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HARVARD UNIVERSITY.
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MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY.
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BULLETINS
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L'ACADÉMIE ROYALE
DES
SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
DR BELGIQUE.
m™ ANNÉE, 5me SÉRIE, T. IX.
1885.
BRUXELLES,
P. IIAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE,
rue de Louvam, 108.
iiDCcr.i.xxxv
BULLETINS
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
BULLETINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
DE BELGIQUE.
CINQUANTE-QUATRIÈME ANNÉE — 3uie SÉRIE, T. 9.
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•
BRUXELLES
P. HAYEZ, IMPIUMEUll DE L ACADÉMIE HOYALE DE BELGIQUE,
rue de Louvain , 108.
1885
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1885. — N° i.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du iO janvier 4885.
M. Éd. Dupont, directeur, président de l'Académie pour
l'année 1884, occupe le fauteuil.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Éd. Morren, directeur pour 1885;
P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps,
Melsens, G. Dewalque, H. Maus, E. Gandèze, F. Donny,
Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie,
Fr. Crépin, Éd. Mailly, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke,
G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Cata-
lan, associé; P. Mansion, A. Renard et P. De Heen, cor-
respondants.
3me SÉRIE, TOME IX. 1
;v
( 2 î
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics adresse une ampliation de deux arrêtés
royaux dont l'un, en date du 10 décembre dernier, nomme
président de l'Académie, pour 1885, M. Charles Piot,
directeur de la Classe des lettres pendant ladite année;
l'autre, daté du 23 du même mois, approuve l'élection faite
par la Classe des sciences de M. Walthère Spring en qua-
lité de membre titulaire. — Pris pour notification.
— Le même haut fonctionnaire envoie, pour être
répartis entre MM. les membres de la Classe des sciences,
cinquante exemplaires du rapport du jury qui a été chargé
de décerner le prix quinquennal des sciences physiques et
mathématiques pour la période de 1879-1883. — Remer-
cîments.
Il fait don, à la bibliothèque de la Compagnie, d'un
exemplaire de l'ouvrage intitulé : Le Muséon, revue inter-
nationale, publiée par la Société des sciences et lettres de
l'Athénée oriental, tome III, 1884; ainsi que de l'ouvrage
suivant, présenté au dernier concours pour la collation des
bourses de voyage, par M. le docteur Éd. Remouchamps,
ancien élève de l'Université de Gand : Sur les glandes à
musc de Valligalor. Ce mémoire a été imprimé aux frais
de l'État, sur la proposition du jury des sciences natu-
relles. — Remercîments.
— MM. W. Spring, élu membre; P. De Heen, élu cor-
( 5)
respondant; James P. Joule, R. Virchow, Jacques Mole-
schott et le B9n A.-E. Nordenskiôld, élus associés, adres-
sent des lettres de remercîments.
— ■ M. le Ministre de la Guerre envoie, pour la biblio-
thèque de l'Académie, un exemplaire de la Carte de la
Belgique à l'échelle du 160,000e : chemins de fer,
routes, etc., 6 f. in-plano avec note explicative. — Remer-
cîments.
— L'Académie royale des sciences de Turin envoie le
programme du cinquième concours pour le prix Bressa
auquel, suivant la volonté du testateur, seront admis les
savants et les inventeurs de toutes les nations.
Ce concours aura pour but de récompenser le savant ou
l'inventeur, à quelque nation qu'il appartienne, lequel,
durant la période quadriennale de 1885-1886, « au juge-
ment de l'Académie des sciences de Turin, aura fait la
découverte la plus éclatante et la plus utile, ou qui aura
produit l'ouvrage le plus célèbre en fait de sciences phy-
siques et expérimentales, histoire naturelle, mathéma-
thiques pures et appliquées, chimie, physiologie et patho-
logie, sans exclure la géologie, l'histoire, la géographie et
la statistique ».
Ce concours sera clos le 31 décembre 1886.
La somme destinée à ce prix sera de 12,000 francs
(douze mille francs).
Aucun des membres nationaux résidents ou non rési-
dents de l'Académie des sciences de Turin ne pourra con-
courir à ce prix.
— L'Association des élèves des écoles spéciales de l'Uni-
versilé de Liège sollicite l'obtention du Bulletin de l'Aca-
démie. — Renvoi à la commission administrative.
— M. le docteur Hubert Boëns de Charleroi adresse un
certain nombre d'invitations pour les membres de l'Aca-
démie au quatrième congrès de la Ligue internationale des
anlivaccinateurs — organisé à la demande de la Société
anglaise contre la vaccine obligatoire, — qui aura lieu à
Charleroi, du 23 au 26 juillet prochain.
— M. Léopold Jadoul, conducteur des ponts et chaus-
sées et instituteur diplômé à Braine-le-Château, adresse,
avec demande d'examen, une brochure portant pour titre:
Traité élémentaire de géométrie, comprenant une nouvelle
théorie de parallèles fondée sur la démonstration du Pos-
tulalum d'Euclide.
L'ordre du jour est prononcé sur cet envoi conformé-
ment au règlement de la Classe qui interdit de faire des
rapports sur les ouvrages imprimés.
— La Classe accepte le dépôt dans les archives de
l'Académie d'un billet cacheté envoyé par M. Edmond Van
Aubel de Liège, et daté du 5 janvier 1885 : Recherches
sur la rotation électromagnétique du plan de polarisation
de la lumière et quelques phénomènes analogues.
A sa demande, M. Catalan est remis en possession de
son billet cacheté Sur les théorèmes de Goldbach et de Ber-
trand, dont la Classe avait accepté le dépôt dans la
séance du 8 novembre 1884.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
\° Sur l'aspect physique de la planète Jupiter, par
( S)
F.Terhy. — Commissaires: MM. Liagre, Montigny et Folie;
2° Sur un nouveau moyen de déterminer l'humidité de
l'air, par A. Damry, assistant à l'institut météorologique
de Liège. — Commissaires : MM. Montigny et Liagre.
— M. C.-H. Delaey, maréchal des logis en retraite, à
Roulers, envoie le 3e fascicule (transmission des forces
vives) de son travail manuscrit Sur les machines à vapeur.
■ — Dépôt aux archives.
— M. Liagre présente, au nom du comité directeur de
l'Observatoire royal de Bruxelles, la 52e année (1885) de
F Annuaire de cet Établissement. — Remercîments.
La Classe reçoit encore, à titre d'hommages, les
ouvrages suivants, pour lesquels elle vote des remercî-
ments aux auteurs :
I. Deux notes récentes relatives à la théorie de l'aberra-
tion, par F. Folie ;
La première, dit l'auteur, a paru dans les Astrono-
mische Nachrichlen, n° 2607. J'y fais voir :
1° Que c'est à tort que les astronomes n'ont pas tenu
compte, jusqu'à présent, de l'aberration systématique, dans
la recherche du mouvement de transport du système
solaire dans l'espace, et que cette négligence peut pro-
duire, dans la détermination de la position du point vers
lequel se meut le soleil, une erreur assez forte tant en
ascension qu'en déclinaison; celle erreur peut atteindre
plusieurs degrés, si les dates des observations que l'on
compare entre elles sont distantes d'un siècle environ
comme il convient pour une détermination précise;
2° Qu'il est peu probable que notre nébuleuse soit
animée d'un mouvement de révolution autour d'un certain
( 6 )
centre, à moins que le mouvement de transport du soleil
ne se confonde avec celui de la nébuleuse.
La seconde note a paru dans la Revue astronomique
dirigée par M. Tisserand.
Elle a pour objet, dit M. Folie, la critique des expres-
sions de la constante de l'aberration que renferme la
théorie d'Yvon-Villarceau intitulée : Théorie de l'aber-
ration, dans laquelle il est tenu compte du déplacement du
système solaire (1). J'y montre, en premier lieu, qu'Yvon-
Villarceau a omis de tenir compte du terme même de
l'aberration qui provient de ce déplacement ; en second
lieu, que l'expression de la constante de l'aberration
annuelle, qui est pour cet astronome le rapport de la
vitesse de la terre à la résultante de la vitesse absolue de
la lumière et de la vitesse de transport du système solaire,
devrait renfermer, comme second terme, la résultante de
la vitesse absolue de la lumière et de toutes les vitesses
dont la terre est animée; qu'au surplus, si l'on exprime
les déplacements apparents dus à l'aberration en fonction
des positions apparentes des astres, ce coefficient compliqué
disparaît pour faire place à la constante ordinaire de
l'aberration ;
II. Sur la position stratigraphique du terrain silurien
et des étages tertiaires inférieurs à Flobecq, par E. Del-
vaux, br. in-8°;
III. Discussion des observations d'orages faites en Bel-
gique pendant l'année 1879, suivie d'un appendice com-
prenant les observations recueillies depuis un siècle, par
A. Lancaster; extr. in-4°;
IV. Le laboratoire et l'enseignement de J.-B. Dumas,
par Félix Le Blanc; extr. in-8°.
(1) Addition à la Connaissance des temps pour 1878.
( 7 )
ELECTIONS.
La Classe procède à l'élection de son directeur pour
l'année 1886.
Les suffrages se portent sur M. Éd. Mailly.
M. Dupont, directeur sortant, en cédant le fauteuil à
son successeur, exprime sa gratitude à ses collègues pour
le concours bienveillant qu'ils lui ont prêté dans l'exercice
de ses fonctions. — Applaudissements.
M. Morren, en prenant en main la direction des travaux
de la Classe, s'exprime en ces termes :
» Messieurs et chers collègues, sur le point d'occuper
les hautes fonctions auxquelles vous m'avez appelé, j'en
apprécie l'importance en même temps que mon insuffi-
sance. Je compte sur vos sentiments de bonne confra-
ternité.
Mon premier devoir est un devoir de cœur : c'est celui
de vous proposer de voter des remercîments à mon prédé-
cesseur pour le tact et la courtoisie avec lesquels il a
rempli son mandat.
La considération de notre corps savant a grandi sous sa
présidence. Sa ponctualité a été constante : il tenait à
cœur de ne manquer à aucune de nos réunions et, souvent,
il a dû faire un long voyage pour arriver parmi nous. »
— Applaudissements.
M. le directeur invite M. Mailly à prendre place à côté
de lui.
« C'est un grand honneur pour moi, dit M. Mailly, que
d'être appelé à faire partie du bureau ; je vous remercie,
Messieurs, de la preuve d'estime et de confiance que vous
m'avez donnée. » — Applaudissements.
(8)
— M. le secrétaire perpétuel informe l'assemblée que la
Classe des lettres, dans sa dernière séance, a choisi deux
membres de la Classe des sciences, MM. Candèze et Cata-
lan, afin de faire partie du jury De Keyn pour cette année.
— Cette élection est ratifiée.
RAPPORTS.
La Classe entend la lecture des rapports de MM. Van
Beneden père et fils, Morren et Plateau sur la requête par
laquelle M. Camoy, professeur à l'Université de Louvain,
demande à être envoyé au laboratoire de zoologie à
Naples, à l'effet d'y étudier : « La spermatogénèse et, par
concomitance, la division cellulaire des crustacés marins ».
Ces rapports seront communiqués à M. le Ministre de
l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics,
comme suite à ses dépêches du 8 août et du 22 décem-
bre 1884.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Quelques membres ayant exprimé le désir d'obtenir des
renseignements sur le tremblement de terre dont les
effets, au dire de certains journaux, se seraient fait sentir
dernièrement à l'Observatoire royal de Bruxelles, M. le
général Liagre, membre du comité directeur de cet éta-
( 9 )
blissement, déclare que, dans son opinion, les phénomènes
signalés n'ont aucune réalité.
Une des pendules astronomiques de l'Observatoire s'étant
arrêtée, l'horloger a cru, au premier moment, pouvoir
attribuer cette particularité à ce que le support de l'in-
strument s'était incliné; mais l'horloge s'étant arrêtée une
seconde fois le lendemain, un nouvel examen de son
mécanisme a permis de constater qu'un léger frottement
s'était établi entre deux de ses axes.
Quant à la variation de niveau accusée à^ la même
époque par l'axe de la lunette méridienne, et dont les
journaux ont également parlé, elle ne s'est élevée, dit
M. le général Liagre, qu'à un centième de seconde de
temps, ce qui ne présente rien d'anormal, et rentre dans
les limites des variations ordinaires.
Les appareils enregistreurs du service météorologique
de l'établissement n'ont d'ailleurs fourni aucune trace de
perturbation.
Note sur la Méthode des moindres carrés ,• par P. Man-
sion, correspondant de l'Académie.
1. Objet de la présente Note. Legendre a fait connaî-
tre, en 1805, la Méthode des moindres carrés, que Gauss
et Laplace ont ultérieurement rattachée au Calcul des
Probabilités, par des considérations très délicates Cette
méthode permet de trouver les valeurs approchées de m
inconnues liées entre elles par (m-hn) équations linéaires,
à peu près compatibles entre elles. Pour arriver à ce
résultat, on substitue, aux (m-t-ri) équations données, un
système de m équations seulement, dites équations nor-
( 10)
maies, qui s'obtiennent par un procédé extrêmement sim-
ple, mais exigeant des calculs assez laborieux.
Dans cette Note, nous montrons que le système normal
peut être remplacé par un autre, dit système auxiliaire, que
l'on déduit des équations données, sans a;:cun calcul, mais
qui contient (m -+-«)+ m inconnues. Celte remarque, trop
simple sans doute pour avoir échappé à l'attention des
géomètres qui se sont occupés de la méthode des moindres
carrés, a surtout de l'importance au point de vue théo-
rique. En résolvant, par exemple, le système auxiliaire,
on retrouve immédiatement le beau théorème sur les moin-
dres carrés, par lequel Jacobi termine sa Théorie des
Déterminants. En éliminant entre les équations du système
auxiliaire, par les déterminants, un certain nombre d'incon-
nues, on est conduit à un autre théorème, dont la démon-
stration est l'objet principal de celte Note. Ce théorème
est, à la fois, la généralisation de celui de Jacobi et de
celui que M. Catalan démontre dans le premier paragraphe
de son Mémoire intitulé : Remarques sur la Théorie des
moindres carrés et il peut se déduire de celui-ci.
Au point de vue pratique, la substitution du système
auxiliaire au système normal pourra quelquefois être utile,
parce que le premier est plus facile à transformer que le
second.
2. Système auxiliaire. Pour plus de simplicité, consi-
dérons seulement cinq équations, supposées à peu près
compatibles, entre quatre inconnues, savoir :
axx -+- bty -+- CiZ -+- gxt = /«,,
tifX -+- b$j -+- c.2z -+- q4 — /'2>
I. a5x -+■ b5y -4- czz -+- gzt = /»3,
a^x ■+- biy -+- C& -+- gj, = h^
asx -+- bsy -f- csz -+- gst = hs .
( H )
Le système normal correspondant sera, en employant
les notations de Causs (*)
(a«)X -+- (ab)Y -+- (ac)Z -+- (ag)T =
-(«*),
(ab)X -4- (66)Y h- (6c)Z h- (6gf)T =
-(M),
(ac)X -4- (6c)Y -*- (cc)Z -4- (cgr)T =
- (c/0,
(ah)X + (bg)Y + (cg)Z+(gg)T =
=w-
II.
Substituons les valeurs de X, Y, Z, T, déduites de ce
système, à la place de x, y, z, t dans les équations données
et soient e4, e2, £3, s4, eb les erreurs ou différences entre
les premiers et les seconds membres. On aura
a,X -+- blY -t- CjZ -t- gf4T = /«j -+- e,,
a2X -4- 62Y -+- c2Z -+- g2T = /*2 + e2,
III. a3X -t- 63Y -+- c3Z -+- <jf3T = h5 -t- ts,
a4X -+■ 64Y -+- c4Z -4- gf4T = /*4 -+- e4,
asX -v- 65Y -+- c5Z -+- g5T = hs -+- es.
En appliquant, à ces dernières équations, la méthode
des moindres carrés, et tenant compte du système II, on
trouve immédiatement, entre les inconnues auxiliaires e,
les quatre équations suivantes :
a,t, -+- a2f2 -+- «3?3 -+- a4e4 -+- aBfs = 0,
6,f, -+- 62e2 -+- fc3<r3 -+- 64e4 -+- 6sf5 = 0,
Cje, -t- c2e2 -»- c3c3 -t- c4f4 -+- CS5S = 0,
Le système des neuf équations III, IV est évidemment
équivalent au système normal IL
3. Théorème. Si l'on élimine, par la théorie des déter-
minants, DE TOUTES LES MANIÈRES POSSIBLES, p inconnues
(*) On pose, comme l'on sait,
(aa) = a\ -+- a; -+- a\ -4- a\ -t- a\ ,
{ab) — «jô, -4- a2&2 -t- fla68 -+- a46, -4- asb5,
et de même pour les autres expressions symboliques.
( 12 )
entre m + n équations linéaires à peu près compatibles et
contenant m inconnues, le système normal des équations
ainsi obtenues conduit, pour les m — p inconnues restantes,
aux mêmes valeurs que le système normal des équations
primitives. Il suffira de démontrer le théorème pour le
système considéré plus haut, en faisant p=2et éliminant
z et t, par exemple.
En éliminant z et t, par les déterminants, d'abord entre
les équations I, puis entre les équations III, on trouve
^#3 1 y =p | htc,g3 | ,
V.
VI.
fàlC$(fs | x
QiC^i | X
a{c2g-ô | X -+- | 6^3 | Y = | /t,r2#3 | -+- | e,c#3
«1^4 | X -4- I b^gi | Y = | /?jc2#, | -h | e,c,</4
Le théorème sera démontré, si l'on trouve le même
système normal en appliquant la méthode des moindres
carrés aux équations V ou aux équations VI. Pour cela, il
suffit que l'on ait, identiquement :
| «1^3 | | fiCo.93 ! + I a&gi | | e> | -+- etc. = 0,
| b{c2g-0 | | EjCggfg | -4- | 6^, | | flc^4 | -+- etc. = 0.
Le premier membre de la première de ces relations est
évidemment égal au déterminant suivant :
«1
Ci
9i
1
0
0
0
0
a2
Cj
.92
0
1
0
0
0
«3
ez
0*
0
0
1
0
0
«4
Ci
g*
0
0
0
i
0
«5
c5
9»
0
0
0
0
1
0
0
0
£1
fg
£3
£4
f»
0
0
0
Ci
Ci
c3
c«
Cs
0
0
0
Q\
q?.
<t*
94
</•;
(13)
Multiplions les colonnes A, 5, 6, 7,8 successivement par
[ait a2, a3, a4, a5), (6^ bit 63, 64, 6S), (gr1f g2, gr5, 04, ^s) et
retranchons-les respectivement de la première, de la
deuxième et de la troisième colonne. Le déterminant de-
viendra, d'après les équations IV :
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
i
0
0
0
0
0
0
0
0
4
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
*i
fa
H
<ù
e«
(ac) (cg) (cg) c, ca c3 c, cs
(ag) (ce) (gg) gK g, g3 g gs
Or, ce déterminant est nul, parce que chacun de ces
termes contient au moins un facteur égal à zéro.
On établit de même la seconde relation. Le théorème
est donc démontré.
4. Exemple numérique. Les équations, à peu près com-
patibles,
(i) 2x -+- Zy -+- iz -+- £ = -t-2,
(2) 5a:-t-4î/-+- z-t-2f=-+-6,
(3) 3x -+- y -+- 2z -4- 3t = — 2,
(4) a: -+- 4?/ -4- 4« -+■ f = — i ,
(5) a: -t- 2y — « — r= -t- 6
conduisent au système normal
24X -t- 27Y + 20Z -*- 47T = 21,
27X -h 46Y + 32Z -*- 16T = 36,
20X4- 32Y-+- 58Z-*- 17T = 0,
17X-t-d6Y-f-17Z-t-16T= i,
qui ont pour solution
X = 2, Y = l, Z = — 1, T = — 2.
( *4 )
Les erreurs correspondantes sont
f, = — 1, f 2 = — 1, £3=1, fi—lj %=!.
Ces valeurs vérifient les équations
2e4 -+- 3ej -+- 5fj ■+■ f t -+- f5 = 0,
3e! ■+■ 4f8 -4- e3 -+- 4?t h- 2f„ = 0,
4c4 -4- e2 -+- 2f3 -+- 4c, — f5 = 0,
f , -4- 2r2 -+- 3e3 -+- f4 — es = 0.
En éliminant par les déterminants, z et t, de toutes
les manières possibles entre les équations données, il
viendra
(123) — lia: — 36?/ = — 76,
(124) — 7x -*- 7j/ = — 21,
(125) 4 8x -*- 29y = -+- 62,
(154) — 10x + 10*/= — 30,
(135) 24x -t- 26?/= -+- 56,
(145) — 3x -+- 3?/ = — 9,
(234) _ 1 0x — 57?/ = — 73,
(235) — x -+- !/ = -+- 2,
(245) — 17x— 30?/ = — 59,
(345) — 20x — 27?/ = — 53.
Le système normal correspondant
1854X-4-2725Y= 6393,
2725X-H 5970Y = 14420,
a pour solution X = 2, Y = 1 .
( « )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 6 janvier 4885.
M. Wagener, directeur pour l'année 1884, occupe le
fauteuil.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Piot, directeur de la Classe et pré-
sident de r Académie pour 1885; Gachard, P. De Decker,
Ch. Faider, Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wau-
ters, Êm. de Laveleye, P. Willems, F. Tielemans, G. Rolin-
Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Potvin, T.-J. Lamy,
A. Scheler, P. Henrard, membres; J. Nolet de Brauwere
van Sleeland, Alph. Rivier, associés; et Ch. Loomans cor-
respondant.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Tra-
vaux publics adresse une expédition d'un arrêté royal en
date du 10 décembre dernier, qui nomme président de
l'Académie pour 1885 M. Charles Piot, directeur de la
Classe des lettres pour ladite année.
— Le même haut fonctionnaire adresse une expédition
d'un arrêté royal de la même date, nommant MM. Bourson,
( 16 )
De Monge, Fétis, Guilliaume et Siret membres du jury
chargé de juger le concours triennal de littérature drama-
tique en langue française pour la période de 1882-1884.
— M. L. Denis, secrétaire de l'Université de Bruxelles,
envoie, tant pour la bibliothèque de l'Académie que pour
les membres, correspondants et associés des trois Classes,
la Notice historique, publiée par M. Léon Vanderkindere à
l'occasion du cinquantenaire de la fondation de l'Univer-
sité de Bruxelles (1834-1884). Vol. gr. in-8°. — Remer-
cîments.
— M. le secrétaire perpétuel dépose sur le bureau
Y Annuaire de l'Académie pour l'année 1885.
— M. Potvin fait don à la bibliothèque de l'Académie
d'un certain nombre d'ouvrages littéraires (environ un mil-
lier de volumes et brochures), qui faisaient partie de sa
bibliothèque et qui concernent notre littérature nationale.
La Classe vote des remercîments à M. Potvin pour ce
don.
Elle a également volé des remercîments aux auteurs et
donateurs des ouvrages suivants :
1° La topique constitutionnelle, discours à la cour de
cassation, par M. Ch. Faider, in 8°;
2° a) Bruxelles en 4815; b) Mirabeau, par Th. Juste,
2 vol. in-16;
3° Histoire de huit bêtes et d'une poupée, par C. Lemon-
nier. vol. in-16;
4° V éducation physique, par Vincent De Block, in-18;
5° La poésie néerlandaise en Belgique, son passé, par
Pol de Mont, 2 extraits in-4°;
6° Inventaire analytique des archives des États de Hai-
( 17 .)
naut, par L. Devillers, tome Ier, in-4°, présenté par
M. S. Bormans avec la note bibliographique suivante :
Note bibliographique par M. Bormans.
« J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de M. Léo-
pold Devillers, mon collègue à la Commission royale
d'histoire, le tome Ier de Y Inventaire analytique des
archives des États de Hainaut {Mons, Hector Manceau, 1884,
ccvn-311 pages, in-4°).
Ce volume ne contient pas seulement un inventaire
raisonné des chartes, de 1200 à 1794, et des résolutions
des États de Hainaut, de 1527 à 1600 : on y trouve, sous
forme d'introduction, un travail très important sur l'ori-
gine, l'organisation et les fastes de cet ancien corps repré-
sentatif. L'auteur y a réuni, comme en un faisceau, des
souvenirs authentiques sur 405 assemblées tenues de
1338 à 1527, époque où commence le premier recueil des
actes des États de Hainaut. La table alphabétique des
matières ne comprend pas moins de 2,915 noms.
Cette publication rendra de sérieux services à l'histoire
nationale. »
élections.
La Classe procède à l'élection de son directeur pour
l'année 1886. Les suffrages se portent sur M. P. Willems.
M. Wagener, directeur sortant, remercie ses confrères
pour le concours bienveillant dont il a été l'objet de leur
part pendant l'année écoulée, et qui lui a rendu facile,
ajoute-t-il, l'accomplissement de ses fonctions.
3me SÉRIE, TOME IX. 2
( 18 )
Après avoir payé un dernier hommage à la mémoire des
membres et correspondants morts pendant l'année 1884,
MM. Vandenpeereboom, Heremans et Hymans, ainsi que
des associés, MM. Mignel, Lepsius et Arnlz, M. Wagener
cède le fauteuil à son successeur, M. Piot, lequel propose
à la Classe de voter, par acclamation, des remercîraents à
M. Wagener pour le tact et l'impartialité avec lesquels il a
dirigé les travaux de la Classe. — Applaudissements.
M. Willems, invité à venir prendre place au bureau,
remercie ses confrères du témoignage de sympathie et de
bienveillance dont il vient d'être l'objet et dont il lâchera,
dit-il, de se rendre digne.
PRIX. BK Ki: VV
troisième concours : lre période, 1883-1884.
Enseignement 'primaire.
La Classe procède à l'élection des sept membres qui
seront chargés déjuger le concours pour les prix De Keyn,
pendant l'année 1885 :
Sont élus :
MM. Catalan et Candèze, membres de la Classe des
sciences; Potvin, Slecher, Roersch, Wagener et Waulers,
membres de la Classe des lettres.
— La Classe a pris notification, à ce sujet, des ouvrages
reçus pour le concours avant le 31 décembre.
I *9 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 8 janvier 4885.
M. Slingenéyer, directeur pour 1884, occupe le fauteuil.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. Pauli, directeur pour 4885; L. Al vin,
Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Alph. Balat, le che-
valier L. de Burbure, Ad. Siret, A. Robert, F.-A. Gevaert,
Ad. Samuel, G. Guffens, J. Schadde, Th. Radoux, Peter
Benoit, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clavs, Ch. Verlat,
Gustave Biot, membres; Alex. Markelbach et le chevalier
Edm. Marchai, correspondants.
Avant la lecture du procès -verbal, M. Markelbach
demande la parole pour rappeler que, dans la dernière
séance, à laquelle il n'a pu assister, la Classe, sur la pro-
position de son directeur, a bien voulu ratifier, par ses
applaudissements, sa promotion d'officier dans l'ordre de
Léopold.
Il remercie de tout cœur pour celte marque de sympa-
thie qui, à ses yeux, augmente encore la valeur de la dis-
tinction royale dont il a été l'objet. — Applaudissements.
(20)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics adresse une ampliation de l'arrêté royal ,
en date du 10 décembre dernier, qui nomme président
de l'Académie pour 1885 M. Charles Piot, directeur de la
Classe des lettres pendant ladite année.
— Le même Ministre, répondant au vœu émis par la
Classe des beaux-arts, dans sa séance du 4 décembre
dernier, de voir rétablir au Budget de son Département le
crédit de 6,000 francs accordé, antérieurement, en vue de
l'organisation d'un grand festival annuel de musique clas-
sique, écrit a qu'il a le plus vif désir de contribuer à la
vulgarisation des œuvres des grands maîtres, mais que, eu
égard à la situation du Trésor public, il lui est impossible,
quant à présent, de solliciter le rétablissement du crédit
dont il s'agit ».
— L'Académie royale des beaux-arts d'Anvers envoie
le programme du grand concours dit concours de Rome,
qui sera ouvert, en 1885, pour la sculpture.
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Aca-
démie, un exemplaire de la lre partie du tome VII (Les
Musiciens néerlandais en Espagne), De la musique aux
Pays-Bas avant le XIXe siècle , par Edmond Vander
Straeten. Bruxelles, 1885; vol. in-8°. — Rcmercîments.
M. Albin Body, à Spa, offre un exemplaire de son
ouvrage intitulé : MeyeJ'beer aux eaux de Spa, avec une
eau-forte de G. Gemay. Bruxelles, 1885; in-16. —
Remercîments.
(21 )
RAPPORTS.
Il est donné lecture des rapports de M. Siret, auxquels
ont souscrit MM. Slingeneyer, Robert et Guffens, 1° sur
le 7e rapport semestriel de M. Rerni Cogghe; 2° sur le
1er rapport semestriel de M.Verbruggen, lauréats du grand
concours de peinture en 1880 et en 1883. — Ces docu-
ments seront transmis à M. le Ministre de l'Agriculture,
de l'Industrie et des Travaux publics.
— Sur la proposition de M. Gevaert, président, appuyée
par ses collègues de la Commission pour la publication des
œuvres des grands musiciens, la Classe renvoie à cette
Commission le rapport de M. Edouard Vander Straelen
sur ses recherches musicales, à Leyde.
ÉLECTIONS.
La Classe procède aux élections pour les places va-
cantes.
Sont élus :
Section de sculpture. — Correspondant : M. Jos. Ducaju,
sculpteur à Anvers, en remplacement de M. Jehotte,
décédé; associé : M. Reynold Begas, à Berlin, en rempla-
cement de M. Augustin Dumont, décédé.
Section d'architecture. — Associé : M. G. de Neureuther,
à Munich, en remplacement de M. Von Ferstel, décédé.
Section de musique. — Associés : MM. C. Saint-Saëns,
à Paris, et Franz Liszt, à Weimar.
Section des sciences et des lettres dans leurs rapports
( 22 )
avec les beaux-arts. — Membre titulaire : M. Henri
Hymans, déjà correspondant, en remplacement de M. Pin-
chart, décédé; associés : MM. Ch. de Linas, d'Arras, et
Gaetano Milanesi, de Florence.
— Il est procédé ensuite à l'élection du directeur pour
l'année 1886. M. Alvin est élu.
M. Slingeneyer, en cédant le fauteuil à son successeur,
M. Pauli, remercie ses confrères pour la bienveillance
qu'ils n'ont cessé de lui témoigner. — Applaudissements.
M. Pauli propose à la Classe de voter des remercîmenls
à son prédécesseur pour la manière distinguée avec
laquelle il a rempli ses fonctions. — Applaudissements.
M. Alvin, en prenant place au bureau, s'exprime ainsi :
« C'est un grand privilège que celui de l'âge, lorsque l'âge
procure l'honneur de présider une assemblée aussi dis-
tinguée que celle-ci; mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir
remplir mes fonctions jusqu'au bout. (Protestations.) Quoi
qu'il en soit, je vous remercie du témoignage d'estime que
vous venez de me donner. » — Applaudissements.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Juste (Th.). — Mirabeau. Verviers, 1884; in-46, HO pag.
(Biblioth. Gilon).
— Bruxelles en 1815. Bruxelles, 1884; in-12, 112 pages
(Collection nationale).
Folie (F.) — Un chapitre inédit d'astronomie sphérique.
Kiel, 1884; extr. in-4° (7 pages).
— Quelques remarques sur la théorie de l'aberration
d'Yvon Villarceau. Paris, 1884; extr. in-8° (5 pages).
(23)
F aider (Ch.). — La topique constitutionnelle, discours pro-
noncé le 15 octobre 1884. Bruxelles, 1884; in-8° (15 pages).
Vander Straeten (Edm.). — La musique aux Pays-Bas
avant le XIXe siècle, t. VII, lre partie. Bruxelles, 1885; in-8°.
Body (Albin). — Meyerbeer aux eaux de Spa. Bruxelles,
1885; in-1 0(142 pages avec une eau-forte).
Devilters (Léop.). — Inventaire analytique des archives des
États de Hainaut, tome 1er. Mons, 1884; vol. in-4°.
Lemonnier (C). — Histoire de huit bêtes et d'une poupée.
Paris, 1884; vol in-10 (142 pages, fig.)
Jadoul (Léop.). — Traité élémentaire de géométrie compre-
nant une nouvelle théorie de parallèles fondée sur la démons-
tration du postulatum d'Euclide. Namur, 1881 , in-8° (55 p.).
Remouchamps (Éd.). — Sur les glandes à musc de l'Alliga-
tor. Bruxelles, 1884; in-8° (16 pages, fig.).
Mont (Pol de). — La poésie néerlandaise en Belgique,
son passé. Paris, 1884; 2 ext. in-4° (15 pages).
De Block (Vincent). — L'éducation physique au moyen des
exercices corporels dans nos établissements d'instruction.
Mons, 1885; in-18 (250 pages).
Lancaster (A .). — Discussion des observations d'orages
faites en Belgique pendant l'année 1879, suivie d'un appendice
comprenant les observations recueillies depuis un siècle.
Bruxelles, 1885; extr. in-4° (58 pages).
Delvaux (É.). — Documents sur la position stratigraphique
du terrain silurien et des étages tertiaires inférieurs, qui for-
ment le sous-sol de la commune de Flobecq. Liège, 1885;
extr. in-8° (10 pages).
In memoriam J.-F.-J. Heremans: 27 januari 1825-13 maart
1884. Gand; in-8° (89 pages).
Institut cartographique militaire. — Carte de la Belgique
à l'échelle du 100,000e: chemins de fer, routes, chemins pavés
et empierrés, cours d'eau importants. Bruxelles, 1884; 0 feuil.
in-plano avec note explicative et feuille d'assemblage.
(24 )
Observatoire royal de Bruxelles. — Annuaire, 1885,
52e année. Bruxelles, 1884; in-16.
Université de Bruxelles. — 1854-1884 : Notice historique
faite à la demande du conseil d'administration, par L. Vander-
kindere. Bruxelles, 1884; vol. gr. in-8°.
Société des sciences et lettres. Athénée oriental. — Le Mu-
séon, revue internationale, t. III. Louvain, Paris, 1884; in-8°.
Université catholique de Louvain. — Annuaire, 1885. In-16.
Collection nationale, série in-12.
1. Le Doudou , souvenirs d'un fifre montois, par A.-J.
Wauters.
2. La découverte de l'Amérique, racontée par Pietcr Devos,
compagnon de Christophe Colomb, par A.-J. Wauters.
5. Le Royaume des Éléphants, voyage au Pays de l'Ivoire,
par A.-J. Wauters.
4. Le Congrès national de 1830 et la Constitution de 1881 ,
par L. Hymans.
5. Histoire d'un petit tailleur et d'une machine à coudre,
par E. Landoy.
6 Contes brabançons, par M. Rety.
7. Petit Manuel du citoyen belge, par T. Davy.
8. Le Chemiîi de fer, par L. Hymans.
9. Voyage en Espagne, par P. Monplaisir.
10. Les Pierres précieuses, par A.-J. Wauters.
11. Nos Amies les plantes, par P. Monplaisir.
12. Anneessens martyr, par E. Leclercq.
13. Henri Conscience, par G. Eekhoud.
14. Trois récits de grand-père, traduits du flamand par
J. Elseni, d'après P. Geiregat.
15. Myosotis, quatre contes, traduits du flamand par
J. Elseni, d'après P. Geiregat.
16. De Bruxelles à Karèma, par A.-J. Wauters.
( 23 )
17. Promenade dans la lune, par Hannot.
18. Souvenirs de voyage : Halie-Suisse, par L. Hymans.
19. Jeunesse et Vacances, par L. Hymans.
20. Le Pays des Fleurs, par P. Monplaisir.
21. 22 et 25. Les Gueux de Mer, ou la Belgique sous le
duc d'Albe, par H.-G. Moke.
24. Bruxelles au temps jadis, par L. Hymans.
25. Histoire d'une statue, par E. Leclercq.
26. Les Végétaux inférieurs, par L. Pire.
27. Histoire orientale et point merveilleuse, par De Puydt.
28. Les premiers âges de la terre et l'Homme fossile, par
J. Chalon.
29. De Bruxelles à Milan, par A.-J. Wauters.
30. Les Jeudis du Docteur Kaferman, par Ch. Kerremans.
51. Souvenirs d'une Famille bruxelloise, par E. Lagrange.
32. La Beauté dans la nature et dans l'art, par E. Leclercq.
53. Petite Causerie sur la Société, par L. De Permentier.
34. En Norvège. — Christiania et le Thêlémark, par Jules
Leclercq.
35. L'Ecole de Pontillien, par E.-J. Dardenne.
56. Les Bêtes du professeur Mètaphus, par Edm. Cattier.
37. Henri Pestalozzi, par Georges Mallet.
38. Juges, Avocats et Plaideurs, par H. Frick.
39. Histoire d'une goutte d'eau, par Van der Mensbrugghe.
40. Bonheur tardif et Le prudent Bruno, par Emile Del tan.
41. Les Condiments, par Louis Pire.
42. Une Chasse aux papillons, par H. Donckier de Donceel.
43. Une excursion à la grotte de Han, par L. De Permentier.
44. Autrefois et aujourd'hui. — Les moyens de transport et
de communication, par Albert Dubois.
45. Ecole et cabaret, par K. Versnaeyen.
46. Petites choses et Grandes leçons, par E. Lagrange.
47. Une Nuit sous terre, par Martinus.
48. Les Oiseaux utiles, par Eug. Bolsaie.
5me SÉRIE, TOME IX. 3
(2(i )
49. Les sept Merveilles du monde, par Jules Carlier.
50. Un Verre d'eau, par Paul Combes.
51. La Grotte merveilleuse, par Emile Tandel.
52. Trois camarades d'école, par Emile Tandel.
55. Une Enfant solitaire, par Emile Tandel.
54. Dans une Mine. — Voyage au pays de la houille, par
L. De Pcrmentier.
55. La Navigation, par Eug. Bolsaie.
56. Dans les Alpes. — Grindelwald-Chamounix, par Louis
Navez.
57. Dans les Alpes. — Zermatt-Montreux, par Louis Navez.
58. Guillaume te Taciturne et Marnix de Sainte-A Idegonde,
par Ernest Discailles.
59. Les Ecoles au moyen âge, par E. Lagrange.
60. Ecole buissonnière à travers la chimief par Airelle.
61. Bruxelles en 1815, par Théodore Juste.
62. Julien Sibret. La vie militaire en Belgique, par Eugène
Orelio.
65. Petite Histoire des grands peintres. — Antiquité. —
Ecole italienne, par Lucien Solvay.
64. De Bruxei.es au Caire, par Barth.
65. Les Galères du roi, par E. Lagrange.
1. Lotgevallen van mijnpistool, doorTh.Van Haesendonck.
2. George Slephenson, of wat nadenken vermag , naar
Samuel Smiles, door W.-O. Von Horn.
5. James Watt, ofwal er van een veehoeder al groeien kan,
naar Samuel Smiles, door W.-O. Von Horn.
4. Tvoee vaderlandsche martelaars : Anneessens-Chapuis,
door E Van Bergen.
5. Historische schetsen voor het volk, door E. Van Bergen.
6. De Ontdekking van Amerika , verhaald door Pieter
Devos, gezel van Christofïel Colomb, door A.-J. Wauters.
7. Hendrik Conscience, door George Eekhoud.
8. De Groote Markt te Brussel, door H. Van Kalken.
(27)
Série in-8".
Le petit forgeron. — Le petit menuisier. — Le petit bou-
langer.
Les mémoires d'une lycose, par Léon Becker.
Les bêtes du professeur Mèlaphus, par Edm. Cattier.
Souvenirs de voyage. En Italie, par Louis Hymans.
Série in- A".
Le vieil Anvers et le nouvel Anvers, par V.-A. Lagye.
Amérique.
Naval Observatory, Washington. — Report for 1884. In-8°.
Observatorio astronomico de Santiago. — Observaciones
raeteorologicas, 1875-81. In -8°.
Washington Observatory. — Observations, 1880. In-4°.
Department of agriculture. — Report for the year 1883.
Washington; vol. in-8°.
U. S. geological Survey. — Minerai resources of the United
States (Albert William). — Washington, 1883; vol. in-8°.
Allemagne et Autriche-Hongrie.
Naturforschende Gesellschaft , Bamberg. — Dreizehnter
Bericht : Fest-Schrift zur Habsecular-Feier, 1884. In-8°.
Akademie der Wissenschaften, Wien. — Sitzungsberichte
philos.-histor. Classe, Band CIV, 1 und 2^CV, 1-3; CVI, 1 und
2. Sitzungsberichte, math, naturw. I. Abthlg. 1883, 6-10;
1884, 1-5. IL Abthlg. 1883, 6-10; 1884, 1-5. III. Abth.
1883, 4-10; 1884; 1 und 2. — Denkschriften, mathem.
Classe. Band 47. — Denkschr. histor. Classe, Band 34. —
Archiv. 65. Band 1 und 2. — Fontes rerum Austriacarum,
Abtheilg. IL Band 43. — Almanach, 1884.
(28)
France.
Le Blanc (Félix). — Le laboratoire et l'enseignement de
J.-B. Dumas. Paris, 1884; extr. in-8°(15 pages).
Quesneville (G.). — Nouvelles méthodes pour la détermina-
tion des éléments du lait et de ses falsifications. Paris, 1884;
vol. in-4° (105 pages).
Vial (L.-Ch.). — La chaleur et le froid, 2e supplément.
Paris, 1884; in-8° (47 pages).
Italie.
Pappafava (Vladimir). — Il diritto internazionale privato,
delineazioni storico-giuridiche. Zara, 1884; in-8° (58 pages).
— Noticia historica sobre el notariado desde los tiempos
mas remotos basta nuestros dias, traduccion de la sra. dona
Consuelo Gonzalo de las Casas. Pola , 1884; in-8° (16 pages).
— Ueber die Vollstreckbarkeit der notariellen Acte, iïber-
setztvon H. Bick. Vienne, 1885; extr. in-8° (18 pages).
Accademia Olimpica di Vicenza. — Atti, vol. XVII, 1882.
ln-8°.
Pays divers.
Warfvinge (F.-W.). — Arsberattelse fran Sabbatsbergs
Sjukhus i Stockholm, 1883. In-8°.
Aleman (L.). — Grammaire élémentaire de la langue Qui-
chée publiée par A. Blomme. Copenhague, 1884; in-8° (26 p.).
Institut royal géologique de Suède. — Cartes géologiques
de la Suède, ser. Aa, nos 88 et 91 ; ser. A6, n° 10; ser. Ba, n° 4;
ser. C, nos 61-64, 66. Stockholm; 9 br. in-8° et in-4°, et
5 cartes in-plano.
Musée Rouminantzov, Moscou. — Rapport de l'Établisse-
ment pour 1879-82. — Catalogue des monnaies, fasc. I.
Moscou, 1884; 2 vol. in-8°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1885. — N° 2.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 7 février 4885.
M. Éd. Morren, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. Éd. Mailly, vice-directeur; J.-S. Stas,
P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps,
Melsens, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Ch. Mon-
ligny, Brialmont, Éd. Dupont,Éd.VanBeneden, C.Malaise,
F. Folie, F. Crépin, J. De Tilly, F.-L. Cornet, Ch. Van
Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W.Spring, membres;
E. Catalan, associé; L. Fredericq, V. Masius, P. Mansion,
A. Renard, et P. De Heen, correspondants.
3me SÉRIE, TOME IX. 4
(30)
Avant la lecture du procès-verbal, M. le directeur se
fait l'organe de ses collègues en félicitant M. Stas sur le
rétablissement de sa santé. Il lui exprime la satisfaction
qu'il éprouve de le voir assister à la séance après plusieurs
mois d'absence. — Applaudissements.
M. Stas remercie par quelques paroles affectueuses.
M. Morren reprend la parole pour adresser des félicita-
tions à M. A. Renard au sujet de la médaille Bigsby que
la Société géologique de Londres vient de lui décerner
pour ses travaux de micrographie géologique, branche
dont il a été un des initiateurs.
« L'Académie est heureuse, poursuit-il, de voir les tra-
vaux de ses membres justement appréciés à l'étranger. »
— Applaudissements.
M. Renard remercie M. le directeur. « Je tâcherai, par
mes travaux, — ajoute-l-il — de me rendre de plus en
plus digne de l'Académie à laquelle j'ai l'honneur d'ap-
partenir. » — Applaudissements.
CORRESPONDANCE.
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics demande l'avis de la Classe sur une lettre
par laquelle M. Louis Henry, professeur à l'Université de
Louvain et correspondant de l'Académie, sollicite un nou-
veau subside afin de poursuivre ses recherches de chimie
organique, qui ont déjà fait l'objet d'un rapport déposé en
séance du 13 mai 1873.— Renvoi à MM. L.-G. de Koninck
et Spring.
( 31 )
— M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction
publique envoie cinq exemplaires d'une brochure publiée
par son Département, et contenant les lois, arrêtés et
règlements relatifs à l'art de guérir. — Remercîments.
— MM. James-P. Joule, Moleschott et A.-W. Hofmann
accusent réception de leur diplôme d'associé.
— La Classe passe à l'ordre du jour :
1° Sur une lettre, non signée, de l'auteur du mémoire
présenté au dernier concours en réponse à la question
concernant la détermination des lignes de courbure de la
surface des ondes ;
2° Sur une lettre anonyme soumettant une notice sur
la couronne de l'hélice propulsive. — La Classe ne porte pas
de jugement sur des travaux non signés.
— La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs et donateurs :
1° Note sur une inclusion rencontrée dans un œuf de
poule, par Ch. Van Bambeke;
2° Onderzoekingen gedaan in het physiologisch labo-
ratorium der Utrechtsche hoogeschool, par F.-C. Donders,
associé de la Classe, et Engelmann ;
3° Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles :
Annales météorologiques, tome II (présenté par M. Liagre,
au nom du comité directeur de cet Établissement);
4° Bulletin de la fédération des Sociétés d'horticulture
de Belgique pour 488% ;
5° Livre jubilaire publié par la Société de médecine de
Gand, à l'occasion du 50° anniversaire de sa fondation
( ™ )
(présenté par M. Van Bambeke au nom de ladite Société);
6° Les roches, description et analyse de leurs éléments
et de leur structure, par Ed. Jannettaz, à Paris (présenté
par M. Dupont);
7° Paléontologie pratique : animaux et végétaux fossiles
delà France, par Stan. Meunier (présenté par le même);
8° Der Granit unter dem Cambrhim des hohen Venu,
par A. von Lasaulx (présenté par le même) ;
9° Physical charl of the world, par John Murray (Carte
n-plano présentée par M. Renard);
10° Sept études sur l'état sphéroïdal; les explosions des
machines à vapeur, etc., par Jean Luvini, à Turin (pré-
senté par M. Van der Mensbrngghe, avec une note qui
ligure ci-après);
1 1° Select extra-tropical plants, par le baron Ferd. von
Mueller;
12° Les organismes problématiques des anciennes mers,
par le marquis de Saporla, associé.
Note bibliographique de M. Van der Mensbrugghe.
« L'ouvrage offert à l'Académie par M. le professeur
Luvini contient sept études sur des sujets différents; voici
les points que l'auteur croit le plus dignes d'appeler l'at-
tention des physiciens.
Dans la première élude, M. Luvini signale l'explication
de certains points obscurs de l'histoire de l'étal sphéroï-
dal; le phénomène des bulles soufflées sur les liquides à
l'état sphéroïdal, ainsi que sur l'éther à l'étal sphéroïdal et
enflammé; la détermination de la température des liquides
à l'état sphéroïdal sous une pression quelconque; la con-
( 33 )
gélation de l'eau dans l'étherà l'étal sphéroïdal; la théorie
de ce phénomène et l'explication de la persistance des
bulles soufflées sur les liquides à l'état sphéroïdal.
Dans la deuxième étude, qui traite des explosions des
machines à vapeur, M. Luvini fait une réclamation de
priorité en faveur de Bellani, dont les expériences sur
l'ébullition des liquides remontent à 1809, et précèdent
ainsi de beaucoup celles presque identiques de M. Gernez
et d'autres physiciens ; il donne ensuite les moyens pro-
posés par les physiciens pour éviter les explosions dues à
la surchauffe; enfin il décrit un nouveau vaporisateur
dans le même but.
La troisième étude (trombes atmosphériques) donne les
observations de Spallanzani sur les trombes et les tour-
billons au-dessus des nuages orageux; la théorie de Fran-
klin sur les trombes et sur les vents d'aspiration, lesobjec-
tions de Perkins et Cadvvalader-Colden; les réflexions de
M. Faye, qui démontre l'impossibilité des vents d'aspira-
tion.
Dans la quatrième étude, l'auteur propose une théorie
entièrement neuve de la grêle, et dont voici la proposition
fondamentale : quand une goutte d'eau suspendue dans
l'air est frappée par la foudre, il peut se faire un vide dans
l'espace environnant et la température de la goutte peut
descendre tellement bas que la congélation a lieu presque
au même instant.
Cinquième étude (Sur l'électricité de l'air, etc.). L'au-
teur cite les expériences de Faraday, d'où l'on déduit que
la principale source de l'électricité atmosphérique consiste
dans le frottement de l'air humide contre les parcelles de
glace suspendues dans l'air ou contre les cendres lancées
par les volcans; la formation et l'électrisation des nuages
(54)
orageux et le mode de réélectrisation rapide de ces
nuages après chaque décharge; les nuages ne sont pas
bons conducteurs de l'électricité; les éclairs ne sortent pas
de leur sein sauf dans des circonstances toutes spéciales;
les nuages des cendres volcaniques s'électrisenl à la façon
des nuages orageux.
La sixième étude est relative à la réfraction atmosphé-
rique latérale : les observations diétéroscopiques rendent
probable l'existence de cette réfraction, et celle d'une
période diurne dans l'intensité du phénomène.
Enfin la septième concerne l'adhésion des solides et
des liquides : l'auteur distingue une résistance linéaire et
une résistance superficielle opposée par les liquides au
mouvement des solides à leur surface : à l'intérieur des
liquides se manifeste seulement la résistance superficielle,
tandis qu'à la surface agissent à la fois les deux résis-
tances. Sans cette distinction, M. Luvini croit impossible
de concilier les résultats en apparence contradictoires de
Plateau, de M. Marangoni et de l'auteur lui-même. »
PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1886.
La Classe arrête de la manière suivante son programme
de concours pour ladite année :
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES ET
MATHÉMATIQUES.
Première question. — Compléter l'état de nos con-
naissances sur les partages qui se font entre les acides et
les bases, lorsqu'on mélange des solutions de sels qui, par
(38)
leur inaction mutuelle, ne donnent pas naissance à des
corps insolubles.
Deuxième question. — Exposer et discuter, en s'aidant
d'expériences nouvelles, les travaux relatifs à la théorie
cinétique des gaz.
Troisième question. — Perfectionner la théorie de V in-
tégration approximative , sous le double rapport de la
rigueur des méthodes et de la facilité des applications.
SECTION MU-:** SCIENCES NATURELLES.
Première question. — Faire la description des ter-
rains tertiaires belges appartenant à la série éocène, jus-
qu'au système laekenien de Dumont inclusivement.
Deuxième question. — Faire l'élude de quelques-unes
des principales fonctions d'un animal invertébré.
Troisième question. — On demande de nouvelles obser-
vations sur les rapports du tube pollinique avec l'oosphère,
chez un ou quelques phanérogames.
La valeur des médailles décernées comme prix sera de
six cents francs pour chacune de ces questions.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour-
ront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils
devront être adressés, francs de port, à M. Liagre, secré-
taire perpétuel , au Palais des Académies , avant le
1er août 1886.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les
citations; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indi-
quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'ad-
mettra que des planches manuscrites.
C 56 )
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage;
ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront
dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur
adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le
prix ne pourra leur être accordé.
Les mémoires remis après le terme prescrit ou ceux
dont les auteurs se feront connaître de quelque manière
que ce soit seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumise son jugement, ils
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les au-
teurs peuvent en prendre des copies à leurs frais en
s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel.
— La Classe adopte, dès à présent, la question suivante
pour son concours de 1887 :
On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement
linéaire des liquides chimiquement définis, par des tubes
capillaires, en vue de déterminer si l'on peut appliquer
aux liquides l'hypothèse des molécules, telle que l'étude des
gaz nous l'a fait connaître.
On se placera au point de vue des trois hypothèses prin-
cipales admises aujourd'hui pour rendre compte de la
constitution intime des gaz.
( 37 )
CONCOURS EXTRAORDINAIRE POUR 1887.
Le Gouvernement a proposé et les Chambres ont
adopté une loi qui a pour objet la conservation du poisson
et le repeuplement des rivières.
L'obstacle capital qui empêche actuellement d'atteindre
ce but, c'est la corruption des eaux dans les petites
rivières non navigables ni flottables, qui sont contaminées
par des matières solides ou liquides déversées par diffé-
rentes industries et incompatibles avec la reproduction et
l'existence des poissons.
L'Académie fait appel à la science pour faciliter l'ac-
complissement des vues des pouvoirs publics.
Acceptant la proposition d'un de ses membres, qui met
généreusement à sa disposition une somme de trois mille
francs, elle demande une élude approfondie des questions
suivantes, à la fois chimiques et biologiques :
\° Quelles sont les matières spéciales aux principales
industries qui, en se mélangeant avec les eaux des petites
rivières, les rendent incompatibles avec l'existence des
poissons et impropres à l'alimentation publique aussi bien
qu'au bétail ;
2° La recherche et l'indication des moyens pratiques
de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les ren-
dre compatibles avec la vie du poisson sans compromettre
l'industrie, en combinant les ressources que peuvent offrir
la construction de bassins de décantation, le filtrage, enfin
l'emploi des agents chimiques;
3° Des expériences séparées sur les matières qui, dans
chaque industrie spéciale, causent la mort des poissons, et
( 38 )
sur le degré de résistance que chaque espèce de poisson
comestible peut offrir à la destruction ;
4° Une liste des rivières de Belgique qui , actuellement,
sont dépeuplées par cet état de choses, avec l'indication
des industries spéciales à chacune de ces rivières, et la
liste des poissons comestibles qui y vivaient avant rétablis-
sement de ces usines.
Si le mémoire est jugé satisfaisant pour la solution des
deux premiers paragraphes (1° et 2°), une somme de deux
mille francs pourra lui être décernée, quand même aucune
réponse ne serait faite aux §§ 3° et 4° de la question.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et être
adressés, francs de port, à M. Liagre, secrétaire perpé-
tuel, au Palais des Académies, avant le 1er octobre 1887.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les
citations; lesauleurs auront soin, par conséquent, d'indi-
quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'ad-
mettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage;
ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront
dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse;
faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne
pourra leur être accordé.
Les mémoires remis après le terme prescrit ou ceux
dont les auteurs se feront connaître de quelque manière
que ce soit seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les
auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais,
en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel.
(59)
RAPPORTS
Sur la demande de l'auteur, M. Joseph Geefs, membre
de la section de sculpture de la Classe des beaux-arts, la
Classe des sciences avait soumis à l'appréciation de deux
de ses membres un atlas, en quinze planches, avec texte
explicatif en français et en flamand, Sur Vanatomie pitto-
resque du cheval.
MM. P.-J. Van Beneden et Plateau donnent leur avis,
par écrit, sur le mérite et l'importance de ces quinze plan-
ches, dessinées et peintes par M. J. Geefs, en vue de repro-
duire l'appareil locomoteur du cheval, pour son cours d'ana-
tomie de l'Académie royale des beaux- arts d'Anvers.
« Ces planches, dit M. P.-J. Van Beneden, sont très
bien dessinées et avec tout le soin qu'exige le sujet, et nous
sommes persuadé qu'elles remplissent complètement le
but que l'auteur s'est proposé. »
Après avoir appuyé sur les services que ce travail peut
rendre aux artistes, M. P.-J. Van Beneden termine son
rapport de la manière suivante : « Nous félicitons sincère-
ment notre confrère d'avoir si bien achevé un travail de
cette importance, et nous le remercions de nous avoir pro-
curé le plaisir de voir de si belles planches anatomiques. »
La Classe décide, après avoir entendu le rapport de
M. Plateau, que les deux rapports seront communiqués à
M. Geefs.
— La Classe vote l'impression au Bulletin d'une noie de
M. Ch. La^range sur laquelle MM. De Tilly et Mansion ont
émis un avis favorable : Formule nouvelle pour le déve-
loppement des fonctions, en particulier des intégrales.
( 40 )
Recherches expérimentales et analytiques sur les lois de
l'écoulement et du choc des gaz en fonction de la tempé-
rature; par M. Hirn, associé de l'Académie.
Ititppoft de fi. Folie, premiei' commissaire.
« Dans un nouveau mémoire très important qui fait suite
à celui que M. Hirn a présenté à l'Académie en 1881 (1),
notre éminent confrère démontre expérimentalement que
la force vive d'un courant de gaz, lancé contre une plaque,
est indépendante de la température du gaz, résultat entiè-
rement conforme à celui des expériences précédentes, et
plus précis même, pensons-nous.
On ne saurait trop louer le zèle infatigable et les soins
scrupuleux que M. Hirn a mis dans ce travail.
Après une longue série d'essais, relatée dans la sixième
partie du mémoire, et qui ne l'avait pas conduit à des
résultats suffisamment concordants, il a eu le courage de
reprendre toutes ses expériences à l'aide d'un nouvel appa-
reil, dans lequel il a cherché à éviter toutes les causes
d'erreur qui avaient pu exister dans son mode précédent
d'expérimentation.
Nous ne pouvons analyser ici, ni les expériences
nombreuses faites par le savant physicien sur l'écoulement
des gaz sans charge constante à diverses températures
(air sec et humide, acide carbonique, hydrogène), expé-
riences dont les résultats ont été trouvés par lui con-
formes aux lois théoriques de l'écoulement des gaz; ni
même celles plus nombreuses encore qu'il a faites sur le
(1) Voir le tome XLIII des mémoires in-4°
( a )
choc d'une veine gazeuse contre un plan, et qui l'ont con-
duit toutes, comme nous l'avons dit, à cette conclusion
que la pression exercée par le gaz est égale au produit de
la section effective de la veine par le double de la hauteur
de fluide à laquelle est due la vitesse, et qu'elle est
absolument indépendante de la température de la source
fluide.
Nous admettons que cette conclusion est parfaitement
vérifiée par les nouvelles séries d'expériences relatées
dans le mémoire de notre associé.
Mais admettrons-nous de même les conséquences qu'il
en déduit quant à la validité de la théorie cinétique des
gaz?
On sait la noble passion qui anime M. Hirn dans les
efforts ardents qu'il fait, depuis bien des années, pour
arriver à renverser cette théorie, récemment édifiée, grâce
surtout aux travaux de Clausius et de Maxwell.
Notre confrère craint de voir, en effet, dans le triomphe
de cette théorie, une confirmation des doctrines matéria-
listes.
Nous avons déjà lit, dans un rapport antérieur, que
nous ne partageons nullement ces craintes; et nous nous
proposons de faire voir, dans celui-ci, qu'à notre sens les
résultats obtenus par M. Hirn ne sont nullement en con-
tradiction avec ceux de la théorie cinétique des gaz.
En lisant le mémoire actuel du savant alsacien, un
doute a surgi immédiatement dans notre esprit, et avec
une si grande force que nous nous sommes étonné de ne
l'avoir pas eu précédemment.
Il est vrai de dire que, dans la théorie du mouvement
d'un disque dans l'air, le point faible, si nous pouvons nous
(42)
permettre cette expression, est plus difficile à saisir que
dans celle du mouvement de l'air contre un disque.
Notre éminent confrère voudra donc bien nous excuser
de ne pas le lui avoir signalé plus tôt. C'est, du reste,
tout bénéfice pour la science, qu'il se soit décidé à con-
firmer ses premiers résultats par de nouvelles expériences.
Nous reproduisons ci-dessous la démonstration de
M. Hirn, en soulignant le passage qui nous a particulière-
ment frappé.
Un courant de gaz est lancé avec une vitesse v, par un
ajutage, contre une plaque. Les particules gazeuses, dans
la théorie cinétique, se meuvent dans toutes les directions
possibles. On les décompose en deux groupes, dont les
uns se meuvent parallèlement, les autres normalement à
la plaque. « En s'échappant de l'orifice, dit M. Hirn, les
» particules du premier groupe continueront à avancer
» parallèlement au plan avec la vitesse u, et normalement
» au plan avec la vitesse v. La percussion aura lieu avec
» cette dernière vitesse seulement. Les particules du
» second groupe au contraire auront une vitesse (u + v)
» normale au plan; de sorte qu'on
i» a pour les percussions normales, avec vitesse (u -+- v),
1/3 fin,
» n étant le nombre total des molécules et [x leur masse;
» et pour les percussions perpendiculaires à l'axe
» (1 — 1/3) fin = 2/3 fin.
» Soit è la densité ou le poids de l'unité de volume du
» gaz, la force vive représentée par le mouvement des
» atomes perpendiculairement au plan sera
. l/3-(u-+-v)2-+-- 1 )v\
9 flf \ 3/
(45 )
» Comme nous devons ici admettre que la température
» est la même des deux côtés du plan frappé, il est clair
» que, sur la face opposée au plan, et dans une étendue
» ms égale à la section effective de l'orifice, la force vive
» des particules frappant le plan sera simplement
s
1/3 -M2.
9
» La pression exercée sur le plan, ou le poids néces-
» saire pour faire équilibre au choc sera donc :
9 p""TL»l(,,+f) / 1 ~»J h "ns™ * *\-
t> On voit que ce poids est une fonction de w, et par con-
» séquenl de la température absolue T, puisque celte
» vitesse a pour valeur (pour l'air en particulier)
u = 48Sm \ / — ,
V 275
Le fait qui nous a frappé dans cette démonstration, et
qui a fait naître immédiatement dans notre esprit des
doutes sur son exactitude est celui-ci : que le mouve-
ment moléculaire du gaz n'y paraît considéré que comme
un simple mouvement de translation, et non comme un
mouvement vibratoire. Or, il n'en est pas ainsi, et la
difficulté de la théorie cinétique des gaz consiste en effet
à tenir compte des chocs que les particules gazeuses
éprouvent mutuellement dans ce mouvement vibratoire.
Aussi ne nous proposons-nous nullement de rechercher
quelle serait la véritable théorie par laquelle devrait être, en
toute rigueur, remplacée celle de M. Hirn, et nous bornerons-
nous à lui signaler, sous une forme aussi simple que pos-
sible, c'est-à-dire en faisant abstraction, comme lui, des
chocs des molécules entre elles, la nature de notre objection.
( 44 )
Dans ce but, nous supposerons que la vitesse v de
transport du gaz l'emporte sur la vitesse moyenne m de
ses particules, vitesse qui correspond, comme on sait, à
sa température.
Dans le mouvement vibratoire du gaz, nous devons
admettre qu'il y a autant de particules qui se meuvent
dans un sens que de celles qui se meuvent en sens con-
traire; sans quoi, l'égalité des pressions, exercées par un
gaz sur les parois opposées du vase rectangulaire qui le
renferme, serait inexplicable dans la théorie cinétique. La
vitesse totale des premières particules sera v -+-u; celle
des secondes, v — u; comme elles vont toutes choquer
la plaque, leur force vive sera représentée, dans les nota-
tions de M. Hirn, par
- - i (v -f- uf -+- (v — uf | .
Celle des particules qui vibrent parallèlement à la plaque
est, du reste, | - u2, et celle des particules de gaz situées
de l'autre côté de la plaque — !- - u2, comme dans les
° y
expressions de notre confrère.
La somme des forces vives, qui était, pourlui^ ^-uv-i-t;aJ,
devient simplement, dans le cas dont nous nous occupons,
égale à ^ f2, c'est-à-dire à la force vive de courant
gazeux, quelle que soit sa température.
Ce qui précède répond également aux critiques formu-
lées par M. Hirn contre les résultats de la théorie ciné-
tique appliquée au mouvement des gaz, résultats qui,
d'après lui, ne concorderaient pas avec les formules de
l'hydrodynamique.
Pour lui, en effet, cette théorie donnerait pour la vitesse
le facteur a dépendant du nombre des particules animées
du gazV/|wu h- v2ou, plus généralement, l/2«Kt; + ^,
(45 )
de la vitesse u. Or, ses expériences sont en contradiction
absolue avec un semblable résultat, et établissent « que a
» n'a aucune valeur appréciable et que, par conséquent,
» ajoute-t-il (p. 167), u est bien réellement nul, ou n'a
» pas d'existence réelle ».
D'après les équations que nous venons de poser, au con-
traire, u disparaîtrait dans l'expression de la force vive,
qui concorderait ainsi avec les formules de l'hydrodyna-
mique. Nous ferons observer, au surplus, que la théorie
cinétique de Marwell n'est pas le moins du monde en con-
tradiction avec ces formules.
Nous voyons fort bien ce qu'il y a de trop spécial dans
cette démonstration, quoiqu'il y soit partiellement tenu
compte d'un élément essentiel que M. Hirn semble avoir
négligé dans la sienne, le mouvement vibratoire du gaz.
Mais si elle peut se généraliser, elle ne fera que confirmer
les résultats obtenus par l'infatigable expérimentateur.
Il est vrai que cette confirmation serait peut-être pour
lui une grande désillusion : la théorie cinétique des gaz,
qu'il croit fort proche parente des doctrines matérialistes,
ne serait pas renversée.
Mais qu'il s'en console, assez de bons esprits, et il est
l'un des premiers parmi eux, ont consacré et consacre-
ront encore des pages d'une argumentation solide et élo-
quente à la défense de la cause du spiritualisme, qui est
la cause même de l'humanité.
Et eût-il démontré le néant de la théorie cinétique des
gaz, il peut en être bien persuadé, et il Test en effet, pas
un seul matérialiste probablement n'eût, pour cela, abjuré
ses doctrines. Combien en rencontrera-l-on, en effet, qui
soient en état de suivre les théories et les arguments de
notre éminent confrère?
3me SÉRIE, TOME IX. 5
( 46 )
Il y a même un certain danger à lier le sort du spiritua-
lisme à celui d'une théorie mathématique, danger que n'ont
pas toujours su éviter les partisans de doctrines plus spi-
ritualisles encore que celles de M. Hirn.
Supposons que ce savant ait réussi à faire si bien adop-
ter ses conclusions que tous les physiciens en soient arrivés
à se dire : si la théorie cinétique des gaz était exacte, ce
serait un argument puissant en faveur du matérialisme;
heureusement elle ne l'est pas, et nous pouvons, en toute
sûreté de conscience mathématique , rester spiritualistes
comme nous le sommes.
Qu'arriverait-il le jour où la théorie cinétique des gaz,
qui n'est encore, peut-on dire, qu'à l'état embryonnaire,
serait développée dans toute sa puissance, et lèverait alors
les contradictions apparentes signalées par M. Hirn? Le
matérialisme n'en acquerrait-il pas une vigueur plus
grande ?
Pour nous, quelle que soit l'idée sous laquelle on voudra
concevoir les mouvements de l'univers matériel, pourvu
que celle idée soit simple et explique les faits, nous l'adop-
terons avec joie, sans nulle crainte pour nos convictions.
Pût-on même tout expliquer par les seules notions de
matières et de mouvement, hypothèse absurde (1), qui
(1) Car « la matière pure serait indifférente au reste du monde »
(Helmholtz, Conservation de la force, Introduction); en d'autres termes,
pour qu'un point matériel en mouvement puisse en mouvoir un autre, il
faut qu'ils soient doués tous deux de l'impénétrabilité et de l'inertie;
pour que cette communication de mouvement soit soumise à une loi, il y
faut joindre la notion de masse.
Or, envisager la matière comme douée de ces attributs revient évidem-
ment au fond à la douer de forces; et rien d'étonnant à ce qu'à l'aide des
seules notions de matière et de mouvement ainsi conçues, on croie
pouvoir expliquer les phénomènes de l'univers matériel.
( 47)
pourrait nous empêcher de considérer, avec Faraday,
l'atome matériel comme un simple centre de forces, et de
nier par conséquent, tout en admettant les théories fondées
sur ces deux seules notions, jusqu'à l'existence même de
la matière?
Au fond, nous abondons, comme nous l'avons dit anté-
rieurement, dans le sens des idées spiritualistes, défendues
par M. Hirn avec un talent reconnu par les philosophes
les plus compétents, et, en ce point, notre rapport actuel
est d'accord avec le précédent.
En un autre point, il en diffère, comme je l'ai dit.
J'ai pu croire antérieurement à la rigueur de cette
conclusion tirée par notre savant associé de la théorie
cinétique des gaz, à savoir :
Que la pression exercée sur un gaz par un disque en
mouvement dans celui-ci est une fonction de la tempéra-
ture de ce gaz; conclusion que M. Hirn n'avait pas trouvée
confirmée par ses expériences.
Si cette première conclusion était exacte, la réciproque,
à savoir :
Que la pression exercée par un courant de gaz contre
un disque est une fonction de la température de ce gaz,
le serait, ce me semble, également.
Or, la démonstration de cette dernière proposition ne
m'a pas paru ressortir avec rigueur de la théorie cinétique;
je crois avoir montré, au moins pour le cas d'une vitesse
considérable du courant de gaz, que sa pression n'est pas,
suivant la théorie cinétique, une fonction de la tempéra-
ture.
Les nombreuses expériences de M. Hirn confirmeraient
donc cette théorie au lieu de l'infirmer.
Le soin avec lequel elles ont été faites, les recherches
( 48 )
importantes auxquelles M. Hirn s'est livré sur la vitesse
d'écoulement des fluides, l'idée théorique très ingénieuse
qui lui a servi de point de départ, contribuent à donner
une incontestable valeur au mémoire de notre éminent
associé.
Aussi est ce avec le plus grand empressement que je
propose à la Classe de voter l'impression, dans ses publi-
cations in-4°, de ce remarquable travail, et d'adresser à
l'auteur ses remercîments les plus chaleureux pour l'hon-
neur qu'il a fait à l'Académie en le lui adressant.
Note complémentaire sur le travail de M. Hirn.
Depuis l'envoi de mon rapport, notre savant associé a
fait parvenir à l'Académie un nouveau chapitre à ajouter à
son travail.
L'étude et la discussion des thèses renfermées dans ce
chapitre exigeraient un temps fort long, et retarderaient
considérablement l'impression du mémoire; elles ne modi-
fieraient cependant en rien nos conclusions.
C'est pourquoi nous croyons devoir nous en référer sim-
plement à celles-ci. »
Rapport de ,11. Va** île*' Mettsbt'tigghe, tleua iènte
commissaire.
« Le nouveau Mémoire présenté à l'Académie par notre
éminent associé M. Hirn se dislingue par son étendue
tout à fait exceptionnelle, par l'importance de la question
qui s'y trouve traitée, et par les soins vraiment étonnants
apportés à la partie expérimentale, mais à cause de mes
nombreuses occupations, il me faudrait des mois pour
analyser avec l'attention qu'il mérite un travail aussi con-
( «)
sidérable qu'important, dont l'impression subirait alors
un grand retard. Aussi bien la discussion est désormais
ouverte entre M. Hirn d'une part, et, de l'autre, les promo-
teurs de la théorie cinétique des gaz, attaquée si vivement
par leur contradicteur.
J'appelle de tous mes vœux le jour où l'un de ces pro-
moteurs, par exemple, notre illustre associé M. Clausius,
voudra répondre à M. Hirn au grand profit de la science
et au grand honneur de la Classe des sciences devant
laquelle le débat solennel a été porté il y a quatre ans.
Je me rallie avec empressement aux conclusions de
mon savant confrère M. Folie.
N. B. Je n'ai rien à modifier dans le présent rapport, à
propos du nouveau chapitre adressé par M. Hirn à l'Aca-
démie. »
Kappoi'l «#« M . Metsens, troisième contmissait'e.
Dans le travail nouveau et très développé que
M. G. A. Hirn s'est fait un devoir d'adresser à l'Académie
dont il est l'associé, il s'est souvenu du désir exprimé par
les trois commissaires qui, en 1881 (1), engageaient leur
savant confrère à continuer ses rapports sympathiques et
scientiiiques avec l'Académie.
Le nouveau travail, qui porte le titre de : Recherches
expérimentales et analytiques sur les lois de i 'écoulement
et du choc des gaz en fonction de la température, est un
complément et une suite nécessaire^ de celui dont l'Aca-
démie a ordonné l'impression en 1881.
Dans son introduction l'auteur caractérise le Mémoire
(1) Bulletin de l'Académie, l. II, 3e série, sept. 1881, pp. 225 et suiv.
(50)
actuel par les paroles suivantes : « Tandis que j'avais
» cherché si la résistance qu'éprouve un corps, qui se
» meut dans un gaz en repos relatif, est une fonction de
» la température, dans le présent travail, au contraire, j'ai
» cherché si la pression qu'exerce une veine fluide sur un
» plan qu'elle frappe normalement et si le volume d'un
» gaz qui s'écoule par un orifice donné sont des fonctions
» de température ».
L'auteur croit que les conséquences qui découlent du
présent travail revêtent un caractère plus net et plus pré-
cis encore que celles qui ressortaient du premier; il rap-
pelle l'éternelle querelle entre la pratique et la théorie, et
arrive à cette conclusion : « Pourvu que l'on sache se
> dégager delVspritde système et de conceptions a priori,
» pourvu qu'on ail sans cesse sous les yeux l'ensemble des
» conditions qui président aux phénomènes physiques, on
» reconnaît que, même en Hydrodynamique, les résultats
» de l'expérience confirment d'une façon aussi complète
» qu'il est possible les données de l'analyse ».
L'auteur cherche donc à résoudre le problème qu'il s'est
posé par l'analyse d'abord et l'expérience ensuite. Il ne se
dissimule pas l'illusion qu'il s'était faite sur la simplicité
de pareilles recherches, pour atteindre une limite conve-
nable d'exactitude; aussi, après une première série de
recherches longues et pénibles, dut-il recommencer tout
le travail, en appliquant à ses nouveaux appareils tous les
perfectionnements qu'il put imaginer.
Le mémoire remarquable et important, de notre l'illustre
confrère, tant au point de vue analytique qu'expérimental,
comporte neuf parties distinctes que je crois devoir analyser
très succinctement pour en donner une idée générale à
l'Académie, sous la forme d'une espèce de tableau analytique.
(51 )
PREMIÈRE PARTIE.
Exposé analytique des lois de l'écoulement des fluides
élastiques sous charge constante a diverses tem-
pératures.
L'auteur présente, au sujet de l'équation bien connue
de Weisbach sur la vitesse d'un gaz en fonction des pres-
sions et des tempéra lures, une démonstration, qui en
certains points s'approche, et en d'autres s'éloigne, de
celles qui ont été données par d'autres auteurs notam-
ment et avec la plus grande clarté par M. Zeuner. Il l'ait
voir la différence profonde qui existe entre celte équation,
tirée de la Thermodynamique, et l'équation admise autre-
fois.
Toute la question que l'expérience aura à résoudre con-
siste à savoir si, quand on fait varier la température, la
vitesse ou le volume d'un gaz varient bien réellement
comme l'indiquent les équations posées.
DEUXIÈME PARTIE.
ÉCOULEMENT DES GAZ, A DIVERSES TEMPÉRATURES, SOUS DES
CHARGES MODÉRÉES PAR DIVERSES ESPÈCES D'ORIFICES.
L'auteur donne une description complète des appareils
qui lui ont servi.
Tous les savants qui ont eu à imaginer d'abord et puis à
expérimenter des appareils de physique, un peu compli-
qués, sauront apprécier toutes les difficultés qu'il a fallu
( S2 )
vaincre pour disposer cet appareil : il s'agissait, en effet,
d'établir un gazomètre jouissant d'une liberté absolue, de
mesurer l'abaissement de ce gazomètre à un centième de
seconde près, de déterminer, en un mot, les volumes
de gaz écoulés à un dix millième près.
Je passe en me contentant de les citer les vases à des-
siccation, le tube à échauffement pour porter les gaz aux
températures voulues, les orifices d'écoulement, les mano-
mètres, etc., etc.
Le mémoire est accompagné de quatre grandes et belles
planches, dessinées avec beaucoup de soin ; il serait diffi-
cile d'entrer dans tous les détails à cet égard; on com-
prendra qu'il faut avoir les planches et le texte sous les
yeux.
L'auteur s'étend ensuite longuement sur la manière
d'expérimenter à froid, à chaud, avec l'air d'abord, puis
avec des gaz autres que l'air, l'hydrogène et l'acide carbo-
nique.
Cette partie est suivie de neuf tableaux sur l'écoulement
des gaz à froid, à chaud, secs ou humides, en indiquant
toutes les corrections à faire sur les mesures expérimen-
tales.
Les tableaux sont précédés d'une discussion critique
relative à l'emploi des moyennes expérimentales.
On avait fait remarquer à M. Hirn que, dans son pre-
mier mémoire de 1881, les différences de température
entre lesquelles il avait opéré étaient trop restreintes; en
effet, il ne s'agissait que d'expériences faites à 11° C. et à
50° C, dont les températures absolues correspondent à
284 et 323° et dont les racines carrées 16,85 et 17,95 ne
diffèrent que de 4,1.
Dans les expériences de son nouveau travail on trouve
(53)
des différences 1res considérables, s'élevant non pas à
50 — M = 39° C, mais allant jusque 176° et 200°.
Donc en prenant les températures absolues, on aura :
273 -+- 196 = -169 dont la racine carrée est = 21.66
273 -f- 20 = 293 — — = 17.12;
et même
273 -+- 200 = 473 dont la racine carrée est = 21 75
273 + 0 = 273 — — = 16.52.
L'auteur dans cette deuxième partie fait une digression
en vue d'expériences sur l'écoulement de l'eau par les
orifices qui lui ont servi à l'écoulement des gaz et je ne
m'y arrête pas; il faudrait être trop long.
TROISIÈME PARTIE.
Discussion de l'ensemble des expériences précédentes
au point de vue de la physique et de la mécanique.
Dans le présent rapport, je n'ai pas à me prononcer sur
les questions très diverses soulevées.
Je dois cependant attirer l'attention sur une restriction
que l'auteur fait, eu égard à ses expériences sur l'écou-
lement des gaz, et les conclusions qu'il se croit en droit
d'en déduire. En effet, toutes ses expériences ayant été
faites à des pressions modérées ou faibles, il y aurait le
plus grand intérêt à les répéter sous de fortes pressions.
Les expériences, de vérification absolument rigoureuse
(faciles à mener à bonne fin avec un appareil dont il
donne, en projet, tous les organes), faites à haute pression,
trancheraient la question d'une façon réellement rigou-
reuse, mais l'auteur a dû reculer devant les frais, qui ne
s'élèveraient pas à moins d'une quarantaine de mille francs.
( 54 )
Les expériences sur l'écoulement des gaz, selon qu'ils
sont froids ou chauds, démontrent, d'après l'auteur, que,
prises dans leur ensemble, les équations employées pour
trouver la vitesse des gaz sont parfaitement rationnelles et
correctes. Ces équations ne reposent, du reste, sur aucune
hypothèse particulière à la constitution des gaz et le mode
suivant lequel la température absolue figure dans certaines
équations est, lui-même, indépendant de toute hypothèse
sur cette constitution.
QUATRIÈME PARTIE.
Expériences sur le choc de l'air contre un plan
résistant.
L'auteur rappelle d'abord son premier mémoire de 1881
et fait voir que le choc d'une veine gazeuse, sur un plan
fixe et résistant, forme en quelque sorte la contre-partie de
son travail précédent et que s'il arrive de cette façon aux
mêmes conclusions que celles formulées en 1881, elles
seront confirmées directement, bien que sous une forme
plus différente qu'on ne serait tenté de l'admettre à pre-
mière vue. Or, ces conclusions sont confirmées, en effet,
d'après M. Hirn.
CINQUIÈME PARTIE.
Discussion des expériences sur le choc d'une veine de
gaz contre un plan résistant indéfini.
Le fait saillant qui ressort de ces expériences est le sui-
vant : en traduisant la pression exercée sur le plateau dé
la balance par une colonne d'eau dont la section est connue
(55)
cette hauteur est toujours, à très peu près, égale au double
de la charge manomélrique qui détermine l'écoulement du
gaz ; de plus, celte hauteur est absolument indépendante
de la température du gaz.
L'ensemble des expériences vérifie, en un mot, com-
plètement l'ancien principe d'Hydrodynamique : que la
pression exercée sur un plan résistant, par une veine
fluide qui la frappe normalement, est égale au produit de
la section effective de la veine, par une hauteur de fluide
double de celle à laquelle est due la vitesse.
SIXIÈME PARTIE.
Digression rétrospective. — Description d'un appareil
qui avait été essayé primitivement.
L'auteur décrit un appareil qu'il avait imaginé et cons-
truit en 4882 en vue d'étudier les lois de l'écoulement et
du choc des gaz, lorsque, à des températures très diffé-
rentes, pouvant même varier de 20° à 200°, la densité est
maintenue constante.
En jetant un coup d'œil sur celle partie du mémoire, on
aura déjà une idée de toutes les difficultés que l'auteur a
rencontrées dans l'exécution expérimentale de son travail.
Les expériences, en effet, ont complètement échoué, quant
au but principal que l'auteur poursuivait; il a donc dû se
borner à comparer la hauteur des deux manomètres, dont
l'un indiquait la charge de l'écoulement et l'autre la pres-
sion hydrostatique due au choc, et à chercher si l'égalité
des hauteurs se maintenait, quelle que fût la température,
quand la densité était maintenue constante.
Les résultats ont élé des plus affirmalifs quant à cette
égalité.
I 86 )
Il cite un exemple : le manomètre de l'écoulement mar-
quant, par exemple, 0ra,30 à 20 degrés, le manomètre du
choc marquait aussi 0m,30 à bien peu de chose près. Si,
alors, on portait la température à 200°C, il fallait augmen-
ter la pression du gaz dans les rapports 27g^ 20 = 1,614,
et pour maintenir la densité constante, il fallait porter la
pression de 0m,720 à 0,720 x 1,614 = lm,162l, résultat
qui pouvait être prévu en raison du principe de l'égalité
de l'action et de la réaction.
SEPTIÈME PARTIE.
Conséquences de l'ensemble des résultats expérimen-
taux PRÉCÉDENTS QUANT AUX THÉORIES CONCERNANT LA
CONSTITUTION DES GAZ.
Dans la septième partie, l'auteur ne touche qu'à la ques-
tion des gaz et des vapeurs, tandis que dans la huitième,
il étend la discussion à la notion de la Force en général.
On arrive à trois conceptions bien distinctes sur la
nature des gaz et des vapeurs (comme aussi des liquides
et des solides réguliers et homogènes) :
A. « Partant des apparences les plus nettes et les plus
» spécieuses, nous pouvons considérer ces fluides comme
» des louis continus, partout identiques à eux-mêmes
k jusque dans leurs divisions infinitésimales, eldoués d'une
j> élasticité relativement parfaite, de le le sorte qu'une
» même masse revient toujours à un même volume, lors-
b qu'elle est ramenée à la même pression et à la même
» température. »
B. « Quittant les seules apparences et armés d'une
» hypothèse, nous pouvons pénétrer plus avant dans ces
j> corps et les considérer comme constitués par des parties
( 57 )
d matérielles séparées, indivisibles, extrêmement petites,
» sinon infiniment petites, tenues à de certaines distances
» variables, par une puissance répulsive dont les manifes-
» tations diverses constituent les phénomènes de la chaleur
» ou du calorique et, d'une part, par une puissance attrac-
» tive interne, toujours relativement très faible en inten-
» site (pour les gaz) et, d'autre part, surtout soit par la
s> résistance et l'impénétrabilité des vases où nous enfer-
» mons ces fluides, soit par la pesanteur (atmosphères
» terrestres et planétaires). »
C. « Nous tenant toujours en dehors des apparences et
» poussant l'hypothèse beaucoup plus loin encore, nous
» pouvons faire abstraction des puissances répulsives et
» attractives ou, pour mieux dire, et ce qui est tout un,
» les expliquer, en considérant les parties matérielles et
» indivisibles comme parfaitement élastiques et comme
» douées d'un mouvement nécessaire, par suite duquel ces
» particules, en se heurtant les unes les autres et en heur-
p tant les parois des vaisseaux où le fluide est renfermé,
» simulent ce que nous appelons la pression et la lempé-
» rature du gaz ou de la vapeur. »
C'est cette dernière hypothèse qui est la plus impor-
tante à considérer, car l'auteur cherche à en démontrer les
côtés faibles et même à la renverser.
L'auteur pense que Yexpérimenlalisme (terme ironique
employé depuis peu), fût-il à outrance, appuyé sur l'analyse,
peut nous aider à décider en faveur de l'une ou de l'autre
de ces théories, et assez pour éliminer au moins l'une de
ces trois hypothèses sur la nature et la constitution des
gaz telles qu'elles sont exposées entre autres dans les tra-
vaux de M. Clausius et de M. Maxwell principalement, ainsi
que d'autres savants.
( 58 )
Il fait voir d'abord que les résultats des expériences,
quant au choc d'une veine gazeuse contre un plan indéfini,
sont inconciliables avec l'hypothèse qui admet un mouve-
ment continu et nécessaire, d'où résulteraient dans les gaz
la température et la pression; il fait voir ensuite que les
expériences sur l'écoulement des gaz à diverses tempéra-
tures conduisent absolument aux mêmes conséquences.
Je dois me contenter de donner l'opinion de l'auteur,
laissant nécessairement de côté les questions d'analyse
que ce chapitre comporte ; le rapport de mon savant
confrère M. Folie appelle l'attention sur cette partie et
en présente une critique sur laquelle je n'ai nullement le
droit de me prononcer ; laissons le débat complet se
produire entre les cinétistes d'une part et, d'autre part, les
savants qui n'admettent pas ces opinions.
HUITIÈME PARTIE.
L'hypothèse de la cinétique pure porte a faux dans
l'interprétation de certains faits depuis longtemps
connus en physique.
Dans ces derniers temps, alors que son travail était déjà
soumis à l'examen des commissaires de l'Académie, l'au-
teur a fait remettre à M. le secrétaire perpétuel un complé-
ment important à son travail.
11 cherche à définir, d'abord, ce qu'il faut entendre par
cinétique pure, théorie dans laquelle il faut considérer
les gaz comme étant constitués par des atomes ou molé-
cules, infiniment petits, parfaitement indépendants les uns
des autres, se mouvant dans un vide parfait avec une
vitesse spécifique pour chaque température, variable, par
suite, d'une température à une autre.
( 59 )
11 fait remarquer expressément que, dans cette hypo-
thèse, on fait forcément abstraction de la force pour y
substituer, comme cause unique et seule possible du mou-
vement, le mouvement lui-même.
Il prend quelques faits physiques et mécaniques et fait
remarquer qu'en somme ces faits s'expliquent parfaite-
ment dans l'hypothèse cinétique et que l'explication con-
corde parfaitement avec les lois, si bien prouvées et géné-
ralement admises, de la Thermodynamique; bien d'autres
faits s'expliquent de même. Je crois inutile de rappeler à
ce sujet les travaux classiques de notre illustre associé
M. Clausius.
Pour d'autres phénomènes, tout aussi importants, l'ex-
plication est en opposition formelle avec les faits et les lois
de la Thermodynamique. Analysant et appliquant la loi
de Weisbach sur l'écoulement des gaz, loi qui repose
directement sur les principes de la Thermodynamique et
les propriétés fondamentales essentielles des gaz, il montre
que, d'après cette équation, la vitesse de l'air à 0°C, par
exemple, qui se jetterait dans un espace complètement
vide, s'élèverait à 735 mètres par seconde.
Or, d'après la cinétique, les atomes de l'air sec à 0°C.
ont une vitesse de 485 mètres seulement. Si donc on sup-
pose un réservoir de cet air, en rapport avec un vide
parfait, l'écoulement, d'après M. Hirn, ne pourra donner
lieu qu'à une vitesse de 485 mètres, ce qui est contraire
à l'équation de Weisbach, fondée sur les lois de la Ther-
modynamique.
Si au lieu d'un réservoir de forme quelconque, on
emploie, pour renfermer le gaz, un cylindre, et, qu'après
y avoir pratiqué une ouverture, on y fasse mouvoir un pis-
ton de façon à maintenir la pression constante, il n'en
( 60)
résultera pas moins que la température de l'air s'élèvera,
que la vitesse des atomes ira en croissant, quoique la
pression soit maintenue constante, résultat de nouveau
contraire à la Thermodynamique et aux faits surabondam-
ment prouvés.
Il examine ensuite le cas où les atomes parfaitement
élastiques se choquent et cherche à analyser tous les phé-
nomènes qui résultent de ces chocs. Ici je suis forcé de
renoncer à des développements; je devrais reproduire une
partie de ce chapitre, qui malheureusement n'a pas pu
être examiné en détail par mes confrères.
Notons encore, avant de reproduire la conclusion for-
melle de M. Hirn, que ce savant signale la formule de
Weisbach comme n'ayant pu être vérifiée pour le cas d'un
gaz se jetant dans le vide, mais elle a été vérifiée dans
d'autres cas de l'écoulement des gaz, ce, qu'avec raison,
M. Hirn juge suffisant au cas particulier.
M. Hirn se demande comment certains gaz explosifs
résistent à des chocs comme ceux de l'air en mouvement,
exemple C120, C1203, et, peut-être, pourrait-il y aojuler
d'autres liquides ou solides comme le chlorure et l'iodure
d'azote, les fulminates.
Mais quoi qu'il en soit, il est incontestable que, dans
les vases placés dans le vide, les molécules ou les atomes
ne peuvent sortir qu'avec leur vitesse propre correspon-
dant à leur température actuelle.
Je me borne à donner in extenso le dernier alinéa de
cette importante addition au mémoire.
t En un mot donc et pour conclure, si l'hypothèse d'un
» assemblage d'atomes parfaitement élastiques, mais
» indépendants les uns des autres, explique certains phé-
» nomènes de la Physique Mécanique des gaz, elle échoue,
( 61 )
» au contraire, radicalement contre l'interprétation
» d'antres phénomènes, tout aussi nombreux et tout aussi
» importants. Et l'ensemble des phénomènes ne peut
» s'expliquer d'une façon rationnelle que quand on admet
» une solidarité continue entre les atomes, de telle sorte
» que n'importe lequel d'entre eux ne peut changer de
» position sans que tous les autres se trouvent dans de
» nouvelles conditions d'équilibre. »
Ici s'arrête le travail analytique et expérimental de
M. Hirn.
Vos trois commissaires sont unanimement d'avis que la
partie expérimentale du travail est traitée avec des soins
réellement extraordinaires, étonnants même; qu'il mérite,
sans réserve aucune, la plus haute approbation de l'Acadé-
mie et que notre savant associé a bien mérité de la Science.
Abstraction faite de la critique de l'un des nombreux cal-
culs du mémoire dans lesquels j'ai cru devoir me récuser,
il reste parfaitement établi par les expériences et admis
par mes deux savants confrères, que dans le phénomène
du choc d'une veine fluide, la pression exercée par le gaz
est indépendante de la température, comme M. Hirn l'avait
dit dans son premier mémoire de J881-1882. De plus,
que cette pression ou la résistance des gaz est, à fort peu
près, proportionnelle à la densité, ou en un mot : « que la
» pression et la température des gaz ne sont pas consti-
» tuées par les mouvements, de quelque genre qu'on veuille,
r> des atomes matériels ».
Ce fait étant absolument mis hors de doute, quelle
conclusion faut-il en tirer pour rester logique et en har-
monie avec l'analyse? Ici, deux de nos illustres associés
sont d'un avis tout opposé.
En effet : pour M. Hirn, beaucoup de faits de Physique
3me SÉRIE, TOME IX. 6
C 62 )
Mécanique s'expliquent dans la théorie cinétique, d'autres,
au contraire, ne s'expliquent plus et sont en contradiction
manifeste avec cette théorie et les principes, hors de doute
aujourd'hui, de la Thermodynamique, science au dévelop-
pement de laquelle notre illustre associé M. Clausius a pris
une si large et si honorable part. (Dans la neuvième partie
du travail, M. Hirn lui rend un hommage éclatant.) Pour
M. Clausius, au contraire, d'après les opinions de mon
savant confrère M. Folie, les données des expériences de
M. Hirn et même des résultats analytiques sont en con-
cordance avec la théorie cinétique.
Votre troisième commissaire se gardera bien de se pro-
noncer entre ces opinions, malgré les déductions si
logiques exposées par M. Hirn dans celte huitième partie;
il est de son devoir de s'abstenir, comme le font ses con-
frères, forcément obligés, faute de temps, de renoncer à
examiner cette partie très importante du travail de M. Hirn,
avec l'attention qu'elle semble mériter.
Quoi qu'il en soit donc, le dilemme ci-dessus semble
plutôt pouvoir se résoudre par le calcul et ses artifices
que par de nouvelles expériences. Mes deux savants con-
frères admettent la réalité et l'importance des faits que
M. Hirn a mis hors de doute. Il ne s'agit plus que d'une
simple question d'interprétation.
J'ai déjà dit, et je me plais à le répéter : notre savant
associé a tenu compte des critiques que mes savants con-
frères ont, sous une forme dubitative, faites à son travail de
1881, à propos des expériences qui leur paraissaient exé-
cutées dans des limites trop restreintes de la température
absolue, 281° et 523°, dont les racines carrées ne différaient
que de 1,1 ; dans le travail actuel il a poussé la diffé-
rence des températures absolues de 273° à 473°, c'est-à-
(63)
dire de 200° C, au lieu de 39° C, mais, il est vrai, pour des
expériences différentes de celles de son premier mémoire.
L'un de nous se contentait en effet de dire alors, tout
en se ralliant aux conclusions du premier commissaire,
qu'il avait des appréhensions et des doutes sur l'exactitude
rigoureuse des raisonnements de M. Hirn.
Je rappelle ces antécédents pour montrer à l'Académie
que la question est, et restera longtemps encore, sans
doute, controversée.
Quoi qu'il en soit et sans avoir à me prononcer, je
reviens à l'opinion que j'ai émise dans mon rapport sur
le mémoire de 1881; car, ainsi qu'on l'a vu, mon confrère
M. Van der Mensbrugghe partage mon opinion dans son
rapport sur le mémoire actuel. Je me répète donc aujour-
d'hui en disant :
« Je crois devoir faire remarquer que la question se
» débattra entre nos deux illustres associés MM. Clausius
» et Hirn et entre tous les savants qui se sont occupés de
» la théorie des gaz et des résistances qu'ils opposent aux
» corps qui s'y meuvent; les recueils de l'Académie seront,
j> j'ose l'affirmer d'avance, largement mis à leur disposition
» et nos recueils deviendront le champ clos où la question
» se débattra au grand profit de la science et de la vérité.
J'ajoutais : « M. Hirn aura, sans doute, une rude lutte à
b soutenir ».
On me permettra d'exprimer mes vifs regrets de voir
que cette lutte courtoise, entre deux grandes illustrations
scientifiques, nos associés, et bien d'autres savants émi-
nents encore, ait été différée si longtemps et je l'appelle
de tous mes vœux et de toutes mes forces.
En effet, si même dans une seule expérience, ou dans
( 64)
un seul fait analysé par M. Hirn, la théorie cinétique
des gaz est en défaut, il pourra arriver, pour celte théorie,
ce qui est arrivé en optique pour le choix à faire entre le
système de l'émission qui n'explique pas le phénomène
des interférences et le système des ondulations qui en
donnait une explication rationnelle.
Comme je l'ai déjà dit, la lutte sera vive et longue. En
effet, ne sait-on pas qu'un illustre savant qui a fait des
découvertes remarquables en optique a professé toute sa
vie le système de l'émission, alors que le système des on-
dulations était admis par la généralité des physiciens,
surtout depuis les travaux de A. Fresnel ? N'oublions pas
que la théorie des ondulations due au génie de Descartes
au commencement du XVIIe siècle, poursuivie habilement
par Huyghens dans ses conséquences, vers le milieu du
XVIIe siècle, admise par Euler vers le milieu du XVIIIe,
alors que Newton avait déjà produit son système de l'émis-
sion, soutenu par le grand nom de cet immortel savant,
que celte théorie de l'émission, dis-je, était adoptée géné-
ralement jusqu'au commencement du XIXe. — L'hypolhèse
ou le système des ondulations paraissait absolument aban-
donné lorsque le docteur Thomas Young rappela sur lui
l'attention des physiciens. — On sait ce qui est arrivé de
cette hypothèse explicative des phénomènes lumineux qui
reste, généralement, adoptée aujourd'hui et qui sera pro-
fessée aussi longtemps qu'elle expliquera tous les faits
connus de l'optique et ceux que l'avenir découvrira encore.
Je prie l'Académie de me pardonner ces longueurs et
celte digression, car, je ne crains pas de le dire, je suis
profondément ému quand je vois un savant de la valeur
de M. Hirn en contradiction avec un savant de la valeur
de M. Clausius, comme Descartes, Huyghens et Euler
( 65 ;
l'ont été avec Newton. Qui ne le serait pas, quand on voit
M. Hirn affirmer nettement que certains faits posés par la
Cinétique pure ou, du moins, qui sont les conséquences
forcées de cette doctrine, sont en opposition formelle avec
les principes de la Thermodynamique, science qui a changé
la face de la physique, science dans laquelle, entre tous,
M. Clausius s'est fait un titre de gloire immortelle?
Je reste plus indécis que mes deux savants collègues,
je ne choisis pas; car, indépendamment de mon incompé-
tence sur certains points, j'ai un motif péremptoire à
faire valoir.
En effet , je cherche et je chercherai toujours à faire
étudier les travaux de M. Hirn par nos jeunes savants;
espérant qu'en provoquant des travaux, la vérité absolue
ou relative ressortira, tôt ou tard, de celte importante
lutte; au moins, ils seront de nature à nous rapprocher
de la vérité.
Disons-le hardiment : Vainqueurs et Vaincus auront
bien mérité de la Science.
Me voici arrivé aux trois quarts de ma tâche; il me reste
peu de chose à dire sur la neuvième et dernière partie.
NEUVIÈME PARTIE.
Conséquences philosophiques qui découlent des expé-
riences RELATÉES DANS CE TKAVAIL.
Oculos habenl sed nolunt videre.
Cette partie très importante du travail de M. Hirn méri-
terait un examen détaillé, au point de vue des questions
de haute philosophie qu'il entame, comme déduction de
simples faits physiques et mécaniques.
( 66)
S'il est vrai que M. Him a de nouveau cherché à prouver,
dans cette neuvième partie, principalement: qu'un mathé-
maticien et un physicien peut, quand il le veut, penser,
sentir et écrire dans la langue de tout le monde, il est
tout aussi vrai, cependant, qu'il est difficile d'en donner un
résumé satisfaisant sans être entraîné dans des longueurs;
aussi, mes savants confrères n'ont-ils que peu insisté sur
celte dernière partie du travail que j'examine rapidement
sans m'aslreindre à suivre l'ordre que l'auteur a adopté.
M. Him semble s'être laissé guider par une pensée pro-
fonde qu'il produit sous la forme suivante : Nos sciences,
que d'aucuns s'efforcent de loger dans des casiers bien
distincts, se fondent en réalité ensemble; et tel qui dans
son laboratoire poursuit un problème de Chimie, de Phy-
sique, travaille souvent, à son insu, à la solution d'un pro-
blème de haute Philosophie.
Il serait, en effet, facile d'en donner une foule d'exemples;
quoi qu'il en soit, j'imiterai, partiellement au moins, la
réserve de mes confrères, d'autant plus, que j'aurais à
répéter sous une autre forme, peut-être avec un peu plus
de détails encore, ce que j'ai dit dans mon rapport de 1881
et, principalement, dans les pages 246 à 257 du Bulletin
de la séance du 8 octobre 1881.
J'ajoute de suite, ce qui facilite ma tâche et mon devoir,
que l'auteur n'a rien changé d'essentiel pour le fond aux
conséquences déduites des expériences du mémoire publié
par l'Académie en 1882, à ses travaux, publiés depuis
1850, et principalement dans son ouvrage : Conséquences
philosophiques et métaphysiques de la Thermodynamique.
— Analyse élémentaire de l'Univers, publié en 1868, voire
même dans son travail : la Musique et l'Acoustique, publié
en 1878, et La Vie future et la Science publiée en 1881.
( 67 )
L'auteur lui-même a le soin de dire qu'il ne considère
cette partie de son travail que comme un étai de plus à
ses anciens travaux. Des questions de haute philosophie
ont été traitées dans ces travaux. M. Hirn revient, en
somme, à cette grande pensée : qu'il est possible, avec les
données positives de la science, de fonder les assises so-
lides d'une métaphysique expérimentale à l'abri des injures
du temps; opinion qu'il émettait déjà en 1850, et qu'il
poursuit avec persévérance depuis cette époque.
M. Hirn fait du reste remarquer aussi, comme je le
disais dans mon rapport sur le travail de M. Ronkar (Bul-
letin de l'Académie, t. VIII, p. 160, séance du 2 août! 884),
que, malheureusement, aucune critique proprement dite
n'a été formulée, tendant à réfuter les expériences ou les
conséquences du travail publié en 1881 par l'Académie.
Peut-être même, dit-il, n'a-t-on pas voulu me lire; il
aurait le droit d'en être tristement affecté.
Cette partie du travail est subdivisée en huit chapitres
distincts.
Il donne, après avoir défini ce qu'il appelle la cinétique
pure, le nom et l'opinion des savants, tels que MM. Mole-
schott, Du Bois-Raymond, Colla, Drossbach, Biichner, de
Saint-Robert, qui, en général, n'admettent pas, comme
M. Hirn, que la Force ou les Forces ont une existence
aussi réelle que celle de la matière elle-même, c'est-à-dire
qu'il les considère comme des principes constitutifs de
l'univers, indépendants de la matière.
Ces savants nient la Force et lui substituent le mouve-
ment comme cause unique du mouvement, c'est-à-dire
qu'il ne peut naître dans un point matériel qu'à la condi-
tion expresse que ce point matériel soit en contact immé-
diat avec d'autre matière, déjà en mouvement elle-même.
( 68)
Pour M. Hirn, au conlraire, les Forces sont des puis-
sances dynamiques constituant des principes de relation
entre les êtres; il rappelle à ce sujet l'opinion deNewlon :
deux masses matérielles ne peuvent agir l'une sur l'autre,
à travers le vide, c'est-à-dire sans quelque chose d'inter-
posé qui établisse leur relation. Parlant de la gravitation,
il rappelle le calcul par lequel de Laplace a démontré que
si la gravitation a une vitesse de propagation, cette vitesse
doit être au minimum de cinquante millions de fois supé-
rieure à celle de la lumière; c'est-à-dire que l'on peut la
considérer comme infinie : ce qui revient de fait à dire
qu'il n'y a pas ici de vitesse et que la force est sans cesse
partout en activité.
Quant au mouvement lui-même, il est absolument
absurde de le considérer comme un être réel, qui peut
s'ajouter ou se soustraire; nous sommes obligés ou réduits
à le considérer comme n'étant qu'un état de la matière.
En mécanique, on détermine les lois du mouvement avec
la plus grande précision, et il paraît puéril de partir
des lois du mouvement pour lui donner le litre de causalité
unique dans l'univers.
M. Hirn discute aussi le principe qui admet que la force
ne peut être physiquement séparée de la matière; même
en admettant qu'il en soit ainsi, ce qui est contredit par
certains faits, il n'en résulterait pas moins, pour M. Hirn,
que la Force pourrait avoir une existence indépendante
de la matière elle-même.
« Entre le Soleil et les planètes, entre les planètes et
» leurs satellites, entre la Terre et le corps pesant que je
» soulève, il se trouve quelque chose qui élablil le rapport
» que nous appelons attraction. Que ce quelque chose soit
» ou non séparable physiquement des corps qu'il met en
( 69 )
» relation, qu'il soit, comme tant de personnes le veulent,
» de la matière en mouvement, ou qu'il constitue un élé-
> ment autre, toujours est-il qu'il remplit i'espace stel-
» laire autrement que les masses qui nous semblent s'at-
» tirer; il est distinct de celles-ci. »
M. Hirn en conclut : « Que la Force soit ou non sépa-
» rable des points matériels qu'elle met en rapport, je dis
> donc de plein droit qu'elle constitue un élément dis-
» tinct. »
On a vu que Hirn s'appuie souvent sur les données de
la Thermodynamique, et il pense que de l'existence d'un
équivalent mécanique de la chaleur, de l'électricité : il riy
a absolument qu'une seule conclusion à tirer, à savoir, que
toutes les forces de l'univers peuvent se faire équilibre et
se substituer les unes aux autres.
Il saute aux yeux combien celte idée diffère de celle
qui ;idmet que les forces se transforment 'les unes dans les
autres, mais je m'arrête dans celte analyse déjà trop longue,
bien que sommaire.
Quant à la seconde proposition de la Thermodynamique,
je me contente de signaler comment M. Hirn apprécie à ce
sujet les travaux de notre illustre associé M. Clausius.
Voici comment il s'exprime : Je pense n'être injuste envers
personne en disant que c'est M. Clausius qui a su le mieux
en mettre en relief toute l'importance et lui donner un
caractère neuf et spécial : je n'exagérerai en aucune façon
en disant que ce grand analyste a su ainsi fonder une
branche nouvelle en Physique. Je ne me permettrai d'émettre
qu'un regret, c'est qu'après avoir livré ses travaux à la
publicité sous leur forme abstraite et rigoureusement
mathématique, il n'ait pas voulu lui-même leur donner
aussi une forme plus élémentaire et plus abordable au
(70)
grand nombre des intelligences. Je ne puis attribuer qu'à
cette considération le fait que ces magnifiques études sont
encore aujourd'hui si peu connues et que les termes nou-
veaux tels que Entropie, Ergal, Viriel, dont M. Clausius
légitime parfaitement l'introduction dans la Science, sont
lettres mortes pour l'immense majorité du public, même
compétent.
Il est un point que je ne puis passer sous silence :
M. Hirn pense que la plupart des systèmes explicatifs qui
ont pour base une cinétique quelconque reposent sur des
illusions et des inconséquences de raisonnement; mais il
faut faire une restriction importante à cet énoncé, car il
ne concerne en aucune façon les hypothèses que quelques
grands mathématiciens ont admises pour traduire certains
phénomènes par l'Analyse. Il examine l'hypothèse de
l'éther lumineux, dont les mouvements se communiquent
à d'autres particules. Tout en faisant remarquer que la
lumière, bien que considérée et expliquée dans le système
des ondulations, traduit admirablement les plus minimes
détails des phénomènes de l'optique, il n'est, cependant,
pas permis d'avancer, malgré son utilité incontestable,
qu'il répond à la vérité absolue; il est, du reste, incon-
ciliable avec certains faits pris en dehors de l'optique :
la chaleur, la lumière, l'électricité statique, l'électricité
dynamique, le magnétisme, la gravitation.
On arrive à devoir créer un éther à la fois élastique
et non élastique, à la fois en mouvement accidentel (onde
lumineuse, calorifique...) et en mouvement nécessaire
(éther propulseur ou gravifique), mais il faut étudier toute
cette discussion dans le mémoire lui-même, un extrait
pouvant induire le lecteur en erreur et laisser le doute
dans l'esprit.
( 7i )
Je ne m'arrêterai pas au paragraphe VIII, le dernier
de cette neuvième partie du mémoire intitulé: Parallèle
entre l'École matérialiste et Vhcole spiritualiste, m'en
référant strictement à mon rapport de 1881. — Je me
borne à donner la conclusion générale par laquelle l'au-
teur termine son Mémoire :
1° « On cesse logiquement et forcément d'appartenir à
» l'École matérialiste, dès que dans les phénomènes du
» monde physique on fait intervenir un élément autre
» que la matière en mouvement ou en repos. »
2° « On devient tout aussi logiquement et forcément
» matérialiste, dès qu'on nie l'existence d'un élément
» distinct et supérieur intervenant dans les phénomènes
» du monde physique. La négation de la force considérée
» comme élément dynamique spécifique condamne au
s matérialisme le chimiste et le physicien dans son labo-
» ratoire et le philosophe dans son cabinet de méditation. »
« L'École matérialiste, j'en suis certain, souscrira tout
» entière à la première assertion. Les partisans de l'École
» opposée, j'en suis tout aussi sûr, ne souscriront pas
» tous à la seconde proposition. C'est d'eux qu'on est bien
> obligé de dire : Oculos habenl sed nolunt videre. »
Je me rallie avec le plus vif empressement aux conclu-
sions de mes savants confrères. »
La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses
trois commissaires , vote de chaleureux remercîments à
M. Hirn pour la présentation de son travail et décide
l'impression de celui-ci, avec les planches qui l'accom-
pagnent, dans le recueil des Mémoires in-4°.
( 72 )
Études sur l'aspect physique de la planète Jupiter;
par M. F. Terby.
Rapport de M. I,i «*/»•*>.
« La connaissance exacte de la nature des bandes et
des taches que l'on observe à la surface de Jupiter est un
problème d'astronomie physique qui a provoqué, pendant
ces dernières années, de nombreuses et intéressantes
recherches. Les astronomes ont compris en effet que, pour
arriver à reconnaître le degré d'instabilité ou de fixité des
différents détails de la planète, il ne suffisait pas de
dessiner ceux-ci à certains intervalles; mais qu'il fallait
au contraire étudier le disque d'une manière, pour ainsi
dire, continue, et accumuler, à chacune des oppositions
de la planète, assez de matériaux pour pouvoir, de leur
discussion, déduire des conséquences sérieuses.
C'est un travail de ce genre que M. Terby présente
aujourd'hui à l'Académie. L'astronome de Louvain, dont
plusieurs notices relatives à l'aspect physique des planètes
ont déjà paru dans nos publications, s'est livré à un
examen attentif de la surface de Jupiter, depuis le 19
août 1881 jusqu'au 25 mars 1882. Le mémoire qu'il
soumet aujourd'hui au jugement de la classe renferme
une description détaillée des nombreuses observations
qu'il a faites à ce sujet.
Cette description est accompagnée de 88 dessins, dont
les détails attestent le soin que M. Terby a mis dans ses
observations. Ces dessins, obtenus avec le secours de
moyens optiques relativement faibles (l'ouverture de la
lunette employée ne dépassant pas neuf centimètres), ne
donnent évidemment que les détails les plus saillants,
(73 )
parmi ceux qui se montrent sur le disque de Jupiter;
mais par ce fait même, ils offrent un intérêt tout spécial.
En effet, lorsqu'on les comparera aux dessins obtenus à
l'aide d'instruments plus puissants, les particularités qu'ils
présentent seront des points de repère, et pourront servir
de contrôle dans l'étude des nombreux détails dont les
bandes de Jupiter sont, pour ainsi dire, parsemées.
Dans les planches jointes au compte rendu détaillé des
observations, les dessins de la planète sont tous rangés
par ordre de longitude jovicentrique du méridien central.
On peut ainsi, par un simple coup d'œil, se rendre compte,
soit de la permanence de certains détails, soit des change-
ments survenus dans l'aspect physique d'une même région
delà planète, dans l'intervalle des observations. Je ferai
remarquer à ce propos qu'il serait utile que les dates des
observations fussent mentionnées en regard des dessins.
Pour faciliter l'élude des différentes planches, on
pourrait encore demander à l'auteur de disposer le texte
de ses observations, non pas, comme il l'a fait, par ordre
de dates, mais dans l'ordre qu'il a adopté pour ranger ses
dessins, c'est-à-dii ' par ordre de longitudes.
Dans le courant de ses observations, M. Terby a eu
l'occasion de faire quelques remarques sur les variations
d'intensité que présentent les ombres des satellites, dans
leurs passages sur le disque de la planète. Il a aussi
relevé les instants auxquels la lâche rouge passait au
méridien central du disque de Jupiter, et a pu en conclure
que le mouvement de rotation de cette tache a continué à
subir, pendant l'opposition de 1881-1882, le retard que
d'autres observateurs lui avaient reconnu dans les oppo-
sitions antérieures.
Le présent mémoire, qui ne renferme, pour ainsi dire,
(74)
que les données principales du problème, peut être
considéré comme formant la première partie d'un travail
subséquent, dans lequel M. Terby se propose de discuter
« quelles sont les taches fixes, lesquelles sont distinctes,
» mobiles, et lesquelles enfin sont variables ». Ce travail
sera du plus haut intérêt, car il nous donnera peut-être la
solution d'un des problèmes les plus complexes qui se
présentent dans l'étude physique des planètes.
J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'insérer le travail
de M. Terby dans le recueil de nos Mémoires in-4°, et
d'adresser des remercîments à l'auteur pour son intéres-
sante communication. »
Rapport de .11. Ch. Montigny,
« Le rapport de M. le général Liagre vous fait connaître
l'objet du mémoire de M. Terby, l'importance et les diffi-
cultés que présente la question des changements fréquents
que subit l'aspect physique de la planète Jupiter, question
que M. Terby étudie avec ce zèle et celte persévérance
dont il nous a déjà donné d'autres preuves; en présence
de ces indications si précises, je dois me borner à me
rallier aux conclusions du rapport dont vous venez d'en-
tendre la lecture. »
Rapport de 9M. Folie.
« Je me rallie avec empressement aux conclusions de
mes savants confrères, ainsi qu'aux observations que
M. le général Liagre a présentées avec raison sur les
avantages que le lecteur retirerait du classement des
observations de M. Terby dans l'ordre même des planches
qui accompagnent le travail.
( 75 )
L'auteur pourrait adopter aisément cette disposition,
sans même devoir prendre la peine de recopier ce travail
assez volumineux.
Il suffirait, pour cela, qu'il indiquât en marge l'ordre
dans lequel les observations doivent se suivre dans l'im-
pression du travail, et qu'il ajoutât la date à chacun des
dessins qu'il a pris de la planète. A l'occasion de l'instant
du passage de la tache rouge par le méridien central de
Jupiter, M. Terby a fait quelques observations d'éclipsés
du premier satellite. Je pense qu'il serait très utile qu'il
se livrât à des observations suivies de ces phénomènes. »
La Classe, adoptant les conclusions de ces trois rapports,
vote des remercîments à M. Terby et décide l'impression
de son travail dans le recueil des Mémoires in-4°.
Recherches sur le spectre du carbone dans l'arc électrique
en rapport avec le spectre des comètes et le spectre
solaire; par M. Ch. Fievez, astronome chef de service
à l'Observatoire royal.
Mtappofi de M. Slas.
« En entreprenant des recherches sur le spectre élec-
trique du carbone, M. Fievez a eu principalement pour
but d'élucider la question du spectre des comètes dans ses
rapports avec le spectre solaire. Par ses travaux antérieurs
cet habile et ingénieux observateur est mieux que tout
autre à même de résoudre ce problème. Il faut en effet
( 76 )
posséder une connaissance approfondie du faciès et des
raies du spectre solaire pour être en état d'entreprendre
et de mener à bonne fin un pareil travail.
A l'aide des moyens d'observation actuellement connus,
le spectre cométaire se présente sous la forme d'un espace
obscur sillonné de quatre bandes faiblement lumineuses :
une jaune, une verte, une bleue et une violette. Ces
bandes présentent un éclat différent et une intensité
lumineuse très inégale.
La bande verte est la plus brillante; elle reste visible,
lorsque les autres cessent de l'être. On doit au célèbre
physicien astronome W. Huggins la démonstration directe
de l'identité des bandes cométaires avec les bandes carbo-
nées, si faciles à produire à l'aide de l'analyse prismatique
du cane interne du dard oxycarbohydrique. En effet, dans
ce cas, l'espace spectral obscur est sillonné ou par les
mêmes bandes jaune, verte, bleue et violette, auxquelles
vient s'ajouter une bande rouge lorsqu'on a complété
le spectre carboné, ou par des raies fines nettement défi-
nies et produites à l'aide de la résolution des bandes,
selon f analyseur employé.
L'intensité relativement faible de la lumière cométaire
n'a pas permis jusqu'ici de se servir, pour l'observation de
son spectre, d'analyseur en état de résoudre des bandes
en raies fines. On est donc forcé de se contenter du spectre
incomplet de bandes, ou de recourir à une voie indirecte,
celle qui consiste à analyser spectroscopiquementla vapeur
de carbone portée à l'incandescence dans l'arc électrique.
C'est le moyen auquel M. Fievez a eu recours en se
servant du système d'appareil dans lequel il a combiné
l'analyse prismatique avec l'analyse par diffraction, et qu'il
a employé pour l'étude du spectre solaire lui-même. Ses
( 77 )
observations sur le spectre carboné sont donc exécutées
dans les mêmes conditions et partant sont absolument
comparables. Elles ont porté sur les bandes jaune, verte
et bleue, dont il relève une à une toutes les raies tines ou
larges, superposées aux raies du spectre solaire, en tenant
compte du nombre, de l'intensité et de la distance nor-
male des raies composantes. Il a consigné sur trois plan-
ches qui accompagnent le texte toutes les observations
minutieusement contrôlées.
L'absorption de lumière par son système d'appareil est
trop grande pour utiliser celui-ci au relevé exact des raies
provenant de la résolution des bandes rouge et violette du
spectre carboné.
Ce travail devra être repris pour ces deux bandes à
l'aide d'un système d'appareil moins absorbant.
L'arc électrique, long de huit millimètres, jaillissant
entre des électrodes de charbon, était produit par une
machine Gramme d'une puissance lumineuse de 400 car-
cels. JM. Fievez a constaté, avec certitude, qu'un faisceau
de rayons parallèles, émanant de l'arc, analysé, produit
un spectre continu sur lequel les raies carbonées se déta-
chent avec éclat. Il a reconnu en contrôlant suffisamment
ses observations que, lorsque l'image des électrodes et de
l'arc est projetée en même temps sur la fenle du collima-
teur, les raies carbonées sont seulement visibles dans
l'espace compris entre les électrodes, et que l'éclat des
raies varie inversement avec la distance des électrodes et
directement avec l'intensité électrique.
Les pointes de charbons fournissent donc simplement
un spectre continu, preuve qu'ils ne sont pas entourés de
vapeur carbonée.
Les observations de M. Fievez confirment donc les faits
3mc SÉRIE, TOME IX. 7
( 78)
constatés antérieurement sur la nature de la lumière élec-
trique s'élançant entre les extrémités polaires des charbons.
Cette lumière, d'un bleu virant légèrement au pourpre,
se compose en effet de deux espèces de rayons : des rayons
blancs émis par les charbons incandescents et des rayons
envoyés par l'arc saturé de carbone en vapeur.
M. le lieutenant-général Liagre et moi, nous avons,
pendant l'exécution du travail, constaté, à plusieurs
reprises, l'exactitude des observations de M. Fievez et
notamment l'absence de corrélation des raies ou bandes
carbonées avec les raies fines ou fortes du spectre solaire.
De cette absence de coïncidence M. Fievez ne conclut pas
et avec raison que les bandes carbonées n'existent pas à
l'état de raies brillantes, vu qu'elles pourraient s'y trouver
sans être visibles quelle que pût être du reste la cause de
leur invisibilité.
J'ai dit plus haut : M. Fievez a constaté que l'éclat des
raies dans l'arc voltaïque varie inversement avec la dis-
tance des électrodes et directement avec l'intensité élec-
trique. On peut se demander si ces observations et ces
conclusions ne sont pas contraires à celles déduites par
M. Rossetli de son travail sur le rayonnement des flam-
mes (1). Le savant physicien italien a trouvé constante
(4000°) la température de l'arc électrique quelles que
fussent {'épaisseur de l'arc et Y intensité du courant qui
l'engendre. Mais l'éclat des raies est-il réellement en rap-
port avec la température de la vapeur émissive? Cette
vapeur émissive peut être très éclatante sans être à une
(1) Sur les pouvoirs absorbant et émissifdes flammes et sur la tempé-
rature de l'arc voltaïque, par M. F. Rossetli. (Ann. de chimie et de
physique, 5e série, tome XVIII, p. 457, 1879.)
( 79)
température aussi élevée que telle autre moins éclatante.
Les phénomènes observés par l'analyse prismatique du
limbe et des taches solaires viennent, me semble-t-il, à
l'appui de mon interprétation.
L'analyse que je viens de faire du travail de M. Fievez
permet d'en apprécier l'importance. J'ai l'honneur de
proposer à la Classe d'en ordonner l'impression dans les
Mémoires de l'Académie, ainsi que des trois planches qui
en sont inséparables.
A mon avis, le tracé des raies carbonées sur ces plan-
ches doit être représenté sur fond noir, par des lignes
blanches au lieu de traits colorés, comme ils le sont sur les
originaux soumis à la Classe. Ces lignes blanches doivent
être de longueur variable.
J'ai l'honneur de proposer également à la Classe de
voter des remercîments à M. Fievez pour sa communica-
tion, et de l'engager à compléter son travail par le relevé
des raies des bandes rouge et violette, dès qu'il sera par-
venu à se procurer un analyseur à l'aide duquel ce relevé
pourra être convenablement exécuté. »
La Classe adopte les conclusions de ce rapport, aux-
quelles se rallient MM. Liagre et Montigny.
Sur trois communications relatives à l'amélioration des
aérostats; par MM. Gérard, Van Weddingen et Jacquet.
Rapport de M. ttaus.
« Des ballons, munis d'un moteur électrique à hélice ,
ont parcouru récemment, près de Paris, des itinéraires
déterminés d'avance et aboutissant à leur point de départ.
Ces résultats ont stimulé l'imagination des inventeurs,
( 80 )
el l'Académie a reçu trois lettres contenant des proposi-
tions destinées à perfectionner la navigation aérienne.
La première lettre, du 22 août 1884, est adressée par
M. Gérard, horloger à Liège.
La deuxième, en date du 1er septembre 1884, est de
M. Van Weddingen qui habile Hasselt.
La troisième, expédiée de Houflalize, par M. Jacquet,
porte la date du 18 septembre 1884.
M. Gérard fait d'abord remarquer que MM. les capi-
taines Renard et Krebs font un secret du moteur élec-
trique qu'ils ont employé, pour opérer les ascensions
aérostatiques dont M. Hervé-Mangon a rendu compte à
l'Académie des sciences de Paris, dans sa séance du
18 août 1884, tandis qu'il a exposé à Vienne en 1885, un
moteur électrique à hélice dont la photographie et une
description succincte accompagnent sa lettre précitée.
L'auteur ajoute qu'il a construit un compteur qui permet
de déterminer le nombre de révolutions que fait le petit
moteur électrique.
Ce nombre est de 666 par minute lorsqu'il fait mou-
voir l'hélice et 1552 par minute lorsque l'hélice est enlevé,
le courant étant fourni par une faible pile de 6 éléments
Daniel modifiés par M. Gérard (zinc dans les vases poreux).
La photographie el la description du moleur électrique
de M. Gérard n'en donnant qu'une idée incomplète, j'ai
prié noire obligeant confrère M. Spring, professeur à l'Uni-
versité de Liège, de demander quelques explications à l'in-
venteur.
M. Gérard ne s'est point borné à fournir les renseigne-
ments réclamés, il m'a envoyé son appareil accompagné
du compteur, ce qui m'a permis de le faire fonctionner
au .Musée de l'Industrie avec le concours de M. Romme-
laere, chimiste de cet établissement.
V ** )
En employant le courant produit par deux éléments
Leclanché, grand modèle à trois plaques, le petit moteur
électrique muni de son hélice a l'ait 790 révolutions par
minute; avec trois éléments semblables il a fait 1,052
et avec quatre éléments 1,211 révolutions par minute.
Ces nombres de révolutions ont été indiqués par le
compteur annexé à l'appareil.
Le moteur électrique qui nous occupe est une modifica-
tion d'un moteur de M. Gérard, dont M. le comte du Moncel
a donné la description, dans son Exposé des applications
de i 'électricité , tome V, page 381, édition de 1878.
« Ce système, dit M. du Moncel, n'est autre chose que
» l'application aux électro-moteurs de la disposition élec-
» tro-magnétique que le même inventeur avait appliquée
» aux horloges (qui ont figuré à l'Exposition universelle
» de 1867) et que nous avons décrite tome IV, page 151.
» Cette disposition consiste, comme nous l'avons vu, dans
» un électro-aimant dont les extrémités polaires se pro-
i longent et se recourbent, de manière à se présenter
» l'une devant l'autre et à constituer une sorte d'O allongé
» interrompu par une fente de 1 à 2 millimètres. Consi-
» dérée d'après son mode d'action, cette disposition revient
d à celle d'un électro-aimantdont les pôles seraient munis
» de semelles de fer très rapprochées Tune de l'autre et
» réagissant sur l'armature par les parties voisines de
» l'extrémité de ces semelles. Dans un mémoire que j'ai
> présenté à l'Académie le 15 juillet 1-875, continue M. du
» Moncel, j'ai montré que la force attractive, résultant
» de celte disposition, était avantageuse et à ce point de
» vue, M. Gérard est dans le vrai. »
M. du Moncel décrit ensuite ce moteur qui produisait
un mouvement alternatif transformé en mouvement rota-
(82)
tif à l'aide d'une bielle et d'une manivelle, tandis que le
moteur électrique qui nous occupe donne immédiate-
ment le mouvement de rotation en employant encore des
pôles allongés.
