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BULLETIiN
MENSUEL
DE LA SOCiËTÉ IMPÉRIALE
ZOOLÛGinUE
D'ACCLIMATATION
4 î
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p^, j, _ liiiprlmpi'ie de E. Martinkt, rue Mig'!!"", 2.
BULLETIN
J
/ f
DE LA SOCIET!: ÎMPEHIALE
ZOOI.OGIQUK
D'ACCLÏMATAÏION
FONDÉE LE 10 FÉVRIER 185/j.
TOME DIXIEME.
AWÉE 1SG3.
SHVV YOK«
PARIS
VICTOR MASSON ET FILS,
PLACF DE l.'KCOLE-DE-MKDliCINE,
ET AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ.
Hr.TEL LAiiRAciuii, rtiir: de lu le, 10.
1863
/H3
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACCLSrVIATATION.
OmîANlSÂTlON PIIUll L'ANNÉE 1803,
iiBy%- vont
IJSTK DES SOCIETES AFFILIEES ET AGRÉGÉES
ET DES COMITÉS RÉGIONAUX,
Kr Ill'iriKMh: IJSTE SUPPLÉMENTAir.E ItKS MHMHISES.
S. ^f. l/EMl'EKEliR, [M'olecleiir.
BUREAU ET CONSEIL D'ADIYliNISTRATION,
MM, DROUVX DE LHUYS, prémlent.
AnloiiK; PASSY, j
De QIJAÏUEFAGKS. ( vlc-presiclent^.
UICHAUD (du Canlal), ]
f.e comte crÉPFîKMESNIL, secrétaire général.
K. DUPIN , secrétaire pour J' intérieur.
(TrÉUlN-MKNEVIl.LE, secrétaire du Conseil.
Le conile de SINETV, secrétaire pour l'étrnnijcr
L. SOUDEIKAN, secrétaire des séances.
Paul ItLACQUE, trésorier.
COSSON, archi ciste.
MM.J.Gloucet.
A.Geoffp.oySi-Hii.aihi:.
lilFllEI'..
Le baron Skguiei",.
MM. DEliEiJ.E^.ui:.
Fréd. JACOlEMAliT
Pd'I'Z DE LaVISON.
Le M'' de Sei.ve.
Vicc-jirésidenl lamoraire : M. le prince Marc de Reauvau.
Agoil ijéiicral : M. L. S. llÉi;Eltï.
MM. Fréd. Davix.
Decains.
a. dumérii..
l'OMME.
DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE ET DANS LES COLONIES.
MM. Loche
liAZIN.
Dr
Alger,
Ihrdcaux,
Cacn, Li; PiiESTiiE.
Ccr/u/!/ ^Ilaut-Rliiin, A. ZcRCiiEii.
Clermunt-Ferrand, H. Lecoq.
Douai, L. Mauiuce.
Ihij-re, II. Delaroche.
'Si^'.vo/i. F. Lecoij.
,c-^MarscilU\ Aiit. IIesje.
' 'Mulhouse, V\\ y.iv.EW.
Na)a-ji,
yapoleo)i-Vcndi.
PoiHers,
La Réunion,
Rouen,
Saint-Qiientni,
Tonlo)i,
Toulouse,
yVesscriing ,
MM. MONNIEK.
I'. GounoiN.
HOLLARD.
A. Reug.
POL'CHET.
ThE!LE1ER-DE5-
.FAP.DINS.
Tunr.EL.
JOLV.
Gros-Hartmann.
r^-
Barcelone, MM.Sacc,
Batavia, Wassing.
Canton, De Montigny.
Chanfj-hai (fee), Édan.
Constaulinoplc, DCFOUK.
Florence, Prince A. de Démidoff.
Francfort, Baron M. DE Betiimanx.
Laufianne, Chavaxnes.
Macao (Chine), Canete y Moral.
Madrid, Graells.
.l/î7a)i, •■Il Brot.
DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ETRANGER.
Moscou, MM. Kâlinowski.
Philadelphie, Th. WiLSON.
Qucbec, JolydeLotdimèRE
Rio-dcJuneiro, De Capanema.
St.-Pélcrsbourg, Brandt.
Sydney (Aoslralie), Marc Arthur.
Turin, Chevalier Baruffi.
Vienne, Arenstein.
]Vashington, T. Clemson.
IVf/o (Japon), Rutherford-
Alcock.
BUREAUX DES SECTIONS ET DES COMMISSIONS PERMANENTES.
t^'^ SEtTIO.V. — Muminiféres.
Richard (du Cantal), délégué duCons.
Uavin, président.
Debains, vice-président,
E. BOSQUILLON DE .Ienlis, secrétaire.
A. GiLLET DE Grand.moxt, vice-secrét.
f '^SECTI®:^'. — Oiseaux (Aviculture).
C'®d'P>RÉMESNlL, délégué du Conseil.
BeR R I ER-FONïAI NE, président.
A. Geoffroy S'-\i\Lk\p.E,vice-présid .
HUBERT-BuiERRE, .'iccrclaire.
E. Roger, vice-secrétaire.
3^ SECTION. — lPoissoi»«, t'riiS-
(l'isciculture et Hirudiiiicultuic;.
Passy, délégué du Conseil et président.
Millet, vice-président .
Ch. Wallut, secrétaire.
LOBLIGEOIS, vice-secrélaire.
1* (BiEC^TIOX. — Insectes (Séricicul-
ture et Apiculture).
Prince de Beauvau, délég. du Conseil.
Gcérin-Méneville, président.
Bigot, vice-président.
A. Perrot, secrétaire.
L. SouBETRAN, vice-secrétaire.
5^ fi»ECTIO\. ~ '«égéfau!*..
Ferd. Moreau, vice'président.
A. DuPUlS, secrétaire.
Prillieux , vice-secrétaire.
COMiïlISSION PERMANENTE DE L'ALGÉRIE.
MM. Richard (du Cantal), président; le général Daumas, président
honoraire; le prince Marc de Beauvau, Bigot, Chatix, Cossox, Dareste.
Davix, du Pré dkSai.nt-Maur, Focillox, Victor Foucher, le vicomte Garbé,
Guéhix-Mexeville, Lvperlier, LoBLiGEois, J. Michon, Millet, et A. Geof-
FHOY SaINT-HilaiRE, secrétaire.
COMiïlISSION PERMANENTE DES COLONIES.
MM. A. Passy, président; Aubrv-Lecomte, David, Deville, Dutrône,
Malavois, Mennet-Possoz, Ramon de laSagi-.a, et Rufz de Lavisox, .secret.
CCMMISSiON PERMANENTE DE L'ÉTRANGER (l).
MM. De Quatrefages, pn'.s,d(.';i/; J. Cloquet, David, Debrauz, Du-
perrey, Faugere, l'amiral Penaud, Poey, Ramox de la Sagra, Rosalès,
Tastet, Taunay, Pierre de Tchihatchef, de Verneuil, Weddell, et
YvAN, secrétaire.
(I) Les ambassadeurs, miiiistru.-, chargeb d'affaires et consuls édauger,'-, ijni résident à l'an..
et qui sont inenibic:. de la Société, font de dmit partie de lu Commission de l'Étran'^ei-,
SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES. — COMITÉS RÉGIONAUX, vij
Commission climatolorjique. — MM. Becquerel, président; Chatin,
DuPEitriEV, J. DU Pué de Saint-Maur, le comte d'EscAYUAC de Lauture,
l'OEY, Deville, marquis de ViBRAVE, Weddell, et E. Becquehel, secrétaire.
Commission induslricllc (pour rexamea des produits désignés comme
propres à être- introduits dans l'industrie). — MM. le baron Séguier,
président; Davin, Doyere, Foculon, Fremy, Helzey-Dexeirouse, Fréd.
Jacquemart, Le Play, Mennet-Possoz, Pelouze, Persoz, Florent Prévost,
et Natalis Rondot, secrètuire.
Commission médicale (pour Fexamen des produits désignés comme
jouissant de propriétés médicinales). — MM. J. Cloqi.'ET, président; Bou-
chardat, Boullay, E. Caventou, Chatin, J.Guerlv, N. Guillot, le baron
Larrey, Leblanc, Mialhe, Michel Lévy, Michon père, PiEVeil, Rufz de
Lavison, et L. Soubeiran, secrétaire.
LISTE DES SOCiÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES
a la société impériale zoologique D'ACCLIMATATION
ET DE SES COMITÉS RÉGIONAUX.
Sociétés afliliées et Comités régionaux français.
La Société zoologique d'acclimatation pour la région des Alpes (Société
zoologique des Alpes), à Grenoble.
La Société régionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, à Nancy.
La Société du Jardin zoologique de Marseille.
Le Lomité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Bordeaux.
Le Comité colonial d'acclimatation de la Guyane française.
Le Comité colonial d'acclimatation de l'île de la Kéunion.
Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Poitiers.
Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Alger.
Le Comité colonial d'acclimatation, à la Martinique.
Le Comité colonial d'acclimatation, à la Guadeloupe.
La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, à Digne.
La Société d 'horticulture eld'acclimatationdeTarn-et-Garonne, à Montauban.
La Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation de Nice.
Sociétés affiliées et Comités régionaux étrangers.
La Société d'acclimatalion pour le royaume de Prusse {AcclimxiUsations-
Verrin fur die Kuniglich-Prcussischen Slaaten), à Berlin.
Le Comité zoologique d'acclimatation de Moscou.
Le Comité d'acclitnalation des végétaux de .Moscou.
La Société d'acclimatalion et d'agriculture de Sicile {Società di acclimastone
e di agricoltura inSicilia , à Palernie.
Sociétés agrégées franv^''*cs.
Le Comice agricole de Toulon.
La Société d'agriculture de Verdun.
La Société d'agriculture des Bouches-ilu-Bhône, à Marseille.
La Société d'agriculture, arts et commerce de la Charente, à Angoulême.
La Société d'agriculture d'Alger.
La Société d'agriculture et de statistique de Roanne.
\iij SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. ^
i.a Sociêlè iragiicullure , sciences, arts et belles-lettres de l'Eure, à Evreux.
La Société iragricultiire du Puy-de-Dôme, à CleniioiU-Fen'and.
La Société des sciences naturelles et arcliéologiriuos de la Creuse, à Guéret.
La Société d'horticulture de la Gironde, à Bordeaux.
La Société d'agriculture, sciences, arts etcuniuierce delà H. -Loire, auPuy.
La Société d'agriculture de l'arrondissement de Dôle.
La Société d'agriculture de la Haute-Garonne, à Toidouse.
I>e Comice agricole de l'arrondissement d'Alais.
La Société des sciences, agriculture et arts du lias-lUiin, à Sti'asbouri:.
La Société centrale de l'Yonne pour l'encourageiiiont de l'agriculture,
à Auxerre.
La Société d'agriculture de Seine-et-Marne, à Melun.
La Société d'agriculture de Provins.
La Société d'agriculture et de l'industrie de Tonnerre.
La Société d'horticulture de l'Aube, à Troyes.
La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère, â Mende.
Le Comice agricole de Melun et de Fontainebleau, à Melun.
La Société d'horticulture de Nantes. '•
La Société d'agricnlture de Louhans.
La Société d'horticulture de fiergerac.
La Société d'agriculture de l'Ardéche, à Privas.
La Société d'horticulture et d'arboriculture de la Cùte-d'Or, à Dijon.
La Société d'agriculture et d'horticulture de Chalon-sur-Saône.
La Section d'acclimatation de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord,
à Saint-lirieuc.
La Société d'agriculture de rarrondissement de Saint-Omer.
La Société d'agriculture de la province de Savoie propre, à Ghandjéry.
Le Comice agricole de Drioude (Haute-Loire).
La Société d'agriculture de Corle (Corse).
La Société centrale d'agriculture du département du Pas-de-Calait;.
La Société d'agriculture, sciences et arts, et Comice de l'arrond. deMeaux.
Sociétés agrégées élrangércs.
La Société d'utilité imbliipic de Lausanne.
I,a Société d'économie rurale de la Côte (canton de Vaud).
L'Académie royale d'agriculture de Turin(/Î('«fc Acccid.d'cnjric. di Torino).
La Société du Cercle littéraire; de Lausanne.
La Classe d'agriculture de la Société des arts de (ieiièvr.
La Section d'industrie et d'agriculture de l'Institut genevois.
La Société impériale et royale d'agriculture de Vienne {Die huiscrliclu'
koiiigUclic Ldnihicirlhsclxtfls-Gcscllschalï iii W'ien).
La Société séricicole de Pologne [Spolka jedicabiiiczii })olska), à Varsovie,
La Société agronomique du Frioul {Associnzionc (Kjruria Friiilana), à Udinc.
La Chand)re d'agriculture de Poit-Louis.
!-a Société d'agriculture du duché de Nassau, à Wiesbadon.
L'Institut agricole catalan de San-lsidro {InstUulo agricola catalan de Sair-
hidro), à Darcehuii:.
La Société d'agi'icullure de Valence.
La Direction centrale d'agi'icultui'e de Stuttgard.
L'Académie agronomiijur de ilohcnheim.
I.a Société royale zoologicpie et botanique d'acclimatation de la Haye.
lUITlOIE LISTE SIPPLÉIME^TAIRE
DF.S MEMBRES
DR l\ SOClF.TK IMPKniAI.E ZOOLOdlOliE li'\Cr,Lni\T\TIO\.
Membres admis du 30 mai 1862 au lô mai ISOr» (I).
MM.
Arai'Jo (Auiinslo (Idmez d'), proiirii'lairfi à Lisbonne, nta Nova da
Trinidade, 30.
.\ft\ori.D (Charles), propriétaire et négociant, à Paris, rue des Pelites-
Ecnries, 8.
.\SSY (Alfred d'), rne de Rivoli, 240.
ArPERT (Ch.), propriétaire, à Saint-Martin-de-Màcon, par Thonars (Den\-
Sèvres).
Al"ZOU\ (le doctenr Hector), à Saint-Leu d'Esserenl (Oise).
Bableo, membre du Conseil général de l'Aisne, à Craonne (Aisne).
Bacquias (le docteur Eugène), chirurgien de niôtel-Dieu, à Troyes(Anbe'l.
Baignikbes, administrateur des chemins de fer de TEsl, rue Blanche, 13.
Barbé (Benjamin), avenue de l'Impératrice, 12.
l'-Al'.BiER, directeur général des douanes et des contributions indirectes,
conseiller d'Etat, rue Saint-llonoré, 368.
Bacdin, ministre de France à la Haye (Pays-1'.as).
Beaudouin, directeur de la Société commerciale néerlandaise, à Nagasaki
(Japon).
BÉciiu (Jules), jardinier en chef de la pépinière de Bislira (Algérie).
Belexot (Ferdinand), propriétaire, à Neuchatel (Suisse).
Bellaic.ne DE Bur.UAS (A.), vice-consul, au château de Tournebise, près
de Pontgibaud (Puy-de-Dôme).
BÉNAZET (Théodore), au château de la Boche-Bellusson, par J,eblaiU'
(Indre), et rue de Bivoli, 210.
Bermo.nd (l'abbé Antoine), ùla Villa Bermond. à Nice (Alpes-Maritimes).
Berthemy, ministre de France en Chine, à Pékin (Chine).
Bertin (Alexandre), à Igny (Seine-et-Oise), et boulevard Saint-Germain,o4.
Bessé (Charles- Martin de), contrôleur des contributions directes, à
Melle-sur-Béronne ( Deux-Sèvres).
BlLLAULT (S. Exe. M.), Ministre, rue Saint-Arnaud, 10.
BiixiN»; (Fréd. de), directeur des fonds et de la comptahilité au ministère
des affaires étrangères , rue Montaigne, 26.
BllxoN, rue du Bel-Air, 18, à Marseille (Bouches-du-Bliône).
(1) Pour les niemlji-ps .-intérieurement admis, voyez la Usle (jinérale des membres, t. Il,
p. XXII à XLVu ; la Première liste supiilémoitaire, t. III, p. .\ii à xix; la Deuxième, t. IV,
p. IX à XX ; 1,1 Trouième, I. V, p. \i à xxiv ; la Quatrième, t. VI, p. vu à xx ; la Cinquième,
t. VU, p. viir ù XVI ; la Sixième, t. VIII, p. vu à xvi; ethSeptièmr, f.lX, p. ix à xvi.
X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
BiOLLAY (Paul), conseiller référendaire à la cour des comptes, ruePigale, I 2.
BoGDANOFF (le professeur Anatole), président de la section de pisciculture
et d'entomologie du comité de Moscou , professeur de zoologie à la
faculté des sciences, à Moscou (Russie).
BoiNVlLLiEus, président de section au Conseil d'Etat, rue de Choiseul, 3.
BONKOWSKl, étudiant enpliarniacie, àConslantinople, et rue dos Postes, 68,
ROREL, négociant à Shang-liaï (Chine).
Bouché (Joseph), propriétaire, à Bois-de-Cené, par Challans (Vendée).
BouiLLOUD (Louis), arbitre du commerce, à Bône (Algérie).
BoURGOiN (Léon), président du tribunal, propriétaire à Chaniplntreux,
commune de Saintry près Corbeil (Seine-et-Oise).
BOURRET (L.), négociant, à Kanagawa (Japon).
BOUTAREL, manufacturier, avenue des Champs-Elysées, 84.
BoYVEAU (A.), rue de Seine, 13.
Brame (Edouard), ancien élève de l'Ecole polytechnique, ingénieur du
chemin de fer du Nord, rue Saint-Dominique, 71 .
Brémare (Antoine), propriétaire, ingénieur civil à l'Ecole cfntrale, bou-
levard de Sébastopol (rive droite), 1 8.
Brignole (te marquis de), ancien ambassadeur, rue de Varenne, 53.
Brosser (Victor), propriétaire, boulevard do Sébastopol {vi\e droite), 84
Budberû (S. Exe. M. le baron de), ambassadeur de S. M, l'empereur de
toutes les Russies, faubourg Saint-Honoré.
Bvharaye (Armand de la), au château de Calac, près de Saint-Jean de
Brévelay (Morbihan).
Bureau (Eugène), propriétaire, à Chaix (Vendée).
Buxerès y Abat (José Antonio), propriétaire, calle dol Palau, 3, à Dar«
celone (Espagne).
Cabarrus (Julien de), consul général et chargé d'affaires de France dans
l'Amérique centrale, à Guatemala.
Cailloué ((Charles), propriétaire, rue du Faubourg-Sainl-IIonoré, 83.
CARDOisO (Nuno Alvès Pereirade Mello), capitaine de la marine brésilienne,
commandant du navire à vapeur Vlnca, h Manaos, province des Ama-
zones (lîrésil).
riERRUTi (J. B.), consul de S. M. le roi d'Italie à Bahia (Brésil).
Charlesworth, à Versoix, campagne Machard, près de Genève (Suisse).
Chauviteau (Ferd.), ancien agent de change, rue d'Anjou-St-Honoré, 9.
Chevigné (le comte Louis de), au château de Boursault près Dauiery
(Marne).
Chigi (S. Exe. Mgr), archevêque de Myre, nonce du sainl-siége aposto-
lique, rue de l'Université, 69.
CoLLiN (Charles), fabricant de produits chimiques, rue Ouincampoix, 15.
Combes (le docteur), rue de l'Arc-de-Triomphe, 6.
CoRDOÈN, procureur général près la Cour impériale, conseiller d'Elaî,
rue de Berlin, 34.
CoRTiER (Henri), propriétaire, ;'i Elourvy (.\nbe).
Corvisart (le docteur baron Lucien), médecin ordinaire de l'Empereur,
au palais des Tuileries.
Çqsta (le professeur Achille), directeur du Musée de zoologie de Vum-
versité de Naples, via S. Antonio alla Vicaria, à Naples (Italie).
HUITIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XJ
Costa de Beaurrgard {\f comte Josselyn), ti l'Iiôtel df Costa, à Cliain-
béry (Savoie).
CoTTLE, à Woodsiock (Conaila).
CoURCEL (Alphonse de), an ministère des affaires élrnn!;ères,
COURCY (!e comte E. de), rue de rSellechasse, 72.
Cramail (Adrien), maire de la commune de Rueil (Seine-et-Oise), ei rue
d'Alger, 5.
Uauzat DEMBARRh:RF., député ail Corps législatif, vice-président du Conseil
général des Hautes-Pyrénées, rue Tronchet, fj.
D.wiAU, propriétaire, à Roche-Servière (Vendée).
Debain'S (Alfred), étudiant, rue delà Chaussée-d'Antin, 4i.
Decharme (Th.), ingénieur en chef des ponts et chaussées, à la Rochelle.
Pegreaux (L.), propriétaire, fondateur du Jardin zoologicpie de Nice, rue.
de France, 60, à Nice (Alpes-Maritimes).
Pelisse (E.), rpiaidesChartrons, 7, à Bordeaux (Gironde).
Pesbarats, président de la Société d'horticulture de Montréal, à Mon-
tréal (Canada).
pESf.oussEAUX DE Medrano, président de la Société d'horlicullure des
Ardennes, rue Richor, -iS.
Pestouv, notaire honoraire, au Thoult, par Montniirail (Marne).
DoNNEDiEU de Saint-André, propriétaire, rue Porée, à Nmies (Gard).
DROUiN(Jules), juge au tribunal de commerce, maire du 4'' arrondissement,
rue Sainte-Croix de la Rrotonneric, 21 .
BUCHENNE (Emile), de Boulogne, boulevard des Paliens, 33.
DrcoMMUN (Henri François), propriétaire, à la Chaux- de -Fonds (Suisse).
Pufaure (.1.), ancien ministre de l'intérieur, rue Lepelletier, 20.
DuFAURE (Gabriel), à Vizelle, par Cozes (Charente-Inférieure).
PuFFit; (Aug. -Achille), fabricant de sucre el agriculteur, à Braisne (Aisne).
PUPONT (le docteur .lean-Bnptiste), propriétaire, à Tingry, par Samer
(Pas-de-Calais).
PupONT (le docteur), au Haut-Tingry, par Samer (Pas-de-Calais).
PUPUY (le docteur Louis), vice-président de l'Association locale des méde-
cins des arrondissements de Laon et Vervins. à Fcstieiix, canton de
Laon (Aisne).
PuRV (le docteur), faisant fonctions de vice-consul, à Nagasaki (.Japon).
PUTERTRE (Florent), directeur de la bergerie impériale du Haut-Tingry,
par Samer (Pas-de-Calais).
Fattet (Georges), rue Saint-Honoré, 2^').
Faultrier (Alphonse de), officier supérieur du génie, en retraite, à
Vaux, près de Metz (Moselle).
Fernan Nunez (le duc de), propriétaire en Espagne et en Belgiipie, calle
de Santa-Isabel, à Madrid (Espagne).
Ferrand (Joseph), préfet de la Haute-Savoie, à Annecy (Haute-Savoie^.
FlÉRON(le général), ancien gouverneur de la Guadeloupe, au cliàieau iU
Saint-Jean de Monfpouillant. par Meilban (Lot»et-Garoinie).
Fi.EURlMONT (Charles), propriétaire, avenue Victoria, 8.
FoLSCH (Charles-Henri), vice-consul de Suède, de Norvège il de Pane-
mark, rue Sylvabelle, 37, à Marseille.
Fontaine (Jules-Penis), marchand grainier, horliculleur, iptai de h
Mégisserie, 6.
1-
XIJ SOCIÉTÉ JMPÉiUALE ZOULOGIQUE D ACCLIMATATION.
I'uubi.n-Janson (le marquis do), rnnsul îrénéral, chargé d'affaires de France
il Haïti, rue Tiiérèse, I 1 .
FoucEMOL, chef d'escadron d'élal-ninjor, conniiandant supérieur du cerclt'
de Bisivra, division de Conslanline (Algérie).
l'orciiEB (Alpiionse-.lean-Louis), ollicier piincipal d'administration de la
guerre, directeur du service des fourrages à Paris, rpiai de la liàpée, \ (».
FocrtMEn (Henri), minisire de France à Stockholm.
FiiANEisco-MAiiTlN (S. Exc. M. de), ministre plénipotentiaire de (iuale-
maia, rue Fortin, 3, à Paris.
FiiossAHt) (le général de division), aide de camp de l'Empereur, rne
d'Amsterdam, 31 ,
(j.\itte-La[U(.audie, notaire aux Marlresde-Veyre, parVeyre (Puy-de-Dôme).
i;ai\CIA (Doroteo), sénateur, à Montevideo.
CiASN'iER (l[.), propriétaire à la Itruyère près P>augé (Maine-et-Loirc).
TiELOT (Antony), négociant et agent commercial du gouvernement du
Paraguay, à FAssomption, et rue Piochechouart, 33.
(Ierebetzoff (S. Exc. M. Nicolas de), vice-président du Jardin zoologiquo
de Moscou, à Moscou.
(iERMiNv (le comte de), gouverneur de la Banque de France, à Paris.
(îiELET DE Grandmonï (Anatole), rue Joubert, 18.
GiMET (le capitaine Paul), commissaire de l'émigration, au Havre.
GiiNOT (Jules), agriculteur, à Soulages, près de Saint-Chamond (Loire).
TiiREAUD, secrétaire général de la compagnie des chemins de fer de l'Est,
à Paris.
(Iofflnt-Delrue (J.F.), avocat, membre de plusieurs sociétés savantes, à
Mons (Belgique).
FiOLT/, (S. Exc. M. le comte de), ambassadeur de S. M. le roi de Prusse,
à Paris, rue de Lille.
UousciiKOFF (Jean), négociant, conseiller des manufactures, à Moscou.
(iOYON (le général comte de), sénateur, aide de canqi de l'Empei'enr, rue
d'AsIoi'g, 31 .
(Iraichen (Heinrick), à Leipsick (Saxe).
<i(;iDO (José), capilaine de cavalerie, à Buenos-Ayres.
riUiRAun (le baron de), rue de Grenelle-Saint-Germain, cité Martignac.
Hareut (Charles-Gustave), à Montfort-FAmaury l'Soine-et-Oise), et rue de
Provence, 52.
Haudos (Justin), propriétaire, député au Corps législatif, membre du
Conseil général de la Marne, à l-oisy, par Vitry-le-François (Marnej.
HoBÈs (Monseigneur Al.), évêque missionnaire de la Sénégambie, à
Dakkar, près de (iorée.
IIiir.EE (le baron de), premier écuyer et chamiiellan de S. M. h' roi do
Wurtemberg, à Stuttgard (Wurtendierg).
Hi'OT ((nistave), agriculteur à Troyes (Aubei.
Imuaus (Georges), à Foix (Ariége).
Issakoff (Michel), délégué de la Société d'acclimatation de Moscou, à
Saint-Pétersbourg.
ISTURiz (S. Exc. don Xavier de), andiassadeur de S. M. Catholique, quai
d 'Orsay.
Jeger (Philippe), négociant, à la Chaux-de-Fonds (Suisse). ^
JuuiOT (A.), anrieu ollicier d'état-major. rue de Clichy, ••o.
llUniKME LISTK SI PPLEMENTAIUE DES MEMBRES. MIJ
■IijAMCo, lu-i'sidt'iit delà Cour do tassalioii, à Montevideo.
JiLiEN (Stanislas), de l'Institut, udniinistrateur du collège de France, pro-
fesseur de langue et delittéralnrc cliinoises, rue des Fossés-Saint-.Iac-
(jues,2C.
KEitziii.i.l (Nicolasi, nieinbrc du Coiuilr d'accliiuatalion de Moscou, à
Moscou (lUissie).
Kosr.HEi.KW (Alexandre), uré^-idciil de la Société d'agriculture de Moscou,
à Moscou (nussic).
KoTSCHOtJUEY (le prince Michel), niaréclial de la cour de S. M. l'einpo-
reur de Uussie, nu- du Centre, "i.
KURANDA (Ignace), nienilire du (jonseil de l'eiuiùre d'Autriclie, à Vieinip.
LAM»É(PliilJppe), négociant, à Luçon (Vendée).
Lacroix (.Jean), labricant de papiers, rue Mazarine, fiO.
La Ferriere (le vicomte de), chaniliellan de l'Empereur, rucLavoisier, !».
La GiRALDAis (Charles), avocat, à Nantes (Loire-Inférieure).
La(^.RANGE (Tony), propriétaire agriculteur, à la Pré-Verte, près de Pont-
château (Loire-Iniérieure).
Lac.rms DE Lanceron, sous-préfet, à Nogent-siir-Seine (Aube).
La Gl'Éronniere (le vicomte de), sénateur, rue du Cir(|ue, G.
Lamv (Victor), propriétaire, au château d'Héritot, par Troiiarn ((Calvados),
et rue Bourdalou(î, 5.
Landrin (A.), médecin-vétérinaire, rue Albouy, \2.
La UonuK Ordan (le coinle de), boulevard des Invalides, 1.5.
Latolr-Maurol'IU. (le man|uis de , nu' de la Ville-Lévèipu.', 22.
L\rNAY(le comte Maui'ice de), au château de Courcelles, conunune de
Clérey (Aube)-
Lecreux (Alfred), rue ilu Faubourg-Poissonnière, .'lO.
Le Dentu. connnissaire de la marine, à Cherbourg.
Lefh;vre (Amable), négociant à New-York (Etats-Unis).
Le Gendre Décmv, ingénieur, place du Martroy, à Nanterre (Seine;.
LeHuédé, avocat, maire dcCorsept près Gaimbieux, rue de la Fosse, 1 ,
à Nantes (Loire -Inférieure).
Lejeune (le docteur), place Vintimillc, 1.
LelioN-Damiens, inspecteur des éludes, à l'institution Ste-IJarbe, à Paris.
Lelouterel (le général), à la (Juetonnière, commune d'Olivct (Loiiel), et
rue Godot-de-.Mauroy, 2G.
Lemaire (C), négociant, à Sliang-liaï (Chine).
Le Movne, ministre plénipotentiaire, rue Caumarlin, (J2.
1;ENTHÉR1C (Charles), ingénieur des ponts et chaussées, à .Mirande (Gers).
Leqi'IN', directeur de la ferme-école du déparlement des Vosges, à la
ferme de Lahayevaux [Vosges).
Leroux (Alfred), député, rue Sainl-llonoré, 364.
Lix (Charles), rédacteur dujiMuiial lu f/ibcrlc, à Corientes (confédération
Argentine).
LoRioL, directeur de l'Ecole jirci'aralou'c à la marine, rue d'Enfer, 49.
Lgydre.\U (Edouard), propriétaire et maire de Chagny (Saône-etLoire).
MAir.NE, conseiller d'Etat, rue CastigHone, 10.
MAi.ARETde baron de), ministre de France, à Bruxelles.
.Manes (Alfred), négociant, à Saint-Denis (la Réunion).
MANRincEde D'Camilo), consul de Venezuela, à Bayonnc (B. -Pyrénées),
xiv SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Mahqijes Lisboa (S. Exc. m. le chevalier), envoyé extraordinaire el ministr<*
plénipotenliaircdeS. M. l'Euipercur du lirésil, boulevard Monceau.
Mars (^Uenry), ancien négociant, rue UoursauU, 0.
Martel (Ernest), jnopriétaire, à Saint-Onier (Pas-de-Calais).
.Matiiabel (de), préfet de l'Orne, à Alençon (Orne).
Matthiei- (.).), consul de Porlugal, à lîruxelles, rue lîoyalc, Mî (Belgique^.
Maudan (René-François), propriétaire, rue Guénégaud, 17.
Maumy (Jules), négociant, rue du liouloi, '26.
MÈGE (le docteur Jean-Baptiste), membre de l'Académie impériale de
médecine, rue Sainte-Anne, 40.
Mehemmed-Djémil-Pacha (S. Exe), ambassadeur de la Porte Ottomane,
à Paris.
Mendiola (Ignace de), ingénieur civil à la Havane (île de Cuba), et rue de
Ponthieu,20.
Mesgnil d'Auhentièue (Charles du), rue St-Louis, 53 (Batignolles-Paris).
Messageu (Prosper), ù Saint-Uenis du Sig, Bois sacré, propriété Herzog,
province d'Oran (Algérie).
Metman, vice-consul des Pays-Bas, à Nagasaki (Japon).
Meyer, propriétaire et négociant, à Montevideo (Uruguay).
Mocquaï (Henri), négociant ù Luron (Vendée).
MoNiCAULT (Paul de), attaché au ministère des affaires étrangères, rue de
la Pépinière, 57.
MoN'TEBELLO (Fernand de), rue d'Antin, 10.
MoTOFSKi, à Nagasaki (Japon).
MoïSEN, membre du Conseil général de l'Aube, rue Godot-de-Mauroy, 29.
Neumann (Louis), jardinier aux serres du Muséum, rue Cuvier, 57.
Newill, 29, Upper Grosvenor street, à Londres (Angleterre).
NoCHÉ, notaire, à Troyes (Aube).
Nœau (Péhx), notaire, à la Roche-Scrvière (Vendée).
NoÈL, sous-directeur au ministère des atfaires étrangères, rue de ILmi--
\ersité, 83.
NouBEiiT-EsTiBÂL, placc de la Bourse, 12.
OiiLSEN (Charles-Tliéodore-Alexandre), agriculteur, strada GroKone d»
Pallazzo, 25, à Naples. ^
Pallu, propriétaire et directeur de la compagnie du Vésinel, rue Tait-
bout, 63. _
pAiioDi (Domingo), pharmacien, chimiste et botaniste, à I Assomption
(Paraguay).
Pascuae Y iNGLADA (llilario), banquier, 27, calle Dormitono, a Barcelone
(Espagne).
Peck (Prosper), négociant, rue de la Grande-Truandene, 32.
Penel (Isaac-Franrois), propriétaire à Louveciennes, canton de MaHy-!f-
Roi (Seine et-Oise).
pEREir\A (Antoine), iiropriétaire, à Montevideo (Uruguay).
PéRIGNON (le baron Maurice), propriétaire, rue de la Pépinière, 10.
Petin membre du Conseil général de la Loire, maire de Rive-de-Gier (Loire).
PlERMÉ (le docteur César-Âlexandre), à Bruyères, par Laon (Aisne).
PiZARRO (Manuel), Lottergasse, 274, à Bàle (Suisse), et à la Havane. île
de Cuba
PuNCY (le baroti de), député, àPlaucy-sur-Aube(Aube), etrue dulJac, 46
HUITIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XV
Pompe van Meerde \VooHT(le doclenr), à Nagasaki (Jaiiou).
PoNCEAU (le docteur Théodore), l'Ile Blanche, 27.
Pons Y Soler (1.), propriétaire, à î\Iahon (Espagne).
PoussiELGUE(.\cliille), rue deGrenelle-Saint-Gerniain, 123.
PUYTESSON (A. de), propriétaire, à Napoléon-Vendée (Vendée).
Rambourgt (le vicomte de), député, à Troyes (Aube), et rue d'Alger, .5.
RElNACH(le baron de), secrétaire de la légation de France, à Stultgard
(Wurtemberg).
Reinacii (le capitaine de), ol'licier d'ordonnance de S. Exe. M. le maréchal
Re^naud de Saint-Jean d'Angelv, rue d'Austerlitz, 36.
Remisa <le marquis de), à Madrid (Espagne).
Renal'ld (Edouard), propriétaire, rue du Temple, 43, à Troyes (Aube).
Rey (le docteur Henry), médecin adjoint de l'asile impérial de Vincennes.
rue Pavée -an-Marais, 6.
RiOTTOT (Jules), au château d'Osny (Seine-et-Oise), et rue de Reuilly, 73.
Rivière (Jules), architecte, boulevard de Sébastopol, 55, rive droite.
Robinet (le baron de), colonel d"élat-niajor, aide de camp de S. Exe.
M. le maréchal Regnaud de Saint-Jean-d'Angély, à l'Ecole militaire.
Rochette (Ernest de la), ancien représentant, au château du Quenet, par
Herbignac (Loire-Intérieure).
Roger, propriétaire, au château d'Anfernel, près de Vire (Calvados), et rue
des Carrières, 9 (Datignolles-Paris).
Roger-Uesgenettes, chef du 50'' bataillon de la garde nationale de la
Seine, propriétaire et percepteur, à Saint-Maur (Seine).
Romanâ (S. Exe. M. le marquis de la), grand d'Espagne, à Pahua, île
Majorque (Baléares).
ROTHAN, premier secrétaire de l'ambassade française à Turin (Italie).
Rouher(S, Exc. m.), Ministre de l'agriculture, du commerce et des tra-
vaux publics, à Paris.
Rumine (S. Exc, M. Nicolas), président du jardin d'acclimatation de
Moscou, à Moscou (Russie).
Saenger, secrétaire pour l'étranger du comité d'acclimatation de Moscou*
à Moscou (Russie).
Saint-Georges (le chevalier Léonce de), ministre de France au Brésil,
rue de la Pépinière, 108.
Saint-Gehmain (de), député, rue de Valois-du-Roule, 9.
Sala (Adolphe), à Alexandrie (Egypte), et rue Pigale, 22.
Salazâr y M.vzarredo (Eusobio de), 34, rue Horialeza, à Madrid.
Salvador (F. S.), rentier, place de la Madeleine, 17.
Sandui (Théobald), négociant, à Tien-tsinn (Chine).
Sanford, ministre des Etats-Unis, à Bruxelles (Belgique).
Savardan (le docteur), à laChapede-Gaugain, par Bessé (Sarthe).
ScHiscHKOFF (Nicolas), président de la Société d'agriculture de Lebedianf ,
àLebediane (Russie).
SciiWEiZER (le baron de), envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire
du grand-duché de Bade, rue Blanche, 62.
Sërbat, chimiste manufacturier, quai Malaquais, 19.
SiEBURG, ex-officier de la marine néerlandaise, à Nagasaki (Japon).
SiLVA Castro (le docteur Francisco da), membre de l'Académie impériale
de médecine de Rio de Janeiro, à Rio de Janeiro (Brésil).
\V) SOCIÉTÉ IMl'EIllALt; ZOULUGKJUE D MiCLlMATATlUN.
Si.MdM (J.r«"".), (lucleur en iiitdcciiic, j>r(i|iriélairc, h l'ile de. Cuba, cl rue
(les Eciii'ios-erArtoih;, 3(3.
SOCSA (José Augiislo (iel, coiisiMvalciir adjoint du nnisée rn_\al de l'or-
tngal, à Lisl)onne.
Sl'DD.S. (déliai, éUidianl en médecine, à (_",(iuslaulin(nd(^ (Tnii(iiie), et vn<'
Hautefcnille, 1 .
SURiGNV (Albert de), |iro!iriétaii'c, à Prisse, par Màcon (Saùne-ct-Loire).
Surville (Félix-Maric-Altrcd de), an chàlean de Lacoste, près de xNimes
(Gard).
rALiLlAr.UK (Esioile), ]iropriétaire. à Milan (llaliei.
Taveau (Constant), propriétaire, rue de la Victoire, 7 ! .
TeissoiNMEUE (Henri), négociant, à Florac (Lozère).
TiiiEHUY-MiEG (Charles), secrélaiic de la Société industrielle do Mulliouse,
à Paris, rue Flécliier, 2.
Tlio.MAS (Lniilei, ingénieur, à la villa Saisi, à Mce (Alpes-Mariliines).
Thouukau, propriétaire, au château de Polisy (Anhe), et rue (hi Fau-
bourg-Poissonnière, 1 '2 I .
Tiuv (Panl-Anloinei, attaché au d'''paitenieiit des affaires étrangères, rue
du Bac, 32.
ToiJCiiARD (Arthur), proiulétaire, à Courcelles près Pontoise (Seine-ot-
Oise).
ToUiiNlOL, receveur municipal, à Milianah (Algérie).
Traltmann (Daniel), propriétaire au Barré, commune de Charly (Aisne).
TnElLHARn(lc comte), directeur de la presse au ministère de lintérieur,
nie Loiiis-'e-(Jrand, 1 8.
Tuo.MELiN (le comte de), député, me de la Mlle-Lévéque, Go. «
TuOïTEMANT, propririaiie. domaine deMousseaiix, prés de Draveil (Seine-
ct-Oisct, et rue Ilauteville, 28.
Truchy (Fmile), négociant, rue de Rivoli. 136.
Tsr.uoiJGoUROMSKY (S. ]v\c. M.), doyen de la faculté des sciences de
Moscou, à Moscou (Piussie).
Valeho de Uuria (le marcp.iis de), propriétaire en France et à la Havane,
rviede Marengo, i.
Vallat (le vicomte de), consul général de France, à Barcelone (Espagne).
Vandal, directeur général des postes, conseiller d'Etat, rue Jcan-.lacqiies-
Uoussean,9.
Valciier (Frit/), négociant, à Shang-haï (Chine).
ViNSON (le docteur), à Flic de la Béunion.
U'attebled, agriculteur, à Maisons-AH'ort (Seine).
\Vim:,klek (Edonanb, pcrcepleiir, à Is-sur-Tille (Cùle-d"(.h).
/Lik (Oscar), professeur au collège impérial e! royal de Tesclien (."ilcsic,
Autriche).
ZonN DE Bi LaGII (le baron de), chambellan de FEmpercur, membre du
Conseil général du Bas-Hiiin, maire d'OslIiauM'ii (Bas-Bliin).
MENSUEL
DE Là. SOCIÉTÉ IMPÉHÎALE
ZOULOGlnlE )
D'ACCLIMATATION
Fondée le 10 Février 1854.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
•'' Sll\ LE
TKOIPEAU DE LAMAS ET D'ALPAGAS
' ^ LMrOIlTli EN iHANCK E.N 1860.
Vav M. Frédéric JAC^^UKMART.
(Séance du (i janvier 18Go.)
En se[)Lcmbre !l800, arriva à Bordeaux le Iroupeau d'Alpa-
cas et de Lamas aiiieiié en France par iM. lioehn [xjur le
compte de la Société impériale zouloyitiuc d'acclimalation.
Un mois après, la yalc, (jui, lors du débarquement, avait été
reconnue chez quelques sujets aussitôt sépares du troupeau,
s'était manifestée successivement sur tous les autres.
Elle se développa d'une manière extraordinaire sur ces
animaux, dont la constitution, mali^ré do bonnes apparences,
avait été Ibrtement ébranlée par les fatigues et les privations
d'un long- et pénible voyage. Sur cent vingt bêtes embar-
quées, quarante-cinq seulement étaient arrivées au port!
Appréciant sainement les circonstances, notre administra-
tion, d'accord avec notre vétérinaire, M. Leblanc, avait voulu
tout d'abord soumettre les animaux à un régime substantiel
et réparateur, et les nourrir en partie avec des grains, alin
de combattre, non-seulement les mauvais effets du voyage,
mais encore les causes débilitantes dues au changement de
milieu, à la saison froide et humide, à la moindre qualité des
T. \. — Janvier cl Février 1803. ♦!
n*
•
'2 SOCIÉTÉ I.MPÉHIALE ZUOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION.
i'ourragL'S cl aux mauvaises condilions hygiéniques d'une
installation improvisée pour un si grand nombre de bêtes.
Mais des personnes qui avaient vécu au Pérou déclarèrent
avec une telle autorité (}ue ce régime serait funeste, qu'on
n'osa pas aller contre leur avis. Nous avons toujours regretté
cette soumission modeste de l'expérience éclairée, qui tenait
compte des climats et des milieux, devant une expérience
locale, il cstvrai, insistant avec d'autant plus de force, qu'elle
croyait avoir les faits en sa faveur, mais paraissant oublier
que le climat du bois de Boulogne, que les fourrages de
France, sont loin d'avoir l'énergie fortifiante de l'air et des
plantes des Cordillères, et que le régime (jui convient à des
animaux vigoureux et en santé ne saurait leur convenir lors-
([u'ils sont affaiblis et malades. Cependant, dès les derniers
jours d'octobre 1860, la gale, sous ces épaisses toisons, était
devenue si intense sur toutes les parties du corps, que les
traitements partiels devenaient tout à fait impuissants.
On fut forcé, pour atteindre partout un mal qui menaçait
d'être mortel, de faire, dans les derniers jours d'octobre et
les premiers de novembre, une tonte générale.
Les effets de celte tonte, malgré l'emploi de doubles cou-
vertures, furent désastreux et foudroyants. Il faut les attri-
buer à l'ébranlement qu'elle causa dans la constitution des
animaux déjcà affaiblis par les fatigues du voyage et par la
maladie, à l'époque avancée de la saison, à des gelées pré-
maturées et très vives qui survinrent alors, à une installation
et à un personnel insuffisants, malgré le zèle de tous, pour
les soins à donner à quarantc-cintj bêtes devenues tout à coup
gravement malades.
En peu de jours, presque toutes succombèrent, il n'en
restait plus que sept dans le i)lus fâcheux état, lorsiiue notre
Conseil pensa qu'on devait les soustraire à l'influence j)erni-
cieuse d'étables empestées par le séjour et par les déjections
de tant d'individus mortellement frappés.
Le Conseil, sachant que nous pouvions disposer d'un local
convenable, nous confia ces animaux en les laissant sous la
surveillance du Jardin, sous la direction médicale de M. Le-
blanc, dont le /èle et le savoir ne firent jamais défaut, et suus
DES LAMAS ET ALI'ACÂS IMPORTÉS EN FRANCE. ."
kl garde du berger Ch. RuolT, aii([uel vous avez décerné
plus tard une de vos récompenses pour ses bons services
dans cette circonstance.
Lo 7 novembre 1860, les sejjt Lamas et Alpacas lurent
installés dans une pièce saine, munie d'un poélc, qui, allumé
jour et nuit, tant que cela fut nécessaire, entretenait une
douce température (10 à 12 degrés) et assainissait la pièce,
en en renouvelant l'air incessamment. Chaque animal avait
une double couverture. Une litière abondante et toujours
maintenue très propre recouvrait le sol, nettoyé chaque jour.
Le berger installa son lit dans l'étable même, de manière à
exercer une surveillance continuelle.
La diarrhée et la faiblesse générale disparurent peu à peu
sous l'influence de lavements laudanisés, de boissons et de
substances fortifiantes (eau de riz, extrait de quinijuina),
d'une nourriture saine et riche, consistant en bons fourrages et
en graines de plusieurs espèces, présentées en petite quantité
à la fois, soit pures, soit mêlées de son, soit écrasées.
La gale fut combattue par des lavages fréquents et conqileis,
laits avec de l'eau tiède et savonneuse, suivis d'onctions faites
sur toutes les parties malades avec la pommade de Leymerie.
Ce régime fut continué jusqu'à ce que certains symptômes
de réaction inllannuatoire se manifestèrent. On le suspendit
aussitôt. Des lavements émollients, des boissons adoucis-
santes d'eau de graine de lin, etc., furent ordonnés; la nourri-
ture fut réglée ; on y lit entrer une portion notable de carottes,
et dès que le temps le permettait, les animaux pâturaient sur
une pelouse ou étaient promenés dans un vaste jardin.
L'intensité de la gale diminua assez rapidement; mais
malgré toutes les précautions prises et par suite de l'inqios-
sibilité d'atta(iuer à la fois tous les points malades, on voyait
le mal reparaître d'un côté, (juand il disparaissait de l'autre.
Après quatre mois de ce régime, les animaux étant devenus
plus robustes, on les baigna dans une baignuirc avec de l'eau
tiède : là ils étaient savonnés avec soin sur tout le corps ; les
croûtes se détachaient et la ponunade agissait plus elïicace-
ment. Néanmoins, après six semaines de bains, la gale ne ^
h SOCIÉTÉ IMl'ÉHLVLE ZUOLUGIQUE d'aCCLIMATATION.
(lispai'ciissail jias cuiii[)l('l(Mii('iil ; on rclrouvail toujours I aca-
ruslàoù des cléniangeaisons se iiiaiiifestaient.
Ou eut recours alors {li mai 18(31) à uu bain arseuical de
/|0 à âS degrés cenligrades de chaleur, coiuposé de 1^00 litres
d'eau, de 10 kilogr. de sulfate de zinc et de iôOO grammes
d'acide arsénieux. Ces subslauces, dissoutes dans de l'eau
bouillante, turent mêlées à l'eau tiède du bain.
Chaque animal, préalablement tondu, y l'ut plongé pendant
cinq minutes et l'rolté énergiquemenl par tout le corps, et
principalement sur les parties malades, avec une brosse de
chiendent. A la sortie du bain , l'animal, légèrement essuyé,
atin de laisser sécher sur sa peau l'eau saline du bain, rece-
vait deux couvertures lavées à neuf, et était rentré dans
rétable chautlée, après une course au trot de (luehjues
minutes, servant à rétablir la circulation.
Depuis on ne trouva plus sur les animaux aucun acarus,
La gale avait disparu.
Dès le commencement de la belle saison, les i>amas étaient
libres, pendant le jour, de sorlir à volonté. Lorsque leur
toison eut atteint une certaine longueur, la saison, d'ailleurs,
étant douce, ils lurent libres la nuit comme le jour, et dej)uis
il en l'ut toujours ainsi, excepté jtar les temps très l'roids ou
li'ès pluvieux; alors, par prudence, on les enfermait la nuit.
C'est ainsi (}u'ont été conservés les sept animaux qui nous
avaient été confiés. Ils sont aujourd'hui dans d'excellentes
conditions de santé. Ce sont: un Alpaca màlc, un Lama mâle,
cinq Lamas femelles.
L'une de ces dernières a été expédiée dans ki^ Alpes, il y a
un an environ.
Les quatre femelles conservées viennent de nous donner
chacune (du i) mai au /i juillet 18CV2), un Lama mâle. Ces
(juatre élèves, parfaitement constitués et vigoureux, s'élèvent
.ivec beaucoup de facilité. '
La valeur des animaux conservés et celle de leur croît sont
de beaucoup supérieures aux dépenses totales occasionnées
pal' les soins qui leur ont été donnés, ainsi qu'au troupeau
tout entier; et en outre la Société, en persévérant dans cette
DES l.AMAS ET ALPAGAS IMPORTÉS EX FRANCE. 5
pénible étude, a acquis, ce qui n'est pas moins importaul,
une expérience dont elle prolitcra dans l'avenir.
Voici quelle fut la nourriture des animaux aux diverses
époques de leur traitement :
Dés qu'ils entrèrent en convalescence, on leur donna par
tête et par jour : -
1° Un demi-litre d'avoine et un demi-litre de son, mèh-s.
2" Une botte de carottes coupées. (La boite contient neuj"
ou dix carottes, et coule 'JO centimes.")
."" Du foin et de la luzerne, de 1 à '2 kilogrammes.
A partir du mois d'avril 1861, les bètes furent mises pen-
dant quelques heures, chaque jour, sur des pelouses qu'elles
pâturaient; on diminuait alors la ration de foin.
Vers le mois de septembre 186 1, les animaux étant en bon
état, on supprima peu à peu le son et l'avoine, et. la ration,
devenue normale, se composa, par tôle et par jour, d'une
botte de carottes, d'une demi-botte (2 kilogr. 1/2) de foin ou
luzerne.
Depuis le printemps 18(52, on a supprimé une partie seule-
ment du foin sec, qu'on a rempiaci' par de l'herbe verte pro-
venant de la coupe de gazons parisiens.
Nous avons pensé qu'il était nécessaire de bien alimenter
les mères nourrices, alin que leurs petits pussent se déve-
lopper et devenir robustes sous l'intluence d'un lait riche et
abondant. A cet effet, dés le troisième jour de la mise bas,
nous avons donné à chaque mère un demi-litre de son et un
demi-litre d'avoine ; puis cette (juantifé a été portée successi-
vement à un litre de son cl à un litre d'avoine par jour, en
sus de la ration ordinaire.
En outre, dans l'étable, nous avons séparé un petit compar-
timent où les jeunes Lamas seuls pouvaient entrer et venir
manger une petite ration de son et d'avoine.
Ce régime a paru atteindre parfaitement le but qu'on se
proposait, jusqu'au 24 juillet dernier, époque à laquelle les
dix animaux ont été reconduits en très bon état au Jaidin
d'acclimatation.
Nous avons dit que celle expérience profiterait poiu'
6 SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOCIQUE d'ACCLTMATATION.
l'avenir à la Société d'acclimatation ; il nous semble, en effet,
(ju'elle y a puisé do précieux enseignements applicables par-
ticulièrement à des cas semblables, et généralement au plus
grand nombre d'introductions nouvelles.
Si des circonstances semblables ou analogues se présen-
taient, la rnarcbe suivante nous paraîtrait tout indiquée :
1" Mettre à part, dans tous les cas, les animaux galeux ; les
soumettre à un bon régime réparateur et substantiel, variant
selon l'époque de l'année.
Les tondre après quelques jours de repos, en laissant à la
toison 2 à 3 centimètres de longueur, et les couvrir d'une ou
deux couvertures, selon la saison.
Administrer deux ou trois bains tièdes (à deux ou trois
jours d'intervalle) d'eau savonneuse, alin de nettoyer les
animaux et d'atteindre les croûtes; frotter les animaux dans
les bains ; puis donner un bain d'eau pure et enfin un bain
arsenical, comme il a été dit plus baut.
Si la saison est cbaude, enfermer les animaux pendant la
nuit et pendant les jours de mauvais temps, et surtout après
les bains, dans des pièces saines et à bonne température.
Si la saison est froide, les enfermer jour et nuit dans des
pièces chauffées et ventilées. Leur faire faire des promenades
de santé, quand le temps le permet. Ne les, réunir jamais aux
animaux sains qu'après une parfaite guérison.
2" Listaller les animaux sains dans des locaux aérés ,
ouverts sur des parcs, et les laisser, selon leur volonté, cou-
cher à couvert ou à la belle étoile, excepté par des temps de
pluie ou par des froids très vifs.
?]viter surtout l'encombrement d'animaux habitués au
grand air et aux grands espaces.
Donner une nourriture composée de foin ou de luzerne,
de carottes, de son et d'avoine, en ayant soin de n'arriver
qu'en quelques jours à la ration définitive et normale de ces
deux derniers éléments.
Selon la saison, remplacer une partie de la nourriture
sèche par delà nourriture verte.
Puis enfin, lorsque les animaux sont reposés et refaits,
DES LAMAS ET ALPACAS IMPORTÉS EN IT.ANf.E. 7
siij3prjmer progressivement la raliuii de sou et (Tavoine, si
rcxpérience prouve que ectte suppression peut èlre faite sans
inconvénient.
On devrait, d'ailleurs, y revenir de temps en temps, pen-
dant des saisons défavorables, ou si le besoin s'en faisait
sentir par une cause quelconque.
Il ne faut pas oublier, en cfïet, que l'herbe des monlagnes,
fine, sèche, aromatisée, est bien plus nourrissante, plus exci-
tante que l'herbe de nos fertiles vallées, et qu'il est impor-
tant, au début surtout, de compenser cette différence par
l'addition de graines à la ration, du moins jusqu'à ce que les
animaux soient faits à leur nouveau genre de vie. C'est très
probablement pour ne pas avoir tenu compte de ces condi-
tions, qu'on a dit souvent que des animaux des montagnes
transportés dans les plaines y perdaient leurs qualités.
Dans le cas môme où les animaux sains devraient être
immédiatement transportés dans la montagne, nous pensons
qu'il serait salutaire de leur donner une ration fortifiante,
jusqu'à ce qu'ils fussent remis des fatigues du voyage. Un
abri nous paraîtrait nécessaire. Nous pensons aussi que la
tonte des animaux vivant dans la monlagne ne saurait se
faire aussi ras que, sur les autres, et qu'elle devrait èlre
accompagnée de certaines mesures de prudence.
Nous dirons, en terminant, que postérieurement aux faits
rapportés plus haut, nous avons appris d'une personne par-
faitement autorisée à le dire, qu'une tonte faite en mauvaise
saison, sur les Lamas de Versailles, dont l'état de santé n'était
pas des plus satisfaisants, avait été suivie de prés de la mort de
tous les animaux, et qu'il était difficile de ne pas attril)uer leur
perte à cette opération faite dans les circonstances indiquées.
On ne saurait donc s'entourer de trop de précautions,
quand on est forcé de tondre, en mauvaise saison, des Lamas
et des Alpacas, surtout s'il existe chez eux quebpie cause
d'affaiblissement.
Même en bonne saison, dans des circonstances sanitaires,
analogues, la tonte doil être accompagnée de soins intelligenls.
SECOND RAPPORT
KSSAi n ACCLIMATATION DKS ÉPONGES DE SYRIE
DANS TJ'S lv\|i\ FRANÇAISES DE LA AIÉDITERDANÉE,
Par IW. L^:fSIlS^B,.
(Séance du 12 dérembre J8G2.)
Monsieur le Président ,
Le secrétaire ii,énéral de la Société impériale d'acclimata-
iion, M. le comled'Eprémesnil, par sa lettre du l'i aoùl dernier,
m'informait que le Conseil d'administration de la Société,
dans sa séance du 8 de ce mois, approuvant les conclusions
de mon rapport lu dans la séance du 18 juillet, avait décidé
(|u'un premier examen des résultats de l'immersion des Épon-
ges vivantes déposées pai' mes soins sur divers points des
côtes de la Méditerranée, serait l'ait dans le courant d'un pro-
chain mois.
J'étais chargé de cet examen et d'en rendre compte.
La lettre iiienveillante de M. le secrétaire général se ter-
minait ainsi : « Vous ])Ourrez donc vous rendre à Toulon à
>) l'époque que vous croirez la plus convenahle, etnousespé-
» rons que les résultats (pie vous aurez à constater, en
» répondant à notre attente, justifieront le zèle avec lequel
i) vous avez rempli votre mission, malgré toutes les difficultés
» qu'elle présentait. »
Espérant le succès de la reproduction des Eponges du
Levant sur l(^s eûtes méditerranéennes de la Erancc, et con-
vaincu de la possiltilité de cette utile et riche culture dans nos
eaux, je partis le 20 octohre, [)0ur me rendre à bord de
l'aviso à vapeur dv l'Etat A- lùifori, commandant M. A. Tro-
lahas, au service de linspecteur général des pêcheries,
M. Coste,qui déjà avait eu la honte de mettre ce bâtiment à
ma disposition pour ]'iiiiiiiri\>;o!) des Eponges, et qui voulait
ESSAI d'acclimatation DES ÉPONGES DE SYRIE. 0
bien encore faciliter cette fois le travail de l'examen des
quatre dépôts d'Eponges types mouillés à Randol, à Pomè-
gue, au fort de l'Aiguillette, à Portcros.
C'est à Saint-Nazaire (Var) que je rejoignis le Favori. Le
2(3 octobre, nous étions à Bandol, et notre canot releva le
point où étaient placés les blocs spongifères coulés sur un
fond de roches par 10 mètres.
L'auge de pierre fut élinguée, mais elle n'était plus (jue le
cfii'cueil àeîi cÀiv] Eponges types dont je l'avais garnie!
Il est vrai que ce premier placement à Bandol était celui
des produits malades de ma caisse-hôpital, dont mon journal
du voyage en Syrie fait menlioii.
Après examen des cadavres, dont la charpente devenue
pâteuse se délitait sous les doigts (j'en ai conservé un échan-
tillon), j'ai scruté à la loupe les parois de la pierre, et je n'ai
rien pu y découvrir attestant le séjour et l'essaimage des
Zoophytes.
Cette première déception m'était pénible, mais je m'y atten-
dais presque en relisant ce passage de mon journal du voyage
en Syrie, que je transcris rerhafim.
« Afa/'f/i, 3 juin, Beyrouth. — Arrivé en rade à cinq heures
» P. M.
» A six heures du soir, fait enlever les réservoirs supérieurs
» alin d'examiner les caisses intérieures. — L'eau sent forte-
» ment l'odeur propre aux Eponges, les parois des caisses
» blanchissent par une couche de matière grasse.
» Je n'ai pu encore me i^rocurer de la glace ou de la
» neige. La température de l'eau dans les caisses est de 25" ;
;) la salure, h Laumé. Eait relever par des coins les réscr-
» voirs, afin de donner plus de passage à l'air et oxygéner
;) l'eau qui tombe sur celle des caisses inférieures.
» Les Éponges que j'ai visitées me paraissent en bon état,
î> mais elles essaiment.
» h juin, en rade de lîejjroulh. — Trois heures et demie
» A. M. (Ce sont les hommes du qiairt de minait.)
•» Constaté que la salure de l'eau dans la rade où se jettent
)) les fleuves dits des Chiens, de Beyroulh, est ce matin à
10 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCGLIMATATION.
» 3" 1/2 Baiimé ; la température de l'air (par rotation), 22" 1/2 ;
)) la température de l'eau des caisses inférieures, 21" ; la
» température de l'eau puisée à la mer, (otic/ic supérieure,
» 2/i" ! 11 faut cependant s'en servir pour remplir les réser-
i) voirs.
» Que de difficultés je prévois!
» Une caisse est mulude... Y a-t-il eu manque de soins,
» cette nuit, ou malice des passagers du pont ou autres à bord?
» S Juni.refi A. M., Heijroutli. — Je vais demander au com-
)) mandant de préposer par chaque quart un homme de garde
» pour surveiller récoulement par débordement constant des
» caisses inférieures et le remplissage continuel des réser-
)) voirs supérieurs. (Cela ne se peut pas ! mais je me fais
» appeler à chaque quart piqué à bord.)
» Il se pourrait que les Éponges de la caisse malade blan-
» chissent par suite de la cause physique suivante :
)) Ces masses, de l'espèce dite Cabnr, Venise fine, ont été
» retirées les dernières de la mer par une zone à la profon-
)) deur de 50 mètres, mises dans la caisse à bord de la felouque
» et amenées sans autre transition à bord du (Jydnus.
S) La pression de la colonne d'eau (5 atmosplières) ne se
» faisant plus sentir, l'oxygène que ces Zoophytes absorbent
» en si grande quantité s'est dégagé avec trop de force, et la
» matière gélatineuse qui garnit les spicules, aussi bien que
» les embryons des larves contenus dans le canal abdominal
» des animaux, se sont trouvés entraînés. L'organisme a donc
)) souffert, et je crains de voir se réaliser mes appréhensions
)) de mort en les voyant continuer à perdre l'air et blanchir par
» la fillration à l'extérieur de leur semence.
» Midi, radedelieijruuth. — Température de l'air ambiant
» àl'ombre, 32"; idem par rotation, 20"; température de l'eau
» de la caisse supérieure (réservoir), 25"; idem inférieure
» (aux Éponges), 2/i"; salure de l'eau de la rade, o" 1/2
» Baume. )>
On voil, d'après cet exposé de mon lo(/-boolx, que mon
chagrin pouvait se raisonner, et que sa durée pourrait cesser
la vue d'un meilleur résultai des autres dépôts d'Épongés;
ESSAI d'acclimatation DES ÉPONGES DE SYRIE. il
mais, Allah kerlml. . . , disent les Araires, il était écrit que cetto
consolation n'aurait pas lieu.
A Pomègue, le 28, le 29, le 30 octobre, par trois fois nous
avons essayé le relèvement de l'auge. — Dans ces parages et
jusque dans le port même de l'île, où pendant cette saison
plusieurs navires ont péri, la mer, houleuse et dangereuse, ne
permettait pas de faire agir les grappins afin de saisir l'anse
de fer galvanisé de l'auge.
Depuis, en décembre, au moment de mon retour par
Marseille, des marins qui fréquentent Pomègue m'ont dit
que les bouleversements de la mer par les vents se sont fait
sentir à de fortes profondeurs, et que les remous ont jeté à la
côte des Eponges déchirées.
Mon espoir restait dans les résultats que nous allions con-
naître prochainement, soit dans la rade de Toulon, soit en
visitant Portcros, cette baie excellente où, par une profondeur
de 22 mètres, à l'abri de tous vents, se trouvaient mes plus
belles syriennes mouillées sur o.n fond tranquille, gravier,
sable dur et herbes.
Après avoir continué la cote ouest de Marseille, jusqu'à
Bouc et Martigues, je me fis conduire à Couronne, village sur
la côte, afin d'y prendre des renseignements sur la pèche du
Corail, qu'un pêcheur intelligent vient de commencer (il y a
dix mois) au moyen des appareils dits scaphandres.
Ce mode d'immersion pour travailler au fond de l'eau
mérite une description, car son emploi simultané avec les
réservoirs à air comprimé, dits bateaux sous-marins, com-
plète un système qui permettra aux hommes de visiter les
zones habitées de la mer, et l'aquiculture deviendra une
science féconde en résultats.
Le scaphandreur revêt par-dessus son cystume habituel
un habillement composé de deux parties : 1^ un casque ayant
une pèlerine métallique ; 2" un vêtement imperméable. Ce
casque, formant le réservoir de l'air ahmentant le plongeur,
est solidaire, par un tube spécial, d'une pompe à air qui est
travaillée à la surface par deux hommes.
Le casque est de cuivre élamé ; à l'avant, sur le masque, se
12 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
trouvent quatre glaces épaisses, protégées contre les chocs par
des grilles de cuivre. Elles sont placées de manière que,
sans tourner la tète, le plongeur peut voir à droite, à gauche,
par les glaces de côté, et même au-dessus de lui par la glace
du haut. La glace du milieu, pour voir devant lui, peut être
plane ou lenticulaire, suivant le travail qu'il doit exécuter.
A l'arrière du casque, arrive du côté gauche la conduite d'air
envoyé par la pompe et foulé le long des surfaces intérieures
du casque par trois orifices aplatis. Cet air, en glissant sur les
parois et sur les glaces, entraine les vapeurs, qui sont forcées
de sortir du côté droit par unohturateur ou soupape laissant
échapper l'excès d'air fourni par la pompe qui travaille à
produire une pression plus grande (pie celle de la colonne
d'eau où se trouve lescaphandreur. Cette soupape est régula-
risée à volonté par le plongeur pour la sortie de l'air. Cet
homme porte sur sa poitrine et sur son dos des plaques
épaisses de plomb, et ses chaussures sont garnies de semelles
du même métal pour le tenir d'aplomb au fond do l'eau.
Le tube spécial pour la conduite de l'air est fait sur une
hélice intérieure de fil de fer étamé, recouverte d'une pre-
mière enveloppe de toile sur laquelle s'enroulent deux feuilles
de caoutchouc laminé et quatre bandes de toile satinée de
caoutchouc; le tout est protégé par une forte enveloppe de
toile à voile, contre les coupures que peuvent faire les corps
durs sur lesquels frotte le tube.
Ce tube vecteur d'air, vissé d'un bout sur le côté gauche du
casque, est également vissé, à l'autre extrémité supérieure, à
un réservoir où l'air, aspiré librement par le haut des cylin-
dres, est refoulé dans ce réservoir par les pompes.
La pomi)e est composée de quatre corps, dont trois d'r.n
même diamètre, avec pistons de cuivre garnis de cuir ; c'est
au-dessous du piston que se trouve la soupape d'aspiration,
celle de refoulement est au-dessous du fond du corps de
pompe. En dehors des trois corps de pompe, il existe un
([uatrièmc corps également aspirant et refoulant, mais d'un
plus petit diamètre, dont le piston est mené par un excentrique
calé sur l'arbre des autres corps de pompe. Cette pompe a
ESSAI d'acclimatation DES Él'O.XGES DE SYIUE. 13
pour but raspii'iilioii de l'eau fioide el son onvoi ('uiitiiuiel
dans un l)assiii (jui entoure les trois autres corps de i)onipe,
afin de les maintenir à une température assez basse pour que
l'air refoulé au plunjjieur ne soit pas échaufle.
L'équipage d'un bateau armé pour faire plonger un sea-
})liandreur est composé de sept liommes et un mousse.
Sur le bateau se tiennent six bommes, le patron, le plon-
geur à casque, son premier veilleur, c'est-à-dire un camarade
(jui tient sa corde de signal allacliée à sa ceinture, et qui suit
tous ses mouvements ; son second veilleur, qui largue ou
élingue le tube vecteur d'air (,'t l'empèclie de se tortiller; deux
pompeurs d'air qui travaillent inces%amment. Sur une embar-
cation amarrée à la grande banpie, un lionmie elle mousse
sont [u'èts à tout service.
Le vocabulaire entre le i)rcmier veilleur et le plongeur est
simple. Le nondjre des signaux au moyen de la corde est babi-
tuellement de quatre ; en vuici la traduction :
Le i-eilleii)\ 1 coup. Le plongeur o.sl-il bien ? Le plongeur répond: 1 coup.
Le ploïKjeur, 2 — Donnez-moi plus iFair. Le veilleur répond : 2 —
La plongeur, 3 — nonnez-nioi moins d'air. Le veilleur répond : 3 —
h(^ plongeur, b — Heinonlez-nioi Le veilleur r('pèle. et aussitôt
les deux veilleurs le lussent.
Par ce procédé d'envoi d'air comprimé cJ furce de liras, un
plongeur peut atteindre une profondeur de deux à trois at-
mospbères,soil de (30 à 90i)ieds ; travail pénible et dangereux,
mais qui devient compai\itivement aisé, sur et d'une grande
efficacité en pratiquant le systèiue (jue j'ai eu l'bonneur de
développer dans ma correspondance avec M. le baron Séguier
et avec M. l'inspecteur général des pècberies.
Le 3 novembre, je m'entendis avec le patron et les scapban-
dreurs pour une pècbe de Corail, (jue je projetais d'apporter
vivant à Paris, pour le soumettre à l'étude des naturalistes, et
aussi pour orner l'aquarium du Jardin d'accbmatation. Il fut
convenu qu'ils se mettraient de nouveau à ma disposition
avant mon retour à Paris. (Voy. mon Mémoire sur le Corail^
remis à la Société iiupériale d'acclimatation.)
Ih SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
Revenus à Toulon, le 5 nuvrnibre, nous sommes allés aus-
sitôt relever les [toints du mouillage, par 5 mètres .^0 centi-
mètres de fond, de l'auge aux Eponges, près du tort de
l'Aiguillette.
Un des matelots, ayant plongé, amarra le grappin à l'anse de
l'auge qui, hissée à bord, se montra vide d'Épongés. D'après
ce que j'ai entendu dire, elles n'ont pas été perdues pour tout
le monde !
11 ne me restait donc plus d'espoir que dans le dépôt lait
dans la baie de Portcros, ile d'Hyères, et le 7 novembre, le
commandant Trotabas, ayant terminé à midi le ravitaillement
de vivres et de charbon, fit mettre l'hélice en route pour cette
destination.
A <juatrc heures?. M., nous arrivions sur le point où devait
être l'auge de pierre sur laquelle la bouée frappée en juillet
n'existait plus. La mer, agitée par un vent d'E.-S.-E.. ne per-
mettait pas de voir le fond, qui paraissait si purement lors-
que nous y vînmes en juillet. Le lendemain, au point du jour,
un canot et des hommes pour signaler furent envoyés, mais
ils rentrèrent après quatre heures de recherches, sans avoir
pu rencontrer.
Le même jour, le connnandant du Favori et moi, accom-
pagnés du garde maritime, nous avons vainement exploré la
place où nous avions mouillé l'auge. C'est alors que le garde
maritime nous dit que huit jours après noire départ, en
juillet, la bouée avait disparu, qu'il avait été plusieurs fois
})ar des temps calmes sans pouvoir revoir l'auge de pierre; il
croit probable ({ue l'amarre de la bouée aura été engagée dans
les tilets des pêcheurs, et (jue l'auge aura été déplacée et la
bouée coupée.
Pour terminer le récitde cette déception, je dirai que, bra-
vant les plus mauvais temps, nous avons employé pendant
plusieurs jours tous les moyens pour retrouver l'auge. Nous
avons couru des bordées dans tous les sens, traînant des grap-
pins arrimés sur une largeur de 2 mètres; nous avons
dragué le fond pour repêcher au moins une des quarante
Éponges descendues sur leurs blocs : rien. Le fond a été dé-
ESSAI d'acclimatation DES ÉPONGES DE SYRIE. 15
vaste! Il est évident pour moi que les//7r'/.s' tniiiinnts, cbargés
de lames de ier, qu'on nomme guanguis, bœiiis, chaluts,
tramails, etc., etc., ces engins de destruction du présent et
de l'avenir de la prospérité de l'aquiculture, ont été employés
par les racleurs de mer, contre lesquels les gouvernements
des nations maritimes devraient sévir comme ils le l'ont contre
les écumeurs de mer.
Après ce récit, je ne l'erai (junne réflexion : la raison d'uti-
lité qui a engagé la Société impériale d'acclimatation, LL.
EExc. le Ministre de la marine et le Gouverneur général de
l'Algérie, à me charger delà mission d'acclimater des Éponges
usuelles, continue à leur donner le droit d'apprécier cet
insuccès indépendant du dévouement que j'ai mis à mériter
leur confiance. Cette même raison doit les engager à élever
de nouveaux moyens d'action pour les mettre en rapport avec
le but intéressant qu'on se propose et qui invite à la persévé-
rance.
LA VÉn\.
INCUBATlOiN. — ÉCLOSIU.N. — ÉDUCATION.
I»ai- M. \ni\to\v «. WB^ MSA^WI^ÏOM.
(Séance ilii li<) lirct'inlirc I SGti.j
L'élahlisseiiieiil d'Uuningiie vicjit de commencer ses cxpé-
ililioiis d'iiiver por l'envoi d'œufsde Fera, ((u'il a distinyiiéo
})our la première l'ois en i^rande et petite espèce.
M. Coumes, l'ingénieur en cliel' qui dirige si lialiilemenl
ces travaux de pisciculture, s'est montré généieux }>lus que
jamais, et c'est })ar centaines de niilic que les œul's ont été
expédiés cette année.
M. Coste, de son coté, a joint un paragraphe spécial, pour
l'éducation de la Fera, aux instructions (jui sont adressées
chaque année aux pisciculteurs.
Un vif intérêt s'attache donc à l'acclimatation de ce poisson
dans nos eaux. Il peut, en effet, nous être d'une grande
utilité.
La Fera est un des memhres de la grande et riclie famille
des Salmonidés. Elle a servi à constituer, avec le Lavarct, la
Palée et d'autres poissons analogues, un genre particulier au-
([uel Artedi avait donné le nom de Corégone, à cause de leur
pupille qui, suivant cet auteur, serait toujours échancrée à la
partie antérieure.
Quoi qu'il en soit, la Fera se rapproche heaucoup, par son
organisation, des autres Salmonidés, de la Truite par exemple.
Cependant sa houche, moins fendue, est dépourvue de dents;
son dos et son ventre sont plus convexes. Les nageoires sont
en général plus longues; l'adipeuse est très apparente. Les
écailles, heaucoup plus larges, sont d'un hlanc d'argent sur les
lianes et d'un hrun olivâtre sur le dos ; elles sont complète-
ment dépourvues de ces helles taches rouges et noires ,
ocellées, qui rehaussent l'éclat delà Truite.
SUR LA FERA. 17
La Fera viltlans les lacs de la Suisse et Hc rAlleinatiiic; on
com|)rend dès luis combien de semblables cundiliuiis suiil l'a-
vurables à racclimalalioii de ce poisson dans nos eaux libres
ou captives.
Elle est de moyenne taille, el l'aremenl elle acquiert plusde
deux pieds de long'. Certains sujets, cl ceux qu'on a bien voulu
me conlier au collège de France, cL (jue j'ai l'iionneur de pré-
senter,en sOntun exenqile ; ils ne semblentpas atteindre cette
dimension. Aussi rétablissement d'Huningue a-l-il classé les
Feras en grande et petite espèce. ... j
Leur cbair est délicate, mais à un moindre degré que celle
de la Truite ou de l'Ombre ; cejiendant certains amateurs al-
llrment (jue lorsque la Fera a pris tout son développement,
elle est exquise et digne de livah'ser avec les meilleurs des
Salmonidés.
Mais ce qui recommande tout particulièrement ce poisson
aux aqidculteurs, c'est sa merveilleuse fécondité, (pii égale
presque celle de la Carpe. Si quelques sujets s'accbmalaient
dans nos eaux, ils y pulluleraient bientôt.
Ce que l'on sait sur les mœurs des Feras se résume à fort
peu de chose. On admettait, les confondant en cela avec
d'autres Salmonidés, qu'elles se rendaient à la mer, accom-
pagnées des jeunes alevins, pour remonter, à l'époque du
frai, dans les eaux douces, en nageant alignées en deux co-
lonnes réunies par le sommet, imitant ainsi le vol de certains
oiseaux voyageurs. 11 est plus que probable qu'elles ne quittent
pas les lacs, car on les pêche en toute saison en Allemagne et
en Suisse, où elles sont si abondantes, qu'une barque, en une
nuit, peut en rapporter jusqu'à 200 livres.
Toujours est-il que ce poisson se nourrit principalement
de larves, de mollusques, d'insectes, et qu'il est beaucoup
moins destructeur que la Truite.
Dans quelles conditions fraye-t-il? C'est encore un pro-
blème qui n'est pas complètement résolu, et dont la solution
cependant serait d'une grande utilité pour l'incubation arti-
ficielle.
On le voit, ce serait une belle, une riche conquête que celle
T. X. — Janvier et révricr 1803. 2-
18 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
de lu Féru. 11 aura bieu mérité celui qui, le premier, parvien-
dra à taire reproduire ce poisson dans nos eaux !
Mais s'il reste encore de nombreuses lacunes à combler dans
l'histoire de ce poisson, il y a de même beaucoup de points
à éclaircir dans son éducation en captivité.
Et d'abord, quels soins convient-il de donner à ses œufs ?
Remarquons que ceux-ci, du volume de ceux du Brocbet, sont
d'un maniement difficile. Aussi, pour éviter l'emploi d'une
main-d'œuvre considérable, l'établissement d'IIuningue les
expédie- t-il dès qu'ils sont técondés. M. Coste, dans la courte
instruction relative aux éclosions, recommande de les jeter à
la volée le long des rivières, au milieu des herbes, sur des
fonds graveleux ou même un })eu vaseux. C'est là, sans doute,
un moyen facile pour s'épargner bien des soins; mais on ne
peut plus suivre le développement des œufs. Abandonnés à
eux-mêmes, ils sont sujets à toutes les causes do destruc-
tion qui ont l'ail délaisser cet expédient pour les autres Sal-
monidés. - '
Toutefois ce procédé donne des résultats assez satisfaisants,
comme j'ai ][)u m'en assurer, en allant rechercher, à Faide
de pipettes, les œufs que j'avais lancés dans lesriviéres. Ils se
sont bien dévelopi)és au milieu des herbes et sur les fonds
vaseux ; mais ils ont péri partout où ils étaient exposés à la
lumière et couverts d'une grande épaisseur d'eau se renouve-
lant lentement.
Lorsqu'on veut suivre avec soin le développement dans des
rigoles artificielles ou dans des appareils à éclosion, quel est
le meilleur mode d'incubation 1 Avant tout, il est un procédé
que Fon doit bannir àjamais, c'est celui qui consiste à placer
lesœufs sur une grille ou dans une rigole, sur lesquelles })assc
un petit filet d'eau : vingt-quatre heures ne se sont pas écou-
lées, que déjà presque tout est perdu. - ■ ■
D'une manière générale, on peut dire que Feau et la lumière
en abondanc(^ sont nuisibles à ces œufs; aussi Finstruction
d'IIuningue ajoiitait-elle qu'on pouvait les placer sur des lits de
végétaux aquatiques dont les couches inférieures seulement
seraient traversées par un faible courant d'eau.
SUR LA FÉI'.A. 10
Eh bien ! ce prociklé expose encore à des pertes considé-
rables ; et de tous, le plus simple cl le pUis satisfaisant dans
ses résultats, est celui qui déjà, depuis deux ans, est adopté au
collégede France, et (jui consiste à abandonneràleurévolution
les œufs disséminés et éparpillés dans des mousses humides ({ue
l'on dépose sur des grilles de verre, ou sur tout autre objet.
On y entrelient l'humidité en jetant, à l'aide d'un petit balai,
«{uelqucs gouttes d'eau, une ou deux fois par jour tout au
])Ius; et l'on attend le résultat de l'incubation sans même se
donner la peine d'enlever les œufs sur lesquels se sont déve-
loppés des byssus, qui n'influent pas d'une manière trop fatale
sur les œufs voisins.
La découverte de ce procédé bizarre, et qui cependant
donne les meilleurs résultats, est due tout à la fois à l'observa-
tion et au hasard. Mon ami M. Gerbe, qui a l'honneur de par-
tager les intéressants travaux de M. Coste, voulut savoir, dans
le but d'appliquer celte connaissance aux expéditions lointaines,
combien de temps les œufs de Truite et de Saumon pouvaient
rester sans danger liors de l'eau ; il en enferma donc dans de
la mousse humide, et il ne fut pas peu surpris, lorsqu'il ouvrit
les boites, de trouver des œufs qui avaient suivi toutes leurs
périodes de développement. Il fut dés lors convaincu que l'eau
courante n'est pas absolument nécessaire aux œufs de pois-
sons ; et quand le hasard vint à lui mettre, h quelques jours
de là, sous les yeux, des œufs de Fera égarés dans de la
mousse humide et qui s'étaient embryonnés, il conseilla de
tenter en grand ce procédé qui donna d'excellents résultats,
tandis qu'on en avait obtenu de peu satisfaisants en plongeant
entièrement les œufs dans l'eau. Dans l'instruction sur la pis-
ficulture (jui vient d'être adressée aux ingénieurs des dépar-
lements, on n'a pas oublié de leur recommander l'emploi des
mousses humides pour rincubation des œufs de Fera.
Je viens de mettre en pratique ce procédé, sans négliger les
autres ; je dois dire (juc c'est celui (|ui m'a donné le plus de
succès, el j'ai suivi, depuis le 9 décembre, dans mon apparte-
ment, le développement de quelques œufs de Fera (lui n'ont
exigé d'autre soin ([ue celui de jeter de temps en teuq)S(pn'l-
20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION.
qiies gouttes d'eau sur les mousses. 1/embryon est aujour-
d'Iiui très apparent.
D'autres œuls, datant du '2'i n(n-einljre, ayant par consé-
quent quelques jours de plus, et que j'ai placés à l'établisse-
ment de pisciculture du Vésinet, dans les mênies conditions,
sontéclos; j'ai l'honneur de les présenter à la Société.
A une température de 8 à 10 degrés centigrades, les éclo-
sions n'ont lieu que du trentième au quarantième jour ; aussi
juscju'à cette époque faut il laisser les œufs en quelque sorte
à sec, pour les immerger dès que l'éclosion devient imminente.
On reconnaît que le poisson va être délivré, lorstju'il exécute
des mouvements brusques, violents, fréquents, lorsque ses
yeux, depuis longtemps apparents, prennent une teinte forte-
ment bronzée, lorsque entin les gouttes buileuses de la vésicule
ombilicale se groupent en masse.
Ouand la jeune Fera vient d'éclore, au lieu de conserver
l'immobilité de la Truite ou du Saumon, elle nage avec rapi-
dité à la surface de l'eau, et comme elle est très cfTilée, elle
s'échappe par les fentes les plus (ines, et même à travers les
bouchons de mousse que l'on place sur les trop-pleins, dans
l'espérance de ne laisser passerque l'eau. 11 est [)référable,dès
que les embryons sont éclos, de les recueillir pour les porter
dans les eaux où ils sont destinés à vivre. L'éducation de ce
{)oisson ne se fait pas autrement (jue celle de la Truile.
Tels sont les résultats de mes observations sur l'incubation,
l'éclosion et l'éducation de la Fera ; mon but, en les commu-
niquant, a élé de chercher à épargner tout au moins bien des
déboires ;'i ceux de mes confrères (jui voudraient en tenter
l'éducation.
NOTICE
SLR L'ÉDUCATION DU VER A SOIE DU CHÊNE
ou YA-MA-MAÏ
(littéralomcnt, Ver (h's montagnes).
Par SI. POMPE VAÎV MEERT DER WOORT.
(Séance du 21 novembre 1862.)
L'éclosion des œufs du Ya-ma-maï correspond à la reprise
de la végétation du Chêne, qui est l'essence d'arbre sur la-
quelle il se nourrit. Ainsi elle a lieu, suivant les climats, du
15 au 25 mai, mais on peut la retarder d'une façon notable,
en soustrayant aussi complètement que possible les œufs à la
chaleur et au mouvement, et en ne leur laissant que la quan-
tité d'air strictement indispensable.
Voici comment on les conserve, notamment à l'île de Kiu-
siio, où ils sont aussi acclimatés depuis un an, d'après les
pratiques suivies dans la principauté d'Etisen, d'où ils sont
originaires.
Le papillon du Ya-ma-maï est très grand et a les ailes très
fortes; en outre il ne fixe pas ses œufs comme le papillon du
Yer à soie du Mûrier ; il les pond même en volant : aussi, pour
empêcher sa fuite et pour éviter toute perte d'œufs, on étend
sur le plancher d'une chambre très propre et très éclairée
une natte très fine ou une toile (on dispose dans cette cham-
bre quelques vases de sucre ou de miel). On en ferme les
ouvertures avec des filets, après y avoir placé la quantité de
cocons que l'on juge à propos : c'est ici le lieu de dire que
l'on reconnaît facilement les mâles des femelles d'après leur
dimension, qui est plus grande.
Tant que dure la vie du papillon, on ne doit pas entrer dans
la chambre ; dès qu'elle est terminée, on enlève les filets avec
précaution, de peur qu'il ne se trouve quelques œufs déposés
dans leurs mailles, et Ton recueille ceux qui sont déposés sur
'2'2 sociKTK iMPKi'.iAiJ': zooLociodE d'acclimatation.
la tdile (lu |)laiiclier('l ailleurs. Ou duil avoir soiu de ue péné-
trer dans la cliauibre que les pieds nus.
La récolle faite, on prend de petits vases ou des coupes de
porcelaine, et dans chacun on nietun certain nombre d'œufs.
(Dans une petite tasse à café, par exemple, on en pourrait
mettre de 100 à 130.) On les ferme avec du papier, et on les
réunit ensuite par nombre variable dans des pots de jardin
de terre ou de porcelaine. Enfui, ces pots sont eux-mêmes
fermés d'une planchette, et enfouis dans la terre à une pro-
fondeur sulTisante pour que lagelée ne puisse pas les atteindre.
(Le plus grand froid dans l'ile de Kiu-sùo ne dépasse pas 8 à
9 degrés centigrades au-dessous de zéro.)
. On n'a plus alors qu'à attendre le printemps.
L'éducation du Ya-nia-maï peut être faite de deux ftiçons
différentes : 1° en liberté ; '2" dans la chambre.
(juant au développement du Ver à soie à l'état exactement
sauvage, il n'en peut être question, puisque dans ce cas
l'homme n'a aucune action sur lui.
1° En liberté. — Dès que les premières feuilles du Chêne
.commencent à poindre, on exhume les vases qui contiennent
les œufs. -
On prend alors des planchettes de bois extrêmement min-
ces, on les enduit d'un côté d'une légère couche d'eau et
d'amidon, et sur cette colle on place les œufs. Puis on trans-
porte ces planchettes sur les Chênes, sur les branches des-
quels on les lixe à proximité des rameaux de feuilles. Au
bout de quelques jours les chenilles sont développées, et sui-
vant l'arbre dans sa croissance, abandonnant successivement
les feuilles anciennes pour les nouvelles, elles arrivent pres-
que en même temps au moment de leur sommeil et à la fin de
la végétation du Chêne.
lia fallu pour cela cinquante jours. Les cocons sont alors
nécessairement suspendus àl'extrémité de toutes les branches,
et l'arbre ressemble à un j»runier chargé de ses fruits.
Cette éducation serait de beaucoup préférée à l'autre par
les sériciculteurs japonais, en ce (juc les cocons qui en pro-
viennent sont plus grands et plus lourds (les cocons ont aussi
ÉniT.ÂTiON DU VER A SOIE DU riiiKNr:. -23
iiiiG couleur vert clair très prouoncôe qui diffère de celle des
cocons élevés en chambre, laquelle esi jaunâtre), si elle
n'avait pas quelques inconvénients très graves.
Ainsi quelque précaution que l'on prenne, il est impossible
d'empêcher les oiseaux de dévorer une grande partie des
Vers; ensuite la récolle des cocons sur des Chênes qui sont
tous plus ou moins grands, est très difficile. (Cependant ces
inconvénients ne sont pas inévitables; à Etisen , il y a des
éducateurs qui se sont créé des plantations de Chênes qu'ils
tiennent très petits et qu'ils couvrent de filets.). ''-■ •-: ; ■
2" Dam la chamhro. — D'après cette méthode, il est néces-
saire d'avoir dans la chambre des Chênes en pots que l'on
tient constamment pleins d'eau pendant foule la durée de
l'éducation, et exactement recouverts d'une planchette, 'de
peur que les Vers que Ton placera ensuite sur l'arbre, ve-
nant à tomber, ne se noient. (Quelques personnes se sont
avisées de remplacer ces plants de Chênes par des rameaux
qu'elles renouvelaient de temps en temps, et cet essai a très
bien réussi.)
Dès que les Chenilles sont écloses, onleur présente quelques
feuilles tendres de Chêne, sur lesquelles elles ne tardent pas
à monter, puis on transporte les feuilles sur les Chênes.
Les soins à donner alors à l'éducation se bornent à recueil-
lir les Vers qui pourraient être tombés de l'arbre, à les y
replacer, et à entretenir l'eau Fraîche dans les vases.
Les Vers commencent à hier au bout de cinquante jours.
La confection du cocon demande environ huit jours. Huit
autres jours après commence le travail de transformation en
papillon.
Toutes les espèces de Chênes sont également propres à
l'alimentation du Ya-ma-maï.
Ces données sont littéralement traduites d'une note remise
par l'un des chefs sériciculteurs du prince de Higo, ou de
renseignements verbaux fournis par le même chef séricicul-
teur.
NOTE
SUR LA CULTURK DU COTOiNMl::R.
B»ar M. J. î,t'-oii ^«a KKBKIIV.
(Sôuiiro ilii 21 nnvombro 1802,)
\Ji\e des plantes induslriellos les plus intéressantes dont
l'homme puisse entreprendre la culture, est certainement le
Cotonnier (Gossi/pium), qui fournit, par les fibres contenues
dans son fruit, des matériaux mis en usage dans un grand
nombre de manufactures, et donne ainsi du travail à des
milliers d'ouvriers. Longtemps l'Amérique a été en mesure
de fournir la majeure partie du coton consommé en Europe ;
mais depuis que des circonstances malheureuses ont allumé
le flambeau de la discorde entre les divers États de l'Amé-
rique du Nord, l'importation s'est trouvée réduite d'une telle
façon, que presque tous les centres manufacturiers ont été
obligés de diminuer, d'arrêter même leur production. Ptmr
obvier aux suites désastreuses d'un pareil état de choses, on a
pensé à établir dans de nouvelles régions des cultures qui
pussent suppléer à la disette du coton, et cnq^ècher que, plus
tard, si des circonstances analogues se reproduisaient, la même
pénurie ne vînt livrer à une .-itTreuse misère tout un monde
d'ouvriers. Les esprits les plus sérieux se sont déjà occupés
de cette grave question, et, sur plusieurs points du globe, des
tentatives entreprises sur une grande échelle et dans les con-
ditions qui semblent les plus favorables se font pour intro-
duire le Coton dans toutes les régions qui paraissent propices
à sa culture. On sait que des expériences avaient déjà été
faites par les soins du gouvernement français pour intro-
duire dans l'agriculture de notre colonie algérienne le Coton-
nier, et les premiers résultats, qui ont démontré que cette
introduction pourrait être fructueusement faite, ont donné
lieu à d'importantes publications, parmi lesquelles nous cite-
nuis les mémoires de MM. llobr. Porter, ISoyle, Hardy et
II' niai'()uis de !""(Mn'ués.
CULTURE DU COTONNIER. 25
Pensanl qu'il pourrait être utile à quelques personnes de
trouver condensées les principales conditions que réclame la
culture du Cotonnier, nous avons patiemment recherché dans
les diverses puhlications faites sur ce sujet toutes les notions
dont la connaissance est nécessaire pour guider les agricul-
teurs, et nous en avons présenté le résumé dans la notice
suivante. Puissions-nous avoir rempli d'une manière salisfiii-
sante la tâche qui nous était confiée, et si ce long et difficile
travail peut rendre le plus léger service à quelque planteur
de Coton, nous nous trouverons amplement récompensé de
notre peine.
I. — Espèces. V ] - _
Un grand nombre d'espèces de Cotonniers, ou pour mieux
dire de races, sont cultivées dans les diverses régions du
globe, et fournissent leurs produits à l'industrie, offrant, les
unes, certaines qualités, les autres, d'autres avantages, sui-
vant l'usage auquel on veut les appliquer. Malheureusement,
malgré tout l'intérêt qu'eût présenté une telle étude, aucun
botaniste n'a cherché encore à bien distinguer ces espèces et
races, et nous ne connaissons que très imparfaitement les
caractères de chacune d'elles. Du reste, dans l'état actuel de
nos connaissances, on peut considérer comme types les végé-
taux suivants, auxquels on peut rapporter toutes les sortes
cultivées dans les cinq parties du monde. ' , '-
1" Cotonnier herbacé (Gosstjphon herbaccum). — Très va-
riable dans son port, ayant de 18 à Vx pouces de hauteur,
avec une consistance herbacée, et atteignant quelquefois une
hauteur de h à 0 pieds, ce Cotonnier a sa tige ligneuse,
cylindrique, rougeàtre inférieurement et velue supérieure-
ment. Ses rameaux, courts, sont également rougeàtrcs et velus,
et portent des feuilles alternes, à cinq lobes inégaux, arrondis
et brusquement terminés en pointe, avec une glande sur la
base de la nervure médiane, à pétioles velus et longs de 2 à
3 pouces. Les ileurs, portées sur un pédoncule qui prend nais-
sance à l'aisselle des feuilles supérieures, sonljaunes, avec une
tache pourpre à la base de chaque pétale. Le calice, à folioles
larges, terminées en pointe très allongée, et profondément
26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION.
dentées surU'ur hoid, persiste et enveloppe la ca[>siile, ordi-
nairement à trois loges et s'ouvrant, à l'époque de la malii-
rité, pour laisser échapper les graines et le colon.
Cette espèce, importée très proijaMement do Syrie et de
rinde, fut ensuite cultivée à Malte et en Sicile, plus tard intro-
duite dans l'Amérique du Nord; elle a servi principalement
aux tentatives d'acclimatation du Colon dans le midi de la
France et en Espagne.
• T Cotonnier en arbre {Gossypiumarhoreuni). — C'est un
arbrisseau de 10 à 20 pieds de hauteur, à tige parlaitement
ligneuse, portant des rameaux glabres, excepté à leur partie
supérieure, où ils sont velus. Les feuilles oiFrent cinq lobes
longs, profonds, digités, lancéolés, terminés par une petite
jiointe sétiforme, et portés par un pétiole long et velu. Les
Heurs, de couleur purpurine, ou rouge tirant sur le brun, sont
assez longues, ressemblent un peu au lis et sont sans parfum:
elles sont portées par des pédoncules courts. Les pièces du
calice, quelquefois entières, sont rarement un peu denticu-
lées. Les capsules, ovales, pointues, offrent trois ou quatre
loges et dans chaque loge trois ou quatre semences.
. Ce Cotonnier, originaire de l'Egypte, de l'Arabie, et des
îles de l'océan Indien, a été transporté aux iles Canaries et
dans l'Amérique du Nord, et on le cultive depuis longtemps.
D'après Royle, le Coton qu'il fournit est de moins bonne
qualité que celui des Gossypium herbaceiim et indlcum.
3" Cotonnier de l'Inde {Gossypiwn indicimï). — Cette
espèce, qui parait intermédiaire aux deux précédentes,
atteint une hauteur de 10 à \1 pieds. Sa tige, vivace, est
ligneuse inférieurement, et porte des rameaux velus, qui
paraissent même presque laineux à leur partie supérieure. Les
feuilles, de moyenne grandeur, portées sur des pétioles velus,
sont à trois lobes ovales et pointus. Les tleurs, généralement
jaunes, avec une tache purpurine à la base des pétales, sont
grandes et portées par des pédoncules courts. Le caUce esta
folioles entières ou dentées, plus souvent entières. Les cap-
sules, ovales et coniques, offrent quatre loges renfermant des
craines arrondies et trèsinlimementlièes au coton.
CULTLIRE nu COTONNIER. 27
Cette espèce est originaire dej'lnde, où elle est cultivée
sur une assez grande échelle.
/j" Cotonnier a feuilles de Vigne {ijossypmni viiifolium).
'— Arbuste de 10 à VI [tieds, à tige ligneuse, à rameaux et
pétioles entièrement glabres; à feuilles amples, palmées, pro-
fondément découpées en cinq lobes ovales-lancéolés, très
aigus, glabres en dessus, un peu velus en dessous. Les fleurs,
grandes, jaunes, avec une tache rouge à la base interne de
chaque pétale, sont enveloppées dans un calice, grand, pro-
fondément lacinié, et offrant à sa base trois grosses glandes.
