
associé  de  la  Classe; 

2°  a.  Jean-Baptiste- André  Dumas;  b.  Zur  Erinnerung 
an  Jean-Baptiste-André  Dumas,  par  A.-W.  Hofmann, 
associé  de  la  Classe; 

5°  L'anlipyrine  dans  le  rhumatisme  articulaire,  par 
Masius; 

4°  L'anchyloslome  duodénal,  dans  le  bassin  de  Liège, 
par  Masius  et  X.  Francotte; 

o°  Théorie  de  V élimination  entre  deux  équations  algé- 
briques au  moyen  des  déterminants,  par  P.  Mansion  ; 

«  Cet  opuscule,  écrit  M.  Mansion,  est  formé  de  la 
réunion  de  cinq  notes  publiées  en  1878  et  1879  dans  le 
Bulletin  de  l'Académie. 

Mais  les  notes  I  et  II  sont  réimprimées  avec  quelques 
additions  où  se  trouvent  indiquées  les  modifications  à  faire 
subir  à  la  théorie  générale  pour  qu'elle  s'applique  au  cas 


(  144  ) 

où  l'une  ou  l'autre  équation  a  des  racines  égales,  ces 
racines  égales  étant  parmi  les  racines  communes.  Ces 
additions  sont  si  peu  nombreuses  que  nous  avons  cru 
inutile  d'en  faire  l'objet  d'une  note  spéciale.  * 

6°  Malhesis,  recueil  mathématique,  par  P.  Mansion  et 
J.  Neuberg,  tome  IV; 

7°  Recherches  sur  la  composition  et  la  structure  des 
phyllades  ardennais,  par  A.  Renard; 

8°  Note  sur  le  mode  d'origine  des  roches  cristallines 
de  l'Ardenne  française,  par  Ch.  de  la  Vallée  Poussin  et 
A.  Renard; 

9°  Recherches  analomiques  sur  les  organes  végétatifs 
de  /'Urtica  dioica,  par  A.  Gravis; 

10°  Les  divisions  du  système  éozoïque  de  l'Amérique 
du  Nord,  par  T.  Slerry  Hunt. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Note  cristallographique  sur  la  chaux  carbonatée  de 
Blaton,  par  M.  Sansoni,  professeur  à  l'Université  de  Pise. 
—  Commissaires  :  MM.  Dewalque  et  Renard; 

2°  Note  concernant  la  recherche  des  moments  fléchis- 
sants et  des  efforts  tranchants  qui  se  produisent  dans  une 
poutre  appuyée  à  ses  extrémités  et  fléchie  sous  l'action 
d'une  surcharge  mobile;  par  le  capitaine  du  génie 
G.  Léman.  —  Commissaires  :  MM.  De  Tillv,  Catalan  et 
Liagre; 

3°  Réclamation  de  priorité  pour  un  voltamètre,  par  A. 
Daussin,  à  Fives-lez-Lille.  —  Commissaire  :  M.  Monligny. 

4°  Sur  certains  développements  en  séries,  par  J.  Deruyds, 
assistant  à  l'Université  de  Liège.  —  Commissaires  : 
MM.  Catalan  et  Mansion. 


(  145  ) 
RAPPORTS. 


Sur  l'avis  favorable  de  M.  Liagre,  le  Bulletin  comprendra 
une  note  de  MM.  L.  Niesten,  astronome,  chef  de  service, 
et  E.  Slupaert,  astronome  adjoint  à  l'Observatoire  royal, 
renfermant  leurs  observations  sur  les  comètes  Wolf  et 
Encke,  faites  dans  cet  établissement  avec  l'équalorial  de 
0m,15. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES 


Un  mot  sur  les  deux  Balénoptères  d'Oslende  de  4827 
et  de  18S5;  par  P.-J.  Van  Beneden,  membre  de  l'Aca- 
démie. 

J'ai  l'honneur  de  communiquer  cette  note  à  l'Académie, 
non  pas  pour  faire  connaître  le  nom  de  la  Balénoptère 
qui  a  été  trouvée  morte  en  mer,  le  8  février  dernier,  mais 
pour  consigner  dans  nos  Bulletins  la  date  de  celte  capture, 
et  pour  comparer  l'animal  avec  la  Balénoptère  trouvée  en 
mer  en  1827,  au  sujet  de  laquelle  les  journaux  de  l'épo- 
que ont  fait  tant  de  bruit. 

Je  profilerai  de  l'occasion  pour  dire  un  mot  de  la  balé- 
noptère capturée  au  mois  de  novembre  dernier  à  Saint- 
Tropez,  dont  j'ai  eu  l'honneur  d'entre  tenir  l'Académie  à 
la  séance  du  15  décembre. 

Le  nom  de  la  nouvelle  Balénoptère  d'Ostende  est  suffi- 
samment connu.  Mon  fils  a  pu,  d'après  les  renseignements 


(  146  ) 
qu'il  avail  reçus,  le  jour  même  de  la  capture,  sur  la  lon- 
gueur de  ranimai,  la  présence  des  plis  sous  la  gorge  et  sur 
la  nageoire  que  celui-ci  portait  sur  le  dos,  écrire,  dans  un 
journal,  que  le  nouveau  monstre  marin  ne  pouvait  être 
qu'une  Balenoptera  musculus. 

L'examen  de  visu  a  pleinement  confirmé  cette  détermi- 
nation; la  nouvelle  baleine  d'Ostende  est  bien  le  cétacé 
que  l'on  a  appelé  Balenoptera  communis  pendant  quelques 
années,  ou  bien  Physalus  antiquorum,  d'après  le  docteur 
Gray,  ou  encore  Rorqual  de  la  Méditerranée  d'après  Cuvier. 
C'est  le  nom  spécifique  de  musculus  qui  a  prévalu  comme 
le  plus  ancien. 

C'est  l'espèce  qui  tous  les  ans  quitte  au  printemps  la 
côte  du  Groenland,  arrive  avec  la  grande  Balénoptère  bleue 
dans  les  eaux  d'Islande  vers  le  mois  de  mai,  suit  alors  le 
Gulf-Slream  jusqu'au  delà  du  cap  Nord,  et  devient,  sur  la 
côte  septentrionale  de  la  Laponie,  l'objet  d'une  chasse 
régulièrement  organisée  pendant  les  mois  d'été. 

Si,  de  temps  à  autre,  on  voit  des  individus  isolés  se  per- 
dre sur  l'une  ou  l'autre  côte  de  la  mer  du  Nord ,  de  la 
Baltique  ou  de  la  Méditerranée,  il  est  à  supposer  que  ce 
sont  des  individus  blessés  ou  répudiés  par  leur  gamme  et 
qui  n'ont  pu  rester  dans  la  communauté. 

Trouve-l-on  encore  cette  espèce  dans  d'autres  mers  que 
les  mers  d'Europe  ? 

En  parlant,  dans  une  des  dernières  séances  de  l'Acadé- 
mie, de  la  petite  Balénoptère,  connue  aujourd'hui  sous  le 
nom  de  roslrata,  nous  avons  énuméré  les  mers  diverses 
dans  lesquelles  celle  espèce  a  élé  reconnue. 

A  notre  avis,  cette  petite  Balenoptera  rostrata  habite 
les  océans  des  deux  hémisphères. 

Nous  pouvons  en  dire  autant  de  la  Balenoptera  mus- 


(  '47  ) 
culus,  la  prétendue  espèce  méditerranéen  ne;  c'est  bien, 
pensons-nous,  la  même  que  Burmeisler  a  signalée  sur  les 
côtes  de  la  République  Argentine  sous  le  nom  spécifique 
de  Palachonka,  la  même  encore  que  le  capitaine  Scam- 
mon  a  l'ait  connaître  au  nord  du  Pacifique,  sous  le  nom 
de  velifera,  la  même  enfin  que  James  Hector  a  signalée, 
dans  les  eaux  de  nos  antipodes,  sous  le  nom  de  Physalus 
australis. 

Nous  ferons  remarquer  également  que,  partout  où  l'on 
a  pu  disposer  de  matériaux  suffisants  de  comparaison, 
on  a  reconnu,  dans  l'océan  Pacifique,  dans  la  mer  des 
Indes  comme  dans  le  grand  océan  Austral,  trois  ou 
quatre  espèces  de  grandeurs  différentes  qui,  par  tous 
leurs  caractères,  rappellent  parfaitement  nos  espèces  euro- 
péennes. 

Mon  fils  avait  déjà  fait  cette  observation,  il  y  a  plusieurs 
années,  en  visitant  le  Musée  de  Buenos-Ayres,  où  Bur- 
meisler avait  réuni  les  squelettes  des  principales  espèces 
qui  visitent  les  côtes  de  la  République  Argentine. 

La  Balénoptère  qui  a  fait  tant  de  bruit  en  1827,  et  dans 
la  charpente  de  laquelle  on  avait  donné  des  fêtes  de  diffé- 
rents genres,  a  été  trouvée  morte  en  mer  entre  Ostende  et 
Douvres,  comme  celle  de  cette  année.  Elle  avait  plus  de 
80  pieds  de  longueur;  celle  de  cette  année  n'en  a  que  60. 
Son  squelette,  monté  dans  une  cage  en  bois,  a  été  exhibé 
à  Paris,  à  Londres  et  dans  les  diverses  capitales  de 
l'Europe. 

Malgré  la  bonne  conservation  du  squelette,  aucun  natu- 
raliste de  l'époque,  pas  même  Cuvier,  n'a  osé  se  prononcer 
sur  le  nom  que  cet  animal  devait  porter  dans  la  science.  A 
Bruxelles,  on  publia  de  nombreuses  brochures  à  son  sujet; 


(  *48  ) 
Vanderlinden  disait  avec  raison  qu'il  devait  former  une 
espèce  nouvelle,  mais  les  éléments  d'une  discussion  véri- 
tablement scientifique  faisaient  défaut,  puisque  les  sque- 
lettes des  grands  cétacés  manquaient  partout,  même  dans 
les  plus  grands  musées* 

A  l'époque  oùCuvier  étonnait  le  monde  par  ses  brillantes 
découvertes,  les  animaux  marins  étaient  généralement 
négligés  et  le  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  ne  pos- 
sédait pas  un  squelette  ni  même  le  crâne  de  la  Baleine  qui, 
pendant  deux  siècles,  avait  fait  la  fortune  de  plusieurs 
nations  maritimes. 

Le  British  Muséum,  seul,  possédait  un  crâne  de  ce  grand 
animal,  et  Cuvier  était  obligé  d'envoyer  Laureillard  à 
Londres  pour  y  dessiner  le  seul  reste  connu  de  cet  inté- 
ressant célacé. 

On  possédait,  il  est  vrai,  au  Muséum  de  Paris,  quelques 
squelettes  plus  ou  moins  complets,  que  le  hasard  avait 
fait  échouer  sur  les  côtes  françaises;  mais  on  confon- 
dait les  espèces  les  plus  ordinaires;  on  croyait  encore  à 
l'existence  de  formes  imaginaires,  et  les  Gibbar  étaient 
séparés  des  Jubartes,  à  la  suite  de  renseignements  mal 
interprétés  sur  la  bosse  et  le  dos  voûté  du  cétacé,  connu 
aujourd'hui  sous  le  nom  de  Megaptera  boops. 

Qu'il  me  soit  permis  de  faire  remarquer  que  c'est  sur- 
tout aux  travaux  persévérants  de  feu  mon  ami  Eschricht 
que  la  science  doit  les  grands  progrès  qui  ont  été  accom- 
plis dans  cet  ordre  de  mammifères. 

Il  y  a  une  dizaine  d'années,  une  baleine,  une  vraie 
baleine  avec  son  rostre  courbé  et  ses  longs  fanons,  échoue 
dans  le  golfe  de  Tarenle.  Le  professeur  Capellini  croit 
que  c'est  une  espèce  nouvelle,  qui  aurait  émigré  de  l'autre 


(  149  ) 

hémisphère,  et  propose  de  lui  donner  le  nom  de  Balœna 
tarentina.  Sans  avoir  vu  autre  chose  que  la  description, 
nous  émettons  un  doute  sur  cette  détermination  et  nous 
ne  craignons  pas  de  dire  que  cet  animal  ne  pouvait  venir 
de  l'autre  hémisphère;  les  Baleines,  disions-nous,  ne  fran- 
chissent pas  la  ligne  el  notre  hémisphère  n'ayant  que  deux 
espèces  au  nord  de  l'Atlantique,  l'une  des  glaces  polaires 
et  l'autre  des  régions  tempérées,  cette  prétendue  nouvelle 
baleine  ne  peut  être  que  la  Baleine  des  Basques,  la  même 
qui  visitait  autrefois  régulièrement  le  golfe  de  Gascogne. 

Nous  avons  parlé  avec  la  même  assurance  d'une  baleine 
qui  avait  été  capturée  en  1881  sur  les  côtes  de  Gharleston 
et  dont  un  journal  illustré  américain  avait  reproduit  la 
photographie. 

L'étude  que  le  professeur  Gasco  est  allé  faire  à  Copen- 
hague, où  se  trouve  le  seul  squelette  connu  jusqu'alors  de 
la  Baleine  des  Basques,  et  la  comparaison  que  l'on  a  pu 
établir  avec  les  squelettes  connus  aux  États-Unis  d'Amé- 
rique, ont  pleinement  confirmé  notre  détermination. 

Les  naturalistes  sont  aujourd'hui  parfaitement  d'accord 
sur  le  nom  que  la  Balénoptère  amenée  à  Ostende  en  1827 
doit  porter;  celte  Balénoptère  appartient  à  une  espèce  qui 
visite  régulièrement  pendant  l'été,  comme  nous  le  disons 
plus  haut,  les  côtes  de  Laponie,  où  elle  est  connue  sous 
le  nom  de  Blaahval  (Baleine  bleue).  Le  nom  scientifique 
de  Balenoptera  Sibbaldii  a  prévalu.  Nous  avions  proposé 
pour  la  désigner  le  nom  de  Balenoptera  gigas.  La  Baleine 
bleue  est,  en  effet,  le  plus  grand  animal  de  la  nature 
actuelle. 

Nous  avons  pu  apprendre  à  la  Classe,  il  y  a  une  dizaine 
d'années,  que  le  célèbre  squelette  de  la  baleine  d'Oslende 


(  150  ) 
(1827)  se  trouve  au  Jardin  zoologique  de  S'-Pélersbourg. 
Exposé  en  dernier  lieu  à  Kasan,  un   Magnat  l'a  acheté 
pour  en  faire  don  à  l'Académie  des  sciences  de  S'-Péters- 


bourg. 


Le  29  novembre  de  l'année  dernière,  un  ■'■  I.ij 
capturé  dans  le  golfe  de  Cavalaire  (côtes  méditerranéennes) 
et  nous  avons  eu  l'honneur,  quinze  jours  après,  d'entrete- 
nir l'Académie  de  ce  cétacé,  qui  n'a  pas  plus  de  5m,50  de 
longueur.  J'avais  rapporté  cet  animal  à  la  Balenoplera 
rostrata,  dont  on  connaît  maintenant  plusieurs  captures 
dans  la  Méditerranée.  Le  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris  en  a  fait  l'acquisition  et  M.  Beauregard  a  pu  compter 
le  nombre  de  vertèbres,  qui  s'élève  à  62.  La  Balenoplera 
rostrata  n'en  a  que  48. 

Je  m'étais  basé,  pour  faire  cette  détermination,  sur  des 
renseignements  qui  m'avaient  été  fournis  et  qui  se  sont 
trouvés  inexacts,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  cou- 
leur des  fanons.  Il  semble,  d'après  la  communication  que 
M.  Beauregard  a  faite  à  la  Société  de  biologie,  qu'il  s'agit 
bien  d'une  Balenoplera  musculus  venant  de  naître.  C'est, 
jusqu'à  présent,  le  seul  exemple  connu  d'une  Balénoptère 
qui  ait  mis  bas  dans  la  Méditerranée,  quoique  l'on  pos- 
sède plusieurs  exemples  déjà  de  femelles  pleines  capturées 
dans  cette  mer  intérieure. 

Dans  le  courant  du  mois  de  février,  M.  le  professeur 
Pouchet  a  communiqué  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris 
une  note  sur  les  derniers  échoiiements  de  cétacés  qui  ont 
eu  lieu  sur  les  côtes  de  France  et  il  signale  cinq  Balenop- 
lera musculiis  capturées  ou  échouées  depuis  la  mort  de 
son  prédécesseur  Paul  Gervais,  quatre  sur  la  côte  Ouest, 
une  sur  la  côte  de  la  Méditerranée. 


(  isi  ) 

Le  savant  professeur  du  Muséum  se  demande  dans  cette 
note  si  l'exemplaire  du  golfe  de  Cavalaire  est  un  hybride 
ou  s'il  appartient  à  une  race  particulier  de  Balenuptera 
musculus.  M.  Pouchel  pense  que  la  baleine  de  cette  espèce 
doit  avoir  de  6  à  7  mètres  en  venant  au  monde;  5m,30 
seraient  trop  peu  pour  un  animal  de  20  mètres  à  l'état 
adulte.  Nous  ferons  remarquer  qu'il  n'est  pas  exact  de 
dire  que  le  jeune  des  Balénoptères  doit  avoir,  en  naissant, 
le  tiers  de  la  longueur  de  l'adulte.  Le  professeur  Turner 
a  trouvé  dans  une  Balenoptera  Sibbaldii  de  80  pieds, 
échouée  sur  les  côtes  d'Ecosse,  un  fœtus  qu'il  croit  à  terme 
et  qui  mesurait  20  pieds  de  longueur,  juste  le  quart  de  la 
longueur  de  la  mère. 

Les  baleiniers  assurent  que  les  Mégaptères,  qui  attei- 
gnent 60  pieds  de  longueur,  ont  de  14  à  16  pieds  en 
venant  au  monde,  30  en  quittant  la  mère  et  60  à  l'état 
adulte. 

Si  l'on  se  fonde  sur  ces  observations  et  d'autres 
renseignements  recueillis  sur  diverses  espèces,  la  jeune 
Balénoptère  de  Cavalaire  ne  serait  pas  trop  petite  pour 
appartenir  à  la  Balenoptera  musculus. 

La  capture  dans  la  Méditerranée  d'un  animal,  quelques 
jours  après  sa  naissance,  nous  paraît  avoir  un  intérêt 
scientifique  plus  grand  que  si  on  avait  eu  à  compter 
une  jeune  Balenoptera  rostrata  de  plus  dans  cette  mer 
intérieure. 


(  152  ) 

Observations  de  la  comète  Wolf,  faites  à  l'Observatoire  de 
Bruxelles,  à  l'équatorial  de  0m,45  ;  par  L.  Niesten, 
astronome,  chef  de  service,  et  E.  Sluyvaerl,  astronome 
adjoint. 


ETOILES   DE   COMPARAISON. 


A<x 


A<? 


25 
26 


9 
21 
2 
22 
23 
24 
25 
26 


9 
14 
14 
15 
15 
15 
16 
19 


Septembre     1884. 


Weisse  2  21h,473 
B.  B.  VI ,  19»,4698 


Octobre. 

Glasgow  5534 . 

S. 

N  S, 

19  Pegasi   . 

N.  S 

N.  S. 

Glasgow  5658  = 

18  Pegasi  .    . 

N.  S. 

kl. 

N.  S. 

Id. 

N.  S. 

Id. 

N. 

Novembre. 


Glasgow  5864 

Glasgow  5880  =  62  Aquarii,  rç  . 

Glasgow  5930 

Glasgow  5936  (1) 

Glasgow  5930 

Glasgow  5936 

Glasgow  5963 

Glasgow  5963 

Glasgow  6013 


N. 

S. 
N.  S. 
N.  S. 
N.  S. 
N.  S. 
N.  S. 

S. 

S. 


—  3™22»25 

—  12,00 


1  36,30 
5  50,00 
4    5,75 

3  47,50 

1  17,00 
33,00 

2  18,75 

4  12,70 


-  1 


28,00 

6,75 

51,50 

1,00 

3  14,75 

2  25,25 

2  27,50 

11,00 

17,75 


3'   3»8 
9    5.4 


-f-  16  34,6 

-  8  49,2 

-  29  21,5 

-  5  41,0 
-4-  37  43,5 
-4-  41  34,6 

-  17  38,5 

-  48  58.0 


-  30  11,4 
-h  54  10,0 
-4-    3  1,72 
-+-  16  10,06 

-  17  52,60 

-  4  48,50 

-  26  48,50 

-  41  0,0 
-4-  26  6,2 


(4)  D'après  les  observations  de  la  comète  faites  le  14  et  le  15  novembre,  avec 
différentes  étoiles  de  comparaison,  il  résulterait  que  la  position  de  Glasgow  5956 
serait  de  l'  trop  faible  en  déclinaison. 


(  153  ) 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Dates. 

ARmoy.  1884,0 

Réd.  auj. 

S  moy.  1884,0 

Réd.  au  j. 

Autorité. 

Septembre    1884. 

25 

21»21»18'23 

+  3»39 

+  20°42'45»90 

+  30"4 

Weisse8. 

26 

21  18  48,73 

4-  3,36 

-4-  19  34  21,10 

+  30,0 

B.  B. 

Octobre. 

9 

21  32  55,21 

+  3,28 

-4-  13    9  43,40 

+  29,8 

Glasgow. 

21 

21  55  23,77 

+  3,18 

4-    7  41  59,27 

+  28,7 

B.  A.  C. 

22 

21  55  23,77 

+  3,18 

-t-    7  44  59,27 

+  28,7 

B.  A.  C. 

22 

21  55    4,69 

-4-  3,18 

-4-    7  47  47,02 

+  28,5 

Glasgow. 

23 

21  54  20,14 

+  3,46 

+    69  42,53 

+  28,4 

Glasgow. 

24 

21  54  20,14 

+  3,16 

+    69  42,53 

+  28,1 

Glasgo   . 

25 

21  54  20,14 

+  3,16 

+    69  42,53 

+  28,4 

Glasgow. 

26 

21  54  20,14 

-4-  3,16 

+    69  42,53 

+  28,4 

Glasgow. 

ISot 

remtore. 

8 

22  26  36,84 

+  3,16 

+    0  59  46,68 

+  26,4 

Glasgow. 

9 

22  29  23,59 

+  3,47 

—    0  42  54,20 

+  25,5 

Glasgow. 

44 

22  39    1,71 

+  3,46 

—    4  20  30,46 

+  25  0 

Glasgow. 

14 

22  39  51,67 

+  3,46 

—    4  32  35,82 

+  25,0 

Glasgow. 

15 

22  39    1,71 

+  3,46 

—    4  20  30,46 

+  25,0 

Glasgow. 

15 

22  39  51,67 

+  3,46 

-     1  32  35,82 

+  25,0 

Glasgow. 

15 

22  44  45,13 

+  3,45 

—    4  44  32,12 

+  24,9 

Glasgow. 

16 

22  44  45,13 

+  3,45 

-    1  44  32,42 

+  24,9 

Glasgow. 

19 

22  52  16,36 

+  3,44 

-    3    0  54,83 

+  23,9 

Glasgow. 

( 

m) 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Dates. 

T.  M.  Bruxelles. 

4R  app. 

â  app. 

Septembre     1884. 

25 

101'    4m  508 

211'  17m  59.37 

+ 

20°  10'   12"2 

26 

10    49    12 

21    18    40,09 

+ 

19    43    56,5 

Octobre. 

9 

9    15    50 

21    31    22,19 

+ 

13    26    47,8 

21 

10    12    20 

21    49    36,95 

+ 

7    33    38,8 

22 

10    48    15 

21    31    21.20 

+ 

7    13      6,5 

22 

10    48    15 

21    51    20,37 

-4- 

7    12    34,5 

23 

9      1    30 

21    53      6,30 

-+- 

6    47    54,1 

24 

8    58    30 

21    54    56,30 

-H 

6    21     44,8 

25 

7    20    53 

21    56    41,91 

-4- 

5    52    32,0 

26 

7    40    30 

21    58    36,00 

+ 

5    21    12,6 

Novembre. 

8 

10    21    46 

22    26    12,00 

-+- 

0    29    31,4 

9 

9    11    30 

22    28    20,01 

■+■ 

0    11    41,3 

14 

8    56    33 

22    39    56,37 

- 

1     17      3,4 

14 

8    56    33 

22    39    55,83 

- 

1     17      0,8(1) 

15 

9      4    31 

22    42    19,62 

- 

1    37    57,8 

15 

9      4    31 

22    42    20,08 

- 

1    37    59,3(1) 

15 

9      4    31 

22    42    20,78 

- 

1     37    55,7 

16 

8    18    39 

22    44    37,28 

- 

1    52      7,2 

19 

1          9    32    27 

22    52    17,50 

- 

2    34    24,7 

fl)  A  la  déclinaison  de  Glasgow  5950  on  a  ajoulé  —  1' 


(  155  ) 


Observations  de  la  comète  Encke,  faites  à  l'Observatoire 
de  Bruxelles,  à  Vêquatorial  de  0m,l5  ;  par  E.  Stuyvaert, 
astronome  adjoint. 


Dates. 

ÉTOILES 

DE  COMPARAISON. 

A« 

àl 

Janvier     1885. 

18 

D.iM. 

H-    5^5157 

—          6«3 

—    9'58''9 

23 

D.  M. 

-4-    5?5165 

-4-    1">28,37 

-4-     4    8,2 

29 

D.  M. 

-H    6:5174 

-     1   52,3 

0    0,0 

Février. 

2 

D  M. 

+    6'.'5183 

-    1   35,2 

-4-     1  46,7 

9 

D.  M., 

+    7"o085 

■4-    2  56,3 

—   20  55,8 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Dates. 

AK  moy.  1885,0 

Réd.  au  j. 

D.  moy.  1885,0 

Réd.  au  j. 

Autorité. 

Janvier     1885. 

18 

23>>13"38»28 

-+-  0*08 

-H  5"  15'  38"0 

-+-  1»83 

D.  M. 

23 

23  18  30,74 

+  0,09 

h-  5  33  21,3 

-4-  1,27 

D   M. 

29 

23  30  24,31 

-4-  0,17 

-4-  6  13  45,3^ 

-4-  0,53 

D.  M. 

Février. 

2 

23  36    6,05 

—  0,41 

H-  6  37    5,1 

-4-  0,09 

D.  M. 

9 

23  42  20,08 

-  0,42 

-+-  7  36  54,0 

—  0,48 

D.  M. 

(  i56  ) 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates. 

T.  M.  Bruxelles. 

AK  app. 

D.  app. 

Janvier    1885. 

18 

7h  21m 

23h  13-»  32»06 

-t-    5"  5'   40»93 

23 

6    58    30' 

23    19    59,20 

-+-    5    37    30,77 

29 

6    31 

23    28    32,18 

+    6    13    45,83 

Février. 

2 

6    24 

23    34    30,44 

-+-    6    38    21,89 

9 

6    23 

23    45    15,96 

1 

-+-    7    15    57,72 

Aspect  physique. 


48  janvier.  La  comète  se  présente  comme  une  faible 
tache  nébuleuse,  sans  noyau  brillant,  à  peine  visible, 

23  janvier.  La  présence  de  la  Lune  gêne  considérable- 
ment les  observations.  Comète  nébuleuse  diffuse,  tache 
laiteuse. 

2  février.  La  Comète  a  considérablement  augmenté  en 
éclat  et  en  dimensions,  au  point  qu'on  la  soupçonne 
dans  le  chercheur  de  l'équatorial.  Sans  avoir  de  noyau 
brillant,  elle  présente  cependant  un  éclat  plus  vif  vers  le 
centre. 

9  février.  Ou  croit  distinguer  un  petit  noyau  brillant 
vers  le  centre  de  la  Comète. 


(  *»7  ) 


CLASSE    DES   LETTRES. 


Séance  du  2  mars   Î885. 

M.  Ch.  Piot,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  P.Willems,  vice-directeur  ;  Gachard, 
P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Letlenhove, 
Thonissen,  Th.  Juste,  Alph.  Waulers,  Ëm.  de  Laveleye, 
Alph.  Le  Roy,  A.Wagener,  F.  Tielemans,  G.  Rolin-Jaeque- 
myns,  S.  Bormans,  Ch.  Potvin,  T.-J.  Lamy,  A.  Scheler, 
P.  Henrard,  membres;  J.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland, 
Alph.  Rivier,  associés;  J.  Gantrelle  et  A.  Henné,  corres- 
pondants. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Acadé- 
mie, un  exemplaire  des  ouvrages  suivants  : 

1°  Inventaire  analytique  des  archives  des  Etats  de  Hai- 
naut,  par  Léopold  Devillers.  Tome  Ier  ; 

2°  Nouvelles  lettres  d'Italie  (1883-1884),  par  Emile  de 
Laveleye; 

3°  Histoire  parlementaire  de  la  Belgique,  continuée  par 

3°"    SÉRIE,  TOME  IX.  12 


(  *58  ) 
Paul  Hymans,  2e  série  (1880-1890),  4e  fascicule,  session 
ordinaire  de  1883-1884.  —  Remercîments. 

La  Classe  reçoit,  à  litre  d'hommage,  les  ouvrages  sui- 
vants, au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  : 

1°  A.  Rapport  du  Ministre  de  la  Justice  sur  l'adminis- 
tration de  la  justice  en  Suède,  en  1885,  en  langue  sué- 
doise avec  un  résumé  en  français;  B.  Rapport  du  conseil 
d'administration  des  prisons  du  royaume  de  Suède, 
en  1885,  en  suédois,  avec  une  table  des  matières  en  fran- 
çais (ouvrages  offerts  par  M.  C.  d'Olivecrona,  associé  de  la 
Classe,  à  Stockholm)  ; 

2°  Dergi  Hese  jakôn  gôsa  de  wasimbuhangge,  extraits 
traduits  par  C.  de  Harlez  (Décrets  de  l'empereur  Yong'- 
Cing,  entre  1723  et  1736,  adressés  aux  huit  bannières,  et 
rapport  des  mandarins)  ; 

3°  Cour  d'appel  de  G  and.  De  l'histoire  du  droit  et  de 
son  étude  actuelle  dans  les  Pays-Bas.  Discours  de  M.  J.  La- 
meere; 

4°  Le  papyrus  de  Nebseni,  exemplaire  hiéroglyphique 
du  Livre  des  morts  conservé  au  Brilish  Muséum,  traduit 
par  A.  Massy,  avocat  (présenté  par  M.  Wagener)  ; 

5°  Charles  Dubourg.  Fables  nouvelles; 

6°  Étude  biographique,  littéraire  et  bibliographique  sur 
Olivier  de  la  Marche.  Position  de  la  thèse  soutenue  à 
l'École  nationale  des  chartes,  par  Henri  Stein  (présenté  par 
M.  Piot); 

7°  Una  cronaca  siciliana  inedita  del  secolo  XIV,  e  il 
codice  Qq  E  24  délia  bibliolheca  comunale  di  Palermo , 
par  S.  V.  Bozzo; 

8°  Ciulo  d'Alcamo;  la  defensa,  gli  agostari  e  il  giura- 


(  i59  ) 

mento  del  contrasto...  di  V.  di  Giovanni  (ces  deux  derniers 
ouvrages  sont  présentés  par  M.  Le  Roy); 

9°  Eléments  d'archéologie  chrétienne,  par  le  chanoine 
Reusens,  2e  édition,  tome  Ier.  —  Cet  ouvrage  est  pré- 
senté par  M.  Willems,  qui  présente  aussi  une  dizaine  de 
volumes  publiés  par  M.  Th.-Ign.  Welvaarts,  chanoine  et 
bibliothécaire-archiviste  de  l'abbaye  de  Poslel,  relatifs  à 
cette  abbaye,  à  l'histoire  de  Corsendonck,  etc.,  et  dont  les 
titres  sont  énumérés  ci-après  : 

Bibliographie. 

1°  Note  lue  par  M.  Wagener  en  présentant  le  travail 
de  M.  Massy  : 

«  J'ai  eu  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  dans  sa  dernière 
réunion,  un  exemplaire  du  glossaire  composé  par  M.  l'avo- 
cat A.  Massy,  de  Gand,  pour  la  nouvelle  égyptienne  connue 
sous  le  nom  de  Roman  de  Selna. 

Le  même  égyptologue  vient  de  faire  paraître  la  traduc- 
tion d'un  des  nombreux  exemplaires,  plus  ou  moins 
différents  entre  eux,  du  recueil  de  prières  désigné  géné- 
ralement comme  Livre  des  morts. 

L'exemplaire  traduit  pour  la  première  fois  par  M.  Massy 
a  été  publié  en  1876,  par  l'administration  du  British 
Muséum,  sous  le  titre  de  Papyrus  de  Nebseni. 

En  effet,  ce  papyrus,  provenant  de  Memphis  et  remon- 
tant à  la  XVIIIe  dynastie,  a  été  rédigé  en  l'honneur  d'un 
scribe  nommé  Nebseni,  rédacteur  de  la  demeure  de  Ptah, 
des  temples  du  Nord  et  du  Sud,  etc. 

Je  n'ai  aucune  compétence  pour  apprécier  la  valeur  de 
la  traduction  faite  par  M.  Massy.  Mais,  sachant  depuis 
longtemps  combien  ce  jeune  érudit  est  consciencieux,  je 


(  160  ) 

suis  persuadé,  en  tenant  compte  des  excellents  travaux 
qui  ont  déjà  paru  en  France  et  ailleurs,  sur  des  textes 
analogues,  que  la  version  du  laborieux  avocat  gantois  doit 
offrir  des  garanties  sérieuses  d'exactitude. 

J'ai  l'honneur  d'en  présenter,  au  nom  de  1'auleur,  un 
exemplaire  à  la  Classe.  » 

2°  Note  lue  par  M.  Le  Roy  en  présentant  les  ouvrages 
de  MM.  cii  Giovanni  et  Bozzo  : 

«  Une  ardente  polémique  s'est  engagée  en  Italie,  depuis 
quelques  années,  autour  du  nom  d'un  vieux  poète  sicilien, 
Ciulo  d'Alcamo,  l'auteur  d'une  chanson  dialoguée,  il  Con- 
traste, dont  le  sujet  rappelle  VOaristys  de  Théocrite  et 
qui,  remontant  peut-être  aux  dernières  années  du  XIIe 
siècle,  est  le  plus  ancien  monument  connu  de  la  poésie 
italienne  proprement  dite.  Au  delà  du  détroit  de  Messine, 
on  est  lier  duprimato  littéraire  de  la  Sicile  à  l'époque  où 
l'influence  des  troubadours  provençaux  commença  de  s'y 
faire  sentir;  dans  la  Péninsule,  malgré  les  témoignages  de 
Dante  et  de  Pétrarque  en  faveur  des  prétentions  sici- 
liennes, les  critiques  contemporains  en  sont  venus  à  se 
demander  si  un  Ciulo  d'Alcamo  a  jamais  existé  ;  ils  s'éton- 
nent, entre  autres, du  silence  des  poètesinsulaires  pendant 
près  d'un  siècle  à  partir  de  l'âge  où  l'on  suppose  qu'il  a 
vécu.  La  question  est  des  plus  intéressantes;  ce  qui  suffi- 
rail  à  le  prouver,  c'est  qu'on  remplirait  plusieurs  rayons 
de  bibliothèque  des  écrits  de  toute  provenance  où  elle  est 
tournée  et  retournée  sous  toutes  ses  faces.  M.  di  Giovanni, 
provoqué  par  les  objections  de  M.  le  professeur  d'Ancona, 
de  Pise,  vient  pour  la  troisième  fois  prendre  part  au 
combat,  dans  un  savant  mémoire  que  je  mets  sous  les 
yeux  de  la  Classe.  Il  s'agit  d'établir  l'âge  approximatif  du 


(  161  ) 

Contraste.  Le  mot  defensa,  au  sens  de  compensation, 
amende,  se  rencontre  dans  ce  petit  poème  :  selon  M  d'An- 
cona,  il  serait  difficile  de  le  retrouver  avec  cette  acception 
dans  des  textes  antérieurs  à  1251,  date  des  Constitutions 
de  l'empereur  Frédéric  II;  M.  rîi  Giovanni  multiplie  les 
citations  pour  les  réfuter.  Le  montant  de  la  defensa  est 
indiqué  par  Ciulo  en  agostari,  monnaies  d'or  dites  augus- 
tales  :  l'auteur  sicilien  s'attache  à  démontrer  qu'il  y  a  eu 
des  agostari,  connus  sous  ce  nom,  avant  la  frappe  du  mois 
de  décembre  1251,  postérieure  de  cinq  mois  aux  Consti- 
tutions, et  ce  par  la  raison  péremptoire  que  ces  pièces 
sont  mentionnées  dans  le  document  impérial  :  ici  une 
controverse  qui  sera  bien  vue  des  numismates.  Une  troi- 
sième dissertation  est  consacrée  à  la  forme  de  mariage 
(un  serment  sur  l'Évangile)  signalée  dans  la  Canzone ; 
une  quatrième  enfin  est  relative  au  nom  de  Ciulo,  qu'il 
faut  lire  (VAlcamo  (ville  de  la  Sicile)  et  non  dal  camo; 
appel  aux  paléographes  et  planche  à  l'appui.  En  résumé, 
le  nouveau  travail  de  notre  honorable  associé,  ne  parvînt- 
il  à  convaincre  que  partiellement  les  dissidents,  atteste 
une  érudition  de  bon  aloi  et  répandra  une  nouvelle  lumière 
sur  un  point  assez  obscur,  mais  important,  de  l'histoire 
des  origines  de  la  littérature  en  langue  vulgaire  chez  les 
nations  de  race  latine. 

M.  le  chevalier  S.  V.  Bozzo,  d'autre  part,  offre  à  la  Classe 
un  opuscule  qui  recevra  bon  accueil  des  lecteurs  de  ses 
précédentes  publications.  Il  s'agit  toujours  (1)  des  événe- 
ments qui  s'accomplirent  en  Sicile  après  la  journée  des 
Vêpres,  lorsque  la  maison  d'Anjou  eut  fait  place  à  la  maison 
d'Aragon.  M.  Bozzo  passe  en  revue  les  principaux  chro- 


;i)  Voir  le  Bulletin  de  1884,  nos  9  et  10. 


(  16*  ) 

niqueurs  de  l'île  au  XIVe  siècle  et  fixe  son  attention  sur 
un  anonyme  dont  l'œuvre  est  encore  inédite.  Cet  écrivain 
au  style  simple  et  laconique,  mais  n'en  paraissant  que  plus 
digne  de  confiance,  ne  doit  pas  être  confondu  avec  l'ano- 
nyme palermitain  publié  par  Martène  et  Durand;  il  est 
bon  de  noter  aussi  que  son  récit  se  prolonge  jusqu'à 
l'année  1578,  et  qu'il  n'a  pas  seulement  consacré  sa 
plume  à  l'histoire  des  princes,  mais  à  l'histoire  de  la 
Sicile;  enfin,  qu'il  ne  continue  pas  les  annalistes  ses 
prédécesseurs,  mais  traite  son  sujet  d'une  façon  tout  indé- 
pendante. M.  Bozzo  annonce  qu'il  fera  paraître  prochaine- 
ment une  édition  critique  de  ce  précieux  manuscrit.  » 

3°  Note  lue  par  M.  Willems  en  présentant  les  ouvrages 
de  MM.  Rensens  et  Welvaarts  : 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'au- 
teur, M.  Éd.  Reusens,  professeur  à  l'Université  de  Louvain, 
le  premier  volume  de  la  2*  édition  des  Éléments  d'archéo- 
logie chrétienne,  manuel  consacré  à  l'élude  des  antiquités 
religieuses,  spécialement  de  la  Belgique,  depuis  les  temps 
de  l'occupation  romaine  jusqu'à  la  fin  du  XVIIIe  siècle. 
Une  première  édition  de  l'ouvrage,  publiée  en  2  volumes 
in-8°  entre  les  années  1871  et  1875,  a  été  rapidement 
enlevée  par  le  public.  L'auteur,  encouragé  par  ce  succès, 
vient  d'entreprendre  une  nouvelle  édition  des  Éléments 
d'archéologie.  Cette  réimpression,  qu'à  bien  des  égards 
on  peut  appeler  un  nouveau  livre  —  tant  les  additions 
et  les  changements  sont  considérables,  —  sera  désormais 
le  manuel  indispensable  de  tous  ceux  qui,  en  Belgique, 
voudront  s'initier  à  la  connaissance  de  nos  monuments 


(  165) 
nationaux,  de  même  que  V Abécédaire  de  de  Caumont 
forme  le  yade-mecura  obligé  de  l'archéologue  français. 

Parmi  les  parties  nouvelles  qui  figurent  dans  le  premier 
volume  de  cette  édition,  nous  signalerons  la  description  et 
l'étude  sur  le  double  tombeau  chrétien  du  IIIe  siècle, 
découvert  au  mois  de  janvier  4881,  dans  l'ancien  cimetière 
romain  de  Tongres;  l'histoire  de  l'orfèvrerie  et  de  l'émail- 
lerie  en  Orient  et  en  Occident  pendant  les  douze  premiers 
siècles  de  notre  ère  ;  un  exposé  clair  et  succinct  des  résul- 
tats des  fouilles  faites  dans  les  sépultures  frankes  ou 
mérovingiennes  des  Ve  et  VIe  siècles,  que  l'on  trouve  en 
si  grand  nombre  dans  nos  provinces  méridionales;  une 
étude  sur  le  retable  d'or  de  l'abbaye  de  Slavelot,  dont  un 
dessin  fidèle  a  été  retrouvé  en  1881;  enfin,  des  notices 
variées  sur  des  reliquaires  des  Ve,  VIe  et  VIIe  siècles,  sur 
les  flabella  ou  disques  crucifères,  sur  les  évangéliaires  à 
miniature,  etc. 

M.  Th.-Ign.  Welvaarts,  chanoine  régulier  de  l'ordre 
Norbertin  et  archiviste  de  l'abbaye  de  Postel,  m'a  prié  de 
faire  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  des  publica- 
tions suivantes  : 

1°  Geschiedenis  van  Corsendonck,  2  deelen,  gr.  8°,  263 
en  294  bl.  Tumhout,  1881; 

2°  Geschiedenis  der  abdy  van  Postel  naar  hare  eigene 
archieven,  2  deelen  in-8°,  434  bl.  Turnhout,  1879; 

3°  Postel  en  zijn  vroeqere  invloed  in  Nederland,  3  aflev. 
1883; 

4°  Levenschels  van  den  Norberlyn  L.  van  Cannart 
d'îlamale,  33  bl.  in-8°.  Ulrecht,  1884; 

5°  Levensschets  van  Herm.  Jos.  Beugels ,  hersteller  der 
Norbertiener  Abdy  van  Postel,  172  bl.  in-8°,  2e  uitgaaf. 
Turnhout,  1881; 


(  164  ) 

6°  Reusel,  naar  de  archieven  van  Postel'*  Abdy,\A6  bl. 
in-8°.  Turnhout,  1877; 

7°  De  Beersche  processie  naar  Scherpenheuvel.  s'Herto- 
genbosch,  1884; 

8°  Tweelal  gedichten  aan  den  Heer  J.-E.  Glenisson. 

9°  Feestmededeeling  der  dubbel  zilveren  jubelplechlig- 
heid  in  de  Norbertiener  Abdy  van  Postel.  Turnhout,  1881. 

Ces  publications,  comme  l'on  voit,  se  rapportent  plus 
spécialement  à  l'histoire  de  l'ancienne  et  célèbre  abbaye 
de  Postel,  située  dans  le  N.-E.  de  la  Campineanversoise, 
près  des  frontières  du  Brabant  septentrional,  et  de  l'ancien 
couvent  de  Corsendonck,  de  l'ordre  des  Augustins,  près  de 
Turnhout.  L'histoire  de  ces  couvents,  c'est,  peut-on  dire, 
l'histoire  de  la  Campine  pendant  le  moyen  âge.  Les  publi- 
cations de  M.  Welvaarls  sont  faites  d'après  les  archives 
inédiles  de  l'abbaye  de  Postel.  Grâce  aux  nombreux  ren- 
seignements que  l'on  y  rencontre  sur  les  bienfaiteurs  de 
ces  institutions  et  sur  les  abbés  et  les  religieux  qui  y  ont 
vécu  ou  y  ont  été  formés,  elles  présentent  plus  qu'un 
intérêt  purement  local.  Le  savant  et  laborieux  archiviste 
prépare  en  ce  moment  l'édition  d'un  Cartulaire  de  l'abbaye, 
dont  la  publication  sera  certainement  reçue  avec  intérêt 
par  nos  historiens  nationaux.  Toutes  ces  publications  sont 
écrites  en  langue  flamande,  dans  le  style  clair  et  simple 
qui  convient  le  mieux  à  ce  genre  de  monographies  histo- 
riques. » 


(  165  ) 
COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

Sur  les  premiers   temps  de  lliisloire   de   la   Flandre, 
par  Alph.  Wauters,  membre  de  l'Académie. 

Les  pages  que  j'ai  consacrées,  dans  le  Bulletin  de 
l'Académie,  au  Sinus  liius,  à  ce  soi-disant  golfe  imaginé 
au  XVIe  el  au  XVIIe  siècles,  ont  provoqué  des  discussions, 
je  devrais  plutôt  dire  des  entretiens,  où  j'ai  eu  l'occasion 
de  dire  mon  opinion  au  sujet  de  l'origine  saxonne  des 
habitants  du  littoral  de  la  Flandre.  Celle  origine  a  été 
admise  par  Gramaye(l),  par  Boucher  (2);  elle  a  été  défen- 
due par  Raepsaet  (5);  depuis  elle  a  été  généralement 
acceptée,  notamment  par  Willems,  le  baron  Kervyn  de 
Letlenhove,  Conscience  (4),  Victor  de  Rode  (5)  etc.  Elle 

(1)  Antiquitates  Flandriae,  p.  162. 

(2)  Betgium  romanum,  p  494. 

(3)  Précis  topographique  de  l'ancienne  Belgique,  dans  les  Œuvres 
complètes  de  RaepsaPt,  l.  III,  pp.  106  et  suiv. 

(4-  De  kerels  van  Vlaendcren,  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  royale 
de  Belgique,  2«  série,  t.  XXIX. 

(5)  Victor  de  Rode  est  l'auteur  d'un  grand  travail  intitulé  :  Les  ancêtres 
des  Flamands  de  France  (Annales  du  comité  flamand  de  France,  t.  VIN), 
où  on  lit  des  détails  très  étonnants.  Il  paraît  que  nos  côtes  maritimes 
s'appelaient,  antérieurement  à  l'ère  chrétienne,  Bussium  littus  (  •  le  Lit- 
toral des  Russes  »),  désignation  que  l'on  explique  en  parlant  tour  à  tour 
des  véritables  Russes,  des  Ruthènes  (ou  peuple  du  Rouergue)  el  des 
Beuzen  ou  géants  des  anciennes  processions  de  notre  pays.  Qui  donc  veut- 
on  égarer  en  propageant  de  pareilles  insanités,  en  les  entourant  d'un 
étalage  d'érudition  où  tout  est  confondu,  où  les  allégations  les  plus 
bizarres  sont  acceptées,  ici  mélangées  avec  des  faits  exacts,  là  combinées 
avec  des  détails  étrangers  à  notre  histoire  ou  puisés  dans  les  autorités  les 
plus  équivoques?  Ce  que  dit  Victor  de  Rode  des  Saxons  et  du  Littus 
Saxonicum  (toc.  cit.,  p.  62)  est  rempli  d'erreurs. 


(  166  ) 

ne  peut  cependant  alléguer  en  sa  faveur  aucun  argument 
sérieux,  et  M.  Kervyn,  en  particulier,  a  reconnu  que  les 
historiens  a  de  la  Flandre  n'ont  tenu  aucun  compte  de 
rétablissement  des  colonies  saxonnes  sur  nos  rivages  d  (1). 
D'autre  part,  Moke,  avec  son  grand  sens  historique,  la 
rejette  d'une  manière  absolue  (2),  et  je  partage  complète- 
ment son  avis. 

Ici  on  m'arrête  en  citant  le  Littus  Saxonicum,  dont 
l'existence  est  incontestable.  Ce  littus,  cette  côte,  quali- 
fiée de  Saxonne,  c'est  la  Flandre,  celle  qui  se  prolongeait 
jadis  de  l'embouchure  de  l'Escaut  jusqu'à  Boulogne,  englo- 
bant Marc,  l'ancienne  Marca  ou  Marcac,  placée  sur  le 
littoral  saxon  par  la  Notice  des  dignité*  de  l'Empire, 
rédigée  vers  l'an  400.  Mais  cet  argument  n'en  constitue 
pas  un. 

Le  Littus,  en  effet,  a  pris  son  nom  d'un  peuple  germa- 
nique, non  parce  que  celui-ci  y  habita,  mais  parce  qu'il 
était  protégé  contre  lui.  De  même,  en  Angleterre,  on  appe- 
lait Mur  des  Pietés  la  muraille  construite,  non  par  les 
Pietés  (ou  anciens  habitants  de  l'Ecosse),  mais  par  les 
Romains  pour  arrêter  les  invasions  des  Pietés.  A  vrai  dire, 
le  Littus  Saxonicum  formait,  non  pas  une  circonscription 
territoriale,  mais  un  commandement  militaire  ayant  pour 
but  d'opposer  une  solide  résistance  aux  pirateries  et  aux 
incursions  des  Saxons;  cela  est  si  vrai  qu'il  s'étendait  à  la 
fois  sur  les  deux  rives  de  la  mer  du  Nord,  du  détroit  du 
Pas-de-Calais  el  de  la  Manche,  en  Angleterre  comme  en 
Gaule. 

Au   commencement  du   Ve  siècle,  lorsque  les  Anglo- 


(1)  Histoire  de  la  Flandre,  t.  I,  p.  120. 

(2)  «  Les  prétendues  colonisations  saxonues,  dit-il,  dont  personne  n'a 
pu  donner  la  moindre  preuve   .    » 


(  167  ) 
Saxons  n'avaient  pas  encore  pris  pied  en  Angleterre,  ce 
pays  comptait  entre  antres  hauts  fonctionnaires  exerçant 
l'autorité  au  nom  de  l'Empire,  un  comte  du  littoral  saxon 
dans  lesBretagnes (Cornes  liltoris  Saxonici  per  Britannias). 
Ce  comte,  l'un  des  six  comtes  militaires  (cornes  rei  mili- 
taris)  en  Occident,  était  placé  sous  les  ordres  du  maître 
de  l'infanterie  dite  présenlale  ou  présente  sous  les  armes 
(tnagister  peditum  praesentalium).  11  avait  à  sa  disposi- 
tion les  chefs  de  corps  suivants  : 

Le  prévôt  des  Forlenses  («  les  Forts  j>)  à  Othona  (ville 
aujourd'hui  détruite,  près  de  Maeldom), 

Le  prévôt  des  soldats  Tongricanes  ou  Tongrois  {milites 
Tungricani)  à  Douvres, 

Le  prévôt  des  soldats  Tournaisiens  (Turnacenses)  à 
Lemannis  (Lyme,  près  de  Canlorbéry), 

Le  prévôt  des  cavaliers  Dalmales  liranodunenses  à 
Branodunum  (Brancaster,  dans  le  Norfolk), 

Le  prévôt  des  cavaliers  Stablesiani  Garionenses  à 
Gariononor  (Burghcastle  près  d'Yarmouth), 

Le  tribun  de  la  première  cohorte  des  Béthasiens  à 
Regulbio  (Reculver,  dans  le  comté  de  Kent), 

Le  préfet  de  la  seconde  légion  auguste  à  Ruiupis  (ville 
ancienne  qui  se  trouvait  près  de  Richborow), 

Le  prévôt  du  corps  des  Abulci  à  Anderides  (Anderada, 
au  comté  de  Sussex,  qui  fut  détruite  par  les  Anglo-Saxons 
en  491), 

Le  prévôt  du  corps  des  Explorateurs  (exploratorum)  à 
Portus  Adurni  (probablement  Ederington,  dans  le  Sus- 
sex) (1). 


(1)  Seeck,  Notitia  dignilatum  (Berlin,  lHTfi,  in-8°),  p.  410.  —  La 
situation  des  postes  militaires  est  empruntée  au  Dictionnaire  de  Bruzen 
de  la  Martiuière. 


(  168) 

Voilà  certes  un  littoral  bien  gardé,  comprenant  les 
comtés  de  Sussex,  de  Kent,  d'Essex,  de  Sufiblk  cl  de  Nor- 
folk. On  ne  peut  en  dire  qu'il  était  occupé  par  des  Saxons; 
au  contraire  on  n'y  trouvait  que  des  corps  militaires  formés 
de  soldats  romains,  ou  plutôt  de  Belges  et  de  Bretons 
organisés  à  la  romaine. 

En  Gaule,  le  Littus  Saxonicum  ne  se  bornait  pas  à  la 
Flandre,  il  s'étendait  aussi  en  Normandie.  Il  dépendait 
autant  du  Traclus  Armoricanus  et  Nervicanus  ou  Région 
Armoricaine  et  Nervicane,  que  de  la  Belgique  seconde, 
l'une  et  l'autre  soumises  à  un  duc.  Le  duc  de  la  seconde 
Belgique  donnait  désordres  au  commandant  des  cavaliers 
dalmates  de  Marc  près  de  Boulogne,  dans  le  littoral  saxon 
(équités  Dalmatae  Marcis  in  littore  Saxonico)  (1),  comme 
le  duc  du  Traclus  précité  en  envoyait  au  tribun  de  la  pre- 
mière cohorte  nouvelle  d'Armoricains  cantonnée  à  Gran- 
none (Granville  près  de  Cherbourg),  sur  le  même  littoral 
(tribunus  cohorlis  primae  novœ  Armoricanœ  Grannone 
in  littore  Saxonico)  (2). 

On  donnait  donc  à  ce  double  littoral,  à  l'anglais  comme 
au  gaulois,  l'épilhèle  de  Saxon,  parce  que,  comme  le  dit 
très  bien  Bruzen  de  la  Martinière  (3),  les  corps  cantonnés 
de  ce  côté  avaient  pour  mission  spéciale  de  repousser  les 
attaques  des  Saxons.  On  n'agit  pas  autrement  de  nos  jours. 
En  France,  par  exemple,  quand  il  s'agit  d'entreprendre 
une  guerre  au  delà  des  Alpes,  on  forme  une  ou  plusieurs 
armées  d'Italie.  Ce  sont  des  armées,  non  composées 
d'habitants  de  l'Italie,  mais  destinées  à  combattre  contre 


(1)  Seeck,  loc.cit,  p.  207. 

(2)  Ibidem,  p.  204. 

(3)  T.  V,  p.  410. 


(  169  ) 
eux  ou  chez  eux.  Un  système  analogue  est  employé  par- 
tout. 

Les  écrivains  de  l'antiquité  et,  dans  le  nombre,  Eumène 
et  Àmmien  Marcellin,  mentionnent  fréquemment  les  actes 
de  piraterie  et  les  attaques  des  Saxons  en  Gaule.  A  la  fin 
du  troisième  siècle,  ils  donnèrent  occasion  à  Carausius, 
citoyen  romain  né  parmi  les  Ménapiens  (Menapiae  civis, 
comme  le  dit  Aurélius  Victor  (1  ),  de  se  distinguer  au  service 
des  empereurs  et  de  devenir  si  puissant  qu'à  la  laveur  des 
guerres  civiles  il  prit  à  son  tour  la  pourpre  et  régna  pen- 
dant plusieurs  années  sur  Boulogne  et  l'Angleterre  (2). 
Au  milieu  du  cinquième  siècle,  un  chef  saxon  appelé  Ado- 
vacre  ou  Odoacre,  s'établit  sur  les  bords  de  la  Loire,  à 
Angers,  et  y  batailla  tantôt  avec  les  Romains,  tantôt  contre 
eux  (3).  Mais  jamais  chez  un  auteur,  dans  un  cartulaire,  on 
n'a  trouvé  la  trace  d'un  établissement,  même  temporaire, 
des  Saxons  en  Flandre. 

Si  on  fouille  les  chroniques  du  temps  et  les  légendes 
véritablement  anciennes,  que  renconlre-t-on  en  Flandre? 
Des  Saxons?  Non,  il  n'en  est  jamais  question;  mais  des 
Ménapiens,  des  Si  lèves  et  des  Flandrenses  ou  Flandrois, 
les  vrais  Flamands,  les  habitants  du  Franc  de  Bruges. 
Si  l'on  veut  donner  à  ceux-ci  une  origine  saxonne,  on  ne 
doit  pas,  on  ne  peut  pas  étendre  cette  origine  aux  habi- 
tants des  châlellenies  de  Furnes,  de  Bergues,  de  Baillœul, 
et  encore  moins  du  Boulonnais, où  cependant  on  trouve  la 
seule  mention  du  Litlus  Saxonicum. 


(1)  De  Caesaribus,  c.  39,  §  20.  Carausius  n'appartenait  pas  à  une 
famille  illustre;  Euirope  (Breviarium  histuriœ  Romance,  I.  IX,  c.  21)  le 
qualifie  au  contraire  de  :  vilissime  natus. 

(2)  Voir  Aurélius  Victor  et  Eutrope,  loc.  cil. 

(3)  Grégoire  de  Tours,  Historia  Francorum,  1.  II,  c.  18. 


(  i70  ) 

Je  n'ignore  pas,  on  doit  le  remarquer,  que  depuis 
l'année  450  jusqu'à  la  conquête  des  Normands,  en  1066, 
l'Angleterre  a  obéi  au  peuple  Anglo-Saxon,qui  l'avait  con- 
quise et  colonisée;  que  la  Flandre,  située  comme  l'Angle- 
terre sur  les  bords  de  la  mer  du  Nord,  a  vécu  avec  elle 
dans  d'étroites  relations  de  bon  voisinage  ;  qu'on  ne  men- 
tionne à  celte  époque  aucune  lutte  entre  les  deux  contrées. 
Il  a  donc  dû  exister  de  l'une  à  l'autre  un  courant  pacifique 
d'émigration;  elles  ont  exercé  l'une  sur  l'autre  une 
influence  considérable  et  durable;  mais  je  nie  les  établis- 
sements issus  de  la  violence,  les  colonies  nombreuses  et 
établies  par  la  force. 

On  a  attribué  à  tort  aux  Anglo-Saxons  une  large  part 
dans  les  travaux  apostoliques  entrepris  dans  le  but  de 
convertir  au  christianisme  les  peuples  de  la  Belgique 
flamande,  peuples,  ajoute-t-on,  issus  de  leur  race  (1).  On 
cite,  à  ce  propos,  les  prédications  de  saint  Liévin,  qui  fut 
tué  à  Houthem  près  d'Alost.  Il  y  a  là  également  une  grave 
erreur,  dont  il  importe  de  faire  justice.  Les  missionnaires 
venus  en  Belgique  des  îles  Britanniques,  au  commence- 
ment du  VIIe  siècle,  étaient  des  Scots  et  c'est  sous  ce  nom 
qu'ils  sont  cités  par  les  légendaires.  Comme  nous  l'apprend 
sa  vie,  écrite  par  un  moine  contemporain,  appelé  Boni- 
face,  saint  Liévin  était  fils  d'un  noble  Scot  (senator 
Scotligena),  du  nom  de  Théagnius  (sic),  et  d'Agalmie  (sic), 
fille  du  roi  des  Irlandais  Iphigénius  (sic).  Le  nom  qui  lui  fut 
donné  sur  les  fonts  du  baptême  était  celui  de  l'archevêque 
de  l'église  d'Irlande(2).  Ses  disciples,  Feuillen  ou  Pholien, 


(1)  M.  Kervyn  de  Letlenhove,  loc.  cit.,  p.  80. 

(2)  Voir  Mabillon,  Acta  sanctorum  ordinis  sancli  Benedicli,  sœu~ 
lum  II,  pp.  450  et  suivantes. 


(  471  ) 

Hélie,  Kilian,  qui  aidèrent  Boniface  dans  son  travail, 
appartenaient  à  la  même  nationalité.  Pholien  fonda  un 
monastère  à  Fosses  comme  Ultan  en  établit  un  autre 
à  Péronne  ou  Saint-Quentin.  On  appela  ces  nouveaux 
cloîtres  des  hospices  de  Scots  (hospitalia  Scottorum)  et  la 
libéralité  des  fidèles  en  éleva  un  grand  nombre,  destinés 
surtout  à  héberger  les  pèlerins  venant  d'oulre-mer  et  se 
rendant,  soit  dans  les  grands  sanctuaires  de  la  Gaule,  soit 
en  Italie  et  surtout  à  Rome.  Mais  les  revenus  de  ces 
établissements  furent  dilapidés,  comme  on  s'en  plaignit 
dès  845,  au  concile  de  Meaux  (1). 

Liévin,  de  même  que  Feuillen,  assassiné  près  du  Rœux 
vers  l'an  660;  Ultan,  le  fondateur  de  ce  que  les  Annales 
Mettenses  appellent  Perona,  monasterium  Scotorum;  de 
même  que  Gulhago  et  Gilda,  dont  le  souvenir  se  perpétua 
dans  la  contrée  voisine  d'Oostkerke  (2),  étaient  des  Scots, 
c'est-à-dire  qu'ils  appartenaient  à  un  peuple  habitant  en 
partie  en  Irlande,  en  partie  dans  l'Ecosse  occidentale  et 
méridionale.  Leur  nation  avait  été  convertie  au  christia- 
nisme en  même  temps  que  les  Bretons,  à  l'époque  où 
la  domination  romaine  s'étendait  encore  sur  ces  derniers, 
et  c'était  chez  elle  que  s'étaient  réfugiés  une  foule  de 
chrétiens  expulsés  de  leurs  foyers  par  les  Anglo-Saxons 
vainqueurs  et  idolâtres.  Ceux-ci  se  montrèrent  longtemps 
les  ennemis  de  la  foi  nouvelle  et  ne  l'acceptèrent  qu'au 
VII*  siècle,  à  la  suite  des  efforts  tentés  par  le  moine 
Augustin.  Lorsque  sainte  Gerlrude,  voulant  accroître  les 
richesses  en  livres  de  son  abbaye  de  Nivelles,  en  fit 
rechercher  au  delà  de  la  mer,  ce  fut  surtout  chez  les  Scots, 


(i)  Mabillon,  loccit.,  pp.  785  et  suivantes. 

(2)  Vredius,  Flandria  Christiana,  cité  par  M.  Kervyn,  loc.  cit. 


(  172  ) 

comme  le  dit  le  plus  ancien  de  ses  biographes  (i).  Les 
trésors  littéraires,  en  même  temps  que  la  foi,  avaient  dû 
fuir  au  loin,  pour  échapper  au  sort  réservé  par  les  envahis- 
seurs de  l'Angleterre  à  tout  ce  qui  rappelait  le  joug  de 
Rome. 

L'œuvre  de  la  conversion  de  la  Grande-Bretagne  fut 
certainement  lente  et  pénible,  et  il  fallut  beaucoup  d'an- 
nées pour  l'étendre  à  toutes  les  parties  de  l'heptarchie 
saxonne.  Plus  d'une  génération  s'écoula  avant  que  l'An- 
gleterre comptât  assez  de  prêtres  pour  répandre  à  son  tour 
au  dehors  les  dogmes  de  l'Évangile,  et  ce  rôle  elle  ne  put, 
par  conséquent,  le  jouer  au  commencement  du  VIIe  siècle. 
Ainsi  s'explique  le  triste  sort  subi  par  plusieurs  mission- 
naires. Issus  d'une  nation  gallique  ou  celtique,  ils  arri- 
vaient dans  des  contrées  peuplées  de  Germains  ou  obéis- 
sant à  des  chefs  germains;  considérés  comme  des  ennemis, 
éprouvant  sans  doute  de  la  peine  à  se  faire  comprendre, 
plusieurs  périrent  de  mort  violente.  Leur  zèle,  secondant 
celui  d'autres  ecclésiastiques  étrangers,  comme  saint 
Amand,  qui  était  Aquitain  de  naissance,  parut  sans  doute 
suspect  aux  rudes  populations  de  nos  contrées.  Elles 
auraient  peut-être  mieux  écouté  des  Anglo-Saxons,  tels 
que  saint  Willebrord,  mais  ils  ne  se  présentèrent  que 
plus  tard  et  lorsque  les  prédications  tentées  en  Flandre 
avaient  atteint  leur  but. 

J'ai  parlé  des  Suèves  et  des  Flandrenses.  oyons  ce 
qu'ils  étaient. 


(1)  Tarlier  et  Waulers,  La  Belgique  ancienne  et  moderne,  ville  de 
Nivelles,  p.  23.  —  Dans  l'hospice  ou  couvent  qu'ouvrit  à  Orp  près  de 
Jodoigne  une  dame  vénérée  sous  le  nom  de  sainte  Adilie,  c'était  aussi 
des  prêtres  Scots  que  l'on  accueillait  de  préférence.  Ibidem,  Canton  de 
Jodoigne,  p.  281. 


(  173  ) 

Les  Suèves  sont  à  plusieurs  reprises  mentionnés  par 
des  hagiographes  du  VIIe  siècle,  comme  voisins  des  Fla- 
mands, dont  il  se  distinguaient.  Ce  fut  saint  Éloi,  devenu 
évêque  de  Noyon  et  de  Tournai,  qui  le  premier  propagea 
parmi  eux  les  dogmes  de  l'Évangile.  Son  historiographe, 
en  parlant  des  peuples  que  ce  prélat  s'efforça  de  convertir 
au  christianisme,  énumère  les  Flamands  et  les  Anversois, 
les  Frisons  et  les  Suèves  et  tous  les  barbares  habitant  le 
littoral  de  la  mer(l).  Ailleurs  il  revient  en  ces  termes  sur  le 
même  fait  :  Éloi  travailla  beaucoup  dans  les  Flandres,  lutta 
à  Anvers  et  convertit  une  multitude  de  Suèves  adonnés  à 
l'erreur  (2).  De  son  temps,  parmi  les  néophytes,  plus  d'un 
Suève  devint  ministre  du  nouveau  culte,  et  l'un  d'eux, 
appelé  Uffon,  est  mentionné  comme  ayant  reçu  le 
diaconat  (3). 

A  la  lin  du  IXe  siècle  ces  Suèves  de  la  Flandre  conser- 
vaient encore  leur  dénomination  nationale  et  sont  cités  en 
même  temps  que  les  Ménapiens.  Au  mois  de  novem- 
bre 880,  les  Normands  vinrent  construire  à  Courtrai  un 
château  (castriun)  pour  y  hiverner  et  de  là  livrèrent  à  un 
massacre  presque  complet  les  uns  et  les  autres,  c'est-à-dire  : 
d'une  part,  l'ancienne  population  belgo-romaine  ou  ména- 
pienne,  refoulée  au  sud  de  la  Lys,  où  le  français,  transfor- 
mation de  la  langue  romaine  vulgaire,  n'a  pas  cessé  de 
dominer;  d'autre  part,  la  nouvelle]  population  germanique 
ou  suève,  qui  s'était  fixée  plus  au  nord  et  y  a  fait  préva- 


(1)  Flandrenses  atque  Andoverpcnses,  Frisiones  et  Suevi  et  barbari 
quique  circa  maris  littora  degentes.  Vita  sancti  Eligii,  L.  Il,  c.  3. 

(2)  Multum  in  Flandris  laboravit,  jugi  instantia  Andoverpis  pugna- 
vit,  multosque  erroneos  Suevos  convertit.  Ibidem,  c.  H. 

(ô)  Diaconus  quidam  Uffo  nomine,  Suevus  qnoque  natione.  Ibidem. 
3me  SÉRIE,  TOME  IX.  13 


(  ™) 

loir  l'idiome  désigné  depuis  sous  le  nom  de  flamand  (1). 

Ce  sont  ces  Suèves  qui  ont  laissé  leur  nom  à  Sweveghem 
(l'habitation  des  Suèves),  village  important  situé  à  une  lieue 
à  Test  de  Courtrai  ;  à  Sivevezeele  (le  château  des  Suèves), 
commune  se  trouvant  à  trois  lieues  au  sud  de  Bruges;  à 
Swevike  ou  Swevyke  (le  chêne  des  Suèves),  près  de  Ter- 
monde.  D'où  étaient-ils  venus?  Nul  ne  le  sait.  Les  chro- 
niques flamandes,  dont  les  plus  anciennes  ne  datent  que 
du  XIV'"  siècle,  ne  parlent  jamais  d'eux.  On  peut  toutefois 
supposer  qu'ils  entrèrent  dans  la  Gaule  en  406,  lors  de 
la  grande  invasion  de  cette  contrée  par  les  tribus  germa- 
niques, et  que,  séparés  du  gros  de  leur  nation,  qui  pénétra 
en  Espagne,  ils  se  dirigèrent  vers  les  bords  de  l'Escaut  et 
de  la  Lys,  où  ils  se  fixèrent  et,  plus  lard,  reconnurent  l'au- 
torité des  rois  francs  de  la  race  de  Mérovée. 

L'origine  de  ceux  que  l'on  qualifiait  de  Flandrenses,  ou 
habitants  de  la  Flandre,  n'est  pas  mieux  connue.  For- 
maient-ils une  race  particulière?  Se  rattachaient-ils  aux 
Frisons,  aux  Francs  ou  aux  Saxons  ?  On  ne  le  pourrait  dire 
avec  certitude.  Le  Flandrensis  pagus,  dont  les  limites 
correspondaient  à  peu  près  à  celles  du  Franc  de  Bruges 
du  moyen  âge,  était  occupé  par  eux  :  cela  paraît  certain; 
mais  avait-il  reçu  leur  nom  ou  leur  avait-il  donné  le  sien? 
Tout  cela  reste  inexpliqué.  Une  observation  capitale  se 
présente  ici  :  la  dénomination  de  Flamings,  par  laquelle 
on  s'est  habitué  à  désigner  les  anciens  Flamands  du  bord 
de  la  mer,  et  que  l'on  a  traduite  par  le  saxon  flyming, 


(1)  Northmanni mense  novembri,  Curtriaco  sibi  castrum  con- 
struit» t,  indèque  Menapios  atque  Suevos  usque  ad  internecionem  dele- 
vere.  Annales  Vedastini  et  Chronicon  Normannorum,  dans  Perlz,  t.  I. 


(  175) 

banni  (1),  ne  se  rencontre  jamais  dans  les  documents  de 
l'époque.  L'expression  consacrée  est  Flandrenses,  le  pays 
s'appelle  Flandria  ou  pagus  Flandrensis.  Flaming,  qui 
est  pourtant  devenu  le  nom  de  la  race  en  flamand  (Vla- 
ming,  de  Vlamingen  au  pluriel),  constitue  une  désignation 
dont  les  premiers  exemples  se  rencontrent  dans  le  pays 
Anglo-Saxon  et  les  auteurs  qui  y  ont  vécu. 

On  ne  s'est  pas  contenté  de  donner  à  la  majorité  de  la 
population  de  la  côte  de  la  Flandre  une  origine  saxonne; 
on  a  attribué  cette  même  origine  à  plusieurs  personnages 
dont  l'influence  a  été  grande,  dont  le  nom  marque  dans 
nos  annales  :  Carausius,  qui  était  un  citoyen  ménapien; 
Pépin  de  Landen;  Adelard  et  Wala,  moines  de  Corbie.  On 
a  transformé  l'archevêque  de  Hambourg,  Anschaire,  en 
un  Saxon  de  Flandre.  Autant  d'assertions,  autant  d'er- 
reurs. 

C'est  une  plaisanterie  que  de  voir  dans  le  mot  Carausius 
l'équivalent  de  Carlos  ou  Charles. 

Est-il  nécessaire  de  rappeler  que  Pépin  de  Landen  est 
sorti  de  la  Hesbaie?  A  quelle  race  appartenait-il?  Nul  ne 
peut  le  dire,  comme  le  déclarent  les  premiers  Bollandistes, 
ces  hommes  éminents  dont  on  ne  prononce  jamais  le  nom 
qu'avec  respect  :  Pippinus  igilur  nosler,  disent-ils  dans 


(1)  M.  Kervyn,  loc.  ci7.,t.  I,  p.  HO.  —  Les  étymologies  des  mots  Flandre 
et  Flamand,  proposées  par  Oudegherst  et  son  commentateur  Lesbrous- 
sart,  sont  de  nature  à  inspirer  une  douce  gaieté.  On  ne  croit  plus  de  nos 
jours  à  ces  personnages  mythiques,  produits  d'une  érudition  pédantesque, 
qui  les  a  affublés  des  noms  de  Flandbertus  et  de  Ftamineus,  et  qui  a 
enfanté  une  Flandrine,  femme  de  Lideric  II.  On  n'admet  plus,  avec  le 
chroniqueur  d'Oudenbourg,que  Flandre  dérive  élymologiquement  du  vent 
et  des  flots,  ni,  avec  Lesbroussart  {d1  Oudegherst,  t.  I,  p.  3),  que  cette 
désignation  signifie  pays  des  mares,  en  picard  :  pays  des  flaques. 


(  <76  ) 
leurs  commentaires,  Francus  fuerit  an  Romanus,  an 
Belgicae  Germanicae  originis,  puta  Aduaticae  aut  Ton- 
gricae,  ingénue  falemur  nos  ignorare  (1)  («  Notre  Pépin 
fut-il  Franc  ou  Romain,  ou  originaire  de  la  Belgique  ger- 
manique, Adualique  ou  Tongrois,  nous  avouons  franche- 
ment l'ignorer  »).  Voilà  le  langage  d'une  science  qui  ne 
marche  jamais  à  l'aventure. 

On  nous  objectera,  il  est  vrai,  l'autorité  d'une  Chronique 
de  Marchiennes,  publiée  par  ces  mêmes  Bollandistes,  où 
Pépin  est  qualifié  de  Saxon  (2)  ;  nous  répondrons  que  cette 
chronique  doit  mériter  bien  peu  l'attention,  puisque  ces 
graves  érudils  n'y  ont  pas  fait  la  moindre  attention.  Et  en 
effet  elle  ne  date  que  du  XIIe  siècle, époque  où  l'on  jugeait 
bien  superficiellement  le  VIIe.  El  dans  quelles  conditions 
parle-t-elle  de  Pépin?  En  égarant  son  nom  dans  un 
fatras  généalogique  auquel  on  ne  peut  ajouter  la  moindre 
créance,  fatras  dont  l'invention  n'a  d'autre  but  que  de 
rattacher  la  fondatrice  du  monastère  de  Marchiennes, 
sainte  Rictrude,  à  la  race  des  Carolides  (aujourd'hui  on 
dirait  des  Karlings). 

Du  roi  Clolaire  II,  dit  la  Chronique  de  Marchiennes  (3), 
naquirent  le  roi  Dagobert  et  Blithilde,  qui,  suivant  d'autres 
auteurs,  était  une  fille  du  roi  Clolaire  Ier  (4).  Elle  épousa 
Ansbert,  «  de  qui  sortit  la  race  royale  des  Carolides  r>(undè 
processit  Karolida  progenies  regalisj.  Trois  princes  célè- 
bres naquirent  de  cette  union:  le  duc  Adalbald,  le  maire 

(1)  Commentarius  praevius,  §  I,  2,  dans  les  Acta  sanctorum,  Februarii 
t.  III,  p.  260. 

(2)  Pepinus  Saxo,  pater  S.  Gertrudis,  cognalus  prefati  principis. 
Acta  sanctorum,  loc.  cit.,  t.  I,  p.  313. 

(3)  Acta  sanctorum,  Februarii  t.  I,  p.  303 
'4)  Celle  incertitude  est  à  noter. 


(  tn  ) 

du  palais  Erchinoald  et  le  comte  Sigebert.  Adalbald  avait 
de  grandes  possessions  près  de  la  Lys;  il  fut  très  puissant 
à  la  cour  de  Dagobert  et  de  son  (ils  Sigebert  II,  et  s'allia 
à  la  fondatrice  de  l'abbaye  de  Marchiennes,  sainte  Riclrude, 
dont  il  eut  saint  Mauronte,  Clotsende,  également  abbesse 
de  Marchiennes,  Adalsende,  Eusébie,  femme  du  roi  Dago- 
bert (Dagobert  II?).  Son  frère  Erchinoald  avec  qui,  à  ce 
que  l'on  prétend,  il  fonda  le  château  de  Douai  et  l'église 
voisine  de  Notre-Dame,  dite  depuis  Sainl-Amé,  fut  prince 
et  palrice  dans  le  royaume  de  Clovis  en  Neuslrie,  comme 
son  parent,  Pépin  le  Saxon,  père  de  sainte  Gerlrude,  l'était 
dans  le  royaume  de  Sigebert. 

Il  est  inutile  de  tenter  d'apporter  la  lumière  dans  ces 
légendes  ténébreuses,  où  les  noms  vraiment  historiques 
ne  sont  reproduits  que  pour  étayer  des  prétentions  injus- 
tifiables. Tantôt  on  veut  entourer  de  l'auréole  d'une  illustre 
origine  chaque  fondateur  d'une  retraite  monastique, 
tantôt  on  veut  rattacher  à  la  race  mérovingienne  la 
famille  qui  la  supplanta  ou  celle  des  maires  du  palais  qui 
se  disputèrent  le  pouvoir  en  son  nom.  L'idéal  sous  ce 
rapport  est  le  tableau  généalogique  dont  le  père  Malbrancq 
a  accompagné  le  tome  premier  de  son  ouvrage  sur  la 
Morinie  (1).  On  y  voit,  reliés  les  uns  aux  autres,  une 
foule  de  forestiers,  de  saints,  de  comies  imaginaires,  tous 
issus  d'un  Léger,  comte  de  Boulogne,  d'Amiens,  de 
Térouanne,  de  Turnehem,  et  de  sa  femme  Gontix,  qui 
auraient  vécu  vers  l'an  484.  C'est  d'une  audace  dont  rien 
n'approche;  cela  forme  un  digne  pendant  au  crayon  généa- 
logique de  saint  Orner  et  de  saint  Berlin  et  au  tableau  des 


(1)  De  Morinis  et  Morinorum  rébus,  l.  1,  p.  299. 


(  178 
armoiries  des  saints  et  des  subdivisions  de  la  Morinie, 
exhibés  dans  le  même  ouvrage  (1). 

N'ajoutons  donc  aucune  confiance  à  ces  données 
généalogiques,  d'une  exactitude  suspecte.  La  famille  des 
Pépins  appartient  à  la  Hesbaie,  où  se  trouvaient  ses  pos- 
sessions principales.  N'est-il  pas  téméraire  d'y  rattacher 
saint  Trond,  le  fondateur  de  l'abbaye  de  ce  nom,  saint 
Bavon  ou  d'autres  personnages?  N'est-ce  pas  abuser  de 
ressemblances  peut-être  fortuites  que  d'établir  une  corré- 
lation étroite  entre  la  syllabe  Karl  ou  Charles,  qui  se 
retrouve  aussi  dans  Carloman;  le  mot  anglo-saxon  ceorl, 
qui  signifie  homme  libre  ou  noble  de  rang  inférieur,  et  le 
terme  flamand  kerel,  par  lequel  on  semble  avoir  désigné, 
avec  une  nuance  de  mépris,  les  gens  du  peuple,  les  colve- 
kerli  ou  porteurs  de  massue  du  XIe  siècle  (2)  et  les  kerels 
séditieux  du  XIVe  (3)?  Je  ne  saisis  pas  bien  les  motifs  pour 


(1)  De  Morinis,  etc.,  p.  272,  et  en  tèle  du  volume,  après  le  tilre. 

(2)  C'est  Lambert  d'Ardres  {Chronicon  Ghisnense  et  Ardense,  c  36) 
qui  nous  a  conservé  leur  souvenir.  Ceux  que  l'on  qualitiail  de  Colvekerle, 
d'après  le  mol  colf,  signifiant  massue,  formaient  la  masse  des  cultivateurs 
dans  le  comté  de  Guines,  mais  on  ne  voit  pas  que  la  même  épithète  ait 
été  appliquée  à  d'autres  populations  de  la  Flandre. 

(3)  C'est  dans  une  vieille  chanson  dont  le  texte  a  paru  dans  la  Neder- 
landsche  Dichterhalle  (p.  57)  que  le  mot  Kerel  est  employé  comme  un 
sobriquet  désignaut  un  parti.  Celte  chanson  n'est  ni  signée,  ni  datée; 
mais  on  a  supposé,  avec  raison,  qu'elle  datait  du  commencement  du 
XIV'  siècle  et  qu'elle  avait  été  composée  à  l'occasion  du  soulèvement 
des  Flamands  du  pays  de  Furnes  et  de  la  contrée  environnante  contre 
les  nobles.  Le  poète  se  moque  de  ces  Kerels  mal  vêtus,  vivant  de 
pain  et  de  fromage,  qui  voulaient  dompter  les  chevaliers  {die  rudders 
dwinghen).  Kerel,  en  français  on  dirait  voyou,  plus  tard  on  a  dit  gueux, 
n'est  qu'un  terme  insultant  dans  lequel  on  se  perdrait  à  démêler  une 
allusion  à  une  origine  distincte  Pourtant  Victor  de  Rode,  dans  le  travail 
que  j'ai  déjà  cité  (pp.  66  et  suivantes),  fait  des  Kerels  flamands  une 
peuplade  distincte,  rivale  des  Saxons  (p.  70),  etc.  Lui  et  Conscience  ont 
vu  des  Kerels  dans  tous  les  mécontents  de  la  Flandre  au  moyen  âge  et 
donnent  à  ce  mot  une  importance  qu'il  ne  mérite  pas. 


(  179) 

lesquels  on  aurait  donné  à  quelques  membres  de  la  famille 
des  Pépins  les  noms  de  Charles  et  de  Carloman,  s'ils  n'a- 
vaient eu  une  signification  glorieuse.  D'autre  part,  comment 
kerel,  que  Ton  suppose  l'équivalent  de  karl,  a-t-il  pu  être 
attribué,  tantôt  aux  gens  que  l'on  flétrissait  en  leur  défen- 
dant de  porter  d'autre  arme  que  la  massue,  et  en  leur 
imposant  des  taxes  odieuses;  tantôt  à  ce  populaire,  appau- 
vri el  mécontent,  dont  la  chevalerie  se  proposait  de  triom- 
pher par  le  massacre  el  qu'il  accablait  d'injures?  Entre  un 
Karling,  un  parent  de  Charlemagne,  un  être  noble  el  lier 
par  conséquent,  et  un  kerle  relégué  dans  la  plèbe,  pou- 
vait-il alors  y  avoir  quelque  chose  de  commun?  On  ne 
démêle  pas  bien  le  lien  qui  rejoint  l'un  à  l'autre  et,  tout 
en  admettant  que  par  la  suite  des  siècles  l'emploi  d'un 
mot  a  pu  subir  de  grandes  variations,  comme,  par  exem- 
ple, celui  du  mot  latin  miles  qui,  après  avoir  signifié  cheva- 
lier au  moyen  âge,  se  traduit  aujourd'hui  par  soldat,  on 
doit  éviter  une  confusion  fâcheuse  et  ne  pas  faire  songer 
aux  mœurs  d'une  époque  lorsqu'on  parle  d'un  temps  tout 
différent.  Les  kerels  de  la  Flandre  n'ayant  rien  de  commun 
avec  les  Kartings  ou  Carlovingiens,  il  est  impossible 
d'attribuer  à  ceux-ci  une  origine  flamande  et  encore  moins 
saxonne;  il  faut  les  laisser  à  l'Austrasie  et,  en  particulier, 
à  la  Hesbaie  (1). 


(  1  )  Où  a-t-on  vu  que  la  côte  de  la  Flandre,  de  Calais  au  pays  de  Waes, 
s'appelait  jadis  Karlingaland  (Pays  des  Karlings  ou  des  Kerle)?  Cette 
désignation,  restée  inconnue  jusqu'à  ce  jour,  a  été  révélée  à  Conscience 
par  Victor  de  Rode,  mais  il  a  mal  compris  son  guide.  C'était  la  Gaule  que 
les  Normands  appelaient  Kerlingaland  (Annales  du  comité  des  Flamands 
de  France,  t.  VIII,  p.  51),  par  l'exceilenle  raison  qu'elle  obéissait  aux  des- 
cendants du  grand  Charles  ou  Charlemagne  :  Kerling,  Carolide  ou  Carlo- 
vingien;  land,  terre,  contrée.  Il  ne  s'agissait  ici  ni  de  la  Flandre,  ni  des 
Kerels. 


(  i80  ) 

Adelard  et  Wala,  pelils-fils  de  Charles  Martel,  sont-ils 
des  Saxons  nés  dans  le  territoire  de  Huysse,  en  Flandre? 
Ou  ne  peut  rien  alléguer  en  faveur  de  cette  opinion  émise, 
pour  la  première  fois,  par  Jacques  De  Meyere,  au  XVIe  siè- 
cle (I),  si  ce  n'est  le  fait  que  Huysse  était  un  domaine  de 
l'abbaye  de  Corbie,  en  Picardie,  où  Adelard  et  Wala 
furent  moines.  La  charte  de  donation  de  Huysse  à  ce 
monastère,  dont  j'ai  le  premier  fait  connaître  le  texte  (2), 
infirme  complètement  l'assertion  du  vieil  écrivain  flamand. 
En  864,  Huysse  n'était  qu'un  simple  hameau,  dépourvu 
d'église,  n'ayant  aucune  relation  avec  Corbie,  à  qui  il  fut 
alors  donné  par  un  comte  du  nom  de  Conrad.  Pourquoi 
Adelard  et  Wala  y  seraient-ils  nés? 

Quant  à  Anschaire,  c'était  un  Saxon,  et  un  prélat  con- 
temporain, Hincmar,  lui  donne,  en  effet,  cette  qualifica- 
tion; mais  qu'avait-il  de  commun  avec  la  Flandre?  Né 
en  801,  probablement  du  côlé  de  Hambourg,  comme  les 
Bollandistes  le  supposent  (5),  il  fut  le  premier  évêque  de 
celte  ville.  Si  on  lui  donna  le  cella  ou  prieuré  de  Thou- 
rout  et  le  monastère  de  Renaix,  ce  fut  simplement  pour 
accroître  les  revenus  et  les  ressources  de  son  siège.  Sa  vie, 
écrite  par  son  disciple  Rembert,  ne  contient  rien  qui 
autorise  à  le  transformer  en  Flamand.  Vrédius  le  qualilie 
de  Turholtanus,  De  Meyere  transforme  Rembert  en  enfant 
de  Thourout;  mais,  encore  une  fois,  sur  quelle  autorité  ? 

La  Classe  se  rappellera  que,  dans  la  séance  du  mois 
d'août  1873,  je  lui  ai   lu   un   travail  intitulé:  La  légende 


(1)  De  Meyere,  ad  a.  808,  cilé  par  «î.  Kervyn  de  Leilenhove,  t.  I,p.  1-25. 

(2)  Un  diplôme  de  l'époque  carlovinyienne  concernant  le  village  de 
Huysse  (Bulletin  de  l'Académie,  2e  série,  l.  XXXVI). 

(3)  Acta  Sanctorum,  Februarii  t.  I,  p.  391. 


I  IS1  ) 
des  forestiers  de  Flandre  (1),  dans  lequel  je  démolissais 
par  des  arguments  auxquels  il  n"a  jamais  été  répondu  tout 
ce  qui  a  été  dit  de  ces  personnages  absolument  fabuleux. 
Cela  n'a  pas  empêché  deux  écrivains  fiançais,  MM.  Bertin 
et  Vallée. de  publier  tout  un  livre  sur  le  même  sujet,  livre 
où  il  est  beaucoup  question  des  forêts  et,  subsidiairement, 
des  forestiers  flamands  (2).  Ce  travail,  plus  heureux  que 
d'autres,  a  été  chaleureusement  accueilli  par  les  journaux 
et  revues  de  France  et  de  Belgique,  où  l'on  peut  compter 
jusque  vingt-cinq  articles  et  réclames  qui  en  font  mention, 
comme  l'un  des  deux  auteurs  précités  a  eu  soin  de  l'ap- 
prendre au  public  dans  une  suite  à  leur  travail  (3).  Je  signale 
à  \otre  attention  ce  dernier;  au  point  de  vue  historique,  il 
importe  de  dire  que  c'est  une  compilation  sans  critique  et 
ne  méritant  pas  une  réfutation  (4). 


(I  )  Bulletin  de  l'Académie,  i,e  série,  t.  XXVI. 

(2)  Etudes  sur  les  forestiers  et  rétablissement  des  comtes  héréditaires 
en  Flandre  (Arras,  1876,  in-8°),  et  Annexe  à  l'étude  sur  le  forestiers  et 
l'établissement  des  comtes  héréditaires  en  Flandre.  (Lille,  1879,  in-8°  ) 

(5)  Jules  Bertin,  Eludes  forestières  (Lille,  1879,  iu-8°). 

(-1)  Pour  donner  une  idée  de  la  légèreté  avec  laquelle  ce  travail  a  été 
rédigé,  je  me  bornerai  à  quelques  observations.  Suivant  les  auteurs, 
E^inhard,  écrivain  conlemporain,  déclare  que  Chailemagne  confia  la  con- 
duite des  Saxons  transplantés  de  la  Germanie  en  deçà  du  tthin  aux  soins 
de  Lideric  d'Harlebeke  Or,  Eginhard,  ni  aucun  écrivain  des  IXe,  Xe  et 
XIe  siècles,  ne  parle  ni  de  la  transplantation  des  Saxons  en  Flandre,  ni  de 
Lideric,  ni  d'Harlebeke.  —  Dans  la  relation  du  martyre  de  la  Légion  ihé- 
baine,  disent-ils  encore  (p  85),  les  Francs,  appelés  par  Carausius  à  son 
secours,  sont  placés  à  Boulogne  entre  les  frontières  de  la  Gaule  et  celle 
des  terres  occupées  par  les  Saxons  (Vitae  sanctortim.  septembris,  t.  VI, 
pp.  342-345).  Cette  cilalion,  empruntée  à  l'Histoire  de  la  Flandre,  de 
M.  Kervyu  de  Lelteuhove  (t.  I,  p.  25,  note  5),  n'est  pas  exacte;  du  moins 
le  sens  n'en  est  pas  fidèlement  rendu.  D'après  le  légendaire,  Carausius 
machinait  une  entreprise  contre  la  domination  romaine,  dans  la  province 
qui  lui  était  confiée,  près  de  l'Océan,  la  où  les  Francs,  déjà  expulsés  de 


(   182  ) 
Mais,  d'autre  part,  je  puis  alléguer,  en  faveur  de  mon 


leur  territoire  pour  la  seconde  fois,  s'étaient  établis  prés  des  limites  des 
Gaulois  et  des  Saxons  (juxta  Gallorum  et  Saxorium  confinia).  En  effet, 
les  Francs  se  fixèrent,  vers  l'an  500,  dans  la  Belgique  septentrionale,  à 
proximité  des  Gaulois  (la  France  et  la  Belgique  wallonne)  et  des  Saxons 
(le  pays  des  Frisons  et  celui  des  Saxons  transrhénans,  la  Westphalie,  le 
Hanovre,  la  Saxe).  Il  n'est  pas  question  de  Boulogne,  il  n'est  pas  question 
de  la  Flandre  dans  tout  cela ,  et  c'est  à  tort  que  l'on  voit  dans  le  passage 
cité  plus  haut  une  mention  formelle  de  «  l'établissement  des  colonies 
saxonnes  dans  le  Flaenderland  ». 

Au  surplus,  la  légende  du  martyre  de  la  Légion  thébaine  est  un  récit 
dont  la  rédaction  est  de  longtemps  postérieure  au  IVe  siècle;  tantôt  on 
l'attribue  à  un  saint  Euchère,  évèque  de  Lyon  au  Ve  siècle,  tantôt  on  en 
rejette  la  rédaction  au  VIe  siècle  et  l'on  y  constate  des  interpolations. 

Il  serait  temps  de  garder  un  silence  absolu  sur  les  fausses  armoiries 
attribuées  aux  premiers  comtes  de  Flandre  et  plus  erronément  encore 
(Berlin  et  Vallée,  loc.  cit.,  p.  37)  aux  grands  forestiers. 

La  forêt  Charbonnière  ne  s'est  jamais  étendue  jusqu'à  Landrecies  (les 
mêmes,  p.  "23):  elle  se  trouvait  entre  Enghieti  et  Charleroi  (voir  Duvivier, 
le  Hainaut  ancien,  pp.  13  et  suiv.)  et  n'a  jamais  rien  eu  de  commun  avec 
les  forestiers  d'Harlebeke. 

Le  croirait-on?  M.  Vallée  [Annexe  citée,  p.  21)  allègue,  comme  preuve 
de  l'occupation  des  côtes  de  la  Flandre  par  des  colonies  Scandinaves,  les 
huit  vers  suivants,  empruntés  à  un  vieux  poème  latin,  de  l'époque  de 
Charlemagne ,  les  Gesta  Caroli  magni  : 

Cumqne  novas  Angli  sedes  sibi  quœrere  vellent 
Saxonesque  simul  hinc  invasere  féroces. 
Expulsi  slatim  veleres  cessere  coloni. 
Maxima  pars  quorum  fugiens  mare  Iransiit,  alque 
Gallia  qua  fines  habet  extremos,  ibi  tandem 
Fluctibus  Oceani  quœ  proxima  viderai  arva 
Delinuil,  quibus  in  terris  hue  usque  moratur 
Indicium  palriœ  solo  dans  nomine  priscœ. 

(Duchesne,  Historiœ  Francorum  scriptores, 
t.  II,  p.  148.) 

C'est-à-dire: 

*  Lorsque  les  Angles  voulurent  se  procurer  de  nouvelles  demeures  et 


(  <85) 
opinion,  une  autorité  bien  forte;  elle  m'était  restée  incon- 
nue bien  qu'elle  soit  signalée  par  M.  le  baron  Kervyn  de 
Lettenhove  dans  son  Histoire  de  la  Flandre,  avec  quelque 
dédain,  il  est  vrai  (1).  Cette  autorité,  c'est  le  chapitre  d'Har- 
lebeke,  de  cette  petite  ville  où  on  place  la  résidence  des 
forestiers  et  où,  dit-on,  on  voyait  leurs  tombeaux.  En 
1623  il  fut  question  de  supprimer  ce  chapitre  et  d'en  réu- 
nir les  prébendes  au  chapitre  métropolitain  de  Malines.  Ce 
projet,  qui  ne  se  réalisa  pas,  fut  favorablement  accueilli 
par  les  autorités  civiles  et  ecclésiastiques.  On  paraît  avoir 
allégué,  en  cette  occasion,  les  vieilles  traditions  répandues 
en  Flandre  depuis  des  siècles  an  sujet  des  forestiers.  Les 
chanoines  en  firent  bonne  justice  dans  un  mémoire  qui  a 
été  imprimé  dans  les  Opéra  diplomatica  (2)  et  dont  voici 
quelques  passages  : 

»  qu'en  même  temps  les  féroces  Saxons  envahirent  ce  pays,  les  anciens 
»  habitants,  expulsés,  partirent  aussitôt.  Le  plus  grand  nombre,  prenant  la 
»  fuite,  traversa  la  mer,  et  occupa  les  confins  extrêmes  de  la  Gaule,  ceux 
»  qui  sont  les  plus  proches  de  l'Océan.  Ils  séjournent  encore  dans  cette 
»  contrée,  où  ils  ont  donné  au  sol  le  nom  de  l'ancienne  patrie.  » 

Et  voilà  comment  l'établissement  des  Bretons  en  Bretagne  prouve  que 
les  Saxons  ont  colonisé  la  Flandre  ! 

Au  surplus  n'est-on  pas  en  droit  de  tout  attendre  d'écrivains  qui  mettent 
en  opposition  (Annexe,  p.  15),  à  propos  du  capilulaire  de  853,  où  il  est 
question  des  comtés  possédés  par  un  comte  nommé  Ingelram  ou  Enguer- 
rand  :  les  Bollandisles,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  Lambert,  chanoine  de 
Saint-Omer,  auteur  du  Liber  jloridus,  et  André  de  Marchiennes,  qui 
l'un  pas  plus  que  l'antre  ne  mentionnent  le  capitulaire  précité?  Les 
Bollandisles  ont  ton,  cela  va  sans  dire. 

(1)  «  Harlebeke  fut  le  centre  du  Lisgaauw,  selon  le  témoignage  constant 
•  des  traditions  les  plus  anciennes.  Tout  ceci  se  trouve  nié  avec  une 
»  étrange  assurance  dans  un  mémoire  des  chanoines  d'Harlebeke.  » 
M.  Kervyn,  t.  I,  p.  118.  —  Le  Lisgaitiv  ou  pagus  de  la  Lys,  dont  les 
limites  sont  encore  incertaines,  paraît  avoir  eu  pour  chef-lieu  Courlrai, 
qui  était  le  centre  d'un  pagus  ou  canton  important,  dit  de  Courtrai. 

(2)  T.  III,  pp.  168-171, 


(  184  ) 

«i  Ne  pouvant  la  dite  église  de  H;irlebeke  avouer  pour 
>  fondateur  ou  bienfaicteur  Lydericque  le  forestier;  car 
»  encorefque  ce  Lydericque  eut  basty  cy-devant  quelque 
»  église  au  dit  lieu  de  Harlebecke  et  qu'il  eust  été  enterré 
»  (ce  que  l'on  ignore),  sy  seroit  icelle  vieille  église  brûlée 
»  et  ruinée  totalement  plus  que  deux  cent  ans  devant 
»  l'édification  de  la  moderne  église  de  Harlebeke,  qui  est 
i>  bâtie  sur  un  autre  fond,  comme  conste  par  certaine  his- 
j>   toire  de  reliques  de  saint  Berlhulphe. 

»  Voire  les  aulheurs  mieux  versez  aux  antiquitez  de 
»  Flandres  doublent  si  ce  Lydericque  a  jamais  esté  in 
j>  rerum  nalura,  d'autant  que  es  véritables  histoires  des 
»  roys  de  France,  depuis  et  après  Charlemagne,  ny  mesme 
j>  les  mémoires  et  chartes  des  plus  ancienes  églises  de 
»  Flandres,  si  comme  de  Tournay,  Saint-Pierre  et  Saint- 
»  Bavon  à  Gand,  Saint-Vaasl  et  Saint-Berlin  en  Artoys, 
j>  alors  Flandres,  ny  es  légendes  des  saincts,  ne  se  trouve 
»  aucune  mémoire  au  vray  dudict  Lydericque,  non  plus 
»  que  du  fier  géant  Finart,  ou  d'aucun  autre  forestier. 
d  Joincls  que  les  mariages  et  enfants  que  l'on  leur  attribue 
»  ne  s'accordent  avec  les  histoires  véritables  des  provinces 
»   voisines.... 

»  El  partant  il  ne  se  faut  arresler  à  ce  que  quelque 
»  chanoine  de  Harlebeke,  suivant  l'erreur  vulgaire,  auroit 
»  naguères  faict  peindre  lesdicts  forestiers  prétendus  sur 
»  le  doxal  de  ladite  église,  comme  s'ils  y  eussent  estez 
»  enterrez,  ce  que  ne  se  trouverai. 

»  Car  il  est  vray  et  très  assuré  que  Baldewyn  le  pieux, 
»  avec  sa  femme  Adèle,  ont  construit  de  nouveau  icelle 
d  église  et  fondé  le  chapitre  auxdits  lieux  d'Harlebeke 
»  environ  l'an  1040,  sans  avoir  aucune  considération  à  la 


(  185  ) 
»  mémoire  des  forestiers,  desquels  eut  esté  faicl  quelque 
»  mention  honorable  es  lettres  de  ladicte  fondation,  au  cas 
»  que  par  les  fondateurs  ils  eussent  esté  recognus  ou  tenus 
»   pour  leurs  davangières  (1)  et  progéniteurs....  » 

Ces  extraits  suffisent.  On  peut  en  tirer  d'importantes 
conclusions. 

Il  n'existait  à  Harlebeke,  vers  l'an  1620,  aucun  souve- 
nir, aucun  témoignage  ancien,  aucun  vestige  attestant 
l'existence  des  soi-disant  forestiers.  Les  peintures  du  jubé 
de  l'église  paroissiale,  où  leurs  «  effigies  prétendues  »  se 
voyaient  reproduites,  étaient,  vers  1620,  de  date  récente; 
elles  étaient  dues  à  un  chanoine  plus  crédule  que  ses 
confrères  et  moins  scrupuleux  en  matière  historique.  On 
ne  pouvait  alléguer,  pour  justifier  ces  peintures  trom- 
peuses, des  sépultures  dont  on  ne  connaissait  pas  de 
traces. 

J'ai  déjà  exposé  ailleurs  l'inutilité  des  fouilles  faites  de 
notre  temps  à  Harlebeke  par  les  abbés  Carton  et  Van  de 
Pulte,  avec  plus  de  candeur  que  de  discernement,  pour 
retrouver  des  caveaux  qui  n'ont  jamais  existé;  J'ai  aussi 
signalé  le  sans-|,rêne  avec  lequel  on  a  altéré,  sans  doute 
afin  de  les  rendre  moins  suspectes  aux  yeux  de  la  critique, 
des  inscriptions  sans  valeur,  il  est  vrai,  mais  auxquelles  le 
respect  de  la  vérité  interdisait  de  donner  une  apparence 
de  vraisemblance  (2).  J'y  reviens  actuellement  parce  que 
l'on  ne  saurait  assez  blâmer  de  pareils  agissements. 


(1)  Ou  devanciers. 

(2)  Voir  mon  travail  intitulé  :  La  légende  des  forestiers,  p.  7,  eu  note. 
—  Cette  question  a  donné  lieu  à  noire  époque  à  des  publications  qui  ont 
jeté  sur  elle  bien  peu  de  jour.  Citons,  entre  autres  ouvrages  : 

Le  Mémoire  sur  les  forestiers  de  Flandre,  envoyé  à  la  Société  des 


(  186  ) 
Ce  n'esl  pas  adopler  légèrement  une  idée  nouvelle  que 
de  rejeter  toutes  les  historiettes  répandues  sur  les  forestiers 
et  leur  séjour  à  Harlebeke.  On  a  beau  habiller  à  nouveau 
ces  inventions  des  trouvères,  inventions  dont  le  but  réel 
est  bien  facile  à  saisir,  celui  de  rehausser  les  premières 
pages  des  annales  de  la  ville  de  Lille  et  de  ses  alentours; 
on  a  beau  alléguer  de  vagues  ressemblances  entre  le  carac- 
tère du  maire  du  palais  Erchinoald,  figure  pâle  et  indécise 
dont  l'histoire  s'occupe  à  peine,  et  celui  d'un  Salvart  ima- 
ginaire, prince  de  Dijon  (1),  époux  d'Ermengarde,  fille  de 
Gérard  de  Roussillon  (2),  et  tué  en  620  pendant  un  voyage 
au  pays  de  Bucq  près  de  Lille,  dans  la  Forêt  sans  merci  (5), 
par  le  tyran  Finart,  en  lequel  on  veut  retrouver  l'image 
affaiblie  du  fameux  Ebroïn,  le  maire  du  palais  dont  les 
cruautés  assombrissent  le  règne  de  plusieurs  rois  méro- 
vingiens; on  a  beau  rapprocher  le  nom  de  Leutheric,  (ils 
d'Erchinoald  et  maire  du  palais  du  roi  de  Neustrie 
Thierri  III,  tué  par  ordre  d' Ebroïn  en  l'année  674,  et 
celui  d'un  premier  Lideric,  fils  de  Salvart,  miraculeuse- 


antiquaires  de  la  Moriuie,  à  Saint-Omer,  pour  le  concours  de  1834,  par 
D.  Loys,  major  de  la  gendarmerie  nationale  belge.  Saint-Omer,  Chauvin, 
28  pages  in-8°  (extrait  des  Mémoires  des  antiquaires  de  la  Morinie; 
ensuite  traduit  en  flamand  et  publié  en  supplément  dans  la  Gazette  van 
Gent,  in-folio). 

Brussarl,  L'origine  du  comté  de  Flandre  d'après  des  chroniques 
inédites,  avec  des  observations  sur  les  prétendus  forestiers  de  Flan- 
dre, etc.,  etc.  Douai,  1878,  in-8°,  etc.,  etc. 

(1)  Il  faudrait  admettre  qu'au  VIIe  siècle  Dijon  avait  des  princes  parti- 
culiers. 

(2)  Gérard  de  Roussillon  vécut,  non  au  commencement  du  VIIe  siècle, 
mais  au  milieu  du  IXe. 

(3)  11  y  a  des  érudits  qui,  sérieusement,  ont  fait  des  recherches  sjr 
cette  forêt  poétique. 


V  187  ) 
ment  né  dans  le  bois  de  Bucq,  et  qui  tue  Finart,  après 
des  aventures  romanesques  qu'Oudegherst  a  complaisam- 
ment  reproduites  et  dans  lesquelles  il  n'y  a  pas  un  mot  de 
vrai  (1);  eniin  on  a  beau  alléguer  qu'il  y  avait  dans  l'empire 
franc  des  forestiers,  ce  que  personne  d'ailleurs  ne  conteste  ; 
on  ne  réussira  jamais  à  établir  que  les  pagi  de  la  Flandre 
ont  été  gouvernés,  d'une  manière  spéciale,  par  des  officiers 
royaux  portant,  non  le  titre  de  comte,  mais  celui  de  fores- 
tier. Les  espaces  couverts  d'arbres,  les  bois  étaient  sans  nul 
doute  confiés  à  des  dignitaires  spéciaux  chargés  d'en 
surveiller  l'exploitation  et  l'entretien  au  profit,  soit  du 
domaine,  soit  des  grands  propriétaires,  cela  est  incontes- 
table; mais  ce  que  l'on  appela  depuis  la  Flandre  n'était 
pas  dans  ce  cas;  il  suffit  de  parcourir  les  carlulaires  et  les 
chartriers  des  grandes  abbayes  de  Saint-Pierre,  de  Gand, 
et  de  Saint-Bertin,  de  Saint-Omer,  pour  s'assurer  que  l'on 
y  comptait  de  nombreux  villages  entourés  de  champs 
cultivés,  de  prés,  de  pâtures,  et  où  l'on  établissait  des 
églises  et  disposait  de  la  propriété  du  sol  sans  faire  men- 
tion de  l'intervention  de  forestiers  imaginaires  (2). 

Dans  son  Histoire  des  comtes  de  Flandre  (3),  Edward 
La  Glay  se  pose  la  question  suivante  :  «  Qu'était-ce  que 
»  ces  forestiers  héroïques,  ces  sortes  de  demi-dieux  qui 
»  précèdent  les  comtes,  et  sur  lesquels  on  a  débité  tant  de 
»  merveilles?  Certes,  ajoute  cet  auteur,  tout  n'est  pas 


(1)  Finart  et  Salvart,  voilà  deux  mots  bien  trouvés  et  qui  nous  révèlent 
immédiatement  l'origine  romane  (ou  française)  de  la  légende,  inventée 
sans  doute  du  XII*  au  XIVe  siècle  par  quelque  trouvère  lillois. 

(2)  Sous  ce  rapport,  le  diplôme  de  donation  de  l'église  de  Roxem  à 
l'abbaye  de  Saint-Bertin,  en  745,  est  concluant.  Warnkônig  et  Gheldolf, 
Histoire  de  la  Flandre,  t.  I,  p.  321,  en  ont  donné  un  texte  excellent. 

(5)  T.  I,  p.  23. 


(  188  ) 

»  fabuleux  dans  leur  histoire;  il  n'y  a  point  de  tradition 
»  qui  ne  renferme  un  peu  de  vérité,  il  n'y  a  point  de 
»  mythologie  qui  n'ait  ses  fondements  et  sa  raison.  A  notre 
»  sens,  les  forestiers  ont  existé;  non  pas,  sans  doute, 
»  dans  l'ordre  héréditaire  et  avec  la  puissance  que  leur 
»  attribuent  quelques-uns  de  nos  vieux  chroniqueurs  ; 
»  mais  ils  ont  vécu,  ils  ont  administré,  sinon  le  pays,  du 
»  moins  une  portion  du  pays,  sinon  comme  chefs  absolus, 
j>  du  moins  comme  délégués  de  la  souveraine  puissance.  » 

Il  est  inutile  de  faire  ressortir  ce  qu'il  y  a  de  vicieux  dans 
cette  argumentation.  Depuis  quand  suffit-il  d'une  tradition 
pour  justifier  l'admission  d'un  fait  ou  d'une  institution? 
Depuis  quand  suffit-il  de  fabriquer  un  roman  où  tout  est 
faux  :  noms,  indications  topographiques  et  chronologiques, 
peintures  des  coutumes  et  des  usages,  pour  le  faire  passer 
à  l'état  de  document  approximatif?  Sans  doute,  si  l'on  ren- 
contre quelques  indices  justifiant  le  fait  principal  rapporté 
dans  un  récit  légendaire,  ce  dernier  acquiert  une  appa- 
rence de  vraisemblance  dont  on  doit  tenir  compte.  Mais 
tel  n'est  pas  le  cas,  car  rien  ne  milite  en  faveur  de  la 
légende  des  Lideric.  Les  forestiers  n'ont  pas  plus  existé 
que  les  fabuleux  rois  de  Tongres. 

Le  deuxième  Lideric  apparaît  dans  des  conditions  aussi 
inacceptables  que  le  premier  et  rien  de  ce  que  l'on  dit  de 
lui  ne  soutient  l'examen.  Tantôt  on  l'amène  du  Portugal 
(qui  était  alors  au  pouvoir  des  Arabes)  pour  combattre  à 
côté  de  Charles  Martel,  et  à  ce  chevalier,  qui  bataille  au 
commencement  du  VIIIe  siècle,  antérieurement  à  1Â>\, 
«  Charlemagne  donne  le  pays  et  forestage  de  Flandre  » 
en  792;  alors  Lideric  se  retire  à  Harlebeke  et,  après  sa 
mort,  laisse  ses  domaines  à  Enguerrand,  qu'il  avait  eu 
d'Ermengarde,  fille  de  Gérard  de  Roussillon.  Or,  Gérard  de 


(  i89  ) 

Roussillon,  son  prétendu  beau-père,  ne  mourut  que  vers 
l'an  860  (1).) 

Selon  d'autres  récits,  Charlemagne  transplante  dans  la 
Gaule  Belgique  les  Saxons  vaincus  par  lui  en  Allemagne, 
avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  leur  donne  pour  y 
habiter  la  côte  de  la  Flandre,  et  nomme  Lideric  préfet  de 
la  mer  (2).  Tantôt  celui-ci  aide  le  roi  Charles  à  «  repousser 
de  la  Flandre  une  certaine  race  d'hommes  (3)  »;  tantôt  il 
«  réprime  les  brigands,  les  assassins  et  autres  malfaiteurs 
»  qui  tenaient  presque  tout  le  pays  en  leur  pouvoir,  de 
»  telle  sorte  que  de  toutes  parts  les  habitants  et  les  voya- 
»  geurs  se  trouvaient  exposés  à  être  pillés  et  mis  à  mort. 
»  Leurs  cruelles  dévastations  se  ralentirent  à  l'arrivée  de 
>  Lideric;  mais  quels  que  fussent  ses  efforts,  il  ne  put 
»  atteindre  leurs  chefs,  car  dès  qu'ils  avaient  terminé  leurs 
»  excursions  et  exécuté  leurs  sanglantes  entreprises,  ils  se 
»   réfugiaient  dans  de  vastes  et  sauvages  forêts  (4)  » . 

Ce  Lideric  qui  reçoit  le  gouvernement  de  la  Flandre, 
tantôt  en  785,  tantôt  en  792;  ce  Lideric,  qualifié  tour  à 
tour  de  forestier,  d'amiral,  de  chef  d'armée,  fait  plus  que 
d'offrir  une  personnalité  fabuleuse.  Dans  le  cadre  où  on 
affecte  de  le  placer,  il  présente  une  image  trompeuse  de 
l'état  de  la  Flandre  à  son  époque.  Ce  n'était  nullement  un 
pays  couvert  de  forêts,  presque  désert  et  inculte;  c'était  au 
contraire  une  contrée  habitée  par  des  populations  très 
civilisées,  mais  ayant  le  tort  de  tenter  l'essai  d'inslitu- 


(1)  Voir  d'Oudegherst  (édit.  de  Lesbroussarl),  i.  I,  p.  80. 

(2)  Ibid.,  t.  I ,  p.  85 

(3)  De  Meyere,  à  l'année  804,  cité  par  M.  Kervyn  de  Lellenhove,  loc.  cit. 
p.  120. 

(4)  Despars,  t.  I,  p.  95,  et  Van  Vaemewyck,  IV,  18,  cités  par  le  même 
loc.  cit.,  p.  121. 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  14 


(  190  ) 
lions  perfectionnées.  Sous  le  nom  de  gildes,  il  s'était 
formé,  dans  la  Flandre  proprement  dite  et  le  Menpisc,  des 
associations  dont  les  membres  s'unissaient,  non  comme 
les  pirates  danois,  les  Normands,  pour  conquérir  et  piller, 
mais  pour  se  secourir  en  cas  de  naufrage  ou  d'incendie,  de 
véritables  sociétés  de  secours  mutuels.  Charlemagne  et 
Louis  le  Débonnaire  lancèrent  contre  ces  modestes  gildes 
les  foudres  de  leurs  capilulaires,  mais  l'histoire  les  a 
réhabilitées  et  les  considère  comme  un  des  éléments  con- 
stitutifs de  la  grandeur  de  la  Flandre  au  moyen  âge  (1). 

Finissons  par  une  réflexion  empruntée  aux  mœurs  de 
notre  temps. 

On  formerait  une  liste  interminable  des  noms  de  ducs, 
de  comtes,  de  marquis,  etc.,  sortis  depuis  soixante  ans  de 
la  féconde  imagination  des  romanciers  et  des  dramaturges 
français.  Pas  un  roman  qui  n'ait  parmi  ses  héros  un  gentil- 
homme, pas  une  pièce  de  comédie  où  il  n'apparaisse  un  ou 
plusieurs  nobles.  Celui  qui,  plus  tard,  voudra  juger  la 
société  française  du  XIXe  siècle  sur  ces  données,  s'imagi- 
nera que  les  grands  rôles  y  étaient  constamment  joués 
par  des  personnalités  sorties  de  la  noblesse;  il  acceptera 
difficilement  la  réalité,  et  peut-être  se  livrera-t-il  à  de 
pénibles  recherches  pour  retrouver  la  filiation  sans  tache 
de  roture  et  les  parchemins  de  Guizot  et  de  Thiers,  de 
Berryer  et  de  Gambetta,  de  Littré  et  de  Pasteur,  de  tant 
d'hommes  éminents  dans  tous  les  genres.  Et  quand  on  lui 
présentera  les  faits  dans  leur  réalité,  il  demandera,  non 
sans  raison,  pourquoi  des  esprits  sains  et  vigoureux,  écri- 
vant dans  une  république,  au  sein  d'une  société  toute 
démocratique,  ont  affecté  de  présenter  à  leurs  lecteurs 

(i)  Voir  mes  Libertés  communales,  t.  I,  pp.  157  et  suivantes. 


(  i91  ) 
leurs  personnages  fictifs  dans  des  milieux  à  tournure 
aristocratique.  Il  devra  le  reconnaître  une  fois  de  plus, 
les  œuvres  de  pure  imagination  n'offrent  pas  toujours  un 
reflet  fidèle  des  mœurs  et  des  usages  d'une  nation;  elles 
récèlent  plus  d'un  écueil  pour  celui  dont  le  but  est  de 
rétablir  la  vérité  des  faits  dans  les  limites  les  plus  larges 
du  possible. 


COMITE    SECRET. 

La  Classe  se  forme  en  comité  secret  pour  prendre  con- 
naissance de  la  liste  de  présentation  des  candidatures  aux 
places  vacantes. 


(  \n 


CLASSE  DES   BEAUX-ARTS. 


Séance  du  5  mars  1885. 

M.  Pauli,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  L.  Alvin,  vice-directeur  ;  L  Geefs, 
C.-A.  Fraikin,  le  chevalier  L.  de  Burbure,  Ad.  Sirel, 
Ern.  Slingeneyer,  A.  Robert,  F.-A.  Gevaerl,  Ad.  Samuel, 
Jos.  Schadde,  Peter  Benoit,  Jos.  Jaquet,  J.  Demannez, 
P.-J.  Clays,  Ch.Verlat,  Gust.  Biot,  H.  Hymans,  membres; 
le  chevalier  X.  van  Elewyck,  Joseph  Stallaert,  Alex. 
Markelbach,  le  chev.  Edm.  Marchai  et  Jos.  Du  Caju,  cor- 
respondanls. 

M.  Chalon,  membre  de  la  Classe  des  lettres,  assiste  à  la 
séance. 


CORRESPONDANCE. 

La  Classe  apprend  avec  un  vif  sentiment  de  regret  la 
perte  qu'elle  vient  de  faire  en  la  personne  de  l'un  des 
membres  titulaires  de  la  section  des  sciences  et  des  lettres 
dans  leurs  rapports  avec  les  beaux-arts  :  M.  Félix  Stap- 
paerls,  né  à  Louvain  le  25  avril  181 2  et  décédé  à 
Bruxelles  le  3  mars  courant. 

M.  le  directeur  annonce  à  ses  confrères  qu'il  se  fera 


(  193  ) 
l'interprèle  des  sentiments  (Je  la  Classe  pour  prononcer 
les  adieux   académiques    lors   des   funérailles,  fixées  au 
samedi  7  de  mois. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  demande  l'avis  de  la  Classe  sur  le  buste 
en  marbre  de  feu  Charles-Louis  Hanssens,  ancien  membre 
de  la  section  de  musique,  dont  l'exécution  avait  été  confiée 
à  M.  Auguste  Vandenkerkhove.  —  Il  sera  donné  connais- 
sance à  M.  le  Ministre  du  rapport  fait,  séance  tenante, 
par  la  section  de  sculpture. 

—  MM.  Ch.  de  Linas  et  Camille  Saint-Saè'ns  accusent 
réception  de  leur  diplôme  d'associé. 

—  M.Joseph  Martin,  de  Visé, adresse  une  lettre  relative 
à  V échelle  musicale  du  mode  mineur.  —  Renvoi  à  l'exa- 
men de  M.  Gevaert. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Note  sur  Louis  Du    Tielt,  peintre   et  graveur  à  Ypres ; 
par  M.  Ch.  Piot,  membre  de  la  Classe  des  lettres. 

La  guerre  si  longue  et  si  sanglante  qui  sépara  les  pro- 
vinces septentrionales  des  Pays-Bas  de  celles  du  midi,  eut 
pour  notre  pays  les  résultats  les  plus  funestes.  Dès  ce 
moment  la  France  reprit  son  ancien  système,  celui  de 
démolir  pièce  par  pièce  le  vaste  empire  créé  par  les  ducs 
de  Bourgogne  et  la  maison  d'Autriche  entre  la  France  et 
l'Allemagne,  à  partir  de  la  Mer  du  Nord  jusqu'au  pied  des 
Alpes.  C'était  en  quelque  sorte  la  résurrection  du  royaume 


(  194  ) 
de  Lotharingie,  appelé  à  prévenir  les  guerres  entre  ces 
deux  pays. 

Pendant  la  lutte  de  l'Espagne  contre  les  Provinces-Unies 
et  plus  tard  encore,  la  France,  toujours  prête  à  agrandir 
son  territoire  aux  dépens  de  ses  voisins,  fit  successive- 
ment la  conquête  de  plusieurs  portions  notables  de  notre 
pays.  Enfin.,  elle  arriva,  en  1644,  devant  Gravelines,  dont 
elle  prit  possession,  en  dépit  d'une  belle  défense.  Ces  suc- 
cès ne  satisfirent  pas  encore  le  gouvernement  français; 
Mazarin  voulait  même  effacer  de  la  carte  de  l'Europe  les 
Pays-Bas  espagnols  en  entier. 

Au  moment  de  l'arrivée  à  Bruxelles  de  l'archiduc  Léo- 
pold,  l'Espagne  songea  sérieusement  à  réparer  ses  pertes. 
Le  nouveau  gouverneur  général  réussit  à  s'emparer  d'Ar- 
mentières  (23  mai  1647)  et  de  Landrecies  (18  juillet  sui- 
vant). Pendant  le  mois  de  juin  il  se  tenait  à  la  tête  de  son 
armée  dans  les  environs  de  Bsrgues-S'-Winnock  et  semblait 
vouloir  menacer  Gravelines.  En  ce  moment  un  humble 
artiste  yprois,  Louis  Du  Tielt,  voulut  être  utile  à  son  pays, 
dans  le  cas  où  l'archiduc  se  serait  décidé  à  reprendre 
cette  ville.  Il  avait  dessiné  depuis  longtemps,  à  la  demande 
du  marquis  de  Fuenles,  gouverneur  de  Dunkerque,  un 
plan  ou  une  vue  de  la  cité,  y  compris  le  fort  de  Sl-Phi- 
lippe,  le  port  nouveau  et  toutes  les  fortifications.  Ce  dessin 
avait  été  envoyé  par  lui  au  roi  d'Espagne,  mais  il  avait 
conservé  un  second  exemplaire  de  son  travail.  H  en  révéla 
l'existence  à  Antoine  Sanderus,  chanoine  de  la  collégiale 
d'Ypres  et  l'un  de  nos  savants  les  plus  distingués  du 
XVIIe  siècle. 

Comprenant  combien  ce  dessin  pouvait  être  utile  à 
l'archiduc  Léopold  en  cas  de  siège  de  Gravelines,  Sanderus 


(  195  ) 

lit  part  de  toutes  ces  circonstances  au  gouverneur  général 
par  la  lettre  reproduite  en  note  (i). 

Léopold  partageait  complètement  cet  avis  et  fit  écrire  à 
Sanderus  la  lettre  suivante  : 

Monsieur, 

S.  E.  ayant  receu  la  lettre  que  vous  luy  avez  escript  ce 
jourd'hui,  icelle  me  recommande  de  vous  dire  par  escript 
de  sa  part,  si  le  peintre,  que  vous  dictes,  veul  icy  apporter 
la  pièce  y  mentionnée  de  Gravelinghes,  que  S.  E.  le  satis- 
fera fort  bien,  vous  sachant  S.  E.  fort  grand  gré  du  soing 
que  vous  continuez  de  prendre  à  luy  faire  part  des  choses 
que  vous  jugez  utiles  au  service  de  S.  M.... 

Du  camp  de  Berghe-S'-Winnoi,  le  10  de  Juing  1647. 

(1)  ExCELLENTISSIME    DOMINE, 

Mandato  Domini  Marchionis  de  Fuentes  P.  M.  anle  annos  paucos  Ludo- 
vicus  du  Tielt,  piclor  Ypris  habitans,delineavit  valde  eleganter  et  accurate 
urbem  Gravelingam  cum  fortalitio  S.  Philippi  et  portu  uovo,  aliisque  pro- 
pugnaculis  et  circumjacenlibus  locis,  illius  delinealionis  protolypon  illo 
tempore  trausmissum  fuit  ad  Catholicam  Suam  Majestatem.  Restât  in 
manibus  illius  picloris  exemplar  aliud  illi  simile,  et  restât  in  iota  nostra 
palria  unicum,  quod  a  nemine  visum  bactenus  ipse  asserit.  Vidi  illud  ego 
jam  slalim,  et  quia  exislimo  idem  multum  servire  posse  Excellenliae 
Vestrae  in  istius  urbis  obsidione,  protinus  etiam  arripui  calamum,  alque 
illud  Excœ  Vestra  significare  volui.  Misissim  ipsam  imaginem,  uti  alia, 
quai  apud  me  jam  sunt,  lubentissime  mitto.  Sed  quia  praefatus  pictor,  ut 
pote  de  arte  illa  vivens,  mercedem  laboris  sui  a  "me  exigebat,  quam  ipsi 
suppedilare  extrema  mea  paupertas  non  patilur,  id  facere  nequaquam 
potui.  Deus  Opt.  Max.  diutissime  Exam  Vesiram  felicem,  cum  iota  exer- 
citu  eatholico  conservet,  et  vicioriis  inclytum,  contra  hostes  iniquos  et 
nimium  pétulantes  reddat.  Ypris  x  Junii  1647. 

Exceilentiae  Vestrae 

Devotissimus  Cappellanus  et  servus  Antonius  Sanderus, 
tam  et  scholasticus  Iprensis. 


(  196  ) 

Je  ne  connais  pas  dans  notre  pays  le  dessin  de  Du 
Tielt.  Il  est  possible  que  l'exemplaire  envoyé  au  roi  existe 
encore  dans  un  dépôt  public  en  Espagne? 

Ma  note  n'a  d'autre  but  que  celui  de  faire  connaître  un 
détail  inédit  concernant  Louis  Du  Tielt,  peintre  et  graveur 
né  à  Ypres,  et  fils  de  Guillaume  Du  Tielt,  autre  graveur, 
dont  feu  M.  Vander  Meersch  et  plus  lard  M.  Vandenpee- 
reboom  ont  retracé  la  vie  (1). 

Sans  vouloir  juger  du  mérite  de  l'œuvre  inconnue  de 
Louis  Du  Tielt,  je  crois  néanmoins  devoir  faire  remar- 
quer qu'au  XVIIe  siècle  et  antérieurement,  nos  artistes 
offraient  aux  rois  d'Espagne  des  productions  dignes  de 
figurer  dans  les  palais  somptueux  de  ces  monarques  et 
dans  leurs  riches  bibliothèques.  Les  gouverneurs  généraux 
et  les  hauts  fonctionnaires  fixés  dans  notre  pays  n'en- 
voyaient à  Madrid  que  des  œuvres  d'un  mérite  transcen- 
dant. Les  nombreux  objets  d'art  d'origine  belge  conservés 
en  Espagne  le  démontrent  à  l'évidence.  Si  le  dessin  de 
Du  Tielt  n'avait  pas  eu  de  belles  qualités,  Sanderus  n'en 
aurait  pas  fait  l'éloge  dans  sa  lettre  à  l'archiduc  Léopold. 


(1)  Vander  Meersch  a  publié  dans  la  Biographie  nationale  la  vie  de 
Guillaume  Du  Tielt,  que  M.  Vandenpeereboom  a  rectifiée  dans  son  travail 
intitulé  :  Guillaume  Du  Tielt. 


[  ^97  ) 
OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Laveleye  (Ém.  de).  —  Nouvelles  lettres  d'Italie.  Londres, 
Bruxelles,  1884;  in-8°  (176  pages). 

Mansion  (P.).  —  Théorie  de  l'élimination  entre  deux  équa- 
tions algébriques  au  moyen  des  déterminants.  Paris,  1884; 
in  8°  (38  pages). 

Mansion  (P.)  et  Neuberg  (J.).  —  Malhesis,  recueil  mathé- 
matique, t.  IV,  1884.  Gand;  in-8°. 

Masius.  —  L'antipyrine  dans  le  rhumatisme  articulaire. 
Bruxelles;  extr.  in-8°  (2  pages). 

Masius  et  Francotte  (Xavier).  —  L'anchylostome  duodénal, 
dans  le  hassin  de  Liège.  Bruxelles;  extr.  in-8°  (23  pages). 

Renard  (A.).  —  Recherches  sur  la  composition  et  la  struc- 
ture des  phyllades  ardennais.  Bruxelles,  1884;  extr.  in-8* 
(38  p..  pi.). 

De  la  Vallée  Poussin  (Ch.)  et  Renard  (A.).  —  Note  sur  le 
mode  d'origine  des  roches  cristallines  de  l'Ardenne  française. 
Liège,  1885;  extr.  in-8°  (20  pages). 

Dollo  (L.).  —  Première  note  sur  le  Simœdosaurien  d'Er- 
quelinnes.  Bruxelles,  1884;  extr.  in-8"  (52  p.,  2  pi.), 

Lameere  («/.).  —  De  l'histoire  du  droit  et  de  son  étude  ac- 
tuelle dans  les  Pays-Bas,  discours.  Bruxelles,  1 884  ;  in-8°  (50  p.). 

Hymans  (Paul).  —  Histoire  parlementaire  de  la  Belgique, 
2me  série,  1880-90:  session  ordinaire  de  1885-84.  Bruxelles, 
1885;  in-8-. 

Bouquiè-Lefebvre. —  Dangers  de  l'ivrognerie,  la  vie  et  la  fin 
de  l'ivrogne.  In-8°  (oblong). 

Massy  [A.).  —  Le  papyrus  de  Nebseni,  exemplaire  hiérogly- 
phique du  livre  des  morts  conservé  au  British  Muséum.  Gand, 
1885;  in-8°  (85  pages). 

Dubourg  (Charles).  —  Fables  nouvelles.  Liège,  1885;  in-8° 
(29  pages). 


(198) 

lie  us  eus  (le  chanoine).  —  Éléments  d'archéologie  chrétienne, 
2me  édition,  tome  I.  Louvain,  1885;  in-8°  (576  pages). 

Slerry  H  uni  (T.).  —  Les  divisions  du  système  éozoïque  de 
l'Amérique  du  Nord.  Liège,  1885;  extr.  in-8°  (10  pages). 

Bequel  (Alph.).  —  Caverne  sépulcrale  du  bel  âge  du  bronze 
à  Sinsin  (Namur).  Namur;  extr.  in-8°  (22  p.,  1  pi.). 

Dubois  (Alph.).  —  Revue  critique  des  oiseaux  de  la  famille 
des  Bucérotidés.  Bruxelles,  1884;  extr.  in-8°  (36  p.,  2  pi.). 

—  Remarque  sur  les  Alouettes  du  genre  Olocorys. 
Bruxelles,  1884;  extr.  in-8°  (8  p.). 

Gravis  (A.).  —  Recherches  anatomiques  sur  les  organes 
végétatifs   de   l'Urtica   Dioica  L.  Bruxelles,  1885;  vol.  in-4°. 

Harlez  (C.  de).  —  Dergi  Hese  jakôn  gôsa  de  wasimbuhangge 
(Recueil  de  décrets  adressés  par  l'empereur  aux  8  bannières). 
Leyde,  1884;  in-8°  (7  p.  +  8  p.). 

Bernimoulin  (E.).  —  Note  sur  la  division  des  noyaux  dans 
le  Tradescantia  virginica.Gand,  1884;  ext  in-8°  (10  p.,  pi.). 

Welvaarts  (Th.-Jgn.).  —  Rcu^el,  naar  de  archieven  van 
Posters  abdij.  Turnhout,  1877;  in-8°  (140  p.,  pi.). 

—  Geschiedcnis  der  abdij  van  Postel,  deel  I  en  II.  Turn- 
hout,  1879;  2  vol.  in-8°. 

—  Levensschets  van  Hermanus  Josephus  Beugels,  2d*  uit- 
gaaf.  Turnhout,  1881  ;  in-8°  (172  pages). 

—  Feestmedeeling  der  dubbel  zilveren  jubelplechtigheid  in 
de  abdij  van  Postel.  Turnhout,  1881;  in-8°  (90  pages). 

—  Geschiedcnis  van  Corsendonck,  deel  1  en  II.  Turnhout, 
1881;  2  vol.  in-8". 

—  Gedicht  op  Jacobus-Eduardus  Glénisson.  ln-8°  (23  p.) 

—  Postel  en  zijn  vroegere  invloed  in  Nederland  (50  -+-  28 
-+-15  pages). 

—  De  beersche  processie  naar  Scherpenheuvel.  Bois-le-Duc, 
1884;  in- 18  (80  pages). 

Levensschets  van  den  Norbertijn  L  van  Cannart  d'Ha- 

male.  Utrecht,  1884;  in-8°  (35  pages). 


(  199  ) 

Cercle  archéologique  de  Mous.  —  Annales,  t.  XVII.  In-8°. 

Société  d'émulation,  Bruges.  —  Annales,  1884,  4me  série, 
t.  VII.  In-8». 

Observatoire  royal  de  Bruxelles.  —  Annales,  nouvelle  série: 
Annales  astronomiques,  t.  V,  3e  fasc.  Bruxelles,  1885  ;  in-4°. 

Société  royale  de  botanique  de  Belgique.  —  Bulletin,  t.  XXIII. 
Bruxelles,  1884;  vol.  in-8°. 


Allemagne  et  Autriche-Hongrie. 

Hofmann  (A.-W.).  —  Zur  Erinnerung  an  Jean  Baptiste 
André  Dumas.  Berlin,  1885;  in-8°  (132  p.,portr.). 

—  Jean-Baptiste-André  Dumas,  traduit  par  Charles  Baye. 
Paris,  1880;  in-4°  (74  p.,  portr.). 

—  Complément  de  la  biographie  de  Jean-Baptiste-André 
Dumas.  Paris,  1885;  extr.  in-4°  (14  pages). 

Germanisches  IVationalmuseum.  —  Anzeiger,  Band  1, 1.  — 
Katalog  der  Glasgemalde  aus  altérer  Zeit.  —  Mittheilungen, 
Band  1, 1.  Nuremberg,  1884;  in-8°. 

Philomathiein  Neisse.  —  21.  und  22.  Bericht,  1879-84.  2  vol. 
in-8°. 

Verein  fiir  Natur-und  Heilkunde.  — ■  Verhandlungen, 
1881-83.  Presbourg;  in-8°. 


Amérique. 

Emst  (A.).  —  El  Guachamacâ.  Caracas,  1885;  in -8' 
(1  fi  pages). 

République  Argentine.  —  Annuaire  statistique  de  la  pro- 
vince de  Buenos -Avres  (Coni)  :  V'  année,  1881.  Buénos-Ayrcs, 
1884;  vol.  in-8°. 

Signal  Office,  Washington.  —  Report  for  1871 ,  1873, 1875, 
1876,  1878,  1881. 