Ce nouveau moteur électrique se compose d'un électro-
aimant l'orme de deux bobines dont les noyaux en fer
doux sont fixés, par leurs extrémités inférieures, à une
traverse en 1er, tandis que les extrémités supérieures
dépassent les bobines d'une longueur un peu moindre que
la moitié de l'intervalle qui sépare les axes des bobines;
ces extrémités sont pliées à angle droit à leur sortie des
bobines, forment des pôles allongés dirigés l'un vers
l'autre, en laissant un petit intervalle entre eux. C'est dans
ce petit intervalle que passe l'arbre moteur situé dans le
même plan que les axes des bobines. Cet arbre traverse
un barreau en fer doux de manière à former deux rayons
égaux et perpendiculaires à l'arbre auquel ils sont solide-
ment fixés.
Ces deux rayons en fer passent, pendant la rotation
de l'arbre, au-dessus et très près des pôles plies qui ont à
peu près la même longueur que les rayons. L'arbre moteur
est maintenu en bas par une petite crapaudine, située entre
les bobines, et par un coussinet voisin de son extrémité
supérieure à laquelle est fixé l'hélice.
Lorsque le courant traverse le fil des bobines, les deux
rayons en fer sont attirés et ils s'arrêteraient au-dessus
des pôles, si le courant était permanent. Pour empêcher
cet arrêt, le courant est interrompu à l'instant du passage
des rayons au-dessus des pôles, l'attraction cesse et les
rayons en fer continuent à tourner en vertu de leur iner-
tie, puis lorsqu'ils ont dépassé la perpendiculaire à la
droite déterminée par les pôles, le courant est rétabli et
les rayons en fer sont de nouveau attirés jusqu'à une nou-
( 83)
velle interruption qui se fera, comme la précédente, lors-
qu'ils se trouveront au-dessus des pôles.
Le courant sera donc établi et interrompu deux fois par
révolution de l'arbre moteur.
Les passages et les interruptions du courant sont opé-
rés aux moments opportuns au moyen de surfaces de
contact, fixées à l'arbre moteur et présentant des dimen-
sions convenables pour atteindre le but indiqué.
L'inventeur, en rapprochant de l'axe de rotation les
extrémités des pôles, obtient le résultat favorable signalé
par M. du Moncel.
En effet, les rayons en fer sont assez rapprochés des
pôles pour être attirés pendant toute la durée du passage
du courant.
Le moteur électrique de M. Gérard diffère de l'appareil
rotatif attribué à M. Froment, par le nombre de rayons en
fer doux et par la disposition des pôles.
L'appareil Froment a six rayons au lieu de deux, et les
pôles de forme ordinaire dépassent peu les extrémités des
bobines.
Pour apprécier l'avantage que paraît devoir présenter le
motfur Gérard sur l'appareil Froment, il serait nécessaire
de faire des expériences comparatives avec deux instru-
ments de même volume et de même poids, afin que la
résistance de l'air et des frottements soit la même pour les
deux systèmes.
Le maximum de travail mécanique, fourni par les
divers moteurs, correspond à une vitesse spéciale à chacun
d'eux. La prodigieuse vitesse de l'électricité fait croire que
le maximum d'effet dynamique des moteurs électriques
correspond à une très grande vitesse, que l'on réduira, en
la transmettant, au degré qui convient aux diverses appli-
cations.
(M)
MM. Tissandier ont employé pour moteur électrique de
leur aérostat une machine Siemens, nouveau modèleront
le mouvement de rotation est décuple de celui de l'hélice.
Je crois cette disposition préférable à l'application
directe de l'hélice sur l'arbre moteur. Cette observation
relative à l'emploi du moteur électrique de M. Gérard ne
diminue en rien son mérite.
J'ai l'honneur de proposer à l'Académie de remercier
M. Gérard de sa communication et de lui adresser une
copie du présent rapport. La description donnée ci-dessus
faisant suffisamment connaître son moteur électrique, je
propose de déposer sa lettre avec ses annexes aux archives.
Deuxième communication.
La seconde lettre est adressée par M. Van Weddingen;
l'auteur craint que le mouvement giratoire de l'hélice
imprime des secousses à ia nacelle ; et pour parer à cet
inconvénient, il propose d'établir sous la nacelle une
grande roue horizontale et de faire tourner rapidement
l'arbre vertical de cette roue par un moteur quelconque.
M. Van Weddingen croit que la force centrifuge, déve-
loppée par la rotation de la roue, ferait avancer le ballon
vers le point de l'horizon qui serait choisi.
Il est certain que la force centrifuge indiquée ne pro-
duira pas la translation rectiligne du ballon prévue par
l'inventeur. Je propose le dépôt aux archives.
Tro is iè m e commu n ication .
L'auteur de la troisième lettre, M. Jacquet, croit que si
l'on fixait au ballon une plaque en acier, il suffirait à l'aé-
ronaute de présenter un aimant à cette plaque pour attirer
( 83 )
le ballon dans la direction qu'il désire suivre. M. Jacquet
oublie que l'aimant, pour attirer le ballon, doit nécessai-
rement avoir un point d'attache extérieur capable de
résistera l'effort de traction qu'il s'agit d'exercer sur l'aé-
rostat.
Je propose le dépôt de cette lettre aux archives. »
La Classe adopte les conclusions de ce rapport, aux-
quelles s'est rallié M. Monligny, second commissaire;
en conséquence : des remercîments seront adressés à
M. Gérard pour la communication de son travail, qui sera
déposé dans les Archives, de même que les notes de
MM. Van Weddingen et Jacquet.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
De raccord entre les indications des couleurs dans la
scintillation des étoiles et les variations atmosphériques ;
par M. Ch. Montigny, membre de l'Académie.
La lumière est un agent physique excessivement sen-
sible aux changements qu'éprouvent les milieux qu'elle
traverse. L'examen si délicat des rayons émanés des étoiles
après leur passage dans l'air, nous révèle, dans la scintil-
lation, les variations de courte durée et surtout les troubles
profonds que notre atmosphère éprouve dans ses éléments
principaux. L'application de la scintillation à la prévision
du temps n'est point limitée aux changements survenant
d'un jour à l'autre : un fait récent nous a montré que des
(86 )
indications nouvelles permettent de piévoir le temps à
plus longue échéance. En effet, en Juin 1883, j'annonçai
que, dans le cours de cette année, les pluies seraient moins
abondantes et moins persistantes dans nos régions que
précédemment; et il en a été ainsi (1). Les mêmes indices,
c'est-à-dire la diminution de fréquence de la teinte bleue
et l'accroissement du vert parmi les couleurs de la scintil-
lation, se manifestant avec plus d'intensité dès le com-
mencement de 1884, je renouvelai, à cette époque, la
même prévision pour nos contrées. Les circonstances du
temps l'ont pleinement justifiée : nous avons joui, dans
nos régions, d'un Été magnifique, et le beau temps persista
presque sans interruption jusqu'à la fin de l'Automne.
Mais ce n'est point de la réussite de ces prévisions que je
désire entretenir l'Académie. Le travail que j'ai l'honneur
de lui présenter a pour objet d'établir, au moyen de résul-
tats recueillis pendant ces dernières années, d'abord l'im-
portance des indications que nous donne, par sa fréquence
et son intensité, la couleur bleue parmi les teintes qui
sont réparties sur la circonférence que décrit l'image de
l'étoile par le jeu du scintillomètre adapté à la lunette. Ces
résultats nous montreront que la prédominance de plus en
plus marquée de la couleur bleue dans la scintillation, est
un indice certain de pluies de plus en plus abondantes; que
la fréquence et l'intensité de cette teinte augmentent avec
la quantité d'eau contenue dans l'air, et qu'au contraire,
(1) « Cetle prévision s'est pleinement justifiée : il faut remonter à
» l'année 1875, en effet, pour trouver une quantité de pluie inférieure à
» celle de 1885. On a recueilli pendant cette année 688 millimètres d'eau
» et 676 en 1875. Les totaux des années intermédiaires sont tous supé-
» rieurs à ces nombres. » (A. Lancaster, Ciel et Terre, n° du 15 Février
1884)
(87)
ces caractères du bleu s'affaiblissent beaucoup lorsque
cette quantité diminue. La prédominance plus ou moins
marquée du bleu dans la scintillation nous donnerait ainsi
la mesure de la quantité d'eau qui est en suspension dans
l'atmosphère, au-dessus de la région d'observation.
Les faits dont il s'agit trouvent leur explication com-
plète dans la couleur bleue de l'eau, comme je l'ai déjà dit,
et comme nous le verrons mieux encore.
Les observations relatives à la même période, c'est-à-
dire aux quatre années 1881 à 1884, nous montreront
aussi que la fréquence de la couleur verte et même du
violet dans la scintillation des étoiles coïncide avec le
beau temps, et qu'elle en est le présage, comme je l'ai
annoncé précédemment, en m'appuyant sur les résultais
recueillis pendant les belles années depuis l'origine de mes
observations, en 1870.
Il importe de rappeler brièvement ici, à cause de leurs
rapports avec l'objet principal de mon travail, que les indi-
cations de la scintillation sur lesquelles repose la prévision
du temps, sont au nombre de trois :
1° L'intensité de la scintillation;
2° La diversité des caractères que présente, selon l'état
du ciel, le trait circulaire décrit par l'image de l'étoile
scintillante;
3° Les couleurs, particulièrement le bleu et le vert, que
l'analyse du phénomène au moyen du scintillomèlre met
en évidence.
L'intensité exprime le nombre de changements de cou-
leurs que l'image d'une étoile subit en une seconde de
temps. Ce nombre, qui est déduit de la quantité des teintes
brillantes qui sont étalées sur le cercle décrit par l'image
stellaire, doit être ramené, pour toutes les étoiles obser-
( 88 j
vées, à 60° de distance zénithale, par un mode de calcul
que j'ai exposé. L'intensité de la scintillation pendant une
soirée d'observation est la moyenne des intensités parti-
culières des diverses étoiles observées dans le cours de
celle-ci.
Cette indication est la plus importante des trois, parce
qu'elle est exprimée par un nombre. Mais l'intensité subit
toutes les influences atmosphériques, comme je l'ai mon-
tré (1). De plus, elle augmente notablement quand des
dépressions passent dans les régions supérieures de l'air,
sans étendre leurs effets jusqu'au niveau du sol (2). Enlin,
l'intensité est vivement affectée quand une aurore boréale
brille au lieu de l'observation, ou que des perturbations
magnétiques y surviennent pendant le cours de celle-ci (3).
J'ai montré que c'est la présence de l'eau en quantité
plus ou moins grande dans l'atmosphère, qui exerce
l'influence la plus marquée sur l'intensité de la scintilla-
( I ) Recherches sur la scintillation selon l'état de V atmosphère. (Bul-
letin de l'académie royale de Belgique, années 1876 et 1878 )
( '?) J'exposerai dans un autre travail un fait curieux, qui s'est renouvelé
plusieurs fois dans le cours de mes observations On sait que l'arrivée en
Europe de dépressions annoncées par le New-York Herald ne s'est pas
toujours réalisée pour nos contrées. Or, il est survenu plusieurs (bis qu'à
la date indiquée par ces avertissements, la scintillation éprouva un accrois-
sement très marqué, mais passager, et que le Irait décrit par la plupart
des étoiles dans la lunette était pointillé, ce qui caractérise le passage
des dépressions au niveau du sol. J'en ai conclu que ces caractères, qui ne
s'expliquaient par aucun phénomène produit à la surface du sol, accusaient
le passage de la bourrasque prédite dans les régions supérieures de l'air,
sans qu'elle étendît ses effets jusque dans les régious inférieures. Ce sujet
important mérite une étude spéciale que j'aborderai par la suite.
(3) Accroissement de la scintillation des étoiles pendant les aurores
boréales. (Bulletin, etc., années 1870, 1878, 1881 et 1882.)
Accroissement de la scintillation des étoiles pendant les perturbations
magnétiques. (Bulletin, années 1882 et 1885.)
( 89 )
lion. Il n'est donc pas surprenant que les accroissements
de cette intensité pronostiquent la pluie un ou deux jours
à l'avance, comme je l'ai fait voir.
Les caractères du trait circulaire que l'image slellaire
décrit dans la lunette par le jeu du scintillomètre, ne sont
pas exprimés en chiffre ; mais l'épaisseur du trait est sus-
ceptible de l'être. Celte mesure aura son importance, car
j'ai remarqué depuis longtemps que plus le trait s'épaissit
aux approches de la pluie, plus celle-ci persistera. Du
reste, d'autres caractères suppléent, dans les conditions
actuelles, à la mesure de l'épaisseur, au point de vue de
la prévision du temps. En effet , le trait circulaire, qui est
étroit, parfaitement régulier ou nettement limité sur ses
bords quand le temps est beau, présente d'abord des fila-
ments déliés quand le temps changera; puis le lendemain
il s'est épaissi, sa régularité s'est, altérée; il est devenu
diffus, ondulé ou même frangé quand la pluie est survenue,
et pointillé ou perlé lorsqu'elle est amenée par une
dépression. Les déformations progressives que subit le
trait circulaire sont un présage certain des troubles atmo-
sphériques (1).
Quand l'étoile vers laquelle la lunette est dirigée ne
scintille pas, son image trace un trait continu présentant
(1) Un exemple récent nous montrera l'accord entre l'intensité delà
scintillation, les caractères du trait et les approches ou la présence de
troubles atmosphériques.
Le 16 Novembre dernier, après une belle journée, l'intensité de la scin-
tillation est faible à 56, et le trait est généralement régulier.
Le 17, l'état du ciel ne permet de faire aucune observation.
Le 18, la scintillation est très forte à 105. Le trait est diffus à l'Est. Les
couleurs sont vives avec excès de bleu très faible pour 7 étoiles sur
24 observées. La pluie était survenue.
Le 19, l'intensité s'élève à 139; le trait est pointillé à l'Est, au Nord et
( 90 )
la teinle de l'étoile; mais si celle-ci scintille, cette courbe
circulaire se fractionne en arcs teints de vives couleurs
variant rapidement, et parmi lesquelles brillent ordinaire-
ment le rouge, l'orangé, le jaune, le vert, le vert-bleu, le
bleu et parfois le violet (1).
Sauf près de l'horizon et dans certaines conditions
atmosphériques, toutes ces teintes n'apparaissent point
simultanément. Ordinairement, on ne voit au même
moment que trois ou quatre couleurs différentes, réparties
sur les arcs plus ou moins nombreux et continus qui
forment le trait circulaire. La nature des couleurs perçues
et leur nombre dépendent de l'étoile elle-même, de la
hauteur à laquelle on l'observe et surtout des circonstances
atmosphériques.
Quand le ciel est serein, ces brillantes couleurs se dis-
tinguent parfaitement les unes des autres , le cercle décrit
dans ma lunette se présentant sous un diamètre apparent
d'un centimètre environ (2).
au Nord-Ouest. Les couleurs présentent un excès de bleu pour 5 étoiles
sur 22.
Le Bulletin de l'Observatoire de Bruxelles en date du 20, nous apprend
que la dépression annoncée dès le 19 par le trait pointillé pour la région
Nord-Ouest, Nord-Est, nous est venue du Nord, et que le 20 Novembre elle
couvre la Scandinavie et la mer du Nord.
(1) Pour éviter une complication extrême, j'ai dû ranger sous une
même dénomination les diverses nuances d'une même teinte; ainsi le
rouge-cérise, Yamarante, le pourpre, le rose... sont des nuances du rouge
qui apparaissent, tantôt l'une, tantôt l'autre, dans la scintillation.
(2) La grandeur de celte circonférence dépend de l'épaisseur de la lame
de verre qui tourne obliquement dans le scintillomètre, puis de l'incli-
naison de cette lame sur son axe de rotation, comme je l'ai fait voir en
précisant les conditions optiques suivant lesquelles cet instrument doit
être construit. {Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2e série,
t. XVII, 1864)
( 91 )
Je me réserve de revenir sur la question si importante
des couleurs dans un travail spécial, où je ferai connaître
la fréquence relative des diverses couleurs qui caractérisent
la scintillation de cent vingt étoiles principales, classées
suivant les types du P. Secchi, en distinguant les résultats
obtenus, les uns sous l'influence de la pluie, les autres
par un temps sec, comme je l'ai fait, du reste, à l'égard
des étoiles du troisième type (1). Je n'ai à m'occuper ici
que de la diversité des caractères que présentent les cou-
leurs bleue, verte et violette dans la scintillation selon
l'état du ciel, et comme signes du temps.
La teinte bleue prédomine sur les autres couleurs aux
approches de la pluie ou lorsqu'elle est survenue (2). L'eau
pure en masse est bleue d'après MM. Bunsen etW.Spring (3).
(1) Voir Bulletins de l'Académie, t. XLV, 2e série, et t. VII, 3' série.
(2) Sur la prédominance de la couleur bleue dans les observations de
scintillation. (Bulletin de l'Académie, 2e série, t. XLV1I, 1879.)
(3) La couleur des eaux, par M. W. Spring. (Bulletin de l'Académie
royale de Belgique, 3e série, t. V, Janvier 1885.) Je me bornerai à citer les
conclusions de ce remarquable iravail au sujet de la couleur de l'eau d'une
pureté parfaite : « Cette eau pure, versée dans des tubes de 4 mètres de
i» longueur, dit M. Spring, a fait voir une couleur bleue dont on se repré-
» sentera difficilement la pureté. Le plus beau bleu du ciel, tel qu'on peut
» le voir par une journée sereine, quand on se trouve au sommet d'une
» montagne élevée au-dessus des émanations grossières du sol, peut seul
y> lui être comparé. J'ai abandonné les tubes eux-mêmes pendant deux
» semaines, et je n'ai pu constater aucun changement dans la pureté de
» la coloration. Cette fixité de couleur est peut-être un indice de la grande
» pureté de l'eau... » Après avoir relaté d'autres expériences, M. Spring
s'exprime ainsi : « Il me paraît établi par là que l'eau aussi pure qu'on
» puisse l'obtenir n'est pas incolore, mais douée d'une couleur bleue pro-
» venant, non d'une réflexion de la lumière incidente, mais d'une absorp-
v tion du jaune. » (Pp. 19 et 21.)
( 92)
J'explique facilement par ce fait comment le bleu, lorsqu'il
prédomine dans la scintillation, pronostique la pluie : c'est
par la raison qu'il y a beaucoup d'eau dans l'atmosphère,
n'importe sous quel étal. En effet, le bleu est non seule-
ment la couleur de l'eau liquide, mais aussi de l'eau à l'état
solide quand elle est pure (W. Spring) Or, l'eau est répan-
due dans l'atmosphère, surtout aux approches de la pluie,
soit en gouttelettes, soit en vésicules à parois liquides, soit
en petits cristaux flottant dans les régions élevées. Mais l'eau
se trouve incontestablement aussi dans l'air, en tout temps
et en tous lieux, à l'état de dissolution en quantité plus
ou moins grande. Sous cet état la vapeur d'eau imprime-
l-elle à l'air une teinte bleue perceptible par transparence?
L'expérience directe n'a pu nous indiquer jusque mainte-
nant quelle est la couleur de la vapeur d'eau, et rigoureuse-
ment, nous ne pouvons affirmer que sa couleur soit le bleu,
par la seule raison que c'est celle de l'eau à l'état liquide
et à l'état solide. Mais des faits naturels, sur lesquels
j'appelle ici l'attention, nous autorisent à admettre, je dirai
presque sans conteste, que la vapeur d'eau imprime une
couleur bleue, visible par transparence, à de grandes
masses d'air dans lesquelles celle vapeur est à l'étal de
dissolution.
Lorsque j'habitais les environs de Namur, dans un site
très pittoresque d'où la vue s'étend à plus de dix kilo-
mètres vers des montagnes peu élevées, j'ai remarqué en
Été, qu'après de chaudes pluies d'orage qui devaienl avoir
suturé momentanément les couches inférieures de l'air,
ces montagnes éloignées paraissaient avec une teinte
bleuâtre, d'une limpidité parfaite. M. Lancaster, méléo-
rologiste-inspecteur à l'Observatoire, a fait maintes fois,
( 93 )
également dans noire pays, la même observation dans de
semblables conditions (1).
La belle teinte bleue qui caractérise les paysages en
Italie et dans les régions méridionales, est, sans aucun
doute, un effet de transparence produit par la couleur
bleue de la vapeur d'eau, qui se trouve à l'état de disso-
lution parfaite dans ces couches inférieures de l'air de ces
beaux pays, grâce à l'élévation de la température.
Passons à un second fait. J'ai remarqué dans le cours
des dernières années de pluie, à Bruxelles, que la lumière
de foyers électriques vus, à une grande distance, avec un
brillant éclat, paraissait parfaitement blanche quand le
temps était beau et sec, mais qu'elle accusait une teinte
légèrement bleuâtre, à la même distance, pendant les
périodes de pluie prolongées de celle époque, et cela, sans
que la pluie tombât au moment même de l'observation.
Celte différence marquée m'avait frappé en ce temps-là,
en observant, de la place Liedts, celui des deux foyers de
lumière qui éclairent la place des Nations, en face de la
station du Nord, que l'on aperçoit, à travers la rue de
Brabant, à une distance de 950 mètres environ. Ces diffé-
rences, que je me suis parfaitement expliquées lorsque
j'eus connaissance du travail de M. W. Spring sur la
couleur de l'eau pure, ont été remarquées en examinant,
à celte distance, ce foyer de lumière électrique, particu-
lièrement aux époques de pluie prolongées. Sa teinte blan-
che lorsque l'air était sec, devenait légèrement bleuâtre
lorsqu'il était saturé d'humidité. On ne peut objecter ici
que l'arc ou la lumière électrique présente une certaine
fl) D'après • ce que j'ai appris de M. Lancasler, ce fait a été déjà
remarqué par plusieurs observateurs, entre autres par Sir John Herschel.
5me SÉRIE, TOME IX. 8
( 94 )
quantité de rayons bleus en excès dans les conditions
ordinaires, car cette quantité doit rester intrinsèquement
la même, que l'air soitsecou humide, jusqu'ici rien n'ayant
prouvé le contraire (1).
M. Lancaster a également remarqué que les parties de
l'air environnant les lumières électriques de la place des
Nations, vues à distance, mais d'un autre endroit, affectaient
alors une teinte blanchâtre par un temps sec, et une teinte
bleuâtre lorsque le temps était très humide et pluvieux.
Je conclus des laits précédents que, s'il était possible
de contenir la vapeur dans un tube de très grande lon-
gueur, elle présenterait par transparence une teinte légè-
rement bleuâtre, comme l'eau parfaitement pure dans les
expériences de M. Spring (2).
pas accusé pour toutes les étoiles observées dans une
(1) L'effet que je signale ici est devenu moins sensible à cause de la
diminution d'humidité que l'air a éprouvée. L'humidité absolue étant
représentée par 100, d'après les indications contenues dans le Bulletin de
V Observatoire, l'humidité relative à 9 heures du soir, pendant mes soirées
d'observation, a diminué, moyennement, de 85 en 1882, à 81 en 1883, pour
s'abaisser à 78 en 1884.
(2) Citons ici les considérations si importantes émises par J. Tyndall au
sujet de la couleur bleue de la vapeur d'eau :
« ... Autant que je puis en juger à présent, la vapeur d'eau et l'eau
» liquide absorbent la même classe de rayons; c'est une autre manière
» d'établir que la couleur de l'eau pure est aussi la couleur de sa vapeur-
» Ce serait donc à la vapeur d'eau que l'atmosphère doit d'être un milieu
» de couleur bleue. 11 y a longtemps, je crois, qu'on a remarqué que le
» bleu du firmament et des montagnes lointaines de l'horizon augmentait
» avec la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air. Or, la substance
» qui modifie le ton d'une couleur doit être en même temps une source
» ou cause de couleur. Mais je ne veux pas m'aventurer à présent à
» rechercher si l'azur du ciel, la question la plus difficile de la météoro-
» logie, doit être réellement expliqué de cette manière. » (La chaleur
considérée comme un mode de mouvement, par J. Tyndall, traduction de
M. l'abbé Moigno, p. 387, édit. 1864.)
( (JS )
D'après ce qui précède, on conçoit aisément que les
rayons lumineux émanés des étoiles traversant, aux épo-
ques de pluie, des couches atmosphériques contenant de
grandes quantités d'eau d'une pureté parfaite, qui s'y
trouve^soil en dissolution, soit à l'état liquide, ou en très
petits cristaux, participent de la couleur bleue de l'eau.
Alors cette couleur prédominera nécessairement dans la
scintillation sur les autres couleurs que le jeu du scintil-
lomètre sépare (1).
Depuis la création du Bulletin météorologique de notre
Observatoire par M. Houzeau, les résultats de mes observa-
tions y ont été insérés selon le désir qu'il a bien voulu
m'exprimer. Les caractères d'intensité et surtout de fré-
quence de la teinte bleue sur le trait circulaire décrit par
l'image des étoiles, caractères que j'avais remarqués
depuis longtemps en temps de pluie, ont été indiqués,
à partir de 1879, par ces expressions spéciales : excès
très faible, faible, assez marqué, marqué. J'indique en
outre, chaque fois, le nombre des étoiles qui ont accusé
un excès de bleu dans leur scintillation, afin de pouvoir
le comparer au nombre total des étoiles observées pendant
la même soirée. Cette double indication est absolument
nécessaire, comme en jugera plus loin.
On doit se demander ici pourquoi l'excès de bleu n'est-il
(1) Il n'est pas inutile de rappeler ici que dans ses Géorgiques, Virgile
cite parmi les pronostics du temps, la teinte azurée du Soleil à son cou-
cher annonçant la pluie pour le lendemain :
Cœruleus pluviam denantiat, igneus euros.
Georgicorum, lib. I.
A propos de la scintillation, Virgile fait la remarque que le temps se
met au beau quand le trait lumineux lancé par les étoiles paraît moins vif:
Nam neque tum stellis acies obtusa videtur.
Ibidem.
( M )
même soirée, aux approches de la pluie, ou quand elle est
déjà survenue? Voici deux raisons importantes qui expli-
quent ce fait. La première, c'est la couleur propre des
étoiles. En effet, depuis très longtemps, j'ai remarqué que,
même pendant des périodes de pluies abondantes et
persistantes, l'accroissement du bleu est beaucoup moins
sensible dans la scintillation des étoiles du troisième type,
qui sont rouges et orangées, que pour les étoiles du
deuxième, qui sont jaunes, et surtout pour celles du pre-
mier qui sont blanches. La différence à cet égard s'est
déjà manifestée dans le travail cité plus haut, concernant
les couleurs que présentent quinze étoiles du troisième type
et deux du second, et dans lequel j'ai distingué les obser-
vations appartenant à des périodes les unes de sécheresse,
les autres, de pluie. Or, le rapport de la fréquence du bleu
sous l'influence de la pluie à sa fréquence par un temps
sec est m ou 1,07, pour les étoiles du troisième type,
rouges ou orangées, tandis que le môme rapport s'élève
à fff ou 1,29, pour La Chèvre et Pollux, qui sont des
étoiles jaunes ou du deuxième type. Je ne forme aucun
doute que la valeur du môme rapport ne sera encore plus
forte pour les étoiles blanches. D'après cela, on conçoit
qu'aux époques de pluie les étoiles observées dans une
même soirée étantde couleurs différentes, toutes n'accusent
pas un excès de bleu sensible dans leur scintillation (1).
(1) Les faits dont il est question s'accordent parfaitement avec l'expli-
cation de la prédominance du bleu aux époques de pluie qui repose sur la
couleur bleue de l'eau, el ne contredisent eu aucune manière cette expli-
cation. En effet : pourquoi l'eau pure paraît-elle bleue par transparence
lorsqu'on regarde au travers de ce milieu, contenu dans un long tube,
une lumière blanche, la lumière du jour, par exemple? c'est parce que
l'eau absorbe en moindre proportion les rayons bleus que ceux de l'une
( 97 )
Voici la seconde raison qui concourt à diminuer le
nombre des étoiles accusant un excès de bleu quand il y a
lieu. Dès l'origine de mes observations, j'ai été conduit à
admettre, ce qui ne peut d'ailleurs nous surprendre, qu'il
existe dans l'océan aérien, même pendant les plus fortes
tempêtes qui l'agitent, des courants qui se distinguent de
la masse d'air en mouvement par leur vitesse, leur tempé-
rature, leur degré d'humidité, etc. On comprend d'après
ce fait, les différences sous le rapport des couleurs que
présente, dans une même soirée, la scintillation dans les
diverses parties du ciel, et cela, indépendamment des
différences qui sont inhérentes à la lumière des étoiles
elles-mêmes. Ajoutons ici qu'en ce qui concerne l'inten-
sité, sauf en Été, — et encore faut-il de belles soirées
où l'air est relativement calme, — il est rare que la scin-
tillation ait la même intensité à l'Est, au Sud, à l'Ouest et
au Nord , directions principales suivant lesquelles j'indique
les intensités particulières de la scintillation dans le Bul-
letin. On conçoit donc que les circonstances d'où dépend
l'apparition d'un excès de bleu doivent varier le plus sou-
vent suivant les parties du ciel où les étoiles sont observées.
J'ai souvent remarqué, par exemple, que, quand une
des couleurs que contient la lumière blanche, et qui sont les rayons jaunes
d'après M. Spring.
Mais, si la lumière considérée par transparence était de teinte orangée,
par exemple, la couleur bleue naturelle de l'eau ne serait guère apparente
ou ne le serait pas du tout dans cette expérience, si la lumière éclairante
renfermait très peu de rayons bleus. On conçoit que ces faits, qui se
rattachent à la question si délicate de l'absorption de la lumière par les
milieux diaphanes, doivent être pris en considération dans l'étude des
particularités que présente la scintillation, et cc^la, de la manière que
je viens d'indiquer brièvement.
(98)
dépression nous arrive de l'Ouest, l'excès de bleu est bien
plus apparent dans cette direction que suivant toute autre.
Quand le temps est au beau chez nous et qu'il pleut en
France, l'excès de bleu se manifeste principalement pour
les étoiles observées au Sud (1).
On sait que des étoiles, telles que Régulus, Castor,
Wéga, Sirius, sont bleues. Même en temps ordinaire, la
couleur bleue est particulièrement accusée dans la scintil-
lation de ces étoiles colorées, par le nombre et la grandeur
des arcs bleus. Il ne convient donc pas de prendre ces
étoiles comme point de départ dans l'estimation d'un excès
de bleu; mais, quand cet excès se présente pour d'autres
étoiles, il faut nécessairement tenir compte de celui qui
affecte la scintillation des étoiles bleues, les arcs de cette
teinte étant alors plus nombreux et plus accusés sur le
trait circulaire décrit par leurs images dans la lunette.
Il importe de montrer actuellement que les expressions:
(1) Je citerai d'autres exemples de faits touchant ces dernières ques-
tions :
Le 30 Juin dernier, pendant une série de beaux jours, vers 9 heures du
soir, par un vent de Nord-Nord-Ouest, l'intensité de la scintillation fut 38
à l'Est, 41 au Sud, 53 à l'Ouest et au Nord.
Le 8 Août suivant, au milieu d'une suite de beaux jours, l'intensité ne
s'éleva, suivant les mêmes directions, qu'à 21, 28, 30, 28, et cela par un
vent d'Est.
Mais quand l'atmosphère est profondément agitée, les intensités de la
scintillation suivant les divers azimuts sont très différentes. Ainsi, le
24 Octobre 1882, lorsqu'une forte tempête sévissait en Angleterre, sur la
Manche et la mer du Nord, la scintillation s'éleva à 228 à l'Est, à 240 au
Sud, à 188 à l'Ouest et à 276 au Nord, pour 52 étoiles observées entre six
et sept heures du soir. Les couleurs de la scintillation étaient très vives et
présentaient un excès de bleu très faible pour 8 étoiles seulement. La
quantité d'eau de pluie recueillie à Bruxelles, le 24 et le 25 Octobre, ne
s'éleva qu'à 5 millimètres en totalité.
(99)
excès très faible, faible, assez marqué, marqué, que
j'emploie pour désigner les prépondérances progressives
du bleu dans la scintillation, sont en parfaite concordance
avec les variations correspondantes de l'intensité de la
scintillation, de la quantité d'eau de pluie recueillie, du
degré d'humidité de l'air au niveau du sol, et avec le
nombre relatif des étoiles qui accusent l'un ou l'autre
excès de bleu.
Mais avant d'établir^cette comparaison, je dois répondre
à cette question : lorsqu'un excès de bleu s'est manifesté
dans la scintillation à Bruxelles, a-t-il plu chaque fois dans
cette localité, soit le jour de l'observation, soit le lende-
main ou le surlendemain? Les indications contenues dans
le Bulletin de l'Observatoire par rapport aux autres sta-
tions météorologiques du pays, Maeseyck, Arlon et Fumes,
montrent que, si par exception il n'a point plu à Bruxelles
chaque fois qu'un excès de bleu s'y manifesta dans la scin-
tillation, la pluie est presque toujours survenue à l'une des
trois autres stations, et particulièrement à Furnes, ville
située au bord de la mer. Les exceptions pour Bruxelles
sont le plus fréquentes par rapport aux excès de bleu très
faibles; mais elles le sont très peu à l'égard des excès assez
marqués et marqués. On s'explique parfaitement cette
dernière différence (1).
(1) Voici quelle est la position de chacune de ces stations météorologi-
ques par rapport à Bruxelles:
Furnes est situé à 122 kilomètres de Bruxelles, à l'Ouesl-Nord-Ouest.
Maeseyck se trouve à 10a kilomètres — à l'Est-Nord-Est.
Ârlon est éloigné de 167 kilomètres — au Sud-Esî.
Le nombre total des soirées d'observations avec excès de bleu dans la
scintillation, qui n'ont pu être utilisées pour les calculs du tableau sui-
vant, parce qu'elles'n'ont pas été suivies de pluie à BruxeIIes,est 114, dont
( 100)
Les faits dont il vient d'être question nous prouvent
que, lorsqu'il survient, comme présage de pluie, un accrois-
sement d'humidité dans les couches supérieures de l'air,
celui-ci étend ses effets à de grandes distances, sans que
pour cela il provoque infailliblement la chute de la pluie
dans toutes les localités où cet accroissement se manifeste.
Dans le tableau suivant, je mets en comparaison les
moyennes indiquées que j'ai déduites de toutes les obser-
vations effectuées depuis 1879 jusqu'au mois de Décembre
dernier, lorsque les étoiles accusaient l'un ou l'autre de
ces excès de bleu, et que celui-ci coïncida avec une chute
de pluie à Bruxelles, le jour de l'observation, le lendemain
ou le surlendemain. Ainsi, par exemple, les différentes
moyennes relatives à l'excès de bleu très faible sont
déduites des données respectives qui ont été recueillies
pendant les 237 soirées où cet excès très faible a été
observé en coïncidence avec de la pluie, à Bruxelles. Les
moyennes 25 et 7 concernant les étoiles observées nous
apprennent que, dans ce cas, en moyenne 7 étoiles ont
accusé un excès de bleu très faible pour 23 étoiles obser-
vées. Le rapport de ces deux nombres est 0,30. Le même
rapport s'élève à 0,58 pour l'excès marqué, 11 étoiles accu-
sant alors en moyenne cet excès sur 19 étoiles observées.
83, 23, 3 et S observations correspondent respectivement aux excès très
faibles, faibles, assez marqués et marqués On conçoit parfaitement la
raison de cette diminution progressive : l'appréciation d'un excès de bleu
offrant très peu de doute quand il prédomine de beaucoup.
Il importe d'ajouter ici que les indications relatives aux excès progres-
sifs du bleu résultent d'appréciations qui me sont personnelles, et au sujet
desquelles je ne puis donner ici de règle Gxe. Mais il n'y a point de doute
qu'après quelques soirées d'observations de scintillation faites pendant
une période de pluie, tout observateur se formera aisément une échelle
progressive applicable aux divers excès du bleu.
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Les résultats que présente ce tableau se réunissent à
l'ensemble des considérations précédentes pour nous auto-
riser à formuler la proposition suivante :
Lorsque, parmi les couleurs de la scintillation , le bleu
prédomine par son intensité et surtout par sa fréquence,
cet excès annonce presque toujours la pluie : alors, la sein-
tillation est en moyenne d'autant plus forte, la quantité de
vapeur d'eau contenue dans l'air an niveau du sol est
d'autant plus grande et les pluies qui surviendront seront
probablement d'autant plus abondantes, que la prédomi-
nance du bleu est plus marquée. Enfin, la proportion des
étoiles qui accusent cette prédominance augmente avec la
grandeur de cet excès de bleu.
Cet ensemble de résultats, tout à fait nouveaux, est
d'une très grande importance: ils nous montrent d'abord
que le point de départ de l'explication et des considérations
que j'ai émises au sujet de la prédominance du bleu dans
la scintillation, est parfaitement justifié. De plus, l'impor-
tance de l'excès de cette couleur jointe au nombre des
étoiles qui l'accusent donnerait, en quelque sorte, la
mesure de la quantité d'eau contenue dans les régions
supérieures de l'air, ainsi que la remarque en a été faite,
au sujet de la prédominance du bleu dans la scintillation,
par M. Cornu, lorsqu'il présenta un exemplaire de mon
premier travail sur celte question à l'Académie des sciences
de France (1).
Les valeurs numériques figurant dans chaque colonne
du tableau précédent augmentent régulièrement : celte
progression continue justifie complètement la méthode
que j'ai suivie dans l'estimation et l'indication des carac-
tères que présente la couleur bleue dans la scintillation.
Le tableau nous indique une autre relation que voici :
(1) Séance du 50 Juin 1884.
( 103 )
les moyennes des quantités totales d'eau de pluie recueil-
lies pendant les deux jours qui suivirent les observations
de scintillation, sont exactement dans la même proportion-
nalité que les rapports du nombre des étoiles accusant
Pun des excès de bleu indiqué, au nombre total des
étoiles observées dans la même soirée. Voici en effet les
proportionnalités des nombres figurant respectivement
dans la cinquième et la huitième colonnes du tableau :
Proportionnalité Proportionnalité
des entre
quantités totales les nombres
EXCES DU BLEU. d'eau de pluie. des étoiles.
Très faible 1,00 1,00
Faible 1,28 1,27
Assez marqué 1,S6 1,57
Marqué 2,07 1,90
Il faudrait inférer de l'identité des proportionnalités
correspondant à un même excès de bleu que, généralement,
la somme des quantités d'eau de pluie recueillies pendant
les deux jours qui suivent une observation de scintilla-
tion avec excès de bleu, sont annoncées par le degré
d'humidité des couches supérieures de l'air au moment
même de cette observation.
Concluons de ce qui précède que la chute de la pluie
dans une région dépend principalement de conditions qui
sont inhérentes à l'air lui-même au-dessus de cette région.
L'ensemble des considérations précédentes concernant
la prédominance momentanée du bleu dans la scintillation
nous a fait connaître la signification, l'importance, la cause
de ces apparitions, et par cela même, elles ont donné à ce
phénomène les caractères d'un fait scientifique incontestable.
Je montrerai actuellement que la prédominance du bleu
a été moins fréquente pendant les deux années 1885 et
1884, la première qui est une année demi-sèche et la
seconde une année tout à fait sèche, que pendant les
( 104 )
années 1881 et 1882, qui sont des années humides. Je
ferai voir en même temps que les apparitions des couleurs
verte et violette, la première surtout, ont été bien plus
marquées pendant la dernière période, celle des années
sèches, comme je l'ai particulièrement annoncé à l'égard
du vert, cette couleur ayant toujours caractérisé le beau
temps dès l'origine de mes observations.
Le tableau suivant mettra ces faits en évidence, en nous
indiquant pour chacune des quatre années :
1° La fréquence relative des étoiles qui ont accusé un
excès de bleu sur mille étoiles observées ;
2° Les fréquences relatives des apparitions des couleurs
verte et violette , c'est-à-dire le nombre de fois que cha-
cune de ces teintes a figuré parmi mille couleurs relevées
dans la scintillation ;
3° La quantité d'eau de pluie recueillie pendant chaque
année météorologique qui commence, comme on le sait,
au 1 er Décembre de l'année précédant celle qui est indiquée
au tableau (1).
(1) Pour effectuer les calculs dont il s'agit, j'ai formé les relevés, pour
les différents mois de chacune des années indiquées, des éléments néces-
saires à ces calculs qui sont inscrits clans mes registres d'observation. Je
me bornerai à indiquer ici les tolalités des résultats obtenus pour les
quatre années 1881 à 1884, afin de montrer qu'elles nous permettent, par
leur grandeur, d'eu déduire des données certaines :
1° Nombre des soirées d'observation pendant les quatre années 704
2° — des étoiles observées — — 14717
5° — des couleurs différentes inscrites — — 40479
4° — des étodes qui ont accusé un excès de bleu pendant
les quatre années 2997
5° — des apparitions de la couleur verte pendant ces mêmes
années 826
6° — des apparitions de la couleur violette pendant la
même période. 36
La fréquence relative du vert sur mille couleurs observées est 20.4
d'après les nombres 5° et 5°. Nous retrouverons la même fréquence au
second tableau suivant.
( 105 )
-
FRÉQUENCES RELATIVES
QUANTITÉ
d'eau de pluie
des
des
des
ANNÉES
étoiles
avec excès
apparitions
de
la couleur
apparitions
de
la couleur
recueillie
pendant
DE BLEU
sur
VERTE
sur
VIOLETTE
sur
l'année météo-
mille étoiles
mille couleurs
mille couleurs
rologique.
observées.
observées.
observées.
millim.
252
10
0,4
889
1882
225
200
9
17
0,7
2
785
731
1884
134
59
4
620
Ce tableau nous montre que la quantité d'eau de pluie
ayant diminué régulièrement, c'est-à-dire sans interrup-
tion, d'une année à l'autre, le nombre des étoiles accusant
un excès de bleu a diminué avec la même régularité. Par
contre, la fréquence des couleurs verte et violette a aug-
menté progressivement à mesure que la quantité de pluie
diminua. C'est à l'égard de l'année 1884, pendant laquelle
cette diminution est le plus marquée, que les différences
relatives aux couleurs sont le plus saillantes (1).
(1) Onremarquera que laquanlité d'eau de pluieattribuée à l'année 1883
par M. Lancaster dans la noie de la première page, ne s'élève qu'à
688 millimètres, quantité inférieure de 43 millimètres au nombre indiqué
dans le tableau; cette différence résulte de ce qu'il a fallu faire entrer dans
le calcul actuel de la quantité d'eau tombée pendant l'année météorolo-
gique 1883, la pluie recueillie pendant le mois de Décembre 1882, qui
s'élève à 104 millimèires, quantité très forte par exception. (Voir le
tableau donné par M. Lancaster dans V Annuaire de 1884.)
( 106 )
On conçoit, d'après ces résultats, qui s'annoncèrent dès
les premiers mois de 1883, comment au mois de Juin de
cette année, je fus conduit à émettre une prévision en
m'appuyant sur des faits que la scintillation des étoiles
manifesta, dès cette époque, et comment, après sa réalisa-
tion, je fus en droit de la renouveler, d'une manière plus
précise, dans la séance du 5 Avril 1884 (1).
La fréquence de la couleur verte étant très marquée,
dans le tableau précédent, pour 1884, année qui s'est
signalée par la température élevée et la sécheresse en Été,
et pendant une partie du Printemps et de l'Automne, je me
(1) Voici dans quels termes je formulai mon opinion la seconde fois, ou
en Avril 1884 :
La coïncidence signalée entre l'apparition, la fréquence de certaines
couleurs dans la scintillation des étoiles et la diminution des pluies
dans le cours de Cannée dernière a justifié la prévision que j'avais
émise dès le mois de Juin. Le retour des mêmes i7idices m'autorise à
renouveler la même prévision pour l'année actuelle, en annonçant que,
dans nos régions, les pluies seront moins fréquentes et moins abondantes
que pendant les six années antérieures à 1883.
J'ai étendu cette prévision, sous forme de conjecture, aux années sui-
vantes, en ajoutant :
Nous pouvons espérer que nous sommes heureusement sortis de la
période des années pluvieuses qui commença en 1876, et que nous
sommes revenus dans une série de belles années, ou tout au moins d'an-
nées plus régulières en ce qui concerne les pluies, ce qui est si désirable
sous tant de rapports.
Il importe de remarquer que cette dernière conjecture applicable à une
certaine période d'années postérieures, repose sur ce que, depuis 1885,
nous sommes sortis des années de pluie qui ont été si marquées à partir
de 1876, et que ces périodes, dont la météorologie n'a pas encore réussi à
préciser la succession, semble alterner avec des périodes d'années sèches.
Voyez à ce sujet l'article si intéressant qui est intitulé : La pluie en Bel-
gique, que M. A. Lancastera publié dans l' Annuaire de l'Observatoire de
Bruxelles, pour l'année 1884.
( 107)
suis demandé si les apparitions de la couleur verte dans la
scintillation ne seraient pas soumises à une variation men-
suelle régulière. Le tableau suivant répond affirmativement
à cettequestion, et tout aussi bien pour des années humides
que pour des années sèches. Les nombres inscrits repré-
sentent, pour chaque mois, les moyennes des fréquences
relatives du vert sur mille couleurs observées.
MOIS.
FRÉQUENCES MENSUELLES
des apparitions de la couleur verte.
Années humides.
1881-1882.
Années sèches.
1883-1884.
Moyennes
générales.
Mars
2
6
5
6
15
25
16
9
11
13
7
2
4
14
23
39
39
48
48
49
41
33
40
3
3
10
14
23
27
36
32
29
' 26
23
23
2
Mai
Juillet
Septembre
Octobre
Moyennes. . . .
10
32
21
Ce tableau nous montre que la fréquence des apparitions
de la couleur verte augmente régulièrement depuis le
mois de Janvier jusqu'en Juin, Juillet et Août, époque de
sécheresse et des fortes chaleurs, pour diminuer ensuite
pendant la seconde période de l'année. Ces variations sont
beaucoup plus marquées pour les années sèches que pour
les années humides.
( 108 )
On voit mieux encore d'après cela comment l'accrois-
sement de fréquence du vert, en se joignant à la diminution
du bleu dans la scintillation dès le commencement de
1883, m'autorisa à annoncer le retour du beau temps au
milieu de cette année, et à renouveler cette prévision dès
le commencement d'Avril 1884 avec plus de certitude
encore.
Dans le travail publié en 1878, j'ai déduit de nom-
breuses observations de quinze étoiles rouges et orangées
ou du troisième type, puis des deux étoiles jaunes, La
Chèvre et Pollux, du second type, les fréquences relatives
des principales couleurs, en distinguant les indications
obtenues par un temps pluvieux, puis par un temps sec (1).
Voici les deux séries de résultats et les rapports des deux
valeurs se rapportant à une même couleur :
FRÉQUENCE
RELATIVE
COULEURS.
par un
par un
Rapports.
temps sec.
temps pluvieux.
Rouge
283
276
4,036
0.900
Orangé
127
441
Jaune
263
259
4,012
Vert
408
77
4,403
0,854
4,333
Bleu
203
240
Violet
4
3
(1) Recherches sur les changements de couleurs qui caractérisent la
scintillation des étoiles rouges et orangées, ou du troisième type. (Bul-
letin de l'Académie royale de Belgique, 2e série, t. XLV, Avril 1878.)
( 109 )
Sauf pour le bleu et l'orangé, la fréquence des diverses
couleurs est plus marquée par un temps sec que sous l'in-
fluence de la pluie. Il devrait en être ainsi pour le bleu.
Remarquons le également, c'est pour le vert que l'accrois-
sement dans le premier cas est le plus marqué. Ce résultat
s'accorde parfaitement avec ce qui précède. Il s'agira d'en
rechercher la raison lorsque j'aurai étendu le travail concer-
nant les couleurs à toutes les étoiles que j'ai observées.
Dans son travail, M. W. Spring indique des expériences
d'où il conclut que la couleur bleue de l'eau aussi
pure qu'on puisse l'obtenir, provient d'une absorption du
jaune. Or, les résultats précédents nous montrent que
dans la scintillation la fréquence du jaune est moindre
par un temps de pluie que par un temps sec, ce qui s'ac-
corde parfaitement avec celte conclusion (1).
Les résultats exposésdans cette notice démontrent d'une
manière incontestable que les changements de couleurs
qui caractérisent la scintillation des étoiles sont soumis à
(I) Il est hors de doute que le pouvoir absorbant de l'air pour la lumière
doit intervenir dans la scintillation. Dans ses recherches sur l'absorption
de la lumière par l'air dans des conditions différentes, M. H. Wild, après
avoir établi que la poussière suspendue dans l'air diminue sa transparence
à un très haut degré, est arrivé à cette conclusion :
« De l'air à peu près débarrassé de poussière exerce une action absor-
» bante plus grande quand il est saturé de vapeur d'eau que lorsqu'il est
» sec. »
D'après ce savant, le coefficient de transparence de l'air parfaitement
sec et sans poussière est 0,9972, tandis que celui de l'air à peu près dé-
barrassé de poussière et saturé de vapeur d'eau à 14° n'est que 0,993.
Je me bornerai ici à faire ce rapprochement, en ajoutant que d'après
M. Wild l'air sec, sans poussière, mais agité, .présente un coefficient de
transparence 0,987, qui est encore moindre que les précédents.
{Archives de Genève, u° du 15 Février 1869.)
3me SÉKIE, TOME IX. 9
( 110 )
des lois générales tout aussi régulières que celles qui
règlent les variations d'intensité, et que les indications
données par les couleurs sont aussi parfaitement applica-
bles à la prévision du temps.
Sur l'existence de roches mâclifères dans le terrain devo-
nien inférieur de l'Ardenne belge; par É. Dupont,
membre de l'Académie.
L'un des principaux résultats des travaux d'André Du-
mont sur l'Ardenne a été la découverte de la zone qu'il a
appelée Zone métamorphique de Paliseul. Elle traverse
l'Ardenne de l'Est à l'Ouest suivant l'axe de cette chaîne
de montagne. Les roches des divers terrains qui s'y
trouvent, ont subi une suite de modifications sensibles
sur lesquelles l'illustre géologue a longuement insisté (1).
L'oxyde de fer y est souvent à l'état de cristaux d'aimant
dans les couches cambriennes et gedinniennes; les couches
du groupe qu'il a appelé taunusien, sont fréquemment
grenatifères et amphiboliques et renferment diverses
espèces de micas considérées comme des produits méta-
morphiques. . ,
Le fait que j'ai à mentionner ici ajoute un minerai
important à ceux qui ont été reconnus jusqu'à présent
dans les roches à grenats et à amphibole si développées
entre Bastogne et Bertrix.
En 1885, j'observais, au Sud de la station de Libra-
mont, dans des quartziles et des phyllades taunusiens, des
( , ) Mémoire sur le terrain rhénan (Mém. in-4» de l'Àcad. roy. de Belg.,
t. XXII, p. 71,1848).
( 111 )
roches grenatifères et amphiboliques bien caractérisées,
semblables à celles que Dumont a décrites et dont l'étude
a été ensuite reprise par M. Renard (1). Parmi ces roches,
il s'en trouvait quelques-unes renfermant, en outre, de
grands cristaux que j'eus bientôt l'occasion de montrer à
M. Charles Barrois. Le savant explorateur des Asturies et
de la Bretagne m'engagea à comparer ce minéral à la
chiastolithe.
L'examen comparatif de mes échantillons avec des
roches mâclilères de Bretagne, des Pyrénées et d'autres
régions ne laissa, en effet, pas de doute sur leur identité
avec une andalousite impure ou chiastolithe.
Les cristaux de Libramont ont une longueur de plusieurs
centimètres et souvent plus d'un centimètre de côté.
Enchâssés dans la roche noire à grenats et à amphibole, ils
sont d'un vert clair avec inclusions irrégulières de matières
noirâtres ou ocreuses et parfois de petits grenats bien
cristallisés.
Je découvris l'an dernier un second gîte de ces roches
à chiastolithe à 5 kilomètres à l'Est de Libramont, égale-
ment dans des roches remplies de grenats. Mes recherches
ne m'en ont pas encore fait découvrir sur d'autres points.
Ce n'est pas la première fois que l'andalousite a été
signalée en Ardenne, mais seulement dans le terrain cam-
brien.
Dumont en mentionne à Vielsalm, à Salm-Chàteau et à
Otlré dans les couches cambriennes du massif de Slavelot.
Elle ne s'y présente pas dans les mêmes conditions qu'aux
environs de Libramont. L'andalousite cristallisée et frag-
(1) Les roches grenatifères et amphiboliques de la région de Bastogne
(Bull, du Musée roy. d'hist. nat de Belg., 1. 1, 1882).
{ H2 )
mentaire,d'un bleu de ciel ou d'un verl clair, s'y rencontre,
dit-il, dans des liions de quartz et d'une substance qu'il
rattache à la pyrophvllile (1). Le Musée de Bruxelles en
possède des spécimens provenant de la collection Davreux.
MM. de Lapparent et Guyerdet ont recueilli, au milieu
de déblais près de Laifour, Ardenne française, c'est-à-
dire dans la région des porphy roules de la Meuse, un frag-
ment de phyllade noir renfermant des màcles fort nettes.
L'une d'elles se présente sous la forme de la mâcle pen-
larhombique d'Haùy. Celle andalousile cambrienne se
montre donc en ce point sous d'autres conditions que dans
le massif de Slavelot; elle est enclavée non dans des roches
(iloniennes, mais dans les couches elles-mêmes comme à
Libramont. C'est une véritable roche mâclifère. L'échan-
tillon de Laifour, qui se trouve dans les collections de
l'École des mines de Paris, a élé mentionné chez nous
pour la première fois par M. Malaise (1).
Des roches analogues, provenant cette fois du devonien
inférieur, ont été observées dans les provinces rhénanes;
elles y présentent des circonstances curieuses.
Dans un travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie au nom de l'auteur, M. von Lasaulx fait connaître
l'existence du granit en place sur notre frontière dans les
Hautes Fagnes (3). Ce granit a élé mis au jour au milieu
du terrain cambrien près de Lamersdorf l'automne dernier
dans une tranchée du chemin de fer en construction pour
relier Aix-la-Chapelle à Montjoic.
(1) Mémoire sur le terrain ardennais (Mém. in-4° de l'Acad. de Belg,
t. XX, p. 15", 18i').
(2) Ann. Suc. géol. de Belg., t. III, p. xci, 1876.
(3) Der Granit unler demCambrium des hohen venu (Verhandl. der
nat. vereins fur Rheinl. und Weslf. 1884.)
( US )
Le savant professeur expose, à cette occasion, les indices
que Ton possédait jusqu'alors sur la présence du granit
dans le grand massif primaire qui s'étend du Rhin à
l'extrémité Ouest de PArdenne française. Il rappelle notam-
ment la découverte, faite par Wolf, de fragments de ro lies
granitiques enclavés dans les déjections des anciens vol-
cans du Rhin et de PEifel, surtout du Laacher-see. Il
insiste longuement sur l'association à ces débris de frag-
ments de phyllades où abondent des cristaux d'andalousite
de petite dimension. Ces roches mâclifères n'affleurent pas
dans la région; elles ont été rejelées des profondeurs par
les éruptions volcaniques.
Nous venons de voir que les roches à andalousite de
Libramont se trouvent au contraire à la surface.
La présence des couches mâclifères a une importance
géologique considérable.
La plupart des géologues les considèrent comme annon-
çant d'une manière certaine le voisinage du granit.
En décrivant les roches à andalousite du magma volca-
nique du Laacher-see, M. von Lasaulx rappelle que
M. Rosenbusch, à l'examen des échantillons de Wolf,
n'avait pas hésité à déclarer qu'ils indiquaient la présence
en profondeur d'une zone de schistes en contact avec le
granit. M. von Lasaulx se prononce dans le même sens
que le savant géologue de Strasbourg.
M. Barrois émettait aussi l'avis que si les couches de
Libramont étaient réellement mâclifères, elles dénotaient
le voisinage du granit. Ces roches, qui' affleurent dans le
devonien inférieur de PArdenne belge au milieu des roches
à grenats et à amphibole, sembleraient donc annoncer que
le granit y existe soit à la surface, mais recouvert de ter-
rain détritique, soit en profondeur sans avoir atteint la
( 414 )
surface. Mes recherches pour le découvrir n'ont pas abouti
l'an dernier; on peut croire que de nouvelles tentatives
ne tarderont pas à nous fixer sur la question.
Formule nouvelle pour le développement des fonctions,
en particulier des intégrales ; par Ch. Lagrange, astro-
nome à l'Observatoire royal.
J'ai trouvé la formule suivante qu'il me paraît utile de
faire connaître, la forme très simple de son reste la rendant
immédiatement applicable au développement d'un grand
nombre de fonctions, en particulier à celui des intégrales.
On a
F'x -+- Fa x — a
(4) Fx = Fa + •— j—
Y"x — F" a n—\ (x — a)*
2 2n— 1* 1.2
F'"x -+- F" a rc — 1 7i-2 (x — a)5
H 2 2w — 1 2w — 2 ' 1.2.3
F"x— F,Ta n — \ n — 2 n— 3 (x— a)*
2 2n — 1 ' in — 2 2n— 3 1.2.3.4
-+- ...
F^— (_ l^F/'-a n — 1 -n — 2--.n-M-*-l (a-0)11
-*-(— !)/*-' - 2n— t-2n— 2—2n— M-f-1 ' 1.2.3...^
F"x — (— \)nFna (x—a)n
(-1)"
2 w.n -t- 1 ... 2n — 1
F»"+'(a -+- 9ft) 6" (x— a)îfl+i
w.»-+-l 1.2.5...2n— 1
où a est une valeur déterminée de x, n un nombre entier
( li5 )
positif («==1, % 3, ...) et où l'on a h = x — «, 0 <G < 1 .
Comme la démonstration directe et générale de cette
formule exige d'assez longs développements et comme elle
repose sur un principe que je crois nouveau, je compte en
faire l'objet d'un travail spécial. Mais voici des formules
particulières qui s'en déduisent et dont il est facile de
vérifier immédiatement l'exactitude.
La formule (!) pour n = i, 2, 3, 4 ... donne successi-
vement les formules particulières
F'x -*- F'a F'"(a -t- eh) e(x — af
(2) Fx = Fa -f- (x — a) ï L2 L
F'x + F'a F"x — F"a ,
(5) Fx = Fan- .(x-a) (x - af
Fv(a + 6h) e\x — af
H 72
F'x -+- F'a F"x — F"a ,
(4) Fx=Fa-*- - .(x — a) (x — af
F'"x -+- F'"a , , F'"(a -+- eh) <33(x— a)7
-4- ■ (x — a)
120 v 2880
F'x -t- F'a F"x — F"a
(5) Fx = Fa -*- (x — a) — 3 — (x — a)*
F'"x -f- F'"a VB F,Tx — F"a
-\ ■ (x — af — — — (x — af
84 v 1680 v '
F,x(a -t- âfc) e*(x — a)9
201600
etc., etc.
En posant
r F'x -+- F'a 1
(6) Wjx = Fx — Fa ^ (x — a)
( H6 )
[F'x -4- F'a
Fa -4- (x — a)
F"x-F"a 1
(x — af
12 v J
T F'a; -+- F'a ,
(8) W5x = Fx - Fa -+- {x — a)
F"x — F'a , F"'x -+- F'"a , x_~|
(x — af h (x — a)3 ,
10 V ' 120 V ;_|
etc., etc., on peut s'assurer aisément par la dérivation que,
pour x=a,Wlx, W2#,W3x, ... sont respectivement nulles
ainsi que leurs première, deux premières, trois pre-
mières, etc., dérivées (*). On a dès lors, par le théorème
de Taylor,
WÎ'(o +■ eh)
lX = — i~2 — (x ~~ a)
Wi"(o -t- eh)
w*x==-Hj.^(x-a)
Wj,v(a -+- eh)
W3x =— - • (x - a)*, etc.
1.2.3.4 v ;
et en substituant dans ces dernières formules pour W/',
W2"\ W3'v ... leurs valeurs tirées de (6), (7), (8), on
retrouve les formules (2), (3), (4),... qui sont ainsi
démontrées.
Exemple d'application. Soit ¥x=f~ qu'on désigne
par I. x.
(*) On remarquera que ces conditions ne seraient pas suffisantes pour
déterminer les coefficients numériques, supposés inconnus.
( H7 )
La formule (4), par exemple, donnera en y faisant
F'x = a;"1, F'x = - xr\ ¥'"x = -*- îx'\ P"x =
-+- 1.2.5.4.5.6 a;-7,
{x + a){x — a) (x'-a2) {x — af
(9) 1. x. = \.a. h ■ rrrr"
v ' 2ax !0aV
{xz -+- a3) (a; — af ô3 / x — a
60a V 4 \o -t- 6h
Soient pris pour exemple x = 11, a = 10.
Le reste
63 / ac — a \7 1 /x — a\'
~ 4 la -+- ô/i/ '"Il a /
donnera avec ces valeurs
R < — ou R < 0,000 000 025
4
(9) donnera donc 1. 11 avec 7 décimales exactes.
On trouve, en effet, ainsi
21 21 2351
1 M* _ j JQ . H _
2.110 121.1000 60.1551.1000
= 1. 40 -+- — (30 121.100
60.1351.1000 v
— 60.11 -+- 1 1 1 ) == I. 10 -+- 0,09531018
ce qui donne pour le log. vulgaire de 11 (en multipliant
par le module 0,43429448 et faisant attention au signe du
reste complémentaire dans la formule (9)),
1,041392675 < log. 11 < 1,041392685
log. 11 =1,0413927
dont les 7 décimales sont en effet exactes.
( us )
CLASSE DES LUT TU ES.
Séance du 2 février 4885.
M. Ch. Piot, directeur, président de l'Académie.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. P. Willems, vice-directeur;
Gachard, P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de
Lettenhove, Th. Juste, Alph. Wauters, Ém. de Laveleye,
Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, À. Wagener, F. Tiele-
mans, G. Rolin-Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Potvin,
J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, mem-
bres; J. Nolet de Brauwere van Steeland, Alph. Rivier,
associés; J. Gantrelle et G. Tiherghien, correspondants.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Acadé-
mie, les ouvrages suivants :
Essai historique sur les abbés et l'abbaye de S^Silvin
d'Auchy les Moines, ordre de S'-Benoît, au diocèse de
Boulogne, par l'abbé Fromentin;
Bulletin de la section littéraire de la Société des Mélo-
philes de Hasselt, 20e volume. — Remercîments.
( 119 )
— M. le baron de Witte envoie les numéros 9-12 de
l'aiiiiée 1884, de la Gazette archéologique qu'il publie avec
M. Robert de Lasleyrie.
Mme veuve Louis Hymans adresse les livraisons 27 el 28
de l'ouvrage de son mari : Bruxelles à travers les âges.
Mme veuve Heremans fait hommage d'un exemplaire du
livre, paru récemment, intitulé : In memoriam J.-F.-J. He-
remans. — Remercîments.
MM. A.-N. Lebègue et Cie, éditeurs à Bruxelles, font
parvenir un exemplaire des ouvrages publiés jusqu'à ce jour
dans leur Collection nationale ; la liste sera imprimée au
Bulletin.
La Classe reçoit encore, à titre d'hommages, les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs :
1° Les Pays-Bas sous Philippe II (1565-1567), nou-
velle édition, par Th. Juste;
2° Het menschdom verlost van L. de Coninck, critisch
aan-, door- en omgehaald, par J. Nolel de Brauwere van
Sleeland;
3° Liège au XIXe siècle : les transformations, par
Aug. Hock (présenté par M. Stecher);
4° Les fêtes jubilaires célébrées à l'occasion du cinquan-
tième anniversaire de l'Université de Louvain : compte
rendu général, par E. Descamps (présenté par M. Lamy);
5° Éléments de grammaire française à l'usage de l'en-
seignement moyen, par J. Delbœuf et L. Roersch (présenté
par M. Le Roy);
6° Annuaire de l'Université catholique de Louvain,
1885;
7° Geschiedenis van Amsterdam, door J. Ter Gouw,
3de en 4de deel;
( 120 )
8° Glossaire du roman de Selna, par A. Massy, avocat
à Gand (présenté par M. Wagener);
9° a) Kaiser Karels V. Krônung in Aachen beschrieben
von B. Castiglione ; b) II palazzo Fiano di Roma e Filippo
Calandrini Cardinale, par A. de Reumonl, associé de la
Classe.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
i° Par M. Le Roy.
« MM. Delbœuf et Roersch, l'un et l'autre mes collègues
à l'Université de Liège, me chargent de présenter à la
Classe un manuel classique intitulé : Éléments de gram-
maire française à l'usage de V enseignement moyen (Liège,
Desoer, 1885, in-12). Je voudrais m'acquitter dignement
de celte tâche en vous faisant remarquer comment, après
tant d'autres, les deux auteurs ont trouvé le secret d'être
neufs, en évitant avec le plus grand soin les définitions
banales ou inexactes, et en mettant à prolil les conquêtes
les plus récentes de la philosophie du langage, sans oublier
un instant qu'ils s'adressent aux jeunes intelligences. Mais,
pour plusieurs raisons, je crois devoir m'abstenir de toute
appréciation élogieuse ou critique. D'abord, MM. Delbœuf
et Roersch font partie de notre compagnie, et il n'entre
pas dans nos usages, que je sache, de porter ici des juge-
ments sur les œuvres de nos confrères, du moins sur celles
qui ne sont pas destinées à figurer dans nos Bulletins ou
nos Mémoires. Ensuite, le Moniteur belge vient de nous
( i21 )
apprendre que le livre des deux honorables professeurs
liégeois prend part à un concours ouvert par le Gouverne-
ment : je serais mal venu à devancer l'opinion du jury,
surtout si j'entreprenais de comparer ce travail à ceux des
émules de MM. Delbœuf et Roersch. La plus stricte absten-
tion m'est donc commandée; seulement, qu'il me soit
permis de savoir gré à deux savants académiciens de n'avoir
pas dédaigné d'écrire pour l'enfance. Les publications de
cette sorte sont modestes en apparence; en réalité elles
sont hautement importantes, à raison de l'influence
qu'elles peuvent être appelées à exercer sur l'éducation
intellectuelle de toute une génération. »
2° Par M. Wagener :
a J'ai l'honneur de présenter à la Classe de la part de
M. l'avocat Massy, de Gand, un exemplaire de son Glos-
saire du roman de Selna.
Ce roman ou plutôt cette nouvelle égyptienne fut trouvée
par Auguste Mariette à Thèbes, en 1865, parmi des manu-
scrits hiératiques et coptes déposés dans le cercueil de leur
ancien propriétaire, un moine copte. Elle est conservée
aujourd'hui au Musée de Boulacq.
Le manuscrit qui la contient se composait de six pages
de quarante lignes chacune. Les deux premières ont dis-
paru et la partie de la feuille n° 3 qui contient le premier
mot de chaque ligne fait également défaut.
Le roman de Setna est écrit en caractères dèmoliques de
la meilleure époque. L'original remonte donc probablement
au règne de Ptolémée II Phi ladel plie (284-248 av. J.-C).
Cet ouvrage, publié par Mariette dans ses Papyrus égyp-
tiens du Musée de Boulacq (1871, I, pi. 29-32), a été
( 122 )
traduit et commenté par MM. Brugsch, Révillout, Maspéro
et Le Page Renouf.
En voici le sujet, brièvement résumé :
Le prince Châ-em-us-t Setna descend dans la nécropole
de Memphis afin de s'y procurer un livre magique de
Thoth, l'Hermès égyptien. Il arrive ainsi à la tombe de
Ptah-nefer-ka et de son épouse Sahura. qui est en même
temps sa sœur. Celle-ci, dans l'intention de détourner
Setna du but qu'il poursuit, lui apprend qu'elle aussi a eu
jadis en sa possession un pareil livre, qui a été pour elle
et pour toute sa famille une source de malheurs. Elle lui
raconte alors tous les événements de sa vie jusqu'à sa
mort, celle de son mari et de leur enfant Merhu. Plah-
nefer-ka, qui dormait du sommeil de la mort à côté de sa
femme, se réveille à son tour et engage également Setna
à abandonner son projet. Mais celui-ci, brûlant du désir
de posséder le livre magique, propose à Ptah-nefer-ka de
s'en remettre au sort pour trancher la question. Ils se
mettent à jouer : Setna triche, gagne la partie et emporte
son précieux volume.
A partir de ce moment il ne connaît plus que malheurs
et tribulations. Un jour il aperçoit une femme d'une rare
beauté. A peine l'a-t-il vue que son cœur brûle d'amour
pour elle. 11 veut la posséder et la fascination que celte
femme exerce sur lui esl telle qu'il souscrit successivement
à toutes ses exigences. Il faut qu'il lui abandonne tout ce
qu'il possède et que de plus il lui sacrifie ses enfants
Setna s'y résout, mais au moment où ses vœux vont
s'accomplir, il est pris d'un vertige et tombe en défaillance.
Puis, quand il revient à lui, il s'aperçoit que tout cela
n'était qu'un rêve et que ses enfants vivent encore.
( 123 )
Tel est le canevas du curieux roman égyptien pour
lequel M. Massy a composé un vocabulaire. L'écriture
démotique présente de grandes difficultés. A force d'en
vouloir simplifier les caractères, on a fait en sorte que
ceux-ci ne présentent plus entre eux que de faibles diffé-
rences et servent parfois à remplacer toute une série de
signes primitifs.
A côté des vocables démotiques, classés méthodique-
ment, M. Massy a placé, autant que possible, leur tran-
scription hiéroglyphique, leurs équivalents coptes et finale-
ment leur signification en français. D'après ce que m'a
affirmé un égyptologue gantois — qui naturellement n'est
pas M. Massy, — ce Glossaire sera très utile à ceux qui
s'occupent du déchiffrement des textes démotiques. En le
présentant à l'Académie et en l'accompagnant de cette
courte notice, je crois m'inspirer des sentiments de sym-
pathie qui animent la Classe à l'égard de tous ceux qui,
dans notre pays, s'efforcent d'élargir le cadre des études
philologiques. »
5° Par M. Stecher.
« Le volume que j'ai l'honneur de présenter à la Classe
au nom de M. Aug. Hock est intitulé : Liège au XIXe siècle.
C'est le digne complément d'un autre ouvrage déjà men-
tionné dans nos Bulletins : Liège au XVe siècle (Prome-
nades rétrospectives). L'auteur s'est principalement attaché
à montrer le contraste entre l'ancien régime et l'esprit de
la société actuelle. Sans parti pris, sans autre passion que
l'amour de sa ville natale, M. Hock réussit à faire voir
aux gens de bonne foi les avantages de la vie moderne.
Ce panégyrique n'exige aucune injustice à l'égard du
124 )
passé. Le pittoresque d'autrefois est rappelé, ressuscité
même au milieu des élégances et du confortable d'aujour-
d'hui.
Au reste, Liège, grâce à son beau fleuve et à sa belle
ceinture de collines, ne saurait perdre sa physionomie, qui
demeure originale à travers toutes les transformations.
Elles ont pourtant été assez profondes depuis cinquante
ans, rien qu'à en juger par a le plan figuratif des trente-
deux tours, moulins et usines situées dans le quartier
d'Outre-Meuse » (p. 232). Les détails les plus caractéris-
tiques et les renseignements les plus inattendus s'accu-
mulent dans ce livre, à la faveur d'un dialogue humo-
ristique cordial et fin, institué, interrompu et repris sans
cesse entre l'auteur et un partisan de l'ancien régime.
Parmi les renseignements qu'amène cette discussion
courtoise, on noiera surtout avec intérêt ceux qui font
revivre l'ancienne cité épiscopale et princière au moment
où, comme on disait alors, a elle passait aux Belges». Ou-
tre un spirituel dessin de M. Camille Renard et le plan figu-
ratif d'Outre-Meuse, il convient de mentionner, parmi les
illustrations de l'œuvre, six charmantes gravures hors texte.
Celle de J. Dieppe, faite au siècle dernier, et qui montre
encore la Meuse passant place du Théâtre, révèle le mieux
le caractère du panorama liégeois. Une autre vue, dessinée
en 1740 par le Hollandais J. Beyer, nous reporte à l'an-
cien faubourg d'Avroy, dont on ne retrouve presque plus
rien aujourd'hui.
M. Hock annonce la publication prochaine d'une troi-
sième étude destinée à achever ce curieux parallèle entre
l'ancienne principauté et la province actuelle de Liège. »
( m )
4° Par M. Lamy.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, de la part
de mon collègue M. le professeur Descamps, le volume
qui contient le compte rendu général des fêtes jubilaires
célébrées à l'occasion du cinquantième anniversaire de
l'Université catholique de Louvain. On y trouve la liste des
membres du corps académique depuis la restauration de
l'Université, les adresses, les discours et tous les documents
concernant ces magnifiques fêtes jubilaires, qui ont duré
trois jours avec un ordre parfailet l'enthousiasme unanime
de quinze à seize cents étudiants acclamant la religion et
la science, l'Église et la Patrie, le souverain Pontife et le
Roi. Parmi les discours et les toasts nous ne pouvons nous
dispenser de mentionner le rapport de Msr Piéraerts sur
les cinquante premières années de l'Université. Ce
volume comprend encore la description du cortège histo-
rique qui dénia, à cette occasion, dans les rues de Louvain
et quelques pièces de poésie que ne dédaigneront pas, je
pense, les amis des lettres. »
RÉSULTATS DU CONCOURS ANNUEL POUR 1885.
La Classe prend notification de la réception de deux
manuscrits écrits en flamand et portant pour devises :
Le premier : Musica est scientia bene- movendi (S. Au-
gustin),
Le second : Sine labor...
Envoyés en réponse à la troisième question :
On demande une étude sur l'application des règles de
la métrique grecque et latine à la poésie néerlandaise.
3me série, tome ix. 40
( 126 )
L'auteur y ajoutera un choix varié d'exemples et une
bibliographie critique.
M en vraagt eene studie over de toepassing van het
grieksc/ien lalijnsch mefrum op de nederlandsche poëzij.
De schrijver voege er bij eene keur van verscheidenheid
in voorbeelden, aan het laatste taaleigen ontleend, mits-
gaders eene critiek der bibliographische werken, hande-
lende over nederhmdschen-metrischen versbouw.
Commissaires: MM. Nolet de Brauwere van Steeland,
Willems et Wagener.
ÉLECTIONS.
Conformément à l'article 12 de son règlement, la Classe
procède à l'élection du comité de trois membres, chargé,
conjointement avec les trois membres du bureau, de la
présentation des candidatures aux places vacantes.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
La mort de don Juan, par le baron Kervyn de Lettenhove,
membre de l'Académie (1).
Don Juan avait conservé ses positions entre Jauche et
Tirlemonl, lorsqu'il apprit à la fois l'arrivée du duc Casi-
mir et l'agression du duc d'Alençon. D'après les bruits qui
(1) Extrait du tome V de l'ouvrage iulilulé : les Huguenots et les
Gueux.
( ni )
couraient, les Étals pouvaient former ainsi une armée de
30,000 fantassins et de 14,000 chevaux. Les forces de
don Juan étaient bien inférieures à celles qu'il avait à
combattre: il se retira le 14 septembre à Bouges, à la
jonction de la Sambre et de la Meuse, et ordonna d'établir
à la hâte un camp retranché là même où Charles-Quint
avait résolu de se fortifier dans ses guerres contre
Henri 11(1).
Une dernière ressource était prévue dans le cas où cette
position n'aurait pu être défendue : c'était de se réfugier,
comme dans un suprême asile, au château de Namur (2).
Cependant une fortune meilleure semble sourire à don
Juan. Des levées importantes ont été faites en Allemagne.
Le duc de Saxe a promis d'amener quatre mille chevaux ;
douze mille hommes de pied seront sous les ordres d'An-
nibal d'Allaemps et de plusieurs colonels allemands. Déjà
les reîlres catholiques sont arrivés dans le Luxembourg.
Don Juan ne tardera pas à prendre l'offensive (3) : ce sera
pour venger l'échec de Rymenam et renouveler Je triom-
phe de Gembloux.
Si l'espoir renaît dans le camp espagnol, don Juan ne
pourra le partager. Il n'a pas un réal pour payer ni les
troupes qui lui arrivent, ni celles qui sont déjà réunies
autour de lui (4). Une de ces terribles épidémies qui sévis-
sent au milieu des armées s'est déclarée dans son camp :
(1) Lettres du 14, du 13, du 16 et du 18 septembre 1578. Arch.
d'Ypres.
(2) Lettre du 25 septembre 1578. Arch. d'Ypres.
(3) Lettres du 14 et du 16 septembre 1578. Arch. d'Ypres.
(4) Lettres du 10 et du 18 septembre 1578. Arch. d'Ypres.
( 128 )
les soldats meurent en grand nombre , sans secours, sans
médecins (1).
Don Juan sent lui-même que la lutte qu'il soutient
depuis près de deux années a épuisé toutes les forces de
sa jeunesse et de son énergie. Les premiers jours qu'il
passe au camp de Bouges sont consacrés à des épanche-
menls adressés aux amis absents, qui ressemblent à de
touchants adieux. Il écrit à Pedro de Mendoça : <r Notre vie
» ne se compte plus que par heures... Nous lutterons jus-
» qu'à notre dernier soupir (2). » Il ajoute dans une lettre
adressée à André Doria : « Heureux ceux qui comme vous
» goûtent une vie paisible loin des agitations du monde!
» Comme homme, comme ami, souvenez-vous de moi dans
» vos prières (3). » Enfin le 20 septembre il dicte une der-
nière dépêche à Philippe II. Après un long exposé de la
situation des affaires il se plaint de ne pas recevoir ses
instructions sur ce qu'il y a lieu de faire; car, quelles
qu'elles dussent être, il les exécuterait sans hésiter, et il
ne demandait qu'à perdre la vie avec honneur. Le roi pou-
vait-il à ce point abandonner celui qui l'avait servi en
sujet et en frère avec tant de zèle et de fidélité; car la
tâche qui lui avait été imposée, était telle que les forces
humaines ne pouvaient ni y suffire, ni y résister. Cette fois
encore, Philippe II ne se laissa pas émouvoir, et il se borna
à écrire en marge de la dépêche de don Juan : « II n'y a
» pas lieu d'y répondre ». Lignes bien cruelles et bien
inutiles; car, lorsqu'elles furent tracées, le sacrifice était
accompli (4).
(1) Lettres du 8 et du 14 septembre 1578. Arch. d'Ypres.
(2) Bor, I. XII.
(3) Arch. d'Ypres; Bor.1. XII.
(4) Ms. de Perez à la Haye.
( 1"29 )
Une triste et soudaine rumeur s'est répandue dans le
camp espagnol : Don Juan est lui-même atteint par la con-
tagion qui y règne. Le jour même où il a écrit à Mendoça et
à Doria, il se sent pris vers huit heures du soir d'un accès
de fièvre (1). Les nuits devenaient froides : le séjour sous
la tente convenait peu à un malade. Sur les hauteurs de
Bouges s'élevait une ferme ruinée où un vaste colombier
à deux étages était seul resté debout. On remplaça l'échelle
par un escalier; on ferma les ouvertures par des rideaux;
on couvrit les murailles de tapisseries aux couleurs vives,
aux riches écussons, aux grands personnages; et ce fut là
que quelques soldats, fiers du poids déposé sur leurs
épaules, portèrent leur chef sous la conduite de don Ber-
nardino de Çuniga,que Don Juan avait choisi comme le plus
digne de cet honneur; car Çuniga avait porté sa bannière
sur les Alpuxarres et combattu sur son navire à la journée
de Lépante.
Les jours suivants, la fièvre reparut vers le soir et avec
des symptômes plus graves. Le pouls ne se faisait plus sen-
tir. Une sueur abondante se manifestait, et la peau était si
chaude qu'à peine pouvait-on y porter la main. Le malade
ressentait de fortes piqûres ou des contractions violentes
comme si on l'eût resserré dans un élau. Des vomissements
se succédaient, et la gorge semblait se fermer. Les mains,
les bras, les pieds tremblaient convulsivement. Parfois il
s'élançait brusquement de son lit, parfois il y retombait si
épuisé et si faible qu'il fallait trois ou quatre personnes
pour le soutenir. Le sommeil avait disparu, et, si parfois il
(1) Une relation du 16 septembre porte que don Juan est en bonne
santé (Arch. d'Ypres.) La maladie ne se déclara que quelques heures plus
tard
( lâO )
semblait s'endormir, c'était pour se réveiller aussitôt, l'es-
prit troublé par d'étranges visions et criant à haute voix :
« On vient me tuer! voilà les ennemis! voilà les traîtres! »
Les médecins avaient eu recours aux remèdes ordinaires
contre l'épidémie; mais ils avaient cru aussi ne pas devoir
négliger ceux que l'on employait contre le poison (1).
Le septième jour, la fièvre pourprée se déclare; le mal
s'aggrave d'heure en heure. On reconnaît tous les carac-
tères du typhus qui décime les soldats, et on se souvient
que don Juan les visitait pour les consoler: c'est à leur
chevet sans doute que la contagion l'a atteint (2).
Le 28 septembre, don Juan fit appeler le prince de
Parme el lui remit, avec son épée, le commandement de
l'armée (3). Mais, à celle heure suprême, il avait peine à se
séparer, non des misères qu'il avait traversées, mais des
grandes espérances qu'il avait conçues : la chrétienté
affranchie des menaces de l'islamisme, l'Angleterre déli-
vrée d'une odieuse tyrannie, l'Espagne même recouvrant,
après une politique étroite et soupçonneuse, son ère de
chevaleresque grandeur. Tels étaient les vastes desseins
que de sa bouche mourante il confiait àOltavioGonzaga (4).
Il ajoutait en s'adressant à son confesseur le P. Dorante :
« Pendant toute ma vie, je n'ai pas eu un pouce de terre
» à moi (5) » ; et à ce sujet il répétait le verset du livre de
(1 ) Y de algunos remedios (con alguna sospecha) conlra veneno. Rel. du
Dr Ramirez.
(2) Lettre du P. Dorante, du 5 octobre 1578.
(" ) Lettre d'Ott. Gonzaga, du 28 septembre 1578 ; lettre de Languel, du
12 octobre 1578.
(4) Lettre d'Ott. Gonzaga, du 4 octobre 1578.
(5) Letlre du P. Dorante, du 5 octobre 1578. (Gachard, La Bibl.de
Madrid, p. 449 )
( «51 )
Job : Nudus eyressus sum de utero malris meœ et nuaus
revertar Mue.
Le 29 el le 50 septembre, après une légère amélioration,
la fièvre devint plus forte. Le malade était en proie au
délire : il ne parlait que de munitions, de tranchées, de
mouvements de cavalerie; et, déjà sur le seuil de la
tombe, il appelait à haute voix ses capitaines pour leur
promettre de nouvelles victoires (1).
Lorsque le soleil dissipa, le Jer octobre, les brumes qui
flottaient su la Meuse, le deuil de la nature semblait se
confondre avec celui des hommes. On était à la veille de
l'anniversaire de la bataille de Lépante: don Juan ne devait
plus le célébrer. La nuit précédente une comète avait paru
dans le ciel, verte el azurée au centre, vivement colorée
et entourée de rayons d'une éclatante blancheur (2). Selon
les idées acceptées au XVIe siècle, c'était le signe certain
de la mort de quelque grand personnage, et celte fois on
ne s'était pas trompé.
Don Juan fit de louchants adieux à Otlavio Gonzaga en
l'appelant son ami (3); il n'avait rien à léguer à ses servi-
teurs, mais il leur distribua tout ce qui lui restait: « Je
» n'ai plus, disait-il, qu'une chose à demander au roi,
» c'est d'être enseveli aux pieds de l'empereur mon père,
» ou, si le roi ne veut le permettre, à Notre-Dame de Mont-
» serrât (4) ». Puis il pria son confesseur le P. Dorante
d'offrir pour lui à côté de son lit le sacrifice de la messe,
el, quand le prêtre éleva l'hostie, il inclina le front pour
(1) Lettre du P. Dorante.
(2) Que puso a lodos grande admiracion. Rel. du Dr Ramirez.
(3) Son esas palabras. Lettre d'Où. Gonzaga, du 4 octobre 1578.
(4) Lettre d'Où. Gonzaga, du 4 octobre 1578. (Arch.de Simancas.)
( 132 )
s'humilier devant Dieu : dernier terme des grandeurs
humaines (1).
Quelques instants après, don Juan expirait au milieu des
larmes de ses capitaines et de ses serviteurs (2). Ainsi dis-
paraissait à trente-deux ans le dernier héros des croisades,
le véritable héritier du génie de Charles-Quint, prématu-
rément brisé par la lutte et le combat (3).
« En cet instant, écrit Ottavio Gonzaga à Philippe II,
s ce noble prince, frère de Votre Majesté, vient de rendre
» le dernier soupir. L'état où nous sommes, Votre Majesté
» pourra le comprendre {A). » Il ajoutait dans une lettre
destinée à Perez : « Notre douleur est extrême, elle ne
» cessera jamais. Les pierres mêmes pleurent ce pauvre
» prince (5). »
Don Juan avait confié à Ottavio Gonzaga le soin de
détruire des papiers et des portraits qui rappelaient sans
doute les faiblesses de sa vie : il y avait là des œuvres dues
à des peintres célèbres de l'Italie, dont Gonzaga déplorait
la perte en les livrant au feu (6).
Le docteur Ramirez, qui avait donné ses soins au prince,
adressa au roi d'Espagne une longue relation de sa mala-
(1) Lettre du P. Dorante. Philippe II répondit à cette lettre le SOnovem-
bre(Arch. de Simancas).
(2) Rel. du Dr Ramirez (Arch. de Simancas); lettre de Gabriel de
Çuniga, du 2 octobre 1578 (Arch. de Simancas); lettre de Languet, du
12 octobre 1578.
(Z) Erant qui Austriacum Germanicumque componerent décore forma?
;etate, bellorum gestis, rumore properatœ mortis. Strada.
(4) En este punto acaba de espirar este noble principe y hermano a
V. Md. Todos quedamos quai pude V. Md considerar. Lettre d'Olt. Gonzaga,
du 1er octobre 1578. (Arch. de Simancas,)
(5) Lettre d'Ott. Gonzaga, même date.
(6) Lellre d'Olt. Gonzaga, du 20 octobre 1578. (Arch. de Simancas)
( 153 )
die. Perez, en la transmettant à Philippe II, y traçait celte
note marginale : « Il ne s'y trouve rien qui mérite d'être
» lu (l)».
Les médecins procédèrent à l'autopsie. Tout le sang
avait reflué au cerveau; le cœur n'était plus qu'un lambeau
desséché. Les entrailles répandaient une si forte odeur
qu'il fallut porterie corps au grand air. Jamais les médecins
n'avaient vu pareille corruption, bien que quelques-uns
affirmassent l'avoir déjà rencontrée chez ceux qui étaient
morts par le poison (2).
Ainsi, malgré les symptômes le plus nettement caracté-
risés d'une épidémie typhoïde, la préoccupation du poison
se retrouve jusque dans le rapport officiel des médecins.
On comprend qu'elle ait aussi laissé sa trace dans les
écrits des contemporains. Strada la mentionne vaguement
en alléguant une lettre d'Alexandre Farnèse (3); Mai lin del
Rio semble y croire (4). Parmi les historiens protestants, Du
Plessis-Mornay l'affirme en faisant remonter la responsa-
bilité du crime à un ami du prince d'Orange et des États (5).
Brantôme, à l'affût des récits romanesques, place le poison
dans une paire de bottines parfumées, en y mêlant une
histoire d'amour que le grave Burleigh reproduit dans son
Liber memorialis mortuoriim (6).
(1) Arcb. de Simancas.
("2) Se admiraron mucho de ver la corrupcion tan inutisada y nuDca
vista, aunque algunos dixeron que en otros se habia vislo que habian
muerlo de veneno. Rel. du Dr Ramierz.
(A) In corpore extitisse non obscura veneni vestigia affirmant qui vide-
runt. Strada, 1. X.
(3) Cerlior fides veneni quorumdam animos occupavit. Mart. del Rio,
t. III, p 318.
(5) Du Plessis-Mornay parle d'un Marseillais qui aurait reçu de l'abbé
de Sainle-Gertiude vingt mille florins pour empoisonner don Juan.
(6) Brantôme, t. Il, pp. 129 et 130 ; Murdw, p. 745.
( 134 )
Le poison, cette fois, n'était pas nécessaire pour expli
quer la fin de don Juan ; son séjour aux Pays-Bas n'avait
été qu'une longue agonie. Le corps devait se briser sous
l'effort d'une imagination aussi ardente.
Les funérailles de don Juan furent célébrées avec une
grande pompe à Namur. On avait placé sur son front la
couronne ducale, à ses'piedsses gants et son casque. Toute
l'armée était réunie pour lui rendre les derniers honneurs,
et il n'était point de soldat qui ne versât des larmes (1).
Henri 111 et Catherine de Médicis adressèrent à Phi-
lippe II de solennelles lettres de condoléance (2). L'archi-
duc don Ferdinand fit demander qu'on lui envoyât, comme
souvenir de don Juan, quelques-unes désarmes qu'il avait
portées (5).
Enfin, le 50 novembre 1578, Philippe II, exauçant le
dernier vœu de don Juan, donna l'ordre de l'ensevelir
près de Charles-Quint au monastère de Saint-Laurent (4).
Pour se conformer à ces instructions, le prince de Parme
résolut d'entourer du plus grand secret (5) l'envoi de ces
nobles dépouilles. Elles traversèrent la France mêlées aux
bagages de don Gabriel de Çuniga (6); et ce fut seulement
quand elles furent arrivées à l'Escurial, que l'on réunit les
ossements, d'après le récit de Strada, pour étaler sur un
lit de parade tout ce que la poussière terrestre conservait
encore de la glorieuse image du fils de Charles-Quint (7).
(1) Lettre de J.-B. Taxis, du 13 oclohre 1578 (Arch de Simancas);
Brantôme, t. I, p. 518.
(2) Arch. de Simancas.
(5) Lellre de J.-B. Taxis, du 2 octobre 1578. (Arch de Simancas.)
(4) Arch. de Simancas.
(5) Con gran secrelo y disimulacion.
(6) Lettre du prince de Parme, du 9 janvier 1579. (Arch. de Simancas.)
(7) Strada,!. IX.
( i35 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 5 février 1885.
M. Paulf, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, vice- directeur ; Jos. Geefs,
C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Alph. Balat, le chevalier L. de
Burbure, Ad. Siret, Al. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel,
Jos. Schadde, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays,
Charles Verlal, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans,
membres; Joseph Slallaert, Al. Markelbach, le chevalier
Edm. Marchai et Jos. Du Caju, correspondants.
MM. Mailly, membre de la Classe des sciences, et Chalon,
membre de la Classe des lettres, assistent à la séance.
Au début de la séance, M. le directeur souhaite la bien-
venue aux nouveaux élus qui assistent à la réunion :
MM. Hymans et Joseph Du Caju. — Applaudissements.
CORRESPONDANCE
M. Peter Benoit écrit que la maladie de sa mère l'em-
pêche d'assister à la séance.
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics adresse une expédition de l'arrêté royal
du 21 janvier, qui approuve l'élection de M. H. Hymans
en qualité de membre titulaire.
( 136 j
— La Classe a reçu des lettres de remercîments de
MM. Hymans, élu membre; Du Caju, élu correspondant;
Reynold Begas, de Linas, de Neurcuther, Milanesi et
Saint-Saëns, élus associés.
— M. Mignon soumet à l'appréciation de l'Académie le
buste en marbre de feu Scbmerling, ancien correspondant
de la Classe des sciences, qui lui a été commandé par le
Gouvernement pour la Galerie des bustes du palais des
Académies. — La section de sculpture estime que cette
œuvre mérite d'être reçue; cet avis, partagé par la Classe,
sera transmis à M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Indus-
trie et des Travaux publics.
— M. Ch. de Linas, associé à Arras, offre un exem-
plaire d'un extrait de la Revue de l'art chrétien : Le trip-
tyque byzantin de la collection Ilarbaville à Arras.
M. Jean Rousseau, inspecteur général des beaux-arts au
Ministère de l'Agriculture, fait hommage d'un exemplaire
de son ouvrage intitulé : Hans Holbein (2 portraits et
35 gravures). Paris, 1885; in-4°. — Remercîments.
ÉLECTION.
M. Henri Hymans est élu délégué de la Classe des
beaux-arts auprès de la Commission pour la publication
d'une Biographie nationale, en remplacement de M. Balat,
démissionnaire.
CAISSE CENTRALE DES ARTISTES.
M. Alvin, trésorier de l'Institution, donne connaissance
de la situation financière de la caisse pour l'année "1884.
( 137 )
La Classe vote des remercîments à M. Alvin, ainsi qu'au
secrétaire, M. Fétis, pour la manière dont ils ont géré les
intérêts de la Caisse des artistes pendant l'année écoulée.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Bambeke [Ch. Van). — Noie sur une inclusion rencontrée
dans un œuf de poule. Gand, 1884; extr. in-8° (14 p., 1 pi.).
Delbœuf et Roersch. — Eléments de grammaire française à
l'usage de l'enseignement moyen. Liège, 1885; in-8° (146 p.).
Nolet de Brauivere van Steeland (J.). — Het menschdom
verlost van L. De Coninck, critisch aan- door- en omgehaald.
Anvers, 1884; extr. in-8° (73 pages).
Schiffers (F.). — Compte rendu des travaux et de la situa-
tion de la Société médico-chirurgicale de Liège pendant l'année
1884. Liège, 1884; in-8° (16 pages).
— Syphilis laryngée. — Emploi de l'acide chromique dans
l'œdème de la glotte. Liège, 1844; extr. in-8° (4 pages).
— Sténose du larynx. Liège, 1884; extr. in-8° (4 pages).
— Cartilage aryténoïde nécrosé et rejeté pendant la vie.
Liège, 1884; extr. in-8° (2 pages).
Voltolini (Le DT). — De l'épistaxis, traduit de l'allemand par
F. Schiffers. Liège, 1884; extr. in -8° (8 pages).
Stroobant (Paul). — Sur l'agrandissement apparent des
constellations, du soleil et de la lune à l'horizon. Bruxelles,
1885; extr. in-8° (15 pages).
Hock (Aug.). — Liège au XIX0 siècle : Les transformations.
Liège, 1885; in-8°(262 pages).
Massy (A.). — Glossaire du roman de Sctna. [Gand, 1885];
in-4° (16 pages).
Descamps (E.). — Les fêtes jubilaires célébrées à l'occasion
( 158)
du cinquantième anniversaire de l'Université catholique de
Louvain : Compte rendu général. Louvain, 1884; in-4° (164 p.).
Rousseau (Jean). — Hans Holbein , ouvrage accompagné de
deux portraits de Hans Holbein et de 55 gravures d'après les
œuvres du maître. Paris, 1885; in-4° (72 pages). [Biblioth.
d'art ancien.]
Verstraeten (Théod.). — Les eaux anciennes et les eaux
actuelles de Bruxelles. Bruxelles, 1884; in-8° (79 p , 19 pi.).
Putsage (/.). — Le déterminisme et la science rationnelle.
Un mot à propos de la discussion contradictoire entre M. A.
Réville et M. A. Cappelle. Bruxelles, 1885; extr. in-8° (107 p.).
Ministère de l'Agriculture, etc. — Bulletin de la fédération
des sociétés d'horticulture de Belgique, 1882. Bruxelles, 1884;
vol. in-8°.
Ministère de l'Intérieur et de l'Instruction publique
(Administration du service de santé et d'hygiène publique). —
Loi, arrêtés et règlements relatifs à l'art de guérir. Bruxelles,
1885; br. in-8° (5 exempl.).
Société chorale et littéraire des Mélophiles de Hasselt. —
Bulletin de la section littéraire, 20e volume. In-8°.
Société de médecine de Gand. — Livre jubilaire à l'occasion
du cinquantième anniversaire de sa fondation. Gand, 1884;
vol. gr. in-8°.
Club Alpin belge. — Bulletin, n° 5. Bruxelles, 1885; in-8°.
Société géologique de Belgique. — Annales, t. XI, 1885-84.
Liège, vol. in-8°.
Observatoire royal de Bruxelles. — Annales, 2e série :
Annales météorologiques, t. IL In-4°.
Allemagne et Autriche-Hongrie.
Reumont (Alfr. de). — Kaiser Karls V. Krônung in Aachen,
beschrieben von Baldassar Castiglione. Aix-la-Chapelle, 1885;
extr. in-8° (24 pages).
( 159 )
Lasaulx(A. von). — Der Granit unter dem Cambrium des
hohen Venn. Bonn, 1884; extr. in-8° (55 pages).
Physikal.-medic. Gesellschafl. — Sitzungsberichte, Jahr-
gang 1884. — Verhandlungen, neue Folge, XVIII. Band.
Wurzbourg; in-8°.
K. ungar. geolog. Anstall. — Mittheilungen, Band VII.
2. — Evkonyve I; V, I; VI, 2; VII, 2. — General Index
sâinnitbiclier Publicationen (1852-82). Budapest, 1871-84; 8°.
Nussauischer Verein fur Naturkunde. — Jahrbùcher,
Jabrgang 57. Wiesbaden, 1884; in-8°.
Gesellschaft naturforschender Freunde, Berlin. — Sit-
zungs-Berichte, 1884. Berlin; in-8°.
Senckenbergische naturforschende Gesellschaft. — Bericht,
1884; inr8°.
Naturforschende Gesellschaft, Freiburg i. Br. — Berichte,
Band VIII, 2. In-8°.
Universitât, Marburg. — Akademische Schriften. 06 br.
in-8° et in-4°.
Naturwissenschaftlicher Verein, Hamburg. — Abhandlun-
gen, Band VIII, 1-5. In-4°.
Universitât, Tùbingen. — Akadcmiscbe Schriften, 1884;
26 br. in-8° etin-4n.
Amérique.
Surgeon gênerai 's office. Annual Beport, 1884. — Washing-
ton; in-8°.
War Department : Signal office. — Professional papers,
n° XIV. Washington, 1884; in-4°.
Sociedad mexicana de historia natitral. — La Naturaleza,
tomo VI, 21-24; VII, 1. Mexico, 1885-84; in-4°.
Academy of nalural sciences. — Journal, vol. IX, part 1.
Philadelphie, 1884; in-4°.
Academia naeional de ciencias en Cordoba. — Boletin,
t. VII, 1. In-8°.
( 140 )
France et Algérie.
Bouillet («/.). — Précis d'histoire de la médecine; avec une
introduction par A. Laboulbène. Paris, 1883; vol. in-8°.
Linas (Ch. de). — Le triptyque byzantin de la collection
Harbaville, à Arras. [Paris], 1885; extr. in-4° (28 p. pi.)
Jannetlaz (Ed.). — Les Roches, description et analyse de
leurs éléments minéralogiques et de leur structure. Paris,
1884; vol. in-16 (486 p., grav., pi. et cartes).
Meunier (Stan.). — Traité de paléontologie pratique, gise-
ment et description des animaux et des végétaux fossiles de
la France. Paris, 1884; in-16 (vignettes et cartes).
Gannal (Dr). — Les cimetières, 2e fasc. Paris; in-8°.
Saporta (Le Mu de). — Les organismes problématiques des
anciennes mers. Paris, 1884; in-4° (100 p. pi.).
Fromentin (l'abbé). — Essai historique sur les abbés de
l'abbaye de Saint-Silvin d'Auchy-les-Moines, ordre de Saint-
Benoit au diocèse de Boulogne, nouvelle édition. Arras, Paris,
1882; vol. in-8° (592 pages).
Académie d'Hippone. — Bulletin n° 19 avec supplément :
Table générale des documents épigraphiques publiés par
l'Académie de 1865 à 1884. Bône ; in-8°.
Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon.
— [Publications pour] 1885. In -8°.
Société d'agriculture, etc. Douai. — Souvenirs de la Flan-
dre wallonne, 2e série, t. IV. 1884. In-8°.
Société libre d'émulation, Rouen. — Bulletin, 1883-84. In-8°.
Société d'émulation d'Abbeville. — Bulletin, 1881-85. In-8°.
Société d'émulation du Doubs. — Mémoires, 5e sér , t. VIII.
Besançon; in-8°.
Société linnéenne de Bordeaux. — Actes, 4e série, t. VII
In-8°.
Société des antiquaires de Picardie. — Mémoires, t. X.
Amiens, 1885; vol. in-4°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE KOYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1885. — N° 5.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 7 mars 4885.
M. Morren, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. Éd. Mailly, vice-directeur; J.-S. Stas,
L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de
Selys Longchamps, Melsens, G. Dewalque, H. Maus,
E. Candèze, Ch. Montigny, Brialraont, Éd. Dupont, Éd.
Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Fr. Crépin, J. De Tilly,
F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, Alf. Gilkinet, G. Van
der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Catalan,
associé; M. Mourlon, V. Masius, A. Renard et P. De Heen,
correspondants.
3me SÉRIE, TOME IX. il
( 1^2 )
CORRESPONDANCE.
M. John G. Bourinol, secrétaire honoraire de la Société
royale du Canada, à Ottawa, invite l'Académie, au nom
du conseil de la Société, à envoyer des délégués à la qua-
trième session annuelle qui s'ouvrira le 19 mai prochain,
dans le palais du Parlement, à Ottawa.
— M. le baron A.-E. Nordenskïold accuse réception
de son diplôme d'associé.
— L'Académie de Stanislas à Nancy envoie le pro-
gramme des concours pour le prix fondé par M. le
Dr Herpin, de Metz (questions scientifiques, agricoles, etc.,
se rapportant particulièrement à la Lorraine), et pour le
prix de chimie appliquée fondé par M. Paul Bonfils.
Le délai pour la remise des manuscrits relatifs au prix
Herpin expire le 31 mars prochain; celui pour le prix
Bonfils, le 1er mars 1886.
— M. Alhanase Boblin. à Paris, envoie une note de
géométrie intitulée : Transformation des cas illusoires
de la moyenne proportionnelle en solutions réelles. —
Dépôt aux archives.
La Classe accepte encore le dépôt dans les archives d'un
pli cacheté de MM. Froville et A. Brachet, de Paris, con-
tenant une noie sur un nouvel éclaireur sous-marin.
— M. le secrétaire perpétuel présente, au nom du
comité directeur, le 3e fascicule du tome V des Annales
astronomiques de l'Observatoire royal de Bruxelles.
( 1« )
Ce fascicule contient :
1° Les passages de 2,142 étoiles, observées à la lunette
méridienne, dans le courant de Tannée 1882;
2° Le catalogue des ascensions droites déduites de ces
observations, ramenées à l'époque 1882, 00;
3° Les phénomènes des satellites de Jupiter, observés
en 1885 et 1884, à l'aide de l'équalorial de 15 centimètres;
4° Deux planches de dessins de la lune, d'après les
observations faites au même équatorial en 1881, 1885
et 1884;
o° Enfin, une étude de la région rouge (A.-C.) du
spectre solaire. — Remercîmenls.
La classe reçoit encore, à titre d'hommage, les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vote des remercîmenls
aux auteurs :
1° Notice sur les lois du frottement, par G.-A. Hirn,
associé de la Classe;
2° a. Jean-Baptiste- André Dumas; b. Zur Erinnerung
an Jean-Baptiste-André Dumas, par A.-W. Hofmann,
associé de la Classe;
5° L'anlipyrine dans le rhumatisme articulaire, par
Masius;
4° L'anchyloslome duodénal, dans le bassin de Liège,
par Masius et X. Francotte;
o° Théorie de V élimination entre deux équations algé-
briques au moyen des déterminants, par P. Mansion ;
« Cet opuscule, écrit M. Mansion, est formé de la
réunion de cinq notes publiées en 1878 et 1879 dans le
Bulletin de l'Académie.
Mais les notes I et II sont réimprimées avec quelques
additions où se trouvent indiquées les modifications à faire
subir à la théorie générale pour qu'elle s'applique au cas
( 144 )
où l'une ou l'autre équation a des racines égales, ces
racines égales étant parmi les racines communes. Ces
additions sont si peu nombreuses que nous avons cru
inutile d'en faire l'objet d'une note spéciale. *
6° Malhesis, recueil mathématique, par P. Mansion et
J. Neuberg, tome IV;
7° Recherches sur la composition et la structure des
phyllades ardennais, par A. Renard;
8° Note sur le mode d'origine des roches cristallines
de l'Ardenne française, par Ch. de la Vallée Poussin et
A. Renard;
9° Recherches analomiques sur les organes végétatifs
de /'Urtica dioica, par A. Gravis;
10° Les divisions du système éozoïque de l'Amérique
du Nord, par T. Slerry Hunt.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Note cristallographique sur la chaux carbonatée de
Blaton, par M. Sansoni, professeur à l'Université de Pise.
— Commissaires : MM. Dewalque et Renard;
2° Note concernant la recherche des moments fléchis-
sants et des efforts tranchants qui se produisent dans une
poutre appuyée à ses extrémités et fléchie sous l'action
d'une surcharge mobile; par le capitaine du génie
G. Léman. — Commissaires : MM. De Tillv, Catalan et
Liagre;
3° Réclamation de priorité pour un voltamètre, par A.
Daussin, à Fives-lez-Lille. — Commissaire : M. Monligny.
4° Sur certains développements en séries, par J. Deruyds,
assistant à l'Université de Liège. — Commissaires :
MM. Catalan et Mansion.
( 145 )
RAPPORTS.
Sur l'avis favorable de M. Liagre, le Bulletin comprendra
une note de MM. L. Niesten, astronome, chef de service,
et E. Slupaert, astronome adjoint à l'Observatoire royal,
renfermant leurs observations sur les comètes Wolf et
Encke, faites dans cet établissement avec l'équalorial de
0m,15.
COMMUNICATIONS ET LECTURES
Un mot sur les deux Balénoptères d'Oslende de 4827
et de 18S5; par P.-J. Van Beneden, membre de l'Aca-
démie.
J'ai l'honneur de communiquer cette note à l'Académie,
non pas pour faire connaître le nom de la Balénoptère
qui a été trouvée morte en mer, le 8 février dernier, mais
pour consigner dans nos Bulletins la date de celte capture,
et pour comparer l'animal avec la Balénoptère trouvée en
mer en 1827, au sujet de laquelle les journaux de l'épo-
que ont fait tant de bruit.
Je profilerai de l'occasion pour dire un mot de la balé-
noptère capturée au mois de novembre dernier à Saint-
Tropez, dont j'ai eu l'honneur d'entre tenir l'Académie à
la séance du 15 décembre.
Le nom de la nouvelle Balénoptère d'Ostende est suffi-
samment connu. Mon fils a pu, d'après les renseignements
( 146 )
qu'il avail reçus, le jour même de la capture, sur la lon-
gueur de ranimai, la présence des plis sous la gorge et sur
la nageoire que celui-ci portait sur le dos, écrire, dans un
journal, que le nouveau monstre marin ne pouvait être
qu'une Balenoptera musculus.
L'examen de visu a pleinement confirmé cette détermi-
nation; la nouvelle baleine d'Ostende est bien le cétacé
que l'on a appelé Balenoptera communis pendant quelques
années, ou bien Physalus antiquorum, d'après le docteur
Gray, ou encore Rorqual de la Méditerranée d'après Cuvier.
C'est le nom spécifique de musculus qui a prévalu comme
le plus ancien.
C'est l'espèce qui tous les ans quitte au printemps la
côte du Groenland, arrive avec la grande Balénoptère bleue
dans les eaux d'Islande vers le mois de mai, suit alors le
Gulf-Slream jusqu'au delà du cap Nord, et devient, sur la
côte septentrionale de la Laponie, l'objet d'une chasse
régulièrement organisée pendant les mois d'été.
Si, de temps à autre, on voit des individus isolés se per-
dre sur l'une ou l'autre côte de la mer du Nord , de la
Baltique ou de la Méditerranée, il est à supposer que ce
sont des individus blessés ou répudiés par leur gamme et
qui n'ont pu rester dans la communauté.
Trouve-l-on encore cette espèce dans d'autres mers que
les mers d'Europe ?
En parlant, dans une des dernières séances de l'Acadé-
mie, de la petite Balénoptère, connue aujourd'hui sous le
nom de roslrata, nous avons énuméré les mers diverses
dans lesquelles celle espèce a élé reconnue.
A notre avis, cette petite Balenoptera rostrata habite
les océans des deux hémisphères.
Nous pouvons en dire autant de la Balenoptera mus-
( '47 )
culus, la prétendue espèce méditerranéen ne; c'est bien,
pensons-nous, la même que Burmeisler a signalée sur les
côtes de la République Argentine sous le nom spécifique
de Palachonka, la même encore que le capitaine Scam-
mon a l'ait connaître au nord du Pacifique, sous le nom
de velifera, la même enfin que James Hector a signalée,
dans les eaux de nos antipodes, sous le nom de Physalus
australis.
Nous ferons remarquer également que, partout où l'on
a pu disposer de matériaux suffisants de comparaison,
on a reconnu, dans l'océan Pacifique, dans la mer des
Indes comme dans le grand océan Austral, trois ou
quatre espèces de grandeurs différentes qui, par tous
leurs caractères, rappellent parfaitement nos espèces euro-
péennes.
Mon fils avait déjà fait cette observation, il y a plusieurs
années, en visitant le Musée de Buenos-Ayres, où Bur-
meisler avait réuni les squelettes des principales espèces
qui visitent les côtes de la République Argentine.
La Balénoptère qui a fait tant de bruit en 1827, et dans
la charpente de laquelle on avait donné des fêtes de diffé-
rents genres, a été trouvée morte en mer entre Ostende et
Douvres, comme celle de cette année. Elle avait plus de
80 pieds de longueur; celle de cette année n'en a que 60.
Son squelette, monté dans une cage en bois, a été exhibé
à Paris, à Londres et dans les diverses capitales de
l'Europe.
Malgré la bonne conservation du squelette, aucun natu-
raliste de l'époque, pas même Cuvier, n'a osé se prononcer
sur le nom que cet animal devait porter dans la science. A
Bruxelles, on publia de nombreuses brochures à son sujet;
( *48 )
Vanderlinden disait avec raison qu'il devait former une
espèce nouvelle, mais les éléments d'une discussion véri-
tablement scientifique faisaient défaut, puisque les sque-
lettes des grands cétacés manquaient partout, même dans
les plus grands musées*
A l'époque oùCuvier étonnait le monde par ses brillantes
découvertes, les animaux marins étaient généralement
négligés et le Muséum d'histoire naturelle de Paris ne pos-
sédait pas un squelette ni même le crâne de la Baleine qui,
pendant deux siècles, avait fait la fortune de plusieurs
nations maritimes.
Le British Muséum, seul, possédait un crâne de ce grand
animal, et Cuvier était obligé d'envoyer Laureillard à
Londres pour y dessiner le seul reste connu de cet inté-
ressant célacé.
On possédait, il est vrai, au Muséum de Paris, quelques
squelettes plus ou moins complets, que le hasard avait
fait échouer sur les côtes françaises; mais on confon-
dait les espèces les plus ordinaires; on croyait encore à
l'existence de formes imaginaires, et les Gibbar étaient
séparés des Jubartes, à la suite de renseignements mal
interprétés sur la bosse et le dos voûté du cétacé, connu
aujourd'hui sous le nom de Megaptera boops.
Qu'il me soit permis de faire remarquer que c'est sur-
tout aux travaux persévérants de feu mon ami Eschricht
que la science doit les grands progrès qui ont été accom-
plis dans cet ordre de mammifères.
Il y a une dizaine d'années, une baleine, une vraie
baleine avec son rostre courbé et ses longs fanons, échoue
dans le golfe de Tarenle. Le professeur Capellini croit
que c'est une espèce nouvelle, qui aurait émigré de l'autre
( 149 )
hémisphère, et propose de lui donner le nom de Balœna
tarentina. Sans avoir vu autre chose que la description,
nous émettons un doute sur cette détermination et nous
ne craignons pas de dire que cet animal ne pouvait venir
de l'autre hémisphère; les Baleines, disions-nous, ne fran-
chissent pas la ligne el notre hémisphère n'ayant que deux
espèces au nord de l'Atlantique, l'une des glaces polaires
et l'autre des régions tempérées, cette prétendue nouvelle
baleine ne peut être que la Baleine des Basques, la même
qui visitait autrefois régulièrement le golfe de Gascogne.
Nous avons parlé avec la même assurance d'une baleine
qui avait été capturée en 1881 sur les côtes de Gharleston
et dont un journal illustré américain avait reproduit la
photographie.
L'étude que le professeur Gasco est allé faire à Copen-
hague, où se trouve le seul squelette connu jusqu'alors de
la Baleine des Basques, et la comparaison que l'on a pu
établir avec les squelettes connus aux États-Unis d'Amé-
rique, ont pleinement confirmé notre détermination.
Les naturalistes sont aujourd'hui parfaitement d'accord
sur le nom que la Balénoptère amenée à Ostende en 1827
doit porter; celte Balénoptère appartient à une espèce qui
visite régulièrement pendant l'été, comme nous le disons
plus haut, les côtes de Laponie, où elle est connue sous
le nom de Blaahval (Baleine bleue). Le nom scientifique
de Balenoptera Sibbaldii a prévalu. Nous avions proposé
pour la désigner le nom de Balenoptera gigas. La Baleine
bleue est, en effet, le plus grand animal de la nature
actuelle.
Nous avons pu apprendre à la Classe, il y a une dizaine
d'années, que le célèbre squelette de la baleine d'Oslende
( 150 )
(1827) se trouve au Jardin zoologique de S'-Pélersbourg.
Exposé en dernier lieu à Kasan, un Magnat l'a acheté
pour en faire don à l'Académie des sciences de S'-Péters-
bourg.
Le 29 novembre de l'année dernière, un ■'■ I.ij
capturé dans le golfe de Cavalaire (côtes méditerranéennes)
et nous avons eu l'honneur, quinze jours après, d'entrete-
nir l'Académie de ce cétacé, qui n'a pas plus de 5m,50 de
longueur. J'avais rapporté cet animal à la Balenoplera
rostrata, dont on connaît maintenant plusieurs captures
dans la Méditerranée. Le Muséum d'histoire naturelle de
Paris en a fait l'acquisition et M. Beauregard a pu compter
le nombre de vertèbres, qui s'élève à 62. La Balenoplera
rostrata n'en a que 48.
Je m'étais basé, pour faire cette détermination, sur des
renseignements qui m'avaient été fournis et qui se sont
trouvés inexacts, notamment en ce qui concerne la cou-
leur des fanons. Il semble, d'après la communication que
M. Beauregard a faite à la Société de biologie, qu'il s'agit
bien d'une Balenoplera musculus venant de naître. C'est,
jusqu'à présent, le seul exemple connu d'une Balénoptère
qui ait mis bas dans la Méditerranée, quoique l'on pos-
sède plusieurs exemples déjà de femelles pleines capturées
dans cette mer intérieure.
Dans le courant du mois de février, M. le professeur
Pouchet a communiqué à l'Académie des sciences de Paris
une note sur les derniers échoiiements de cétacés qui ont
eu lieu sur les côtes de France et il signale cinq Balenop-
lera musculiis capturées ou échouées depuis la mort de
son prédécesseur Paul Gervais, quatre sur la côte Ouest,
une sur la côte de la Méditerranée.
( isi )
Le savant professeur du Muséum se demande dans cette
note si l'exemplaire du golfe de Cavalaire est un hybride
ou s'il appartient à une race particulier de Balenuptera
musculus. M. Pouchel pense que la baleine de cette espèce
doit avoir de 6 à 7 mètres en venant au monde; 5m,30
seraient trop peu pour un animal de 20 mètres à l'état
adulte. Nous ferons remarquer qu'il n'est pas exact de
dire que le jeune des Balénoptères doit avoir, en naissant,
le tiers de la longueur de l'adulte. Le professeur Turner
a trouvé dans une Balenoptera Sibbaldii de 80 pieds,
échouée sur les côtes d'Ecosse, un fœtus qu'il croit à terme
et qui mesurait 20 pieds de longueur, juste le quart de la
longueur de la mère.
Les baleiniers assurent que les Mégaptères, qui attei-
gnent 60 pieds de longueur, ont de 14 à 16 pieds en
venant au monde, 30 en quittant la mère et 60 à l'état
adulte.
Si l'on se fonde sur ces observations et d'autres
renseignements recueillis sur diverses espèces, la jeune
Balénoptère de Cavalaire ne serait pas trop petite pour
appartenir à la Balenoptera musculus.
La capture dans la Méditerranée d'un animal, quelques
jours après sa naissance, nous paraît avoir un intérêt
scientifique plus grand que si on avait eu à compter
une jeune Balenoptera rostrata de plus dans cette mer
intérieure.
( 152 )
Observations de la comète Wolf, faites à l'Observatoire de
Bruxelles, à l'équatorial de 0m,45 ; par L. Niesten,
astronome, chef de service, et E. Sluyvaerl, astronome
adjoint.
ETOILES DE COMPARAISON.
A<x
A<?
25
26
9
21
2
22
23
24
25
26
9
14
14
15
15
15
16
19
Septembre 1884.
Weisse 2 21h,473
B. B. VI , 19»,4698
Octobre.
Glasgow 5534 .
S.
N S,
19 Pegasi .
N. S
N. S.
Glasgow 5658 =
18 Pegasi . .
N. S.
kl.
N. S.
Id.
N. S.
Id.
N.
Novembre.
Glasgow 5864
Glasgow 5880 = 62 Aquarii, rç .
Glasgow 5930
Glasgow 5936 (1)
Glasgow 5930
Glasgow 5936
Glasgow 5963
Glasgow 5963
Glasgow 6013
N.
S.
N. S.
N. S.
N. S.
N. S.
N. S.
S.
S.
— 3™22»25
— 12,00
1 36,30
5 50,00
4 5,75
3 47,50
1 17,00
33,00
2 18,75
4 12,70
- 1
28,00
6,75
51,50
1,00
3 14,75
2 25,25
2 27,50
11,00
17,75
3' 3»8
9 5.4
-f- 16 34,6
- 8 49,2
- 29 21,5
- 5 41,0
-4- 37 43,5
-4- 41 34,6
- 17 38,5
- 48 58.0
- 30 11,4
-h 54 10,0
-4- 3 1,72
-+- 16 10,06
- 17 52,60
- 4 48,50
- 26 48,50
- 41 0,0
-4- 26 6,2
(4) D'après les observations de la comète faites le 14 et le 15 novembre, avec
différentes étoiles de comparaison, il résulterait que la position de Glasgow 5956
serait de l' trop faible en déclinaison.
( 153 )
Positions des étoiles de comparaison.
Dates.
ARmoy. 1884,0
Réd. auj.
S moy. 1884,0
Réd. au j.
Autorité.
Septembre 1884.
25
21»21»18'23
+ 3»39
+ 20°42'45»90
+ 30"4
Weisse8.
26
21 18 48,73
4- 3,36
-4- 19 34 21,10
+ 30,0
B. B.
Octobre.
9
21 32 55,21
+ 3,28
-4- 13 9 43,40
+ 29,8
Glasgow.
21
21 55 23,77
+ 3,18
4- 7 41 59,27
+ 28,7
B. A. C.
22
21 55 23,77
+ 3,18
-t- 7 44 59,27
+ 28,7
B. A. C.
22
21 55 4,69
-4- 3,18
-4- 7 47 47,02
+ 28,5
Glasgow.
23
21 54 20,14
+ 3,46
+ 69 42,53
+ 28,4
Glasgow.
24
21 54 20,14
+ 3,16
+ 69 42,53
+ 28,1
Glasgo .
25
21 54 20,14
+ 3,16
+ 69 42,53
+ 28,4
Glasgow.
26
21 54 20,14
-4- 3,16
+ 69 42,53
+ 28,4
Glasgow.
ISot
remtore.
8
22 26 36,84
+ 3,16
+ 0 59 46,68
+ 26,4
Glasgow.
9
22 29 23,59
+ 3,47
— 0 42 54,20
+ 25,5
Glasgow.
44
22 39 1,71
+ 3,46
— 4 20 30,46
+ 25 0
Glasgow.
14
22 39 51,67
+ 3,46
— 4 32 35,82
+ 25,0
Glasgow.
15
22 39 1,71
+ 3,46
— 4 20 30,46
+ 25,0
Glasgow.
15
22 39 51,67
+ 3,46
- 1 32 35,82
+ 25,0
Glasgow.
15
22 44 45,13
+ 3,45
— 4 44 32,12
+ 24,9
Glasgow.
16
22 44 45,13
+ 3,45
- 1 44 32,42
+ 24,9
Glasgow.
19
22 52 16,36
+ 3,44
- 3 0 54,83
+ 23,9
Glasgow.
(
m)
Positions apparentes de la comète.
Dates.
T. M. Bruxelles.
4R app.
â app.
Septembre 1884.
25
101' 4m 508
211' 17m 59.37
+
20° 10' 12"2
26
10 49 12
21 18 40,09
+
19 43 56,5
Octobre.
9
9 15 50
21 31 22,19
+
13 26 47,8
21
10 12 20
21 49 36,95
+
7 33 38,8
22
10 48 15
21 31 21.20
+
7 13 6,5
22
10 48 15
21 51 20,37
-4-
7 12 34,5
23
9 1 30
21 53 6,30
-+-
6 47 54,1
24
8 58 30
21 54 56,30
-H
6 21 44,8
25
7 20 53
21 56 41,91
-4-
5 52 32,0
26
7 40 30
21 58 36,00
+
5 21 12,6
Novembre.
8
10 21 46
22 26 12,00
-+-
0 29 31,4
9
9 11 30
22 28 20,01
■+■
0 11 41,3
14
8 56 33
22 39 56,37
-
1 17 3,4
14
8 56 33
22 39 55,83
-
1 17 0,8(1)
15
9 4 31
22 42 19,62
-
1 37 57,8
15
9 4 31
22 42 20,08
-
1 37 59,3(1)
15
9 4 31
22 42 20,78
-
1 37 55,7
16
8 18 39
22 44 37,28
-
1 52 7,2
19
1 9 32 27
22 52 17,50
-
2 34 24,7
fl) A la déclinaison de Glasgow 5950 on a ajoulé — 1'
( 155 )
Observations de la comète Encke, faites à l'Observatoire
de Bruxelles, à Vêquatorial de 0m,l5 ; par E. Stuyvaert,
astronome adjoint.
Dates.
ÉTOILES
DE COMPARAISON.
A«
àl
Janvier 1885.
18
D.iM.
H- 5^5157
— 6«3
— 9'58''9
23
D. M.
-4- 5?5165
-4- 1">28,37
-4- 4 8,2
29
D. M.
-H 6:5174
- 1 52,3
0 0,0
Février.
2
D M.
+ 6'.'5183
- 1 35,2
-4- 1 46,7
9
D. M.,
+ 7"o085
■4- 2 56,3
— 20 55,8
Positions des étoiles de comparaison.
Dates.
AK moy. 1885,0
Réd. au j.
D. moy. 1885,0
Réd. au j.
Autorité.
Janvier 1885.
18
23>>13"38»28
-+- 0*08
-H 5" 15' 38"0
-+- 1»83
D. M.
23
23 18 30,74
+ 0,09
h- 5 33 21,3
-4- 1,27
D M.
29
23 30 24,31
-4- 0,17
-4- 6 13 45,3^
-4- 0,53
D. M.
Février.
2
23 36 6,05
— 0,41
H- 6 37 5,1
-4- 0,09
D. M.
9
23 42 20,08
- 0,42
-+- 7 36 54,0
— 0,48
D. M.
( i56 )
Positions apparentes de la comète.
Dates.
T. M. Bruxelles.
AK app.
D. app.
Janvier 1885.
18
7h 21m
23h 13-» 32»06
-t- 5" 5' 40»93
23
6 58 30'
23 19 59,20
-+- 5 37 30,77
29
6 31
23 28 32,18
+ 6 13 45,83
Février.
2
6 24
23 34 30,44
-+- 6 38 21,89
9
6 23
23 45 15,96
1
-+- 7 15 57,72
Aspect physique.
48 janvier. La comète se présente comme une faible
tache nébuleuse, sans noyau brillant, à peine visible,
23 janvier. La présence de la Lune gêne considérable-
ment les observations. Comète nébuleuse diffuse, tache
laiteuse.
2 février. La Comète a considérablement augmenté en
éclat et en dimensions, au point qu'on la soupçonne
dans le chercheur de l'équatorial. Sans avoir de noyau
brillant, elle présente cependant un éclat plus vif vers le
centre.
9 février. Ou croit distinguer un petit noyau brillant
vers le centre de la Comète.
( *»7 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 2 mars Î885.
M. Ch. Piot, directeur, président de l'Académie.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. P.Willems, vice-directeur ; Gachard,
P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Letlenhove,
Thonissen, Th. Juste, Alph. Waulers, Ëm. de Laveleye,
Alph. Le Roy, A.Wagener, F. Tielemans, G. Rolin-Jaeque-
myns, S. Bormans, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, A. Scheler,
P. Henrard, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland,
Alph. Rivier, associés; J. Gantrelle et A. Henné, corres-
pondants.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Acadé-
mie, un exemplaire des ouvrages suivants :
1° Inventaire analytique des archives des Etats de Hai-
naut, par Léopold Devillers. Tome Ier ;
2° Nouvelles lettres d'Italie (1883-1884), par Emile de
Laveleye;
3° Histoire parlementaire de la Belgique, continuée par
3°" SÉRIE, TOME IX. 12
( *58 )
Paul Hymans, 2e série (1880-1890), 4e fascicule, session
ordinaire de 1883-1884. — Remercîments.