La capsule est ovoïde, à trois loges renfermant cliacune six à
dix graines noirâtres.
Ce Cotonnier, qui est originaire des Indes orientales et des
Célèbes, est cultivé, d'après Commerson, à l'île Maurice, et a
été introduit depuis dans l'Amérique du Sud.
5° Cotonnier velu {Gossypiinn hirsjitum). — Ce Cotonnier,
à tige herbacée, annuelle et bisannuelle, velue, offre des ra-
meaux et des pétioles velus. Ses feuilles, larges, pubescenles
des deux côtés, divisées en cinq lobes pointus, dont le médian
est beaucoup plus grand que les autres, olTrenl une glnnde
sur leur nervure médiane. Les fleurs sont jaunes et solitaires ;
le calicule est entier ou trifide. -
Ce Cotonnier croît dans les parties les plus chaudes de
l'Amérique méridionale.
6" Cotonnier religieux {Gossypium religiusum). — Petit
arbuste de 3 à /i pieds de hauteur, à tige dressée rougeàlro et
poilue, à rameaux et pétioles pubescents. Il a des feuilles non
palmées, d'un vert luisant, avec une glande sur la nervure
médiane. Ses fleurs, grandes, de couleur jaune-soufre, avec
une teinte rosée ou purpurine vers le bord supérieur, sont
quelquefois entièrement blanches : elles sont remarquables
par la longueur de leur style, qui fait saillie en dehors de la
corolle, même avant l'épanouissement. Le calice, lacinié et
velu, enveloppe une capsule courte, pointue, ovoïde, à trois
loges, qui renferment un coton très fin et très adhérent aux
graines. -
La patrie i\o ce Cotonnier n'esl pas bien connue. Lamarck
28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION.
le croit américain ; Cavanilles pense qu'il vient du cap de
Bonne-Espérance. Il est cultivé à l'île Maurice, où l'on en
connaît deux variétés : l'une, d'une blancheur éclatante,
l'autre, rousse.
T Cotonnier a larges feuilles {Gos;syplum latifalhim).
— Arbuste de /i à 6 pieds, ligneux ; il offre sur ses rameaux et
sur ses pétioles des points noirs tuberculeux. Ses feuilles,
grandes, larges, sont glabres et d'un vert un peu foncé : les
inférieures sont ovales, pointues et entières; les autres sont
divisées en trois lobes profonds et pointus, et portent une
glande sur leur nervure médiane.
Ce Cotonnier, dont la patrie est inconnue, est cultivé aux
Antilles.
8" Cotonnier DES Barbades [Gossypiumbarbademe). — Cet
arbuste , dont les feuilles supérieures sont divisées en trois
lobes pointus, et les inférieures en cinq lobes, offrant trois
glandes, provient des Barbades, et est cultivé dans l'Amérique
du Nord et les Antilles. On l'a introduit à Maurice et à
Bourbon, où il réussit très bien; mais sous l'influence du
climat et peut-être aussi du mode de culture, il a donné
naissance à une variété persistante (Boyle).
9" Cotonnier apetites flevrs {Gossyphim7nicrant/ium). —
.Celte espèce, herbacée, d'une longueurde 18 pouces environ,
offre une tige rougeàtre, hérissée de points noirâtres, de
même que ses pétioles et ses pédoncules. Ses feuilles, divisées
en cinq lobes obtus, presque arrondis, sont très glabres et
offrent une glande sur la nervure moyenne. La corolle est
jaune, à pétales ovales aigus et un peu pubescents en dehors.
Originaire de la Perse.
10" Cotonnier du Pérou {Gossijplum peruvianum) . — Ce
Cotonnier est un arbrisseau de 3 pieds de haut, à tige droite,
glabre, verdàtre et cendrée. Ses feuilles inférieures sont
entières; les supérieures offrent de trois à cinq lobes, et
portent trois glandes; toutes sont tomonteuses. Son invo-
lucelle est très lacinié et offre trois glandes à sa base. Ses
fleurs sont jaunes, avec une tache poupre à la base de chaque
pétale.
CILTURK DU COTONMEIÎ. 29
Cette espèce, originaire du Pérou, est cullivée au Brésil et
ilans toute rAméri(iue du Sud.
II. — Seuiis.
Les graines destinées aux semailles doivent être choisies
l)armi les plus belles variétés; il faut les récolter sur les
individus les mieux, développes et fournissant les filaments les
plus longs; mais ou doit avoir l'attention de laisser de côté
les capsides qui se sont développées les premières, et celles
qui apparaissent à la fin de la saison, parce que, le plus sou-
vent, ayant reçu, à ces époques, des sucs moins bien élaborés,
les graines peuvent être imparfaites, et, par suite, ne donner
naissance qu'à des individus de médiocre qualité. Cependant
on devra observer ijue, sauf les Heurs par les(|uelies débute
la floraison , celles qui se développent les premières sont
généralement de meilleure qualité (juc celles qui leur suc-
cèdent, et donnent de plus beaux produits (Hardy). On peut
faire usage , pour l'ensemencement, de graines conservées
depuis trois ans, mais il est préférable de semer celles de
l'année, qui donnent de meilleurs résultais (Hardy).
Pour connaître si les semences sont propres à la germina-
tion, on a proposé plusieurs procédés, par exemple, de les
mettre dans l'eau, et de rejeter celles qui surnagent ; mais
aucun des moyens iiidifiués ne donne rien de bien certain.
(Juelques praticiens conseillent, pour l'aciliter la germina-
tion, de laire séjourner les graines pendant une demi-journée
dans l'eau, ou dans l'huile de baleine, ou dans l'eau légère-
ment chlorée (Artaud) ; mais ce qui semble le meilleur, est le
le pralmogc des semences dans un engrais pulvérulent très
actif, tel que colombine, guano, poudrette ou sang desséché :
on a ainsi le double avantage de favoriser la continuité de la
végétation, et de prévenir le développement des pucerons sur
la plante (Hardy).
Les observations générales faites sur la culture des plantes
permettent de penser qu'il y aurait avantage à renouveler,
par intervalles, les semences; mais, jusqu'à présent, on
30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
manque d'observations parliculières sur le Colun, qui démoii-
Irent la nécessité absolue de cette précaution.
Il est très important de ne pas semer ensemble des graines
appartenant à des variétés différentes : car, d'une part, leurs
diverses périodes de végétation ne coïncident pas; d'autre
part, leur développement ne se l'ait pas également, et d'autre
part, enfin, il pourrait se passer des pliénomènes d'bybrida-
tion, dont le moindre inconvénient serait de donner des pro-
duits inférieurs en qualité à ceux que fournissent les individus
parents.
Dans les localités qui n'ont pas encore été défricliées, on
sème les graines de Cotonnier sur place, après avoir abattu les
arbres, qui sont brûlés sur place pour fournir, par leurs
cendres, des éléments utiles à la végétation. On fait des trous
profonds de 15 à 18 pouces, sur un pied de largeur en tous
sens, à base et ouverture égales, pour éviter de fouler les
graines, et placés à des distances qui peuvent varier suivant
les localités et les cultivateurs. Dans chacun des trous, creusés
dans la journée, on met, le soir, dix à douze graines recou-
vertes d'un demi-pouce de terreau (Porter). M. Hardy pense
(ju'il faut semer, comme on le fait \)onv les haricots, quatre à
cinq graines séparées et recouvertes de bonne terre, mêlée
d'une certaine quantité de sable, si celle-ci a de la propension à
se croùter, par suite d'une grande compacité. Cette méthode
lui semble préférable au semis en rigoles, (|ui ne lui a donné de
bons résultats que dans les localités où l'irrigation est possible.
Ouand le terrain dans lequel on sème le Cotonnier peut
être irrigué, le cultivateur devra en suivre la pente et y tracer
des lignes disposées de façon que l'irrigation ne soit pas
trop rapide et se fasse régulièrement. Si l'on ne peut éviter
cet inconvénient, on devra faire des liillons, distants de
70 centimètres à un mètre, conservant une forme bond)éc,
sur le côté desquels on place les graines, de telle sorte
qu'elles seront abritées des vents régnants et le mieux expo-
sées possible au soleil.
Dans le cas où l'on voudrait planter en lignes dans des ter-
rains où l'irrigation n'est pas possible, il serait essentiel de
CULTURE DU COïOMNIEIi. 31
tracer les lignes perpendiculaires à la penle du terrain, et
placées à des dislances qui varieront avec la pente du terrain
cl avec la fertilité du sol (Hardy).
Toutes les lois que l'irrigation n'est pas possible, il faut
arroser la terre dès qu'elle est sèche, et donner environ deux
litres d'eau à cliîique Cotonnier. Quel que soit le mode d'ar-
rosage employé, il est indispensable d'humecter la terre deux
jours après le semis (Hardy).
L'époque des semailles, qui doit coïncider avec celle où les
ondées sont le plus fréquentes, est ordinairement de novembre
à avril dans les pays chauds (Porter). En Algérie, le moment
le plus propice varie entre le ib avril et le 15 mai. Il est utile
de faire les semailles aussitôt que possible, dès que la terre
donne une température de + 15 degrés, à 15 centimètres do
sa surface, époque qui coïncide, en général, avec celle où les
nuu"iersl)lancs, en plein vent, développent bien leurs feuilles,
sans ({u'elles se roulent sous l'intluence de l'abaissement
nocturne de la température.
On calcule que la quantité de graines nécessaire pour
ensemencer un hectare, est d'environ 10 à 12 kilogranunes.
Les jeunes plants commencent à lever du troisième au (jua-
trième jour, ou du cinquième au sixième jour, suivant les
localités.
Hl. — Culture.
Le terrain dans lequel on i»lant(^ le Cotonnier doit être un
sol sablonneux, assez profond p<nu" que la jilanlc puisse y
enfoncer son pivot, et offrant une certaine humidité. Si celle-ci
est trop considérable, au moyen de drainages, (tn en enlève la
partie qui est en excès, et qui déterminerait une production
trop considérable de feuilles, et plus tard même la pourriture
des racines. Si le terrain est trop sec, il faut obvier à cet
inconvénient par des arroscments bien mesurés. Les terres
d'origine volcanique paraissent être celles qui conviennent le
mieux au Cotonnier dans les pays chauds, car elles portent
des individus d'un développement plus parfoit et plus rapide
(Porter). En Algérie, d'après les observations de M. Hardy,
les terrains argilo-calcaires conviennent à la culture des
?>2 SOCIÉTÉ IMPÉlilALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Gossi/plion, surtout si elles eut déjà porté des récoltes
d'autres plantes ; tandis que les terrains argileux, froids et
forts, ne donnent que des résultais mauvais. La hauteur au-
dessus du n'veau de la mer doit être prise en considération,
car on a observé qu'à + 600 mètres, la maturalion ne se faisait
jamais complètement, et d'aulre part, qu'il valait mieux semer
les Cotons Géorgie dans les parties basses, et les Cotons
Louisiane dans les parties hautes ; (m a même remarque que
les Colons longue soie étaient de plus hellc qualité quand ils
étaient produits dans le voisinage de la mer, tandis que, au
contraire, les Cotons courle soie se trouvent mieux de la cul-
ture dans l'intérieur des terres (Hardy).
Le terrain doit être purgé avec le plus grand soin des mau-
vaises herbes qu'il porte, et èlre soumis, dans ce but, à trois
ou quatre labours et à des hersages énergiques. Si l'on peut
avoir recours à l'irrigation, pour donner aux G ossf/ph/7)i Y cim
qui leur est nécessaire, on doit arroser avant l'ensemence-
ment ])our éviter que le tassement de la terre ne gène le déve-
loppement du germe, et faire cette opération alors seulement
que la saison est assez avancée pour ne plus craindre de trop
brusques variations de température. Notons que, si l'irriga-
tion doit être faite à des intervalles assez rapprochés pour que
la plante ne souffre pas de la sécheresse, il ne faut pas non plus
la répéter trop fré(iucmment, car alors le Cotonnier offre une
végétation luxuriante en feuilles, mais ne produit que très peu
de fruits; on doit avoir aussi le soin de diminuer la quantité
d'eau au moment de la floraison, pour obtenir des filaments
d'aussi belle qualité que possible. Si le terrain ne permet pas
de faire des irrigations, il faut prendre encore plus de soin
dans sa préparation, et disposer les lignes où doivent être dé-
posées les graines en lignes transversales à la pente du terrain.
Les champs de Cotonniers ne demandent que peu d'engrais,
mais il les faut bien appropriés: ceux qui sont employés le
plus avantageusement, sont les fumiers d'étables, les raclures
de corne, les coquilles de mer, les résidus de la combustion
du bois ou des plantes, les os pulvérisés, les tourteaux de
graines oléagineuses, et particulièrement ceux des semences
CULTURE DU COTONNIER. ' * 33
de Coloniiicr, les immondices bien consommées, les Ikuics
des fosses et des canaux, la vase des marais salants, dont les
cultivateurs de la Géorgie font un grand et très heureux usage
(Porter, Hardy). Le choix de ces engrais est dicti'" par les cir-
constances dans lesquelles se trouve le planteur, et laciuantité
employée doit être en rapport avec la fertilité du sol : du reste',
i(;i, comme dans toutes les (]uestions relatives aux engrais, il
ne peut être rien décidé à priori , c'est au cultivateur à bien
étudier sa terre, et à décider, d'après ses observations, (|uel
engrais il devra i)référer.
Un mois après l'ensemencement, il faut sarcler le terrain à
la main, en prenant bien soin de ne pas blesser les jeunes
plantes, qui ont alors de 3 à /i pouces de hauteur. Comme
plusieurs des graines qui ont été mises dans le même trou
ont germé, et pourraient se nuire dans leur développement
ultérieur, on arrache les pieds les plus délicats, et on n'en
laisse que trois ou quatre, dans chaque place. On sarcle, à
plusieurs reprises le terrain, et assez fréquemment pour pou-
voir détruire toutes les herbes qui nuiraient à la végétation du
Cotonnier, et l'on trouve à ce travail, qu'il est préférable
d'exécuter à main d'homme (à moins d'une culture très
grande, où cependant il est encore le meilleur) l'avantage
d'aérer la terre. Lorsque le troisième mois de la végétation
linit, on laisse seulement un pied de Cotonnier à chatiue
place, en ayant soin de choisir celui ijui olfre la végétation la
plus robuste (Porter, Hardy).
Dès que le Cotonnier a une hauteur de 18 à 'lli pouces, on
'pince la tête, ou mieux on la coupe pour avoir un nombre
plus considérable de branches (Porter). M. Hardy pense que
le pincement doit même être opéré sur les rameaux les plus
développés, surtout à la fin de la saison ; mais liohr n'est pas
d'avis qu'on doive suivre cette pratique, qui, selon lui, déter-
mine plutôt une diminution dans le produit.
La seconde année, le Cotonnier peut fournir des produits
satisfaisants, et continue à produire pendant quatre à cinq
ans, à la condition de faire trois à quatre bons sarclages par
an, et de remplacer {supplyimj) les Cotonniers qui ont péri,
T. X. — Janvier cl l'évrier ISlili. 3
'^h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
par de nouvelles semailles, ou mieux par la transplantation
de pieds cultivés en pépinière (Porter). M. Hardy ne pense
pas qu'en Algérie, au moins, il y ait avantage à prolonger
ainsi la culture pendant plusieurs années; mais dans le cas où
l'ons'y déciderait, il faudrait plusieurs sarclages et avoir soin
d'émonder les Cotonniers.
A la Guyane, où l'on plante le Cotonnier en pépinière, on
fait quelques irrigations d'eau de mer, qui paraissent très
favorablesà son développement. (Nous avons vu plus haut que
les planteurs de la Géorgie se louaient beaucoup de l'usage
de la vase des marais salants comme engrais; d'autre part,
M. Hardy a vu le Cotonnier prospérer en Algérie dans les
terrains salés, à la condition de ne pas recevoir une trop
forte proportion d'eau de mer.) Un système de drainage est
établi pour éviter l'excès d'humidité; le terrain doit être bien
meuble, soumis à un lal)Our complet avant de recevoir les
]»lantes, (ju'on a arrachées de la pépinière avec le plus grand
soin, en raison de la délicatesse de leurs racines, et qu'on
place dans des trous assez profonds : on foule la terre autoui'
des pieds, et l'on arrose. Le système de repiquage a l'incon-
vénient d'augmenter les frais de culture, et de déterminer
un arrêt de végétation qui influe sur la quantité du produit et
sur l'époque de la maturité, retardée d'une quinzaine de
jours environ. Le mieux est de semer sur place, et d'avoir
une petite réserve en pépinière pour remplacer, dans le cou-
rant de l'année, les pieds qui périraient dans le champ.
Les Heurs apparaissent vers la fin de juillet ou le commen-
cement d'août; les premières capsules se montrent environ un
mois après. Tant qu'elles ne sont pas mures, elles restent
fermées, et leur déhiscence, qui laisse apercevoir un flocon
blanc dans chacune de leurs loges, indique que le moment de
la récolte est arrivé.
IV. — Récolte. .:
Comme les divers pays où l'on cultive le Coton ofl'rent des
variétés assez grandes de climat, il s'ensuit que le moment de
la maturité du colon , par consé(|uent celui de sa récolte,
varie en raison même de ces difl'érences et de celles qui peu-
CULTURE DU CUTONiNIKl!. 35
vent tenir à l'espèce particulière de (îossijpiuin qu'on y cul-
tive. C'(!St ainsi qu'en Algérie gènéralemeni les graines du
Cotonnier sont mûres cinq mois après l'ensemencement, et
([u'on recueille le coton à mesure (jue les capsules sont mûres,
et autant que possible dans la belle saison (Hardy). Dès que le
temps devient mauvais , on peut faire la récolte avant la ma-
turité parfaite des fruits, que l'on met dans un four, où ils
sèchent et s'ouvrent, mais le produit obtenu étant de qualité
moindre, doit être conservé à part. A la Guyane, on peut
récolter du coton en septembre , mais rarement la récolte se
faitavantla mi-octobre, et elle se continue jusqu'en décembre,
ce (pli donne \d première récolte. 11 faut alors deux ou trois
semaines de pluie pour activer la végétation et faire retleurir
les Cotonniers. La seconde récolte commence vers la fin de
février pour se terminer à la mi-avril. Il est essentiel de bieji
sarcler le terrain dans l'intervalle des deux récoltes, pour dé-
truire toutes les herbes qui nuiraient au développement des
Cotonniers. Du reste, la première récolte est celle sur laquelle
les planteurs reposent surtout leurs espérances, car souvent
l'abondance des pluies, qui durent tout le temps de la seconde
récolte , nuit à la qualité des produits , et souvent aussi de
grands vents, quelquefois continus, font tomber les fleurs à
mesure qu'elles s'épanouissent (Porter).
Un des caractères qui indi(iuent la maturil(3 du coton est
la non-adhérence de ses fibres aux cosses : aussi tant (pje
celles-ci y adhèrent fortement, les planLeurs ne se pressent pas
de s'occuper à sa réc'olte.
La récolte, qui n'a rien de pénible et peut être faite par
des femmes.et des enfants, ne doit se faire que lorsque le
coton est bien sec; car s'il est mouillé, il ne se dessèche
qu'avec difficulté, et est fréquemment maculé par l'huile qui
transsude des graines. Les planteurs se trouvent bien de ne
pas mêler le coton tombé à terre avec celui qu'on recueille
sur la plante, car, étant toujours plus ou moins souillé de
matières étrangères, il citerait de sa valeur au produit. Il est
essentiel aussi de ne pas imiter la [iratiifue de certaines con-
trées de l'Orient, où Ton détache les cosses vertes avec leur
;î(5 société impériale zoologique d'acclimatation.
contenu, c;ir leurs fraginenls ne sont que très dillicilcnienl,
après la récolle, séparés de la fibre ; il laul que les personnes
chargées de la cueillette détachent le colon et les graines des
capsules qui restent sur la plante : outre Tavanlage d'avoir
un colon plus propre, on a celui de pouvoir le dessécher plus
l'acilenient et de le nettoyer plus vite. Du reste, ce travail est
très facile quand les cosses sont bien ouvertes, seul cas où l'on
doive faire la récolle (Porter). Comme les fruits d'un même
pied de Cotonnier ne sont pas tous mûrs en môme temps, il
faut revenir à plusieurs reprises dans la même pièce. Les in-
tervalles des diverses cueillettes varient avec les espèces de
Gossiipium cultivées; ils ne doivent cependant pas être trop
longs, car les cosses laisseraient écliap))er la soie, et, d'autre
part, les enveloppes, en se desséchant et en se brisant, donnent
des débris qui salissent le coton.
Le coton (jui vient d'être l'écolté doit être exposé sans re-
tard au soleil , juscju'à ce que les graines soient devenues
dures, ce qui demande en général trois jours quand le temps
est beau. Il est indispensable de garantir le coton de la pous-
sière, qui le souillerait. Si le temps est mauvais, on met dans des
chambres le coton , qu'on étale en couches minces . fréquem-
ment retournées j)our faciliter l'évaporation. Par l'emploi de
ces procédés, les lilamenls se dessèchent parfaitement, et
r(''nrenaL!e à la main, ou mieux à la machine, est singulière-
ment facilité (Porter».
V. — Malmlies.
Un très grand nombre d'accidents menacent le Cotonnier
dans les pays chauds, tandis (ju'au contraire en Algérie il n'y
a que peu de causes de maladies puur ce précieux végétal.
Dans notre colonie, ce que les Gossypium redoutent surtout,
(;'est l'intluence du froid, (jui, quand ils sont jeunes, leur
donne ce que l'on nomme la cloque , dont ils guérissent bien
dès que la chaleur se maintient suffisamment élevée. L'abais-
sement de la température détermine quelquefois la chute des
feuilles, des tleurs et des fruits, et pour rétablir la vigueur de
la plante, il faut biner avec soin son pied. Dès que le Colon-
r.iiLTiT.E nu coTONNiP.r.. 37
nier devient souffrant, il se couvre tie pucerons qui se déve-
loppent par milliers et sont une cause nouvelle de débilitation
du végétal, ('ne sorte de puceron, dit Cotton-bug, se déve-
loppe sur les capsules du Cotonnier dans les pays chauds, et
ne se montre guère que lorsque la plante est atteinte de la
nielle (ùlast). Celte maladie, qui est une sorte de gangrène
du Gossi/phnn, se montre à la suite d'un excès d'iiumidilé, et
alors les racines pourrissent et le Irnit ne se forme pas, ou a
la suite d'un excès de chaleur, et ah^rs les Heurs et les cap-
sules deviennent noires et se couvrent de myriades de puce-
rons écarlales quand ils sont jeunes, bruns et d'une odeur
forte et désagréable quand ils sont vieux (Porter).
Parmi les ennemis du Cotonnier, nous citerons : la Cour-
lUïàve (Grt/l/iis (/j'i/I/o-ta/pa), ([ul coupe les racines des jeunes
individus, et dont la destruction, trèsdifiicile, ne peut guère se
faire qu'au moyen de l'eau bouillante ou de l'eau froide et de
l'huile ; la larve du Meloluntha fallo, qu'il faut tuer à mesure
que le labour en découvre quelques-unes ; VErodius gibbiis,
qui habile surtout les terres légères et sablonneuses; les sau-
terelles voyageuses, heureusement très rares en Algérie, mais
qui, lors de leurs apparitions, dévastent tout sur leur pas-
sage (Hardy).
Dans les conlrécs intertropicales, une chenille très vorace
s'altafjue aussi aux Cotonniers, qu'elle ravage en raison même
de son abondance. Pour la détruire, il faut avoir recours aux
fumigations sulfureuses, ou à la projection de chaux en poudre
sur les piaules. Cet animal, auquel heureusement un grand
nombre d'oiseaux font une guerre acharnée, ne paraît heu-
reusement guère plus d'une fois tous les trois ans (Porter".
On se trouve bien, pour conserver ses planlations en bon
état, d'éviter le voisinage des grands arbres, dont l'ombrage
leur est préjudiciable et dont les racines viennent leur disputer
le sol. Il faut aussi éviter de cultiver entre les plants de Gos-
sypium d'autres végétaux, qui leur nuisent, et l'on devra
d'autant plus y prendre garde, que presque toujours le résultat
le plus certain est d'avoir deux récolles médiocres au lieu
d'uiif b(Uiue (Hardy).
SUR LK lUZ AUl ATIQIIK
[Ziziiiiid n(^)/(ifif(i) ^
Par m. ii. DA¥FL«L'I«>>.
it.t
(Sî-ance (lu 20 juin 1862. "i "'
L'indication donnée par le procès-verbal de la séance
générale du 25 avril 1862, semblant indiquer qu'on songe
à faire des essais sur le Riz d'eau [Zizanla aquatica, L.), j'ai
pensé, quoique je ne m'occupe pas spécialement des végé-
taux, qu'il n'('tait pas inutile de faire connaître à la Société
d'acclimatation quelques d(''tails f(ue je vous prierai de vou-
loir bien transmettre.
Avant l'article que M. Kiiline a consacré à ce végétal (1),
on avait publié dès 185Zi, dans un rapport relatif à l'exposition
de New-York (2), quelques remarques qui auraient dû fixer
l'attention des agriculteurs. Ces remarques et les indications
de M. Kidine concordent sur plusieurs points, ce qui prouve
l'exactitude des pi'emières comnmnications. Mais celles-ci ren-
ferment quelques détails importants à connaître, qui n'exis-
tent pas dans l'article de nuire confrère, et que je vais rapi-
dement rappeler.
L'importance de la Zizanie tient à des caractères de pbi-
sieurs espèces: elle est aquatique ; elle est rustique et vivace ,
elle vient sans culture ; elle est nutritive pour l'homme et les
animaux ; elle rend beaucoup, les récoltes sont faciles. Assu-
rément ce sont de grands avantages.
La grande valeur de la Zizanie se tirerai! de ce qu'elle peut
être semée dans les marais. La flore des marais est tellement
pauvre en plantes alimentaires, que l'on compte celles qui sont
utilisables puni- les animaux. Par conséquent une semblable
[)lante pour l'iiomme est une richesse. Malheureusement il ne
paraît pas (pie la Zizanie donne autant qu'on l'espérerait dans
(1) Hulli'liii. I. I\, pages l'io cl siiiviiiitcs.
('.') .\nii(ilc:< tin ((iinuifrce r.vlvrit'av, li" 77/i. l'aris, IS.Vj.
sua LE RIZ AQUATIQUE. 39
ces conditions. La notice dont j'ai parlr dit bien que « là
plante croît, fructifie... dans les has-l'onds submergés, im-
propres à toute culture » ; qu'elle « se reproduit spontané-
ment dans des contrées coupées de llaques d'eau presque
stagnantes et de mares peu profondes ->. Mais un peu plus
loin , en parlant de la province de Minnesota, où la Zizanie
croît en abondance, il est dit que « le Riz sauvage s'y ren-
contre dans toutes les fondrières qui coupent ce pays, et sur-
tout anx approches des canaux naturels qui mettent ces
dernières en communication avec les cours d'eau qui les
alimentent. Il est plus maigre, plus clair-serné, ajoute-t-on,
dans les pièces d'eau entièrement circonscrites» . Ceci, rappro-
ché de ce que dit M. Kûhne sur les conditions du milieu qui
lui paraissent les plus favorables, montre que c'est plutôt
une plante d'étangs que de marais ou de rivières ; car il semble
qu'outre un léger mouvement de l'eau , il faille encore une
variation déterminée dans son niveau, sans toutefois que la
variation excède certaines limites, dont l'étendue est cepen-
dant déjà considérable.
L'auteur anonyme des remarques est parfaitement d'accord
avec ce (jui précède, lorsqu'il cite la Sologne, les Landes et
une i)artie de la Camargue comme pouvant donner lieu à
une culture intelligente de ce végétal. J'indiquerai plus loin
pourquoi on doit cependant se tenir en garde , au moins
dans les essais à faire, sur les conditions des pays dans les-
quels on voudrait cultiver la Zizanie.
La rusticité remarquable de cette plante est digne d'être
prise en considération. La notice dont jai parlé indique
qu'elle couvre une étendue considérable de la province de
Minnesota, située entre les h'2' et /|7 ' degrés de latitude N. Dans
celte région, la température est froide. On doit donc supposer,
d'après une règle généralement atlmise, qu'elle réussira dans
des climats tempérés. Mais, selon M. Kùhne, elle ne dépasse
^ pas FArkansas, ce qui semblerait prouver qu'elle ne s'étend
pas beaucoup au delà du 3;V degré de latitude N. (1),
(1) La notic<^ dil ccpoiulant : « Le !îiz sauvage so icncoiilre partout au\
Lials-l nis, depuis les l)oi(ls uian'ca^enx de l'Atlantique, où il sert de pâture
/jO socii'rn': impi':rialk zoologique d'acclimatation.
c'esl-à-dirt' dans los parties chaudes de l'ancienne confédéra-
lion, anjoiiiïriiui débaltue, de rAmérique du Nord. Ce n'est
donc pas indislinctement qu'il faudra faire des essais, et à cet
égard, je crois qu'on a grandement raison de commencer
par le déparlement de l'Aisne, comme l'indique le procès-
verbal de la séance générale du 25 avril dernier, si l'on se
conforme aux indications précédemment données, qui ne sont
pas en désaccord avec ce que dit M. Kùhne. Il est, en effet,
impossible de supposer à présent si la plante pourra s'étendre
beaucoup au sud. Si, par exemple, elle viendra bien dans les
Landes, qui ont un climat beaucoup plus chaud que celui de
rAméri(iue du Nord.
Dans l'une ni dans l'autre source d'indications je ne trouve
de renseignements sur le rendement. La notice sur l'exposi-
tion de New-York dit que « les tiges sont plus rigides que
celles du Riz ordinaire ». Il est sans doute question des tiges
arrivées à maturité. Ce qui semble appuyer celte opinion, c'est
qu'il est dit qu'à Minnesota la paille n'est pas coupée, et, par
suite, non employée pour les bestiaux. Sous ce dernier rap-
port, tout ce que dit M. Kûhne est important, parce qu'il
indique une utilisation de la plante inconnue aux Indiens.
En Europe, les accidents auxquels l'emploi des tiges de Sorgho
a donné lieu devraient rendre circonspect sur l'emploi sem-
blable de la Zizanie, car son pouvoir nutritif doit être dillé-
rent de celui d'herbes aqueuses.
Relativement au grain, la notice donne un renseignement
important. C'est qu' « il paraît plus riche en gluten que le
Riz ordinaire, et semble être, par rapport à ce dernier, ce que
le Rlé dur est au Blé tendre ». Ce qui explique, comme on le
dit plus loin, ce fait que « les habitants de race caucasienne
établis sur le territoire de Minnesota ont imité les Indiens, et
ont fait de ce Riz leur nourriture habituelle. Ils lui donnent
aujourd'hui une préférence marquée sur le Riz de la Caroline
et le déclarent plus nourrissant ».
aux oiseaux dos l);)is, jusqu'aux (Icniiri-.'s limilos des lerriloiie; de i'OiiesL»
Mais rinlicaiioii (le M. K^ilii.', lapproeli.'C d^-s iiiitrci fails, parait plii-
fxaclc *
SUR LE RIZ AQUATIQUE. !\\
Passé ces indications, je ne trouve plus rien de relatif au
rendement. On ne dit pas quelle est la quantité approxima-
tive de pieds sur un espace donné et le poids qu'ils peuvent
présenter. Il en est de même du grain pesé et mesuré. Cette
détermination, assez difficile à faire pour ceux qui n'habitent
pas sur les lieux mêmes, s'explique encore parce que ce sont
les Indiens qui récoltent principalement cette plante. Elle est
fâcheuse, parce que si, d'ici à quelques années, elle n'était
pas remplie, nous ne pourrions pas instituer de comparaison
directe avec ce qu'est la plante dans son pays originaire et
ce qu'elle deviendra par son acclimatation ou sa dégéné-
rescence entre nos mains.
Je transcrirai encore cette indication qui peut être utile :
« Au Minnesota, la plante fleurit en août, le grain estmùr du
15 septembre au 15 octobre. « M. Kiihne ajoute sur l'époque
où la récolte devient possible une utile indication ; mais il
ne dit pas, comme dans la notice, que « la moisson com-
mence huit ou dix iouvs avant la maturité ». Cause première
qui peut empêcher les graines de germer, à plus forte raison
si une torréfaction vient s'y joindre.
Les détails relatifs à l'ensemencememt manquent dans la
notice. • • ...
Ce que dit M. Kidine delà précaution à prendre, de faire
germer les graines avant de les placer dans l'eau pour leur
faire prendre racine, est parfaitement justilié par la remarque
suivante : « Le grain, cylindrique, allongé, corné et trans-
lucide, est recouvert d'une pellicule menue et fortement
adhérente... Infusé dans l'eau froide, ce Riz gonfle beaucoup
et s'ouvre en deux valves recoquillées l'une sur l'autre, où est
placé le germe. » On aura toujours par ce moyen une indica-
tion du succès qu'on peut espérer, en voyant si la graine est
bonne.
Enfin, les graines recueillies comme le dit M. Kûhne, « sé-
chées en meules et battues de nouveau, donnent le Riz con-
forme aux échantillons c. On ne fait qu'enlever cette pellicule
fortement adhérente qui environne la graine.
II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX
DES S]'•;^^CKS généh ai.es de la société.
. . • ■ SÉANCE DU 9 JANVIER 186U. .■ „ ,
Présidence de M. Moquin-Taniion, \ice-prési(lent. , ; ■
Le procès-verlial est lu et adopté.
— M. le Président annonce que MM. Mackinnon, vice-pré-
sident de la Société d'acclimatation de Londres, et AVilson,
membre honoraire de notre Société et fondateur de toutes les
Sociétés d'acclimatation d'Australie, assistent à la séance, et
les invite à prendre place au bureau.
M. le Président proclame les noms des membres nouvel-
lement admis :
MM. AssY (Alfred d'j, à Paris.
Relenot (Ferdinand), propriétaire, à Neufchàtel (Suisse).
Berthemy (S. Exe. M.), ministre en Chine, demeurant à
Pékin et à Paris.
BiLLAUT (S. Exe. M.), Ministre, rue Saint-Arnaud, Paris.
BiLLON, à Marseille.
P.r.AME (Edouard), ancien élève de l'École polytechnique
et jngénieur du chemin de fer du Nord, à Paris.
Cabarrus (Julien de), consul général et chargé d'affaires
de France dans l'Amérique centrale, à Guatemala et à
Paris. ■ ■
Derains, étudiant, à Paris.
Desrousseaux de Medrano, président de la Société d'hor-
ticulture des Ardennes, à Paris.
FoLsr.n (Charles-Henri), vice-consul de Suède et Nor-
vège et de Danemark, à Marseille.
Germiny (le comte de), gouverneur de la Banque de
France, à Paris.
CoYON (le général comte de), sénateur, aide de camp de
l'Empereur, à Paris.
Imhaus (Georges), à Paris.
Jardot(A.), ancien officier d'état-major, à Paris.
PROCÈS-VERBAUX. " /|3
MM. Martel (Ernest), propriétaire, à Saint-Omer (Pas-de-
Calais.
Mauran (René-François), propriétaire, à Paris.
-' MoNiGAULT (Paul de), attaclié au ministère des affaires
étrangères, à Paris).
MoYSEN , membre du Conseil général de l'Aube , à
Paris.
NuNEZ (le duc de Fernan), propriétaire, en Espagne et en
Belgique, à Madrid. '•
Périg^on (le baron Maurice de) , propriétaire, à Paris. -•
PiEY (le docteur Henry), médecin adjoint à l'asile impé-
rial de Vincennes, à Paris. ' •
Salvador (F. S.), rentier, à Paris.
Teissonnière (Henry), négociant, à Florac (Lozère).
Trautmann (Daniel), propriétaire, au Barré, commune de
Charly (Aisne).
— M. le Président donne lecture de deux lettres de S. Exe.
M. le Ministre des affaires étrangères, annonçant: 1" que S. M.
l'Empereur vient, sur sa proposition, d'accorder la croix de
chevalier de la Légion d'honneur à M. le docteur Mueller,
en récompense des services rendus par lui à la cause de
l'acclimalation; '2" (pie S. M. l'empereur du Brésil a nommé
chevalier de son ordre de la Rose M. Hébert, agent général
de la Société, dont nous sommes chaque jour à même d'ap-
précier le zèle aussi intelligent que dévoué.
— Des remercîments pour leur récente admission sont
adressés par MM. d'Araujo, Brosser et Dutertre.
— S. Exe. le ministre de l'agriculture du Brésil, ayant
adressé une demande de graines et de greffes d'Oliviers et de
Marronniers, notre honorable vice-présidentM.Moquin-Tandon
a bien voulu se charger de faire recueillir des graines et des
boutures des meilleures espèces d'Ohviers, et le Conseil s'est
mis en rapport avec M. André Leroy (d'Angers) pour les Mar-
ronniers.
— M. le président de la Société coloniale de la Réunion,
récemment alTilié(.' à notre Sociéti-, fait parvenir le Journal
ll!l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
officiel de I'I/p de la Réunion, renfermant l'acte officiel de
son autorisation par le gouverneur, et ses statuts constitutifs,
et annonce' qu'elle vient de demander la concession du jardin
public de Saint-Denis pour le transformer en jardin d'accli-
matalion.
— M. le docteur Berg, notre délégué, en écrivant pour le
même objet, ajoute que la Société de la Réunion se propose
d'envoyer prochainement à la Société impériale des Oies de
Madagascar, d'une espèce fiu'il croit inconnue en Europe, et
l'énorme Tortue des Seychelles.
— La Société lasmanienne d'acclimatation à Hobart-town
remercie de l'envoi de nos Bulletins.
— M. Sacc transmet quelques renseignements sur les tra-
vaux d'acclimatation de MM. Bataille, Linden, et Boppe Iler-
mile.
— M. Pierre Pichot envoie également quelques documents
relatifs aux progrès de l'acclimatation en Russie.
— MM. Euriat Perrin, Lcquin et le vicomte de Morleuil
annoncent qu'ils ont reçu les animaux : Chèvres d'Angora et
Yaks, qui leur sont confiés en cheptel.
— MM. le comte d'Eprémesnil, Ghesneau et dePuiberneau
demandent à être inscrits au nombre des personnes auxquelles
seront conliés des Moutons On(/-ti.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet un
mémoire de M. Espina, agent, vice-consul de France à Sousse
(Tunisie), sur la possibilité de naturaliser dans les parages de
nos possessions d'Afrique les Eponges tunisiennes, connues
dans le commerce sous les noms de gélinos et brunes de liur-
harie, et que l'on pèche dans l'ancienne petite Syrie, entre
'yy 15' et 35" 10' de latitude. (Voy. au Bulletin.)
— M. des Noulies de laCacaudière fait parvenir quelques
nouveaux documents sur ses essais de pisciculture.
— M. Faivre adresse une Note sur ses expériences de pisci-
culture fluviale, et donne de nouveaux détails sur les soins
qu'il a pris de féconder des Truites ])0ur réparer, autant que
possible, les actes de malveillance (jui ont compromis les ré-
sultats de ses précédentes tentatives.
PROCÈS-VERBAUX. â&
— Madame la comtesse de Corneillan annonce l'envoi d'une
colleclion complète de cocons de Vers à soie, dont elle fait
don à la Société. — Remercîments.
— M. Hardy informe qu'il vient d'expédier /i7 kilos de cocons
du Ver à soie du Ricin et li kilos 000 grammes de cocons du
Ver à soie de l'Ailante, pour servir aux expériences de lilalure
et de tissage que la Société a décidé de confier aux soins de
notre dévoué confrère M. Davin.
— M. Gauldrée-Boilleau, par une letlre adressée à M. le
Président, annonce qu'il envoie à la Société deux caisses de
plantes du Canada, qui ont été confiées aux soins des compa-
gnies de navigation entre le Canada et Liverpool, et de Liver-
j)ool au Havre.
— M. Boisnard-Grandmaison offre trois tubercules d'Igname
de Chine, ayant une forme arrondie particulière, et qu'il a
obtenus en semant des graines recueillies sur un pied de cette
plante cultivé chez lui.
A ce sujet s'élève une discussion, de la(juclle il résulle (jue
ladiflerence de forme indiquée pour ces graines pourrait
tenir à ce que d'ordinaire on donne le nom de graine à la
semence entourée de son péricarpe, lequel aurait été détruit
dans celles qui ont produit les échantillons soumis à l'examen
de la Société. Les bulbilles envoyés par M. Boisnard-Grand-
maison seront remis au Jardin du bois de Boulogne pour (juc
l'expérience y soit continuée.
— M. Sicard, de Marseille, adresse un Mémoire sur le
('//f/t-s/j de Chine et sur les divers produits qu'il en a obtenus.
Des échantillons de ces produits sont placés sous les yeux de
l'assemblée. (Voy. au Ihdlt'tin.)
— M. Terwangne, de Lille, fait connaître quelques nou
veaux détails sur son procédé de rouissage.
— MM. Verlot et Brierre adressent des Rai)porls sur leurs
cultures de cette année.
— M. Rodier et M. Jourdan, directeur du jardin des planic?
de Marseille, remercient des graines et des plantes qui leui"
ont été envoyées.
— La Société d'agriculture et d'acclimatation des Basses-
46 SOCIÉTÉ IMrÉUIALE ZOOLOGIQUE u'accLIMATATION.
Alpes, el MM. d'Ivernois et Genesley, demantlenL à être com-
pris dans les prochaines distributions de végétaux.
■ — M. Yattemare adresse, au nom de l'Insiitut américain de
l'État de New- York, trois volumes de ses Trat/sacno/ts (1858,
1859 et 1860).
— M. le docteur Auzoux annonce l'ouvertui'e de ses cours
d'anatomie humaine et comparée, et invite ceux des membres
de la Société qui désireraient y assister, à le lui l'aire savoii",
pour ({u'il puisse leur réserver des places spéciales.
— M. le Président l'ait connaître l'état actuel de la sousciip-
tion pour l'érection d'une statue à Daubcnton ; les sommes
recueillies jusqu'à ce jour s'élèvent à environ 13 000 i'i-ancs, el
comme elles sont insuffisantes, il engage les membres à re-
doubler de zèle et de générosité.
M. le Président donne ensuite connaissance du résultat
des élections laites le 8 janvier, par les cinq Sections, pour
le renouvellement annuel de leurs L'ureaux el la nomination
de leurs délégués dans la Commission des réconq)enses pour
l'année 18(33. '
1" Section. — Mammifères. ' " '
MM. , , / ! MM-
Davin, président. E. Bosquillon de Jenlis, secrétaire.
Deb.^ins, vice-président. ! A . Gii.let deGrandmont, vice-secrét.
M. Davin, délégué dans la Commission des récompenses.
2'^ Section. — Oiseaux.
MM. I MM.
nEur,iKiil''ONTAi.Ni:, président. ! HuiU'I'.t-Buieri'.e, secrétaire.
A. Geoim'.oy S'-IIieaii',e, vice-itrésid. ! 1']. Iîogek, vice-secrétaire.
M. HuBEKT-BuiERHE, délégué dans la Commission des récompenses.
3"^ Section. — Poissons, Annélides, Mollusques, Zoophytes.
MM.
A. I^^SSY, président.
Millet, vice-président.
M. ^VALLL•T, délégué dans la Connnission des récompenses.
W- Section. ~ Insectes.
MM. I MM.
CiÉuiN-MÉNEVlLLE, président. I A. Peiu;ot, secrétaire.
liiGOT, vice-président. i L. Soudeih.xn, vice-secrétaire
M. Blc.OT, délégué dans la Commission des récompenses.
MM.
Cil. \Vallut, secrétaire.
Cil. LoBLiGEOis, vice-secrétaire.
PROCÈS-VERliÂUX. •. /|7
■5"' Section. — Végétaux
MM. I MM.
Mo(hin-Tan"DON, piésklent.
F. MoREAU, vice-présiilent.
Dupuis, secrélaire.
Prilliel'x, vice-secrétaire.
M. F. MoHEAU, délégué dans la Commission des récompenses.
De ces élections et de celles du Conseil faites dans sa séance du
6 janvier, il résulte (jue la Commission des récompenses pour l'année 1863
est ainsi composée :
MM. Moquin-Tandon, président délégué, et le C" d'Éprémesnil, secré-
taire général; Deuains, Jacquemart, le baron Séguier et Soubeiran, élus
par le Conseil ; Dwin, Hubert-Brierre, W.\llut, Bigot et Moreau, dans
l'ordre de leur élection par les cinq Sections.
— Il est donné lecture d'une lettfe de M. IIubert-Bi'ieri'c ,
noninié délégué de la "2" Section pour la Commission des récom-
penses, mais qui décline cet lionneui: en raison d'un voyage
qui le tiendra éloigné quelque temps de Paris.
— M. le Président donne à la Société connaissance de l'état
des Yaks et des Chèvres d'Angora placés à cheptel.
Le troupeau de Souliard se composait de :
1" Yaks du Tibet purs, et métis d'Yaks et de Vaches
Aubrac ;
2" Chèvres d'Angora pures, et métis de Chèvres d'Angora
et de Chèvres d'Auvergne.
Le troupeau d'Yaks était ainsi com])osé : . . ,.:.,.;.
Six taureaux de race pure;
Cinq l'emelles /'/tf;;*; ' •"-
Ouati'e taureaux métis Vak-Aubrac;
Six génisses Aubrac.
La Société possède en outre deux taureaux et une lémelle
d'Yaks purs, confiés à la Société régionale de Grenoble. . :
: Ils ont été répartis comme suit, à titre de cheptels :
1" A S. A. L le prince Napoléon, un taureau et une remelle
d'Yaks purs, destinés à être placés dans le parc réservé de
Mcudon.
- 2" A M. de Fenouillet, dans la Lozère , un taureau et deux
femelles d'Yaks purs.
3° A M. Lequin, directeur de la ferme-école du départe-
ment des Vosges, un taureau et deux femelles d'Yaks purs.
A8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
A" A M. le vicomle de Morleiiil, dans la Ilaule-Loire, un
taureau Yak pur , deslinc à des essais de croisement avec la
race bovine du pays.
5° A M. le conile d'Éprémcsnil, sccrélaire général de la
Société , dans le département de TEnrc , un taureau Yak pur
et les six vaches Aubrac, pour continuer les essais de croise-
ment commencés.
0" A M. Jacquemart, dans l'Aisne, les quatre jeunes tau-
reaux, pour les soumettre au travail.
Le Conseil a en outre décidé que des essais de croisement
avec la race bovine bretonne seraient confiés aux soins de
M. Debains.
Les deux jeunes taureaux Yaks de pur sang seront placés au
Jardin d'acclimatation.
Le troupeau de Chèvres d'Augora de Souliard se composait de:
Dix-sept Boucs i)urs de dilTérents âges;
Vingt-neuf Chèvres pures idem;
(Juinze Boucs métis de premier et deuxième croisement;
Ouaranle-deux Chèvres mélisses, idnn.
Ce troupeau a été ainsi réparti :
1" A M. Lequin, directeur de la ferme-école des Vosges:
3 Boucs et h Chèvres de pur sang, 6 Chèvres métisses;
en tout, 13 tètes.
•2" AM.Euriat, agriculteur, à la ferme de Boville(Meurthe):
3 Boucs et 8 Chèvres de pur sang, 6 Chèvres métisses ; en
tout, 17 tètes.
3° A M. le vicomte de Morteuil, dans la Ilaute-Loirc :
3 Boucs et 5 Chèvres de pur sang, C Chèvres mélisses; en
tout, \h têtes.
h" Au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne : li Boucs
et 7 Chèvres de pur sang ; en tout, 11 tètes.
5" Un Bouc et une Chèvre de pur sang et h Chèvres métisses
ont été laissés dans le Cantal.
6" Le Conseil a en outre décidé qu'il serait offert à la So-
ciété d'acclimatation de Melbourne, au nom de la Société
impériale, 2 Boucs et h Chèvres de pur sang, avec h Chèvres
métisses; en tout, 10 tètes.
PPiOCÈS-YERBAUX. /lO
Un rapport sera présenté à la Société sur l'état de ces ani-
maux.
— M. Guérin-Méneville annonce qu'il donnera prochai-
nement un résumé des travaux séricicoles en 1862, et com-
munique une note dont nous extrayons le passage suivant :
« Tout le monde sait que l'industrie do la soie, qui faisait
produire à notre sol une valeur annuelle de plus de 300 mil-
lions, est, depuis plus de dix ans, dans un état déplorable, et
l'on est généralement d'accord aujourd'hui pour reconnaître,
ainsi que je l'ai démontré dès l'origine de la maladie, que cet
état ne peut provenir que de l'épidémie végétale à laquelle les
Mûriers n'ont pu échapper, et qui a amené la désastreuse ma-
ladie des Vers à soie. Jusqu'à présent on a un peu paUié le
mal, en introduisant des graines (ju'on est allé chercher dans
des pays non atteints par le fléau; mais chaque année il fai-
sait du chemin en envahissant ces contrées, ce qui nous obli-
geait à aller plus loin.
» Aujourd'hui, ainsi que le dit un sériciculteur du Midi,
« les provenances connues s'en vont une à une ; Bucharest et
Nouka, les seules qui restent, outre leur insuffisance, inspirent
des inquiétudes. »
» Ces inquiétudes sont partagées par un honorable négociant
de Marseille, qui avait pu faire, jusqu'à présent, de la bonne
graine en se rendant, pour cela, dans des pays encore sains.
Reconnaissant aussi que les provenances réputées les meil-
leures sont envahies ou vont l'être, M. Mazade se décide à
aller faire grainer au Japon, en Chine et en Cochinchine, et
S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères a bien voulu
lui accorder un appui dans l'exécution de celte importante
mission.
» Cette introduction degraines étrangères sera indispensable
tant que l'épidémie durera en France, mais elle devra cesser,
dès que l'intensité du mal diminuera et nous permettra de l'aire
de bonne graine, d'abord sur quelques points et ensuite par-
tout, comme cela avait lieu avant l'invasion de la gattine.
Nous devons donc, en attendant, et c'est ce que je fais sans
cesse, chercher et étudier, pour saisir ce moment et nous
T. X. — Janvier et Février 1863. 4
50 SOCIÉTÉ IMI'ÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
affranchir le plus loi j)ossil)lc de celle nécessité d'aller
chercher au loin des graines de Vers à soie qui nous coulent
annuellement plus de dix millions de francs. »
M. Millet appuie la proposition de M. Guérin-Méneville, relati -
vementà l'utilité et càropportunité de se procurer des graines de
Vers à soie dans les pays non infestés ; il fait observer en même
temps qu'il serait très important d'appliquer sur une grande
échelle, et dans les diverses régions de l'Europe, le mode d'é-
levage en plein air, du moins pour les reproducteurs. A ce
sujet, M. Millet appelle toute l'attention de la Société sur les
beaux travaux de notre confrère M. le docteur Chavannes, de
Lausanne, qui a constaté la présence de nombreux cristaux
d'acide hippurique dans le sang des Vers à soie malades ; ces
cristaux disparaissent graduellement par l'élevage en plein
air, et l'on arrive ainsi à obtenir une graine parfaitement
saine. M. Millet, qui a pu voir les curieuses recherches de
M. Chavannes et en constater les importants résultats, ajoute
que les travaux de notre confrère ont été justement appréciés
en Italie et récompensés par un prix de 2O0O francs décerné
par l'Académie de Milan. ■ . ;
— M. Lamiral lit un second Rapport sur un essai d'acclima-
tation des Éponges du Levant dans les eaux françaises de la
Méditerranée. (Voy. au Bulletin.) - -
M. Millet, tout en applaudissant au zèle et aux efforts de
M. Lamiral, présente quelques observations qui lui parais-
sent de nature à être prises en considération pour les nouveaux
essais d'acchmalation de l'Éponge ou des Coraux.
« On doit, dit-il, dans ces opérations, tenir grand compte
du degré de salure et de température des eaux, et de leur pro-
fondeur, et s'abstenir de récolter et de transporter à l'époque
de la reproduction.
» L'emploi de la glace dans le tranr^port peut avoir de très
graves inconvénients, d'une part, en diminuant la salure de
l'eau, et, d'autre pari, en mettant les organes si délicats des
animalcules de l'Éponge et du Corail en contact avec des
parties d'eau à tenq)érature très basse. - ■ '-
» Les appareils peuvent être facilem'Mil aérés dans le trajet,
. '■" ' PKOCÈS-VERUAUX. '- SI
par le iiiude d'insufflation que noire confrère a imaginé pour
le trans|»ort des Poissons vivants. »
Quant aux causes de destruction signalées par M. Lamiral,
M. Millet pense cpic l'on peut s'en garantir en déposant ou en
fixant les Polypes sur des fonds solides et non niolùles, sur
des roches inaccessibles aux filets des pécheurs, et même sur
des piquets ferrés, ou bien sur des châssis de toiles métalli-
ques immergés dans les anfracluosilés du littoral.
L'emploi des bouées comme points de repère paraît à
n(jtre confrère avoir l'inconvénient de signaler à la malveil-
lance la présence des Eponges déposées; il serait préférable,
selon lui, d'avoir recours à dès repères géométriques.
— 11 est donné lecture du Mémoire de M. Sicard sui' le
Cn//i-sc, et d'un travail de M. Iloger-Desgenettessur son éta-
blissement de pisciculture à Saint-Maur, près de Paris.
;■ ' SÉANCE DU 23 JANVIER I860.
l*résidence de M. A. Passv, vice-président. ' '
■ Le pi'ocès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres admis
par le Conseil dans sa dernière séance :
MM. Allard, général de division, président de section au
Conseil d'Etat, à Paris.
Bécuu (Jules), jardinier chef de la pépinière de Liiskia,
, • à Biskra (Algérie).
BoiNViLLiERS, président de section au Conseil d'État, à
Paris.
BujjBERG (S. Exe. M. le baron de), ambassadeur de S. M.
l'empereur de toutes les Russies, à Paris.
CoRTiER (Henri), propriétaire, à Étourvy (Aube), et àParis.
FouRNiER (Henri) , ministre de France à Stockholm
; . (Suède). . , . ■ , . . :■ , - ,,
; • Haberï (Charles-Gustave), à Monlfort-l'Amaury iSeiiie-
et-Oise), et àPiiris.
Maigne, conseiller d'Étal, à Paris.
, _Mai,aret (le baron de), ministre de France à iîi'u.xejles.
52 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
MM. Martin (S. Exe. M. de Francisco), ministre plénipoten-
tiaire de Guatemala, à Paris.
Meiiemmed-Djémil Pacha (S. Exe), ambassadeur de la
Porte Ottomane, à Paris.
Mendiola (Ignace de), ingénieur civil h la Havane (île de
Cuba), à Paris.
Penel (Isaac-François), propriétaire, à Louveciennes,
canton de Marly-le-lloi (Seine-et-Oise).
RioTTOT (.1.), au'chàteau d'Osny (Seine-et-Oise), et à Paris.
ToucHARD (Artbur), propriétaire, à Courcelles, pi'ès de
Pontoise (Seine-et-Oise).
— M. le Président annonce ensuite la perle que la Société
vient de faire de deux de ses membres les plus éminents:
S. A. le vice-roi d'Egypte, qui avait donné à notre œuvre de
nombreux témoignages d'intérêt et de sympalbie, et M. Ho-
race Yernet.
— Des lettres de remercîment pour leur récente admission
ont été adressées par MM. le général comte de Goyon, le
baron Pérignon; Berlhemy, ministre de France en Gliine ;
Pascual e Inglada, de Barcelone, et Folscb, vice-consul de
Suède et Norvège et de Danemark, à Marseille.
— M. Folscb, en terminant sa lettre, annonce que depuis
plusieurs années il s'occupe d'une (juestion qui intéresse
l'agriculture et l'industrie française, celle de la n'génération
des Vers à soie. 11 ajoute que ses agents ont rapporté des
provinces russes transcaucasiennes une quantité considé-
rable de graine pour être répartie dans les déparlements séri-
cicoles, et qu'il se {)ropose d'adresser procbainemenl à la
Société une once de graines de Vers à soie qu'il a reçues du
Japon, et sur lesquelles il fonde de grandes espérances.
— M. le docteur Sacc, par une lettre datée de Barcelone,
le 19 janvier, transmet de nouveaux documents qui lui ont été
adressés par notre zélé confrère M. Bataille, de Cayenne. Ces
documents sont particulièrement relatifs aux projets exposés
par M. Bataille, dans un rappuit spécial sur la déportation à
la Guyane. Notre confrère y a joint une longue note d'objets
provenant des pays indiens et des Tapouyes de la côte du
PROCKS-VERBAUX. 53
Brésil, pouvant intéresser la Société d'acclimatation. Il an-
nonce, en outre, qu'il s'occupe de réunir une nouvelle collec-
tion d'animaux, et qu'il a, entre autres, envoyé plusieurs
agents dans les pays indiens à la reclierclie des Agamis.
— M. Drouyn de Lhuys fait parvenir un compte rendu des
Bulletins de la Société du jardin zoologiqae de Francfort, qui
lui a été adressé de Vienne par M. Debains, secrétaire de l'am-
bassadeur de France, et qui contient des détails intéressants
sur des faits d'acclimatation en Allemagne. (Yoy. ^\x Bulletin.)
— S. Exe. le Ministre de l'agriculture transmet au Conseil
une lettre de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord , ((ui
renferme une liste des végétaux et des animaux que la section
d'acclimatation de cette Société désirerait obtenir pour en
tenter l'introduction en Bretagne.
— M. le président de cette Société fait remarquer les con-
ditions climatiques exceptionnelles dans lesquelles elle se
trouve, et qui lui paraissent très favorables aux expériences
qu'elle se propose d'entreprendre.
— M. Millet communique la première partie de ses recher-
ches sur l'influence réelle du rnàle et de la femelle sur la gé-
nération des Poissons.
— M. A. Gelot écrit, à la date du 16 janvier, pour prier la
Société de lui réserver, sur le troupeau de Moutons Omj-tl
qu'elle doit faire venir prochainement de Chine, un lot d'une
douzaine de têtes afin de tenter l'introduction de cette précieuse
race dans la République du Paraguay. • -
Notre confrère adresse en même temps un échantillon de
toison provenant de Chèvres d'Angora élevées dans les envi-
rons de Montevideo. De l'examen de cet échantUlon, il ré-
sulte que la Chèvre d'Angora importée depuis peu d'années
dans l'Uruguay, où elle semble s'être déjà propagée, n'a perdu
aucune des qualités qui en font le mérite.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères annonce
l'envoi à la Société de cocons et de graines de Ver à soie
sauvage du Chêne (Ya-ma-maï) du Japon, rapportés en Eu-
rope par M. Pompe van Meert der Woort, officier de santé de
la marine néerlandaise.
5i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE zooLor.inrE d'acclimatation.
-.: — Une lettre de S. Exe. M. le Minisire de l'agriculture' fait
également connaître l'envoi de graines de la même espèce et
de la même provenance, que S. E\c. vent bien ofïrir à la Soeiélé.
Des remercînients seront adressés à LL. EE. et à notre
généreux collègue M. van Meert der Woort.
— M. Guérin-Méneville, à qui le Conseil a confié le soin de
prendre les mesures nécessaires pour assurer, autant que pos-
sible, le succès des expériences auxquelles ces précieux pro-
duits doivent être soumis, fait observer que les cocons qui
renfermaient des Clienilles vivantes au départ sont arrivés
-dans un état de décomposition tel, que tous les insectes sont
morts dans leur enveloppe. Il n'en est heureusement pas de
même des œufs. Malgré la longueur du voyage, ces œufs se
sont trouvés bien conservés, mais dans un état très avancé
d'incu])ation. On sait que l'Ya-ma-maï se nourrit de feuilles de
Chêne. M. Guérin-Méneville s'est donc empressé de s'adresser
à plusieurs de nos collègues des contrées méridionales, pour
les prier de bàler, par tous les moyens possibles, la végéta-
tion déjeunes Chênes qui puissent servir de nourriture aux
Vers. A cette occasion, M. Cosson donne (pielques rensei-
gnements sur certains procédés de grefté des Chênes, (jui
pourraient être utilisés dans ces circonstances et sur lesquels
il se propose de remettre une note plus complète.
— MM-Maumenet, Léon Maurice, Charles Baltet, et Cornay,
de Paris, font parvenir des renseignements sur les résultats de
leurs éducations expérimentales [de Vers à soie de l'Allante,
qui n'ont pas eu tout le succès que nos collègues en espéraient.
La lettre de M. Cornay contient, en outre, des observations
sur le mode d'envoi des graines de Vers à soie, auquel il pro-
pose d'apporter certaines modifications. ,
— • M. Bœufvé, gérant du consulat de France à Liverpool,
en annonçant à la Société la réexpédition de trois caisses de
plantes et graines du Canada envoyées par M. Gauldrée-
Boilleau, fait remarquer que les Compagnies de transport,
tant de Québec à Liverpool que de Liverpool au Havre, ont
eu la généreuse intention de se charger d'amener gratuite-
ment ces objets. — Des remerciments seront transmis au nom
■■"■" PROCÈS-VERHAUX. ' 55
de la Société aux directeurs de ces Compagnies, M. Mac Yver,
à Liverpnol, et M. Currie, du Havre.
— Une lettre de M. le marquis de Fournés, datée de
Hemoulins (Gard), le H janvier, contient le passage suivant
que nous croyons devoir en extraire : -
- « Mon séjour dans ce pays-ci me convainc de plus en plus
de la facilité de l'acclimatation du Cotonnier dans les plaines
d'alluvion de la Provence. Nous venons d'avoir une année
détestable, et cependant le coton de notre récolte surpasse
encore en qualité nos produits de l'année dernière. En ré-
ponse à une lettre accompagnée d'échantillons que je soumet-
tais à leur jugement, MM. Schlumberger, de Guehwiller,
viennent de me répondre qu.^ abstraction faite de l'égrenage
non encore effectue, et qid devra être l'objet de tons nos
soins (nous le ferons à la main, faute de machine), notre
coton longue soie nouveau peut être évalué à 10 francs le
kilogramme, etnotre courte soie (chose inespérée poumons)
à 0 francs 50 centimes le kilogramme. Ces résultats sont fort
encourageants et dépassent notre attente. Nous espérons que
cette année un assez grand nombre de propriétaires de Yau-
cluse et du Gard suivront notre exemple. La Société d'agri-
culture d'Avignon, sous l'impulsion de son président, M. le
marquis de l'Espine, entre résolument dans ce mouvement, »
■ — M, le Président, à propos de la difficulté d'égrenage du
coton dont vient de parler M. le marquis de Fournés, fait remar-
quer qu'il a été présenté récemment à la Société impériale
et centrale d'agriculture une machine à égrener le coton,
qui semble appelée à rendre de très grands services.
— M. de Milly, notre confrère, présente à l'assemblée un
Piapport sur une éducation de Bombyx Cynthia et sur la cul-
ture de l'Allante, à Canenx (Landes). (Voy. au Bulletin.)
— M. Aube dépose une Note sur les résultats qu'il a obtenus
dans la culture de l'Igname de Chine par semis de graines.
— M. le Président dépose sur le bureau des exemplaires
de divers journaux, le Siècle, \eToulonnais, etc., renfermant
des articles relatifs aux travaux de la Société.
— M. L. Forgemol, commandant supérieur du cercle de
56 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION.
Biskra (Algérie), accuse réception des tiges de Mandioca et
à'Aijnm qui lui ont été envoyées par la Société.
— D'autres demandes de graines sont également adressées
par divers membres, et entre autres par M. Emile Thomas, qui
vient d'organiser à Nice un établissement horticole dans lequel
il a l'intention de se livrer à des expériences pratiques d'ac-
climatation sur une certaine échelle.
— M. le Président annonce à l'assemblée que le petit trou-
peau de Chèvres d'Angora offert à la Société d'acclimatation
de Victoria (Australie) vient de partir sous la conduite d'une
personne expérimentée, envoyée par notre honorable collègue
M. Wilson ; que le Jardin d'acclimatation a joint à ces Chèvres
une collection assez nombreuse d'animaux de diverses espè-
ces, et que cette expédition a été faite avec tous les soins
propres à en assurer le succès.
— M. le docteur Pigeaux, après avoir exprimé le regret
sincère partagé par tous nos collègues, qu'il éprouve de l'in-
succès de la tentative d'acclimatation des Éponges de Syrie
sur nos côtes méditerranéennes, émet l'opinion que cet in-
succès peut être attribué au défaut d'instructions suffisantes
remises à M. Lamiral. M. Pigeaux pense donc qu'il eût pu être
utile de soumettre à la section de pisciculture l'étude de ce
projet. Notre honorable confrère entre ensuite dans quelques
détails en vue de justifier son opinion, et demande qu'à l'ave-
nir les sections soient appelées à examiner, chacune en ce
qui la concernera, les projets analogues que pourrait former
la Société. Cette proposition est renvoyée au Conseil.
— M. Leroy, d'Angers, à qui la Société avait fait part du
désir exprimé par le gouvernement brésilien d'obtenir des
semences et des greffes des meilleures espèces de Marronniers
comestibles, écrit pour assurer de ses bienveillantes disposi-
tions, et s'engage à réunir une collection de ces espèces.
Le Secrétaire des séances^
L. SOUBEIRAN.
III. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES.
CONFÉRENCE DU 25 DÉCEMBRE 1862.
Des oroisoments, par M. P.UFZ DE Lavison.
La nature est lerliamp des manifcstalions do la puissance divine; l'art est
le domaine de l'iiounne, le champ des manifeslations de l'activité humaine.
Dieu a créé la matière, ce qui paraît être le comble de la souveraine puissance
qu'il s'est réservée, et au delà de laquelle nous ne pouvons concevoir rien
de plus grand. Il a concédé à l'homme la faculté de changer, de transposer,
de modifier la matière, ce qui paraît être, après la puissance de créer, la
plus grande concession de puissance qui put être faite en dehors de la puis-
sance divine. Ces deux facultés de créer et de modifier la matière, quoique
si différentes dans leur essence, lorsque nous les considérons dans la sphère
de leurs applications, sont pour ainsi dire collatérales, se développent parallèle-
ment, sans qu'on puisse les mesurer, et vont se perdre également dans Tin-
fini. Car, qu'est-ce que modifier la matière? N'est-ce pas lui imprimer toutes
les formes et toutes les dimensions que lui ont données nos industries passées,
présentes et futures, c'est-à-dire toutes les possibilités de l'art ? Vous voyez donc
que la puissance de modifier la matière est aussi une infinité comme celle
de la créer. C'est donc un très grand don que Dieu a fait à l'homme, que
celui de pouvoir modifier la matière !
Assurément il est beau, d'un bloc de marbre brut et informe, de tirer une
de ces statues qui sont l'image de la force ou de la beauté ; il est beau, par
l'assemblage et l'agencement de pierres grossières et comme dispersées au
hasard dans la nature, de bâtir un palais qui s'appelle le Louvre, ou
ces villes qui sont Londres ou Paris. Mais voici quelque chose de plus grand
et de plus fort, c'est de pouvoir modifier la matière vivante, c'est la faculté
de porter la main sur les corps organisés, de façonner à notre gré ers ma-
chines compliquées qui semblent être l'effet d'une pensée particulière, si par-
faites, que leur auteur seul paraîtrait devoir être capable d'y toucher, comme
en ayant seul le secret.
Cet art de modifier la matière vivante est cependant bien réel et bien au
pouvoir de l'homme! Suivant qu'il s'applique au monde végétal ou animal,
c'est l'agriculture ou le jardinage, l'éducation, ou dans un sens moins élevé,
l'élevage et la domestication, lorsqu'il ne s'agit point de l'homme, mais des
animaux placés au-dessous de l'homme. « Les modifications, dit M. Flourens,
que les animaux ont subies en passant de l'état sauvage à l'état domestique
porlent la trace manifeste de l'intervention de l'homme; il les a bien évi-
denunent ramenées à son utilité particulière, à mesure que l'état social s'est
développé. >> » La culture est aux plantes, dit M. deQuatrefages, ce que la do-
mestication est aux animaux. »
L'élevage des aniuiaux et la culture des plantes consistent en bien des
moyens. C'est l'ensemble des modifications que nous pouvons leur imprimer.
Nous pouvons les modifier par le climat, c'est-à-dire par la chaleur et la lu-
58 SOCIÉTH IMPÉr.IALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
niièie auxquelles nous les exposons ; par le sol danslecpiel ou sur lequel nous
les plaçons, c'est-à-dire par la nourriliire et les soins que nous leur donnons,
el par la source, c'est à-dire par les rejiroductcurs d'où nous les lirons. Cœlo,
solo et 'parcntilnis, disait Linné.
Les reproducteurs sont les parents naturels. C'est l'hérédité. Ou ce sont
des parents choisis par nous, c'est alors le croisement. Le croisement est donc
la procréation d'un nouvel être par l'union de d(>ux autres qui n'en sont
pas ordinairenienl les auteurs naturels. « Les croisements, dit M. Isidore
Geoffroy Saint-llilaire, sont un des exemples principaux de ce pouvoir presque
sans limite exercé par Thonmie sur tout ce qui l'entoure. Acconqjlis sous le
contrôle de la volonté de l'homme, ils sont depuis longtemps entrés dans la
pratique journalière, ils constituent un des procédés les plus fréquemment
employés pour améliorer, modiher, diversihcr les végétaux, aussi hien que
les animaux, sur lesquels s'exerce l'industrie humaine. » « Pour obtenir, dit
M. l'iourens, par le climat ou par la nourriture, ce que l'homme peut obtenir
par le croisement, il faudrait une longue suite de siècles. »
Le croisement est donc un des puissants moyens de modifier la matière
vivante.
El voilà comment le sujet de celte conférence commencée d'une manière
si vague et si générale, s'est rétréci et précisé. Aiais tout restreint qu'il est,
je crains qu'il ne soit encore disproportionné avec mon savoir et avec le peu
de temps que nous avons aujourd'hui à lui consacrer.
Lorsque nous jetons nos regards sur ces collections d'arbres qui s'appellent
des forets, ou sur la diversité des animaux qui nous entourent, et que nous
nous demandons pourquoi ces animaux et connnenl ces arbres se trouvent là
où ils sont, nous arrivons par une 1res prompte, très sure et presque instinctive
analyse, à reconnaître que chacun de ces arbres, chacun de ces animaux ont
élé produits par d'aulres arbres par d'autres animaux semblables à eux, et à
leur tour donne! ont naissance à d'aulres arhres el à d'autres animaux; que
ce qui a lieu d'une génération à l'autre avait eu lieu de même entre les géné-
valions précédentes, et aura lieu de même entre celles qui suivront.
Ce rapport de descendance et de hlialion, celle similitude héréditaire des
générations constitue l'espèce. ',
Une espèce est donc l'ensemhle des êtres sortis d'une même souche ou de
mêmes parents, et qui se ressemblenl entre eux : le mot espèce a donc dans
le langage un sens absolu qui inqjlique à la fois l'idée d'une conformation
spéciale et celle d'une origine spéciale. Le rapport de ressemblance, dans
celte définition de l'espèce, n'est qu'accessoire ; le rapport de reproduction
est seul un rapport fondamental.
L'espèce esl donc (juelque chose de bien réel. C'est une abstraction, dit
M Flourens, mais celle idée abstraite esl fondamentale. Elle a, si l'on peut
parler ainsi, ses racines, la lilialion el la ressembliuice, dans la nature. C'est
un axiome, une unilé, une de ces choses au delà desquelles l'espril humain
ne va pas, maisdonl il se sert comme base de ses connaissances.
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. ' '! 50
La classification scienlilique iout entière : eml)ranchemcnls, ordres, classes,
«enres, est en vue de l'espèce el l)àtiesur elle. L'espèce est l'axe, la base do
l'histoire iialiirelle. ...
Mais il n'y a pas qu'une seule espèce dans la nature; tons les êtres ne se
ressemblent pas, et surtout ne naissent pas indiiréremmenl les uns des autres.
Le second coupd'œil i)our ainsi dire jeté autour de nous, nous apprend que,
conformi'iment à la délinilion que nous avons donnée de respèce,il y a plus
d'une espèce, qu'il y a des suites d'êtres différents, coiume il y en a de sem-
blables, p;u- conséquent des espèces différentes ; que ces espèces différentes
sont multiples, nombreuses, inlinies même ; leur ensemble, leur réunion
constitue l'universalité des choses. ....-• .:,■,':
Pour nous reconnaître dans ce grand dédale des choses, et avec la multitude
des espèces, nous les divisons suivant leui-s ressemblances et leurs dissem-
blances, nous les rapprochons ou les écarlons les unes des autres. C'est ce
qui s'appelle les coordonner^ les classifier.
Ainsi, des espèces qui peuvent être rapprochées el reliées ensemble par
([uelques points de ressendilance, nous formons des genres. Le genre n'est
pas, à pro])rement pnrlor, un produit, un fait, un être de la nature, mais une
composition, une abstraction de notre esprit, dans un but d'ordre et d'ar-
rangement ; il ne repose pas sur le rapport de filiation. . . -■ ', ■
.. A propos de la composition du genre, pour savoir ce qui est genre et ce
qui est espèce, la (hslinclion n'est pas toujours facile ; il y a à ce sujet, entre
les naturalistes, bien des d('bats. Certaines espèces sont considérées par quel-
ques-uns comme étant du même genre, et séparées par d'autres. Les uns y
veulent voir les produits d'une même souche qui se sont modinés sous l'in-
nuence du climat, de la nourriture et des autres circonstances qui ont pu
agir sur eux dans le temps et dans l'espace. Les autres les considèrent comme
des moules fixes el primitifs. Ce sont là les grandes questions qui s'agileat
dans la science sous le titre d'unité el de nuilabilil(;' des espèces. . ,
Il y a des animaux qui sont tout à îa ibis genre el espèce, c'est lorsqu'ils
sont uniques et assez distincts de tous les autres, pour qu'aucun ne puisse
leur èlre rattaché. Tels sont ri'ïléphani, le llhinocéros, la (lirafo el l'ilonnue.
De même que de plusieurs espèces nous formons des genres, par le même
procédé, de plusieurs genres nous l'ornions des ordres, et de plusieurs ordres
des classes, ou un règne, suivant l'étendue de notre appréciation.
C'est là ce qui constitue la classilicalion scienlilique, disposition arlili-
cielle au moyen de laquelle l'honnue cherche à se reconnaître et à s'orienter
dans le dédale des choses, de la nature, qui l'environnent. ;
Dans les divisions que nous venons de considérer nous avons suivi pour
ainsi dire un ordre ascendant, dans lerjuel les lails ont été de plus larges
en plus larges, de plus généraux en plus généraux. .Mais il existe un autre
ordre que nous nommons descendant, dans lequel l'espèce n'est plus con-
sidérée par sa face supérieure, mais, pour ainsi dire, par sa face inférieure,
en se dédoublant et se rapetissant de plus en plus. Si semi)lables ([ne soient
les individus qui composent une espèce, des individus frère? el so'urs, il est
60 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLÏMATÀTION.
facile de s'assurer qu'ils ne sont pas identiques, qu'on les peut distinguer les
uns des autres, et que cette distinction se fait au moyen de dissemblances que
l'on peut saisir entre eux.
Or deux individus sortis d'une même espèce, et qui néanmoins laissent
voir entre eux une dissemblance, si légère qu'elle soit, sont deux variétés.
La tendance à varier est incontestable. Nous voyons deux frères différer
par la taille, par la coloration des clieveux, etc. Ce sont là des touches ac-
cessoires, dit Bullbn. Aucun individu ne ressemble parfaitement à un autre.
Aucune espèce n'existe sans un grand nombre de variétés.
Alaintenant, suivant que la variété est indi\iduelle, mobile, susceptible de
ne se produire qu'une fois; ou suivant que les caractères qui la constituent
sont lixes, transmissibles par la génération , c'est-à-dire susceptibles de se
reproduire dans la lilialion, suivant une même lignée à laquelle elle impri-
mera son cachet, nous avons la variété simple ou la race.
La variété implique toujours l'idée d'une descendance comnume, mais
sans transmission héréditaire. La race est une variété confirmée, stéi'éotypée,
fixe. INous entendons par fixité la perpétuation spontanée d'une race, soit
naturelle, soit artiliciellement créée par l'homme.
Lorsque la race est assez importante, assez étendue par le nombre des
individus qui la représentent, on lui donne le nom de sous-espèce. En
réalité, les races, comme les variétés, sont toujours des émanations de l'es-
pèce. Une origine accidentelle est toujours le caractère de la race et des
variétés, l'origine primitive celui de l'espèce.
Au-dessous des variétés la science ne reconnaît que des individus, et bien
qu'il existe encore entre individus des diflérences légères qu'on peut
appeler différences individuelles, les classifications n'en tiennent pas compte,
et ne vont pas au delà.
Ainsi le règne en haut et l'individu en bas sont les deux termes de tout
classification scientifique, dont l'espèce est le point central et générateur.
J'ai l'air, ÎNIessieurs, de faire une bien longue digression et d'être bien
loin de mon sujet, les croisements. .Mais vous reconnaîtrez bientôt, je l'es-
père, qu'en prenant ce chemin que vous me permettrez d'appeler des éco-
liers, je me suis bien approché du but où nous devons atteindre. N'est-il
pas vrai que dans toutes questions il faut avant tout s'entendre sur les termes
que l'on va employer. Le précepte en est élémentaire. Définissez les termes,
définissez les termes, s'écrie Locke ; toute question bien définie est aux trois
quarts résolue. Vous allez voir en effet que si j'ai pu \ous faire bien com-
pren(he la signification de ces mots: genre, espèce, race, la question du
croisement est aux trois quarts traitée.
Car, qu'est-ce que le croisement? C'est l'union, c'est le mariage de deux
êtres qui, dans l'ordre ordinaire, ne se réunissent pas ensemble pour se re-
produire: union essentiellement accidentelle et artificielle.
Or, dans la classification des êtres que nous venons de parcourir, quels sont
ceux susceptibles de pareilles unions? l'.éunirons-nousdes êtres d'un règne avec
ceux d'un autre? Est-il possible de croiser un minéral avec un végétal, ou
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 61
bien avec un animal ! Si loin qu'ait été rinibécillité de l'esprit humain, on
peut dire que de pareilles croyances n'ont jamais été sérieuses, et si, dans la
première mythologie, on trouve, comme dans le poëme des Métamorphoses
d'Ovide, que des honunes soient sortis de pierres, c'est une sorte d'inter-
vention surnaturelle, pour suppléer à notre ij,Miorance et à l'impossibilité de
remonter au delà : et de nos jours surtout, la fable de Déucalion et de
Pyrrha n'est considérée que connne une fable.
Nous pouvons certainement en dire autant des croisements des êtres pris
entre deux ordres différents; il serait tout aussi puéril d'examiner les fables
qui ont pu être débitées sur l'union des mammifères et des oiseaux,
de Léda avec un cygne, ou d'Europe avec un taureau. Si sceptique que l'on
soit, fùt-on l'yrrhon lui-même, il y a de ces choses dont on ne saurait
douter.
Mais en est-il de même des croisements entre des êtres de deux genres
différents ? Est-il impossible que parmi les mammifères ou entre oiseaux
fje choisis ces deux ordres parce que ce sont ceux qui sont le plus sous notre
observation), cstil impossible qu'il y ait croisement entre l'Éléphant et le
Lion, le Bœuf et le Cheval, ou bien entre un passereau et un oiseau de proie,
ou entre un palmipède et un gallinacé! De pareilles unions n'ont-elles été
jamais vues ou crues. Il est hors de toute contestation qu'en parcourant les
annales de l'esprit humain, on trouve de pareils faits imprimés, affirmés et
confirmés par des noms de lapins grande autorité ; à de certaines époques la
croyance en a été générale, publique, arlicle de foi. Ainsi, dans cette période
de temps désignés sous le nom de moyen âge, sans remonter plus haut, on
trouve cette croyance presque à chaque pas, dans les mœurs, dans la religion,
dans les lois. A Avignon, en 15Zi3, on brûla publiquement une femme dont
l'enfant avait paru tenir du Chien par quelques traits de conformation, et
le produit de cette union fut réuni sur le bûcher au père et à la mère. Il
existe là -dessus un livre fort curieux, Lii.et.us de monstris, où des faits
semblables et en grand nombre sont très doctoralenient relatés. Il n'y a pas
si longtemps que Héaunun',oui, iîéaumur lui-même, décrivait avec complai-
sance les amours d'un Coq et d'un Lapin, et qu'il espérait en voir naître ou
des Toulels vêtus de poils, ou des Lapins couverts de plumes. On a cru à
l'union féconde du Sanglier et de la Chamelle. On a admis l'existence d'hy-
brides de Coq et de Cane, de Singe et de Chienne. Une foule de faits sem-
blables sont contresignés, je le répète, par les noms les plus respectés, par
Haller, le grand Ilaller lui-môme, par Blumenbacli, par ^lorton. Locke as-
sure avoir vu un métis de Chat et de Rat. Beaucoup de ces êtres qui son
aujourd'hui étudiés comme des êtres très normaux, sous le titre de mons-
truosités, étude dont M. Is. Geoffroy Saint-IIilairc a fait une des belles
branches de l'histoire naturelle, sous la désignation de tératologie, beaucoup
de ces êtres passaient pour le résultat de ces unions extraordinaires et comme
œuvres du démon ; leur apparition était souvent considi-rée connne le pré-
sage de quelque grand malheur public. Ou'est-ce qui n'a pas entendu
parler des cinq produits mixtes de solipèdes et de ruminants, connus sous
62 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
lo 11(1111 dcjumarts, par exemple du produit de la Jument et du Taureau. On
a été jusqu'à prétendre qu'il n'est pas rare dans lo Piémont et dans le Dau-
phiné, et le savant vétérinaire Bonrgelat, le fondateur de l'École d'Alfort, dit
l'avoir disséqué.
Aujourd'liui, après rexpérience de plusd'un siècle de recherches sévères,
après des enquêtes qui ne se sont i)as arrêtées à des assertions, mais qui sont
remontées à la source de ces faits extraoïdinaires, on est arrivé, d'exclusion
en exclusion, à considérer tous ces faits comiiiC des faits mal interprétés et
fabuleux.
Il ne faut pas confondre le simple rapi)rochenicnt de deux animaux avec
leur croisement véritable; il n'est pas rare que sous la contrainte et à cause
des privations de la domesticité, des animaux les plus divers se soient rappro-
chés pour satisfaire aux pressants besoins du sens génital. .Mais ces actes
contre nature ne sont pas des croisements; pour qu'il y ait croisement, il
faut qu'il y ait produit.
« Mais, dit M. Geoffroy Saint-Hiiaire, si les anciens, les auteurs du moyen
âge et quelquesmoderncs ont poussé jusqu'aux dernières limites la crédulité
à l'égard du métis, n'aurait-on pas de nos jours exagéré le scepticisme? Est-
ce à bon droit qu'après toutes les éliminations incontestables, après le rt'jet des
métis entre les ordres et les genres dilîérents, on est.vcnu encore à rétrécir le
champ de la génération hybride, cl à ne laisser place qu'à de rares exemples
observésdansdescirconstances exceptionnelles? C'est Cuvier, ajoute M. G eoffroy
Sainl-Ililaire, qui a fait préwiloir dans notre siècle ces vues nouvelles. La
limitation du phénomène de Thybridité à un très petit nombre de cas lui a
paru une conséquence presque nécessaire de la doctrine de la iixité et de
l'immutabilité de l'espèce, soutenue par lui; il n'a pas hésité non-seulement
à tirer cette conséquence, mais même à njeler en dehors de l'ordre de la
nature les naissanceshy brides et même les unions mixtes dont elles nssortent. »
«:Nous ignorons, disait lîonnet, quelle latitude on doit accorder à la fécon-
dité dos unions hybrides, et l'expérience seule peut nous la faire connaître. »
Aussi à cette question du croisement se rattachent les jjIus hautes questions
de l'histoire naturelle. C'est le cliunq) de bataille, dit M. Floureus, de la philo-
sophie moderne des s-xidices naturelles.
Nous venons de voir ce qu'il faut penser des croisements entre deux ordres
dilférenis et même entre deux genres dilîérents; mais les croisements entre
espèces différentes d'un même genre sont-ils aussi contestés? il ne faudra
pas chercher longtemps pour répondre à cette question, il y a un fait vulgaire
qui la tranche : c'est l'existence du mulet. Tout le monde sait que l'on appelle
vulgairement ainsi le produit de l'Ane et de la Jument, et bardot le produit plus
rare de l'Anesse et du Cheval. Or l'Ane et le Cheval sont deux espèces dilfé-
rentcs. Leur union est le type de ces sortes de croisements; en p.ucourantla
liste des espèces, il est hors de doute cependant que l'on trouve d'autres faits
semblables. Ainsi, dans le genre Chien, on trouve des produits du Chien avec
la Louve et du Chacal avec le Chien. La Chèvre se croise avec la Brebis. 11
existait chez les anciens toute une classe de produits semblables, presque aussi
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 63
communs qiio les niulets de TAne et du Cheval, et désignés sous le nom de
viasmons et de tityres. Ces mulets delà Chèvre et du Bélier existent encore
au Chili, où, dit-on, on en tire une fourrure très recherciiée pour la sellerie,
et connue dans le connnerce sous le nom de pellones. Vous n'êtes p;is sans
avoir entendu parler de Tunioii du Lièvre et du Lapin, qui s'opère, dit-on, sur
une grande échelle au\ environs d'Angoulèmc. Mais rinventeur, M. Houx, ne
livre ses produits que morts, au marché, afin de ne pas divulguer le procédé
par lequel il est parvenu à les obtenir. Je vous dirai, à ce sujet, que j'ai plu-
sieurs fois écrit à AI. Houx , afin d'avoir un spécimen vivant de ses croise-
ments, et de le faire voir au public dans ce jardin, mais je n'ai jamais pu
on obtenir une réponse. iMais M. le docteur Broca, qui a été lui-même à
Angoulème pour vérifier le lait, en a donné assez de détails pour qu'on ne
puisse pas en douter (1).
On cite encore un assez bon nombre de croisements obtenus entre espèces
diliércntcs d'un même genre, soit parmi les Mammifères, les Oiseaux, et
même parmi les Poissons et les Insectes. Tel est le produit obtenu entre la
Truite et le Saumon, et celui du croisement des Vers à soie de l'Ailantc et
du Ver à soie du Hicin.
Un grand naturaliste, Pallas, a inèmebasé sur ces sortes de croisements toute
une diéorie touchant l'origine des animaux domestiques. 11 veut que cette
origine soit artificielle, et que tous nos animaux domestiques ne soient que
des métis produits du croisement des espèces sauvages. Ainsi toutes nos
variétés de Chiens seraient dues au croisement d'une espèce Chien avec ses
congénères Loup, Henard, Chacal et Hyène, Ce serait nous engager dans une
trop longue digression que d'examiner cette partie de la question qui nous
occupe. ■
Un premier résidiat nous frappe lorsque nous nous livrons à cette recher-
che des produits du croisement entre espèces diverses du même genre. C'est
la rareté de ces produits entre espèces sauvages, non-seulement dans le règne
animal, mais même dans le règne végétal ; car il est bien constaté que la loi
qui préside aux croisements est exactement la même pour les végétaux
connue })our les animaux. Ce qni se dit des uns est exactement applicable
aux autres. Ainsi, dans la nature, malgré la facilité et la multiplicité des
moyens de transport du pollen d'une fleur à une autre , malgré la facilité
cfe rencontre des animaux sauvages dans la liberté des forêts, les unions
entre espèces sauvages dilTérentes d'un même genre sont considérées comme
tout aussi fabuleuses que celles entre genres différents. Tous les produits
admis comme tels dans des temps où la critique scientifique était trop facile,
sont aujourd'hui contestés ; ils n'ont été admis ainsi que sur des ressem-
blances fortuites, et sans qu'on ait pu jamais remonter à leurs origines. C'est
(Il 11 a été Jepuis duniié au Jardin, par M. .Jean Reynaud, deux paires de Lapins qu'il nous
as^urc cire des juoduils Je la seconde généralion d'un des croisenicnls obtenus par M. P.onx.
Ces produits ont la couleur, lo chanfrein et (pielrpie peu de la physionomie du Lièvre ; mais i's
ressemblent beaucoup plus à des La[iins. Leur poil très long et soyeux nous fait penser qu'il doit
y entrer du Lapin d'Angora. (Voyez, dans le mémoire de M. Bioca, les soins à prendre pour
obtenir CCS croisements do Lièvre et de Lapin.) ■ ■ ; ■
64 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
ainsi que I\L do Candolle, et en général les botanistes modernes, ne voient que
des variétés dans un grand noiuijie de plantes admises comme hybrides j)ar
Linné et son école ; ils n'admettent Thybridité dans le monde végétal qu'à
titre de théorie, et non à titre de fait expérimental. Et M. Valenciennes, Thommo
qui connaît le mieux les Poissons, a rejeté comme hybrides tous ceux qu'on lui
a présentés comme tels : ils ne sont à ses yeux que des espèces distinctes qu'on
n'a pas su encore caractériser.
Tous les croisements entre espèces ditlérentes d'un même genre qui ont
été obtenus jusqu'à présent, l'ont été sous la contrainte de la captivité et de
la domestication, entre animaux trompés, pour ainsi dire, par les artilices de
l'homme, pressés par les privations imposées au sens génital, et se laissant
aller à ces unions perverses pour satisfaire aux besoins impérieux de la
nature. Tellessont ces unions entre un Tigre et une Lionne observées à Londres
dans une ménagerie ambulante, entre la Louve et le Chien, etc., etc. La liste
de ces sortes de croisements peut s'étendre encore. ^\. Isidore GeolFroy Saint-
Ililaire s'est appliqué à rassembler tous les faits connus de ce genre, afin de
les opposer à l'école de Cuvier, qui avait été peut-être trop absolu et trop
aflirmatif en déclarant ces sortes d'unions impossibles. Mais, je le répèle, tous
les faits semblables que l'on peut citer sont pris entre animaux captifs ou
domestiques, et les croisements entre espèces d'un même genre, même à
l'état de domesticité, sont exceptionnels. On ne les obtient qu'entre espèces
les plus rapprochées, c'est-à-dire qui ont le plus de points de similitude entre
elles, dans certaines conditions et dans certains climats. Tels sont les croi-
sements obtenus entre l'Ane et la Jument, enire le Bouc et la Brebis.
Même dans ces croisements obtenus par force, la nature témoigne sa répu-
gnance à les produire, en leur refusant la fécondité, c'est-à-dire la faculté de
se perpétuer dans les formes nouvelles que leur a imprimées le croisement.
La fécondité bornée est leur caractère dislinctif. Si l'on a pu citer quelques
cas où celte infécondité a pu être franchie par surprise ; si l'on parle de
quelques cas de mulets nés de mulets, d'abord ces faits sont rares, d'une
authenticité pour la plupart contestable, et très certainement, si une première
génération a pu être obtenue, elle n'a point passé la troisième ni la qua-
trième, de manière à permettre à une espèce nouvelle de se former lixement
du produit du croisement entre espèces d'un genre différent.
La difficulté des croisements entre espèces différentes, l'inféconditt' (le
ces croisements, paraissent être une double précaution prise par la nature
pour empêcher que son œuvre ne soit troublt-e. Le transport fortuit du
pollen, ou poussière féconde, d'une plante à une autre, est un fait connu;
le vent, les oiseaux, les insectes et la main de l'homme en sont les agents.
On en voit le tourbillonnement dans un rayon de lumière. Les animaux qui
habiten lies forêts, les oiseaux qui volent dans l'air, jouissent de la plus grande
jiberlé de s'approcher et de se joindre. S'il n'y avait pas entre les espèces diffé-
rentes, soit du monde végétal, soit du monde animal, une barrière, une
répulsion naturelle qui les empêche de se joindre et de se croiser aux premières
enconircs, il en résulterait dans la nature une promiscuité qui bouleverserait
BULLETIN MEiNSUEL DES CONFÉRENCES. 05
IViMix 10 (le Dieu, ou du moins lui imprinieniil de telles varidtiwns cl une lelle
mobilité, que Icmoiulc changenut de face à chaque iiislani, cl qu'il n'y aurait
pas deux générations qui se ressembleraient.
Ceci, je le sais, est une considération de cause linaie. .l'en sens tout le dan-
ger. Je sais combien il est dangereux de faire intervenir Dieu, et de fermer
la bouche à la science humaine; mais la prétention de se passer de Dieu
dans l'explication de son œuvre, la science athée, plail encore moins à mon
esprit. C'est priver l'esprit de son i)lus grand charme, que de lui- soustraire
ces contemplations, ces extases où nous jette l'aspect de quelques uns des
liens qui unissent la terre au ciel : sous prétexte, sous orgueil de l'agrandir,
c'est amoindrir et rapetisser l'humanité, c'est lui couper les ailes.
Jusqu'à présent nous avons considéré les croisements dans les divisions
supérieures de l'espèce ; maintenant il nous les faut considérer entre les divi-
sions inférieures, c'est-à-dire entre les races, lîappclez-vous bien ce qu'il faut
entendre par races. Vous avez vu que l'espèce se dédoublait en quelque sorte
pour la formation des races. Sous l'influence de causes que nous ne pouvons
examiner ici, mais qu'il suffit d'énoncer pour vous en faire comprendre l'ac-
tion ; sous l'intluence du climat, de la nourriture et des diverses impres-
sions reçues parles parents, les divers produits d'une même espèce peuvent
être assez profondément modifiés pour que, tout en provenant de la môme
fdiation , ils présentent entre eux de notables diflerences. Ce sont ces dis-
semblances qui constituent les races; et je vous ai dit que la race était fixe
lorsque les dissemblances se perpétuaient par l'hérédité.
Donc, des races restreintes et peu nombreuses à l'origine de l'espèce ont
pu, dans la suite des temps, en vertu de la loi de l'hérédité, se multiplier et
devenir très diverses par les modifications qu'elles ont reçues. Or, nous avons
vu que le croisement est une des sources de ces modifications. L'expérience
nous apprend qu'autant le croisement entre espèces est rare et difficile à
obtenir, autant, entre races d'une même espèce, il est conunun et facile ; pour
reconnaître cette vérité, il suffit de porter ses regards sur l'ensemble des
races d'espèce quelconque des animaux qui nous entourent. Que de variétés
de Chevaux, de Chiens, de Moutons, de Bœufs, de l'ouïes et de figeons,
dans le cercle restreint d'un pays ou même d'une province! Si bien que
lorsque le croisement des races est abandonné à la nature, sans choix et sans
distinction, il en résulte des mélanges confus et sans nom d'animaux sans
valeui', qui n'offrent que la moyenne de tous les défauts des races diverses
qui ont concouru à leur formation : tels sont ces animaux vulgaires désignés
sous le nom de Chiens de rues ou de Chats de gouttières; tel est, il faut le
dire, le caractère des populations d'animaux qui font aujourd'hui presque
jjartout le fond de la plupart des animaux domestiques au service de
riionmie. Loin donc de pousser au croisement des races comme à celui de
espèces, nous sommes obhgés de nous y opposer par tous les empêchements
possibles. De là la nécessité d'avoir des lieux réservés, comme le Jardin d'ac-
climatation pour la reproduction, afin de conserver la pureté des races cl d'en
T. X. — Janvier et Fé\rier 1803. 5
(iO SOCIÉTÉ IMPÉIIIÂLE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
prévenir la proniiscuilé. Voyez que de peines nous prenons ponr niaiiUenir
celte pureté clos races. ']'ransportez-vous clevanl la poulerie ou devant la ber-
gerie. Eh bien, nialg;ré les barrières de fci-, malgré la multiplicité des gar-
diens et la vigilance des soins, il nous est très diflicile d'empêcher des rap-
prochements involontaires et des mariages clandeslins entre nos races. Tous
les éleveurs savent par expérience que la diOiculté n'est pas de croiser les
races, mais de diriger à leur gré les croisements cl de conserver les races pures.
D(^ là donc une grande différence entre les espèces et les races. Si nous ne
pouvons créer des espèces , iious pouvons faire des races ; si les unes sont
l'œuvre de Dieu, les autres résultent de la part d'action laissée à Thonnue
sur la matière animale.
On dislingue, par les mots de mulets, hyin-idcs et métis, les produits ré-
sultant du croisement entre deux espèces d'un même genre, ou entre les
races d'une même esj)èce. Pendant longtemps, el même encore aujourd'hui,
par les personnes qui ne se font pas une idée très nette des mots espèce et
race, ces mots mulets, hybrides et métis ont été employs's indistinctement
l'un pour l'autre ; de là une très grande confusion dans toute cette matière.