(  200  ) 

Senate  of  the  U.  States  of  America.  —  Miscellaneous  docu- 
ments, 46lh  and  47lh  Congres  1880-81.  Washington,  188!  ;  vol. 
in  -8°. 

France. 

Stein  (Henri).  —  Étude  biographique,  littéraire  et  biblio- 
graphique sur  Olivier  de  la  Marche.  Paris,  1885;  in- 8° 
(H  pages). 

Him  (G.-A.).  —  Notice  sur  les  lois  du  frottement.  Paris, 
4884;  in-4°  (7  pages). 

Marion  (A. -F.).  —  Sur  les  caractères  d'une  conifère  ter- 
tiaire, voisine  des  Dammacées  (Doliostrobus  Sternbergi).  Paris, 
i884;  extr.  in-4°  (3  pages). 

Grande-Bretagne  et  Colonies  Britanniques. 

Murray  (John).  —  Physical  chart  of  the  world,  schowing 
the  track  and  soundings  of  H.  M.  S.  Challenger,  1875.  S.  1.  ni  d. 
(2  f.  in-plano). 

Mueller  (F.  von).  —  Select  extra-tropical  plants  readily 
eligible  for  induslfial  culture  or  naturalisation  ;  with  indica- 
tions of  their  native  countries  and  soine  of  their  uses.  Détroit, 
1884;  vol.  in-8°  (450  pages). 

Hinde  (George  Jennings).  —  Description  of  a  new  species 
of  crinoids  with  articulating  spincs.  [Londres,  1885];  extr. 
in-8"  (If)  pages). 

Geological  and  natural  history  Snrvey  of  Canada.  —  Com- 
parative vocabulairies  of  the  indian  trihes  of  british  Columbia, 
with  a  map  (Fraser  Tolmie  and  G.  Dawson).  Montréal,  1884; 
br.  in-8°  et  carte  in-plano. 

—  Descriptive  sketch  of  (lie  physical  geography  and  geology 
of  the  Dominion  of  Canada.  (A.  Selmyn  and  G.  Dawson.)  Mont- 
réal, 4884;  in-8°. 

Royal  Society  of  Queensland.  —  Proceedings,  1884,  vol.  I, 
1.  Brisbane;  in-8°. 


(  201  ) 

University  of  Edinburgh.  —  Records  of  the  tercentcnary 
festival.  —  Address  to  the  students  of  the  University 
(A.  Grant).  Edimbourg,  1885;  in-4°. 


Italie. 

Reumont  (A .  de). —  Il  palazzo  Fiano  di  Roma  e  Filippo 
Calandrini  Cardinale.  Rome,  1885;  extr.  in-8°  (8  pages). 

Celoriu  {G.).  —  Sull'apparizione  délia  Coraeta  di  Halley 
avvenuto  nell'  anno  4456.  Milan,  1885;  extr.  in-8°(12  pages). 

—  Comète  del  1457.  Milan,  1884;  extr.  in-4°  (2  pages). 

—  Sull'eclissi  totale  di  luna  avvenulo  il  4  octobre  del  1884. 
Milan,  1884;  extr.  in-8°  (4  pages). 

Luvini  (Jean).  —  Sept  études  sur  1°  l'état  sphéroïdal;  2°  les 
explosions  des  machines  à  vapeur;  3°  les  trombes;  4°  la  grêle; 
5°  l'électricité  atmosphérique;  C°  réfraction  latérale;  7°  l'adhé- 
sion entre  les  liquides  et  les  solides.  Turin,  1884;  vol.  in-8°. 

Ceri  (Gins.).  —  Biografia  del  commendatore  Luigi  Calori. 
Bologne,  1884;  in-8°  (32  pages). 

Amerighi  (Ugo^.  —  Tcorema  per  la  quadratura  del  circolo. 
Florence,  1885;  in -8°  (13  p.,  pi.). 

Bozzo  (S.  V.).  —  Una  cronaca  siciliana  inedita  del  secolo  XIV 
e  il  codice  Q  q  E  24  délia  biblioteca  comunale  di  Palermo. 
Bologne,  1884;  extr.  in-8°  (40  pages). 

Giovanni  (V.  di).  —  Ciulo  d'Alcamo  :  la  defensa,gli  agostari 
e  il  giuramento  del  contrasto  anteriori  aile  costtuzioni  del 
regno  del  1251.  Bologne,  1884;  in-8°. 

Letino  Carbonelli  [barone  di).  —  La  chiesa,  la  proprieta,  Io 
stato  nella  intimita  de'  loro  rapporti.  Naples,  1884;  vol.gr. 
in-8°. 

Roselli  (Ercole).  —  Armonia  assoluta  e  naturale  délie  scienze 
Hlosofiche  e  sociali.  Ancône,  1885;  vol.  gr.  in-8°. 

—  Logica  e  critica  sull'origine  délie  umane  cognizioni. 
Ancône,  1879;  pet.  8°  (400  p.). 


V  202  ) 

Carulti  (Domenico).  —  Brève  storia  délia  Accaderaia  dei 
Lincei.  Rome,  1885;  in-8°  (259  p.). 

R.  Osservatorio  di  Brera  in  Milano.  —  Pubblicazioni,  n. 
XVIII:  sui  temporali  (Italia  superiore)  durante  1879  (Ed.  Fini). 
Milan,  1885;  in-4°. 

Zoolog.  station  zu  Neapel,  — ■  Zoologischer  Jahresbericht 
fur  1883.  Leipzig,  1884-85;  4  vol.  in-8°. 

R.  Comitato  geologico  d' Italia.  —  Bollettino,1884,vol.XV. 
Rome;  in-8°. 

Osservatorio  di  Brera  in  Milano. — Pubblicazioni,  n°  XXV  : 
teoria  degli  stromenti  ottici  con  applicazioni  ai  telescopi  ed 
alla  fotograpbia  céleste.  Milan,  1885;  in-4°. 

R.  scuola  superiore  d'agricoltnra  in  Portici.  —  Annuario. 
vol.  IV,  fasc.  1-3.  Naples,  1884;  in-8°. 

R.  Istiluto  lombardo  di  scienze  e  lettere.  —  Rendiconti, 
ser.  II,  vol.  XVI,  —  Memorie  (se.  mathem.),  vol  XV,  2  e  5. 
Memorie  (lettere),  vol.  XV,  2;  XVI,  1  e  2.  Milan. 

Pays-Bas  et  Indes  Néerlandaises. 

Donders  en  Engelmann.  —  Onderzoekingen  gedaan  in  het 
physiologisch  laboratoriura  der  ntrechtsche  hoogeschool , 
5dï  reeks,  IX.  Utrecht,  1884;  in-8°. 

Geschiedenis  van  Amsterdam  (J.  Ter  Gouw),  5de  en  4de  deel. 
Amsterdam,  1881-84;  2  vol.  in -8°. 

Genootschap  «  Natura  artis  magistra  » .  —  Bijdragen  tôt 
de  dierkunde,  aflevering  XI,  2de  gedeelle.  Amsterdam;  in-4°. 

Jardin  botanique  de  Buitenzorg.  —  Annales,  vol.  IV, 
2e  partie.  In-8°. 

Nederlandsche  dierkundige  Vereeniging.  —  TijdschrifV, 
deel  VI,  2-4.  Leyde,  1882-85;  8°. 

Bataviaasch  genootschap  van  kunsten  en  wetenschappen . 
—  Nederlandsch  Nieuw  Guinea,  deel  I  en  II.  —  Register  op 
de  générale  resolutiën  van  het  kasteel  Batavia,  deel  fi. 


(  205  ) 

Suisse. 

Wartmann  (E.).  —  Le  rhéolyseur  compensé  et  le  polyrhéo- 
lyseur.  Genève,  1884;  extr.  in-8°  (6  p.,  pi.). 

Société  des  sciences  naturelles  de  Neuchâtel.  —  Bulletin, 
t.  XIV.  ln-8°. 

Naturforschende  Gesellschaft,  Bem.  —  Mittheilungen , 
1884,  2.  Heft.  In-8°. 

Société  helvétique  des  sciences  naturelles.  —  Nouveaux 
Mémoires,  vol.  XXIX,  1"  liv.  In-4°. 

JVaturwissenschaftliche  Gesellschaft,  Sl-Gallen.  —  Bericht, 
1882-83. 

Schweizerische  geodàlische  Commission.  —  Das  schweize- 
rische  Dreiecknetz,  Band  II.  Zurich,  1885  ;  4°. 

PhysikaL- Central- Observatorium.  —  Annalen  Jahrgang 
4885.  S'-Petersbourg,  1884;  2  vol.  4°. 

Société  de  physique  et  d'histoire  naturelle  de  Genève.  — 
Mémoires,  t.  XXVIII,  2de  partie.  Genève;  in-4°. 


Pays  divers. 

Instituto  y  Observatorio  de  Marina.  —  Almanaque  nautico 
para  1886.  Barcelone,  1884;  vol.  in-8°. 

Academia  de  ciencias  morales  y  politicas. —  Anuario,  1885. 
Esludio  sobre  la  proporcion  entre  la  gravedad  de  los  delitos  y 
la  de  las  penas.  Madrid. 

Gomes  Teixeira  (Fr.).  —  Jornal  de  sciencias  mathematicas 
e  astronomicas,  vol.  V,  6.  Coïmbre,  1884;  in-8". 

Instituto  y  observatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  — 
Anales,  1885,  seccion  2°.  San  Fernando;  in-4°. 

Observatorio  do  infante  D.  Luiz.  —  Annaes,  vol.  XX.  — 
Postos  meteorologicos,  1881  e  1882.  In-4°. 

Gesellschaft  fur  Literatur  und  Kunst,  Mitau.  —  Sitzungs- 
Berichte,  1885.  In-8°. 


(  204  ) 

Seismological  Society,  Japon.  —  Transactions,  vol.  VII, 
part  2.  Tokyo,  1884;  in-8°. 

Olivecrona  (K.  d').  —  Rapport  du  conseil  d'administration 
des  prisons  du  royaume  sur  l'état  des  prisons  et  le  régime 
pénitentiaire  en  Suède  pendant  1883.  —  Rapport  sur  l'admi- 
nistration de  la  justice  en  Suède  pour  1882.  Stockholm,  1885  ; 
2  vol.  in-4°. 


Liste  des  ouvrages  déposés  dans  la  Bibliothèque  de  l'Acadé- 
mie par  la  Commission  royale  d'histoire. 

Mathieu  (Ernest).  —  Charte  de  liberté  de  Gammerages. 
Louvain,  1884;  extr.  in-8°  (12  pages). 

Papebrochio  {Daniel).  —  Synopsis  annalium  Antverpien- 
sium,  etc.  Anvers,  1884;  in-8°  (50  pages). 

Ânalectes  pour  servir  à  l'histoire  ecclésiastique  delà  Bel- 
gique, 2me  série,  t.  III,  2e  livr.  Louvain;  in-8°. 

Société  historique  et  littéraire  de  Tournai.  —  Bulletins, 
t,  XX.  Tournai;  in-8°. 

Cei'cle  archéologique  d'Enghien.  —  Annales,  t.  II,  2*  livr. 
in-8°. 

Cercle  archéologique  du  pays  de  Waes.  —  Annales,  t.  IX, 
4.  In-8°. 

Institut  archéologique  de  Luxembourg.  —  Annales,  t.  XVI. 
Arlon;  in-i°. 

Société  archéologique  de  JYamur.  —  Annales,  XVI,  2.  Rap- 
port sur  la  situation  pendant  1883.  Namur,  in-8°. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  Valenciennes. 
—  Revue  agricole,  etc.,  4884,  avril-août.  Valenciennes;  in-8°. 

Ministère  de  l'Instruction  publique,  Paris.  —  Bibliothèque 
des  écoles  françaises  d'Athènes  et  de  Rome,  fasc,  57-39.  3  vol. 
in-8°. 

—  Dictionnaire  topographique  du  Département  des  Hautes- 
Alpes  (Roman).  Vol.  in-4°. 


BU  LU  TIN 


1  E 


L'ACADÉMIE  KOYALE   DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  I)E  BELGIQUE. 

1885.  —  N°  4. 


Séance  du  4  avril  1885. 

M.  Morren,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  Éd.  Mailly,  vice-directeur;  J.-S.  Stas, 
L.-G.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de 
Selys  Longchamps,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Candèze, 
F.  Donny,  Ch.  Monligny,  Éd.  Dupont,  Éd.  Van  Beneden, 
C.  Malaise,  F.  Folie,  F.  Plateau,  Fr.  Crépin,  J.  De  Tilly, 
F.-L.  Cornet,  Ch.  Van  Bambeke,  G.  Van  der  Mensbrugghe, 
membres;  M.  Mourlon,  P.  Mansion,  A.  Renard  et  P.  De 
Heen,  correspondants. 

MM.  Melsens  et  Catalan  font  savoir  que  leur  état  de 
santé  les  empêche  d'assister  à  la  séance. 

3me    SÉRIE,    TOME    IX.  15 


(  206  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  Morren  propose,  en  sa  qualité  de  directeur  de  la 
Classe,  que  l'Académie  envoie  au  Roi,  son  auguste  pro- 
tecteur, une  adresse  de  félicitations  au  sujet  de  l'Œuvre 
du  Congo.  —  Applaudissements. 

Les  trois  Classes  s'entendront  pour  la  rédaction  de  cette 
adresse  et  la  remise  de  celle-ci  à  Sa  Majesté. 

M.  Morren  propose  en  outre  que  l'Académie  se  mette 
à  la  disposition  du  Roi,  pour  diriger  et  organiser  l'explo- 
ration scientifique  de  l'Afrique  centrale.  L'examen  de 
cette  proposition  est  renvoyé  à  la  prochaine  assemblée 
générale  des  trois  Classes. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  demande  que  l'Académie  lui  fasse  con- 
naître son  avis  sur  les  différents  systèmes  actuels  de  paraton- 
nerres. —  Renvoi  à  la  commission  pour  les  paratonnerres. 

—  M.  le  Ministre  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Aca- 
démie, les  livraisons  267  et  268  de  la  Flora  batava.  — 
Remercîments. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique 
fait  parvenir  cinq  exemplaires  des  rapports  des  Commis- 
sions médicales  provinciales  sur  leurs  travaux  pendant 
l'année  1883.  —  Remercîments. 

—  M.  le  Dr  Victor  Jacques,  secrétaire  de  la  Société 
d'anthropologie  à  Bruxelles,  sollicite  l'échange  du  Bulle- 
tin. —  Renvoi  à  la  Commission  administrative. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt  dans  les  archives  de  trois 
billets  cachetés,  qui  lui  sont  adressés  : 


(  207  ) 
1°  Par  M.  C.  Malaise,  membre  de  la  Classe; 
2°  Par  M.  A.  Jorissen,  de  l'Université  de  Liège  ; 
3°  Par  MM.  Jean  de  Mollins,  docteur  en  sciences,  et 
Samuel  de  Mollins,  ingénieur  civil,  à  Croix,  près  Lille. 

—  La  Classe  reçoit  à  titre  d'hommage  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vole  des  remercîmenls 
aux  auteurs  : 

1°  La  Belgique  horticole,  1884,  tome  XXXIV,  par 
Éd.  Morren; 

2°  De  l'énergie  potentielle  des  surfaces  liquides  (suite  et 
fin),  par  G.  Van  der  Mensbrugghe; 

3°  Discours  sur  les  travaux  mathématiques  de  M.  Eu- 
gène-Charles Catalan,  par  P.  Mansion; 

4°  a)  Études  sur  les  matières  organiques  et  organisées 
contenues  dans  les  eaux  thermales  des  Pyrénées,  notam- 
ment sur  le  sulfuraire;  b)  Études  nouvelles  tendant  à  éta- 
blir la  véritable  nature  de  la  glairine  ou  barégine,  par 
N.  Joly,  de  Toulouse; 

5°  a)  Remarques  sur  les  alouettes  du  genre  otocorys; 
b)  Revue  critique  des  oiseaux  de  la  famille  des  Bacérolidés, 
par  A.  Dubois; 

6°  Première  note  sur  le  Simœdosaurien  d'Erquelinnesr 
par  L.  Dollo; 

7*  Note  sur  la  division  des  noyaux  dans  la  Tradescantia 
virginica,  par  E.  Bernimoulin ;  présenté  par  M.  Morren; 

8°  Coordonnées  parallèles  et  axiales,  par  Maurice  d'Oca- 
gne;  présenté  par  M.  De  Tilly  avec  une  note  pour  le 
Bulletin  ; 

9°  Brève  storia  délia  Accademia  dei  Lincei,  par  D.  Carutti  ; 

10°  La  greffe  animale,  par  le  Dr  Vanlair; 

H°  Les  derniers  voyages  des  Néerlandais  à  la  Nouvelle- 
Guinée,  par  le  prince  Roland  Bonaparte; 


(  208  ) 

12°  a)  J.  Kollmatïs  Akroblast  ;  b)  Bemerkungen  zu 
E.  HàkeVs  Aufsalz  iiber  Ursprung  und  Entwicklung  der 
thierischen  Gewebe;  c)  Die  Bedeulung  der  Zellenkerne  fur 
die  Vorgànge  der  Vererbung,  par  A.  Kôlliker,  associé; 

13°  Darstellende  und  projective  Géométrie,  Bd.  IV,  mit 
Atlas,  par  G.  von  Peschka. 

Note  lue  par  M.  J.  De  Tilly. 

a  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe,  de  la  part  de 
M.  Maurice  d'Ocagne,  un  Mémoire  imprimé  sur  les  coor- 
données parallèles  et  axiales. 

Tandis  que,  dans  la  géométrie  analytique  usuelle,  un 
point  est  déterminé  par  deux  coordonnées,  et  une  ligne 
par  une  équation  entre  les  deux  coordonnées  d'un  quel- 
conque de  ses  points,  les  géomètres  ont  considéré  depuis 
assez  longtemps  des  systèmes  de  coordonnées  tangen- 
tielles,  dans  lesquels  la  droite  est  déterminée  par  deux 
coordonnées  (par  exemple,  ses  distances  à  deux  points 
fixes).  Alors  c'est  le  point  qui  est  déterminé  par  une  équa- 
tion entre  les  deux  coordonnées  d'une  quelconque  des 
droites  qui  passent  par  ce  point.  Une  courbe  est  repré- 
sentée par  une  équation  entre  les  deux  coordonnées  d'une 
quelconque  de  ses  tangentes,  d'où  vient  le  nom  de  coor- 
données tangentielles. 

Parmi  tous  les  systèmes  de  coordonnées  tangentielles 
que  l'on  peut  considérer,  l'auteur  a  choisi  les  deux  qui 
lui  ont  paru  les  plus  simples,  l'un  correspondant  aux 
coordonnées  rectilignes  ordinaires,  l'autre  aux  coordonnées 
polaires. 

Les  coordonnées  parallèles  sont  comptées  sur  deux 
droites  parallèles  ou  axes  des  coordonnées,  à  partir  de 


(  209  ) 
deux  poinis  fixes  jusqu'aux  inlerseclions  de  ces  axes  avec 
la  droite  que  l'on  veut  représenter. 

Les  coordonnées  axiales  comprennent  la  distance,  comp- 
tée sur  un  axe  des  coordonnées,  à  partir  d'un  point  fixe 
jusqu'à  l'intersection  avec  la  droite  à  représenter,  et  l'angle 
de  celte  droite  avec  l'axe. 

Sur  ces  données,  l'auteur  a  établi  l'esquisse  d'un  Traité 
de  géométrie  analytique  à  coordonnées  parallèles,  ou 
axiales.  Cette  étude  l'a  conduit  à  une  méthode  de  trans- 
formation géométrique  et  à  divers  résultats  intéressants. 
Il  termine  par  l'exposé  d'un  procédé  nouveau  de  calcul 
graphique,  résultant  de  la  considération  des  coordonnées 
parallèles,  et  qui  trouve  son  application  dans  la  pratique 
de  l'art  de  l'ingénieur.  » 


RAPPORTS. 


Noie  cristallographique  sur  la  chaux  carbouatée  de  blalou; 
par  M.  Sansoni,  professeur  à  l'université  de  Pise. 

itnj>,  ot-t   «Je  M.    fi.    Uetcalqttr. 

a  J'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  la  description  que 
M.  Sansoni  a  soumise  à  la  Classe,  de  deux  beaux  cristaux 
de  calcite  de  Blalon  :  c'est  un  travail  fort  bien  fait  et 
dont  je  propose  volontiers  l'impression  dans  le  Bulletin, 
avec  les  figures  qui  l'accompagnent  Ces  cristaux  ayant  été 
confiés  à  l'auteur  par  M.  Renard,  je  laisse  volontiers  à  mon 
savant  confrère  le  soin,  généralement  confié  au  premier 
commissaire,  de  donner  d'autres  détails  sur  le  travail 
soumis  à  notre  examen.  » 


(  210  ) 

Rapport   lie    ff,    llcnai-rl 

a  La  notice  cristallographique  de  M.  Sansoni  est  con- 
sacrée à  la  description  d'échantillons  de  calcite  des  géodes 
du  calcaire  carbonifère  de  Blaton.  Un  examen  sommaire 
que  je  lis  de  ces  cristaux  avait  montré  qu'ils  présentaient 
une  riche  combinaison  de  formes  cristallines  dont  plu- 
sieurs me  paraissaient  nouvelles.  A  la  demande  de  M.  le 
professeur  Groth,  ces  échantillons  furent  envoyés  au  labo- 
ratoire de  minéralogie  de  l'Université  de  Strasbourg  et 
confiés  à  M.  le  docteur  Sansoni,  qui  préparait  un  travail 
d'ensemble  sur  les  formes  cristallines  de  la  calcite.  Les 
premiers  résultats  des  recherches  de  ce  jeune  savant  sur 
la  calcite  d'Andreasberg  viennent  de  paraître  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie  dei  Lincei;  la  notice  sur  la  calcite 
de  Blaton  est  une  suite  du  grand  travail  entrepris  par 
l'auteur.  Les  deux  échantillons  de  Blaton  décrits  par 
M.  Sansoni  font  partie  de  la  collection  minéralogique 
du  Musée  royal  d'histoire  naturelle  de  Bruxelles;  ils  se 
présentent  en  cristaux  de  3  à  5  centimètres,  leur  couleur 
jaune  miel  est  très  prononcée,  à  type  scalénoédrique 
déterminé  par  la  forme  R5  (2151);  sur  les  faces  de  celte 
forme  sont  implantés  de  petits  cristaux  de  la  même  espèce 
à  éclat  vitreux,  presque  incolore  et  de  seconde  formation. 
Ces  superbes  cristaux  de  calcite  extrêmement  riches  en 
faces  ont  permis  à  l'auteur  de  constater  les  formes 
suivantes,  nouvelles  pour  cette  espèce  : 

9R  (9094),       —  2R7/3  (4  10  Ï4  3), 

3/4  R3  (1 0  5  ÏB"  4)  ,î5/4  R5/3  (20  5  25  4)  —  28/23  r«3/? y 2  40  52  23), 

-  «e/7  R»/2  (12  28  40  17)  —  3/7  R«7/5  (6  11  Ï7  7). 


(  2U  ) 

Toutes  ces  formes  ont  été  déterminées  à  l'aide  des  zones 
et  des  valeurs  angulaires.  Comme  elles  ne  s'offrent  qu'avec 
des  faces  assez  petites  et  généralement  peu  réfléchissantes, 
l'auteur  n'a  pas  toujours  obtenu  une  parfaite  concordance 
entre  les  valeurs  angulaires  calculées  et  celles  données 
par  les  mesures  au  goniomètre.  Ainsi  que  le  montre  la  pro- 
jection stéréographique,  les  pôles  des  deux  formes 

—  2R?/3  (4  1  0  14  5),       15/4  Rs/3  (20  5  25  4) 

sont  très  proches  de  la  rencontre  des  deux  zones.  Toute- 
fois on  ne  peut  admettre  la  possibilité  qu'elles  en  font 
partie,  puisqu'on  obtiendrait  des  symboles  respectivement 
plus  compliqués  et  beaucoup  moins  de  concordance  entre 
les  valeurs  mesurées  et  celles  calculées.  Les  quatre  formes 
scalénoédriques  appartenant  toutes  à  la  même  zone 

—  28/s7  R,3/7(12  i0"52  23),      —  16/7  R3/2  (12  28  20  17), 

-  */5  R»/3  (4  1 6  20  9)  -  »/7  R«7/i3  (6.1 *  .Î7  7), 

doivent  être  regardées  comme  une  conséquence  directe 
de  la  manière  dont  les  couches  d'accroissement  se  sont 
déposées  sur  les  faces  de  la  forme  R3  (2131). 

On  peut  voir  par  celte  courte  analyse  l'importance  de 
la  notice  de  M.  Sansoni;  elle  présente  le  double  intérêt  de 
faire  connaître  les  formes  nouvelles  de  la  calcile  de  Blaton 
et  la  manière  dont  elles  sont  reliées  entre  elles.  Je  m'as- 
socie donc  au  savant  premier  commissaire  et  je  prie  l'Aca- 
démie d'ordonner  l'impression  du  travail  dans  le  Bulletin 
avec  les  figures  qui  l'accompagnent.  i> 

La  Classe  a  adopté  les  conclusions  de  ces  deux  rapports. 


(  212  ) 

Sur  une  réclamation  de  priorité  concernant  un  procédé 
d'annulation  de  l'extra-courant,  par  M.  Daussin. 

Rapport  de  M.  Monligny. 

«  La  lettre  que  M.  Daussin,  de  Fives-Lille,  a  dernière- 
ment adressée  à  M.  le  secrétaire  perpétuel,  a  pour  objet 
de  réclamer  la  priorité  d'un  procédé  d'annulation  de 
l'extra-courant  pour  lequel  M.  Daussin  aurait  obtenu  un 
brevet  en  Mars  1869,  et  qui,  selon  lui,  serait  identique 
au  procédé  d'annulation  de  l'extra-courant  présenté  à 
l'Académie  des  sciences  de  Paris,  le  19  janvier  dernier, 
par  M.  d'Arsonval.  Notre  Académie  ne  pouvant  aborder 
l'examen  de  questions  de  priorité,  surtout  dans  les  condi- 
tions où  celle-ci  se  présente,  j'ai  l'honneur  de  proposer  à 
la  Classe  d'ordonner  le  dépôt  de  la  lettre  de  M.  Daussin 
aux  archives.  »  —  Adopté. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  l'apparition  d'une  petite  gamme  de  vraies  Baleines 
sur  les  côtes  Est  des  États-Unis  d'Amérique;  par 
P.-J.  Van  Beneden,  membre  de  l'Académie. 

Nous  avons  eu  l'honneur,  en  1880,  d'entretenir  l'Aca- 
démie de  la  capture  d'une  Baleine  qui  avait  pénétré  dans 
le  havre  de  Charleston  (Caroline  du  Sud)  et  que  les  pêcheurs 
avaient  attaquée  à  l'aide  de  plusieurs  remorqueurs  et  d'un 
grand  nombre  d'embarcations. 

Je  viens  de  recevoir  une  lettre  de  M.  Holder,  curateur 


(  213  ) 
du  Musée  national  de  New- York,  qui  lait  mention  de  l'ap- 
parition, sur  les  mêmes  côtes,  d'une  petite  gamme  de 
Baleines,  composée  de  six  individus,  dont  quatre,  heureu- 
sement ou  malheureusement,  selon  le  point  de  vue  auquel 
on  se  place,  ont  été  capturés;  parmi  ces  quatre,  il  y  a  un 
jeune  et  trois  adultes;  le  plus  grand  mesure  60  pieds  de 
longueur. 

Il  régnait  un  grand  froid  au  moment  où  ces  animaux  se 
sont  approchés  des  côtes,  dit  M.  Holder. 

Quel  est  le  nom  de  cette  Baleine?  11  y  a  déjà  plusieurs 
années,  nous  avons  émis  l'avis  que  la  Baleine  qui  visite 
les  côtes  des  Étals-Unis  d'Amérique,  et  à  laquelle  le  pro- 
fesseur Cope  a  donné  le  nom  de  Balœna  cisarctica,  est 
la  même  Baleine  que  les  Basques  ont  chassée  pendant  des 
siècles  dans  la  Manche,  la  mer  du  Nord  et  l'Atlantique, 
que  les  baleiniers  hollandais  ont  appelée  Nordcaper,  les 
baleiniers  français  Sarde,  et  les  naturalistes,  depuis 
Eschricht,  Balœna  biscayensis. 

Le  nom  de  Nordcaper  provient  de  ce  que  les  baleiniers 
hollandais  en  se  rendant,  à  l'époque  de  la  grande  pêche,  au 
Spilzberg,  rencontraient  sur  leur  passage,  au  cap  Nord, 
une  Baleine  plus  petite  et  de  moins  de  valeur  que  celle 
qu'ils  allaient  poursuivre  au  Spitzberg. 

C'est  une  heureuse  nouvelle  que  M.  Holder  vient  de 
nous  annoncer,  puisqu'elle  nous  fait  espérer  que  l'espèce 
n'est  pas  aussi  près  d'être  exterminée  qu'on  l'avait  craint. 

Les  dernières  Baleines  qui  avaient  fait  leur  apparition 
sur  les  côtes  de  la  Caroline  et  qui  avaient  fait  songer  à  une 
nouvelle  pêche  dans  ces  régions,  étaient  des  mégapfères  et 
non  des  Baleines  véritables. 

Depuis  un  quart  de  siècle,  nous  ne  connaissons  que 
trois  captures,  faites  en  Europe,  de  celte  Baleine  qui, 


(  21.4  ) 
autrefois,  élait  si  abondante;  la  première  de  ces  captures 
a  été  exécutée  sur  la  côte  de  Biarritz  et  date  de  1854; 
la  deuxième  a  été  faite  dans  le  golfe  de  Tarente,  en  1877, 
et  la  troisième  a  eu  lieu  tout  récemment  sur  les  côtes 
d'Espagne. 

S'il  faut  en  croire  des  observations  récentes,  la  dispari- 
tion de  cette  Baleine  au  Nord  de  l'Atlantique  ne  serait  pas 
autant  à  craindre  qu'on  le  supposait. 

M.  Kœchlin,  en  se  rendant  à  Hammerfest,  a  rencontré 
entre  Sorvvaer  et  Lappen  une  dizaine  de  Baleines,  de  vraies 
Baleines,  et  cette  apparition  a  même  suggéré  à  quelques 
pêcheurs  de  recommencer  la  chasse  du  Nordcaper.  On  sait 
que  la  Baleine  franche  a  presque  disparu  au  Spitzberg. 
Nous  avons  déjà  perdu  la  Rhytina  au  nord  du  Pacifique,  le 
Dodo  aux  Iles  Bourbons,  YAlca  impennis  sur  les  côtes  de 
Groenland  et  d'Islande,  et  nous  nous  demandons  si  une 
société  protectrice  des  animaux  ne  rendrait  pas  un  vérita- 
ble service  à  l'humanité,  en  s'occupant  de  la  question  de 
l'extermination  de  certaines  espèces. 

Cette  protection  nous  paraît  d'autant  plus  nécessaire 
que  l'on  vient  de  prendre,  aux  États-Unis  d'Amérique, 
des  mesures  extraordinaires  pour  signaler  toute  apparition 
de  Cétacés  sur  une  partie  quelconque  de  la  côte  (1). 


(1)  Suggestions  lo  the  keepers  of  the  U.  S.  life-Saving  stations,  light- 
houses,  and  lighl-ships;  and  to  other  observers  relative  to  tbe  best  means 
of  collectiug  and  preserving  spécimens  of  whales  and  Porpoises,  By 
Fred'erick  W.  True.  Washington,  1884. 


(    2d5    ; 

Sur  la  découverte  d'un  Mosasaurien  gigantesque  dans  le 
Hainaut;  par  Ë.  Dupont,  membre  de  l'Académie. 

Une  découverte  paléontologique  importante  vient  en- 
core d'être  faite  dans  le  Hainaut.  Il  s'agit  d'un  Mosasau- 
rien de  dimensions  colossales,  que  le  Musée  royal  d'histoire 
naturelle  a  récemment  fait  extraire  de  la  craie  phosphatée 
à  Mesvin-Ciply,  près  de  Mons,  dans  l'exploitation  de 
M.  Bernard. 

La  mâchoire  inférieure  ne  mesure  pas  moins  de  lm,50. 
Le  crâne  est  vraisemblablement  complet  dans  plusieurs  de 
ses  parties.  Les  dents,  quoique  souvent  sorties  de  leurs 
alvéoles,  sont  nombreuses.  La  colonne  vertébrale,  repré- 
sentée par  les  régions  cervicale,  dorsale,  lombaire  et  le 
commencement  de  la  région  caudale,  a  fourni  de  70  à  80 
vertèbres.  Les  côtes  sont  en  grand  nombre.  La  ceinture 
de  l'épaule  paraît  intacte;  la  ceinture  pelvienne  n'a,  jusqu'à 
présent,  donné  qu'un  ilium,  mais  il  est  probable  qu'elle  se 
retrouvera  entière  quand  les  travaux  de  dégagement  seront 
achevés.  On  possède  également  les  humérus,  et  diverses 
raisons  font  penser  que  les  membres  antérieurs,  ainsi  que 
les  membres  postérieurs,  sont  à  l'intérieur  des  blocs  non 
terminés. 

Si  on  ajoute  la  longueur  du  crâne  à  celle  de  la  partie 
conservée  de  la  colonne  vertébrale, on  obtient  une  longueur 
de  9  à  10  mètres.  La  presque  totalité  de  la  queue,qui  devait 
avoir  4  à  5  mètres,  manque.  L'animal  atteignait  donc  la 
taille  d'une  balénoptère  de  dimensions  moyennes. 

Le  personnel  des  ateliers  du  Musée  est  occupé  à  retirer 
les  ossements  de  leur  gangue  crayeuse.  Dans  quelques 


(  2I<)  ) 
semaines,  sans  doute,  celle  magnifique  pièce  pourra  pren- 
dre place  dans  les  galeries  publiques. 

Le  Mosasaurien  de  Mesvin-Ciply  diffère  notablement 
de  celui  de  Maeslricht,  qui,  du  reste,  est  d'âge  un  peu  plus 
récent.  Il  constitue  certainement  un  type  nouveau.  M.  Dollor 
aide-naturaliste  au  Musée,  se  propose  de  l'appeler  Haino- 
saurus,  et  en  prépare  la  description,  qui  offrira  des  parti- 
cularités intéressantes. 


Sur  l'équation  de  Riccati  et  sa  double  généralisation  ;  par 
J.  De  Tilly,  membre  de  l'Académie. 

INTRODUCTION. 

L'équation  de  Riccati  peut  être  ramenée  aisément  à 
l'équation  linéaire 

d'y 

Celle-ci  peut  être  rendue  plus  générale,  soit  en  rem- 
plaçant, au  second  membre,  xm  par  une  fonction  quel- 
conque F(x),  ce  qui  donne  l'équation 

d2u 

d=!>¥ix)' <2) 

soit,  au  contraire,  en  conservant  le  second  membre,  mais 
en  remplaçant,  au  premier,  l'indice  de  différentialion  2 
par  un  indice  quelconque  »,  ce  qui  conduit  à 

dny 

d-*" (3) 

On  pourrait  combiner  les  deux  généralisations,  mais  on 


(  217  ) 

tomberait  alors  dans  des  complications  dont  je  ne  veux 
pas  m'occuper  en  ce  moment. 

L'équation  (2)  (première  généralisation)  équivaut  à 
l'équation  linéaire  complète  du  second  ordre,  pour  laquelle 
on  ne  possède  pas  encore  de  méthode  d'intégration. 

J'ai  été  conduit,  relativement  à  ce  genre  d'équations,  à 
un  certain  nombre  de  théorèmes  que  j'ai  classés  en  deux 
groupes  :  les  théorèmes  de  réduction  et  les  théorèmes 
d'équivalence. 

Voici  un  exemple  de  théorème  de  réduction,  auquel  il 
est  fait  allusion  dans  le  §  II  de  cette  Note. 

On  pourrait  intégrer  toutes  les  équations  linéaires  du 
second  ordre,  si  l'on  savait  résoudre  le  problème  suivant  : 

Étant  donnée  l'intégrale  de  l'équation 

r  _  r  .+.  k¥{x)  =  0, 
ou  celle  de 

t"  —  «'»  +  F(x)  -*-  k  =  0, 
trouver  l'intégrale  de 

t"  —  t'*  -4-  F(x)  =  0  (*). 

Voici  maintenant  un  exemple  de  théorème  d'équi- 
valence : 


(*)  Dans  ce  problème,  il  faut  supposer  que  la  fonction  F(x)  contienne 
k  (si  cette  constante  conserve  la  forme  littérale),  sans  quoi  il  suffirait  de 
faire  k  =  1,  ou  k  =  0,  dans  l'intégrale,  pour  obtenir  la  solution.  Le  théo- 
rème de  réduction  dont  il  s'agit  ici,  et  plusieurs  autres,  sont  démontrés 
dans  deux  Notes  contenues  dans  des  plis  cachetés  acceptés  par  l'Académie 
(séances  du  1er  avril  et  du  5  août  1882). 


(  218  ) 
Les  trois  équalions 

(Pu 


et 


sont  simultanément  intégrables  ou  non  intégrables.  Ce 
théorème  est  démontré  dans  le  §  Ier  de  la  présente  Note  (*). 


l")  A  chaque  énoncé  d'un  théorème  de  réduction  correspond  l'énoncé 
d'un  théorème  d'équivalence  à  démontrer,  et  réciproquement. 

Malheureusement,  il  paraît  difficile  d'obtenir  deux  théorèmes  qui  se 
correspondent  ainsi  et  que  l'on  puisse  démontrer. 

J'ai  cru  utile,  cependant,  de  réunir  des  théorèmes  de  réduction  et 
des  théorèmes  d'équivalence,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  faire  un 
tableau  de  formes  F  qui  rendent  l'équation  (2)  intégrable,  et  d'autres 
formes  qui  devraient  jouir  de  cette  propriété  pour  que  l'on  pût  ensuite 
arriver  à  l'intégration  complète  de  (2),  pour  une  forme  quelconque  de  F. 

Dans  la  première  catégorie  se  trouveraient,  d'après  ce  qui  précède,  les 
formes 

f(x-) 
et 


Dx    inv.  /    dx 

L     J     P(«0       J 


et  dans  la  seconde, 
et 

les  formes 

k 

?{x) 

f(x) 


v  219  ) 

Quant  à  l'équation  (3)  (seconde  généralisation),  je  n'ai 
pu  l'aborder  qu'au  moyen  des  intégrales  définies.  C'est 
l'objet  principal  du  §  II. 

§  Ier.  —  Transformations  réciproques  des  équations 
différentielles  du  premier  et  du  second  ordre. 

Il  existe  une  transformation  remarquable,  habituelle- 
ment nommée  Transformation  de  Legendre  (*),  et  qui  a 
été  reproduite,  avec  une  interprétation  géométrique  et 
d'autres  développements  intéressants,  par  M.  Orloff  (**). 
Elle  consiste  à  remplacer,  dans  une  équation  différentielle 
du  premier  ordre,  les  variables  x,  ?/,  etp  (||),  par  d'autres 
variables  X,  Y  et  P  j^|),  choisies  de  telle  manière  que 

x  =  P 
et 

y  =  PX  -  Y, 

ce  qui  entraîne  la  relation 

P  =  X. 

C'est  ce  que  j'appellerai,  en  supprimant  les  grandes  lettres, 
la  transformation  de 

*  >  y,  p, 
respectivement,  en 

p,px  —  y,x; 


(*)  Mansion,  Théorie  des  équations  aux  dérivées  partielles  du  pre- 
mier ordre,  Paris,  1875  (ou  Mémoires  couronnés,  etc.,  de  l'Académie 
royale  de  Belgique,  in-8°,  t.  XXV),  p.  42  (note  au  bas  de  la  page). 

(**)  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  2e  série,  t.  XXXI II, 
1872,  p.  113. 


C  220  N 
ou,  plus  simplement,  la  transformation 

/>,  Vx  —  y  y  x- 

Cette  transformation  est  dite  réciproque,  parce  que,  si 
on  l'applique  une  seconde  fois,  on  retombe  sur  l'équation 
primitive. 

J'ignore  si  l'on  a  déjà  considéré  d'autres  transformations 
réciproques,  dont  les  deux  premiers  termes  contiennent  la 
lettre  p.  On  peut  en  trouver  une  infinité.  Je  me  bornerai 
à  faire  observer  que  la  transformation  précédente  est  un 
cas  très  particulier  de  celle-ci  : 

où  k  représente  une  constante  quelconque. 

En  faisant  /;  =  0,  on  retrouve  la  transformation  de 
Legendre. 

J'ai  fait  cette  remarque  en  essayant  de  combiner  la 
transformation  de  Legendre  avec  cette  autre  transforma- 
tion réciproque  (accessoire)  : 

i    1    px* 

*  y    y 

En  ayant  soin  d'alterner  les  deux  transformations,  ol 
voit  que  le  nombre  des  combinaisons  possibles  est  infini, 
et  l'on  trouve  (entre  autres)  toutes  celles  que  je  viens 
d'indiquer;  mais,  bien  entendu,  pour  k  entier. 

La  vérification  directe  montre  ensuite  que  k  peut  être 
supposé  quelconque. 

Si  l'on  combine 

p,  px  —  y,  x 


(  221  ) 
avec  la  transformation  accessoire 

1    i_    y* 
y   x   px 

on  arrive  à  des  résultats  analogues. 

Mais  si  l'on  emploie,  comme  transformation  accessoire  : 

1 

y,  x,  -, 
P 

le  résultat  est  différent.  On  ne  trouve  que  neuf  combinai- 
sons nouvelles  (dont  cinq  seulement  contiennent  la  lettre  p 
dans  les  deux  premiers  termes),  comme  le  fait  voir  le 
tableau  ci-dessous,  où  q  représente—  : 

x  y  p  q 

î 

p  px  —  y  x 

9 
i  px  —  y  p3 

1 y  

p  p  q 


X  X 


px  —  y  —  x*q 


I  —-         Px  —  y       tfq 

y  y  p  p1 

1  p  y       ipx  —  yf 


px  —  y  px  —  y  x  qx* 

p  \  x  {px  —  yY 


px  —  y         px  —  y  y  qy> 

6     __  i  p         y*<i 


y  y  px  —  y      {px  —  yf 

y  \  i  qxz 


x  x  px  —  y      (px  —  yf 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  16 


(  222 

) 

px  —  y 

1 

1 

y 

P 

P 

y 

qy~° 

px  —  y 

P 

X 

qx' 

y 

X 

i 

p 

9 
P* 

X 

y 

p 

9 

Ce  tableau  donne  lieu  aux  observations  suivantes,  dont 
les  deux  premières  servent  simplement  à  en  faciliter  la 
construction  ou  la  vérification  : 

1°  Du  moment  où,  dans  l'une  des  colonnes,  on  ren- 
contre deux  termes  consécutifs  inverses  l'un  de  l'autre,  les 
termes  suivants  s'obtiennent  nécessairement  en  prenant 
les  inverses  des  précédents,  de  manière  que  deux  termes 
à  égale  distance  de  deux  inverses  soient  aussi  inverses. 
Celte  circonstance  se  remarque  deux  fois  dans  chaque 
colonne,  mais  non  sur  les  mêmes  lignes. 

2°  On  a  commencé  par  la  transformation  principale;  si 
l'on  avait  fait  le  contraire,  on  aurait  trouvé  le  même 
tableau  renversé.  De  là  résulte  que  la  première  et  la  qua- 
trième colonnes  doivent  seules  être  construites  régulière- 
ment (avec  la  simplification  résultant  du  1°);  la  deuxième 
et  la  troisième  sont  identiques  à  la  première,  copiée  en 
sens  inverse,  en  ayant  soin  de  revenir  au  dernier  terme 
quand  on  a  copié  le  premier. 

5°  Les  lignes  précédées  de  numéros  pairs  sont  les 
seules  qui  constituent  de  véritables  transformations  réci- 
proques. Les  autres  sont  composées  de  deux  transforma- 
tions de  cette  espèce,  mais  ne  jouissent  pas  elles-mêmes 
de  la  propriété  de  réciprocité. 

4°  Si  Ton  considère  deux  colonnes  quelconques,  telles 


(  225  ) 
que  x  et  p,  x  et  q,  y  et  p,  y  et  q,  p  et  q,  et  dans  ces  deux 
colonnes  les  deux  fonctions  inscrites  sur  la  même  ligne, 
par  exemple 

x     (px  —  yf 
et — (colonnes  p  et  q,  ligne  5), 

on  pourra  intégrer  l'équation 

(px  —  yf         (      x 

=  ? 


w  \    y 

quelle  que  soit  la  forme  de  la  fonction  <p,  puisque,  par  une 
transformation  résultant  du  lableau  lui-même,  on  peut 
ramener  cette  équation  à 

q  =  f(p). 

Si  les  deux  colonnes  considérées  étaient  les  deux  pre- 
mières, on  éviterait  en  apparence  toute  intégration,  puis- 
que p  disparaîtrait,  mais  aussi  l'on  n'obtiendrait  pas  l'inté- 
grale générale. 

5°  Bornons-nous  à  indiquer  les  équations  du  premier 
ordre,  ayant  pour  premier  membre  px  —  //,  qui  sont  inté- 
grablesen  vertu  du  tableau,  parce  que  l'on  peut  en  éliminer 
l'une  des  variables  x,  y,  p. 

I.  pX  —  y  =  f(p), 

équation  de  Clairaut.  C'est  la  seule  que  l'on  trouve  par 
la  comparaison  des  deux  premières  colonnes.  Elle  ne  se 
retrouve  plus  dans  les  colonnes  suivantes.  Mais,  pour  le 
motif  déjà  indiqué,  la  méthode  ne  donne  pas  son  intégrale 
générale. 

II.  px  —  y  =  ?(x), 


(  224  ) 

équation  linéaire,  modifiée  par  une  transformation  préa- 
lable portant  sur  la  seule  variable  x. 

m.  px  —  y  =  p?{y)- 

IV.  px  —  y  =  A- 

v.  px-y=p?\- 

6°  Emploi  de  la  dernière  colonne  pour  essayer  d'inté- 
grer les  équations  suivantes  : 

q  =  yxm  (équation  de  Riccati  transformée), 
q  s=  y¥{x)  (la  même  équation  généralisée). 

En  employant  successivement  les  diverses  transforma- 
tions 1,  %. ..9,  on  trouve,  pour  la  première  équation,  le 
seul  cas  d'intégration  m  =  —  4,  parce  qu'alors  l'une  des 
variables  disparaît.  On  n'apprend  donc  rien  de  nouveau, 
en  ce  qui  concerne  l'équation  de  Riccati;  cependant,  il  y 
a  lieu  de  présenter  une  remarque  sur  la  transformation  2, 
la  seule  qui  n'introduise  pas  la  lettre  p. 

L'équation 

q  =  y¥(x) 

est  remplacée  par 

_  xzq  =  —  ^F(- 
X    \x 

ou 

q  =  yx-\[x-1). 

On  obtient  donc  le  théorème  suivant 
I.  —  Les  deux  équations 

q  =  y  ¥{x) 


(  2-25  ) 
et 

q  =  yx~*¥{x~ l) 

sont  simultanément  intégrables  ou  non  inlégrables. 

Celle  transformalion  esl  réciproque.  Pour  l'équalion  de 
Riccati,  elle  correspond  simplement  à  la  propriété  connue 
du  passage  de  l'exposant  m  à  l'exposant  —  m  —  4. 

Il  existe  une  seconde  fonction  jouissant  de  la  même 
propriété  que 

x-lF(x-% 

c'est  la  suivante: 

I),  [inT,/F(x)Ar]  0, 

et  il  esl  possible  qu'aucune  autre  expression  monôme  ne 
satisfasse  à  la  même  condition.  Ainsi,  on  a  ce  théorème  : 
II.  —  Les  deux  équations 

q  =  y¥(x) 

et 

qr  =  yDx[inv.  fF(x)dx\ 

sont  simultanément  intégrables  ou  non  intégrables. 
Soit,  en  effet,  à  intégrer  l'équation 

p  +  y'=  F(x), 

équivalente,  comme  on  lésait,  à 

q  =  y¥{x), (4) 

sous  le  rapport  de  la  possibilité  d'injégration. 


(*)  J'entends  ici  par  inverse  d'une  fonction  ?(x),  une  fonction  <i>(x), 
telle  que  <{/[>(#)]  =  x>  ou  Que  K'K*)]  =  x'  Le  tDéorème  reste  vrai  pour 
ces  deux  définitions  de  l'inverse. 


(  226  ) 
Si  l'on  fait  y  =  z~\  l'équation  devient  : 


F  (x)  F  (x) 

Posons 

fY(x)dx  =  <f{x)  =  u  (nouvelle  variable  indépendante), 

et  appelons  ^  la  fonction  inverse  de  <j>,  de  manière  que 

+[?(*)]  =  *■ 
En  différentianl  celte  dernière  équation,  on  trouve  : 

et  l'équation  en  z  devient  : 

dz  2  '/    \ 

7  +  z-t  (w), 
au 

équivalente  à 

q  =  j,f  (x), 

ou  à 

q  =  yX)x\\nv.J*V{x)dx] (5) 

Ainsi  l'intégration  de  (5)  entraîne  celle  de  (4)  et  réci- 
proquement. 

Remarque.  Si  l'équation 

à  plusieurs  solutions  : 

les  équations 

q  =  t/^'(of),  q  =  y<f\{x),  q  =  y?i(x), ... 

sont  simultanément  intégrables  ou  non  intégrables. 
La   transformation   que   nous   venons    d'indiquer  est 


(  227  ) 

réciproque  comme  la  première.  Comme  elle  aussi,  elle 
n'apprend  rien  de  nouveau  en  ce  qui  concerne  l'équation 
de  Riccali,  car  elle  correspond,  en  général,  à  la  pro- 
priété connue  du  passage  de  l'exposant  m  à  l'expo- 
sant—  ï^zti  (*)•  Mais  les  théorèmes  I  et  II  (théorèmes 
d'équivalence)  constituent  la  généralisation  des  deux  pro- 
priétés dont  la  combinaison  permet  d'intégrer  l'équation 
de  Riccati,  lorsque  l'exposant  a  la  forme  ^^q. 

Au  moyen  du  théorème  II,  certaines  équations  linéaires 
transcendantes  peuvent  être  ramenées  à  des  équations  à 
coefficients  algébriques.  Par  exemple, 

y  y 

y"  =  — —  devient  y"  =  — 

§  II.  —  Intégration  de  certaines  équations  différentielles 
linéaires  au  moyen  d'intégrales  définies. 

Tout  le  contenu  de  ce  paragraphe  est  basé  sur  une 
remarque  fondamentale,  due  à  M.  Boussinesq,  professeur 
à  la  faculté  des  sciences  de  Lille  (**),  et  que  voici  : 

«  La  dérivée  première,  par  rapport  à  x,  de  la  fonction 


rm 


t[t>)*[ï)d' 


(*)  Je  dis  en  général,  car  il  y  a  exception  pour  m  =  —  1.  L'équation 
y"  =  yx~{  se  ramène  à  y"  =  yx~z  par  le  théorème  1,  et  à  y"  =  yex  par  le 
théorème  II. 

(**)  Comptes  rendus,  t.  XC1V  (2  janvier  1882),  p.  33. Voir  aussi  l'ouvrage 
intitulé  :  Application  des  potentiels  à  fétude  de  Véquilibre  et  du  mouve- 
ment des  solides  élastiques,  Paris,  Gauthier-Villars,  1885. 

Dans  tout  ce  §  II,  comme  dans  les  travaux  analogues  d'autres  géomètres, 
on  admet,  sans  discussion,  que  l'on  puisse  effectuer  les  dérivations  sous 
le  signe,  quoique  l'une  des  limites  soit  infinie. 


(  228  ) 
s'exprime  par 


./'4i)*[Qd'; 


et,  par  conséquent,  la  dérivée  seconde  de  la  même  fonction 
a  pour  expression  : 


/''(sMïK- 


Considérons  d'abord  l'équation  linéaire  du  second  ordre 

y"  =  abxmy (6) 

qui  dérive  de  l'équation  de  Riccati  : 

z'  -t-  az*  =  bxm (7) 

lorsque,  dans  cette  dernière,  on  remplace  z  par  ~. 
Adoptant  la  valeur 

»-/'Ê?M3* (8) 

0 

on  aura  : 

/"  [? (é) *'(!)-  abs"f  (â  *  (?)] du - °- 


ou  : 


--(émiMëM!)]—  •  •  » 


(  229  ) 

Déterminons  les  formes  des  fonctions  9  et  ^  par  les 
équations  : 


■$ 


+« 


>«k 


[Z.j»^|j,d'oÛ^| 


L'équation  (9)  sera  vérifiée  identiquement  et  l'équation  (6) 
aura  pour  solution  : 


[«•(è)î+'+'"K4)î+'J 


e         U  du  0  .  (10) 

0 

11  est  facile  de  démontrer  que  ce  résultat  ne  devient 
jamais  illusoire,  sauf  pour  m  =  —  2,  mais  je  n'insisterai 
pas  sur  ce  point,  parce  que  l'intégrale  que  je  viens  de 
trouver  coïncide  avec  celle  qui  a  été  découverte  par 
Poisson  (**). 

Elle  n'est  pas  générale,  et  on  ne  saurait  la  rendre  telle 
en  la  multipliant  par  une  constante,  car  les  deux  con- 
stantes qu'elle  renfermerait  alors  ne  seraient  pas  indépen- 
dantes. 

Mais  on  sait  que,  pour  l'intégration  complète  d'une 
équation  linéaire  du  second  ordre,  la  connaissance  d'une 
intégrale  particulière  suffit  (***). 

(*)  Ce  résultat,  une  fois  connu,  se  vérifie  aisément  par  la  différenliation 
sous  le  signe /,  et  l'intégration  par  parties. 

(**)  Journal  de  l'École  polytechnique,  16e  cahier. 

("")  On  indiquera  d'ailleurs,  dans  la  suite  de  celte  Note,  une  autre  ma- 
nière de  compléter  l'intégrale,  par  l'introduction  d'imaginaires. 


(  230  ) 
Je  passe  maintenant  à  un  cas  plus  général,  c'est-à-dire 
à  l'équation 

■d-*r <"> 

proposée  aux  géomètres  par  Lobatto  (*),  comme  un  objet 
de  recherches  utiles  aux  progrès  de  l'Analyse  (seconde 
généralisation). 

M.  Kummer  a  résolu  cette  équation  par  une  méthode 
bien  remarquable  (**),  mais  seulement  pour  le  cas  où  m 
est  entier  et  positif. 

Depuis,  M.  Spilzer  (***)  a  étendu  cette  méthode  au  cas 
où  in,  toujours  entier,  serait  négatif  et  numériquement 
plus  grand  que  2w. 

Or,  en  suivant  la  marche  que  je  viens  d'indiquer  pour 
l'équation  de  Riccali,  on  peut  intégrer  l'équation  (11),  ou 
tout  au  moins  en  trouver  une  solution,  pour  m  quelconque 
aussi  bien  que  pour  m  entier. 

En  effet,  si  n  est  pair,  l'équation  aura  la  forme 

dPy 

dx*      * 

En  substituant  à  y  la  même  valeur  que  plus  haut  (8), 
on  aura  : 


I*)  Journal  de  Crelle,  t.  XVII,  p.  371. 
(*')  Ibidem,  t.  XIX. 
("*)  Ibidem,  t.  LV1I. 


C  251  ) 


Posant  donc 


"léhÊNs 


iW 


(13) 


— 'ï    *\« 


l'équation  (12)  sera  vérifiée;  or  les  équations  (13)  sont  de 
même  forme  que  (11)  (")  et  d'ordre  moitié  moindre;  on 
sait  donc  diminuer  de  moitié  l'indice  de  différentiation 
des  équations  linéaires  dont  il  s'agit  (quand  cet  indice 
est  pair),  tout  en  leur  conservant  leur  (orme. 

Lorsque  l'indice  sera  impair,  ou  le  deviendra  dans  le 
courant  de  la  réduction,  on  l'augmentera  d'abord  d'une 
unité,  par  la  méthode  de  M.  Kummer  (**),  puis  on  pourra 
le  réduire  de  moitié,  comme  cela  vient  d'être  indiqué. 

On  arrivera  donc,  en  dernière  analyse,  à  un  certain 
nombre  d'équations  du  second  ordre,  dont  la  solution  a 
été  donnée  d'abord. 

Il  est  vrai  qu'il  faudra,  de  proche  en  proche,  et  à  mesure 
qu'on  obtiendra  les  diverses  intégrales  définies  répondant 
aux  diverses  valeurs  de  n,  démontrer  que  ces  intégrales 
ne  deviennent  pas  illusoires,  c'est-à-dire  qu'elles  peuvent 
être  rendues  finies  pour  de  certaines  valeurs  des  quantités 
littérales  qui  y  jouent  le  rôle  de  constantes;  mais  cette 
démonstration,  habituellement  négligée  par  les  géomètres 
qui  emploient  les  intégrales  définies,  serait  évidemment 
plus  difficile  pour  n  quelconque  que  pour  n  =  2,  et  ne 

(*)  Abstraction  faite  des  coefficients  constants,  qu'il  est  très  facile  de 
faire  disparaître. 

(**)  Il  est  essentiel  d'observer  qu'en  limitant  l'application  delà  méthode 
de  M.  Kummer  à  la  possibilité  d'augmenter  n  d'une  unité,  on  n'a  plus 
besoin  de  supposer  que  m  soit  entier. 


(  îùî  ) 

saurait  être  laite  en  détail,  pour  chaque  intégrale,  qu'après 
)e  développement  complet  des  précédentes. 

Si  les  calculs, sans  devenir  illusoires,  ne  donnaient  qu'un 
nombre  d'intégrales  particulières  insuffisant  pour  recon- 
stituer l'intégrale  générale,  on  pourrait  observer  que  l'une 
quelconque  de  ces  intégrales, 

y  =  %(x)> 

conduit  généralement  à  des  intégrales  distinctes  de  la  pre- 
mière, au  moyen  de  la  formule 


y=g'«*%[*( 


cos h  V  —  l  sin 


laquelle  constituera  quelquefois,  mais  non  toujours,  l'inté- 
grale générale  de  (il). 

Il  ne  paraît  pas  facile  d'obtenir  cette  dernière  par  une 
méthode  sûre,  pour  toutes  les  valeurs  possibles  de  m  et 
de  n. 

La  sommation  indiquée  pourra  évidemment  être  com- 
prise entre  d'autres  limites  que  k  =  0  et  k  =  n  —  1. 

Enfin,  essayons  de  remplacer  xm  par  une  fonction  quel- 
conque F(x),  en  nous  bornant,  bien  entendu,  aux  équations 
du  second  ordre,  c'est-à-dire  que  nous  revenons  à  la  pre- 
mière généralisation  de  l'équation  de  Riccati. 

Posant  : 

»-/"'(ï?MïK  •  •  •  • (u> 

0 

(où  t  est  une  fonction  quelconque  de  x),  on  a  : 


(  233  ) 

el  %=r^Q^^m 

L'équation 

i=*F« (15> 

devient  donc: 

0  u 

-f^(S*(ï)]=° (,6) 

Elle  ne  peut,  semble-t-il,  se  simplifier   notablement 
qu'en  posant  : 

?(w)  =  ^ (u)  =  e~u  (*),  d'où  f'(u)  =  <//(«)  =  —  e~u. 

Alors  elle  conduit  à 

i"  -  r -+- F(x)  =  0 (17) 

el  l'intégrale  cherchée  est 

_  _^ a* 

e  d* (18) 

o 

Mais  si  l'on  avait  posé  simplement 

y=c'e-'C) (19) 


(*)  En  posant  <p(w)  =  <\/[u)  =  eu,  on  trouverait  des  solutions  illusoires, 
parce  que  l'intégrale  de 

e  dix, 

entre  0  et  oo ,  est  infinie. 

(**)  Ce  qui  est  la  méthode  classique,  en  prenant  t  =  — Jzdx. 


J  234  ) 
on  aurait  trouvé  la  même  équation   de  condition  pour 
déterminer  /. 

Les  deux  intégrales  particulières 

yl  =  e~'     et     yt=   T   e     ix*       *  rfa, 

0 

où  f  est  supposé  avoir  la  même  valeur  de  part  et  d'autre, 
seront  distinctes  ou  non,  suivant  que  la  quantité 

M»  —  » 

se  réduira  à  une  constante  autre  que  zéro,  ou  bien  à  zéro. 

Or,  il  faut  que  celte  quantité  s'annule,  sans  quoi,  en  la 
développant,  on  déterminerait  t',  en  fonction  de  t,  sans  se 
servir  de  la  forme  F,  ce  qui  est  absurde. 

On  a  donc  toujours  : 

j* a^ 

e  rfa (20) 

o 

et,  en  déterminant  la  constante  par  la  formule  connue  : 

0 

on  trouve  : 

/Y'"'"^  =  \/fe-< (21) 

0 

ce  qui  est  aussi  une  formule  connue,  mais  moins  usuelle 
que  la  précédente,  et  déterminée  ici  par  un  procédé  qui 
semble  assez  curieux  ("). 


(*)  Ce  résultat  conduit  assez  facilement,  comme  Liouville  l'a  fait  voir 
(et  sauf  la  restriction  déjà  indiquée,  en  note,  à  la  première  page  du  §  II),  à 


(  235  ) 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  méthode  de  transformation  échoue, 
parce  qu'elle  coïncide  exactement  avec  la  méthode  clas- 
sique de  réduction  au  premier  ordre.  Il  faudrait  trouver 
une  transformation  qui,  au  lieu  de  conduire  à 

t"  —  V*  -4-  F(x)  =  0, 
conduisît  à 

t"  —  t'%  -4-  k¥(x)  =  0, 
ou  à 

l"  —  t'*  -+-  F(x)  -+-  k  =  0. 

On  en  déduirait  alors  des  conséquences  importantes,  au 
moyen  du  théorème  de  réduction  mentionné  au  début  de 
cette  Note. 

C'est  l'équation  (15)  qui  devrait  pouvoir  s'obtenir  sous 
l'une  de  ces  formes,  par  exemple  au  moyen  d'une  hypo- 
thèse plus  convenable  sur  9  et  ^  dans  l'équation  (16),  ou 
par  toute  autre  transformation  plus  habile.  Mais  les  essais 
que  j'ai  tentés  dans  ce  sens  n'ont  pas  réussi. 


une  propriété  fondamentale  des  fonctions  r,  ou  intégrales  eulériennes  de 
seconde  espèce. 

On  aurait  pu  aussi  déduire  l'équation  (21)  de  l'équation  (10),  en  suppo- 
sant m  =  0,  et,  en  général,  l'équation  (10)  pourra  conduire  à  plusieurs 
résultats  intéressants,  en  y  remplaçant  m  par  les  diverses  valeurs  pour 
lesquelles  la  théorie  ordinaire  de  l'équation  de  Riccati  fournit  des  solu- 
tions simples. 


236  ) 


État  de  la  végétation  le  21  mars  4885,  à  Liège,  par 
M.  Dewalque,  et  à  Longchamps-sur-Geer  (Waremme), 
par  M.  le  bon  de  Selys  Longchamps,  membres  de 
l'Académie. 

Feuillaison. 


jEsculus  hippocastanum,  L. 
Arum  maculatum,  L.  .  .  . 
Berberis  vulgaris,  L.     .    . 

Betula  alba,  L 

Corchorus  japonica,  L.  .    . 

Cornus  mas,  L 

Corylus  avellana,  L.  .  .  . 
Crataegus  oxyacantha,  L.  . 
Larix  europœa,  D.  C.  .  . 
Lonicera  periclymenum,  L. 

—  xylosteum,  L.  .  . 
Philadelphus  coronarius,  L. 
Pyrus  japonica,  L.  .  .  . 
Ribes  rubrum,  L 

—  sanguineum,  L.    .    . 

—  uva-crispa,  L. .    .    . 

—  grossularia,  L.  .  . 
Salix  babylonica,  L.  .  .  . 
Sambucus  nigra,  L.  .  .  . 
Spiraea  sorbifolia,  L. .  .  . 
Staphylea  pinnata,  L.  .  . 
Syringa  persica,  L.    .    .    . 

—      vulgaris,  L.  .    .    . 


Liège. 


3/4 

1/8 

» 

bourgeons 

bourgeons 

4/8 

bourgeons 

1 


1/8 
4/8 

4/4 
4/8 

1/4 


1/4 
1/4 
3/4 
bourgeons 
1/8 
1/8 


Longchamps 

(Waremme). 


bourgeons  non  ouverts. 


bourgeons. 


bourgeons. 
M 
1/8 


M/8 

1/8 
M/4 
M/2 


1/8 


(  237  ) 

Floraison. 


Adonis  vernalis,  L 

Amygdalus  persica,  L.   .    .    . 
Anémone  hepatica,  L.  fl.  pi.    . 

—  nemorosa,  L.  .  .  . 
Arabis  albida,  L 

—     alpina,  L 

Aubrietia  deltoïdea,  L.    .    .    . 

Bellis  perennis,  L 

Cornus  mas,  L 

Corylus  avellana,  L 

Crocus  vernus,  L 

Daphne  mezercum,  L.    .    .    . 

Galanthus  nivalis,  L 

Glechoma  hederacea,  L.    .    . 
Hyacinthus  botryoïdes,  L.  .    . 

—  orientalis,  L.     .    . 
Narcissus  pseudo-narcissus,  L. 
Populus  alba,  L.    .    .     .    .     . 

Primula  elatior,  Jacq.    .    .    . 

—  grandiflora,  Lm.    .    . 

—  officinalis,  Jacq.  .  . 
Prunus  armeniaca,  L.  .  .  . 
Pulmonaria  angustifolia,  L.    . 

—  mollis 

Pyrus  japonica,  L 

Ranunculus  licaria,  L.    .    .    . 

Saxifraga  crassifolia,  L.     .    . 
Scilla  verna,  L.     ..... 

Tussilago  petasites,  L.    .     .    . 

Ulex  europœus,  L 

Viola  odorata,  L 


Liège. 


Longchamps. 

(Wnremme). 


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M.  Dewalque  estime  l'état 

3me  SÉRIE,  TOME  IX. 


de  la  végétation  à  Liège 
17 


(  238  ) 

le  21  mars  comme  atteignant  la  moyenne,  ou  même  la 
dépassant  quelque  peu. 

M.  le  bon  de  Selys-Longchamps  considère  l'année  comme 
notablement  en  relard  à  Waremme.  Peu  de  progrès  depuis 
le  2o  février,  époque  à  laquelle  les  espèces  marquées  * 
étaient  déjà  en  végétation,  dans  cette  localité. 


Sur  l'existence  des  psammiles  du  Condroz  aux  environs 
de  Reaumonl  dans  CEntre-Sambre-et -Meuse  ;  par 
Michel  Mourlon,  correspondant  de  l'Académie. 

D'après  la  Carte  de  Dumont,  les  psammites  condrusiens, 
qui  sont  bien  développés  dans  l'Enlre-Sambre-et-Meuse, 
ne  se  prolongeraient  pas  jusqu'à  la  frontière  française. 
Ils  se  termineraient  par  une  bande  amincie,  un  peu  au 
delà  du  hameau  de  Castillon,  à  l'ouest  de  la  vallée  de  l'Eau - 
d'Heure.  C'est  en  ce  point  que  serait  l'extrémité  occiden- 
tale des  psammites  condrusiens  en  Belgique.  Tout  l'espace 
compris  entre  ce  point  et  la  bande  psammitique  de  Mau- 
beuge  et  de  Cerfontaine,  en  France,  serait  occupé  par  les 
schistes  de  la  Famenne  proprement  dits  sur  lesquels  s'élè- 
verait, par  conséquent,  la  ville  de  Beaumont. 

Le  but  que  je  me  propose  en  publiant  la  présente  note 
est  de  rechercher  si  la  nature  des  affleurements  de  cette 
région  justifie  l'interprétation  de  Dumont  et  si,  dans  le 
cas  contraire,  ce  ne  serait  pas  l'existence  d'un  faciès 
particulier  des  psammites  condrusiens  qui  expliquerait 
l'erreur  du  maître. 

Lorsqu'on  parcourt  toute  cette  région  des  environs  de 
Beaumont,  comme  je  l'ai  fait  dans  ces  dernières  années, 
on  ne  trouve  guère,  en  général,  à  la  surface  du  sol  que 
quelques  rares  débris  de  roches  peu  ou  point  pailletées 


(  259  ) 

dans  lesquels  on  ne  sait  le  plus  souvent  s'il  faut  voir  un 
représentant  des  schistes  famenniens  ou  des  psammites 
condrusiens. 

Toutefois,  j'ai  hâte  d'ajouter  que  la  construction  d'un 
chemin  de  fer,  en  donnant  naissance  à  de  superbes  tran- 
chées dont  celles  qui  s'étendent  à  l'est  et  au  sud  de 
Beaumonl  sont  toutes  récentes,  a  permis  d'observer  l'allure 
et  la  composition  des  roches  dans  des  conditions  excep- 
tionnelles que  n'a  pas  rencontrées  Dumont. 

C'est  ainsi  que  la  tranchée  au  sud-ouest  de  la  station 
de  Beaumonl  est  une  véritable  révélation  en  ce  qu'elle 
montre  des  schistes  dans  lesquels  j'ai  recueilli  la  Rhyn- 
chonella  Dumonti,  passer  insensiblement  à  des  psammites 
d'un  aspect  particulier,  lesquels  sont  associés  à  d'autre* 
psammites  fossilifères,  pailletés  et  feuilletés,  présentant  à 
la  partie  supérieure  des  schistes  cariés  ou  macigno  altéré 
renfermant  d'abondantes  Orthoteles  consimilis  si  caracté- 
ristiques de  certains  niveaux  des  psammites  condrusiens. 

En  parcourant  celte  tranchée  du  sud-ouest  au  nord-est 
on  observe  la  coupe  suivante  : 

Coupe  de  la  tranchée  au  5.-0.  de  la  station  de 
Beau-mont  (fig.  4),  relevée  en  juin  4882. 

Route  de  Philippevillo  Station 

Viaduc.  de  Beaumont. 

S- G         1        8  3    33  3  3  *5"^ 


Foi 

Ech  ■  i/ta»o 


TâZ 


fai  =  Famennien  inférieur;    Fa2  =  Famennien  moyen  {manque); 
Fa3  =  Famennien  supérieur. 

4.  Schistes  grisâtres  et  verdâtres  à  Rhynchonella  Dumonli 
devenant  plus  psammitiques  et  tachetés  de  rougeàtre  à  la 
partie  supérieure; 


(  Mi)  ) 

2.  Psammites  et  schistes  rappelant  parfois  le  psammite 
stratoïde  d'Esneux  finement  pailleté,  avec  ses  taches  rouge 
orangé  et  présentant  près  du  viaduc  un  banc  de  psammite 
grésiforme  blanchâtre,  très  fossilifère,  passant  au  sable.  Toutes 
ces  roches,  en  bancs  inclinés  75°  N.  et  dirigés  0,10°  N.,  sont 
très  fossilifères  (An'culopecten,  abondantes  Rhynchonella  et 
grande  Avicula); 

3.  Idern,  mais  plus  psammiliqiies,  blanchâtres,  jaunâtres  et 
verdâtres  avec  parties  feuilletées  et  pailletées,  passant  à  une 
argile  sableuse,  pétris  de  traces  de  débris  végétaux  et  renfer- 
mant, outre  les  mêmes  Rhynehonella  que  celles  des  couches  2, 

'  Productus,  Spirifer  Vcrneuili,  Avicula  Braibantiensis  (nov. 
sp.),  Aviculopecten  et  autres  Lamellibranches  rappelant  des 
Cardium,  etc; 

4.  Schistes  nodulcux  et  fortement  cariés  ou  macigno  altéré 
fossilifère,  renfermant,  outre  d'abondantes  Orlhoteles  consi- 
milis,  de  grands  Aviculopecten  fransversus,  Spirifer  Vcr- 
neuili, Produclus,  Rhynehonella,  Fe?iestella  anliqua,  etc. 

Ces  couches  4  inclinent  au  N.  et  sont  surmontées  de  quel- 
ques bancs  de  psammites  semblables  à  ceux  de  3,  puis  elles 
reparaissent  avec  une  inclinaison  S.  Au  delà  ce  sont  encore 
des  psammites  n°  3,  mais  la  roche  est  presque  totalement 
cachée  par  des  ébouiis  terreux. 

Il  est  aisé  de  voir  par  la  description  de  cette  coupe  que 
les  roches  qui  la  composent  se  rapportent,  au  moins  pour 
la  plus  grande  partie,  aux  psammites  du  Condroz. 

Reste  à  rechercher  auxquels  des  différents  horizons  dis- 
tingués dans  ce  puissant  dépôt,  doivent  être  assimilées  les 
roches  en  question.  A  cet  effet,  je  commencerai  par  passer 
en  revue  les  différents  affleurements  qui  s'observent  tant 
dans  les  autres  tranchées  du  chemin  de  fer  qu'en  dehors 
de  la  voie  ferrée. 

Comme  il  est  dit  plus  haut,  ces  affleurements  étant  peu 


(  211   ) 

nombreux,  il  ne  sera  pas  inutile  de  faire  ressortir  les 
caractères  de  ceux  d'entre  eux  qui  sont  de  nature  à  jeter 
quelque  lumière  sur  la  question  qui  fait  l'objet  de  cette 
communication. 

Je  mentionnerai  d'abord,  un  peu  à  l'est  de  la  tranchée 
de  Beaumont  décrite  ci-dessus,  quelques  rares  affleure- 
ments de  psammite  et  schiste,  notamment  sur  l'accote- 
ment de  gauche  de  la  grand'route  et  surtout  dans  un 
chemin  qui  y  aboutit,  avant  d'arriver  à  la  54"  borne;  on  y 
voit  un  bel  affleurement  de  schiste  vert  jaunâtre,  peu 
pailleté,  devenant  parfois  plus  psammitique  avec  taches 
rouge  orangé,  fossilifère,  renfermant  la  même  Rhyncho- 
nella  que  celles  des  couches  nos  2  et  3  de  la  tranchée  de 
Beaumont,  ainsi  que  des  traces  de  Lingules. 

A  l'ouest  de  celte  tranchée,  on  voit,  comme  dans  celle-ci, 
les  schistes  de  la  Famenne  proprement  dits  passer  insen- 
siblement à  des  psamrnites  et  schistes  à  végétaux,  lesquels 
sont  associés  à  des  couches  de  schistes  cariés  ou  macigno 
altéré. 

En  continuant  à  longer  la  voie  ferrée  vers  le  nord-est, 
on  observe,  à  partir  de  la  station  de  Beaumont,  des  psam- 
rnites et  schistes  peu  ou  point  pailletés,  passant  à  un  sable 
jaune  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  sable  blanc  et 
jaune  légèrement  glauconifère  que  j'ai  rapporté  au  Bruxel- 
lien  (1)  et  qui  s'observe  en  un  point  de  celte  même  tran- 
chée, silué  à  400  mètres  au  sud  du  passage  à  niveau  de 
Thirimont. 

A  l'est  de  cette  tranchée,  on  observe  dans  un  chemin, 
un  peu  au  sud-ouest  du  hameau  Le  Pachis,  des  schistes 


(1)  Bull,  de  fAcad.  roy.  de  Belgique,  t.  VII,  3e  série,  p.  299. 


(  242  ) 
avec  psammite  très  jaune,  légèrement  pailleté,  renfermant 
des  traces  de  débris  de  végétaux. 

Au  nord  de  ce  point  et  dans  le  même  chemin,  un  peu 
au  sud-est  de  Rigouvert,  ce  sont  des  psammites  grési- 
formes,  zonaires,  légèrement  pailletés  avec  psammites  et 
schistes  jaunâtres  et  verdâtres  renfermant  des  traces  de 
débris  végétaux.  Entre  ces  deux  points,  à  la  bifurcation 
des  chemins,  les  déblais  provenant  d'un  puits,  qui  paraît 
avoir  une  dizaine  de  mètres  de  profondeur,  sont  en 
majeure  partie  formés  d'un  schiste  grossier  très  fossili- 
fère, pétri  de  traces  d'articles  de  tiges  de  crinoïdes  et 
d'Orthotetes?  Ces  schistes  se  rapportent  probablement  à 
quelque  niveau  frasnien  dont  les  calcaires,  non  renseignés 
sur  la  Carte  de  Dumont,  sont  exploités  à  l'ouest  dans  une 
carrière. 

Plus  à  l'ouest  encore,  affleurement  de  schiste  jaune 
peu  pailleté,  très  fossilifère,  plus  ou  moins  celluleux,  qui 
pourrait  bien  se  rapporter  à  quelque  horizon  voisin  des 
précédents. 

La  grande  tranchée  du  chemin  de  fer  au  sud-ouest  de 
la  station  de  Strée  est  formée  de  psammites  et  schistes 
subfeuilletés,  fossilifères,  et,  vers  l'extrémité  sud  de  celte 
tranchée,  un  déblai  pratiqué  sur  sa  paroi  occidentale  avait 
mis  à  découvert,  en  juin  1882  lorsque  je  la  visitai,  un 
psammite  altéré,  blanchâtre,  en  bancs  assez  épais,  inclinés 
40°  sud,  très  fossilifères,  renfermant  les  mêmes  espèces 
que  celles  de  la  tranchée  de  Beaumont,  notamment  la 
Rhynchonella,  Y Avicalopecten ,  YAvicula  Braibantiensis 
(nov.  sp.),  un  Spirifer  sp?  la  Cuculiœa  angusta?  etc. 

A.  l'ouest  de  cette  tranchée  et  un  peu  au  nord -ouest  du 
hameau  de  Tourivet  on  observe,  sur  les  accotements  de  la 
grand'route,  du   psammite  jaunâtre  pailleté,  passant  au 


(  243  ) 

schiste  et  rappelant  parfois  un  peu  les  roches  de  la  partie 
supérieure  des  schistes  famenniens,  mais  présentant,  en 
général,  les  mêmes  caractères  et  renfermant  les  mêmes 
fossiles  que  les  roches  de  la  tranchée  de  Strée. 

Dans  le  premier  chemin,  au  sud-ouest  de  cet  affleure- 
ment, ce  sont  des  psammites  passant  au  sable,  puis  des 
schistes  cariés  ou  macigno  altéré  renfermant  des  Ortho- 
têtes  consimiiis. 

Les  mêmes  roches  s'observent  en  maints  endroits  dans 
le  village  de  Strée  et  sont  séparées  des  précédentes  par 
quelques  affleurements  de  calcaire  violacé  formant,  sans 
doute,  l'extrémité  d'un  lambeau  frasnien  (iguré  seulement 
plus  à  l'est  sur  la  Carte  de  Dumont. 

Constatons,  en  passant,  que  de  nombreux  blocs  de  grès, 
se  rapportant  probablement  aux  blocs  de  grès  à  turritelles 
de  l'éocène  moyen,  sont  répandus  à  la  surface  dans  le  vil- 
lage de  Strée. 

Enfin,  au  hameau  de  Thirimonl,  des  schistes  verls 
famenniens  peu  ou  point  pailletés  limitent  l'extrémité 
d'une  bande  de  schistes  et  calcaires  frasniens  et,  au  nord 
de  ce  hameau,  à  peu  de  distance  du  bois  des  Menus,  à  un 
tournant  un  peu  au  sud  des  carrières,  ces  mêmes  schistes 
verdâlres  présentent  des  plaquettes  de  psammite  grési- 
forme  également  verdâlres  et  très  fossilifères  dans  les- 
quelles j'ai  recueilli,  outre  des  Spirifer  Verneaili,  des 
Productus  et  des  Avicula,  des  Rhyrlchonella  Dumonti. 

Les  carrières  situées  un  peu  au  nord  de  cet  affleurement 
sont  ouvertes  dans  un  psammite  grésiforme  blanchâtre  à 
)a  surface,  jaunâtre  dans  la  cassure,  peu  pailleté,  en  bancs 
inclinés  40°  nord  et  dirigés  ouesl-nord-ouest  et  renfermant 
les  mêmes  fossiles  que  ceux  des  tranchées  de  Strée  et  de 
Beaumont. 


(  244  ) 

Ce  sont  principalement  des  Lamellibranches,  des  Car- 
dium,  Cucullœa  ang.iuta?,  de  petits  gastéropodes  et  des 
traces  de  débris  de  végétaux. 

On  le  voit,  tous  les  affleurements  de  la  bande  famen- 
nienne  s'étendant  au  nord  et  au  nord-est  de  Beaumont, 
entre  celle  ville  et  le  village  de  Slrée,  peuvent  se  répartir 
dans  deux  groupes  qui  sont,  en  commençant  par  le  plus 
ancien  :  les  schistes  à  Rhynchonella  Dumonli  et  les  psam- 
miles  grésiibrmes  fossilifères  avec  schistes  cariés  ou  maci- 
gno  altéré  à  la  partie  supérieure.  Ces  deux  groupes  de 
couches  correspondent  respectivement  dans  la  nouvelle 
classification  adoptée,  le  premier  au  Famennien  inférieur 
et  le  second  au  Famennien  supérieur. 

L'absence  des  roches  calcaires  (schistes  noduleux  ou 
macigno)  du  Famennien  moyen,  si  constantes  tout  le  long 
de  la  bordure  sud  du  Condroz  et  de  l'Entre-Sambre-et- 
Meuse,  rend  compte  de  la  -difficulté  que  l'on  éprouve  à 
séparer  les  roches  des  deux  autres  groupes. 

On  verra  plus  loin  que  La  même  disposition  se  retrouve 
sur  le  prolongement  de  ces  roches  en  France  dans  la 
bande  psammitique  de  Maubeuge  et  de  Cerfontaine.  Mais, 
avant  de  franchir  la  frontière,  il  sembie  préférable  de 
rechercher  quelle  est  la  composition  de  la  bande  famen- 
nienne  qui  s'étend  au  sud  de  Beaumont,  entre  celte  ville 
et  le  village  de  Sivry,  et  qui  est  séparée  de  la  précédente 
par  un  massif  frasnien  dans  lequel  s'observe  au  sud-ouesl 
deBeaumont  une  digilalion  de  schiste  psammitique  famen- 
nien sur  laquelle  il  n'y  a  point  lieu  d'insister  ici. 

Lorsque  l'on  descend  à  la  station  de  Sivry  et  que  l'on 
suit  la  voie  ferrée  en  se  dirigeant  vers  Beaumont,  c'est-à- 
dire  du  sud-est  au  nord-ouest,  on  observe  la  coupe  sui- 
vante : 


(  245  ) 


*-<  cl. 


a    a         Vz 


Coupe  des  tranchées  cm    V.-O.  de  la  station  de  Sivry 
(fig.  2),  relevée  en  juin  1882. 

1.  Psammitesel  schistes  vcrdâtres  en  bancs 
inclinés  au  nord,  lachelés  de  rouge  orangé, 
rappelant  un  peu  les  psammites  stratoïdes 
d  Esncux,  mais  alternant  avec  des  psammites 
et  schistes  jaunâtres  et  blanchâtres,  pailletés, 
semblables  aux  roches  n05  2  et  3  de  la  coupe 
deBcaumonl,  fossilifères  (nombreuses  petites 
Rhxjnchonella). 

2.  Idem  avec  psammite  très  feuilleté,  légè- 
rement pailleté,  passant  au  sable;  ces  roches 
inclinées  au  nord  forment  vers  le  milieu  de 
la  tranchée  de  petits  plis  par  ondulations; 
elles  présentent  fréquemment,  outre  les 
taches  rouge  orangé  rappelant  un  peu  celles 
du  niveau  Fa  le,  une  teinte  gris  blanchâtre 
et  jaunâtre  très  particulière;  elles  sont  fos- 
silifères (Slrophalosia  producloides ,  nom- 
breux Spirifer,  Avicula,  Aviculopeclen 
transversus,  Lamellibranches,  etc.) 

5.  Schistes  noduleux  et  fortement  cariés 
ou  macigno  altéré,  fossilifères,  renfermant 
d'abondantes  Orlholeles  consimilis ,  ainsi 
que  d'autres  fossiles  tels  que  :  un  grand 
Spirifer  Verneuili,Rh\jnchoncllat  Feneslella 
untiqua,  etc.,  en  bancs  parfois  très  épais, 
alternant  avec  des  schistes  jaunes  peu  ou 
point  pailletés  et  surmontés  de  roches  psam- 
mitiques  et  cariées  altérées  à  stratification 
confuse. 

Vers  l'extrémité  de  la  grande  tranchée 
qui  se  termine  au  passage  à  niveau,  la  roche 
n'est  que  peu  ou  point  visible.  J'ai  recueilli 


(  246  ) 

dans  cette  grande  tranchée,  mais  sans  pouvoir  en  préciser  le 
gisement  précis,  un  fragment  de  psammite  plus  ou  moins 
zonaire  et  stratoïde  avec  Prodvctus  et  Cypricarclia  semisul- 
cala  ? 

4.  A  200  mètres  au  nord  du  passage  à  niveau  apparaît  une 
petite  tranchée  située  un  peu  au  nord-est  de  la  ferme  de 
Court-Tournanl;  elle  est  formée  de  psammilcs  et  schistes  en 
bancs  parfois  assez  épais  et  assez  consistants,  se  rapprochant 
de  la  verticale,  inclinés  au  nord,  puis  au  sud,  légèrement  pail- 
letés avec  taches  rouge  orangé. 

Comme  on  peut  le  voir  par  la  description  de  celle  coupe, 
la  composition  des  deux  tranchées  qu'elle  comprend  cor- 
respond entièrement  à  celle  de  Beaumonl,  l'allure  seule 
des  couches  diffère  un  peu,  mais  leur  disposition  stratigra- 
phique  est  la  même,  en  ce  sens  que  l'on  y  constate  toujours 
l'absence  des  couches  calcareuses  du  Famennien  moyen 
et,  partant,  le  contact  des  roches  psammitiques  de  la  partie 
supérieure  du  Famennien  inférieur  avec  les  roches  psam- 
mitiques du  Famennien  supérieur,  présentant  à  la  partie 
supérieure  les  schistes  cariés  ou  macigno  altéré  à  Ortho- 
têtes  consimilis,  se  rapportant  à  quelque  niveau  d'Ëvieux 
sur  l'Ourlhe. 

Avant  de  continuer  à  suivre  la  voie  ferrée  vers  le  nord 
où  la  tranchée  de  Lorroir  présente  un  si  grand  intérêt,  il 
faut  remarquer  que  de  I  autre  côté  de  la  station  de  Sivry, 
c'est-à-dire  au  sud-est  de  celle-ci,  on  observe  une  succes- 
sion de  tranchées  creusées  dans  un  schiste  avec  plaquettes 
psammitiques  blanchâtres  zonaires,  puis  de  chaque  côté 
de  la  station  de  Rance,  ce  sont  de  véritables  schistes 
famenniens  renfermant  d'abondantes  Rhynchonella  Du- 
monli  (l  se  rapportant  au  niveau  Fa16  de  mon  échelle 
straligraphique. 


o 


KJ 


:  Qo 


t  ^ 


(  247  ) 

A  partir  de  la  petite  tranchée  qui  ter- 
mine, comme  on  vient  de  voir,  la  coupe  au 
nord-ouest  de  la  station  de  Sivry,  la  voie 
Terrée  forme  un  tournant  et  prend  la  direc- 
tion nord-est. 

Au  passage  à  niveau  de  Lorroir  com- 
mence la  belle  coupe  que  présente  au  nord- 
est  de  ce  hameau  une  tranchée  suivie 
d'autres  moins  étendues,  mais  non  moins 
intéressantes.  Voici  la  coupe  de  ces  tran- 
chées lorsqu'on  les  parcourt  du  sud-ouest 
au  nord-est  : 

Coupe  des  tranchées  au  N.-E.  de  Lorroir 
(fig.  3),  relevée  en  août  1884. 

\.  Schistes  gris  avec  parties  psammitiques, 
généralement  peu  pailletées,  tachetées  de  rou- 
geâtre,  en  bancs  inclinés  au  nord  et  ondulant 
vers  le  nord  où  elles  semblent  coupées  par 
une  faille. 

2  Schistes  bleuâtres  en  bancs  épais  rap- 
pelant ceux  des  tranchées  du  chemin  de  fer  du 
Luxembourg,  entre  Ayc  et  Haversin;  ces 
schistes  sont  séparés  des  précédents,  comme 
il  vient  d'être  dit,  par  une  fissure  ou  peut  être 
une  petite  faille,  puis  la  teinte  bleue  disparaît 
lorsqu'ils  perdent  l'inclinaison  nord  pour  se 
relever  et  prendre  l'inclinaison  sud  (n°  5). 

3.  Schistes  psammitiques  en  bancs  épais 
semblables  aux  schistes  n°  l. 

4.  Schistes  psammitiques  en  bancs  épais 
parfois  bleuâtres,  ondulants. 

r>.  Schistes  bleuâtres  semblables  aux  schistes 


(  248  ) 

n°  2  fissurés,  sans  stratification  apparente,  probablement  par 
suite  d'une  faille. 

6.  Schistes  psammiliques  toujours  en  bancs  épais,  mais  se 
délitant  en  menus  débris  à  la  surface  et  présentant  un  banc 
mamelonné  à  la  partie  supérieure. 

7.  Psammites  et  schistes  de  Beaumont  en  bancs  inclinés  au 
nord. 

8.  Idem  en  bancs  inclinés  sud,  formant  une  petite  tranchée 
qui  se  relie  à  la  précédente  par  des  dépôts  terreux  et  détriti- 
ques s'élevantà  peine  au-dessus  de  la  voie  ferrée. 

9.  Psammites  et  schistes  de  Beaumont  formant  d'abord  un 
pli  anticlinal  aigu  par  ondulations,  puis  se  présentant  en  bancs 
se  rapprochant  sensiblement  de  la  verticale. 

Je  rapporte  les  couches  nos  1  à  6  de  cette  coupe  au 
Famennien  inférieur  bien  qu'elles  se  présentent  parfois  en 
bancs  épais  et  plus  ou  moins  psammitiques,  mais  la  texture 
schisteuse  domine.  Quant  aux  roches  nes7  à  9,  elles  tran- 
chent assez  nettement  sur  les  précédentes  par  leur  teinte 
plus  pâle,  leur  pailleté  et  par  le  fait  capital  que  ce  sont  de 
vrais  psammites  ayant  tous  les  caractères  de  ceux  de 
Beaumont. 

On  remarquera  que  ia  coupe  de  Lorroir  ne  renseigne 
pas  les  schistes  noduleux  ou  macigno  altéré  à  Orthotetes 
consirnilis  si  bien  visibles  dans  les  tranchées  de  Sivry  et 
de  Beaumont,  mais  on  les  voit  bien  développés  de  chaque 
côté  de  cette  coupe. 

C'est  d'abord  à  l'ouest  de  la  voie  ferrée  en  différents 
points,  au  nord  et  au  nord-est  de  Grandrieu  et  notamment 
le  long  de  la  roule  de  SoIre-le-Château  à  Beaumont,  près 
de  la  39e  borne  kilométrique,  où  on  les  voit  associés  à 
des  psammites  vert  jaunâtre  légèrement  tachetés  de  rou- 
geâtre,  se  développant  par  petits  plis. 


(  249  ) 

D'autre  part,  à  l'est  de  la  voie  Terrée,  les  mêmes  schistes 
noduleux  ou  macigno  altéré  s'observent  d'abord  dans  le 
chemin  qui  mène  à  Solre-St-Géry  et  qui  est  à  peu  près 
parallèle  à  la  voie  ferrée,  un  peu  au  nord  d'une  chapelle 
renseignée  sur  la  Carie  au  720000e  de  l'Institut  cartogra- 
phique militaire;  puis  ces  mêmes  schistes  se  retrouvent 
encore  sur  le  prolongement  de  ce  dernier  affleurement,  sur 
les  accotements  de  la  roule  de  Solre-St-Géry  à  Reulies, 
presque  à  la  limite  septentrionale  de  cette  dernière  com- 
mune. Seulement  il  convient  de  faire  remarquer  ici  que 
les  schistes  en  question,  qui  forment  un  pli,  sont  très  peu 
distants  des  premières  roches  qu'on  rencontre  plus  au  sud 
et  qui  sont  formées  de  psammites  et  schistes  en  bancs 
stratoïdes  inclinés  50°  nord  et  qui  présentent  certaines 
analogies  avec  les  roches  du  niveau  Falc. 

Enfin,  plus  à  l'est  encore,  on  retrouve  ces  mêmes  schistes 
cariés  ou  macigno  altéré  dans  presque  tous  les  chemins 
du  village  de  Vergnies;  ils  y  sont  associés  à  des  psammites 
et  schistes  jaunes  semblables  à  ceux  de  Beaumonl  et  ren- 
ferment des  traces  de  débris  de  végétaux. 

Au  delà  de  Ve-gnies,  la  bande  formée  par  ces  roches 
s'élargit  en  s'étendant  jusqu'au  nord  d'Erpion,  puis  elle 
s'amincit  et  se  termine  un  peu  au  delà  de  la  ligne  du 
chemin  de  fer  de  Charleroi  à  Mariembourg,  en  un  point 
situé  un  peu  au  nord  du  hameau  de  Falemprise. 

Après  les  observations  qui  précèdent,  il  me  reste  à  com- 
parer le  Famennien  des  environs  de  Beaumont  avec  celui 
de  la  bande  de  Maubeuge.  A  cet  effet,  sans  vouloir  entrer 
pour  le  moment  dans  de  grands  développements  sur  cette 
région,  que  M.  Gosselet  a  déjà  si  bien  étudiée,  je  me  bor- 
nerai à  décrire  la  coupe  qui  m'a  paru  la  plus  complète  de 
toutes  celles  qu'il  m'a  été  donné  d'y  observer.  Je  veux 


(m  ) 

parler  de  la  coupe  qui  présente  au  sud  de  Jeuraont  le  long 
du  ruisseau  de  Watissarl,  à  partir  de  la  scierie  de  marbre 
et  du  nord  au  sud,  la  succession  suivante  : 

Coupe  le  long  du  ruisseau  de  Wattissart,  au  sud  de 
Jeumont  (France),  relevée  en  juillet  1882. 

1.  Schistes  fissiles  pétris  de  Rhynchonella  et  de  traces  de 
tiges  de  crinoïdes;  sur  la  rive  gauche  ces  schistes  sont  satinés, 
rougeâtres  à  la  surface  et  alternent  avec  quelques  petits  bancs 
de  psammites  avec  traces  de  liges  de  crinoïdes.  La  scierie  de 
marbre  est  construite  sur  ces  schistes,  dont  on  a  eu  l'ingénuité 
de  chercher  à  faire  des  ardoises.  Les  roches  n°  1  sont  visibles 
sur  25  mètres  de  longueur. 

2.  Schistes  plus  grossiers  prenant  le  fin  pailleté  de  Fa  le, 
devenant  de  plus  en  plus  psammitiques  et  dans  un  petit  déblai 
où  l'on  a  fait  sauter  la  roche  par  la  poudre,  on  voit  un  banc 
fossilifère  pétri  de  Spirifer  incliné  40°  sud  avec  le  fin  pailleté 
de  Fa  le,  mais  ce  sont  toujours  des  schistes.  Certains  bancs  rap- 
pellent le  schiste  grossier  psammitique  de  la  tranchée  au  nord 
de  la  station  de  Walcourt;  il  y  a  plusieurs  bancs  fossilifères  à 
Spirifer,  Rhynchonella,  Buomphalus,  etc. 

Les  roches  n°2  sont  visibles  sur  une  longueur  de  102  mètres, 
puis  vient  un  espace  de  G8  mètres  où  la  roche  n'est  pas 
découverte. 

5.  Psammites  grésiformes  en  bancs  épais  présentant  dans 
la  cassure  les  taches  rouge  orangé  et  offrant  aussi  des  parties 
jaunes  très  fossilifères  (petits  gastéropodes,  Murchisonia,  Avi- 
cula  Braibanliensis,  Cucullœa  angusta ?  etc.)  rappelant  celles 
de  Beauraont  et  de  Ciney. 

Yers  la  partie  supérieure  de  la  première  carrière,  gros  banc 
mamelonné;  la  roche  est  bien  visible  sur  40  mètres  de  lon- 
gueur. 

4.  Psammites  grésiformes  bleuâtres,  finement  pailleté»  mais 


(  251  ) 

généralement  verdâtres  par  altération,  en  bancs  assez  épais 
dirigés  ouest  5°  nord  et  inclinés  45°  sud,  bien  visibles  sur 
75  mètres  dans  une  seconde  carrière  qui  ne  tardera  pas  à  n'en 
former  qu'une  avec  la  précédente  ;  certains  bancs  sont  fossili- 
fères pétris  de  Spirifer  et  rappellent  un  peu  le  banc  à  Spirifer 
des  couches  n°  2  (i). 

5.  Schistes  nodulcux  fortement  cariés  ou  macigno  altéré 
surmontés  de  schistes  verts  pailletés  pétris  de  traces  de  débris 
végétaux.  Je  n'ai  observé  ces  roches  qu'en  un  seul  point  de  la 
rive  gauche  et,  de  même  que  les  précédentes,  en  bancs  inclinés 
sud,  tandis  que  toutes  celles  dont  la  description  va  suivre  sont 
inclinées  au  nord. 

6.  Psammitcs  grésiformes  blanc  et  jaune  terreux  assez 
pailletés  et  subfeuilletés  servant  à  polir  le  marbre  (Rabots) 
en  bancs  inclinés  au  nord.  C'est  le  même  banc  qu'on  exploite 
dans  le  bois  du  prince  de  Ligne,  en  faisant  de  petits  déblais 
qu'on  remplit  au  fur  et  à  mesure  qu'on  en  a  retiré  les  rabots. 


(i)  M.  Gosselet  a  signalé  récemment  la  découverte,  dans  ces  carrières, 
par  M.  Morin  qui  en  est  le  directeur,  de  remarquables  fossiles  que 
M.  Ch.  Barrois  rapporte  à  des  formes  identiques  ou  très  voisines  de  celles 
du  Chemung  group  d'Amérique.  {Ann.  soc.  géol.  Nord,  XI,  1883-84, 
pp.  78-86,  pi.  1.) 

Ces  formes,  décrites  sous  le  nom  générique  d' Hydroceras  par  Conrad 
ou  de  Dictyophylon  par  James  Hall,  sont  rangées  maintenant  par  ce  der- 
nier paléontologue  dans  la  classe  des  éponges  dont  elles  formeraient  une 
famille  nouvelle,  la  famille  des  Dictyospongidœ. 

M.  Barrois  décrit  et  Ogure  deux  de  ces  formes  provenant  des  carrières 
de  Jeumont;  l'une  d'elles  lui  semble  pouvoir  être  identifiée  au  Dictyo- 
phytum  tuberosum  Conrad,  sp.,  tandis  que  l'autre  paraissant  nouvelle 
pour  la  science,  il  propose  de  lui  donner  le  nom  de  Dictyophylon  Morini, 
en  souvenir  de  celui  qui  a  découvert  celte  intéressante  faune  de  Jeumont. 

Plus  récemment  encore  M.  Gosselet  a  renseigné  parmi  les  fossiles  des 
grès  de  Jeumont  que  lui  a  envoyés  M.  Morin  :  Rhynchonella  pleurodon, 
Cucullœa  amygdalina,  Mylilus  Damnoniensis,  Avicula  Damnoniensis, 
Cypricardia,  n.  sp.,  Aviculopecten  Juliœ  (Ibid.,  XII,  1884-85,  p.  119). 


(  252  ) 

7  Carrière  de  psamraites  schisto-grésiformcs  bleuâtres  avec 
traces  de  débris  végétaux  en  bancs  inclinés  20°  nord-est. 

8.  Scbistes  paraissant  être  inférieurs  aux  roches  précé- 
dentes. 

On  voit  clairement  que  les  couches  n°  1  et  2  de  cette 
coupe  se  rapportent  au  Famennien  inférieur,  et  les  couches 
n°  3  à  8  au  Famennien  supérieur. 

Les  couches  calcareuses  du  Famennien  moyen  font  donc 
ici  encore  complètement  défaut.  Toutefois,  les  schistes 
cariés  ou  macigno  altéré  n°  5  identiques  avec  ceux  de 
Beaumont  et  de  Sivry  dans  lesquels  abondent  VOrthotetes 
consimilis,  si  caractéristique  du  Famennien  moyen,  pour- 
raient faire  croire  à  l'existence  de  ce  dernier.  Mais  s'il  en 
était  ainsi,  les  schistes  cariés  en  question  devraient  sup- 
porter le  puissant  dépôt  de  psammites  grésiformes  à  pavés 
(n0'  3  et  4)  incontestablement  Famennien  supérieur,  au  lieu 
de  lui  être  superposés.  Ces  schistes  cariés  ou  macigno 
altéré  ne  sont  donc  qu'un  représentant  plus  schisteux  de 
quelque  niveau  des  macignos  d'Évieux  sur  POurlhe. 

A  ce  faciès  plus  schisteux  qui  se  retrouve  aux  environs 
de  Beaumont  comme  en  France,  il  faut  encore  ajouter  l'as- 
pect particulier  que  présentent  les  psammites  et  schistes 
de  Beaumont  qui  ne  montrent  bien  les  caractères  litholo- 
giques qui  en  font  du  Famennien  supérieur  que  sur  leur 
prolongement  en  France,  dans  la  bande  de  Maubeuge  où 
ils  donnent  lieu  à  d'importantes  exploitations  de  pavés 
comme  celles  qu'on  vient  de  voir  dans  la  coupe  de 
Watlissart.  On  comprend,  dès  lors,  comment  Dumont, 
trompé  par  le  faciès  particulier  du  Famennien  des  environs 
de  Beaumont,  et  n'ayant  pas  connu  les  belles  tranchées, 
décrites  ci-dessus,  qui  en  rendent  l'élude  plus  facile,  ait 


(  253  ) 

rapporté  toutes  les  roches  famenniennes  de  cette  région 
aux  schistes  de  la  famenne  proprement  dits. 

Ainsi  donc,  non  seulement  les  psammites  condrusiens 
existent  aux  environs  de  Beaumont,  mais  ces  psammites 
étant,  comme  on  sait,  réunis  maintenant  aux  schistes  de 
de  la  Famenne  proprement  dits  sous  le  nom  de  «  Famen- 
nien  »,  on  peut  rapporter  toutes  les  roches  de  ce  terrain 
qui  viennent  d'être  passées  en  revue,  tant  celles  des  envi- 
rons de  Beaumont  que  celles  qui  s'observent  sur  le  pro- 
longement de  ces  dernières  en  France,  à  quatre  niveaux 
bien  distincts.  C'est  d'abord  pour  le  Famennien  inférieur,  le 
niveau  Fol b  à  RhynchoneUa  Dumonli,  puis  le  niveau  Falc 
à  Cypricardia  semisulcala?  Pour  le  Famennien  supérieur 
ce  sont  les  niveaux  de  Monfort  (Faoab)  et  d'Êvieux  (Food). 

Les  considérations  qui  précèdent  m'amènent  de  nouveau 
à  dire  un  mot  de  la  théorie  des  faciès  de  M.  Gosselet. 

Notre  savant  confrère  a  été  des  premiers  à  insister  sur 
l'importance  des  faciès  dans  nos  terrains  belges,  et  tout 
récemment  encore  une  découverte  paléontologique  faite 
par  MM.  Van  den  Broeck  et  G.  Vincent  est  venue  démon- 
trer que  les  sables  blancs  du  Bolderien  sont  d'âge  miocène, 
ce  que  Dumont  avait  déjà  renseigné  sur  sa  Carte,  et  que,  par 
conséquent,  ils  ne  sont,  comme  M.  Gosselet  avait  été  seul 
jusqu'ici  à  le  sou  tenir,  qu'un  faciès  des  sables  noirs  d'Anvers. 
L'existence  des  faciès  est  donc  indiscutable  et  nul  ne  songe 
à  la  contester;  seulement,  ce  que  pour  ma  part  je  ne  puis 
admettre,  c'est  l'application  qu'en  a  faite  M.  Gosselet  aux 
psammites  du  Condroz,  lesquels  ne  seraient,  d'après  ce 
géologue,  qu'un  faciès  arénacé  des  schistes  de  la  Famenne 
proprement  dits.  Si  M.  Gosselet  s'est  basé,  pour  établir  ce 
qu'il  appelle  sa  «  théorie  des  faciès  »,  sur  des  schistes  de 
la  Famenne  comme  ceux  des  environs  de  Beaumont,  par 

3'ne  SÉRIE,  TOME  IX.  18 


(  .254  ) 

exemple,  on  comprend,  d'après  la  description  qui  vient  d'en 
être  donnée,  qu'elle  ne  serait  que  le  résultat  d'une  erreur, 
mais  d'une  erreur  bien  explicable,  de  la  Carte  géologique. 
En  dehors  de  la  région  d'Avesnes,  en  France,  que 
M.  Gosselet  a  plus  particulièrement  étudiée  au  point  de 
vue  qui  nous  occupe  et  sur  la  constitution  famennienne  de 
laquelle  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  faire  connaître  ma 
manière  de  voir,  le  savant  professeur  de  Lille  ne  nous 
donne  aucune  application  de  sa  théorie,  ce  qui  permet  plus 
difficilement  encore  d'en  apprécier  la  portée.  En  attendant 
de  nouvelles  observations  de  M.  Gosselet,  je  persiste  à 
croire  que  les  schistes  de  la  Famenne  proprement  dits, 
auxquels  j'ai  proposé  de  réunir  les  schistes  et  psammiles 
slratoïdes  d'Esneux,  ne  renferment  aucun  élément  qui 
puisse  justifier  leur  assimilation  aux  roches  calcaires  qui 
composent  le  Famennien  moyen  non  plus  qu'aux  psam- 
miles et  macigno  du  Famennien  supérieur  et  que  rien,  par 
conséquent,  ne  me  semble  justifier,  au  moins  quant  à 
présent,  la  théorie  de  M.  Gosselet  en  tant  que  s'appliquant 
à  ces  épais  dépôts  famenniens  compris  entre  les  schistes 
lrasniens  et  les  calcaires  carbonifères. 


Les  porphyres  de  Bierghes;  par  A.  Renard,  correspondant 
de  l'Académie  et  Ch.  de  la  Vallée  Poussin,  professeur 
à  l'Université  de  Louvain. 

Ces  roches,  que  nous  avions  désignées,  dans  notre 
mémoire  sur  les  roches  plutoniennes,  sous  le  nom  de  por- 
phyroïdes  de  Steenkuyp  ou  du  Vert-Chasseur  (1),  étaient  à 
peine  visibles  quand  nous  fîmes  nos  premières  éludes. 

(1)  Op.  cit.,  p.  117. 


(  255  ) 

Nous  n'en  aperçûmes  alors  que  deux  ou  trois  têtes  de 
bancs  qui  se  perdaient  immédiatement  sous  le  limon,  ou 
qui  plongeaient  sous  l'eau  d'une  petite  carrière,  où 
on  les  avait  exploitées  auparavant.  Actuellement,  ces 
mêmes  roches  sont  exploitées  à  Bierghes  dans  une  vaste 
carrière,  où  elles  sont  mises  à  découvert  sur  une  surface 
étendue.  Ces  circonstances  nous  permettent  d'ajouter  les 
détails  qui  suivent  à  la  description  sommaire  que  nous 
avons  insérée  dans  notre  mémoire  de  1876. 

La  roche  cristalline  de  Bierghes  nous  est  connue  en 
trois  points  : 

1°  Dans  une  ancienne  excavation,  aujourd'hui  noyée, 
située  dans  un  champ  labouré  à  10  mètres  de  la  rive  droite 
du  ruisseau  descendant  de  Haute-Folie  à  Steenkuyp,  et  à 
400  mètres  environ  au  sud-sud-est  de  la  27e  borne  de  la 
route  de  Bruxelles  à  Tournai.  Cette  excavation  peut  pré- 
senter une  superficie  de  50  à  60  mètres  carrés  ; 

2°  A  60  mètres  au  nord-est  du  point  qui  précède,  au 
pied  de  l'escarpement  du  chemin  venant  de  Rebecq.  On 
voyait  là,  il  y  a  quelques  années,  deux  ou  trois  bancs  de 
porphyre.  Aujourd'hui  le  sous-sol  est  entièrement  recou- 
vert par  du  limon  et  des  terres  rapportées; 

5°  Dans  une  vaste  excavation,  creusée  à  40  mètres 
environ  du  point  n°  2,  et  qui  décrit  une  espèce  de  croissant 
irrégulier,  dont  la  plus  grande  longueur,  avec  une  direction 
est-nord-est,  atteint  à  peu  près  200  mètres,  et  la  plus 
grande  largeur,  avec  une  direction  est-sud-est,  150  mè- 
tres. Cette  excavation,  qui  sert  actuellement  de  chantier 
d'extraction  pour  la  confection  des  pavés,  n'atteint  la 
roche  cristalline  qu'après  avoir  entaillé  les  couches  ter- 
tiaires et  quaternaires  qui  la  recouvrent,  sur  une  épaisseur 
qui  varie,  d'après  les  places,  de  4  à  8  ou  10  mètres. 


(  256  ) 

En  explorant  ce  gisement  dont  les  dimensions  rappellent 
les  grandes  cavités  creusées  à  Quenast  et  à  Lessines,  on 
constate  d'abord  que  les  roches  anciennes  y  sont  recou- 
vertes d'un  manteau  épais  d'argile  sableuse  ypresienne,que 
Dumont  n'a  pas  indiqué  sur  sa  carte  du  sous-sol.  En 
voyant  les  sables  grossiers  et  les  conglomérats  qui  consti- 
tuent la  base  des  terrains  tertiaires  descendre  ici  jusqu'aux 
cotes  de  55  et  même  de  50  mètres,  il  y  a  lieu  de  penser 
que  ceux-ci  existent  sous  le  limon  dans  la  majeure  partie 
de  l'espace  qui  s'étend  entre  les  villages  de  Saintes,  Petit- 
Enghien  et  Quenast,  où  ils  n'ont  pas  été  indiqués  jus- 
qu'à présent.  D'autre  part,  il  faut  s'attendre  à  des  relève- 
ments plus  ou  moins  accentués  des  terrains  paléozoïques, 
dont  la  surface  supérieure  se  relève  de  plusieurs  mètres 
vers  le  milieu  comme  au  bord  nord  oriental  de  la  carrière 
de  Bierghes.  Il  est  clair  que  des  accidents  de  ce  genre 
peuvent  amincir  considérablement  les  assises  tertiaires,  ou 
même  en  entraîner  la  disparition  locale,  sans  qu'on  puisse 
en  être  averti  par  le  modelé  du  sol  extérieur. 

La  grande  excavation  de  Bierghes  ne  découvre  que  les 
roches  porphvriques;  elle  ne  met  pas  au  jour  de  couches 
normales  du  système  silurien.  D'après  les  renseignements 
publiés,  comme  d'après  ce  qu'on  nous  a  affirmé  sur  les 
lieux,  les  couches  quartzoschisleuses  siluriennes  n'affleurent 
nulle  part  au  dedans  d'un  rayon  de  plusieurs  kilomètres 
autour  de  Steenkuyp.  Nous  ignorons  donc  les  relations 
slraligraphiques  des  porphyres  de  Bierghes  avec  les  for- 
mations paléozoïques  du  pays,  et  nous  ne  saurions  assurer 
s'ils  sont  contemporains  de  celles-ci,  ou  s'ils sontd'intrusion 
postérieure.  Ces  roches  cristallines  de  Bierghes,  à  peine 
entrevues  par  A.  Dumont,  l'avaient  frappé  par  leur  texture 
schisteuse.  Il  les  avait  désignées  sous  le  nom  de  Chloro- 


(  257  ) 
phyre  schistoïde.  Or,  celte  même  texture  strato-schisteuse 
se  poursuit  d'un  bout  à  l'autre  des  grandes  carrières  où  on 
exploite  le  porphyre  et  dans  toute  son  épaisseur  connue. 
Les  couches  se  succèdent  avec  plus  ou  moins  de  régularité 
et  avec  une  inclinaison  de  40°  à  60°  vers  le  nord-est.  Leur 
direction  moyenne  est  de  160°  à  175°  environ,  soit  sud  20° 
à  5°  est.  On  trouve  parfois  des  directions  peu  écartées  de 
celle-là,  dans  les  couches  des  environs  de  Quenast;  mais  on 
en  trouve  aussi  d'extrêmement  différentes.  On  ne  peut 
donc  rien  conclure  de  ces  mesures  quant  aux  rapports  de 
la  masse  porphyrique  avec  l'allure  des  terrains  encaissants. 
On  le  peut  d'autant  moins  que  la  vraie  nature  de  ces 
joints,  que  nous  venons  de  nommer  des  couches,  parce 
qu'ils  en  offrent  l'apparence  au  premier  abord,  devient 
douteuse  par  un  examen  plus  attentif,  et  qu'il  existe  des 
raisons  pour  y  soupçonner  un  phénomène  de  tout  autre 
nature,  comme  on  verra  plus  avant. 

Un  fragment  de  porphyre  de  Bierghes,  vu  à  l'œil  nu, 
présente  généralement  une  roche  à  texture  porphyrique, 
formée  d'une  pâle  felsitique,  à  la  fois  compacte  et  feuilletée, 
d'un  vert  noirâtre  très  foncé  et  mate,  pâte  dans  laquelle  se 
détachent  des  cristaux  subreclangulairesd'un  vert  jaunâtre 
plus  clair,  qui  sont  des  feldspaths,  et  des  grains  de  quartz 
vitreux  d'un  gris  sombre.  Sauf  exception,  ces  derniers 
cristaux  ne  dépassent  guère  2  à  3  millimètres  de  grandeur 
et  les  feldspaths  5  millimètres  au  maximum;  mais  la  plu- 
part sont  beaucoup  plus  petits.  Un  grand  nombre  de  ces 
feldspaths  sont  des  plagioclases,  reconnaissables  aux  stries 
de  groupement.  D'autres  appartiennent  à  l'orlhose.  Tous 
sont  altérés,  bien  que  d'une  manière  inégale;  car  il  en  est 
qui  réfléchissent  encore  assez  vivement  la  lumière,  notam- 
ment parmi  les  plagioclases,  tandis  que  la  plupart  sont 


(  258  ) 

plus  ou  moins  ternes  ou  cireux.  L'élément  qui  produit  ici 
la  nuance  vert  foncé  prédominante  est  la  chlorite,  laquelle 
s'est  développée  d'une  manière  très  remarquable  dans  celte 
roche.  La  chlorite  y  constitue  des  enduits  ou  feuillets 
membraneux  ondulés,  interrompus,  souvent  très  serrés, 
conservant  entre  eux,  dans  leur  direction  moyenne,  un 
parallélisme  qui  se  manifeste  très  nettement  dans  les 
cassures  transversales  vues  sous  une  lumière  oblique. 
Quand  la  cassure  s'opère  suivant  le  feuilletage,  alors  elle 
met  au  jour  des  plages  plus  ou  moins  étendues  de  ces 
enduits  chlorileux.  Les  cristaux  paraissent  orientés  en  tous 
sens  au  milieu  de  celte  masse  felsito-chloriteuse:  souvent 
ils  occupent  le  centre  des  œillets  formés  par  les  ondula- 
tions de  la  chlorite.  Mais  il  arrive  aussi  que  ces  enduits 
chloriteux  traversent  les  cristaux,  faisant  voir  ainsi  qu'ils 
se  rattachent  à  d^s  phénomènes  mécaniques  et  minéralo- 
giques  postérieurs  à  la  ségrégation  des  feldspaths  dans  le 
sein  de  la  roche.  Ajoutons  que  le  feuilletage  chloriteux  est 
généralement  oblique,  par  rapport  au  plan  des  autres 
joints  de  la  roche.  L'examen  microscopique  conlirme,  en 
les  complétant,  toutes  les  indications  qui  précèdent. 

D'après  ces  données,  la  disposition  feuilletée  du  por- 
phyre de  Bierghes  ne  dérive  donc  pas  d'alternances  dans 
la  proportion  ou  la  texture  des  éléments  primordiaux, 
comme  dans  certains  porphyres  et  quelques  liparites 
feuilletées.  Elle  ne  provient  pas  non  plus  d'un  alignement 
des  ségrégations  cristallines,  comme  on  l'a  reconnu  dans 
quelques  syénites,  porphyres  ou  diabases  anciens,  et  sur- 
tout parmi  les  liparites,  trachytes,  phouolites,  andésites  et 
dolérites  des  époques  récentes,  où  se  révèle  la  fluidalité 
originaire.  Elle  paraît  tirer  son  origine  de  minéraux 
secondaires  qui  se  seront  développés  suivant  les  plans  de 


(  259  ) 

glissement  el  d'éti rement  de  roche.  Il  est  très  remarqua- 
ble que  la  texture  précitée  se  soit  développée  à  liierghes 
d'une  manière  aussi  générale;  car  elle  se  manifeste  dans 
les  parties  centrales  des  bancs  les  plus  massifs,  parmi  les- 
quels il  en  est  qui  possèdent  plusieurs  mètres  d'épaisseur. 
Mais  on  observe  aussi,  dans  ce  même  massif,  un 
deuxième  type  de  roches,  subordonné  à  celui  que  nous 
venons  de  décrire,  auquel  il  est  plus  ou  moins  associé 
d'une  extrémité  à  l'autre  de  l'exploitation,  quoiqu'il  y  soit 
développé  d'une  manière  très  inégale.  C'est  un  schiste 
chlorileux,  tantôt  présentant  l'aspect  d'une  ardoise,  dont  il 
possède  la  cassure  lamellaire  et  tranchante,  d'autres  fois 
ayant  une  texture  plus  grossière,  renfermant  çà  et  là  des 
grains  de  quartz  d'aspect  identique  à  ceux  qui  sont  dissé- 
minés dans  le  porphyre,  beaucoup  plus  rarement  des 
taches  d'un  vert  pale,  qui  soûl  des  cristaux  très  altérés  de 
feldspath.  On  en  trouve  même  des  variétés  qui  renferment 
distinctement  tous  les  éléments  du  porphyre,  y  compris  la 
pâte  felsilique,  mais  auxquels  l'excès  du  feuilletage  chlo- 
rileux enlève  les  propriétés  nécessaires  à  la  confection  des 
pavés.  D'après  cela,  on  voit  qu'il  existe  ici  une  transition 
bien  marquée  entre  le  type  porphyrique  et  le  type  schisteux 
proprement  dit.  Les  portions  le  plus  phyllileuses  enve- 
loppent communément  les  noyaux  porphyriquesdu  premier 
type,  en  ondulant  autour,  à  la  façon  des  feuillets  micacés 
de  tant  de  roches  schisto-cristallines  anciennes.  Ces  noyaux 
de  la  roche  principale  de  Bierghes  ont  des  dimensions 
très  différentes.  Dans  quelques  bancs  situés  vers  le  milieu 
de  l'exploitation  actuelle,  où  les  phénomènes  mécaniques 
qui  ont  produit  les  lits  schisteux  ont  atteint  une  grande 
intensité,  il  existe  des  noyaux  de  la  grosseur  du  poing.  Le 
diagramme  ci-joint  montre  leur  rapide  succession  dans 


(  260  ) 

certains  bancs,  la  longueur  de  l'espace  représenté  étant  de 
25  centimètres  pris  dans  le  sens  de  l'inclinaison. 


Mais  les  noyaux  à  texture  schisto-porphyrique  sont 
généralement  beaucoup  plus  volumineux  et  on  en  trouve 
de  plusieurs  mètres  cubes  et  davantage,  dans  les  bancs 
préférés  pour  les  usages  industriels,  qui  sont  les  moins 
coupés  de  fissures  et  d'enduits  feuilletés. 

Il  faut  remarquer  que,  dans  ces  bancs  inclinés  de  por- 
phyre, les  ondulations  chlorilo-schisteuses  se  produisent 
aussi  bien  dans  le  sens  de  la  direction  que  dans  celui  de 
l'inclinaison.  Actuellement  on  voit,  vers  le  milieu  du  grand 
bassin  creusé  par  les  travaux,  un  relief  moins  entamé  par 
l'exploitation  et  qui  sépare  ce  qu'on  nomme  l'ancienne  car- 
rière de  la  nouvelle.  Les  bancs  y  sont  bien  mis  à  découvert 
et  on  y  observe  des  ondulations  cblorito-schisteuses  enve- 
loppant des  noyaux  porpbyriques,  qui  rappellent  jusqu'à 
un  certain  point  les  nappes  ondulées  des  phyllades  appli- 
quées sur  les  quartzites  cambriens.  Les  paquets  chloriteux 
y  ont  parfois  6  à  8  centimètres  d'épaisseur. 

Les  actions  modificatrices  si  puissantes  que  nous  venons 
de  rappeler  et  le  développement  inusité  qu'y  atteignent  les 
minéraux  secondaires  rendent  plus  épineuse,  dans  celte 
roche,  l'observation  des  vrais  caractères  lithologiques, 
ainsi  que  va  le  montrer  l'examen  microscopique. 

Pour  compléter  la  description  de  cette  roche  macros- 
copique de  Bierghes,  nous  ajouterons  que  l'on  y  observe 
fréquemment  à  l'état  de  dissémination  des  grains  cristal- 
lins de  quartz  d'un  rouge  sanguin,  nuance  produite  par  une 


(  261  ) 

poussière  d'oligiste  enveloppée  dans  la  cristallisation  de  la 
silice.  Nous  pensons  que  ces  quarlz  rubigineux  sont  des 
produits  secondaires.  Ils  occupent  souvent  des  formations 
géodiques,  où  on  les  trouve  associés  au  quarlz  incolore, 
surtout  à  la  chlorite,  parfois  à  des  grains  d'épidote,  de 
pyrite  et  de  chalcopyrite.  Nous  avons  vu  de  ces  géodes  de 
toutes  dimensions,  jusqu'à  atteindre  la  grosseur  du  poing. 
On  sait  que  ces  particularités  sont  fréquentes  chez  les 
l'elsitporphyres  (1).  Ajoutons  ici  que  nous  avons  trouvé 
pour  la  roche  porphyrique  une  teneur  en  silice  de 
67.82  % 

Les  préparations  microscopiques  de  celte  roche  mon- 
trent des  sections  de  quartz,  d'orthose  et  de  plagioclase 
empâtées  dans  une  masse  fondamentale  et  associées  à  de 
nombreux  sphérolilhes;  on  y  observe  en  outre  des  grains 
de  fer  titane  entourés  de  produits  de  décomposition,  des 
plages  chloriteuses,  de  l'épidote  en  grains,  plus  ou  moins 
irréguliers  ou  fibro-rayonnée.  Les  sections  de  quarlz  et  de 
feldspath  se  détachent  porphyriquement  de  la  masse;  leur 
forme  et  leur  nature,  ainsi  que  plusieurs  détails  de  struc- 
ture, montrent  que  celle  roche  doit  être  rangée  dans  la 
série  des  porphyres  quarlzifères.  Examinons  maintenant 
les  caractères  que  nous  présentent,  au  microscope,  les 
divers  éléments  constitutifs  qui  viennent  d'être  énu- 
mérés. 

La  masse  fondamentale  est  constituée  par  un  agrégat 
micro-cristallin  sans  interposition  de  matière  amorphe.  A 
l'aide  des  prismes  de  nicol,on  voit  une  mosaïque  de  grains, 
dont  les  contours  sont  voilés  par  ceux  des  particules  voi- 
sines superposées  où  fortement  enchâssées  dans  celle  pâle 

(1)  Cf.  i.  Roth,  Allgemeine  und  chemische  Géologie,  2.  vol.,  p.  107. 


(  m  ) 

d'un  tissu  1res  serré.  Dans  la  majorité  des  cas,  il  devient 
presque  impossible  d'observer  ["individualité  des  grains 
constitutifs  et,  par  conséquent,  de  spécifier  leur  nature; 
mais  toujours  les  phénomènes  optiques  viennent  montrer 
que  cette  pâte  n'est  composée  que  de  particules  cristal- 
lines, où  doivent  dominer  surtout  le  quartz  et  les  feldpalhs. 
Le  seul  minéral,  formant  en  quelque  sorte  corps  avec  la 
pâte  et  que  l'on  découvre  nettement,  c'est  la  chlorite  d'ori- 
gine secondaire;  elle  s'est  développée  dans  les  fissures 
microscopiques  ou  entre  les  grains  constituant  la  masse 
fondamentale. 

Les  sections  quartzeuses  sont  telles  qu'on  doit  s'attendre 
à  les  voir  dans  les  roches  de  la  série  des  porphyres;  jamais 
ce  minéral  ne  présente  à  Bierghes  les  caractères  qu'il  re- 
vêt dans  les  roches  du  type  granitique.  Au  lieu  de  ces 
assemblages  irréguliers  qui,  dans  les  granités,  se  tradui- 
sent à  la  lumière  polarisée  comme  des  plages  en  mosaïque, 
on  constate  ici  pour  les  individus  quartzeux  une  grande 
homogénéité.  Ils  se  détachent  vivement  de  la  masse  fonda- 
mentale; souvent  ils  sont  revêtus  sur  le  pourtour  d'une 
zone  de  matière  fibro-radiée,  sur  laquelle  nous  aurons  à 
revenir.  Malgré  l'irrégularité  que  peuvent  présenter  les 
contours  des  sections  de  ce  minéral,  on  constate  toujours, 
peut-on  dire,  qu'elles  dérivent  de  cristaux  plus  ou  moins 
parfaits  où  dominent,  d'une  manière  prépondérante,  les 
faces  de  la  pyramide.  Généralement  ces  contours  sont  très 
émoussés  et  arrondis;  la  masse  fondamentale  pénètre  pro- 
fondément le  quartz,  s'avançanl  dans  tous  les  sens  sous  la 
forme  de  fîlonnets  assez  épais  et  se  terminant  par  un  bour- 
relet plus  ou  moins  prononcé.  Ces  sinuosités  profondes 
donnent  au  cristal  de  quartz  l'aspect  déchiqueté  et  corrodé 
qui  est  bien  celui  qu'on  observe  pour  ce  minéral  dans  la 


(  205  ) 
famille  des  porphyres.  Les  sections  de  quartz  montrent 
aussi  un  autre  fait  parfaitement  en  harmonie  avec  celle 
interprétation  :  nous  voulons  parler  de  la  nature  des  inclu- 
sions microscopiques  de  ce  minéral.  Outre  les  inclusions  à 
bulle  mobile,  généralement  alignées  et  moins  nombreuses 
que  celles  des  quartz  des  granités,  on  voit  dans  le  minéral 
en  question  des  particules  de  la  masse  fondamentale;  elles 
affectent  souvent  une  forme  régulière,  commandée  par  la 
forme  cristalline  du  minéral  englobant.  Souvent  cette  ma- 
tière enclavée  présente  les  caractères  de  la  pâle  des  por- 
phyres; dans  d'autres  cas,  elle  est  formée  principalement 
de  paillettes  chloriteuses  qui  sont  d'origine  secondaire. 
La  présence  au  sein  de  ces  cristaux  d'une  substance  qui 
doit  incontestablement  s'être  formée  après  la  cristallisation 
du  quartz  semble  indiquer  que  ces  inclusions,  malgré  la 
forme  régulière  qu'elles  affectent,  ne  sont  pas  hermétique- 
ment renfermées  dans  les  sections  quartzeuses.  Il  paraît 
naturel  de  conclure  de  ce  fait  que  les  enclaves  sont  reliées 
par  des  lilonnets  à  la  masse  entourante;  ce  qui  semble  bien 
naturel  d'ailleurs,  si  l'on  tient  compte  des  sinuosités  pro- 
fondes que  l'on  aperçoit  dans  le  plan  suivant  lequel  les 
sections  sont  taillées.  SI  est  un  dernier  point  à  signaler 
relativement  à  la  microstructure  du  quartz  de  cette 
roche:  il  est  en  rapport  avec  l'individualité  cristalline  que 
nous  avons  reconnue  dans  ce  porphyre  pour  le  minéral  en 
question.  Presque  toutes  les  sections  quartzeuses  sont  sil- 
lonnées de  lignes  de  cassure,  où  l'on  distingue  deux  orien- 
tations dominantes  :  l'une  répond  au  clivage  rhomboé- 
drique;  ce  sont  les  plus  fréquentes  et  les  mieux  marquées; 
l'autre,  indiquée  par  des  lignes  parallèles,  répond  à  la  face 
du  prisme. 


I  264  ) 

Les  sections  de  feldspath  appartiennent  h  l'orthose  ou 
aux  plagioclases;  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  celles  d'or- 
those  sont  le  plus  nombreuses.  Ces  minéraux  sont  profon- 
dément altérés;  souvent  même  la  distinction  des  feld- 
spaths  monocliniques  et  tricliniques  devient  difficile,  les 
lamelles  polysynlhétiques  tendant  à  s'effacer.  Toutes  ces 
sections  sont  envahies  par  Pépidole  en  grains  dont  le  déve- 
loppement dans  la  roche  de  Bierghes  est  comparable  à 
celui  du  même  minéral  à  Quenasl  ou  à  Lessines.  Ces  feld- 
spaths  sont  en  outre  très  souvent  pénétrés  de  matière 
chloriteuse  et  modifiés  en  kaolin  ou  en  paillettes  micro- 
scopiques de  mica  blanc. 

Cependant,  dans  certaines  plages  feldspathiques  moins 
décomposées,  on  peut  encore  distinguer  l'orthose  en  cris- 
taux simples  ou  maclés  suivant  la  loi  de  Carlsbad.  On 
s'assure  de  la  détermination  comme  feldspath  monocli- 
nique par  les  extinctions  de  sections  de  la  zoneOP.oo  Poo 
(p/t)  :  elles  éteignent  parallèlement  et  perpendiculairement 
aux  fils  du  réticule.  Ces  cristaux  d'orlhose  et  ceux  de  pla- 
gioclase  peuvent  atteindre  2  ou  3  millimètres.  En  moyenne 
ils  sont  plus  grands  que  ceux  de  quartz  dans  la  même 
roche.  Les  plagioclases  ont  conservé  dans  quelques  cas 
des  indices  d'une  structure  zonaire,  en  même  temps  que 
des  traces  assez  nettes  de  leurs  lamelles  hémitropes  sui- 
vant la  loi  de  l'albite;  très  rarement  ils  montrent  la  macle 
de  la  péricline.  Les  extinctions  symétriques  de  deux  la- 
melles hémitropes  adjacentes  n'ont  donné  que  des  résul- 
tats peu  concluants;  on  a  obtenu  15°  à  16°  comme  angle 
maximum. 

Il  est  très  rare  de  trouver  des  plages  feldspathiques  ayant 
conservé  leur  transparence  vitreuse.  Comme  on  l'a  dit  tout 
à  l'heure,   ces  sections  sont  criblées  de  produits  secon- 


(  265  ) 
daires;  suivant  les  traces  de  clivage,  on  voit  des  granules 
d'épidote  soulignant  ces  solutions  de  continuité  et  souvent 
aussi  disposées  en  chapelet.  Quelquefois  ils  sont  répandus 
sporadiquement  dans  le  centre  des  sections.  La  chlorite 
envahit  à  son  tour  ces  minéraux;  elle  s'y  montre  sous  la 
forme  de  filaments  dans  toutes  les  fentes  du  cristal.  Indé- 
pendamment de  l'intercalalion  de  la  chlorite  etde  l'épidote, 
les  feldspaths  ont  subi  une  kaolinisation  profonde  qui, 
dans  certains  cas,  est  assez  avancée  pour  avoir  déterminé, 
à  l'intérieur  des  sections,  la  formation  de  lamelles  micros- 
copiques incolores  de  mica. 

Outre  cette  altération  interne,  on  observe  que  l'intégrité 
des  contours  n'est  pas  nettement  conservée;  les  bords  des 
sections  sont  émoussés;  on  n'y  observe  pas  de  corrosion 
comme  c'est  le  cas  pour  le  quartz. 

Mais  il  est  un  autre  ordre  de  faits  que  présentent  les 
sections  feldspathiques  de  ce  porphyre  et  sur  lequel  on  a 
déjà  attiré  l'attention  :  ce  sont  les  déformations  subies 
par  ces  minéraux  sous  l'influence  de  Pétirement.  Il  n'est 
pas  rare,  en  effet,  de  voir  au  microscope  ces  cristaux  dislo- 
qués :  les  fragments  d'un  individu  cristallin,  reconnaissa- 
bles  par  les  formes  des  contours  indiquant  des  pièces  de 
rapport  et  par  les  phénomènes  optiques  montrant  une 
orientation  commune,  gisent  isolés  de  la  plage  dont  ils  fai- 
saient autrefois  partie;  souvent  le  cristal  a  été  brisé  ainsi 
en  trois  ou  quatre  parties  qui, après  la  rupture,  se  sont  dé- 
placées de  quelques  centièmes  de  millimètre.  Généralement 
ces  cassures  et  ces  décollements  se  sont  faits  suivant  les 
lignes  de  clivage;  dans  d'autres  cas  les  feldspaths  ont  été 
comme  écrasés  et  les  fragments  irréguliers  qui  s'en  sont 
détachés  se  retrouvent  à  de  petites  distances,  orientés  de 
façons  différentes.  Tous  les  interstices  entre  ces  pièces 


(  266  ) 
isolées  d'un  cristal  sont  remplis  de  chlorile;  les  lamelles 
de  ce  minéral  secondaire  ont  cristallisé  en  se  disposant 
perpendiculairement  aux  surfaces  des  cassures. 