La Classe reçoit, à litre d'hommage, les ouvrages sui-
vants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs :
1° A. Rapport du Ministre de la Justice sur l'adminis-
tration de la justice en Suède, en 1885, en langue sué-
doise avec un résumé en français; B. Rapport du conseil
d'administration des prisons du royaume de Suède,
en 1885, en suédois, avec une table des matières en fran-
çais (ouvrages offerts par M. C. d'Olivecrona, associé de la
Classe, à Stockholm) ;
2° Dergi Hese jakôn gôsa de wasimbuhangge, extraits
traduits par C. de Harlez (Décrets de l'empereur Yong'-
Cing, entre 1723 et 1736, adressés aux huit bannières, et
rapport des mandarins) ;
3° Cour d'appel de G and. De l'histoire du droit et de
son étude actuelle dans les Pays-Bas. Discours de M. J. La-
meere;
4° Le papyrus de Nebseni, exemplaire hiéroglyphique
du Livre des morts conservé au Brilish Muséum, traduit
par A. Massy, avocat (présenté par M. Wagener) ;
5° Charles Dubourg. Fables nouvelles;
6° Étude biographique, littéraire et bibliographique sur
Olivier de la Marche. Position de la thèse soutenue à
l'École nationale des chartes, par Henri Stein (présenté par
M. Piot);
7° Una cronaca siciliana inedita del secolo XIV, e il
codice Qq E 24 délia bibliolheca comunale di Palermo ,
par S. V. Bozzo;
8° Ciulo d'Alcamo; la defensa, gli agostari e il giura-
( i59 )
mento del contrasto... di V. di Giovanni (ces deux derniers
ouvrages sont présentés par M. Le Roy);
9° Eléments d'archéologie chrétienne, par le chanoine
Reusens, 2e édition, tome Ier. — Cet ouvrage est pré-
senté par M. Willems, qui présente aussi une dizaine de
volumes publiés par M. Th.-Ign. Welvaarts, chanoine et
bibliothécaire-archiviste de l'abbaye de Poslel, relatifs à
cette abbaye, à l'histoire de Corsendonck, etc., et dont les
titres sont énumérés ci-après :
Bibliographie.
1° Note lue par M. Wagener en présentant le travail
de M. Massy :
« J'ai eu l'honneur d'offrir à la Classe, dans sa dernière
réunion, un exemplaire du glossaire composé par M. l'avo-
cat A. Massy, de Gand, pour la nouvelle égyptienne connue
sous le nom de Roman de Selna.
Le même égyptologue vient de faire paraître la traduc-
tion d'un des nombreux exemplaires, plus ou moins
différents entre eux, du recueil de prières désigné géné-
ralement comme Livre des morts.
L'exemplaire traduit pour la première fois par M. Massy
a été publié en 1876, par l'administration du British
Muséum, sous le titre de Papyrus de Nebseni.
En effet, ce papyrus, provenant de Memphis et remon-
tant à la XVIIIe dynastie, a été rédigé en l'honneur d'un
scribe nommé Nebseni, rédacteur de la demeure de Ptah,
des temples du Nord et du Sud, etc.
Je n'ai aucune compétence pour apprécier la valeur de
la traduction faite par M. Massy. Mais, sachant depuis
longtemps combien ce jeune érudit est consciencieux, je
( 160 )
suis persuadé, en tenant compte des excellents travaux
qui ont déjà paru en France et ailleurs, sur des textes
analogues, que la version du laborieux avocat gantois doit
offrir des garanties sérieuses d'exactitude.
J'ai l'honneur d'en présenter, au nom de 1'auleur, un
exemplaire à la Classe. »
2° Note lue par M. Le Roy en présentant les ouvrages
de MM. cii Giovanni et Bozzo :
« Une ardente polémique s'est engagée en Italie, depuis
quelques années, autour du nom d'un vieux poète sicilien,
Ciulo d'Alcamo, l'auteur d'une chanson dialoguée, il Con-
traste, dont le sujet rappelle VOaristys de Théocrite et
qui, remontant peut-être aux dernières années du XIIe
siècle, est le plus ancien monument connu de la poésie
italienne proprement dite. Au delà du détroit de Messine,
on est lier duprimato littéraire de la Sicile à l'époque où
l'influence des troubadours provençaux commença de s'y
faire sentir; dans la Péninsule, malgré les témoignages de
Dante et de Pétrarque en faveur des prétentions sici-
liennes, les critiques contemporains en sont venus à se
demander si un Ciulo d'Alcamo a jamais existé ; ils s'éton-
nent, entre autres, du silence des poètesinsulaires pendant
près d'un siècle à partir de l'âge où l'on suppose qu'il a
vécu. La question est des plus intéressantes; ce qui suffi-
rail à le prouver, c'est qu'on remplirait plusieurs rayons
de bibliothèque des écrits de toute provenance où elle est
tournée et retournée sous toutes ses faces. M. di Giovanni,
provoqué par les objections de M. le professeur d'Ancona,
de Pise, vient pour la troisième fois prendre part au
combat, dans un savant mémoire que je mets sous les
yeux de la Classe. Il s'agit d'établir l'âge approximatif du
( 161 )
Contraste. Le mot defensa, au sens de compensation,
amende, se rencontre dans ce petit poème : selon M d'An-
cona, il serait difficile de le retrouver avec cette acception
dans des textes antérieurs à 1251, date des Constitutions
de l'empereur Frédéric II; M. rîi Giovanni multiplie les
citations pour les réfuter. Le montant de la defensa est
indiqué par Ciulo en agostari, monnaies d'or dites augus-
tales : l'auteur sicilien s'attache à démontrer qu'il y a eu
des agostari, connus sous ce nom, avant la frappe du mois
de décembre 1251, postérieure de cinq mois aux Consti-
tutions, et ce par la raison péremptoire que ces pièces
sont mentionnées dans le document impérial : ici une
controverse qui sera bien vue des numismates. Une troi-
sième dissertation est consacrée à la forme de mariage
(un serment sur l'Évangile) signalée dans la Canzone ;
une quatrième enfin est relative au nom de Ciulo, qu'il
faut lire (VAlcamo (ville de la Sicile) et non dal camo;
appel aux paléographes et planche à l'appui. En résumé,
le nouveau travail de notre honorable associé, ne parvînt-
il à convaincre que partiellement les dissidents, atteste
une érudition de bon aloi et répandra une nouvelle lumière
sur un point assez obscur, mais important, de l'histoire
des origines de la littérature en langue vulgaire chez les
nations de race latine.
M. le chevalier S. V. Bozzo, d'autre part, offre à la Classe
un opuscule qui recevra bon accueil des lecteurs de ses
précédentes publications. Il s'agit toujours (1) des événe-
ments qui s'accomplirent en Sicile après la journée des
Vêpres, lorsque la maison d'Anjou eut fait place à la maison
d'Aragon. M. Bozzo passe en revue les principaux chro-
;i) Voir le Bulletin de 1884, nos 9 et 10.
( 16* )
niqueurs de l'île au XIVe siècle et fixe son attention sur
un anonyme dont l'œuvre est encore inédite. Cet écrivain
au style simple et laconique, mais n'en paraissant que plus
digne de confiance, ne doit pas être confondu avec l'ano-
nyme palermitain publié par Martène et Durand; il est
bon de noter aussi que son récit se prolonge jusqu'à
l'année 1578, et qu'il n'a pas seulement consacré sa
plume à l'histoire des princes, mais à l'histoire de la
Sicile; enfin, qu'il ne continue pas les annalistes ses
prédécesseurs, mais traite son sujet d'une façon tout indé-
pendante. M. Bozzo annonce qu'il fera paraître prochaine-
ment une édition critique de ce précieux manuscrit. »
3° Note lue par M. Willems en présentant les ouvrages
de MM. Rensens et Welvaarts :
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de l'au-
teur, M. Éd. Reusens, professeur à l'Université de Louvain,
le premier volume de la 2* édition des Éléments d'archéo-
logie chrétienne, manuel consacré à l'élude des antiquités
religieuses, spécialement de la Belgique, depuis les temps
de l'occupation romaine jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Une première édition de l'ouvrage, publiée en 2 volumes
in-8° entre les années 1871 et 1875, a été rapidement
enlevée par le public. L'auteur, encouragé par ce succès,
vient d'entreprendre une nouvelle édition des Éléments
d'archéologie. Cette réimpression, qu'à bien des égards
on peut appeler un nouveau livre — tant les additions
et les changements sont considérables, — sera désormais
le manuel indispensable de tous ceux qui, en Belgique,
voudront s'initier à la connaissance de nos monuments
( 165)
nationaux, de même que V Abécédaire de de Caumont
forme le yade-mecura obligé de l'archéologue français.
Parmi les parties nouvelles qui figurent dans le premier
volume de cette édition, nous signalerons la description et
l'étude sur le double tombeau chrétien du IIIe siècle,
découvert au mois de janvier 4881, dans l'ancien cimetière
romain de Tongres; l'histoire de l'orfèvrerie et de l'émail-
lerie en Orient et en Occident pendant les douze premiers
siècles de notre ère ; un exposé clair et succinct des résul-
tats des fouilles faites dans les sépultures frankes ou
mérovingiennes des Ve et VIe siècles, que l'on trouve en
si grand nombre dans nos provinces méridionales; une
étude sur le retable d'or de l'abbaye de Slavelot, dont un
dessin fidèle a été retrouvé en 1881; enfin, des notices
variées sur des reliquaires des Ve, VIe et VIIe siècles, sur
les flabella ou disques crucifères, sur les évangéliaires à
miniature, etc.
M. Th.-Ign. Welvaarts, chanoine régulier de l'ordre
Norbertin et archiviste de l'abbaye de Postel, m'a prié de
faire hommage à l'Académie d'un exemplaire des publica-
tions suivantes :
1° Geschiedenis van Corsendonck, 2 deelen, gr. 8°, 263
en 294 bl. Tumhout, 1881;
2° Geschiedenis der abdy van Postel naar hare eigene
archieven, 2 deelen in-8°, 434 bl. Turnhout, 1879;
3° Postel en zijn vroeqere invloed in Nederland, 3 aflev.
1883;
4° Levenschels van den Norberlyn L. van Cannart
d'îlamale, 33 bl. in-8°. Ulrecht, 1884;
5° Levensschets van Herm. Jos. Beugels , hersteller der
Norbertiener Abdy van Postel, 172 bl. in-8°, 2e uitgaaf.
Turnhout, 1881;
( 164 )
6° Reusel, naar de archieven van Postel'* Abdy,\A6 bl.
in-8°. Turnhout, 1877;
7° De Beersche processie naar Scherpenheuvel. s'Herto-
genbosch, 1884;
8° Tweelal gedichten aan den Heer J.-E. Glenisson.
9° Feestmededeeling der dubbel zilveren jubelplechlig-
heid in de Norbertiener Abdy van Postel. Turnhout, 1881.
Ces publications, comme l'on voit, se rapportent plus
spécialement à l'histoire de l'ancienne et célèbre abbaye
de Postel, située dans le N.-E. de la Campineanversoise,
près des frontières du Brabant septentrional, et de l'ancien
couvent de Corsendonck, de l'ordre des Augustins, près de
Turnhout. L'histoire de ces couvents, c'est, peut-on dire,
l'histoire de la Campine pendant le moyen âge. Les publi-
cations de M. Welvaarls sont faites d'après les archives
inédiles de l'abbaye de Postel. Grâce aux nombreux ren-
seignements que l'on y rencontre sur les bienfaiteurs de
ces institutions et sur les abbés et les religieux qui y ont
vécu ou y ont été formés, elles présentent plus qu'un
intérêt purement local. Le savant et laborieux archiviste
prépare en ce moment l'édition d'un Cartulaire de l'abbaye,
dont la publication sera certainement reçue avec intérêt
par nos historiens nationaux. Toutes ces publications sont
écrites en langue flamande, dans le style clair et simple
qui convient le mieux à ce genre de monographies histo-
riques. »
( 165 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur les premiers temps de lliisloire de la Flandre,
par Alph. Wauters, membre de l'Académie.
Les pages que j'ai consacrées, dans le Bulletin de
l'Académie, au Sinus liius, à ce soi-disant golfe imaginé
au XVIe el au XVIIe siècles, ont provoqué des discussions,
je devrais plutôt dire des entretiens, où j'ai eu l'occasion
de dire mon opinion au sujet de l'origine saxonne des
habitants du littoral de la Flandre. Celle origine a été
admise par Gramaye(l), par Boucher (2); elle a été défen-
due par Raepsaet (5); depuis elle a été généralement
acceptée, notamment par Willems, le baron Kervyn de
Letlenhove, Conscience (4), Victor de Rode (5) etc. Elle
(1) Antiquitates Flandriae, p. 162.
(2) Betgium romanum, p 494.
(3) Précis topographique de l'ancienne Belgique, dans les Œuvres
complètes de RaepsaPt, l. III, pp. 106 et suiv.
(4- De kerels van Vlaendcren, dans le Bulletin de l'Académie royale
de Belgique, 2« série, t. XXIX.
(5) Victor de Rode est l'auteur d'un grand travail intitulé : Les ancêtres
des Flamands de France (Annales du comité flamand de France, t. VIN),
où on lit des détails très étonnants. Il paraît que nos côtes maritimes
s'appelaient, antérieurement à l'ère chrétienne, Bussium littus ( • le Lit-
toral des Russes »), désignation que l'on explique en parlant tour à tour
des véritables Russes, des Ruthènes (ou peuple du Rouergue) el des
Beuzen ou géants des anciennes processions de notre pays. Qui donc veut-
on égarer en propageant de pareilles insanités, en les entourant d'un
étalage d'érudition où tout est confondu, où les allégations les plus
bizarres sont acceptées, ici mélangées avec des faits exacts, là combinées
avec des détails étrangers à notre histoire ou puisés dans les autorités les
plus équivoques? Ce que dit Victor de Rode des Saxons et du Littus
Saxonicum (toc. cit., p. 62) est rempli d'erreurs.
( 166 )
ne peut cependant alléguer en sa faveur aucun argument
sérieux, et M. Kervyn, en particulier, a reconnu que les
historiens a de la Flandre n'ont tenu aucun compte de
rétablissement des colonies saxonnes sur nos rivages d (1).
D'autre part, Moke, avec son grand sens historique, la
rejette d'une manière absolue (2), et je partage complète-
ment son avis.
Ici on m'arrête en citant le Littus Saxonicum, dont
l'existence est incontestable. Ce littus, cette côte, quali-
fiée de Saxonne, c'est la Flandre, celle qui se prolongeait
jadis de l'embouchure de l'Escaut jusqu'à Boulogne, englo-
bant Marc, l'ancienne Marca ou Marcac, placée sur le
littoral saxon par la Notice des dignité* de l'Empire,
rédigée vers l'an 400. Mais cet argument n'en constitue
pas un.
Le Littus, en effet, a pris son nom d'un peuple germa-
nique, non parce que celui-ci y habita, mais parce qu'il
était protégé contre lui. De même, en Angleterre, on appe-
lait Mur des Pietés la muraille construite, non par les
Pietés (ou anciens habitants de l'Ecosse), mais par les
Romains pour arrêter les invasions des Pietés. A vrai dire,
le Littus Saxonicum formait, non pas une circonscription
territoriale, mais un commandement militaire ayant pour
but d'opposer une solide résistance aux pirateries et aux
incursions des Saxons; cela est si vrai qu'il s'étendait à la
fois sur les deux rives de la mer du Nord, du détroit du
Pas-de-Calais el de la Manche, en Angleterre comme en
Gaule.
Au commencement du Ve siècle, lorsque les Anglo-
(1) Histoire de la Flandre, t. I, p. 120.
(2) « Les prétendues colonisations saxonues, dit-il, dont personne n'a
pu donner la moindre preuve . »
( 167 )
Saxons n'avaient pas encore pris pied en Angleterre, ce
pays comptait entre antres hauts fonctionnaires exerçant
l'autorité au nom de l'Empire, un comte du littoral saxon
dans lesBretagnes (Cornes liltoris Saxonici per Britannias).
Ce comte, l'un des six comtes militaires (cornes rei mili-
taris) en Occident, était placé sous les ordres du maître
de l'infanterie dite présenlale ou présente sous les armes
(tnagister peditum praesentalium). 11 avait à sa disposi-
tion les chefs de corps suivants :
Le prévôt des Forlenses (« les Forts j>) à Othona (ville
aujourd'hui détruite, près de Maeldom),
Le prévôt des soldats Tongricanes ou Tongrois {milites
Tungricani) à Douvres,
Le prévôt des soldats Tournaisiens (Turnacenses) à
Lemannis (Lyme, près de Canlorbéry),
Le prévôt des cavaliers Dalmales liranodunenses à
Branodunum (Brancaster, dans le Norfolk),
Le prévôt des cavaliers Stablesiani Garionenses à
Gariononor (Burghcastle près d'Yarmouth),
Le tribun de la première cohorte des Béthasiens à
Regulbio (Reculver, dans le comté de Kent),
Le préfet de la seconde légion auguste à Ruiupis (ville
ancienne qui se trouvait près de Richborow),
Le prévôt du corps des Abulci à Anderides (Anderada,
au comté de Sussex, qui fut détruite par les Anglo-Saxons
en 491),
Le prévôt du corps des Explorateurs (exploratorum) à
Portus Adurni (probablement Ederington, dans le Sus-
sex) (1).
(1) Seeck, Notitia dignilatum (Berlin, lHTfi, in-8°), p. 410. — La
situation des postes militaires est empruntée au Dictionnaire de Bruzen
de la Martiuière.
( 168)
Voilà certes un littoral bien gardé, comprenant les
comtés de Sussex, de Kent, d'Essex, de Sufiblk cl de Nor-
folk. On ne peut en dire qu'il était occupé par des Saxons;
au contraire on n'y trouvait que des corps militaires formés
de soldats romains, ou plutôt de Belges et de Bretons
organisés à la romaine.
En Gaule, le Littus Saxonicum ne se bornait pas à la
Flandre, il s'étendait aussi en Normandie. Il dépendait
autant du Traclus Armoricanus et Nervicanus ou Région
Armoricaine et Nervicane, que de la Belgique seconde,
l'une et l'autre soumises à un duc. Le duc de la seconde
Belgique donnait désordres au commandant des cavaliers
dalmates de Marc près de Boulogne, dans le littoral saxon
(équités Dalmatae Marcis in littore Saxonico) (1), comme
le duc du Traclus précité en envoyait au tribun de la pre-
mière cohorte nouvelle d'Armoricains cantonnée à Gran-
none (Granville près de Cherbourg), sur le même littoral
(tribunus cohorlis primae novœ Armoricanœ Grannone
in littore Saxonico) (2).
On donnait donc à ce double littoral, à l'anglais comme
au gaulois, l'épilhèle de Saxon, parce que, comme le dit
très bien Bruzen de la Martinière (3), les corps cantonnés
de ce côté avaient pour mission spéciale de repousser les
attaques des Saxons. On n'agit pas autrement de nos jours.
En France, par exemple, quand il s'agit d'entreprendre
une guerre au delà des Alpes, on forme une ou plusieurs
armées d'Italie. Ce sont des armées, non composées
d'habitants de l'Italie, mais destinées à combattre contre
(1) Seeck, loc.cit, p. 207.
(2) Ibidem, p. 204.
(3) T. V, p. 410.
( 169 )
eux ou chez eux. Un système analogue est employé par-
tout.
Les écrivains de l'antiquité et, dans le nombre, Eumène
et Àmmien Marcellin, mentionnent fréquemment les actes
de piraterie et les attaques des Saxons en Gaule. A la fin
du troisième siècle, ils donnèrent occasion à Carausius,
citoyen romain né parmi les Ménapiens (Menapiae civis,
comme le dit Aurélius Victor (1 ), de se distinguer au service
des empereurs et de devenir si puissant qu'à la laveur des
guerres civiles il prit à son tour la pourpre et régna pen-
dant plusieurs années sur Boulogne et l'Angleterre (2).
Au milieu du cinquième siècle, un chef saxon appelé Ado-
vacre ou Odoacre, s'établit sur les bords de la Loire, à
Angers, et y batailla tantôt avec les Romains, tantôt contre
eux (3). Mais jamais chez un auteur, dans un cartulaire, on
n'a trouvé la trace d'un établissement, même temporaire,
des Saxons en Flandre.
Si on fouille les chroniques du temps et les légendes
véritablement anciennes, que renconlre-t-on en Flandre?
Des Saxons? Non, il n'en est jamais question; mais des
Ménapiens, des Si lèves et des Flandrenses ou Flandrois,
les vrais Flamands, les habitants du Franc de Bruges.
Si l'on veut donner à ceux-ci une origine saxonne, on ne
doit pas, on ne peut pas étendre cette origine aux habi-
tants des châlellenies de Furnes, de Bergues, de Baillœul,
et encore moins du Boulonnais, où cependant on trouve la
seule mention du Litlus Saxonicum.
(1) De Caesaribus, c. 39, § 20. Carausius n'appartenait pas à une
famille illustre; Euirope (Breviarium histuriœ Romance, I. IX, c. 21) le
qualifie au contraire de : vilissime natus.
(2) Voir Aurélius Victor et Eutrope, loc. cil.
(3) Grégoire de Tours, Historia Francorum, 1. II, c. 18.
( i70 )
Je n'ignore pas, on doit le remarquer, que depuis
l'année 450 jusqu'à la conquête des Normands, en 1066,
l'Angleterre a obéi au peuple Anglo-Saxon,qui l'avait con-
quise et colonisée; que la Flandre, située comme l'Angle-
terre sur les bords de la mer du Nord, a vécu avec elle
dans d'étroites relations de bon voisinage ; qu'on ne men-
tionne à celte époque aucune lutte entre les deux contrées.
Il a donc dû exister de l'une à l'autre un courant pacifique
d'émigration; elles ont exercé l'une sur l'autre une
influence considérable et durable; mais je nie les établis-
sements issus de la violence, les colonies nombreuses et
établies par la force.
On a attribué à tort aux Anglo-Saxons une large part
dans les travaux apostoliques entrepris dans le but de
convertir au christianisme les peuples de la Belgique
flamande, peuples, ajoute-t-on, issus de leur race (1). On
cite, à ce propos, les prédications de saint Liévin, qui fut
tué à Houthem près d'Alost. Il y a là également une grave
erreur, dont il importe de faire justice. Les missionnaires
venus en Belgique des îles Britanniques, au commence-
ment du VIIe siècle, étaient des Scots et c'est sous ce nom
qu'ils sont cités par les légendaires. Comme nous l'apprend
sa vie, écrite par un moine contemporain, appelé Boni-
face, saint Liévin était fils d'un noble Scot (senator
Scotligena), du nom de Théagnius (sic), et d'Agalmie (sic),
fille du roi des Irlandais Iphigénius (sic). Le nom qui lui fut
donné sur les fonts du baptême était celui de l'archevêque
de l'église d'Irlande(2). Ses disciples, Feuillen ou Pholien,
(1) M. Kervyn de Letlenhove, loc. cit., p. 80.
(2) Voir Mabillon, Acta sanctorum ordinis sancli Benedicli, sœu~
lum II, pp. 450 et suivantes.
( 471 )
Hélie, Kilian, qui aidèrent Boniface dans son travail,
appartenaient à la même nationalité. Pholien fonda un
monastère à Fosses comme Ultan en établit un autre
à Péronne ou Saint-Quentin. On appela ces nouveaux
cloîtres des hospices de Scots (hospitalia Scottorum) et la
libéralité des fidèles en éleva un grand nombre, destinés
surtout à héberger les pèlerins venant d'oulre-mer et se
rendant, soit dans les grands sanctuaires de la Gaule, soit
en Italie et surtout à Rome. Mais les revenus de ces
établissements furent dilapidés, comme on s'en plaignit
dès 845, au concile de Meaux (1).
Liévin, de même que Feuillen, assassiné près du Rœux
vers l'an 660; Ultan, le fondateur de ce que les Annales
Mettenses appellent Perona, monasterium Scotorum; de
même que Gulhago et Gilda, dont le souvenir se perpétua
dans la contrée voisine d'Oostkerke (2), étaient des Scots,
c'est-à-dire qu'ils appartenaient à un peuple habitant en
partie en Irlande, en partie dans l'Ecosse occidentale et
méridionale. Leur nation avait été convertie au christia-
nisme en même temps que les Bretons, à l'époque où
la domination romaine s'étendait encore sur ces derniers,
et c'était chez elle que s'étaient réfugiés une foule de
chrétiens expulsés de leurs foyers par les Anglo-Saxons
vainqueurs et idolâtres. Ceux-ci se montrèrent longtemps
les ennemis de la foi nouvelle et ne l'acceptèrent qu'au
VII* siècle, à la suite des efforts tentés par le moine
Augustin. Lorsque sainte Gerlrude, voulant accroître les
richesses en livres de son abbaye de Nivelles, en fit
rechercher au delà de la mer, ce fut surtout chez les Scots,
(i) Mabillon, loccit., pp. 785 et suivantes.
(2) Vredius, Flandria Christiana, cité par M. Kervyn, loc. cit.
( 172 )
comme le dit le plus ancien de ses biographes (i). Les
trésors littéraires, en même temps que la foi, avaient dû
fuir au loin, pour échapper au sort réservé par les envahis-
seurs de l'Angleterre à tout ce qui rappelait le joug de
Rome.
L'œuvre de la conversion de la Grande-Bretagne fut
certainement lente et pénible, et il fallut beaucoup d'an-
nées pour l'étendre à toutes les parties de l'heptarchie
saxonne. Plus d'une génération s'écoula avant que l'An-
gleterre comptât assez de prêtres pour répandre à son tour
au dehors les dogmes de l'Évangile, et ce rôle elle ne put,
par conséquent, le jouer au commencement du VIIe siècle.
Ainsi s'explique le triste sort subi par plusieurs mission-
naires. Issus d'une nation gallique ou celtique, ils arri-
vaient dans des contrées peuplées de Germains ou obéis-
sant à des chefs germains; considérés comme des ennemis,
éprouvant sans doute de la peine à se faire comprendre,
plusieurs périrent de mort violente. Leur zèle, secondant
celui d'autres ecclésiastiques étrangers, comme saint
Amand, qui était Aquitain de naissance, parut sans doute
suspect aux rudes populations de nos contrées. Elles
auraient peut-être mieux écouté des Anglo-Saxons, tels
que saint Willebrord, mais ils ne se présentèrent que
plus tard et lorsque les prédications tentées en Flandre
avaient atteint leur but.
J'ai parlé des Suèves et des Flandrenses. oyons ce
qu'ils étaient.
(1) Tarlier et Waulers, La Belgique ancienne et moderne, ville de
Nivelles, p. 23. — Dans l'hospice ou couvent qu'ouvrit à Orp près de
Jodoigne une dame vénérée sous le nom de sainte Adilie, c'était aussi
des prêtres Scots que l'on accueillait de préférence. Ibidem, Canton de
Jodoigne, p. 281.
( 173 )
Les Suèves sont à plusieurs reprises mentionnés par
des hagiographes du VIIe siècle, comme voisins des Fla-
mands, dont il se distinguaient. Ce fut saint Éloi, devenu
évêque de Noyon et de Tournai, qui le premier propagea
parmi eux les dogmes de l'Évangile. Son historiographe,
en parlant des peuples que ce prélat s'efforça de convertir
au christianisme, énumère les Flamands et les Anversois,
les Frisons et les Suèves et tous les barbares habitant le
littoral de la mer(l). Ailleurs il revient en ces termes sur le
même fait : Éloi travailla beaucoup dans les Flandres, lutta
à Anvers et convertit une multitude de Suèves adonnés à
l'erreur (2). De son temps, parmi les néophytes, plus d'un
Suève devint ministre du nouveau culte, et l'un d'eux,
appelé Uffon, est mentionné comme ayant reçu le
diaconat (3).
A la lin du IXe siècle ces Suèves de la Flandre conser-
vaient encore leur dénomination nationale et sont cités en
même temps que les Ménapiens. Au mois de novem-
bre 880, les Normands vinrent construire à Courtrai un
château (castriun) pour y hiverner et de là livrèrent à un
massacre presque complet les uns et les autres, c'est-à-dire :
d'une part, l'ancienne population belgo-romaine ou ména-
pienne, refoulée au sud de la Lys, où le français, transfor-
mation de la langue romaine vulgaire, n'a pas cessé de
dominer; d'autre part, la nouvelle] population germanique
ou suève, qui s'était fixée plus au nord et y a fait préva-
(1) Flandrenses atque Andoverpcnses, Frisiones et Suevi et barbari
quique circa maris littora degentes. Vita sancti Eligii, L. Il, c. 3.
(2) Multum in Flandris laboravit, jugi instantia Andoverpis pugna-
vit, multosque erroneos Suevos convertit. Ibidem, c. H.
(ô) Diaconus quidam Uffo nomine, Suevus qnoque natione. Ibidem.
3me SÉRIE, TOME IX. 13
( ™)
loir l'idiome désigné depuis sous le nom de flamand (1).
Ce sont ces Suèves qui ont laissé leur nom à Sweveghem
(l'habitation des Suèves), village important situé à une lieue
à Test de Courtrai ; à Sivevezeele (le château des Suèves),
commune se trouvant à trois lieues au sud de Bruges; à
Swevike ou Swevyke (le chêne des Suèves), près de Ter-
monde. D'où étaient-ils venus? Nul ne le sait. Les chro-
niques flamandes, dont les plus anciennes ne datent que
du XIV'" siècle, ne parlent jamais d'eux. On peut toutefois
supposer qu'ils entrèrent dans la Gaule en 406, lors de
la grande invasion de cette contrée par les tribus germa-
niques, et que, séparés du gros de leur nation, qui pénétra
en Espagne, ils se dirigèrent vers les bords de l'Escaut et
de la Lys, où ils se fixèrent et, plus lard, reconnurent l'au-
torité des rois francs de la race de Mérovée.
L'origine de ceux que l'on qualifiait de Flandrenses, ou
habitants de la Flandre, n'est pas mieux connue. For-
maient-ils une race particulière? Se rattachaient-ils aux
Frisons, aux Francs ou aux Saxons ? On ne le pourrait dire
avec certitude. Le Flandrensis pagus, dont les limites
correspondaient à peu près à celles du Franc de Bruges
du moyen âge, était occupé par eux : cela paraît certain;
mais avait-il reçu leur nom ou leur avait-il donné le sien?
Tout cela reste inexpliqué. Une observation capitale se
présente ici : la dénomination de Flamings, par laquelle
on s'est habitué à désigner les anciens Flamands du bord
de la mer, et que l'on a traduite par le saxon flyming,
(1) Northmanni mense novembri, Curtriaco sibi castrum con-
struit» t, indèque Menapios atque Suevos usque ad internecionem dele-
vere. Annales Vedastini et Chronicon Normannorum, dans Perlz, t. I.
( 175)
banni (1), ne se rencontre jamais dans les documents de
l'époque. L'expression consacrée est Flandrenses, le pays
s'appelle Flandria ou pagus Flandrensis. Flaming, qui
est pourtant devenu le nom de la race en flamand (Vla-
ming, de Vlamingen au pluriel), constitue une désignation
dont les premiers exemples se rencontrent dans le pays
Anglo-Saxon et les auteurs qui y ont vécu.
On ne s'est pas contenté de donner à la majorité de la
population de la côte de la Flandre une origine saxonne;
on a attribué cette même origine à plusieurs personnages
dont l'influence a été grande, dont le nom marque dans
nos annales : Carausius, qui était un citoyen ménapien;
Pépin de Landen; Adelard et Wala, moines de Corbie. On
a transformé l'archevêque de Hambourg, Anschaire, en
un Saxon de Flandre. Autant d'assertions, autant d'er-
reurs.
C'est une plaisanterie que de voir dans le mot Carausius
l'équivalent de Carlos ou Charles.
Est-il nécessaire de rappeler que Pépin de Landen est
sorti de la Hesbaie? A quelle race appartenait-il? Nul ne
peut le dire, comme le déclarent les premiers Bollandistes,
ces hommes éminents dont on ne prononce jamais le nom
qu'avec respect : Pippinus igilur nosler, disent-ils dans
(1) M. Kervyn, loc. ci7.,t. I, p. HO. — Les étymologies des mots Flandre
et Flamand, proposées par Oudegherst et son commentateur Lesbrous-
sart, sont de nature à inspirer une douce gaieté. On ne croit plus de nos
jours à ces personnages mythiques, produits d'une érudition pédantesque,
qui les a affublés des noms de Flandbertus et de Ftamineus, et qui a
enfanté une Flandrine, femme de Lideric II. On n'admet plus, avec le
chroniqueur d'Oudenbourg,que Flandre dérive élymologiquement du vent
et des flots, ni, avec Lesbroussart {d1 Oudegherst, t. I, p. 3), que cette
désignation signifie pays des mares, en picard : pays des flaques.
( <76 )
leurs commentaires, Francus fuerit an Romanus, an
Belgicae Germanicae originis, puta Aduaticae aut Ton-
gricae, ingénue falemur nos ignorare (1) (« Notre Pépin
fut-il Franc ou Romain, ou originaire de la Belgique ger-
manique, Adualique ou Tongrois, nous avouons franche-
ment l'ignorer »). Voilà le langage d'une science qui ne
marche jamais à l'aventure.
On nous objectera, il est vrai, l'autorité d'une Chronique
de Marchiennes, publiée par ces mêmes Bollandistes, où
Pépin est qualifié de Saxon (2) ; nous répondrons que cette
chronique doit mériter bien peu l'attention, puisque ces
graves érudils n'y ont pas fait la moindre attention. Et en
effet elle ne date que du XIIe siècle, époque où l'on jugeait
bien superficiellement le VIIe. El dans quelles conditions
parle-t-elle de Pépin? En égarant son nom dans un
fatras généalogique auquel on ne peut ajouter la moindre
créance, fatras dont l'invention n'a d'autre but que de
rattacher la fondatrice du monastère de Marchiennes,
sainte Rictrude, à la race des Carolides (aujourd'hui on
dirait des Karlings).
Du roi Clolaire II, dit la Chronique de Marchiennes (3),
naquirent le roi Dagobert et Blithilde, qui, suivant d'autres
auteurs, était une fille du roi Clolaire Ier (4). Elle épousa
Ansbert, « de qui sortit la race royale des Carolides r>(undè
processit Karolida progenies regalisj. Trois princes célè-
bres naquirent de cette union: le duc Adalbald, le maire
(1) Commentarius praevius, § I, 2, dans les Acta sanctorum, Februarii
t. III, p. 260.
(2) Pepinus Saxo, pater S. Gertrudis, cognalus prefati principis.
Acta sanctorum, loc. cit., t. I, p. 313.
(3) Acta sanctorum, Februarii t. I, p. 303
'4) Celle incertitude est à noter.
( tn )
du palais Erchinoald et le comte Sigebert. Adalbald avait
de grandes possessions près de la Lys; il fut très puissant
à la cour de Dagobert et de son (ils Sigebert II, et s'allia
à la fondatrice de l'abbaye de Marchiennes, sainte Riclrude,
dont il eut saint Mauronte, Clotsende, également abbesse
de Marchiennes, Adalsende, Eusébie, femme du roi Dago-
bert (Dagobert II?). Son frère Erchinoald avec qui, à ce
que l'on prétend, il fonda le château de Douai et l'église
voisine de Notre-Dame, dite depuis Sainl-Amé, fut prince
et palrice dans le royaume de Clovis en Neuslrie, comme
son parent, Pépin le Saxon, père de sainte Gerlrude, l'était
dans le royaume de Sigebert.
Il est inutile de tenter d'apporter la lumière dans ces
légendes ténébreuses, où les noms vraiment historiques
ne sont reproduits que pour étayer des prétentions injus-
tifiables. Tantôt on veut entourer de l'auréole d'une illustre
origine chaque fondateur d'une retraite monastique,
tantôt on veut rattacher à la race mérovingienne la
famille qui la supplanta ou celle des maires du palais qui
se disputèrent le pouvoir en son nom. L'idéal sous ce
rapport est le tableau généalogique dont le père Malbrancq
a accompagné le tome premier de son ouvrage sur la
Morinie (1). On y voit, reliés les uns aux autres, une
foule de forestiers, de saints, de comies imaginaires, tous
issus d'un Léger, comte de Boulogne, d'Amiens, de
Térouanne, de Turnehem, et de sa femme Gontix, qui
auraient vécu vers l'an 484. C'est d'une audace dont rien
n'approche; cela forme un digne pendant au crayon généa-
logique de saint Orner et de saint Berlin et au tableau des
(1) De Morinis et Morinorum rébus, l. 1, p. 299.
( 178
armoiries des saints et des subdivisions de la Morinie,
exhibés dans le même ouvrage (1).
N'ajoutons donc aucune confiance à ces données
généalogiques, d'une exactitude suspecte. La famille des
Pépins appartient à la Hesbaie, où se trouvaient ses pos-
sessions principales. N'est-il pas téméraire d'y rattacher
saint Trond, le fondateur de l'abbaye de ce nom, saint
Bavon ou d'autres personnages? N'est-ce pas abuser de
ressemblances peut-être fortuites que d'établir une corré-
lation étroite entre la syllabe Karl ou Charles, qui se
retrouve aussi dans Carloman; le mot anglo-saxon ceorl,
qui signifie homme libre ou noble de rang inférieur, et le
terme flamand kerel, par lequel on semble avoir désigné,
avec une nuance de mépris, les gens du peuple, les colve-
kerli ou porteurs de massue du XIe siècle (2) et les kerels
séditieux du XIVe (3)? Je ne saisis pas bien les motifs pour
(1) De Morinis, etc., p. 272, et en tèle du volume, après le tilre.
(2) C'est Lambert d'Ardres {Chronicon Ghisnense et Ardense, c 36)
qui nous a conservé leur souvenir. Ceux que l'on qualitiail de Colvekerle,
d'après le mol colf, signifiant massue, formaient la masse des cultivateurs
dans le comté de Guines, mais on ne voit pas que la même épithète ait
été appliquée à d'autres populations de la Flandre.
(3) C'est dans une vieille chanson dont le texte a paru dans la Neder-
landsche Dichterhalle (p. 57) que le mot Kerel est employé comme un
sobriquet désignaut un parti. Celte chanson n'est ni signée, ni datée;
mais on a supposé, avec raison, qu'elle datait du commencement du
XIV' siècle et qu'elle avait été composée à l'occasion du soulèvement
des Flamands du pays de Furnes et de la contrée environnante contre
les nobles. Le poète se moque de ces Kerels mal vêtus, vivant de
pain et de fromage, qui voulaient dompter les chevaliers {die rudders
dwinghen). Kerel, en français on dirait voyou, plus tard on a dit gueux,
n'est qu'un terme insultant dans lequel on se perdrait à démêler une
allusion à une origine distincte Pourtant Victor de Rode, dans le travail
que j'ai déjà cité (pp. 66 et suivantes), fait des Kerels flamands une
peuplade distincte, rivale des Saxons (p. 70), etc. Lui et Conscience ont
vu des Kerels dans tous les mécontents de la Flandre au moyen âge et
donnent à ce mot une importance qu'il ne mérite pas.
( 179)
lesquels on aurait donné à quelques membres de la famille
des Pépins les noms de Charles et de Carloman, s'ils n'a-
vaient eu une signification glorieuse. D'autre part, comment
kerel, que Ton suppose l'équivalent de karl, a-t-il pu être
attribué, tantôt aux gens que l'on flétrissait en leur défen-
dant de porter d'autre arme que la massue, et en leur
imposant des taxes odieuses; tantôt à ce populaire, appau-
vri el mécontent, dont la chevalerie se proposait de triom-
pher par le massacre el qu'il accablait d'injures? Entre un
Karling, un parent de Charlemagne, un être noble el lier
par conséquent, et un kerle relégué dans la plèbe, pou-
vait-il alors y avoir quelque chose de commun? On ne
démêle pas bien le lien qui rejoint l'un à l'autre et, tout
en admettant que par la suite des siècles l'emploi d'un
mot a pu subir de grandes variations, comme, par exem-
ple, celui du mot latin miles qui, après avoir signifié cheva-
lier au moyen âge, se traduit aujourd'hui par soldat, on
doit éviter une confusion fâcheuse et ne pas faire songer
aux mœurs d'une époque lorsqu'on parle d'un temps tout
différent. Les kerels de la Flandre n'ayant rien de commun
avec les Kartings ou Carlovingiens, il est impossible
d'attribuer à ceux-ci une origine flamande et encore moins
saxonne; il faut les laisser à l'Austrasie et, en particulier,
à la Hesbaie (1).
( 1 ) Où a-t-on vu que la côte de la Flandre, de Calais au pays de Waes,
s'appelait jadis Karlingaland (Pays des Karlings ou des Kerle)? Cette
désignation, restée inconnue jusqu'à ce jour, a été révélée à Conscience
par Victor de Rode, mais il a mal compris son guide. C'était la Gaule que
les Normands appelaient Kerlingaland (Annales du comité des Flamands
de France, t. VIII, p. 51), par l'exceilenle raison qu'elle obéissait aux des-
cendants du grand Charles ou Charlemagne : Kerling, Carolide ou Carlo-
vingien; land, terre, contrée. Il ne s'agissait ici ni de la Flandre, ni des
Kerels.
( i80 )
Adelard et Wala, pelils-fils de Charles Martel, sont-ils
des Saxons nés dans le territoire de Huysse, en Flandre?
Ou ne peut rien alléguer en faveur de cette opinion émise,
pour la première fois, par Jacques De Meyere, au XVIe siè-
cle (I), si ce n'est le fait que Huysse était un domaine de
l'abbaye de Corbie, en Picardie, où Adelard et Wala
furent moines. La charte de donation de Huysse à ce
monastère, dont j'ai le premier fait connaître le texte (2),
infirme complètement l'assertion du vieil écrivain flamand.
En 864, Huysse n'était qu'un simple hameau, dépourvu
d'église, n'ayant aucune relation avec Corbie, à qui il fut
alors donné par un comte du nom de Conrad. Pourquoi
Adelard et Wala y seraient-ils nés?
Quant à Anschaire, c'était un Saxon, et un prélat con-
temporain, Hincmar, lui donne, en effet, cette qualifica-
tion; mais qu'avait-il de commun avec la Flandre? Né
en 801, probablement du côlé de Hambourg, comme les
Bollandistes le supposent (5), il fut le premier évêque de
celte ville. Si on lui donna le cella ou prieuré de Thou-
rout et le monastère de Renaix, ce fut simplement pour
accroître les revenus et les ressources de son siège. Sa vie,
écrite par son disciple Rembert, ne contient rien qui
autorise à le transformer en Flamand. Vrédius le qualilie
de Turholtanus, De Meyere transforme Rembert en enfant
de Thourout; mais, encore une fois, sur quelle autorité ?
La Classe se rappellera que, dans la séance du mois
d'août 1873, je lui ai lu un travail intitulé: La légende
(1) De Meyere, ad a. 808, cilé par «î. Kervyn de Leilenhove, t. I,p. 1-25.
(2) Un diplôme de l'époque carlovinyienne concernant le village de
Huysse (Bulletin de l'Académie, 2e série, l. XXXVI).
(3) Acta Sanctorum, Februarii t. I, p. 391.
I IS1 )
des forestiers de Flandre (1), dans lequel je démolissais
par des arguments auxquels il n"a jamais été répondu tout
ce qui a été dit de ces personnages absolument fabuleux.
Cela n'a pas empêché deux écrivains fiançais, MM. Bertin
et Vallée. de publier tout un livre sur le même sujet, livre
où il est beaucoup question des forêts et, subsidiairement,
des forestiers flamands (2). Ce travail, plus heureux que
d'autres, a été chaleureusement accueilli par les journaux
et revues de France et de Belgique, où l'on peut compter
jusque vingt-cinq articles et réclames qui en font mention,
comme l'un des deux auteurs précités a eu soin de l'ap-
prendre au public dans une suite à leur travail (3). Je signale
à \otre attention ce dernier; au point de vue historique, il
importe de dire que c'est une compilation sans critique et
ne méritant pas une réfutation (4).
(I ) Bulletin de l'Académie, i,e série, t. XXVI.
(2) Etudes sur les forestiers et rétablissement des comtes héréditaires
en Flandre (Arras, 1876, in-8°), et Annexe à l'étude sur le forestiers et
l'établissement des comtes héréditaires en Flandre. (Lille, 1879, in-8° )
(5) Jules Bertin, Eludes forestières (Lille, 1879, iu-8°).
(-1) Pour donner une idée de la légèreté avec laquelle ce travail a été
rédigé, je me bornerai à quelques observations. Suivant les auteurs,
E^inhard, écrivain conlemporain, déclare que Chailemagne confia la con-
duite des Saxons transplantés de la Germanie en deçà du tthin aux soins
de Lideric d'Harlebeke Or, Eginhard, ni aucun écrivain des IXe, Xe et
XIe siècles, ne parle ni de la transplantation des Saxons en Flandre, ni de
Lideric, ni d'Harlebeke. — Dans la relation du martyre de la Légion ihé-
baine, disent-ils encore (p 85), les Francs, appelés par Carausius à son
secours, sont placés à Boulogne entre les frontières de la Gaule et celle
des terres occupées par les Saxons (Vitae sanctortim. septembris, t. VI,
pp. 342-345). Cette cilalion, empruntée à l'Histoire de la Flandre, de
M. Kervyu de Lelteuhove (t. I, p. 25, note 5), n'est pas exacte; du moins
le sens n'en est pas fidèlement rendu. D'après le légendaire, Carausius
machinait une entreprise contre la domination romaine, dans la province
qui lui était confiée, près de l'Océan, la où les Francs, déjà expulsés de
( 182 )
Mais, d'autre part, je puis alléguer, en faveur de mon
leur territoire pour la seconde fois, s'étaient établis prés des limites des
Gaulois et des Saxons (juxta Gallorum et Saxorium confinia). En effet,
les Francs se fixèrent, vers l'an 500, dans la Belgique septentrionale, à
proximité des Gaulois (la France et la Belgique wallonne) et des Saxons
(le pays des Frisons et celui des Saxons transrhénans, la Westphalie, le
Hanovre, la Saxe). Il n'est pas question de Boulogne, il n'est pas question
de la Flandre dans tout cela , et c'est à tort que l'on voit dans le passage
cité plus haut une mention formelle de « l'établissement des colonies
saxonnes dans le Flaenderland ».
Au surplus, la légende du martyre de la Légion thébaine est un récit
dont la rédaction est de longtemps postérieure au IVe siècle; tantôt on
l'attribue à un saint Euchère, évèque de Lyon au Ve siècle, tantôt on en
rejette la rédaction au VIe siècle et l'on y constate des interpolations.
Il serait temps de garder un silence absolu sur les fausses armoiries
attribuées aux premiers comtes de Flandre et plus erronément encore
(Berlin et Vallée, loc. cit., p. 37) aux grands forestiers.
La forêt Charbonnière ne s'est jamais étendue jusqu'à Landrecies (les
mêmes, p. "23): elle se trouvait entre Enghieti et Charleroi (voir Duvivier,
le Hainaut ancien, pp. 13 et suiv.) et n'a jamais rien eu de commun avec
les forestiers d'Harlebeke.
Le croirait-on? M. Vallée [Annexe citée, p. 21) allègue, comme preuve
de l'occupation des côtes de la Flandre par des colonies Scandinaves, les
huit vers suivants, empruntés à un vieux poème latin, de l'époque de
Charlemagne , les Gesta Caroli magni :
Cumqne novas Angli sedes sibi quœrere vellent
Saxonesque simul hinc invasere féroces.
Expulsi slatim veleres cessere coloni.
Maxima pars quorum fugiens mare Iransiit, alque
Gallia qua fines habet extremos, ibi tandem
Fluctibus Oceani quœ proxima viderai arva
Delinuil, quibus in terris hue usque moratur
Indicium palriœ solo dans nomine priscœ.
(Duchesne, Historiœ Francorum scriptores,
t. II, p. 148.)
C'est-à-dire:
* Lorsque les Angles voulurent se procurer de nouvelles demeures et
( <85)
opinion, une autorité bien forte; elle m'était restée incon-
nue bien qu'elle soit signalée par M. le baron Kervyn de
Lettenhove dans son Histoire de la Flandre, avec quelque
dédain, il est vrai (1). Cette autorité, c'est le chapitre d'Har-
lebeke, de cette petite ville où on place la résidence des
forestiers et où, dit-on, on voyait leurs tombeaux. En
1623 il fut question de supprimer ce chapitre et d'en réu-
nir les prébendes au chapitre métropolitain de Malines. Ce
projet, qui ne se réalisa pas, fut favorablement accueilli
par les autorités civiles et ecclésiastiques. On paraît avoir
allégué, en cette occasion, les vieilles traditions répandues
en Flandre depuis des siècles an sujet des forestiers. Les
chanoines en firent bonne justice dans un mémoire qui a
été imprimé dans les Opéra diplomatica (2) et dont voici
quelques passages :
» qu'en même temps les féroces Saxons envahirent ce pays, les anciens
» habitants, expulsés, partirent aussitôt. Le plus grand nombre, prenant la
» fuite, traversa la mer, et occupa les confins extrêmes de la Gaule, ceux
» qui sont les plus proches de l'Océan. Ils séjournent encore dans cette
» contrée, où ils ont donné au sol le nom de l'ancienne patrie. »
Et voilà comment l'établissement des Bretons en Bretagne prouve que
les Saxons ont colonisé la Flandre !
Au surplus n'est-on pas en droit de tout attendre d'écrivains qui mettent
en opposition (Annexe, p. 15), à propos du capilulaire de 853, où il est
question des comtés possédés par un comte nommé Ingelram ou Enguer-
rand : les Bollandisles, d'une part, et, d'autre part, Lambert, chanoine de
Saint-Omer, auteur du Liber jloridus, et André de Marchiennes, qui
l'un pas plus que l'antre ne mentionnent le capitulaire précité? Les
Bollandisles ont ton, cela va sans dire.
(1) « Harlebeke fut le centre du Lisgaauw, selon le témoignage constant
• des traditions les plus anciennes. Tout ceci se trouve nié avec une
» étrange assurance dans un mémoire des chanoines d'Harlebeke. »
M. Kervyn, t. I, p. 118. — Le Lisgaitiv ou pagus de la Lys, dont les
limites sont encore incertaines, paraît avoir eu pour chef-lieu Courlrai,
qui était le centre d'un pagus ou canton important, dit de Courtrai.
(2) T. III, pp. 168-171,
( 184 )
«i Ne pouvant la dite église de H;irlebeke avouer pour
> fondateur ou bienfaicteur Lydericque le forestier; car
» encorefque ce Lydericque eut basty cy-devant quelque
» église au dit lieu de Harlebecke et qu'il eust été enterré
» (ce que l'on ignore), sy seroit icelle vieille église brûlée
» et ruinée totalement plus que deux cent ans devant
» l'édification de la moderne église de Harlebeke, qui est
i> bâtie sur un autre fond, comme conste par certaine his-
j> toire de reliques de saint Berlhulphe.
» Voire les aulheurs mieux versez aux antiquitez de
» Flandres doublent si ce Lydericque a jamais esté in
j> rerum nalura, d'autant que es véritables histoires des
» roys de France, depuis et après Charlemagne, ny mesme
j> les mémoires et chartes des plus ancienes églises de
» Flandres, si comme de Tournay, Saint-Pierre et Saint-
» Bavon à Gand, Saint-Vaasl et Saint-Berlin en Artoys,
j> alors Flandres, ny es légendes des saincts, ne se trouve
» aucune mémoire au vray dudict Lydericque, non plus
» que du fier géant Finart, ou d'aucun autre forestier.
d Joincls que les mariages et enfants que l'on leur attribue
» ne s'accordent avec les histoires véritables des provinces
» voisines....
» El partant il ne se faut arresler à ce que quelque
» chanoine de Harlebeke, suivant l'erreur vulgaire, auroit
» naguères faict peindre lesdicts forestiers prétendus sur
» le doxal de ladite église, comme s'ils y eussent estez
» enterrez, ce que ne se trouverai.
» Car il est vray et très assuré que Baldewyn le pieux,
» avec sa femme Adèle, ont construit de nouveau icelle
d église et fondé le chapitre auxdits lieux d'Harlebeke
» environ l'an 1040, sans avoir aucune considération à la
( 185 )
» mémoire des forestiers, desquels eut esté faicl quelque
» mention honorable es lettres de ladicte fondation, au cas
» que par les fondateurs ils eussent esté recognus ou tenus
» pour leurs davangières (1) et progéniteurs.... »
Ces extraits suffisent. On peut en tirer d'importantes
conclusions.
Il n'existait à Harlebeke, vers l'an 1620, aucun souve-
nir, aucun témoignage ancien, aucun vestige attestant
l'existence des soi-disant forestiers. Les peintures du jubé
de l'église paroissiale, où leurs « effigies prétendues » se
voyaient reproduites, étaient, vers 1620, de date récente;
elles étaient dues à un chanoine plus crédule que ses
confrères et moins scrupuleux en matière historique. On
ne pouvait alléguer, pour justifier ces peintures trom-
peuses, des sépultures dont on ne connaissait pas de
traces.
J'ai déjà exposé ailleurs l'inutilité des fouilles faites de
notre temps à Harlebeke par les abbés Carton et Van de
Pulte, avec plus de candeur que de discernement, pour
retrouver des caveaux qui n'ont jamais existé; J'ai aussi
signalé le sans-|,rêne avec lequel on a altéré, sans doute
afin de les rendre moins suspectes aux yeux de la critique,
des inscriptions sans valeur, il est vrai, mais auxquelles le
respect de la vérité interdisait de donner une apparence
de vraisemblance (2). J'y reviens actuellement parce que
l'on ne saurait assez blâmer de pareils agissements.
(1) Ou devanciers.
(2) Voir mon travail intitulé : La légende des forestiers, p. 7, eu note.
— Cette question a donné lieu à noire époque à des publications qui ont
jeté sur elle bien peu de jour. Citons, entre autres ouvrages :
Le Mémoire sur les forestiers de Flandre, envoyé à la Société des
( 186 )
Ce n'esl pas adopler légèrement une idée nouvelle que
de rejeter toutes les historiettes répandues sur les forestiers
et leur séjour à Harlebeke. On a beau habiller à nouveau
ces inventions des trouvères, inventions dont le but réel
est bien facile à saisir, celui de rehausser les premières
pages des annales de la ville de Lille et de ses alentours;
on a beau alléguer de vagues ressemblances entre le carac-
tère du maire du palais Erchinoald, figure pâle et indécise
dont l'histoire s'occupe à peine, et celui d'un Salvart ima-
ginaire, prince de Dijon (1), époux d'Ermengarde, fille de
Gérard de Roussillon (2), et tué en 620 pendant un voyage
au pays de Bucq près de Lille, dans la Forêt sans merci (5),
par le tyran Finart, en lequel on veut retrouver l'image
affaiblie du fameux Ebroïn, le maire du palais dont les
cruautés assombrissent le règne de plusieurs rois méro-
vingiens; on a beau rapprocher le nom de Leutheric, (ils
d'Erchinoald et maire du palais du roi de Neustrie
Thierri III, tué par ordre d' Ebroïn en l'année 674, et
celui d'un premier Lideric, fils de Salvart, miraculeuse-
antiquaires de la Moriuie, à Saint-Omer, pour le concours de 1834, par
D. Loys, major de la gendarmerie nationale belge. Saint-Omer, Chauvin,
28 pages in-8° (extrait des Mémoires des antiquaires de la Morinie;
ensuite traduit en flamand et publié en supplément dans la Gazette van
Gent, in-folio).
Brussarl, L'origine du comté de Flandre d'après des chroniques
inédites, avec des observations sur les prétendus forestiers de Flan-
dre, etc., etc. Douai, 1878, in-8°, etc., etc.
(1) Il faudrait admettre qu'au VIIe siècle Dijon avait des princes parti-
culiers.
(2) Gérard de Roussillon vécut, non au commencement du VIIe siècle,
mais au milieu du IXe.
(3) 11 y a des érudits qui, sérieusement, ont fait des recherches sjr
cette forêt poétique.
V 187 )
ment né dans le bois de Bucq, et qui tue Finart, après
des aventures romanesques qu'Oudegherst a complaisam-
ment reproduites et dans lesquelles il n'y a pas un mot de
vrai (1); eniin on a beau alléguer qu'il y avait dans l'empire
franc des forestiers, ce que personne d'ailleurs ne conteste ;
on ne réussira jamais à établir que les pagi de la Flandre
ont été gouvernés, d'une manière spéciale, par des officiers
royaux portant, non le titre de comte, mais celui de fores-
tier. Les espaces couverts d'arbres, les bois étaient sans nul
doute confiés à des dignitaires spéciaux chargés d'en
surveiller l'exploitation et l'entretien au profit, soit du
domaine, soit des grands propriétaires, cela est incontes-
table; mais ce que l'on appela depuis la Flandre n'était
pas dans ce cas; il suffit de parcourir les carlulaires et les
chartriers des grandes abbayes de Saint-Pierre, de Gand,
et de Saint-Bertin, de Saint-Omer, pour s'assurer que l'on
y comptait de nombreux villages entourés de champs
cultivés, de prés, de pâtures, et où l'on établissait des
églises et disposait de la propriété du sol sans faire men-
tion de l'intervention de forestiers imaginaires (2).
Dans son Histoire des comtes de Flandre (3), Edward
La Glay se pose la question suivante : « Qu'était-ce que
» ces forestiers héroïques, ces sortes de demi-dieux qui
» précèdent les comtes, et sur lesquels on a débité tant de
» merveilles? Certes, ajoute cet auteur, tout n'est pas
(1) Finart et Salvart, voilà deux mots bien trouvés et qui nous révèlent
immédiatement l'origine romane (ou française) de la légende, inventée
sans doute du XII* au XIVe siècle par quelque trouvère lillois.
(2) Sous ce rapport, le diplôme de donation de l'église de Roxem à
l'abbaye de Saint-Bertin, en 745, est concluant. Warnkônig et Gheldolf,
Histoire de la Flandre, t. I, p. 321, en ont donné un texte excellent.
(5) T. I, p. 23.
( 188 )
» fabuleux dans leur histoire; il n'y a point de tradition
» qui ne renferme un peu de vérité, il n'y a point de
» mythologie qui n'ait ses fondements et sa raison. A notre
» sens, les forestiers ont existé; non pas, sans doute,
» dans l'ordre héréditaire et avec la puissance que leur
» attribuent quelques-uns de nos vieux chroniqueurs ;
» mais ils ont vécu, ils ont administré, sinon le pays, du
» moins une portion du pays, sinon comme chefs absolus,
j> du moins comme délégués de la souveraine puissance. »
Il est inutile de faire ressortir ce qu'il y a de vicieux dans
cette argumentation. Depuis quand suffit-il d'une tradition
pour justifier l'admission d'un fait ou d'une institution?
Depuis quand suffit-il de fabriquer un roman où tout est
faux : noms, indications topographiques et chronologiques,
peintures des coutumes et des usages, pour le faire passer
à l'état de document approximatif? Sans doute, si l'on ren-
contre quelques indices justifiant le fait principal rapporté
dans un récit légendaire, ce dernier acquiert une appa-
rence de vraisemblance dont on doit tenir compte. Mais
tel n'est pas le cas, car rien ne milite en faveur de la
légende des Lideric. Les forestiers n'ont pas plus existé
que les fabuleux rois de Tongres.
Le deuxième Lideric apparaît dans des conditions aussi
inacceptables que le premier et rien de ce que l'on dit de
lui ne soutient l'examen. Tantôt on l'amène du Portugal
(qui était alors au pouvoir des Arabes) pour combattre à
côté de Charles Martel, et à ce chevalier, qui bataille au
commencement du VIIIe siècle, antérieurement à 1Â>\,
« Charlemagne donne le pays et forestage de Flandre »
en 792; alors Lideric se retire à Harlebeke et, après sa
mort, laisse ses domaines à Enguerrand, qu'il avait eu
d'Ermengarde, fille de Gérard de Roussillon. Or, Gérard de
( i89 )
Roussillon, son prétendu beau-père, ne mourut que vers
l'an 860 (1).)
Selon d'autres récits, Charlemagne transplante dans la
Gaule Belgique les Saxons vaincus par lui en Allemagne,
avec leurs femmes et leurs enfants, leur donne pour y
habiter la côte de la Flandre, et nomme Lideric préfet de
la mer (2). Tantôt celui-ci aide le roi Charles à « repousser
de la Flandre une certaine race d'hommes (3) »; tantôt il
« réprime les brigands, les assassins et autres malfaiteurs
» qui tenaient presque tout le pays en leur pouvoir, de
» telle sorte que de toutes parts les habitants et les voya-
» geurs se trouvaient exposés à être pillés et mis à mort.
» Leurs cruelles dévastations se ralentirent à l'arrivée de
> Lideric; mais quels que fussent ses efforts, il ne put
» atteindre leurs chefs, car dès qu'ils avaient terminé leurs
» excursions et exécuté leurs sanglantes entreprises, ils se
» réfugiaient dans de vastes et sauvages forêts (4) » .
Ce Lideric qui reçoit le gouvernement de la Flandre,
tantôt en 785, tantôt en 792; ce Lideric, qualifié tour à
tour de forestier, d'amiral, de chef d'armée, fait plus que
d'offrir une personnalité fabuleuse. Dans le cadre où on
affecte de le placer, il présente une image trompeuse de
l'état de la Flandre à son époque. Ce n'était nullement un
pays couvert de forêts, presque désert et inculte; c'était au
contraire une contrée habitée par des populations très
civilisées, mais ayant le tort de tenter l'essai d'inslitu-
(1) Voir d'Oudegherst (édit. de Lesbroussarl), i. I, p. 80.
(2) Ibid., t. I , p. 85
(3) De Meyere, à l'année 804, cité par M. Kervyn de Lellenhove, loc. cit.
p. 120.
(4) Despars, t. I, p. 95, et Van Vaemewyck, IV, 18, cités par le même
loc. cit., p. 121.
3me SÉRIE, TOME IX. 14
( 190 )
lions perfectionnées. Sous le nom de gildes, il s'était
formé, dans la Flandre proprement dite et le Menpisc, des
associations dont les membres s'unissaient, non comme
les pirates danois, les Normands, pour conquérir et piller,
mais pour se secourir en cas de naufrage ou d'incendie, de
véritables sociétés de secours mutuels. Charlemagne et
Louis le Débonnaire lancèrent contre ces modestes gildes
les foudres de leurs capilulaires, mais l'histoire les a
réhabilitées et les considère comme un des éléments con-
stitutifs de la grandeur de la Flandre au moyen âge (1).
Finissons par une réflexion empruntée aux mœurs de
notre temps.
On formerait une liste interminable des noms de ducs,
de comtes, de marquis, etc., sortis depuis soixante ans de
la féconde imagination des romanciers et des dramaturges
français. Pas un roman qui n'ait parmi ses héros un gentil-
homme, pas une pièce de comédie où il n'apparaisse un ou
plusieurs nobles. Celui qui, plus tard, voudra juger la
société française du XIXe siècle sur ces données, s'imagi-
nera que les grands rôles y étaient constamment joués
par des personnalités sorties de la noblesse; il acceptera
difficilement la réalité, et peut-être se livrera-t-il à de
pénibles recherches pour retrouver la filiation sans tache
de roture et les parchemins de Guizot et de Thiers, de
Berryer et de Gambetta, de Littré et de Pasteur, de tant
d'hommes éminents dans tous les genres. Et quand on lui
présentera les faits dans leur réalité, il demandera, non
sans raison, pourquoi des esprits sains et vigoureux, écri-
vant dans une république, au sein d'une société toute
démocratique, ont affecté de présenter à leurs lecteurs
(i) Voir mes Libertés communales, t. I, pp. 157 et suivantes.
( i91 )
leurs personnages fictifs dans des milieux à tournure
aristocratique. Il devra le reconnaître une fois de plus,
les œuvres de pure imagination n'offrent pas toujours un
reflet fidèle des mœurs et des usages d'une nation; elles
récèlent plus d'un écueil pour celui dont le but est de
rétablir la vérité des faits dans les limites les plus larges
du possible.
COMITE SECRET.
La Classe se forme en comité secret pour prendre con-
naissance de la liste de présentation des candidatures aux
places vacantes.
( \n
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 5 mars 1885.
M. Pauli, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. L. Alvin, vice-directeur ; L Geefs,
C.-A. Fraikin, le chevalier L. de Burbure, Ad. Sirel,
Ern. Slingeneyer, A. Robert, F.-A. Gevaerl, Ad. Samuel,
Jos. Schadde, Peter Benoit, Jos. Jaquet, J. Demannez,
P.-J. Clays, Ch.Verlat, Gust. Biot, H. Hymans, membres;
le chevalier X. van Elewyck, Joseph Stallaert, Alex.
Markelbach, le chev. Edm. Marchai et Jos. Du Caju, cor-
respondanls.
M. Chalon, membre de la Classe des lettres, assiste à la
séance.
CORRESPONDANCE.
La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la
perte qu'elle vient de faire en la personne de l'un des
membres titulaires de la section des sciences et des lettres
dans leurs rapports avec les beaux-arts : M. Félix Stap-
paerls, né à Louvain le 25 avril 181 2 et décédé à
Bruxelles le 3 mars courant.
M. le directeur annonce à ses confrères qu'il se fera
( 193 )
l'interprèle des sentiments (Je la Classe pour prononcer
les adieux académiques lors des funérailles, fixées au
samedi 7 de mois.
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics demande l'avis de la Classe sur le buste
en marbre de feu Charles-Louis Hanssens, ancien membre
de la section de musique, dont l'exécution avait été confiée
à M. Auguste Vandenkerkhove. — Il sera donné connais-
sance à M. le Ministre du rapport fait, séance tenante,
par la section de sculpture.
— MM. Ch. de Linas et Camille Saint-Saè'ns accusent
réception de leur diplôme d'associé.
— M.Joseph Martin, de Visé, adresse une lettre relative
à V échelle musicale du mode mineur. — Renvoi à l'exa-
men de M. Gevaert.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Note sur Louis Du Tielt, peintre et graveur à Ypres ;
par M. Ch. Piot, membre de la Classe des lettres.
La guerre si longue et si sanglante qui sépara les pro-
vinces septentrionales des Pays-Bas de celles du midi, eut
pour notre pays les résultats les plus funestes. Dès ce
moment la France reprit son ancien système, celui de
démolir pièce par pièce le vaste empire créé par les ducs
de Bourgogne et la maison d'Autriche entre la France et
l'Allemagne, à partir de la Mer du Nord jusqu'au pied des
Alpes. C'était en quelque sorte la résurrection du royaume
( 194 )
de Lotharingie, appelé à prévenir les guerres entre ces
deux pays.
Pendant la lutte de l'Espagne contre les Provinces-Unies
et plus tard encore, la France, toujours prête à agrandir
son territoire aux dépens de ses voisins, fit successive-
ment la conquête de plusieurs portions notables de notre
pays. Enfin., elle arriva, en 1644, devant Gravelines, dont
elle prit possession, en dépit d'une belle défense. Ces suc-
cès ne satisfirent pas encore le gouvernement français;
Mazarin voulait même effacer de la carte de l'Europe les
Pays-Bas espagnols en entier.
Au moment de l'arrivée à Bruxelles de l'archiduc Léo-
pold, l'Espagne songea sérieusement à réparer ses pertes.
Le nouveau gouverneur général réussit à s'emparer d'Ar-
mentières (23 mai 1647) et de Landrecies (18 juillet sui-
vant). Pendant le mois de juin il se tenait à la tête de son
armée dans les environs de Bsrgues-S'-Winnock et semblait
vouloir menacer Gravelines. En ce moment un humble
artiste yprois, Louis Du Tielt, voulut être utile à son pays,
dans le cas où l'archiduc se serait décidé à reprendre
cette ville. Il avait dessiné depuis longtemps, à la demande
du marquis de Fuenles, gouverneur de Dunkerque, un
plan ou une vue de la cité, y compris le fort de Sl-Phi-
lippe, le port nouveau et toutes les fortifications. Ce dessin
avait été envoyé par lui au roi d'Espagne, mais il avait
conservé un second exemplaire de son travail. H en révéla
l'existence à Antoine Sanderus, chanoine de la collégiale
d'Ypres et l'un de nos savants les plus distingués du
XVIIe siècle.
Comprenant combien ce dessin pouvait être utile à
l'archiduc Léopold en cas de siège de Gravelines, Sanderus
( 195 )
lit part de toutes ces circonstances au gouverneur général
par la lettre reproduite en note (i).
Léopold partageait complètement cet avis et fit écrire à
Sanderus la lettre suivante :
Monsieur,
S. E. ayant receu la lettre que vous luy avez escript ce
jourd'hui, icelle me recommande de vous dire par escript
de sa part, si le peintre, que vous dictes, veul icy apporter
la pièce y mentionnée de Gravelinghes, que S. E. le satis-
fera fort bien, vous sachant S. E. fort grand gré du soing
que vous continuez de prendre à luy faire part des choses
que vous jugez utiles au service de S. M....
Du camp de Berghe-S'-Winnoi, le 10 de Juing 1647.
(1) ExCELLENTISSIME DOMINE,
Mandato Domini Marchionis de Fuentes P. M. anle annos paucos Ludo-
vicus du Tielt, piclor Ypris habitans,delineavit valde eleganter et accurate
urbem Gravelingam cum fortalitio S. Philippi et portu uovo, aliisque pro-
pugnaculis et circumjacenlibus locis, illius delinealionis protolypon illo
tempore trausmissum fuit ad Catholicam Suam Majestatem. Restât in
manibus illius picloris exemplar aliud illi simile, et restât in iota nostra
palria unicum, quod a nemine visum bactenus ipse asserit. Vidi illud ego
jam slalim, et quia exislimo idem multum servire posse Excellenliae
Vestrae in istius urbis obsidione, protinus etiam arripui calamum, alque
illud Excœ Vestra significare volui. Misissim ipsam imaginem, uti alia,
quai apud me jam sunt, lubentissime mitto. Sed quia praefatus pictor, ut
pote de arte illa vivens, mercedem laboris sui a "me exigebat, quam ipsi
suppedilare extrema mea paupertas non patilur, id facere nequaquam
potui. Deus Opt. Max. diutissime Exam Vesiram felicem, cum iota exer-
citu eatholico conservet, et vicioriis inclytum, contra hostes iniquos et
nimium pétulantes reddat. Ypris x Junii 1647.
Exceilentiae Vestrae
Devotissimus Cappellanus et servus Antonius Sanderus,
tam et scholasticus Iprensis.
( 196 )
Je ne connais pas dans notre pays le dessin de Du
Tielt. Il est possible que l'exemplaire envoyé au roi existe
encore dans un dépôt public en Espagne?
Ma note n'a d'autre but que celui de faire connaître un
détail inédit concernant Louis Du Tielt, peintre et graveur
né à Ypres, et fils de Guillaume Du Tielt, autre graveur,
dont feu M. Vander Meersch et plus lard M. Vandenpee-
reboom ont retracé la vie (1).
Sans vouloir juger du mérite de l'œuvre inconnue de
Louis Du Tielt, je crois néanmoins devoir faire remar-
quer qu'au XVIIe siècle et antérieurement, nos artistes
offraient aux rois d'Espagne des productions dignes de
figurer dans les palais somptueux de ces monarques et
dans leurs riches bibliothèques. Les gouverneurs généraux
et les hauts fonctionnaires fixés dans notre pays n'en-
voyaient à Madrid que des œuvres d'un mérite transcen-
dant. Les nombreux objets d'art d'origine belge conservés
en Espagne le démontrent à l'évidence. Si le dessin de
Du Tielt n'avait pas eu de belles qualités, Sanderus n'en
aurait pas fait l'éloge dans sa lettre à l'archiduc Léopold.
(1) Vander Meersch a publié dans la Biographie nationale la vie de
Guillaume Du Tielt, que M. Vandenpeereboom a rectifiée dans son travail
intitulé : Guillaume Du Tielt.
[ ^97 )
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gaaf. Turnhout, 1881 ; in-8° (172 pages).
— Feestmedeeling der dubbel zilveren jubelplechtigheid in
de abdij van Postel. Turnhout, 1881; in-8° (90 pages).
— Geschiedcnis van Corsendonck, deel 1 en II. Turnhout,
1881; 2 vol. in-8".
— Gedicht op Jacobus-Eduardus Glénisson. ln-8° (23 p.)
— Postel en zijn vroegere invloed in Nederland (50 -+- 28
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Mémoires, vol. XXIX, 1" liv. In-4°.
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PhysikaL- Central- Observatorium. — Annalen Jahrgang
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Mémoires, t. XXVIII, 2de partie. Genève; in-4°.
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para 1886. Barcelone, 1884; vol. in-8°.
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Esludio sobre la proporcion entre la gravedad de los delitos y
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Gomes Teixeira (Fr.). — Jornal de sciencias mathematicas
e astronomicas, vol. V, 6. Coïmbre, 1884; in-8".
Instituto y observatorio de Marina de San Fernando. —
Anales, 1885, seccion 2°. San Fernando; in-4°.
Observatorio do infante D. Luiz. — Annaes, vol. XX. —
Postos meteorologicos, 1881 e 1882. In-4°.
Gesellschaft fur Literatur und Kunst, Mitau. — Sitzungs-
Berichte, 1885. In-8°.
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Seismological Society, Japon. — Transactions, vol. VII,
part 2. Tokyo, 1884; in-8°.
Olivecrona (K. d'). — Rapport du conseil d'administration
des prisons du royaume sur l'état des prisons et le régime
pénitentiaire en Suède pendant 1883. — Rapport sur l'admi-
nistration de la justice en Suède pour 1882. Stockholm, 1885 ;
2 vol. in-4°.
Liste des ouvrages déposés dans la Bibliothèque de l'Acadé-
mie par la Commission royale d'histoire.
Mathieu (Ernest). — Charte de liberté de Gammerages.
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Papebrochio {Daniel). — Synopsis annalium Antverpien-
sium, etc. Anvers, 1884; in-8° (50 pages).
Ânalectes pour servir à l'histoire ecclésiastique delà Bel-
gique, 2me série, t. III, 2e livr. Louvain; in-8°.
Société historique et littéraire de Tournai. — Bulletins,
t, XX. Tournai; in-8°.
Cei'cle archéologique d'Enghien. — Annales, t. II, 2* livr.
in-8°.
Cercle archéologique du pays de Waes. — Annales, t. IX,
4. In-8°.
Institut archéologique de Luxembourg. — Annales, t. XVI.
Arlon; in-i°.
Société archéologique de JYamur. — Annales, XVI, 2. Rap-
port sur la situation pendant 1883. Namur, in-8°.
Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes.
— Revue agricole, etc., 4884, avril-août. Valenciennes; in-8°.
Ministère de l'Instruction publique, Paris. — Bibliothèque
des écoles françaises d'Athènes et de Rome, fasc, 57-39. 3 vol.
in-8°.
— Dictionnaire topographique du Département des Hautes-
Alpes (Roman). Vol. in-4°.
BU LU TIN
1 E
L'ACADÉMIE KOYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS I)E BELGIQUE.
1885. — N° 4.
Séance du 4 avril 1885.
M. Morren, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. Éd. Mailly, vice-directeur; J.-S. Stas,
L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de
Selys Longchamps, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze,
F. Donny, Ch. Monligny, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden,
C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly,
F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe,
membres; M. Mourlon, P. Mansion, A. Renard et P. De
Heen, correspondants.
MM. Melsens et Catalan font savoir que leur état de
santé les empêche d'assister à la séance.
3me SÉRIE, TOME IX. 15
( 206 )
CORRESPONDANCE.
M. Morren propose, en sa qualité de directeur de la
Classe, que l'Académie envoie au Roi, son auguste pro-
tecteur, une adresse de félicitations au sujet de l'Œuvre
du Congo. — Applaudissements.
Les trois Classes s'entendront pour la rédaction de cette
adresse et la remise de celle-ci à Sa Majesté.
M. Morren propose en outre que l'Académie se mette
à la disposition du Roi, pour diriger et organiser l'explo-
ration scientifique de l'Afrique centrale. L'examen de
cette proposition est renvoyé à la prochaine assemblée
générale des trois Classes.
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics demande que l'Académie lui fasse con-
naître son avis sur les différents systèmes actuels de paraton-
nerres. — Renvoi à la commission pour les paratonnerres.
— M. le Ministre envoie, pour la bibliothèque de l'Aca-
démie, les livraisons 267 et 268 de la Flora batava. —
Remercîments.
M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique
fait parvenir cinq exemplaires des rapports des Commis-
sions médicales provinciales sur leurs travaux pendant
l'année 1883. — Remercîments.
— M. le Dr Victor Jacques, secrétaire de la Société
d'anthropologie à Bruxelles, sollicite l'échange du Bulle-
tin. — Renvoi à la Commission administrative.
— La Classe accepte le dépôt dans les archives de trois
billets cachetés, qui lui sont adressés :
( 207 )
1° Par M. C. Malaise, membre de la Classe;
2° Par M. A. Jorissen, de l'Université de Liège ;
3° Par MM. Jean de Mollins, docteur en sciences, et
Samuel de Mollins, ingénieur civil, à Croix, près Lille.
— La Classe reçoit à titre d'hommage les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vole des remercîmenls
aux auteurs :
1° La Belgique horticole, 1884, tome XXXIV, par
Éd. Morren;
2° De l'énergie potentielle des surfaces liquides (suite et
fin), par G. Van der Mensbrugghe;
3° Discours sur les travaux mathématiques de M. Eu-
gène-Charles Catalan, par P. Mansion;
4° a) Études sur les matières organiques et organisées
contenues dans les eaux thermales des Pyrénées, notam-
ment sur le sulfuraire; b) Études nouvelles tendant à éta-
blir la véritable nature de la glairine ou barégine, par
N. Joly, de Toulouse;
5° a) Remarques sur les alouettes du genre otocorys;
b) Revue critique des oiseaux de la famille des Bacérolidés,
par A. Dubois;
6° Première note sur le Simœdosaurien d'Erquelinnesr
par L. Dollo;
7* Note sur la division des noyaux dans la Tradescantia
virginica, par E. Bernimoulin ; présenté par M. Morren;
8° Coordonnées parallèles et axiales, par Maurice d'Oca-
gne; présenté par M. De Tilly avec une note pour le
Bulletin ;
9° Brève storia délia Accademia dei Lincei, par D. Carutti ;
10° La greffe animale, par le Dr Vanlair;
H° Les derniers voyages des Néerlandais à la Nouvelle-
Guinée, par le prince Roland Bonaparte;
( 208 )
12° a) J. Kollmatïs Akroblast ; b) Bemerkungen zu
E. HàkeVs Aufsalz iiber Ursprung und Entwicklung der
thierischen Gewebe; c) Die Bedeulung der Zellenkerne fur
die Vorgànge der Vererbung, par A. Kôlliker, associé;
13° Darstellende und projective Géométrie, Bd. IV, mit
Atlas, par G. von Peschka.
Note lue par M. J. De Tilly.
a J'ai l'honneur de présenter à la Classe, de la part de
M. Maurice d'Ocagne, un Mémoire imprimé sur les coor-
données parallèles et axiales.
Tandis que, dans la géométrie analytique usuelle, un
point est déterminé par deux coordonnées, et une ligne
par une équation entre les deux coordonnées d'un quel-
conque de ses points, les géomètres ont considéré depuis
assez longtemps des systèmes de coordonnées tangen-
tielles, dans lesquels la droite est déterminée par deux
coordonnées (par exemple, ses distances à deux points
fixes). Alors c'est le point qui est déterminé par une équa-
tion entre les deux coordonnées d'une quelconque des
droites qui passent par ce point. Une courbe est repré-
sentée par une équation entre les deux coordonnées d'une
quelconque de ses tangentes, d'où vient le nom de coor-
données tangentielles.
Parmi tous les systèmes de coordonnées tangentielles
que l'on peut considérer, l'auteur a choisi les deux qui
lui ont paru les plus simples, l'un correspondant aux
coordonnées rectilignes ordinaires, l'autre aux coordonnées
polaires.
Les coordonnées parallèles sont comptées sur deux
droites parallèles ou axes des coordonnées, à partir de
( 209 )
deux poinis fixes jusqu'aux inlerseclions de ces axes avec
la droite que l'on veut représenter.
Les coordonnées axiales comprennent la distance, comp-
tée sur un axe des coordonnées, à partir d'un point fixe
jusqu'à l'intersection avec la droite à représenter, et l'angle
de celte droite avec l'axe.
Sur ces données, l'auteur a établi l'esquisse d'un Traité
de géométrie analytique à coordonnées parallèles, ou
axiales. Cette étude l'a conduit à une méthode de trans-
formation géométrique et à divers résultats intéressants.
Il termine par l'exposé d'un procédé nouveau de calcul
graphique, résultant de la considération des coordonnées
parallèles, et qui trouve son application dans la pratique
de l'art de l'ingénieur. »
RAPPORTS.
Noie cristallographique sur la chaux carbouatée de blalou;
par M. Sansoni, professeur à l'université de Pise.
itnj>, ot-t «Je M. fi. Uetcalqttr.
a J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la description que
M. Sansoni a soumise à la Classe, de deux beaux cristaux
de calcite de Blalon : c'est un travail fort bien fait et
dont je propose volontiers l'impression dans le Bulletin,
avec les figures qui l'accompagnent Ces cristaux ayant été
confiés à l'auteur par M. Renard, je laisse volontiers à mon
savant confrère le soin, généralement confié au premier
commissaire, de donner d'autres détails sur le travail
soumis à notre examen. »
( 210 )
Rapport lie ff, llcnai-rl
a La notice cristallographique de M. Sansoni est con-
sacrée à la description d'échantillons de calcite des géodes
du calcaire carbonifère de Blaton. Un examen sommaire
que je lis de ces cristaux avait montré qu'ils présentaient
une riche combinaison de formes cristallines dont plu-
sieurs me paraissaient nouvelles. A la demande de M. le
professeur Groth, ces échantillons furent envoyés au labo-
ratoire de minéralogie de l'Université de Strasbourg et
confiés à M. le docteur Sansoni, qui préparait un travail
d'ensemble sur les formes cristallines de la calcite. Les
premiers résultats des recherches de ce jeune savant sur
la calcite d'Andreasberg viennent de paraître dans les
Mémoires de l'Académie dei Lincei; la notice sur la calcite
de Blaton est une suite du grand travail entrepris par
l'auteur. Les deux échantillons de Blaton décrits par
M. Sansoni font partie de la collection minéralogique
du Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles; ils se
présentent en cristaux de 3 à 5 centimètres, leur couleur
jaune miel est très prononcée, à type scalénoédrique
déterminé par la forme R5 (2151); sur les faces de celte
forme sont implantés de petits cristaux de la même espèce
à éclat vitreux, presque incolore et de seconde formation.
Ces superbes cristaux de calcite extrêmement riches en
faces ont permis à l'auteur de constater les formes
suivantes, nouvelles pour cette espèce :
9R (9094), — 2R7/3 (4 10 Ï4 3),
3/4 R3 (1 0 5 ÏB" 4) ,î5/4 R5/3 (20 5 25 4) — 28/23 r«3/? y 2 40 52 23),
- «e/7 R»/2 (12 28 40 17) — 3/7 R«7/5 (6 11 Ï7 7).
( 2U )
Toutes ces formes ont été déterminées à l'aide des zones
et des valeurs angulaires. Comme elles ne s'offrent qu'avec
des faces assez petites et généralement peu réfléchissantes,
l'auteur n'a pas toujours obtenu une parfaite concordance
entre les valeurs angulaires calculées et celles données
par les mesures au goniomètre. Ainsi que le montre la pro-
jection stéréographique, les pôles des deux formes
— 2R?/3 (4 1 0 14 5), 15/4 Rs/3 (20 5 25 4)
sont très proches de la rencontre des deux zones. Toute-
fois on ne peut admettre la possibilité qu'elles en font
partie, puisqu'on obtiendrait des symboles respectivement
plus compliqués et beaucoup moins de concordance entre
les valeurs mesurées et celles calculées. Les quatre formes
scalénoédriques appartenant toutes à la même zone
— 28/s7 R,3/7(12 i0"52 23), — 16/7 R3/2 (12 28 20 17),
- */5 R»/3 (4 1 6 20 9) - »/7 R«7/i3 (6.1 * .Î7 7),
doivent être regardées comme une conséquence directe
de la manière dont les couches d'accroissement se sont
déposées sur les faces de la forme R3 (2131).
On peut voir par celte courte analyse l'importance de
la notice de M. Sansoni; elle présente le double intérêt de
faire connaître les formes nouvelles de la calcile de Blaton
et la manière dont elles sont reliées entre elles. Je m'as-
socie donc au savant premier commissaire et je prie l'Aca-
démie d'ordonner l'impression du travail dans le Bulletin
avec les figures qui l'accompagnent. i>
La Classe a adopté les conclusions de ces deux rapports.
( 212 )
Sur une réclamation de priorité concernant un procédé
d'annulation de l'extra-courant, par M. Daussin.
Rapport de M. Monligny.
« La lettre que M. Daussin, de Fives-Lille, a dernière-
ment adressée à M. le secrétaire perpétuel, a pour objet
de réclamer la priorité d'un procédé d'annulation de
l'extra-courant pour lequel M. Daussin aurait obtenu un
brevet en Mars 1869, et qui, selon lui, serait identique
au procédé d'annulation de l'extra-courant présenté à
l'Académie des sciences de Paris, le 19 janvier dernier,
par M. d'Arsonval. Notre Académie ne pouvant aborder
l'examen de questions de priorité, surtout dans les condi-
tions où celle-ci se présente, j'ai l'honneur de proposer à
la Classe d'ordonner le dépôt de la lettre de M. Daussin
aux archives. » — Adopté.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur l'apparition d'une petite gamme de vraies Baleines
sur les côtes Est des États-Unis d'Amérique; par
P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie.
Nous avons eu l'honneur, en 1880, d'entretenir l'Aca-
démie de la capture d'une Baleine qui avait pénétré dans
le havre de Charleston (Caroline du Sud) et que les pêcheurs
avaient attaquée à l'aide de plusieurs remorqueurs et d'un
grand nombre d'embarcations.
Je viens de recevoir une lettre de M. Holder, curateur
( 213 )
du Musée national de New- York, qui lait mention de l'ap-
parition, sur les mêmes côtes, d'une petite gamme de
Baleines, composée de six individus, dont quatre, heureu-
sement ou malheureusement, selon le point de vue auquel
on se place, ont été capturés; parmi ces quatre, il y a un
jeune et trois adultes; le plus grand mesure 60 pieds de
longueur.
Il régnait un grand froid au moment où ces animaux se
sont approchés des côtes, dit M. Holder.
Quel est le nom de cette Baleine? 11 y a déjà plusieurs
années, nous avons émis l'avis que la Baleine qui visite
les côtes des Étals-Unis d'Amérique, et à laquelle le pro-
fesseur Cope a donné le nom de Balœna cisarctica, est
la même Baleine que les Basques ont chassée pendant des
siècles dans la Manche, la mer du Nord et l'Atlantique,
que les baleiniers hollandais ont appelée Nordcaper, les
baleiniers français Sarde, et les naturalistes, depuis
Eschricht, Balœna biscayensis.
Le nom de Nordcaper provient de ce que les baleiniers
hollandais en se rendant, à l'époque de la grande pêche, au
Spilzberg, rencontraient sur leur passage, au cap Nord,
une Baleine plus petite et de moins de valeur que celle
qu'ils allaient poursuivre au Spitzberg.
C'est une heureuse nouvelle que M. Holder vient de
nous annoncer, puisqu'elle nous fait espérer que l'espèce
n'est pas aussi près d'être exterminée qu'on l'avait craint.
Les dernières Baleines qui avaient fait leur apparition
sur les côtes de la Caroline et qui avaient fait songer à une
nouvelle pêche dans ces régions, étaient des mégapfères et
non des Baleines véritables.
Depuis un quart de siècle, nous ne connaissons que
trois captures, faites en Europe, de celte Baleine qui,
( 21.4 )
autrefois, élait si abondante; la première de ces captures
a été exécutée sur la côte de Biarritz et date de 1854;
la deuxième a été faite dans le golfe de Tarente, en 1877,
et la troisième a eu lieu tout récemment sur les côtes
d'Espagne.
S'il faut en croire des observations récentes, la dispari-
tion de cette Baleine au Nord de l'Atlantique ne serait pas
autant à craindre qu'on le supposait.
M. Kœchlin, en se rendant à Hammerfest, a rencontré
entre Sorvvaer et Lappen une dizaine de Baleines, de vraies
Baleines, et cette apparition a même suggéré à quelques
pêcheurs de recommencer la chasse du Nordcaper. On sait
que la Baleine franche a presque disparu au Spitzberg.
Nous avons déjà perdu la Rhytina au nord du Pacifique, le
Dodo aux Iles Bourbons, YAlca impennis sur les côtes de
Groenland et d'Islande, et nous nous demandons si une
société protectrice des animaux ne rendrait pas un vérita-
ble service à l'humanité, en s'occupant de la question de
l'extermination de certaines espèces.
Cette protection nous paraît d'autant plus nécessaire
que l'on vient de prendre, aux États-Unis d'Amérique,
des mesures extraordinaires pour signaler toute apparition
de Cétacés sur une partie quelconque de la côte (1).
(1) Suggestions lo the keepers of the U. S. life-Saving stations, light-
houses, and lighl-ships; and to other observers relative to tbe best means
of collectiug and preserving spécimens of whales and Porpoises, By
Fred'erick W. True. Washington, 1884.
( 2d5 ;
Sur la découverte d'un Mosasaurien gigantesque dans le
Hainaut; par Ë. Dupont, membre de l'Académie.
Une découverte paléontologique importante vient en-
core d'être faite dans le Hainaut. Il s'agit d'un Mosasau-
rien de dimensions colossales, que le Musée royal d'histoire
naturelle a récemment fait extraire de la craie phosphatée
à Mesvin-Ciply, près de Mons, dans l'exploitation de
M. Bernard.
La mâchoire inférieure ne mesure pas moins de lm,50.
Le crâne est vraisemblablement complet dans plusieurs de
ses parties. Les dents, quoique souvent sorties de leurs
alvéoles, sont nombreuses. La colonne vertébrale, repré-
sentée par les régions cervicale, dorsale, lombaire et le
commencement de la région caudale, a fourni de 70 à 80
vertèbres. Les côtes sont en grand nombre. La ceinture
de l'épaule paraît intacte; la ceinture pelvienne n'a, jusqu'à
présent, donné qu'un ilium, mais il est probable qu'elle se
retrouvera entière quand les travaux de dégagement seront
achevés. On possède également les humérus, et diverses
raisons font penser que les membres antérieurs, ainsi que
les membres postérieurs, sont à l'intérieur des blocs non
terminés.
Si on ajoute la longueur du crâne à celle de la partie
conservée de la colonne vertébrale, on obtient une longueur
de 9 à 10 mètres. La presque totalité de la queue,qui devait
avoir 4 à 5 mètres, manque. L'animal atteignait donc la
taille d'une balénoptère de dimensions moyennes.
Le personnel des ateliers du Musée est occupé à retirer
les ossements de leur gangue crayeuse. Dans quelques
( 2I<) )
semaines, sans doute, celle magnifique pièce pourra pren-
dre place dans les galeries publiques.
Le Mosasaurien de Mesvin-Ciply diffère notablement
de celui de Maeslricht, qui, du reste, est d'âge un peu plus
récent. Il constitue certainement un type nouveau. M. Dollor
aide-naturaliste au Musée, se propose de l'appeler Haino-
saurus, et en prépare la description, qui offrira des parti-
cularités intéressantes.
Sur l'équation de Riccati et sa double généralisation ; par
J. De Tilly, membre de l'Académie.
INTRODUCTION.
L'équation de Riccati peut être ramenée aisément à
l'équation linéaire
d'y
Celle-ci peut être rendue plus générale, soit en rem-
plaçant, au second membre, xm par une fonction quel-
conque F(x), ce qui donne l'équation
d2u
d=!>¥ix)' <2)
soit, au contraire, en conservant le second membre, mais
en remplaçant, au premier, l'indice de différentialion 2
par un indice quelconque », ce qui conduit à
dny
d-*" (3)
On pourrait combiner les deux généralisations, mais on
( 217 )
tomberait alors dans des complications dont je ne veux
pas m'occuper en ce moment.
L'équation (2) (première généralisation) équivaut à
l'équation linéaire complète du second ordre, pour laquelle
on ne possède pas encore de méthode d'intégration.
J'ai été conduit, relativement à ce genre d'équations, à
un certain nombre de théorèmes que j'ai classés en deux
groupes : les théorèmes de réduction et les théorèmes
d'équivalence.
Voici un exemple de théorème de réduction, auquel il
est fait allusion dans le § II de cette Note.
On pourrait intégrer toutes les équations linéaires du
second ordre, si l'on savait résoudre le problème suivant :
Étant donnée l'intégrale de l'équation
r _ r .+. k¥{x) = 0,
ou celle de
t" — «'» + F(x) -*- k = 0,
trouver l'intégrale de
t" — t'* -4- F(x) = 0 (*).
Voici maintenant un exemple de théorème d'équi-
valence :
(*) Dans ce problème, il faut supposer que la fonction F(x) contienne
k (si cette constante conserve la forme littérale), sans quoi il suffirait de
faire k = 1, ou k = 0, dans l'intégrale, pour obtenir la solution. Le théo-
rème de réduction dont il s'agit ici, et plusieurs autres, sont démontrés
dans deux Notes contenues dans des plis cachetés acceptés par l'Académie
(séances du 1er avril et du 5 août 1882).
( 218 )
Les trois équalions
(Pu
et
sont simultanément intégrables ou non intégrables. Ce
théorème est démontré dans le § Ier de la présente Note (*).
l") A chaque énoncé d'un théorème de réduction correspond l'énoncé
d'un théorème d'équivalence à démontrer, et réciproquement.
Malheureusement, il paraît difficile d'obtenir deux théorèmes qui se
correspondent ainsi et que l'on puisse démontrer.
J'ai cru utile, cependant, de réunir des théorèmes de réduction et
des théorèmes d'équivalence, ou, ce qui revient au même, de faire un
tableau de formes F qui rendent l'équation (2) intégrable, et d'autres
formes qui devraient jouir de cette propriété pour que l'on pût ensuite
arriver à l'intégration complète de (2), pour une forme quelconque de F.
Dans la première catégorie se trouveraient, d'après ce qui précède, les
formes
f(x-)
et
Dx inv. / dx
L J P(«0 J
et dans la seconde,
et
les formes
k
?{x)
f(x)
v 219 )
Quant à l'équation (3) (seconde généralisation), je n'ai
pu l'aborder qu'au moyen des intégrales définies. C'est
l'objet principal du § II.
§ Ier. — Transformations réciproques des équations
différentielles du premier et du second ordre.
Il existe une transformation remarquable, habituelle-
ment nommée Transformation de Legendre (*), et qui a
été reproduite, avec une interprétation géométrique et
d'autres développements intéressants, par M. Orloff (**).
Elle consiste à remplacer, dans une équation différentielle
du premier ordre, les variables x, ?/, etp (||), par d'autres
variables X, Y et P j^|), choisies de telle manière que
x = P
et
y = PX - Y,
ce qui entraîne la relation
P = X.
C'est ce que j'appellerai, en supprimant les grandes lettres,
la transformation de
* > y, p,
respectivement, en
p,px — y,x;
(*) Mansion, Théorie des équations aux dérivées partielles du pre-
mier ordre, Paris, 1875 (ou Mémoires couronnés, etc., de l'Académie
royale de Belgique, in-8°, t. XXV), p. 42 (note au bas de la page).
(**) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2e série, t. XXXI II,
1872, p. 113.
C 220 N
ou, plus simplement, la transformation
/>, Vx — y y x-
Cette transformation est dite réciproque, parce que, si
on l'applique une seconde fois, on retombe sur l'équation
primitive.
J'ignore si l'on a déjà considéré d'autres transformations
réciproques, dont les deux premiers termes contiennent la
lettre p. On peut en trouver une infinité. Je me bornerai
à faire observer que la transformation précédente est un
cas très particulier de celle-ci :
où k représente une constante quelconque.
En faisant /; = 0, on retrouve la transformation de
Legendre.
J'ai fait cette remarque en essayant de combiner la
transformation de Legendre avec cette autre transforma-
tion réciproque (accessoire) :
i 1 px*
* y y
En ayant soin d'alterner les deux transformations, ol
voit que le nombre des combinaisons possibles est infini,
et l'on trouve (entre autres) toutes celles que je viens
d'indiquer; mais, bien entendu, pour k entier.
La vérification directe montre ensuite que k peut être
supposé quelconque.
Si l'on combine
p, px — y, x
( 221 )
avec la transformation accessoire
1 i_ y*
y x px
on arrive à des résultats analogues.
Mais si l'on emploie, comme transformation accessoire :
1
y, x, -,
P
le résultat est différent. On ne trouve que neuf combinai-
sons nouvelles (dont cinq seulement contiennent la lettre p
dans les deux premiers termes), comme le fait voir le
tableau ci-dessous, où q représente— :
x y p q
î
p px — y x
9
i px — y p3
1 y
p p q
X X
px — y — x*q
I —- Px — y tfq
y y p p1
1 p y ipx — yf
px — y px — y x qx*
p \ x {px — yY
px — y px — y y qy>
6 __ i p y*<i
y y px — y {px — yf
y \ i qxz
x x px — y (px — yf
3me SÉRIE, TOME IX. 16
( 222
)
px — y
1
1
y
P
P
y
qy~°
px — y
P
X
qx'
y
X
i
p
9
P*
X
y
p
9
Ce tableau donne lieu aux observations suivantes, dont
les deux premières servent simplement à en faciliter la
construction ou la vérification :
1° Du moment où, dans l'une des colonnes, on ren-
contre deux termes consécutifs inverses l'un de l'autre, les
termes suivants s'obtiennent nécessairement en prenant
les inverses des précédents, de manière que deux termes
à égale distance de deux inverses soient aussi inverses.
Celte circonstance se remarque deux fois dans chaque
colonne, mais non sur les mêmes lignes.
2° On a commencé par la transformation principale; si
l'on avait fait le contraire, on aurait trouvé le même
tableau renversé. De là résulte que la première et la qua-
trième colonnes doivent seules être construites régulière-
ment (avec la simplification résultant du 1°); la deuxième
et la troisième sont identiques à la première, copiée en
sens inverse, en ayant soin de revenir au dernier terme
quand on a copié le premier.
5° Les lignes précédées de numéros pairs sont les
seules qui constituent de véritables transformations réci-
proques. Les autres sont composées de deux transforma-
tions de cette espèce, mais ne jouissent pas elles-mêmes
de la propriété de réciprocité.
4° Si Ton considère deux colonnes quelconques, telles
( 225 )
que x et p, x et q, y et p, y et q, p et q, et dans ces deux
colonnes les deux fonctions inscrites sur la même ligne,
par exemple
x (px — yf
et — (colonnes p et q, ligne 5),
on pourra intégrer l'équation
(px — yf ( x
= ?
w \ y
quelle que soit la forme de la fonction <p, puisque, par une
transformation résultant du lableau lui-même, on peut
ramener cette équation à
q = f(p).
Si les deux colonnes considérées étaient les deux pre-
mières, on éviterait en apparence toute intégration, puis-
que p disparaîtrait, mais aussi l'on n'obtiendrait pas l'inté-
grale générale.
5° Bornons-nous à indiquer les équations du premier
ordre, ayant pour premier membre px — //, qui sont inté-
grablesen vertu du tableau, parce que l'on peut en éliminer
l'une des variables x, y, p.
I. pX — y = f(p),
équation de Clairaut. C'est la seule que l'on trouve par
la comparaison des deux premières colonnes. Elle ne se
retrouve plus dans les colonnes suivantes. Mais, pour le
motif déjà indiqué, la méthode ne donne pas son intégrale
générale.
II. px — y = ?(x),
( 224 )
équation linéaire, modifiée par une transformation préa-
lable portant sur la seule variable x.
m. px — y = p?{y)-
IV. px — y = A-
v. px-y=p?\-
6° Emploi de la dernière colonne pour essayer d'inté-
grer les équations suivantes :
q = yxm (équation de Riccati transformée),
q s= y¥{x) (la même équation généralisée).
En employant successivement les diverses transforma-
tions 1, %. ..9, on trouve, pour la première équation, le
seul cas d'intégration m = — 4, parce qu'alors l'une des
variables disparaît. On n'apprend donc rien de nouveau,
en ce qui concerne l'équation de Riccati; cependant, il y
a lieu de présenter une remarque sur la transformation 2,
la seule qui n'introduise pas la lettre p.
L'équation
q = y¥(x)
est remplacée par
_ xzq = — ^F(-
X \x
ou
q = yx-\[x-1).
On obtient donc le théorème suivant
I. — Les deux équations
q = y ¥{x)
( 2-25 )
et
q = yx~*¥{x~ l)
sont simultanément intégrables ou non inlégrables.
Celle transformalion esl réciproque. Pour l'équalion de
Riccati, elle correspond simplement à la propriété connue
du passage de l'exposant m à l'exposant — m — 4.
Il existe une seconde fonction jouissant de la même
propriété que
x-lF(x-%
c'est la suivante:
I), [inT,/F(x)Ar] 0,
et il esl possible qu'aucune autre expression monôme ne
satisfasse à la même condition. Ainsi, on a ce théorème :
II. — Les deux équations
q = y¥(x)
et
qr = yDx[inv. fF(x)dx\
sont simultanément intégrables ou non intégrables.
Soit, en effet, à intégrer l'équation
p + y'= F(x),
équivalente, comme on lésait, à
q = y¥{x), (4)
sous le rapport de la possibilité d'injégration.
(*) J'entends ici par inverse d'une fonction ?(x), une fonction <i>(x),
telle que <{/[>(#)] = x> ou Que K'K*)] = x' Le tDéorème reste vrai pour
ces deux définitions de l'inverse.
( 226 )
Si l'on fait y = z~\ l'équation devient :
F (x) F (x)
Posons
fY(x)dx = <f{x) = u (nouvelle variable indépendante),
et appelons ^ la fonction inverse de <j>, de manière que
+[?(*)] = *■
En différentianl celte dernière équation, on trouve :
et l'équation en z devient :
dz 2 '/ \
7 + z-t (w),
au
équivalente à
q = j,f (x),
ou à
q = yX)x\\nv.J*V{x)dx] (5)
Ainsi l'intégration de (5) entraîne celle de (4) et réci-
proquement.
Remarque. Si l'équation
à plusieurs solutions :
les équations
q = t/^'(of), q = y<f\{x), q = y?i(x), ...
sont simultanément intégrables ou non intégrables.
La transformation que nous venons d'indiquer est
( 227 )
réciproque comme la première. Comme elle aussi, elle
n'apprend rien de nouveau en ce qui concerne l'équation
de Riccali, car elle correspond, en général, à la pro-
priété connue du passage de l'exposant m à l'expo-
sant— ï^zti (*)• Mais les théorèmes I et II (théorèmes
d'équivalence) constituent la généralisation des deux pro-
priétés dont la combinaison permet d'intégrer l'équation
de Riccati, lorsque l'exposant a la forme ^^q.
Au moyen du théorème II, certaines équations linéaires
transcendantes peuvent être ramenées à des équations à
coefficients algébriques. Par exemple,
y y
y" = — — devient y" = —
§ II. — Intégration de certaines équations différentielles
linéaires au moyen d'intégrales définies.
Tout le contenu de ce paragraphe est basé sur une
remarque fondamentale, due à M. Boussinesq, professeur
à la faculté des sciences de Lille (**), et que voici :
« La dérivée première, par rapport à x, de la fonction
rm
t[t>)*[ï)d'
(*) Je dis en général, car il y a exception pour m = — 1. L'équation
y" = yx~{ se ramène à y" = yx~z par le théorème 1, et à y" = yex par le
théorème II.
(**) Comptes rendus, t. XC1V (2 janvier 1882), p. 33. Voir aussi l'ouvrage
intitulé : Application des potentiels à fétude de Véquilibre et du mouve-
ment des solides élastiques, Paris, Gauthier-Villars, 1885.
Dans tout ce § II, comme dans les travaux analogues d'autres géomètres,
on admet, sans discussion, que l'on puisse effectuer les dérivations sous
le signe, quoique l'une des limites soit infinie.
( 228 )
s'exprime par
./'4i)*[Qd';
et, par conséquent, la dérivée seconde de la même fonction
a pour expression :
/''(sMïK-
Considérons d'abord l'équation linéaire du second ordre
y" = abxmy (6)
qui dérive de l'équation de Riccati :
z' -t- az* = bxm (7)
lorsque, dans cette dernière, on remplace z par ~.
Adoptant la valeur
»-/'Ê?M3* (8)
0
on aura :
/" [? (é) *'(!)- abs"f (â * (?)] du - °-
ou :
--(émiMëM!)]— • • »
( 229 )
Déterminons les formes des fonctions 9 et ^ par les
équations :
■$
+«
>«k
[Z.j»^|j,d'oÛ^|
L'équation (9) sera vérifiée identiquement et l'équation (6)
aura pour solution :
[«•(è)î+'+'"K4)î+'J
e U du 0 . (10)
0
11 est facile de démontrer que ce résultat ne devient
jamais illusoire, sauf pour m = — 2, mais je n'insisterai
pas sur ce point, parce que l'intégrale que je viens de
trouver coïncide avec celle qui a été découverte par
Poisson (**).
Elle n'est pas générale, et on ne saurait la rendre telle
en la multipliant par une constante, car les deux con-
stantes qu'elle renfermerait alors ne seraient pas indépen-
dantes.
Mais on sait que, pour l'intégration complète d'une
équation linéaire du second ordre, la connaissance d'une
intégrale particulière suffit (***).
(*) Ce résultat, une fois connu, se vérifie aisément par la différenliation
sous le signe /, et l'intégration par parties.
(**) Journal de l'École polytechnique, 16e cahier.
("") On indiquera d'ailleurs, dans la suite de celte Note, une autre ma-
nière de compléter l'intégrale, par l'introduction d'imaginaires.
( 230 )
Je passe maintenant à un cas plus général, c'est-à-dire
à l'équation
■d-*r <">
proposée aux géomètres par Lobatto (*), comme un objet
de recherches utiles aux progrès de l'Analyse (seconde
généralisation).
M. Kummer a résolu cette équation par une méthode
bien remarquable (**), mais seulement pour le cas où m
est entier et positif.
Depuis, M. Spilzer (***) a étendu cette méthode au cas
où in, toujours entier, serait négatif et numériquement
plus grand que 2w.
Or, en suivant la marche que je viens d'indiquer pour
l'équation de Riccali, on peut intégrer l'équation (11), ou
tout au moins en trouver une solution, pour m quelconque
aussi bien que pour m entier.
En effet, si n est pair, l'équation aura la forme
dPy
dx* *
En substituant à y la même valeur que plus haut (8),
on aura :
I*) Journal de Crelle, t. XVII, p. 371.
(*') Ibidem, t. XIX.
("*) Ibidem, t. LV1I.
C 251 )
Posant donc
"léhÊNs
iW
(13)
— 'ï *\«
l'équation (12) sera vérifiée; or les équations (13) sont de
même forme que (11) (") et d'ordre moitié moindre; on
sait donc diminuer de moitié l'indice de différentiation
des équations linéaires dont il s'agit (quand cet indice
est pair), tout en leur conservant leur (orme.
Lorsque l'indice sera impair, ou le deviendra dans le
courant de la réduction, on l'augmentera d'abord d'une
unité, par la méthode de M. Kummer (**), puis on pourra
le réduire de moitié, comme cela vient d'être indiqué.
On arrivera donc, en dernière analyse, à un certain
nombre d'équations du second ordre, dont la solution a
été donnée d'abord.
Il est vrai qu'il faudra, de proche en proche, et à mesure
qu'on obtiendra les diverses intégrales définies répondant
aux diverses valeurs de n, démontrer que ces intégrales
ne deviennent pas illusoires, c'est-à-dire qu'elles peuvent
être rendues finies pour de certaines valeurs des quantités
littérales qui y jouent le rôle de constantes; mais cette
démonstration, habituellement négligée par les géomètres
qui emploient les intégrales définies, serait évidemment
plus difficile pour n quelconque que pour n = 2, et ne
(*) Abstraction faite des coefficients constants, qu'il est très facile de
faire disparaître.
(**) Il est essentiel d'observer qu'en limitant l'application delà méthode
de M. Kummer à la possibilité d'augmenter n d'une unité, on n'a plus
besoin de supposer que m soit entier.
( îùî )
saurait être laite en détail, pour chaque intégrale, qu'après
)e développement complet des précédentes.
Si les calculs, sans devenir illusoires, ne donnaient qu'un
nombre d'intégrales particulières insuffisant pour recon-
stituer l'intégrale générale, on pourrait observer que l'une
quelconque de ces intégrales,
y = %(x)>
conduit généralement à des intégrales distinctes de la pre-
mière, au moyen de la formule
y=g'«*%[*(
cos h V — l sin
laquelle constituera quelquefois, mais non toujours, l'inté-
grale générale de (il).
Il ne paraît pas facile d'obtenir cette dernière par une
méthode sûre, pour toutes les valeurs possibles de m et
de n.
La sommation indiquée pourra évidemment être com-
prise entre d'autres limites que k = 0 et k = n — 1.
Enfin, essayons de remplacer xm par une fonction quel-
conque F(x), en nous bornant, bien entendu, aux équations
du second ordre, c'est-à-dire que nous revenons à la pre-
mière généralisation de l'équation de Riccati.
Posant :
»-/"'(ï?MïK • • • • (u>
0
(où t est une fonction quelconque de x), on a :
( 233 )
el %=r^Q^^m
L'équation
i=*F« (15>
devient donc:
0 u
-f^(S*(ï)]=° (,6)
Elle ne peut, semble-t-il, se simplifier notablement
qu'en posant :
?(w) = ^ (u) = e~u (*), d'où f'(u) = <//(«) = — e~u.
Alors elle conduit à
i" - r -+- F(x) = 0 (17)
el l'intégrale cherchée est
_ _^ a*
e d* (18)
o
Mais si l'on avait posé simplement
y=c'e-'C) (19)
(*) En posant <p(w) = <\/[u) = eu, on trouverait des solutions illusoires,
parce que l'intégrale de
e dix,
entre 0 et oo , est infinie.
(**) Ce qui est la méthode classique, en prenant t = — Jzdx.
J 234 )
on aurait trouvé la même équation de condition pour
déterminer /.
Les deux intégrales particulières
yl = e~' et yt= T e ix* * rfa,
0
où f est supposé avoir la même valeur de part et d'autre,
seront distinctes ou non, suivant que la quantité
M» — »
se réduira à une constante autre que zéro, ou bien à zéro.
Or, il faut que celte quantité s'annule, sans quoi, en la
développant, on déterminerait t', en fonction de t, sans se
servir de la forme F, ce qui est absurde.
On a donc toujours :
j* a^
e rfa (20)
o
et, en déterminant la constante par la formule connue :
0
on trouve :
/Y'"'"^ = \/fe-< (21)
0
ce qui est aussi une formule connue, mais moins usuelle
que la précédente, et déterminée ici par un procédé qui
semble assez curieux (").
(*) Ce résultat conduit assez facilement, comme Liouville l'a fait voir
(et sauf la restriction déjà indiquée, en note, à la première page du § II), à
( 235 )
Quoi qu'il en soit, la méthode de transformation échoue,
parce qu'elle coïncide exactement avec la méthode clas-
sique de réduction au premier ordre. Il faudrait trouver
une transformation qui, au lieu de conduire à
t" — V* -4- F(x) = 0,
conduisît à
t" — t'% -4- k¥(x) = 0,
ou à
l" — t'* -+- F(x) -+- k = 0.
On en déduirait alors des conséquences importantes, au
moyen du théorème de réduction mentionné au début de
cette Note.
C'est l'équation (15) qui devrait pouvoir s'obtenir sous
l'une de ces formes, par exemple au moyen d'une hypo-
thèse plus convenable sur 9 et ^ dans l'équation (16), ou
par toute autre transformation plus habile. Mais les essais
que j'ai tentés dans ce sens n'ont pas réussi.
une propriété fondamentale des fonctions r, ou intégrales eulériennes de
seconde espèce.
On aurait pu aussi déduire l'équation (21) de l'équation (10), en suppo-
sant m = 0, et, en général, l'équation (10) pourra conduire à plusieurs
résultats intéressants, en y remplaçant m par les diverses valeurs pour
lesquelles la théorie ordinaire de l'équation de Riccati fournit des solu-
tions simples.
236 )
État de la végétation le 21 mars 4885, à Liège, par
M. Dewalque, et à Longchamps-sur-Geer (Waremme),
par M. le bon de Selys Longchamps, membres de
l'Académie.
Feuillaison.
jEsculus hippocastanum, L.
Arum maculatum, L. . . .
Berberis vulgaris, L. . .
Betula alba, L
Corchorus japonica, L. . .
Cornus mas, L
Corylus avellana, L. . . .
Crataegus oxyacantha, L. .
Larix europœa, D. C. . .
Lonicera periclymenum, L.
— xylosteum, L. . .
Philadelphus coronarius, L.
Pyrus japonica, L. . . .
Ribes rubrum, L
— sanguineum, L. . .
— uva-crispa, L. . . .
— grossularia, L. . .
Salix babylonica, L. . . .
Sambucus nigra, L. . . .
Spiraea sorbifolia, L. . . .
Staphylea pinnata, L. . .
Syringa persica, L. . . .
— vulgaris, L. . . .
Liège.
3/4
1/8
»
bourgeons
bourgeons
4/8
bourgeons
1
1/8
4/8
4/4
4/8
1/4
1/4
1/4
3/4
bourgeons
1/8
1/8
Longchamps
(Waremme).
bourgeons non ouverts.
bourgeons.
bourgeons.
M
1/8
M/8
1/8
M/4
M/2
1/8
( 237 )
Floraison.
Adonis vernalis, L
Amygdalus persica, L. . . .
Anémone hepatica, L. fl. pi. .
— nemorosa, L. . . .
Arabis albida, L
— alpina, L
Aubrietia deltoïdea, L. . . .
Bellis perennis, L
Cornus mas, L
Corylus avellana, L
Crocus vernus, L
Daphne mezercum, L. . . .
Galanthus nivalis, L
Glechoma hederacea, L. . .
Hyacinthus botryoïdes, L. . .
— orientalis, L. . .
Narcissus pseudo-narcissus, L.
Populus alba, L. . . . . .
Primula elatior, Jacq. . . .
— grandiflora, Lm. . .
— officinalis, Jacq. . .
Prunus armeniaca, L. . . .
Pulmonaria angustifolia, L. .
— mollis
Pyrus japonica, L
Ranunculus licaria, L. . . .
Saxifraga crassifolia, L. . .
Scilla verna, L. .....
Tussilago petasites, L. . . .
Ulex europœus, L
Viola odorata, L
Liège.
Longchamps.
(Wnremme).
générale
générale
»
comm.
boutons
comm.
presque générale
avancée
terminée
générale
id.
terminée
»
comm.
id.
boutons
boutons
comm.
boutons
boutons
comm.
boutons
partielle
boutons
comm.
id.
id.
id.
boutons non ouverts,
générale.
comm.
très avancée.
terminée.
très avancée.
id.
id.
générale,
presque terminée.
générale.
partielle.
boutons.
M. Dewalque estime l'état
3me SÉRIE, TOME IX.
de la végétation à Liège
17
( 238 )
le 21 mars comme atteignant la moyenne, ou même la
dépassant quelque peu.
M. le bon de Selys-Longchamps considère l'année comme
notablement en relard à Waremme. Peu de progrès depuis
le 2o février, époque à laquelle les espèces marquées *
étaient déjà en végétation, dans cette localité.
Sur l'existence des psammiles du Condroz aux environs
de Reaumonl dans CEntre-Sambre-et -Meuse ; par
Michel Mourlon, correspondant de l'Académie.
D'après la Carte de Dumont, les psammites condrusiens,
qui sont bien développés dans l'Enlre-Sambre-et-Meuse,
ne se prolongeraient pas jusqu'à la frontière française.
Ils se termineraient par une bande amincie, un peu au
delà du hameau de Castillon, à l'ouest de la vallée de l'Eau -
d'Heure. C'est en ce point que serait l'extrémité occiden-
tale des psammites condrusiens en Belgique. Tout l'espace
compris entre ce point et la bande psammitique de Mau-
beuge et de Cerfontaine, en France, serait occupé par les
schistes de la Famenne proprement dits sur lesquels s'élè-
verait, par conséquent, la ville de Beaumont.
Le but que je me propose en publiant la présente note
est de rechercher si la nature des affleurements de cette
région justifie l'interprétation de Dumont et si, dans le
cas contraire, ce ne serait pas l'existence d'un faciès
particulier des psammites condrusiens qui expliquerait
l'erreur du maître.
Lorsqu'on parcourt toute cette région des environs de
Beaumont, comme je l'ai fait dans ces dernières années,
on ne trouve guère, en général, à la surface du sol que
quelques rares débris de roches peu ou point pailletées
( 259 )
dans lesquels on ne sait le plus souvent s'il faut voir un
représentant des schistes famenniens ou des psammites
condrusiens.
Toutefois, j'ai hâte d'ajouter que la construction d'un
chemin de fer, en donnant naissance à de superbes tran-
chées dont celles qui s'étendent à l'est et au sud de
Beaumonl sont toutes récentes, a permis d'observer l'allure
et la composition des roches dans des conditions excep-
tionnelles que n'a pas rencontrées Dumont.
C'est ainsi que la tranchée au sud-ouest de la station
de Beaumonl est une véritable révélation en ce qu'elle
montre des schistes dans lesquels j'ai recueilli la Rhyn-
chonella Dumonti, passer insensiblement à des psammites
d'un aspect particulier, lesquels sont associés à d'autre*
psammites fossilifères, pailletés et feuilletés, présentant à
la partie supérieure des schistes cariés ou macigno altéré
renfermant d'abondantes Orthoteles consimilis si caracté-
ristiques de certains niveaux des psammites condrusiens.
En parcourant celte tranchée du sud-ouest au nord-est
on observe la coupe suivante :
Coupe de la tranchée au 5.-0. de la station de
Beau-mont (fig. 4), relevée en juin 4882.
Route de Philippevillo Station
Viaduc. de Beaumont.
S- G 1 8 3 33 3 3 *5"^
Foi
Ech ■ i/ta»o
TâZ
fai = Famennien inférieur; Fa2 = Famennien moyen {manque);
Fa3 = Famennien supérieur.
4. Schistes grisâtres et verdâtres à Rhynchonella Dumonli
devenant plus psammitiques et tachetés de rougeàtre à la
partie supérieure;
( Mi) )
2. Psammites et schistes rappelant parfois le psammite
stratoïde d'Esneux finement pailleté, avec ses taches rouge
orangé et présentant près du viaduc un banc de psammite
grésiforme blanchâtre, très fossilifère, passant au sable. Toutes
ces roches, en bancs inclinés 75° N. et dirigés 0,10° N., sont
très fossilifères (An'culopecten, abondantes Rhynchonella et
grande Avicula);
3. Idern, mais plus psammiliqiies, blanchâtres, jaunâtres et
verdâtres avec parties feuilletées et pailletées, passant à une
argile sableuse, pétris de traces de débris végétaux et renfer-
mant, outre les mêmes Rhynehonella que celles des couches 2,
' Productus, Spirifer Vcrneuili, Avicula Braibantiensis (nov.
sp.), Aviculopecten et autres Lamellibranches rappelant des
Cardium, etc;
4. Schistes nodulcux et fortement cariés ou macigno altéré
fossilifère, renfermant, outre d'abondantes Orlhoteles consi-
milis, de grands Aviculopecten fransversus, Spirifer Vcr-
neuili, Produclus, Rhynehonella, Fe?iestella anliqua, etc.
Ces couches 4 inclinent au N. et sont surmontées de quel-
ques bancs de psammites semblables à ceux de 3, puis elles
reparaissent avec une inclinaison S. Au delà ce sont encore
des psammites n° 3, mais la roche est presque totalement
cachée par des ébouiis terreux.
Il est aisé de voir par la description de cette coupe que
les roches qui la composent se rapportent, au moins pour
la plus grande partie, aux psammites du Condroz.
Reste à rechercher auxquels des différents horizons dis-
tingués dans ce puissant dépôt, doivent être assimilées les
roches en question. A cet effet, je commencerai par passer
en revue les différents affleurements qui s'observent tant
dans les autres tranchées du chemin de fer qu'en dehors
de la voie ferrée.
Comme il est dit plus haut, ces affleurements étant peu
( 211 )
nombreux, il ne sera pas inutile de faire ressortir les
caractères de ceux d'entre eux qui sont de nature à jeter
quelque lumière sur la question qui fait l'objet de cette
communication.
Je mentionnerai d'abord, un peu à l'est de la tranchée
de Beaumont décrite ci-dessus, quelques rares affleure-
ments de psammite et schiste, notamment sur l'accote-
ment de gauche de la grand'route et surtout dans un
chemin qui y aboutit, avant d'arriver à la 54" borne; on y
voit un bel affleurement de schiste vert jaunâtre, peu
pailleté, devenant parfois plus psammitique avec taches
rouge orangé, fossilifère, renfermant la même Rhyncho-
nella que celles des couches nos 2 et 3 de la tranchée de
Beaumont, ainsi que des traces de Lingules.
A l'ouest de celte tranchée, on voit, comme dans celle-ci,
les schistes de la Famenne proprement dits passer insen-
siblement à des psamrnites et schistes à végétaux, lesquels
sont associés à des couches de schistes cariés ou macigno
altéré.
En continuant à longer la voie ferrée vers le nord-est,
on observe, à partir de la station de Beaumont, des psam-
rnites et schistes peu ou point pailletés, passant à un sable
jaune qu'il ne faut pas confondre avec le sable blanc et
jaune légèrement glauconifère que j'ai rapporté au Bruxel-
lien (1) et qui s'observe en un point de celte même tran-
chée, silué à 400 mètres au sud du passage à niveau de
Thirimont.
A l'est de cette tranchée, on observe dans un chemin,
un peu au sud-ouest du hameau Le Pachis, des schistes
(1) Bull, de fAcad. roy. de Belgique, t. VII, 3e série, p. 299.
( 242 )
avec psammite très jaune, légèrement pailleté, renfermant
des traces de débris de végétaux.
Au nord de ce point et dans le même chemin, un peu
au sud-est de Rigouvert, ce sont des psammites grési-
formes, zonaires, légèrement pailletés avec psammites et
schistes jaunâtres et verdâtres renfermant des traces de
débris végétaux. Entre ces deux points, à la bifurcation
des chemins, les déblais provenant d'un puits, qui paraît
avoir une dizaine de mètres de profondeur, sont en
majeure partie formés d'un schiste grossier très fossili-
fère, pétri de traces d'articles de tiges de crinoïdes et
d'Orthotetes? Ces schistes se rapportent probablement à
quelque niveau frasnien dont les calcaires, non renseignés
sur la Carte de Dumont, sont exploités à l'ouest dans une
carrière.
Plus à l'ouest encore, affleurement de schiste jaune
peu pailleté, très fossilifère, plus ou moins celluleux, qui
pourrait bien se rapporter à quelque horizon voisin des
précédents.
La grande tranchée du chemin de fer au sud-ouest de
la station de Strée est formée de psammites et schistes
subfeuilletés, fossilifères, et, vers l'extrémité sud de celte
tranchée, un déblai pratiqué sur sa paroi occidentale avait
mis à découvert, en juin 1882 lorsque je la visitai, un
psammite altéré, blanchâtre, en bancs assez épais, inclinés
40° sud, très fossilifères, renfermant les mêmes espèces
que celles de la tranchée de Beaumont, notamment la
Rhynchonella, Y Avicalopecten , YAvicula Braibantiensis
(nov. sp.), un Spirifer sp? la Cuculiœa angusta? etc.
A. l'ouest de cette tranchée et un peu au nord -ouest du
hameau de Tourivet on observe, sur les accotements de la
grand'route, du psammite jaunâtre pailleté, passant au
( 243 )
schiste et rappelant parfois un peu les roches de la partie
supérieure des schistes famenniens, mais présentant, en
général, les mêmes caractères et renfermant les mêmes
fossiles que les roches de la tranchée de Strée.
Dans le premier chemin, au sud-ouest de cet affleure-
ment, ce sont des psammites passant au sable, puis des
schistes cariés ou macigno altéré renfermant des Ortho-
têtes consimiiis.
Les mêmes roches s'observent en maints endroits dans
le village de Strée et sont séparées des précédentes par
quelques affleurements de calcaire violacé formant, sans
doute, l'extrémité d'un lambeau frasnien (iguré seulement
plus à l'est sur la Carte de Dumont.
Constatons, en passant, que de nombreux blocs de grès,
se rapportant probablement aux blocs de grès à turritelles
de l'éocène moyen, sont répandus à la surface dans le vil-
lage de Strée.