11 a fcillu la sévérité de nos méthodes actuelles pour assigner à chacun de ces
mots une signification lixe. C'est grâce aux écrits de MM. Flourens, Isidore
GeolJVoy Saint-llilaire et de Ouatretages, que la lumière s'est faite dans cette
question, et c'est une sorte d'abrégé de leurs travaux que je viens de
vous réciter.
Aujourd'hui, il est bien arrêté que hybride, qui vient du mot grec OSpi;,
c'est-à-dire union illicite, adultère, est appliqué aux produits des croise-
ments entre espèces différentes. Le produit de l'Ane et de la Jument est un
hybride.
Métis, qui vient de metlsso, mot espagnol qui servait dans le nouveau
monde à désigner le prodiùt du croisement des races humaines, est étendu
aujourd'hui à tous les produits de croisement entre races.
Mulet est un mot générique qui coiuprcud également les hybrides et les
métis, et s'emploie surtout lorsqu'on veut parler de leur infécondité.
Ce sont surtout les métis j)rovenant de deux races qui sont importants à
considérer dans Thistoire naturelle appliquée. Presque foules nos bonnes
races actuelles sont des métis. Les Moutons de la l>eaucc sont des métis de
Mérinos; il y a du sang hollandais dans nos Vaches normandes, et du sang
arabe dans le Cheval anglais. C'est donc par le métissage que l'homme exerce
sur la matière animale celte puissance de la modifier qui lui a été départie.
Mais il ne s'agit pas de croiser les races pour le plaisir de les croiser ; vous
avez vu que ce n'est pas là le diflicile, que la chose se fait d'elle-même, sans
notre intervention ; que nous sommes appelés à la réprimer plutôt qu'à
l'exciter. JNous croisons les races pour les améliorer. Ceci exige dès lors une
certaine élude, un choix, une régiemenlation dans les croisements ; car rien
de bon ne nous est donné sans peine et sans travail.
Ici nous entrons dans la parlie jH-atiquede la question du ci'oisenient. Et
BULLETIN MEiNSUEL DES CONFÉRENCES, ()7
d'abord ramélioration n'est réelle qu'autant que les modifications de confor-
mation, d'aptitude ol)tenues sont suilisamnient conslaiites et fixes pour se
transmettre par la génération, c'esl-à-dire quand la race est fixée.
Toute variation intransmissible par héritage est sans importance.
Lorsqu'on se li^re à la pratique des croisements, c'est dans le but d'ob-
tenir un produit plus perfectionné, que celui qui serait provenu des repro-
ducteurs naturels. De là donc la nécessité de choisir des reproducteurs qui
aientlesquaiitésque l'on veut reproduire, etsurloul quinc soient pas contraires
à celles des races avec lesquelles on les croise. ^ eut-on nn Cheval de course
qui, dans un moment vonlu, soit capable de donner la i)lus grande dépense
de forces, il faudra chercher son reproducteur dans la race anglaise, dont les
(jualiti's pour la vitesse sont bien reconnues. Est-ce le Cheval de guerre
capable de supporter de longues privations et de dures fatigues que vous
voulez faire, gardez-vous du Ciieval augl.iis, dont l'ardeur est pour ainsi
dire un feu de paille, qui exige beaucoup de soin et d'entretien, et ne résiste
pas ù la durée des fatigues et des privations. C'est pourquoi, dans la guerre
de Crimée, on a vu mourir les chevaux de la cavalerie anglaise dans une
proportion bien autre que les chevaux français. Prenons un autre exemple
dans la basse-cour. Voulez-vous croiser des volailles, gardez-vous d'appa-
rier la l''léchoise avec le Crèvecœm', qui tous les deux sont pourtant de
première quaUté. La l'oule de Crèvecœur a pour mérite principal de donner
des poulets précoces bons à manger dans l'année même qui les a vus îiaître.
Celle de la I*'lèche, au contraire, a celui de donner des poulets tardifs que
vous serez fort ai.'-es de trouver en hiver, ou au commencement de l'année
suivante, avant que la ponte nouvelle ait donné des poulets nouveaux. Gar-
dez-vous donc décroiser des Pléchoises avec des Crèvecœur; car vous n'ob-
tiendrez qu'une moyenne de ces volailles, qui n'auront point les (jualilés de
leurs races primitives.
Les bénélices que nous espérons des croisements, Tari que nous devons
niettre pour les obtenir, consistent à perpétuer les qualités propres aux i-epro-
ducteurs que nous employons. C'est ahisi que dans !e produit de l'ilémione
et de l'Anesse, dont vous avez sous les yeux, dans ce Jardin, de si beaux
.spécimens, avec la patience et la rusticité de l'Ane, on a eu la vitesse et la
force de l'ilémione.
Aous cultivons les animaux pour leur chair, pour leurs forces et pour les
produits qu'ils fournissent à nos industries. C'est donc toujours en vue du
résultat que l'on veut atteindre qu'il faut diriger les croisements. Les Uœufs
faciles à engraisser, et dont la croi.ssance précoce fournit à la boucherie une
ciiair aijondanle et succulente, ne soiit pas également propres au trait et au
labour, et les Moutons à belle laiiie ne sont pas toujours les plus gros. Appa-
riez, appariez donc les aptitudes! c'est là ce qu'on appelle aujourd'hui la
spécificalion, . ^ ,. .
Voulez-vous de belles formes dans le Cheval, n'accouplez pas des indivi-
dus trop disproportionnés ou trop disparates ; autrement vous n'auriez que
(58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOiilQUE d'aCCLIMATATION.
des bctcs décousues cl sans harmonie dans ce que les Anglais appellenl la
performance.
Pour ranimai donicsliquc, la beauté, c'est* Tétat qui le met en mesure de
répondre à sa destination, beauté essentiellement relative et variable dans
SCS caiactères, puisque cette destination varie suivant le genre de service que
nous attendons des animaux.
11 faut donc, en agriculture pratique, toujours connaître ses reproducteurs
à l'avance, et ne jamais sacrifier à l'inconnu. Celle dernière manière de pro-
céder peut être scienlilique, elle n'est jamais pratique. Les produits que Ton
en obtient peuvent intéresser la curiosité, mais on risque de n'en pas tirer
les avantages qu'on ru espère.
Le choix des reproducteurs dans une même lignée, lorsqu'on écarte toutes
les bètes défectueuses et que l'on ne conserve que les plus beaux individus
qui présentent les caractères de la race, ce choix s'appelle la sélection, La
sélection est donc la reproduction par les plus beaux individus de la même
race. C'est le hrccdinçi in and in des Anglais. C'est le procédé auquel ils
ont (lu le perfectionnement de toutes leurs races, et ([ui a été pratiqué par
les lîakewell, les Collins et les Jonas Webb, dont l'Angleterre s'enorgueillit
à juste titre. Mais la sélection est un procédé essentiellement lent ; c'est, dans
sa signilication la plus simple, une application complète di' la loi do l'héré-
dité parla double iniluence du père et de la mère. j\iais le croisement rému-
nère mieux l'agriculteur, parce qu'il est plus prompt, plus économique et
non moins sûr : il est certain que la subslilulion des Bœufs Durham, des
Moutons Dishlcy et des Porcs Yorkshire, par voie de croisement, est préfé-
rable à la lente sélection dans nos races inférieures de Brt'ufs, de Moutons et
de Porcs. Le terme de la sélection n'a lieu que lorsque les races d'animaux
sont arrivées à un certain degré de perfectionnement. Voilà p(unquoi la sélec-
tion, qui donne de si beaux résultats en Angleterre, ne réussirait point aussi
bien en France.
Ces deux procédés, sélection et croisement, ne sont pas contraires l'un à
l'autre, et doivent être employés concurremment, suivant l'occurrence. Le
croisement donne de beaux individus; la sélection peut seule maintenir les
belles races. Les métis résultant du croisement sont de mauvais reproduc-
teurs. Personne n'ignore combien il est diûlcile de créer une race nouvelle,
et surtout, suivant l'expression de M. Plourens, de l'empccher de se défaire.
Cela est surtout vrai des races croisées. (Juelquc soin qu'on apporte dans la
sélection des races croisées, c'est-à-dire dans le choix de leurs plus beaux
reproducteurs, les i)roduiis ne passent guère une ou deux générations ; leurs
caractères s'ellacent, la race disparait, et ce qui renail, c'est l'espèce. Cette
force héréditaire qui ^e conserve au fond de toutes les races, et qui, quoi
qu'on fasse pour l'anéantir, revient toujours à la surface et triomphe de tous
nos elfovts et de toutes nos combinaisons, celte force est désignée dans la
science sous le nom ù'atavisme. L'atavisme est donc la tendance à rexenir au
type primitif, à reproduire le caractère des aïeux. Son action peut être sus-
TlULLETIN MENSIîEI; DES CONFÉRENCES. (J9
pendue pendant quelques générations; mais elle finit, lui ou tard, par repa-
raître et par reprendre ses droit;^.
Dans la doctrine des causes finales, doctrine à laquelle nous aimons tou-
jours, autant que ])ossible, à nous rallier, l'atavisme peut être considéré
comme une sorte (riiypo!iiè([ue légale prise par la nature sur la concession
qu'elle a laissée à riiomme de pouvoir modifier les races, comme un droit
de répétition et de rappel à l'ordre qu'elle s'est réservi'-.
Une autre limite imposée à la faculté de modifier les races par la sélec-
tion, moins favorable à la doctrine de la nécessité des croisements, c'est la
dégénérescence qui parait résulter de la perpétuation des races par la con-
sanguinité continue. Il est aujourd'hui assez généralement admis, parmi les
éleveurs et les vétérinaires, que lorscpie l'on s'obstine à unir ensemble les
individus d'une même race, les frères avec les sœurs, et même les parents du
degré dit de cousins germains, il en résulte une dégén(''rescence de la race
qui se traduit par l'inlV'condité, par des difformités, des infirmités et des
monstruosités, dont l'une des plus curieuses serait l'albinisme chez les races
dont le jjelage est d'une couleur foncée.
Cette question des inconvénients de la consanguinité est, dans la science,
l'objet des plus vives discussions, tant dans ses applications aux familles
humaines qu'aux races animales. Je n'ai pas besoin de beaucoup insister
pour faire ressortir ce (|u'elle a d'opposé à la doctrine de la sélection. Il est
certain aujourd'hui (pie la plupart des vétérinaires donnent le précei)te de
varier les reproducteurs et de ne point unir ensemble les animaux d'une
même bergerie ni d'une même basse-cour. (Quelques médecins vont même
jusqu'à provoquer l'intervention de la loi pour interdire les mariages con-
sanguins; on dit même que cette interdiction a lieu dans l'État de roiii(», en
Amérique.
Je ne veux pas entrer dans un e\.ameii |)lus approfondi de cette question,
et rechercher si l'on n'a pas souvent, dans les exemples invoqués contre la
consanguinité, attribué à s(»n intluence ce qui était ou pouvait être le fait de
l'héréditi' morbide ; ce serait nous engager dans une trop longue digression.
l'résentement, nous nous en tiendrons à l'opinion de liulfon. « On sait,
dit ce grand maître, par des expériences nulle fois répétées, qu'en croisant
les races au lieu de les réunir, soit dans les animaux, soit dans riiomme,
on ennoblit l'espèce, ( t (pie ce moyen seul peut la maintenir belle et même
la perfectionner. »
il est certain aussi que le croisement des races doit être un des moyens de
rompre le cours des prédispositions morbides et des diathèses héréditaires.
Ce qu'il y a de certain encore, c'est que, par le croisement des races ani-
males, on obtient d'excellents produits industriels.
Je finis comme j'ai commencé, en vous montrant que l'inlention bienveil-
lante qui a présidé à la concession laite à l'homme de pouvoir modifier la
matière animale est visible dans les résultats des croisements, (jui sont l'une
des manifesialioiis de ce pouvoir; car c'est par les cinisemeuls (pie l'Iionmie
s
70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
a obtenu qdclqiies-nns des meilleurs produits qu'il a appliqués à son usasse.
La nature ne l'ait que des tleurs simples et des fruits aij;ros. » « Tous les fruits
supérieurs de nos jardins, dit M. 'roussenel,sont des fruits métis ou bâtards
provenant de fabrication humaine. » La nauire n'a pas fait la Pèche de Mon-
treuil,ni le Chasselas de Fontainebleau ;^elle n'a pas fait le Blé, cette nourri-
turc spéciale de l'homme. Le Blé est une plante que l'homme a tellement
changée, perfectionnée, et qu'il perfectioiine chaque jour, qu'on ne le retrouve
nulle p9rt dans la nature. On voit bien qu'il a quelque rapport avec l'ivraie,
avec les gramens, avec les chiendents et quelques autres herbes des prairies,
mais on ignor»; à laquelle de ces herbes on doit le rapporter. « Avoir trans-
formé en Blé, dit Ballon, une ivraie stérile, n'est-ce pas une espèce de créa-
tion. » Les meilleurs animaux pour nos usages sont les animaux domestiques.
Ce n'est pas la nature (jui nous a donnt- les Breufs Durhani, les Moutons
Dishiey, et les beaux Chevaux de race, etc., etc. Ces animaux, dans la
nature, sont des monstruosités ; car on ne les obtient qu'en violentant la ma-
tière animale, en lui donnant des formes et des qualités qu'elle ne prendrait
pas d'elle- même, des jambes basses, une tète petite, des parties plus déve-
loppées que d'autres, un embonpoint contre nature. Dans la classe des
Oiseaux, quels sont nos meilleurs produits alimentaires? Ne sont-ce pas les
poulets engraissés artiliciellcment ; les chapons, produits de l'art ; le Coquard,
croisement du Faisan et de la Poule; le niulard, croisement du Canard de
Barbarie cl de la Cane commune ? Je pourrais vous montrer également, parmi
les Poissons, comment les meilleurs, les Saunions, les Truites, les Sterlets, les
Huîtres, ont besoin de la science du croisement des races et de l'engraisse-
ment des individus pour valoir tout leur prix. L'homme a doublé et triplé
la taille de ces espèces et perfectionné leur saveur: telle est la porl('e de son
action sur la nature, et le croisement des races est un des principaux, instru-
ments de cette action, lleconnaissons rintonlion manifeste de Dieu , car la
science est aussi une révélation divine ; reconnaissons l'intention de Dieu, qui
en nous imposant le travail, car pas une de ces belles et bonnes choses dont
je viens de vous parler, pas une ne s'oblient sans travail, et souvent sans un
travail obstiné ; reconnaissons, dis-je, Tinlention suprême de notre Créateur,
qui adonné au travail humain, dans ses produits mêmes, de si magnifiques
récompenses. Ceci est encore, je le sais, toîuber dans les considérations de
causes finales ; mais, je le répète, je l'avoue, j'aime les considé-rations de
causes finales, « parce que, suivant la bi'lle expression de Hollin, elles nous
rendent attentifs à la Providence. »
;y. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Dons d'œufs de ^'er à soie du thène (Ya-nia-Miaï) dit Japon.
Lettre ailrrssrc par S. Eœc. M. le Ministre des affaires étrangères
aux membres du Conseil de la Sociélé.
Pari^, le 10 janvier 18G3.
Messiiiurs et chers collègues ,
M. Pompe vaii Meeil lier Wûort, officier de santé au service de la marine néer-
landaise, et récemment arrivé du Japon, a remis au chargé d'afîaircs de France
à la llave un bocal de verre renfermant des cocons et deux petites boîtes con-
tenant de la graine de Vers à Soie, dont l'une est destinée à la Société d'accli-
matation. C'est ù la demande du minisire de l'Empereur à Yedo, qu'il a pris la
peine de recueillir et d'apporter ces échantillons en Europe.
En me faisant parvenir tous ces objets emballés avec toutes les précautions
indiquées, et que je m'empresse de vous transmctlre ci-joints, M. le baron de la
Villestreux m'annonce le prochain envoi d'un traité sur les Vers à soie, origi-
nairement écrit en japonais, et que M. Pompe van Meert der Woort a l'obligeance
d'entreprendre de "traduire en français sur la version déjà publiée en langue
hollandaise.
Je saisis cette occasion, etc. DnouYN de Lhdvs.
Lettre adressée par S. Exe. iV. le Ministre de C agriculture,
du commerce et des travaux publics.
Paris, le 17 janvier 1SC3.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous annoncer que j'ai reçu de S. Exe. M. le Ministre des af-
faires étrangères, une boîle de graines de Vers à soie provenant du Japon, et
destinées à être expérimentées en France.
J'ai disposé de ces graines en faveur de la Sociélé impériale zoologique d'ac-
(dimatation, et je les ai fait remettre à M. Guérin-Méneville, qui veut bien se
charger de diriger l'expérimentation.
Recevez, etc.
Le Âlinistre de l'agriculture, dit convv.crce el des li-avnxix puLlica,
ROULA.ND.
Don d'un tB'OHpcaii de Lasnas et d'iiSpacas
FAIT A S. M. l'empereur PAR LE PRÉSIDENT DE L'ÉQUATEUR.
Lettre adressée par S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères
aux membres du Conseil de la Société.
Paris, le 23 jiunior 1803.
Messieurs et chers collègues.
J'ai l'honneur de vous annoncer que, le président de l'Equateur ayant mani-
festé au consul général et chargé d'affaires de France à Quito le désir de faire
embarquer sur quelque bâtiment de guerre prêt à retourner en France un trou-
72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
peau lie cinquante Lamas qu'il avait oITert à l'Empereur, etilnnt l'ofifre avait été
acceptée par Sa Majesté, je me suis empressé de faire une démarche dans ce
sens auprès de S. Esc. M. le Ministre de la marine et des colonies. Ainsi que
vous le verrez parla copie ci-jointe de la réponse de mon collègue. M. le comte
de Chasseloup-Laubat a accueilli avec faveur cette demande, et a transmis des
ordres en conséquence à l'amiral commandant l'escadre française du Pacil^iue.
J'ai eu soin, en même temps, d'adresser à M. Fabre la lettre dont vous trou-
verez la copie également ci-annexée, et par lai|uelle j'ai invité cet agent à faire
en sorte que le troupeau en question lût comjiosé, eu majeure partie, d'individus
appartenant aux espèces dont l'introduction aurait le plus d'importance aux yeux
du gouvernement de l'Empereur.
Je suis heureux d'avoir à ajouter que M. Antonio Florès, ministre de l'Equa-
teur à Paris, et membre de notre Société, vient de m'informer qu'il est appelé
à Quito ])our y prendre possession du portefeuille des finances. Dans cette cir-
constance, il a bien voulu se mettre à ma disposition pour surveiller personnel-
lement la réalisation des intentions du président. Il se propose, à cet elTet, de
s'entendre avec les autorités locales pour que le choix des animaux ait lieu dans
les meilleures conditions, pour qu'ils soient amenés au lieu d'embarquement par
des bergers exercés, et pour que ces derniers fournissent tous les renseignements
nécessaires sur les soins à donner aux animaux pendant le voyage par mer. Il est
tout disposé, en outre, à envoyer à la Société les divers autres animaux, piaules
ou graines qu'on lui signalerait comme pouvant être l'objet de tentatives d'ac-
climatation en France.
Je viens donc vous engager, messieurs et cliers collègues, à faire préparer les
instructions dont M. Antonio Florès voudrait être muni, et à vouloir bien me les
faire parvenir le plus promplement possible, afin que je puisse les lui remettre
avant son départ.
Veuillez agréer, etc. Drouyn ue Lhuys.
Leitre adressée par S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies
à S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères.
Pari?, !i' -15 janvier 1S03.
Monsieur le Ministre et cher collègue,
Par suite du désir exprimé dans la lettre que vous m'avez écrite le î) de ce
mois, au sujet du troupeau de Lamas que le président de la république de
l'Equateur a offert à S. M. l'Empereur, j'ai l'honneur d'informer Votre Excellence
que j'écris à ce sujet, par le courrier anglais de ce jour, à M. le commandant
en chef de la division navale de l'océan Pacifique.
J'invite cet olficier général à se concerter avec notre consul généial à Quito
pour cet envoi, et à donner des ordres pour l'embarquement des Lamas dont il
.s'agit sur l'un des bâtiments qui doivent etfectuer leur retour en France dans
le courant de la présente année.
Agréez, etc.
Le Ministre secrétaire d'Etat de la marine et des colonies,
Signé Comte de Ciiasseloup-Laiii!AT.
Sur le CotoBiiiirr arbre du Pérou.
Nous .ivons insi'ré dans la ciironiqiic du n" M de nos bulletins men-
suels (novemjjre 1862, page 9G) une note sur les ellorls tentés par M. Ken-
dall pour l'inlroduilion aux Élals-l nis d'une espèce de Cotonnier arhre (Pc-
rarian Cottan-tree) du l'éron. Les assertions de M. Kcndall relalivcnienl
FAITS DIVERS. j A
ce précieux végétal avaient vivcmonl excité l'attention de la Société, qui
s'empressa de prendre des renseignements sur ce sujet, en s'adressant aux
sources les plus certaines, sur le théâtre même des expériences de l'auteur
de celte découverte. >ous nous faisons donc un devoir d'informer nos lec-
teurs qu'il résulte d'une lettre adressée, en date du 2G novembre, par M. le
vice-consul de France à Baltimore, à S. Exe. M. le Ministre des affaires étran-
gères, qui a bien voulu nous en donner communication, que M. Kendall ne
s'est jamais occupé sérieusement de la culture aux États-Unis d'une espîîce
de Cotonnier arbre du Pérou; qu'il s'est borné à publier dans V American
Agricuîturist de New- York, du mois d'octobre 1861 , sur l'importance de
cette espèce, une notice qui produisit une très grande sensation, mais qu'au-
cune expérience ne fut entreprise, et que M. Kendall disparut un jour sans
laisser de traces de sa prétendue découverte. {Xote de la rédaction.)
Acclimatation do l'Ënieii en Angleterre.
^\. Bennett, de Brokam-Lodge, publie un journal très intéressant pour tout
ce qui a rapport à la zoologie. Le Field en a extrait les faits suivants :
L'Émeu australien est entièrement acclimaté dans sa propriété.
La première couvée, qui eut lieu en 18G1, fut détruite par un accident. On
suppose qu'un dimanche des maraudeurs pénétrèrent avec leurs chiens dans
le parc où étaient les oiseaux, et causèrent la mort des petits.
La deuxième couvée (1862) réussit parfaitement.
Une lettre de M. Bennett annonce que le premier œuf de la troisième cou-
vée de cette année a été pondu le 3 janvier; à ce fait sont joints des détails
curieux.
Le màîc seul couve et est entièrement chargé du soin de la direction des
petits.
La femelle non-seulement ne s'occupe pas de ce soin, mais même semble
insensible à l'alïection maternelle qui est l'apanage de tous les animaux.
L'espèce acclimatée est le Drowaius irroratus.
A ces rensoignements, que M. P. R:imel a l'obligeance de nous
faii\- parvenir de Marseille, notre zélé correspondant ajoute les
réflexions suivantes :
M. Florent Prévost a du devancer M. Bennett ; à P.osny, il a élevé Kan-
gurous et Émeux.
Par la lettre qui m'arrivedu Colombo, malle échouée aux Maldives, j'ap-
prends qu'une paire de Gallimda tenebrosa est adressée par M. le docteur
Mueller, de Melbourne, à M. Sclater, secrétaire du .îardin zoologiquc de
Londres, pour le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne.
C'est le Uncolnshire qui apporte ces oiseaux.
Ils sont arrivés ou vont arriver au premier jour.
V. CHRONIQUE.
Société régionale d'acolîmaiaiîon fomléc à Rîaney, pour la
zoii4> fliii iiord-t'st.
Nous venons de recevoir le Bulletin du quatrième trimestre 1862, publié
par la Société d'acclimatation de Nancy, et nous y remarquons une Analyse
des travaux des membres de la Société et des résultats par eux acquis
dans le covrant de l'aimée 18GI, tjui constate les progrès de cette institu-
tion. Des nombreux rapports qu'elle a reçus sur les essais faits sous son im-
pulsion , i! résulte que de bons résultais ont été obtenus principalement
dans la culture de l'Allante et l'éducation du Bomhxjx Cynthia, ainsi que dans
la culture d'un certain nombre de végétaux alimentaires ou d'ornement.
Les éducations de Vers de l'Ailantc purs ou métis, mentionnées dans un
rapport spécial, ont bien réussi à j\Ietz, à Tbionvilie, ti Sarreguemines , à
Ars-sur-!\loscl!e, et dans beaucoup d'aulres localités de cette région, par les
soins de MM. Belbomme, Gehin, Morcau, de Rességuier.
Parmi les végétaux signalés, nous remarquons la Pomme de terre dite
de Sainle-^lartlie, l'Avoine géante de Ligorvo, l'Orge de i\laiidcbourie.
I,e Bulletin contient jilus loin l'annonce d'un don de cinq Axis de Geylan
fait à la Société régionale par M. Cazard, armateur, l'un de ses membres.
(Note de la rédaction.)
!i»o«?ié(é d'horticulture et «l'aeelîniatation du département
de Tarii-et-UaroBîne.
La Société d'horticullure et d'acclimatation de Tarn-el-Garonne nous a
également fait parvenir l'Annuaire ([u'elle a publié pour 18G3.
Dans le compte rendu présenté par son secrétaire général sur ses travaux
de 18G2, les progrès de la pisciculture et les éducations précoces de Vers à
soie dans ce département occupent le premier rang ; nous y trouvons ensuite
l'indication du succès obtenu par la Sociélédans ses éducations en plein air,
et sous les yeux du public, du Ver à soie de l'Ailanle. L'Annuaire renferme,
en outre : 1" un rapport sur l'exposition de la Société d'iiorticullure de la
Gironde en août 18G2 ; 2" un rapport sur l'exposilion borlicolc de Péri-
gueux en septembre 18G'2 ; 3" un intéressant travail de M. A, de France
sur les opérations de pisciculture faites par la Sociéli- en 18G2 ; sur les ten-
tatives d'empoissonnement du Tarn, de l'Aveyron, du Viaur, du Tescou, et
les heureux résultais qui ont pu être constatés par la prise de jeunes Saumo-
neaux sur plusieurs points de ces rivières ; à" un second rapport du même
auteur sur la sériciculture et les éducations précoces praticpiées en vue de
la production de bonnes graines pour les éducations industrielles; 5" un
mémoire de M. le docteur U. Peujade sur la viticulture.
{.\ote do la rédaction.)
CHRONIQUE. 75
Cult^u'c «le l'arbre à suîf en Algérie.
(EyilTa.il da Moniteur de l'Algérie.)
Nous avons dt-jà parlé dernri)reùsiiif de la Chine. Au nombre des plantes
tropicales que le gouvernement français a essayé d'acclimater en Algérie,
Tarbre à snif est sans contredit Tune de celles qui ont le mieux réussi.
Cet arbre, par ses propriétés, mérite de lixer raltention de nos cultivateurs.
En le cuilivant sur une certaine échelle, il pourrait modérer et abaisser le
prix des suifs animaux et fournir à la classe la moins aisée un éclairage
brillant, sain et à bon marché. Dans Tlnde, un arbre de dix ans produil en
moyenne annuellement de 1 à 2 kilogr. de suif ; à vingt- cinq ans, il en donne
de 3 à /i. L'arbre à suif n'est point du lout.délicaî ; il pousse vigoureusement
di;s la première année de la transplantation et ne demande aucun arrosage.
En outre, il est très propre pour planter en avenues. Ses feuilles caduques
ressemblent à celles du ['euplier tremble et prennent une teinte rouge foncé
en automne. 11 a le port d'un Cerisier. Son écorce est blanche, lisse ; ses
rameaux, longs, flexibles; ses capsules, dures, gla!)res, bi'unes, à côtes ar-
rondies. Ses gc'iines, presque hémisphériques, sont enduites d'une substance
cireuse.
L'arbre à suif est très commun en Chine, notamment dans les vallées de
Chusan, province de Tché-kiang, où il porte le nom d'Ukien-mu.
Au dire d'un voyageur anglais, llobert Fortune, on retire de ses fruits de
grandes quantités de suif et d'huile. Des usines sont établies pour cette pré-
paration sur plusieurs points de l'iie. Nous allons décrire, d'après les com-
munications qui ont été faites par le docteur Uawes, le procédé d'extraction
en usage dans cette partie du Céleste Empire :
« Les graines sont recueillies au commencement de l'hiver, soit en no ■
vembre ou décembre, époque où l'arbre t st complètement dégarni de ses
feuilles. J'ai vu faire cette récolte un jour que j'étais en chasse à Sing-king,
dans la vallée de Soh-IIoo, à peu de distance du lieu que j'habitais. On
coupe les rameaux, que l'on apporte à la ferme, et c'est là seulement que l'on
délache les graiues. On en remplit une espèce de boîte cylindrique de bois,
ouverte à l'une de ses extrémités et percée de quelques trous à la partie op-
posée. Cette boîle est alors introduite dans un vase de fer de 18 à 20 cen-
timètres de profondeur, et ayant seulement un peu plus de diamètre que le
cylindre de bois. Cet appareil, pLicé sur un fourneau, contient de l'eau qui
est bientôt échauiïéc, de sorte que la vapeur, pénétrant dans les graines, les
amollit et facilite la séparation du suif.
J'ai vu un de ces fourneaux qui supportait une rangée de cinq ou six de
ces bassines de fer : il avait environ 1 mètre de haut sur 1"',20 ou 1"',30
de large, et 2''\50 à 3 mètres de long. Le foyer, disposé à l'une des extrémi-
tés, était alimenté avec de la balle de riz, des broussailles et autres menus
combusti])les produisant un feu clair, dont la chaleur se communiquait à
toute la rangée des bassines.
76 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Lorsque les graines ont été exposées à l'action de la vapeur pendant dix
ou quinze minutes, on les vide dans un mortier de pierre, afin de délaclier
tout le suif des autres parties qui constituent la semence. On les place alors
dans des esprces de cribles, et cette dernière opération permet en général
d'oblenir tout le suif que la plante peut fournir. Cependant il arrive quelque-
fois qu'on passe les graines à la vapeur une seconde fois, pour rendre l'ex-
traction plus complète.
Le résidu est ensuite pilé et pressé, et l'on en retire de riuiile.
Le suif ainsi obtenu ressemlilc assez à une farine grossière de graine de lin;
sa teinte brune est due à une enveloppe très mince qui recouvre la graine, et
qui se brise et se détache dans roi)éralion du broyage et du criblage. On les
met alors dans un tuyau ou cylindre, formé d'anneaux de paille iressée, au
nombre de cinq ou six superposés.
Lorsque ce cylindre est plein, on le met sous presse. Cette presse est un
appareil assez simple et même grossier, mais qui, connue tous les ustensiles
des Chinois, répond bien au but qu'on se propose. Elle est composée de deux
grosses poutres placées longitudinalement sur une forte planche, à ZiO ou
50 centimètres l'une de l'autre, formant ainsi une espèce d'auge reliée en
fer. Le suif est comprimé et poussé par des coins qu'on enfonce de force à
l'aide de maillets de piei re. Il coule alors par un trou pratiqué au fond de
la presse et tombe dans un tube destiné à lui servir de récipient. Arrivé à ce
point, il est parfaitement propre ei d'une belle couleur blanche. Il est à demi
liquide, mais il ne larde pas à se solidifier, et, dans les temps froids, il est
assez cassant.
L'intérieur du tube qui reçoit le suif est humecté, puis saupoudré d'un peu
de terre rouge, réduite en poussière, d'une extrême ténuité, pour empêcher la
matière d'adhérer aux parois. La matière, dès qu'elle est de\enue solide, est
extraite du tube et portée en cet état sur le marché. Comme les chandelles
qu'on fabrique avec ce suif végétal sont sujettes à s'amollir cl même à se
liquéfier dans les temps chauds, on les plonge, pour leur donner plus de
consistance, dans de la cire de diverses couleurs, rouge, verte ou jaune. Celles
qui sont destinées aux cérémonies religieifses sont en général de plus grande
dimension el richement ornées de caractères d'or.
Le tourteau ou marc restant dans la presse après l'extraction du suif sert
comme combustible ou comme engrais. Il en est de même du marc ou résidu
des graines dont ou a extrait l'huile.
Connne ou le voil, l'arbre à suif rend dans l'Inde et dans la Chine de très
utiles services. Nous nous élonnons dès lors qu'on ait craint d'essayer sa plan-
tation en Algérie. Pour être convaincu du succès de la transplantation de
cet arbre, on n'a qu'à aller voir les magnifiques sujets qui sont en livraison
au jardin d'acclinialalion, au Ilannna, ainsi que la vigueur de ceux qu'un de
nos amis, j\1. Bcsson, propriétaire à Saint-Eugène, a fait iransplanler l'année
dernière à racines nues et sans trop grand soin.
.Nous engageons vivemeni les propriétaires qui ont des plantations à faire,
CHRONIQUE. //
à essayer l'arbre à suif; il croît parfaitement sur le littoral do la mer, ainsi
que sur les premières pentes de l'Atlas jusqu'à une élévation de li à 500 mètres.
Nous avons sous les yeux dos ronseignomonts ])osilifs, desquels il résulte
que les Européens élaijlisdans l'Inde ont, il y a quelques années, essayé d'en
faire des bougies, et que les résultats obtenus ont dépassé toutes les espé-
rances. Ce suif se détache parfaitement du inoulo. il donne une lumière aussi
brillante que celle du suif animal, et l'emporte sur ce dernier en ce qu'il ne
répand pas une odeur infecte quand il brûle ou qu'on l'éteint. La cire môme
est loin d'avoir ces avantages : elle tient au moule et coule en brûlant. Mélangé
à cette dernière, au blanc de baleine et au suif ordinaire, il donne un éclai-
rage utile et peu coûteux. Pour connaître la combustibilité comparative du
suif végétal, on a fait des bougies de suif végétal, do suif animal et de cire,
fondues dans le même moule et du même poids ; on les laissa brûler dans le
même appartement et à une température de 55 degrés. Au bout d'une
heure, la cire avait perdu le septième de son poids, le suif animal le sixième,
et le suif végétal seulement le neuvième.
Cet arbre mérite donc, par ses diverses propriétés, d'attirer rallonlion de
tous, et nous nous faisons un devoir de le signaler aux cultivateurs.
Le journal le Jardin zooloyiquc, publié à Francfort sous l'habile cl ac-
tive direction du docteur Weinland, contient dans les derniers numéros
de cette année plusieurs notices et plusieurs observalions qui m'ont paru
de nature à intéresser la Société d'acclimatation.
Numéru cVaoïlI. — Le docteur Bodinus, directeur du jardin de Cologne,
dunne de curieux détails sur les habitudes de VAnas tadorua. Ce superbe
oiseau, que l'on trouve dans la plupart des jardins zoologiques, s"enfoure
dans des terriers à renard, et par son courage il impose presque toujours
à ces perfides animaux. Il fait son nid sur des toits ou sur des arbres élevés.
Quand les petits sont assez grands, ils se laissent simplement tomber : leur
duvet épais prévient les dangers de la chute. Une distance souvent assez
considérable sépare le nid des bords do la mer. Les parents défendent éner-
giquoment leur jeune progéniture, mais jamais, comme on l'a prétendu,
on n'a vu les canetons sur le dos de leur père ou de leur mère. Ces canards
sont excellents plongeurs. Pour la nourriture des jeunes canetons élevés
en captivité, le docteur Bodinus rocoiumande les lentilles d'eau, la salade
hachée, le frai de poisson, et enfin les œufs de fourmi. Si on ne leur donne
que du seigle pour nourriture, au bout de pou de temps ils deviennent
aveugles. Cette maladie, qui commence par une intlannuation d(î la cornée,
se remarque dans les mômes conditions chez le Pinson, appelé Fringilla
cœlcbs. Les Canards {Anus tadorna) ont besoin d'eau, mais ils restent le
plus souvent sur terre, ils se reproduisent difficilement on captivité, cepen-
dant le docteur Bodinus a obtenu cette année de bons résultats.
— Le docteur Mobius, en faisant part de l'arrivée à Hambourg do nom-
78 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
breiix animaux dostinés au jardin zoologiquc de celle ville, annonce que le
jardin sera ouvert au mois de mai procliain.
— A Slutlgard, un terrain vient d'être acquis près de l'Augai-len pour
une Sociélé qui se propose d'y créer un jardin zoologique.
Numéro de septembre. — Le docteur Folgcr l'ail part de la louable cou-
tume qu'ont les habitants de l'Erzgebirge d'installer en haut des arbres qui
avoisinent leurs demeures des boîtes de bois forl siuîples, avec un trou
d'entrée à peu près grand connue une pièce de 10 centimes ou comme une
pièce de 5 francs. Ces boîtes servent de nids aux dillerenles espèces d'oi-
seaux. Les boîtes ne restent pas longtemps vides, el leurs intéressants petits
hôtes s'y trouvent à l'abri dos allafpies de leius trop nombreux ennemis.
— Des observations faites avec beaucoup de soin dans les montagnes du
Taunus et du Spenard, près de Francfort, sur les habitudes des Cerfs et des
Chevreuils, lelatent plusieurs faits curieux. Ainsi les Cerfs s'y étaient pen-
dant longtemps abstenus de toucher aux écorces des l'ins. La notice du
docteur Uolie sur ce sujet se recommande à l'allcnlion de toutes les per-
sonnes qui s'occupent d'économie forestière.
— Le comte de Ilenene mande de lîelgique que des l'erruches ondulées,
s'étant échaiipées de leur volière au printem])s, se sont reproduites en liberté
dans son parc.
— Une Société zoologique et botanique d'acclimatation vient d'être fondée
à la Haye sous le patronage du l'.oi.
— Une lettre de Copenhague annonce que le jardin zoologique de celte
ville est en pleine prospérité. On y remarque un oiseau rare, l'Oie à cuiller
{l'iatalen zeiiiorodia), prise dans le Jutland.
Le Bulletin mensuel du Jardin zuuloijiqiie de Francfort raconte que
les Oiseaux fileurs {Qiielea saïujuinirosiris] ont conslruil dans leur volière
un nid arlistement (ilé et qu'on y a trouvé trois petits morls. Ce fait permet
d'espérer qu'on pourra oblenir la reproduction de ces oiseaux en captivité.
Eruatuji. — Nous recevons de M. le docteur Sicard, de Marseille, la
reclilicalioii suivante que nous nous empressons d'insérer ici : « Une grave
erreur s'est glissée liaus la rédaction du procès-verbai de la séance du 2i) dé-
cembre dernier {Bidletiii, 1862, p. lOAG). Les objets que j'ai envoyés à la
Société sont exirails des graines du C(itli-i>é de Cliinr, qu'il ne faut pas
confondre avec le Calli-sé de M'ont ignij, (pii est une autre plante. "
VI. BULLKTIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION.
I. — Décembre a élé bien pluvieux, à peine y a-l-il eu deux belles jour-
nées, pas une seule gelée, presque constamment dos vents du sud et de
l'ouest. On dirait rautomne prolongé : si ce temps est favorable à la végétation
et niainlienl les gazons verts, de toutes les conditions almospluiriques riuiini-
dité est la plus désagréable à l'organisa lion animale. Aussi nos pauvres bêles,
blotties sur eilcs-mcnies, la tête liasse, le cou rentré, les ailes pendantes, le
poil ou la plume hérissés, recherchent les coins, et semblent se conformer au
sombre état du ciel! Dans celte saison, ou les sort lard et on les rentre de
bonne heure.
II. — Sous l'influoncc de cette température, plusieursseniblent vouloir en-
trer en amour plulùl que de coutume, surtout les Faisans et les Tourterelles.
Le Lophophore poursuit sa femelle, fait la roue, porte sa queue en éven-
tail : il est en cet appareil aussi beau que le Paon. Quelques Canards, La-
brador et hollandais, ont déjà donné des œufs. La ponte est aussi un peu
plus active chez les Poules, surtout chez les petites races ni'gre et Bantam.
Les Poules sont lâchées le jour dans les parquets et renfermées la nuit.
On leur donne pour nourriture moitié sarrasin, un quart blé et un quart
orge, et pour verdure des choux et de la salade : l'orge est de toules les
graines la moins mangée par elles. Malgré celte nourriture, beaucoup d'oi-
seaux ont eu la diarrhée.
IlL — Parmi les manuniières, les naissances ont été nombreuses. Les
Krebis de l'Yénien ont eu 2 petits; les Lagabbe, 2; les Alauchamp, 1 ; les
Naz, i ; les Morvans, 1; les Romains, 2; l'Axis, 1, et la Brebis du SéiK--
gai, 1 ; les Chèvres d'Egypte, du Sénégal, chacune 2. Trois avortcmenls ont
eu lieu.
Il a été remarqué que les Moulons du Sénégal, au poil ras et roide, se
couvraient d'une laine plus frisée dès le premier hiver, et que ce phéno-
mène était encore plus marqué chez les petits qui naissaient d'eux.
IV. Mortalifé. — iNIalgré la mauvaise saison, la mortalité a été moins
considérable parmi les oiseaux (pie les mois précédents. Nous avons perdu
i Poule, o Coqs, [\7 oiseaux de volière, dont 10 Colins, 8 Tétras huppccols
récemment arrivés, 16 Faisans, 39 oiseaux d'eau.
Parmi les mammifères, 2 Pécaris, 1 Kangurou Derby, 1 Agneau Yémen,
1 Manicou, 1 Lapin, i Lièvre.
Sur un Faisan il a été trouvé un amas de calculs d'acide urique dans le
cloaque, avec rétention d'urine dans les uretères.
Mais la lésion la plus commune était celle de la membrane muqueuse in-
testinale, ramollie, arborisée, et quelquefois avec inhllration sanguine de
ses tuniques, et même épanchement hémorrhagique dans la cavité intesti-
nale; ce qui concordait avec les diarrhées.
80 SOCIÉTÉ IMI'ÉUIALE ZOULOGIQUE d'aCCLLMATATION.
Toujours beaucoup de conUisions du sternum, des poumons et du crâne,
mais pas un seul cas de la diplilliérilcsi fréquente précédemment.
V. — VAquarima est toujours bien garni de Crustacés, Mollusques divers,
Zoopliytes, provenant d'envois réguliers faits de Clierbourg; il est plus diffi-
cile de faire arriver des poissons vivants. Les Squales roussettes qui s'y trou-
vent depuis un mois se maintiennent très bien, sans prendre aucune
nourriture, quoique, en liberté, ces poissons passent pour si voraces. ]\ous
avons reçu de M. Carbonnier une collection de f'oissons de rivière, parmi
lesquels se trouve un Barbillon blanc.
o80 000 œufs de Fera reçus d'IIuningue n'ont donné aucun résultat.
20 000 œufs de 'J'ruile et 20 000 de Saumon ont donné des éclosions en assea
grand nombre.
Vi. Jardin. — La températuie a été en moyenne de o degrés au-dessus
de zéro à six lieures du matin, et de 5 degrés au-dessus de zéro après midi.
Les extrêmes ont été de h degrés au-dessous de zéro au minimum, et de
\h degrés au-dessus de zéro au maximum.
Cette température exceptionnellement douce pour la saison provoque un
mouvement de végétation dans beaucoup d'arbustes, tels que Lilas, Sureaux,
Lauriers de la Colcbide, (Jroseilliers stériles, Corcliorus, Cbèvrefeuilles,
Forsythia, Seringats, Spirées, iNIalionia, Cornouillers à fruits et autres, dont
les boutons sont près de se développer.
Les fleurs sont très rares, mais cependant nous avons en arbustes de la
Chine et du Japon en fleur ; les Jasmins à fleurs nues, Malionia Bealii et
japonico, (.'ahjcanthus prcecox et Cognassiers du Japon. L'Europe ne nous
fournit que deux arbustes en fleur : ce sont le Laurier-tin et l'Ajonc marin
à fleurs doubles.
Dans le Jardin d'hiver, la floraison se compose de Primevères de la Chine, de
Mimosas, et surtout de Camellias, dont le nondjrc de fleurs augmente chaque
jour.
Le Jardin a reçu :
De madame la baronne Laurence, deux jeunes Roucouyers ;
De M. de Sabrun, des graines de Palmier épineux et du IMillet de Pon-
dichéry;
De la Société impériale, des graines de la Coca et de YAbies reyinœ Ama-
liœ, et des liges de Manioc ;
De madame Canel (par l'entremise de ^L de Sainl-Oucntin), une grande
collection de graines recueillies par M. le capitaine Canel, son lils, dans ses
voyages en divers pays, et un échantillon de filasse de Chine, que l'on croit
provenir de l'Ortie blanche de Chine.
Le Jardin a donné :
A M. Ledentu et à M. le baron Larrey des collections de graines et de
l^ommes de terre.
Le nombre des visiteurs a été de 9123.
Le Directeur du Jardin d'acdimalalion,
liUFZ DE LAVISON.
SEPTIÈME SÉANCE PIBLIOIE 4NNIELLE
DE
LA SOCIÉTÉ IiMPÉIUALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
PROCÈS -VERBAL.
Celle séance a eu lieu à l'Hôtel de ville, salle Saint-Jean,
le mardi 10 février 1863.
S. Exe. M. Drouyn de Lliuys , Ministre des affaires étran-
gères, président de la Société, occupait le fauteuil de la prési-
dence. A côté de lui siégeaient au bureau : S. Exe. M. l'ainbas-
sadcur de la Porte Ottomane; MM. A. Passy, vice-président;
le comte d'Eprémesnil, secrétaire général; Guérin-Ménevillc
et le docteur L. Soubeiran, secrétaires; de Quatrefages,
membre du Conseil, et Rufz de Lavison, directeur du Jardin
d'acclimatation.
Sur l'estrade se trouvaient placés MM. les membres du
bureau et du Conseil, les présidents, vice-présidents et secré-
taires des cinq sections et de la Commission des récompenses,
avec un grand nombre de membres de la Société français et
étrangers.
La salle était occupée tout entière par une nombreuse et
brillante assemblée. L'organisation de la séance avait été con-
fiée, comme les années précédentes, aux soins d'une Commis-
sion composée de MM. E. Dupin , F. .Jacquemart et le comte
de Sinéty. M. le marquis de Selve avait bien voulu se cliarger
d'en faire les lionncurs avec plusieurs commissaires désignés
parmi les membres de la Société.
— La séance a été ouverte par un discours de S. Exe.
M. Drouyn de Lbuys , Ministre des affaires étrangères, pré-
sident.
T. \. — Janvier cl l'cMicr l;-iGL>. d
il suciétl; impériale zoulogique d'acclimatation.
— M. L. Suubciran, secrétaire des séances, a présenté
un Rapport sur les travaux de la Société en 186"2,
— A la suite de ce rapport, M. Drouyn de Lhuys a pris la pa-
pour rappeler les succès obtenus par la Société à l'exposition
universelle de Londres. Il a annoncé que trois médailles lui
ont été décernées par le jury international pour les produits
(qu'elle y avait présentés. M. le Président a ajouté qu'outre ces
médailles accordées à. la Société elle-même, des récompenses
ont également été décernées à madame la comtesse de Cor-
neillan, à M. Davin, à M. Forgemol et à M. Guérin-Méneville,
pour leurs produits spéciaux exposés dans ses vitrines.
— M. Piufz de Lavison, directeur du Jardin d'acclimatation,
a ensuite prononcé un discours sur l'aquarium du Jardin.
M. le comte d'Éprémesnil, secrétaire général, a pris la
parole pour présenter la liste des prix anciens et nouveaux
proposés par la Société ou provenant de fondations particu-
lières. Ces prix sont au nombre de vingt-cinq, et il faut y
ajouter quinze primes spéciales pour la propagation ou le
dressage des Yaks et des Chèvres d'Angora.
La Société a en outre proposé des primes de 500 francs
pour les meilleurs ouvrages théoriques sur des questions
relatives à Facclimatation.
La liste et le programme de ces prix sont ainsi conçus :
pmX EXTRAORDINAIRES PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ.
Séance publique annuelle du 10 février 1857.
I. Domestication complète, appliciitloii à rogricnltiirc ou emploi dans les
villes de PlléiiiionG(£'ryai/s Itcmionus) ou du Dauw (£. Burchellii).
La domoslication suppose nccessaireineiit la reprodLiclion en caplivilc.
Concours proroiri' jiisfiu'ou 1'^' déceiiilii'c 18G7.
l'RIX: Une nicilaillo ilc 1000 francs.
H. Introduction et domestication du Droméc (Casoar de la Nouvelle-Hol-
lande , Dromaius Xovœ Hollandia') , ou du Nandou (Autruche
dWniériquc, Hhca americana).
On devra possédur six ir.dividus an moins, cl avoir obtenu doux générations en captivité-
Concours ouvert jnsfin'au 1" déccnilirc 1805.
PniX: Une médaille de 15U0 francs.
III. Introduction et acclimatation d'un nouveau s;ibicr autre que le Colin
de Californie, pris dans la classe des Oiseaux.
Sont exceptées les espèces qui pourraient ravnijer les cultures.
Concours prorogé jusqu'au l"déeendjre 18G7.
Prax : Une médaille de 500 fr.uics.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE l'UBLI^UE. m
i\. Acclimatation en Europe ou en Algérie d'un Insecte producteur de
cire autre que l'Abeille.
Concours proroge jusqu'au 4" décembre 18G6.
Prix : Une médaille de 1000 francs.
\. Création de nouvelles variétés d'Ignames de la Chine {Dioscorea
batatas) supérieures à colles qu'on possède déjà, et notamment
plus faciles à cultiver.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 18G3,
Prix : Une médaille de 500 francs.
Séance publique annuelle du 17 février 1859.
I. Propagation de la race ovine Graux de Mauchanip en dehors de la
localité où elle a pris son origine (en France ou à l'étranger).
On devra juslifier de la possession d'au moins 100 bêles nées chez le propriétaire, et
présentant le type do la race de Mauchamp pour la laine, et une bonne conformation.
Concours ouvert jus(|u'au \" décendjre \ 80-i.
Prix : Une médaille de 1000 francs.
Plus lUOO francs olferls par i\I. Davin (voy. page VII).
II. Introduction et acclimatation à la MarUnique d'un animal destrucieui'
du Bolhrops lancéolé (vulgairement appelé ^■ipère fer-dc-lance ) ,
à l'état de hberté.
On devra avoir obtenu trois générations.
Sont except(;cs les espèces qui pourraient ravager les cultures.
Concours ouvert jusqu'au 1 " décembre 1 8G9.
Prix : Une médaille de 1000 francs. ' '
Séance publique annuelle du ik février 1861.
Introduction, culture et acclimatation du Quinquina dans le midi de
l'Europe ou dans une des colonies françaises.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18G5.
Prix : Une médaille de 1 500 francs.
0
Séance publique annuelle du 20 février ISGi
I. Métissage de l'IIémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga),
avec la jument.
On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis Agés au moins d'un an.
Concoin-s ouvert jusqu'au 1" décembre 186G.
PRIX: Une médaille de 1000 francs.
11. Propagation des métis de l'IIémione et de ses congénères avec l'ànesse.
Ce prix fera décerné à l'éleveur ,pii aura produit le plus de métis. (Il devra en présenter
SIX individus au moins.)
Concoiu-s ouvert jusqu'au 1" décemljrc 18CG.
Prix: Une médaille de 1000 francs.
III. Domestication de l'Autruche d'Afrique (Struthio camelus) en Europe.
On devra justifier de la possession d'au moins douze Autruches nées chez le propriétaire
et âgées d'un an au moins.
Concours ouvert jus(pran i" décendjre 18G6.
Prix : Une médaille do 1500 francs.
IV SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE 1) ACCLIMATATIOX.
JV. Domeslicalioii de rAulrnche {Strulhio cainoliis) en Alric|iH'.
On ile\r:i juslifici' île In po^jc^siiin d'an moins trcnto-six Aiilriiclics, mies clieï lo pro-
iniolaii'C et àp^ôcs d'iiii an an ninins.
Concours onvcri jnsrpi'an 1" (li'conibrc ISOC.
PniX. Une niL'tl;iille île 1500 francs.
y. InlrocUiriion en France cl rcprodiiclion en captivilc du Dindon ocellé.
{Meleagris ocellata).
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1807.
Pnix : Une nicdaillc de 1 000 francs.
VI. Iicprodiiction en France du Tctrao cupido.
On devra prosenlcrau moins dix snjctsvivanis, de seconde géncralioii produite en capti\ilé.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1805.
PniX : Une médaille de 1000 francs.
Vil. r»cproduclion en captivité du Lophopîiorc {Lophophoru$ refulgens)
en France.
Oii devra présenter au moins six sujets vivants, do seconde génération produite eu
captivité.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1807.
Prix ; Une médaille de 500 francs.
Vllt. Reproduction du Goufa {Columba coroiiain) en France.
On devra présenter au moins denx sujets vivants, de seconde génération produite cfi
captivité.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1807.
Paix : Une médaille de 500 fr.incs.
IX. Introduction et acclimatation d'un nouveau Poisson alinieniaire dans
les eau\ douces de la France, de FAIgéne, de la Alarlinique ou de la
fiuadeloupe, ou d'un Crustacé alimentaire dans les eaux douces de
l'Algérie.
Concours ouvert jusqu'au 1" iléccndirc 1800.
Prix : Une méilaille de 500 francs.
Le prix sera doubb', si le poisson introduit et acclimaté c^l le riiunami.
X. Acclimatation accomplie, en France ou en Algérie, (rune nouvelle
espèce de Ver à .soie, produisant de la .soie bonir- à dévider et à
employer industriellement.
Concours ouvert jusqu'au 1" décond)rc 1800.
PlUX ; Une médaille de 1000 francs.
Séance publique annuelle du 10 février I8G3.
Application industrielle de la soie du 5o?H?;j/a'(7(/?i//)ia, Ver àsoiedel'Ailante.
Cbi devra présenter plusieurs cou|ics d'étoffes formant enseuibic au moins 100 mètre-, cl
fabriquées avec la soie dévidée en tlls coulions du [iomh'j.r Cyiitliin, ou du /?. Arrintlia,
ou de métis de ces deux espèces, et sans aucun mélange. Les tissus en boinre do soie soûl
bors de concours.
Concours ouvert jusqu'au 1" déccud)re 1803.
Pmx : Une médaille de 1000 francs.
1" Iniinaux de pur sang.
Pour tout éleveur qui présentera avant le 1"^ décembre 18G') quatre
Yaks de pur sang, d'un an au moins, nés cliez lui, conformes aux
tvpc's conserv('s par la Société el reconnus de boiiiie cuut'oriiuilioii.
1" l'uix : Vaw prime de iSOO francs.
2' l'IllA ; Une (irime de iOOO bancs.
PROCÈS-VERDAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE. V
2" Métis d'Yak et de VacJte de travail.
Pour loiU ('îcvoiir qui préscnlcra avant le i" décembre 1865 huit sujets
cl'iiii an au moins, nés chez lui et provenant de croisemenls d'une
Vache de Iravail (race de montagne) et d'un Yak de pur sang :
■l" Pnix : Une primo do 1800 fi'ancs.
2' Pr.IX : Une primo du 1200 francs.
B'ritite!<i iiuui- (o «Ircst^agc «los Vaks.
i° Bêtes de labour.
Pour tout éleveur qui présentera au concours, avant le 1" décembre 18G5,
ini attelage d'Yaks, ou de métis d'Yak et de Vache, pouvant labourer
\\n hectariî de terre en concurrence avec des bœufs de trait :
\" Piu\ : Puur le meil!cnr labour fait dans le moindre temps, une prime de 800 francs.
2' Piux : Une prime de GOO IVancs.
n« Pr.ix : Une |"rime de 400 francs,
•i' Pliix : Une prime de 200 francs.
2" Bêtes de somme ou de bât.
Pour lout élevein- ou cultivateur qui pr('sentera au concours, avant le
:P' décembre 18G5, un ou plusieurs Yaks ou métis d'Yak et de Vache
de motitagne, employés ordinairement comme bêtes de somme ou de
bût, et pouvant porter des fardeaux en gravissant de fortes pentes :
■)«'PaiX: Une prime de 500 fr.nncs.
2" Prix : Urie prime do 300 francs.
3' Prix : Une prime de 200 francs.
Pi-iuies |»oHi" les ('hcvrc.4 d'Angora.
1" Animaux de imr sang.
Pour lout éleveur qui présentera au concours, avant le 1" décembre 18G5,
douze sujets de pur sang âgés d'un an au moins et de trois ans au
plus, nés chez lui, et dont les toisons seront reconnues d'une qualité
égale à colle des types conservés au siège de la Société :
1" Pmx : Une primo do 1 500 francs.
2» Pr.IX : Une prime do 1000 francs.
2° Animaux métis.
Pour lout éleveur qui présentera au concours, avant le 1" décen)brc 1865,
douze sujets métis 3//i de sang, nés et élevés chez lui, dont les toisons
se rapprocheront le plus des types conservés.
i" l'uix : Une piimo de 12U0 francs.
2* Pmx: Une primo de 800 francs.
I.es prix ne seront décernés qn'antant rjne les toisons seront jugées assez belles pour être cm-
l'Iiiyées dans l'industrie.
l>i-iiue»i pour les travaux (héoricnios relaUfH à l'acoliniatntion.
A partir de 1803, les travaux théoriques sur des questions relatives à l'ac-
climatation pourront être récompensés, chaque année, par des mé-
dailles .spéciales de 500 francs au moins.
I.cs ouvrages devront rirv inij iiu:és et remis à la ?nci('té avant le 1" juillet de cbaque année.
VI SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
PRIX PROVENANT DE FONDATIONS PARTICULIÈRES.
Séance publique annuelle du 17 février 1859.
Fi-U fOBtUé |i>ai> Itl. !'\ Bitaviae^ siiastui'acliii'ier.
Propagation do la race ovine Graux de Mauclianip.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1804.
Prix : Une somme de 1000 francs à ajouter à la médaille do lOÛO francs fondée par la
Société pour le même objet (voy. page m).
Prix fondé isnr M. le rtocteiu* Saoe.
Amélioration do la Chèvre d'Angora. *
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1S63.
Prix : Une prime de 100 francs pour la toison la plus lourde do Clicvre d'Angora.
Si la toison est on nu''me temps remarquable par ses qualités, la Société triplera cette prime.
Séance publique annuelle du l/j féorier 1861.
Prix fontio |iar m""" liit!«'-fiaioaM, iU-(^ a»o!alaii<lo.
Une grande niôdaille d'or sera décernée, le 10 février 186-'i,au voyageur qui,
en Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de
services, dans l'ordre dos travaux de la Société, principalement au point
de vue de l'alimenlation de l'homme.
Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le l" décembre
1803.
Prix fon«l<"« par sin «iicui8»ro «îe la «^oeîétr ««iiii a voiili! a;«r<Ier
rssnoiiiyiBH'.
Deux primes, l'une de 200 fr. , l'autre de 100 fr. , seront décernées, chaque
année, pour les hons soins donnés aux animaux on aux végétaux, soit
au Jardin d'acclimatation (primo de '200 francs), soit dans les élablisse-
ments d'acclimatation se rattachant à la Société (prhnedelOO francs).
Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 1 " décembre de
chaque année.
Séance publique annuelle du 20 février 1862.
Pi'ix foiîilé j»ar M'"" bucrsiioau^ néo Dclalaiidi*.
Une grande médaille d'or, h l'edigio d'Isidore GeoflVoy Saint-Hilaire, sera
décernée, le 10 février 186/i, au voyageur qui, <}n Asie ou en Océanie,
aura rendu , depuis neuf années, le plus de services dans l'ordre des
travaux de la Société.
Les pièces relatives à ce concours devront être parvenues à la Société avant le 1" décembre
18(33.
Prix fondé r M. TSîoUlîa'^r-SSof^ijardin»!^ memJire e( déEôsnv
dt< !a (Siofiélc.
r.eproduclion en liberté du Colin de Californie.
On devra fournir la preuve que l'on a obtenu, en France, deii\ générations successives de Colins
de Californie, pondus, couvés, nés et reproduits en liberté dans la même localité.
Concours ouvert jusipi'au 1°' décendire 1804.
Pi'.ix : Une médaille de 500 francs.
PROCES-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE. VU
Séance publique annuelle du 10 février j 863.
I»rix ron<I«> par M. B-. AllliiiBititiof, «l'Arco (Tyr«l).
Domcsticntioii (ruii nouveau palmipède utile.
On devra présenler an moins dix sujets vivanls de seconde génération produite en caidivilé.
Concours ouvert jusqu'au 1" décemljre 18GG.
Piux : Une médaille de 1000 francs.
— M. le Secrélairi? général a terminé la séance par le rap-
port fait au nom de la Commission des récompenses.
Il a été décerné cette année :
1" Deux litres de membre honoraire ;
^^ Trois grandes médailles d'or hors classe ;
3° Un rappel do médaille de première classe, de vermeil;
Zi" Treize médaihes de première classe;
5" Treize médailles de seconde classe;
6° Neuf mentions honorables;
T Les deux primes annuelles de 200 et de 100 francs;
8" Deux récompenses pécuniaires.
Le titre de memjjre honoraire a été conféré à M. Michel
IssAKOFF , délégué du Comité d'acclimatation de Moscou à
Saint-Pétersbourg ;
.Et à M. Eugène Slaion, chargé par S. M. l'Empereur tl'une
mission agricole en Chine.
Les trois grandes médailles d'or ont été décernées :
A M. Victor Bataille, négociant à Cayenne (Guyane fran-
çaise) ;
A M. René Caillaud, naturaliste piscicuUeur, à Paris;
A M. Brierre, recevecir des douajies à Saint-Hilaire-de-Biez
(Vendée).
Pour les autres récompenses, voyez ci-après le rapport de
M. le Secrétaire général.
Le Conseil, par décision prise le 13 février, a arrêté que les
discours prononcés dans la séance publique du 10 février 1363
seraient insérés in extenso dans le Bulletin do la Société et
placés en tète du voiume en cours d'exécution.
Le Secrétaire des séances,
L. SOUBEIRAN.
DISCOURS D'OUVERTUHi:
Par Son Excellence M. DROUf I>I DE I.HUYS,
MinistL'o lie offi.ires élrniigrrcs,
Pi'ésidoiit de la Société.
Mesdames, Messieurs,
Il y a trois ans , je rappelais dans rette enceinte que nous
avions emprunté aux pays les plus divers un grand nombre
des plantes qui peuplent nos jardins et nos parcs, et que plus
d'une espèce animale avait été l'objet d'une acclimatation
heureuse, avant que notre Société se fût proposé de faire de
cette pratique un lien permanent d'échanges entre les na-
tions. Je voudrais aujourd'hui revenir sur ce chapitre des
conquêtes réalisées par nos devanciers, et je me bornerai à
quelques détails sur l'importation des espèces des deux règnes
qui nous fournissent les principales matières de nos vête-
ments : la laine, la soie et le coton.
Je n'aborderai pas ici la question controversée de la patrie
originaire du Mouton. Je ferai seulement remarquer que les
anciens connaissaient déjà le moyen d'améliorer les bêtes
ovines existant de temps immémorial dans une contrée, en
les croisant avec des reproducteurs tirés d'autres localités
mieux pourvues. Polycrate introduisit dans l'île de Samos
les Moutons à laine fine de Milet et de l'Atticiue. Pline appelle
Moutons grecs ou asiatiques la race précieuse que les Taren-
tins paraissent avoir en eilet importée de l'Asie Mineure, et
que les Romains amenèrent en Espagne. Strabon nous ap-
prend qu'un bélier espagnol de première qualité se payait
jusqu'à un talent.
Dès le temps de Columelle, il y eut des essais de croisement
entre les Moutons d'Espagne et ceux d'Afrique. Ce mode de
régénéralion se perpétua sous la dominalion arabe; et lors-
DISCOURS D OUVERTURE. ' IX
qu'une loi du xiii'' siècle eul placé sous la protection de la
couronne tous les troupeaux du royaume, les souverains in-
tervinrent plus d'une fois en faisant directement des achats
dans les États musulmans situés de l'autre côté du détroit de
Gibraltar. Le cardinal Ximénès, à la suite de son expédition
d'Oran, en 1509, ramena avec lui des animaux choisis et des
bergers qu'il préposa, dil-on, au gouvernement des troupeaux
de la Péninsule. La tradition attribue d'ailleurs aux Arabes
l'usage établi en Espagne de faire voyager périodiquement les
Moutons, afin de laisser se renouveler les pâturages. C'est du
mot arabe désignantles pasteurs nomades chargés de leur garde
que l'on fait dériver le nom de mérinos sous lequel chacun
connaît cette célèbre race espagnole qui s'est répandue dans
le monde entier. Edouard IV d'Angleterre fut le premier qui
obtînt de Ferdinand et d'Isabelle la laveur de tirer de la Cas-
tille 3000 bêtes à laine; son exemple fut suivi par Henri YIII
et Elisabeth. En France, l'importation des Mérinos, conseillée
par Sully à Henri IV, ne devait se réaliser que sous Louis XIV.
L'Allemagne nous avait précédés dans cette voie, en créant le
beau troupeau électoral de Saxe qui s'est propagé jusqu'en
Autriche. L'Italie doit à la Bohème et à l'Espagne ses Méri-
nos. La Suède en fut dotée par Jonas Alstrœmer dés 1725, et
en :]809 M. Pictet introduisit la même race en Russie. Du cap
de Bonne-Espérance, où elle s'était naturalisée, le capitaine
Mac Arthur la fit passer en Australie, vers la fin du siècle der-
nier. De nouveaux reproducteurs provenant de la France et
de l'Allemagne y ont si bien réussi, qu^aujourd'hui cette
colonie possède 20 miUions de moutons à laine fine, et que
sa production s'est élevée de 50 000 kilogrammes en 1820,
à 36 millions en 1861. Le Cap, de son côté, qui donnait
AOO 000 kilogrammes en 18/i0, en fournissait 8 miUions en
1860. C'est ainsi (jue l'Angleterre a importé en la même
année , ~h millions de kilogrammes provenant en majeure
partie de ses possessions coloniales, et que Londres tend à
devenir pour la laine un vaste entrepôt comparable à Liver-
pool pour les cotons.
Ouant au colon, bien que les Crées et les Romains aient fait
X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE D ACCLIMATATION.
usage d'étoffes fabriquées dans l'Inde , ce furent encore les
Arabes qui l'apportèrent de cette contrée d'abord dans l'Ara-
bie, puis en Syrie, en Espagne et en Sicile. La culture du
Cotonnier s'est maintenue en Italie depuis le xf siècle. Pen-
dant le blocus continental, l'Europe entière s'y approvision-
nait ; mais , au rétablissement de la paix, les producteurs ne
purent lutter avec les cotons de l'Inde et des États-Unis, et la
quantité recueillie n'y dépasse pas aujourd'hui liOOi) balles.
Que vous dirai-je de l'Amérique? Les premiers essais de plan-
tation sur les bords du Mississi{)pi datent de 16î21. Ce sont des
Cotonniers à longue soie apportés de nos Antilles françaises
qui ont donné naissance, dans la Géorgie, à ce magnifique
coton dit sen-island. En 17/|7, les registres de la douane de
Cbarleston constatent le chargement de 7 balles de coton pour
l'Angleterre. En 1800, l'exportation est déjà de A5 000 balles,
chiffre qui décuplait en 1820, et encore en 1860. En cette
année , la production des 60 millions d'hectares occupés par
le Cotonnier représentait une valeur de deux milliards de
francs, et, sur les 850 millions de kilogrammes mis en œuvre
par l'industrie européenne, les huit dixièmes provenaient des
Etats-Unis. La crise qui a été le contre-coup de la guerre
civile dans ces Etats a ouvert les yeux sur le danger de laisser
dépendre le sort de nos populations d'un centre unique de
production, et a stimulé les agriculteurs de toutes les contrées
dont le sol et le climat permettent de songer à y introduire
le coton. Au palais Kensington , dix pays ont montré des
échantillons, depu-is la Russie jusqu'à l'Uruguay et le Pérou,
sans parler des colonies anglaises et françaises. Le Cotonnier
est parvenu aussi aux antipodes, et les cotons de l'Australie
rivalisent déjà de beauté avec les longues soies de la Géorgie.
La soie, accessible aujourd'hui aux fortunes les plus mo-
destes, et que les Chinois se vantent d'avoir connue vingt-six
siècles avant notre ère, était payée au poids de l'or chez les
Romains , au point qu'on reprocha à Héliogabale de porter
un vêtement de soie pure , et que l'empereur Aurélien ne
voulut jamais accorder ce luxe à sa femme. Il fallut qu'au
Yi" siècle des moines, encouragés par Justinien, se procuras-
DISCOURS T) OUVERTURE. XI
sent des œufs de Vers à soie et de la graine de Mûrier dans la
contrée appelée Serinde par Procope, et que l'on croit avoir
fait parlie de la petite Bonkliarie. Ils les apportèrent secrète-
ment et à travers mille dangers jusqu'à Gonstantinople, où
furent établies les premières manufactures de soieries en
Occident. Cette industrie fut transportée en Italie, lorsqu'on
IIZ18 le roi Roger eut emmené de la Grèce de nombreux
ouvriers qu'il installa à Palerme. Dès le ix" siècle, les Arabes
l'avaient introduite directement en Espagne, grâce à leurs
relations commerciales avec la Cliine. Le pape Grégoire X,
Français d'origine, ayant transporté en 1268 le saint-siége à
Avignon, fit venir d'Italie des Mûriers, appela de Naples des
filateurs et des tisseurs, et établit ainsi des fajjriques de soie
dans le comtat Venaissin. La terrible peste de 1723 leur porta
un coup mortel. Lyon, Nîmes et Tours profitèrent de ce dé-
sastre. Les manufactures de la première de ces villes datent
du XV' siècle, époque où les ouvriers de Lucques, de Florence
et de Gènes, chassés par les querelles des Guelfes et des Gibe-
lins, vinrent monter quelques métiers que Louis XI s'em-
pressa d'encourager par des lettres patentes du 2/i novem-
bre 1^66.
Ce monarque établit à Tours, en i/i70, des fabricants
grecs et italiens, et fit planter des Mûriers dans son parc du
Plessis. Charles VIII ramena encore des ouvriers à la suite de
son expédition de Naples en l/i95. Les premiers bas de soie
furent portés en France par Henri II , à la noce de sa sœur
en 1559. Sans poursuivre plus loin cette énumération, je dirai
seulement que la propagation du Mûrier est due surtout au
fameux jardinier Trancat, de Nîmes, qui s'en approvisionna
dans le comtat Venaissin et en Italie, et en répandit li millions
de plants dans le midi de la France. Je rappellerai encore
qu'Henri IV créa de nomjjreuses pépinières dans les autres
provinces, et fit planter, en 1601, 20 000 mûriers par Olivier
de Serres, dans le jardin royal des Tuileries, auquel une vaste
magnanerie fut annexée. De nos jours, le Ver à soie et le
Mûrier sont acclimatés en Prusse, en Suède, en Russie, et
non-seulement dans les deux Amériques, mais encore dans
su SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
l'Australie, qui a exposé à Londres de beaux spécimens des
produits qu'elle en obtient.
Ces triomphantes pérégrinations du Mérinos, du Ver à soie
et du Cotonnier, ne justifient-elles pas nos espérances à
l'égard de l'Yak, dcl'Alpaca, des Vers du Ricin, de l'Ailante, du
Chêne, et de tant d'autres espèces que notre Société aura eu
l'honneur de signaler à l'attention de nos contemporains? Je
m'arrête ici, messieurs, pour ne pas sortir de mon domaine.
Le secrétaire de nos séances vous dira dans quelle mesure le
succès a couronné les tentatives d'acclimatation poursuivies
sur divers points du globe par nos nombreux collaborateurs,
pendant l'année (jui s'est écoulée depuis notre dernière
réunion. v ■ - -
MAPPOUT
SLR LES TIIAVAUX
DE LA
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'AGGLlM.iTATlON,
Par m L. SOllBEIRW,
Sccrclairc des scinccs.
Mesdames , Messieurs,
Acclimater et clomesliqiier les animaux et les végétaux qui
peuvent devenir éminemment utiles, ajouter aux conquêtes
déjà faites sur la nature celles qui pourront les égaler et
même les surpasser, tel est le but que nous nous proposons,
telle est la mission que nous voulons remplir. Certes, la lâche
est noble et glorieuse; mais avant de l'avoir accomplie, que
d'efforts n'avons-nous pas à faire, que d'obstacles n'avons-
nous pas cà surmonter! aussi ne progresserons-nous que len-
tement, et devrons-nous ne pas nous laisser décourager par
les impatients qui veulent ({ue la réalisation suive inunédiate-
m.entle désir, que la moisson se recueille au moment même
où la semence vient d'être contiée à la terre. Si, connue l'a
dit Montaigne (1), « il faut croire des hommes plus ma-
» layséement la constance que tout autre chose, et rien plus
» aysément que l'inconstance, » que la grandeur du but vers
lequel nous tendons nous fasse persévérer dans la voie qui
nous est tracée, et éviter l'impatience qui, bientôt suivie du
découragement, est un des dangers les plus grands contre les-
quels nous ayons à lutter.
Marchons donc avec constance, et étudions successivement
toutes les causes qui peuvent influer en bien comme en mai
(1) Monlaii^ac, Essais, liv. Il, c.'np. l : De l"mcnnsi.m':c de ivji avions,
p. 'iOJ. ivlilioii Ciirisliaii, 1833.
XIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
sur nos tentatives ; mettons à profit, pour des expériences
ultérieures, les enseignements de nos premiers insuccès, et un
jour viendra où, soyons-en assurés, de précieuses conquêtes
auront récompensé nos efforts. Mais si nous devons toujours ^
chercher à ajouter quelques nouvelles richesses à la liste de
celles que nous possédons déjà, nous rappelant que a tel
» animal ou végétal qui n'est aujourd'hui que d'un très mé-
» diocre intérêt peut devenir d'une importance majeure
» demain » (1), ne croyons au succès que quand l'épreuve du
temps aura apporté sa confirmation ; nous éviterons par là
de cruels déboires, et nous pourrons ainsi répondre par de
nouveaux faits aux détracteurs de racclimatation.
En effet, combien est-il de personnes qui, nous accordant
que le but que nous nous sommes marqué est grand et digne
d'éloges, nous ont contesté, nous contestent encore lapossibilité
de l'atteindre. A leurs affirmations, comme l'a déjà fait, dans
cette même enceinte notre illustre Président, qui nous prou-
vait que nousne vivons que de choses acciunatées (2), répon-
dons par des faits; ajoutons-en de nouveaux à ceux déjà
connus, et rappelons que sans l'acclimatation, notre belle
France serait encore ce qu'elle était au tcnqjsdes Celtes et des
Gaulois (3). En eftet, nos arbres fruitiers, nos céréales, nos
chevaux, nos moutons, nos poules, presque tous d'origine
asiatique, et qui se rencontrent aujourd'hui dans toutes les
parties de l'Europe, sont des preuves vivantes que l'acclima-
tation est possible. Déjà, à une époque bien antérieure à la
nôtre, ne voyons-nous pas les conquérants, sans être poussés
parles mêmes idées qui nous guident aujourd'hui, faire de
l'acclimatation, et involontairement compenser les ravages de
leurs armes par les dons utiles qu'ils apportcntaux vaincus. Aux
trophées de la guerre, aux dépouilles do l'ennemi, à la longue
suite des esclaves enchaînés, le triomphateur joignait lespro-
(1) Cosc, arliclc N ATURALisAT lOA' du NoiiceuH coarx complet d'agriculture
théorique et pratique, etc., t. X, 1822, p. oO/|.
(2) Drouyn de Lluiys, l)if<coars J'ouccrture de lu sédnce annuelle,
1858, p. xxxiv.
(3) Bosc, Thcûtre. d'atfnculïnrc d'Olivioi' de SciTCs (noies), l. II, p. 597.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XV
duitsdcs contrées qu'il avait mises à l'eu et à sani^, des ani-
maux et des plantes qui, s'ils n'étaient alors que des objets do
curiosité, restent encore maintenant pour témoigner des vic-
toires passées. Avec les maîtres du monde, dignes apprécia-
teurs de tous les genres de conquêtes, s'introduisirent en
Europe, le Canard, le Lapin, le Prunier, et comme l'a dit
Rouclier :
Le sage clans la l'oulc aimait, voir dans ses mains
Porter le cerisier en triomphe aux Romains.
Les Espagnols, après la découverte de l'Amérique, enva-
hissent ces riches contrées et payent largement l'or qu'ils ra-
vissentaux Indiens, par l'introduction dans leur pays d'espèces
inconnues jusqu'à eux, et c'est à ses cruels conquérants que
l'Amérique est redevable du Cheval et du Mouton, qui y ont
prospéré depuis cette époque. La colonisation et l'émigration
continuent de notre temps l'œuvre des guerriers, et le voya-
geur, ce hardi pionnier de la science, qui, grâce à nos inven-
tions modernes, aujourd'hui en Chine, sera de retour demain,
aide à l'échange incessant des richesses de toutes les parties
du globe. C'est au prix de ses peines et de ses veilles que
l'Australie, qui manquait naguère de Moutons et de Lamas,
en possède maintenant de nombreux troupeaux dans ses pâ-
turages. A de tels laits que répondre? il faut s'incliner, et
reconnaître avec nous que l'acclimatation est possible.
Mais, objecle-t-on encore, il est entre les climats elles êtres
une harmonie sans laquelle aniinaux et végétaux ne peu-
vent exister ; en cherchant à les porter dans d'autres contrées,
vous détruisez leslois de cette harmonie, vous tentez l'im-
possible. Loin de nous de contester cet accord ; mais cette loi
n'est pas aussi inilexible que le prétendent nos adversaires,
car nos animauxdomestiquesvivent et se perpétuent dans des
conditions multiples de chaleur et de froid, de sécheresse et
d'humidité, de station, etc. : parmi les animaux transportés
dans des contrées très éloignées de leur patrie, ne voyons-nous
pas que peu à peu des modifications s'opèrent dans leurs
habitudes, et ({u'ils se plient aux influences nouvelles aux-
XVI SOCIÉTÉ IMrEUI.VLE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
([uellesils sonlcxposés, dételle sorlc que leur parturlt ion, par
exemple, se fait dans la saison la plus propice, et non plus
exactement à l'épociue où elle avait lieu originairement (1).
Tous ces laits nous prouvent donc que les êtres peuvent modi-
fier leur manière de vivre, en s'accommodantaux conditions
nouvelles que nous leur imposons; mais ce sera seulement
en marchant progressivement et en évitant tout changement
trop brusque; et grâce à ces précautions, prises avec un soin
infini, nous arriverons à les acclimater, c'est-à-dire au but
même que nous nous proposons.
L'année qui vient de finir a, comme les précédentes, témoi-
gné des progrès incessants que fait racclimatation (2), qui
chaque jour trouve de nouveaux adhérents dans les diverses
contrées du globe. C'est ainsi que nous avons salué la nais-
sance de nouvelles sociétés, filles de la nôtre, à la Haye, à
Hobart-town, à Auckland (Nouvelle-Zélande) , à l'ile de la
Réunion et dans l'Australie du Sud (3), et que vous avez été
(1) « Ln Cygne noir, qui, on raison du ronvcrseincnt de Tordre des .sai-
sons dans Tlii'misplière austral, pond et élève ses petits duraiU notre hiver,
ne larde pas, en Europe, à rapprocher ses époques de ponte de celles des
espèces inditiènes. Au Muséum d'Iiistoire naturelle, il a sufli de peu d'an-
nées pom- qut; la lîernaclie armée, dile C^ie d'Egypte, au lieu de se repro-
duire, comme en INuhie, à la (in de décemhre ou au commencemciil de
janvier, reportât successivement ses pontes auv mois de lévrier, de mars et
d'avril. » (Isidore Gcoiïroy Saint-llilaire, Conférence sur quelques uhjeciiuiis
contre racclimatation, dans le liullelin, t. Vlll, p. 'i'JI.)
(2) De Chaudordy, Sur certains animaux de Suéde et de Norvège {Bul-
letin, t. IX, p. lO.'i). — Kichard (du Cantal), influence des sciences natu-
relles sur la production du sol {ibid., p. 737). — Léon Maurice, De l'ac-
climatation dans le nord de la France {ibid., p. 751). — Duméril, Zoologie
géographique dans ses rapports avec l'acclimatation {ibid., p. 5'iO). —
Dupuis, De la géographie botanique au point de vue de l'acclimatation
{ibid., p. /i3/i). — lUifz de Lavison, Sur l'acclimatation en général et
comme école de M. Geofjrog Saint-Hilaire {ibid., p. 719). — Viennot, Sur
les animaux accliinatés en Calédonic {ibid., p. 2/i2). — S»r racclima-
tation en Australie {ibid., p. 726, 827).
(3) La Société de Mcll)Ourne, par un:- lettre du 22 février 1862, nous a
. Informé de la création d'ime nouvelle Société d'acdimalalion à llohart-lown
(Tasmanie), et d'une autre .Société semhlable à Auckland (Xouvelle-Zélande)
{Bulletin, 1862, t. IX, p. Zj37, 516).
liAl'PoKT SLU LES TliAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XVII
heureux d'apprendre (pie, par les ordres de S. M. la reine
d'Espagne, noire dévouoi confrère M. (iraells venait d'èlro
chargé d'organiser un nouveau jardin d'acclimalalion à Casa
de Canij)o (J).
L'cxposiliou universelle de Londres vous a l'ourni une oc-
casion nouvelle de l'aire connaître vos travaux et le but que
vous vous proposez. Votre vitrine, organisée par les soins
(riuie Commission spéciale Ci), renl'ermaît des spécimens in-
téressants des principales espèces sur lesquelles portent vos
études, et des échantillons des produils (ju'eilcs peuvent four-
nir. (Iràce aux soins oitligeants de votre dévoué confrère M. Fr.
Davin, que vous trouvez toujours })rct dés qu'il s'agit de faire
(pu'lipie chose d'utile pour l'industrie et pour la Société, un
public, nomljreux a pu se rendre un compte exact de votre
mission, <[ui, du reste, a été expliquée avec beaucoup de talent
j)ar M. le professeur -I. Ckxjuct (:>), dans le rapjiort fait au
jurv de fexposition. L'intérêt universel ijue vous avez excité
se trouve confirmé par les médailles qui vous (»nt été décer-
nées et par celles ([u'onl obtenues plusieurs de nos confrè-
res (A), [)our des travaux particuliers qui rentrent dans le
cadre de vos études.
Pour initier plus sûrement à votre œuvre, pour faire con-
naître plus sûrement votre mission, outre le Bulletin qui
reproduit vos travaux habituels, vous avez conunencé, cette
(1) liidlctiii, 1. IX, p. 8;)7.
(2; L'cxpoMlioa de la Société à Lomlros, prépiiréc par les soins (l'une
Coniniission composée de \1M. Daviu, Hébeii cl Uafz de Lavisoii, présentait
mm série compièie des divers insectes sériciteres introduits jusqu'à ce jour,
et des produils iiidiiNtricIs qu'ils peuveiil lo'.unir; une très belle colieclion
des é'ioiïes que M. Davin a obtenues des liiincs d'Alpiica, de C.uanaco, et des
,Moulo)is de .Maucliamp ; et des spécimens des principales espèces de végé-
taux qui oui étéiniporlésen Europe par les soins delà Société.
(3) riapparls (les ineinbrcs ilc la secliuii française du jar]) international
sar rExpusition luiirrrscllc de Lnudrcs de lS(V2,\.\i,\\ 123.— Bulletin,
t. 1\, p. lOGJ.
Cl) Les niembres de l:i SociéL; qui «n; oj'.euu des médailles à l'exposition
uniM isellede Londres sont : madunek; comtesse de Corneiilanet MM. Davin,
Forgemo!, .X>ii'l Su(liu't Ci (iu;'Tiii-Méii;'\ille, dosU, les UM\auv sont Irop
connus de tous nos conlVères pour que nous a\ous à les rai)i)eler ici.
T. X. — iaiivu'i' cl Février iSG'ô. b
XVin SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
année, la publicalion d'un Annuaire destiné à répandre, à vul-
gariser les grandes questions d'acclimatation. Car, vous y
avez inséré, après les documents relatifs à la formation de
votre Société et à ses travaux jusqu'à ce jour, des notices
spéciales sur quelques-uns des faits d'acclimatation les plus
intéressant? et rédigés par vos plus éminents confrères (1).
Les recherches que vous encouragez sont essentiellement
pratiques, et la preuve en est dans les récompenses qui, celle
année encore, vont honorer des résultats pratiques; mais vous
ne suivez pas avec un moindre intérêt les essais théoriques
qui doivent être le guide de toute bonne expérimentation,
et, vous rappelant le lien indissoluble qui réunit la théorie
à la pratique, vous avez voulu désormais encourager celle-ci
d'une manière continue, et vous avez inauguré cette année
une ère nouvelle de récompenses pour les études théoriques
sur les sujets (jui nous intéressent (2).
Non-seulement votre Société a figuré avec honneur à l'ex-
position universelle de Londres ; mais sous son patronage, le
Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne a fait, au prin-
temps dernier, une exposition de volatiles (3), qui réunissait
(1) Oulre un sommaire de M. Drouyii de Llinys sur le l)iU que se pro-
pose la Société , V Annuaire renlerme : un Ilislorique de (a Société, paï
M. Hébert; — un travail de i\I. le comte d'Éprémesnii,S'(f?' les récompenses
décernées et les prix spéciaux proposés ; — une étude de I\I. Hufz de Lavison,
Sur l'organisation et riiisturiiiue du Jardin d'acclimatation du l/ois de
Boulogne; — i)lus, des mémoires de ÏM. A. GeoltroySaint-Ililaire, Surl'Y'ak
et ses croisements; — de J\I. Pomme, Sur les races gallincs; — de M. Du-
méril, Sur l'acclimatation des poissons; — de i\î. Ciaériu-Méneville, Sur les
insectes nuisibles et les insectes utiles; — de M. Moquin- Tandon, Sur
l'Igname patate; — de M. Cosson, C(msidérations générales sur l'Algérie
étudiée au point de vue de ^acclimatation ; — de M. A. l'assy , Sur la domes-
tication et l'acclimatation des animaux; — de !\I. Dupuis, Instructions
générales pour les voyageurs et correspondants de la Société.
(2) .Sur le nippor! lait par M. le comte d'Kprémesnil, au nom d'une Com-
mission dont faisaient aussi partie j\IM. l\lo([nin-'i'andon, J. Cloquet, Uu-
méril, le barcn Ségiiier cl Souijeiran, la Société a décidé d'accorder chaque
année des récompenses, qui ne pourront être moindres de 500 francs, aux
travaux théoriques sur des questions relatives à racclimatation {Bulletin,
t. IX, p. ITÔ).
(o) Drouyn de Lhuys, Exposition de volatiles au Jardin d'acclimatation
RAPPORT SUR LES TRAVAUX RE LA SOCIÉTÉ. XIX
une collection riche et intéressante des plus belles espèces de
nos oiseaux de basse-cour. Les éloges que vous a valus cette
exposition, la première faite sous vos auspices, a engagé votre
Société et celle du Jardin à en organiser de nouvelles cette
année, non plus seulement pour les volailles , mais encore
})Our l'apiculture et la race canine (J), et tout fait espérer
que le succès ne sera pas moindre que celui de l'an dernier.
Depuis notre dernière séance annuelle, la souscription que
vous avez ouverte pour honorer la mémoire de Daubenton (2)
a continué son cours, et le modèle de la statue confiée au
talent de M. Godin est complètement terminé. Malgré l'écho
qu'a trouvé votre appel, les sommes versées jusqu'à ce jour ne
sullisent pas entièrement pour couvrir les frais que nécessite
une pareille entreprise ; mais votre concours ne nous fera pas
défaut, et nous fournira rapidement la ft\ible somme néces-
saire encore pour inaugurer, dans un avenir prochain,
l'image vénérée d'un grand acclimatatcur, au iuilieu du Jardin
que vous avez consacré à l'acclimatation.
Les conférences (3) (jue vous avez instituées, il y a déjà
du bois de Boulogne {Bulletin, t. tX, p. 81). — Riifz de Lavison, Rapport
sur l'exposition de volatiles au Jardin d'acclimatation du bois de Bou-
logne {ibid., p. 279).
(1) L'exposition de Cliiens, qui doit avoir Heu au mois de mai procliain,
doit présenter des spécimens des pins l)elles races et variétés de Gliiens, et
permettra une élude comparative du plus liant intérêt, qui sera certaine-
ment acceptée en France avec autant d'empressement que les expositions du
même genre qui se sont déjà faites en Angleterre. (Voyez Pierre Pichot,
Rapport sur les expositions de Chiens en Angleterre {Bulletin, t. tX,
p. 899). — lUil'z de Lavison, Rapport sur un projet d'exposition univer-
selle de la race canine {ibid., i. IX, p. 1O09).
{'}) La souscription ouverte par la Société, pour l'érection d'une statue à
Daubenton, auquel on doit Tinlroduclion du :>,]érinos en France, a été ac-
cueillie avec empressement, et eu tète des nombreux souscripteurs qui se
sont inscrits, nous devons citer S. M. l'Empereur, Leurs Excellences les
ministres, cl i.ous devons rappeler que .S. Exe. le Ministre d'État a bien
voulu nous accorder le bloc de marbre nécessaire pour tailler la statue
{Bulletin, t. IX, p. lJ3Zi).
(o) Les conférences qui ont été faites cette année ont eu pour sujet divers
poiiUs de Tbistoire des animaux et des végétaux qui oibaient un intérêt
particulier ;ui point de vue pratique, ou qui doiuuiicnl des renseignements
XX SOCIÉTÉ JMPÉr.lALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATinN.
deux ans, cl qui doivent, conlrihner à n'i)arlir les connais-
sances nécessaires pour (cnler les acclimalalions des diverses
espèces, ont conlinué celle année, au siég'c de la Société cl au
Jardin, à altircr un concours nombreux d'auditeurs, qui, ren-
dant un hommage mérité au zèle et aux talents de vos dé-
voués confrères chargés de cet enseignement, témoignent,
parleur assiduité même, de l'intérêt qui s'attache à toutes les
questions étudiées sous votre inspiration.
Pour répondre aux demandes nombreuses de renseigne-
ments (l) qui vous étaient faites par des voyageurs dési-
reux de prolltcr de leur séjour dans les divers pays pour
coopérer à votre œuvre, en envoyant ou en rapi)oiiant les
espèces les plus intéressantes d'animaux et de plantes qu'ils
pourraient rencontrer, la Société devait, chaque fois, faire pré-
parer des instructions qui, rédigées souvent précipitamment,
ne pouvaient qu'être incomjilètes,etqui par suite n'atteignaient
pas entièrement votre but. H était nécessaire que des instruc-
tions générales fussent toujours prêtes pour les répandre
dans toutes les régions du monde, et faciliter à tous les moyens
de connaître les espèces utiles, et de vous envoyer seulement
celles dont vous pouvez tirer le i)arti le plus avantageux. Cette
tâche, contiée au soin d'une Commission composée des mem-
bres les plus compétents danscha({uc spécialité, a été remplie
suivant vos désirs, et le rajiporl fait par M. Dupuis vous per-
nieltra désormais de répontlre aux nombreuses olTres de ser-
vices qui vous sont faitesjourncllement {i).
Vous avez reçu de fréquentes comnumicati;ns sur les
gV'iK'raux utiles à coiinnîU'c poiif ti-iUcr avec suc/ès des expûrii'iices d'aceli-
Dialalioii. Les résumés de picsqui" toutes ces conférences ont été insérés pai'
leurs auteurs dans le JhiUcliinK' la Société.
(1) Outre plusieurs instructions données aux divers voyageuis qui en
ont fait la demande, il a été inséré au IJullcliii (l. IX, p. 175) un mémoire
vdïiUn'miml ùvs In:^lrti(iioiis relatives à une mission an l>rcsil, coudée
à M. de Villeneuvc-t'layosc fils, cl dû à nos zélés coiii'rères .MM. le coiute
de Villeneuvc-l''layosc et J. de Liro)i d'AIroles.
('J) Le rapport de W. Ar. Diipnis, inséré au Bulletin. (I. IX, p. T)'!.')), a (
imprimé éi^aiemenl dans li! \:)lu::!e de r.l.//iH(;//x: de la S:)ciélé pjur ISGo,
p. o.'iO.
e
RArPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXI
Yaks (!) et les tllièvres d'Ani^ora, dont l'étude a été pour-
suivie avec zèle par MM. Uichard (du Cantal) et Bouley.
Désireux de pouvoir faciliter la propagation et l'acclimata-
tion de ces iirécieusos espèces par des éducations laites con-
curremment dans diverses localités, vous avez décidi!' de
placer en cheptel, chez plusieurs de vos confrères (2), les
animaux que vous aviez déposés jusqu'ici à la ferme de Sou-
liard, et en même temps vous avez consacré une somme de
15 ()()() francs à une série de [U'ix destinés à récompenser les
succès les plus importants obtenus pour leur élevage et leur
dressage (S). Tout porte à espérer que votre attente sera
satisfaite, car celte année encore il vous est né de nouveaux
produits de race pure ou métis (/l), qui témoignent delà pos-
sibilité de voir un jour les Yaks et les Chèvres d'Angora aussi
répandus chez nous que les autres espèces domestiques.
L'intérêt qui s'attache à tout ce (jui a rapport à l'agriculture
vous a fait suivre avec attention les détails contenus dans le
(I) i'.icliard (du Gantai), Xote sur les animaux Je la Société impériale
d'acclimatation déposés à lu ferme dcSouliard {Cmln]) {Bulletin, l. IX, \x j ).
— Dc'bains, Rapport sur les troupeaux d'Yaks (t de Chèvres d'Angora réu-
nis à Souliard [iUid. , I. I\, p. Zi'i9). — lîoiiloy, Sur un croisement d" Yak et de
Vache bretonne obtenu a l'aris par M. l'aul Sefiuin {ibid., t. l-\,[). 'Jy(t). —
Indi'jJL'iidaminent dcsClièvres dWiigora qiu> la Sociéié n placées en diepirl,
elle a l'ail don à la Sociéré doi\Iel!)onriie de dix de ces animaux, qualrc Lîoucs
et six ('.lièvres, dans le \n\[ de iacililcr rinlroduclion de cette précieuse espèce
en AusUalio, et peur répondre au désir qui lui en avait élé exprimé par
cette Société.
('-') Bulletin, 18G3, 1. X, p. /i7. — I.e troupeau de Soujiard se composait
d'un taureau Yak de pure race, de cin:; \ aciies de race pure, quatre Taureaux
métis yVubrac et six Oénisses Aubrac ; plus, de dix-sept Boucs d'Angqra purs,
de \ in[;l-!!eui' Ciiè\ res pures, de (luinze lîoucs métis, de quarante-deux Cliè-
vres mélisses de preinii r et de deuxième croisement. Ces animaux ont élé
confiés à H. A. 1. le prince Xapoléon, MM. de Fenouillet, Séguin, le vicomte
de Aiortcuil, le coiiile d'Eprémcsnii, .lacquemart et Euriat. De plus, quelques
Clièvres ont été déposées au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne.
[o) Bulletin, I. X, I8G0.
(Zi) M. lîicbard (du Gantai) nous a annoncé la naissance de deux jeunes
taureaux de pur sang en mars cl en mai 1862, et d'un métis d'Yak et de Viiclie
Salcrs ; d'autre i)arl, jjhisieurs naissances qui ont eu lieu au Jardin du bois
de BotiI(i;'r:e >cu[ \u'.r.(s iupmtniei le l'ciri re d( s ai'inuux que roi.s pos-
Sé'ddUS.
XXIf SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
rapport de noire dévoué conrrôre M. Sacc(l), qui, le premier,
nous a fait connaître les travaux de S. M. le roi de Wurtem-
herg pour perfectionner l'agriculture de son royaume, et les
renseignements qui vous ont été transmis par le comité d'accli-
matation de Moscou, sur la ferme modèle et les belles vache-
ries de madame la princesse Kotschoubey (2).
Rappelons encore les communications intéressantes qui
vous ont été faites sur le Buffle (3), l'Aurochs (/i), les Chevaux
orientaux (5), le Chameau de Tartarie (G) et les Léporides (7),
ces produits que l'on affirme avoir été obtenus du croisement
du Lapin et du Lièvre, et que l'on vend fréquemment aujour-
d'hui sur les marchés d'Angoulème.