Le  fer  titane  s'observe  en  grains  nombreux  dans  toute 
la  roche;  les  préparations  sont  parsemées  de  grains  noirs 
ne  présentant  presque  jamais  de  contours  cristallographi- 
ques;  ce  minéral  est  très  décomposé  en  leucoxène,  dont  on 
observe  des  enduits  blanchâtres  à  la  périphérie  des  sections 
d'ilménite;  le  produit  d'altération  revêt  quelquefois  une 
teinte  brunâtre  et  passe  ainsi  à  la  titanite.  L'apalite  en 
prismes  hexagonaux  incolores  se  montre  moins  fréquente 
dans  la  roche  normale  de  Bierghes  que  dans  celle  de  Que- 
nast;  elle  paraît  s'être  surtout  isolée  dans  la  variété  plus 
schistoïde  et  plus  riche  en  chlorile,  ionl  nous  dirons  un 
mot  tout  à  l'heure. 

L'épidote  dont  nous  avons  indiqué  l'abondance  dans  les 
sections  d'orlhose  ou  de  plagioclase  semble  surtout  loca- 
lisée dans  ces  minéraux.  C'est  un  fait  à  rapprocher  de  ce 
qui  a  été  dit  à  propos  du  rôle  de  ce  minéral  dans  les  dio- 
riles  quartzifères  du  Brabant. 

L'épidote  se  montre  sous  la  forme  de  grains  légèrement 
jaunâtres,  presque  incolores  dans  certains  cas,  pléochroï- 
ques,  bordés  d'une  zone  un  peu  foncée.  Il  est  assez  rare 
d'y  distinguer  des  formes  cristallines  bien  nettes,  et  plus 
rare  encore  de  reconnaître  la  disposition  hbro-rayonnée. 
1!  est  assez  intéressant  de  remarquer  l'association  fré- 
quente de  cette  espèce  avec  les  feldspalhs;  c'est  un  phé- 
nomène qui  contraste  avec  l'apparition  de  la  matière 
chloriteuse.  Celle-ci  se  découvre  partout  envahissant  les 
sections  feldspalhiques  et  enveloppant  comme  d'un  réseau 
tous  les  minéraux  constitutifs  se  ramifiant  à  l'infini  danr 
la  masse  fondamentale  de  la  roche. 


(  267  ) 

Cette  matière  chlorileuse  verdàtre  est  généralement  peu 
foncée,  très  faiblement  pléochroïque,  polarisant  dans  les 
tons  biens,  s'éteignant  parallèlement  aux  lamelles;  les  sec- 
tions plus  ou  moins  hexagonales  perpendiculaires  à  celte 
direction  restent  éteintes  pour  une  rotation  complète.  Quel- 
quefois elle  offre  des  agrégats  presque  aciculaires  où  des 
lamelles  prennent  une  disposition  plus  ou  moins  fibro- 
ravonnée.  Rarement  on  observe  des  formes  cristallines 
pour  ce  minéral  :  il  a  cristallisé  d'une  manière  confuse 
dans  les  interstices  où  il  s'est  développé  comme  produit  d'al- 
tération. Tout  fait  penser  qu'il  dérive  de  la  décomposition 
d'un  bisilicatequi  pouvait  exister  autrefois  dans  cette  roche 
porphyrique;  mais,  sauf  des  cas  exceptionnels,  il  est 
impossible  de  retrouver  dans  les  nombreuses  plages  où 
la  matière  chlorileuse  s'est  développée,  des  contours  qui 
permettent  d'affirmer  que  les  seclions  remplies  maintenant 
par  le  minéral  vert  étaient  occupées  primitivement  par  une 
espèce  du  groupe  amphibolo-pyroxénique.  Les  préparations 
que  nous  avons  examinées  ne  nous  ont  montré  que  deux 
sections  de  chlorito  terminées  nettement  par  des  contours 
qu'on  pourrait  ra! tacher  à  ceux  que  doit  donner  l'augile. 
En  général  donc  les  formes  sont  trop  vagues  pour  affirmer, 
sinon  d'une  manière  très  hypothétique,  que  la  matière 
chloriteuse  s'est  développée  aux  points  occupés  par  les 
bisilicates. 

Ce  qui  n'est  pas  moins  caractéristique  pour  celte  roche 
et  bien  significatif  pour  la  place  qu'elle  doit  occuper  dans  la 
classification,  c'est  la  structure  sphérolilhique  parfaitement 
développée  à  Bierghes.  On  voit  à  la  lumière  ordinaire,  dans 
la  masse  fondamentale,  des  plages  de  moins  d'un  millimètre 
affectant  une  forme  circulaire;  en  certains  points  ces  sec- 
tions sphériques  sont  serrées  les  unes  contre  les  autres,  en 


(  268  ) 

d'autres  elles  apparaissent  sporadiquement;  on  voit  vague- 
ment, sans  l'appareil  de  polarisation,  qu'elles  possèdent 
une  structure  (îbro-radiée  ;  entre  les  niçois,  on  constate 
que  la  grande  majorité,  pour  ne  pas  dire  toutes,  sont  des 
seclionsdepseudosphérolithes  formées  d'aiguilles  dénature 
hétérogène.  Les  sphéroïdes,  qui  constituent  souvent  une 
grande  partie  de  la  masse  fondamentale,  ne  montrent  pas 
la  croix  noire  avec  bras  perpendiculaires  et  les  phéno- 
mènes de  coloration  qu'offrirait  une  section  de  sphéroïde 
composée  de  fibres  radiées  de  nature  minéralogique  homo- 
gène. On  observe,  au  contraire,  des  figures  d'interférence 
dont  les  bras  peuvent  n'être  pas  perpendiculaires  deux  à 
deux,  et  qui  dans  certains  cas  sont  au  nombre  de  moins 
de  quatre  ou  en  nombre  plus  élevé.  H  semble  naturel 
d'admettre  que  ces  pseudosphérolilhes  sont  composés  d'ai- 
guilles de  quartz,  entre  lesquelles  sont  intercalées  des 
lamelles  feldspalthiques  ;  cette  interprétation,  en  accord 
parfait  avec  la  nature  de  la  roche  que  nous  étudions,  per- 
met d'interpréter  les  anomalies  optiques  qu'offrent  les 
sections  de  ces  sphéroïdes  microscopiques. 

Il  est  assez  rare  de  trouver  que  le  centre  des  petits 
pseudosphérolilhes  soit  formé  par  un  grain  d'une  espèce 
minérale  comme  le  quartz  et  le  feldspath;  mais  par 
contre,  les  sections  des  grands  cristaux  porphyriques  de 
la  roche,  surtout  ceux  de  quartz,  sont  presque  toujours 
encadrées  d'une  zone  de  matière  ayant  la  structure  et  par- 
tant la  même  composition  que  les  pseudosphérolilhes  dont 
il  vient  d'être  question.  On  distingue  autour  de  chaque 
cristal  de  quartz  des  houppes  de  cette  matière  finement 
fibro-rayonnée  ;  elles  suivent  fidèlement  les  contours  les 
plus  capricieux  des  sections  et  pénètrent  dans  toutes  les 
anfracluosités,en  conservant  à  peu  près  la  même  épaisseur. 


(  269  ) 

C'est  une  observation  qu'on  l'ait  souvent  dans  les  roches 
porphyriques  de  la  classe  des  porphyres. 

Outre  ces  formes  sphérolithiques,  on  aperçoit  assez  sou- 
vent des  plages  de  mica  blanc  plus  grandes  et  plus  irrégu- 
lièrement terminées  que  les  sphérolithes.  Les  prismes 
extrêmement  petits  qui  constituent  ces  amas  incolores 
sont  orientés  dans  tous  les  sens  et  fortement  agrégés;  ils 
offrent  des  tons  très  vifs  à  la  lumière  polarisée  et  pré- 
sentent les  caractères  du  mica  muscovite  :  les  plages  dont 
il  est  ici  question  sont  terminées  par  des  courbes  plus  ou 
moins  irrégulières,  rappelant  en  quelque  sorte  des  formes 
concrétionnées.  Ces  sections  de  mica  sont  d'ordinaire 
entourées  d'une  zone  de  matière  chloriteuse  qui  en  copie 
exactement  les  contours. 

Nous  devons  enfin  signaler  la  présence  dans  le  por- 
phyre de  Bierghes,  de  portions  qui  se  distinguent  de  la 
rocbe  enveloppante  par  la  couleur  de  la  texture,  et  qui 
prennent  souvent  l'aspect  fragmentaire.  Il  en  est  qui  se 
séparent  de  la  masse  principale  par  leur  nuance  d'un  gris 
ou  d'un  vert  jaunâtre  assez  clair  et  qui  sont  dues  évidem- 
ment (comme  à  Quenasljà  des  portions  felsitiques,  pauvres 
en  chlorite  et  riches  en  grains  d'épidote.  D'autres,  au  con- 
traire, possèdent  une  teinte  notablement  plus  foncée  que  la 
roche  normale.  On  doit  ranger  dans  cette  catégorie  des 
portions  visiblement  formées  de  la  masse  fondamentale 
felsitique,  avec  retrait  de  la  plupart  des  ségrégations 
feldspathiques  et  des  dérivés  de  couleur  claire  (épidote, 
talc  et  mica).  Mais,  parmi  ces  masses  enclavées,  il  en  est 
d'une  nature  différente.  Ainsi  nous  avons  recueilli  dans  un 
banc  qui  n'est  plus  visible  aujourd'hui  (mars  1883),  banc 
situé  à  60  mètres  environ  de  la  paroi  terminale  de  la  car- 
rière au  nord-est,  des  portions  d'un  vert  foncé,  présentant 

5me  SÉRIE,  TOME  IX.  19 


(  270  ) 
à  la  loupe  un  aspect  grano-crislallin,  qui  n'est  pas  celui  de 
la  roche  ordinaire  de  Bierghes,  et  qui  montre,  dans  les 
préparations  microscopiques,  des  caractères  très  différents 
de  ceux  que  nous  avons  indiqués  jusqu'à  présent. 

Les  lames  minces  taillées  dans  ces  fragments  hétéro- 
gènes permettent  de  voir  que  la  masse  fondamentale  n'est 
pas  représentée  d'une  manière  sensible;  les  sections  feld- 
spalhiques  refoulent  pour  ainsi  dire  celles  de  quartz; 
elles  s'y  montrent  plus  prismatiques  que  dans  le  por- 
phyre normal;  les  sphérolithes  tendent  à  disparaître;  on 
observe  aussi  un  alignement  assez  bien  marqué  des  miné- 
raux constitutifs,  indiqué  par  le  parallélisme  plus  ou 
moins  prononcé  des  lamelles  de  feldspath.  La  pâte  a  dis- 
paru ou  elle  est  entièrement  remplacée  par  la  matière 
chloriteuse,  qui  envahit  tout  l'espace  compris  entre  les 
cristaux.  Ce  que  nous  venons  d'indiquer  suffit  pour  mon- 
trer qu'à  la  structure  porphyrique  tend  à  se  substituer  celle 
des  diabases;  mais,  ajoutons-le,  la  transition  à  ce  type  de 
roche  n'est  pas  complète;  nous  n'avons  jamais  vu  dans  les 
préparations  en  question ,  pas  plus  que  dans  celles  du 
porphyre  proprement  dit,  des  sections  que  l'on  pourrait 
considérer  comme  se  rapportant  à  l'augite;  le  quartz  y 
conserve  encore  les  caractères  signalés  pour  la  roche 
normale,  et  nous  y  constatons  en  outre  la  présence  de 
l'orihose. 

Nous  avons  cru  reconnaître  à  diverses  reprises,  parmi 
les  blocaux  accumulés  dans  les  énormes  déblais  qui  entou- 
rent le  champ  d'exploitation,  des  taches  sombres  qui  nous 
rappelaient  les  fragments  précités  à  texture  diabasique. 
Les  parties  semblables  doivent  être  fréquentes  dans  les 
porphyres  de  Bierghes. 

Il  reste  à  indiquer,  en  terminant  la  description  micro- 


(  271  ) 

scopique  de  la  roche,  ce  que  nous  montrent  les  lames 
minces  taillées  dans  les  portions  chloriteuses  de  la  variété 
schistoïde  sur  laquelle  on  a  insisté  plus  haut.  Ces  échan- 
tillons à  cassure  lamellaire  et  tranchante,  présentant 
l'aspect  d'une  ardoise  verdâtre  et  dont  nous  attribuons 
certains  caractères  de  structure  et  de  composition  minéra- 
logique  au  laminage,  ont  fourni  des  préparations  essen- 
tiellement formées  d'un  minéral  chloriteux.  Ces  plages 
verdâtres  ou  vert  bleuâtre  assez  étendues  sont  constituées 
par  des  lamelles  irrégulières  empâtées  dans  le  sens  du 
feuilletage.  Sauf  le  développement  qu'elles  prennent  dans 
les  portions  schistoïdes  de  la  roche  de  Bierghes,  on  peut 
leur  appliquer  tout  ce  qu'on  a  dit  des  caractères  du  même 
minéral  dans  la  description  micrographique  des  échantil- 
lons porphyriques.  L'agencement  de  ces  lamelles  indique 
qu'elles  sont  en  rapport  avec  la  division  facile  en  un  sens 
de  la  roche;  elles  affectent  une  disposition  rappelant 
assez  bien  celle  du  même  minéral  dans  les  phyllades. 
Quant  aux  feldspaths,  on  n'en  voit  plus  guère  de  trace; 
les  derniers  débris  de  ces  minéraux  sont  noyés  dans  la 
matière  chloriteuse  ou  transformés  en  lamelles  micacées 
incolores  enchevêtrées  dans  tous  les  sens.  Ces  petites 
paillettes  de  mica  blanc  prennent,  après  la  chlorite,  la 
part  la  plus  considérable  à  la  constitution  de  cette  variété 
chlorito-schisteuse  du  porphyre.  Elles  y  offrent  des  plages 
isolées  d'assez  grandes  dimensions,  qui  ont  été  formées, 
selon  toute  probabilité,  aux  dépens  de  l'élément  feldspathi- 
que  à  la  suite  du  laminage.  On  distingue  cette  matière  mi- 
cacée de  la  chlorite  par  le  fait  que  la  première  est  incolore, 
qu'elle  montre  avec  l'appareil  de  polarisation  des  teintes 
d'une  très  grande  vivacité.  Les  individus  qui  constituent 
ces  plages  de  mica  sont  d'habitude  extrêmement  petits  et 


(  272  ) 

ne  s'individualisent  qu'à  l'aide  des  plus  Torts  grossisse- 
ments. Le  quartz  est  le  seul  élément  de  porphyre  que 
Ton  retrouve  ici  avec  les  caractères  indiqués  dans  la  des- 
cription de  la  roche  massive  de  Bierghes.  On  le  voit  dans 
les  parties  schisloïdes  avec  les  mêmes  formes  corrodées, 
les  mêmes  inclusions  et  ses  cassures  régulières.  Les  sphé- 
rolilhes  ont  entièrement  disparu  ou  du  moins  sont-ils 
extrêmement  rares.  C'est  le  contraire  pour  l'apatile,  dont 
le  nombre  des  sections  microscopiques  tend  à  augmenter; 
les  petits  prismes  incolores  de  ce  minéral  sont  souvent 
groupés  au  nombre  de  2  ou  3  dans  les  parties  chlori- 
teuses.  L'épidote  et  le  fer  titane  avec  ses  produits  de 
décomposition  se  retrouvent  ici  identiquement  les  mêmes 
que  dans  la  roche  normale. 

Dans  la  description  lithologique  qu'on  vient  de  lire,  nous 
rapportons  la  roche  de  Bierghes  aux  porphyresquarlzifères. 
Nous  avons  indiqué  incidemment  quelques  détails  caracté- 
ristiques de  structure  et  de  composition  qui  sont  propres 
aux  roches  de  ce  type.  Nous  al'ons  les  grouper  et  justifier 
ainsi  la  détermination  pétrographique  adoptée. 

Si  l'on  compare,  quant  au  nombre  les  sections  d'orlhose 
que  nous  montrent  les  lames  minces  à  celles  de  plagio- 
clase,  on  trouve  que  les  premières  dominent  incontesta- 
blement; si  l'on  tient  compte  en  outre  du  quartz  avec  le 
faciès  que  nous  avons  décrit  et  de  la  structure  sphéroli- 
thique,  si  remarquablement  développée  dans  la  masse  fon- 
damentale et  autour  des  sections  quartzeuses,  on  est 
amené  à  constater  que  toutes  les  affinités  de  la  roche  en 
question  sont  avec  les  roches  orthosées  quartzifères  à 
structure  porphyrique.  D'un  autre  côté,  la  présence  des 
plagioclases  et  de  la  matière   chloriteuse,  qui    pourrait 


I  275  ) 
provenir  de  l'altération  d'un  minéral  pyroxénique,  semble 
la  relier  à  la  série  des  porphyrites  quarlzifères,  e'esl-à-dire 
aux  équivalents  porphyriquesdes  diorites  micacées  quarlzi- 
fères. Ce  rapprochement  avec  les  porphyrites  se  fait  d'au- 
tant plus  facilement  que  la  roche  de  Bierghes  offre  cer- 
taines analogies  de  gisement  et  de  composition  avec  les 
diorites  quarlzifères  de  Quenast,  de  Lessines  ou  du  champ 
S'-Véron  à  Lembecq.  Parmi  les  analogies  de  composition, 
nous  nous  bornons  à  indiquer  ici  l'une  des  plus  saillantes  : 
le  remarquable  développement  d'épidote  dans  ces  masses 
éruptives. 

Mais,  pour  déterminer  la  roche  de  Bierghes  comme 
l'équivalent  porphyrique  des  diorites  du  Brabant,  pour  la 
ranger,  en  d'autres  termes,  avec  les  porphyrites,  les  pla- 
gioclases  devraient  jouer  dans  la  roche  un  rôle  que  nous 
ne  leur  avons  pas  reconnu.  Il  faudrait  en  outre  ne  pas 
tenir  un  juste  compte  des  pseudosphérolithes,  dont  la 
présence  dans  une  porphyrile  serait  presque  aussi  insolite 
que  le  développement  du  quartz  en  individus  cristallisés, 
tels  que  nous  les  constatons  à  Bierghes.  On  sait  en  effet 
que  les  porphyrites,  malgré  la  teneur  élevée  en  silice 
qu'elles  peuvent  atteindre  quelquefois,  ne  présentent 
qu'exceptionnellement  le  quartz  sous  cette  forme.  En  envi- 
sageant comme  nous  venons  de  le  faire  le  problème,  tou- 
jours assez  difficile,  de  la  classilicalion  de  cette  roche  si 
profondément  altérée,  la  détermination  comme  porphyre 
quarlzifère  nous  paraît  justifiée. 

Dans  son  remarquable  mémoire  sur  la  structure  micro- 
scopique des  roches  acides  anciennes  (1),  M.  Lévy  a  groupé 
avec  les  porphyres  anthraxifères  les  masses  de  Lessines 

(1  )  Bulletin  de  la  Soc.  géol.  de  France,  1875,  p.  207. 


(274) 

et  de  Quenast.  Ce  savant  1rs  envisage  donc  comme  appar- 
tenant à  la  série  des  porphyres  noirs,  dont  les  coulées  s'in- 
tercalent dans  les  couches  les  plus  inférieures  du  terrain 
houiller.  Nous  avons  toute  raison  de  penser  qu'il  rattache- 
rait au  même  groupe  la  roche  de  Bierghes,  dont  les  affi- 
nités avec  ces  porphyres  anlhraxifères  sont  peut-être 
mieux  indiquées  encore  que  pour  les  roches  du  Brabant 
qu'il  comprend  dans  ce  groupe.  Celte  assimilation  des 
masses  éruplives  les  plus  considérables  de  la  Belgique  aux 
filons  anlhraxifères  de  France  nous  amène  à  toucher  la 
question  d'âge  géologique  du  porphyre  de  Bierghes.  Sans 
vouloir  nous  prononcer  d'une  manière  trop  positive  à  cet 
égard,  à  cause  des  difficultés  que  présentent  les  conditions 
du  gisement  des  roches  éruplives  du  Brabant,  on  peut 
toujours  se  demander  si  les  analogies  de  structure  et  de 
composition  que  présentent  quelques-unes  de  ces  roches 
avec  les  porphyres  anlhraxifères  du  célèbre  lilhologiste 
français  suffisent  pour  établir  le  synchronisme  des  por- 
phyres noirs  de  M.  Lévy  et  des  roches  à  structure  por- 
phyrique  qui  affleurent  dans  le  terrain  silurien  de  Bel- 
gique. Nous  sommes  les  premiers  à  admettre  qu'on  doive 
se  servir  des  particularités  de  structure  et  de  composition, 
comme  indices,  pour  établir  d'une  manière  générale  l'âge 
de  ces  roches  :  ainsi  les  caractères  crislallonomiques  et 
les  systèmes  de  cassure  du  quartz  du  porphyre  de  Bierghes, 
le  développement  du  minéral  chloriteux  qui  envahit  la 
pâte  et  les  éléments  constitutifs,  l'extrême  abondance  d'un 
autre  produit  secondaire  :  l'épidote,  sonl  des  faits  qui 
nous  paraissent  parler  hautement  en  faveur  de  l'ancien- 
neté de  celte  roche.  Mais,  pas  plus  que  la  structure  sphéro- 
lithique,  ils  ne  permettent  de  resserrer  l'apparition  des 
masses  éruplives  du  Brabant  dans  les  limites  assez  étroites 


(  27S  ) 
qu'on  sérail  porté  à  leur  assigner  par  comparaison  avec 
les  porphyres  analogues  d'autres  régions  et  dont  l'âge 
ttolhraxifère  est  établi. 

De  son  côté  M.  Rosenbusch  (1)  a  rattaché  les  roches  de 
Quenast  et  de  Lessines  au  groupe  des  épidiorites  de 
M.  Giimbel  (2).  On  sait  que  le  géologue  bavarois  a  séparé 
des  dioriles  proprement  dites,  les  épidiorites  qui  forment 
des  filons  peu  épais  dans  les  couches  cambriennes  ou  silu- 
riennes inférieures,  et  qui  sont  caractérisées  par  l'amphi- 
bole fibreuse  pléochroïque,  par  des  plagioclases  en  plages 
plus  ou  moins  irrégulières  ou  prismatiques,  par  la  chlorite, 
le  fer  titane  souvent  altéré,  la  magnétile,  la  pyrite  et 
l'apalile.  Les  rapprochements  que  nous  avons  faits  entre 
la  roche  de  Bierghes  et  celles  de  Quenast  et  de  Lessines, 
rapportés  aux  épidiorites,  pourraient  bien  conduire  à 
considérer  la  roche  que  nous  avons  décrite  comme  se  rat- 
tachant au  type  porphyrilique  des  épidiorites;  mais,  si, 
comme  paraissent  le  montrer  les  recherches  récentes,  les 
dernières  n'étaient  que  des  diabases  amphibolisées,  cette 
désignation  d'épidiorite  ne  pourrait  être  maintenue;  car 
pour  toutes  les  roches  du  Brabanl  dont  il  s'agit,  nous  ne 
retrouvons  pas  la  structure  des  diabases;  les  analogies  de 
structure  sont,  au  contraire,  nettement  prononcées  dans  le 
sens  des  roches  porphyriques,  et,  pour  certains  cas,  des 
diorites  porphyriques.  C'est  un  caractère  qu'il  nous  paraît 
important  de  ne  pas  perdre  de  vue  et  qui  distingue  l'en- 
semble des  masses  plutoniennes  qui  affleurent  dans  la 
partie  la  plus  ancienne  du  massif  silurien  du  Brabanl. 


(1)  Rosenbusch,  Mikroskopische  Physiographie  der   massigen    Ge- 
steine,  p.  272. 

(2)  Gumbel,  Die  palœolitischen   Eruptivgeateine  des  Fichtelgebiryes, 
Munich,  1874. 


(  27<>  ) 
Comme  nous  l'indiquions  ci-dessus,  nous  sommes  portés 
à  croire  que  l'apparition  de  cette  roche,  comme  celle  des 
roches  analogues  du  Brahant,  dans  les  couches  qui  la  ren- 
ferment, pourrait  dater  de  la  période  silurienne.  Cette 
interprétation,  que  rien  ne  vient  contredire  au  point  de  vue 
stratigraphique  et  lithologique,  conduit  à  admettre  en 
même  temps  que  ces  masses  éruptives  doivent  avoir  été 
soumises  aux  mêmes  actions  métamorphiques  que  celles 
subies  par  les  sédiments  anciens  que  renferment  ces  filons. 
On  expliquerait  ainsi  les  modifications  profondes  des 
roches  plutoniennes  du  Brabant,  modifications  qui  sont  à 
mettre  en  rapport  avec  la  formation  de  l'axinile,  de  l'épi— 
dote,  de  la  tourmaline,  de  la  inuscovite,  de  l'asbeste  et,  à 
Quenast  et  à  Lessines,  avec  le  développement  du  remar- 
quable groupe  de  minéraux  que  recèlent  les  fissures  des 
quartzites  de  Nil-S-Vincent,  avec  la  formation  des  sili- 
cates et  des  métalloxydes  des  schistes  siluriens  de  cette 
région. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  vraie  nature  des  joints 
avec  pendage  au  nord-est,  qui  dominent  dans  la  carrière 
de  Bierghes,el  que  nous  avons  appelés,  pour  plus  de  sim- 
plicité, des  couches,  peut  être  mise  en  question.  Quand  il 
s'agit  des  roches  éruptives,  l'expression  de  couches,  tou- 
jours plus  ou  moins  impropre,  ne  peut  plus  désigner  que 
les  coulées  successives  (couches  effusivis  de  Naumann),  ou 
l'empilement  des  débris  meubles  de  précipitation.  Or,  à 
Bierghes,  vu  notre  ignorance  des  relations  slratigraphi- 
ques  du  massif  avec  le  terrain  silurien,  et  l'irrégu- 
larité des  bancs  avec  interpositions  schisteuses,  nous  ne 
pouvons  affirmer  ni  la  direction,  ni  l'existence  même  des 
coulées  et  des  nappes.  Nous  pouvons  chercher  seulement 


(  277  ) 

à  y  trouver  certains  modes  de  division,  propres  aux  roches 
éruptives.  Aujourd'hui,  nous  penchons  fortement  à  croire 
que  le  principal  système  de  bancs  ne  constitue  pas  des 
couches,  c'est-à-dire  des  plaques  cristallines  répondant 
aux  apports  consécutifs  de  la  masse  ignée,  mais  plutôt  un 
système  de  joints  transversaux,  produits  à  l'origine  par  le 
retrait  de  la  matière  éruptive  et  profondément  modifiés 
par  les  phénomènes  mécaniques  et  les  transformations 
minéralogiques  qui  s'y  sont  passés. 

Il  est  impossible,  en  effet,  de  n'être  pas  frappé  de  la 
ressemblance  que  présentent  ces  bancs  de  porphyre,  dans 
les  entailles  où  ils  sont  mis  bien  à  jour,  avec  les  bancs  à 
structure  prismatique  ou  colonnaire,  si  remarquablement 
développés  dans  les  carrières  de  Lessines  et  sur  lesquels 
nous  avons  insisté  dans  un  mémoire  antérieur  (1).  Comme 
exemple  à  l'appui,  nous  indiquerons  les  escarpements  for- 
mant la  paroi  sud-sud-est  de  l'ancienne  exploitation ,  et 
mieux  encore,  la  partie  du  massif  central  qui  s'élève  du 
fond  de  l'excavation  comme  un  mur  de  séparation  entre 
l'ancienne  et  la  nouvelle  carrière,  et  qui  a  été  délaissée, 
pensons-nous,  à  cause  de  la  multiplicité  des  lits  chlorito- 
schisteux.On  remarque  en  cet  endroit,  comme  en  plusieurs 
autres  du  même  gisement,  que  les  joints  d'apparence 
colonnaire  sont  coupés  normalement  à  l'axe  des  prismes 
par  d'autres  plans  de  séparation  ou  de  délit,  espacés,  sui- 
vant les  cas,  les  uns  des  autres,  par  les  intervalles  de 
1  mètre,  1m,50,  2  mètres  au  plus.  Ces  délits  ne  sont  pas 
toujours  tracés  d'une  manière  très  distincte,  quoiqu'on 
les  retrouve  plus  ou  moins  marqués  dans  les  diverses 
parties  de  l'exploitation.  De  plus,  ils  ne  se  poursuivent  pas 

(1)  Op.  cit.,  p.  M. 


(  278  ) 

toujours  sur  une  longueur  notable  :  ce  qui,  selon  nous, 
doit  être  attribué  généralement  à  des  failles  assez  fré- 
quentes accompagnées  de  rejet  et  qui  se  sont  produites 
dans  le  sens  même  de  l'axe  des  prismes.  A  part  quelques 
irrégularités,  ces  délits  transversaux  aux  prismes  du  por- 
phyre inclinent  en  ondulant  vers  l'ouest-sud-ouesl,  avec 
une  pente  d'ensemble  de  15°  à  20°. 

Il  n'est  guère  d'endroits  dans  la  carrière  où  la  surface 
des  délits  précités  soit  mise  à  découvert  ou  accessible.  Elle 
l'est  sur  peu  de  mètres  carrés  au  bord  nord-ouest  de  l'es- 
carpement rocheux  qui  coupe  en  deux  l'ensemble  de  l'exca- 
vation. On  peut  s'assurer  en  ce  point  que  l'agencement 
mutuel  des  bases  prismatiques  du  porphyre  rappelle  les 
espèces  de  carrelages  que  nous  avons  figurés  dans  la 
description  des  diorites  de  l.essines.  Dans  cette  compa- 
raison avec  Lessines,  il  faut  noter  toutefois  qu'à  Bierghes, 
les  prismes  sont  généralement  plus  grands,  et  surtout 
assument  des  dimensions  beaucoup  plus  variées,  et  enfin 
que  leurs  sutures  sont  plus  ou  moins  losangiformes,  la 
petite  diagonale  du  losange  étant  normale  au  plan  de 
feuilletage  du  porphyre.  Celle  disposition  rhomboïdale 
des  blocs  porphyriques  se  reconnaît  fréquemment  dans 
les  masses  abattues  par  les  ouvriers  et  dépecées  par  eux. 
On  voit  très  bien  aussi  que  les  enduits  et  feuillets  chlo- 
rito-schisleux  se  sont  particulièrement  développés  le  long 
des  faces  prismastiques.  Souvent  les  prismes  sont  plus  ou 
moins  entourés  d'une  sorte  d'étui  chlorito-schisteux,  ce  qui 
s'explique  bien  facilement  dans  la  doctrine  du  métamor- 
phisme mécanique  que  nous  appliquons  ici,  puisque  c'est 
précisément  suivant  les  joints  prismatiques  que  se  sont 
opérés    le  plus   de   frottements,   de  glissements   et   de 


(  279  ) 

failles  avec  rejet,  comme  on  s'en  convainc  par  un  examen, 
même  rapide,  de  la  carrière  de  Bierghes. 

En  somme,  ces  observations  nous  conduiraient  à 
admettre  que  la  structure  colonnaire  ou  prismatique  s'est 
produite  à  divers  degrés  et  par  refroidissement  dans  les 
porphyres  de  Bierghes,  et  que  plus  tard  le  jeu  mutuel  des 
prismes  y  a  facilité  le  clivage  et  les  autres  phénomènes 
curieux  qu'ils  présentent  aujourd'hui. 

Quant  aux  caractères  de  struclure  que  nous  montrent 
les  lits  chlorilo-schisteux  qui  s'entrelacent  dans  la  roche 
porphyrique,  on  pourrait  les  rapprocher  de  ceux  des 
couches  stratifiées;  mais  ces  rapprochements,  qui  sont 
vrais  au  point  de  vue  des  formes,  ne  doivent  pas  tromper 
sur  l'origine  des  masses  rocheuses.  Dans  l'étal  des  con- 
naissances lithologiques,  nous  ne  pouvons  plus  confondre 
ces  modifications  de  texture  avec  des  alternances  de 
sédimentation.  On  ne  peut  hésiter  à  faire  dépendre  tous  ces 
entrelacements  schisteux  qui  serpentent  dans  le  massif  de 
Bierghes,  des  pressions,  laminages,  broiements  d'origine 
mécanique  qui  s'y  sont  passés  depuis  la  première  consoli- 
dation du  porphyre,  ces  diverses  actions  mécaniques,  bien 
entendu,  ayant  été  accompagnées  ou  suivies  de  change- 
ments dans  la  composition  minéralogique  primitive. 

Cela  est  démontré  :  1°  par  le  passage  graduel,  dans 
beaucoup  de  circonstances,  de  la  roche  porphyrique  nor- 
male aux  lits  d'aspect  purement  schisteux  qui  y  serpentent: 
les  ségrégations  cristallines  telles  que  l'orlhose  et  les  pla- 
gioclases  disparaissant  peu  à  peu  dans  le  schiste,  et  les 
plus  dures,  comme  le  quartz,  y  demeurant  les  dernières; 
2°  par  la  distribution  môme  des  portions  les  plus  schis- 
teuses ou  phylladeuses  au  sein  de  la  formation  porphy- 
rique, où  elles  ne  constituent  jamais  de  véritables  couches, 


(  280  ) 

mais  des  feuillets  généralement  très  minces,  essentielle- 
ment irréguliers,  s'arrêlant  souvent  brusquement,  toujours 
appliqués  contre  des  joints  et  particulièrement  contre  ceux 
qui  semblent  coïncider  avec  des  directions  privilégiées  de 
frottement  et  de  glissement  ;  3°  par  le  rapport  intime  qu'on 
observe  entre  ces  enveloppes  feuilletées  et  les  membranes 
chloriteuses  ou  micacées  qui  produisent  la  texture  feuil- 
letée que  nous  avons  décrite  et  signalée  comme  le  carac- 
tère invariable  de  cette  roebe,  même  dans  les  portions  les 
plus  nettement  porphyriques.  Or,  celte  texture  feuilletée 
est  prouvée  postérieure  à  la  consolidation  des  cristaux. 
C'est  un  phénomène  de  métamorphisme  mécanique,  qui 
correspond  parfaitement  au  feuilletage  oblique  propre  à 
toutes  les  couches  siluriennes  du  Brabant,  qu'elles  soient 
schisteuses,  comme  dans  les  séries  de  Tubize,  d'Oisquercq 
etdeGembloux,ou  bien  feldspalhiques,  comme  à  la  station 
de  Rebecq,  Hennuyères,  Fauquez,Grand-Manil,  Monstreux 
et  Nivelles;  4°  enfin,  par  les  cassures  et  fragmentations 
que  le  microscope  révèle  à  chaque  instant  dans  les  cristaux 
primordiaux  du  porphyre,  ainsi  que  par  les  transforma- 
tions plus  ou  moins  avancées  qu'il  accuse  chez  la  plupart 
de  ces  mêmes  minéraux,  en  chlorile  et  en  diverses  autres 
phyllites  qui  constituent  la  matière  fondamentale  des  lits 
phyllileux. 

C'est  pourquoi  nous  considérons  le  massif  porphyrique 
exploité  à  Bierghes  comme  un  des  cas  remarquables  qu'on 
puisse  voir  du  métamorphisme  de  stt  ucture  chez  une  roche 
éruptive,  et  comme  l'exemple  le  plus  grandiose  que  nous 
en  connaissions,  parmi  ceux  que  nous  présentent  les  ter- 
rains anciens  de  la  Belgique  et  des  Ardennes,  puisqu'il 
s'agit  là  d'une  zone  de  roches  feldspalhiques  dont  la  largeur 
dépasse  300  mètres  à  l'affleurement. 


2!81 


) 


Sur  la  tension  des  vapeurs  saturées.  —  Modification  à 
apporter  à  la  loi  de  Dalton;  par  P.  De  Heen,  corres- 
pondant de  l'Académie. 

On  sait  que  la  chaleur  de  vaporisation  peut  se  repré- 
senter par  la  formule 

T     dp 
L  =  -  u  — , 
E     dt 

dans  laquelle  u  désigne  le  volume  spécifique  de  la  vapeur, 
T  la  température  absolue,  E  l'équivalent  mécanique  de  la 
chaleur  et  ^  l'accroissement  de  tension  de  vapeur  pour 
une  variation  de  température  de  1°. 

Si  nous  désignons  par  è0  le  poids  spécifique  absolu  de 
l'hydrogène  à  la  température  de  la  glace  fondante  sous  la 
pression  normale  p0  et  par  M  le  poids  moléculaire, 

m=jLe?JL 

<T0M  p  275 

275<?0E  p  dt 

Et  si  Ton  désigne  par  T0  la  température  d'ébullilion 
sous  la  pression  y;0,  pour  cette  température  on  a  simple- 
ment 

1  Jdp 

LM  = T    — 

275r?0E      \dt 

Mais  on  sait  que  d'après  Dalton  toutes  les  vapeurs 
auraient  la  même  force  élastique  maximum  à  des  tempé- 
ratures également  éloignées  des  points  d'ébullilion.  Il  en 
résulterait  que  (£\  serait  constant  et  que  les  chaleurs 
latentes  moléculaires  LM,  mesurées  aux  températures 
d'ébullilion  normales,  seraient  proportionnelles  au  carré 


(  282  ) 

de  ces  tempéra  Unes.  Le  quotient  -^-  serait  donc  le  même 
pour  tous  les  corps. 

Telle  est  la  conclusion  à  laquelle  est  arrivé  M.  Bouty  ("). 

Voyez  dans  le  tableau  ci-contre  les  valeurs  qui  permet- 
tent de  constater  jusqu'à  quel  point  cette  loi  se  vérifie. 

Il  est  inutile  de  dire   que  les  divergences  que  l'on 

observe  entre  les  valeurs  de  ^  sont  énormes,  elles  sont 

0        i     »  • 

de  plus  loin  de  pouvoir  s'expliquer  par  lesecarts  qui  existent 

entre  les  densités  de  vapeur  calculées  et  observées.  Il  im- 
porte donc  de  chercher  ailleurs  la  cause  de  ces  anomalies. 
M.  Troulon,  recherchant  s'il  n'existerait  pas  quelque 
relation  empirique  entre  la  température  absolue  d'ébulli- 
tion  et  la  chaleur  de  vaporisation,  trouve  qu'il  faut  écrire 

ML  ,.« 

—  =  consl(  ); 

•  0 

relation   qui  est  sensiblement  vérifiée  par   l'expérience, 
ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  par  les  chiffres  du  tableau. 
On  ne  saurait  donc  admettre  la  loi  de  Dalton  qui  peut 
s'exprimer  en  écrivant 


\dtj( 


.  =const. 
idt 

car  la  loi  de  M.  Trouton  exige  la  relation 

const. 


\dt  /« 


Donc,  si  l'on  prend  pour  origine  la  température  d'ébulh- 
tion  des  liquides  que  l'on  considère,  la  variation  de  tension 
de  vapeur  correspondant  à  une  variation  de  température 
déterminée  est  en  raison  inverse  de  la  température  absolue. 

(*)  Journal  de  physique,  1885,  p.  26. 
O  PMI.  May.  (5),  t.  18,  pp.  54-57.  1884. 


(  283  ) 


as    . 

w 
se    . 

0   g 

w  § 

PS    ~ 

VALEURS  DE 

LIQUIDES. 

si 

<      « 

se  - 
0 

S  S 

0  s 

^  ô 

a 

<  s 

PS    = 

-w   g 

H 

5  1 

s   = 
w  1 

H    2 

ML 
T»0" 

ML 
To' 

Eau 

537 

18 

100 

373 

0,069 

25,80 

Alcool  méthylique    . 

263,7 

32 

55 

328 

0,078 

25,72 

Alcool  éthylique  .     . 

202 

46 

79 

352 

0,075 

26,34 

Alcool  amylique  .    . 

121 

88 

134 

407 

0,064 

26,16 

Alcool  cétylique  .    . 

58,7 

242 

350 

623 

0,036 

22,80 

!  Acide  formique    .    . 

120,7 

46 

100 

373 

0,066 

24,6 

;  Acide  acétique.    .    . 

101,9 

60 

116 

389 

0,062 

24 

Acide  butyrique    .    . 

114,7 

88 

162 

435 

0,053 

23,18 

|  Acide  valérique    .    . 

103,5 

102 

175 

448 

0,052 

23,56 

Iodure  de  méthyle    . 

46,1 

142 

42 

315 

0,066 

20,76 

i  Iodure  d'éthyle     .    . 

46,9 

156 

72 

345 

0,061 

21,18 

Formiate  de  méthyle 

117,1 

60 

33 

306 

0,075 

22,96 1 

Formiate  d'éthyle     . 

105,3 

74 

55 

328 

0,072 

23,76 

'     1 

Acétate  de  méthyle  . 

110,2 

74 

59 

332 

0,074 

24,54 

Acétate  d'éthyle  .    .    . 

99 

88 

75 

348 

0,071 

24,90  i 

Chlorure  d'éthyle .    . 

93 

64,5 

10 

283 

0,074 

21,2 

Chloroforme    .    .    . 

61 

119,5 

62 

335 

0,063 

21,74! 

Tétrachlorure  de  carbone 

47 

154 

78 

351 

0,058 

20,62 

Trichlorure  de  phosphore 

51 

137,5 

73,8 

346 

0,062 

21,50 

Chlorure  d'arsenic    .    . 

46 

181,5 

132 

405. 

0,050 

20,60 

Tétrachlorure  d'étain 

30,5 

260 

114 

387 

0,053 

20,48 

Acide  sulfureux    .    . 

94 

64 

—10 

263 

0,089 

22,98 

Sulfure  de  carbone  . 

86,7 

76 

43 

316 

0,066 

20,84 

Éther 

91,1 

74 

34 

307 

0,071 

21,94 

Oxyde  d'amyle.    .    . 

69,4 

158 

176 

449 

0,054 

24,40 

Acétone 

129,7 

58 

56,3 

329,3 

0,069 

22,84 

Benzine 

94,2 

78 

80 

353 

0,062 

20,20 . 

Butyrate  de  méthyle 

87,3 

102 

101 

374 

0,063 

23,80  ' 

Térébenthine       .    . 

68,7 

136  , 

161 

434 

0,050 

21,56  ' 

1 

Oxalate  d'éthyle   .    . 

72,7 

146 

184 

457 

0,058 

23,22  ' 

Brome  (Br^)     .    .    . 

45,9 

160 

63 

336 

0,065 

21,80  j 

Iode  (I04)     .... 

23,9 

508 

200 

473 

0,054 

25,60 

! 

(  284  ) 
Voici  les  données  que  nous  possédons  pour  la  vérifica- 
tion directe  de  notre  loi  : 


SUBSTANCES. 

VALEURS 

*»(£).■ 

VALEURS 

8360 
10640 
8420 
8603 
8036 
7904 
8816 
10138 

27  0 

30, 

25,3 

26,01 

22,9 

24,6 

14,2 

27,19 

Sulfure  de  carbone  .    .                 .... 

On  constate  que  les  valeurs  de  (^)o  varient  du  simple 
au  double,  alors  que  les  valeurs  de  T0(-^)o seraient  rigou- 
reusement constantes  s'il  n'existait  de  légers  écarts  pour 
l'eau  et  pour  l'alcool  dont  l'instabilité  physique  nous  est 
démontrée  par  un  grand  nombre  de  faits. 

Remarquons  que  la  relation  énoncée  plus  haut  permet 
de  déterminer  approximativement  la  constitution  des 
vapeurs  saturées  ;  c'est  ainsi  qu'elle  assigne  à  la  vapeur 
d'iode  prise  à  200°  la  formule  Io4. 

Ces  considérations  nous  permettent  enfin  d'interpréter 
d'une  manière  théorique  des  relations  que  nous  avons 
trouvées  précédemment. 

Nous  avons  constaté  dans  notre  Essai  de  Physique 
comparée  (*)  que  le  travail  moléculaire  est  constant  pour 
les  corps  appartenant  à  une  même  série  homologue.  D'au- 
tre part  nous  avons  établi  que  ce  travail  se  compose  de 


(*)  Voir  le  chapitre  Chaleur  spécifique,  p.  39. 


(  285  ) 

deux  termes  dont  l'un  est  égal  à  1,333  a0  p0  M,  a{)  et  p0 
désignant  respectivement  le  coefficient  de  dilatation  et  la 
chaleur  latente  interne  de  vaporisation.  Ce  produit  repré- 
sente la  chaleur  latente  de  dissociation  physique.  L'autre 
terme  d  représente  la  chaleur  latente  de  dissociation  chi- 
mique (*).  Or  ces  deux  quantités  étant  absolument  indé- 
pendantes l'une  de  l'autre,  on  ne  peut  admettre  qu'il 
s'établisse  entre  elles  une  compensation  ayant  pour  effet  de 
maintenir  leur  somme  constante.  Il  faut  donc  admettre 
que  chacune  d'elles  prise  isolément  est  également  con- 
sente. 

Voici  les  faits  qui  permettent  de  vérifier  ces  prévisions  : 


SUBSTANCES. 

CHALEURS 

de 

vaporisation 

moléculaire  (*'). 

COEFFICIENT 
de 

dilatation. 

PRODUIT. 

Formiate  de  méthyle 
l  Acétate  de  méthyle  .    . 
<  Butyrate  de  méthyle.    . 
/  Formiate  d'éthyle.    .    . 
\  Acétate  d'éthyle   .    . 

f  Alcool  méthylique    .     . 
1  Alcool  éthylique  .    .     . 
(  Alcool  amylique  .     .    . 

(  Iodure  de  méthyle    .    . 
f   Iodure  d'éthyle    .    .    . 

7 

7,9 

8,9 

7,8 
8,6 

8,45 

9,80 

10,70 

6,54 
7,31 

0,001436 
0,001341 
0,001196 
0,001324  . 
0,001287 

0,001149 

0,00104 

0,000912 

0,00126 
0,00114 

0,0100 
0,0105 
0,0106 
0,0103 
0,0112 

0,0097 

0,0102 
0,0097 

0,0082 
0,0083 

(*)  Voir  Premier  essai  de  Théorie  des  Liquides.  (Annales  de  chimie  et 
de  physique,  1885.) 

(**•)  La  chaleur  de  vaporisation  prise  j  la  température  d'ébullitiori  se 
confond  sensiblement  avec  la  chaleur  latente  interne  de  vaporisation 
prise  à  0°.  C'est  pourquoi  nous  croyons  pouvoir  employer  cette  première 
quantité  comme  telle. 

3me  SÉRIE,  TOME   IX.  20 


{  286  ; 
Mais  d'autre  part  nous  avons  : 

—  =  const.  (  ). 

On  a  donc  nécessairement  la  relation 

const. 

ou  aT0  =  const., 


T„ 

c'est-à-dire  que  pour  les  corps  appartenant  à  une  série 
homologue  le  produit  du  coefficient  de  dilatation  par  la 
température  absolue  d'ébullition  est  constant. 

Telle  est  la  loi  dont  nous  avons  démontré  l'exactitude 
dans  notre  mémoire  sur  la  dilatation  des  liquides  (**). 
Constatons  qu'elle  devient  ici  une  conséquence  de  la 
théorie. 


(*)  Dans  la  première  partie  de  cette  note  nous  avons  considéré  ia 
chaleur  de  vaporisation  L  qui  comprend  la  chaleur  employée  à  vaincre 
la  pression  extérieure,  ici  nous  ne  considérons  que  la  chaleur  p  qui  se 
rapporte  exclusivement  au  travail  intérieur. 

ML  MP 

Nous  allons  démontrer  que  si  —  est  une  quantité  constante—-  est 
également  constant.  En  effet  : 

dp 

p  s=  ATu m  Ad. 

dt 

Et  si  l'on  fait  subir  à  cette  équation  les  mêmes  changements  que  ceux 

que  nous  avons  fait  subir  à  l'équation  dans  laquelle  iutervient  L,  on 

obtient 


Trb&)rp]xcmsi- 


Or  p  est  constant,  par  conséquent  —  l'est  également  si  l'on  admet  la 
relation  T0  f^Q=  const. 

(**)  Mémoires  couronnés  el  autres  Mémoires  publiés  par  l'Académie 
royale  de  Belgique,  t.  XXXI,  1880. 


(  287  ) 


Note  cristallographique  sur  la  chaux  carbonatée  de  Blaton; 
par  F.  Sansoni,  professeur  à  l'Université  de  Pavie. 

Parmi  les  échantillons  de  calcite  de  la  collection  du 
Musée  d'histoire  naturelle  de  Bruxelles,  se  trouvaient  quel- 
ques cristaux  de  Blaton,  auxquels  M.  Renard  avait  reconnu 
la  présence  de  faces  qu'il  croyait  nouvelles  pour  cette 
espèce.  A  la  demande  de  M.  le  professeur  Groth,  ces  beaux 
spécimens  me  furent  confiés  pour  en  faire  l'étude  de  détail 
et  pour  comprendre  leur  description  dans  le  travail  mono- 
graphique que  j'avais  entrepris  sur  la  cristallographie  de 
la  calcite.  Les  échantillons  qui  l'ont  l'objet  de  cette  notice 
proviennent  de  géodes  du  calcaire  carbonifère  de  Belgique 
et  furent  recueillis  à  Blaton  il  y  a  quelques  années. 

Les  quatre  cristaux  qui  m'ont  été  donnés  comme  sujet 
d'étude  par  M.  Renard  sont  remarquables  par  leur  volume; 
deux  seulement  se  prêtent  à  des  mesures  goniométriques; 
le  plus  gros  atteint  environ  6  centimètres  sur  l'axe  prin- 
cipal et  3cm,5  sur  le  plan  principal  de  symétrie;  l'autre 
n'est  qu'un  peu  plus  petit.  Ils  sont  parfaitement  déve- 
loppés de  tous  côtés.  Leur  couleur  est  jaune-miel;  ils  sont 
transparents  et  doués  d'un  éclat  vitreux  qui  n'a  pas  la 
même  intensité  sur  toute  l'étendue  de  leur  surface.  Ces 
échantillons,  même  ceux  qui  ne  sont  pas  mesurables, 
affectent  tous  la  forme  scalénoédrique  déterminée  par  la 
prédominance  de  la  forme  R3  (2131).  Sur  les  faces  de  cette 
forme  sont  implantés  de  nombreux  et  très  petits  cris- 
taux blancs,  vitreux,  très  luisants,  transparents,  tous  de 
forme  semblable  et  peu  profondément  attachés  sur  les 


(  288  ) 
faces  mêmes.  Ils  sont  aussi  constitués  par  du  calcaire; 
leur  forme  cristalline  résulte  de  la  combinaison  R3  (2131) 
—  2  R  (0221)  —  R  (01Ï1).  Pour  quelques-uns,  dont  les 
dimensions  sont  un  peu  plus  grandes,  on  reconnaît  une 
trace  du  rhomboèdre  4  R  (4041). 

Les  deux  gros  cristaux,  étudiés  au  goniomètre,  offrent 
respectivement  la  combinaison  des  formes  suivantes, 
disposées  successivement  selon  leur  développement. 

Premier  cristal  (fig.  1)  : 


mil 


Figure  1 


HS,  _r,       oo  R,        4R,          —  2R7/3,  —  2R, 

2131  Olll        4010  4041       4  10  74  5  0221 

»/,R2,  %R48/7,           16/,7Kb/2>          9R>         -11R- 

15  S  20  4  12  40  52  25  12  28  40  17      9091  0  1 1  Ti 


(  289 


Second  cristal  (iig.  2)  : 


Figure  2. 


R3 

—  R        »  R          4R 

-  2R7/3 

-2R, 

2131 

01  Fi        ÎOÎO       4041 

4  10  14  5 

0221 

8/4R3, 

%m,       «b/4r8/35 

-4/3R8/3, 

-S/7RI7/B, 

01  5  15  4 

15  5  20  4      20  5  25  4 

9R,          —  11R 
9091      0  11  Ti 

4  1 6  20  9 
1 

6  11  17  7 

L'extension  et  l'apparence  de  chaque  forme  se  main- 
tiennent constantes  dans  les  deux  cristaux;  je  crois  utile 
de  m'arrêter  sur  ces  points. 

R5  (-2131). 

Scalénoèdre  dominant  à  faces  presque  toujours  parfaite- 
ment développées,  très  luisantes,  ayant  à  peu  près  la 
même  extension  sur  tous  les  côtés  du  cristal.  Les  mesures 


^  290  ) 
donnent  des  valeurs  très  proches  de  celles  que  l'on  obtient 

par  le  calcul. 

-R(0H1). 

Ce  rhomboèdre  est  très  développé;  comme  ses  faces 
sont  très  courbes  et  presque  ternes,  il  ne  peut  pas  être 
déterminé  avec  une  exactitude  suffisante,  pas  même  dans 
les  petits  individus.  Les  valeurs  obtenues,  dans  huit  inci- 
dences, pour  l'angle  —  R  :  —  2R  (01Ï1  :  0221),  oscillent 
entre  les  limites  17°  —  19°,25'  avec  une  moyenne  de 
17°50',  tandis  qu'on  calcule  pour  cet  angle  la  valeur 
18°.20  .40";  on  ne  peut  donc  pas  fonder  la  détermination 
d'une  forme  sur  des  données  aussi  incertaines,  mais  on 
doit  aussi  considérer  comme  approximative  la  valeur  que 

nous  admettons. 

Ce  sont  ces  deux  formes  qui  atteignent  le  plus  grand 

développement  dans  les  plus  gros  cristaux  aussi  bien  que 

dans  les  plus  petits,  qui  sont  probablement  de  seconde 

formation. 

—  2R(0221). 

Ce  rhomboèdre  montre  sur  toutes  ses  faces,  uniformes 
et  planes,  un  éclat  que  l'on  n'observe  pas  pour  les  autres 
formes.  En  outre  on  y  voit  presque  toujours  une  excavation 
longitudinale,  très  irrégulière,  qui  court  parallèlement  à 
l'arête  de  combinaison  R3  :  2R  (2131  :  0221).  Cette  gout- 
tière se  montre  plus  élargie  et  plus  profonde  à  la  partie 
moyenne  que  vers  l'extrémité.  A  l'aide  de  la  loupe  on 
aperçoit  sur  ses  parois  la  môme  allure  que  dans  les  tré- 
mies, et  l'on  distingue  ainsi  clairement  les  couches  de  sub- 
stance superposées  parallèlement  aux  facettes  de  la  forme 
R3.  Ces  couches,  parlant  des  plus  inférieures,  s'éloignent 
peu  à  peu  de  l'arête  aiguë,  qu'elles  auraient  dû  former  par 


(  291  ) 
leur  rencontre.  Celte  excavation  à  trémie  n'est  pas  mani- 
feste dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  parce  qu'elle  a  été 
partiellement  ou  entièrement  remplie  par  du  calcaire  qui 
s'y  est  déposé  après  coup;  cette  dernière  substance  est 
toujours  d'une  couleur  jaune-miel  plus  limpide  et  plus 
luisante.  C'est  précisément  à  celte  substance  de  déposition 
secondaire  que  les  faces  doivent  leur  éclat  caractéristique. 
Sur  les  faces  de  cette  forme  on  peut  suivre  dans  les  deux 
cristaux  les  phases  successives  du  remplissage  et  de  la 
formation  des  faces.  Cette  formation  s'arrête  dans  quel- 
ques cas  à  ses  débuts,  elle  est  rarement  complète;  toutefois 
elle  s'est  toujours  accomplie  plus  rapidement  vers  les 
extrémités  des  faces.  Des  raies  très  régulières  parallèles  à 
l'excavation  peuvent  nous  rappeler  les  intervalles  existant 
entre  les  couches  d'accroissement.  Ces  faits  nous  offrent 
un  exemple  très  instructif  d'un  des  modes  suivis  par  la 
nature  pour  donner  naissance  aux  facettes  modificatrices. 

oo  R(tOÏO). 

Faces  bien  définies  et  planes  ayant  le  même  éclat  que 
celles  du  scalénoèdre  dominant;  dans  le  plus  gros  cristal 
elles  sont  moins  étendues. 

4R  (4041). 

Rhomboèdre  très  étendu  ayant  des  faces  planes  et 
réfléchissantes. 

—  2R7/3(4  10  14  5). 

Scalénoèdre  très  développé,  avec  faces  légèrement 
courbées  et  à  demi  opaques.  Cette  forme  semblait  d'abord 
être  comprise  dans  la  zone  oo  R  :  R3  (0110  :  2131);  malgré 
la  courbure,  il  se  vérifia  au  goniomètre  une  déviation 
constante.  11  paraît  au  contraire  hors  de  doute  que  celle 


(  292  ) 

forme  appartient  aux  arêtes  latérales  de  —  2R  (0221); 
et  c'est  parallèlement  à  l'axe  de  celle  zone  que  la  cour- 
bure des  faces  se  vérifie.  Cela  étant,  tandis  que  l'on  pou- 
vait constater  l'exactitude  de  ladite  zone,  il  était  difficile 
d'ailleurs  d'effectuer  dans  le  même  sens  un  mesurage, 
puisqu'il  se  produisait  par  réflexion  une  image  continue, 
ayant  la  même  intensité.  Celle  forme  n'a  pas  jusqu'à  pré- 
sent été  observée  dans  le  spath  calcaire. 

»/2R2(l5S  20  4). 

Scalénoèdre  que  présentent  seulement  les  deux  gros 
cristaux.  Ces  faces  sonl  planes,  mais  peu  réfléchissantes; 
c'est  ce  qui  a  rendu  nécessaire  l'emploi  de  la  lunette  d'obser- 
vation $  (1)  du  goniomètre  de  Fuess,  dont  on  s'est  servi 
pour  cette  étude  dans  le  but  d'obtenir  des  images  réfléchies 
mieux  circonscrites.  C'est  aussi  pour  cette  raison  que  la 
différence  entre  les  valeurs  fournies  par  les  mesures  et 
celles  résultant  du  calcul  est  considérable.  Le  volume  des 
cristaux  rendait  très  difficile  d'exécuter  plusieurs  mesures 
de  contrôle  sur  les  faces  contiguës.  D'ailleurs  cette  forme 
étant  déjà  connue  pour  le  spath  calcaire  (2),  il  a  semblé  à 
l'auteur  que  si  l'on  tient  compte  surtout  de  l'apparence  des 
faces,  on  n'aurait  pu  substituer  un  autre  symbole  à  celui 
qui  a  été  proposé. 

5/4R3(10  5l5  4). 

Scalénoèdre  nouveau  représenté  seulement  dans  le  plus 
gros  cristal;  ses  faces  sonl  très  étendues,  peu  refléchis- 


(1)  Webskv,  Ueber  die  Einrichlung  und  GebraucJi  der  von  B  Fuess 
in  Berlin  nach  dem  System  Babinet  gebauten  Refli'xions-Goniometer. 
Modell  II  (Zeitschrifi  fur  Krystallog.  und  Minerai.,  4,  p.  515.) 

(2)  Irby,  On  the  crystallography  of  Calait,  p.  42.  Bonn,  1878. 


(  293  ) 

sanles,  comme  dans  le  scaléonoèdre  déjà  décrit,  et  légère- 
ment courbées.  Il  appartient  à  la  zone  oo  R  :  5/2  R2(1010  : 
15  5  20  4),  dont  l'exactitude  a  été  vérifiée  dans  toutes 
les  parties  du  cristal.  On  connaît  la  forme  négative  qui  lui 
correspond,  elle  a  été  trouvée  à  Andreasberg  (1). 

^RS/j^O  5  25  5). 

Forme  scalénoédrique  nouvelle,  appartenant  à  la  zone 
précédente.  Elle  se  montre  seulement  en  très  petites  faces 
sur  le  plus  gros  cristal.  Ces  trois  formes  scalénoédriques 
offrent  des  images  un  peu  incertaines  à  cause  du  manque 
d'éclat  de  leurs  faces.  Si  l'on  considère  les  symboles  de  ces 
trois  scalénoèdres,  on  aperçoit  aussitôt  qu'il  existe  un 
rapport  remarquable  entre  leurs  indices  : 

h  k  l  i 

5/4R3     10  S  [3  4 

*/2R2      15  5  20  4 

ls/4Rs/3    20  5  25  4 

En  effet,  pendant  que  les  indices  k  et  i  du  symbole 
général  sont  idenliques  pour  tous,  les  deux  autres  sont 
exprimés  par  des  multiples  de  5. 

9R(9091). 

Rhomboèdre  nouveau  :  cette  forme  se  montre  avec  des 
faces  peu  étendues,  qui  ne  sont  représentées  que  par 
des  stries;  elles  ont  cependant  des  reflets  très  nets.  Celle 
forme  a  été  observée  pour  les  deux  plus  gros  cristaux. 

—  11R(0  11  ïï  1). 

(1)  Sansoni,  Sulle  forme  cristalline  délia  Calcite  di  Andreasberg. 
(Reale  Accademia  dei  Lincei  1884  ) 


(  294  ) 

Rhomboèdre  déjà  connu,  ayant  un  aspect  semblable  au 
précédent. 


Figure  3. 


Les  autres  scalénoèdres  négatifs  appartiennent  lous  à  la 
zone  —  2R  :  R5  (0221  :  2151)  et  sont  représentés  par  de 
très  petites  facettes  placées  aux  côtés  du  rhomboèdre 
—  2R,  qui  tronque  directement  les  arêtes  obtuses  de  ces 
formes.  Elles  rappellent  les  plans  successifs  d'accroisse- 
ment, diminuant  d'extension  à  mesure  qu'en  partant  de 
la  face  —  2R  on  s'avance  vers  l'arête  obtuse  de  R3;  elles 
représentent  comme  des  émoussures   successives   entre 


(  295  ) 

l'arête  formée  par  les  faces  de  ces  deux  formes.  On  compte 
sur  chacun  des  cristaux  observés  deux  de  ces  scalénoèdres 
négatifs,  n'ayant  pas  le  môme  symbole;  ainsi  on  a  dans  le 
premier  jes  deux  —  *y23  r  w/?  (12  40  52  23)  et  »C/17_R  »/, 
(12  28  40  17),  et  dans  l'autre  —  */5  R  3/s  (4  16  20  9), 
—  5/7  R  ,7/s  (6  H  17  7.)  Excepté  la  forme  —  */»  R  5/3 
(4  16  20  9)  déjà  connue  à  And.reasberg  (1),  et  qui  est 
ici  plus  développée  que  les  autres,  toutes  sont  nouvelles. 
L'existence  de  la  zone  indiquée  ci-dessus  a  été  constatée 
par  tous,  et  comme  le  montre  le  tableau  des  valeurs 
angulaires,  les  seules  mesures  qu'on  a  pu  prendre  sont 
comprises  entre  des  limites  très  rapprochées.  Toutefois, 
comme  il  n'a  pas  été  possible  d'obtenir  de  mesures  de 
contrôle,  et  comme  les  symboles  admis,  malgré  qu'ils 
répondent  toujours  aux  conditions  de  la  zone,  sont  aussi 
très  compliqués,  ces  formes  ne  peuvent  pas  être  considé- 
rées comme  fixées  avec  certitude. 

Un  coup  d'œil  sur  la  projection  sphérique  (tig.  3) 
montre  d'abord  que  la  nouvelle  forme  —  2R  7/3  (4  10143), 
quoiqu'elle  appartienne  à  la  zone  des  arêtes  latérales  — 
2R  (0221),  a  ses  pôles  très  proches  de  la  zone  (01Ï0  : 
5  20  15  4);  toutefois  on  ne  peut  pas  admettre  qu'elle 
puisse  appartenir  à  celle-ci,  quoiqu'on  n'ait  pu  le  vérifier 
au  goniomètre  à  cause  du  volume  des  cristaux  Dans  ce  cas, 
en  effet,  nous  obtiendrions  le  symbole  —  2R  9/4  (5  13  1 8  4) 
relativement  plus  compliqué  que  celui  qui  a  été  admis;  et 
les  valeurs  calculées  par  celui-ci  s'éloignent  trop  de  celles 
qui  ont  été  observées,  comme  l'indique  le  tableau.  L'exis- 
tence de  celte  forme  acquiert  encore  plus  de  probabilité,  si 
l'on  considère  les  relations  qu'elle  a  avec  les  rhomboèdres, 


(I)  Sansosi,  loc.  cit.,  p.  42. 


(  296  ) 

qui,  d'après  le  système  de  Mohs,  peuvent  être  dérivés  de 
cette  l'orme,  et  qui  ont  des  symboles  simples  et  sont  assez 
fréquents.  En  effet  pour  le  spath  calcaire,  de  quelque 
localité  que  ce  soit,  le  romboèdre  —  2R  est  très  connu,  et 
plusieurs  scalénoèdres  appartiennent  à  la  zone  des  arêtes 
latérales  de  cette  forme  (1).  En  outre  il  résulte  du  calcul 
que  le  rhomboèdre  enveloppant  et  qui  modifie  directement 
les  arêtes  obtuses  de  ce  scalénoèdre  est  exprimé  par  —  4R 
(0441),  symbole  simple  déjà  observé  pour  ce  minéral 

On  peut  dire  la  même  chose  du  scalénoèdre  nouveau 
l3/4  R  3/3,  dont  les  pôles  sont  situés  très  près  de  la  zone 
(1120  :  4041.)  Si  l'on  admet  qu'il  appartienne  à  celte  zone, 
on  en  déduit  le  symbole  4R  ,3/8  (21  5  26  4),  forme  par 
laquelle  on  calcule  des  valeurs  qui  s'éloignent  beaucoup 
de  celles  qui  résultent  des  mesures. 

Dans  le  tableau  suivant  on  n'a  pas  indiqué  les  valeurs 
angulaires  qui  se  rapportent  à  des  formes  déjà  connues. 
Suivant  la  méthode  la  plus  communément  adoptée  aujour- 
d'hui, on  prend  pour  mesure  de  l'angle  dièdre  de  deux 
faces  celui  qui  est  formé  par  leurs  normales;  on  indique 
enfin  par  Y  l'arête  obtuse  de  chaque  scalénoèdre.  N  désigne 
le  nombre  des  arêtes  qui  ont  été  mesurées.  Vis-à-vis  des 
valeurs  qui  se  rapparient  aux  scalénoèdres  —  2R  7/s 
(4  10  Î4  3)  et  'B/4  R  5/s  (20525  4)  on  a  placé  les  valeurs 
calculées  pour  les  formes  —  2R  9/4  (5  13  18  4)  et  4R  l3/8 
(21  5  26  4),  afin  qu'on  puisse  saisir  les  grandes  différences 
qu'elles  présentent. 

Les  deux  cristaux  montrent  des  lames  d'hémilropie 
très  nettes  suivant  le  plan  OR  (0001). 


(1)  Irby,  loc.  cit ,  p.  H. 


(  297  ) 


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(  298  ) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Séance  du   iù  avril  4885. 

M.  Ch.  Piot,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.  Willems,  vice-directeur; 
Gachard,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove, 
R.  Chalon,  Thonissen,  Th.  Juste,  Félix  Nève,  Alph.  Wau- 
ters,  Ém.  de  Laveleye,  A.  Wagener,  F.  Tielemans,  G.  Ro- 
lin-Jaequemyns,  S.  Rormans,  Ch.  Potvin,  J.  Stecher, 
Aug.  Scheler,  P.  Henrard,  membres;  J.  Nolet  de  Rrau- 
were  van  Steeland,  associé;  J.  Gantrelle,  Ch.  Loomans, 
L.  Vanderkindere  et  A.  Henné,  correspondants. 

M.  Alvin,  vice-directeur  de  la  Classe  des  beaux-arts, 
assiste  à  la  séance. 

Avant  la  lecture  de  la  correspondance,  M.  le  secrétaire 
perpétuel  rappelle  que  MM.Piot,Rivieret  Roersch  viennent 
d'être  promus  au  grade  d'officier  de  l'Ordre  de  Léopold.  11 
propose,  en  conséquence,  à  la  Classe  d'adresser  des  félici- 
tations à  ces  trois  confrères.  —  Applaudissements. 

M.  Piot  remercie  tant  en  son  nom  qu'au  nom  de  ses 
confrères  absents  pour  cet  affectueux  témoignage  de  sym- 
pathie. 


,  299  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Acadé- 
mie, le  tome  II,  Registres,  ainsi  que  la  Table  analytique, 
section  première,  lre  série,  de  Y  Inventaire  des  archives  de 
la  ville  de  Bruges.  2  vol.  in-4°. 

M.  le  Ministre  de  la  Justice  envoie  le  tome  IIIe  des 
Coutumes  des  pays  et  comté  de  Flandre;  coutume  du  bourg 
de  Bruges,  par  L.  Gillioclls-Van  Severen,  et  la  Liste  chro- 
nologique des  édits  et  ordonnances  des  Pays-Bas,  règne  de 
Charles-Quint  (1506-1555);  1  vol.  in-4°  et  1  vol.  in-8°; 
publiés  par  la  Commission  royale  des  anciennes  lois  et 
ordonnances  du  pays.  —  Remercîments. 

—  M.  Gachard  remet,  pour  être  déposés  dans  la  biblio- 
thèque de  l'Académie,  les  derniers  ouvrages  reçus  par  la 
Commission  royale  d'histoire. 

—  L'Académie  royale  des  sciences  morales  et  politiques 
de  Madrid  envoie  le  programme  de  ses  concours  pour  1886 
et  1887. 

—  Comme  suite  à  la  communication  qui  lui  est  faite 
au  nom  de  la  Classe  des  sciences,  la  Classe  adopte,  par 
acclamation,  le  principe  d'une  adresse  au  Roi  au  sujet  de 
l'œuvre  du  Congo. 

Les  directeurs  des  trois  Classes  et  le  secrétaire  perpé- 
tuel sont  chargés  de  s'entendre  au  sujet  de  la  rédaction  de 
celte  adresse  qu'ils  remettront  à  Sa  Majesté. 


(  300  ) 

—  La  Classe  reçoit,  à  titre  d'hommages,  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  : 

1°  Gazette  archéologique,  1885,  1  et  2,  publiée  par 
J.  de  Witte  et  R.  de  Lasteyrie  ; 

2°  Les  Huguenots  et  les  Gueux,  tomes  IV  et  V,  par  le 
baron  Kervyn  de  Lettenhove; 

3°  Le  soulèvement  des  Pays-Bas  contre  la  domination 
espagnole (1567-1572),  par  Th.  Juste; 

4°  Henri  IV  et  la  princesse  de  Condé,  par  Paul  Henrard; 

5°  Essais  de  critique  philosophique,  par  Ad.  Franck, 
associé  de  la  Classe; 

6°  Luit  en  fluit,  dichtbundel,  par  F.  Daems,  chanoine 
de  l'abbaye  de  Tongerloo  (présenté  par  M.  Nolet  de  Brau- 
were  avec  une  critique  imprimée); 

7°  La  conférence  africaine  de  Berlin,  par  Charles  Faure; 

8°  Chronycke  van  Ghendt  door  Jan  Van  den  Vivere, 
éditée  par  Fr.  De  Potier; 

9°  Les  Roumains  au  moyen  âge,  par  A.-D.  Xénopol; 

10°  Le  premier  chapitre  de  la  Genèse,  par  C.  de  Fran- 
kenthal. 

Ces  deux  derniers  ouvrages  ont  été  présentés  par 
M.  C.  de  Harlez  avec  la  note  bibliographique  suivante  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe  des  lettres,  au 
nom  de  M.  A.-D.  Xénopol,  professeur  d'histoire  roumaine 
à  l'Université  de  Jassy,  un  ouvrage  intitulé  :  Une  énigme 
historique.  Les  Roumains  au  moyen  âge. 

L'auteur  y  développe  avec  science  et  talent  une  thèse 
très  importante  pour  l'ethnogénie  de  sa  patrie  et  qui  n'est 
pas  sans  intérêt  pour  l'ethnographie  européenne.  On  sait 


(301  ) 

que  les  Roumains  se  disenl  issus  des  anciens  colons 
envoyés  par  Trajan  sur  les  rives  du  Danube  après  la  con- 
quête de  la  Dacie.  Du  mélange  des  vétérans  romains  avec 
les  anciens  Daces  sortit  un  peuple  nouveau,  celui  des 
Daco-Romains,  connus  au  moyen  âge  sous  le  nom  de 
Valaques  et  aujourd'hui  sous  celui  de  Roumains.  Telle  est 
la  forme  sommaire  qu'a  prise  l'ethnogénie  roumaine  dans 
la  masse  des  populations  danubiennes. 

Toutefois  depuis  un  siècle  il  s'est  élevé  une  controverse 
fameuse  au  sujet  de  la  descendance  des  Roumains  ou  mieux 
au  sujet  de  leur  persistance  dans  les  régions  au  nord  du 
Danube  pendant  le  moyen  âge.  Thunmann,  Sulzer,  Engel 
et  après  eux  Roesler  et  Tomaschek  enseignent  que  sous 
l'empereur  Aurélien,  vers  274,  les  Daco-Romains  auraient 
abandonné  en  masse  la  Dacie  de  Trajan.  Ils  se  seraient 
établis  en  Mésie,  en  Dardanie  et  même  au  delà  de  PHémus 
près  du  Rhodope  sur  le  territoire  des  anciens  Besses,  les 
plus  fameux  des  peuples  thraces.  Là,  les  Daco-Romains 
auraient  subi  une  forte  infusion  de  sang  thrace.  C'est  donc 
la  Mésie  centrale,  et  non  la  région  des  Carpathes,  qui  doit 
être  considérée  comme  le  berceau  des  Roumains.  Vers  le 
XIIIe  siècle,  la  ruine  de  l'empire  de  Byzance  renvoya  les 
Roumains  dans  leurs  anciens  foyers. 

Voilà  le  grave  débat  qui  s'agite  encore  aujourd'hui  entre 
les  historiens  roumains  et  plusieurs  écrivains  allemands, 
le  to  be  or  not  to  be  de  l'ethnogénie  roumaine.  Les  idées 
de  Roesler,  malgré  l'opposition  de  MM.  Jung  et  Pic,  pro- 
fesseurs à  l'Université  de  Prague,  ont  généralement  triom- 
phé. Car  à  sa  mort  survenue  en  1874,  M.  Tomaschek,  son 
collègue  à  l'université  de  Gratz,  les  reprit  pour  son  compte 
et  elles  ont  passé  depuis  dans  la  plupart  des  histoires 
d'Autriche,  de  Hongrie  et  de  Transylvanie.  Mais  M.  Xéno- 

3ine  SÉRIE,  TOME  IX.  21 


(  302  ) 

pol  n'a  pas  tenu  la  cause  pour  jugée  et  l'ouvrage  qu'il  pré- 
sente à  la  Classe  a  pour  but  de  prouver  que  les  Roumains 
sont  bien  les  descendants  directs  et  immédiats  des  Daco- 
Romains,  que  le  berceau  de  sa  nationalité  ne  doit  pas  être 
cherché  ailleurs  que  dans  les  régions  situées  dans  l'ancienne 
Dacie  de  Trajan  au  nord  du  Danube.  L'auteur  nous  paraît 
avoir  répondu  d'une  manière  victorieuse  aux  principaux 
arguments  de  la  thèse  de  Roesler. 

Ainsi  l'on  affirme  d'abord  que  la  Dacie  ne  fut  jamais  que 
superficiellement  romanisée,  que  le  temps  manqua  pour 
cela  de  105  à  274,  puisqu'en  Rretagne,  par  exemple,  la 
romanisation  se  trouva  être  complète  seulement  après 
quatre  siècles.  Mais  M.  Xénopol  démontre  sans  peine  que 
de  fait  la  colonisation  fut  rapide  en  Dacie;  des  causes  spé- 
ciales y  favorisèrent  l'influence  romaine,  mais  celle-ci  est 
indéniable  et  démontrée  à  l'évidence.  L'exemple  de  la  Rre- 
tagne prouve  une  chose,  c'est  que  l'élément  celtique 
demeura  dominant  après  la  conquête.  En  Dacie,  l'élément 
indigène  fut  presque  écrasé  par  la  longue  résistance  de 
Décébale. 

Comme  preuve  de  la  romanisation  superficielle,  Roesler 
faisait  remarquer  qu'il  n'est  demeuré  en  Dacie  aucun  des 
noms  de  lieux  usités  à  l'époque  romaine.  Dans  un  chapitre 
des  plus  intéressants  pour  la  géographie  et  la  philologie 
historiques,  M.  Xénopol  déclare  que  c'est  là  une  affirmation 
gratuite  démentie  par  la  toponymie  roumaine. 

L'argument  le  plus  solide  de  Roesler  est  un  passage  de 
Flavius  Vopiscus  confirmé  par  deux  citations  de  Rufus  et 
d'Eutrope.  Ces  trois  auteurs  constateraient  en  termes 
irrécusables  que  sous  Aurélien,  la  Dacie  fut  entièrement 
abandonnée  aux  Goths  et  que  la  population  daco-romaine 
passa  jusqu'au  dernier  homme  en  Mésie  au  sud  du  Danube. 


(  303  ) 

Depuis  lors,  celte  province  porta  le  nom  de  Dacia,  ripen- 
sis,  méditer ranea.  Assurément,  ces  témoignages  attestent 
l'extension  méridionale  des  Daco-Romains.  Mais  donnent- 
ils  le  droit  de  conclure  au  dépeuplement  absolu  de  l'an- 
cienne Dacie?  Celte  conclusion  ne  s'impose,  comme 
M.  Xénopol  l'établit  par  une  judicieuse  interprétation  des 
textes,  qu'à  M.  Roesler  et  à  ses  adhérents;  d'autant  plus 
que  ce  prétendu  dépeuplement  de  la  Dacie  repose  unique- 
ment sur  le  fait  que  du  IIIe  au  XIIIe  siècle,  il  n'est  jamais 
question  des  Valaques  au  nord  du  Danube.  On  sait  quelle 
est  en  général  la  valeur  de  l'argument  a  silentio.  Au  cas 
présent,  M.  Xénopol  nous  le  montre  pièces  en  mains  moins 
convaincant  que  jamais. 

Les  deux  derniers  arguments  de  Roesler  sont  tirés  de 
la  religion  et  de  l'idiome  des  Roumains.  L'introduction  du 
rit  bulgare,  la  présence  dans  la  langue  d'un  fonds  de  mots 
albanais  et  l'identité  du  daco-roumain  avec  le  macédo- 
roumain  du  Pinde  s'expliquent  aisément  dans  l'hypothèse 
d'un  séjour  prolongé  des  Moldo-Valaques  en  Mésie.  Ces 
faits  seraient,  d'après  Roesler,  peu  justifiés  au  cas  d'une 
occupation  persistante  des  régions  au  nord  du  Danube.  Ici 
encore  les  solutions  de  M.  Xénopol  sont  des  plus  satisfai- 
santes. Il  est  peu  étonnant  que  les  Roumains  aient  adopté 
dans  leur  église  le  rit  slave  ou  bulgare,  s'il  est  démontré, 
comme  M.  Xénopol  l'établit,  que  la  Bulgarie,  au  moins 
pendant  la  durée  du  premier  État  bulgare,  s'étendait  aussi 
au  nord  du  Danube,  sur  la  Moldavie,  la  Valachie  et  la 
Transylvanie. 

Quant  à  l'identité  du  daco-roumain  et  du  macédo- rou- 
main, naturellement  celte  identité  est  affirmée  complète 
par  les  partisans  de  l'hypothèse  de  Roesler.  Mais,  en  réalité, 
il  y  a  de  simples  affinités  justifiées  par  l'origine  commune 


[   304   ) 

des  langues  romanes.  Il  y  a  de  plus  des  dissemblances 
profondes  dans  la  conjugaison  el  même  dans  la  constitu- 
tion fondamentale,  le  système  des  voyelles.  Le  voisinage 
des  Albanais,  dans  l'hypothèse  de  Roesler,  est  insuffisant  à 
expliquer  !a  présence  d'un  fonds  de  mots  albanais  ou 
thraces.  Pourquoi,  en  effet,  n'admeltrait-on  pas,  avec 
M.  Xénopol,  que  cet  élément  thrace  de  la  langue  daco- 
roumaine  provient  du  peuple  gèle  ou  dace  que  les  Romains 
romanisèrenl  dans  la  Dacie  trajane?  Car  il  est  aujourd'hui 
universellement  connu  que  les  Gètes  et  les  Daces  étaient 
Tharces  d'origine  comme  les  Albanais. 

Si  l'on  admet  cette  supposition  si  naturelle,  l'élément 
prétendu  albanais  de  la  langue  roumaine  est  complètement 
expliqué,  sans  qu'on  ait  besoin  de  recourir  à  l'hypothèse 
de  la  formation  sud-danubienne  de  la  langue  el  de  la 
nationalité  roumaines. 

Quoi  qu'il  en  soit  du  succès  futur  de  la  thèse  de 
M.  Xénopol,  nous  la  présentons  à  la  Classe  comme  réfuta- 
lion  solide  et  scientifique  des  systèmes  actuellement  en 
vogue  sur  les  origines  historiques  du  peuple  roumain.  » 


(  305  ) 

CONCOURS  ANNUELS. 


Il  est  donné  lecture  :  \°  des  rapports  de  MM.  J.  Nolet 
de  Brauwere  van  Steeland,  Willems  et  Wagener  sur  les 
deux  mémoires,  écrits  en  flamand,  qui  ont  été  envoyés  en 
réponse  à  la  3e  question  : 

On  demande  une  étude,  sur  l'application  des  règles  de  la 
métrique  grecque  et  latine  à  la  poésie  néerlandaise  ; 

2°  Du  rapport  du  jury  chargé  de  juger  le  concours  pour 
les  prix  De  Keyn  à  décerner  en  188S  (enseignement  pri- 
maire). 

Conformément  au  règlement,  la  Classe  ne  se  prononcera 
sur  les  conclusions  de  ces  rapports  que  dans  sa  prochaine 
séance. 

COMITÉ    SECRET. 

La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  l'inscrip- 
tion éventuelle  de  nouvelles  candidatures  aux  places 
vacantes  et  la  discussion  des  titres  des  candidats. 


(  306  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-ARTS. 


Séance  du  2  avril  1885. 

M.  Pauli,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L.  S\s\\i y  vice- directeur  ;  Jos.  Geefs, 
C.-A.  Fraikin,  le  chevalier  L.  de  Burbure,  Ern.  Slinge- 
neyer,  AI.  Robert,  F.-A .  Gevaert,  Ad.  Samuel,  Jos.  Schadde, 
Th.  Radoux,  Jos.  Jaquet,  J.  Demannez,  Charles  Verlat, 
G.  De  Groot,  Gustave  Biot,  H.  Hymans,  membres;  Joseph 
Slaliaert,  Henri  Beyaerl,  Edm.  Marchai  et  Jos.  Du  Caju, 
correspondants. 

M.  Chalon,  membre  de  la  Classe  des  lettres,  assiste  à  la 
séance. 


CORRESPONDANCE. 


La  Classe  apprend  avec  un  vif  sentiment  de  regret  la 
perle  qu'elle  a  faite,  pendant  le  mois  de  mars  dernier,  du 
doyen  des  associés  de  sa  section  de  peinture,  M.  Louis 
Haghe,  né  à  Tournai  en  1806  et  décédé  à  Londres  où  il 
habitait  depuis  nombre  d'années. 

M.  Louis  Haghe,  entre  autres  titres,  avait  celui  de  des- 
sinateur de  la  reine  d'Angleterre. 


(  307  ) 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  que  M.  Pauli  s'est 
fait  l'organe  de  la  Classe  en  prononçant  les  adieux  acadé- 
miques aux  funérailles  de  M.  Félix  Stappaerts,  qui  ont  eu 
lieu  le  samedi  7  mars  dernier. 

La  Classe  remercie  M.  Pauli  pour  ce  discours,  dont  elle 
décide,  selon  l'usage,  l'impression  dans  le  Bulletin  de  la 
séance  (voir  ci-après). 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  fait  savoir  que  M.  Morren 
se  propose,  en  sa  qualité  de  directeur  de  la  Classe  des 
sciences,  de  saisir  celle-ci,  dans  sa  séance  du  4  de  ce  mois, 
d'une  motion  ayant  pour  objet  d'adresser  les  félicitations 
de  l'Académie  au  Roi,  son  auguste  Protecteur,  pour  les 
heureux  résultats  de  la  Conférence  de  Berlin  relative  au 
Congo. 

L'assemblée  charge  M.  le  secrétaire  perpétuel  de  dire 
à  la  Classe  des  sciences  qu'elle  s'associe  de  tout  cœur  à 
cette  motion. 

—  La  Classe  prend  notification  des  dépêches  ministé- 
rielles suivantes  : 

1°  Adressant  une  ampliation  de  l'arrêté  royal  du 
10  mars  qui  ouvre  un  double  concours  pour  la  composi- 
tion d'un  poème  français  et  d'un  poème  flamand,  destinés 
à  servir  de  thème  aux  concurrents  pour  le  grand  concours 
de  composition  musicale  de  cette  année.  M.  le  Ministre 
invite,  en  même  temps,  la  Classe  à  dresser  la  liste  double 
des  candidats  pour  le  jury  de  sept  membres  qui  jugera 
ce  double  concours  (voir  ci-après,  p.  313); 

2°  Communiquant   la    première  partie  du  rapport  de 


(  308  ) 
M.  Edmond  Vander  Straelen  sur  les  résultats  des  recher- 
ches qu'il  a  faites  à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich  pour 
la  Commission  de  publication  des  œuvres   des  anciens 
musiciens  belges.  —  Renvoi  à  celle  commission; 
3°  Transmettant,  avec  demande  d'avis  : 

A .  Le  huitième  et  dernier  rapport  semestriel  de  M.  Remy 
Cogghe  et  le  deuxième  rapport  semestriel  de  M.  Verbrugge, 
lauréats  des  grands  concours  de  peinture  de  1880  et 
de  1883.  —  Renvoi  à  MM.  Siret,  Slingeneyer,  Robert, 
Guffens  et  Verlat; 

B.  Le  quatrième  rapport  semestriel  de  M.  Guillaume 
Charlier,  lauréat  du  grand  concours  de  sculpture  de  1882. 
—  Renvoi  à  MM.  J.  Geefs,  Fraikin,  Jaquet,  De  Groot  et 
Marchai; 

C.  Le  sixième  rapport  semestriel  de  M.  Louis  Lenain, 
lauréat  du  grand  concours  de  gravure  de  1881.  —  Renvoi 
à  MM.  Demannez,  Biot  et  Siret. 

—  MM.  Jacques  Cuylits,  président,  et  Pierre  Koch, 
secrétaire  de  la  Société  royale  pour  l'encouragement  des 
beaux-arts  à  Anvers,  adressent  la  circulaire  relative  à 
l'Exposition  universelle  des  beaux-arts  qui  s'ouvrira  le 
2  mai  dans  cette  ville. 

—  M.  le  sculpteur  Desenfans,  se  conformant  aux  ordres 
qu'il  a  reçus  du  Ministère,  soumet  à  l'appréciation  de  l'Aca- 
démie le  buste  en  marbre  d'Antoine  Spring,  ancien  mem- 
bre de  la  Classe  des  sciences.  —  L'avis  favorable  émis 
séance  tenante  par  la  section  de  sculpture  sera  commu- 
niqué à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  etc. 


(  309  ) 


Discours  prononcé  aux  funérailles  de  M.  Félix  Stappaerts 
le  7  mars  4885,  par  M.  Pauli,  directeur  de  la  Classe. 

Messieurs, 

De  toutes  les  conquêtes  intellectuelles  modernes,  l'une 
d'entre  elles  qui  a  le  plus  contribué  au  mouvement  et  au 
progrès  des  arts  est  le  développement  du  sentiment  esthé- 
tique et  de  l'esprit  de  critique. 

La  littérature,  en  étendant  son  domaine  dans  ce  sens  si 
élevé,  a  éminemment  aidé  à  faire  progresser  le  goût  des 
œuvres  d'art  dans  toutes  les  masses  de  la  société. 

C'est  à  un  des  représentants  de  cette  littérature  que  je 
viens,  en  ce  moment,  rendre  un  dernier  et  suprême  hom- 
mage comme  directeur  de  la  Classe  des  beaux-arts  de 
l'Ac;idémie  de  Belgique. 

Félix  Stappaerts  naquit  à  Louvain ,  le  24  avril  1812,  il 
allait  donc  bientôt  atteindre  sa  73e  année. 

Appartenant  à  une  famille  honorable  et  aisée  de  Louvain 
où  le  goût  de  la  littérature  et  des  arts  avait  toujours  été 
en  honneur,  la  position  que  son  père  occupait  dans  le 
monde  commercial  lui  permit,  jeune  encore,  de  donner  un 
libre  cours  à  ses  aspirations  littéraires. 

A  la  suite  de  revers  de  fortune  subis  par  son  père, 
Stappaerts  dut  s'occuper  de  chercher  une  position.  Il  quitta 
Louvain  pour  venir  habiter  Bruxelles,  où  ses  connaissances 
déjà  variées  en  littérature  le  mirent  en  rapport  avec  les 
esprits  éminents  que  la  capitale  comptait  alors  en  fait 
d'artistes  et  d'écrivains. 

Ses  relations  lui  valurent  d'emblée,  en  1844,  un  emploi 


(   3i()  ) 

de  premier  commis  à  la  direction  générale  des  beaux- arts 
au  Ministère  de  l'Intérieur. 

Lors  de  la  réorganisation  de  l'Académie  et  de  la  création 
de  la  Classe  des  beaux-arts  en  1845,  l'éminent  secrétaire 
perpétuel  M.  Quetelet,  qui  avait  pu  déjà  apprécier  les 
qualités  intellectuelles  de  Slappaerls,  s'adjoignit  celui-ci 
pour  les  travaux  du  secrétariat. 

Pendant  plus  de  vingt  années,  de  1846  à  1868,  époque 
où  notre  confrère  dut  résigner  ses  fonctions  à  cause  de  sa 
santé,  Slappaerts  justifia  pleinement  la  contiance  mise  en 
lui. 

Lors  de  l'organisation  en  1861  de  la  commission  de  la 
Biographie  nationale,  celle-ci  appela  Stappaerts  à  faire 
partie  de  son  bureau  en  qualité  de  secrétaire  adjoint. 

Elle  lui  dévolut,  en  même  temps,  la  tâche  de  reviseur 
littéraire  des  articles  destinés  à  ce  recueil. 

En  1868,  Slappaerts  avait  été  nommé  professeur  d'ar- 
chéologie à  l'Académie  royale  des  beaux-arts  de  Bruxelles; 
il  remplissait  ces  fonctions  il  y  a  peu  d'années  encore  et 
dut,  bien  à  regret,  les  résigner,  également  pour  cause  de 
santé. 

A  une  autre  voix  que  la  mienne  incombe  de  vous  dire 
ce  que  Stappaerts  a  été  pour  cet  établissement;  seulement 
je  ne  puis  m'empêcher  de  dire  que  nombre  de  ceux  qui 
entourent  en  ce  moment  son  cercueil  ne  se  rappellent 
jamais  sans  émotion  sa  bonté  de  caractère,  son  érudition, 
son  talent  tout  particulier  pour  initier  ses  élèves  au  culte 
des  arts. 

Sa  place  avait  été  marquée  depuis  longtemps  dans  la 
Classe  des  beaux-arts  :  nommé  correspondant  en  1866,  il 
en  devint  membre  dix  années  après;  en  1872,  le  Roi  le 


(  311  ) 
nomma  chevalier  de  son  Ordre,  lors  du  jubilé  séculaire  de 
l'Académie. 

Je  ne  puis  terminer  cet  exposé  sans  rappeler  ici  que 
Stappaerts  a  été  l'un  des  promoteurs  et  fondateurs  de  la 
Société  royale  des  aquarellistes;  il  en  fut  également  le 
premier  secrétaire. 

C'est  en  1843,  dans  la  Renaissance  belge,  que  Stappaerts 
avait  pris  rang  dans  le  feuilleton  avec  autant  d'esprit  que 
de  sens  artistique. 

Comme  journaliste,  comme  critique  d'art,  Stappaerts 
était  doué  d'une  vaste  érudition  doublée  d'un  excellent 
jugement;  ses  articles  étaient  empreints  d'une  rare  élé- 
gance de  forme  littéraire;  il  procédait  de  la  grande  école 
des  Gustave  Planche,  des  Théophile  Gautier  et  autres,  en 
un  mot,  de  cette  belle  pléiade  d'écrivains  de  l'école  roman- 
tique. 

On  compte  de  Stappaerts,  outre  quelques  communica- 
tions académiques  et  quantité  de  notices  dans  la  Biogra- 
phie nationale,  un  intéressant  travail,  édité  plusieurs  fois, 
sur  la  colonne  du  Congrès,  paru  lors  de  l'inauguration  de 
cet  édifice;  nombre  d'articles  sur  les  arts  et  la  littérature 
dans  différentes  revues,  notamment  dans  la  Revue  britan- 
nique, dont  il  dirigea  pendant  longtemps  l'édition  belge,  et 
dans  le  Journal  des  beaux-arts  d'Adophe  Siret. 

Il  fit  aussi  partie  de  la  rédaction  des  journaux  politiques 
l'Émancipation,  le  National,  le  Journal  de  Bruxelles  et  le 
Télégraphe,  qu'il  aida  à  fonder.  Stappaerts  a  également 
écrit  d'intéressants  articles  d'art  et  d'archéologie  dans  la 
Belgique  monumentale  et  dans  la  Belgique  pittoresque, 
ainsi  que  l'excellent  texte  des  deux  volumes  in-folio  des 
Monuments  d'architecture  dessinés  par  Slroobant. 


(  312  ) 

Chez  Slappaerts,  les  qualités  du  cœur  étaient  à  la  hau- 
teur du  mérite  littéraire. 

Il  savait  inspirer  à  ses  élèves  le  sentiment  mêlé  de 
respect  et  d'affection. 

Ses  rapports  avec  ses  collègues  étaient  empreints  d'une 
franchise  et  d'une  cordialité  dont  le  souvenir  sera  ineffa- 
çable; tous  ceux  qui  vécurent  dans  son  intimité  conserve- 
ront la  même  impression  de  l'amitié  dont  ils  ont  été 
honorés. 

Aussi  crois-je  être  l'interprète  fidèle  de  tous  les  membres 
de  la  Classe  au  nom  de  laquelle  j'ai  l'honneur  de  parler  en 
disant  que  sa  mort  est  pour  tous  une  véritable  cause  de 
deuil  et  qu'elle  laissera  un  vide  difficile  à  remplir. 

Mais  si  la  mort  a  pu,  Slappaerts,  vous  ravira  notre 
profonde  et  sincère  affection,  elle  n'aura  pas  au  moins 
le  pouvoir  de  vous  enlèvera  notre  souvenir  et  ce  souvenir 
vous  restera  acquis  à  jamais 


RAPPORT. 


La  Classe  avait  renvoyé  à  l'examen  de  M.  Gevaerl 
une  lettre  de  M.  Joseph  Martin,  de  Visé,  relative  au 
mode  mineur  de  l'échelle  musicale.  —  Communication 
sera  donnée  à  M.  Martin  de  l'avis  émis  par  M.  Gevaerl; 
M.  Gevaert  fait  connaître  son  avis  sur  ce  travail  et  en 
propose  le  dépôt  aux  archives. 


(  313  ) 

ÉLECTIONS. 

Comme  suite  à  la  dépêche  ministérielle  rappelée  précé- 
demment, la  Classe  fait  choix  de  quatorze  noms  de  litté- 
rateurs et  de  musiciens,  pour  la  composition  du  jury  de 
sept  membres  qui  sera  chargé  de  juger  le  double  concours 
des  poèmes  pour  le  grand  prix  de  composition  musicale 
de  cette  année.  —  Cette  liste  sera  soumise  au  Gouver- 
nement. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Alvin,  tant  en  sa  qualité  de  trésorier  de  la  caisse  des 
artistes  qu'au  nom  du  secrétaire,  M.  Fétis,  absent  de  la 
séance,  fait  remarquer  que  le  règlement  de  cette  associa- 
tion, approuvé  par  arrêté  royal  du  10  janvier  1849,  exige 
une  revision. 

Il  demande  que  la  Classe  adjoigne  M.  Hymans  au  bureau 
permanent  du  comité  pour  soumettre  à  l'Académie  un 
projet  de  revision  du  règlement.  —  Adopté. 


v  514  ) 

OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Henrard  (Paul).  —  Henri  IV  et  la  princesse  de  Condé. 
Bruxelles,  1885;  vol.in-8°. 

Mansion  (Paul).  —  Discours  sur  les  travaux  mathématiques 
de  M.  Eugène-Charles  Catalan.  Bruxelles,  1885;  in-8°  (40  p.). 
Van  der  Mensbrugghe  (G.).  —  De  l'énergie  potentielle  des 
surfaces  liquides.  Liège,  1885;  extr.  in-8°  (30  pages). 

Nolet  de  Brauwere  van  Sleeland.  —  Luit  en  fluit,  dicht- 
bundel  van  Fr.-S.  Daems.  Anvers,  1885;  extr.  in-8°  (12  p.). 

Juste  (Th.).  —  Le  soulèvement  des  Pays-Bas  contre  la 
domination  espagnole  (1 567-1572),  nouvelle  édition.  Bruxelles, 
1885;  in-8°  (298  pages). 

Kervyn  de  Lettenhove  (le  baron).  —  Les  Huguenots  et  les 
Gueux,  tomes  IV  et  V  (1576-1580).  Bruges,  1884-85;  2  vol. 
in-8°. 

Van  den  Bussche  (Emile).  —  Inventaire  des  archives  de  la 
ville  de  Bruges,  section  première,  t.  II,  registres.  Bruges,  1884; 
vol.  in-4°. 

Richard  (J.).  —  Un  mot  sur  la  phosphorescence  des  myria- 
podes. Gand,  1885;  extr.  in-8°  (7  pages). 

Pirard  (Jules).  —  Quelques  notes  historiques  sur  l'an- 
cienne Belgique  depuis  vingt  siècles,  3"  éd.  Liège,  1885;in-18 
(216  pages). 

Frankenthal  (C.  de).  —  Le  premier  chapitre  de  la  Genèse. 
Louvain,  1885;  extr.  in-8°  (12  pages). 

Daems  (Fr.-S.).  —  Luit  en  fluit,  dichtbundel.  Roulers,  1884; 
pet.  in-8°  (195  pages). 

De  Polter  (Fr.).  —  Chronijcke  van  Ghendt  door  Jan  Van 
den  Vivere.  Gand,  1885;  in-8°  (446  pages). 

Vanluir  (Dr.).  —  Comment  on  répare  la  machine  humaine  : 
la  greffe  animale.  Bruxelles,  1885;  extr.  in-8°  (37  pages). 


(  315  ) 

Verbruggen  (A  .-F.)  —  La  règle  pour  la  division  des  frac- 
tions ordinaires  (2  pages  in-8°). 

Giuresco  (Hilairé).  —  L'équation  du  beau,  conférence. 
Bruxelles,  1885;  in-8°(l6  pages). 

Gailliard  (Edw.).  —  Inventaire  des  archives  de  la  ville  de 
Bruges,  section  première,  lrc  série  :  table  analytique.  Bruges, 
4885-85;  vol.  in-4°. 

Ministère  de  la  Justice  :  Commission  royale  des  anciennes 
lois  et  ordonnances  de  la  Belgique.  —  Coutumes  du  bourg  de 
Bruges,  tome  III.  Liste  chronologique  des  édits  et  ordon- 
nances des  Pays-Bas,  règne  de  Charles-Quint  (1506-1555). 
Bruxelles,  1885;  1  vol.  in-4°  et  1  vol.  in-8#  (2  exempl.). 

Ministère  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  'publique.  — 
Bapports  des  commissions  médicales  provinciales  sur  leurs 
travaux  pendant  l'année  1883.  Bruxelles  ;  in-8°. 

Musée  de  l'Industrie.  —  Bulletin,  t.  LXXXIV,  juillet-août 
1885;  in-8°. 

Allemagne  et  Autriche-Hongrie. 

Kôlliker  (A.).  —  J.  Kollman's  Akroblast.  1884;  extr.  in-8° 
(4  pages). 

—  Bemerkungen  zu  E.  HàckePs  Aufsatz  iïber  Ursprung 
und  Entwicklung  der  thierischen  Gewebe.  Wûrzbourg,  1885; 
extr.  in-8*  (3  pages). 

—  Die  Bedeutung  der  Zellenkerne  fur  die  Vorgânge  der 
Vererbung.  Wûrzbourg,  4  885  ;  extr.  in-8°  (46  pages). 

Hoffmann  (Dr.  H.).  —  Besullate  der  wichtigsten  Pflanzen- 
phanologischer  Beobachtungen  in  Europa  nebst  einer  Frùh- 
lingskarte.  Giessen,  1885;  in-8°  (184  pages,  carte). 

Peschka  (G.  Ad.  von).  —  Darstellende  und  projeclive  Géo- 
métrie, Band  IV.  Vienne,  1885;  vol.  in-8°  avec  atlas. 

Verein  fur  naturwissenschaflliche  Unterhallung ,  Ham- 
burg.  —  Verhandlungen,  1878-1882,  Band  V.  ln-8°. 


(  316  ) 

Naturhislorischer  ferein,  Bonn.  —  Verhandlungcn,  Jahr- 
gang41,  2e  Hâlftc. 

Ungar.  geolog.  Anslalt,  Budapest.  —  Umgebungen  von 
kolosvar.  1885;  br.  in  8°  et  carte. 

K.  Akademie  der  Wissenschaften,  Munchen.  —  Ueber  die 
Mcthoden  in  der  botaniscben  Systcmalik  insbesonderc  die 
anatomische  Metbode.  Festrede  (L.  Radlkofer).  —  Rudolf 
Agricola,  ein  dcutscher  Vertreter  der  italieniscben  Renais- 
sance. Festrede  (Friedr.  von  Bezold). 

K.  b.  botan.  Gesellschaft,  Regensburg.  —  Flora,  1884. 

Physikal  Gesellschaft,  Berlin.  —  Die  Fortscbritle  der 
Pbysik  im  Jahre  1878,  XXXIV.  Jahrg.  5  vol.  in-8°. 

Pliysikal.-medic.  Societàt ,  Erlangen.  —  Sitzungsberichte, 
16.  Heft,  in-8°. 

Gesellschaft  der  Wissenschaften,  Gôltingen.  —  Gelehrte 
Anzeigen,  1884,  Bd.  I  und  II.  Nacbricbten,  1884.  Abhand- 
lungen,  Bd.  XXXI. 

Statist.-topogr.  Bureau.  —  Wùrttembergiscbe  Viertel- 
jarbsbefte  fiir  Landesgescbicbte,  Jahrgang  VII,  1884.  Stutt- 
gart. 

Universitàl  und  Landesbibliothek,  Strassburg.  —  Disserta- 
tions, etc.  56  br.  in-8°  et  in-4°. 

Zool.  botan.  Gesellschaft,  Wien.  —  Verbandlungcn,  1884, 
XXXIV.  Band.  —  Register  der  Sitzungsberichte  und  Abhand- 
lungen  (1871-80). 

Statistisches  Bureau,  Budapest.  —  Publicationen  Nr  XVIII  : 
Die  Sterblichkeit  der  Stadt  Budapest  in  den  Jahren  1876- 
1881;  in-8». 

Amérique. 

Oficina  meteorologica  Argenlina .  —  Anales,  tomo  IV. 
Buenos-Ayres,  1884;  vol.  in- 4°. 

California  Academy  of  sciences.  —  Bulletin,  n0'  2  and  5, 
1885.  San  Francisco. 


(317) 

Putnam  (Ch.-E.).  —  Elephant-pipes  in  the  Muséum  of  the 
Academy  of  natural  sciences,  Davenpoort.  Davenpoort,  1885; 
in-8°  (38  pages). 

Petofi  (Alexander).  —  Sélections  from  hispoems,  translaled 
by  Henry  Pliillips.  Philadelphie,  1885;  in-12  (50  pages). 


Fjunce. 

Ocagne  (Maurice  iV).  —  Coordonnées  parallèles  et  axiales  : 
méthode  de  transformation  géométrique  et  procédé  nouveau 
de  calcul  graphique   Paris,  1885;  in-8°  (90  p.,  fig.). 

Bonaparte  (Prince  Roland).  —  Les  derniers  voyages  4es 
Néerlandais  à  la  Nouvelle-Guinée.  Versailles,  1885;  pet.  in-4° 
(40  pages). 

Xènopol  (A.-D.).  —  Les  Roumains  au  moyen  âge.  Paris, 
1885;  in-8°  (259  pages). 

Savy  (Charles).  —  Note  sur  l'inertie  de  la  matière.  Paris, 
1885;in-16(47pages). 

Flandinette  (Félix).  —  Le  sort  de  la  femme  dans  la  société 
ancienne  et  moderne  et  les  causes  qui  font  qu'en  général  elle 
manque  de  travail.  Chaumont;  in-18  (48  pages). 

Joly  (IV.).  —  Études  nouvelles  tendant  à  établir  la  véritable 
nature  de  la  glairinc  ou  barégine,  ainsi  que  le  mode  de  forma- 
tion de  cette  substance  dans  les  eaux  thermales  sulfureuses 
des  Pyrénées.  Paris,  1883;  extr.  in-8°  (13  p.,  pi.) 

—  Etudes  sur  les  matières  organiques  et  organisées  conte- 
nues dans  les  eaux  thermales  des  Pyrénées,  notamment  sur  la 
sulfuraire.  Toulouse,  1882;  extr.  in-8°  (22  p.,  fig.). 

Wroblewski  (Sigismond):  —  Comment  l'air  a  été  liquéfié; 
réponse  à  l'article  de  M.  J.  Jamin.  Paris,  1885;  in-8°  (50  p.). 

—  Sur  les  phénomènes  que  présentent  les  gaz  permanents 
évaporés  dans  le  vide;  sur  la  limite  de  l'emploi  du  thermo- 
mètre à  hydrogène  et  sur  la  température  que  l'on  obtient  par 

7*m*  SÉKIE,  TOME  IX.  22 


(  318) 

la  délente  de  l'hydrogène  liquéfié.  Paris,  1885;  extr.  in-4° 
(3  pages). 

Franck  (Ad).  —  Essais  de  critique  philosophique.  Paris, 
1885;  vol.  pet.  in-8"  (546  pages). 

Société  d'agriculture  de  Douai.  —  Bulletin  agricole,  1880- 
83.  Catalogue  des  plantes  cultivées  dans  les  serres  de  la  Société 
en  mars  1882.  Mémoires,  2e  sér.  t.  XV. 

Société  archéologique  de  Soissons.  —  Bulletin,  t.  XII 
et  XIII. 

Académie  des  sciences,  arts  et  belles- lettres  de  Caen.  — 
Mémoires,  1884. 

Société  des  éludes  historiques.  —  Bévue,  4e  sér.,  t.  IF,  1884. 
Paris;  in- 8°. 

Société  des  amis  des  sciences  naturelles,  Rouen.  —  Bulletin, 
1884,  1"  semestre. 

Société  académique  d'architecture,  Lyon.  —  Annales,  t.  Vil, 
1881-82.  In-8°. 

Institut  de  France  :  Académie  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques. —  Mémoires,  t.  XIV,  1"  et  2lle  parties.  Acudémie  des 
sciences  :  Mémoires,  t.  XXVIII  de  la  2e  série.  Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres  :  Mémoires,  t.  XXXI,  lre  et  2de  par- 
lies.  Notices  et  extraits,  t.  XXVI,  1"  partie;  t.  XXXI,  lrc  partie. 
Mémoires  par  divers  savants,  I"  série,  t.  IX,  2e  partie.  Bccueil 
des  historiens  des  croisades,  historiens  orientaux,  t.  III. 

Académie  des  sciences  et  lettres  de  Montpellier. —  Mémoires, 
section  de  médecine,  t.  V,  3. 

Société  d'archéologie  de  Châlons- sur-Saône.  —  Mémoires, 
t.  VII,  2e  partie. 

Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon.  — 
Biblographie  bourguignonne  (Milsond).  Dijon,  1885;  vol.  gr. 
in-8°. 


(  349  ) 

Grande-Bretagne  et  Colonies. 

Carulla  (F.-J.-R.).  —  The  steel  âge.  Londres,  1884;  ext. 
in- 18  (IG  pages). 

Melliss(J.-C).  — The  river  Thames  and  the  London  sewage. 
Plan  for  treating  the  London  sewage.  Londres,  1884;  in-8° 
(17  pages). 

Adélaïde  Observatory.  —  Meteorological  observations,  1882. 
Adélaïde,  1885;  vol.  petit,  m-folio. 

Entomological  Society,  London.  —  Transactions  for  188i. 
In-8°. 


Italie. 

Taramelli  (E.).  —  Osservazioni  stratigrafiche  sulhi  Valtra- 
vaglia.  Milt.n,  1885;  ext.  in-8°  (7  pages). 

Pizzi  (Aug.).  —  I  pesi  atomici  degli  elementi  chimici.  Reg- 
gio  neir  Emilia,  1885;  gr.  in-8°  (31  pages). 

Pini  (E.).  —  Osservazioni  meteorologiche  eseguite  nell' 
anno  1884.  Milan,  1885;  in-8°  (60  pages). 

R.  accademia  dei  Lincei,  Roma.  —  Atti  5H  scrie  :  Se.  fisiche, 
matemaliehe,  etc.  Memorie,  vol.  XIV-XVII.  Se.  morali,  etc., 
vol.  VIII,  X  e  XL  ln-4°. 

Accademia  délie  scienze,  Bologna.  —  Memorie,  série  IV, 
t.  V,  1885. 

R.  accademia  Lucchese  di  scienze,  leltere  ed  arli.  —  Atli, 
t.  XXI-XXIIL  Memorie  e  documenti  per  servire  alla  storia  di 
Lucca,  I.  XII.  XIII,  1.  Carlo  Piaggia  :  delP  arrivo  fra  I  Niam- 
Niam  e  de  soggiorno  sul  logo  Tzana  in  Abissinia. 


(  320  ) 

Pays-Bas. 

Donders  (F.-C).  —  Het  vijfcntwintigjarig  bestaan  van  het 
nederlandsch  gasthuis  voor  ooglijders.  Utrecht,  1885;  in-8°, 
(G2  -+-  52  pages). 

Société  historique  et  archéologique  du  duché  de  Limbourg. 

—  Publications,  t.  XXI,  1884.  Ruremonde;  vol.  in-8° 

K.  Akademie  van  wetenschappen.  —  Verslagen  en  mede- 
deelingen  :  letterkunde,  5de  reeks,  I;  Natuurkunde,  2dc  reeks, 
deel  XIX  en  XX.  Naam-  en  zaakregister,  2de  reeks,  I-XX.  — 
Processen-verbaal,  1885-84  der  nfdecling  natuurkunde.  — 
Prijsvers  Judilha.  —  Jaarboek,  1885. 

Genootschap  van  kunsten  en  wetenschappen ,  Utrecht.  —  De 
plaatsbepaling  bij  de  aromatische  lichamen  (Van  der  Plaats). 

—  Aanteekeningen,  1882-85.  Verslag,  1882-84.  —  De  ver- 
diensten  der  hollandsche  gelcerden  ten  opzichte  van  Harvey's 
leer  van  den  bloedsomloop  (Israëls  en  Daniels). 

Maatschappij  der  nederlandsch e  letterkunde,  Leiden.  — 
Levensberichten,  1884.  Handelingen,  1884. 


Pays  divers. 

Faure  (Charles).  —  La  conférence  africaine  de  Berlin. 
Genève,  1885;  in-8°  (40  pages,  carte). 

Densusianu  (Nie).  —  Note  critice  asupra  scrierii  D.-Lui 
A.-D.  Xenopol  «  teoria  Lui  Rosier  ».  Bucharest,  1885;  in-8° 
(58  pages). 

Tolstoi  (D.-A.).  —  Ein  Blick  auf  des  Unterrichtswesen  Russ- 
lands  im  XVIII.  Jahrhundert  bis  1782;  aus  dem  Russiscben 
ùbersetzt  von  P.  v.  Kùgelgen.  Saint-Pétersbourg,  1884:  in-8° 
(121  pages). 


bulli;™ 


CE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAIX-AHTS  DE  BELGIQUE. 
1885.  —  N°  5'. 


Séance  du  5  mai  1885. 

M.  Éd.  Morren,  directeur. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  Éd.  Mailly,  vice-directeur;  J.-S.  Stas, 
L.-G.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de 
Selys  Longchamps,  Gluge,  Melsens,  G.  Dewalque,  E.  Can- 
dèze,  Donny,  Ch.  Monligny,  Éd.  Van  Beneden,  C.  Malaise, 
F.  Folie,  Fr.  Crépin,  J.  De  Tilly,  F.-L  Cornet,  Ch.  Van 
Bambeke,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  W.  Spring,  membres; 
M.  Mouiion,  P.  Mansion,  A.  Renard  et  P.  De  Heen,  cor- 
respondants. 

3m*    SÉRIE,    TOME    IX.  25 


(  322  ) 
CORRESPONDANCE. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  l'ait  parvenir  un  exemplaire  des  recueils 
des  procès-verbaux  des  séances  des  conseils  provinciaux, 
session  de  1884.  —  Remercîments. 

—  Conformément  aux  instructions  du  même  Ministre, 
M.  Dupont,  directeur  du  service  de  la  Carte  géologique  , 
adresse  un  exemplaire  des  sept  feuilles  de  la  Carte  géolo- 
gique composant  la  livraison  de  1884.  —  Remercîments. 

—  L'Académie  royale  des  sciences  de  l'Institut  de 
Bologne  envoie  le  programme  du  concours  pour  le  prix 
Aldini  sur  les  meilleurs  moyens  d'empêcher  ou  d'éteindre 
les  incendies. 

—  M.  le  maréchal  des  logis  en  retraite  Delaey  envoie 
trois  nouvelles  notes  manuscrites  sur  les  machines  à  vapeur 
et  les  voies  navigables  de  la  Flandre  occidentale. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt,  dans  les  archives,  d'un 
complément,  présenté  par  M.  Malaise,  à  son  billet  cacheté 
du  4  avril  dernier. 

—  Le  comité  organisateur  de  la  manifestation  qui  aura 
lieu  le  7  juin  à  l'Université  de  Liège,  à  l'occasion  de  la  cin- 
quantième année  de  professorat  de  M.  G.  Nypels,  demande 
la  coopération  de  l'Académie. 

—  La  Commission  organisatrice  du  Congrès  interna- 
tional de  navigation  intérieure  annonce  que  la  première 
session  aura  lieu  à  Bruxelles,  du  24  mai  au  2  juin  pro- 
chain. 

—  La  Classe  reçoit,  à  titre  d'hommages,  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  : 


(  323  ) 

\"  Etal  actuel  de  nos  connaissances  sur  la  structure  du 
noyau  cellulaire  à  l'état  de  repos,  par  Ch.  Van  Bambeke; 

2°  L'évolution  du  règne  végétal  :  les  Phanérogames,  par 
G.  de  Saporta  et  A.-F.  Marion,  1. 1  et  II;  M.  Dewalque,  en 
faisant  parvenir  cet  ouvrage  au  nom  des  auteurs,  écrit  : 
«  J'espère  que  ces  deux  volumes  seront  accueillis  par  le 
monde  savant  avec  non  moins  d'intérêt  que  le  volume 
consacré  aux  Cryptogames  »  ; 

3°  Sur  des  formules  relatives  aux  intégrales  eulériennes, 
par  E.  Catalan  ; 

4°  Le  sommeil  et  les  rêves  considérés  principalement 
dans  leurs  rapports  avec  les  théories  de  la  certitude  et  de 
la  mémoire,  par  J  Delbœuf; 

5°  Notices  sur  les  mœurs  des  Batraciens,  par  Héron- 
Royer  ; 

6°  De  quelques  anomalies  des  cotes  chez  i  homme,  par 
H.  Leboucq ; 

7°  Les  Australiens  du  Musée  du  Nord,  par  E.  Houzé  et 
Victor  Jacques. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Note  sur  quelques  dérivés  de  V  hydrocamphène  tétra- 
bromé,  par  M.  W.  De  la  Royère,  assistant  au  laboratoire 
de  chimie  générale  de  l'Université  de  Gand.  —  Commis- 
saires :  MM.  Spring  et  Stas  ; 

2°  Note  sur  la  rotation  électromagnétique  du  plan  de 
polarisation  de  la  lumière  et  sur  l'influence  de  la  lumière 
sur  la  conductibilité  électrique  du  sélénium,  par  Edmond 
Van  Aubel,  élève  ingénieur  des  mines  à  Liège.  —  Com- 
missaires: MM.  Van  der  Mensbrugghe,  Montigny  et  Spring. 


(  324  ) 
RAPPORTS. 

Recherches  expérimentales  et  analytiques  sur  les  lois  de 
l'écoulement  et  du  choc  des  gaz  en  fonction  de  la  tem- 
pérature. Supplément;  par  M.  Hirn,  associé. 

rtnpitot-l  de  M .  Folie. 

<s  Noire  confrère  M.  Melsens  m'a  informé,  il  y  a  huit 
jours,  que  M.  Hirn  avait  rédigé  un  mémoire  en  réponse 
aux  objections  que  j'ai  faites  à  sa  théorie  dans  mon  der- 
nier rapport,  et  qu'il  désirerait  beaucoup  pouvoir  faire 
imprimer  ce  mémoire  à  la  suite  du  précédent. 

Je  serais  très  heureux,  en  ce  qui  me  concerne,  que 
l'Académie  voulût  bien  déférer  au  désir  de  notre  éminent 
associé,  me  réservant  de  répliquer  ultérieurement,  s'il 
y  a  lieu. 

Nos  confrères  MM.  Melsens  et  Van  der  Mensbrugghe, 
qui  ont  examiné  avec  moi  le  précédent  mémoire  de 
M.  Hirn,  s'associent  au  vœu  que  je  forme.  Nous  prions 
donc  l'Académie  d'ordonner  l'impression  du  nouveau 
mémoire  de  M.  Hirn  à  la  suite  du  précédent,  et  de  réitérer 
ses  remercîments  à  notre  savant  associé.  »  —  Adopté. 


Sur  une  question  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  ; 
par  M.  Marlins  da  Silva. 

Happofl  de    fl.    Mansion. 

4  Gudermann  a  donné,  dans  le  Journal  de  Crelle 
(t.  XVIII,  pp.  164  et  suivantes),  puis  dans  sa  Théorie  der 
Modular-Functionen  und  der  Modular-Integrale  (Berlin, 


(  5-25  ) 

Reimer,  1884,  §§  4045),  quelques  relations  enlre  les  fonc- 
tions elliptiques  de  trois  et  même  de  quatre  arguments 
quelconques.  Parmi  ces  relations,  on  peut  citer  particu- 
lièrement la  suivante  : 

—  h'*  snw  snu  snr  sns  -+-  cnu  cnu  cnr  cns 

i  r2 

—  —  dnu  dnv  dnr  dus  = 

où  l'on  suppose  u  -+-  v  ■+•  r  ■+■  s  =  Q. 

Cette  relation  a  été  retrouvée,  en  1879,  par  M.  Cayley  (*) 
qui  en  a  donné  une  interprétation  géométrique  curieuse, 
et,  depuis  lors,  elle  a  été  démontrée,  de  diverses  manières, 
par  MM.  H.-J.-S.  Smith,  J.-W.-L.  Glaisher,  Hermile 
et  H.  Schroeter  (**).  Ces  géomètres  ont,  en  même  temps, 
signalé  plusieurs  relations  analogues,  plus  ou  moins  sim- 
ples, entre  les  fonctions  sn,  en,  dn,  les  fonctions  thêta,  ou 
les  fonctions  Al  correspondantes. 

M.  Cayley  (***)  a  fait  connaître  aussi  une  formule  qui  est 
la  généralisation  de  la  formule  de  Gudermann  et  qui  n'a  pas 
attiré  autant  que  celle-ci  l'attention  des  géomètres.  Cette 
formule  est  la  suivante  : 

/'  —  k'*  sn  (a  -t-  (3)  sn  (a  —  (3)  sn  f  y  -+-  ê)  sn  (y  —  S) 
^   -+-       en  (a  -+-  (3)  en  (*  —  (3)  en  (y  ■+-  <?)  en  (y  —  <?) 

5    i 

f  —  —  dn(a  -+-  (3)dn(a  — fi)dn(y  -4-  (?)  dn  (r  —  <?) 
k'*       1k'  (sn2  a  —  sn2  y)  (sn2  [3  —  sn2  <?) 


h1       { i  —  Fsn2«sn2 P)  (  I  —  A2sn Vsn V) 

(*)  A  Theorem  in  Elliplic  Functioiis(Pvocee(liny;s  of  the  London  Mathe- 
maiical  Society,  t.  X,  pp.  43-48;  janvier,  1879). 

(**)  Smith,  Ib.  pp.  91-100;  J  -W.-L.  Glaisher,  Ib  pp.  23 1  -233 -x  Mes- 
senger of  Mathematics,  2e  série,  t.  X,  pp.  129-130,  152-154;  Hermite, 
Acta  mathemalica,  t.  I,  pp.  368-370;  H.  Schroeter,  Ib.  t.  V,  pp.  205-207. 

(***)  Loc.  cit.,  p.  45. 


5°26  ; 
el  elle  donne  la  précédente,  aux  notations  près,  quand  on 
y  fait  a-+-y  =  0. 

La  note  de  M.  Martins  da  Silva  est  une  étude  relative  à 
cette  formule  de  M.  Cayley,  où  il  rattache  celle-ci,  d'abord 
à  la  théorie  des  fonctions  thêta,  puis  aux  fonctions  Al  de 
M.  Weierslrass.  Pour  cela,  il  exprime  le  premier  et  le 
second  membre  de  cette  formule  au  moyen  des  fonctions 
thêta,  après  avoir  posé  a -h  (3=  m,  a —  (3=w',  y  -t-<5=co", 
y  —  #=w"\  Dès  lors,  sous  cette  forme  nouvelle,  on  s'aper- 
çoit qu'elle  est  identique  à  une  relation  connue,  due  à 
Jacobi,  mais  publiée  en  1851,  par  M.  Rosenhain  (*). 
Cette  identité  de  la  formule  de  M.  Cayley  avec  celle  de 
Jacobi  semble  avoir  échappé  à  M.  Schroeter  et  à  Smith, 
qui  se  contentent  de  faire  observer  que  la  formule  de 
Jacobi  contient  celle  de  Gudermann,  dans  le  cas  où  la 
somme  des  quatre  arguments  est  nulle. 

M.  Martins  da  Silva  exprime  ensuite  la  relation  obtenue 
entre  les  fonctions  thêta  de  quatre  arguments  au  moyen 
des  fonctions  Al  de  M.  Weierslrass  et  retrouve  ainsi  une 
partie  des  résultats  de  Smith  et  quelques  autres  formules 
analogues. 

Nous  proposons  à  la  Classe  de  voler  l'impression  du 
petit  travail  de  M.  Martins  da  Silva  dans  le  Bulletin,  en 
en  retranchant  quelques  applications  particulières,  rendues 
inutiles  par  la  publication  de  la  note  un  peu  antérieure 
de  M.  Schroeter.  »  —  Adopté. 


(*)  Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  l'Académie  des  sciences 
de  Paris,  t.  XI,  p.  375. 


(  327  ) 

De  l'influence  du  magnétisme  sur  les  caractères  des  raies 
spectrales,  par  M.  Ch.  Fievez. 

Mtupjiot'l    de     VI .    Stas 

«  M.  Fievez,  astronome  à  l'Observatoire  royal,  m'a  prié 
de  présenter  en  son  nom,  à  la  Classe,  une  note  intitulée 
De  l'influence  du  magnétisme  sur  les  caractères  des  raies 
spectrales.  D'après  les  faits  connus,  on  admet  que  l'action 
du  magnétisme  sur  l'étincelle  électrique,  traversant  les 
milieux  gazeux  1res  raréfiés,  a  pour  effet  de  produire  un 
accroissement  d'intensité  lumineuse  de  l'étincelle  et  de 
son  spectre.  Les  opinions  sont  partagées  sur  la  cause  des 
phénomènes  observés  :  De  la  Rive  et  Daniel  admettent 
qu'elle  est  due  à  une  augmentation  locale  de  densité  de  la 
matière  gazeuse  raréfiée;  Secchi,  au  contraire,  l'attribue 
au  diamagnélisme  des  gaz,  d'où  résulte  une  diminution 
considérable  de  la  surface  gazeuse  dans  la  section  du  tube 
traversée  et,  par  suite,  production  d'une  température  plus 
élevée. 

Après  avoir  exposé  ces  faits  et  ces  interprétations, 
M.  Fievez  fait  remarquer,  avec  infiniment  de  raison,  que 
rien  ne  s'oppose  à  ce  que  l'on  attribue  l'augmentation  de 
l'intensité  lumineuse  de  l'étincelle  et  de  son  spectre  à 
l'action  du  magnétisme  sur  les  rayons  lumineux  eux-mêmes. 
Pour  élucider  cette  question,  M.  Fievez  a  eu  l'idée  d'écar- 
ter l'étincelle  électrique  dans  l'expérience,  et,  par  consé- 
quent, de  se  borner  à  étudier  l'effet  du  magnétisme  en 
présence  du  mouvement  lumineux  et  calorifique,  sans 
autre  intermédiaire  que  la  matière  pondérable. 

Dans  ce  but,  il  a  recherché  l'effet  du  magnétisme  sur  le 
spectre  des  flammes  sodiques,  potassiques,  lilhiques  et  thaï- 


(  328  ) 

liques  portées  successivement  à  des  tempéra  Unes  crois- 
santes par  l'introduction  de  l'oxygène  en  quantité  appro- 
priée. Dans  sa  note,  M.  Fievez  expose,  avec  la  concision  et 
la  précision  qui  le  caractérisent,  les  moyens  auxquels  il  a 
eu  recours.  Ayant  été  témoin  de  ses  investigations  sur  la 
flamme  sodique,  portée  successivement  à  des  températures 
de  plus  en  plus  élevées,  je  puis  affirmer  la  scrupuleuse 
exactitude  du  fait  fondamental  qui  s'y  rapporte  et  qui 
consiste  dans  un  changement  de  complexité  des  raies 
sodiques  sous  l'influence  des  forces  magnétiques.  Par 
l'intervention  du  magnétisme,  les  phénomènes  spectraux 
observés  se  présentent  absolument  de  la  même  manière 
que  par  l'intervenlion  d'une  élévation  de  température,  tels 
qu'ils  ont  été  découverts  et  décrits  par  M.  Fievez  dans  son 
remarquable  travail  De  l'influence  de  la  température  sur 
les  caractères  des  raies  spectrales. 

M.  Fievez  conclut  de  ses  recherches  que  le  magnétisme 
agit  directement  sur  les  rayons  lumineux  ;  il  s'abstient, 
avec  raison,  de  se  lancer  dans  le  champ  des  hypothèses 
pour  expliquer  l'identité  des  effets  du  magnétisme  et  de  la 
chaleur  sur  les  rayons. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  d'ordonner  l'im- 
pression de  la  note  de  M.  Fievez  dans  le  Bulletin  de  la 
séance  et  de  lui  voler  des  remerciments  pour  la  commu- 
nication de  son  beau  travail.  » 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  a  souscrit 
M.  Spring,  second  commissaire. 


(  529  ) 

fyude  sur  le  développement  des  feuillets  et  des  premiers 
îlots  sanguins  dans  le  blastoderme  de  la  Torpille  (Tor- 
pédo ocellata),  par  M.  A.  Swaen. 

Hapitofi  <fe    n.   Éd.   Van  Mtnteden. 

«  Balfour  a  publié  sur  l'embryologie  des  Sélaciens  une 
série  de  travaux  dont  les  résultats  ont  exercé  une  salutaire 
influence  sur  les  progrès  de  la  morphologie  des  Vertébrés. 
Hoffmann  est  le  seul  qui ,  après  Balfour,  ait  étudié  les  pre- 
mières phases  du  développement  des  Ëlasrnobranches;  il  a 
modifié  en  quelques  points  les  conclusions  des  recherches 
magistrales  de  l'éminenl  et  tant  regretté  embryologiste 
anglais. 

M.  Swaen,  professeur  à  l'Université  de  Liège,  a  été 
envoyé  à  Naples,  l'an  dernier,  pour  y  occuper  la  table  belge 
à  la  Station  zoologique  du  professeur  Dohrn  ;  il  a  réuni  et 
préparé  de  nombreux  matériaux  pour  l'étude  du  dévelop- 
pement des  Sélaciens  et  il  communique  aujourd'hui  à  la 
Classe  l'exposé  sommaire  de  ses  conclusions,  en  ce  qui  con- 
cerne le  développement  des  feuillets  et  la  formation  du  sang 
et  des  vaisseaux  dans  l'aire  vasculaire,  chez  la  Torpille. 

Je  me  fais  un  plaisir  de  proposer  à  la  Classe  de  faire 
imprimer  le  travail  de  M.  Swaen  dans  le  Bulletin  de  la 
séance,  et  d'adresser  des  remercîmenlsà  l'auteur  pour  son 
intéressante  communication.  » 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  a  souscrit 
M.  Van  Bambeke,  second  commissaire. 

ÉLECTION. 

La  Classe  continue,  par  acclamation,  le  mandat  de 
M.  Stas,  comme  membre  de  la  Commission  administrative 
pour  1885-1886.  


(  530  ) 
COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Note  sur  la  géologie  du  groupe  d'îles  de  Tristan  da  Cunha; 
par  A. -F.  Renard,  correspondant  de  l'Académie. 

La  constitution  géologique  des  îles  de  l'Atlantique  offre 
un  puissant  intérêt  au  point  de  vue  de  la  géographie  phy- 
sique et  de  la  répartition  des  êtres.  Les  questions  que  sou- 
lève leur  étude  peuvent  se  résumer  ainsi  :  ces  terres  iso- 
lées au  milieu  de  l'Océan,  sont-elles  les  restes  de  vastes 
régions  en  partie  submergées,  autrefois  reliées  aux  conti- 
nents, ou  bien  ces  îles  ne  sont-elles  autre  chose  que  des 
produits  volcaniques  amoncelés  depuis  le  commencement 
de  l'époque  tertiaire,  ou  bien  enfin,  seraient-elles  consti- 
tuées par  un  noyau  de  roches  cristallines  plus  anciennes, 
granités,  diabases  et  schistes  cristallins,  qui  serviraient  en 
quelque  sorte  de  soubassement  aux  matériaux  volcaniques 
affleurant  dans  toutes  ces  îles  et  dont  l'éruption,  comme 
on  vient  de  le  rappeler,  date  de  l'époque  tertiaire? 

La  portée  de  ces  problèmes  n'a  pas  manqué  d'attirer  de 
bonne  heure  l'attention  des  grands  naturalistes  qui  fondè- 
rent les  sciences  géologiques.  Il  suffît  de  rappeler  les  tra- 
vaux de  von  Buch,  de  Cordier,  de  Darwin,  de  Lyell,  pour 
montrer  l'importance  de  l'étude  de  ces  formations.  Plus 
récemment,  un  grand  nombre  d'entre  elles  ont  été  explo- 
rées par  des  observateurs  habiles  tel  que  Riess,  Stiibel, 
Hartung,  von  Fritsche,  Dolter  et  Fouqué,  elc.  C'est  à 
peine  si  quelques-unes,  moins  facilement  abordables,  ont 
échappé  aux  investigations  des  naturalistes  voyageurs. 
Parmi  celles  dont  la  constitution  du  sol  était  restée  près- 


(  331   ) 

que  inconnue  jusqu'au  moment  de  l'expédition  du  Chal- 
lenger, on  doit  citer  le  groupe  d'îles  de  Tristan  da 
Cunha  (1).  Perdus  au  milieu  de  l'Océan,  sans  cesse  battus 
par  d'effroyables  tempêtes,  désolés  par  un  climat  d'une 
rigueur  excessive,  ces  rochers  sont  peut-être  le  lieu  de  la 
terre  le  plus  triste  que  l'homme  s'est  choisi  pour  demeure. 
Jusqu'au  moment  où  l'équipage  de  celte  croisière  scien- 
tifique l'explora,  il  y  a  environ  dix  ans,  on  ne  possédait 
que  des  notions  bien  incertaines  sur  la  nature  des  roches 
qui  constituent  ce  groupe  d'îles.  Les  savants  du  Challenger 
y  ont  recueilli  un  certain  nombre  de  roches-types,  dont 
je  me  propose  de  donner  une  description  sommaire.  Elle 
portera  sur  les  échantillons  réunis  par  M.  Buchanan, 
chimiste  de  l'expédition.  J'emprunte  aux  ouvrages  de 
sir  Wyville  Thomson  (2),  de  Moseley  (5)  et  surtout  au 
rapport  de  Buchanan  (4),  les  détails  locaux  qui  accompa- 


(1)  Ces  îles  furent  découvertes  par  les  Portugais  vers  1506;  les 
Hollandais  les  ont  décrites  en  1643;  mais  d'Llchevery  paraît  être  le  pre- 
mier qui  aborda  à  Tristan  avec  l'équipage  de  l'Étoile  du  math),  en  1767. 
11  nomma  Inaccessible  l'île  située  à  l'ouest  du  groupe,  et  Nightingale 
celle  au  sud.  Depuis,  plusieurs  navires  de  la  marine  anglaise  onl  abordé 
ces  rochers.  Leur  position  géographique  fut  lixée  avec  exactitude  par 
le  capitaine  Denham,  lors  de  la  croisière  du  Herald  en  185-2.  La  carte 
de  Tristan  par  Denham  a  été  publiée  dans  les  Geogr.  Milth.  de  Pelermann, 
1855,  p  76,  pi  7.  Mais  la  position  des  deux  petites  îles  Inacessible  et 
Nightingale  n'a  été  déterminée  qu'en  1875  par  les  explorateurs  du  Chal- 
lenger. La  nouvelle  carte  du  groupe  de  Tristan  a  paru  pendant  l'impression 
de  cette  notice,  dans  le  Narrative  of  the  croise  of  H.  M.  S.  Challenger, 
édite  par  M.  John  Murray.  Voir  S/ieets  17,  lcc  volume.  Cet  ouvrage  ren- 
ferme des  détails  complets  sur  l'histoire  naturelle  et  sur  la  petite  colonie 
qui  s'est  installée  à  Tristan.  Voir  aussi  Thomson,  The  Atlantic,  vol  11, 
p.  152,  et  l'iulere^aul  chapitre  sur  ces  îles  dans  les  Noies  of  a  Naluralist 
on  thc  Challenger,  par  Moseley,  p.  13-v 

(i)  Sir  Wyville  Thomso.n,  The  Atlanlic,  vol.  Il,  p.  152. 

lô)  Moseley,  Notes  of  a  naluralist  on  Vie  Challenger,  p.  108. 
(4)   tiuc.HAMAN,  Pioe.  Ilot,  Soc  Ltnd.,  vol.  XXIV,  p.  583 


(  332  ; 
gnent  les  recherches  lilhologiques  que  j'ai  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie.  Elles  constituent  une  suite  aux 
notices  que  j'ai  publiées  sur  les  îles  pou  explorées  de 
l'Océan  Atlantique.  Je  me  hâte  d'ajouter  que  ces  observa- 
tions ne  forment  pas  une  monographie  géologique  complète 
du  groupe  de  Tristan  da  Cunha;  elles  ne  se  rapportent 
généralement  qu'aux  roches  qui  affleurent  à  la  côte.  Les 
conditions  difficiles  d'exploration  et  l'inconstance  de  la 
mer  avaient  fait  défendre  aux  naturalistes  de  s'écarter 
hois  de  vue  du  navire;  ils  ont  donc  dû  se  borner  à  réunir 
des  documents  relatifs  à  la  constitution  des  falaises  et  des 
points  au  voisinage  immédiat  des  côtes.  Mais,  vu  la  nature 
des  roches  recueillies,  tout  porte  à  croire  qu'on  eût  observé 
des  faits  du  même  ordre  dans  la  partie  centrale  de  l'île. 