Enfin, au hameau de Thirimonl, des schistes verls
famenniens peu ou point pailletés limitent l'extrémité
d'une bande de schistes et calcaires frasniens et, au nord
de ce hameau, à peu de distance du bois des Menus, à un
tournant un peu au sud des carrières, ces mêmes schistes
verdâlres présentent des plaquettes de psammite grési-
forme également verdâlres et très fossilifères dans les-
quelles j'ai recueilli, outre des Spirifer Verneaili, des
Productus et des Avicula, des Rhyrlchonella Dumonti.
Les carrières situées un peu au nord de cet affleurement
sont ouvertes dans un psammite grésiforme blanchâtre à
)a surface, jaunâtre dans la cassure, peu pailleté, en bancs
inclinés 40° nord et dirigés ouesl-nord-ouest et renfermant
les mêmes fossiles que ceux des tranchées de Strée et de
Beaumont.
( 244 )
Ce sont principalement des Lamellibranches, des Car-
dium, Cucullœa ang.iuta?, de petits gastéropodes et des
traces de débris de végétaux.
On le voit, tous les affleurements de la bande famen-
nienne s'étendant au nord et au nord-est de Beaumont,
entre celle ville et le village de Slrée, peuvent se répartir
dans deux groupes qui sont, en commençant par le plus
ancien : les schistes à Rhynchonella Dumonli et les psam-
miles grésiibrmes fossilifères avec schistes cariés ou maci-
gno altéré à la partie supérieure. Ces deux groupes de
couches correspondent respectivement dans la nouvelle
classification adoptée, le premier au Famennien inférieur
et le second au Famennien supérieur.
L'absence des roches calcaires (schistes noduleux ou
macigno) du Famennien moyen, si constantes tout le long
de la bordure sud du Condroz et de l'Entre-Sambre-et-
Meuse, rend compte de la -difficulté que l'on éprouve à
séparer les roches des deux autres groupes.
On verra plus loin que La même disposition se retrouve
sur le prolongement de ces roches en France dans la
bande psammitique de Maubeuge et de Cerfontaine. Mais,
avant de franchir la frontière, il sembie préférable de
rechercher quelle est la composition de la bande famen-
nienne qui s'étend au sud de Beaumont, entre celte ville
et le village de Sivry, et qui est séparée de la précédente
par un massif frasnien dans lequel s'observe au sud-ouesl
deBeaumont une digilalion de schiste psammitique famen-
nien sur laquelle il n'y a point lieu d'insister ici.
Lorsque l'on descend à la station de Sivry et que l'on
suit la voie ferrée en se dirigeant vers Beaumont, c'est-à-
dire du sud-est au nord-ouest, on observe la coupe sui-
vante :
( 245 )
*-< cl.
a a Vz
Coupe des tranchées cm V.-O. de la station de Sivry
(fig. 2), relevée en juin 1882.
1. Psammitesel schistes vcrdâtres en bancs
inclinés au nord, lachelés de rouge orangé,
rappelant un peu les psammites stratoïdes
d Esncux, mais alternant avec des psammites
et schistes jaunâtres et blanchâtres, pailletés,
semblables aux roches n05 2 et 3 de la coupe
deBcaumonl, fossilifères (nombreuses petites
Rhxjnchonella).
2. Idem avec psammite très feuilleté, légè-
rement pailleté, passant au sable; ces roches
inclinées au nord forment vers le milieu de
la tranchée de petits plis par ondulations;
elles présentent fréquemment, outre les
taches rouge orangé rappelant un peu celles
du niveau Fa le, une teinte gris blanchâtre
et jaunâtre très particulière; elles sont fos-
silifères (Slrophalosia producloides , nom-
breux Spirifer, Avicula, Aviculopeclen
transversus, Lamellibranches, etc.)
5. Schistes noduleux et fortement cariés
ou macigno altéré, fossilifères, renfermant
d'abondantes Orlholeles consimilis , ainsi
que d'autres fossiles tels que : un grand
Spirifer Verneuili,Rh\jnchoncllat Feneslella
untiqua, etc., en bancs parfois très épais,
alternant avec des schistes jaunes peu ou
point pailletés et surmontés de roches psam-
mitiques et cariées altérées à stratification
confuse.
Vers l'extrémité de la grande tranchée
qui se termine au passage à niveau, la roche
n'est que peu ou point visible. J'ai recueilli
( 246 )
dans cette grande tranchée, mais sans pouvoir en préciser le
gisement précis, un fragment de psammite plus ou moins
zonaire et stratoïde avec Prodvctus et Cypricarclia semisul-
cala ?
4. A 200 mètres au nord du passage à niveau apparaît une
petite tranchée située un peu au nord-est de la ferme de
Court-Tournanl; elle est formée de psammilcs et schistes en
bancs parfois assez épais et assez consistants, se rapprochant
de la verticale, inclinés au nord, puis au sud, légèrement pail-
letés avec taches rouge orangé.
Comme on peut le voir par la description de celle coupe,
la composition des deux tranchées qu'elle comprend cor-
respond entièrement à celle de Beaumonl, l'allure seule
des couches diffère un peu, mais leur disposition stratigra-
phique est la même, en ce sens que l'on y constate toujours
l'absence des couches calcareuses du Famennien moyen
et, partant, le contact des roches psammitiques de la partie
supérieure du Famennien inférieur avec les roches psam-
mitiques du Famennien supérieur, présentant à la partie
supérieure les schistes cariés ou macigno altéré à Ortho-
têtes consimilis, se rapportant à quelque niveau d'Ëvieux
sur l'Ourlhe.
Avant de continuer à suivre la voie ferrée vers le nord
où la tranchée de Lorroir présente un si grand intérêt, il
faut remarquer que de I autre côté de la station de Sivry,
c'est-à-dire au sud-est de celle-ci, on observe une succes-
sion de tranchées creusées dans un schiste avec plaquettes
psammitiques blanchâtres zonaires, puis de chaque côté
de la station de Rance, ce sont de véritables schistes
famenniens renfermant d'abondantes Rhynchonella Du-
monli (l se rapportant au niveau Fa16 de mon échelle
straligraphique.
o
KJ
: Qo
t ^
( 247 )
A partir de la petite tranchée qui ter-
mine, comme on vient de voir, la coupe au
nord-ouest de la station de Sivry, la voie
Terrée forme un tournant et prend la direc-
tion nord-est.
Au passage à niveau de Lorroir com-
mence la belle coupe que présente au nord-
est de ce hameau une tranchée suivie
d'autres moins étendues, mais non moins
intéressantes. Voici la coupe de ces tran-
chées lorsqu'on les parcourt du sud-ouest
au nord-est :
Coupe des tranchées au N.-E. de Lorroir
(fig. 3), relevée en août 1884.
\. Schistes gris avec parties psammitiques,
généralement peu pailletées, tachetées de rou-
geâtre, en bancs inclinés au nord et ondulant
vers le nord où elles semblent coupées par
une faille.
2 Schistes bleuâtres en bancs épais rap-
pelant ceux des tranchées du chemin de fer du
Luxembourg, entre Ayc et Haversin; ces
schistes sont séparés des précédents, comme
il vient d'être dit, par une fissure ou peut être
une petite faille, puis la teinte bleue disparaît
lorsqu'ils perdent l'inclinaison nord pour se
relever et prendre l'inclinaison sud (n° 5).
3. Schistes psammitiques en bancs épais
semblables aux schistes n° l.
4. Schistes psammitiques en bancs épais
parfois bleuâtres, ondulants.
r>. Schistes bleuâtres semblables aux schistes
( 248 )
n° 2 fissurés, sans stratification apparente, probablement par
suite d'une faille.
6. Schistes psammiliques toujours en bancs épais, mais se
délitant en menus débris à la surface et présentant un banc
mamelonné à la partie supérieure.
7. Psammites et schistes de Beaumont en bancs inclinés au
nord.
8. Idem en bancs inclinés sud, formant une petite tranchée
qui se relie à la précédente par des dépôts terreux et détriti-
ques s'élevantà peine au-dessus de la voie ferrée.
9. Psammites et schistes de Beaumont formant d'abord un
pli anticlinal aigu par ondulations, puis se présentant en bancs
se rapprochant sensiblement de la verticale.
Je rapporte les couches nos 1 à 6 de cette coupe au
Famennien inférieur bien qu'elles se présentent parfois en
bancs épais et plus ou moins psammitiques, mais la texture
schisteuse domine. Quant aux roches nes7 à 9, elles tran-
chent assez nettement sur les précédentes par leur teinte
plus pâle, leur pailleté et par le fait capital que ce sont de
vrais psammites ayant tous les caractères de ceux de
Beaumont.
On remarquera que ia coupe de Lorroir ne renseigne
pas les schistes noduleux ou macigno altéré à Orthotetes
consirnilis si bien visibles dans les tranchées de Sivry et
de Beaumont, mais on les voit bien développés de chaque
côté de cette coupe.
C'est d'abord à l'ouest de la voie ferrée en différents
points, au nord et au nord-est de Grandrieu et notamment
le long de la roule de SoIre-le-Château à Beaumont, près
de la 39e borne kilométrique, où on les voit associés à
des psammites vert jaunâtre légèrement tachetés de rou-
geâtre, se développant par petits plis.
( 249 )
D'autre part, à l'est de la voie Terrée, les mêmes schistes
noduleux ou macigno altéré s'observent d'abord dans le
chemin qui mène à Solre-St-Géry et qui est à peu près
parallèle à la voie ferrée, un peu au nord d'une chapelle
renseignée sur la Carie au 720000e de l'Institut cartogra-
phique militaire; puis ces mêmes schistes se retrouvent
encore sur le prolongement de ce dernier affleurement, sur
les accotements de la roule de Solre-St-Géry à Reulies,
presque à la limite septentrionale de cette dernière com-
mune. Seulement il convient de faire remarquer ici que
les schistes en question, qui forment un pli, sont très peu
distants des premières roches qu'on rencontre plus au sud
et qui sont formées de psammites et schistes en bancs
stratoïdes inclinés 50° nord et qui présentent certaines
analogies avec les roches du niveau Falc.
Enfin, plus à l'est encore, on retrouve ces mêmes schistes
cariés ou macigno altéré dans presque tous les chemins
du village de Vergnies; ils y sont associés à des psammites
et schistes jaunes semblables à ceux de Beaumonl et ren-
ferment des traces de débris de végétaux.
Au delà de Ve-gnies, la bande formée par ces roches
s'élargit en s'étendant jusqu'au nord d'Erpion, puis elle
s'amincit et se termine un peu au delà de la ligne du
chemin de fer de Charleroi à Mariembourg, en un point
situé un peu au nord du hameau de Falemprise.
Après les observations qui précèdent, il me reste à com-
parer le Famennien des environs de Beaumont avec celui
de la bande de Maubeuge. A cet effet, sans vouloir entrer
pour le moment dans de grands développements sur cette
région, que M. Gosselet a déjà si bien étudiée, je me bor-
nerai à décrire la coupe qui m'a paru la plus complète de
toutes celles qu'il m'a été donné d'y observer. Je veux
(m )
parler de la coupe qui présente au sud de Jeuraont le long
du ruisseau de Watissarl, à partir de la scierie de marbre
et du nord au sud, la succession suivante :
Coupe le long du ruisseau de Wattissart, au sud de
Jeumont (France), relevée en juillet 1882.
1. Schistes fissiles pétris de Rhynchonella et de traces de
tiges de crinoïdes; sur la rive gauche ces schistes sont satinés,
rougeâtres à la surface et alternent avec quelques petits bancs
de psammites avec traces de liges de crinoïdes. La scierie de
marbre est construite sur ces schistes, dont on a eu l'ingénuité
de chercher à faire des ardoises. Les roches n° 1 sont visibles
sur 25 mètres de longueur.
2. Schistes plus grossiers prenant le fin pailleté de Fa le,
devenant de plus en plus psammitiques et dans un petit déblai
où l'on a fait sauter la roche par la poudre, on voit un banc
fossilifère pétri de Spirifer incliné 40° sud avec le fin pailleté
de Fa le, mais ce sont toujours des schistes. Certains bancs rap-
pellent le schiste grossier psammitique de la tranchée au nord
de la station de Walcourt; il y a plusieurs bancs fossilifères à
Spirifer, Rhynchonella, Buomphalus, etc.
Les roches n°2 sont visibles sur une longueur de 102 mètres,
puis vient un espace de G8 mètres où la roche n'est pas
découverte.
5. Psammites grésiformes en bancs épais présentant dans
la cassure les taches rouge orangé et offrant aussi des parties
jaunes très fossilifères (petits gastéropodes, Murchisonia, Avi-
cula Braibanliensis, Cucullœa angusta ? etc.) rappelant celles
de Beauraont et de Ciney.
Yers la partie supérieure de la première carrière, gros banc
mamelonné; la roche est bien visible sur 40 mètres de lon-
gueur.
4. Psammites grésiformes bleuâtres, finement pailleté» mais
( 251 )
généralement verdâtres par altération, en bancs assez épais
dirigés ouest 5° nord et inclinés 45° sud, bien visibles sur
75 mètres dans une seconde carrière qui ne tardera pas à n'en
former qu'une avec la précédente ; certains bancs sont fossili-
fères pétris de Spirifer et rappellent un peu le banc à Spirifer
des couches n° 2 (i).
5. Schistes nodulcux fortement cariés ou macigno altéré
surmontés de schistes verts pailletés pétris de traces de débris
végétaux. Je n'ai observé ces roches qu'en un seul point de la
rive gauche et, de même que les précédentes, en bancs inclinés
sud, tandis que toutes celles dont la description va suivre sont
inclinées au nord.
6. Psammitcs grésiformes blanc et jaune terreux assez
pailletés et subfeuilletés servant à polir le marbre (Rabots)
en bancs inclinés au nord. C'est le même banc qu'on exploite
dans le bois du prince de Ligne, en faisant de petits déblais
qu'on remplit au fur et à mesure qu'on en a retiré les rabots.
(i) M. Gosselet a signalé récemment la découverte, dans ces carrières,
par M. Morin qui en est le directeur, de remarquables fossiles que
M. Ch. Barrois rapporte à des formes identiques ou très voisines de celles
du Chemung group d'Amérique. {Ann. soc. géol. Nord, XI, 1883-84,
pp. 78-86, pi. 1.)
Ces formes, décrites sous le nom générique d' Hydroceras par Conrad
ou de Dictyophylon par James Hall, sont rangées maintenant par ce der-
nier paléontologue dans la classe des éponges dont elles formeraient une
famille nouvelle, la famille des Dictyospongidœ.
M. Barrois décrit et Ogure deux de ces formes provenant des carrières
de Jeumont; l'une d'elles lui semble pouvoir être identifiée au Dictyo-
phytum tuberosum Conrad, sp., tandis que l'autre paraissant nouvelle
pour la science, il propose de lui donner le nom de Dictyophylon Morini,
en souvenir de celui qui a découvert celte intéressante faune de Jeumont.
Plus récemment encore M. Gosselet a renseigné parmi les fossiles des
grès de Jeumont que lui a envoyés M. Morin : Rhynchonella pleurodon,
Cucullœa amygdalina, Mylilus Damnoniensis, Avicula Damnoniensis,
Cypricardia, n. sp., Aviculopecten Juliœ (Ibid., XII, 1884-85, p. 119).
( 252 )
7 Carrière de psamraites schisto-grésiformcs bleuâtres avec
traces de débris végétaux en bancs inclinés 20° nord-est.
8. Scbistes paraissant être inférieurs aux roches précé-
dentes.
On voit clairement que les couches n° 1 et 2 de cette
coupe se rapportent au Famennien inférieur, et les couches
n° 3 à 8 au Famennien supérieur.
Les couches calcareuses du Famennien moyen font donc
ici encore complètement défaut. Toutefois, les schistes
cariés ou macigno altéré n° 5 identiques avec ceux de
Beaumont et de Sivry dans lesquels abondent VOrthotetes
consimilis, si caractéristique du Famennien moyen, pour-
raient faire croire à l'existence de ce dernier. Mais s'il en
était ainsi, les schistes cariés en question devraient sup-
porter le puissant dépôt de psammites grésiformes à pavés
(n0' 3 et 4) incontestablement Famennien supérieur, au lieu
de lui être superposés. Ces schistes cariés ou macigno
altéré ne sont donc qu'un représentant plus schisteux de
quelque niveau des macignos d'Évieux sur POurlhe.
A ce faciès plus schisteux qui se retrouve aux environs
de Beaumont comme en France, il faut encore ajouter l'as-
pect particulier que présentent les psammites et schistes
de Beaumont qui ne montrent bien les caractères litholo-
giques qui en font du Famennien supérieur que sur leur
prolongement en France, dans la bande de Maubeuge où
ils donnent lieu à d'importantes exploitations de pavés
comme celles qu'on vient de voir dans la coupe de
Watlissart. On comprend, dès lors, comment Dumont,
trompé par le faciès particulier du Famennien des environs
de Beaumont, et n'ayant pas connu les belles tranchées,
décrites ci-dessus, qui en rendent l'élude plus facile, ait
( 253 )
rapporté toutes les roches famenniennes de cette région
aux schistes de la famenne proprement dits.
Ainsi donc, non seulement les psammites condrusiens
existent aux environs de Beaumont, mais ces psammites
étant, comme on sait, réunis maintenant aux schistes de
de la Famenne proprement dits sous le nom de « Famen-
nien », on peut rapporter toutes les roches de ce terrain
qui viennent d'être passées en revue, tant celles des envi-
rons de Beaumont que celles qui s'observent sur le pro-
longement de ces dernières en France, à quatre niveaux
bien distincts. C'est d'abord pour le Famennien inférieur, le
niveau Fol b à RhynchoneUa Dumonli, puis le niveau Falc
à Cypricardia semisulcala? Pour le Famennien supérieur
ce sont les niveaux de Monfort (Faoab) et d'Êvieux (Food).
Les considérations qui précèdent m'amènent de nouveau
à dire un mot de la théorie des faciès de M. Gosselet.
Notre savant confrère a été des premiers à insister sur
l'importance des faciès dans nos terrains belges, et tout
récemment encore une découverte paléontologique faite
par MM. Van den Broeck et G. Vincent est venue démon-
trer que les sables blancs du Bolderien sont d'âge miocène,
ce que Dumont avait déjà renseigné sur sa Carte, et que, par
conséquent, ils ne sont, comme M. Gosselet avait été seul
jusqu'ici à le sou tenir, qu'un faciès des sables noirs d'Anvers.
L'existence des faciès est donc indiscutable et nul ne songe
à la contester; seulement, ce que pour ma part je ne puis
admettre, c'est l'application qu'en a faite M. Gosselet aux
psammites du Condroz, lesquels ne seraient, d'après ce
géologue, qu'un faciès arénacé des schistes de la Famenne
proprement dits. Si M. Gosselet s'est basé, pour établir ce
qu'il appelle sa « théorie des faciès », sur des schistes de
la Famenne comme ceux des environs de Beaumont, par
3'ne SÉRIE, TOME IX. 18
( .254 )
exemple, on comprend, d'après la description qui vient d'en
être donnée, qu'elle ne serait que le résultat d'une erreur,
mais d'une erreur bien explicable, de la Carte géologique.
En dehors de la région d'Avesnes, en France, que
M. Gosselet a plus particulièrement étudiée au point de
vue qui nous occupe et sur la constitution famennienne de
laquelle j'ai déjà eu l'occasion de faire connaître ma
manière de voir, le savant professeur de Lille ne nous
donne aucune application de sa théorie, ce qui permet plus
difficilement encore d'en apprécier la portée. En attendant
de nouvelles observations de M. Gosselet, je persiste à
croire que les schistes de la Famenne proprement dits,
auxquels j'ai proposé de réunir les schistes et psammiles
slratoïdes d'Esneux, ne renferment aucun élément qui
puisse justifier leur assimilation aux roches calcaires qui
composent le Famennien moyen non plus qu'aux psam-
miles et macigno du Famennien supérieur et que rien, par
conséquent, ne me semble justifier, au moins quant à
présent, la théorie de M. Gosselet en tant que s'appliquant
à ces épais dépôts famenniens compris entre les schistes
lrasniens et les calcaires carbonifères.
Les porphyres de Bierghes; par A. Renard, correspondant
de l'Académie et Ch. de la Vallée Poussin, professeur
à l'Université de Louvain.
Ces roches, que nous avions désignées, dans notre
mémoire sur les roches plutoniennes, sous le nom de por-
phyroïdes de Steenkuyp ou du Vert-Chasseur (1), étaient à
peine visibles quand nous fîmes nos premières éludes.
(1) Op. cit., p. 117.
( 255 )
Nous n'en aperçûmes alors que deux ou trois têtes de
bancs qui se perdaient immédiatement sous le limon, ou
qui plongeaient sous l'eau d'une petite carrière, où
on les avait exploitées auparavant. Actuellement, ces
mêmes roches sont exploitées à Bierghes dans une vaste
carrière, où elles sont mises à découvert sur une surface
étendue. Ces circonstances nous permettent d'ajouter les
détails qui suivent à la description sommaire que nous
avons insérée dans notre mémoire de 1876.
La roche cristalline de Bierghes nous est connue en
trois points :
1° Dans une ancienne excavation, aujourd'hui noyée,
située dans un champ labouré à 10 mètres de la rive droite
du ruisseau descendant de Haute-Folie à Steenkuyp, et à
400 mètres environ au sud-sud-est de la 27e borne de la
route de Bruxelles à Tournai. Cette excavation peut pré-
senter une superficie de 50 à 60 mètres carrés ;
2° A 60 mètres au nord-est du point qui précède, au
pied de l'escarpement du chemin venant de Rebecq. On
voyait là, il y a quelques années, deux ou trois bancs de
porphyre. Aujourd'hui le sous-sol est entièrement recou-
vert par du limon et des terres rapportées;
5° Dans une vaste excavation, creusée à 40 mètres
environ du point n° 2, et qui décrit une espèce de croissant
irrégulier, dont la plus grande longueur, avec une direction
est-nord-est, atteint à peu près 200 mètres, et la plus
grande largeur, avec une direction est-sud-est, 150 mè-
tres. Cette excavation, qui sert actuellement de chantier
d'extraction pour la confection des pavés, n'atteint la
roche cristalline qu'après avoir entaillé les couches ter-
tiaires et quaternaires qui la recouvrent, sur une épaisseur
qui varie, d'après les places, de 4 à 8 ou 10 mètres.
( 256 )
En explorant ce gisement dont les dimensions rappellent
les grandes cavités creusées à Quenast et à Lessines, on
constate d'abord que les roches anciennes y sont recou-
vertes d'un manteau épais d'argile sableuse ypresienne,que
Dumont n'a pas indiqué sur sa carte du sous-sol. En
voyant les sables grossiers et les conglomérats qui consti-
tuent la base des terrains tertiaires descendre ici jusqu'aux
cotes de 55 et même de 50 mètres, il y a lieu de penser
que ceux-ci existent sous le limon dans la majeure partie
de l'espace qui s'étend entre les villages de Saintes, Petit-
Enghien et Quenast, où ils n'ont pas été indiqués jus-
qu'à présent. D'autre part, il faut s'attendre à des relève-
ments plus ou moins accentués des terrains paléozoïques,
dont la surface supérieure se relève de plusieurs mètres
vers le milieu comme au bord nord oriental de la carrière
de Bierghes. Il est clair que des accidents de ce genre
peuvent amincir considérablement les assises tertiaires, ou
même en entraîner la disparition locale, sans qu'on puisse
en être averti par le modelé du sol extérieur.
La grande excavation de Bierghes ne découvre que les
roches porphvriques; elle ne met pas au jour de couches
normales du système silurien. D'après les renseignements
publiés, comme d'après ce qu'on nous a affirmé sur les
lieux, les couches quartzoschisleuses siluriennes n'affleurent
nulle part au dedans d'un rayon de plusieurs kilomètres
autour de Steenkuyp. Nous ignorons donc les relations
slraligraphiques des porphyres de Bierghes avec les for-
mations paléozoïques du pays, et nous ne saurions assurer
s'ils sont contemporains de celles-ci, ou s'ils sontd'intrusion
postérieure. Ces roches cristallines de Bierghes, à peine
entrevues par A. Dumont, l'avaient frappé par leur texture
schisteuse. Il les avait désignées sous le nom de Chloro-
( 257 )
phyre schistoïde. Or, celte même texture strato-schisteuse
se poursuit d'un bout à l'autre des grandes carrières où on
exploite le porphyre et dans toute son épaisseur connue.
Les couches se succèdent avec plus ou moins de régularité
et avec une inclinaison de 40° à 60° vers le nord-est. Leur
direction moyenne est de 160° à 175° environ, soit sud 20°
à 5° est. On trouve parfois des directions peu écartées de
celle-là, dans les couches des environs de Quenast; mais on
en trouve aussi d'extrêmement différentes. On ne peut
donc rien conclure de ces mesures quant aux rapports de
la masse porphyrique avec l'allure des terrains encaissants.
On le peut d'autant moins que la vraie nature de ces
joints, que nous venons de nommer des couches, parce
qu'ils en offrent l'apparence au premier abord, devient
douteuse par un examen plus attentif, et qu'il existe des
raisons pour y soupçonner un phénomène de tout autre
nature, comme on verra plus avant.
Un fragment de porphyre de Bierghes, vu à l'œil nu,
présente généralement une roche à texture porphyrique,
formée d'une pâle felsitique, à la fois compacte et feuilletée,
d'un vert noirâtre très foncé et mate, pâte dans laquelle se
détachent des cristaux subreclangulairesd'un vert jaunâtre
plus clair, qui sont des feldspaths, et des grains de quartz
vitreux d'un gris sombre. Sauf exception, ces derniers
cristaux ne dépassent guère 2 à 3 millimètres de grandeur
et les feldspaths 5 millimètres au maximum; mais la plu-
part sont beaucoup plus petits. Un grand nombre de ces
feldspaths sont des plagioclases, reconnaissables aux stries
de groupement. D'autres appartiennent à l'orlhose. Tous
sont altérés, bien que d'une manière inégale; car il en est
qui réfléchissent encore assez vivement la lumière, notam-
ment parmi les plagioclases, tandis que la plupart sont
( 258 )
plus ou moins ternes ou cireux. L'élément qui produit ici
la nuance vert foncé prédominante est la chlorite, laquelle
s'est développée d'une manière très remarquable dans celte
roche. La chlorite y constitue des enduits ou feuillets
membraneux ondulés, interrompus, souvent très serrés,
conservant entre eux, dans leur direction moyenne, un
parallélisme qui se manifeste très nettement dans les
cassures transversales vues sous une lumière oblique.
Quand la cassure s'opère suivant le feuilletage, alors elle
met au jour des plages plus ou moins étendues de ces
enduits chlorileux. Les cristaux paraissent orientés en tous
sens au milieu de celte masse felsito-chloriteuse: souvent
ils occupent le centre des œillets formés par les ondula-
tions de la chlorite. Mais il arrive aussi que ces enduits
chloriteux traversent les cristaux, faisant voir ainsi qu'ils
se rattachent à d^s phénomènes mécaniques et minéralo-
giques postérieurs à la ségrégation des feldspaths dans le
sein de la roche. Ajoutons que le feuilletage chloriteux est
généralement oblique, par rapport au plan des autres
joints de la roche. L'examen microscopique conlirme, en
les complétant, toutes les indications qui précèdent.
D'après ces données, la disposition feuilletée du por-
phyre de Bierghes ne dérive donc pas d'alternances dans
la proportion ou la texture des éléments primordiaux,
comme dans certains porphyres et quelques liparites
feuilletées. Elle ne provient pas non plus d'un alignement
des ségrégations cristallines, comme on l'a reconnu dans
quelques syénites, porphyres ou diabases anciens, et sur-
tout parmi les liparites, trachytes, phouolites, andésites et
dolérites des époques récentes, où se révèle la fluidalité
originaire. Elle paraît tirer son origine de minéraux
secondaires qui se seront développés suivant les plans de
( 259 )
glissement el d'éti rement de roche. Il est très remarqua-
ble que la texture précitée se soit développée à liierghes
d'une manière aussi générale; car elle se manifeste dans
les parties centrales des bancs les plus massifs, parmi les-
quels il en est qui possèdent plusieurs mètres d'épaisseur.
Mais on observe aussi, dans ce même massif, un
deuxième type de roches, subordonné à celui que nous
venons de décrire, auquel il est plus ou moins associé
d'une extrémité à l'autre de l'exploitation, quoiqu'il y soit
développé d'une manière très inégale. C'est un schiste
chlorileux, tantôt présentant l'aspect d'une ardoise, dont il
possède la cassure lamellaire et tranchante, d'autres fois
ayant une texture plus grossière, renfermant çà et là des
grains de quartz d'aspect identique à ceux qui sont dissé-
minés dans le porphyre, beaucoup plus rarement des
taches d'un vert pale, qui soûl des cristaux très altérés de
feldspath. On en trouve même des variétés qui renferment
distinctement tous les éléments du porphyre, y compris la
pâte felsilique, mais auxquels l'excès du feuilletage chlo-
rileux enlève les propriétés nécessaires à la confection des
pavés. D'après cela, on voit qu'il existe ici une transition
bien marquée entre le type porphyrique et le type schisteux
proprement dit. Les portions le plus phyllileuses enve-
loppent communément les noyaux porphyriquesdu premier
type, en ondulant autour, à la façon des feuillets micacés
de tant de roches schisto-cristallines anciennes. Ces noyaux
de la roche principale de Bierghes ont des dimensions
très différentes. Dans quelques bancs situés vers le milieu
de l'exploitation actuelle, où les phénomènes mécaniques
qui ont produit les lits schisteux ont atteint une grande
intensité, il existe des noyaux de la grosseur du poing. Le
diagramme ci-joint montre leur rapide succession dans
( 260 )
certains bancs, la longueur de l'espace représenté étant de
25 centimètres pris dans le sens de l'inclinaison.
Mais les noyaux à texture schisto-porphyrique sont
généralement beaucoup plus volumineux et on en trouve
de plusieurs mètres cubes et davantage, dans les bancs
préférés pour les usages industriels, qui sont les moins
coupés de fissures et d'enduits feuilletés.
Il faut remarquer que, dans ces bancs inclinés de por-
phyre, les ondulations chlorilo-schisteuses se produisent
aussi bien dans le sens de la direction que dans celui de
l'inclinaison. Actuellement on voit, vers le milieu du grand
bassin creusé par les travaux, un relief moins entamé par
l'exploitation et qui sépare ce qu'on nomme l'ancienne car-
rière de la nouvelle. Les bancs y sont bien mis à découvert
et on y observe des ondulations cblorito-schisteuses enve-
loppant des noyaux porpbyriques, qui rappellent jusqu'à
un certain point les nappes ondulées des phyllades appli-
quées sur les quartzites cambriens. Les paquets chloriteux
y ont parfois 6 à 8 centimètres d'épaisseur.
Les actions modificatrices si puissantes que nous venons
de rappeler et le développement inusité qu'y atteignent les
minéraux secondaires rendent plus épineuse, dans celte
roche, l'observation des vrais caractères lithologiques,
ainsi que va le montrer l'examen microscopique.
Pour compléter la description de cette roche macros-
copique de Bierghes, nous ajouterons que l'on y observe
fréquemment à l'état de dissémination des grains cristal-
lins de quartz d'un rouge sanguin, nuance produite par une
( 261 )
poussière d'oligiste enveloppée dans la cristallisation de la
silice. Nous pensons que ces quarlz rubigineux sont des
produits secondaires. Ils occupent souvent des formations
géodiques, où on les trouve associés au quarlz incolore,
surtout à la chlorite, parfois à des grains d'épidote, de
pyrite et de chalcopyrite. Nous avons vu de ces géodes de
toutes dimensions, jusqu'à atteindre la grosseur du poing.
On sait que ces particularités sont fréquentes chez les
l'elsitporphyres (1). Ajoutons ici que nous avons trouvé
pour la roche porphyrique une teneur en silice de
67.82 %
Les préparations microscopiques de celte roche mon-
trent des sections de quartz, d'orthose et de plagioclase
empâtées dans une masse fondamentale et associées à de
nombreux sphérolilhes; on y observe en outre des grains
de fer titane entourés de produits de décomposition, des
plages chloriteuses, de l'épidote en grains, plus ou moins
irréguliers ou fibro-rayonnée. Les sections de quarlz et de
feldspath se détachent porphyriquement de la masse; leur
forme et leur nature, ainsi que plusieurs détails de struc-
ture, montrent que celle roche doit être rangée dans la
série des porphyres quarlzifères. Examinons maintenant
les caractères que nous présentent, au microscope, les
divers éléments constitutifs qui viennent d'être énu-
mérés.
La masse fondamentale est constituée par un agrégat
micro-cristallin sans interposition de matière amorphe. A
l'aide des prismes de nicol,on voit une mosaïque de grains,
dont les contours sont voilés par ceux des particules voi-
sines superposées où fortement enchâssées dans celle pâle
(1) Cf. i. Roth, Allgemeine und chemische Géologie, 2. vol., p. 107.
( m )
d'un tissu 1res serré. Dans la majorité des cas, il devient
presque impossible d'observer ["individualité des grains
constitutifs et, par conséquent, de spécifier leur nature;
mais toujours les phénomènes optiques viennent montrer
que cette pâte n'est composée que de particules cristal-
lines, où doivent dominer surtout le quartz et les feldpalhs.
Le seul minéral, formant en quelque sorte corps avec la
pâte et que l'on découvre nettement, c'est la chlorite d'ori-
gine secondaire; elle s'est développée dans les fissures
microscopiques ou entre les grains constituant la masse
fondamentale.
Les sections quartzeuses sont telles qu'on doit s'attendre
à les voir dans les roches de la série des porphyres; jamais
ce minéral ne présente à Bierghes les caractères qu'il re-
vêt dans les roches du type granitique. Au lieu de ces
assemblages irréguliers qui, dans les granités, se tradui-
sent à la lumière polarisée comme des plages en mosaïque,
on constate ici pour les individus quartzeux une grande
homogénéité. Ils se détachent vivement de la masse fonda-
mentale; souvent ils sont revêtus sur le pourtour d'une
zone de matière fibro-radiée, sur laquelle nous aurons à
revenir. Malgré l'irrégularité que peuvent présenter les
contours des sections de ce minéral, on constate toujours,
peut-on dire, qu'elles dérivent de cristaux plus ou moins
parfaits où dominent, d'une manière prépondérante, les
faces de la pyramide. Généralement ces contours sont très
émoussés et arrondis; la masse fondamentale pénètre pro-
fondément le quartz, s'avançanl dans tous les sens sous la
forme de fîlonnets assez épais et se terminant par un bour-
relet plus ou moins prononcé. Ces sinuosités profondes
donnent au cristal de quartz l'aspect déchiqueté et corrodé
qui est bien celui qu'on observe pour ce minéral dans la
( 205 )
famille des porphyres. Les sections de quartz montrent
aussi un autre fait parfaitement en harmonie avec celle
interprétation : nous voulons parler de la nature des inclu-
sions microscopiques de ce minéral. Outre les inclusions à
bulle mobile, généralement alignées et moins nombreuses
que celles des quartz des granités, on voit dans le minéral
en question des particules de la masse fondamentale; elles
affectent souvent une forme régulière, commandée par la
forme cristalline du minéral englobant. Souvent cette ma-
tière enclavée présente les caractères de la pâle des por-
phyres; dans d'autres cas, elle est formée principalement
de paillettes chloriteuses qui sont d'origine secondaire.
La présence au sein de ces cristaux d'une substance qui
doit incontestablement s'être formée après la cristallisation
du quartz semble indiquer que ces inclusions, malgré la
forme régulière qu'elles affectent, ne sont pas hermétique-
ment renfermées dans les sections quartzeuses. Il paraît
naturel de conclure de ce fait que les enclaves sont reliées
par des lilonnets à la masse entourante; ce qui semble bien
naturel d'ailleurs, si l'on tient compte des sinuosités pro-
fondes que l'on aperçoit dans le plan suivant lequel les
sections sont taillées. SI est un dernier point à signaler
relativement à la microstructure du quartz de cette
roche: il est en rapport avec l'individualité cristalline que
nous avons reconnue dans ce porphyre pour le minéral en
question. Presque toutes les sections quartzeuses sont sil-
lonnées de lignes de cassure, où l'on distingue deux orien-
tations dominantes : l'une répond au clivage rhomboé-
drique; ce sont les plus fréquentes et les mieux marquées;
l'autre, indiquée par des lignes parallèles, répond à la face
du prisme.
I 264 )
Les sections de feldspath appartiennent h l'orthose ou
aux plagioclases; comme on l'a dit plus haut, celles d'or-
those sont le plus nombreuses. Ces minéraux sont profon-
dément altérés; souvent même la distinction des feld-
spaths monocliniques et tricliniques devient difficile, les
lamelles polysynlhétiques tendant à s'effacer. Toutes ces
sections sont envahies par Pépidole en grains dont le déve-
loppement dans la roche de Bierghes est comparable à
celui du même minéral à Quenasl ou à Lessines. Ces feld-
spaths sont en outre très souvent pénétrés de matière
chloriteuse et modifiés en kaolin ou en paillettes micro-
scopiques de mica blanc.
Cependant, dans certaines plages feldspathiques moins
décomposées, on peut encore distinguer l'orthose en cris-
taux simples ou maclés suivant la loi de Carlsbad. On
s'assure de la détermination comme feldspath monocli-
nique par les extinctions de sections de la zoneOP.oo Poo
(p/t) : elles éteignent parallèlement et perpendiculairement
aux fils du réticule. Ces cristaux d'orlhose et ceux de pla-
gioclase peuvent atteindre 2 ou 3 millimètres. En moyenne
ils sont plus grands que ceux de quartz dans la même
roche. Les plagioclases ont conservé dans quelques cas
des indices d'une structure zonaire, en même temps que
des traces assez nettes de leurs lamelles hémitropes sui-
vant la loi de l'albite; très rarement ils montrent la macle
de la péricline. Les extinctions symétriques de deux la-
melles hémitropes adjacentes n'ont donné que des résul-
tats peu concluants; on a obtenu 15° à 16° comme angle
maximum.
Il est très rare de trouver des plages feldspathiques ayant
conservé leur transparence vitreuse. Comme on l'a dit tout
à l'heure, ces sections sont criblées de produits secon-
( 265 )
daires; suivant les traces de clivage, on voit des granules
d'épidote soulignant ces solutions de continuité et souvent
aussi disposées en chapelet. Quelquefois ils sont répandus
sporadiquement dans le centre des sections. La chlorite
envahit à son tour ces minéraux; elle s'y montre sous la
forme de filaments dans toutes les fentes du cristal. Indé-
pendamment de l'intercalalion de la chlorite etde l'épidote,
les feldspaths ont subi une kaolinisation profonde qui,
dans certains cas, est assez avancée pour avoir déterminé,
à l'intérieur des sections, la formation de lamelles micros-
copiques incolores de mica.
Outre cette altération interne, on observe que l'intégrité
des contours n'est pas nettement conservée; les bords des
sections sont émoussés; on n'y observe pas de corrosion
comme c'est le cas pour le quartz.
Mais il est un autre ordre de faits que présentent les
sections feldspathiques de ce porphyre et sur lequel on a
déjà attiré l'attention : ce sont les déformations subies
par ces minéraux sous l'influence de Pétirement. Il n'est
pas rare, en effet, de voir au microscope ces cristaux dislo-
qués : les fragments d'un individu cristallin, reconnaissa-
bles par les formes des contours indiquant des pièces de
rapport et par les phénomènes optiques montrant une
orientation commune, gisent isolés de la plage dont ils fai-
saient autrefois partie; souvent le cristal a été brisé ainsi
en trois ou quatre parties qui, après la rupture, se sont dé-
placées de quelques centièmes de millimètre. Généralement
ces cassures et ces décollements se sont faits suivant les
lignes de clivage; dans d'autres cas les feldspaths ont été
comme écrasés et les fragments irréguliers qui s'en sont
détachés se retrouvent à de petites distances, orientés de
façons différentes. Tous les interstices entre ces pièces
( 266 )
isolées d'un cristal sont remplis de chlorile; les lamelles
de ce minéral secondaire ont cristallisé en se disposant
perpendiculairement aux surfaces des cassures.
Le fer titane s'observe en grains nombreux dans toute
la roche; les préparations sont parsemées de grains noirs
ne présentant presque jamais de contours cristallographi-
ques; ce minéral est très décomposé en leucoxène, dont on
observe des enduits blanchâtres à la périphérie des sections
d'ilménite; le produit d'altération revêt quelquefois une
teinte brunâtre et passe ainsi à la titanite. L'apalite en
prismes hexagonaux incolores se montre moins fréquente
dans la roche normale de Bierghes que dans celle de Que-
nast; elle paraît s'être surtout isolée dans la variété plus
schistoïde et plus riche en chlorile, ionl nous dirons un
mot tout à l'heure.
L'épidote dont nous avons indiqué l'abondance dans les
sections d'orlhose ou de plagioclase semble surtout loca-
lisée dans ces minéraux. C'est un fait à rapprocher de ce
qui a été dit à propos du rôle de ce minéral dans les dio-
riles quartzifères du Brabant.
L'épidote se montre sous la forme de grains légèrement
jaunâtres, presque incolores dans certains cas, pléochroï-
ques, bordés d'une zone un peu foncée. Il est assez rare
d'y distinguer des formes cristallines bien nettes, et plus
rare encore de reconnaître la disposition hbro-rayonnée.
1! est assez intéressant de remarquer l'association fré-
quente de cette espèce avec les feldspalhs; c'est un phé-
nomène qui contraste avec l'apparition de la matière
chloriteuse. Celle-ci se découvre partout envahissant les
sections feldspalhiques et enveloppant comme d'un réseau
tous les minéraux constitutifs se ramifiant à l'infini danr
la masse fondamentale de la roche.
( 267 )
Cette matière chlorileuse verdàtre est généralement peu
foncée, très faiblement pléochroïque, polarisant dans les
tons biens, s'éteignant parallèlement aux lamelles; les sec-
tions plus ou moins hexagonales perpendiculaires à celte
direction restent éteintes pour une rotation complète. Quel-
quefois elle offre des agrégats presque aciculaires où des
lamelles prennent une disposition plus ou moins fibro-
ravonnée. Rarement on observe des formes cristallines
pour ce minéral : il a cristallisé d'une manière confuse
dans les interstices où il s'est développé comme produit d'al-
tération. Tout fait penser qu'il dérive de la décomposition
d'un bisilicatequi pouvait exister autrefois dans cette roche
porphyrique; mais, sauf des cas exceptionnels, il est
impossible de retrouver dans les nombreuses plages où
la matière chlorileuse s'est développée, des contours qui
permettent d'affirmer que les seclions remplies maintenant
par le minéral vert étaient occupées primitivement par une
espèce du groupe amphibolo-pyroxénique. Les préparations
que nous avons examinées ne nous ont montré que deux
sections de chlorito terminées nettement par des contours
qu'on pourrait ra! tacher à ceux que doit donner l'augile.
En général donc les formes sont trop vagues pour affirmer,
sinon d'une manière très hypothétique, que la matière
chloriteuse s'est développée aux points occupés par les
bisilicates.
Ce qui n'est pas moins caractéristique pour celte roche
et bien significatif pour la place qu'elle doit occuper dans la
classification, c'est la structure sphérolilhique parfaitement
développée à Bierghes. On voit à la lumière ordinaire, dans
la masse fondamentale, des plages de moins d'un millimètre
affectant une forme circulaire; en certains points ces sec-
tions sphériques sont serrées les unes contre les autres, en
( 268 )
d'autres elles apparaissent sporadiquement; on voit vague-
ment, sans l'appareil de polarisation, qu'elles possèdent
une structure (îbro-radiée ; entre les niçois, on constate
que la grande majorité, pour ne pas dire toutes, sont des
seclionsdepseudosphérolithes formées d'aiguilles dénature
hétérogène. Les sphéroïdes, qui constituent souvent une
grande partie de la masse fondamentale, ne montrent pas
la croix noire avec bras perpendiculaires et les phéno-
mènes de coloration qu'offrirait une section de sphéroïde
composée de fibres radiées de nature minéralogique homo-
gène. On observe, au contraire, des figures d'interférence
dont les bras peuvent n'être pas perpendiculaires deux à
deux, et qui dans certains cas sont au nombre de moins
de quatre ou en nombre plus élevé. H semble naturel
d'admettre que ces pseudosphérolilhes sont composés d'ai-
guilles de quartz, entre lesquelles sont intercalées des
lamelles feldspalthiques ; cette interprétation, en accord
parfait avec la nature de la roche que nous étudions, per-
met d'interpréter les anomalies optiques qu'offrent les
sections de ces sphéroïdes microscopiques.
Il est assez rare de trouver que le centre des petits
pseudosphérolilhes soit formé par un grain d'une espèce
minérale comme le quartz et le feldspath; mais par
contre, les sections des grands cristaux porphyriques de
la roche, surtout ceux de quartz, sont presque toujours
encadrées d'une zone de matière ayant la structure et par-
tant la même composition que les pseudosphérolilhes dont
il vient d'être question. On distingue autour de chaque
cristal de quartz des houppes de cette matière finement
fibro-rayonnée ; elles suivent fidèlement les contours les
plus capricieux des sections et pénètrent dans toutes les
anfracluosités,en conservant à peu près la même épaisseur.
( 269 )
C'est une observation qu'on l'ait souvent dans les roches
porphyriques de la classe des porphyres.
Outre ces formes sphérolithiques, on aperçoit assez sou-
vent des plages de mica blanc plus grandes et plus irrégu-
lièrement terminées que les sphérolithes. Les prismes
extrêmement petits qui constituent ces amas incolores
sont orientés dans tous les sens et fortement agrégés; ils
offrent des tons très vifs à la lumière polarisée et pré-
sentent les caractères du mica muscovite : les plages dont
il est ici question sont terminées par des courbes plus ou
moins irrégulières, rappelant en quelque sorte des formes
concrétionnées. Ces sections de mica sont d'ordinaire
entourées d'une zone de matière chloriteuse qui en copie
exactement les contours.
Nous devons enfin signaler la présence dans le por-
phyre de Bierghes, de portions qui se distinguent de la
rocbe enveloppante par la couleur de la texture, et qui
prennent souvent l'aspect fragmentaire. Il en est qui se
séparent de la masse principale par leur nuance d'un gris
ou d'un vert jaunâtre assez clair et qui sont dues évidem-
ment (comme à Quenasljà des portions felsitiques, pauvres
en chlorite et riches en grains d'épidote. D'autres, au con-
traire, possèdent une teinte notablement plus foncée que la
roche normale. On doit ranger dans cette catégorie des
portions visiblement formées de la masse fondamentale
felsitique, avec retrait de la plupart des ségrégations
feldspathiques et des dérivés de couleur claire (épidote,
talc et mica). Mais, parmi ces masses enclavées, il en est
d'une nature différente. Ainsi nous avons recueilli dans un
banc qui n'est plus visible aujourd'hui (mars 1883), banc
situé à 60 mètres environ de la paroi terminale de la car-
rière au nord-est, des portions d'un vert foncé, présentant
5me SÉRIE, TOME IX. 19
( 270 )
à la loupe un aspect grano-crislallin, qui n'est pas celui de
la roche ordinaire de Bierghes, et qui montre, dans les
préparations microscopiques, des caractères très différents
de ceux que nous avons indiqués jusqu'à présent.
Les lames minces taillées dans ces fragments hétéro-
gènes permettent de voir que la masse fondamentale n'est
pas représentée d'une manière sensible; les sections feld-
spalhiques refoulent pour ainsi dire celles de quartz;
elles s'y montrent plus prismatiques que dans le por-
phyre normal; les sphérolithes tendent à disparaître; on
observe aussi un alignement assez bien marqué des miné-
raux constitutifs, indiqué par le parallélisme plus ou
moins prononcé des lamelles de feldspath. La pâte a dis-
paru ou elle est entièrement remplacée par la matière
chloriteuse, qui envahit tout l'espace compris entre les
cristaux. Ce que nous venons d'indiquer suffit pour mon-
trer qu'à la structure porphyrique tend à se substituer celle
des diabases; mais, ajoutons-le, la transition à ce type de
roche n'est pas complète; nous n'avons jamais vu dans les
préparations en question , pas plus que dans celles du
porphyre proprement dit, des sections que l'on pourrait
considérer comme se rapportant à l'augite; le quartz y
conserve encore les caractères signalés pour la roche
normale, et nous y constatons en outre la présence de
l'orihose.
Nous avons cru reconnaître à diverses reprises, parmi
les blocaux accumulés dans les énormes déblais qui entou-
rent le champ d'exploitation, des taches sombres qui nous
rappelaient les fragments précités à texture diabasique.
Les parties semblables doivent être fréquentes dans les
porphyres de Bierghes.
Il reste à indiquer, en terminant la description micro-
( 271 )
scopique de la roche, ce que nous montrent les lames
minces taillées dans les portions chloriteuses de la variété
schistoïde sur laquelle on a insisté plus haut. Ces échan-
tillons à cassure lamellaire et tranchante, présentant
l'aspect d'une ardoise verdâtre et dont nous attribuons
certains caractères de structure et de composition minéra-
logique au laminage, ont fourni des préparations essen-
tiellement formées d'un minéral chloriteux. Ces plages
verdâtres ou vert bleuâtre assez étendues sont constituées
par des lamelles irrégulières empâtées dans le sens du
feuilletage. Sauf le développement qu'elles prennent dans
les portions schistoïdes de la roche de Bierghes, on peut
leur appliquer tout ce qu'on a dit des caractères du même
minéral dans la description micrographique des échantil-
lons porphyriques. L'agencement de ces lamelles indique
qu'elles sont en rapport avec la division facile en un sens
de la roche; elles affectent une disposition rappelant
assez bien celle du même minéral dans les phyllades.
Quant aux feldspaths, on n'en voit plus guère de trace;
les derniers débris de ces minéraux sont noyés dans la
matière chloriteuse ou transformés en lamelles micacées
incolores enchevêtrées dans tous les sens. Ces petites
paillettes de mica blanc prennent, après la chlorite, la
part la plus considérable à la constitution de cette variété
chlorito-schisteuse du porphyre. Elles y offrent des plages
isolées d'assez grandes dimensions, qui ont été formées,
selon toute probabilité, aux dépens de l'élément feldspathi-
que à la suite du laminage. On distingue cette matière mi-
cacée de la chlorite par le fait que la première est incolore,
qu'elle montre avec l'appareil de polarisation des teintes
d'une très grande vivacité. Les individus qui constituent
ces plages de mica sont d'habitude extrêmement petits et
( 272 )
ne s'individualisent qu'à l'aide des plus Torts grossisse-
ments. Le quartz est le seul élément de porphyre que
Ton retrouve ici avec les caractères indiqués dans la des-
cription de la roche massive de Bierghes. On le voit dans
les parties schisloïdes avec les mêmes formes corrodées,
les mêmes inclusions et ses cassures régulières. Les sphé-
rolilhes ont entièrement disparu ou du moins sont-ils
extrêmement rares. C'est le contraire pour l'apatile, dont
le nombre des sections microscopiques tend à augmenter;
les petits prismes incolores de ce minéral sont souvent
groupés au nombre de 2 ou 3 dans les parties chlori-
teuses. L'épidote et le fer titane avec ses produits de
décomposition se retrouvent ici identiquement les mêmes
que dans la roche normale.
Dans la description lithologique qu'on vient de lire, nous
rapportons la roche de Bierghes aux porphyresquarlzifères.
Nous avons indiqué incidemment quelques détails caracté-
ristiques de structure et de composition qui sont propres
aux roches de ce type. Nous al'ons les grouper et justifier
ainsi la détermination pétrographique adoptée.
Si l'on compare, quant au nombre les sections d'orlhose
que nous montrent les lames minces à celles de plagio-
clase, on trouve que les premières dominent incontesta-
blement; si l'on tient compte en outre du quartz avec le
faciès que nous avons décrit et de la structure sphéroli-
thique, si remarquablement développée dans la masse fon-
damentale et autour des sections quartzeuses, on est
amené à constater que toutes les affinités de la roche en
question sont avec les roches orthosées quartzifères à
structure porphyrique. D'un autre côté, la présence des
plagioclases et de la matière chloriteuse, qui pourrait
I 275 )
provenir de l'altération d'un minéral pyroxénique, semble
la relier à la série des porphyrites quarlzifères, e'esl-à-dire
aux équivalents porphyriquesdes diorites micacées quarlzi-
fères. Ce rapprochement avec les porphyrites se fait d'au-
tant plus facilement que la roche de Bierghes offre cer-
taines analogies de gisement et de composition avec les
diorites quarlzifères de Quenast, de Lessines ou du champ
S'-Véron à Lembecq. Parmi les analogies de composition,
nous nous bornons à indiquer ici l'une des plus saillantes :
le remarquable développement d'épidote dans ces masses
éruptives.
Mais, pour déterminer la roche de Bierghes comme
l'équivalent porphyrique des diorites du Brabant, pour la
ranger, en d'autres termes, avec les porphyrites, les pla-
gioclases devraient jouer dans la roche un rôle que nous
ne leur avons pas reconnu. Il faudrait en outre ne pas
tenir un juste compte des pseudosphérolithes, dont la
présence dans une porphyrile serait presque aussi insolite
que le développement du quartz en individus cristallisés,
tels que nous les constatons à Bierghes. On sait en effet
que les porphyrites, malgré la teneur élevée en silice
qu'elles peuvent atteindre quelquefois, ne présentent
qu'exceptionnellement le quartz sous cette forme. En envi-
sageant comme nous venons de le faire le problème, tou-
jours assez difficile, de la classilicalion de cette roche si
profondément altérée, la détermination comme porphyre
quarlzifère nous paraît justifiée.
Dans son remarquable mémoire sur la structure micro-
scopique des roches acides anciennes (1), M. Lévy a groupé
avec les porphyres anthraxifères les masses de Lessines
(1 ) Bulletin de la Soc. géol. de France, 1875, p. 207.
(274)
et de Quenast. Ce savant 1rs envisage donc comme appar-
tenant à la série des porphyres noirs, dont les coulées s'in-
tercalent dans les couches les plus inférieures du terrain
houiller. Nous avons toute raison de penser qu'il rattache-
rait au même groupe la roche de Bierghes, dont les affi-
nités avec ces porphyres anlhraxifères sont peut-être
mieux indiquées encore que pour les roches du Brabant
qu'il comprend dans ce groupe. Celte assimilation des
masses éruplives les plus considérables de la Belgique aux
filons anlhraxifères de France nous amène à toucher la
question d'âge géologique du porphyre de Bierghes. Sans
vouloir nous prononcer d'une manière trop positive à cet
égard, à cause des difficultés que présentent les conditions
du gisement des roches éruplives du Brabant, on peut
toujours se demander si les analogies de structure et de
composition que présentent quelques-unes de ces roches
avec les porphyres anlhraxifères du célèbre lilhologiste
français suffisent pour établir le synchronisme des por-
phyres noirs de M. Lévy et des roches à structure por-
phyrique qui affleurent dans le terrain silurien de Bel-
gique. Nous sommes les premiers à admettre qu'on doive
se servir des particularités de structure et de composition,
comme indices, pour établir d'une manière générale l'âge
de ces roches : ainsi les caractères crislallonomiques et
les systèmes de cassure du quartz du porphyre de Bierghes,
le développement du minéral chloriteux qui envahit la
pâte et les éléments constitutifs, l'extrême abondance d'un
autre produit secondaire : l'épidote, sonl des faits qui
nous paraissent parler hautement en faveur de l'ancien-
neté de celte roche. Mais, pas plus que la structure sphéro-
lithique, ils ne permettent de resserrer l'apparition des
masses éruplives du Brabant dans les limites assez étroites
( 27S )
qu'on sérail porté à leur assigner par comparaison avec
les porphyres analogues d'autres régions et dont l'âge
ttolhraxifère est établi.
De son côté M. Rosenbusch (1) a rattaché les roches de
Quenast et de Lessines au groupe des épidiorites de
M. Giimbel (2). On sait que le géologue bavarois a séparé
des dioriles proprement dites, les épidiorites qui forment
des filons peu épais dans les couches cambriennes ou silu-
riennes inférieures, et qui sont caractérisées par l'amphi-
bole fibreuse pléochroïque, par des plagioclases en plages
plus ou moins irrégulières ou prismatiques, par la chlorite,
le fer titane souvent altéré, la magnétile, la pyrite et
l'apalile. Les rapprochements que nous avons faits entre
la roche de Bierghes et celles de Quenast et de Lessines,
rapportés aux épidiorites, pourraient bien conduire à
considérer la roche que nous avons décrite comme se rat-
tachant au type porphyrilique des épidiorites; mais, si,
comme paraissent le montrer les recherches récentes, les
dernières n'étaient que des diabases amphibolisées, cette
désignation d'épidiorite ne pourrait être maintenue; car
pour toutes les roches du Brabanl dont il s'agit, nous ne
retrouvons pas la structure des diabases; les analogies de
structure sont, au contraire, nettement prononcées dans le
sens des roches porphyriques, et, pour certains cas, des
diorites porphyriques. C'est un caractère qu'il nous paraît
important de ne pas perdre de vue et qui distingue l'en-
semble des masses plutoniennes qui affleurent dans la
partie la plus ancienne du massif silurien du Brabanl.
(1) Rosenbusch, Mikroskopische Physiographie der massigen Ge-
steine, p. 272.
(2) Gumbel, Die palœolitischen Eruptivgeateine des Fichtelgebiryes,
Munich, 1874.
( 27<> )
Comme nous l'indiquions ci-dessus, nous sommes portés
à croire que l'apparition de cette roche, comme celle des
roches analogues du Brahant, dans les couches qui la ren-
ferment, pourrait dater de la période silurienne. Cette
interprétation, que rien ne vient contredire au point de vue
stratigraphique et lithologique, conduit à admettre en
même temps que ces masses éruptives doivent avoir été
soumises aux mêmes actions métamorphiques que celles
subies par les sédiments anciens que renferment ces filons.
On expliquerait ainsi les modifications profondes des
roches plutoniennes du Brabant, modifications qui sont à
mettre en rapport avec la formation de l'axinile, de l'épi—
dote, de la tourmaline, de la inuscovite, de l'asbeste et, à
Quenast et à Lessines, avec le développement du remar-
quable groupe de minéraux que recèlent les fissures des
quartzites de Nil-S-Vincent, avec la formation des sili-
cates et des métalloxydes des schistes siluriens de cette
région.
Nous avons dit plus haut que la vraie nature des joints
avec pendage au nord-est, qui dominent dans la carrière
de Bierghes,el que nous avons appelés, pour plus de sim-
plicité, des couches, peut être mise en question. Quand il
s'agit des roches éruptives, l'expression de couches, tou-
jours plus ou moins impropre, ne peut plus désigner que
les coulées successives (couches effusivis de Naumann), ou
l'empilement des débris meubles de précipitation. Or, à
Bierghes, vu notre ignorance des relations slratigraphi-
ques du massif avec le terrain silurien, et l'irrégu-
larité des bancs avec interpositions schisteuses, nous ne
pouvons affirmer ni la direction, ni l'existence même des
coulées et des nappes. Nous pouvons chercher seulement
( 277 )
à y trouver certains modes de division, propres aux roches
éruptives. Aujourd'hui, nous penchons fortement à croire
que le principal système de bancs ne constitue pas des
couches, c'est-à-dire des plaques cristallines répondant
aux apports consécutifs de la masse ignée, mais plutôt un
système de joints transversaux, produits à l'origine par le
retrait de la matière éruptive et profondément modifiés
par les phénomènes mécaniques et les transformations
minéralogiques qui s'y sont passés.
Il est impossible, en effet, de n'être pas frappé de la
ressemblance que présentent ces bancs de porphyre, dans
les entailles où ils sont mis bien à jour, avec les bancs à
structure prismatique ou colonnaire, si remarquablement
développés dans les carrières de Lessines et sur lesquels
nous avons insisté dans un mémoire antérieur (1). Comme
exemple à l'appui, nous indiquerons les escarpements for-
mant la paroi sud-sud-est de l'ancienne exploitation , et
mieux encore, la partie du massif central qui s'élève du
fond de l'excavation comme un mur de séparation entre
l'ancienne et la nouvelle carrière, et qui a été délaissée,
pensons-nous, à cause de la multiplicité des lits chlorito-
schisteux.On remarque en cet endroit, comme en plusieurs
autres du même gisement, que les joints d'apparence
colonnaire sont coupés normalement à l'axe des prismes
par d'autres plans de séparation ou de délit, espacés, sui-
vant les cas, les uns des autres, par les intervalles de
1 mètre, 1m,50, 2 mètres au plus. Ces délits ne sont pas
toujours tracés d'une manière très distincte, quoiqu'on
les retrouve plus ou moins marqués dans les diverses
parties de l'exploitation. De plus, ils ne se poursuivent pas
(1) Op. cit., p. M.
( 278 )
toujours sur une longueur notable : ce qui, selon nous,
doit être attribué généralement à des failles assez fré-
quentes accompagnées de rejet et qui se sont produites
dans le sens même de l'axe des prismes. A part quelques
irrégularités, ces délits transversaux aux prismes du por-
phyre inclinent en ondulant vers l'ouest-sud-ouesl, avec
une pente d'ensemble de 15° à 20°.
Il n'est guère d'endroits dans la carrière où la surface
des délits précités soit mise à découvert ou accessible. Elle
l'est sur peu de mètres carrés au bord nord-ouest de l'es-
carpement rocheux qui coupe en deux l'ensemble de l'exca-
vation. On peut s'assurer en ce point que l'agencement
mutuel des bases prismatiques du porphyre rappelle les
espèces de carrelages que nous avons figurés dans la
description des diorites de l.essines. Dans cette compa-
raison avec Lessines, il faut noter toutefois qu'à Bierghes,
les prismes sont généralement plus grands, et surtout
assument des dimensions beaucoup plus variées, et enfin
que leurs sutures sont plus ou moins losangiformes, la
petite diagonale du losange étant normale au plan de
feuilletage du porphyre. Celle disposition rhomboïdale
des blocs porphyriques se reconnaît fréquemment dans
les masses abattues par les ouvriers et dépecées par eux.
On voit très bien aussi que les enduits et feuillets chlo-
rito-schisleux se sont particulièrement développés le long
des faces prismastiques. Souvent les prismes sont plus ou
moins entourés d'une sorte d'étui chlorito-schisteux, ce qui
s'explique bien facilement dans la doctrine du métamor-
phisme mécanique que nous appliquons ici, puisque c'est
précisément suivant les joints prismatiques que se sont
opérés le plus de frottements, de glissements et de
( 279 )
failles avec rejet, comme on s'en convainc par un examen,
même rapide, de la carrière de Bierghes.
En somme, ces observations nous conduiraient à
admettre que la structure colonnaire ou prismatique s'est
produite à divers degrés et par refroidissement dans les
porphyres de Bierghes, et que plus tard le jeu mutuel des
prismes y a facilité le clivage et les autres phénomènes
curieux qu'ils présentent aujourd'hui.
Quant aux caractères de struclure que nous montrent
les lits chlorilo-schisteux qui s'entrelacent dans la roche
porphyrique, on pourrait les rapprocher de ceux des
couches stratifiées; mais ces rapprochements, qui sont
vrais au point de vue des formes, ne doivent pas tromper
sur l'origine des masses rocheuses. Dans l'étal des con-
naissances lithologiques, nous ne pouvons plus confondre
ces modifications de texture avec des alternances de
sédimentation. On ne peut hésiter à faire dépendre tous ces
entrelacements schisteux qui serpentent dans le massif de
Bierghes, des pressions, laminages, broiements d'origine
mécanique qui s'y sont passés depuis la première consoli-
dation du porphyre, ces diverses actions mécaniques, bien
entendu, ayant été accompagnées ou suivies de change-
ments dans la composition minéralogique primitive.
Cela est démontré : 1° par le passage graduel, dans
beaucoup de circonstances, de la roche porphyrique nor-
male aux lits d'aspect purement schisteux qui y serpentent:
les ségrégations cristallines telles que l'orlhose et les pla-
gioclases disparaissant peu à peu dans le schiste, et les
plus dures, comme le quartz, y demeurant les dernières;
2° par la distribution môme des portions les plus schis-
teuses ou phylladeuses au sein de la formation porphy-
rique, où elles ne constituent jamais de véritables couches,
( 280 )
mais des feuillets généralement très minces, essentielle-
ment irréguliers, s'arrêlant souvent brusquement, toujours
appliqués contre des joints et particulièrement contre ceux
qui semblent coïncider avec des directions privilégiées de
frottement et de glissement ; 3° par le rapport intime qu'on
observe entre ces enveloppes feuilletées et les membranes
chloriteuses ou micacées qui produisent la texture feuil-
letée que nous avons décrite et signalée comme le carac-
tère invariable de cette roebe, même dans les portions les
plus nettement porphyriques. Or, celte texture feuilletée
est prouvée postérieure à la consolidation des cristaux.
C'est un phénomène de métamorphisme mécanique, qui
correspond parfaitement au feuilletage oblique propre à
toutes les couches siluriennes du Brabant, qu'elles soient
schisteuses, comme dans les séries de Tubize, d'Oisquercq
etdeGembloux,ou bien feldspalhiques, comme à la station
de Rebecq, Hennuyères, Fauquez,Grand-Manil, Monstreux
et Nivelles; 4° enfin, par les cassures et fragmentations
que le microscope révèle à chaque instant dans les cristaux
primordiaux du porphyre, ainsi que par les transforma-
tions plus ou moins avancées qu'il accuse chez la plupart
de ces mêmes minéraux, en chlorile et en diverses autres
phyllites qui constituent la matière fondamentale des lits
phyllileux.
C'est pourquoi nous considérons le massif porphyrique
exploité à Bierghes comme un des cas remarquables qu'on
puisse voir du métamorphisme de stt ucture chez une roche
éruptive, et comme l'exemple le plus grandiose que nous
en connaissions, parmi ceux que nous présentent les ter-
rains anciens de la Belgique et des Ardennes, puisqu'il
s'agit là d'une zone de roches feldspalhiques dont la largeur
dépasse 300 mètres à l'affleurement.
2!81
)
Sur la tension des vapeurs saturées. — Modification à
apporter à la loi de Dalton; par P. De Heen, corres-
pondant de l'Académie.
On sait que la chaleur de vaporisation peut se repré-
senter par la formule
T dp
L = - u — ,
E dt
dans laquelle u désigne le volume spécifique de la vapeur,
T la température absolue, E l'équivalent mécanique de la
chaleur et ^ l'accroissement de tension de vapeur pour
une variation de température de 1°.
Si nous désignons par è0 le poids spécifique absolu de
l'hydrogène à la température de la glace fondante sous la
pression normale p0 et par M le poids moléculaire,
m=jLe?JL
<T0M p 275
275<?0E p dt
Et si Ton désigne par T0 la température d'ébullilion
sous la pression y;0, pour cette température on a simple-
ment
1 Jdp
LM = T —
275r?0E \dt
Mais on sait que d'après Dalton toutes les vapeurs
auraient la même force élastique maximum à des tempé-
ratures également éloignées des points d'ébullilion. Il en
résulterait que (£\ serait constant et que les chaleurs
latentes moléculaires LM, mesurées aux températures
d'ébullilion normales, seraient proportionnelles au carré
( 282 )
de ces tempéra Unes. Le quotient -^- serait donc le même
pour tous les corps.
Telle est la conclusion à laquelle est arrivé M. Bouty (").
Voyez dans le tableau ci-contre les valeurs qui permet-
tent de constater jusqu'à quel point cette loi se vérifie.
Il est inutile de dire que les divergences que l'on
observe entre les valeurs de ^ sont énormes, elles sont
0 i » •
de plus loin de pouvoir s'expliquer par lesecarts qui existent
entre les densités de vapeur calculées et observées. Il im-
porte donc de chercher ailleurs la cause de ces anomalies.
M. Troulon, recherchant s'il n'existerait pas quelque
relation empirique entre la température absolue d'ébulli-
tion et la chaleur de vaporisation, trouve qu'il faut écrire
ML ,.«
— = consl( );
• 0
relation qui est sensiblement vérifiée par l'expérience,
ainsi qu'on peut s'en convaincre par les chiffres du tableau.
On ne saurait donc admettre la loi de Dalton qui peut
s'exprimer en écrivant
\dtj(
. =const.
idt
car la loi de M. Trouton exige la relation
const.
\dt /«
Donc, si l'on prend pour origine la température d'ébulh-
tion des liquides que l'on considère, la variation de tension
de vapeur correspondant à une variation de température
déterminée est en raison inverse de la température absolue.
(*) Journal de physique, 1885, p. 26.
O PMI. May. (5), t. 18, pp. 54-57. 1884.
( 283 )
as .
w
se .
0 g
w §
PS ~
VALEURS DE
LIQUIDES.
si
< «
se -
0
S S
0 s
^ ô
a
< s
PS =
-w g
H
5 1
s =
w 1
H 2
ML
T»0"
ML
To'
Eau
537
18
100
373
0,069
25,80
Alcool méthylique .
263,7
32
55
328
0,078
25,72
Alcool éthylique . .
202
46
79
352
0,075
26,34
Alcool amylique . .
121
88
134
407
0,064
26,16
Alcool cétylique . .
58,7
242
350
623
0,036
22,80
! Acide formique . .
120,7
46
100
373
0,066
24,6
; Acide acétique. . .
101,9
60
116
389
0,062
24
Acide butyrique . .
114,7
88
162
435
0,053
23,18
| Acide valérique . .
103,5
102
175
448
0,052
23,56
Iodure de méthyle .
46,1
142
42
315
0,066
20,76
i Iodure d'éthyle . .
46,9
156
72
345
0,061
21,18
Formiate de méthyle
117,1
60
33
306
0,075
22,96 1
Formiate d'éthyle .
105,3
74
55
328
0,072
23,76
' 1
Acétate de méthyle .
110,2
74
59
332
0,074
24,54
Acétate d'éthyle . . .
99
88
75
348
0,071
24,90 i
Chlorure d'éthyle . .
93
64,5
10
283
0,074
21,2
Chloroforme . . .
61
119,5
62
335
0,063
21,74!
Tétrachlorure de carbone
47
154
78
351
0,058
20,62
Trichlorure de phosphore
51
137,5
73,8
346
0,062
21,50
Chlorure d'arsenic . .
46
181,5
132
405.
0,050
20,60
Tétrachlorure d'étain
30,5
260
114
387
0,053
20,48
Acide sulfureux . .
94
64
—10
263
0,089
22,98
Sulfure de carbone .
86,7
76
43
316
0,066
20,84
Éther
91,1
74
34
307
0,071
21,94
Oxyde d'amyle. . .
69,4
158
176
449
0,054
24,40
Acétone
129,7
58
56,3
329,3
0,069
22,84
Benzine
94,2
78
80
353
0,062
20,20 .
Butyrate de méthyle
87,3
102
101
374
0,063
23,80 '
Térébenthine . .
68,7
136 ,
161
434
0,050
21,56 '
1
Oxalate d'éthyle . .
72,7
146
184
457
0,058
23,22 '
Brome (Br^) . . .
45,9
160
63
336
0,065
21,80 j
Iode (I04) ....
23,9
508
200
473
0,054
25,60
!
( 284 )
Voici les données que nous possédons pour la vérifica-
tion directe de notre loi :
SUBSTANCES.
VALEURS
*»(£).■
VALEURS
8360
10640
8420
8603
8036
7904
8816
10138
27 0
30,
25,3
26,01
22,9
24,6
14,2
27,19
Sulfure de carbone . . ....
On constate que les valeurs de (^)o varient du simple
au double, alors que les valeurs de T0(-^)o seraient rigou-
reusement constantes s'il n'existait de légers écarts pour
l'eau et pour l'alcool dont l'instabilité physique nous est
démontrée par un grand nombre de faits.
Remarquons que la relation énoncée plus haut permet
de déterminer approximativement la constitution des
vapeurs saturées ; c'est ainsi qu'elle assigne à la vapeur
d'iode prise à 200° la formule Io4.
Ces considérations nous permettent enfin d'interpréter
d'une manière théorique des relations que nous avons
trouvées précédemment.
Nous avons constaté dans notre Essai de Physique
comparée (*) que le travail moléculaire est constant pour
les corps appartenant à une même série homologue. D'au-
tre part nous avons établi que ce travail se compose de
(*) Voir le chapitre Chaleur spécifique, p. 39.
( 285 )
deux termes dont l'un est égal à 1,333 a0 p0 M, a{) et p0
désignant respectivement le coefficient de dilatation et la
chaleur latente interne de vaporisation. Ce produit repré-
sente la chaleur latente de dissociation physique. L'autre
terme d représente la chaleur latente de dissociation chi-
mique (*). Or ces deux quantités étant absolument indé-
pendantes l'une de l'autre, on ne peut admettre qu'il
s'établisse entre elles une compensation ayant pour effet de
maintenir leur somme constante. Il faut donc admettre
que chacune d'elles prise isolément est également con-
sente.
Voici les faits qui permettent de vérifier ces prévisions :
SUBSTANCES.
CHALEURS
de
vaporisation
moléculaire (*').
COEFFICIENT
de
dilatation.
PRODUIT.
Formiate de méthyle
l Acétate de méthyle . .
< Butyrate de méthyle. .
/ Formiate d'éthyle. . .
\ Acétate d'éthyle . .
f Alcool méthylique . .
1 Alcool éthylique . . .
( Alcool amylique . . .
( Iodure de méthyle . .
f Iodure d'éthyle . . .
7
7,9
8,9
7,8
8,6
8,45
9,80
10,70
6,54
7,31
0,001436
0,001341
0,001196
0,001324 .
0,001287
0,001149
0,00104
0,000912
0,00126
0,00114
0,0100
0,0105
0,0106
0,0103
0,0112
0,0097
0,0102
0,0097
0,0082
0,0083
(*) Voir Premier essai de Théorie des Liquides. (Annales de chimie et
de physique, 1885.)
(**•) La chaleur de vaporisation prise j la température d'ébullitiori se
confond sensiblement avec la chaleur latente interne de vaporisation
prise à 0°. C'est pourquoi nous croyons pouvoir employer cette première
quantité comme telle.
3me SÉRIE, TOME IX. 20
{ 286 ;
Mais d'autre part nous avons :
— = const. ( ).
On a donc nécessairement la relation
const.
ou aT0 = const.,
T„
c'est-à-dire que pour les corps appartenant à une série
homologue le produit du coefficient de dilatation par la
température absolue d'ébullition est constant.
Telle est la loi dont nous avons démontré l'exactitude
dans notre mémoire sur la dilatation des liquides (**).
Constatons qu'elle devient ici une conséquence de la
théorie.
(*) Dans la première partie de cette note nous avons considéré ia
chaleur de vaporisation L qui comprend la chaleur employée à vaincre
la pression extérieure, ici nous ne considérons que la chaleur p qui se
rapporte exclusivement au travail intérieur.
ML MP
Nous allons démontrer que si — est une quantité constante—- est
également constant. En effet :
dp
p s= ATu m Ad.
dt
Et si l'on fait subir à cette équation les mêmes changements que ceux
que nous avons fait subir à l'équation dans laquelle iutervient L, on
obtient
Trb&)rp]xcmsi-
Or p est constant, par conséquent — l'est également si l'on admet la
relation T0 f^Q= const.
(**) Mémoires couronnés el autres Mémoires publiés par l'Académie
royale de Belgique, t. XXXI, 1880.
( 287 )
Note cristallographique sur la chaux carbonatée de Blaton;
par F. Sansoni, professeur à l'Université de Pavie.
Parmi les échantillons de calcite de la collection du
Musée d'histoire naturelle de Bruxelles, se trouvaient quel-
ques cristaux de Blaton, auxquels M. Renard avait reconnu
la présence de faces qu'il croyait nouvelles pour cette
espèce. A la demande de M. le professeur Groth, ces beaux
spécimens me furent confiés pour en faire l'étude de détail
et pour comprendre leur description dans le travail mono-
graphique que j'avais entrepris sur la cristallographie de
la calcite. Les échantillons qui l'ont l'objet de cette notice
proviennent de géodes du calcaire carbonifère de Belgique
et furent recueillis à Blaton il y a quelques années.
Les quatre cristaux qui m'ont été donnés comme sujet
d'étude par M. Renard sont remarquables par leur volume;
deux seulement se prêtent à des mesures goniométriques;
le plus gros atteint environ 6 centimètres sur l'axe prin-
cipal et 3cm,5 sur le plan principal de symétrie; l'autre
n'est qu'un peu plus petit. Ils sont parfaitement déve-
loppés de tous côtés. Leur couleur est jaune-miel; ils sont
transparents et doués d'un éclat vitreux qui n'a pas la
même intensité sur toute l'étendue de leur surface. Ces
échantillons, même ceux qui ne sont pas mesurables,
affectent tous la forme scalénoédrique déterminée par la
prédominance de la forme R3 (2131). Sur les faces de cette
forme sont implantés de nombreux et très petits cris-
taux blancs, vitreux, très luisants, transparents, tous de
forme semblable et peu profondément attachés sur les
( 288 )
faces mêmes. Ils sont aussi constitués par du calcaire;
leur forme cristalline résulte de la combinaison R3 (2131)
— 2 R (0221) — R (01Ï1). Pour quelques-uns, dont les
dimensions sont un peu plus grandes, on reconnaît une
trace du rhomboèdre 4 R (4041).
Les deux gros cristaux, étudiés au goniomètre, offrent
respectivement la combinaison des formes suivantes,
disposées successivement selon leur développement.
Premier cristal (fig. 1) :
mil
Figure 1
HS, _r, oo R, 4R, — 2R7/3, — 2R,
2131 Olll 4010 4041 4 10 74 5 0221
»/,R2, %R48/7, 16/,7Kb/2> 9R> -11R-
15 S 20 4 12 40 52 25 12 28 40 17 9091 0 1 1 Ti
( 289
Second cristal (iig. 2) :
Figure 2.
R3
— R » R 4R
- 2R7/3
-2R,
2131
01 Fi ÎOÎO 4041
4 10 14 5
0221
8/4R3,
%m, «b/4r8/35
-4/3R8/3,
-S/7RI7/B,
01 5 15 4
15 5 20 4 20 5 25 4
9R, — 11R
9091 0 11 Ti
4 1 6 20 9
1
6 11 17 7
L'extension et l'apparence de chaque forme se main-
tiennent constantes dans les deux cristaux; je crois utile
de m'arrêter sur ces points.
R5 (-2131).
Scalénoèdre dominant à faces presque toujours parfaite-
ment développées, très luisantes, ayant à peu près la
même extension sur tous les côtés du cristal. Les mesures
^ 290 )
donnent des valeurs très proches de celles que l'on obtient
par le calcul.
-R(0H1).
Ce rhomboèdre est très développé; comme ses faces
sont très courbes et presque ternes, il ne peut pas être
déterminé avec une exactitude suffisante, pas même dans
les petits individus. Les valeurs obtenues, dans huit inci-
dences, pour l'angle — R : — 2R (01Ï1 : 0221), oscillent
entre les limites 17° — 19°,25' avec une moyenne de
17°50', tandis qu'on calcule pour cet angle la valeur
18°.20 .40"; on ne peut donc pas fonder la détermination
d'une forme sur des données aussi incertaines, mais on
doit aussi considérer comme approximative la valeur que
nous admettons.
Ce sont ces deux formes qui atteignent le plus grand
développement dans les plus gros cristaux aussi bien que
dans les plus petits, qui sont probablement de seconde
formation.
— 2R(0221).
Ce rhomboèdre montre sur toutes ses faces, uniformes
et planes, un éclat que l'on n'observe pas pour les autres
formes. En outre on y voit presque toujours une excavation
longitudinale, très irrégulière, qui court parallèlement à
l'arête de combinaison R3 : 2R (2131 : 0221). Cette gout-
tière se montre plus élargie et plus profonde à la partie
moyenne que vers l'extrémité. A l'aide de la loupe on
aperçoit sur ses parois la môme allure que dans les tré-
mies, et l'on distingue ainsi clairement les couches de sub-
stance superposées parallèlement aux facettes de la forme
R3. Ces couches, parlant des plus inférieures, s'éloignent
peu à peu de l'arête aiguë, qu'elles auraient dû former par
( 291 )
leur rencontre. Celte excavation à trémie n'est pas mani-
feste dans le plus grand nombre de cas, parce qu'elle a été
partiellement ou entièrement remplie par du calcaire qui
s'y est déposé après coup; cette dernière substance est
toujours d'une couleur jaune-miel plus limpide et plus
luisante. C'est précisément à celte substance de déposition
secondaire que les faces doivent leur éclat caractéristique.
Sur les faces de cette forme on peut suivre dans les deux
cristaux les phases successives du remplissage et de la
formation des faces. Cette formation s'arrête dans quel-
ques cas à ses débuts, elle est rarement complète; toutefois
elle s'est toujours accomplie plus rapidement vers les
extrémités des faces. Des raies très régulières parallèles à
l'excavation peuvent nous rappeler les intervalles existant
entre les couches d'accroissement. Ces faits nous offrent
un exemple très instructif d'un des modes suivis par la
nature pour donner naissance aux facettes modificatrices.
oo R(tOÏO).
Faces bien définies et planes ayant le même éclat que
celles du scalénoèdre dominant; dans le plus gros cristal
elles sont moins étendues.
4R (4041).
Rhomboèdre très étendu ayant des faces planes et
réfléchissantes.
— 2R7/3(4 10 14 5).
Scalénoèdre très développé, avec faces légèrement
courbées et à demi opaques. Cette forme semblait d'abord
être comprise dans la zone oo R : R3 (0110 : 2131); malgré
la courbure, il se vérifia au goniomètre une déviation
constante. 11 paraît au contraire hors de doute que celle
( 292 )
forme appartient aux arêtes latérales de — 2R (0221);
et c'est parallèlement à l'axe de celle zone que la cour-
bure des faces se vérifie. Cela étant, tandis que l'on pou-
vait constater l'exactitude de ladite zone, il était difficile
d'ailleurs d'effectuer dans le même sens un mesurage,
puisqu'il se produisait par réflexion une image continue,
ayant la même intensité. Celle forme n'a pas jusqu'à pré-
sent été observée dans le spath calcaire.
»/2R2(l5S 20 4).
Scalénoèdre que présentent seulement les deux gros
cristaux. Ces faces sonl planes, mais peu réfléchissantes;
c'est ce qui a rendu nécessaire l'emploi de la lunette d'obser-
vation $ (1) du goniomètre de Fuess, dont on s'est servi
pour cette étude dans le but d'obtenir des images réfléchies
mieux circonscrites. C'est aussi pour cette raison que la
différence entre les valeurs fournies par les mesures et
celles résultant du calcul est considérable. Le volume des
cristaux rendait très difficile d'exécuter plusieurs mesures
de contrôle sur les faces contiguës. D'ailleurs cette forme
étant déjà connue pour le spath calcaire (2), il a semblé à
l'auteur que si l'on tient compte surtout de l'apparence des
faces, on n'aurait pu substituer un autre symbole à celui
qui a été proposé.
5/4R3(10 5l5 4).
Scalénoèdre nouveau représenté seulement dans le plus
gros cristal; ses faces sonl très étendues, peu refléchis-
(1) Webskv, Ueber die Einrichlung und GebraucJi der von B Fuess
in Berlin nach dem System Babinet gebauten Refli'xions-Goniometer.
Modell II (Zeitschrifi fur Krystallog. und Minerai., 4, p. 515.)
(2) Irby, On the crystallography of Calait, p. 42. Bonn, 1878.
( 293 )
sanles, comme dans le scaléonoèdre déjà décrit, et légère-
ment courbées. Il appartient à la zone oo R : 5/2 R2(1010 :
15 5 20 4), dont l'exactitude a été vérifiée dans toutes
les parties du cristal. On connaît la forme négative qui lui
correspond, elle a été trouvée à Andreasberg (1).
^RS/j^O 5 25 5).
Forme scalénoédrique nouvelle, appartenant à la zone
précédente. Elle se montre seulement en très petites faces
sur le plus gros cristal. Ces trois formes scalénoédriques
offrent des images un peu incertaines à cause du manque
d'éclat de leurs faces. Si l'on considère les symboles de ces
trois scalénoèdres, on aperçoit aussitôt qu'il existe un
rapport remarquable entre leurs indices :
h k l i
5/4R3 10 S [3 4
*/2R2 15 5 20 4
ls/4Rs/3 20 5 25 4
En effet, pendant que les indices k et i du symbole
général sont idenliques pour tous, les deux autres sont
exprimés par des multiples de 5.
9R(9091).
Rhomboèdre nouveau : cette forme se montre avec des
faces peu étendues, qui ne sont représentées que par
des stries; elles ont cependant des reflets très nets. Celle
forme a été observée pour les deux plus gros cristaux.
— 11R(0 11 ïï 1).
(1) Sansoni, Sulle forme cristalline délia Calcite di Andreasberg.
(Reale Accademia dei Lincei 1884 )
( 294 )
Rhomboèdre déjà connu, ayant un aspect semblable au
précédent.
Figure 3.
Les autres scalénoèdres négatifs appartiennent lous à la
zone — 2R : R5 (0221 : 2151) et sont représentés par de
très petites facettes placées aux côtés du rhomboèdre
— 2R, qui tronque directement les arêtes obtuses de ces
formes. Elles rappellent les plans successifs d'accroisse-
ment, diminuant d'extension à mesure qu'en partant de
la face — 2R on s'avance vers l'arête obtuse de R3; elles
représentent comme des émoussures successives entre
( 295 )
l'arête formée par les faces de ces deux formes. On compte
sur chacun des cristaux observés deux de ces scalénoèdres
négatifs, n'ayant pas le môme symbole; ainsi on a dans le
premier jes deux — *y23 r w/? (12 40 52 23) et »C/17_R »/,
(12 28 40 17), et dans l'autre — */5 R 3/s (4 16 20 9),
— 5/7 R ,7/s (6 H 17 7.) Excepté la forme — */» R 5/3
(4 16 20 9) déjà connue à And.reasberg (1), et qui est
ici plus développée que les autres, toutes sont nouvelles.
L'existence de la zone indiquée ci-dessus a été constatée
par tous, et comme le montre le tableau des valeurs
angulaires, les seules mesures qu'on a pu prendre sont
comprises entre des limites très rapprochées. Toutefois,
comme il n'a pas été possible d'obtenir de mesures de
contrôle, et comme les symboles admis, malgré qu'ils
répondent toujours aux conditions de la zone, sont aussi
très compliqués, ces formes ne peuvent pas être considé-
rées comme fixées avec certitude.
Un coup d'œil sur la projection sphérique (tig. 3)
montre d'abord que la nouvelle forme — 2R 7/3 (4 10143),
quoiqu'elle appartienne à la zone des arêtes latérales —
2R (0221), a ses pôles très proches de la zone (01Ï0 :
5 20 15 4); toutefois on ne peut pas admettre qu'elle
puisse appartenir à celle-ci, quoiqu'on n'ait pu le vérifier
au goniomètre à cause du volume des cristaux Dans ce cas,
en effet, nous obtiendrions le symbole — 2R 9/4 (5 13 1 8 4)
relativement plus compliqué que celui qui a été admis; et
les valeurs calculées par celui-ci s'éloignent trop de celles
qui ont été observées, comme l'indique le tableau. L'exis-
tence de celte forme acquiert encore plus de probabilité, si
l'on considère les relations qu'elle a avec les rhomboèdres,
(I) Sansosi, loc. cit., p. 42.
( 296 )
qui, d'après le système de Mohs, peuvent être dérivés de
cette l'orme, et qui ont des symboles simples et sont assez
fréquents. En effet pour le spath calcaire, de quelque
localité que ce soit, le romboèdre — 2R est très connu, et
plusieurs scalénoèdres appartiennent à la zone des arêtes
latérales de cette forme (1). En outre il résulte du calcul
que le rhomboèdre enveloppant et qui modifie directement
les arêtes obtuses de ce scalénoèdre est exprimé par — 4R
(0441), symbole simple déjà observé pour ce minéral
On peut dire la même chose du scalénoèdre nouveau
l3/4 R 3/3, dont les pôles sont situés très près de la zone
(1120 : 4041.) Si l'on admet qu'il appartienne à celte zone,
on en déduit le symbole 4R ,3/8 (21 5 26 4), forme par
laquelle on calcule des valeurs qui s'éloignent beaucoup
de celles qui résultent des mesures.
Dans le tableau suivant on n'a pas indiqué les valeurs
angulaires qui se rapportent à des formes déjà connues.
Suivant la méthode la plus communément adoptée aujour-
d'hui, on prend pour mesure de l'angle dièdre de deux
faces celui qui est formé par leurs normales; on indique
enfin par Y l'arête obtuse de chaque scalénoèdre. N désigne
le nombre des arêtes qui ont été mesurées. Vis-à-vis des
valeurs qui se rapparient aux scalénoèdres — 2R 7/s
(4 10 Î4 3) et 'B/4 R 5/s (20525 4) on a placé les valeurs
calculées pour les formes — 2R 9/4 (5 13 18 4) et 4R l3/8
(21 5 26 4), afin qu'on puisse saisir les grandes différences
qu'elles présentent.
Les deux cristaux montrent des lames d'hémilropie
très nettes suivant le plan OR (0001).
(1) Irby, loc. cit , p. H.
( 297 )
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( 298 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du iù avril 4885.
M. Ch. Piot, directeur, président de l'Académie.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. P. Willems, vice-directeur;
Gachard, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove,
R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wau-
ters, Ém. de Laveleye, A. Wagener, F. Tielemans, G. Ro-
lin-Jaequemyns, S. Rormans, Ch. Potvin, J. Stecher,
Aug. Scheler, P. Henrard, membres; J. Nolet de Rrau-
were van Steeland, associé; J. Gantrelle, Ch. Loomans,
L. Vanderkindere et A. Henné, correspondants.
M. Alvin, vice-directeur de la Classe des beaux-arts,
assiste à la séance.
Avant la lecture de la correspondance, M. le secrétaire
perpétuel rappelle que MM.Piot,Rivieret Roersch viennent
d'être promus au grade d'officier de l'Ordre de Léopold. 11
propose, en conséquence, à la Classe d'adresser des félici-
tations à ces trois confrères. — Applaudissements.
M. Piot remercie tant en son nom qu'au nom de ses
confrères absents pour cet affectueux témoignage de sym-
pathie.
, 299 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Acadé-
mie, le tome II, Registres, ainsi que la Table analytique,
section première, lre série, de Y Inventaire des archives de
la ville de Bruges. 2 vol. in-4°.
M. le Ministre de la Justice envoie le tome IIIe des
Coutumes des pays et comté de Flandre; coutume du bourg
de Bruges, par L. Gillioclls-Van Severen, et la Liste chro-
nologique des édits et ordonnances des Pays-Bas, règne de
Charles-Quint (1506-1555); 1 vol. in-4° et 1 vol. in-8°;
publiés par la Commission royale des anciennes lois et
ordonnances du pays. — Remercîments.
— M. Gachard remet, pour être déposés dans la biblio-
thèque de l'Académie, les derniers ouvrages reçus par la
Commission royale d'histoire.
— L'Académie royale des sciences morales et politiques
de Madrid envoie le programme de ses concours pour 1886
et 1887.
— Comme suite à la communication qui lui est faite
au nom de la Classe des sciences, la Classe adopte, par
acclamation, le principe d'une adresse au Roi au sujet de
l'œuvre du Congo.
Les directeurs des trois Classes et le secrétaire perpé-
tuel sont chargés de s'entendre au sujet de la rédaction de
celte adresse qu'ils remettront à Sa Majesté.
( 300 )
— La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs :
1° Gazette archéologique, 1885, 1 et 2, publiée par
J. de Witte et R. de Lasteyrie ;
2° Les Huguenots et les Gueux, tomes IV et V, par le
baron Kervyn de Lettenhove;
3° Le soulèvement des Pays-Bas contre la domination
espagnole (1567-1572), par Th. Juste;
4° Henri IV et la princesse de Condé, par Paul Henrard;
5° Essais de critique philosophique, par Ad. Franck,
associé de la Classe;
6° Luit en fluit, dichtbundel, par F. Daems, chanoine
de l'abbaye de Tongerloo (présenté par M. Nolet de Brau-
were avec une critique imprimée);
7° La conférence africaine de Berlin, par Charles Faure;
8° Chronycke van Ghendt door Jan Van den Vivere,
éditée par Fr. De Potier;
9° Les Roumains au moyen âge, par A.-D. Xénopol;
10° Le premier chapitre de la Genèse, par C. de Fran-
kenthal.
Ces deux derniers ouvrages ont été présentés par
M. C. de Harlez avec la note bibliographique suivante :
« J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres, au
nom de M. A.-D. Xénopol, professeur d'histoire roumaine
à l'Université de Jassy, un ouvrage intitulé : Une énigme
historique. Les Roumains au moyen âge.
L'auteur y développe avec science et talent une thèse
très importante pour l'ethnogénie de sa patrie et qui n'est
pas sans intérêt pour l'ethnographie européenne. On sait
(301 )
que les Roumains se disenl issus des anciens colons
envoyés par Trajan sur les rives du Danube après la con-
quête de la Dacie. Du mélange des vétérans romains avec
les anciens Daces sortit un peuple nouveau, celui des
Daco-Romains, connus au moyen âge sous le nom de
Valaques et aujourd'hui sous celui de Roumains. Telle est
la forme sommaire qu'a prise l'ethnogénie roumaine dans
la masse des populations danubiennes.
Toutefois depuis un siècle il s'est élevé une controverse
fameuse au sujet de la descendance des Roumains ou mieux
au sujet de leur persistance dans les régions au nord du
Danube pendant le moyen âge. Thunmann, Sulzer, Engel
et après eux Roesler et Tomaschek enseignent que sous
l'empereur Aurélien, vers 274, les Daco-Romains auraient
abandonné en masse la Dacie de Trajan. Ils se seraient
établis en Mésie, en Dardanie et même au delà de PHémus
près du Rhodope sur le territoire des anciens Besses, les
plus fameux des peuples thraces. Là, les Daco-Romains
auraient subi une forte infusion de sang thrace. C'est donc
la Mésie centrale, et non la région des Carpathes, qui doit
être considérée comme le berceau des Roumains. Vers le
XIIIe siècle, la ruine de l'empire de Byzance renvoya les
Roumains dans leurs anciens foyers.
Voilà le grave débat qui s'agite encore aujourd'hui entre
les historiens roumains et plusieurs écrivains allemands,
le to be or not to be de l'ethnogénie roumaine. Les idées
de Roesler, malgré l'opposition de MM. Jung et Pic, pro-
fesseurs à l'Université de Prague, ont généralement triom-
phé. Car à sa mort survenue en 1874, M. Tomaschek, son
collègue à l'université de Gratz, les reprit pour son compte
et elles ont passé depuis dans la plupart des histoires
d'Autriche, de Hongrie et de Transylvanie. Mais M. Xéno-
3ine SÉRIE, TOME IX. 21
( 302 )
pol n'a pas tenu la cause pour jugée et l'ouvrage qu'il pré-
sente à la Classe a pour but de prouver que les Roumains
sont bien les descendants directs et immédiats des Daco-
Romains, que le berceau de sa nationalité ne doit pas être
cherché ailleurs que dans les régions situées dans l'ancienne
Dacie de Trajan au nord du Danube. L'auteur nous paraît
avoir répondu d'une manière victorieuse aux principaux
arguments de la thèse de Roesler.
Ainsi l'on affirme d'abord que la Dacie ne fut jamais que
superficiellement romanisée, que le temps manqua pour
cela de 105 à 274, puisqu'en Rretagne, par exemple, la
romanisation se trouva être complète seulement après
quatre siècles. Mais M. Xénopol démontre sans peine que
de fait la colonisation fut rapide en Dacie; des causes spé-
ciales y favorisèrent l'influence romaine, mais celle-ci est
indéniable et démontrée à l'évidence. L'exemple de la Rre-
tagne prouve une chose, c'est que l'élément celtique
demeura dominant après la conquête. En Dacie, l'élément
indigène fut presque écrasé par la longue résistance de
Décébale.
Comme preuve de la romanisation superficielle, Roesler
faisait remarquer qu'il n'est demeuré en Dacie aucun des
noms de lieux usités à l'époque romaine. Dans un chapitre
des plus intéressants pour la géographie et la philologie
historiques, M. Xénopol déclare que c'est là une affirmation
gratuite démentie par la toponymie roumaine.
L'argument le plus solide de Roesler est un passage de
Flavius Vopiscus confirmé par deux citations de Rufus et
d'Eutrope. Ces trois auteurs constateraient en termes
irrécusables que sous Aurélien, la Dacie fut entièrement
abandonnée aux Goths et que la population daco-romaine
passa jusqu'au dernier homme en Mésie au sud du Danube.
( 303 )
Depuis lors, celte province porta le nom de Dacia, ripen-
sis, méditer ranea. Assurément, ces témoignages attestent
l'extension méridionale des Daco-Romains. Mais donnent-
ils le droit de conclure au dépeuplement absolu de l'an-
cienne Dacie? Celte conclusion ne s'impose, comme
M. Xénopol l'établit par une judicieuse interprétation des
textes, qu'à M. Roesler et à ses adhérents; d'autant plus
que ce prétendu dépeuplement de la Dacie repose unique-
ment sur le fait que du IIIe au XIIIe siècle, il n'est jamais
question des Valaques au nord du Danube. On sait quelle
est en général la valeur de l'argument a silentio. Au cas
présent, M. Xénopol nous le montre pièces en mains moins
convaincant que jamais.
Les deux derniers arguments de Roesler sont tirés de
la religion et de l'idiome des Roumains. L'introduction du
rit bulgare, la présence dans la langue d'un fonds de mots
albanais et l'identité du daco-roumain avec le macédo-
roumain du Pinde s'expliquent aisément dans l'hypothèse
d'un séjour prolongé des Moldo-Valaques en Mésie. Ces
faits seraient, d'après Roesler, peu justifiés au cas d'une
occupation persistante des régions au nord du Danube. Ici
encore les solutions de M. Xénopol sont des plus satisfai-
santes. Il est peu étonnant que les Roumains aient adopté
dans leur église le rit slave ou bulgare, s'il est démontré,
comme M. Xénopol l'établit, que la Bulgarie, au moins
pendant la durée du premier État bulgare, s'étendait aussi
au nord du Danube, sur la Moldavie, la Valachie et la
Transylvanie.
Quant à l'identité du daco-roumain et du macédo- rou-
main, naturellement celte identité est affirmée complète
par les partisans de l'hypothèse de Roesler. Mais, en réalité,
il y a de simples affinités justifiées par l'origine commune
[ 304 )
des langues romanes. Il y a de plus des dissemblances
profondes dans la conjugaison el même dans la constitu-
tion fondamentale, le système des voyelles. Le voisinage
des Albanais, dans l'hypothèse de Roesler, est insuffisant à
expliquer !a présence d'un fonds de mots albanais ou
thraces. Pourquoi, en effet, n'admeltrait-on pas, avec
M. Xénopol, que cet élément thrace de la langue daco-
roumaine provient du peuple gèle ou dace que les Romains
romanisèrenl dans la Dacie trajane? Car il est aujourd'hui
universellement connu que les Gètes et les Daces étaient
Tharces d'origine comme les Albanais.
Si l'on admet cette supposition si naturelle, l'élément
prétendu albanais de la langue roumaine est complètement
expliqué, sans qu'on ait besoin de recourir à l'hypothèse
de la formation sud-danubienne de la langue el de la
nationalité roumaines.
Quoi qu'il en soit du succès futur de la thèse de
M. Xénopol, nous la présentons à la Classe comme réfuta-
lion solide et scientifique des systèmes actuellement en
vogue sur les origines historiques du peuple roumain. »
( 305 )
CONCOURS ANNUELS.
Il est donné lecture : \° des rapports de MM. J. Nolet
de Brauwere van Steeland, Willems et Wagener sur les
deux mémoires, écrits en flamand, qui ont été envoyés en
réponse à la 3e question :
On demande une étude, sur l'application des règles de la
métrique grecque et latine à la poésie néerlandaise ;
2° Du rapport du jury chargé de juger le concours pour
les prix De Keyn à décerner en 188S (enseignement pri-
maire).
Conformément au règlement, la Classe ne se prononcera
sur les conclusions de ces rapports que dans sa prochaine
séance.
COMITÉ SECRET.
La Classe se constitue en comité secret pour l'inscrip-
tion éventuelle de nouvelles candidatures aux places
vacantes et la discussion des titres des candidats.
( 306 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 2 avril 1885.
M. Pauli, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. S\s\\i y vice- directeur ; Jos. Geefs,
C.-A. Fraikin, le chevalier L. de Burbure, Ern. Slinge-
neyer, AI. Robert, F.-A . Gevaert, Ad. Samuel, Jos. Schadde,
Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, Charles Verlat,
G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, membres; Joseph
Slaliaert, Henri Beyaerl, Edm. Marchai et Jos. Du Caju,
correspondants.
M. Chalon, membre de la Classe des lettres, assiste à la
séance.
CORRESPONDANCE.
La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la
perle qu'elle a faite, pendant le mois de mars dernier, du
doyen des associés de sa section de peinture, M. Louis
Haghe, né à Tournai en 1806 et décédé à Londres où il
habitait depuis nombre d'années.
M. Louis Haghe, entre autres titres, avait celui de des-
sinateur de la reine d'Angleterre.
( 307 )
— M. le secrétaire perpétuel annonce que M. Pauli s'est
fait l'organe de la Classe en prononçant les adieux acadé-
miques aux funérailles de M. Félix Stappaerts, qui ont eu
lieu le samedi 7 mars dernier.
La Classe remercie M. Pauli pour ce discours, dont elle
décide, selon l'usage, l'impression dans le Bulletin de la
séance (voir ci-après).
— M. le secrétaire perpétuel fait savoir que M. Morren
se propose, en sa qualité de directeur de la Classe des
sciences, de saisir celle-ci, dans sa séance du 4 de ce mois,
d'une motion ayant pour objet d'adresser les félicitations
de l'Académie au Roi, son auguste Protecteur, pour les
heureux résultats de la Conférence de Berlin relative au
Congo.
L'assemblée charge M. le secrétaire perpétuel de dire
à la Classe des sciences qu'elle s'associe de tout cœur à
cette motion.
— La Classe prend notification des dépêches ministé-
rielles suivantes :
1° Adressant une ampliation de l'arrêté royal du
10 mars qui ouvre un double concours pour la composi-
tion d'un poème français et d'un poème flamand, destinés
à servir de thème aux concurrents pour le grand concours
de composition musicale de cette année. M. le Ministre
invite, en même temps, la Classe à dresser la liste double
des candidats pour le jury de sept membres qui jugera
ce double concours (voir ci-après, p. 313);
2° Communiquant la première partie du rapport de
( 308 )
M. Edmond Vander Straelen sur les résultats des recher-
ches qu'il a faites à la Bibliothèque royale de Munich pour
la Commission de publication des œuvres des anciens
musiciens belges. — Renvoi à celle commission;
3° Transmettant, avec demande d'avis :
A . Le huitième et dernier rapport semestriel de M. Remy
Cogghe et le deuxième rapport semestriel de M. Verbrugge,
lauréats des grands concours de peinture de 1880 et
de 1883. — Renvoi à MM. Siret, Slingeneyer, Robert,
Guffens et Verlat;
B. Le quatrième rapport semestriel de M. Guillaume
Charlier, lauréat du grand concours de sculpture de 1882.
— Renvoi à MM. J. Geefs, Fraikin, Jaquet, De Groot et
Marchai;
C. Le sixième rapport semestriel de M. Louis Lenain,
lauréat du grand concours de gravure de 1881. — Renvoi
à MM. Demannez, Biot et Siret.
— MM. Jacques Cuylits, président, et Pierre Koch,
secrétaire de la Société royale pour l'encouragement des
beaux-arts à Anvers, adressent la circulaire relative à
l'Exposition universelle des beaux-arts qui s'ouvrira le
2 mai dans cette ville.
— M. le sculpteur Desenfans, se conformant aux ordres
qu'il a reçus du Ministère, soumet à l'appréciation de l'Aca-
démie le buste en marbre d'Antoine Spring, ancien mem-
bre de la Classe des sciences. — L'avis favorable émis
séance tenante par la section de sculpture sera commu-
niqué à M. le Ministre de l'Agriculture, etc.
( 309 )
Discours prononcé aux funérailles de M. Félix Stappaerts
le 7 mars 4885, par M. Pauli, directeur de la Classe.
Messieurs,
De toutes les conquêtes intellectuelles modernes, l'une
d'entre elles qui a le plus contribué au mouvement et au
progrès des arts est le développement du sentiment esthé-
tique et de l'esprit de critique.
La littérature, en étendant son domaine dans ce sens si
élevé, a éminemment aidé à faire progresser le goût des
œuvres d'art dans toutes les masses de la société.
C'est à un des représentants de cette littérature que je
viens, en ce moment, rendre un dernier et suprême hom-
mage comme directeur de la Classe des beaux-arts de
l'Ac;idémie de Belgique.
Félix Stappaerts naquit à Louvain , le 24 avril 1812, il
allait donc bientôt atteindre sa 73e année.
Appartenant à une famille honorable et aisée de Louvain
où le goût de la littérature et des arts avait toujours été
en honneur, la position que son père occupait dans le
monde commercial lui permit, jeune encore, de donner un
libre cours à ses aspirations littéraires.
A la suite de revers de fortune subis par son père,
Stappaerts dut s'occuper de chercher une position. Il quitta
Louvain pour venir habiter Bruxelles, où ses connaissances
déjà variées en littérature le mirent en rapport avec les
esprits éminents que la capitale comptait alors en fait
d'artistes et d'écrivains.
Ses relations lui valurent d'emblée, en 1844, un emploi
( 3i() )
de premier commis à la direction générale des beaux- arts
au Ministère de l'Intérieur.
Lors de la réorganisation de l'Académie et de la création
de la Classe des beaux-arts en 1845, l'éminent secrétaire
perpétuel M. Quetelet, qui avait pu déjà apprécier les
qualités intellectuelles de Slappaerls, s'adjoignit celui-ci
pour les travaux du secrétariat.
Pendant plus de vingt années, de 1846 à 1868, époque
où notre confrère dut résigner ses fonctions à cause de sa
santé, Slappaerts justifia pleinement la contiance mise en
lui.
Lors de l'organisation en 1861 de la commission de la
Biographie nationale, celle-ci appela Stappaerts à faire
partie de son bureau en qualité de secrétaire adjoint.
Elle lui dévolut, en même temps, la tâche de reviseur
littéraire des articles destinés à ce recueil.
En 1868, Slappaerts avait été nommé professeur d'ar-
chéologie à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles;
il remplissait ces fonctions il y a peu d'années encore et
dut, bien à regret, les résigner, également pour cause de
santé.
A une autre voix que la mienne incombe de vous dire
ce que Stappaerts a été pour cet établissement; seulement
je ne puis m'empêcher de dire que nombre de ceux qui
entourent en ce moment son cercueil ne se rappellent
jamais sans émotion sa bonté de caractère, son érudition,
son talent tout particulier pour initier ses élèves au culte
des arts.
Sa place avait été marquée depuis longtemps dans la
Classe des beaux-arts : nommé correspondant en 1866, il
en devint membre dix années après; en 1872, le Roi le
( 311 )
nomma chevalier de son Ordre, lors du jubilé séculaire de
l'Académie.
Je ne puis terminer cet exposé sans rappeler ici que
Stappaerts a été l'un des promoteurs et fondateurs de la
Société royale des aquarellistes; il en fut également le
premier secrétaire.
C'est en 1843, dans la Renaissance belge, que Stappaerts
avait pris rang dans le feuilleton avec autant d'esprit que
de sens artistique.
Comme journaliste, comme critique d'art, Stappaerts
était doué d'une vaste érudition doublée d'un excellent
jugement; ses articles étaient empreints d'une rare élé-
gance de forme littéraire; il procédait de la grande école
des Gustave Planche, des Théophile Gautier et autres, en
un mot, de cette belle pléiade d'écrivains de l'école roman-
tique.
On compte de Stappaerts, outre quelques communica-
tions académiques et quantité de notices dans la Biogra-
phie nationale, un intéressant travail, édité plusieurs fois,
sur la colonne du Congrès, paru lors de l'inauguration de
cet édifice; nombre d'articles sur les arts et la littérature
dans différentes revues, notamment dans la Revue britan-
nique, dont il dirigea pendant longtemps l'édition belge, et
dans le Journal des beaux-arts d'Adophe Siret.
Il fit aussi partie de la rédaction des journaux politiques
l'Émancipation, le National, le Journal de Bruxelles et le
Télégraphe, qu'il aida à fonder. Stappaerts a également
écrit d'intéressants articles d'art et d'archéologie dans la
Belgique monumentale et dans la Belgique pittoresque,
ainsi que l'excellent texte des deux volumes in-folio des
Monuments d'architecture dessinés par Slroobant.
( 312 )
Chez Slappaerts, les qualités du cœur étaient à la hau-
teur du mérite littéraire.
Il savait inspirer à ses élèves le sentiment mêlé de
respect et d'affection.
Ses rapports avec ses collègues étaient empreints d'une
franchise et d'une cordialité dont le souvenir sera ineffa-
çable; tous ceux qui vécurent dans son intimité conserve-
ront la même impression de l'amitié dont ils ont été
honorés.
Aussi crois-je être l'interprète fidèle de tous les membres
de la Classe au nom de laquelle j'ai l'honneur de parler en
disant que sa mort est pour tous une véritable cause de
deuil et qu'elle laissera un vide difficile à remplir.
Mais si la mort a pu, Slappaerts, vous ravira notre
profonde et sincère affection, elle n'aura pas au moins
le pouvoir de vous enlèvera notre souvenir et ce souvenir
vous restera acquis à jamais
RAPPORT.
La Classe avait renvoyé à l'examen de M. Gevaerl
une lettre de M. Joseph Martin, de Visé, relative au
mode mineur de l'échelle musicale. — Communication
sera donnée à M. Martin de l'avis émis par M. Gevaerl;
M. Gevaert fait connaître son avis sur ce travail et en
propose le dépôt aux archives.
( 313 )
ÉLECTIONS.
Comme suite à la dépêche ministérielle rappelée précé-
demment, la Classe fait choix de quatorze noms de litté-
rateurs et de musiciens, pour la composition du jury de
sept membres qui sera chargé de juger le double concours
des poèmes pour le grand prix de composition musicale
de cette année. — Cette liste sera soumise au Gouver-
nement.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Alvin, tant en sa qualité de trésorier de la caisse des
artistes qu'au nom du secrétaire, M. Fétis, absent de la
séance, fait remarquer que le règlement de cette associa-
tion, approuvé par arrêté royal du 10 janvier 1849, exige
une revision.
Il demande que la Classe adjoigne M. Hymans au bureau
permanent du comité pour soumettre à l'Académie un
projet de revision du règlement. — Adopté.
v 514 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Henrard (Paul). — Henri IV et la princesse de Condé.
Bruxelles, 1885; vol.in-8°.
Mansion (Paul). — Discours sur les travaux mathématiques
de M. Eugène-Charles Catalan. Bruxelles, 1885; in-8° (40 p.).
Van der Mensbrugghe (G.). — De l'énergie potentielle des
surfaces liquides. Liège, 1885; extr. in-8° (30 pages).
Nolet de Brauwere van Sleeland. — Luit en fluit, dicht-
bundel van Fr.-S. Daems. Anvers, 1885; extr. in-8° (12 p.).
Juste (Th.). — Le soulèvement des Pays-Bas contre la
domination espagnole (1 567-1572), nouvelle édition. Bruxelles,
1885; in-8° (298 pages).
Kervyn de Lettenhove (le baron). — Les Huguenots et les
Gueux, tomes IV et V (1576-1580). Bruges, 1884-85; 2 vol.
in-8°.
Van den Bussche (Emile). — Inventaire des archives de la
ville de Bruges, section première, t. II, registres. Bruges, 1884;
vol. in-4°.
Richard (J.). — Un mot sur la phosphorescence des myria-
podes. Gand, 1885; extr. in-8° (7 pages).
Pirard (Jules). — Quelques notes historiques sur l'an-
cienne Belgique depuis vingt siècles, 3" éd. Liège, 1885;in-18
(216 pages).
Frankenthal (C. de). — Le premier chapitre de la Genèse.
Louvain, 1885; extr. in-8° (12 pages).
Daems (Fr.-S.). — Luit en fluit, dichtbundel. Roulers, 1884;
pet. in-8° (195 pages).
De Polter (Fr.). — Chronijcke van Ghendt door Jan Van
den Vivere. Gand, 1885; in-8° (446 pages).
Vanluir (Dr.). — Comment on répare la machine humaine :
la greffe animale. Bruxelles, 1885; extr. in-8° (37 pages).
( 315 )
Verbruggen (A .-F.) — La règle pour la division des frac-
tions ordinaires (2 pages in-8°).
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ancienne et moderne et les causes qui font qu'en général elle
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nature de la glairinc ou barégine, ainsi que le mode de forma-
tion de cette substance dans les eaux thermales sulfureuses
des Pyrénées. Paris, 1883; extr. in-8° (13 p., pi.)
— Etudes sur les matières organiques et organisées conte-
nues dans les eaux thermales des Pyrénées, notamment sur la
sulfuraire. Toulouse, 1882; extr. in-8° (22 p., fig.).
Wroblewski (Sigismond): — Comment l'air a été liquéfié;
réponse à l'article de M. J. Jamin. Paris, 1885; in-8° (50 p.).
— Sur les phénomènes que présentent les gaz permanents
évaporés dans le vide; sur la limite de l'emploi du thermo-
mètre à hydrogène et sur la température que l'on obtient par
7*m* SÉKIE, TOME IX. 22
( 318)
la délente de l'hydrogène liquéfié. Paris, 1885; extr. in-4°
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bulli;™
CE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAIX-AHTS DE BELGIQUE.
1885. — N° 5'.
Séance du 5 mai 1885.
M. Éd. Morren, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. Éd. Mailly, vice-directeur; J.-S. Stas,
L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de
Selys Longchamps, Gluge, Melsens, G. Dewalque, E. Can-
dèze, Donny, Ch. Monligny, Éd. Van Beneden, C. Malaise,
F. Folie, Fr. Crépin, J. De Tilly, F.-L Cornet, Ch. Van
Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres;
M. Mouiion, P. Mansion, A. Renard et P. De Heen, cor-
respondants.
3m* SÉRIE, TOME IX. 25
( 322 )
CORRESPONDANCE.
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics l'ait parvenir un exemplaire des recueils
des procès-verbaux des séances des conseils provinciaux,
session de 1884. — Remercîments.
— Conformément aux instructions du même Ministre,
M. Dupont, directeur du service de la Carte géologique ,
adresse un exemplaire des sept feuilles de la Carte géolo-
gique composant la livraison de 1884. — Remercîments.
— L'Académie royale des sciences de l'Institut de
Bologne envoie le programme du concours pour le prix
Aldini sur les meilleurs moyens d'empêcher ou d'éteindre
les incendies.
— M. le maréchal des logis en retraite Delaey envoie
trois nouvelles notes manuscrites sur les machines à vapeur
et les voies navigables de la Flandre occidentale.
— La Classe accepte le dépôt, dans les archives, d'un
complément, présenté par M. Malaise, à son billet cacheté
du 4 avril dernier.
— Le comité organisateur de la manifestation qui aura
lieu le 7 juin à l'Université de Liège, à l'occasion de la cin-
quantième année de professorat de M. G. Nypels, demande
la coopération de l'Académie.
— La Commission organisatrice du Congrès interna-
tional de navigation intérieure annonce que la première
session aura lieu à Bruxelles, du 24 mai au 2 juin pro-
chain.
— La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs :
( 323 )
\" Etal actuel de nos connaissances sur la structure du
noyau cellulaire à l'état de repos, par Ch. Van Bambeke;
2° L'évolution du règne végétal : les Phanérogames, par
G. de Saporta et A.-F. Marion, 1. 1 et II; M. Dewalque, en
faisant parvenir cet ouvrage au nom des auteurs, écrit :
« J'espère que ces deux volumes seront accueillis par le
monde savant avec non moins d'intérêt que le volume
consacré aux Cryptogames » ;
3° Sur des formules relatives aux intégrales eulériennes,
par E. Catalan ;
4° Le sommeil et les rêves considérés principalement
dans leurs rapports avec les théories de la certitude et de
la mémoire, par J Delbœuf;
5° Notices sur les mœurs des Batraciens, par Héron-
Royer ;
6° De quelques anomalies des cotes chez i homme, par
H. Leboucq ;
7° Les Australiens du Musée du Nord, par E. Houzé et
Victor Jacques.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Note sur quelques dérivés de V hydrocamphène tétra-
bromé, par M. W. De la Royère, assistant au laboratoire
de chimie générale de l'Université de Gand. — Commis-
saires : MM. Spring et Stas ;
2° Note sur la rotation électromagnétique du plan de
polarisation de la lumière et sur l'influence de la lumière
sur la conductibilité électrique du sélénium, par Edmond
Van Aubel, élève ingénieur des mines à Liège. — Com-
missaires: MM. Van der Mensbrugghe, Montigny et Spring.
( 324 )
RAPPORTS.
Recherches expérimentales et analytiques sur les lois de
l'écoulement et du choc des gaz en fonction de la tem-
pérature. Supplément; par M. Hirn, associé.
rtnpitot-l de M . Folie.
<s Noire confrère M. Melsens m'a informé, il y a huit
jours, que M. Hirn avait rédigé un mémoire en réponse
aux objections que j'ai faites à sa théorie dans mon der-
nier rapport, et qu'il désirerait beaucoup pouvoir faire
imprimer ce mémoire à la suite du précédent.
Je serais très heureux, en ce qui me concerne, que
l'Académie voulût bien déférer au désir de notre éminent
associé, me réservant de répliquer ultérieurement, s'il
y a lieu.
Nos confrères MM. Melsens et Van der Mensbrugghe,
qui ont examiné avec moi le précédent mémoire de
M. Hirn, s'associent au vœu que je forme. Nous prions
donc l'Académie d'ordonner l'impression du nouveau
mémoire de M. Hirn à la suite du précédent, et de réitérer
ses remercîments à notre savant associé. » — Adopté.
Sur une question de la théorie des fonctions elliptiques ;
par M. Marlins da Silva.
Happofl de fl. Mansion.
4 Gudermann a donné, dans le Journal de Crelle
(t. XVIII, pp. 164 et suivantes), puis dans sa Théorie der
Modular-Functionen und der Modular-Integrale (Berlin,
( 5-25 )
Reimer, 1884, §§ 4045), quelques relations enlre les fonc-
tions elliptiques de trois et même de quatre arguments
quelconques. Parmi ces relations, on peut citer particu-
lièrement la suivante :
— h'* snw snu snr sns -+- cnu cnu cnr cns
i r2
— — dnu dnv dnr dus =
où l'on suppose u -+- v ■+• r ■+■ s = Q.
Cette relation a été retrouvée, en 1879, par M. Cayley (*)
qui en a donné une interprétation géométrique curieuse,
et, depuis lors, elle a été démontrée, de diverses manières,
par MM. H.-J.-S. Smith, J.-W.-L. Glaisher, Hermile
et H. Schroeter (**). Ces géomètres ont, en même temps,
signalé plusieurs relations analogues, plus ou moins sim-
ples, entre les fonctions sn, en, dn, les fonctions thêta, ou
les fonctions Al correspondantes.
M. Cayley (***) a fait connaître aussi une formule qui est
la généralisation de la formule de Gudermann et qui n'a pas
attiré autant que celle-ci l'attention des géomètres. Cette
formule est la suivante :
/' — k'* sn (a -t- (3) sn (a — (3) sn f y -+- ê) sn (y — S)
^ -+- en (a -+- (3) en (* — (3) en (y ■+- <?) en (y — <?)
5 i
f — — dn(a -+- (3)dn(a — fi)dn(y -4- (?) dn (r — <?)
k'* 1k' (sn2 a — sn2 y) (sn2 [3 — sn2 <?)
h1 { i — Fsn2«sn2 P) ( I — A2sn Vsn V)
(*) A Theorem in Elliplic Functioiis(Pvocee(liny;s of the London Mathe-
maiical Society, t. X, pp. 43-48; janvier, 1879).
(**) Smith, Ib. pp. 91-100; J -W.-L. Glaisher, Ib pp. 23 1 -233 -x Mes-
senger of Mathematics, 2e série, t. X, pp. 129-130, 152-154; Hermite,
Acta mathemalica, t. I, pp. 368-370; H. Schroeter, Ib. t. V, pp. 205-207.
(***) Loc. cit., p. 45.
5°26 ;
el elle donne la précédente, aux notations près, quand on
y fait a-+-y = 0.
La note de M. Martins da Silva est une étude relative à
cette formule de M. Cayley, où il rattache celle-ci, d'abord
à la théorie des fonctions thêta, puis aux fonctions Al de
M. Weierslrass. Pour cela, il exprime le premier et le
second membre de cette formule au moyen des fonctions
thêta, après avoir posé a -h (3= m, a — (3=w', y -t-<5=co",
y — #=w"\ Dès lors, sous cette forme nouvelle, on s'aper-
çoit qu'elle est identique à une relation connue, due à
Jacobi, mais publiée en 1851, par M. Rosenhain (*).
Cette identité de la formule de M. Cayley avec celle de
Jacobi semble avoir échappé à M. Schroeter et à Smith,
qui se contentent de faire observer que la formule de
Jacobi contient celle de Gudermann, dans le cas où la
somme des quatre arguments est nulle.
M. Martins da Silva exprime ensuite la relation obtenue
entre les fonctions thêta de quatre arguments au moyen
des fonctions Al de M. Weierslrass et retrouve ainsi une
partie des résultats de Smith et quelques autres formules
analogues.
Nous proposons à la Classe de voler l'impression du
petit travail de M. Martins da Silva dans le Bulletin, en
en retranchant quelques applications particulières, rendues
inutiles par la publication de la note un peu antérieure
de M. Schroeter. » — Adopté.
(*) Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des sciences
de Paris, t. XI, p. 375.
( 327 )
De l'influence du magnétisme sur les caractères des raies
spectrales, par M. Ch. Fievez.
Mtupjiot'l de VI . Stas
« M. Fievez, astronome à l'Observatoire royal, m'a prié
de présenter en son nom, à la Classe, une note intitulée
De l'influence du magnétisme sur les caractères des raies
spectrales. D'après les faits connus, on admet que l'action
du magnétisme sur l'étincelle électrique, traversant les
milieux gazeux 1res raréfiés, a pour effet de produire un
accroissement d'intensité lumineuse de l'étincelle et de
son spectre. Les opinions sont partagées sur la cause des
phénomènes observés : De la Rive et Daniel admettent
qu'elle est due à une augmentation locale de densité de la
matière gazeuse raréfiée; Secchi, au contraire, l'attribue
au diamagnélisme des gaz, d'où résulte une diminution
considérable de la surface gazeuse dans la section du tube
traversée et, par suite, production d'une température plus
élevée.
Après avoir exposé ces faits et ces interprétations,
M. Fievez fait remarquer, avec infiniment de raison, que
rien ne s'oppose à ce que l'on attribue l'augmentation de
l'intensité lumineuse de l'étincelle et de son spectre à
l'action du magnétisme sur les rayons lumineux eux-mêmes.
Pour élucider cette question, M. Fievez a eu l'idée d'écar-
ter l'étincelle électrique dans l'expérience, et, par consé-
quent, de se borner à étudier l'effet du magnétisme en
présence du mouvement lumineux et calorifique, sans
autre intermédiaire que la matière pondérable.
Dans ce but, il a recherché l'effet du magnétisme sur le
spectre des flammes sodiques, potassiques, lilhiques et thaï-
( 328 )
liques portées successivement à des tempéra Unes crois-
santes par l'introduction de l'oxygène en quantité appro-
priée. Dans sa note, M. Fievez expose, avec la concision et
la précision qui le caractérisent, les moyens auxquels il a
eu recours. Ayant été témoin de ses investigations sur la
flamme sodique, portée successivement à des températures
de plus en plus élevées, je puis affirmer la scrupuleuse
exactitude du fait fondamental qui s'y rapporte et qui
consiste dans un changement de complexité des raies
sodiques sous l'influence des forces magnétiques. Par
l'intervention du magnétisme, les phénomènes spectraux
observés se présentent absolument de la même manière
que par l'intervenlion d'une élévation de température, tels
qu'ils ont été découverts et décrits par M. Fievez dans son
remarquable travail De l'influence de la température sur
les caractères des raies spectrales.
M. Fievez conclut de ses recherches que le magnétisme
agit directement sur les rayons lumineux ; il s'abstient,
avec raison, de se lancer dans le champ des hypothèses
pour expliquer l'identité des effets du magnétisme et de la
chaleur sur les rayons.
J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'im-
pression de la note de M. Fievez dans le Bulletin de la
séance et de lui voler des remerciments pour la commu-
nication de son beau travail. »
La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles a souscrit
M. Spring, second commissaire.
( 529 )
fyude sur le développement des feuillets et des premiers
îlots sanguins dans le blastoderme de la Torpille (Tor-
pédo ocellata), par M. A. Swaen.