Dans le but d'enrichir notre pays de nouvelles races ovines,
vous vous êtes' })rocuré des Moutons Romanowski (8), cette
race que M. Ga\vrilofT met tous ses soins à conserver dans sa
pureté, et depuis vous avez décidé l'achat en Chine d'un trou-
peau de Moutons Ong-ti (9), si remarquables par leur fécon-
(1) Fi'écL Debnins, Résumé dos travaux de. S. M. le roi de Wurtemberg
pour l'amélioration des races d'animaux a(jrieoles dans son royaume
{Bulletin, I. IX, p. /ifiO). LaSociétt? est redevable également à iM.Fr. Debains
(rcxîrait.s nombreux un Zooloifische Gartenof Francfurt, dont les plus im-
portants ont été insérés au Bulletin. 1\L Vrignaull a également lait connaître
mie partie intéressante des travaux de S. M. le roi de Wurtemberg, en ce
qui concerne spécialement les Chevaux et l'agriculture {ibid., î. IX, p. 353).
(2) INiartiuiie la princesse Kolschoubey, dont la ferme modèle renlerme une
ré'union nombreuse des plus belles races de Vaches connues, possède aussi
de très riches volières, qui ont été signalées d'une manière toute spéciale à
la Société par le comité d'acclimatation de Moscou.
(o) Docteur Sacc, Étude sur le Buffle {Bulletin, t. IX, p. 666).
{Il) Viennot, Sur V Aurochs ou Bison d'Europe {Bulletin, t. IX, p. 8Zio).
(5) Piclion, Sur ciuelciues races de Chevaux orientaux {Bulletin, t. IX,
p. 65â).
(6) E. Simon, Sur le Chameau du désert deCobi {Bulletin, t. IX, p. 362).
(7) Jean Ueynaud, Note sur les Lapins-lievres {Bulletin, t. IX, p. 1023).
On peut consulter aussi sur ce sujet un mémoire très intéressant de M. le
docteur Broca.
(S) °M. GawriloQ' (de r.omanolï), gouverneur de Saroslav, met les plus
grands soins à conserver purs ses troupeaux de Moutons lîoniannwski, et en
a adressé récemnient une paire à la Société.
(9) iM. le professeur Gloijuet, (jui a bien voulu se clru'ger de faire parvenir
au Jardin du bois de Uoulogue les Moulons Oncj-ti olTerls à notre Société par
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXIII
dilé, puisqu'ils doniient plusieurs portées par an. Plusieurs
spécimens de celte espèce, dus à M. John Bush (1), et transmis
par M""' Cloquet, figurent avec honneur dans notre Jardin,
auprès des Romanowski, des mérinos de Naz et des Mauchamp.
Votre attention a été vivement intéressée par l'exposé des
travaux de l'un des acclimatateurs les ]dus zélés de l'Angle-
terre, le vicomte Powerscourt ('2), qui a réuni chez lui une
belle cuUection de Cerfs de différentes espèces, et en a obtenu
de nombreux produits, parmi lesquels nous signalerons de cu-
rieux métis. Un mémoire qui vous a été adressé par M. Bar-
thélémy-Lapommeraye (3) sur'un hybride d'Antilopin, est
venu confirmer toute l'importance qu'on doit attacher à l'étude
des produits du croisement d'espèces différentes.
Nous vous rappelions, il y a quelques instants, l'exposition
de volatiles (Ji) qui a eu lieu, ce printemps dernier, au Jardin
d'acclimatation du bois de Boulogne, et qui a obtenu tout le
succès que vous étiez en droit d'en attendre. Au nombre des
l;i Sociélé cracclimatation de Londres, a fait connaîlre' quelques-unes des
particularités relatives à ces animaux {Bulletin, t. IX, p. 570). Il a été inséré
également au Bulletin, t. IX, p. 929, une description des iMoutons Ong-tl
de Chine par I\L A. D. Bartlett.
(1) M, John Bush, trésorier de la Sociélé d'acclimatation de Londres, a
rendu d'innombrables ser\icesà notre cause avec un zèie et un dévouement
au-dessus de tout éloge. Non-seulement il a conservé et multiplié la race de
Moutons Ong-ti, mais il s'est occupé avec succès d'acclimater en Angleterre,
VAnas obscura , les Huccos , les Marails, les Dindons ocellés, et donne
tous ses soins à coiDbattre les difliculiés de la culture de l'Igname de Chine,
qu'il a le premier introduite en Angleterre, en la recevant de notre Société.
(•i) M. le vicomte Powerscourt possède une belle collection de Cerfs des
dillV'rentes espèces, qui se reproduisent en liberté chez lui, et dont il a obtenu
de nombreux et curieux métis, entre autres deux métis du Cerf d'Aristote
et du Cerf commun, qui ont les caractères de l'une et l'autre espèce, les oreilles
et le pelage du premier, le port et les formes du second. Les Cerfs du Japon,
les Cerfs tlu Canada {Wapiti) vivent elicz le vicomte Po\versco!U-t et y sont
en pleine prospérité.
(3) Barlbélemy-Lapommeraye, Sur un hybride de lu tribu des Antilopins
du sous-genre Gazelle {Bulletin, t. IX, p. /iG7j.
{!}) Drouyn de Lhuys, Sur un projet d'ej-posiiitm de volatiles au Jardin
d'acclimatation du bois de Boulogne {liullctin, t. IX, p. S11. — iUifz de
Lavison, Rapport sur l'exposition de volatiles {ibid., p. 27i)j.
XXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE D'ArCLIMATAïlO.N.
animaux qui v figin'aiout so (rouvail luie paire d'Auiruchos (1)
nées au Jai'din ;^oologique de Marseille. Si malheureuse-
ment, cctle année, de fâcheuses circonstances n'ont pas
permis à M. Noél Suquet de faire de nouvelles éducations,
nous ne devons cependant pas arguer de cet arrêt dans ces
études, que l'acclimatation de l'Autruche ne peut s'opérer,
car vous avez été informés des heureux succès ohtenus au
Sénégal sous l'inspiration immédiate de notre généreux con-
frère M. Chagoi aîné, et, d'autre part, des naissances nou-
velles qui ont eu lieu au parc d'acclimatation du Buen-Retiro.
On a mené également a hien en Espagne des couvées de
jeunes Ih'omxées (2), et, à l;i même époque, M. AVilliam
Bennett {•^) a réussi à élever en Angleterre déjeunes Casoars,
qui seront sans doute suivis d'une nouvelle génération, car, en
ce moment même, la ponte de ces oiseaux s'opère encore.
Tout nous permet donc d'espérer que la question sera com-
plètement résolue dans un avenir prochain.
De nouveaux documents vous ont r[r fournis sur l'Agami,
ce curieux oiseau qu'on a nommé le (■(mm)} araire de hi hnssc-
coitr, et les renseignements (pie vous avez reçus de MM. de
Tarade (7i) et Bataille (5) ont ajouté, s'il était possihle, à l'in-
térêt qui s'attache à ce précieux animal, dont de heaux indi-
vidus ornent la volière du Jardin.
(1) Plnsieiii's roiiitminicalion.s rclalivcs à IV'diicaiion des Aiitruchos ont ('■lé
fniles à la SociéU-, i)ari!ii lesquelles nous ciieions le lapporl de I\I. Hardy
{IhdleHn, t. IX, p. 855), et celui do .M. liUcy, Sur la râleur aliini^ulaire de
IWittruchc {ihid., p. 153).
(2) (îraells, Sur une éilucaiion ilr Drouirp'; en Espaf/ne [Bitlleliv, l. !\,
p. <)1). — Don Froyian de Ayala, ytie les résultats île l'ineuhat'utn des
Aulruchos cl des Druinées eu I8(i2, au^ parr roijal de Buen-Retiro, près de
Madrid {ibid,, p. C71). — Haine!, Nnle sur l'Êineu [ibid., p. o97),
(3) M. VMlliani l^)eMnett a oblenu en 18G1 une prcniière couvée de Casoars,
qui, malgré ies circonslances iacheuscs qui ont acronipagné rincid)a[ion , a
donné naissance à (piaire jeunes, dont deux ont continué à vivre et sont
encf)ro en très bonne santé. Depuis, une autre éilucaiion a donné encore deux
nouveaux jeunes, et en ce monieutles j)arents reconnnenceni leur iroisiènie
ponte.
(ù) Nu?' l'A(jami {Bulletin, I. 1\, p. '29.!^).
(5) yi<te surrAijinui (Bull<-!in. i. I\. p. 'J!0\
RAPrORT SUR LES 'iTSAYAUX DE LA SOCiÉTÉ. \XV
Les oiseaux de basse-coiir onl continué à Taire l'objeL de
vos clndcs, el vous avez entendu, à ce sujet, les importantes
communications de M. Granié (i) sur les Poules gasconnes
et les Oies de Toulouse ; de MM. Uufz de Lavison etDareste ('2),
sur les moyens de reconnaître la valeur des œufs destinés à
l'incubalion; de M. (liol (3), sur son poulailler roulant, [lartai-
tcment disposé pour faciliter l'éducation de ces animaux dans
nos campagnes, et amener la destruction des insectes, ce
lîéau de l'agriculture. Les travaux de MM. lîoppe-Hermite (/i),
Tranquillo-Toaldi (5), Aquarone (6) et Girard Desprairies (7)
ne vous ont pas laissés indill'é'rents, et vous avez tenu à ap-
peler l'attenlion sur les soins tout particuliers pris par Son
Altesse Impériale la princesse Thérèse d'Oldenbourg, qui a
réuni dans ses propriétés une riche collection de Poules do
toutes races, et qui n'a qu'un seul rival en Russie, Son Altesse
Impériale le grand-duc Nicolas.
Signalons encore les tentatives de M. Dei)lanche (8) pour
ajouter aux richesses de la Nouvelle-Cab'donie les oiseaux
les plus utiles manquant encore à notre colonie, et celles de
M. Simon (9) sur la reproduction et l'acclimatation du Fran-
(1) Biilldiii, t. IX, p. 1!)7.
(2) ItriJûuses n ini questionnaire stir la /ccondiitinii des œufs de (lalli-
nacés (Bulletin, t. I\, p. oGG). — Daresto, Sur Ins innyeDH de s'assurer de
la fécondation des œufs de Gallinacés [ihid., p. Uoo).
(o) Bulletin, t. LX, p. 1059.
(/i) M. ]]oppc-IIennilo, qui s'osl adonuL' avec beaucoup de zèle à l'éduca-
tion des oiseaux, et a l'ail connaître le premier, à Xajîcy, plusieurs nouvelles
espèces, s'esl aussi occiipi' de rinU'oduction de nouveaux vé^élaux utiles.
(5) M. Ti'anquillo-'i'oaldi a bcaucou]) contribué à Finiroduclion de pUi-
.sienrs espèces uliles dans le l'yrol.
(()) A!. Aquarone, dont les riches volières renièrinent nombre d'ani-
maux intéressants, a pu, par ses soins, préserver de fâcheux accidents
qne!qucs-!;ncs des plus précieuses espèces <lu Jardin zoologiqne de Marsi'ilii'.
(7) M. (jiiard Desprairies a oljicnn en I''rance ])!nsieurs individus de
l'Oie de Terre-Neuve.
(8) M. Deplanche a aussi appelé l'attention de la Société snr le Rhino-
celos, qui joint à une chair savoureuse les cpialités de VAjiaini, et se charge
comme lui delà police de la basse-cour (Bullelin, I. IX, p. 'JZi2).
(S)) .Simon [fiullelin, p. /ijC, 500). ^ous devons rappeler aussi les mé-
moires de \L C.hwaloii, Sur la domcsticalion du Tétras [ihid., p. /iO(t); --
XXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGFQUE d'aCCLIMATATION.
colin d'Ail.inson, qui fonl lieureuseaient présager de l'avenir.
Parmi les oiseaux qui sont venus enrichir votre Jardin,
citons le Goura (1), ce beau pigeon des Moluques que vous avez
reçu de M. Gézard ; les Laughing Jacass {Dacelo (/igantea) (2)
que notre dévoué confrère M. Mueller vous a adressés de Mel-
bourne en même temps qu'une collection de jolis oiseaux
chanteurs australiens. La chasse active que fait le Dacelo aux
serpents nous permet d'espérer que son introduction à la
Martinique amènera, sinon la disparition complète, du moins
la diminution des trop nnml)reux Trigonocéphales qui sont
le fléau de celte colonie. Bientôt, sans doute, nous verrons les
Laughing Jacass à l'œuvre, car nous avons reçu de M. Mueller
l'assurance qu'il nous procurerait prochainement un nombre
sutïisant de ces oiseaux pour faire l'expérience sur une grande
échelle, et nous savons que les promesses de notre dévoué
confrère ne tardent jamais à être réalisées. Dans le but de
nous donner des renseignements utiles pour arriver à la
destruction des reptiles, MM. Hayes (3) et Chabriac {h) vous
ont fait connaître les principaux animaux qu'on ]»ourrait
employer à cet usage.
Nous vous disions, il y a un an, que le Pic vert (5) était cité
celui do M. Bartliélomy-Iinpomnif raye , Sur l'éducation du Hocco de la
Guyanp (ibid., p. 933); — de M. Vauvert de Méaii, Sur le Capercaillie
{ibid., p. 57'2); — Deloiichc, Albinisme chez les Poules {ibid., p. 706); —
Drouyu de Lhuys, Sur les plumes de Dindon blanc {ibid., p. hoô) ; —
Sacc, Sur lePsittacus eximius {ibid., p. 508) ; — F.ay, Plumes de Cigogne
blanche [ibid., p. /io3); — Olivier, Poules en Algérie {ibid., p. hoO).
(1) Les (ionras, donnés par :\1. Cézard.dc ÎNantes (t'tn'/f^m, l. l.\, p. 337),
ont ét(5 l'objet d'une eoniniunication intéressante de M. Davier {ibid., p. 798),
qui a observé la ponte de ce bel oiseau.
('J) Un (uitre, un mémoire important de M. liamel nous a fait connaître
les particularités les plus intéressantes du Laughing Jacass {Dacelo gigan-
iea) {Bulletin, t. IX, p. 295, et ibid., p. 137, JZ|9, 237, 3.'i9).
(3) Sur les animaux destructeurs des serpents dans l'Inde {Bulletin,
t. IX, p. 770).
{Il) Sur les oiseaux destructetirs des serpents au Brésil {Bulletin,
t. IX, I). /l73).
(ô) Hubert Brierre, Rapport sur le Pie ccrt {Bulletin, l. !X, p. 356). La
Société a reçu plusieurs autres conuiumications à l'occasion de la question
du rie vert considéré comme insectivore, et de l'utilité des autres oiseaux
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXVII
à votre barre comme coupable de méfaits envers nos bois, que
ne pouvait balancer sa qualité d'insectivore. Si ses accusateurs
étaient ardents, il a trouvé parmi vous de chauds défenseurs,
et, après avoir mûrement pesé les raisons qui pouvaient l'in-
criminer comme celles qui étaient à sa décharge, vous avez
décidé qu'il était un insectivore utile, et que s'il ne méritait
pas tous les éloges que lui donnaient ses partisans, il n'était
cependant pas aussi coupable que voulaient le faire ses enne-
mis; par votre verdict, vous avez déclaré qu'il n'avait mérité
ni cet excès d'honneur ni celte indignité.
Le repeuplement des eaux se poursuit avec activité, grâce
à l'initiative, à l'impulsion et aux encouragements de votre
Société; aussi cette année, comme les précédentes, de nom-
breuses communications (l) vous ont-elles été faites sur la
pisciculture et les diverses études qui s'y rattachent, et avez-
vous pu suivre, avec tout l'intérêt qu'ils méritent, les travaux
de pisciculture fluviale et maritime qui sont entrepris, sous
l'inspection directe du Gouvernement, et (jui permettront de
fournir bientôt aux populations d'énormes quantités d'aliments
dont jusqu'à ce jour elles étaient privées.
Une tentative toute spéciale a été faite avec votre concours
par M. Lamiral (2), qui vous avait présenté déjà plusieurs
insectivores : Doljeaiivoys, le Pic vcri comme ennemi des Abeilles (ibiil,
p, 70(5); — i\Iain, Sur le Pic vert {ibicl, p. 137); — Piseaiix, Utilité des
Oiseaux )}uisibles [ibid., p. 807); — Sacc, Sur les Moineaux [ibid.,
p. 706): — Tliomas, Sur le Pic vert (ibid., p. 173);— Sainl-Aignan, Sur
le Pic vert {ibid., p. h'Hi); — Tiicrel {ibid., p. ^70), Comte trtlstenio
{ibid., p. 339), — l'. r.oussia (//;/(/., p. /i'2/i).
(1) Parmi les nombreuses commiinications faites à la Société^ nous devons
rappeler, entre autres, les travaux de ]\I. A. Lloyd, Sur l'aquarium, du
Jardin d'acclimatation {Bulletin, t. IX, p. 107j; — de M. A. Gillet de
Graiidinont, Histoire de la pisciculture {ibid., p. 978);— Millet, Sur la
pisciculture {ibid., p. G9); — Abadie, Pisciculture et ostréiculture en
Vendée {ibid., p. 798); — Cliavannes, Pisciculture en Suisse {ibid., p. 3/i5);
— des Nouiies de la Caeaudière {ibid., p. 513); — de la Fons, baron de
Mélicorq, Sur les poissons au moyen âge {ibid., p. 251); — Ramel {ibid.,
p. 536); — Passard, Sur l'Unio margaritifera {ibid., p. 351).
('2) Lamiral, Mémoire sur l'acclimatation, la pèche et le commerce des
Cuiiuilles ùnacrc, à perles et a bjissns {Bulletin, t. IX, p. '212, 298). —
Rapport sur un essai d'acclimatation des Éponges de Syrie dans les eaux
XXV.'H .SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'AHCLIMATATinN,
mémoires sur la possibilité d'acclimaler et de cuUiver le Corail,
les Coquilles à perles, à nacre et à byssus, et les Éponges, dans
celles de nos eaux algériennes et méditerranéennes qui en
sont encore privées. Chargé par vous d'aller recueillir en
Svrie des Eponges pour les installer sur nos cotes de Provence,
notre dévoué conirèro a pu en déposer un certain nombre
dans des conditions (jui nous permettaient d'espérer d'heu-
reux résultats. Malheureusement nous avons été déçus dans
notre espoir, et, par suite des circonstances exceptionnelles
qui se sont présentées, tout a éti'' détruit ou perdu (J) : les
éléments et les hommes ont conspiré contre le succès de
noire oeuvre; mais ne nous décourageons pas, et conservons
l'assurance qu'un autre essai sera plus heureux.
Nous avons échoué encore dans une autre tentative, celle
frcniçaises de la Méditerranée (ibid., p. 6/il). La Socicilr, convaincue de
l'ulilitô qu'il y aurait à tenter une pareille entreprise, après avoir pris des
rcnseiguenienls auprès de ceux de nos confrères qui s'étaient occupés plus
spécialement des animaux marins intérieurs, a cliarsé M. Laniiral d'une
mission spéciale que notre dévoué confrère a accomplie au prix de nom-
breuses peint s et avec le plus grand soin, bien que cependant toutes les con-
ditions les plus lieureuses n'aient pu se trouver réunies pour arriver aux
meilleurs résultats, et que rintroduclion des Éponges syriennes dans nos
eaux n'ait pu .s'opérer qu'alors que l'essainiement de ces animaux était déjà
trop avancé. La Société a trouvé dans celle circonstance le concours le plus
empressé de la part de S. Exe, le Ministre de la marine et le (iouverneur
général de l'Algérie, qui ont bien voulu nous accorder une allocation
sur les fonds de leurs ministères, dans le but de l'a\oriser ainsi une expé-
rience d'un très haut intérêt, et donner des ordres pour faciliter la mission
de ^\. L;imiral. La Sociélé doit aussi ses remerciments à M. Coste, inspecteur
général des pèches, qui lui a prêté également son plus bienveillant conc(un\s.
Outre le mémoire de iM. Laniiral sur l'acclimalalion des i:ponges, il a éié
aussi adressé à la Sociélé un travail 1res intéressant de i\l. Espiua, agent
consulaire, sur les Éponges de Barbarie [liidlctin, t. X).
(l) Dans un second rapport, lu à la lin de l'année 18G2, ^I. Lamiral a fiit
connaîlre à la Société le compte rendu de ses recherches sur les divers points
où il avait déposé l'été dernier ses Éponges, et atlribue en grande partie les
résullats fâcheux de celte lentali\c aux dégradations des pécheurs du litto-
ral, qui, guidés parles bouées qui servaient de points de repère, ont enlevé
les Éponges des caisses où elles avaient été innnergé s, et ont ainsi sacrifié
à l'appàl d'un lucre minime, mais inuuédiat, les sources d'une fortu;ie
ltus!,u!' a>juré(', iiKiis réalisiibls' sciilri: cnl (k',i;s i'avcuir. [BuIlcfiiiA. \, p. B.)
r.Arror.T suii les tuavaux dh la société. xxix
<Io rintrodiiflioii du Gourami (I) dans nos eaux. Malgré les
j)ius grandes précautions prises par nos confrères MM. Liénard
(de la Réunion), les poissons qu'ils nous envoyaient ont suc-
combé pendant le voyage; mais cet échec ne les a pas décou-
ragés, et ils sont résolus à tenter do nouveau, jusqu'à ce qu'ils
aient enfin réussi, cette introduction par tous les moyens
jiossibles. En échange du Gourami, nous voulons, de notre
côté, doter les eaux de la lléuninn de quel({ues-unes de nos
espèces européennes, et les études nécessaires pour arriver à
une heureuse réalisation de ce projet ont été faites avec le
plus grand soin par notre zélé confrère M. René Caillaud {'!),
dont vous connaissez depuis longtemps l'ardeur à propager la
pisciculture, etauquel, en grande partie, nos cùtesdclaYendéc
sont redevables d'élablissemeiUs nombreux pour l'éducation
des Huîtres. Dans cette œuvre éminemment utile, il a trouvé
le concours le plus eiupressé de la part de MM. IJelenfant (3),
(1) Le r,our;iiiii {Ospliruincniis o'fax, Cominerson), originaire des ri •
\ière.s (le l'Asie orieiilalc, et surloiit de la Ciiinc, ,i éh- inU'odiiil déjà de suu
1 ;iys ()rii,d!iaire à l'Ile "\!aurice ; il a déjà été Toijjet de quelques tcnlalivcs
d'aeelimatatio;i. et tout jiorte à penser que son inuodiiction pourr,i s'opérer
en France, au moins dans nos provinces mi'ridioiHdes. Jîien que supposée
l'acile [)ar Lacépède, celte iulroduction, qui demande de grands soins, n'a pas
encore réussi, i)eut-èlre parce qu'on a cherché à l'aire p irlei' l'expi'rienc;:
sur des indisidus adultes; mais en ce moment même nos dévoués conIVères
de l'de de ia lléunion cherchent à réunir des individus encore très petits,
cl espèrent qu'ils pourront supporter plus facilement les fatigues du \oyage,
et nous faisons les vœux h's plus ardents pour que leurs elforls, couronnés
enlin de sucrés, leur permettent de doter notre pays d'une des espèces de
poissons les plus justement estimées [Bulletin, t. 1\, p. 898. 917).
(2) M. l'.ené Caillaud, qui s'est adonné tout pailiculièrement à l'étude de
la pisciculture marine et lluviatile, a été le promoteur ardent des reciierclies
qui se sont faites dans ces dernières années en Vendée, et, par son exemple
et ses conseils, il a déterminé un grand nombre' de personnes à se livrer à ces
expériences, qui aujourd'hui déjà doiinent les résultats les plus avantageux.
Ayant pu faire parvenir à l'aquarium du Jardin du bois de Boulogne un
bloc de rocher perforé par des l'holades, !\F. René Caillaud a donni' en
même temps d'intéressants détails sur ces animaux [Bulletin, l. i\, p, 7125).
(3) M. jjflenfant, coimuissaire de l'inscription maritime à la llochclle, a
présidé à l'inslallalion de toute l'organisation des établissements d'ostréicul-
ture, d(i<. bouchât s, \iiiers à pji^s.'nis, etc., qui se sont formés depuis 18,")2
dans les environs de la r.ochelh', et priucijialeaient à Chalelaillon. Zélé insti-
XXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
Dclabignc-Villeneiive (1) et Tayaii (2), commissaires de l'in-
scription maritime, grâce auxquels des milliers d'élablisse-
menls d'ostréiculture ont pu s'établir do|iuis quelques années
autour de la Rochelle, à l'île de lîé et aux Sables d'Olonne.
A côté des insuccès dont nous vous parlions il y a un instant,
et que nous ne devions {tas vous taire, car ils nous ont apporté
leurs enseignements pour des entreprises ultérieures, nous
pouvons heureusement constater avec vous une série nouvelle
de résultats salislaisants dans la culture des eaux.
Par l'emploi des frayères artificielles, imaginées par notre
conlVére iM. Millet (3) et généralisées dans ces dernières
galcur do tous ces Uav;iiix, il loiir accorde une prolrctiou dévouée, et grâce
a ses soius, près de trois mille concessionnaires out pu s'occuper à Torgani-
sation d'une culture de la mer.
(!) !\I. Uelabignc-Villeneuve, commissaire de llnscriptiou marilinie aux
Sables d'Olonne, a suivi le bel exemple donné i)ar M. Belenl'anl, et grâce à
l'élan qu'il imprime, et aux secours (pi'il ne cesse de donner à l'ostréicul-
ture, et surtout au\ \iviers de poissons, la production se trouve notable-
ment aidée, et en un temps très court une centaine d'élablissemenls ont
pu être créés.
(2) i\I. Tayau, commissaire de l'inscription marilime à l'île de Ité, (pii a
tenu aussi à imiter ce qui s'était lait d'abord à la i'.oclielle, a vu ses elVorls
réconq)ensés par un magnifique résultat, puisque, aujourd'bui, six mille éla-
blisscments sont formés sur la cote do Tile de Ré, si propice à toute tentative
de ce genre.
(3) Notre zélé confrère .M. Millet, qui s'est adonné d'une manière toute
spéciale à la pisciculture, et qui a payé un large tribut à la Société par de
fréquentes communicaiions ot par les conférences qu'il a faites encore cette
année, a rendu compie à la Société du résultat de ses rccbercbes sur l'im-
porlance dos élud(>s tliormométriques des eaux pour guider dans toutes
les expériences do pisciculuiro {Bulletin, I. I\, p. 10/i9). Tour étudier le
mystérieux phénomène des migrations des poissons voyageurs, et pour con-
stater leur rapide accroissement, en ce (pii concerne particulièrement le
Saumon, noire confrère a ou ringénieuse idée de donner aux Saumons rete-
nus captifs dans le premier âge dos aliments contenant de la garance en
poiislro. Otto substance colorant on jaune rouge les arêtes du Saumon,
comme les os dos manmiifères, il devient dès lors facile de reconnaître les
animaux soumis à ces importantes ot curieuses expériences. C'est par ce
moyen (pie M. Millet a ])u constater, sans nuitiler les jeunes poissons sar des
anneaux ou des ontaillcvs aux nageoires, qu'un Saumoneau pesant, à l'époque
de la descente à la mer, GO à 80 grauunos, revient on eau douce, au bout
de (pulques mois, avec un ()oids do i)lusiours kilogrammes.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXI
années, on a pu obtenir d'excellents résultats sans manipu-
lations difficiles et sans dépenses considérables. De nombreux
documents statistiques et une série variée d'expériences très
curieuses sur le rendement des eaux douces ont amené notre
conl'rère à reconnaître que les poissons sédentaires ne peu-
vent fournir à la consommation générale (jue des produits
très limités, tandis que les espèces voyageuses reviennent
dans ces eaux par légions, et y apportent des produits en
quebjue sorte illimités. Certainement, de toutes les espèces de
poissons (jui fréquentent les eaux douces, le Saumon, l'Alose
et l'Anguille sont })lus spécialement destinés à fournir à
l'bomme d'abondants et excellents produits qui ne lui coûtent
presque rien, puisqu'ils vont se développer et s'engraisser à
la mer, source inépuisable d'aliments de toute sorte.
De curieux produits de Féducation des Truites, obtenus
par fécondation artificielle, nous ont été présentés par
M. Tandou (1) et par M. Roger-Desgenettes (2), qui a réussi
à faire vivre ses poissons dans les eaux de la Marne et dans
un vivier, où ils atteii^nent rapidement de fortes dimensions;
fait très curieux, car il démontre la possibilité pour la Truite
de vivre et de prospérer dans des eaux moins pures que celles
qu'elle babite ordinairement.
Plusieurs autres observations importantes vous ont fait
connaître les résultats des essais de MM. Cbcvallereau, des
Nouhes de la Cacaudière et Saint-Prix (3), et tout récemment
M. A. Gillet de Grandmont, après vous avoir exposé des
(1) M. 'J'andou a mis sous les yeux de la Société des spécimens de ses édu-
cations de Ti-uilcs aux environs de Corbeil, et a pu démontrer ainsi (]ui' ces
poissons sont susceptijjles de fournir rapidement des individus remar-
(juables par leur taille, même élevés en captivité [Bulletin, i. L\, p. lO/iS).
(2) M. r.oger-Desgenctles, qui, à plusieurs reprises, a entretenu la Société
des expériences de pisciculture qu'il a instituées à Saint-Maur, près de Paris
{Bulletin, t. IX, p. 5iZi, 10/i5, l0/i9), a présenté également des spécimens
très beaux de Truiles élevées par lui dans un vivier alimenté par les eaux de
la Marne, et des individus péchés dans celle rivière, et provenant de produits
de ses éducations qu'il y avait déposés.
(3) C. de Saint-l'rix, Question de pisciculture en basse Bretagne. Bro-
chure in-8, ISG'J,
Nxxii socirm': jmi'éhiai.l; zooLOGinUE d'acclimatation.
exiK'ricr.cos sur la Iccondation (](' ].i Fera (1), vous a cnli'c-
Icmis (le Ja réussite de l'enipoissonnemenl du lac !*aviii, eu
Auvergne cl).
iM. Vancuu vous a soumis l'appareil ingénieux ([ui lui
pcrmcl de tr.nnsiiorler les poissons vivants à de grandes dis-
tances. Vous avez aussi reconnu avec salislaction les bous
services rendus à racclinialalion marine par MM. Leprelle cl
Heuouf. Signalons enfin le mémoire qui vous a été adressé par
M. Vieunot (i'.) sur les parcs de Crustacés en Angleterre, et
les travaux de M. Fruchier (/j) sur la pisciculture eiréducatiuii
des Sangsues, dont il a doté le département des Basses-Alpes.
Cette année encore, de nombreuses communications (5)
(1) Vi. Anatuli' (iiliol du (Iraiulinont a coimmiuiqiK'' à la Soriéii.' un mé-
uioirc sur la l'écuiulalion arlificieli^' ûv la Fera, cl ;,iir les meilleurs iuoyens
de ]impat;er dans nos eaux ce poisson, qui, jusqu'à ce jour, n'a pu s'y
développer coinenal^leinenl, faule d'avoir jusqu'ici irouvé loutes les con-
dllioiîs les plus essentielles à son développement {Bulletin, t. \, p. l(i).
("2) Dans une des dernières séanc s de la Société (G lévrier 18G2), M. A.
Giliet de (Irandmont a lait connaître à la Société les lieurciix résultats de
rempoissoiiurment du l.:c l'avin par .M. Ducros, tentative sur laquelle
Ai. Lecoq a-.ait déjà attiré l'attention, en pn'scntani une Truite très volumi-
neuse provenant de ce lac {Bullefiii, t. IX, p. 3/i5).
(3) Sur les parcs (le Crustacés en Angleterre {Bulletin, t. IX, p. J02G).
Dans ce travail, M. Viennol a l'ait connaître le développement coiisid'érablc
de celte industrie en Aiii^leterrc, et les précautions [)rises dans ce pays poui
approvisionner d'une manière continue et conveurible les marchés des divers
Cruslacé's qui li^urent sur les tables.
{Il) Hiruiliniculture dans les Basses- Alpes {Bulletin, l. L\,p. JO:!il).
(5) Notre zélé coniVèr;' M. Guérin- Aléne\ille nous a tenus, comme les
années précédentes, au coiiraiil de tous les faits intéressants qui se sont [né-
sen;és durant le cours de la campagne séricicolede 18f3'2, et a résumé dans
un rapport important, auquel nous avons emprunté presque tous les rensei-
gncnKMils que nous avons indiqués dans notre compte rendu, toutes les com-
muiiieationsquioni été faites, soit à la Société, soit à lui-n.ième, et ([ni étaient
de natnrc à intéresser nos conlVères.
Aous devons rappeler ici les importantes communications de M. le docteur
ForgeîViol, Sur un mode parliculier et 7Uiuve(iu de décidai/e oi soie grége
des cocons ouverts du ninnlnj.r Cijnthia <t autres {Bulletin, \. i\, p. ;308);
— de M. C.iroîlo'.i, Bapport sur la sériricidlue dans les priivincrs russes
(Li Caucase {il>id., \). 115); — de M. Maiiiice Girard, Sur le Sericaria Mort
[iliid., p. '.)G2, 1050); — de M. l'ierr.' l'icliol, Sur l'introduction du Ver ci
soie de i'Ailante en Bussie [ibid., [). T'J'i).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. WXIII
relatives à la séricicullure nous sont parvenues , l)ien (jue
cependant l'influence fâcheuse de la gatline ait continué à
s'exercer. Nous devons faire remarquer que, mali^ré l'appel
pressant que vous avez déjà fait à plusieurs reprises, les per-
sonnes (jui vous adressent des rapports sur leurs éducations
se contentent trop souvent d'énoncer seulement leurs résul-
tats, et négligent de vous faire connaître tous les détails qu'il
vous importerait de savoir pour vous rendre un compte exact
de ce qu'a présenté de particulier la campagne séricicole.
Elles devraient ne pas oublier que cette négligence influe
nécessairement sur les décisions prises lors de la distribution
des récompenses, et que plusieurs d'entre elles eussent cer-
tainement lîguré avec honneur sur votre liste de lauréats, si
elles vous avaient soumis tous les documents ([ui pouvaient
vous éclairer. Nous adjurons donc tous ceux qui s'occupent
de sériciculture, connue tous ceux qui se présentent à vos
concours, de prendre le soin de joindre à leurs mémoires
toutes les pièces à l'appui.
Comme toujours, vous avez trouvé au premier rang, parmi
tous ceux qui s'occupent de l'éducation des Vers à soie et des
nombreuses questions que soulève celte branche de nos étu-
des, notre dévoué confrère M. Guérin-Méneville (1), qui, non
content de donner l'impulsion aux nombreux sériciculteurs
qui ont recours à ses lumières, vous tient au courant de tout
ce (]ui se passe dans les diverses localités où l'on s'occupe
de sériciculture, et vous fournit, par ses rapports lumineux,
le moyen de suppléer à ce que les observations qui vous sont
adressées ont d'incomitlet, et pai' suite d'obscur.
l.a maladie qui a continué à sévir sur les Vers à soie a été
l'objet d'études inqiortantes; et, sans parler ici des théories
(1) Kntrc autres travaux, nous devons à M. Cuérin-Ménevillc : un Résumé
iommaire des Irai'au.i: de xériciculture oxéculésen 1801, sous l'inspiration
de la Société (Bulletin, t. IX, p. 'Jl). — Quelques faits relatifs a l'intro-
duction de l'Ailantcà Vélrawjer et aux éducations du Ver à soie du liicin
{ibid., p. oi)8). — Éducation du Ver à soie du Ricin en Swsse [ibid.,
p. 2138). Xouceaux documents sur le \'cr a suie de l'Ailuntc (ibid.,
p. Zi33).
T. X. - Jan\icr cl I'c\iicr 1803. c
XXXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
I»ar lesquelles on a voulu l'expliquer, nous vous rappellerons
les recherches remarquahles de M. le docteur Chavannes (1),
qui vous a exposé les moyens qu'il emploie pour la combattre,
et vous a fait connaître les heureux succès de ses éducations
en plein air. M. Nourrigat ('^-) , auquel nous sommes redeva-
bles d'une nouvelle espèce de Mûrier qui facilite singulière-
ment les éducations, a continué, avec le zèle que vous aviez
reconnu dans les précédentes années, ses recherches sur les
moyens de guérir les maladies des Bombyx, et de remédier
ainsi à la mortahté désastreuse qui décime nos magnaneries.
Vous trouverez certainement aussi de précieuses indications
dans les mémoires qui vous ont été adressés de Chine ])ar
M. Simon (3), et qui nous apprennent les précautions intinies
des Chinois pour se i)rocurer de la graine aussi saine que
possible. '
Vous avez reçu des rapports très intéressants de madame
veuve Boucarut {h) et de madame la comtesse de Labé-
doyère (5) , qui ont continué avec autant de zèle que par le
passé leurs éducations de Vers à soie, en notant scrupuleu-
sement chacun des phénomènes qui ont accompagné les di-
(1) INoU'e savant délrgiu' à Laiisanno a pul)lié le résnllat de ses études
sur la gattine dans un ménioirc , couronné en 1861 par l'Inslitut lom-
l)ard des sciences et arts, Sur les principales maladies des Vers à suie et
leur iiuérisoii, dont il a communiqué les conclusions à la Société dans sa
séance du 25 avril 186'2 [Bulletin, t. I\, p. UOS). Il a démontré également
par des expériences très bien conduites qu'il y aurait de graiuls avantages,
pour restaurer les races de Vers à soie, à faire des éducations pour graine
en plein air.
(2) ]\I. E. Nourrigat (de Lunel), qui se dévoue à des éludes sérieuses pour
arriver à Tacclimatalion des Vers exotiques susceptibles d'Otre introduits en
France, poiu'suit avec un zèle égal ses recberchcs sur les maladies des Vers
à soie et des ^lùriers.
(3) Sur la srriricullHre en Chine {Bulletin, t. 1\, p. 220). — Sur une
nouvelle race de Vers à soie nommés Tien-tse, ou fils du ciel (/6«(/., p. /i75).
(à) Le mémoire de madame veuv(> Boucarut est des ])lus remarquables, et
sera publié dans le tome \ du Bulletin.
(5) Madame la comtesse de Labédoyèrc a continué son précieux concours
a la Société pour des éducations expérinieiitalcs de Vers à soie, dont elle fait
connaître avec le pbis grand soin les résultats c]l;i(iue année.
UAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXV
verses |)hases de l'évolulion de leurs insectes. Trop heureux
serions-nous si tous les rapports qui nous sont adressés étaient
aussi complets, et nous faisaient suivre ainsi pas à jtas toute
la marche de la campagne séricicole. Nous devons encore une
mention particuhère aux éludes laites par MxM. Jacquier (1),
Gross (2) et Pinçon (3).
Ce n'est pas seulement sur le Bombyx du iMùrier (juc se
l)orle votre intérêt, mais vous suivez encore avec autant de
sollicitude tout ce qui a rapport aux autres espèces exotiques
susceptihles d'être élevées en France, et de fournir ainsi de
nouveaux matériaux à l'industrie de la soie. Si, l'an dernier,
vous avez exprimé un juste sentiment de gratitude à lAf. Du-
chesne de Lîellecourt, auquel vous deviez le Ver à soie Ya-ma-
mal {h) , dont des circonstances fâcheuses ont empêché le
complet développement chez nous, vous n'avez pas moins de
(1) M. le capitaine Jacquior (do Troycs) n pu conserver, depuis do nom-
breuses années, une Ijoile race nulanaise, qu'il tenait de .M. de Boullenois,
et qui n'a jamais montré la muindre trace de galtiiic. Il a recueilli des
observations très curieuses sur rintlaencc que le milieu et la nourriture,
exeicent stu' la maladie ; mais ces faits, en raison même de leur impor-
tance, ont besoin d'être conlirrnés par de nouvelles ol)servations, et nous
a\ons l'espoir que M. Jacquier pourra on réunir un nombre suflisanî i)onr
établir sur les bases les plus certaines ce moyen de sauver notre industrie
séricicole. -
(2) M. Jean Gross (de Grunningen) rend de grands services à la sérici-
culture par rélablis-sement d'une société qui s'est imposé la mission de
faire convenir en graines les éducations qu'elle a suivies dans leur dévelop-
pement, de telle sorte qu'elle peu! en garantir la boimc qualité, ftj. Gross
s'est adonné aussi avec le plus grand zèle à la pro[)agation des éducations
de Uoinbijx Cynthia, qu'il cherclic à établir sur des montagnes dénudées
et jusqu'à présent improductives.
(o) M. Jules Pinçon, agent comptable du Jardin d'acclimatation du bois de
Boulogne et ancien magnanier, a surveillé les éducations laites dans notre ma-
guauiM-io expérimenlalo. Il on a t'ait connaître les résultats dans un ra2)port
intéressant, et a ontreteiui la Société d'un moyen, qu'il a counnoncé à ap-
pliquer celle année, ])oui- diminuer de beaucoup la qiiaiilité de feuilles
nécessaires à la nouiriture des Vers. {fJulletiii, t. 1\, j). 5Zi'2.)
Cl) K. Simon, Sur une nouvelle rare de Vers a soie noiniiiée Yaniu-muï
{Bulletin, t. L\, p. o7ù:.
XXXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
reconnaissance pour M. Pompe vaiiMeert der Woort (1), qui a
rapporté derniéreuient une certaine quantité de ces précieuses
graines dont l'exportation est, dit-on, interdite au Japon sous
peine de mort; grâce à LL. EExc. les Ministres des atlaires
étrangères et de l'agriculture, vous avez été mis en posses-
sion de ces graines, et le moyen vous a été donné de tenter
une seconde lois d'enrichir notre sériciculture d'une nouvelle
et précieuse espèce.
Les Vers à soie du Chêne, dont l'importance est si bien
reconnue de vous , vont donc pouvoir èlre soumis à de nou-
veaux essais, et nous sommes heureux de vous annoncer que,
sous peu de jours, vous recevrez, du lond de la Chine, de
nouveaux échantillons du liombi/x Pernyl , que vous devrez
aux bons soins de notre zélé meuihre honoraire monseigneur
Perny ("2). Vous pourrez reprendre ainsi, avec plus de chances
de succès, la culture de ce Ver, sur la première éducation
du(iuel M. Frédéric Jacquemart (^) vous a donné une relation
détaillée.
Un Ver à soie qui est aujourd'hui bien cerlainenient accli-
maté chez nous, et dont la culture se répand de plus en plus,
le Ver de l'Ailante, a été, comme parle passé, l'objet de nom-
breuses communications. MM. le couile deLamote-Baracé (/i),
(1) \\. Pompe van Mccrl (Ici- Woort, oflicier de sanU' de l,i maiiiie uéedaii-
daisc, a rapporté du Japon deux boîtes contenant delà jj;raine de Bombyx Ya-
nia-maï, ({ui ont été ollerles à la Société par Leurs l':xcellences les Alinislres
desallaires élruni^ères et de l'agriculture (Z)'H//t'//;i, I. \, p. 2i). 11 a été pris
innnédialcment des dispositions pour activer la foliation de quehpies pieds
de Chcne destinés à fournir la nourriture an\ ^ ers dès leur éclosion, qui ne
peut tarder, vu Félat avancé de développement où ils exisleiil dans Icsœuts.
{■!) :\Ionsei!;neur l'erny, auquel la Société est redevable de la première
tentatixe d'introduction du Ver à soie tlu Chêne de Koui-tchc-ou, vient, par
une lettre datée du 12 octobre 1862, de nous faire connaître qu'il préparait
un nouvel envoi de ce précieux insecte, et qu'il prenait toutes les précau-
tions ponr que le Bombyx Peririji arrive à bon port.
(o) Tcnlatii-cs d'éJiuation du Ver sauvage du Chcne de la Chine {Bulle-
tin, t. 1\, p. 05).
(/l) Malgré les mauvaises conditions climatériques de Tannée, M. le comte
de liamote-iiar.icé a oblenii encore de beaux résultats de s( s cultures de
Bombyx Cyiilhia.
RArrORT SUR LES TRÂVATIX DE LA SOCIÉTÉ. XXWII
Pravert (de Padouo), mesdames la comtesse de Beaumont (1)
et la baronne de Castillon (2), et nombre d'autres séricicul-
teurs, vous ont fait connaître le résultat de leurs travaux.
Madame la comtesse de Beaumont, qui cbercbe à introduire le
Cyntltia sur les terrains arides de la Provence , a découvert
que cet animal peut, sans inconvénient, être nourri des
teuilles de la Pimprenelle, observation qu'a confirmée M. le
maréclial Vaillant (3). Vous devez à M. de Milly {h), qui veut
doter les Landes de la culture de l'Ailante et de l'éducation
du Cyntlna , un rapport remarquable sur ses essais, qui lui
ont permis de recueillir près de 100 kilogrammes de cocons
frais sur un terrain de sable jusqu'alors improductif.
Ce n'est pas seulement en France que la sériciculture se
développe , dans presque toutes les parties du monde de
nouveaux établissements se créent. On doit l'introduction du
Homhijx Cyntliia en Angleterre à lady Dorothy Nevill(5),
dans les environs d'Odessa au général Burno(6), au Para-
(1) Madame la comtesse de Beaumonl a reconmi, à la suite d'essais variés,
qu'on pouvait élc\or le Jiombijx Cyntliia aver les feuilles de la Pimprenelle.
La quantité nécessaire, assez faible dans les premiers jours, devient très con-
sidérable après le quinzième jour, car les ^ ers s'en montrent alors très avides.
(2) Madame la baronne de Castillon a obtenu encore cette année des ré-
coltes aussi belles que celle de l'an dernier, à la suite de ses éducations en
plein air.
(3) Les expériences de M. le maréchal Vaillant ont été insérées dans la
Revue et Magasin de zoologie de ISG'i, p. Ziiâ.
(/i) M. de Alilly a planté d'Ailanles plus de six hectares de sables impro-
ductifs. Va\ outre, il a établi une haie d'Ailanles de 580 mètres de long, qui
lui a permis de nourrir 50 000 Vers, et d'en retirer 97 kilogrammes de
corons frais.
(5) Lady Dorothy Nevill a introduit en Angleterre le Bombyx Cynthia,
qu'elle élève avec le plus grand soin, et dont elle obtient de fort beaux
résultats. On lui doit im excellent ouvrage sur l'éducation des Vers à soie,
The Ailantiis silk II or?» and the A Hantas tree, dans lequel elle a al)rég(''
les préceptes donnés par notre confrère M. tiuérin-Méneville sur l'ailanti-
cullurc.
(6) Le général Burno a obtenu une rapide propagation du Bombyx Cyn-
tliia dans ses piopriélés. et à la fin de la seconde année de ses éducations,
il avait une quantité de graines assez cousidi'iable pour pouvoir en céder
au\ propriétaires du midi de la lîussie.
XXXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
guay à M. Gelut (1) , à Monlevideo à M. Meyer {'2)\ et d'autre
part, M. Michely (3) à Cayenne, et M. Prévost en Californie,
continuent avec persévérance leurs tentatives d'acclimatation
des divers Bombijx.
Rappelons encore les expériences spéciales de M. WuUschle-
gel {h), qui lui ont démontré la possibilité de faire hiverner
les chrysalides des Vers de l'Allante et du Ricin, découverte
importante, puisqu'elle facilitera singulièrement les éduca-
tions de ces insectes.
Votre délégué cà l'île do la Réunion, M. Berg (5) , vous a
adressé un mémoire étendu sur les divers insectes herbivores,
et en particulier sur ceux qui attaquent la Canne à sucre, el
causent ainsi un dommage considérable à l'une des sources
de richesses les plus importantes de notre colonie.
yVu nombre des insectes utiles à l'bomme, nous devons
ranger la Cochenille (6), dont la culture s'est successivement
étendue du Mexique à nos Antilles et à l'Espagne, et de là
aux Canaries, h Java et à l'Algérie. Dans ces derniers temps ,
ainsi qu'il résulte d'un travail de M. \o baron Anca (7), il a
(1) M. Gclol n comnienrr à loiiter rinU-oduclion du Vor à soie do l'Ai-
lanie au Paraguay, et pense que lo Ver du Riciu ne peut niancjuer d'y don-
ner les plus riclics résultats, en raison delà vé.gélaiion facile et continuelle
de cette plante.
(2) ^\. Meyer, qui a introduit Failanlicullure dans le gonvernenienl de la
l'iata.y a déjà obtenu de tr^s beaux résultats, qui font augurer brillamment
de l'avenir.
(3) M. Michely, qui a obtenu à Texposilion de Londres deux médailles
pour ses travaux relatifs à l'introduction de l'industrie de la soie à Cayenne,
mérite tous nos encouragements i)our les eiïorls persévéïanls avec lesquels
il continue ses tentatives d'acclimatation dn Ver du "Uùriei. et pour les ob-
servations intéressantes qu'il a faites à ce snjeL
[ix) Bulletin, t. IX.
(5) D. Berg, 1)es insectes herhirores de l'Ile Je la Bétinion, et parlicn-
lii'rement de eeiix qui envahissent la Canne à sucre {Bulletin, I. 1\,
p. 938).
(6) L. Sonbeiran, De la Cochenille et de son acclimalation {Bulletin,
t. L\, p. Lr'ifil.
(7) Arcliinalalion de la Co^'henille en S^ieile (UuJIeHn, t. I\. p. 970,
1031).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXIX
inslitiié en Sicile des essais d'accliinalation de cet insecle qui
s'annoncent sous les plus heureux auspices.
Les malheurs de la guerre qui désole en ce moment l'Amé-
rique ont, pour ainsi dire, annihilé la production du coton,
cette précieuse substance qui fournissait le travail à d'innom-
brables ouvriers, et remplissent de misère des milliers de
manufactures florissantes autrefois. Trouver le moyen de cul-
tiver le coton dans de nouvelles localités, pour prévenir le
retour de calamités aussi désastreuses, telle est la préoccu-
pation générale aujourd'hui ; aussi des diverses parties du
monde vous est-il adressé d'importantes communications à
ce sujet (1). Et sans parler ici d'un travail qui résume les
documents les plus essentiels au cultivateur de coton , nous
devons rappeler d'une manière toute spéciale à votre atten-
tion les remarquables essais de M. le marquis de Fournès (2),
et de son collaborateur M. Arnaud, qui ont réussi à obtenir,
sur les bords du Gardon, une notable quantité de ce précieux
filament, et h qui tout fait espérer que, le succès de deux
premières années de culture se renouvelant, ils pourront
bientôt aborder la grande culture de cette plante.
La Vigne, dont les récoltes depuis plusieurs années ont
tant laissé à désirer, par suite de la maladie dont elle est
atteinte, a été aussi l'objet de plusieurs mémoires importants,
parmi lesquels nous citerons celui de M. lîamel (o) sur la Vigne
(1) Diipiiis, Sur les maladies du Cotonnier et les insectes qui nuisent à
cet arbre {Bulletin, t. L\, p. S'iS). — Goiily de Chaville, Sur les feuilles
de Raifort employées comme succédanées du coton {ibid., p. 972j, — ne
Laccrda, Sur le coton jaune et le coton bleu du Brésil (ibid., p. 971). —
Ramel, Sur le Cotonnier arbre du Pérou {ibid., p. 721, 996). — Soiibinran,
iS'ote sur la culture du Cotonnier {ibid., t. X, p. lit).
(2) AL le marquis de Fournès et >,L Arnaud, qui s'occupe exclusivement'
d'agriculture, ont présenté à la .Société dos échantillons de leurs cultures du
(loton dans le département du Gard, et ont fait connaître les heureux résul-
lals (|u'ils ont déjà obtenus {Bulletin, l. IX, p. Zi87, 717, lOoJ). Des expé-
riences de iilalure qui ont été faites en Alsace par un de nos premiers
manufacturiers, M. Schlumberger, ont prouvé que le coton obtenu par notre
zél'i confrère pouvait rivaliser avec les meilleures sortes américiines {ibid.,
LX.p. 55).
(o) Bulletin, I. I\, p. 9'i8, 9j5.
Xr, SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOrjQUE d'aCCLIMÂTÂTION.
d'Australie, et celui de M. Elias Durand (1) sur la Vigne et les
vins des États-Unis , travaux qui nous fourniront sans doute
les moyens d'ajouter de nouveaux cépages aux nombreuses
espèces que notre pays possède déjà. Si l'Australie, de même
que les États-Unis, peut nous donner des Vignes qui nous
manquent encore, nous avons déjà cherché à lui faire con-
naître nos cépages si renommés à juste titre ; car, grâce au
bienveillant concours de notre èminent confrère M. le géné-
ral marquis d'ilautpoul, nous avons obtenu une collection
complète des Vignes réunies dans la riche pépinière du Luxem-
bourg, et nous avons été heureux de l'olïrir à la Société de
Melbourne.
Plusieurs de nos confrères ("2) vous ont transmis les résul
tais de leurs observations sur la culture de la Pomme de terre
et principalement des variétés de Sainte-Marthe et d'Australie
qui, repoussées d'abord par nos cultivateurs, voient chaque
jour augmenter le nombre de leurs partisans.
De nouveaux renseignements sur la Coca sont venus aussi
s'ajouter à ceux qu'avait colligés avec tant de soins et de sa-
gacité notre zélé confrère M. Gosse, et nous ont témoigné une
fois de plus de l'intérêt que portent à cette question MM. de
Lesseps, Colpaert, Piaymondi et le maréchal Santa-Cruz (3).
Le sucre et les plantes qui le fournissent nous ont valu un
(1) Bulletin, t. IX, p. 313, 610, hll. Ce travail a été reprothiit avec dos
observations importantes de M. GliarlesDesmoulins, dans le dernier volume
des Actes de In Société Linnéenne de Bordeini.c. Notons encore les tra-
vaux de M. \eidigk snr la culture de la Vi'^nQ en Crimée [Bulletin, t. I\,
p. 3^0).
('2) Î\T. David, qui a obtenu déjà des succès remarquables de la culture de
la Pomme de terre, dite d'Australie, en a fourni de nouveaux tubercules celle
année, et a publié une note intéressante à ce sujet {Bulletin, t. IX, p. C6).
\ons devons rappeler encore les communications de MAI. Tiafliley (ihid.,
p. 61, 330), Hébert (ibid., p. 61), Dupuis (/6à/., p. 5/|l), .lomard (ilnd.,
p. 916).
(3) Outre une nouvelle communication de ÎM. Gosse [Bulldin, t. IX,
p. /i39), la Société a reçu d'importants détails sur la culture de Yl^rijthro.rij-
hm coca de AIM. de Lesseps {ildd., p. 010, 6'2/i, !t71, 993), Colpaert (/7'/V/.,
p. 820, 956), r.aymondi [ihld., p. 699). et marédial Sanla-Cruz (ihid.,
1). 2 ->■-). .
RAPPORT SUR LES TRAVArX DE LA SOCIETE. XLI
imporlant mémoire de M. Hardy (1) sur la cnltiire de la Canne
en Algérie, diverses notes sur le Sorgho ('2) et ses produits,
et des détails intéressants sur la culture et l'exploitation de
l'Érable à sucre (3), dont la Société doit une belle collection
aux soins obligeants de nos confrères MM. de Puibusque et
Gauldréc-Boilleau.
Des recherches faites en Chine ont donné lieu à de nom-
breux rapports qui ont vivement attiré votre attention et excité
votre plus haut intérêt : il suffit de vous rappeler les fré-
quentes notices, accompagnées de graines et d'échantillons,
que vous devez à M. Simon (A), auquel vous allez accorder le
titre de membre honoraire, désireux que vous êtes de récom-
penser aussi le zèle qu'il n'a cessé de vous prouver.
C'est de Chine également que provenaient les riches col-
lections que vous avez reçues de Mgr Guillemin (5) et de
M, le capitaine Dabry (6), qui vous a fait connaître dans plu-
sieurs mémoires, que vous avez écoulés avec attention, les
particularités les plus intéressantes de ses recherches dans le
Céleste Empire et de ses études dans les divers ouvrages publiés
par les Chinois. Du reste, l'accueil bienveillant que vous avez
(1) Bulletin, t. IX, p. 580. ...
(2) BarouAnca {Bulleh'n, t. I\, p. 99).
(3) M. do IMibusquc (««i/e</H, t. I.\, p. 73), Gauklréc-Boillenu (/V^iU,
p. 1060).
f'j) iM. Kiigone Simon, depuis son déparl pour la Chine, a adressé un
Srand nombre de communications impoilantes à la Société sur les divers
animaux et plantes qu'il a p.i observer, et a accompagné ces mémoires de
coileclions importantes, qui ont été distribuées aux personnes qui étaient
dans les meilleures conditions pour en tirer parti. Outre les mémoires que
nous avons déjà signalés dans ce compte rendu, nous devons rappeler ici les
notes étendues qui accompagnaient un envoi d'animaux et de végétaux du
Japon [Bulletin, t. L\, t. 59/i, GIO, 688).
(5) Sur les graines des principales plantes alimentaires de la province
de Qicang-tong [Bulletin, l. 1\, p. o23). — Productions végétales de lu
Chine {ibid., p. 872).
(G) Sur diverses plantes potagères de la Chine [Bulletin. I. IX, p. 325\
— Sur les plantes médicinales de Chine [ibid., p. /jOû). — La vie a bun
nuirché en Chine (ibid., p. 673). M. Dabry a fait connaître aussi mie note
du père Cijjoi sur le l'e-tsai [ibid., p. 2o'_').
XLII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
fait à ces travaux a vivement encouragé leur auteur, et c'est
avec l'espoir de pouvoir vous procurer de nouvelles richesses,
plus nombreuses encore, que M. Dabry a quitté la France,
pour retourner en Chine.
Les services éminents rendus à l'acclimatation reçoivent de
vous des récompenses éminentes aussi. Vous allez accorder
à M. IssakoIl(de Saint-Pétersbourg) le titre de membre hono-
raire, en récompense de ses nombreux essais d'acclimatation
d'une foule de végétaux utiles, des soins qu'il a donnés à la
fondation du comité de Moscou, de ceux qu'il donne encore à
l'organisation du jardin zoologique de cette ville, qui doit
s'ouvrir dans le courant de l'été. C'est par un sentiment de
juste reconnaissance, que la Société de Moscou a appelé vos
suflVages sur M. IssakolT, auquel on doit en grande partie la
haute protection accordée à l'acclimatation parles souverains
de la Russie.
Cette année, comme toujours, M. Brierre (de Saint-IIilaire
de Riez) (1) a continué à enrichir vos archives de ses rapports
sur la culture des plantes et graines reçues de vous, et a
libéralement répandu dans toute la Vendée le produit de ses
récoltes, travaillant ainsi avec un zèle infatigable à propager,
à vulgariser les nouvelles espèces que vous cherchez à intro-
duire. La série remarquable de dessins (pii accompagnent
chacun des rapports de M. Brierre forme aujourd'hui une
riche collection, qu'il augmente chaque jour, et que vous avez
décidé de réunir en un recueil qui en permette laïacile com-
munication à chacun de vous.
Parmi ceux de nos confrères dont vous avez reçu des raj)-
ports circonstanciés sur leur culture, vous avez distingué tout
particulièrement MM. Philippe (2), Denis {^), Sicard [h), et
(1) Bulletin, l. i\, p. 57, VIS, 13G, 236, 2/1/4, o3G, /i25, /|31, 5o8, 516,
OU, 710, 800.
(2) Sur le Schinusinoile{Biillrli)i, l. I\, p. /il). — Stir l'Eucalyptus
(jlobulus {ibid., p. 228).
(3) Bulletin, t. IX, p. 801.
(/i) Sur le Cath-sé {liullelin, 1. l.\, p. lO/iG). M. Sic.ird a faii coniiaîlrc
aussi W rOsiillat (Vexpôricnccs sur la i)isciciilluro cl le Vit à suie di' TAilaiile
[ibiJ., p. 51/0-
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLIII
notre regretté collègue M. Delisse, dont les travaux ont été
continués par sa veuve, qui, malgré sa trop légitime douleur,
a voulu pieusement terminer l'œuvre commencée.
Des mémoires sur différentes plantes vous ont été adressés
par MM. Berthelot (1), Taverna (2), Gasparino (3), de
Murga (/j), Chappellier (5), Kiiline (6), Anca (7), Dupuis (8),
Rochussen (0) etBelhomme (10). De nombreuses observations
sur tous les faits curieux qu'a présentés l'bistoire de l'acclima-
tation en Australie vous ont été communiquées par M. Ra-
mel (11), dont le zèle incessant s'ingénie à vous procurer des
occasions nouvelles d'enricbir votre Société. Parmi les nom-
breux envois de plantes qui vous ont été faits, vous avez
particulièrement remarqué ceux de MM. Mueller (12), Gaul-
drée-Boilleau (13), Hayes (1/i), de Lacerda (15), Loarer,
Rosalés (16), etc.
(I) Berthelot, Sur les essences forestières des Canaries et la réorgani-
sation du jardin d'arclimatation d'Orotaoa {Bulletin, t. IX, p. GS'j,
770).
('2) Taverna, Rusticilé des arbres rerts (Bulletin, t. 1\, p. 502).
(o) Gasparino, De la culture du Cocozzelli [Bulletin, t. L\,p. o32).
(/l) 1)0 :\Iur2;a, Culture de la Chufa (Bulletin, t. T\, p. kh).
(5) Chappellier, Xote sur le Sa frun {Bulletin, t. IX, p. /il8).
(6) kiiline, Notice sur le Biz sauvage {Zizanie aquatique) de rAniériijue
du Nord {Bulletin, t. IX, p. l'2o).
(7) Anca (Bulletin, t. L\, p.99j.
(8) Dupuis, Culture de l'Ailanie nlanduleux {Bulletin, t. IX, p. S77).
— Culture du Manioc en Italie (ibid., p. hk'i)-
(9) M. (lo Rochnssen a communiqué à la Société' {Bullflin,[. IX, p. :'|3'21,
des renscig;nemcnts irrs inléressants sui- la culture du (Quinquina <i Java,
sous Finspiiation du i;ouvernemont ni'orlandais, et lui a lait connaître les
heureux, résultats obtenus déjà dans cette acclimatation.
(10) V.dhommQ (Bulletin, \. LX, p. 2/i3).
(II) M. r.amel a communiqué à la Société un grand nombre de faits inté-
ressants d acclimatation des espèces soit animales, si)it végétales (Bulletin,
t. IX, p. /i^O, Ml, /l'l2, ti'i'ô, 533, 920, 998).
(13) Ibid., t. IX, p.55, /i'J9, 512, 896.
(12) Ibid., p. IGO, lO/il, 1060.
(l'i) Ibid., p. 56, 163, 3i2, /i25, 717, 972.
(15) Ibid., p. 709, 718, 719, 971, 992.
(16; ]l>id., p. 972, 990. .,■
XLTY SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Le tableau que nous venons d'esquisser devant vous vous
prouve, messieurs, que cette année encore n'a pas été perdue
pour l'acclimatalion, et nous devons trouver un encourage-
ment nouveau à persévérer dans la voie que nous nous som-
mes tracée, en voyant les nombreuses marques de sympatbie
qui nous arrivent de toutes les parties du monde, en consta-
tant la générosité avec laquelle tous, membres ou non de la
Société, s'empressent à nous faire part des produits les plus
intéressants du règne végétal, et à nous procurer les animaux
les plus précieux. •
Inscrivons tout d'abord au nombre de nos plus généreux
bienfaiteurs S. M. l'Empereur, qui n'a cessé de témoigner
de sa haute bienveillance, et nous a donné fréquemment la
preuve de l'intérêt qu'il porte à notre œuvre. Que S. M. l'Im-
pératrice daigne accepter aussi l'hommage de notre respec-
tueuse gratitude pour les espèces précieuses dont elle a
enrichi, cette année encore, notre Jardin.
Nous devons aussi proclamer notre reconnaissance pour
S. M. la reine de Grèce (1), qui, à plusieurs reprises, a bien
voulu nous faire envoyer des graines de l'espèce (Y Aines qui
porte son nom.
Remercions également des nombreuses marques de sym-
pathie qu'ils nous ont données, LL. EExc. les Ministres d'État,
des affaires étrangères, de la marine et de l'agriculture, et
nos membres honoraires, MM. Delaporte, Bcrthelol, Duchesne
de Bellecourt, Mueller et Wilson.
Toutes les parties du monde ont fourni la matière des
nombreux envois qui nous ont été faits. En Europe, il nous
suffit de rappeler les noms de MM. Dutrone (2), GawrilofI' (3),
(1) s. M. la reine de Grèce a l)ien voulu nous l'aire parvenir, à plusieur
reprises, des foraines iV Aines reginœ Amctliœ {liulMin, t. IX, |). l.'iV), sur
lesquelles M. Ueldreieli a publié un mémoire 1res intéressant.
('J) Nous avons récenniieni encore reçu de notre généreux confrère un
Bunil' Sarlabot, qui devra être vendu par les soins de la Société du Jardin, el
dont le prix de \ente est attribué p,u- le donneur auv ouvriers cotonniers
(lUillefiii, t. IX, p. 895).
(IS) llulli'lin, t. IX, p. 1);)9.
HArroliT SLR LES TliAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLV
Pniijadc (J), llorry Ci), Sicard (3), Cailhiiul (/i), Gluqucl (5),
Dellsse (6), elc. En Asie, ceux de MM. Simon (7), Dabry (8),
Guilleniinfi)), Uayes dO), Cézard(i.l), Castelnau (12 i, Rul-
lier (13), Piclion (l/i), Diicliesne de Bellecourt (15), elc. En
Afrique, ceux de MM. Bertlielot(lG), Bosse (17), Cliabaud(iS),
Chagol(19),Lienard(20),Kœnig-bey(-21),Dclaporle(22),clc.
En Amérique, MM. de Villeneuve (23), de Lesseps (2/i), Gaul-
drée-Boilleau (25), Pereira de Mello Cardoso (26), Fré-
bault(27), Balaille(28), etc. En Australie, missEml)ling(29),
MM. Mueller (30), Wilson (31), Ramel(32). , : •
Parmi tous ces généreux donateurs nous devons une nien-
lion spéciale à MM. Mueller et ^Vilson, qui, enlièrenient dé-
voués à l'acclimatation, clierchenl chaque jour l'occasion de
nous adresser les espèces les plus précieuses, et de nous faire
connaître ceux des produits de l'Australie qui ne sont point
encore arrivés en Europe, leur générosité ne se laissant arrê-
ter par aucun obstacle. Nous ne pouvons trouver un concours
plus cnqii'essé dans aucune partie du monde, et cependant
M. Bataille, de Gayenne, accumule envoi sur envoi, et son
zèle est tel, qu'après nous avoir donné, dans le courant de
l'année dernière, trente-deux espèces vivantes, il réunit en ce
moment même une nouvelle collection plus riche que les
précédentes. ■ .
Il nous reste encore un douloureux devoir à remplir : la
mort a frappé dans nos rangs, et nos regrets sont acquis à
tous ceux qui, jusqu'au dernier moment, partagèrent nos
(1) BiiUetii), t. IX, p. e/i'i. — (2) Ihid., p. 336. — (3) Ibid., p. 10.'|6. —
(/i) 76/(7., p. 896. — (5) Ilnd., p. 10^9. — (6) Ibid., p. 1G6, 236, 250. —
(7) Ibid., p. o9Zi, 610, 688, 795, 915. — (8) Ibid., p. 3^3. - (9) Ibid.,
p. 323. — (10) 76a/., p. 56, l/i3, 3Z|2, /|25, 717, 972. - (11) Ibid., p. 337.
— (12] Ibid., p. /i25, 639, 716. — (13) Ibid., p. /i31. — (l/i) Ibid., p. 138.
— (15) Ibid., p. 899, 972. — (16) Ibid., p. oàh. — (17) Ibid., p. 13!i. —
(18) ibid., p. 1003. — (19) Ibid., p. 66, l()/i2. — (20) 76k/., p. 135, 1/i2.
— (21) Ibid., p. 33. — (22) 76/f/., p. 256, /|31, 505. 536. — (23) 76ù/.,
p. 60./1. - (24) 76ù/., p. 57, 1046. — (25) Ibid., p. 160, lO'il, 1060. —
(26) Ibid., p. 611. - (27) Ibid., p. 142. — (28) 76/(/., p. 130, 603. —
(29) /6/,/., p. 511. —(30) Ibid., p. 55, 137, l/i5, 237, 24'i, 334, ^j29, 512,
896, 972. — (31) Ibid. — (32) 76/(/., p. 590, 972.
XLVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
labeurs et que nous eussions aimé avoir saluer avec nous nos
prochains succès. Nous conserverons la mémoire de S. A. Saïd-
Paclia, vice-roi d'Egypte, qui plusieurs fois avait enrichi notre
Jardin et avait témoigné de sa sympathie pour notre œuvre par
la création d'un jardin d'acclimatation au Caire. Nous avons à
regretter aussi un de nos membres honoraires, le vénérable
M. Jomard, l'ancien collègue de Daubenton, (]ui s'était asso-
cié avec empressement à nous, pour rendre un éclatant hom-
mage à ce grand naturaliste. Nous déplorons également la
perte de nos confrères : I\1M. 11. Vernet et Halévy, membres
de l'Institut, le comte de Nesselrode, les amiraux Gasy etSuin,
deLagrenée, le baron de Bruch, le duc do Montmorency, le
comte Louis Archinto (de Milan), les docteurs Moreau, Godard
et .Meynier, Lignac, Dalpiaz, (iirard, Bellet, Decan de Gha-
touville, le comte de Montblanc, le comte de Montguyon, le
vicomte de Gauville, Uiembault,Poriquet, Dhuicque, Bertrand
Ponty, vicomte de Péan, de Bcsson-Desblains, Pelisse, Ferrand
et de Boishéberl.
Gertes, les pertes que nous venons de vous rappeler sont
douloureuses pour nous; certes, le précieux concours qu'ils
a|)portaient à notre œuvre nous fera défaut : mais serrons nos
rangs, et que le sentiment du devoir qu'ils cherchaient à
remplir avec nous continue à nous animer. Luttons contre
les obstacles, et rappelons-nous que « si c'est surtout aux Phé-
» niciens, aux Egyptiens, aux Perses, aux Grecs, aux Romains
» et aux Garthaginois que nous devons les êtres déjà acclima-
» tés, ces avantages moins éclatants mais plus solides et plus
» réels que leurs conquêtes, ils ont transmis à nos ancêtres ces
» biens faciles à conserver et toujours à la portée de rhoinme.
» Augme)it())is leur hcritagej't, à leur exemple, préparuua à
)) nos neveux une nouvelle source de riel/esscs (1). »
(l) Tlioiiiii, CoiDs de ciillurc el de naUiralisntion des végétaux, i)iil)liL-
par Oscar Lctlcrc, 1B27, p. 11).
• ,,'.;•' .. SUR ,
LAQl AUIUM DU JAUDIN D'ACCLIMATATION
P«r M. E. UHF/ l>F I,.%V180:V,
Directeur du J.iriliii.
, Mesdames, Messieurs, . ,
Dans CCS réunions annuelles de la Société impériale d'ac-
climalalion, il est d'usage qu'au discours de M. le Président
et au compte rendu de M. le Secrétaire, succède une lecture sur
(pielqu'un des sujets d'étude qui nous ont le plus occupés pen-
dant l'année, et que nous espérons pouvoir encore retenir
votre attention sans la fatiguer. C'est pourquoi j'ai été chargé
de vous parler de l'aquarium, et de vous faire connaître les
résultats obtenus de cet appareil, dont la mise en œuvre a été,
au Jai'din du bois de Boulogne, pendant l'année 'J862, la
principale expérimentation. Mais l'aquarium peut être pré-
senté sous bien des points de vue. C'est d'abord, dans son
ensemble et dans son essence, un appareil hydraulique et
pneumatique des plus complexes. Essayer de vous en donner
oralement la description, ce serait manquer à l'engagement
que je viens de prendre de ne point fatiguer votre attention.
L'aquarium est aussi une grande composition artistique, qui
a mérité d'être appelée un musée vivant de la mer. Je sais que
je puis compter que toutes les personnes qui me font l'hon-
neur de m'écoutcr ont vu l'aquarium ;je compte donc sur vos
souvenirs, pour aider à l'insuflisancc de mes paroles. Je vous
prie de vous rappeler l'impression que vous avez éprouvée
la première fois que vous êtes entrés dans le bâtiment de
ra([uarium, et que vous vous êtes trouvés en présence de cette
représentation du fond des fleuves et de la mer exposée à vos
regards. Ce que vous avez ressenti, n'est-ce pas quelque
chose de semblable à cette surprise dont Virgile dit qu'on
XLVin SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
sciait rra[ipé, si la terre cnli'uuverte laissait voir les goufircs
iiircrDauK. et des choses inconnues aux dieux mômes?
ISon scciis ac si qua penilùs vi lorra dohi.'ccns
InlVrnas rcscrotscclcs, et iT^na rccludal
!'aliida,clis iiivisa, siipcrquc iiiimaiie baralliiuin
Cernai ur.
Priez messieurs vos fils uu vos maris, mesdames, de vous
traduire ces vers dont je ne saurais rendre la beauté.
Mais à la vue de ces vallées d'un genre si nouveau, de ces
cavernes, de ces rochers à physionomie d'écueils et de récifs,
de ces plantes étranges, et surtout de celte population d'èlres
plus étranges encore, immobiles ou nageant à Iravci's ce pay-
sage sous-marin, n'avez-vous pas cru que l'abîme des eaux
était ouvert devant vos yeux et vous montrait des choses que la
nalure vous avait cachées jusqu'alors? Voire attente n'a-t elle
pas été salislaile ? Permettez-moi de prendre pour l'expres-
sion de votre opinion celle de l'un de nos plus brillants écri-
vains, juge maître dans toutes les matières d'art, a C'est mon
métier, me disait M. Théophile Gautier, de voir et de rendre
compte de ce que j'ai vu. .l'ai dû voir beaucoup, et je dois être
un peu blasé sur les curiosités. Eh bien ! je vous avoue que
l'a([uarium m'a lait effet ; je ne m'attendais pas à une œuvre
aussi bien réussie. » Si je rappelle ici celle approbation du
public et ces éloges des plus fins esprits, c'est pour en ren-
voyer la plus grande part à l'habile artiste, M. Alford Lloyd,
(jui a construit l'aquarium, et un peu aussi à notre collègue,
M. le Secrétaire général comte d'Éprémesnil, qui le premier
a eu l'heureuse idée d'enrichir le Jardin d'acclimatalion de
cet embellissement.
Mais les beautés plastiques de l'aquarium, son succès comme
œuvre d'art, ne sont que des mérites accessoires. Uéduit
à cela, l'aquarium ne serait qu'une belle lanterne magique
ou une décoration d'opéra. Mais ce n'est pas un spectacle de
curiosité, l'amusement d'un coup d'œil, que le Jardin s'est
proposé d'offrir à ses visiteurs. Je dois vous faire connaître la
pensée (jui a présidé à la construction de l'aquarium.
11 n'est pas aussi facile iju'on pourrait le croire de faire
SUR l'aquarium du jardin d'achlimatation. \li\-
vivre les poissons dans l'eau; el. pour clahlir un a(|uariniii,
il ne suffit pas d'avoir un vase ou un contenant quelconque,
de les remplir d'eau douce ou d'eau salée, et d'v placer les
animaux habitués à vivre dans l'un ou l'autre de ces élé-
ments. Ce pouvait être le principe de ces aquariums, ou plutôt
de ces viviers romains dont naguère ici même vous entrete-
nait si doctement M. Drouyn de Lliuys (1). Pour les bâtir, on
délbnçait les montagnes, on creusait des lacs, on disposait du
llux et du rellux de la mer, mais ce ne furent après tout que
des monuments d'un luxe prodigieux, consacrés à une gour-
mandise que, heureusement, nous ne connaissons jiius, et qui
n'ont laissé d'autre souvenir que celui des extravagances qu'ils
firent faire aux hommes d'État de la Rome de cette époque.
Notre aquarium n'est point de cette école, et lorsque vous
aurez connu quelles combinaisons ingénieuses, quelles appli-
cations des plus belles découvertes de la science, quel ralïinc-
ment de savoir sont entrés dans sa formation, vous convien-
drez que si notre aquarium a eu l'honneur d'être construit
sous la présidence d'un homme d'État, c'est que, par sou
utilité, pai- les services qu'il est appelé à rendre, par sa spiri-
tualité, Si j'ose ainsi parler, il est digne d'un tel président.
Pendant longtemps, ceux qui voulaient étudier les poissons
furent obligés de s'en tenir au pi'incipe des viviers romains
c'est-à-dire d'aller prendre les poissons dans la mer, et de les
placer non plus dans des lacs, mais dans des bocaux de verre
dont l'eau était souvent renouvelée. Le premier qui soit connu
pour avoir ainsi gardé en captivité, et d'une manière systé-
matique, pour les observer, des animaux aquatiques vivants,
et plus particulièrement ceux de la mer, est un riche baron
écossais, sir John Graham Dalyell. De 1790 jusqu'à 1850, il a
entretenu, dans sa maison d'Edimbourg, un grand nombre
de poissons et d'animaux marins, (ju'il aimait à laire voir à
ses visiteurs. Mais sir John Dalyell était riche et pouvait avoir
tous lesjoursàsa disposition de l'eau de mer pour renouveler
celle de ses bassins. Les personnes (jui vivaient loin de la mer,
et (pii voulaient se donner le plaisir d'étudier les am"maux
(!) /hillctin, t. \. p. J5. . ■
T. X. - J;iiivicr et Tijviici ISGo. ^i
L SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
marins, élaienl oliligéesde l'aire de longs el coûteux voyages.
Tel on voit, dans les Souvenirs iVwi itatiiraliste, un savant
professeur de Paris transporter sa tente et son aquarium sur
les côtes de la Bretagne, afin d'avoir à sa portée ces mysté-
rieuses créatures marines qu'il ne pouvait se procurer autre-
ment. C'est là (|u'il écrivit ce livre que vous connaissez tous,
livre qui l'ait aimer autant ({u'admirer le lalent de l'auteur,
et dont le charme sur l'esprit des jeunes naturalistes n'a de
comparable que celui exercé sur la vive imagination de notre
enlance par les émouvantes aventures de Robinson Crusoé ;
car il donne envie d'aller habiter quelqu'une des îles de l'ar-
chipel de Bréhat ou des Ghausey, en com])agnie de quelques
bocaux, d'un microscope, et surtout de M. de Quatrefages.
Mais tout le monde n'est point de la volée de M. de Quatre-
fages, et n'a point ses ailes pour se transporter sur les bords
de l'Océan. Son livre cependant avait vulgarisé les objels de
ses études, et excité la curiosité de les connailre. C'est à peu
prés vers cette époque (jue quelques savants anglais, M.Thyme
en 18/16, M. Warrington en 18Zi9, et après eux MM. Gosse et
Bowerbanks, cherchèrent un procédé pour conserver l'eau
douce ou l'eau de mer, sans être obligés de les changer, et de
manière à y maintenir longtemps les mêmes animaux dans un
état de bonne santé qui permit de les étudier. C'est ici que la
science apparaît dans la construction des aquariums.
Il n'est personne qui n'ait ouï parler de la grande décou-
verte de la décomposition de l'air atmosphérique, à laquelle
se rattachent les grands noms de Priestley et de Lavoisier (I),
et qui signala, vers la fin du dernier siècle, l'avènement delà
chimie moderne. Une des premières et des plus belles appli-
cations de celte découverte fut celle qui en fut faite à l'expli-
cation de la respiration des animaux et des végétaux. On
(1) I^avoisicr, lo prdiiici', déiiionira roxislcncc di' ccUo loi de compensa-
lion entre les animaux cl les végétanx. En 1780, de Saussure signala l'action
puritiantc des plantes, qui absorbent les gaz nuisibles aux animaux. Pricsiley
prouva par une si'rie de bi'lles expériences queralmosplicre altérée par les
eonibuslions du leu el par la respiralion des animaux était rétablie dans !-es
conditions normales par raciiun de la végétalioni C'est â Daubeny que l'on doit
rapporter la connaissance de i'aclion de la luniién' sim- les i'cuillcs des plantes.
SUR l'aouarium du jardin d'acclimatation. li
reconniil qu'il existait entre ces deux règnes organiques une
loi de compensation ou de libre échange, suivant laquelle les
végétaux, sous l'influence de la lumière solaire, exhalent
l'oxygène nécessaire à la respiration des animaux, et tout à la
fois absorbent et s'assimilent l'acide carbonique qui leur est
fourni par eux. Longtemps cette admirable harmonie ne fut
étudiée que dans les êtres qui vivent dansTatmosphère aérienne.
On ne songeait pas qu'elle pût exister aussi entre les ani-
maux et les végétaux qui vivent au milieu des eaux. Cet oubli
pouvait bien tenir au peu d'intérêt qu'inspiraient ces êtres,
et à la connaissance très imparfaite de leur organisation. Il
est naturel que l'homme se soit d'abord occupé des animaux
({ni l'aiiprochaient de plus prés, et dont l'organisation offrait
avec la sienne le plus de similitude. Les poissons devaient
donc être étudiés en dernier lieu. Ce ne fut qu'après les beaux
travaux de Guvier sur les mollusques de la mer^ de MM. de
Lacépède, Duméril père et Valenciennes sur les poissons, de
M. Moquin-Tandon sur les mollusques tluviatiles de la France
et d'une foule d'autres naturalistes, qu'on a commencé à
prendre (juclque goût à cette élude.
Vers l'année J8Zi"2, le docteur Johnston, dans une Histoire
(les Epovfjes et des Litliopln/tes de la Grande-Bi'eta(jne, lit
connaître une expérience qu'il avait faite, non ])as en vue
d'établir un aquarium, mais pour constater la nature de la
Coralline végétale, jolie plante très commune sur les rochers
des bords de la mer, mais dont la nature ambiguë est pru-
menée depuis longtemps de l'un à l'autre règne. Une toulle
de celte plante fut mise avec plusieurs petites Moules, des
Annélides et des Etoiles de mer, dans un vase contenant de
l'eau de mer très pure. Au bout de huit mois, la Coralline,
loin d'avoir dépéri, s'était développée, et les animaux, de
leur côté, étaient bien portants et conservaient leur vivacité et
l'éclat naturel de leurs couleurs. La conclusion de cette expé-
rience était facile : si la CoraUine n'était pas un végétal, dit le
docteur Johnston, elle serait morte, et les animaux aussi (1).
■ -, - -i :
i
(1) Tous les Pires ori^aiii.sé.s , aiiiiiiaux cl végétaux, consoninient ainsi, et
pcnclnnl toute la durée de leur existence, de Toxysène, en produisant de l'acide
LU SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Au milieu des obscui'ilés où s'agile la science luniuiine,
une expérience de cette sorte est un de ces jets de lumière
que la Providence fait luire quelquefois au-devant de nos
pas, pour nous mettre dans la voie de la vérité.
On peut dire en eflet qu'après cette expérience, le jfroblème
de l'aquarium était résolu, puis(ju'on avait trouvé le moyen
de faire vivre les poissons dans de l'eau, pendant un laps de
temps considérable, sans la renouveler. Ce ne fut cependant
((u'en 1850 qu'on donna suite à cette découverte. Le l/i mai
1850, M. Warrington fit connaître à la Société des cliimistes
do Londres de nouvelles expériences entre des Cyprins et
une plante de rivière, le Vdllisnerui spiraiis, maintenus dans
la môme eau. Ces essais furent répétés par M. Gosse, entre
les poissons et les plantes de la mer, avec un égal succès (1).
Le secret des aquariums était donc divulgué , car on avait
trouvé le moyen d'assurer la respiration îles êtres qui vivent
dans les eaux. La tliéorie passa dans la pratique : il s'établit à
carbonique cl do la vapeur d'eau ; mais iiKlépeiKtaninicnl de celle louclion
coiniminc au\ deux règnes organiques, les végétaux en possèdent une autre,
en vertu de laquelle leurs parties vertes décomposent, sons rinfluence de la
lumière, Tacide carbonique qui a pénéiré dans leur tissn. liC carbone
devenu liljre par celle décomposition est absorbé par la plante, et l'oxNgènc
est dégagé. !'ar conséquent, dans une eau où la végétation se développe,
l'oxygène que le liquide lient en dissolution a deux origines bien distinctes:
une portion de ce gaz provient directement de l'atniospbère, et l'auue por-
tion est le résidtat de l'activité spéciale des parties vertes des planles
aquatiques. Cette dernière portion, étant dans cet état particulier que les
chimistes ont appelé rlat iiaùsant, possède des afiiiiilés beaucoup plus
énergiques, et doit, par suite, brûler avec une grande facilité les détritus
organiques d'origines diverses qui peuvent se trouver en suspension dans
Peau et prévenir son altération.
(1) Tous les livres que j'ai pu consulter sur l'hisloire des aquariums soiU
anglais. Je n'avais pu remonter en France qu'aux travaux de M. de Qud-
irefagcs, dont la première i)ublication date de 18/j'J. Après avoir entendu
mon mémoire, dans la séance (Ui 10 lévrier, M, de Oualreliiges m'a lait ob-
server que j'avais fait tort à mi savant français, Dujardin, à (jui doit être
rapportée l'application première du principe fondamental des aquariums; je
reproduis textuellement la note de M. de Onalrefages :
« Dès 1838, ^\. Dnjardin faisait des voyages sur nos cùîes dans rinlérèt
de SCS éludes zoologiqm's. il rapportait tous les ans à Paris de nonibreux
llacons conlenan! des animaux \i\aiil dans l'eau de la mer, et j)our entre-
sua l'aquarium du jardin d'acclimatation. lui
Londres, sur ce iirinripe, dès celte époque, quelques acjua-
riums de cabinet ; cependant il n'en parut encore aucun à la
(grande exposition de Londres en 1851.
C'est en 1853 que M. Mitcliell, secrétaire de la Société zoo-
logique de Londres, eut l'idée de construire, dans le Jardin
de Regent's Park, un aquarium, sur une échelle et avec des
dispositions d'art qu'on n'avait pas encore imaginé de donner
à ces appareils. Le succès de cette nouveauté dépassa toutes
les espérances. Ce fui un succès d'enthousiasme, un succès
populaire ! Il en sortit une littérature d'extases et de trans-
ports d'admiration. Nos voisins, qui sont bien un peu payés
pour aimer la mer, ne tarissaient point sur ses merveilles.
L'aquarium de Londres , dit un écrivain anglais, M. Shirley
Uibberd, l'aquarium de Londres eut ses dileltaniil
Cliaque jour, dès lors, amena de nouveaux progrés dans la
composition de l'aquarium. On n'avait pas lardé à reconnaître
que les plantes qu'on y introduisait pour le dégagement de
l'oxygène n'étaient pas toutes également propres à cet ofïice.
La llore des eaux de la mer est une tlore particulière. Les
plantes n'y sont pas les mêmes à toutes les profondeurs. Elles
sont échelonnées par zones, et aussi variées que celles qui,
suivant l'altitude des montagnes, distinguent les dilT('rentes
régions de l'air. Les plantes des plus grandes profondeurs sont
brunes, celles des régions moyennes rouges, et celles des su-
périeures, qui sont en contact avec l'air atmosphérique, sont
vertes. Cette dilférence a été reconnue expérimentalement
comme élant l'effet du degré de lumière qui pénètre dans les
diverses couches des eaux ; car le soleil est partout le grand
maître de la vie. Pour assurer l'existence des animaux tenus
dans l'eau, il était donc indispensable de leur ménager une
tenir la piiiclû de reuo caii, il plaçai! dans cliaque flacon quelques frondes
(ïUlva hichicci. Nommé professeur à 'Joulouse, il y transporta son musée
ou son (Kiuaiiuin, qui s'accrut de nombreux flacons rapportés de Cette.
Appelé plus tard à la cliaire de zoologie de Rennes, il se lit suivre de sa
collection, qui s'accrut encore d'une foule d'espèces recueillies sur les côtes
de hi Bretagne. C'est dans un de ces flacons (|u"un des premiers, il constata
l'organisation des ^Méduses. .Uai eu le plaisir d'observer moi-même chez mon
ancien collè^iie u'ie de ces Méduses déve'oppées en captivité. »
LIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
végétation propre, non-seulement à leur nourriture naturelle,
mais aussi au dégagement de l'oxygène nécessaire à leur res-
piration (1). On ne pouvait espérer de faire vivre un animal
des bas- fonds dans les conditions où sont placés ceux des
couches supérieures, et surtout dans les aquariums, qui ont
tout au plus un mètre de profondeur. On y est cependant par-
venu, en imitant la nature, et en dosant la lumière, c'est-à-dire
en ne permettant d'arriver aux végétaux et aux animaux des
aquariums que la quantité de soleil qu'ils doivent recevoir
naturellement. ■
La réglementation de la lumière est donc une des condi-
tions indispensables pour un aquarium. On l'obtient au moyen
de l'orientation du lieu où l'on place son aquarium, et à l'aide
d'écrans qui permettent de modérer le nombre et la force
des rayons solaires que l'on veut y laisser pénétrer.
Vous vovez que l'aquarium n'est pas seulement un obser-
vatoire de zoologie, mais aussi un vaste laboratoire de bota-
nique, où se peuvent faire les plus belles études et les plus
savantes expériences sur la végétation. Sans entrer dans l'his-
toire des plantes marines de toutes les couches ('2), je dirai
(I) Dans les premiers essais des aquariums on y plaçait des plantes loulcs
venues; on a reconnu depuis qu'il sulfisait de laisser se développer sous
l'action de la lumière une végétation pour ainsi dire naturelle à l'eau, et qui
provient de la nuillitude des spores et des semences contenues dans l'eau
naturellement, mais qui, sans l'action solaire, resteraient invisibles et ne se
développeraient pas. C'e.st en grande partie une végétation semblable, spon-
tanée, qui tapisse les bacs de l'aquarium du Jardin d'acclimatation; elle ten-
drait à en envaiiir toutes les parois, si on la laissait librement exposée à
tous les rayons du soleil; mais au moyen de stores et d'écrans, on ne la fait
pousser que totit autant que l'on veut. C'est cette nécessité de modérer le
degré de la lumière (lui fait qu'on ne lui permet de pénétrer dans l'eau que
par la surface supérieure des bacs, et (lu'on maintient tous les autres côtés de
l'aquarium dans Tobscurité ; de cette façon les animaux sont vus par le tra-
vers, et non de haut en bas, comme cela a lieu ordinairement lorsqu'on les
regarde dans la mer ou dans le cours d'une rivière. Autre avantage ! Celle
disposition qui place les poissons entre la lumière et Vœ\\ du spectateur, fait
mieux ressortir leurs formes et leurs couleurs.
(2) Les plantes marines appelées Ali]ues, Confercos, Fu:iis, sont divisées
par les botanistes en trois classes : les Mélanospermées on plantes de couleur
brune, les Uliodospermées ou plantes rouges, et les Chlorospermées ou plantes
sur. L AQUARIUM DU JARDIN d'aCCLIMATATION. LV
que les vertes, celles des couches supérieures, qui sont les
plus abondantes, sont aussi les plus propres à l'entretien de
la vie animale. C'est dans les vastes pâturages qu'elles forment
à la surface de la mer ou le long de ses côtes, qu'on trouve
le plus grand nombre et la plus grande variété de ces êtres
singuliers qui composent la population de l'Océan. Mais à
cause de leur contact continuel avec le soleil, elles ont une
exubérance de végétation si fougueuse, que l'une d'elles,
VAnacharis canadensis, transportée, il va quelques années,
dans la Tamise, par quelque caréné de navire, menace au-
jourd'hui d'encombrer ce fleuve et de gêner la navigation !
On comprend combien celte rapidité de développement
doit être embarrassante dans un aquarium de verre, combien
elle doit vite en envahir le champ rétréci et le rendre impé-
nétrable à l'œil des observateurs. C'est pourquoi on s'appliqua
à la réprimer par tous les moyens possibles. Outre la régle-
mentation de la lumière, M. AVarrington trouva encore, en
consultant la nature, quelques-uns de ces auxiliaires dont elle
aime à faire em|)loi pour l'édification de ses plus grandes œu-
vres ; il se souvint que, dans les plantes vertes qui forment
comme des prairies le long des cotes, il avait vu une infinité
de petits mollusques occupés à brouter les herbes ; il imagina
de leur confier le même office dans l'aquarium, cl vit que non-
seulement ils mangeaient les herbes , mais aussi les détritus
des animaux, en même temps que leurs œufs servaient de
pâture à plus gros qu'eux. Parmi ces nombreux agents de la
salubrité des aquariums , nous citerons le Vignot commun
(Littorii/a Ultoi'cd), mollusque à coquille ronde et brune, qui
abonde sur les eûtes de la Manche, et dont la langue, vue au
microscope, est un clief-d'œuvre d'instrument tranchant,
voriPs. Lps premioi'os ne peuvent èlic conservées dans les aquariums; connue
les animaux qui les liahitent, ces plantes iTont l)esoin que de très peu de
lumière. Les lîiiodospermées sont peut-tire les plus nombreuses, et viennent
également bien au fond et à la surface de renii ; elles sont très belles, très
vivaces et l'ont très bien dans les aquariums; mais il est dillicile de régle-
menter la lumière qui leur est nécessaire : trop les brûle, trop peu les fane.
Ce sont donc lesGblorosperniées, ou plantes vertes, qui s(»nl i.s vraies plantes
des aquariums.
LYI SnCIÉTH IMI'l'ir.IALE ZOnLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
auprès duquel uns ï\n\\ cl uos râpes paraissent de grossiers
outils.
Mais tous ces artifices ne suffîsaient pas à conserver à l'eau
des aquariums les qualités nécessaires à l'entretien de la vie
des animaux; on pensa (lu'il devait exister dans la nature
d'autres moyens propres à obtenir ce résultat, c'est-à-dire
une autre source d'oxygène, etl'on trouva, dans le mouvement
incessant qu'impriment aux iïols de la merles marées et les
vents, un mode d'aération de l'eau plus puissant que tous les
autres. En effet, les courants ascensionnels ou horizontaux
qui remuent la mer en tous sens, les vagues qui se brisent
contre les rochers et s'éparpillent en écume, le ressac qui les
ramène en arrière, l'eau de la pluie qui s'y mêle et l'agitation
des tempêtes, tout concourt à brasser l'eau de la mer et à la
mélanger d'air atmosphérique. Par un aérage mécanique on
imagina d'imiter le procédé de la nature, et d'imprimer un
mouvement continuel de va-et-vient à l'eau destinée à ali-
menter l'aquarium : c'est ce que l'on voit très bien dans l'ap-
pareil du Jardin (1). Au moyen de jets d'arrivée et de trop-
pleins placés dans les bacs, et qui portent et remportent l'eau,
on imprime à cette eau une circulation tout à fait comparable
à celle du sang-. Grâce à ce mécanisme, M. Lloyd nous a pro-
mis que l'eau de mer de l'aquarium pourrait être conservée
dix ans, sans qu'il soit besoin de la renouveler, et nous com-
mençons à prendre confiance dans sa promesse ; car, depuis
dix-huit mois, cette eau s'est maintenue propre à l'entretien
de la vie des animaux, et avec la pureté que vous lui voyez.
Croyez-vous que tout soit fini et que je vous aie énuméré
toutes les conditions d'un aquarium parfait? Oue ce serait
mal connaître l'esprit scientifi(iue ! Car c'est bien de lui qu'on
peut dire qu'il croit n'avoir rien fait, tant qu'il lui reste quel-
(1) Cet iii^L'iiieiix mécanisme, qui est particulier à l'aquarium du Jardiu de
Paris, est de rinvenlion de M. Lloyd : il consiste en une pression hydraulique,
trèisbien décrite dans le livret de l'aquarium, qui se vend au Jardin. A Lon-
dres, pendant longtemps . on était réduit à clianser l'eau presque cliaiiue
semaine, ce qui entraînait une dépense considéraJ)le. Car pour avoir Peau
aussi pure que possible, on était obligé de la puiser en pleine mer. Cette
opération n'a eu lieu qu'une Si'ule l'ois pour le jardin de Paris.
SUR l'aquarium du jardin d acclimatation. lvii
(\no chose à faire. Pour vous donner une pleine connaissance
de l'aquarium, il faudrait vous dire par quelles inventions on
maintient la salure de l'eau que l'évaporation dérange sans
cesse (1) ; comment on conserve le degré nécessaire de tempé-
rature, afin que l'eau ne soit ni trop froide en hiver, ni trop
chaude en été ('2). Il faudrait vous exphquer ces rochers (3) et
ces cavernes qui senties imitations de la nature, pour ménager
aux animaux les retraites dont ils ne peuvent se passer;
comment on a suppléé aux alternatives périodiques d'immer-
sion dans l'eau ou d'exposition à l'air, auxquelles ces animaux
sont hahitués lors du flux et du rellux de la mer. Il fau-
drait vous dire enlin bien d'autres précautions dont le récit
m'entraînerait évidemment trop loin, et m'exposerait au juste
reproche, que vous me faites peut-être déjà tout bas, de
manquer à la promesse de ne pas abuser de votre patience.