Le  groupe  de  Tristan  da  Cunha  comprend  l'île  de  Tristan 
et  les  îles  Nighlingale  et  Inacessible.  En  s'appuyant  sur  les 
relations  de  la  flore,  on  doit  rattacher  au  même  groupe  la 
petite  île  Gough ,  située  à  200  milles  au  sud.  Ces  îles  for- 
ment les  sommets  de  la  grande  chaîne  sous-marine,  qui 
traverse  «lu  nord  au  sud  le  milieu  de  l'Atlantique  et  qui 
porte,  dans  la  partie  méridionale  de  cet  océan,  les  rochers 
de  S'-Paul,  les  îles  de  l'Ascension  et  de  Ste-Hélène  (1). 

Tristan ,  la  plus  importante  de  ces  îles,  occupe  le 
nord  du  groupe;  elle  est  située  par  lat  37°2'45"S,  long. 
i2°18'20"0  {Herald  point);  une  distance  de  1,550  milles 


(1)  A  partir  du  méridien  55°0,  et  un  peu  au  sud  du  parallèle  35°  S,  le 
fond  de  la  mer  commence  à  se  relever  graduellement,  jusqu'à  atteindre  le 
point  culminant  de  la  chaîne  sous-marine  de  l'Atlantique  du  sud.  Le  sol 
s'élève  jusqu'à  la  hauteur  des  îles  Gough  et  Tristan  da  Cunha,  autour  des- 
quelles on  a  sondé  des  profondeurs  de  2,000  mètres  et  plus.  A  l'est  de  ces 
îles,  le  fond  subit  une  nouvelle  dépression  et  descend  jusqu'à  4,000  mètres 
entre  la  long.  0.10°  et  long.  E.  1b  et  30°  jusqu'à  50°  lat.  S. 


(  355  ) 

la  sépare  du  cap  de  Bonne-Espérance;  elle  est  à  2,000 
milles  du  cap  Horn  et  à  près  de  1,320  milles  au  sud  de 
Ste-Hélène.  Sa  superficie  est  d'environ  16  milles  carrés. 
L'île  de  Tristan  est  presque  circulaire;  un  pic  élevé  en 
occupe  le  milieu.  Si,  de  ce  centre,  on  décrit  une  circonfé- 
rence de  3f/2  milles  de  rayon,  elle  ira  toucher  tous  les 
points  saillants  de  la  côte  ,  sauf  ceux  de  quadrant  Est,  où 
le  rivage  se  projette  un  demi-mille  en  dehors  du  cercle. 
Cette  île  s'élève  presque  verticalement  du  fond  de  la  mer; 
à  peu  de  distance  des  côtes,  on  rencontre  déjà  la  ligne  de 
100  brasses;  elle  est  bordée  de  falaises  escarpées,  qui 
rendent  l'abordage  très  difficile;  les  rochers  à  pic  qui 
ceignent  l'île  atteignent  une  hauteur  de  1 ,000à  2,000  pieds. 
Ils  forment  une  terrasse  ou  plateau  où  se  dresse  un  pic  de 
forme  conique,  rappelant  celui  de  Ténériffe  et  dont  le 
sommet,  recouvert  de  neige  durant  presque  toute  l'année, 
s'élève  à  7,640  pieds.  Au  dire  des  habitants  de  Tristan, 
ce  pic  est  un  cône  de  scories  noires  et  rouges,  avec  un 
cratère-lac  à  la  partie  supérieure;  le  diamètre  du  cratère 
est  d'environ  un  quart  de  mille.  On  aperçoit  de  la  côte 
d'autres  éminence-,  moins  élevées,  sur  le  plateau  formant 
le  centre  de  l'île;  ces  collines  sont  très  probablement  aussi 
des  cônes  d'éruption  secondaires  (1)  ;  plusieurs  d'entre 
eux  ont  des  cratères-lacs,  comme  le  pic  central. 

Les  falaises  sont  formées  de  couches  presque  horizon- 
tales alternantes  de  basaltes  compactes  et  scoriacés,  avec 
intercalations  de  bancs  de  tuff  volcanique  rougeâtre.  Cet 
ensemble  de  lits  est  légèrement  incliné  vers  le  rivage, 
ainsi  qu'on  peut  l'observer  à  l'est  et  à  l'ouest  du  port  (2). 

(1  )  Voir  dans  le  Narrative  of  the  cruise  of  H.  M.  S.  Challenger,  la  vue 
île  l'île  de  Tristan  da  Gunha,  p.  241,  Og.  98. 

(2)  Voir  la  gravure  reproduisant  une  photographie  de  ces  falaises  près 
du  village  Edinburgh;  Narrative,  etc  ,  p.  252,  fig.  99. 


(  354   ) 

Ces  couches  sont  traversées  par  des  liions  d'allure  généra- 
lement verticale  et  d'assez  faible  puissance.  Au  pied  des 
falaises,  les  eaux  torrentielles  et  la  décomposition  atmo- 
sphérique ont  raviné  ces  murailles  de  rochers  et  accu- 
mulé des  amas  de  débris,  qui  se  sont  amoncelés  jusqu'à 
une  hauteur  de  100  pieds.  Cette  ceinture  de  fragments 
volcaniques  est  à  son  tour  bordée  par  une  zone  de  sable 
de  même  nature,  qui  s'étale  sur  l'étroit  rivage  de  l'île. 

H  n'existe  peut-êlre  pas  de  région  au  monde  où  les 
phénomènes  atmosphériques  exercent  leur  action  destruc- 
tive d'une  manière  aussi  énergique  qu'ici.  Pendant  neuf 
mois  de  l'année,  de  terribles  tempêtes  se  déchaînent  sur 
l'île;  durant  cette  saison  de  pluies  et  dès  que  la  neige 
accumulée  sur  le  sommet  du  pic  et  sur  la  terrasse  vient 
à  se  fondre,  l'eau  jaillit  en  cascades,  du  haut  des  rochers 
qui  bordent  les  côtes,  et  entraîne  avec  elle  une  immense 
quantité  de  débris.  Ces  eaux  courantes  s'attaquent  avec 
vigueur  à  démolir  les  couches  moins  cohérentes  et  moins 
homogènes  qui  composent  les  lits  horizontaux;  elles 
déchaussent  les  roches  des  filons  et  creusent  des  inden- 
tations  profondes  sur  le  rebord  de  la  terrasse.  Les  dykes 
transversaux  résistent  seuls  à  l'érosion  et  se  dressent 
comme  des  murailles. 

M.  Buchanan  fait  observer  qu'à  Tristan,  comme  à 
Nightingale,  les  filons  ont  rendu,  par  leur  contact,  la  brèche 
volcanique  qu'ils  traversent,  plus  altérable;  il  en  résulte 
que  la  dénudation  s'exerce  de  préférence  le  long  de  ces 
parois.  Ces  murailles  de  roche  massive  injectée  forment 
ainsi  les  axes  suivant  lesquels  sont  entaillées  les  criques  et 
les  sinuosités  du  rivage.  A  l'île  de  Tristan,  le  ravin,  situé 
derrière  le  village  et  dans  lequel  se  trouve  la  source  qui 
alimente  la  colonie,  doit  son  origine  à  ce  mode  d'érosion. 
11  est  barré  par  une  masse  en  forme  de   dyke,  dont 


(  555  ) 
l'épaisseur  alleint  près  de  180  pieds;  celte  roche  injectée 
a  altéré  les  roches  encaissantes,  qui  sont  devenues  schis- 
toïdes  et  se  désagrègent  facilement.  On  peut  observer  dans 
les  falaises  un  grand  nombre  de  dykes  présentant  les 
mêmes  caractères;  mais,  en  général,  leur  épaisseur  ne 
dépasse  guère  \  ou  2  pieds.  Les  rochers  de  la  côte,  qui 
offrent  de  bonnes  coupes  naturelles  de  l'île,  ont  permis  à 
M.Buchanan  de  constater,  en  deux  points,  d'anciens  creux, 
remplis  aujourd'hui  de  matériaux  volcaniques,  qui  lui 
paraissaient  des  produits  d'éruption  subaérienne,  déposés 
lentement  sous  les  eaux.  Si  cette  interprétation  est  vraie, 
elle  tendrait  à  faire  admettre  que  certaines  parties  de  l'île 
de  Tristan  ont  subi  celle  même  action  de  soulèvement, 
dont  plusieurs  îles  de  l'Atlantique  nous  fournissent  des 
preuves  incontestables  et  qui  doit  être  considérée  comme 
un  facteur  important  dans  la  formation  des  mêmes  îles. 

Décrivons  d'abord  les  roches  qui  constituent  les  lits 
presque  horizontaux,  et  qui  ont  été  épanchées  à  la  manière 
des  laves  ou  projetées  comme  matières  volcaniques, 
incohérentes.  On  doit  signaler  comme  une  des  plus  impor- 
tantes de  l'île,  une  roche  de  teinte  jaune  rougeâtre  avec 
grands  cristaux  d'augite.  D'après  les  observations  de 
M.  Buchanan,  elle  a  subi  une  altération  profonde,  sous 
Pinfluence  des  dykes  qui  la  traversent.  Quelques-uns  des 
échantillons  que  nous  en  avons  examinés  sont  presque 
désagrégés;  les  cristaux  d'augite,  seuls,  .ont  résisté  à  la 
décomposition;  ils  se  laissent  facilement  extraire  de  la 
masse  presque  terreuse  qui  les  renferme. 

Certaines  portions  de  la  roche,  moins  décomposées,  ont 
fourni  des  lames  minces,  qui  montrent  qu'elle  doit  être 
rapportée  aux  basaltes  feldspathiques.  Les  grands  cristaux 
d'augite  donnent  à  ce  basalte  une  texture  porphyrique;  on 
voit  au  microscope  que  la  masse  fondamentale  est  con- 


(  336  ) 

slituée  par  un  amas  de  microlithes  de  plagioclase,  d'augite, 
de  magnélile  en  cristaux  el  en  irichites  et  par  quelques 
petits  cristaux  de  péridot;  entre  ces  éléments,  est  intercalée 
une  base  vitreuse,  dont  le  rôle  est  tout  à  fait  subor- 
donné. En  certains  points,  une  matière  jaunâtre  limoni- 
teuse  s'est  déposée  dans  les  pores,  en  enduits  concrétion- 
nés.  Quelques-uns  de  ces  échantillons  décomposés  passent 
presque  sans  gradation  à  une  roche  plus  compacte  et  plus 
résistante.  Les  zones  compactes  dont  il  s'agit  sont  noires 
avec  éclat  vitreux,  brillant  dans  la  cassure;  elles  montrent 
la  modification  vitreuse  qu'on  observe  aux  parois  des 
dvkes  de  la  même  île.  Ces  bandes  noires,  rappelant  par 
l'aspect  certaines  obsidiennes,  n'ont  qu'une  épaisseur  de 
2  centimètres;  on  peut  les  considérer  comme  la  cou- 
verture, plus  rapidement  refroidie,  de  la  nappe  basaltique. 
Ce  verre  montre  au  microscope  une  base  isotrope,  brun 
noirâtre  presque  opaque;  en  certains  points,  il  passe  à  la 
modification,  d'aspect  résineux  rougeâlre,  bien  connue 
dans  les  luffs  palagonitiques.  Dans  cette  base  vitreuse,  on 
observe  des  cristaux  de  plagioclase  et  d'augite,  dont  quel- 
ques-uns renferment  des  grains  de  péridot,  de  la  magnélite 
et  de  l'apalite. 

Les  lits  formés  de  ce  basalte  feldspathique  altéré  sont 
surmontés  par  un  tuff  basaltique.  La  transition  s'opère 
par  des  roches  où  les  matières  vitreuses  sont  plus  abon- 
dantes, mais  appartenant  cependant  au  même  type  litho- 
logique. Le  tuff  qui  recouvre  la  nappe  en  question  est 
formé  de  fragments  où  la  matière  vitreuse  domine;  ils  appa- 
raissent au  microscope,  constitués  d'un  verre  bulleux  jau- 
nâtre ou  brunâtre,  passant  quelquefois  au  produit  de 
décomposition  hydraté,  rougeâtre,  résinoïde  des  verrez 
volcaniques  basiques.  Les  cristaux  qui  se  détachent  de 


(  357  ) 
cette  matière  luffacée  sont  surtout  des  augiles  verdâtres 
péochroïques,  généralement  à  contours  irréguliers.  Les 
préparations  montrent  en  outre  des  sections  du  même 
minéral  et  de  plagioclases,  nettement  terminés  et  de 
dimensions  plus  petites,  empâtés  dans  la  masse  vitreuse 
et  qui  sont  de  seconde  consolidation.  Le  péridot  et  la 
magnélile  sont  relativement  rares.  Les  grands  cristaux 
d'augite  et  de  plagioclases  sont  souvent  bordés,  en  partie, 
ou  entièrement  enveloppés  d'une  matière  vitreuse  plus 
opaque  et  plus  noire  que  le  verre  qui  l'orme  la  base. 

Ce  luff  est  recouvert  à  son  tour  par  une  roche  de  même 
nature,  mais  d'un  grain  plus  grossier.  Elle  est  formée  de 
lapili  de  2  à  5  centimètres  et  pénétrée  de  cristaux  d'augite 
visibles  à  l'œil  nu. 

Cette  roche  luffacée  est  très  cohérente,  de  couleur  noire 
jaunâtre;  les  fragments  qui  la  constituent  sont  générale- 
ment des  esquilles  de  basalte  feldspathique  à  base  vitreuse. 
Au  microscope,  on  observe  que  le  magna  est  constitué  par 
un  verre  brunâtre,  alvéolaire,  renfermant  de  grands  cris- 
taux d'augite  souvent  maclés,  des  lamelles  de  plagioclases, 
de  la  magnétile  et  du  péridot.  Ces  minéraux  sont  généra- 
lement assez  grands;  ceux  d'augite  et  de  plagioclase 
portent  les  effets  de  l'action  du  magna;  ils  sont  corrodés 
et  infectés  par  la  matière  vitreuse  entourante.  Dans  celte 
base,  on  découvre  des  individus  de  dimensions  beaucoup 
moindres;  les  plagioclases  y  affectent  la  forme  des  tables 
rhombiques  de  la  bytownite;  ils  sont  associés  à  des  micro- 
lilhes  d'augite  et  de  péridot  et  à  des  sections  microscopi- 
ques de  magnétile. 

Comme  on  vient  de  le  voir,  les  roches  superposées  qui 
constituent  les  bancs  horizontaux  appartiennent  toutes  à 
la  série  des  basaltes  feldspalhiques  à  base  vitreuse.  Parmi 

3™'  SÉRIE,  TOME  IX.  24 


(  558  ) 

les  échantillons  étudiés  et  qui,  d'après  les  notes  de 
M.  Buchanan,  doivent  être  considérés  comme  des  laves, 
on  en  trouve  qui  présentent  quelques  différences  de  tex- 
ture. Ils  sont  plus  scoriacés;  mais,  au  fond,  leur  compo- 
sition minéralogique  est  la  même.  Parmi  les  roch<  s  scoria- 
cées, il  en  est  de  couleur  grisâtre  foncée  et  dont  les  pores 
sont  tapissés  de  zéolilhes;  elles  renferment  des  cristaux 
d'augile  mesurant  environ  un  centimètre.  Au  microscope, 
on  y  découvre  de  grandes  sections  lamellaires  de  plagio- 
clase,  d'augite  vert  foncé,  qu'un  commencement  d'altération 
revêt  d'une  teinte  jaunâtre:  l'apalite  est  quelquefois  en 
inclusion  dans  l'augile;  les  préparations  montrent  encore 
du  péridol  assez  rare,  de  la  magnétite  et  des  lamelles 
d'oligisle.  Ces  divers  minéraux  se  détachent  d'une  masse 
fondamentale,  où  sont  accumulés  des  microlilhes  très 
petits  de  plagioclases,  de  l'augile  et  de  la  magnétite, 
presque  sans  interposition  de  hase. 

On  passe  de  ces  laves  scoriacées  avec  texture  porphy- 
rique,  à  d'autres  échantillons,  désignés  comme  laves,  qui 
présentent  des  transitions  aux  andésites  pyroxéniques.  Ces 
roches  sont  compactes  comme  les  laves  basaltiques  dont  il 
fut  question  tout  à  l'heure;  elles  ont  un  aspect  microsco- 
pique identique  ;  seulement,  dans  les  lames  minces,  on  ne 
découvre  pas  de  péridol;  les  minéraux  constitutifs  sont 
le  plagioclase,  l'augile  et  la  magnétite,  auxquels  vient 
s'ajouter  la  hiolite  en  petiles  plages  brunâtres.  Tous  ces 
petits  cristaux  sont  enchâssés  dans  une  hase  formée  d'un 
\erre  peu  coloré. 

La  hornblende  est  très  rare  dans  les  laves  de  Tristan 
da  Cunha;  une  seule  roche  nous  l'a  montrée.  Elle  se 
rapproche  beaucoup  par  les  caractères  microscopiques  des 
iaves  andésitiques,  sauf  qu'elle  est  un  peu  plus  schisloïde, 
moins  compacte  et  de  teinte  moins  foncée. 


(  359  ) 

Au  microscope,  celle  roche  se  montre  composée  des 
minéraux  suivants  de  première  consolidation  :  grands 
cristaux  de  plagioclase,  d'augile  et  de  hornblende.  Les 
sections  de  celte  dernière  espèce  sont  entourées  d'une 
zone  de  magnétile.  Ces  sections  se  détachent  d'une  base 
vitreuse  presque  incolore,  renfermant  des  microlithes  de 
plagioclase,  d'augite  et  de  1er  magnétique. 

Citons  encore,  parmi  les  roches  étalées  en  couches,  un 
fragment  extrait  d'un  banc  de  produits  volcaniques  meu- 
bles, recouvert  par  une  nappe  de  lave.  On  voit  à  la  struc- 
ture de  l'échantillon  qu'il  est  composé  de  deux  couches 
indiquant  des  dépôts  successifs.  L'une  d'elles  possède  la 
composition  minéralogique  et  la  texture  que  nous  avons 
reconnues  pour  toutes  les  laves  basaltiques  de  l'île; 
l'autre  est  d'une  agglomération  d'esquilles  vitreuses,  de 
plagioclase,  d'augite  et  de  fer  magnétique;  tous  ces  miné- 
raux sont  fragmentaires;  la  couche  en  question  doit  être 
considérée  comme  un  lufï  basaltique. 

Nous  venons  de  voir  sommairement  les  caractères  litho- 
logiques des  coulées  et  des  luffs  qui  constituent  la  plus 
grande  partie  des  roches  affleurant  près  des  côtes;  il  reste 
à  indiquer  la  nature  des  liions  transversaux  injectés  dans 
ces  couches  superposées. 

Les  échantillons  provenant  de  ces  dykes  apparaissent,  à 
l'œil  nu,  comme  des  basaltes  compactes  de  teinte  noirâtre; 
on  y  entrevoit  des  indices  de  sliuclure  colonnaire. 

Un  fragment  extrait  de  ces  liions  était  conligu  aux 
parois  encaissantes;  il  présente,  sur  une  épaisseur  d'un 
centimètre  environ,  au  point  de  conlact,  la  modification 
vitreuse  noire,  avec  éclat  brillant  bien  connu  pour  les 
roches  basaltiques  qui  ont  subi  un  brusque  refroidis- 
sement. 

A  juger  par  ces  préparations  microscopiques,  ces  filons 


(  340  ) 
seraient  des  andésites  aiigîtiqucs.  Comme  minéraux  de 
première  consolidation,  on  voit  la  magnélite,  l'angite  et  les 
plagioclases;  dans  la  base  qui  a  subi  la  dévitrification 
microlithique,  sont  enchâssés  des  cristaux  très  petits  d'au- 
gite,  quelquefois  groupés  en  rosettes,  et  des  grains  de  ma- 
gnétile.  D'autres  échantillons,  provenant  des  filons  injectés, 
ont  montré  au  fond  la  même  composition  minéralogique 
et  la  même  texture. 

Parmi  les  échantillons  de  roches  rapportés  de  l'île  de 
Tristan,  se  trouvait  un  fragment  vitreux,  très  compacte,  de 
couleur  noire  rougeàlre,  dont  les  habitants  se  servent 
comme  pierre  à  feu.  Celle  roche,  examinée  au  microscope, 
montre  une  base  vitreuse  presque  opaque;  en  certains 
points,  elle  est  légèrement  transparente  ou  brune.  Les 
minéraux  qui  s'y  sont  développés  sont  l'augite  et  le 
feldspath  plagioclase.  Ce  dernier  minéral  se  montre  en 
sections  lamellaires,  assez  grandes  quelquefois,  criblées 
d'inclusions  vitreuses,  d'autres  fois  limpides;  les  grands 
cristaux  de  plagioclase  sont  même  visibles  à  la  loupe;  on 
observe  aussi  des  lamelles  beaucoup  plus  petites  de  felds- 
path triclinique,  répandues  sporadiquement  dans  la  masse. 

Les  dimensions  des  cristaux  d'augite  avec  inclusions  de 
magnélite  sont  celles  des  grandes  sections  de  plagioclase; 
leurs  formes  sont  nettes;  on  en  distingue  un  certain  nom- 
bre, maclés,  suivantl'orthopinakoïde  comme  plan  de  macle. 

On  entrevoit  aussi  un  grand  nombre  de  très  petits 
cristaux  d'augite  dans  la  base,  ainsi  que  des  sections 
microscopiques  de  péridot.  On  n'aperçoit  pas,  à  cause  de 
l'opacité  de  la  base,  d'autres  minéraux  constitutifs.  Celle 
roche,  que  l'on  pourrait,  à  première  vue,  ranger  avec 
l'obsidienne  ,  doit  se  rapporter  aux  basaltes  feldspathiques 
dont  nous  avons  montré  la  fréquence  à  Tristan;  elle 
constitue  une  variété  très  vitreuse  de  ces  roches. 


C  541  ) 

Les  sondages  du  Challenger  autour  de  l'île  de  Tristan  ont 
rapporté  des  échantillons  de  sédiments  qui  se  déposent  aux 
abords  de  l'ile.  Le  Tond  de  la  mer  est  généralement  formé 
d'un  sédiment  coquillier,  à  grains  grossiers,  composés  de 
fragments  de  polyzoaires,  de  lamellibranches,  de  gasté- 
ropodes, de  brachyopodes,  d'échinodermes,  de  ptéropodes, 
de  serpules  et  de  foraminifères  pélagiques  et  autres;  les 
particules  minérales  de  ce  dépôt  sont  exclusivement  d'ori- 
gine volcanique  et  présentent  un  type  très  caractéristi- 
que des  sédiments  désignés  sous  le  nom  de  sable  volca- 
nique. Les  grains  qui  entrent  dans  sa  composition  sont 
des  fragments  microscopiques  des  roches  dont  nous  venons 
de  constater  la  présence  à  l'île  de  Tristan  ou  des  miné- 
raux qui  entrent  dans  leur  composition.  Un  dragage 
(18  octobre  1875)  ramena  un  fragment  de  roche  noire 
et  massive,  altéré  à  la  surface;  l'examen  microscopique 
montre  qu'elle  doit  être  rapprochée  des  andésites  pvroxé- 
niques;  elle  ressemble  assez  bien  à  la  vue  aux  roches 
formant  des  dykes  à  Tristan.  Dans  une  masse  compacte, 
on  voit  au  microscope  quelques  plages  d'un  verre  bru- 
nâtre; cette  même  matière  formant  la  base  de  la  roche  est 
intercalée  entre  les  minéraux  constitutifs,  qui  sont  tous 
très  petits  et  de  dimensions  à  peu  près  égales.  On  y  dis- 
tingue des  micro'thes  de  plagioclase  et  d'augite  et  un 
grand  nombre  de  sections  de  fer  magnétique.  L'olivine 
n'est  pas  représentée;  certaines  parties  de  la  préparation 
montrent  une  structure  fluidale.  On  voit  aussi  des 
plages  plus  ou  moins  irrégulières,  où  la  magnétite  s'est 
concentrée:  peut-être  avons-nous  ici  affaire  à  une  décom- 
position de  la  hornblende.  Les  caractères  externes  du 
fragment  de  roche  en  question  et  sa  constitution  lilholo- 
gique  semblent  indiquer  qu'il  provient  de  l'île  de  Tristan, 


(  342  ) 

Il  n'en  est  pas  de  même  (Je  fragments  de  ponce  recueillis 
dans  le  même  dragage.  Nous  avons  insisté  ailleurs  sur 
l'universalité  de  la  ponce  dans  les  dépôts  pélagiques  et 
nous  avons  montré  commentées  produits,  transportés  par 
les  vagues  et  les  courants,  peuvent  venir  se  déposer  au 
fond  de  la  mer  à  des  points  extrêmement  éloignés  de  leur 
lieu  d'origine.  Nous  sommes  ainsi  amenés  à  considérer  les 
fragments  de  ponce  comme  n'appartenant  pas  aux  roches 
de  Tristan.  Les  échantillons  de  cette  ponce  ne  présentent 
pas  de  particularités  à  noter;  l'examen  microscopique 
montre  qu'elle  renferme  de  la  sanidine,  ce  que  conlirme 
l'examen  des  lames  minces. 


État  de  la  végétation ,  à  Spa  et,  à  Liège,  le  20  avril  1885, 
et  à  Long  champ  s  (Waremrne),  le  2i  avril;  par  G.  De- 
walque  et  le  bon  E.  de  Selys  Longchamps,  membres  de 
l'Académie. 

Les  tableaux  ci-après  représentent  les  observations  qui 
ont  été  faites  à  la  date  habituelle,  à  Spa  et  à  Liège,  par 
M.  Dewalque,  à  Longchamps,  près  de  Waremrne,  par 
M.  le  baron  de  Selys,  sur  la  feuillaison  et  la  floraison. 

Rappelons  que  les  mots  bourgeons  indiquent  des  bour- 
geons ou  des  boutons  près  de  s'ouvrir,  et  que  les  chiffres 
*/8,  '/*>  '/2»  3/*'  ^  se  rapportent  à  la  grandeur  normale 
des  feuilles  complètement  développées. 

M.  le  baron  de  Selys  estime  que,  à  la  date  du  21  avril 
dernier,  la  végétation  était  notablement  en  retard. 

M.  G.  Dewalque  ajoute  à  ce  qui  suit  que,  le  21  avril,  la 
floraison  du  colza  commençait  dans  les  campagnes  entre 
Tirlemont  et  Louvain  cl  qu'il  y  a  vu  quelques  fleurs  de 
Spartium  scoparium. 


(  343  ) 

Feuillaison. 


Quercus  robur,  L  .  .  .  . 
Ulmus  canipestris,  L.  . 
Fagus  sylvatica,  L  .  .  . 
Carpinus  betulus.  L.  .  .  . 
Sorbus  aucuparia,  L  .  .  . 
Fraxinus  excelsior,  L.    .    . 

Tilia  europaea,  L 

Populus  alba 

Populus  fastigiata,  Desf.  . 
jEsculus  hippocastanum,  L. 

Betula  alba,  L 

Alnus  glutinosa,  L  .  .  .  . 
Viburnum  opulus,  L  .  .  . 
Cralaegus  oxyacanlba,  L.  . 
Rubus  adoratus,  L.    .    .    . 

Pyrus  malus,  L 

Prunus  cerasus,  L.  .  .  . 
Cornus  sanguinea,  L  .  .  . 
Mespilus  gprmanica,  L  .  . 
Corylus  avellana,  L.  .  .  . 
Philadelphus  coronarius,  L. 
Pyrus  communis,  L.    .     .    . 

—    cydonia,  L 

Salix  babylonica,  L.    .    .    . 

—    caprœa,  L 

Larix  europaea,  D.  C.  .  .  . 
Berberis  vulgaris,  L.  .  .  . 
Staphylea  pinnata,  L.  .  . 
Syringa  vulgaris,  L.  .  .  . 
—  persica,  L  .  .  .  . 
Sambucus  nigra,  L.    .    .    . 


bourgeons. 

bourgeons. 

0 


bourgeons 
bourgeons 

Vs 
V* 

Vs 

V* 

Vs 
'/s 
Vs 
V* 
Vs 
V* 
V* 
V* 


Vs 


0 

0 

bourgeons 

Vs 


(  544  ) 


Feuillaison  (suite). 


Daphne  mezereum,  L.  .  . 
Lonicera  periclymenum,  L. 
—  symphoricarpos,  L 
Spirœa  sorbitblia.  L.  .  . 
Pyrus  japonica,  L.  .  .  . 
Ribes  sanguineuin.  L.     .     . 


Floraison. 


Convallaria  malalis,  L  .  . 
Corchorus  japonica,  L  .  . 
Aucuba  japonica,  L.  .  . 
Hyacinthus  racemosus,  L. 
Lamium  maculatum,  L.    . 

—  purpureum,  L.     . 
Pyrus  malus,  L    .    .    .     ■ 
Ribes  nigrum,  L.    .     .    ■ 
Scilla  ilalica,  L.    .     .     . 
Adonis  vernalis,  L     .     . 
Arabis  albida,  L.     .     . 

—  alpina,  L.  .  . 
Acer  platanoïdes,  L.  . 
Anémone  nemorosa,  L. 

—  pratensis,  L    . 

—  pulsalilla,  L  . 
Alyssuni  deltoïdea,  L  . 
Rellis  perennis,  L.  .  . 
Calllia  paluslris,  L  .  . 
Buxus  sempervirens,  L. 


commence. 

0 
commence 


pelils  boulons 

boutons, 
commence, 
commence 
commence. 

générale. 

commence. 
commence. 

générale, 
générale. 
générale. 


générale, 
commence 
commence 


générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale. 


générale, 
commence 


générale. 


générale, 
générale. 


partielle. 


;  .745  ) 

Floraisou  (suite). 


Cârdamine  pratensis,  L.  .  . 
Carpinus  betulus,  L.  .  .  . 
Ranunculus  ticaiia,  L.  .  .  . 
Fritillaria  imperialis,  L.  .  . 
Glechoma  hederacea,  L.  .  . 
Hyaeintbus  orientalis,  L.  .  . 
Leontodon  taraxacum,  L.  .  . 
Magnolia  yulan,  Dest'.  .  .  . 
Malionia  aquifolium,  Nutt.    . 

—  fascicularis,  I).  C.  . 
Myosotis  palustris.  With.  .  . 
Narcissus  poeticus,  L.    .    .    . 

—  psoudo-narcissus,  L. 

Orotius  vernus,  L 

Oxalis  acetosella,  L  .  .  .  . 
Prunus  cerasus,  I 

—  domestica,  L.    .    .    . 

—  spinosa,  L 

Primùla  officinalis,  I 

—      elatior,  L 

Pyrnus  communis,  L.  .  • 
Ribes  rubruni,  L 

—  sanguineum,  L.    .    .    . 

—  uva-crispa,  L.  .  ,  . 
Saxit'raga  crassifolia,  L.  .  . 
Scilla  sibirica,  And.     .    .    . 

Vinca  minor,  L 

Pyrus  japonica,  L 

Ulex  europseus,  L 

Daphne  mezereum,  L.  .  .  . 
Fumaria  bulbosa,  L.    .    .    . 


boutons 


commence. 

boutons, 
commence. 


boutons, 
commence. 


commence, 
générale. 


boutons, 
commence, 
générale. 


commence, 
commence, 
commence. 


générale, 
générale, 
générale. 

générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale. 

générale, 
générale, 
générale. 

générale, 
générale. 

générale. 


générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
générale, 
avancée, 
avancée. 


WAKEMME. 


générale, 
générale. 


commence 
commence 
générale. 


îénérale. 


presque  genér 
presque  genér 


générale. 

presque  génér 

"énérale. 


générale, 
générale. 

avancée. 


(  546  ) 

Floraison  [suite). 


Hyacinthus  botryoïdes,  L.  . 
Tussilago  petasites,  L.    .    .    • 

Viola  odorata,  L 

Forsythia  viridissima?  Lindl. 
Amygdalus  persica,  L  .  .  . 
Draba  aizoïdes,  L 


générale, 
générale, 
avancée. 


LIÈGE. 


avancée, 
avancée, 
générale. 

presque 
terminée. 

terminée. 
terminé  3 


avancée, 
générale, 
va  finir. 


Essai  sur  la  théorie  mécanique  de  la  tension  superficielle, 
de  l'évaporation  et  de  Vèbullilion  des  liquides  (première 
partie)  ;  par  G.  Van  cler  Mensbrugghe,  membre  de 
l'Académie. 

\.  A  la  fin  de  son  Supplément  à  la  théorie  de  l'action 
capillaire  (1),  Laplace  émet  quelques  considérations  qui 
ne  permettent  guère  de  décider  si  l'illustre  auteur  regarde 
la  tension  superficielle  des  liquides  comme  une  simple 
fiction  propre  à  représenter  les  phénomènes,  ou  bien  s'il 
croit  à  la  possibilité  de  faire  dériver  cette  force  des  pro- 
priétés fondamentales  des  liquides;  ce  qui  est  certain, 
c'est  qu'il  exprime  sur  l'existence  d'une  force  contractile 
propre  à  chaque  liquide,  des  doutes  qui  pendant  longtemps 
ont  été  partagés  par  beaucoup  de  physiciens;  aujourd'hui 
même,  malgré  les  preuves  expérimentales  si  nettes  et  h 
nombreuses  de  la  tension  superficielle,  malgré  tous  les 
travaux  qui  n'ont  d'autre  point  de  départ  que  la  force  en 
question,   plusieurs  savants  distingués  semblent  encore 


(I)  Voir  le  Supplément  au  livre  X  de  la  Mécanique  céleste. 


:  547  ) 

retenus  par  l'autorité  imposante  du  grand  géomètre;  à  la 
vérité,  ils  ne  peuvent  méconnaître  que,  dans  la  nature, 
tout  se  passe  comme  si  la  tension  existait  en  réalité  (1); 
mais  ils  affirment  que  la  théorie  des  pressions  capillaires 
suffit  pour  rendre  compte  de  tous  les  faits  connus  et  repose 
sur  un  principe  incontestable,  celui  de  l'attraction  molécu- 
laire, tandis  que  personne,  jusqu'à  présent,  n'a  établi 
théoriquement  l'existence  d'une  force  contractile  avant 
pour  siège  la  couche  superficielle  d'un  liquide  quelconque. 
L'objet  du  présent  travail  est  de  chercher  à  combler 
cette  lacune  (2);  malgré  toutes  les  difficultés  d'une  tâche 
pareille,  la  tentative  m'était  imposée  par  le  désir,  non 
seulement  d'appuyer  les  résultats  de  mes  propres  recher- 
ches, mais  encore  d'asseoir  sur  une  base  de  plus  en  plus 
solide,  une  grande  partie  du  monument  admirable  élevé 
par  Joseph  Plateau  à  la  statique  moléculaire  des  liquides. 

1.  —  Sur  la  cause  probable  de  la  tension  superficielle. 

2.  Tachons  de  bien  préciser  les  hypothèses  sur  lesquelles 
nous  allons  nous  appuyer  et  qui  toutes  reposent  sur  les 
propriétés  fondamentales  des  liquides  : 

a)  Les  liquides  sont  formés  par  un  assemblage  de 
molécules  d'un    volume    excessivement   petit,  groupées 

(1)  Par  exemple,  M.  Bout  y,  dans  son  appendice  au  petit  Traité  de 
physique  de  M  Jamin,  s'exprime  comme  suit  :  •  Il  est  permis  d'introduire 
»  dans  l'exposition  des  phénomènes  la  notion  de  la  tension  superficielle 
»  des  liquides,  pourvu  qu'on  n'attache  à  celte  expression  d'autre  sens  et 
«  d'autre  valeur  que  ceux  d'une  analogie  ».  (Notes  sur  les  progrès 
récents  de  In  physique,  Paris,  1882.) 

(2)  Un  essai  du  même  genre  a  été  lente  par  M.  Worthington  dans  son 
intéressant  travail  intitulé:  On  the  surface-forces  in  fluids.  (Phil.  Magaz., 
1884,  5e  série,  t.  XVIII,  p.  334).  Mais  le  point  de  départ  est  tout  à  fait 
différent  du  mien,  et  peu  compatible,  selon  moi,  avec  la  nature  des  liquides. 


;  548  ) 
d'une  manière  qui  nous  est  inconnue,  mais  séparées  par 
des  distances  notables  relativement  à  leurs  dimensions 
mêmes;  ces  distances  augmentent  par  l'action  de  la 
chaleur  et  diminuent  par  l'effet  du  froid  ou  de  la  com- 
pression. 

6)  Les  molécules  des  liquides  sont  soumises  à  l'action 
de  deux  forces,  l'une  attractive,  l'autre  répulsive,  sous 
l'influence  desquelles  chaque  molécule  peut  prendre  une 
position  d'équilibre  stable  tout  en  restant  à  distance  des 
molécules  voisines;  celte  hypothèse  est  conforme  à 
l'élasticité  parfaite  des  liquides,  à  la  double  condition  que 
si  la  force  attractive  augmente  ou  diminue  dans  un  certain 
rapport,  la  force  répulsive  augmente  ou  diminue  plus 
rapidement. 

c)  En  ce  qui  concerne  la  sphère  d'activité  de  l'attraction 
moléculaire,  nous  admettrons  que  le  rayon  de  cette  sphère 
est  ,mn7'20ooo  à  la  température  ordinaire  ;  on  se  rappelle  que 
J.  Plateau  est  arrivé  à  ,mm/i7000  comme  limite  supérieure 
de  ce  rayon,  et  que  M.  Quinckea  obtenu  ,mn'/20ooo  comme 
valeur  approchée  du  même  rayon.  Nous  supposerons  que 
le  rayon  de  la  sphère  d'activité  de  la  force  répulsive  est 
au  moins  égal  au  précédent. 

d)  Si  nous  imaginons  décrite  autour  d'une  molécule 
liquide  intérieure  prise  comme  centre,  une  sphère  ayant 
pour  rayon  lmm/20ooo,  celle-ci  renfermera -l-ellè  un  très 
grand  nombre  de  molécules  distribuées  partout  dans  l'es- 
pace limité  par  la  petite  surface  sphérique?  ou  bien  les 
centres  de  force  seront-ils  tous  fort  rapprochés  de  la  sur- 
face-limite? Pour  nous  guider  dans  le  choix  de  l'une  ou 
de  l'autre  de  ces  distributions,  nous  devons  avoir  égard  à 
la  parfaite  mobilité  des  liquides  en  général;  or.  pour  que 
le  déplacement  des  molécules  les  unes  par  rapport  aux 
autres  puisse  s'effectuer  aisément,  il  faut  admettre,  selon 


(  3*9  ) 
nous,  que  la  sphère  ne  contient  que  dos  molécules  situées 
près  de  la  surface;  de  celle  manière  la  cohésion  du 
liquide  pourra  se  manifester  en  même  temps  que  le 
facile  déplacement  relatif  de  ses  parties  constitutives. 
C'est  assez  dire  que  nous  ne  regarderons  pas  la  distribu- 
tion réelle  comme  pouvant  être  remplacée  par  une  matière 
idéale,  incompressible  et  occupant  indistinctement  tous 
les  points  de  la  sphère  d'activité  de  l'attraction  molécu- 
laire; une  pareille  substitution  nous  parait  ne  pouvoir 
aucunement  se  concilier  avec  les  propriétés  essentielles  des 
liquides:  à  notre  avis,  elle  doit  fatalement  conduire  à  des 
conséquences  que  l'observation  directe  ne  confirme  pas. 

e)  Si  l'on  suppose  que  deux  centres  de  force  soient  en 
équilibre  à  une  dislance  peu  différente  du  rayon  d'acti- 
vité de  l'attraction,  il  faut  que  la  force  attractive  a  soit 
précisément  égale  à  la  force  répulsive  d  due  à  l'éther  com- 
pris entre  les  deux  centres  considérés;  si  l'on  exerce  une 
force  extérieure  P  pour  rapprocher  ces  molécules,  la  force 
attractive  augmentera  et  deviendra,  par  exemple,  a',  et  il 
faudra,  pour  l'équilibre,  que  a'  +  P  soit  égal  à. la  nouvelle 
force  répulsive  p'.  D'après  la  nature  des  liquides,  les  dis- 
tances mutuelles  des  molécules  varient  très  peu  même 
sous  l'influence  de  pressions  extérieures  considérables; 
toutefois  la  diminution  du  volume  est  sensible,  on  le  sait, 
même  quand  la  pression  exercée  équivaut  à  celle  de 
l'atmosphère. 

f)  Quel  est,  dans  un  liquide  donné,  le  mode  de  groupe- 
ment des  centres  de  force?  A  cet  égard,  nous  ne  connais- 
sons absolument  rien  de  positif;  c'est  pourquoi  il  faut 
s'attacher  d'abord  à  un  mode  de  groupement  arbitraire, 
sauf  à  le  modifier  quand  on  en  aura  reconnu  l'insuffisance. 
Pour  fixer  les  idées,  choisissons  le  mode  qui  paraît  le  plus 
simple,  savoir  la  distribution  dans  laquelle  les  centres  de 


(  5o0  } 

force  occupent  respectivement  les  sommets  de  petits  cubes 
ayant  tous  pour  côtés  une  longueur  très  peu  inférieure  au 
rayon  d'activité  sensible  de  la  cohésion;  tout  autre  mode 
de  groupement  compatible  avec  la  nature  des  liquides 
conduirait  sans  doute  aux  mêmes  conséquences  que  celles 
dont  nous  allons  nous  occuper. 

5.  Cela  posé,  soit  un  liquide  en  équilibre  sous  l'influence 
de  la  pesanteur,  de  la  pression  atmosphérique  et  des 
forces  moléculaires;  voyons  maintenant  le  rôle  de  chacune 
de  ces  actions;  grâce  à  la  facilité  avec  laquelle  les  molé- 
cules se  meuvent  les  unes  autour  des  autres,  la  pesanteur 
disposera  le  liquide  de  manière  que  tout  point  intérieur 
éprouve  des  pressions  égales  dans  tous  les  sens  et  que  la 
surface  libre  soit  horizontale,  du  moins  dans  toutes  les 
portions  qui  ne  subissent  pas  des  influences  perturbatrices. 
Quel  est  le  rôle  de  la  pression  atmosphérique?  Il  est 
très  important,  car  c'est  grâce  à  la  pression  de  l'atmo- 
sphère que  les  particules  des  liquides  peuvent  obéir  à  leur 
cohésion  ;  sans  cette  pression,  l'état  liquide  serait  rendu 
impossible  dans  un  très  grand  nombre  de  cas. 
Passons  enfin  à  l'influence  des  actions  moléculaires  : 

pour  plus  de  simplicité,  con- 
sidérons en  particulier  une 
section  verticale,  où,  d'après 
,.        d  notre  hypothèse,  toutes  les 

molécules   ou    plutôt   leurs 
c         a         e  centres  de  force  occuperont 

les  sommets  d'une  infinité 
b  de  carrés  égaux,  ayant  pour 

côté  une  longueur  un  peu 
inoindre  que  le  rayon  d'activité  r;  sous  l'influence  de  la 
pression  P  de  l'air  atmosphérique,  il  faudra  que  l'attrac- 


Fig.  1. 
9 


(  351  ) 

lion  a!  qu'une  molécule  quelconque  a  (fig.  4)  exerce 
sur  une  molécule  voisine  b,  attraction  augmentée  de 
la  pression  P,  soit  précisément  égale  à  la  force  répulsive 
exercée  par  l'éther  interposé;  les  actions  étant  partout 
réciproques,  la  molécule  a  ne  sera  pas  plus  tirée  vers  b 
que  b  vers  a;  le  rapprochement  continu  des  particules  est 
rendu  impossible  par  la  force  répulsive  due  à  l'éther.  Mais 
il  y  a  une  distinction  importante  à  faire  entre  les  particules 
de  l'intérieur  et  celles  de  la  surface  libre;  l'équilibre  des 
premières  telles  que  a  est  très  stable;  en  effet,  dès  que  a 
se  rapprochera,  par  exemple,  de  b,  il  naîtra  entre  b  et  a 
une  force  répulsive  croissante,  entre  a  et  chacune  des 
particules  c,  d,  e  une  force  attractive  qui  l'emportera 
bientôt  sur  la  force  répulsive;  de  celte  manière,  toutes  les 
forces  développées  par  le  déplacement  de  a  tendent  à 
ramener  ce  centre  vers  sa  position  d'équilibre.  La  stabilité 
est-elle  aussi  grande  pour  un  centre  de  force  o  situé  à  la 
surface  libre?  non,  car  ce  centre,  une  fois  déplacé,  est 
sollicité  à  la  vérité  par  les  forces  émanées  de  p,  q,  r  et  qui 
toutes  tendent  à  le  ramener  vers  sa  position  d'équilibre, 
mais  il  n'y  a  pas  de  forces  produisant  le  même  effet  du 
côté  extérieur  du  liquide;  en  outre,  et  ceci  est  fondamental, 
les  particules  de  la  surface  libre  sont  les  premières  à  rece- 
voir les  impulsions  très  fréquentes  des  particules  d'air, 
impulsions  qui  font  précisément  naître  la  pression  totale  P 
de  l'atmosphère  et  la  transmettent  à  l'intérieur  de  la 
masse;  il  suit  de  la  parfaite  élasticité  des  liquides,  et  de  la 
suite  continue  d'impulsions  de  l'air  extérieur,  que  toutes 
les  particules  de  la  surface  libre  exécuteront  des  mouve- 
ments vibratoires  en  deçà  et  au  delà  de  leurs  positions 
d'équilibre,  et  qu'ainsi  les  distances  mutuelles  de  ces 
particules  seront  toujours  plus  grandes  que  celles  de  l'in- 
térieur. 


(  552  ) 

4.  Ce  que  nous  venons  de  dire  d'une  section  verticale 
passant  par  une  particule  o,  par  exemple,  nous  pourrons 
le  répéter  mot  à  mot  d'une  autre  section  verticale  qui  serait 
normale  à  la  première;  dans  notre  hypothèse  particulière, 
nous  sommes  ainsi  amenés  à  conclure  que,  pour  être  en 
équilibre,  toute  molécule  intérieure  doit  se  trouver  à  égale 
distance  de  six  centres  de  force  situés  deux  à  deux  sur 
trois  axes  rectangulaires  passant  par  la  molécule  consi- 
dérée. Quant  aux  molécules  de  la  surface  libre,  elles  ne 
peuvent  être  en  équilibre  que  si  elles  se  trouvent  chacune 
à  égale  distance  de  quatre  autres  situées  dans  le  plan 
horizontal  passant  par  la  première,  et  d'une  cinquième 
située  verticalement  au-dessous.  Nous  venons  de  voir  que, 
grâce  aux  impulsions  continues  des  particules  d'air,  le 
maintien  des  centres  de  force  de  la  surface  libre  du  liquide 
dans  un  seul  et  même  plan  horizontal  est  impossible. 

5.  Replaçons-nous  maintenant  dans  la  première  section 
normale  considérée  et  voyons 
quelles  sont  les  déductions 

que  nous  pouvons  tirer  du    .         j>,         ']/  -      -y 
mouvement    vibratoire    des  j>f"    ""o" 

particules  superlicielles.   Et 
d'abord,  si   trois   molécules  *  r 

quelconques  p,  o,  q  de  la  surface  vibrent  dans  une  direction 
normale  à  celle-ci  (nous  choisissons  cette  direction  comme 
étant  celle  suivant  laquelle  le  déplacement  est  le  plus  facile), 
leurs  distances  mutuelles  op,  oq,  qui  étaient  égales  dans  les 
positions  d'équilibre,  varieront  constamment  entre  deux 
limites  a  et  ^a-  -h  d'2,  a  étant  la  distance  commune  rela- 
tive aux  positions  d'équilibre  et  §  l'amplitude  o'o"  du 
mouvement  vibratoire,  c'est-à-dire  la  distance  des  deux 
positions  extrêmes.  Or  pendant  toute  la  durée  du  mo*- 


Fis 

o' 


(  555  ) 

veinent  vibratoire,  chaque  molécule  telle  que  o  sera  attirée 
par  les  particules  voisines  />'  et  q-  dans  toutes  les  positions 
consécutives  de  chacune  d'elles,  d'où  résultera  une  véri- 
table tension  dans  toute  la  série  des  molécules  superfi- 
cielles de  la  section  normale  que  nous  considérons.  La 
même  chose  aurait  évidemment  lieu  dans  la  section  nor- 
male menée  perpendiculairement  à  la  première;  nous 
arrivons  donc  à  cette  conséquence  que  les  molécules 
superticielles  sont  soumises  à  une  force  contractile,  du 
moins  dans  deux  directions  perpendiculaires;  une  consé- 
quence pareille  nous  paraît  devoir  résulter,  non  seulement 
du  mode  particulier  de  groupement  que  nous  avons  choisi, 
mais  encore  de  tout  autre  mode  de  distribution  compatible 
avec  la  nature  des  liquides,  et,  par  suite,  du  mode  véri- 
table de  groupement  des  molécules  dans  un  liquide 
donné. 

6.  Il  serait  sans  doute  bien  difficile  d'exprimer  la  force 
contractile  en  fonction  de  tous  les  facteurs  qui  doivent  exer- 
cer sur  elle  une  influence  sensible;  dans  notre  hypothèse, 
nous  pouvons  la  regarder  comme  proportionnelle,  à  chaque 
instant,  à  la  variation  de  la  distance  entre  deux  molécules 
voisines;  or  nous  venons  de  voir  que  celte  dislance  varie 
entre  a  et  V  a2  -+-  ^2,  ou  bien,  comme  d  est  très  petit  par 
rapport  ù  a,  entre  a  et  a ■■+•3— ■  Mais,  d'une  part,  les 
liquides  jouissent  d'une  parfaite  élasticité;  d'autre  part 
les  molécules  gazeuses  de  l'air  atmosphérique  exercent 
leurs  impulsions  consécutives  avec  une  extrême  rapidité, 
de  sorle  que  les  écarts  de  chaque  molécule  liquide  varie- 
ront en  un  temps  extrêmement  court  entremet — 7i.  C'est 
pourquoi  nous  supposerons  que  la  force  contractile  en 
chaque  point  est  proportionnelle  à  la  moyenne  des  valeurs 
par  lesquelles  passe^^^,  lorsque  la  phase  w  varie  depuis 

">'"«   sÉHIE,  TOME  IX.  25 


(  ùU  ) 

0  jusqu'à  2ïï.  Si  w  varie  de  quantités  infiniment  petites  cfe>, 
le  nombre  de  termes  sera  évidemment^,  et  nous  pour- 
rons écrire  pour  la  moyenne  cherchée  : 


i7T 

1     <?2COS2U    ,  1      c?2 

— du  =  - .  — 

2to  4    a 


f\ 


telle  serait  donc  la  quantité  à  laquelle  la  tension  moyenne 
entre  deux  molécules  distantes  de  a  serait  proportion- 
nelle. 

Connaissant  la  tension  moyenne  exercée  entre  deux 
molécules  distantes  de  a,  pour  avoir  celle  qui  correspond 
à  l'unité  de  longueur,  par  exemple  le  millimètre,  nous 
n'avons  qu'à  multiplier  la  valeur  obtenue  par  le  nombre  de 
fois  que  a  est  contenu  dans  l'unité  de  longueur, c'est-à-dire 
par  ^,  et  nous  obtenons  |  •  -  (1  ). 

7.  Si  ce  raisonnement  est  exact,  la  tension  d'un  liquide 
variera  en  raison  directe  du  carré  de  l'amplitude  des  vibra- 
tions et  en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance  qui  sépare 
deux  molécules  en  équilibre  stable.  Resterait  à  montrer 
que  la  tension  qui  est  la  même  dans  deux  directions  rectan- 
gulaires serait  encore  égale  dans  une  direction  horizontale 
quelconque.  Faut-il  recourir  à  un  autre  mode  de  groupe- 

(1)  Le  principe  de  l'équivalence  conduit  au  même  facteur  —;  en  effet 
si  x  =  |  cos  2?r  £  est  l'écart  d'une  molécule  à  l'instant  /,  et  que  la  vibra- 
tion s'effectue  dans  le  temps  T,  on  a  pour  la  vitesse  correspondante  : 
v  =  —  —-  sin— ;  conséquemment  l'énergie  du  mouvement  vibratoire 
est  donnée  par  le  produit  de  la  masse  m  de  la  molécule  par  T  ■  ;  pour 
avoir  l'énergie  de  mouvement  par  unité  de  surface,  par  exemple  pour  un 
carré  de  1  millimètre  de  c'Aé,  il  faut  multiplier  m7r  ■  par  le  carré  du 
nombre  de  fois  que  1  millimètre  contient  la  distance  a  de  deux  molécules, 
c'est-à-dire  par  -,  ;  d'autre  part,  le  travail  nécessaire  pour  augmenter  la 
surface  libre  d'une  quantité  égale  à  1  millimètre  carré  vaut  F  x,  1  milli- 
mètre, c'est-à-dire  F  milligrammes-millimètres  :  donc  F  =  "    .  ■ . 


DOD    ) 

ment  moléculaire,  ou  bien  combiner  un  mouvement  de 
rotation  avec  un  mouvement  vibratoire?  C'est  une  ques- 
tion que  je  n'ai  pas  encore  examinée. 

Jusqu'à  présent  nous  n'avons  parlé  que  des  mouvements 
vibratoires  exécutés  par  les  particules  tout  à  fait  super- 
ficielles; mais  on  comprend  que  ces  mouvements  doivent 
modifier  les  actions  verticales  que  ces  molécules  exercent 
sur  les  centres  de  force  compris  dans  la  tranche  horizontale 
inférieure  et  distante  de  a  :  ces  centres  de  force  vibreront 
donc  aussi,  mais  en  raison  de  leur  grande  stabilité  dans 
tous  les  sens,  l'amplitude  de  leurs  vibrations  sera  très 
faible,  et  la  tension  qui  en  résultera  sera  très  faible  aussi; 
l'amplitude  des  vibrations  des  molécules  plus  profondes 
sera  plus  faible  encore  et  incapable  d'engendrer  une  ten- 
sion appréciable. 

Eu  égard  à  notre  hypothèse,  la  tension  d'un  liquide  a 
donc  pour  siège  la  couche  superficielle  ayant  pour  épais- 
seur une  quantité  très  peu  inférieure  au  rayon  d'activité 
sensible  de  l'attraction  moléculaire. 

8.  D'après  ce  qui  précède,  la  couche  superficielle  serait 
le  siège  d'une  force  toute  particulière;  seulement,  tandis 
que,  selon  Laplace,  la  force  spéciale  développée  par  les 
actions  moléculaires  serait  normale  à  la  surface,  d'après 
nous,  au  contraire,  elle  serait,  langentielle  et  de  nature  à 
solliciter  la  masse  liquide  à  affecter  un  minimum  de  sur- 
face. 

De  même  que,  dans  le  cas  d'une  surface  plane,  la  théorie 
de  Laplace  semble  exclure  la  possibilité  d'une  tension 
superficielle,  de  même  la  théorie  que  nous  proposons 
exclut  une  pression  normale;  car  chaque  molécule,  vibrant 
avec  une  extrême  rapidité,  produit  dans  un  temps  très 
court  autant  de  pressions  que  de  tractions  dans  le  sens 


(  5-M)  ) 

normal,  et,   île   cette   manière,   la   couche    superficielle 
n'exerce  aucune  pression  normale  à  l'intérieur  du  liquide. 
Ce  désaccord  est-il  important  au  point  de  vue  de  l'ob- 
servation directe?  non,  car  même  Ffg.  3. 
dans  l'opinion  de  Laplace,  la  près-     £ 
sion    normale,   quoique  considé- 
rable, s'élimine  toujours,  de  sorte 

a  m 

que  les  phénomènes  se  passeraient 
comme  si  cette  pression  n'existait 
absolument  pas.  Mais  l'opinion 
avancée  par  Laplace  nous  paraît  inadmissible;  en  eflet, 
imaginons  une  tranche  horizontale  quelconque  mn  (fig.  5) 
à  l'intérieur  de  la  masse  liquide  remplissant  un  vase  jus- 
qu'au bord;  l'équilibre  aura  lieu  quand  tous  les  points 
de  celte  tranche  supportent  des  pressions  égales;  or, 
soit  ab  un  iilet  normal  à  la  surface  libre  et  aboutissant 
en  b  à  la  tranche  considérée;  la  pression  supportée  par  b 
vaudra,  selon  Laplace,  K  h-  hd,  K  étant  la  pression  molé- 
culaire due  à  une  surface  plane,  h  étant  la  hauteur  ab 
et  à  le  poids  spécifique  du  liquide;  nous  devons  donc 
retrouver  la  même  pression  en  tous  les  autres  points  de  la 
tranche  mn;  or  en  m,  par  exemple,  c  est-à-dire  à  l'un  des 
points  où  la  tranche  est  en  contact  avec  la  paroi  latérale 
du  vase.,  on  a  bien  le  poids  de  la  colonne  h,  mais  il  est 
impossible  d'y  retrouver  K  ;  car  tous  les  points  du  filet  sm 
qui  est  en  contact  avec  la  paroi  subissent  des  actions  non 
seulement  de  la  part  du  liquide,  mais  encore  de  la  paroi 
même;  si  celle-ci  est  mouillée  par  le  liquide,  m  sera 
sollicité  davantage  vers  l'extérieur  du  vase  que  vers  l'inté- 
rieur; de  celte  madère  la  pression  K,  au  lieu  d'être 
détruite,  serait  renforcée  par  l'action  de  la  paroi  et  exer- 
cerait contre  celle-ci  un  etïbrt  1res  notable  de  l'intérieur 


(  557  ) 
vers  l'extérieur  :  si  donc  celte  paroi  était  mobile,  elle  serait 
rejelée  vers  le  dehors;  or,  celle  conséquence  est  absolu- 
ment contraire  aux  données  de  l'observation;  on  se 
rappelle,  en  effet,  qu'en  1885  (I)  j'ai  montré  que  si,  dans 
un  petit  réservoir  en  papier,  on  verse  une  couche  d'eau 
pure  de  A  ou  5  millimètres  de  hauteur,  les  parois  opposées, 
bien  loin  d'être  renversées  vers  l'extérieur,  se  rapprochent 
au  contraire  et  peuvent  même  se  rejoindre  complètement, 
grâce  à  la  tension  superficielle  qui  règne  à  la  surface 
libre. 

On  le  voit,  l'observation  directe  accuse  réellement  une 
tension  dans  une  surface  liquide  plane,  tandis  que  je  ne 
connais  aucune  expérience  à  l'aide  de  laquelle  on  ait  jamais 
pu  démontrer,  d'une  manière  certaine,  l'existence  d'une 
pression  normale  à  une  surface  liquide  plane. 

9.  D'ailleurs,  ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'on  ait 
énoncé  des  doutes  formels  sur  la  réalité  de  la  pression 
moléculaire  trouvée  par  Laplace  dans  le  cas  d'une  sut  face 
liquide  plane  :  dès  1869,  mon  excellent  collègue  et  ami 
M.  G.  Quincke,  l'un  des  savants  les  mieux  versés  dans  la 
science  des  phénomènes  capillaires,  s'exprimait  comme 
suit  (2)  :  «  Si,  de  la  façon  habituelle,  on  fait  monter  de 
»  l'eau  dans  un  tube  capillaire  et  qu'on  dépose  ensuite  une 
»  goutte  d'huile  d'olive  ou  d'essence  de  térébenthine  à  la 
»  surface  plane  et  libre  qui  entoure  la  portion  traversée 
»  par  le  tube,  la  hauteur  capillaire  dans  celui-ci  demeure 
»  absolument  invariable;  puisque  l'étalement  d'un  second 

(I)  Petite  expérience  de  capillarité  (Bullet.  de  l'Acad.  roy.  de  Belg., 
3e  série,  t.  V,  p.  482). 

{2}  Ueber  Capillaritèits-Erscheinungen  an  (1er  gemeinschaftlichen 
Oberflache  ziveier  FlUssigkciten  (Ann.  de  Pogg.,  t.  CXXXIX,  p.  I.  Voir 
p.  85^. 


v  358  ) 

»  liquide  modifie  liés  notablement  la  tension,  je  m'étais 
»  aussi  attendu  à  une  variation  de  la  constante  K,  et,  par 
»  conséquent,  à  une  diminution  de  la  hauteur  capillaire... 

î  Je  serais  donc  porté  à  me  rallier  à  l'opinion  de 

>  Thomas  Young  d'après  laquelle  il  faut  égaler  à  zéro  la 
»  pression  normale  due  à  une  surface  liquide  plane.  » 

En  1880,  un  autre  savant  très  connu  par  ses  belles 
recherches  sur  la  capillarité,  M.  Carlo  Marangoni,  a  publié 
un  article  (1)  où  il  émet  l'idée  que  la  pression  dont  il  s'agit 
ne  peut  se  transmettre  à  l'intérieur  du  liquide,  car,  dit-il, 
<  si  une  molécule  A  est  attirée  par  une  portion  de  la 
»  sphère  d'activité,  celle  portion  est  attirée  par  A  avec  la 
t  même  intensité,  et  les  deux  actions  doivent  néccssaire- 
»  ment  se  faire  équilibre  :  donc  aucune  pression  ne  peut 
»  être  transmise  de  ce  chef  à  l'intérieur.  Les  actions  sus- 
»  ceplibles  d'être  transmises  au  sein  du  liquide  doivent 
»  émaner  de  l'extérieur,  et  non  pas  du  liquide  même.  » 

Les  objections  de  MM.  Quincke  et  Marangoni  me 
paraissent  avoir  une  importance  capitale;  jointes  à  l'argu- 
ment que  j'ai  tiré  moi-même  d'une  de  mes  récentes  expé- 
riences, elles  ébranlent  la  base  même  de  la  théorie  de 
Laplace. 

10.  Abordons  actuellement  le  cas  où  la  surface  liquide 
est  courbe;  si  nous  appliquons  notre  raisonnement  aux 
particules  distribuées  à  la  surface  libre,  nous  serons  amené 
à  conclure  qu'une  surface  courbe  devra  être  soumise  au 
moins  dans  deux  directions  perpendiculaires,  à  la  même 
tension  qu'une  surface  plane  :  or,  l'expérience  est  par- 


(I  )  La  pressione  molecolare  si  trasmette  alla  massa  liquida  ?  Ed  essa 
la  causa  dei  fenomeni  capillari?  (Rivista  scienlif.  inJust.  de  Vimercati, 
Florence,  1880,  p.  29). 


(  559  ) 
failement  conlbnne  à  celle  déduction  ;  par  des  mesures 
précises  el  variées,  on  a  constaté  que  la  tension  est  indé- 
pendante de  la  courbure  des  surlaces  affectée^  par  un  seul 
el  même  liquide. 

Comme  nous  regardons  les  phénomènes  capillaires 
comme  purement  mécaniques,  nous  pouvons  appliquer  sans 
hésitation  à  la  couche  superficielle  le  théorème  suivant  de 
statique  :  Toute  surface  courbe  qui  est  soumise  partout  à 
une  tension  uniforme  F  éprouve  en  chaque  point  une  pres- 
sion normale  qui  équivaut  au  produit  de  cette  tension  F 
par  la  somme  des  inverses  des  rayons  de  courbure  prin- 
cipaux au  point  considéré. 

il.  Comparons  actuellement  ce  résultat  à  celui  que 
fournit  la  théorie  de  Laplace  dans  le  cas  actuel,  c'est-à- 
dire  à  l'expression 

H  i   l        1 


2  I  R       K' 

où  H  est  une  constante  qui  dépend  de  la  nature  des 
liquides,  et  R,  R'  les  rayons  de  courbure  principaux;  le 
signe  -+-  s'applique,  comme  on  sait,  au  cas  d'une  surface 
convexe,  le  signe  —  au  cas  d'une  surface  concave.  Comme, 
d'après  Laplace  lui-même,  le  terme  K  s'élimine  toujours, 
opinion  dont  nous  croyons  avoir  démontré  l'inexactitude, 
on  voit  que  le  seul  terme  important  est 


t>  |R         R'  V 


or,  ce  terme  coïncide  précisément  avec  la  valeur  de  la 
pression  normale  déduite  du  principe  de  la  tension,  à  la 
condition  que  ^exprime  la  valeur  de  celte  tension.  C'est 
cette  coïncidence  des  deux  valeurs  qui  nous  a  porté  en 


(  360  ) 
1875  (I)  à  meure  en  relief  l'accord  expérimental  de  la 
théorie  de  Laplace  avec  celle  des  tensions  snperlicielles  :  à 
celle  époque,  nous  croyions  encore  à  la  légitimité  de  la 
méthode  de  l'illustre  analyste  au  point  de  vue  de  l'expli- 
cation des  phénomènes  capillaires;  aujourd'hui  nous  n'y 
croyons  plus  pour  plusieurs  raisons.  En  premier  lieu, 
Laplace  suppose  la  matière  distribuée  uniformément  par- 
tout dans  la  sphère  d'activilé  sensible  de  l'attraction  molé- 
culaire, ce  qui,  d'après  nous,  est  en  contradiction  avec  la 
mobilité  parfaite  des  molécules;  en  second  lieu,  dans  la 
théorie  de  Laplace,  on  n'a  égard  qu'à  des  forces  attractives, 
tandis  que  l'ensemble  des  propriétés  des  liquides  montre 
à  l'évidence  qu'elles  obéissent  aussi  à  des  forces  répulsives; 
or  nous  ne  pensons  pas  qu'on  puisse  résoudre  une  question 
quelconque  relative  aux  liquides  sans  avoir  égard  aux  deux 
espèces  de  forces  antagonistes.  En  troisième  lieu,  la  théo- 
rie de  Laplace  ne  semble  pas  conforme  au  principe  de 
l'égalité  entre  l'action  et  la  réaction.  Enfin,  et  ce  n'est  pas 
le  moindre  de  ses  inconvénients,  elle  nous  empêche  de 
comprendre  comment,  malgré  les  pressions  considérables 
développées  par  l'attraction  moléculaire  vers  l'intérieur 
d'une  masse  liquide,  celle-ci  peut  s'évaporer  graduellement 
el  dissoudre  différents  gaz.  Pour  ces  raisons,  le  célèbre 
travail  de  Laplace  ne  peut,  selon  nous,  être  appliqué  légiti- 
mement à  l'explication  des  phénomènes  que  l'auteur  avait 
en  vue. 

12.  Mais,  dira-l-on,  comment  est-il  possible  d'obtenir 
le  terme 

H  I  \        \ 

rfc  _    _  ^_ 
2  \R        R' 


(1)  Sur  le  problème  des  liquides  superposés  dans  un  tube  capillaire 
(Mém.  cour,  et  Méni.  des  sav.  étrangers,  in-4°,  t.  XL). 


(  3«1  ) 
bien  qu'on  n'envisage  que  des  forces  attractives?  La  chose 
n'est  pas  élonnanle,  car,  d'après  les  idées  de  Laplace,  ce 
terme  représente  l'action  d'un  ménisque  concave  ou  con- 
vexe, c'est-à-dire  la  somme  des  actions  élémentaires 
exercées  sur  un  filet  normal  par  1rs  molécules  situées 
dans  l'intervalle  qui  sépare  le  plan  langent  au  point  con- 
sidéré et  la  surface  même  du  liquide;  mais  à  cause  de 
l'excessive  petitesse  (1)  de  la  portion  active  de  cet  inter- 
valle, la  somme  de  loutes  ces  actions  élémentaires  peut 
évidemment  être  remplacée  sans  erreur  sensible  par  un 
système  de  forces  égales  et  dirigées  suivant  tous  les  élé- 
ments superficiels  passant  par  le  point  en  question;  or,  un 
pareil  système  de  forces  revient  évidemment  à  l'ensemble 
de  forces  contractiles  auquel  nous  sommes  parvenu  nous- 
même,  et  dès  lors  il  ne  faut  pas  être  surpris  que  le  terme 
principal 

±-\---\ 

2    '   R       RM 

coïncide  avec  celui  qui  découle  de  la  théorie  de  la  tension. 
A  ce  point  de  vue,  nous  le  répétons,  les  deux  théories 
sont  d'accord,  malgré  la  différence  considérable  des  hypo- 
thèses qui  ont  servi  de  point  de  départ. 


(1)  En  réalité,  la  portion  active  de  l'intervalle  en  question  est  tellement 
petite,  que  M.  Maraugoni  a  dit  à  bon  droit  que  dans  un  tube  capillaire  de 
1  millimètre  de  diamètre,  la  sphère  d'activité  sensible  de  l'attraction 
moléculaire,  ayant  Im,n/2oooo  ,|<>  rayon  et  un  point  de  la  surface  libre 
pour  centre,  ne  déterminerait  qu'une  intersection  qui,  vue  du  centre  du 
ménisque  sphérique  terminal,  sous-tendrait  seulement  un  angle  de  20"; 
l'auleur  en  conclut  que  cette  intersection  serait  physiquement  plane,  et 
qu'ainsi  les  pressions  de  Laplace  seraient  absolument  les  mêmes  pour  les 
surfaces  courbes  que  pour  les  surfaces  planes:  on  le  voit,  la  couception 
de  Laplace  donne  lieu  à  bien  deç  obji  étions  et  à  de  nombreuses  difficultés. 


(  5(>i  ) 

13.  Comment,  dans  l'essai  théorique  que  nous  venons 
d'esquisser,  peut  on  expliquer  l'influence  exercée  par  la 
chaleur  sur  la  force  contractile  d'un  liquide?  D'où  provient 
Févaporalion,  et  la  vapeur  produite  doit-elle  exercer  une 
action  sensible?  Enfin  quel  est  le  rôle  de  l'air  dissous  dans 
les  liquides,  spécialement  en  ce  qui  concerne  l'ébullition? 
Telles  sont  les  questions  principales  dont  nous  réservons 
l'examen  pour  la  suite  de  ce  travail. 


Note  sur  les   mouvements  du  cerceau  chez  le  chien;   par 
Léon  Frédéric*],  correspondant  de  l'Académie. 


(Tiavail  du  laboratoire  de  physiologie  de  l'Universilé  de  Liège.) 


Salathé  (1876),  Mosso  (1876-1881).  François  Franck 
et  Brissaud  (1877),  Fleming  (1877),  G.  Burckhardt  (1881), 
Ragosin  et  Mendelssohn  (1882),  Karl  Mays  (1882),  Mon- 
dini  (1882)  ont  étudié  les  mouvements  du  cerveau  de 
l'homme  (fontanelles  des  jeunes  enfants,  pertes  de  sub- 
stance des  os  chez  l'adulte),  au  moyen  des  appareils  enre- 
gistreurs. L'emploi  de  la  méthode  graphique  leur  a  révélé 
un  grand  nombre  de  faits  intéressants;  mais  il  reste  bien 
des  points  obscurs  que  l'expérimentation  sur  l'animal 
vivant  peut  seule  élucider  complètement.  C'est  un  domaine 
que  l'on  a  trop  négligé  dans  ces  dernières  années;  à  ma 
connaissance,  le  mémoire  de  Salathé  (1876)  est  le  seul 
travail  consacré  a  l'élude  graphique  des  mouvements  du 
cerveau  d'un  animal.  Cependant  la  vivisection  nous  offre 
des  moyens  d'investigation  bien  plus  complets  que  l'obser- 


;  3<<5  ) 
valion  pure,  à  laquelle  doit  plus  ou  moins  se  résigner  celui 
qui  étudie  le  sujet  humain.  C'est  ce  qui  m'a  engagé  à 
reprendre  ces  expériences  sur  les  animaux  de  laboratoire 
et  spécialement  sur  le  chien.  L'exposé  complet  de  mes 
recherches  paraîtra  ultérieurement.  Je  me  borne  dans  la 
présente  noie  à  signaler  quelques-uns  des  résultats  nou- 
veaux auxquels  je  suis  arrivé. 

§  I.  —   Procédé  opératoire. 

Un  chien  de  taille  moyenne  ou  grande  est  anesthésié 
par  lamorphine  (20  à  40  clg)  et  le  chloroforme.  On  enlève 
au  pariétal  gauche  au  moyen  du  trépan  une  rondelle  osseuse 
de  20  millimètres  de  diamètre,  puis  on  divise  la  dure-mère. 
Dans  l'orifice  circulaire  ainsi  obtenu,  on  fixe  à  frottement 
l'extrémité  inférieure  d'un  large  tube  de  verre,  garnie  exté- 
rieurement d'une  lame  de  caoutchouc  (anneau  coupé  dans 
un  tube  de  caoutchouc).  Le  large  tube  de  verre  est  fermé 
supérieurement  par  un  bouchon  percé  d'un  trou  et  portant 
un  tube  étroit,  relié  à  un  tambour  à  levier  de  Marey,  de 
petit  modèle.  Pour  diminuer  l'espace  nuisible  de  l'appareil 
et  le  rendre  plus  sensible,  on  remplit  de  paraffine  fondue 
la  plus  grande  partie  du  large  tube  de  verre, en  ne  laissant 
libre  que  son  extrémité  inférieure,  plus  un  étroit  canal 
central  faisant  communiquer  l'intérieur  du  crâne  avec  le 
tambour  à  levier.  La  boîte  crânienne  reliée  de  cette  façon 
au  tambour  àle\ier  représente  un  véritable  plélhysmo- 
graphe  cérébral,  inscrivant  les  changements  de  volume  du 
cerveau.  La  plume  de  l'appareil  monte  ou  descend  suivant 
que  l'afflux  de  sang  par  les  artères  dépasse  l'écoulement 
par  les  veines,  ou  lui  est  inférieur. 

Le  style  du  tambour  à  levier  inscrit  sa  courbe  sur  le 


{  56  i 
papier  enfumé  du  kymographe  de  Ludwig;  on  prend  éga- 
lement un  Iracé  du  temps  (horloge  à  secondes,  signal  élec- 
trique  inscrivant  les  centièmes  de  seconde),  et  s'il  y  a  lien 
un  graphique  de  pression  artérielle  (sphygmoscope  de 
Marey),  de  choc  du  cœur  ou  de  respiration  (cardiographe, 
pneumographe,  sonde  œsophagienne). 

Le  cerveau  du  chien  présente  comme  celui  de  l'homme 
trois  sortes  de  mouvements  périodiques,  correspondant 
respectivement  aux  haltemeuts  du  cœur,  aux  mouvements 
respiratoires  et  aux  périodes  \aso-molrices.  Nous  passe- 
rons successivement  en  revue  les  oscillations  cérébrales 
d'origine  cardiaque,  respiratoire  et  vaso-motrice. 

$  II.  —  Pulsations  cérébrales  d'origine  cakdiaque. 

La  l'orme  de  la  pulsation  cérébrale  est  des  plus  variées 
et  diffère  parfois  notablement  de  celle  de  la  pulsation  caro- 
tidienne.  Aussi  ne  puis  je  adopter  l'opinion  courante  qui 
attribue  là  production  de  la  pulsation  cérébrale  unique- 
ment aux  battements  du  ventricule  gauche,  transmis  par 
les  artères.  Certains  détails  de  la  pulsation  cérébrale  ne 
peuvent  s'expliquer  qu'en  admettant  l'intervention  de  la 
circulation  veineuse.  Les  battements  do  l'oreillette  droite 
et  tU^  veines  qui  y  débouchent  l'ont  sentir  leurs  effets 
jusqu'au  cerveau  et  y  produisent  un  léger  soulèvement  qui 
précède  immédiatement  le  battement  artériel  (voir  »?,  lig.  1 
«'i  suivantes). 

Analyse  du  graphique  de  la  pulsation  cérébrale. — (Voir 
lig.  1-6.)  —  Dans  beaucoup  de  cas,  le  graphique  de  pul- 
salion  cérébrale  ressemble  tellement  à  celui  de  la  pulsation 


(  365  ) 

artérielle  qu'il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute  sur  son  inter- 
prétation (voir  fig.  !..  n0<  1  et  2). 


Fig.  1.  Diverses  formes  de  pulsation  cérébrale  rappelant  plus  ou  moins  la  pul  - 
salion  carotidienne.  Les  graphiques  ont  été  dessinés  à  la  chambre  claire 
et  réduits  à  la  même  échelle  de  temps. 

v  Soulèvement  d'origine  veineuse   précédant    la    pulsation   d'origine 
carotidienne. 
Ligne  AB,  repère  correspondant   au  début  de  la  pulsation  caroti- 
dienne. 
u  Soulèvement  du  cerveau  correspondant  à  la  pulsation  carotidienne. 
(/  Soulèvement  du  cerveau  correspondant  au  dicrotisme  de  la  pulsation 
carotidienne.  La   pulsation  d  retarde  de  20  à  25  centièmes   de 
seconde  sur  la  pulsation  principale  a. 
e  Soulèvement  du  cerveau  correspondant  aux  oscillations  dites  élasti- 
ques de  la  pulsation  caiotidienne. 
La  distance  de  S  en  S  correspond  à  une  seconde. 


(  366  ) 
On  y  trouve  sans  peine  la  pulsation  principale  [a  fig.  1) 
montrant  parfois  une  tendance  au  dédoublement  (fig.  1, 
nos  2  et  3;  fig.  3  et  fig.  4). 


Fig.  ±  Pouls  cérébral  très  voisin  de   la  forma  ordinaire   du    pouls  artériel. 
Chien  emprisonné  par  l'atropine.  Voir  lig.  I,  n>  1  )  Horloge  à  secondes. 


Fig.  3.  Pouls  cérébral  rappelant  celui  d'une  artère.  (Voir  fig.  1,  n°  2. 
Horloge  à  secondes. 


Le  début  de  celle  pulsation  principale  ne  relarde  guère 
de  plus  d'un  centième  de  seconde  sur  le  début  de  la  pulsa- 
tion carotidienne.  La  pulsation  correspondant  au  dicro- 
tisme  (d  fig.  1)  est  également  très  manifeste;  elle  atteint 
son  sommet  20  à  25  centièmes  de  seconde  après  a.  Si  les 
pulsations  sont  lentes,  on  pourra  voir  se  produire  à  la 
suite  de  la  pulsation  dicrote  d  une  ou  plusieurs  ondula- 
tions analogues  sans  doute  aux  ondulations  dites  élas- 
tiques (Landois)  des  tracés  sphygmograpbiques.  Elles  sont 


(  »?  ; 

indiquées  par  la  lettre  e  sur  les  graphiques  de  la  (igure  1 
(voir  nos  3,  4  et  5). 


Kig.  4.  Pouls  cérébral  inscrit  pendant  une  longue  pause  respiratoire. 
(Voir  fig   i,n°;i)  Horloge  à  secondes. 


Kj^-l^X, 


> IUjl/ 


Fig.  5.  Pouls  cérébral  analogue  aux  formes  n°  Set  6  de  la  figure  1. 

Ce  qui  différencie  principalement  le  graphique  de 
pulsation  cérébrale  de  celui  de  la  carotide,  c'est  que  le 
tracé  cérébral,  après  avoir  présenté  le  rebondissement  du 
dicrotisme  (</),  atteint  immédiatement  son  point  le  plus 
déclive  (pulsation  négative  d'origine  veineuse?);  ensuite 
le  tracé  ne  continue  pas  à  décliner,  mais  se  relève  ordi- 
nairement pour  remonter  graduellement  jusqu'au  début 
de  la  pulsation  suivante  (fig.  6,  ainsi  que  les  précédentes). 

Ce  soulèvement  de  la  courbe  me  paraît  être  en  rapport 
avec  la  réplélion  progressive  de  l'oreillette  droite  et  des 
veines  jugulaires  et  rachidienncs  pendant  la  diastole 
auriculaire.  Enfin,  immédiatement  avant  le  soulèvement 
syslolique  du  cerveau  (a)   correspondant  à  la  pulsation 


(  568  ) 

carolidicnue ,  ou  voit  sur  la  plupart  «les  tracés  une  légère 
talion  ascendant  ondule  v  (lig.  1  et 7).  Je  la  considère  comme 
due  à  la  propagation  par  les  veines  de  la  pulsation  posi- 
tive qui  correspond  à  la  systole  de  l'oreillette  droite.  En 
effet,  si  l'on  provoque  l'inertie  locale  des  ventricules  par 
des  excitations  mécaniques,  les  oreillettes  continuent 
seules  à  battre,  le  graphique  cérébral  ne  montre  plus  que 
la  petite  ondulation  ascendante  w  d'origine  veineuse,  les 
ondulations  d'origine  artérielle  l'ont  défaut. 


Fig.  ti.  P.C.  Pulsation  cérébrale  et  P. A.  Pulsation  de  l'artère  carotide  sphyg- 
moscope),  inscrites  simultanément  avec  repères.  De  S  en  S,  durée  d'une 
seconde. 

i<  Soulèvement  cérébral  d'origine  veineuse,  précédant  a. 
a  Pulsation  artérielle  principa  e. 
d  Pulsation  du  dicrotisme  artériel. 


Pouls  cérébral  tricuspide,  —  J'ai  observé  un  petit 
nombre  de  fois  la  forme  tricuspide  de  la  pulsation  céré- 
brale du  chien,  forme  qui  paraît  si  fréquente  chez  l'homme. 
En  analysant  soigneusement  ces  graphiques  de  pulsation 
tricuspide  au  moyen  de  repères  correspondant  aux  phases 
simultanées  de  la  pulsation  carotidienne,  j'ai  acquis  la  con- 


(  361)  ) 
viclion  que  les  différentes  formes  »le  pouls  tricuspide  ne 
sont  nullement  équivalentes. 


S  S 

Une  Seconde 


NM 


J 


*     d 


&    yl      I 


J 


d 


m 


B 

Fig.  7.  Trois  formes  de  pouls  cérébral  tricuspide. 

V  Soulèvement  veineux  précédant  le  soulèvement  artériel. 
a  Gonflement  artériel  du  cerveau. 
(/  Gonflement  correspondant  au  dicrolisme  carotidien. 
e  Gonflement  correspondant  à  l'oscillation  carotidienne  dite  d'élasticité. 
Ligne  AB,  repèi'e  correspondant  au  début  de  la  pulsation  carotidienne.  Dans  la 
forme  n°  1,  les  deux  premiers  sommets  du  pouls  tricuspide  sont  produits  par 
le  dédoublement  de  a;  dans  la  forme  n"  "1,  ils  sont  représentés  par  /'  et  par  a; 
dans  la  forme  n"  H  par  <t  et  par  </. 

5mc  SEME,  TOME  IX.  2(> 


(  370  ) 

Une  première  (orme  de  pouls  cérébral  tricuspide  pro- 
vient du  dédoublement  do  la  pulsation  principale  d'origine 
artérielle  a  (n°  1,  fig.  7  et  fig.  8). 


Fig.  8.  Pouls  cérébral  triseupide  correspondant  à  la  forme  n  '  I  de  la" ligure  2. 
Horloge  à  secondes.  Chien  saigné. 


La  ligure  9  montre  le  passage  du  pouls  cérébral  ordi- 
naire à  cette  variété  de  pouls  tricuspide.  Les  deux  pre- 
mières dentelures  de  la  pulsation  correspondent  à  a,  la 
dernière  au  dicrolisme  carolidien  ci.  La  pulsation  vei- 
neuse v  ne  se  voit  pas  ici,  à  cause  de  l'accélération  des 
pulsations  cardiaques. 


Fig.  9.  Passage  du  pouls  cérébral  ordinaire  au  pouls  tricuspide  (forme  n°  \  de 
la  figure  2).  Chien  saigné.  Horloge  à  secondes. 


La  deuxième  l'orme  de  pouls  tricuspide  (la  plus  fré- 
quente chez  le  Chien)  se  produit  par  l'exagération  de  la 
pulsation  (ou  du  soulèvement)  d'origine  veineuse  t>;  les  trois 


v  S7I    ) 
pointes  de  la  pulsation  sont  alors  représentées  par  i?,  a  et  d 
(fig;  10,  M  et  fig.  7,  n°  2). 


Fig.  10.  Pouls  cérébral  Iricuspidc  correspondant  à  la  l'orme  n°  2  de  la  ligurc.7. 
Horloge  à  secondes. 


Enfln  une  troisième  variété  de  pouls  tricuspide  résulte 
de  l'exagération  de  l'oscillation  élastique  e.  Les  trois  som- 
mets de  la  pulsation  correspondent  respectivement  à  a,  d 
et  e.  La  pulsation  veineuse  v  peut  être  plus  ou  moins 
manifeste  (fig.  12). 


Fig.  41.  Pouls  cérébral jfriscupide  correspondant  à  la  forme  n»-2  de  la  figure  7. 

Horloge  à  secondes.  Le  irait  a  correspond  au  début  de  la  pulsation  cana- 
dienne. 


Comme  on  le  voit,  la  pulsation  cérébrale  est  le  résultat 
de  la  combinaison  de  deux   facteurs  :   1°  les  variations 


i  ^  ) 

périodiques  dans  l'afflux  du  sang  artériel  apporté  du  cœur 
gauche  par  les  carotides  et  les  vertébrales  (pouls  artériel); 
2°  les  variations  périodiques  dans  l'écoulement  du  sang 
veineux  vers  le  cœur  droit  (pouls  veineux).  Ce  dernier 
l'acteur  avait  été  méconnu  jusqu'à  présent. 


Fig.  12.  Pouls  cérébral  tricuspide  correspondant  à  la  tonne  n°  H  de  la  figure  7. 
Horloge  à  secondes. 


§  III.  —  Oscillations  respiratoires  du  cerveau. 

On  sait  depuis  longtemps  que,  chez  l'homme,  le  cerveau 
s'affaisse  pendant  l'inspiration  cl  s'élève  au  contraire  pen- 
dant l'expiration.  Ces  oscillations,  peu  marquées  pendant 
la  respiration  paisible,  s'accentuent  davantage  quand  Ja 
respiration  devient  laborieuse.  Chez  l'homme,  deux  fac- 
teurs contribuent  à  produire  l'affaissement  du  cerveau 
pendant  la  phase  d'inspiration  :  ces  deux  facteurs  sont  la 
baisse  de  la  pression  artérielle  et  l'aspiration  veineuse  vers 
le  thorax.  Il  est  impossible  de  laite  ici  la  part  de  chacun 
de  ces  facteurs  et  de  déterminer  leur  importance  relative. 

Chez  le  chien,  au  contraire,  les  conditions  sont  des  plus 
favorables;  la  pression  artérielle  ne  baisse  pas,  mais  aug- 
mente, au  contraire,  pendant  l'inspiration;  l'influence 
artérielle  doit  donc  tendre  à  faire  gonfler  le  cerveau  pen- 
dant que  l'influence  veineuse  tend  à  l'affaisser.  En  général 
c'est  l'influence  veineuse  qui  prédomine,  le  graphique  des- 
cendant à  l'inspiration  pour  remonter  à  l'expiration.  Cepen- 


(     07.) 

dant  il  peut  arriver  qu'exceplionuellumi ni  l'influence  arté- 
rielle remporte,  et  que  le  graphique  cérébral  monle  à 
l'inspiration,  pour  préseutei  son  point  le  pins  déclive  à 
l'expiration. 


l'ig    13.  P.  C   Pulsations  cérébrales  groupées  en  ondulations  respiratoires. 

Le  graphique  monte  à  l'inspiration  (I,  lî,  descend  à  l'expiration  (E,  Ej. 
R,  graphique  de  respiration  et  de  choc  du  cœur,  pris  au  moyen  du  cardiographe. 

Horloge  ;'i  secondes. 


J'ai  montré  dans  un  travail  précédent  (!)  que  l'ascen- 
sion inspiratoire  de  la  pression  artérielle  était  due  chez  le 
chien  à  l'accélération  du  rythme  cardiaque  qui  se  produit 
pendant  celle  phase  de  la  respiration.  J'ai  signalé  dans 
l'empoisonnement  par  l'atropine  un  moyen  de  modifier  à 
volonté  la  marche  de  la  pression  sanguine  et  de  faire 
baisser  celle  pression  pendant  l'inspiration.  Si  l'on  inscrit 
un  graphique  cérébral  pendant  l'empoisonnement  par 
l'atropine,  on  constatera  que,  celle  fois,  le  cerveau  s'af- 


(I)  Vasrension  inspiratoire  dt  la  pre.ssoi  ca'otidienrie.  (Bulletin  de 
l'Académie  royale  de  Belgique,  3'  série,  t.  III,  n"  I  ;  janvier  1882,  p.  51.) 


(  374  ) 
faisse  régulièrement  et  notablement  à  chaque  inspiration. 
C'est,  qu'ici  les  deux  facteurs  à  considérer,  la  pression 
artérielle  et  l'aspiration  veineuse,  accumulent  leurs  effets 
au  lieu  de  se  contrarier  mutuellement. 


Fig,  14.  P.  G.  Pulsations  cérébrales  groupées  en  oscillations  respiratoires. 
!  Inspiration;    e  expiration. 
R  Tracé  respiratoire  pris  au  moyen  du  cardiographe 
P  A   Graphique  de  pression  artérielle.  Manomètre  à  mercure.  Les 

oscillations  respiratoires  sont   absentes  (fait  exceptionnel). 

Chien  empoisonné  par  l'atropine. 

§  IV.  —  Ondulations  vaso-motrices  du  cerveau. 

Les  oscillations  cérébrales  dues  à  la  respiration  peuvent 
se  grouper  en  larges  ondulations  d'une  durée  plus  longue 
(2  à  5  par  minute).  On  les  attribue  généralement  à  un  res- 
serrement et  à  un  relâchement  périodique  des  petits  vais- 
seaux, se  traduisant  par  un  retrait  ou  une  dilatation  du 
cerveau.  Dans  certains  cas,  j'ai  observé  des  variations 
périodiques   du  rythme   respiratoire  coïncidant  avec   les 


(  373  ) 
ondulations  vaso-motrices.   La  figure  15  en  donne  un  bel 
exemple. 


-r    oj    a> 


S  —  = 

il  S 

C    —  O 

2   £  S 


cï     o;     ** 

^"  5  .2 


v  576  ) 

Note  sur  le  terrain  carbonifère  du  M  on  an,  par  A.  Ju- 
lien, professeur  de  géologie  ii  la  Faculté  des  sciences 
de  Clermont-Ferrand;  suivie  de  quelques  observations 
relativement  aux  espèces  fossiles  qui  y  ont  été  recueillies, 
par  L.-G.  de  Koninck,  membre  de  l'Académie. 

Il  existe  une  longue  bande  de  terrain  carbonifère  marin 
qui  affleure  le  long  du  pied  occidental  du  massif  du  Mor- 
van.  On  l'observe  depuis  Moulins- Engilbert,  dans  la 
Nièvre,  jusqu'aux  environs  de  Bourbon-Lancy,  dans  l'Al- 
lier. Sa  largeur  est  faible  et  ne  dépasse  pas  10  à  15  kilo- 
mètres en  moyenne.  Le  gisement  fossilifère  qui  a  fourni 
les  fossiles  en  question  est  situé  à  l'ouest  de  Luzy,  chef- 
lieu  de  canton  de  la  Nièvre,  sur  la  ligne  ferrée  qui  va  de 
Nevers  à  Autun. 

Luzy  est  bâti  sur  le  granité,  traversé  dans  la  ville 
même  par  des  fdons  d'eurile  quartzifère.  Si  l'on  se  dirige 
à  l'ouest,  de  manière  à  recouper  la  bande  de  terrain 
ancien  qui  passe  dans  le  voisinage  et  cesse  d'affleurer  à 
Remilly,  station  du  chemin  de  fer  qui  précède  celle  de 
Luzy,  on  quitte  bientôt  le  granité  pour  marcher  sur  des 
schistes  quartzeux  noirs,  très  durs,  complètempnt  azoïques 
et  que  certains  géologues  ont  assimilés  aux  schistes 
archéens  de  Saint- Lô,  qui  sont  superposés  au  micaschiste 
dans  la  série  verticale  des  lerrains.  Je  partage  cette 
opinion. 

De  ces  schistes,  généralement  verticaux,  où  l'on  saisit 
des  traces  de  plissements  et  d'ondulations  M  qu'on  peut 
voir  sur  divers  points  injectés  de  liions  de  granité  et  de 
pegmatite,  on  passe  presque  sans  transition  aux  schistes 
carbonifères.  Ceux-ci  ont  une  direction  générale  nord-sud. 


(  *>~7  ) 
Ils  sont  inclinés  de  40°  à  50°  el  leur  pendage  regarde 
l'ouest.  J'ai  découvert  leur  contact  avec  les  schistes 
archéens.  Ce  contact  s'établit  à  l'aide  d'une  Taille  qui  avait 
échappé  aux  recherches  des  géologues  qui  m'ont  précédé 
el  dont  la  direction  tracée  sur  la  Carte  est  N  55°  Est. 

Si  l'on  prend  la  Carte  cantonale  de  Luzy,  nouvellement 
éditée  par  l'État,  on  peut  la  tracera  l'aide  des  indications 
suivantes  : 

a)  Si  l'on  suit  la  route  de  Toulon-sur-Arroux  au  pont 
du  Veurdre,  la  faille  coupe  celle  route  entre  Luzy  el  Lanly 
à  4\600  à  l'ouest  de  Luzy; 

h)  A  la  sortie  du  hameau  de  Ponay,  sur  le  chemin  qui 
va  de  Chauvelière  à  Savigny-Poil-Fol,  la  faille  coupe  aussi 
ce  chemin,  au  sud  et  à  quelques  kilomètres  du  premier 
point. 

Cette  faille  étant  tracée,  tout  ce  qui  est  à  l'est  de  la 
faille  est  archéen,  tout  ce  qui  est  au  côté  opposé  est  carbo- 
nifère. 

Schistes  carbonifères.  —  Ces  schistes  sont  la  seule 
roche  qui  constitue  le  carbonifère  ;  cependant,  à  leur  partie 
supérieure,  on  observe  quelques  bancs  de  grès  qui  se  char- 
gent de  cailloux  de  quartz  el  se  transforment  en  un  banc 
épais  de  poudingue  que  l'on  peut  suivre  sur  plusieurs 
kilomètres  Au-dessus  de  ces  poudingues  viennent  de  nou- 
veaux schistes  el  de  nouveaux  poudingues.  Toutefois,  il 
est  probable  que  le  terrain  est  coupé  par  de  nombreuses 
failles  et  que  la  réapparition  de  ces  nouveaux  poudingues 
à  l'ouest  des  premiers  est  due  à  l'intervention  de  failles, 
le  carbonifère  ne  paraissant  pas  avoir  plus  de  200  à  300 
mètres    d'épaisseur,    peut-être    même    150   seulement 


;  578  ) 

environ.  L'élude  slratigraphique  n'est  pas  encore  achevée. 
Elle  esl,  en  effet,  rendue  très  difficile  : 

1°  Par  l'absence  de  carrières; 

2°  Par  la  rareté  des  affleurements  le  long  des  chemins, 
tout  le  pays  étant  admirablement  cultivé  ou  couvert  de 
bois  taillis; 

3°  Par  la  rareté  des  couches  fossilifères. 

Ces  schistes  carbonifères  sont  jaunâtres  ou  rougeàtres 
d'abord,  parfois  caverneux  et  gréseux,  mais  deviennent 
bientôt  argileux  et  comme  satinés.  Les  preuves  d'un  lami- 
nage intense  se  laissent  fréquemment  observer.  Sur  cer- 
tains points  les  schistes  deviennent  d'un  gris  noirâtre. 

Les  points  où  les  fossiles  existent  sont  le  domaine  de  la 
Roche,  à  l'est  de  Savigny-Poil-Fol  el  à  une  distance  de  ce 
village  de  150  mètres  environ;  les  environs  du  hameau 
d'Avrée,  au  nord  de  Savigny,  et  spécialement  le  champ 
de  la  Varville;  Siguret  à  l'est  et  près  de  Savigny  et  quel- 
ques autres  points  dans  le  voisinage  des  précédents.  Tous 
ces  fossiles  ont  été  recueillis  à  l'aide  de  fouilles  exécutées 
en  plein  champ  avec  l'autorisation  des  propriétaires,  en  sep- 
tembre et  octobre  4883  et  en  septembre  et  octobre  4884. 

A  l'ouest  de  cette  bande  qui,  à  la  hauteur  de  Luzy,  n'a 
guère  que  5  à  6  kilomètres  de  large,  le  carbonifère  qui 
paraît  se  terminer  par  des  grès  sans  fossiles  disparaît 
sous  les  étages  tertiaires  el  secondaires  de  la  Nièvre. 

Je  me  propose  de  continuer  ces  études  el  de  recouper 
celte  longue  bande,  au  nord  el  au  sud  de  Luzy,  d'une 
pari  à  la  hauteur  de  Saint-Honoré,  de  l'autre  à  la  hauteur 
de  Bourbon-Lancy,  dès  que  j'aurai  achevé  la  coupe  de 
Luzy  à  Remilly. 

En  même  temps  que  la  noie  dont  je  viens  de  donner 
lecture,  M.  A  Julien  a  eu  l'obligeance  de  me  communiquer 


(  379  ) 
une  nombreuse  collection  de  fossiles  recueillis  dans  les 
principales  localités  qui  y  sont  citées. 

Ces  fossiles  sont,  en  général,  en  mauvais  état  et  la  plu- 
part des  espèces  n'y  sont  représentées  que  par  des 
moules  internes  ou  par  des  empreintes  conservées  dans 
la  roche. 

Néanmoins  avec  un  peu  d'habitude,  il  est  facile  de 
reconnaître  que  l'ensemble  de  la  petite  faune  recueillie  par 
M.A.Julien  possède  un  faciès  carbonifère  et  nullement 
devonien  comme  le  caractère  de  la  roche  pourrait  le  faire 
croire  au  premier  abord.  D'ailleurs,  quelque  défectueux 
que  fussent  les  échantillons  soumis  à  mon  examen,  je 
suis  parvenu  à  reconnaître  un  assez  bon  nombre  d'espèces 
qui,  jusqu'à  présent,  ne  se  sont  rencontrées  que  dans  les 
assises  inférieures  du  terrain  carbonifère,  soit  en  Bel- 
gique à  Tournai,  à  Soignies,  à  Comblain-au-Pont,  etc.; 
soit  en  France  à  Etreungt,  soit  en  Irlande  à  Hook-Point, 
dans  le  comté  de  Wexford  et  dans  quelques  autres  loca- 
lités du  même  pays. 

Voici  la  liste  de  ces  espèces  : 

1.  Loxonema  acutum,  L.-G.  de  Roninck. 

2.  Schizostoma  crateri forme,  L.-G.  de  Koninck. 

3.  Bellerophon  sublœvis,  v.  L.-V.  Potiez  et  A.-L.-V.  Michaud. 

4.  Lepclopsis,  nov.  sp. 

5.  Capnlus  adroceras,  P.  de  Ryckholt. 

6.  —       nov.  sp.? 

7.  Edmondia  ? 

8.  Parallelodon  bistriulis,  J.  E.  Portlock. 

9.  Leiopteria,  espèce  voisine  de  L.  emaciata,  L.-G.  de  Koninck. 

10.  Aviculopecten,  voisin  de  A.  yranosus,  J.  Sowerby. 
H.   Aviculopeclen,  nov.  sp. 

42.  Dielasma  hastatum  ?  J.  Sowerby. 


I  580  ; 

15.  Rhynchonella  ?  voisine  de  R.  plcttrodon. 

14.  Athyris  Royssii?  C.  Lcveillc. 

15.  Spirifcr  calcaratus,  F.  Mc  Coy. 

16.  Spirifer}  sp. 

17.  Rcticularia  reticulata,  F.  Mc  Coy. 

18.  Orthis  Michelini,  C.  Lcveillc. 

19.  Orthotctcs,  nov.  sp. 

20.  Lcptœna  multirujata,  F.  Mc  Coy. 

21.  Choticfes  clegans?  L.-G.  de  Koninck. 

22.  Productus  torlilis  ?  F.  Mc  Coy. 

23.  Glauconomn  pulcherrima,  F.  Mc  Coy. 

24.  Fcnestella  multiporata,  F.  Mc  Coy. 

25.  —  frulcx,  F.  Mc  Coy. 
26  —  pJobcia,  F.  Mc  Coy. 
27.  Phitlipsia  truncatida,  J.  Phillips. 

28    GriffiHiides  hngiceps,  J.-E.  Portlock. 
29.  Brachymctopus  discors,  F.  Mc  Coy. 

50.  En/omis  biconerntrica,  R.  Jones. 

51.  Carbonia,  sp. 

52.  Palœchinus  gigas,  F.  Mc  Coy. 

55.  Archœocidaris  Nerei,  G.  Zu  Munster. 

54.  Actinocrinus  icosidactylus,  J.-E.  Portlock. 

55.  —  tenais,  L -G.  de  Koninck  et  Léon. 

56.  —  costus,  F.  Mc  Coy. 

57.  —  sp. 

58.  Platycrinus  lœvis,  Miller. 

59.  Poleriocrinus  radia  lus,  Austin. 

40.  —  pficatilis,  Austin. 

41.  —  spissus,  L.-G.  de  Koninck  el  Le  Hon. 

42.  Zaphrentis? 
45.  Alonticulipora  ? 
44.  Syringopora  ? 

Ces  espèces  élant  assez  généralement  représentées  soit 
par  des  moules,  soit  par  des  empreintes,  ainsi  que  je  l'ai 
déjà  fait  observer,  il  n'est  pas  impossible  que  quelques- 


(581  ) 

unes  d'entre  elles  ne  se  rapportent  pas  exactement  aux 
noms  sous  lesquels  je  viens  de  les  citer.  Toutefois  elles 
s'en  rapprochent  au  point  de  ne  pas  permettre  de  les  en 
séparer  et  d'en  faire  des  espèces  nouvelles,  sans  avoir  eu 
l'occasion  de  consulter  des  matériaux  plus  parfaits. 


De  l'influence  du  magnétisme  sur  les  caractères  des  raies 
spectrales;  par  Ch.  Fievez,  astronome  à  l'Observatoire 
royal  de  Bruxelles. 

La  découverte  de  la  rotation  du  plan  de  polarisation  de 
la  lumière  sous  l'influence  des  forces  magnétiques,  par 
Faraday  (1846),  a  fait  connaître  la  relation  qui  existe  entre 
la  lumière  polarisée,  le  magnétisme  et  l'électricité. 

L'action  du  magnétisme  sur  l'étincelle  électrique,  traver- 
sant les  milieux  gazeux  très  raréfiés,  a  été  mise  en  évidence 
par  les  travaux  de  De  la  Rive  (1)  et  les  expériences  spec- 
troscopiques  de  Trêve  (2),  de  Daniel  (3),  de  Secchi  (4)  et 
de  Capron  (5). 

D'après  De  la  Rive  et  Daniel,  cette  action  est  soumise 
aux  lois  de  l'électrodynamique  et  les  effets  observés,  con- 


(1)  De  la  Rive,  Recherches  sur  l'action  qu'exerce  le  magnétisme  sur 
les  jets  électriques  dans  les  milieux  gazeux  très  raréfiés.  (Archives  de 
Genève,  t.  XXV11,  p  290.) 

(2)  Trêve,  Action  du  magnétisme  sur  les  gaz  (Comptes  rendus, 
t.  LXX,  p.  36.) 

(3)  Damel,  Action  du  magnétisme  sur  les  gaz  raréfiés.  (Comptes  ren- 
dus, t.  LXX,  p.  183.) 

(4)  Secchi,  Sur  tes  modifications  apportées  par  le  magnétisme  dans  la 
lumière  émise  par  les  gaz  raréfiés.  (Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  431 .) 

(5)  Rand  Capro;*,  Aurorae  :Their  characlers  and  Spectra. 


(  582  ) 

sîstant  dans  un  accroissement  d'intensité  lumineuse  de 
l'étincelle  et  de  son  spectre,  sont  dus  à  une  augmentation 
locale  de  densité  de  la  matière  gazeuse  raréfiée,  tandis  que 
Secchi  les  attribue  plutôt  au  diamagnélisme  des  gaz,  c'est- 
à-dire  à  une  répulsion  produite  par  l'aimant  sur  ces  gaz 
très  raréfiés,  ayant  pour  conséquence  une  diminution  con- 
sidérable de  la  surface  gazeuse  dans  la  section  du  tube 
traversée  et  par  suite  production  d'une  température  pins 
élevée. 

Selon  ces  physiciens,  l'influence  du  magnétisme  sur 
l'étincelle  électrique  traversant  les  gaz  raréfiés  n'aurait 
d'autre  effet  que  de  modifier  la  résistance  de  la  matière 
gazeuse  soumise  à  son  action.  Aussi  Cazin  a-t-il  conclu  des 
expériences  de  Secchi  «  qu'il  n'y  a  pas  de  spectre  particu- 
»  lier  au  magnétisme,  c'est-à-dire  pas  d'action  directe  de 
»  l'aimant  sur  lesrayonsémis  parla  source  lumineuse  (1)». 

Cette  conclusion  va  cependant  au  delà  des  faits  acquis, 
car  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  l'on  attribue  an  contraire 
l'augmentation  d'intensité  lumineuse  de  l'étincelle  et  de 
son  spectre  à  l'action  du  magnétisme  sur  les  rayons  lumi- 
neux eux-mêmes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  question  pourrait  être  éclaircie, 
sinon  résolue,  par  des  expériences  où  les  forces  magné- 
tiques seraient  en  présence  du  mouvement  lumineux  et 
calorifique  sans  autre  intermédiaire  que  la  matière  pondé- 
rable; les  expériences  magnétiques  sur  les  flammes  satisfont 
à  ces  conditions. 

Depuis  longtemps  (2)  on  connaît  l'influence  exercée  par 


(1)  Cazin,  La  speclroscopie ,  p.  95. 

(2)  Cette  observation,  faite  pour  la  première  fois  à  Gênes,  en  1846,  par 
le  P.  Bancalari,  a  été  ensuite  répétée  par  Plùcker  sur  diverses  flammes. 
(Voir  Annales  de  chimie  et  de  physique,  3e  série,  t.  LIV,  p.  264.) 


(  585  ) 

le  magnétisme  sur  la  direction  de  la  flamme  d'une  bougie 
et  on  sait  que  toutes  les  flammes  présentent  à  des  degrés 
différents  le  même  phénomène.  Il  reste  à  examiner  si  l'ac- 
tion des  forces  magnétiques  est  bornée  à  ce  changement 
de  direction  de  la  masse  gazeuse  ou  bien  si  elle  affecte 
directement  les  ondes  lumineuses  elles-mêmes. 

Quoique  l'analyse  spectrale  puisse  résoudre  celle  ques- 
tion, il  est  cependant  nécessaire  de  réunir  les  conditions 
les  plus  favorables  d'inlensilé  magnétique  et  de  dispersion 
lumineuse  afin  que  les  modifications  spectrales  qui  peuvent 
se  produire  ne  puissent  passer  inaperçues. 

L'installation  spectroscopique  de  l'Observatoire,  dispo- 
sant d'un  appareil  dispersif  de  très  grande  puissance  (1)  et 
d'un  électro-aimant  Faraday,  construction  Ruhmkorff  (2), 
pouvant  être  activé  par  un  courant  de  50  ampères  d'inten- 
sité, a  permis  d'aborder  ce  problème. 

La  flamme  oxyhydrique  d'un  petit  chalumeau  était  diri- 
gée horizontalement  sur  un  charbon  sodé  placé  entre  les 
armatures  coniques  de  Pélectro-aimant,  distantes  l'une  de 
l'autre  de  10  millimètres.  Une  image  de  la  flamme  était 
projetée  sur  la  fente  du  speclroscope  par  un  objectif  dou- 
ble. La  quantité  d'oxygène  introduite  dans  celte  flamme 
permettait  de  régler  la  température  de  façon  à  donner  aux 
raies  spectrales  D<  et  D2  l'apparence  voulue. 

Dans  ces  conditions,  les  raies  sodiques  D,  et  D2  étant 
d'abord  peu  larges  et  non  renversées  avant  le  passage  du 
courant  d'aimantation,  deviennent  immédiatement  plus 


(1)  Déjà  décrit  précédemment  :  Annales  de  l'Observatoire  royal  de 
Bruxelles,  t.  IV,  nouvelle  série. 

(2)  Cet  appareil  est  décrit  dans  le  Traité  de  physique  de  Ganot. 


(  584  ; 

brillante*,  plus  longues  et  plus  larges  aussi  lui  que  l'éteÊ- 
tro-aimant  est  mis  en  activilé. 

Si  les  raies  brillâmes  D,  et  D2  sont  déjà  élargies,  l'élec- 
tro-aimant  étant  inactif,  elles  deviennent  plus  larges  encore 
et  se  renversent  (c'est-à-dire  qu'une  raie  noire  paraît  au 
milieu  de  la  raie  brillante  élargie)  pendant  le  passage  du 
courant  d'aimantation. 

Si  les  raies  sont  déjà  élargies  et  renversées,  l'élargisse- 
ment de  la  raie  brillante  et  de  la  raie  noire  devient  beau- 
coup plus  considérable. 

Ces  phénomènes,  qui  disparaissent  instantanément  lors 
de  l'interruption  du  courant,  peuvent  être  observés,  mais 
avec  moins  d'intensité,  sur  la  raie  rouge  du  potassium,  du 
lithium,  sur  la  raie  verte  du  thallium,  etc.,  lorsqu'une 
minime  quantité  de  ces  métaux  ou  d'un  de  leurs  sels  est 
placée  sur  le  support.de  charbon. 

Enfin,  les  armatures  coniques  de  l'électro-aimant  étant 
remplacées  par  les  armatures  méplales,  de  manière  que 
toute  la  longueur  de  la  flamme  sodique  soit  comprise  entre 
ces  armatures,  les  raies  D,  et  D2,  préalablement  renversées 
et  élargies,  présentent  un  double  renversement  (c'esl-à-dire 
l'apparition  d'une  raie  brillante  au  milieu  de  la  raie  noire 
élargie),  lorsque  l'électro-aimant  est  en  activité. 

Ces  expériences,  qui  démontrent  l'influence  du  magné- 
tisme sur  les  oudes  lumineuses,  sans  l'intermédiaire  de 
l'étincelle  électrique,  font  voir  aussi  que  a  les  phénomènes 
qui  se  manifestent  sous  l'action  du  magnétisme  sont 
identiquement  les  mêmes  que  ceux  produits  par  une 
élévation  de  température  (1)  ». 


(I)  Ch.  Fiévez,  De  l'influence  de  la  température  sur  les  caractères  des 
raies  spectrales,  (Bulletin  Acad,  royale  de  Belgique,  5e  série,  i.  VII.) 


(  385  ) 

Note  complémentaire. 

Le  spectre  de  la  flamme  dirigée  suivant  l'axe  des  bobines 
de  V électro-aimant  présentait  les  mêmes  modifications, 
sous  l'influence  du  magnétisme,  que  celui  de  la  flamme 
dirigée  perpendiculairement  à  cet  axe.  G.  F. 


Élude  sur  le  développement  des  feuillets  et  des  premiers 
ilôts  sanguins  dans  le  blastoderme  de  la  Torpille  (Tor- 
pédo ocellata);  par  A.  Swaen,  professeur  d'anatomie  à 
l'Université  de  Liège  (1). 

Les  plus  jeunes  blastodermes  de  Torpille  qu'il  m'a  été 
possible  de  recueillir  présentaient  déjà  la  première  ébauche 
de  l'embryon.  Je  n'ai  donc  pu  étudier  ni  la  segmentation, 
ni  la  formation  de  la  couche  protoplasmalique  nucléée  qui 
recouvre  le  vitellus  au-dessous  de  l'hypoblaste;  mais,  avant 
d'aborder  l'objet  principal  de  celle  élude,  je  crois  utile, 
pour  ne  plus  avoir  à  y  revenir  dans  la  suite,  de  signaler 
brièvement  les  observations  que  j'ai  pu  faire  sur  cette 
couche.  Dans  loule  l'étendue  de  la  surface  du  vitellus  qui 
se  trouve  en  conlacl  avec  l'hypoblaste  règne  une  couche 
plus  ou  moins  épaisse  de  protoplasme  finement  granulé. 
Du  côté  du  blastoderme  elle  est  généralement  nettement 


(1)  Le  matériel  de  celle  étude  a  été  recueilli  à  la  Station  zoologique  de 
Naples.  J'ai  été  trop  satisfait  du  séjour  que  j'y  ai  fait  dans  le  courant  de 
l'année  dernière,  j'ai  pu  trop  à  me  louer  de  l'obligeance  et  de  la  com- 
plaisance de  M.  Dohrn  et  du  personnel  entier  de  la  Station,  pour  ne  pas 
saisir  avec  empressement  l'occasion  de  leur  donner  ici  un  témoignage 
public  de  ma  reconnaisance. 

3,ne  SÉRIE,  TOME  IX.  27 


(  386  ) 

délimitée,  du  côté  du  vitellus  sa  limite  est  beaucoup  plus 
irrégulière  et  ne  peut  même  être  indiquée.  Au  fur  et  à 
mesure  que  l'on  s'approche  du  vitellus,  on  y  voit  apparaître 
d'abord  de  fines  granulations  vitellines,  puis  des  grains 
plus  volumineux  et  enfin  les  corpuscules  vitellins  volu- 
mineux très  rapprochés  les  uns  des  autres,  entre  lesquels 
le  protoplasme  n'existe  plus  qu'à  l'état  de  minces  cloisons, 
de  fines  travées  que  l'on  suit  avec  la  plus  grande  peine  à 
l'intérieur  du  vitellus  lui-même. 

Dans  la  couche  proloplasmatique  superficielle,  quelque- 
fois aussi  dans  des  îlols  isolés  de  protoplasme  formés  dans 
la  profondeur  au  milieu  du  vitellus,  on  distingue  de  dis- 
tance en  distance  des  noyaux  disséminés  sans  ordre.  Ces 
derniers,  d'habitude  très  volumineux,  de  forme  très  variable, 
sont  des  types  de  noyaux  bourgeonnants. 

Sur  les  noyaux  rapprochés  de  Phypoblasle  les  bour- 
geons s'isolent,  se  divisent  quelquefois  encore  par  voie 
directe  et  autour  de  ces  noyaux  de  volume  ordinaire  qui 
résultent  de  ces  modes  de  multiplication,  on  observe  que 
le  protoplasme  s'isole  du  restant  de  la  couche.  Il  se  forme 
ainsi  des  cellules  qui  s'engagent  entre  les  éléments  de 
l'hypoblasle  sus-jacent  ou  contribuent  à  étendre  ce  der- 
nier à  la  surface  du  vitellus.  Celle  extension  est  surtout 
marquée  sur  le  plancher  de  la  cavité  digestive  de  l'embryon. 
C'est  ce  mode  de  développement  de  cellules  hypoblas- 
tiques  qui  amène  la  formation  de  l'endoblasle  à  la  paroi 
inférieure  du  tube  digestif. 

Cette  couche  proloplasmatique  nucléée  avec  tout  le 
vitellus  sous-jacenl  doit  donc  être  considérée  comme 
faisant  partie  de  l'hypoblasle.  La  segmentation  des  cellules 
hypoblasliques  se  poursuit  très  longtemps  dans  ces  œufs 
et  le  vitellus  avec  cette  couche  protoplasmatique  repré- 


(  587  ) 
sente   îles   cellules   hypoblasliques   qui    continuent  à  se 
multiplier  par  un  mode  de  division  autre  que  celui  qui 
préside  à  la  multiplication  des  éléments  constituant  les 
feuillets  déjà  formés  du  blastoderme. 

Mais  d'autres  éléments  prennent  encore  naissance  à  la 
surface  de  celle  couche.  Ce  sont  des  corps  sphériques 
plus  ou  moins  volumineux,  remplis  de  granulations  réfrin- 
gentes qui  se  développent  à  la  surface  du  protoplasme  en 
écartant  les  cellules  hypoblastiques  voisines.  Ils  s'insinuent 
entre  elles,  puis  fréquemment  deviennent  libres  dans 
l'espace  linéaire  qui  sépare  l'hypoblaste  des  feuillets  plus 
superficiels.  Ces  éléments  contiennent  quelquefois  un 
véritable  noyau,  d'autres  fois  un  ou  deux  corps  sphériques 
chromalophiles,  d'autres  fois  encore  ne  présentent  aucun 
corpuscule  nucléiforme.  Ils  me  semblent  assimilables  aux 
cellules  formatives  du  blastoderme  des  oiseaux.  Pour  être 
bref  je  les  désignerai  sous  ce  nom  bien  qu'il  soit  impro- 
pre; ces  cellules  formatives  sont  en  réalité  des  éléments 
de  la  couche  profonde  de  l'hypobîaste  qui  se  distinguent 
des  cellules  voisines  par  le  développement  énorme  de 
corpuscules  réfringents  à  l'intérieur  de  leur  protoplasme, 
ce  développement  finissant  par  entraîner  l'altération,  puis 
la  disparition  du  noyau.  On  les  rencontre  particulièrement 
volumineuses,  et  modifiées  dans  la  cavité  de  segmentation. 

En  ayant  fini  avec  cette  couche  profonde  de  l'hypo- 
bîaste, je  vais  aborder  l'étude  du  blastoderme  dans  son 
ensemble. 

Le  blastoderme  le  plus  jeune  que  j'ai  pu  étudier  est 
assez  comparable,  au  point  de  vue  de  son  développement, 
au  blastoderme  de  Pristyurus  représenté  par  Balfour  dans 
sa  figure  A,  planche  XXIV.  11  en  diffère  cependant  par 
quelques  particularités  bien  apparentes  dans  la  figure  1, 


(  388  ) 

qui  en  représente  une  coupe  longilunale  el  médiane. 
D'après  celte  figure,  on  peut  diviser  le  blastoderme  en 
4  zones  :  une  postérieure  E  embryonnaire,  occupant  la 
partie  postérieure  de  la  circonférence;  en  avant  d'elle  une 
zone  intermédiaire  I  étendue  entre  l'ébauche  de  l'embryon 
el  la  5e  zone,  celle  de  la  cavité  de  segmentation  CS;  enfin 
la  4e  zone  C  antérieure  A,  beaucoup  moins  étendue  ici  que 
dans  le  blastoderme  du  Pristyurus  el  constituant  en  même 
temps  la  partie  antérieure  de  la  circonférence.  Les  parties 
latérales  de  celte  circonférence  relient  naturellement  cette 
zone  antérieure  à  la  postérieure  et  l'on  observe  toutes  les 
transitions  de  l'une  à  l'autre  dans  la  texture  de  ces  parties. 


ffyp1  F"-  ^~~~\3yp.s 

Fig.  i. 

Nous  allons  étudier  ces  4  zones  du  blastoderme  el  nous 
commencerons  par  la  plus  simple,  la  zone  intermédiaire. 

I.  —  Dans  loule  l'étendue  de  cette  zone  le  blastoderme 
est  formé  de  deux  couches  cellulaires  bien  distinctes, 
l'épiblaste  et  l'hypoblaste. 

L'épiblasle  est  constitué  comme  un  épilhélium  prisma- 
tique qui  en  avant  s'amincit  et  s'épaissit  au  contraire  en 
arrière. 

L'hypoblaste  est  formé  de  cellules  aux  formes  variées, 
munies  de  prolongements  anastomosés  entre  eux  de  façon 
à  former  des  réseaux.  Le  corps  de  ces  cellules  assez  épais; 
formé  d'un  protoplasme  chargé  de  granulations  vitellines, 
renferme  un  noyau  ovalaire  au  niveau  duquel  il  est  d'ha- 


(  589  ) 

bitude  épaissi; souvent  ce  corps  est  l'usi forme  et  ses  extré- 
mités se  continuent  dans  deux  prolongements;  d'autres 
lois  il  est  irrégulier  et  se  continue  dans  un  plus  grand 
nombre  de  prolongements,  d'autres  fois  encore  deux  ou 
trois  cellules  sont  plus  rapprochées  et  se  moulent  les  unes 
sur  les  autres  par  leurs  faces  de  contact.  Beaucoup  de  ces 
éléments  possèdent  deux  noyaux,  d'autres  encore  ont  leurs 
noyaux  en  voie  de  division  indirecte. 

Ces  cellules  sont  lâchement  unies  entre  elles,  assez 
écartées  les  unes  des  autres  et  disséminées  sans  ordre  dans 
l'espace  qui  sépare  l'épiblaste  de  la  surface  du  vitellus. 
Une  couche  de  ces  éléments  repose  sur  ce  dernier,  mais 
ne  se  dislingue  en  rien  des  cellules  sus-jaeentes.  Celte 
couche  hypoblastique,  assez  épaisse  sur  la  ligne  médiane  (I) 
du  blastoderme,  devienl  de  moins  en  moins  riche  en  cel- 
lules à  mesure  que  l'on  s'en  écarte.  La  couche  cellulaire 
qui  repose  sur  le  vitellus  persiste  cependant  toujours, 
mais  entre  elle  et  la  face  profonde  de  l'épiblaste  on  ne 
trouve  bientôt  que  quelques  cellules  disséminées. 

II.  —  La  cavité  de  segmentation  occupe  une  zone  plus 
étendue  même  que  la  moitié  du  diamètre  antéro-postérieur 
du  blastoderme  et  semble  surtout  creusée  dans  l'épaisseur 
de  l'hypoblaste;  cependant,  la  voûte  de  celte  cavité  est 
constituée  par  l'épiblaste  seul  dans  sa  partie  antérieure. 

Cet  épiblaste  est  ici  formé  par  une  simple  rangée  de 
cellules  prismatiques  surbaissées  unies  entre  elles  de  façon 
à  constituer  une  couche  épilhéliale. 

L'hypoblaste  forme  le  plancher,  la  ^jaroi  postérieure,  les 


(  I  )  Par  ligne  médiane  il  faul  entendre  non  seulement  le  diamètre  antéro- 
postérieur  du  blastoderme,  mais  encore  deux  bandes  latérales  assez  largos 
de  chaque  côlé  de  ce  diamètre. 


(  590  ) 

parois  latérales  de  cette  cavité  et  se  prolonge  même  à  la 
face  inférieure  de  l'épiblaste  de  façon  à  doubler  la  voûte 
dans  toute  sa  partie  postérieure. 

Sur  le  plancher,  les  cellules  hypoblasliques,  disposées 
en  une  seule  rangée,  forment  une  couche  continue  qui 
n'est  guère  modifiée  par  place  que  par  la  saillie  d'une 
cellule  formative  en  voie  de  développement. 

La  paroi  postérieure  de  la  cavité,  fortement  excavée, 
est  assez  complète  et  formée  par  les  cellules  hypoblasti- 
ques  un  peu  modifiées,  plus  rapprochées  et  unies  de  façon 
à  constituer  une  couche  continue.  Celte  paroi  se  prolonge 
en  avant  au-dessous  de  l'épiblaste  de  façon  à  entrer  dans 
la  composition  de  la  voûte,  mais  ne  l'envahit  pas  tout 
entière  et  laisse  la  face  inférieure  de  l'épiblaste  à  nu  dans 
sa  partie  antérieure  et  médiane. 

Quant  aux  parois  latérales,  elles  sont  très  vaguement 
délimitées  par  les  cellules  hypoblasliques  disséminées 
entre  l'épiblaste  et  le  vilellus. 

111.  —  La  paroi  antérieure  de  la  cavité  est  précisément 
formée  par  la  troisième  zone  que  nous  devons  étudier, 
Y  antérieure.  Celle-ci  occupe  la  circonférence  du  blasto- 
derme et  sur  la  coupe  a  la  forme  d'un  triangle.  Le  sommet 
répond  au  bord  du  blastoderme,  la  base  excavée  forme 
la  paroi  antérieure  de  la  cavité  de  segmentation,  le  bord 
supérieur  répond  à  ja  face  supérieure  du  blastoderme,  le 
bord  inférieur  repose  sur  le  vilellus.  L'aire  de  ce  triangle 
est  occupée  par  une  masse  de  cellules  contiguès  moulées 
les  unes  sur  les  autres  et  formées  par  un  mélange  de  cel- 
lules épiblastiques  et  hypoblastiques  confondues.  Dans 
cette  zone,  l'épiblaste  ne  s'isole  plus  nettement  des  cellules 
sous-jacenles,  la  forme  de  ses  éléments  s'altère;  d'autre 
part,   les  cellules    hypoblasliques,    resserrées   dans   un 


(  391  ) 
espace  peu  étendu,  moulées  les  unes  sur  les  autres,  ont 
perdu  leurs  prolongements,  sont  irrégulièrement  polyé- 
driques et  il  est  facile  de  voir  qu'il  y  a  confusion  de  tous 
ces  éléments,  que  des  cellules  épiblasliques  s'engagent 
dans  les  couches  sous-jacentes. 

En  dehors  de  la  ligne  médiane  et  de  la  cavité  de  seg- 
mentation celte  zone,  au  lieu  d'être  limitée  en  arrière  par 
cette  cavité,  se  trouve  en  rapport  avec  les  cellules  hvpo- 
blastiques  disséminées  entre  l'épiblasle  et  le  vitellus. 

IV.  —  Dans  la  zone  embryonnaire  et  dans  la  partie 
postérieure  du  bord  du  blastoderme  la  disposition  est  tout 
autre. 

L'épiblasle  épaissi  est  formé  de  cellules  allongées  per- 
pendiculairement à  ses  faces;  les  unes  sont  cylindriques, 
d'autres  fusiformes,  d'autres  encore  coniques.  De  ces  der- 
nières, les  unes  ont  leurs  bases  tournées  vers  la  face  supé- 
rieure, les  autres  ont  leur  base  à  la  face  inférieure  du 
feuillet  épiblaslique.  Ces  cellules  sont  unies  entre  elles  de 
façon  à  constituer  une  couche  épilhéliale  dans  laquelle  les 
noyaux,  disposés  sur  deux  à  trois  rangées,  sont  cependant 
groupés  vers  la  face  interne  de  la  couche  cellulaire. 

Cet  épiblaste,  arrivé,  au  bord  postérieur  du  blastoderme, 
se  recourbe  alors  en  avant  et,  tout  en  restant  séparé  du 
vitellus  par  un  espace  assez  étendu,  se  continue  dans  une 
couche  épilhéliale  inférieure.  Celle-ci  longe  d'arrière 
en  avant  la  face  inférieure  de  l'épiblasle,  dont  elle  n'est 
séparée  que  par  un  espace  linéaire.  Si  l'on  suit  cette 
couche  dans  ce  trajet,  on  constaté  qu'elle  est  surtout 
étendue  dans  ce  sens  sur  la  ligne  médiane  et  on  la  voit  se 
modifier  peu  à  peu  au  fur  et  à  mesure  qu'elle  s'éloigne 
du  bord  postérieur  du  blastoderme. 

D'abord,  les  cellules  qui   la  constituent   se  groupent 


(  392  ) 

comme  celles  de  Pépiblasle,  puis  celles  qui  forment  sa 
face  supérieure  commencent  par  adhérer  moins  intimement 
entre  elles,  deviennent  fusiformes,  ressemblent  aux  cel- 
lules hypoblastiques  de  la  zone  intermédiaire;  on  les  voit 
bientôt  se  continuer  par  leurs  prolongements  antérieurs 
avec  les  cellules  de  cette  zone  et  l'on  constate  que  toute 
cette  couche  cellulaire  sous-jacente  à  l'épiblasle  est  con- 
stituée par  un  mélange  de  cellules  épihlastiques  et  de 
cellules  hypoblastiques  groupées  de  façon  à  constituer  un 
feuillet  épithélial.  C'est  Yhypoblaste  de  la  zone  embryon- 
naire qu'il  faut  évidemment  distinguer  de  l'hypoblasle 
primitif,  puisqu'il  est  formé  d'un  mélange  des  éléments  de 
ce  dernier  et  de  ceux  de  l'épiblasle.  Nous  le  désignerons 
sous  le  nom  Yhypoblaste  secondaire.  Cet  hypoblaste 
secondaire,  à  la  fin  de  son  trajet  d'arrière  en  avant,  se 
recourbe  vers  le  bas  et  gagne  la  surface  du  vilellus,  où  il 
aboutit  à  la  couche  hypoblastique  primitive.  Au  niveau  de 
celte  courbure  la  participation  des  cellules  hypoblastiques 
disséminées  dans  la  zone  intermédiaire,  à  la  formation 
de  l'hypoblasle  secondaire,  est  encore  plus  manifeste  que 
dans  le  restant  de  son  étendue. 

Dans  ces  conditions,  la  zone  embryonnaire  est  donc 
constituée  par  deux  couches  épithéliales,  l'épiblaste  et 
l'hypoblasle  secondaire.  Ces  deux  couches  se  continuent 
entre  elles  au  bord  postérieur  de  cette  zone  et  toutes  deux 
sont  soulevées  au-dessus  du  vitellus,  de  façon  à  constituer 
avec  lui  une  petite  cavité  largement  ouverte  en  arrière. 
Celte  cavité  est  limitée  en  avant  par  la  courbure  de  l'hy- 
poblasle qui  s'insère  sur  le  vitellus.  Cette  insertion  se  fait 
suivant  une  ligne  courbe  à  convexité  antérieure.  Les 
extrémités  de  cette  ligne  s'infléchissent,  au  contraire,  en 


(  595  ) 

dehors,  puis  en  avanl  pour  longer  le  bord  du  blastoderme 
(voir  fig.  %  a). 

£mbrj//m 


Bord  I  J30& 


Fig.  2. 


Dans  celle  zone  embryonnaire  il  s'est  donc  produit  une 
invagination  par  épibolie  de  l'épiblaste  et  elle  a  été  aidée 
par  le  mélange  de  cellules  hypoblastiques  aux  éléments 
de  l'épiblaste  invaginé. 

Contrairement  à  ce  qui  se  passe  chez  le  Pristyurus,  la 
couche  protoplasmatique  nucléée  ne  se  prolonge  pas 
encore  au-dessous  de  la  zone  embryonnaire,  la  cavité 
archenlérique  est  comprise  entre  celle  zone  et  le  vitellus; 
le  blastopore  est  représenté  ici  par  une  large  fente  déli- 
mitée, d'une  part,  par  le  bord  postérieur  du  blastoderme, 
d'autre  part,  par  le  vilellus  lui-même. 

La  figure  3  représente  la  coupe  médiane  antéro-pos- 
lérieure  d'un  blastoderme  un  peu  plus  âgé  que  celui  qui 
vient  d'être  décrit;  on  y  distingue  encore  les  quatre  zones 
étudiées,  mais  d'importantes  modifications  s'y  sont  pro- 
duites. 


'yp.s. 


Fi?.  :; 


(  394  ) 

I.  —  La  zone  antérieure  n'a  pas  changé. 

II.  — La  cavité  de  segmentation  esl  considérablement 
réduite  tandis  que  la  zone  intermédiaire  a  gagné  en  éten- 
due. Les  cellules  hypoblasliques  qui  formaient  la  paroi 
postérieure,  les  côtés,  la  voûte  de  la  cavité  se  sont  multi- 
pliées; ces  parois,  fortement  concaves  dans  la  phase  précé- 
dente, se  sont  redressées  et  de  celte  façon  la  cavité  de 
segmentation  se  trouve  réduite  à  sa  partie  tout  à  fait  anté- 
rieure, à  celle  dont  la  voûte  était  constituée  par  l'épiblasle 
seul.  Les  cellules  hypoblasliques  se  sont  aussi  multipliées 
sur  le  plancher  de  la  cavité  et  lui  forment  un  revêtement 
épais,  surtout  dans  ses  parties  latérales  et  postérieures. 
Dans  la  cavité  ainsi  réduite,  on  remarque  enfin  un  assez 
grand  nombre  de  cellules  formatives  disséminées. 