Hapitofi <fe n. Éd. Van Mtnteden.
« Balfour a publié sur l'embryologie des Sélaciens une
série de travaux dont les résultats ont exercé une salutaire
influence sur les progrès de la morphologie des Vertébrés.
Hoffmann est le seul qui , après Balfour, ait étudié les pre-
mières phases du développement des Ëlasrnobranches; il a
modifié en quelques points les conclusions des recherches
magistrales de l'éminenl et tant regretté embryologiste
anglais.
M. Swaen, professeur à l'Université de Liège, a été
envoyé à Naples, l'an dernier, pour y occuper la table belge
à la Station zoologique du professeur Dohrn ; il a réuni et
préparé de nombreux matériaux pour l'étude du dévelop-
pement des Sélaciens et il communique aujourd'hui à la
Classe l'exposé sommaire de ses conclusions, en ce qui con-
cerne le développement des feuillets et la formation du sang
et des vaisseaux dans l'aire vasculaire, chez la Torpille.
Je me fais un plaisir de proposer à la Classe de faire
imprimer le travail de M. Swaen dans le Bulletin de la
séance, et d'adresser des remercîmenlsà l'auteur pour son
intéressante communication. »
La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles a souscrit
M. Van Bambeke, second commissaire.
ÉLECTION.
La Classe continue, par acclamation, le mandat de
M. Stas, comme membre de la Commission administrative
pour 1885-1886.
( 530 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Note sur la géologie du groupe d'îles de Tristan da Cunha;
par A. -F. Renard, correspondant de l'Académie.
La constitution géologique des îles de l'Atlantique offre
un puissant intérêt au point de vue de la géographie phy-
sique et de la répartition des êtres. Les questions que sou-
lève leur étude peuvent se résumer ainsi : ces terres iso-
lées au milieu de l'Océan, sont-elles les restes de vastes
régions en partie submergées, autrefois reliées aux conti-
nents, ou bien ces îles ne sont-elles autre chose que des
produits volcaniques amoncelés depuis le commencement
de l'époque tertiaire, ou bien enfin, seraient-elles consti-
tuées par un noyau de roches cristallines plus anciennes,
granités, diabases et schistes cristallins, qui serviraient en
quelque sorte de soubassement aux matériaux volcaniques
affleurant dans toutes ces îles et dont l'éruption, comme
on vient de le rappeler, date de l'époque tertiaire?
La portée de ces problèmes n'a pas manqué d'attirer de
bonne heure l'attention des grands naturalistes qui fondè-
rent les sciences géologiques. Il suffît de rappeler les tra-
vaux de von Buch, de Cordier, de Darwin, de Lyell, pour
montrer l'importance de l'étude de ces formations. Plus
récemment, un grand nombre d'entre elles ont été explo-
rées par des observateurs habiles tel que Riess, Stiibel,
Hartung, von Fritsche, Dolter et Fouqué, elc. C'est à
peine si quelques-unes, moins facilement abordables, ont
échappé aux investigations des naturalistes voyageurs.
Parmi celles dont la constitution du sol était restée près-
( 331 )
que inconnue jusqu'au moment de l'expédition du Chal-
lenger, on doit citer le groupe d'îles de Tristan da
Cunha (1). Perdus au milieu de l'Océan, sans cesse battus
par d'effroyables tempêtes, désolés par un climat d'une
rigueur excessive, ces rochers sont peut-être le lieu de la
terre le plus triste que l'homme s'est choisi pour demeure.
Jusqu'au moment où l'équipage de celte croisière scien-
tifique l'explora, il y a environ dix ans, on ne possédait
que des notions bien incertaines sur la nature des roches
qui constituent ce groupe d'îles. Les savants du Challenger
y ont recueilli un certain nombre de roches-types, dont
je me propose de donner une description sommaire. Elle
portera sur les échantillons réunis par M. Buchanan,
chimiste de l'expédition. J'emprunte aux ouvrages de
sir Wyville Thomson (2), de Moseley (5) et surtout au
rapport de Buchanan (4), les détails locaux qui accompa-
(1) Ces îles furent découvertes par les Portugais vers 1506; les
Hollandais les ont décrites en 1643; mais d'Llchevery paraît être le pre-
mier qui aborda à Tristan avec l'équipage de l'Étoile du math), en 1767.
11 nomma Inaccessible l'île située à l'ouest du groupe, et Nightingale
celle au sud. Depuis, plusieurs navires de la marine anglaise onl abordé
ces rochers. Leur position géographique fut lixée avec exactitude par
le capitaine Denham, lors de la croisière du Herald en 185-2. La carte
de Tristan par Denham a été publiée dans les Geogr. Milth. de Pelermann,
1855, p 76, pi 7. Mais la position des deux petites îles Inacessible et
Nightingale n'a été déterminée qu'en 1875 par les explorateurs du Chal-
lenger. La nouvelle carte du groupe de Tristan a paru pendant l'impression
de cette notice, dans le Narrative of the croise of H. M. S. Challenger,
édite par M. John Murray. Voir S/ieets 17, lcc volume. Cet ouvrage ren-
ferme des détails complets sur l'histoire naturelle et sur la petite colonie
qui s'est installée à Tristan. Voir aussi Thomson, The Atlantic, vol 11,
p. 152, et l'iulere^aul chapitre sur ces îles dans les Noies of a Naluralist
on thc Challenger, par Moseley, p. 13-v
(i) Sir Wyville Thomso.n, The Atlanlic, vol. Il, p. 152.
lô) Moseley, Notes of a naluralist on Vie Challenger, p. 108.
(4) tiuc.HAMAN, Pioe. Ilot, Soc Ltnd., vol. XXIV, p. 583
( 332 ;
gnent les recherches lilhologiques que j'ai l'honneur de
présenter à l'Académie. Elles constituent une suite aux
notices que j'ai publiées sur les îles pou explorées de
l'Océan Atlantique. Je me hâte d'ajouter que ces observa-
tions ne forment pas une monographie géologique complète
du groupe de Tristan da Cunha; elles ne se rapportent
généralement qu'aux roches qui affleurent à la côte. Les
conditions difficiles d'exploration et l'inconstance de la
mer avaient fait défendre aux naturalistes de s'écarter
hois de vue du navire; ils ont donc dû se borner à réunir
des documents relatifs à la constitution des falaises et des
points au voisinage immédiat des côtes. Mais, vu la nature
des roches recueillies, tout porte à croire qu'on eût observé
des faits du même ordre dans la partie centrale de l'île.
Le groupe de Tristan da Cunha comprend l'île de Tristan
et les îles Nighlingale et Inacessible. En s'appuyant sur les
relations de la flore, on doit rattacher au même groupe la
petite île Gough , située à 200 milles au sud. Ces îles for-
ment les sommets de la grande chaîne sous-marine, qui
traverse «lu nord au sud le milieu de l'Atlantique et qui
porte, dans la partie méridionale de cet océan, les rochers
de S'-Paul, les îles de l'Ascension et de Ste-Hélène (1).
Tristan , la plus importante de ces îles, occupe le
nord du groupe; elle est située par lat 37°2'45"S, long.
i2°18'20"0 {Herald point); une distance de 1,550 milles
(1) A partir du méridien 55°0, et un peu au sud du parallèle 35° S, le
fond de la mer commence à se relever graduellement, jusqu'à atteindre le
point culminant de la chaîne sous-marine de l'Atlantique du sud. Le sol
s'élève jusqu'à la hauteur des îles Gough et Tristan da Cunha, autour des-
quelles on a sondé des profondeurs de 2,000 mètres et plus. A l'est de ces
îles, le fond subit une nouvelle dépression et descend jusqu'à 4,000 mètres
entre la long. 0.10° et long. E. 1b et 30° jusqu'à 50° lat. S.
( 355 )
la sépare du cap de Bonne-Espérance; elle est à 2,000
milles du cap Horn et à près de 1,320 milles au sud de
Ste-Hélène. Sa superficie est d'environ 16 milles carrés.
L'île de Tristan est presque circulaire; un pic élevé en
occupe le milieu. Si, de ce centre, on décrit une circonfé-
rence de 3f/2 milles de rayon, elle ira toucher tous les
points saillants de la côte , sauf ceux de quadrant Est, où
le rivage se projette un demi-mille en dehors du cercle.
Cette île s'élève presque verticalement du fond de la mer;
à peu de distance des côtes, on rencontre déjà la ligne de
100 brasses; elle est bordée de falaises escarpées, qui
rendent l'abordage très difficile; les rochers à pic qui
ceignent l'île atteignent une hauteur de 1 ,000à 2,000 pieds.
Ils forment une terrasse ou plateau où se dresse un pic de
forme conique, rappelant celui de Ténériffe et dont le
sommet, recouvert de neige durant presque toute l'année,
s'élève à 7,640 pieds. Au dire des habitants de Tristan,
ce pic est un cône de scories noires et rouges, avec un
cratère-lac à la partie supérieure; le diamètre du cratère
est d'environ un quart de mille. On aperçoit de la côte
d'autres éminence-, moins élevées, sur le plateau formant
le centre de l'île; ces collines sont très probablement aussi
des cônes d'éruption secondaires (1) ; plusieurs d'entre
eux ont des cratères-lacs, comme le pic central.
Les falaises sont formées de couches presque horizon-
tales alternantes de basaltes compactes et scoriacés, avec
intercalations de bancs de tuff volcanique rougeâtre. Cet
ensemble de lits est légèrement incliné vers le rivage,
ainsi qu'on peut l'observer à l'est et à l'ouest du port (2).
(1 ) Voir dans le Narrative of the cruise of H. M. S. Challenger, la vue
île l'île de Tristan da Gunha, p. 241, Og. 98.
(2) Voir la gravure reproduisant une photographie de ces falaises près
du village Edinburgh; Narrative, etc , p. 252, fig. 99.
( 354 )
Ces couches sont traversées par des liions d'allure généra-
lement verticale et d'assez faible puissance. Au pied des
falaises, les eaux torrentielles et la décomposition atmo-
sphérique ont raviné ces murailles de rochers et accu-
mulé des amas de débris, qui se sont amoncelés jusqu'à
une hauteur de 100 pieds. Cette ceinture de fragments
volcaniques est à son tour bordée par une zone de sable
de même nature, qui s'étale sur l'étroit rivage de l'île.
H n'existe peut-êlre pas de région au monde où les
phénomènes atmosphériques exercent leur action destruc-
tive d'une manière aussi énergique qu'ici. Pendant neuf
mois de l'année, de terribles tempêtes se déchaînent sur
l'île; durant cette saison de pluies et dès que la neige
accumulée sur le sommet du pic et sur la terrasse vient
à se fondre, l'eau jaillit en cascades, du haut des rochers
qui bordent les côtes, et entraîne avec elle une immense
quantité de débris. Ces eaux courantes s'attaquent avec
vigueur à démolir les couches moins cohérentes et moins
homogènes qui composent les lits horizontaux; elles
déchaussent les roches des filons et creusent des inden-
tations profondes sur le rebord de la terrasse. Les dykes
transversaux résistent seuls à l'érosion et se dressent
comme des murailles.
M. Buchanan fait observer qu'à Tristan, comme à
Nightingale, les filons ont rendu, par leur contact, la brèche
volcanique qu'ils traversent, plus altérable; il en résulte
que la dénudation s'exerce de préférence le long de ces
parois. Ces murailles de roche massive injectée forment
ainsi les axes suivant lesquels sont entaillées les criques et
les sinuosités du rivage. A l'île de Tristan, le ravin, situé
derrière le village et dans lequel se trouve la source qui
alimente la colonie, doit son origine à ce mode d'érosion.
11 est barré par une masse en forme de dyke, dont
( 555 )
l'épaisseur alleint près de 180 pieds; celte roche injectée
a altéré les roches encaissantes, qui sont devenues schis-
toïdes et se désagrègent facilement. On peut observer dans
les falaises un grand nombre de dykes présentant les
mêmes caractères; mais, en général, leur épaisseur ne
dépasse guère \ ou 2 pieds. Les rochers de la côte, qui
offrent de bonnes coupes naturelles de l'île, ont permis à
M.Buchanan de constater, en deux points, d'anciens creux,
remplis aujourd'hui de matériaux volcaniques, qui lui
paraissaient des produits d'éruption subaérienne, déposés
lentement sous les eaux. Si cette interprétation est vraie,
elle tendrait à faire admettre que certaines parties de l'île
de Tristan ont subi celle même action de soulèvement,
dont plusieurs îles de l'Atlantique nous fournissent des
preuves incontestables et qui doit être considérée comme
un facteur important dans la formation des mêmes îles.
Décrivons d'abord les roches qui constituent les lits
presque horizontaux, et qui ont été épanchées à la manière
des laves ou projetées comme matières volcaniques,
incohérentes. On doit signaler comme une des plus impor-
tantes de l'île, une roche de teinte jaune rougeâtre avec
grands cristaux d'augite. D'après les observations de
M. Buchanan, elle a subi une altération profonde, sous
Pinfluence des dykes qui la traversent. Quelques-uns des
échantillons que nous en avons examinés sont presque
désagrégés; les cristaux d'augite, seuls, .ont résisté à la
décomposition; ils se laissent facilement extraire de la
masse presque terreuse qui les renferme.
Certaines portions de la roche, moins décomposées, ont
fourni des lames minces, qui montrent qu'elle doit être
rapportée aux basaltes feldspathiques. Les grands cristaux
d'augite donnent à ce basalte une texture porphyrique; on
voit au microscope que la masse fondamentale est con-
( 336 )
slituée par un amas de microlithes de plagioclase, d'augite,
de magnélile en cristaux el en irichites et par quelques
petits cristaux de péridot; entre ces éléments, est intercalée
une base vitreuse, dont le rôle est tout à fait subor-
donné. En certains points, une matière jaunâtre limoni-
teuse s'est déposée dans les pores, en enduits concrétion-
nés. Quelques-uns de ces échantillons décomposés passent
presque sans gradation à une roche plus compacte et plus
résistante. Les zones compactes dont il s'agit sont noires
avec éclat vitreux, brillant dans la cassure; elles montrent
la modification vitreuse qu'on observe aux parois des
dvkes de la même île. Ces bandes noires, rappelant par
l'aspect certaines obsidiennes, n'ont qu'une épaisseur de
2 centimètres; on peut les considérer comme la cou-
verture, plus rapidement refroidie, de la nappe basaltique.
Ce verre montre au microscope une base isotrope, brun
noirâtre presque opaque; en certains points, il passe à la
modification, d'aspect résineux rougeâlre, bien connue
dans les luffs palagonitiques. Dans cette base vitreuse, on
observe des cristaux de plagioclase et d'augite, dont quel-
ques-uns renferment des grains de péridot, de la magnélite
et de l'apalite.
Les lits formés de ce basalte feldspathique altéré sont
surmontés par un tuff basaltique. La transition s'opère
par des roches où les matières vitreuses sont plus abon-
dantes, mais appartenant cependant au même type litho-
logique. Le tuff qui recouvre la nappe en question est
formé de fragments où la matière vitreuse domine; ils appa-
raissent au microscope, constitués d'un verre bulleux jau-
nâtre ou brunâtre, passant quelquefois au produit de
décomposition hydraté, rougeâtre, résinoïde des verrez
volcaniques basiques. Les cristaux qui se détachent de
( 357 )
cette matière luffacée sont surtout des augiles verdâtres
péochroïques, généralement à contours irréguliers. Les
préparations montrent en outre des sections du même
minéral et de plagioclases, nettement terminés et de
dimensions plus petites, empâtés dans la masse vitreuse
et qui sont de seconde consolidation. Le péridot et la
magnélile sont relativement rares. Les grands cristaux
d'augite et de plagioclases sont souvent bordés, en partie,
ou entièrement enveloppés d'une matière vitreuse plus
opaque et plus noire que le verre qui l'orme la base.
Ce luff est recouvert à son tour par une roche de même
nature, mais d'un grain plus grossier. Elle est formée de
lapili de 2 à 5 centimètres et pénétrée de cristaux d'augite
visibles à l'œil nu.
Cette roche luffacée est très cohérente, de couleur noire
jaunâtre; les fragments qui la constituent sont générale-
ment des esquilles de basalte feldspathique à base vitreuse.
Au microscope, on observe que le magna est constitué par
un verre brunâtre, alvéolaire, renfermant de grands cris-
taux d'augite souvent maclés, des lamelles de plagioclases,
de la magnétile et du péridot. Ces minéraux sont généra-
lement assez grands; ceux d'augite et de plagioclase
portent les effets de l'action du magna; ils sont corrodés
et infectés par la matière vitreuse entourante. Dans celte
base, on découvre des individus de dimensions beaucoup
moindres; les plagioclases y affectent la forme des tables
rhombiques de la bytownite; ils sont associés à des micro-
lilhes d'augite et de péridot et à des sections microscopi-
ques de magnétile.
Comme on vient de le voir, les roches superposées qui
constituent les bancs horizontaux appartiennent toutes à
la série des basaltes feldspalhiques à base vitreuse. Parmi
3™' SÉRIE, TOME IX. 24
( 558 )
les échantillons étudiés et qui, d'après les notes de
M. Buchanan, doivent être considérés comme des laves,
on en trouve qui présentent quelques différences de tex-
ture. Ils sont plus scoriacés; mais, au fond, leur compo-
sition minéralogique est la même. Parmi les roch< s scoria-
cées, il en est de couleur grisâtre foncée et dont les pores
sont tapissés de zéolilhes; elles renferment des cristaux
d'augile mesurant environ un centimètre. Au microscope,
on y découvre de grandes sections lamellaires de plagio-
clase, d'augite vert foncé, qu'un commencement d'altération
revêt d'une teinte jaunâtre: l'apalite est quelquefois en
inclusion dans l'augile; les préparations montrent encore
du péridol assez rare, de la magnétite et des lamelles
d'oligisle. Ces divers minéraux se détachent d'une masse
fondamentale, où sont accumulés des microlilhes très
petits de plagioclases, de l'augile et de la magnétite,
presque sans interposition de hase.
On passe de ces laves scoriacées avec texture porphy-
rique, à d'autres échantillons, désignés comme laves, qui
présentent des transitions aux andésites pyroxéniques. Ces
roches sont compactes comme les laves basaltiques dont il
fut question tout à l'heure; elles ont un aspect microsco-
pique identique ; seulement, dans les lames minces, on ne
découvre pas de péridol; les minéraux constitutifs sont
le plagioclase, l'augile et la magnétite, auxquels vient
s'ajouter la hiolite en petiles plages brunâtres. Tous ces
petits cristaux sont enchâssés dans une hase formée d'un
\erre peu coloré.
La hornblende est très rare dans les laves de Tristan
da Cunha; une seule roche nous l'a montrée. Elle se
rapproche beaucoup par les caractères microscopiques des
iaves andésitiques, sauf qu'elle est un peu plus schisloïde,
moins compacte et de teinte moins foncée.
( 359 )
Au microscope, celle roche se montre composée des
minéraux suivants de première consolidation : grands
cristaux de plagioclase, d'augile et de hornblende. Les
sections de celte dernière espèce sont entourées d'une
zone de magnétile. Ces sections se détachent d'une base
vitreuse presque incolore, renfermant des microlithes de
plagioclase, d'augite et de 1er magnétique.
Citons encore, parmi les roches étalées en couches, un
fragment extrait d'un banc de produits volcaniques meu-
bles, recouvert par une nappe de lave. On voit à la struc-
ture de l'échantillon qu'il est composé de deux couches
indiquant des dépôts successifs. L'une d'elles possède la
composition minéralogique et la texture que nous avons
reconnues pour toutes les laves basaltiques de l'île;
l'autre est d'une agglomération d'esquilles vitreuses, de
plagioclase, d'augite et de fer magnétique; tous ces miné-
raux sont fragmentaires; la couche en question doit être
considérée comme un lufï basaltique.
Nous venons de voir sommairement les caractères litho-
logiques des coulées et des luffs qui constituent la plus
grande partie des roches affleurant près des côtes; il reste
à indiquer la nature des liions transversaux injectés dans
ces couches superposées.
Les échantillons provenant de ces dykes apparaissent, à
l'œil nu, comme des basaltes compactes de teinte noirâtre;
on y entrevoit des indices de sliuclure colonnaire.
Un fragment extrait de ces liions était conligu aux
parois encaissantes; il présente, sur une épaisseur d'un
centimètre environ, au point de conlact, la modification
vitreuse noire, avec éclat brillant bien connu pour les
roches basaltiques qui ont subi un brusque refroidis-
sement.
A juger par ces préparations microscopiques, ces filons
( 340 )
seraient des andésites aiigîtiqucs. Comme minéraux de
première consolidation, on voit la magnélite, l'angite et les
plagioclases; dans la base qui a subi la dévitrification
microlithique, sont enchâssés des cristaux très petits d'au-
gite, quelquefois groupés en rosettes, et des grains de ma-
gnétile. D'autres échantillons, provenant des filons injectés,
ont montré au fond la même composition minéralogique
et la même texture.
Parmi les échantillons de roches rapportés de l'île de
Tristan, se trouvait un fragment vitreux, très compacte, de
couleur noire rougeàlre, dont les habitants se servent
comme pierre à feu. Celle roche, examinée au microscope,
montre une base vitreuse presque opaque; en certains
points, elle est légèrement transparente ou brune. Les
minéraux qui s'y sont développés sont l'augite et le
feldspath plagioclase. Ce dernier minéral se montre en
sections lamellaires, assez grandes quelquefois, criblées
d'inclusions vitreuses, d'autres fois limpides; les grands
cristaux de plagioclase sont même visibles à la loupe; on
observe aussi des lamelles beaucoup plus petites de felds-
path triclinique, répandues sporadiquement dans la masse.
Les dimensions des cristaux d'augite avec inclusions de
magnélite sont celles des grandes sections de plagioclase;
leurs formes sont nettes; on en distingue un certain nom-
bre, maclés, suivantl'orthopinakoïde comme plan de macle.
On entrevoit aussi un grand nombre de très petits
cristaux d'augite dans la base, ainsi que des sections
microscopiques de péridot. On n'aperçoit pas, à cause de
l'opacité de la base, d'autres minéraux constitutifs. Celle
roche, que l'on pourrait, à première vue, ranger avec
l'obsidienne , doit se rapporter aux basaltes feldspathiques
dont nous avons montré la fréquence à Tristan; elle
constitue une variété très vitreuse de ces roches.
C 541 )
Les sondages du Challenger autour de l'île de Tristan ont
rapporté des échantillons de sédiments qui se déposent aux
abords de l'ile. Le Tond de la mer est généralement formé
d'un sédiment coquillier, à grains grossiers, composés de
fragments de polyzoaires, de lamellibranches, de gasté-
ropodes, de brachyopodes, d'échinodermes, de ptéropodes,
de serpules et de foraminifères pélagiques et autres; les
particules minérales de ce dépôt sont exclusivement d'ori-
gine volcanique et présentent un type très caractéristi-
que des sédiments désignés sous le nom de sable volca-
nique. Les grains qui entrent dans sa composition sont
des fragments microscopiques des roches dont nous venons
de constater la présence à l'île de Tristan ou des miné-
raux qui entrent dans leur composition. Un dragage
(18 octobre 1875) ramena un fragment de roche noire
et massive, altéré à la surface; l'examen microscopique
montre qu'elle doit être rapprochée des andésites pvroxé-
niques; elle ressemble assez bien à la vue aux roches
formant des dykes à Tristan. Dans une masse compacte,
on voit au microscope quelques plages d'un verre bru-
nâtre; cette même matière formant la base de la roche est
intercalée entre les minéraux constitutifs, qui sont tous
très petits et de dimensions à peu près égales. On y dis-
tingue des micro'thes de plagioclase et d'augite et un
grand nombre de sections de fer magnétique. L'olivine
n'est pas représentée; certaines parties de la préparation
montrent une structure fluidale. On voit aussi des
plages plus ou moins irrégulières, où la magnétite s'est
concentrée: peut-être avons-nous ici affaire à une décom-
position de la hornblende. Les caractères externes du
fragment de roche en question et sa constitution lilholo-
gique semblent indiquer qu'il provient de l'île de Tristan,
( 342 )
Il n'en est pas de même (Je fragments de ponce recueillis
dans le même dragage. Nous avons insisté ailleurs sur
l'universalité de la ponce dans les dépôts pélagiques et
nous avons montré commentées produits, transportés par
les vagues et les courants, peuvent venir se déposer au
fond de la mer à des points extrêmement éloignés de leur
lieu d'origine. Nous sommes ainsi amenés à considérer les
fragments de ponce comme n'appartenant pas aux roches
de Tristan. Les échantillons de cette ponce ne présentent
pas de particularités à noter; l'examen microscopique
montre qu'elle renferme de la sanidine, ce que conlirme
l'examen des lames minces.
État de la végétation , à Spa et, à Liège, le 20 avril 1885,
et à Long champ s (Waremrne), le 2i avril; par G. De-
walque et le bon E. de Selys Longchamps, membres de
l'Académie.
Les tableaux ci-après représentent les observations qui
ont été faites à la date habituelle, à Spa et à Liège, par
M. Dewalque, à Longchamps, près de Waremrne, par
M. le baron de Selys, sur la feuillaison et la floraison.
Rappelons que les mots bourgeons indiquent des bour-
geons ou des boutons près de s'ouvrir, et que les chiffres
*/8, '/*> '/2» 3/*' ^ se rapportent à la grandeur normale
des feuilles complètement développées.
M. le baron de Selys estime que, à la date du 21 avril
dernier, la végétation était notablement en retard.
M. G. Dewalque ajoute à ce qui suit que, le 21 avril, la
floraison du colza commençait dans les campagnes entre
Tirlemont et Louvain cl qu'il y a vu quelques fleurs de
Spartium scoparium.
( 343 )
Feuillaison.
Quercus robur, L . . . .
Ulmus canipestris, L. .
Fagus sylvatica, L . . .
Carpinus betulus. L. . . .
Sorbus aucuparia, L . . .
Fraxinus excelsior, L. . .
Tilia europaea, L
Populus alba
Populus fastigiata, Desf. .
jEsculus hippocastanum, L.
Betula alba, L
Alnus glutinosa, L . . . .
Viburnum opulus, L . . .
Cralaegus oxyacanlba, L. .
Rubus adoratus, L. . . .
Pyrus malus, L
Prunus cerasus, L. . . .
Cornus sanguinea, L . . .
Mespilus gprmanica, L . .
Corylus avellana, L. . . .
Philadelphus coronarius, L.
Pyrus communis, L. . . .
— cydonia, L
Salix babylonica, L. . . .
— caprœa, L
Larix europaea, D. C. . . .
Berberis vulgaris, L. . . .
Staphylea pinnata, L. . .
Syringa vulgaris, L. . . .
— persica, L . . . .
Sambucus nigra, L. . . .
bourgeons.
bourgeons.
0
bourgeons
bourgeons
Vs
V*
Vs
V*
Vs
'/s
Vs
V*
Vs
V*
V*
V*
Vs
0
0
bourgeons
Vs
( 544 )
Feuillaison (suite).
Daphne mezereum, L. . .
Lonicera periclymenum, L.
— symphoricarpos, L
Spirœa sorbitblia. L. . .
Pyrus japonica, L. . . .
Ribes sanguineuin. L. . .
Floraison.
Convallaria malalis, L . .
Corchorus japonica, L . .
Aucuba japonica, L. . .
Hyacinthus racemosus, L.
Lamium maculatum, L. .
— purpureum, L. .
Pyrus malus, L . . . ■
Ribes nigrum, L. . . ■
Scilla ilalica, L. . . .
Adonis vernalis, L . .
Arabis albida, L. . .
— alpina, L. . .
Acer platanoïdes, L. .
Anémone nemorosa, L.
— pratensis, L .
— pulsalilla, L .
Alyssuni deltoïdea, L .
Rellis perennis, L. . .
Calllia paluslris, L . .
Buxus sempervirens, L.
commence.
0
commence
pelils boulons
boutons,
commence,
commence
commence.
générale.
commence.
commence.
générale,
générale.
générale.
générale,
commence
commence
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
générale.
générale,
commence
générale.
générale,
générale.
partielle.
; .745 )
Floraisou (suite).
Cârdamine pratensis, L. . .
Carpinus betulus, L. . . .
Ranunculus ticaiia, L. . . .
Fritillaria imperialis, L. . .
Glechoma hederacea, L. . .
Hyaeintbus orientalis, L. . .
Leontodon taraxacum, L. . .
Magnolia yulan, Dest'. . . .
Malionia aquifolium, Nutt. .
— fascicularis, I). C. .
Myosotis palustris. With. . .
Narcissus poeticus, L. . . .
— psoudo-narcissus, L.
Orotius vernus, L
Oxalis acetosella, L . . . .
Prunus cerasus, I
— domestica, L. . . .
— spinosa, L
Primùla officinalis, I
— elatior, L
Pyrnus communis, L. . •
Ribes rubruni, L
— sanguineum, L. . . .
— uva-crispa, L. . , .
Saxit'raga crassifolia, L. . .
Scilla sibirica, And. . . .
Vinca minor, L
Pyrus japonica, L
Ulex europseus, L
Daphne mezereum, L. . . .
Fumaria bulbosa, L. . . .
boutons
commence.
boutons,
commence.
boutons,
commence.
commence,
générale.
boutons,
commence,
générale.
commence,
commence,
commence.
générale,
générale,
générale.
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
générale.
générale,
générale,
générale.
générale,
générale.
générale.
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
générale,
avancée,
avancée.
WAKEMME.
générale,
générale.
commence
commence
générale.
îénérale.
presque genér
presque genér
générale.
presque génér
"énérale.
générale,
générale.
avancée.
( 546 )
Floraison [suite).
Hyacinthus botryoïdes, L. .
Tussilago petasites, L. . . •
Viola odorata, L
Forsythia viridissima? Lindl.
Amygdalus persica, L . . .
Draba aizoïdes, L
générale,
générale,
avancée.
LIÈGE.
avancée,
avancée,
générale.
presque
terminée.
terminée.
terminé 3
avancée,
générale,
va finir.
Essai sur la théorie mécanique de la tension superficielle,
de l'évaporation et de Vèbullilion des liquides (première
partie) ; par G. Van cler Mensbrugghe, membre de
l'Académie.
\. A la fin de son Supplément à la théorie de l'action
capillaire (1), Laplace émet quelques considérations qui
ne permettent guère de décider si l'illustre auteur regarde
la tension superficielle des liquides comme une simple
fiction propre à représenter les phénomènes, ou bien s'il
croit à la possibilité de faire dériver cette force des pro-
priétés fondamentales des liquides; ce qui est certain,
c'est qu'il exprime sur l'existence d'une force contractile
propre à chaque liquide, des doutes qui pendant longtemps
ont été partagés par beaucoup de physiciens; aujourd'hui
même, malgré les preuves expérimentales si nettes et h
nombreuses de la tension superficielle, malgré tous les
travaux qui n'ont d'autre point de départ que la force en
question, plusieurs savants distingués semblent encore
(I) Voir le Supplément au livre X de la Mécanique céleste.
: 547 )
retenus par l'autorité imposante du grand géomètre; à la
vérité, ils ne peuvent méconnaître que, dans la nature,
tout se passe comme si la tension existait en réalité (1);
mais ils affirment que la théorie des pressions capillaires
suffit pour rendre compte de tous les faits connus et repose
sur un principe incontestable, celui de l'attraction molécu-
laire, tandis que personne, jusqu'à présent, n'a établi
théoriquement l'existence d'une force contractile avant
pour siège la couche superficielle d'un liquide quelconque.
L'objet du présent travail est de chercher à combler
cette lacune (2); malgré toutes les difficultés d'une tâche
pareille, la tentative m'était imposée par le désir, non
seulement d'appuyer les résultats de mes propres recher-
ches, mais encore d'asseoir sur une base de plus en plus
solide, une grande partie du monument admirable élevé
par Joseph Plateau à la statique moléculaire des liquides.
1. — Sur la cause probable de la tension superficielle.
2. Tachons de bien préciser les hypothèses sur lesquelles
nous allons nous appuyer et qui toutes reposent sur les
propriétés fondamentales des liquides :
a) Les liquides sont formés par un assemblage de
molécules d'un volume excessivement petit, groupées
(1) Par exemple, M. Bout y, dans son appendice au petit Traité de
physique de M Jamin, s'exprime comme suit : • Il est permis d'introduire
» dans l'exposition des phénomènes la notion de la tension superficielle
» des liquides, pourvu qu'on n'attache à celte expression d'autre sens et
« d'autre valeur que ceux d'une analogie ». (Notes sur les progrès
récents de In physique, Paris, 1882.)
(2) Un essai du même genre a été lente par M. Worthington dans son
intéressant travail intitulé: On the surface-forces in fluids. (Phil. Magaz.,
1884, 5e série, t. XVIII, p. 334). Mais le point de départ est tout à fait
différent du mien, et peu compatible, selon moi, avec la nature des liquides.
; 548 )
d'une manière qui nous est inconnue, mais séparées par
des distances notables relativement à leurs dimensions
mêmes; ces distances augmentent par l'action de la
chaleur et diminuent par l'effet du froid ou de la com-
pression.
6) Les molécules des liquides sont soumises à l'action
de deux forces, l'une attractive, l'autre répulsive, sous
l'influence desquelles chaque molécule peut prendre une
position d'équilibre stable tout en restant à distance des
molécules voisines; celte hypothèse est conforme à
l'élasticité parfaite des liquides, à la double condition que
si la force attractive augmente ou diminue dans un certain
rapport, la force répulsive augmente ou diminue plus
rapidement.
c) En ce qui concerne la sphère d'activité de l'attraction
moléculaire, nous admettrons que le rayon de cette sphère
est ,mn7'20ooo à la température ordinaire ; on se rappelle que
J. Plateau est arrivé à ,mm/i7000 comme limite supérieure
de ce rayon, et que M. Quinckea obtenu ,mn'/20ooo comme
valeur approchée du même rayon. Nous supposerons que
le rayon de la sphère d'activité de la force répulsive est
au moins égal au précédent.
d) Si nous imaginons décrite autour d'une molécule
liquide intérieure prise comme centre, une sphère ayant
pour rayon lmm/20ooo, celle-ci renfermera -l-ellè un très
grand nombre de molécules distribuées partout dans l'es-
pace limité par la petite surface sphérique? ou bien les
centres de force seront-ils tous fort rapprochés de la sur-
face-limite? Pour nous guider dans le choix de l'une ou
de l'autre de ces distributions, nous devons avoir égard à
la parfaite mobilité des liquides en général; or. pour que
le déplacement des molécules les unes par rapport aux
autres puisse s'effectuer aisément, il faut admettre, selon
( 3*9 )
nous, que la sphère ne contient que dos molécules situées
près de la surface; de celle manière la cohésion du
liquide pourra se manifester en même temps que le
facile déplacement relatif de ses parties constitutives.
C'est assez dire que nous ne regarderons pas la distribu-
tion réelle comme pouvant être remplacée par une matière
idéale, incompressible et occupant indistinctement tous
les points de la sphère d'activité de l'attraction molécu-
laire; une pareille substitution nous parait ne pouvoir
aucunement se concilier avec les propriétés essentielles des
liquides: à notre avis, elle doit fatalement conduire à des
conséquences que l'observation directe ne confirme pas.
e) Si l'on suppose que deux centres de force soient en
équilibre à une dislance peu différente du rayon d'acti-
vité de l'attraction, il faut que la force attractive a soit
précisément égale à la force répulsive d due à l'éther com-
pris entre les deux centres considérés; si l'on exerce une
force extérieure P pour rapprocher ces molécules, la force
attractive augmentera et deviendra, par exemple, a', et il
faudra, pour l'équilibre, que a' + P soit égal à. la nouvelle
force répulsive p'. D'après la nature des liquides, les dis-
tances mutuelles des molécules varient très peu même
sous l'influence de pressions extérieures considérables;
toutefois la diminution du volume est sensible, on le sait,
même quand la pression exercée équivaut à celle de
l'atmosphère.
f) Quel est, dans un liquide donné, le mode de groupe-
ment des centres de force? A cet égard, nous ne connais-
sons absolument rien de positif; c'est pourquoi il faut
s'attacher d'abord à un mode de groupement arbitraire,
sauf à le modifier quand on en aura reconnu l'insuffisance.
Pour fixer les idées, choisissons le mode qui paraît le plus
simple, savoir la distribution dans laquelle les centres de
( 5o0 }
force occupent respectivement les sommets de petits cubes
ayant tous pour côtés une longueur très peu inférieure au
rayon d'activité sensible de la cohésion; tout autre mode
de groupement compatible avec la nature des liquides
conduirait sans doute aux mêmes conséquences que celles
dont nous allons nous occuper.
5. Cela posé, soit un liquide en équilibre sous l'influence
de la pesanteur, de la pression atmosphérique et des
forces moléculaires; voyons maintenant le rôle de chacune
de ces actions; grâce à la facilité avec laquelle les molé-
cules se meuvent les unes autour des autres, la pesanteur
disposera le liquide de manière que tout point intérieur
éprouve des pressions égales dans tous les sens et que la
surface libre soit horizontale, du moins dans toutes les
portions qui ne subissent pas des influences perturbatrices.
Quel est le rôle de la pression atmosphérique? Il est
très important, car c'est grâce à la pression de l'atmo-
sphère que les particules des liquides peuvent obéir à leur
cohésion ; sans cette pression, l'état liquide serait rendu
impossible dans un très grand nombre de cas.
Passons enfin à l'influence des actions moléculaires :
pour plus de simplicité, con-
sidérons en particulier une
section verticale, où, d'après
,. d notre hypothèse, toutes les
molécules ou plutôt leurs
c a e centres de force occuperont
les sommets d'une infinité
b de carrés égaux, ayant pour
côté une longueur un peu
inoindre que le rayon d'activité r; sous l'influence de la
pression P de l'air atmosphérique, il faudra que l'attrac-
Fig. 1.
9
( 351 )
lion a! qu'une molécule quelconque a (fig. 4) exerce
sur une molécule voisine b, attraction augmentée de
la pression P, soit précisément égale à la force répulsive
exercée par l'éther interposé; les actions étant partout
réciproques, la molécule a ne sera pas plus tirée vers b
que b vers a; le rapprochement continu des particules est
rendu impossible par la force répulsive due à l'éther. Mais
il y a une distinction importante à faire entre les particules
de l'intérieur et celles de la surface libre; l'équilibre des
premières telles que a est très stable; en effet, dès que a
se rapprochera, par exemple, de b, il naîtra entre b et a
une force répulsive croissante, entre a et chacune des
particules c, d, e une force attractive qui l'emportera
bientôt sur la force répulsive; de celte manière, toutes les
forces développées par le déplacement de a tendent à
ramener ce centre vers sa position d'équilibre. La stabilité
est-elle aussi grande pour un centre de force o situé à la
surface libre? non, car ce centre, une fois déplacé, est
sollicité à la vérité par les forces émanées de p, q, r et qui
toutes tendent à le ramener vers sa position d'équilibre,
mais il n'y a pas de forces produisant le même effet du
côté extérieur du liquide; en outre, et ceci est fondamental,
les particules de la surface libre sont les premières à rece-
voir les impulsions très fréquentes des particules d'air,
impulsions qui font précisément naître la pression totale P
de l'atmosphère et la transmettent à l'intérieur de la
masse; il suit de la parfaite élasticité des liquides, et de la
suite continue d'impulsions de l'air extérieur, que toutes
les particules de la surface libre exécuteront des mouve-
ments vibratoires en deçà et au delà de leurs positions
d'équilibre, et qu'ainsi les distances mutuelles de ces
particules seront toujours plus grandes que celles de l'in-
térieur.
( 552 )
4. Ce que nous venons de dire d'une section verticale
passant par une particule o, par exemple, nous pourrons
le répéter mot à mot d'une autre section verticale qui serait
normale à la première; dans notre hypothèse particulière,
nous sommes ainsi amenés à conclure que, pour être en
équilibre, toute molécule intérieure doit se trouver à égale
distance de six centres de force situés deux à deux sur
trois axes rectangulaires passant par la molécule consi-
dérée. Quant aux molécules de la surface libre, elles ne
peuvent être en équilibre que si elles se trouvent chacune
à égale distance de quatre autres situées dans le plan
horizontal passant par la première, et d'une cinquième
située verticalement au-dessous. Nous venons de voir que,
grâce aux impulsions continues des particules d'air, le
maintien des centres de force de la surface libre du liquide
dans un seul et même plan horizontal est impossible.
5. Replaçons-nous maintenant dans la première section
normale considérée et voyons
quelles sont les déductions
que nous pouvons tirer du . j>, ']/ - -y
mouvement vibratoire des j>f" ""o"
particules superlicielles. Et
d'abord, si trois molécules * r
quelconques p, o, q de la surface vibrent dans une direction
normale à celle-ci (nous choisissons cette direction comme
étant celle suivant laquelle le déplacement est le plus facile),
leurs distances mutuelles op, oq, qui étaient égales dans les
positions d'équilibre, varieront constamment entre deux
limites a et ^a- -h d'2, a étant la distance commune rela-
tive aux positions d'équilibre et § l'amplitude o'o" du
mouvement vibratoire, c'est-à-dire la distance des deux
positions extrêmes. Or pendant toute la durée du mo*-
Fis
o'
( 555 )
veinent vibratoire, chaque molécule telle que o sera attirée
par les particules voisines />' et q- dans toutes les positions
consécutives de chacune d'elles, d'où résultera une véri-
table tension dans toute la série des molécules superfi-
cielles de la section normale que nous considérons. La
même chose aurait évidemment lieu dans la section nor-
male menée perpendiculairement à la première; nous
arrivons donc à cette conséquence que les molécules
superticielles sont soumises à une force contractile, du
moins dans deux directions perpendiculaires; une consé-
quence pareille nous paraît devoir résulter, non seulement
du mode particulier de groupement que nous avons choisi,
mais encore de tout autre mode de distribution compatible
avec la nature des liquides, et, par suite, du mode véri-
table de groupement des molécules dans un liquide
donné.
6. Il serait sans doute bien difficile d'exprimer la force
contractile en fonction de tous les facteurs qui doivent exer-
cer sur elle une influence sensible; dans notre hypothèse,
nous pouvons la regarder comme proportionnelle, à chaque
instant, à la variation de la distance entre deux molécules
voisines; or nous venons de voir que celte dislance varie
entre a et V a2 -+- ^2, ou bien, comme d est très petit par
rapport ù a, entre a et a ■■+•3— ■ Mais, d'une part, les
liquides jouissent d'une parfaite élasticité; d'autre part
les molécules gazeuses de l'air atmosphérique exercent
leurs impulsions consécutives avec une extrême rapidité,
de sorle que les écarts de chaque molécule liquide varie-
ront en un temps extrêmement court entremet — 7i. C'est
pourquoi nous supposerons que la force contractile en
chaque point est proportionnelle à la moyenne des valeurs
par lesquelles passe^^^, lorsque la phase w varie depuis
">'"« sÉHIE, TOME IX. 25
( ùU )
0 jusqu'à 2ïï. Si w varie de quantités infiniment petites cfe>,
le nombre de termes sera évidemment^, et nous pour-
rons écrire pour la moyenne cherchée :
i7T
1 <?2COS2U , 1 c?2
— du = - . —
2to 4 a
f\
telle serait donc la quantité à laquelle la tension moyenne
entre deux molécules distantes de a serait proportion-
nelle.
Connaissant la tension moyenne exercée entre deux
molécules distantes de a, pour avoir celle qui correspond
à l'unité de longueur, par exemple le millimètre, nous
n'avons qu'à multiplier la valeur obtenue par le nombre de
fois que a est contenu dans l'unité de longueur, c'est-à-dire
par ^, et nous obtenons | • - (1 ).
7. Si ce raisonnement est exact, la tension d'un liquide
variera en raison directe du carré de l'amplitude des vibra-
tions et en raison inverse du carré de la distance qui sépare
deux molécules en équilibre stable. Resterait à montrer
que la tension qui est la même dans deux directions rectan-
gulaires serait encore égale dans une direction horizontale
quelconque. Faut-il recourir à un autre mode de groupe-
(1) Le principe de l'équivalence conduit au même facteur —; en effet
si x = | cos 2?r £ est l'écart d'une molécule à l'instant /, et que la vibra-
tion s'effectue dans le temps T, on a pour la vitesse correspondante :
v = — —- sin— ; conséquemment l'énergie du mouvement vibratoire
est donnée par le produit de la masse m de la molécule par T ■ ; pour
avoir l'énergie de mouvement par unité de surface, par exemple pour un
carré de 1 millimètre de c'Aé, il faut multiplier m7r ■ par le carré du
nombre de fois que 1 millimètre contient la distance a de deux molécules,
c'est-à-dire par -, ; d'autre part, le travail nécessaire pour augmenter la
surface libre d'une quantité égale à 1 millimètre carré vaut F x, 1 milli-
mètre, c'est-à-dire F milligrammes-millimètres : donc F = " . ■ .
DOD )
ment moléculaire, ou bien combiner un mouvement de
rotation avec un mouvement vibratoire? C'est une ques-
tion que je n'ai pas encore examinée.
Jusqu'à présent nous n'avons parlé que des mouvements
vibratoires exécutés par les particules tout à fait super-
ficielles; mais on comprend que ces mouvements doivent
modifier les actions verticales que ces molécules exercent
sur les centres de force compris dans la tranche horizontale
inférieure et distante de a : ces centres de force vibreront
donc aussi, mais en raison de leur grande stabilité dans
tous les sens, l'amplitude de leurs vibrations sera très
faible, et la tension qui en résultera sera très faible aussi;
l'amplitude des vibrations des molécules plus profondes
sera plus faible encore et incapable d'engendrer une ten-
sion appréciable.
Eu égard à notre hypothèse, la tension d'un liquide a
donc pour siège la couche superficielle ayant pour épais-
seur une quantité très peu inférieure au rayon d'activité
sensible de l'attraction moléculaire.
8. D'après ce qui précède, la couche superficielle serait
le siège d'une force toute particulière; seulement, tandis
que, selon Laplace, la force spéciale développée par les
actions moléculaires serait normale à la surface, d'après
nous, au contraire, elle serait, langentielle et de nature à
solliciter la masse liquide à affecter un minimum de sur-
face.
De même que, dans le cas d'une surface plane, la théorie
de Laplace semble exclure la possibilité d'une tension
superficielle, de même la théorie que nous proposons
exclut une pression normale; car chaque molécule, vibrant
avec une extrême rapidité, produit dans un temps très
court autant de pressions que de tractions dans le sens
( 5-M) )
normal, et, île cette manière, la couche superficielle
n'exerce aucune pression normale à l'intérieur du liquide.
Ce désaccord est-il important au point de vue de l'ob-
servation directe? non, car même Ffg. 3.
dans l'opinion de Laplace, la près- £
sion normale, quoique considé-
rable, s'élimine toujours, de sorte
a m
que les phénomènes se passeraient
comme si cette pression n'existait
absolument pas. Mais l'opinion
avancée par Laplace nous paraît inadmissible; en eflet,
imaginons une tranche horizontale quelconque mn (fig. 5)
à l'intérieur de la masse liquide remplissant un vase jus-
qu'au bord; l'équilibre aura lieu quand tous les points
de celte tranche supportent des pressions égales; or,
soit ab un iilet normal à la surface libre et aboutissant
en b à la tranche considérée; la pression supportée par b
vaudra, selon Laplace, K h- hd, K étant la pression molé-
culaire due à une surface plane, h étant la hauteur ab
et à le poids spécifique du liquide; nous devons donc
retrouver la même pression en tous les autres points de la
tranche mn; or en m, par exemple, c est-à-dire à l'un des
points où la tranche est en contact avec la paroi latérale
du vase., on a bien le poids de la colonne h, mais il est
impossible d'y retrouver K ; car tous les points du filet sm
qui est en contact avec la paroi subissent des actions non
seulement de la part du liquide, mais encore de la paroi
même; si celle-ci est mouillée par le liquide, m sera
sollicité davantage vers l'extérieur du vase que vers l'inté-
rieur; de celte madère la pression K, au lieu d'être
détruite, serait renforcée par l'action de la paroi et exer-
cerait contre celle-ci un etïbrt 1res notable de l'intérieur
( 557 )
vers l'extérieur : si donc celte paroi était mobile, elle serait
rejelée vers le dehors; or, celle conséquence est absolu-
ment contraire aux données de l'observation; on se
rappelle, en effet, qu'en 1885 (I) j'ai montré que si, dans
un petit réservoir en papier, on verse une couche d'eau
pure de A ou 5 millimètres de hauteur, les parois opposées,
bien loin d'être renversées vers l'extérieur, se rapprochent
au contraire et peuvent même se rejoindre complètement,
grâce à la tension superficielle qui règne à la surface
libre.
On le voit, l'observation directe accuse réellement une
tension dans une surface liquide plane, tandis que je ne
connais aucune expérience à l'aide de laquelle on ait jamais
pu démontrer, d'une manière certaine, l'existence d'une
pression normale à une surface liquide plane.
9. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'on ait
énoncé des doutes formels sur la réalité de la pression
moléculaire trouvée par Laplace dans le cas d'une sut face
liquide plane : dès 1869, mon excellent collègue et ami
M. G. Quincke, l'un des savants les mieux versés dans la
science des phénomènes capillaires, s'exprimait comme
suit (2) : « Si, de la façon habituelle, on fait monter de
» l'eau dans un tube capillaire et qu'on dépose ensuite une
» goutte d'huile d'olive ou d'essence de térébenthine à la
» surface plane et libre qui entoure la portion traversée
» par le tube, la hauteur capillaire dans celui-ci demeure
» absolument invariable; puisque l'étalement d'un second
(I) Petite expérience de capillarité (Bullet. de l'Acad. roy. de Belg.,
3e série, t. V, p. 482).
{2} Ueber Capillaritèits-Erscheinungen an (1er gemeinschaftlichen
Oberflache ziveier FlUssigkciten (Ann. de Pogg., t. CXXXIX, p. I. Voir
p. 85^.
v 358 )
» liquide modifie liés notablement la tension, je m'étais
» aussi attendu à une variation de la constante K, et, par
» conséquent, à une diminution de la hauteur capillaire...
î Je serais donc porté à me rallier à l'opinion de
> Thomas Young d'après laquelle il faut égaler à zéro la
» pression normale due à une surface liquide plane. »
En 1880, un autre savant très connu par ses belles
recherches sur la capillarité, M. Carlo Marangoni, a publié
un article (1) où il émet l'idée que la pression dont il s'agit
ne peut se transmettre à l'intérieur du liquide, car, dit-il,
< si une molécule A est attirée par une portion de la
» sphère d'activité, celle portion est attirée par A avec la
t même intensité, et les deux actions doivent néccssaire-
» ment se faire équilibre : donc aucune pression ne peut
» être transmise de ce chef à l'intérieur. Les actions sus-
» ceplibles d'être transmises au sein du liquide doivent
» émaner de l'extérieur, et non pas du liquide même. »
Les objections de MM. Quincke et Marangoni me
paraissent avoir une importance capitale; jointes à l'argu-
ment que j'ai tiré moi-même d'une de mes récentes expé-
riences, elles ébranlent la base même de la théorie de
Laplace.
10. Abordons actuellement le cas où la surface liquide
est courbe; si nous appliquons notre raisonnement aux
particules distribuées à la surface libre, nous serons amené
à conclure qu'une surface courbe devra être soumise au
moins dans deux directions perpendiculaires, à la même
tension qu'une surface plane : or, l'expérience est par-
(I ) La pressione molecolare si trasmette alla massa liquida ? Ed essa
la causa dei fenomeni capillari? (Rivista scienlif. inJust. de Vimercati,
Florence, 1880, p. 29).
( 559 )
failement conlbnne à celle déduction ; par des mesures
précises el variées, on a constaté que la tension est indé-
pendante de la courbure des surlaces affectée^ par un seul
el même liquide.
Comme nous regardons les phénomènes capillaires
comme purement mécaniques, nous pouvons appliquer sans
hésitation à la couche superficielle le théorème suivant de
statique : Toute surface courbe qui est soumise partout à
une tension uniforme F éprouve en chaque point une pres-
sion normale qui équivaut au produit de cette tension F
par la somme des inverses des rayons de courbure prin-
cipaux au point considéré.
il. Comparons actuellement ce résultat à celui que
fournit la théorie de Laplace dans le cas actuel, c'est-à-
dire à l'expression
H i l 1
2 I R K'
où H est une constante qui dépend de la nature des
liquides, et R, R' les rayons de courbure principaux; le
signe -+- s'applique, comme on sait, au cas d'une surface
convexe, le signe — au cas d'une surface concave. Comme,
d'après Laplace lui-même, le terme K s'élimine toujours,
opinion dont nous croyons avoir démontré l'inexactitude,
on voit que le seul terme important est
t> |R R' V
or, ce terme coïncide précisément avec la valeur de la
pression normale déduite du principe de la tension, à la
condition que ^exprime la valeur de celte tension. C'est
cette coïncidence des deux valeurs qui nous a porté en
( 360 )
1875 (I) à meure en relief l'accord expérimental de la
théorie de Laplace avec celle des tensions snperlicielles : à
celle époque, nous croyions encore à la légitimité de la
méthode de l'illustre analyste au point de vue de l'expli-
cation des phénomènes capillaires; aujourd'hui nous n'y
croyons plus pour plusieurs raisons. En premier lieu,
Laplace suppose la matière distribuée uniformément par-
tout dans la sphère d'activilé sensible de l'attraction molé-
culaire, ce qui, d'après nous, est en contradiction avec la
mobilité parfaite des molécules; en second lieu, dans la
théorie de Laplace, on n'a égard qu'à des forces attractives,
tandis que l'ensemble des propriétés des liquides montre
à l'évidence qu'elles obéissent aussi à des forces répulsives;
or nous ne pensons pas qu'on puisse résoudre une question
quelconque relative aux liquides sans avoir égard aux deux
espèces de forces antagonistes. En troisième lieu, la théo-
rie de Laplace ne semble pas conforme au principe de
l'égalité entre l'action et la réaction. Enfin, et ce n'est pas
le moindre de ses inconvénients, elle nous empêche de
comprendre comment, malgré les pressions considérables
développées par l'attraction moléculaire vers l'intérieur
d'une masse liquide, celle-ci peut s'évaporer graduellement
el dissoudre différents gaz. Pour ces raisons, le célèbre
travail de Laplace ne peut, selon nous, être appliqué légiti-
mement à l'explication des phénomènes que l'auteur avait
en vue.
12. Mais, dira-l-on, comment est-il possible d'obtenir
le terme
H I \ \
rfc _ _ ^_
2 \R R'
(1) Sur le problème des liquides superposés dans un tube capillaire
(Mém. cour, et Méni. des sav. étrangers, in-4°, t. XL).
( 3«1 )
bien qu'on n'envisage que des forces attractives? La chose
n'est pas élonnanle, car, d'après les idées de Laplace, ce
terme représente l'action d'un ménisque concave ou con-
vexe, c'est-à-dire la somme des actions élémentaires
exercées sur un filet normal par 1rs molécules situées
dans l'intervalle qui sépare le plan langent au point con-
sidéré et la surface même du liquide; mais à cause de
l'excessive petitesse (1) de la portion active de cet inter-
valle, la somme de loutes ces actions élémentaires peut
évidemment être remplacée sans erreur sensible par un
système de forces égales et dirigées suivant tous les élé-
ments superficiels passant par le point en question; or, un
pareil système de forces revient évidemment à l'ensemble
de forces contractiles auquel nous sommes parvenu nous-
même, et dès lors il ne faut pas être surpris que le terme
principal
±-\---\
2 ' R RM
coïncide avec celui qui découle de la théorie de la tension.
A ce point de vue, nous le répétons, les deux théories
sont d'accord, malgré la différence considérable des hypo-
thèses qui ont servi de point de départ.
(1) En réalité, la portion active de l'intervalle en question est tellement
petite, que M. Maraugoni a dit à bon droit que dans un tube capillaire de
1 millimètre de diamètre, la sphère d'activité sensible de l'attraction
moléculaire, ayant Im,n/2oooo ,|<> rayon et un point de la surface libre
pour centre, ne déterminerait qu'une intersection qui, vue du centre du
ménisque sphérique terminal, sous-tendrait seulement un angle de 20";
l'auleur en conclut que cette intersection serait physiquement plane, et
qu'ainsi les pressions de Laplace seraient absolument les mêmes pour les
surfaces courbes que pour les surfaces planes: on le voit, la couception
de Laplace donne lieu à bien deç obji étions et à de nombreuses difficultés.
( 5(>i )
13. Comment, dans l'essai théorique que nous venons
d'esquisser, peut on expliquer l'influence exercée par la
chaleur sur la force contractile d'un liquide? D'où provient
Févaporalion, et la vapeur produite doit-elle exercer une
action sensible? Enfin quel est le rôle de l'air dissous dans
les liquides, spécialement en ce qui concerne l'ébullition?
Telles sont les questions principales dont nous réservons
l'examen pour la suite de ce travail.
Note sur les mouvements du cerceau chez le chien; par
Léon Frédéric*], correspondant de l'Académie.
(Tiavail du laboratoire de physiologie de l'Universilé de Liège.)
Salathé (1876), Mosso (1876-1881). François Franck
et Brissaud (1877), Fleming (1877), G. Burckhardt (1881),
Ragosin et Mendelssohn (1882), Karl Mays (1882), Mon-
dini (1882) ont étudié les mouvements du cerveau de
l'homme (fontanelles des jeunes enfants, pertes de sub-
stance des os chez l'adulte), au moyen des appareils enre-
gistreurs. L'emploi de la méthode graphique leur a révélé
un grand nombre de faits intéressants; mais il reste bien
des points obscurs que l'expérimentation sur l'animal
vivant peut seule élucider complètement. C'est un domaine
que l'on a trop négligé dans ces dernières années; à ma
connaissance, le mémoire de Salathé (1876) est le seul
travail consacré a l'élude graphique des mouvements du
cerveau d'un animal. Cependant la vivisection nous offre
des moyens d'investigation bien plus complets que l'obser-
; 3<<5 )
valion pure, à laquelle doit plus ou moins se résigner celui
qui étudie le sujet humain. C'est ce qui m'a engagé à
reprendre ces expériences sur les animaux de laboratoire
et spécialement sur le chien. L'exposé complet de mes
recherches paraîtra ultérieurement. Je me borne dans la
présente noie à signaler quelques-uns des résultats nou-
veaux auxquels je suis arrivé.
§ I. — Procédé opératoire.
Un chien de taille moyenne ou grande est anesthésié
par lamorphine (20 à 40 clg) et le chloroforme. On enlève
au pariétal gauche au moyen du trépan une rondelle osseuse
de 20 millimètres de diamètre, puis on divise la dure-mère.
Dans l'orifice circulaire ainsi obtenu, on fixe à frottement
l'extrémité inférieure d'un large tube de verre, garnie exté-
rieurement d'une lame de caoutchouc (anneau coupé dans
un tube de caoutchouc). Le large tube de verre est fermé
supérieurement par un bouchon percé d'un trou et portant
un tube étroit, relié à un tambour à levier de Marey, de
petit modèle. Pour diminuer l'espace nuisible de l'appareil
et le rendre plus sensible, on remplit de paraffine fondue
la plus grande partie du large tube de verre, en ne laissant
libre que son extrémité inférieure, plus un étroit canal
central faisant communiquer l'intérieur du crâne avec le
tambour à levier. La boîte crânienne reliée de cette façon
au tambour àle\ier représente un véritable plélhysmo-
graphe cérébral, inscrivant les changements de volume du
cerveau. La plume de l'appareil monte ou descend suivant
que l'afflux de sang par les artères dépasse l'écoulement
par les veines, ou lui est inférieur.
Le style du tambour à levier inscrit sa courbe sur le
{ 56 i
papier enfumé du kymographe de Ludwig; on prend éga-
lement un Iracé du temps (horloge à secondes, signal élec-
trique inscrivant les centièmes de seconde), et s'il y a lien
un graphique de pression artérielle (sphygmoscope de
Marey), de choc du cœur ou de respiration (cardiographe,
pneumographe, sonde œsophagienne).
Le cerveau du chien présente comme celui de l'homme
trois sortes de mouvements périodiques, correspondant
respectivement aux haltemeuts du cœur, aux mouvements
respiratoires et aux périodes \aso-molrices. Nous passe-
rons successivement en revue les oscillations cérébrales
d'origine cardiaque, respiratoire et vaso-motrice.
$ II. — Pulsations cérébrales d'origine cakdiaque.
La l'orme de la pulsation cérébrale est des plus variées
et diffère parfois notablement de celle de la pulsation caro-
tidienne. Aussi ne puis je adopter l'opinion courante qui
attribue là production de la pulsation cérébrale unique-
ment aux battements du ventricule gauche, transmis par
les artères. Certains détails de la pulsation cérébrale ne
peuvent s'expliquer qu'en admettant l'intervention de la
circulation veineuse. Les battements do l'oreillette droite
et tU^ veines qui y débouchent l'ont sentir leurs effets
jusqu'au cerveau et y produisent un léger soulèvement qui
précède immédiatement le battement artériel (voir »?, lig. 1
«'i suivantes).
Analyse du graphique de la pulsation cérébrale. — (Voir
lig. 1-6.) — Dans beaucoup de cas, le graphique de pul-
salion cérébrale ressemble tellement à celui de la pulsation
( 365 )
artérielle qu'il ne peut y avoir aucun doute sur son inter-
prétation (voir fig. !.. n0< 1 et 2).
Fig. 1. Diverses formes de pulsation cérébrale rappelant plus ou moins la pul -
salion carotidienne. Les graphiques ont été dessinés à la chambre claire
et réduits à la même échelle de temps.
v Soulèvement d'origine veineuse précédant la pulsation d'origine
carotidienne.
Ligne AB, repère correspondant au début de la pulsation caroti-
dienne.
u Soulèvement du cerveau correspondant à la pulsation carotidienne.
(/ Soulèvement du cerveau correspondant au dicrotisme de la pulsation
carotidienne. La pulsation d retarde de 20 à 25 centièmes de
seconde sur la pulsation principale a.
e Soulèvement du cerveau correspondant aux oscillations dites élasti-
ques de la pulsation caiotidienne.
La distance de S en S correspond à une seconde.
( 366 )
On y trouve sans peine la pulsation principale [a fig. 1)
montrant parfois une tendance au dédoublement (fig. 1,
nos 2 et 3; fig. 3 et fig. 4).
Fig. ± Pouls cérébral très voisin de la forma ordinaire du pouls artériel.
Chien emprisonné par l'atropine. Voir lig. I, n> 1 ) Horloge à secondes.
Fig. 3. Pouls cérébral rappelant celui d'une artère. (Voir fig. 1, n° 2.
Horloge à secondes.
Le début de celle pulsation principale ne relarde guère
de plus d'un centième de seconde sur le début de la pulsa-
tion carotidienne. La pulsation correspondant au dicro-
tisme (d fig. 1) est également très manifeste; elle atteint
son sommet 20 à 25 centièmes de seconde après a. Si les
pulsations sont lentes, on pourra voir se produire à la
suite de la pulsation dicrote d une ou plusieurs ondula-
tions analogues sans doute aux ondulations dites élas-
tiques (Landois) des tracés sphygmograpbiques. Elles sont
( »? ;
indiquées par la lettre e sur les graphiques de la (igure 1
(voir nos 3, 4 et 5).
Kig. 4. Pouls cérébral inscrit pendant une longue pause respiratoire.
(Voir fig i,n°;i) Horloge à secondes.
Kj^-l^X,
> IUjl/
Fig. 5. Pouls cérébral analogue aux formes n° Set 6 de la figure 1.
Ce qui différencie principalement le graphique de
pulsation cérébrale de celui de la carotide, c'est que le
tracé cérébral, après avoir présenté le rebondissement du
dicrotisme (</), atteint immédiatement son point le plus
déclive (pulsation négative d'origine veineuse?); ensuite
le tracé ne continue pas à décliner, mais se relève ordi-
nairement pour remonter graduellement jusqu'au début
de la pulsation suivante (fig. 6, ainsi que les précédentes).
Ce soulèvement de la courbe me paraît être en rapport
avec la réplélion progressive de l'oreillette droite et des
veines jugulaires et rachidienncs pendant la diastole
auriculaire. Enfin, immédiatement avant le soulèvement
syslolique du cerveau (a) correspondant à la pulsation
( 568 )
carolidicnue , ou voit sur la plupart «les tracés une légère
talion ascendant ondule v (lig. 1 et 7). Je la considère comme
due à la propagation par les veines de la pulsation posi-
tive qui correspond à la systole de l'oreillette droite. En
effet, si l'on provoque l'inertie locale des ventricules par
des excitations mécaniques, les oreillettes continuent
seules à battre, le graphique cérébral ne montre plus que
la petite ondulation ascendante w d'origine veineuse, les
ondulations d'origine artérielle l'ont défaut.
Fig. ti. P.C. Pulsation cérébrale et P. A. Pulsation de l'artère carotide sphyg-
moscope), inscrites simultanément avec repères. De S en S, durée d'une
seconde.
i< Soulèvement cérébral d'origine veineuse, précédant a.
a Pulsation artérielle principa e.
d Pulsation du dicrotisme artériel.
Pouls cérébral tricuspide, — J'ai observé un petit
nombre de fois la forme tricuspide de la pulsation céré-
brale du chien, forme qui paraît si fréquente chez l'homme.
En analysant soigneusement ces graphiques de pulsation
tricuspide au moyen de repères correspondant aux phases
simultanées de la pulsation carotidienne, j'ai acquis la con-
( 361) )
viclion que les différentes formes »le pouls tricuspide ne
sont nullement équivalentes.
S S
Une Seconde
NM
J
* d
& yl I
J
d
m
B
Fig. 7. Trois formes de pouls cérébral tricuspide.
V Soulèvement veineux précédant le soulèvement artériel.
a Gonflement artériel du cerveau.
(/ Gonflement correspondant au dicrolisme carotidien.
e Gonflement correspondant à l'oscillation carotidienne dite d'élasticité.
Ligne AB, repèi'e correspondant au début de la pulsation carotidienne. Dans la
forme n° 1, les deux premiers sommets du pouls tricuspide sont produits par
le dédoublement de a; dans la forme n" "1, ils sont représentés par /' et par a;
dans la forme n" H par <t et par </.
5mc SEME, TOME IX. 2(>
( 370 )
Une première (orme de pouls cérébral tricuspide pro-
vient du dédoublement do la pulsation principale d'origine
artérielle a (n° 1, fig. 7 et fig. 8).
Fig. 8. Pouls cérébral triseupide correspondant à la forme n ' I de la" ligure 2.
Horloge à secondes. Chien saigné.
La ligure 9 montre le passage du pouls cérébral ordi-
naire à cette variété de pouls tricuspide. Les deux pre-
mières dentelures de la pulsation correspondent à a, la
dernière au dicrolisme carolidien ci. La pulsation vei-
neuse v ne se voit pas ici, à cause de l'accélération des
pulsations cardiaques.
Fig. 9. Passage du pouls cérébral ordinaire au pouls tricuspide (forme n° \ de
la figure 2). Chien saigné. Horloge à secondes.
La deuxième l'orme de pouls tricuspide (la plus fré-
quente chez le Chien) se produit par l'exagération de la
pulsation (ou du soulèvement) d'origine veineuse t>; les trois
v S7I )
pointes de la pulsation sont alors représentées par i?, a et d
(fig; 10, M et fig. 7, n° 2).
Fig. 10. Pouls cérébral Iricuspidc correspondant à la l'orme n° 2 de la ligurc.7.
Horloge à secondes.
Enfln une troisième variété de pouls tricuspide résulte
de l'exagération de l'oscillation élastique e. Les trois som-
mets de la pulsation correspondent respectivement à a, d
et e. La pulsation veineuse v peut être plus ou moins
manifeste (fig. 12).
Fig. 41. Pouls cérébral jfriscupide correspondant à la forme n»-2 de la figure 7.
Horloge à secondes. Le irait a correspond au début de la pulsation cana-
dienne.
Comme on le voit, la pulsation cérébrale est le résultat
de la combinaison de deux facteurs : 1° les variations
i ^ )
périodiques dans l'afflux du sang artériel apporté du cœur
gauche par les carotides et les vertébrales (pouls artériel);
2° les variations périodiques dans l'écoulement du sang
veineux vers le cœur droit (pouls veineux). Ce dernier
l'acteur avait été méconnu jusqu'à présent.
Fig. 12. Pouls cérébral tricuspide correspondant à la tonne n° H de la figure 7.
Horloge à secondes.
§ III. — Oscillations respiratoires du cerveau.
On sait depuis longtemps que, chez l'homme, le cerveau
s'affaisse pendant l'inspiration cl s'élève au contraire pen-
dant l'expiration. Ces oscillations, peu marquées pendant
la respiration paisible, s'accentuent davantage quand Ja
respiration devient laborieuse. Chez l'homme, deux fac-
teurs contribuent à produire l'affaissement du cerveau
pendant la phase d'inspiration : ces deux facteurs sont la
baisse de la pression artérielle et l'aspiration veineuse vers
le thorax. Il est impossible de laite ici la part de chacun
de ces facteurs et de déterminer leur importance relative.
Chez le chien, au contraire, les conditions sont des plus
favorables; la pression artérielle ne baisse pas, mais aug-
mente, au contraire, pendant l'inspiration; l'influence
artérielle doit donc tendre à faire gonfler le cerveau pen-
dant que l'influence veineuse tend à l'affaisser. En général
c'est l'influence veineuse qui prédomine, le graphique des-
cendant à l'inspiration pour remonter à l'expiration. Cepen-
( 07.)
dant il peut arriver qu'exceplionuellumi ni l'influence arté-
rielle remporte, et que le graphique cérébral monle à
l'inspiration, pour préseutei son point le pins déclive à
l'expiration.
l'ig 13. P. C Pulsations cérébrales groupées en ondulations respiratoires.
Le graphique monte à l'inspiration (I, lî, descend à l'expiration (E, Ej.
R, graphique de respiration et de choc du cœur, pris au moyen du cardiographe.
Horloge ;'i secondes.
J'ai montré dans un travail précédent (!) que l'ascen-
sion inspiratoire de la pression artérielle était due chez le
chien à l'accélération du rythme cardiaque qui se produit
pendant celle phase de la respiration. J'ai signalé dans
l'empoisonnement par l'atropine un moyen de modifier à
volonté la marche de la pression sanguine et de faire
baisser celle pression pendant l'inspiration. Si l'on inscrit
un graphique cérébral pendant l'empoisonnement par
l'atropine, on constatera que, celle fois, le cerveau s'af-
(I) Vasrension inspiratoire dt la pre.ssoi ca'otidienrie. (Bulletin de
l'Académie royale de Belgique, 3' série, t. III, n" I ; janvier 1882, p. 51.)
( 374 )
faisse régulièrement et notablement à chaque inspiration.
C'est, qu'ici les deux facteurs à considérer, la pression
artérielle et l'aspiration veineuse, accumulent leurs effets
au lieu de se contrarier mutuellement.
Fig, 14. P. G. Pulsations cérébrales groupées en oscillations respiratoires.
! Inspiration; e expiration.
R Tracé respiratoire pris au moyen du cardiographe
P A Graphique de pression artérielle. Manomètre à mercure. Les
oscillations respiratoires sont absentes (fait exceptionnel).
Chien empoisonné par l'atropine.
§ IV. — Ondulations vaso-motrices du cerveau.
Les oscillations cérébrales dues à la respiration peuvent
se grouper en larges ondulations d'une durée plus longue
(2 à 5 par minute). On les attribue généralement à un res-
serrement et à un relâchement périodique des petits vais-
seaux, se traduisant par un retrait ou une dilatation du
cerveau. Dans certains cas, j'ai observé des variations
périodiques du rythme respiratoire coïncidant avec les
( 373 )
ondulations vaso-motrices. La figure 15 en donne un bel
exemple.
-r oj a>
S — =
il S
C — O
2 £ S
cï o; **
^" 5 .2
v 576 )
Note sur le terrain carbonifère du M on an, par A. Ju-
lien, professeur de géologie ii la Faculté des sciences
de Clermont-Ferrand; suivie de quelques observations
relativement aux espèces fossiles qui y ont été recueillies,
par L.-G. de Koninck, membre de l'Académie.
Il existe une longue bande de terrain carbonifère marin
qui affleure le long du pied occidental du massif du Mor-
van. On l'observe depuis Moulins- Engilbert, dans la
Nièvre, jusqu'aux environs de Bourbon-Lancy, dans l'Al-
lier. Sa largeur est faible et ne dépasse pas 10 à 15 kilo-
mètres en moyenne. Le gisement fossilifère qui a fourni
les fossiles en question est situé à l'ouest de Luzy, chef-
lieu de canton de la Nièvre, sur la ligne ferrée qui va de
Nevers à Autun.
Luzy est bâti sur le granité, traversé dans la ville
même par des fdons d'eurile quartzifère. Si l'on se dirige
à l'ouest, de manière à recouper la bande de terrain
ancien qui passe dans le voisinage et cesse d'affleurer à
Remilly, station du chemin de fer qui précède celle de
Luzy, on quitte bientôt le granité pour marcher sur des
schistes quartzeux noirs, très durs, complètempnt azoïques
et que certains géologues ont assimilés aux schistes
archéens de Saint- Lô, qui sont superposés au micaschiste
dans la série verticale des lerrains. Je partage cette
opinion.
De ces schistes, généralement verticaux, où l'on saisit
des traces de plissements et d'ondulations M qu'on peut
voir sur divers points injectés de liions de granité et de
pegmatite, on passe presque sans transition aux schistes
carbonifères. Ceux-ci ont une direction générale nord-sud.
( *>~7 )
Ils sont inclinés de 40° à 50° el leur pendage regarde
l'ouest. J'ai découvert leur contact avec les schistes
archéens. Ce contact s'établit à l'aide d'une Taille qui avait
échappé aux recherches des géologues qui m'ont précédé
el dont la direction tracée sur la Carte est N 55° Est.
Si l'on prend la Carte cantonale de Luzy, nouvellement
éditée par l'État, on peut la tracera l'aide des indications
suivantes :
a) Si l'on suit la route de Toulon-sur-Arroux au pont
du Veurdre, la faille coupe celle route entre Luzy el Lanly
à 4\600 à l'ouest de Luzy;
h) A la sortie du hameau de Ponay, sur le chemin qui
va de Chauvelière à Savigny-Poil-Fol, la faille coupe aussi
ce chemin, au sud et à quelques kilomètres du premier
point.
Cette faille étant tracée, tout ce qui est à l'est de la
faille est archéen, tout ce qui est au côté opposé est carbo-
nifère.
Schistes carbonifères. — Ces schistes sont la seule
roche qui constitue le carbonifère ; cependant, à leur partie
supérieure, on observe quelques bancs de grès qui se char-
gent de cailloux de quartz el se transforment en un banc
épais de poudingue que l'on peut suivre sur plusieurs
kilomètres Au-dessus de ces poudingues viennent de nou-
veaux schistes el de nouveaux poudingues. Toutefois, il
est probable que le terrain est coupé par de nombreuses
failles et que la réapparition de ces nouveaux poudingues
à l'ouest des premiers est due à l'intervention de failles,
le carbonifère ne paraissant pas avoir plus de 200 à 300
mètres d'épaisseur, peut-être même 150 seulement
; 578 )
environ. L'élude slratigraphique n'est pas encore achevée.
Elle esl, en effet, rendue très difficile :
1° Par l'absence de carrières;
2° Par la rareté des affleurements le long des chemins,
tout le pays étant admirablement cultivé ou couvert de
bois taillis;
3° Par la rareté des couches fossilifères.
Ces schistes carbonifères sont jaunâtres ou rougeàtres
d'abord, parfois caverneux et gréseux, mais deviennent
bientôt argileux et comme satinés. Les preuves d'un lami-
nage intense se laissent fréquemment observer. Sur cer-
tains points les schistes deviennent d'un gris noirâtre.
Les points où les fossiles existent sont le domaine de la
Roche, à l'est de Savigny-Poil-Fol el à une distance de ce
village de 150 mètres environ; les environs du hameau
d'Avrée, au nord de Savigny, et spécialement le champ
de la Varville; Siguret à l'est et près de Savigny et quel-
ques autres points dans le voisinage des précédents. Tous
ces fossiles ont été recueillis à l'aide de fouilles exécutées
en plein champ avec l'autorisation des propriétaires, en sep-
tembre et octobre 4883 et en septembre et octobre 4884.
A l'ouest de cette bande qui, à la hauteur de Luzy, n'a
guère que 5 à 6 kilomètres de large, le carbonifère qui
paraît se terminer par des grès sans fossiles disparaît
sous les étages tertiaires el secondaires de la Nièvre.
Je me propose de continuer ces études el de recouper
celte longue bande, au nord el au sud de Luzy, d'une
pari à la hauteur de Saint-Honoré, de l'autre à la hauteur
de Bourbon-Lancy, dès que j'aurai achevé la coupe de
Luzy à Remilly.
En même temps que la noie dont je viens de donner
lecture, M. A Julien a eu l'obligeance de me communiquer
( 379 )
une nombreuse collection de fossiles recueillis dans les
principales localités qui y sont citées.
Ces fossiles sont, en général, en mauvais état et la plu-
part des espèces n'y sont représentées que par des
moules internes ou par des empreintes conservées dans
la roche.
Néanmoins avec un peu d'habitude, il est facile de
reconnaître que l'ensemble de la petite faune recueillie par
M.A.Julien possède un faciès carbonifère et nullement
devonien comme le caractère de la roche pourrait le faire
croire au premier abord. D'ailleurs, quelque défectueux
que fussent les échantillons soumis à mon examen, je
suis parvenu à reconnaître un assez bon nombre d'espèces
qui, jusqu'à présent, ne se sont rencontrées que dans les
assises inférieures du terrain carbonifère, soit en Bel-
gique à Tournai, à Soignies, à Comblain-au-Pont, etc.;
soit en France à Etreungt, soit en Irlande à Hook-Point,
dans le comté de Wexford et dans quelques autres loca-
lités du même pays.
Voici la liste de ces espèces :
1. Loxonema acutum, L.-G. de Roninck.
2. Schizostoma crateri forme, L.-G. de Koninck.
3. Bellerophon sublœvis, v. L.-V. Potiez et A.-L.-V. Michaud.
4. Lepclopsis, nov. sp.
5. Capnlus adroceras, P. de Ryckholt.
6. — nov. sp.?
7. Edmondia ?
8. Parallelodon bistriulis, J. E. Portlock.
9. Leiopteria, espèce voisine de L. emaciata, L.-G. de Koninck.
10. Aviculopecten, voisin de A. yranosus, J. Sowerby.
H. Aviculopeclen, nov. sp.
42. Dielasma hastatum ? J. Sowerby.
I 580 ;
15. Rhynchonella ? voisine de R. plcttrodon.
14. Athyris Royssii? C. Lcveillc.
15. Spirifcr calcaratus, F. Mc Coy.
16. Spirifer} sp.
17. Rcticularia reticulata, F. Mc Coy.
18. Orthis Michelini, C. Lcveillc.
19. Orthotctcs, nov. sp.
20. Lcptœna multirujata, F. Mc Coy.
21. Choticfes clegans? L.-G. de Koninck.
22. Productus torlilis ? F. Mc Coy.
23. Glauconomn pulcherrima, F. Mc Coy.
24. Fcnestella multiporata, F. Mc Coy.
25. — frulcx, F. Mc Coy.
26 — pJobcia, F. Mc Coy.
27. Phitlipsia truncatida, J. Phillips.
28 GriffiHiides hngiceps, J.-E. Portlock.
29. Brachymctopus discors, F. Mc Coy.
50. En/omis biconerntrica, R. Jones.
51. Carbonia, sp.
52. Palœchinus gigas, F. Mc Coy.
55. Archœocidaris Nerei, G. Zu Munster.
54. Actinocrinus icosidactylus, J.-E. Portlock.
55. — tenais, L -G. de Koninck et Léon.
56. — costus, F. Mc Coy.
57. — sp.
58. Platycrinus lœvis, Miller.
59. Poleriocrinus radia lus, Austin.
40. — pficatilis, Austin.
41. — spissus, L.-G. de Koninck el Le Hon.
42. Zaphrentis?
45. Alonticulipora ?
44. Syringopora ?
Ces espèces élant assez généralement représentées soit
par des moules, soit par des empreintes, ainsi que je l'ai
déjà fait observer, il n'est pas impossible que quelques-
(581 )
unes d'entre elles ne se rapportent pas exactement aux
noms sous lesquels je viens de les citer. Toutefois elles
s'en rapprochent au point de ne pas permettre de les en
séparer et d'en faire des espèces nouvelles, sans avoir eu
l'occasion de consulter des matériaux plus parfaits.
De l'influence du magnétisme sur les caractères des raies
spectrales; par Ch. Fievez, astronome à l'Observatoire
royal de Bruxelles.
La découverte de la rotation du plan de polarisation de
la lumière sous l'influence des forces magnétiques, par
Faraday (1846), a fait connaître la relation qui existe entre
la lumière polarisée, le magnétisme et l'électricité.
L'action du magnétisme sur l'étincelle électrique, traver-
sant les milieux gazeux très raréfiés, a été mise en évidence
par les travaux de De la Rive (1) et les expériences spec-
troscopiques de Trêve (2), de Daniel (3), de Secchi (4) et
de Capron (5).
D'après De la Rive et Daniel, cette action est soumise
aux lois de l'électrodynamique et les effets observés, con-
(1) De la Rive, Recherches sur l'action qu'exerce le magnétisme sur
les jets électriques dans les milieux gazeux très raréfiés. (Archives de
Genève, t. XXV11, p 290.)
(2) Trêve, Action du magnétisme sur les gaz (Comptes rendus,
t. LXX, p. 36.)
(3) Damel, Action du magnétisme sur les gaz raréfiés. (Comptes ren-
dus, t. LXX, p. 183.)
(4) Secchi, Sur tes modifications apportées par le magnétisme dans la
lumière émise par les gaz raréfiés. (Comptes rendus, t. LXX, p. 431 .)
(5) Rand Capro;*, Aurorae :Their characlers and Spectra.
( 582 )
sîstant dans un accroissement d'intensité lumineuse de
l'étincelle et de son spectre, sont dus à une augmentation
locale de densité de la matière gazeuse raréfiée, tandis que
Secchi les attribue plutôt au diamagnélisme des gaz, c'est-
à-dire à une répulsion produite par l'aimant sur ces gaz
très raréfiés, ayant pour conséquence une diminution con-
sidérable de la surface gazeuse dans la section du tube
traversée et par suite production d'une température pins
élevée.
Selon ces physiciens, l'influence du magnétisme sur
l'étincelle électrique traversant les gaz raréfiés n'aurait
d'autre effet que de modifier la résistance de la matière
gazeuse soumise à son action. Aussi Cazin a-t-il conclu des
expériences de Secchi « qu'il n'y a pas de spectre particu-
» lier au magnétisme, c'est-à-dire pas d'action directe de
» l'aimant sur lesrayonsémis parla source lumineuse (1)».
Cette conclusion va cependant au delà des faits acquis,
car rien ne s'oppose à ce que l'on attribue an contraire
l'augmentation d'intensité lumineuse de l'étincelle et de
son spectre à l'action du magnétisme sur les rayons lumi-
neux eux-mêmes.
Quoi qu'il en soit, cette question pourrait être éclaircie,
sinon résolue, par des expériences où les forces magné-
tiques seraient en présence du mouvement lumineux et
calorifique sans autre intermédiaire que la matière pondé-
rable; les expériences magnétiques sur les flammes satisfont
à ces conditions.
Depuis longtemps (2) on connaît l'influence exercée par
(1) Cazin, La speclroscopie , p. 95.
(2) Cette observation, faite pour la première fois à Gênes, en 1846, par
le P. Bancalari, a été ensuite répétée par Plùcker sur diverses flammes.
(Voir Annales de chimie et de physique, 3e série, t. LIV, p. 264.)
( 585 )
le magnétisme sur la direction de la flamme d'une bougie
et on sait que toutes les flammes présentent à des degrés
différents le même phénomène. Il reste à examiner si l'ac-
tion des forces magnétiques est bornée à ce changement
de direction de la masse gazeuse ou bien si elle affecte
directement les ondes lumineuses elles-mêmes.
Quoique l'analyse spectrale puisse résoudre celle ques-
tion, il est cependant nécessaire de réunir les conditions
les plus favorables d'inlensilé magnétique et de dispersion
lumineuse afin que les modifications spectrales qui peuvent
se produire ne puissent passer inaperçues.
L'installation spectroscopique de l'Observatoire, dispo-
sant d'un appareil dispersif de très grande puissance (1) et
d'un électro-aimant Faraday, construction Ruhmkorff (2),
pouvant être activé par un courant de 50 ampères d'inten-
sité, a permis d'aborder ce problème.
La flamme oxyhydrique d'un petit chalumeau était diri-
gée horizontalement sur un charbon sodé placé entre les
armatures coniques de Pélectro-aimant, distantes l'une de
l'autre de 10 millimètres. Une image de la flamme était
projetée sur la fente du speclroscope par un objectif dou-
ble. La quantité d'oxygène introduite dans celte flamme
permettait de régler la température de façon à donner aux
raies spectrales D< et D2 l'apparence voulue.
Dans ces conditions, les raies sodiques D, et D2 étant
d'abord peu larges et non renversées avant le passage du
courant d'aimantation, deviennent immédiatement plus
(1) Déjà décrit précédemment : Annales de l'Observatoire royal de
Bruxelles, t. IV, nouvelle série.
(2) Cet appareil est décrit dans le Traité de physique de Ganot.
( 584 ;
brillante*, plus longues et plus larges aussi lui que l'éteÊ-
tro-aimant est mis en activilé.
Si les raies brillâmes D, et D2 sont déjà élargies, l'élec-
tro-aimant étant inactif, elles deviennent plus larges encore
et se renversent (c'est-à-dire qu'une raie noire paraît au
milieu de la raie brillante élargie) pendant le passage du
courant d'aimantation.
Si les raies sont déjà élargies et renversées, l'élargisse-
ment de la raie brillante et de la raie noire devient beau-
coup plus considérable.
Ces phénomènes, qui disparaissent instantanément lors
de l'interruption du courant, peuvent être observés, mais
avec moins d'intensité, sur la raie rouge du potassium, du
lithium, sur la raie verte du thallium, etc., lorsqu'une
minime quantité de ces métaux ou d'un de leurs sels est
placée sur le support.de charbon.
Enfin, les armatures coniques de l'électro-aimant étant
remplacées par les armatures méplales, de manière que
toute la longueur de la flamme sodique soit comprise entre
ces armatures, les raies D, et D2, préalablement renversées
et élargies, présentent un double renversement (c'esl-à-dire
l'apparition d'une raie brillante au milieu de la raie noire
élargie), lorsque l'électro-aimant est en activité.
Ces expériences, qui démontrent l'influence du magné-
tisme sur les oudes lumineuses, sans l'intermédiaire de
l'étincelle électrique, font voir aussi que a les phénomènes
qui se manifestent sous l'action du magnétisme sont
identiquement les mêmes que ceux produits par une
élévation de température (1) ».
(I) Ch. Fiévez, De l'influence de la température sur les caractères des
raies spectrales, (Bulletin Acad, royale de Belgique, 5e série, i. VII.)
( 385 )
Note complémentaire.
Le spectre de la flamme dirigée suivant l'axe des bobines
de V électro-aimant présentait les mêmes modifications,
sous l'influence du magnétisme, que celui de la flamme
dirigée perpendiculairement à cet axe. G. F.
Élude sur le développement des feuillets et des premiers
ilôts sanguins dans le blastoderme de la Torpille (Tor-
pédo ocellata); par A. Swaen, professeur d'anatomie à
l'Université de Liège (1).
Les plus jeunes blastodermes de Torpille qu'il m'a été
possible de recueillir présentaient déjà la première ébauche
de l'embryon. Je n'ai donc pu étudier ni la segmentation,
ni la formation de la couche protoplasmalique nucléée qui
recouvre le vitellus au-dessous de l'hypoblaste; mais, avant
d'aborder l'objet principal de celle élude, je crois utile,
pour ne plus avoir à y revenir dans la suite, de signaler
brièvement les observations que j'ai pu faire sur cette
couche. Dans loule l'étendue de la surface du vitellus qui
se trouve en conlacl avec l'hypoblaste règne une couche
plus ou moins épaisse de protoplasme finement granulé.
Du côté du blastoderme elle est généralement nettement
(1) Le matériel de celle étude a été recueilli à la Station zoologique de
Naples. J'ai été trop satisfait du séjour que j'y ai fait dans le courant de
l'année dernière, j'ai pu trop à me louer de l'obligeance et de la com-
plaisance de M. Dohrn et du personnel entier de la Station, pour ne pas
saisir avec empressement l'occasion de leur donner ici un témoignage
public de ma reconnaisance.
3,ne SÉRIE, TOME IX. 27
( 386 )
délimitée, du côté du vitellus sa limite est beaucoup plus
irrégulière et ne peut même être indiquée. Au fur et à
mesure que l'on s'approche du vitellus, on y voit apparaître
d'abord de fines granulations vitellines, puis des grains
plus volumineux et enfin les corpuscules vitellins volu-
mineux très rapprochés les uns des autres, entre lesquels
le protoplasme n'existe plus qu'à l'état de minces cloisons,
de fines travées que l'on suit avec la plus grande peine à
l'intérieur du vitellus lui-même.
Dans la couche proloplasmatique superficielle, quelque-
fois aussi dans des îlols isolés de protoplasme formés dans
la profondeur au milieu du vitellus, on distingue de dis-
tance en distance des noyaux disséminés sans ordre. Ces
derniers, d'habitude très volumineux, de forme très variable,
sont des types de noyaux bourgeonnants.
Sur les noyaux rapprochés de Phypoblasle les bour-
geons s'isolent, se divisent quelquefois encore par voie
directe et autour de ces noyaux de volume ordinaire qui
résultent de ces modes de multiplication, on observe que
le protoplasme s'isole du restant de la couche. Il se forme
ainsi des cellules qui s'engagent entre les éléments de
l'hypoblasle sus-jacent ou contribuent à étendre ce der-
nier à la surface du vitellus. Celle extension est surtout
marquée sur le plancher de la cavité digestive de l'embryon.
C'est ce mode de développement de cellules hypoblas-
tiques qui amène la formation de l'endoblasle à la paroi
inférieure du tube digestif.
Cette couche proloplasmatique nucléée avec tout le
vitellus sous-jacenl doit donc être considérée comme
faisant partie de l'hypoblasle. La segmentation des cellules
hypoblasliques se poursuit très longtemps dans ces œufs
et le vitellus avec cette couche protoplasmatique repré-
( 587 )
sente îles cellules hypoblasliques qui continuent à se
multiplier par un mode de division autre que celui qui
préside à la multiplication des éléments constituant les
feuillets déjà formés du blastoderme.
Mais d'autres éléments prennent encore naissance à la
surface de celle couche. Ce sont des corps sphériques
plus ou moins volumineux, remplis de granulations réfrin-
gentes qui se développent à la surface du protoplasme en
écartant les cellules hypoblastiques voisines. Ils s'insinuent
entre elles, puis fréquemment deviennent libres dans
l'espace linéaire qui sépare l'hypoblaste des feuillets plus
superficiels. Ces éléments contiennent quelquefois un
véritable noyau, d'autres fois un ou deux corps sphériques
chromalophiles, d'autres fois encore ne présentent aucun
corpuscule nucléiforme. Ils me semblent assimilables aux
cellules formatives du blastoderme des oiseaux. Pour être
bref je les désignerai sous ce nom bien qu'il soit impro-
pre; ces cellules formatives sont en réalité des éléments
de la couche profonde de l'hypobîaste qui se distinguent
des cellules voisines par le développement énorme de
corpuscules réfringents à l'intérieur de leur protoplasme,
ce développement finissant par entraîner l'altération, puis
la disparition du noyau. On les rencontre particulièrement
volumineuses, et modifiées dans la cavité de segmentation.
En ayant fini avec cette couche profonde de l'hypo-
bîaste, je vais aborder l'étude du blastoderme dans son
ensemble.
Le blastoderme le plus jeune que j'ai pu étudier est
assez comparable, au point de vue de son développement,
au blastoderme de Pristyurus représenté par Balfour dans
sa figure A, planche XXIV. 11 en diffère cependant par
quelques particularités bien apparentes dans la figure 1,
( 388 )
qui en représente une coupe longilunale el médiane.
D'après celte figure, on peut diviser le blastoderme en
4 zones : une postérieure E embryonnaire, occupant la
partie postérieure de la circonférence; en avant d'elle une
zone intermédiaire I étendue entre l'ébauche de l'embryon
el la 5e zone, celle de la cavité de segmentation CS; enfin
la 4e zone C antérieure A, beaucoup moins étendue ici que
dans le blastoderme du Pristyurus el constituant en même
temps la partie antérieure de la circonférence. Les parties
latérales de celte circonférence relient naturellement cette
zone antérieure à la postérieure et l'on observe toutes les
transitions de l'une à l'autre dans la texture de ces parties.
ffyp1 F"- ^~~~\3yp.s
Fig. i.
Nous allons étudier ces 4 zones du blastoderme el nous
commencerons par la plus simple, la zone intermédiaire.
I. — Dans loule l'étendue de cette zone le blastoderme
est formé de deux couches cellulaires bien distinctes,
l'épiblaste et l'hypoblaste.
L'épiblasle est constitué comme un épilhélium prisma-
tique qui en avant s'amincit et s'épaissit au contraire en
arrière.
L'hypoblaste est formé de cellules aux formes variées,
munies de prolongements anastomosés entre eux de façon
à former des réseaux. Le corps de ces cellules assez épais;
formé d'un protoplasme chargé de granulations vitellines,
renferme un noyau ovalaire au niveau duquel il est d'ha-
( 589 )
bitude épaissi; souvent ce corps est l'usi forme et ses extré-
mités se continuent dans deux prolongements; d'autres
lois il est irrégulier et se continue dans un plus grand
nombre de prolongements, d'autres fois encore deux ou
trois cellules sont plus rapprochées et se moulent les unes
sur les autres par leurs faces de contact. Beaucoup de ces
éléments possèdent deux noyaux, d'autres encore ont leurs
noyaux en voie de division indirecte.
Ces cellules sont lâchement unies entre elles, assez
écartées les unes des autres et disséminées sans ordre dans
l'espace qui sépare l'épiblaste de la surface du vitellus.
Une couche de ces éléments repose sur ce dernier, mais
ne se dislingue en rien des cellules sus-jaeentes. Celte
couche hypoblastique, assez épaisse sur la ligne médiane (I)
du blastoderme, devienl de moins en moins riche en cel-
lules à mesure que l'on s'en écarte. La couche cellulaire
qui repose sur le vitellus persiste cependant toujours,
mais entre elle et la face profonde de l'épiblaste on ne
trouve bientôt que quelques cellules disséminées.
II. — La cavité de segmentation occupe une zone plus
étendue même que la moitié du diamètre antéro-postérieur
du blastoderme et semble surtout creusée dans l'épaisseur
de l'hypoblaste; cependant, la voûte de celte cavité est
constituée par l'épiblaste seul dans sa partie antérieure.
Cet épiblaste est ici formé par une simple rangée de
cellules prismatiques surbaissées unies entre elles de façon
à constituer une couche épilhéliale.
L'hypoblaste forme le plancher, la ^jaroi postérieure, les
( I ) Par ligne médiane il faul entendre non seulement le diamètre antéro-
postérieur du blastoderme, mais encore deux bandes latérales assez largos
de chaque côlé de ce diamètre.
( 590 )
parois latérales de cette cavité et se prolonge même à la
face inférieure de l'épiblaste de façon à doubler la voûte
dans toute sa partie postérieure.
Sur le plancher, les cellules hypoblasliques, disposées
en une seule rangée, forment une couche continue qui
n'est guère modifiée par place que par la saillie d'une
cellule formative en voie de développement.
La paroi postérieure de la cavité, fortement excavée,
est assez complète et formée par les cellules hypoblasti-
ques un peu modifiées, plus rapprochées et unies de façon
à constituer une couche continue. Celte paroi se prolonge
en avant au-dessous de l'épiblaste de façon à entrer dans
la composition de la voûte, mais ne l'envahit pas tout
entière et laisse la face inférieure de l'épiblaste à nu dans
sa partie antérieure et médiane.
Quant aux parois latérales, elles sont très vaguement
délimitées par les cellules hypoblasliques disséminées
entre l'épiblaste et le vilellus.
111. — La paroi antérieure de la cavité est précisément
formée par la troisième zone que nous devons étudier,
Y antérieure. Celle-ci occupe la circonférence du blasto-
derme et sur la coupe a la forme d'un triangle. Le sommet
répond au bord du blastoderme, la base excavée forme
la paroi antérieure de la cavité de segmentation, le bord
supérieur répond à ja face supérieure du blastoderme, le
bord inférieur repose sur le vilellus. L'aire de ce triangle
est occupée par une masse de cellules contiguès moulées
les unes sur les autres et formées par un mélange de cel-
lules épiblastiques et hypoblastiques confondues. Dans
cette zone, l'épiblaste ne s'isole plus nettement des cellules
sous-jacenles, la forme de ses éléments s'altère; d'autre
part, les cellules hypoblasliques, resserrées dans un
( 391 )
espace peu étendu, moulées les unes sur les autres, ont
perdu leurs prolongements, sont irrégulièrement polyé-
driques et il est facile de voir qu'il y a confusion de tous
ces éléments, que des cellules épiblasliques s'engagent
dans les couches sous-jacentes.
En dehors de la ligne médiane et de la cavité de seg-
mentation celte zone, au lieu d'être limitée en arrière par
cette cavité, se trouve en rapport avec les cellules hvpo-
blastiques disséminées entre l'épiblasle et le vitellus.
IV. — Dans la zone embryonnaire et dans la partie
postérieure du bord du blastoderme la disposition est tout
autre.
L'épiblasle épaissi est formé de cellules allongées per-
pendiculairement à ses faces; les unes sont cylindriques,
d'autres fusiformes, d'autres encore coniques. De ces der-
nières, les unes ont leurs bases tournées vers la face supé-
rieure, les autres ont leur base à la face inférieure du
feuillet épiblaslique. Ces cellules sont unies entre elles de
façon à constituer une couche épilhéliale dans laquelle les
noyaux, disposés sur deux à trois rangées, sont cependant
groupés vers la face interne de la couche cellulaire.
Cet épiblaste, arrivé, au bord postérieur du blastoderme,
se recourbe alors en avant et, tout en restant séparé du
vitellus par un espace assez étendu, se continue dans une
couche épilhéliale inférieure. Celle-ci longe d'arrière
en avant la face inférieure de l'épiblasle, dont elle n'est
séparée que par un espace linéaire. Si l'on suit cette
couche dans ce trajet, on constaté qu'elle est surtout
étendue dans ce sens sur la ligne médiane et on la voit se
modifier peu à peu au fur et à mesure qu'elle s'éloigne
du bord postérieur du blastoderme.
D'abord, les cellules qui la constituent se groupent
( 392 )
comme celles de Pépiblasle, puis celles qui forment sa
face supérieure commencent par adhérer moins intimement
entre elles, deviennent fusiformes, ressemblent aux cel-
lules hypoblastiques de la zone intermédiaire; on les voit
bientôt se continuer par leurs prolongements antérieurs
avec les cellules de cette zone et l'on constate que toute
cette couche cellulaire sous-jacente à l'épiblasle est con-
stituée par un mélange de cellules épihlastiques et de
cellules hypoblastiques groupées de façon à constituer un
feuillet épithélial. C'est Yhypoblaste de la zone embryon-
naire qu'il faut évidemment distinguer de l'hypoblasle
primitif, puisqu'il est formé d'un mélange des éléments de
ce dernier et de ceux de l'épiblasle. Nous le désignerons
sous le nom Yhypoblaste secondaire. Cet hypoblaste
secondaire, à la fin de son trajet d'arrière en avant, se
recourbe vers le bas et gagne la surface du vilellus, où il
aboutit à la couche hypoblastique primitive. Au niveau de
celte courbure la participation des cellules hypoblastiques
disséminées dans la zone intermédiaire, à la formation
de l'hypoblasle secondaire, est encore plus manifeste que
dans le restant de son étendue.
Dans ces conditions, la zone embryonnaire est donc
constituée par deux couches épithéliales, l'épiblaste et
l'hypoblasle secondaire. Ces deux couches se continuent
entre elles au bord postérieur de cette zone et toutes deux
sont soulevées au-dessus du vitellus, de façon à constituer
avec lui une petite cavité largement ouverte en arrière.
Celte cavité est limitée en avant par la courbure de l'hy-
poblasle qui s'insère sur le vitellus. Cette insertion se fait
suivant une ligne courbe à convexité antérieure. Les
extrémités de cette ligne s'infléchissent, au contraire, en
( 595 )
dehors, puis en avanl pour longer le bord du blastoderme
(voir fig. % a).
£mbrj//m
Bord I J30&
Fig. 2.
Dans celle zone embryonnaire il s'est donc produit une
invagination par épibolie de l'épiblaste et elle a été aidée
par le mélange de cellules hypoblastiques aux éléments
de l'épiblaste invaginé.
Contrairement à ce qui se passe chez le Pristyurus, la
couche protoplasmatique nucléée ne se prolonge pas
encore au-dessous de la zone embryonnaire, la cavité
archenlérique est comprise entre celle zone et le vitellus;
le blastopore est représenté ici par une large fente déli-
mitée, d'une part, par le bord postérieur du blastoderme,
d'autre part, par le vilellus lui-même.
La figure 3 représente la coupe médiane antéro-pos-
lérieure d'un blastoderme un peu plus âgé que celui qui
vient d'être décrit; on y distingue encore les quatre zones
étudiées, mais d'importantes modifications s'y sont pro-
duites.
'yp.s.
Fi?. :;
( 394 )
I. — La zone antérieure n'a pas changé.
II. — La cavité de segmentation esl considérablement
réduite tandis que la zone intermédiaire a gagné en éten-
due. Les cellules hypoblasliques qui formaient la paroi
postérieure, les côtés, la voûte de la cavité se sont multi-
pliées; ces parois, fortement concaves dans la phase précé-
dente, se sont redressées et de celte façon la cavité de
segmentation se trouve réduite à sa partie tout à fait anté-
rieure, à celle dont la voûte était constituée par l'épiblasle
seul. Les cellules hypoblasliques se sont aussi multipliées
sur le plancher de la cavité et lui forment un revêtement
épais, surtout dans ses parties latérales et postérieures.
Dans la cavité ainsi réduite, on remarque enfin un assez
grand nombre de cellules formatives disséminées.
III. — La zone intermédiaire plus étendue est toujours
formée par l'épiblasteet Phypoblaste primitif bien distincts
l'un de l'autre. Mais les cellules hypoblasliques beaucoup
plus nombreuses, plus rapprochées les unes des autres,
forment une couche bien plus compacte et remplissent
complètement l'intervalle compris entre Pépiblaste et le
vitellus. On reconnaît toujours à ces éléments les carac-
tères précédemment décrits, mais étant moins dissémi-
nées, ces cellules sont plus épaisses, leurs prolongements
sont moins longs, le réseau qu'elles forment esl moins
apparent et dans beaucoup de points elles sont souvent
irrégulièrement polyédriques par pression réciproque. Cette
couche hypoblastique épaisse dans la ligue médiane du
blastoderme devient plus mince sur les côtés. Vers les
bords latéraux ellese réduit à une couche continue insérée
sur le vitellus et à quelques cellules disséminées entre
( 393 )
cette couche et l'épiblasle. Aux bords latéraux mêmes
elle aboutit à la zone des cellules non différenciées décrite
sur le blastoderme précédent.
IV. — La zone embryonnaire s'est étendue en tous
sens, le bord postérieur du blastoderme fait une saillie
plus prononcée en arrière, mais une modification essen-
tielle est survenue au fond de la cavité arcbentérique. La
couche protoplasmatique nucléée de la surface du vitellus
s'est développée en arrière de la réflexion de l'hypoblaste
secondaire; elleforme maintenant une élevure marquée der-
rière l'insertion de ce feuillet sur le vitellus et circonscrit
avec lui le fond de la cavité arcbentérique; cette dernière
a ainsi gagné une paroi inférieure cellulaire et celle-ci,
contrairement à la voûte, est exclusivement constituée par
de l'hypoblaste primitif. Les cellules hypoblasliques isolées
apparaissent déjà dans la partie antérieure de cette paroi
et se continuent en avant avec les cellules hypoblasliques
que l'on voit encore intervenir dans la constitution de
l'hypoblaste secondaire. Le fond de la cavité archenlérique
s'est donc développé en cul-de-sac; ce développement et
le soulèvement de la partie amenée par l'accroissement de
la couche protoplasmatique superficielle du vitellus a pour
conséquence le soulèvement de toute la partie antérieure
de la zone embryonnaire, de telle sorte que l'épiblasle
lui-même devient convexe à ce niveau et décrit une courbe
délimitant assez nettement l'extrémité antérieure de l'em-
bryon.
La conclusion la plus importante à tirer de cette élude,
c'est que sur ces blastodermes le fond de la cavité archen-
lérique de l'embryon est délimité actuellement en avant
par deux couches cellulaires de constitution différente, la
( 596 )
paroi supérieure étant formée par Phypoblaste secondaire,
le plancher par l'hypoblaste primitif. Cette distinction est
importante, car nous allons le voir, aux dépens des élé-
ments de la voûte se développent la corde dorsale, le
mésoblaste et l'endoblaste (nous donnerons ce nom à
l'épilhélium de la cavité digestive). Les éléments du plan-
cher de la cavité ne formeront que l'endoblaste de la paroi
inférieure de la cavité digestive et se continueront par
conséquent avec une partie seulement des éléments de la
voûte ou de l'hypoblaste secondaire.
Dans l'exposé que je vais faire de l'étude des blasto-
dermes plus développés, je distinguerai d'abord la partie
extra-embryonnaire et l'embryon et j'exposerai en pre-
mier lieu le résultat de mes recherches sur la première
partie. Ces recherches n'ont porté jusqu'à présent que sur
les blastodermes intermédiaires aux phases B et G des
embryons de Pristyurus de Balfour. Je crois inutile dans
ce résumé de donner une description détaillée de chacun
d'eux, je réserverai cette étude pour un travail plus com-
plet, me proposant actuellement de donner simplement
une idée des processus principaux qui s'y passent.
Parties extra-embryonnaires du blastoderme.
Sur ces blastodermes, la zone de la cavité de segmenta-
tiou ne mérite plus d'être distinguée comme zone, ce qui
n'implique pas la disparition de cette cavité. Elle persiste,
au contraire, sur tous, mais se réduit et s'isole progressi-
vement; voici comment:
L'épiblaste est soulevé à son niveau par les cellules
formatives qui continuent à s'y accumuler. Il forme d'abord
à la cavité une voûte hémisphérique, le plancher étant
( 397)
formé par l'hypoblaste. Peu à peu cette voûte s'élève et
dans la cavité plus que hémisphérique qu'elle délimite se
groupent les cellules i'ormatives. Bientôt celte cavité, cir-
conscrite dans la plus grande partie de son étendue par
l'épiblaste, se pédiculise et le feuillet externe du blasto-
derme circonscrit à lui seul le dernier vestige de la cavilé
de segmentation rempli de cellules formatives.
La zone du blastoderme occupée primitivement par la
cavité de segmentation rentre ainsi en partie dans la zone
intermédiaire, en partie dans la zone antérieure.
Il est plus pratique de distinguer maintenant dans la
partie extra-embryonnaire de ces blastodermes une por-
tion centrale fort étendue et une zone périphérique. Cette
dernière sera, de plus, divisée en deux parties, une anté-
rieure et une postérieure, celle-ci se continuant vers la
ligne médiane avec le bord postérieur de l'embryon.
Toute la partie centrale est très simple, elle est formée
par l'épiblaste et l'hypoblaste bien distincts l'un de l'autre.
(V. figure 7, I.)
L'épiblaste est formé d'une seule rangée de cellules
prismatiques surbaissées, netlement séparée de la couche
cellulaire sous-jacente par une cavilé linéaire.
Les cellules hypoblasliques devenues polyédriques ont
toutes gagné la surface du vitellus et y forment une couche
cellulaire épaisse dans la ligne médiane plus mince sur les
côtés.
Lapériphérie du blastoderme présente des modifications
plus importantes. Le mésoblaste s'y est formé et continue
à s'y développer.
Ce mésoblaste constitue un mince disque annulaire
interposé entre l'épiblaste et l'hypoblaste primitif. Sa cir-
conférence interne, un peu irrégulière, est libre entre les
( 598 )
deux feuillets précités, sa circonférence externe s'insinue
entre eux jusqu'à leurs circonférences mêmes où ils sont
accolés l'un à l'autre et tantôt elle semble être en conti-
nuité avec l'un d'eux, tantôt s'arrête avant d'y aboutir.
C'est le cas dans la moitié antérieure du bord blastoder-
mique.
Dans sa moitié postérieure la circonférence du disque
mésoblaslique se comporte tout autrement. Dans celte
partie, alors que certainement on se trouve encore en
dehors de l'embryon, commence déjà à apparaître l'hypo-
blasle secondaire décrit précédemment. Dans ces points il
n'est guère représenté que par quelques cellules prismati-
ques formant un rebord saillant au blastoderme et on le
voit se continuer en dedans avec la circonférence externe
du mésoblasle. Au premier abord il semble que ce dernier
contournant le bord du blastoderme se trouve en conti-
nuité directe avec Pépiblaste, l'hypoblaste primitif aminci
dans ces points se glissant au-dessous de ces feuillets en y
adhérant à peine.
Le disque mésoblaslique est primitivement assez mince,
mais d'épaisseur variable cependant dans les différents
points de son étendue. Au début, il est exclusivement
formé de cellules aplaties, fusiformes à la coupe, munies
de prolongements lamellaires anastomosés entre eux de
façon à constituer un réseau. Ces cellules sont disposées
par place en une seule rangée, ailleurs elles se super-
posent en deux ou trois couches, les cellules d'une
rangée s'anastomosant d'ailleurs avec celles de la rangée
sus- ou sous-jacenle.
Avant de poursuivre l'étude des modifications que va
subir ce mésoblasle extra-embryonnaire, voyons quelle
( 599 )
interprétation nous pouvons donner de son mode de for*
malion.
La partie du blastoderme qu'il occupe, c'esl-à-dire son
bord, était, comme, nous l'avons vu , dans toute sa partie
antérieure, primitivement constituée par une zone cellu-
laire indifférente dans laquelle les éléments épiblasliques
et hypoblasliques étaient confondus. C'est aux dépens de
cette zone que par différenciation se sont produits les
trois feuillets isolés, l'épiblaste, le mésoblasle et l'hypo-
blasle, et il est assez logique d'admettre que le feuillet
moyen est encore constitué comme la zone primitive, c'esl-
à-dire par une fusion des éléments de l'épiblaste et de l'hy-
poblaste primitifs.
Ce qui rend cette interprétation très acceptable, c'est la
façon dont se comporte le mésoblasle dans sa partie pos-
térieure. Là nous le trouvons en continuité avec Phypo-
blasle secondaire, il s'accroît aux dépens de ce feuillet.
Or, nous le savons, il provient d'une fusion des éléments
de l'épiblaste et de l'hypoblaste primitif.
Le mésoblasle extra-embryonnaire dérive donc dans
tonte son étendue de zones cellulaires dans lesquelles se
trouvent mélangés des éléments de l'épiblaste et de l'hypo-
blaste primitif.
Revenons maintenant aux modifications successives qu'il
présente. Le disque mésoblastique s'élargit et s'épaissit peu
à peu et dans le réseau cellulaire qui le constitue se mani-
feste une tendance à la formation de cavités. D'abord in-
complètement délimitées, de forme arrondie, ces cavités se
circonscrivent peu à peu et, pour autant que l'on peut s'en
assurer sur des coupes, il semble que bon nombre d'élé-
ments se groupent à la façon de cellules endothéliales et
( 4-00 )
circonscrivent ainsi des canaux de calibre variable et plus
ou moins ramifiés.
En même temps de nouveaux éléments se développent
dans le mésoblasle et lui donnent les caractères d'une aire
vasculaire, ce sont les ilôts sanguins. Le disque méso-
blastique immédiatement après sa formation présente déjà
les premières traces de ces îlots dans sa partie tout à fait
antérieure, au-devant et autour du vestige de la cavité de
segmentation. Ces débuts d'aire vasculaire s'étendent alors
petit à petit de dedans en dehors, puis en arrière dans les
deux tiers antérieurs environ du mésoblasle et se mar-
quent sous forme d'îlots rangés circulairement à quelque
distance de la circonférence du blastoderme. On les
remarque à la loupe soulevant Tépiblaste à leur niveau
et produisant ainsi une rangée circulaire de nodosités.
Ce sont des masses cellulaires à contours arrondi?, le
plus souvent ovalaires sur les coupes, logées au milieu des
éléments du mésoblasle que j'ai décrits précédemment.
Au début les cellules mésoblastiques s'étalenl simplement
à leur surface et leur forment des enveloppes incom-
plètes; plus tard, les îlots semblent logés dans des cavités
bien circonscrites et plus tard encore, ils sont évidemment
engagés dans des parties élargies des canaux ramifiés,
signalés précédemment.
Dans les blastodermes les plus jeunes on ne trouve
généralement qu'un seul de ces îlots sur une suite de
coupes radiées du feuillet moyen. Plus tard on peut en
rencontrer deux et même trois, et quelquefois on les voit
pousser des prolongements soit vers le centre, soit vers le
bord du blastoderme. En même temps ils se développent
dans le sens de la circonférence et l'on trouve le même
îlot sur une série de coupes assez nombreuses.
( 404 )
Quelle est la constitution de ces îlots sanguins?
Dans les blastodermes les plus jeunes, ils semblent au
premier abord constitués par une masse protoplasmique
dans laquelle se trouvent disséminés un grand nombre de
noyaux. Parmi ces derniers on en trouve souvent en voie
de division indirecte. En examinant de plus près, on con-
state cependant qu'il n'en est pas absolument ainsi et dans
l'îlot on distingue des indices d'une division plus ou moins
complète; tantôt c'est un liséré plus clair qui circonscrit
une cellule uninucléée, tantôt ce sont des masses plus con-
sidérables contenant deux ou trois noyaux qui sont ainsi
distinctes les unes des autres.
Sur des blastodermes plus âgés, cette division est plus
nette encore et parmi les noyaux on remarque des diffé-
rences notables. Tandis que la plupart restent sphériques
ou ovalaires, on en distingue, surtout à la périphérie, qui
s'aplatissent suivant la surface de l'îlot et présentent sou-
vent une coupe fusiforme. Le protoplasme qui les entoure
s'isole sous forme de lamelle et de la sorte se constitue
une sorte de gaîne cellulaire incomplète d'abord. Ce pro-
cessus se poursuivant, on voit bientôt l'îlot sanguin se divi-
ser en une enveloppe de cellules plates et un contenu de
cellules incomplètement individualisées. Quelquefois même
on voit de semblables cellules aplaties apparaître dans le
milieu de l'îlot, se continuer avec la gaîne périphérique et
le subdiviser ainsi en deux.
Aux dépens d'une masse de cellules primitivement iden-
tiques et encore en partie fusionnées entre elles, se
développent donc des gaines endothélioïdes circonscrivant
des cavités remplies de cellules destinées à devenir des
corpuscules du sang. Sur les blastodermes les plus âgés
que j'ai étudiés, cette transformation est accomplie et les
3me SÉRIE, TOME IX. 28
( 402 )
ilols sanguins sont devenus des caviiés vasculaires closes
formées d'une paroi et d'un contenu constitué par une
niasse de petites cellules sanguines bien isolées et sphé-
riques. Ces cavités vasculaires sont logées dans les gaines
périlhéliales que leur forment les cellules du mésoblaste.
Quelle est l'origine de ces îlots sanguins?
El est facile de constater que ces parties ne se dévelop-
pent pas aux dépens des éléments du mésoblaste. Sur un
grand nombie d'entre eux, en étudiant des coupes succes-
sives passant par les mêmes îlots, on arrive à constater
qu'ils se développent à la surface de l'hypoblasle. Cette
observation peut se faire sur des blastodermes d'âge très
différent et même sur des îlots sanguins plus ou moins
développés.
Si, par exemple, sur une coupe donnée on observe un
îlot complètement entouré d'une gaîne périthéliale et dans
lequel les cellules périphériques commencent déjà à se dif-
férencier, on pourra, sur les coupes successives, suivies
tantôt d'avant en arrière, tantôt d'arrière en avant, obser-
ver les modifications suivantes :
L'îlot se rapprochera de l'hypoblasle et perdra sa gaîne
périthéliale de ce côté, puis sa face inférieure libre sera
reçue dans une dépression de l'hypoblasle, les cellules
plaies de celte face disparaîtront el, enfin, on ne distin-
guera plus de limite entre l'îlot et les cellules hypoblasli-
ques sur lesquelles il repose. L'îlot sanguin diminue de
volume el bientôt sa présence n'esl plus marquée que par
une élevure de l'hypoblasle due à une multiplication de
ses éléments à ce niveau.
La même observation peut se faire plus facilement
encore sur les coupes longitudinales de pareils îlots. On
constate alors que par une de leurs extrémités ils se con-
( 405 )
tiniient directement avec l'hypoblasie, tandis que l'autre
extrémité s'élève au-dessus de lui et linil par être entourée
complètement par les cellules du mésoblaste dans lequel
elle s'engage.
Les premiers îlots sanguins se développent donc aux
dépens des éléments de l'hypoblasie. Ces derniers consti-
tuent à la fin de ce développement les parois de cavité
vasculaires closes et les cellules sanguines qui les remplis-
sent.
Sur les blastodermes les plus âgés que j'ai étudiés jusqu'à
présent on constate même avec la plus grande facilité le
développement de cavités de ce genre, mais vides cette
fois, dans Phypoblaste lui-même et cela dans la couche
proloplasmatique sous-jacente aux cellules hypoblastiques
épitliéliales. Dans certains points cette couche se développe
vers la profondeur et failsaillie dansle vilellus; il s'y forme
ensuite des cavités sphériques ou ovalaires complètement
closes; dans leur paroi proloplasmatique se trouvent ran-
gés toute une couche de noyaux bien isolés et, dans le
centre de la cavité, on trouve tantôt une grande cellule
sphérique isolée, tantôt une petite cavité vide bien circon-
scrite par une mince paroi dans laquelle se trouvent dis-
séminés deux ou trois noyaux aplatis. Ces deux cavités
concentriques sont closes de toute part, l'interne a tout à
fait l'aspect d'une cavité circonscrite par un endothélium
embryonnaire; elle se distingue des îlots sanguins complè-
tement développés par ce fait qu'elle-ne contient aucune
cellule de sang. Jusqu'à présent je ne m'explique pas le
but de ce développement, mais j'ai cru utile d'en parler
parce qu'il démontre à l'évidence qu'aux dépens des élé-
ments de l'hypoblasie el dans ses couches les plus pro-
fondes se développent des cavités à parois endothélioïdes.
Passons maintenant à l'étude des embrvons.
( 404 )
Embryons.
Les embryons des blastodermes dont nous venons d'étu-
dier la portion extra -embryonnaire, quel que soit leur
développement, peuvent se diviser en trois parties : une
antérieure, une moyenne et une postérieure; les deux
premières comprennent toute la partie de l'embryon dans
laquelle le tube digestif est nettement circonscrit; la der-
nière est constituée par le bord postérieur de l'embryon
et se confond avec le bord postérieur du blastoderme.
La partie antérieure, complètement libre, proémine plus
ou moins en avant et en haut au-dessus du centre de la
portion extra-embryonnaire du blastoderme. Dans toute
cette partie le tube digestif, circonscrit de toute part, a
une forme assez régulièrement cylindrique et se termine
en avant dans un cul-de-sac arrondi. (Voir fig. 4 sa coupe
transversale; fig. 7 (a) sa coupe longitudinale.)
Fig. 4.
La partie moyenne de l'embryon est, au contraire, adhé-
rente au blastoderme. Dans son ensemble elle constitue une
gouttière dont la concavité regarde vers le bas et dont les
bords se continuent de chaque côté avec le restant du blas-
toderme. Dans toute cette partie moyenne le tube digestif
n'a pour paroi inférieure que le vitellus et le feuillet épi-
thélial ne circonscrit que ses parois latérales et sa face
( 403 )
dorsale. Comme l'embryon dans son ensemble, ces parois
forment une gouttière longitudinale ouverte vers le bas
dont les bords insérés sur le vitellus se continuent en
dehors avec Phypoblaste primitif. Voir figure 5. (Sur les
embryons les plus jeunes la corde dorsale forme encore la
partie médiane de la voûte.)
Fiç. o.
La partie postérieure de ces embryons varie évidem-
ment d'aspect avec l'âge, mais elle présente toujours cer-
tains caraclères généraux essentiels Etd'abord elle est libre
au-dessus du vitellus; à sa face supérieure elle présente la
gouttière neurale plus ou moins profonde et à son extré-
mité postérieure elle se termine par un bord épais arrondi
suivant lequel l'épiblaste se continue avec les feuillets infé-
rieurs. Sur la ligne médiane la gouttière neurale qui con-
tourne ce bord amène une échancrure plus ou moins pro-
fonde et de chaque côté de cette échancrure le bord qui
se relève présente deux saillies latérales plus ou moins
prononcées, les protubérances caudales. (Voir P et Pc,
fig. 6.)
Celte partie postérieure de l'embryon prolonge en
arrière la gouttière que forme sa partie moyenne, mais
n'est plus reliée au vitellus et s'étale plus ou moins dans
un plan horizontal.
La figure 7 représente une coupe verticale anléro-pos-
( 406 )
térieure médiane du plus jeune embryon de celte série, de
celui qui est représenté figure 6 vu par sa face supérieure.
Sur cette coupe on dislingue nettement la partie anté-
rieure de l'embryon (a); quant à la partie postérieure (p),
on voit comment elle se comporte vis-à-vis du vitellus,
maison ne peut constater sa limite vis-à-vis de la portion
moyenne.
Fig. 6.
Fig. 7.
Cet embryon étant le plus intéressant au point de vue
du développement du mésoblasle, de la corde et de l'épi-
thélium du tube digestif pour lequel nous réserverons le
nom à" endoblaste, ce sera lui qui me servira de type dans
l'exposé que je vais faire de ces processus.
Dans cet embryon le mésoblasle, la corde, l'endoblaste
( M» )
sont formés, mais commuent encore à se développer aux
deux extrémités.
Voyons comment se forment ces parties à Vcxtréihile
antérieure d'abord. Sur des coupes transversales de cette
extrémité passant par le fond du cul-de-sac antérieur du
tube digestif, on constate que l'hypohlaste secondaire con-
stitue encore la voûte de la cavité. (Cette dernière doit
donc encore en ce point être considérée comme l'archen-
téron.)
De plus, de chaque côté de la ligne médiane, en dehors
d'un groupe de cellules occupant
le milieu de la voûte, on voit
répilhélium de la cavité, c'est-
à-dire Phypoblasle secondaire, se
continuer dans deux masses mé-
soblasliques qui se prolongent
latéralement en dehors du tube
digestif entre lui et l'épiblaste. (Voir fig 8.) Il en résulte
donc que le mésoblaste se développe ici comme dans
l'Amphioxus avec cette différence que l'hypohlaste ne se
prolonge pas dans un cul-de-sac creux, mais forme, au
contraire, de chaque côté, un prolongement compacte.
Quand on examine des coupes transversales de plus
en plus postérieures, on voit la
continuité entre 1'liypoblaste et le
mésoblaste devenir moins nette,
puis s'interrompre à un moment
donné. La voûte de la cavité diges-
live est de nouveau formée par
une couche épilhéliale continu*
(v. fig. 9) dans laquelle se manifestent bientôt les premiers
Fig. 8.
Fie. y.
( 408 )
indices du processus amenant la formation de ia corde
dorsale. Voici en quoi il consiste.
Si l'on suit ces coupes d'avant en arrière, on voit d'abord
la voûte du tube digestif se
soulever sur la ligne médiane
de façon à former gouttière
(voir fig. 10); cette gouttière
devient de plus en plus pro-
Fj„ 10 fonde et les cellules qui en
forment la voûte prennent
la forme de cônes à bases tournées vers le haut, tous les
sommets tronqués de ces cellules formant ainsi le fond de
la gouttière. L'ensemble de ces éléments groupés se dis-
tingue ainsi du restant de l'épi thélium et constitue la
corde dorsale. La coupe transversale de cette dernière
représente vaguement un. trapèze à base supérieure. Le
bord supérieur de la corde assez étendue est fortement
convexe; son bord inférieur, très court, concave, forme le
fond de la gouttière précitée; ses bords latéraux, presque
horizontaux, mais un peu obliques en bas et en dedans,
reposent sur les cellules de l'endoblaste voisin. Celui-ci
forme les côtés de la gouttière et au contact de la corde
semble coupé en biseau aux dépens de sa face externe, de
telle sorte que les cellules qui le forment à ce niveau se
glissent sous les parties latérales de la corde et ne laissent
celte dernière à nu que tout à fait sur la ligne médiane.