Ce que je vous ai dit suffit, ce me semble, pour démontrer
ce que j'ai avancé en commençant : que l'aciuarium est le
résultat des plus savantes recherches et des plus ingénieuses
combinaisons, et que toutes les sciences, physique, chimie,
botanique, histoire naturelle, se sont cotisées pour l'édifier,
(I) La sarfiice des bacs étant assez large et roau qui y anivc conlinuclle-
niem en niouvemint, il en résnlto une évapoialiuu conliniielle, mais c'est
l'eau douce seule qui s'évapore, et non les parties salines. An moyen d'un
petit aréomètre en bulle de verre, on est averti de l'excès de salure qui
pourrait être nuisible à la vie des animaux, et l'on y remédie en y faisant
arriver de l'eau de pluie provenant du toit du bâtiment , et qui rétablit
l'intégrité de l'eau de mer, absolument comme cela a lieu dans la nature.
('2) l'ourla température de l'eau , comme elle n'est point sujette dans la
mer à d'aussi grandes variations que celles que subit l'atmospbère, pour la
maintenir au degré convenable, il a sufli d'enfouir dans la terre le réservoir
qui contient l'eau, et qui est un vase de fonte doublé de gutta-percba.
(o) On obtient ces alternatives d'immersion et d'exposition à l'air pour les
animaux qui y sont babitués, en vidant les bacs la nuit et les rempUssant le
jour ; en effet, à de certaines époques, il y a des animaux qui ont besoin d'une
alniosplière luimide plutôt que do l'eau elle-même. Ils trouvent ces condi-
tions sur ou sous les rocbers, où ils restent exposés comme sur la plage.
Les moindres dispositions de l'aquarium sont des combinaisons basées sur
l'élude des mœurs des animaux aquatiques : ainsi les rocbers et le paysage,
disposés en ampbitbéàtre, donnent à l'eau des épaisseurs inégales, en raison
des profondrurs dilTérentesde la mer auxquelles les animaux sont accoutumés.
LVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
et, comme autant de bonnes fées, ont voulu lui faire leur don.
Et comme notre aquarium est le dernier construit des appa-
reils de ce genre, et qu'il a pu proliter de tous les perfection-
nements obtenus avant lui, et recevoir des proportions et des
embellissements nouveaux, on peut dire que nous avons pré-
sentement le plus beau et le plus parfait des aquariums.
M. Lloyd le classe ainsi dans une notice qu'il a publiée sur ce
sujet (1), mais, en bon Anglais, il réserve à l'aquarium du
Jardin de Regent's Park les bonneurs de l'initiative et de la
priorité, et rappelle qu'il fut établi à une époque où l'on savait
bien peu de ce qu'il fallait savoir pour mener à bonne lin de
telles entreprises.
Pour répondre à sa nature et à son origine scientiliques,
l'aquarium devait être un instrument de découvertes, d'acquêts
nouveaux au profit de la science; car la règle de l'intérêt des
intérêts est bien aussi fructueuse dans l'ordre intellectuel que
dans le monde matériel , et c'est à sa constante application
que nous devons ce capital accumulé que l'on nomme l'état
actuel de la science. ■- ' .■ ,
C'est, en effet, grâce à l'observation des animaux aquatiques,
rendue facile par les aquariums, (juc l'on doit la connaissance
d'une foule de particularités nouvelles relatives à leurs mœurs,
à leurs babitutles et à l'exercice de leurs fonctions pbysiolo-
giques. Un aquarium les fait poser devant nous, et permet
de faire de leur étude un amusement. Pour cela il n'est pas
nécessaire d'avoir à sa disposition un grand et coûteux appa-
reil, comme celui du Jardin d'acclimatation. Le principe suffit.
Pourvu que vous ayez un vase de cristal, de l'eau de mer ou
de l'eau douce, quelques plantes aquatiques, quelques
mollusques et les animaux que voulez étudier, il n'en faut
pas davantage. C'est à ces modestes appareils de cabinet que
nous devons tant de belles recbercbes, tant de travaux sur ces
êtres que l'œil ni la pensée n'avaient pu suivre à travers leurs
bumides demeures. Que de noms je pourrais signaler à votre
(1) Le plan priinilil'do l'aquaiiiini de Taris est de M. Milclicil ; mais après
la mon de M. .Alilcliell, il a élé Icrmiiié et pericclionné par M, Lloy<l, (|ni
doil être cousidéré comme son vérital)lc aiileur.
SUR L AQUARIUM DU JARDIN D ACCLIMATATION LIX
reconnaissanci^ et à votre admiration! One de savants livres
dont la lecture inspire le respect pour ces paisibles occupa-
tions de la science, et ouvre à l'esprit des jterspectives nou-
velles à travers les sphères infinies de la puissance créatrice!
C'est à l'aquarium de M. Gosse que nous devons l'histoire des
Actinies ou Anémones de mer, ces poissons-fleurs dont les
marins et les pêcheurs, qui vivent pour ainsi dire avec eux,
ne soupçonnaient pas la beauté; car j'ai vu plus d'un de ces
vieux loups de mer, à l'aspect des Anémones dans l'aquarium
du Jardin, témoigner un véritable étonnement. Outre la pro-
fondeur des eaux qui les cache ordinairement aux regards,
lorsqu'on essaye d'y porter la main, les Anémones se con-
tractent, rentrent en elles-mêmes, et n'offrent plus au toucher
que des masses informes et gluantes. C'est l'aquarium qui
les a placées sous une lumière et dans des conditions qui
leur permettent d'étaler aux yeux leurs belles couleurs et les
merveilles de leur organisation. C'est en grande partie aux
révélations de l'acjuarium que nous devons le dernier ouvrage
de M. de Quatrefages, cette puissante svnthèse des métamor-
phoses, qui nous apprend les changements de formes et de
proportions par lesquels tout être doit passer pour, d'un
germe rudimentaire, devenir un individu complet; de telle
sorte que la belle loi du perfectionnement progressif, qui est
la loi de l'individu moral, paraît être aussi celle du dévelop-
pement corporel de la plupart des animaux. « Quel est celui,
» dit l'auteur, (pii, ayant passé quelques heures au bord de
» l'Océan, à l'heure du reflux, n'a pas remarqué le Ménade
)) {Pdihnius inn'iKis), le (^rabe enragé, comme l'appellent nos
» marins, celui (b^ tous ses congénères qui se hasarde le plus
» volontiers au grand jour, et qui, peu recliercbé à cause de
)) la sécheresse et de la pauvreté de sa chair, pullule à côté
» même des cabanes des pêcheurs?
» Avant de courir ainsi sur la plage, ce crustacé a nagé en
j) pleine eau sous l,i forme d'une Zoé. Il avait alors la tête et
» le thorax confondus sous une carapace presque globuleuse,
» armée de longues pointes dirigées en avant, en arriére et
» sur les côtés.... Il oiTrait bien d'autres dilférences d'organi-
LX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
» salion (voy. p. 108) Rien chez lui, en un mot, ne rappe-
}> lait ce Crabe à corps aplati, verdàlre, qui fuit sans trop de
» hâte devant le promeneur, et semble, dans sa marche obli-
» que et saccadée, lui adresser le geste bien connu des gamins
)) de Paris. »
L'image n'est pas de moi, messieurs, elle est de M. de Qua-
trcfages, de ce professeur qui, dans son enseignement, sait
unir les grâces de l'esprit au plus profond savoir.
C'est lui qu'il faudrait entendre parler de ces populations
des eaux qu'il connaît si bien ! Mais il m'a fait, à moi la malice
et à vous le tort de me laisser ce soin, et si je ne le savais aussi
bon que savant, je croirais que, du haut de sa science, il se
donne en ce moment le plaisir que l'on prend à voir un
mauvais nageur se débattre au milieu des flots :
Suave mari m ai] no
Ex alto, mayniim alk-rius spcclare laborein.
Mais inviter le directeur du Jardin d'acclimatation à parler
de l'aquarium, c'est inviter une mère à parler de son enfant,
un amoureux de sa maîtresse ; c'est se risquer en la compagnie
de ce châtelain qui, faisant visiter son domaine, ne ferait pas
grâce d'une laitue. Dussé-je donc vous tenir ici jusqu'à la nuit,
je ne vous ferai pas grâce d'un seul des mérites de l'aquarium.
En voici un dont il vous est sans doute arrivé de faire plus
d'une application : l'aquarium est une école, un théâtre de
moralités, qui ftiit en ce moment concurrence aux premières
scènes de la capitale.
On est autorisé à penser ainsi, d'après le nombre de ces
esquisses, feuilletons, charges, caricatures, où la ()lume et le
pinceau se plaisent à habiller les habitants d(^ l'aquarium de
nos vices et de nos passions, pour nous en donner la comédie.
Regardez, dit l'un, Bernard-l'ermile, ce Crabe en quête d'une
position sociale, c'est-à-dire d'une coquille dont la nature ne l'a
point pourvu. Que d'astuce ! Le voilà à l'aflùt d'un Burgaus ou
d'unBuccin; malheur aux imprudents, s'ils quittentun moment
leur demeure! Bernard-rcrmite s'y sera bientôt glissé à leur
place. N'est-ce pas l'image de l'adroite et patiente hypocrisie,
\)\us forte des Suites d'autrui que de sa propre habilct*'?
SUR l'aquarium du jardin d acclimatation. lm
Colui-ci inlilulc son cliapilro des Criislacés lntri</ur et
r/iirrrc. En clïet, que d'atta(iucs, que de poursuites, (lue do
chocs et de combats, entre ces êtres qui se dévorent et qui
vivent les uns des autres! Malheur aux vaincus, aux blesses,
aux faibles! La pitié, la miséricorde, le miser miser Is siiccur-
rere, sont des sentiments inconnus au monde animal.
Ce spectacle fait apprécier les sociétés humaines qui .sont
d'autant plus parfaites que le faible y trouve plus de protection.
Et l'Ecrevisse, commère l'Ecrevisse! Aujourd'hui encore n'a-
t-ellc pas avec sa lillc, devant ceux qui la regardent, le même
dialogue qu'au temps du bon la Fontaine :
MÎTC I-lcroxisso iiii jour à sa fille disait :
— Comme lu vas, bon Dieu! ne peut tu mairlier dioil?
— Et comme vous allez vous-même! dil la (ilie.
Puis-je autrement marclier que ne fait ma famille V
Veut-on que j'aille droit, quand on y va tortu !
Poui' moi, je suis convaincu que si la Fontaine vivait de
nos joiu's. Userait un des visiteurs les plus assidus de l'aqua-
l'ium, et qu'au sortir du Jardin d'acclimatation, il ne manque-
rait pas de demander à tous ceux qu'il rencontrerait : Avez-
vous vu l'aquarium?
Ce n'est pas tout. 11 faut, je le sais, aux inventionshumaines
m\ genre de mérite auquel, dit-on, notre société est plus sen-
sible qu'à tout autre, c'est leur utilité pratique; ce sont les
applications qu'on en |)eut faire à la satisfaction des besoins
et delà puissance de riiomme. Si l'aquarium ne réunissait pas
ce genre de mérite, l'aquarium ne serait pas de son siècle.
Vous en parlez, me pourrait dire quelque sévère économiste
comme d'une tille à marier. Voilà de bien belles qualités, mais
la dot? Cui hono? Oue peut rapporter l'aquarium? Ce que peut
rapporter l'aquariuiiil... Demandez-le à vos souvenirs de cette
histoire de la cultui^e des eaux dont, ici même, l'an dernier,
vous entendiez le inagnilique programme.
Demandez-le aux travaux de M. Coste, à ses aquariums du
Collège de France et de Concarneau, ces bergeries aquati(jues,
comme il les appelle lui-même, où la Truite, le Saumon, la
Sole, le Turbot, le Darbeaii, le Homard, la Langouste, la Haie,
LXll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
le Congre, pour ne parler que des poissons les plus connus,
s'accommodent du régime delà stabulalion, et se reproduisent
et s'engraissent comme les animaux de basse-cour (i).
Voyez-vous ce savant qui s'en va ensemençant nos ileuves
etnos côtes de la mer, et enseignant aux populations riveraines
tant de merveilleux secrets; qui transforme l'Océan en une
vaste Hibrique de substances alimentaires et l'ait naiire sous ses
pas l'ordre, le travail et la prospérité ! « Dans l'ile de Khé,
)) dit l'un des derniers rapports à S. M. l'Empereur, trois
» mille bommes, prolétaires la veille, sont descendus de l'inté-
B rieur des terres sur le rivage pour y prendre possession
» des fonds émergents. Lafoi de ces modestes ouvriers, éclairée
y> par un rayon de la science, a créé, sur quelques kilomètres
» d'une plage improductive, une plus abondante moisson que
» n'en fournit annuellement tout le littoral de la France.
)) En certaines localités, les ricbesses déjà acquises ont
» cliangé la condition sociale des populations maritimes. »
En effet, le Moniteur annonçait tout récemment la nécessité
de réglementer les nouvelles conquêtes de M. Coste, tant les
demandes de concessions se multiplient. Est- il un armateur
ou un industriel dont les navires et les mamitactures rappor-
tent davantage? Pour trouver une comparaison digne de ce
savant bienfaiteur de l'bumanité, il faut remonter aux pt.'r-
sonnages mytbologiques, à Gérés ou à Triptolcme, (jui ensei-
gnèrent aux bommes les inventions utiles. C'est par des
études préalables d'embryogénie comparée, faites devant son
aquai'ium, que M. Coste a préparé ses belles découvertes,
L'aiiuarium est l'Egérie de la pisciculture. Est-il possible de
calculer ce que peut rapi)ortcr l'observation exacte d'un fait
insignifiant en apparence? On lit partout que ce sont quelques
particularités bien observées des mœurs du Hareng qui ont
(1) Il laul aussi mellre de co iioiul)rc l'établisscmciU (riluiiingiic, dirigé
par M. Collines, ingénieur l'ii cluf des Iravaiix du iUiiii, ('•taijlisscmc'nl tuii-
quc dans li's annales di's nations. Créé par le gouvernement pour distri-
buer, indi>tinclenienl et gratuitement au\ étrangers comme aux Franniis,
les œufs fécondés des espèces de poissons les plus utiles. Magnifique lémoi-
guage de la libéralité de la France !
SUR l'aquarium du jardin d'acclimatation. LXIII
assuré à la Hollande les grands bénéfices de la })èclie de ce pois-
son, et lait pendant quelque temps de ce pays l'une des princi-
pales puissances maritimes du monde. De quelles grandes ex-
ploitations industrielles, de quels vastes commerces, de ([uelles
richesses l'aquarium ne peut-il pas être la source? Oui, j'en
jure par les eaux de l'aquarium, ses révélations peuvent être
plus fructueuses que les mines delà Californie, et que les opé-
rations les plus certaines de la Bourse.
Un dernier point sur lequel je veux tinir. L'a{jaarium porfc
à la rêverie, aux méditations religieuses et poétiques. Une pro-
menade à l'aquarium est uncleçon de la plus haute philosophie.
Par un de ces jours pluvieux, comme il y en a eu trop dans
cette saison, mais qui sont les seuls où l'aquarium soit vide,
vous est-il arrivé d'y entrer, .et là, solitaire et libre, de vous
[)orter devant chaque bac, et de vous laisser aller à la con-
templation de ce spectacle? Par un effet d'optique très rcmar-
(|uable, les objets grossissant sous le regard jusqu'à jirendrc
leur dimension naturelle (l), n'avez-vous pas senti ce que l'on
éprouve sur les bords de la mer, sous l'ogive des vieilles cathé-
drales, en face de toute grande manifestation de la puissance
divine? Votre dernière, comme votre première impression,
n'a-t-elle pas été un sentiment d'admiration? N'avez-vous pas
senti s'échapper de vos poitrines le cri d'un grand naturaliste,
ce cri d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire : Gloire à Dieu!
Tels sont les avantages de l'aquarium. Mais comme toutes
les belles et bonnes compagnies, ])Our en proliter, il veut être
fréquenté, non pas comme une curiosité agréable, mais comme
un cal)inet d'étude ; il faut le voir et le revoir souvent. C'est la
condition, vous le savez, de toute bonne observation.
(1) Cet effet (ropliqiio a été décrit par M. Théophile Gantier dans le cha-
înant article qiril a publié sur l'aquariu)!) (Moniteur du ',) lévrier 186 1).
Tout récemment encore Al. r.iiffier, Tun des administrateurs du Jardin, me
le signalait comme lui ayant élé indiqué par notre grand peintre de ma-
rine, M. Gudin, que Ton voit so.ivent à l'aquarium, ainsi que M. Troyon et
beaucoup d'autres peintres cc'lèbres. Cet ellet est comparable à celui du
stéréoscope, où les reliefs des objets ne se dégagent qu'après un moment de
contemolation.
iiAi'Poirr ...
AU NOM DE LA COMMISSION DFS RÉCOMPENSES O,
Pat- M. le comte «ï'KPKÊ.^BFSrïIL, J
Sccrclnire "ciil'ImI tic la SooIl'Ic.
Mesdames, Messieurs, • ■
Ainsi ([uc vous avez pu en jngrr par le compte rendu des
travaux de la Société, pendant le cours de l'année 1862, les
progrès de notre œuvre ne se sont pas ralentis. Nous avons
eu partout des résultats avantageux à constater, et la Société
est heureuse de pouvoir en récompenser quelques-uns aujour-
d'hui. Elle a cependant à regretter, cette l'ois encore , l'ah-
sence de renseignements suffisants sur un certain nomhre de
laits très intéressants.
Deux nouveaux prix spéciaux sont venus s'ajouter à la liste
déjà nombreuse de ceux qui avaient été institués successive-
ment. L'un d'eux a été fondé par l'un de nos collègues les
plus zélés de l'étranger, M. Louis Althammer, d'Arco (Tyrol);
l'autre est proposé par la Société elle-même.
Vous n'avez pas oublié qu'une médaille de 1000 Francs
l'ut décernée, dans notre précédente séance solennelle, à
M. Louis Althammer , pour la domestication de la grande
Outarde. Notre dévoué collègue, dont vous avez déjà pu appré-
cier le zèle ardent pour racclimatalion, a eu la généreuse
pensée de provoquer directement les succès dont il avait
donné l'exemple. Il a voulu (jue la valeur du prix (ju'il avait
si I)ien mérité fût réservée pour la fondation d'une médaille
destinée à récompenser la domestication d'une nouvelle espèce
(I) La Commission des r(5compciiscs t'iait ainsi composée :
Membres de droit : le vice-présidenl délégué, .'\1. Moqiiiu-Tandon, et le
Secrétaire général, M. le comte d'Éprémesnil.
Membres élus par le Conseil : IMM. Dcbaifïs, Jacquemart, le i)aron Sé-
gviier et L. Soubeiran.
Meml)ies élus par les ciiu| Sections : .MM. Bigot, Davin, E. Gillet de
Grandmont, V. ^îoreau et Walltit.
RAPrORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. L\V
dans lu classe des Oiseaux. La Société, sur la proposition de sa
Coounission spéciale, a donc arrêté le programme de ce prix
dans les termes suivants :
Piix fonde par M. L .%I.TII.«:?I.^BER. ilMrvo (Tyrol), iiicnihrc «le
^^-- la Soricté.
Domestication d'un nouveau Palmipède utile.
On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération produite
en cajitivité.
Concours ouvert jusqu'au 1'''' décembre 186G.
Prix : une médaille de 1000 francs. .
Un autre prix spécial avait également été décerné l'année
dernière pour l'acclimatation du Ver à soie de l'Ailantc.
Cette espèce nous était, en effet, définilivcment acquise; mais
après avoir encouragé le zèle des éleveurs, la Société, voulant
liàter l'application pratique de cette précieuse introduction,
a cru devoir proposer un prix pour l'emploi industriel de la
soie du Bomhijx Cynthia , et elle en a rédigé ainsi le pro-
gramme :
Application industrielle de la soie du Bombyx Cynthia, Ver à soie de l'Ailaiile,
et de ses métis ou congénères.
On devra présenter plusieurs coupes d'étoH'es formant eusendile au moins
100 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus du Bombyx
Cynthia ou de métis du Cynthia et de VArrindia, et sans aucun mélange de
matières étrangères. Les tissus en bourre de soie sont liors de concours.
Concours ouvert jusqu'au 1'"' décembre l.HCô.
Piix : une médaille de 1000 francs.
Les mérites des lauréats dont nous allons proclamer les
noms vous ont été exposés par notre honorable collègue
M. le secrétaire des séances, nous nous contenterons donc de
les signaler à vos applaudissements.
GONCOUHS ANNLELS. ' , ■ '
RÉCOMPENSES HORS CLASSE.
-^ Membres lioiioraircs.
M. Michel Issakoff. Délégué de la Société d'acclimatation
de Moscou, à Saint-Pétersbourg, xM. Issakofl s'est montré l'un
des plus zélés propagateurs de noire œuvre en Russie . Après
T. X. — Janvier et Février 18G3. e
LXVI SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
avoir été l'un des principaux fondateurs de la Société de
Moscou, il a pris , tout récemment encore , une très grande
part à l'organisation de son jardin zoologiquc, dont il a enri-
chi les collections d'un nombre considérable d'animaux. La
Russie doit en outre à M, Issakoff l'acclimatation de diverses
espèces de végétaux utiles.
M. Eugène Simon. Chargé par l'Empereur d'une mission
agricole en Chine et au Japon, notre dévoué collègue n'a eu
qu'une pensée, celle de doter son pays de toutes les richesses
naturelles qu'il pourrait recueillir ; et pour atteindre ce noble
but, il n'a reculé devant aucune des difficultés qu'il rencon-
trait à chaque pas. La Société lui devait ce témoignage de sa
reconnaissance.
Grandes Médailles d'or.
A M. Victor Bataille , à Cayenne , pour ses nombreux en-
vois d'animaux de la Guyane et du Brésil.
.4 M. René Caillaud, à Paris, pour ses travaux de piscicul-
ture fluviatile et d'ostréiculture.
A M. Brierre, de Saint-IIilaire de Riez (Vendée), pour ses
succès remarquables dans la culture de nouvelles espèces de
végétaux exotiques et leur propagation dans les départements
de l'Ouest.
Médailles de {ireiiiièrc et de seconde classe. .Mentions liono-
rahles, et Récompenses pécuniaires.
Première Section. -— Mammifères.
Mcidailles do 1'" classe. Médaille de 2' classe
(1" rappel de mrdaille.)
M. P. Uamel.
(Soitvellef: médailles.)
M""" la princesse Kotschoubey (Russie).
MM. John Bush (Anç;leteiTe).
Gawrii.off (Russie).
M. le vicomte Powerscourt
(Angleterre).
Premier faitpel de médaille de 1" classe : M. P. Ramel, à
Paris, pour le concours tout dévoué qu'il n'a cessé d'apporter
aux travaux de la Société.
MM. Boppe-Hkrmite.
T. ToALDi (Vénétie).
MM. P. Aquarone.
C.IHARD-DeSI'RAIRIES.
GlUT.
RAPPORT DE LA COMMISSIflN DES RÉCOMPENSES. LXVIP
Médailles de V classe: Madame la princesse Kotsciiou-
UEY, à Moscou, pour rinlroduclion en Russie des meilleures
races bovines d'Europe. ■ :
M. John Bush, trésorier de la Société d'acclimatation de
Londres, pour l'inlroduclion en Angleterre d'espèces nou-
velles de Mammifères et d'Oiseaux.
M. Gawriloff , à Moscou , pour l'élevage et la propagation
de la race ovine Romanowsky, en Russie.
Médaille de 2' classe : M. le vicomte Powerscourt, en
Irlande, pour l'introduction de races exotiques de Mammi-
fères.
Deuxième Section. — Oiseaux.
MdlniUc? lie \" classe. lléiUiilIcs ilc 2^ classe. Mentions honorables.
S. A. F. M""' la prinrcsse
d'Oi.DEMioURG (Piussie;.
MM. SiMdX.
Depl ANCHE (Nouvelle-
Calédonie).
Chaoot aîné.
Médailles de V classe: S. A. 1. madame la princesse
(I'Oldenbourg, pour l'introduction en Russie des meilleures
espèces de Gallinacés.
M. Simon , à Paris , pour la reproduction en captivité du
Colin d'Adanson.
M. Deplanciie, chirurgien auxiliaire de la marine, pour
■ 1 introduction de i»lusieurs espèces d'Oiseau.K à la Nouvelle-
Calédonie.
M. Ciiagot aîné, à Paris, pour des éducations d'Autruches
cl la culture du Coton au Sénégal, et l'introduction dans cette
colonie des meilleures espèces de végétaux alimentaires
d'Euro})C.
Médailles de '2' classe : M. Roppe-IIermite, pour ses édu-
cations variées d'Oiseaux de vohère et de Gallinacés de choix,
et pour ses cultures de végétaux exotiques.
M. TranquilloToALDi, à Dolo (Vénélie), pour ses heureuses
tentatives d'accli matai iuii d'espèces nouvelles d'Oiseaux en
Italie.
LWIII snClÉTl': IMI'ÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Mejitmns lioiionibles : M. Paul Aquaro.ne, de Toulon, pour
ses édacations d'Oiseaux de basse-cour el de volière.
M. Girauu-Desprairies, à la Coquerie de Longueville, près
de Granville (Manche), pour l'inlroduclion de l'Oie à tète noire
et à collier de Terre-Neuve. . ^irtf?
M. GiOT, agriculteur, à Clievry (Seine-et-Marne), pour les
services rendus à l'élevage des Gallinacés et à l'agriculture
par son poulailler roulant.
Troisième Section. — Poissons, Crustacés, Annélides.
Méilaillcs ilc 2» classe. Ucconipcnscs pocu.iiaircs.
1' Piscicnlliire fluvialile.
MM. Chkvallereau.
Rocer-Dksgenettes.
M. Wançon.
liécompcnso ilc 100 francs.
2° Pisciculture marine cl ostrOic(l!tur^.
M. Renoue.
Avec une récompense de 50 francs, oflcrlc
par le Jardin J'acclimalalicn.
M. LeI'REM.E.
liccompensc do 100 francs.
3' liiriulliiiciiliiirr.
M. Cil. Kruchieu.
Médailles de 2'' classe : M. G. Cfievallereau, membre du
Gonseil général de la Vendée, à Sainle-IIerminc (Vendée),
pour ses remarquables travaux de pisciculture.
M. Uoger-Desgenettes, à Saint- Maur, prés de Paris, pour
ses heureuses expériences de pisciculture.
Prime de iOO fra?ics : M. Wançon, pêcheur à la Presse
(Vosges), pour ses procédés avantageux de transport du pois-
son vivant.
Médaille de 2'' classe : M. Renoue, pêcheur à Cherbourg,
pour ses nombreux envois d'animaux marins destinés à l'aqua-
rium du Jardin d'acclimatation. L'administration du Jardin
a en outre accordé à M. UenouC une réconq^ense pécuniaii'e
de 50 francs.
Prime de JOO francs : M. Leprelle, garde particulier des
parcs à Huîtres de la Tranche (Charenle-Inrérieure), pour le
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXIX
zèle qu'il apporte dans la surveillance et la conservation de
ces parcs.
Médaille de 2" classe : M, Cli. Fruchier , à Mezel (Basses-
Alpes), pour ses travaux de pisciculture, et, en particulier,
d'élevage des Sangsues.
Quatrième Section. — Insectes.
Médailles de 1'° clasfo. Médailles de 2* classe. Mentions honorables.
MM. Jacquier.
Gross (Suisse).
Pravert (Véiiélie).
Gai BuRNOD (Russie).
{!" rappel de jni'daille.)
M'"" veuve Boucarit.
(Nouvelle médaille .)
M"^ la comtesse de L.\r,É-
DOYÈRE,
MM. de MiLi.Y.
Mever (Uruguay).
.1. Pinçon.
Premier rappel de médaille de 1" classe : Madame veuve
BoucARUT, à Uzès (Gard), pour ses belles éducations de Vers
à soie du Mûrier.
Nouvelle médaille de V" classe : Madame la comtesse de
Labédoyère , pour ses succès constants dans l'éducation des
Vers à soie du Mûrier.
Médailles de 2" classe : M. de Milly, au château de Canenx
(Landes), pour ses succès dans la culture de l'Allante et
l'éducation du Bombyx Cijnthia.
M. Meyer , à Montevideo , pour l'introduction du Bombyx
Cynthia dans l'Uruguay.
M. .1. Pinçon, agent comptable de la Compagnie du Jardin
d'acclimatation du bois de Boulogne , pour ses procédés
d'éducation des Vers à soie du Mûrier.
Mentions lionorables : M. le capitaine Jacquier , à Troyes,
pour ses intéressantes expériences sur les Vers à soie du
Mûrier.
M. Gross , à Grunningen (Suisse) , pour ses éducations de
Vers à soie du Mûrier et de l'Ailante.
M. Pn.WERT, à Padoue, pour la propagation des Vers à soie
de l'Allante.
M. le général Burnod, à Odessa, pour l'inlroduclion du
Bombyx Cynthia en Russie.
LXX SOCIETE IMPEUIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
Cinquième Section. — Végétaux.
MéduiUos du 2'' classe.
MM. ilAYES (Hindoust:ni\
lie Lacehda (liiésil),
LoAUEU (Indes).
Montions lionoi'aUles.
MM. RosMi:S.
David.
Môdailles de 1 '* classe.
[Rappel de médaille de vermeil.]
M. Philippe.
(1" rappel de mcdaille.)
M. Denis.
{.\ouveUes médailles.)
MM. Daiîry (Cliiiie).
GAULDRÉE - lîOILLEAU
(Canada).
Marquis de FouRNÉs.
Arnaud.
A. Sicard. ;
' Bappcl de médaille de vermeil : M. Philippe, jardinier en
chef du jardin botanique de la marine à Sainl-Mandrier, près
de Toulon, pour ses succès très remarquables dans la culture
des végétaux exotiques. ■
Premier rappel de médaille de 1' classe : M. Denis , à
Hyères (Yar), pour ses beaux résultats dans les mômes cul-
tures.
Médailles de i" classe : M. Dabry , consul de France en
Chine, pour l'introduction d'un grand nombre de végétaux
chinois.
M. Gauldrée-Boille.ui, consul général de France à Ouébcc,
pour l'envoi des meilleures essences forestières et fruitières
du Canada.
M. le marquis de Fournès et M. Arnâid , à Remoulins
(Gard), pour leurs heureux essais de culture du Coton en
France.
M. le docteur Adrien Sicard , de Marseille , pour ses inté-
ressantes cultures de végétaux exotiques, pour les applica-
tions industrielles qu'il a su en fiiire. et pour ses expériences
d'éducations de Vers à soie et de pisciculture.
Médailles de 'l' classe : M. de Lacerda, à Daliia (Brésil),
pour ses importants envois de végétaux brésiliens.
M. LoAiiER, à AUahaltad (Indes), pour l'introduction en
France et en Algérie de plusieurs espèces de végétaux des
Indes.
RAPPORT nE LA COMMISSIOiN DES RÉCOMPENSES. LXXI
Mentions; honornbles : M. Uosalès, ancien chargé d'affaires
du Chili, pour ses envois de végétaux de l'Amérique du Sud.
M. David, ancien rninislrc plénipolenliaire, pour la propa-
gation de la Pomme de terre dite d'Australie.
Prinïcs aniiucllcs fondées par un mcniliro nnon;^nic
de la Société.
Ces deux primes ont été décernées, la première, de 200 fr.,
à M. Plet ; la seconde, de 100 francs, à M. Rouard; tous
deux faisandiers au Jardin d'acclimatation du l)ois de Bou-
logne, pour le zèle qu'ils ont montré dans leurs fonctions.
Une prime de 100 francs a été également accordée, par
l'administration du Jardin d'acclimatation, à M. Wilson,
gardien de l'aquarium , pour les soins exceptionnels qu'il
apporte dans son service,
RAPPORT
DK LA
h':
COMMISSION DE COMPTABILITÉ
DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION
Composée de MM. Passy, Dupin, '
et n. Frédéric JACQUEMART, rapporteur.
(Séance du G mars 1863.)
Messieurs,
Votre commission des finances vient vous soumettre le tableau des recettes et
des dépenses de la Société pendant l'année 1802, et vous présenter la situation
financière au 31 décembre dernier.
De l'examen de toutes les pièces est ressortie la parfaite régularité des écri-
tures. Nous venons, en conséquence, messieurs, vous proposer de voler des re-
mercîmenls à M. le trésorier, dont le zèle désintéressé est toujours le même.
Recettes en 1862.
Au 31 décembre 1801, il y avait en caisse 2.5,687 fr. 64
Pendant l'année 1862, les recettes se sont élevées, confor-
mément au tableau n" 1 ci-annexé, à 93,950 7.")
D'oîi le total des sommes qui sont entrées dans la caisse de
la Société pendant l'année 1862 s'est élevé à 1 19,638 fr. 39
Nous ne disons pas que ces sommes ont été à la disposition
de la Société, parce qu'une fraction, qu'on ne saurait négliger,
et dont nous verrons le détail plus loin, n'est entrée dans la
caisse qu'à titre de dépôt.
Dépenses en 1862.
Les dépenses se sont élevées à 11 1,783 fr. ii
y compris l'acliat, moyennant 39,974 fr. 20 c.
de 132 obligations de cliemins de fer garanties
par l'État, savoir :
52 obligations du Midi... . 15,962 fr. 80
80 obligations du Dauphiné. 24,011 40
39,974 fr. 20 39,974 20
Ces valeurs, qui figureront plus loin dans le
disponible au 31 décembre 1862, ne sauraient
être comprises parmi les dépenses proprement
dites de la Société. Les dépenses en 1802 se
trouvent donc réduites à 71,809 fr. 24
Mais à ce cliiffre il convient d'ajouter ce qui
reste dû :
1" A l'éditeur :
Pour l'achat de Bulletins antérieurs 156 »
A reporter 71 ,905 fr. 24 1 1 9,638 fr. 39
,790
96
,517
52
612
/iô
537
»
506
55
620
»
RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTADILITÉ. LXXIII
lieporl 71,905 fr. 24 119,638 fr. 39
Pour divers 192 45
Pour solde des frais relatifs au Bulletin de
1862
2° A Souliard, pour solde des frais de nour-
riture et du transport du troupeau 2,517
3" Le solde de la nourriture des Lamas et
Alpacas mis en dépôt
4° A la Société des Alpes, pour nourriture
de 3 yaks au 4 février courant
5" A la Société du Jardin d'acclimatation,
son compte courant
6° A M, Althammer, du Tyrol, le solde du
prix que vous lui avez décerné
Ce qui élève la dépense totale pour 1862 à 82,747 17 82,747 17
L'excédant des recettes sur les dépenses est donc de 36,891 fr. 22
En outre, il est dû à la Société sur les cotisations arriérées,
savoir :
Pour 1856 à 1859 825
— 1860 1,379
— 1861 2,187
— 1862 6,111
10,502 fr.'
Nous ne pensons pas qu'il soit prudent d'évaluer à plus de. , 5,200 fr. a
la somme qu'on peut espérer recouvrer sur cet arriéré.
Ce qui porterait le disponible à ^2 091 fr '>'>
Mais la Société doit ce qu'elle a reçu en dépôt pour :
La famille Hemy 385 f,., 95
La statue de Daubenton 6,737 15
Le prix Althammer 1,000 »
Le prix Thellier-Desjardins .ôOO «
Le prix Dutrône /iOO »
La médaille Guérineau 350 »
La seconde médaille Guérineau 450 »
Le don A. G 324 40
Une médaille d'or 260 »
Le prix Sacc 100 »
Le prix Chagot, solde 20 »
Dû à divers 130 „
Total dû à divers 10,656 fr. 80 10,656 fr. 80
Ce total, déduit du précédent, donne une différence de 31,434 fr. 42
représentant la somme à la disposition de la Société au 1"" jan-
vier 1863, toutes ses dépenses étant payées.
Au 1*^' janvier 1862, le disponible s'élevait à 30 C82 09
Votre réserve pendant l'année écoulée ne s'est donc au"- — -^ .
mentée que de 752 f^ 33
C'est-à-dire, messieurs, que vous n'avez fait aucune économie. Ce n'est pas un
reproche que nous vous adressons, car nous devons savoir dépenser notre argent
chaque fois qu'une occasion favorable se présente pour faire une chose utile;
mais c'est un avertissement que nous vous donnons pour que vous régliez votre
zèle sur vos ressources.
LXXIV SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
L'accroissement de la réserve avait clé :
En J857, de 11,073 fr. »
1858, de 12,323 04
1859, de 15,01/i 70
18G0,de — 9,1GG 01
18G1, de 11,1G3 Zi5
En résumé, la Société possède aujourd'luii, non compris les animaux :
Valeurs disponibles 3i,/i34 fr. 42
à prendre sur 132 obligations de chemins de fer garanties par
l'État, et d'une valeur de 39,974 fr. 20.
100 actions du Jardin d'acclimatation 25,000 »
20 obligations des Ardennes (fondation de M. A. G.) dont le
produit doit être distribué en récompenses annuelles 6,134 >
Total G2,5G8 fr. 42
On continue, en verlu des pouvoirs que vous avez donnés, de rayer des
listes les personnes qui, en retard de deux années de leur cotisation, ne font au-
cune réponse à un avis préalable.
Le nombre des radiations, qui avait été de 195 en 18G1 , a été de 298 en 1862.
Il ne figure pins sur les listes que 177 membres douteux ou en retard.
Cette vérification des listes vous explique comment, malgré de nombreuses
admissions annuelles (288 en 18G2), le nombre des membres croît lentement
depuis plusieurs années.
Au 1'"' janvier 18G3, après ces radiations, la Société comptait 2505 membres,
dont : 43 mendires honoraires,
18 sociétés affiliées,
150 souscripteurs défmilifs,
2295 membres payants, dont 49 sociétés agrégées et 177 membres douteux.
Plus de la moitié de ces retardataires sont des étrangers. C'est pourquoi votre
Conseil prie de nouveau, dans l'intérêt du service, MM. les membres de la So-
ciété qui lui présenleioiit des candidats étrangers, de les inviter à se libérer par
une cotisation définitive, toutes les fois que cette proposition pourra sans incon-
vénient être faite aux candidats.
Le nombre des souscriptions définitives s'est augmenté de 31 dans l'année
18()2. Il était de 150 an 31 décembre dernier. Nous vous proposons d'élever de
1G,000 à 20.000 IV. la réserve, dont les intérêts doivent couvrir largement les
dépenses annuelles occasionnées par les souscripteurs définitifs et telles que l'envoi
des P)idletins et une partie des frais géiu;ranx.
G7 obligations du Dauphiné, à prendre sur les 80 que nous possédons, consti-
tueraient cette réserve.
Ikcelles de 1862.
Vousavezvu,messieurs,que lesrecettespourl862s'élevaientà 93,950 fr. 75
Elles se composent de :
3,075 fr. » Dons faits à la Société :
Par M. Dén.idoir 75 »
Par le ministère de l'agriculture et du com-
merce, allocations pour 1860-1861. ... 3,000 »
292 » Intérêts de la fondation A. G.
60,713 » Cotisations perçues, dont :
9,161 fr. cotisations arriérées.
48,757 cotisations 1862.
2.795 cotisations 1863.
60,713 fr.
64,080 fr. » A reporter.
RAPPORT DE LA. COMMISSION DE COMPTABILITÉ. LXXV
Ci5,080 fr. » licport.
8,030 » :51 colisation? définitives. •
359 » Vente des Bulletins des années précédentes.
170 » Vente de médailles do la Société.
30 » Vente de trois g-ravures des Yaks.
3G » Vente d'une collection photographique du Jardin.
11 75 Vente de vieux papiers.
1,000 » Vente d'un Lama à la Société zoologique des Alpes.
7,500 « Versementdel'Empereurpoursoldedes Alpac3setLamas(1860).
700 » Loyer de la Société protectrice pour 1802.
379 GO Intérêts des fonds placés. • : •
l,y"') » Allocation pour l'introduction des Éponges, savoir :
Par le ministre de l'agriculture 070 fr. »
Par le gouverneur général de l'Algérie 1 000 »
'1,850 » Fondations de prix, savoir:
l'ar M. Dutrùne pour la propagation de la race
Sarlabot (Bœufs sans cornes) /lOO »
Piix Delalande, par madame Ouérineau ... /jâo »
Pur M. Altliammer, pour l'introduction etl'ac-
cliniatation d'un nouveau palmipède 1,000 »
7,754 AO Fonds déposés, savoir :
Par la famille Piemy 114 /lO
Par les souscripteurs de la statue de Daubenton 7,(540 »
Le total des souscriptions pour celte statue re-
çues au 1" janvier s'élevait à 10,840 »
11 est aujourd'hui de 13,018 »
Cette somme est encore insLilTisante pour rémunérer convenable-
ment l'artiste et pour couvrir les trais du piédestal ; une
somme totale de 15,000 à 17,000 fr. serait nécessaire. Nous
• , . . ''5'suiis donc appel à toutes les personnes de bonne volonté qui
"'auraient pas encore réalisé leurs intentions.
, . Cependant l'œuvre s'avance ; l'artiste, M. Godin, a terminé le
modèle en terie de grandeur définitive et l'a soumis à l'exa-
men de votre commission.
1 hn acceptant la slalue, votre Commission, par la bouche de son
président, M. le comte de Nieuwerkerke, a donné à cette
œuvre des élo-es d'autant plus llatteurs pour l'auteur, d'au-
tant plus satisfiiisants pour vous, qu'ils étaient prononcés par
un juge dont le talent est plus élevé, le goût plus pur.
Aujourd'hui les praticiens sont à l'œuvre, et dégrossissent le
marbre.
80 » De divers.
93,950 fr. 75 Chiffre égal à celui des recettes pour 1862 indiqué plus haut,
et de beaucoup supérieur à celui des années précédentes.
Cette supériorité est en très grande partie accidentelle et due
aux causes suivantes :
1" L'allocalion ministérielle pour 1861 n'a été touchée qu'en 1802,
^O'I 1,500 fr.
2" Une plus grande activité dans le service extérieur a produit
des rentrées à valoir sur l'arriéré plus considérables de 5,657
que pour les autres années. On ne peut plus compter sur un tel
excédant.
3" La régularisation de l'arriéré a. aussi amené, dans le produit
des souscriptions définitives, un excédant de . 4 ,GS5
A reporter 11,842 fr.
3,635 fr
»
15,395
90
100
»
356
»
192
fib
1,/188
90
8,109
92
LXXYI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
lieport Il,8/i2fr.
li° Cotisations payées à l'avance sur 1863 2,795
5° Prix fondés par îles tiers, pour ] ,850
6" Les fonds qui nous ont été déposés momentanément 7,754
7° Enfin nous avons touché sur un compte arriéré un solde de . . 7,500
Ainsi le total des recettes qu'on peut appeler extraordinaires,
pour l'année 1862, est de 31,7/i 1 fr.
Ces observations nous ont paru nécessaires, afin que vous ne considériez pas
comme trop faibles les chiffres que nous vous présenterons plus loin, lorsque nous
établirons l'aperru des recettes pour l'année 1863.
... Dépenses de 1802.
Passons mamtenant à l'examen des divers chapitres des dépenses, dont l'en-
semble s'élève à 82,747 fr. 17
Savoir :
Solde du Bulletin de 1861.
Bulletin de 1862, servi à 2546 exemplaires.
Gratification au metteur en pages du Bulletin.
Achat à M, Masson du Bulletin antérieur pour les nouveaux
membres.
A M. Masson, frais divers.
Solde de l'entretien du troupeau de Soiiliard pour 1861 .
Troupeau de Souliard, frais d'entretien pour le troupeau en 1862,
et transport sur des points divers des bêtes qui le composaient.
Vous avez pensé, messieurs, que l'expérience faite à Souliard
était suffisante, et qu'il n'y avait plus de raison pour vous
imposer une charge annuelle de 8,000 fr. Vous avez, en
conséquence, décidé que les animaux seraient placés par
groupes chez des éleveurs intelligents, aux conditions du
cheptel, de manière à intéresser les éleveurs à la propagation
même de nos .■niimaux.
Nous avons la conviction que, guidés par les conseils que M. Ri-
chard a bien voulu leur donner, dans une note que le Bulle-
tin publie , les chepteliers réussiront. Enfin, pour stimuler
leur zèle, vous avez décidé que des primes, d'une valeur totale
de 15,000 fr., seraient accordées : 1° pour la propagation des
Yaks et des métis d'Yaks et de Vaches de travail; 2" pour
leur dressage et leur emploi comme bêtes de travail ; 3" pour
la propagation do la Clièvre d'Angora de pur sang; 4° pour le
renouvellement de la race à l'aide de métis.
1 Vous avez ainsi sept cheptels pour les Yaks et leurs métis, com-
posés dans leur ensemble de 7 mâles de pur sang, 7 femelles,
4 métis, 6 vaches d'Aubrac ; et 5 cheptels pour les Chèvres
d'Angora et leurs métis, représentant 14 Boucs et 25 Chèvres
V ■ lie pur sang, et 52 Chèvres mélisses.
Nous ne voulons pas quitter ce sujet sans demander à l'assemblée
de vouloir bien voler des remercîments à M. Richard (du
Cantal), pour le concours qu'il a bien voulu donner aux expé-
riences de la Société comme directeur du troupeau de Souliard.
942 » Yaks du Tibet. Payés à la Société des Alpes pour frais de nour-
riture des Yaks, du 10 décembre 1861 jusqu'au 4 févr. 1803.
30,220 fr. 23 A rqwrter.
RAPPORT DE L.\ COMMISSION DE COMPTADILITE. LXXVII
30,220 fr. 23 Hrporl.
La Société a proposé à la Société des Alpes de prendre cesbôtcs
à cheptel ; cet article de dépense serait ainsi supprimé.
C12 45 Lamas et Alpacas. Solde des frais de nourriture de G Lamas
et Alpacas et de 4 jeunes, jusqu'au '2^ juillet 18G2.
L'anncedcrnière, à pareille époque, nous vous disions que les 4 La-
mas femelles de ce petit troupeau ne tarderaient pas à mettre br.s.
bu 0 mai au à juillet 18G3, elles nous ont donné chacune 1 jeune
mâle. Ces animaux robustes, bien conformés, se sont élevés et
développés de la manière la plus heureuse. Le 24 juillet,
les 10 tètes étaient réintégrées au Jardin d'acclimatation.
2,383 55 Zébus, nourriture et garde de 14 Zébus au Jardin de Marseille.
Ces Zébus ont été donnés par la Société au roi d'Italie, à la
Société de Victoria, en Algérie, à la Société de Grenoble et
au Jardin d'acclimatation.
(jOO 88 Ports d'animaux venant d'Australie et du Japon.
411 95 f'.hèvres d'Angora, transport à Bayons et à Toul.
176 « Montage d'animaux.
82 45 Frais de voyage pour visiter les Moutons de M. Lagabbe, des
Vosges.
91 M Vers du Ciiène du Japon, frais divers.
125 75 Frais de transport, de distribution et d'achat de graines diverses.
506 55 Notre compte courant avec le Jardin d'acclimatation.
5,563 75 Éponges. Frais de toute nature pour se procurer des Éponges vi-
vantes sur les côtes de Syrie et les transporter sur les cotes du
midi de la France. Cette tentative, pour laquelle nous avons
reçu 1,970 fr. d'allocation, ne coûte réllenient que 3,593 fr.
75 cent, à la caisse de la Société. Malgré le dévouement de
notre confrère M. Lamiral, auquel nous nous plaisons à reii-
die justice, la tentative a échoué. Les éléments et la méchanceté
des hommes ont été contre nous. Leur action destructive a été
assez rapide pour ne pas nous permettre de savoir si quelques
F[ionges auraient bien vécu dans leurs nouvelles conditions.
Ajoutons que cette question est tout à fait neuve, que bien peu de
personnes y peuvent porter la lumière, et que M. Lamiral, aussi
modeste qu'il est dévoué, avait, avant son départ, consulté les
savants les plus compétents, et agi d'après leurs indications.
Cette première épreuve ne vous a pas découragés, puisque vous
avez dernièrement exprimé le désir que la question fût remise
à l'étude, et que M. Lamiral voulût bien accepter une nou-
velle mission.
4,929 50 Exposition de Londres, savoir :
Prix de Finstallation 2,500 fr. »
Frais pour la vitrine 292 50
Montage d'animaux et port 266 85
Impression d'une notice 654 50
Frais de voyage 1 ,216 15
4,929 fr. 50
Cette exposition nous a entraînés dans une dépense considéra-
ble ; elle a demandé beaucoup de soins à M. Davin, qui a pré-
sidé avec tant de goût à l'organisation de nos vitrines, et qui,
f:our les mieux orner, s'est dépouillé, en notre faveur, de tous
45,803 fr. 06 A reporter.
LXXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
/15,803 fr. OU /îc;.o)7. ■ ■ ■ • ' ' '' -
' ' ■ ■ les magnifiques tissus qu'il avait fabriqués avec les toisons
d'Angoras, de Chameaux, d'Alpacas. de Lamaset de Vigognes;
clic a donne un surcroît de peine et de travail à notre agent
général, qui a dû se rendre plusieurs fois à Londres. Néan-
moins nous ne saurions regretter la décision de votre Conseil.
11 était utile de faire connaître au peuple le plus positif de la
terre, à tous ceux qui ont visité Londres, les tendances émi-
nemment utiles de notre Société.
Le succès, d'ailleurs, a couronné nos efforts. Jl. le président
. , ' vous lappelail dernièrement que 3 médailles avaient été
• ■• • :'. : accordées à la Société, et 2 médailles et 2 mentions à ses
collaborateurs.
3,500 » Exposition universelle de volatiles au Jardin trarclimalalion,
subvention donnée au Jaidin.
Vous avez voulu, avec le concours du Jardin d'acclinialalion,
entrer dans une voie iiratiquc. 11 ^ous a paru convenable,
pour débuter, de laire un appel à tous ceux qui élèvent, soit
des oiseaux de basse-cour d'introduction récente, soit des
races françaises, et de les encourager par des récompenses
données aux éleveurs les plus habiles et pour les races les meil-
leures.Vous avez été hciu'eux surtout de mettre en évidence et
de propager les excellentes races françaises qui, confmées sur
certains jioints du lerriloirc, mériteraient, dans l'intérêt de
l'éleveur et du consommateur, d'être plus lépandues.
, . ' Cette première tentative a eu un plein succès, et vous avez dé-
cidé qu'elle serait renouvelée au mois d'avril prochain.
Plufieurs de vos membres ont pensé qu'une exposition univer-
selle de la race canine présenterait un véritable intérêt scien-
tilupie, et serait d'une grande utilité au [loinl de vue du re-
censement, de la conservation, cl, jiour ainsi dire, de la
réhabilitation de nos vieilles et si bonnes races françaises.
Celle (xposition aura lieu au .lanlin, du 3 au 10 mai 18()3.
Votre Conseil s'est mis d'accord avec lu Jaidin d'aicliinatation
siH' ces divers points; il a airèté le progranunc des Exposi-
tions, et a fixé à 7,000 fr. la subvention à donner au Jardin,
qui juend à sa chaige les frais et les risques de toute nature.
En outre, il a été convenu que pendant les expositions l'en-
trée du Jardin serait libre pour les membres de la Société
imjiériale.
7,039 95 Séance annuelle des récompenses, soit : - •
5,S2'i fr. 90 Prix et récompenses.
JSS 'lO Séance publique.
70G iô Imprimés.
Il est bon de vous rappeler que dans ces 5,S2'i fi'. i)0 de récom-
I)cnses figuient le prix lie 2,000 Ir. donné par M. Chagot
pour les Autruches, et le juix annuel de 300 fr. de M. A. G.
9^625 « Trailement du jiersonnel, cmplojés cl gratifications en 1802.
Volrc Conseil a considéré comme un acte de justice de douner à
M. Hubert, votre agent général, une haute marque de sa sa-
tisfaction, en élevant ses émoluments.
Le Conseil a aussi décidé qu'on prendrait un jeune employé de
jilus pour sulbrc à la tâche, l'ar suite de ues lucsures, les
fiais du pcisonncl s'élèveront, en 1803, à 9,800 IV.
05,908 fr. 01 .1 rcporicr.
r.APPORT DE
LA
COMMISSION
•. 01
Report .
05
Frais généraux,
savoir :
l
3,000 fr.
»
'-
3,700 fr,
.80
1
<
i
1(32
1,701 fr,
2,871
05
45
30
. 55
75
• '
6,527
25
1
1,354
277
321
!)5
75
25
DE COMPTAMILITE. LXXIX
65,968 fr.
12,115
Loyer.
Impôts.
Assurances.
C.liauffagc.
Ports et affrancliissements.
Impressions, lilliographies.
Frais divers.
Fournitures de bureau.
Distributions diverses.
, iny ( Diplômes, gravures sur bois et fihotographies du
' ' ( .lardiu, faites pour l'Exposition de Londres.
Quelques collections sont à la disposition des ama-
teurs.
500 » Indemnité pour la rédaction d'instructions géné-
rales destinées aux voyageurs.
190 » Acliats de tliermomèlres et d'aréomètres.
Ces instruments, vérifiés et distribués par les soins de M. Millet,
servent , les premiers à mesurer la température des eaux
douces ; les seconds, à faire connaître les degrés de salure les
plus favorables pour les diverses éducations faites dans les vi-
viers du littoral. — De l'ensemble de ces observations, faites
sur beaucoup de points à la fois, résulteront des données pré-
cieuses pour la pisciculture et pour la science.
Dépense pour le mobilier.
A M. Cbagot, riiilérèldcs 2,000 fr. déposés par lui pour le prix
des .4utrucbes.
Facture de 4 médailles de M. de Montigny. • ' v
Frais de recouvrements en province et à l'étranger.
L'élévation du cbiffre de ces frais ne vous surprendra pas, si vous
vous rappelez les sommes importantes qu'on a fait rentrer sur
des cotisations arriérées depuis plusieurs années, et les 298
radiations qu'on a fiites par suite de non-payement.
Ce sont là des circonstances extraordinaires qui ne se représen-
teront plus, il faut l'espérer.
1,350 )) Deux statuettes de bronze de Daubenton, dont l'une de 1,200 fr.
Celte dernière a élé acbelée à l'artisle qui avait fait le premier
modèle de la statue de Daubenton, et dont l'œuvre n'a pas été
désignée, lors du concours, pour être exécutée en marbre.
2,031 » Payements à valoir fur le prix de la statue de Daubenton.
53
25
00
»
40
»
1,130
06
82,747 fr. 37 Total des dépenses.
Ce cbiffre de dépenses 82,747 fr. 37, qui se réduit à 76,760 fr. 37, si nous
eu déduisons ce que nous avons payé pour la statue de Daubenton , pour le
prix Chagot, et les allocations reçues pour les Éponges, n'en est pas moins très
élevé, et nous devrons, en 1863, nous maintenir notablement au-dessous.
Néanmoins nous répéterons, en terminant ce chapitre, que l'actif net de la
Société, au 31 décembre 1862, s'élève à 62,568 fr. 42 c.
En outre, la Société possède de nombreux animaux dont le délai! est consigné
au tableau n" 3.
Nous allons vous présenter un aperçu des receltes et des dépenses pour 1863.
Valeurs disponibles pour 1863.
Les valeurs en caisse au l^"" janvier 1863 s'élèvent, ainsi que nous vous
l'avons dit plus haut, à 31,434 fr. 42 c. ; mais vous avez décidé que sur celte
LXXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
somme, 20,000 fr. seraient mis en réserve afin de produire un revenu suffisant
pour le service des 150 souscripteurs définitifs.
Il resterait donc au 1" janvier, valeurs disponibles, ll,'43i fr. 12 c.
ReccUes pour 1863.
Souscriptions renouvelées 2100 sur 250."^, déduction faite de A05, représentées
par 150 souscriptions définitives, /iO membres honoraires, 18 Sociétés affiliées
ne payantpas, eli94 membres douteux, soit 52,500 fr.
Dont il faut déduire pour cotisations payées par avance en 18G2 2,800
Il reste net 49,700 fr.
Souscriptions nouvelles, 250 (au lieu de 295 en 1862), à 30 fr 7,500
Souscriptions définitives, 20 (au lieu de 30 en 1862), à 260 fr.
=:5,200 fr., dont moitié doit être mise à la réserve ; soit, net. 2,600
Allocations du ministre et dons 1 ,600
r.cvenu des capitaux 2,000
Revenu de la dotation A. G 300
Loyer de la Société protectrice ^'^"^
Produit de la vente de l'Annuaire * ^*^"Q
Total des receltes probables en 1863 65,100 fi'.
Dépenses pour 1863.
Loyer, impôts, assurances, cliautfage 3,800 fr.
Bulletin, 3000 exemplaires ; • 15,000
Irais généraux : poste, imprimés, fournitures de bureau, dis-
tributions, divers, etc., 10 pour 100 de plus qu'en 1862 7,200
Recouvrements en province "^^^
Traitement des employés 10,000
Séance annuelle, récompenses, imprimés et frais 2,700
Nourriture des Yaks des Alpes 300
Expositions au Jardin d'acclimatation 7,00() <
Impression de l'Annuaire 3,176
Souscription pour les ouvriers cotonniers ^" ^
Total des dépenses pour 1863 50,056 fr.
Si des recettes probables pour 1863 65,100
nous retranclioiis la dépense probable 50,0o6
on trouve un excédant de recettes de 15,311 fr.
Cet excédant, joint à l'encaisse du 1" janvier 1863, qui, après
le prélèvement d'une réserve de 20,000 fr., se réduit à 11^131 fr. 12
donne pour l'année 1863 un total disponible de 26,778 fr. 42
C'est-à-dire, messieurs, qu'après avoir payé toutes les dépenses prévues à
votre budget, vous pourriez, sans toucber à votre réserve, disposer d'une somme
de 26,778 fr. 12 c. Certainement vous n'bésiteriez pas, en vue d'une œuvre du
premier ordre par son utilité , à user de toutes vos ressources. Mais en dehors
d'une circonstance de cette nature que nous ne prévoyons pas aujourd'hui, nous
vous engageons fortement, et autant que les circonstances le permettront, à aug-
menter vos réserves d'une portion notable de cet excédant. En parlant ainsi,
nous ne sommes pas dominés par le désir mesquin de thésauriser, mais nous ne
saurions oublier que d'ici au mois de février 1868, vous pouvez avoir à payer une
somme totale de 31,000 fr. pour les divers prix que vous avez proposés.
Tvous sommes aussi pénétrés de celte pensée, qu'avec une réserve sagement
préparée, vous serez toujours en mesure de profiter des occasions favorables, et
qu'à un jour donné, il vous scr;.it possible de tenter de plus grandes expériences,
d'obtenir de plus grands résultats, et de rendre plus éclatants les bienfaits de li
Société impériale zoologique d'acclimatation.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE.
■ SUR ':■-■• .
LES YAKS DU TIBET ET LES CHÈVRES D'ANGORA
t^}. Par M. RICHARD (du Cantal),
Vice-président de la Société.
(Séance du 6 février 1863.)
Monsieur le Président, ' .
Je viens vous communiquer les observations que j'ai pu
faire sur les animaux que notre Société avait déposés à Sou-
liard, par suite du peu de succès qu'elle avait obtenu dans
leur acclimatation et dans leur élevage chez les agriculteurs
qui en avaient été dépositaires, depuis leur arrivée en France
jusqu'en mai 1858. Le fermier de Souliard les conserva pen-
dant une année, en se conformant aux indications que je lui
avais données pour les entretenir en bonne condition. M. Al-
bert Geoffroy Saint-Ililaire fut délégué par la Société pour
juger de la manière dont ils étaient traités. Son rapport fut
des plus ffivorables : les toisons des Chèvres d'Angora prouvè-
rent la vérité de ce qu'il avait avancé, et notre zélé con-
frère M. Davin, si compétent en pareille matière, prouva,
par les tissus qu'il fit fabriquer, que Souliard avait atteint en
peu de temps, un but vainement attendu depuis l'arrivée des
animaux en France.
J'ai pris moi-même la direction de l'agriculture de Souliard
à dater du 25 mars 1859, pour donner aux cultures une
marche capable de répondre au but que se proposait notre
Société, et voici ce que j'ai observé depuis cette époque :
L'acclimatation des Yaks me paraît être aujourd'hui une
question résolue. Animaux rusti([ues , d'un tempérament
nervoso-sanguin, énergiques, robustes, sobres, d'une grande
force musculaire relative, ils confirment les récits que les
voyageurs ont fait sur leur emploi dans leur patrie originaire.
Je ne connais pas, dans les espèces domestiques que nous
T. X. — Mars ISG'J. G
82 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
possédons, d'animal qui ait plus de qualilos que l'Yak pour
le travail dans les pays inaccessibles des montagnes dépour-
vues de routes, et dont la production végétale est peu favori-
sée, soit par les rigueurs de l'atmosphère propres aux grandes
altitudes, soit par une culture arriérée et dans des conditions
délavorables à l'élevage des animaux. L'Yak peut être élevé,
à mon avis, sur des sommets où nulle autre bête de travail ne
peut se multiplier avec utilité, soit pour porter à dos, soit
pour traîner la charrue ou des fardeaux.
L'Yak communique, par le croisement, une grande partie
de ses qualités aux métis produits par lui et par la vache
de race Aubrac surtout. Les quatre jeunes sujets obtenus à
Souliard depuis un an ont montré, immédiatement après
leur naissance, une vivacité, une force, une vitalité que sont
loin d'avoir les animaux de l'espèce bovine pure, quelle
qu'elle soit. Les qualités qu'ils trahissent en na,issant persis-
tent, si j'en juge par les observations que j'ai pu faire. Ces
jeunes métis l'ont toujours emporté sur les veaux nés en
même temps qu'eux, en vigueur, en aptitude au moins pro-
bable au travail. L'étude de ce croisement, provoquée par
notre collègue M. F. Jacquemart, me paraît digne d'intérêt,
et elle ne saurait être mieux continuée que par nos honorables
et zélés collègues MM. le comte d'Éprémesnil et Jacquemart.
Les soins hygiéniques à donner à l'Yak sont absolument les
mêmes que pour l'espèce bovine. Pauninant comme le Bœuf,
rangé dans le même genre zoologique, le même régime
alimentaire lui convient, il s'en trouve bien. Au point de vue
physique, l'Yak peut donc être traité comme le Bœuf; mais
il n'en est pas de même, tant s'en faut, au point de vue moral.
L'Yak a tous les défauts de ses qualités : nerveux, irritable^
ombrageux, méfiant, i! a besoin d'être traité avec beaucoup
de douceur. Ceux qui le soignent doivent avoir l'habitude
d'approcher les animaux irritables. Si on leur parle dure-
ment, si on les aborde brusquement, sans leur parler avec
douceur et sans s'approcher d'eux en leur inspirant de la
confiance par des caresses, et de temps en temps par quel-
ques friandises, ils peuvent devenir difficiles et même mé-
- I YAKS DU TIDET ET CllÈVIlES d'ANGORA. 83
chants. Pluton en a été un exemple. Il était devenu dani^ereux
à un point tel, qu'il fut question de l'abattre comme indomp-
(able. A Souliard, il devint aussi doux que possible. Il s'était
si bien habitué à moi, qu'il me suivait jusque dans les appar-
tements de la ferme. Je le fis travailler, et je le conduisis à
Paris sans la moindre difficullé.
11 faudra donc recommander aux dépositaires de traiter les
Yaks toujours avec douceur, jamais autrement. Les métis me
paraissent se rapprocher beaucoup de leur père sous ce rap-
port ; il faudra employer les mêmes procédés pour les dresser,
quand le moment de les soumettre au travail sera venu.
Si l'acclimatation de l'Yak peut être considérée comme
un fait acquis à la pratique, si son élevage a réussi comme
la Société d'acclimatation le désirait, il n'en est pas de
même, tant s'en faut, à mes yeux, de la Chèvre d'Angora.
Animal d'une nature éminemment lymphatique, délicate, son
étude a besoin d'être continuée avec soin encore chez les
agriculteurs auxquels notre Société l'a confié. II importe
donc de leur recommander de bien observer ces animaux.
Daubenton étudia le Mérinos pendant dix ans de sa vie
pour en doter la France; or, à mon avis, sauf erreur,
l'acclimatation de la Chèvre d'Angora est plus difficile que
celle du iMérinos. Celui-ci était élevé avec succès en Espagne.
Les travaux d'Alstriimer en avaient doté la Suède. L'An-
gleterre le possédait aussi d'après Thistoire, et je ne vois
encore aucune nation qui soit parvenue à acclimater la
Chèvre d'Angora. Des essais ont cependant été tentés sur
ilivers points de l'Europe, il importerait donc d'en connaître
les résultats ; ils contribueraient à éclairer les chepleliers sur
des points encore bien obscurs pour moi, malgré tous les soins
que j'ai mis à observer ces animaux depuis qu'ils sont à Sou-
liard. Voici toutefois ce que m'a appris jusqu'ici l'étude que
j'ai pu en faire. ,■; .).>.m - ■, • . -
La Chèvre d'Angora est très disposée à contracter la cachexie
aqueuse, il faut donc s'en défier ; son régime alimentaire doit
être tonique, substantiel ; ses logements doivent être bi^n
aérés, exempts d'humidité ; on doit éviter autant que possible
8/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'xVCCLIMATATION.
de l'exposer aux brouillards et de la faire pacager lorsqu'ils
se sont condensés sur l'herbe qu'ils ont mouillée. Les pays de
montagnes où l'air est sec et pur, l'herbe aromatique, toni-
que des lieux élevés, offrent les conditions d'acclimatation et
d'élevage qui lui conviennent le mieux. Je n'ai rien trouvé
dans les auteurs que j'ai pu consulter pour me guider sur
l'hygiène et la multiplication de ces animaux ; seulement j'ai
lu dans des articles publiés dans le Bulletin de notre Société,
qu'en Asie Mineure, les Chèvres d'Angora étaient quelquefois
décimées par des maladies qui se déclaraient à la suite de
mauvais hivers, et que l'on reformait les troupeaux par des
croisements avec des Chèvres communes. Cette étude partielle
a été commencée àSouliard, déjà des sujets de deuxième croi-
sement ont été obtenus; je crois qu'il sera utile de continuer
cette expérience, ([ui pourra avoir d'heureux résultats. Je ne
saurais cependantl'affirmer absolument, parce que cette étude
me paraît demander plus de temps que je n'ai pu en mettre
pour la faire jusqu'ici.
Je ne saurais assez le répéter, l'acclimatation de la Chèvre
d'Angora demande à être encore étudiée avec soin et atten-
tion. Ce n'est que par ce moyen judicieusement employé que
notre Société parviendra à résoudre une question aussi im-
portante pour l'agriculture que pour l'industrie.
Après l'étude de l'acclimatation et de l'élevage de la Chèvre
d'Angora et de l'Yak, il s'en présente naturellement une
autre, qu'il importe de ne pas négliger. Y a-t-il avantage pour
l'agriculture de tous les pays où l'élevage de ces animaux
peut être fait, à les produire et à les multiplier? Là est le fond
de la question de l'acclimatation des espèces nouvelles.
Les chcptehers devront donc étudier ces diverses questions,
pour bien éclairer notre Société, et la seconder dans la patrio-
tique mission qu'elle s'est imposée dans l'intérêt de notre
agriculture, de notre commerce et de notre industrie.
Telles sont les courtes réflexions que j'ai cru devoir sou-
mettre à la Société sur l'acclimatation et l'élevage de ces
animaux. : ■ 'i
EXPÉRIENCES D'ACCLIMATATION
AU JARDIN ZOOLOGIQUE DE MARSEILLE, EN 1862,
Par M. 1%'oël StQUET,
Directeur du Jardin zoologiquD de Marseille.
(Séance du 26 décembre 1862.)
Si le Bulletin de la Société ne devait enregistrer que des
succès, nous ne profiterions pas de la bienveillante invitation
qui nous a été faite de tenir la Société au courant des travaux
et des essais faits au jardin zoologique de Marseille en 18G2,
car, pour cette année, nous n'avons guère qu'un insuccès à
constater; mais, dans notre conviction, les tentatives et les
expériences peuvent quelquefois présenter autant et même
plus d'intérêt que les réussites en acclimatation, soit en
ouvrant une nouvelle marche à suivre, soit en prévenant des
erreurs et des tâtonnements pour les recherches futures.
Après la réussite si complète de notre éducation d'Autru-
ches, en 1861, dès que la saison fut jugée favorable, profitant
de l'offre obligeante de M. E. Pastré de reprendre possession
du parc de Monlredon, nous nous mîmes en mesure de com^
mencer nos essais.
Ayant observé depuis plusieurs mois que, dans le parc du
Jardin zoologique, toutes nos Autruches vivaient ensemble en
assez bonne intelligence sans grandes difficultés, nous avons
voulu faire cette année un essai de cohabitation d'un mâle
et de plusieurs femelles. Nous avions en vue deux résultats à
obtenir : d'abord vérifier le fait qui nous avait été affirmé par
les chefs touaregs pendant leur visite au jardin, savoir, que
plusieurs femelles s'associaient pour pondre dans le même
nid, et surtout reconnaître si nous pouvions faire avancer la
question de domestication de l'Autruche.
Après les résultats obtenus dans ces dernières années, en
Algérie, en Espagne, en Italie et à Marseille, le fait de la
reproduction de l'Autruche en captivité était affirmé; mais
sa domestication, son introduction dans l'économie rurale ne
seront possibles que lorsque, comme pour les oiseaux de nos
80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
basses -cours, on pourra élever un troupeau d'Autruches
femelles conduites par un seul mâle. On obtiendrait ainsi des
pontes nombreuses, des couvées successives. La tendance du
mâle cà garder le nid pendant l'incubation est un grand ob-
stacle à vaincre, car si cet instinct ne peut être réformé, il
arrivera que, dès qu'un nid sera formé avec plusieurs femelles,
les femelles étant immédiatement délaissées pour l'incubation,
on sera exposé à recueillir des œufs clairs pendant la saison.
Il est donc important d'essayer de rendre aux femelles les
soins de l'incubation, pour obtenir ainsi des pontes fruc-
tueuses et des couvées pendant toute la saison favorable, sans
être obligé d'entretenir un mfde pour chaque femelle. Là est
la solution du problème de la domestication de l'Autruche.
Notre essai, par les circonstances que nous allons marquer, a
été infructueux; mais nous comptons bien le reprendre dans
de meilleures conditions, quand nous aurons à notre dispo-
sition plusieurs sujets nés en captivité et élevés en dehors de
toute influence des auteurs, par la séquestration dans leur
jeune âge.
Nous n'avions à notre disposition que deux femelles
adultes et un mâle; nous les plaçâmes dans le parc d'é-
lève dès les premiers jours de février. Pendant plusieurs
semaines, la cohabitation fut assez amicale ; le mâle vivait à
l'écart et les femelles ensemble; nous observions cependant
à plusieurs reprises les approches du mâle et des femelles.
Dans les premiers jours de mars, la ponte commençait; elle
s'effectuait très irrégulièrement, et les œufs étaient laissés à
l'abandon sur différents points. Après quelques jours, la
mésintelligence se mit dans la communauté, et le mâle ayant
pris en affection la vieille femehe (la mère de nos jeunes), le
couple formé se mit à pourchasser la jeune; de là des com-
bats, des courses qui pouvaient compromettre les œufs déjà
obtenus. Il convint alors de ramener au jardin la femelle
délaissée. Pendant cette cohabitation, nous avions obtenu onze
œufs, sept de la vieille femelle et quatre de la jeune. La dis-
tinction était facile, car ils dilTéraient par la grosseur, et sur-
tout par le poli de la coquille pour ceux de la vieille femelle.
EXPÉRIENCES d'ACCLTMATATION AU JARDIN DE MARSEILLE. 87
Après la séparation, la ponte devint plus fréquente, sans
cependant arriver à la régularité de l'année passée, où qua-
torze ou quinze œufs étaient pondus successivement avec
alternance d'un jour. Nous croyons devoir attribuer cette
irrégularité aux variations de température observées pendant
le printemps et la première partie de l'été, et surtout à la
persistance des pluies. En effet, les observations météorolo-
giques donnent, avec dix-sept jours de pluie, une moyenne de
J5%30 pour ces mois de 1861 , et avec trente et un jours de
pluie, une moyenne de 13", 55 pour les mêmes mois de 1862.
Ces conditions étaient peu favorables, cependant nous ne
perdions pas espoir ; la ponte augmentait, et vers la fin de
mai, malgré quelques pertes d'œufs, nous en comptions vingt-
cinq sur un rayon de quelques mètres, car les Autrucbes
avaient peu à peu rassemblé tous les œufs épars. Dans la
première partie de juin, sous l'influence de quelques jours de
chaleur, les Autruches commencèrent à donner des signes
d'incubation; elles cherchaient avec inquiétude, grattaient le
sable, enfin elles se mirent franchement à former le nid
sur le même emplacement que l'année passée; les œufs, sauf
deux, y furent déposés. i\lalgré la saison avancée (car, en 1861,
à la même époque, la couvée était éclose), notre espoir de
réussite, longtemps ébranlé, commençait à renaître; nous
calculions déjà que les quarante jours d'incubation porteraient
les naissances fin juillet, et nous comptions sur les belles jour-
nées d'automne pour élever les jeunes.
La saison permettait d'exécuter des travaux, depuis long-
temps projetés, de terrassements et de percements d'allées
dans le bois entourant le parc; une armée d'ouvriers et sur-
tout un grand charroi s'ensuivirent. Malgré les ordres sévères
donnés par madame Pastré, malgré la surveillance de notre
zélé collaborateur V.Ricard, nous ne pûmes empêcher, ni l'in-
discrète curiosité des ouvriers, ni les cris, ni le claquement
des fouets, qui excitaient les Autruches. Sous ces influences
perturbatrices, des œufs furent brisés sous les pieds des
Autruches, d'autres par des pierres lancées par les coups de
mine, et nous n'osons pas le dire, quelquefois par de stupides
88 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
curieux. En juillet et août, le nid fut pris et altandonné à
plusieurs reprises; mais enfin, en septembre, il fallut perdre
tout espoir et ramener les Autruches au jardin.
Nous avons d'autant plus regretté ces mécomptes, que,
vérification faite des œufs, tous se sont trouvés fécondés:
dans quelques-uns, le germe était parfaitement formé ; dans
d'autres, le jeune était complet avec les plumes. Ces observa-
tions nous prouveraient que les circonstances atmosphériques
même n'ont pas fait totalement défaut pour la réussite, et
que de la part de nos élèves rien n'est mis en question. La
solitude, la tranquillité ont manqué: c'est une année perdue;
mais nous comptons bien recommencer nos essais en 1863,
et les faire même sur deux couples.
Grâce à l'offre obligeante de M. et M'"" P. Pastré, le parc
peut être agrandi, et, en le divisant, recevoir deux couides :
l'un sera formé comme en 1862, l'autre par deux jeunes de
notre couvée de 1861. Il va sans dire que nos soins et tous
nos souhaits seront prodigués à ces derniers, dont la réussite
nous donneraitune seconde génération d'Autruches françaises.
Tel est l'historique de notre essai; nous n'abandonnons
pas notre idée de faire vivre les Autruches en troupeau, car,
pour nous, là est la solution du problème de la domestication.
Par notre élevage d'Autruches, nous avons pu, tout en
conservant deux paires pour nos essais futurs, livrer au jardin
zoologique de Vienne et autres des paires nées en France,
en oflrir à la Société impériale d'acclimatation une paire qui,
placée au Jardin du bois de Boulogne, sera le type de notre
reproduction. Dans nos lacs et volières, les Canards d'espèces
différentes. Oies de Gambie, du Danube, etc., nous ont livré
de nombreuses pontes. Dans les parcs, les Antilopes bubale,
nilgaut, indienne ; les Gazelles dorcas, kevel, corinne; les
Cerfs axis, les Cerfs cochons, les Kangurous de Bennett, les
Cochons à masque de Chine, nous ont donné des produits
qui, pour quelques-uns, représentent les troisième et qua-
trième générations obtenues au jardin. A ce sujet, nous ferons
observer qu'il serait peut-être utile et même nécessaire de
créer entre les jardins zoologiques un système d'échange
*Sv'
EXPÉRIENCES d'aCCLIMATATION AU JARDIN DE MARSEILLE. 89
d'animaux de même espèce, soit mâles, soit femelles, afin de
n'avoir pas toujours des produits du même sang dans l'éta-
blissement. Dans les volières des petits oiseaux, nous avons
pu olfserver et faire admirer à nos visiteurs, pendant plusieurs
mois, la confection des nids, les uns suspendus au plafond
des volières, d'autres aux arbres, voir éclore de nombreuses
couvées d'oiseaux du Sénégal et du Brésil. Nous pouvons
évaluer à plus d'une centaine les jeunes obtenus dans les
diverses espèces. Les produits de la faisanderie ont été com-
plètement nuls cette année, par suite de son déplacement et
de sa reconstruction. Nous regretterions encore plus cette
lacune, si, par ce fait, nous n'avions obtenu un résultat remar-
quable dont nous devons laisser le mérite à qui de droit.
Ne pouvant trouver à loger convenablement les Hoccos,
Pénélopes et Marails que possédait le jardin, nous ne crûmes
mieux faire que de les expédier à M. Aquarone (de Toulon),
dont le zèle et l'intelligence, en fait de soins à donner aux
animaux, nous étaient parfaitement connus. Pendant leur
séjour au jardin, nous obtenions des œufs de nos Hoccos; mais
à l'essai, ils étaient trouvés clairs. Nous admettions que les con-
ditions de leur logement n'étaient pas favorables à l'accou-
plement, et nous hâtions de nos vœux le moment où nous
pourrions leur livrer de grands espaces, des grands arbres,
comme le recommandaient les personnes qui ont écrit sur
l'acclimatation de ces oiseaux. Les résultats obtenus vont nous
montrer que les conditions d'élevage sont plus faciles qu'on
ne le pensait. A leur arrivée chez M. Aquarone, les Hoccos
furent mis dans une volière très restreinte, garnie de quel-
ques arbustes. La ponte, commencée au Jardin, continuait.
Après une observation attentive, le couple fut isolé, et l'on
obtint cinq œufs. La saison étant trop avancée pour retarder
l'incubation, ces œufs furent mis à couver sous une Poule ;
deux furent reconnus clairs, et sur les trois fécondés un seul
est venu à bien. M. Aquarone, dans sa dernière visite, nous
annonçait que. malgré la saison avancée (octobre), le jeune
s'élevait bien. Nous publierons les observations sur cet éle-
vage; elles seront d'autant plus précieuses, que jusqu'ici,
90 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. '
quand on s'est occupé de racclimatation et de la domes-
tication de cette espèce, dont la réussite serait si avanta-
geuse, on nous a présenté, comme conditions nécessaires
et indispensables de réussite, le libre parcours, la soli-
tude, les grands arbres pour percher sur les cimes; enfin des
conditions impossibles à réaliser dans un jardin ouvert au
public, difficiles même à obtenir chez un particuher. Il serait
aussi logique de demander la liberté tout entière, le dépôt
de couples dans les forêts. En laissant agir le hasard et les
heureuses influences, on suivrait ainsi la maxime du sage :
Natura artù maghtra; mais nous ne voyons pas que l'on
avancerait la question d'acchmatation, et surtout de domes-
tication. Le résultat obtenu par les soins de M. Aquarone est
bien modeste, il est vrai ; mais en considérant que, par ce
résultat, il est constaté que les Hoccos peuvent produire en
captivité, même très restreinte, des œufs fécondés; que l'élève
;les jeunes peut être faite dans les mêmes conditions que celle
des Faisans, une nouvelle marche à suivre, indépendante des
errements passés, est ouverte à l'accHmatation de ces oiseaux,
et nous espérons bien que de plus beaux résultats seront
obtenus à la saison prochaine, quand nous pourrons livrer à
nos élèves des réduits bien abrités et des parquets ombragés
de ûO mètres de surface, en ce moment en construction au
jardin.
Tels sont les résultats obtenus et les essais faits h. Marseille
en 1862. Nos desiderata et ceux de la science sont loin d'être
accomplis; mais entre le désir et l'accomphssement, nous
devons admettre les insuccès, les études et les expériences :
c'est une affaire de temps et de persévérance. Nous ne pou-
vons que prendre courage , quand nous voyons la science si
jeune de l'acclimatation réunir déjà autour d'elle tant de
connaissances, d'observations, et surtout de l)onne volonté,
qui viennent se concentrer dans la Société impériale d'accli-
matation. • ■
SUR UNE TENTATIVE
D'ACCLIMATATION DU CASOAR EN ANGLETERRE
■'■'=•■"''•''-''■■'■'■'-■■•' PAR M. W. BENNETT. ''"
. ^ t , , Par M. Pierre PICHOT.
i ' : I ■ ■ ) ■■)■ •^^
!■.
(Séance du 0 février 1863.)
La Société impériale ,d'acclimatation a proposé une grande
médaille pour l'inlroduclion et l'acclimatation du Casoar.
Je crois donc devoir appeler son attention sur les travaux de
M. W. Bennett, de Drockham Lodge, près de Reigate Surrey
(Angleterre), qui depuis trois ans poursuit avec une persévé-
rance digne de tous éloges l'acclimatation de cet utile oiseau.
Le 23 juin 18G0, M. Bennett recevait de Sydney une paire
de Casoars âgés de cinq ou six ans, qu'aussitôt il installa dans
un grand enclos, bien exposé au sud et descendant par une
pente douce jusqu'à une petite rivière (la Mole), dont il fallut
cependant les séparer par une barrière, de crainte qu'ils ne se
noyassent en s'y baignant. ,;,;;: ; >",,,'
Le 9 février 1861, la femelle pondit son premier œuf; neuf
jours après elle pondit le second, puis un autre tous les trois
jours, jusqu'au treizième, qui fut séparé du douzième par un
intervalle de quatre jours. Ces œufs avaient été pondus dans la
cabane qui servait cà abriter les Casoars, mais ils ne voulurent
pas y couver, et le mâle, qui devait se charger des soins de
l'incubation, les transporta au grand air. à plusieurs reprises,
en les roulant avec son bec. Lorsqu'on eut découvert l'en-
droit qu'il affectionnait, on dressa au-dessus un abri provi-
soire ; on y transporta les œufs, et après. que la femelle en eut
encore pondu deux autres, le 2Zi mars le mâle se mit à cou-
ver. Sept semaines après, au grand désespoir de M. Bennett,
le mâle, dérangé j)ar quelque intrus, abandonna son nid. Que
faire? Pendant vingt-quatre heures on entretint artificielle-
ment la chaleur des œufs; puis, apprenant qu'il y avait au
Jardin zoologique de Londres un Casoar mâle qui demandait
à couver, M. Bennett les y transporta avec des soins minutieux
92 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
et les y installa, à la grande joie du Casoar, tout étonné de
sa bonne fortune. Mais son étonnement fut bien plus grand
encore dans le courant de la semaine suivante (la huitième),
lorsqu'il vit quatre jeunes sortir des œufs qu'on lui avait con-
fiés. De ces quatre jeunes, le premier mourut au bout de
six semaines; le deuxième, dans le courant de l'hiver suivant,
mais les deux derniers parvinrent à toute leur croissance, et
sont encore au Jardin zoologique où ils sont nés.
Le 29 décembre 1861, les Casoars de M. Bennett recom-
mencèrent à pondre ; le 2 janvier 1862, il y eut un second
œuf, puis le 7 un troisième. Les autres se succédèrent de
trois en troisjours; quatre jours s'écoulèrent du douzième au
treizième, puis six jours du treizième au quatorzième. Le
l/i février, le mâle se mit à couver : le 20 avril, il y eut une
éclosion ; le 21, une seconde ; le 23, une troisième. Ce fut la
dernière. Le Casoar couva une semaine encore, puis quitta le
nid, où il laissait deux petits morts dans la coquille et les au-
tres œufs clairs. Le premier petit était né faible et maladif, et
mourut au bout de cinq semaines ; mais les deux autres lui
survécurent et entrent aujourd'hui dans leur neuvième mois!
Leurs parents viennent de recommencer une troisième ponte,
et déjà six œufs sont dans leur nid de 1863, ,
Assurément, ces expériences sont dignes d'être encouragées.
Et ce n'est pas seulement pour l'élevage de ces quatre jeunes
que je signale M. Bennett à la Société, c'est pour le soin avec
lequel ses expériences ont été conduites, l'exactitude et la pré-
cision avec lesquelles il a observé les mœurs de ces oiseaux
dans le but d'en faciliter l'élevage. Ses notes seront précieuses
pour les acclimatateurs de tous les pays, et je m'empresserai
de les communiquer; dès que j'en aurai terminé la rédaction.
MEMUIUE
ADRESSÉ A S. EXC. M. LE MINISTRE DE h\ MARINE ET DES COLONIES
POUR SERVIR A LA DEMANDE D'AUTORISATION
1° d'établissement de pêcheries A FILETS FIXES SUR LES CÔTES DES
DÉPARTEMENTS DU VAR ET DES ALPES-MARITIMES ;
2° D'ÉTABLISSEMENT DE RÉSERVOIRS A POISSONS VIVANTS;
3" D'ÉTABLISSEMENT DE BASSINS D'aLEVINAGE POUR PRATIQUER
LA PISCICULTURE MARITIME.
Par nn. le D** TLRREL, de Tonlon, et E. LAMIRAL.
(Séance du 26 décembre 1862.)
Monsieur le Ministre,
Le programme récemment donné par S. M. l'Empereur
devant le Conseil municipal de la ville de Paris, sur l'amélio-
ration du sort des classes laborieuses, comprend deux termes :
le perfectionnement moral des ouvriers par l'instruction ; la
diminution du malaise matériel par le travail et par l'abaisse-
ment du prix des substances alimentaires.
C'est pour contribuer à atteindre, au moins partiellement,
ce dernier résultat, que nous venons vous soumettre nos obser-
vations et vous offrir notre concours.
L'aliment est presque toujours un produit de l'industrie
humaine. Le gibier et le poisson ne réclament d'autres soins
de la part de l'homme que d'être ménagés ; mais, tandis que
le gibier proprement dit tend à disparaître de plus en plus
par les progrès delà culture, qui détruit les abris nécessaires
à sa multiplication, la mer, féconde nourricière, crée inces-
samment, sans soins et sans surveillance, d'innombrables
générations de poissons qu'il suffit de récolter pour intro-
duire un appoint considérable dans nos ressources ahmen-
taires. La sollicitude de l'homme n'a qu'une chose à prévoir,
le ménagement des frayères. C'est, d'une part, le maintien
intact des frayères naturelles que les engins de pêche pro-
hibés par les règlements continuent à détruire; d'autre part,
9ll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGKjUE d'ACCLIMATATION.
c'cstla création dcfrayères artificielles, application ingénieuse
et pleine d'avenir de l'art de la pisciculture.
La nomination récente d'un savant comme inspecteur
général des pêcheries est un acheminement à des mesures
plus décisives et à une action plus efficace pour protéger nos
ressources de pêche maritime, et favoriser la production de
nouvelles richesses pour nos cours d'eau, pour nos étangs et
surtout pour nos côtes. Le seul inconvénient de l'organisation
actuelle des pêcheries, c'est que, productives quelquefois au
delà des besoins immédiats, elles cessent de répondre à la
demande par les mauvais temps ; d'où résultent des baisses
accidentelles de prix devenant insuffisaiiimenl rémunéra-
teurs lorsqu'il y a abondance de poisson, ou une augmen-
tation excessive et fâcheuse do sa valeur dans les moments
oi^i les marchés ne peuvent plus être approvisionnés. La
régularisation des produits de la pèche ne peut être obtenue
que par la création sur les côtes de viviers ou réservoirs
d'étendue, de situation et d'appropriation suffisantes pour
que l'excédant des pêches abondantes puisse être mis en
réserve pour les mauvais jours. Les étangs salés, les pesquiers,
les anses profondes connues en Provence sous le nom de
calanques, sont admirablement préparés pour ce résultat, et,
au moyen de dépenses insignifiantes, permettraient d'atteindre
le double but à poursuivre,, de mettre en réserve le poisson
dans un lieu où, en tout temps, il serait facile de le prendre
pour le livrer à la consommation, et de favoriser sa multipli-
cation naturelle et sa propagation artificielle d'après l'art
nouveau de faquiculture.
Le transport du poisson vivant du lieu de pêche aux réser-
voirs se ferait facilement au moyen de bateaux viviers. Mais
ces moyens ne s'apphqueront qu'aux j^^omo/^ô- sédentaires.
Il existe une classe de poissons voyageurs qui, venus des
zones profondes des mers, sillonnent régulièrement les eaux
de nos atterrages en passant en bandes innombrables, inutiles,
par notre incurie, pour Falimentation publique, à laquelle ils
fourniraient un apport dont il est difficile de calculer l'énorme
valeur. '^ ;■. ^>- - •• - -■ m'i ;-■' ■•; '■■ -■ . - ' " ■. •-"""
DEMANDE d'ÉTAULISSEMENï DE PÊCHERIES, ETC. 95
Nous voulons parler des Thons, des Bonites, desPalamides,
des Maquereaux, etc., qui, dans leur passage annuel (disent les
pêcheurs), parcoùrentde l'ouest à l'est, puis de l'est à l'ouest,
tout le littoral de la Méditerranée, longeant successivement les
côtes de l'Afrique septentrionale, de la Syrie, de l'Asie Mineure,
pénétrant dans la mer Noire, et redescendant par les côtes de
la Grèce dans l'Archipel, la mer Adriatique, le littoral italien,
celui de la France et de l'Espagne, jMjur retourner, après ce
vaste circuit, à leur point de départ, l'océan Atlantique. La
hgne de voyage est constante, et ces inlatigahles voyageurs
ont toujours la côte à leur droite ; c'est ce qui explique leur
abondance toujours décroissante depuis les rivages de l'Afrique
jus([u'à ceux d'Espagne, en raison des nombreux ennemis
qu'ils rencontrent sur leur passage, et en première ligne
doivent être comptées les pêcheries organisées sur un grand
nombre de points, notamment à Tunis, en Italie et en Espagne.
La France semble s'être interdit une source aussi impor-
tante de richesse publique en limitant au seul département
des Bouches-du-Rhône les pêcheries de Thons et autres
})oissons de passage, connues sous le nom de madragues ;
elles ont été supprimées dans le département du Yar depuis
18/i5, après y avoir été autorisées pendant deux cents ans.
Pourquoi cette suppression a-t-elle été prononcée? :
Trois objections, à cette époque, ont été suggérées contre
les madragues par leurs adversaires :
1" Elles sont gênantes pour la navigation ; • . ' -,
2" Elles font concurrence aux pêcheurs ; . ■■
3° Elles sont nuisibles à l'inscription maritime. - •
1" Les madragues sont-elles gênantes pour la navigation?
L'ordonnance de 1681, art. 3 du titre iv, livre Vj défend
d'établir des madragues dans les heux où elles pourraient
nuire à la navigation ; or, à celte époque, de nombreuses
madragues furent établies sur les côtes françaises de la Mé-
diterranée, il y en avait dix-huit ou vingt, et alors elles ne
nuisaient pas à la navigation ; aujourd'hui, bien que le nom-
bre des navires qui fréquentent nos ports soit plus considé-
96 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLLMATATION.
rable, les progrès de l'art nautique, et surtout l'emploi de la
vapeur, qui épargne aux bâtiments la nécessité de louvoyer
à l'entrée ou à la sortie des ports, ôtent toute portée sérieuse
à cet argument que la marine de commerce, moins instruite,
a abandonné, tandis que la marine de l'Etat, favorisée par tous
les progrès des sciences et conduite par un personnel d'élite,
semble s'y attacher avec une ténacité digne d'une meilleure
cause.
Des officiers de marine voulant un jour fiiire entendre
à l'empereur Napoléon I" que certaines madragues établies
sur certains points des côtes de la Provence pourraient gêner
la navigation : « Si les madragues gênent sur un point, répon-
dit l'Empereur, il faudra les transporter sur un autre, car
on ne peut priver les populations du Midi des bienfaits
qu'elles retirent de ces pêcheries. » Le conseil municipal de
Toulon, dans sa séance du 7 février 18/i8, protestant contre
la suppression des madragues dans le Var, disait que « les
commissions nommées par l'autorité maritime, à l'eflet de
savoir si les madragues pouvaient entraver les évolutions
des flottes, ont reconnu que ces engins, placés sur les points
du littoral et dans les distances prescrites par l'ordonnance
de 1681 et l'arrêté du gouvernement du 9 germinal an IX,
sont tout à fait iuoflensifs. »
Le même conseil municipal prit, le li novembre 18/i8, une
seconde délibération favorable au rétablissement des madra-
gues dans le Var.
Il la renouvela en 1852, lors du passage à Toulon du prince-
}»résident.
Le conseil municipal de Marseille, dans sa délibération
motivée du 5 avril 1852, s'exprime dans des termes non
moins formels : « Considérant que les pêcheries connues
sous le nom de madragues existent depuis plusieurs siècles
sur les côtes de la Provence, sans qu'il en soit jamais résulté
ni préjudice ni obstacle pour la navigation », le conseil con-
clut au rétablissement des cinq madragues qui avaient été
supprimées récemment dans les Bouches-du-Rhône.
La chambre de commerce de Marseille s'associe au vœu
DEMANDE d'ÉTABLI.'^SEMENT DE PÊCHERIES, ETC. 97
du conseil municipal, en constatant, elle aussi, que les ma-
dragues n'offrent aucun danger pour la navigation.
L'amiral Jurien, préfet maritime du cinquième arrondis-
sement, reconnaissait et proclamait par son arrêté du 30. no-
vcmbre 1839, (|uc les madragues ne sont pas nuisibles à la
navigation.
11 ne reste donc, des accusations tbrniulées, que de vagues
assertions, sans un seul lait à l'appui.
"1" Les madragues font-elles concurrence aux pêcheurs?
Nous avons soigneusement établi la différence entre la
\)ècheâeS' poissons sédentaires et celle des poissons voyarjeurs.
C'est à cette dernière classe seulement que s'attaquent les
madragues, filets placés à poste fixe sur un lieu déterminé,
qui attendent le poisson et ne vont pas le chercher. (3r, les
pécheurs de nos côtes ne peuvent prendre que le jioisson
sédentaire, qu'ils capturent le plus souvent au moyen de
filets traînants^ d'engins mobiles, avec lesquels ils labourent
et raclent les fonds, au grand dommage des reproductions
naturelles. Ce n'est que très accidentellement que les pécheurs
ordinaires peuvent prendre un Thon ou quelques Palamides :
leurs filets ne sont pas capables de résister à l'effort de ce?
robustes poissons, qui n'ont pas de peine à les mettre en
pièces; c'est même pour nos pêcheurs un vrai désastre que
la présence d'un de ces puissants Scombres dans leurs filets.
Nous alfirmons que les madragues sont utiles aux pêcheurs
de nos côtes, et il ne nous sera pas difficile de le démontrer.
Les migrations de Thons et de leurs analogues ont pour
principaux motifs le frai qu'ils émettent dans des eaux et des
fonds plus propices, et aussi la recherche d'une nourriture
qu'il leur faut abondante.
Ils suivent dans leurs déplacements les Maquereaux, les
Sardines, les Séveraux, etc., et autres poissons voyageurs
dont ils font leur proie; mais leur voracité est si bien établie,
que leur présence effraye et disperse les poissons sédentaires:
aussi nos pêcheurs se dispensent-ils de sortir lorsque les
Thons battent la mer.
r. \. — Mars 1803. ' 7
y8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULUCIQUE d'aCCLIMATATIUN.
Dune, en aiTèlanl leurs l'uniiidables colonnes, les madra-
gues assurent la sécurité des jioissons sédentaires; de plus,
les têtes des colonnes ainsi brisées, les poissons poursuivis
s'arrêtent plus longtemps dans nos parages, et les Maquereaux
notamment peuvent alors être pris par les pêcheurs ordinaires
en grande quantité en dehors de la zo}ie réservée.
Car, s'il est interdit aux pêcheurs ordinaires de se livrer à
leur industrie à nu inilte en amont de l'entrée de la madra-
gue, ils peuvent pêcher en aval ; les mailles des lilets fixes
l'orment un abri contre lequel viennent mourir les vagues de
la plus grosse mer, et dans cet abri recherché du poisson
sédentaire, les pêcheurs trouvent un aliment abondant pour
leur industrie.
Ce rôle protecteur des madragues, créant ainsi un brise-
lames artificiel dans le rayon qu'elles embrassent, est bien
connu des pêcheurs et des caboteurs; il a été étudié avec soin
par un officier distingué de la marine impériale.
Le seul dommage occasionné par les madragues aux pê-
cheurs résulte de la concurrence qui alimente les marchés
d'une masse de poisson frais et d'excellente qualité. Les six
madragues actuelles de Marseille prennent annuellement de
250 000 à 300 000 kilogrammes de poisson, qui, sans elles,
seraient perdus pour la consommation ou iraient alimenter
les marchés de nos voisins.