III.  — La  zone  intermédiaire  plus  étendue  est  toujours 
formée  par  l'épiblasteet  Phypoblaste  primitif  bien  distincts 
l'un  de  l'autre.  Mais  les  cellules  hypoblasliques  beaucoup 
plus  nombreuses,  plus  rapprochées  les  unes  des  autres, 
forment  une  couche  bien  plus  compacte  et  remplissent 
complètement  l'intervalle  compris  entre  Pépiblaste  et  le 
vitellus.  On  reconnaît  toujours  à  ces  éléments  les  carac- 
tères précédemment  décrits,  mais  étant  moins  dissémi- 
nées, ces  cellules  sont  plus  épaisses,  leurs  prolongements 
sont  moins  longs,  le  réseau  qu'elles  forment  esl  moins 
apparent  et  dans  beaucoup  de  points  elles  sont  souvent 
irrégulièrement  polyédriques  par  pression  réciproque.  Cette 
couche  hypoblastique  épaisse  dans  la  ligue  médiane  du 
blastoderme  devient  plus  mince  sur  les  côtés.  Vers  les 
bords  latéraux  ellese  réduit  à  une  couche  continue  insérée 
sur  le  vitellus  et  à  quelques  cellules  disséminées  entre 


(  393  ) 

cette  couche  et  l'épiblasle.  Aux  bords  latéraux  mêmes 
elle  aboutit  à  la  zone  des  cellules  non  différenciées  décrite 
sur  le  blastoderme  précédent. 

IV.  —  La  zone  embryonnaire  s'est  étendue  en  tous 
sens,  le  bord  postérieur  du  blastoderme  fait  une  saillie 
plus  prononcée  en  arrière,  mais  une  modification  essen- 
tielle est  survenue  au  fond  de  la  cavité  arcbentérique.  La 
couche  protoplasmatique  nucléée  de  la  surface  du  vitellus 
s'est  développée  en  arrière  de  la  réflexion  de  l'hypoblaste 
secondaire; elleforme maintenant  une élevure  marquée  der- 
rière l'insertion  de  ce  feuillet  sur  le  vitellus  et  circonscrit 
avec  lui  le  fond  de  la  cavité  arcbentérique;  cette  dernière 
a  ainsi  gagné  une  paroi  inférieure  cellulaire  et  celle-ci, 
contrairement  à  la  voûte,  est  exclusivement  constituée  par 
de  l'hypoblaste  primitif.  Les  cellules  hypoblasliques  isolées 
apparaissent  déjà  dans  la  partie  antérieure  de  cette  paroi 
et  se  continuent  en  avant  avec  les  cellules  hypoblasliques 
que  l'on  voit  encore  intervenir  dans  la  constitution  de 
l'hypoblaste  secondaire.  Le  fond  de  la  cavité  archenlérique 
s'est  donc  développé  en  cul-de-sac;  ce  développement  et 
le  soulèvement  de  la  partie  amenée  par  l'accroissement  de 
la  couche  protoplasmatique  superficielle  du  vitellus  a  pour 
conséquence  le  soulèvement  de  toute  la  partie  antérieure 
de  la  zone  embryonnaire,  de  telle  sorte  que  l'épiblasle 
lui-même  devient  convexe  à  ce  niveau  et  décrit  une  courbe 
délimitant  assez  nettement  l'extrémité  antérieure  de  l'em- 
bryon. 

La  conclusion  la  plus  importante  à  tirer  de  cette  élude, 
c'est  que  sur  ces  blastodermes  le  fond  de  la  cavité  archen- 
lérique de  l'embryon  est  délimité  actuellement  en  avant 
par  deux  couches  cellulaires  de  constitution  différente,  la 


(  596  ) 
paroi  supérieure  étant  formée  par  Phypoblaste  secondaire, 
le  plancher  par  l'hypoblaste  primitif.  Cette  distinction  est 
importante,  car  nous  allons  le  voir,  aux  dépens  des  élé- 
ments de  la  voûte  se  développent  la  corde  dorsale,  le 
mésoblaste  et  l'endoblaste  (nous  donnerons  ce  nom  à 
l'épilhélium  de  la  cavité  digestive).  Les  éléments  du  plan- 
cher de  la  cavité  ne  formeront  que  l'endoblaste  de  la  paroi 
inférieure  de  la  cavité  digestive  et  se  continueront  par 
conséquent  avec  une  partie  seulement  des  éléments  de  la 
voûte  ou  de  l'hypoblaste  secondaire. 

Dans  l'exposé  que  je  vais  faire  de  l'étude  des  blasto- 
dermes plus  développés,  je  distinguerai  d'abord  la  partie 
extra-embryonnaire  et  l'embryon  et  j'exposerai  en  pre- 
mier lieu  le  résultat  de  mes  recherches  sur  la  première 
partie.  Ces  recherches  n'ont  porté  jusqu'à  présent  que  sur 
les  blastodermes  intermédiaires  aux  phases  B  et  G  des 
embryons  de  Pristyurus  de  Balfour.  Je  crois  inutile  dans 
ce  résumé  de  donner  une  description  détaillée  de  chacun 
d'eux,  je  réserverai  cette  étude  pour  un  travail  plus  com- 
plet, me  proposant  actuellement  de  donner  simplement 
une  idée  des  processus  principaux  qui  s'y  passent. 

Parties  extra-embryonnaires  du  blastoderme. 

Sur  ces  blastodermes,  la  zone  de  la  cavité  de  segmenta- 
tiou  ne  mérite  plus  d'être  distinguée  comme  zone,  ce  qui 
n'implique  pas  la  disparition  de  cette  cavité.  Elle  persiste, 
au  contraire,  sur  tous,  mais  se  réduit  et  s'isole  progressi- 
vement; voici  comment: 

L'épiblaste  est  soulevé  à  son  niveau  par  les  cellules 
formatives  qui  continuent  à  s'y  accumuler.  Il  forme  d'abord 
à  la  cavité  une  voûte  hémisphérique,   le  plancher  étant 


(  397) 
formé  par  l'hypoblaste.  Peu  à  peu  cette  voûte  s'élève  et 
dans  la  cavité  plus  que  hémisphérique  qu'elle  délimite  se 
groupent  les  cellules  i'ormatives.  Bientôt  celte  cavité,  cir- 
conscrite dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue  par 
l'épiblaste,  se  pédiculise  et  le  feuillet  externe  du  blasto- 
derme circonscrit  à  lui  seul  le  dernier  vestige  de  la  cavilé 
de  segmentation  rempli  de  cellules  formatives. 

La  zone  du  blastoderme  occupée  primitivement  par  la 
cavité  de  segmentation  rentre  ainsi  en  partie  dans  la  zone 
intermédiaire,  en  partie  dans  la  zone  antérieure. 

Il  est  plus  pratique  de  distinguer  maintenant  dans  la 
partie  extra-embryonnaire  de  ces  blastodermes  une  por- 
tion centrale  fort  étendue  et  une  zone  périphérique.  Cette 
dernière  sera,  de  plus,  divisée  en  deux  parties,  une  anté- 
rieure et  une  postérieure,  celle-ci  se  continuant  vers  la 
ligne  médiane  avec  le  bord  postérieur  de  l'embryon. 

Toute  la  partie  centrale  est  très  simple,  elle  est  formée 
par  l'épiblaste  et  l'hypoblaste  bien  distincts  l'un  de  l'autre. 
(V.  figure  7,  I.) 

L'épiblaste  est  formé  d'une  seule  rangée  de  cellules 
prismatiques  surbaissées,  netlement  séparée  de  la  couche 
cellulaire  sous-jacente  par  une  cavilé  linéaire. 

Les  cellules  hypoblasliques  devenues  polyédriques  ont 
toutes  gagné  la  surface  du  vitellus  et  y  forment  une  couche 
cellulaire  épaisse  dans  la  ligne  médiane  plus  mince  sur  les 
côtés. 

Lapériphérie  du  blastoderme  présente  des  modifications 
plus  importantes.  Le  mésoblaste  s'y  est  formé  et  continue 
à  s'y  développer. 

Ce  mésoblaste  constitue  un  mince  disque  annulaire 
interposé  entre  l'épiblaste  et  l'hypoblaste  primitif.  Sa  cir- 
conférence interne,  un  peu  irrégulière,  est  libre  entre  les 


(  598  ) 
deux  feuillets  précités,  sa  circonférence  externe  s'insinue 
entre  eux  jusqu'à  leurs  circonférences  mêmes  où  ils  sont 
accolés  l'un  à  l'autre  et  tantôt  elle  semble  être  en  conti- 
nuité avec  l'un  d'eux,  tantôt  s'arrête  avant  d'y  aboutir. 
C'est  le  cas  dans  la  moitié  antérieure  du  bord  blastoder- 
mique. 

Dans  sa  moitié  postérieure  la  circonférence  du  disque 
mésoblaslique  se  comporte  tout  autrement.  Dans  celte 
partie,  alors  que  certainement  on  se  trouve  encore  en 
dehors  de  l'embryon,  commence  déjà  à  apparaître  l'hypo- 
blasle  secondaire  décrit  précédemment.  Dans  ces  points  il 
n'est  guère  représenté  que  par  quelques  cellules  prismati- 
ques formant  un  rebord  saillant  au  blastoderme  et  on  le 
voit  se  continuer  en  dedans  avec  la  circonférence  externe 
du  mésoblasle.  Au  premier  abord  il  semble  que  ce  dernier 
contournant  le  bord  du  blastoderme  se  trouve  en  conti- 
nuité directe  avec  Pépiblaste,  l'hypoblaste  primitif  aminci 
dans  ces  points  se  glissant  au-dessous  de  ces  feuillets  en  y 
adhérant  à  peine. 

Le  disque  mésoblaslique  est  primitivement  assez  mince, 
mais  d'épaisseur  variable  cependant  dans  les  différents 
points  de  son  étendue.  Au  début,  il  est  exclusivement 
formé  de  cellules  aplaties,  fusiformes  à  la  coupe,  munies 
de  prolongements  lamellaires  anastomosés  entre  eux  de 
façon  à  constituer  un  réseau.  Ces  cellules  sont  disposées 
par  place  en  une  seule  rangée,  ailleurs  elles  se  super- 
posent en  deux  ou  trois  couches,  les  cellules  d'une 
rangée  s'anastomosant  d'ailleurs  avec  celles  de  la  rangée 
sus-  ou  sous-jacenle. 

Avant  de  poursuivre  l'étude  des  modifications  que  va 
subir  ce  mésoblasle  extra-embryonnaire,  voyons  quelle 


(  599  ) 

interprétation  nous  pouvons  donner  de  son  mode  de  for* 
malion. 

La  partie  du  blastoderme  qu'il  occupe,  c'esl-à-dire  son 
bord,  était,  comme,  nous  l'avons  vu ,  dans  toute  sa  partie 
antérieure,  primitivement  constituée  par  une  zone  cellu- 
laire indifférente  dans  laquelle  les  éléments  épiblasliques 
et  hypoblasliques  étaient  confondus.  C'est  aux  dépens  de 
cette  zone  que  par  différenciation  se  sont  produits  les 
trois  feuillets  isolés,  l'épiblaste,  le  mésoblasle  et  l'hypo- 
blasle,  et  il  est  assez  logique  d'admettre  que  le  feuillet 
moyen  est  encore  constitué  comme  la  zone  primitive,  c'esl- 
à-dire  par  une  fusion  des  éléments  de  l'épiblaste  et  de  l'hy- 
poblaste  primitifs. 

Ce  qui  rend  cette  interprétation  très  acceptable,  c'est  la 
façon  dont  se  comporte  le  mésoblasle  dans  sa  partie  pos- 
térieure. Là  nous  le  trouvons  en  continuité  avec  Phypo- 
blasle  secondaire,  il  s'accroît  aux  dépens  de  ce  feuillet. 
Or,  nous  le  savons,  il  provient  d'une  fusion  des  éléments 
de  l'épiblaste  et  de  l'hypoblaste  primitif. 

Le  mésoblasle  extra-embryonnaire  dérive  donc  dans 
tonte  son  étendue  de  zones  cellulaires  dans  lesquelles  se 
trouvent  mélangés  des  éléments  de  l'épiblaste  et  de  l'hypo- 
blaste primitif. 

Revenons  maintenant  aux  modifications  successives  qu'il 
présente.  Le  disque  mésoblastique  s'élargit  et  s'épaissit  peu 
à  peu  et  dans  le  réseau  cellulaire  qui  le  constitue  se  mani- 
feste une  tendance  à  la  formation  de  cavités.  D'abord  in- 
complètement délimitées,  de  forme  arrondie,  ces  cavités  se 
circonscrivent  peu  à  peu  et,  pour  autant  que  l'on  peut  s'en 
assurer  sur  des  coupes,  il  semble  que  bon  nombre  d'élé- 
ments se  groupent  à  la  façon  de  cellules  endothéliales  et 


(  4-00  ) 
circonscrivent  ainsi  des  canaux  de  calibre  variable  et  plus 
ou  moins  ramifiés. 

En  même  temps  de  nouveaux  éléments  se  développent 
dans  le  mésoblasle  et  lui  donnent  les  caractères  d'une  aire 
vasculaire,  ce  sont  les  ilôts  sanguins.  Le  disque  méso- 
blastique  immédiatement  après  sa  formation  présente  déjà 
les  premières  traces  de  ces  îlots  dans  sa  partie  tout  à  fait 
antérieure,  au-devant  et  autour  du  vestige  de  la  cavité  de 
segmentation.  Ces  débuts  d'aire  vasculaire  s'étendent  alors 
petit  à  petit  de  dedans  en  dehors,  puis  en  arrière  dans  les 
deux  tiers  antérieurs  environ  du  mésoblasle  et  se  mar- 
quent sous  forme  d'îlots  rangés  circulairement  à  quelque 
distance  de  la  circonférence  du  blastoderme.  On  les 
remarque  à  la  loupe  soulevant  Tépiblaste  à  leur  niveau 
et  produisant  ainsi  une  rangée  circulaire  de  nodosités. 

Ce  sont  des  masses  cellulaires  à  contours  arrondi?,  le 
plus  souvent  ovalaires  sur  les  coupes,  logées  au  milieu  des 
éléments  du  mésoblasle  que  j'ai  décrits  précédemment. 
Au  début  les  cellules  mésoblastiques  s'étalenl  simplement 
à  leur  surface  et  leur  forment  des  enveloppes  incom- 
plètes; plus  tard,  les  îlots  semblent  logés  dans  des  cavités 
bien  circonscrites  et  plus  tard  encore,  ils  sont  évidemment 
engagés  dans  des  parties  élargies  des  canaux  ramifiés, 
signalés  précédemment. 

Dans  les  blastodermes  les  plus  jeunes  on  ne  trouve 
généralement  qu'un  seul  de  ces  îlots  sur  une  suite  de 
coupes  radiées  du  feuillet  moyen.  Plus  tard  on  peut  en 
rencontrer  deux  et  même  trois,  et  quelquefois  on  les  voit 
pousser  des  prolongements  soit  vers  le  centre,  soit  vers  le 
bord  du  blastoderme.  En  même  temps  ils  se  développent 
dans  le  sens  de  la  circonférence  et  l'on  trouve  le  même 
îlot  sur  une  série  de  coupes  assez  nombreuses. 


(  404  ) 

Quelle  est  la  constitution  de  ces  îlots  sanguins? 

Dans  les  blastodermes  les  plus  jeunes,  ils  semblent  au 
premier  abord  constitués  par  une  masse  protoplasmique 
dans  laquelle  se  trouvent  disséminés  un  grand  nombre  de 
noyaux.  Parmi  ces  derniers  on  en  trouve  souvent  en  voie 
de  division  indirecte.  En  examinant  de  plus  près,  on  con- 
state cependant  qu'il  n'en  est  pas  absolument  ainsi  et  dans 
l'îlot  on  distingue  des  indices  d'une  division  plus  ou  moins 
complète;  tantôt  c'est  un  liséré  plus  clair  qui  circonscrit 
une  cellule  uninucléée,  tantôt  ce  sont  des  masses  plus  con- 
sidérables contenant  deux  ou  trois  noyaux  qui  sont  ainsi 
distinctes  les  unes  des  autres. 

Sur  des  blastodermes  plus  âgés,  cette  division  est  plus 
nette  encore  et  parmi  les  noyaux  on  remarque  des  diffé- 
rences notables.  Tandis  que  la  plupart  restent  sphériques 
ou  ovalaires,  on  en  distingue,  surtout  à  la  périphérie,  qui 
s'aplatissent  suivant  la  surface  de  l'îlot  et  présentent  sou- 
vent une  coupe  fusiforme.  Le  protoplasme  qui  les  entoure 
s'isole  sous  forme  de  lamelle  et  de  la  sorte  se  constitue 
une  sorte  de  gaîne  cellulaire  incomplète  d'abord.  Ce  pro- 
cessus se  poursuivant,  on  voit  bientôt  l'îlot  sanguin  se  divi- 
ser en  une  enveloppe  de  cellules  plates  et  un  contenu  de 
cellules  incomplètement  individualisées.  Quelquefois  même 
on  voit  de  semblables  cellules  aplaties  apparaître  dans  le 
milieu  de  l'îlot,  se  continuer  avec  la  gaîne  périphérique  et 
le  subdiviser  ainsi  en  deux. 

Aux  dépens  d'une  masse  de  cellules  primitivement  iden- 
tiques et  encore  en  partie  fusionnées  entre  elles,  se 
développent  donc  des  gaines  endothélioïdes  circonscrivant 
des  cavités  remplies  de  cellules  destinées  à  devenir  des 
corpuscules  du  sang.  Sur  les  blastodermes  les  plus  âgés 
que  j'ai  étudiés,  cette  transformation  est  accomplie  et  les 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  28 


(  402  ) 

ilols  sanguins  sont  devenus  des  caviiés  vasculaires  closes 
formées  d'une  paroi  et  d'un  contenu  constitué  par  une 
niasse  de  petites  cellules  sanguines  bien  isolées  et  sphé- 
riques.  Ces  cavités  vasculaires  sont  logées  dans  les  gaines 
périlhéliales  que  leur  forment  les  cellules  du  mésoblaste. 

Quelle  est  l'origine  de  ces  îlots  sanguins? 

El  est  facile  de  constater  que  ces  parties  ne  se  dévelop- 
pent pas  aux  dépens  des  éléments  du  mésoblaste.  Sur  un 
grand  nombie  d'entre  eux,  en  étudiant  des  coupes  succes- 
sives passant  par  les  mêmes  îlots,  on  arrive  à  constater 
qu'ils  se  développent  à  la  surface  de  l'hypoblasle.  Cette 
observation  peut  se  faire  sur  des  blastodermes  d'âge  très 
différent  et  même  sur  des  îlots  sanguins  plus  ou  moins 
développés. 

Si,  par  exemple,  sur  une  coupe  donnée  on  observe  un 
îlot  complètement  entouré  d'une  gaîne  périthéliale  et  dans 
lequel  les  cellules  périphériques  commencent  déjà  à  se  dif- 
férencier, on  pourra,  sur  les  coupes  successives,  suivies 
tantôt  d'avant  en  arrière,  tantôt  d'arrière  en  avant,  obser- 
ver les  modifications  suivantes  : 

L'îlot  se  rapprochera  de  l'hypoblasle  et  perdra  sa  gaîne 
périthéliale  de  ce  côté,  puis  sa  face  inférieure  libre  sera 
reçue  dans  une  dépression  de  l'hypoblasle,  les  cellules 
plaies  de  celte  face  disparaîtront  el,  enfin,  on  ne  distin- 
guera plus  de  limite  entre  l'îlot  et  les  cellules  hypoblasli- 
ques  sur  lesquelles  il  repose.  L'îlot  sanguin  diminue  de 
volume  el  bientôt  sa  présence  n'esl  plus  marquée  que  par 
une  élevure  de  l'hypoblasle  due  à  une  multiplication  de 
ses  éléments  à  ce  niveau. 

La  même  observation  peut  se  faire  plus  facilement 
encore  sur  les  coupes  longitudinales  de  pareils  îlots.  On 
constate  alors  que  par  une  de  leurs  extrémités  ils  se  con- 


(  405  ) 

tiniient  directement  avec  l'hypoblasie,  tandis  que  l'autre 
extrémité  s'élève  au-dessus  de  lui  et  linil  par  être  entourée 
complètement  par  les  cellules  du  mésoblaste  dans  lequel 
elle  s'engage. 

Les  premiers  îlots  sanguins  se  développent  donc  aux 
dépens  des  éléments  de  l'hypoblasie.  Ces  derniers  consti- 
tuent à  la  fin  de  ce  développement  les  parois  de  cavité 
vasculaires  closes  et  les  cellules  sanguines  qui  les  remplis- 
sent. 

Sur  les  blastodermes  les  plus  âgés  que  j'ai  étudiés  jusqu'à 
présent  on  constate  même  avec  la  plus  grande  facilité  le 
développement  de  cavités  de  ce  genre,  mais  vides  cette 
fois,  dans  Phypoblaste  lui-même  et  cela  dans  la  couche 
proloplasmatique  sous-jacente  aux  cellules  hypoblastiques 
épitliéliales.  Dans  certains  points  cette  couche  se  développe 
vers  la  profondeur  et  failsaillie  dansle  vilellus;  il  s'y  forme 
ensuite  des  cavités  sphériques  ou  ovalaires  complètement 
closes;  dans  leur  paroi  proloplasmatique  se  trouvent  ran- 
gés toute  une  couche  de  noyaux  bien  isolés  et,  dans  le 
centre  de  la  cavité,  on  trouve  tantôt  une  grande  cellule 
sphérique  isolée,  tantôt  une  petite  cavité  vide  bien  circon- 
scrite par  une  mince  paroi  dans  laquelle  se  trouvent  dis- 
séminés deux  ou  trois  noyaux  aplatis.  Ces  deux  cavités 
concentriques  sont  closes  de  toute  part,  l'interne  a  tout  à 
fait  l'aspect  d'une  cavité  circonscrite  par  un  endothélium 
embryonnaire;  elle  se  distingue  des  îlots  sanguins  complè- 
tement développés  par  ce  fait  qu'elle-ne  contient  aucune 
cellule  de  sang.  Jusqu'à  présent  je  ne  m'explique  pas  le 
but  de  ce  développement,  mais  j'ai  cru  utile  d'en  parler 
parce  qu'il  démontre  à  l'évidence  qu'aux  dépens  des  élé- 
ments de  l'hypoblasie  el  dans  ses  couches  les  plus  pro- 
fondes se  développent  des  cavités  à  parois  endothélioïdes. 

Passons  maintenant  à  l'étude  des  embrvons. 


(  404  ) 

Embryons. 

Les  embryons  des  blastodermes  dont  nous  venons  d'étu- 
dier la  portion  extra -embryonnaire,  quel  que  soit  leur 
développement,  peuvent  se  diviser  en  trois  parties  :  une 
antérieure,  une  moyenne  et  une  postérieure;  les  deux 
premières  comprennent  toute  la  partie  de  l'embryon  dans 
laquelle  le  tube  digestif  est  nettement  circonscrit;  la  der- 
nière est  constituée  par  le  bord  postérieur  de  l'embryon 
et  se  confond  avec  le  bord  postérieur  du  blastoderme. 

La  partie  antérieure,  complètement  libre,  proémine  plus 
ou  moins  en  avant  et  en  haut  au-dessus  du  centre  de  la 
portion  extra-embryonnaire  du  blastoderme.  Dans  toute 
cette  partie  le  tube  digestif,  circonscrit  de  toute  part,  a 
une  forme  assez  régulièrement  cylindrique  et  se  termine 
en  avant  dans  un  cul-de-sac  arrondi.  (Voir  fig.  4  sa  coupe 
transversale;  fig.  7  (a)  sa  coupe  longitudinale.) 


Fig.  4. 


La  partie  moyenne  de  l'embryon  est,  au  contraire,  adhé- 
rente au  blastoderme.  Dans  son  ensemble  elle  constitue  une 
gouttière  dont  la  concavité  regarde  vers  le  bas  et  dont  les 
bords  se  continuent  de  chaque  côté  avec  le  restant  du  blas- 
toderme. Dans  toute  cette  partie  moyenne  le  tube  digestif 
n'a  pour  paroi  inférieure  que  le  vitellus  et  le  feuillet  épi- 
thélial  ne  circonscrit  que  ses  parois  latérales  et  sa  face 


(  403  ) 

dorsale.  Comme  l'embryon  dans  son  ensemble,  ces  parois 
forment  une  gouttière  longitudinale  ouverte  vers  le  bas 
dont  les  bords  insérés  sur  le  vitellus  se  continuent  en 
dehors  avec  Phypoblaste  primitif.  Voir  figure  5.  (Sur  les 
embryons  les  plus  jeunes  la  corde  dorsale  forme  encore  la 
partie  médiane  de  la  voûte.) 


Fiç.  o. 


La  partie  postérieure  de  ces  embryons  varie  évidem- 
ment d'aspect  avec  l'âge,  mais  elle  présente  toujours  cer- 
tains caraclères  généraux  essentiels  Etd'abord  elle  est  libre 
au-dessus  du  vitellus;  à  sa  face  supérieure  elle  présente  la 
gouttière  neurale  plus  ou  moins  profonde  et  à  son  extré- 
mité postérieure  elle  se  termine  par  un  bord  épais  arrondi 
suivant  lequel  l'épiblaste  se  continue  avec  les  feuillets  infé- 
rieurs. Sur  la  ligne  médiane  la  gouttière  neurale  qui  con- 
tourne ce  bord  amène  une  échancrure  plus  ou  moins  pro- 
fonde et  de  chaque  côté  de  cette  échancrure  le  bord  qui 
se  relève  présente  deux  saillies  latérales  plus  ou  moins 
prononcées,  les  protubérances  caudales.  (Voir  P  et  Pc, 
fig.  6.) 

Celte  partie  postérieure  de  l'embryon  prolonge  en 
arrière  la  gouttière  que  forme  sa  partie  moyenne,  mais 
n'est  plus  reliée  au  vitellus  et  s'étale  plus  ou  moins  dans 
un  plan  horizontal. 

La  figure  7  représente  une  coupe  verticale  anléro-pos- 


(  406  ) 
térieure  médiane  du  plus  jeune  embryon  de  celte  série,  de 
celui  qui  est  représenté  figure  6  vu  par  sa  face  supérieure. 
Sur  cette  coupe  on  dislingue  nettement  la  partie  anté- 
rieure de  l'embryon  (a);  quant  à  la  partie  postérieure  (p), 
on  voit  comment  elle  se  comporte  vis-à-vis  du  vitellus, 
maison  ne  peut  constater  sa  limite  vis-à-vis  de  la  portion 
moyenne. 


Fig.  6. 


Fig.  7. 

Cet  embryon  étant  le  plus  intéressant  au  point  de  vue 
du  développement  du  mésoblasle,  de  la  corde  et  de  l'épi- 
thélium  du  tube  digestif  pour  lequel  nous  réserverons  le 
nom  à" endoblaste,  ce  sera  lui  qui  me  servira  de  type  dans 
l'exposé  que  je  vais  faire  de  ces  processus. 

Dans  cet  embryon  le  mésoblasle,  la  corde,  l'endoblaste 


(  M»  ) 

sont  formés,  mais  commuent  encore  à  se  développer  aux 
deux  extrémités. 

Voyons  comment  se  forment  ces  parties  à  Vcxtréihile 
antérieure  d'abord.  Sur  des  coupes  transversales  de  cette 
extrémité  passant  par  le  fond  du  cul-de-sac  antérieur  du 
tube  digestif,  on  constate  que  l'hypohlaste  secondaire  con- 
stitue encore  la  voûte  de  la  cavité.  (Cette  dernière  doit 
donc  encore  en  ce  point  être  considérée  comme  l'archen- 
téron.) 

De  plus,  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  en  dehors 
d'un  groupe  de  cellules  occupant 
le  milieu  de  la  voûte,  on  voit 
répilhélium  de  la  cavité,  c'est- 
à-dire  Phypoblasle  secondaire,  se 
continuer  dans  deux  masses  mé- 
soblasliques  qui  se  prolongent 
latéralement  en  dehors  du  tube 
digestif  entre  lui  et  l'épiblaste.  (Voir  fig  8.)  Il  en  résulte 
donc  que  le  mésoblaste  se  développe  ici  comme  dans 
l'Amphioxus  avec  cette  différence  que  l'hypohlaste  ne  se 
prolonge  pas  dans  un  cul-de-sac  creux,  mais  forme,  au 
contraire,  de  chaque  côté,  un  prolongement  compacte. 
Quand  on  examine  des  coupes  transversales  de  plus 
en  plus  postérieures,  on  voit  la 
continuité  entre  1'liypoblaste  et  le 
mésoblaste  devenir  moins  nette, 
puis  s'interrompre  à  un  moment 
donné.  La  voûte  de  la  cavité  diges- 
live  est  de  nouveau  formée  par 
une  couche  épilhéliale  continu* 
(v.  fig.  9)  dans  laquelle  se  manifestent  bientôt  les  premiers 


Fig.  8. 


Fie.  y. 


(  408  ) 
indices  du  processus  amenant  la  formation   de  ia  corde 
dorsale.  Voici  en  quoi  il  consiste. 

Si  l'on  suit  ces  coupes  d'avant  en  arrière,  on  voit  d'abord 

la  voûte  du  tube  digestif  se 
soulever  sur  la  ligne  médiane 
de  façon  à  former  gouttière 
(voir  fig.  10);  cette  gouttière 
devient  de  plus  en  plus  pro- 
Fj„  10  fonde  et  les  cellules  qui  en 

forment  la  voûte  prennent 
la  forme  de  cônes  à  bases  tournées  vers  le  haut,  tous  les 
sommets  tronqués  de  ces  cellules  formant  ainsi  le  fond  de 
la  gouttière.  L'ensemble  de  ces  éléments  groupés  se  dis- 
tingue ainsi  du  restant  de  l'épi thélium  et  constitue  la 
corde  dorsale.  La  coupe  transversale  de  cette  dernière 
représente  vaguement  un. trapèze  à  base  supérieure.  Le 
bord  supérieur  de  la  corde  assez  étendue  est  fortement 
convexe;  son  bord  inférieur,  très  court,  concave,  forme  le 
fond  de  la  gouttière  précitée;  ses  bords  latéraux,  presque 
horizontaux,  mais  un  peu  obliques  en  bas  et  en  dedans, 
reposent  sur  les  cellules  de  l'endoblaste  voisin.  Celui-ci 
forme  les  côtés  de  la  gouttière  et  au  contact  de  la  corde 
semble  coupé  en  biseau  aux  dépens  de  sa  face  externe,  de 
telle  sorte  que  les  cellules  qui  le  forment  à  ce  niveau  se 
glissent  sous  les  parties  latérales  de  la  corde  et  ne  laissent 
celte  dernière  à  nu  que  tout  à  fait  sur  la  ligne  médiane. 
(V.  fig.  11).  C'est  dans  cet  état  que  persiste  la  corde 
dorsale  dans  toute  la  partie  moyenne  de  l'embryon.  Nous 
verrons  tantôt  comment  elle  se  comporte  au  bord  posté- 
rieur de  ce  dernier. 

Sur  un  embryon  plus  âgé  on  voit  ce  processus  se  pour- 
suivre, les  deux  moitiés  de  'endoblaste  qui  se  glissent  de 


(  409  ) 

dehors  en  dedans  sous  la  corde  dorsale  se  rejoignent  au- 
dessous  d'elle,  l'isolent  complètement  et  forment  la  voûte 
du  tube  digestif. 


De  ces  observations  il  résulte  donc  qu'aux  dépens  de 
l'hypoblaste  secondaire  qui  constitue  la  voûte  de  la  cavité 
archenlèrique  se  forment  d'abord  en  avant  les  deux 
feuillets  mésoblastiques  latéraux,  puis  plus  en  arrière  la 
corde  dorsale.  Le  restant  du  feuillet  constitue  l'endoblaste. 
Dans  l'accroissement  de  l'extrémité  antérieure  de  l'embryon 
le  mésoblaste  se  forme  donc  en  premier  lieu,  puis,  seule- 
ment ensuite,  du  restant  de  l'hypoblaste  secondaire  qui 
forme  la  voûte  du  tube  digestif,  s'isole  la  corde  dorsale. 

Quant  au  plancher  de  cette  cavité,  il  se  développe  mani- 
festement aux  dépens  de  la  couche  protoplasmatique 
nucléée  de  la  surface  du  vitellus  C'est  à  l'extrémité  posté- 
rieure de  la  partie  antérieure  de  l'embryon  que  l'on  observe 
ce  développement.  En  ce  point,  le  plancher  du  cul-de-sac 
antérieur  du  tube  digestif  aboutit  au  vitellus  et  se  continue 
d'une  part,  en  avant,  avec  l'hypoblaste  primitif  de  la 
portion  extra-embryonnaire  du  blastoderme,  d'autre  part, 
en  arrière,  avec  cette  couche  protoplasmatique  dont  je 
parle  (v.  fig.  7).  Dans  cette  dernière  les  noyaux  abondent, 
bourgeonnent,  les  cellules  se  forment  en  grand  nombre 


(  410 

comme  je  l'ai  décrit  au  début  de  celle  élude,  el  consti- 
tuent l'endoblaste  de  la  paroi  inférieure  du  tube  digestif. 
C'est  dans  la  partie  postérieure,  donc  à  Vautre  extrémité 
de  l'embryon,  que  nous  retrouvons  ces  différentes  parties 
en  voie  de  développement.  Pour  bien  saisir  la  nature  des 
processus  qui  s'y  passent,  il  faut  en  premier  lieu  avoir  une 
juste  idée  de  la  disposition  des  feuillets  inférieurs  de  cette 
portion  de  l'embryon. 


Fig.  Mb. 


Hyp.j 


Ëncomparant  les  deux  coupeslransversalesd'un  embryon 
un  peu  plus  âgé  que  celui  représenté  ligure  6  (l'une  de  ces 
coupes,  fig.  11  «,  passe  par  l'extrémité  postérieure  de 
la  partie  moyenne  de  l'embryon,  l'autre  fig.  11  b,  passe 
par  la  partie  postérieure  même);  on  voit  que  d'avant  en 
arrière  les  parois  latérales  du  tube  digestif  s'abaissent,  la 
voûte  au  contraire  s'élargit,  puis  dans  la  partie  postérieure 
s'étale  et  constitue  le  feuillet  inférieur  de  celte  partie  de 
l'embryon.  Or,  chez  les  embryons  plus  jeunes,  le  feuillet 
qui  forme  la  voûte  de  la  cavité  arcbenlérique  en  arrière 
est  constitué  par  l'hypoblaste  secondaire.  Sur  l'embryon 
que  nous  éludions  maintenant  aux  dépens  de  cet  hypo- 


(  411    ) 

blasle  secondaire  se  sont  constitués  le  mésoblaste,  l'endo- 
blaste et  la  corde  dorsale;  de  pins,  c'est  aux  dépens  de  ce 
même  hypoblaste  que  ces  différentes  parties  continuent  à 
se  développer. 

Voyons  comment  : 

A  l'extrémité  antérieure  de  l'embryon,  rappelons  que 
si  l'on  envisage  la  voûte  de  la  cavité  archenlérique  d'avant 
en  arrière,  c'est  d'abord  le  mésoblaste  qui  se  développe  de 
chaque  côté,  puis  plus  en  arrière  seulement  la  corde  s'isole 
à  son  tour. 

A  l'extrémité  postérieure,  c'est  dans  le  même  ordre  que 
se  produisent  ces  différentes  parties  et  celte  fois  d'arrière 
en  avant.  Toula  fait  en  arrière,  c'est-à-dire  tout  au  bord 
postérieur  de  l'embryon,  le  mésoblaste  naît  de  chaque  côté 
de  l'hypoblasle,  puis  beaucoup  plus  en  avant  seulement, 
la  corde  dorsale  s'isole  du  milieu  de  la  voùle. 

Sur  des  coupes  transversales  de  celte  région  on  observe, 
à  peu  de  différence  près,  ce  que  Balfour  a  si  bien  observé 
sur  les  embryons  de  Pristyurus.  Il  n'y  a  de  différence  que 
pour  la  corde  dorsale  que  l'on  voit  se  développer  au  milieu 
de  la  voûte  d'arrière  en  avant  comme  elle  le  fait  d'avant 
en  arrière  à  l'extrémité  antérieure. 

Si  l'on  étudie  au  contraire  des  coupes  verticales  antéro- 
postérieures  successives,  de  dedans  en  dehors  à  partir  de 
la  ligne  médiane,  on  observe  d'abord  sur  toutes  que  l'épi- 
blaste  contourne  comme  auparavant  le  bord  postérieur  de 
l'embryon,  et  se  continue  toujours  avec  une  masse  cellu- 
laire identique  sur  toutes  les  coupes,  l'hypoblasle  secon- 
daire. Cet  hypoblaste  constitue  donc  la  voûle  de  la  cavité 
archenlérique  dans  toute  l'étendue  de  son  extrémité 
postérieure; il  forme, si  l'on  préfère,  la  lèvre  supérieure  du 
blaslopore. 

Parlons    maintenant   de    la   ligne   médiane  et   voyons 


comment  se  comporte  cet  hypoblaste  secondaire  en  avant  : 
Sur  une  ligne  médiane  (fig.  12)  il  se  continue  avec  la 
corde  dorsale. 


#gpj 


Fig.  12. 


Sur  la  coupe  suivante  (lig.  13)  l'endoblaste  apparaît  sous 
forme  d'une  mince  lamelle  cellulaire  au-dessous  de  la  corde. 


ca. 

'End- 


'Bjjp.J 


Fig.  13. 

Plus  en  dehors  encore  (voir  fig.  14)  la  corde  a  disparu  et 
l'endoblaste  lui  a  succédé;  il  se  continue  à  son  tour  en 
arrière  avec  l'hypoblaste  secondaire.  Le  mésoblasle  appa- 
raît en  même  temps,  mais  complètement  libre  dans  l'espace 
séparant  l'épi blaste  de  l'endoblaste. 


Fig.  14. 

Celte  disposition  ne  persiste  que  sur  un  petit  nombre 
de  coupes  (3  ou  A  au  plus  épaisses  de  !/ioo  mill.)  et 
brusquement  la  continuité  entre  l'endoblaste  et  le  méso- 
blasle est  interrompue,  l'endoblasle  s'amincit  et  se  ter- 
mine en  arrière  par  une  extrémité  effilée,  derrière  laquelle 


(  413) 


le  mésobiaste    enlier  descend   pour   se   continuer  avec 
l'hypoblasle  secondaire  (fig.  15). 


Fie.   15. 


Celle  nouvelle  disposition  se  présente  sur  toute  [une 
série  découpes,  puis  la  limite  entre  l'endoblaste  et  l'hypo- 
blasle devient  moins  nette,  l'endoblaste  reprend  plus 
d'épaisseur  en  arrière,  ses  cellules  deviennent  prisma- 
tiques el  s'accolent  à  la  face  antéro-inférieure  de  l'hy- 
poblaste  au  point  où  il  se  continue  dans  la  face  inférieure 
du  mésobiaste.  Enfin  la  continuité  s'établit  entre  les  deux. 


Fie.  16. 


Seulement  il  faut  remarquer  que  les  coupes  qui  présentent 
cette  dernière  disposition  passent  déjà  fort  en  dehors  de 
la  ligne  médiane,  n'atleignent  plus  l'embryon  dans  leur 
partie  antérieure  et,  par  conséquent,  traversent  déjà  plutôt 
la  partie  postérieure  de  la  portion  extra-embryonnaire  du 
blastoderme.  A  leur  niveau,  en  effet,  le  mésobiaste,  peu 
étendu  d'arrière  en  avant,  constitue  la  partie  postérieure 
du  disque  mésoblastique  périphérique,  et  sur  les  coupes 
les  plus  externes  on  constate  les  faits  décrits  déjà  dans  la 
première  partie  de  ce  travail. 

11  est  aisé  de  démontrer  qu'aux  deux  extrémités  de 
l'embryon  les  processus  qui  amènent  la  formation  de  la 


(  414  ) 

corde  dorsale,  du  mésoblasle  et  de  l'endoblaste  sont  au 
fond  identiques. 

Comparons,  par  exemple,  la  ligure  8  qui  représente 
l'extrémité  antérieure  au  niveau  de  la  formation  du  méso- 
blaste  à  la  ligure  15  qui  représente  celle  même  formation 
en  arrière.  Dans  le  premier  cas  nous  voyons  le  mésoblasle 
situé  en  dehors  de  l'endoblaste  longer  ce  feuillet  de  bas  en 
haut,  puis  le  contourner  et  passer  par-dessus  son  extré- 
mité supérieure  effilée  pour  arriver  à  former  la  paroi  de 
l'archenléron,  c'est-à-dire  pour  se  continuer  avec  l'hypo- 
blaste  secondaire. 

Dans  le  second  cas  le  mésoblasle  est  situé  au-dessus  de 
l'endoblaste  et  passe  derrière  lui  pour  se  continuer  avec 
l'hypoblasle  qui  forme  aussi  en  arrière  la  voûte  de  la  cavité 
archentérique. 

Aux  deux  extrémités  de  l'embryon  nous  trouvons  donc 
Ja  voûte  de  la  cavilé  archentérique  primitivement  formée 
par  l'hypoblasle  secondaire,  et  des  deux  côtés  de  la  ligne 
médiane  à  une  certaine  dislance  en  dehors  d'elle,  nous 
voyons  les  deux  moitiés  du  mésoblaste  émaner  d'un  point 
déterminé  de  ce  feuillet  et  amener  ainsi  sa  division  en 
endoblaste  et  lieu  d'origine  du  mésoblaste  (lèvre  supé- 
rieure du  blaslopore  en  arrière). 

En  second  lieu,  pour  ce  qui  regarde  la  corde  dorsale,  à 
l'extrémité  antérieure  de  l'embryon,  c'est  assez  loin  en 
arrière  vers  l'extrémité  postérieure  de  la  portion  anté- 
rieure qu'où  la  voit  se  former  sur  la  ligne  médiane  à  la 
voûte  de  la  cavilé  digestive. 

A  l'extrémité  postérieure  de  l'embryon,  si  le  processus 
est  le  même,  nous  allons  trouver  d'arrière  en  avant  ce  que 
nous  avons  rencontré  d'avant  en  arrière  à  l'extrémité 
antérieure.  Or,  c'est  précisément  ce  qui  a  lieu  et  c'esl  assez 
loin  en  avant  des  lieux  d'origine  du  mésoblasle  que  la 
corde  dorsale  s'isole  à  la  voûte  de  la  cavité  digestive. 


(  415  ) 

La  différence  la  plus  grande  qu'il  y  ait  entre  ces  deux 
extrémités,  c'est  que,  en  avant,  la  voûte  de  la  cavité  est 
continue  sur  la  ligne  médiane  et  occupe  l'intervalle  entre 
les  lieux  d'origine  du  mésoblasle.  En  arrière,  cette  voûte 
manque  dans  une  grande  partie  de  son  étendue,  elle  est 
entamée  par  l'échancrure  médiane  que  présente  le  bord 
postérieur  de  l'embryon.  Cette  échancrure  est  due  à  la 
présence  de  la  gouttière  neurale  à  la  l'ace  supérieure, gout- 
tière qui  contourne  le  bord  postérieur  de  l'embryon  et  se 
continue  au-dessous  avec  l'hypoblasie  de  la  voûte.  En 
dedans  des  lieux  d'origine  du  mésoblasle  il  ne  reste 
plus  qu'un  mince  vestige  de  cette  zone  médiane  de  l'hypo- 
blasie; il  longe  les  bords  de  l'échancrure  pour  se  con- 
tinuer au  fond  -avec  l'hypoblasie  qui  forme  la  voûle  en 
avant  d'elle.  Ce  sont  ces  minces  lamelles  hypoblastiques 
qui,  en  dehors  de  la  corde,  établissent  la  continuité 
observée  entre  l'endoblaste  et  l'hypoblasie  sur  les  coupes 
représentées  figure  14. 

Conclusions. 

1°  Le  mésoblasle  a  pour  origine  des  parties  du  blasto- 
derme dans  lesquelles  existe  un  mélange  de  cellules 
épiblastiques  et  hypoblasliques. 

Dans  toute  la  partie  antérieure  du  blastoderme  le  bord 
de  ce  dernier  constitue  un  de  ces  lieux  d'origine. 

Dans  toute  la  partie  postérieure  ce  mélange  de  cellules 
amène  d'abord  la  formation  d'un  feuillet  spécial  auquel 
j'ai  donné  le  nom  d'hypoblaste  secondaire; 

2°  La  voûte  de  la  cavité  archentérique  (intestin  primitif) 
de  l'embryon  est  constituée  par  cet  hypoblasle  secondaire 
et  c'est  de  ce  feuillet  spécial  qu'émanent  la  corde  dorsale 
et  les  deux  feuillets  latéraux  du  mésoblasle.  Ces  forma- 
tions se  produisent  comme  chez  l'Amphioxus  avec  celle 


(  416  ) 

différence  cependant  que  la  corde  et  le  mésoblaste  ne  sont 
pas  creux  et  ne  présentent  pas  de  diverticules  de  la  cavité 
digestive; 

5°  Une  fois  formées,  ces  parties  continuent  à  croître  aux 
deux  extrémités  de  l'embryon,  suivant  le  même  processus. 
Cependant  ce  mode  d'accroissement  persiste  beaucoup 
plus  longtemps  à  l'extrémité  postérieure; 

4°  Les  premiers  vestiges  des  vaisseaux  et  du  sang 
apparaissent  dans  la  partie  périphérique  de  la  zone  extra- 
embryonnaire du  blastoderme  et  cela  dans  la  partie  anté- 
rieure de  ce  dernier; 

5°  Ce  sont  des  îlots  sanguins  qui  ont  pour  origine  les 
cellules  de  l'hypoblaste  et  bourgeonnent  à  la  surface  de  ce 
dernier.  Ils  s'engagent  dans  le  mésoblaste  et  s'isolent 
ensuite  de  la  couche  qui  leur  a  donné  naissance; 

6°  Les  éléments  de  ces  îlots,  d'abord  tous  semblables,  se 
différencient  de  façon  à  constituer  des  amas  de  cellules  du 
sang  et  la  paroi  d'une  cavité  vasculaire  qui  les  contient.  Le 
tout  est  enveloppé  par  les  cellules  mésoblastiques  qui 
forment  des  gaines  à  ces  îlots; 

7°  Il  est  essentiel  de  distinguer  nettement  l'hypoblaste 
secondaire  de  l'hypoblaste  primitif  et  de  l'endoblaste; 

8°  Dans  l'embryon,  Yhypoblaste  secondaire  forme  la 
voûte  de  la  cavité  archenlérique. 

L'hypoblaste  primitif  forme  le  plancher  de  cette  cavité 
en  avant. 

Le  nom  d'endoblaste  est  donné  à  Yépithélium  du  tube 
digestif,  c'est-à-dire  à  la  paroi  de  ce  tube  moins  la  corde 
dorsale  et  la  zone  d'origine  du  mésoblaste. 

Cet  endoblaste  est  donc  formé  par  l'hypoblaste  primitif 
et  par  ce  qui  reste  de  l'hypoblaste  secondaire,  quand  le 
mésoblaste  et  la  corde  dorsale  s'en  sont  séparés. 


(  417  ) 


ceasse  des  lettres. 


Séance  du  4  mai   1885. 

M.  Ch.  Piot,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  P.Willems,  vice-directeur;  Gachard, 
P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove, 
R.  Chalon,  Thonissen,  Th.  Juste,  Félix  Nève,  Alph.  Wau- 
lers,  Ëm.  de  Laveleye,  G.  Nypels,  Alph.  Le  Roy,  A.Wage- 
ner,  F.  Tielemans,  G.  Rolin-Jaequemyns,  S.  Bormans, 
Ch.  Potvin,  J.  Stecher,  T.-J.  Lamy,  Aug.  Scheler,  P.  Hen- 
rard,  membres;  J.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland, 
Alph.  Rivier,  associés;  L.  Vanderkindere  et  A.  Henné, 
correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


Une  lettre  du  palais  du  Roi  exprime  les  regrets  de  Leurs 
Majestés  le  Roi  et  la  Reine  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
publique  du  séance  6  mai. 

Des  regrets  semblables  sont  exprimés  par  M.  le  général 
Burnell,  au  nom  de  LL.  AA.  RR.  le  Comte  et  la  Comtesse 
de  Flandre. 

Zme   SÉRIE,   TOME  IX.  29 


(  448  ) 
MM.  De  Lantsheere,  président  de  la  Chambre  des  repré- 
sentants, le  chevalier  de  Moreau,  Ministre  de  l'Agriculture, 
le  prince  de  Caraman  Chimay,  Ministre  des  Affaires 
étrangères,  Vandenpeereboom,  Ministre  des  Chemins  de 
fer,  Postes  et  Télégraphes,  le  général  Ponlus,  Ministre  de 
la  Guerre,  et  Rommelaere,  secrétaire  de  l'Académie  royale 
de  médecine,  remercient  pour  leurs  invitations  à  la  même 
solennité. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  envoie,  pour  la 
bibliothèque  de  l'Académie:  1°  le  n°  13  des  publications 
de  la  Société  des  bibliophiles  anversois  :  Marques  typogra- 
phiques des  imprimeurs  et  libraires  anversois,  recueillies 
par  le  chevalier  G.  van  Havre.  Tome  Ier;  2°  Le  Muséon, 
revue  internationale,  tome  IV,  nos  1  et  2.  Janvier  et  mars 
1885.  —  Remercîments. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  adresse  une  expédition 
des  arrêtés  royaux  décernant  :  1°  le  prix  quinquennal  de 
littérature  néerlandaise  pour  la  période  de  1880-1884  à 
M.  J.  Van  Beers,  professeur  à  l'athénée  royal  d'Anvers, 
pour  son  ouvrage  intitulé:  Rijzende  Blaren;  2°  le  prix 
triennal  de  littérature  dramatique  en  langue  française 
(période  de  1882-1884),  à  M.  Laurent  de  Coninck,  avocat 
à  Saint-Gilles  lez-Bruxelles,  pour  sa  comédie  intitulée: 
La  Question  d'Occident. 

—  L'Académie  royale  des  sciences  d'Amsterdam  envoie 
le  programme  pour  1885  du  concours  pour  le  prix  de 
poésie  latine  fondé  par  Hœufft. 

—  M.  l'avocat  Dario  Bertolini,  à  Porlogruaro  (Vénétie), 
envoie  une  note  manuscrite,  écrite  en  italien,  sur  une 


(  419  ) 

inscription  de  Magistrat  romain  de  la  Gaule  belgique,  qui 
aurait  échappé  à  J.  Roulez,  dans  son  Mémoire,  imprimé  par 
l'Académie,  sur  les  Magistrats  romains  de  la  Belgique, 
tome  XVII.  —  Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Wagener,  Wau- 
ters  et  Willems. 

—  M.  V.  Bouton  adresse  un  exemplaire  de  la  note 
imprimée  sur  la  «  fabrication  des  tomes  Ier  et  III  de 
l'armoriai  du  héraut  Gelre  ». 

—  La  Classe  reçoit  à  titre  d'hommage  les  ouvrages  sui- 
vants, au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  : 

1°  Gazette  archéologique,  1885,  nos  3  et  4,  par  J.  de 
Wilte  et  R.  de  Lasleyrie; 

2°  Le  Sénat  de  la  République  romaine,  par  P.  Willems  : 
Appendices  du  tome  l  et  Registres; 

5°  Graf  Philipp  Cobenzl  und  seine  Memoiren,  par  le 
chevalier  A.  von  Arneth,  associé  de  la  Classe,  à  Vienne; 

4°  Collecçao  de  Tratados  da  India,  t.  VI,  par  J.-F.  Biker, 
de  Lisbonne; 

5°  Notes  et  documents  sur  les  juifs  de  Belgique  sous 
l'ancien  régime,  par  Em.  Ouverleaux; 

6°  Grammaire  française,  par  B.  van  Hollebeke  et 
0.  Merten  ; 

(Ces  deux  derniers  ouvrages  ont  été  présentés,  respec- 
tivement, par  MM.  Alph.  Wauters  et  J.  Stecher,  avec  des 
notes  bibliographiques  qui  figurent  ci-après); 

7°  a)  La  Mythologie  comparée  et  les  travaux  de  Guil- 
laume Mannhardt;  b)  L'origine  européenne  des  Aryas; 
c)  La  nouvelle  université  orientale  d'Angleterre,  par  J.  Van 
den  Gheyn,  S.  J.  (Présentés  par  M.  Nève.) 


(  420  ) 

Bibliographie. 
\°  Note  lue  par  M.  Stecher  : 

a  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  au  nom  de  MM.Mer- 
ten,  professeur  à  l'Université  de  Gand,  et  Van  Hollebeke, 
inspecteur  principal  honoraire  de  l'enseignement  primaire, 
leur  Grammaire  française  à  l'usage  des  athénées,  des 
collèges  et  des  écoles  moyennes. 

»  Cette  œuvre  des  deux  auteurs  associés  est  la  refonte 
complète  d'une  autre  grammaire  publiée  par  eux  en  1870. 
Le  suffrage  de  deux  conseils  de  perfectionnement  et  l'ac- 
cueil sympathique  des  écoles  les  ont  encouragés  à  profiter 
de  l'expérience  acquise  pour  réaliser  de  la  façon  la  plus 
sobre  et  la  plus  pratique  le  programme  recommandé  dans 
l'arrêté  royal  du  11  décembre  1882.  MM.  Merten  et  Van 
Hollebeke  ont  donc  visé,  en  quelque  sorte,  au  minimum 
de  grammaire  indispensable,  en  évitant  de  toucher  aux 
problèmes  de  philologie  ou  de  linguistique.  C'est  pour 
cela,  par  exemple,  qu'ils  se  sont  crus  autorisés  à  omettre 
le  chapitre  de  la  formation  des  temps.  L'explication  natu- 
relle et  rationnelle  ne  leur  semblait,  sans  doute,  possible 
que  par  le  latin,  comme  on  voit  dans  Mâtzner,  dans  Bra- 
chet  et,  quelque  peu,  dans  Chassang.  » 

2°  Note  lue  par  M.  Alph.  Wauters  : 

«  La  brochure  intitulée  :  Notes  et  documents  sur  les 
Juifs  de  Belgique  sous  l'ancien  régime,  par  Emile  Ouver- 
leaux,  conservateur  adjoint  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Bruxelles,  a  paru  dans  la  Revue  des  études  juives.  Elle  est 
le  résultat  de  longues  recherches  dans  les  bibliothèques  et 


I  «I  ) 

les  archives  et  abonde  en  faits  curieux,  en  renseignements 
de  tout  genre.  Elle  est  écrite  avec  le  plus  grand  soin  et 
dans  des  idées  très  justes. 

L'auteur  fait  d'abord  remarquer  le  grand  nombre  de 
localités  qui  rappellent,  en  Belgique,  le  séjour  des  Juifs 
dans  les  temps  anciens.  Qu'il  me  soit  permis,  à  ce  propos, 
de  citer  un  acte  qui  m'est  tombé  sous  les  yeux  ce  matin 
même  et  où  l'on  voit  qu'à  Bruxelles  les  Juifs  n'étaient  pas 
parqués  dans  le  quartier  dit  des  Escaliers  des  Juifs  et  où 
se  trouvait  la  synagogue  :  cet  acte,  du  XIVe  siècle,  men- 
tionne un  Abraham  Judeas  ou  le  juif  habitant  rue  de  la 
Fourche  (1). 

Le  chapitre  intitulé  :  Transactions  des  Juifs  nous  fait 
connaître  une  obligation  contractée,  en  1344,  par  un 
habitant  du  village  de  Rosières-Notre-Dame  envers  un 
juif  de  Blaton  et  au  dos  de  laquelle  existe  une  note  en 
hébreu.  Cette  pièce  curieuse  existe  aux  Archives  du 
royaume.  Dans  le  chapitre  suivant  :  Sépultures  des  Juifs, 
l'auteur  décrit  et  explique  une  pierre  tombale  provenant 
de  l'ancien  cimetière  des  Juifs  à  Tirlemont  et  datant  de 
l'année  1255-1256;  ce  monument,  si  digne  d'intérêt,  du 
XIIIe  siècle,  doit  se  trouver,  à  l'heure  qu'il  est,  au  Musée 
des  antiquités  de  la  porte  de  Hal.  On  sait  que  les  Juifs, 
avant  l'explosion  d'intolérance  qui  caractérisa  le  XIVe 
siècle,  étaient  très  nombreux  à  Tirlemont,  où  ils  occu- 
pèrent une  partie  de  la  ville,  à  laquelle  resta  le  nom  de 
Joden  casteel  ou  Château  des  Juifs. 


(1;  Domistadum  cum  domo  superstanle,  situm  in  vico  dicto  Gryp- 
strate,  in  quo  quondam  commorari  consuevit  Abraham  Judeus.  Lettre 
échevinale  de  l'an  1334,  dans  un  Cartulaire  de  l" église  de  V hôpital  Saint- 
Jean,  aux  Archives  de  la  ville. 


(  422  ) 

Ce  que  dit  M.  Ouverleaux  des  décrets  de  Joseph  H  rela- 
tifs à  l'inhumation  des  Israélites  et  de  leurs  conséquences 
est  très  intéressant.  On  voit  à  Bruxelles  les  décès  d'Israé- 
lites iigurer  dans  les  derniers  registres  mortuaires  de 
Sainte-Gudule  ;  c'est  que  «  juifs  et  protestants  étaient, 
j>  aussi  bien  que  les  catholiques,  transportés  au  cimetière 
»  dans  le  char  funèbre  de  l'église,  et  même  inhumés  par 
»  les  soins  de  l'administration  de  la  paroisse;  ils  étaient 
»  soumis,  sauf  les  pauvres,  aux  mêmes  droits  de  trans- 
»  port  et  d'enterrement  »  (p.  14). 

On  lira  avec  non  moins  d'intérêt  tout  ce  qui  est  dit 
dans  le  travail  de  M.  Ouverleaux  du  serment  particulier 
imposé  aux  Juifs,  des  tentatives  faites  par  eux  pour  s'éta- 
blir aux  Pays-Bas  catholiques,  des  taxes  qui  leur  étaient 
imposées,  etc.  Signalons  notamment  ce  qui  se  passa,  en 
1653  et  1654,  lorsque  des  Juifs  offrirent  au  gouverne- 
ment espagnol  une  somme  considérable  afin  de  pouvoir 
s'établir  librement  à  Vilvorde.  Une  commission  spéciale, 
présidée  par  l'archevêque  de  Malines  Boonen,  fut  chargée 
d'examiner  cette  affaire;  son  avis,  remarquable  par  des 
considérations  très  judicieuses,  conclut  dans  un  sens  favo- 
rable à  la  requête,  mais  une  lettre  impérative  du  nonce, 
dictée  par  le  pape  Innocent  X  et  adressée  au  roi  Phi- 
lippe IV,  mit  fin  à  la  négociation. 

Comme  on  le  voit  par  ce  rapide  exposé,  qu'il  me  serait 
facile  d'allonger  de  beaucoup,  le  travail  de  M.  Ouverleaux 
mérite  l'attention  de  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'étude 
de  nos'annales.  A  une  époque  où  la  question  anti-sémi- 
tique s'est  éveillée,  où  l'on  a  vu,  dans  des  pays  qui  se 
prétendent  très  éclairés,  se  reproduire  des  scènes  de  sau- 
vagerie rappelant  les  fureurs  populaires  du  XIVe  siècle, 
on  doit  savoir  gré  à  notre  auteur  d'avoir  rassemblé,  sans 
passion  et  sans  partialité,  tout  ce  qui  est  de  nature  à 


(  423  ) 

éclairer  le  passé  de  la  population  juive  dans  notre  pays, 
passé  à  propos  duquel  nous  ne  possédions  que  des  infor- 
mations incomplètes.  » 

ÉLECTIONS. 

La  Classe  procède,  en  comité  secret,  aux  élections  pour 
les  places  vacantes.  Les  résultats  en  seront  proclamés 
dans  la  séance  publique. 

M.  Faider  est  réélu,  par  acclamation,  délégué  de  la 
Classe  auprès  de  la  commission  administrative  pour 
l'année  1885-1886. 


CONCOURS  ANNUEL  DE  LA  CLASSE  (1885). 

Deux  mémoires,  écrits  en  flamand,  ont  été  reçus  en 
réponse  à  la  troisième  question  : 

On  demande  une  étude  sur  l'application  des  règles  de 
la  métrique  grecque  et  latine  à  la  poésie  néerlandaise. 

De  schrijver  voege  er  bij  eene  keur  van  verscheidenheid 
in  voorbeelden,  aan  net  laalste  taaleigen  ontlèend,  mits- 
gaders  eene  criliek  der  bibliographische  werken,  hande- 
lende  over  den  nederlandscb-metrischen  versbouw. 

Le  premier  porte  pour  devise  :  Musica  est  scientia  bene 
movendi  (S.  Augustin). 
Le  second  :  Sine  labor... 

Rapport  de  St.  J .  JVolet  de  ttrautcere  ran  Steeland, 
premier  commissaire . 

Van  de  prijsvragen,  voor  den  jare  1885  uitgeschreven 
door  de  Klasse  der  letteren  onzer  Koninklijke  Académie, 
zijn  twee  verhandelingen  ingekomen  als  antwoord  op  het 
volgend  vereischte  : 


(  424  ) 

«  Eene  studie  over  de  loepassing  van  fiel  grieksche  en 
latijnsche  melrum  op  de  nederlandsche  poëzij. 

De  schrijver  voege  er  bij  eene  keur  van  verseheidenheid 
in  voorbeelden  aan  het  laatste  taaleigen  ontleend,  mits- 
gaders  eene  critiek  der  bibliographische  werken,  hande- 
lende  over  den  nederlandsch-metrischen  versbouw.  » 

Eene  dier  verhandelingen,  tôt  kenspreuk  voerende  : 
Musica  est  scientia  bene  movendi,  een  gezegde  aan  den 
H.  Auguslinus  ontleend,  is  volgendervvijze  ingedeeld  : 

Voorbericht. 

Eerste  hoofdstuk  :  Inleiding.  —  Rhythmus. 

Tweede  hoofdstuk  :  Toon  en  klemloon.  —  I.Wijsgeerige 
grond  onzer  spraakmeting.  —  IL  Muzikale  gronden.  — 
III.  iEstethische  gronden  onzer  metriek. 

Derde  hoofdstuk  :Griekscheen  nederlandsche  versmaten. 

Vierde  hoofdstuk  :  De  grieksche  versmaten  in  't  neder- 
landsch. 

Vijfde  hoofdstuk  :  Bloemlezing  en  besluit.  (Dit  laatste 
hoofdstuk  ontbreekt.) 

De  andere  verhandeling,  met  kenspreuk  :  Sine  labor..., 
werd  door  den  schrijver  ingedeeld  als  volgt  : 

Eerste  deel.  —  Inleiding. 

Eerste  hoofdstuk  :  Over  de  grieksche  en  latijnsche  me- 
triek in  het  algemeen.  Hare  gelijkheid  met  de  moderne 
muziek. 

Tweede  hoofdstuk  :  Over  de  antieke  verzen.  —  Vers- 
voelen.  —  Csesuur.  —  Verslid  (kôlon).  —  Vers  (metron). 
—  Anakrasis,  basis.  —  Stichische  metra.  —  Systematische 
metra.  —  Strophe,  anlistrophe.  —  Epode. 

I.  Over  de  antieke  verzen.  —  IL  Nadere  beschouwing 


(  *23  ) 

der  stichische  melra.  Korte  vergelijking  tusschen  de 
grieksche  en  romeinsche  toopassing  derzelfde  metra.  — 
III.  Nadere  beschouwing  der  systemalische  metra.  Korte 
vergelijking  tusschen  de  grieksche  en  romeinsche  toepas- 
sing derzelfde  metra.  —  IV.  Vergelijking  der  syslema's 
en  strophen  met  de  hedendaagsche  rhythmiek  der  muziek. 
—  Waarde  en  uitwerksel  der  caesuur;  waarde  der  syllabe 
anceps. 

TWEEDE    DEEL. 

Eerste  hoofdstuk  :  Over  de  prosodie  der  aanverwante 
talen  van  't  Noorden  en  inzonderheid  van  het  neder- 
landsch.  —  Vergelijking  dezer  prosodie  met  die  der 
antieken. 

Tweede  hoofdstuk  :  Kort  overzicht  der  geschiedenis  van 
den  melrisehen  versbouw. 

De  opsomming  van  deze  inhoudtafelsdoetklaarblijkelijk 
nitkomen  welke  grondvesten  aan  beide  schrijvers  dienden 
tôt  den  opbouw  van  bun  werk.  Bij  den  eersten  is  het  de 
rhythmiek;  bij  den  tweeden  de  metriek,  en  zulks  was  dan 
ook  het  natuurlijk  aangewezen  uilgangspunt.  Bij  laatst- 
genoemden  is  van  rhythmiek  eerst  sprake  aan  het  einde 
van  hoofdstuk  II  der  eerste  afdeeling.  Hij  verloordan  ook 
het  gekende  sequitur  et  consequitur  niel  uit  het  oog,  waar 
de  rhythmus  toch  een  gevolg,  een  uitvloeisel  van  het 
metrum  is,  en  niet  omgekeerd,  zooals  de  eerste  concurrent 
het  op  bladz.  15  beweert. 

't  Zij  mij  vergund  beide  mededingers  À  en  B  te  heeten, 
in  rangschikking  vol  gens  beider  inhoudsopgaven. 

De  bespiegelende  inleiding  van  A,  betrekkelijk  de  rhyth- 
miek, is  zeer  uiteenloopend  —  zij  hoslaat  vast  elf  folio- 
bladzijden  —  en  rolt  veelmoer  ove^  de  beteekenis  welke. 


(  426  ) 
door  den  schrijver,  aan  dit  woord  geheclu  wordl,  dan  over 
de  zaak  zelve.  De  definitie  :  Rhythmus  is  het  uitvloeisel 
der  tonen  (in  spraak  en  muziek),  is  even  onduidelijk  en 
onbepaald  als  de  dissertalie  zelve.  Na  de  gansch  nutteloos 
vooruilgezetle  magtspreuk  :  Aile  vers  is  melrisch  en  aile 
mêler  is  rhythmisch,  valt  de  schrijver  Dautzenberg  aan, 
wegens  het  door  dezen  gemaakt  onderscheid  tusschen 
metrum  en  rhythmus.  Klaarblijkelijk  vvilde  Dautzenberg 
door  rhythmus  de  rhythmische  beweging  eener  syllaben- 
reeks;  door  metrum,  het  gelai,  de  schikking  en  waarde  der 
syllaben  beduiden,  evenals  Van  Dnyse  e.  a. 

Bladz.  15  beweerl  schrijver  dat  het  metrum  uit  den 
rhythmus  voorlvloeit.  Beter  ware  gezegd  dat  uit  het  me- 
trum van  een  vers  de  rhythmische  gang  van  zulk  vers 
ontstaat.  Men  moel  niet  met  woorden  schcrmen.Voorzeker 
heeft  aile  versvoet  eenen  rhythmus,  en  wordl  derhalve 
een  metrum  zamengesleld  uit  rhythmen  ;  dat  éditer  is  de 
eigenlijke  zaak  niet  :  wèl  spreekt  men  van  den  rhyllimus 
van  een  vers;  niet  van  de  rhythmen  der  afzonderlijke 
versvoeten.  Als  Dautzenberg  (1)zegt  :  «  Eene  reeks  lange 
en  korte  sylben  noemt  men,  afgezien  van  de  door  hefïing 
en  daling  bewerkle  kunstmalige  geledering,  een  metrum 
of  versmaat  »,  dan  besluit  hier  schrijver  A  dat  ailes  vval 
men  zegl  of  schrijft  eene  versmaat  is,  en  wil  de  beieekenis 
van  't  woord  rhythmus,  zooals  Dautzenberg  dit  opvat, 
volstrekt  maar  niet  verstaan. 

Zelfs  weigert  A  aan  te  nemen  het  bestaan  der  hexa- 

meters  uit  voeten   van   gelijken  rhythmus.   De , 

—  -  - ,  —  - ,  enz.  (?)  zijn,  volgens  hem,  verschillend  van 


(1)  J.-M.  Dai  'zenberg,  Beknopte  prosodia  der  nederduitsche  tant,  hl.4. 


(  427  ) 

rhythmus;  wat  hem  niet  belet  (bladz.  74)  le  spreken  van 
het  lezen  der  verzen  volgens  de  accenten,  den  rhythmus 
of  de  natuurlijke  maat  en  (bladz.  80)  —  schoon  ten 
onregte  —  eene  menigte  slijgende  spondaeën  af  le  keuren, 
omdal  zij  legen  hel  accent  zondigen;  dus  legen  den  rhyth- 
mus àerhexameters,wiervoelen  verschillendvan  rhythmus 
zijn  (?).  Dit  heet  verwarring  lusschen  woord-  en  vers- 
voeten  (bladz.  54). 

Wat  nu  het  bewijs  belreft  van  't  bestaan  des  rhythmus, 
zulk  bewijs  is  volstrekt  overbodig  ;  en  wat  aangaat  het 
bestrijden  der  onderscheidende  benamingen  van  rhyth- 
mische  en  metrische  verzen  :  dit  is  niet  slechls  ondoel- 
matig,  maar  zelfs  verkeerd  ;  evenzoo  het  afkeurcn  der 
benaming  accentverzen,  door  J.-A.  van  Droogenbroeck  in 
zijn  Overzicht  gebruikt  (1).  Wat  deze  door  accentverzen 
verstaat,  is  dââr  klaar  te  zien.  Dââr  toch  staat  nergonsdal 
hij  de,  in  de  nota  op  bladz.  59  van  A's  verhandeling  aan- 
gehaalde  verzen,  afkeurt;  —  inlegendeel!  —  want  ze  zijn 
door  dezen  dichler  geschreven  in  diens  bundel  Zonne- 
stralen  (2). 

Mededinger  A  rept  niet  van  't  onderscheid  lusschen 
qualiteit  en  quantiteit  der  syllaben;  maar  vergenoegt  zich 
De  Geyter's  gezegde  te  benamen:  «  De  prosodie  onzer  taal 
kan  niets  anders  wezen  dan  de  leer  der  quantiteit  »;  eene 
magtspreuk,  neêrkomend  op  :  «  De  prosodie  of  sylbenme- 
ting  kan  niets  anders  zijn  dan  de  leer  der  syîbenmeting  ». 
Voorwaar  eene  hoogst  diepzinnige  verklaring!  (Zie  Minck- 
vvitz,  Lehrbuch  der  deutschen  Verskunst,  p.  1,  §  I.) 

(1)  Afgemeen  overzicht  der  in  het  vederlandsch  mogelijke  versmaten, 
bladz.  4. 

(2i  J.-A.  Va;»;  Droogenbroeck,  Dit  zijn  Zonnestralen,  2e  uilgave, 
bladz.  !0I  :  De  Brand. 


(  428  ) 

B  daarentegen,  schrijver  der  verhandeling  Sine  labor..., 
heeft,  zontler  de  minste  wijsgeerige  bespiegeling ,  maar 
flink  doortastend,  al  dusdanig  gehaspel  kort  en  goed  ont- 
ward,  op  bladz.  54,  IIe  deel. 

In  zijn  tweede  hoofdstuk  handelt  A  over  taon  en  klem- 
toon. Hier  vvordt  vvederom  vcel  bespiegeld,  met  grooten 
omhaal  van  woorden  en  nultelooze  uilleggingen.  Ten 
bewijze  dat  het  accent  eene  syllabe  quanlileit  bijzet,  —  wat 
onwaar  is!  —  beweert  hij  dat  de  klemtoon  opdesyllaben 
langer  doet  stil  liouden  en  ze  langeren  dunr  geeft  (bl  17). 
Hij  schijnt  het  woord  qualiteit  niet  te  willen;  hier  althans 
niet.  Uit  zijne  redenering  zon  volgen  dat  eene  korte  sylbe 
door  het  accent  lang  wordt;  b.  v.  in  wanhopig  ware  wan 
kort,  doch  in  wanhoop  wierde  zij  lot  ivaan  verlengd.  Dit 
tweede  hoofdstuk,  met  al  zijn  icijsgeerige,  muziekale  en 
œsthelische  gronden ,  strekt  alléén  ten  bewijze  dat  er 
klemtoon  bestaat  en  op  welke  deelen  der  woorden  die 
valt...  In  zijn  Voorbericht  rekende  A  het  ongepast  een 
leesboek  over  metiïek  te  schrijven  :  hier  echter  weidl  hij 
over  klemtoon  uit,  iets  dat  zelfs  niet  hoeft  aangeroerd, 
tenzij  juist  in  eene  prosodie! 

B  handelde  wijzer  le  dien  opzichte.  In  diens  sludie  komen 
geene  gerekle  uilweidingen  voor  :  zôô  slreng  en  beknopt 
mogelijk  houdl  hij  zich  op  practisch  lerrein.  Zelfs  in  zijne 
lnleiding  verklaart  hij  zich  opzeltelijk  te  hebben  onl- 
houden  van  het  noodeloos  betvvisten  en  afbreken  van 
vroeger  vooruilgezetle  regels  en  systemen,  thans  reeds 
der  vergelelheid  prijs  gegeven  of  die  eerlang  in  't  vergeet- 
boek  zullen  raken. 

A  houdt  zich  verder  onledig  met  het  betwisten  der  bewe- 
ring  «  dat  er  geen  pyrrichisch  woord  in  'l  nederlandsch 
bestaat  »;  iets  wat  B  eenvoudig  aanneemt,  zonder  daaraan 


(  4-29  ) 

veel  belang  le  hechlen  ;  zich  bepalcnd  bij  de  opmerking 
dat  «  de  poëtische  laal  bel  gebruik  verbiedl  van  woorden, 
wier  onbeslemdbeid  en  onbeduidendbcid  lot  zells  in  bunne 
onzekere  sylbenwaarde  doorslraall  ».  (2e  deel,  bl.  41.) 

A  irekl  nu  andermaal  le  velde  legen  het  onderscheid 
lusschen  rhythmische  en  me  Irise  fie  verzen.  Schijnl  bem 
zulk  ondersebeid  een  doorn  in  'l  oog,  bel  belel  hem  ecbter 
niet  al  dadelijk  eene  hoogsl  bespiegelende  vergelijking  le 
maken  tusschen  hel  Nevelingenvers  en  den  hexameler  ; 
daarbij  gewagende  van  zes  slagen,heffingen,  met  of  zonder 
tusschenplaatsing  van  loonlooze  sylben.  Dichter  J.  Van 
Droogenbroeck  handelde  evenzoo  op  bladz.  6  van  zijn 
booger  aangehaald  Overzicht;  nemende  Lachmanns 
beschouwingen  tôt  grondslag  van  zijn  slelsel.  In  1874 
kon  dit  niet  anders.  Thans  ecbter,  nu  Werner  Bahn  zijn 
boek  over  hel  Nevelingenlied  in  het  liebt  zond  (1),  is 
Lachmann's  slelsel  in  de  schaduw  gesteld.  Ware  Habn 
aan  A  bekend  geweest,  hij  hadde  ingezien  datzijne  verge- 
lijking geene  reden  van  beslaan  had.  Reeds  in  zijne  Ein- 
leitung  breekl  Habn  'i  systeem  van  Lachmann  al. 

In  zijn  derde  iioofdstuk  bespreekt  A  de  geschiedenis 
der  metrische  oniwikkeling  bij  de  Grieken.  'l  Verbaal 
daarvan  is  voorzeker  merkvvaardig,  doch...  aan  Gevaert's 
Histoire  et  théorie  de  la  musique  de  f  antiquité  ontleend. 
't  Zij  hier  aangemerkt  dat  mededinger  B  dit  werk  niet 
aanhaalt,  zich  bepalende  de  verschillende  schema's  door 
muzieknoten  aan  te  geven.  Deze  noteering  versebilt  met 
die  van  Gevaert,  daar  hij  zich  niet  Cens  bedienl  van  ver- 
lengde  noten;  maar  zich  slreng  houdt  aan  een  tweeledig 


(1)  Werner  Hahn,  Das  Niebelungenlied.  Stuttgart.  \V.  Speinaun. 


(  430  ) 

stelsel  :  zich  behelpentle  met  maatvvisselingen,  orgelpunten 
en  tijdteekens.  —  Hij  doet  zulks,  devvijl,  zijns  oordeels,  de 
rhythmiek  der  moderne  muziek  niet  geheel  en  al  met  de 
rhytlimiek  der  antieken  overeensteml.  De  uitlegging  vvelke 
B  geeft  van  hetverschijnsel  van  beklemtoondefcor/esylben, 
en  dezer  plaatsing  op  hooger  betoonde  korte  noten,  is  in 
elk  geval  aanneembaar,  al  onlbreekt  hier  het  bewijs  dat 
zulks  wel  inderdaad  bij  de  antieken  zoo  bestond. 

Van  het  door  M.  Millier  vooruilgezet  princiep  dat  bij 
de  antieken  het  accent  zooveel  mogelijk  tegen  de  quan- 
titeit  wordt  gesteld  en  aïs  eene  schoonheid  van  't  vers 
gold,  dâàrvan  houdt  A  al  zeer  weinig  rekening.  Vast 
daarom  keurt  hij  de  stijgende  spondϑn,  als  vervanging 
der  dactylen,  in  nederlandsche  verzen  af. 

B  daarentegen  schreef  eene  bijzondere  studie  over  dit 
verschijnsel,  om,  van  daar  uit,  op  het  accent  in  de  neder- 
landsche taal  te  vvijzen. 

A  vergelijkt  grieksche  en  nederlandsche  maten  :  deze 
laatsten  gekozen  onder  gevvone  verzen,  volgens  het  accent 
gebouwd,  en  waarin  dus  van  quantiteit  of  qualiteit  weinig 
rekening  wordt  gehouden,  lenzij  voor  de  rhylhmische 
vers-beweging;  en  alleenlijk  voor  den  iambischen  trimeter, 
die,  naar  't  voorbeeld  van  Vondel,  nu  en  dan  m  het 
alexandrijn  voorkomt. 

Vervolgens  neemt  A  eenige  liederschema's  op,  door 
andere  nederlandsche  dichters  gebruikt,  zonder  éditer  de 
antieken  daarbij  te  noemen.  Hij  haalt  nogmaals  Van  Droo- 
t/enbroeck's  Overzicht  aan  ;  doch  wacht  zich  wel  van  diens 
méthode  te  reppen,  gebruikt  ter  voorslelling  dier  schemata 
(bladz.  28  en  vlgg.  van  't  Overzicht). 

A  rigt  verder  op  een  nieuvv  zijne  lans  tegen  eenen  wind- 
molen  :  het  dichten  op  fransche  rnaat.  Hij  maakt  zich  de 


C  431  ) 

gelegenheid  te  nul  om  Crétry  tôt  voorbeeld  te  stellen;  hij 
die,  even  als  al  de  muziekdichters  in  zijnen  lijd,  van  de 
eischen  der  fransche  taal  weinig  nolitie  nam.  Reeds 
vroeger  (bl.  6)  viel  hij  de  fransche  verzen,  als  ondingen, 
aan.  't  Zal  echler  wel  niet  noodig  zijn  te  bevvijzen  dat  een 
goed  fransch  vers  ook  zijne  vereischten  heeft  en  derhalve 
zeer  harmonieus  klinkt;  alsmede  dat  thans  vêle  fransche 
toonzetlers  bêler  dan  vroeger  le  werk  gaan. 

Te  dieu  opzigte  moge  't  verwonderen  dat  A  de  fransch- 
rhythmische  gedichten  van  André  Van  Hasselt  niet  kende 
of  niet  wikle  bespreken  (1).  Deze,  metrisch  en  rhythmisch 
onberispelijk,  vormen  een  boekwerk  van  258  bladzijden 
en  zijn  in  zeven  al'deelingen  systematisch  gevat.  Velen 
daarvan  werden  als  zangstukken  getoonzet;  maar  daaren- 
boven  herschiep  Van  Hasselt  de  woorden  van  een  tiental 
duitsche  en  italiaansche  opéras,  waarvan  die  nieuwe  tekst, 
op  de  reeds  beslaande  muziek  rhythmisch  toegepast,  door 
de  fransche  tooneelzangers  gretig  werd  onlvangen.  Zulk 
een  ommekeer  in  de  door  A  geheeten  ondingen,  was  voor- 
zeker  der  vermelding  overvvaard;  maar  hoe  dan  eene  lans 
gebroken  tegen  het  dichten  op  fransche  maat? 

In  A's  verhandeling  is  eene  groote  leemte  ontstaan  : 
volstrekle  afwezigheid  van  aanduidingen  en  opmerkingen 
over  de  csesuur  en  hare  uitwerksels.  Deze  zijn  echter  B 
niet  onlgaan.  Met  zorgelijke  nauwgezetheid  teekent  hij  de 
csesuur  lelkens  aan,  en  roept  de  aandachl  op  de  verande- 
ring  van  beiveging  die  er  uit  ontstaat. 

Iets  waarlijk  verbazends  is  de  aanhaling  waarmede  dit 
hoofdstuk  eindigt.  A  zegt  aldaar  :  «  En  eindelijk  mogen 

(1)  OEuvres  de  André  Van  Hasselt,  Poésies.  5e  vol.  Les  études  rhyth- 
tniques.  Bruxelles,  1876. 


(  432  ) 

wij  met  Van  Droogenbroeck  besluilen  :  «  Van  de  accent- 
verzen  [lees  :  de  germaansche,  dielsche,  nederlandsche]  loi 
de  melrische  [lees  :  de  grieksche]  verzen,  is  inaar  éénen 
slap  le  doen  ».  Q.  E.  1). 

Bij  Van  Droogenbroeck  luidl  dilgeheel  anders  en  vervalt 
A's  démons trandum  lolaal  :  «  Van  de  accentverzen  lot  de 
metrische  verzen  is  maar  één  slap  te  doen  :  even  als  de 
eersten,  beslaan  de  melrische  verzen  uit  ongelijkaardige 
voeten;  maar  wat  bij  de  accentverzen  gansch  vrij  is,  wordt 
in  de  metrische  verzen  slreng  bepaald  :  de  reeks  voeten 
is  maal  of  schéma  gevvorden  en  duldt  in  de  vormen  geene 
willekeur.  »  (Overzicht,  bl.  9.) 

A  handelt  in  zijn  vierde  hoofdstuk  over  de  grieksche 
versmaten  in  '*  nederlandsch.  Hier  geeft  hij  verscheidene 
nntlige  wenken  over  den  versbouw,  voor  zooveel  men 
geen  klaar  begrip  hebbe  van  nederlandsche  prosodie; 
allhans  zoo  als  B  die  regelde.  A's  be-  en  veroordeeling 
van  siechte  hexamelers  is  alvvederom  uiterst  langgerekt. 

B  steekt  hem  hierin  de  loef  af.  Deze  bevvijst  dadelijk 
door  bel  scandeeren  der  versmaten,  eenvoudig-vveg  en 
zonder  meer;  eenvoudig  omdat  hij  van  een  vast  grond- 
beginsel  uilgaat. 

A  raakt  nu  spoedig  aan  het  tvvisten  met  Hesselink, 
Kinker,  enz.;  doch  vindt  de  reden  niet  waarom  bij  de 
antieken  accent  en  quantileit  in  hunnen  versbouw  ver- 
schillen. 

Voor  wat  dit  laalsle  belrefl,  zegl  B  kort  en  goed  : 
omdat  bij  de  ouden  het  accent  zoo  sterk  niet  was  als  bij 
ons,  en  derhalve  de  quanti teit  niet  overheerschle. 

Eindelijk  komen  A  en  B  in  voile  tegenspraak  :  wat  de 
eerste  aanziet  als  eene  fout,  roeml  juist  de  tweede  als 
schoonheid:  namelijk  het  vervangen  van   daclylen  door 


(  435  ) 

rijzende  spondϑn.  Maar  de  duilsche  meester  der  meiriek, 
Minckwitz  (1),  beslisl  als  't  ware  ten  voordeele  van  B,  die 
er  dan  ook  nog  op  vvijsl  hoe  in  het  nederlandsch  't  accent 
min  gevveldig  wordt  uilgebragt  dan  in  hel  duitsch;  en  hoe 
de  verwisseling  vvaarvan  hier  sprake  —  rijzende  spondaeè'n 
voor  dactylen  —  gelukkige  verscheidenheid,  als  schilde- 
ring,  in  den  hexameter  le  vveeg  brengl.  Hij  vergeet  te 
zeggen  dat  aldus  66k  de  nederlandsche  hexameter  digt- 
erbij  den  griekschen  komt. 

Een  vijfde  hoofdstuk  is  bij  A  in  de  pen  gebleven. 
Tijdgebrek  belettede  hem  daarin  eene  bloemlezing  uil 
onze  besle  metrisch-rhijlhmische  dichters  te  geven.  Derge- 
lijke  bloemlezing  werd  echter  niel  als  vereischte  door  de 
prijsvraag  gesleld  ;  wèl  de  «  critische  aanmerkingen  over 
de  prosodieën  welke  in  België  bestaan  »  en  die  mede 
onaangeroerd  bleven.  A  had  het  druk  genoeg  met  Kinker 
te  bestrijden,  in  't  lang  en  breed. 

B,  daarenlegen,zegtalléén  belrekkelijk  Kinker  (bl.  55)  : 
«  Kinker  schreef  eene  prosodie,  die  door  de  hollandsche 
Maalschappij  van  fraaie  kunslen  en  wetenschappen  be- 
kroond  werd;  doch  hij  sehreef  daarbij  en  lot  bewijs  der 
deugdelijkheid  van  zijn  slelsel,  zulke  slechte  hexameters 
dat  hij  hierdoor  zijn  eigen  werk  al'brak  ». 

Aan  eenige  leemlen  onlbreekl  het  B  mede  niet.  Zoo 
moge  het  bevreemden  dat  hij,  sedert  Heyse,  niet  één'  der 
gezagvoerende  duilsche  prosudisten,  als  Dôring,  Edlek, 
Feldbausch,  Minckwitz,  Westphal,  e.  a.,  genoemd  hebbe. 
Een  werk  vooral,  dat  om  zijne  zonderlinge  en  duislere 
vermenging  van  muziek,  rhi/thmus  en  accent  B  welligt 


(1)  Dr  Joh.  Miisckwitz,  Lehrbuch  der  deutschen  Verskunst,  5e  Auil. 
1803,  §  49. 

3me    SÉRIE,   TOME    IX.  30 


(  454  ) 

afschrikte,  namelijk  dat  van  Koorda,  mogt  evenwel  niet 
onbeoordeeld  zijn  gebleven  (1). 

Ook  in  B's  IIe  deel,  2e  hoofdstuk  :  «  Kort  overzichl  der 
geschiedenis  van  den  metrischen  versbouvv  »,  zoo  be- 
knopt,  zakelijk  en  critisch  van  inhond,  zijn  enkele  leemten 
te  vinden,  betrekkelijk  hen  die  metrische  verzen  dichtten 
of  althans  het  meenden  te  doen.  Noemen  wij  slechls 
Dorn-Seiffen  :  Vertalingen  en  Rhythmica  doctrina;  Da 
Costa  :  Hesperiden;  Hendricrx  :  Don  Juan;  Willems  : 
De  Heiland  en  Herman  en  Dorolhea;  eindelijk  het  ver- 
schrikkelijk  monsteracblig  metrisch  sluk  van  Hofdijk  :  In 
H  hurle  van  Java. 

Ook  ware  het  wenschelijk  geweest  dat  hij,  in  het  Ie  deel, 
2e  hoofdstuk,  de  aangegeven  schemata  door  een  neder- 
landsch  voorbeeld  hadde  opgehelderd,  zoo  als  Van  Droo- 
genbroeck  zulks  deed  in  zijn  «  Overzichl  ». 

Van  enkele  opzettelijke  leemten  geeft  B  in  zijne  «  Inlei- 
ding  »  voldoende  rekenschap.  Hij  zegt  aldaar  :  «  In  deze 
prosodia  is  ook  een  regel  vooruitgezel,  die  in  ééns  aile 
moeilijkheden  en  onnatuurlijke  metingen  der  syllaben 
wegruimt  en  tevens  onze  metriek  eenen  slap  verder  bij 

de  antieken  brengt »  namelijk  aan  onze  dichtknnst- 

beoefenaars  te  doen  verslaan  dat  de  letlergrepen  niets 
van  hunne  natuur  verliezen  mogen,  wanneer  zij  in  de 
rhythmische  geledingen  der  verzen  geplaatst  zijn  :  de 
maatbeweging  kan  en  mag  geenszins  eene  syllabe  kort  of 
lang  maken;  de  maatbeweging  moet  ontstaan  uit  de  na- 
tuurlijk  korte  of  lange  syllaben,  en  het  gehalle  der  syl- 
laben  niet  uit  de   maatbeweging.  Wringen  de  dichters 


(1)  F.  Roorda,  Over  dichtmaat,  versmaal  en  versbouw,  inzonderheid 
in  de  hollandsche,  duilsche,  fransche,  grieksche  en  romeinsche,  arabische 
en  oud-indische  poëzie.  1 865. 


(  45a  ) 

lange  sylfaben  in  de  plaats  van  korte,  of  stellen  zij  korte 
waar  lange  inoeten  slaan,  dan  worden  hunne  verzen  min 
weîluidend  dan  gewoon  proza.  » 

Deze  stelling  ontsloeg  dan  ook  B  van  hel  critisch  onder- 
zoek  der  vroegere  prosodische  werken  van  eenen  Hesse- 

L1NK,     KlNKER,     V'AN    ALPHEN,    DaUTZENBERG,     HeREMANS, 

Van  Ddysr,  enz.  Wnarom  nog  gaan  onderzoeken  en 
belwislen  wât  dnor  bovengemeld  beginsel  gansch  is 
Iteslist? 

«  De  kleine  en  zeldzame  uitzonderingen  zullen  door 
het  werk  van  talentvolle  dichters  vanzelf  vastgesteld 
worden;  want  hel  gaat  hier  gelijk  met  aile  kunsten  :  de 
heoelëning  volgens  weinige,  maar  gezonde  grondregels. 
brengt  meer  vooruitgang  dan  eene  gansche  bibliotheek 
technisehe  werken.  »  Die  weinige,  maar  gezonde  grond- 
regels, uilmuntend  door  heldere  beknoptheid,  heeft  B  dan 
ook  klaar  niteengezet. 

Besluit. 

Wij  zijn  het  overzigt  en  de  beoordeeling  beider  Verhan- 
delingen  ten  einde  genaderd.  Onwillekenrig  rijst  hier  de 
vraag  welk  doel  onze  Klasse  beoogde  bij  hel  uilschrijven 
harer  prijsvraag.  Voorzeker  niel  zelve  noodeloos  toege- 
lichl  te  worden  in  nederlandseh-metrischen  versbouw, 
geschoeid  op  de  leest  der  zuiver  grieksche  of  graaco- 
latijnsche  metriek;  maar  veeleer  met  het  prijzenswaardig 
doel  om  deze  classieke  dichltrant,  met  zijne  veelvuldige 
schemata,  den  nederlandsche  zangers  in  iNoord  en  Zuid, 
meer  toegankelijk,  meer  dienslbaar  te  maken,  en  alzoo 
mede  te  werken  lot  de  kennis  en  verspreiding  dezer 
hoogst  zangerige  sylbenmeting,  zoo  vol  van  sierlijke  ver- 
scheidenheid. 


;  456  ) 

In  Vlaauiscli-Belgiè'  haddcn,  sinds  Dauizonberg's  me- 
trische  voorschriften,  reeds  enkele  diehters  zich,  met  goed 
gevolg  zoo  al  niet  met  gansch  onberispelijke  volmaaklheid. 
op  metro-rhythmiek  toegelegd.  In  Holland  daarenlegen, 
—  C.  Vosmaer  lofï'elijk  uitgezonderd,  —  heeft  Kinker's 
lijvig-ingewïkkelde  Verhandeling,  en  méér  nog  diens  zoo- 
genoemde  metrisch  horlende  en  stootende  hexameters, 
legen 't  door  hem  geprezen  dichlgenre  sclirik  en  alkeer 
ingeboezemd.  Dit  gaat  zoo  verre  dat,  nog  heden  —  onbe- 
kend  maakt  onbemind  !  —  zelfs  vêle  geleerden  onder  onzo 
Noorderbroeders  den  van  rijm  ontblooten  metriscben 
versbouw  eenvoudig  voor  proza  aanzien. 

Laatstgenoemden  uit  hunne  dwaling  te  wekken;  tevens 
anderen,  met  de  bumaniora  minder  vertroinvd,  bel  op 
onze  dicbtkunst  toegepaste  stelsel  der  anlieken ,  doel- 
matig  beknopt,  maar  ook  klaar  en  leerrijk,  genietbaar 
voor  te  dragen  ;  zoodoende  bet  verwikkeld  benevelde  van 
vroegere  stelsels  en  daaruilvloeijende  misvonnde  voor- 
beelden,  op  te  helderen  ;  lusl  en  bekwaambeid  tôt  zeli- 
beoelening  eener  gezonde  sylbenmeling  op  le  wekken  : 
vvelke  beider  ons  onderworpen  Verhandelingen  beanl- 
woordt  aan  die  vereiscblen? 

Voorzeker  niet  die  van  A,  waarvan  de  zwakke  zijde 
vooral  in  diens  min  goedgekozen  uitgangspunt  doorslraall. 
Vandaar  voor  hem  dat  onmogelijke,  niet  om  le  beweren, 
maar  om  te  bewijzen  dat  onze  metriek  op  dezelfde  gronden 
als  de  grieksche  berust.  Hij  vermeidt  zicb  in  niilteloos 
gerekte  bespiegelingen  en  uitweidingen  ;  in  overvloedig 
aanbalen  van  scbrijvers;  in  belvvistingen  van  kleinigheden; 
verdiepl  zich  in  eene  ongelukkige  poging  om  accent-  en 
rhylhmische  verzen  met  metrische  te  versmelten  ;  in  de 
poging  tôt  vergelijking  ûeshejameters  met  bel  Nevelingen- 
vers,  't  geen  sinds  de  uitgave  van  W.  Hahn's  Nevelingen- 


(  457  ) 

studie  onmogelijk  werd.  Hij  geelï  niel  ééne  caesnur  aan 
hij  de  aangehaalde  citaten,  gewaagt  niet  \an  de  syllahe- 
anceps,  enz.,  enz. 

Volirens  grammaticale  vereischten  laat  de  laal  niels  te 
wenschen  over;  maar  «le  slijl  is  ingewikkeld  en  bezwaard 
met  het  eigendunkelijk  pedanlisme,  dat  schoolmeeslers- 
opgeschioeidheid  kenmerkt.  Als  een  staaltje  van  poëti- 
sclien  hombasl  zie  men  liladzijde  23,  waar  eene  leedere 
maagd  deerlijk  wordl  mishandeld  en  de  gezonde  reden 
niet  minder.  Ook  hier  hadde  Molière  gezegd  :  «  Il  y  a  trop 
de  tintamarre  là-dedans,  trop  de  brouillamini  »;  en  de 
oningewijde,  wien  al  dal  langgerekle  lot  handleiding 
moesl  dienen,  zou  A's  Verhandeling  naast  die  van  Kinker 
geeuwend  ter  zijde  leggen. 

't  Moge  verwonderen  dat  A,  met  de  kerkvadeis  zôôzeer 
bekend,  dat  hij  aan  den  H.  Angustinus  zijne  kenspreuk 
onlleende,  ook  betrekkelijk  zijnen  slijl  zich  het  volgende 
van  Thomas  a  Kempis  niet  herinnerde  :  «  Ik  onderwijs 
zonder  vvoordenkramerij,  zonder  geharrewar  van  gevoe- 
lens,  zonder  praalverloon  van  eergierigheid,  zonder  strijd 
van  redetvvist  (I)  ». 

B  daarentegen  mag  gerust  bel  gezegde  van  onzen  oud- 
landgenoot, Thomas  van  Kempen,op  zijnen  stijl  toepassen; 
misschien  vvat  spartaansch  beknopt,  maar  daarom  jnist  te 
bêler  verstaanbaar.  Zonder  omzvvaai  van  maglspreuken, 
holle  volzinnen  of  gerekte  nitweidingen  ;  wars  van  noo- 
delooze  be»piegelingen,  die  men  tôt  in  't  oneindige  kon 
uitbreiden  :  maar  zich  noglans,  waar  't  past,  bondigen 
uilleg  veroorloovend,  houdl  hij  zich  bestendig  op  practisch 


(\)  De  Imitatione  Christi,  lib.  III,  cap.  43,  §  5  :  «  Ego  doceo  sine 
str^pitu  verborum,  sine  confusione  opinionum,  sine  faslu  honoris,  sine 
pugnatione  argumentorum  ». 


(  458  ) 

terrein.  Hel  geleidelijke  zijner  méthode  slraalt  door,  bij 
de  inhoudsopgavezijuer  Verhandeling  op  de  eerste  bladzij 
van  dil  verslag.  Hij  leeraarl  zakelijk,  toegangbaar  en 
begrijpelijk  voor  die  velen  onzer  jeugdige  dichiers,  aan 
wie  de  kennis  der  antieken,  in  dier  oorspronkelijk  laal- 
eigen,  verholen  bleef. 

Dat  B  zelf  met  de  laal  der  ouden  bekend  is,  getuigen 
zijne  aanhaling  uil  Horatins,  bladz.  18,  daar  zoo  jnisl 
aangebragt;  diens  opgegevene  mêtra,  bladz.  20  en  vol- 
gende;  maar  vooral  het  feilloos  scandeeren  van  enkele 
Horatiaansche  brokslnkken,  bladzz.  28,  29  en  31.  De  ken- 
spreuk  zijner  Verbandeling  :  Sine  labor...,  mag  men  gerust 
als  een  (apsus  calami  bescbouvven. 

Zijn  beide  Verhandelingen  belangwekkend,  en  gelui- 
gende  van  ernslige  inspanning,  zoo  moet  evenwel  bel 
werk  van  A  voor  dat  van  B  wijken  Hel  laalsle  munt  uil 
door  klaarhcid  en  practiscben  geest.  De  strekking,  om 
door  de  beoefening  der  metriek  de  nederlandsche  poëzij 
zoo  zoetluidend  en  lijn  mogelijk  te  maken,  slraalt  er 
overal  in  door  :  en  dit  is  wel  hel  doel  van  metrische 
beoefening.  Deze  praclische  geest  heerscht  mede  in  de 
vergelijking  der  metra;  in  die  der  bewerking  door  de 
Lalijnen  van  de  grieksche  vormen;  in  de  rijke  lijst  der 
woord-  en  versvoeten;  in  de  aanmerkingen  en  notas;  aller- 
iaaisl  nog  in  het  beoordeelend  overzigt  der  metrische 
verzen,  die  de  schrijver  op  soins  zeer  scherpe  vvijze 
afkeurl. 

Volgens  mijne  bescheiden  meeningslel  ik  aan  de  Klasse 
voor,  de  Verhandeling  :  Sine  labor[e\...  met  de  gouden 
medalie  te  bekroonen;  den  schrijver  veroorlovend,  onder 
toezigt  van  een'  der  Heeren  Commissarissen ,  de  gegeven 
melrische  schemata,  naar  't  voorgaan  van  Van  Droogen- 
broeck,  met  nederlandsche  voorbeelden  op  te  helderen  ». 


(  459  ; 

tlappot'l  de  M,    il  'illeimt,  deuxième  coutmi**aire. 

«  Ons  goacht  Medelid,  de  Heer  Nolet  <le  Branvvere  van 
Steeland,  geeft  ecne  zoo  volledige  ontleding  der  tvvee  inge- 
zondcn  verhandelingen  dat  hel  mij  niet  noodig  schijnt  er 
op  weêr  le  komen.  Ik  sluit  mij  insgelijks  aan  bij  de  alge- 
meene  beoordeeling  van  M.  Nolel  over  de  twee  verhande- 
lingen, en  bij  zijn  besluit. 

Dit  wil  niel  zoggen  dat  ik  de  meening  bijtreed  volgens 
vvelke  de  griekscbe  melriek  op  onze  tegenwoordigc  neder- 
landsche taal  loepasselijk  is.  Volgens  mijn  gevoelen  was  de 
griekscbe  rylhmiek,  alléén  door  de  metriek,  dat  is,  door  de 
sylbenmeling  bebeerschl,  en  heeft  hel  griekscbe  accent 
(dat  van  onzen  nederlandschen  klemtoon  in  vvezen  zeer 
verscbillend  schijnt  geweest  te  zijn)  waarschijnlijk  op  de 
mélodie  invloed  gehad,  maar  hel  had  met  de  rylhmiek  in 
't  geheel  of  ten  deele  niets  te  doen.  Onze  leyemuoordige 
nederlandsche  taal  daarenlegen  is  geheel  door  den  klem- 
toon bebeerschl,  en  deze  klemtoon  is  zonder  de  minsle 
betrekking  met  de  tijdmaal,  met  hel  verkorle  of  gerekte 
uitspreken  der  sylben.  Maar  al  le  vaak  wordt  bij  ons  vol- 
komen  of  onvolkomen  klank  der  klinkers  verward  met 
lengte  en  kortheid  der  sylben.  In  andere  woorden,  indien 
de  metrische  rylhmiek  past  aan  de  natnur  der  oude  klas- 
sieke  lalen,  schijnl  mij  de  naluur  onzer  tegenwoordige 
nederlandsche  taal  alléén  «cce»Mythmiek  le  dulden.  Doch 
hel  geldt  hier  niet  het  princiep  te  bespivken,  maar  le 
beslissen  over  de  betrekkelijke  waarde  der  verhandelingen, 
die  op  de  gestelde  vraag  zijn  ingezonden.  En,  ondrr  dit 
opzicht,  schijnl  mij  de  verhandeling  B  (Sine  labor...)  verre 
de  andere  le  overtreffen;  en  hoevvel  ik  betreur  het  nitmun- 
tend  werk  van  Gevaert  over  de  oude  muziek  er  niet  één- 
maal  aangehaald  te  zien,  acbt  ik  nochtans  met  M.  Nolet  de 


(  440  ) 

verhandeling   B  alleszins  waard  met  de  goude  médaille 
hekroond  te  worden.  » 

«  Uvve  derde  commissaris  sluit  zich  insgelijks  aan  bij  het 
algemeen  oordeel  van  den  Heer  Nolet  de  Brauwere  van 
Steeland,  alhoewel  hij  deszelfs  kriliek  van  de  in  aile  geval 
verdienstelijke  en  stellig  zeer  goed  geschrevene  verhande- 
ling  A  als  te  scherp  aanziet. 

Hij  meent  ook  met  den  heer  Willems  le  moeten  belreu- 
ren  dat  de  schrijver  der  verhandeling  B  het  voorlreffelijk 
werk  van  Gevaert  over  de  oudc  muziek  stehelmalig  over 
het  hoofd  heeft  gezien  :  men  kan  immers  niel  veronder- 
slellen  dat  dit  werk  hem  zou  onbekend  gehleven  zijn. 

Dat  syslematischdoodzwijgen  vaneen  der  uilmunlendsle 
gewrochlen  onzer  vaderlandsche  litteratuur  is  niet  alleen 
betreurenswaardig,  maar  zelfs  eenigzins  belachelijk.  Ove- 
rigens,  indiende  schrijver  het  werk  van  Gevaert  had  willen 
raadplegen,  zoude  hij  niet  in  de  grove  dwaling  vervallen 
zijn  het  accent  der  oude  lalen  gelijk  le  stellen  met  de 
toonverhefïing  in  de  muziek.  Wat  Gevaert  daaromtrent 
zegl  in  zijn  tweede  deel,  bladzijde  99,  is  doorslaande. 

Ook  wat  den  rhylhmus  betreft  en  deszelfs  verhouding 
lot  bel  melrum,  zou  de  schrijver  der  verhandeling  B  zich 
veel  holdere  begrippen  gevormd  hebben  indien  hij  het  werk 
van  Gevaert  bestudeerd  had.  » 

Comme  suite  aux  conclusions  favorables  de  ces  trois 
rapports,  la  Classe  procède  à  l'ouverture  du  billet  cacheté 
qui  accompagne  le  mémoire  n°  2  :  M.  J.  Van  Drogen- 
broeck,  premier  commis  au  Ministère  de  l'Agriculture, 
est  proclamé  lauréat. 


i   441    ) 


Séance  publique  du  6  mai  1885. 

M.  Ch.  Piot,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Willems,  vice-directeur;  Gachard, 
P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove, 
R.  Chalon,  Th.  Juste,  Ëm.  de  Laveleye,  G.  Nypels,  Alph. 
Le  Roy,  A.Wagener,  F.  Tielemans,  S.  Bormans,  Ch.  Pot- 
vin,  J.  Slecher,  T.-J.  Lamy,  Aug.  Scheler,  P.  Henrard, 
membres;  J.  Nolet  de  Brauwere  van  Sleenland,  Alph. 
Rivier,  associés;  et  Gustave  Frédérix,  correspondant. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  sciences  :  MM.  Éd.  Mailly,  vice-directeur  ; 
J.-S.  Stas,  L  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron 
Edm.  de  Selys  Longchamps,  Gluge,  Melsens,  G.  Dewalque, 
E.  Candèze,  F.  Donny,  Ch.  Montigny,  Éd.  Van  Beneden, 
C.  Malaise,  Fr.  Crépin,  J.  De  Tilly,  Ch.  Van  Bambeke, 
G.  Van  der  Mensbrugghe,  membres;  et  A.  Renard,  corres- 
pondant. 

Classe  des  beaux-arts  :  MM.  Pauli,  directeur;  L.  Alvin, 
vice-directeur;  Jos.  Geefs,  C.-A.  Fraikin,  Éd.  Fétis,  le 
chevalier  L.  de  Burbure,  F.-A.  Gevaért,  Ad.  Samuel,  Jos. 
Schadde,  Jos.  Jaquet,  J.  Demannez,  G.  De  Groot,  Gust. 
Biot,  H.  Hymans,  membres;  le  chevalier  X.  van  Elewyck 
et  Edm.  Marchai,  correspondants. 


v  442  , 

Après  avoir  déclaré  la  séance  ouverte,  M.  Piot  donne 
lecture  du  discours  suivant  : 

La  conservation  des  archives  et  leur  importance  au  point 
de  vue  de  la  critique  historique. 

Il  y  a  différentes  manières  d'écrire  l'histoire.  Certains 
auteurs  se  contentent  de  copier  ou  de  compiler  les  écrits 
de  leurs  prédécesseurs,  sans  examen  ni  critique.  Il  en  est 
d'autres  qui  font  la  critique  des  faits,  basant  uniquement 
leurs  discussions  sur  la  probabilité  ou  même  sur  la  simple 
possibilité  des  événements.  Une  troisième  catégorie  d'his- 
toriens comparent  les  récits  aux  données  fournies  par  des 
documents  authentiques:  ils  consultent  soigneusement  les 
archives,  véritables  titres  des  nations,  aussi  incontestables 
que  les  actes  destinés  à  établir  les  droits  des  particuliers. 

Cette  dernière  méthode  est  certainement  la  plus  diffi- 
cile, mais  aussi  la  meilleure  et  la  plus  sûre,  pourvu  que  la 
bonne  foi  préside  aux  recherches  de  l'écrivain. 

On  comprend  dès  lors  combien  les  nations,  les  souve- 
rains, les  corporations  et  même  les  particuliers  ont  de  tout 
temps  pris  à  cœur  la  conservation  de  leurs  titres.  Celte 
conservation  devient,  chaque  jour,  de  plus  en  plus,  une 
nécessité  d'ordre  social.  Je  lâcherai  de  l'établir. 

A  propos  de  la  conservation  des  archives,  il  importe  de 
faire  remarquer  qu'elles  sont  particulièrement  bien  gar- 
dées chez  les  nations  soumises  au  régime  théocratique. 
C'est  le  cas  le  plus  ordinaire  pour  les  peuples  civilisés  de 
l'antiquité  :  l'explication  de  ce  fait  est  facile  à  comprendre. 
Tant  qu'il  n'y  eut  pas  de  séparation  entre  le  pouvoir  civil 
et  le  pouvoir  religieux,  les  prêtres  soumis  au  chef  de  l'État 


(  445  ) 

ou  appelés  à  le  diriger  prenaient  naturellement  une  part 
active  au  gouvernement.  Le  plus  souvent  ils  étaient  les 
seuls  lettrés,  les  seuls  dépositaires  de  la  science  et  de  l'au- 
torité qui  la  sanctionnait.  Imbus  d'un  esprit  essentielle- 
ment conservateur,  ils  étaient  obligés  de  maintenir  leur 
pouvoir,  leurs  droits  et  leurs  traditions  au  moyen  de  titres 
authentiques  et  incontestables;  ils  étaient,  par  conséquent, 
obligés  de  les  garder  avec  soin. 

Chez  les  Égyptiens  l'influence  des  prêtres  était  immense. 
Dans  leur  caste  furent  choisis  les  conseillers  du  roi,  les 
juges  et  les  principaux  olïïciers  de  l'État.  Dès  les  temps  les 
plus  reculés,  l'administration  publique  était  confiée  à  une 
bureaucratie  considérable,  formée  dans  la  caste  des  scribes, 
soumise  elle-même  aux  prêtres.  Les  papiers  et  les  archives 
des  administrations  égyptiennes  étaient  tellement  multi- 
ples, que  nos  grands  dépôts  littéraires  possèdent  encore 
de  nos  jours  de  nombreux  rapports  administratifs,  des 
fragments  de  comptes  publics,  des  instructions  et  infor- 
mations judiciaires,  précieux  débris  d'un  amas  d'actes  aussi 
nombreux  que  ceux  de  nos  administrations  actuelles.  Des 
dépôts  de  documents  et  d'annales  historiques  étaient  con- 
servés dans  les  temples  égyptiens.  A  Dendérah,  une 
chambre  du  temple  était  réservée  à  une  bibliothèque 
composée  de  nombreux  manuscrits  sur  peau.  Dans  le  Rha- 
messéum  de  Karnak,  la  bibliothèque  placée  sous  la  pro- 
tection de  Tholh,  dieu  des  sciences  et  des  arts,  et  de  la 
déesse  Saf,  protectrice  des  lettres,  renfermait  un  nombre 
considérable  de  documents.  Aux  temples  égyptiens  étaient 
attachées,  comme  à  nos  cathédrales  et  chapitres  du  moyen 
âge,  des  écoles,  où  les  prêtres  enseignaient  les  sciences, 
les  arts,  les  lettres,  la  musique,  l'histoire  naturelle  et  la 
morale.  Les  prêtres  y  vaquaient  à  l'administration  finan- 


(  444  ) 

cière  du  pays,  y  interprétaient  les  lois  et  dirigeaient  les 
affaires  de  justice.  De  là,  la  nécessité  de  multiplier,  dans 
un  grand  nombre  de  localités,  les  dépôts  des  papiers  d'ad- 
ministration et  les  manuscrits  traitant  des  sciences. 

Où  le  prêtre  Manéthon,  auteur  d'une  histoire  d'Egypte, 
dont  Joseph  et  Sixte  Jules  Africain  nous  ont  conservé  des 
extraits  remarquables,  va-t-il  puiser  ses  récils?  Où  Ptolé- 
mée  de  Mendès,  autre  prêtre  égyptien,  chercha-l-il  les 
éléments  de  ses  annales?  Dans  les  temples.  Ils  y  compo- 
sèrent leurs  travaux  au  moyen  des  données  fournies  par 
les  archives  et  les  chroniques.  Ptolémée  Philadelphe  créa 
dans  sa  capitale  une  immense  bibliothèque  de  manuscrits 
qu'il  mit  à  la  disposition  des  savants. 

Sur  les  palais,  sur  les  monuments  publics,  sur  les  stèles, 
figuraient  des  récils  historiques,  des  textes  de  lois  et  de 
décrets  transcrits  en  hiéroglyphes  ou  représentés  par  des 
bas-reliefs.  Ces  monuments  de  pierre  et  les  papyrus 
recueillis  en  Egypte  ont  permis  aux  savants  modernes  de 
révéler  maints  épisodes  bien  remarquables  de  l'histoire  si 
attrayante  de  ce  peuple  (1). 

En  Asie,  spécialement  dans  l'Assyrie,  les  rois  étaient 
dépositaires  des  archives.  Ils  en  faisaient  transcrire  les 
textes  sur  les  briques  conservées  dans  leurs  palais  et  sur 
les  monuments  sous  forme  d'annales  du  pays.  C'est  toute 
une  révélation  de  l'histoire  du  puissant  empire  des  Assy- 
riens. Là,  comme  chez  la  plupart  des  peuples  appartenant 
aux  groupes  Touranien  et  Sémitique,  le  soin  de  la  conser- 
vation des  titres  et  des  annales  historiques  appartenait  au 


(  1  )  Voyez,  à  ce  sujet,  les  travaux  de  Charnpollion,  Brugsch,  Ebers,  Lep- 
sius.  de  Goulianof,  etc. 


(  445  ) 
roi  en  sa  qualité  de  représentant  <Ju  dieu  dont  il  était  le 
lieutenant  (1). 

En  Perse,  où  le  roi  commandait  en  maître,  tout  était 
concentré  au  palais.  Là  aussi  s'abritaient  les  chancelle- 
ries (2).  Le  livre  d'Eslher  constate  que  le  roi  Assuérus 
consulta,  dans  son  palais,  les  mémoires  mentionnant  les 
grands  services  rendus  par  Mardochée  au  moment  d'une 
vaste  conspiration  ourdie  contre  sa  personne. 

A  l'instar  des  utres  peuples  orientaux,  les  Phéniciens 
avaient  une  loi  écrite,  des  livres  sacrés  inspirés  par  les 
dieux,  exposant  leur  système  religieux  et  leur  organisation 
sociale.  Celle-ci  était  fondée  sur  les  principes  de  la  théo- 
cratie orientale,  toujours  préoccupée  de  la  conservation  des 
archives.  La  population  si  industrieuse  et  si  commerçante 
de  la  Phénicie  se  groupait  dans  plusieurs  cités,  riches  en 
archives  et  en  annales  religieuses,  sur  lesquelles  nous 
n'avons  plus  de  renseignements  précis  (5) 

En  Chine,  nous  voyons  à  peu  près  dominer  les  mêmes 
principes,  mis  en  honneur  par  des  hommes  d'une  grande 
autorité.  Le  gouvernement  y  fut  très,  soucieux  de  la  con- 
servation des  archives  jusque  sous  le  règne  de  l'empereur 
Ching  qui,  237  ans  avant  la  naissance  du  Christ,  ordonna 
la  destruction  de  tous  les  livres  historiques.  Après  la  mort 
de  ce  monarque,  les  écrivains  rétablirent  l'histoire  au 
moyen  de  fragments  informes  échappés  aux  recherches  du 
destructeur  des  annales  glorieuses  de  son  peuple.  Plus 
tard,  sous  le  règne  de  Kang-Hi,  les  jésuites  traduisirent  en 
langue  française  la  grande  histoire  de  Chine,  composée  par 


(1)  Voyez  les  travaux  de  Boita,  Lepsius,  Ravvlinsou,  Hinckx,  Oppert, 
Layard,  etc. 

(2)  Voyez  les  travaux  de  Lenormànt. 

(3)  Voyez  Ibid.  et  les  travaux  de  Tiele,  Renau,  Hamaker,  etc. 


des  historiographes,  sons  la  direction  des  mandarins  du 
tribunal  de  l'histoire,  chargés  de  la  garde  des  archives. 

Les  lieux  sacrés  de  la  Grèce  recevaient  les  actes  et  les 
litres  publics.  A  Delos,  le  temple  servait  de  dépôt  aux 
papiers  officiels.  A  Athènes,  le  temple  de  Minerve  était  en 
partie  consacré  aux  archives.  Celle  divinité  en  était  la 
protectrice.  Pisislrale,  tyran  d'Athènes,  avail  formé  une 
bibliothèque  publique  de  manuscrits  et  d'annales. 

A  Rome,  les  temples  de  Vesta,  d'Apollon,  de  Diane,  de 
Jupiter,  de  Cérès  servaient  également  de  dépôls  aux  actes 
publics.  Lucinius  Macer  et  Tuberon  ont  consulté  les  livres 
dits  lintei  du  temple  de  Moneta.  Il  y  avait  aussi  des  docu- 
ments dans  les  différentes  administrations,  dans  les  tribu- 
naux, au  Sénat,  dans  les  palais  des  empereurs.  Selon  la  loi 
de  Pœnis,  les  archives  judiciaires  étaient  confiées  aux 
juris  studiosi,  aux  advocati,  aux  tabelliones,  aux  pragma- 
tici.  La  loi  de  episcopali  andientia  constate  que  l'église 
d'Alexandrie  était  consacrée  à  la  conservation  des  actes 
relatifs  aux  nominations  des  tuteurs  et  des  curateurs. 

Conformément  aux  usages,  admis  par  les  empereurs 
romains,  de  réunir  les  archives  dans  leurs  palais,  les  rois 
mérovingiens  et  carlovingiens,  si  soucieux  d'imiler  en  tous 
points  les  successeurs  d'Auguste,  affectèrent,  eux  aussi, 
leurs  propres  demeures  à  la  même  destination.  «  Hincjam 
inde,  dit  Eckhard,  ab  antiquissimis  temporibus  in  palatiis 
regum  inslituta  erunl  archiva,  in  qitibus  summa  cum  cura 
tabula?  publicœ  reponebantur.  Annales  Francorum  ad 
annum  823  diserte  testanlur  constitutiones  in  archivo 
palatii  haberi,  et  primœ  stirpis  Francorum  reges  char l arum 
scrinia  etregesta  habuisse  observât ISicolaus  H ert  inNotitia 
Francorum.  * 

Les  rois  d'Angleterre,  de  France  et  d'Espagne,  les  empe- 


(  447  ) 
rems  d'Allemagne,  nos  ducs  et  nos  comtes  se  confor- 
maient au  même   usage  en   plaçant  les  chartes  et  les 
archives  dans  leurs  chàteaux-forls  pour  les  mettre  à  l'abri 
de  la  destruction  et  du  vol. 

Les  églises,  les  évêchés,  les  monastères,  les  couvents,  les 
corporations  civiles  suivaient  les  mêmes  errements.  Ils 
n'avaient  pas,  il  est  vrai,  à  leur  disposition  ni  des  palais, 
ni  des  châteaux-forts  destinés  à  la  garde  de  leurs  titres; 
ils  les  plaçaient  dans  des  endroits  sûrs,  tutissimis  lotis, 
selon  l'expression  de  Frédegaire.  Les  corporations  reli- 
gieuses surtout  prenaient,  pendant  le  moyen  âge,  les  plus 
grandes  précautions  pour  la  conservation  de  leurs  docu- 
ments. Rien  de  plus  naturel.  Ces  mesures  n'avaient  pas 
seulement  pour  but  de  faire  valoir  les  litres  en  cas  de 
nécessité  et  à  une  époque  où  il  n'y  avait  pas  de  droits 
généraux,  mais  des  privilèges  et  usages;  elles  étaient  aussi 
le  résultat  de  l'obligation  très  souvent  imposée  aux  établis- 
sements religieux  de  tenir  des  annales  régulières  de  leurs 
corporations.  C'est  ainsi  que  les  chroniques  les  plus 
anciennes  du  moyen  âge  sont  dues  à  la  plume  de  membres 
du  clergé.  C'est  ainsi  que  l'on  a  recueilli  dans  leurs 
archives  les  actes  les  plus  anciens.  Les  établissements 
religieux  de  l'Italie  sont  sous  ce  rapport  d'une  richesse 
inconnue  dans  le  Nord,  où  les  invasions  des  barbares  ont 
détruit  nos  premiers  monuments  écrits.  Sous  le  pontificat 
de  Damase  (366  à  384),  il  est  déjà  parlé  d'archives  de 
l'Église  romaine. 

On  le  voit  par  cet  exposé,  à  toutes  les  époques  et  dans 
tous  les  pays,  les  souverains,  les  peuples,  les  corporations 
civiles  et  religieuses  ont  veillé  avec  soin  à  la  conservation 
de  leurs  papiers. 

Si  aujourd'hui  nous  aimons  à  compulser  les  archives, 


(  448  ) 

les  auteurs  anciens  en  ont  donné  l'exemple;  ils  en  ont 
montré  le  chemin.  Manélhon  et  Plolémée  de  Mendès, 
je  viens  de  le  dire,  consultaient  les  archives  déposées 
dans  les  temples  égyptiens.  Xanthus  de  Lydie  a  rédigé 
une  histoire  de  son  pays  tirée  des  archives.  Les  écrits  des 
premiers  historiens  grecs  ne  nous  étant  pas  parvenus,  il 
serait  difficile  de  dire  s'ils  ont  ou  non  compulsé  les  annales 
publiques.  Thucydide  néanmoins  a  consulté,  pour  sa  prag- 
matique histoire  de  la  guerre  du  Péloponèse,  les  docu- 
ments officiels  de  celle  période. 

En  ce  qui  concerne  les  historiens  romains,  nous  avons 
des  données  plus  précises. 

Polybe  et  Denys  d'Halicarnasse  ont  examiné  les  livres 
des  censeurs,  sur  lesquels  M.  Humbert  vient  de  publier 
des  renseignements  précieux  dans  son  discours  sur  l'ori- 
gine de  la  comptabilité.  Varron  vit  les  livres  de  Tusculum. 
Tacite  lira  parti  des  actes  publics  en  composant  ses  Annales. 
Notre  compatriote,  Jusle-Lipse,  avait  déjà  fait  ressortir  à 
l'évidence  cette  circonstance  si  bien  établie  et  reconnue 
aujourd'hui  par  plusieurs  critiques  modernes.  Tite-Live 
connut  les  Annales  des  grands  pontifes  qui,  pendant  des 
siècles,  furent  les  seuls  historiens  ou,  pour  parler  plus 
correctement ,  les  seuls  chroniqueurs  ou  annotateurs 
romains  :  Nihil,  dit  Quintillien,  in  hisloriis  supra  ponti- 
ficum  annales  habemus.  Ces  annales,  divisées  en  plusieurs 
parties,  ont  fourni  à  M.  Leclerc  le  sujet  d'un  livre  fort 
intéressant.  Enfin  Schlosser,  Putzius  et  Lieberkuhn  ont 
pris  à  cœur  de  démontrer  par  des  dissertations  d'un  grand 
mérite  combien  les  auteurs  latins  ont  eu  soin  de  consulter 
les  archives  de  Rome. 

Outre  les  annales  pontificales,  il  y  avait  encore  au  sénat 
une  collection  volumineuse  d'actes  historiques,  sur  les- 


(  449  ) 
quels  M.  Hiibner  fournit  des  renseignements  complets  dans 
son  livre  :  De  Senatus  populique  Romani  actis.  Des  villes, 
des  familles  importantes  avaient  dans  leurs  archives  des 
annales  précieuses,  auxquelles  allaient  puiser  tour  à  tour 
les  poètes  et  les  prosateurs. 

Il  y  a  néanmoins  une  différence  essentielle  entre  la 
manière  d'écrire  l'histoire  admise  par  les  auteurs  anciens 
et  par  nos  écrivains  modernes. 

Les  anciens  n'attachaient  pas,  comme  nous  le  faisons 
aujourd'hui,  une  grande  importance  à  ce  que  j'appellerai 
l'intimité  des  faits  tant  recherchée  dans  les  archives.  On 
se  l'explique  facilement.  L'état  de  la  société  dans  l'anti- 
quité était  tout  différent  de  ce  qu'il  fut  au  moyen  âge  et 
de  ce  qu'il  est  dans  les  temps  modernes.  Le  droit  indivi- 
duel, celui  des  associations  et  de  leurs  membres  disparais- 
sent facilement  devant  l'ensemble  des  faits.  Les  anciens 
voyaient,  en  général,  dans  l'histoire,  les  grands  événements, 
sans  s'attacher  spécialement  aux  détails.  Polybe  cepen- 
dant, en  faisant  dans  son  second  livre  l'exposé  des  forces 
de  la  république  et  des  provinces  soumises,  donne  sur 
ces  ressources  des  particularités  exceptionnellement  cir- 
constanciées et  tirées  des  registres  publics. 

Les  historiens  modernes,  au  contraire,  tiennent  rigou- 
reusement aux  détails.  Aimant  à  les  consigner  d'une  ma- 
nière précise,  ils  veulent  leur  donner  une  couleur  locale,  si 
je  puis  m'exprimer  ainsi;  en  font  connaître  les  causes, 
la  portée,  les  conséquences,  en  se  basant  sur  des  documents 
qu'ils  ont  eux-mêmes  soumis  à  un  examen  consciencieux. 

Comparez,  par  exemple,  les  récits  d'Hérodote,  de  Xéno- 
phon,  de  Diodore  de  Sicile,  etc.,  aux  écrits  des  auteurs 
modernes, même <le  ceux  qui  traitent  de  l'histoire  ancienne, 
les  différences  sont  frappantes.  Chez  bon  nombre  d'écri- 

3B,a   SÉRIE,  TOME  IX.  M 


(  450  ) 

vains  anciens,  le  lecteur  recueillera  des  fails  généraux, 
peu  ou  point  de  renseignements  précis  sur  la  chronologie, 
sur  les  lois  et  leur  influence.  J'en  excepte  Cicéron,  en  ce 
qui  concerne  les  lois. 

Lorsque  Denysd'Halicarnasse  consulte  les  registres  des 
censeurs,  il  n'en  fait  pas  connaître  la  date.  Cicéron  et 
d'autres  auteurs  parlent  des  Annales  pontificales  sans  rien 
dire  de  leur  âge  et  de  leur  origine.  Le  livre  de  M.  Lefèvre 
est  plus  explicite  sur  ce  point.  Après  avoir  lu  Tite-Live,  le 
lecteur  se  demande  en  vain  quels  étaient  les  rouages 
intimes  et  secrets  du  gouvernement  romain.  Il  y  cherche 
inutilement  des  renseignements  sur  les  finances,  sur  l'état 
des  Gaules  et  des  Gaulois. 

Que  de  fois  les  auteurs  modernes  n'ont-ils  pas  exprimé 
des  regrets  très  justifiés  à  propos  des  récils  par  trop  laco- 
niques et  souvent  obscurs  des  anciens!  Que  de  disserta- 
tions sur  la  portée  de  certaines  expressions  ou  de  mots 
peu  précis  employés  par  maint  auteur  ancien! 

Je  n'ai  nullement  l'intention  de  faire  ici  le  procès  aux 
textes  modèles  des  anciens,  à  leur  manière  de  narrer.  Ce 
sont  des  pages  brillantes,  des  récits  souvent  entraînants 
par  la  grandeur  des  scènes  présentées  à  l'imagination 
du  lecteur.  Ici  il  n'est  question  que  de  la  méthode  suivie 
par  les  écrivains  modernes,  mise  en  parallèle  avec  celle 
des  anciens. 

Si  nous  sommes  mieux  informés  aujourd'hui  sur  cer- 
tains points  de  l'histoire  ancienne,  nous  devons  ces  rensei- 
gnements à  des  auteurs  plus  récents,  qui  ont  consulté  les 
écrits  des  orateurs,  les  poètes,  les  panégyristes,  les  chants 
nationaux,  les  incriptions,  les  tablettes,  les  médailles, 
véritables  archives,  documents  précieux  que  le  temps 
nous  a  légués.  Consultez  les  travaux  modernes  sur  l'his- 


(  451  ) 

toire  grecque  et  romaine  par  Niehuhr,  Droysen,  Croie, 
Curtius,  Pouilly,  Mommsen,  elc.,  vous  y  recueillerez  des 
renseignements  présentés  souvent  d'une  manière  détaillée 
et  surtout  très  précise. 

Quant  à  l'histoire  du  moyen  âge  et  des  temps  modernes, 
les  auteurs  la  traitent  d'une  manière  toute  différente  de 
celle  admise  par  les  anciens.  Les  harangues,  presque  tou- 
jours inventées  et  tant  prodiguées  autrefois,  sont  pros- 
crites aujourd'hui  et  remplacées  par  des  renseignements 
authentiques,  ou  par  des  extraits  de  pièces  justificatives. 
Nos  écrivains  commencent  par  rassembler  tous  les  points 
particuliers  recueillis  sur  le  même  événement.  Puis  ils 
arrivent  aux  faits  généraux,  comme  conséquences  des 
faits  particuliers  établis  sur  des  preuves  positives  tirées 
des  archives.  Celles-ci  sont  discutées  à  leur  tour,  dans  le 
but  d'établir  les  diverses  espèces  de  certitude  qu'elles 
présentent. 

La  chronologie  était  parfois  négligée  ou  très  embrouillée 
chez  les  auteurs  anciens  (1).  Je  fais  néanmoins  exception 
en  faveur  d'Ératosthène  et  Apollodore.  Nos  auteurs 
modernes  attachent  à  bon  droit  une  grande  importance 
à  la  chronologie.  L'enchaînement  des  faits  et  leurs  con- 
séquences sont  des  éléments  indispensables  pour  com- 
prendre la  marche  de  l'humanité.  Aristote  l'a  dit  : 
L'homme  s'avance  à  travers  les  siècles  représentés  par 
des  chiffres. 

Sous  le  rapport  de  la  chronologie,  les  archives  offrent 
des  ressources  immenses.  Les  chartes,  les  diplômes,  les 
lettres,  les  comptes  fournissent  des  dates  positives  et  pré- 


(1)  Voyez,  à  ce  sujet,  Lieblein,  Recherches  sur  la  chronologie  égyp- 
tienne. 


î  452  ) 
cises.  [.es  comptes  surloul  servent  souvent  de  contrôle 
aux  dates  des  actes.  Tout  fait  donne  ordinairement  lieu  à 
une  dépense,  et  la  comptabilité  exige  à  toutes  les  époques 
des  dates  parfaitement  établies. 

Lorsque  les  chroniqueurs  se  trompent  à  propos  d'une 
date,  ce  qui  arrive  souvent,  comment  rectifier  l'erreur 
sans  avoir  recours  aux  documents  contemporains?  Com- 
ment contrôler  l'exactitude  des  faits  qu'ils  enregistrent 
sans  examiner  les  actes  et  les  récils  de  l'époque? 

Ne  l'oublions  pas,  les  chroniques  sont,  à  partir  du 
IIIe  siècle,  les  sources  premières  de  l'histoire  du  moyen 
âge.  Généralement  modelées  sur  les  écrits  de  Juste  Afri- 
cain, d'Eusèbe  et  de  Marius,  elles  sont  le  plus  souvent  de 
simples  compilations,  auxquelles  la  saine  critique  fait  par- 
fois défaut  (1). 

Jusqu'au  XIIIe  siècle,  l'histoire  était  généralement 
enseignée  d'après  les  textes  des  auteurs  anciens.  Bientôt 
cette  méthode  fut  changée.  Les  fables,  les  romans  devenus 
à  la  mode  prirent  le  dessus.  Le  merveilleux  dominait 
parloul.  Au  lieu  d'annalistes,  notre  pays  produisit  des 
romanciers  d'une  originalité  plus  que  douteuse,  des 
poètes,  des  écrivains,  dont  les  productions  ne  doivent 
cependant  pas  être  systématiquement  rejetées  par  les  his- 
toriens. Mais  sans  le  secours  des  actes  publics,  sans  l'aide 
des  chartes  et  des  archives,  notre  histoire  serait,  pendant 
la  seconde  moitié  du  XIIIe  siècle,  à  peu  près  nulle.  Les 
récits  fabuleux  mêlés  aux  faits  réels  dénaturèrent  complè- 
tement le  caractère  de  l'histoire.  Il  a  fallu  des  études 
attentives,  appuyées  sur  la  chronologie,  sur  les  actes,  sur 

(1)  Confr.  Holder-Egger,  Uberdie  Wellchronik  des  Sulpicius  Severus 
et  Untersuchungen  iiber  einige  Ânnalisten. 


(  433  ) 

les  archives,  pour  faire  disparaître  de  l'histoire  les  Liderik 
de  Bucq  et  tout  ce  cortège  de  forestiers  fabuleux  de 
Flandre.  Il  a  fallu  faire  justice,  pièces  en  main,  de 
l'histoire  des  Brabons  de  Brabant,  cités  par  Lucius  Ton- 
gerus  et  par  d'autres  chroniqueurs  crédules  du  moyen  âge. 

A  l'époque  de  la  renaissance  des  lettres,  les  historiens 
comprirent  bientôt  la  nécessité  de  recourir  aux  anna- 
listes contemporains  et  aux  actes  publics.  De  nombreux 
travaux  rédigés  dans  ce  sens  virent  insensiblement  le 
jour  dans  tous  les  pays.  Partout  l'émulation  s'en  mêla  ; 
partout  les  écrivains  comprirent  que,  sans  consulter  les 
sources  originales  et  les  actes,  il  n'est  pas  possible  d'écrire 
l'histoire,  moins  encore  d'en  faire  la  critique.  Ce  qui  a  fait 
dire  par  M.  Ranke  dans  son  style  bref  et  énergique  : 
«  Wir  unsers  Orts  haben  einen  andern  Begriff  von  Ge- 
schichle.  Nach  Wahrheil  ohne  allen  Schmuck;  grùndliche 
Erforschung  des  Einzelnen  ;  das  Ueberige  Gott  befolen; 
nur  kein  Erdichtenauch  nichlim  Kleinsten,  nur  kein  Hirn- 
gespinnst  »  (\). 

Les  historiens  qui  consultent  les  archives  jugent  aussi 
généralement  mieux  des  événements  du  passé,  à  la  con- 
dition de  ne  pas  avoir  d'idées  préconçues  ou  de  systèmes 
fixes,  inspirés  d'avance  par  des  examens  superficiels  ou 
faits  à  la  légère.  Lorsqu'ils  croient  avoir  trouvé  des 
preuves,  non  dans  le  but  de  faire  connaître  la  vérité, 
mais  pour  faire  triompher  leur  système,  ils  se  trompent 
eux-mêmes  et  entraînent  le  lecteur  sur  une  fausse  route. 