(V. fig. 11). C'est dans cet état que persiste la corde
dorsale dans toute la partie moyenne de l'embryon. Nous
verrons tantôt comment elle se comporte au bord posté-
rieur de ce dernier.
Sur un embryon plus âgé on voit ce processus se pour-
suivre, les deux moitiés de 'endoblaste qui se glissent de
( 409 )
dehors en dedans sous la corde dorsale se rejoignent au-
dessous d'elle, l'isolent complètement et forment la voûte
du tube digestif.
De ces observations il résulte donc qu'aux dépens de
l'hypoblaste secondaire qui constitue la voûte de la cavité
archenlèrique se forment d'abord en avant les deux
feuillets mésoblastiques latéraux, puis plus en arrière la
corde dorsale. Le restant du feuillet constitue l'endoblaste.
Dans l'accroissement de l'extrémité antérieure de l'embryon
le mésoblaste se forme donc en premier lieu, puis, seule-
ment ensuite, du restant de l'hypoblaste secondaire qui
forme la voûte du tube digestif, s'isole la corde dorsale.
Quant au plancher de cette cavité, il se développe mani-
festement aux dépens de la couche protoplasmatique
nucléée de la surface du vitellus C'est à l'extrémité posté-
rieure de la partie antérieure de l'embryon que l'on observe
ce développement. En ce point, le plancher du cul-de-sac
antérieur du tube digestif aboutit au vitellus et se continue
d'une part, en avant, avec l'hypoblaste primitif de la
portion extra-embryonnaire du blastoderme, d'autre part,
en arrière, avec cette couche protoplasmatique dont je
parle (v. fig. 7). Dans cette dernière les noyaux abondent,
bourgeonnent, les cellules se forment en grand nombre
( 410
comme je l'ai décrit au début de celle élude, el consti-
tuent l'endoblaste de la paroi inférieure du tube digestif.
C'est dans la partie postérieure, donc à Vautre extrémité
de l'embryon, que nous retrouvons ces différentes parties
en voie de développement. Pour bien saisir la nature des
processus qui s'y passent, il faut en premier lieu avoir une
juste idée de la disposition des feuillets inférieurs de cette
portion de l'embryon.
Fig. Mb.
Hyp.j
Ëncomparant les deux coupeslransversalesd'un embryon
un peu plus âgé que celui représenté ligure 6 (l'une de ces
coupes, fig. 11 «, passe par l'extrémité postérieure de
la partie moyenne de l'embryon, l'autre fig. 11 b, passe
par la partie postérieure même); on voit que d'avant en
arrière les parois latérales du tube digestif s'abaissent, la
voûte au contraire s'élargit, puis dans la partie postérieure
s'étale et constitue le feuillet inférieur de celte partie de
l'embryon. Or, chez les embryons plus jeunes, le feuillet
qui forme la voûte de la cavité arcbenlérique en arrière
est constitué par l'hypoblaste secondaire. Sur l'embryon
que nous éludions maintenant aux dépens de cet hypo-
( 411 )
blasle secondaire se sont constitués le mésoblaste, l'endo-
blaste et la corde dorsale; de pins, c'est aux dépens de ce
même hypoblaste que ces différentes parties continuent à
se développer.
Voyons comment :
A l'extrémité antérieure de l'embryon, rappelons que
si l'on envisage la voûte de la cavité archenlérique d'avant
en arrière, c'est d'abord le mésoblaste qui se développe de
chaque côté, puis plus en arrière seulement la corde s'isole
à son tour.
A l'extrémité postérieure, c'est dans le même ordre que
se produisent ces différentes parties et celte fois d'arrière
en avant. Toula fait en arrière, c'est-à-dire tout au bord
postérieur de l'embryon, le mésoblaste naît de chaque côté
de l'hypoblasle, puis beaucoup plus en avant seulement,
la corde dorsale s'isole du milieu de la voùle.
Sur des coupes transversales de celte région on observe,
à peu de différence près, ce que Balfour a si bien observé
sur les embryons de Pristyurus. Il n'y a de différence que
pour la corde dorsale que l'on voit se développer au milieu
de la voûte d'arrière en avant comme elle le fait d'avant
en arrière à l'extrémité antérieure.
Si l'on étudie au contraire des coupes verticales antéro-
postérieures successives, de dedans en dehors à partir de
la ligne médiane, on observe d'abord sur toutes que l'épi-
blaste contourne comme auparavant le bord postérieur de
l'embryon, et se continue toujours avec une masse cellu-
laire identique sur toutes les coupes, l'hypoblasle secon-
daire. Cet hypoblaste constitue donc la voûle de la cavité
archenlérique dans toute l'étendue de son extrémité
postérieure; il forme, si l'on préfère, la lèvre supérieure du
blaslopore.
Parlons maintenant de la ligne médiane et voyons
comment se comporte cet hypoblaste secondaire en avant :
Sur une ligne médiane (fig. 12) il se continue avec la
corde dorsale.
#gpj
Fig. 12.
Sur la coupe suivante (lig. 13) l'endoblaste apparaît sous
forme d'une mince lamelle cellulaire au-dessous de la corde.
ca.
'End-
'Bjjp.J
Fig. 13.
Plus en dehors encore (voir fig. 14) la corde a disparu et
l'endoblaste lui a succédé; il se continue à son tour en
arrière avec l'hypoblaste secondaire. Le mésoblasle appa-
raît en même temps, mais complètement libre dans l'espace
séparant l'épi blaste de l'endoblaste.
Fig. 14.
Celte disposition ne persiste que sur un petit nombre
de coupes (3 ou A au plus épaisses de !/ioo mill.) et
brusquement la continuité entre l'endoblaste et le méso-
blasle est interrompue, l'endoblasle s'amincit et se ter-
mine en arrière par une extrémité effilée, derrière laquelle
( 413)
le mésobiaste enlier descend pour se continuer avec
l'hypoblasle secondaire (fig. 15).
Fie. 15.
Celle nouvelle disposition se présente sur toute [une
série découpes, puis la limite entre l'endoblaste et l'hypo-
blasle devient moins nette, l'endoblaste reprend plus
d'épaisseur en arrière, ses cellules deviennent prisma-
tiques el s'accolent à la face antéro-inférieure de l'hy-
poblaste au point où il se continue dans la face inférieure
du mésobiaste. Enfin la continuité s'établit entre les deux.
Fie. 16.
Seulement il faut remarquer que les coupes qui présentent
cette dernière disposition passent déjà fort en dehors de
la ligne médiane, n'atleignent plus l'embryon dans leur
partie antérieure et, par conséquent, traversent déjà plutôt
la partie postérieure de la portion extra-embryonnaire du
blastoderme. A leur niveau, en effet, le mésobiaste, peu
étendu d'arrière en avant, constitue la partie postérieure
du disque mésoblastique périphérique, et sur les coupes
les plus externes on constate les faits décrits déjà dans la
première partie de ce travail.
11 est aisé de démontrer qu'aux deux extrémités de
l'embryon les processus qui amènent la formation de la
( 414 )
corde dorsale, du mésoblasle et de l'endoblaste sont au
fond identiques.
Comparons, par exemple, la ligure 8 qui représente
l'extrémité antérieure au niveau de la formation du méso-
blaste à la ligure 15 qui représente celle même formation
en arrière. Dans le premier cas nous voyons le mésoblasle
situé en dehors de l'endoblaste longer ce feuillet de bas en
haut, puis le contourner et passer par-dessus son extré-
mité supérieure effilée pour arriver à former la paroi de
l'archenléron, c'est-à-dire pour se continuer avec l'hypo-
blaste secondaire.
Dans le second cas le mésoblasle est situé au-dessus de
l'endoblaste et passe derrière lui pour se continuer avec
l'hypoblasle qui forme aussi en arrière la voûte de la cavité
archentérique.
Aux deux extrémités de l'embryon nous trouvons donc
Ja voûte de la cavilé archentérique primitivement formée
par l'hypoblasle secondaire, et des deux côtés de la ligne
médiane à une certaine dislance en dehors d'elle, nous
voyons les deux moitiés du mésoblaste émaner d'un point
déterminé de ce feuillet et amener ainsi sa division en
endoblaste et lieu d'origine du mésoblaste (lèvre supé-
rieure du blaslopore en arrière).
En second lieu, pour ce qui regarde la corde dorsale, à
l'extrémité antérieure de l'embryon, c'est assez loin en
arrière vers l'extrémité postérieure de la portion anté-
rieure qu'où la voit se former sur la ligne médiane à la
voûte de la cavilé digestive.
A l'extrémité postérieure de l'embryon, si le processus
est le même, nous allons trouver d'arrière en avant ce que
nous avons rencontré d'avant en arrière à l'extrémité
antérieure. Or, c'est précisément ce qui a lieu et c'esl assez
loin en avant des lieux d'origine du mésoblasle que la
corde dorsale s'isole à la voûte de la cavité digestive.
( 415 )
La différence la plus grande qu'il y ait entre ces deux
extrémités, c'est que, en avant, la voûte de la cavité est
continue sur la ligne médiane et occupe l'intervalle entre
les lieux d'origine du mésoblasle. En arrière, cette voûte
manque dans une grande partie de son étendue, elle est
entamée par l'échancrure médiane que présente le bord
postérieur de l'embryon. Cette échancrure est due à la
présence de la gouttière neurale à la l'ace supérieure, gout-
tière qui contourne le bord postérieur de l'embryon et se
continue au-dessous avec l'hypoblasie de la voûte. En
dedans des lieux d'origine du mésoblasle il ne reste
plus qu'un mince vestige de cette zone médiane de l'hypo-
blasie; il longe les bords de l'échancrure pour se con-
tinuer au fond -avec l'hypoblasie qui forme la voûle en
avant d'elle. Ce sont ces minces lamelles hypoblastiques
qui, en dehors de la corde, établissent la continuité
observée entre l'endoblaste et l'hypoblasie sur les coupes
représentées figure 14.
Conclusions.
1° Le mésoblasle a pour origine des parties du blasto-
derme dans lesquelles existe un mélange de cellules
épiblastiques et hypoblasliques.
Dans toute la partie antérieure du blastoderme le bord
de ce dernier constitue un de ces lieux d'origine.
Dans toute la partie postérieure ce mélange de cellules
amène d'abord la formation d'un feuillet spécial auquel
j'ai donné le nom d'hypoblaste secondaire;
2° La voûte de la cavité archentérique (intestin primitif)
de l'embryon est constituée par cet hypoblasle secondaire
et c'est de ce feuillet spécial qu'émanent la corde dorsale
et les deux feuillets latéraux du mésoblasle. Ces forma-
tions se produisent comme chez l'Amphioxus avec celle
( 416 )
différence cependant que la corde et le mésoblaste ne sont
pas creux et ne présentent pas de diverticules de la cavité
digestive;
5° Une fois formées, ces parties continuent à croître aux
deux extrémités de l'embryon, suivant le même processus.
Cependant ce mode d'accroissement persiste beaucoup
plus longtemps à l'extrémité postérieure;
4° Les premiers vestiges des vaisseaux et du sang
apparaissent dans la partie périphérique de la zone extra-
embryonnaire du blastoderme et cela dans la partie anté-
rieure de ce dernier;
5° Ce sont des îlots sanguins qui ont pour origine les
cellules de l'hypoblaste et bourgeonnent à la surface de ce
dernier. Ils s'engagent dans le mésoblaste et s'isolent
ensuite de la couche qui leur a donné naissance;
6° Les éléments de ces îlots, d'abord tous semblables, se
différencient de façon à constituer des amas de cellules du
sang et la paroi d'une cavité vasculaire qui les contient. Le
tout est enveloppé par les cellules mésoblastiques qui
forment des gaines à ces îlots;
7° Il est essentiel de distinguer nettement l'hypoblaste
secondaire de l'hypoblaste primitif et de l'endoblaste;
8° Dans l'embryon, Yhypoblaste secondaire forme la
voûte de la cavité archenlérique.
L'hypoblaste primitif forme le plancher de cette cavité
en avant.
Le nom d'endoblaste est donné à Yépithélium du tube
digestif, c'est-à-dire à la paroi de ce tube moins la corde
dorsale et la zone d'origine du mésoblaste.
Cet endoblaste est donc formé par l'hypoblaste primitif
et par ce qui reste de l'hypoblaste secondaire, quand le
mésoblaste et la corde dorsale s'en sont séparés.
( 417 )
ceasse des lettres.
Séance du 4 mai 1885.
M. Ch. Piot, directeur, président de l'Académie.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. P.Willems, vice-directeur; Gachard,
P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove,
R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wau-
lers, Ëm. de Laveleye, G. Nypels, Alph. Le Roy, A.Wage-
ner, F. Tielemans, G. Rolin-Jaequemyns, S. Bormans,
Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Hen-
rard, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland,
Alph. Rivier, associés; L. Vanderkindere et A. Henné,
correspondants.
CORRESPONDANCE.
Une lettre du palais du Roi exprime les regrets de Leurs
Majestés le Roi et la Reine de ne pouvoir assister à la
publique du séance 6 mai.
Des regrets semblables sont exprimés par M. le général
Burnell, au nom de LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse
de Flandre.
Zme SÉRIE, TOME IX. 29
( 448 )
MM. De Lantsheere, président de la Chambre des repré-
sentants, le chevalier de Moreau, Ministre de l'Agriculture,
le prince de Caraman Chimay, Ministre des Affaires
étrangères, Vandenpeereboom, Ministre des Chemins de
fer, Postes et Télégraphes, le général Ponlus, Ministre de
la Guerre, et Rommelaere, secrétaire de l'Académie royale
de médecine, remercient pour leurs invitations à la même
solennité.
— M. le Ministre de l'Agriculture envoie, pour la
bibliothèque de l'Académie: 1° le n° 13 des publications
de la Société des bibliophiles anversois : Marques typogra-
phiques des imprimeurs et libraires anversois, recueillies
par le chevalier G. van Havre. Tome Ier; 2° Le Muséon,
revue internationale, tome IV, nos 1 et 2. Janvier et mars
1885. — Remercîments.
— Le même haut fonctionnaire adresse une expédition
des arrêtés royaux décernant : 1° le prix quinquennal de
littérature néerlandaise pour la période de 1880-1884 à
M. J. Van Beers, professeur à l'athénée royal d'Anvers,
pour son ouvrage intitulé: Rijzende Blaren; 2° le prix
triennal de littérature dramatique en langue française
(période de 1882-1884), à M. Laurent de Coninck, avocat
à Saint-Gilles lez-Bruxelles, pour sa comédie intitulée:
La Question d'Occident.
— L'Académie royale des sciences d'Amsterdam envoie
le programme pour 1885 du concours pour le prix de
poésie latine fondé par Hœufft.
— M. l'avocat Dario Bertolini, à Porlogruaro (Vénétie),
envoie une note manuscrite, écrite en italien, sur une
( 419 )
inscription de Magistrat romain de la Gaule belgique, qui
aurait échappé à J. Roulez, dans son Mémoire, imprimé par
l'Académie, sur les Magistrats romains de la Belgique,
tome XVII. — Renvoi à l'examen de MM. Wagener, Wau-
ters et Willems.
— M. V. Bouton adresse un exemplaire de la note
imprimée sur la « fabrication des tomes Ier et III de
l'armoriai du héraut Gelre ».
— La Classe reçoit à titre d'hommage les ouvrages sui-
vants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs :
1° Gazette archéologique, 1885, nos 3 et 4, par J. de
Wilte et R. de Lasleyrie;
2° Le Sénat de la République romaine, par P. Willems :
Appendices du tome l et Registres;
5° Graf Philipp Cobenzl und seine Memoiren, par le
chevalier A. von Arneth, associé de la Classe, à Vienne;
4° Collecçao de Tratados da India, t. VI, par J.-F. Biker,
de Lisbonne;
5° Notes et documents sur les juifs de Belgique sous
l'ancien régime, par Em. Ouverleaux;
6° Grammaire française, par B. van Hollebeke et
0. Merten ;
(Ces deux derniers ouvrages ont été présentés, respec-
tivement, par MM. Alph. Wauters et J. Stecher, avec des
notes bibliographiques qui figurent ci-après);
7° a) La Mythologie comparée et les travaux de Guil-
laume Mannhardt; b) L'origine européenne des Aryas;
c) La nouvelle université orientale d'Angleterre, par J. Van
den Gheyn, S. J. (Présentés par M. Nève.)
( 420 )
Bibliographie.
\° Note lue par M. Stecher :
a J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de MM.Mer-
ten, professeur à l'Université de Gand, et Van Hollebeke,
inspecteur principal honoraire de l'enseignement primaire,
leur Grammaire française à l'usage des athénées, des
collèges et des écoles moyennes.
» Cette œuvre des deux auteurs associés est la refonte
complète d'une autre grammaire publiée par eux en 1870.
Le suffrage de deux conseils de perfectionnement et l'ac-
cueil sympathique des écoles les ont encouragés à profiter
de l'expérience acquise pour réaliser de la façon la plus
sobre et la plus pratique le programme recommandé dans
l'arrêté royal du 11 décembre 1882. MM. Merten et Van
Hollebeke ont donc visé, en quelque sorte, au minimum
de grammaire indispensable, en évitant de toucher aux
problèmes de philologie ou de linguistique. C'est pour
cela, par exemple, qu'ils se sont crus autorisés à omettre
le chapitre de la formation des temps. L'explication natu-
relle et rationnelle ne leur semblait, sans doute, possible
que par le latin, comme on voit dans Mâtzner, dans Bra-
chet et, quelque peu, dans Chassang. »
2° Note lue par M. Alph. Wauters :
« La brochure intitulée : Notes et documents sur les
Juifs de Belgique sous l'ancien régime, par Emile Ouver-
leaux, conservateur adjoint à la Bibliothèque royale de
Bruxelles, a paru dans la Revue des études juives. Elle est
le résultat de longues recherches dans les bibliothèques et
I «I )
les archives et abonde en faits curieux, en renseignements
de tout genre. Elle est écrite avec le plus grand soin et
dans des idées très justes.
L'auteur fait d'abord remarquer le grand nombre de
localités qui rappellent, en Belgique, le séjour des Juifs
dans les temps anciens. Qu'il me soit permis, à ce propos,
de citer un acte qui m'est tombé sous les yeux ce matin
même et où l'on voit qu'à Bruxelles les Juifs n'étaient pas
parqués dans le quartier dit des Escaliers des Juifs et où
se trouvait la synagogue : cet acte, du XIVe siècle, men-
tionne un Abraham Judeas ou le juif habitant rue de la
Fourche (1).
Le chapitre intitulé : Transactions des Juifs nous fait
connaître une obligation contractée, en 1344, par un
habitant du village de Rosières-Notre-Dame envers un
juif de Blaton et au dos de laquelle existe une note en
hébreu. Cette pièce curieuse existe aux Archives du
royaume. Dans le chapitre suivant : Sépultures des Juifs,
l'auteur décrit et explique une pierre tombale provenant
de l'ancien cimetière des Juifs à Tirlemont et datant de
l'année 1255-1256; ce monument, si digne d'intérêt, du
XIIIe siècle, doit se trouver, à l'heure qu'il est, au Musée
des antiquités de la porte de Hal. On sait que les Juifs,
avant l'explosion d'intolérance qui caractérisa le XIVe
siècle, étaient très nombreux à Tirlemont, où ils occu-
pèrent une partie de la ville, à laquelle resta le nom de
Joden casteel ou Château des Juifs.
(1; Domistadum cum domo superstanle, situm in vico dicto Gryp-
strate, in quo quondam commorari consuevit Abraham Judeus. Lettre
échevinale de l'an 1334, dans un Cartulaire de l" église de V hôpital Saint-
Jean, aux Archives de la ville.
( 422 )
Ce que dit M. Ouverleaux des décrets de Joseph H rela-
tifs à l'inhumation des Israélites et de leurs conséquences
est très intéressant. On voit à Bruxelles les décès d'Israé-
lites iigurer dans les derniers registres mortuaires de
Sainte-Gudule ; c'est que « juifs et protestants étaient,
j> aussi bien que les catholiques, transportés au cimetière
» dans le char funèbre de l'église, et même inhumés par
» les soins de l'administration de la paroisse; ils étaient
» soumis, sauf les pauvres, aux mêmes droits de trans-
» port et d'enterrement » (p. 14).
On lira avec non moins d'intérêt tout ce qui est dit
dans le travail de M. Ouverleaux du serment particulier
imposé aux Juifs, des tentatives faites par eux pour s'éta-
blir aux Pays-Bas catholiques, des taxes qui leur étaient
imposées, etc. Signalons notamment ce qui se passa, en
1653 et 1654, lorsque des Juifs offrirent au gouverne-
ment espagnol une somme considérable afin de pouvoir
s'établir librement à Vilvorde. Une commission spéciale,
présidée par l'archevêque de Malines Boonen, fut chargée
d'examiner cette affaire; son avis, remarquable par des
considérations très judicieuses, conclut dans un sens favo-
rable à la requête, mais une lettre impérative du nonce,
dictée par le pape Innocent X et adressée au roi Phi-
lippe IV, mit fin à la négociation.
Comme on le voit par ce rapide exposé, qu'il me serait
facile d'allonger de beaucoup, le travail de M. Ouverleaux
mérite l'attention de tous ceux qui s'occupent de l'étude
de nos'annales. A une époque où la question anti-sémi-
tique s'est éveillée, où l'on a vu, dans des pays qui se
prétendent très éclairés, se reproduire des scènes de sau-
vagerie rappelant les fureurs populaires du XIVe siècle,
on doit savoir gré à notre auteur d'avoir rassemblé, sans
passion et sans partialité, tout ce qui est de nature à
( 423 )
éclairer le passé de la population juive dans notre pays,
passé à propos duquel nous ne possédions que des infor-
mations incomplètes. »
ÉLECTIONS.
La Classe procède, en comité secret, aux élections pour
les places vacantes. Les résultats en seront proclamés
dans la séance publique.
M. Faider est réélu, par acclamation, délégué de la
Classe auprès de la commission administrative pour
l'année 1885-1886.
CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE (1885).
Deux mémoires, écrits en flamand, ont été reçus en
réponse à la troisième question :
On demande une étude sur l'application des règles de
la métrique grecque et latine à la poésie néerlandaise.
De schrijver voege er bij eene keur van verscheidenheid
in voorbeelden, aan net laalste taaleigen ontlèend, mits-
gaders eene criliek der bibliographische werken, hande-
lende over den nederlandscb-metrischen versbouw.
Le premier porte pour devise : Musica est scientia bene
movendi (S. Augustin).
Le second : Sine labor...
Rapport de St. J . JVolet de ttrautcere ran Steeland,
premier commissaire .
Van de prijsvragen, voor den jare 1885 uitgeschreven
door de Klasse der letteren onzer Koninklijke Académie,
zijn twee verhandelingen ingekomen als antwoord op het
volgend vereischte :
( 424 )
« Eene studie over de loepassing van fiel grieksche en
latijnsche melrum op de nederlandsche poëzij.
De schrijver voege er bij eene keur van verseheidenheid
in voorbeelden aan het laatste taaleigen ontleend, mits-
gaders eene critiek der bibliographische werken, hande-
lende over den nederlandsch-metrischen versbouw. »
Eene dier verhandelingen, tôt kenspreuk voerende :
Musica est scientia bene movendi, een gezegde aan den
H. Auguslinus ontleend, is volgendervvijze ingedeeld :
Voorbericht.
Eerste hoofdstuk : Inleiding. — Rhythmus.
Tweede hoofdstuk : Toon en klemloon. — I.Wijsgeerige
grond onzer spraakmeting. — IL Muzikale gronden. —
III. iEstethische gronden onzer metriek.
Derde hoofdstuk :Griekscheen nederlandsche versmaten.
Vierde hoofdstuk : De grieksche versmaten in 't neder-
landsch.
Vijfde hoofdstuk : Bloemlezing en besluit. (Dit laatste
hoofdstuk ontbreekt.)
De andere verhandeling, met kenspreuk : Sine labor...,
werd door den schrijver ingedeeld als volgt :
Eerste deel. — Inleiding.
Eerste hoofdstuk : Over de grieksche en latijnsche me-
triek in het algemeen. Hare gelijkheid met de moderne
muziek.
Tweede hoofdstuk : Over de antieke verzen. — Vers-
voelen. — Csesuur. — Verslid (kôlon). — Vers (metron).
— Anakrasis, basis. — Stichische metra. — Systematische
metra. — Strophe, anlistrophe. — Epode.
I. Over de antieke verzen. — IL Nadere beschouwing
( *23 )
der stichische melra. Korte vergelijking tusschen de
grieksche en romeinsche toopassing derzelfde metra. —
III. Nadere beschouwing der systemalische metra. Korte
vergelijking tusschen de grieksche en romeinsche toepas-
sing derzelfde metra. — IV. Vergelijking der syslema's
en strophen met de hedendaagsche rhythmiek der muziek.
— Waarde en uitwerksel der caesuur; waarde der syllabe
anceps.
TWEEDE DEEL.
Eerste hoofdstuk : Over de prosodie der aanverwante
talen van 't Noorden en inzonderheid van het neder-
landsch. — Vergelijking dezer prosodie met die der
antieken.
Tweede hoofdstuk : Kort overzicht der geschiedenis van
den melrisehen versbouw.
De opsomming van deze inhoudtafelsdoetklaarblijkelijk
nitkomen welke grondvesten aan beide schrijvers dienden
tôt den opbouw van bun werk. Bij den eersten is het de
rhythmiek; bij den tweeden de metriek, en zulks was dan
ook het natuurlijk aangewezen uilgangspunt. Bij laatst-
genoemden is van rhythmiek eerst sprake aan het einde
van hoofdstuk II der eerste afdeeling. Hij verloordan ook
het gekende sequitur et consequitur niel uit het oog, waar
de rhythmus toch een gevolg, een uitvloeisel van het
metrum is, en niet omgekeerd, zooals de eerste concurrent
het op bladz. 15 beweert.
't Zij mij vergund beide mededingers À en B te heeten,
in rangschikking vol gens beider inhoudsopgaven.
De bespiegelende inleiding van A, betrekkelijk de rhyth-
miek, is zeer uiteenloopend — zij hoslaat vast elf folio-
bladzijden — en rolt veelmoer ove^ de beteekenis welke.
( 426 )
door den schrijver, aan dit woord geheclu wordl, dan over
de zaak zelve. De definitie : Rhythmus is het uitvloeisel
der tonen (in spraak en muziek), is even onduidelijk en
onbepaald als de dissertalie zelve. Na de gansch nutteloos
vooruilgezetle magtspreuk : Aile vers is melrisch en aile
mêler is rhythmisch, valt de schrijver Dautzenberg aan,
wegens het door dezen gemaakt onderscheid tusschen
metrum en rhythmus. Klaarblijkelijk vvilde Dautzenberg
door rhythmus de rhythmische beweging eener syllaben-
reeks; door metrum, het gelai, de schikking en waarde der
syllaben beduiden, evenals Van Dnyse e. a.
Bladz. 15 beweerl schrijver dat het metrum uit den
rhythmus voorlvloeit. Beter ware gezegd dat uit het me-
trum van een vers de rhythmische gang van zulk vers
ontstaat. Men moel niet met woorden schcrmen.Voorzeker
heeft aile versvoet eenen rhythmus, en wordl derhalve
een metrum zamengesleld uit rhythmen ; dat éditer is de
eigenlijke zaak niet : wèl spreekt men van den rhyllimus
van een vers; niet van de rhythmen der afzonderlijke
versvoeten. Als Dautzenberg (1)zegt : « Eene reeks lange
en korte sylben noemt men, afgezien van de door hefïing
en daling bewerkle kunstmalige geledering, een metrum
of versmaat », dan besluit hier schrijver A dat ailes vval
men zegl of schrijft eene versmaat is, en wil de beieekenis
van 't woord rhythmus, zooals Dautzenberg dit opvat,
volstrekt maar niet verstaan.
Zelfs weigert A aan te nemen het bestaan der hexa-
meters uit voeten van gelijken rhythmus. De ,
— - - , — - , enz. (?) zijn, volgens hem, verschillend van
(1) J.-M. Dai 'zenberg, Beknopte prosodia der nederduitsche tant, hl.4.
( 427 )
rhythmus; wat hem niet belet (bladz. 74) le spreken van
het lezen der verzen volgens de accenten, den rhythmus
of de natuurlijke maat en (bladz. 80) — schoon ten
onregte — eene menigte slijgende spondaeën af le keuren,
omdal zij legen hel accent zondigen; dus legen den rhyth-
mus àerhexameters,wiervoelen verschillendvan rhythmus
zijn (?). Dit heet verwarring lusschen woord- en vers-
voeten (bladz. 54).
Wat nu het bewijs belreft van 't bestaan des rhythmus,
zulk bewijs is volstrekt overbodig ; en wat aangaat het
bestrijden der onderscheidende benamingen van rhyth-
mische en metrische verzen : dit is niet slechls ondoel-
matig, maar zelfs verkeerd ; evenzoo het afkeurcn der
benaming accentverzen, door J.-A. van Droogenbroeck in
zijn Overzicht gebruikt (1). Wat deze door accentverzen
verstaat, is dââr klaar te zien. Dââr toch staat nergonsdal
hij de, in de nota op bladz. 59 van A's verhandeling aan-
gehaalde verzen, afkeurt; — inlegendeel! — want ze zijn
door dezen dichler geschreven in diens bundel Zonne-
stralen (2).
Mededinger A rept niet van 't onderscheid lusschen
qualiteit en quantiteit der syllaben; maar vergenoegt zich
De Geyter's gezegde te benamen: « De prosodie onzer taal
kan niets anders wezen dan de leer der quantiteit »; eene
magtspreuk, neêrkomend op : « De prosodie of sylbenme-
ting kan niets anders zijn dan de leer der syîbenmeting ».
Voorwaar eene hoogst diepzinnige verklaring! (Zie Minck-
vvitz, Lehrbuch der deutschen Verskunst, p. 1, § I.)
(1) Afgemeen overzicht der in het vederlandsch mogelijke versmaten,
bladz. 4.
(2i J.-A. Va;»; Droogenbroeck, Dit zijn Zonnestralen, 2e uilgave,
bladz. !0I : De Brand.
( 428 )
B daarentegen, schrijver der verhandeling Sine labor...,
heeft, zontler de minste wijsgeerige bespiegeling , maar
flink doortastend, al dusdanig gehaspel kort en goed ont-
ward, op bladz. 54, IIe deel.
In zijn tweede hoofdstuk handelt A over taon en klem-
toon. Hier vvordt vvederom vcel bespiegeld, met grooten
omhaal van woorden en nultelooze uilleggingen. Ten
bewijze dat het accent eene syllabe quanlileit bijzet, — wat
onwaar is! — beweert hij dat de klemtoon opdesyllaben
langer doet stil liouden en ze langeren dunr geeft (bl 17).
Hij schijnt het woord qualiteit niet te willen; hier althans
niet. Uit zijne redenering zon volgen dat eene korte sylbe
door het accent lang wordt; b. v. in wanhopig ware wan
kort, doch in wanhoop wierde zij lot ivaan verlengd. Dit
tweede hoofdstuk, met al zijn icijsgeerige, muziekale en
œsthelische gronden , strekt alléén ten bewijze dat er
klemtoon bestaat en op welke deelen der woorden die
valt... In zijn Voorbericht rekende A het ongepast een
leesboek over metiïek te schrijven : hier echter weidl hij
over klemtoon uit, iets dat zelfs niet hoeft aangeroerd,
tenzij juist in eene prosodie!
B handelde wijzer le dien opzichte. In diens sludie komen
geene gerekle uilweidingen voor : zôô slreng en beknopt
mogelijk houdl hij zich op practisch lerrein. Zelfs in zijne
lnleiding verklaart hij zich opzeltelijk te hebben onl-
houden van het noodeloos betvvisten en afbreken van
vroeger vooruilgezetle regels en systemen, thans reeds
der vergelelheid prijs gegeven of die eerlang in 't vergeet-
boek zullen raken.
A houdt zich verder onledig met het betwisten der bewe-
ring « dat er geen pyrrichisch woord in 'l nederlandsch
bestaat »; iets wat B eenvoudig aanneemt, zonder daaraan
( 4-29 )
veel belang le hechlen ; zich bepalcnd bij de opmerking
dat « de poëtische laal bel gebruik verbiedl van woorden,
wier onbeslemdbeid en onbeduidendbcid lot zells in bunne
onzekere sylbenwaarde doorslraall ». (2e deel, bl. 41.)
A irekl nu andermaal le velde legen het onderscheid
lusschen rhythmische en me Irise fie verzen. Schijnl bem
zulk ondersebeid een doorn in 'l oog, bel belel hem ecbter
niet al dadelijk eene hoogsl bespiegelende vergelijking le
maken tusschen hel Nevelingenvers en den hexameler ;
daarbij gewagende van zes slagen,heffingen, met of zonder
tusschenplaatsing van loonlooze sylben. Dichter J. Van
Droogenbroeck handelde evenzoo op bladz. 6 van zijn
booger aangehaald Overzicht; nemende Lachmanns
beschouwingen tôt grondslag van zijn slelsel. In 1874
kon dit niet anders. Thans ecbter, nu Werner Bahn zijn
boek over hel Nevelingenlied in het liebt zond (1), is
Lachmann's slelsel in de schaduw gesteld. Ware Habn
aan A bekend geweest, hij hadde ingezien datzijne verge-
lijking geene reden van beslaan had. Reeds in zijne Ein-
leitung breekl Habn 'i systeem van Lachmann al.
In zijn derde iioofdstuk bespreekt A de geschiedenis
der metrische oniwikkeling bij de Grieken. 'l Verbaal
daarvan is voorzeker merkvvaardig, doch... aan Gevaert's
Histoire et théorie de la musique de f antiquité ontleend.
't Zij hier aangemerkt dat mededinger B dit werk niet
aanhaalt, zich bepalende de verschillende schema's door
muzieknoten aan te geven. Deze noteering versebilt met
die van Gevaert, daar hij zich niet Cens bedienl van ver-
lengde noten; maar zich slreng houdt aan een tweeledig
(1) Werner Hahn, Das Niebelungenlied. Stuttgart. \V. Speinaun.
( 430 )
stelsel : zich behelpentle met maatvvisselingen, orgelpunten
en tijdteekens. — Hij doet zulks, devvijl, zijns oordeels, de
rhythmiek der moderne muziek niet geheel en al met de
rhytlimiek der antieken overeensteml. De uitlegging vvelke
B geeft van hetverschijnsel van beklemtoondefcor/esylben,
en dezer plaatsing op hooger betoonde korte noten, is in
elk geval aanneembaar, al onlbreekt hier het bewijs dat
zulks wel inderdaad bij de antieken zoo bestond.
Van het door M. Millier vooruilgezet princiep dat bij
de antieken het accent zooveel mogelijk tegen de quan-
titeit wordt gesteld en aïs eene schoonheid van 't vers
gold, dâàrvan houdt A al zeer weinig rekening. Vast
daarom keurt hij de stijgende spondϑn, als vervanging
der dactylen, in nederlandsche verzen af.
B daarentegen schreef eene bijzondere studie over dit
verschijnsel, om, van daar uit, op het accent in de neder-
landsche taal te vvijzen.
A vergelijkt grieksche en nederlandsche maten : deze
laatsten gekozen onder gevvone verzen, volgens het accent
gebouwd, en waarin dus van quantiteit of qualiteit weinig
rekening wordt gehouden, lenzij voor de rhylhmische
vers-beweging; en alleenlijk voor den iambischen trimeter,
die, naar 't voorbeeld van Vondel, nu en dan m het
alexandrijn voorkomt.
Vervolgens neemt A eenige liederschema's op, door
andere nederlandsche dichters gebruikt, zonder éditer de
antieken daarbij te noemen. Hij haalt nogmaals Van Droo-
t/enbroeck's Overzicht aan ; doch wacht zich wel van diens
méthode te reppen, gebruikt ter voorslelling dier schemata
(bladz. 28 en vlgg. van 't Overzicht).
A rigt verder op een nieuvv zijne lans tegen eenen wind-
molen : het dichten op fransche rnaat. Hij maakt zich de
C 431 )
gelegenheid te nul om Crétry tôt voorbeeld te stellen; hij
die, even als al de muziekdichters in zijnen lijd, van de
eischen der fransche taal weinig nolitie nam. Reeds
vroeger (bl. 6) viel hij de fransche verzen, als ondingen,
aan. 't Zal echler wel niet noodig zijn te bevvijzen dat een
goed fransch vers ook zijne vereischten heeft en derhalve
zeer harmonieus klinkt; alsmede dat thans vêle fransche
toonzetlers bêler dan vroeger le werk gaan.
Te dieu opzigte moge 't verwonderen dat A de fransch-
rhythmische gedichten van André Van Hasselt niet kende
of niet wikle bespreken (1). Deze, metrisch en rhythmisch
onberispelijk, vormen een boekwerk van 258 bladzijden
en zijn in zeven al'deelingen systematisch gevat. Velen
daarvan werden als zangstukken getoonzet; maar daaren-
boven herschiep Van Hasselt de woorden van een tiental
duitsche en italiaansche opéras, waarvan die nieuwe tekst,
op de reeds beslaande muziek rhythmisch toegepast, door
de fransche tooneelzangers gretig werd onlvangen. Zulk
een ommekeer in de door A geheeten ondingen, was voor-
zeker der vermelding overvvaard; maar hoe dan eene lans
gebroken tegen het dichten op fransche maat?
In A's verhandeling is eene groote leemte ontstaan :
volstrekle afwezigheid van aanduidingen en opmerkingen
over de csesuur en hare uitwerksels. Deze zijn echter B
niet onlgaan. Met zorgelijke nauwgezetheid teekent hij de
csesuur lelkens aan, en roept de aandachl op de verande-
ring van beiveging die er uit ontstaat.
Iets waarlijk verbazends is de aanhaling waarmede dit
hoofdstuk eindigt. A zegt aldaar : « En eindelijk mogen
(1) OEuvres de André Van Hasselt, Poésies. 5e vol. Les études rhyth-
tniques. Bruxelles, 1876.
( 432 )
wij met Van Droogenbroeck besluilen : « Van de accent-
verzen [lees : de germaansche, dielsche, nederlandsche] loi
de melrische [lees : de grieksche] verzen, is inaar éénen
slap le doen ». Q. E. 1).
Bij Van Droogenbroeck luidl dilgeheel anders en vervalt
A's démons trandum lolaal : « Van de accentverzen lot de
metrische verzen is maar één slap te doen : even als de
eersten, beslaan de melrische verzen uit ongelijkaardige
voeten; maar wat bij de accentverzen gansch vrij is, wordt
in de metrische verzen slreng bepaald : de reeks voeten
is maal of schéma gevvorden en duldt in de vormen geene
willekeur. » (Overzicht, bl. 9.)
A handelt in zijn vierde hoofdstuk over de grieksche
versmaten in '* nederlandsch. Hier geeft hij verscheidene
nntlige wenken over den versbouw, voor zooveel men
geen klaar begrip hebbe van nederlandsche prosodie;
allhans zoo als B die regelde. A's be- en veroordeeling
van siechte hexamelers is alvvederom uiterst langgerekt.
B steekt hem hierin de loef af. Deze bevvijst dadelijk
door bel scandeeren der versmaten, eenvoudig-vveg en
zonder meer; eenvoudig omdat hij van een vast grond-
beginsel uilgaat.
A raakt nu spoedig aan het tvvisten met Hesselink,
Kinker, enz.; doch vindt de reden niet waarom bij de
antieken accent en quantileit in hunnen versbouw ver-
schillen.
Voor wat dit laalsle belrefl, zegl B kort en goed :
omdat bij de ouden het accent zoo sterk niet was als bij
ons, en derhalve de quanti teit niet overheerschle.
Eindelijk komen A en B in voile tegenspraak : wat de
eerste aanziet als eene fout, roeml juist de tweede als
schoonheid: namelijk het vervangen van daclylen door
( 435 )
rijzende spondϑn. Maar de duilsche meester der meiriek,
Minckwitz (1), beslisl als 't ware ten voordeele van B, die
er dan ook nog op vvijsl hoe in het nederlandsch 't accent
min gevveldig wordt uilgebragt dan in hel duitsch; en hoe
de verwisseling vvaarvan hier sprake — rijzende spondaeè'n
voor dactylen — gelukkige verscheidenheid, als schilde-
ring, in den hexameter le vveeg brengl. Hij vergeet te
zeggen dat aldus 66k de nederlandsche hexameter digt-
erbij den griekschen komt.
Een vijfde hoofdstuk is bij A in de pen gebleven.
Tijdgebrek belettede hem daarin eene bloemlezing uil
onze besle metrisch-rhijlhmische dichters te geven. Derge-
lijke bloemlezing werd echter niel als vereischte door de
prijsvraag gesleld ; wèl de « critische aanmerkingen over
de prosodieën welke in België bestaan » en die mede
onaangeroerd bleven. A had het druk genoeg met Kinker
te bestrijden, in 't lang en breed.
B, daarenlegen,zegtalléén belrekkelijk Kinker (bl. 55) :
« Kinker schreef eene prosodie, die door de hollandsche
Maalschappij van fraaie kunslen en wetenschappen be-
kroond werd; doch hij sehreef daarbij en lot bewijs der
deugdelijkheid van zijn slelsel, zulke slechte hexameters
dat hij hierdoor zijn eigen werk al'brak ».
Aan eenige leemlen onlbreekl het B mede niet. Zoo
moge het bevreemden dat hij, sedert Heyse, niet één' der
gezagvoerende duilsche prosudisten, als Dôring, Edlek,
Feldbausch, Minckwitz, Westphal, e. a., genoemd hebbe.
Een werk vooral, dat om zijne zonderlinge en duislere
vermenging van muziek, rhi/thmus en accent B welligt
(1) Dr Joh. Miisckwitz, Lehrbuch der deutschen Verskunst, 5e Auil.
1803, § 49.
3me SÉRIE, TOME IX. 30
( 454 )
afschrikte, namelijk dat van Koorda, mogt evenwel niet
onbeoordeeld zijn gebleven (1).
Ook in B's IIe deel, 2e hoofdstuk : « Kort overzichl der
geschiedenis van den metrischen versbouvv », zoo be-
knopt, zakelijk en critisch van inhond, zijn enkele leemten
te vinden, betrekkelijk hen die metrische verzen dichtten
of althans het meenden te doen. Noemen wij slechls
Dorn-Seiffen : Vertalingen en Rhythmica doctrina; Da
Costa : Hesperiden; Hendricrx : Don Juan; Willems :
De Heiland en Herman en Dorolhea; eindelijk het ver-
schrikkelijk monsteracblig metrisch sluk van Hofdijk : In
H hurle van Java.
Ook ware het wenschelijk geweest dat hij, in het Ie deel,
2e hoofdstuk, de aangegeven schemata door een neder-
landsch voorbeeld hadde opgehelderd, zoo als Van Droo-
genbroeck zulks deed in zijn « Overzichl ».
Van enkele opzettelijke leemten geeft B in zijne « Inlei-
ding » voldoende rekenschap. Hij zegt aldaar : « In deze
prosodia is ook een regel vooruitgezel, die in ééns aile
moeilijkheden en onnatuurlijke metingen der syllaben
wegruimt en tevens onze metriek eenen slap verder bij
de antieken brengt » namelijk aan onze dichtknnst-
beoefenaars te doen verslaan dat de letlergrepen niets
van hunne natuur verliezen mogen, wanneer zij in de
rhythmische geledingen der verzen geplaatst zijn : de
maatbeweging kan en mag geenszins eene syllabe kort of
lang maken; de maatbeweging moet ontstaan uit de na-
tuurlijk korte of lange syllaben, en het gehalle der syl-
laben niet uit de maatbeweging. Wringen de dichters
(1) F. Roorda, Over dichtmaat, versmaal en versbouw, inzonderheid
in de hollandsche, duilsche, fransche, grieksche en romeinsche, arabische
en oud-indische poëzie. 1 865.
( 45a )
lange sylfaben in de plaats van korte, of stellen zij korte
waar lange inoeten slaan, dan worden hunne verzen min
weîluidend dan gewoon proza. »
Deze stelling ontsloeg dan ook B van hel critisch onder-
zoek der vroegere prosodische werken van eenen Hesse-
L1NK, KlNKER, V'AN ALPHEN, DaUTZENBERG, HeREMANS,
Van Ddysr, enz. Wnarom nog gaan onderzoeken en
belwislen wât dnor bovengemeld beginsel gansch is
Iteslist?
« De kleine en zeldzame uitzonderingen zullen door
het werk van talentvolle dichters vanzelf vastgesteld
worden; want hel gaat hier gelijk met aile kunsten : de
heoelëning volgens weinige, maar gezonde grondregels.
brengt meer vooruitgang dan eene gansche bibliotheek
technisehe werken. » Die weinige, maar gezonde grond-
regels, uilmuntend door heldere beknoptheid, heeft B dan
ook klaar niteengezet.
Besluit.
Wij zijn het overzigt en de beoordeeling beider Verhan-
delingen ten einde genaderd. Onwillekenrig rijst hier de
vraag welk doel onze Klasse beoogde bij hel uilschrijven
harer prijsvraag. Voorzeker niel zelve noodeloos toege-
lichl te worden in nederlandseh-metrischen versbouw,
geschoeid op de leest der zuiver grieksche of graaco-
latijnsche metriek; maar veeleer met het prijzenswaardig
doel om deze classieke dichltrant, met zijne veelvuldige
schemata, den nederlandsche zangers in iNoord en Zuid,
meer toegankelijk, meer dienslbaar te maken, en alzoo
mede te werken lot de kennis en verspreiding dezer
hoogst zangerige sylbenmeting, zoo vol van sierlijke ver-
scheidenheid.
; 456 )
In Vlaauiscli-Belgiè' haddcn, sinds Dauizonberg's me-
trische voorschriften, reeds enkele diehters zich, met goed
gevolg zoo al niet met gansch onberispelijke volmaaklheid.
op metro-rhythmiek toegelegd. In Holland daarenlegen,
— C. Vosmaer lofï'elijk uitgezonderd, — heeft Kinker's
lijvig-ingewïkkelde Verhandeling, en méér nog diens zoo-
genoemde metrisch horlende en stootende hexameters,
legen 't door hem geprezen dichlgenre sclirik en alkeer
ingeboezemd. Dit gaat zoo verre dat, nog heden — onbe-
kend maakt onbemind ! — zelfs vêle geleerden onder onzo
Noorderbroeders den van rijm ontblooten metriscben
versbouw eenvoudig voor proza aanzien.
Laatstgenoemden uit hunne dwaling te wekken; tevens
anderen, met de bumaniora minder vertroinvd, bel op
onze dicbtkunst toegepaste stelsel der anlieken , doel-
matig beknopt, maar ook klaar en leerrijk, genietbaar
voor te dragen ; zoodoende bet verwikkeld benevelde van
vroegere stelsels en daaruilvloeijende misvonnde voor-
beelden, op te helderen ; lusl en bekwaambeid tôt zeli-
beoelening eener gezonde sylbenmeling op le wekken :
vvelke beider ons onderworpen Verhandelingen beanl-
woordt aan die vereiscblen?
Voorzeker niet die van A, waarvan de zwakke zijde
vooral in diens min goedgekozen uitgangspunt doorslraall.
Vandaar voor hem dat onmogelijke, niet om le beweren,
maar om te bewijzen dat onze metriek op dezelfde gronden
als de grieksche berust. Hij vermeidt zicb in niilteloos
gerekte bespiegelingen en uitweidingen ; in overvloedig
aanbalen van scbrijvers; in belvvistingen van kleinigheden;
verdiepl zich in eene ongelukkige poging om accent- en
rhylhmische verzen met metrische te versmelten ; in de
poging tôt vergelijking ûeshejameters met bel Nevelingen-
vers, 't geen sinds de uitgave van W. Hahn's Nevelingen-
( 457 )
studie onmogelijk werd. Hij geelï niel ééne caesnur aan
hij de aangehaalde citaten, gewaagt niet \an de syllahe-
anceps, enz., enz.
Volirens grammaticale vereischten laat de laal niels te
wenschen over; maar «le slijl is ingewikkeld en bezwaard
met het eigendunkelijk pedanlisme, dat schoolmeeslers-
opgeschioeidheid kenmerkt. Als een staaltje van poëti-
sclien hombasl zie men liladzijde 23, waar eene leedere
maagd deerlijk wordl mishandeld en de gezonde reden
niet minder. Ook hier hadde Molière gezegd : « Il y a trop
de tintamarre là-dedans, trop de brouillamini »; en de
oningewijde, wien al dal langgerekle lot handleiding
moesl dienen, zou A's Verhandeling naast die van Kinker
geeuwend ter zijde leggen.
't Moge verwonderen dat A, met de kerkvadeis zôôzeer
bekend, dat hij aan den H. Angustinus zijne kenspreuk
onlleende, ook betrekkelijk zijnen slijl zich het volgende
van Thomas a Kempis niet herinnerde : « Ik onderwijs
zonder vvoordenkramerij, zonder geharrewar van gevoe-
lens, zonder praalverloon van eergierigheid, zonder strijd
van redetvvist (I) ».
B daarentegen mag gerust bel gezegde van onzen oud-
landgenoot, Thomas van Kempen,op zijnen stijl toepassen;
misschien vvat spartaansch beknopt, maar daarom jnist te
bêler verstaanbaar. Zonder omzvvaai van maglspreuken,
holle volzinnen of gerekte nitweidingen ; wars van noo-
delooze be»piegelingen, die men tôt in 't oneindige kon
uitbreiden : maar zich noglans, waar 't past, bondigen
uilleg veroorloovend, houdl hij zich bestendig op practisch
(\) De Imitatione Christi, lib. III, cap. 43, § 5 : « Ego doceo sine
str^pitu verborum, sine confusione opinionum, sine faslu honoris, sine
pugnatione argumentorum ».
( 458 )
terrein. Hel geleidelijke zijner méthode slraalt door, bij
de inhoudsopgavezijuer Verhandeling op de eerste bladzij
van dil verslag. Hij leeraarl zakelijk, toegangbaar en
begrijpelijk voor die velen onzer jeugdige dichiers, aan
wie de kennis der antieken, in dier oorspronkelijk laal-
eigen, verholen bleef.
Dat B zelf met de laal der ouden bekend is, getuigen
zijne aanhaling uil Horatins, bladz. 18, daar zoo jnisl
aangebragt; diens opgegevene mêtra, bladz. 20 en vol-
gende; maar vooral het feilloos scandeeren van enkele
Horatiaansche brokslnkken, bladzz. 28, 29 en 31. De ken-
spreuk zijner Verbandeling : Sine labor..., mag men gerust
als een (apsus calami bescbouvven.
Zijn beide Verhandelingen belangwekkend, en gelui-
gende van ernslige inspanning, zoo moet evenwel bel
werk van A voor dat van B wijken Hel laalsle munt uil
door klaarhcid en practiscben geest. De strekking, om
door de beoefening der metriek de nederlandsche poëzij
zoo zoetluidend en lijn mogelijk te maken, slraalt er
overal in door : en dit is wel hel doel van metrische
beoefening. Deze praclische geest heerscht mede in de
vergelijking der metra; in die der bewerking door de
Lalijnen van de grieksche vormen; in de rijke lijst der
woord- en versvoeten; in de aanmerkingen en notas; aller-
iaaisl nog in het beoordeelend overzigt der metrische
verzen, die de schrijver op soins zeer scherpe vvijze
afkeurl.
Volgens mijne bescheiden meeningslel ik aan de Klasse
voor, de Verhandeling : Sine labor[e\... met de gouden
medalie te bekroonen; den schrijver veroorlovend, onder
toezigt van een' der Heeren Commissarissen , de gegeven
melrische schemata, naar 't voorgaan van Van Droogen-
broeck, met nederlandsche voorbeelden op te helderen ».
( 459 ;
tlappot'l de M, il 'illeimt, deuxième coutmi**aire.
« Ons goacht Medelid, de Heer Nolet <le Branvvere van
Steeland, geeft ecne zoo volledige ontleding der tvvee inge-
zondcn verhandelingen dat hel mij niet noodig schijnt er
op weêr le komen. Ik sluit mij insgelijks aan bij de alge-
meene beoordeeling van M. Nolel over de twee verhande-
lingen, en bij zijn besluit.
Dit wil niel zoggen dat ik de meening bijtreed volgens
vvelke de griekscbe melriek op onze tegenwoordigc neder-
landsche taal loepasselijk is. Volgens mijn gevoelen was de
griekscbe rylhmiek, alléén door de metriek, dat is, door de
sylbenmeling bebeerschl, en heeft hel griekscbe accent
(dat van onzen nederlandschen klemtoon in vvezen zeer
verscbillend schijnt geweest te zijn) waarschijnlijk op de
mélodie invloed gehad, maar hel had met de rylhmiek in
't geheel of ten deele niets te doen. Onze leyemuoordige
nederlandsche taal daarenlegen is geheel door den klem-
toon bebeerschl, en deze klemtoon is zonder de minsle
betrekking met de tijdmaal, met hel verkorle of gerekte
uitspreken der sylben. Maar al le vaak wordt bij ons vol-
komen of onvolkomen klank der klinkers verward met
lengte en kortheid der sylben. In andere woorden, indien
de metrische rylhmiek past aan de natnur der oude klas-
sieke lalen, schijnl mij de naluur onzer tegenwoordige
nederlandsche taal alléén «cce»Mythmiek le dulden. Doch
hel geldt hier niet het princiep te bespivken, maar le
beslissen over de betrekkelijke waarde der verhandelingen,
die op de gestelde vraag zijn ingezonden. En, ondrr dit
opzicht, schijnl mij de verhandeling B (Sine labor...) verre
de andere le overtreffen; en hoevvel ik betreur het nitmun-
tend werk van Gevaert over de oude muziek er niet één-
maal aangehaald te zien, acbt ik nochtans met M. Nolet de
( 440 )
verhandeling B alleszins waard met de goude médaille
hekroond te worden. »
« Uvve derde commissaris sluit zich insgelijks aan bij het
algemeen oordeel van den Heer Nolet de Brauwere van
Steeland, alhoewel hij deszelfs kriliek van de in aile geval
verdienstelijke en stellig zeer goed geschrevene verhande-
ling A als te scherp aanziet.
Hij meent ook met den heer Willems le moeten belreu-
ren dat de schrijver der verhandeling B het voorlreffelijk
werk van Gevaert over de oudc muziek stehelmalig over
het hoofd heeft gezien : men kan immers niel veronder-
slellen dat dit werk hem zou onbekend gehleven zijn.
Dat syslematischdoodzwijgen vaneen der uilmunlendsle
gewrochlen onzer vaderlandsche litteratuur is niet alleen
betreurenswaardig, maar zelfs eenigzins belachelijk. Ove-
rigens, indiende schrijver het werk van Gevaert had willen
raadplegen, zoude hij niet in de grove dwaling vervallen
zijn het accent der oude lalen gelijk le stellen met de
toonverhefïing in de muziek. Wat Gevaert daaromtrent
zegl in zijn tweede deel, bladzijde 99, is doorslaande.
Ook wat den rhylhmus betreft en deszelfs verhouding
lot bel melrum, zou de schrijver der verhandeling B zich
veel holdere begrippen gevormd hebben indien hij het werk
van Gevaert bestudeerd had. »
Comme suite aux conclusions favorables de ces trois
rapports, la Classe procède à l'ouverture du billet cacheté
qui accompagne le mémoire n° 2 : M. J. Van Drogen-
broeck, premier commis au Ministère de l'Agriculture,
est proclamé lauréat.
i 441 )
Séance publique du 6 mai 1885.
M. Ch. Piot, directeur, président de l'Académie.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Willems, vice-directeur; Gachard,
P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove,
R. Chalon, Th. Juste, Ëm. de Laveleye, G. Nypels, Alph.
Le Roy, A.Wagener, F. Tielemans, S. Bormans, Ch. Pot-
vin, J. Slecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard,
membres; J. Nolet de Brauwere van Sleenland, Alph.
Rivier, associés; et Gustave Frédérix, correspondant.
Assistent à la séance :
Classe des sciences : MM. Éd. Mailly, vice-directeur ;
J.-S. Stas, L de Koninck, P.-J. Van Beneden, le baron
Edm. de Selys Longchamps, Gluge, Melsens, G. Dewalque,
E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden,
C. Malaise, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke,
G. Van der Mensbrugghe, membres; et A. Renard, corres-
pondant.
Classe des beaux-arts : MM. Pauli, directeur; L. Alvin,
vice-directeur; Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, le
chevalier L. de Burbure, F.-A. Gevaért, Ad. Samuel, Jos.
Schadde, Jos. Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gust.
Biot, H. Hymans, membres; le chevalier X. van Elewyck
et Edm. Marchai, correspondants.
v 442 ,
Après avoir déclaré la séance ouverte, M. Piot donne
lecture du discours suivant :
La conservation des archives et leur importance au point
de vue de la critique historique.
Il y a différentes manières d'écrire l'histoire. Certains
auteurs se contentent de copier ou de compiler les écrits
de leurs prédécesseurs, sans examen ni critique. Il en est
d'autres qui font la critique des faits, basant uniquement
leurs discussions sur la probabilité ou même sur la simple
possibilité des événements. Une troisième catégorie d'his-
toriens comparent les récits aux données fournies par des
documents authentiques: ils consultent soigneusement les
archives, véritables titres des nations, aussi incontestables
que les actes destinés à établir les droits des particuliers.
Cette dernière méthode est certainement la plus diffi-
cile, mais aussi la meilleure et la plus sûre, pourvu que la
bonne foi préside aux recherches de l'écrivain.
On comprend dès lors combien les nations, les souve-
rains, les corporations et même les particuliers ont de tout
temps pris à cœur la conservation de leurs titres. Celte
conservation devient, chaque jour, de plus en plus, une
nécessité d'ordre social. Je lâcherai de l'établir.
A propos de la conservation des archives, il importe de
faire remarquer qu'elles sont particulièrement bien gar-
dées chez les nations soumises au régime théocratique.
C'est le cas le plus ordinaire pour les peuples civilisés de
l'antiquité : l'explication de ce fait est facile à comprendre.
Tant qu'il n'y eut pas de séparation entre le pouvoir civil
et le pouvoir religieux, les prêtres soumis au chef de l'État
( 445 )
ou appelés à le diriger prenaient naturellement une part
active au gouvernement. Le plus souvent ils étaient les
seuls lettrés, les seuls dépositaires de la science et de l'au-
torité qui la sanctionnait. Imbus d'un esprit essentielle-
ment conservateur, ils étaient obligés de maintenir leur
pouvoir, leurs droits et leurs traditions au moyen de titres
authentiques et incontestables; ils étaient, par conséquent,
obligés de les garder avec soin.
Chez les Égyptiens l'influence des prêtres était immense.
Dans leur caste furent choisis les conseillers du roi, les
juges et les principaux olïïciers de l'État. Dès les temps les
plus reculés, l'administration publique était confiée à une
bureaucratie considérable, formée dans la caste des scribes,
soumise elle-même aux prêtres. Les papiers et les archives
des administrations égyptiennes étaient tellement multi-
ples, que nos grands dépôts littéraires possèdent encore
de nos jours de nombreux rapports administratifs, des
fragments de comptes publics, des instructions et infor-
mations judiciaires, précieux débris d'un amas d'actes aussi
nombreux que ceux de nos administrations actuelles. Des
dépôts de documents et d'annales historiques étaient con-
servés dans les temples égyptiens. A Dendérah, une
chambre du temple était réservée à une bibliothèque
composée de nombreux manuscrits sur peau. Dans le Rha-
messéum de Karnak, la bibliothèque placée sous la pro-
tection de Tholh, dieu des sciences et des arts, et de la
déesse Saf, protectrice des lettres, renfermait un nombre
considérable de documents. Aux temples égyptiens étaient
attachées, comme à nos cathédrales et chapitres du moyen
âge, des écoles, où les prêtres enseignaient les sciences,
les arts, les lettres, la musique, l'histoire naturelle et la
morale. Les prêtres y vaquaient à l'administration finan-
( 444 )
cière du pays, y interprétaient les lois et dirigeaient les
affaires de justice. De là, la nécessité de multiplier, dans
un grand nombre de localités, les dépôts des papiers d'ad-
ministration et les manuscrits traitant des sciences.
Où le prêtre Manéthon, auteur d'une histoire d'Egypte,
dont Joseph et Sixte Jules Africain nous ont conservé des
extraits remarquables, va-t-il puiser ses récils? Où Ptolé-
mée de Mendès, autre prêtre égyptien, chercha-l-il les
éléments de ses annales? Dans les temples. Ils y compo-
sèrent leurs travaux au moyen des données fournies par
les archives et les chroniques. Ptolémée Philadelphe créa
dans sa capitale une immense bibliothèque de manuscrits
qu'il mit à la disposition des savants.
Sur les palais, sur les monuments publics, sur les stèles,
figuraient des récils historiques, des textes de lois et de
décrets transcrits en hiéroglyphes ou représentés par des
bas-reliefs. Ces monuments de pierre et les papyrus
recueillis en Egypte ont permis aux savants modernes de
révéler maints épisodes bien remarquables de l'histoire si
attrayante de ce peuple (1).
En Asie, spécialement dans l'Assyrie, les rois étaient
dépositaires des archives. Ils en faisaient transcrire les
textes sur les briques conservées dans leurs palais et sur
les monuments sous forme d'annales du pays. C'est toute
une révélation de l'histoire du puissant empire des Assy-
riens. Là, comme chez la plupart des peuples appartenant
aux groupes Touranien et Sémitique, le soin de la conser-
vation des titres et des annales historiques appartenait au
( 1 ) Voyez, à ce sujet, les travaux de Charnpollion, Brugsch, Ebers, Lep-
sius. de Goulianof, etc.
( 445 )
roi en sa qualité de représentant <Ju dieu dont il était le
lieutenant (1).
En Perse, où le roi commandait en maître, tout était
concentré au palais. Là aussi s'abritaient les chancelle-
ries (2). Le livre d'Eslher constate que le roi Assuérus
consulta, dans son palais, les mémoires mentionnant les
grands services rendus par Mardochée au moment d'une
vaste conspiration ourdie contre sa personne.
A l'instar des utres peuples orientaux, les Phéniciens
avaient une loi écrite, des livres sacrés inspirés par les
dieux, exposant leur système religieux et leur organisation
sociale. Celle-ci était fondée sur les principes de la théo-
cratie orientale, toujours préoccupée de la conservation des
archives. La population si industrieuse et si commerçante
de la Phénicie se groupait dans plusieurs cités, riches en
archives et en annales religieuses, sur lesquelles nous
n'avons plus de renseignements précis (5)
En Chine, nous voyons à peu près dominer les mêmes
principes, mis en honneur par des hommes d'une grande
autorité. Le gouvernement y fut très, soucieux de la con-
servation des archives jusque sous le règne de l'empereur
Ching qui, 237 ans avant la naissance du Christ, ordonna
la destruction de tous les livres historiques. Après la mort
de ce monarque, les écrivains rétablirent l'histoire au
moyen de fragments informes échappés aux recherches du
destructeur des annales glorieuses de son peuple. Plus
tard, sous le règne de Kang-Hi, les jésuites traduisirent en
langue française la grande histoire de Chine, composée par
(1) Voyez les travaux de Boita, Lepsius, Ravvlinsou, Hinckx, Oppert,
Layard, etc.
(2) Voyez les travaux de Lenormànt.
(3) Voyez Ibid. et les travaux de Tiele, Renau, Hamaker, etc.
des historiographes, sons la direction des mandarins du
tribunal de l'histoire, chargés de la garde des archives.
Les lieux sacrés de la Grèce recevaient les actes et les
litres publics. A Delos, le temple servait de dépôt aux
papiers officiels. A Athènes, le temple de Minerve était en
partie consacré aux archives. Celle divinité en était la
protectrice. Pisislrale, tyran d'Athènes, avail formé une
bibliothèque publique de manuscrits et d'annales.
A Rome, les temples de Vesta, d'Apollon, de Diane, de
Jupiter, de Cérès servaient également de dépôls aux actes
publics. Lucinius Macer et Tuberon ont consulté les livres
dits lintei du temple de Moneta. Il y avait aussi des docu-
ments dans les différentes administrations, dans les tribu-
naux, au Sénat, dans les palais des empereurs. Selon la loi
de Pœnis, les archives judiciaires étaient confiées aux
juris studiosi, aux advocati, aux tabelliones, aux pragma-
tici. La loi de episcopali andientia constate que l'église
d'Alexandrie était consacrée à la conservation des actes
relatifs aux nominations des tuteurs et des curateurs.
Conformément aux usages, admis par les empereurs
romains, de réunir les archives dans leurs palais, les rois
mérovingiens et carlovingiens, si soucieux d'imiler en tous
points les successeurs d'Auguste, affectèrent, eux aussi,
leurs propres demeures à la même destination. « Hincjam
inde, dit Eckhard, ab antiquissimis temporibus in palatiis
regum inslituta erunl archiva, in qitibus summa cum cura
tabula? publicœ reponebantur. Annales Francorum ad
annum 823 diserte testanlur constitutiones in archivo
palatii haberi, et primœ stirpis Francorum reges char l arum
scrinia etregesta habuisse observât ISicolaus H ert inNotitia
Francorum. *
Les rois d'Angleterre, de France et d'Espagne, les empe-
( 447 )
rems d'Allemagne, nos ducs et nos comtes se confor-
maient au même usage en plaçant les chartes et les
archives dans leurs chàteaux-forls pour les mettre à l'abri
de la destruction et du vol.
Les églises, les évêchés, les monastères, les couvents, les
corporations civiles suivaient les mêmes errements. Ils
n'avaient pas, il est vrai, à leur disposition ni des palais,
ni des châteaux-forts destinés à la garde de leurs titres;
ils les plaçaient dans des endroits sûrs, tutissimis lotis,
selon l'expression de Frédegaire. Les corporations reli-
gieuses surtout prenaient, pendant le moyen âge, les plus
grandes précautions pour la conservation de leurs docu-
ments. Rien de plus naturel. Ces mesures n'avaient pas
seulement pour but de faire valoir les litres en cas de
nécessité et à une époque où il n'y avait pas de droits
généraux, mais des privilèges et usages; elles étaient aussi
le résultat de l'obligation très souvent imposée aux établis-
sements religieux de tenir des annales régulières de leurs
corporations. C'est ainsi que les chroniques les plus
anciennes du moyen âge sont dues à la plume de membres
du clergé. C'est ainsi que l'on a recueilli dans leurs
archives les actes les plus anciens. Les établissements
religieux de l'Italie sont sous ce rapport d'une richesse
inconnue dans le Nord, où les invasions des barbares ont
détruit nos premiers monuments écrits. Sous le pontificat
de Damase (366 à 384), il est déjà parlé d'archives de
l'Église romaine.
On le voit par cet exposé, à toutes les époques et dans
tous les pays, les souverains, les peuples, les corporations
civiles et religieuses ont veillé avec soin à la conservation
de leurs papiers.
Si aujourd'hui nous aimons à compulser les archives,
( 448 )
les auteurs anciens en ont donné l'exemple; ils en ont
montré le chemin. Manélhon et Plolémée de Mendès,
je viens de le dire, consultaient les archives déposées
dans les temples égyptiens. Xanthus de Lydie a rédigé
une histoire de son pays tirée des archives. Les écrits des
premiers historiens grecs ne nous étant pas parvenus, il
serait difficile de dire s'ils ont ou non compulsé les annales
publiques. Thucydide néanmoins a consulté, pour sa prag-
matique histoire de la guerre du Péloponèse, les docu-
ments officiels de celle période.
En ce qui concerne les historiens romains, nous avons
des données plus précises.
Polybe et Denys d'Halicarnasse ont examiné les livres
des censeurs, sur lesquels M. Humbert vient de publier
des renseignements précieux dans son discours sur l'ori-
gine de la comptabilité. Varron vit les livres de Tusculum.
Tacite lira parti des actes publics en composant ses Annales.
Notre compatriote, Jusle-Lipse, avait déjà fait ressortir à
l'évidence cette circonstance si bien établie et reconnue
aujourd'hui par plusieurs critiques modernes. Tite-Live
connut les Annales des grands pontifes qui, pendant des
siècles, furent les seuls historiens ou, pour parler plus
correctement , les seuls chroniqueurs ou annotateurs
romains : Nihil, dit Quintillien, in hisloriis supra ponti-
ficum annales habemus. Ces annales, divisées en plusieurs
parties, ont fourni à M. Leclerc le sujet d'un livre fort
intéressant. Enfin Schlosser, Putzius et Lieberkuhn ont
pris à cœur de démontrer par des dissertations d'un grand
mérite combien les auteurs latins ont eu soin de consulter
les archives de Rome.
Outre les annales pontificales, il y avait encore au sénat
une collection volumineuse d'actes historiques, sur les-
( 449 )
quels M. Hiibner fournit des renseignements complets dans
son livre : De Senatus populique Romani actis. Des villes,
des familles importantes avaient dans leurs archives des
annales précieuses, auxquelles allaient puiser tour à tour
les poètes et les prosateurs.
Il y a néanmoins une différence essentielle entre la
manière d'écrire l'histoire admise par les auteurs anciens
et par nos écrivains modernes.
Les anciens n'attachaient pas, comme nous le faisons
aujourd'hui, une grande importance à ce que j'appellerai
l'intimité des faits tant recherchée dans les archives. On
se l'explique facilement. L'état de la société dans l'anti-
quité était tout différent de ce qu'il fut au moyen âge et
de ce qu'il est dans les temps modernes. Le droit indivi-
duel, celui des associations et de leurs membres disparais-
sent facilement devant l'ensemble des faits. Les anciens
voyaient, en général, dans l'histoire, les grands événements,
sans s'attacher spécialement aux détails. Polybe cepen-
dant, en faisant dans son second livre l'exposé des forces
de la république et des provinces soumises, donne sur
ces ressources des particularités exceptionnellement cir-
constanciées et tirées des registres publics.
Les historiens modernes, au contraire, tiennent rigou-
reusement aux détails. Aimant à les consigner d'une ma-
nière précise, ils veulent leur donner une couleur locale, si
je puis m'exprimer ainsi; en font connaître les causes,
la portée, les conséquences, en se basant sur des documents
qu'ils ont eux-mêmes soumis à un examen consciencieux.
Comparez, par exemple, les récits d'Hérodote, de Xéno-
phon, de Diodore de Sicile, etc., aux écrits des auteurs
modernes, même <le ceux qui traitent de l'histoire ancienne,
les différences sont frappantes. Chez bon nombre d'écri-
3B,a SÉRIE, TOME IX. M
( 450 )
vains anciens, le lecteur recueillera des fails généraux,
peu ou point de renseignements précis sur la chronologie,
sur les lois et leur influence. J'en excepte Cicéron, en ce
qui concerne les lois.
Lorsque Denysd'Halicarnasse consulte les registres des
censeurs, il n'en fait pas connaître la date. Cicéron et
d'autres auteurs parlent des Annales pontificales sans rien
dire de leur âge et de leur origine. Le livre de M. Lefèvre
est plus explicite sur ce point. Après avoir lu Tite-Live, le
lecteur se demande en vain quels étaient les rouages
intimes et secrets du gouvernement romain. Il y cherche
inutilement des renseignements sur les finances, sur l'état
des Gaules et des Gaulois.
Que de fois les auteurs modernes n'ont-ils pas exprimé
des regrets très justifiés à propos des récils par trop laco-
niques et souvent obscurs des anciens! Que de disserta-
tions sur la portée de certaines expressions ou de mots
peu précis employés par maint auteur ancien!
Je n'ai nullement l'intention de faire ici le procès aux
textes modèles des anciens, à leur manière de narrer. Ce
sont des pages brillantes, des récits souvent entraînants
par la grandeur des scènes présentées à l'imagination
du lecteur. Ici il n'est question que de la méthode suivie
par les écrivains modernes, mise en parallèle avec celle
des anciens.
Si nous sommes mieux informés aujourd'hui sur cer-
tains points de l'histoire ancienne, nous devons ces rensei-
gnements à des auteurs plus récents, qui ont consulté les
écrits des orateurs, les poètes, les panégyristes, les chants
nationaux, les incriptions, les tablettes, les médailles,
véritables archives, documents précieux que le temps
nous a légués. Consultez les travaux modernes sur l'his-
( 451 )
toire grecque et romaine par Niehuhr, Droysen, Croie,
Curtius, Pouilly, Mommsen, elc., vous y recueillerez des
renseignements présentés souvent d'une manière détaillée
et surtout très précise.
Quant à l'histoire du moyen âge et des temps modernes,
les auteurs la traitent d'une manière toute différente de
celle admise par les anciens. Les harangues, presque tou-
jours inventées et tant prodiguées autrefois, sont pros-
crites aujourd'hui et remplacées par des renseignements
authentiques, ou par des extraits de pièces justificatives.
Nos écrivains commencent par rassembler tous les points
particuliers recueillis sur le même événement. Puis ils
arrivent aux faits généraux, comme conséquences des
faits particuliers établis sur des preuves positives tirées
des archives. Celles-ci sont discutées à leur tour, dans le
but d'établir les diverses espèces de certitude qu'elles
présentent.
La chronologie était parfois négligée ou très embrouillée
chez les auteurs anciens (1). Je fais néanmoins exception
en faveur d'Ératosthène et Apollodore. Nos auteurs
modernes attachent à bon droit une grande importance
à la chronologie. L'enchaînement des faits et leurs con-
séquences sont des éléments indispensables pour com-
prendre la marche de l'humanité. Aristote l'a dit :
L'homme s'avance à travers les siècles représentés par
des chiffres.
Sous le rapport de la chronologie, les archives offrent
des ressources immenses. Les chartes, les diplômes, les
lettres, les comptes fournissent des dates positives et pré-
(1) Voyez, à ce sujet, Lieblein, Recherches sur la chronologie égyp-
tienne.
î 452 )
cises. [.es comptes surloul servent souvent de contrôle
aux dates des actes. Tout fait donne ordinairement lieu à
une dépense, et la comptabilité exige à toutes les époques
des dates parfaitement établies.
Lorsque les chroniqueurs se trompent à propos d'une
date, ce qui arrive souvent, comment rectifier l'erreur
sans avoir recours aux documents contemporains? Com-
ment contrôler l'exactitude des faits qu'ils enregistrent
sans examiner les actes et les récils de l'époque?
Ne l'oublions pas, les chroniques sont, à partir du
IIIe siècle, les sources premières de l'histoire du moyen
âge. Généralement modelées sur les écrits de Juste Afri-
cain, d'Eusèbe et de Marius, elles sont le plus souvent de
simples compilations, auxquelles la saine critique fait par-
fois défaut (1).
Jusqu'au XIIIe siècle, l'histoire était généralement
enseignée d'après les textes des auteurs anciens. Bientôt
cette méthode fut changée. Les fables, les romans devenus
à la mode prirent le dessus. Le merveilleux dominait
parloul. Au lieu d'annalistes, notre pays produisit des
romanciers d'une originalité plus que douteuse, des
poètes, des écrivains, dont les productions ne doivent
cependant pas être systématiquement rejetées par les his-
toriens. Mais sans le secours des actes publics, sans l'aide
des chartes et des archives, notre histoire serait, pendant
la seconde moitié du XIIIe siècle, à peu près nulle. Les
récits fabuleux mêlés aux faits réels dénaturèrent complè-
tement le caractère de l'histoire. Il a fallu des études
attentives, appuyées sur la chronologie, sur les actes, sur
(1) Confr. Holder-Egger, Uberdie Wellchronik des Sulpicius Severus
et Untersuchungen iiber einige Ânnalisten.
( 433 )
les archives, pour faire disparaître de l'histoire les Liderik
de Bucq et tout ce cortège de forestiers fabuleux de
Flandre. Il a fallu faire justice, pièces en main, de
l'histoire des Brabons de Brabant, cités par Lucius Ton-
gerus et par d'autres chroniqueurs crédules du moyen âge.
A l'époque de la renaissance des lettres, les historiens
comprirent bientôt la nécessité de recourir aux anna-
listes contemporains et aux actes publics. De nombreux
travaux rédigés dans ce sens virent insensiblement le
jour dans tous les pays. Partout l'émulation s'en mêla ;
partout les écrivains comprirent que, sans consulter les
sources originales et les actes, il n'est pas possible d'écrire
l'histoire, moins encore d'en faire la critique. Ce qui a fait
dire par M. Ranke dans son style bref et énergique :
« Wir unsers Orts haben einen andern Begriff von Ge-
schichle. Nach Wahrheil ohne allen Schmuck; grùndliche
Erforschung des Einzelnen ; das Ueberige Gott befolen;
nur kein Erdichtenauch nichlim Kleinsten, nur kein Hirn-
gespinnst » (\).
Les historiens qui consultent les archives jugent aussi
généralement mieux des événements du passé, à la con-
dition de ne pas avoir d'idées préconçues ou de systèmes
fixes, inspirés d'avance par des examens superficiels ou
faits à la légère. Lorsqu'ils croient avoir trouvé des
preuves, non dans le but de faire connaître la vérité,
mais pour faire triompher leur système, ils se trompent
eux-mêmes et entraînent le lecteur sur une fausse route.
(1) Nous avons aujourd'hui une autre idée de l'histoire. 11 faut la vérité
pure, sans aucun embellissement, des recherches complètes sur des faits
spéciaux; le reste à la grâce de Dieu; point d'invention, pas même dans les
plus petites affaires ; point de fantaisie. (Zur Krilik neuerer Geschicht-
schreiber, p. 28.)
( 454 )
Dans ce but, ils tronquent parfois les documents, y
recueillent ce qui leur convient et rejettent ou passent
sous silence ce qui les contrarie.
Il est encore un autre inconvénient que peut prévenir
l'étude des documents dans leur ensemble, c'est celui de
vouloir juger les idées d'autrefois par celles des temps
modernes. Quiconque oublie l'influence des castes et des
classes de la société, des opinions religieuses et philoso-
phiques dominantes à une époque déterminée; quiconque
est étranger aux idées populaires reçues et aux traditions
admises; l'écrivain qui ne lient pas compte de la forma-
lion du droit public et privé, des coutumes et usages, ni
des grands faits sociaux, n'est pas historien. C'est un sec-
taire. Il doit choisir fatalement entre Burke, pour qui
l'histoire est tout, et Fichle, qui, admettant seulement les
théories, ne résout aucune difficulté.
Les historiens les plus impartiaux sont précisément
ceux qui ont consulté les archives avec le plus de soin.
Pourquoi? Parce qu'ils ont été mis à même de pouvoir
juger des récils contradictoires. En consultant les
archives, ils ont vécu dans le milieu d'une société d'un
autre âge et au milieu des idées d'autrefois. Ils ont, en
quelque sorte, surpris les hommes dans leur intimité, et
pu distinguer le vrai du faux ; car tout n'esl pas vérité
dans les archives : les écrivains doivent s'y prémunir
contre les actes faux ou interpolés. Ils sont obligés d'exa-
miner jusqu'à quel point le rédacteur d'un acte ou d'une
correspondance a eu de l'intérêt à cacher la vérité ou à
dénaturer les faits. L'historien assez confiant qui pren-
drait à la lettre la correspondance d'un diplomate quand
il n'écrit pas à son maître se tromperait bien souvent s'il
n'avait pas sous les yeux ses instructions parfois conlradic-
( 455 )
toires. Talleyrand l'a dit : la parole est donnée au diplo-
mate pour déguiser sa pensée.
Que de rectifications de faits historiques sont dues à
l'élude des archives! Il faudrait des volumes pour les énu-
mérer. Je me borne à en constater quelques-unes qui se
rattachent à l'histoire du XVIe siècle.
La reine Marie, gouvernante des Pays-Bas sous le
règne de Charles-Quint, n'était pas aussi favorable au
principe de la liberté de conscience qu'on l'a cru jusqu'ici.
Lorsque les autorités civiles et ecclésiasliques intercé-
dèrent auprès de la princesse en faveur d'anabaptistes
et d'autres sectaires, elle répondit : Qu'on les exécute!
Don Carlos, condamné pour crime de lèse-majesté, n'a
pas été décapité par ordre de- son père. Il est mort à la
suile d'une vioienle attaque de fièvre, dont la cause est
révélée par les archives. Philippe II affectionnait ses autres
enfants en bon père de famille.
En devenant roi d'Angleterre, le fils de Charles-Quint
n'a pas allumé les bûchers des protestants dans ce pays.
Jamais il ne s'y mêla des affaires publiques; il se garda
bien, au contraire, de froisser Pamour-propre des Anglais,
quelles que fussent leurs croyances. Sa femme, Marie
Tudor, appelée The Bloody Mary, n'a pas été excitée par
Philippe contre les protestants. Si elle a livré bon nombre
de têtes au bourreau, c'est à la suite d'insurrections et de
conspirations des protestants, soutenus et excités par la
France catholique. Au commencement, de son règne,
Marie voulait la conciliation et la tolérance en matière de
religion, au point de faire entrer dans son conseil des
personnes très dévouées à la religion nouvelle.
En succédant à la couronne d'Angleterre, Elisabeth
voulait suivre les errements de sa sœur en matière de
( 456 )
tolérance. Loin de persécuter les catholiques, elle désirait
se les attacher. Si elle commença à sévir contre eux, c'est
par suite d'un acte du pape, qui, ne voulant pas recon-
naître un enfant adultérin assis sur le trône d'Angleterre,
répudiait la princesse sans tenir compte des faits accom-
plis. Dès lors, elle fut obligée de s'appuyer exclusivement
sur le parti protestant, au grand détriment des catho-
liques. Elisabeth n'avait pas aussi soif du sang de Marie
Stuart qu'on l'a dit. Son entourage était bien plus cou-
pable qu'elle.
Les assassinats juridiques des comtes d'Egmonl et de
Hornes ne sont pas le fait du duc d'Albe, mais celui de la
tyrannie de Philippe II.
Ce monarque n'est pas l'inventeur du 10e denier qui
souleva tous les Pays-Bas; le peuple, comme le clergé,
repoussait cet impôt introduit par le duc d'Albe à l'insu
de son souverain.
Philippe II n'a pas créé l'inquisition. Celle-ci existait de
tout temps; seulement, Charles-Quint et son successeur
voulurent en faire un instrument politique.
Floris de Montmorency n'est pas mort de maladie; Phi-
lippe II l'a fait étrangler secrètement.
Granvelle n'était pas le tyran tel que les Pamphlets du
XVIe siècle nous le représentent. Dévoué à son souverain,
mais patriote avant tout, le cardinal voulait l'emploi de la
douceur et de la clémence; il abhorrait les rigueurs du
duc d'Albe et les excès des Espagnols. Si, plus tard, il a
changé d'opinion, ce revirement a eu pour cause la marche
des affaires.
L'idée première de l'assassinat du Taciturnt est partie
de l'entourage de Philippe II.
Les protestants du XVIe siècle ne voulaient pas de la
( 487 )
liberté de conscience. Ils la demandaient pour eux el la
refusaient à leurs adversaires. Les actes des conférences
de Cologne et de Gand le démontrent à l'évidence. Seuls
le Taciturne et l'Hospital voulaient introduire ce nouveau
principe d'ordre social.
Le duc d'Albe n'a pas combiné la Saint-Barthélémy
durant les conférences de Bayonne. Pendant cette journée
sanglante le gouvernement français a laissé agir la popu-
lation fanatisée de Paris, à l'exemple de ce qui s'était
fait pendant le moyen âge, lorsque de malheureux Juifs
furent impitoyablement massacrés dans un grand nombre
de villes.
Sans les données recuellies dans les archives, connaî-
trait-on les hauts faits d'armes de nos compatriotes, tels
que les Tilly, les de Mérode, les Buquoy, les Jean de
Weert, pendant la guerre de trente ans?
Les personnes peu ou point initiées aux travaux histo-
riques se demanderont sans doute : à quoi bon tous ces
labeurs, toutes ces recherches, ces discussions, ces cri-
tiques? La réponse est facile. L'histoire du passé doit ser-
vir d'enseignement au présent, et l'avenir trouvera sa
raison d'être dans les événements qui se déroulent sous
nos yeux. Marchant de conséquence en conséquence, l'hu-
manité est fatalement obligée de s'appuyer sur le passé.
L'histoire el la philosophie sont, avec l'élément religieux,,
les bases de la société à toutes les époques.
Pourquoi consulte-t-on les institutions d'un autre âge
et d'un autre pays quand il s'agit de créer une loi nou-
velle? C'est dans le but de mettre à profil l'expérience du
passé. Est-il possible de comprendre les institutions
modernes sans avoir étudié celles d'autrefois? Elles en
sont les corollaires. Écrit-on l'histoire d'un pays dans un
( 4S8 )
simple but de curiosité? Rédige-t-on les annales d'une
famille pour le seul plaisir de satisfaire une mesquine
vanité? Loin de là, le lecteur et le penseur y cherchent
des exemples à suivre ou à recevoir.
L'histoire enseigne que les peuples naissent et meurent
au milieu de la barbarie, ou par- la conquête. Elle apprend
que l'immobilité des idées et des institutions conduit
nécessairement au fatalisme et arrête l'essor de la civili-
sation. Les empires d'Orient et la république de Venise
en fournissent des preuves évidentes. Les nations dispa-
raissent par la décrépitude, parles excès, par l'immoralité,
par le mépris de l'autorité, par les révolutions et les
guerres civiles, que de puissants voisins savent mettre à
profit. Rome, Byzance, la Pologne et tant d'autres empires
déchus le démontrent à l'évidence.
Là où l'esprit national et d'union est remplacé par les
violences des partis la chute est imminente.
L'enseignement et l'élude de l'histoire par les archives
aident singulièrement à la formation et à la conservation
de l'esprit national. L'Angleterre par la publication de ses
Records et ses Slale papers, l'Allemagne par ses Monu-
menta Gennaniœ, l'Autriche et la Bavière par leurs publi-
cations historiques, la France par la mise au jour de ses
documents historiques inédits, la Belgique par les édi-
tions de ses chroniques et de ses cartulaires, prouvent tout
le parti que les gouvernements de ces pays en ont tiré
pour fortifier et soutenir le génie national. L'Allemagne
surtout a le droit de se féliciter des efforts faits par ses
historiens en vue de créer une unité complète entre
les différentes principautés de la confédération germa-
nique. Ce mouvement purement spéculatif et scientifique
( 459 )
d'abord, parti des universités, a fini par devenir mie réalité,
grâce aux historiens et à l'examen des archives.
Même au point de vue des intérêts matériels, l'étude
des archives a droit aux plus puissants encouragements.
Pourquoi recherche-t-on dans les documents du passé des
renseignements sur la condition des classes inférieures
de la société? Évidemment dans le but de porter remède
à la situation présente en mettant à profil l'expérience des
temps qui ne sont plus. Les archives ont démontré que,
pour éviter les inondations causées par les eaux de la
Loire, il faut reprendre les anciens travaux de terrasse-
ment et les autres ouvrages d'art actuellement supprimés
aux abords de ce fleuve (1). Des paléographes ont démon-
tré, en explorant les archives, que le commerce et l'indus-
trie peuvent tirer parti d'anciennes mines de l'Yonne et de
la Manche (2). Les actes historiques ont souvent établi et
établissent encore de nos jours les droits de propriété,
dans notre pays spécialement au sujet des houillères, des
mines et des carrières.
En résumé, j'ose le proclamer ici, l'étude des archives
est une nécessité d'ordre social tout aussi bien dans la
sphère des intérêts moraux que dans celle des intérêts
matériels. L'élude des archives n'est pas seulement une
source de délices pour les savants; elle est avant tout pour
les nations qui l'encouragent une révélation du passé, une
leçon dans le présent et jusqu'à un certain point une
lumière éclatante qui rayonne sur l'avenir. — (Applaudis-
sements.)
(1) Giundmaisois', Aperçus historiques sur les travaux destinés à
défendre la ville de Tours contre l< s inondations, 1856.
(2) Noie Mir les pierriors de l'Yonne, 1846.
( 4fi0 )
— M. Lamy vient prendre place au bureau pour donner
lecture du travail suivant :
Une Bibliothèque royale en Assyrie au VIIe siècle
avant Jésus-Christ.
I.
Les admirables découvertes réalisées, depuis cinquante
ans, dans le domaine des sciences naturelles ont marqué
le XIXe siècle du signe du progrès. Le génie de l'homme,
éclairé par celte divine lumière dont la lumière terrestre
n'est que l'ombre, a percé les montagnes, réunis les mers
à travers les isthmes et fait tomber les barrières qui sépa-
raient les peuples. Aujourd'hui le télégraphe, rapide comme
la foudre, transmet la pensée d'un bout du monde à l'autre.
Bientôt la parole, confiée au téléphone, ne connaîtra plus
les dislances. Tandis que la physique et la chimie sondent
les éléments, les analysent, constatent leurs propriétés et
les lois qui les régissent et font naîlre les merveilles de
l'industrie, le géologue fouille le sein de la terre et fait
revivre à nos yeux ces animaux géants el cette flore splen-
dide des terrains houillère, création inconnue qui nous
étonne. Le microscope n'est pas inoins admirable quand il
découvre à nos regards tout un monde ignoré d'êtres infi-
niment petits. Il appartient, Messieurs, à nos confrères de
la Classe des sciences de vous parler de ces merveilles
avec autorité. Je n'empiéterai pas sur leur domaine.
Mais ce n'est pas seulement dans les sciences naturelles
que le génie investigateur de l'homme a réalisé, dans ce
siècle, de précieuses découvertes; les sciences historiques
( 461 )
et archéologiques, sous l'impulsion de travailleurs infati-
gables et persévérants, ont fait revivre les civilisations
éteintes, les langues oubliées, les villes détruites et les
peuples des temps antiques.
Sur cette terre d'Afrique, qui voit la civilisation péné-
trer jusque chez ses habitants les plus barbares grâce aux
sacrifices, aux efforts et aux succès de l'Auguste Protec-
teur de l'Académie, l'archéologie et l'histoire ont réalisé
d'étonnantes découvertes. L'Egypte nous a livré ses
monuments, ses papyrus et ses hiéroglyphes. Grâce au
génie de Champollion, les savants lisent aujourd'hui ses
écritures mystérieuses, ses livres funéraires, les hauts
faits de ses rois, les poèmes et les traités de ses sages
enfouis dans les tombeaux ou gravés sur les ruines de ses
temples, sur ses pyramides et sur ses obélisques depuis
plus de quatre mille ans. L'antique terre des Pharaons n'a
plus de secrets; elle semble revivre comme au temps de
Moïse.
A peine Champollion avait-il retrouvé la clef des hiéro-
glyphes que des découvertes inattendues appelaient l'atten-
tion de l'Europe sur ces vastes contrées arrosées par
l'Euphrate et le Tigre, où la Bible place le berceau de
l'humanité. Les villes fameuses de Ninive et de Babylone,
si souvent mentionnées dans l'histoire d'Israël, et si célè-
bres chez les écrivains classiques, semblaient comme sortir
de terre avec leurs rois inconnus ou oubliés et livraient à
l'archéologue et au savant les immenses et magniûques
ruines de leurs temples et de leurs palais ensevelis sous le
sable depuis plus de deux mille ans. Des fouilles habile-
ment dirigées ramenaient au jour les statues colossales
qui décoraient ces temples et ces palais avec leurs nom-
breux bas-reliefs, œuvres d'un art perfectionné, et avec
( 1(62 )
leurs écritures étranges, gravées en forme de coins sur les
lianes des colosses, sur les linteaux des portes ou sur
l'argile des briquettes et des cylindres. Les riches collec-
tions du Louvre à Paris et du Musée britannique à Londres
montrent aujourd'hui aux regards des curieux et à l'œil
attentif des savants ces vieux témoins venus de l'Asie pour
dire à notre siècle ce que furent leurs contemporains les
Assyriens et les Babyloniens que les historiens grecs n'ont
guère connus.
Le champ de l'assyriologie est trop vaste pour être
parcouru et décrit dans ses détails en une courte lecture.
Forcé de faire un choix, j'ai pris pour sujet la bibliothèque
du roi Assurbanipal (1), que la ressemblance des noms a
fait à tort confondre avec le Sardanapale des Grecs (2).
(1) C'est ainsi que les assyriologisles écrivent ordinairement ce nom en
français. Les Anglais écrivent Ashurbanipal, et l'on prononce Aschour-
bariipal. Ou écrit aussi Assur-bani-apli.
(2) Al. Oppert, dans son Expédition en Mésopotamie (Paris, 186")), a
donné, à plusieurs rois d'Assyrie, le nom de Sardanapale. Assurbanipal
est chez lui Sardanapal V. {Annales de phil. chrét. 1856, t. LUI, p. 168.)
Plus récemment {Annales de phil. chrét., 1862, p. 58), il l'appelle Sarda-
napale VI et le fait Gis de Iégïat-Pileser V. Dans ses ouvrages plus récents,
il a adopté le nom d'Assuibanipal. Dans son Expéd. en Mésop., t. I, p 501,
il prononce Asurdanapalla. D'après la Chronique d'Eusèbe{MiG*E, Patrol.,
yr. XIX, pp. 140, -i50j, Thonus Coucolerus, appelé, par les Grecs, Sarda-
napalle, l'ut le dernier roi des Assyriens. Il régna vingt ans, vers l'époque
où Jéroboam régnait en Israël. Eusèbe a suivi Clésias (Diod. sic, t. Il,
pp. 25, 509), selon lequel Sardanapale, le trentième roi assyrien depuis
Ninus, était un prince efféminé qui passa sa vie dans la mollesse et les
plaisirs el se fit brûler vivant avec sa femme et ses trésors, lors de la
prise de Ninive par Arbacès et Bélésis. Justin, t I, p. 21 ; Bion dans Aga-
tias, t. Il, p. 25; Orose, t. I, p. 19; t. II, p. 22; Cephauon {Patrol., gr.
XIX, p. 159); Samuel' d'Am {Ibid., p 625), suivent Clésias. Ce Sardana-
pale ne saurait être Assurbanipal qui régna quarante et un ans, fut belli-
queux et ami des arts et mourut avant la prise de Ninive. D'après Héro-
( 465 )
Assurbanipal, tils d'Asarhaddon, de la dynastie des Sargo-
nides, régna à Ninive de l'an 667 à Tan 626 avant Jésus-
Christ. La bibliothèque du palais de ce prince e^t assuré-
ment un des objets les plus curieux de l'assyriologie. Avec
ses briquettes écrites, elle forme la plus ancienne comme
la plus singulière bibliothèque royale qui soit parvenue
jusqu'à nous. Comment a-t-elle été retrouvée? Comment
est-on parvenu à lire et à comprendre les documents
qu'elle contient et quels sont ces documents? Telles sont
les questions qui se présentent naturellement à l'esprit et
auxquelles la science assyriologique donne aujourd'hui des
réponses satisfaisantes.
II.
C'est à M. Botta, consul de France à Mossoul, que
revient, comme on sait, l'honneur d'avoir retrouvé Ninive
et d'avoir remis au jour le premier palais assyrien qui se
soit montré aux regards de l'homme depuis la chute de ce
grand empire. Les fouilles, commencées d'abord à Kouyoun-
djik sur la rive gauche du Tigre en face de Mossoul, là où
l'on suppose que fut l'ancienne Ninive, n'eurent aucun
résultat important. On n'avait pas creusé assez profondé-
ment C'était en 1842. Les choses en étaient là, lorsqu'un
paysan de Khorsabad, village situé à quelques lieues plus
au Nord, apporta à M. Botta deux grandes briques cou-
doie (t. I, 103), Ninive fui prise et détruite, non par Arbacès et Bélésis,
mais par Cyaxare, roi des Mèdes. Cet événement eut lieu vers l'an 600 ou
609 av. J.-C. (Delattre, Le peuple et l'empire des Mèdes, pp. 178 et suiv.).
Bérose et Alexandre polyh. (Eusebii citron. Patrol, gr. XIX, p. 119)
citent un Sardanâpalle qui régna vingt et un ans sur les Chaldéens, après
Samugès, et qui coïncide à peu près avec Assurbanipal.
( 464 )
vertes d'inscriptions cunéiformes, trouvées près de son
village (1). D'après son dire, les briquettes de ce genre
abondaient à Khorsabad. Sur ces indications et dans l'es-
poir d'un meilleur succès, Botta abandonna Kouyoundjik et
alla continuer ses fouilles à Khorsabad.
Le succès couronna ses efforts au delà de toute espé-
rance. Quelques mois plus tard, en 1843, le consul fran-
çais pénétrait dans le palais d'un roi assyrien et dégageait
une suite de salles vastes et bien conservées, dont les
murs étaient recouverts de bas-reliefs en albâtre sculptés
avec une grande perfection. On voyait ce roi inconnu avec
sa figure majestueuse, sa barbe tressée en boucles et en
gradins, avec son costume assyrien, la tête ornée de la
tiare, assis sur son trône ou debout sur son char, rendant
hommage à ses dieux ou recevant le tribut des peuples,
triomphant dans les batailles ou terrassant à la chasse les
bêles féroces. Autour de lui étaient ses prêtres et ses
grands officiers (2).
Une inscription en lettres cunéiformes, gravée sur les
linteaux et les montants des portes du palais, répétée plu-
sieurs fois sur les jambes des taureaux ailés à figure
humaine, gardiens de ces portes, indiquait le nom du roi.
Mais on ne pouvait le lire. Tout ce que l'on savait, c'est
que celte écriture paraissait être la même que celle de la
(1) Voyez Layaro, Nineve handits remains, London, 1873, p. 7; Botta,
Le monument de Ninive, Paris, 1849. Khorsabad ou Kischtabad est men-
tionné par Jakouti comme bâti sur le site d'une ancienne ville appelée
Saraoun ou Saraghoun. Layard, liv. cit., p. 113.
(2) Ces antiquités sont maintenant au musée assyrien du Louvre, a
Paris. M. Mohl fit connaître, le 3 mai 1843, à la Société asiatique de Paris,
les premières découvertes de Botta. Voyez Journal asial , IV" série, t. I,
p. 473.
( 465 )
troisième langue des inscriptions trilingues des rois de
Perse à Behistoun, à Persépolis et à Suse, langue que l'on
croyait avec raison être celle des Babyloniens et des Assy-
riens et que l'on supposait appartenir à la famille sémi-
tique (1). Ce fut l'un de nos associés étrangers dont nous
regrettons la perte, M. de Longpérier, qui le premier
déchiffra cette inscription et la traduisit en 1847. Sa tra-
duction est restée. Elle est ainsi conçue : « Palais de
Sargon, roi grand, roi puissant, roi des bataillons, roi du
pays d'Assur » (2). Ce roi, qui surgissait des ruines, après
deux mille cinq cents ans, était inconnu à l'histoire. Seul
le prophète Isaïe en avait conservé le nom (3). Les décou-
vertes de Botta furent un événement. Lorsque ces sculp-
tures et ces inscriptions arrivèrent à Paris, le monde savant
lut en émoi.
Un jeune Anglais, bien connu depuis, M. Layard, avait
parcouru, en 1840, la Mésopotamie et l'Assyrie et remar-
qué les ruines qui couvrent ces contrées. Depuis longtemps
il désirait faire des fouilles, mais il ne trouvait pas le public
anglais disposé à le seconder.
En apprenant les découvertes de Botta, il lit de nou-
(1) Dans la persuasion que l'écriture cunéiforme avait cessé d'être en
usage depuis le temps d'Alexandre le Grand, Botta conclut que sa décou-
verte faisait revivre un monument assyrien. L'écriture cunéiforme était
encore en usage à Babylone pour les contrats privés au commencement de
notre ère. Menant, La bibliothèque du palais de Ninive, p. 24.
(2) Revue archéologique, 1847; Menant, Les écritures cunéiformes,
Paris, 1860, p. 125. Au lieu de « roi des bataillons v, M. Oppert traduit:
« roi du monde i, ou encore « roi des légions ». Les assyriologistes diffè-
rent encore d'avis sur un bon nombre de mots et souvent se contredisent ;
néanmoins, leur traduction est certaine en beaucoup de points. La science
assyriologique progresse chaque jour. A mesure qu'elle avance, les ombres
se dissipent et l'incertitude disparaît.
(3) Ibidem., t. XX, I.
3me SÉRIE, TOME IX. 32
( 466 )
velles instances el parvint enfin, en 1845, à intéresser à
son œuvre lord Slradfortde Recliffe. Ses premières fouilles
eurent lieu à un endroit appelé aujourd'hui par les Arabes
« Nimrod » et situé sur la rive gauche du Tigre, non loin
du confluent du Zab avec ce fleuve.
Cette entreprise coûteuse et pleine de difficultés amena
d'importantes découvertes. Au bout de quelques semaines
les ouvriers mettaient au jour les ruines d'un palais et
déterraient la statue colossale d'un lion ailé à tête humaine.
Lorsque apparut au fond de la tranchée la tête gigantesque
de ce monstre d'albâtre, les Arabes furent saisis d'admira-
tion; l'un d'eux cria à M. Layard : o Vite Bey, aux fos-
soyeurs, car ils ont trouvé Nemrod. Allah! c'est surpre-
nant, mais c'est vrai, nous l'avons vu, c'est lui-même
avec ses yeux; il n'y a point d'autre Dieu que Dieu » (i).
Bientôt les ouvriers dégagèrent des chambres el de
grandes salles couvertes de peintures et de bas-reliefs
admirablement sculptés, mais en partie calcinés par le feu,
divers objets d'art, un immense monolithe formant le
pavé d'une salle et couvert d'une inscription qui contient
les annales du règne d'Assur-Natzir-Pal. Comme à Khor-
sabad, des lions et des taureaux gigantesques gardaient
les portes d'entrée. On trouva la statue du roi fondateur
de l'édifice avec l'inscription marquant son nom. Ce nom
a été lu diversement. On le lit communément aujourd'hui
Assur-Natzir-Pal (2).
(1) Layard, Nineve hand ils remains, London, 1873, p. 49.
(2) M. Layard l'appelle souvent Sardanapale, nom qu'il croit avoir été
commun à plusieurs rois d'Assyrie. M. Oppert, dans son Expéd. en Méso-
pot., t. I, p. 311, l'appelle Sardanapale III. Sir H. Rawlinson l'a d'abord
appelé Asshur-idanni-pal, puis Asshur-izzir-pal; Hinckx prononce Asshur-
yuzhur-bal. (Voyez Layard, Ninive hand ils remains, pp. xxui, 104.) Ce
désaccord n'a rien d'étonnant. « Rien n'est plus facile à reconnaître en
( 4H7 )
Les fouilles furenl poussées avec activité aux frais du
Musée britannique. D'autres palais furent découverts au
centre et au sud-ouest; ils augmentèrent encore le trésor
de statues, de bas-reliefs et d'inscriptions précédemment
recueillies.
Enhardi par ces succès, l'habile explorateur revint à
Mossoul et reprit à Kouyoundjik, sur l'emplacement de
l'ancienne Ninive (1), les fouilles abandonnées par Botta.
général que les noms propres dans les inscriptions assyriennes, à causé
des signes particuliers qui les distinguent. En revanche, rien n'est plus
difficile à lire. D'ordinaire, les noms propros assyriens sont exprimes par
des idéogrammes; leur expression en caractères syllabiques est très rare.
Les premiers déchiffrés furent ceux dont la grande inscription de Darius
à Béliisloun offre l'expression graphique assyrienne en regard de leur
expression alphabétique dans le texte persan, et ceux que l'on parvint à
identifier avec des noms connus, soit par la Bible, soit par les écrivains
classiques » (Delattre, Revue cath., 1878, t. II, p. 245)
(1) M. Layard (Nineve hand its remains, p. 336) pense que Kouyoun-
djik et Nebi Junus, en face de Mossoul, ne formaient que le quartier
royal de Ninive. Selon lui, au temps d'Assurbanipal, Ninive était une ville
immense qui s'étendait de Khorsabad, à quatre lieues au nord-est, jusqu'à
Nimroud, à six lieues au sud. Elle n'avait pas d'enceinte fortifiée; seuls,
les quartiers royaux étaient renfermés dans des murs et formaient comme
trois citadelles à Nimroud, Kouyoundjik et Khorsabad. Entre ces quartiers
royaux, la vaste plaine élait occupée par des maisons entourées de jar-
dins. Le livre de Jonas qui dit que Ninive était une très grande ville
(Jon., t. III, p. 3), d'une étendue de trois jours de chemin, où il y avait
120,000 personnes qui ne savaient distinguer leur gauche de leur droite,
c'est-à-dire 120,000 enfants en bas âge {Jonas, t. IV, II), confirme l'opi-
nion de Layard. Diodore de Sicile (t. Il, p. 3) semble également la conr
firmer, lorsqu'il dit que Ninive formait un rectangle de quatre cent quatre-
vingls stades (environ vingt-cinq lieues) de pourtour. D'après Slrabon,
Ninive était plus grande que Babylone. Cette opinion me paraît mieux
fondée que celle de M. Oppert (Expéd. en Mésopot., t. 1, pp. 67 et ^uiv.),
qui place Ninive sur les deux rivfs du Tigre el fait de Khorsabad et de
Nimroud deux villes distinctes. M. Oppert me paraît aussi identifier à tort
Calah (Gen., t. X, p. 12) avec Nimroud ; je l'identifierais plutôt avec Kalah
Shergatb, qui est plus au sud sur la rive droite du Tigre.
( 468 )
Là s'offrirent bientôt les ruines d'un vaste palais plus
grand que ceux de Niinrod et de Khorsabad : statues colos-
sales de taureaux et de lions avec inscriptions aux portes
d'entrée, salles immenses, chambres nombreuses, pein-
tures murales, bas-reliefs d'albâtre ou de calcaire dur en
partie calcinéN par le feu, qui avait dévoré le palais con-
struit par Sennachérib et agrandi par son petit-fils Assur-
banipal. Ces peintures et ces bas-reliefs représentaient des
batailles, des chasses, des cérémonies religieuses, les dieux
du panthéon assyrien, des prisonniers amenés au roi. Là
on voyait Sennachérib assis sur son trône et recevant les
hommages des Juifs captifs de Lachis (1). Sur un autre
bas-relief il était sur son char revenant de la bataille (2).
La partie nord du tumulus fut explorée après le départ de
M. Layard par M. Loftus et par M. Rassam, qui complé-
tèrent en 1852 et 1853 les fouilles de Kouyoundjik et
mirent au jour la partie de l'édifice ornée par Assurbanipal
avec les bas-reliefs et les inscriptions qui relataient ses
guerres contre Élam.
Dans l'intérieur et vers le centre de ce vaste palais,
œuvre de Sennachérib et de son petit-fils Assurbanipal, les
ouvriers de M. Layard déblayèrent, au bout d'un couloir
qui se terminait en cul-de-sac, deux chambres donnant
l'une dans l'autre. La première de ces pièces avait 7 mètres
de longueur sur 5 de largeur, l'autre était plus petite
encore. C'est là que, sous les décombres, se trouvait
entassée la bibliothèque royale dont j'ai entrepris de vous
parler. Cette bibliothèque est maintenant au Musée bri-
tannique. C'est assurément le plus ancien dépôt littéraire
(I) Oppçrt, Expéd. en Mésopot., t. I, p. 296.
("2j Layard, Ouvr. cit., p. 358.
( 469 )
qui soit parvenu jusqu'à nous. M. Layartl n'en découvrit
qu'une partie; M. Rassam continua la découverte qui ne
fut complétée que bien longtemps après par M. George
Smith en trois voyages successifs faits en 1873, 1874 et
1875 (1), lorsqu'on eut commencé le déchiffrement et
compris par là l'importance des tablettes apportées à
Londres.
Cette bibliothèque d'argile avait été rassemblée par les
soins du roi Assurbanipal, qui, comme nous l'avons dit,
succéda à son père Asarhaddon, l'an 667 avant Jésus-Christ,
et occupa le trône d'Assyrie durant un règne glorieux de
quarante et un ans. Ce règne, inconnu à l'histoire, nous
est maintenant révélé par la bibliothèque et les inscriptions
trouvées dans les ruines du palais de Ninive. M. George
Smith nous a donné l'histoire de ce roi, ami des arts
et des lettres, qui recevait le tribut de la Susiane, de la
Chaldée, de l'Egypte, de la Lydie et d'une foule d'autres
pays (2).
Los deux chambres que nous venons de mentionner
étaient remplies presque jusqu'au haut par des milliers de
briquettes ou tablettes plates et carrées, en terre cuite,
portant sur les deux faces une écriture cunéiforme tracée
sur l'argile encore fraîche, avant la cuisson. Ces caractères
sont si fins et si serrés qu'il faut beaucoup d'habitude pour
discerner, sans se tromper, les lignes et les lettres. Il est
même quelquefois nécessaire de recourir à un verre gros-
(1) Smilh est mon à Alep, le 19 aoùl 1876, dans son troisième voyage.
Il a raconté ses deux premiers voyages dans les Assyhan discoveries; an
Account of explorations and discoveries on Ihe site of Nineveh during,
1873-1874. London, 1875.
, (2 Voyez. G. Sbith, Hislory of Assurbanipal.
( 470 )
sissant (I). Plusieurs tablettes avaient été brisées, soit par
l'effondrement, soit par l'ardeur du feu qui dévora le palais;
cependant les morceaux, au moment de leur découverte,
se trouvaient réunis et auraient pu être facilement ras-
semblés. Mais, au lieu d'y faire attention, les ouvriers, trop
zélés, se contentèrent de jeter pêle-mêle dans différents
paniers ces débris, qui ensuite furent mis dans des caisses,
et dont une partie alla à Bagdad pour aider sir Henry
Rawlinson dans ses précieuses recherches, tandis que
d'autres allèrent directement à Londres. Ainsi il advint
que les débris du même lexe furent séparés les uns des
autres (2). L'ordre des tablettes fut troublé d'autant plus
facilement que la découverte se fit en plusieurs fois et
qu'on ne savait les lire.
Il paraît par les inscriptions de quelques poteries que
les Assyriens et les Babyloniens connaissaient les carac-
tères alphabétiques phéniciens (3); mais ils employaient
les caractères cunéiformes sur les monuments et les
briquettes, parce que ces caractères se prêtaient mieux à
la gravure surtout sur l'argile. En effet, les scribes assy-
riens gravaient en creux leurs lettres sur l'argile encore
molle avec des stylets triangulaires (4) et formaient ainsi
(1) La yard, Nineve hand Babylone, London, 1867, p. 169. On se demande
comment les Ninivites les lisaient : peut-être la note que me communique
mon savant confrère M. Montigny explique-t-elle la chose : « On sait que
le savant physicien David Brewster présenta à l'Association britannique
en 1852 une lentille plane convexe en cristal de roche de 1 pouce 6/„
environ de diamètre, trouvée dans les ruines de Ninive. Ce savant a fait
voir que ce cristal ne doit pas être considéré comme un simple ornement,
mais comme un véritable appareil d'optique ».
(2) Voyez Oppert, Expéd. en Mésopot.,\. I, p. 70.
(3) Voyez La yard, Nineve hand Us remains, p. 241.
(4) On a retrouvé de ces stylets dans les ruines. Voyez J. Ménaint, La
bibliothèque du palais de Ninive, Paris, 1880, p. 26.
( «1 )
«les traits en forme de coins, d'où le nom d'écriture cunéi-
forme. On faisait ensuite cuire les tablettes ainsi couvertes
de caractères. Chaque briquette ou tablette était numérotée
et formait comme le feuillet d'un livre, qui se composait
de la sorte d'un nombre plus ou moins grand de briquettes
selon que l'écrit était plus ou moins étendu. Chaque
tablette portait en haut un numéro d'ordre et en bas les
premiers mots de la page ou de la tablette suivante à la
façon de nos anciens imprimeurs. Chaque série de tablettes
avait un titre général qui se répétait sur chaque tablette.
Ce titre n'était autre que les premiers mots du livre,
comme dans les Bibles hébraïques les cinq livres de Moïse
sont désignés par les premiers mots : Berescliith pour la
Genèse, Elle schemot, pour l'Exode, et ainsi de suite. Nous
trouvons, par exemple, une série de tablettes astronomi-
ques avec le titre : « Quant les Dieux Anu et Ilu ». Ces
diverses indications ont permis de reconstituer quelques-
uns des livres de la bibliothèque d'Assurbanipal. On en
reconstituera d'autres avec le temps (1).
La bibliothèque du palais de Ninive était considérable.
On estime à dix mille au moins le nombre des briquettes
réunies dans le palais royal. En 1872, M. Birsch estimait
à vingt mille le nombre des tablettes et des fragments
réunis à Londres. Ce nombre a été beaucoup augmenté
parles découvertes de Georges Smith. Ces volumes d'argile
semblent avoir été disposés par ordre de matières. Mais
l'effrondement des cases qui les contenaient et le désordre
introduit par les ouvriers et le transport ont tout mêlé et
(1) Pline (Mis. nat., I. VII, p. 57) parle des tablettes babyloniennes sur
lesquelles étaient écrites les observations astronomiques : « Epigenes, apud
Babylonios DCGXXM annorum observationes siderum coctilibus lalerculis
inscriptas docet ».
( 472 )
bouleversé. Georges Smith, avant son départ, avait com-
mencé à mettre jun peu d'ordre dans ce chaos. Ses suc-
cesseurs, M. Chad Boscaven et M. Pinches, continuent
laborieusement son œuvre. Peu à peu les volumes se
reconstituent, mais ce grand travail ne sera pas achevé de
sitôt. Après tous les efforts il restera bien des parties
incomplètes et des briquettes mutilées. Les Arabes en ont
détruit en cherchant des trésors parmi les décombres;
d'autres briquettes ont été vendues et disséminées par
toute l'Europe. Outre les briquettes, les archives des rois
Assyriens contenaient aussi des barils, cylindres ou prismes
de forme hexagonale couverts sous toutes leurs faces de
caractères cunéiformes. Sur un des cylindres on a retrouvé
les annales du roi Asarhaddon, sur un autre quelques
exploits de Sennachérib. Quatre prismes à six faces,
malheureusement brisés, mais se complétant l'un l'antre,
racontent les guerres des huit premières années d'Assur-
banipal. On voit que les rois d'Assyrie se préoccupaient de
transmettre leur nom et le souvenir de leurs victoires —
ils ne rapportent jamais leurs défaites — aux générations
futures. Car les tablettes, cuites au feu, avaient l'inaltéra-
bilité de la brique, pouvaient résister à l'eau et au feu et
avaient une durée autrement assurée que ces feuilles
éphémères auxquelles nous confions nos écrits (1).
(1) Beaucoup de tablettes se terminent ainsi : « Palais. Assurbanipal, roi
des légions des peuples, roi d'Assyrie, à qui le Dieu Nabu et la déesse
Tamit ont donné des oreilles attentives et des yeux ouverts pour voir les
récits des écrivains de mon royaume que les rois, mes prédécesseurs, ont
employés. Dans mou respect pour Nabu, le Dieu de l'intelligence, j'ai
recueilli ces tablettes; je les ai fait écrire; je les ai signées de mon nom;
je les ai disposées dans mon palais. » (Mésant, La bibliothèque du palais
de Ninive, p. 31.) Une inscription semblable se lit au verso de la première
tablette de la genèse chaldéenne retrouvée par G. Smith Voyez Vicou-
roux, La Bible et les découvertes modernes, 3e éd., t. Ier, p. 182.
( 475 )
III.
Comment est-on parvenu à lire et à comprendre ces
documents? L'histoire de celle découverte montre la puis-
sance du génie de l'homme et fait honneur à une pléiade
de savants de notre siècle, parmi lesquels brillent surtout
les noms de sir Henri Rawlinson et de notre associé
M. Jules Oppert. Cette découverte est, en quelque sorte,
le pendant de la découverte de Champollion. Mais, tandis
que la lecture et l'interprétation des hiéroglyphes est,
pour ainsi dire, l'œuvre d'un seul, puisque c'est Champol-
lion qui a ouvert la voie à tous les autres, la lecture et
l'interprétation des écritures cunéiformes est une œuvre
collective. Depuis le commencement du siècle toute une
phalange de savants y a travaillé. Chacun a apporté sa
pierre à la construction de l'édifice. L'édifice s'est élevé
lentement comme nos vieilles cathédrales. A l'heure pré-
sente il n'est pas encore complètement achevé. Ce n'est
pas ici le lieu de vous montrer dans les détails l'immense
travail, la puissance de génie, les efforts persévérants que
l'édifice a demandés aux architectes; je dois me borner à
quelques points principaux.
C'est la pierre de Rosette avec sa triple inscription en
hiéroglyphes, en démotique et en grec qui a ouvert la voie
à Champollion pour lire et interpréter les inscriptions des
monuments égyptiens; de même pour les écritures cunéi-
formes, les inscriptions trilingues du palais de Darius à
Persépolis et du rocher de Behistoun ont ouvert la voie
aux assyriologistes. Mais, tandis que Champollion, guidé
par un texte connu, est arrivé d'un bond à une découverte
( 474 ;
complète, il a fallu longtemps et l'on n'est arrivé que par
degrés à la lecture et à l'intelligence des textes cunéi-
formes. C'est que les inscriptions de Persépolis et de
Behistoun renfermaient trois sortes d'écriture cunéiforme
dont aucune n'était connue et l'on ne connaissait pas
davantage quelles langues elles cachaient.
Pietro délia Valle, en 1610, lit le premier pas en
remarquant que cette écriture devait se lire de gauche à
droite; mais il n'alla pas plus loin. Ce fut seulement un
siècle et demi plus tard que le savant danois Niebuhr fit
un second pas en avant en remarquant que la même
inscription était répétée trois fois et renfermait trois
systèmes différents d'écriture; il remarqua en outre que le
système de droite était formé de 42 caractères et formait
ainsi une écriture alphabétique. De fausses conjectures
l'arrêtèrent à ce point (1).
Un autre savant danois, Miïnter, fit en 1802 un pas de
plus. Les trois sortes d'écritures lui parurent :1a première,
alphabétique; la deuxième, syllabique; la troisième,
monogrammatique. Dans la première espèce, il parvint à
lire les deux lettres A et B. Vers le même temps
Grotefend, par une suite de conjectures heureuses et
bien raisonnées, réfléchissant que ces inscriptions appar-
tenaient aux rois Achéménides, parvint, à l'aide de
l'hébreu, du persan et du grec, à déchiffrer les trois
noms propres : Darius, Xerxès et Vistasp. Grotefend (2)
ne réussit pas alors à pousser plus loin son heureuse
(1) Voyez J. Menant, Les écritures cunéiformes. Paris, 1860, pp. 21-43.
(5) Grotefend a publié encore différents écrits sur les inscriptions cunéi-
formes à Gôttingue, en 1840, 1850, 1851, 1853, après les découvertes de
H. Rawlinson, Lassen et Hurnouf.
( 475 )
découverte. Le déchiffrement des inscriptions de Per-
sépolis ne fit plus un pas jusqu'en 1836, époque où
Lassen, en Allemagne, et Burnouf, en France, parvinrent,
en même temps et indépendamment l'un de l'autre, à
compléter la découverte de Miinler el de Grotefend.
Lassen (1) lut et déchiffra la première colonne des inscrip-
tions trilingues; tandis que Burnouf (2) publiait un travail
semblable sur les inscriptions de Hamadan, l'ancienne
Ecbalane. Tous deux prouvèrent que la langue de la pre-
mière colonne était la langue des Perses, langue très
voisine du Zend. Entretemps sir Henri Rawlinson travail-
lait en Perse sur le même sujet et arrivait par sa propre
initiative au même résultat que les deux savants français
et allemand Puis, aidé par les travaux de Burnouf et de
Lassen, il s'avançait plus loin, copiait avec exactitude la
longue inscription de Darius gravée sur le rocher de
Behistoun, la lisait, la traduisait el l'envoyait à la Société
asiatique de Londres en 1843 (3).
Une fois en possession de la langue de la première
(1) Die altpersischen Keilinschriflen von Persepolis. Bonn, 1836.
(2) Burnouf, Mémoire sur deux inscriptions cunéiformes, trouvées
près de Hamadan. Paris, 1836.
(3) Des difficultés matérielles retardèrent la publication jusqu'en 1846.
La plus ancienne inscription trilingue est gravée sur les ruines de Mour-
gab; elle remonte au règne de Cyrus. Vient ensuite la grande inscription
de Darius, la plus importante de toutes. Elle est gravée sur le roc de
Béhistoum, autour d'un bas-relief représentant Darius prolégé par Or-
muzd Darius foule à ses pieds le faux Smerdis et a devant lui neuf rois
vaincus. Darius a laissé des inscriptions courtes à Persepolis, sur les
rochers de Nacki-Roustam. Nous avons encore les inscriptions de Darius
et Xerxès sur les rochers de Van et de CEI vend; enfin quelques autres
inscriptions des derniers Achéméuides. M. Oppert a publié dans le Jour-
nal asiatique, en 1801-1852,16 texte en lettres latines, la Iraduction et le
commentaire de ces inscriptions.
(476)
colonne, on pouvait essayer le déchiffrement de la seconde,
qui ne devait être qu'une traduction de la première. On
sait que les rois de Perse, aujourd'hui encore, rédigent
leurs décrets en trois langues : en perse, en arabe et en
turc. On supposait avec raison que les Achéménides
avaient rédigé leurs inscriptions en ancien persan, en mède
et en assyrien. Ici se présentèrent de nouvelles difficultés.
Le nombre des caractères ou signes s'élevait à cent onze.
Ce n'était plus une écriture alphabétique, mais une écri-
ture syllabique. C'est ce que les travaux de Westergaard
en 1844, de Hincks en 1846, de de Saulcy en 1850, et de
Norris en 1853 démontrèrent en même temps qu'ils don-
nèrent la traduction. On discute cependant encore sur le
nom et la nature de cette langue. M. Norris l'appelle
scythique et M. Oppert médique. Pour MM. Sayce et
Halevy c'est la langue d'Élam.
Le déchiffrement des deux premières espèces d'écritures
ouvrit la voie au déchiffrement de la troisième, que la
grande variété des signes employés rendait plus difficile
encore. Depuis longtemps déjà on avait supposé que la
troisième colonne des inscriptions trilingues renfermait
la langue assyro babylonienne, langue appartenant au
groupe sémitique. La comparaison avec les inscriptions de
Ninive et de Babylone changea la conjecture en certitude.
Cette troisième espèce acquit par les découvertes de
Kouyoundjik et de Khorsabad une importance exception-
nelle, que l'on était dès l'abord loin de soupçonner.
Aujourd'hui, elle a relégué dans l'ombre ses deux sœurs
aînées.
Les premiers pionniers du déchiffrement de l'écriture
cunéiforme assyrienne furent Lôwenstein, Botta, de
Saulcv, Hincks, Fox Talbot et surtout sir Henri Rawlinson
( «7 )
ei Jules Oppert, qui demeurent jusqu'aujourd'hui les deux
chefs de l'assyriologie. Il y eul hien des tâtonnements,
bien des essais infructueux, bien des efforts stériles, bien
des doutes et bien des contradictions entre les savants
avant qu'on put arriver à un résultat quelque peu sûr (1).
C'est que le système assyrien n'est pas seulement sylla-
bique, mais souvent un même signe syllabique peut se
prononcer de deux manières différentes (2). En outre, il
renferme beaucoup d'idéogrammes. Ainsi, par exemple,
les noms des divinités et des rois sont rarement écrits
autrement qu'en idéogrammes. On peut distinguer ces
idéogrammes et en saisir la valeur sans pouvoir les pro-
noncer. C'est ce qui explique comment les assyriologisles
ont rendu et rendent encore si diversement les noms de
quelques rois assyriens. Il en est des idéogrammes assy-
riens comme de nos chiffres. Nos chiffres expriment les
mêmes nombres en français, en allemand et en anglais,
mais on les prononce différemment. On ne peut fixer la
prononciation d'un idéogramme assyrien qu'après l'avoir
(1) Les résultats paraissaient encore si douteux en 1857 que la Société
asiatique de Londres provoqua l'expérience suivante : elle proposa aux
assyriologisles le texte d'une inscription assyrienne de plus de huit cents
ligues et elle leur demanda d'en entreprendre isolément, séparément, la
traduction et d'envoyer le résultat de leurs travaux, sous pli cacheté, au
siège de la Société. MM. Rawliuson, Hincks, Fox Talbotet Oppert accep-
lèrent le concours. Le résultat fut convaincant. Les quatre traducteurs,
hien qu'avec de notables différences, étaient d'accord sur les points les
plus importants. Cette inscription se rapportait à Teglat-Phalasar 1er.
Voyez Inscription ofTeglat Pileser I. King of Assyria, B. C, 1150. As
translated by sir H. Rawlinson. Fox Talbot, Dr Hincks and Dr Oppert.
(2) Sur la polyphonie assyrienne, voyez Oppert, Annales de phil chràt.,
«856.
( 478 )
rencontré écrit en toutes lettres ou exprimé dans un nom
propre, connu d'ailleurs (1).
IV.