Cette concurrence elle-même ne fait pas baisser sensible-
ment le prix du poisson de luxe, qui est presque exclusivement
le partage du pêcheur ordinaire, et que les moyens rapides
de communication permettent de répartir sur tous les mar-
chés français, sans qu'il y ait avilissement possil)le du prix,
dont la limite est toujours largement rémunératrice.
3" Ces madragues sont-elles nuisibles à l'inscription ma-
ritime ?
11 est facile de répondre à cette objection par ce lait que,
depuis 18Zi5, époque de la suppression des madragues dans
le Var, le chiffre des inscrits n'a pas augmenté, il aurait
même sensiblement diminué.
DEMANDE D'ÉTABLISSEMENT DE PÊCHERIES, ETC. 90
La suppression de ces utiles pêcheries n'a donc pas en pour
résullat d'augmenter la pêche côlière, mais elle a privé nos
populations d'un apport considérable poui' ralimentation
publique.
Chaque madrague emploie quinze hommes, qui sont pour
la plupart des marins inscrits ; quel que soit le sort de l'insti-
tution de Colbert, qui affirmait (lettres patentes de 1701 et 1716)
que les « madragues servaient à former un plus grand nombre
de matelots pour le service du Roi », il est certain que les
madragues fournissent du travail à la mer, et par consé-
quent forment des marins, et qu'elles livrent à la consomma-
lion une grande quantité d'un aliment sain et réparateur.
Le rôle des madragues ne se borne pas à former des ma-
rins, à procurer aux populations du poisson frais ; d'impor-
tantes industries se créent dans leur voisinage, et donnent
de nouveaux éléments de travail aux classes laborieuses et de
nouveaux produits alimentaires et commerciaux.
Le tissage du sparte dont sont faits les fdets, plante que
le commerce tire de l'Algérie et de l'Espagne, occupe des
bras nombreux de femmes, d'enfants, de vieillards. Dans la
saison du passage des poissons, les madragues fournissent une
partie de leur capture aux ateliers de salaison et de marinage,
pour la préparation de ces délicates conserves si recherchées
sur les tables des pauvres comme sur celles des riches.
La suppression des madragues du Var a éteint bien des
industries dans notre département, le cabotage de la sparterie,
le tissage des filets, la fabrication du thon mariné avec les
huiles du pat/s. Ce poisson figurait habituellement sur toutes
les tables et dans tous les approvisionnements des navires; on
ne l'y voit plus qu'accidentellement et à titre de luxe, etc. , etc.
C'est le rélabhssemenl de ces florissantes industries (jue
nous venons demander à votre justice, à votre sollicitude des
intérêts des classes ouvrières si directement en jeu dans une'
question d'ahmenlation et de travail.
Depuis que nos côtes méditerranéennes se sont agrandies
du comté de Nice, le développement des stations favoiables à
100 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION.
rétablissement de madragues peniiellrait de livrer à la con-
sommation de la France près d'un million de kilogrammes
de poisson frais, sa7is compter le poisson salé ou mariné.
En effet, en rétablissant dans le Var les six ou sept madragues
qui existaient aux passes de la Baumelle, de Rouvaux, de
Bruse, de Toulon, de Saint-Mandrier, de Giens, de Saint-
Tropez ; en autorisant la création, dans les Alpes-Maritimes,
d'un nombre de stations choisies dans des localités lavorables,
l'administration revivifierait des industries éteintes, et aug-
menterait le bien-être des populations maritimes, tout en
permettant d'utiliser pour l'alimentation des masses consi-
dérables de poissons qui passent annuellement le long de nos
côtes, inutiles pour les nationaux et portant à nos voisins
des éléments d'industrie pour lesquels nous devenons leurs
tributaires.
Nous nous présentons devant vous, monsieur le Ministre,
avec l'assentiment des conseils municipaux de Toulon et de
Marseille, des chambres de commerce de ces deux impor-
tantes cités, avec les sympathies des po})ulations intéressées.
Si notre requête est lavorablement accueillie par vous ; si,
répondant aux besoins des classes ouvrières, auxquelles le
poisson est actuellement inconnu, parce qu'il est hors de
prix , Sa Majesté l'Empereur voit sa sollicitude cumprise
et sa volonté secondée, une Compagnie financière est prête
à créer à ses risques et périls les madragues du Yar et des
Alpes-Maritimes, et à procurer des instruments de travail à
cette intéressante population vivant de la mer, robuste pépi-
nière de matelots, aux pêcheurs eux-mêmes, qui n'auront plus
dès lors de motifs de jalousie étroite ou d'opposition égoïste
aux intérêts généraux.
De j)lus, lu Compagnie concessionnaire serait disposée à
créer, sur des points favorables et ultérieurement désignés, des
Oassi/is <rrfJe>:iji'/f/e et des n'scrcoirs pour /es poissons séclen-
t a if es.
Nous sommes -avec respect, etc.
COMPTE RENDU SOMMAIRE
DES
TRAVAUX SUR L'INDUSTRIE DE LA SOiE
El-l'ECTUES EN 1862
par les membres et correspondants de la société impkrl\li:
d'accllmatation,
Par M. F. E. «UÉRI\->IÉÎ\EVILLK.
(Séance du 12 décembre 1862),
Comme les années précédentes, les communicalions sérici-
coles des membres et correspondants de la Société sont nom-
breuses(l)et d'un haut intérêt, en raisonmême de l'importance
de celte grande industrie agricole et manufacturière, et de
l'état de souffrance dans lequel elle se trouve depuis plus
de dix ans. Ces travaux, lus ou présentés cala Société dans le
courant de l'année, ont porté autant sur le Ver à soie du
Mûrier, si gravement compromis par la déplorable épidémie
de la gatline, que sur les espèces exotiques récemment intro-
duites ou à introduire.
Voilà plus de dix ans que le Ver à soie du Mûrier est sous
l'influence de l'épidémie de la gatline, ce qui a produit une
perturbation déplorable dans l'industrie de la soie, et des
misères qui, pour être inconnues des heureux du siècle, n'eu
sont pas moins vivement et péniblement senties dans nos cam-
pagnes, et dans les villes où la soie est le principal objet de
l'industrie.
Les hommes de science et ceux qui se hvrent à la pratique
ont fait leur devoir en cherchant à conjurer le fléau, et tous,
avec une généreuse émulation, se sont voués aux travaux les
plus pénibles pour chercher à connaître la cause du mal, et
pour tâcher de trouver, dans celte connaissance, quelque
moyen de le conjurer.
(i) Je n'ai pu en mentionner ici que soix.ante-U-ois des principaux, rangés
par ordre alplialnUique, sur plus d'un millier.
102 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
Il fallait êlre animé d'un bien grand zèle pour se livrer à de
tels travaux, et les savants, surtout, ont fait preuve d'un grand
désintéressement, car, pour eux, il n'y avait rien autre chose
à recueillir que l'honneur d'avoir cherché à se rendre utiles
en venant en aide aux hommes pratiques, agriculteurs et in-
dustriels, qui auraient profité seuls des succès obtenus.
Ce n'est pas ici le lieu d'exposer les nombreux et beaux tra-
vaux scientifiques qui ont été faits sur cette grave question.
Je m'abstiendrai aussi de mettre sous les yeux de la Société
les vives discussions qui se sont élevées à ce sujet parmi ces
travailleurs ; mais je dirai que ces discussions mêmes, en mon-
trant l'énergie qu'ils ont mise dansl'accompHssement de leurs
travaux, témoignent de leur zèle et de leur dévouement pour
une industrie agricole à laquelle ils ont apporté ainsi le tri-
but de leurs études patientes et de leurs veilles. Cette lutte,
du reste, est une garantie précieuse delà conscience, poussée
jusqu'à la passion, avec laquelle ils ont fait leurs recherches:
elle ne peut qu'honorer les vainqueurs et les vaincus.
Malheureusement, jusqu'à présent, tous ces travaux n'ont
amené aucun résultat pratique, et ils semblent seulement prou-
ver que la cause ou les causes du mal sont hors de portée de
la puissance humaine. Des savants, ayant aussi quelques par-
tisans dans les hommes pratiques, déduisent de leurs recher-
ches que l'épidémie de la gattine ne dépend pas de la maladie
générale des végétaux. D'autres, ceux qui ont souvent quitté
leur cabinet pour se faire hommes de pratique, non pas seule-
ment en faisant quelques tournées, mais en séjournant plu-
sieurs saisons de suite dans les magnaneries, déduisent des
nombreux faits qu'ils ont observés ainsi, que cette épidémie a
été amenée graduellement par une mauvaise alimentation des
Versa soie, par l'usage de feuilles provenant d'arbres alteinis
de l'épidémie végétale, si connue et si générale depuis plus
de dix ans, et ils ont comme partisans de cette idée si ration-
nelle presque tous les praticiens observateurs.
J'ai fait connaître ailleurs (1) les motifs qui m'ont fait
(1) Article Magnanerie de VAnnuaire encycloix'dique 1860, 1861 et
18fi2. — Académie d^fi science?^, séance du 23 juin 1862, etc.. etc.
TRAVAUX SUR l'iNDUSTRIE DE LA SOIE. 103
annoncer cette fatale vérité dès l'origine de l'épidémie (1), et
lespersonnes qui voudront consciencieusement étudierla ques-
tion trouveront Là tous les documents nécessaires. Je men-
tionnerai seulement aujourd'hui des faits récents qui vont
être l'objet d'études sérieuses, et qui, s'ils se confirmaient,
viendraient prouver surabondamment ce que je soutiens de-
puis bientôt dix ans, en rendant en même temps un grand
service à l'industrie de la soie.
Il est reconnu aujourd'hui que des races provenant de loca-
lités non atteintes, et qui donnent une bonne récolte la pre-
mière année, ne peuvent se reproduire dans les contrées où
règne l'épidémie.
En effet, toutes les fois qu'on a voulu faire grainer des Vers
à soie dans ces conditions, en Italie ou en France, les descen-
dants de races saines ont été plus ou moins fortement atteints
dès la première génération, et n'ont pu aller plus loin.
Aussi est-on obligé, actuellement, de faire venir, chaque
année, des graines du dehors, quand on peut en trouver de
saines, ce qui est tous les jours plus difficile.
Des faits assez nombreux montrent que certaines localités
de France et d'Europe, placées sous des latitudes plus au nord,
ou à des altitudes qui les mettent dans des conditions cHma-
tiques analogues, possèdent encore des races demeurées jus-
qu'à présent exemples de la gattine.
Un fait très curieux, une expérience comparative faite à
Troyes et à ma sollicitation, par M. le capitaine Jacquier, et
à Saint-Hippolyte (Gard), par M, Soulier, semblerait établir
que des graines provenant de parents gattinés peuvent donner
de bonnes récoltes dans des pays exempts de l'épidémie.
En effet, les Vers d'un même lot de graine partagé en
deux portions égales sous les yeux du maire de Saint-Hippo-
lyte, qui en a dressé procès-verbal, élevés en même temps à
Saint-Hippolyte et à Troyes, ont donné une récolte entière
dans ce dernier pays, et n'ont pas produit un seul cocon à
Saint-Hippolyte, où ils ont été fortement atteints de la gattine.
(l) Académip Jps sciences, séances îles 2i octobre et 7 novembre 1853,
JO/l SOCn^TÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Une si brusque guérison d'une race gattinée^e peut encore
être considérée que comme un fait exceptionnel qui a besoin
de confirmation; mais ce fait, rapproché d'autres observations
analogues, devient un indice qui appelle des études sérieuses
et de nouvelles expériences comparatives, faites dans les
mêmes conditions. ■
M. le capitaine Jacquier élève chaque année, à Troyes et
avec un plein succès, sans apercevoir la moindre trace de
gatline, une race milanaise qui lui a été donnée, il y a plus
de quinze ans, par M. de Boulenois, alors qu'il était secrétaire
de la Société séricicole. Depuis trois ou quatre ans, toute la
graine qu'il fait dans son éducation est livrée à M. Soulier
(de Saint- Hippolyte), qui en obtient des éducations magni-
fiques. Seulement, toutes les fois que M. Soulier a voulu faire
de la graine avec les beaux cocons qu'il obtient ainsi, la
gattine a envahi cette race dès la première génération.
Il semble résulter de ce qui précède que l'on pourrait peut-
être éviter, dans un avenir plus ou moins procliain, d'aller
chercher fort loin des graines quelquefois exemptes de gattine,
mais presque toujours appartenant à des races très inférieures,
si, après avoir vérifié convenablement la réalité des faits
énoncés plus haut, on provoquait le développement d'éduca-
tions pour graine dans ces contrées privilégiées.
A la suite de ces expériences préparatoires, et d'une sorte
d'enquête dans plusieurs départements, en procédant du
midi au nord, j'ai été engagé à adjoindre à l'école à'Ailanti-
culture que j'ai fondée, grâce à la protection de l'Empereur,
du maréchal Vaillant et du sénateur préfet de la Seine, dans
une annexe de la ferme impériale de Vincennes, un labora-
toire central de sériciculture comparée des Sociétés ayricoles
de France, dans lequel ces expériences, faites simultanément
parles Sociétés des départements, seront répétées, comparées
entre elles, et centralisées.
11 est probable que, dans un avenir plus ou moins rappro-
ché , ces études pratiques, faites par tous au profit de tous,
nous conduiront à diminuer graduellement l'importation si
chanceuse et si coûteuse des graines étrangères, et nous arri-
TRAVAUX SUR l'INDUSTRIE DE LA SOIE. 105
verons peut-être à faire de bonne graine sur quelques points
de la France et de la Suisse, et ensuite partout, comme cela
avait lieu avant l'invasion de la gattine. Nous devons donc, en
attendant, chercher et étudier pour saisir ce moment, et nous
aflranchir, le plus tôt possible, de cette nécessité d'aller
acheter au loin des graines de Vers à soie qui nous routent
annuellement plus de 10 millions de francs.
Nous devons aussi encourager, autant que possible, les
commerçants honorables qui vont faire de la graine dans des
contrées non encore atteintes par le fléau, car c'est à leurs
efforts que l'on a dû, depuis l'invasion de l'épidémie, le peu
de cocons produits dans nos contrées séricicoles. C'est à ce
titre que, sur la demande de notre confrère M. Eugène Ro-
bert, directeur de la magnanerie expérimentale de Sainte-
Tulle, j'ai pris la hberté de recommander M. Mazade, quise
rend en Chine et au Japon, à S. Exe. le Ministre des affaires
étrangères, notre illustre président, qui a bien voulu donner
à ce courageux négociant des lettres de recommandation pour
nos agents diplomatiques dans ces pays.
II n'est pas probable que les études qui vont être faites
partout amènent la découverte d'im renmle susceptible de
gagner le prix de /iOOOO francs fondé avec tant de générosité
par le département de l'Isère; mais cette fondation n'en ho-
nore pas moins à tout jamais une administration qui a si
bien compris la grande importance des recherches qu'elle
provoque ainsi, et peut-être jugera-t-elle convenable d'appli-
quer quelques parties de ce fonds à encourager les recher-
ches dont je parle plus haut.
La mesure prise ainsi par les représentants du départe-
ment de l'Isère sera un enseignement dont ne profiteront pas
ceux qui affectent de n'estimer que ce qu'ils appellent la
grande culture, ne prenant au sérieux que les questions qui
portent sur les grands animaux, le Bœuf, le Mouton, le Pure.
Ainsi que l'a dit avec tant de raison un des feuilletonistes
scientifiques les plus apjtréciés du public et de l'Institut,
M. Louis Figuier : « Ces éludes ont assurément une grande
)) utilité; mais il ne faut pas rnéprisiT les Insocles, les Mou-
106 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
)) cheSjles Hannetons; car, si petits qu'ils soient, ce sont là les
» plus redoutables ennemis du Blé, de la Vigne, des Oliviers
» de nos champs, des arbres de nos forêts, et d'une foule
» d'autres produits agricoles qui nous sont aussi indispensa-
» blés que la chair des animaux de boucherie. »
Quant aux Vers à soie exotiques, on peut dire qu'ils sont
ou seront tous, comme les autres animaux, introduits et ac-
climatés par la Société. En effet, c'est aux travaux de ses
membres que ces résultats sont généralement dus; c'est à elle
qu'aboutissent toutes les tentatives d'acclimatation : il est
donc naturel qu'elle en recueille toute la gloire.
Comme on le verra, l'acclimatation des Vers à soie de l'Ai-
lante se développe dans tous les pays, grâce aux efforts des
membres de la Société. La France, la Piussie, l'Autriche,
l'Italie, la Hollande, et môme l'Angleterre, s'en occupent avec
la plus grande activité, et des plantations d'Allantes sont
faites dans toutes les terres sans valeur, et sur les talus des
chemins de fer. Effectuées dans ces conditions, ces plantations
auront toujours leur utilité, même dans les contrées oîi des
circonstances qu'on ne peut prévoir, empêcheraient le Ver
à soie de réussir.
Si le Ver à soie de l'Allante fait son chemin en Europe, il
ne marche pas moins vhe à l'étranger, et les Indes orientales,
l'Afrique, l'Amérique et l'Australie ne sont pas restées en
arrière pour faire des plantations et des essais qui promet-
tent beaucoup, ainsi qu'on l'a vu dans diverses publications
qu'il serait trop long de citer ici .
Le Ver à soie du Ricin commence aussi à prendre une
place avantageuse dans ces tentatives d'acclimatation. II a
déjà rendu un grand service en me permettant d'obtenir cette
race de métis que j'ai pu envoyer dans l'Amérique méridio-
nale où on la nourrit sur le Ricin. On a vu, dans les jour-
naux (l), les magnifiques résultats obtenus de ces métis dans
la Plata. On peut en attendre autant dans tous les pays où le
Ricin croît spontanément.
(1) Moniteur du 2 décembre 1862. — Le Commerce sériricole du 10 dé-
cemljve. — Le Moniteur de. Varfricullure du \h déconi!)iv, elc. etc.
TRAVAUX SUR l'INDUSTRIE DE LA SOIE. 107
Aujourd'hui, après plusieurs tentatives infructueuses d'in-
troduction des Vers à soie qui se nourrissent des feuilles du
Chêne, j'ai l'espérance de voir réussir celle qui vient d'être
faite, grâce à la généreuse initiative du gouvernement néerlan-
dais, à qui j'ai eu la satisfaction de donner le Ver à soie de
l'Ailante pour ses colonies indiennes. En effet, M. Pompe van
Meert derVVoort, officier de santé de la marine néerlandaise,
récemment arrivé du Japon, a remis au chargé d'affaires de
France, à la Haye, des œufs du fameux Ver à soie Ya-ma-mm.
Ces œufs ont été adressés à LL. EE\c. les Ministres des
affaires étrangères et de l'agriculture, qui ont bien voulu les
envoyer à notre Société pour être distribués à ceux de ses
membres les plus aptes cà faire réussir cette nouvelle tentative
d'acclimatation. J'ai été chargé par le Conseil de la distribu-
tion de cette précieuse graine, et je vais apporter à cette grave
affaire toute la sollicitude dont je suis capable, en envoyant
d'abord de ces œufs à notre savant confrère M. Dnméril, à
qui l'on doit des travaux très remarquables sur cette es-
pèce (1) ; à M. Rufzde Lavison, qui dirige si fructueusement
pour l'industrie de la soie la magnanerie du Jardin dn bois de
Boulogne, et cà beaucoup d'autres confrères qui ont fait leurs
preuves en fait de soins à donnera ces très difficiles acclima-
tations.
On sait, par un travail que j'ai publié en 1861, sur cette
nouvelle espèce (2), et par des notes envoyées du Japon par
M.Simon (^;///.5or.^'ffcr/m?.,juilletl862, p. 57/i), notes qu'il
tenait de M. Pompe van Meert der Woort, que ce Ver à soie se
nourrit au Japon des feuilles de plusieurs espèces de Chênes.
La première difficulté était d'obtenir des œufs de cette espèce
au Japon, où leur exportation est, dit-on, prohibée sous peine
de mort. Il fallait ensuite les faire arriver vivants en Europe.
Ces deux graves difficultés ont été surmontées par M. Pompe.
Grâce à lui, nouspouvonsespérer d'acquérir cette remarquable
espèce dont V Encyclopédie japonaise parle en ces termes :
« Il existe, au sud du Japon, une île nommée Fatsi-syô,
{\)Cotnptes rendus de l'Académie des sciences, 10 juin 1861.
(2) Bévue et Magasin de zoologie, 1861, p. 187, 2'Jl et 228.
lOS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilOUE d'aCCLIMÂTATION.
» ([ui sert de lieu d'exil. Il y a, dans cette île, des cocons sau-
» vages qu'on nomme Ya-ma ?nauou , on cocous de montagne,
» dont on fait une sorte d'étoffe extrêmement forte, qui ne
» change jamais de couleur, mais que l'on ne peut pas teindre.
» C'est la soierie connue sous le nom de fatsi-siô-kinou, qui
S) fîiit partie des revenus du gouvernement et n'entre pas dans
» le commerce. Elle est considérée comme une étoffe très
» rare, dont on fait des contrefaçons à Miyaho. Aux îles de
» Lieou-Kieoii, on fabrique également des soieries rayées fort
» belles, qui approchent beaucoup du fatsi-sio-hinoii, et sont
» de même peu connues. »
Comme les œufs du Bombyx Ya-ma-maï sont arrivés dans
un état très avancé d'incubation, il est à craindre que les
chenilles ne sortent des œufs avant le moment où les Chênes
montreront leurs premières feuilles. Alin d'essayer de conjurer
ce danger, je me suis hâté d'écrire dans le midi de la France
et en Algérie, pour que l'on lente de forcer le développement
de quelques jeunes Chênes, et je me dispose à me rendre dans
ces pays, à la première apparition des chenilles, afin de ne
rien négliger pour essayer de les sauver.
Espérons que la Société d'acclimatation parviendra ainsi à
introduire ce Ver à soie du Chêne, dont les cocons sont fer-
més et susceptibles d'être dévidés, car il y a là en perspective
une conquête agricole aussi importante que s'il s'agissait de
l'acclimatalion d'un animal plus grand que le Mouton, le Porc
ou le Bœuf (1).
(1) Depuis la lecture de cette notice, dans la séance du T6 janvier 1863,
j'aî reçu de M. le chevalier de Bleeker (de Leyde), des œufs vivants de cette
espèce, avec une lettre d'envoi, datée du 29 janvier et commençant ainsi :
« Je suis assez heureux de pouvoir vous envoyer une petite hoîte d'œufs
u de Ver à soie du Clic*ne, que je dois à M. Pompe van Aloert der Woori, qui
« m'a permis d'en disposer pour vous. «
An moyen de cet envoi, qui m'est loui à l'ail personnel, je pourrai donner
quelques-uns de ces œufs à des personnes étrangères à la Société d'acclima-
tation, qui va faire une distribution de ceuxqu'elledoità LL. KE\c. les Minis-
tres des all'aires étrangères et de raj^ricullure, el ausmcnter ainsi les chances
d'acclimatation de celle espèce.
TRAVAUX SUR L INDUSTRIU DE LA SOIE. J 00
Voici riiulication de la plus grande partie des liavaiix que je sij;iialais
dans ma lecture du 12 décembre 1862. L,e défaut d'espace n'a pas permis
d'insérer ici, en conservant la classification que j'avais adoptée, toutes les
notes qui étaient jointes à ces mentions.
;\ladame veuve Boucarut a adressé à la Société un très intéressant mé-
moire sur ses éducations du Ver du Mûrier provenant du Japon.
M. Chavan.nes, notre savant délégué à Lausanne, a continué ses recher-
ches sur l'épidémie de la gattine et sur les moyens d'en préserver les édu-
cations, et il a fait de nouvelles éducations en plein air pour essayer de
régénérer la race, ce qui lui a donné d'excellents résultais.
C'est à la suite de ces études savantes et consciencieuses qu'il a publié
son beau travail intitulé : Les principales maladies des Vers à soie et leur
guérison, ouvrage qui a été couronné par l'Institut lombard des sciences et
des arts, le 7 août 1861.
Si je pense que le succès obtenu par M. Chavannes est dû, en grande
partie, au milieu dans lequel il a opéré, à la situation de la plupart des loca-
lités de la Suisse dans lesquelles la maladie des arbres est nulle ou très peu
intense, je n'en partage pas moins son opinion au sujet des avantages qu'il
y aurait, pour restaurer les races de ^ ers à soie, à faire des éducations pour
graines en plein air.
M. Delisse, que la mort \ient d'enlever .si prématurément aux sciences
qu'il cultivait avec tant de succès et à la Société d'acclimatation, avait en-
trepris des essais avec différents échantillons de graines qui lui avaient été
envoyés par la Société. Ces expériences ont été continuées par sa veuve,
qui, malgré sa trop légitime douleur, a voulu pieusement terminer l'œuvre
commencée.
La Société doit à madame Camille Delisse un excellent rapport sur des
expériences terminées dans de si douloureuses circonstances. Madame Delisse,
après avoir rendu compte des résultats de ces travaux, annonce qu'elle va
nous envoyer des œufs obtenus par elle, et qu'elle en gardera une portion
pour continuer les expériences en 18G3.
M. Dei'Rance continue avec une louable persévérance les expériences et
les éducations hâtives de la Société d'horticulture et d'acclimatation de Tarn-
et-r,aronne, qui a institué, à cet effet, un comité de sériciculture compose de
.MM. A. Defrance, L. Bergis et Am. Ligounhe, et un jardin d'acclimatation
où j'ai admiré, entre autres, l'atelier des essais précoces de graines de Vers
à soie, qui est établi de la manière la plus rationnelle et la mieux appropriée
à son objet.
J'ai mentionné plus haut, page lO/i, les remarquables résultats obtenus à
Troyes par M. le capitaine Jacquier.
Madame la comtesse de Labédoyère a continué les éducations expéri-
mentales qu'elle veut bien fcure, depius plusieurs années, et son rapport a
permis d'apprécier l'importance des résultats qu'elle en a obtenus.
110 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIOUE d'aCCELMATATIUN.
M. Leroy (d'x\ngers) a fait uni' ('ducalion de \ ers à soie ordinaires exclu-
sivement avec les feuilles du Macktra mirantiacu, el ces Vers n'ont montré
aucune maladie. 11 pense que les feuilles du Maclura sont elles-mêmes
exemptes de maladie, et il com])le, Tannée prochaine, élever les descendants
de celte première éducation au Maclura el au Mûrier, pour voir si les pre-
miers seront sains et les seconds malades, ce qui montrerait que rallection
leur vient de la nourriture.
M. E. NouRRiGAT (de Lunel) continue ses utiles recherches sur la mala-
die des Vers à soie el des Mûriers, et il cherche à acclimater des races exo-
tiques introduites, soit par la Société d'acclimatation, soit par le commerce,
avec une persévérance digne des plus grands éloges.
M. Personnat, secrétaire delà Société d'agriculture el des sciences natu-
relles de l'Ardèche, a fait de nombreuses expériences sur les Vers à soie
du Mûrier; il s'est occupé aussi d'expériences pratiques sur le Ver à soie de
TAilante, et il rend tous les jours de grands services à cette question, qui est
devenue, grâce à l'exemple qu'il donne et à la propagande qu'il fait, presque
popidaire dans le département de l'Ardèche.
M. DE l'LAGNOL, propriétaire à Chomérac (Ardèche), a envoyé à la Société
un savant mémoire ayant pour titre ; Des corpuscules vibrants de la maladie
des Vers à soie, et des moyens delà prévenir.
M. Jean Gross, de Gruminguen (Suisse), rend des services réels à l'accli-
matatiou eu se livrant avec un zèle digne des plus grands éloges au dévelop-
pement de l'industrie de la soie du Mûrier et de l'Ailanle dans le Zurich.
Avec l'aide de plusieurs savants el agriculteurs, il est parvenu à fonder une
Société séricicole pour le canton.
M. MicHELY (de Cayenne) n'a cessé de travailler à l'introduction de la
riche industrie de la soie à Cayenne, et il est èi regretter que ses efforts aient
été paralysés par des circonstances indépendantes de sa volonté et de son
amuu» du progrès agricole de la colonie.
Quoi qu'il en soit, ses travaux ont été juslement appréciés par le jury
de l'Exposition universelle de 186'2, puisqu'ils lui ont valu deux des rares
médailles qui oui été attribuées à l'agriculture française.
M. TuBi (de Milan) a reçu de notre Société des œufs de Vers du Mûrier
du Japon, qui lui ont donné une magnilique récolle la première année.
M. Tubi, en son nom et au nom des éleveurs à qui il avait distribué cette
race, m'a chargé de faire agréer ses remercîments à la Société d'acclimatation.
Madame la comtesse de Beau MUiNT a découvert, à la suite d'essais variés,
qu'on pouvait élever le Bombyx Cynthia avec les feuilles de la IMmpreaelle.
Voici ce qu'elle écrivait à ce sujet :
« J'aiprisdes chenilles ab ovo, sans qu'elles aient goutté autre chose. Elles
se sont mises à manger la l'inqnenelle. J'ai pris des chenilles de tout âge sur
le Vernis, elles ne se sont pas aperçues du changement de nourriture. L'édu-
cation a été aussi prompte, je ne dirai pas plus, quoique les premières chry-
salides me viennent des élèves de la fJimprenelle. »
TRAVAUX SUR L'INDUSTRIE DE LA SOIE. 111
M. Blal\ (d'Angers), à qui la question du Ver à soie dei'Aikintedoil laiil,
n'a cessé de s'en occiqior celte annt'c, cl ses succès ne se son! pas dé-
mentis. Il vienl d'en obtenir un éclatant au grand concours régional agricole
d'Angers, comprenant sept déparlemcnts, car le jury des produits agricoles
lui a décerné une nouvelle médaille pour les progrès qu'il fait faire à la cul-
turc de l'Ailanle el de son Ver à soie.
Aladame la baronne de Castili.on, qui avait si bien réussi ses éducations
de Vers de l'Ailanle en plein air en 1861, a continué ses succès cette année
encore. Outre ceux qu'elle a gardés pour la reproduction, elle a envoyé à
Paris 108Ù cocons niagnili(|ues qui ont donné une grande quantité d'œufs.
M. CiiOFi'iN, propriétaire du inagni(i(jue domaine du Tremblay, près de Join-
ville-le-Ponl, a fait, comme M. lîogcr-Desgeneltes, une pépinière d'Allantes,
et des essais d'élevage du ^ er à soie sur les arbres de son beau parc et sur
les jeunes sujets de son semis, et il a réussi à obtenir de bons cocons, malgré
les intempéries constantes du printemps et de l'été.
M. DoiNZEL-LECOiNTEa obtcnu, à Mmes, les mêmes résultats que madame
la baronne de Caslillon, près d'Aix. Il a aussi envoyé à Taris l'excédant de
sa récolte, composé de ZiOOO à 5CO0 cocons dont on a fait aussi de la graine,
(pii a été dislribuée, quoique un peu tardivement.
M. Frérot, déjà bien connu de la Société pour ses essais, couronnés de
succès, d'éducation du Bombyx Cynfhia sur le Cytise des Alpes, a continué
avec les mêmes avantages ces intéressantes expériences.
ÎVl. GivELET, au cbàleau de Flamboin, en est aussi aux semis et planta-
tions et aux essais d'élevage des Vers. On ne peut rien voir de plus beau que
les Allantes qu'il a obtenus de ses semis de deux ans, et ceux qu'il a mis en
place au printemps dernier sont d'une vigueur remarquable.
M. deLamote-Baracé a augmenté ses plantations d'Allantes et continué
ses éducations du nouveau Ver à soie, devenues aujourd'luii presque indiis-
iriclles par le développemeui qu'elles commencent à prendre.
A la suite de l'examen qui a été encore fait, cette année, par une commis-
sion de la Société d'agriculture d'Indre-el-Loire, des éducations de ce
dévoué et savant expérimentateur, la Société lui a décerné une nouvelle mé-
daille de vermeil, « la plus grande qu'elle ait donnée», ainsi que me l'écrit
M. Iiouiilé Courbe, président de la connnission des soies.
iM. DE Baillet a continué d'obtenir les succès que j'avais signalés dans
mon Rapport au ministre (1861, p. Zi6).
M. Debaize, deSaint-Marc d'Onilly (Calvados), qui a publié, l'année der-
nière, un travail fort intéressant sur ses premières expériences de 1861, m'a
donné des détails non moins curieux sur ses éducations de cette année.
M. Lecler, docteur en médecine à Rouillac, a rendu compte de l'essai
(pi'il a fait en élevant des métis de l'Ailanle et du Ricin qui lui avaient été
envoyés le 29 mai 1861.
M. A. Ligouxhe, secrétaire arcliiviste delà Société d'borticulUire et
d'acclimatation de Tarn-et-Garonne, indépendannnent des utiles travaux
]12 SOCIÉTÉ IMl'ÉlUALi: ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
qu'il poursuit sur les Vers ù soie du Millier, a f.iil de nombreuses et lemai-
quables expériences sur Péducalion du Bombyx de l'Ailantc dès 1800.
M. Malme>kt (de Ninies) a fait connaître à la Société, dans plusieurs
lettres, les résultats favorables de ses essais d'élevage du Ver de l'Allante.
M. DE MiLLY, qui avait si bien débuté l'année dernière, a donné, cette
année, un exemple qui aura une grande intluence dans le pays qu'il liabite.
Kn effet, ses plantations d'Allantes sur plus de six hectares de sables impro-
ductifs, sa fameuse éducation sur le bord d'une grande route près de Monl-
de-AIarsan, dont le Moniteur a rendu compte , ont attiré de tous côtes l'at-
tention sur ses travaux.
M. r.ENOUX, du Val, près de BrignoUes (Var), a rendu aussi un compte
intéressant d'une éducation de Vers à soie du lUcin, qui lui a donné d'excel-
lents résultats.
iM. Rogek-Uesgenettes, si bien connu de la Société par ses succès en
pisciculture, a fait un semis d'Ailanles qui lui a doimé, dans l'année même,
assez de sujets pour faire une plantation sérieuse dans la plaine de la Va-
renne-Saint-Maur. Pour s'initiera la pratique de l'élevage du nouveau Ver à
soie, il a fait quelques essais en plein air dans son jardin de Saint-Maur, et il
a parfaitement réussi, obtenant, dans ces conditions défavorables, sur une très
petite échelle et au milieu d'habitations fréquentées par un grand nombre
d'oiseaux, des Vers et des cocons magnifiques.
M. le docteur Sicard (de Marseille), a qui l'on doit de si remarquables
travaux sur le Sorgho à sucre, a bien voulu se livrera des expériences pra-
tiques sur l'élevage du Ver à soie de l'Ailante. 11 nous a adressé, le 8 ma
dernier, un excellent rapport sui- ces expériences.
« Il résulte de nos éludes, dit M. Sicard, que le \er à soie de l'Ailante
peut se propager dans le midi de la France, qu'il donnera de bons produits
à bon marché ; mais nous pensons qu'il est indispensable d'obtenir la pre-
mière éclosion avant l'époque fixée pour le nord de la l''rancc. »
M. le maréchanAiLLA.XT continue d'accorder sa haute protection à nos
efforts pour développer la culture de l'Ailante et de son Ver à soie, et il ne
cesse de contribuer à cette œuvre d'utilité publique en consacrant les rares
moments de loisir que lui laissent ses hautes fonctions à des expériences sur
le Ver à soie de l'Ailante.
Messieurs les ingénieurs et administrateurs de plusieurs de nos grandes
lignes ferrées ont voulu aussi concourir au développement de la culture de
l'Ailante, et l'on voit aujourd'hui, sur les réseaux de l'Est, de Paris à la
Méditerrannée et du ÎNIidi , des essais de semis et plantations faits sur les
talus, qui donnent d'excellents exemples aux populations voisines.
Les semis faits sous la haule direction de M. l'ingénieur de la ligne de Vin-
cennes, dans le parc de Saint-Maur, ont aussi donné un excellent résultat, et
ce savant se dispose à en faire une plantation dans ce beau parc, qui va être
habité par l'élite de la population de Paris, pour contribuer à la popularisa-
tion de la nouvelle culture. 11 est certain que cette plantation sera vue avec
TRAVAUX SUR l'iNDUSïRIE DE LA SOIE. 113
inti'icl par les nombreux visiteurs qui viennent étudier la question de l'ai-
lanliculture à la ferme impériale de Vincennes.
\1. AuJiicivo:v aîné a l'ail une connnuiiication très intéressante sur la
culture de TAilante, au comice agricole do Chàlons-sur-Marne, dans sa
séance du 15 février 1862. il a mis ensuite gratuitement des graines de cet
arbre à la disposition des personnes qui veulent se livrer à cette culture.
M. Diri is, qui rend tant de services à la Société par ses travaux botani-
ques et borticoles, a publié dans ses Bulletins une Notice sur l'Ailante
glanduleux et sa culture. Cet utile travail vient résumer presque tout ce que
l'on sait jusqu'à ce jour sur cet arbre, sur sa culture dans tous les pays, et
sur son avenir au point de vue de la sylviculture. Il sera, sous tous les
rapports, un excellent guide pour les agriculteurs et les forestiers.
M. CiiAMBRELENT, le savant ingénieur des mines à qui l'on doit le système
d'assainissement des Landes de Bordeaux qui a donné de si beaux résultats
depuis dix ans, a fait une plantation d'Ailanles en procédant par voie de
semis en place. Je n'ai jamais rien vu de plus beau que ces jeunes arbres
végétant avec une vigueur merveilleuse dans ces sables arides. Semés en place
en 1861, ils sont presque tous arrivés ù la hauteur des Chênes de trois ans
et des Pins de huit à dix ans, atteignant souvent plus de 3 mètres de haut.
M. Chardoa, fabricant de foulards à >îmes, secrétaire de la Société d'hor-
ticulture, etc., a fait des études pratiques sur les soies sauvages du Chêne,
du Ricin et de l'Ailante, afin de chercher des moyens de blanchiment qui
n'aient pas l'inconvénient grave de nuire à leur force. I! m'a donné des
échantillons susceptibles de prouver qu'il est sur la voie de la réussite. Il
pense que la bourre de soie de l'Ailante et du Ricin, telle que nous l'obtenons
aujourd'hui, aura un emploi immense dans la fabrique de iMmcs seulement.
M. GuiLHEN, do la même ville, a démontré par des faits que ces soies
prennent très bien la teinture, et qu'on peut les utiliser dans une foule de
tissus très beaux. Il a fait beaucoup d'expériences sur la soie de l'Ailante,
dont les cocons lui ont été fournis par MM. Maumenet et Margarot-l'auc,
nos confrères à ]\lmes, et un ouvrier ourdisscur, en préparant un fil de chaîne
avec cette soie, a été frappé de sa légèreté relative et de sa résistance.
Madame la comtesse ue Corneilla^ et ;\I. le docteur Forgemol ont
continue de mériter la haute récompense que la Société leur a décernée
l'année dernière, en poursuivant leurs recherches pour le perfectionnement
de leur utile découverte du dévidage des cocons naturellement ouverts ou
percés par la sortie des Papillons.
M. Gelot ^du Paraguay) a commencé aussi à introduire Failanticulture
dans ce beau pays. Il a séjourné près d'un mois à Montevideo pour bien
étudier les travaux de iM. Meyer. Il s'est assuré de l'exactitude de tout ce qui
a été dit et publié; dans les journaux de ces localités sur celle grave question,
et il s'est chargé d'.q)porler en France un certain nombre de kilogrannnes
de cocons obtenus par .AI. Meyer, pour les faire convertir en filés.
M. Meyer (de Montevideo) a introduit l'ailanticulture dans la Plata, et ne
cesse d'y développer celte nouvelle industrie, avec l'aide du gouverneinenl
T. X.— Mars 18G3. 8
114 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
et des principaux habitants du pays. Tout le monde a lu, dans le Moniteur
du 2 décembre ISd'i, IVxlrait d'un mémoire de M. Gelol sur les résultats
merveilleux déjà obtenus par i\l. Meyer.
Aladame la comtesse \e\vii,l, dont j'ai annoncé les preniièrcs tentatives
dans mon rapport au ministre (1861, page 63), acontinué ses travaux avec le
même zèle et le même succès, ^'oula^t donner plus d'activité à la propagation
en Angleterre de l'ailanticultnre, elle a publié un petit traité qui est une tra-
duction abrégée de mon manuel.
En apportant un concours si eflicace à la nouvelle industrie agricole que
je m'efforce de développer partout, lady Newiil a imité madame la comtesse
Drouynde Llniys, quia donné, la première, le même exemple en France.
M. Ilaymondo ToMiNZ. Personne n'a déployé plus de zèle, d'activité et de
dévouement que î\l. Ilaymondo Tominz, à Triesle, pour cette acclimatation
du Ver à soie de l'Allante en Autriche. ' •
M. 'l'ominz a étendu sa propagande on Grèce, où S. ;\1. la reine avait
daigné s'intéresser à cette culture, en Italie, en Hongrie et en Allemagne.
Madame Troyer (de Fiume), dont j'ai parlé dans mon rapport au minis-
tre (1861, page 58), a lait des expériences intéressantes et une propagande ■
active dans ces pays.
M. Oscar Zlik, professeur aucoUégc impérial ctroyaldeTeschen,enSilésie
autrichienne, m'a adressé, le 20 décembre 1862, un très intéressant rapport,
d'où il résulte qu'ayant placé, le 13 juin, 100 chenilles, trois jours après leur
naissance, sur des Ailanles , il a obtenu, le oO juillet, 85 cocons malgré ua
temps pluvieux et défavorable. Une autre éducation commencée le 3 juillet
avec 360 chenilles écloscs le 20 août, lui adonné 280 beaux cocons.
Î\I. Gazes (de Barcelone) mérite les éloges des anus de l'acclimatation ,
pour le zèle qu'il a mis à faire connaître les avantages de l'ailanticulture en
Espagne.
. A ce sujet, le Moniteur An i2 novembre 1862 contenait la note suivante:
« Je viens déterminer une éducation de Vers à soie ûu Bombyx Cynthia.
Au conuuenccment de juillet, je plaçai environ 2000 chenilles sur des
Allantes situés au bord d'une des promenades les plus fréquentées de Bar-
celone, par conséquent les visiteurs n'ont pas manqué et les incrédules ont
vu les chenilles vivre et travailler en plein air. Us ont admiré et touché les
innombrables cocons que l'on voit encore suspendus aux branches des Al-
lantes, n
MM. DE r.oo VAN Westmaas et N. II. DE Graai', de Velp (Gueldre), ont
publié en hollandais, dans le journal de la Société entomologique de Hol-
lande, un rcniar(|uable mémoire de /i7 pages in-8, ayant pour litre: Rapport
sur l'éilucntiu)i du Saturnia Cynthia en Uollandc.
Ils sont parvenus à alimenter ces chenilles avec les feuilles du Cerasus
pensylvanica. Elles se sont parfaitement développées et en même temps que
celles (pi'ils avaient nourries avec l'AilanlCj et les cocons ont été de la même
grosseur.
TRAVAUX SUR l'iNDUSTRIE DE LA SOIE. 115
Celte ann(îe le gouvernement hollandais a ordonné des cultures sérieuses
de Ricin et d'Allantes à Java, et Ton a fait trois ou qualre plantations de
près de six hectares chacune. Ces essais pratiques, faits d"al)ord aux irais du
gouvernement, seront ensuite abandonnés à Tinduslrle privée.
M. Carcano (de Milan) écrivait qu'ayant obtenu beaucoup de cocons en
1861 avec la graine qui lui avait été envoyée, il aurait assez de graine pour
ses éducations de cette année.
M. le comte Cocastelli, de Goito (Italie), n'a pas moins fait pour l'ailan-
licullure, ainsi que le constatent ses intéressants rapports sur ce sujet.
M. CoRNALiA (de Milan) continue l'utile propagande que l'ailanticulture
lui doit en Italie. Son exemple, ses conseils ont été entendus, et partout des
essais sont failsdans celle voie.
M. José Auguslo deSousA, conservateur adjoint du Musée royal de S. M.
Luiz 1", roi de Portugal, a fait connaître les progrès de l'acclimatation du
Ver à soie de l'Ailante dans ce pays, sous le patronage de Sa Majesté.
M. le général Bruno, d'Odessa, a reçu en 1861 des œufs du nouveau
Ver à soie. 11 en a obtenu de tels résultats, qu'il a pu , en 1862 , offrir de
vendre des œufs de celte espèce aux propriétaires du midi de la Russie.
M. Pierre Pichot a continué en 1862 ce que j'avais commencé en 1861,
et je ne saurais trop le remercier, avec les Sociétés d'acclimatation de Paris et
de Russie, pour le zèle qu'il a mis dans celle propagande.
Je dois aussi remercier M. Bogdanoff, qui n'est pas resté inaclif dans cette
circonstance. Ce savant distingué a montré une fois de plus un dévouement
à racclimatalion et au développement de l'agriculture de son pays qui lui
fait le plus grand honneur.
.. , • ■ ■ . — ■ ■ .0'- ■■-; ■:
H-,
r'J.
II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX • , '
DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ, .
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1863.
Présitience de M. Moqi'IN-Tandon, vice-président. ,
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbul de la séance
précédente, qui est adopté. . -
— M. le Président proclame les noms des membres nouvel-
lement admis :
MM. BiOLLÂY (Paul) , conseiller référendaire à la Cour des
comptes, à Paris.
BoGDANOFF (A.) , président de la section de pisciculture et
d'entomologie du Comité d'acclimatation, et professeur
-.-■-- de zoologie h la Faculté des sciences, à Moscou.
BuHARAYE (Armand de la), au château de Calac, prés
de Saint-Jean de Brévelay (Morbihan).
Costa de Beauregard (le comte Josselyn), à l'hôtel de
: . . Costa, à Cliambéry (Savoie). ;•: ;.
DuFFiÉ (A. A.), fabricant de sucre, à Braisne (Aisne). - ■
DuPUY (le docteur Louis), vice-président de l'association
locale des médecins des arrondissements de Laon et
de Vervins, à Festieux, près de Laon (Aisne).
Ferrand (Joseph), préfet de la Haute-Savoie, à Annecy.
Gerertzoff (S. Exe. M. Nicolas de), vice-président du
jardin zoologique, à Moscou.
GiMET (Paul), commissaire de l'émigration, au Havre.
GouscHKOFF (Jean), négociant, conseiller des manufac-
tures, à Moscou.
Kerzelli (Nicolas), membre du Comité d'acclimatation,
à Moscou.
KiUMiNE (S. Exe. M. Nicolas), président du jardin d'ac-
climatation, à Moscou.
KoscHELEw (Alexandre), président do la Société d'agri-
culture, à Moscou.
Lacroix (Jean), fabricant de papiers, à Paris.
' PROCÈS-VERBAUX. ■ ■ • Hj
MM. Lequin, direcleiir do la ferme-école, du déparlemcnt des
Vosges, à Laliayevaux (Vosges).
LoYDREAU (Edouard), maire de Chagny (Saône-et-Loire).
/: iManrioue (le docleur Camille), consul de Venezuela, à
~. ' Bayonne (Basses-Pyrénées). ' ... .;
,■:. Matthieu (J.), consul de Portugal, à Bruxelles, m .
MOiNTEBELLO (Fernand de), cà Paris. ....'..)l,::
Saenger, secrétaire du Comité d'acclimatation, à Moscou.
Sghischkoff (Nicolas), président de la Société d'agri-
culture de Lebediane (Bussie).
; SouzA (José Auguste de), conservateur adjoint du Musée
royal de Portugal, à Lisbonne.
;. TscHOUGOUROFFSKY (S. ¥.\c. M.), doycu de la Faculté des
sciences, à Moscou.
; . Zlik (Oscar), professeur au collège impérial et royal,
à Teschen (Silésie autrichienne).
— M. le Président annonce que, sur la proposition de la
Commission des récompenses, le Conseil a décidé que la no-
mination de deux nouveaux membres honoraires serait sou-
mise à l'approbation de l'assemblée. M. le président expose les
titres de M. IssakofI', l'un des principaux fondateurs de la So-
ciété d'acclimatation et du jardin zoologique de Moscou, au-
teur de nombreuses introductions de nouvelles espèces de
végétaux en Bussie, et de M. Eugène Simon, chargé par l'Em-
pereur d'une mission agricole en Chine, à qui la Société doit
des documents très intéressants et de précieux envois d'ani-
maux et de végétaux. L'assemblée, par un vote unanime,
ratifie la décision du Conseil, qui accorde à MM. Issakoff et
Simon letilre de membre honoraire.
M. le Président rappelle que la séance publique annuelle
aura lieu le iO février, neuvième anniversaire de la Société,
à l'Hôtel de ville, sous la présidence de M. Drouyn de Lhuys.
— M. le Président donne ensuite lecture d'une lettre par
laquelle Mgr Perny annonce qu'il est enfin parvenu à se pro-
curer une certaine quantité de cocons du Ver cà soie sauvage
du Chêne qui porte son nom, et qu'il s'est empressé de
l'adresser à la Société. (Voy. au /yw/Ze//;?.)
H8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
— M. de Francesco Martin, chargé d'affaires de Guatemala,
à Paris ; M. Toucliard et M. Martel (de Saint-Omer), adressent
leurs remercîments pour leur récente admission.
— M. Drouynde Lliuys, par une lettre adressée au Conseil,
annonce qu'un troupeau de Lamas ayant été offert à l'Em-
pereur par M. le président de la république de l'Equateur,
S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies a, sur sa
demande, donné des ordres pour l'embarquement de ces
animaux sur un bâtiment de l'État, et qu'en outre M. A. Flo-
rès, ministre des finances de l'Equateur, a l)ien voulu se char-
ger du soin des mesures à prendre pour que cette expédition
se fasse dans les meilleures conditions possibles. Cette lettre
est accompagnée d'une copie de la réponse favorable de M. le
Ministre de la marine. (Yoy. au Bulletin.)
, Par une seconde lettre datée du 21 janvier, M. Drouyn de
Lhuys fait connaître le désir qui lui a été transmis par M. E.
Kauffmann, au nom et en qualité de vice-président de la So-
ciété d'acclimatation des États royaux de Prusse, d'obtenir
à titre de cheptel quelques couples d'Yaks du Tibet. Cette
demande sera soumise au Conseil.
— Il est donné lecture d'une troisième lettre adressée par
M. Drouyn de Lhuys, et qu'il a reçue de S. Exe. M. le maré-
chal duc de Malakoff, gouverneur général de l'Algérie, qui
lui annonce que nos honorables collègues MM. Mackinnon,
Wilson et Ramel, ont été mis, sur sa recommandation, en
mesure de visiter avec toute facilité les principaux établisse-
ments de notre colonie africaine. . 1 ; ;. ;, ;
— M. Pierre Pichot, délégué du jardin d'acclimatation de
Moscou, par une lettre adressée à M. le Président, fait con-
naître que l'ouverture de cet étabhssement, qui est l'objet de
\di plus vive sympathie dans les classes éclairées en Russie,
doit avoir lieu le 1" août prochain. Il ïaû ensuite ressortir
l'importance des progrès de l'acclimatation dans cet empire.
Cette communication intéressante est accompagnée d'une
lettre adressée également à M. le Président par M. le profes-
seur A. Bogdanofl', délégué du Comité de Moscou pour la
fondation du jardin dont la prochaine ouverture vient d'être
- - - PROCÈS-VERBAUX. - 119
annoncée, qui, au nom du ComiU', sollicite l'intervention de la
Société impériale afin d'obtenir de Sa Majesté l'Empereur,
pour ce nouvel établissement, quelques types reproducteurs
de Moutons mérinos de Rambouillet et de Maucbamp. . >.
— Il est donné lecture de deux lettres adressées au nom de
la Société coloniale de la Réunion par M. le docteur Berg,
notre délégué à Saint-Denis, et notre confrère M. Manès.
M. le docteur Berg rappelle les demandes d'oiseaux in-
sectivores et d'œufs fécondés de poissons qui ont été faites
par la Société coloniale, et renouvelle sa prière. M. le Prési-
dent fait alors observer que des mesures ont été prises pour
satisfaire en temps opportun à ces demandes parvenues dans
une saison où cela n'était plus possible.
La lettre de M. Manès renferme, avec deux numéros du
journal la Réunion, contenant des articles sur la Société
récemment organisée à Saint-Denis, un numéro un Jour?ial
chc commerce, publié égalementà la Réunion, et qui renferme
un passage très intéressant extrait des explorations du docteur
Livingstone dans l'Afrique centrale. (Voy. au Bulletin.)
— M. Ferdinando Meazza, cbargé par S. M. le roi d'Italie
d'une mission de recbercbes dans le Turkestan indépendant,
écrit pour offrir ses services à la Société pendant le cours de
son exploration. Des instructions ont été envoyées à M. Meazza,
et les remercîmcnts de la Société lui ont été transmis,
— Il est donné lecture d'une lettre par laquelle notre hono-
rable confrère M. le conseiller Dutrùne offre à la Société un
jeune Taureau de sa race normande Sarlaùot, destiné à être
vendu aux enchères, dans le Jardin d'acclimatation, au profit
des ouvriers cotonniers. M. le Président annonce que le Conseil
a accepté avec autant d'empressement que de reconnaissance
celte olfre généreuse. — Cette vente aura lieu le mardi
lu avril, jour de la distribution des récompenses pour l'expo-
sition des Volatiles. ... .,
— M. P. Ramel envoie divers documents, parmi lesquels
M. le secrétaire signale un rapport du conseil de la Société
d'acclimatation de Melbourne sur la situation actuelle de
cette Société, et des extraits de publications australiennes sur
120 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLÏMÂTATION.
l'accroissemenl des animaux indigènes en Australie et sur la
chasse aux Kangurous dans celte colonie. (Voy. au Bulletin.)
M. le baron Anca, président de la Société d'agriculture
et d'acclimatation en Sicile, fait parvenir un Rapport sur les
résultats obtenus des tentatives d'acclimatation dans cette île
de la Chèvre d'Angora, du Sorgho sucré de Chine et de la
Cochenille. (Voy. au Bulletin.)
— M. Binger, président delà Société régionale d'acclima-
tation de Nancy, transmet le désir exprimé par cette Société
d'obtenir des Lapins-lièvres, des Moutons, Ong-ti de Chine, et
une part dans la distribution des graines dont la Société impé-
riale pourra disposer.
~M. Pierre Pichot fait à la Société, en date du 23 janvier,
une communication intéressante relativement aux essais d'ac-
climatation du Casoar en Angleterre, tentés par M. William
Bennett, dans le comté de Surrey, depuis l'année 1860. Une
ponte de quinze œufs eut lieu en 1861 ; mais, par suite d'un
accident imprévu dans le cours de l'incubation, il ne naquit
que quatre jeunes, dont deux ne vécurent que peu de temps,
tandis que les autres sont parfaitement parvenus à leur crois-
sance normale. Une seconde incubation en 1861 amena trois
éclosions : l'un des jeunes mourut au bout de quelques se-
maines, les deux autres étaient dans leur neuvième mois. Une
troisième ponte a lieu actuellement. (Voy. au Bulletin.)
— M. Teyssier des Farges adresse une note qui résume ses
observations au sujet de l'albinisme remarqué par M. Delouche
sur quelques Poules de la Flèche. (Voy. au Bulletin.)
— Par une seconde lettre adressée à M. le Président, en
date de Saint-Denis de la Réunion, le 27 décembre 1862,
M. A. Manès annonce qu'un premier essai qu'il vient de faire
pour envoyer déjeunes Gouramis en France n'a pas réussi,
et qu'il se propose de le renouveler autant de fois qu'il sera
nécessaire et sous toutes les formes, pour atteindre le but que
se propose la Société à l'égard de ce poisson.
— M. René Caillaud, par une lettre du 22 janvier, en trans-
mettant les remercîments de nos confrères récemment admis,.
MM. Bouché et de La Rochette qui s'occupent d'expériences
./..■■'. PROCÈS-VERBAUX. ■:!:.!';■ 121
de pisciculture et d'ostréiculture en Vendée, fait connaître les
heureux résultats qui ont couronné, dans ce département, les
essai? de naturalisation de certaines espèces de Poissons de
mer dans l'eau douce. (Voy. au Bulletin.)
— M. Millet dépose une Note résumant les observations
qu'il avait présentées dans une séance précédente à propos
d'une communication de M. de Grandmont sur l'utilité et les
avantages de l'acclimatation de la Fera {Coror/omis fera,
Jurine) dans les eaux libres ou captives de la France (1).
— M. le président du comité de direction de l'Institut agri-
cole catalan de San Isidro (Espagne) transmet, au nom de l'in-
; (1) Je ferai d'abord observer que la Fera existe déjà dans nos eaux, par-
liculièremenl dans la partie française du lac Léman , et que les essais que
que j'ai faits depuis plusieurs années ne laissent aucune incertitude sur la
possibilité d'introduire ce poisson dans les lacs qui présentent des stations à
eaux froides et profondes. Mais mes études sur les mœurs et le tempérament
de la Fera m'autorisent à penser qu'il faut être très circonspect en ce qui
concerne les rivières et les étangs. Les millions d'œufs fournis à un très
grand nombre de personnes par l'établissement d'Huningue (plus de
20 millions dans ces deux dernières campagnes) n'ont encore donné, dans
toutes les localités qui m'ont été signalées, aucun résultat satisfaisant ; je n'ai
encore vu nulle part un seul poisson provenant de ces œufs; je suis dès
lors porté à penser que, dans les conditions où elles sont faites, ces four-
nitures sont plulôt nuisibles qu'utiles, car elles appauvrissent les eaux où la
Fera prospère naturellement , et ne procurent aucun avantage ou profit à
celles qui reçoivent les œufs fécondés.
Ces insuccès, d'ailleurs, n'ont pas pour cause le séjour constant de la Fera
en eau douce; ce poisson, en effet, ne quitte pas les lacs pour se rendre à la
mer, et n'a pas les exigences de migratiou du Saumon et de l'Alose,
Les essais faits d'après les instructions d'Huningue ou du collège de France
ont échoué, parce que, d'une part, l'incubation et l'éclosion n'ont pas eu lieu
dans de bonnes conditions, et que, d'autre part, l'éducation a été tentée sans
tenir compte de l'état et de la nature des eaux.
En effet, jeter les anifs à la volée sur les herbes ou sur les graviers, c'est
les livrer à l'action destructive de toutes les influences extérieures et à la
voracité de tous leurs ennemis, même des plus petits poissons, tels que les
Épinoches. Quant au procédé qui consiste à laisser les œufs se développer
sur des mousses humides dont on entretient l'humidité en les aspergeant
chaque jour avec de l'eau , c'est un moyen qui peut être employé dans un
laboratoire comme celui du collège de France, mais qui n'est pas praticable
sur une grande échelle ; ce procédé a, dans tous les cas, le très grave incon-
122 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
stilut, une demande de graines de Vers à soie de l'Ailante
pour recommencer un nouvel essai d'éducation.
— M. le docteur Joly, délégué de la Société à Toulouse,
écrit pour donner quelques renseignements sur les résultats
des éducations du Ver de l'Ailanle dans son département, qui
n'ont encore été entreprises que sous forme d'expérience. Il
signale un appareil pour les éducations en chambre imaginé
parM.Bernady, et qui lui paraît très commode. ; ,
— Madame la comtesse de Corneillan fait parvenir, avec une
Note sur les expériences par lesquelles elle a constaté que le
cocon du ^ow/5'ya,' il/on, ouvert par la sortie du papillon, n'est
pas coupé, des échantillons de soie obtenue, par un procédé
de son invention, de ces cocons après l'éclosion du papillon,
vénient trexposer les œuls à éclore en dehors de l'eau, ce qui amène infailli-
blement la mort du petit poisson, ou de nécessiter de nouvelles manipula-
lions pour inuuerger les œufs dans l'eau.
(En ce qui concerne le transport et la conservation des œufs dans des
mousses ou corps humides, c'est un procédé que j'ai indiqué depuis long-
temps, même dans- le Bulletin de la Société, et sur lequel j'ai donné des
instructions très détaillées dans mon Discours sur la pisciculture à la con-
férence Mole, discours qui a été imprimé en 1 85/i ; des œufs de Fera et autres
Salmonidés déposés d'après ce mode dans des boîtes fermées sont édos au
bout de peu de temps, après un transport de vingt â trente jours.)
Du reste, pour les éludes de laboratoire ou les observations de cabinet, on
arrive facilement à obtenir des éclosions, quelles que soient la nature ou la
forme de l'appareil ; j'opère ainsi, chaque année, avec succès, même dans des
assiettes creuses dont le fond est nu ou garni de graviers. Pour les eaux
naturelles, les éclosions se font très bien, soit dans des châssis garnis de gra-
viers, soit dans des boîtes ou caisses semblables à celles dans lesquelles on
enterre les œufs des Truites, Saumons et Ombres,
Il ne suffit pas de faire éclore les œufs, il faut, innnédialement «près leur
éclosion, mettre les jeunes Feras dans de bonnes conditions pour vivre et
prospérer. A cet eiïet, on ne doit pas les abandonner dans des eaux oîi ils ne
trouvent aucun abii, aucune retraite, et où ils ne peuvent se tenir, selon les
besoins de leur tempérament et de leur développement , dans des stations
dont la température se ) approche, en été conuue en hiver, de celle des lacs.
En présentant ces observations, je n'ai d'autre but que celui indiqué par
notre jeune confrère , dont le zèle et les efforts dans ses débuts en piscicul-
ture ne peuvent qu'être encouragés: c'est d'épargner à ceux qui voudraient
entreprendre quelques essais des dél)0ires et des mécomptes toujours très
fâcheux et très regrettables. . •' • . .
- - ; : ■■ pROCÈs-VERRÂUX. ' '" '"i :•;:>!'. ; 123
et de soie dévidée des Bombyx ArrincUa et Cynthia. Ces
divers échantillons sont placés sous les yeux de l'assemblée.
— M. B. Bellemain dépose une Notice sur VOxnUscrenata.
. — M. Drouyn de Lhuys transmet à la Société le texte im-
primé en anglais d'une correspondance relative à l'introduc-;
tien au Canada des Asclépias américains qu'il a reçus de
31. Gauldrée-Boilleau.
— M. E. Durand, membre de l'Académie des sciences na-
turelles à Philadelphie, auteur de la Monographie des Vignes
et des vins de l'Amérique du Nord publiée au Bulletin (1862),
donne de nouveaux renseignements sur le Pyrularia oleifera
dont il avait envoyé des racines à la Société, et dont il pense
que l'on pourrait tirer un parti avantageux, si l'on parvenait
à l'acclimater en France. (Yoy. au Btilletin.)
— M. Brierre (de Saint-Hilaire de Riez) envoie un Rapport,
accompagné de dessins à l'huile, sur de nouveaux résultats de
ses cultures de végétaux exotiques. -^ • ^ -- '-•'■■ ••■• ■'
— Madame Delisse, qui continue avec une louable persé-
vérance les expériences dont son mari, notre honorable con-
frère, obtenait de si remarquables succès, adresse à la Société
des tubercules de Patate douce d'Alger, de l'Avoine d'Algérie,
des Pois oléagineux de Chine, des graines de Loza, de Millet
de Pékin et du Sénégal, cultivés et récoltés près de Bordeaux,
ainsi que des œufs de Vers à soie du Mûrier, provenant de
ses éducations.
— M. do Mortain offre à la Société une collection de graines
rapportées par M. de Lapeyre.
— M. Louis Terwangne (de Lille) offre à la Société un
exemplaire d'une Notice sur le rouissage du ÏÀn, du Chanvre^
de r Ortie de Chine et autres textiles, rendu manufacturier et
saluhre par un procédé de son invention. ^ "■ ' - ■ '
— M. Victor Chatel adresse également une notice intitulée :
Nouvelles observations sur la. maladie de la Vigne. ''■ ■" }
— M. le docteur Sicard (de Marseille) écrit pour signaler
une erreur qui s'est glissée dans la rédaction du procès-ver-
bal de la séance du 26 décembre 1862, où le Cath-sé dont il
a fait une si intéressante étude est improprement appelé
12/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Catli-sé de Mûiititjny, au lieu de Catli-séde Chine. La lettre de
notre zélé confrère renferme une notice manuscrite intitulée:
Étude sur la farine de Tavoulou de Madagascar, et accompa-
gnée de divers échantillons de produits extraits de ce végétal
alimentaire. (Voy. au Bulletin.)
— M. le docteur Poyet fait hommage à la Société d'un
exemplaire de ses Notices r/éographiqueSy et/inograp/iiques,
statistiques, c/imatologiques et éconotniques des di/f éventes
localités du Mexique, Jalapa.
— S. Exe. M. le Minisire des affaires étrangères transmet,
avec les numéros de novemhre et de décembre du journal le
Jardin zoologique de Francfort, des extraits de ce journal
qu'il doit à l'obligeance de M. Debains, secrétaire d'ambassade
à Vienne. (Voy. au Ihdletin.)
■ — L'Académie d'agriculture de Pesaro (Italie) fait parve-
nir la collection de ses publications en échange avec le Bul-
letin de la Société.
— M. le secrétaire dépose sur le bureau : 1" Un Rapport
sur une excursion faite du 2 au 9 août 1860, par quelques
membres de la Société botanique de France au numt Viso et
dans les Alpes du Briançonnais , rédigé par MM. J. L. Sou-
beiran et Bernard Verlot, et dont il fait hommage à la Société.
2" Les fumeurs d" opium en Chine, étude médicale, par
M. le docteur H. Libermann, offert par M. le baron Larrey.
3° Principes généraux de géographie agricole, par M. le
docteur P. Sagot. ... -
— M. A. de Grandmont fait hommage à la Société d'une
collection de dessins des oiseaux d'Europe par Verner.
— M. A. Gelot présente un échantillon de bourre de soie
provenant de cocons de métis des Vers du Ricin et de l'Allante
récollés à Montevideo, et fait remarquer la douceur et le bril-
lant de celte matière. 11 ajoute que la culture de ce Ver à soie,
qui a déjà donné à M. Meyer des résultats très remartjuables,
va prendre un très grand développement dans la province de
Montevideo, et que les colons y trouveront une véritable source
d'aisance par l'extrême facilité que présentent les éducations
dans ce pays et la rapidité avec laquelle elles se succèdent.
•' "^ l'IlOCÈS-VERDÂUX. ' ■■ ■ ." ' 125
Par suite do celle communicalion , plusieurs membres
demandent que la Société fasse une démarche auprès de M. le
gouverneur général de l'Algérie pour appeler son attention sur
les avantages que peut offrir la culture des Vers du Ricin et
de l'Ailante ou de leurs métis dans notre colonie. — L'examen
de cette proposition est renvoyé à la quatrième Section.
— M. le directeur du Jardin d'acclimatation dépose une
Note qui lui a été adressée par M. Chevet aîné sur les qualités
de la viande des Canards sauvages ou domestiques. (Voy. au
Bulletin.)
— M. Jules Lecreux présente des échantillons d'une espèce
de Pomme de terre des Cordillères, dont il avait reçu de la
Société un tubercule au printemps dernier, et qui lui a donné
un produit très satisfaisant.
— M. Guérin-Méneville annonce que nos honorables con-
frères MM. Auzende à Toulon, Denis à Hyères, Leroy à
Angers, Martin à Montpellier, et Hardy à Alger, l'ont informé
des mesures qu'ils ont prises pour avoir des feuilles de Chêne
susceptibles de nourrir les Vers à soie Ya-ma-maï.
Madame veuve Boucarut (d'Uzès) lui a appris qu'il y a de
jeunes feuilles de Chêne dans des localités abritées des envi-
rons d'Uzès, et elle lui a envoyé quelques-unes de ces feuilles
pour montrer l'étal de développement dans lequel elles sont.
M. le comte de Lamote-Baracé et M. de Milly ont pris des
mesures pour obtenir des pousses hâtives de Chêne.
11 fait passer sous les yeux de la Société des échantillons
de soie </rége ou coiUinue ohiewwè dans une usine du midi de
la France fonctionnant, pour la soie du Mûrier, depuis plu-
sieurs années, et il lit l'extrait suivant d'une lettre, en date du
30 janvier 1863, qui accompagnait cet envoi :
« Dès hier nous avons commencé la préparation de ce pro-
duit, et je vous envoie le premier écheveau de fils quej'en ai
tiré au titre de 8 cocons.
s J'ai la satisfaction de vous dire que je suis à peu prés
convaincu, après mon premier essai, de tirer parti du cocon
d'Allante par mon système A'une manière pratique. Je ferai
de la soie de litre régulier avec tout ce qui compose votre
126 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
premier envoi (1 kil.), mais ce sera bien peu. Ayez la com-
plaisance de rechercher tous les cocons qui seraient à votre
disposition, et veuillez au plus tôt me les faire parvenir; je
ferai de la trame et de la grége en assez grande quantité. »
Cette grége de l'Allante, comparée à un échantillon que
M. Guérin-Méneville a reçu du ministère des domaines de
Russie, qui l'avait fait venir de Pékin, lui est très supérieure.
M. Guérin-Méneville annonce en outre qu'il a reçu de Hol-
lande, par l'entremise de M. le chevalier de Blecker, une
petite boîte d'u.'ufs du Ver à soie ïa-nia-mai^ qui lui ont été
donnés par M . Pompe van Meert der Woort. La distribution que
M. Guérin-Méneville se propose d'en faire, de son côté, à
un certain nombre d'éducateurs, viendra ajouter autant de
chances nouvelles de succès aux tentatives d'acclimatation de
cette précieuse espèce. . •"•._.
En ayant ouvert tjuclques-uns, il les a trouvés dans le même
état d'incubation avancée que ceux qui ont été envoyés à la
Société. . : ■ . • '. • -, ■;
— M. A. Gillet de Grand mont lit une Note sur les travaux
de pisciculture entrepris au lac Pavin, en Auvergne, et sur les
résultats avantageux qu'on y a obtenus dans l'élevage du Sau-
mon. (Voy. au BuUet'm.)
— M. J. Cloquet demande la parole pour témoigner de
l'excellente qualité de la chair des poissons de ce lac; il a eu
l'occasion de l'apprécier en Auvergne.
— M. Millet fait observer que les tentatives d'acclimatation
du Saumon dans les eaux douces captives sont très anciennes ;
que personne, dans la Société, n'a contesté la possibilité de
faire ces éducations; cl qu'en ce qui le concerne personnelle-
ment, il a présenté à la Société, dans la séance du h mars
1869, des Saumoneaux et des œuts embryonnés de Saumon
provenant d'eaux douces captives. Notre confrère ajoute qu'il
n'a contesté Tutilité de ces éducations qu'au point de vue
purement pratique. Selon lui, il est toujours préférable d'a-
bandonner les Saumoneaux à leur instinct naturel de migra-
tion, et de les laisser aller se développer et s'engraisser à la mer,
qui est une source inépuisable d'aliments de toute sorte. Les
Saumoneaux reviennent, en efl'et, au bout de quelques moiSj
■ PROCÈS-VERBAUX. ' 127
dans les eaux où ils sont nés, ayant acquis un poids supérieur
à celui que les Saumoneaux, restés captifs en eau douce ne
présentent qu'au bout de quatre à ciiuj ans.
— M. Chauvin fait observer que dans toutes les rivières des
Gôtes-du-Nord, où il a pu étudier depuis de longues années
les mœurs et les habitudes du Saumon, il est constant que ce
poisson dépérit et que sa chair perd de ses qualités pen-
dant un séjour môme peu prolongé dans les eaux douces.
— M. Millet confirme celte observation, en disant qu'elle
est générale dans toutes les contrées, même celles dont les
eaux sont les plus favorables au Saumon, et qu'en Angleterre
notamment, on s'abstient de manger les poissons de cette
nature, qu'on nomme unclean, impurs. ..
M. Millet fait ensuite à la Société une communication sur
les métis des Poissons, et sur l'inlluence du j)crc et delà
mère sur la nature du produit.
— M. A. de Grandmont demande que, pour compléter cette
intéressante connnunication, notre confrère veuille bien en-
trer dans de plus amples détails au sujet des lieux où les expé-
riences ont été faites, du temps depuis lequel elles ont été
instituées, de l'càge et de la taille des métis obtenus.
— M. Millet répond que ses expériences remontent déjà à
un grand nombre d'années ; qu'il en est fait mention dans son
Discours sur la pisciculture à la conférence Mole du mois de
mars 185Zi, et dans l'ouvrage de M. Is. Geoffroy Saint-IIilaire,
imprimé plus tard; que, d'ailleurs, elles ont été répétées par
plusieurs personnes, notamment par notre confrère M. de Gal-
bertdans l'Isère, et M. Cari Bystrom en Suède, etc. Notre con-
frère ajoute que les métis qu'il a obtenus étaient parfaitement
adultes, que la plupart d'entre eux, particulièrement ceux du
Saumon, Truite et Ombre, et ceux de Carpe ordinaire et de
Garassin, se sont reproduits, soit sur des frayères artificielles,
soit par fécondation artiiîcielle.
— M. A. de Grandmont dit que depuis nombre d'années on
fait des métis de Salmonidés à l'établissement d'IIuningue et
au collège de France. M. Coste possède des métis de Saumon et
de Truite que l'on peut voir aujourd'hui circuler dans ses bas-
128 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
sins. Ils ont ZiO centimètres de long; âgés de près de quatre
ans, ils se sont déjà reproduits deux fois par fécondation ar-
tificielle. Les œufs qu'ils ont donnés cette année, d'un beau
rose, plus gros que ceux des Saumons du Rhin, sont éclos
depuis quelques jours, et leurs embryons sont très bien portants.
— M. Lamiral lit un Mémoire sur le poutargiie^ et sur la
possibilité d'utiliser les œufs qui servent à faire cette sorte de
caviar pour des fécondations artificielles. — L'examen des
propositions qui terminent ce mémoire est renvoyé au Conseil.
— M. Charles Bellanger dépose sur le bureau des graines
de Cassia occideîitaiis, dit Ca/c nègre, et un Mémoire sur
cette plante.
— M. Pigeaux fait quelques observations sur l'utilité du
Moineau pour l'agriculture.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1863.
Présidence de M. A. Passy, vice-président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvel-
lement admis :
MM. Bellaigne de Bugas (A.), vice-consul de France, au châ-
teau de Tournebise, près Pontgibaud (Puy-de-Dôme).
BoNKOwsKi, étudiant en pharmacie, à Constantinople et
à Paris.
DuRY (le docteur), faisant fonction de vice-consul de
France à Nangasaki.
. Goltz (S. Exe. M. le comte de), ambassadeur de S. M. le
roi de Prusse, à Paris.
PoNCEAU (Théodore), docteur médecin, à Paris. '
PoussiELGUE (Achille), à Paris.
Ueinach (de), ofiicier d'ordonnance de S. Exe. M. le
maréchal Bcgnaud de Saint-Jean-d'Angely, à Paris.
Robinet (le baron de), colonel d'élat-major, à Paris,
Sandri (Théobald), négociant, à Tien-tsin (Chine).
■ SuRiG.NY (A. de), propriétaire, à Prisse (Saône-et-Loire).
PHOCÈS-VERBAUX. ■. . 129
MM. Thierry Mie(;, s(m rélaire de ];i Société iiKlustriolle de
:, Mulhouse, à Paris.
-.. Truchy (Emile), négociant, à Paris. : ".
: Valero de Urria (le marquis de), à Paris.
Vallat (le comte de), consul général de France à Barce-
lone, à Paris.
Vaucher (Fritz), négociant, à Chang-hai (Chine).
— Un mernhre demande quelle a été la décision du Con-
seil sur une lettre qui lui a été adressée pour faire observer
que la salle des séances n'est plus assez vaste pour contenir
les membres présents. j, . .
M. le Président répond que le Conseil s'est déjà occupé
du choix d'un nouveau local plus vaste, sans avoir pu en
trouver im convenable, et que d'ailleurs il reste encore un
certain temps avant que le l)ail de la Société soit expiré.
— Des lettres de remercîmenls pour leur récente admission
sont adressées par MM. Djémil-Pacha , ambassadeur de la
Subliuie-Porte, à Paris; Teissonnière, et le comte de Vallal,
consul général de France à Barcelone.
— MM. Bush, Boppe-Iiermite, Roger-Desgeneltes, Fruchier,
Cross, marquis de Fournès, Arnaud, Sicard, Loarcr, et mes-
dames la comtesse de Laljédoyère et veuve Boucarut oil'rent
également leurs remercîments pour les récompenses qui leur
ont été décernées dans la séance publique du 10 février.
—S. A. I. le prince Napoh'on, S. Exe. le Ministre de l'agri-
culture, MM. de Rover et Monny de Mornay, expriuient leurs
regrets de n'avoir pu assister à la séance publique.
— M. Drouyn de Lhuys communique : i" une lettre qu'il
a reçue de S. A. le prince Maximilien de AVied, et par laquelle
ce vénérable membre de la Société exprime ses regrets de la
mort de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et renouvelle ses
ollres de service à la Société, 2" une lettre de S. Exe. le Mi-
nistre de la marine, qui annonce avoir recommandé au gou-
verneur de l'île de la Réunion la demande de concession du
jardin colonial de Saint-Denis, faite par la Société d'acclima-
tation de la Réunion; 3" une lettre de S. Ecx. le Ministre de
T. X. — Mars 18(j:5. 9
130 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
l'agriculture, qui veut, bien accorder à la Société une médaille
d'or, grand module ; li" une lettre de M. J. Léon Soubeiran,
qui lui annonce la prochaine arrivée d'une collection d'ani-
maux du Brésil réunis à Pernambuco par M. le comte de Lé-
mout.
— M. Bouilloud (de Bône), récemment admis au nombre
desmembres de laSociété, adresse ses oflVesdebon concours.
— i\L E. Simon adresse une liste des animaux, végétaux,
graines et objets divers de Chine expédiés par lui, en décembre
dernier, à S. Exe. le Ministre de l'agriculture, et donne dans
plusieurs lettres des détails intéressants sur cet envoi.
— M. A. Geoifroy Saint-llilaire transmet les instructions
qu'il a rédigées, à la demande du Conseil, relativement à
l'expédition des Lamas et Alpacas offerts par le président de
l'Equateur, instructions qui ont été remises à M. Antonio
Flores, ministre des finances de l'Equateur.
— M. le baron Aucapitaine adresse une Note sur le Mouiîon
de Corse. (Voy. au Bulletin.)
— M. le vicomte de Morteuil annonce la mort d'un des
boucs d'Angora qu'il avait reçus en cheptel, et envoie l'animal
pour que l'autopsie puisse en être laite. Le soin de cette opé-
ration est confié à M. le directeur du Jardin d'acclimatation.
— M. Lequin accuse réception des dix Chèvres métisses
d'Angora qui lui ont été récemment confiées par le Conseil.
— M. le président de la Société d'acclimatation de Nancy
demande comment cette Société pourrait se procurer des Lé-
porides pour étudier ce singulier produit.
— A cette occasion, M. le docteur Pigeaux dit qu'il pense
que l'existence connue hybride issu du Lièvre et du Lapin,
de l'animal désigné dans nos Bulletins sous le nom de IJporide^
paraît au moins problématique, et sa remarquable fécondité,
supérieure à celle de ses deux congénères, contradictoire à
tout ce que la science connaît en ce genre. Sa trop grande ana-
logie de forme et de reproduction avec le Lapin domestique,
sa tendance incessante à faire retour vers ce dernier, tout porte
h croire que le mystère dont on entoure son origine et son
mode de pioduction cache une mystification dont la So-
PROCÈS-VERBAUX. 131
ciélé d'accliinalalion doit savoir se sauvegarder, qu'elle ne doit
pas surtout couvrir de son patronage.
Tant que des expériences directes et précises n'auront pas
démontré l'existence de ce singulier hybride, il nous semble
prudent et conrorme aux précédents de la Société d'acclimata-
tion de nous abstenir. Il ne faut même pas que sa bonne foi
puisse être suspectée, quand l'observation refuse de l'éclairer
de son flambeau.
— MM. Rufz de Lavison, Aube et Moquin-Tandon font à ce
sujet diverses observations desquelles il résulte que très pro-
bablement ces Léporides sont tout simplement une race par-
ticulière du Lapin.
— M. Tourniol, de Milianali (Algérie), met à la disposition
de la Société ses bassins et appareils de pisciculture pour y
tenter l'acclimatation des Gouramis qui lui seraient confiés,
et qu'il ferait prendre à ses frais à Alger.
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet une
lettre de M. Gauldrée-Boilleau, consul général de France à
Ouébec, annonçant l'envoi d'une caisse contenant des Cocons
de YAttacKs Cecropia, ou Ver à soie du Canada, et de la graine
iVAsc/epùfs ou Cotonnier soyeux du même pays. Cette lettre
est accompagnée d'une note de madame Lawson, qui s'est
particulièrement occupée de l'éducation de VAttaciis Cecropia
et du dévidage des cocons de cet insecte. (Voy. au Bulletin.)
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet un
Mémoire qu'il a reçu de M. le chargé d'affaires de France à
la Haye, et qui a été rédigé par M. Pompe van Mcert der Woort,
médecin de la marine royale des Pays-Bas à Nangasaki, sur la
conservation et la culture des œufs de l'espèce des Vers à soie
sauvages du Japon dite Bombi/x Ya-ma-mal . (V. au Bulletin.)
— S. Exe. le Ministre de l'agriculture et du commerce
transmet une boîte de graine de Vers à soie de Chine, faisant
l)artie d'un essai d'importation tenté par la voie de Mongolie
et de Sibérie, et qu'il a reçue de M. Buissonnet.
Une lettre de M. Buissonnet sur le même envoi est ac-
conqiagnée d'une carte séricicole de la Chine.
— M. Caillas adresse un Mémoire sur ses expériences d'édu-
J32 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
calioli des \ ris à soie du Mûrier, qu'il coiilinue avec uu plein
succès, depuis plusieurs années, à Passy-Paris.
— M. Nourriiiat adresse un Mémoire sur racclimalalion des
races de Vers à soie de l'extrême Orient, comme unique plan-
che de salut offerte à la sériciculture européenne.
— M. Cabueil, qui veut entreprendre des éducations de
Vers à soie du Piicin à Corée, demande des instructions pour
pouvoir faire cette opération dans les meilleures conditions.
— M. Baumgartner demande quelques graines de Boniby./:
Ya-ma-maï pour en tenter l'éducation à Loerrach (duché de
Bade).
— M. Camillo Casati adresse un Rapport sur ses cultures de
graines reçues de la Société.
— M. Radiguetlait connaître quelques nouveaux documents
sur ses cultures de Pomme de terre.
— M. Chagot aîné lait don à la Société d'une certaine
(juantité de graines de Cotonnier dont il n'indique pas l'origine.
— M. le Président fait connaître à la Société les décisions
l»i'ises par le Conseil dans sa dernière séance :
1" Acquisition d'un troupeau de Moutons Owj-ti de Chine,
d'au moins cinquante têtes, et affectation d'un crédit de
3500 francs pour cette opération. La même décision a été
prise par l'administration du Jardin.
2" Envoi fait au Brésil de 50 plants greffés de Marronniers,
offerts par la Société, et de lOOgreffes de Marronniers données
par M. André Leroy (d'Angers).
3" Une communication de la troisième Section, qui exprime
le vœu que de nouvelles tentatives soient faites pour l'acclima-
tation des Eponges sur nos côtes méditerranéennes.
Après quelques observations à ce sujet, présentées par
M. Millet, la conmmnication de la troisième section est ren-
voyée au Conseil.
— M. le Président désigne la Commission chargée du dé-
pouillement du scrutin, dont font partie MM. le manjuis
de Selve, le comte deSinéty, Cloquet, Cosson et Aube.
— M. Bufz de Lavison annonce que le Jardin vient de rece-
voir un Merle bronzé et deux Oiseaux moqueurs.
PROCÈS-VERBAUX. 133
— M. Guérin-Méneville annonce que M. Amable Lcfèvre,
négociant à New-York, vient df lui donner oénéreiisement,
pour en essayer l'introduction et l'acclimatation, huit cocons
renlerniant leurs chrysalides vivantes du Bombyx Cecropia,
Ver à soie sauvage de l'Amérique du Nord, qui se nourrit, en
plein air, des feuilles de Pommier, Prunier, Cerisier, Gro-
seillier, F^pine-vinette, Orme, Saule, etc., etc.
L'élevage de cette magniiique espèce a été tenté en France,
il y a déjà assez longtemps, d'abord par Audouin, puis par
MM. Lucas, Blanchard, et tout récemment par MM. Duméril
et Vallée au Muséum d'histoire naturelle. En 1861, M. Rufz
de Lavison en a fait une éducation au Jardin d'acclimatation,
mais tous ces essais ont échoué
Si les Cocons que M. Guérin-Méneville possède lui donnent
des papillons, et ceux-ci des œufs fécondés, il se fera un
devoir, avec l'assentiment de M. Lefèvre, d'en offrir à M. le
directeur du Jardin, à la Société d'acclimatation, etc., etc.
Notre confrère ajoute qu'il doit encore à M. Lefèvre des
graines et des racines vivantes de deux grandes espèces (\' Aa-
clepias de l'Amérique du Nord, qui donnent en abondance une
matière soyeuse très brillante, utilisable peut-être dans l'in-
dustrie. Il offre, au nom de M. Lefèvre, de ces graines et de
ces racines à la Société.
Il ajoute, enfin, qu'il a été autorisé à faire connaître le
nom de l'ingénieux filateurdu Midi qui a dévidé en soie grége
ou continue, et industriellement, les cocons de l'Ailante. Ce
magnifique résultat a été obtenu par M. Aubenas (de Loriol),
inventeur d'un appareil de torsion à dévidage régulier et
simultané pour la filature des cocons doubles.
— M. Richard (du Cantal) fait connaître à la Société les
résultats de ses essais de fabrication de fromages dits de Hol-
lande, dans le Cantal, et annonce qu'il a déjà obtenu des pro-
duits avantageux de cette fabrication. (Voy. au Hiilletin.)
— M. J. Duchesne-Thoureau indique un système au moyen
duquel les arbres et les végétaux sont facilement amenés à
un développement ligneux ou herbacé, et cela sans nuire à la
fructification, qui est au contraire activée par cette applica-
13/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATTON.
lion. Pour ubtenir ces résultats, il suffit d'incliner les ra-
meaux au-dessous de la ligne horizontale.
— M. Petetin fait remarquer que le procédé indiqué n'estpas
nouveau, qu'il a déjà été employé par J. M. Guyot, et que son
observation personnelle, en Dauphiné, ne lui a pas permis de
constater des résultats aussi satisfaisants sur des Mûriers dont
les branches ont été arquées. Quant au drainage aérien, il a
déjà été employé à Versailles par M. Truffault.
— Il est donné lecture d'une Note de M. Espina, agent con-
sulaire à Sousse (Tunisie), sur les Éponges de Barbarie. (Voy.
au Btdletin.)
— M. le secrétaire lit une Note de M. le baron Aucapitaine
sur le Mouflon de Corse. (Voy. au Bulletin.)
— M. Piufz de Lavison dit qu'un métis de Mouflon, né au
Jardin, a été trouvé excellent, et qu'il y aurait peut-être quel-
que avantage à favoriser ces croisements.
MM. Vasseur, Moquin-Tandon et Richard font observer que
ces métis, déjà connus des anciens, sont souvent assez farou-
ches, et que la qualité de leur chair pourrait bien tenir uni-
quement à ce que le Mouflon est un animal de montagne,
puisqu'on observe une qualité supérieure à la chair des
Moutons de montagne comparée à celle des Moutons de plaine.
— Il est donné lecture d'une Note de M. Bellemain sur la
Pépita {Oxalis crenata) , et sur les avantages que pourrait
offrir sa culture. (Voy. au Bulletin.)
— M. J. Gloquet, président do la Commission du dépouille-
ment du scrutin pour le renouvellement du Bureau, annonce
que le nombre des votes recueillis était de A 31, et qu'ils ont
été répartis ainsi qu'il suit :
Président MM. Drouyn de Ltiuys. . . 429
\ ke-présidenla. : . Moquin-Tandon. . . . 429
— Passy 428
— De Qualrefages. ... 426
— Richard (du Cantal). . 42 4
SecrHaire général. . Comle d'Éprémesnil. . 430
Secrétaires Eug. Dupin 427
— Comte de Sinéty ... 427
— Guérin-Méneville. . . 426
— Soubeiran 424
PROCES-VERP.AUX.
Ti'vRor'wr
PnLil Blarqiie
'f2S
Mcmhri's lin Cnuat'il.
Fréd. Jacquemart. .
430
Rufz de La vison. . . .
427
Marquis de Seive . , ,
427
—
A. Geoffroy St-Hilaire.
425
De Belleyme
425
35
Plusieurs autres membres ont obtenu quelques voix pour
Jes différentes fonctions vacantes.
En conséquence de ce rapport, M. le Président déclare que
le Bureau de la Société sera ainsi composé pour l'année 1863 :
Président de la Société.
Vice- présidents. . . .
Secrétaire général. . . .
Secrétaires pour l'intérieur
— ■ du Conseil. .
— • pour l' Etranger
■ — des séances. ,
Trésorier
Membres du Conseil, .
MM, Drouyn de Lhuys.
Moquin-Tandon.
A, Passy.
De Qualrefages.
Richard (du Cantal).
Comte d'Éprémesnil.
Eug. Dupin.
Guérin-Méneville.
Comte de Sinéty.
J. L. Soubeiran.
Paul Blacque.
De Belleyme.
Albert Geoffroy Saint- Hilaire.
Frédéric Jacquemart.
Rufz de Lavison.
Marquis de Selve.
Le Secrétaire des séances^
L. Soubeiran.
ni. BULLETIN MENSUFX DES CONFÉRENCES ET LEOTURES.
COÎNFÉRENCE IMI 9 OCTOBRE 18G2.
La erise du €otoii en AiigleltTre,
F.T LK UÙLE 0''F. i.'Ar,CI,lM\TAT10N EST APPELÉE A ,IOUEI\ DANS CETTE CRISE.
Par M. II. Pierre Pichot.
Aprt'S avoir alliré raliontion de ses auditeurs sur la patience avec laquelle
les ouvriers du Lancashire supportent la misère cjui les accable, et qu'il re-
garde comme le signe du progrès de Téducation morale du peuple et des
classes ouvrières ; après avoir comparé cette résignation paisible des ou-
vriers de IMancliesler aux troubles qui signalèrent en 18il ravénement de
sir r.oberl l'eel dans une crise d'un autre genre, M. Pierre Picbot a fait res-
sortir la rapidité avec laquelle s'était développée l'indnstrie cotonnière d'une
pari, el la production du Coton de l'autre, pour en conclure qu'il serait plus
facile qu'on ne pense de trouver de nouveaux centres de production capables
de remplacer l'Amérique. Un résumé de celte leçon aura peul-ètre quelque
intérêt pour nos lecteurs.
C'est dans l'espace d'un demi -siècle à peine (pie cette industrie a acquis
une importance du premier ordre ; il y a cinquante ans, l'industrie rolon-
uière était à peine naissante el avait à luller contre des difficultés énormes.
11 fallait aller cbercher la matière première dans des pays lointains, et in-
venter des machines pouvant produire des tissus aussi fins et aussi bon
marché que ceux de l'Inde et de la Chine , où l'on était arrivé }» la plus
grande perfection. Certes, on ne l'aurait pas cru, celui qui aurait prédit
qu'en cinquante ans l'industrie anglaise trouverait un placement avanta-
geux pour ses millions dans la fabrication du Coton , et que cette industrie
nouvelle donnerait de l'ouvrage à des milliers d'individus; qu'enfin ces
mêmes fibres retourneraient dans leur pays natal sous forme de tissus assez
beaux et d'un prix de revient asscx bas pour lutter victorieusement contre
les tissus indigènes. Kl cependasii, en cinquante ans, tout cela a été accompli,
grâce aux belles inventions de llargreaves, Arkwriglu, Crompton el Cart-
wright, grâce à l'activité et à l'énergie du peuple anglais.
Mais si d'un côté la croissance de l'industrie cotonnière en Angleterre a
élé rapide, de l'autre la culture du Colon en Amérique n'a pas été moins
étonnante. Avant Tannée 1790, l'Angleterre ne recevait pas une seule livre
de coton américain, et cependant, dans le courant de celte année, l'inqior-
tation totale avait été de ol ,/|/i7,6or) bvres. Au commencement du siècle
passé, en 1710, alors que la filature du Colon était encore en enfance, l'im -
portaliun n'était que de 71.5,008 livres; c'était donc une augmentation de
30,732,597 livresque cette importation avait éprouvée. C'est en 1791 sen-
lemcntqueron commença à importer des Cotons américains ;dans le courant
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 137
(lo rcilo aiinoc il en vinl 189,316 livres, et rannée suivanic, 1792, la
*|iiaiilil(- ftil encore moins considérable, n'ayant été qne de 138,328 livres.
Tels furent les déhnts modestes de celte immense industrie ; débnis qui nous
permettent d'envisager sans trop de crainte, comme on le verra, la ruine
de la production américaine, ruine inévitable si la guerre civile dure long-
temps encore, et que même une prompte cessation des hostilités ne fera
qu'amoindrir : ce que l'on a déjà fait, pourquoi ne pas le refaire, et pour-
quoi s'effrayer d'un simple changement des centres producteurs qui pourra
s'elTecluer dans un très court espace de temps?
Comme on le voit , l'imporlance de la question cotonnière est immense,
et nous ne prétendons pas l'appiofondir ici dans tous sesdétails. C'est un sim-
ple exposé de faits que nous voulons tracer.
pr.EMllÎRB PARTIE. — Histoire du Colon et de findmtrie voloimiùre.
Le Coton est un arbuste de la famille des Malvacées, indigène d(> l'Arabie
et de divers autres points de l'Afrique, de ITnde, de la Chine et du nouveau
monde. 11 n'y a pas de plante peut-être plus généralement répandue ou
plus facile à répandre, et Von admire cette généreuse prévision de la nature
pour une plante si éminennnent utile à l'homme et si universellement em-
ployée par lui. C'est de l'Arabie cependant que l'on paraît l'avoir importé
pour la première fois en Europe ; car il est difficile de ne pas reconnaître son
nom dans le terme arabe » Kilfun » . Son nom latin Gossijpium semble aussi
in!li(|uer la même origine, et paraît provenir du mot « ijaz » ou « (y»3 »,
qui signifie une substance soyeuse. Le Coton est connu de toute antiquité.
Pline raconte que dans la haute Egypte et sur les confins de l'Arabie pousse
une plante appelée Gossypium ou A'ylon, dont les prêtres égyptiens se fai-
saient des vêtements, et l'on a retrouvé, en effet, en Egypte des momies en-
veloppées dans des lisus de coton, mais c'étaient des momies d'enfauls seu-
lement, les adultes étant toujours ensevelis dans du lin ; on a trouvé en
outre des graines de Cotonnier dans les tombeaux de l'Egypte. Le Coton
était certainement connu des Israélites cinq cents ans avant l'ère chrétienne,
et les commentateurs de la Bible sont assez disposés à regarder les mots
« bufz » et « bj/ssus n connue signifiant loile de coton. Hérodote, Ctésias
et Arrien placent le berceau du Cotonnier dans l'Inde , mais il y en a
des espèces parlimlières à l'ancien et au nouveau monde; caries étotTes
que l'on trouve dans les tombeaux mexicains et péruviens témoignent de
son existence longtemps avant qu'il y ait eu aucune relation commerciale
entre l'Amérique et le Levant. Onoiqu'il ne soit pas également certain que
l'Amérique n'ait pas été en relation avec notre monde par l'ouest dans des
temps très reculés, cependant le Coton ne peut y avoir été introduit de cette
manière, car le Colon américain sauvage diffère entièrement de celui de
notre hémisphèi'e.