(1)  Nous  avons  aujourd'hui  une  autre  idée  de  l'histoire.  11  faut  la  vérité 
pure,  sans  aucun  embellissement,  des  recherches  complètes  sur  des  faits 
spéciaux;  le  reste  à  la  grâce  de  Dieu;  point  d'invention,  pas  même  dans  les 
plus  petites  affaires  ;  point  de  fantaisie.  (Zur  Krilik  neuerer  Geschicht- 
schreiber,  p.  28.) 


(  454  ) 
Dans   ce   but,   ils    tronquent   parfois    les   documents,   y 
recueillent  ce  qui  leur  convient  et  rejettent  ou   passent 
sous  silence  ce  qui  les  contrarie. 

Il  est  encore  un  autre  inconvénient  que  peut  prévenir 
l'étude  des  documents  dans  leur  ensemble,  c'est  celui  de 
vouloir  juger  les  idées  d'autrefois  par  celles  des  temps 
modernes.  Quiconque  oublie  l'influence  des  castes  et  des 
classes  de  la  société,  des  opinions  religieuses  et  philoso- 
phiques dominantes  à  une  époque  déterminée;  quiconque 
est  étranger  aux  idées  populaires  reçues  et  aux  traditions 
admises;  l'écrivain  qui  ne  lient  pas  compte  de  la  forma- 
lion  du  droit  public  et  privé,  des  coutumes  et  usages,  ni 
des  grands  faits  sociaux,  n'est  pas  historien.  C'est  un  sec- 
taire. Il  doit  choisir  fatalement  entre  Burke,  pour  qui 
l'histoire  est  tout,  et  Fichle,  qui,  admettant  seulement  les 
théories,  ne  résout  aucune  difficulté. 

Les  historiens  les  plus  impartiaux  sont  précisément 
ceux  qui  ont  consulté  les  archives  avec  le  plus  de  soin. 
Pourquoi?  Parce  qu'ils  ont  été  mis  à  même  de  pouvoir 
juger  des  récils  contradictoires.  En  consultant  les 
archives,  ils  ont  vécu  dans  le  milieu  d'une  société  d'un 
autre  âge  et  au  milieu  des  idées  d'autrefois.  Ils  ont,  en 
quelque  sorte,  surpris  les  hommes  dans  leur  intimité,  et 
pu  distinguer  le  vrai  du  faux  ;  car  tout  n'esl  pas  vérité 
dans  les  archives  :  les  écrivains  doivent  s'y  prémunir 
contre  les  actes  faux  ou  interpolés.  Ils  sont  obligés  d'exa- 
miner jusqu'à  quel  point  le  rédacteur  d'un  acte  ou  d'une 
correspondance  a  eu  de  l'intérêt  à  cacher  la  vérité  ou  à 
dénaturer  les  faits.  L'historien  assez  confiant  qui  pren- 
drait à  la  lettre  la  correspondance  d'un  diplomate  quand 
il  n'écrit  pas  à  son  maître  se  tromperait  bien  souvent  s'il 
n'avait  pas  sous  les  yeux  ses  instructions  parfois  conlradic- 


(  455  ) 

toires.  Talleyrand  l'a  dit  :  la  parole  est  donnée  au  diplo- 
mate pour  déguiser  sa  pensée. 

Que  de  rectifications  de  faits  historiques  sont  dues  à 
l'élude  des  archives!  Il  faudrait  des  volumes  pour  les  énu- 
mérer.  Je  me  borne  à  en  constater  quelques-unes  qui  se 
rattachent  à  l'histoire  du  XVIe  siècle. 

La  reine  Marie,  gouvernante  des  Pays-Bas  sous  le 
règne  de  Charles-Quint,  n'était  pas  aussi  favorable  au 
principe  de  la  liberté  de  conscience  qu'on  l'a  cru  jusqu'ici. 
Lorsque  les  autorités  civiles  et  ecclésiasliques  intercé- 
dèrent auprès  de  la  princesse  en  faveur  d'anabaptistes 
et  d'autres  sectaires,  elle  répondit  :  Qu'on  les  exécute! 

Don  Carlos,  condamné  pour  crime  de  lèse-majesté,  n'a 
pas  été  décapité  par  ordre  de- son  père.  Il  est  mort  à  la 
suile  d'une  vioienle  attaque  de  fièvre,  dont  la  cause  est 
révélée  par  les  archives.  Philippe  II  affectionnait  ses  autres 
enfants  en  bon  père  de  famille. 

En  devenant  roi  d'Angleterre,  le  fils  de  Charles-Quint 
n'a  pas  allumé  les  bûchers  des  protestants  dans  ce  pays. 
Jamais  il  ne  s'y  mêla  des  affaires  publiques;  il  se  garda 
bien,  au  contraire,  de  froisser  Pamour-propre  des  Anglais, 
quelles  que  fussent  leurs  croyances.  Sa  femme,  Marie 
Tudor,  appelée  The  Bloody  Mary,  n'a  pas  été  excitée  par 
Philippe  contre  les  protestants.  Si  elle  a  livré  bon  nombre 
de  têtes  au  bourreau,  c'est  à  la  suite  d'insurrections  et  de 
conspirations  des  protestants,  soutenus  et  excités  par  la 
France  catholique.  Au  commencement,  de  son  règne, 
Marie  voulait  la  conciliation  et  la  tolérance  en  matière  de 
religion,  au  point  de  faire  entrer  dans  son  conseil  des 
personnes  très  dévouées  à  la  religion  nouvelle. 

En  succédant  à  la  couronne  d'Angleterre,  Elisabeth 
voulait  suivre  les  errements  de  sa  sœur  en  matière  de 


(  456  ) 

tolérance.  Loin  de  persécuter  les  catholiques,  elle  désirait 
se  les  attacher.  Si  elle  commença  à  sévir  contre  eux,  c'est 
par  suite  d'un  acte  du  pape,  qui,  ne  voulant  pas  recon- 
naître un  enfant  adultérin  assis  sur  le  trône  d'Angleterre, 
répudiait  la  princesse  sans  tenir  compte  des  faits  accom- 
plis. Dès  lors,  elle  fut  obligée  de  s'appuyer  exclusivement 
sur  le  parti  protestant,  au  grand  détriment  des  catho- 
liques. Elisabeth  n'avait  pas  aussi  soif  du  sang  de  Marie 
Stuart  qu'on  l'a  dit.  Son  entourage  était  bien  plus  cou- 
pable qu'elle. 

Les  assassinats  juridiques  des  comtes  d'Egmonl  et  de 
Hornes  ne  sont  pas  le  fait  du  duc  d'Albe,  mais  celui  de  la 
tyrannie  de  Philippe  II. 

Ce  monarque  n'est  pas  l'inventeur  du  10e  denier  qui 
souleva  tous  les  Pays-Bas;  le  peuple,  comme  le  clergé, 
repoussait  cet  impôt  introduit  par  le  duc  d'Albe  à  l'insu 
de  son  souverain. 

Philippe  II  n'a  pas  créé  l'inquisition.  Celle-ci  existait  de 
tout  temps;  seulement,  Charles-Quint  et  son  successeur 
voulurent  en  faire  un  instrument  politique. 

Floris  de  Montmorency  n'est  pas  mort  de  maladie;  Phi- 
lippe II  l'a  fait  étrangler  secrètement. 

Granvelle  n'était  pas  le  tyran  tel  que  les  Pamphlets  du 
XVIe  siècle  nous  le  représentent.  Dévoué  à  son  souverain, 
mais  patriote  avant  tout,  le  cardinal  voulait  l'emploi  de  la 
douceur  et  de  la  clémence;  il  abhorrait  les  rigueurs  du 
duc  d'Albe  et  les  excès  des  Espagnols.  Si,  plus  tard,  il  a 
changé  d'opinion,  ce  revirement  a  eu  pour  cause  la  marche 
des  affaires. 

L'idée  première  de  l'assassinat  du  Taciturnt  est  partie 
de  l'entourage  de  Philippe  II. 

Les  protestants  du  XVIe  siècle  ne  voulaient  pas  de  la 


(  487  ) 

liberté  de  conscience.  Ils  la  demandaient  pour  eux  el  la 
refusaient  à  leurs  adversaires.  Les  actes  des  conférences 
de  Cologne  et  de  Gand  le  démontrent  à  l'évidence.  Seuls 
le  Taciturne  et  l'Hospital  voulaient  introduire  ce  nouveau 
principe  d'ordre  social. 

Le  duc  d'Albe  n'a  pas  combiné  la  Saint-Barthélémy 
durant  les  conférences  de  Bayonne.  Pendant  cette  journée 
sanglante  le  gouvernement  français  a  laissé  agir  la  popu- 
lation fanatisée  de  Paris,  à  l'exemple  de  ce  qui  s'était 
fait  pendant  le  moyen  âge,  lorsque  de  malheureux  Juifs 
furent  impitoyablement  massacrés  dans  un  grand  nombre 
de  villes. 

Sans  les  données  recuellies  dans  les  archives,  connaî- 
trait-on les  hauts  faits  d'armes  de  nos  compatriotes,  tels 
que  les  Tilly,  les  de  Mérode,  les  Buquoy,  les  Jean  de 
Weert,  pendant  la  guerre  de  trente  ans? 

Les  personnes  peu  ou  point  initiées  aux  travaux  histo- 
riques se  demanderont  sans  doute  :  à  quoi  bon  tous  ces 
labeurs,  toutes  ces  recherches,  ces  discussions,  ces  cri- 
tiques? La  réponse  est  facile.  L'histoire  du  passé  doit  ser- 
vir d'enseignement  au  présent,  et  l'avenir  trouvera  sa 
raison  d'être  dans  les  événements  qui  se  déroulent  sous 
nos  yeux.  Marchant  de  conséquence  en  conséquence,  l'hu- 
manité est  fatalement  obligée  de  s'appuyer  sur  le  passé. 
L'histoire  el  la  philosophie  sont,  avec  l'élément  religieux,, 
les  bases  de  la  société  à  toutes  les  époques. 

Pourquoi  consulte-t-on  les  institutions  d'un  autre  âge 
et  d'un  autre  pays  quand  il  s'agit  de  créer  une  loi  nou- 
velle? C'est  dans  le  but  de  mettre  à  profil  l'expérience  du 
passé.  Est-il  possible  de  comprendre  les  institutions 
modernes  sans  avoir  étudié  celles  d'autrefois?  Elles  en 
sont  les  corollaires.  Écrit-on  l'histoire  d'un  pays  dans  un 


(  4S8  ) 
simple  but  de  curiosité?   Rédige-t-on    les  annales   d'une 
famille  pour  le  seul   plaisir  de  satisfaire  une   mesquine 
vanité?  Loin  de  là,  le   lecteur  et   le  penseur  y  cherchent 
des  exemples  à  suivre  ou  à  recevoir. 

L'histoire  enseigne  que  les  peuples  naissent  et  meurent 
au  milieu  de  la  barbarie,  ou  par- la  conquête.  Elle  apprend 
que  l'immobilité  des  idées  et  des  institutions  conduit 
nécessairement  au  fatalisme  et  arrête  l'essor  de  la  civili- 
sation. Les  empires  d'Orient  et  la  république  de  Venise 
en  fournissent  des  preuves  évidentes.  Les  nations  dispa- 
raissent par  la  décrépitude,  parles  excès, par  l'immoralité, 
par  le  mépris  de  l'autorité,  par  les  révolutions  et  les 
guerres  civiles,  que  de  puissants  voisins  savent  mettre  à 
profit.  Rome,  Byzance,  la  Pologne  et  tant  d'autres  empires 
déchus  le  démontrent  à  l'évidence. 

Là  où  l'esprit  national  et  d'union  est  remplacé  par  les 
violences  des  partis  la  chute  est  imminente. 

L'enseignement  et  l'élude  de  l'histoire  par  les  archives 
aident  singulièrement  à  la  formation  et  à  la  conservation 
de  l'esprit  national.  L'Angleterre  par  la  publication  de  ses 
Records  et  ses  Slale  papers,  l'Allemagne  par  ses  Monu- 
menta  Gennaniœ,  l'Autriche  et  la  Bavière  par  leurs  publi- 
cations historiques,  la  France  par  la  mise  au  jour  de  ses 
documents  historiques  inédits,  la  Belgique  par  les  édi- 
tions de  ses  chroniques  et  de  ses  cartulaires,  prouvent  tout 
le  parti  que  les  gouvernements  de  ces  pays  en  ont  tiré 
pour  fortifier  et  soutenir  le  génie  national.  L'Allemagne 
surtout  a  le  droit  de  se  féliciter  des  efforts  faits  par  ses 
historiens  en  vue  de  créer  une  unité  complète  entre 
les  différentes  principautés  de  la  confédération  germa- 
nique. Ce  mouvement  purement  spéculatif  et  scientifique 


(   459  ) 
d'abord,  parti  des  universités,  a  fini  par  devenir  mie  réalité, 
grâce  aux  historiens  et  à  l'examen  des  archives. 

Même  au  point  de  vue  des  intérêts  matériels,  l'étude 
des  archives  a  droit  aux  plus  puissants  encouragements. 
Pourquoi  recherche-t-on  dans  les  documents  du  passé  des 
renseignements  sur  la  condition  des  classes  inférieures 
de  la  société?  Évidemment  dans  le  but  de  porter  remède 
à  la  situation  présente  en  mettant  à  profil  l'expérience  des 
temps  qui  ne  sont  plus.  Les  archives  ont  démontré  que, 
pour  éviter  les  inondations  causées  par  les  eaux  de  la 
Loire,  il  faut  reprendre  les  anciens  travaux  de  terrasse- 
ment et  les  autres  ouvrages  d'art  actuellement  supprimés 
aux  abords  de  ce  fleuve  (1).  Des  paléographes  ont  démon- 
tré, en  explorant  les  archives,  que  le  commerce  et  l'indus- 
trie peuvent  tirer  parti  d'anciennes  mines  de  l'Yonne  et  de 
la  Manche  (2).  Les  actes  historiques  ont  souvent  établi  et 
établissent  encore  de  nos  jours  les  droits  de  propriété, 
dans  notre  pays  spécialement  au  sujet  des  houillères,  des 
mines  et  des  carrières. 

En  résumé,  j'ose  le  proclamer  ici,  l'étude  des  archives 
est  une  nécessité  d'ordre  social  tout  aussi  bien  dans  la 
sphère  des  intérêts  moraux  que  dans  celle  des  intérêts 
matériels.  L'élude  des  archives  n'est  pas  seulement  une 
source  de  délices  pour  les  savants;  elle  est  avant  tout  pour 
les  nations  qui  l'encouragent  une  révélation  du  passé,  une 
leçon  dans  le  présent  et  jusqu'à  un  certain  point  une 
lumière  éclatante  qui  rayonne  sur  l'avenir.  —  (Applaudis- 
sements.) 


(1)  Giundmaisois',   Aperçus  historiques  sur   les  travaux  destinés  à 
défendre  la  ville  de  Tours  contre  l<  s  inondations,  1856. 

(2)  Noie  Mir  les  pierriors  de  l'Yonne,  1846. 


(  4fi0  ) 

—  M.  Lamy  vient  prendre  place  au  bureau  pour  donner 
lecture  du  travail  suivant  : 

Une  Bibliothèque  royale  en  Assyrie  au  VIIe  siècle 
avant  Jésus-Christ. 


I. 


Les  admirables  découvertes  réalisées,  depuis  cinquante 
ans,  dans  le  domaine  des  sciences  naturelles  ont  marqué 
le  XIXe  siècle  du  signe  du  progrès.  Le  génie  de  l'homme, 
éclairé  par  celte  divine  lumière  dont  la  lumière  terrestre 
n'est  que  l'ombre,  a  percé  les  montagnes,  réunis  les  mers 
à  travers  les  isthmes  et  fait  tomber  les  barrières  qui  sépa- 
raient les  peuples.  Aujourd'hui  le  télégraphe,  rapide  comme 
la  foudre,  transmet  la  pensée  d'un  bout  du  monde  à  l'autre. 
Bientôt  la  parole,  confiée  au  téléphone,  ne  connaîtra  plus 
les  dislances.  Tandis  que  la  physique  et  la  chimie  sondent 
les  éléments,  les  analysent,  constatent  leurs  propriétés  et 
les  lois  qui  les  régissent  et  font  naîlre  les  merveilles  de 
l'industrie,  le  géologue  fouille  le  sein  de  la  terre  et  fait 
revivre  à  nos  yeux  ces  animaux  géants  el  cette  flore  splen- 
dide  des  terrains  houillère,  création  inconnue  qui  nous 
étonne.  Le  microscope  n'est  pas  inoins  admirable  quand  il 
découvre  à  nos  regards  tout  un  monde  ignoré  d'êtres  infi- 
niment petits.  Il  appartient,  Messieurs,  à  nos  confrères  de 
la  Classe  des  sciences  de  vous  parler  de  ces  merveilles 
avec  autorité.  Je  n'empiéterai  pas  sur  leur  domaine. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  dans  les  sciences  naturelles 
que  le  génie  investigateur  de  l'homme  a  réalisé,  dans  ce 
siècle,  de  précieuses  découvertes;  les  sciences  historiques 


(  461  ) 

et  archéologiques,  sous  l'impulsion  de  travailleurs  infati- 
gables et  persévérants,  ont  fait  revivre  les  civilisations 
éteintes,  les  langues  oubliées,  les  villes  détruites  et  les 
peuples  des  temps  antiques. 

Sur  cette  terre  d'Afrique,  qui  voit  la  civilisation  péné- 
trer jusque  chez  ses  habitants  les  plus  barbares  grâce  aux 
sacrifices,  aux  efforts  et  aux  succès  de  l'Auguste  Protec- 
teur de  l'Académie,  l'archéologie  et  l'histoire  ont  réalisé 
d'étonnantes  découvertes.  L'Egypte  nous  a  livré  ses 
monuments,  ses  papyrus  et  ses  hiéroglyphes.  Grâce  au 
génie  de  Champollion,  les  savants  lisent  aujourd'hui  ses 
écritures  mystérieuses,  ses  livres  funéraires,  les  hauts 
faits  de  ses  rois,  les  poèmes  et  les  traités  de  ses  sages 
enfouis  dans  les  tombeaux  ou  gravés  sur  les  ruines  de  ses 
temples,  sur  ses  pyramides  et  sur  ses  obélisques  depuis 
plus  de  quatre  mille  ans.  L'antique  terre  des  Pharaons  n'a 
plus  de  secrets;  elle  semble  revivre  comme  au  temps  de 
Moïse. 

A  peine  Champollion  avait-il  retrouvé  la  clef  des  hiéro- 
glyphes que  des  découvertes  inattendues  appelaient  l'atten- 
tion de  l'Europe  sur  ces  vastes  contrées  arrosées  par 
l'Euphrate  et  le  Tigre,  où  la  Bible  place  le  berceau  de 
l'humanité.  Les  villes  fameuses  de  Ninive  et  de  Babylone, 
si  souvent  mentionnées  dans  l'histoire  d'Israël,  et  si  célè- 
bres chez  les  écrivains  classiques,  semblaient  comme  sortir 
de  terre  avec  leurs  rois  inconnus  ou  oubliés  et  livraient  à 
l'archéologue  et  au  savant  les  immenses  et  magniûques 
ruines  de  leurs  temples  et  de  leurs  palais  ensevelis  sous  le 
sable  depuis  plus  de  deux  mille  ans.  Des  fouilles  habile- 
ment dirigées  ramenaient  au  jour  les  statues  colossales 
qui  décoraient  ces  temples  et  ces  palais  avec  leurs  nom- 
breux bas-reliefs,  œuvres  d'un  art  perfectionné,  et  avec 


(  1(62  ) 

leurs  écritures  étranges,  gravées  en  forme  de  coins  sur  les 
lianes  des  colosses,  sur  les  linteaux  des  portes  ou  sur 
l'argile  des  briquettes  et  des  cylindres.  Les  riches  collec- 
tions du  Louvre  à  Paris  et  du  Musée  britannique  à  Londres 
montrent  aujourd'hui  aux  regards  des  curieux  et  à  l'œil 
attentif  des  savants  ces  vieux  témoins  venus  de  l'Asie  pour 
dire  à  notre  siècle  ce  que  furent  leurs  contemporains  les 
Assyriens  et  les  Babyloniens  que  les  historiens  grecs  n'ont 
guère  connus. 

Le  champ  de  l'assyriologie  est  trop  vaste  pour  être 
parcouru  et  décrit  dans  ses  détails  en  une  courte  lecture. 
Forcé  de  faire  un  choix,  j'ai  pris  pour  sujet  la  bibliothèque 
du  roi  Assurbanipal  (1),  que  la  ressemblance  des  noms  a 
fait  à  tort  confondre  avec  le  Sardanapale  des  Grecs  (2). 

(1)  C'est  ainsi  que  les  assyriologisles  écrivent  ordinairement  ce  nom  en 
français.  Les  Anglais  écrivent  Ashurbanipal,  et  l'on  prononce  Aschour- 
bariipal.  Ou  écrit  aussi  Assur-bani-apli. 

(2)  Al.  Oppert,  dans  son  Expédition  en  Mésopotamie  (Paris,  186")),  a 
donné,  à  plusieurs  rois  d'Assyrie,  le  nom  de  Sardanapale.  Assurbanipal 
est  chez  lui  Sardanapal  V.  {Annales  de phil.  chrét.  1856,  t.  LUI,  p.  168.) 
Plus  récemment  {Annales  de  phil.  chrét.,  1862,  p.  58),  il  l'appelle  Sarda- 
napale VI  et  le  fait  Gis  de  Iégïat-Pileser  V.  Dans  ses  ouvrages  plus  récents, 
il  a  adopté  le  nom  d'Assuibanipal.  Dans  son  Expéd.  en  Mésop.,  t.  I,  p  501, 
il  prononce  Asurdanapalla.  D'après  la  Chronique  d'Eusèbe{MiG*E,  Patrol., 
yr.  XIX,  pp.  140,  -i50j,  Thonus  Coucolerus,  appelé,  par  les  Grecs,  Sarda- 
napalle,  l'ut  le  dernier  roi  des  Assyriens.  Il  régna  vingt  ans,  vers  l'époque 
où  Jéroboam  régnait  en  Israël.  Eusèbe  a  suivi  Clésias  (Diod.  sic,  t.  Il, 
pp.  25,  509),  selon  lequel  Sardanapale,  le  trentième  roi  assyrien  depuis 
Ninus,  était  un  prince  efféminé  qui  passa  sa  vie  dans  la  mollesse  et  les 
plaisirs  el  se  fit  brûler  vivant  avec  sa  femme  et  ses  trésors,  lors  de  la 
prise  de  Ninive  par  Arbacès  et  Bélésis.  Justin,  t  I,  p.  21  ;  Bion  dans  Aga- 
tias,  t.  Il,  p.  25;  Orose,  t.  I,  p.  19;  t.  II,  p.  22;  Cephauon  {Patrol.,  gr. 
XIX,  p.  159);  Samuel' d'Am  {Ibid.,  p  625),  suivent  Clésias.  Ce  Sardana- 
pale ne  saurait  être  Assurbanipal  qui  régna  quarante  et  un  ans,  fut  belli- 
queux et  ami  des  arts  et  mourut  avant  la  prise  de  Ninive.  D'après  Héro- 


(  465  ) 

Assurbanipal,  tils  d'Asarhaddon,  de  la  dynastie  des  Sargo- 
nides,  régna  à  Ninive  de  l'an  667  à  Tan  626  avant  Jésus- 
Christ.  La  bibliothèque  du  palais  de  ce  prince  e^t  assuré- 
ment un  des  objets  les  plus  curieux  de  l'assyriologie.  Avec 
ses  briquettes  écrites,  elle  forme  la  plus  ancienne  comme 
la  plus  singulière  bibliothèque  royale  qui  soit  parvenue 
jusqu'à  nous.  Comment  a-t-elle  été  retrouvée?  Comment 
est-on  parvenu  à  lire  et  à  comprendre  les  documents 
qu'elle  contient  et  quels  sont  ces  documents?  Telles  sont 
les  questions  qui  se  présentent  naturellement  à  l'esprit  et 
auxquelles  la  science  assyriologique  donne  aujourd'hui  des 
réponses  satisfaisantes. 


II. 


C'est  à  M.  Botta,  consul  de  France  à  Mossoul,  que 
revient,  comme  on  sait,  l'honneur  d'avoir  retrouvé  Ninive 
et  d'avoir  remis  au  jour  le  premier  palais  assyrien  qui  se 
soit  montré  aux  regards  de  l'homme  depuis  la  chute  de  ce 
grand  empire.  Les  fouilles,  commencées  d'abord  à  Kouyoun- 
djik  sur  la  rive  gauche  du  Tigre  en  face  de  Mossoul,  là  où 
l'on  suppose  que  fut  l'ancienne  Ninive,  n'eurent  aucun 
résultat  important.  On  n'avait  pas  creusé  assez  profondé- 
ment C'était  en  1842.  Les  choses  en  étaient  là,  lorsqu'un 
paysan  de  Khorsabad,  village  situé  à  quelques  lieues  plus 
au  Nord,  apporta  à  M.  Botta  deux  grandes  briques  cou- 
doie (t.  I,  103),  Ninive  fui  prise  et  détruite,  non  par  Arbacès  et  Bélésis, 
mais  par  Cyaxare,  roi  des  Mèdes.  Cet  événement  eut  lieu  vers  l'an  600  ou 
609  av.  J.-C.  (Delattre,  Le  peuple  et  l'empire  des  Mèdes,  pp.  178  et  suiv.). 
Bérose  et  Alexandre  polyh.  (Eusebii  citron.  Patrol,  gr.  XIX,  p.  119) 
citent  un  Sardanâpalle  qui  régna  vingt  et  un  ans  sur  les  Chaldéens,  après 
Samugès,  et  qui  coïncide  à  peu  près  avec  Assurbanipal. 


(  464  ) 

vertes  d'inscriptions  cunéiformes,  trouvées  près  de  son 
village  (1).  D'après  son  dire,  les  briquettes  de  ce  genre 
abondaient  à  Khorsabad.  Sur  ces  indications  et  dans  l'es- 
poir d'un  meilleur  succès,  Botta  abandonna  Kouyoundjik  et 
alla  continuer  ses  fouilles  à  Khorsabad. 

Le  succès  couronna  ses  efforts  au  delà  de  toute  espé- 
rance. Quelques  mois  plus  tard,  en  1843,  le  consul  fran- 
çais pénétrait  dans  le  palais  d'un  roi  assyrien  et  dégageait 
une  suite  de  salles  vastes  et  bien  conservées,  dont  les 
murs  étaient  recouverts  de  bas-reliefs  en  albâtre  sculptés 
avec  une  grande  perfection.  On  voyait  ce  roi  inconnu  avec 
sa  figure  majestueuse,  sa  barbe  tressée  en  boucles  et  en 
gradins,  avec  son  costume  assyrien,  la  tête  ornée  de  la 
tiare,  assis  sur  son  trône  ou  debout  sur  son  char,  rendant 
hommage  à  ses  dieux  ou  recevant  le  tribut  des  peuples, 
triomphant  dans  les  batailles  ou  terrassant  à  la  chasse  les 
bêles  féroces.  Autour  de  lui  étaient  ses  prêtres  et  ses 
grands  officiers  (2). 

Une  inscription  en  lettres  cunéiformes,  gravée  sur  les 
linteaux  et  les  montants  des  portes  du  palais,  répétée  plu- 
sieurs fois  sur  les  jambes  des  taureaux  ailés  à  figure 
humaine,  gardiens  de  ces  portes,  indiquait  le  nom  du  roi. 
Mais  on  ne  pouvait  le  lire.  Tout  ce  que  l'on  savait,  c'est 
que  celte  écriture  paraissait  être  la  même  que  celle  de  la 


(1)  Voyez  Layaro,  Nineve  handits  remains,  London,  1873,  p.  7;  Botta, 
Le  monument  de  Ninive,  Paris,  1849.  Khorsabad  ou  Kischtabad  est  men- 
tionné par  Jakouti  comme  bâti  sur  le  site  d'une  ancienne  ville  appelée 
Saraoun  ou  Saraghoun.  Layard,  liv.  cit.,  p.  113. 

(2)  Ces  antiquités  sont  maintenant  au  musée  assyrien  du  Louvre,  a 
Paris.  M.  Mohl  fit  connaître,  le  3  mai  1843,  à  la  Société  asiatique  de  Paris, 
les  premières  découvertes  de  Botta.  Voyez  Journal  asial ,  IV"  série,  t.  I, 
p.  473. 


(  465  ) 

troisième  langue  des  inscriptions  trilingues  des  rois  de 
Perse  à  Behistoun,  à  Persépolis  et  à  Suse,  langue  que  l'on 
croyait  avec  raison  être  celle  des  Babyloniens  et  des  Assy- 
riens et  que  l'on  supposait  appartenir  à  la  famille  sémi- 
tique (1).  Ce  fut  l'un  de  nos  associés  étrangers  dont  nous 
regrettons  la  perte,  M.  de  Longpérier,  qui  le  premier 
déchiffra  cette  inscription  et  la  traduisit  en  1847.  Sa  tra- 
duction est  restée.  Elle  est  ainsi  conçue  :  «  Palais  de 
Sargon,  roi  grand,  roi  puissant,  roi  des  bataillons,  roi  du 
pays  d'Assur  »  (2).  Ce  roi,  qui  surgissait  des  ruines,  après 
deux  mille  cinq  cents  ans,  était  inconnu  à  l'histoire.  Seul 
le  prophète  Isaïe  en  avait  conservé  le  nom  (3).  Les  décou- 
vertes de  Botta  furent  un  événement.  Lorsque  ces  sculp- 
tures et  ces  inscriptions  arrivèrent  à  Paris,  le  monde  savant 
lut  en  émoi. 

Un  jeune  Anglais,  bien  connu  depuis,  M.  Layard,  avait 
parcouru,  en  1840,  la  Mésopotamie  et  l'Assyrie  et  remar- 
qué les  ruines  qui  couvrent  ces  contrées.  Depuis  longtemps 
il  désirait  faire  des  fouilles,  mais  il  ne  trouvait  pas  le  public 
anglais  disposé  à  le  seconder. 

En  apprenant  les  découvertes  de  Botta,  il  lit  de  nou- 


(1)  Dans  la  persuasion  que  l'écriture  cunéiforme  avait  cessé  d'être  en 
usage  depuis  le  temps  d'Alexandre  le  Grand,  Botta  conclut  que  sa  décou- 
verte faisait  revivre  un  monument  assyrien.  L'écriture  cunéiforme  était 
encore  en  usage  à  Babylone  pour  les  contrats  privés  au  commencement  de 
notre  ère.  Menant,  La  bibliothèque  du  palais  de  Ninive,  p.  24. 

(2)  Revue  archéologique,  1847;  Menant,  Les  écritures  cunéiformes, 
Paris,  1860,  p.  125.  Au  lieu  de  «  roi  des  bataillons  v,  M.  Oppert  traduit: 
«  roi  du  monde  i,  ou  encore  «  roi  des  légions  ».  Les  assyriologistes  diffè- 
rent encore  d'avis  sur  un  bon  nombre  de  mots  et  souvent  se  contredisent  ; 
néanmoins,  leur  traduction  est  certaine  en  beaucoup  de  points.  La  science 
assyriologique  progresse  chaque  jour.  A  mesure  qu'elle  avance,  les  ombres 
se  dissipent  et  l'incertitude  disparaît. 

(3)  Ibidem.,  t.  XX,  I. 

3me   SÉRIE,   TOME    IX.  32 


(  466  ) 

velles  instances  el  parvint  enfin,  en  1845,  à  intéresser  à 
son  œuvre  lord  Slradfortde  Recliffe.  Ses  premières  fouilles 
eurent  lieu  à  un  endroit  appelé  aujourd'hui  par  les  Arabes 
«  Nimrod  »  et  situé  sur  la  rive  gauche  du  Tigre,  non  loin 
du  confluent  du  Zab  avec  ce  fleuve. 

Cette  entreprise  coûteuse  et  pleine  de  difficultés  amena 
d'importantes  découvertes.  Au  bout  de  quelques  semaines 
les  ouvriers  mettaient  au  jour  les  ruines  d'un  palais  et 
déterraient  la  statue  colossale  d'un  lion  ailé  à  tête  humaine. 
Lorsque  apparut  au  fond  de  la  tranchée  la  tête  gigantesque 
de  ce  monstre  d'albâtre,  les  Arabes  furent  saisis  d'admira- 
tion; l'un  d'eux  cria  à  M.  Layard  :  o  Vite  Bey,  aux  fos- 
soyeurs, car  ils  ont  trouvé  Nemrod.  Allah!  c'est  surpre- 
nant, mais  c'est  vrai,  nous  l'avons  vu,  c'est  lui-même 
avec  ses  yeux;  il  n'y  a  point  d'autre  Dieu  que  Dieu  »  (i). 

Bientôt  les  ouvriers  dégagèrent  des  chambres  el  de 
grandes  salles  couvertes  de  peintures  et  de  bas-reliefs 
admirablement  sculptés,  mais  en  partie  calcinés  par  le  feu, 
divers  objets  d'art,  un  immense  monolithe  formant  le 
pavé  d'une  salle  et  couvert  d'une  inscription  qui  contient 
les  annales  du  règne  d'Assur-Natzir-Pal.  Comme  à  Khor- 
sabad,  des  lions  et  des  taureaux  gigantesques  gardaient 
les  portes  d'entrée.  On  trouva  la  statue  du  roi  fondateur 
de  l'édifice  avec  l'inscription  marquant  son  nom.  Ce  nom 
a  été  lu  diversement.  On  le  lit  communément  aujourd'hui 
Assur-Natzir-Pal  (2). 

(1)  Layard,  Nineve  hand  ils  remains,  London,  1873,  p.  49. 

(2)  M.  Layard  l'appelle  souvent  Sardanapale,  nom  qu'il  croit  avoir  été 
commun  à  plusieurs  rois  d'Assyrie.  M.  Oppert,  dans  son  Expéd.  en  Méso- 
pot.,  t.  I,  p.  311,  l'appelle  Sardanapale  III.  Sir  H.  Rawlinson  l'a  d'abord 
appelé  Asshur-idanni-pal,  puis  Asshur-izzir-pal;  Hinckx  prononce  Asshur- 
yuzhur-bal.  (Voyez  Layard,  Ninive  hand  ils  remains,  pp.  xxui,  104.)  Ce 
désaccord  n'a  rien  d'étonnant.  «  Rien  n'est  plus  facile  à  reconnaître  en 


(  4H7  ) 

Les  fouilles  furenl  poussées  avec  activité  aux  frais  du 
Musée  britannique.  D'autres  palais  furent  découverts  au 
centre  et  au  sud-ouest;  ils  augmentèrent  encore  le  trésor 
de  statues,  de  bas-reliefs  et  d'inscriptions  précédemment 
recueillies. 

Enhardi  par  ces  succès,  l'habile  explorateur  revint  à 
Mossoul  et  reprit  à  Kouyoundjik,  sur  l'emplacement  de 
l'ancienne  Ninive  (1),  les  fouilles  abandonnées  par  Botta. 

général  que  les  noms  propres  dans  les  inscriptions  assyriennes,  à  causé 
des  signes  particuliers  qui  les  distinguent.  En  revanche,  rien  n'est  plus 
difficile  à  lire.  D'ordinaire,  les  noms  propros  assyriens  sont  exprimes  par 
des  idéogrammes;  leur  expression  en  caractères  syllabiques  est  très  rare. 
Les  premiers  déchiffrés  furent  ceux  dont  la  grande  inscription  de  Darius 
à  Béliisloun  offre  l'expression  graphique  assyrienne  en  regard  de  leur 
expression  alphabétique  dans  le  texte  persan,  et  ceux  que  l'on  parvint  à 
identifier  avec  des  noms  connus,  soit  par  la  Bible,  soit  par  les  écrivains 
classiques  »  (Delattre,  Revue  cath.,  1878,  t.  II,  p.  245) 

(1)  M.  Layard  (Nineve  hand  its  remains,  p.  336)  pense  que  Kouyoun- 
djik et  Nebi  Junus,  en  face  de  Mossoul,  ne  formaient  que  le  quartier 
royal  de  Ninive.  Selon  lui,  au  temps  d'Assurbanipal,  Ninive  était  une  ville 
immense  qui  s'étendait  de  Khorsabad,  à  quatre  lieues  au  nord-est,  jusqu'à 
Nimroud,  à  six  lieues  au  sud.  Elle  n'avait  pas  d'enceinte  fortifiée;  seuls, 
les  quartiers  royaux  étaient  renfermés  dans  des  murs  et  formaient  comme 
trois  citadelles  à  Nimroud,  Kouyoundjik  et  Khorsabad.  Entre  ces  quartiers 
royaux,  la  vaste  plaine  élait  occupée  par  des  maisons  entourées  de  jar- 
dins. Le  livre  de  Jonas  qui  dit  que  Ninive  était  une  très  grande  ville 
(Jon.,  t.  III,  p.  3),  d'une  étendue  de  trois  jours  de  chemin,  où  il  y  avait 
120,000  personnes  qui  ne  savaient  distinguer  leur  gauche  de  leur  droite, 
c'est-à-dire  120,000  enfants  en  bas  âge  {Jonas,  t.  IV,  II),  confirme  l'opi- 
nion de  Layard.  Diodore  de  Sicile  (t.  Il,  p.  3)  semble  également  la  conr 
firmer,  lorsqu'il  dit  que  Ninive  formait  un  rectangle  de  quatre  cent  quatre- 
vingls  stades  (environ  vingt-cinq  lieues)  de  pourtour.  D'après  Slrabon, 
Ninive  était  plus  grande  que  Babylone.  Cette  opinion  me  paraît  mieux 
fondée  que  celle  de  M.  Oppert  (Expéd.  en  Mésopot.,  t.  1,  pp.  67  et  ^uiv.), 
qui  place  Ninive  sur  les  deux  rivfs  du  Tigre  el  fait  de  Khorsabad  et  de 
Nimroud  deux  villes  distinctes.  M.  Oppert  me  paraît  aussi  identifier  à  tort 
Calah  (Gen.,  t.  X,  p.  12)  avec  Nimroud  ;  je  l'identifierais  plutôt  avec  Kalah 
Shergatb,  qui  est  plus  au  sud  sur  la  rive  droite  du  Tigre. 


(  468  ) 

Là  s'offrirent  bientôt  les  ruines  d'un  vaste  palais  plus 
grand  que  ceux  de  Niinrod  et  de  Khorsabad  :  statues  colos- 
sales de  taureaux  et  de  lions  avec  inscriptions  aux  portes 
d'entrée,  salles  immenses,  chambres  nombreuses,  pein- 
tures murales,  bas-reliefs  d'albâtre  ou  de  calcaire  dur  en 
partie  calcinéN  par  le  feu,  qui  avait  dévoré  le  palais  con- 
struit par  Sennachérib  et  agrandi  par  son  petit-fils  Assur- 
banipal.  Ces  peintures  et  ces  bas-reliefs  représentaient  des 
batailles,  des  chasses,  des  cérémonies  religieuses,  les  dieux 
du  panthéon  assyrien,  des  prisonniers  amenés  au  roi.  Là 
on  voyait  Sennachérib  assis  sur  son  trône  et  recevant  les 
hommages  des  Juifs  captifs  de  Lachis  (1).  Sur  un  autre 
bas-relief  il  était  sur  son  char  revenant  de  la  bataille  (2). 
La  partie  nord  du  tumulus  fut  explorée  après  le  départ  de 
M.  Layard  par  M.  Loftus  et  par  M.  Rassam,  qui  complé- 
tèrent en  1852  et  1853  les  fouilles  de  Kouyoundjik  et 
mirent  au  jour  la  partie  de  l'édifice  ornée  par  Assurbanipal 
avec  les  bas-reliefs  et  les  inscriptions  qui  relataient  ses 
guerres  contre  Élam. 

Dans  l'intérieur  et  vers  le  centre  de  ce  vaste  palais, 
œuvre  de  Sennachérib  et  de  son  petit-fils  Assurbanipal,  les 
ouvriers  de  M.  Layard  déblayèrent,  au  bout  d'un  couloir 
qui  se  terminait  en  cul-de-sac,  deux  chambres  donnant 
l'une  dans  l'autre.  La  première  de  ces  pièces  avait  7  mètres 
de  longueur  sur  5  de  largeur,  l'autre  était  plus  petite 
encore.  C'est  là  que,  sous  les  décombres,  se  trouvait 
entassée  la  bibliothèque  royale  dont  j'ai  entrepris  de  vous 
parler.  Cette  bibliothèque  est  maintenant  au  Musée  bri- 
tannique. C'est  assurément  le  plus  ancien  dépôt  littéraire 

(I)  Oppçrt,  Expéd.  en  Mésopot.,  t.  I,  p.  296. 
("2j  Layard,  Ouvr.  cit.,  p.  358. 


(  469  ) 
qui  soit  parvenu  jusqu'à  nous.  M.  Layartl  n'en  découvrit 
qu'une  partie;  M.  Rassam  continua  la  découverte  qui  ne 
fut  complétée  que  bien  longtemps  après  par  M.  George 
Smith  en  trois  voyages  successifs  faits  en  1873,  1874  et 
1875  (1),  lorsqu'on  eut  commencé  le  déchiffrement  et 
compris  par  là  l'importance  des  tablettes  apportées  à 
Londres. 

Cette  bibliothèque  d'argile  avait  été  rassemblée  par  les 
soins  du  roi  Assurbanipal,  qui,  comme  nous  l'avons  dit, 
succéda  à  son  père  Asarhaddon,  l'an  667  avant  Jésus-Christ, 
et  occupa  le  trône  d'Assyrie  durant  un  règne  glorieux  de 
quarante  et  un  ans.  Ce  règne,  inconnu  à  l'histoire,  nous 
est  maintenant  révélé  par  la  bibliothèque  et  les  inscriptions 
trouvées  dans  les  ruines  du  palais  de  Ninive.  M.  George 
Smith  nous  a  donné  l'histoire  de  ce  roi,  ami  des  arts 
et  des  lettres,  qui  recevait  le  tribut  de  la  Susiane,  de  la 
Chaldée,  de  l'Egypte,  de  la  Lydie  et  d'une  foule  d'autres 
pays  (2). 

Los  deux  chambres  que  nous  venons  de  mentionner 
étaient  remplies  presque  jusqu'au  haut  par  des  milliers  de 
briquettes  ou  tablettes  plates  et  carrées,  en  terre  cuite, 
portant  sur  les  deux  faces  une  écriture  cunéiforme  tracée 
sur  l'argile  encore  fraîche,  avant  la  cuisson.  Ces  caractères 
sont  si  fins  et  si  serrés  qu'il  faut  beaucoup  d'habitude  pour 
discerner,  sans  se  tromper,  les  lignes  et  les  lettres.  Il  est 
même  quelquefois  nécessaire  de  recourir  à  un  verre  gros- 


(1)  Smilh  est  mon  à  Alep,  le  19  aoùl  1876,  dans  son  troisième  voyage. 
Il  a  raconté  ses  deux  premiers  voyages  dans  les  Assyhan  discoveries;  an 
Account  of  explorations  and  discoveries  on  Ihe  site  of  Nineveh  during, 
1873-1874.  London,  1875. 
,    (2    Voyez.  G.  Sbith,  Hislory  of  Assurbanipal. 


(  470  ) 

sissant  (I).  Plusieurs  tablettes  avaient  été  brisées,  soit  par 
l'effondrement,  soit  par  l'ardeur  du  feu  qui  dévora  le  palais; 
cependant  les  morceaux,  au  moment  de  leur  découverte, 
se  trouvaient  réunis  et  auraient  pu  être  facilement  ras- 
semblés. Mais,  au  lieu  d'y  faire  attention,  les  ouvriers,  trop 
zélés,  se  contentèrent  de  jeter  pêle-mêle  dans  différents 
paniers  ces  débris,  qui  ensuite  furent  mis  dans  des  caisses, 
et  dont  une  partie  alla  à  Bagdad  pour  aider  sir  Henry 
Rawlinson  dans  ses  précieuses  recherches,  tandis  que 
d'autres  allèrent  directement  à  Londres.  Ainsi  il  advint 
que  les  débris  du  même  lexe  furent  séparés  les  uns  des 
autres  (2).  L'ordre  des  tablettes  fut  troublé  d'autant  plus 
facilement  que  la  découverte  se  fit  en  plusieurs  fois  et 
qu'on  ne  savait  les  lire. 

Il  paraît  par  les  inscriptions  de  quelques  poteries  que 
les  Assyriens  et  les  Babyloniens  connaissaient  les  carac- 
tères alphabétiques  phéniciens  (3);  mais  ils  employaient 
les  caractères  cunéiformes  sur  les  monuments  et  les 
briquettes,  parce  que  ces  caractères  se  prêtaient  mieux  à 
la  gravure  surtout  sur  l'argile.  En  effet,  les  scribes  assy- 
riens gravaient  en  creux  leurs  lettres  sur  l'argile  encore 
molle  avec  des  stylets  triangulaires  (4)  et  formaient  ainsi 

(1)  La  yard,  Nineve  hand  Babylone,  London,  1867,  p.  169.  On  se  demande 
comment  les  Ninivites  les  lisaient  :  peut-être  la  note  que  me  communique 
mon  savant  confrère  M.  Montigny  explique-t-elle  la  chose  :  «  On  sait  que 
le  savant  physicien  David  Brewster  présenta  à  l'Association  britannique 
en  1852  une  lentille  plane  convexe  en  cristal  de  roche  de  1  pouce  6/„ 
environ  de  diamètre,  trouvée  dans  les  ruines  de  Ninive.  Ce  savant  a  fait 
voir  que  ce  cristal  ne  doit  pas  être  considéré  comme  un  simple  ornement, 
mais  comme  un  véritable  appareil  d'optique  ». 

(2)  Voyez  Oppert,  Expéd.  en  Mésopot.,\.  I,  p.  70. 

(3)  Voyez  La  yard,  Nineve  hand  Us  remains,  p.  241. 

(4)  On  a  retrouvé  de  ces  stylets  dans  les  ruines.  Voyez  J.  Ménaint,  La 
bibliothèque  du  palais  de  Ninive,  Paris,  1880,  p.  26. 


(  «1  ) 

«les  traits  en  forme  de  coins,  d'où  le  nom  d'écriture  cunéi- 
forme. On  faisait  ensuite  cuire  les  tablettes  ainsi  couvertes 
de  caractères.  Chaque  briquette  ou  tablette  était  numérotée 
et  formait  comme  le  feuillet  d'un  livre,  qui  se  composait 
de  la  sorte  d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  briquettes 
selon  que  l'écrit  était  plus  ou  moins  étendu.  Chaque 
tablette  portait  en  haut  un  numéro  d'ordre  et  en  bas  les 
premiers  mots  de  la  page  ou  de  la  tablette  suivante  à  la 
façon  de  nos  anciens  imprimeurs.  Chaque  série  de  tablettes 
avait  un  titre  général  qui  se  répétait  sur  chaque  tablette. 
Ce  titre  n'était  autre  que  les  premiers  mots  du  livre, 
comme  dans  les  Bibles  hébraïques  les  cinq  livres  de  Moïse 
sont  désignés  par  les  premiers  mots  :  Berescliith  pour  la 
Genèse,  Elle  schemot,  pour  l'Exode,  et  ainsi  de  suite.  Nous 
trouvons,  par  exemple,  une  série  de  tablettes  astronomi- 
ques avec  le  titre  :  «  Quant  les  Dieux  Anu  et  Ilu  ».  Ces 
diverses  indications  ont  permis  de  reconstituer  quelques- 
uns  des  livres  de  la  bibliothèque  d'Assurbanipal.  On  en 
reconstituera  d'autres  avec  le  temps  (1). 

La  bibliothèque  du  palais  de  Ninive  était  considérable. 
On  estime  à  dix  mille  au  moins  le  nombre  des  briquettes 
réunies  dans  le  palais  royal.  En  1872,  M.  Birsch  estimait 
à  vingt  mille  le  nombre  des  tablettes  et  des  fragments 
réunis  à  Londres.  Ce  nombre  a  été  beaucoup  augmenté 
parles  découvertes  de  Georges  Smith.  Ces  volumes  d'argile 
semblent  avoir  été  disposés  par  ordre  de  matières.  Mais 
l'effrondement  des  cases  qui  les  contenaient  et  le  désordre 
introduit  par  les  ouvriers  et  le  transport  ont  tout  mêlé  et 


(1)  Pline  (Mis.  nat.,  I.  VII,  p.  57)  parle  des  tablettes  babyloniennes  sur 
lesquelles  étaient  écrites  les  observations  astronomiques  :  «  Epigenes,  apud 
Babylonios  DCGXXM  annorum  observationes  siderum  coctilibus  lalerculis 
inscriptas  docet  ». 


(  472  ) 

bouleversé.  Georges  Smith,  avant  son  départ,  avait  com- 
mencé à  mettre  jun  peu  d'ordre  dans  ce  chaos.  Ses  suc- 
cesseurs, M.  Chad  Boscaven  et  M.  Pinches,  continuent 
laborieusement  son  œuvre.  Peu  à  peu  les  volumes  se 
reconstituent,  mais  ce  grand  travail  ne  sera  pas  achevé  de 
sitôt.  Après  tous  les  efforts  il  restera  bien  des  parties 
incomplètes  et  des  briquettes  mutilées.  Les  Arabes  en  ont 
détruit  en  cherchant  des  trésors  parmi  les  décombres; 
d'autres  briquettes  ont  été  vendues  et  disséminées  par 
toute  l'Europe.  Outre  les  briquettes,  les  archives  des  rois 
Assyriens  contenaient  aussi  des  barils,  cylindres  ou  prismes 
de  forme  hexagonale  couverts  sous  toutes  leurs  faces  de 
caractères  cunéiformes.  Sur  un  des  cylindres  on  a  retrouvé 
les  annales  du  roi  Asarhaddon,  sur  un  autre  quelques 
exploits  de  Sennachérib.  Quatre  prismes  à  six  faces, 
malheureusement  brisés,  mais  se  complétant  l'un  l'antre, 
racontent  les  guerres  des  huit  premières  années  d'Assur- 
banipal.  On  voit  que  les  rois  d'Assyrie  se  préoccupaient  de 
transmettre  leur  nom  et  le  souvenir  de  leurs  victoires  — 
ils  ne  rapportent  jamais  leurs  défaites  —  aux  générations 
futures.  Car  les  tablettes,  cuites  au  feu,  avaient  l'inaltéra- 
bilité de  la  brique,  pouvaient  résister  à  l'eau  et  au  feu  et 
avaient  une  durée  autrement  assurée  que  ces  feuilles 
éphémères  auxquelles  nous  confions  nos  écrits  (1). 


(1)  Beaucoup  de  tablettes  se  terminent  ainsi  :  «  Palais.  Assurbanipal,  roi 
des  légions  des  peuples,  roi  d'Assyrie,  à  qui  le  Dieu  Nabu  et  la  déesse 
Tamit  ont  donné  des  oreilles  attentives  et  des  yeux  ouverts  pour  voir  les 
récits  des  écrivains  de  mon  royaume  que  les  rois,  mes  prédécesseurs,  ont 
employés.  Dans  mou  respect  pour  Nabu,  le  Dieu  de  l'intelligence,  j'ai 
recueilli  ces  tablettes;  je  les  ai  fait  écrire;  je  les  ai  signées  de  mon  nom; 
je  les  ai  disposées  dans  mon  palais.  »  (Mésant,  La  bibliothèque  du  palais 
de  Ninive,  p.  31.)  Une  inscription  semblable  se  lit  au  verso  de  la  première 
tablette  de  la  genèse  chaldéenne  retrouvée  par  G.  Smith  Voyez  Vicou- 
roux,  La  Bible  et  les  découvertes  modernes,  3e  éd.,  t.  Ier,  p.  182. 


(  475  ) 


III. 


Comment  est-on  parvenu  à  lire  et  à  comprendre  ces 
documents?  L'histoire  de  celle  découverte  montre  la  puis- 
sance du  génie  de  l'homme  et  fait  honneur  à  une  pléiade 
de  savants  de  notre  siècle,  parmi  lesquels  brillent  surtout 
les  noms  de  sir  Henri  Rawlinson  et  de  notre  associé 
M.  Jules  Oppert.  Cette  découverte  est,  en  quelque  sorte, 
le  pendant  de  la  découverte  de  Champollion.  Mais,  tandis 
que  la  lecture  et  l'interprétation  des  hiéroglyphes  est, 
pour  ainsi  dire,  l'œuvre  d'un  seul,  puisque  c'est  Champol- 
lion qui  a  ouvert  la  voie  à  tous  les  autres,  la  lecture  et 
l'interprétation  des  écritures  cunéiformes  est  une  œuvre 
collective.  Depuis  le  commencement  du  siècle  toute  une 
phalange  de  savants  y  a  travaillé.  Chacun  a  apporté  sa 
pierre  à  la  construction  de  l'édifice.  L'édifice  s'est  élevé 
lentement  comme  nos  vieilles  cathédrales.  A  l'heure  pré- 
sente il  n'est  pas  encore  complètement  achevé.  Ce  n'est 
pas  ici  le  lieu  de  vous  montrer  dans  les  détails  l'immense 
travail,  la  puissance  de  génie,  les  efforts  persévérants  que 
l'édifice  a  demandés  aux  architectes;  je  dois  me  borner  à 
quelques  points  principaux. 

C'est  la  pierre  de  Rosette  avec  sa  triple  inscription  en 
hiéroglyphes,  en  démotique  et  en  grec  qui  a  ouvert  la  voie 
à  Champollion  pour  lire  et  interpréter  les  inscriptions  des 
monuments  égyptiens;  de  même  pour  les  écritures  cunéi- 
formes, les  inscriptions  trilingues  du  palais  de  Darius  à 
Persépolis  et  du  rocher  de  Behistoun  ont  ouvert  la  voie 
aux  assyriologistes.  Mais,  tandis  que  Champollion,  guidé 
par  un  texte  connu,  est  arrivé  d'un  bond  à  une  découverte 


(  474  ; 

complète,  il  a  fallu  longtemps  et  l'on  n'est  arrivé  que  par 
degrés  à  la  lecture  et  à  l'intelligence  des  textes  cunéi- 
formes. C'est  que  les  inscriptions  de  Persépolis  et  de 
Behistoun  renfermaient  trois  sortes  d'écriture  cunéiforme 
dont  aucune  n'était  connue  et  l'on  ne  connaissait  pas 
davantage  quelles  langues  elles  cachaient. 

Pietro  délia  Valle,  en  1610,  lit  le  premier  pas  en 
remarquant  que  cette  écriture  devait  se  lire  de  gauche  à 
droite;  mais  il  n'alla  pas  plus  loin.  Ce  fut  seulement  un 
siècle  et  demi  plus  tard  que  le  savant  danois  Niebuhr  fit 
un  second  pas  en  avant  en  remarquant  que  la  même 
inscription  était  répétée  trois  fois  et  renfermait  trois 
systèmes  différents  d'écriture;  il  remarqua  en  outre  que  le 
système  de  droite  était  formé  de  42  caractères  et  formait 
ainsi  une  écriture  alphabétique.  De  fausses  conjectures 
l'arrêtèrent  à  ce  point  (1). 

Un  autre  savant  danois,  Miïnter,  fit  en  1802  un  pas  de 
plus.  Les  trois  sortes  d'écritures  lui  parurent  :1a  première, 
alphabétique;  la  deuxième,  syllabique;  la  troisième, 
monogrammatique.  Dans  la  première  espèce,  il  parvint  à 
lire  les  deux  lettres  A  et  B.  Vers  le  même  temps 
Grotefend,  par  une  suite  de  conjectures  heureuses  et 
bien  raisonnées,  réfléchissant  que  ces  inscriptions  appar- 
tenaient aux  rois  Achéménides,  parvint,  à  l'aide  de 
l'hébreu,  du  persan  et  du  grec,  à  déchiffrer  les  trois 
noms  propres  :  Darius,  Xerxès  et  Vistasp.  Grotefend  (2) 
ne  réussit   pas  alors  à  pousser  plus  loin  son   heureuse 


(1)  Voyez  J.  Menant,  Les  écritures  cunéiformes.  Paris,  1860,  pp.  21-43. 

(5)  Grotefend  a  publié  encore  différents  écrits  sur  les  inscriptions  cunéi- 
formes à  Gôttingue,  en  1840,  1850,  1851,  1853,  après  les  découvertes  de 
H.  Rawlinson,  Lassen  et  Hurnouf. 


(  475  ) 

découverte.  Le  déchiffrement  des  inscriptions  de  Per- 
sépolis  ne  fit  plus  un  pas  jusqu'en  1836,  époque  où 
Lassen,  en  Allemagne,  et  Burnouf,  en  France,  parvinrent, 
en  même  temps  et  indépendamment  l'un  de  l'autre,  à 
compléter  la  découverte  de  Miinler  el  de  Grotefend. 
Lassen  (1)  lut  et  déchiffra  la  première  colonne  des  inscrip- 
tions trilingues;  tandis  que  Burnouf  (2)  publiait  un  travail 
semblable  sur  les  inscriptions  de  Hamadan,  l'ancienne 
Ecbalane.  Tous  deux  prouvèrent  que  la  langue  de  la  pre- 
mière colonne  était  la  langue  des  Perses,  langue  très 
voisine  du  Zend.  Entretemps  sir  Henri  Rawlinson  travail- 
lait en  Perse  sur  le  même  sujet  et  arrivait  par  sa  propre 
initiative  au  même  résultat  que  les  deux  savants  français 
et  allemand  Puis,  aidé  par  les  travaux  de  Burnouf  et  de 
Lassen,  il  s'avançait  plus  loin,  copiait  avec  exactitude  la 
longue  inscription  de  Darius  gravée  sur  le  rocher  de 
Behistoun,  la  lisait,  la  traduisait  el  l'envoyait  à  la  Société 
asiatique  de  Londres  en  1843  (3). 

Une  fois  en   possession  de   la  langue  de  la   première 


(1)  Die  altpersischen  Keilinschriflen  von  Persepolis.  Bonn,  1836. 

(2)  Burnouf,  Mémoire  sur  deux  inscriptions  cunéiformes,  trouvées 
près  de  Hamadan.  Paris,  1836. 

(3)  Des  difficultés  matérielles  retardèrent  la  publication  jusqu'en  1846. 
La  plus  ancienne  inscription  trilingue  est  gravée  sur  les  ruines  de  Mour- 
gab;  elle  remonte  au  règne  de  Cyrus.  Vient  ensuite  la  grande  inscription 
de  Darius,  la  plus  importante  de  toutes.  Elle  est  gravée  sur  le  roc  de 
Béhistoum,  autour  d'un  bas-relief  représentant  Darius  prolégé  par  Or- 
muzd  Darius  foule  à  ses  pieds  le  faux  Smerdis  et  a  devant  lui  neuf  rois 
vaincus.  Darius  a  laissé  des  inscriptions  courtes  à  Persepolis,  sur  les 
rochers  de  Nacki-Roustam.  Nous  avons  encore  les  inscriptions  de  Darius 
et  Xerxès  sur  les  rochers  de  Van  et  de  CEI  vend;  enfin  quelques  autres 
inscriptions  des  derniers  Achéméuides.  M.  Oppert  a  publié  dans  le  Jour- 
nal asiatique,  en  1801-1852,16  texte  en  lettres  latines,  la  Iraduction  et  le 
commentaire  de  ces  inscriptions. 


(476) 

colonne,  on  pouvait  essayer  le  déchiffrement  de  la  seconde, 
qui  ne  devait  être  qu'une  traduction  de  la  première.  On 
sait  que  les  rois  de  Perse,  aujourd'hui  encore,  rédigent 
leurs  décrets  en  trois  langues  :  en  perse,  en  arabe  et  en 
turc.  On  supposait  avec  raison  que  les  Achéménides 
avaient  rédigé  leurs  inscriptions  en  ancien  persan,  en  mède 
et  en  assyrien.  Ici  se  présentèrent  de  nouvelles  difficultés. 
Le  nombre  des  caractères  ou  signes  s'élevait  à  cent  onze. 
Ce  n'était  plus  une  écriture  alphabétique,  mais  une  écri- 
ture syllabique.  C'est  ce  que  les  travaux  de  Westergaard 
en  1844,  de  Hincks  en  1846,  de  de  Saulcy  en  1850,  et  de 
Norris  en  1853  démontrèrent  en  même  temps  qu'ils  don- 
nèrent la  traduction.  On  discute  cependant  encore  sur  le 
nom  et  la  nature  de  cette  langue.  M.  Norris  l'appelle 
scythique  et  M.  Oppert  médique.  Pour  MM.  Sayce  et 
Halevy  c'est  la  langue  d'Élam. 

Le  déchiffrement  des  deux  premières  espèces  d'écritures 
ouvrit  la  voie  au  déchiffrement  de  la  troisième,  que  la 
grande  variété  des  signes  employés  rendait  plus  difficile 
encore.  Depuis  longtemps  déjà  on  avait  supposé  que  la 
troisième  colonne  des  inscriptions  trilingues  renfermait 
la  langue  assyro  babylonienne,  langue  appartenant  au 
groupe  sémitique.  La  comparaison  avec  les  inscriptions  de 
Ninive  et  de  Babylone  changea  la  conjecture  en  certitude. 
Cette  troisième  espèce  acquit  par  les  découvertes  de 
Kouyoundjik  et  de  Khorsabad  une  importance  exception- 
nelle,  que  l'on  était  dès  l'abord  loin  de  soupçonner. 
Aujourd'hui,  elle  a  relégué  dans  l'ombre  ses  deux  sœurs 
aînées. 

Les  premiers  pionniers  du  déchiffrement  de  l'écriture 
cunéiforme  assyrienne  furent  Lôwenstein,  Botta,  de 
Saulcv,  Hincks,  Fox  Talbot  et  surtout  sir  Henri  Rawlinson 


(  «7  ) 
ei  Jules  Oppert,  qui  demeurent  jusqu'aujourd'hui  les  deux 
chefs  de  l'assyriologie.  Il  y  eul  hien  des  tâtonnements, 
bien  des  essais  infructueux,  bien  des  efforts  stériles,  bien 
des  doutes  et  bien  des  contradictions  entre  les  savants 
avant  qu'on  put  arriver  à  un  résultat  quelque  peu  sûr  (1). 
C'est  que  le  système  assyrien  n'est  pas  seulement  sylla- 
bique,  mais  souvent  un  même  signe  syllabique  peut  se 
prononcer  de  deux  manières  différentes  (2).  En  outre,  il 
renferme  beaucoup  d'idéogrammes.  Ainsi,  par  exemple, 
les  noms  des  divinités  et  des  rois  sont  rarement  écrits 
autrement  qu'en  idéogrammes.  On  peut  distinguer  ces 
idéogrammes  et  en  saisir  la  valeur  sans  pouvoir  les  pro- 
noncer. C'est  ce  qui  explique  comment  les  assyriologisles 
ont  rendu  et  rendent  encore  si  diversement  les  noms  de 
quelques  rois  assyriens.  Il  en  est  des  idéogrammes  assy- 
riens comme  de  nos  chiffres.  Nos  chiffres  expriment  les 
mêmes  nombres  en  français,  en  allemand  et  en  anglais, 
mais  on  les  prononce  différemment.  On  ne  peut  fixer  la 
prononciation  d'un  idéogramme  assyrien  qu'après  l'avoir 


(1)  Les  résultats  paraissaient  encore  si  douteux  en  1857  que  la  Société 
asiatique  de  Londres  provoqua  l'expérience  suivante  :  elle  proposa  aux 
assyriologisles  le  texte  d'une  inscription  assyrienne  de  plus  de  huit  cents 
ligues  et  elle  leur  demanda  d'en  entreprendre  isolément,  séparément,  la 
traduction  et  d'envoyer  le  résultat  de  leurs  travaux,  sous  pli  cacheté,  au 
siège  de  la  Société.  MM.  Rawliuson,  Hincks,  Fox  Talbotet  Oppert  accep- 
lèrent  le  concours.  Le  résultat  fut  convaincant.  Les  quatre  traducteurs, 
hien  qu'avec  de  notables  différences,  étaient  d'accord  sur  les  points  les 
plus  importants.  Cette  inscription  se  rapportait  à  Teglat-Phalasar  1er. 
Voyez  Inscription  ofTeglat  Pileser  I.  King  of  Assyria,  B.  C,  1150.  As 
translated  by  sir  H.  Rawlinson.  Fox  Talbot,  Dr  Hincks  and  Dr  Oppert. 

(2)  Sur  la  polyphonie  assyrienne,  voyez  Oppert,  Annales  de  phil  chràt., 
«856. 


(  478  ) 

rencontré  écrit  en  toutes  lettres  ou  exprimé  dans  un  nom 
propre,  connu  d'ailleurs  (1). 

IV. 

Une  fois  en  possession  de  la  clef  des  inscriptions  assy- 
riennes, les  savants  ont  pu  pénétrer  dans  la  bibliothèque 
du  roi  Assurbanipal  et  aborder  la  lecture  des  livres  qu'elle 
renferme.  Cette  lecture  n'est  que  commencée.  Il  reste 
encore  un  nombre  très  considérable  de  ces  volumes  d'ar- 
gile à  examiner.  Néanmoins  les  renseignements  que  les 
tablettes  déchiffrées  nous  ont  déjà  fournis  sur  l'histoire,  les 
croyances,  les  mœurs,  les  usages  et  les  sciences  en  Assyrie 
depuis  les  temps  les  plus  reculés  sont  d'un  prix  inappré- 
ciable. Mais  ce  n'est  pas  tout.  La  bibliothèque  du  palais  de 
Ninive  nous  a  d'abord  donné  ces  tablettes  appelées  Sylla- 
baires (2),  qui  ont  si  puissamment  contribué  au  progrès  de 
la  lecture  et  à  l'intelligence  des  textes  cunéiformes.  Les 
assyriologues  ont  donné  le  nom  de  syllabaires  à  certaines 
tablettes  où  les  signes  cunéiformes  sont  rangés  sur  trois  ou 
quatre  colonnes  par  ordre  de  similitude  comme  dans  les 
syllabaires  de  nos  écoles.  Au  milieu  se  trouve  le  signe 
expliqué,  à  droite  la  valeur  primitive  du  signe  et  sa  pro- 
nonciation dans  la  langue  des  inventeurs  de  l'écriture 

(I  )  L'écriture  de  la  deuxième  el  de  la  troisième  colonne  part  du  même 
principe.  On  la  retrouve  exprimant  différentes  langues  dans  les  inscrip- 
tions de  Suze,  de  Ninive  et  de  Van.  Voyez  J.  Menant,  Les  syllabaires 
assyriens  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  inscriptions  ;  Mémoires 
des  savants  étrangers,  t.  VII,  Paris,  1869. 

(2)  Sir  H.  Rawlinson  a  publie,  en  1866,  ces  syllabaires  dans  Cuneiform 
Inscriptions  of  Western  Asia,  t.  II,  pi.  1-4;  t.  III,  pi.  70.  M.  Georges 
Smilh  a  complété  ces  syllabaires  incomplets  par  de  nouvellps  tablettes 
retrouvées,  par  lui,  dans  le  palais  d'Assurbanipal. 


(  479  } 

cunéiforme  qu'on  appelle  langue  d'Accad  ou  de  Sumer,  à 
gauche  sa  valeur  idéographique  rendue  par  un  mot  assy- 
rien [i).  Il  est  de  ces  tablettes  qu'on  pourrait  appeler 
grammaticales.  Ainsi,  une  série  indique  les  pronoms;  une 
autre  les  formes  verbales.  Par  ce  secours  on  est  parvenu 
aujourd'hui  à  former  une  grammaire  assyrienne  qui  per- 
met de  s'assimiler  en  peu  de  jours  le  fruit  de  longues  et 
patientes  recherches.  MM.  Menant,  Delilzsch  et  Sayce  ont 
donné  des  Manuels  pratiques  de  la  langue  assyrienne.  La 
lexicographie  retirera  aussi  de  précieux  renseignements 
des  syllabaires.  Mais  elle  est  moins  avancée.  Le  P.  Slrass- 
maier  a  commencé  l'édition  en  autographie  du  grand  dic- 
tionnaire cunéiforme  qu'il  prépare  depuis  longtemps  et  qui 
sera  le  fruit  d'un  immense  labeur. 

Outre  les  syllabaires,  la  bibliothèque  de  Ninive  contient, 
comme  nous  l'avons  dit,  des  documents  historiques.  Quel- 
ques-uns de  ces  documents  sont  du  plus  grand  intérêt,  car 
ils  font  revivre  l'histoire  entièrement  oubliée  d'une  grande 
nation.  Nous  y  trouvons  entre  autres  le  récit  des  huit  pre- 
mières années  de  règne  d'Assurbanipal. 

Le  roi  rapporte  que,  la  sixième  année  de  son  règne,  il 
subjugua  les  Élamites,  renversa  Suse,  leur  capitale,  et 
ramena  glorieusement  à  Erech,  en  Chaldée,  la  statue  de  la 
déesse  Nanna,  que  les  Élamites  avaient  enlevée  1,635  ans 
auparavant.  Si  cette  assertion  est  exacte,  l'enlèvement  de 
la  statue  par  les  Élamites  remonterait  à  l'an  2294  avant 
Jésus-Christ,  deux  ans  après  qu'Abraham  eut  quitté  la 
Chaldée  selon  la  chronologie  des  auteurs  de  l'Art  de  véri- 

(1)  Voyez  Lenormaist,  Éludes  sur  quelques  parties  des  syllabaires 
cunéiformes,  Paris,  1876.  Les  syllabaires  cunéiformes,  Paris,  1877. 


(  480  ) 

lier  les  dates.  C'est  la  plus  ancienne  date  historique  posi- 
tive que  connaisse  l'histoire  profane  (i). 

Une  autre  donnée  chronologique  fort  importante  est 
fournie  par  les  tablettes  qui  contiennent  la  liste  des  fonc- 
tionnaires annuels  appelés  limmu.  Ces  fonctionnaires  don- 
naient leur  nom  à  l'année  comme  les  Archontes  éponymes 
de  la  Grèce.  Ces  espèces  de  fastes  consulaires  comprennent 
un  espace  de  près  de  trois  siècles.  La  liste  des  limmu  va  du 
règne  de  Vulnirar  ou  Binnirar  II,  au  règne  d'Assurbanipal, 
c'est-à-dire  de  l'an  9H  environ  avant  Jésus-Christ  à  l'an 
650. 

Les  tablettes  de  Kouyoundjik  renferment  plusieurs  de 
ces  listes,  malheureusement  réduites  en  fragments.  On  est 
néanmoins  parvenu  à  former  avec  les  divers  fragments 
une  liste  presque  complète  (2).  Comme,  durant  cet  inler- 


(1)  Voici  en  quels  ternies  le  roi  Assurbanipal  rapporte  cel  épisode  de 
la  guerre  d'Élam  :  t  La  statue  de  Nanna,  depuis  mil  six  cent  trente- 
cinq  ans,  avait  été  enlevée  et  forcée  de  demeurer  au  pays  d'Élam  dans 
un  temple  qui  ne  lui  était  pas  consacré;  celte  déesse,  qui,  avec  les  dieux 
ses  pères,  avait  appelé  mon  nom  au  gouvernement  du  monde,  me  com- 
manda de  rétablir  ainsi  sou  image  :  «  Assurbanipal,  enlève-moi  du  pays 
impie  d'Élam  et  ramène-moi  au  milieu  du  Bit-Anna.  »  L'ordre  de  la  divi- 
nité, qui  avait  été  annoncé  depuis  les  jours  les  plus  éloignés,  fut  répété 
de  nouveau  aux  derniers  hommes.  J'ai  pris  les  mains  de  la  grande  déesse; 
son  départ  a  réjoui  mon  cœur;  elle  s'avança  vers  le  Bit-Anna  dans  le  mois 
de  Kisselev.  Je  l'ai  fait  entrer  dans  la  ville  d'Aruk,  dans  le  Bit-Iliani , 
qu'elle  avait  aimé,  et  je  lui  ai  élevé  un  sanctuaire.  »  Traduction  de  J.  Menant, 
Babylone  et  la  Chaldée,  p.  55;  Biblioth.  du  palais  de  Ninive,  p.  55.  Cfr. 
G.-L.  Smith,  Hist.  of  Assurbanipal,  p.  249.  Les  tablettes  astronomiques 
des  Chaldéens  envoyées  à  Aristote  remontent  à  l'an  2226  av.  J.-C.  Sur  la 
chronologie  chaldéenne  et  assyrienne,  voyez  Oppert,  Annales  de  phil. 
chréL,  1856,  t.  II,  pp.  245-257;  325-356. 

(2)  Voir  la  liste  des  Limmu  dans  E.  Babelon,  Hisl.  anc.  de  V Orient, 
par  Lenormant,  t.  IV,  p.  449,  Paris,  1885. 


(  481  ) 
va  Ile,  les  rois  assyriens  ont  été  plusieurs  fois  en  guerre 
avec  le  peuple  d'Israël,  on  saisit  facilement  toute  l'impor- 
tance de  celte  découverte  pour  l'histoire  et  la  chronologie 
biblique.  Bien  qu'il  reste  encore  plus  d'une  difficulté  à 
vaincre  et  que  l'on  ne  soit  pas  encore  parvenu  à  concilier 
la  chronologie  sacrée  avec  la  chronologie  assyrienne  dans 
tous  les  détails,  on  peut  cependant  affirmer  d'une  manière 
générale  que  l'histoire  assyrienne,  révélée  par  les  docu- 
ments cunéiformes,  est  venue  confirmer  d'une  manière 
inattendue  la  vérité  de  l'histoire  des  rois  d'Israël  et  de 
Juda  contenue  dans  les  livres  saints,  comme  l'a  très  bien 
établi  l'abbé  Vigouroux  dans  un  ouvrage  récent  (I). 

La  bibliothèque  d'Assurbanipal  contient  aussi  des  docu- 
ments juridiques  et  des  contrats  de  toute  nature  qui  nous 
font  connaître  dans  le  détail  les  lois  civiles  et  pénales,  les 
usages  et  les  coutumes  des  Assyriens  et  des  Babyloniens. 
Ce  qui  est  publié  et  traduit  jusqu'aujourd'hui  ne  permet 
pas  encore  de  bien  formuler  le  système  général  de  leur 
législation. 

Les  Grecs  nous  ont  appris  depuis  longtemps  que  la 
Chaldée  était  la  patrie  des  astronomes  et  que  les  Babylo- 
niens avaient  inscrit  leurs  observations  astronomiques  sur 
des  briquettes  depuis  les  temps  les  plus  reculés  (2).  La 
bibliothèque  de  Ninive  abonde  en  tablettes  astronomiques. 
Ces  tablettes  nous  font  savoir  que  la  précession  des  équi- 
noxes  était  déjà  connue  sous  le  roi  Sar-Jukin  deux  mille 


(1)  Vigouroux,  La  bible  et  /es  découvertes  modernes  en  Palestine,  en 
Egypte  et  en  Assyrie,  4e  édit.,  Paris,  1884. 

(2)  Cfr.  Plike,  Hist.  nat.,  t.  VII,  pp.  57-58.  D'après  Simplioius,  les 
tablettes  astronomiques  des  Cbaldéens  envoyées  par  Callisthènes  à  Aris- 
tote  remontaient  à  1903  ans  avant  Alexandre,  2226  ans  avant  J.-C. 

5me  SÉRIE,  TOME  IX.  35 


(  482  ) 

ans  avant  notre  ère.  L'année  des  Assyriens,  comme  celle 
des  Juifs  après  la  captivité  et  celle  des  Syromacédoniens, 
était  formée  de  douze  mois  lunaires.  Ils  observaient  les 
éclipses,  distinguaient  les  signes  du  zodiaque,  désignaient 
les  constellations  par  des  noms  qu'elles  ont  encore,  remar- 
quaient le  mouvement  des  planètes  (1)  et  s'adonnaient  aux 
superstitions  de  l'astrologie  (2). 

La  théogonie  et  la  cosmogonie  des  Assyriens  et  des 
Babyloniens,  leurs  traditions  sur  l'âge  des  dix  rois  anté- 
diluviens et  sur  le  déluge  ne  nous  étaient  connues  que  par 
les  fragments  de  Bérose  conservés  par  Eusèbe  (3)  et  par 
Georges  le  Syncelle  (4).  Aujourd'hui  nous  avons  les 
tablettes  cosmogoniques  de  Ninive  (5);  nous  connaissons 
les  principales  divinités  du  panthéon  assyrien.  Les  bas- 
reliefs  et  les  cylindres  ont  conservé  la  manière  de  les 
représenter.  L'exactitude  de  Bérose  est  confirmée  et  son 
récit  est  complété  (6). 

Nous  devons  surtout  mentionner  ici  le  récit  chaldéen 
du  déluge  qui  a  tant  de  points  de  ressemblance  avec  le 
récit  mosaïque.  La  légende  chaldéenne  du  déluge  n'est 
qu'un  épisode  d'un  poème  dont  le  héros  est  lzdubar, 
grand  chasseur  et  grand  guerrier  qui  poussa  ses  conquêtes 

(1  )  Voyez  Menant,  La  bibliothèque  du  palais  de  Ninive,  eh.  VI. 

(2)  Voyez  Lenormant,  La  Magie  chez  les  Chaldéens,  Paris,  1874;  La 
Divination  et  la  science  des  présages  chez  les  Chaldéens,  Paris,  1875. 

(3)  Eusebii  chronicon,  lib.  I,  dans  Migne,  Palrol.  gr.,  t.  XIX,  pp.  106 
el  suiv. 

(4)  George  monachi  chronogràphia,  éd.  Goar,  Paris,  1652,  pp.  14,  16- 
17;  28-31. 

(5)  Voyez  Smith.  Chaldean  accounl  of  genesis;  Delitisch,  Chaldai- 
sches  genesis. 

(6)  Voyez  Lenormant,  Essai  de  commentaire  sur  les  fragments  cos- 
mogoniques de  Bérose. 


(  485  ) 
du  golfe  Persique  jusqu'en  Arménie.  Les  premiers  frag- 
ments du  récit  du  déluge  furent  découverts  en  1872  par 
G.  Smith  dans  les  tablelles  de  Ninive.  Le  poème  entier 
remplit  une  série  de  douze  tablettes  que  le  savant 
assyriologue  est  parvenu  à  reconstituer  en  réunissant 
quatre-vingts  fragments  appartenant  à  trois  exemplaires 
différents  de  la  Bibliothèque  royale  de  Ninive.  Comme  le 
récit  du  déluge  n'était  pas  complet,  G.  Smith  fut  envoyé 
en  Assyrie,  aux  frais  du  journal  le  Daily  Tclegraph,  pour 
faire  des  fouilles  et  rechercher  les  fragments  qui  man- 
quaient. Sa  mission  fut  couronnée  d'un  plein  succès. 
G.  Smith  a  pu  compléter  presque  entièrement  les  exem- 
plaires du  Musée  brilanique  de  sorte  que  nous  possédons 
maintenant,  presque  sans  lacune,  la  légende  chaldéenne 
du  déluge.  C'est  peut-être  le  morceau  qui  est  traduit  avec 
le  plus  de  sûreté  et  d'exactitude  parmi  les  documents 
cunéiformes  (1). 

Le  poème  d'fzdubar  a  été  copié  au  VIIe  siècle  avant 
J.-C,  par  ordre  du  roi  Assurbanipal,  sur  un  exemplaire 
alors  fort  ancien  qui  était  conservé  dans  l'antique  ville 
d'Êrech. 

Les  légendes  abondent  dans  le  grand  dépôt  littéraire  de 
Ninive.  Outre  la  légende  chaldéenne  du  déluge,  on  a  tra- 
duit la  descente  d'Istar  aux  enfers.  Cette  remarquable 
fiction  mérite  d'être  comparée  aux  compositions  classiques 
du  même  genre.  Il  sera  ainsi  facile  de  voir  que  les  Assy- 
riens avaient  le  goût  littéraire  et  ne  cultivaient  pas  les 
lettres  avec  moins  de  succès  que  les  arts. 


(1)  11  a  été  traduit  en  français  par  M.  Lenormant  dans  ses  Premières 
civilisations,  t.  I,  pp.  33-45;  par  M.  Menant,  dans  Babylone  et  la  Chal- 
dée,  pp.  23-30.  Sa  traduction  est  plus  complète  dans  Vigouroux,  La 
Bible  et  les  découvertes,  3e  éd  ,  t.  I,  pp.  229-244. 


(  m  j 

Je  n'abuserai  pas  plus  longtemps  de  votre  bienveillante 
patience.  La  bibliothèque  du  roi  Assurbanipal  n'a  pas 
encore  livré  tous  ses  secrets.  Ce  qu'elle  a  donné  jusqu'au- 
jourd'hui peut  faire  apprécier  les  trésors  qu'elle  contient. 
Le  terrain  de  l'assyriologie  est  maintenant  déblayé.  Les 
Rawlinson,  les  Oppert,  les  Hincks,  les  Smith,  les  Lenor- 
mant  ont  frayé  le  chemin;  la  voie  est  ouverte.  C'est  à  nos 
jeunes  orientalistes  à  y  entrer,  à  marcher  sur  les  traces  de 
ces  savants  infatigables  et  à  s'unir  aux  nombreux  pion- 
niers de  l'assyriologie  qui,  en  Angleterre,  en  France  et  en 
Allemagne,  s'occupent  avec  tant  d'ardeur  et  de  succès  du 
déchiffrement  des  écritures  cunéiformes.  Depuis  le  XVIe 
siècle,  la  Belgique  a  produit  de  nombreux  orientalistes. 
Masius,  né  près  de  Bruxelles,  a  été  l'un  des  premiers  et 
des  plus  distingués.  Il  faut  que  sa  race  se  perpétue  et  que 
notre  pays  ne  soit  en  arrière  d'aucun  progrès. 

—  M.  Stecher  remplace  M.  Lamy  pour  donner  lecture 
du  rapport  suivant  : 

PRIX  JOSEPH  DE  KEYN. 

Rapport  du  jury   chargé  de  juger  la   première  période 
du  troisième  concours  (i). 

Enseignement  primaire 

(1er  janvier  1883  au  51  décembre  1884.) 

Les  prix  De  Keyn  suscitent  chaque  année  de  nombreux 
ouvrages  presque  tous  dignes  d'attention.  S'ils  traitent 
de  matières  bien  diverses,  c'est  de  plus  en  plus  le  même 


(')  Membres  du  jury  :  MM.  Wauters,  président,  Stecher,  rapporteur, 
Gandèze,  Catalan,  Potvin,  Roersch,  Wagener. 


(  485  ) 

esprit  qui  les  anime.  Par  un  véritable  hommage  à  la 
mémoire  <iu  généreux  donateur,  les  concurrents  travail- 
lent dans  le  sens  de  ses  recommandations  suprêmes  :  ils 
veulent,  comme  il  l'a  voulu,  constituer  un  enseignement 
laïque  et  neutre,  tel  que  l'exige  dans  les  écoles  de  l'État 
notre  Constitution  loyalement  interprétée. 

Mais  quand  il  s'agit,  comme  cette  année,  d'instruction 
primaire,  il  y  a  bien  des  conditions  dont  le  jury  doit  tenir 
compte  et  que  les  auteurs  perdent  trop  facilement  de  vue. 
Les  uns  ne  songent  qu'à  l'exactitude  scientifique;  jesautres 
se  confient  dans  l'austérité  de  leur  morale  ou  dans  le  libé- 
ralisme de  leurs  intentions.  S'il  suffisait  d'être  savant, 
honnête  ou  libéral  pour  faire  des  livres  à  la  portée  de 
l'enfance,  quel  ne  serait  pas  l'embarras  d'un  jury  qui, 
comme  le  nôtre,  avait  à  juger  quarante-deux  ouvrages  trai- 
tant des  sujets  les  plus  variés  !  On  cite  souvent  le  maxima 
debelur  puero  reverentia;  mais  n'oublie-t-on  pas  quelque- 
fois que  ce  respect  dû  à  l'enfant  qu'on  veut  instruire  doit 
se  manifester  jusque  dans  la  forme  et  non  pas  seulement 
dans  le  choix  du  fond?  C'est  encore  ici  qu'il  faut  recon- 
naître que  les  choses  valent  surtout  par  la  façon  dont  on 
les  dit  : 

La  façon  de  donner  vaut  mieux  que  ce  qu'on  donne. 

Pour  la  noble  lâche  d'éclairer  les  jeunes  intelligences, 
ce  n'est  pas  assez  que  le  style  soit  clair  et  la  langue  cor- 
recte. Il  y  faut  aussi  de  la  souplesse, sans  recherche,  de 
l'esprit  sans  paillettes,  du  naturel  sans  trivialité,  de  l'en- 
train sans  contorsions  ni  grimaces,  de  la  gravité  sans 
morgue  ni  mystère.  Si  l'on  ne  parle  pas  tout  à  la  fois  au 
cœur,  à  l'esprit  et  à  l'imagination,  l'on  a  peu  de  chance 
d'être  écouté,  encore  moins  d'être  compris. 


(  486  ) 

C'est  cette  diction,  sans  cajoleries  de  mauvais  aloi,  que 
l'on  aime  dans  les  poésies,  les  contes  et  les  nouvelles  de 
M'u  Virginie  Loveliny.  Depuis  près  de  vingt  ans,  les  Pays- 
Bas  et  la  Belgique  y  admirent  l'art  de  montrer,  dans  les 
choses  les  plus  humbles,  le  sentiment  qui  console  et  la 
morale  qui  s'impose.  Pour  la  plus  récente  de  ses  œuvres  : 
Verhalen  voor  kinderen  (contes  enfantins),  le  jury  propose 
un  prix  de  mille  francs.  Il  a  voulu  récompenser  un  talent 
véritablement  féminin  pour  traduire  dans  toute  leur  jus- 
tesse les  impressions  de  l'enfance,  ses  goûts,  ses  rêves  et  la 
véritable  vie  que  mène  son  esprit  : 

Il  est  si  beau,  l'enfant,  avec  son  doux  sourire, 
Sa  douce  bonne  foi,  sa  voix  qui  veut  tout  dire! 

L'auteur  flamand,  fidèle  à  cette  pensée  du  poète  fiançais, 
pénètre  dans  ce  petit  monde  de  l'aube  et  de  l'avenir  avec 
une  délicatesse  en  quelque  sorte  maternelle. 

M"e  Loveling  se  lient  à  la  portée  de  l'enfant,  ni  trop 
haut,  ni  trop  bas;  elle  s'ingénie  à  le  guider,  sans  effort, 
sans  ennui,  jusqu'aux  leçons  les  plus  graves  et  les  plus 
sévères.  Une  narration  toujours  en  mouvement,  drama- 
tisée par  mille  détails  de  la  vie  réelle  finement  aperçus,  ne 
laisse  rien  dans  l'ombre,  tant  ce  langage,  bien  que  clas- 
sique et  nullement  particulariste,  comme  on  dit  en  West- 
flandre,  est  franc,  naturel  et  pour  ainsi  dire  instinctif.  En 
parlant  d'une  de  ces  historiettes  où  l'idylle  est  si  vraie  et 
la  morale  si  spontanée,  une  revue  hollandaise  :  Lelie-  en 
Rozeknoppen,  a  pu  dire  :  «  C'est  proprement  un  charme 
qui  vous  gagne  au  point  qu'on  se  sent  redevenir  enfant, 
et  qu'on  croit  jouir  ou  souffrir  avec  les  héros  de  ces  petits 
drames  ». 

Pour  un  genre  tout  opposé,  pour  un  sujet  plutôt  Ira- 


(  487  ) 

gique  et  destiné  d'ailleurs  plus  spécialement  aux  élèves 
des  écoles  d'adultes,  le  jury  propose  un  autre  prix  de 
mille  francs.  C'est  cette  lois  le  patriotisme  qui  a  porté 
bonheur.  Qui  ne  se  souvient  de  la  touchante  cérémonie  du 
20  mai  1884!  Les  paroles  de  fraternité  échangées  alors  à 
Bruxelles  entre  Guillaume  III  et  Léopold  II  ont  retenti 
dans  toute  l'Europe.  La  veille  même  de  cette  manifesta- 
tion, un  professeur  de  l'Université  de  Gand,  M.  Discailles, 
dédiait  «  aux  Belges  et  aux  Hollandais  »  un  petit  livre 
intitulé  :  Guillaume  le  Taciturne  et  Marnix  de  Sle-Alde- 
rjonde.  Ecartant,  comme  il  convient  de  le  faire  dans  ce 
concours  d'oeuvres  laïques,  tout  ce  qui  divise  et  sépare 
pour  ne  glorifier  que  ce  qui  unit  et  réconcilie,  l'auteur 
invite  la  jeunesse  à  se  ressouvenir  des  luttes  et  des 
souffrances  dont  on  paye  les  libertés.  Libertas  qnotidie 
amenda. 

Avec  une  chaleur  qui  se  communique  dès  les  premières 
pages,  M.  Discailles  fait  revivre  les  deux  grands  lutteurs 
de  la  Pacification  de  Gand.  Il  profite  habilement  des  der- 
nières révélations  de  la  science  historique  pour  que  les 
plus  jeunes  de  ses  lecteurs  se  placent  au  vrai  point  d'as- 
pect, qui  permet  de  comprendre  la  tragédie  de  notre 
XVIe  siècle.  Les  deux  victimes  du  fanatisme  espagnol 
apparaissent  comme  deux  hommes  d'une  énergie  à  toute 
épreuve,  d'un  courage  qui  résiste  aux  trahisons  aussi 
bien  qu'aux  défaites.  C'est,  a  dit  Motley,  la  grandeur  des 
héros  antiques.  Grâce  à  un  style  vif  ^et  clair,  les  plus  dis- 
traits entendront,  à  ce  propos,  une  haute  leçon  de  patrio- 
tisme, de  dévouement  à  ses  principes,  et  surtout  d'amour 
et  de  respect  pour  cette  liberté  encore  si  jeune  et  toujours 
menacée,  la  liberté  de  conscience.  Une  pareille  œuvre  de 


(  488  ) 
vulgarisation  bien  inspirée  semble  répondre  directement 
aux  vœux  du  fondateur  de  ces  concours. 

C'est  la  même  pensée  d'affranchissement  par  la  raison 
et  la  science  qui  a  guidé  deux  autres  concurrents  que  le 
jury  propose  pour  la  même  couronne.  M.  Léon  Fredericq, 
professeur  à  l'Université  de  Liège,  et  Mac  Leod,  professeur 
à  l'école  normale  de  Bruges,  nous  paraissent  avoir  mérité, 
chacun,  un  prix  de  mille  francs. 

Par  son  livre  intitulé  :  Le  corps  humain,  M.  Fredericq 
combine  les  avantages  des  deux  catégories  d'oeuvres  desti- 
nées, dans  l'esprit  de  la  fondation  De  Keyn,  à  servir  la 
cause  du  progrès  populaire.  D'après  l'article  4  du  règle- 
ment de  concours,  les  ouvrages  dignes  d'être  recomman- 
dés au  Gouvernement  pour  être  admis  à  l'usage  des  écoles 
publiques  ou  des  distributions  de  prix,  peuvent  être  com- 
posés en  vue  de  la  lecture,  même  à  domicile,  ou  de  l'ensei- 
gnement proprement  dit. 

Ce  surcroît  d'avantages  résulte  de  la  simplicité  même 
du  plan.  «  Nous  allons  entreprendre,  dit  l'Introduction, 
l'étude  d'une  machine  cent  fois  plus  parfaite  et  plus 
curieuse  que  la  plus  parfaite  des  machines  à  vapeur. 

»  Cette  machine,  intéressante  entre  toutes,  est  notre 
propre  corps.  C'est  grâce  à  ses  rouages  et  à  son  organisa- 
tion merveilleuse  que  nous  digérons,  que  nous  respirons, 
que  nous  sentons,  en  un  mot,  que  nous  vivons.  » 

On  l'entend  :  le  corps,  qui  n'est  plus  une  guenille  ni 
une  prison  de  l'âme,  mais  une  machine  dont  l'âme  se  sert, 
peut  être  décrit  avec  le  même  plaisir  qu'on  en  mettrait  à 
démonter  et  à  remonter  la  plus  ingénieuse  invention  de 
l'industrie  moderne.  Ce  n'est  pas  tout  :  on  peut  encore  se 
donner  le  spectacle  de  la  machine  mise  en  mouvement  et 
fonctionnant  à  toute  vapeur  comme  dans  nos  grandes 


(  489 


Expositions  nationales  ou  internationales.  Lu  même  temps, 
comme  le  démonstrateur  esl  un  savant  déjà  connu  au  delà 
de  nos  frontières,  les  jeunes  auditeurs  assistent  à  une  série 
de  leçons  bien  déduites,  bien  digérées  et  d'autant  mieux 
assimilables.  C'est  merveille  comme  la  science  véritable  et 
supérieure  réussit  souvent  à  simplifier  l'enseignement,  au 
point  de  lui  permettre  de  descendre  très  bas  sans  jamais 
se  ravaler  ni  s'évaporer. 

Ce  petit  traité  d'Anatomie  et  de  Physiologie  populaires 
esl  complet  en  son  genre  :  on  en  peut  faire  un  manuel  de 
classe.  D'un  autre  côté,  comme  M.  Fredericq  sème  tout  le 
long  de  sa  roule  des  anecdotes  piquantes,  des  renseigne- 
ments amusants  et  curieux,  quoi  de  plus  naturel  que  de 
considérer  lotit  cela  comme  une  aimable  causerie? 

La  morale,  non  plus,  n'y  est  pas  oubliée,  et,  comme  il 
arrive  souvent,  l'instruction  concourt  à  l'éducation.  Quand 
tout  ce  développement  de  science  solide  et  positive  ne  ser- 
virait qu'à  montrer  aux  jeunes  curieux  combien  la  moindre 
imprudence  peut  causer  de  ravages  dans  la  précieuse 
machine,  vous  devinez  que  cette  leçon  de  choses  constitue 
en  même  temps  une  excellente  leçon  de  conduite. 

L'enseignement  esl  d'autant  plus  efficace  qu'il  est  établi 
sur  une  base  solide,  inébranlable,  et  que  la  surcharge  des 
détails  inutiles  et  importuns  a  élé  soigneusement  évitée. 
Qui  ne  sait  se  borner  ne  sut  jamais  instruire. 

Ce  n'esl  pas  toutefois  que  l'économie  y  dégénère  en 
épargne  malencontreuse  et  ruineuse.^Avec  la  même  sim- 
plicité de  langage  qu'on  remarque  dès  le  début,  M.  Frede- 
ricq aborde, quand  l'heure  esl  venue,  la  théorie  des  cellules 
et  la  vie  indépendante  de  chaque  organe,  comme  couron- 
nement d'une  exposition  si  netle  qu'on  la  dirait  inspirée 
par  son  illustre  maître,  le  Dr  Schwann.  Toujours  lidèle  à 


(  490  , 

l'esprit  des  concours  De  Keyn,  il  trouve  dans  la  théorie 
cellulaire  une  comparaison  saisissante  à  instituer  avec  la 
loi  moderne  et  démocratique  de  la  division  du  travail. 
«  Plus  l'animal  est  parfait,  dit-il,  plus  il  est  élevé  dans 
l'échelle  des  êtres,  et  plus  celle  division  du  travail  physio- 
logique s'accentue.  Chez  les  animaux  inférieurs,  au  con- 
traire, le  corps  est  formé  d'un  plus  petit  nombre  de 
cellules,  qui  toutes  remplissent  à  peu  près  les  mêmes 
fonctions.  Il  y  a  même  des  êtres  microscopiques,  formés 
d'une  seule  cellule,  qui  cumule  alors  toutes  les  fonctions  : 
la  nutrition, la  respiration,  la  locomotion,  la  sensibilité,  etc. 
Les  infusoires,  ces  infiniment  petits,  qui  se  développent 
par  myriades  dans  toule  eau  croupissante,  sonl  dans  ce 
cas.  »  L'auteur  aurait  pu  rappeler  aussi  l'image  de  ces 
sociétés  primitives  où  le  même  homme  préside  au  tem- 
porel comme  au  spirituel,  et  enveloppe  tout  de  sa  seule 
puissance.  Une  autre  comparaison,  que  l'on  trouve  au 
paragraphe  final,  achève  de  prouver  la  netteté  du  plan  et 
la  fermeté  de  l'esprit  de  suite. 

«  La  machine  à  vapeur,  remarque- t-il ,  est  quelque 
chose  d'inerte;  elle  a  besoin  d'être  mise  en  train,  d'être 
dirigée  à  chaque  instant  par  le  chauffeur  ou  le  mécanicien, 
c'est-à-dire  par  un  être  pensant,  par  une  intelligence  supé- 
rieure. 

»  La  machine  vivante,  au  contraire,  esl  douée,  au  plus 
haut  point,  de  la  spontanéité  ;  elle  n'a  pas  besoin  d'impul- 
sion extérieure.  Elle  porte  en  elle-même  un  esprit  qui  la 
dirige,  une  intelligence  qui  sent,  qui  veut,  qui  pense 

»  Celle  volonté  centrale  n'a  pas  à  s'occuper  de  ce  qu'on 
pourrait  appeler  la  cuisine  intérieure  du  corps  :  la  diges- 
Mon,  la  circulation  et  les  autres  fonctions  inférieures.  Tout 
cela  s'exécute  à  notre  insu,  par  d'innombrables  fonction- 


v  491  ) 

naires  suballernes.  Débarrassée  des  soucis  de  l'administra- 
lion  interne  de  ses  domaines  matériels,  notre  intelligence 
pourra  consacrer  toute  son  énergie  à  combattre  les  causes 
extérieures  de  destruction,  à  triompher  dans  la  lutte  pour 
la  vie,  et  parfois  elle  saura  se  reposer  des  préoccupations 
matérielles  de  l'existence  pour  s'élever  dans  le  domaine 
supérieur  de  la  pensée.  » 

Dans  le  domaine  de  l'enseignement  élémentaire  des 
sciences  naturelles,  le  flamand  commence  à  faire  concur- 
rence au  français-.  La  Belgique  n'a  qu'à  se  féliciter  de  cette 
noble  rivalité  pour  instruire  tous  ses  enfants. 

Une  Société  fondée  depuis  trente-cinq  ans  pour  secon- 
der cette  propagande  patriotique,  le  Willems-fonds  de 
Gand,  a  publié  sous  le  n°  107  de  sa  collection  l'ouvrage  de 
M.  Mac  Leorl,  auquel  nous  proposons  de  donner  un  prix 
de  mille  francs.  C'est  un  manuel  destiné  à  l'enseignement 
normal;  il  a  pour  litre  :  De  Werveldieren  (Les  Vertébrés). 
Malgré  l'apparence  aride  el  pédagogique  des  premières 
pages,  le  lecteur  est  bientôt  frappé  de  la  clarté  de  l'expo- 
sition, et  non  moins  de  l'ordre  qui  règne  dans  les  détails 
les  plus  variés. 

Pour  initier  rapidement  le  futur  instituteur  à  ce  qui  est 
essentiel  dans  l'organisation  des  différents  types  de  ver- 
tébrés, l'auteur  s'est  surtout  attaché  à  bien  choisir  el  à  bien 
proportionner  les  exemples.  Autant  que  possible,  ils  sont 
pris  à  la  faune  belge,  afin  que  les  notions  élémentaires 
puissent  se  communiquer,  en  quelque  sorte,  ou  par  l'in- 
tuition de  ce  qu'on  présente  au  jeune  élève,  ou  par  le 
souvenir  de  ce  qu'il  a  rencontré  souvent.  Ce  procédé,  qui 
écarte  la  pure  abstraction  et  le  vain  cliquetis  de  mots 
grecs  qui  semblent  barbares,  prouve  déjà  combien  l'œuvre 
est  personnelle.  Nous  n'avons  ici  ni  une  copie,  ni  une  tra- 


(  492  ) 

duclion,  comme  il  arrive  quelquefois  pour  ces  sortes 
d'ouvrages.  L'auteur,  qui  est  un  savant  déjà  connu  par  le 
Bulletin  de  l'Académie,  a  voulu  doter  l'enseignement 
normal,  dont  il  connaît  les  lacunes,  d'un  traité  recomman- 
dable  pour  l'exactitude  des  faits  et  pour  la  nomenclature 
flamande  dont  une  partie  était  encore  à  créer. 

Parmi  les  auteurs  qui  ont  le  plus  longtemps,  le  plus 
vivement  disputé  le  prix  à  leurs  concurrents  plus  heu- 
reux, le  jury  se  plaît  à  citer  MM.  Germain,  Cattier, 
Van  der  Mensbrugghe  et  Mmc  Ë.  Lagrange. 

M.  Germain,  dont  le  nom  n'a  plus  besoin  d'éloges,  avait 
présenté  une  nouvelle  édition  de  son  Manuel  de  géogra- 
phie, si  connu  dans  nos  écoles,  soit  par  le  texte  français, 
soit  par  la  traduction  flamande.  Mais  la  majorité  du  jury, 
tout  en  tenant  compte  de  l'excellente  méthode  de  ce  livre 
et  des  transformations  notables  qu'il  a  subies,  n'a  pas  cru 
devoir  lui  sacrifier  aucune  des  autres  œuvres  désignées 
pour  les  prix. 

Une  autre  minorité  a  vivement  plaidé  les  mérites  du 
petit  roman  humoristique  de  M.  Edmond  Cattier  :  Les 
bêles  du  docteur  Metaphus.  Elle  a  fait  valoir  l'originalité  de 
la  conception,  la  gaieté  des  détails,  l'entrain  du  récit  et 
surtout  la  portée  éducative  de  l'ensemble.  «  C'est,  a  dit 
l'un  de  nous,  un  cadre  ingénieux  pour  captiver  la  curiosité 
de  l'enfant  :  il  y  voit,  comme  en  action,  les  merveilles  que 
peuvent  produire  l'observation,  la  comparaison  et  l'induc- 
tion. »  Mais  on  a  objecté  que  si  la  conception  était  des  plus 
heureuses,  elle  n'avait  pas  été  assez  pleinement  réalisée; 
que  la  gaieté  provoquée  par  les  détails  n'était  pas  toujours 
exemple  de  sarcasme  ni  d'exagération  Un  reproche  plus 
grave,  peut-être,  c'est  que  l'auteur,  entraîné  par  la  note 
amusante,  a  laissé  pénétrer  dans  sa  narration  certaines 


(  493  ) 

invraisemblances  qui  pourraient  égarer  des  enfants.  Plus 
ils  s'amusent  à  ces  inventions  ingénieuses,  plus  elles  doi- 
vent être  conformes,  sinon  au  réel,  du  moins  au  possible. 
On  a  eu  de  ces  scrupules,  même  pour  certains  romans  de 
M.  Jules  Verne. 

Dans  la  même  Collection  nationale  des  éditeurs  Lebègue, 
plusieurs  membres  du  jury  ont  fait  remarquer  l'impor- 
tance du  n°  46  :  Petites  choses  et  grandes  leçons,  par 
Mme  E.  Lagrange.  Pour  le  but  et  les  tendances,  on  pourrait 
le  rapprocber  des  contes  enfantins  de  M"e  Loveling  :  c'est 
la  même  morale,  pure,  élevée,  qu'on  veut  faire  jaillir  de 
l'agencement  réel  des  choses  et  du  train  ordinaire  de 
l'univers.  Dans  ces  deux  livres  on  met  en  valeur  et  en 
honneur  les  sentiments  les  plus  généreux,  les  émotions  les 
plus  délicates.  Si  toutefois  l'écrivain  flamand  a  été  pré- 
féré, c'est  qu'il  a,  mieux  que  son  concurrent  français, 
dissimulé  le  sermon  qui  effraie  ou  rembrunit  l'enfance. 
Ses  récits  sont  d'ailleurs  plus  suivis,  son  dialogue  plus 
naturel,  et  rien  ne  vient  indiscrètement  avertir  l'enfant 
que  le  conte  n'est  que  le  prétexte. 

Enfin,  le  jury  regrette  de  devoir  écarter  une  œuvre  qui 
a  déjà  obtenu  une  grande  notoriété,  mais  qui  conviendrait 
plutôt  à  l'enseignement  moyen  :  nous  voulons  parler  de 
YHistoire  d'une  goutte  d'eau,  par  M.  G.  Van  der  Mens- 
brugghe.  Par  une  réserve  que  l'on  comprendra,  nous  ne 
pouvons  nous  prononcer  davantage  sur  la  conception  à 
la  fois  poétique  et  morale  de  cet  entretien,  un  peu  compli- 
qué, par  moments,  de  calculs  et  de  formules  qui  déroute- 
raient de  trop  jeunes  lecteurs. 

Les  regrets  du  jury  ne  sont  qu'un  gage  de  plus  du  bril- 
lant avenir  de  l'œuvre  Joseph  De  Keyn. 

Dans  les  quarante-deux  ouvrages  soumis  à  notre  choix, 


(  494  ) 

que  d'essais  heureux  et  qui  ue  demandent  qu'un  peu  plus 
de  travail  et  de  maturité  pour  répondre  aux  nobles 
exigences  de  ce  concours!  Puissent  tous  les  concurrents 
être  de  plus  en  plus  stimulés  par  la  pensée  qu'il  s'agit 
d'un  progrès  nouveau  de  la  civilisation  nationale,  car  il 
s'agit  de  fonder  dans  les  jeunes  âmes  l'amour  et  la  pratique 
de  la  liberté  par  une  plus  grande  diffusion  de  la  science. 

—  La  séance  a  été  terminée  par  la  proclamation  sui- 
vante, faite  par  M.  le  secrétaire  perpétuel,  des  résultats 
des  concours  et  des  élections  : 


CONCOURS    ANNUEL    DE    LA    CLASSE   (1885). 

Deux  mémoires  en  flamand  ont  été  reçus  en  réponse  à 
la  troisième  question  : 

On  demande  une  étude  sur  l'application  des  règles  de 
la  métrique  grecque  et  latine  à  la  poésie  néerlandaise. 

Le  premier  porte  pour  devise  :  Musïca  est  scientia  bene 
movendi  (S.  Augustin). 
Le  second  :  Sine  labor... 

La  Classe,  ratifiant  les  conclusions  des  rapports  de  ses 
trois  commissaires  chargés  de  juger  ces  mémoires,  a 
décerné  sa  médaille  d'or,  d'une  valeur  de  huit  cents  francs, 
à  l'auteur  du  second  travail. 

L'ouverture  du  billet  cacheté  fait  savoir  qu'il  est  de 
M.  J.-A.  Van  Droogenbroeck-Asselberghs,  professeur  à 
l'École  de  musique  de  Saint-Josse-ten-Noode-Schaerbeek, 
premier  commis  à  la  direction  des  lettres,  sciences  et 


(  495  ) 

beaux-arts  du  Ministère  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et 
des  Travaux  publics. 

PRIX    DE    KEYN. 

Troisième  concours.  —  Première   période  1883-1884. 

(Enseignement  primaire.) 

La  Classe,  ratifiant  les  conclusions  du  rapport  du  jury 
chargé  de  juger  celte  période,  a  décerné: 

Quatre  prix  de  mille  francs  : 

1°  A  M,le  Virginie  Loveling,à  Nevele  (Flandre  orientale), 
pour  ses  contes  enfantins  (Ver/mien  voor  kinderen); 

2°  A  M.  Discailles,  professeur  à  l'Université  de  Gand, 
pour  son  livre  :  Guillaume  le  Taciturne  et  Marnix  de 
S"-Aldegonde  ; 

3°  A  M.  Léon  Fredericq,  correspondant  de  l'Académie 
et  professeur  à  l'Université  de  Liège,  pour  son  livre  : 
Le  corps  humain  ; 

4°  A  M.  Mac  Leod,.  professeur  à  l'École  normale  de 
Bruges,  pour  son  manuel  destiné  à  l'enseignement  nor- 
mal et  portant  pour  titre  :  De  Werveldieren  (Les  Verté- 
brés). 

PRIX    QUINQUENNAL    DE   LITTÉRATURE    FLAMANDE. 

Par  arrêté  royal  du  21  avril  dernier,  pris  sur  les  con- 
clusions du  rapport  du  jury  chargé  de  juger  la  septième 
période  du  concours  quinquennal  de  littérature  flamande, 
le  prix  de  cinq  mille  francs  a  été  décerné  à  M.  J.  Van 
Beers,  professeur  à  l'Athénée  royal  d'Anvers,  pour  son 
livre  intitulé  :  Rijzende  Blaren. 


(  496  ) 

PRIX    TRIENNAL    DE    LITTÉRATURE    DRAMATIQUE 
EN    LANGUE    FRANÇAISE. 

Par  arrêté  royal  daté  du  5  mai  le  prix  pour  la  9e  pé- 
riode a  été  décerné,  sur  les  propositions  du  jury,  à 
M.  Laurent  de  Coninck,  à  Sainl-Gilles-Bruxelles,  pour  sa 
comédie  intitulée  :  La  question  d'occident. 

ÉLECTIONS. 

La  Classe  avait  à  procéder  à  l'élection  : 

1°  D'un  membre  titulaire  en  remplacement  de  M.  Alph. 
Yandenpeereboom,  décédé; 

2J  De  deux  correspondants  ; 

3°  De  quatre  associés  en  remplacement  de  MM.  Scheler, 
élu  membre  titulaire  par  suite  de  sa  naturalisation, 
Ég.  Arntz,  Mignet  et  de  Lepsius,  décédés. 

Ses  suffrages  se  sont  portés  : 

i°  Pour  la  place  de  membre  :  sur  M.  J.  Gantrelle,  déjà 
correspondant;  sa  nomination  sera  soumise  à  la  sanction 
royale; 

2°  Pour  les  places  de  correspondant  :  sur  MM.  J.  Van 
Beers,  professeur  à  l'Athénée  d'Anvers,  et  Gustave  Frédé- 
rix,  rédacteur  à  l' Indépendance  belge; 

3°  Pour  les  places  d'associé  :  sur  MM.  Nicolas  Beets, 
professeur  à  l'Université  d'Utrecht,  le  chevalier  von  Hoef- 
ler,  à  Prague,  Sully  Prud'homme,  de  l'Académie  française, 
à  Paris,  et  Marco  Minglietti,  ancien  Ministre  et  économiste, 
a  Rome. 


(  W  ) 

SÉANCE  GÉHÉRALE  DES  TROIS  CLASSES 

du  5  mai  IS85. 


M.  Ch.  Piot,  présidenl,  directeur  de  la  Classe  des  lettres. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  : 

Classe  des  sciences.  —  MM.  Morren ,  directeur;  Éd. 
Mailly,  vice-directeur;  J.-S.  Stas,  L.  de  Koninck,  P.-J. 
Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Longchamps , 
Gluge,  Melsens,  G.  Dewalque,  E.  Candèze,  F.  Donny, 
Ch.  Montigny,  Éd.  Van  Beneden,  C.  Malaise,  F.  Folie, 
Fr.  Crépin,  J.  De  ïilly,  F.-L.  Cornet,  Ch.  Van  Bambeke, 
G.  Van  der  Mensbrugghe,  membres;  M.  Mourlon,  P.  Man- 
sion  et  P.  De  Heen,  correspondants. 

Classe  des  lettres  :  MM.  P.  Willems,  vice-directeur  ; 
Gachard,  P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de 
Lettenhove,  R.  Chalon,  Th.  Juste,  Alph.  Wauters,  Ém. 
de  Laveleye,  G.  iNypels,  Alph.  Le  Boy,  A.  Wagener, 
F.  Tielemans,  S.  Bormans,  Ch.  Potvin,  J.  Stecher,  Aug. 
Scheler,  P.  Henrard,  membres;  J.  Nolel  de  Brauwere  van 
Stecland  et  Alph.  Bivier,  associés. 

Classe  des  beaux-arts  :  MM.  Pauli,  directeur;  Alvin, 
vice-directeur;  Éd.  Fétis,  le  chevalier  L.  de  Burbure, 
Ad.  Siret,  Ernest  Slingeneyer,  F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel, 
Jos.  Schadde,  Jos.  Jaquel,  J.  Demannez,  G.  De  Groot 
Gusl.  Biot,  H.  Hymans,  membres;  Al.  Markelbach  et  Edm. 
Marchai,  correspondants. 

5me  série,  tome  ix.  34 


(  498  ) 

Conformément  à  l'article  19  des  statuts  organiques  de 
l'Académie,  les  trois  Classes  sont  réunies  en  séance  géné- 
rale pour  régler,  entre  elles,  leurs  intérêts  communs. 

M.  le  président  fait  savoir  que,  comme  suite  au  vœu 
exprimé  par  chacune  des  Classes  de  l'Académie,  l'adresse 
suivante  a  été  remise  au  Roi  au  sujet  de  l'œuvre  du  Congo, 
par  une  délégation  composée  des  trois  directeurs  et  du 
secrétaire  perpétuel. 

«  Sire, 

»  L'Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des 
beaux-arts  a  l'honneur  de  présenter  ses  félicitations  à 
l'Auguste  fondateur  de  l'Association  internationale  afri- 
caine au  sujet  de  l'heureux  résultat  des  travaux  de  la 
conférence  de  Berlin. 

»  L'Académie  apprécie  toute  l'importance  de  ce  résultat 
au  point  de  vue  de  l'avenir  industriel  et  commercial  de  la 
Belgique,  mais  ce  qui  la  frappe  particulièrement,  Sire,  ce 
sont  les  immenses  bienfaits  de  l'œuvre  africaine  sous  le 
rapport  humanitaire  et  scientifique. 

»  Un  État  libre  créé  au  sein  même  de  la  région  escla- 
vagiste, la  civilisation  luttant  victorieusement  contre 
l'ignorance  et  la  barbarie,  parfois,  il  est  vrai,  au  prix  de 
douleureux  sacrifices,  mais  toujours  à  l'aide  de  moyens 
pacifiques,  la  science  éclairant  de  son  flambeau  la  géogra- 
phie, l'ethnographie  et  l'histoire  naturelle  d'un  monde 
resté  inconnu  jusqu'ici  ;  telles  sont,  Sire,  les  admirables 
conséquences  du  dévouement  généreux ,  de  la  largeur  de 
vues,  de  la  persévérance  inébranlable  avec  lesquels  Votre 
Majesté  a  poursuivi  et  réalisé  une  œuvre  qui  fera  époque 
dans  l'histoire  de  l'humanité. 


(  4-99  ) 

»  L'Académie  prie  son  Auguste  Protecteur  d'agréer 
l'expression  de  son  profond  respect.  » 

M.  le  président  ajoute  que  le  Roi  a  daigné  répondre 
qu'il  était  profondément  louché  des  sentiments  que  l'Aca- 
démie venait  de  lui  exprimer  et  qu'il  l'en  remerciait  bien 
vivement.  —  Applaudissements. 

—  D'après  l'ordre  du  jour,  M.  Ad.  Siret,  secrétaire  de 
la  Commission  de  la  Biographie  nationale,  vient  prendre 
place  au  bureau  pour  lire  le  rapport  suivant  sur  les  tra- 
vaux de  la  Commission  pendant  l'année  1884-1885  : 

Messieurs, 

Nous  avions  espéré  qu'un  fascicule  de  dix  feuilles  aurait 
pu  être  distribué  avant  la  séance  d'aujourd'hui,  mais  nous 
avons  dû  y  renoncer.  La  correction  des  épreuves  a  subi  de 
nombreux  retards  par  suite  de  décès,  de  maladies  et  d'ab- 
sences. Toutefois,  notre  production  ordinaire  n'en  souf- 
frira pas,  car,  avant  la  fin  de  l'année  nous  pourrons  nous 
mettre  au  niveau  :  cinq  bonnes  feuilles  étant  tirées,  vingt 
grands  placards  étant  actuellement  composés. 

Nous  avons  à  déplorer  la  mort  d'un  de  nos  collabora- 
teurs assidus,  M.  L.  Galesloot,  qui  nous  rendait  de  précieux 
services,  grâce  à  son  érudition,  et  qui  avait  sa  spécialité  dans 
les  nombreuses  catégories  de  nos  illustrations.  M.  Pinchart, 
l'archiviste  regretté,  est  mort  également  alors  que  son  con- 
cours allait  nous  être  utile,  car  il  avait  pris  sur  lui  de 
fournir  à  la  Biographie  nationale  bon  nombre  de  notices 
pour  lesquelles  personne  ne  s'était  présenté. 

Nous  avons  aussi  perdu  M.  Stappaerls,  qui  avait  déjà 
donné  sa  démission  l'année  dernière,  mais  qui  continuait 
à  nous  fournir  des  articles  où  se  faisaient  remarquer  l'élé- 


v  500  ) 
ganee  de  son  slyle,  la  sûrelé  de  son  jugement  ell'exaclilude 
des  renseignements.  La  mort  de  ces  travailleurs  n'a  pas 
été  sans  influence  sur  les  retards  que  nous  vous  signalons. 
Une  des  causes  de  ces  retards,  qu'il  est  nécessaire  de 
rappeler  ici,  c'en  la  lenteur  apportée  par  la  généralité  de 
nos  collaborateurs  à  la  rédaction  du  travail  qui  leur  est 
confié.  De  nombreuses  lettres  de  rappel  leur  sont  adres- 
sées, rien  n'y  l'ait;  et  quand,  de  guerre  lasse,  on  les  oblige 
à  s'expliquer,  quelques-uns  répondent  en  prétendant  que 
leurs  loisirs  leur  ont  fait  défaut  et  ils  abandonnent  les 
notices. 

Certes,  Messieurs,  ces  accidents  n'effrayent  pas  votre 
Commission,  elle  a  de  nombreuses  ressources  pour  y 
obvier,mais  il  est  très  pénible  d'avoir,au  dernier  moment, 
à  faire  face  à  des  nécessités  de  ce  genre  et  si  nous  croyoni 
devoir  en  parler  ici,  c'est  notamment  pour  faire  remar- 
quer à  nos  corédacteurs  qu'ils  sont  les  seuls  coupables 
quand  on  nous  reproche  de  ne  pas  marcher  avec  la  vitesse 
désirable. 

Nous  allons  très  prochainement  aborder  la  lettre  L.  A  ce 
propos,  Messieurs,  il  vous  a  été  adressé  une  circulaire  sous 
la  date  du  1er  octobre  1884. 

Les  dispositions  principales  de  celte  circulaire  étaient 
celles-ci  :  on  vous  demandait  d'indiquer  sur  l'épreuve  qui 
vous  élait  adressée  : 

1°  Les  documents  à  consulter,  publiés  postérieurement 
à  la  confection  de  la  liste  générale  el  qu'il  y  aurail  lieu 
d'ajouter  aux  sources  déjà  indiquées  à  l'épreuve; 

2°  Les  noms  des  personnages  dignes  de  figurer  dans  la 
biographie,  décédés  entre  les  années  1850  el  1874. 

Ce  dernier  paragraphe  avait  une  importance  considé- 
rable. En  effet,  on  voudra  bien  se  rappeler  que,  d'après  la 


(  501    ) 

décision  prise  par  la  Commission  en  1860,  aucun  Belge 
ne  pouvail  trouver  place  dans  noire  livre  avant  qu'une 
période  de  dix  ans  si'  fui  écoulée  depuis  sa  mort.  Le 
bureau  avait  décidé  de  comprendre  sur  les  listes,  à  partir 
d'aujourd'hui,  les  noms  de  nos  compatriotes  décédés  de 
1850  à  1874. 

En  conséquence,  nous  vous  avions  prié  de  nous  (aire 
connaître  les  noms  auxquels  devait  s'appliquer  la  mesure 
dont  il  s'agit  en  nous  indiquant  autant  que  possible  les 
sources  où  les  renseignements  pourraient  être  puisés. 

Cet  appel  a  été  pour  ainsi  dire  inutile,  car  sur  120  listes 
expédiées  à  un  nombre  égal  de  collaborateurs,  il  n'en  est 
revenu  que  14,  dont  3  absolument  vierges  de  toute  anno- 
tation. Il  est  vrai  que  plusieurs  listes  nous  sont  revenues 
avec  l'indication  des  notices  qu'on  désirait  rédiger,  ce  qui 
n'était  nullement  en  question.  Dans  celte  même  circulaire 
nous  demandions  également  qu'on  voulut  bien  faire  con- 
naître les  noms  des  notabilités  décédées  dans  l'intervalle 
déterminé,  pour  les  autres  lettres; aucune  réponse  ne  nous 
est  parvenue. 

Les  H  listes  qui  ont  été  renvoyées  à  la  Commission 
contenaient  dans  leur  ensemble  80  noms  nouveaux  pour 
la  lettre  L.  Ces  noms  ont  été  soumis  à  l'examen  de  votre 
Commission.  Nous  remercions  bien  vivement  les  onze 
membres  zélés  qui  nous  ont  prêté  ainsi  le  concours  de 
leurs  lumières  et  de  leur  patriotisme. 

Nous  allons,  Messieurs,  continuer  le  même  travail  pour 
les  autres  lettres,  mais  il  sera  fait  parle  secrétariat  sous  la 
surveillance  du  bureau,  l'expérience  nous  ayant  démontré 
que  nous  arriverons  ainsi  plus  vite  et  plus  sûrement  au  but 
désiré. 

Nous  devons,  Messieurs,  appeler  votre  attention  sur  la 


(  002  ) 

décision  que  nous  avons  prise  parce  qu'elle  va  imprimer  à 
la  seconde  moitié  de  notre  œuvre  une  physionomie  tout 
autre  que  celle  de  l'autre  moitié,  c'est-à-dire  de  la  lettre  A 
à  la  lettre  L  exclusivement.  Les  notices  des  lettres  L  à  Z 
contiendront  les  biographies  des  notabilités  belges  mortes, 
comme  nous  l'avons  dit,  de  1850  à  1874  et  années  sui- 
vantes, d'après  la  marche  de  notre  œuvre,  tandis  que  la 
partie  de  A  à  L  sera  complètement  privée  de  notices  de  ce 
genre.  C'est  une  lacune  inévitable  qui  sera  comblée  par  le 
Supplément  à  la  Biographie  nationale.  Le  lecteur  sera  pré- 
venu de  celle  circonstance  dans  une  introduction  placée 
en  tête  du  volume  qui  commencera  la  série  des  noms  en  L. 
11  est  bien  entendu  que  si  dans  la  série  des  notices  en 
cours  d'impression  il  se  présentait  le  cas  d'une  personna- 
lité belge  à  comprendre  dans  les  conditions  préindiquées, 
rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'elle  soit  admise.  C'est  ainsi  qu'au 
dernier  moment  il  nous  a  été  possible  de  comprendre  dans 
notre  livre  la  notice  sur  André  van  Hasselt,  rédigée  par 
M.  L.  Alvin.  Si  d'autres  cas  du  même  genre  se  présentaient 
pour  la  série  des  lettres  HI  à  K  inclus,  on  pourrait  encore 
s'en  occuper,  mais  il  faudrait  se  hâter.  On  voudra  bien 
alors  s'adresser  au  secrétariat. 

La  liste  L,  complétée,  comme  nous  venons  de  le  dire,  va 
être  envoyée  à  l'impression,  après  quoi  elle  sera  expédiée: 
1°  Aux  académiciens  effectifs  qui  voudront  bien  faire 
leur  choix  et  le  faire  connaître  au  secrétariat.  Les  inté- 
ressés sont  prévenus  quils  auront  quinze  jours  pour  faire 
ce  choix.  Après  ce  délai,  il  sera  difficile,  sinon  impossible, 
de  faire  droit  aux  désirs  tardifs  qui  pourraient  se  produire, 
puisque  la  liste  aura  été  soumise  à  une  autre  catégorie  de 
rédacteurs; 


(  503  ) 

2°  Aux  correspondants  académiciens  dans  les  mêmes 
conditions; 

5°  Aux  collaborateurs  étrangers. 

Nous  avons  à  chaque  distribution  de  liste  une  peine 
infinie  à  diviser  la  besogne  dans  les  conditions  arrêtées 
qui  garantissent  les  droits  de  chacun;  c'est  pourquoi  nous 
ne  saurions  assez  inviter  nos  honorables  collègues  à  ne 
point  perdre  de  vue  le  délai  indiqué,  qui  sera  du  reste  rap- 
pelé en  tête  de  la  liste. 

Les  notices  de  la  lettre  //  se  trouvent  à  pied  d'œuvre,  à 
l'exception  d'une  trentaine  qui  sont  à  la  rédaction.  La 
lettre  H  comprend  763  noms. 

Les  notices  des  lettres  /,  J  et  A', au  nombre  de  259  noms, 
sont  déjà  en  réserve,  au  moins  pour  la  moitié.  Quant  à  la 
lettre  L,  elle  représentera  environ  673  noms. 

Le  sous  comité,  après  examen,  a  supprimé  de  la  liste  les 
noms  suivants  : 

Sur  la  proposition  des  auteurs  :  Hadège,  graveur  lié- 
geois ;  Hakendover,  architecte;  Halemans,  architecte; 
Hallewyn,  jurisconsulte;  Van  Hamme,  poète;  Happait; 
Haultepenne,  homme  d'Étal  ;  Heftels,  écrivain  ;  Ste  Helere  ; 
Helinaud,  moine;  Hellenbuyck,  peintre  ;  Helsenaers,  pein- 
tre; Van  Heude,  médecin;  Hennequin,  prédicateur;  Henri 
de  Hennin,  historien;  le  frère  Henri;  Hermès,  écrivain  ; 
Heffels,  écrivain;  Hofmans,  peintre;  Van  Hove,  sculpteur; 
Hoylaerls,  médecin;  Hennecart,  peintre;  Hennequinne, 
chroniqueur;  Houvveus,  évêque. 

Sur  le  vu  des  notices  le  sous-comité  a  supprimé  : 
Hack,  Hanoi,  Happait,  Van  Haringlie,  Hautporl,  Hagman, 
Hanneton (Gil),  Heestert,  Henricus  Brabanlinus,  Herbinde, 
Herbois,  Herendalius,  de  Hornes,  Van  Hiele,  Huyvel,  Hur- 
selius,  Hurribloc. 


(  504  ) 

Si  cependant  l'importance  de  qnelqnes-uns  ou  d'un 
seul  de  ces  noms  était  établie,  on  voudra  bien  nous  en 
faire  part.  Nous  pourrions  encore  admettre  la  notice 
soit  dans  les  feuilles  en  voie  d'impression,  soit  dans  le 
supplément. 

Le  nombre  de  nos  collaborateurs  en  dehors  de  l'Aca- 
démie s'est  augmenté  de  MM.  De  Sagher,  capitaine  adjoint 
d'élat-major,  0.  Merten,  professeur  à  l'Université  de  Gand, 
Vanden  Branden,  archiviste  adjoint  à  Anvers,  Fred.  Alvin, 
attaché  au  cabinet  des  médailles.  M.  Balat,  membre  de  la 
Classe  des  beaux-arts,  ayant  donné  sa  démission,  a  été 
remplacé  par  M.  Hymans. 

Il  est  un  point  essentiel  sur  lequel  notre  Commission 
croit  devoir  appeler  l'attention  des  rédacteurs  de  la  Bio- 
graphie nationale.  C'est  à  propos  de  l'étendue  des  notices. 
Nous  enrayons,  autant  que  nous  pouvons,  la  tendance 
qu'ont  beaucoup  de  nos  rédacteurs  à  allonger  les  biogra- 
phies dont  ils  se  chargent.  Il  y  a  à  cet  égard  des  instruc- 
tions formelles  qui  ont  été  rappelées  dans  une  circulaire. 
Nous  allons,  Messieurs,  insister  à  nouveau  et  reproduire 
nos  instructions.  H  est  extrêmement  pénible  d'avoir  à 
retrancher  de  nombreux  passages  dans  des  notices  excel- 
lentes, mais  devenues  de  véritables  monographies.  Le 
bureau  a  là  un  devoir  très  dur  à  remplir,  mais  il  n'entend 
pas  s'y  dérober.  Nous  espérons  que  nos  collaborateurs 
s'attacheront  à  nous  faciliter  notre  tâche  en  observant 
strictement  las  conditions  qui  leur  sont  imposées.  Nous 
n'ignorons  pas  que  quelques  exceptions  s'imposent  par  la 
nature  du  rôle  que  certains  personnages  ont  joué  dans 
notre  pays,  mais  ces  exceptions  sont  rares  et  nous  devrons 
veiller  à  ce  que,  sous  des  prétextes  spécieux,  elles  ne  sor- 
tent point  d'une  juste  et  sage  mesure. 


(  505  ) 

Par  suite  d'un  remaniement  typographique  le  volume  7 
s'est  fermé  trop  tôt  pour  les  notices  sur  les  Godefroicl.  Nous 
croyons  utile  de  vous  informer  qu'avec  le  prochain  fasci- 
cule un  carton  sera  distribué  qui  complétera  ce  volume. 

Si  nous  avons  eu  à  nous  exprimer  avec  amertume  au 
sujet  des  lenteurs  apportées  par  quelques-uns  des  nôtres 
à  l'élaboration  de  notre  œuvre,  il  est  juste  de  dire  aussi 
que,  d'un  autre  côté,  nous  sommes  merveilleusement 
aidés  par  des  travailleurs  qui  n'épargnent  ni  soins,  ni  zèle 
pour  rendre  la  Biographie  nationale  digne  du  but  qu'elle 
doit  atteindre.  Le  prochain  volume,  entièrement  consacré 
à  la  lettre  H,  prouvera  au  pays  que  notre  tâche  grandit  au 
fur  et  à  mesure  que  nous  avançons  et  qu'aucun  de  nous 
n'est  resté  indifférent  à  la  construction  de  l'édifice  que  la 
reconnaissance  de  la  patrie  élève  à  ses  glorieux  enfants.  » 

L'assemblée  vote  des  remercîments  à  la  Commission 
et  à  M.  Sirel  pour  les  soins  apportés  pendant  l'année 
écoulée  à  l'œuvre  entreprise  sous  le  patronage  de 
l'Académie. 

Elle  décide  l'impression  du  rapport  de  M.  Siret  dans  le 
Bulletin  de  la  séance. 

—  L'assemblée  adopte,  en  principe,  la  publication  d'une 
troisième  édition  de  la  Bibliographie  académique,  qui  com- 
prendra les  notices  biographiques  et  bibliographiques  des 
membres,  des  correspondants  et  des  associés  résidents 
vivants. 

La  Commission  administrative  sera  chargée  des  moyens 
d'exécution  de  cette  œuvre. 

—  L'assemblée   adopte   également    le  projet   suivant 


(  500  ) 
d'inscription  à  placer  sur  le  piédestal  de  la  slatue  d'Adolphe 
Quetelet,  ancien  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie. 

Côte  droit. 


Côté  gauche. 

FONDATEUR 
DE 

l'observatoire  royal 

de  bruxelles. 

1826. 


SECRÉTAIRE   PERPÉTUEL 

DE 

L'ACADÉMIE   ROYALE 

DE    BELGIQUE. 

1834. 


CRÉATEUR 

DE  LA 

PHYSIQUE   SOCIALE. 

1835. 


Face 


ADOLPHE  QUETELET. 

1796-1874. 


C.RONDLEGGER 

DER 

KOMNKLIJKE   STERRENWACHT 

TE   RRUSSEL. 

1826. 


BESTENDIGE   SECRETARIS 

DER 

KOMNKLIJKE  ACADEMIE 

VAN    BELGIÉ. 

1834. 


STICHTER 

VAN  DE 

NATUURWETENSCHAP 

DER  MAATSCHAPPIJ. 

1835. 


L'assemblée  rapporte  en  même  temps  l'inscription  qui 
figure  page  320  du  tome  L  (1880)  de  la  3e  série  des 
Bulletins. 


(  507  ) 


CLASSE  DES  BEAUX- A  II TS. 


Séance  du  6  mai  1885. 

M.  Pauli,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L.  Al  vin,  vice-directeur;  Jos.  Geefs, 
C.-A.  Fraikin,  Éd.  Félis,  le  chevalier  Léon  de  Burbure, 
F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel,  Godfr.  GufTens,  Jos.  Schadde, 
Jos.  Jaquel,  J.  Demannez,  G.  De  Groot,  Gustave  Biot, 
H.  Hymans,  membres;  le  chevalier  X.  van  Elewyck,  Jos. 
Stallaerl  et  Edm.  Marchai,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  adresse  une  expédition  de  l'arrêté  royal 
en  date  du  23  avril  nommant  :  MM.  Benoît,  le  chevalier 
de  Burbure,  Félis,  Gevaert,  Samuel,  Le  Roy  et  Wagener 
membres  du  jury  chargé  de  juger  le  double  concours  pour 
la  composition  d'un  poème  en  langue  française  et  d'un 
poème  en  langue  flamande,  destinés  à  servir  de  thème  aux 
concurrents  pour  le  grand  prix  de  composition  musicale 
de  1885. 

M.  Edm.  Marchai  remplira  les  fonctions  de  secrétaire  du 


(  508  ) 

—  Le  même  Ministre  transmet  la  seconde  partie  du 
rapport  de  M.  Edmond  Vander  Straeten  sur  sa  mission 
musicographique  à  Munich.  —  Renvoi  à  la  Commission 
chargée  de  la  publication  des  œuvres  des  anciens  musi- 
ciens belges. 

—  M.  Franz  Liszt  écrit  que  l'état  de  sa  vue  l'a  empêché 
jusqu'ici  de  répondre  à  la  lettre  qui  lui  annonçait  son 
élection  d'associé. 

Il  prie  la  Classe  d'agréer  l'expression  de  sa  respectueuse 
reconnaissance. 

—  Le  comité  organisateur  de  la  manifestation  qui  aura 
lieu,  le  7  juin,  à  Liège  en  l'honneur  de  la  50e  année  de  pro- 
fessorat de  M.  G.  Nypels,  demande  le  concours  de  la 
Classe. 