Une fois en possession de la clef des inscriptions assy-
riennes, les savants ont pu pénétrer dans la bibliothèque
du roi Assurbanipal et aborder la lecture des livres qu'elle
renferme. Cette lecture n'est que commencée. Il reste
encore un nombre très considérable de ces volumes d'ar-
gile à examiner. Néanmoins les renseignements que les
tablettes déchiffrées nous ont déjà fournis sur l'histoire, les
croyances, les mœurs, les usages et les sciences en Assyrie
depuis les temps les plus reculés sont d'un prix inappré-
ciable. Mais ce n'est pas tout. La bibliothèque du palais de
Ninive nous a d'abord donné ces tablettes appelées Sylla-
baires (2), qui ont si puissamment contribué au progrès de
la lecture et à l'intelligence des textes cunéiformes. Les
assyriologues ont donné le nom de syllabaires à certaines
tablettes où les signes cunéiformes sont rangés sur trois ou
quatre colonnes par ordre de similitude comme dans les
syllabaires de nos écoles. Au milieu se trouve le signe
expliqué, à droite la valeur primitive du signe et sa pro-
nonciation dans la langue des inventeurs de l'écriture
(I ) L'écriture de la deuxième el de la troisième colonne part du même
principe. On la retrouve exprimant différentes langues dans les inscrip-
tions de Suze, de Ninive et de Van. Voyez J. Menant, Les syllabaires
assyriens dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions ; Mémoires
des savants étrangers, t. VII, Paris, 1869.
(2) Sir H. Rawlinson a publie, en 1866, ces syllabaires dans Cuneiform
Inscriptions of Western Asia, t. II, pi. 1-4; t. III, pi. 70. M. Georges
Smilh a complété ces syllabaires incomplets par de nouvellps tablettes
retrouvées, par lui, dans le palais d'Assurbanipal.
( 479 }
cunéiforme qu'on appelle langue d'Accad ou de Sumer, à
gauche sa valeur idéographique rendue par un mot assy-
rien [i). Il est de ces tablettes qu'on pourrait appeler
grammaticales. Ainsi, une série indique les pronoms; une
autre les formes verbales. Par ce secours on est parvenu
aujourd'hui à former une grammaire assyrienne qui per-
met de s'assimiler en peu de jours le fruit de longues et
patientes recherches. MM. Menant, Delilzsch et Sayce ont
donné des Manuels pratiques de la langue assyrienne. La
lexicographie retirera aussi de précieux renseignements
des syllabaires. Mais elle est moins avancée. Le P. Slrass-
maier a commencé l'édition en autographie du grand dic-
tionnaire cunéiforme qu'il prépare depuis longtemps et qui
sera le fruit d'un immense labeur.
Outre les syllabaires, la bibliothèque de Ninive contient,
comme nous l'avons dit, des documents historiques. Quel-
ques-uns de ces documents sont du plus grand intérêt, car
ils font revivre l'histoire entièrement oubliée d'une grande
nation. Nous y trouvons entre autres le récit des huit pre-
mières années de règne d'Assurbanipal.
Le roi rapporte que, la sixième année de son règne, il
subjugua les Élamites, renversa Suse, leur capitale, et
ramena glorieusement à Erech, en Chaldée, la statue de la
déesse Nanna, que les Élamites avaient enlevée 1,635 ans
auparavant. Si cette assertion est exacte, l'enlèvement de
la statue par les Élamites remonterait à l'an 2294 avant
Jésus-Christ, deux ans après qu'Abraham eut quitté la
Chaldée selon la chronologie des auteurs de l'Art de véri-
(1) Voyez Lenormaist, Éludes sur quelques parties des syllabaires
cunéiformes, Paris, 1876. Les syllabaires cunéiformes, Paris, 1877.
( 480 )
lier les dates. C'est la plus ancienne date historique posi-
tive que connaisse l'histoire profane (i).
Une autre donnée chronologique fort importante est
fournie par les tablettes qui contiennent la liste des fonc-
tionnaires annuels appelés limmu. Ces fonctionnaires don-
naient leur nom à l'année comme les Archontes éponymes
de la Grèce. Ces espèces de fastes consulaires comprennent
un espace de près de trois siècles. La liste des limmu va du
règne de Vulnirar ou Binnirar II, au règne d'Assurbanipal,
c'est-à-dire de l'an 9H environ avant Jésus-Christ à l'an
650.
Les tablettes de Kouyoundjik renferment plusieurs de
ces listes, malheureusement réduites en fragments. On est
néanmoins parvenu à former avec les divers fragments
une liste presque complète (2). Comme, durant cet inler-
(1) Voici en quels ternies le roi Assurbanipal rapporte cel épisode de
la guerre d'Élam : t La statue de Nanna, depuis mil six cent trente-
cinq ans, avait été enlevée et forcée de demeurer au pays d'Élam dans
un temple qui ne lui était pas consacré; celte déesse, qui, avec les dieux
ses pères, avait appelé mon nom au gouvernement du monde, me com-
manda de rétablir ainsi sou image : « Assurbanipal, enlève-moi du pays
impie d'Élam et ramène-moi au milieu du Bit-Anna. » L'ordre de la divi-
nité, qui avait été annoncé depuis les jours les plus éloignés, fut répété
de nouveau aux derniers hommes. J'ai pris les mains de la grande déesse;
son départ a réjoui mon cœur; elle s'avança vers le Bit-Anna dans le mois
de Kisselev. Je l'ai fait entrer dans la ville d'Aruk, dans le Bit-Iliani ,
qu'elle avait aimé, et je lui ai élevé un sanctuaire. » Traduction de J. Menant,
Babylone et la Chaldée, p. 55; Biblioth. du palais de Ninive, p. 55. Cfr.
G.-L. Smith, Hist. of Assurbanipal, p. 249. Les tablettes astronomiques
des Chaldéens envoyées à Aristote remontent à l'an 2226 av. J.-C. Sur la
chronologie chaldéenne et assyrienne, voyez Oppert, Annales de phil.
chréL, 1856, t. II, pp. 245-257; 325-356.
(2) Voir la liste des Limmu dans E. Babelon, Hisl. anc. de V Orient,
par Lenormant, t. IV, p. 449, Paris, 1885.
( 481 )
va Ile, les rois assyriens ont été plusieurs fois en guerre
avec le peuple d'Israël, on saisit facilement toute l'impor-
tance de celte découverte pour l'histoire et la chronologie
biblique. Bien qu'il reste encore plus d'une difficulté à
vaincre et que l'on ne soit pas encore parvenu à concilier
la chronologie sacrée avec la chronologie assyrienne dans
tous les détails, on peut cependant affirmer d'une manière
générale que l'histoire assyrienne, révélée par les docu-
ments cunéiformes, est venue confirmer d'une manière
inattendue la vérité de l'histoire des rois d'Israël et de
Juda contenue dans les livres saints, comme l'a très bien
établi l'abbé Vigouroux dans un ouvrage récent (I).
La bibliothèque d'Assurbanipal contient aussi des docu-
ments juridiques et des contrats de toute nature qui nous
font connaître dans le détail les lois civiles et pénales, les
usages et les coutumes des Assyriens et des Babyloniens.
Ce qui est publié et traduit jusqu'aujourd'hui ne permet
pas encore de bien formuler le système général de leur
législation.
Les Grecs nous ont appris depuis longtemps que la
Chaldée était la patrie des astronomes et que les Babylo-
niens avaient inscrit leurs observations astronomiques sur
des briquettes depuis les temps les plus reculés (2). La
bibliothèque de Ninive abonde en tablettes astronomiques.
Ces tablettes nous font savoir que la précession des équi-
noxes était déjà connue sous le roi Sar-Jukin deux mille
(1) Vigouroux, La bible et /es découvertes modernes en Palestine, en
Egypte et en Assyrie, 4e édit., Paris, 1884.
(2) Cfr. Plike, Hist. nat., t. VII, pp. 57-58. D'après Simplioius, les
tablettes astronomiques des Cbaldéens envoyées par Callisthènes à Aris-
tote remontaient à 1903 ans avant Alexandre, 2226 ans avant J.-C.
5me SÉRIE, TOME IX. 35
( 482 )
ans avant notre ère. L'année des Assyriens, comme celle
des Juifs après la captivité et celle des Syromacédoniens,
était formée de douze mois lunaires. Ils observaient les
éclipses, distinguaient les signes du zodiaque, désignaient
les constellations par des noms qu'elles ont encore, remar-
quaient le mouvement des planètes (1) et s'adonnaient aux
superstitions de l'astrologie (2).
La théogonie et la cosmogonie des Assyriens et des
Babyloniens, leurs traditions sur l'âge des dix rois anté-
diluviens et sur le déluge ne nous étaient connues que par
les fragments de Bérose conservés par Eusèbe (3) et par
Georges le Syncelle (4). Aujourd'hui nous avons les
tablettes cosmogoniques de Ninive (5); nous connaissons
les principales divinités du panthéon assyrien. Les bas-
reliefs et les cylindres ont conservé la manière de les
représenter. L'exactitude de Bérose est confirmée et son
récit est complété (6).
Nous devons surtout mentionner ici le récit chaldéen
du déluge qui a tant de points de ressemblance avec le
récit mosaïque. La légende chaldéenne du déluge n'est
qu'un épisode d'un poème dont le héros est lzdubar,
grand chasseur et grand guerrier qui poussa ses conquêtes
(1 ) Voyez Menant, La bibliothèque du palais de Ninive, eh. VI.
(2) Voyez Lenormant, La Magie chez les Chaldéens, Paris, 1874; La
Divination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875.
(3) Eusebii chronicon, lib. I, dans Migne, Palrol. gr., t. XIX, pp. 106
el suiv.
(4) George monachi chronogràphia, éd. Goar, Paris, 1652, pp. 14, 16-
17; 28-31.
(5) Voyez Smith. Chaldean accounl of genesis; Delitisch, Chaldai-
sches genesis.
(6) Voyez Lenormant, Essai de commentaire sur les fragments cos-
mogoniques de Bérose.
( 485 )
du golfe Persique jusqu'en Arménie. Les premiers frag-
ments du récit du déluge furent découverts en 1872 par
G. Smith dans les tablelles de Ninive. Le poème entier
remplit une série de douze tablettes que le savant
assyriologue est parvenu à reconstituer en réunissant
quatre-vingts fragments appartenant à trois exemplaires
différents de la Bibliothèque royale de Ninive. Comme le
récit du déluge n'était pas complet, G. Smith fut envoyé
en Assyrie, aux frais du journal le Daily Tclegraph, pour
faire des fouilles et rechercher les fragments qui man-
quaient. Sa mission fut couronnée d'un plein succès.
G. Smith a pu compléter presque entièrement les exem-
plaires du Musée brilanique de sorte que nous possédons
maintenant, presque sans lacune, la légende chaldéenne
du déluge. C'est peut-être le morceau qui est traduit avec
le plus de sûreté et d'exactitude parmi les documents
cunéiformes (1).
Le poème d'fzdubar a été copié au VIIe siècle avant
J.-C, par ordre du roi Assurbanipal, sur un exemplaire
alors fort ancien qui était conservé dans l'antique ville
d'Êrech.
Les légendes abondent dans le grand dépôt littéraire de
Ninive. Outre la légende chaldéenne du déluge, on a tra-
duit la descente d'Istar aux enfers. Cette remarquable
fiction mérite d'être comparée aux compositions classiques
du même genre. Il sera ainsi facile de voir que les Assy-
riens avaient le goût littéraire et ne cultivaient pas les
lettres avec moins de succès que les arts.
(1) 11 a été traduit en français par M. Lenormant dans ses Premières
civilisations, t. I, pp. 33-45; par M. Menant, dans Babylone et la Chal-
dée, pp. 23-30. Sa traduction est plus complète dans Vigouroux, La
Bible et les découvertes, 3e éd , t. I, pp. 229-244.
( m j
Je n'abuserai pas plus longtemps de votre bienveillante
patience. La bibliothèque du roi Assurbanipal n'a pas
encore livré tous ses secrets. Ce qu'elle a donné jusqu'au-
jourd'hui peut faire apprécier les trésors qu'elle contient.
Le terrain de l'assyriologie est maintenant déblayé. Les
Rawlinson, les Oppert, les Hincks, les Smith, les Lenor-
mant ont frayé le chemin; la voie est ouverte. C'est à nos
jeunes orientalistes à y entrer, à marcher sur les traces de
ces savants infatigables et à s'unir aux nombreux pion-
niers de l'assyriologie qui, en Angleterre, en France et en
Allemagne, s'occupent avec tant d'ardeur et de succès du
déchiffrement des écritures cunéiformes. Depuis le XVIe
siècle, la Belgique a produit de nombreux orientalistes.
Masius, né près de Bruxelles, a été l'un des premiers et
des plus distingués. Il faut que sa race se perpétue et que
notre pays ne soit en arrière d'aucun progrès.
— M. Stecher remplace M. Lamy pour donner lecture
du rapport suivant :
PRIX JOSEPH DE KEYN.
Rapport du jury chargé de juger la première période
du troisième concours (i).
Enseignement primaire
(1er janvier 1883 au 51 décembre 1884.)
Les prix De Keyn suscitent chaque année de nombreux
ouvrages presque tous dignes d'attention. S'ils traitent
de matières bien diverses, c'est de plus en plus le même
(') Membres du jury : MM. Wauters, président, Stecher, rapporteur,
Gandèze, Catalan, Potvin, Roersch, Wagener.
( 485 )
esprit qui les anime. Par un véritable hommage à la
mémoire <iu généreux donateur, les concurrents travail-
lent dans le sens de ses recommandations suprêmes : ils
veulent, comme il l'a voulu, constituer un enseignement
laïque et neutre, tel que l'exige dans les écoles de l'État
notre Constitution loyalement interprétée.
Mais quand il s'agit, comme cette année, d'instruction
primaire, il y a bien des conditions dont le jury doit tenir
compte et que les auteurs perdent trop facilement de vue.
Les uns ne songent qu'à l'exactitude scientifique; jesautres
se confient dans l'austérité de leur morale ou dans le libé-
ralisme de leurs intentions. S'il suffisait d'être savant,
honnête ou libéral pour faire des livres à la portée de
l'enfance, quel ne serait pas l'embarras d'un jury qui,
comme le nôtre, avait à juger quarante-deux ouvrages trai-
tant des sujets les plus variés ! On cite souvent le maxima
debelur puero reverentia; mais n'oublie-t-on pas quelque-
fois que ce respect dû à l'enfant qu'on veut instruire doit
se manifester jusque dans la forme et non pas seulement
dans le choix du fond? C'est encore ici qu'il faut recon-
naître que les choses valent surtout par la façon dont on
les dit :
La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne.
Pour la noble lâche d'éclairer les jeunes intelligences,
ce n'est pas assez que le style soit clair et la langue cor-
recte. Il y faut aussi de la souplesse, sans recherche, de
l'esprit sans paillettes, du naturel sans trivialité, de l'en-
train sans contorsions ni grimaces, de la gravité sans
morgue ni mystère. Si l'on ne parle pas tout à la fois au
cœur, à l'esprit et à l'imagination, l'on a peu de chance
d'être écouté, encore moins d'être compris.
( 486 )
C'est cette diction, sans cajoleries de mauvais aloi, que
l'on aime dans les poésies, les contes et les nouvelles de
M'u Virginie Loveliny. Depuis près de vingt ans, les Pays-
Bas et la Belgique y admirent l'art de montrer, dans les
choses les plus humbles, le sentiment qui console et la
morale qui s'impose. Pour la plus récente de ses œuvres :
Verhalen voor kinderen (contes enfantins), le jury propose
un prix de mille francs. Il a voulu récompenser un talent
véritablement féminin pour traduire dans toute leur jus-
tesse les impressions de l'enfance, ses goûts, ses rêves et la
véritable vie que mène son esprit :
Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire!
L'auteur flamand, fidèle à cette pensée du poète fiançais,
pénètre dans ce petit monde de l'aube et de l'avenir avec
une délicatesse en quelque sorte maternelle.
M"e Loveling se lient à la portée de l'enfant, ni trop
haut, ni trop bas; elle s'ingénie à le guider, sans effort,
sans ennui, jusqu'aux leçons les plus graves et les plus
sévères. Une narration toujours en mouvement, drama-
tisée par mille détails de la vie réelle finement aperçus, ne
laisse rien dans l'ombre, tant ce langage, bien que clas-
sique et nullement particulariste, comme on dit en West-
flandre, est franc, naturel et pour ainsi dire instinctif. En
parlant d'une de ces historiettes où l'idylle est si vraie et
la morale si spontanée, une revue hollandaise : Lelie- en
Rozeknoppen, a pu dire : « C'est proprement un charme
qui vous gagne au point qu'on se sent redevenir enfant,
et qu'on croit jouir ou souffrir avec les héros de ces petits
drames ».
Pour un genre tout opposé, pour un sujet plutôt Ira-
( 487 )
gique et destiné d'ailleurs plus spécialement aux élèves
des écoles d'adultes, le jury propose un autre prix de
mille francs. C'est cette lois le patriotisme qui a porté
bonheur. Qui ne se souvient de la touchante cérémonie du
20 mai 1884! Les paroles de fraternité échangées alors à
Bruxelles entre Guillaume III et Léopold II ont retenti
dans toute l'Europe. La veille même de cette manifesta-
tion, un professeur de l'Université de Gand, M. Discailles,
dédiait « aux Belges et aux Hollandais » un petit livre
intitulé : Guillaume le Taciturne et Marnix de Sle-Alde-
rjonde. Ecartant, comme il convient de le faire dans ce
concours d'oeuvres laïques, tout ce qui divise et sépare
pour ne glorifier que ce qui unit et réconcilie, l'auteur
invite la jeunesse à se ressouvenir des luttes et des
souffrances dont on paye les libertés. Libertas qnotidie
amenda.
Avec une chaleur qui se communique dès les premières
pages, M. Discailles fait revivre les deux grands lutteurs
de la Pacification de Gand. Il profite habilement des der-
nières révélations de la science historique pour que les
plus jeunes de ses lecteurs se placent au vrai point d'as-
pect, qui permet de comprendre la tragédie de notre
XVIe siècle. Les deux victimes du fanatisme espagnol
apparaissent comme deux hommes d'une énergie à toute
épreuve, d'un courage qui résiste aux trahisons aussi
bien qu'aux défaites. C'est, a dit Motley, la grandeur des
héros antiques. Grâce à un style vif ^et clair, les plus dis-
traits entendront, à ce propos, une haute leçon de patrio-
tisme, de dévouement à ses principes, et surtout d'amour
et de respect pour cette liberté encore si jeune et toujours
menacée, la liberté de conscience. Une pareille œuvre de
( 488 )
vulgarisation bien inspirée semble répondre directement
aux vœux du fondateur de ces concours.
C'est la même pensée d'affranchissement par la raison
et la science qui a guidé deux autres concurrents que le
jury propose pour la même couronne. M. Léon Fredericq,
professeur à l'Université de Liège, et Mac Leod, professeur
à l'école normale de Bruges, nous paraissent avoir mérité,
chacun, un prix de mille francs.
Par son livre intitulé : Le corps humain, M. Fredericq
combine les avantages des deux catégories d'oeuvres desti-
nées, dans l'esprit de la fondation De Keyn, à servir la
cause du progrès populaire. D'après l'article 4 du règle-
ment de concours, les ouvrages dignes d'être recomman-
dés au Gouvernement pour être admis à l'usage des écoles
publiques ou des distributions de prix, peuvent être com-
posés en vue de la lecture, même à domicile, ou de l'ensei-
gnement proprement dit.
Ce surcroît d'avantages résulte de la simplicité même
du plan. « Nous allons entreprendre, dit l'Introduction,
l'étude d'une machine cent fois plus parfaite et plus
curieuse que la plus parfaite des machines à vapeur.
» Cette machine, intéressante entre toutes, est notre
propre corps. C'est grâce à ses rouages et à son organisa-
tion merveilleuse que nous digérons, que nous respirons,
que nous sentons, en un mot, que nous vivons. »
On l'entend : le corps, qui n'est plus une guenille ni
une prison de l'âme, mais une machine dont l'âme se sert,
peut être décrit avec le même plaisir qu'on en mettrait à
démonter et à remonter la plus ingénieuse invention de
l'industrie moderne. Ce n'est pas tout : on peut encore se
donner le spectacle de la machine mise en mouvement et
fonctionnant à toute vapeur comme dans nos grandes
( 489
Expositions nationales ou internationales. Lu même temps,
comme le démonstrateur esl un savant déjà connu au delà
de nos frontières, les jeunes auditeurs assistent à une série
de leçons bien déduites, bien digérées et d'autant mieux
assimilables. C'est merveille comme la science véritable et
supérieure réussit souvent à simplifier l'enseignement, au
point de lui permettre de descendre très bas sans jamais
se ravaler ni s'évaporer.
Ce petit traité d'Anatomie et de Physiologie populaires
esl complet en son genre : on en peut faire un manuel de
classe. D'un autre côté, comme M. Fredericq sème tout le
long de sa roule des anecdotes piquantes, des renseigne-
ments amusants et curieux, quoi de plus naturel que de
considérer lotit cela comme une aimable causerie?
La morale, non plus, n'y est pas oubliée, et, comme il
arrive souvent, l'instruction concourt à l'éducation. Quand
tout ce développement de science solide et positive ne ser-
virait qu'à montrer aux jeunes curieux combien la moindre
imprudence peut causer de ravages dans la précieuse
machine, vous devinez que cette leçon de choses constitue
en même temps une excellente leçon de conduite.
L'enseignement esl d'autant plus efficace qu'il est établi
sur une base solide, inébranlable, et que la surcharge des
détails inutiles et importuns a élé soigneusement évitée.
Qui ne sait se borner ne sut jamais instruire.
Ce n'esl pas toutefois que l'économie y dégénère en
épargne malencontreuse et ruineuse.^Avec la même sim-
plicité de langage qu'on remarque dès le début, M. Frede-
ricq aborde, quand l'heure esl venue, la théorie des cellules
et la vie indépendante de chaque organe, comme couron-
nement d'une exposition si netle qu'on la dirait inspirée
par son illustre maître, le Dr Schwann. Toujours lidèle à
( 490 ,
l'esprit des concours De Keyn, il trouve dans la théorie
cellulaire une comparaison saisissante à instituer avec la
loi moderne et démocratique de la division du travail.
« Plus l'animal est parfait, dit-il, plus il est élevé dans
l'échelle des êtres, et plus celle division du travail physio-
logique s'accentue. Chez les animaux inférieurs, au con-
traire, le corps est formé d'un plus petit nombre de
cellules, qui toutes remplissent à peu près les mêmes
fonctions. Il y a même des êtres microscopiques, formés
d'une seule cellule, qui cumule alors toutes les fonctions :
la nutrition, la respiration, la locomotion, la sensibilité, etc.
Les infusoires, ces infiniment petits, qui se développent
par myriades dans toule eau croupissante, sonl dans ce
cas. » L'auteur aurait pu rappeler aussi l'image de ces
sociétés primitives où le même homme préside au tem-
porel comme au spirituel, et enveloppe tout de sa seule
puissance. Une autre comparaison, que l'on trouve au
paragraphe final, achève de prouver la netteté du plan et
la fermeté de l'esprit de suite.
« La machine à vapeur, remarque- t-il , est quelque
chose d'inerte; elle a besoin d'être mise en train, d'être
dirigée à chaque instant par le chauffeur ou le mécanicien,
c'est-à-dire par un être pensant, par une intelligence supé-
rieure.
» La machine vivante, au contraire, esl douée, au plus
haut point, de la spontanéité ; elle n'a pas besoin d'impul-
sion extérieure. Elle porte en elle-même un esprit qui la
dirige, une intelligence qui sent, qui veut, qui pense
» Celle volonté centrale n'a pas à s'occuper de ce qu'on
pourrait appeler la cuisine intérieure du corps : la diges-
Mon, la circulation et les autres fonctions inférieures. Tout
cela s'exécute à notre insu, par d'innombrables fonction-
v 491 )
naires suballernes. Débarrassée des soucis de l'administra-
lion interne de ses domaines matériels, notre intelligence
pourra consacrer toute son énergie à combattre les causes
extérieures de destruction, à triompher dans la lutte pour
la vie, et parfois elle saura se reposer des préoccupations
matérielles de l'existence pour s'élever dans le domaine
supérieur de la pensée. »
Dans le domaine de l'enseignement élémentaire des
sciences naturelles, le flamand commence à faire concur-
rence au français-. La Belgique n'a qu'à se féliciter de cette
noble rivalité pour instruire tous ses enfants.
Une Société fondée depuis trente-cinq ans pour secon-
der cette propagande patriotique, le Willems-fonds de
Gand, a publié sous le n° 107 de sa collection l'ouvrage de
M. Mac Leorl, auquel nous proposons de donner un prix
de mille francs. C'est un manuel destiné à l'enseignement
normal; il a pour litre : De Werveldieren (Les Vertébrés).
Malgré l'apparence aride el pédagogique des premières
pages, le lecteur est bientôt frappé de la clarté de l'expo-
sition, et non moins de l'ordre qui règne dans les détails
les plus variés.
Pour initier rapidement le futur instituteur à ce qui est
essentiel dans l'organisation des différents types de ver-
tébrés, l'auteur s'est surtout attaché à bien choisir el à bien
proportionner les exemples. Autant que possible, ils sont
pris à la faune belge, afin que les notions élémentaires
puissent se communiquer, en quelque sorte, ou par l'in-
tuition de ce qu'on présente au jeune élève, ou par le
souvenir de ce qu'il a rencontré souvent. Ce procédé, qui
écarte la pure abstraction et le vain cliquetis de mots
grecs qui semblent barbares, prouve déjà combien l'œuvre
est personnelle. Nous n'avons ici ni une copie, ni une tra-
( 492 )
duclion, comme il arrive quelquefois pour ces sortes
d'ouvrages. L'auteur, qui est un savant déjà connu par le
Bulletin de l'Académie, a voulu doter l'enseignement
normal, dont il connaît les lacunes, d'un traité recomman-
dable pour l'exactitude des faits et pour la nomenclature
flamande dont une partie était encore à créer.
Parmi les auteurs qui ont le plus longtemps, le plus
vivement disputé le prix à leurs concurrents plus heu-
reux, le jury se plaît à citer MM. Germain, Cattier,
Van der Mensbrugghe et Mmc Ë. Lagrange.
M. Germain, dont le nom n'a plus besoin d'éloges, avait
présenté une nouvelle édition de son Manuel de géogra-
phie, si connu dans nos écoles, soit par le texte français,
soit par la traduction flamande. Mais la majorité du jury,
tout en tenant compte de l'excellente méthode de ce livre
et des transformations notables qu'il a subies, n'a pas cru
devoir lui sacrifier aucune des autres œuvres désignées
pour les prix.
Une autre minorité a vivement plaidé les mérites du
petit roman humoristique de M. Edmond Cattier : Les
bêles du docteur Metaphus. Elle a fait valoir l'originalité de
la conception, la gaieté des détails, l'entrain du récit et
surtout la portée éducative de l'ensemble. « C'est, a dit
l'un de nous, un cadre ingénieux pour captiver la curiosité
de l'enfant : il y voit, comme en action, les merveilles que
peuvent produire l'observation, la comparaison et l'induc-
tion. » Mais on a objecté que si la conception était des plus
heureuses, elle n'avait pas été assez pleinement réalisée;
que la gaieté provoquée par les détails n'était pas toujours
exemple de sarcasme ni d'exagération Un reproche plus
grave, peut-être, c'est que l'auteur, entraîné par la note
amusante, a laissé pénétrer dans sa narration certaines
( 493 )
invraisemblances qui pourraient égarer des enfants. Plus
ils s'amusent à ces inventions ingénieuses, plus elles doi-
vent être conformes, sinon au réel, du moins au possible.
On a eu de ces scrupules, même pour certains romans de
M. Jules Verne.
Dans la même Collection nationale des éditeurs Lebègue,
plusieurs membres du jury ont fait remarquer l'impor-
tance du n° 46 : Petites choses et grandes leçons, par
Mme E. Lagrange. Pour le but et les tendances, on pourrait
le rapprocber des contes enfantins de M"e Loveling : c'est
la même morale, pure, élevée, qu'on veut faire jaillir de
l'agencement réel des choses et du train ordinaire de
l'univers. Dans ces deux livres on met en valeur et en
honneur les sentiments les plus généreux, les émotions les
plus délicates. Si toutefois l'écrivain flamand a été pré-
féré, c'est qu'il a, mieux que son concurrent français,
dissimulé le sermon qui effraie ou rembrunit l'enfance.
Ses récits sont d'ailleurs plus suivis, son dialogue plus
naturel, et rien ne vient indiscrètement avertir l'enfant
que le conte n'est que le prétexte.
Enfin, le jury regrette de devoir écarter une œuvre qui
a déjà obtenu une grande notoriété, mais qui conviendrait
plutôt à l'enseignement moyen : nous voulons parler de
YHistoire d'une goutte d'eau, par M. G. Van der Mens-
brugghe. Par une réserve que l'on comprendra, nous ne
pouvons nous prononcer davantage sur la conception à
la fois poétique et morale de cet entretien, un peu compli-
qué, par moments, de calculs et de formules qui déroute-
raient de trop jeunes lecteurs.
Les regrets du jury ne sont qu'un gage de plus du bril-
lant avenir de l'œuvre Joseph De Keyn.
Dans les quarante-deux ouvrages soumis à notre choix,
( 494 )
que d'essais heureux et qui ue demandent qu'un peu plus
de travail et de maturité pour répondre aux nobles
exigences de ce concours! Puissent tous les concurrents
être de plus en plus stimulés par la pensée qu'il s'agit
d'un progrès nouveau de la civilisation nationale, car il
s'agit de fonder dans les jeunes âmes l'amour et la pratique
de la liberté par une plus grande diffusion de la science.
— La séance a été terminée par la proclamation sui-
vante, faite par M. le secrétaire perpétuel, des résultats
des concours et des élections :
CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE (1885).
Deux mémoires en flamand ont été reçus en réponse à
la troisième question :
On demande une étude sur l'application des règles de
la métrique grecque et latine à la poésie néerlandaise.
Le premier porte pour devise : Musïca est scientia bene
movendi (S. Augustin).
Le second : Sine labor...
La Classe, ratifiant les conclusions des rapports de ses
trois commissaires chargés de juger ces mémoires, a
décerné sa médaille d'or, d'une valeur de huit cents francs,
à l'auteur du second travail.
L'ouverture du billet cacheté fait savoir qu'il est de
M. J.-A. Van Droogenbroeck-Asselberghs, professeur à
l'École de musique de Saint-Josse-ten-Noode-Schaerbeek,
premier commis à la direction des lettres, sciences et
( 495 )
beaux-arts du Ministère de l'Agriculture, de l'Industrie et
des Travaux publics.
PRIX DE KEYN.
Troisième concours. — Première période 1883-1884.
(Enseignement primaire.)
La Classe, ratifiant les conclusions du rapport du jury
chargé de juger celte période, a décerné:
Quatre prix de mille francs :
1° A M,le Virginie Loveling,à Nevele (Flandre orientale),
pour ses contes enfantins (Ver/mien voor kinderen);
2° A M. Discailles, professeur à l'Université de Gand,
pour son livre : Guillaume le Taciturne et Marnix de
S"-Aldegonde ;
3° A M. Léon Fredericq, correspondant de l'Académie
et professeur à l'Université de Liège, pour son livre :
Le corps humain ;
4° A M. Mac Leod,. professeur à l'École normale de
Bruges, pour son manuel destiné à l'enseignement nor-
mal et portant pour titre : De Werveldieren (Les Verté-
brés).
PRIX QUINQUENNAL DE LITTÉRATURE FLAMANDE.
Par arrêté royal du 21 avril dernier, pris sur les con-
clusions du rapport du jury chargé de juger la septième
période du concours quinquennal de littérature flamande,
le prix de cinq mille francs a été décerné à M. J. Van
Beers, professeur à l'Athénée royal d'Anvers, pour son
livre intitulé : Rijzende Blaren.
( 496 )
PRIX TRIENNAL DE LITTÉRATURE DRAMATIQUE
EN LANGUE FRANÇAISE.
Par arrêté royal daté du 5 mai le prix pour la 9e pé-
riode a été décerné, sur les propositions du jury, à
M. Laurent de Coninck, à Sainl-Gilles-Bruxelles, pour sa
comédie intitulée : La question d'occident.
ÉLECTIONS.
La Classe avait à procéder à l'élection :
1° D'un membre titulaire en remplacement de M. Alph.
Yandenpeereboom, décédé;
2J De deux correspondants ;
3° De quatre associés en remplacement de MM. Scheler,
élu membre titulaire par suite de sa naturalisation,
Ég. Arntz, Mignet et de Lepsius, décédés.
Ses suffrages se sont portés :
i° Pour la place de membre : sur M. J. Gantrelle, déjà
correspondant; sa nomination sera soumise à la sanction
royale;
2° Pour les places de correspondant : sur MM. J. Van
Beers, professeur à l'Athénée d'Anvers, et Gustave Frédé-
rix, rédacteur à l' Indépendance belge;
3° Pour les places d'associé : sur MM. Nicolas Beets,
professeur à l'Université d'Utrecht, le chevalier von Hoef-
ler, à Prague, Sully Prud'homme, de l'Académie française,
à Paris, et Marco Minglietti, ancien Ministre et économiste,
a Rome.
( W )
SÉANCE GÉHÉRALE DES TROIS CLASSES
du 5 mai IS85.
M. Ch. Piot, présidenl, directeur de la Classe des lettres.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents :
Classe des sciences. — MM. Morren , directeur; Éd.
Mailly, vice-directeur; J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J.
Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps ,
Gluge, Melsens, G. Dewalque, E. Candèze, F. Donny,
Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie,
Fr. Crépin, J. De ïilly, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke,
G. Van der Mensbrugghe, membres; M. Mourlon, P. Man-
sion et P. De Heen, correspondants.
Classe des lettres : MM. P. Willems, vice-directeur ;
Gachard, P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de
Lettenhove, R. Chalon, Th. Juste, Alph. Wauters, Ém.
de Laveleye, G. iNypels, Alph. Le Boy, A. Wagener,
F. Tielemans, S. Bormans, Ch. Potvin, J. Stecher, Aug.
Scheler, P. Henrard, membres; J. Nolel de Brauwere van
Stecland et Alph. Bivier, associés.
Classe des beaux-arts : MM. Pauli, directeur; Alvin,
vice-directeur; Éd. Fétis, le chevalier L. de Burbure,
Ad. Siret, Ernest Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel,
Jos. Schadde, Jos. Jaquel, J. Demannez, G. De Groot
Gusl. Biot, H. Hymans, membres; Al. Markelbach et Edm.
Marchai, correspondants.
5me série, tome ix. 34
( 498 )
Conformément à l'article 19 des statuts organiques de
l'Académie, les trois Classes sont réunies en séance géné-
rale pour régler, entre elles, leurs intérêts communs.
M. le président fait savoir que, comme suite au vœu
exprimé par chacune des Classes de l'Académie, l'adresse
suivante a été remise au Roi au sujet de l'œuvre du Congo,
par une délégation composée des trois directeurs et du
secrétaire perpétuel.
« Sire,
» L'Académie royale des sciences, des lettres et des
beaux-arts a l'honneur de présenter ses félicitations à
l'Auguste fondateur de l'Association internationale afri-
caine au sujet de l'heureux résultat des travaux de la
conférence de Berlin.
» L'Académie apprécie toute l'importance de ce résultat
au point de vue de l'avenir industriel et commercial de la
Belgique, mais ce qui la frappe particulièrement, Sire, ce
sont les immenses bienfaits de l'œuvre africaine sous le
rapport humanitaire et scientifique.
» Un État libre créé au sein même de la région escla-
vagiste, la civilisation luttant victorieusement contre
l'ignorance et la barbarie, parfois, il est vrai, au prix de
douleureux sacrifices, mais toujours à l'aide de moyens
pacifiques, la science éclairant de son flambeau la géogra-
phie, l'ethnographie et l'histoire naturelle d'un monde
resté inconnu jusqu'ici ; telles sont, Sire, les admirables
conséquences du dévouement généreux , de la largeur de
vues, de la persévérance inébranlable avec lesquels Votre
Majesté a poursuivi et réalisé une œuvre qui fera époque
dans l'histoire de l'humanité.
( 4-99 )
» L'Académie prie son Auguste Protecteur d'agréer
l'expression de son profond respect. »
M. le président ajoute que le Roi a daigné répondre
qu'il était profondément louché des sentiments que l'Aca-
démie venait de lui exprimer et qu'il l'en remerciait bien
vivement. — Applaudissements.
— D'après l'ordre du jour, M. Ad. Siret, secrétaire de
la Commission de la Biographie nationale, vient prendre
place au bureau pour lire le rapport suivant sur les tra-
vaux de la Commission pendant l'année 1884-1885 :
Messieurs,
Nous avions espéré qu'un fascicule de dix feuilles aurait
pu être distribué avant la séance d'aujourd'hui, mais nous
avons dû y renoncer. La correction des épreuves a subi de
nombreux retards par suite de décès, de maladies et d'ab-
sences. Toutefois, notre production ordinaire n'en souf-
frira pas, car, avant la fin de l'année nous pourrons nous
mettre au niveau : cinq bonnes feuilles étant tirées, vingt
grands placards étant actuellement composés.
Nous avons à déplorer la mort d'un de nos collabora-
teurs assidus, M. L. Galesloot, qui nous rendait de précieux
services, grâce à son érudition, et qui avait sa spécialité dans
les nombreuses catégories de nos illustrations. M. Pinchart,
l'archiviste regretté, est mort également alors que son con-
cours allait nous être utile, car il avait pris sur lui de
fournir à la Biographie nationale bon nombre de notices
pour lesquelles personne ne s'était présenté.
Nous avons aussi perdu M. Stappaerls, qui avait déjà
donné sa démission l'année dernière, mais qui continuait
à nous fournir des articles où se faisaient remarquer l'élé-
v 500 )
ganee de son slyle, la sûrelé de son jugement ell'exaclilude
des renseignements. La mort de ces travailleurs n'a pas
été sans influence sur les retards que nous vous signalons.
Une des causes de ces retards, qu'il est nécessaire de
rappeler ici, c'en la lenteur apportée par la généralité de
nos collaborateurs à la rédaction du travail qui leur est
confié. De nombreuses lettres de rappel leur sont adres-
sées, rien n'y l'ait; et quand, de guerre lasse, on les oblige
à s'expliquer, quelques-uns répondent en prétendant que
leurs loisirs leur ont fait défaut et ils abandonnent les
notices.
Certes, Messieurs, ces accidents n'effrayent pas votre
Commission, elle a de nombreuses ressources pour y
obvier,mais il est très pénible d'avoir,au dernier moment,
à faire face à des nécessités de ce genre et si nous croyoni
devoir en parler ici, c'est notamment pour faire remar-
quer à nos corédacteurs qu'ils sont les seuls coupables
quand on nous reproche de ne pas marcher avec la vitesse
désirable.
Nous allons très prochainement aborder la lettre L. A ce
propos, Messieurs, il vous a été adressé une circulaire sous
la date du 1er octobre 1884.
Les dispositions principales de celte circulaire étaient
celles-ci : on vous demandait d'indiquer sur l'épreuve qui
vous élait adressée :
1° Les documents à consulter, publiés postérieurement
à la confection de la liste générale el qu'il y aurail lieu
d'ajouter aux sources déjà indiquées à l'épreuve;
2° Les noms des personnages dignes de figurer dans la
biographie, décédés entre les années 1850 el 1874.
Ce dernier paragraphe avait une importance considé-
rable. En effet, on voudra bien se rappeler que, d'après la
( 501 )
décision prise par la Commission en 1860, aucun Belge
ne pouvail trouver place dans noire livre avant qu'une
période de dix ans si' fui écoulée depuis sa mort. Le
bureau avait décidé de comprendre sur les listes, à partir
d'aujourd'hui, les noms de nos compatriotes décédés de
1850 à 1874.
En conséquence, nous vous avions prié de nous (aire
connaître les noms auxquels devait s'appliquer la mesure
dont il s'agit en nous indiquant autant que possible les
sources où les renseignements pourraient être puisés.
Cet appel a été pour ainsi dire inutile, car sur 120 listes
expédiées à un nombre égal de collaborateurs, il n'en est
revenu que 14, dont 3 absolument vierges de toute anno-
tation. Il est vrai que plusieurs listes nous sont revenues
avec l'indication des notices qu'on désirait rédiger, ce qui
n'était nullement en question. Dans celte même circulaire
nous demandions également qu'on voulut bien faire con-
naître les noms des notabilités décédées dans l'intervalle
déterminé, pour les autres lettres; aucune réponse ne nous
est parvenue.
Les H listes qui ont été renvoyées à la Commission
contenaient dans leur ensemble 80 noms nouveaux pour
la lettre L. Ces noms ont été soumis à l'examen de votre
Commission. Nous remercions bien vivement les onze
membres zélés qui nous ont prêté ainsi le concours de
leurs lumières et de leur patriotisme.
Nous allons, Messieurs, continuer le même travail pour
les autres lettres, mais il sera fait parle secrétariat sous la
surveillance du bureau, l'expérience nous ayant démontré
que nous arriverons ainsi plus vite et plus sûrement au but
désiré.
Nous devons, Messieurs, appeler votre attention sur la
( 002 )
décision que nous avons prise parce qu'elle va imprimer à
la seconde moitié de notre œuvre une physionomie tout
autre que celle de l'autre moitié, c'est-à-dire de la lettre A
à la lettre L exclusivement. Les notices des lettres L à Z
contiendront les biographies des notabilités belges mortes,
comme nous l'avons dit, de 1850 à 1874 et années sui-
vantes, d'après la marche de notre œuvre, tandis que la
partie de A à L sera complètement privée de notices de ce
genre. C'est une lacune inévitable qui sera comblée par le
Supplément à la Biographie nationale. Le lecteur sera pré-
venu de celle circonstance dans une introduction placée
en tête du volume qui commencera la série des noms en L.
11 est bien entendu que si dans la série des notices en
cours d'impression il se présentait le cas d'une personna-
lité belge à comprendre dans les conditions préindiquées,
rien ne s'oppose à ce qu'elle soit admise. C'est ainsi qu'au
dernier moment il nous a été possible de comprendre dans
notre livre la notice sur André van Hasselt, rédigée par
M. L. Alvin. Si d'autres cas du même genre se présentaient
pour la série des lettres HI à K inclus, on pourrait encore
s'en occuper, mais il faudrait se hâter. On voudra bien
alors s'adresser au secrétariat.
La liste L, complétée, comme nous venons de le dire, va
être envoyée à l'impression, après quoi elle sera expédiée:
1° Aux académiciens effectifs qui voudront bien faire
leur choix et le faire connaître au secrétariat. Les inté-
ressés sont prévenus quils auront quinze jours pour faire
ce choix. Après ce délai, il sera difficile, sinon impossible,
de faire droit aux désirs tardifs qui pourraient se produire,
puisque la liste aura été soumise à une autre catégorie de
rédacteurs;
( 503 )
2° Aux correspondants académiciens dans les mêmes
conditions;
5° Aux collaborateurs étrangers.
Nous avons à chaque distribution de liste une peine
infinie à diviser la besogne dans les conditions arrêtées
qui garantissent les droits de chacun; c'est pourquoi nous
ne saurions assez inviter nos honorables collègues à ne
point perdre de vue le délai indiqué, qui sera du reste rap-
pelé en tête de la liste.
Les notices de la lettre // se trouvent à pied d'œuvre, à
l'exception d'une trentaine qui sont à la rédaction. La
lettre H comprend 763 noms.
Les notices des lettres /, J et A', au nombre de 259 noms,
sont déjà en réserve, au moins pour la moitié. Quant à la
lettre L, elle représentera environ 673 noms.
Le sous comité, après examen, a supprimé de la liste les
noms suivants :
Sur la proposition des auteurs : Hadège, graveur lié-
geois ; Hakendover, architecte; Halemans, architecte;
Hallewyn, jurisconsulte; Van Hamme, poète; Happait;
Haultepenne, homme d'Étal ; Heftels, écrivain ; Ste Helere ;
Helinaud, moine; Hellenbuyck, peintre ; Helsenaers, pein-
tre; Van Heude, médecin; Hennequin, prédicateur; Henri
de Hennin, historien; le frère Henri; Hermès, écrivain ;
Heffels, écrivain; Hofmans, peintre; Van Hove, sculpteur;
Hoylaerls, médecin; Hennecart, peintre; Hennequinne,
chroniqueur; Houvveus, évêque.
Sur le vu des notices le sous-comité a supprimé :
Hack, Hanoi, Happait, Van Haringlie, Hautporl, Hagman,
Hanneton (Gil), Heestert, Henricus Brabanlinus, Herbinde,
Herbois, Herendalius, de Hornes, Van Hiele, Huyvel, Hur-
selius, Hurribloc.
( 504 )
Si cependant l'importance de qnelqnes-uns ou d'un
seul de ces noms était établie, on voudra bien nous en
faire part. Nous pourrions encore admettre la notice
soit dans les feuilles en voie d'impression, soit dans le
supplément.
Le nombre de nos collaborateurs en dehors de l'Aca-
démie s'est augmenté de MM. De Sagher, capitaine adjoint
d'élat-major, 0. Merten, professeur à l'Université de Gand,
Vanden Branden, archiviste adjoint à Anvers, Fred. Alvin,
attaché au cabinet des médailles. M. Balat, membre de la
Classe des beaux-arts, ayant donné sa démission, a été
remplacé par M. Hymans.
Il est un point essentiel sur lequel notre Commission
croit devoir appeler l'attention des rédacteurs de la Bio-
graphie nationale. C'est à propos de l'étendue des notices.
Nous enrayons, autant que nous pouvons, la tendance
qu'ont beaucoup de nos rédacteurs à allonger les biogra-
phies dont ils se chargent. Il y a à cet égard des instruc-
tions formelles qui ont été rappelées dans une circulaire.
Nous allons, Messieurs, insister à nouveau et reproduire
nos instructions. H est extrêmement pénible d'avoir à
retrancher de nombreux passages dans des notices excel-
lentes, mais devenues de véritables monographies. Le
bureau a là un devoir très dur à remplir, mais il n'entend
pas s'y dérober. Nous espérons que nos collaborateurs
s'attacheront à nous faciliter notre tâche en observant
strictement las conditions qui leur sont imposées. Nous
n'ignorons pas que quelques exceptions s'imposent par la
nature du rôle que certains personnages ont joué dans
notre pays, mais ces exceptions sont rares et nous devrons
veiller à ce que, sous des prétextes spécieux, elles ne sor-
tent point d'une juste et sage mesure.
( 505 )
Par suite d'un remaniement typographique le volume 7
s'est fermé trop tôt pour les notices sur les Godefroicl. Nous
croyons utile de vous informer qu'avec le prochain fasci-
cule un carton sera distribué qui complétera ce volume.
Si nous avons eu à nous exprimer avec amertume au
sujet des lenteurs apportées par quelques-uns des nôtres
à l'élaboration de notre œuvre, il est juste de dire aussi
que, d'un autre côté, nous sommes merveilleusement
aidés par des travailleurs qui n'épargnent ni soins, ni zèle
pour rendre la Biographie nationale digne du but qu'elle
doit atteindre. Le prochain volume, entièrement consacré
à la lettre H, prouvera au pays que notre tâche grandit au
fur et à mesure que nous avançons et qu'aucun de nous
n'est resté indifférent à la construction de l'édifice que la
reconnaissance de la patrie élève à ses glorieux enfants. »
L'assemblée vote des remercîments à la Commission
et à M. Sirel pour les soins apportés pendant l'année
écoulée à l'œuvre entreprise sous le patronage de
l'Académie.
Elle décide l'impression du rapport de M. Siret dans le
Bulletin de la séance.
— L'assemblée adopte, en principe, la publication d'une
troisième édition de la Bibliographie académique, qui com-
prendra les notices biographiques et bibliographiques des
membres, des correspondants et des associés résidents
vivants.
La Commission administrative sera chargée des moyens
d'exécution de cette œuvre.
— L'assemblée adopte également le projet suivant
( 500 )
d'inscription à placer sur le piédestal de la slatue d'Adolphe
Quetelet, ancien secrétaire perpétuel de l'Académie.
Côte droit.
Côté gauche.
FONDATEUR
DE
l'observatoire royal
de bruxelles.
1826.
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DE BELGIQUE.
1834.
CRÉATEUR
DE LA
PHYSIQUE SOCIALE.
1835.
Face
ADOLPHE QUETELET.
1796-1874.
C.RONDLEGGER
DER
KOMNKLIJKE STERRENWACHT
TE RRUSSEL.
1826.
BESTENDIGE SECRETARIS
DER
KOMNKLIJKE ACADEMIE
VAN BELGIÉ.
1834.
STICHTER
VAN DE
NATUURWETENSCHAP
DER MAATSCHAPPIJ.
1835.
L'assemblée rapporte en même temps l'inscription qui
figure page 320 du tome L (1880) de la 3e série des
Bulletins.
( 507 )
CLASSE DES BEAUX- A II TS.
Séance du 6 mai 1885.
M. Pauli, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Al vin, vice-directeur; Jos. Geefs,
C.-A. Fraikin, Éd. Félis, le chevalier Léon de Burbure,
F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Godfr. GufTens, Jos. Schadde,
Jos. Jaquel, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot,
H. Hymans, membres; le chevalier X. van Elewyck, Jos.
Stallaerl et Edm. Marchai, correspondants.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics adresse une expédition de l'arrêté royal
en date du 23 avril nommant : MM. Benoît, le chevalier
de Burbure, Félis, Gevaert, Samuel, Le Roy et Wagener
membres du jury chargé de juger le double concours pour
la composition d'un poème en langue française et d'un
poème en langue flamande, destinés à servir de thème aux
concurrents pour le grand prix de composition musicale
de 1885.
M. Edm. Marchai remplira les fonctions de secrétaire du
( 508 )
— Le même Ministre transmet la seconde partie du
rapport de M. Edmond Vander Straeten sur sa mission
musicographique à Munich. — Renvoi à la Commission
chargée de la publication des œuvres des anciens musi-
ciens belges.
— M. Franz Liszt écrit que l'état de sa vue l'a empêché
jusqu'ici de répondre à la lettre qui lui annonçait son
élection d'associé.
Il prie la Classe d'agréer l'expression de sa respectueuse
reconnaissance.
— Le comité organisateur de la manifestation qui aura
lieu, le 7 juin, à Liège en l'honneur de la 50e année de pro-
fessorat de M. G. Nypels, demande le concours de la
Classe.
— M. Gustave De Leener, ancien lauréat du Conserva-
toire de Bruxelles, appelle l'attention de la Classe sur
l'utilité de mettre au concours l'histoire des anciens chants
et danses populaires du pays. — Pris pour notification.
— M. Edmond Toilliez, à Sainl-Josse-ten-Noode, sou-
met une note avec dessins sur la perspective pittoresque.
— Renvoi à l'examen de M. Schadde.
— M. Charles de Linas fait hommage à la Classe :
1° D'une note publiée dans le Magasin pittoresque, Sur
le reliquaire de la Sainte-Croix, au trésor de la cathédrale
de Tournai;
2° De deux nouvelles notes de sa série publiée dans la
Revue de l'art chrétien sur les ivoires et les émaux:
a) La collection Svenigorodskoï.
( 509 )
b) Le crucifix de la cathédrale de Léon, au Musée de
Madrid. — Remercîments.
M. G. Hauck, recteur de l'École royale supérieure tech-
nique à Berlin, envoie un exemplaire de son travail inti-
tulé \Die Grenzen zwischen Malerei und Plastik, ttnd die
Gesetze des Reliefs. — Remercîments.
ÉLECTIONS.
M. Alvin est réélu, par acclamation, délégué de la Classe
auprès de la Commission administrative pour l'année 1885-
1886.
RAPPORT.
La Classe entend la lecture de l'appréciation faite par
MM. Demannez, Biol et Siret du 6e rapport semestriel de
M. Lenain, lauréat du grand concours de gravure de
1881. — Ces documents seront communiqués au Gou-
vernement.
CONCOURS DES CANTATES POUR 1883.
M. le secrétaire perpétuel dépose sur le bureau les poèmes
français et les poèmes flamands qu'il a reçus pour le con-
cours des cantates de l'année actuelle.
Poèmes français.
N08 1. La clairière. — Devise : Voilà la montagne
dépouillée des chœurs qui parcouraient ses som-
[ oiO )
mets; les prêtresses, les flambeaux, les clameurs
divines sont retombées dans les vallées.
Maurice de Guérin, La Bacchante.
Nos 2. La chasse. — Devise : Point d'art sans liberté, ni
sans indépendance ! Les chants de la lyre, p. 51.
3. Les marchands du temple ! — Devise : Les mar-
chands seront de tous les temps.
A. Le peuple du Congo célébrant sa délivrance. —
Sans devise.
5. La musique. — Devise : Cantate Domino canticum
novum.
6. La mort d'Anneessens. — Sans devise.
7. L'union fait la force. — Sans devise.
8. Vésale sur les rochers de Zante. — Devise :
Mors ultima ratio (sans billet cacheté).
9. Van Maerlant. — Devise : Flandre.
10. Le Congo. — Devise : L'union fait la force.
11. Une vision du Dante. — Sans devise.
12. Samson. — Devise : Dalila.
13. Julien et Pauline. — De\ise : Tout chante, tout
sourit, tout invite au bonheur! vers iv.
14. Ambiorix. — Devise : Gallorum omnium fortis-
simi sunt Belgae !
15. Anusuya, l'Africaine. — Devise : L'amour excite
chez là négresse des transports partout inconnus
ailleurs (Virey).
16. La mort de Charles-Quint au monastère de
Juste. — Devise : « Dieu ! qu'est-ce donc que
de nous? 0 mort! tu nous révèles à la fois, et
la vanité de ce monde, et la vanité de la vie,
et la vanité des grandeurs, et la vanité des plai-
sirs, et la vanité tout entière de l'homme. »
( 511 )
De Boulogne, archevêque de Troyes. (Sans billet
cacheté.)
M05 17. Le jugement dernier. — Sans devise. (Sans billet
cacheté.)
18. Échos du coeur. — Devise : Si fosais!...
19. Les remords de Judas. — Devise : Analhème.
20. Les ménestrels du roi de Chypre, ou le loyer de
gaie science. — Sans devise.
21. La vision de Tinctoris. — Sans devise.
22. Le coeur guéri. — Sans devise.
25. Le Tasse a Sorrente. — Sans devise.
24. Post Bellum. — Sans devise.
25. Les Belges en Afrique. — Sans devise.
26. Ambiorix. — Devise : // est de la patrie et la gloire
et ïorgiieil.
27. Norna, saga islandaise. — Sans devise.
28. La source. — Devise : Printemps.
29. David et Goliath. — Devise : David dit au
Philistin : Tu viens à moi avec Vèpêe, la lame
cl le bouclier ; mais moi, je viens à toi au nom
du seigneur des armées, du Dieu d'Israël...
(1er livre des Rois, XVII, 45.)
50. Agneessens. — Sans devise.
51. Sur les rives du Congo. — Devise : Vive
Léopold II!
Poèmes flamands.
N" 1. Eene bladzijde uit het roemrijk verleden. —
Kenspreuk : Rust roest.
2. De jongeling en de doode. — Kenspreuk : Die
Idéale sind zerronnen (Schiller).
( 312 )
3. Afrika. — Cantale. Kenspreuk : Absque Labore
nihil.
\. Het geredde vaderland. — Sans billet cacheté.
5. Rupelcantate. — Kenspreuk : Nalnurbeschou-
iving vorml den dichler.
6. Groeninghe. — Kenspreuk : Vlaendren ende
Leu !
7. Zonder titel. — Kenspreuk : Liefde voor vorst
en vaderland.
8. De Gasthuisnon. — Zonder kenspreuk.
9. Angélus. — Zonder kenspreuk.
10. De windstorm. — Kenspreuk : Wees mensch en
menschenvriend, maar nimmer heer of slaaf!
(Witsen Geijsbeek.)
11. De slag der Gulden sporen. — Kenspreuk :
Mors sola.
12. Eertijds en nu, of de spoorweg strijd. — Zonder
kenspreuk.
13. Het feest der dood. — De gansche stad zonk
iveg, in 't gloeiend lavagraf.
14. Stemmen uit het zuiden. — Kenspreuk : ... 7 zijn
lachende landouwen waarin de zuidenvind,
als door een Eden, waail (K.-L. Ledeganck).
15. Antwerpen Heil! — Kenspreuk : Wie niet en
waagt, niet en wint.
16. Halewijn. — Zonder kenspreuk.
17. Der mensghheid zegepraal. — Kenspreuk : Labor
improbus omnia vincil.
18. Kantate. — Kenspreuk : Een vuvrgloed blaakt
het ruim der vloeden die d'Oceaan in golven
kookt (Bilderdijk). (Sans billet cacheté.)
19. Socrates. — Kenspreuk : a Ken u zelven &.
C ->I5 }
N0' 20. ëen lied der liefde. — Zonder kenspreuk.
21. Het visschersmeisje. — Zonder kenspreuk.
22. Het onweder. — Kenspreuk : « God! »
23. De zon. — Kenspreuk : Fiat lux.
24. Bosschaart van Avesne. — Kenspreuk : S'io
avessi, lettor, più lungo spazio da scrivere...
(Dante).
25. De priester. — Zonder kenspreuk.
26. Broederliefde. — Kenspreuk: Muziek en poëzit
zijn één.
27. Vredezang. — Kenspreuk : Hoop op vrede !
28. Te Kortryk (1302). — Kenspreuk : Toonkunst.
29. In 't Elfenwoud. — Kenspreuk : Wij zij van
vlaamschen bloede !
OEVRAGES PRESENTES.
Delbœuj '(/.). — Le sommeil et les rêves considérés princi-
palement dans leurs rapports avec les théories de la certitude
et de la mémoire. Paris, 1885; vol. in-12 (262 pages).
Willems (P.) — Le sénat de la République romaine :
appendices du tome 1er et registres. Louvain, 1 885 ; in-8°.
Bambeke (Ch. Van). — État actuel de nos connaissances
sur la structure, du noyau cellulaire à l'état de repos. Gand,
1885 ; in -8° (81 pages).
Fleury (/.) et Duguet (G.). — Traité de physique élémen-
taire, rédigé conformément aux programmes officiels, 2°" éd.
revue. Mons, 1885; vol. in-12 (656 pages).
Hollebeke (B. Van) et Mer te n ((>.). — Grammaire française
3m* SÉRIE, TOME IX. 35
( 344 )
à l'usage des athénées, des collèges et des écoles moyennes.
Namur, 1884; pet. in-8° (150 pages).
Leboucq {H.). — De quelques anomalies des côtes chez
l'homme : côtes cervicales et première côte thoracique rudi-
mentaire. Gand 1885; exlr. in-8° (11 pages, pi.).
Van ilen Gheijn («/.). — La nouvelle université orientale
d'Angleterre. Louvain 1885: extr. in-8" (10 pages).
— La mythologie comparée et les travaux de Guillaume
Mannhardt. Bruxelles, 1885; in-8" (23 pages).
— L'origine européenne des Aryas Anvers, 1885; extr. in-8"
(44 pages).
Ouverleaux (Km.). — Notes et documents sur les juifs de
Belgique sous l'ancien régime. Paris, 1885; in-8° (% p).
Préudhovnme de Boire (A.). — Matériaux pour la l'aune
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Bruxelles, 1885; in-8°(35 pages).
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la Meuse à Liège et aux environs. Liège, 1885; in 8° (20 p.).
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Antwerpsche Bibliophilen. — Uitgaven, nr 13 : marques
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lies par le chev. G. van Havre. Anvers, 1885; vol. in-8°.
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Modave, par MM. Dupont et Mourlon; Virlon, Ructte, Lamor-
tcau, par M. Purves ; Landcn, Saint-Trond, Hcers. par
MM. Van den Broeck et Rutot. Bruxelles, 1884: 7 feuilles
in-plano et 7 br. in-8°.
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10 vol. in-8°.
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i^®*)»©**
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES LT DES 15EAUX-AKTS DK BELGIQUE.
1885. — N» 6.
CLASSE «ES SCIENCES.
Séance du 6 juin 1885.
M. Éd. Mokren, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Éd. Mailly, vice-directeur; J.-S. Stas,
L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneilen, le baron Edm. de
Selys Longchamps, Gluge, Melsens, G. Dewalque, H. Maus,
E. Candèze,Ch. Montigny, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden,
C. Malaise, Folie, Briarl, F. Plateau,. Fr. Crépin, J. De
Tilly, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens-
brugghe, W. Spring, membres; E. Catalan, associé;
M. Mourlon, P. Mansion, A. Renard et P. De Heen, corres-
pondants.
?)me SÉRIE, TOME IX. 36
( 318)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Tra-
vaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Académie,
un exemplaire :
1° Des rapports des commissions médicales provinciales
pendant l'année 1883;
2° De l'ouvrage intitulé : Applications industrielles de
l'électricité. Principes et électrométrie ; par H. Ponthière.
Lou vain-Paris, 1885. — Remercîments.
M. John Murray envoie, au nom du Gouvernement
britannique, les volumes X et XI des Travaux et Recherches
d'exploration du Challenger. — Remercîments.
— La commission organisatrice du congrès international
de botanique et d'horticulture, qui aura lieu à Anvers du
1er au 10 août prochain, envoie les circulaires relatives à
son organisation.
— La Classe accepte le dépôt, dans les archives, d'un
billet cacheté adressé par M. Ch. Lagrange, astronome à
l'Observatoire royal de Bruxelles.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Observations des surfaces de Jupiter et de Vénus,
faites à l'Institut astronomique annexé à l'Université de
Liège, par L. de Bail. — Commissaires : MM. Liagre, Folie
et Montigny;
2° Sur la prétendue origine bactérienne de la diastasej
i. 549 )
par M. Emile Laurent, de Bruxelles. — Commissaires :
MM. Gilkinet, Spring et Morren ;
3° Études sur la turgescence chez le Phycomyces, par
le même. — Mêmes commissaires;
4° Les anciennes rhyoliles, dites « euriles de Graud-
Manil », par Ch. de la Vallée Poussin. — Commissaires :
MM. Devvalque, Malaise et Renard.
— La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages
suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux
auteurs :
d° Manifestation en ï honneur de M. Eugène Catalan,
7 décembre 188-4;
2° Les silex de la station préhistorique de Mendonclc,
par Eug. Van Overloop. Présenté par M. Liagre;
3° Revue des oiseaux observés en Belgique, par Alph.
Dubois;
4° a) Del zifioide fossile; b) Resti fossili di dioplodon
e mesoplodon , par Giov. Cappellini;
5° De remploi des matières colorantes dans l'étude phy-
siologique et histologique des infusoires vivants, par
A. Certes.
Ces trois derniers ouvrages sont présentés par M. P.-.I.
Van Beneden.
Note lue par M. P.-J. Van Beneden en présentant
les ouvrages précités de M. Capellini.
« J'ai l'honneur de présenter à la Classe deux mémoires
du professeur Capellini sur les Cétacés fossiles décou-
verts récemment en Italie. Ces ouvrages du savant con-
frère de l'Université de Bologne nous intéressent au plus
haut point, puisqu'ils nous permettent de juger du degré
( 320 )
d'affinités qui existe entre les Cétacés du bassin de la
Méditerranée et ceux des environs d'Anvers à l'époque
de leur apparition. Il est hien reconnu qu'à cette époque,
dite de la Mollasse, la mer Noire et la mer Caspienne
n'étaient point séparées l'une de l'autre comme aujour-
d'hui; cette mer, mire l'Europe et l'Asie, couvrait une
partie de la Russie le long des Monls-Ourals et communi-
quait avec la Méditerranée, en couvrant une partie de
l'Autriche, de la Bavière , de la Suisse et du midi de la
France. Mais la Méditerranée communiquait-elle avec les
mers du Nord? passait-elle à l'Est des Pyrénées au-dessus
de cette partie de la France? Le détroit de Gibraltar
n'existait pas.
Les Cétacés fossiles, mieux que toute autre classe d'ani-
maux, nous aideront sans doute à trancher ces intéres-
santes questions. Leurs ossements, si abondants dans
plusieurs localités, indiquent le chemin qu'ils suivaient
dans leurs pérégrinations.
Les seuls Cétacés que nourrit aujourd'hui la mer Noire
sont trois Cétodontes qui ont pénétré par les détroits de
Gibraltar et des Dardanelles, et la Méditerranée renferme
de plus deux Cétacés à fanons, venus, comme les Céto-
dontes, de l'Atlantique. Ces mers, intérieures aujourd'hui,
ont eu cependant leurs espèces propres et parmi elles se
trouvaient des Cétacés à fanons, que l'on ne découvre
plus aujourd'hui que dans les océans.
J'espère trouver le temps de communiquer bientôt une
note sur des ossements d'une petite Baleine, trouvés au
pied du Causnse, à l'Est de Vladikavkas, et sur lesquels le
professeur Dames, de Berlin, a bien voulu me consulter.
Ces travaux de Capellini nous font connaître plusieurs
Cétacés Ziphioïdes et viennent à l'appui de ce que nous
( 521 )
disions dans une communication précédente, savoir, que
les Ziphioïdes également abondants dans le sable des
environs d'Anvers, sont à leur déclin à l'époque actuelle,
ce qui explique le cosmopolitisme des rares espèces qui
vivent encore actuellement.
Nous espérons aussi que ces recherches faites dans
divers pays finiront par jeter quelque jour sur les ascen-
dants directs des Cétacés. Jusqu'ici nous voyons les vrais
Cétacés apparaître à peu près en même temps à la fin de
l'époque miocène, et on ne connaît guère que les Zeuglo-
donsqui les ont précédés. »
ELECTION.
La commission dite des paratonnerres, réduite à cinq
membres, par suite de la mort de M. Duprez, et vu l'ab-
sence prolongée du pays de M. Houzeau, est complétée par
la nomination de MM. Van der Mensbrugghe, Spring et
Folie.
RAPPORTS.
Note sur quelques dérivés de l'hydrocamphène tétrabromé ;
par M. De la Royère.
ttapfio»'$ de tt M Sprittg.
« En faisant réagir le camphre et le bromochlorure de
phosphore, M. De la Royère a obtenu un produit dont la
composition est exprimée par la formule Cl0H,4Br4. Dans
une note insérée, en 1882, dans le Bulletin de l'Aca-
( m )
demie (1), l'auteur fait connaître les propriétés physiques
les plus évidentes de cette substance; il a complété
aujourd'hui son élude par l'examen des propriétés chi-
miques fondamentales de ce corps. Il a reconnu jue le
corps répondant à la formule indiquée plus haut appartient
au groupe des substances représentées par CI0H18, très
probablement à Vhydrocamphène qui se forme, comme on
sait, à côté du camphène (C10H16) par l'action du sodium
sur le chlorure de bornéol (C,0HI7CI). M. De la Royère
propose, en conséquence, de changer le nom qu'il avait
donné à sa substance et de l'appeler fyydrocamphènè tétra-
bromé, au lieu de bibromure de bibromocamphilidène,
comme il l'avait fait d'abord.
Voici d'ailleurs les réactions caractéristiques que l'au-
teur fait connaître à l'appui de sa manière de voir :
1° Dans un milieu acide ou alcalin, l'hydrogène naissant
transforme l'hydrocamphène lélrabromé en dérivé bibromé
C10H'cBr2, corps solide, cristallin, qui fond à 55°,5, se
décompose à une température plus élevée et régénère le
dérivé tétrabro né au contact du brome;
2° Une solution d'hydroxyde de potassium dans l'alcool
enlève à l'hydrocamphène lélrabromé les éléments d'une
molécule d'acide bromhydrique et donne un corps cris-
tallin répondant à la formuleC,0H,3Br3. C'est un camphène
tribromé;
3° Une solution d'ammoniaque dans l'alcool agit à 150*
d'une manière plus énergique que la solution d'hydroxyde
de potassium à 78°.
Il y a enlèvement des éléments de deux molécules
d'acide bromhydrique et formation d'un corps de formule
( I ) Tome IV, .îe série, p. 215.
( 523 )
C,0Hl2Br-; l'auteur lui donne le nom de camphylène
bibromé ;
4° Enfin l'oxyde d'argent humide agit à 100° sur l'hydro-
camjjhène tétrabromé dissous dans l'acétate d'éthyle et
fournit, comme la solution d'hydroxyde de potassium, du
camphène tribromé (Cl0Hl3Br3).
Les analyses, fort bien réussies, de ces dérivés bromes
ne laissent aucun doute sur leur composition.
Le travail de M. De la Royère pourra contribuer à
résoudre la question des relations deshydruresde l'essence
de térébenthine (C,0H18) et des camphres Cl0H,6O; aussi
ai-je l'honneur de proposer à la Classe de l'insérer dans
son Bulletin. »
La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles a sous-
crit M. Stas, second commissaire.
Sur certains développements en séries; par M. J. Deruyls.
ttn/>fi (.■»•/ ite ri , Catalan.
« Le Mémoire de M. Deruyls roule, essentiellement, sur
les relations entre les séries et les intégrales définies. Les
questions traitées par le jeune Géomètre sont si générales,
et les notations quil a dû employer sont si compliquées,
qu'il m'est bien difficile de faire comprendre, en langage
ordinaire, l'importance des résultats auxquels il est par-
venu. Cependant, j'essaierai d'en indiquer quelques-uns :
1° <p(ac), f[z) étant développées en séries, l'Auteur trans-
forme la seconde série en une autre, dont les termes sont
des intégrales portant sur la fonction ç(ar), multipliée par
une fonction 4>Jx)> convenablement choisie.
V
524 )
Réciproquement, au moyen de la fonction/, il- exprime
(f>(x) par une intégrale définie. Il résout donc, comme il le
dit lui-même, un problème cï inversions d'intégrales.
2° Après avoir généralisé la formule appelée, souvent,
théorème de Parseval, M. D. se propose de déterminer
F„(x) = *0T0(x) + - -+- anTB(x),
par la condition qu'une certaine intégrale définie soit un
minimum. Il trouve que F„(x)cst la somme des w-hl pre-
miers termes de
A0T0(x) -+- h AnT„(x) -v- •••
Ce théorème me paraît remarquable.
3° L'Auteur généralise, notablement, les relations obte-
nues par Legendre, Jacobi, Hermite, Citons cette appli-
cation très particulière :
r
4^' 2 z{\ + zp
2ZX
à propos de laquelle nous ferons la remarque suivante :
Si l'on multiplie les deux membres par z(\-+-z) et que
l'on ait égard à la formule fondamentale
= 2 x.*"-
1 — 2zx -4- X
on trouve que, dans le premier membre, le coefficient
de zn est
/
— [wX„ -+- (w — l)X„_,J^. - -— -
X u 2
Dans le second membre, développé en série, ce coeffi-
cient est^( — i)n.
( 525 )
On a donc celle formule, peut-être nouvelle, et d'où
l'on en conclut d'autres :
./
- [nXn + (n- I X„_,] £. — — = -(- 1 ».
x 2 n
Ces quelques lignes suffiront, je l'espère, à prouver
que le jeune Auteur est au courant des parties les plus
délicates et les plus élevées de la théorie des intégrales et
des séries (*), et que son Mémoire est très digne d'être
publié dans le Recueil des Savants étrangers. »
Rappot'l de SE. I*. .fititition.
« Le mémoire de M. Deruyls est divisé en six para-
graphes dont les trois premiers contiennent des formules
générales relatives à certains développements en séries et
les trois derniers des applications de ces formules à des
cas particuliers.
Dans le premier paragraphe, l'auteur considère deux
fonctions développées en série convergente :
f(x) = A0T„ (x) -+■ AtT,(a) + A2T8(xï -+- etc.
f[x) = A0 -+- Atx -+- AjX2 -+- etc.,
l'une suivant des fonctions T„(x), l'autre suivant les puis-
sances de la variable, les coefficients étant les mêmes dans
les deux formules.
S'il existe des fonctions <p{x), telles que
f +„(x) T„(x) dx = \ , J }a(t) TH+k(x) dx = 0,
(*) M. J. Deruyts, l'un de mes anciens meilleurs élevés, est membre de
la Sociélé des sciences de Liège.
v S-20 )
on trouvera la valeur des coefficient A, par le procédé qui
a servi à Fourier, à Poisson et à d'autres pour déterminer
ceux des séries trigonomélriques et de séries plus géné-
rales. On obtient ainsi
\n=f f(x)*n(x)dx.
Transportant cette valeur dans la série f{z) = A0 -+-
A," -+- A.,z2 -i- etc., il vient
fl«) =/%(*) y(*,*) «te,
c
si Ton pose
s(z, x) = ■p0[x) -+- z$t[x) +■ z*i>t{x) ■+- ...
Celle première formule de M. Deruyts, selon nous, n'est
pas suffisamment démontrée. En effet, deux fois, dans le
courant de ses raisonnements, la première fois pour déter-
miner A„, la seconde fois pour introduire i(z, x) sous le
signe d'intégration, il se sert du théorème : « On peut
intégrer une série convergente, terme à terme, comme un
polynôme ». Or, ce théorème n'est pas toujours vrai (*) et,
depuis qu'on l'a reconnu, on a dû remanier complètement
certaines parties de la théorie des séries trigonomé-
lriques, celles dont le travail soumis à la Classe est une
généralisation.
(*) Exemple emprunté à M. Darboux : La série 1xe~** =«,+«,+ «,
-+- etc., où u„ = Inx e~nxi — 2(n •+- \)x e ("+')**, esi convergente pour
toule valeur finie de x. Si on intègre les deux membres, en traitant le
second comme un polynôme, entre les limites 0 et x, on arrive à celte
.relation absurde 1 — e~zî = — e~xï.
( 527 )
Pour rendre son exposition irréprochable, M. Deruyts
doit donc, dès le début, ajouter aux hypothèses relatives
à l'existence des fonctions <px et à la convergence des
séries considérées, celle de l'intégrabililé de ces séries.
Moyennant celte hypothèse supplémentaire, on peut
établir rigoureusement, d'abord la formule précédente,
puis la formule inverse
,,*
?x = / x(x, u) /[6(x, u)] du
t
Tnx —J i(ar, u) [g{x, u)]" du ,
ù
et la formule analogue à celle de Parseval (*) signalée par
M. Catalan; enfin, les résultats un peu moins généraux
du § III, où l'on suppose $a(x) = an}[x) T„(x).
Mais si celte hypothèse supplémentaire de l'intégrabilité
des séries convergentes considérées est nécessaire pour la
démonstration des théorèmes fondamentaux des §§ Ier
et III, il en résulte immédiatement que les résultats spé-
ciaux des §§ IV, V, VI ne sont pas suffisamment établis (*').
Ils sont peut-être exacts, mais, pour qu'ils soient vraiment
démontrés, l'auteur devrait se livrer à une étude appro-
fondie de chacune des séries dont il s'occupe, pour voir si,
réellement, elles sont intégrables terme à terme comme
(*) U y a une petite lacune dans l'énoncé du -.théorème relatif au mini-
mum d'une certaine intégrale que M. Deruyts déduit de celte formule.
Cette intégrale contient deux fonctions inconnues K„ et f„ et non une
seule F„.
(**) Le § II contient l'extension des résultats du § 1 aux fonctions de
plusieurs variables.
( 528 )
des polynômes, particulièrement clans le cas où les limites
sont infinies. L'examen des questions analogues pour les
séries trigonomélriques par Heine, G. Canlor, Dini, P. Du
Bois Reymond, etc., a présenté, comme on le sait, les
plus grandes difficultés. Elles ne seront pas moindres,
sans doute, quand on considérera des séries plus compli-
quées. D'ailleurs M. P. Du Bois Reymond, Dini et d'au-
tres géomètres ont déjà essayé aussi d'étendre les théo-
rèmes trouvés pour les séries de Fourier à des expressions
analogues plus générales.
Malgré ces observations critiques, nous proposons à la
Classe de voter l'impression du mémoire de M. Deruyts,
mais en engageant ce jeune géomètre, déjà connu par des
recherches intéressantes sur les déterminants et la méca-
nique analytique, à examiner ultérieurement de plus près
les séries spéciales des §§ IV, V, VI, afin de voir si elles
sont réellement intégrables comme il l'admet. »
Sur la recherche des moments fléchissants et des efforts
tranchants qui si. produisent dans une poutre appuyée
à ses extrémités et fléchie sous l'action d'une surcharge
mobile, par M. G. Léman, capitaine du génie, professeur
à l'École militaire.
Kappoi't He 91 J Df Tilly.
« La représentation des forces par des longueurs per-
met de transformer les questions de Statique en simples
problèmes de Géométrie appliquée, et d'arriver, par suite,
à des solutions souvent beaucoup plus simples que celles
de l'Analyse algébrique, surtout dans le cas où certains
( 529 )
éléments à déterminer sonl des grandeurs géométriques,
devant, en définitive, être reportées sur des plans.
En coordonnant méthodiquement les solutions gra-
phiques de ce genre de problèmes, on est arrivé à former
un corps d'enseignement spécial, sous le nom de statique
graphique, ou graphostatique (1).
Parmi les problèmes auxquels cette nouvelle science
s'applique avantageusement, on peut citer la détermina-
tion des moments fléchissants et des efforts tranchants qui
se produisent dans une poutre appuyée à ses extrémités
et soumise à l'action de surcharges.
Ce problème n'était résolu, je le pense, que pour le cas
des surcharges fixes. Dans le travail qui nous occupe, la
solution est étendue au cas (assez important dans la pra-
tique) d'un certain nombre de charges formant système,
c'est-à-dire assujetties à rester à des distances constantes
les unes des autres, mais mobiles toutes ensemble dans le
sens de la longueur de la poutre.
L'auteur résout d'abord le problème des moments, qui
est le plus compliqué et le plus intéressant.
Si l'on considère un certain nombre de positions parti-
culières du syslèmr des charges, on obtient, pour chacune
d'elles, le diagramme des moments fléchissants. Mais la
recherche du maximum pour chaque point de la poutre,
et du maximum maximorum, dans cet ensemble de dia-
(1) Reuleaux, La Constructeur, 2e édition française, Paris, 1881, p. 77.
Culmann, Statique graphique, Zurich, 1866. C'est à Culmann q»<'
revient l'honneur d'avoir, le premier, condensé en corps de doctrine ['en-
semble des solutions de ce genre, et introduit cet enseignement dans la
pratique (Regleaux, ouvrage cité).
( 550 )
grammes, serait une question de tâtonnements et d'à peu
près.
M. le capitaine Léman la transforme ingénieusement en
opération géométrique, au moyen d'un déplacement déter-
miné, donné par la pensée à chacun des diagrammes. Alors
ceux-ci, au lieu de constituer un amas confus dans un
même plan, deviennent les sections parallèles d'un solide,
dont toutes les faces sont planes, excepté une, affectant la
forme d'un paraboioïde hyperbolique. Il en résulte que tous
les maxima peuvent être déterminés par des constructions
exactes et assez simples, avec la règle et le compas; on
peut aussi, si on le juge préférable, tracer par points cer-
taines intersections qui sont des paraboles, mais ce pro-
cédé est moins précis.
L'auteur s'occupe ensuite de la détermination, d'ailleurs
plus simple, des efforts tranchants.
En résumé, je suis d'avis que M. le capitaine Léman a
fait faire un progrès réel à la Statique graphique et qu'il a
présenté une belle application de la Géométrie descriptive
à la science des forces.
J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'im-
pression de la Note dans le Bulletin et d'adresser des
remercîmenls à l'auteur.
La planche qui accompagne le manuscrit étant parfaite-
ment exécutée pourra être reproduite sans difficulté ef
sans frais importants. »
MM. Liagre et Catalan s'associent aux conclusions de
M. De Tilly, qui sont mises aux voix et adoptées.
( S5i )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Questions d'Analyse indéterminée ; par E. Catalan,
Associé de l'Académie.
I.
De l'équation
u2 = x1 -+- y- -+- z*.
\. L'identité connue
(a* + 6* + c»)« = (0i + 6* _ c«ji _,_ (2flC)2 + (26c)2 (*) (i)
ne donne pas toutes les solutions de la proposée. Par
exemple,
274 = 252 + 14' -+- 2*.
Or, si l'on suppose
a" + 62 + c2 = 27, «2 -4- 62 — c2 = 25 ,
on trouve c2 = 2 (**).
2. Si c = a2 h- j32, l'identité (1) peut être remplacée par
(«2 -+- b- -+- c2)2 == (a2 -+- 62 — c2)2
+ [2a(a2 - (32) ± 46a(3]2 -h [26(a2 — p2) rp 4aà,6]2. (2)
Il en résulte," en particulier :
(t2 -f- I2 -t- 52)2 = (i2 + l2 — 52)2 -+- (6 + 8)2 + (6 - 8)2,
(*) Le Besgue, Chabainel et Catalan, Nouvelles Annales, 1874, pp. 111
et 521; Neuberg, Nouvelle Correspondance, p. 195.
(**) Évidemment, ou uepeut essayer a9-j-6*— c*=14, ni o8+62— c*=2.
( 335! )
OU
272 = 252 h- 14- -+- 2*;
comme ci-dessus.
5. Considérons les solutions primitives, c'est-à-dire les
solutions dans lesquelles les nombres entiers x, y, z, u sont
premiers entre eux. Quand il en est ainsi, deux, au moins,
des nombres x, y, z sont premiers entre eux. Cela posé,
toutes les solutions primitives (") résultent de l'identité
(a2 -+- fc2 -h c2 -+- dlf = (a2 -+- b2 — c2 — dj
-+- [Z(ac =fc 6</)]2 h- [2(a<i qp ^)]* (3)
•i. D'après l'identité (3) : Si u2 es/ la somme de trois
carrés, u est, ordinairement, la somme de quatre carrés.
5. De l'identité (3) on déduit, par une permutation
tournante :
(a* _+_ 6* + c* _h d^ = (c2 + 6!- a2 — d2)2
-t- [2(ac ± bd)]* •+• [2{cd =p ab)J, (4)
(0« h- // -+- c2 H- rff = (62 -4- rf2 — ft* — C2)2
-t- [2(crf ± ab)J -¥-. [2arf =p 6c)] (5)
En conséquence :
Dans une infinité de cas, un carré est décomposable, en
trois carrés, de six manières différentes (**).
(*) Abstraction faite, peut-être, du facteur 2. Pour que l'on n'ait pas à
le supprimer, il suffit que a2 -+- b2, c2 -+- d2 soient de parités contraires
(**) Pour que ce nombre 6 ne soit pas réduit, les nombres a, b, c, d
doivent être inégaux; ils ne doivent pas appartenir à une progression
par quotient; etc. Les valeurs les plus simples, satisfaisant à ces condi-
tions, sont
a = 5, 6=3, c=2, d=\;
d'où résulte u = 39.
( 553 )
Exemple :
05* = b5* -+- 34* -4- i',
03* = 53* -h 2ï" -+- ai»1,
65* = 37* -+- 34* 4- 3H",
05* = 372 -h -2^ -+- ',<>*,
65* = io* -4- 4(,* * S*
05* = 45* -4- 38* -+- £6*.
6. 1° Z>es trois nombres x, y, z, un se?// es/ impair;
2° m», a?< moins, des quatre nombres u, x, y, z, esf rff'uï-
s/We par 3; 3° si u esf multiple de 3, awcwn (/es nombres
x, y, z w'es< divisible par 3.
/)e l'équation
(a4 -h // 4-*7 = X2 + Y* -+- Z*.
7. Dos solutions se déduisent, comme on l'a vu, des
identités (i), (2). Voici un autre système de formules qui
donnent, également, une infinité de solutions, mais non
toutes les solutions :
x = p (m -+- b), y = y (a — />), r = «- -+- 6%
X = [(a h- />)- — q-} [(a - &)■ — p-],
Y = 2(a -4 6)9 [(a -6)*-*-p?J.,
Z = 2(a -&)/>[(« -h 6}*—?*].
Les nombres entiers a, 6, /), q sont assujétis à /« seule
condition
p<f = Hal>C) .-, (7)
(*) Les loi mules (6) résultent tle .l'identité
[(V - fWV - <V)? + OAV -4- P t9>? + [a*AV - fcJ ]*.
Mémoire sur certainesdécùmpositioi s- m carrés (AttideW Accademia
pontifie ta. ., 1884, p. 58).
Gme SÉI'.IE, TOME IX. 37
( 534 )
8. Si cette condition est remplie, on a donc, identique-
ment :
[(a -+- b)Y -t- (a - fe)V + (a2 -+- /y4)]*
«[(« + 6ï»-À-[(a-6)--rti / (8m
-+- 4(o -t- 6)Y[(« — &)* + />*]*
-+- 4(a — b)Y[(a -t- fc)« - </*]*
9. Application, a = 5, b = 2, p = 5, q = 4. On trouve :
x = 15, y = 4, z = 13, X == — 72, Y = 400, Z =54;
puis
( 1 o2 -+- 42 -+- 152)2 = 72* -f- 400* + 54*,
ou
410*= 168 100 = 5 184 -+- 160 000 -4- 2 916 (**).
Une récréation arithmétique (***) ; par E. Catalan, Associé
de l'Académie.
Soient p, q deux nombres premiers : supposons q
supérieur à p. Soit $ un diviseur de q — p, et a un nom-
bre entier donné. Si l'on considère la progression
a, a -+- 6, a -+- 2J, a -t- 5<?, ...;
(*j Si l'on cherche à simplifier celte égalité, on trouve qu'elle devient
(pV — ■*œ*6*) [pY + 2fll ■+■ -6* ■+" 2(« "+- 6)'/>a ■+■ 2(a ~ W] = °-
«, 6, p, ç étant des nombres, la condition (7) est donc nécessaire et
suffisante.
("*) Encore une solution qui ne résulte pas de l'identité (1).
(***) Suggérée par l'un de ces jeux de cartes appelés patiences.
( 555 )
qu'on divise par p les p premiers termes de cette progres-
sion, et que l'on prenne les résidus positifs correspondants,
ils formeront une suite
a,, «2, «3, ... ap (A)
De même, le diviseur q donnera lieu à une suite formée
de q résidus :
bt , 62, b3, ..l>fl (B)
Cela posé, si, dans (B), on supprime le terme p et les
termes supérieurs à p, on retombera sur la suite (A).
Exemple :
p = 43 , q = 25, J = 5 , a = 2-
La progression est
2, 7, 12, 17, 22, 27, 32, 57, 42, 47, 52, 57, 62, 67, 72, 77, 82,
87,92,97, 102, 107, 112, ...
Divisant par 13, on trouve les résidus :
2,7,12,4,9,1,6,11,3,8,6,5,10. . . .(A)
Divisant par 23, on obtient la suite
2, 7, 12, IV, 22' , 4, 9, 14', 19', 4. 0, 4, 16\ 21*,
5,8, 13', 18\ 0, 5, 10 (B)
Celle-ci contient les 13 termes de la suite (A), rangés
comme ils le sont dans (A).
La démonstration est si simple qu'il me semble inutile
de la donner.
La propriété que nous venons de signaler peut être
énoncée ainsi, d'une manière un peu plus générale :
Les p résidus formant une suite telle que (A) se repro-
duiront, sans altération d'ordre, dans toutes les suites,
( :>."6 j
analogues à (B), répondant aux diviseurs premiers com-
pris dans la formule
q == p -+- JIL • &
Exemple :
p — 7, S= <■>, </ = ^.
y, 1, 0, (i, 5, i, ".
r/= !ô : -2, **, I, 7*,0, 6, /2*, 3, //*, 4, 10*, 3, îT.
7 = I «> : 2, S*, /4\ 1,7*, 15', 0, 6, /Sr\ /r, 3, If,
ir,h,io\ib\*,9\ /s*.
9 = 3! : %8\14%20*,26% 1,7*, /3*, /0*, 25% 0, 6, /*%
•/,V, 24', 3(9', 5, //", //', 23% 2»-, 4, •/«', *tf', 2T, 2S\ 3,
5% / ï\ :>/*. 27*.
A'ote swr /^.s mouvements du cerveau de l'homme; par
Léon Fredericq, correspondant de l'Académie.
(Travail du laboratoire de physiologie de ITniversUé de Liège.)
Dans la note que j'ai consacrée récemment à l'élude
graphique de la circulation encéphalique du chien (voir
Bulletin de l'Académie, séance du o mai 1885), j'ai mon-
tré que la pulsation du cerveau est un phénomène plus
complexe qu'on ne l'a admis jusqu'à présent. La pulsation
cérébrale résulte, en effet, de la combinaison de deux fac-
teurs qui sont : 1" le pouls artériel, c'est-à-dire les varia-
tions périodiques dans l'afflux du sang artériel apporté du
ventricule gauche par les carotides et les vertébrales, et
2° le pouls veineux, c'est-à-dire les variations périodiques
dans l'écoulement du sang veineux vers l'oreillette droite.
( 557 )
L'influence, du pouls veineux sur celui du cerveau avait
échappé à mes devanciers.
Le graphique du pouls cérébral nous montre donc des
ondulations d'origine artérielle et des ondulations d'origine
veineuse. Parmi les ondulations d'origine artérielle, celle
correspondant à la pulsation carotidienne principale (dési-
gnée par la lettre « sur toutes les ligures de la note citée)
et celle provenant du dicrotisme artériel (lettre d des
ligures) sont généralement les plus marquées. On peut
observer, en outre, une ou plusieurs ondulations (arté-
rielles) entre a et d et une ou plusieurs ondulations (arté-
rielles) après le soulèvement dicrole (lettre e des ligures).
Parmi les ondulations d'origine veineuse, il y en a deux
qui sont particulièrement marquées. On voit sur la plupart
des graphiques une petite ondulation positive qui précède
immédiatement la pulsation artérielle. Elle correspond à ia
systole de l'oreillette droite et au pouls positif des jugu-
laires; elle est désignée par la lettre v sur les ligures. La
seconde ondulation d'origine veineuse est négative; c'est
une brusque dépression de la courbe, suivant immédiate-
ment l'ondulation dicrole; elle correspond à la pulsation
négative des jugulaires (voir les travaux de Potain, Riege!,
François-Franck, Gottwall sur le pouls jugulaire). En outre,
dans beaucoup de graphiques de. pulsation cérébrale, le
tracé se relève graduellement à partir de la pulsation vei-
neuse négative, jusqu'au début de la pulsation artérielle
suivante. Ce soulèvement de la courbe est sans doute en
rapport avec la réplélion progressive de l'oreillette droite
et des veines jugulaires et rachidiennes, pendant la dias-
tole auriculaire.
Pour discerner tous les détails qui précèdent, il faut
s'adresser surtout aux pulsations très lentes qui corres-
( 538 )
pondent à la place d'expiration. Les chiens de grande taille
endormis par la morphine conviennent particulièrement
pour celte élude.
J'ai montré que le pouls cérébral tricuspide, qui paraît si
fréquent chez l'homme, peut également s'observer chez le
chien. Fait excessivement curieux, le pouls tricuspide du
chien présente au moins trois variétés, entièrement diffé-
rentes de signification et de mécanisme. J'ai distingué une
première forme de pouls tricuspide dans laquelle les trois
sommels sont constitués respectivement : le premier el le
deuxième, par la pulsation artérielle principale (plateau
systolique « dédoubla), le troisième par la pulsation
dicrote d. La deuxième forme se produit par l'exagération
de la pulsation d'origine veineuse v. Les trois sommels de
la pulsation sont représentés par v, a et d. Enfin la troi-
sième variété de pouls tricuspide résulte de l'exagération
de l'oscillation élastique e. Les trois sommels de la pulsa-
tion correspondent respectivement à a, d et e.
En présence des faits nouveaux révélés par l'élude du
pouls cérébral du chien, il devenait intéressant de repren-
dre cette recherche chez l'homme, et de déterminer, entre
autres, la vraie signification du pouls tricuspide du cerveau
humain.
§
Mes recherches ont été faites sur un jeune garçon atteint
de perte de substance des os du crâne, à la suite d'un acci-
dent récent. M. le Dr Troisfontaines, assistant de la cli-
nique chirurgicale de l'Université de Liège, avait bien
voulu me mettre en rapport avec lui. Je commence par
( 559 )
transcrire ici textuellement la petite note contenant l'ob-
servation rédigée par M. Troisfonlaines.
Maukice Krpiclm. 10 '/» ans, écolier, demeurant à Liège, rue F.ntre-deux-
ponts, 27. Entré à l'hôpital de Bavière le 24 avril 1885, à 11 heures du
matin, sorti le 7 mai 1885.
Reçoit le 24 avril, à 10 heures du matin, un coup de pied de cheval à la
partie postérieure du crâne et un autre au bras gauche (accident arrivé à
la Plaine des manœuvres); esl relevé sans connaissance, arrive dans cet
élal à l'hôpital. Face très pâle. Pupilles conlr;iclées. Pouls lent (15 au
quart), un peu irrégulier à certains moments.
Pas de paralysie. Dans la région occipitale gauche à 2 centimètres
au-dessus d'une ligue horizontale passant par les deux conduits auditifs,
plaie transversale de 1 '/* centimètre de long, occupant le centre d'une
dépression de 5 millimètres de profondeur et ayant environ l'étendue d'une
pièce de cinq francs. L'os mis à nu en cet endroit présente quatre frag-
ments de forme irrégulièrement triangulaire, restés en contact les uns avec
les autres. Ces fragments enlevés, les méninges apparaissent déchirées sur
une étendue de quelques millimètres seulement, dans le milieu de la plaie.
Il se fait par celle déchirure un écoulement de sang veineux assez abon-
dant. Cette déchirure agrandie permet l'introduction dans la Mibstance
cérébrale du doigt indicateur jusqu'à une profondeur de-i '/» centimètres.
Le cerveau esl eu ce point réduit en bouillie.
Désinfection, drainage, pansement antiseptique. Pendant les heures
suivantes, le blessé ouvre les yeux à différentes reprises. Température
maxillaire ô8°,o.
Le 25 avril. Même état, un peu d'agitation. Les pupilles sont eucore con-
tractées et un peu inégales, celle de droite étant un peu plus large que
l'autre. T. le matin 37°,4, le soir 37°,7.
26. — T. le malin ô8°,5, le soir 59°, I.
27. — Le blesse reprend en partie connaissance, reconnaît à certains
moments son père et sa mère Troubles de la vision. T. le malin 58°2, le
soir 38".
28 — Même état. M.37°,3, S. 37',5.
29. — Retour complet à la connaissance. M. 57°, S. 37u,4.
50. — Ktat satisfaisant. Pouls parfois un peu irrégulier.
Le malade rentre chez ses parents le 7 mai. M. le docteur Troisfontaines
continue à lui donner ses soins.
( 540 )
Je profile du renouvellement du pansement fixé au
20 mai 1885, à 3 heures après-midi, pour exécuter de con-
cert avec M. le docteur Troisfontaines et M. Legros, prépa-
rateur de physiologie, l'inscription des mouvements du
cerveau. Nous nous rendons au domicile du malade, où j'ai
fait transporter à l'avance un assortiment de capsules à
air, de tambours à levier ainsi que le cylindre enregistreur
du kymographe de Ludwig, avec ses accessoires.
Le jeune malade est assis sur une chaise. Le pansement
est défait et la plaie nettoyée. On aperçoit le cerveau à nu
sur une assez large surface. Il est animé de battements
extrêmement marqués. A chaque pulsation, la surface
cérébrale se soulève brusquement, reste pendant quelque
temps dans cet état, puis s'affaisse pour se relever immé-
diatement après. La durée du retrait est plus courte que
celle de l'expansion cérébrale. H s'ensuit que l'affaissement
qui sépare les pulsations positives est le phénomène le plus
marqué; le cerveau a l'air de présenter un pouls négatif.
L'explorateur à coquille de Marey, revêtu d'une feuille
de caoutchouc mince et désinfecté au préalable, est appliqué
au niveau de la perte de substance. Il s'adapte exactement
à tout le pourtour de la plaie. Il fonctionne donc à la façon
d'un plélliysmographe cérébral, inscrivant non les excur-
sions d'une portion limitée de la surface cérébrale, mais
bien les variations de volume du contenu de l'espace crâ-
nio-rachidien. L'explorateur, ayant été fixé en place au
moyen de quelques tours de bande, est relié à un tambour
à levier très sensible qui inscrit immédiatement un gra-
phique d'une amplitude suffisante sur le papier enfumé du
cylindre enregistreur. On prend en même temps un gra-
phique du pouls radial au moyen du sphygmographe à
transmission de Knoll. L'horloge à secondes inscrit le
( 5H )
temps en regard. Ou recueille une série de graphiques, les
uns sur le cylindre tournant à grande vitesse, les autres
avec la vitesse moyenne. Après chaque lourde graphique,
on prend de nombreux traits de repère indiquant la posi-
tion respective des plumes, sur le graphique du pouls radial
et sur celui du pouls cérébral. La ligure \ reproduit un
fragment de graphique recueilli à la vitesse moyenne.
Fig. 4. — Inscription du pouls cérébral humain (P. C.1 La pulsation radiale
retarde de s/ibo de seconde environ sur la pulsation cérébrale.
S, secondes.
A lire de droite à gauche.
Le pouls radial est assez fort et assez fréquent (105 à
108 pulsations par minute) La ligne d'ascension est
brusque et se termine sur quelques graphiques à sa partie
supérieure par un petit crochet. La ligne de descente
est beaucoup plus lente et correspond à huit fois la durée
de la ligne ascendante; elle présente vers son milieu l'on-
dulation dicrole qui n'est pas très marquée [d fig. 2). Entre
la partie convexe de la courbe qui l'ail suite au sommet
(« el «') et l'ondulation dicrole, se voit eonsl inmenl une
ondulation (a") presque aussi marquée que celle du dicro-
lisme, mais présentant une longueur, c'est-à-dire une
( 542 )
durée un peu moindre. C'est l'ondulation désignée par la
lettre S dans les travaux de Moens et Hevnsius et de
Mosso, par la lettre A- dans les travaux spéciaux et dans le
traité de physiologie de Landois (voir a" fig. 2). Enfin
l'ondulation dicrote est parfois suivie d'une ondulation
assez marquée, qui correspond à l'une des ondulations
élastiques de Landois [e). Le faible développement de
l'ondulation dicrote relativement aux autres ondulations
indique une tension artérielle assez élevée. J'ajouterai que
le [rythme des pulsations n'est pas absolument uniforme.
Kig. 2. —Inscription simultanée du pouls cérébral et du pouls radial.
P. C, Pulsation cérébrale;
P. R , Pulsation radiale;
a, a', u", plateau systolique de la pulsation artérielle;
a'i, ondulation S de Moens;
d, ondulation dicrote;
Graphiques dessinés à la chambre claire. (Grossissement d*
lu diamètres environ.
( 545 )
Le pouls cérébral présente une l'orme entière merci dif-
férente de celle du pouls radial. On y distingue une ligne
d'ascension presque verticale, un plateau fort étendu pré-
sentant plusieurs ondulations et enfin une ligne de descente
un peu moins raide que celle de l'ascension, il présente
nettement la (orme singulière désignée par Mosso sous le
nom de Iricuspide (polso tricuspidale), c'est-à-dire que le
plateau de la courbe présente trois sommets plus ou moins
aigus (a, a" et d), celui du milieu {a") étant en même temps
le plus élevé. Beaucoup de pulsations ont même fourni un
graphique quadricuspide, le premier sommet se dédoublant
(a et «' de la ligure 2).
Quelle interprétation faut-il donner à ce pouls Iricus-
pide? La ligne d'ascension brusque du début correspond
sans aucun doute à la ligne d'ascension brusque du pouls
carolidien. Les repères nous montrent, en effet, qu'elle
avance de o centièmes de seconde environ sur le début du
pouls radial, ce qui s'accorde assez bien avec la différence
de longueur désaltères de la tète et de celles du membre
supérieur. Pour pouvoir comparer le graphique cérébral au
graphique du pouls radial, il faut donc les superposer en
ayant soin de reculer le premier d'une largeur de papier
équivalant à o centièmes de seconde, de manière à faire
coïncider les débuts des deux courbes. On dessinera, par
exemple, successivement les deux courbes à la chambre
claire sur le même papier. La figure 2 nous montre les
résultats de ce travail : on a choisi une pulsation céré-
brale où le premier sommtl se montrait dédoublé. Ce
premier sommet dédoublé (a et a') correspond au sommet
de la pulsation principale de l'artère; le deuxième (a") fait
encore partie de ce que Marey appelle le plateau systolique,
il représente la pulsation S de Moens et Heynsins. Enfin,
( 544 )
le troisième sommet (d) est produit par l'action de la pul-
sation dicrole artérielle (d).
La ligne de descente du pouls tricuspide montre parfois
une légère ondulation : c'est l'équivalent de l'ondulation
artérielle (e) ou ondulation élastique de Landois.
De celte analyse il ressort, à toute évidence, que le pouls
tricuspide cérébral observé chez le jeune Erpicum corres-
pond à la première variété de pouls tricuspide du chien.
C'est à peu près l'interprétation que Mosso, Burckhardt et
Mays ont donnée de leurs graphiques de pouls tricuspide de
l'homme. Il n'était pas inutile cependant de soumettre cette
interprétation à une nouvelle critique, en présence des faits
découverts chez le chien.
Y a-l-il dans les mouvements du cerveau humain une
combinaison d'un pouls d'origine artérielle, avec un pouls
veineux, comme c'est le cas chez le chien? Les graphiques
pris chez le jeune Erpicum ne nous apprennent rien de
positif à ce sujet. Pour résoudre celte question il faudrait
probablement expérimenter sur un sujet dont les pulsa-
tions seraient beaucoup moins fréquentes. Le pouls veineux
du cerveau du chien ne s'observe bien que pendant la phase
d'expiration, alors que le cœur espace ses battements. Il
disparaît dès que les pulsations s'accélèrent (fièvre, saignée,
empoisonnement par l'atropine, etc)
Procédé opératoire nouveau pour l'étude physiologique
des organes thoraciques ; par Léon Fredericq, correspon-
dant de l'Académie.
L'étude de la physiologie des organes thoraciques et
spécialement celle de la circulation pulmonaire a ren-
contré jusqu'à présent des difficultés presque insurmon-
( 545 )
labU's. Tour explorer les \aisseuux du poumon, il Faut
ouvrir la poitrine et supprimer par conséquent la pression
négative du milieu thoracique; il faut en outre entretenir
la respiration artificielle. Il <-n résulte une altération pro-
fonde de la circulation : le sang n'est plus aspiré vers la
poitrine, il s'accumule dans le système veineux au détri-
ment du système artériel : la pression baisse énormément
dans les artères et le cœur précipite ses battements. Les
résultats d'expériences entreprises dans ces conditions ne
peuvent être considérés comme normaux (\).
Le procédé suivant que j'ai imaginé permet au contraire
l'étude de la physiologie des organes thoraciques tout en
évitant les graves perturbations dont il vient d'êtie ques-
tion :
Sur un chien convenablement anesthésié, on ouvre
largement la poitrine sur le côté (incision unique linéaire
avec section transversale de 6 à 8 côtes), de manière à y
faire pénétrer les mains de l'opérateur. On peut alors appli-
quer à loisir divers instruments sur le cœur, les vaisseaux
ou les nerfs, à condition d'entretenir la respiration artifi-
cielle. Ce temps de l'opération terminé, on insulïle vive-
ment les poumons, on réapplique immédiatement l'un
(1) Chauveau et Marey, dans leurs mémorables expériences de cardiogra-
phie, avaient tourné la difficulté en introduisant les sondes exploralricts
dans la poitrine par l'intermédiaire des vaisseaux du cou.
Chauveau a exploré également la pression dans Tarière pulmonaire, sans
ouverture de la poitrine, en introduisant directement un Irocarl dans ce
vaisseau à travers un espace intercostal.
Enù'u je citerai également les recherches d'Héger el Spehl sur la fistule
péricardique : fistule du sternum, incision du péricarde, ligature passée
sous les vaisseaux sortant du cœur, fermeture hermétique de la fistule
sternale, rétablissement de !a pression négative au moyen d'un aspirateur
el puis ligature brusque des vaisseaux du poumon.
( Mi) )
contre l'autre les deux lambeaux museulo-osseux, on rabat
les lambeaux cutanés par-dessus, en laissant seulement
passer au dehors les tubes manomélriques ou autres instru-
ments qui font communiquer l'intérieur de la poitrine avec
les appareils enregistreurs. L'insufflation pulmonaire pra-
tiquée convenablement au moment de la fermeture suffit à
chasser hors de la poitrine la totalité de l'air qui y était
rentré. Si le besoin s'en faisait sentir, un lubearf hoc plon-
geant dans la poitrine et relié à un aspirateur pourrait
d'ailleurs servir à rétablir le vide thoracique.
La pression négative une fois rétablie à l'intérieur de la
poitrine, les deux lambeaux museulo-osseux restent appli-
qués l'un contre l'autre par l'effet de la pression atmosphé-
rique. Il suffit de maintenir réunis les lambeaux cutanés,
au moyen de quelques pinces à pression. L'animal se
remet spontanément à respirer, ce qui permet d'aban-
donner la respiration artificielle. Au bout de peu d'instants,
la perturbation causée par l'opération se dissipe et l'animal
se retrouve dans les mêmes conditions qu'avant.
Je me réserve de revenir ultérieurement en détail sur
le procédé opératoire que je signale et sur les résultats
expérimentaux qu'il m'a fournis. Je me borne à citer à
litre d'exemple l'opération suivante :
Grand chien mâle, aneslhésié (2o ctg. de chlorhydrate de mor-
phine), couché dans la gouttière d'opération sur le côté droit Canule fixée
dans la trachée; manomètre ;< mercure dans la carotide. Pulsations 24 en
00". Pression carolidienne oscillant entre 16 el 25 ctm de Hg. On
donne du chloroforme, la pression baisse et les pulsations s'accélèrent.
Respiration artificielle et ouverture de la poitrine par une incision longi-
tudinale sur le côté gauche de la poitrine. On isole la veine cave supé-
rieure; on glisse un crochet sous elle. On passe de même un crochet sous
la veine cave inférieure. On insuffle les poumons, puis on referme vive-
ment la poitrine, en laissant passer au dehors les manches des deux
crochets. Pas de tube aspirateur. On cesse la respiration artificielle. Au
( 517 )
bout de quelques instants : pulsation»-, ii en •">"": pression artérielle,
minimum, 13 à Ifietm Hg., maximum 31 à 20 clin.
On tire sur le crochet de la veine cave supérieure, île manière à com-
primer ce vaisseau. La pression artérielle tombe à \o clin, minimum,
16-18 ctm. maximum On rétablit la circulation de la veine cave supé-
rieure. Hausse passagère de la pression artérielle, qui r* prend bientôt sa
valeur primitive.
On comprime la veine cave inférieure. La pression aitérielle tombe
rapidement a 4 et 5 centimètres, les pulsations cardiaques s'accélèrent
extrêmement. On rétablit la circulation : hausse considérable de la pres-
sion.
Les expériences de compression d< s veines caves sont répétées plu-
sieurs fois sur le même animal.
Les propriétés optiques de la Ludwigile; par A.-F. Renard,
correspondant de l'Académie.
La ludwigile lui décrite pour la première lois par
M. G. Tschermakel dédiée à M. E. Ludwig, dont les remar-
quables travaux de chimie analytique ont si puissamment
aidé à établir la composition d'un grand nombre d'espèces
minérales. La ludwigile provient du Balai, on la trouve
aux environs de Morajwitza; sa composition répond à la
formule H4FeB.2Ol0. Je renvoie au travail du minéralogiste
viennois pour les détails relatifs aux résultats de l'analyse,
à leur interprétation et aux caractères macroscopiques de
celte intéressante espèce. Au moment où M. Tschertnak
écrivait ce mémoire on n'avait pas à sa disposition les
ressources qu'offre, pour la détermination des propriétés
optiques, l'examen microscopique en lumière convergente.
Ces propriétés étaient restées indéterminées et partant le
système crislallographique de l'espèce en question n'était
point établi. A la suile d'une revision des échantillons de
la collection de minéralogie du Musée royal d'histoire
( M8 ;
naturelle, pendant laquelle plusi< urs bons fragments de
ludwigite avaient attiré mon attention, je me suis proposé
d'établir, à l'aide des méthodes récemment introduites en
minéralogie, le système criMallographique de l'espèce.
La variété de la ludwigite de Moraviiza, dont je me
suis servi pour ces recherches, montre une structure bacil-
laire radiée beaucoup plus prononcée que dans les échan-
tillons ordinaires de ce minéral. Ce qui la caractérise à
l'œil nu, c'est non seulement la couleur verdâtre, mais un
éclat vitreux qui l'ait ressembler ces agrégats bacillaires à
certains minéraux du groupe amphibolique, à l'actinolite
en particulier.
Après avoir constaté par les essais chimique et pyrognos-
tique, l'identité de cet échantillon avec la luuwigite de
Tschermak, on détacha, sous le choc, une poussière qui
se résout au microscope en éclats généralement prisma-
tiques, presque libreux, dont rallongement est parallèle au
plan d'accolement des fibres.
Cette division suivant ce plan paraît indiquer un clivage;
mais les surfaces des cassures se sont montrées trop peu
réfléchissantes pour qu'on puisse évaluer l'angle au gonio-
mètre.
Comme l'avait observé déjà M. Tschermak, il est presque
impossible, en raison de la structure libreuse et de l'opacité
de la ludwigite, d'obtenir par le polissage des plaques
minces a>sez transparentes pour délei miner les propriétés
optiques et établir le système cristallin de l'espèce. On
doit donc recourir à l'examen microscopique des petits
éclats qui se détachent sous le choc du marteau. Ajoutons
qu'il est très rare qu'on en obtienne de suffisamment
transparents el dont les dimensions soient assez grandes
pour permettre l'examen optique. Au microscope ces frag-
( 549 )
menls se montrent sous la forme de parallélogrammes
allongés d'environ 0,40mm sur 0,05""" en moyenne; les
extrémités sont parfois tronquées par une arête oblique.
A la lumière ordinaire les parties transparentes apparais-
sent avec une teinte vert-brunâtre. Quelquefois ces éclats
offrent des cassures parallèles entre elles et à l'allonge-
ment.
Un des caractères les plus remarquables de ce minéral
est incontestablement le dichroïsme; il possède à un tel
point cette propriété qu'on peut le mettre en parallèle avec
les espèces les plus pléochroïques. Si l'on place les éclats
avec leur axe allongé parallèlement à la petite diagonale
du nicol polariseur, on observe une teinte brun-foncé;
pour les vibrations perpendiculaires à cette direction la
couleur est le vert, et l'absorption se montre bien plus
faible. Entre niçois croisés l'extinction se fait toujours
parallèlement et perpendiculairement aux côtés allongés
du fragment. Ces données rendent donc très probable que
la ludwigiste est un minéral du système orlhorbombique.
Il reste à en fournir la preuve par la rechercbe des axes
optiques. Mais il est déjà passablement dilïicilede retrouver
dans celte poussière microscopique peu transparente des
fragments assez minces pour l'étude en lumière polarisée
parallèle, il lest plus encore d'en rencontrer qui se prêtent
à l'examen à la lumière convergente. Cependant, grâce à
l'emploi du condenseur on est parvenu à observer nette-
ment les phénomènes suivants :&ur une lamelle très pléo-
chroïque on voit une branche d'hyperbole se rapportant
à un axe optique située hors du champ; la disposition de
la branche montre que l'axe en question est sur une ligne
perpendiculaire à l'allongement du fragment examiné.
Celte observation concorde avec l'interprétation admise
3™* SÉRIE, TOiME IX. 58
( 350 )
tout à l'heure que le minéral est orthorhombique; on peut
aussi en conclure que le plan des axes optiques est per-
pendiculaire à l'axe vertical qui correspondrait à l'allonge-
ment des fibres.
Détermination du coefficient de compressibilité de quelques
liquides et des variations que cette quantité éprouve avec
la température. Loi théorique qui régit les variations du
coefficient de compressibilité avec la température ; par
P. De Heen, correspondant de l'Académie.
L'élude de la compressibilité a fait l'objet de plusieurs
travaux importants, mais nous ne croyons pas devoir y
revenir ici parce que les résultats obtenus sont consignés
dans les principaux ouvrages de physique. Cependant, si le
coefficient de compressibilité a été déterminé avec exacti-
tude pour quelques liquides pris à la température ordinaire,
l'étude des variations que ces grandeurs éprouvent avec la
température est à peine ébauchée. Dans le travail actuel
nous tâcherons de combler cette lacune dans la mesure
de nos forces et nous vérifierons jusqu'à quel point les faits
observés s'accordent avec la loi des attractions moléculaires.
L'appareil dont nous nous sommes servi pour la détermi-
nation du coefficient de compressibilité se compose simple-
ment d'un réservoir thermométrique R, en verre assez
épais, auquel on a soudé le tube gradué g. Ce tube est
terminé par une partie rodée dans laquelle vient s'adapter
le tube en verre p. Celui-ci est mis en communication avec
un réservoir contenant de l'air comprimé. Le tube p peut
être remplacé par un robinet r, enfin on peut adapter en
m un réservoir b.
( 551 )
La principale difficulté que l'on rencontre dans la déter-
mination de la compressibilité à diverses températures con-
siste à obtenir une température rigoureusement constante
pendant un temps assez long. Ce temps peut dépasser vingt
minutes dans certains cas, car on sait que les liquides
ne prennent que lentement le volume qui correspond à
une pression déterminée.
Nous avons réussi à vaincre cette difficulté à l'aide de la
disposition suivante: le piézomètre R plonge dans un réser-
voir A formé de deux enveloppes concentriques entre
lesquelles on a eu soin d'introduire une substance peu
conductrice, par exemple du coton. Le tout est plongé
dans un courant de vapeur qui parcourt le circuit indiqué
par la flèche. Après avoir échauffé l'appareil, celle vapeur
va se condenser dans le serpentin s et retourne ensuite
au récipient N dans lequel on produit l'évaporation. La
vapeur qui s'est condensée dans les enveloppes s'écoule
également par le tube t dans le récipient N. Il est inutile
d'ajouter que la substance peu conductrice qui forme la
paroi du réservoir A a pour effet de rendre insensibles les
faibles fluctuations de température qui se produisent même
au sein d'une vapeur saturée. Dans le courant de ces
observations nous avons utilisé les vapeurs d'eau d'alcool
et d'acétone.
Voici la manière dont nous avons opéré : le piézomètre
étant muni du robinet r et du réservoir 6, on introduit
dans ce dernier le liquide sur lequel, on veut opérer. Le
piézomètre est ensuite plongé dans l'eau bouillante et le
réservoir 6 est mis en communication avec le récipient
d'une machine pneumatique; après avoir extrait l'air de
l'appareil, on laisse le liquide s'y introduire. On opère ainsi
plusieurs fois en ayant soin de faire en sorte que le vide
( o52 )
soil a»sez parlait pour provoquer l'ébullilion du liquide.
De eette manière on évite la formation de bulles d'air, qui
sans cette précaution se dégageraient pendant l'opération.
L'appareil étant ainsi préparé, on l'introduit dans le
récipient A après avoir enlevé le réservoir b et le robinet r.
Lorsque l'équilibre de température est atteint, on introduit
un fil de platine dans le tube gradué de manière à expul-
ser l'excès de liquide qu'il contient; puis, après avoir retiré
le fil avec précaution en évitant de briser la colonne, on
observe le niveau de celle-ci. Si ce niveau est invariable,
on met l'appareil en communication avec le récipient con-
tenant de l'air sous pression; le liquide s'abaisse alors dans
le tube pendant un temps généralement assez long et lors-
qu'il est devenu stalionnaire, on observe la nouvelle posi-
tion d'équilibre. Enfin, on ramène la pression à celle de
l'atmosphère et si la température a été bien stable, il faut
que le liquide reprenne sa position primitive. En opérant
de cette manière les deux observations se contrôlent et l'on
acquiert la certitude de ne pas avoir commis d'erreur sen-
sible.
Le calcul des expériences se fait très simplement; en
effet, si on exerce une pression déterminée sur le liquide,
celui-ci s'abaisse dans le tube d'une quantité correspon-
dant : 1° à la corn possibilité du liquide; 2!° à l'accroisse-
ment de volume de l'appareil. Or, les expériences faites
antérieurement sur l'eau à l'aide de l'appareil de Regnaull
ont acquis un degré d'exactitude sullisanl pour la déter-
mination de ce dernier élément. Supposons l'appareil
rempli de ce liquide et désignons par n l'abaissemer.
qm se produit dans le tube gradué sous l'action pression /.
représentons encore par (3 le coefficient de compressibi-
lité de l'eau, par V le volume du piézomètre et par v le
( 555 )
volume d'une graduation; dans ces conditions le produit
p(3V n'exprime autre chose que la variation réelle du
volume de l'eau et vn — p(3V = p. représente la part qui
revient à la compressibililé de l'appareil. Enfin, ^ exprime
le nombre de graduations à soustraire lorsqu'on opère
sous la pression déterminée p.
Supposons donc qu'en opérant dans ces conditions sur
un liquide quelconque nous ayons observé une variation
de niveau représentée par N graduations, N — - exprimera
une variation de niveau exclusivement proportionnelle à
la compressibililé du liquide (3'; de même pour l'eau
n — ^ est proportionnel à (3.
Nous aurons donc la relation
p. N--
N-^
p "
v
|= ouP' =
p » **
= P
/"
n
n
V
V
Dans nos observations, nous avions
V = 5"2C%
v = 0,002446 (graduation de 1 centimètre de longueur),
p = 5,25 atmosphères (mesuré à l'aide d'un manomètre à air
libre),
- = 1 .63 à 10°, 8,0 = 0,000047 (*),
v
- = i .69 à 1 00» S100 = 0,000041 .
17
(*) Détermination de Pagliani et Vinceiitini Beiblaetter, 1884, p. 794
( 554 )
Voici le résultat de nos observations :
SUBSTANCE («).
TEMPÉRATURE.
COEFFICIENT
de
compressibilité
0(*).
Xylène
Toluène
Benzoate butyle ,
Benzoate d'amyle
Valérate de méthyle
Valérate d'éthyle
Valérate de butyle
I Valérate d'amyle.
10
65
400
10
66
100
10
64
100
10
65
100
10
63
100
10
62,5
97
10
63,5
100
10
62,7
0,0000738
0,00007521
0,0001325
0,0000790
0,0001142
0,0001505
0,0000589
0,00008019
0,00009860
0,00005726
0,00007749
0,00009176
0,0000911
0,0001350
0,0001835
0,0000957
0,0001385
0,0001826
0,0000923
0,0001302
0,0001731
0,0000882
0,0001217
0,0001559
(») Les substances dont nous avons fait usage ont presque toutes été pré-
parées par M. Kahlbaum de Berlin, je dois les autres à l'obligeance de
M. L. Henry.
(*) Chacune de ces valeurs est le résultat de six observations.
( 555 )
SUBSTANCE.
TEMPÉRATUKE.
COEFFICIENT
de
compressibilité
P.
Bromure d'éthylène . . .
Chlorure d'éthylène . . .
Chlorure de carbone (Cs Cl4)
Butyrate de méthyle . . .
Butyrate d'éthyle ....
Bulyrate de butyle ....
Butyrate d'amyle ....
40
64
100
10
75»
10
58,5
97,2
10
62
10
62,5
99
10
63
100
10
63,5
97,5
0,0000558
0,0000766
0,0000977
0.00006768
0,0001114
0,0000697
0,0000944
0,0001250
0,0000895
0,0001341
0,00009309
0,0001361
0,0001849
0,0000901
0,0001297
0,0001702
0,0000857
0,0001224
0,0001572
Nous allons dans ce qui va suivre essayer de déterminer
la loi théorique qui régit les variations du coefficient de
compressibilité avec la température.
La chaleur spécifique d'un liquide à volume constant
peut se représenter par l'expression
(!)
=C-ATU
n.
(") Voir La théorie mécanique de la chaleur de Zeuner, 2e édil., p. 552.
( 55(i )
équation dans laquelle Cv représente la chaleur spécifique
à volume constant, Cp la chaleur spécifique à pression
constante, A l'équivalent mécanique de la chaleur (-^j la
variation de volume pour un accroissement de tempéra-
ture de 1° la pression étant constante el(^)v l'accroisse-
ment de pression pour un accroissement de température
de 1° le volume étant constant.
D'autre part, si nous désignons par p la pression interne
qui donne la mesure des forces attractives moléculaires,
nous pourrons encore écrire
(n» c«=c'-AQ>
D'où en tenant compte de l'équation (I) il vient
L'établissement de celte relation rend très intéressante
la comparaison des valeurs de p. avec les valeurs de la
pression interne fournie par l'équation dans laquelle inter-
viennent les chaleurs spécifiques ou la chaleur de vapori-
sation, et que nous avons désignées par /"(*).
Valeur de /. Valeur de /*.
Éther 48959 atmosphères. 3764 atmosphères.
Alcool 126225 » 3595
Constatons que les divergences entre les valeurs de f
et de \j. sont énormes. Elles sont de plus absolument
(") Voir Premier essai de la théorie des liquides (Annales de chimie
et de physique, 6e série, l. V. Mai 1885).
( 5o7 )
inexplicables si l'on admet que les liquides sont formés
par on simple assemblage de particules matérielles main-
tenues à distance par des forces attractives et répulsives,
mais elles s'expliquent parfaitement à l'aide des idées que
nous avons développées précédemment. Nous admettons
que les liquides sont formés de molécules dites liquidogé-
niques qui se touchent, alors que ces molécules sont
formées elles-mêmes d'autres molécules maintenues à
distance. Nous avons désigné ces molécules sous le nom
de molécules gazogéniqves, parce qu'elles sont de l'ordre
de celles qui constituent les gaz ou les vapeurs.
L'exactitude de celle hypothèse se trouve encore
confirmée par ce qui suit. Admettons que contrairement
à ce que nous venons de dire les molécules liqvidogéniques
soient maintenues à dislance par des forces attractives et
répulsives. S'il en est ainsi, la compressibilité sera simple-
ment due au rapprochement de ces molécules sans exercer
d'influence sensible sur l'écarlement des molécules gazo-
géniques. La pression p. devra se confondre alors avec la
pression que nous avons désignée par F dans notre théorie
des liquides. Cette pression, mesurée à l'aide de la résis-
tance qu'offrent les couches superficielles, est égale à 7,1
atmosphères, pour l'eau, en se basant sur les expériences
de Plateau, et d'après M. E. Wiedmann elle peul atteindre
en pleine matière à 55 atmosphères (*); mais quoi qu'il en
soit, il est inutile d'ajouter que ce sont là des quantités
négligeables vis-à-vis des valeurs de \j.. La première hypo-
thèse doit donc être maintenue.
La compressibililé d'un liquide est donc nécessairement
(*) // Nuovo Cimento, t. XIII, p. 88. 1883.
( :i58 )
due à une diminution de volume des molécules liquidogé-
niques. Mais ici encore se présentent deux hypothèses
distinctes; en effet, il se peut que la quantité /"soit homo-
gène ou qu'elle ne le soit pas. Admettons d'abord
l'homogénéité ou, en d'autres termes, supposons que toutes
les molécules gazogéniques qui constituent la molécule
liquidogénique soient sollicitées par des forces égales.
S'il en est ainsi, une diminution de volume produite soit
par la pression, soit par une diminution de température
donnera lieu à des variations internes identiques et la
valeur de /"sera égale à la valeur de \i.
L'expérience nous démontre qu'il n'en est pas ainsi. Il
faut donc adopter l'hypothèse la plus naturelle, celle qui
se vérifie pour tous les corps formés sous l'action d'une
force sensible dirigée vers le centre de gravité, et admettre
que les molécules liquidogéniques ont une densité décrois-
sante lorsqu'on s'éloigne du centre pour se diriger vers la
périphérie.
Reprenons maintenant notre hypothèse qui dit que la
valeur de /"varie en raison inverse d'une puissance déter-
minée n de la distance réciproque moyenne des molécules
gazogéniques; proposition qui peut encore s'exprimer en
disant que la force /"varie en raison inverse de la ne puis-
sance de la distance moyenne des molécules gazogéniques
au centre de gravité de la molécule liquidogénique, ou
encore en raison inverse de la puissance ^ — m du volume.
En effet, si la dislance moyenne qui sépare les molécules
gazogéniques est, par exemple, doublée, il est évident que
la distance moyenne des molécules gazogéniques au
centre de gravité de la molécule liquidogénique l'est aussi.
Cela étant, supposons que l'on exerce une pression sur
( 359 )
un ensemble de molécules constituées de la sorte, il est
évident que la force qui s'opposera au rapprochement des
molécules gazogéniques ne correspondra pas à la valeur
de /"qui représente la moyenne des pressions qui s'exercent
au sein de la molécule liquidogénique, mais elle corres-
pondra, au contraire, à une force p. qui représente la
pression à laquelle sont soumises les molécules gazogéni-
ques situées à la surface de la molécule liquidogénique,
surface qui peut être altérée sans qu'une modification
sensible se produise à l'intérieur de la molécule. Il est
inutile de dire que cette pression p est beaucoup plus
faible que la pression /", et que ces deux pressions peuvent
varier très différemment lorsqu'on passe d'un liquide à un
autre; mais d'autre part, si l'on considère un même liquide
pris à des températures différentes, la force [i doit varier
de la même manière que f, c'est-à-dire en raison inverse de
la n" puissance de la distance de ces molécules superficielles
au centre de gravité de la molécule liquidogénique on en
raison inverse de la puissance m du volume.