Du reste, il y a peu de plantes qui présenteni des variétés aussi nom-
breuses, et peu déplantes en même temps qui aieni éh'- moins étudiées des
188 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
botanistes ; aussi la confusion est-elle farile lorsque l'on vient à on examiner
les diverses espèces. D'une part, les botanistes ont négligé de décrire les
variétés cultivées et pour ainsi dire domestiques, se contentant de nommer,
el encore d'une façon très vague, les espèces qui croissent à l'état sauvage;
«l(! l'autre, les cultivateins sont loin d'avoir adopté pour les Cotons qu'ils
cultivent une nomenclature identique, employant tantôt les noms vulgaires des
contrées qu'ils liabilent, tantôt leur donnant des noms de leur propre choix,
el négligeant en tous cas les hybridations. Et cependant combien une no-
menclature exacte serait nécessaire, non-seulement pour les savants, mais
pour les cultivateurs, auxquels elle enseignerait quelles sont les meilleures
espèces à cultiver et permettrait de profiter des observations de leurs collè-
gues. De Candolle a indiqué treize espèces de Cotonniers, mais d'une manière
vague, sans en garantir aucune, et reconnaissant (pi'il n'y avait pas de genre
qui réclamât plus impérieusement peut-être un historien. La crise actuelle
provoquera sans doute, et c'est à espérer pour les cultivateurs, les recher-
fhes nécessaires à ce grand et utile travail. Le docteur Roxburgh a ajouté
deux nouvelles espèces à la liste de de Candolle ; Uœusch on a décrit une
autre, et il y en a une nouvelle signalée dans la flore de Sénégambie. Le
docteur von llohr explique la contradiction apparente de certains auteurs,
dont les uns pr étendent que Thumidité est nuisible pour le Coton, et conseillent
le drainage, tandis que les autres, surtout ceux qui traitent do la culture
indienne, veulent que l'irrigation soit la chose lapins nécessaire. Le docteur
.lohn William Mallet résume de la façon suivante ses observations particu-
lières :
Le Cotonnier peut se trouver exposé à l'humidité de quatre façons diffé-
rentes :
1° L'atmosphère peut contenir une plus ou moins grande quantité d'eau
à l'état de vapeur jusqu'à saturation.
2» L'atmosphère peut être plus que saturée, et alors l'eau reste liquide et
tombe sous forme de pluie.
3" Le terrain peut contenir une plus ou moins grande quantité d'eau, soit
sous forme de combinaison chimique, soit à l'état de mélange intime et
qu'une très forte température peut seule chasser. Cette eau ne peut s'accu-
muler au delà d'une certaine quantité, qui est le point de saturation du sol.
/l" Enfin le terrain peut contenir de l'eau en excès, dont la présence est
toujours facile à constater par la vue et le toucher.
Or le Cotonnier se plaît surtout dans une atmosphère et un sol simple-
mont saturés; l'eau en excès est nuisible à sa culture ; les racines ne pivotent
pas bien dans le sol; le planta l'air paraît maladif; le soleil ardent le grille
facilement ; la production du Colon est petite, et dans ces conditions sa cul-
ture est deux fois plus difficile , car les herbes et les racines qui poussent alors
en abondance sont plus difficiles à extirper. Dans ces conditions, le drainage
osl indiqué, et l'on comprend quo le meilleur terrain pour obtenir de bons
résultats est un terrain léger, friable, solide, contenant des matières organi-
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 139
qaes cii prnporlions modérées, ainsi que les siibstancos minérales nécessaires
;m développement de la plante, d'une composition uniforme pouvant absor-
ber de f,a'andes quantités de ciialeur, d'Iiumidité, de saz et de matières mi-
nérales solubles.
Toutes ces conditions se rencontrant à un très haut degré dans l'Amérique
du Sud, le succès de la culture du Coton était presque .Tissure d'avance; de
plus, comme elle ne demandait pas un travail falisanl, elle était facile à
introduire, et les produits lucratifs (juVlie pouvait donner en peu de temps
devaient la reconunandcr à un i)euple neuf pouvant disposer de beaucoup
de bras et de terrains
Le Coton sea-island lut cultivé comme récolte en Amérique pour la
première fois en 1788; il avait été introduit, dit-on, en 178G, de graines
venant de Babama, mais on n'avait pas encore cherché à en tirer parti. D'ail-
leurs, la première année, la saison, peu favorable d'abord, avait fait périr
les jeunes pousses, et ce ne fut que des secondes pousses que l'on put récolter
la graine. Les résultats obtenus en 1788 prouvèrent que la plante était dé-
finitivement acclimatée, et la culture du Cotonnier prit une extension rapide.
Deux ans après on commençait à en exporter en Angleterre : en 1791,
189,316 livres de matière textile sortirent du pays; nous avons déjà dit que
l'année suivante la quantité exportée avait été moindre (138,328 livres) ;
mais en 1793 , Éli Whitney inventa une précieuse machine , grâce à la-
quelle les planteurs du Sud purent sé|)arer avec la plus grande facilité, et en
un temps très court, la ûhre textile du Colon courte soie de la graine. La
production du Coton courte soie étant presque illimitée et des plus faciles,
cette découverte donna une immense impulsion à la production du Coton en
Amérique ; car, en 179Zi, 1,601,760 livres de Coton furent exportées, et en
1795 l'exportation monta d'un seul coup à 5,276,300 livres. La culture du
Colon était établie ; depuis lors, elle augmenta avec une rapidité vertigi-
neuse, sibienque les États-Unis arrivent àexporter, enl8A9, 1,026,602,269 li-
vres, dont 1,01/1,633,010 livres de Colon courte soie, lin 182/i, la récolte
avait été de 560,000 balles; en 1850, 2,096,706 balles, Le professeur
Burnett, dans ses Esquisses de botanique, estime à 227,000,000 de
livres l'importation aimuelle du Coton en Angleterre, En 1828, elle lut
de 227,760,000 livres. Sur CL-lte (luantilé prodigieuse , il y en avait
151,752,000 livres des États-Unis, et les tables de Mac CuUoch nous donnent
pour la même année, comme chiffre de la production du Coton aux États-
Unis, 210,590,/iG3 livres. Dans la même année, les quantités fournies parles
autres pays à l'Angleterre étaient, pour le Brésil, de 29,l/i3,000 livres; pour
les Indes orientales, de 32,187,000 livres; pour l'Egypte, de 6,/j5/i,0U0 li-
vres; pour les Indes occidentales, de 5,893,000 livres ; pour la Colombie,
de 726,000 livres ; pour l'Egypte et la Grèce conlinenlale, de /i71,000 livres.
Ces chiffres font voir clairement quelle était, dès celte époque, l'importance
de la culture du Coton dans les divers pays du globe, et l'on ne s'étonnera
pas d'apprendre que la Grande-P.retagne plaçait alors 56,000,000 de livres
s
UO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOrrIQUE d'ACCLIMATATION.
slorliiig (1,600,000,000 de francs) do son rjipital dons la iiiiiniiraduro do
ro prodnit lextile qui donnait do l'onvrago à pins do 8.')0,000 In-as on An-
gleteiTO, et fournissait pour 30,000,000 de livres sterlinf" (900,OUO,000 de
franc s) de tissus.
Mais si la machine d'Éli VVliitney a joué un grand rôle dans le déve-
loppement des cultures cotonnières, le mode de culture adopté à peu près
en même temps, en 179/t, exerça une influence salutaire sur lo zMe des
cultivateurs. Ce fut en 179Zi qu'un planteur de Bahama donna le conseil
do semer les plants, comme dans l'Inde occidentale, à dos distances beau-
coup plus rapprochées, ce qui permit d'obtenir, à l'exception do cas parti-
culiers, dlxO livres do Coton par acre. Thomas Spalding, qui adopta, dès
l'abord, la culture américaine, obtint inmiédiatemont d'excellents résxdtats
de cette méthode, que l'expérience perfectionna depuis lors. Maintenant,
selon la force de la terre, on place les plants à 8 ou '2/| pouces l'un do
l'autre, et les buttes le long desquelles on les aligne sont espacées de à à 6
pieds. Nous ne comptons pas entrer ici dans le détail de tous les tâtonne-
ments et des incertitudes auxquels les cultivateurs furent en proie depuis
les premiers essais de culture à l'indienne de Spalding jusqu'aux expérience
et aux perfectionnements de Al. Kinsoy lîurden, qui eurent lieu on 180/i-18'27.
M. Burdin amena le Géorgie longue soie à son plus grand développement
par un choix judicieux de giaines. (Il avait remarqui- que colles auxquelles
un peu de duvet cotonnier restait adhérent étaient les lueilloures.) Une
pareille étude nous entraînerait trop loin de notre sujet principal, qui est la
crise actuelle, et à laquelle nous avons hâte d'arrivi^r. far les chifli-os que
nous avons donnés, on a pu se faire une idée de la rapidité avec laquelle cette
culture nouvelle se dévolop])ait en Amérique, remplaraiu plusieurs cultures
à peine établies, celle do l'indigo par exemple
Si les États-Unis poussaient si activement la culture du Colon, c'est
que, de leur côté, en Angleterre, les fdatures de cette matière première
prenaient un développement proportionnel, et quolf(ue grande (|ue fut la
production américaine, elle alimentait bien juste l'activité continuelle du
pays mannfaclurior dont iManchester est devenu lo centre. Nous avons dit
on commençant combien il y avait do diflicultés h vaincre pour fonder dans
la Grande-Bretagne la nouvelle industrie, et l'achèvement complet et rapide
do cette œuvre restera l'un dos plus merveilleux monumonis du génie de
l'esprit humain ; ce n'est pas petit à petit cpie les diverses pierres de cet
immense édilice sont venues se superposer, c'est presque subitement et d'un
seul coup ; se montant à la hauteur des circonstances en quelques années,
l'esprit inventif des Ilargroaves, dos Arksvright, desCrompton, dos Cartwright
et de bien d'autres trouva un matériel tout nouveau, grâce auquel l'industrie
cotonnière put non-seulement s'établir en Europe, mais encore rivaliser avec
l'ancienne industrie indienne.
Ce fut au commencement du xiv siècle que, selon 1\I. Alkins, les Véni-
tiens et les Génois inqinrtèront les premières balles do colon on Anglotorro, où
UULLiniN MEiNSUKL DES CONFÉRENCES. IM
il 111' lui (l'iil)or(l (Miipli))!' (|iic pour faire les nièdies de chaiulelles; en l/ioO,
(|ii('l(|iies lisseraiuls de Laiicastrc piii vinrent à en faire des intaines grossières,
cl Lewis r.oberls, dans un ouvrage écrit en 16^1 (Treasures of traffick),
parle de cette industrie naissante et des divers tissus que Ton fabriquait avec
rlu Colon de Chypre et de Smyrno. En lGo'2, l'usage en était généralement
répandu, car les souverains du pays avaient deviné son importance et lui
avaient accordé leur protection. Cependant, pendant près d'un siècle, l'in-
dustrie cotonnière en resta là, mais les inventions mécaniques de la fin du
dernier siècle la firent tout à coup sortir d'une torpeur apparente, et la
lancèrent dans une nouvelle voie.
En 1773, on n'avait encore fabriqué en Angleterre que des étoffes de
colon à chaîne de lin ; il n'y avait pas encore de grandes fabriques, et les
ouvriers faisaient leur ouvrage chez eux, en famille. Les négociants de Man-
chester employaient des commissionnaires qui étaient conliiuiellement en
tournée chez les ouvriers auxquels ils fournissaient les fils pour la chaîne, et
dont ils recevaient les marciiandises fabriquées. Celait déjà un progrès sur
le système en usage quelques années auparavant, et pendant lesquelles l'ou-
vrier était obligé de chercher lui-même un acheteur pour la pièce qu'il ve-
nait de fabriquer. A l'avènement de George III au trône d'Angleterre, en
1760, on fabriquait à peine pour 5,000,000 de valeurs d'étoffes ; les procé-
dés lents et imparfaits, la matière première qu'il fallait aller chercher au
loin, il y avait de quoi décourager. Mais, peu après, .lohn Hargreaves com-
mence la série de découvertes et d'inventions qui donnèrent un si rapide
dévelop|)em('nt à l'industrie cotonnière. Hargreaves n'était qu'un simple char-
pentier de Blackburn, el la spinning-jeuny, qu'il inventa en 17G7, parvint
en peu de temps à filer plus d'ulie centaine de broches, de huit ou dix qu'elle
manœuvrait dans le principe, et cela sans plus d'embarras ou de soins.
Mais, jusqu'à présent, la chaîne avait toujours été faite de lin; les ma-
chines que l'on avait alors ne pouvaient pas filer de fils assez forts pour la
chaîne ; le spinning-frame (métier continu) vint remédier à ce défaut.
En 1779, Grompton inventa la muU-jenny (métier ordinaire), composée de la
spinning-jenny et du spinning-frame; puis le révérend Cartwright construisit
le iwwcr-loom. En 1820, on introduit les machines à vapeur, qui, en 1833,
avaient presque entièrement remplacé les métiers à main; puis vinrent,
en 18/i0, leself-acling, machine ou métier automate; en 1850, le métier à
la Jacquart, et enfin la peigneuse de Josué Heilmann. Chacune de ces re-
marquables inventions inaugure une phase nouvelle dans les progrès de
'industrie cotonnière.
Et maintenant que l'on a vu comment, pendant cinquante ans, les esprits
éminents de deux grandes nations ont constamment tendu vers le même
but, ceux-ci pour pioduire la matière première, ceux-là pour en tirer parti,
faut-il s'étonner davantage qu'il n'ait fallu à ces deux nations qu'un si court
espace de temps pour crt'er une industrie aussi importante que l'industrie
cotonnière anglo-américaine? . . .
1/|2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
DEUXIÈME PARTIE. — I.a crise cl la délresse du Lmcasliire-
La rapidité avec laquelle les efforts de l'Amérique et de TAiiglelerre furent
couronnés de succès peut èlre rej^ardée coiunic la cause première de la crise
qui se produit au jourd'lud. Tous les rouages de cette immense industrie
fonctionnaient si tranquillement, que Ton ne pouvait prévoir une catastrophe,
et malgré les avertissements répétés de quelques gens plus clairvoyants que
les autres, on n'en continuait pas nioins à envisager l'avenir sans inquiétude,
ou plutôt, jouissant du présent, à ne pas l'envisager du tout. Il paraissait
même difficile qu'il en lïil autrement ; on avait lini par se persuader que
l'Amérique était le seul pays qui pCft produire du Coton, et on le répétait si
haut, que personne ne songeait plus à le cultiver ailleurs. En outre, l'idée
qu'en Amérique on pouvait cultiver cette plante avec des esclaves effrayait
beaucoup de gens; il semblait que sans l'esclavage il serait impossible de
s'en tirer et de lutter contre la concurrence
P.ien de plus faux cependant que l'idée qui prévaut encore aujourd'hui
nialheureusement, car elle, empêche bien des cultivateurs d'entreprendre la
culture du Coton ailleurs que dans les Etats à esclaves. Fort heureusement
pour la civilisation moderne, le travail libre peut parfaitement lutter, et
même avec avantage, contre celui des esclaves partout où il sera établi d'une
façon nK'lhodique et soutenu par des capitaux. C'est là qu'a été jusqu'à
présent l'erreur : sous l'impression des craintes mal fondées et des renseigne-
ments inexacts, les capitalistes n'ont risqué leurs capitaux que d'une façon
timide dans la lutte contre l'Amérique, et les manufacturiers, dans une
sécurité trompeuse, n'ont rien l'ait pour les encourager
11 faut dire cependant que chaque année la culture du Coton sur la
surface du globe devenait plus considérable, mais en Xuiéricpie elle nuuchail
à pas de géants. L'Amérique, en effet, n'avait plus seulement à subvenir
aux besoins des manufactures anglaises, elle avait aussi les siennes propres à
alimenter, et celles-ci devenaient chaque année plus nombreuses dans les
États du Sud. Ce fait aurait du faire ouvrir bien des yeux ; car si ces nou-
veaux centi-es industriels avaient pu se former tout d'un coup, l'industrie
anglaise n'aurait-elle pas été encore plus sérieusement menacée ([u'elle ne
l'est aujourd'hui. INIais ce nouveau phénomène dans l'industrie cotonnièrc
de l'Amérique ne pouvait se produire que lentement ; au jour où les États du
INord auraient consonuné le coton des Étals du Sud, l'Angleterre se serait
petit à petit créé de nouveaux centres producteurs dans l'Inde ou ailleurs.
Il y avait, dans ce fait même de la création de l'industrie américaine, un
danger sérieux qui devait inévitablement brusquer les événements. Chaque
jour le Nord, devenant de plus en plus industriel et manufacturier, tandis
que le Sud restait pays de production et de culture , voyait ses intérêts
se séparer de ceux des États méridionaux : la rupture était nécessaire, inmii-
nente, et elle éclata enfin, l'esclavage lui servant de pr('texte. La question de
l'esclavago n'a été, dans cette longue lutte, qu'un vain drapeau sous lequel des
FîULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. l/jo
inh'Tôls égoïslcs sont venus s'abriter <1(> pari cl d'aulrc. La comUiile du .\or{l,
dèsledébiildelagaerrc, poiii aisOuK'iil, ce nu- sciuljlc.jîistiner celle opinion...
C'est ainsi qu'en un instant l'industrie colonnière anglaise se Irouv.i
ébranlée dans ses bases. Au moment où l'Europe nclievail sesapprovlsioiuie-
ments de colon dans les ports du Sud, la guerre éclate et le blocus vient priver
les fabriques anglaises de l'alinient nécessaire à leur activité. La reconnaissance
jmniédiale du Sud aurait peut-être pu éviter la crise, ou tout au moins la
retarder. Cette reconnaissance était impossible, et deux mots le feront com-
prendre. L'Angleterre allait-elle en un instant renier, à l'égard des Étals à
esclaves, une politique si longtemps suivie avec courage? Quelque grand que
pût être le sacrifice, tout l'engageait an contraire à perdre la culture co^
tonnière des États du Sud, en acceptant toutes les misères de la crise. Elle
comprenait enfin que c'était son indépendance qu'elle assurait ainsi par le
développement que cette crise allait faire prendre à la culture du Coton
dans l'Inde et dans ses aiities colonies, n'oubliant pas les intérêts matériels
dans une mesure qui paraissait exclusivement pbilanibropique. A ce trait-là
ne reconnaissons-nous pas, messieurs, la politique anglaise? Mais si inté-
ressée qu'elle pût être, celte politique avait un noble mobile que iout le
peuple comprit, et auquel il se rallia, quelque grandes que dussent être ses
privations et sa misère pendant l'état transitoire qui devait en être la suite
et celte unanimité sur une aussi belle question de morale est un des beaux
et solennels aspects de la crise dont nous allons étudier les effets.
En 1860, rinqiortation totale de Cotons de toutes les parties du globe
avait étéde 12, àl9,096 quintaux; en 18G1, elle diminue de 1,196,018 quin-
taux, et celle diminution ne porte pas seulement sur les Colons américains,
mais sur ceux des autres pays, qui retiennent leurs denrées alin de spéculer
sur la bausse inévitable ; mais, dès cette première année, l'Inde anglaise et
plusieurs autres pays augmentent leur i)roduction d'une façon considérable;
celle-ci, eu particulier, de 1,^72,315 quintaux. Le tableau suivant peiil
donner un»; idée de ces variations.
Production _ Différences
en 1801. "" ~'"*-^-'~-— * -.
en plus. en moins.
Colonies françaises 8,531 quiiil. « 10 rjç)3
ÉgJ'Ple 365,108 » 27^339
Afrique occidentale 1,389 » y^y
Brésil 154,378 31 „
États-Unis 7,310,009 » 2 640 3/j(i
Pérou 3,585 1,014 „'
Afrique méridionale 6,203 5,017 »
Ile Maurice 7,2<S(S » 20 962
Indes orientales anglaises. 3,295,004 1,472,315 »
Indes occidentales 1,862 » 5 47^
Guyane anglaise 2,480 434 ,,
Pays divers 60,281 36,959 „
11,223,078 1,515,770 2,711,788
Diminution totale depuis 1860 1,196,018
U/l SOCIÉTÉ IMPERIALK ZUULUGIQUE d'aCCLIMATATION.
Ces rt'siiUats (l(''s;i.streiix et iinniédiatsdela gucrrccivile Cii Amérique Ir.ip
pèrent TAngleterre de stupeur. Malgré les réserves de Colou que l'on <ivail
en niat^asiu à Liverpool ; malgré toute l'énergie que l'on pouvait nionlrer
pour déterminer les autres pays producteurs du Coton à augmenter leur
culture , on vit bien que les manufacturiers seraient bientôt à bout de res-
sources. Kon-seuleinent les prix, de la matière première allaient augmenter,
mais encore on ne pourrait jamais s'en procurer assez, quelcjne fût son prix
de revient, pour donner du travail aux milliers d'ouvriers qui n'avaient pas
d'autre moyen de subsistance. - . . '
Cependant, quoique les ateliers lussent bientôt forcés de suspendre leurs
travaux en partie ou en totalité, les manufacturiers luttèrent aussi longtemps
qu'ils purent au prix de très grands sacrifices. C'est qu'il fallait, en ellel,
empêcher autant que possible la ruine et la désolation de la société ouvrière;
un corps de métier une fois établi est une chose précieuse qu'il est bien
diflicilc de rétablir, et enlin le matériel des fabriques pouvait facilement se
détériorer par une longue inaction. Les ouvriers, de leur côlé, répondirent
à la sollicitude des nianulacluriers et des autorités industrielles, et suppor-
tèrent la misère, à laquelle ils furent bientôt en proie, avec un courage et un
sang-froid qui leur l'oront le plus grand honneur. C'est le tableau de celte af-
freuse misère que je voudrais maintenant faire passer sous vos yeux
La fin de cette seconde parlie de la conférence a été consacrée à l'étude des
clïels de la crise dans le Lancashire. La répartition du travail pendant les
diilérentes époques de la disette, les aspects diilérenls sous les({uels la mi-
sère s'est présentée dans les diilérentes villes, à Manchester, à Ulackburn, à
I^reston, à Bolton, à Stockport, etc.; le sys'ème de secours qui a élé organisé
dans chacun de ces endroits, les souscriptions et leur répartition par les
comités de secours , l'effet de la crise au point de vue de l'hygiène et de la
statistique criminelle : telles furent les différentes questions succes-
sivement traitées par AI. Pierre Pichot. Mais ce sujet s'éloigne trop du
cadre de notre Bulletin pour que nous puissions en publier un extrait. Ci-
tons cependant les réflexions (jui terminèrent cette seconde parlie.
Et maintenant, combien de temps cet état de misère et de gêne peut-il
durer? S'il fallait absolument compter sur la terminaison de la guerre civile
en Amérique pour voir de nouveau la fibre cotonnière affluer sur nos mar-
chés, l'acharnement du Sud et du ^ord pourrait nous faire douter de la
prompte solution de la question. De toutes façons, les événements auxquels
nous venons d'assister nous prouvent qu'à moins de créer de nouveaux
centres producteurs, les industries européennes auront toujours une épée de
Damoclès suspendue sur leurs tètes. Les ouvriers du Lancashire l'ont bien
compris, et c'est ce qui leur fait envisager leur misère actuelle avec tant de
courage. L'Améri(|ue n'est |)as le seul pays où le Cotonnier puisse croître à
merveille, et il est d'autant plus nécessaire de s'assurer de nouveaux greniers
d'abondante, que, quand même la guerre civile se terminerait aujourd'hui,
r Amérique ne pourr.iit pas avant (|uelque temps rétablir ses cultures ; bien
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. l/l5
plus, alors que la paix se ferait dans ua avenir prochain, la conslitulion so-
ciale el rorganisalioii du travail en AintMique ne soriiraient-clle pas de cette
iultc si profondément modiliées, que la culture du Cloton ne pourrait pluss"v
rétablir sur les mêmes bases; et la suprématie de rAmériquc, en fail dt:
production colonnière, étant réduite à néant, les nations qui entreprendraient
dès aujourd'hui cette culture pourraient l'établir solidement chez elles pen-
dant le lenqw que l'Amérique mettrait à se relever!
La troisième ])arlie delà conlérencc, à laquelle nous arrivons maintenant,
est celle qui a le plus trait à l'acclimatalion ; elle a été consacrée aux diflé-
renls pays producteurs de Coton ou capables de le produire. Nous regret-
tons cependant d'èlre obligé de l'abréger comme les piyiSfei précédentes.
TROISIÈME PARTIE. — De fapirrovisionncmenl de Colons vlrangcrs à /'.lmtV)>/uc.
Leur rôle clans la crise, leur avenir.
Nous avons dû souvent déjà, dans le courant de celte étude, parler des
Cotons autres que les Colons auiéricains et du rôle qu'ils ont joué jusqu'ici
dans la crise. Comme c'est de leur production que dépend l'avenir, nous
allons revenir sur ces considérations dans celle troisième partie.
L'Inde esl presque le seul pays qui ait fourni jusqu'ici des quantilés nota-
bles de Colon ; même avant la guerre on en exportail des quantités im])or-
lanles, et depuis que les approvisionnements de l'Amérique ont manqué,
le Coton indien a joué un grand rùle. Grâce à lui, certaines fabriques ont
pu se soutenir et d'aulres amoindrir Icui' ruine. Ce Colon, connu sous le
nom de Coton de Surate, est un Colon courte soie qui ne vaut pas, à beau-
coup près^ l'ancien Colon américain, mais qui est cependant d'un très boa
usage. Jusqu'à présent, la valeur moyeiUK; du Colon américaia de nioyeaae
qualité a été de 60 à 65 centimes la livre ; depuis la crise, il vaut de 1 fr. 20
à 1 fr. .30. Le Colon de Surate, malgré l'augmentation qu'il a subie connue
le Coloa aiaéricain, ne vaut aujourd'hui que 80 centimes la livre. Ses libres
sont courleset cassantes, et sa fabrication esl beaucoup plus difficile que celle
du Coloa américain ; mais ce n'est pas à dire pour cela que l'on ne puisse
cultiver de l'excellent Coton dans l'Inde : il ne s'agit que d'y introduire les
bonnes espèces et d'.idoplcr les perfectionnemenls de la culture moderne.
Oue'ques détails de fabrication sont nécessaires pour bien faire com-
prendre les diiïérences du Suiale et de l'américain. Le premier temps de
la fabrication consiste à fiire passer le Coton, tel qu'il sort de la balle, par
une machine nommée diable [opencr). C'est une espèce de carde qui sépare
les libres les unes des autres. De là le Coton passe dans d'aulres aiachiaes
quilecardenl, au milieu d'un violent courant d'air, afm d'en chasser toutes
les impuretés. Or le Coton indien en contient des proportions considérables,
et l'on esl obligé d'augmenter le nombre des machines soulllanles, ou de
soumettre la fibre à racliondela vapeur. Le déchet du Colon américain, à
la sortie de ces machines, est estimé à 8 ou 10 pour 100, et \a même par-
fois jusqu'à 11. Le Surate donne des perles bien plus considérables, qui sont
estimées à "JO ou 'J5 pour 100. On pense que dans beaucoup de cas ces ma-
T. \. — Mars 18(j:]. 10
IhQ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION,
tières élranfïi''irs ont (Mi- iiilrodaitcs par Iraude dans la halle, car elles y
figurent souvent pour les 33 centièmes.
Après avoir été cardé un certain nombre de fois, le Coton est ramassé
par un peigne, et forme alors de gi'osses cordes rondes qui passent par une
série de Inbes et que Ton finit par élirer en un s<'ul filament. Là, nouvelle
complication pour le Surate, que l'on est oblisé de faire passer par un bieii
plus j^rand nombre de lubes; puis arrive le filage, et alors la tendance du fil
indien à se rompre force les ouvriers à aller beaucoup plus lentement el à
ralentir la course des machines. Comme la fibre est plus courte et plus cas-
sante que celle du Coton ordinaire, il faut faire faire un plus grand nom-
bre de tours de lorsion au fil sur la même longueur, 23 par centimètre au
lieu de 20 par exemple, et l'ouvrier est obligé d'exercer une surveillance
beaucoup plus active, afin de racconuiiodcr les fils qui se cassent constam-
ment. Enfin le fil, une fois fil '• est beaucoup plus gros et plus inégal que celui
qui est fourni par le Coton américain. Si Ton examine les tissus que Ton ob-
tient de ces colons indiens, on verra que l'étoffe est bien inférieure; le tissu
est plus lâche, les jours de la Ir.une sont plus grands et inégaux; enfin la
couleur générale est plus foncée, quoique satisfaisante.
Les neuf dixièmes des ouvriers qui travaillent au Surate sont payés à la
pièce ; ils sont obligés de déployer une plus grande acfivilé el une rapidité
plus considérable, (U cependant ils ne peuvent produire que les cinq sixièmes
de ce qu'ils produisaient avec les Cotons ordinaires. Cependant, malgré tous
ses défauts, le Colon indien a en grande partie adouci les horreurs de la
crise; car c'est la seule espèce qui ail pu être inqiortée en quantités quelque
peu considérables sur les marchés. Pendant les six premiers mois de 1860,
la quantité de Colon indien enlevée du marché de Liverpool par la consom-
mation monte à en\iron 89,000 balles. l>endant la même période, en 13ôl,
p quanlilé n'est que de 76,500 balles, cl, de janvier à la fin de juin der-
nier, la quantité consommée par l'industrie a été de /i2 1,000 balles, fendant
le mois de juin, la consonmiation du Surate a été de 17,622 balles par se-
maine, plus de la moilié de ce que fui la consonmiation hebdomadaire
en 1860.
Les progrès de la culture du Colon dans l'Inde eussent été beaucoup
plus rapides, si l'on s'était un peu inquiété de l'avenir. Lord Canning lui
donna ccpeiidani de nombreux encouragements. Les roules manquaient par-
tout et les transporis étaient difliciles ; les concessions de terrain onéreuses;
on n'avait ni docks, ni hangars pour serrer les récoltes, et enfin les relations
entre les producteurs el les acheteurs étaient compliquées et rares ; le
commerce élait livré à des marchands indigènes qui achetaient aux cultiva-
teurs à un prix beaucoup trop bas et ensuite falsiliaienl la marchandise. Les
cullivaleurs de Colon dans l'Inde sont des indigèiies pauvres, qui ne trou-
vent à emprunler (|u"à des condilions inqiossibles, et s'engagent à livrer la
récolle à celui qui l'ail l'avance i]v. fonds pour un dixième de sa valeur ab-
solue. ],'iudigène peut iiroduire du Colon à 15 centimes la livre dans les
BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. . ;: 147
conditions actuelles, et à Sl)oI;ipore, le Colon, qni se vend on Anglolem'
80 centimes en temps ordinaire, et dansée moment 1 tV. '25c., conte 25 cen-
times. Ce ne sera donc que lorsque le capitaliste ant;lais traitera direcle-
nient avecle cultivatenr que la culture du Coton pourra réellement projjres-
ser. Ce n'est que dans ces conditions que Tindigènc se sentira stimulé par
l'appât d'un gain libéral, et qu'il adoptera les nouvelles machines elles sys-
tèmes de culture perfectionnés. Et cependant il n'y a encore qu'une seule
compagnie qni se soit formée à Manchester pour opérer ces transactions si
simples. De leur côté, chacune des trois présidences a voté une prime de
10,000 roupies pour stimuler l'activité des cultivateurs
L'Egypte a été jusqu'ici, après ITnde, l'un des plus forts producteurs
de Colon, et Holton lui doit, autant (|u'au Colon indien, son état relativement
prospèie. C'est le fruit du travail à bon marché que Ton obtient de fellahs
et du système d'irrigation très avancé dans ce pays et très facile, a cause du
barrage du Nil. I,"adininistration , beaucoup meilleure que dans les autres
pays musulmans, a fait aussi beaucoup pour encourage)- cette culture. En
18(ji,la (jrande-Bretagnc reçut, pour sa part, 365,108 quintaux de Coton
égyptien, et quoique cette quantité soit moindre de *i7,o39 quintaux sur
l'importation de 1860, la production de l'Egypte reste l'une des plus impor-
tantes, d'autant pins (jue les Cotons égyptiens sont de première qualité.
Dans la haute Egypte le Coton pousse à l'état sauvage ; on le cultive en abon-
dance le long du cours supérieur du Nil, mais on ne sait l'origine de celte
culture. On cullive aussi le Coton sur le Shirè ou Shiri ; il a pu y être im-
porté de l'Inde dans ces temps éloignés où le commerce de l'Inde a\ ec la
^yrie se faisait par des caravanes qui passaient par Zadnior ou Palmyie, et
par la mer Erythrée pour l'Egypte.
Le Brésil peut aussi entrer, dès aujourd'hui, dans la classe des pays sérieu-
sement producteurs. Cette année, cet empire a exporté 83,760 balles, soit
33,500,000 livres de matière textile. Le consul d'Angleterre à Bahia a en-
couragé de tousses efforts cette culture, qui pourrait devenir pour le Brésil
une source de richesses si considérable et d'un rapport si régulier Les
bras ne manquent pas, mais bien les capitaux, et l'on y obliendrait prompte-
ment d'excellents résultats, les Cotons du Brésil valant dans ce moment de
1 fr. 25 c. à 1 fr, 30 c. la livre
Nous avons, hélas! épuisé maintenant la liste des pays qni produisent
le Colon d'une façon sérieuse, mais avant peu elle sera bien plus nombreuse.
Parmi ceux qui ont un bel avenir, l'Australie vient en première ligne. Pres-
que partout sur ce sol privilégié le Coton croît à merveille, et les nombreux
échantillons que Ion a pu voir à l'exposition de Londres en donnent une
preuve suflisantc. Non-seulement le sea-island donne d'excellents produits
dans les environs de Brisbane, de Maryborough, de Gladstone, etc., mais
encore il pousse sur les plateaux élevés de la colonie, à Camboon par
exemple (sur l'upper Dawson river), à 200 milles de la côte; il peut rivaliser
avec celui des terrains bas de la plage. Dans la colonie de Queen's laud Jio-
us SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
tamment (où une prime de 250 francs par balle est ofïcrie par le gouverne-
ment), on encourage cette culture de toutes les manières possibles. Le cli-
mat est parfait et ressemble beaucoup à celui de Madère , mais les ouvriers
man(piont autant que les capitaux. Les Cotons longue soie sont de la meil-
leure qualité possible et les courte soie y ont un brillant et un lustre inac-
coutumés. Trois compagnies se sont déjà formées pour cultiver le Coton dans
celte colonie, et, à riieure présente, plusieurs plantations sont en pleine
prospérité. Une quatrième compagnie vient de se former à iMorelon-ba\ ;
enfin un babitant de Sydney fait cultiver le Cotonnier sur ses planlalions par
un nombre égal de Cbinois,de nègres, de coolies, afin d'expérimenter laquelle
de ces trois races peut fournir le meilleur travail.
Le Colon de la Nouvelle-Galles du Sud est d'aussi belle qualité que celui
de Queen's land , mais le manque de bras se fait encore plus sentir. 11 en est
de même dans les autres parties de l'île, et le gouverneur de la colonie a
annoncé qu'il allait employer les déportés à la culture du Coton
Les vues des capitalistes anglais se sont aussi tournées vers la Jamaïque,
qui semble réunir toutes les conditions nécessaires pour fournir un jour une
ample provision de Colon. Une compagnie, qui ne dispose pas, il est vrai,
d'un fonds très considérable, mais (pii fait preuve d'une grande activité, s'est
fondée sous le patronage de lord Brougliam, et expédie déjà du Coton de sa
récolte à Liverpool.
Le doux climat de la Jamaïque rend celte colonie bien propice à la cul-
ture du Cotonnier; il y a oôO ans qu'il y fut découvert, poussant spontané-
menl, et si l'on s'était plus lot occupé de sa culture, la Jamaïque en pro-
duirait aujourd'hui des quantités considérables. Dans la paroisse de Sainte-
Elisabelli, il y a des Cotonniers en plein rapport qui furent plantés il y a
quarante ans; car là le Cotonnier est à l'abri delà gelée. Déplus, il peut
donner deux récoltes, et les Cotons semés l'an dernier en octobre, novem-
bre et décembre ont doniié leur première récolle en avril De plus, les
travailleurs sont nombreux à la Jamaïque, et l'on i)eut s'en rendre facile-
ment compte. 300,000 esclaves ont été émancipés en 183^; en admettant
(lu'il n'y en ail que la moitié propre aux travaux des cbamjjs, nous serions
bien au-dessous du chiffre vrai, car la population a considérablement aug-
menté depuis cette époque, tant par ses propres ressources que par l'immi-
gration. La culture de la Canne à sucre emploie environ 10,000 ouvriers ;
celle du Café, du C.ing<'mbre, etc., 10,000 : les services domestiques occupent
un nombre égal de bras, et, en supposant qu'il y ait 120,000 individus com-
plètement indépendants, il reste encore 100,000 bras à employer. Aussi,
selon leur habileté, on trouve nombre d'ouvriers depuis (îO centimes jus-
qu'à 1 franc par jour
^ous n'avons encore rien dit de l'Algérie, et cependant aucun pays
n'est plus favorable à la production du Coton. Les \ ues des Anglais se sont
tournées de ce côté, quoique bien naturellement ils favorisent davantage leurs
propres colonies, et ils cherchent à j fonder plusieurs sociétés, dont l'une a
un capital de '25 millions
RULLEThN MENSUEL DES CONFÉRENCES. Mi9
De 1851 à 18G0,lc nonibie dos ruUivateurs do Colon dans les trois pro-
vinces de la colonie a ansmentc' do 109 à 3o3, et la quantité de terrain cul-
tivée en Cotonniers, de 'l'i i)ectares à l/i8i lioctares. En 1851, la récolte
avait été de ^i, 303 kilogrammes. Eu 1860, elle atteint le clii(rredel06,/i7'2 ki-
lofijrammes. A l'Exposition, on a pu admirer les éclianlillons de 60 planta-
tions différentes. Et naj^uère encore on contestait cependant les facilités que
l'on peut trouver dans notre belle colonie à cultiver le Coton ! La plupart des
colons ne cultivaient le Coton qu'en vue de la prime qu'ils pouvaient obtenir
du gouvernement, comme nnc expérience intéressante, mais sans songer à
tout le développement qu'ils pouvaient donner à cette cullm-e. L'Algérie se
trouve située sous la même latitude que les contrées de l'Amérique du Nord
qui produisent le Géorgie longue soie ; mais tandis que cette espèce ne
pousse dans la Géorgie et dans la Caroline que sur une partie très limitée de
la province et no peut s'étendre davantage, en Algérie elle peut être cultivée
partout, (.tuant à la sécheresse et aux difficultés de l'irrigation, on a beau-
coup exagéré leur importance, et les ingénieurs anglais envoyés par cette
grande société de 125 millions de capital ont tous fait des rapports les plus
favorables.
La France est trop longtemps restée insouciante à la production du Coton
dans celte belle colonie qu'elle possède si près de ses propres côtes; mais les
capitaux français conuuencent aussi à se diriger vers noire colonie. Nos
inannfacturiers ont pris l'initiative de ce mouvement, connue il était de leurs
intérêts de le faire, et leur exemple sera suivi, il faut l'espérer. Nous ne
doutons pas que les tentatives que l'on voudra bien faire ne soient couronnées
de succès ; après les années de disette viendront les années d'abondance, et
l'industrie colonnièro sortira de cette crise plus florissante que jamais, parce
que, profitant de la leçon un peu brutale qu'elle reçoit dans ce moment, elle
saura assurer son avenir. Et ne le devra-t-elle pas, messieurs, un peu à
l'acclimatation?
IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Fondation d'un jardin d'acclimatation à ÎTIoscon.
Lettre adressée à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation
par M. Pierre Pichot.
Paris, le 23 janvier 1R03.
Monsieur le Président,
Je viens aujourd'hui vous annoncer un événement d'une grande importance
pour l'acclimatation en Russie. Après de nombreuses études préparatoires, le
Comité d'acclimatation de Moscou va fonder enfin un jardin d'acclimatalion sur
les rives de la Moscowa. Le 1^'' août prochain, le jardin sera livré au public. Vous
savez que l'impératrice mère, sur la demande de S. A. I. le grand-duc Nicolas,
avait dans ce but fait don au Comité d'un parc magniluiuc d'une contenance de
près de 60 hectares ; trois bâtiments y sont déjà achevés et d'autres en voie de
construction. Le Comité ne peut, hélas! disposer de sommes bien considérables
pour celte fondation ; il n'a jusqu'ici qu'une quarantaine de mille francs en caisse,
mais le zèle de tous ses membres et l'intérêt que chacun prend aujourd'luii en
Russie aux choses de l'acclimatation réservent ù cet établissement un bel avenir.
Un négociant, M. Woronine, a fait don au Comité d'une somme de 10 000 francs
pour le jardin, et madame Goutschkoff a oiîert de magnifiques volières d'une
valeur de près de 20 000 francs ; enfin les professeurs de l'université font des
cours spéciaux pour augmenter ses finances. M. Mueller, d'Australie, a envoyé une
intéressante collection d'animaux (deux Kangurous géants entre autres); puis diffé-
rentes personnes, suivant ce bel exemple, ont donné 27 espèces de Mammifères
et ^0 espèces d'Oiseaux.
M. le professeur Rogdanoti", membre du Comité, et chargé de la fondalion du
jardin, me prie d'appeler sur ce nouvel établissement l'intérêt de la Société im-
périale. Il me promet de son côté, pour le Jardin du bois de Boulogne, des choses
fort intéressantes, et nous enverra, par la première occasion qui se présentera,
un Chien de berger russe, un couple de Poules Cilianski, un Lièvre blanc {Lepus
va riabilis), puis deux jeunes Sterlets vivants, qu'il a déjà mis de côté pour nous.
S. A. I. le grand-duc Nicolas protège toujmu's avec une ardeur remarquable
les intérêts de l'acclimatation, et vient notamment d'obtenir de l'empereur
Alexandre un subside de 7500 francs par an pour le Comité.
Suivant l'exemple que nous avons donné au Jardin du bois de Boulogne, le
Comité va faire des expositions dans le bilt de propager ses doctrines et d'amé-
liorer les races domestiques de la Russie. 11 commence par une exposition uni-
verselle de piaules et d'animaux, et, profitant des travaux de la commission qui
prépare au Jardin du bois de Boulogne une exposition des races canines pour le
printemps prochain, le Comité établit une section pour les Chiens de toutes les
espèces. M. Kiumine a mis une somme de 20 000 francs à la disposition du Co-
mité pour cette exposition, qui aura lieu ilans le courant du mois d'avril.
Vous voyez, monsieur le Président, qu'en lUissie comme partout, l'acclimata-
tion est à l'ordre du jour, et que sous le pôle, comme sous les tropiques, on s'em-
presse de suivre l'exemple de la Société impériale.
Agréez, monsieur le Président, etc.
H. Pierre Pichot,
Di'li'iri"-' ''" i''iriliii ir;ic(liiimi3li()n île Moscou.
V
FAITS DIVERS. 151
Envol (Ic^ coeons vivants dn Ver à soie du C'IiOnc de diiue{
(Bonili^x Perii^î).
Lettre adressée à M. le ['résident de la Société impériale d'acclimatation
par le révérend père V. Perny, membre honoraire de la Société.
Province du Kouy-lclieou (Chine), le 1 5 octobre 1802.
Monsieur le Président,
Les troubles civils qui continuent à désoler ce pauvre empire chinois m'ont
forcé aussi à interrompre mes relations avec la Société impériale d'acclimatation.
Je les renoue celte année, en vous annonçant un envoi de cocons du Ver à soie
qui se nourrit des feuilles du Chêne. Cet envoi partira d'ici sous peu de jours. Il
ira passer par Chang-hai, pour être expédié directement à M. Vaucher, vice-consul
de France à llong-kong, auquel je viens d'écrire. J'ai pris également d'autres
précautions pour assurer, autant qu'il est en mon pouvoir, le succès parlait de
ce nouvel essai. J'ai prié M. Vaucher de faire placer de la glace au-dessous et
tout autour de la caisse renfermant les cocons, tout en lui donnant de l'air en
quantité buUisantc. Si l'on emploie les moyens que j'ai indiqués, celte fois non-
seuleuient les cocons arriveront, mais les chrysalides ne soulTriront pas durant le
trajet, et pourront ainsi fournir une bonne graine.
Le jardin de la Faculté de médecine renferme des arbres que j'ai conduits avec
moi en France, lors de mon récent voyage. Je me suis réservé de foire une mo-
nographie de chacun de ces arbres chinois. L'un de ces arbres est le Vends de
Chine, l'autre est VAibre à cire blanche. Je désire savoir si ces arbres oui pros-
péré. Dans une lettre suivante, j'indiquerai les moyens que je croirai propres à
l'envoi de petits insectes qui sont élevés sur l'arbre à cire et qui produisent cette
magnillque cire végétale.
Je viens d'apprendre, par une voie indirecte, la perle de l'illustre M. Isidore
Geoffroy Saint-Hilaire. Cette nouvelle, à laquelle je ne m'attendais pas, n'a point
trouvé mon cœur indifférent. Mes relations avec le digne fondateur de l'acclima-
laliiui m'avaient fait apprécier les belles qualités qui le rendaient recomman-
dable sous tous les rapports. J'unis mes regrets sincères à ceux de tous ses amis,
des membres de la Société, de son honorable famille, et je ne cesserai de le recom-
mander à Dieu dans mes prières et sacrifices.
J'ai l'honneur d'être, etc.
Signé Paul Perny,
Mbinbrc de l.i ^ociélé d'acilini.ihilioii cl de la Sociélé
asiatique de Paris.
^
V. CHRONIQDE.
Preniiei* Rapport annuel dn Conseil de la Société d'aeelinia-
tation de Melbourne.
Nous recevons de M. [', Uamol la traduction du premier rapport annuel
présenté à la Société d'acclimatation de Melbourne sur sa situation cnl8G2.
\ous en extrayons les passages les plus intéressants.
AprL's avoir exposé l'état financier de la Société, qui, malgré les dépenses
extraordinaires qu'entraîne toujours une nouvelle installation, possède encore
une réserve de 32 000 francs, i\l. le rapporleiu- s'exprime ainsi :
« Le Conseil est heureux d'annoncer la fondation de Sociétés d'acclima-
tation dans les colonies de New-Soulii- Wales, de South-Australia et de
Tasmanie.
» En avril 1861, notre président, "SI. Ed. Wilson, visita Sydney, et pen-
dant son séjour inaugura la Société de ÎS'ew-Soutli-Wales.
» En janvier 1862, il se rendit à llobart-town, et il y assista à la création
de la Société d'acclimatation de la Tasmanie.
» Ne pouvant se rendre au désir du gouverneur sir .Mac Donnell , qui le
pressait de faire un voyage à Adélaïde , M. Ed. Wilson adressa au South
Australian Register une lettre dans laquelle il développait les avantages de
l'acclimatation, et Soulh-Anslralia forme sa Société.
» D'un autre cùlé, dans l'été de ISGI à 18G2, le docteur Thomas Black fit
\m voyage à la .Xouvclle-Zélande, et réussit à engager à la cause de l'acclima-
tation quelques-uns des résidents les plus inlluenls. Depuis son retour, à sa
suggestion, le Conseil s'est mis en rapport avec les gouvernemenis d'Otago,
Cancerburg el Siltleton, et l'on suppose que bientôt les chambres respectives
de ces îles voteront des fonds pour l'introduction de quelques espèces d'ani-
maux.
» Le Conseil a à déplorer la perte de deux illustres personnages qui s'étaient
identifiés avec la cause de l'accliinatalion. Par la mort du prince époux, la
Société est privée non -seulement d'un zélé protecteur à qui elle doit les
Cerfs et les Chevreuils qu'elle possède, cl qui devaient être suivis d'un don de
toute sorte de gibier dont la collection se préparait. Le deuxième malheur
dont l'acclimatation a à g('mir, c'est la mort de M. Isidore Geoffroy Saint-
llilaire, le père de l'acclimatation moderne et le président de la Société ini-
pi'riale de Paris.
» M. le rapporteur mentionne ensuite les changements survenus dans la
composition du Conseil de la Société, et donne des détails sur les travaux
exécutés pour les jardins ou parcs de la Société , dont le plus important est
l'inUoduclion de l'eau du Yean-\ean (inmiense réservoir créé à 30 nulles de la
ville, à l'imitation du bassin de Saint-Ferréol).
» Le Conseil , dit-il ensuite , s'est mis en rapport directement avec les
Sociétés sœurs d'Angleterre, de France, de Sicile, de New-South-Wales, de
%
CHRONIQUE. J53
Sontli-Aiistralia et de la Tasiiianic. De précieux animaux ont été envoyés en
écliangc des spécimens de nos contrées : ainsi, d'Algérie une paire d'Au-
trnclies, qui malheureusement périrent dans le voyage, et de France une
paire de Zébus, dont un seul est arrivé. La Tasmanie nous a envoyé huit
Tanches anglaises.
» Les deux tentatives faites par M. Mackinnon, pour l'introduction des Lan-
goustes, des Homards et du Crabe n'ont pas ou de succès; et le souvenir dos
elTorts tentés pour introduire le Saumon dans les eaux de la Tasmanie est
trop récent pour que nous en rappelions les résultats à nos lecteurs ; il en est
de même de la tentative faite par le capitaine Jaines Lewry, du Formosa,
pour l'introduction du Gourami. Néanmoins il est acquis qu'avec plus d'ex-
périence et dans de meilleures circonstances, ces deux importantes acquisi-
tions peuvent être réalisées.
» Tandis que, comme le Conseil le remarque au début de ce rapport, ses
travaux ont été d'un caractère purement d'initiative , il est certain que les
fondations qu'il a posées sont d'une importance que l'avenir expliquera.
Mettre une Société comme la nôtre m rapport avec des institutions si impor-
tantes à l'étranger, établir un système de coopération et d'échange avec des
personnes résidant dans les parties du globe les plus éloignées, disposer tout
ce qui est nécessaire à la réception, à la multiplication et à la domestication
d'oiseaux et autres animaux qui doivent pour la plupart souffrir d'un long
et pénible voyage sur mer, et on outre veiller à ce que l'inlluencc d'un nou-
veau climat ne leur soit pas nuisible, sont des efforts qui n'en ont pas moins
de mérite parce qu'ils ne sont pas rémunérés.
» Le Conseil rappi'lle avec satisfaction que deux médailles ont été accor-
dées par les jurés de l'Exposition internationale qui a lieu en ce moment à
Londres. Une de ces médailles est spécialement attribuée à la paire de Chèvres
d'Angora, et l'autre à deux objets intéressants. IJi attendant, on voit avec
plaisir qu'indépendamment du travail pratique qui s'est accompli, les plus
utiles renseignements ont été largement propagés, l'attention publique a été
attirée sur l'insullisance des animaux utiles qu'on trouve dans la colonie, et
les entreprises privées commencent à seconder les efforts de l'associalinn.
Dos mesures sont prises pour la rapide introduction et l'acclimatation des
Cerfs, Chevreuils, Perdreaux, Corneilles, Lièvres, Aloineaux, Oiseaux chan-
teurs do TAngletorre, Clièvres do Cachemire, Perdrix noires de l'Inde, Au-
truches, Faisans, Perdrix et Antilopes du Cap, pour lesquelles dos sonuues
ont été envoyées, et le Conseil signale avec joie l'extrait suivant d'une lettre
de ^L Duflioid : « Je me souviendrai toujours avec le plus grand plaisir que
» c'est à votre sympathie et à vos é)»orgiquos ertorls que je dois la prolon-
» galion de mon séjour à Melbourne, ce qui m'a enlin mené à des arran-
» gements les plus favorables à la réalisation de nos projets. »
Al. Duflioid fait allusion à Tinlroduction de 1500 Alpacas.
Ici le rapporteur exprime les remercîments du Conseil pour le parlement,
qui a accordé à la .Société une subvention de 75 000 francs , et pour toutes
Ibli SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
les personnes qui ont bien voulu concourir à la création de cette institution,
et il termine en disant :
« Le Conseil de la Société a, comme tous ses membres, la confiance que
le puissant concours de la li'gislature contribuera à Tagrandissement de la
colonie, en multipliant ses ressources industrielles, tandis que d"un autre
côté ses attraits comme résidence seront merveilleusement augmentés.
L'amateur des choses de la nature trouvera les mêmes plaisirs, les mêmes
distractions qu'il avait dans la contrée d'où il a émigré, tandis que l'intro-
duction de l'Alpaca et des Chèvres Cachemire sera une nouvelle source
de richesse, comme le lut d'abord le Mouton. Nulle contrée au monde
n'est plus favorable à l'acclimatation que Mctoria , et il est au pouvoir de ses
habitants de peupler son vaste territoire des produits les meilleurs dans le
règne animai, (|u'ils peuvent emprunter à toutes les régions tempérées du
globe. La Société d'acclimatation s'appli([ue à cette bonne œuvre, et elle
espère arriver, grâce au concours de chacun, à des résultats qui seront
l'honneur et le profit du pays. »
Accliuialatioii dans J'Afâ-îqwc austraSe.
. Nous extrayons du Journal du commerce de la Réunion, dont nous
devons la communication à notre confrère M. A. Manès (de Saint -Denis), les
passages suivants des Explorations dans l'inlérieur de l'Afrique australe
du docteur Livingstone :
» Désirant propager dans rinlérieur quelques arbres à fruits de la
province d'Aiigola, nous avons apporté jusqu'ici un pot contenant du plant
d'Oranger, d'Anacardier, de Dattier, de Figuier, de Café, d'Araça pom-
mifère et de Tajjayer ; nous les plantons dans un enclos appartenant à l'un
des notables de la cour de Shinté, avec cette condition qu'il en donnera une
partie au chef, lorsque le plant aura poussé.
» Tous les r.alondas apprécient beaucoup les fiuits, mais, jusqu'à pré-
sent, ils n'en ont eu que de sauvages. IJarmi ceux qu'ils mangent, il en est
un qui, lorsqu'on le fait bouillir, produit une quantité d'huile considérable,
dont ils l'ont grand usage pour se graisser la iète et le cori)s. J'ai donné à
Shinté quelques graines de VElais (juineensis; il les accepta avec joie en
apprenant qu'elles sont beaucouj) i)lus oléagineuses que celles de l'arbre
dont il extrait son huile, et qui est d'une famille toute didérente. Les Pal-
miers, du reste, sont très rares dans ce pays-ci ; néanmoins, auprès du Bango
nous en avons trouvé quelques-uns d'une espèce particulière, etc., etc.
» Tous les nègres de l'intérieur de l'Afrique aiment passionnément la
culture. Mes Zambéziens ont recueilh une quantité de graines de toute
espèce dans la province d'Angola, et les distribuent à leurs amis. Quel-
ques-uns d'entre eux ont emporté de l'Ail, des Oignons, du I^iment, qu'ils
ont plantés dans de petites caisses, et qui commencent à pousser. Je vois
dans les cultures des lialondas des plantations de Tabac, de Canne à sucre,
des plantes aromatiques cl potagères, cultivées avec une intelligence qui me
fait penser que ma jjépinière sera bien soignée »
CHRONIQUE. ' • ■ • - 155
Extrait ilti journal Le JaRDIN ZOOLOGIQUE DE FRANCFORT.
Novembre et décembre. — Le jardin zooloçique de Francfort possède un
roupie d'Antilopes éhns [Antilope oreas) achetées en Angleterre. Le docteur
Weinland consacre une notice intéressante à ces magnifiques animaux.
Us sont mentionnés pour la première lois dans l'ouvrage de lîolbe {Cap
de Bonne-Espérance, ni9). il prétend qu'ils vivent dans les montagnes, et
estime qu'ils pèsent de 200 à 350 kilogrammes.
Au commencement de ce siècle , d'après le dire du savant naturaliste
Lichtenslein, ils étaient déjà devenus rares. Leur viande est excellente. Les
femelles mettent bas en toute saison. Ils courent plus vite qu'un cheval, mais
se fatiguent aisément. Ils vivent en troupes de dix à douze.
Dans l'excellent ouvrage du capitaine Cornwallis liarris {Portraits of the
gamos and wild animais of ifoiithcrn Africa, Londres, 18/i0), on trouve le
portrait d'un de ces animaux, dû au crayon du célèbre peintre Howard.
En 1837, Cornwallis les rencontra surtout au sud de la montagne de Kasan,
sur la route de la rivière deYal,au nord-est de la colonie du Cap. Cornwallis
prétend en avoir tué un qui pesait 2000 livres. Il loue beaucoup le goût de
leur chair. Ils sont malheureusement incapables de se défendre contre les
attaques de l'homme; aussi les Hollandais les ont-ils pris en grand nombre,
et depuis vingt ans l'espèce a à peu près disparu de la colonie du Cap.
Ces magnifiques animaux furent importés en Europe pour la première fois
en 1783, par le célèbre naturaliste Vosmaer, un peu plus tard par les ména-
geries de lord Derby et de lord Grey. On en voit plusieurs individus à lie-
genl's Park. Us mangent comme les bœufs et semblent très robustes. A Franc-
fort, on paraissait croire que la femelle était pleine.
Ce serait un beau résultat que l'acclimatation en Europe de cette précieuse
espèce.
Le directeur du jardin zoologique de Francfort annonce la naissance d'un
Antilope nilgaut, nouveau témoignage de la facilité avec laquelle ces animaux
se reproduisent en domesticité sous nos climats.
Importation des lloiiieaux en Australie.
Nous extrayons d'un article sur VAlmanach des brtes, publié dans le
Toulonnais du 8 janvier 1863, par M. le docteur Turrel, notre honorable
délégué à Toulon, la citation suivante reproduite du Messager du Midi :
« M. E. Wcber (de Leipsick) est chargé par la Société d'acclimatation de
Melbourne d'envoyer dans la colonie le plus grand nombre possible de Moi-
neaux allemands.
« Les chenilles et autres insectes font de tels ravages en Australie, notam-
ment dans la colonie de Victoria, qu'on a songé aux Moineaux connue
étant le moyen le plus efficace d'arrêter la multiplication des hisectes. On a
déjà voulu faire des essais d'importation en Australie des Moineaux anglais,
mais tous sont morts en route.
u C'est dans le mois de mars prochain que les Moineaux allemands seront
expédiés pour l'Australie. »
156 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
L'IIiriidiuicuIture dans les Basscs-AIpes.
Nous extrayons d'une notice publiée par M. Cli. Frucliier, et intitulée :
Vhirudinicullure dans les Basses-Alpes, les passages suivants, par lesquels
il résume ses observations sur l'éducation des Sangsues :
« Voici, en peu de mots, la manière de procéder pour la création d'éta-
blissements d'iiirudiniculture.
» Étant donnés des eaux et des terrains convenables, creusez çà et là, à
quelques pas de distance les uns des autres, de petits bassins de quelque
forme que vous voudrez, de o, /i, 5 ou 6 mètres carrés environ de super-
ficie, de profondeur d'eau très inégale et variant de 20 à 50 centimètres,
avec un ou plusieurs îlots, les i)ords coupés en talus, et laissez ou faites
croître dans l'intérieur et sur les bords de ces bassins, le plus possible
de plantes aquatiques: Nymphéacées, Joncécs, Lentille d'eau, Trèfle
d'eau, Plantain d'eau, Cresson, etc., etc. La tourbe et les végétaux de toute
sorte plaisent beaucoup aux Sangsues , plus terrestres qu'aquatiques. C'est
dans la terre, et parmi les tiges, racines ou feuillage de ces végétaux, à
quelques pouces au-dessus de l'eau, qu'elles déposeront leurs cocons et vien-
dront s'abriter du vent, du froid, du soleil trop ardent, digérer et changer
de peau. Il est nécessaire, dans le moment de la ponte, que le niveau de
l'eau soit constant le plus possible, pour que les cocons qui doivent rester
dans un milieu ni trop sec ni trop humide, ne soient ni desséchés totale-
ment, ni submergés.
» Pour peupler ces bassins, meltcz de préférence, en mars, des Filets ou
des Sangsues marchandes, jeunes : elles coûtent moins et s'habituent plus
facilement; mères et vaches, leur prix est plus élevé, mais elles donnent
des produits la même année. Le plus économique est d'acheter, à bas prix,
des Sangsues ayant servi, et qui vivront très bien et digéreront h leur aise
dans les herbes et la vase. Enlin, pour empêcher les Sangsues, voyageuses
quand elles ont faim, de sortir de votre propriété, entourez le terrain con-
tenant vos bassins d'un étroit fossé de ZiO centimètres environ de profon-
deur et renqili de sable de rivière formant bourrelet à la surface du sol.
Les petits grains de quartz, dit Jourdier, dont le sable est composé, taillés
ù angles, à bords tranchants, arrêtent les Sangsues qui voudraient s'évader,
en blessant leur peau très délicate. Ayez soin aussi de fermer l'issue des
eaux avec de la toile métallique à très fine maille.
M Les ennemis des Sangsues aux(iuels vous aurez à faire la guerre sont
principalement les oiseaux de passage, Échassiers et Palmipèdes, ces derniers
surtout, ainsi que les Courtilières et les Rats d'eau, quoique ces rongeurs ne
mangent pas les Sangsues, mais ils les dérangent et font perdre les cocons
en creusant des galeries. »
VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION.
Janvier. I. — Il n'a fait ni cliaud ni froid , il a fait triste cl sombre, des
matim-es froides et brumeuses, pas un seul jour de gelée; l'air était saturé
d'eau : il semble que Tliiver n'est pas conunencé.
II. Naissances. — La ponte des Gallinacés est plus active. Quelques oi-
seaux, les Casoai-s et les Tourterelles, se recherchent. Qm'lqnes bourgeons
écartent leurs écailles, les chatons s'allongent. L'agnelage a continué : nous
avons eu 1 Chevrette mascaie, I petit Bouc du Népaul, 1 Brebis de :\Iauchamp,
1 de Naz, 2 du Morvau d'une seide portée. 'J Oies d'Egypte sont en traii de
couver.
[II. Mortalitr. — Malgré la température adynamique de la saison, la
Uïortalité n'a pas dépassé les chid'res ordinaires. Les principales lésions
trouvées ont été des tumeurs d'apparence cancéreuse dans le foie d'une l'oule
cochinchinoise, des injeclions et des ramollissements de la membrane nui-
qncuse intestinale chez plusieurs Oiseaux, d'eau. Le Pigeon C.oura paraissait
avoir succombé à une hémorrhagie, il y avait à ses côtés une quantité de
sang répandu; ses chairs étaient presque exsangues : chose singulière, on
n'a pu découvrir la source de cette héniorrhagie, quoique l'autopsie ait été
faite par AI. Dareste, anatomiste très expert et très soigneux. Le bec et
l'anus explorés n'oli'raient aucune trace de sang. Un amateur m'a assuré
(pi'il avait perdu un C.oura de la même façon. Le fait m'a paru digne d'être
noté. L'Antilope guib oll'rait sur l'intestin des plaqnes d'ecchymoses gangre-
neuses, suite évidente de coups. Lu Biche de France a éié tuée p;ir un Cerf
du Japon. On ne saur.iil croire, dans l'étal de demi-liberté où nous les pla-
çons, combien il est ditlicile de faire vivre ensemble les animaux sauvages-
il nous faudrait des espaces illimités. , .
IV. Dons. — Le Jardin a reçu un Yak métis de M. Paul Seguin; des
Lapins angora bleus de madame de Girardin , et des Cochons d'Inde de
M. Albert Geolîroy Saint-Uilaire.
V. — i: Aquarium a niunlré pendant ce mois : un nouvel Hippocampe;
un Loup de mer de la Méditerranée, ou Bar de l'Océan (Labrax lupus),
appelé aussi Perche de mer, joli poisson aux écailles argentées et dont la
chair est très estimée; plusieurs Muyes {Mwjil cepJialus); deux espèces de
Crenilabres ou Vieilles de mer; un exemplaire de VOnos mnslclla, un Go-
bius niyer, U Crabes (Cancer marnas) et 2 Méduses. Tous ces animaux ont
été offerts par M. Doumet fds (de Cette). La plupart ont vécu plusieurs
jours, et excité la curiosité des visiteurs. Lu même temps on pouvait voir,
envoyés par M. Ledentu (de Cherbourg), des Congres, des Bars, des Muges
des Vieilles de l'Océan et une petite Murue. La simultanéité de ces poissons
pris sur des points si différents des côtes de la France montre que ce sont
les poissons de la saison. Le plus grand nombre supporte très bien le séjour
158 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
de rAquaiinm. On a pu voir à diiïthcntes reprises les Actinies crassicornes
saisir les Souris de mer et les Étoiles qui passaient à leur poi'téc, et les
engloutir tout entières, probal)lei;ient connue elles font au milieu de la mer.
Le Jardin a reçu de rétablissement d'iluningue, du Z| novembre au 1" fé-
vrier, Z|85 000 œufs des poissons suivants :
Fera /i50000. Pas un seul n'est venu à éclosio.i.
Saumon du lUiin l'22.'ÎO. Ëclosions fitiOO
Saumon 3!)20 — 2760
Truite saumonée . . . 3200 — 2500
Truite commune.... 3C0O — » •
Truite glande des lacs. 2801» — 162.') , :
Ombre-chevalier 5500 — 1350
En général, les ëclosions ont élé moins nombren.ses qne l'an dernier, ce
qui paraît tenir à la tempéralnre. Les fécondations artificielles faites par
iM. Millet au Jardin même, au moyen de Truites apportées par le pêcheur
Vinçon, ont donné 1500 éclosions sur environ 1500 onifs fécondés.
VI. — Jardin. La température a été en moyenne de 2 degrés au-dessus
de zéro à six heures du malin, et de 8 degr(''s au-dessus de zéro après
midi. Les extrêmes ont été de o degiés au-dessous de zéro au mininumi,
et de 12 degrés au-dessus de zéro au maximum.
La floraison des Camellias dans le jardin d'hiver est tous les jours plus
abondante, et atteindra son plus bel elfet dans le courant de février.
Le Jardin a re(;u :
De la Société impériale, venani de M. Gauldrée-Boilleau, douze espèces
d'arbres ou arbustes, fruitiers, industriels ou d'ornement, du Canada, qui
ont beaucoup soullert dans le trajel. Nous espérons cepend.int en sauver
quclques-ims, grâce au moyen employé immédiatement, et qui consiste à en-
fouir toute la plante sous terre à une prol'ondeur de 10 à 15 centimètres,
pour rétablir les tissus désorganisés par le dessèchement.
Le Jardin a été visité en janvier par 9/i83 visiteurs.
FÉVRIER. 1. — On peut dire que nous n'avons pas eu d'hiver, car on ne
saurait appeler ainsi les quelques jours de froid de la seconde moitié do
février. Les nuits et les matinées étaient froides, mais les journées, par le
brillant soleil qu'il faisait, étaient d'une chaleur printanière; il n'est pas
loniljé une seule goutte d'eau. Ce froid sec, favorable à la terre, ne l'a pas été
moins pour les animaux.
IL — La poule, qui n'avait élé en janvier que de 260 œufs, .s'est élevée
en fé\ricr à 58Zi. Les l'oules cochinchinoises et les Brahmapootra sont tou-
jours en avance, puis viennent les Campine et les Breda. Nos Poides indigènes
donnent à peine quelques œufs dans ce mois. Les Pigeons sont déjà presque
tous en amour; aucune Cane n'a encore pondu.
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN d'aCCLIM\TATION. 159
Parmi les Mammifères, il esl né une Biche du Paraguay, i Brebis d' Astra-
khan, 1 Lima noir, 1 Zébu du S(Mié?;al, 3 Lapins-lièvres, '2 Cochons d'Inde.
La Biche du Paraguay, en juin dernier, avait donné un petit, ce qui met
sept mois entre ses deux portées.
III. Mortalité. — 13 roules, 5 Coqs. Oiscauv d'eau, .')2, dont 19 Canards
niillouins, 11 Garots, 5 Sarcelles d'hiver. Oiseaux de volière, 18, dont 7 Fai-
sans divers et 1 Pénélope sifllcur. Parmi les Mammifères : 1 Yak mort di'
vieillesse; 1 Chèvre d'Angora, du tournis; 1 Manicoii, I Agneau romiin,
o Lièvres, 1 Cochon d"lndc.
Les lésions trouvées sur les oiseaux étaient très diverses, aucune n'avait
le caractère épizoolique. Ainsi une Poule de Gascogne, en même temps
qu'une double pneumonie, oITrail des calculs biliaires dans la vésicule bi-
liaire et des calculs d'acide uriquc dans les reins. Chez deux oiseaux d'eau, le
cloaque était distendu par la rétention des matières fécales produite par l'ac-
colement des phnnes qui entourent l'anus, probablement faute d'eau pen-
dant le transport de ces animaux de la mer à Paris. Toujours i)eaucoup de
plaies de tète ; une Sarcelle ollrait une rupture du foie, un Canard millouin
une péricardile avec fausse membrane épaisse d'im demi-millimètre, et un
Coq de Brie une dégénérescence scrofuleuse des glandes du cou.
IV. Dons. — De M. de Bourboulon, 2 Chiens de chasse du Japon ; de
M. Élic de Beaumonl, un Bouc d'Afrique, une Chèvre de Tuggurî; de
I\]. Toussaint, deux lîoucs du Népaul, une Chèvre, une Chèvre du Tibet;
de M. le comte A. de Monlcbello, un Lièvre blanc {Lepiis oariabilis), de
lUissie ; et de M. Mueller, de Melbourne, deux Poules sultanes ou Porphy rions.
Le Jardin a fait acquisition d'un Merle bleu bronzé (Lamprotornis mc-
tallicus) des Moluqucs, bel oiseau aux yeux d'or, dont le plumage bleu et
vert reluit au soleil de reflets métalliques d'une grande beauté ; de Mo-
queurs polyglottes {Meinur ■pohjrjloltas) de l'Amérique du Nord, réputés
les premiers oiseaux chanteurs de la nature.
V. — V Aquarium, toujours bien garni, contient 196 animaux marins ou
poissons vivants. Les Squales se sont décidés à manger de petits Mulets
vivants; comme les Boas, ils semblent n'avoir besoin de nourriture qu'à des
intervalles très éloignés,
Iluningue a envoyé 1500 Truites grandes des lacs, 2000 Truites communes.
W. Jardin. — La température a été, en moyenne, de 2 degrés au-dessous
de zéro à six heures ilii matin, et de 8 au-dessus de zéro après midi. Lrs
extrêmes ont été de G degrés au-dessous et de 11 degrés au-dessus dczi'ro.
Celle température basse presque toutes les nuits a arrêté le mouvement
de sève que la douceur des mois précédents avait provoqué.
Il n'en est pas de même du Jardin d'hiver, qui a épanoui ses Heurs en
al)ondance, ce qui lui donne un aspect vraiment féerique. Les Camollias,
Lhododendrons, Mimosas, Primevères de l.i Chim; et Cinéraires variées y
sont en pleine floraison.
160 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Le Jardin a reçu :
1° De ;M. Bcllcmain, doux varic'k's û'Oxalis aliinontaires ;
2" Delà Sociclé iuipériale, vciuint de :\I. Boisnard-drandniaison, de petits
lubcrcules d'Iguauic obtenus de semis dans le déparlement de la Manche-,
3" De M. Anf;il)oust (de New- Orléans), une collection de graines ;
k" De .M. Lct'èvre, deux variétés d'Asclepias de T Amérique du Nord.
Le Jardin a eu en février 20 730 visiteurs.
I.e Direi.teur du Jardin d'acclimatation,
PiUFZ DE LAVISO^.
EXPOSITION DE VOLATILES
AU JARDIN d'acclimatation DU ROIS DE JîOULOGNE
LIS 1863.
L'an dernier, dans la séance de distril)ulion des médailles aux exposants
de Volatiles fran(;ais et étrangers, Aoyanl la faveur avec laquelle cette expo-
sition avait été accueillie par le public, le président de cette solennité disait ;
« Messieurs ! à Taïuiée prochaine. »
Pour tenir cet engagement, qui a été rappelé à radminislralion par un
grand nombre d'amateurs, la Société impériale d'acclimatation et celle du
Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne se sont encore réunies pour
faire, cette année, du 12 au 19 avril, une exposition semblable. On espère
entretenir par là le goût du public pour les Oiseaux utiles et d'ornement.
Les conditions faites aux exposants seront les mêmes que l'an dernier.
Vpiitie «Fiait jeune Titïoreasi ^arl&ssot.
Le jeune 'i'aureau SarUibot ollert à la Société par .M. Dutrone, au profit
des ouvriers cotonniers (voyez page lli)), sera vendu le mardi IZi avril,
jour de la disiribution des récompenses pour l'exposition des Volatiles au
Jardin d'acclimatation.
ERRATUM.
IhiHelin, luinuTO ilu !"■ janvier ISGo, page 39, lignes l'i et 15, au lieu de
c'est pliitùl une [liante d'étangs (jue de marais et de rivière, lisez c'est plutôt
une plante d'étangs et de rivières que de marais.
MORT DE M. MOOUIN-TANDON,
Membre lie l'Insliliil (Académie (les sciences), . . ,
Professeur à la Facullé tle médecine,
Vice- président do l:i Société impériale d'acclimalation et du Conseil du Jjrdin d'acclimalalion
du bois de Boulo;;nc,
Vice-président de la Sociél(' botanique de France,
Membre de la Société des amis des sciences, Maintencur de la Société des Jeux Floraux,
Chevalier de la Légion d'honneur, etc.
' La Société impériale d'acclimatation vient d'éprouver une
perte extrêmement regrettable, dont S. Exe. M. Drouyn de
Lhuys, son président, a annoncé en ces termes improvisés la
triste nouvelle, dans la séance générale du 17 avril 1863 :
Messieurs,
Permettez- moi crappoilcr un triste ot syiiipathiquc liommage à une tombe
encore fraîclie qui vient de se fermer sur l'un des membres les plus émi-
nents de notre associalion. Une mort pr(''matur(5e , un coup sul)it a frappe^
notre vice-président, M. Moquin-Tundon, au milieu de nous, au milieu de
ses études et de ses succès.
Ai-je besoin de vous retracer le portrait de ce collègue aimé, dont l'image
est présente ù vos esprits comme à vos cœurs? N'est-ii pas là pour ainsi dire
devant \ous? i\e troyez-vous pas le voir et l'entendre. 11 y a peu de jours,
il siégeait à cette place que j'occupe pour quelques instants et qu'il savait si
bien remplir. Vous rappellerai-je le charme piquant de sa parole, la sûreté
facile de son commerce, l'enjouement de son caractère, qui présentait un
mélange de malice et de bonhomie. Cet esprit à la fois solide et léger, puis-
sant et élastique, avait toujours une allure aisée, sans tlécliir, sans s'adaisser
sous le fardeau d'une vaste érudition. Des connaissances variées meublaient
richement son intelligence et ne l'encombiaient jamais.
Certains esprits portent des lleurs, d'autres des fruits ; celui de M. Moquin-
Tandon produisait, avec une égale fécondité, les fleurs de la littérature et les
fruits de la science.
Je m'arrête, messieurs, une voix non moins amie et plus autorisée que la
mieime va vous parler de celui que nous avons perdu.
M. A. Passy, vice-président, a prononcé ensuite l'allocution
suivante :
Messieurs,
Je viens, comme représentant de la Société, de rendre les derniers devoirs
à Moquin-Tandon, l'un de vos vice-présidents.
Dès l'origine de notre œuvre il en avait compris toute la portée : l'appli-
cation de l'histoire naturelle .'i l'utilité générale. 11 s'était donc dévoué à cette
T. \. — Avril 1863. n
](3'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMâTATION.
grande pensée que nous avons lenfermée dans le modeste et constant tra-
vail auquel nous nous livrons tous. •
Aussi nous prètait-il avec facilité, avec empressement, un concours assidu.
Ses travaux sont au nombre de ceux qu'on relit avec le plus de plaisir et
d'intérêt.
Professeur à Toulouse, à Montpellier, à Paris, il s'était livré à des études
sérieuses, variées, approfondies, sur toutes les branches de l'histoire natu-
relle. Sa vie tout entière a été employée à des travaux dont l'éclat l'a appelé
à l'Institut, à la Faculté et à l'Académie de médecine.
Nous perdons en lui une des illustrations que notre Société est fière de
compter dans son sein. •
Il présidait nos séances avec cette aménité séduisante de son caractère
que vous lui avez tous connue et cette autorité que lui donnait sa position
parmi les honuues de science.
Il aimait notre œuvre et lui consacrait tous les instants que ses devoirs lui
laissaient.
La veille de sa mort, dans la soirée même, au milieu de ses amis, il lisait
avec l'entrain le plus animé le discours qu'il devait prononcer le lendemain
ù la distribution des récompenses pour l'exposition des volatiles au Jardin
d'acclimatation du bois de Boulo-^ne. Ses dernières pensées étaient pour
notre Société, qu'il aimait et dont il était aimé.
11 est mort avec la consolation d'avoir concouru activement aux projets de
cette œuvre utile.
Moquin-Tandon nous est enlevé, emportant nos regrets et nous laissant
émus d'étonnement et d'elfroi. La mort toujours nous menace, mais elle n'a
pas toujours ce pied rapide. Quand elle vient à saisir l'un de nous et le fait
disparaître sous nos yeux, elle ajoute un sentiment de violente surprise au
cha},4in que nous causent ses rigueurs ordinaires.
C'est l'impression que je rapporte des obsèques de notre bien-aimé col-
lègue, et que vous partagerez.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
... :, . RAPPORT ■
FAIT AU NOM DK LA TROISIÈME SECTION, SL'R LES PROPOSITIONS DE M. LAMIRAL,
RELATIVES AU RÉTABLISSEMENT DES MADRAGUES,
; A LA CRÉATION DE RÉSERVOIRS ET VIVIERS SUR LE LITTORAL
DE LA MÉDITERRANÉE,
ET SUR LA FABRICATION DE LA POUTARGUE , '*
Par I»I. WALLL'T, rapporteur (I).
(Séance ilu C mars 1863.)
Messieurs,
La Iroisième seclion de la Sociélé d'acclimatation m'a chargé
de présenter nn rapport sur différentes propositions faites par
M. Lamiral, avecle concours de M, le docteur Turrel. Comme
toutes celles qui concernent l'alimentation publique, les ques-
tions soulevées par ces propositions sont dignes au plus haut
point de fixer votre attention, et la Société ne saurait trop
s'en préoccuper. Quant à moi, je me suis borné à mettre les
pièces du procès sous vos yeux, laissant à votre sagesse le
soin de fixer les conclusions de mon rapport.
Les propositions de M. Lamiral sont de nature diverse et
demandent à être appréciées séparément. Mais, d'abord,
permettez-moi de rappeler en quelques mots les titres de
M. Lamiral à notre sympathie, et si je puis m'exprimer ainsi,
ses états de service : ses éludes, ses travaux sur les fonds,
anses, baies, etc., de la Méditerranée sont encore présents à
votre mémoire.
' Ces services rendus à la société et à la science, s'ils ne nous
dispensent pas d'une impartialité rigoureuse, nous comman-
dent du moins de donner au mémoire de notre collègue toute
l'altenlion qu'il mérite.
J'entre immédiatement dans l'examen des différentes pro-
positions.
(1) Voyez plus liant, paR.- 93, lo Mémoire dc MV. Lamiral et Turrel.
16/4 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
La première et la plus imporlanle, à en juger par les déve-
loppemcnls que les auteurs lui ont donnés, consiste dans
l'établissement ou le rétablissement des pêclierics fixes dites
madragues sur les côtes des Boucbes-du-Rhone, du Var et
des Alpes-Maritimes.
Plusieurs objections ont été faites contre les madragues,
et ont même, en 18Zi5, amené la suppression de celles qui
existaient sur le littoral du département du Var.
On leur reproche :
V D'être une gène pour la navigation ;
2° De faire une concurrence ruineuse à la pèche ordinaire ;
3" De nuire à l'inscription maritime.
Examinons avec M. Lamiral chacune de ces objections.
1" Les madragues sont-elles une gêne pour la navigation?
L'ordonnance de 1681, le premier document législatif que
nous connaissions sur la matière, prévoit, en elTet, le cas où
les madragues gêneraient la navigation, mais en même temps
elle en autorise l'établissement dans les lieux et conditions où
cet inconvénient n'existerait pas. La question reste donc
intacte et les deux opinions en présence.
Les partisans des madragues invoquent, pour répondre à
l'objection, les lettres patentes de 1701, sur lesquelles nous
reviendrons, les paroles de Napoléon L', l'opinion de l'amiral
Jurien (arrêté du 30 novembre 1839), la protestation du con-
seil municipal de Toulon (7 février I8/18), après la suppression
des madragues en 18/i5, une deuxième et une troisième déli-
bération du même conseil {ih novembre 18Zt8, 1852), enfin
une délibération du conseil municipal de Marseille (5 avril
1852), à laquelle s'associe la chambre de commerce.
Si depuis 1681, ajoute avec raison M. Lamiral, le nombre
des navil'cs qui fré(iuentent nos ports a considérablement
augmenté, les progrès de l'art nautique, et surtout l'emploi
de la vapeur, sont de nature à prévenir tout danger.
Les adversaires, à leur tour, se fondent notamment sur la
restriction de l'ordonnance de 1681, sur l'opinion de l'admi-
nistration centrale, qui, en 18/15, a supprimé les madragues
DES MADRAGUES SUR LE LITTORAL DE LA MÉDITERRANÉE. lt>5
du Yar, enfin sur les vœux émis par la commission de la pèche
côticrc en 1852,
Quant à l'ordonnance de 1681, c'est, comme nous l'avons
dit, un argument qui peut servir aux deux parties; pour
l'opinion de l'administration centrale, c'est à elle précisément
qu'on veut prouver qu'elle a été induite en erreur sur les
véritables intérêts du pays. Enfin, quant aux vœux de la
commission de la pcche côtière, il suffît de les parcourir pour
apprécier l'esprit de partialité qui les a dictés (1). S'ils ne
concluent pas à la suppression absolue des madragues, ils
prétendent entourer leur exploitation de tant de difficultés,
que le résultat en serait identiquement le même. La rivalité
des pêcheurs et des propriétaires de madragues suflit, du
reste, à expliquer cette hostilité de parti pris.
Pour nous, qui n'avons pas les mêmes motifs de préjuger
la question, nous croyons que l'établissement de chaque
madrague doit être l'objet d'une étude spéciale, et que la
création n'en doit être autorisée que s'il est parfaitement
reconnu qu'elle ne gêne en rien la navigation. En effet, la
solution ne peut être la même dans tous les cas; elle dépend
de considérations multiples et diverses, et ce n'est qu'après
avoir pris une parfaite connaissance des lieux qu'on peut
émettre un avis, qui variera suivant l'emplacement choisi,
la proximité ou l'éloignement d'un port de refuge, etc., etc.
Sous la réserve des observations précédentes, nous ne
voyons, du reste, aucune objection sérieuse.
T Les madragues font-elles une concurrence ruineuse à la
pêche ordinaire?
A cet égard, M. Lamiral va peut-être un peu loin, lorsque,
niant tout dommage, il affirme même que la madrague rend
service aux pêcheurs en arrêtant les Thons, qui briseraient
leurs fdets trop faibles, ou tout au moins disperseraient les
poissons sédentaires. Il nous semble que, dans ce vaste champ
de la mer, tout pêcheur, de quelque façon qu'il s'y prenne,
(1) On y lit entre autres la proposition suivante :
« Les avaries laites aux madragues par des navires ne pourront douncr
lieu à réclamation d'indemnité, hors le cas de malveillance constatée. »
d(3() SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATÂTION.
fait concurrence aux. autres pécheurs. Mais la question
n'est pas là, il s'agit seulement de savoir si la madrague
constitue une concurrence ruineuse. Or, elle n'est destinée
qu'aux poissons de passage, et ceux-ci échappent presque
toujours aux pêcheurs côliers, qui manquent des engins et
des filets nécessaires. Du reste, les produits de la pèche sur le
littoral du Var n'ont pas sensiblement varié depuis 18/i5, date
de la suppression des madragues ; c'est donc à d'autres causes
qu'il faut attribuer le dépeuplement de nos mers, et nous nous
refusons avoir, dans le rétablissement des pêcheries fixes qui
approvisionneraient nos marchés et feraient baisser le prix
du poisson, autre chose que l'application loyale et heureuse
du principe de la libre concurrence.
:V' Les madragues nuisent-elles à l'inscription maritime ?
Les partisans de Taffirmalive se fondent sur ce fait qu'une
partie des équipages des madragues n'est pas inscrite sur les
rôles de l'inscription maritime.
La négative s'appuie sur les termes des lettres patentes de
1701, « qu'il s'y formera même un plus grand nombre de
matelots pour notre service ». Elle prétend aussi avec raison
que l'équipage d'une madrague contient plus de marins
inscrits que celui de tout autre bateau pêcheur.
Quant à nous, nous avouons ne pas comprendre comment
la suppression d'un établissement de pêche pourrait avoir
pour résultat l'augmentation du nombre des marins inscrits;
en conséquence, nous repoussons cette objection comme non
fondée.
Mais, messieurs, l'examen de la question qui vous est sou-
mise serait incomplet, si nous nous contentions de vous dé-
montrer qu'elle n'offre pas de grands inconvénients, et si
nous négligions de vous indiquer les sérieux avantages qu'elle
présente. En effet, à supposer que les conclusions précé-
dentes aient laissé quelque incertitude dans votre esprit, c'est
en mettant en balance ces inconvénients douteux et ces avan-
tages réels, que vous pourrez le mieux vous décider.
Je crois inutile de m'élendre sur la nature même de la
DES MADRAGUES SLR LE LITTORAL DE LA MÉDITERRANÉE. 167
madrague, et sur le rôle qu'elle joue. Vous savez aussi bien
que moi que c'est un vaste appareil de pêche dont un des
côtés est calé à fond par des ancres et des pierres, tandis que
la partie supérieure est maintenue presque à fleur d'eau par
de forts morceaux de liège. Elle se compose de plusieurs
parties, la queue et des compartiments ou chambres dont la
dernière, dite corpus, est le véritable filet. Son rôle est d'ar-
rêter et de capturer au passage les poissons voyageurs, tels
que Thons, Palamides, 3Iaquercaux, etc. De tout temps des
madragues ont existé sur les côtes d'Italie, de France et d'Es-
pagne, et ont prélevé un large tribut sur les hordes nomades
de la mer.
Aujourd'hui encore, les six madragues (1) calées sur le lit-
toral des Eouches-du-Rhône fournissent annuellement aux
marchés de Marseille de 250 à 300 000 kilogrammes de Thons,
Maquereaux, etc. Une partie est consommée sur place, l'autre
est salée et s'expédie sur tous les points de la France et de
l'étranger.
Ajoutons que les madragues font vivre plusieurs autres
industries, notamment celle de la sparterie et du cabotage.
Chacune d'elles emploie par an pour 10 000 francs de sparterie
ouvrée, et il sufiit de songer au bas prix delà matière première
pour comprendre la somme de salaires que ce chiflre repré-
sente. Les caboteurs vont chercher la sparterie en Espagne et
en Algérie, et c'est à Marseille qu'on la file, qu'on la tresse,
qu'on la convertit en filets et en cordages. Or, comme ce travail
est des plus faciles et à la portée des enfants et des vieillards,
c'est une ressource précieuse pour la population pauvre.
Telles sont les observations qui nous ont particulièrement
frappés: d'un côté, des objections de peu d'importance, alors
même qu'elles sont fondées; de l'autre, de sérieux avantages,
le rétablissement de plusieurs industries jadis florissantes, un
approvisionnement plus assuré de nos marchés, enfin un pas
nouveau fait dans la voie où notre Société s'est engagée, l'amé-
lioration de l'alimentation publique.
(l) AL Lamiral assure quo, sur ces six madragues, trois seulement fonc-
tionnent.
168 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Aussi n'hésilons-nouspas à vous prier de prendre en sérieuse
considération la proposition de M. Lamiral.
Les deux autres propositions contenues dans le même mé-
moire ne manquent pas non plus d'intérêt, mais leur examen
sera plus rapide.
Il s'agit de créer sur les points du littoral méditerranéen
les plus favorables des bassins d'alevinage et des réservoirs
pour des poissons sédentaires. Ce sont, à coup sûr, d'excel-
lentes mesures dont chacun de nous comprend trop bien
l'avantage pour qu'il soit utile de le discuter. Seulement
M. Lamiral ne s'engage pas. « Une compagnie financière, dit-il,
celle qui sollicite en ce moment la concession des madragues,
serait disposée à créer, etc., etc. » Ces termes mêmes vous
indiquent que la question n'est pas très avancée. Quant aux
moyens, ils ne sont pas indiqués. Dans l'état actuel des
choses, nous croyons que nous devons témoigner toute notre
sympathie à la Compagnie dont j'ai parlé, mais que noire
concours ne doit pas aller au delà.
A cette occasion cependant, il nous semble bon de rappeler
les succès qu'ont obtenus plusieurs de nos collègues, MM. Ja-
val, Noël, Douillard et autres, par la création de réservoirs
d'alevinage dans le bassin d'Arcachon. En i)arquantle fretin
et en le mettant à l'abri des causes principales de destruction,
ils sont arrivés à pouvoir livrer à la consommation en tout
temps, et quand l'élat de la mer rend la pêche ordinaire im-
possible, des (juantitcs considérables de poisson. Le rende-
ment d'un hectare ainsi cultivé s'élève à 300 francs au moins,
tandis que le rendement des meilleures terres atteint à peine
250 francs dans la même région. Chacun y trouve donc son
compte, le propriétaire et le public (voyez l'excellente notice
de notre collègue M. Millet sur la pisciculture marine, 1856).
En conséquence, nous émettons le vœu que la création de ces
bassins d'alevinage se généralise, et que le ministère de la
marine se départisse de ses habitudes de sévérité en ce qui
concerne les concessions nécessaires.
DES MADRAGUES SUR LE LITTORAL DE LA MÉDITERRANÉE. 169
'■ ' ' ' Note sur la PoiUargue.
En même temps que le mémoire que nous venons d'ana-
lyser, M. Lamiral envoie à la Société une note sur les incon-
vénients de l'industrie de \[\ potitargue, note suivie de plu-
sieurs propositions nouvelles.
La poutargue est une espèce de caviar lait avec les rogues
des Muges et autres poissons. Elle est l'objet d'un commerce
assez important, et se vend de 6 à 15 francs le kilogramme.
M. Lamiral espère restreindre l'usage de cette industrie :
1° En démontrant aux pêcheurs le tort qu'ils se font à eux-
mêmes;
2" En leur enseignant les principes de la fécondation arti-
ficielle par la formation de bassins d'alevinage dans les
étangs de Berre et de l'ile Sainte-Marguerite.
Comprenant les résistances que la routine et l'intérêt im-
médiat des pêcheurs vont lui opposer, M. Lamiral laisse
entrevoir la nécessité d'accorder, pour un certain temps, des
primes aux pêcheurs qui se livreraient à la pratique de la
fécondation artificielle.
On s'est demandé si, en présence de f immense faculté de
reproduction que possèdent les poissons, il n'était pas plus
utile de chercher à préserver l'alevin des causes de destruc-
tion qui le menacent que de multiplier les fécondations.
L'exemple des bassins d'alevinage d'Arcachon prouve, en
effet, que le premier système est le meilleur, et nous ne sau-
rions trop applaudir à cette partie du projet de M. Lamiral.
Quanta l'autre, en la laissant sur le second plan, nous n'avons
pas entendu en nier Futilité , et nous serions heureux de
voir notre collègue réussir dans sa croisade contre les pré-
jugés de nos populations maritimes et dans ses efforts pour le
repeuplement de nos mers.
\OTA. — A la suite d'obscrN allons faites par M. le docteur J. Cloquetdans
le sens des conclusions de M. Wallut, l'assemblée générale de la Société
d'acclimatation approuve le présent rapport.
:AÎîy:f:i!^:.^ i;^ f-i :? SUR '^-'- -■■'■ '■■ '■ • '■■-'- -;Ai: cA
LE MOUFLON DE LA CORSE,
Par M. le baron H. ALXAPITAINK. ' fî -^1
(Séance du 20 février 1863.)
ri, f : '. . .;. .. :
: Le Mouflon {Ovis mitsimon, Cuvier) esCun des animaux
caractéristiques de la mammalogic corse (1).
Geoffroy Saint- Hilaire et Frédéric Cuvier ont donné la
description des caractères et des formes de ce ruminant, bien
connu aujourd'hui, mais que ses mœurs sauvages ne tarde-
ront pas à faire disparaître complètement de la Corse, lorsque
les défrichements de ce département seront achevés.
Le Mouflon se tient de préférence sur les sommets difficiles
des montagnes et dans la zone des neiges. C'est au moment
où la neige couvre toute la verdure de la région supérieure
qu'il se hasarde à descendre dans les pays d'une moyenne
altitude. Les cantons boisés et accidentés du Niolo,deGuagno,
dcVivario, de Ghisoni,deVizzavona, sont ceux où l'on aie plus
de chance de le rencontrer. Au dire des pâtres, chaque nuit
les Mouflons remontent vers la neige, sur lacpielle ils aiment à
se coucher et à s'ébattre. Ce n'est que dans les froids extrêmes
qu'ils recherchent les cabanes abandonnées où les bergers se
logent pendant l'été. On conserve le souvenir de quelques
hivers exceptionnels où l'on a vu des Mouflons venir se mêler
aux Chevaux, Mulets et Moutons abrités dans des écuries.
Ils marchent habituellement en troupes d'au moins cinq ou
six et parfois vingt à vingt-cinq. 11 est fort rare de trouver
maintenant dans l'île des bandes comme celles mentionnées
par les vieux chroniqueurs de la Corse, et comme il paraît y
en avoir encore quelques-unes en Sardaigne.
Ils aflectionncnt les pâturages situés sur les versants méri-
dionaux des montagnes et près des sources. C'est là que les
(1) Il vit également en Sardaigne (CcUi, Mimant, la iMarmora), en Turquie
(Belon), Chypre (Busson).
Pline le menlionnait en Espagne sous le nom de Miisimon : c'est l'opinion
des Grecs. -. - --
.; , r... f. MOUFLON DE LA CORSE. i^M,.': .'' ' -. 171
chasseurs ont quelques chances de trouver ces ruminants.
Pendant qu'ils sont à paître, quelques-uns des vieux mâles
se tiennent en faction sur les sommets élevés, et donnent
l'alarme au moindre signe de danger. Leur agilité est surpre-
nante : à peine ont-ils été aperçus, qu'ils disparaissent dans les
ravins; puis, bondissant de rocher en rocher, ils s'enfuient
à de grandes dislances où nul pied humain ne les peut
atteindre... Des bergers corses m'ont affirmé avoir vu des
Mouflons poursuivis par les chiens franchir d'un saut des
précipices de 30 mètres de large!... On raconte également,
avec autant d'exagération, je crois, que dans ses bonds péril-
leux le Mouflon tombe toujours sur ses cornes sans se faire
aucun mal(l)... ■ ' , • • ■
Ce qui est plus certain, c'est qu'au moment du rut, les mâles
de chaque bande se livrent des combats acharnés.
Les femelles mettent bas un petit, rarement deux, vers le
commencement de mai, et en Sardaigne dès la fin de mars (î2)
(M. Mimant). C'est peu après que l'on recherche les jeunes
3Iouflons, assez facilement élevables à cet âge. On les confie
alors à des Chèvres, qui, a-t-on remarqué, en ont plus de soin
que de leurs Chevreaux.
Bufl'on et après lui un grand nombre de naturalistes ont
avancé que le Mouflon était la souche de nos diverses variétés
de Moutons domestiques... Je ne sais, personnellement du
moins, ce qui peut justifier cette assertion.
C'est en Corse, patrie du Mouflon, qu'il devrait être surtout
facile de saisir des rapprochements entre cet animal et la
race de Moutons du pays. Or, il n'y a aucime similitnde entre
ces deux espèces, bien que les bergers corses abandonnent
leurs troupeaux en toute liberté dans les parties élevées des
(1) La même fable est rncontéc avec non moins de sérieux par les paysans
des Alpes sur le BouqueUn, par ceux des Pyrénées à propos de l'Isard, et
il n'est pas jusqu'aux chasseurs de Meh'a {Antilope addax) du Sahara algé-
rien qui ne débitent un récit analogue. ,
(2) Cette différence tient non-seulement à la situation plus méridionale de
la Sardaigne, mais surtout à ce que les montagnes de cette île sont moins
élevées que celles de la Corse.
172 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
montagnes où les Mouflons pourraient très facilement se
mêler aux brebis. On n'a observé les croisements entre ces
animaux que dans le cas exclusif où les Mouflons étaient en
captivité. Malheureusement nulle part, que je sache, la filiation
des produits dus à ces accouplements n'a été suivie. . ; :
: L'espèce ovine de la Corse est très rustique : elle n'a subi
aucun de ces croisements de types améliorateurs qui ont
modifié la physionomie des races continentales (1). On peut
affirmer que ces animaux sont aujourd'hui ce qu'ils ont été
de tout temps. Cependant, répéterons-nous, ils n'ont aucun
des caractères du Mouflon. Comme taille, ils sont au-dessous
de nos plus petites espèces françaises de la Sologne et du
Morvan. Le Mouton corse a la laine longue et grossière ; le
Mouflon, au contraire, est haut, grand et fort (2), sa laine est
courte, recouverte par un poil soyeux. Il n'a qu'une paire de
cornes très creuses, recourbées en arrière, tandis que le
Mouton en a souvent deux paires toujours très arquées. Le
Mouflon a la queue très courte, et le Mouton l'a longue. •
Les Moutons corses, quoique ne vivant pas en stabulation,
sont très doux ; le Mouflon fuit toujours l'homme. Lorsqu'on
le prend très jeune, il s'apprivoise, suit volontiers son maître ;
mais dès qu'il atteint cinq ou six ans (au plus), il devient sau-
vage, taciturne, et il est nécessaire de l'enfermer. Chose plus
remarquable encore, le même fait se reproduit chez les petits
nés en captivité, qui, malgré tous les soins qu'on leur prodigue,
et l'habitude constante de l'homme et de la domesticité, ne
tardent pas à redevenir complètement sauvages.