—  M.  Gustave  De  Leener,  ancien  lauréat  du  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  appelle  l'attention  de  la  Classe  sur 
l'utilité  de  mettre  au  concours  l'histoire  des  anciens  chants 
et  danses  populaires  du  pays.  —  Pris  pour  notification. 

—  M.  Edmond  Toilliez,  à  Sainl-Josse-ten-Noode,  sou- 
met une  note  avec  dessins  sur  la  perspective  pittoresque. 
—  Renvoi  à  l'examen  de  M.  Schadde. 

—  M.  Charles  de  Linas  fait  hommage  à  la  Classe  : 

1°  D'une  note  publiée  dans  le  Magasin  pittoresque,  Sur 
le  reliquaire  de  la  Sainte-Croix,  au  trésor  de  la  cathédrale 
de  Tournai; 

2°  De  deux  nouvelles  notes  de  sa  série  publiée  dans  la 
Revue  de  l'art  chrétien  sur  les  ivoires  et  les  émaux: 

a)  La  collection  Svenigorodskoï. 


(  509  ) 

b)  Le  crucifix  de  la  cathédrale  de  Léon,  au  Musée  de 
Madrid.  —  Remercîments. 

M.  G.  Hauck,  recteur  de  l'École  royale  supérieure  tech- 
nique à  Berlin,  envoie  un  exemplaire  de  son  travail  inti- 
tulé \Die  Grenzen  zwischen  Malerei  und  Plastik,  ttnd  die 
Gesetze  des  Reliefs.  —  Remercîments. 

ÉLECTIONS. 

M.  Alvin  est  réélu,  par  acclamation,  délégué  de  la  Classe 
auprès  de  la  Commission  administrative  pour  l'année  1885- 
1886. 


RAPPORT. 


La  Classe  entend  la  lecture  de  l'appréciation  faite  par 
MM.  Demannez,  Biol  et  Siret  du  6e  rapport  semestriel  de 
M.  Lenain,  lauréat  du  grand  concours  de  gravure  de 
1881.  —  Ces  documents  seront  communiqués  au  Gou- 
vernement. 


CONCOURS  DES  CANTATES  POUR  1883. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  dépose  sur  le  bureau  les  poèmes 
français  et  les  poèmes  flamands  qu'il  a  reçus  pour  le  con- 
cours des  cantates  de  l'année  actuelle. 

Poèmes  français. 

N08  1.  La  clairière.    —    Devise  :    Voilà    la    montagne 
dépouillée  des  chœurs  qui  parcouraient  ses  som- 


[  oiO  ) 
mets;  les  prêtresses,  les  flambeaux,  les  clameurs 
divines  sont  retombées  dans  les  vallées. 

Maurice  de  Guérin,  La  Bacchante. 
Nos  2.  La  chasse.  —  Devise  :  Point  d'art  sans  liberté,  ni 
sans  indépendance  !  Les  chants  de  la  lyre,  p.  51. 
3.  Les  marchands  du  temple  !  —  Devise  :  Les  mar- 
chands seront  de  tous  les  temps. 
A.  Le  peuple  du  Congo  célébrant  sa  délivrance.  — 
Sans  devise. 

5.  La  musique.  —  Devise  :  Cantate  Domino  canticum 

novum. 

6.  La  mort  d'Anneessens.  —  Sans  devise. 

7.  L'union  fait  la  force.  —  Sans  devise. 

8.  Vésale  sur  les  rochers  de  Zante.   —  Devise  : 

Mors  ultima  ratio  (sans  billet  cacheté). 
9.  Van  Maerlant.  —  Devise  :  Flandre. 

10.  Le  Congo.  —  Devise  :  L'union  fait  la  force. 

11.  Une  vision  du  Dante.  —  Sans  devise. 

12.  Samson.  —  Devise  :  Dalila. 

13.  Julien  et  Pauline.  —  De\ise  :  Tout  chante,  tout 

sourit,  tout  invite  au  bonheur!  vers  iv. 

14.  Ambiorix.  —  Devise  :  Gallorum  omnium  fortis- 

simi  sunt  Belgae  ! 

15.  Anusuya,  l'Africaine.  —  Devise  :  L'amour  excite 

chez  là  négresse  des  transports  partout  inconnus 
ailleurs  (Virey). 

16.  La   mort   de  Charles-Quint  au   monastère   de 

Juste.  —  Devise  :  «  Dieu  !  qu'est-ce  donc  que 
de  nous?  0  mort!  tu  nous  révèles  à  la  fois,  et 
la  vanité  de  ce  monde,  et  la  vanité  de  la  vie, 
et  la  vanité  des  grandeurs,  et  la  vanité  des  plai- 
sirs, et  la  vanité  tout  entière  de  l'homme.  » 


(  511   ) 
De  Boulogne,  archevêque  de  Troyes.  (Sans  billet 
cacheté.) 
M05  17.  Le  jugement  dernier.  —  Sans  devise.  (Sans  billet 
cacheté.) 

18.  Échos  du  coeur.  —  Devise  :  Si  fosais!... 

19.  Les  remords  de  Judas.  —  Devise  :  Analhème. 

20.  Les  ménestrels  du  roi  de  Chypre,  ou  le  loyer  de 

gaie  science.  —  Sans  devise. 

21.  La  vision  de  Tinctoris.  —  Sans  devise. 

22.  Le  coeur  guéri.  —  Sans  devise. 

25.  Le  Tasse  a  Sorrente.  —  Sans  devise. 

24.  Post  Bellum.  —  Sans  devise. 

25.  Les  Belges  en  Afrique.  —  Sans  devise. 

26.  Ambiorix.  —  Devise  :  //  est  de  la  patrie  et  la  gloire 

et  ïorgiieil. 

27.  Norna,  saga  islandaise.  —  Sans  devise. 

28.  La  source.  —  Devise  :  Printemps. 

29.  David  et  Goliath.   —    Devise  :   David  dit  au 

Philistin  :  Tu  viens  à  moi  avec  Vèpêe,  la  lame 
cl  le  bouclier  ;  mais  moi,  je  viens  à  toi  au  nom 
du  seigneur  des  armées,  du  Dieu  d'Israël... 

(1er  livre  des  Rois,  XVII,  45.) 

50.  Agneessens.  —  Sans  devise. 

51.  Sur   les  rives    du  Congo.    —    Devise    :    Vive 

Léopold  II! 


Poèmes  flamands. 

N"    1.  Eene  bladzijde  uit  het  roemrijk  verleden. — 
Kenspreuk  :  Rust  roest. 
2.  De  jongeling  en  de  doode.  —  Kenspreuk  :  Die 
Idéale  sind  zerronnen  (Schiller). 


(  312  ) 
3.  Afrika.  —  Cantale.  Kenspreuk  :  Absque  Labore 

nihil. 
\.  Het  geredde  vaderland.  —  Sans  billet  cacheté. 

5.  Rupelcantate.  —  Kenspreuk  :   Nalnurbeschou- 

iving  vorml  den  dichler. 

6.  Groeninghe.    —    Kenspreuk   :    Vlaendren    ende 

Leu  ! 

7.  Zonder  titel.  —  Kenspreuk  :  Liefde  voor  vorst 

en  vaderland. 

8.  De  Gasthuisnon.  —  Zonder  kenspreuk. 

9.  Angélus.  —  Zonder  kenspreuk. 

10.  De  windstorm.  —  Kenspreuk  :  Wees  mensch  en 

menschenvriend,  maar  nimmer  heer  of  slaaf! 
(Witsen  Geijsbeek.) 

11.  De  slag   der  Gulden  sporen.   —   Kenspreuk  : 

Mors  sola. 

12.  Eertijds  en  nu,  of  de  spoorweg  strijd. —  Zonder 

kenspreuk. 

13.  Het  feest  der   dood.  —  De  gansche  stad  zonk 

iveg,  in  't  gloeiend  lavagraf. 

14.  Stemmen  uit  het  zuiden.  —  Kenspreuk  : ...  7  zijn 

lachende  landouwen  waarin   de   zuidenvind, 
als  door  een  Eden,  waail  (K.-L.  Ledeganck). 

15.  Antwerpen   Heil!  —  Kenspreuk  :  Wie  niet  en 

waagt,  niet  en  wint. 

16.  Halewijn.  —  Zonder  kenspreuk. 

17.  Der  mensghheid  zegepraal.  —  Kenspreuk  :  Labor 

improbus  omnia  vincil. 

18.  Kantate.  —  Kenspreuk  :  Een  vuvrgloed  blaakt 

het  ruim  der  vloeden  die  d'Oceaan  in  golven 
kookt  (Bilderdijk).  (Sans  billet  cacheté.) 

19.  Socrates.  —  Kenspreuk  :  a  Ken  u  zelven  &. 


C  ->I5  } 
N0'  20.  ëen  lied  der  liefde.  —  Zonder  kenspreuk. 

21.  Het  visschersmeisje.  —  Zonder  kenspreuk. 

22.  Het  onweder.  —  Kenspreuk  :  «  God!  » 

23.  De  zon.  —  Kenspreuk  :  Fiat  lux. 

24.  Bosschaart   van   Avesne.  —   Kenspreuk  :   S'io 

avessi,  lettor,  più  lungo  spazio  da  scrivere... 
(Dante). 

25.  De  priester.  —  Zonder  kenspreuk. 

26.  Broederliefde.  —  Kenspreuk:  Muziek  en  poëzit 

zijn  één. 

27.  Vredezang.  —  Kenspreuk  :  Hoop  op  vrede  ! 

28.  Te  Kortryk  (1302).  —  Kenspreuk  :  Toonkunst. 

29.  In  't  Elfenwoud.   —  Kenspreuk  :  Wij  zij  van 

vlaamschen  bloede  ! 


OEVRAGES  PRESENTES. 


Delbœuj '(/.).  —  Le  sommeil  et  les  rêves  considérés  princi- 
palement dans  leurs  rapports  avec  les  théories  de  la  certitude 
et  de  la  mémoire.  Paris,  1885;  vol.  in-12  (262  pages). 

Willems  (P.)  —  Le  sénat  de  la  République  romaine  : 
appendices  du  tome  1er  et  registres.  Louvain,  1 885  ;  in-8°. 

Bambeke  (Ch.  Van).  —  État  actuel  de  nos  connaissances 
sur  la  structure,  du  noyau  cellulaire  à  l'état  de  repos.  Gand, 
1885  ;  in -8°  (81  pages). 

Fleury  (/.)  et  Duguet  (G.).  —  Traité  de  physique  élémen- 
taire, rédigé  conformément  aux  programmes  officiels,  2°"  éd. 
revue.  Mons,  1885;  vol.  in-12  (656  pages). 

Hollebeke  (B.  Van)  et  Mer  te  n  ((>.).  —  Grammaire  française 

3m*    SÉRIE,    TOME    IX.  35 


(  344  ) 

à  l'usage  des  athénées,  des  collèges  et  des  écoles  moyennes. 
Namur,  1884;  pet.  in-8°  (150  pages). 

Leboucq  {H.).  —  De  quelques  anomalies  des  côtes  chez 
l'homme  :  côtes  cervicales  et  première  côte  thoracique  rudi- 
mentaire.  Gand  1885;  exlr.  in-8°  (11  pages,  pi.). 

Van  ilen  Gheijn  («/.).  —  La  nouvelle  université  orientale 
d'Angleterre.  Louvain  1885:  extr.  in-8"  (10  pages). 

—  La  mythologie  comparée  et  les  travaux  de  Guillaume 
Mannhardt.  Bruxelles,  1885;  in-8"  (23  pages). 

—  L'origine  européenne  des  Aryas  Anvers,  1885;  extr.  in-8" 
(44  pages). 

Ouverleaux  (Km.).  —  Notes  et  documents  sur  les  juifs  de 
Belgique  sous  l'ancien  régime.  Paris,  1885;  in-8°  (%  p). 

Préudhovnme  de  Boire  (A.).  —  Matériaux  pour  la  l'aune 
entomologique  du  llainaut  :  Coléoptères,  2me  centurie. 
Bruxelles,  1885;  in-8°(35  pages). 

Firket  (Ad.\  —  Nappes  d'eau  souterraines  de  la  vallée  de 
la  Meuse  à  Liège  et  aux  environs.  Liège,  1885;  in  8°  (20  p.). 

—  Manifestation  en  l'honneur  de  M.  le  professeur  G.  De- 
walque,  secrétaire  général  de  la  Société  géologique  de  Bel- 
gique (26  août  1885).  Liège,  1885;  in-8°  (22  pages). 

Finel  (Théoph.).  —  De  l'exploitation  des  canaux  et  voies 
navigahlcs  :  préface  de  la  seconde  édition.  Bruxelles,  1879; 
in-8"  (1li  pages). 

Elewyck  (Ern.  Vun).  —  Le  port  de  Bruxelles.  Bruxelles, 
1884;  (84  pages). 

Lyon  {Clément).  —  Biographie  de  Charles  Bastin.  Gharleroi, 
1885;  extr  in-8°(48  pages). 

Toussaint  (le  chanoine).  —  Charles  le  Bon,  comte  de  Flan- 
dre, ou  le  lils  martyr,  drame  en  5  actes. 

Houzè  [E.)  et  Jacques  (Victor).  —  Les  Australiens  du  Musée 
du  Nord.  Bruxelles,  1885;  gr.  in-8"  (100  pages,  pi.). 

Le  Muséon,  Bévue  internationale,  t.  IV,  1885,  nos  I  et  2. 
Louvain;  in-8". 


(  515.) 

Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg.  —  Bulletin, 
t.  XVI.  Tongres,  1884;  in -8°. 

Société  géologique  de  Belgique.  —  Annales,  t.  X  et  tables 
générales  des  tomes  I  à  X.  Liège,  1884-85;  in-8°. 

Société  des  sciences,  des  arts  et  des  lettres  du  Hainaut.  — 
Mémoires,  4e  série,  t.  VIII.  Mons,  1884;  vol.  in-8°. 

Antwerpsche  Bibliophilen.  —  Uitgaven,  nr  13  :  marques 
typographiques  des  imprimeurs  cl  libraires  anversois,  recueil- 
lies par  le  chev.  G.  van  Havre.  Anvers,  1885;  vol.  in-8°. 

Musée  royal  d'histoire  naturelle  de  Belgique  :  service  de  la 
Carte  géologique  du  royaume.  —  Feuilles  avec  explications  : 
Modave,  par  MM.  Dupont  et  Mourlon;  Virlon,  Ructte,  Lamor- 
tcau,  par  M.  Purves  ;  Landcn,  Saint-Trond,  Hcers.  par 
MM.  Van  den  Broeck  et  Rutot.  Bruxelles,  1884:  7  feuilles 
in-plano  et  7  br.  in-8°. 

Conseils  provinciaux. —  Procès- verbaux  des  séances  1884. 
10  vol.  in-8°. 


Allemagne  et  Aijtkiche-Hoingiub. 

Arnetft  (Alfred  von).  —  Graf  Philipp  Cobenzl  und  seine 
Memoiren.  Vienne  1885;  in-8°  (181  pages). 

Kopj>e  (DT  C).  —  Die  Ausgleichungsreehnung  naclb  der 
Méthode  der  klcinsten  Quadrate  in  der  praklischcn  Géomé- 
trie. Nordhausen,  1885;  in-8°  (S  pages). 

Hauck  (Guido).  —  Die  Grenzen  zwischen  Malerei  und 
Plastik,  und  die  Gcselze  des  Reliefs.  Rede  am  21.  Màrz  1885. 
Berlin,  1885;  gr.  in-8°  ("20  pages). 

Académie  des  sciences  de  Cracovie.  —  Comples  rendus  des 
séances  :  a.  Mathématiques,  t.  XII;  b.  philologie,  t.  X.  Monu- 
ments antiques  du  droit  polonais,  t.  VII,  3.  —  Mémoires 
(rnalhémat.)  t.  IX.  —  Sprawozdania  Komisyi  Jezykowéj, 
I.  III.  —  Slownik  «ynonimow  Polskich,  t.  I.  —  Zahytki  przed- 


(  5i<>  ) 

historyczne  ziem  Polskich,  ser.  1,5.  —  Jan  Brozek  (15-58 
1652).  (Travaux  en  langue  polonaise.)  —  Monumenta  Poloniae 
historien,  t.  IV. 

NaturwîSsenschafUicher  Verein.  —  Correspondenz-Blatt, 
38.  Jahrgang  Ratisbonne,  1884;  in  8°. 

Naturforschender  Verein  ,  Brùnn. — Verhandlungen,XXII. 
—  Bericht  der  meteorologischen  Commission  in  1882. 

Akudemie  der  Naturforscher,  Halle.  —  Amlliches  Organ, 
1885  und  1884.  Nova  acta,  45  und  46  Bd. 

K.  k.  Central- A  nstalt  fur  Météorologie  und  hJrdmagnetis- 
mus.  —  Jahr bûcher,  1885.  Vienne;  in-4°. 


Amkriqui-:. 

Draper  (Henry).  —  On  the  use  of  carbon  bisulphide  in 
prisms.  New  Haven.  1885;  extr.  in-8u  (10  pages). 

Pickering  (Edw.-C).  —  Observations  of  variable  stars 
rn  1884.  Boston,  1885;  exlr.  in-8°(16  pages). 

Peabody  acadeiny  of  science.  —  Annual  reports  of  the 
trustées  1874-1884.  Salem,  1885;  in-8°. 

Astronomical  observalory  of  Harvard  collège.  —  59th  re- 
port. Cambridge,  1885;  in-8°. 

N.  S.  Coast  and  géodésie  survey.  —  Report,  1885  :  lext 
and  sketehes.  Washington,  1884;  2  vol.  in-4°. 


i^®*)»©** 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE   ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  LT  DES  15EAUX-AKTS  DK  BELGIQUE. 

1885.  —  N»  6. 


CLASSE  «ES  SCIENCES. 


Séance  du  6  juin  1885. 

M.  Éd.  Mokren,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Éd.  Mailly,  vice-directeur;  J.-S.  Stas, 
L.-G.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneilen,  le  baron  Edm.  de 
Selys  Longchamps,  Gluge,  Melsens,  G.  Dewalque,  H.  Maus, 
E.  Candèze,Ch.  Montigny,  Éd.  Dupont,  Éd.  Van  Beneden, 
C.  Malaise,  Folie,  Briarl,  F.  Plateau,.  Fr.  Crépin,  J.  De 
Tilly,  F.-L.  Cornet,  Ch.  Van  Bambeke,  G.  Van  der  Mens- 
brugghe,  W.  Spring,  membres;  E.  Catalan,  associé; 
M.  Mourlon,  P.  Mansion,  A.  Renard  et  P.  De  Heen,  corres- 
pondants. 

?)me  SÉRIE,  TOME  IX.  36 


(  318) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des  Tra- 
vaux publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Académie, 
un  exemplaire  : 

1°  Des  rapports  des  commissions  médicales  provinciales 
pendant  l'année  1883; 

2°  De  l'ouvrage  intitulé  :  Applications  industrielles  de 
l'électricité.  Principes  et  électrométrie ;  par  H.  Ponthière. 
Lou  vain-Paris,  1885.  —  Remercîments. 

M.  John  Murray  envoie,  au  nom  du  Gouvernement 
britannique,  les  volumes  X  et  XI  des  Travaux  et  Recherches 
d'exploration  du  Challenger.  —  Remercîments. 

—  La  commission  organisatrice  du  congrès  international 
de  botanique  et  d'horticulture,  qui  aura  lieu  à  Anvers  du 
1er  au  10  août  prochain,  envoie  les  circulaires  relatives  à 
son  organisation. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt,  dans  les  archives,  d'un 
billet  cacheté  adressé  par  M.  Ch.  Lagrange,  astronome  à 
l'Observatoire  royal  de  Bruxelles. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Observations  des  surfaces  de  Jupiter  et  de  Vénus, 
faites  à  l'Institut  astronomique  annexé  à  l'Université  de 
Liège,  par  L.  de  Bail.  —  Commissaires  :  MM.  Liagre,  Folie 
et  Montigny; 

2°  Sur  la  prétendue  origine  bactérienne  de  la  diastasej 


i.  549  ) 

par  M.  Emile  Laurent,  de  Bruxelles.  —  Commissaires  : 
MM.  Gilkinet,  Spring  et  Morren  ; 

3°  Études  sur  la  turgescence  chez  le  Phycomyces,  par 
le  même.  —  Mêmes  commissaires; 

4°  Les  anciennes  rhyoliles,  dites  «  euriles  de  Graud- 
Manil  »,  par  Ch.  de  la  Vallée  Poussin.  —  Commissaires  : 
MM.  Devvalque,  Malaise  et  Renard. 

—  La  Classe  reçoit,  à  titre  d'hommages,  les  ouvrages 
suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remercîments  aux 
auteurs  : 

d°  Manifestation  en  ï honneur  de  M.  Eugène  Catalan, 
7  décembre  188-4; 

2°  Les  silex  de  la  station  préhistorique  de  Mendonclc, 
par  Eug.  Van  Overloop.  Présenté  par  M.  Liagre; 

3°  Revue  des  oiseaux  observés  en  Belgique,  par  Alph. 
Dubois; 

4°  a)  Del  zifioide  fossile;  b)  Resti  fossili  di  dioplodon 
e  mesoplodon  ,  par  Giov.  Cappellini; 

5°  De  remploi  des  matières  colorantes  dans  l'étude  phy- 
siologique et  histologique  des  infusoires  vivants,  par 
A.  Certes. 

Ces  trois  derniers  ouvrages  sont  présentés  par  M.  P.-.I. 
Van  Beneden. 

Note  lue  par  M.  P.-J.  Van  Beneden  en  présentant 
les  ouvrages  précités  de  M.  Capellini. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe  deux  mémoires 
du  professeur  Capellini  sur  les  Cétacés  fossiles  décou- 
verts récemment  en  Italie.  Ces  ouvrages  du  savant  con- 
frère de  l'Université  de  Bologne  nous  intéressent  au  plus 
haut  point,  puisqu'ils  nous  permettent  de  juger  du  degré 


(   320    ) 

d'affinités  qui  existe  entre  les  Cétacés  du  bassin  de  la 
Méditerranée  et  ceux  des  environs  d'Anvers  à  l'époque 
de  leur  apparition.  Il  est  hien  reconnu  qu'à  cette  époque, 
dite  de  la  Mollasse,  la  mer  Noire  et  la  mer  Caspienne 
n'étaient  point  séparées  l'une  de  l'autre  comme  aujour- 
d'hui; cette  mer,  mire  l'Europe  et  l'Asie,  couvrait  une 
partie  de  la  Russie  le  long  des  Monls-Ourals  et  communi- 
quait avec  la  Méditerranée,  en  couvrant  une  partie  de 
l'Autriche,  de  la  Bavière ,  de  la  Suisse  et  du  midi  de  la 
France.  Mais  la  Méditerranée  communiquait-elle  avec  les 
mers  du  Nord?  passait-elle  à  l'Est  des  Pyrénées  au-dessus 
de  cette  partie  de  la  France?  Le  détroit  de  Gibraltar 
n'existait  pas. 

Les  Cétacés  fossiles,  mieux  que  toute  autre  classe  d'ani- 
maux, nous  aideront  sans  doute  à  trancher  ces  intéres- 
santes questions.  Leurs  ossements,  si  abondants  dans 
plusieurs  localités,  indiquent  le  chemin  qu'ils  suivaient 
dans  leurs  pérégrinations. 

Les  seuls  Cétacés  que  nourrit  aujourd'hui  la  mer  Noire 
sont  trois  Cétodontes  qui  ont  pénétré  par  les  détroits  de 
Gibraltar  et  des  Dardanelles,  et  la  Méditerranée  renferme 
de  plus  deux  Cétacés  à  fanons,  venus,  comme  les  Céto- 
dontes, de  l'Atlantique.  Ces  mers,  intérieures  aujourd'hui, 
ont  eu  cependant  leurs  espèces  propres  et  parmi  elles  se 
trouvaient  des  Cétacés  à  fanons,  que  l'on  ne  découvre 
plus  aujourd'hui  que  dans  les  océans. 

J'espère  trouver  le  temps  de  communiquer  bientôt  une 
note  sur  des  ossements  d'une  petite  Baleine,  trouvés  au 
pied  du  Causnse,  à  l'Est  de  Vladikavkas,  et  sur  lesquels  le 
professeur  Dames,  de  Berlin,  a  bien  voulu  me  consulter. 

Ces  travaux  de  Capellini  nous  font  connaître  plusieurs 
Cétacés  Ziphioïdes  et  viennent  à  l'appui  de  ce  que  nous 


(  521  ) 
disions  dans  une  communication  précédente,  savoir,  que 
les  Ziphioïdes  également  abondants  dans  le  sable  des 
environs  d'Anvers,  sont  à  leur  déclin  à  l'époque  actuelle, 
ce  qui  explique  le  cosmopolitisme  des  rares  espèces  qui 
vivent  encore  actuellement. 

Nous  espérons  aussi  que  ces  recherches  faites  dans 
divers  pays  finiront  par  jeter  quelque  jour  sur  les  ascen- 
dants directs  des  Cétacés.  Jusqu'ici  nous  voyons  les  vrais 
Cétacés  apparaître  à  peu  près  en  même  temps  à  la  fin  de 
l'époque  miocène,  et  on  ne  connaît  guère  que  les  Zeuglo- 
donsqui  les  ont  précédés.  » 


ELECTION. 

La  commission  dite  des  paratonnerres,  réduite  à  cinq 
membres,  par  suite  de  la  mort  de  M.  Duprez,  et  vu  l'ab- 
sence prolongée  du  pays  de  M.  Houzeau,  est  complétée  par 
la  nomination  de  MM.  Van  der  Mensbrugghe,  Spring  et 
Folie. 


RAPPORTS. 


Note  sur  quelques  dérivés  de  l'hydrocamphène  tétrabromé  ; 
par  M.  De  la  Royère. 

ttapfio»'$  de   tt     M     Sprittg. 

«  En  faisant  réagir  le  camphre  et  le  bromochlorure  de 
phosphore,  M.  De  la  Royère  a  obtenu  un  produit  dont  la 
composition  est  exprimée  par  la  formule  Cl0H,4Br4.  Dans 
une  note  insérée,  en    1882,  dans  le  Bulletin   de  l'Aca- 


(  m  ) 

demie  (1),  l'auteur  fait  connaître  les  propriétés  physiques 
les  plus  évidentes  de  cette  substance;  il  a  complété 
aujourd'hui  son  élude  par  l'examen  des  propriétés  chi- 
miques fondamentales  de  ce  corps.  Il  a  reconnu  jue  le 
corps  répondant  à  la  formule  indiquée  plus  haut  appartient 
au  groupe  des  substances  représentées  par  CI0H18,  très 
probablement  à  Vhydrocamphène  qui  se  forme,  comme  on 
sait,  à  côté  du  camphène  (C10H16)  par  l'action  du  sodium 
sur  le  chlorure  de  bornéol  (C,0HI7CI).  M.  De  la  Royère 
propose,  en  conséquence,  de  changer  le  nom  qu'il  avait 
donné  à  sa  substance  et  de  l'appeler  fyydrocamphènè  tétra- 
bromé,  au  lieu  de  bibromure  de  bibromocamphilidène, 
comme  il  l'avait  fait  d'abord. 

Voici  d'ailleurs  les  réactions  caractéristiques  que  l'au- 
teur fait  connaître  à  l'appui  de  sa  manière  de  voir  : 

1°  Dans  un  milieu  acide  ou  alcalin,  l'hydrogène  naissant 
transforme  l'hydrocamphène  lélrabromé  en  dérivé  bibromé 
C10H'cBr2,  corps  solide,  cristallin,  qui  fond  à  55°,5,  se 
décompose  à  une  température  plus  élevée  et  régénère  le 
dérivé  tétrabro  né  au  contact  du  brome; 

2°  Une  solution  d'hydroxyde  de  potassium  dans  l'alcool 
enlève  à  l'hydrocamphène  lélrabromé  les  éléments  d'une 
molécule  d'acide  bromhydrique  et  donne  un  corps  cris- 
tallin répondant  à  la  formuleC,0H,3Br3.  C'est  un  camphène 
tribromé; 

3°  Une  solution  d'ammoniaque  dans  l'alcool  agit  à  150* 
d'une  manière  plus  énergique  que  la  solution  d'hydroxyde 
de  potassium  à  78°. 

Il  y  a  enlèvement  des  éléments  de  deux  molécules 
d'acide  bromhydrique  et  formation  d'un  corps  de  formule 

(  I  )  Tome  IV,  .îe  série,  p.  215. 


(  523  ) 

C,0Hl2Br-;  l'auteur  lui  donne  le  nom  de  camphylène 
bibromé  ; 

4°  Enfin  l'oxyde  d'argent  humide  agit  à  100°  sur  l'hydro- 
camjjhène  tétrabromé  dissous  dans  l'acétate  d'éthyle  et 
fournit,  comme  la  solution  d'hydroxyde  de  potassium,  du 
camphène  tribromé  (Cl0Hl3Br3). 

Les  analyses,  fort  bien  réussies,  de  ces  dérivés  bromes 
ne  laissent  aucun  doute  sur  leur  composition. 

Le  travail  de  M.  De  la  Royère  pourra  contribuer  à 
résoudre  la  question  des  relations  deshydruresde  l'essence 
de  térébenthine  (C,0H18)  et  des  camphres  Cl0H,6O;  aussi 
ai-je  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  de  l'insérer  dans 
son  Bulletin.  » 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  a  sous- 
crit M.  Stas,  second  commissaire. 


Sur  certains  développements  en  séries;  par  M.  J.  Deruyls. 

ttn/>fi (.■»•/  ite    ri ,  Catalan. 

«  Le  Mémoire  de  M.  Deruyls  roule,  essentiellement,  sur 
les  relations  entre  les  séries  et  les  intégrales  définies.  Les 
questions  traitées  par  le  jeune  Géomètre  sont  si  générales, 
et  les  notations  quil  a  dû  employer  sont  si  compliquées, 
qu'il  m'est  bien  difficile  de  faire  comprendre,  en  langage 
ordinaire,  l'importance  des  résultats  auxquels  il  est  par- 
venu. Cependant,  j'essaierai  d'en  indiquer  quelques-uns  : 

1°  <p(ac),  f[z)  étant  développées  en  séries,  l'Auteur  trans- 
forme la  seconde  série  en  une  autre,  dont  les  termes  sont 
des  intégrales  portant  sur  la  fonction  ç(ar),  multipliée  par 
une  fonction  4>Jx)>  convenablement  choisie. 


V 


524  ) 


Réciproquement,  au  moyen  de  la  fonction/,  il- exprime 
(f>(x)  par  une  intégrale  définie.  Il  résout  donc,  comme  il  le 
dit  lui-même,  un  problème  cï inversions  d'intégrales. 

2°  Après  avoir  généralisé  la  formule  appelée,  souvent, 
théorème  de  Parseval,  M.  D.  se  propose  de  déterminer 

F„(x)  =  *0T0(x)  +  -  -+- anTB(x), 

par  la  condition  qu'une  certaine  intégrale  définie  soit  un 
minimum.  Il  trouve  que  F„(x)cst  la  somme  des  w-hl  pre- 
miers termes  de 

A0T0(x)  -+- h  AnT„(x)  -v-  ••• 

Ce  théorème  me  paraît  remarquable. 

3°  L'Auteur  généralise,  notablement,  les  relations  obte- 
nues par  Legendre,  Jacobi,  Hermite, Citons  cette  appli- 
cation très  particulière  : 


r 


4^'     2  z{\  +  zp 


2ZX 


à  propos  de  laquelle  nous  ferons  la  remarque  suivante  : 

Si  l'on  multiplie  les  deux  membres  par  z(\-+-z)  et  que 
l'on  ait  égard  à  la  formule  fondamentale 

=  2  x.*"- 


1  —  2zx  -4-  X 


on   trouve  que,  dans  le  premier  membre,  le  coefficient 
de  zn  est 


/ 


—  [wX„  -+-  (w  —  l)X„_,J^.  -  -— - 

X    u  2 


Dans  le  second  membre,  développé  en  série,  ce  coeffi- 
cient est^( —  i)n. 


(  525  ) 

On  a  donc  celle   formule,  peut-être  nouvelle,  et  d'où 
l'on  en  conclut  d'autres  : 


./ 


-  [nXn  +  (n-  I  X„_,]  £.  — —  =  -(-  1  ». 
x  2  n 


Ces  quelques  lignes  suffiront,  je  l'espère,  à  prouver 
que  le  jeune  Auteur  est  au  courant  des  parties  les  plus 
délicates  et  les  plus  élevées  de  la  théorie  des  intégrales  et 
des  séries  (*),  et  que  son  Mémoire  est  très  digne  d'être 
publié  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers.  » 

Rappot'l  de  SE.   I*.  .fititition. 

«  Le  mémoire  de  M.  Deruyls  est  divisé  en  six  para- 
graphes dont  les  trois  premiers  contiennent  des  formules 
générales  relatives  à  certains  développements  en  séries  et 
les  trois  derniers  des  applications  de  ces  formules  à  des 
cas  particuliers. 

Dans  le  premier  paragraphe,  l'auteur  considère  deux 
fonctions  développées  en  série  convergente  : 

f(x)  =  A0T„  (x)  -+■  AtT,(a)  +  A2T8(xï  -+-  etc. 
f[x)  =  A0  -+-  Atx  -+-  AjX2  -+-  etc., 

l'une  suivant  des  fonctions  T„(x),  l'autre  suivant  les  puis- 
sances de  la  variable,  les  coefficients  étant  les  mêmes  dans 
les  deux  formules. 

S'il  existe  des  fonctions  <p{x),  telles  que 

f  +„(x)  T„(x)  dx  =  \ ,    J     }a(t)  TH+k(x)  dx  =  0, 


(*)  M.  J.  Deruyts,  l'un  de  mes  anciens  meilleurs  élevés,  est  membre  de 
la  Sociélé  des  sciences  de  Liège. 


v  S-20  ) 
on  trouvera  la  valeur  des  coefficient  A,  par  le  procédé  qui 
a  servi  à  Fourier,  à  Poisson  et  à  d'autres  pour  déterminer 
ceux  des  séries  trigonomélriques  et  de  séries  plus  géné- 
rales. On  obtient  ainsi 

\n=f  f(x)*n(x)dx. 

Transportant  cette  valeur  dans  la  série  f{z)  =  A0  -+- 
A,"  -+-  A.,z2  -i-  etc.,  il  vient 

fl«)  =/%(*)  y(*,*)  «te, 

c 

si  Ton  pose 

s(z,  x)  =  ■p0[x)  -+-  z$t[x)  +■  z*i>t{x)  ■+-  ... 

Celle  première  formule  de  M.  Deruyts,  selon  nous,  n'est 
pas  suffisamment  démontrée.  En  effet,  deux  fois,  dans  le 
courant  de  ses  raisonnements,  la  première  fois  pour  déter- 
miner A„,  la  seconde  fois  pour  introduire  i(z,  x)  sous  le 
signe  d'intégration,  il  se  sert  du  théorème  :  «  On  peut 
intégrer  une  série  convergente,  terme  à  terme,  comme  un 
polynôme  ».  Or,  ce  théorème  n'est  pas  toujours  vrai  (*)  et, 
depuis  qu'on  l'a  reconnu,  on  a  dû  remanier  complètement 
certaines  parties  de  la  théorie  des  séries  trigonomé- 
lriques, celles  dont  le  travail  soumis  à  la  Classe  est  une 
généralisation. 


(*)  Exemple  emprunté  à  M.  Darboux  :  La  série  1xe~**  =«,+«,+  «, 
-+-  etc.,  où  u„  =  Inx  e~nxi  —  2(n  •+-  \)x  e  ("+')**,  esi  convergente  pour 
toule  valeur  finie  de  x.  Si  on  intègre  les  deux  membres,  en  traitant  le 
second  comme  un  polynôme,  entre  les  limites  0  et  x,  on  arrive  à  celte 
.relation  absurde  1  —  e~zî  =  —  e~xï. 


(  527  ) 

Pour  rendre  son  exposition  irréprochable,  M.  Deruyts 
doit  donc,  dès  le  début,  ajouter  aux  hypothèses  relatives 
à  l'existence  des  fonctions  <px  et  à  la  convergence  des 
séries  considérées,  celle  de  l'intégrabililé  de  ces  séries. 

Moyennant  celte  hypothèse  supplémentaire,  on  peut 
établir  rigoureusement,  d'abord  la  formule  précédente, 
puis  la  formule  inverse 

,,* 

?x  =  /    x(x,  u)  /[6(x,  u)]  du 


t 

Tnx  —J  i(ar,  u)  [g{x,  u)]"  du  , 

ù 

et  la  formule  analogue  à  celle  de  Parseval  (*)  signalée  par 
M.  Catalan;  enfin,  les  résultats  un  peu  moins  généraux 
du  §  III,  où  l'on  suppose  $a(x)  =  an}[x)  T„(x). 

Mais  si  celte  hypothèse  supplémentaire  de  l'intégrabilité 
des  séries  convergentes  considérées  est  nécessaire  pour  la 
démonstration  des  théorèmes  fondamentaux  des  §§  Ier 
et  III,  il  en  résulte  immédiatement  que  les  résultats  spé- 
ciaux des  §§  IV,  V,  VI  ne  sont  pas  suffisamment  établis  (*'). 
Ils  sont  peut-être  exacts,  mais,  pour  qu'ils  soient  vraiment 
démontrés,  l'auteur  devrait  se  livrer  à  une  étude  appro- 
fondie de  chacune  des  séries  dont  il  s'occupe,  pour  voir  si, 
réellement,  elles  sont  intégrables  terme  à  terme  comme 


(*)  U  y  a  une  petite  lacune  dans  l'énoncé  du -.théorème  relatif  au  mini- 
mum d'une  certaine  intégrale  que  M.  Deruyts  déduit  de  celte  formule. 
Cette  intégrale  contient  deux  fonctions  inconnues  K„  et  f„  et  non  une 
seule  F„. 

(**)  Le  §  II  contient  l'extension  des  résultats  du  §  1  aux  fonctions  de 
plusieurs  variables. 


(  528  ) 

des  polynômes,  particulièrement  clans  le  cas  où  les  limites 
sont  infinies.  L'examen  des  questions  analogues  pour  les 
séries  trigonomélriques  par  Heine,  G.  Canlor,  Dini,  P.  Du 
Bois  Reymond,  etc.,  a  présenté,  comme  on  le  sait,  les 
plus  grandes  difficultés.  Elles  ne  seront  pas  moindres, 
sans  doute,  quand  on  considérera  des  séries  plus  compli- 
quées. D'ailleurs  M.  P.  Du  Bois  Reymond,  Dini  et  d'au- 
tres géomètres  ont  déjà  essayé  aussi  d'étendre  les  théo- 
rèmes trouvés  pour  les  séries  de  Fourier  à  des  expressions 
analogues  plus  générales. 

Malgré  ces  observations  critiques,  nous  proposons  à  la 
Classe  de  voter  l'impression  du  mémoire  de  M.  Deruyts, 
mais  en  engageant  ce  jeune  géomètre,  déjà  connu  par  des 
recherches  intéressantes  sur  les  déterminants  et  la  méca- 
nique analytique,  à  examiner  ultérieurement  de  plus  près 
les  séries  spéciales  des  §§  IV,  V,  VI,  afin  de  voir  si  elles 
sont  réellement  intégrables  comme  il  l'admet.  » 


Sur  la  recherche  des  moments  fléchissants  et  des  efforts 
tranchants  qui  si.  produisent  dans  une  poutre  appuyée 
à  ses  extrémités  et  fléchie  sous  l'action  d'une  surcharge 
mobile,  par  M.  G.  Léman,  capitaine  du  génie,  professeur 
à  l'École  militaire. 

Kappoi't  He    91     J    Df    Tilly. 

«  La  représentation  des  forces  par  des  longueurs  per- 
met de  transformer  les  questions  de  Statique  en  simples 
problèmes  de  Géométrie  appliquée,  et  d'arriver,  par  suite, 
à  des  solutions  souvent  beaucoup  plus  simples  que  celles 
de  l'Analyse  algébrique,  surtout  dans  le  cas  où  certains 


(  529  ) 

éléments  à  déterminer  sonl  des  grandeurs  géométriques, 
devant,  en  définitive,  être  reportées  sur  des  plans. 

En  coordonnant  méthodiquement  les  solutions  gra- 
phiques de  ce  genre  de  problèmes,  on  est  arrivé  à  former 
un  corps  d'enseignement  spécial,  sous  le  nom  de  statique 
graphique,  ou  graphostatique  (1). 

Parmi  les  problèmes  auxquels  cette  nouvelle  science 
s'applique  avantageusement,  on  peut  citer  la  détermina- 
tion des  moments  fléchissants  et  des  efforts  tranchants  qui 
se  produisent  dans  une  poutre  appuyée  à  ses  extrémités 
et  soumise  à  l'action  de  surcharges. 

Ce  problème  n'était  résolu,  je  le  pense,  que  pour  le  cas 
des  surcharges  fixes.  Dans  le  travail  qui  nous  occupe,  la 
solution  est  étendue  au  cas  (assez  important  dans  la  pra- 
tique) d'un  certain  nombre  de  charges  formant  système, 
c'est-à-dire  assujetties  à  rester  à  des  distances  constantes 
les  unes  des  autres,  mais  mobiles  toutes  ensemble  dans  le 
sens  de  la  longueur  de  la  poutre. 

L'auteur  résout  d'abord  le  problème  des  moments,  qui 
est  le  plus  compliqué  et  le  plus  intéressant. 

Si  l'on  considère  un  certain  nombre  de  positions  parti- 
culières du  syslèmr  des  charges,  on  obtient,  pour  chacune 
d'elles,  le  diagramme  des  moments  fléchissants.  Mais  la 
recherche  du  maximum  pour  chaque  point  de  la  poutre, 
et  du  maximum  maximorum,  dans  cet  ensemble  de  dia- 


(1)  Reuleaux,  La  Constructeur,  2e  édition  française,  Paris,  1881,  p.  77. 

Culmann,  Statique  graphique,  Zurich,  1866.  C'est  à  Culmann  q»<' 
revient  l'honneur  d'avoir,  le  premier,  condensé  en  corps  de  doctrine  ['en- 
semble des  solutions  de  ce  genre,  et  introduit  cet  enseignement  dans  la 
pratique  (Regleaux,  ouvrage  cité). 


(  550  ) 
grammes,  serait  une  question  de  tâtonnements  et  d'à  peu 
près. 

M.  le  capitaine  Léman  la  transforme  ingénieusement  en 
opération  géométrique,  au  moyen  d'un  déplacement  déter- 
miné, donné  par  la  pensée  à  chacun  des  diagrammes.  Alors 
ceux-ci,  au  lieu  de  constituer  un  amas  confus  dans  un 
même  plan,  deviennent  les  sections  parallèles  d'un  solide, 
dont  toutes  les  faces  sont  planes,  excepté  une,  affectant  la 
forme  d'un  paraboioïde  hyperbolique.  Il  en  résulte  que  tous 
les  maxima  peuvent  être  déterminés  par  des  constructions 
exactes  et  assez  simples,  avec  la  règle  et  le  compas;  on 
peut  aussi,  si  on  le  juge  préférable,  tracer  par  points  cer- 
taines intersections  qui  sont  des  paraboles,  mais  ce  pro- 
cédé est  moins  précis. 

L'auteur  s'occupe  ensuite  de  la  détermination,  d'ailleurs 
plus  simple,  des  efforts  tranchants. 

En  résumé,  je  suis  d'avis  que  M.  le  capitaine  Léman  a 
fait  faire  un  progrès  réel  à  la  Statique  graphique  et  qu'il  a 
présenté  une  belle  application  de  la  Géométrie  descriptive 
à  la  science  des  forces. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  d'ordonner  l'im- 
pression de  la  Note  dans  le  Bulletin  et  d'adresser  des 
remercîmenls  à  l'auteur. 

La  planche  qui  accompagne  le  manuscrit  étant  parfaite- 
ment exécutée  pourra  être  reproduite  sans  difficulté  ef 
sans  frais  importants.  » 

MM.  Liagre  et  Catalan  s'associent  aux  conclusions  de 
M.  De  Tilly,  qui  sont  mises  aux  voix  et  adoptées. 


(  S5i  ) 
COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Questions  d'Analyse  indéterminée  ;  par   E.  Catalan, 
Associé  de  l'Académie. 

I. 

De  l'équation 

u2  =  x1  -+-  y-  -+-  z*. 

\.  L'identité  connue 

(a*  +  6*  +  c»)«  =  (0i  +  6*  _  c«ji  _,_  (2flC)2  +  (26c)2  (*)      (i) 

ne  donne  pas  toutes  les  solutions   de   la   proposée.   Par 
exemple, 

274  =  252  +  14'  -+-  2*. 

Or,  si  l'on  suppose 

a"  +  62  +  c2  =  27,     «2  -4-  62  —  c2  =  25 , 

on  trouve  c2  =  2  (**). 

2.  Si  c  =  a2  h-  j32,  l'identité  (1)  peut  être  remplacée  par 

(«2  -+-  b-  -+-  c2)2  ==  (a2  -+-  62  —  c2)2 
+  [2a(a2  -  (32)  ±  46a(3]2  -h  [26(a2  —  p2)  rp  4aà,6]2.        (2) 

Il  en  résulte," en  particulier  : 

(t2  -f-  I2  -t-  52)2  =  (i2  +  l2  —  52)2  -+-  (6  +  8)2  +  (6  -  8)2, 


(*)  Le  Besgue,  Chabainel  et  Catalan,  Nouvelles  Annales,  1874,  pp.  111 
et  521;  Neuberg,  Nouvelle  Correspondance,  p.  195. 

(**)  Évidemment,  ou  uepeut  essayer  a9-j-6*— c*=14,  ni  o8+62— c*=2. 


(  335!  ) 

OU 

272  =  252  h-  14-  -+-  2*; 

comme  ci-dessus. 

5.  Considérons  les  solutions  primitives,  c'est-à-dire  les 
solutions  dans  lesquelles  les  nombres  entiers  x,  y,  z,  u  sont 
premiers  entre  eux.  Quand  il  en  est  ainsi,  deux,  au  moins, 
des  nombres  x,  y,  z  sont  premiers  entre  eux.  Cela  posé, 
toutes  les  solutions  primitives  (")  résultent  de  l'identité 

(a2  -+-  fc2  -h  c2  -+-  dlf  =  (a2  -+-  b2  —  c2  —  dj 
-+-  [Z(ac  =fc  6</)]2  h-  [2(a<i  qp  ^)]* (3) 

•i.  D'après  l'identité  (3)  :  Si  u2  es/  la  somme  de  trois 
carrés,  u  est,  ordinairement,  la  somme  de  quatre  carrés. 

5.  De  l'identité  (3)  on  déduit,  par  une  permutation 
tournante  : 

(a*  _+_  6*  +  c*  _h  d^  =  (c2  +  6!-  a2  —  d2)2 
-t-  [2(ac  ±  bd)]*  •+•  [2{cd  =p  ab)J, (4) 

(0«  h-  //  -+-  c2  H-  rff  =  (62  -4-  rf2  —  ft*  —  C2)2 

-t-  [2(crf  ±  ab)J  -¥-.  [2arf  =p  6c)] (5) 

En  conséquence  : 

Dans  une  infinité  de  cas,  un  carré  est  décomposable,  en 
trois  carrés,  de  six  manières  différentes  (**). 


(*)  Abstraction  faite,  peut-être,  du  facteur  2.  Pour  que  l'on  n'ait  pas  à 
le  supprimer,  il  suffit  que  a2  -+-  b2,  c2  -+-  d2  soient  de  parités  contraires 

(**)  Pour  que  ce  nombre  6  ne  soit  pas  réduit,  les  nombres  a,  b,  c,  d 
doivent  être  inégaux;  ils  ne  doivent  pas  appartenir  à  une  progression 
par  quotient;  etc.  Les  valeurs  les  plus  simples,  satisfaisant  à  ces  condi- 
tions, sont 

a  =  5,    6=3,    c=2,     d=\; 

d'où  résulte  u  =  39. 


(  553  ) 

Exemple  : 

05*  =  b5*  -+-  34*  -4-  i', 
03*  =  53*  -h  2ï"  -+-  ai»1, 
65*  =  37*  -+-  34*  4-  3H", 
05*  =  372  -h  -2^  -+-  ',<>*, 
65*  =  io*  -4-  4(,*  *  S* 
05*  =  45*  -4-  38*  -+-  £6*. 

6.  1°  Z>es  trois  nombres  x,  y,  z,  un  se?//  es/  impair; 
2°  m»,  a?<  moins,  des  quatre  nombres  u,  x,  y,  z,  esf  rff'uï- 
s/We  par  3;  3°  si  u  esf  multiple  de  3,  awcwn  (/es  nombres 
x,  y,  z  w'es<  divisible  par  3. 


/)e  l'équation 

(a4 -h  //  4-*7  =  X2  +  Y*  -+-  Z*. 

7.  Dos  solutions  se  déduisent,  comme  on  l'a  vu,  des 
identités  (i),  (2).  Voici  un  autre  système  de  formules  qui 
donnent,  également,  une  infinité  de  solutions,  mais  non 
toutes  les  solutions  : 

x  =  p  (m  -+-  b),  y  =  y  (a  —  />),  r  =  «-  -+-  6% 
X  =  [(a  h-  />)-  —  q-}  [(a  -  &)■  —  p-], 
Y  =  2(a  -4  6)9  [(a  -6)*-*-p?J., 
Z  =  2(a -&)/>[(«  -h  6}*—?*]. 

Les  nombres  entiers  a,  6,  /),  q  sont  assujétis  à  /«  seule 
condition 

p<f  =  Hal>C)  .-, (7) 

(*)  Les  loi  mules  (6)  résultent  tle  .l'identité 

[(V  -  fWV  -  <V)?  +  OAV  -4-  P t9>?  +  [a*AV  -  fcJ  ]*. 

Mémoire  sur  certainesdécùmpositioi  s-  m  carrés  (AttideW  Accademia 
pontifie  ta. .,  1884,  p.  58). 

Gme  SÉI'.IE,  TOME  IX.  37 


(  534  ) 
8.  Si  cette  condition  est  remplie,  on  a  donc,  identique- 
ment : 

[(a  -+-  b)Y  -t-  (a  -  fe)V  +  (a2  -+-  /y4)]* 

«[(«  +  6ï»-À-[(a-6)--rti         /         (8m 
-+-  4(o  -t-  6)Y[(«  —  &)*  +  />*]* 


-+-  4(a  —  b)Y[(a  -t-  fc)«  -  </*]* 

9.  Application,  a  =  5,  b  =  2,  p  =  5,  q  =  4.  On  trouve  : 

x  =  15,  y  =  4,  z  =  13,  X  ==  —  72,  Y  =  400,  Z  =54; 

puis 

(  1  o2  -+-  42  -+-  152)2  =  72*  -f-  400*  +  54*, 
ou 

410*=  168  100  =  5  184  -+-  160  000  -4-  2  916  (**). 


Une  récréation  arithmétique  (***)  ;  par  E.  Catalan,  Associé 
de  l'Académie. 

Soient  p,  q  deux  nombres  premiers  :  supposons  q 
supérieur  à  p.  Soit  $  un  diviseur  de  q  —  p,  et  a  un  nom- 
bre entier  donné.  Si  l'on  considère  la  progression 

a,  a  -+-  6,  a  -+-  2J,  a  -t-  5<?, ...; 


(*j  Si  l'on  cherche  à  simplifier  celte  égalité,  on  trouve  qu'elle  devient 

(pV  —  ■*œ*6*)  [pY  +  2fll  ■+■  -6*  ■+"  2(«  "+-  6)'/>a  ■+■  2(a  ~  W]  =  °- 
«,  6,  p,  ç  étant  des  nombres,  la  condition   (7)  est  donc  nécessaire  et 
suffisante. 

("*)  Encore  une  solution  qui  ne  résulte  pas  de  l'identité  (1). 

(***)  Suggérée  par  l'un  de  ces  jeux  de  cartes  appelés  patiences. 


(  555  ) 

qu'on  divise  par  p  les  p  premiers  termes  de  cette  progres- 
sion, et  que  l'on  prenne  les  résidus  positifs  correspondants, 
ils  formeront  une  suite 

a,,  «2,  «3,  ...  ap (A) 

De  même,  le  diviseur  q  donnera  lieu  à  une  suite  formée 
de  q  résidus  : 

bt ,  62,  b3,  ..l>fl (B) 

Cela  posé,  si,  dans  (B),  on  supprime  le  terme  p  et  les 
termes  supérieurs  à  p,  on  retombera  sur  la  suite  (A). 
Exemple  : 

p  =  43 ,  q  =  25,  J  =  5 ,  a  =  2- 

La  progression  est 

2,  7,  12,  17,  22,  27,  32,  57,  42,  47,  52,  57,  62,  67,  72,  77,  82, 
87,92,97,  102,  107, 112,  ... 

Divisant  par  13,  on  trouve  les  résidus  : 

2,7,12,4,9,1,6,11,3,8,6,5,10.     .     .     .(A) 

Divisant  par  23,  on  obtient  la  suite 

2,  7,  12,  IV,  22' ,  4,  9, 14',  19',  4.  0,  4, 16\  21*, 

5,8,  13',  18\  0,  5,  10 (B) 

Celle-ci  contient  les  13  termes  de  la  suite  (A),  rangés 
comme  ils  le  sont  dans  (A). 

La  démonstration  est  si  simple  qu'il  me  semble  inutile 
de  la  donner. 

La  propriété  que  nous  venons  de  signaler  peut  être 
énoncée  ainsi,  d'une  manière  un  peu  plus  générale  : 

Les  p  résidus  formant  une  suite  telle  que  (A)  se  repro- 
duiront, sans  altération  d'ordre,  dans    toutes  les  suites, 


(  :>."6  j 

analogues  à  (B),  répondant  aux  diviseurs  premiers  com- 
pris dans  la  formule 

q  ==  p  -+-  JIL  •  & 

Exemple  : 

p  —  7,  S=  <■>,  </  =  ^. 

y,  1,  0,  (i,  5,  i,  ". 

r/=  !ô  :       -2,  **,  I,  7*,0,  6,  /2*,  3,  //*,  4,  10*,  3,  îT. 

7  =  I  «>  :       2,  S*,  /4\  1,7*,  15',  0,  6,  /Sr\  /r,  3,  If, 

ir,h,io\ib\*,9\  /s*. 

9  =  3!  :  %8\14%20*,26%  1,7*,  /3*,  /0*,  25%  0,  6,  /*% 
•/,V,  24',  3(9',  5,  //",  //',  23%  2»-,  4,  •/«',  *tf',  2T,  2S\  3, 
5%  /  ï\  :>/*.  27*. 


A'ote  swr  /^.s  mouvements  du  cerveau  de  l'homme;  par 
Léon  Fredericq,  correspondant  de  l'Académie. 

(Travail  du  laboratoire  de  physiologie  de  ITniversUé  de  Liège.) 

Dans  la  note  que  j'ai  consacrée  récemment  à  l'élude 
graphique  de  la  circulation  encéphalique  du  chien  (voir 
Bulletin  de  l'Académie,  séance  du  o  mai  1885),  j'ai  mon- 
tré que  la  pulsation  du  cerveau  est  un  phénomène  plus 
complexe  qu'on  ne  l'a  admis  jusqu'à  présent.  La  pulsation 
cérébrale  résulte,  en  effet,  de  la  combinaison  de  deux  fac- 
teurs qui  sont  :  1"  le  pouls  artériel,  c'est-à-dire  les  varia- 
tions périodiques  dans  l'afflux  du  sang  artériel  apporté  du 
ventricule  gauche  par  les  carotides  et  les  vertébrales,  et 
2°  le  pouls  veineux,  c'est-à-dire  les  variations  périodiques 
dans  l'écoulement  du  sang  veineux  vers  l'oreillette  droite. 


(  557  ) 
L'influence,  du  pouls  veineux  sur  celui  du  cerveau  avait 
échappé  à  mes  devanciers. 

Le  graphique  du  pouls  cérébral  nous  montre  donc  des 
ondulations  d'origine  artérielle  et  des  ondulations  d'origine 
veineuse.  Parmi  les  ondulations  d'origine  artérielle,  celle 
correspondant  à  la  pulsation  carotidienne  principale  (dési- 
gnée par  la  lettre  «  sur  toutes  les  ligures  de  la  note  citée) 
et  celle  provenant  du  dicrotisme  artériel  (lettre  d  des 
ligures)  sont  généralement  les  plus  marquées.  On  peut 
observer,  en  outre,  une  ou  plusieurs  ondulations  (arté- 
rielles) entre  a  et  d  et  une  ou  plusieurs  ondulations  (arté- 
rielles) après  le  soulèvement  dicrole  (lettre  e  des  ligures). 

Parmi  les  ondulations  d'origine  veineuse,  il  y  en  a  deux 
qui  sont  particulièrement  marquées.  On  voit  sur  la  plupart 
des  graphiques  une  petite  ondulation  positive  qui  précède 
immédiatement  la  pulsation  artérielle.  Elle  correspond  à  ia 
systole  de  l'oreillette  droite  et  au  pouls  positif  des  jugu- 
laires; elle  est  désignée  par  la  lettre  v  sur  les  ligures.  La 
seconde  ondulation  d'origine  veineuse  est  négative;  c'est 
une  brusque  dépression  de  la  courbe,  suivant  immédiate- 
ment l'ondulation  dicrole;  elle  correspond  à  la  pulsation 
négative  des  jugulaires  (voir  les  travaux  de  Potain,  Riege!, 
François-Franck,  Gottwall  sur  le  pouls  jugulaire).  En  outre, 
dans  beaucoup  de  graphiques  de.  pulsation  cérébrale,  le 
tracé  se  relève  graduellement  à  partir  de  la  pulsation  vei- 
neuse négative,  jusqu'au  début  de  la  pulsation  artérielle 
suivante.  Ce  soulèvement  de  la  courbe  est  sans  doute  en 
rapport  avec  la  réplélion  progressive  de  l'oreillette  droite 
et  des  veines  jugulaires  et  rachidiennes,  pendant  la  dias- 
tole auriculaire. 

Pour  discerner  tous  les  détails  qui  précèdent,  il  faut 
s'adresser  surtout  aux  pulsations  très  lentes  qui  corres- 


(  538  ) 
pondent  à  la  place  d'expiration.  Les  chiens  de  grande  taille 
endormis  par  la  morphine  conviennent  particulièrement 
pour  celte  élude. 

J'ai  montré  que  le  pouls  cérébral  tricuspide,  qui  paraît  si 
fréquent  chez  l'homme,  peut  également  s'observer  chez  le 
chien.  Fait  excessivement  curieux,  le  pouls  tricuspide  du 
chien  présente  au  moins  trois  variétés,  entièrement  diffé- 
rentes de  signification  et  de  mécanisme.  J'ai  distingué  une 
première  forme  de  pouls  tricuspide  dans  laquelle  les  trois 
sommels  sont  constitués  respectivement  :  le  premier  el  le 
deuxième,  par  la  pulsation  artérielle  principale  (plateau 
systolique  «  dédoubla),  le  troisième  par  la  pulsation 
dicrote  d.  La  deuxième  forme  se  produit  par  l'exagération 
de  la  pulsation  d'origine  veineuse  v.  Les  trois  sommels  de 
la  pulsation  sont  représentés  par  v,  a  et  d.  Enfin  la  troi- 
sième variété  de  pouls  tricuspide  résulte  de  l'exagération 
de  l'oscillation  élastique  e.  Les  trois  sommels  de  la  pulsa- 
tion correspondent  respectivement  à  a,  d  et  e. 

En  présence  des  faits  nouveaux  révélés  par  l'élude  du 
pouls  cérébral  du  chien,  il  devenait  intéressant  de  repren- 
dre cette  recherche  chez  l'homme,  et  de  déterminer,  entre 
autres,  la  vraie  signification  du  pouls  tricuspide  du  cerveau 
humain. 


§ 


Mes  recherches  ont  été  faites  sur  un  jeune  garçon  atteint 
de  perte  de  substance  des  os  du  crâne,  à  la  suite  d'un  acci- 
dent récent.  M.  le  Dr  Troisfontaines,  assistant  de  la  cli- 
nique chirurgicale  de  l'Université  de  Liège,  avait  bien 
voulu  me  mettre  en  rapport  avec  lui.  Je  commence  par 


(  559  ) 

transcrire  ici  textuellement  la  petite  note  contenant  l'ob- 
servation rédigée  par  M.  Troisfonlaines. 

Maukice  Krpiclm.  10  '/»  ans,  écolier,  demeurant  à  Liège,  rue  F.ntre-deux- 
ponts,  27.  Entré  à  l'hôpital  de  Bavière  le  24  avril  1885,  à  11  heures  du 
matin,  sorti  le  7  mai  1885. 

Reçoit  le  24  avril,  à  10  heures  du  matin,  un  coup  de  pied  de  cheval  à  la 
partie  postérieure  du  crâne  et  un  autre  au  bras  gauche  (accident  arrivé  à 
la  Plaine  des  manœuvres);  esl  relevé  sans  connaissance,  arrive  dans  cet 
élal  à  l'hôpital.  Face  très  pâle.  Pupilles  conlr;iclées.  Pouls  lent  (15  au 
quart),  un  peu  irrégulier  à  certains  moments. 

Pas  de  paralysie.  Dans  la  région  occipitale  gauche  à  2  centimètres 
au-dessus  d'une  ligue  horizontale  passant  par  les  deux  conduits  auditifs, 
plaie  transversale  de  1  '/*  centimètre  de  long,  occupant  le  centre  d'une 
dépression  de  5  millimètres  de  profondeur  et  ayant  environ  l'étendue  d'une 
pièce  de  cinq  francs.  L'os  mis  à  nu  en  cet  endroit  présente  quatre  frag- 
ments de  forme  irrégulièrement  triangulaire,  restés  en  contact  les  uns  avec 
les  autres.  Ces  fragments  enlevés,  les  méninges  apparaissent  déchirées  sur 
une  étendue  de  quelques  millimètres  seulement,  dans  le  milieu  de  la  plaie. 
Il  se  fait  par  celle  déchirure  un  écoulement  de  sang  veineux  assez  abon- 
dant. Cette  déchirure  agrandie  permet  l'introduction  dans  la  Mibstance 
cérébrale  du  doigt  indicateur  jusqu'à  une  profondeur  de-i  '/»  centimètres. 
Le  cerveau  esl  eu  ce  point  réduit  en  bouillie. 

Désinfection,  drainage,  pansement  antiseptique.  Pendant  les  heures 
suivantes,  le  blessé  ouvre  les  yeux  à  différentes  reprises.  Température 
maxillaire  ô8°,o. 

Le  25  avril.  Même  état,  un  peu  d'agitation.  Les  pupilles  sont  eucore  con- 
tractées et  un  peu  inégales,  celle  de  droite  étant  un  peu  plus  large  que 
l'autre.  T.  le  matin  37°,4,  le  soir  37°,7. 

26.  —  T.  le  malin  ô8°,5,  le  soir  59°, I. 

27.  —  Le  blesse  reprend  en  partie  connaissance,  reconnaît  à  certains 
moments  son  père  et  sa  mère  Troubles  de  la  vision.  T.  le  malin  58°2,  le 
soir  38". 

28  —  Même  état.  M.37°,3,  S.  37',5. 

29.  —  Retour  complet  à  la  connaissance.  M.  57°,  S.  37u,4. 

50. —  Ktat  satisfaisant.  Pouls  parfois  un  peu  irrégulier. 

Le  malade  rentre  chez  ses  parents  le  7  mai.  M.  le  docteur  Troisfontaines 
continue  à  lui  donner  ses  soins. 


(  540  ) 

Je  profile  du  renouvellement  du  pansement  fixé  au 
20  mai  1885,  à  3  heures  après-midi,  pour  exécuter  de  con- 
cert avec  M.  le  docteur  Troisfontaines  et  M.  Legros,  prépa- 
rateur de  physiologie,  l'inscription  des  mouvements  du 
cerveau.  Nous  nous  rendons  au  domicile  du  malade,  où  j'ai 
fait  transporter  à  l'avance  un  assortiment  de  capsules  à 
air,  de  tambours  à  levier  ainsi  que  le  cylindre  enregistreur 
du  kymographe  de  Ludwig,  avec  ses  accessoires. 

Le  jeune  malade  est  assis  sur  une  chaise.  Le  pansement 
est  défait  et  la  plaie  nettoyée.  On  aperçoit  le  cerveau  à  nu 
sur  une  assez  large  surface.  Il  est  animé  de  battements 
extrêmement  marqués.  A  chaque  pulsation,  la  surface 
cérébrale  se  soulève  brusquement,  reste  pendant  quelque 
temps  dans  cet  état,  puis  s'affaisse  pour  se  relever  immé- 
diatement après.  La  durée  du  retrait  est  plus  courte  que 
celle  de  l'expansion  cérébrale.  H  s'ensuit  que  l'affaissement 
qui  sépare  les  pulsations  positives  est  le  phénomène  le  plus 
marqué;  le  cerveau  a  l'air  de  présenter  un  pouls  négatif. 

L'explorateur  à  coquille  de  Marey,  revêtu  d'une  feuille 
de  caoutchouc  mince  et  désinfecté  au  préalable,  est  appliqué 
au  niveau  de  la  perte  de  substance.  Il  s'adapte  exactement 
à  tout  le  pourtour  de  la  plaie.  Il  fonctionne  donc  à  la  façon 
d'un  plélliysmographe  cérébral,  inscrivant  non  les  excur- 
sions d'une  portion  limitée  de  la  surface  cérébrale,  mais 
bien  les  variations  de  volume  du  contenu  de  l'espace  crâ- 
nio-rachidien.  L'explorateur,  ayant  été  fixé  en  place  au 
moyen  de  quelques  tours  de  bande,  est  relié  à  un  tambour 
à  levier  très  sensible  qui  inscrit  immédiatement  un  gra- 
phique d'une  amplitude  suffisante  sur  le  papier  enfumé  du 
cylindre  enregistreur.  On  prend  en  même  temps  un  gra- 
phique du  pouls  radial  au  moyen  du  sphygmographe  à 
transmission  de  Knoll.  L'horloge  à  secondes  inscrit  le 


(  5H  ) 
temps  en  regard.  Ou  recueille  une  série  de  graphiques,  les 
uns  sur  le  cylindre  tournant  à  grande  vitesse,  les  autres 
avec  la  vitesse  moyenne.  Après  chaque  lourde  graphique, 
on  prend  de  nombreux  traits  de  repère  indiquant  la  posi- 
tion respective  des  plumes,  sur  le  graphique  du  pouls  radial 
et  sur  celui  du  pouls  cérébral.  La  ligure  \  reproduit  un 
fragment  de  graphique  recueilli  à  la  vitesse  moyenne. 


Fig.  4.  —  Inscription  du  pouls  cérébral  humain    (P.  C.1   La    pulsation  radiale 
retarde  de  s/ibo  de  seconde  environ  sur  la  pulsation  cérébrale. 
S,  secondes. 

A  lire  de  droite  à  gauche. 


Le  pouls  radial  est  assez  fort  et  assez  fréquent  (105  à 
108  pulsations  par  minute)  La  ligne  d'ascension  est 
brusque  et  se  termine  sur  quelques  graphiques  à  sa  partie 
supérieure  par  un  petit  crochet.  La  ligne  de  descente 
est  beaucoup  plus  lente  et  correspond  à  huit  fois  la  durée 
de  la  ligne  ascendante;  elle  présente  vers  son  milieu  l'on- 
dulation dicrole  qui  n'est  pas  très  marquée  [d  fig.  2).  Entre 
la  partie  convexe  de  la  courbe  qui  l'ail  suite  au  sommet 
(«  el  «')  et  l'ondulation  dicrole,  se  voit  eonsl  inmenl  une 
ondulation  (a")  presque  aussi  marquée  que  celle  du  dicro- 
lisme,  mais  présentant    une   longueur,  c'est-à-dire  une 


(  542  ) 

durée  un  peu  moindre.  C'est  l'ondulation  désignée  par  la 
lettre  S  dans  les  travaux  de  Moens  et  Hevnsius  et  de 
Mosso,  par  la  lettre  A-  dans  les  travaux  spéciaux  et  dans  le 
traité  de  physiologie  de  Landois  (voir  a"  fig.  2).  Enfin 
l'ondulation  dicrote  est  parfois  suivie  d'une  ondulation 
assez  marquée,  qui  correspond  à  l'une  des  ondulations 
élastiques  de  Landois  [e).  Le  faible  développement  de 
l'ondulation  dicrote  relativement  aux  autres  ondulations 
indique  une  tension  artérielle  assez  élevée.  J'ajouterai  que 
le  [rythme  des  pulsations  n'est  pas  absolument  uniforme. 


Kig.  2.  —Inscription  simultanée  du  pouls  cérébral  et  du  pouls  radial. 
P.  C,  Pulsation  cérébrale; 
P.  R  ,  Pulsation  radiale; 

a,  a',  u",  plateau  systolique  de  la  pulsation  artérielle; 
a'i,  ondulation  S  de  Moens; 
d,  ondulation  dicrote; 

Graphiques  dessinés    à    la    chambre    claire.    (Grossissement    d* 
lu  diamètres  environ. 


(  545  ) 

Le  pouls  cérébral  présente  une  l'orme  entière  merci  dif- 
férente de  celle  du  pouls  radial.  On  y  distingue  une  ligne 
d'ascension  presque  verticale,  un  plateau  fort  étendu  pré- 
sentant plusieurs  ondulations  et  enfin  une  ligne  de  descente 
un  peu  moins  raide  que  celle  de  l'ascension,  il  présente 
nettement  la  (orme  singulière  désignée  par  Mosso  sous  le 
nom  de  Iricuspide  (polso  tricuspidale),  c'est-à-dire  que  le 
plateau  de  la  courbe  présente  trois  sommets  plus  ou  moins 
aigus  (a,  a"  et  d),  celui  du  milieu  {a")  étant  en  même  temps 
le  plus  élevé.  Beaucoup  de  pulsations  ont  même  fourni  un 
graphique quadricuspide,  le  premier  sommet  se  dédoublant 
(a  et  «'  de  la  ligure  2). 

Quelle  interprétation  faut-il  donner  à  ce  pouls  Iricus- 
pide? La  ligne  d'ascension  brusque  du  début  correspond 
sans  aucun  doute  à  la  ligne  d'ascension  brusque  du  pouls 
carolidien.  Les  repères  nous  montrent,  en  effet,  qu'elle 
avance  de  o  centièmes  de  seconde  environ  sur  le  début  du 
pouls  radial,  ce  qui  s'accorde  assez  bien  avec  la  différence 
de  longueur  désaltères  de  la  tète  et  de  celles  du  membre 
supérieur.  Pour  pouvoir  comparer  le  graphique  cérébral  au 
graphique  du  pouls  radial,  il  faut  donc  les  superposer  en 
ayant  soin  de  reculer  le  premier  d'une  largeur  de  papier 
équivalant  à  o  centièmes  de  seconde,  de  manière  à  faire 
coïncider  les  débuts  des  deux  courbes.  On  dessinera,  par 
exemple,  successivement  les  deux  courbes  à  la  chambre 
claire  sur  le  même  papier.  La  figure  2  nous  montre  les 
résultats  de  ce  travail  :  on  a  choisi  une  pulsation  céré- 
brale où  le  premier  sommtl  se  montrait  dédoublé.  Ce 
premier  sommet  dédoublé  (a  et  a')  correspond  au  sommet 
de  la  pulsation  principale  de  l'artère;  le  deuxième  (a")  fait 
encore  partie  de  ce  que  Marey  appelle  le  plateau  systolique, 
il  représente  la  pulsation  S  de  Moens  et  Heynsins.  Enfin, 


(  544  ) 

le  troisième  sommet  (d)  est  produit  par  l'action  de  la  pul- 
sation dicrole  artérielle  (d). 

La  ligne  de  descente  du  pouls  tricuspide  montre  parfois 
une  légère  ondulation  :  c'est  l'équivalent  de  l'ondulation 
artérielle  (e)  ou  ondulation  élastique  de  Landois. 

De  celte  analyse  il  ressort,  à  toute  évidence,  que  le  pouls 
tricuspide  cérébral  observé  chez  le  jeune  Erpicum  corres- 
pond à  la  première  variété  de  pouls  tricuspide  du  chien. 
C'est  à  peu  près  l'interprétation  que  Mosso,  Burckhardt  et 
Mays  ont  donnée  de  leurs  graphiques  de  pouls  tricuspide  de 
l'homme. Il  n'était  pas  inutile  cependant  de  soumettre  cette 
interprétation  à  une  nouvelle  critique, en  présence  des  faits 
découverts  chez  le  chien. 

Y  a-l-il  dans  les  mouvements  du  cerveau  humain  une 
combinaison  d'un  pouls  d'origine  artérielle,  avec  un  pouls 
veineux,  comme  c'est  le  cas  chez  le  chien?  Les  graphiques 
pris  chez  le  jeune  Erpicum  ne  nous  apprennent  rien  de 
positif  à  ce  sujet.  Pour  résoudre  celte  question  il  faudrait 
probablement  expérimenter  sur  un  sujet  dont  les  pulsa- 
tions seraient  beaucoup  moins  fréquentes.  Le  pouls  veineux 
du  cerveau  du  chien  ne  s'observe  bien  que  pendant  la  phase 
d'expiration,  alors  que  le  cœur  espace  ses  battements.  Il 
disparaît  dès  que  les  pulsations  s'accélèrent  (fièvre, saignée, 
empoisonnement  par  l'atropine,  etc) 


Procédé  opératoire  nouveau  pour  l'étude  physiologique 
des  organes  thoraciques  ;  par  Léon  Fredericq,  correspon- 
dant de  l'Académie. 

L'étude  de  la  physiologie  des  organes  thoraciques  et 
spécialement  celle  de  la  circulation  pulmonaire  a  ren- 
contré jusqu'à  présent  des  difficultés  presque  insurmon- 


(  545  ) 
labU's.  Tour  explorer  les  \aisseuux  du  poumon,  il  Faut 
ouvrir  la  poitrine  et  supprimer  par  conséquent  la  pression 
négative  du  milieu  thoracique;  il  faut  en  outre  entretenir 
la  respiration  artificielle.  Il  <-n  résulte  une  altération  pro- 
fonde de  la  circulation  :  le  sang  n'est  plus  aspiré  vers  la 
poitrine,  il  s'accumule  dans  le  système  veineux  au  détri- 
ment du  système  artériel  :  la  pression  baisse  énormément 
dans  les  artères  et  le  cœur  précipite  ses  battements.  Les 
résultats  d'expériences  entreprises  dans  ces  conditions  ne 
peuvent  être  considérés  comme  normaux  (\). 

Le  procédé  suivant  que  j'ai  imaginé  permet  au  contraire 
l'étude  de  la  physiologie  des  organes  thoraciques  tout  en 
évitant  les  graves  perturbations  dont  il  vient  d'êtie  ques- 
tion : 

Sur  un  chien  convenablement  anesthésié,  on  ouvre 
largement  la  poitrine  sur  le  côté  (incision  unique  linéaire 
avec  section  transversale  de  6  à  8  côtes),  de  manière  à  y 
faire  pénétrer  les  mains  de  l'opérateur.  On  peut  alors  appli- 
quer à  loisir  divers  instruments  sur  le  cœur,  les  vaisseaux 
ou  les  nerfs,  à  condition  d'entretenir  la  respiration  artifi- 
cielle. Ce  temps  de  l'opération  terminé,  on  insulïle  vive- 
ment les  poumons,  on    réapplique    immédiatement  l'un 


(1)  Chauveau  et  Marey,  dans  leurs  mémorables  expériences  de  cardiogra- 
phie, avaient  tourné  la  difficulté  en  introduisant  les  sondes  exploralricts 
dans  la  poitrine  par  l'intermédiaire  des  vaisseaux  du  cou. 

Chauveau  a  exploré  également  la  pression  dans  Tarière  pulmonaire,  sans 
ouverture  de  la  poitrine, en  introduisant  directement  un  Irocarl  dans  ce 
vaisseau  à  travers  un  espace  intercostal. 

Enù'u  je  citerai  également  les  recherches  d'Héger  el  Spehl  sur  la  fistule 
péricardique  :  fistule  du  sternum,  incision  du  péricarde,  ligature  passée 
sous  les  vaisseaux  sortant  du  cœur,  fermeture  hermétique  de  la  fistule 
sternale,  rétablissement  de  !a  pression  négative  au  moyen  d'un  aspirateur 
el  puis  ligature  brusque  des  vaisseaux  du  poumon. 


(  Mi)  ) 

contre  l'autre  les  deux  lambeaux  museulo-osseux,  on  rabat 
les  lambeaux  cutanés  par-dessus,  en  laissant  seulement 
passer  au  dehors  les  tubes  manomélriques  ou  autres  instru- 
ments qui  font  communiquer  l'intérieur  de  la  poitrine  avec 
les  appareils  enregistreurs.  L'insufflation  pulmonaire  pra- 
tiquée convenablement  au  moment  de  la  fermeture  suffit  à 
chasser  hors  de  la  poitrine  la  totalité  de  l'air  qui  y  était 
rentré.  Si  le  besoin  s'en  faisait  sentir,  un  lubearf  hoc  plon- 
geant dans  la  poitrine  et  relié  à  un  aspirateur  pourrait 
d'ailleurs  servir  à  rétablir  le  vide  thoracique. 

La  pression  négative  une  fois  rétablie  à  l'intérieur  de  la 
poitrine,  les  deux  lambeaux  museulo-osseux  restent  appli- 
qués l'un  contre  l'autre  par  l'effet  de  la  pression  atmosphé- 
rique. Il  suffit  de  maintenir  réunis  les  lambeaux  cutanés, 
au  moyen  de  quelques  pinces  à  pression.  L'animal  se 
remet  spontanément  à  respirer,  ce  qui  permet  d'aban- 
donner la  respiration  artificielle.  Au  bout  de  peu  d'instants, 
la  perturbation  causée  par  l'opération  se  dissipe  et  l'animal 
se  retrouve  dans  les  mêmes  conditions  qu'avant. 

Je  me  réserve  de  revenir  ultérieurement  en  détail  sur 
le  procédé  opératoire  que  je  signale  et  sur  les  résultats 
expérimentaux  qu'il  m'a  fournis.  Je  me  borne  à  citer  à 
litre  d'exemple  l'opération  suivante  : 

Grand  chien  mâle,  aneslhésié  (2o  ctg.  de  chlorhydrate  de  mor- 
phine), couché  dans  la  gouttière  d'opération  sur  le  côté  droit  Canule  fixée 
dans  la  trachée;  manomètre  ;<  mercure  dans  la  carotide.  Pulsations  24  en 
00".  Pression  carolidienne  oscillant  entre  16  el  25  ctm  de  Hg.  On 
donne  du  chloroforme,  la  pression  baisse  et  les  pulsations  s'accélèrent. 
Respiration  artificielle  et  ouverture  de  la  poitrine  par  une  incision  longi- 
tudinale sur  le  côté  gauche  de  la  poitrine.  On  isole  la  veine  cave  supé- 
rieure; on  glisse  un  crochet  sous  elle.  On  passe  de  même  un  crochet  sous 
la  veine  cave  inférieure.  On  insuffle  les  poumons,  puis  on  referme  vive- 
ment la  poitrine,  en  laissant  passer  au  dehors  les  manches  des  deux 
crochets.  Pas  de  tube  aspirateur.  On  cesse  la  respiration  artificielle.  Au 


(  517  ) 


bout  de  quelques  instants  :  pulsation»-,  ii  en  •">"":  pression  artérielle, 
minimum,  13  à  Ifietm  Hg.,  maximum   31  à  20  clin. 

On  tire  sur  le  crochet  de  la  veine  cave  supérieure,  île  manière  à  com- 
primer ce  vaisseau.  La  pression  artérielle  tombe  à  \o  clin,  minimum, 
16-18  ctm.  maximum  On  rétablit  la  circulation  de  la  veine  cave  supé- 
rieure. Hausse  passagère  de  la  pression  artérielle,  qui  r*  prend  bientôt  sa 
valeur  primitive. 

On  comprime  la  veine  cave  inférieure.  La  pression  aitérielle  tombe 
rapidement  a  4  et  5  centimètres,  les  pulsations  cardiaques  s'accélèrent 
extrêmement.  On  rétablit  la  circulation  :  hausse  considérable  de  la  pres- 
sion. 

Les  expériences  de  compression  d<  s  veines  caves  sont  répétées  plu- 
sieurs fois  sur  le  même  animal. 


Les  propriétés  optiques  de  la  Ludwigile;  par  A.-F.  Renard, 
correspondant  de  l'Académie. 

La  ludwigile  lui  décrite  pour  la  première  lois  par 
M.  G.  Tschermakel  dédiée  à  M.  E.  Ludwig,  dont  les  remar- 
quables travaux  de  chimie  analytique  ont  si  puissamment 
aidé  à  établir  la  composition  d'un  grand  nombre  d'espèces 
minérales.  La  ludwigile  provient  du  Balai,  on  la  trouve 
aux  environs  de  Morajwitza;  sa  composition  répond  à  la 
formule  H4FeB.2Ol0.  Je  renvoie  au  travail  du  minéralogiste 
viennois  pour  les  détails  relatifs  aux  résultats  de  l'analyse, 
à  leur  interprétation  et  aux  caractères  macroscopiques  de 
celte  intéressante  espèce.  Au  moment  où  M.  Tschertnak 
écrivait  ce  mémoire  on  n'avait  pas  à  sa  disposition  les 
ressources  qu'offre,  pour  la  détermination  des  propriétés 
optiques,  l'examen  microscopique  en  lumière  convergente. 
Ces  propriétés  étaient  restées  indéterminées  et  partant  le 
système  crislallographique  de  l'espèce  en  question  n'était 
point  établi.  A  la  suile  d'une  revision  des  échantillons  de 
la  collection  de  minéralogie   du   Musée  royal  d'histoire 


(  M8  ; 

naturelle,  pendant  laquelle  plusi<  urs  bons  fragments  de 
ludwigite  avaient  attiré  mon  attention,  je  me  suis  proposé 
d'établir,  à  l'aide  des  méthodes  récemment  introduites  en 
minéralogie,  le  système  criMallographique  de  l'espèce. 

La  variété  de  la  ludwigite  de  Moraviiza,  dont  je  me 
suis  servi  pour  ces  recherches,  montre  une  structure  bacil- 
laire radiée  beaucoup  plus  prononcée  que  dans  les  échan- 
tillons ordinaires  de  ce  minéral.  Ce  qui  la  caractérise  à 
l'œil  nu,  c'est  non  seulement  la  couleur  verdâtre,  mais  un 
éclat  vitreux  qui  l'ait  ressembler  ces  agrégats  bacillaires  à 
certains  minéraux  du  groupe  amphibolique,  à  l'actinolite 
en  particulier. 

Après  avoir  constaté  par  les  essais  chimique  et  pyrognos- 
tique,  l'identité  de  cet  échantillon  avec  la  luuwigite  de 
Tschermak,  on  détacha,  sous  le  choc,  une  poussière  qui 
se  résout  au  microscope  en  éclats  généralement  prisma- 
tiques, presque  libreux,  dont  rallongement  est  parallèle  au 
plan  d'accolement  des  fibres. 

Cette  division  suivant  ce  plan  paraît  indiquer  un  clivage; 
mais  les  surfaces  des  cassures  se  sont  montrées  trop  peu 
réfléchissantes  pour  qu'on  puisse  évaluer  l'angle  au  gonio- 
mètre. 

Comme  l'avait  observé  déjà  M.  Tschermak,  il  est  presque 
impossible,  en  raison  de  la  structure  libreuse  et  de  l'opacité 
de  la  ludwigite,  d'obtenir  par  le  polissage  des  plaques 
minces  a>sez  transparentes  pour  délei  miner  les  propriétés 
optiques  et  établir  le  système  cristallin  de  l'espèce.  On 
doit  donc  recourir  à  l'examen  microscopique  des  petits 
éclats  qui  se  détachent  sous  le  choc  du  marteau.  Ajoutons 
qu'il  est  très  rare  qu'on  en  obtienne  de  suffisamment 
transparents  el  dont  les  dimensions  soient  assez  grandes 
pour  permettre  l'examen  optique.  Au  microscope  ces  frag- 


(  549  ) 
menls  se  montrent  sous  la  forme  de  parallélogrammes 
allongés  d'environ  0,40mm  sur  0,05"""  en  moyenne;  les 
extrémités  sont  parfois  tronquées  par  une  arête  oblique. 
A  la  lumière  ordinaire  les  parties  transparentes  apparais- 
sent avec  une  teinte  vert-brunâtre.  Quelquefois  ces  éclats 
offrent  des  cassures  parallèles  entre  elles  et  à  l'allonge- 
ment. 

Un  des  caractères  les  plus  remarquables  de  ce  minéral 
est  incontestablement  le  dichroïsme;  il  possède  à  un  tel 
point  cette  propriété  qu'on  peut  le  mettre  en  parallèle  avec 
les  espèces  les  plus  pléochroïques.  Si  l'on  place  les  éclats 
avec  leur  axe  allongé  parallèlement  à  la  petite  diagonale 
du  nicol  polariseur,  on  observe  une  teinte  brun-foncé; 
pour  les  vibrations  perpendiculaires  à  cette  direction  la 
couleur  est  le  vert,  et  l'absorption  se  montre  bien  plus 
faible.  Entre  niçois  croisés  l'extinction  se  fait  toujours 
parallèlement  et  perpendiculairement  aux  côtés  allongés 
du  fragment.  Ces  données  rendent  donc  très  probable  que 
la  ludwigiste  est  un  minéral  du  système  orlhorbombique. 
Il  reste  à  en  fournir  la  preuve  par  la  rechercbe  des  axes 
optiques.  Mais  il  est  déjà  passablement  dilïicilede  retrouver 
dans  celte  poussière  microscopique  peu  transparente  des 
fragments  assez  minces  pour  l'étude  en  lumière  polarisée 
parallèle,  il  lest  plus  encore  d'en  rencontrer  qui  se  prêtent 
à  l'examen  à  la  lumière  convergente.  Cependant,  grâce  à 
l'emploi  du  condenseur  on  est  parvenu  à  observer  nette- 
ment les  phénomènes  suivants  :&ur  une  lamelle  très  pléo- 
chroïque  on  voit  une  branche  d'hyperbole  se  rapportant 
à  un  axe  optique  située  hors  du  champ;  la  disposition  de 
la  branche  montre  que  l'axe  en  question  est  sur  une  ligne 
perpendiculaire  à  l'allongement  du  fragment  examiné. 
Celte  observation  concorde  avec  l'interprétation  admise 

3™*   SÉRIE,  TOiME  IX.  58 


(  350  ) 

tout  à  l'heure  que  le  minéral  est  orthorhombique;  on  peut 
aussi  en  conclure  que  le  plan  des  axes  optiques  est  per- 
pendiculaire à  l'axe  vertical  qui  correspondrait  à  l'allonge- 
ment des  fibres. 


Détermination  du  coefficient  de  compressibilité  de  quelques 
liquides  et  des  variations  que  cette  quantité  éprouve  avec 
la  température.  Loi  théorique  qui  régit  les  variations  du 
coefficient  de  compressibilité  avec  la  température  ;  par 
P.  De  Heen,  correspondant  de  l'Académie. 

L'élude  de  la  compressibilité  a  fait  l'objet  de  plusieurs 
travaux  importants,  mais  nous  ne  croyons  pas  devoir  y 
revenir  ici  parce  que  les  résultats  obtenus  sont  consignés 
dans  les  principaux  ouvrages  de  physique.  Cependant,  si  le 
coefficient  de  compressibilité  a  été  déterminé  avec  exacti- 
tude pour  quelques  liquides  pris  à  la  température  ordinaire, 
l'étude  des  variations  que  ces  grandeurs  éprouvent  avec  la 
température  est  à  peine  ébauchée.  Dans  le  travail  actuel 
nous  tâcherons  de  combler  cette  lacune  dans  la  mesure 
de  nos  forces  et  nous  vérifierons  jusqu'à  quel  point  les  faits 
observés  s'accordent  avec  la  loi  des  attractions  moléculaires. 

L'appareil  dont  nous  nous  sommes  servi  pour  la  détermi- 
nation du  coefficient  de  compressibilité  se  compose  simple- 
ment d'un  réservoir  thermométrique  R,  en  verre  assez 
épais,  auquel  on  a  soudé  le  tube  gradué  g.  Ce  tube  est 
terminé  par  une  partie  rodée  dans  laquelle  vient  s'adapter 
le  tube  en  verre  p.  Celui-ci  est  mis  en  communication  avec 
un  réservoir  contenant  de  l'air  comprimé.  Le  tube  p  peut 
être  remplacé  par  un  robinet  r,  enfin  on  peut  adapter  en 
m  un  réservoir  b. 


(  551  ) 

La  principale  difficulté  que  l'on  rencontre  dans  la  déter- 
mination de  la  compressibilité  à  diverses  températures  con- 
siste à  obtenir  une  température  rigoureusement  constante 
pendant  un  temps  assez  long.  Ce  temps  peut  dépasser  vingt 
minutes  dans  certains  cas,  car  on  sait  que  les  liquides 
ne  prennent  que  lentement  le  volume  qui  correspond  à 
une  pression  déterminée. 

Nous  avons  réussi  à  vaincre  cette  difficulté  à  l'aide  de  la 
disposition  suivante:  le  piézomètre  R  plonge  dans  un  réser- 
voir A  formé  de  deux  enveloppes  concentriques  entre 
lesquelles  on  a  eu  soin  d'introduire  une  substance  peu 
conductrice,  par  exemple  du  coton.  Le  tout  est  plongé 
dans  un  courant  de  vapeur  qui  parcourt  le  circuit  indiqué 
par  la  flèche.  Après  avoir  échauffé  l'appareil,  celle  vapeur 
va  se  condenser  dans  le  serpentin  s  et  retourne  ensuite 
au  récipient  N  dans  lequel  on  produit  l'évaporation.  La 
vapeur  qui  s'est  condensée  dans  les  enveloppes  s'écoule 
également  par  le  tube  t  dans  le  récipient  N.  Il  est  inutile 
d'ajouter  que  la  substance  peu  conductrice  qui  forme  la 
paroi  du  réservoir  A  a  pour  effet  de  rendre  insensibles  les 
faibles  fluctuations  de  température  qui  se  produisent  même 
au  sein  d'une  vapeur  saturée.  Dans  le  courant  de  ces 
observations  nous  avons  utilisé  les  vapeurs  d'eau  d'alcool 
et  d'acétone. 

Voici  la  manière  dont  nous  avons  opéré  :  le  piézomètre 
étant  muni  du  robinet  r  et  du  réservoir  6,  on  introduit 
dans  ce  dernier  le  liquide  sur  lequel,  on  veut  opérer.  Le 
piézomètre  est  ensuite  plongé  dans  l'eau  bouillante  et  le 
réservoir  6  est  mis  en  communication  avec  le  récipient 
d'une  machine  pneumatique;  après  avoir  extrait  l'air  de 
l'appareil,  on  laisse  le  liquide  s'y  introduire.  On  opère  ainsi 
plusieurs  fois  en  ayant  soin  de  faire  en  sorte  que  le  vide 


(  o52  ) 

soil  a»sez  parlait  pour  provoquer  l'ébullilion  du  liquide. 
De  eette  manière  on  évite  la  formation  de  bulles  d'air,  qui 
sans  cette  précaution  se  dégageraient  pendant  l'opération. 

L'appareil  étant  ainsi  préparé,  on  l'introduit  dans  le 
récipient  A  après  avoir  enlevé  le  réservoir  b  et  le  robinet  r. 
Lorsque  l'équilibre  de  température  est  atteint,  on  introduit 
un  fil  de  platine  dans  le  tube  gradué  de  manière  à  expul- 
ser l'excès  de  liquide  qu'il  contient;  puis,  après  avoir  retiré 
le  fil  avec  précaution  en  évitant  de  briser  la  colonne,  on 
observe  le  niveau  de  celle-ci.  Si  ce  niveau  est  invariable, 
on  met  l'appareil  en  communication  avec  le  récipient  con- 
tenant de  l'air  sous  pression;  le  liquide  s'abaisse  alors  dans 
le  tube  pendant  un  temps  généralement  assez  long  et  lors- 
qu'il est  devenu  stalionnaire,  on  observe  la  nouvelle  posi- 
tion d'équilibre.  Enfin,  on  ramène  la  pression  à  celle  de 
l'atmosphère  et  si  la  température  a  été  bien  stable,  il  faut 
que  le  liquide  reprenne  sa  position  primitive.  En  opérant 
de  cette  manière  les  deux  observations  se  contrôlent  et  l'on 
acquiert  la  certitude  de  ne  pas  avoir  commis  d'erreur  sen- 
sible. 

Le  calcul  des  expériences  se  fait  très  simplement;  en 
effet,  si  on  exerce  une  pression  déterminée  sur  le  liquide, 
celui-ci  s'abaisse  dans  le  tube  d'une  quantité  correspon- 
dant :  1°  à  la  corn  possibilité  du  liquide;  2!°  à  l'accroisse- 
ment de  volume  de  l'appareil.  Or,  les  expériences  faites 
antérieurement  sur  l'eau  à  l'aide  de  l'appareil  de  Regnaull 
ont  acquis  un  degré  d'exactitude  sullisanl  pour  la  déter- 
mination de  ce  dernier  élément.  Supposons  l'appareil 
rempli  de  ce  liquide  et  désignons  par  n  l'abaissemer. 
qm  se  produit  dans  le  tube  gradué  sous  l'action  pression  /. 
représentons  encore  par  (3  le  coefficient  de  compressibi- 
lité  de  l'eau,  par  V  le  volume  du  piézomètre  et  par  v  le 


(  555  ) 
volume  d'une  graduation;  dans  ces  conditions  le  produit 
p(3V  n'exprime  autre  chose  que  la  variation  réelle  du 
volume  de  l'eau  et  vn  —  p(3V  =  p.  représente  la  part  qui 
revient  à  la  compressibililé  de  l'appareil.  Enfin,  ^  exprime 
le  nombre  de  graduations  à  soustraire  lorsqu'on  opère 
sous  la  pression  déterminée  p. 

Supposons  donc  qu'en  opérant  dans  ces  conditions  sur 
un  liquide  quelconque  nous  ayons  observé  une  variation 
de  niveau  représentée  par  N  graduations,  N  —  -  exprimera 
une  variation  de  niveau  exclusivement  proportionnelle  à 
la  compressibililé  du  liquide  (3';  de  même  pour  l'eau 
n  —  ^  est  proportionnel  à  (3. 

Nous  aurons  donc  la  relation 


p.  N-- 

N-^ 

p            " 

v 

|= ouP'  = 

p     »     ** 

=  P 

/" 

n 

n 

V 

V 

Dans  nos  observations,  nous  avions 

V  =  5"2C% 

v  =  0,002446  (graduation  de  1  centimètre  de  longueur), 

p  =  5,25  atmosphères  (mesuré  à  l'aide  d'un  manomètre  à  air 
libre), 

-  =  1 .63  à  10°,  8,0  =  0,000047  (*), 
v 

-  =  i  .69  à  1 00»         S100  =  0,000041 . 

17 


(*)  Détermination  de  Pagliani  et  Vinceiitini  Beiblaetter,  1884,  p.  794 


(  554  ) 
Voici  le  résultat  de  nos  observations  : 


SUBSTANCE  («). 


TEMPÉRATURE. 


COEFFICIENT 
de 

compressibilité 
0(*). 


Xylène 


Toluène 


Benzoate  butyle , 


Benzoate  d'amyle 


Valérate  de  méthyle 


Valérate  d'éthyle 


Valérate  de  butyle 


I  Valérate  d'amyle. 


10 

65 

400 

10 

66 

100 

10 

64 

100 

10 

65 

100 

10 

63 

100 

10 

62,5 

97 

10 
63,5 

100 

10 
62,7 


0,0000738 

0,00007521 

0,0001325 

0,0000790 
0,0001142 
0,0001505 

0,0000589 

0,00008019 

0,00009860 

0,00005726 
0,00007749 
0,00009176 

0,0000911 
0,0001350 
0,0001835 

0,0000957 
0,0001385 
0,0001826 

0,0000923 
0,0001302 
0,0001731 

0,0000882 
0,0001217 
0,0001559 


(»)  Les  substances  dont  nous  avons  fait  usage  ont  presque  toutes  été  pré- 
parées par  M.  Kahlbaum  de  Berlin,  je  dois  les  autres  à  l'obligeance  de 
M.  L.  Henry. 

(*)  Chacune  de  ces  valeurs  est  le  résultat  de  six  observations. 


(  555  ) 


SUBSTANCE. 


TEMPÉRATUKE. 


COEFFICIENT 
de 

compressibilité 
P. 


Bromure  d'éthylène  .  .  . 
Chlorure  d'éthylène  .  .  . 
Chlorure  de  carbone  (Cs  Cl4) 
Butyrate  de  méthyle  .  .  . 
Butyrate  d'éthyle    .... 

Bulyrate  de  butyle  .... 

Butyrate  d'amyle    .... 


40 
64 
100 

10 
75» 

10 

58,5 

97,2 

10 
62 

10 

62,5 

99 

10 

63 

100 

10 

63,5 

97,5 


0,0000558 
0,0000766 
0,0000977 

0.00006768 
0,0001114 

0,0000697 
0,0000944 
0,0001250 

0,0000895 
0,0001341 

0,00009309 

0,0001361 

0,0001849 

0,0000901 
0,0001297 
0,0001702 

0,0000857 
0,0001224 
0,0001572 


Nous  allons  dans  ce  qui  va  suivre  essayer  de  déterminer 
la  loi  théorique  qui  régit  les  variations  du  coefficient  de 
compressibilité  avec  la  température. 

La  chaleur  spécifique  d'un  liquide  à  volume  constant 
peut  se  représenter  par  l'expression 


(!) 


=C-ATU 


n. 


(")  Voir  La  théorie  mécanique  de  la  chaleur  de  Zeuner,  2e  édil.,  p.  552. 


(  55(i  ) 

équation  dans  laquelle  Cv  représente  la  chaleur  spécifique 
à  volume  constant,  Cp  la  chaleur  spécifique  à  pression 
constante,  A  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  (-^j  la 
variation  de  volume  pour  un  accroissement  de  tempéra- 
ture de  1°  la  pression  étant  constante  el(^)v  l'accroisse- 
ment de  pression  pour  un  accroissement  de  température 
de  1°  le  volume  étant  constant. 

D'autre  part,  si  nous  désignons  par  p  la  pression  interne 
qui  donne  la  mesure  des  forces  attractives  moléculaires, 
nous  pourrons  encore  écrire 

(n»  c«=c'-AQ> 

D'où  en  tenant  compte  de  l'équation  (I)  il  vient 

L'établissement  de  celte  relation  rend  très  intéressante 
la  comparaison  des  valeurs  de  p.  avec  les  valeurs  de  la 
pression  interne  fournie  par  l'équation  dans  laquelle  inter- 
viennent les  chaleurs  spécifiques  ou  la  chaleur  de  vapori- 
sation, et  que  nous  avons  désignées  par  /"(*). 

Valeur  de  /.  Valeur  de  /*. 

Éther 48959  atmosphères.  3764  atmosphères. 

Alcool 126225         »  3595 

Constatons  que  les  divergences  entre  les  valeurs  de  f 
et  de  \j.  sont  énormes.   Elles  sont  de  plus  absolument 


(")  Voir  Premier  essai  de  la  théorie  des  liquides  (Annales  de  chimie 
et  de  physique,  6e  série,  l.  V.  Mai  1885). 


(  5o7  ) 
inexplicables  si  l'on  admet  que  les  liquides  sont  formés 
par  on  simple  assemblage  de  particules  matérielles  main- 
tenues à  distance  par  des  forces  attractives  et  répulsives, 
mais  elles  s'expliquent  parfaitement  à  l'aide  des  idées  que 
nous  avons  développées  précédemment.  Nous  admettons 
que  les  liquides  sont  formés  de  molécules  dites  liquidogé- 
niques  qui  se  touchent,  alors  que  ces  molécules  sont 
formées  elles-mêmes  d'autres  molécules  maintenues  à 
distance.  Nous  avons  désigné  ces  molécules  sous  le  nom 
de  molécules  gazogéniqves,  parce  qu'elles  sont  de  l'ordre 
de  celles  qui  constituent  les  gaz  ou  les  vapeurs. 

L'exactitude  de  celle  hypothèse  se  trouve  encore 
confirmée  par  ce  qui  suit.  Admettons  que  contrairement 
à  ce  que  nous  venons  de  dire  les  molécules  liqvidogéniques 
soient  maintenues  à  dislance  par  des  forces  attractives  et 
répulsives.  S'il  en  est  ainsi,  la  compressibilité  sera  simple- 
ment due  au  rapprochement  de  ces  molécules  sans  exercer 
d'influence  sensible  sur  l'écarlement  des  molécules  gazo- 
géniques.  La  pression  p.  devra  se  confondre  alors  avec  la 
pression  que  nous  avons  désignée  par  F  dans  notre  théorie 
des  liquides.  Cette  pression,  mesurée  à  l'aide  de  la  résis- 
tance qu'offrent  les  couches  superficielles,  est  égale  à  7,1 
atmosphères,  pour  l'eau,  en  se  basant  sur  les  expériences 
de  Plateau,  et  d'après  M.  E.  Wiedmann  elle  peul  atteindre 
en  pleine  matière  à  55  atmosphères  (*);  mais  quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  inutile  d'ajouter  que  ce  sont  là  des  quantités 
négligeables  vis-à-vis  des  valeurs  de  \j..  La  première  hypo- 
thèse doit  donc  être  maintenue. 

La  compressibililé  d'un  liquide  est  donc  nécessairement 

(*)  //  Nuovo  Cimento,  t.  XIII,  p.  88.  1883. 


(  :i58  ) 
due  à  une  diminution  de  volume  des  molécules  liquidogé- 
niques.  Mais  ici  encore  se  présentent  deux  hypothèses 
distinctes;  en  effet,  il  se  peut  que  la  quantité  /"soit  homo- 
gène ou  qu'elle  ne  le  soit  pas.  Admettons  d'abord 
l'homogénéité  ou,  en  d'autres  termes,  supposons  que  toutes 
les  molécules  gazogéniques  qui  constituent  la  molécule 
liquidogénique  soient  sollicitées  par  des  forces  égales. 
S'il  en  est  ainsi,  une  diminution  de  volume  produite  soit 
par  la  pression,  soit  par  une  diminution  de  température 
donnera  lieu  à  des  variations  internes  identiques  et  la 
valeur  de  /"sera  égale  à  la  valeur  de  \i. 

L'expérience  nous  démontre  qu'il  n'en  est  pas  ainsi.  Il 
faut  donc  adopter  l'hypothèse  la  plus  naturelle,  celle  qui 
se  vérifie  pour  tous  les  corps  formés  sous  l'action  d'une 
force  sensible  dirigée  vers  le  centre  de  gravité,  et  admettre 
que  les  molécules  liquidogéniques  ont  une  densité  décrois- 
sante lorsqu'on  s'éloigne  du  centre  pour  se  diriger  vers  la 
périphérie. 

Reprenons  maintenant  notre  hypothèse  qui  dit  que  la 
valeur  de  /"varie  en  raison  inverse  d'une  puissance  déter- 
minée n  de  la  distance  réciproque  moyenne  des  molécules 
gazogéniques;  proposition  qui  peut  encore  s'exprimer  en 
disant  que  la  force  /"varie  en  raison  inverse  de  la  ne  puis- 
sance de  la  distance  moyenne  des  molécules  gazogéniques 
au  centre  de  gravité  de  la  molécule  liquidogénique,  ou 
encore  en  raison  inverse  de  la  puissance  ^  —  m  du  volume. 
En  effet,  si  la  dislance  moyenne  qui  sépare  les  molécules 
gazogéniques  est,  par  exemple,  doublée,  il  est  évident  que 
la  distance  moyenne  des  molécules  gazogéniques  au 
centre  de  gravité  de  la  molécule  liquidogénique  l'est  aussi. 

Cela  étant,  supposons  que  l'on  exerce  une  pression  sur 


(  359  ) 

un  ensemble  de  molécules  constituées  de  la  sorte,  il  est 
évident  que  la  force  qui  s'opposera  au  rapprochement  des 
molécules  gazogéniques  ne  correspondra  pas  à  la  valeur 
de  /"qui  représente  la  moyenne  des  pressions  qui  s'exercent 
au  sein  de  la  molécule  liquidogénique,  mais  elle  corres- 
pondra, au  contraire,  à  une  force  p.  qui  représente  la 
pression  à  laquelle  sont  soumises  les  molécules  gazogéni- 
ques situées  à  la  surface  de  la  molécule  liquidogénique, 
surface  qui  peut  être  altérée  sans  qu'une  modification 
sensible  se  produise  à  l'intérieur  de  la  molécule.  Il  est 
inutile  de  dire  que  cette  pression  p  est  beaucoup  plus 
faible  que  la  pression  /",  et  que  ces  deux  pressions  peuvent 
varier  très  différemment  lorsqu'on  passe  d'un  liquide  à  un 
autre;  mais  d'autre  part,  si  l'on  considère  un  même  liquide 
pris  à  des  températures  différentes,  la  force  [i  doit  varier 
de  la  même  manière  que  f,  c'est-à-dire  en  raison  inverse  de 
la  n"  puissance  de  la  distance  de  ces  molécules  superficielles 
au  centre  de  gravité  de  la  molécule  liquidogénique  on  en 
raison  inverse  de  la  puissance  m  du  volume. 

De  telle  sorte  que  si  nous  désignons  par  p.0et  par  p*,  les 
valeurs  de  p  à  o°  et  à  1°  par  fet  par  ft  les  pressions  internes 
prises  aux  mêmes  températures,  nous  pouvons  écrire 

fo <"o 

f<        V-x 

Si  donc  nous  posons  p.0  =  1,  V  =  1  à  l'origine  des 
températures,  nous  aurons 

I 

=  Vm 

dt 


560  ) 


ou 

dp          ! 

(IV                               -?-  = 

V     '                                    dt       TV" 

D'autre  pari  nous  avons  la  relation 

(dp\     Idt  \     tdV\  _ 
\dtJv  \d\lp  \dpl, 
ou 

(V)                     (dp)         [dtl" 

in 

(V)              UK"    idv\  ■ 

\dp), 

Dans  ces  équations  les  indices  y,  p,  t  indiquent  simple- 
ment la  constance  du  volume  de  la  pression  et  de  la  tem- 
pérature des  termes  qu'ils  affectent. 

Or  nous  avons  établi  la  relation 

fd\\ 

<vi)         y,="v"- 

Combinant  les  équations  (V)  et  (VI)  il  vient 

fdp\  a0Vm 


\dtlv  "          ld\\  ' 
Upl, 

Et  tenant  compte  de  l'équation  IV  i 

1  vient 

1                «0Vm 

TVm_         /dV\   ' 
Upl, 

(*)  Voir  Zeuner,  p.  545. 


011 


t  561  ) 


/dV\ 

-WrTaiV 

Mais 

P-'        v    ' 

d'où  finalement 

(VII) 

p  =  TooV*"-1. 

Cette  équation  peut  encore  se  mettre  sous  une  forme 
plus  commode;  en  effet,  l'intégration  de  l'équation  VI  nous 
donne 

\ 


V  = 


r « i- 

\J  —  (m  —  1  )«0lJ 


Si  donc  nous  remplaçons  V  par  sa  valeur  dans  l'équa- 
tion (VU)  et  si  nous  désignons  par  (3,  et  (30  les  valeurs  de  (3 
aux  températures  / "  et  o°  et  par  T,  et  T0  les  valeurs  corres- 
pondantes de  T,  nous  aurons 


(VHI) 


j3,=  T, 
Po       T 


if ! T 

o  \_\  —  (m  —  1  )alj 


En  faisant  n  =  7  ou  m  =  2,555,  ainsi  que  nous  l'avons 
admis  précédemment,  la  relation  VHI  devient 


(IX) 


-'[        ?      - 

0  j_1   —  l,ô55a< 


(  5(52  ) 
De  même  l'équation  VII  nous  donne 

(X)  &=ï'v**o. 

Ce  que  l'on  peut  exprimer  en  disant  que  le  coefficient 
de  compressibilité  varie  en  raison  directe  de  la  température 
absolue  et  en  raison  directe  de  la  puissance  3,666  du 
volume. 

(*)  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  si  nous  admettions  n  =  6 
au  lieu  d'admettre  n  =  7,  notre  formule  coïnciderait  avec  celle  de 
M.  Dupré.  (Voir  la  Théorie  mécanique  de  la  chaleur  de  M.Athanase  Dupré, 
p.  147,  1869.)  En  combinant  les  équations  189  et  190  on  a 

fi,       T,x,  A* 

i3o~~To<%0  A«f' 

expression  dans  laquelle  A  et  &',  »  et  ce,  représentent  respectivement 
les  densités  et  les  coefficients  de  dilatation  aux  températures  o  et  t\  on 
peut  donc  encore  écrire  la  formule  sous  la  forme 

fi,  _T<«,  V/2 

Jo  ~~  T0  <xo  Vo*  ' 

Mais  nous  avons  V0  =  1  et  en  admettant 

dV  a0Va 

n=6,~  =  a0Va    ou    a,=-5— -aV, 
'  dt         °  V  *    ' 

d'où  : 

p,  _TV5 

po~"V 

équation  qui  correspond  à  l'équation  (VII)  dans  laquelle  on  fait  n  =  6 
ou  m  =  2. 

Il  est  possible  que  n=6  représente  en  réalité  la  valeur  théorique  de  n, 
mais  il  n'est  pas  moins  certain  qu'en  adoptant  n=l  on  trouve  des  valeurs 
qui  se  rapprochent  davantage  de  la  réalité.  Peut-être  cette  circonstance 
est-elle  due  à  ce  qu'en  adoptant  n=l  on  tient  compte  de  légères  dissocia- 
tions physiques  qui  se  manifestaient  souvent  au  sein  des  liquides. 


(  565  ) 

Voici  le  tableau  dans  lequel  nous  avons  comparé  les 
résultats  du  calcul  aux  résultats  de  l'observation  : 


SUBSTANCES. 

DO 

M 

ce 
s 

H 
-a! 
es 
■H 
a. 
S 
w 

H 

VALEURS 

de 

P 

observées. 

VALEURS 
de 

P 

calculées. 

VALEURS 
de 

P< 

Pc 

observées. 

VALEURS 
de 

P' 

Pc 
calculées. 

VALEURS 
de 
a0. 

Valérate  de  méthyle  .... 

'  10 

63 

•100 

0,0000911 
0,0001330 
0,0001835 

0,0001367 
0,0001794 

1,48 
2,01 

1,49 
1,97 

0,001143 

Valérate  d'éthyle 

t  10 
!  62,5 

(  97 

0,0000957 
0,0001385 
0,0001826 

0,0001406 
0,0001818 

1,45 
1,91 

1,47 
1,90 

0,001108 

Valérate  de  butyle    .... 

(  10 
|  63,5 
100 

0,0000923 
0,0001302 
0,0001731 

0,0001347 
0,0001744 

1,41 

1,87 

1,46 
1.89 

0,001042 

i  10 
1  62,7 
\  99 

0,0000882 
0,0001217 
0,0001559 

0,0001279 
0,0001640 

1,38 
1,77 

1,45 
1,86 

0,001010 

Bromure  d'éthylène  (CaH4Br2). 

10 

|  64 
100 

0,0000558 
0,0000766 
0,0000977 

0,0000803 
0,0001032 

1,37 

1,73 

1,44 
1,85 

0,000979 

Chlorure  d'éthylène  .... 

10 

1  75» 

0,0000677 
0,0001114 

0,0001096 

1,64 

1,62 

0,001112 

Chlorure  de  carbone  (C2  Cl4). 

:  10 

58,5 
98 

0,0000697 
0,0000944 
0,0001230 

0,0000976 
0,0001282 

1,35 
4,79 

1,40 
1,84 

0,001005 

Benzoate  de  butyle  .... 

1  i0 
64 

'lOO 

0.0000589 
0,0000802 
0,0000986 

0,0000830 
0,0001036 

1,36 
1,67 

1,41 
1,76 

0,000848 

Benzoate  d'amyle 

l  10 
)  65 
[100 

0,0000573 
0,0000775 
0,0000918 

0,0000807 
0,0001006 

1,35 

1,60 

1,41 
1,76 

0,000842 

564  ) 


SUBSTANCES. 


(  40 

Xylène ]  65 

(100 

l  10 

Toluène <  66 

(100 

i  10 
Butyrate  de  méthyle.     ... 

(  10 

Butyrate  d'éthyle )  62,5 

99 


Butyrate  de  butyle 


Butyrate  d'amyle 


10 
j  63 
'lOO 

l  10 
63,5 

97 


observées. 


0,0000738 
0,0001062 
0,0001325 

0.00007HO 
0,0001142 
0,0001503 

0,0000893 
0,0001341 

0,0000931 
0,0001361 
0,0001 8  19 

0,0000901 
0,0001297 
0.0001702 

0,0000857 
0,0001224 
0.0001572 


P 

calculées. 


obserTées. 


VALEURS 
de 

11 

Pc 
calculées. 


VALEURS 
de 

a„. 


0,0001084 

1,44 

0,0001380 

1,80 

0,0001193 

1,45 

0,0001516 

1,91 

0,0001341 

1,50 

0,0001387 

1,46 

0,0001849 

1,99 

0,0001324 

1,44 

0,0001738 

1,89 

0,0001242 

1.43 

0,0001576 

1,83 

1,47 
1,87 

1,51 
1,92 

1.50 


0,001008 


0,001082 


0.001196 


1,49 

U)9  J  0,001184 


1,47 
1,93 


1,45 
1,84 


0,001094 


0,001019 


H  esl  inutile  d'ajouter  que  l'accord  entre  la  théorie  et 
l'observation  est  très  satisfaisant,  d'autant  plus  qu'en  nous 
basant  sur  la  même  hypothèse  (en  admettant  que  les 
molécules  s'attirent  en  raison  inverse  d'une  puissance 
déterminée  de  leurs  distances  réciproques),  nous  avons 
déjà  réuni  un  grand  nombre  de  faits. 


ôuUetù 


'     :     ■  . 


(  565  ) 

Sur  quelques  dérivés  de  l'hydrocamphène  télrabromé  ;  par 
W.  De  la  Royère,  assistant  au  laboratoire  de  chimie 
générale  de  l'Université  de  Gand. 

Dans  une  note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à 
l'Académie,  il  y  a  quelque  temps  (1),  j'ai  fait  connaître  les 
résultats  obtenus  dans  l'étude  de  l'action  du  chlorobro- 
inure  de  phosphore  sur  le  camphre. 

Dans  celte  réaction  il  se  produit  un  composé  de  la  for- 
mule CI0HuBr4,  auquel  j'avais  donné  le  nom  de  bibro- 
mure  de  bibromo-camphilidène.  En  effet,  ce  composé  est 
au  camphre  bibromé  comme  le  bi bromure  d'édiylidène  est 
à  l'aldéhyde,  et  c'est  là  ce  qui  semblait  justifier  le  nom 
proposé. 

Mais  je  ne  suis  pas  parvenu  à  elfecluer  une  transfor- 
mation qui  rattachât  ces  deux  corps  l'un  à  l'autre.  En 
poursuivant  l'élude  du  nouveau  composé  C,0H14Br4,  j'ai 
obtenu  des  résultats  qui  semblent  plutôt  le  meltre  en 
rapport  avec  l'hydrocamphène  C10H|S,  et  je  crois  ne  pré- 
juger aucune  question  de  constitution  en  proposant  de 
l'appeler  hydrocamphène  télrabromé. 

Action  de  l'hydrogène  naissant. 

L'hydrogène  naissant  transforme  l'hydrocamphène  té- 
lrabromé en  un  composé  de  la  formule  C,0Ht(>Br2,  la 
.«institution  inverse  ne  portant  que  sur  deux  atomes  de 
brome. 


(1)  Bulletin  de  /' Académie  royale  de  Belgique,  3e  série,  t.  IV,  n°  8, 
1882. 

3roe  SÉRIE,  TOME  IX.  59 


(  566  ) 

Pour  effectuer  cette  réaction,  on  soumet  l'hydrocam- 
phèrie  létrabromé,  finement  pulvérisé  et  pendant  plu- 
sieurs jours,  à  l'action  de  l'hydrogène  naissant  produit  par 
un  mélange  d'étain  et  d'acide  chlorhydrique. 

L'opération  s'effectue  dans  un  ballon  ù  fond  plat, 
imparfaitement  bouché,  que  l'on  chauffe  doucement  au 
bain-marie.  L'action  de  l'hydrogène  naissant  eot  continuée 
jusqu'à  ce  que  l'hydrocamphène  létrabromé  ait  complète- 
ment disparu  et  soit  remplacé  par  des  flocons  blancs  qui 
viennent  nager  à  la  surface  du  liquide.  On  jette  le  contenu 
du  ballon  dans  un  entonnoir  dont  la  douille  est  bouchée 
d'un  tampon  de  verre  filé  et  on  lave  à  grandes  eaux  pour 
éliminer  l'acide  chlorhydrique  et  le  chlorure  stanneux. 
On  exprime  le  résidu  entre  des  doubles  de  papier,  on  le 
reprend  par  l'alcool  bouillant;  on  liltreet,  par  refroidisse- 
ment, on  obtient  de  beaux  cristaux.  Ces  derniers,  conve- 
nablement puriiiés  par  plusieurs  cristallisations  dans 
l'alcool,  ont  fourni  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

Ogr.408  de  substance  ont  donné  Ogr.520  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  54,2  p.  %  de  brome; 

Ogr.518  de  substance  ont  donné  Ogr.406  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  54,3  p.  %  de  brome; 

Ogr.475  de  substance  ont  donné  Ogr.257  d'eau  et 
Ogr.7009  d'anhydride  carbonique. 

TROUVÉ.  CALCULÉ. 

Brome 54,2        54,1  54,06 

Hydrogène 5,56  5,40 

Carbone 40,25  40,54 

Ces  analyses  ont  été  faites  avec  des  échantillons  de 
préparations  différentes  et  conduisent  à  la  formule 
C|0H16Br2  de  l'hydrocamphène  bibromé. 


(567) 

Ce  dernier  peut  également  s'obtenir  par  l'action  de 
l'amalgame  de  sodium  sur  Phydrocamphène  télrabromé 
en  suspension  dans  l'eau  et  en  présence  de  l'acide 
acétique. 

L'action  de  l'amalgame  de  sodium  au  sein  d'un  milieu 
alcalin  fait  subir  à  Phydrocamphène  télrabromé  une 
transformation  du  même  genre.  On  obtient  d'abord  une 
huile  incolore  douée  d'une  odeur  de  térébenthine  et  au 
sein  de  laquelle  se  forment  à  la  longue  des  cristaux  d'hy- 
drocamphène  bibromé;  ces  cristaux,  exprimés  entre  des 
doubles  de  papier  et  purifiés  par  des  cristallisations  suc- 
cessives dans  l'alcool  ou  dans  l'acide  acétique,  ont  donné 
à  l'analyse  les  résultais  suivants  : 

Ogr.432  de  substance  ont  donné  Ogr.550  de  bromure 
d'argent,  correspondant  à  54,18  p.  °/0  de  brome; 

Ogr.485  de  substance  ont  donné  Ogr.237  d'eau  corres- 
pondant à  5,42  p.  %  d'hydrogène  et  Ogr.720  d'anhydride 
carbonique  correspondant  à  40,48  p.  %  de  carbone. 


Brome     . 
Hydrogène 
Carbone . 


Cette  dernière  méthode  n'est  pas  avantageuse  au  point 
de  vue  du  rendement. 

L'hydrocamphène  bibromé  est  une  substance  incolore, 
cristallisant  en  tables  hexagonales  biselées  sur  les  bords. 
Elle  est  douée  d'une  légère  odeur  de  térébenthine.  Elle 
est  soluble  dans  l'alcool,  Peiner,  le  chloroforme,  le  benzol, 
le  sulfure  de  carbone,  l'acétate  d'éthyle  et  l'acide  acétique. 


TROUVE. 

CALCULE. 

54,18 

54,06 

5,42 

5,40 

40,48 

40,54 

(  5(58  ) 

C'est  de  ce  clernierdissolvant  qu'elle  cristallisele  mieux  par 
évaporation  sponlanée.  Son  point  de  fusion  est  silué  à 
55°,5.  Sous  l'action  d'une  température  élevée,  elle  se 
décompose  en  dégageant  de  l'acide  bromhydrique. 

L'hydrocamphène  bibromé  peut  régénérer  l'hydrocam- 
phène  létrabromé  dont  il  dérive  :  il  suffit  pour  cela  de  le 
soumettre  à  l'action  du  brome,  en  observant  les  propor- 
tions théoriques.  Comme  j'avais  remarqué  que  l'action  de 
la  chaleur  nuit  à  la  formation  de  l'hydrocamphène  létra- 
bromé, j'ai  eu  soin  d'opérer  à  la  température  ordinaire. 

A  cet  effet,  j'ai  dissous  une  molécule  d'hydrocamphène 
bibromé  dans  du  chloroforme  et  j'y  ai  laissé  tomber  goutte 
à  goutte  deux  molécules  de  brome  en  agilant  continuel- 
lement. Il  n'y  a  pas  eu  d'élévation  sensible  de  tempéra- 
ture. Au  bout  de  quelques  jours  la  solution  chloroformique 
était  devenue  jaune  pâle  :  tout  le  brome  avait  été  absorbé. 
L'action  de  la  lumière  favorise  nolablement  la  réaction. 
La  solution  chloroformique  laisse  déposer  d'emblée  de 
beaux  cristaux  d'hydrocamphène  tétrabromé,  fusibles 
à  164°. 

Deux  dosages  de  brome  ont  fourni  les  résultats  sui- 
vants : 

Ogr.432  de  substance  ont  donné  Ogr. 716  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  70,51  p.  %  brome. 

Ogr.408  de  substance  ont  donné  Ogr.676  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  70,5  p.  °/.  brome  :  le  calcul 
exige  70,48  p.  °/o- 

Quelques  essais,  faits  en  vue  de  régénérer  l'hydrocam- 
phène létrabromé  en  partant  de  l'hydrocamphène  bibromé 
et  effectués  à  des  températures  élevées  ont  surtout  donné 
des  produits  huileux. 


v  5G9  ) 

Dans  l'espoir  d'obtenir  un  hydrocamphèue  irinromé, 
j'ai  dissous  dans  le  chloroforme  une  molécule  d'hydrocam- 
phène  bibromé,  sur  laquelle  j'ai  fait  agir  une  molécule  de 
brome.  Par  évaporalion  j'ai  obtenu  un  mélange  de  cris- 
taux que  j'ai  triés,  et  sur  la  nalure^desquels  il  était  diffi- 
cile de  se  tromper.  En  effet,  les  plus  gros  étaient  de 
l'hydrocamphène  létra brome. 

Un  dosage  de  brome  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Ogr.422  de  substance  ont  donné  Ogr  695  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  70,08  p.  °/„  brome. 

Les  autres  cristaux,  plus  petits,  étaient  de  l'hydrocam- 
phène bibromé  inaltéré.  Ils  fondaient  à  56". 

Un  dosage  de  brome  a  donné  les  résultats  suivants: 
Ogr.310  de  substance  ont  donné  Ogr.393  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  54,12  p.  °/0  brome. 

Action  de  la  potasse  caustique. 

L'hydrocamphène  tétrabromé  a  été  soumis  à  Tébulli- 
tion,  pendant  douze  heures,  au  réfrigérant  ascendant  en 
présence  d'un  excès  d'une  solution  alcoolique  de  potasse. 
Après  refroidissement  de  la  masse,  il  s'était  formé  de 
belles  aiguilles  prismatiques  brunes  que  j'ai  séparées  des 
eaux-mères.  Celles-ci,  traitées  par  l'eau,  ont  donné  une 
nouvelle  quantité  de  la  même  substance. 

Après  (iltration  et  lavages  à  l'eau  distillée,  j'ai  séché  lé 
produit  entre  des  doubles  de  papier  et  je  l'ai  dissous  dans 
l'alcool  bouillant.  Celte  solution  a  laissé  déposer,  par 
refroidissement,  de  magnifiques  aiguilles  prismatiques 
jaunâtres,  mais  qui  deviennent  incolores  après  quelques 
cristallisations  ou  mieux  encore  par  un  traitement  au  noir 
animal. 


(  570  ) 
L'analyse  de  ce  composé  a  fourni  les  résultais  suivants  : 

Ogr.420  de  substance  ont  donné  Ogr.636  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  64,36  p.  °/o  brome. 

Ogr.688  de  substance  ont  donné  Ogr.2168  d'eau  corres- 
pondant à  3,50  p.  %  hydrogène  et  Ogr.810  d'anhydride 
carbonique  correspondant  à  32,10  p.  °/0  carbone. 

TROUVÉ.  CALCULÉ. 


64  36 

64,34 

3,50 

3,48 

32,10 

32,17 

Brome 

Hydrogène  

Carbone 

Ogr  475  de  substance  ont  donné  Ogr.717  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  64,23  p.  °/0  brome. 

Ogr.511  de  substance  ont  donné  Ogr.772  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  64,28  p.  °/0  brome. 

Ogr.3346  de  substance  ont  donné  Ogr.395  d'anhydride 
carbonique  correspondant  à  32,18  p.  °/0  carbone  et  Ogr.105 
d'eau  correspondant  à  3,49  p.  °/0  hydrogène. 

TROUVÉ.  CALCULÉ. 

Brome 64,28        64,23  64,34 

Hydrogène  ....  3,49  3,48 

Carbone.     ....  32,18  32,17 

Ces  analyses  conduisent  à  la  formule  Cl0  H13  Br3,  qui 
est  celle  du  camphène  tribromé. 

Ce  composé  résulte  de  l'hydrocamphène  télrabromé  par 
soustraction  d'une  molécule  d'acide  bromhydrique  par  la 
potasse. 

Ct0Hl4Br4+  KOH  =  Ct0H1$Br,  -+-  KBr-+-  H40. 

Ce  résultai  ne  s'est  pas  modifié  quand  j'ai  fait  l'expé- 
rience en  vase  clos  à  100°  ou  même  à  180°. 

Le  camphène  tribromé  est  une  substance  incolore  et 


(  57i  ) 
inodore  lorsqu'elle  est  pure.  H  cristallise  par  le  refroidis- 
sement de  sa  solution  alcoolique  en  aiguilles  prismatiques, 
d'un  aspect  soyeux,  pouvant  atteindre  une  longueur  de 
plusieurs  centimètres.  Son  point  de  fusion  est  situé  vers 
72-73°.  Sous  l'influence  d'une  chaleur  plus  forte,  il  se 
décompose  avec  dégagement  d'acide  bromhydrique. 

Le  camphène  tribromé  est  soluble  dans  l'alcool,  l'éther, 
le  chloroforme,  le  benzol,  l'acétate  d'éthyle,  l'acide  acétique 
et  le  sulfure  de  carbone. 

J'ai  remarqué  que  lorsqu'on  asurlouten  vue  la  purification 
du  camphène  tribromé,  il  vaut  mieux  employer  l'acide  acé- 
tique comme  dissolvant,  tandis  que  si  l'on  veut  avant  tout 
obtenir  une  belle  cristallisation,  l'emploi  de  l'alcool  est 
préférable,  mais  dans  ce  cas  le  produit  conserve  une 
légère  odeur  de  térébenthine. 

Action  de  l'ammoniaque. 

L'hydrocamphène  télrabromé  a  été  chauffé  en  tubes 
scellés  à  150°,  pendant  quatre  heures,  avec  un  excès  de 
solution  alcoolique  de  gaz  ammoniac.  Après  refroidisse- 
ment, on  trouve  dans  les  lubes  des  cristaux  de  bromure 
d'ammonium.  Il  n'y  règne  aucune  pression.  On  traite  par 
l'eau  le  produit  de  la  réaction,  ce  qui  provoque  la  précipi- 
tation d'une  huile  jaunâtre,  laquelle  se  concrète  rapide- 
ment en  une  masse  cristalline  qu'on  dessèche  entre  des 
doubles  de  papier.  On  reprend  par  l'alcool  bouillant  :  par 
refroidissement,  on  obtient  une  cristallisation  en  petites 
paillettes  nacrées.  Vues  au  microscope,  ces  paillettes  se 
présentent  sous  la  forme  de  petites  tables  rectangulaires. 

L'analyse  de  cette  substance  a  fourni  les  résultats  sui- 
vants : 


(  872  ) 

Ogr.558  de  substance  ont  fourni  Ogr.460  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  5-4,67  p.  °/0  brome. 

Ogr.371  de  substance  ont  donné  Ogr.477  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  54,71  p.  %  brome. 

Ogr.3145  de  substance  ont  donné  Ogr.4735  d'anhydride 
carbonique  correspondant  à 41, 05  p.  °/0 carbone  et  Ogr.117 
d'eau  correspondant  à  4,13  p.  °/0  hydrogène. 

Ogr.594  de  substance  ont  donné  Ogr.8944  d'anhydride 
carbonique  correspondant  à  4 1,06  p.  %  carbone  et  Ogr.221 
d'eau  correspondant  à  4,12  p.  °/0  hydrogène. 

TROUVÉ.  CALCULÉ. 

I  II 

Brome 54,67        54,71         54,70 

Hydrogène 4,15  4,12  4,10 

Carbone 41,05    41,06    41,09 

Ces  analyses,  faites  avec  des  échantillons  de  prépara- 
tions différentes,  conduisent  à  la  formule  C10H)2Br2,  com- 
posé auquel  j'ai  donné  le  nom  de  camphylène  bibromé.  En 
effet,  il  est  à  l'hydrocamphène  et  au  camphène  comme 
l'acétylène  est  à  l'élhane  et  à  l'élhylène. 

Celle  substance  résulte  d'une  soustraction  de  deux 
molécules  d'acide  bromhydrique  aux  dépens  de  l'hydro- 
camphène lélrabromé.  L'ammoniaque,  dans  celte  réaction, 
a  donc  agi  avec  plus  d'énergie  que  la  potasse  alcoolique,  à 
l'aide  de  laquelle  je  ne  suis  jamais  parvenu  à  enlever  plus 
d'une  molécule  d'acide  bromhydrique  à  l'hydrocamphène 
tétra  brome. 

Le  camphylène  bibromé  est  une  substance  incolore, 
possédant  une  faible  odeur  de  térébenthine,  insoluble  dans 
l'eau,  soluble  dans  les  dissolvants  neutres,  fusible  à  52°  et 
distillant  vers  260°  sans  décomposition  apparente. 


(  575  ) 

Action  de  V oxyde  d'argent  humide. 

J'ai  chauffé  à  100°  en  tubes  scellés,  pendant  quatre 
heures  environ,  de  l'hydrocamphènc  létrabromé  dissous 
dans  l'acétate  d'éthyle  en  présence  d'un  excès  d'oxyde 
d'argent  humide.  Les  tubes  contenaient,  après  réaction, 
un  précipité  jaune  de  bromure  d'argent. 

Par  évaporation  de  l'acétate  d'élhyle,  une  huile  d'un 
jaune  sale  s'est  séparée.  Au  bout  de  quelques  jours  et 
sous  l'influence  de  la  lumière  ou  de  la  chaleur,  elle  était 
devenue  plus  foncée.  En  outre,  de  petits  cristaux  mame- 
lonnés s'en  étaient  déposés. 

Après  avoir  débarrassé  ces  derniers  de  l'huile  qui  les 
souillait,  je  les  ai  repris  par  l'alcool  chaud.  Ce  dissolvant 
a  déposé  par  refroidissement  des  aiguilles  prismatiques 
ayant  une  grande  analogie  avec  le  camphène  tribromé 
obtenu  par  l'action  de  la  potasse  alcoolique  sur  l'hydro- 
camphène  létrabromé  :  elles  en  possèdent  d'ailleurs  le 
point  de  fusion  (72u-73°). 

Une  analyse  de  ces  cristaux  a  conduit  aux  résultais  sui- 
vants : 

Ogr.420  de  substance  ont  donné  Ogr.654  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  64,23  p.  °j0  brome. 

Ogr.392  de  substance  ont  donné  Ogr.592  de  bromure 
d'argent  correspondant  à  64,26  %  brome. 

Ogr.445  de  substance  ont  donné  0gr.o25  d'anhydride 
carbonique  correspondant  à  32,17  p."/o  carbone  el  Ogr.141 
d'eau  correspondant  à  3,52  p.  %  hydrogène. 

TROUVÉ.  CALCULÉ. 

Brome 64,26        64,25  64,34 

Hydrogène    ....  3,52  3,48 

Carbone 52,17  32,17 


(  374  ) 

Ces  résultats  conduisent  à  la  formule  C,0H,3Br3  du 
camphène  tri  brome. 

On  peut  remplacer  clans  l'expérience  que  je  viens  de 
décrire  les  tubes  scellés  par  un  ballon  chauffé  au  bain- 
marie  muni  d'un  réfrigérant  ascendant.  La  réaction  se 
passe  tout  à  fait  de  la  même  manière,  avec  cette  diffé- 
rence qu'elle  n'est  complète  qu'après  six  ou  sept  heures 
de  chauffe. 

L'oxyde  J'argent  humide  s'est  donc  comporté  dans  cette 
expérience  comme  le  ferait  la  potasse  caustique  :  elle  a 
simplement  enlevé  une  molécule  d'acide  bromhydrique  à 
l'bydrocumphène  tétra brome. 