De telle sorte que si nous désignons par p.0et par p*, les
valeurs de p à o° et à 1° par fet par ft les pressions internes
prises aux mêmes températures, nous pouvons écrire
fo <"o
f< V-x
Si donc nous posons p.0 = 1, V = 1 à l'origine des
températures, nous aurons
I
= Vm
dt
560 )
ou
dp !
(IV -?- =
V ' dt TV"
D'autre pari nous avons la relation
(dp\ Idt \ tdV\ _
\dtJv \d\lp \dpl,
ou
(V) (dp) [dtl"
in
(V) UK" idv\ ■
\dp),
Dans ces équations les indices y, p, t indiquent simple-
ment la constance du volume de la pression et de la tem-
pérature des termes qu'ils affectent.
Or nous avons établi la relation
fd\\
<vi) y,="v"-
Combinant les équations (V) et (VI) il vient
fdp\ a0Vm
\dtlv " ld\\ '
Upl,
Et tenant compte de l'équation IV i
1 vient
1 «0Vm
TVm_ /dV\ '
Upl,
(*) Voir Zeuner, p. 545.
011
t 561 )
/dV\
-WrTaiV
Mais
P-' v '
d'où finalement
(VII)
p = TooV*"-1.
Cette équation peut encore se mettre sous une forme
plus commode; en effet, l'intégration de l'équation VI nous
donne
\
V =
r « i-
\J — (m — 1 )«0lJ
Si donc nous remplaçons V par sa valeur dans l'équa-
tion (VU) et si nous désignons par (3, et (30 les valeurs de (3
aux températures / " et o° et par T, et T0 les valeurs corres-
pondantes de T, nous aurons
(VHI)
j3,= T,
Po T
if ! T
o \_\ — (m — 1 )alj
En faisant n = 7 ou m = 2,555, ainsi que nous l'avons
admis précédemment, la relation VHI devient
(IX)
-'[ ? -
0 j_1 — l,ô55a<
( 5(52 )
De même l'équation VII nous donne
(X) &=ï'v**o.
Ce que l'on peut exprimer en disant que le coefficient
de compressibilité varie en raison directe de la température
absolue et en raison directe de la puissance 3,666 du
volume.
(*) Il n'est pas sans intérêt de remarquer que si nous admettions n = 6
au lieu d'admettre n = 7, notre formule coïnciderait avec celle de
M. Dupré. (Voir la Théorie mécanique de la chaleur de M.Athanase Dupré,
p. 147, 1869.) En combinant les équations 189 et 190 on a
fi, T,x, A*
i3o~~To<%0 A«f'
expression dans laquelle A et &', » et ce, représentent respectivement
les densités et les coefficients de dilatation aux températures o et t\ on
peut donc encore écrire la formule sous la forme
fi, _T<«, V/2
Jo ~~ T0 <xo Vo* '
Mais nous avons V0 = 1 et en admettant
dV a0Va
n=6,~ = a0Va ou a,=-5— -aV,
' dt ° V * '
d'où :
p, _TV5
po~"V
équation qui correspond à l'équation (VII) dans laquelle on fait n = 6
ou m = 2.
Il est possible que n=6 représente en réalité la valeur théorique de n,
mais il n'est pas moins certain qu'en adoptant n=l on trouve des valeurs
qui se rapprochent davantage de la réalité. Peut-être cette circonstance
est-elle due à ce qu'en adoptant n=l on tient compte de légères dissocia-
tions physiques qui se manifestaient souvent au sein des liquides.
( 565 )
Voici le tableau dans lequel nous avons comparé les
résultats du calcul aux résultats de l'observation :
SUBSTANCES.
DO
M
ce
s
H
-a!
es
■H
a.
S
w
H
VALEURS
de
P
observées.
VALEURS
de
P
calculées.
VALEURS
de
P<
Pc
observées.
VALEURS
de
P'
Pc
calculées.
VALEURS
de
a0.
Valérate de méthyle ....
' 10
63
•100
0,0000911
0,0001330
0,0001835
0,0001367
0,0001794
1,48
2,01
1,49
1,97
0,001143
Valérate d'éthyle
t 10
! 62,5
( 97
0,0000957
0,0001385
0,0001826
0,0001406
0,0001818
1,45
1,91
1,47
1,90
0,001108
Valérate de butyle ....
( 10
| 63,5
100
0,0000923
0,0001302
0,0001731
0,0001347
0,0001744
1,41
1,87
1,46
1.89
0,001042
i 10
1 62,7
\ 99
0,0000882
0,0001217
0,0001559
0,0001279
0,0001640
1,38
1,77
1,45
1,86
0,001010
Bromure d'éthylène (CaH4Br2).
10
| 64
100
0,0000558
0,0000766
0,0000977
0,0000803
0,0001032
1,37
1,73
1,44
1,85
0,000979
Chlorure d'éthylène ....
10
1 75»
0,0000677
0,0001114
0,0001096
1,64
1,62
0,001112
Chlorure de carbone (C2 Cl4).
: 10
58,5
98
0,0000697
0,0000944
0,0001230
0,0000976
0,0001282
1,35
4,79
1,40
1,84
0,001005
Benzoate de butyle ....
1 i0
64
'lOO
0.0000589
0,0000802
0,0000986
0,0000830
0,0001036
1,36
1,67
1,41
1,76
0,000848
Benzoate d'amyle
l 10
) 65
[100
0,0000573
0,0000775
0,0000918
0,0000807
0,0001006
1,35
1,60
1,41
1,76
0,000842
564 )
SUBSTANCES.
( 40
Xylène ] 65
(100
l 10
Toluène < 66
(100
i 10
Butyrate de méthyle. ...
( 10
Butyrate d'éthyle ) 62,5
99
Butyrate de butyle
Butyrate d'amyle
10
j 63
'lOO
l 10
63,5
97
observées.
0,0000738
0,0001062
0,0001325
0.00007HO
0,0001142
0,0001503
0,0000893
0,0001341
0,0000931
0,0001361
0,0001 8 19
0,0000901
0,0001297
0.0001702
0,0000857
0,0001224
0.0001572
P
calculées.
obserTées.
VALEURS
de
11
Pc
calculées.
VALEURS
de
a„.
0,0001084
1,44
0,0001380
1,80
0,0001193
1,45
0,0001516
1,91
0,0001341
1,50
0,0001387
1,46
0,0001849
1,99
0,0001324
1,44
0,0001738
1,89
0,0001242
1.43
0,0001576
1,83
1,47
1,87
1,51
1,92
1.50
0,001008
0,001082
0.001196
1,49
U)9 J 0,001184
1,47
1,93
1,45
1,84
0,001094
0,001019
H esl inutile d'ajouter que l'accord entre la théorie et
l'observation est très satisfaisant, d'autant plus qu'en nous
basant sur la même hypothèse (en admettant que les
molécules s'attirent en raison inverse d'une puissance
déterminée de leurs distances réciproques), nous avons
déjà réuni un grand nombre de faits.
ôuUetù
' : ■ .
( 565 )
Sur quelques dérivés de l'hydrocamphène télrabromé ; par
W. De la Royère, assistant au laboratoire de chimie
générale de l'Université de Gand.
Dans une note que j'ai eu l'honneur de soumettre à
l'Académie, il y a quelque temps (1), j'ai fait connaître les
résultats obtenus dans l'étude de l'action du chlorobro-
inure de phosphore sur le camphre.
Dans celte réaction il se produit un composé de la for-
mule CI0HuBr4, auquel j'avais donné le nom de bibro-
mure de bibromo-camphilidène. En effet, ce composé est
au camphre bibromé comme le bi bromure d'édiylidène est
à l'aldéhyde, et c'est là ce qui semblait justifier le nom
proposé.
Mais je ne suis pas parvenu à elfecluer une transfor-
mation qui rattachât ces deux corps l'un à l'autre. En
poursuivant l'élude du nouveau composé C,0H14Br4, j'ai
obtenu des résultats qui semblent plutôt le meltre en
rapport avec l'hydrocamphène C10H|S, et je crois ne pré-
juger aucune question de constitution en proposant de
l'appeler hydrocamphène télrabromé.
Action de l'hydrogène naissant.
L'hydrogène naissant transforme l'hydrocamphène té-
lrabromé en un composé de la formule C,0Ht(>Br2, la
.«institution inverse ne portant que sur deux atomes de
brome.
(1) Bulletin de /' Académie royale de Belgique, 3e série, t. IV, n° 8,
1882.
3roe SÉRIE, TOME IX. 59
( 566 )
Pour effectuer cette réaction, on soumet l'hydrocam-
phèrie létrabromé, finement pulvérisé et pendant plu-
sieurs jours, à l'action de l'hydrogène naissant produit par
un mélange d'étain et d'acide chlorhydrique.
L'opération s'effectue dans un ballon ù fond plat,
imparfaitement bouché, que l'on chauffe doucement au
bain-marie. L'action de l'hydrogène naissant eot continuée
jusqu'à ce que l'hydrocamphène létrabromé ait complète-
ment disparu et soit remplacé par des flocons blancs qui
viennent nager à la surface du liquide. On jette le contenu
du ballon dans un entonnoir dont la douille est bouchée
d'un tampon de verre filé et on lave à grandes eaux pour
éliminer l'acide chlorhydrique et le chlorure stanneux.
On exprime le résidu entre des doubles de papier, on le
reprend par l'alcool bouillant; on liltreet, par refroidisse-
ment, on obtient de beaux cristaux. Ces derniers, conve-
nablement puriiiés par plusieurs cristallisations dans
l'alcool, ont fourni à l'analyse les résultats suivants :
Ogr.408 de substance ont donné Ogr.520 de bromure
d'argent correspondant à 54,2 p. % de brome;
Ogr.518 de substance ont donné Ogr.406 de bromure
d'argent correspondant à 54,3 p. % de brome;
Ogr.475 de substance ont donné Ogr.257 d'eau et
Ogr.7009 d'anhydride carbonique.
TROUVÉ. CALCULÉ.
Brome 54,2 54,1 54,06
Hydrogène 5,56 5,40
Carbone 40,25 40,54
Ces analyses ont été faites avec des échantillons de
préparations différentes et conduisent à la formule
C|0H16Br2 de l'hydrocamphène bibromé.
(567)
Ce dernier peut également s'obtenir par l'action de
l'amalgame de sodium sur Phydrocamphène télrabromé
en suspension dans l'eau et en présence de l'acide
acétique.
L'action de l'amalgame de sodium au sein d'un milieu
alcalin fait subir à Phydrocamphène télrabromé une
transformation du même genre. On obtient d'abord une
huile incolore douée d'une odeur de térébenthine et au
sein de laquelle se forment à la longue des cristaux d'hy-
drocamphène bibromé; ces cristaux, exprimés entre des
doubles de papier et purifiés par des cristallisations suc-
cessives dans l'alcool ou dans l'acide acétique, ont donné
à l'analyse les résultais suivants :
Ogr.432 de substance ont donné Ogr.550 de bromure
d'argent, correspondant à 54,18 p. °/0 de brome;
Ogr.485 de substance ont donné Ogr.237 d'eau corres-
pondant à 5,42 p. % d'hydrogène et Ogr.720 d'anhydride
carbonique correspondant à 40,48 p. % de carbone.
Brome .
Hydrogène
Carbone .
Cette dernière méthode n'est pas avantageuse au point
de vue du rendement.
L'hydrocamphène bibromé est une substance incolore,
cristallisant en tables hexagonales biselées sur les bords.
Elle est douée d'une légère odeur de térébenthine. Elle
est soluble dans l'alcool, Peiner, le chloroforme, le benzol,
le sulfure de carbone, l'acétate d'éthyle et l'acide acétique.
TROUVE.
CALCULE.
54,18
54,06
5,42
5,40
40,48
40,54
( 5(58 )
C'est de ce clernierdissolvant qu'elle cristallisele mieux par
évaporation sponlanée. Son point de fusion est silué à
55°,5. Sous l'action d'une température élevée, elle se
décompose en dégageant de l'acide bromhydrique.
L'hydrocamphène bibromé peut régénérer l'hydrocam-
phène létrabromé dont il dérive : il suffit pour cela de le
soumettre à l'action du brome, en observant les propor-
tions théoriques. Comme j'avais remarqué que l'action de
la chaleur nuit à la formation de l'hydrocamphène létra-
bromé, j'ai eu soin d'opérer à la température ordinaire.
A cet effet, j'ai dissous une molécule d'hydrocamphène
bibromé dans du chloroforme et j'y ai laissé tomber goutte
à goutte deux molécules de brome en agilant continuel-
lement. Il n'y a pas eu d'élévation sensible de tempéra-
ture. Au bout de quelques jours la solution chloroformique
était devenue jaune pâle : tout le brome avait été absorbé.
L'action de la lumière favorise nolablement la réaction.
La solution chloroformique laisse déposer d'emblée de
beaux cristaux d'hydrocamphène tétrabromé, fusibles
à 164°.
Deux dosages de brome ont fourni les résultats sui-
vants :
Ogr.432 de substance ont donné Ogr. 716 de bromure
d'argent correspondant à 70,51 p. % brome.
Ogr.408 de substance ont donné Ogr.676 de bromure
d'argent correspondant à 70,5 p. °/. brome : le calcul
exige 70,48 p. °/o-
Quelques essais, faits en vue de régénérer l'hydrocam-
phène létrabromé en partant de l'hydrocamphène bibromé
et effectués à des températures élevées ont surtout donné
des produits huileux.
v 5G9 )
Dans l'espoir d'obtenir un hydrocamphèue irinromé,
j'ai dissous dans le chloroforme une molécule d'hydrocam-
phène bibromé, sur laquelle j'ai fait agir une molécule de
brome. Par évaporalion j'ai obtenu un mélange de cris-
taux que j'ai triés, et sur la nalure^desquels il était diffi-
cile de se tromper. En effet, les plus gros étaient de
l'hydrocamphène létra brome.
Un dosage de brome a donné les résultats suivants :
Ogr.422 de substance ont donné Ogr 695 de bromure
d'argent correspondant à 70,08 p. °/„ brome.
Les autres cristaux, plus petits, étaient de l'hydrocam-
phène bibromé inaltéré. Ils fondaient à 56".
Un dosage de brome a donné les résultats suivants:
Ogr.310 de substance ont donné Ogr.393 de bromure
d'argent correspondant à 54,12 p. °/0 brome.
Action de la potasse caustique.
L'hydrocamphène tétrabromé a été soumis à Tébulli-
tion, pendant douze heures, au réfrigérant ascendant en
présence d'un excès d'une solution alcoolique de potasse.
Après refroidissement de la masse, il s'était formé de
belles aiguilles prismatiques brunes que j'ai séparées des
eaux-mères. Celles-ci, traitées par l'eau, ont donné une
nouvelle quantité de la même substance.
Après (iltration et lavages à l'eau distillée, j'ai séché lé
produit entre des doubles de papier et je l'ai dissous dans
l'alcool bouillant. Celte solution a laissé déposer, par
refroidissement, de magnifiques aiguilles prismatiques
jaunâtres, mais qui deviennent incolores après quelques
cristallisations ou mieux encore par un traitement au noir
animal.
( 570 )
L'analyse de ce composé a fourni les résultais suivants :
Ogr.420 de substance ont donné Ogr.636 de bromure
d'argent correspondant à 64,36 p. °/o brome.
Ogr.688 de substance ont donné Ogr.2168 d'eau corres-
pondant à 3,50 p. % hydrogène et Ogr.810 d'anhydride
carbonique correspondant à 32,10 p. °/0 carbone.
TROUVÉ. CALCULÉ.
64 36
64,34
3,50
3,48
32,10
32,17
Brome
Hydrogène
Carbone
Ogr 475 de substance ont donné Ogr.717 de bromure
d'argent correspondant à 64,23 p. °/0 brome.
Ogr.511 de substance ont donné Ogr.772 de bromure
d'argent correspondant à 64,28 p. °/0 brome.
Ogr.3346 de substance ont donné Ogr.395 d'anhydride
carbonique correspondant à 32,18 p. °/0 carbone et Ogr.105
d'eau correspondant à 3,49 p. °/0 hydrogène.
TROUVÉ. CALCULÉ.
Brome 64,28 64,23 64,34
Hydrogène .... 3,49 3,48
Carbone. .... 32,18 32,17
Ces analyses conduisent à la formule Cl0 H13 Br3, qui
est celle du camphène tribromé.
Ce composé résulte de l'hydrocamphène télrabromé par
soustraction d'une molécule d'acide bromhydrique par la
potasse.
Ct0Hl4Br4+ KOH = Ct0H1$Br, -+- KBr-+- H40.
Ce résultai ne s'est pas modifié quand j'ai fait l'expé-
rience en vase clos à 100° ou même à 180°.
Le camphène tribromé est une substance incolore et
( 57i )
inodore lorsqu'elle est pure. H cristallise par le refroidis-
sement de sa solution alcoolique en aiguilles prismatiques,
d'un aspect soyeux, pouvant atteindre une longueur de
plusieurs centimètres. Son point de fusion est situé vers
72-73°. Sous l'influence d'une chaleur plus forte, il se
décompose avec dégagement d'acide bromhydrique.
Le camphène tribromé est soluble dans l'alcool, l'éther,
le chloroforme, le benzol, l'acétate d'éthyle, l'acide acétique
et le sulfure de carbone.
J'ai remarqué que lorsqu'on asurlouten vue la purification
du camphène tribromé, il vaut mieux employer l'acide acé-
tique comme dissolvant, tandis que si l'on veut avant tout
obtenir une belle cristallisation, l'emploi de l'alcool est
préférable, mais dans ce cas le produit conserve une
légère odeur de térébenthine.
Action de l'ammoniaque.
L'hydrocamphène télrabromé a été chauffé en tubes
scellés à 150°, pendant quatre heures, avec un excès de
solution alcoolique de gaz ammoniac. Après refroidisse-
ment, on trouve dans les lubes des cristaux de bromure
d'ammonium. Il n'y règne aucune pression. On traite par
l'eau le produit de la réaction, ce qui provoque la précipi-
tation d'une huile jaunâtre, laquelle se concrète rapide-
ment en une masse cristalline qu'on dessèche entre des
doubles de papier. On reprend par l'alcool bouillant : par
refroidissement, on obtient une cristallisation en petites
paillettes nacrées. Vues au microscope, ces paillettes se
présentent sous la forme de petites tables rectangulaires.
L'analyse de cette substance a fourni les résultats sui-
vants :
( 872 )
Ogr.558 de substance ont fourni Ogr.460 de bromure
d'argent correspondant à 5-4,67 p. °/0 brome.
Ogr.371 de substance ont donné Ogr.477 de bromure
d'argent correspondant à 54,71 p. % brome.
Ogr.3145 de substance ont donné Ogr.4735 d'anhydride
carbonique correspondant à 41, 05 p. °/0 carbone et Ogr.117
d'eau correspondant à 4,13 p. °/0 hydrogène.
Ogr.594 de substance ont donné Ogr.8944 d'anhydride
carbonique correspondant à 4 1,06 p. % carbone et Ogr.221
d'eau correspondant à 4,12 p. °/0 hydrogène.
TROUVÉ. CALCULÉ.
I II
Brome 54,67 54,71 54,70
Hydrogène 4,15 4,12 4,10
Carbone 41,05 41,06 41,09
Ces analyses, faites avec des échantillons de prépara-
tions différentes, conduisent à la formule C10H)2Br2, com-
posé auquel j'ai donné le nom de camphylène bibromé. En
effet, il est à l'hydrocamphène et au camphène comme
l'acétylène est à l'élhane et à l'élhylène.
Celle substance résulte d'une soustraction de deux
molécules d'acide bromhydrique aux dépens de l'hydro-
camphène lélrabromé. L'ammoniaque, dans celte réaction,
a donc agi avec plus d'énergie que la potasse alcoolique, à
l'aide de laquelle je ne suis jamais parvenu à enlever plus
d'une molécule d'acide bromhydrique à l'hydrocamphène
tétra brome.
Le camphylène bibromé est une substance incolore,
possédant une faible odeur de térébenthine, insoluble dans
l'eau, soluble dans les dissolvants neutres, fusible à 52° et
distillant vers 260° sans décomposition apparente.
( 575 )
Action de V oxyde d'argent humide.
J'ai chauffé à 100° en tubes scellés, pendant quatre
heures environ, de l'hydrocamphènc létrabromé dissous
dans l'acétate d'éthyle en présence d'un excès d'oxyde
d'argent humide. Les tubes contenaient, après réaction,
un précipité jaune de bromure d'argent.
Par évaporation de l'acétate d'élhyle, une huile d'un
jaune sale s'est séparée. Au bout de quelques jours et
sous l'influence de la lumière ou de la chaleur, elle était
devenue plus foncée. En outre, de petits cristaux mame-
lonnés s'en étaient déposés.
Après avoir débarrassé ces derniers de l'huile qui les
souillait, je les ai repris par l'alcool chaud. Ce dissolvant
a déposé par refroidissement des aiguilles prismatiques
ayant une grande analogie avec le camphène tribromé
obtenu par l'action de la potasse alcoolique sur l'hydro-
camphène létrabromé : elles en possèdent d'ailleurs le
point de fusion (72u-73°).
Une analyse de ces cristaux a conduit aux résultais sui-
vants :
Ogr.420 de substance ont donné Ogr.654 de bromure
d'argent correspondant à 64,23 p. °j0 brome.
Ogr.392 de substance ont donné Ogr.592 de bromure
d'argent correspondant à 64,26 % brome.
Ogr.445 de substance ont donné 0gr.o25 d'anhydride
carbonique correspondant à 32,17 p."/o carbone el Ogr.141
d'eau correspondant à 3,52 p. % hydrogène.
TROUVÉ. CALCULÉ.
Brome 64,26 64,25 64,34
Hydrogène .... 3,52 3,48
Carbone 52,17 32,17
( 374 )
Ces résultats conduisent à la formule C,0H,3Br3 du
camphène tri brome.
On peut remplacer clans l'expérience que je viens de
décrire les tubes scellés par un ballon chauffé au bain-
marie muni d'un réfrigérant ascendant. La réaction se
passe tout à fait de la même manière, avec cette diffé-
rence qu'elle n'est complète qu'après six ou sept heures
de chauffe.
L'oxyde J'argent humide s'est donc comporté dans cette
expérience comme le ferait la potasse caustique : elle a
simplement enlevé une molécule d'acide bromhydrique à
l'bydrocumphène tétra brome.
Je me propose de continuer l'élude des dérivés qui font
l'objet de cette note. J'espère pouvoir prochainement com-
muniquer de nouveaux résultats à l'Académie.
Note concernant la recherche des moments fléchissants et
des efforts tranchants qui se produisent dans une poutre
appuyée à ses extrémités et fléchie sous Caclion d'une
surcharge mobile; par le capitaine du génie G. Léman.
1. Nous nous proposons dans cette note de résoudre le
problème suivant :
Étant donnée une poutre horizontale appuyée à ses
extrémités et soumise à l'action d'un certain nombre de
charges verticales formant système, c'est-à-dire qui sont
assujetties à rester à des distances constantes les unes des
autres, calculer pour tous les points de la pièce le maxi-
mum du moment fléchissant et le maximum de l'effort
tranchant, quand le système des charges se déplace le long
de la poutre.
( 575 )
Les dilïicultés réelles que l'on rencontre lorsqu'on veut
résoudre cette question par les procédés analytiques nous
ont engagé à suivre l'exemple de bon nombre d'ingénieurs
et à nous adresser aux méthodes graphiques pour obienir
la solution de ce problème si important au point de vue de
rétablissement des ponts en charpente.
2. Occupons-nous d'abord des moments fléchissants;
mais avant de considérer des charges qui se meuvent, on
nous permettra de rappeler la règle senanl à déterminer
par le dessin les moments fléchissants qui se produisent
quand le système des charges est immobile dans une posi-
tion quelconque.
Soit (fig. i) M0M4 une poutre horizontale appuyée à ses
extrémités et supposons-la fléchie sous l'action de trois
charges verticales P,, P2 et P3 appliquées respectivement
aux points M„ M2 et M3 Pour obtenir les moments fléchis-
sants, nous porterons fur une même verticale et bout à
bout des longueurs ab, bc et cd proportionnelles aux
charges Pt, P2 et P3; nous prendrons ensuite d'une façon
quelconque mais à l'unité de dislance de la droite ad un
pôle 0 que nous joindrons aux points a, b, c et d par des
rayons vecteurs vu y2, t3 et i'4. Par un point A pris arbi-
trairement sur la verticale du point M0, nous mènerons une
parallèle AB ou V1 au rayon vecteur v{ jusqu'à la ligne
d'action de la charge P,, puis une parallèle BC ou V2 au
rayon vecteur e2 jusqu'à la ligne d'action de la charge P2,
puis CD ou V3 parallèlement à o3 jusqu'à P3 et enfin DE
ou V4 parallèlement à u4 jusqu'à la verticale du point M4.
En d'autres termes, après avoir construit le polygone abcd
des charges et avoir choisi le pôle 0, nous tracerons un
polygone funiculaire ABCDE «lu système des charges par
(57C )
rapport à ce pôle. Ce polygone sera fermé par le côté AE
que nous nommerons V^.
Ces opérations étant faites, pour avoir le moment fléchis-
sant en un point quelconque M de la poutre, il suffira de
mener la verticale MGF du point M : le segment FC» de
cette verticale, compris entre les côtés du polygone funi-
culaire, sera le moment fléchissant cherché. L'ensemble
des moments fléchissants pour tons les points de la poutre
sera donné par l'ensemble des verticales telles que FG
limitées par le contour polygonal ABCDE. Ce polygone est
donc le diagramme des moments fléchissants.
5. Supposons actuellement que les trois charges P,, P2
et P3 forment système et que ce système se déplace le long
de la poutre M0M4.
Considérons d'abord ces charges dans une première
position, leurs points d'application étant en M-j , M, et
M3 (fig. 2), et traçons pour celle position le diagramme
^iV2V3V4Vb des moments fléchissants, d'après la règle
que nous venons d'indiquer.
Supposons ensuite que le système des charges vienne à
se déplacer de gauche à droite d'une quantité M4M't; en
prenant
m8m; = m3ms = m,m;,
les trois points M',, M'9 et M'8 seront les nouvelles posi-
tions des points d'application des charges dont les lignes
d'action seront par conséquent M'jPV M'2P 2 et M'3P'3. Si
nous appliquons la règle une seconde lois, en ayant soin
de ne changer ni le pôle ni le polygone des forces et de
conserver le point A comme origine du polygone funicu-
laire, nousobliendrons un nouveau diagramme des moments
fléchissants A B'C'D'E' ou W\T2y\\\S'b.
( 577 )
Ces constructions nous permettent de constater que je
moment au point M de la poutre, qui était FG pour la pre-
mière position de la surcharge, est devenu F'C pour la
deuxième position. Si nous choisissons ensuite une troi-
sième position du système des charges, puis une quatrième,
une cinquième, etc., finalement une »iième, nous pour-
rons déterminer, comme nous venons de le faire, le dia-
gramme des moments fléchissants et par suite le moment
fléchissant au point M pourchacuncdec.es positions. Nous
aurons ainsi n longueurs telles que FG, F'G', dont nous
devrons prendre la plus grande, qui représentera le
moment fléchissant auquel devrait résister au point M,
une poutre M0M4 soumise à l'action du système des trois
charges Pt, P2, P5 ne pouvant occuper que les n positions
choisies. Il en résulte qu'en opérant de cette façon, on ne
sera jamais sûr d'obtenir le moment fléchissant maximum
pour un point donné de la poutre, quelque grand que soit
le nombre de positions attribuées à la surcharge.
Le procédé que nous allons faire connaître donnera ce
maximum pour n'importe quel point de la poutre avec
toute l'exactitude qie peut fournir le dessin.
4. Observons, en effet, que les diagrammes V,V2V3V4V5
et V^V'aV'sV^V'îj ont le sommet A commun, les côtés V,
et V^ dirigés suivant la même ligne droite parallèle au
rayon vecteur v^ que les côtés V4 et V'4 sont parallèles et
que les autres côtés sont deux à deux égaux cl parallèles
à l'exception de V5 et de V'5 qui ont des directions et des
longueurs différentes. Il s'ensuit que si l'on regarde le
premier diagramme comme une figure qui varie en même
temps que la surcharge se meut, les lieux géométriques
décrits par les sommets B, C et D de cette ligure seront
des parallèles au premier rayon vecteur w, du polygone
des forces.
( 378)
Celle remarque fournil un moyen simple de construire
le diagramme correspondant à une position quelconque
du système des charges définie seulement par la ligne
d'action de l'une d'elles, M'jP', par exemple, connaissant
un autre diagramme ABCDE. Car, après avoir mené par
les sommets B, C et D de celte figure les parallèles R,, R3
et R5 à vi et après avoir déterminé par la rencontre des
droites R, et M\P\ la position du sommet B', il suffira de
tracer la ligne brisée B'C'D'E'de façon que ses côlés soient
parallèles à ceux de la ligne BCDE et que ses sommets
C, D' et E' soient sur les droites R2, R5 et M4 E.
En appliquant cette construction au cas où le système
des charges occupe sa position initiale, la force P4 agis-
sant en M0, puis au cas où ce système atteint sa position
finale, la charge P3 étant arrivée en M4, on trouvera pour
les diagrammes les polygones ASTU et AXYZ qui seront
respectivement la première el la dernière position de la
figure variable ABCDE.
5. Or, si nous prenons le plan de la figure comme plan
horizontal de projection, nous pourrons supposer que tous
les diagrammes que l'on peut concevoir entre ASTU et
AXYZ soient transportés dans des plans horizontaux de
telle manière que les projections horizontales soient préci-
sément ces diagrammes tels qu'ils se trouvent dans le
plan de la ligure. Pour fixer la position des diagrammes
ainsi déplacés, nous choisirons un plan vertical de pro-
jection passant par UZ et nous mènerons dans ce plan et
par le point Z une droite quelconque (ZU, ZUV) ('), que
(*) Nous désignerons tes droites et les points de l'espace par les lettres
qui nomment leurs deux projections. Les projections verticales serett
notées à l'aide des mêmes lettres que les projections horizontales corres-
pondantes, mais en affectant ces lettres de l'exposant v.
( 579 )
nous regarderons comme étant le lieu des sommets
(UUV)....(EEV)....(Z) de ces diagrammes. Dès lors, le dia-
gramme ABCDE se trouvera dans le plan horizontal Q,
le diagramme ASTU dans le plan horizontal H et le dia-
gramme AXYZ dans le plan horizontal lui-même.
L'ensemble des diagrammes formera donc un solide
limité de la façon suivante :
A la partie inférieure, par une hase située dans le plan
horizontal et dont la projection est AXYZ;
A la partie supérieure, par une base (ASTU, AVSVTVUV);
Antérieurement, par une surface polyédrale dont les
arêtes sont (A, A'AV), (R,R,V), (R2R,V), (R3R3V), (UZ,UVZ);
Postérieurement, par un paraboloïde hyperbolique ayant
comme directrices les droites (A, A'Avj et (UZ, UVZ) et
comme plan directeur le plan horizontal de projection ; ce
paraboloïde admet, du reste, le plan vertical de projection
comme second plan directeur.
Le solide que nous venons d'imaginer peut être consi-
déré comme le diagramme de tous les moments fléchis-
sants qui se produisent aux divers points de la poutre et
pour touîes les positions de la surcharge. En effet, le
segment que la surface de ce solide découpe sur toute
parallèle à la ligne de terre représente, pour une certaine
position des charges, le moment fléchissant au point de la
poutre situé dans le plan projetant horizontalement cette
parallèle. H suffit pour s'en convaincre de mener par la
parallèle dont il s'agit un plan horizontal qui coupera le
solide suivant une figure qui se confondra en projection
horizoulale avec le diagramme des moments fléchissants
relatifs à celte position.
6. Cela posé, si par un point quelconque M de la poutre
nous menons un plan parallèle au plan vertical, ce plan
coupera le solide suivant une section qui sera le dia-
( 580 )
gramme des moments fléchissants au point M pour toutes
les positions de la surcharge. Le plan sécant étant paral-
lèle au plan directeur vertical du paraholoïde, la section
sera polygonale, en sorte que pour obtenir le moment flé-
chissant maximum au point M, il suffira de choisir parmi
les parallèles à la ligne de terre menées par les sommets
de la section et limitées à son périmètre, celle qui sera la
plus grande. Les mêmes constructions devront être répé-
tées pour les autres points de la poutre.
Mais de ce que le maximum pour chaque plan sécant est
donné par une droite issue d'un des sommets de la section,
et de ce que ces sommets sont situés sur les arêtes du
solide, on peut conclure que c'est uniquement parmi les
moments fléchissants représentés par des droites parlant
de ces arêtes qu'il faudra choisir les maximums pour les
divers points de la pièce fléchie. On obtiendra donc les
moments dont nous venons de parler, les seuls qu'il faille
encore envisager, en menant par les arêtes des plans
parallèles à la ligne de terre et en cherchant les portions
de ces plans comprises dans le solide.
Pour les arêtes des bases, les opérations sont toutes
faites et les moments fléchissants sont donnés par les dia-
grammes (ASTU) et (AXYZ), (6g. 3). Pour les arêtes
(R,R|V), (Raiy), (RstV) les plans à mener sont parallèles
à l'intersection des plans directeurs, ils coupent doue le
paraholoïde suivant des paraboles que l'on peut construire
aisément par les procédés de la géométrie descriptive; ces
paraboles se projettent horizontalement en Ax'X,, SiWjY/
et T,L|Z, les moments fléchissants correspondants for-
ment les diagrammes AXX^x', SYY1W1S1 et TZL,T4.
Nous ferons remarquer immédiatement que la parabole
S1W,Y, admet au point W, situé entre S, et Y^ une tan-
gente parallèle à SY et à laquelle répond un moment flé-
(S8< )
chissant WW, qui peut être dans certains cas le moment
fléchissant maximum absolu auquel la poutre doive résis-
ter; c'est précisément ce qui se présente pour les données
de notre épure. Cette observation montre tout l'intérêt
qu'il peut y avoir à déterminer le point W1 avec une
entière exactitude; elle prouve aussi l'avantage qu'on retire
de la solution actuelle en ramenant celte détermination à
un problème que la géométrie descriptive résout avec une
extrême simplicité (*).
7. Quoi qu'il en soit, il nous reste encore à choisir dans
tout plan parallèle au plan vertical quel est le plus grand
des moments fléchissants donnés par les diagrammes
ASTU, AXYZ, AXX,x', SYY,\V1S1 et TZ^T,. Cornue il
ne faut considérer que les longueurs des droites, paral-
lèles à UZ, comprises dans ces diverses figures, nous faci-
literons nos comparaisons en faisant glisser toutes ces
droites suivant leurs propres directions jusqu'à ce que
leurs extrémités supérieures viennent se ranger sur l'ho-
rizontale M0M4. Nous formerons de celte manière deux
(') La langente dont il s'agit est, en eiïet, la projection horizontale de la
tangente dans l'espace à la courbe d'intersection du paraboloïde avec le
plan sécant parallèle à UZ mené par l'arête (R2IV), intersection qui se pro-
jette horizontalement suivant la parabole StW,Y,; la tangente dans l'espace
sera donc parallèle à cette arête. Pour déterminer cette tangente dans l'es-
pace et par conséquent pour trouver le moment fléchissant maximum
absolu, on mènera au paraboloïde un cylindre circonscrit dont les généra-
trices seront parallèles à (R2R2V); la courbe de contact de ce cylindre étant
une parabole dont le plan parallèle à la ligne tie terre est diamétral con-
jugué de la direction (R,R2V), il suffira, pour obtenir ce plan, de chercher
un point de la parabole, de prendre le milieu d'une corde conjuguée située,
pour plus de facilité, dans le plan tangent eu ce point au paraboloïde et
de mener par ces deux points un plan parallèle à la ligne de terre. L'in-
tersection du plan de la courbe de contact et du plan sécant percera le
paraboloïde au point de contact delà langente cherchée.
3me SÉRIE, TOME IX. 40
( 582 )
nouveaux diagrammes polygonaux M0xyMAi M0s/M4 ayant
comme base commune M0M4 et trois diagrammes parabo-
liques M0x"xxq, SqSwijijq et l0tnn"Mi ayant leurs bases sur
la même horizontale; nous aurons ainsi transformé les
premiers diagrammes en d'autres qui leur sont équivalents
puisqu'ils fournissent par des ordonnées verticales les
mêmes moments fléchissants que les premiers et pour les
mêmes points de la poutre, mais avec cet avantage que ces
ordonnées sont comptées à partir d'une droite unique.
A l'aide de diverses portions convenablement choisies
sur les contours des diagrammes ainsi transformés, nous
pourrons enfin composer la ligne fermétïM0x"xfswynn"MAM.
qui les enveloppe tous et qui, par suite de la nouvelle dis-
position de la ligure, constituera le périmètre du dia-
gramme des moments fléchissants maximums en tous les
points de la poutre. Ce diagramme, que nous avons dis-
tingué par des hachures, résout la première partie du pro-
blème que nous nous sommes proposé.
8. Toutefois, pour que le diagramme puisse se con-
struire avec exactitude, il est nécessaire qu'on sache fixer
d'une manière précise les intersections des divers contours
qui servent à le déterminer. Nous n'avons évidemment
pas à nous préoccuper des intersections qui résultent de
la rencontre de lignes droites, mais nous allons montrer
comment on peut trouver un point, tel que le point n, pro-
venant de la rencontre d'un contour parabolique avec un
contour rectiligne.
Pour que le point n soit effectivement le point d'inter-
section de la parabole tn"MA avec la droite ?/M4, il faut
qu'on ait
n0n = NN, = LL,.
Mais puisque NNj et LL, sont les projections de deux
droites parallèles à la ligne de terre, ces droites elles-
( 585 )
mêmes sont égales et parallèles et forment par consé-
quent les deux côtés opposés d'un parallélogramme; des
deux autres côtés qui se projettent horizontalement en
L,N, et en LN, le premier est une génératrice du parabo-
loïde et le second une droite du plan passant par les arêtes
(R2R2V) et (R3R3V). 11 en résulte que pour obtenir la posi-
tion du point », il suffira de chercher quel est le plan LjNj,
parallèle au plan vertical, qui coupe le paraholoïde et la
face (R2R2Y) suivant deux parallèles et de déterminer en-
suite le point de rencontre de la droite L^ avec la droite
wM4. Les opérations graphiques à faire dans ce but ne
souffrent aucune difficulté.
On agirait d'une façon analogue pour trouver le point
de rencontre de deux contours paraboliques.
9. Occupons-nous maintenant des efforts tranchants et
commençons par rappeler la règle à suivre pour déter-
miner ces efforts lorsque les charges sont immobiles,
ainsi que nous l'avons fait pour les moments fléchissants.
Le polygone des forces étant abcd (lig. 1) et le pôle
étant en 0, nous mènerons par le point 0 une parallèle Oe
ou rb au côté V5 du polygone funiculaire ABCDE, celte
parallèle rencontrera en e la droite ad; de et ea seront les
réactions des appuis M4 et Mo; ea, eb, ec et ed les efforts
tranchants respectivement en tous les points des inter-
valles MqM^ M1M2, M2M3 et M5M4. Les rectangles A ,«,
(Î|B,, B,6|71C1, (V'^jD, et IW]E, constitueront donc le
diagramme des efforts tranchants aux divers points de la
poutre.
Ces constructions prouvent qu'il suffit de calculer les
efforts tranchants aux points d'application des charges,
pour avoir les valeurs de ces efforts en tous les autres
points de la pièce fléchie.
10. Appliquons actuellement la règle précédente au
( 584 )
cas d'une surcharge mobile, el bornons nous à estimer les
efforts tranchants aux points d'application des charges,
comme nous le permet la remarque que nous venons
de faire.
Pour une première position PjP^ «le ces charges
(fig. 2), les efforts tranchants doivent être comptés à
partir de l'horizontale A^ issue de l'extrémité e de la
parallèle Oe à AE, comme nous le savons déjà; ces efforts
tranchants vaudront Bj^ et 1^6, au point M{, C.^ et
C1c1 au point iVI2, D^i et D^ au point M3.
Cela fait, laissons momentanément de côté les charges
P2 el P3 pour nous occuper exclusivement des efforts tran-
chants qui se développent aux points d'application de la
charge P, lorsque celle-ci se déplace avec le système de
forces dont elle fait partie. Si nous considérons d'abord la
position initiale du système, la charge P., étant en M0, et
si nous menons le rayon vecteur Ou parallèlement à AU
puis l'horizontale mB0 par le point u, les efforts tranchants
au point M0 seront B0(30 et B060. Pour la position finale,
]a charge P3 étant en M4 et la charge P, en m, les efforts
tranchants en ce dernier point seront Bxfix el Bxbx; ils
seront comptés à partir de l'horizontale ZKz issue de
l'extrémité z du rayon vecteur Oz parallèle à AZ.
11. Nous allons démontrer que la droite B0BX est le
lieu géométrique décrit par le point B, quand les charges
se meuvent et nous allons prouver que cette droite est
parallèle à la direction DÔA4 suffisamment définie par-
la figure. Le point Bx n'étant qu'une position particulière
du point B,, la démonstration sera faite si nous montrons
que le rapport ~-^ est égal au rapport ^f- ou, ce qui
revient au même, si nous établissons l'égalité des deux
_ , A«B« . AA'
rapports -V el— j-.
1 ' AjBo ad
Or, si l'on mène EX parallèlement à AX et si l'on trace la
( 585 )
bailleur h du triangle U/E, les longueurs AjB, et /// seront
égales puisqu'elles sont l'une et l'autre les projections sur
l'horizontale des droites égales et parallèles AB et E>;
d'ailleurs, comme A1B0 et eu sont aussi des droites égales,
on aura
A,B, }>j
A | B0 eu
Mais les triangles U^E et aOd sont deux triangles sem-
blables et il en est de même des triangles U AE et uOe; on
pourra donc écrire les proportions
>>, 00' UE_AA'
ÏÏÊ = ad e eu ~~ Ô(F '
00' étant la hauteur du triangle aOr/.On en déduit l'égalité
A,B, Ivj AA'
A|B0 eu ad
; de là que les efforts tranchants qui se
produisent aux diverses positions occupées par le point
d'application de la charge P, sont donnés par les deux
diagrammes trapézoïdaux j30(3xBxB0 et 606XBXB0.
En considérant ensuile les points d'application des
charges P2 et P3, on trouvera les diagrammes y07xCxC0 et
cQc£xC0, £03xDxD0 et rf0r/„D,D0, limités également par des
parallèles C0Cxet Dq!)x à la droite D^A*.
Enfin, pour la partie ml de la poutre, comprise entre les
verticales [3XBX et yo^o» l'effort tranchant maximum est
constant parce que dans le mouvement que nous exami-
nons les charges ne passent jamais entre les points m et l;
cet effort équivaut du reste pour chaque position de la sur-
charge à l'effort tranchant qui se développe au point d'ap-
plication de P2, et comme l'effort en ce point admet C0y0
( 586 )
pour valeur maximum, ou voit que le rectangle ^ry0C0fc
est le diagramme qui convient à cette partie de la pièce.
13. Pour rechercher finalement entre les efforts tran-
chants donnés par ces diagrammes quels sont les efforts
maximums aux divers points de la poutre, transportons
ces figures, comme nous l'avons fait pour les moments
fléchissants, en faisant glisser suivant leurs propres direc-
tions toutes les droites qui représentent des efforts
tranchants jusqu'à ce que leurs extrémités supérieures
viennent toucher l'horizontale M0M4; nous obtiendrons
ainsi de nouveaux diagrammes polygonaux ayant tous
un côté sur celte horizontale. Le contour MohijkpqryMif
formé de portions choisies sur les périmètres de ces poly-
gones de façon à les envelopper tous, limitera le diagramme
des efforts tranchants maximums que l'on cherche.
La détermination exacte de ce contour enveloppant ne
demandera aucune construction nouvelle puisqu'il résulte
de la combinaison de lignes brisées dont les points de
rencontre se marqueront sur le dessin avec toute la
précision désirable, aussi peut-on considérer la seconde
partie du problème comme entièrement résolue par le
diagramme dont il s'agit, que nous avons du reste distingué
en le recouvrant de hachures.
14. Si la surcharge était composée de plus de trois
forces et si l'on voulait envisager son mouvement depuis
l'instant où la première charge s'engage sur la poutre jus-
qu'au moment où la dernière la quitte, on calculerait les
moments fléchissants et les efforts tranchants comme
nous venons de le faire dans l'hypothèse spéciale que
nous avons traitée. Les développements dans lesquels
nous sommes entré nous paraissent de nature à ne laisser
aucun doute sur la généralité de la solution que nous
présentons.
POUTRE APPUYEE A SES EXTREMITES KT FLECHIE SOUS L'ACTION DE CHARGES MOBILES.
"-
,
I
( 587 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du /er juin 1885.
M. Ch. Piot, directeur, président (Je l'Académie.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. P. Willems, vice-directeur ;
Gachard, P. De Decker, Ch. Faider, Th. Juste, Alph.
Wauters, A!ph. Le Roy, A. Wagener, F. Tielemans,
G. Rolin-Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Potvin, J. Stecher,
Aug. Scheler, J. Gantrelle, membres; J. Nolet de Brau-
were van Sleeland, associé; G. Tiberghien et L. Vander-
kindere, correspondants.
Après la lecture du procès-verhal, M. Wauters se lève
et prononce les paroles suivantes :
a Messieurs,
* La Belgique témoigne en ce moment toute sa recon-
naissance à la mémoire de l'un de ses plus illustres
hommes d'Étal.
» Au moment où s'accomplissent les funérailles de
Charles Rogier, l'Académie ne peut que s'associer à cette
si grandiose manifestation à l'égard de l'ancien Ministre
qui a donné tant de marques de sympathie aux lettres,
aux sciences et aux arts.
» Aussi je vous propose d'expédier les affaires urgentes
et de lever la séance en signe de deuil.
» La Classe des lettres ayant été la première à tenir sa
séance mensuelle et celte date coïncidant avec le jour des
( 588 )
funérailles de Charles Rogier, je ne doute pas que les
Classes des beaux-arts et des sciences ne s'associent de
tout cœur à mes paroles, d — Cette motion est unanime-
ment applaudie.
CORRESPONDANCE.
M. le Gouverneur du Brabant a écrit à l'Académie, sous
la date du 29 mai :
« J'ai l'honneur de vous informer qu'un service
funèbre sera célébré le lundi 1er juin, à midi, dans
l'église des SS. Michel et Gudule, pour M. Charles Rogier.
» Une place sera réservée à MM. les académiciens.
» La réunion des invités aura lieu lundi, à 11 heures,
à l'hôtel de ville de Bruxelles, dont la cour centrale sera
transformée en chapelle ardente. »
M. le secrétaire perpétuel fait savoir qu'il s'est empressé
de transmettre cette invitation aux membres, aux corres-
pondants et aux associés résidents de l'Académie.
D'accord avec M. le directeur de la Classe des lettres, il
a également informé les membres que la réunion de ce
jour ne s'ouvrirait qu'à 2 heures.
— M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux
publics adresse une expédition de l'arrêté royal, en date
du 13 mai, qui approuve l'élection de M. Ganlrelle en
qualité de membre titulaire de la Classe.
— Le même haut fonctionnaire envoie, pour la biblio-
thèque de l'Académie, la 7e année de V Annuaire de l'In-
stitut de droit international (1883-1885).
— MM. Gantrelle, élu membre; Van Beers elFrédérix,
( 589 )
élus correspondants; Sully-Prudhomme, Nicolas Beels, le
chevalier von Hoefler et Marco Minghetli, élus associés,
adressent leurs remercîments.
— M. J. Van Droogenbroeck remercie la Classe pour
le prix accordé à son mémoire de concours sur la
méliique grecque et latine appliquée à la poésie néer-
landaise.
Des remercîments sont aussi adressés à la Classe par
Mlle Virginie Loveling, par MM. Ern. Discailles, Léon Fre-
dericq et J. Mac Leod, pour les prix qu'ils ont remportés
au concours De Keyn.
— M. le Ministre de l'Agriculture adresse un exem-
plaire de l'arrêté royal suivant du 20 avril, relatif aux prix
du Roi à décerner en 18S6, 1887 et 1888.
Art. 1er. Le prix à décerner en 1886 (concours exclu-
sivement belge) sera attribué à l'ouvrage le mieux conçu
pour développer chez la jeunesse belge l'intelligence et le
goût des littératures anciennes et modernes.
Le prix à décerner en 1887 (concours exclusivement
belge) sera attribué à l'ouvrage qui démontrera le mieux
de quelle manière la Belgique doit comprendre son rôle
dans la grande famille européenne, tant au point de vue
politique et intellectuel qu'au point de vue matériel, pour
servir le mieux ses propres intérêts en même temps que
ceux de la civilisation en général.
Le prix à décerner en 1888 (concours exclusivement
belge) sera attribué au meilleur ouvrage sur l'enseigne-
ment des arts plastiques en Belgique et sur le moyen de
développer l'art en Belgique et de le porter à un niveau
de plus en plus élevé.
( 5^0 )
Art. 2. Les ouvrages destinés à ces concours devront
être transmis au Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie
et des Travaux publics, à savoir : pour le prix à décerner
en 1886, avant le 1er octobre 1886, et pour les deux
autres, respectivement avant le 1er janvier des années
1887 et 1888.
— La Classe accepte le dépôt dans les archives d'un
billet cacheté, daté de Liège le 29 juin 1885, adressé
par M. Horace de Puydl, directeur du contentieux de la
même ville.
— M. Aug. Scheler, membre de la Classe, soumet à
l'appréciation de ses confrères un travail manuscrit inti-
tulé : Le Cathoikon de Lille; glossaire latin-français,
publié en extraits et annoté. — Commissaires : MM. Ste-
cher, Gantrelle et Bormans.
— Mme veuve L. Hymans fait hommage des livraisons
31-33 (fin) de l'ouvrage '.Bruxelles à travers les âges. —
Remercîments.
— La Classe reçoit encore, à litre d'hommage, les
ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remer-
cîments aux auteurs :
1° Œuvres de Sully Prudhomme, associé de la Classe,
poésies 1865-1867, 1868-1878; prose 1883. Édit. in-8°;
2° Elogio funèbre di Giuseppe de Spuches, par Vin-
cenzo di Giovani, associé de la Classe ;
3° Cours complet de pédagogie et de méthodologie, par
Th. Braun;
4° a) Charles Rogier ; h) Frédéric de Mérode; c) Gode-
froid de Bouillon; d) Baudouin de Constantinople, par
R. Harlhung.
( 591 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 4 juin 1885.
M. Pauli, directeur.
M. Liagre, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, vice- directeur ; Jos. Geefs,
C.-A. Fraikin, Éd. Félis, le chevalier Léon de Burbure,
Ern. Slingeneyer, Al. Robert, Jos. Schadde, Th. Radoux,
Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Charles Verlat,
G. De Groot, Gust. Biot, H. Hymans, membres; Jos. Slal-
laert, Al. Markelbach, le chevalier Edm. Marchai et Jos. Du
Caju, correspondants.
MM. Mailly, membre de la Classe des sciences, et
R. Chalon, membre de la Classe des lettres, assistent à la
séance.
CORRESPONDANCE
La Classe prend acte de la mort de l'un de ses associés,
M. Ferdinand Hiller, directeur du Conservatoire de
Cologne, décédé dans cette ville, au mois de mai dernier,
à l'âge de 74 ans.
( 592 )
— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics écrit qu'il a transmise M. le président de
la Chambre des Représentants le vœu manifesté par la
Classe des beaux-arts, relativement au projet de loi sur la
propriété littéraire et artistique, dont la Législature est
saisie depuis plusieurs années.
« J'ai l'honneur de vous faire connaître à celle occa-
sion, ajoute M. le Ministre, que le rapport concernant ledit
projet est actuellement sous presse et que celui-ci pourra,
je l'espère, être voté dans le cours de la présente session. »
— Le même Ministre envoie, pour la bibliothèque de
l'Académie, un exemplaire des parties religieuse et pro-
fane, année 1885, de la publication intitulée : Trésor
musical, par R. Van Maldeghem. — Remercîments.
CONCOURS ANNUEL.
Un mémoire a été reçu en réponse à la première ques-
tion du programme de concours de la Classe des beaux-
arts pour 1885 :
Faire l'histoire de l'architecture qui florissait en Bel-
gique pendant le cours du XVe siècle et au commencement
du XVIe, architecture qui a donné naissance à tant
d'édifices civils remarquables, tels que halles, hôtels de
ville, beffrois, sièges de corporations, de justices, etc.
Décrire le caractère et l'origine de l'architecture de cette
période.
Il porte pour devise :
« L'ensemble des monuments d'un pays à ses divers
( .N93 )
âges, c'est l'histoire bâtie. » (Jos. Schadde, discours
comme président de l'Académie d'archéologie d'Anvers
pour 1882.)
Commissaires : MM. Pauli, Balai et Schadde.
RAPPORTS.
Il est donné lecture de l'appréciation laite par MM. Frai-
kin, J. Geefs, Jaquet, De Groot et Marchai du 4e rapport
semestriel de M. Guillaume Charlier, prix de Rome pour
la sculpture, en 1882.
Cette appréciation sera transmise à M. le Ministre de
l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Alvin fait savoir que le bureau de la Caisse centrale
des artistes, auquel la Classe avait adjoint M. H. Hymans,
vient de terminer la revision du règlement de celle asso-
ciation de bienfaisance.
Ce nouveau texte est discuté et adopté par la Classe. Il
sera soumis à l'approbation du Gouvernement.
La Classe vole des remercîments à M. Alvin pour l'éla-
boration de cetle œuvre.
( 594 )
OUVRAGES PRESENTES.
Preudhommc de Borre {A.). — Matériaux pour la faune
entomologiquc du Hainaut. Coléoptères, 3e centurie. Rruxelles,
1885; in-8°.
Harthaug (/?.). — Godefroid de Bouillon. Bruxelles; in-12
(36 pages).
— Frédéric de Mérode. Bruxelles; in-12 (56 pages).
— Baudouin de Constantinoplc. Bruxelles; in-12 (50 pages).
— Charles Rogier. Bruxelles; in-18 (64 pages).
Feigneaux (A.). — L'érylhroxylum coca. La coca et la
cocaïne. Ixelles, 1885; in-8° (75 pages).
De Mont (Pol.). — Nécrologie : Victor Hugo. 1885; extr.
in-8" (I I pages).
— De duitsche dichter Rudolf Baumbaoh. Anvers, 1885;
in-8° (56 pages).
Ponthière {H). — Applications industrielles de l'éleclricité :
principes et électrométrie. Louvain, Paris, 1885; in-8° (205 p.).
Dubois (AlphX — > Revue des oiseaux observés en Belgique.
Bruxelles, 1885; in-8° (24 pages).
Maldeghem (R. J. Van). — Trésor musical, 1885, parties
profane et religieuse. Bruxelles; 2 cah. in-4°.
Brait n (Th.) — Cours complet de pédagogie et de métho-
dologie. Bruxelles, [1885]; vol. in-8°.
Hijmans (L.). — Bruxelles à travers les âges, 51*-, 32' et
55*' livr. In-'t".
Overloop (Eug. van). — Les silex de la station préhisto-
rique de Mendonck. Bruxelles, 1885; extr. in-8° (28 pages).
Cercle archéologique de Mous. — Publication extraordi-
naire : Extraits des comptes de la recette générale de l'ancien
comté de Hainaut; supplément au tome Ier. Mous, 1885; in-8".
( 595 )
Caisse de prévoyance élublie à Mons en faveur des ouvriers
mineurs. — Rapport annuel de 1884. Mons, 4885 ; in-4°.
Ministère de l'Intérieur et de l'Instruction publique. —
Rapports des commissions médicales provinciales, 1885.
Bruxelles, 1885; in-8°.
Institut de droit international. — Annuaire, 7e année.
Bruxelles, 1885; vol. in 8°.
Congrès international de navigation intérieure. — Guide-
programme du Congrès qui se tiendra à Bruxelles du 24 mai
au 2 juin 1885. Bruxelles, 1885; in-18.
— Map of the Manchester Ship canal, with a description of
the plans. Manchester; in-plano.
— Mémoires publiés à l'occasion du Congrès. Bruxelles,
1885; in-8°(200 pages).
Manifestation en l'honneur de M. Eugène Catalan :
7 décembre 1884. Bruxelles, 1885; in-8° (53 pages).
Allemagne.
Andries (Dr. P.). — Ueber Gewitter- und Hagelbildung
1884; in-8" (17 -4- 8 pages).
— Naclilrage zu dem Artikel ùher Gewitter- und Hagel-
bildung. 1885; in-8° (10 + 9 pages).
Handelmann(Heinrich). — 58.Bcrichtzur Alterthumskunde
Schlcswig-Holsteins. Kicl, 1885; in-4° (32 pages).
Akademie der Wissenschaflen, Mùnchen. — Abhancllungcn
der historischen Classe, Bd. XV If, 2. — Sage und Forschung,
Festredc von Ohlenschlager. — Astronomische Bestimmung
der Polhôhen (KarlOerlel). — Monumenta Tridcntina, Heft II
(A. von DrufFcl).
K. Stemwarte zu Berlin. — Berliner astronomisches Jahr-
buch fur 1887. In-8°.
NalurwissenscliafUielter Verein. — Abhandlun^en,Band IX,
2. Heft. Brème, 1885; in-8°.
( 596 )
Stutist.-topoyr. Bureau. — Jahrbùchcr, 1884. Band I
und II. — Dms Ronigrcich Wiïrttembcrg, X und XI. Stuttgart,
1885; in-8°.
Jablonows. Gesellschafl, Leipzig — Preisschriftcn. Nr. XXV :
Geschichtc der Leipzigcr Mcs^en. In-8°.
Verein fur Geschichte und Aller ihum Schlesiens. — Acta
publica, Bd. VI. Zeitschrift, Bd. XIX Breslau
Gescllschafl fur Schleswig-, Holslein- und Luuenburgisehe
Geschichte. — Zeitschrift, Band XIV. Regesten und Urkunden,
Bd. I, 1-5. KicJ.
Amérique.
Loomis (Elias). — Contributions to nicteorology. New
Haven, 1885; in-4° (67 pages, planches).
Observalory of Harvard Collège. — Armais, vol. XIV, 2.
Cambridge, 1885; in-4°
Fkance.
Tùrr (Etienne). — Mémoires et notes au sujet de l'utilisa-
tion des cours d'eau du royaume de Hongrie. Paris, 1885;
in-8°(54 pages).
Saporta (G. de) et Marion. — L'évolution du règne végé-
tal : les phanérogames, tomes I et II. Paris, 1885; 2 vol. in-8°.
Catalan (£.). — Sur des formules relativesaux intégrales
eulériennes. Paris, 1884; extr. in-8° (4 pages).
Sully Prudhomme. OEuvres : Prose (1883). L'expression
dans les beaux-arts. — Poésies, 1865-67 et 1868-78. Paris,
1883-84; 3 vol. in-8°.
Col leville (le vicomte de). — Les missions secrètes du général-
major baron de Kalb et son rôle dans la guerre de l'Indépen -
dance américaine. Paris, 1885; petit in-8° (161 pages).
( **? )
Certes {A.). — De l'emploi des matières colorantes dans
l'étude physiologique et histologique des infusoires vivants.
Paris, 1885; extr. in-8° (7 pages).
Chavée Leroy. — La maladie de la vigne : les microbes et la
commission supérieure du phylloxéra. Paris, 1885; in-12
(58 pages).
Héron-Roger. — Notice sur les mœurs des batraciens.
Angers, l88o;in-8° (43 pages).
Linas (Ch. de). — Ivoires et Emaux : Le crucifix de la
cathédrale de Léon, au Musée de Madrid. 1883; extr. in-4°
(8 pages, 2 pi.).
— Émaillcrie byzantine : La collection Svenigorodskoi.
1885; extr. in-4°(!6 pages).
— Orfèvrerie byzantine : Le reliquaire de la Sainte-Croix,
au trésor de la cathédrale de Tournai. Paris, 1885; extr. in-8°
(ô pages).
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— Notices et documents à l'occasion du 50e anniversaire de la
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Académie d'Hippone. — Bulletin n° 20, fascicule 2. Bône,
188'*; in-8°.
Société des heaux-arts de Caen. — Bulletin, 7e vol., 2e cah.
ln-8°.
Grande-Bretagne et Colonies britanniques.
Robimon (Henry). — River Pollution. Londres, 1885;
extr. in-8° (5 pages).
Doberick (W.). — Instructions for making meteorological
observations. Hongkong, 18S4; in-folio (20 pages).
Meleorologicul Department of the Government of India. —
5me SÉRIE, TOME IX. 41
( 598 )
Report on the mcteorology of India, 1882. — Report, 1885-84.
— Memoirs, vol. II, 3. Calcutta; 3 vol. in-4°.
Royal Society of Victoria. — Transactions and proccedings,
vol. XX. Melbourne, 1884; in-8°.
Cambridge philosophical Society — Proccedings, vol. V,
1-5. Transactions, vol. XIV, 1.
Botanical Society, Edinburgh. — Transactions and procce-
dings, vol. XVI, 1 ; in-8°.
Bashforth (F.). — Report on experiments made with the
Rasforlh chronograph, to détermine the résistance of the air
to the motion of elongated projectiles, part 2. Londres, 4879;
in -8° (58 pages).
Report on the scientific rcsults of the voyage of H. M. S„
Challenger, during the years 1 873-70, under the command of
captain G. Narcs and captain F. Tourlc Tomson, prepared by
Wyville Thomson and John Murray : Zoology, vol. X and XI.
Londres, Edimbourg, etc., 4884; 2 vol. in-4°.
Italie.
Capellini (Giov.). — Resti fossili di Dioplodon e Mesoplo-
don. Rologne, 4885; extr. in-4° (18 pages, 4 pi.).
— Del zifioide fossile (Cboneziphius Planirostris) seoperto
nelle sabbic plioceniche di Faugonero presso Siena. Rome,
1885; extr. in-4°(14 pages, 4 pi.).
Zigno (A. de). — Due nuovi pesci fossili délia famiglia dei
Balistini, scoperti nel terreno eoceno del Veronese. Naples,
1884; in-4°(8 pages, 2 pi.).
— Flora fossilis formationis oolithicœ, vol. Il, 4 e 5. Padoue,
4885; in 4°.
Fiorentino (Francesco). — Il risorgimento filosofico nel
quaitrocenlo, opéra postuma. Naples, 4 885; in-8c (274 pages).
( 599 )
Giovanni [V. di). — Nci funerali di Giuseppc de Spuches,
principe di Galati... Palerme, (885; in-8° (42 pages).
Islittito venelu di scienze, leltere ed arti. — Atti, série sesla,
t. I, 4-10; II, 1 e 2.
Arcudemia Olimpica, Vicenzu. — Il dottor Beggiato. In-8".
Accademia di scienze morali e politiche di Napoli. — Atti,
vol. XIX. In-8°.
Turazzu (Domenico). — Mcmorie del Lorgna, dello stratico
e del Boscovich relative alla sistemazione dell' Adige e piano
d'avviso del Lorgna per la sistemazione di Brenta. Padoue,
1885; in-88 (-H 4 pages).
Sociela crittogamologîca italiana, Milano. — Atti, vol. III,
4. Varèse, 1885; in-8°.
Pays-Bas.
Zeeuwsch Genoolscliup der ivetenschuppen. — Archief,
deel VI, 1.— Verslag, 1880-84. Middelbourg, 1881-85; 2 cah.
in-8°.
Historisch Genoolschap, Utrechl. — Werken, nieuwe série :
n°' 58 en 59. Bijdragen, deel VIII.
Genootschap « Natura arlis magistra », Amsterdam. —
Bijdragen, 12de aflev. In-4°.
Pays divers.
Loukaszewitz (Platon). — Explications de noms assyriens.
Kiew, 1868; in-88 (252 pages).
— La découverte de l'origine de la langue grecque. Kiew,
1869; in-8°(777 pages).
— La découverte de l'origine de la langue latine. Kiew.
1871; in-8° (920 pages).
[ 000 )
Loukaszewilz (Platon). — La découverte de l'origine des
langues allemande, anglaise et française. Kiew, 1873; in-8"
(610 pages).
— La découverte de l'origine de la langue hébraïque. Kiew,
1882; in-8° (520 pages). [Ouvrages en langue russe.]
Societas pro faitna e flora Fennica. — Meddelanden,
Hâftct 11. Heisingfors, 1885; in-8°.
Jardin botanique de Saint-Pétersbourg. — Acta, t. VIII, 5;
IX, 1.
Xaturforscher-Gesellschaft, Dorpat. — Sitzungs-Berichte,
1884, 1. — Schriften, 1. — Archiv, 2e série, X, 1.
Université de Lund. — Acta, 1882-85, 1885-84 : Râts-
velenskap, Theologi, Mathematik, Philosophi. — Aceessions-
Kalalog, 1882 och 1884.
Yitterhels, historié och antiqvitets Academien. — Hand-
lingar, ny Fôljd, VIII, 1. Stockholm, 1885; in-8°.
Den norske Nordhavs-Expedition, 1870-78 : Zoologi, XII,
ved Uanielssen og Koren; XIII, ved A. llansen. Christiania,
1884-85; 2 vol. in-4°.
Institut national genevois. — Bulletin, t. XXVI. Genève,
1884; in- 8°.
Naturjorschende Gesellschaft Graubùndens, Chur. —
Jahres-Bericht, 1882-83. In-8°.
Commission géologique fédérale. — Carie géologique de la
Suisse, feuille XV III. In-plano.
Biker (J.-F.-J.). — Collecçâo de tratados da India, t. VI.
Lisbonne, 1885; in-8°.
Société Khédivale de géographie. — Bulletin, n° 6, février
1885. Le Caire; in-8°.
Werke (C). — Libri memoriales capituli Lundensis, Hefte I.
Copenhague, 1884; in-8°.
BULLETINS DE L ACADÉMIE ROYALE DE Hl.LC.IUl I
TABLES ALPHABÉTIQUES
DU TOME NEUVIÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE.
1885.
TABLE DES AUTEURS
Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.
— Projet d'adresse au Roi au sujet de l'œuvre du Congo, 206, 299,
307, texte de l'adresse, 4-98; projet de publication d'une 3e édition
de la Bibliographie académique, 505; projet d'inscription pour le
monument Quelelet, 500.
Académie royale des beaux-arts d'Anvers. — Envoie le programme du
grand concours de sculplure de 1885, 20.
Académie royale des sciences d'Amsterdam. — Adresse son programme
de concours pour le prix Hœufft, 418.
Académie royale des sciences de l'Institut de Bologne. — Envoie le
programme du concours pour le prix Aldini, 322.
Académie de Stanislas, à Nancy. — Envoie-le programme des concours
pour les prix Herpin et Bonfils, 142.
Académie royale des sciences de Turin. — Adresse le programme du
5e concours pour le prix Bressa, 5.
Académie royale des sciences morales et politiques de Madrid. —
Adresse le programme de ses concours pour 1886 et 1887, 299.
Alvin (/,). — Élu directeur pour 1886, 22; réélu membre de la Commis.
602 TABLE DES AUTEURS.
sion administrative, 509; donne connaissance de ia situation financière
delà Caisse centrale des artistes pour 1884, 136; remercîments pour
sa gestion de ladite Caisse, 137; propose de reviser le règlement de
cette institution, 315; communication, discussion et adoption du nou-
veau texte du règlement, 593.
Anonymes. — Ordre du jour prononcé : 1° sur une lettre de l'auteur du
mémoire de concours concernant les lignes de courbure de la surface
des ondes, 51 ; sur une lettre concernant la couronne de l'hélice
propulsive, 51; rapports de MM. Nolet de Brauwere van Sleeland,
Willems et Wagener sur les mémoires de concours concernant l'appli-
cation des règles de la métrique grecque et latine à la poésie néerlan-
daise, 423, 459, 440.
Arneth (Chev. A. von). — Hommage d'ouvrage, 419.
Association des élèves des écoles spéciales de l'Université de Liège. —
Demande l'obtention du Bulletin, 3.
Aubel (Edm. Van). — Dépose un billet cacheté, 4; soumet une note sur la
rotation électiomngnélique du plan de polarisation de la lumière et sur
l'influence de la lumière sur la conductibilité électrique du sélénium
(cette note a été retirée par l'auteur), 3-23.
B.
Hambrke{Ch,Van). — Hommage d'ouvrages, 31 , 323. — Rapport : Voir
Sivaen.
Beers {J. Van). — Lauréat du concours quinquennal de littérature néer-
landaise, 418; proclamé, 495; élu correspondant, 496; remercie, 588.
Beets {N.)- — Élu associé, 496; remercie, 588.
Beyas (Reynold). — Élu associé, 21 ; remercie, 136.
Beneden {Éd. Van). — Rapports : Voir Carnoy, Swaen.
Beneden (P-J. Van'. — Un mot sur les deux Balénoptères d'Ostende de
1827 et de 1885, 145; sur l'apparition d'une petite gamme de vraies
Baleines sur les cotes Est des États-Unis d'Amérique, 212. — Note
bibliographique: Voir Capellini. — Rapports : Voir Carnoy, GeefslJ.).
Benoit \P). — Membre du jury du concours des cantates, 507.
Bernimoulin (É). — Hommage d'ouvrage, 207.
Berto'ini{Dario). — Soumet une note sur une inscription de magistral
romain de la Gaule belgique, 419.
Biker{J.-F.\ — Hommage d'ouvrage, 119.
Biot(G ). — Rapport : Voir Lenain.
Boblin (A.). — Dépôt aux archives de sa note de géométrie (Transforma-
tion, etc.), 142.
TABLE DUS AlTlïUKS.
603
Body(A.). — Hommage d'ouvrage, 20.
Boëns (H.). — Adresse des invitations au 4e Congrès des autivaccina-
teurs, 4.
Bonaparte. (Prince Roland). — Hommage d'ouvrage, 207.
Bormans (St.). — Note bibliographique : Voir Devillers.
Bourson (P.). — Membre du jury du concours triennal de littérature
dramatique en langue française, 15.
Boulon (V.). — Hommage d'ouvrage, 419.
Bozzo(S.-V.) — Hommage d'ouvrage(Unacronaca siciliana delsecoloXIV),
158; note sur cet opuscule par M. Le Roy, 161 .
Brachet (A.). — Dépose un billet cacheté, 142.
Braun (Th.). — Hommage d'ouvrage, 590.
Burbure (Chev. Léon de). — Membre du jury du concours des cantates,
507.
C.
Candèze (Ern.). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 8, 18; rapport,
484.
Capellini (G.). — Hommage d'ouvrages (Del zifioide fossile.— Resti fossili
di dioplodou e mcsoplodon), 519; note sur ces brochures par M. P.-J.
Van Deneden, 519.
Carnoy(J.-B.). —Lecture desrapporlsde MM.VanUenedeu et de MM. Mor-
ren et Plateau sur sa demande d'être envoyé à la station zoologique
de Naples, 8.
Carutti (D.). — Hommage d'ouvrage, 207.
Catalan (Eug.). — Remis en possession de son billet cacheté sur les
théorèmes de Goldbach et de Leilrand, 4 ; membre du jury pour le prix
De Keyn, 8, 18; rapport, 484 ; hommage d'ouvrage, 525; question d'ana-
lyse indéterminée, 551 ; une récréation mathématique, 554— Rapports:
Voir Deruyls, Léman.
Certes (A.). — Hommage d'ouvrage, 519.
Charlier (G ). — Communication de son quatrième rapport semestriel,
508. Appréciation de ce rapport, lecture par MM. Fraikin, J. Geefs,
Jacquet, De Grool et Marchai, 595.
Cogghe (R.). — Appréciation de son septième1 rapport semestriel (lecture
par MM. Siret, Slingeneyer, Robert et Guffens), 21 ; communication de
son huitième rapport, 508.
D.
Daems (F.). — Hommage d'ouvrage, 500.
Damry (A.). — Soumet un travail sur un moyen de déterminer l'humi-
dité de l'air (celte note a été retirée par l'auteur), 5.
f>04 TABLE DES AUTEURS;
Daussin (A.). — adresse une réclamation de priorité pour un voltamètre
(dépôt aux archives), 144; avis exprimé sur celle lettre par M. Mon-
tigny, 212.
De Bail (L.). — Soumet un travail concernant les surfaces de Jupiter et
de Vénus, 518.
De Rlock(V.) — Hommage d'ouvrage, 10.
De Coninck (/,.). — Lauréat du concours triennal de littérature drama-
tique en langue française, -il S ; proclame, 496.
De Groot (G.). — Rapport : Voir Charlier.
De lleen (/'.). — Remercie pour son élection, 2; sur la tension des
vapeurs saturées. — Modification à apporter à la loi de Dallon, 281;
Détermination du coefficient de eonipressibiliie de quelques liquides et
des variations que celle quantité éprouve avec la température. — Loi
théoriqjequi régit les variations du coellicient de compressibillé avec
la température, 550.
De Konincli (I..-G.). — Quelques observations relatives aux espèces fos-
siles qui ont été recueillies dans le terrain carbonifère du Morvan, .176.
Delaey (C.-H.) — Hommage de travaux manuscrits, 5,322.
De la Royère (W.). — Sur quelques dérivés de l'hydrocamphène teha-
bromé, 505; rapport de MM. Spring et Stas sur ce travail, 521,525.
De la Vallée Poussin (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 144; les porphyres
de Bierghes, 25-i; soumet un travail concernant les anciennes ilivolites
« dites euriles » de Grand-Manil, 510.
Delba>uf(J.). — Hommage d'ouvrage, 525.
Delbœuf(J.) et Roerscli (/..). — Hommage d'ouvrage (Éléments île gram-
maire française), 119; note sur ce volume par M. Le Roy, 120.
De Leener (G.). — Lettre proposant de mettre au concours l'histo re des
anciens chants et danses populaires du Pays. 508.
Delvaux (/?.). — Hommage d'ouvrage, 6.
Demannez (/.). — Rapport .- Voir Lenain.
De Monge(Fr). — Membre du jury du concours triennal de littérature
dramatique en langue française, 16.
De Mont (Pal.). — Hommage d'ouvrage, 15.
Denis (L.). — Envoie des exemplaires du volume publié par M. Vander-
kindere à l'occasion du cinquantenaire de l'Université de Bruxelles, 16.
De Potier (F.) — Hommage d'ouvrage, 300.
De Puijdl (Horace). — Dépose un billet cacheté, 590.
Dermjts (J ). — Soumet un travail sur certains développements en séries
(impression dans le recueil in-4»), 144; rapports de MM. Catalan el
Mansion sur ce mémoire, 525, 525.
Descamps (E.). — Hommage d'ouvrage (compte-rendu des fêles jubilaires
TAULE DES AUTEMC.
(>05
du 50e anniversaire de l'I niversilé de Louvain1, 1!9; noie sur ce
volume par M. Lainy, 125.
Desenfans. — Avis émis sur son buste en marbre de feu A. Spring, 508.
Devillers (L.). — Hommage du tome Ier de l'Inventaire analytique des
Archives des États de Hainaut, 16; noie sur ce volume par M. Bor~
nians, 17.
Dewalque (G.). — Étal de la végétation à Liège, le 21 mars 1885; à Spa
et à Liège, le 20 avril 1885, 236, 342. — Rapport: Voir Sansotii.
De Witte (Bon J.ï — Hommage d'ouvrage, 119, 300, 419.
Discailles (Ern.). — Lauréat du prix De Keyn, 495; remercie, 589.
D'Ocagne (M.). — Hommage d'un volume intitulé : Coordonnées paral-
lèles et axiales, 207; note sur ce mémoire par M. J. De Tilly, 208.
D'Olivecrona(C). — Hommage d'ouvrage, 158.
Dollo (L). — Hommage d'ouvrages, 207.
Dondtrs (F.-C). — Hommage d'ouvrage, 51.
Droogenbroeck (J.Van). —Rapports de MM. Nolet de lîrauwere van Stee-
land, Willems et Wagener sur son mémoire couronné concernant
l'application des règles de la métrique grecque et latine à la poésie néer-
landaise, 425, 439, 440; proclamé lauréat, 494; remercie, 589.
Dubois (A.). — Hommage d'ouvrages, 207, 519.
Dubovnj (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 158.
Du Caju (J.). — Élu correspondant, 21 ; remercie, 156.
Dupont (É.). — Sur l'existence de roches maclifères dans le terrain
devonien inférieur de PArdenne belge, 110; sur la découverte d'un
Mosasaurien gigantesque dans le Hainaut, 215; hommage d'ouvrage
(Carte géologique), 322.
K.
Engelmann. — Hommage d'ouvrage, 31.
F.
Faider(Ch.). — Hommage d'ouvrage, 16; réélu membre de la Commission
administrative, 425.
Faure (Cit.). — Hommage d'ouvrage, 300.
Fétis (Ed.). — Membre du jury du concours triennal de littérature drama-
tique en langue française, 15; du concours des cantates, 507; remerci-
ments pour sa gestion de la Caisse centrale des artistes, 157.
Fievez (Ch.). — Rapport de MM. Stas, Liagre et Montigny sur son travail
(imprimé dans les mémoires in-4°) concernant le spectre du carbone,
606 TABLE DES AUTEURS.
dans l'arc électrique, 75, 79; de l'influence du magnétisme sur les
caractères des raies spectrales. 381 ; rapport sur cette note, par MM. Stas
et Spring, 327, 328.
Folie (F.). — Hommage de deux brochures sur l'aberration avec note
bibliographique, 5; membre de la Commission des paratonnerres, 521.
— Rapports : Voir Hirn, Terby.
Fraikin (Ch.). — Rapport : Voir Charlier.
Franck (Ad.) — Hommage d'ouvrage, 300.
Francotte (X.). — Hommage d'ouvrage, 143.
Frankenthal (C. de). — Hommage d'ouvrage, 300.
Fredericq (L.). — Sur les mouvements du cerveau chez le chien, 362;
sur les mouvements du cerveau de l'homme, 536; procédé opéraloire
nouveau pour l'étude physiologique des organes thoraciques, 544; pro-
clamé lauréat du prix De Keyn, 195; remercie, 589.
Frédérix (G.). — Élu correspondant, 496; remercie, 588.
Froville. — Dépose un billet cacheté, 142.
G
Gacliard (L.-P.). — Fait remise des livres reçus par la Commission royale
d'histoire, 299.
Gantrelle (/.). — Élu membre titulaire, 496; approbation royale de son
élection, 588; remercie, 588.
Geefs{J.) — Avis favorable exprimé par MM. P.-J. Van Beneden et Pla-
teau sur son analomie pittoresque du cheval (texte et atlas), 39. —
Rapport: voir Charlier.
Gérard. — Rapport de MM. Maus et Montigny sur son travail (déposé
aux Archives) concernant l'amélioration des aérostats, 79, 85.
Gevaert (Aug.). — Membre du jury du concours des cantates, 507. —
Rapport ; Voir Martin.
Giovanni {V. di). — Hommage d'ouvrage, 590; id. (Ciulo d'Alcamo),
158; note sur ce travail par M. Le Roy, 160.
Gravis (A.). — Hommage d'ouvrage, 141.
Guffèns (J.-G.). — Rapport : Voir Cogghe, Verbrugghe.
Guilliaume (/.). — Membre du jury du concours triennal de littérature
dramatique en langue française, 15.
H.
Haghe (L). — Annonce de sa mort, 306.
Harlez (C. de). Hommage d'ouvrage, 158. — Note bibliographique
Voir Xénopol
Harthung (fi.). — Hommage d'ouvrage, 590.
TABLE DKS AUTEURS. (>07
Hauck(G.). — Hommage d'ouvrage, 509.
Flenrard (P.). — Hommage d'ouvrage, 300.
Henry (/,.). — Sollicite un nouveau subside pour conlinuer ses recherches
de chimie organique (avis sur cette demande a été donné au Gouverne-
ment), 30.
Herernans (Mme Ve). — Hommage d'un exemplaire de l'ouvrage intitulé :
In memoriam J.-F.-J. Herernans, 1 19.
Héron-Boyer. — Hommage d'ouvrage, 325.
Hitler (F.). — Annonce de sa mort, 391.
Hirn(G.-A.). — Rapports de MM. Folie, Van der Membrugghe et Melseussur
son travail, avec supplément (imprimé dans les Mémoires in-4°) con-
cernant les lois de l'écoulement et du choc des gaz en fonction de la
température, 40, 48. 49, 324; hommage d'ouvrage, 143.
Hock (Aug.). — Hommage d'ouvrage (Liège au XIXe siècle), 119; note
sur ce volume par M. Stecher, 123.
Hoefler (Chevalier von). — Élu associé, 496; remercie, 589.
Hofmann (A.-W.). — Accuse réception de son diplôme d'associé, 31;
hommage d'ouvrage, 143.
Hollebeke (B. Van) et Merlen (0.) — Hommage d'ouvrage (grammaire
française), 419; note sur ce volume par M. Stecher, 420.
Hovzé (É.). — Hommage d'ouvrage, 523.
Hymans (H.). — Élu membre titulaire, 22; approbation royale de son
élection, 135; remercie, 136; délégué auprès de la Commission de la
Biographie nationale, 136; adjoint au Bureau de la Caisse des artistes
pour présenter un projet de revision du règlement de celle institution,
313.
Hymans (Me Ve L.). — Hommage d'ouvr:»ge, 1 19, 590.
J.
Jacques ( V.). — Hommage d'ouvrage, 523.
Jacquet. — Rapport de MM. Maus et Honligny sur sa note (déposée
aux archives) concernant l'amélioration des aérostats, 81, 85.
Jadoul (L). — Adresse un traité élémentaire de géométrie, 4.
Jannettaz (Éd.). — Hommage d'ouvrage, 32;
Jaquet (/.). — Rapport : Voir Charlier.
Joly (N.). — Hommage d'ouvrage, 207.
Jorissen (A.). — Dépose un billet cacheté, 207.
Joule (James-P.). — Rem< rcie pour son élection d'associé, 3; accuse
réception de son diplôme, 31.
Julien (A.). — Noie sur le terrain carbonifère du Morvan, 376.
Juste {Th.). — Hommage d'ouvrages, 16, 119, 500.
fi08 TABLE DES AUTEURS,
H.
Kervyn de Leltenhove (Lebon). — La morl de Don Juan, 126; hommage
d'ouvrage, 300.
Kolliker (A.). — Hommage d'ouvrage, 208.
L.
Lagrange (ChX — Formule nouvelle pour le développement des fonc-
tions, en particulier des intégrales, 1 14; avis exprimé sur ce tra\ail par
MM. De Tïlly et Mansion, 59; dépose un billet cacheté, 518.
Lameere (/.). — Hommage d'ouvrage, 158.
Lamij (T.-J.). — Une bibliothèque royale en Assyrie au VII* siècle avant
J.-C, 460. — Note bibliographique : Voir Descamps.
Lancaster {A.). — Hommage d'ouvrage, 6.
Lasaulx (A. von). — Hommage d'ouvrage, 32
Lasteyrie (/?. de). — Hommage d'ouvrage, 110, 300, 419
Laurent (Emile). — Soumet les travaux suivants : I" sur la prétendue
origine bactérienne de la diastase; 2" sur la turgescence chez le
Phycomyces, 518.
Lebègue (A.-N.). — Hommage d'un exemplaire des ouvrages de la
Collection nationale, 119.
Le Blanc (F.). — Hommage d'ouvrage, 6.
Leboucq (H.) — Hommage d'ouvrage, 323.
Léman (G.). — Sur la recherche des moments fléchissants et des efforts
tranchants qui se produisent dans une poutre appuyée à ses extrémités
et fléchie sous l'action d'une surcharge mobile, 574; rapport sur ce
travail, par MM. De Tilly, Liagre et Catalan, 528, 530.
Lemonnier (C). — Hommage d'ouvrage, 16.
Lenain [L.]. — Communication de son 6* rapport semestriel, 308;
appréciations de ce travail (lectures par MM. Demannez, Biot et Siret\
509.
Léopold II (Le Roi). — Adresse de félicitations de l'Académie pour l'œu-
vre du Congo, 498.
Le Roy (Alph.). — Membre du jury du concours des cantates, 507. —
Notes bibliographiques : Voir Bozzo, Delbœuf et Roersch, Giovanni.
Liagre (J.-B.-J.). — Renseignements sur les prétendus effets de trem-
blements de terre ressentis en Belgique, 8. — Rapport : Voir Fierez.
Léman, Niesten, Stuyvaerl, Terby.
Ligue internationale des antivaccinateurs. — Invitations au 4e Congrès, 4.
Linas (Ch. de). — Élu associé, 22; remercie, 136; accuse réception de
son diplôme, 195; hommage d'ouvrages, 136, 508.
TABLE DES AUTEURS. 609
Liszt {F.). — Élu associé, 21 ; remercie, 508.
Loveling (Virginie). — Proclamée lauréat du prix De Keyn, 495; remer-
cie, 589.
Luvini (J.). — Hommage d'un volume sur l'étal sphérôïdal, les explo-
sions des machines à vapeur, etc., 52; noie sur cet ouvrage par
M. Van der Mensbrugghe, 52.
M.
Mac Leod (J.). — Proclamé lauréat du prix De Keyn, 495; remercie, 589.
Mailly (Éd.). — Élu directeur, 7.
Malaise (C). — Dépose un billet cacheté avec complément, 207, 522.
Mansion (P.). — Note sur la méthode des moindres carrés, 9; hommage
d'ouvrages, 145, 144, 207. — Rapports : Voir Deruijts, Lagrange, Main-
tins da Silva.
Marchai \Chev. Edm.). — Désigné pour remplir les fondions de secré-
taire du jury pour le concours des cantates, 507. — Rapport : Voir
Charlier.
Manon (A -F.). — Hommage d'ouvrage, 525.
Markelbach (A.). — Remercie pour les félicitations au sujet de sa nomi-
nation d'officier dans l'Ordre de Léopold, 19.
Martin (Jos.). — Adresse une lettre relative à l'échelle du mode mineur
(dépôt aux archives), 195; avis exprimé sur cette communication par
M.Gevaert, 512.
Martins da Silva. — Rapport sur sa note concernant la théorie des fonc-
tions ellipliqes, par M. Mansion, 524.
Masius ( V.). — Hommage d'ouvrage, 145.
Massy(A). — Hommi'-e d'ouvrages : a) glossaire du roman de Setna, 120;
b) les papyrus de N< bseni (Livre des morts), 158; notes sur ces travaux
par M. \Vagener,121, 159.
Mans (H). — Rapport: Voir Gérard, Jacquet, Weddingen (Van).
Dlelsens (L). — Rapport : Voir Hirn.
Merten (O ). — Voir Hollebeke (B. Van).
Meunier (St.).— Hommage d'ouvrage, 52.
Mignon (N.).~ Avis favorable sur son buste en marbre de feu Schmer-
ling, 156.
Milanesi (G.). — Élu associé, 22; remercie, 136.
Minghetti (Marco) — Élu associé, 496 ; remercie, 589.
Ministre de VAgiiculture, de l'Industrie et des Travaux publics. —
Hommage d'ouvrages, 2, 20, 118, 157, 206, 299, 522, 418, 518, 588,
592; répond qu'il lui est impossible de donner suite au vœu de voir
610 TAULE DES AUTEURS.
rétablir au Budget le crédit destiné aux festivals nationaux, 20;
demande l'avis de l'Académie sur les systèmes actuels de parai onnerres,
206; fait savoir que le projet de loi sur la propriété littéraire et artis-
tique pourra être voté cette année, 592.
Ministre de la Guerre. — Envoi d'ouvrage (carie), 3.
Ministre de la Justice. — Hommage d'ouvrages, 299.
Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique. — Hommage d'ou-
vrages, 31, 206.
Moleschott (J.). — Remercie pour son élection d'associé, 5; accuse récep-
tion de son diplôme, 31.
Molli nos (J. et S. de). — Déposenl un billet cacheté, 207.
Monligny (Ch.). — De l'accord entre les indications des couleurs dans la
scintillation des étoiles et les variations atmosphériques, 85. — Rap-
ports: Voir Daussin, Fievez, Gérard, Jacquet, Terby ,Weddingen (Van).
Morren (Éd.). — Propose que l'Académie remette une adresse au Roi
an sujet de l'œuvre du Congo, 206, 299, 507; texte de l'adresse, 498;
hommage d'ouvrage, 207. — Rapport : Voir Carnoy.
Mourlon(M). — Sur l'existence des psammiles du Condroz aux environs
de Beaumont dans l'Enlre-Sambre-et-Meuse, 258.
Mueller (Bun F. von) — Hommage d'ouvrage, 52.
Murray (John). — Hommage d'ouvrages, 5i>. 518.
If.
Neureuther (G. de). — Élu associé, 21; remercie, 136.
Niesten (L.). — Observations de la comète Wolf, faites à l'Observatoire de
Bruxelles, à l'équalorial de 0m,15, 152; avis exprimé sur cette note, par
M. Liagre, 145.
Nolet de Brauwere van Steeland (J ). — Hommage d'ouvrage, 119. —
Rapport : Voir Anonymes, Droogenbroeck (Van).
Nordenskiold (Le Bva A.-E '.). — Remercie pour son élection d'associé, 3;
accuse réception de son diplôme, 142.
Nypels (G.). — Manifestation à l'occasion de sa cinquantième année de
professorat, 322, 50*.
O.
Observatoire royal de Bruxelles. — Hommage d'ouvrages, 5, 51, 142.
Ocagne. — Voir D'Ocagne.
Olivecrona. — Voir dPOlivecrona.
Ouverleaux (Ém.). — Hommage d'ouvrage (les Juifs en Belgique sous
l'ancien régime), il 9; note sur cette brochure par M. Wauters, 420.
Overloop (Eug. Van). — Hommage d'ouvrage, 519.
TABLE DES AUTEUUS. 6 M
Pauli (Ad.). — Discours prononcé aux funérailles de P. Stappaerts, hj
7 mars 1885, 30P.
Peschka (G. von). — Hommage d'ouvrage, 208.
Piot (Ch.). — Nommé Président de l'Académie, 2, 15,20; promu au
grade d'officier de l'Ordre de Léopold, 298; sur Louis Du Tielt, peintre
et graveur à Y près, 193; la conservation des archives et leur importance
au point de vue de la critique historique (discours), 442.
Plateau (F.). — Rapports : Voir Carnoy, Geefs (J.).
Potvin (Ch.). — Fait don à la Bibliothèque d'ouvrages concernant la litté-
rature nationale, 16; membre du jury pour le prix De Keyn, 18; rap-
port, 484.
R.
Renard (A.-F.). — Félicitations au sujet de sa médaille Bigsby, 30;
hommage d'ouvrage, 144; les porphyres de Bierghes, 234; note sur la
géologie du groupe d'îles de Tristan da Cunha, 330; les propriétés
optiques de la Luclwigile, 547. — Rapport : Voir Sansoni.
Reamont (A. de). — Hommage d'ouvrage, 120.
Reusens. — Hommage d'ouvrage (Élémenls d'archéologie chrétienne);
159; note sur ce volume par M. Willems, 162.
Rivier (Alph.). — Promu au grade d'Officier de l'Ordre de Léopold, 298.
Robert (A.). — Rapports : Voir Cogglie, Verbrugge.
Roersch(L). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 18; rapport, 484;
promu au grade d'Officier de l'Ordre de Léopold, 298. — Voir Delbœuf.
Rousseau (J.\ — Hommage d'ouvrage, 156.
S.
Saint-Saëns (C). — Élu associé, 21 ; remercie, 136; accuse réception de
son diplôme, 193.
Samuel (Ad.). — Membre du jury du concours des cantates, 507.
Sansoni (F.). — Note cristallographique sur la chaux carbonatée de Bla-
ton,287; rapport sur ce travail par MM. Dewnlque et Renard, 209,210.
Saporta (Marquis G. de). — Hommage d'ouvrages, 32, 323.
Scheler (Aug.). — Soumet à l'appréciation un travail intitulé : Le catho-
licon de Lille, 590.
SeUjsLongchamps'Le B»nEdm.de).—É\:\[ de la végétation à Longchamps-
sur-Geer (Waremme) : 1° le 21 mars 1885,236; 2» le 21 avril 1885, 342.
Sirel (Ad.). — Membre du jury du concours triennal de littérature dra-
H 2 TABLE DES AUTEURS.
malique en langue française, 16. — Rapport sur les travaux de la
Commission de la Biographie nationale pendant l'année 1884-1885, 499.
Voir aussi Cogyhe, Lenain, Verbruyge.
Slingeneyer (Ern.). — Rapports : Voir Côgghe, Verbrugge.
Société d'anthropologie, à Bruxelles. — Demande d'échange, 206.
Société royale du Canada. — Invite l'Académie à envoyer des délégués
à sa 4e session, 142.
Société royale pour C encouragement des beaux-arts, à Anvers. —
Circulaire relative à l'Exposition universelle d'Anvers, 308.
Spring ( IV.). — Approbation royale de son élection de membre titulaire,2;
remercie pour' son élection, 2; membre de la Commission des para-
tonnerres, 521. — Rapports : Voir De la Royère, Fievez.
Stappaerls (F). — Annonce de sa mort, 102; discours prononcé à ses
funérailles, par M. Pauli, 309.
Stas (J.S.). — Félicitations au sujet du rétablissement de sa santé, 30;
réélu membre de la Commission administrative, 529. — Rapports:
Voir De la Royère et Fievez.
Stecher (/.). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 18; rapport, 484.
— Notes bibliographiques: Voir Hock, Hollebeke (B. Van).
Stein (H.). — Hommage d'ouvrage, 158.
Sterry Hunl (T.). — Hommage d'ouvrage, 144.
Stuyvaert (2s.). — Observations des comètes Wolf et Encke, faites à
l'Observatoire de Bruxelles, à l'équalorial de 0,nl5, 152, 155; avis
exprimé sur ce travail par M. Liagre, 115.
Sully Prudhomme. — Élu associé, 496; remercie, 589; hommage d'ou-
vrages, 590.
Swaen (A.). — Étude sur le développement des feuillets et des premiers
îlots sanguins dans le blastoderme de la Torpille (Torpédo ocellata\
385; rapport sur ce travail par MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke,
529.
T
Tcrby {F.) — Rapports de MM. Liagre, Monligny .et Folie sur son travail
(imprimé dans les Mémoires in-4°) concernant l'aspect physique de la
planète Jupiter, 72, 74.
Ter Gouiv. — Hommage d'ouvrage, 119.
Tilly {J. De). — Sur l'équation de Riccati et sa double généralisation, 216.
— Note bibliographique : Voir D'Ocagne. — Rapports : Voir Lagrange,
Léman.
Toilliez (Edm.). — Soumet une note avec dessins sur la perspective
pittoresque, 508.
TABLE DES AUTEURS. 615
u.
Université de Bruxelles. — Voir Denis (L.).
V.
Van den Gheyn (/.). — Hommage d'ouvrages, 419.
Van den Kerckhove (Aug.). — Avis exprimé sur son buste en marbre de
feu Ch.-L. Hansseus, 193.
Vanderkindere (L.). — Voir Denis.
Van der Mensbrugghe (G.). — Essai sur la théorie mécanique de la
tension superficielle de l'évaporation et de l'ébullition des liquides, 546 ;
membre de la Commission des paratonnerres, 521 ; hommage d'uuvrage,
207. — Rapport : Voir Hirn. — Note bibliographique : Voir Luvini.
Van der Straeten {Éd.). — Renvoi à la Commission pour la publication
des œuvres des grands musiciens de ses rapports sur ses recherches
faites à Leyde et à Munich, 21, 508, 508.
Vanlair. — Hommage d'ouvrage, 207.
Verbrugge (Ém.). — Appréciation de son 1er rapport semestriel (lecture
par MM. Siret, Slingeneyer, Robert et Guffens), 21 ; communication de
son 2d rapport, 308.
Virchoio (R.). — Remercie pour son élection d'associé, 5.
W.
Wagener (Aug.). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 18; rapport,
484; id. du jury du concours des cantates, 507. — Rapport : Voir Ano-
nyme, Droogenbroeck (Van). — Notes bibliographiques : Voir Massy.
Waulers (Alph.). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 18; rapport,
484; sur les premiers temps de l'histoire de Flaudre, 165; motion au
sujet des funérailles de Ch. Rogier, 587. — Note bibliographique :
Voir Ouverleaux.
Weddingen (Van). — Rapport de MM. Maus et Moutigny sur sa note
(déposée aux archives) concernant l'amélioration des aérostats, 84, 85.
Welvaarts (Th.-lgn.). — Hommage d'ouvrages relatifs à l'Abbaye de
Postel, à l'histoire de Corseudonck, etc , 159; note sur ces publications
par M. Willems, 163.
Willems (P.). — Élu directeur pour l'année 1886, 17; hommage d'ou-
vrage, 419. — Rapport : Voir Anonymes, Droogenbroeck (Van). — Notes
bibliographiques: Voir Heusens, Welvaarts.
X.
Xénopol (A.-D.). — Hommage d'ouvrage (les Roumains au moyen âge),
500; note sur ce volume par M. de Harlez, 300.
3mï SÉRIE, TOME IX. 42
TABLE DES MATIÈRES.
A.
Anatomie. — Rapports de MM. P.-J. Van Beneden el Plateau sur un allas
d'analomie pittoresque du cheval, par M. Geefs, J., 59. — Voir Zoologie.
Architecture. — Voir Concours de la Classe des beaux-arts.
Assyriologie. — Une bibliothèque royale en Assyrie au VIIe siècle avant
Jésus-Christ, par Th. Lamy, 460.
Astronomie. — Rapports de MM. Liagre, Montigny et Folie sur un tra-
vail de M. Terby (imprimé dans les Mémoires in-4°) concernant l'aspect
physique de la planète Jupiter, 72, 74; observations des comètes Wolf
et Encke faites à l'Observatoire royal de Bruxelles à l'équatorial de
0IU,15, par MM. L. Niesten el E. Sluyvaerl, 152, 155; avis exprimé sur ces
deux notes par M. Liagre, 145; M. De Bail soumet un travail concernant
les surfaces de Jupiter et de Vénus, 518. — Voir Spectroscopie.
B.
Beaux-arts. — Voir Anatomie; Concours (Prix de Home), Législation,
Musique, Perspective.
Bibliographie. — Projet de publication d'une 5e édition de la Bibliographie
académique, 505; — Notes sur les ouvrages suivants : Una crouaca sici-
liaua del secolo XIV (Bozzo), par M. Le Roy, 161 ; del zilioide fossile. Resli
fossili di dioplodon emesoplodon (Capeliiiii), par M. P.-J. Van Beneden 5151;
Éléments de grammaire française (Delbœuf et Roersch), par M Le Boy,
120; l'êtes jubilaires du 50e anniversaire de l'Université de Louvain
(Descamps), par M. Lamy, 125; Inventaire analytique des archives des
Ftats de Hainaut (t. Ier, par L. Devillers), par M. Bormans, 17; coor-
données parallèles et axiales (D'Ocagne), par M. J. De Tilly, 208 ;
brochures concernant l'aberration, par F. Folie, 5; Ciulo d'Alcamo (di
Giovanni), par M. Le Boy, 160; Liège au XIXe siècle (Hock), par
M. Slecher, 125; grammaire française (Hollebeke, (B. Van) el Merten O.),
pat M. Stecher, 420; état sphéroïdal, explosion des machines à va-
TABLE DES MATIÈRES. GIS
peur, etc. (Luvini), par M. Van der Mensbrugghe, 52; glossaire du
roman de Setna. Le papyrus de Nebseni (Massy), par M. Wagoner, 121,
159; les Juifs en Relgique sous l'ancien régime (Ouverleaux), par
M. Wauters, 420; éléments d'archéologie chrétienne (Reusens), note par
M Willems, 162; ouvrages relatifs à l'Abbaye de Postel, à l'histoire de
Corsendonck, etc. (Welvaarts), par M. Willems, 163; les Roumains au
moyen âge (Xénopol), par M. de Harlez, 300.
Billets cachetés. — Dépôts : par MM. Edm. Van Aubel, 4; Froville et
A. Drachet, 142; Malaise, 207, 322; .lorissen, 207; Mollins, 207;
Ch. Lagrange, 318; H. de Puydl, 390 \]— M. Catalan est remis en posses-
sion de son pli déposé le 8 novembre 1881, 4.
Hingraphie. — Discours prononcé aux funérailles de F. Stappaerts le
7 mai 1885, par M. Pauli, 309; moiion au sujet des funérailles de
Ch Rogier, 587. — Voir Commission de la Biographie et Histoire de
l'art.
l'iologic. — Voir Zoologie.
Botanique. — M. Laurent soumet les travaux suivants : I" sur la préten-
due origine bactérienne de la diaslase; 2° sur la turgescence chez le
Phycomyces, 518.
Bustes des académiciens décèdes. — Appréciation des bustes en mar-
bre : 1" de feu Schmerling, exécuté par M. Mignon, 136; 2° de feu
Ch.-L. Hanssens, exécuté par M. Aug. Van den Kerekhove, 193; 3" do
feu Antoine Spring exécuté par M. Desenfans, 508.
Caisse centrale des artistes. - M. Alvin donne connaissance de la situa-
tion financière pour l'année 1884, 136;remercîmenlspour sa gestion, 137;
nécessité d'une révision, du règlement de la Caisse, 313; communication,
discussion et adoption d'un nouveau texte du règlement, 595.
Chimie. — M. Henry demande à obtenir un nouveau subside pour conti-
nuer ses recherches de chimie organique (avis sur cette demande a été
donné au Gouvernement), 30; sur quelques dérivés de l'hydrocamphène
télrabromé, par W. De la Royère, 565; rapport de MM. Spring et Stas
sur ce travail, 521, 523. — Voir Botanique et Spvctroscopie.
Commission pour ta publication des œuvres des anciens musicaux
belges. Reçoit communication des rapports de M. Éd. Van der Straelen
sur ses recherches musicales faites à Leydeclà Munich, 21 ,308, 308; —
jiour la publication d'une biographie nationale M. Ilymans élu délègue
delaClassedes beaux-arls, 130; rapport sur les travaux de la Commission
616 TABLE DES MATIÈRES.
pendant Tannée 1884-1885, par M. Siret, 499; — royale d'histoire.
Ouvrages déposés dans la Bibliothèque, 204, 299; — des paratonnerres
Communication d'une dépêche ministérielle relative aux systèmes
actuels des paratonnerres, 206; MM. Van der Mensbrugghe, Springet
Folie élus membres, 521 ; — administrative. MM. Stas, Faider, Alvin
réélus membres, 529, 425, 509.
Concours. — Les institutions scientifiques ci-après envoient leurs pro-
grammes de concours: Académie des sciences de Turin, 5; Académie
de Stanislas de Nancy, 142; Académie des sciences morales et politi-
ques de Madrid, 299; Académie des sciences de l'Institut de Bologne,
522; Académie des sciences d'Amsterdam (prix Hoeufll), 418.
Concours de la Classe des beaux-arts. — Lettre de M. De Leener
proposant de mettre au concours l'histoire des anciens chants et danses
populaires du pays, 508; mémoire envoyé en réponse à la question
demandant de faire l'histoire de l'architecture qui (lotissait en Belgique
au XVe et au XVI* siècle, 592.
Concours de la Classe des lettres. — Manuscrits reçus en réponse à la
question concernant l'application des règles de la métrique grecque
et latine à la poésie néerlandaise, 125; rapports sur ces deux mémoires
par MM. J. Nolet de Brauwere van Steeland, Willems et Waccner.
425, 459, 440; M. J.-A. Van Droogenbroeck-Asselberghs proclame
lauréat, 494; remercie, 589.
Concours de la Classe des sciences : — 1884. Ordre du jour prononcé
sur une lettre de l'auteur du mémoire concernant les lignes de cour-
bure de la surface des ondes, 51. — 1886. Programme, 5L — 1887.
Question, 56. — Concours extraordinaire. Question relative à la
conservation du poisson et au repeuplement des rivières, 57.
Concours (Grands). Prix de Rome. — Gravure. 1881. Communication
du 6e rapport de M. L. Lenain, 508; lecture de l'appréciation de ce
rapport, 509. — Peinture. 1880. Lecture des appréciations du
"<■ rapport du lauréat R. Cogglie, 21 ; communication de son 8- rapport,
308. — 1885. Lecture des appréciations du 1,r rapport du lauréat
Verbrugge, 21 ; communication de son 2r rapport, 508. — Sculpture.
1885. Communication du 4f rapport du lauréat 6. Charlier, 508; lecture
de l'appréciation de ce rapport, 595. — 1885. Programme, 20.
Concours des cantates. — Date de l'ouverture, 507; candidatures pour la
formation du jury, 515; membres du jury, 507; liste des poèmes
envoyés, 509.
Congrès, sessions. — Invitations: au Congrès de la ligue internationale
des antivaccinateurs, 4; au Congrès de navigation intérieure, 522; à la
TABLE DES MATIÈRES. 617
4e session de la Société royale du Canada, 142; au Congrès de bota-
nique et d'horticulture à Anvers, 518.
Cristallographie. — Note cristallographique sur la chaux carhonalée de
Blaton, 287; rapports de MM. Dewalque et Renard sur ce travail, 209,
210.
D.
Dons. — Ouvrages imprimés, par MM. Arneth (von), 419; Bambeke (Van),
51, 323; Bernimoulin, 207; Biker, 419; Body, 20; Bonaparte, 207;
Bouton, 419; Bozzo, 158; Braun, 590; Capellini, 519; Carutti, 207;
Catalan, 523; Certes, 519; Daems, 500; De Block, 16; De la Vallée
Poussin, 144; Delbœuf, 119, 523; Del vaux, 6; De Mont, 16; Denis, 16;
De Potter, 300; Descamps, 1 19; Devillers, 16 ; deWitte, 119, 300, 419;
D'Ocagne, 207; D'Olivecrona, 158; Dollo, 207; Donders, 51; Dubois,
207, 519; Dubourg, 158; Dupont, 322; Engelmann, 51; Faider, 16;
Faure, 500; Folie, 5; Franck (A.), Ô00 ; Francotte, 143; Frankenlhal
(de), 500;Gachard, 299; Giovanni(di), 158, 590;Gravis,144; Harlez(de),
158; Harlhung, 590; Hauck, 509; Henrard, 300; Heremans (Mmc Ve),
1 19; Hirn, 145; Heron-Royer, 525; Hock, 1 19; Hofmann, 143 ; Hollebeke
(Van), 419; Houzé, 323; Hymans (M« Ve), 119, 590; Jacques, 325;
Jadoul, 4; Janetlaz, 52; Joly, 207; Juste, 16, 119, 500; Kervyn de Letten-
hove (le B"n), 300; Kolliker,208; Lameere, 158; Lancasler, 6; Lasaulx
(von), 52; Lasteyrie, 119, 300, 419; Lebègue, 119; Le Blanc, 6;
Leboucq, 523; Lemonnier, 16; Linas (de), 156, 508; Luvini, 5e?; Man-
sion, 145, 144, 207; Marion, 523; Masius, 145; Massy, 120, 158; Mer-
ten, 419; Meunier, 52; Minisire de l'Agriculture, de l'Industrie et des
Travaux publics, 2, 20, 118, 157, 206, 299, 522,418,518,588,592;
Ministre de la Guerre, 5; Ministre de la Justice, 299; Ministre de l'In-
térieur et de l'Instruction publique, 31, 206; Morren, 207; Mueller
(von), 32; Murray, 32, 518; Nolet de Brauwere van Steeland, 119;
Observatoire royal de Bruxelles, 5, 51, 142; Ouverleaux, 419; Overloop
(Kug. Van), 519; Peschka (von), 208; Potvin, 16; Renard, 144; Reu-
mont, 120; Reusens, 159; Roersch, 119; Rousseau, 136; Saporta (de),
52, 325 ; Slein, 158; Sterry Huni, 144; Sully Prudhomme, 590; Ter
Gouw, 119; Van den Gheyn, 419; Van der Mensbrugghe, 207; Van-
lair, 207; Welvaarts (Van), 159; Willems, 419; Xénopol, 300; - ouvra-
ges manuscrits : Delaey, 5, 522.
E.
Élections et nominations : Classe des sciences. M. Mailly élu direc-
teur pour 1886, 7; approbation royale de l'élection de M. Spring comme
membre titulaire, 2; remercîments pour les élections et pour l'envoi
618 TABLE DES MATIÈRES.
des diplômes, 2, 31, 142; médaille Bigshy décernée à M. Renard, 50. —
Classe des lettres. M. Piol nommé Président de l'Académie, 2, 15,
20; M. Piol promu au grade d'officier de l'Ordre de Léopold, 298;
M. Willems élu directeur pour 1886, 17; MM. Rivier et Roersch pro-
mus au grade d'officier de l'Ordre de Léopold, 208; M. Gautrelle élu
membre titulaire, 490; approbation royale de son élection, 588; MM. Van
Beers et Frédérix élus correspondants; MM. Beets, von Hoefler,
Sully Prudhomme^t Minghelti élus associés, 496; remercîments pour
les élections, 5S8. — Classe des beaux-arts. M. Alvin élu directeur
pour 1886, 22; M. Hymans élu membre titulaire, 22; approbation royale
de son élection, Iôj; M. Du Caju, élu correspondant, pI MM. Begas,
de Neureulher, Saint-Saens, Liszt, de Linas, Milanesi, élus associés,
21; remercîments pour les élections et pour l'envoi des diplômes. 136,
193, ri08; M. Markelhaeh remercie pour sa nomination dans l'Ordre de
Léopold, 19. Voir Commissions, Concours, Prix.
Exposition. - Communication d'une circulaire relative à l'Exposition des
beaux-arts d'Anvers, 308.
G.
Géographie. — Proposition d'adresse au Roi au sujet de l'œuvre du
Congo, 206, 299, 307; texte de l'adresse, 498.
Géologie et paléontologie. — .Sur l'existence de roches maclifères dans
le terrain devonien inférieur de l'Ardenne belge, par É. Dupont, 110;
sur la découverte d'un Mosasaurien gigantesque dans le Hainaut, par.
É. Dupont, 215; sur l'existence des psammites du Condroz aux
environs de Beaumont dans rEutre-Sambre-et-Meuse, par Michel
Mourlon, 238; sur la géologie du groupe d'îlps de Tristan da Cunha,
par A.-F. Renard, 330; note sur le terrain carbonifère du Morvan, par
A. Julien, suivie de quelques observations relativement aux espèces
fossiles qui y ont été recueillies, par L.-G. de Koninck, 376; Voir Cris-
tallographie et Minéralogie.
II
Histoire. — La mort de Don Juan, par le baron Kervyn de Letten-
bove, 126; sur les premiers temps de l'histoire de Flandre, par Alph..
Wauters, 165; M. Dario Bertolini soumet une note sur une inscription
de magistrat romain de la Gaule Belgique, 419; la conservation des
archives et leur importance au point de vue de la critique historique,
discours par Ch. Piot, ii2.
Histoire de l'art. — IVote sur Louis du Tielt, peintre et graveur à Ypres,
par Ch. Piol, 193.
Histoire littéraire. — Voir Philologie.
TABLE DES MATIÈRES. (il 9
Jubilé. — Coopération de l'Académie à la manifestation à l'occasion de
la cinquantième année de professorat de M. G. Nypels, 522, 508.
L.
Législation et jurisprudence. — Dépêche ministérielle relative an pro-
jet de loi sur la propriété artistique et littéraire, 592.
M.
Mathématiques. — Sur la méthode des moindres carrés, par M. l>. Man-
siou, 9; formule nouvelle pour le développement des fonctions, en
particulier des intégrales, par M. Ch. Lagrange, 114; avis exprime
sur ce travail par MM. De Tilly et Mansion, 59; dépôt aux archives
d'une note de M. Boblin intitulée : Transformation des cas illusoires
de la moyenne ■proportionnelle en solutions réelles, 142; note con-
cernant la recherche des moments fléchissants et des efforts tranchants
qui se produisent dans une poutre appuyée à ses extrémités et fléchie
sous l'action d'une surcharge mobile, par le capitaine G. Léman, 574;
rapport sur ce travail par MM. De Tilly, Liagre et Catalan, 528, 530;
M. Deruyts présente un travail sur certains développements en séries
(imprimé dans les mémoires in-4°), 1i4; rapports sur ce travail par
MM Catalan et Mansion, 523,525; sur l'équation deRiccati et sa double
généralisation, par M. J. De Tilly, 216; rapport de M. Mansion sur une
question de la théorie des fonctions elliptiques, par M. Murtins da
Silva, 524; question d'Analyse indéterminée, par M. Catalan, 551 ; une
récréation mathématique, par M. Catalan, 554.
Mécanique. — Ordre du jour prononcé sur une lettre anonyme concernant
la couronne de l'hélice propulsive, 5'.
Météorologie et physique du globe. — M. Damry soumet une note (retirée
ensuite par l'auteur) sur un nouveau moyen \le déterminer l'humidité
de l'air, 5; sur les prétendus eflels de tremblements de terre ressentis
en Belgique, par M. Liagre, 8; de l'accord entre les indications des cou-
leurs dans la scintillation des étoiles et les variations atmosphériques,
par M. Ch Monligny, 85; étal de la végétation à Liège, à Spa et à Long-
champs (Waremme), les 21 mars, 20 et 21 avril 1885; par G. Dewalque
et le baron E. de Selys Longchamps, 236, 542.
620 TABLE DES MATIÈRES.
Minéralogie. — Les porphyres de Bierghes par A.-F. Renard et Ch. de la
Vallée Poussin, 254; M. Ch.de la Vallée Poussin soumet un travail con-
cernant les anciennes rhyoliles, dites « eurites » de Grand-Manil, 519;
les propriétés optiques de la Ludwigite, par A -F. Renard, 547. — Voir
Cristallographie.
Monuments. — Projet d'inscription à placer sur le piédestal de la statue
d'Adolphe Quetelet, 506.
Musique. — Impossibilité de réaliser le vœu de voir rétablir au Budget
le crédit destiné aux festivals nationaux, 20; M. Martin soumet une
lettre relative à l'échelle musicale du mode mineur, 195; avis exprimé
sur cette communication par M Gevaert, 512. — Voir Commission.
Vi.
Nécrologie. — Annonce de la mort de MM. F. Stappaerls, 192; Louis
Haghe,506; F. Hiller, 591.
O.
Ouvrages présentés : Janvier, 22; février, 137; mars, 197; avril, 514;
mai, 515; juin, 594.
Perspective. — M. ïoillez soumet une note, avec dessins, sur la perspec-
tive pittoresque, 508.
Pisciculture. — Voir Concours de ta Classe des Sciences.
Philologie. — M. Scheler soumet un travail manusciit intitulé : Le
Catholicon de Lille, 590. — Voir Assyriologie.
Physiologie. — Voir Botanique et Zoologie.
Physique. — Rapports de MM. Folie, Van der Mensbrugghe et Melsens
sur un travail (avec supplément) de M. Hirn (imprimé dans les
Mémoires in-4°) concernant les lois de l'écoulement et du choc des gaz
en fonction de la température, 40, 48, 49, 524; rapport de MM. Maus et
Montigny sur trois communications (déposées aux archives) relatives à
l'amélioration des aérostats par MM. Gérard, Van Weddingen et Jacquet,
79, 85; M. Daussin adresse une réclamation de priorité (déposée aux
archives) pour un voltamètre (annulation de l'exlra-courant), 144;
rapport sur cette communication par M. Montigny, 212; sur la tension
des vapeurs saturées. — Modilicalion à apporter à la loi de Dalton, par
TABLE DliS MATIÈRES. g-JJ
M. P. De Heen, -28! ; détermination du coefficient de compressibilité de
quelques liquides et des variations que eetle quantité «'prouve avec la
température. Loi théorique qui régit les variations du coefficient de
compressibilité avec la température, par P. De Heen, 550; M. Van
Aubel soumet une note sur la rotation éleelro-magnélique du plan de
polarisation de la lumière et sur l'influence de la lumière sur la conduc-
tibilité électrique du sélénium (celle note a été retirée par l'auteur)
523; essai sur la théorie mécanique de la tension superficielle de l'evapo-
ration et de Pébullition des liquides (lr- partie), | ar G. Van der Mens-
brugghe, ."46.
Prix du Roi. — Programmes pour 1886, 1887 et 1888, 58!).
Prix J. De Keijn. — Membres du jury, 8, 18; rapport du jury, 464;
proclamation des résultais du concours, 495; remercîments des lau-
réals, 589.
Prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques : 1879-1885.
M le Ministre transmet 50 exemplaires du rapport du jury, 2; — de
Littérature néerlandaise : 1880-84. M. J Van Beers, lauréat, 418, 495.
Prix triennal de littérature dramatique m langue française : 1882-84 ;
membres du jury, 15; M. L. de Coninck lauréat, 418, 49(5.
Publications de l'Académie. — Demande d'obtention du Bulletin par
l'Association des élèves des Ecoles spéciales de l'Université de Liège, 5:
demande d'échange faite par la Société d'anthropologie de Bruxelles,
206.
S.
Sciences murales et politiques. — Projet d'adresse au Roi au sujet de
l'œuvre du Congo, 2<'6, 299, Ô07; texte de l'adresse, 498.
Séances de la Classe des scieices : janvier, I; février, 29; mars, 141;
avril, 205; mai, 322; juin, 518; — de la Classe des lettres .janvier, 15;
février, 118; mars, 157; avril, 298; mai, 417; séance publique, 441;
juin,587; — de la Classe des beaux-arts : janvier, 19; février, 155:
mars, 192; avril, Ô06; mai, 507; juin, 591 ; — séance générale pour les
trois Classes, 497.
Speclroscupie. — Rapport de MM. Stas, Liagre et Montigny sur un tra-
vail de M. Fievez (imprimé dans les Mémoires in-4°) concernant le
spectre du carbone dans l'arc électrique en rapport avec le spectre des
comètes et le spectre solaire, 75, 79; de l'influence du magnélisme sur
les caractères des raies speci raies, par M. Fievez, 581 ; rapport sur ce
travail par MM. Stas etSpring, 327, 328.
Statique graphique. — Voir Mathématiques-. (Travail de M. Léman).
5me SÉRIE, TOME IX. 43
622 TABLE DES MATIERES.
z.
Zoologie (y compris Biologie et Physiologie). — Lecture des rapports
sur la demande de M. Carnoy d'être envoyé au laboratoire de Naples,
8; un mot sur les deux Balénoptères d'Ostende de 1X27 ei de 1885,
par M. P-J. Van Beneden, 1 ï rs ; sur l'apparition d'une petite gamme
de vraies Baleines sur les côles Est des États-Unis d'Amérique,
par M P.-J. Van Beneden, 21 i; élude sur le développement des feuillets
el des premiers îlols sanguins dans le blastoderme de la torpille (Tor-
pédo ocellata), par M A. Swaei), 385; rapport sur ce travail par
MM. Ed. Van Beneden et Van Bamheke, 529; note sur le mouvement
du cerveau chez le chien, par L. Fredericq, 562; sur les mouvements
du cerveau de l'homme, par L Fredericq, 556; procédé opératoire
nouveau pour l'étude physiologique des organes Ihoraciques, par
L. Fredericq, 544.
TABLE DES PLANCHES
Page 564. — Appareil pour la détermination du coellicienl de comptes-
sibililé, par P. De Heen.
»/
— 586. — Poutre appuyi'e à ses extrémités et fléchie sous l'action de
charges mobiles. — Détermination des moments fléchis-
sants et des efforts tranchants, par le capitaine du génie
G. Léman.
PUBLICATIONS DE L'ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE.
Nouveaux mémoire», tomes I-X1X (1820-1845); in-4". — Mémoires.
lomes XX-XLVI (1846-1884); in-4°. — Prix : 8 fr. par volume à partir du
tome X.
mémoires couronnes, lomes I-XV (1817-1842); in-4". — mémoires
couronnés et mémoires des savants étrangers, tomes XVI -MAI
(1843-1884); in-4". — Prix : 8 fr. par vol. àpartir du lome XII.
mémoires couronnés, in-8°, lomes I-XXXV1. Prix : 4 fr. par vol.
Tables «le Logarithmes, par MAI. Namur et Mansion, in-8".
Tables des Mémoires (1816-1857) (1858-1878). ln-18.
Annuaire, lie à 5I"'C année, 1835-1883; in-18. Fr. 1,50.
Bulletins, U< série, tomes I-XXIU; —2e sér., t. I-L; — 5e sér., t. I-IX,
in-8°. — Annexes aux Bulletins de 1854, in-8°. — Prix : 4 fr. par vol.
Table* générales des Bulletins : lomes I-XXI1I, lrc série ( 1832-1836).
1858, in-*". — 2* série, tomes I-XX (1857-1866), tomes XXI-L (1-867-
1880), 1885; in-8".
Bibliographie aeailémlque. 1854; 1 vol. in-18. -- 1874; 1 vol. in-18.
Catalogue de la Bibliothèque de l'Académie. 1850; nouvelle édition,
lrtÉ partie; 2df partie : sciences 1881-84; in-8°.
Catalogue de la bibliothèque de M. le baron de Slassarl. 1863; in-8".
Centième annlvors:ilre de fondation ^1772-1872). 1872; 2 vol. gr. in-8.
Commission pour la publication des monuments de la littérature
flamande.
OEuvres «le Van mtterlnut : Der naturen BLOEME,lome 1er, publié par
M. J. Bormans, 1857; 1 vol. in-8°; — Rymbvbel, avec Glossaire, publié
par M. J. David, 1858-1860; 4 vol. in-8°; — Alexanders Geesten, publie par
M. Snellaert, 1860-1862; 2 vol. in-8". — ilederlandsche gedichten, etc.,
publiées par M. Snellaeil, 1869; 1 vol. in-8°. — Parthonopeus van Bloys.
publie par M.J. Bormans, 1871 ; 1 vol. in-8°. — Speghel dcrWyshcit, van
Jan Praet, publie par M. J. Bormaus, 1872; 1 vol. in-8".
Commission pour la publication d'une collection des œuvres des
grands écrivains du pays.
OEuvres «le « hastcllain, publiées par M. Kervyn de Leltenhove.
1865-1805, 8 vol. in-8". — Le 1er livre des Chroniques «le Froissart,
publie par le même. 1863, 2 vol. in-8°. — Chroniques de Jehan le Bel,
publiées par M. Poiain. 1865, 2 vol. in-8°. — LI Itoumans de Cléomadès,
publié par M. Van llassell. 1866, 2 vol. in-8°. — Bits et contes de Jean et
Baudouin de Coudé, publies par M. Auguste Scheler. 1866, 5 vol. in-8°.
— Li ars d'amour, elc, publié par M. J. Petit. 1866-1872, 2 vol. in-8°. —
OEuvres «le Froissart : Chroniques , publiées par M. Kervyn de Lelten-
hove. 1867-1*77, 20 vol. in-8°; - Poésies, publiées par M. Scheler. 1870-1872.
5 vol. in-8"; — Glossaire , publié par le même. 1874, un vol. in-8". — Lettre»
«le Commiues, publiées par M. Kervyn de Letlenliove. 1867, 5 vol. in-8 .
— Hits «le Watriquet de Convin , publiés par M A. Scheler. 1868, 1 vol.
in-8°. — Les Enlanees Ogier, publiées par le même. 1874, 1 vol. in-8.—
Buevcs «le Commarchis, par Adenès li Rois, publié par le même. 1874 ,
1 vol. in-8". — Li Koumaus de Berte aus gratis pies, publie par le
même. 1874, 1 vol. in-8". — Trouvères belges du XIIe au XIVe siècle,
publiés par le même. 1876, 1 vol. in-8D. — Nouvelle série, 1879, 1 vol. in-8". —
Li Bnstars «le Bullion, publié par le même. 1877, 1 vol. in-8". — Bécits
d'un Bourgeois de ValciicScnncs (XIVe siècle), publies par M. le
baron Kervyn de Leltenhove. 1877, 1 vol. in-8°. — OEuvres de Glilllebcrt
de Lannoy, publiées par M. Potvin. 1878, 1 vol. in-8°. — Poésies de
Gilles li muisis, publiées par M. Kervyn de Leltenhove. 1882, 2 vol. in-8°.
— OEuvres de Jean Lemaire «le Belges, publiées par M. J. Stecher.
1882, 3 vol. in-8". — Ll Begret Guillaume, publié par M. A. Scheler.
1882, vol. in-8".
Commission royale d'histoire.
Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du
Gouvernement; 67 vol. in-4°. (Voir la liste sur la couverture des Chroniques.)
Comptes rend us des séances, 1 rc série, avec table ( 1 857- 1 849), 1 7 vol . in-8°.
— 2me série, avec table (1850-1859), 13 vol. in-8°. — ôme série, avec table
1860-1872), 15 vol. in-8°. — 4»" série, lomes I-XII (1873-1884).
Annexes aux Bulletins, 14 volumes in-8°. (Voir la liste sur la couverture
des Chroniques ou des Bulletins.)
Commission pour la publication d'une Biographie nationale.
Biographie nationale, t. à I VIII (1er et 2e fasc). Bruxelles, 1866-
18K4; 7 vol. el 2 t'asc gr. in-8°.
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