Je  me  propose  de  continuer  l'élude  des  dérivés  qui  font 
l'objet  de  cette  note.  J'espère  pouvoir  prochainement  com- 
muniquer de  nouveaux  résultats  à  l'Académie. 


Note  concernant  la  recherche  des  moments  fléchissants  et 
des  efforts  tranchants  qui  se  produisent  dans  une  poutre 
appuyée  à  ses  extrémités  et  fléchie  sous  Caclion  d'une 
surcharge  mobile;  par  le  capitaine  du  génie  G.  Léman. 

1.  Nous  nous  proposons  dans  cette  note  de  résoudre  le 
problème  suivant  : 

Étant  donnée  une  poutre  horizontale  appuyée  à  ses 
extrémités  et  soumise  à  l'action  d'un  certain  nombre  de 
charges  verticales  formant  système,  c'est-à-dire  qui  sont 
assujetties  à  rester  à  des  distances  constantes  les  unes  des 
autres,  calculer  pour  tous  les  points  de  la  pièce  le  maxi- 
mum du  moment  fléchissant  et  le  maximum  de  l'effort 
tranchant,  quand  le  système  des  charges  se  déplace  le  long 
de  la  poutre. 


(  575  ) 

Les  dilïicultés  réelles  que  l'on  rencontre  lorsqu'on  veut 
résoudre  cette  question  par  les  procédés  analytiques  nous 
ont  engagé  à  suivre  l'exemple  de  bon  nombre  d'ingénieurs 
et  à  nous  adresser  aux  méthodes  graphiques  pour  obienir 
la  solution  de  ce  problème  si  important  au  point  de  vue  de 
rétablissement  des  ponts  en  charpente. 

2.  Occupons-nous  d'abord  des  moments  fléchissants; 
mais  avant  de  considérer  des  charges  qui  se  meuvent,  on 
nous  permettra  de  rappeler  la  règle  senanl  à  déterminer 
par  le  dessin  les  moments  fléchissants  qui  se  produisent 
quand  le  système  des  charges  est  immobile  dans  une  posi- 
tion quelconque. 

Soit  (fig.  i)  M0M4  une  poutre  horizontale  appuyée  à  ses 
extrémités  et  supposons-la  fléchie  sous  l'action  de  trois 
charges  verticales  P,,  P2  et  P3  appliquées  respectivement 
aux  points  M„  M2  et  M3  Pour  obtenir  les  moments  fléchis- 
sants, nous  porterons  fur  une  même  verticale  et  bout  à 
bout  des  longueurs  ab,  bc  et  cd  proportionnelles  aux 
charges  Pt,  P2  et  P3;  nous  prendrons  ensuite  d'une  façon 
quelconque  mais  à  l'unité  de  dislance  de  la  droite  ad  un 
pôle  0  que  nous  joindrons  aux  points  a,  b,  c  et  d  par  des 
rayons  vecteurs  vu  y2,  t3  et  i'4.  Par  un  point  A  pris  arbi- 
trairement sur  la  verticale  du  point  M0,  nous  mènerons  une 
parallèle  AB  ou  V1  au  rayon  vecteur  v{  jusqu'à  la  ligne 
d'action  de  la  charge  P,,  puis  une  parallèle  BC  ou  V2  au 
rayon  vecteur  e2  jusqu'à  la  ligne  d'action  de  la  charge  P2, 
puis  CD  ou  V3  parallèlement  à  o3  jusqu'à  P3  et  enfin  DE 
ou  V4  parallèlement  à  u4  jusqu'à  la  verticale  du  point  M4. 
En  d'autres  termes,  après  avoir  construit  le  polygone  abcd 
des  charges  et  avoir  choisi  le  pôle  0,  nous  tracerons  un 
polygone  funiculaire  ABCDE  «lu  système  des  charges  par 


(57C  ) 

rapport  à  ce  pôle.  Ce  polygone  sera  fermé  par  le  côté  AE 
que  nous  nommerons  V^. 

Ces  opérations  étant  faites,  pour  avoir  le  moment  fléchis- 
sant en  un  point  quelconque  M  de  la  poutre,  il  suffira  de 
mener  la  verticale  MGF  du  point  M  :  le  segment  FC»  de 
cette  verticale,  compris  entre  les  côtés  du  polygone  funi- 
culaire, sera  le  moment  fléchissant  cherché.  L'ensemble 
des  moments  fléchissants  pour  tons  les  points  de  la  poutre 
sera  donné  par  l'ensemble  des  verticales  telles  que  FG 
limitées  par  le  contour  polygonal  ABCDE.  Ce  polygone  est 
donc  le  diagramme  des  moments  fléchissants. 

5.  Supposons  actuellement  que  les  trois  charges  P,,  P2 
et  P3  forment  système  et  que  ce  système  se  déplace  le  long 
de  la  poutre  M0M4. 

Considérons  d'abord  ces  charges  dans  une  première 
position,  leurs  points  d'application  étant  en  M-j ,  M,  et 
M3  (fig.  2),  et  traçons  pour  celle  position  le  diagramme 
^iV2V3V4Vb  des  moments  fléchissants,  d'après  la  règle 
que  nous  venons  d'indiquer. 

Supposons  ensuite  que  le  système  des  charges  vienne  à 
se  déplacer  de  gauche  à  droite  d'une  quantité  M4M't;  en 
prenant 

m8m;  =  m3ms  =  m,m;, 

les  trois  points  M',,  M'9  et  M'8  seront  les  nouvelles  posi- 
tions des  points  d'application  des  charges  dont  les  lignes 
d'action  seront  par  conséquent  M'jPV  M'2P  2  et  M'3P'3.  Si 
nous  appliquons  la  règle  une  seconde  lois,  en  ayant  soin 
de  ne  changer  ni  le  pôle  ni  le  polygone  des  forces  et  de 
conserver  le  point  A  comme  origine  du  polygone  funicu- 
laire, nousobliendrons  un  nouveau  diagramme  des  moments 
fléchissants  A  B'C'D'E'  ou  W\T2y\\\S'b. 


(  577  ) 

Ces  constructions  nous  permettent  de  constater  que  je 
moment  au  point  M  de  la  poutre,  qui  était  FG  pour  la  pre- 
mière position  de  la  surcharge,  est  devenu  F'C  pour  la 
deuxième  position.  Si  nous  choisissons  ensuite  une  troi- 
sième position  du  système  des  charges,  puis  une  quatrième, 
une  cinquième,  etc.,  finalement  une  »iième,  nous  pour- 
rons déterminer,  comme  nous  venons  de  le  faire,  le  dia- 
gramme des  moments  fléchissants  et  par  suite  le  moment 
fléchissant  au  point  M  pourchacuncdec.es  positions.  Nous 
aurons  ainsi  n  longueurs  telles  que  FG,  F'G',  dont  nous 
devrons  prendre  la  plus  grande,  qui  représentera  le 
moment  fléchissant  auquel  devrait  résister  au  point  M, 
une  poutre  M0M4  soumise  à  l'action  du  système  des  trois 
charges  Pt,  P2,  P5  ne  pouvant  occuper  que  les  n  positions 
choisies.  Il  en  résulte  qu'en  opérant  de  cette  façon,  on  ne 
sera  jamais  sûr  d'obtenir  le  moment  fléchissant  maximum 
pour  un  point  donné  de  la  poutre,  quelque  grand  que  soit 
le  nombre  de  positions  attribuées  à  la  surcharge. 

Le  procédé  que  nous  allons  faire  connaître  donnera  ce 
maximum  pour  n'importe  quel  point  de  la  poutre  avec 
toute  l'exactitude  qie  peut  fournir  le  dessin. 

4.  Observons, en  effet,  que  les  diagrammes  V,V2V3V4V5 
et  V^V'aV'sV^V'îj  ont  le  sommet  A  commun,  les  côtés  V, 
et  V^  dirigés  suivant  la  même  ligne  droite  parallèle  au 
rayon  vecteur  v^  que  les  côtés  V4  et  V'4  sont  parallèles  et 
que  les  autres  côtés  sont  deux  à  deux  égaux  cl  parallèles 
à  l'exception  de  V5  et  de  V'5  qui  ont  des  directions  et  des 
longueurs  différentes.  Il  s'ensuit  que  si  l'on  regarde  le 
premier  diagramme  comme  une  figure  qui  varie  en  même 
temps  que  la  surcharge  se  meut,  les  lieux  géométriques 
décrits  par  les  sommets  B,  C  et  D  de  cette  ligure  seront 
des  parallèles  au  premier  rayon  vecteur  w,  du  polygone 
des  forces. 


(  378) 

Celle  remarque  fournil  un  moyen  simple  de  construire 
le  diagramme  correspondant  à  une  position  quelconque 
du  système  des  charges  définie  seulement  par  la  ligne 
d'action  de  l'une  d'elles,  M'jP',  par  exemple,  connaissant 
un  autre  diagramme  ABCDE.  Car,  après  avoir  mené  par 
les  sommets  B,  C  et  D  de  celte  figure  les  parallèles  R,,  R3 
et  R5  à  vi  et  après  avoir  déterminé  par  la  rencontre  des 
droites  R,  et  M\P\  la  position  du  sommet  B',  il  suffira  de 
tracer  la  ligne  brisée  B'C'D'E'de  façon  que  ses  côlés  soient 
parallèles  à  ceux  de  la  ligne  BCDE  et  que  ses  sommets 
C,  D'  et  E'  soient  sur  les  droites  R2,  R5  et  M4  E. 

En  appliquant  cette  construction  au  cas  où  le  système 
des  charges  occupe  sa  position  initiale,  la  force  P4  agis- 
sant en  M0,  puis  au  cas  où  ce  système  atteint  sa  position 
finale,  la  charge  P3  étant  arrivée  en  M4,  on  trouvera  pour 
les  diagrammes  les  polygones  ASTU  et  AXYZ  qui  seront 
respectivement  la  première  el  la  dernière  position  de  la 
figure  variable  ABCDE. 

5.  Or,  si  nous  prenons  le  plan  de  la  figure  comme  plan 
horizontal  de  projection,  nous  pourrons  supposer  que  tous 
les  diagrammes  que  l'on  peut  concevoir  entre  ASTU  et 
AXYZ  soient  transportés  dans  des  plans  horizontaux  de 
telle  manière  que  les  projections  horizontales  soient  préci- 
sément ces  diagrammes  tels  qu'ils  se  trouvent  dans  le 
plan  de  la  ligure.  Pour  fixer  la  position  des  diagrammes 
ainsi  déplacés,  nous  choisirons  un  plan  vertical  de  pro- 
jection passant  par  UZ  et  nous  mènerons  dans  ce  plan  et 
par  le  point  Z  une  droite  quelconque  (ZU,  ZUV)  ('),  que 


(*)  Nous  désignerons  tes  droites  et  les  points  de  l'espace  par  les  lettres 
qui  nomment  leurs  deux  projections.  Les  projections  verticales  serett 
notées  à  l'aide  des  mêmes  lettres  que  les  projections  horizontales  corres- 
pondantes, mais  en  affectant  ces  lettres  de  l'exposant  v. 


(  579  ) 
nous  regarderons  comme  étant  le  lieu  des  sommets 
(UUV)....(EEV)....(Z)  de  ces  diagrammes.  Dès  lors,  le  dia- 
gramme ABCDE  se  trouvera  dans  le  plan  horizontal  Q, 
le  diagramme  ASTU  dans  le  plan  horizontal  H  et  le  dia- 
gramme AXYZ  dans  le  plan  horizontal  lui-même. 

L'ensemble  des  diagrammes  formera  donc  un  solide 
limité  de  la  façon  suivante  : 

A  la  partie  inférieure,  par  une  hase  située  dans  le  plan 
horizontal  et  dont  la  projection  est  AXYZ; 

A  la  partie  supérieure,  par  une  base  (ASTU,  AVSVTVUV); 

Antérieurement,  par  une  surface  polyédrale  dont  les 
arêtes  sont  (A,  A'AV),  (R,R,V),  (R2R,V),  (R3R3V),  (UZ,UVZ); 

Postérieurement,  par  un  paraboloïde  hyperbolique  ayant 
comme  directrices  les  droites  (A,  A'Avj  et  (UZ,  UVZ)  et 
comme  plan  directeur  le  plan  horizontal  de  projection  ;  ce 
paraboloïde  admet,  du  reste,  le  plan  vertical  de  projection 
comme  second  plan  directeur. 

Le  solide  que  nous  venons  d'imaginer  peut  être  consi- 
déré comme  le  diagramme  de  tous  les  moments  fléchis- 
sants qui  se  produisent  aux  divers  points  de  la  poutre  et 
pour  touîes  les  positions  de  la  surcharge.  En  effet,  le 
segment  que  la  surface  de  ce  solide  découpe  sur  toute 
parallèle  à  la  ligne  de  terre  représente,  pour  une  certaine 
position  des  charges,  le  moment  fléchissant  au  point  de  la 
poutre  situé  dans  le  plan  projetant  horizontalement  cette 
parallèle.  H  suffit  pour  s'en  convaincre  de  mener  par  la 
parallèle  dont  il  s'agit  un  plan  horizontal  qui  coupera  le 
solide  suivant  une  figure  qui  se  confondra  en  projection 
horizoulale  avec  le  diagramme  des  moments  fléchissants 
relatifs  à  celte  position. 

6.  Cela  posé,  si  par  un  point  quelconque  M  de  la  poutre 
nous  menons  un  plan  parallèle  au  plan  vertical,  ce  plan 
coupera  le  solide  suivant  une  section  qui  sera  le  dia- 


(  580  ) 
gramme  des  moments  fléchissants  au  point  M  pour  toutes 
les  positions  de  la  surcharge.  Le  plan  sécant  étant  paral- 
lèle au  plan  directeur  vertical  du  paraholoïde,  la  section 
sera  polygonale,  en  sorte  que  pour  obtenir  le  moment  flé- 
chissant maximum  au  point  M,  il  suffira  de  choisir  parmi 
les  parallèles  à  la  ligne  de  terre  menées  par  les  sommets 
de  la  section  et  limitées  à  son  périmètre,  celle  qui  sera  la 
plus  grande.  Les  mêmes  constructions  devront  être  répé- 
tées pour  les  autres  points  de  la  poutre. 

Mais  de  ce  que  le  maximum  pour  chaque  plan  sécant  est 
donné  par  une  droite  issue  d'un  des  sommets  de  la  section, 
et  de  ce  que  ces  sommets  sont  situés  sur  les  arêtes  du 
solide,  on  peut  conclure  que  c'est  uniquement  parmi  les 
moments  fléchissants  représentés  par  des  droites  parlant 
de  ces  arêtes  qu'il  faudra  choisir  les  maximums  pour  les 
divers  points  de  la  pièce  fléchie.  On  obtiendra  donc  les 
moments  dont  nous  venons  de  parler,  les  seuls  qu'il  faille 
encore  envisager,  en  menant  par  les  arêtes  des  plans 
parallèles  à  la  ligne  de  terre  et  en  cherchant  les  portions 
de  ces  plans  comprises  dans  le  solide. 

Pour  les  arêtes  des  bases,  les  opérations  sont  toutes 
faites  et  les  moments  fléchissants  sont  donnés  par  les  dia- 
grammes (ASTU)  et  (AXYZ),  (6g.  3).  Pour  les  arêtes 
(R,R|V),  (Raiy),  (RstV)  les  plans  à  mener  sont  parallèles 
à  l'intersection  des  plans  directeurs,  ils  coupent  doue  le 
paraholoïde  suivant  des  paraboles  que  l'on  peut  construire 
aisément  par  les  procédés  de  la  géométrie  descriptive;  ces 
paraboles  se  projettent  horizontalement  en  Ax'X,,  SiWjY/ 
et  T,L|Z,  les  moments  fléchissants  correspondants  for- 
ment les  diagrammes  AXX^x',  SYY1W1S1  et  TZL,T4. 

Nous  ferons  remarquer  immédiatement  que  la  parabole 
S1W,Y,  admet  au  point  W,  situé  entre  S,  et  Y^  une  tan- 
gente parallèle  à  SY  et  à  laquelle  répond  un  moment  flé- 


(S8<  ) 
chissant  WW,  qui  peut  être  dans  certains  cas  le  moment 
fléchissant  maximum  absolu  auquel  la  poutre  doive  résis- 
ter; c'est  précisément  ce  qui  se  présente  pour  les  données 
de  notre  épure.  Cette  observation  montre  tout  l'intérêt 
qu'il  peut  y  avoir  à  déterminer  le  point  W1  avec  une 
entière  exactitude;  elle  prouve  aussi  l'avantage  qu'on  retire 
de  la  solution  actuelle  en  ramenant  celte  détermination  à 
un  problème  que  la  géométrie  descriptive  résout  avec  une 
extrême  simplicité  (*). 

7.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  reste  encore  à  choisir  dans 
tout  plan  parallèle  au  plan  vertical  quel  est  le  plus  grand 
des  moments  fléchissants  donnés  par  les  diagrammes 
ASTU,  AXYZ,  AXX,x',  SYY,\V1S1  et  TZ^T,.  Cornue  il 
ne  faut  considérer  que  les  longueurs  des  droites,  paral- 
lèles à  UZ,  comprises  dans  ces  diverses  figures,  nous  faci- 
literons nos  comparaisons  en  faisant  glisser  toutes  ces 
droites  suivant  leurs  propres  directions  jusqu'à  ce  que 
leurs  extrémités  supérieures  viennent  se  ranger  sur  l'ho- 
rizontale M0M4.  Nous  formerons  de  celte  manière  deux 

(')  La  langente  dont  il  s'agit  est,  en  eiïet,  la  projection  horizontale  de  la 
tangente  dans  l'espace  à  la  courbe  d'intersection  du  paraboloïde  avec  le 
plan  sécant  parallèle  à  UZ  mené  par  l'arête  (R2IV),  intersection  qui  se  pro- 
jette horizontalement  suivant  la  parabole  StW,Y,;  la  tangente  dans  l'espace 
sera  donc  parallèle  à  cette  arête.  Pour  déterminer  cette  tangente  dans  l'es- 
pace et  par  conséquent  pour  trouver  le  moment  fléchissant  maximum 
absolu,  on  mènera  au  paraboloïde  un  cylindre  circonscrit  dont  les  généra- 
trices seront  parallèles  à  (R2R2V);  la  courbe  de  contact  de  ce  cylindre  étant 
une  parabole  dont  le  plan  parallèle  à  la  ligne  tie  terre  est  diamétral  con- 
jugué de  la  direction  (R,R2V),  il  suffira,  pour  obtenir  ce  plan,  de  chercher 
un  point  de  la  parabole,  de  prendre  le  milieu  d'une  corde  conjuguée  située, 
pour  plus  de  facilité,  dans  le  plan  tangent  eu  ce  point  au  paraboloïde  et 
de  mener  par  ces  deux  points  un  plan  parallèle  à  la  ligne  de  terre.  L'in- 
tersection du  plan  de  la  courbe  de  contact  et  du  plan  sécant  percera  le 
paraboloïde  au  point  de  contact  delà  langente  cherchée. 

3me  SÉRIE,  TOME  IX.  40 


(  582  ) 

nouveaux  diagrammes  polygonaux  M0xyMAi  M0s/M4  ayant 
comme  base  commune  M0M4  et  trois  diagrammes  parabo- 
liques M0x"xxq,  SqSwijijq  et  l0tnn"Mi  ayant  leurs  bases  sur 
la  même  horizontale;  nous  aurons  ainsi  transformé  les 
premiers  diagrammes  en  d'autres  qui  leur  sont  équivalents 
puisqu'ils  fournissent  par  des  ordonnées  verticales  les 
mêmes  moments  fléchissants  que  les  premiers  et  pour  les 
mêmes  points  de  la  poutre,  mais  avec  cet  avantage  que  ces 
ordonnées  sont  comptées  à  partir  d'une  droite  unique. 

A  l'aide  de  diverses  portions  convenablement  choisies 
sur  les  contours  des  diagrammes  ainsi  transformés,  nous 
pourrons  enfin  composer  la  ligne  fermétïM0x"xfswynn"MAM. 
qui  les  enveloppe  tous  et  qui,  par  suite  de  la  nouvelle  dis- 
position de  la  ligure,  constituera  le  périmètre  du  dia- 
gramme des  moments  fléchissants  maximums  en  tous  les 
points  de  la  poutre.  Ce  diagramme,  que  nous  avons  dis- 
tingué par  des  hachures,  résout  la  première  partie  du  pro- 
blème que  nous  nous  sommes  proposé. 

8.  Toutefois,  pour  que  le  diagramme  puisse  se  con- 
struire avec  exactitude,  il  est  nécessaire  qu'on  sache  fixer 
d'une  manière  précise  les  intersections  des  divers  contours 
qui  servent  à  le  déterminer.  Nous  n'avons  évidemment 
pas  à  nous  préoccuper  des  intersections  qui  résultent  de 
la  rencontre  de  lignes  droites,  mais  nous  allons  montrer 
comment  on  peut  trouver  un  point,  tel  que  le  point  n,  pro- 
venant de  la  rencontre  d'un  contour  parabolique  avec  un 
contour  rectiligne. 

Pour  que  le  point  n  soit  effectivement  le  point  d'inter- 
section de  la  parabole  tn"MA  avec  la  droite  ?/M4,  il  faut 

qu'on  ait 

n0n  =  NN,  =  LL,. 

Mais  puisque  NNj  et  LL,  sont  les  projections  de  deux 
droites  parallèles  à  la  ligne  de  terre,  ces  droites  elles- 


(  585  ) 

mêmes  sont  égales  et  parallèles  et  forment  par  consé- 
quent les  deux  côtés  opposés  d'un  parallélogramme;  des 
deux  autres  côtés  qui  se  projettent  horizontalement  en 
L,N,  et  en  LN,  le  premier  est  une  génératrice  du  parabo- 
loïde  et  le  second  une  droite  du  plan  passant  par  les  arêtes 
(R2R2V)  et  (R3R3V).  11  en  résulte  que  pour  obtenir  la  posi- 
tion du  point  »,  il  suffira  de  chercher  quel  est  le  plan  LjNj, 
parallèle  au  plan  vertical,  qui  coupe  le  paraholoïde  et  la 
face  (R2R2Y)  suivant  deux  parallèles  et  de  déterminer  en- 
suite le  point  de  rencontre  de  la  droite  L^  avec  la  droite 
wM4.  Les  opérations  graphiques  à  faire  dans  ce  but  ne 
souffrent  aucune  difficulté. 

On  agirait  d'une  façon  analogue  pour  trouver  le  point 
de  rencontre  de  deux  contours  paraboliques. 

9.  Occupons-nous  maintenant  des  efforts  tranchants  et 
commençons  par  rappeler  la  règle  à  suivre  pour  déter- 
miner ces  efforts  lorsque  les  charges  sont  immobiles, 
ainsi  que  nous  l'avons  fait  pour  les  moments  fléchissants. 

Le  polygone  des  forces  étant  abcd  (lig.  1)  et  le  pôle 
étant  en  0,  nous  mènerons  par  le  point  0  une  parallèle  Oe 
ou  rb  au  côté  V5  du  polygone  funiculaire  ABCDE,  celte 
parallèle  rencontrera  en  e  la  droite  ad;  de  et  ea  seront  les 
réactions  des  appuis  M4  et  Mo;  ea,  eb,  ec  et  ed  les  efforts 
tranchants  respectivement  en  tous  les  points  des  inter- 
valles MqM^  M1M2,  M2M3  et  M5M4.  Les  rectangles  A ,«, 
(Î|B,,  B,6|71C1,  (V'^jD,  et  IW]E,  constitueront  donc  le 
diagramme  des  efforts  tranchants  aux  divers  points  de  la 
poutre. 

Ces  constructions  prouvent  qu'il  suffit  de  calculer  les 
efforts  tranchants  aux  points  d'application  des  charges, 
pour  avoir  les  valeurs  de  ces  efforts  en  tous  les  autres 
points  de  la  pièce  fléchie. 

10.  Appliquons  actuellement  la   règle   précédente  au 


(  584  ) 
cas  d'une  surcharge  mobile,  el  bornons  nous  à  estimer  les 
efforts   tranchants  aux   points  d'application  des  charges, 
comme  nous  le   permet  la    remarque  que   nous  venons 
de  faire. 

Pour  une  première  position  PjP^  «le  ces  charges 
(fig.  2),  les  efforts  tranchants  doivent  être  comptés  à 
partir  de  l'horizontale  A^  issue  de  l'extrémité  e  de  la 
parallèle  Oe  à  AE,  comme  nous  le  savons  déjà;  ces  efforts 
tranchants  vaudront  Bj^  et  1^6,  au  point  M{,  C.^  et 
C1c1  au  point  iVI2,  D^i  et  D^  au  point  M3. 

Cela  fait,  laissons  momentanément  de  côté  les  charges 
P2  el  P3  pour  nous  occuper  exclusivement  des  efforts  tran- 
chants qui  se  développent  aux  points  d'application  de  la 
charge  P,  lorsque  celle-ci  se  déplace  avec  le  système  de 
forces  dont  elle  fait  partie.  Si  nous  considérons  d'abord  la 
position  initiale  du  système,  la  charge  P.,  étant  en  M0,  et 
si  nous  menons  le  rayon  vecteur  Ou  parallèlement  à  AU 
puis  l'horizontale  mB0  par  le  point  u,  les  efforts  tranchants 
au  point  M0  seront  B0(30  et  B060.  Pour  la  position  finale, 
]a  charge  P3  étant  en  M4  et  la  charge  P,  en  m,  les  efforts 
tranchants  en  ce  dernier  point  seront  Bxfix  el  Bxbx;  ils 
seront  comptés  à  partir  de  l'horizontale  ZKz  issue  de 
l'extrémité  z  du  rayon  vecteur  Oz  parallèle  à  AZ. 

11.  Nous  allons  démontrer  que  la  droite  B0BX  est  le 
lieu  géométrique  décrit  par  le  point  B,  quand  les  charges 
se  meuvent  et  nous  allons  prouver  que  cette  droite  est 
parallèle  à  la  direction  DÔA4  suffisamment  définie  par- 
la figure.  Le  point  Bx  n'étant  qu'une  position  particulière 
du  point  B,,  la  démonstration  sera  faite  si  nous  montrons 
que  le  rapport  ~-^  est  égal  au  rapport  ^f-  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  si  nous  établissons  l'égalité  des  deux 

_    ,     A«B«     .  AA' 

rapports -V  el— j-. 

1  '  AjBo        ad 

Or,  si  l'on  mène  EX  parallèlement  à  AX  et  si  l'on  trace  la 


(  585  ) 

bailleur  h  du  triangle  U/E,  les  longueurs  AjB,  et  ///  seront 
égales  puisqu'elles  sont  l'une  et  l'autre  les  projections  sur 
l'horizontale  des  droites  égales  et  parallèles  AB  et  E>; 
d'ailleurs,  comme  A1B0  et  eu  sont  aussi  des  droites  égales, 
on  aura 

A,B,       }>j 

A  |  B0       eu 

Mais  les  triangles  U^E  et  aOd  sont  deux  triangles  sem- 
blables et  il  en  est  de  même  des  triangles  U  AE  et  uOe;  on 
pourra  donc  écrire  les  proportions 

>>,       00'  UE_AA' 

ÏÏÊ  =  ad       e         eu  ~~  Ô(F  ' 

00'  étant  la  hauteur  du  triangle  aOr/.On  en  déduit  l'égalité 

A,B,        Ivj        AA' 
A|B0       eu        ad 

;  de  là  que  les  efforts  tranchants  qui  se 
produisent  aux  diverses  positions  occupées  par  le  point 
d'application  de  la  charge  P,  sont  donnés  par  les  deux 
diagrammes  trapézoïdaux  j30(3xBxB0  et  606XBXB0. 

En  considérant  ensuile  les  points  d'application  des 
charges  P2  et  P3,  on  trouvera  les  diagrammes  y07xCxC0  et 
cQc£xC0,  £03xDxD0  et  rf0r/„D,D0,  limités  également  par  des 
parallèles  C0Cxet  Dq!)x  à  la  droite  D^A*. 

Enfin,  pour  la  partie  ml  de  la  poutre,  comprise  entre  les 
verticales  [3XBX  et  yo^o»  l'effort  tranchant  maximum  est 
constant  parce  que  dans  le  mouvement  que  nous  exami- 
nons les  charges  ne  passent  jamais  entre  les  points  m  et  l; 
cet  effort  équivaut  du  reste  pour  chaque  position  de  la  sur- 
charge à  l'effort  tranchant  qui  se  développe  au  point  d'ap- 
plication de  P2,  et  comme  l'effort  en  ce  point  admet  C0y0 


(  586  ) 

pour  valeur  maximum,  ou  voit  que  le  rectangle  ^ry0C0fc 
est  le  diagramme  qui  convient  à  cette  partie  de  la  pièce. 

13.  Pour  rechercher  finalement  entre  les  efforts  tran- 
chants donnés  par  ces  diagrammes  quels  sont  les  efforts 
maximums  aux  divers  points  de  la  poutre,  transportons 
ces  figures,  comme  nous  l'avons  fait  pour  les  moments 
fléchissants,  en  faisant  glisser  suivant  leurs  propres  direc- 
tions toutes  les  droites  qui  représentent  des  efforts 
tranchants  jusqu'à  ce  que  leurs  extrémités  supérieures 
viennent  toucher  l'horizontale  M0M4;  nous  obtiendrons 
ainsi  de  nouveaux  diagrammes  polygonaux  ayant  tous 
un  côté  sur  celte  horizontale.  Le  contour  MohijkpqryMif 
formé  de  portions  choisies  sur  les  périmètres  de  ces  poly- 
gones de  façon  à  les  envelopper  tous,  limitera  le  diagramme 
des  efforts  tranchants  maximums  que  l'on  cherche. 

La  détermination  exacte  de  ce  contour  enveloppant  ne 
demandera  aucune  construction  nouvelle  puisqu'il  résulte 
de  la  combinaison  de  lignes  brisées  dont  les  points  de 
rencontre  se  marqueront  sur  le  dessin  avec  toute  la 
précision  désirable,  aussi  peut-on  considérer  la  seconde 
partie  du  problème  comme  entièrement  résolue  par  le 
diagramme  dont  il  s'agit,  que  nous  avons  du  reste  distingué 
en  le  recouvrant  de  hachures. 

14.  Si  la  surcharge  était  composée  de  plus  de  trois 
forces  et  si  l'on  voulait  envisager  son  mouvement  depuis 
l'instant  où  la  première  charge  s'engage  sur  la  poutre  jus- 
qu'au moment  où  la  dernière  la  quitte,  on  calculerait  les 
moments  fléchissants  et  les  efforts  tranchants  comme 
nous  venons  de  le  faire  dans  l'hypothèse  spéciale  que 
nous  avons  traitée.  Les  développements  dans  lesquels 
nous  sommes  entré  nous  paraissent  de  nature  à  ne  laisser 
aucun  doute  sur  la  généralité  de  la  solution  que  nous 
présentons. 


POUTRE  APPUYEE  A  SES    EXTREMITES    KT  FLECHIE  SOUS  L'ACTION  DE  CHARGES   MOBILES. 


"- 

, 

I 


(  587  ) 


CLASSE   DES  LETTRES. 


Séance  du   /er  juin   1885. 

M.  Ch.  Piot,  directeur,  président  (Je  l'Académie. 
M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.  Willems,  vice-directeur  ; 
Gachard,  P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  Th.  Juste,  Alph. 
Wauters,  A!ph.  Le  Roy,  A.  Wagener,  F.  Tielemans, 
G.  Rolin-Jaequemyns,  S.  Bormans,  Ch.  Potvin,  J.  Stecher, 
Aug.  Scheler,  J.  Gantrelle,  membres;  J.  Nolet  de  Brau- 
were  van  Sleeland,  associé;  G.  Tiberghien  et  L.  Vander- 
kindere,  correspondants. 

Après  la  lecture  du  procès-verhal,  M.  Wauters  se  lève 
et  prononce  les  paroles  suivantes  : 

a  Messieurs, 

*  La  Belgique  témoigne  en  ce  moment  toute  sa  recon- 
naissance à  la  mémoire  de  l'un  de  ses  plus  illustres 
hommes  d'Étal. 

»  Au  moment  où  s'accomplissent  les  funérailles  de 
Charles  Rogier,  l'Académie  ne  peut  que  s'associer  à  cette 
si  grandiose  manifestation  à  l'égard  de  l'ancien  Ministre 
qui  a  donné  tant  de  marques  de  sympathie  aux  lettres, 
aux  sciences  et  aux  arts. 

»  Aussi  je  vous  propose  d'expédier  les  affaires  urgentes 
et  de  lever  la  séance  en  signe  de  deuil. 

»  La  Classe  des  lettres  ayant  été  la  première  à  tenir  sa 
séance  mensuelle  et  celte  date  coïncidant  avec  le  jour  des 


(  588  ) 

funérailles  de  Charles  Rogier,  je  ne  doute  pas  que  les 
Classes  des  beaux-arts  et  des  sciences  ne  s'associent  de 
tout  cœur  à  mes  paroles,  d  —  Cette  motion  est  unanime- 
ment applaudie. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Gouverneur  du  Brabant  a  écrit  à  l'Académie,  sous 
la  date  du  29  mai  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  informer  qu'un  service 
funèbre  sera  célébré  le  lundi  1er  juin,  à  midi,  dans 
l'église  des  SS.  Michel  et  Gudule,  pour  M.  Charles  Rogier. 

»  Une  place  sera  réservée  à  MM.  les  académiciens. 

»  La  réunion  des  invités  aura  lieu  lundi,  à  11  heures, 
à  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles,  dont  la  cour  centrale  sera 
transformée  en  chapelle  ardente.  » 

M.  le  secrétaire  perpétuel  fait  savoir  qu'il  s'est  empressé 
de  transmettre  cette  invitation  aux  membres,  aux  corres- 
pondants et  aux  associés  résidents  de  l'Académie. 

D'accord  avec  M.  le  directeur  de  la  Classe  des  lettres,  il 
a  également  informé  les  membres  que  la  réunion  de  ce 
jour  ne  s'ouvrirait  qu'à  2  heures. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  des  Travaux 
publics  adresse  une  expédition  de  l'arrêté  royal,  en  date 
du  13  mai,  qui  approuve  l'élection  de  M.  Ganlrelle  en 
qualité  de  membre  titulaire  de  la  Classe. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  envoie,  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Académie,  la  7e  année  de  V Annuaire  de  l'In- 
stitut de  droit  international  (1883-1885). 

—  MM.  Gantrelle, élu  membre;  Van  Beers  elFrédérix, 


(  589  ) 

élus  correspondants;  Sully-Prudhomme,  Nicolas  Beels,  le 
chevalier  von  Hoefler  et  Marco  Minghetli,  élus  associés, 
adressent  leurs  remercîments. 

—  M.  J.  Van  Droogenbroeck  remercie  la  Classe  pour 
le  prix  accordé  à  son  mémoire  de  concours  sur  la 
méliique  grecque  et  latine  appliquée  à  la  poésie  néer- 
landaise. 

Des  remercîments  sont  aussi  adressés  à  la  Classe  par 
Mlle  Virginie  Loveling,  par  MM.  Ern.  Discailles,  Léon  Fre- 
dericq  et  J.  Mac  Leod,  pour  les  prix  qu'ils  ont  remportés 
au  concours  De  Keyn. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  adresse  un  exem- 
plaire de  l'arrêté  royal  suivant  du  20  avril,  relatif  aux  prix 
du  Roi  à  décerner  en  18S6,  1887  et  1888. 

Art.  1er.  Le  prix  à  décerner  en  1886  (concours  exclu- 
sivement belge)  sera  attribué  à  l'ouvrage  le  mieux  conçu 
pour  développer  chez  la  jeunesse  belge  l'intelligence  et  le 
goût  des  littératures  anciennes  et  modernes. 

Le  prix  à  décerner  en  1887  (concours  exclusivement 
belge)  sera  attribué  à  l'ouvrage  qui  démontrera  le  mieux 
de  quelle  manière  la  Belgique  doit  comprendre  son  rôle 
dans  la  grande  famille  européenne,  tant  au  point  de  vue 
politique  et  intellectuel  qu'au  point  de  vue  matériel,  pour 
servir  le  mieux  ses  propres  intérêts  en  même  temps  que 
ceux  de  la  civilisation  en  général. 

Le  prix  à  décerner  en  1888  (concours  exclusivement 
belge)  sera  attribué  au  meilleur  ouvrage  sur  l'enseigne- 
ment des  arts  plastiques  en  Belgique  et  sur  le  moyen  de 
développer  l'art  en  Belgique  et  de  le  porter  à  un  niveau 
de  plus  en  plus  élevé. 


(  5^0  ) 

Art.  2.  Les  ouvrages  destinés  à  ces  concours  devront 
être  transmis  au  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie 
et  des  Travaux  publics,  à  savoir  :  pour  le  prix  à  décerner 
en  1886,  avant  le  1er  octobre  1886,  et  pour  les  deux 
autres,  respectivement  avant  le  1er  janvier  des  années 
1887  et  1888. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt  dans  les  archives  d'un 
billet  cacheté,  daté  de  Liège  le  29  juin  1885,  adressé 
par  M.  Horace  de  Puydl,  directeur  du  contentieux  de  la 
même  ville. 

—  M.  Aug.  Scheler,  membre  de  la  Classe,  soumet  à 
l'appréciation  de  ses  confrères  un  travail  manuscrit  inti- 
tulé :  Le  Cathoikon  de  Lille;  glossaire  latin-français, 
publié  en  extraits  et  annoté.  —  Commissaires  :  MM.  Ste- 
cher,  Gantrelle  et  Bormans. 

—  Mme  veuve  L.  Hymans  fait  hommage  des  livraisons 
31-33  (fin)  de  l'ouvrage  '.Bruxelles  à  travers  les  âges.  — 
Remercîments. 

—  La  Classe  reçoit  encore,  à  litre  d'hommage,  les 
ouvrages  suivants,  au  sujet  desquels  elle  vote  des  remer- 
cîments aux  auteurs  : 

1°  Œuvres  de  Sully  Prudhomme,  associé  de  la  Classe, 
poésies  1865-1867,  1868-1878;  prose  1883.  Édit.  in-8°; 

2°  Elogio  funèbre  di  Giuseppe  de  Spuches,  par  Vin- 
cenzo  di  Giovani,  associé  de  la  Classe  ; 

3°  Cours  complet  de  pédagogie  et  de  méthodologie,  par 
Th.  Braun; 

4°  a)  Charles  Rogier  ;  h)  Frédéric  de  Mérode;  c)  Gode- 
froid  de  Bouillon;  d)  Baudouin  de  Constantinople,  par 
R.  Harlhung. 


(  591  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-ARTS. 


Séance  du  4  juin  1885. 

M.  Pauli,  directeur. 

M.  Liagre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L.  Alvin,  vice- directeur  ;  Jos.  Geefs, 
C.-A.  Fraikin,  Éd.  Félis,  le  chevalier  Léon  de  Burbure, 
Ern.  Slingeneyer,  Al.  Robert,  Jos.  Schadde,  Th.  Radoux, 
Jos.  Jaquet,  J.  Demannez,  P.-J.  Clays,  Charles  Verlat, 
G.  De  Groot,  Gust.  Biot,  H.  Hymans,  membres;  Jos.  Slal- 
laert,  Al.  Markelbach,  le  chevalier  Edm.  Marchai  et  Jos.  Du 
Caju,  correspondants. 

MM.  Mailly,  membre  de  la  Classe  des  sciences,  et 
R.  Chalon,  membre  de  la  Classe  des  lettres,  assistent  à  la 
séance. 


CORRESPONDANCE 


La  Classe  prend  acte  de  la  mort  de  l'un  de  ses  associés, 
M.  Ferdinand  Hiller,  directeur  du  Conservatoire  de 
Cologne,  décédé  dans  cette  ville,  au  mois  de  mai  dernier, 
à  l'âge  de  74  ans. 


(  592  ) 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  écrit  qu'il  a  transmise  M.  le  président  de 
la  Chambre  des  Représentants  le  vœu  manifesté  par  la 
Classe  des  beaux-arts,  relativement  au  projet  de  loi  sur  la 
propriété  littéraire  et  artistique,  dont  la  Législature  est 
saisie  depuis  plusieurs  années. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître  à  celle  occa- 
sion, ajoute  M.  le  Ministre,  que  le  rapport  concernant  ledit 
projet  est  actuellement  sous  presse  et  que  celui-ci  pourra, 
je  l'espère,  être  voté  dans  le  cours  de  la  présente  session.  » 

—  Le  même  Ministre  envoie,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Académie,  un  exemplaire  des  parties  religieuse  et  pro- 
fane, année  1885,  de  la  publication  intitulée  :  Trésor 
musical,  par  R.  Van  Maldeghem.  —  Remercîments. 


CONCOURS  ANNUEL. 

Un  mémoire  a  été  reçu  en  réponse  à  la  première  ques- 
tion du  programme  de  concours  de  la  Classe  des  beaux- 
arts  pour  1885  : 

Faire  l'histoire  de  l'architecture  qui  florissait  en  Bel- 
gique pendant  le  cours  du  XVe  siècle  et  au  commencement 
du  XVIe,  architecture  qui  a  donné  naissance  à  tant 
d'édifices  civils  remarquables,  tels  que  halles,  hôtels  de 
ville,  beffrois,  sièges  de  corporations,  de  justices,  etc. 

Décrire  le  caractère  et  l'origine  de  l'architecture  de  cette 
période. 

Il  porte  pour  devise  : 

«  L'ensemble  des  monuments  d'un  pays  à  ses  divers 


(  .N93  ) 
âges,    c'est    l'histoire   bâtie.   »    (Jos.    Schadde,   discours 
comme  président  de   l'Académie  d'archéologie  d'Anvers 
pour  1882.) 
Commissaires  :  MM.  Pauli,  Balai  et  Schadde. 


RAPPORTS. 


Il  est  donné  lecture  de  l'appréciation  laite  par  MM.  Frai- 
kin,  J.  Geefs,  Jaquet,  De  Groot  et  Marchai  du  4e  rapport 
semestriel  de  M.  Guillaume  Charlier,  prix  de  Rome  pour 
la  sculpture,  en  1882. 

Cette  appréciation  sera  transmise  à  M.  le  Ministre  de 
l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des  Travaux  publics. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Alvin  fait  savoir  que  le  bureau  de  la  Caisse  centrale 
des  artistes,  auquel  la  Classe  avait  adjoint  M.  H.  Hymans, 
vient  de  terminer  la  revision  du  règlement  de  celle  asso- 
ciation de  bienfaisance. 

Ce  nouveau  texte  est  discuté  et  adopté  par  la  Classe.  Il 
sera  soumis  à  l'approbation  du  Gouvernement. 

La  Classe  vole  des  remercîments  à  M.  Alvin  pour  l'éla- 
boration de  cetle  œuvre. 


(  594  ) 


OUVRAGES  PRESENTES. 


Preudhommc  de  Borre  {A.).  —  Matériaux  pour  la  faune 
entomologiquc  du  Hainaut.  Coléoptères,  3e  centurie.  Rruxelles, 
1885;  in-8°. 

Harthaug  (/?.).  — Godefroid  de  Bouillon.  Bruxelles;  in-12 
(36  pages). 

—  Frédéric  de  Mérode.  Bruxelles;  in-12  (56  pages). 

—  Baudouin  de  Constantinoplc.  Bruxelles;  in-12  (50  pages). 

—  Charles  Rogier.  Bruxelles;  in-18  (64  pages). 
Feigneaux  (A.).  —   L'érylhroxylum    coca.   La   coca    et   la 

cocaïne.  Ixelles,  1885;  in-8°  (75  pages). 

De  Mont  (Pol.).  —  Nécrologie  :  Victor  Hugo.  1885;  extr. 
in-8"  (I I  pages). 

—  De  duitsche  dichter  Rudolf  Baumbaoh.  Anvers,  1885; 
in-8°  (56  pages). 

Ponthière  {H).  —  Applications  industrielles  de  l'éleclricité  : 
principes  et  électrométrie.  Louvain,  Paris,  1885;  in-8°  (205  p.). 

Dubois  (AlphX  — >  Revue  des  oiseaux  observés  en  Belgique. 
Bruxelles,  1885;  in-8°  (24  pages). 

Maldeghem  (R.  J.  Van).  —  Trésor  musical,  1885,  parties 
profane  et  religieuse.  Bruxelles;  2  cah.  in-4°. 

Brait n  (Th.)  —  Cours  complet  de  pédagogie  et  de  métho- 
dologie. Bruxelles,  [1885];  vol.  in-8°. 

Hijmans  (L.).  —  Bruxelles  à  travers  les  âges,  51*-,  32'  et 
55*'  livr.  In-'t". 

Overloop  (Eug.  van).  —  Les  silex  de  la  station  préhisto- 
rique de  Mendonck.  Bruxelles,  1885;  extr.  in-8°  (28  pages). 

Cercle  archéologique  de  Mous.  —  Publication  extraordi- 
naire :  Extraits  des  comptes  de  la  recette  générale  de  l'ancien 
comté  de  Hainaut;  supplément  au  tome  Ier.  Mous,  1885;  in-8". 


(  595  ) 

Caisse  de  prévoyance  élublie  à  Mons  en  faveur  des  ouvriers 
mineurs.  —  Rapport  annuel  de  1884.  Mons,  4885  ;  in-4°. 

Ministère  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique.  — 
Rapports  des  commissions  médicales  provinciales,  1885. 
Bruxelles,  1885;  in-8°. 

Institut  de  droit  international.  —  Annuaire,  7e  année. 
Bruxelles,  1885;  vol.  in  8°. 

Congrès  international  de  navigation  intérieure.  —  Guide- 
programme  du  Congrès  qui  se  tiendra  à  Bruxelles  du  24  mai 
au  2  juin  1885.  Bruxelles,  1885;  in-18. 

—  Map  of  the  Manchester  Ship  canal,  with  a  description  of 
the  plans.  Manchester;  in-plano. 

—  Mémoires  publiés  à  l'occasion  du  Congrès.  Bruxelles, 
1885;  in-8°(200  pages). 

Manifestation  en  l'honneur  de  M.  Eugène  Catalan  : 
7  décembre  1884.  Bruxelles,  1885;  in-8°  (53  pages). 


Allemagne. 

Andries  (Dr.  P.).  —  Ueber  Gewitter-  und  Hagelbildung 
1884;  in-8"  (17  -4-  8  pages). 

—  Naclilrage  zu  dem  Artikel  ùher  Gewitter-  und  Hagel- 
bildung. 1885;  in-8°  (10  +  9  pages). 

Handelmann(Heinrich).  —  58.Bcrichtzur  Alterthumskunde 
Schlcswig-Holsteins.  Kicl,  1885;  in-4°  (32  pages). 

Akademie  der  Wissenschaflen,  Mùnchen.  —  Abhancllungcn 
der  historischen  Classe,  Bd.  XV If,  2.  —  Sage  und  Forschung, 
Festredc  von  Ohlenschlager.  —  Astronomische  Bestimmung 
der  Polhôhen  (KarlOerlel). —  Monumenta  Tridcntina,  Heft  II 
(A.  von  DrufFcl). 

K.  Stemwarte  zu  Berlin.  —  Berliner  astronomisches  Jahr- 
buch  fur  1887.  In-8°. 

NalurwissenscliafUielter  Verein.  —  Abhandlun^en,Band  IX, 
2.  Heft.  Brème,  1885;  in-8°. 


(  596  ) 

Stutist.-topoyr.  Bureau.  —  Jahrbùchcr,  1884.  Band  I 
und  II.  —  Dms  Ronigrcich  Wiïrttembcrg,  X  und  XI.  Stuttgart, 
1885;  in-8°. 

Jablonows.  Gesellschafl,  Leipzig —  Preisschriftcn.  Nr.  XXV  : 
Geschichtc  der  Leipzigcr  Mcs^en.  In-8°. 

Verein  fur  Geschichte  und  Aller  ihum  Schlesiens.  —  Acta 
publica,  Bd.  VI.  Zeitschrift,  Bd.  XIX   Breslau 

Gescllschafl  fur  Schleswig-,  Holslein-  und  Luuenburgisehe 
Geschichte.  —  Zeitschrift,  Band  XIV.  Regesten  und  Urkunden, 
Bd.  I,  1-5.  KicJ. 


Amérique. 

Loomis  (Elias).  —  Contributions  to  nicteorology.  New 
Haven,  1885;  in-4°  (67  pages,  planches). 

Observalory  of  Harvard  Collège.  —  Armais,  vol.  XIV,  2. 
Cambridge,  1885;  in-4° 


Fkance. 

Tùrr  (Etienne).  —  Mémoires  et  notes  au  sujet  de  l'utilisa- 
tion des  cours  d'eau  du  royaume  de  Hongrie.  Paris,  1885; 
in-8°(54  pages). 

Saporta  (G.  de)  et  Marion.  —  L'évolution  du  règne  végé- 
tal :  les  phanérogames,  tomes  I  et  II.  Paris,  1885;  2  vol.  in-8°. 

Catalan  (£.).  —  Sur  des  formules  relativesaux  intégrales 
eulériennes.  Paris,  1884;  extr.  in-8° (4  pages). 

Sully  Prudhomme.  OEuvres  :  Prose  (1883).  L'expression 
dans  les  beaux-arts.  —  Poésies,  1865-67  et  1868-78.  Paris, 
1883-84;  3  vol.  in-8°. 

Col  leville  (le  vicomte  de).  —  Les  missions  secrètes  du  général- 
major  baron  de  Kalb  et  son  rôle  dans  la  guerre  de  l'Indépen  - 
dance  américaine.  Paris,  1885;  petit  in-8°  (161  pages). 


(  **?  ) 

Certes  {A.).  —  De  l'emploi  des  matières  colorantes  dans 
l'étude  physiologique  et  histologique  des  infusoires  vivants. 
Paris,  1885;  extr.  in-8°  (7  pages). 

Chavée  Leroy.  —  La  maladie  de  la  vigne  :  les  microbes  et  la 
commission  supérieure  du  phylloxéra.  Paris,  1885;  in-12 
(58  pages). 

Héron-Roger.  —  Notice  sur  les  mœurs  des  batraciens. 
Angers,  l88o;in-8°  (43  pages). 

Linas  (Ch.  de).  —  Ivoires  et  Emaux  :  Le  crucifix  de  la 
cathédrale  de  Léon,  au  Musée  de  Madrid.  1883;  extr.  in-4° 
(8  pages,  2  pi.). 

—  Émaillcrie  byzantine  :  La  collection  Svenigorodskoi. 
1885;  extr.  in-4°(!6  pages). 

—  Orfèvrerie  byzantine  :  Le  reliquaire  de  la  Sainte-Croix, 
au  trésor  de  la  cathédrale  de  Tournai.  Paris,  1885;  extr.  in-8° 
(ô  pages). 

Société  de  l'histoire  de  France. —  Annuaire-Bulletin,  1884. 
—  Notices  et  documents  à  l'occasion  du  50e  anniversaire  de  la 
fondation  de  la  Société.  —  Mémoires  du  maréchal  de  Villars, 
t.  Ier.  Mémoires  d'Olivier  de  la  Marche,  tomes  II  et  111.  Paris, 
1884-85;  5  vol.  in-8°. 

Académie  d'Hippone.  —  Bulletin  n°  20,  fascicule  2.  Bône, 
188'*;  in-8°. 

Société  des  heaux-arts  de  Caen.  —  Bulletin,  7e  vol.,  2e  cah. 
ln-8°. 


Grande-Bretagne  et  Colonies  britanniques. 

Robimon  (Henry).  —  River  Pollution.  Londres,  1885; 
extr.  in-8°  (5  pages). 

Doberick  (W.).  —  Instructions  for  making  meteorological 
observations.  Hongkong,  18S4;  in-folio  (20  pages). 

Meleorologicul  Department  of  the  Government  of  India.  — 

5me    SÉRIE,    TOME    IX.  41 


(  598  ) 

Report  on  the  mcteorology  of  India,  1882. —  Report,  1885-84. 
—  Memoirs,  vol.  II,  3.  Calcutta;  3  vol.  in-4°. 

Royal  Society  of  Victoria.  —  Transactions  and  proccedings, 
vol.  XX.  Melbourne,  1884;  in-8°. 

Cambridge  philosophical  Society  —  Proccedings,  vol.  V, 
1-5.  Transactions,  vol.  XIV,  1. 

Botanical  Society,  Edinburgh.  —  Transactions  and  procce- 
dings, vol.  XVI,  1  ;  in-8°. 

Bashforth  (F.).  —  Report  on  experiments  made  with  the 
Rasforlh  chronograph,  to  détermine  the  résistance  of  the  air 
to  the  motion  of  elongated  projectiles,  part  2.  Londres,  4879; 
in -8°  (58  pages). 

Report  on  the  scientific  rcsults  of  the  voyage  of  H.  M.  S„ 
Challenger,  during  the  years  1 873-70,  under  the  command  of 
captain  G.  Narcs  and  captain  F.  Tourlc  Tomson,  prepared  by 
Wyville  Thomson  and  John  Murray  :  Zoology,  vol.  X  and  XI. 
Londres,  Edimbourg,  etc.,  4884;  2  vol.  in-4°. 


Italie. 

Capellini  (Giov.).  —  Resti  fossili  di  Dioplodon  e  Mesoplo- 
don.  Rologne,  4885;  extr.  in-4°  (18  pages,  4  pi.). 

—  Del  zifioide  fossile  (Cboneziphius  Planirostris)  seoperto 
nelle  sabbic  plioceniche  di  Faugonero  presso  Siena.  Rome, 
1885;  extr.  in-4°(14  pages,  4  pi.). 

Zigno  (A.  de).  —  Due  nuovi  pesci  fossili  délia  famiglia  dei 
Balistini,  scoperti  nel  terreno  eoceno  del  Veronese.  Naples, 
1884;  in-4°(8  pages,  2  pi.). 

—  Flora  fossilis  formationis  oolithicœ,  vol.  Il,  4  e  5.  Padoue, 
4885;  in  4°. 

Fiorentino  (Francesco).  —  Il  risorgimento  filosofico  nel 
quaitrocenlo,  opéra  postuma.  Naples,  4  885;  in-8c  (274  pages). 


(  599  ) 

Giovanni  [V.  di).  —  Nci  funerali  di  Giuseppc  de  Spuches, 
principe  di  Galati...  Palerme,  (885;  in-8°  (42  pages). 

Islittito  venelu  di  scienze,  leltere  ed  arti. —  Atti,  série  sesla, 
t.  I,  4-10;  II,  1  e  2. 

Arcudemia  Olimpica,  Vicenzu.  —  Il  dottor  Beggiato.  In-8". 

Accademia  di  scienze  morali  e  politiche  di  Napoli.  —  Atti, 
vol.  XIX.  In-8°. 

Turazzu  (Domenico).  —  Mcmorie  del  Lorgna,  dello  stratico 
e  del  Boscovich  relative  alla  sistemazione  dell'  Adige  e  piano 
d'avviso  del  Lorgna  per  la  sistemazione  di  Brenta.  Padoue, 
1885;  in-88  (-H  4  pages). 

Sociela  crittogamologîca  italiana,  Milano.  —  Atti,  vol.  III, 
4.  Varèse,  1885;  in-8°. 


Pays-Bas. 

Zeeuwsch  Genoolscliup  der  ivetenschuppen.  —  Archief, 
deel  VI,  1.—  Verslag,  1880-84.  Middelbourg,  1881-85;  2  cah. 
in-8°. 

Historisch  Genoolschap,  Utrechl.  —  Werken,  nieuwe  série  : 
n°'  58  en  59.  Bijdragen,  deel  VIII. 

Genootschap  «  Natura  arlis  magistra  »,  Amsterdam.  — 
Bijdragen,  12de  aflev.  In-4°. 


Pays  divers. 

Loukaszewitz  (Platon).  —  Explications  de  noms  assyriens. 
Kiew,  1868;  in-88  (252  pages). 

—  La  découverte  de  l'origine  de  la  langue  grecque.  Kiew, 
1869;  in-8°(777  pages). 

—  La  découverte  de   l'origine  de  la  langue   latine.   Kiew. 
1871;  in-8°  (920  pages). 


[  000  ) 

Loukaszewilz  (Platon).  —  La  découverte  de  l'origine  des 
langues  allemande,  anglaise  et  française.  Kiew,  1873;  in-8" 
(610  pages). 

—  La  découverte  de  l'origine  de  la  langue  hébraïque.  Kiew, 
1882;  in-8°  (520  pages).  [Ouvrages  en  langue  russe.] 

Societas  pro  faitna  e  flora  Fennica.  —  Meddelanden, 
Hâftct  11.  Heisingfors,  1885;  in-8°. 

Jardin  botanique  de  Saint-Pétersbourg.  —  Acta,  t.  VIII,  5; 
IX,  1. 

Xaturforscher-Gesellschaft,  Dorpat.  —  Sitzungs-Berichte, 

1884,  1.  —  Schriften,  1.  —  Archiv,  2e  série,  X,  1. 
Université  de  Lund.  —  Acta,  1882-85,    1885-84  :   Râts- 

velenskap,  Theologi,  Mathematik,  Philosophi.  —  Aceessions- 
Kalalog,  1882  och  1884. 

Yitterhels,  historié  och  antiqvitets  Academien.  —  Hand- 
lingar,  ny  Fôljd,  VIII,  1.  Stockholm,  1885;  in-8°. 

Den  norske  Nordhavs-Expedition,  1870-78  :  Zoologi,  XII, 
ved  Uanielssen  og  Koren;  XIII,  ved  A.  llansen.  Christiania, 
1884-85;  2  vol.  in-4°. 

Institut  national  genevois.  —  Bulletin,  t.  XXVI.  Genève, 
1884;  in- 8°. 

Naturjorschende  Gesellschaft  Graubùndens,  Chur.  — 
Jahres-Bericht,  1882-83.  In-8°. 

Commission  géologique  fédérale.  —  Carie  géologique  de  la 
Suisse,  feuille  XV III.  In-plano. 

Biker  (J.-F.-J.).  —  Collecçâo  de  tratados  da  India,  t.  VI. 
Lisbonne,  1885;  in-8°. 

Société  Khédivale  de  géographie.  —  Bulletin,  n°  6,  février 

1885.  Le  Caire;  in-8°. 

Werke  (C).  —  Libri  memoriales  capituli  Lundensis,  Hefte  I. 
Copenhague,  1884;  in-8°. 


BULLETINS  DE  L  ACADÉMIE  ROYALE  DE  Hl.LC.IUl  I 

TABLES  ALPHABÉTIQUES 

DU    TOME    NEUVIÈME    DE   LA   TROISIÈME  SÉRIE. 

1885. 
TABLE  DES  AUTEURS 


Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique. 

—  Projet  d'adresse  au  Roi  au  sujet  de  l'œuvre  du  Congo,  206,  299, 

307,  texte  de  l'adresse,  4-98;  projet  de  publication   d'une  3e  édition 

de  la    Bibliographie  académique,  505;  projet   d'inscription    pour  le 

monument  Quelelet,  500. 
Académie  royale  des  beaux-arts  d'Anvers.  —  Envoie  le  programme  du 

grand  concours  de  sculplure  de  1885,  20. 
Académie  royale  des  sciences  d'Amsterdam.  —  Adresse  son  programme 

de  concours  pour  le  prix  Hœufft,  418. 
Académie  royale  des  sciences  de  l'Institut  de    Bologne.  —  Envoie  le 

programme  du  concours  pour  le  prix  Aldini,  322. 
Académie  de  Stanislas,  à  Nancy.  —  Envoie-le  programme  des  concours 

pour  les  prix  Herpin  et  Bonfils,  142. 
Académie  royale  des  sciences  de  Turin.  —  Adresse  le  programme  du 

5e  concours  pour  le  prix  Bressa,  5. 
Académie  royale  des  sciences  morales  et  politiques  de  Madrid.  — 

Adresse  le  programme  de  ses  concours  pour  1886  et  1887,  299. 
Alvin  (/,).  —  Élu  directeur  pour  1886,  22;  réélu  membre  de  la  Commis. 


602  TABLE    DES    AUTEURS. 

sion  administrative,  509;  donne  connaissance  de  ia  situation  financière 
delà  Caisse  centrale  des  artistes  pour  1884,  136;  remercîments  pour 
sa  gestion  de  ladite  Caisse,  137;  propose  de  reviser  le  règlement  de 
cette  institution,  315;  communication,  discussion  et  adoption  du  nou- 
veau texte  du  règlement,  593. 

Anonymes.  —  Ordre  du  jour  prononcé  :  1°  sur  une  lettre  de  l'auteur  du 
mémoire  de  concours  concernant  les  lignes  de  courbure  de  la  surface 
des  ondes,  51  ;  sur  une  lettre  concernant  la  couronne  de  l'hélice 
propulsive,  51;  rapports  de  MM.  Nolet  de  Brauwere  van  Sleeland, 
Willems  et  Wagener  sur  les  mémoires  de  concours  concernant  l'appli- 
cation des  règles  de  la  métrique  grecque  et  latine  à  la  poésie  néerlan- 
daise, 423,  459,  440. 

Arneth  (Chev.  A.  von).  —  Hommage  d'ouvrage,  419. 

Association  des  élèves  des  écoles  spéciales  de  l'Université  de  Liège.  — 
Demande  l'obtention  du  Bulletin,  3. 

Aubel  (Edm.  Van).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  4;  soumet  une  note  sur  la 
rotation  électiomngnélique  du  plan  de  polarisation  de  la  lumière  et  sur 
l'influence  de  la  lumière  sur  la  conductibilité  électrique  du  sélénium 
(cette  note  a  été  retirée  par  l'auteur),  3-23. 

B. 

Hambrke{Ch,Van).  —  Hommage  d'ouvrages,  31 ,  323.  —  Rapport  :  Voir 
Sivaen. 

Beers  {J.  Van).  —  Lauréat  du  concours  quinquennal  de  littérature  néer- 
landaise, 418;  proclamé,  495;  élu  correspondant,  496;  remercie,  588. 

Beets  {N.)-  —  Élu  associé,  496;  remercie,  588. 

Beyas  (Reynold).  —  Élu  associé,  21  ;  remercie,  136. 

Beneden  {Éd.  Van).  —  Rapports  :  Voir  Carnoy,  Swaen. 

Beneden  (P-J.  Van'.  —  Un  mot  sur  les  deux  Balénoptères  d'Ostende  de 
1827  et  de  1885,  145;  sur  l'apparition  d'une  petite  gamme  de  vraies 
Baleines  sur  les  cotes  Est  des  États-Unis  d'Amérique,  212.  —  Note 
bibliographique:  Voir  Capellini. —  Rapports  :  Voir  Carnoy,  GeefslJ.). 

Benoit  \P).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  507. 

Bernimoulin  (É).  —  Hommage  d'ouvrage,  207. 

Berto'ini{Dario).  —  Soumet  une  note  sur  une  inscription  de  magistral 
romain  de  la  Gaule  belgique,  419. 

Biker{J.-F.\  —  Hommage  d'ouvrage,  119. 

Biot(G  ).  —  Rapport  :  Voir  Lenain. 

Boblin  (A.).  —  Dépôt  aux  archives  de  sa  note  de  géométrie  (Transforma- 
tion, etc.),  142. 


TABLE    DUS    AlTlïUKS. 


603 


Body(A.).  —  Hommage  d'ouvrage,  20. 

Boëns  (H.).  —  Adresse  des  invitations  au  4e  Congrès  des  autivaccina- 

teurs,  4. 
Bonaparte. (Prince  Roland).  —  Hommage  d'ouvrage,  207. 
Bormans  (St.).  —  Note  bibliographique  :  Voir  Devillers. 
Bourson  (P.).  —  Membre  du  jury  du  concours  triennal  de  littérature 

dramatique  en  langue  française,  15. 
Boulon  (V.).  —  Hommage  d'ouvrage,  419. 
Bozzo(S.-V.) — Hommage  d'ouvrage(Unacronaca  siciliana  delsecoloXIV), 

158;  note  sur  cet  opuscule  par  M.  Le  Roy,  161 . 
Brachet  (A.).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  142. 
Braun  (Th.).  —  Hommage  d'ouvrage,  590. 
Burbure  (Chev.  Léon  de).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  cantates, 

507. 

C. 

Candèze  (Ern.).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  De  Keyn,  8, 18;  rapport, 

484. 
Capellini  (G.).  —  Hommage  d'ouvrages  (Del  zifioide  fossile.—  Resti  fossili 

di  dioplodou  e  mcsoplodon),  519;  note  sur  ces  brochures  par  M.  P.-J. 

Van  Deneden,  519. 
Carnoy(J.-B.).  —Lecture  desrapporlsde  MM.VanUenedeu  et  de  MM.  Mor- 

ren  et  Plateau  sur  sa  demande  d'être  envoyé  à  la  station  zoologique 

de  Naples,  8. 
Carutti  (D.).  —  Hommage  d'ouvrage,  207. 
Catalan  (Eug.).  —  Remis  en  possession  de  son  billet  cacheté  sur  les 

théorèmes  de  Goldbach  et  de  Leilrand,  4  ;  membre  du  jury  pour  le  prix 

De  Keyn,  8,  18;  rapport,  484  ;  hommage  d'ouvrage,  525;  question  d'ana- 
lyse indéterminée,  551  ;  une  récréation  mathématique,  554—  Rapports: 

Voir  Deruyls,  Léman. 
Certes  (A.).  —  Hommage  d'ouvrage,  519. 
Charlier  (G  ).  —  Communication  de  son  quatrième  rapport  semestriel, 

508.  Appréciation  de  ce  rapport,  lecture  par  MM.  Fraikin,  J.  Geefs, 

Jacquet,  De  Grool  et  Marchai,  595. 
Cogghe  (R.).  —  Appréciation  de  son  septième1  rapport  semestriel  (lecture 

par  MM.  Siret,  Slingeneyer,  Robert  et  Guffens),  21  ;  communication  de 

son  huitième  rapport,  508. 

D. 

Daems  (F.).  —  Hommage  d'ouvrage,  500. 

Damry  (A.).  —  Soumet  un  travail  sur  un  moyen  de  déterminer  l'humi- 
dité de  l'air  (celte  note  a  été  retirée  par  l'auteur),  5. 


f>04  TABLE    DES    AUTEURS; 

Daussin  (A.).  —  adresse  une  réclamation  de  priorité  pour  un  voltamètre 

(dépôt  aux  archives),  144;  avis  exprimé  sur  celle  lettre  par  M.  Mon- 
tigny,  212. 

De  Bail  (L.).  —  Soumet  un  travail  concernant  les  surfaces  de  Jupiter  et 
de  Vénus,  518. 

De  Rlock(V.)  —  Hommage  d'ouvrage,  10. 

De  Coninck  (/,.).  —  Lauréat  du  concours  triennal  de  littérature  drama- 
tique en  langue  française,  -il  S  ;  proclame,  496. 

De  Groot  (G.).  —  Rapport  :  Voir  Charlier. 

De  lleen  (/'.).  —  Remercie  pour  son  élection,  2;  sur  la  tension  des 
vapeurs  saturées.  —  Modification  à  apporter  à  la  loi  de  Dallon,  281; 
Détermination  du  coefficient  de  eonipressibiliie  de  quelques  liquides  et 
des  variations  que  celle  quantité  éprouve  avec  la  température.  —  Loi 
théoriqjequi  régit  les  variations  du  coellicient  de  compressibillé  avec 
la  température,  550. 

De  Konincli  (I..-G.).  —  Quelques  observations  relatives  aux  espèces  fos- 
siles qui  ont  été  recueillies  dans  le  terrain  carbonifère  du  Morvan,  .176. 

Delaey  (C.-H.) —  Hommage  de  travaux  manuscrits,  5,322. 

De  la  Royère  (W.).  —  Sur  quelques  dérivés  de  l'hydrocamphène  teha- 
bromé,  505;  rapport  de  MM.  Spring  et  Stas  sur  ce  travail,  521,525. 

De  la  Vallée  Poussin  (Ch.).  — Hommage  d'ouvrage,  144;  les  porphyres 
de  Bierghes,  25-i;  soumet  un  travail  concernant  les  anciennes  ilivolites 
«  dites  euriles  »  de  Grand-Manil,  510. 

Delba>uf(J.).  —  Hommage  d'ouvrage,  525. 

Delbœuf(J.)  et  Roerscli  (/..).  —  Hommage  d'ouvrage  (Éléments  île  gram- 
maire française),  119;  note  sur  ce  volume  par  M.  Le  Roy,  120. 

De  Leener  (G.).  —  Lettre  proposant  de  mettre  au  concours  l'histo  re  des 
anciens  chants  et  danses  populaires  du  Pays.  508. 

Delvaux  (/?.).  —  Hommage  d'ouvrage, 6. 

Demannez  (/.).  —  Rapport .-  Voir  Lenain. 

De  Monge(Fr).  —  Membre  du  jury  du  concours  triennal  de  littérature 
dramatique  en  langue  française,  16. 

De  Mont  (Pal.).  —  Hommage  d'ouvrage,  15. 

Denis  (L.).  —  Envoie  des  exemplaires  du  volume  publié  par  M.  Vander- 
kindere  à  l'occasion  du  cinquantenaire  de  l'Université  de  Bruxelles,  16. 

De  Potier  (F.)   —  Hommage  d'ouvrage,  300. 

De  Puijdl  (Horace).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  590. 

Dermjts  (J  ).  —  Soumet  un  travail  sur  certains  développements  en  séries 
(impression  dans  le  recueil  in-4»),  144;  rapports  de  MM.  Catalan  el 
Mansion  sur  ce  mémoire,  525,  525. 

Descamps  (E.).  —  Hommage  d'ouvrage  (compte-rendu  des  fêles  jubilaires 


TAULE    DES    AUTEMC. 


(>05 


du  50e  anniversaire  de  l'I  niversilé  de  Louvain1,  1!9;  noie  sur  ce 
volume  par  M.  Lainy,  125. 

Desenfans.  —  Avis  émis  sur  son  buste  en  marbre  de  feu  A.  Spring,  508. 

Devillers  (L.).  —  Hommage  du  tome  Ier  de  l'Inventaire  analytique  des 
Archives  des  États  de  Hainaut,  16;  noie  sur  ce  volume  par  M.  Bor~ 
nians,  17. 

Dewalque  (G.).  —  Étal  de  la  végétation  à  Liège,  le  21  mars  1885;  à  Spa 
et  à  Liège,  le  20  avril  1885,  236,  342.  —  Rapport:  Voir  Sansotii. 

De  Witte  (Bon  J.ï  —  Hommage  d'ouvrage,  119,  300,  419. 

Discailles  (Ern.).  —  Lauréat  du  prix  De  Keyn,  495;  remercie,  589. 

D'Ocagne  (M.).  —  Hommage  d'un  volume  intitulé  :  Coordonnées  paral- 
lèles et  axiales,  207;  note  sur  ce  mémoire  par  M.  J.  De  Tilly,  208. 

D'Olivecrona(C). —  Hommage  d'ouvrage,  158. 

Dollo  (L).  —  Hommage  d'ouvrages,  207. 

Dondtrs  (F.-C).  —  Hommage  d'ouvrage,  51. 

Droogenbroeck  (J.Van).  —Rapports  de  MM.  Nolet  de  lîrauwere  van  Stee- 
land,  Willems  et  Wagener  sur  son  mémoire  couronné  concernant 
l'application  des  règles  de  la  métrique  grecque  et  latine  à  la  poésie  néer- 
landaise, 425,  439,  440;  proclamé  lauréat, 494;  remercie,  589. 

Dubois  (A.).  —  Hommage  d'ouvrages,  207,  519. 

Dubovnj  (Ch.).  —  Hommage  d'ouvrage,  158. 

Du  Caju  (J.). —  Élu  correspondant,  21  ;  remercie,  156. 

Dupont  (É.).  —  Sur  l'existence  de  roches  maclifères  dans  le  terrain 
devonien  inférieur  de  PArdenne  belge,  110;  sur  la  découverte  d'un 
Mosasaurien  gigantesque  dans  le  Hainaut,  215;  hommage  d'ouvrage 
(Carte  géologique),  322. 

K. 

Engelmann.  —  Hommage  d'ouvrage,  31. 

F. 

Faider(Ch.).  —  Hommage  d'ouvrage,  16;  réélu  membre  de  la  Commission 
administrative,  425. 

Faure  (Cit.).  —  Hommage  d'ouvrage,  300. 

Fétis  (Ed.). —  Membre  du  jury  du  concours  triennal  de  littérature  drama- 
tique en  langue  française,  15;  du  concours  des  cantates,  507;  remerci- 
ments  pour  sa  gestion  de  la  Caisse  centrale  des  artistes,  157. 

Fievez  (Ch.).  —  Rapport  de  MM.  Stas,  Liagre  et  Montigny  sur  son  travail 
(imprimé  dans  les  mémoires  in-4°)  concernant  le  spectre  du  carbone, 


606  TABLE    DES    AUTEURS. 

dans  l'arc  électrique,  75,  79;  de  l'influence  du  magnétisme  sur  les 
caractères  des  raies  spectrales.  381  ;  rapport  sur  cette  note,  par  MM.  Stas 
et  Spring,  327,  328. 

Folie  (F.).  —  Hommage  de  deux  brochures  sur  l'aberration  avec  note 
bibliographique,  5;  membre  de  la  Commission  des  paratonnerres,  521. 
—  Rapports  :  Voir  Hirn,  Terby. 

Fraikin  (Ch.).  —  Rapport  :  Voir  Charlier. 

Franck  (Ad.)  —  Hommage  d'ouvrage,  300. 

Francotte  (X.).  —  Hommage  d'ouvrage,  143. 

Frankenthal  (C.  de).  —  Hommage  d'ouvrage,  300. 

Fredericq  (L.).  —  Sur  les  mouvements  du  cerveau  chez  le  chien,  362; 
sur  les  mouvements  du  cerveau  de  l'homme,  536;  procédé  opéraloire 
nouveau  pour  l'étude  physiologique  des  organes  thoraciques,  544;  pro- 
clamé lauréat  du  prix  De  Keyn,  195;  remercie,  589. 

Frédérix  (G.).  —  Élu  correspondant,  496;  remercie,  588. 

Froville.  —  Dépose  un  billet  cacheté,  142. 

G 

Gacliard  (L.-P.).  —  Fait  remise  des  livres  reçus  par  la  Commission  royale 

d'histoire,  299. 
Gantrelle  (/.). —  Élu  membre  titulaire,  496;  approbation  royale  de  son 

élection,  588;  remercie,  588. 
Geefs{J.)  —  Avis  favorable  exprimé  par  MM.  P.-J.  Van  Beneden  et  Pla- 
teau sur  son  analomie  pittoresque  du  cheval  (texte  et  atlas),  39.  — 

Rapport:  voir  Charlier. 
Gérard.  —  Rapport  de  MM.  Maus  et  Montigny  sur  son  travail  (déposé 

aux  Archives)  concernant  l'amélioration  des  aérostats,  79,  85. 
Gevaert  (Aug.).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  507.  — 

Rapport  ;  Voir  Martin. 
Giovanni   {V.  di).  —   Hommage  d'ouvrage,  590;  id.  (Ciulo  d'Alcamo), 

158;  note  sur  ce  travail  par  M.  Le  Roy,  160. 
Gravis  (A.). —  Hommage  d'ouvrage,  141. 
Guffèns  (J.-G.).  —  Rapport  :  Voir  Cogghe,  Verbrugghe. 
Guilliaume  (/.).  —  Membre  du  jury  du  concours  triennal  de  littérature 

dramatique  en  langue  française,  15. 

H. 

Haghe  (L).  —  Annonce  de  sa  mort,  306. 

Harlez   (C.  de).  Hommage  d'ouvrage,    158.  —  Note   bibliographique 

Voir  Xénopol 
Harthung  (fi.).  —  Hommage  d'ouvrage,  590. 


TABLE    DKS    AUTEURS.  (>07 

Hauck(G.).  —  Hommage  d'ouvrage,  509. 

Flenrard  (P.). —  Hommage  d'ouvrage,  300. 

Henry  (/,.).  —  Sollicite  un  nouveau  subside  pour  conlinuer  ses  recherches 
de  chimie  organique  (avis  sur  cette  demande  a  été  donné  au  Gouverne- 
ment), 30. 

Herernans  (Mme  Ve).  —  Hommage  d'un  exemplaire  de  l'ouvrage  intitulé  : 
In  memoriam  J.-F.-J.  Herernans,  1 19. 

Héron-Boyer.  —  Hommage  d'ouvrage,  325. 

Hitler  (F.).  —  Annonce  de  sa  mort,  391. 

Hirn(G.-A.). — Rapports  de  MM.  Folie,  Van  der  Membrugghe  et  Melseussur 
son  travail,  avec  supplément  (imprimé  dans  les  Mémoires  in-4°)  con- 
cernant les  lois  de  l'écoulement  et  du  choc  des  gaz  en  fonction  de  la 
température,  40,  48.  49,  324;  hommage  d'ouvrage,  143. 

Hock  (Aug.).  —  Hommage  d'ouvrage  (Liège  au  XIXe  siècle),  119;  note 
sur  ce  volume  par  M.  Stecher,  123. 

Hoefler  (Chevalier  von).  —  Élu  associé,  496;  remercie,  589. 

Hofmann  (A.-W.).  —  Accuse  réception  de  son  diplôme  d'associé,  31; 
hommage  d'ouvrage,  143. 

Hollebeke  (B.  Van)  et  Merlen  (0.)  —  Hommage  d'ouvrage  (grammaire 
française),  419;  note  sur  ce  volume  par  M.  Stecher,  420. 

Hovzé  (É.).  —  Hommage  d'ouvrage,  523. 

Hymans  (H.).  —  Élu  membre  titulaire,  22;  approbation  royale  de  son 
élection,  135;  remercie,  136;  délégué  auprès  de  la  Commission  de  la 
Biographie  nationale,  136;  adjoint  au  Bureau  de  la  Caisse  des  artistes 
pour  présenter  un  projet  de  revision  du  règlement  de  celle  institution, 
313. 

Hymans  (Me  Ve  L.).  —  Hommage  d'ouvr:»ge,  1 19,  590. 

J. 

Jacques  (  V.).  —  Hommage  d'ouvrage,  523. 

Jacquet.  —  Rapport  de  MM.  Maus  et  Honligny  sur  sa  note  (déposée 

aux  archives)  concernant  l'amélioration  des  aérostats,  81,  85. 
Jadoul  (L).  —  Adresse  un  traité  élémentaire  de  géométrie,  4. 
Jannettaz  (Éd.).  —  Hommage  d'ouvrage,  32; 
Jaquet  (/.).  —  Rapport  :  Voir  Charlier. 
Joly  (N.).  —  Hommage  d'ouvrage,  207. 
Jorissen  (A.).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  207. 
Joule  (James-P.).  —  Rem<  rcie    pour   son  élection  d'associé,  3;  accuse 

réception  de  son  diplôme,  31. 
Julien  (A.).  —  Noie  sur  le  terrain  carbonifère  du  Morvan,  376. 
Juste  {Th.).  —  Hommage  d'ouvrages,  16,  119,  500. 


fi08  TABLE    DES    AUTEURS, 

H. 

Kervyn  de  Leltenhove  (Lebon).  —  La  morl  de  Don  Juan,  126;  hommage 

d'ouvrage,  300. 
Kolliker  (A.).  —  Hommage  d'ouvrage,  208. 

L. 

Lagrange  (ChX  —  Formule  nouvelle  pour  le  développement  des  fonc- 
tions, en  particulier  des  intégrales,  1 14;  avis  exprimé  sur  ce  tra\ail  par 
MM.  De  Tïlly  et  Mansion,  59;  dépose  un  billet  cacheté,  518. 

Lameere  (/.).  —  Hommage  d'ouvrage,  158. 

Lamij  (T.-J.).  —  Une  bibliothèque  royale  en  Assyrie  au  VII*  siècle  avant 
J.-C,  460.  —  Note  bibliographique  :  Voir  Descamps. 

Lancaster  {A.).  —  Hommage  d'ouvrage,  6. 

Lasaulx  (A.  von).  —  Hommage  d'ouvrage,  32 

Lasteyrie  (/?.  de).  —  Hommage  d'ouvrage,  110,  300,  419 

Laurent  (Emile).  —  Soumet  les  travaux  suivants  :  I"  sur  la  prétendue 
origine  bactérienne  de  la  diastase;  2"  sur  la  turgescence  chez  le 
Phycomyces,  518. 

Lebègue  (A.-N.).  —  Hommage  d'un  exemplaire  des  ouvrages  de  la 
Collection  nationale,  119. 

Le  Blanc  (F.).  —  Hommage  d'ouvrage,  6. 

Leboucq  (H.)  —  Hommage  d'ouvrage,  323. 

Léman  (G.).  —  Sur  la  recherche  des  moments  fléchissants  et  des  efforts 
tranchants  qui  se  produisent  dans  une  poutre  appuyée  à  ses  extrémités 
et  fléchie  sous  l'action  d'une  surcharge  mobile,  574;  rapport  sur  ce 
travail,  par  MM.  De  Tilly,  Liagre  et  Catalan,  528,  530. 

Lemonnier  (C).  —  Hommage  d'ouvrage,  16. 

Lenain  [L.].  —  Communication  de  son  6*  rapport  semestriel,  308; 
appréciations  de  ce  travail  (lectures  par  MM.  Demannez,  Biot  et  Siret\ 
509. 

Léopold  II  (Le  Roi).  —  Adresse  de  félicitations  de  l'Académie  pour  l'œu- 
vre du  Congo,  498. 

Le  Roy  (Alph.).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  507.  — 
Notes  bibliographiques  :  Voir  Bozzo,  Delbœuf  et  Roersch,  Giovanni. 

Liagre  (J.-B.-J.).  —  Renseignements  sur  les  prétendus  effets  de  trem- 
blements de  terre  ressentis  en  Belgique,  8.  —  Rapport  :  Voir  Fierez. 
Léman,  Niesten,  Stuyvaerl,  Terby. 

Ligue  internationale  des  antivaccinateurs.  —  Invitations  au  4e  Congrès,  4. 

Linas  (Ch.  de).  —  Élu  associé,  22;  remercie,  136;  accuse  réception  de 
son  diplôme,  195;  hommage  d'ouvrages,  136,  508. 


TABLE    DES    AUTEURS.  609 

Liszt  {F.).  —  Élu  associé,  21  ;  remercie,  508. 

Loveling  (Virginie).  —  Proclamée  lauréat  du  prix  De  Keyn,  495;  remer- 
cie, 589. 

Luvini  (J.).  —  Hommage  d'un  volume  sur  l'étal  sphérôïdal,  les  explo- 
sions des  machines  à  vapeur,  etc.,  52;  noie  sur  cet  ouvrage  par 
M.  Van  der  Mensbrugghe,  52. 

M. 

Mac  Leod  (J.).  —  Proclamé  lauréat  du  prix  De  Keyn,  495;  remercie,  589. 

Mailly  (Éd.).  —  Élu  directeur,  7. 

Malaise  (C).  —  Dépose  un  billet  cacheté  avec  complément,  207,  522. 

Mansion  (P.).  —  Note  sur  la  méthode  des  moindres  carrés,  9;  hommage 
d'ouvrages,  145,  144,  207. —  Rapports  :  Voir  Deruijts,  Lagrange,  Main- 
tins da  Silva. 

Marchai  \Chev.  Edm.).  —  Désigné  pour  remplir  les  fondions  de  secré- 
taire du  jury  pour  le  concours  des  cantates,  507.  —  Rapport  :  Voir 
Charlier. 

Manon  (A  -F.).  —  Hommage  d'ouvrage,  525. 

Markelbach  (A.).  —  Remercie  pour  les  félicitations  au  sujet  de  sa  nomi- 
nation d'officier  dans  l'Ordre  de  Léopold,  19. 

Martin  (Jos.).  —  Adresse  une  lettre  relative  à  l'échelle  du  mode  mineur 
(dépôt  aux  archives),  195;  avis  exprimé  sur  cette  communication  par 
M.Gevaert,  512. 

Martins  da  Silva.  —  Rapport  sur  sa  note  concernant  la  théorie  des  fonc- 
tions ellipliqes,  par  M.  Mansion,  524. 

Masius  ( V.).  —  Hommage  d'ouvrage,  145. 

Massy(A).  —  Hommi'-e  d'ouvrages  :  a)  glossaire  du  roman  de  Setna,  120; 
b)  les  papyrus  de  N<  bseni  (Livre  des  morts),  158;  notes  sur  ces  travaux 
par  M.  \Vagener,121,  159. 

Mans  (H).  —  Rapport:  Voir  Gérard,  Jacquet,  Weddingen  (Van). 

Dlelsens  (L).  —  Rapport  :  Voir  Hirn. 

Merten  (O  ).  —  Voir  Hollebeke  (B.  Van). 

Meunier  (St.).—  Hommage  d'ouvrage,  52. 

Mignon  (N.).~  Avis  favorable  sur  son  buste  en  marbre  de  feu  Schmer- 
ling,  156. 

Milanesi  (G.).  —  Élu  associé,  22;  remercie,  136. 
Minghetti  (Marco)  —  Élu  associé,  496  ;  remercie,  589. 
Ministre  de  VAgiiculture,  de   l'Industrie  et  des  Travaux  publics.  — 
Hommage  d'ouvrages,  2,  20,  118,  157,  206,  299,  522,  418,  518,  588, 
592;  répond  qu'il  lui  est  impossible  de  donner  suite  au  vœu  de  voir 


610  TAULE    DES    AUTEURS. 

rétablir  au  Budget  le  crédit  destiné  aux  festivals  nationaux,  20; 
demande  l'avis  de  l'Académie  sur  les  systèmes  actuels  de  parai onnerres, 
206;  fait  savoir  que  le  projet  de  loi  sur  la  propriété  littéraire  et  artis- 
tique pourra  être  voté  cette  année,  592. 

Ministre  de  la  Guerre.  —  Envoi  d'ouvrage  (carie),  3. 

Ministre  de  la  Justice.  —  Hommage  d'ouvrages,  299. 

Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique.  —  Hommage  d'ou- 
vrages, 31,  206. 

Moleschott  (J.).  —  Remercie  pour  son  élection  d'associé,  5;  accuse  récep- 
tion de  son  diplôme,  31. 

Molli  nos  (J.  et  S.  de).  —  Déposenl  un  billet  cacheté,  207. 

Monligny  (Ch.).  —  De  l'accord  entre  les  indications  des  couleurs  dans  la 
scintillation  des  étoiles  et  les  variations  atmosphériques,  85.  —  Rap- 
ports: Voir Daussin,  Fievez,  Gérard,  Jacquet,  Terby  ,Weddingen  (Van). 

Morren  (Éd.).  —  Propose  que  l'Académie  remette  une  adresse  au  Roi 
an  sujet  de  l'œuvre  du  Congo,  206,  299,  507;  texte  de  l'adresse,  498; 
hommage  d'ouvrage,  207.  —  Rapport  :  Voir  Carnoy. 

Mourlon(M).  —  Sur  l'existence  des  psammiles  du  Condroz  aux  environs 
de  Beaumont  dans  l'Enlre-Sambre-et-Meuse,  258. 

Mueller  (Bun  F.  von)  —  Hommage  d'ouvrage,  52. 

Murray  (John).  —  Hommage  d'ouvrages,  5i>.  518. 

If. 

Neureuther  (G.  de).  —  Élu  associé,  21;  remercie,  136. 

Niesten  (L.).  —  Observations  de  la  comète  Wolf,  faites  à  l'Observatoire  de 

Bruxelles,  à  l'équalorial  de  0m,15,  152;  avis  exprimé  sur  cette  note,  par 

M.  Liagre,  145. 
Nolet  de  Brauwere  van  Steeland  (J  ).  —  Hommage  d'ouvrage,  119.  — 

Rapport  :  Voir  Anonymes,  Droogenbroeck  (Van). 
Nordenskiold  (Le  Bva  A.-E '.).  —  Remercie  pour  son  élection  d'associé,  3; 

accuse  réception  de  son  diplôme,  142. 
Nypels  (G.).  —  Manifestation  à  l'occasion  de  sa  cinquantième  année  de 

professorat,  322,  50*. 

O. 

Observatoire  royal  de  Bruxelles.  —  Hommage  d'ouvrages,  5,  51, 142. 

Ocagne.  —  Voir  D'Ocagne. 

Olivecrona.  —  Voir  dPOlivecrona. 

Ouverleaux  (Ém.).  —  Hommage  d'ouvrage  (les  Juifs  en  Belgique  sous 

l'ancien  régime),  il 9;  note  sur  cette  brochure  par  M.  Wauters,  420. 
Overloop  (Eug.  Van).  —  Hommage  d'ouvrage,  519. 


TABLE    DES    AUTEUUS.  6 M 


Pauli  (Ad.).  —  Discours  prononcé  aux  funérailles  de  P.  Stappaerts,  hj 
7  mars  1885,  30P. 

Peschka  (G.  von).  —  Hommage  d'ouvrage,  208. 

Piot  (Ch.).  —  Nommé  Président  de  l'Académie,  2,  15,20;  promu  au 
grade  d'officier  de  l'Ordre  de  Léopold,  298;  sur  Louis  Du  Tielt,  peintre 
et  graveur  à  Y  près,  193;  la  conservation  des  archives  et  leur  importance 
au  point  de  vue  de  la  critique  historique  (discours),  442. 

Plateau  (F.).  —  Rapports  :  Voir  Carnoy,  Geefs  (J.). 

Potvin  (Ch.).  —  Fait  don  à  la  Bibliothèque  d'ouvrages  concernant  la  litté- 
rature nationale,  16;  membre  du  jury  pour  le  prix  De  Keyn,  18;  rap- 
port, 484. 

R. 

Renard  (A.-F.).  —  Félicitations  au  sujet  de  sa  médaille  Bigsby,  30; 
hommage  d'ouvrage,  144;  les  porphyres  de  Bierghes,  234;  note  sur  la 
géologie  du  groupe  d'îles  de  Tristan  da  Cunha,  330;  les  propriétés 
optiques  de  la  Luclwigile,  547.  —  Rapport  :  Voir  Sansoni. 

Reamont  (A.  de).  —  Hommage  d'ouvrage,  120. 

Reusens.  —  Hommage  d'ouvrage  (Élémenls  d'archéologie  chrétienne); 
159;  note  sur  ce  volume  par  M.  Willems,  162. 

Rivier  (Alph.).  —  Promu  au  grade  d'Officier  de  l'Ordre  de  Léopold,  298. 

Robert  (A.).  —  Rapports  :  Voir  Cogglie,  Verbrugge. 

Roersch(L).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  De  Keyn,  18;  rapport,  484; 
promu  au  grade  d'Officier  de  l'Ordre  de  Léopold,  298.  —  Voir  Delbœuf. 

Rousseau  (J.\  —  Hommage  d'ouvrage,  156. 

S. 

Saint-Saëns  (C).  —  Élu  associé,  21  ;  remercie,  136;  accuse  réception  de 

son  diplôme,  193. 
Samuel  (Ad.).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  507. 
Sansoni  (F.).  —  Note  cristallographique  sur  la  chaux  carbonatée  de  Bla- 

ton,287;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Dewnlque  et  Renard,  209,210. 
Saporta  (Marquis  G.  de).  —  Hommage  d'ouvrages,  32,  323. 
Scheler  (Aug.).  —  Soumet  à  l'appréciation  un  travail  intitulé  :  Le  catho- 

licon  de  Lille, 590. 
SeUjsLongchamps'Le  B»nEdm.de).—É\:\[  de  la  végétation  à  Longchamps- 

sur-Geer  (Waremme)  :  1°  le  21  mars  1885,236;  2»  le  21  avril  1885,  342. 
Sirel  (Ad.).  —  Membre  du  jury  du  concours  triennal  de  littérature  dra- 


H  2  TABLE    DES    AUTEURS. 

malique  en  langue  française,  16.  —  Rapport  sur  les  travaux  de  la 
Commission  de  la  Biographie  nationale  pendant  l'année  1884-1885,  499. 
Voir  aussi  Cogyhe,  Lenain,  Verbruyge. 

Slingeneyer  (Ern.).  —  Rapports  :  Voir  Côgghe,  Verbrugge. 

Société  d'anthropologie,  à  Bruxelles.  —  Demande  d'échange,  206. 

Société  royale  du  Canada.  —  Invite  l'Académie  à  envoyer  des  délégués 
à  sa  4e  session,  142. 

Société  royale  pour  C  encouragement  des  beaux-arts,  à  Anvers.  — 
Circulaire  relative  à  l'Exposition  universelle  d'Anvers,  308. 

Spring  (  IV.).  —  Approbation  royale  de  son  élection  de  membre  titulaire,2; 
remercie  pour' son  élection,  2;  membre  de  la  Commission  des  para- 
tonnerres, 521.  —  Rapports  :  Voir  De  la  Royère,  Fievez. 

Stappaerls  (F).  —  Annonce  de  sa  mort,  102;  discours  prononcé  à  ses 
funérailles,  par  M.  Pauli,  309. 

Stas  (J.S.).  —  Félicitations  au  sujet  du  rétablissement  de  sa  santé,  30; 
réélu  membre  de  la  Commission  administrative,  529.  —  Rapports: 
Voir  De  la  Royère  et  Fievez. 

Stecher  (/.).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  De  Keyn,  18;  rapport,  484. 
—  Notes  bibliographiques:  Voir  Hock,  Hollebeke  (B.  Van). 

Stein  (H.).  —  Hommage  d'ouvrage,  158. 

Sterry  Hunl  (T.).  —  Hommage  d'ouvrage,  144. 

Stuyvaert  (2s.).  —  Observations  des  comètes  Wolf  et  Encke,  faites  à 
l'Observatoire  de  Bruxelles,  à  l'équalorial  de  0,nl5,  152,  155;  avis 
exprimé  sur  ce  travail  par  M.  Liagre,  115. 

Sully  Prudhomme. —  Élu  associé,  496;  remercie,  589;  hommage  d'ou- 
vrages, 590. 

Swaen  (A.).  —  Étude  sur  le  développement  des  feuillets  et  des  premiers 
îlots  sanguins  dans  le  blastoderme  de  la  Torpille  (Torpédo  ocellata\ 
385;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Éd.  Van  Beneden  et  Van  Bambeke, 
529. 

T 

Tcrby  {F.)  —  Rapports  de  MM.  Liagre,  Monligny  .et  Folie  sur  son  travail 

(imprimé  dans  les  Mémoires  in-4°)  concernant  l'aspect  physique  de  la 

planète  Jupiter,  72,  74. 
Ter  Gouiv.  —  Hommage  d'ouvrage,  119. 
Tilly  {J.  De).  —  Sur  l'équation  de  Riccati  et  sa  double  généralisation,  216. 

—  Note  bibliographique  :  Voir  D'Ocagne.  —  Rapports  :  Voir  Lagrange, 

Léman. 
Toilliez  (Edm.).  —  Soumet  une  note  avec  dessins  sur  la  perspective 

pittoresque,  508. 


TABLE    DES    AUTEURS.  615 

u. 

Université  de  Bruxelles.  —  Voir  Denis  (L.). 

V. 
Van  den  Gheyn  (/.). —  Hommage  d'ouvrages,  419. 
Van  den  Kerckhove  (Aug.).  —  Avis  exprimé  sur  son  buste  en  marbre  de 

feu  Ch.-L.  Hansseus,  193. 
Vanderkindere  (L.).  —  Voir  Denis. 
Van  der  Mensbrugghe  (G.).  —  Essai  sur  la  théorie  mécanique  de  la 

tension  superficielle  de  l'évaporation  et  de  l'ébullition  des  liquides,  546  ; 

membre  de  la  Commission  des  paratonnerres,  521  ;  hommage  d'uuvrage, 

207.  —  Rapport  :  Voir  Hirn. —  Note  bibliographique  :  Voir  Luvini. 
Van  der  Straeten  {Éd.).  —  Renvoi  à  la  Commission  pour  la  publication 

des  œuvres  des  grands  musiciens  de  ses  rapports  sur  ses  recherches 

faites  à  Leyde  et  à  Munich,  21,  508,  508. 
Vanlair.  —  Hommage  d'ouvrage,  207. 
Verbrugge  (Ém.). —  Appréciation  de  son  1er  rapport  semestriel  (lecture 

par  MM.  Siret,  Slingeneyer,  Robert  et  Guffens),  21  ;  communication  de 

son  2d  rapport,  308. 
Virchoio  (R.).  —  Remercie  pour  son  élection  d'associé,  5. 

W. 

Wagener  (Aug.).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  De  Keyn,  18;  rapport, 
484;  id.  du  jury  du  concours  des  cantates,  507.  —  Rapport  :  Voir  Ano- 
nyme, Droogenbroeck  (Van).  —  Notes  bibliographiques  :  Voir  Massy. 

Waulers  (Alph.).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  De  Keyn,  18;  rapport, 
484;  sur  les  premiers  temps  de  l'histoire  de  Flaudre,  165;  motion  au 
sujet  des  funérailles  de  Ch.  Rogier,  587.  —  Note  bibliographique  : 
Voir  Ouverleaux. 

Weddingen  (Van).  —  Rapport  de  MM.  Maus  et  Moutigny  sur  sa  note 
(déposée  aux  archives)  concernant  l'amélioration  des  aérostats,  84,  85. 

Welvaarts  (Th.-lgn.).  —  Hommage  d'ouvrages  relatifs  à  l'Abbaye  de 
Postel,  à  l'histoire  de  Corseudonck,  etc  ,  159;  note  sur  ces  publications 
par  M.  Willems,  163. 

Willems  (P.).  —  Élu  directeur  pour  l'année  1886,  17;  hommage  d'ou- 
vrage, 419.  —  Rapport  :  Voir  Anonymes,  Droogenbroeck  (Van).  —  Notes 
bibliographiques:  Voir  Heusens,  Welvaarts. 

X. 

Xénopol  (A.-D.). —  Hommage  d'ouvrage  (les  Roumains  au  moyen  âge), 
500;  note  sur  ce  volume  par  M.  de  Harlez,  300. 


3mï    SÉRIE,   TOME  IX.  42 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


A. 

Anatomie.  —  Rapports  de  MM.  P.-J.  Van  Beneden  el  Plateau  sur  un  allas 
d'analomie  pittoresque  du  cheval,  par  M.  Geefs,  J.,  59.  —  Voir  Zoologie. 

Architecture.  —  Voir  Concours  de  la  Classe  des  beaux-arts. 

Assyriologie.  —  Une  bibliothèque  royale  en  Assyrie  au  VIIe  siècle  avant 
Jésus-Christ,  par  Th.  Lamy,  460. 

Astronomie.  —  Rapports  de  MM.  Liagre,  Montigny  et  Folie  sur  un  tra- 
vail de  M.  Terby  (imprimé  dans  les  Mémoires  in-4°)  concernant  l'aspect 
physique  de  la  planète  Jupiter,  72,  74;  observations  des  comètes  Wolf 
et  Encke  faites  à  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles  à  l'équatorial  de 
0IU,15,  par  MM.  L.  Niesten  el  E.  Sluyvaerl,  152, 155;  avis  exprimé  sur  ces 
deux  notes  par  M.  Liagre,  145;  M.  De  Bail  soumet  un  travail  concernant 
les  surfaces  de  Jupiter  et  de  Vénus,  518.  —  Voir  Spectroscopie. 

B. 

Beaux-arts.  —  Voir  Anatomie;  Concours  (Prix  de  Home),  Législation, 
Musique,  Perspective. 

Bibliographie.  —  Projet  de  publication  d'une  5e  édition  de  la  Bibliographie 
académique,  505;  —  Notes  sur  les  ouvrages  suivants  :  Una  crouaca  sici- 
liaua  del  secolo  XIV  (Bozzo),  par  M.  Le  Roy,  161  ;  del  zilioide  fossile.  Resli 
fossili  di  dioplodon  emesoplodon  (Capeliiiii),  par  M.  P.-J.  Van  Beneden  5151; 
Éléments  de  grammaire  française  (Delbœuf  et  Roersch),  par  M  Le  Boy, 
120;  l'êtes  jubilaires  du  50e  anniversaire  de  l'Université  de  Louvain 
(Descamps),  par  M.  Lamy,  125;  Inventaire  analytique  des  archives  des 
Ftats  de  Hainaut  (t.  Ier,  par  L.  Devillers),  par  M.  Bormans,  17;  coor- 
données parallèles  et  axiales  (D'Ocagne),  par  M.  J.  De  Tilly,  208  ; 
brochures  concernant  l'aberration,  par  F.  Folie,  5;  Ciulo  d'Alcamo  (di 
Giovanni),  par  M.  Le  Boy,  160;  Liège  au  XIXe  siècle  (Hock),  par 
M.  Slecher,  125;  grammaire  française  (Hollebeke,  (B.  Van)  el  Merten  O.), 
pat   M.  Stecher,  420;  état  sphéroïdal,  explosion   des  machines  à  va- 


TABLE    DES    MATIÈRES.  GIS 

peur,  etc.  (Luvini),  par  M.  Van  der  Mensbrugghe,  52;  glossaire  du 
roman  de  Setna.  Le  papyrus  de  Nebseni  (Massy),  par  M.  Wagoner,  121, 
159;  les  Juifs  en  Relgique  sous  l'ancien  régime  (Ouverleaux),  par 
M.  Wauters,  420;  éléments  d'archéologie  chrétienne  (Reusens),  note  par 
M  Willems,  162;  ouvrages  relatifs  à  l'Abbaye  de  Postel,  à  l'histoire  de 
Corsendonck,  etc.  (Welvaarts),  par  M.  Willems,  163;  les  Roumains  au 
moyen  âge  (Xénopol),  par  M.  de  Harlez,  300. 

Billets  cachetés.  —  Dépôts  :  par  MM.  Edm.  Van  Aubel,  4;  Froville  et 
A.  Drachet,  142;  Malaise,  207,  322;  .lorissen,  207;  Mollins,  207; 
Ch.  Lagrange,  318;  H.  de  Puydl,  390  \]—  M.  Catalan  est  remis  en  posses- 
sion de  son  pli  déposé  le  8  novembre  1881,  4. 

Hingraphie.  —  Discours  prononcé  aux  funérailles  de  F.  Stappaerts  le 
7  mai  1885,  par  M.  Pauli,  309;  moiion  au  sujet  des  funérailles  de 
Ch  Rogier,  587.  —  Voir  Commission  de  la  Biographie  et  Histoire  de 
l'art. 

l'iologic.  —  Voir  Zoologie. 

Botanique.  —  M.  Laurent  soumet  les  travaux  suivants  :  I"  sur  la  préten- 
due origine  bactérienne  de  la  diaslase;  2°  sur  la  turgescence  chez  le 
Phycomyces,  518. 

Bustes  des  académiciens  décèdes.  —  Appréciation  des  bustes  en  mar- 
bre :  1"  de  feu  Schmerling,  exécuté  par  M.  Mignon,  136;  2°  de  feu 
Ch.-L.  Hanssens,  exécuté  par  M.  Aug.  Van  den  Kerekhove,  193;  3"  do 
feu  Antoine  Spring  exécuté  par  M.  Desenfans,  508. 


Caisse  centrale  des  artistes.  -  M.  Alvin  donne  connaissance  de  la  situa- 
tion financière  pour  l'année  1884, 136;remercîmenlspour  sa  gestion,  137; 
nécessité  d'une  révision,  du  règlement  de  la  Caisse,  313;  communication, 
discussion  et  adoption  d'un  nouveau  texte  du  règlement,  595. 

Chimie.  —  M.  Henry  demande  à  obtenir  un  nouveau  subside  pour  conti- 
nuer ses  recherches  de  chimie  organique  (avis  sur  cette  demande  a  été 
donné  au  Gouvernement),  30;  sur  quelques  dérivés  de  l'hydrocamphène 
télrabromé,  par  W.  De  la  Royère,  565;  rapport  de  MM.  Spring  et  Stas 
sur  ce  travail,  521,  523.  —  Voir  Botanique  et  Spvctroscopie. 

Commission  pour  ta  publication  des  œuvres  des  anciens  musicaux 
belges.  Reçoit  communication  des  rapports  de  M.  Éd.  Van  der  Straelen 
sur  ses  recherches  musicales  faites  à  Leydeclà  Munich,  21 ,308,  308;  — 
jiour  la  publication  d'une  biographie  nationale  M.  Ilymans  élu  délègue 
delaClassedes  beaux-arls,  130;  rapport  sur  les  travaux  de  la  Commission 


616  TABLE    DES    MATIÈRES. 

pendant  Tannée  1884-1885,  par  M.  Siret,  499;  —  royale  d'histoire. 
Ouvrages  déposés  dans  la  Bibliothèque,  204, 299;  —  des  paratonnerres 
Communication  d'une  dépêche  ministérielle  relative  aux  systèmes 
actuels  des  paratonnerres,  206;  MM.  Van  der  Mensbrugghe,  Springet 
Folie  élus  membres,  521  ;  —  administrative.  MM.  Stas,  Faider,  Alvin 
réélus  membres,  529,  425,  509. 

Concours.  —  Les  institutions  scientifiques  ci-après  envoient  leurs  pro- 
grammes de  concours:  Académie  des  sciences  de  Turin,  5;  Académie 
de  Stanislas  de  Nancy,  142;  Académie  des  sciences  morales  et  politi- 
ques de  Madrid,  299;  Académie  des  sciences  de  l'Institut  de  Bologne, 
522;  Académie  des  sciences  d'Amsterdam  (prix  Hoeufll),  418. 

Concours  de  la  Classe  des  beaux-arts.  —  Lettre  de  M.  De  Leener 
proposant  de  mettre  au  concours  l'histoire  des  anciens  chants  et  danses 
populaires  du  pays,  508;  mémoire  envoyé  en  réponse  à  la  question 
demandant  de  faire  l'histoire  de  l'architecture  qui  (lotissait  en  Belgique 
au  XVe  et  au  XVI*  siècle,  592. 

Concours  de  la  Classe  des  lettres.  —  Manuscrits  reçus  en  réponse  à  la 
question  concernant  l'application  des  règles  de  la  métrique  grecque 
et  latine  à  la  poésie  néerlandaise,  125;  rapports  sur  ces  deux  mémoires 
par  MM.  J.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland,  Willems  et  Waccner. 
425,  459,  440;  M.  J.-A.  Van  Droogenbroeck-Asselberghs  proclame 
lauréat,  494;  remercie,  589. 

Concours  de  la  Classe  des  sciences  :  —  1884.  Ordre  du  jour  prononcé 
sur  une  lettre  de  l'auteur  du  mémoire  concernant  les  lignes  de  cour- 
bure de  la  surface  des  ondes,  51.  —  1886.  Programme,  5L  —  1887. 
Question,  56.  —  Concours  extraordinaire.  Question  relative  à  la 
conservation  du  poisson  et  au  repeuplement  des  rivières,  57. 

Concours  (Grands).  Prix  de  Rome.  —  Gravure.  1881.  Communication 
du  6e  rapport  de  M.  L.  Lenain,  508;  lecture  de  l'appréciation  de  ce 
rapport,  509.  —  Peinture.  1880.  Lecture  des  appréciations  du 
"<■  rapport  du  lauréat  R.  Cogglie,  21  ;  communication  de  son  8-  rapport, 
308.  —  1885.  Lecture  des  appréciations  du  1,r  rapport  du  lauréat 
Verbrugge,  21  ;  communication  de  son  2r  rapport,  508.  —  Sculpture. 
1885.  Communication  du  4f  rapport  du  lauréat  6.  Charlier,  508;  lecture 
de  l'appréciation  de  ce  rapport,  595.  —  1885.  Programme,  20. 

Concours  des  cantates.  —  Date  de  l'ouverture,  507;  candidatures  pour  la 
formation  du  jury,  515;  membres  du  jury,  507;  liste  des  poèmes 
envoyés,  509. 

Congrès,  sessions.  —  Invitations:  au  Congrès  de  la  ligue  internationale 
des  antivaccinateurs,  4;  au  Congrès  de  navigation  intérieure,  522;  à  la 


TABLE    DES    MATIÈRES.  617 

4e  session  de  la  Société  royale  du  Canada,  142;  au  Congrès  de  bota- 
nique et  d'horticulture  à  Anvers,  518. 
Cristallographie.  —  Note  cristallographique  sur  la  chaux  carhonalée  de 
Blaton,  287;  rapports  de  MM.  Dewalque  et  Renard  sur  ce  travail,  209, 
210. 

D. 

Dons.  —  Ouvrages  imprimés,  par  MM.  Arneth  (von),  419;  Bambeke  (Van), 

51,  323;  Bernimoulin,  207;  Biker,  419;  Body,  20;  Bonaparte,  207; 
Bouton,  419;  Bozzo,  158;  Braun,  590;  Capellini,  519;  Carutti,  207; 
Catalan,  523;  Certes,  519;  Daems,  500;  De  Block,  16;  De  la  Vallée 
Poussin,  144;  Delbœuf,  119,  523;  Del  vaux,  6;  De  Mont,  16;  Denis,  16; 
De  Potter,  300;  Descamps,  1 19;  Devillers,  16  ;  deWitte,  119,  300,  419; 
D'Ocagne,  207;  D'Olivecrona,  158;  Dollo,  207;  Donders,  51;  Dubois, 
207,  519;  Dubourg,  158;  Dupont,  322;  Engelmann,  51;  Faider,  16; 
Faure,  500;  Folie,  5;  Franck  (A.),  Ô00  ;  Francotte,  143;  Frankenlhal 
(de),  500;Gachard,  299;  Giovanni(di),  158,  590;Gravis,144;  Harlez(de), 
158;  Harlhung,  590;  Hauck,  509;  Henrard,  300;  Heremans  (Mmc  Ve), 
1 19;  Hirn,  145;  Heron-Royer,  525;  Hock,  1 19;  Hofmann,  143  ;  Hollebeke 
(Van),  419;  Houzé,  323;  Hymans  (M«  Ve),  119,  590;  Jacques,  325; 
Jadoul,  4;  Janetlaz,  52;  Joly,  207;  Juste,  16, 119,  500;  Kervyn de  Letten- 
hove  (le  B"n),  300;  Kolliker,208;  Lameere,  158;  Lancasler,  6;  Lasaulx 
(von),  52;  Lasteyrie,  119,  300,  419;  Lebègue,  119;  Le  Blanc,  6; 
Leboucq,  523;  Lemonnier,  16;  Linas  (de),  156,  508;  Luvini,  5e?;  Man- 
sion,  145,  144,  207;  Marion,  523;  Masius,  145;  Massy,  120,  158;  Mer- 
ten,  419;  Meunier,  52;  Minisire  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics,  2,  20,  118,  157,  206,  299,  522,418,518,588,592; 
Ministre  de  la  Guerre,  5;  Ministre  de  la  Justice,  299;  Ministre  de  l'In- 
térieur et  de  l'Instruction  publique,  31,  206;  Morren,  207;  Mueller 
(von),  32;  Murray,  32,  518;  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland,  119; 
Observatoire  royal  de  Bruxelles,  5,  51,  142;  Ouverleaux,  419;  Overloop 
(Kug.  Van),  519;  Peschka  (von),  208;  Potvin,  16;  Renard,  144;  Reu- 
mont,  120;  Reusens,  159;  Roersch,  119;  Rousseau,  136;  Saporta  (de), 

52,  325  ;  Slein,  158;  Sterry  Huni,  144;  Sully  Prudhomme,  590;  Ter 
Gouw,  119;  Van  den  Gheyn,  419;  Van  der  Mensbrugghe,  207;  Van- 
lair,  207;  Welvaarts  (Van),  159;  Willems,  419;  Xénopol,  300;  -  ouvra- 
ges manuscrits  :  Delaey,  5,  522. 

E. 

Élections  et  nominations  :  Classe  des  sciences.  M.  Mailly  élu  direc- 
teur pour  1886,  7;  approbation  royale  de  l'élection  de  M.  Spring  comme 
membre  titulaire,  2;  remercîments  pour  les  élections  et  pour  l'envoi 


618  TABLE    DES    MATIÈRES. 

des  diplômes,  2,  31,  142;  médaille  Bigshy  décernée  à  M.  Renard,  50. — 
Classe  des  lettres.  M.  Piol  nommé  Président  de  l'Académie,  2,  15, 
20;  M.  Piol  promu  au  grade  d'officier  de  l'Ordre  de  Léopold,  298; 
M.  Willems  élu  directeur  pour  1886,  17;  MM.  Rivier  et  Roersch  pro- 
mus au  grade  d'officier  de  l'Ordre  de  Léopold,  208;  M.  Gautrelle  élu 
membre  titulaire,  490;  approbation  royale  de  son  élection,  588;  MM.  Van 
Beers  et  Frédérix  élus  correspondants;  MM.  Beets,  von  Hoefler, 
Sully  Prudhomme^t  Minghelti  élus  associés,  496;  remercîments  pour 
les  élections,  5S8.  —  Classe  des  beaux-arts.  M.  Alvin  élu  directeur 
pour  1886,  22;  M.  Hymans  élu  membre  titulaire,  22;  approbation  royale 
de  son  élection,  Iôj;  M.  Du  Caju,  élu  correspondant,  pI  MM.  Begas, 
de  Neureulher,  Saint-Saens,  Liszt,  de  Linas,  Milanesi,  élus  associés, 
21;  remercîments  pour  les  élections  et  pour  l'envoi  des  diplômes.  136, 
193,  ri08;  M.  Markelhaeh  remercie  pour  sa  nomination  dans  l'Ordre  de 
Léopold,  19.  Voir  Commissions,  Concours,  Prix. 
Exposition.  -  Communication  d'une  circulaire  relative  à  l'Exposition  des 
beaux-arts  d'Anvers,  308. 

G. 

Géographie.  —  Proposition  d'adresse  au  Roi  au  sujet  de  l'œuvre  du 
Congo,  206,  299,  307;  texte  de  l'adresse,  498. 

Géologie  et  paléontologie.  —  .Sur  l'existence  de  roches  maclifères  dans 
le  terrain  devonien  inférieur  de  l'Ardenne  belge,  par  É.  Dupont,  110; 
sur  la  découverte  d'un  Mosasaurien  gigantesque  dans  le  Hainaut,  par. 
É.  Dupont,  215;  sur  l'existence  des  psammites  du  Condroz  aux 
environs  de  Beaumont  dans  rEutre-Sambre-et-Meuse,  par  Michel 
Mourlon,  238;  sur  la  géologie  du  groupe  d'îlps  de  Tristan  da  Cunha, 
par  A.-F.  Renard,  330;  note  sur  le  terrain  carbonifère  du  Morvan,  par 
A.  Julien,  suivie  de  quelques  observations  relativement  aux  espèces 
fossiles  qui  y  ont  été  recueillies,  par  L.-G.  de  Koninck,  376;  Voir  Cris- 
tallographie et  Minéralogie. 

II 

Histoire.  —  La  mort  de  Don  Juan,  par  le  baron  Kervyn  de  Letten- 
bove,  126;  sur  les  premiers  temps  de  l'histoire  de  Flandre,  par  Alph.. 
Wauters,  165;  M.  Dario  Bertolini  soumet  une  note  sur  une  inscription 
de  magistrat  romain  de  la  Gaule  Belgique,  419;  la  conservation  des 
archives  et  leur  importance  au  point  de  vue  de  la  critique  historique, 
discours  par  Ch.  Piot,  ii2. 

Histoire  de  l'art.  —  IVote  sur  Louis  du  Tielt,  peintre  et  graveur  à  Ypres, 
par  Ch.  Piol,  193. 

Histoire  littéraire.  —  Voir  Philologie. 


TABLE    DES    MATIÈRES.  (il  9 


Jubilé.  —  Coopération  de  l'Académie  à  la  manifestation  à  l'occasion  de 
la  cinquantième  année  de  professorat  de  M.  G.  Nypels,  522,  508. 

L. 

Législation  et  jurisprudence.  —  Dépêche  ministérielle  relative  an  pro- 
jet de  loi  sur  la  propriété  artistique  et  littéraire,  592. 

M. 

Mathématiques.  —  Sur  la  méthode  des  moindres  carrés,  par  M.  l>.  Man- 
siou,  9;  formule  nouvelle  pour  le  développement  des  fonctions,  en 
particulier  des  intégrales,  par  M.  Ch.  Lagrange,  114;  avis  exprime 
sur  ce  travail  par  MM.  De  Tilly  et  Mansion,  59;  dépôt  aux  archives 
d'une  note  de  M.  Boblin  intitulée  :  Transformation  des  cas  illusoires 
de  la  moyenne  ■proportionnelle  en  solutions  réelles,  142;  note  con- 
cernant la  recherche  des  moments  fléchissants  et  des  efforts  tranchants 
qui  se  produisent  dans  une  poutre  appuyée  à  ses  extrémités  et  fléchie 
sous  l'action  d'une  surcharge  mobile,  par  le  capitaine  G.  Léman,  574; 
rapport  sur  ce  travail  par  MM.  De  Tilly,  Liagre  et  Catalan,  528,  530; 
M.  Deruyts  présente  un  travail  sur  certains  développements  en  séries 
(imprimé  dans  les  mémoires  in-4°),  1i4;  rapports  sur  ce  travail  par 
MM  Catalan  et  Mansion,  523,525;  sur  l'équation  deRiccati  et  sa  double 
généralisation,  par  M.  J.  De  Tilly,  216;  rapport  de  M.  Mansion  sur  une 
question  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques,  par  M.  Murtins  da 
Silva,  524;  question  d'Analyse  indéterminée,  par  M.  Catalan,  551  ;  une 
récréation  mathématique,  par  M.  Catalan,  554. 

Mécanique.  —  Ordre  du  jour  prononcé  sur  une  lettre  anonyme  concernant 
la  couronne  de  l'hélice  propulsive,  5'. 

Météorologie  et  physique  du  globe.  —  M.  Damry  soumet  une  note  (retirée 
ensuite  par  l'auteur)  sur  un  nouveau  moyen  \le  déterminer  l'humidité 
de  l'air,  5;  sur  les  prétendus  eflels  de  tremblements  de  terre  ressentis 
en  Belgique,  par  M.  Liagre,  8;  de  l'accord  entre  les  indications  des  cou- 
leurs dans  la  scintillation  des  étoiles  et  les  variations  atmosphériques, 
par  M.  Ch  Monligny,  85;  étal  de  la  végétation  à  Liège,  à  Spa  et  à  Long- 
champs  (Waremme),  les  21  mars,  20  et  21  avril  1885;  par  G.  Dewalque 
et  le  baron  E.  de  Selys  Longchamps,  236,  542. 


620  TABLE    DES    MATIÈRES. 

Minéralogie.  —  Les  porphyres  de  Bierghes  par  A.-F.  Renard  et  Ch.  de  la 
Vallée  Poussin,  254;  M. Ch.de  la  Vallée  Poussin  soumet  un  travail  con- 
cernant les  anciennes  rhyoliles,  dites  «  eurites  »  de  Grand-Manil,  519; 
les  propriétés  optiques  de  la  Ludwigite,  par  A  -F.  Renard,  547.  —  Voir 
Cristallographie. 

Monuments.  —  Projet  d'inscription  à  placer  sur  le  piédestal  de  la  statue 
d'Adolphe  Quetelet,  506. 

Musique.  —  Impossibilité  de  réaliser  le  vœu  de  voir  rétablir  au  Budget 
le  crédit  destiné  aux  festivals  nationaux,  20;  M.  Martin  soumet  une 
lettre  relative  à  l'échelle  musicale  du  mode  mineur,  195;  avis  exprimé 
sur  cette  communication  par  M  Gevaert,  512.  —  Voir  Commission. 

Vi. 

Nécrologie.  —  Annonce  de  la  mort  de  MM.  F.  Stappaerls,  192;  Louis 
Haghe,506;  F.  Hiller,  591. 

O. 

Ouvrages  présentés  :  Janvier,  22;  février,  137;  mars,  197;  avril,  514; 
mai,  515;  juin,  594. 


Perspective. —  M.  ïoillez  soumet  une  note,  avec  dessins,  sur  la  perspec- 
tive pittoresque,  508. 

Pisciculture.  —  Voir  Concours  de  ta  Classe  des  Sciences. 

Philologie.  —  M.  Scheler  soumet  un  travail  manusciit  intitulé  :  Le 
Catholicon  de  Lille,  590.  —  Voir  Assyriologie. 

Physiologie.  —  Voir  Botanique  et  Zoologie. 

Physique.  —  Rapports  de  MM.  Folie,  Van  der  Mensbrugghe  et  Melsens 
sur  un  travail  (avec  supplément)  de  M.  Hirn  (imprimé  dans  les 
Mémoires  in-4°)  concernant  les  lois  de  l'écoulement  et  du  choc  des  gaz 
en  fonction  de  la  température,  40,  48,  49,  524;  rapport  de  MM.  Maus  et 
Montigny  sur  trois  communications  (déposées  aux  archives)  relatives  à 
l'amélioration  des  aérostats  par  MM.  Gérard,  Van  Weddingen  et  Jacquet, 
79,  85;  M.  Daussin  adresse  une  réclamation  de  priorité  (déposée  aux 
archives)  pour  un  voltamètre  (annulation  de  l'exlra-courant),  144; 
rapport  sur  cette  communication  par  M.  Montigny,  212;  sur  la  tension 
des  vapeurs  saturées.  —  Modilicalion  à  apporter  à  la  loi  de  Dalton,  par 


TABLE    DliS    MATIÈRES.  g-JJ 

M.  P.  De  Heen,  -28!  ;  détermination  du  coefficient  de  compressibilité  de 
quelques  liquides  et  des  variations  que  eetle  quantité  «'prouve  avec  la 
température.  Loi  théorique  qui  régit  les  variations  du  coefficient  de 
compressibilité  avec  la  température,  par  P.  De  Heen,  550;  M.  Van 
Aubel  soumet  une  note  sur  la  rotation  éleelro-magnélique  du  plan  de 
polarisation  de  la  lumière  et  sur  l'influence  de  la  lumière  sur  la  conduc- 
tibilité électrique  du  sélénium  (celle  note  a  été  retirée  par  l'auteur) 
523;  essai  sur  la  théorie  mécanique  de  la  tension  superficielle  de  l'evapo- 
ration  et  de  Pébullition  des  liquides  (lr-  partie),  |  ar  G.  Van  der  Mens- 
brugghe,  ."46. 

Prix  du  Roi.  —  Programmes  pour  1886,  1887  et  1888,  58!). 

Prix  J.  De  Keijn.  —  Membres  du  jury,  8,  18;  rapport  du  jury,  464; 
proclamation  des  résultais  du  concours,  495;  remercîments  des  lau- 
réals,  589. 

Prix  quinquennal  des  sciences  physiques  et  mathématiques  :  1879-1885. 
M  le  Ministre  transmet  50  exemplaires  du  rapport  du  jury,  2;  —  de 
Littérature  néerlandaise  :  1880-84.  M.  J   Van  Beers,  lauréat,  418,  495. 

Prix  triennal  de  littérature  dramatique  m  langue  française  :  1882-84  ; 
membres  du  jury,  15;  M.  L.  de  Coninck  lauréat,  418,  49(5. 

Publications  de  l'Académie.  —  Demande  d'obtention  du  Bulletin  par 
l'Association  des  élèves  des  Ecoles  spéciales  de  l'Université  de  Liège,  5: 
demande  d'échange  faite  par  la  Société  d'anthropologie  de  Bruxelles, 
206. 

S. 

Sciences  murales  et  politiques.  —  Projet  d'adresse  au  Roi  au  sujet  de 
l'œuvre  du  Congo,  2<'6,  299,  Ô07;  texte  de  l'adresse,  498. 

Séances  de  la  Classe  des  scieices  :  janvier,  I;  février,  29;  mars,  141; 
avril,  205;  mai,  322;  juin,  518;  —  de  la  Classe  des  lettres  .janvier,  15; 
février,  118;  mars,  157;  avril,  298;  mai,  417;  séance  publique,  441; 
juin,587;  —  de  la  Classe  des  beaux-arts  :  janvier,  19;  février,  155: 
mars,  192;  avril,  Ô06;  mai,  507;  juin,  591  ;  —  séance  générale  pour  les 
trois  Classes,  497. 

Speclroscupie.  —  Rapport  de  MM.  Stas,  Liagre  et  Montigny  sur  un  tra- 
vail de  M.  Fievez  (imprimé  dans  les  Mémoires  in-4°)  concernant  le 
spectre  du  carbone  dans  l'arc  électrique  en  rapport  avec  le  spectre  des 
comètes  et  le  spectre  solaire,  75,  79;  de  l'influence  du  magnélisme  sur 
les  caractères  des  raies  speci raies,  par  M.  Fievez,  581  ;  rapport  sur  ce 
travail  par  MM.  Stas  etSpring,  327,  328. 

Statique  graphique.  —  Voir  Mathématiques-.  (Travail  de  M.  Léman). 
5me    SÉRIE,  TOME  IX.  43 


622  TABLE    DES    MATIERES. 


z. 

Zoologie  (y  compris  Biologie  et  Physiologie).  —  Lecture  des  rapports 
sur  la  demande  de  M.  Carnoy  d'être  envoyé  au  laboratoire  de  Naples, 
8;  un  mot  sur  les  deux  Balénoptères  d'Ostende  de  1X27  ei  de  1885, 
par  M.  P-J.  Van  Beneden,  1  ï rs ;  sur  l'apparition  d'une  petite  gamme 
de  vraies  Baleines  sur  les  côles  Est  des  États-Unis  d'Amérique, 
par  M  P.-J.  Van  Beneden,  21  i;  élude  sur  le  développement  des  feuillets 
el  des  premiers  îlols  sanguins  dans  le  blastoderme  de  la  torpille  (Tor- 
pédo ocellata),  par  M  A.  Swaei),  385;  rapport  sur  ce  travail  par 
MM.  Ed.  Van  Beneden  et  Van  Bamheke,  529;  note  sur  le  mouvement 
du  cerveau  chez  le  chien,  par  L.  Fredericq,  562;  sur  les  mouvements 
du  cerveau  de  l'homme,  par  L  Fredericq,  556;  procédé  opératoire 
nouveau  pour  l'étude  physiologique  des  organes  Ihoraciques,  par 
L.  Fredericq,  544. 


TABLE  DES  PLANCHES 


Page  564.  —  Appareil  pour  la  détermination  du  coellicienl  de  comptes- 
sibililé,  par  P.  De  Heen. 

»/ 
—     586.  —  Poutre  appuyi'e  à  ses  extrémités  et  fléchie  sous  l'action  de 

charges  mobiles.  —  Détermination  des  moments  fléchis- 
sants et  des  efforts  tranchants,  par  le  capitaine  du  génie 
G.  Léman. 


PUBLICATIONS  DE  L'ACADEMIE  ROYALE  DE  BELGIQUE. 

Nouveaux  mémoire»,  tomes  I-X1X  (1820-1845);  in-4".  —  Mémoires. 
lomes  XX-XLVI  (1846-1884);  in-4°.  —  Prix  :  8  fr.  par  volume  à  partir  du 
tome  X. 

mémoires  couronnes,  lomes  I-XV  (1817-1842);  in-4".  —  mémoires 
couronnés  et  mémoires  des  savants  étrangers,  tomes  XVI -MAI 
(1843-1884);  in-4".  —  Prix  :  8  fr.  par  vol.  àpartir  du  lome  XII. 

mémoires  couronnés,    in-8°,    lomes  I-XXXV1.    Prix  :  4  fr.  par  vol. 

Tables  «le  Logarithmes,  par  MAI.  Namur  et  Mansion,  in-8". 

Tables  des  Mémoires  (1816-1857)  (1858-1878).  ln-18. 

Annuaire,  lie  à  5I"'C  année,  1835-1883;  in-18.  Fr.  1,50. 

Bulletins,  U<  série,  tomes  I-XXIU;  —2e  sér.,  t.  I-L;  —  5e  sér.,  t.  I-IX, 
in-8°.  —  Annexes  aux  Bulletins  de  1854,  in-8°.  —  Prix  :  4  fr.  par  vol. 

Table*  générales  des  Bulletins  :  lomes  I-XXI1I,  lrc  série  (  1832-1836). 
1858,  in-*".  —  2*  série,  tomes  I-XX  (1857-1866),  tomes  XXI-L  (1-867- 
1880),  1885;  in-8". 

Bibliographie  aeailémlque.  1854;  1  vol.  in-18. -- 1874;  1  vol.  in-18. 

Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  l'Académie.  1850;  nouvelle  édition, 
lrtÉ  partie;  2df  partie  :  sciences  1881-84;  in-8°. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  de  M.  le  baron  de  Slassarl.  1863;  in-8". 

Centième  annlvors:ilre  de  fondation  ^1772-1872).  1872;  2  vol.  gr.  in-8. 


Commission  pour  la  publication  des  monuments  de  la  littérature 
flamande. 
OEuvres  «le  Van  mtterlnut  :  Der  naturen  BLOEME,lome  1er,  publié  par 
M.  J.  Bormans,  1857;  1  vol.  in-8°;  —  Rymbvbel,  avec  Glossaire,  publié 
par  M.  J.  David,  1858-1860;  4  vol.  in-8°; — Alexanders  Geesten,  publie  par 
M.  Snellaert,  1860-1862;  2  vol.  in-8".  —  ilederlandsche  gedichten,  etc., 
publiées  par  M.  Snellaeil,  1869;  1  vol.  in-8°.  —  Parthonopeus  van  Bloys. 
publie  par  M.J.  Bormans,  1871  ;  1  vol.  in-8°.  —  Speghel  dcrWyshcit,  van 
Jan  Praet,  publie  par  M.  J.  Bormaus,  1872;  1  vol.  in-8". 

Commission  pour  la  publication  d'une  collection  des  œuvres  des 
grands  écrivains  du  pays. 

OEuvres  «le  «  hastcllain,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Leltenhove. 
1865-1805,  8  vol.  in-8". —  Le  1er  livre  des  Chroniques  «le  Froissart, 
publie  par  le  même.  1863,  2  vol.  in-8°.  —  Chroniques  de  Jehan  le  Bel, 
publiées  par  M.  Poiain.  1865,  2  vol.  in-8°. —  LI  Itoumans  de  Cléomadès, 
publié  par  M.  Van  llassell.  1866,  2  vol.  in-8°. —  Bits  et  contes  de  Jean  et 
Baudouin  de  Coudé,  publies  par  M.  Auguste  Scheler.  1866,  5  vol.  in-8°. 

—  Li  ars  d'amour,  elc,  publié  par  M.  J.  Petit.  1866-1872,  2  vol.  in-8°.  — 
OEuvres  «le  Froissart  :  Chroniques ,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Lelten- 
hove. 1867-1*77,  20  vol.  in-8°;  -  Poésies,  publiées  par  M.  Scheler.  1870-1872. 
5  vol.  in-8";  —  Glossaire ,  publié  par  le  même.  1874,  un  vol.  in-8". —  Lettre» 
«le  Commiues,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Letlenliove.  1867,  5  vol.  in-8  . 

—  Hits  «le  Watriquet  de  Convin  ,  publiés  par  M  A.  Scheler.  1868,  1  vol. 
in-8°.  —  Les  Enlanees  Ogier,  publiées  par  le  même.  1874,  1  vol.  in-8.— 
Buevcs  «le  Commarchis,  par  Adenès  li  Rois,  publié  par  le  même.  1874  , 
1  vol.  in-8".  —  Li  Koumaus  de  Berte  aus  gratis  pies,  publie  par  le 
même.  1874,  1  vol.  in-8". —  Trouvères  belges  du  XIIe  au  XIVe  siècle, 
publiés  par  le  même.  1876,  1  vol.  in-8D.  —  Nouvelle  série,  1879,  1  vol.  in-8".  — 
Li  Bnstars  «le  Bullion,  publié  par  le  même.  1877,  1  vol.  in-8". —  Bécits 
d'un  Bourgeois  de  ValciicScnncs  (XIVe  siècle),  publies  par  M.  le 
baron  Kervyn  de  Leltenhove.  1877,  1  vol.  in-8°.  —  OEuvres  de  Glilllebcrt 
de  Lannoy,  publiées  par  M.  Potvin.  1878,  1  vol.  in-8°.  —  Poésies  de 
Gilles  li  muisis,  publiées  par  M.  Kervyn  de  Leltenhove.  1882,  2  vol.  in-8°. 

—  OEuvres  de  Jean  Lemaire  «le  Belges,  publiées  par  M.  J.  Stecher. 
1882,  3  vol.  in-8".  —  Ll  Begret  Guillaume,  publié  par  M.  A.  Scheler. 
1882,  vol.  in-8". 

Commission  royale  d'histoire. 
Collection  de  Chroniques  belges  inédites,  publiées  par  ordre  du 
Gouvernement;  67  vol.  in-4°.  (Voir  la  liste  sur  la  couverture  des  Chroniques.) 
Comptes  rend  us  des  séances,  1 rc  série,  avec  table  (  1 857- 1 849),  1 7  vol .  in-8°. 

—  2me  série,  avec  table  (1850-1859),  13  vol.  in-8°.  —  ôme  série,  avec  table 
1860-1872),  15  vol.  in-8°.  —  4»"  série,  lomes  I-XII  (1873-1884). 

Annexes  aux  Bulletins,  14  volumes  in-8°.  (Voir  la  liste  sur  la  couverture 
des  Chroniques  ou  des  Bulletins.) 

Commission  pour  la  publication  d'une  Biographie  nationale. 
Biographie  nationale,  t.  à   I  VIII  (1er  et  2e  fasc).   Bruxelles,    1866- 
18K4;  7  vol.  el  2  t'asc  gr.  in-8°. 
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