Si le Mouflon ne présente aucune similituile avec le Mouton
corse, il offre en revanche une grande et singulière ressem-
blance avec cette espèce de Mouton africain particulière aux
(1) On ne peut citer qu'une seule tentative dMnlroducliou de Mérinos à
rétablissement agricole do Pruno (1826) : elle n'a donné aucun résultat.
Il est à remarquer cependant que « les brebis indiijènes restèrent constam-
ment indifférentes aux provocations des béliers espagnols.,. » (Robiquet,
Statistique de la Corse, 1835, page 509.)
(2) J'ai observé plusieurs individus mesurant l'",40 du sommet delà tétc
à la naissance de la queue. La taille ordinaire des Mouflons est celle du Daim.
MOUFLON DE LA CORSE. . l73
oasis de Gourara, du Touàt, du Tidikeult et du pays des
Touaregs, espèce qui n'a point de laine et qui est connue sous
le nom berbère à'Ademan. Je signale celle analogie qui m'a
frappé, sans, bien entendu, prétendre l'expliquer.
Beaucoup de zoologistes, et surtout des voyageurs, ont
aftirméque le Mouflon de laSardaigne était une variété diffé-
rente de celui de la Corse ou des îles de l'Arcbipel grec. Il
n'en est rien. M. le général de la Marmora, auquel on doit un
remarquable et très complet ouvrage sur la Sardaigne, déclare
que cette assertion n'a rien de fondé. « Il n'existe, dit-il, d'au-
» très différences entre ces deux animaux que dans la forme
» des cornes, celles du Mouflon de Sardaigne paraissant se
» rapprocber de celles des béliers et se développer davan-
» tage en volutes (1). »
En Sardaigne comme en Corse, c'est l'animal caractéris-
tique de l'île.' Il y est beaucoup plus commun que dans notre
département français : ainsi qu'au temps de Pline et de Stra-
bon, on rencontre fréquemment des bandes de cinquante à
soixante Mouflons sur les montagnes centrales, dans les envi-
rons d'Iglesia et de Nurra.
Réduit à la domesticité, le Mouflon n'est absolument bon à
rien, et il vit difficilement.
Je crois répondre aux vues de la Société d'acclimatation en
lui faisant connaître qu'il serait au moins superflu de cher-
cher à acclimater le Mouflon dans nos pays agricoles, où il cau-
serait plus de ravages,— peut-être encore, — que nos Chèvres,
sans qu'il y ait lieu d'espérer quoique ce soit d'utile de cet
animal, surtout en le comparant à nos races ovines et caprines.
Mais il en est tout autrement au point de vue des théories
zoologiques : je crois qu'il serait très intéressant d'opérer et
d'étudier sérieusement les croisements entre Mouflons et
Brebis, et réciproquement, ainsi que de suivre avec soin les
produits et métis de ces animaux.
(1) Voyage en Sardaigne de M. le comte de la Marmora, 2*^ édit., t. I,
chap. VI, p. 171. .
, ,1 OBSERVATIONS A PROPOS DE L'ALBINISME
, REMARQUÉ SUR QUELQUES . POULES DE LA FLÈCHE,
,•: Par M. TEVSSIÉR UËS FAKGES. . . : , . m,.,i.
, . . . ■ f t t • ■■ - , .. ,
'-*■■' :'■•;'-'■'■'' ;:i: = ' (Séance du G février 1803.) ' ' ■• ' -''■ '
Des faits relatés dans la lettre de M. Delouche (p. 1026 du
Bulletin de 186'2), il résulte que des alliances consanguines
continuées pendant plusieurs générations parmi des Poules
de la Flèche produiraient l'albinisme, et conduiraient même
à l'abâtardissement de la race. . ; • - .,
Je demande la permission d'exposer d'autres faits qui sem-
Llent autoriser une manière de voir différente. . -: •
Il y a plus de douze ans que voulant acclimater chez moi (en
Seine-et-Marne) l'excellente race de la Flèche, j'ai fait venir
plusieurs Poules et un Coq. J'ai renvoyé toutes les autres, ne
conservant dans la basse-cour de mon habitation, avec les
nouveaux venus, que des Poules de Cochinchine, à cause de
leur disposition à couver de bonne heure et aussi pour croiser
avec le Coq de la Flèche. Chaque année, avant l'hiver, tous
les produits croisés, très remarquables d'ailleurs comme gros-
seur et précocité, étaient supprimés. Les reproducteurs ont
toujours été conservés purs. Pendant tout cet espace de temps,
les alliances ont été constamment consanguines.
Or, jamais il n'est venu au monde un seul sujet qui ne fût
parfaitement noir, semblable aux parents, sauf, bien entendu,
la taille ou la grosseur; mais je ne m'occupe ici que de l'albi-
nisme. . . ; . .; :.:, . . i.-. : • ; . •;
Je n'ai non plus remarqué aucune influence résullant d'une
imprégnation quelconque par le rapprochement de Coqs de
la Flèche avec des Poules cochinchinoises. Cependant c'est par
centaines que tous les ans on a fait des élèves. Avant l'hiver
on supprime les sujets qui paraissent d'une moins bonne con-
stitution que les autres ; on soigne ceux qui rcslcnl.
Dans nos pays, toutes les volailles se reproduisent i)ar elles-
'■!"■' ■ OBSERVATIONS Â PROPOS DE l'aLBINISME. • ' ■ 175
mêmes de temps immémorial ; elles sont toujours les mêmes,
plus ou moins belles, suivant le milieu où elles vivent, les
soins qu'on leur donne, la sélection qu'on opère.
• Je me suis procuré, il y a plus de dix ans, des Lapins delà
race bélier. Ils se sont constamment reproduits par eux-mêmes
et par centaines chaque année. Ils ont conservé leurs oreilles
pendantes, leur couleur, leur grosseur, leur type, en un mot.
J'ai procédé comme pour les Poules en ce qui concerne les
reproducteurs, la nourriture, les soins, m'atlachant principa-
lement à ne conserver que les animaux bien conformés.
Ce procédé avec des Porcs d'origine anglaise m'a donné les
mêmes résultats.
■ En dehors de mes expériences personnelles, j'ai fait de
nombreuses observations sur des Mérinos parmi ceux qui se
reproduisent par eux-mêmes dans la localité que j'habite, et
jamais je n'ai remarqué de dégénérescence. Bien loin de là,
grâce aux progrès de l'agriculture et à l'émulation produite
par les concours, il y a amélioration notable depuis dix ans.
Dans les faits signalés par M. Delouche, ne serait-ce pas
l'atavisme qui serait la cause des déviations qu'il a constatées?
La grande et principale affaire consiste dans une bonne
sélection de reproducteurs ; puis dans une nourriture ration-
nelle, une aération et une ventilation suffisantes, et, pour tout
dire en un mot, dans une bonne hygiène. Ai-je besoin d'ajouter
que les races doivent être en rapport avec le milieu où l'on
opère, et que, dans le cas contraire, on ne les conserve que
grâce à des soins excessifs.
Il est exact qu'il est aussi difficile d'empêcher une race de
se défaire que de la former, tout autant que de conserver les
races pures, mais cela tient à d'autres causes qu'à la consan-
guinité ; et la meilleure preuve qu'on puisse en donner, c'est
que la difficulté est la même, qu'il y ait ou non consanguinité.
Je crois vraie l'opinion de ceux qui soutiennent que ce n'est
pas la consanguinité saine, mais la consanguinité morbide,
c'est-à-dire l'hérédité, qu'il faut accuser, en général, des pro-
duits défectueux qui peuvent résulter des alliances consan-
guines, et que ce sont les dispositions physiologiques ou
176 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
pathologiques seules des parents qui donnent la raison et la
mesure des effets observés.
Prétendre que la consanguinité, d'une manière absolue,
produit nécessairement des effets pathologiques ou des mons-
truosités, c'est, à notre sens, émettre une opinion contredite
par des faits aussi nombreux que probants.
Toutes les belles races d'animaux n'ont-elles pas été for
mées par des alliances consanguines? ',
Si les éleveurs cherchent autant que possible à mettre des
intermédiaires entre consanguins, ou même à éviter la con-
sanguinité, c'est parce que les affections morbides qui peuvent
exister plus ou moins chez les reproducteurs ont toute chance
de se manifester avec beaucoup plus d'intensité chez le pro-
duit, et, à ce point de vue, il est rationnel d'éviter les rappro-
chements entre proches parents ; entre étrangers il y a plus de
chance, au contraire, que les principes morbides soientdavan-
tage neutralisés; car, dans tous les cas, ils ne seront pas aussi
immédiatement les mêmes.
Mais de là à un vice radical et absolu résultant de la con-
.sanguinilé saine, il y a un abîme.
Il est très vrai qu'en Angleterre, notamment, on remarque
chez la plupart des troupeaux perfectionnés une certaine dé-
générescence : ainsi la fécondité, la lactation, la rusticité
diminuent, principalement chez les Dishley et les Southdown,
et pour y remédier il y a nécessité de recourir à des animaux
plus rustiques. A ces races molles, lymphatiques, obèses, qui,
au point de vue physiologique, sont de véritables anomaUes,
il faut un sang plus près de la nature, plus primitif. Mais les
anticonsanguinistes ne peuvent nullement se prévaloir d'un
fait qui s'explique naturellement par le développement excessif
d'aptitudes qu'on n'obtient qu'aux dépens de la constitution
générale du sujet et de la durée de sa vie.
m
NOTE SUR LES ESPÈCES DE POISSONS
QUI PEUVENT ÊTRE ENTRETENUS VIVANTS DANS LES AQUARIUMS.
LETTRE ADRESSÉE A M. RUEZ DE LAVISON,
Iiirecleur du Jardin d'acclimatation,
Par M. \ArEMIE!«!\E!^,
Membre de l'Institut,
Professeur de zoologie au Musi'inn d'histoire natiirello.
(Séance du 10 avril 18(io.)
Monsieur ,
Vous avez déjà inonlrt} quels animaux peuvent être con-
servés dans vos élégants aquariums, en les peuplant de quel-
ques poissons, de petits Crustacés, et de ces curieuses Actinies
que les riverains nomment Anémones de mer.
J'ai pu déjà, en 1853, rapporter du fond de TAllemagne
quatre-vingt-trois poissons vivants, dont il doit encore y avoir
dans les réservoirs de Montbauron ou de Gobert, à Versailles,
quelques Silures vivants. Vous pourriez peut-être vous en
Taire donner.
Vos aquariums sont et peuvent devenir très instructifs, il
faut faire en sorte de soutenir celte idée. Je serais très heu-
reux d'être en mesure de vous donner quelques lions rensei-
gnements.
Par exemple :
I.
Le Sander ou le Sandre {Perça lucioperco), qui vit dans
toutes les eaux douces allemandes ou russes, est une grande
Perche qui alleini à un mètre de long (j'en ai ramené un
vivant de Berlin, et long de 0'",80j. C'est un poisson d'une
chair délicate, blanche, cpii paraît sur les tables les plus riches
de l'Allemagne, et que tout Allemand verrait avec le plus vif
intérêt dans vos réservoirs. Si vous vouliez vous entendre à
ce sujet avec quehiues savants de Strasbourg ou de nos fron-
tières, je suis presque sur de la réussite.
Je joindrais à ce poisson quelques Ca^v/sf^ins ; je tiendrais
T. X. —Avril 18G3. ^ 12'
178 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION,
ce poisson comme un poisson d'ornement. J'avais également
ramené d'Allemagne le Alandt [Cypr. dobula. Lin.), plus fort
que notre Meunier, à dos vert doré, aux lianes argentés, aux
nageoires rougeâtres.
Vous pourriez aussi l'aire venir de Strasbourg le Nez
{Cyprinus nasiis, Lin.), que la forme de sa tête tronquée
ferait remarquer; et celui (lu'on nomme le Rasoir {Cyprimis
cultratus, Lin.).
Les mêmes envois vous procureraient aussi le Misgurn
{Cobitis fossilis), long de 0"',25 à 0'",30, rayé de lignes jaunes
et noires ; ses habitudes sont curieuses, et il fait entendre un
son assez fort.
Les eaux douces de FAllemagne nourrissent des Lottes
{Gadits Iota, Lin.) d'une taille triple au moins de celles que l'on
prend dans la Seine. J'en ai rapporté vivantes de 0"',(50 de
long, et j'en ai vu de plus grandes. Vous aurez par elles un
très beau poisson dont le foie est gros et délicat.
Enfin, un poisson d'eau douce, ou du moins qui remonte
de la mer pour vivre dans les rivières, attirerait l'attention
par la singularité de ses formes et par les nombreux produits
que l'industrie sait en tirer ; il piquerait beaucoup la curiosité
de vos nombreux visiteurs : c'est l'Esturgeon. Sa vessie aérienne
donne la colle de poisson ou l'ichthyocolle, si utile aux phar-
maciens, aux distillateurs et fabricants de sirops ; ses œufs
servent à faire le caviar. Son corps est couvert de rangées de
boucliers osseux remarquables. La Seine, la Gironde, le Rhin,
le Danube et les fleuves qui se jettent dans la mer Noire pour-
raient vous en fournir. Il y a un certciin nombre d'années
qu'on en a péché un de 2'", '25 de long dans la Seine ; il a été
porté vivant de Marly h la Malmaison, et il a existé plusieurs
jours dans un étroit bassin. Ne vous effrayez pas de la taille;
si l'on prend des Esturgeons de 3 à ù mètres, on en prend
aussi qui n'ont que 0"',30 de long : à celte taille ils ont tout
le port et toute la physionomie des adultes.
Bordeaux et Orléans pourraient vous fournir des Lamproies.
Les fleuves du Nord vous procureraient nussi la Pricka (Pclro-
myzon f/ur/'fif.ihs).
DES POISSONS QUI PEUVENT VIVRE DANS LES AQUARIUMS. 179
II.
Venons-en, monsieur, aux poissons de mer.
Parcourons d'abord la côte qui sera la plus voisine de vos
agréables promenades, je veux parler de l'Océan. Les espèces
laites })0ur piquer la curiosité viendront d'abord de Dieppe ou
de la basse Normandie.
Vous tirerez de la liante Normandie les très petites Blan-
quettes, qui peuvent, comme les Harengs, s'babituer à vivre
dans l'eau douce. 11 y a longtemps qu'un célèbre physicien
anglais, Mac Culloch, a réussi dans ces essais. Ceci n'est pas
très extraordinaire, quand on voit le Hareng remonter souvent
dans les grands fleuves à plus de trente lieues de l'embou-
chure, au delà du flux de l'eau salée. L'espèce d'Amérique entre
régulièrement dans les fleuves, chaque printemps, comme les
Aloses dans nos rivières. Celles-ci remontent dans la Seine
jusqu'à Provins, ou dans la Loire jusqu'au-dessus d'Orléans.
On peut tenir plus d'une heure dans les mains un Hareng-
vivant. On les voit souvent sauter dans les paniers dont les
pêcheurs se servent pour apporter le poisson de leur pêche sur
les marchés de vente. On entend bien le petit cri qu'ils jettent
avant de mourir, et que les Écossais nomment sqiieak : c'est
une heureuse et juste onomatopée du son qu'ils profèrent.
Cependant doit-on espérer que vous réussirez à en tenir
vivants dans vos aquariums? Je ne le pense pas.
Je vous ai parlé de Y Aiguillât {Squalus acanthias), dont
on prend des cliarretées dans la Manche, pour en faire un bon
engrais sur nos terres normandes. Puisque les Pioussettes
vivent bien dans vos aquariums, les Aiguillais, les Emissoles
gris, à taches blanches perlées, vivraient également, et seraient
très jolis à côté de vos Roussettes couvertes de points noirs.
Il y a aussi une seconde espèce de Piousselte ou de Chai, à
gros points sur un fond plus roux. La Manche en est égale-
ment infestée.
Cherbourg, Saint-^Vaast, Granville, les îles Chausey, vous
fourniraient, avec les Vieilles dont vous avez déjà quelques
échantillons, des Perroquets de mer, très beaux poissons d'un
vert rnèlé (V bliMi et couverts de lach''S aui'oies.
J80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Des Surmulets blancs et jaunâtres, avec de belles raies d'or
longitudinales, feraient connaître ces poissons que le luxe des
Romains amenait dans des rigoles et dans de petits viviers
établis sur la table des convives, pour les voir changer de
nuances et de couleur en mourant. On les envoyait immé-
diatement, avec le petit Mulle rouge écarlate, aux cuisiniers,
afin que les convives fussent bien convaincus de la fraîcheur
du poisson préparé pour le repas.
M. Hesse, commissaire général de la marine à Brest, vous
procurera les plus beaux et les plus curieux animaux de notre
magnifique rade, je vous réponds de sa science et de son iné-
puisable complaisance. 11 pourra peut-être se servir des navires
à vapeur directs entre Brest et le Havre, par un trajet assez
court, sans attendre l'établissement du chemin de fer.
Nantes et Pornic ont, par le chemin de fer, une communi-
cation rapide avec Paris. Si vous ouvriez des rapports avec
les îles des Glenans, vous recevriez les plus beaux poissons
de la grande mer. On y prend quelquefois des espèces origi-
naires des Canaries.
La Rochelle vous procurera les grandes et belles Torpilles^
rousses avec des taches noirâtres d'un très beau ton. En général
j'ai toujours admiré le marché au poisson de la Rochelle, qui
en reçoit beaucoup de l'ile de Ré et aussi des Glenans.
Nous arrivons ainsi à Bordeaux, d'où le savant M. Bazin.,
professeur de la Faculté des sciences, pourrait devenir facile-
ment un correspondant utile. On prend aussi de beaux pois-
sons pour fournir le marché de cette ville si riche.
Toutefois je ne crois pas que les Royans, ou, ce qui est le
même poisson, les Sardines, qui se montrent déjà à Nantes, et
ensuite sur toute la côte de Bretagne et de l'Ouest, soient assez
vivaces pour venir jusqu'à Paris et dans les belles eaux marines
du bois de Boulogne.
La saison dans laquelle nous entrons permet de se procurer
desCabeliaiw, ou Morues fraîches, qui vivent isolées dans la
Manche, mais se réunissent par millions dans les abîmes de
Terre-Neuve, où nos flottes, montées par dix à douze mille
matelots de Dieppe, de Saint-Malo,de Dunkerque et des rochers
DES POISSONS OUI PEUVENT VlVliE DANS LES A(jUARlUMS. 181
du Calvados, parlent, tous les ans pour aller les pêcher. Les
habitants de nos grandes villes se doutent peu de la forme
d'une Morue et de ses agréables couleurs verdàtres.
II faudrait aussi demander des Aiguilles (ou Esox belone),
à mâchoires longues et hérissées de dents.
Si des pêcheurs, encouragés par une faible prime, voulaient
retenir les jeunes Aloses longues de 0'",30, qu'ils nomment
Pucelles, et qui ne sont pas encore entrées dans les fleuves, on
})Ourrait peut-être les faire vivre dans les aquariums marins.
Mais il faudrait, pour toutes ces indications, des correspon-
dants habiles qui fussent autant animés par l'amour de la
science que par l'appàt du gain.
Pourrait-on avoir des pêcheries de la Vire, près de Saint-Lô,
ou de la Somme, près d'Abbeville, avant Manchecourt, des
Saumons vivants?
Songez d'ailleurs que je n'ai pas vu ces localités, (pie j'ai
étudiées autrefois avec tant de profit, depuis trente ans;
mais ce sont toujours des indications qui serviront à obtenir
d'autres poissons.
La Manche vous donnera aussi de petites Haies vivantes,
mais je ne crois pas ces cartilagineux aussi curieux à montrer
que les précédentes espèces citées plus haut.
III.
Péchons maintenant dans la Méditerranée. Adressons-nous
à Marseille, à M. le docteur Defossé, qui connaît très bien les
espèces et les pêcheurs qui les poursuivent, M. le docteur
Gervais, doyen de la Faculté des sciences de Montpellier, qui a
des rapports constants avec les pêcheurs de Cette, vous aidera
certainement beaucoup: je l'espère.
Vous avez quelques petits Bars, mais ces poissons deviennent
beaucoup plus grands ; vous en recevriez deO^jSS à 0"',ZiO et
0"',50 facilement. C'est le Loup ou la Loubine des Proven-
çaux. Ils donnent aussi le même nom à une sorte de Sciène
noirâtre {Sciœna iiigra). Celui de Sciène rayée d'or est quel-
quefois donne à la Saupe {Sparua salpa), et celui de Barbillon
ou Barbue à l'Ombrine {Sciœna cirrhosa), qui atteint la même
182 SOCIÉTÉ IMPÉr.lALE ZUOLOGIOUE d'aGCLIMATATION.
taille. Je ne vous parle pas des individus de 2 mètres, qui
n'en apprendraient pas davantage et (pii ne piqueraient pas
plus la curiosité, en dépensant beaucoup trop.
La vivacité du rouge et du bleu des raies alternatives des
Serrans, nommés aussi la PercJie de mer, serait un bel orne-
ment de vos aquariums ; j'en dis autant du Barbier [Antldas
saccr), qui a des nageoires longues et de formes inusitées ; il
est d'ailleurs très brillant, varié de rouge, de rubis glacé
d'or et d'argent.
Un collecteur aurait des Scorpènes, la grande, qui est d'un
beau rouge {Scorpa'ua scro/a), et la petite, plus obscure,
brune (Scorpœna porcus) .
Ce sont des poissons de moyenne taille, à tète épineuse,
caverneuse, à pectorales longues, larges, arrondies, très cu-
rieuses, qui donnent au poisson une pliysionomie remarqua-
ble. La même mer nourrit le Poisson volant, aussi singulier
par la forme de sa tête que par la grandeur de ses belles
ailes couveites de points bleu clair, se détacbant sur un fond
plus foncé. On pourrait sufllsamment jouir de l'amplitude de
son vol dans un bac de 2 à 3 mètres de long, et voir le pois •
son y prendre tous ses ébats. Les plus grands individus ont
0"',30 à 0",32.
Je n'ose j)as vous parler du Tlion, du Germon, que l'on
pourrait faire très bien vivre dans des viviers, surtout si l'on
savait cboisir les espèces convenables.
Mais je n'bésite pas à vous engager à demander particuliè-
rement les petits Labres ou Crénilabres que les Marseillais
nomment Rouras ou Roqulé. Ce sont de petits poissons qui ne
dépassent guère 0'",12 à 0'",15. Le Paon atteint même h 0"',22
et 0"',2/i. Il est un des plus brillants de ce genre, M. Defossé
le connaît très bien. Le vert, le rouge, le bleu, y sont mêlés
agréablement; les pectorales sont d'un beau jaune, les autres
nageoires d'un beau bleu.
Je vous conseille également de demander à vos correspon-
dants de Marseille, de Cette, ou de Villefrancbe et de Nice, et
de vous mettre en rapport avec M. Verany, savant zoologiste.
La mer est ici plus féconde. Demandez-lui la célèbre Murène
des Romains, à laquelle Vedius Pollion faisait, dit-on, jeter
DES POISSU-NS OUI PEUVENT ViVHE lJÂi\S LES AOUAUIUMS. 183
ses esclaves fugilifs. L'histoire n'est peut-être pas plus vraie
que celle de Vacetimi, dont se serait servi rilluslre général
cartljaginois pour rendre plus facile le passage des Alpes.
On trouve quelquefois sur ces côtes le Fahaca ou Fiascop-
saro, vulgairement le Boursouflé, qui peut se gonfler de l'air
qu'il avale, et qui nage alors, renversé sur le dos, à la surface
de l'eau, comme une vessie.
La Méditerranée nourrit, entre autres Squales ou Requins,
ceux nommés Renardiou faux, à cause de sa queue longue
et courbée en lame de faux; le bleu, le griset, le Perlon, les
Humantim à corps rude, noirâtre, avec de fortes épines dans
les nageoires du dos, et surtout à cause de la forme singu-
lière de la tête élargie en travers, le Marteau. Ils sont tous
très curieux ; ils atteignent jusqu'à h mètres de longueur.
Enfin les ports de la Méditerranée peuvent envoyer plusiem's
espèces de Torpilles.
Je viens de vous parler de Nice, parce que la faune de
Cette est beaucoup moins abondante que celle de Marseille.
Le nombre des espèces nourries sur la côte de notre grande
cité d'origine |)hocéenne 3' est plus grand, et il augmente en
allant vers Villefraiiche, et ensuite à Nice. Je crois même que
les pêcheurs de cette ville, visitée par de nombreux natura-
listes européens des plus éloignés, sont plus habitués à ces
recherches. 11 y a plus de quarante ans que M. Risso a com-
mencé à publier de nombreux mémoires sur les animaux
de Nice. Un des plus instruits collaborateurs de Cuvier,
M. Laurillard, a enrichi la zoologie et le Muséum d'histoire
naturelle de ses importantes découvertes. Le célèbre Verany
a ajouté aux travaux de ses prédécesseurs. Croyez-vous que
le public ne verrait pas avec un grand étonnementun Poulpe
allongeant ses tentacules garnis de ventouses et de 60 à
70 centimètres, et se tenant et se mouvant à sec sur les galets
amoncelés sur les roches qui servent de fond dans vos viviers?
Vous faciliteriez les observations scientifiques, si vous mon-
triez diverses sortes d'Oursins, ou d'Étoiles de mer, telles que
des Comatules, étendant leurs longs bras garnis de cirres
mobiles pour nager avec une rapidité surprenante.
NOTE SUR L.\ PRAIRE
{Venus verrucosa),
Par M. Charles BRETAGNE.
■{■ ;jn':.
(Séance du \2 décembre 1862.)
' ; , ( ! ' ^
Nous n'avons pas à revenir sur tout ce qui a été dit en
faveur de l'Huître {Ostrea edidis), ce manger si agréable et si
fin, célébré par tons les écrivains de la gastronomie, aliment
savoureux et apéritif, que recberclie la sensualité et dont
l'hygiène profite. Son importance est telle dans l'alimentation
générale, que la diminution du rendement de la pêche huî-
trière a été élevée à la hauteur d'un événement public; le
gouvernement s'en est préoccupé et a fait de louables efforts
pour d'abord empêcher la disparition, et ensuite augmenter la
production de cet utile mollusque. Disons-le tout de suite, les
inquiétudes sont aujourd'hui dissipées, l'industrie privée a
suivi l'impulsion et les exemples officiels, et grâce à d'intel-
ligents eftorts, au lieu de la pénurie que l'on redoutait, nous
aurons bientôt une abondance inespérée.
Est-ce à dire que notre tache soit terminée?
Est-ce assez d'avoir empêché la destruction et assuré la
multiplication d'un coquillage indispensable aux gourmets et
qui jouit d'une popularité depuis longtemps acquise? Nous
ne le croyons pas. Il ne faut jamais s'arrêter quand on veut se
rendre utile à ses semblables, et l'avenir de la production
huîtrière étant assuré, il faut voir si d'autres coquilles, négli-
gées jusqu'aujourd'hui, ne doivent pas être utilisées pour
l'alimentation générale et la santé des malades. -"^
Appuyons-nous d'abord sur l'opinion d'un maître, le doc-
teur Fonssagrives, le savant auteur du Traité dlujfjiènc ali-
mentaire. Voici ce que dit de l'Huître le médecin en chef de
la marine de Brest, et qui, dans une certaine limite, peut être
appliqué à presque tous les cotiuillages marins.
« N'esl-il pas permis de croire que ces mollusques, vivant
SUR LA PliAIRK. 185
)) dans un niilicii riclie on iudc, cnimagasinenl, ce iiroduil et
» le communiquent aux organismes qu'ils alimentent, sans
» leur faire courir le moins du monde les riscjues de cet
j> iodisme constitutionnel (jue les gastronomes aiïrontent tous
» les jours impunément en savourant les produits d'Ostendc
» et de Cancale. J'ai l'habitude, pour mon compte, de recom-
» mander l'usage des Huîtres aux enfants faibles et lympha-
» tiques, à cbair molle, et de leur faire boire une assez grande
» quantité du liquide qu'elles répandent au moment où on les
» ouvre, et je me crois fondé par l'expérience à accorder à ce
» moyen une action très favorable contre les diverses mani-
» festations du lyrapbatisme. »
Voici donc les propriétés hygiéniques des coquillages ma-
rins bien établies; passons maintenant en revue ceux qui sont
les plus connus sur nos côtes, et voyons lesquels, comme les
Huîtres et même préférablement à elles, peuvent être mangés
crus, et entrer ainsi dans la thérapeutique des malades ou des
personnes délicates.
Ne songeons pas d'abord à la Moule {Mi/tilus) : quoique
savoureuse quand elle est cuite, crue, elle est dure et coriace
et d'une très difficile digestion ; de plus elle a donné lieu à
tant d'accidents et d'empoisonnements même, qu'à bon droit
on doit la tenir pour très suspecte.
La Clovisse (Vénus croisée), si chère aux Marseillais, est, je
crois, aussi très salubre et très iodée, mais elle n'a pas la
mollesse désirable, et son petit arôme sui generis déplairait à
d'autres bouches qu'à des bouches phocéennes.
C'est ici le cas de rappeler l'origine de la célèbre réserve
de Marseille. Une année, les Clovisses disparurent du port, et la
désolation fut générale dans la population. Les échevins pri-
rent une généreuse initiative, et en envoyèrent chercher au
loin des quantités considérables et de la meilleure qualité.
On les jeta par paniers (couffes) dans le lieu qui depuis ce
temps fut appelé la Réserve, car ce fut un endroit réservé. On
défendit pendant un certain temps d'y pêcher, et l'on ne put
le faire après que dans de certaines conditions; le comman-
dant du port fut chargé de faire exécuter les règlements, et
186 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE i/ACCLIMATATIUN.
reçut pour cela de la ville uno graliticalion annuelle qui, lu'a-
t-on dil, est encore payce aujourd'hui à ses successeurs.
Voilà, certes, un précédent encourageant pour les Sociétés
d'acclimatation et les ostréiculteurs, car depuis ce temps les
Clovisses n'ont jamais manqué à Marseille.
Reprenons maintenant notre rapide examen.
Les Patelles {Patella) sont coriaces et d'une physionomie
repoussante ; cependant nous étant avisé de les faire jeter
dans l'eau houillante, ensuite saler avec des aromates, puis
enlîn retirer du sel et conlire dans l'huile d'olive, nous avons
été agréablement surpris de trouver un hors-d'œuvre assez
friand et qui avait perdu une partie de sa dureté (avis aux
amateurs du progrès dans l'art culinaire).
Les Vignots, Vigreneaux, les Escargots de mer, eniin tout
le genre Hélice est d'une incurable dureté, et par conséquent
impropre au but que nous voulons atteindre.
Arrêtons-nous à une cocjuille {Venus verrucosa) que l'on
appelle Praire double sur les bords de la Méditerranée,
Coque sur les côtes de l'Océan, et Clant aux Antilles : c'est,
comme mollusque, une véritable perle alimentaire.
Elle est un peu moins grande qu'une Huître ordinaire ; mais
comme elle est assez épaisse, que ses deux vidves sont con-
caves et que l'animal les remplit exactement, elle donne au
moins le volume d'une l)onne Huître moyenne ; elle n'a pas
l'aspect de l'Huître ordinaire, elle est au contraire « blanche,
grasse, et d'un goût, à la voir, nonpareil ».
Il ne faut pas confondre la Praire double avec la Praire
rouge, qui lui ressemble beaucoup: les valves de la Praire
double sont couvertes de stries semi-circulaires et concen-
triques ; celles de l'autre sont perpendiculaires au centre, et
de plus sa grosseur n'atteint jamais celle de la nôtre. On voit
quelquefois la Praire rouge à la halle à Paris; son goût n'est
pas de nature à recommander sa congénère. Les dames et les
jeunes personnes goûtent volontiers notre Praire: car, il faut
le répéter, sa chair n'a rien de répugnant, la pulpe en est
ferme et dodue; elle est d'un beau blanc laiteux, avec un très
petit reflet bleuâtre dû à la présence de l'iode, plus savou-
SUR LA PIlAIliE. 187
reuse que celle de l'Huître ; son tissu onctueux obéit douce-
ment à la mastication et, répand dans la bouche un arôme
net et i'ranc, un peu salé comme tout ce (jui vient de la mer,
et dans tous les cas fort agréable.
Mailieureusemenl la Praire, la Praire double, la vraie
Praire, depuis longtemps n'a pas été en grande abondance
sur nos rivages, et n'ayant pas été apportée à profusion dans
les grands centres de population, elle n'a pu conquérir la
popularité de l'Huître; aujourd'hui on conmience à l'oublier
même dans les lieux où elle était si recherchée autrefois: pour
l'avoir en quantité suffisante, il faut que des pécheurs spé-
ciaux aillent la chercher jusqu'à Menton, pour les personnes
qui veulent s'en donner le régal.
La Praire aime les plages sablonneuses, et c'est la cause de
sa trop prompte disparition, car elle y est d'une capture très
facile pour les enfants, les promeneurs, les baigneurs, pour
tout le monde enfin.
Nous ne "prétendons pas faire de la Praire la rivale de
l'Huître, nous ne voulons pas qu'on lui établisse des réserves
aussi importantes que les pêcheries de celle-ci, mais on ne
devrait pas cependant négliger ce précieux coquillage. L'ad-
ministration rendrait un grand service si elle en établissait
quelques bancs sur les plages de la Méditerranée, depuis
Toulon jusqu'à Mahon, sur ces rivages ])ienfaisants où les
phthisiques du monde entier viendront bientôt en foule trou-
ver quelquefois la guérison de leurs maux, très souvent la
prolongation de leur existence, et dans tous les cas une mort
plus douce.
C'est là que notre coquillage serait surtout apprécié, car,
outre qu'il est un aliment agréable, c'est un puissant auxiliaire
pour la guérison des maladies de la poitrine.
Combien de jeunes femmes sont forcées de venir passer
les hivers sur nos côtes méridionales, et demandent au climat
réparateur de la Provence le rétablissement d'une santé
épuisée par les travaux de la maternité , l'air délétère des
grandes villes, et surtout l'abus de leurs plaisirs. Les médecins
sont unanimes aujourd'hui en combattant l'appauvrissement
188 SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOULUGIQUE d' ACCLIMATATION.
du sang de ces intéressantes malades par des remèdes iodés;
or, tout ce qui vient de la mer est plus ou moins chargé d'iode,
notre Praire en est saturée. Ne serait-ce pas bien mériter de
l'humanité que de multiplier et de rendre d'un usage habi-
tuel ce coquillage frais, appétissant, savoureux, et surtout
bienfaisant.
Partout les hommes de science veulent que leurs malades
s'assimilent les remèdes parle procédé le plus naturel, c'est-
à-dire par l'alimentation ; tout nous engage à les suivre et à
les aider dans cette voie rationnelle : en propageant la culture
et le goût de la Praire, nous préparons tout à la fois un ali-
ment agréable et un médicament frais et salutaire.
'O'
V. S. J'ai, l'année dernière, remis au savant et à jamais
regrettable M. Baude le double de la présente notice ; il m'a,
dans une lettre fort encourageante, engagé à en suivre l'idée,
qui, à première vue, lui a paru devoir être très avantageuse
pour le public. Il s'en est entendu avec M. Coste, et l'on a fait
venir des Clams ou Praires américaines, qui sont plus grosses
et, dit-on, meilleures que les nôtres. Espérons-en un bon ré-
sultai ; mais ces coquilles des climats très chauds se multi-
plieront-elles assez dans nos mers pour devenir d'un emploi
usuel? auront -elles la même valeur hygiénique que les
nôtres? Il faut le souhaiter. Mais il faut s'occuper aussi de
celles dont les preuves sont faites. Voici à cet égard une espé-
rance qui se réalisera sans doute. Son Altesse le prince de
Monaco (nous pourrions dire notre collègue, puisqu'il a dai-
gné accepter le titre de membre fondateur de la Société
d'acchmatation) vient d'accorder une concession pour établir
des bancs d'Huîtres et de Praires dans le port de Monaco;
seulement, comme la réputation des Praires n'est pas encore
faite, les concessionnaires, qui sont membres de la Société
d'acclimatation de Nice, ne s'en occuperont que lorsque les
huitrières seront en plein rapport. Devant à l'avenir passer
mes hivers dans le doux climat de Monaco, il me sera facile de
mettre la Société d'acclimatation au courant de l'état des
choses. . .
EXPÉRIENCES D'ÉLEVAGE
DE CERTAINS
POISSONS DE MER DANS LES EAUX DOUCES.
LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT
DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aC.CLIMATATIOIV
Par M. René CAILLAUD.
(Séance du 23 janvier 1863.)
Monsieur le Président,
Dans des lettres que je viens de recevoir, MM. de la Rochette
et Rouelle, nouveaux confrères, me chargent, en me faisant
connaître l'état de leurs premières expériences de pisciculture
et d'ostréiculture, de vous transmettre l'expression de leurs
remercîments pour leur admission.
A cette occasion, le vif intérêt que la Société ne cesse de
témoigner aux vues générales de la pisciculture, à l'accrois-
sement et à l'amélioration des produits alimentaires, m'en-
gage à dire quelques mots des heureux résultais qui ont
couronné en Vendée les essais d'élevage de certaines espèces
de poissons de mer dans l'eau douce.
Mettant en pratique des données que contenait, à cet
égard, un mémoire que j'ai publié en 1860 sur mon explo-
ration des rivages vendéens , l'un des membres ci -dessus
désignés, M. Bouché (de Ghallans), et un autre confrère ré-
cemment admis, M. Labbé (de Luçon), sont parvenus à élever
et à entretenir dans des fossés ou des bassins d'eau tout à
fait douce le Muge {Mut/il), vulgairement nommé Meuil en
Vendée, Mulle dans le Midi, et Mulet à Paris; le Bar ou
Loubine [Lupus), et divers pleuronectes, Limande, Plie et
Carrelet.
C'est au moyen du frai récolté sur les bords de la mer, ou
le long des cours d'eau qui y communiquent, que l'on peuple
les réservoirs.
Si ces poissons sont transportés avec soin, et introduits dans
le nouvel élément en bonnes conditions, ils y semblent, jus-
190 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
qu'à présent, acciuérir un développement et un engraissement
plus prompts et plus considérables qu'à la mer. La qualité
de la chair gagne aussi, dit-on, à ce changement; pour le
Muge particulièrement, elle est plus tendre, plus savoureuse,
plus délicate. J'ai pu recueillir ces observations, l'automne
dernier, en visitant, à Luçon, le petit parc d'acclimatation où
notre confrère M. Labbé a su réunir différentes espèces de
poissons, en même temps qu'une jolie collection d'oiseaux
sauvages rares et curieux, dont il a déjà donné deux sujets à
notre Jardin d'acclimatalion.
L'exemple donné devient un but de spéculation. Des pro-
priétaires, des fermiers, en venant vendre les produits de leurs
terres à Luron, aux Sables d'Olonne, ou dans les marais envi-
ronnants, achètent cet alevin de Muge et l'emportent jusqu'au
fond du Bocage, à dix et quinze lieues, pour peupler, préféra-
blement à l;i Carpe même, leurs abreuvoirs ou leurs étangs (1).
De semblables essais n'avaient-ils pas été tentés? D'après
ce que nous rapporte l'histoire, les Romains ne nous auraient
rien laissé à innover en ce genre, comme en tant d'autres.
D'autre part, s'il faut en croire ce que, vers 185(5, le gé-
néral Dubourg a extrait du Lmuloti Magazine, sur les obser-
vations et les expériences de Mac CuUoch et Arnold, plusieurs
fois répétées en divers lieux des îles Britanniques, certains
poissons de mer sont susceptibles de s'acclimater facilement
dans l'eau douce.
Quoi qu'il en soit, ce fait de transporter des êtres dans un
milieu autre que celui pour lequel la nature semblait les avoir
uniquement destinés, nous paraît remarquable et digne de
toute l'attention de la Société, non-seulement au point de
vue de l'alimentation publique, mais encore au point de vue
de ces grandes lois de la vie, qui, à cette époque, préoccu-
pent, ajuste titre, tant d'esprits distingués.
Veuillez agréer, etc.
Bené Caillâud.
(1) Notre confiiM-e M. des Noutics do la Cac.iudièrc, ayaiil appris ce
qirol}tcnait M. LabbL^ s'est empressé de lui deinandei- son ci>iicoais pour des
essais senil)lablos (in'il poursuit.
. RAPPORT ^ . ■
SUR - .
L'ÉPUCAÏION DU BOMBYX CYNTIIIA
ET LA CULTURE DE L'AILANTE • ' ,
DANS LE DOMAINE DK CANENX (DÉPARTEMENT DES LANDES),
Par M. DE MILLY.
(Séance du 23 janvier 1863.)
L'année dernière, j'avais l'honneur de vous rendre compte
des premiers essais tentés par moi dans le domaine de Canenx
(département des Landes) pour l'éducation des Vers à soie du
Vernis du Japon.
Ces essais ont été couronnés d'un tel succès, qu'un grand
nombre d'agriculteurs se sont adressés à moi dans le but de
se livrer à l'éducation du Bombyx CyntJiia.
Celte année, possesseur d'un nombre assez considérable
d'œufs , j'ai pu élever en grand et en plein air ce précieux
insecte. Afin de vulgariser le plus possible cette nouvelle
branche d'industrie agricole, j'ai déposé au moins 50 000 Vers
sur une haie de Vernis du Japon épaisse de 3 mètres et longue
de 500, sans solution de continuité; cette haie borde une route
départementale très fréquentée, et distante d'un kilomètre de
Mont-de-Marsan.
L'emplacement était admirablement choisi pour être re-
marqué, et par les passants, et par les promeneurs de la ville :
aussi la haie de la route du Ilouga a-t-elle reçu un nombre
considérable de visiteurs, et l'innombrable quantité de cocons
enroulés dans les feuilles d'Allante montrait aux passants
étonnés le produit d'une magnifique récolle.
Un fait extrêmement intéressant s'est produit dans cette
éducation. Au milieu de la haie pousse une cépée déjeunes
Châtaigniers; lorsque les chenilles furent arrivées à ces jeunes
arbustes, au lieu de passer outre et de grimper sur les Allan-
tes leur faisant suite, elles se fixèrent au contraire sur ces
192 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Châtaigniers, et en mangèrent depuis la première jusqu'à la
dernière feuille, à l'exception, toutefois, de celles dans les-
quelles elles tirent leurs cocons.
J'expérimentai plus tard si des chenilles venant de naître
voudraient manger des feuilles de Châtaignier, non pas des
pousses tendres, mais des feuilles déjà vieilles ; et j'eus la sa-
tisfaction de remarquer qu'une centaine de chenilles venant
d'éclore, et que j'avais déposées sur une branche d'un vieux
Châtaignier, avaient rongé tous les bords d'une feuille, abso-
lument comme elles l'eussent fait d'une feuille d'Allante.
Le Châtaignier, du reste, n'est pas le seul arbre dont la
feuille convienne à la nourriture du Bombyx Cynthia; en
voici la preuve :
Après avoir mené à bonne fin deux éducations, j'ai voulu
en commencer une troisième au mois d'octobre. La saison
était déjà bien avancée , mais j'espérais, le soleil du Midi
aidant, pouvoir terminer cette troisième et tardive éducation
avant les gelées : j'opérais sur un très petit nombre de Vers.
Malheureusement les gelées furent très hâtives cette année
dans le Midi, et à la fin d'octobre toutes les feuilles de Vernis
et de Châtaigniers étaient tombées.
Je dus rentrer dans l'intérieur les Vers, qui allaient périr
faute de nourriture , lorsque je me rappelai avoir remarqué
que presque toutes les espèces de Hoinhyx mangeaient avec
avidité des feuilles de Fusain.
La feuille de cet arbuste résiste longtemps aux gelées, et les
Fusains que je possédais étaient encore, à la fin d'octobre,
couverts d'un feuillage parfaitement vert.
J'en présentai aux Cynthia, qui les dévorèrent; mais ces
Vers avaient soullert et du froid et de la famine : aussi celte
troisième éducation dura-t-elle longtemps, puisqu'elle ne fut
terminée qu'à la fin de novembre; pendant un mois entier les
cheniUes furent exclusivement nourries avec du Fusain.
Les Vers soumis à cette alimentation donneront-ils une soie
égale en qualité à celle provenant des Vers nourris avec de
l'Allante? C'est aux lilateurs à résoudre cette question.
Si cette soie vauJ l'aulre, je ne crois pas me iromper en
ÉDUCATION DU BOMDY.V CYNTHIA. . 193
considérant ces deux nouvelles manières de nourrir le Bombyx
Cynthia comme très importantes. . , -
En efîet, les localités où les plantations de Châtaigniers pour
échalas et cercles de tonneaux sont communes , les endroits
voisins des poudreries o\x les plantations de Fusains, si re-
cherchés pour la fabrication du charbon pour la poudre à
canon, sont nombreuses, peuvent tirer un excellent parti de
leurs bois en les faisant servir, avant de les abattre, à l'édu-
cation des Vers à soie.
Il me reste maintenant, messieurs, cà vous entretenir des
plantations que j'ai faites, et surtout de la manière rapide et
économique dont j'ai opéré.
Une charrue Dombasle sans avant-train, attelée ou de deux
chevaux, ou de deux mules, ou de deux bœufs, suivant les
contrées où ces diflérents attelages sont le plus en usage, trace
dans la longueur du champ que l'on veut planter des sillons
distants entre eux de 2 mètres.
Une femme, un enfant, et un homme déposent dans ces
sillons des plants de Vernis, chaque plant espacé de 0™,50^
Lorsque les plants sont déposés, la charrue revient faire
un second sillon à côté du premier, afin de recouvrir de terre
les pieds de Vernis ; l'enfant suit la charrue, et redresse les
arbres à mesure qu'ils auraient été dérangés par les pieds de
celui des animaux qui marche dans le sillon.
A la fin de l'opération , l'homme , avec une pioche, passe
dans chaque allée et recouvre de terre les racines que la
charrue n'aurait pas enfouies ou que les animaux auraient
dérangées et qui auraient échappé à la vigilance de l'enfant.
Un attelage de bœufs est préférable à tout autre, parce que
la marche lente et régulière de ces animaux donne plus de
temps pour relever les arbres avant que le soc de la charrue
soit arrivé les recouvrir pendant qu'ils sont dans le sillon.
Si l'on se sert de chevaux ou de mules, il faut attelei- long,
afin de mettre une plus grande distance entre les pieds de
derrière et le soc, et donner ainsi le temps de redresser les
arbres dérangés.
En opérant ainsi, on peut en une journée et demie planter
T. X.— Avril 18G3. J3
19Û SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
un hectare et dépenser 6 fr. ZiOc. Je sais que l'on va se récrier
à ce prix, en le traitant d'impossible.
Il est bien entendu que cette dépense variera suivant les
localités; mais je parle ici du département des Landes, où la
main-d'œuvre est encore à bas prix, et je ne donne que le prix
alloué par le propriétaire k ses métayers lui servant d'ouvriers.
Cette somme de 6 fr. ZiO c. se décompose ainsi :
Une journée et demie de bouvim- avec ses !)ètes , y compris la nourriture,
à 2 francs par jour 3 fr. »
Une journée et demie de femme, à 75 centimes la journée 1 15
Une journée et demie d'enfant pour redresser les plants, à 50 cent. » 75
Une journée et demie d'ouvrier pour arranger les plants à la pioche,
à 1 franc par jour 1 50
Total 6 fr. àO
Si les ouvriers n'étaient pas métayers de celui qui les
emploie :
La journée du bouvier se payerait 5 fr.,pourune journée et demie. 7 fr. 50
La journée de la femme, id. 1 id 1 50
La jo\irnée de l'enfant , id. » 75 c. id 1 15
La journée de l'ouvrier, id. 1 50 id 2 25
Total 12fr.ZiO
11 y aurait, comme on le voit, une certaine dilïérence dans
ce second prix ; mais, quoique plus cher que le premier, il
n'en est pas moins vrai que le département des Landes est
encore un pays privilégié pour le bon marché de la main-
d'œuvre; et c'est en payant les premiers prix indiqués ci-
dessus que j'ai déjà pu planter six hectares du plus mauvais
terrain. Les Vernis ont parfaitement repris, et proiueltent,
d'ici à trois ans, des haies d'une luxuriante végétation.
Au moment où je faisais mes plantations, j'ai eu l'heureuse
fortune de recevoir la visite de notre honorable et savant
secrétaire, M. Guérin-Méneville, et il pourra vous dire qu'il
n'y a rien d'exagéré dans la manière rapide dont j'ai opéré.
Car si, coiume disent les Anglais, le temps est de l'argent,
j'ai doublement gagné, puisque j'ai employé peu de temps et
dépensé peu d'argent.
, si;r. LES
VERS A SOIE DE L'AMÉRIQUE DU NORD
Par n. Th J. «JOB'TLE.
NOTE ADRESSÉE A M. GAL'LDKÉE - BOULEAU ,
Consul général Je P'rancc au Canada,
ET TRANSMISE PAR NOTRE COLLÈGUE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ.
(Séance du 12 (iéccmbie I8C2.)
Conformément au désir que vous m'avez exprimé, j'ai
l'honneur de vous adresser les renseignements suivants sur
les Vers à soie du Canada.
Quatre beaux insectes du sous-genre Attaciis habitent le
Canada; trois d'entre eux sont assez communs, mais le qua-
trième, VAttacus nulla, est très rare dans mon district. Je ne
l'ai vu qu'une ou deux fois à son état parfait, mais je puis vous
référer, pour son histoire, à l'ouvrage de Ilarris : Insects of
MasmcJiusetts. Vous trouverez dans ce livre, à partir de la
page 382, une très bonne description de toutes les espèces
iXAttacus, à laquelle je ne puis ajouter que fort peu de chose.
Les trois variétés qui me sont le mieux connues sont les
Pob/phcmus^ Cecropia et Prometlteus. Aucune d'elles ne se
nourrit exclusivement d'une seule plante; elles en comptent
toutes au contraire deux ou trois qui leur conviennent,
VAttacus Poif/phcmus, que je considère à la fois comme
le plus utile et le plus facile à élever, broute les diverses
espèces de Cerisiers et de Pruniers sauvages. Ilarris dit qu'il
se nourrit de Chêne et de Tilleul ; dans le pays où je réside,
les Chênes sont, il est vrai, peu nombreux, mais par contre
le Tilleul (Tllia americana) est commun ; cependant jamais
je n'ai aperçu de chenille de cette espèce sur aucun des
arbres en question ; une seule fois j'ai trouvé un cocon de
Polljpliemus au pied d'un Tilleul.
Le grand obstacle qui s'opposera, selon moi, à Tacclimata-
tion de toutes ces Salurnics, c'est l'aversion qu'elles semblent
avoir toutes à se propager quand elles sont renfermées, dis-
position qui parnil /'galemont propre à leurs rringi>nères, les
106 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Vers à soie «le l'Inde Arrindia et Ttissah. Jamais je ne suis
parvenu à vaincre cette disposition. Une fois, entre autres, je
pris, en juillet, une femelle fécondée du Polyphemus. Après
la ponte, qui fut abondante, et l'éclosion des œufs, je plaçai les
Vers sur différentes plantes, et constatai que les toutes jeunes
chenilles préféraient les jeunes feuilles du Prumis pensylva-
tiens à toutes les autres, et que lorsqu'elles eurent un peu
grandi, elles mangeaient sans distinction les feuilles de tous
les autres Cerisiers et Pruniers. Ces Chenilles filèrent leurs
cocons en septembre, et arrivèrent à leur état parfait au mois
de juin suivant. Possédant alors plusieurs insectes des deux
sexes, je les mis tous ensemble dans une grande boîte dont le
devant était vitré, espérant qu'ils se reproduiraient; mais il
n'en fut rien. L'essai eût probablement été plus heureux si
les insectes avaient été laissés libres dans une salle où l'on au-
rait réuni leurs végétaux favoris, plantés soit dans le sol même
soit dans des pots. Le cocon est ovale, de forme plus allongée
que celui du Ver â soie ordinaire, et contient moins de matière
visqueuse que celui des deux autres Attacus. Quand l'insecte
est sur le point de former son cocon, il rassemble quelques
feuilles, à l'intérieur desquelles il file ; plus tard le cocon
tombe à terre avec son enveloppe et y reste tout l'hiver; la
neige et la pluie amènent naturellement la décomposition des
feuilles, dont souvent les veines et les pétioles demeurent im-
primés sur les cocons.
Considéré au point de vue de la production de la soie,
\ Attacus Cecropia vient, je crois, en seconde ligne. C'est la
plus belle Phalène que nous ayons ; ses ailes mesurent jusqu'à
sept pouces d'une extrémité à l'autre. La chenille cherche sa
nourriture sur le Pommier et le Prunier, mais semble préfé-
rer le premier de ces arbres. Le cocon est formé en septembre ;
il est attaché dans toute sa longueur au-dessous des jeunes
branches; il est long de forme et pointu aux deux bouts,
lâche de texture à l'extérieur, mais plus ferme intérieure-
ment. Jamais je n'ai vu d'œufs de cet insecte, bien que j'aie
gardé des chenilles renfermées. Les cocons contiennent plus
de soie que ceux de l'espèce décrite précédemment, mais cette
VERS A SOIE DE l'AMÉRIQUE DU NORD. 197
soie n'est pas aussi compacte et est recouverte de plus de ma-
tière visqueuse. Je suis d'avis que la partie extérieure pour-
rail se séranceret se filer, et la partie intérieure être dévidée
comme cela a lieu à l'égard delà soie des Vers ordinaires.
VAttaacs Prometheiis me paraît occuper la place la moins
importante parmi les trois espèces. Suivant Ilarris, il vit sur
lesLaiirus sassafras et le Benzoni. La première de ces plantes
ne croît pas dans la partie du Canada que j'habite ; mais bien
que la seconde s'y rencontre dans les terrains marécageux,
j'y ai pris les cocons tant sur le Cerisier sauvage {Prunus
serotcria) et le Frêne noir (Fraximis sambucifolia). N'ayant
jamais rencontre la chenille, j'ignore si elle trouve sa subsis-
tance sur l'un ou l'autre de ces arbres, ou si, ayant brouté
le Laurus Benzoni, qui est de petite taille, elle s'en sert uni-
quement pour y suspendre son cocon. La Chenille du Pro7ne-
theus s'y prend singulièrement pour construire son cocon, et
ressemble en cela au Ver à soie Arrindia. Avant de filer, elle
tisse une forte toile de la branche au pétiole d'une feuille
jusqu'à ce qu'elle atteigne la tige qu'elle resserre ; elle y forme
son cocon, de sorte que, la feuille une fois détruite par les
vents d'hiver, le cocon reste suspendu à la toile, qui d'abord
avait le pétiole pour soutien. Ce cocon est beaucoup plus petit
que celui des deux autres espèces, et ne semble même pas
en rapport avec la grosseur de la Phalène qui s'en échappe
aussi vers la fin de mai ou le commencement de juin. Il y a
de plus une autre très jolie petite Phalène, une vraie Saturnia;
la chenille mange les feuilles du Tilleul et de l'Acacia {Robinia
pseudacacia), et file aussi un cocon; mais je le crois d'une
contexture trop lâche pour avoir de la valeur. Ce point pourra
d'ailleurs être réservé etfaire l'objet d'observations ultérieures.
J'ai résumé tout ce qui m'a paru intéressant au point de
vue de la soie que l'on pourrait tirer des Phalènes dont il s'agit.
Je n'ai jugé utile de décrire ni les Phalènes ni les chenilles,
attendu qu'elles sont sans doute bien connues des savants
français.
SUR LA CULTURE DU QULNQUINA
A JAVA,
Par W. ROlïafSSrA'.
iincicn gmiverncur ijL'iiéi'al dos Imlcs m'ci'land.iiscs,
ancien piésideiil du con-eil ilcs niiiiislres de S. M. le Roi des Pa_\s-Ea$.
(Séance du 12 décembre 1862.)
L
Parmi le grand nombre de remèdes destinés à combattre
les souffrances pbysiqiies de l'bomme, la science médicale
possède deux spéciliques par excellence, dont l'emploi ration-
nel constitue un bienfait pour l'bumanité : l'un est l'opium
cl l'autre le quinquina, ou, pour parler plus correctement,
la quinine.
Entre eux ils ont de commun (jue, jusqu'ici, on n'a pas
réussi à trouver de succédanés pour l'un «m pour l'autre.
Il esl vrai que, en Egypte, on fabrique, du suc de certaine
espèce de cbanvre, une drogue connue sous le nom de hatcJtis,
qui possède comme excitant quelques-unes des qualités de
l'opium, mais ne peut le remplacer comme ingrédient mé-
dical.
11 est vrai aussi qu'on a tâcbé de substituer au quinquina
des préparations arsenicales ou d'autres substances tirées des
écorccs de différentes espèces de plantes, telles que le saule,
le tulipier, le chardon bénit, le marronnier d'Inde, le mar-
rube, le cliône et un grand nombre d'autres; mais, en admet-
tant que plusieurs d'entre celles-ci possèdent des qualités
toniques, et même plus ou moins fébrifuges, il reste toutefois
constaté que, dans les fièvres graves et malignes, qui sont
toujours fatales au troisième accès, il n'y a rien qu'un sel de
quinine qui puisse sauver le malade d'une mort certaine.
Le grand nombre des essais pour remplacer la quinine,
faits par des savants de tous les pays et par plusieurs gouver-
nements, mais qui sont tous restés sans succès, prouve assez
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA. 199
la haute importance qu'on attache à assurer à l'humanité un
équivalent qui puisse remplacer un remède si salutaire, s'il
venait à manquer.
En 1850, la Société de pharmacie de Paris n'a pas cru
outrer ses exigences envers le pouvoir de la chimie, en
mettant au concours un prix de /lOOO francs pour celui qui
trouverait un moyen de préparer par voie chimique, de
toute autre matière première que de l'écorce de Quinquina,
une suhstance quelconque ayant les mêmes qualités théra-
peutiques que la quinine. Quoique le Ministre de la guerre
en France ait douhlé le prix l'année suivante, le prohlème
est resté sans solution jusqu'à ce jour. En Hollande aussi,
l'Institut royal des sciences a suivi cette initiative, sans que
le résultat en ait été meilleur.
Mais entre les deux spécifiques dont nous avons parlé, il
existe une grande difTérence quant à l'utilité de leur emploi.
L'opium, s'il est d'un coté inappréciable comme remède dans
certaines maladies, sert d'autre part, et dans une proportion
beaucoup plus forte, comme consommation de luxe ou d'ha-
bitude. Ses qualités, excitantes d'abord, finissent par épuiser
et ravager les forces physiques de l'homme, et par débihter
ses forces intellectuelles et morales.
Le malheureux qui s'adonne à la consommation de cette
drogue en devient bientôt l'esclave. Pour en éprouver tou-
jours le même effet, il doit augmenter toujours la dose de cet
excitant. C'est un mal immense pour toute l'Asie, et l'une des
causes de son abrutissement et de son assujettissement à
l'Europe. En somme, le mal que produit l'abus de l'opium
surpasse de beaucoup son action bienfaisante comme médi-
camenl.
Tel n'est pas le cas avec le quinquina ; il ne sert que
comme moyen thérapeutique. A mesure que son efficacité fut
reconnie de plus en plus, la consommation en augmenta dans
une piogression rapide. Il n'en existe pas de statistique
complète et exacte ; mais le fait de l'augmentation de la
consonmation est suffisamment constaté.
Pour satisfaire aux demandes croissantes, il faudrait que
200 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
la production suivît la même marche ascendante. Tel n'est
cependant pas le cas. Il paraît, au contraire, que la production
va en diminuant, et l'on peut craindre avec raison qu'elle ne
devienne tout à fait insuffisante, quand on pense qu'il n'y a
qu'une partie de l'Amérique méridionale où l'arbre à quin-
quina soit indigène ; qu'il n'en existe pas des forêts, mais que
ces arbres se trouvent dispersés, et que leur conservation n'est
pas assurée par un contrôle sur la coupe, qui dégénère souvent
en dévastation.
Dans un rapport (1) fait par de Jussieu, Richard et Gaudi-
chaud, à l'Académie des sciences, sur un mémoire de Weddell,
intitulé : Histoire naturelle des Quinquinas , on lit, page 11 :
« Il est néanmoins un point trop important à l'humanité pour
» que nous n'y fixions pas un moment l'attention : c'est le
> défaut complet d'équilibre entre la consommation et la pro-
» duclion des meilleures écorces de Quinquinas, et la destruc-
» tion rapide qui menace les espèces les plus estimées. »
Weddell lui-même parle dans le même sens dans l'ou-
vrage précité. Il dit, entre autres, page 7 : « Aujourd'hui,
» pour rencontrer des écorces de bonne qualité, il faut aller,
» comme je l'ai fait, à une distance de huit à dix journées des
» lieux habités. » — Page 13 : a II faut bien le reconnaître,
» le mode d'exploitation de ce produit précieux semble devoir
» rester toujours à la merci des demi-sauvages qui la prati-
» quent; et, si l'on ne trouve pas quelque moyen efficace de
» contre-balancer cette puissance destructive, nos descendants
» auront inévitablement la douleur, sinon de voir s'éleindre
» les différentes espèces de Quinquinas, du moins de ies voir
» devenir d'une extrême rareté. » '
Dans son Voyage au nord de la /?o//iv'c, "Weddell dit encore :
« Celui qui, en Europe, voit arriver ces masses énormes et
» toujours croissantes de quinquina, peut bien croire qu'il
» en sera toujours ainsi; mais celui qui, dans les lieu> mêmes
D où le Quin(juina se produit, cherche à savoir ce qui en est,
» se voit obHgé de penser autrement. »
(I) Comptes rendus des séances de l'Académie dd sciences^ XS.VI1,
séance du 11 juin 1869.
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA. 201
Delondrc, qui visita aussi les forêts de l'Amérique méridio-
nale, etBouchardat, en disent: a Ruiz se plaignait amèrement,
» en d792, du peu de soins que les cascarilleros apportaient
» à l'exploitation de l'arbre. » — Et plus loin : « En descendant
» de la montagne, je ne pus m'empècher de déplorer l'indiffé-
B rence avec laquelle l'Indien portait des coups de hache à une
» certaine élévation du sol, pour n'avoir point la peine de se
» courber Ils abandonnent aussi le tronc à la naissance
» des branches, et l'on peut calculer que, généralement, on
» ne récolle pas la moitié des écorces que chaque arbre
» pourrait })roduire. »
La crainte que le jour ne vienne où le quinquina ne sera
plus en quantité suffisante pour les besoins croissants n'est
donc pas sans fondement ; et déjà le prix en est si élevé
(/lOO francs le kilogramme de quinine), qu'on doit craindre
qu'il ne soit bientôt plus à la portée des pauvres.
En vue des faits et des considérations qui précèdent, le
gouvernement néerlandais, qui voue tous ses soins au déve-
loppement et à l'administration de ses belles possessions dans
l'archipel Indien, sources de la grandeur et de la richesse
nationales, a pris deux mesures dont le but et le résultat
méritent d'être connus et appréciés parle monde civilisé.
La première défend la culture du pavot et la fabrication de
l'opium, pour que les indigènes n'aient pas cette drogue sous
la main ou à bon marché. Dans le même but, et en môme temps
dans un intérêt liscal,le gouvernement, convaincu qu'une pro-
hibition de l'opium de l'Inde anglaise et de l'Asie Mineure ne
pourrait être maintenue, s'est réservé le monopole de la vente,
en l'aflermant, par voie de concurrence publique, aux plus
offrants; de sorte que le prix coûtant en est au moins sextuplé,
et que, par là, la consommation en est restreinte autant que
possible.
La seconde mesure concerne le quinquina. Dans l'espoir
de combler les lacunes que la diminution des arbres dans
TAmérique méridionale fait éprouver déjà, et menace de faire
éprouver encore i)ien davantage dans l'avenir; dans l'espoir
donc d'être utile à l'humanité et d'enrichir en même temps
202 SOCIÉTÉ IMPÉUIALI': ZUULOOIQUE d'ACCLIMATATION.
sa ijelle colonie d'une nouvelle culture imporlantc, le gou-
vernement néerlandais a pris la décision d'introduire sur une
grande échelle, dans l'ile de Java, la culture de l'arbre à
quinquina, en y appliquant, quant à la conservation et à la
coupe, tous les progrès que la science et l'expérience ont tait
connaître. Pour accomplir cette belle tâche, il n'a épargné ni
soins, ni sacrifices. Il s'est servi de naturalistes, de botanistes
et de chimistes avantageusement connus, pour aller chercher
des plantes et des semences dans les forêts du Pérou et de la
Bolivie, les transporter à Java, et y soigner leur acclimatation,
leur croissance et leur multiplication.
Dans la séance de la Société d'acclimatation, tenue à Paris
le 5 juin de cette année, sous la présidence de mon honorable
ami M. Drouyn de Lhuys, qui, retiré alors encore de la vie
publique, vouait ses loisirs au bien-être matériel de son pays,
j'ai été invité, par l'assemblée, à fournir des renseignements
sur ce que la Hollande venait de faire pour l'introduction de
la culture du Quinquina à Java; sur les résultats déjà obtenus
et sur les espérances qu'on peut avoir d'une réussite complète.
J'en ai pris alors l'engagement sans trop calculer si je pour-
rais convenablement remplir la tâche que j'assumais; mais
promesse oblige. Et comment aurais-je pu me soustraire au
désir exprimé par mes honorables collègues, les membres de
la Société d'acclimatation réunis dans la salle de ses conseils?
Je savais que c'est un Français, le célèbre de la Gondamine,
qui, envoyé en 1736, avec Godin et Bouguer, à Quito, pour
mesurer une partie d'un méridien sous l'équaleur, alîn de
déterminer la grandeur et la surface de notre globe, fixa le
premier son attention sur les différentes espèces d'écorces de
quinquina, sur les arbres qui les produisent, et sur les lieux où
on les trouve ; qui, le premier, jiublia là-dessus des rensei-
gnements positifs dans son ouvrage intitulé: Relation abrégée
d'un iwyar/e fait dans r intérieur de V Amérique méridionale
(Paris, 17Zi5), et qui en rapporta de jeunes plants et des
semences destinés à être transplantés à Gayenne et en France;
mais qui eut la douleur de voir les flots engloutir ces plantes
et les semences ne pas réussir.
CULTURE DU UUINUUINA A JAVA. 203
Un autre Français, Joseph Jussieii, qui passa plus de trente
années de sa vie dans l'Amérique méridionale, s'appliqua
également à des recherches du môme genre ; malheureuse-
ment, des résultats de ses observations, il n'est venu à la
connaissance de la postérité que le. rapport concis qu'on en
trouve dans V Histoire de la Société royale de médecine,
année 1779, sous le titre de : Réflexions sur deux espèces
de Quinquina découvertes nouvellement aux environs de
Santa-Fé.
D'autres Français contribuèrent d'une autre manière à
utiliser davantage encore pour riiumanité l'écorce do quin-
quina, et couronnèrent par là, en quelque sorte, ce que de
la Gondamine avait, commencé. Ce furent Pelletier et Caven-
tou qui, en 1820, firent la découverte, si importante pour la
science médicale, du procédé pour séparer le principe actif
de l'écorce, ou quinine. Grâce à cette découverte, il n'existe
plus d'incertitude k l'égard de la substance; toute falsification
peut être découverte et constatée. L'estomac du malade n'est
plus chargé inutilement des parties ligneuses de l'écorce, et
le médecin peut déterminer la quantité exacte de quinine à
administrer au malade; ce qui n'est pas le cas avec l'écorce de
quin(iuina, dont la richesse en quinine ne peut être évaluée
qu'approximativemcnt .
La France donc a droit à la reconnaissance du monde
civilisé, parce que ce sont des Français qui ont posé les
premiers jalons de la quinologie ; mais elle y a droit plus
spécialement encore de la part de la Hollande. Je dois à la
vérité de mentionner ici, que c'est à la France que nous
devons le premier arbre à quinquina de la meilleure espèce
(calisaya), qui a été importé et planté h Java. C'est en 1850
que feu le professeur de botanique de Vriese reçut à Paris,
de MM. Thibaut et Keteleer, la jeune plante en échange contre
des plantes javanaises. Elle fut d'abord cultivée dans le jardin
botanique de Leyde, jusqu'à la hauteur de 0'",75, et envoyée
alors à Java, dans une caisse nouvellement inventée, d'après
le système deWard; elle y réussit d'abord, mais mourut
plus tard. Mais on l'avait propagée au moyen de boutures,
20/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION.
et l'on en compte aujourd'hui plusieurs rejetons en pleine
croissance.
Avant de procéder à l'accomplissement de ma tâche, je
donnerai quelques détails sur la culture du Quinquina dans
son pays natal, jiour servir de point de départ et de termes
de comparaison avec ce que le gouvernement néerlandais
vient de faire à Java. Mais je puis être court : je parle aux
membres de la Société d'acclimatation et aux compatriotes de
de la Condamine et de Delondre , qui aujourd'hui occupent
un premier rang parmi les quinologues.
C'est Linné qui donna aux arbres dont l'écorce renferme
la quinine le nom générique de Cinchona., du nom de la
comtesse del Cinchon, femme d'un vice-roi du Pérou. Cette
dame, après avoir longtemps soufl'ertde fièvres intermittentes,
en fut guérie par l'emploi du quinijuina, qu'un corrégidor de
Loxa lui avait conseillé. Lors de son retour en Eurojje, elle y
apporta une certaine quantité de (juiiKjuina, qu'elle distribua
en poudre aux malades ; de, là le nom de pondre de la com-
tesse, sous lequel le quinquina fut connu d'abord. Plus tard
les missionnaires jésuites en envoyèrent de plus grandes
quantités encore à Rome, d'où il se réj)andil en Italie et dans
toute l'Europe, ce qui donna lieu à la dénomination de poudre
des jésuites. 11 fut aussi connu sous le nom de poudre de
Ta/bot, d'après le médecin de ce nom qui guérit le dauphin
de France par son arcamim.
Jus(|u'alors (m avait fait un secret de la substance de
ce médicament; mais Louis XIV le lui acheta et le lit
publier.
Comme nous venons de le voir, on employa d'abord le
quinijuina en poudre. Cependant le sel du (juinquina était
déjà connu en 17^9; on lit dans le Journal du voyage fait
par ordre du Roi à réquateur, servant d'introductio?î histo-
rique à la mesure des trois premiers degrés du méridien, par
de la Condamine (Paris, 1751), page 186 : a La récolte du
» (juinquina faisait le principal revenu de mon hôte, qui avait
» ses terres dans un des bons cantons ; j'y lis ma provision
» de celui de la meilleure espèce; il me donna de Y extrait
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA. 205
ï> Cl du sel (1) tiré de cette écorce encore récente par le pro-
» cédé que lui avait enseigné M. de Jussieu pendant le séjour
5) qu'il avait fait dans ce même lieu en 1739. Je n'ai pas eu
D occasion de faire usage du sel, mais l'écorce et l'extrait ont
» guéri de la fièvre tous ceux à qui j'en ai donné au Para,
s à Cayenne, et sur le vaisseau hollandais qui m'a passé en
» Europe. »
Par les explorations qu'après de la Condamine ont faites
Mutis, Ruiz, Pavon, de Humboldt et Bonpland, et en dernier
lieu Weddell et Dclondre , la géographie de la région des
Cinchonas, comme de Ilurnholdt l'appelle, a fait de grands
progrès : elle s'étend du 10" degré de latitude septentrionale
au 19^ degré de latitude méridionale, sur une largeur de
9 degrés de longitude. Weddell évalue à 2000 milles carrés
le domaine propre à la végétation de cet arbre.
On connaît aujourd'hui 21 espèces de Cinchonas, toutes
réputées véritables. DeJondre et Bouchardat ont enrichi la
science de la quinologie d'un tableau analytique et comparatif
de la contenance de quinine et de quinoïdinc des diflérentes
espèces.
Chaque espèce a ses exigences de terrain, d'élévation et de
température. Poppig {ReiseinCInliund Peru, Leipzig-, 1836)
donne là-dessus des indications très intéressantes. Il dit,
entre autres, que plus le lieu où se trouve l'arbre h quinquina
est élevé, plus l'écorce est active; et que plus on descend
dans la vallée, moins l'écorce a de valeur. Il attache aussi un
grand prix à un sol pierreux.
Quant k l'élévation de la zone, elle est au-dessus de celle des
palmiers et des bananiers; on trouve les Cinchonas avec les
fougères, entre 1200 et 3000 mètres.
Pour le C. calismja, la meilleure de toutes les espèces,
Weddell fixe l'élévation requise de /lOOO à 5000 pieds. Il faut
observer toutefois que cette espèce croît dans la partie méri-
dionale du Pérou et en Bolivie, non loin des tropiques, où la
(1) Je laisse ù rapprccialion des hommes coinpétenis la question de savoir
jusqu'à quel point le sel doul parle de la Condamine est identique avec la
quinine.
206 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
température moyenne est déjà plus basse que près de l'équa-
leur. Le C . de Loxa se trouve à des élévations de (3000 à
7000 pieds. Les C. ohlongifolia et caduclfolia descendent
le plus bas dans la vallée. De Humboldt trouva de grands
arbres Condaminea var. lancifolia à 9100 pieds, et Inngifolia,
à '2270 pieds.
Mais l'élévation seule ne décide pas la localité qui convient
aux ditîérentcs espèces ; il faut une coïncidence de circon-
stances pour en déterminer le choix.
Quant à la température, les données sont encore très
incomplètes. De Humboldt assigne aux C. Condaminea une
température moyenne de 16 degrés Uéaumur (20 degrés cen-
ligr.), aux lancifolia et ovalifolia une température beaucoup
moindre; tandis que les C. oblongifulia et caduclfolia des-
cendent le plus bas dans la vallée.
Hasskarl (le môme qui fut envoyé par le gouvernement
néerlandais au Pérou et en Bolivie, et dont je parlerai plus
tard) assigne aux C. calisaya, en Bolivie, une température
moyenne de 00 degrés Fahrenheit (16 degrés centigr.), et
même plus basse, jusqu'à 50 degrés Fahr. (10 degrés centigr.) .
Si, sans contredit, le C. calisaya est le plus riche en quinine,
il serait injuste d'en conclure que les autres espèces soient
sans valeur. Le Quinquina rouge de l'Equateur, le jaune de
Santa-Fé, de Pilayo et de Garthagène, en contiennent aussi
beaucoup. Toutes les espèces qui contiennent peu de quinine
méritent moins notre attention ; car, en admettant que leur
écorce puisse servir dans certains cas, sous la forme de décoc-
tion ou d'extrait, comme tonique, il ne faut pas jierdre de
vue qu'elles sont impuissantes contre les lièvres malignes,
pour lesquelles il n'y a d'elTicace que le principe actif, la
quinine.
{La suite proiluiinciiu-nt.)
II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX
DES SÉANCES GÉNÉIIALES DE LA SOCIÉTÉ.
SIÎANCE DU G JIAUS 18G3.
Présidence de M. de Quatrefages, vice-président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu est adopté.
— M. le Président donne lecture de la lettre suivante qui
lui a été adressée par S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, ministre
des affaires étrangères et président de la Société.
« Monsieur le Vice-Président et cher collègue, , .•
j) Je viens vous prier de transmettre à nos affectionnés con-
frères l'assurance de ma vive et profonde gratilude pour
l'honneur qu'ils ont iiien voulu me faire de m'appeler de
nouveau à la Présidence de notre Société impériale d'acclima-
tation. Je regrette sincèrement qu'une circonstance imprévue
me prive du plaisir d'aller leur olTrir moi-même mes remer-
cîments dans la séance d'aujourd'hui. Veuillez, du moins,
leur assurer que si mes occupations actuelles me retiennent
en ce moment loin d'eux, je reste et resterai toujours tout
dévoué à notre œuvre, dont personne plus que moi n'apprécie
l'action bienfaisante et la haute portée. Je suis d'autant plus
sensible h ce témoignage de confiance et de cordiale sympa-
thie de nos confrères, j'en suis d'autant plus heureux, que je
me plais h reconnaître, comme vous le reconnaissez avec moi,
que cette constante et ferme union qui rattache à une même
pensée, dans tous les pays de l'univers, les membres de notre
Société, est la garantie la plus certaine de son succès. C'est,
en effet, par la concentration de nos efforts à tous vers un but
commun, que nous accomplirons cette noble et généreuse
mission à laquelle je suis fier d'apporter mon concours.
» Veuillez agréer, etc.
» Le Président de la Société impériale d'acclimatation,
. » Signé : Drouyn DE LnuYS.»
208 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
— M. de Qualrefages, après cette lecture, s'adresse à l'as-
semblée en ces termes : .
« Avant même de donner la parole à M. le secrétaire, je
vous demande la permission de la prendre moi-même.
» En m'asseyant pour la première fois dans le fauteuil de
la présidence, j'ai hàtc de remercier la Société, qui a bien
voulu m'y appeler. Soyez certains, messieurs, que j'ai senti
toute la valeur de vos suffrages. Comme membre delà Société,
je ne pouvais qu'en être profondément reconnaissant; car
depuis longtemps, et par suite de circonstances diverses, je
n'ai pu paraître que bien rarement à nos séances générales.
Permettez-moi toutefois d'ajouter que j'assistais à peu près
régulièrement aux séances du Conseil. Forcé d'économiser
le temps, j'allais là où je croyais pouvoir être le plus utile.
Mais vous pouviez l'ignorer, et votre vote a été comme un
appel aussi bienveillant qu'bonorable qui m'a sérieusement
touché.
» Laissez-moi vous dire que je m'en suis réjouis à un autre
point de vue. Depuis la mort de notre regretté Président, le
Muséum n'était plus représenté dans votre Bureau. Or, la pen-
sée de l'acclimatation est sortie du Muséum ; le chef premier
de la Société et du Jardin d'acclimatation avait été un profes-
seur duMuséum, Geoffroy Saint-Hilaire. Vous savez tous quelle
affection il portait aux trois institutions. Il y avait peut-être
quelque chose d'étrange à ce que la Société ne comptât plus
un seul professeur du Muséum parmi ses officiers. Votre der-
nier vote a changé cet état de choses; il a répondu, j'en suis
certain, aux sentiments qui furent ceux de Geoffroy; et, —
passez-moi l'expression, — il a renoué la chaîne des traditions
de la Société. Ici je fais, bien entendu, abstraction des per-
sonnes. Mais il m'est permis d'être heureux d'avoir été l'oc-
casion de cet événement, et je n'ai pas besoin de vous dire
combien je m'efforcerai de resserrer des liens que rien ne
doit rompre. Mes écrits et mes actes passés répondent ici de
l'avenir.
» Mon seul regret sera de ne pouvoir remplir comme je
Pr.nCÈS-VFRBAUX, OQÇ)
l'aurais voulu les fonctions que vous venez de me confier. Per-
mettez-moi, à cet égard, quelques explications personnelles. Je
suis chargé, au Muséum, de V histoire naturelle de F Homme.
En d'autres termes, tandis que tous mes collègues professent
des sciences déjà assises et qui n'ont plus qu'à se développer,
j'ai, moi, à enseigner une science qui est seulement en voie de
se faire, et dont les éléments ne sont pas encore coordonnés.
De ce fait seul résulte pour le professeur un surcroît de tra-
vail dont il est difficile de se faire une idée. Il est forcé d'être
à la fois architecte et manouvrier. Aussi, tant que dure mon
enseignement, je suis obligé de lui consacrer mes jours et mes
nuits. Si alors vous me voyez manquer à nos séances, veuillez
ne pas m'accuser de défaut de zèle, et soyez certains que, ce
temps de travail obligatoire passé, vous me retrouverez prêta
remplir du mieux qu'il me sera possible la tâche honorable
que m'impose votre confiance.
» Recevez encore une fois, messieurs, mes bien sincères
remercîments. »
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM
Benazet (Théodore), au château de la Roche-Bellusson,
par le Blanc (Indre), et à Paris.
BouiLLOUD (Louis) , arbitre du commerce, à Bône (Algérie).
BoYVEAU (A.), propriétaire, à Paris.
CoLLiN (Charles), fabricantdeproduits chimiques, à Paris.
Cramail (Adrien), maire de Rueil (Seine-et-Oise), et à
Paris.
DucGMMUN (Henri-François), propriétaire, à la Chau.x-de-
Fonds (Suisse).
IsTURiTz (S. Exe. don Xavier de), ambassadeur de Sa
Majesté Catholique, à Paris.
KoTSCHUDEY (le prince), grand maître de la maison de
S. A. I. Mgr le grand-duc Michel, à Paris.
Lefèvre (Amable), négociant, à New-York.
Le Moyne, ministre plénipotentiaire, à Paris.
T. X. ~ Avril 1K(i:i. . j^
210 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
MM. Marqués Lisboa, envoyé extraordinaire, ministre pléni-
potentiaire de S. M. l'Empereur du Brésil, à Paris.
Mège (le docteur Jean-Baptiste), à Paris.
Messager (Prosper), propriétaire, à Sainl-Denis du Sig,
province d'Oran ^Algérie).
Sandford, ministre des Etats-Unis, à Bruxelles.
M. le Président annonce ensuite que la Société (Va(/rl-
ailture, sciences et arts de Meaux,el la Société ira(/ri.calture
du département du Pas-de-Calais ont, sur leur demande, été
admises, parle Conseil, au nombre des Sociétés agrégées.
Des remercîments pour leur récente admission sont
adressés par MM. Desbarats, Gimet, Manrique, de Surigny,
comte de Goltz, Savardan, Penel, baron de Reinart, le Moyne.
MM. Cbevallereau, Leprelle et Powerscourt adressent
leurs remercîments pour les récompenses qui leur ont été
accordées.
— S. Exe. M. le Ministre des aiïaires étrangères annonce
que M. Delaporte, consul général de France à Bagdad, a lait une
collection d'oiseaux intéressants pour le Jardin d'acclimatation.
M. Delaporte garde pendant quelque temps, pour qu'ils puis-
sent plus facilement supporter le voyage, ces oiseaux réunis
par paires, parmi lesquels on dislingue des Fraiicolins d'Asie,
des Perdrix d'Arabie, des Oies rouges, des Houbaras, des
Poules de l'Eupbratc, des Bécassines de Ilindié, etc.
— S. Exe. le Ministre des aiïaires étrangères transmet les
offres de services de M. le comte de Mulinen, secrétaire de
légation à Rio-Janeiro, pour procurera la Société les animaux
du Brésil qui pourraient l'intéresser.
— S. E\c. le gouverneur général de l'Algérie annonce qu'il
vient de faire acheter 150 kilogr. de graine de Coton longue
soie pour répondre à la demande de la Société d'agriculture
de Vauclusc.
— M. de Caumont annonce la prochaine réunion du con-
grès de l'Institut des provinces pour le 18 mars, et prie la
Société de désignei' quelques-uns de ses membres pour la
leprèsenter à scsst'ances.
PROCÈS-VERBAUX. 211
— M. le docteur Poiichet, délégué de la Société, transmet
un numéro du Xoiive/listr de Rouen, renlermant la liste des
souscriptions qu'il a recueillies pour l'érection de la statue
de Daubenton, et qui s'élèvent à la somme de 1066 francs.
■ — M. Bosquillon de Jenlis transmet, au nom de la première
Section, un extrait du procès-verbal, renfermant le désir qu'elle
exprime que des renseignements précis soient demandés par
la Société à M. Roux sur les Léporides, animaux sur la pro-
venance réelle desquels des doutes unanimes se sont élevés.
— A ce sujet, quelques renseignements sont donnés par
MM. de Qiiatrcfages, Riifz de Lavison, Guérin-Méneville et
Richard, desquels il résulte que jusqu'à j)résent rien n'au-
torise à penser que ces animaux, mis dans le commerce par
M. Roux, sous le nom de Ij'pnrtdes, soient réellement le pro-
duit du croisement du Lièvre et du Lapin, mais qu'il est plus
probable qu'ils appartiennent à une race particulière de Lapins,
comme celle des Lopins-lièvres de la vallée du Rhône.
Sur la proposition de M. le docteur Pigeaux, la Société,
considérant que déjà plusieurs demandes de renseignements
ont été faites à M. Roux, et sont restées sans réponse, décide
qu'elle passe à l'ordre du jour.
— M. le vicomte de Morteuil annonce la naissance de deux
jeunes Boucs et de deux Chèvres d'Angora.
— MM. Billon et Fcilsch adressent un Mémoire sur le sel et
son application à l'élève des bestiaux.
— M. Faudon (de Saint-Paul) transmet de nouveaux ren-
seignements sur les métis d'Yaks élevés dans la vallée de
Barcelonnette, et fait remarquer combien est regrettable la
répulsion des habitants du pays pour ces produits de croise-
ments, qui méritent d'être étudiés.
— M. Richard (du Canlal) rappelle que les métis d'Yaks
sont d'une vivacité extrême, et croit que ces animaux, qui
donnent moins de lait que nos vaches de France, devront être
plus spécialement employés comme animaux poripurs, plutôt
que comme bêles de Irail. A l'appui des faits qu'il avait déjà
signalés pour prouver la vivacité des métis d'Yaks, M. Richard
en appelle au témoignage de M. Jacqucmarl, clie/ qui les
212 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
animaux qui lui ont été confiés franchissent très facilement des
barrières hautes de 1 mètre 30 centimètres.
— M. Latbn, de Sainte-Soulle (Charente-Inférieure), adresse
une demande de Chèvres d'Angora.
— M. Gellineau, de la Cigogne (Charente), demande à être
inscrit au nombre des personnes auxquelles la Société confiera
des Moutons Ong-ti. -
— M. Benjamin Barbé, propriétaire à Capverne (Hautes-
Pyrénées), prie la Société de lui confier quelques Chèvres
d'Angora.
— Vlllustrated London Neivs du 28 février annonce que,
grâce à un envoi de M. le docteur Mueller, la collection
d'Oiseaux de Regent's Park, à Londres, s'est enrichie d'une
paire d'Alouettes pies d'Australie, et que ces animaux, qu'on
n'avait pas encore vus en Europe, paraissent se trouver très
bien de leur séjour dans un des bassins de Regent's Park.
— M. le Président fait connaître à la Société que pour re-
connaître les nombreux services rendus à l'histoire naturelle
par M. Mueller, le Muséum lui a décerné récemment le titre
de membre correspondant.
— M. Rufz de Lavison transmet une lettre de M. Granié
(de Toulouse) sur l'élevage des Gallinacés, et quelques obser-
vations de M. Simiersur les expositions de volatiles au Jardin
d'acclimatation.
— M. René Caillaud transmet une Note sur les travaux de
pisciculture de M. Chevallereau, et des renseignements sur
les précautions à prendre pour la réussite de la tentative pro-
jetée de l'introduction à l'île de la Réunion de la Truite et du
Saumon.
— M. Carbonnier présente à la Société un Mémoire sur les
moyens qu'il emploie pour transporter vivants les Poissons, et
donne quelques détails sur son procédé. (Voy. au Bulletin.)
— M. Millet fait observer que ce procédé ne peut s'appU-
quer qu'aux Poissons d'eau dormante, mais que pour ceux de
ces animaux chez lesquels la respiration est très active, il
faudra avoir recours nécessairement au moyen qu'il a indi-
qué d'avoir l'eau par insullîation, moyen qui a été mis avan-
PROCES-VERBAUX. 213
tagcusement en usage par plusieurs personnes, et notamment
par le pécheur Vançon.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères annonce
la réception des cocons de Bombyx Cecropia, et des graines
à'Asclepias, destinés à la Société par M. Gauldréc-Boilleau.
— M, Guérin-Méneville transmet son Rapport sur la distri-
bution des graines de Bombyx Ya-ma-maï à différents mem-
bres de la Société.
— M. Sacc annonce que S. M. le roi de ^Yurtemberg a
reçu une collection de graines, en très bon état, de Bombyx
Ya-mn-maï, et croit qu'il est très important d'en faire l'édu-
cation en plein air.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet
une lettre de MM. Fulsch et Teissonnière, annonçant le départ
de M. Teissonnière pour le Caucase, où il va chercher de nou-
velles graines de Versa soie.
— M. Chavannes adresse une demande de graines d' Ya-ma-
maï, et dit qu'il est fort probable, d'après les analogies, que
sa chenille se nourrirait bien des feuilles du Cognassier.
— MM. Zanardini, Giordani et Muraire adressent des de-
mandes de graines de Bombyx.
— MM. Maumenet et Ligouhne offrent leurs remercîments
pour les graines de Vers à soie qu'ils ont reçues.
— M. Gelot annonce qu'il va faire commencer inces-
samment des études du dévidage des cocons du Bombyx du
Ricin, sur les 2 kilogrammes qui lui ont été confiés par la
Société.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet
un Mémoire de M. Chevalier le Moyne, ministre plénipoten-
tiaire en retraite, sur diverses cultures de l'Égvpte.
— Des graines de diflerentes espèces sont offertes à la Société
par MM. Manrique, Nicolas, Imhaus, Chagot aîné.
— M. Marqués Lisboa, ministre du Brésil à Paris, remercie
la Société pour les plants et greffes de Marronniers qui ont été
adressés à son gouvernement.
— MM. Brierre, Althammer, Huzard, Lcmercier, Lecler,
Sursol, comte de Montlessuy, Louvier, adressent des demandes
*2l/i SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOULOGIQUK d'aCGLIMATATION.
(le graines et plantes, ainsi que les Sociétés centrale^ d'agri'
culliire de Belgique et agricole de Brioude.
— M. Poulain de Bossay écrit pour engager à tenter en
grand la culture des Ascicpias comme succédanés du Colon,
ainsi que celle de plusieurs autres plantes à fdaments soyeux.
Des observations laites par M. Moquin-Tandon, il résulte
que ces filaments sont trop lisses pour pouvuir être utilisés
avantageusement.
— M. le professeur Jules Gloquet fait hommage à la Société
d'une thèse de M. le docteur Demarle sur la Coca.
— M. Fréd. Jacquemart donne lecture du rapport sur la
situation financière de la Société. (Voy. au Bulletin.)
Les conclusions de ce rapport sont adoptées à l'unanimité.
— M. David fait hommage à la Société d'une certaine quan-
tité de Pommes de terre, dites d'Australie, provenant de ses
cultures.
— M. Ramon de la Sagra dépose une Notice des travaux
inédits des botanistes et des naturalistes voyageurs espa-
gnols , dont la publication pourrait faire connaître des
espèces d'animaux et de plantes utiles à acclimater. (Voyez
au Bulletin.)
— M. Richard (du Cantal) complète la communication qu'il
avait faite dans la dernière séance sur les fromages façon
Hollande, faits dans le Cantal, et présente un spécimen de
sa fabrication, dont la dégustation est renvoyéeà une Com-
mission.
— M. AVallut lit, au nom de la 3' Section, un Rapport
sur le mémoire de M. Lamiral sur les madragues et leur réta-
blissement sur nos côtes méditerranéennes.
Après quelques observations confirmatives de M. J. Glo-
quet, les conclusions de ce rapport sont adoptées.
La séance est levée à cinq heures.
ti*
rUOCÈS-VERLAUX. 215
SÉANCE DU 20 AiAns 1863.
■' Présidence de M. Dkoi!\n de Lhuys, président.
Le procès-verbal est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. BouuGOiN, président du tribunal, propriétaire, à Cliam-
platreux, commune de Saintry, prés de Corbeil (Seine-
et-Oise).
BouTAREL, manufacturier, à Paris.
Dupont (le docteur Jean-Baptiste), propriétaire, à Tingry,
par Samer (Pas-de-Calais).
GiNOT (Jules), agriculteur, à Soulages, près de Saint-
Chamond (Loire).
Guir.ÂiiD (le baron de), à Paris.
Lamy (Victor), propriétaire, au cliàteau d'IIéritot, par
Trouarn (Calvados), et à Paris.
Lefèvre (.Amable), négociant, à New-York.
Lejeune (le docteur), à Paris.
Maumy (Jules), négociant, à Paris.
Serbat, cbimiste manufacturier, à Paris.
SuDDA (Dclla), étudiant en médecine, à Constantinople et
à Paris.
— Des remcrcîments pour leur récente admission sont
adressés par MM. Sandford, ministre des États-Unis à Bruxelles,
Cottle, Zlick et Marqués Lisboa.
— M. Pbilippe (de Saint-Mandrier) adresse ses remercîments
pour la médaille qui lui a été décernée dans la séance du
10 février 1863.
— La Société centrale d'agriculture du Pas-de-Calais offre
ses remercîments pour sa récente admission comme Société
agrégée.
— M. Gauldrée-Boilleau, consul général à Québec, f;ut
hommage à la Société de deux ouvrages rendant compte des
expéditions effectuées au nord-ouest du Canada par MM. Daw-
216 SOCIÉTÉ IMrÉUlALE ZOULUGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
son et Henry Goule Hond. Il annonce également qu'il va faire
tous ses efforts pour procurer à la Société les meilleures
espèces fruitières du Canada, susceptibles d'être acclimatées
en France. — Remercîmenls.
— M. Laurent Cochelet, consul de France à l'Assomption
(Paraguay), fait ses offres de services à la Société. — Remer-
cîments.
— M. Berg, délégué de la Société, et M. Manès, écrivent pour
demander l'appui delà Société auprès du gouvernement, atin
d'obtenir pour le comité colonial de la Réunion la concession
du jardin botanique de Saint-Denis et le concours des autorités
de l'île. Ils annoncent également la perte que le comité vient
de faire de son président, M. de Rontaunay, qui avait déjà
témoigné du plus vif intérêt pour l'œuvre du comité, et son
remplacement par M. Adrien Bcllier, ancien député de la
colonie.
Pour que les envois faits par la Société au Comité parvien-
nent sûrement à leur destination, M. le délégué de la Réunion
prie la Société de vouloir bien lui faire dorénavant directement
ses envois.
La Société reçoit le premier numéro du Bulletin de la
Société cV accrimatdtion et d'histoire naturelle de Vile de la
Réunion, janvier 1863.
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet lu
copie d'une lettre de M. Bogdanoff, délégué du Comité de
Moscou, qui exprime l'espoir que la Société voudra bien favo-
riser le jardin d'acclimatation de cette ville du don de quelques
animaux.
Le Conseil a décidé l'offre d'une paire de Zébus du Soudan,
et le Jardin a réservé pour le comité de Moscou une paire de
Moutons Mauchamp.
— M. Kerangal, vice-président du comité zoologique de la
Guyane, annonce un nouvel envoi de M. Bataille, qui, conti-
nuant avec le zèle que la Société lui connaît, ses actes de mu-
nilicencc, nous adresse cette fois deux Pécaris à collier du
Brésil, un Tapir, quatre Agoutis, un Paca, un Agami, un
Garrakoua ou Faisan de laGuyanc, et une Cliouette. M. Kerangal
rROCÈS-VERLALX. 217
insiste sur les services nombreux rendus par M. Bataille à la
colonie, qui lui doit de voir ses marchés abondamment fournis
de divers poissons alimentaires envoyés par les Indiens de la
côte du Brésil.
— M. Simoni (de Cuba) appelle l'attention delà Société
sur les avantages de l'acclimatation en Europe de Vllutia,
rongeur qui fournirait facilement un utile aliment.
— M. Binger, président de la Société d'acclimatation de
Nancy, adresse un Rapport sur le bel état du troupeau de
Chèvres d'Angora confié à M. Euriat (de Roville), annonce
la naissance de neuf Chevreaux, et demande quelques rensei-
gnements sur des questions dont l'examen sera soumis au
Conseil.
— M. Leblanc adresse le procès-verbal de l'autopsie du Bouc
qui est mort chez M. le vicomte de Morteuil, et dont la mort
paraît due à une inflammation violente du gros intestin.
— M. de Puiberneau demande que la Société veuille bien
lui confier, à titre de cheptel, un lot d'Yaks_, de Lamas ou de
Moutons Ong-ti.
— La légation de Hanovre demande à se procurer deux
cents œufs de Colin houi pour faire une tentative d'acclima-
tation. Cette lettre est renvoyée à M. le directeur du Jardin.
— M. Boisnard-Grandmaison annonce la mort de deux
jeunes Autruches de Patagonie et d'un Tatou qu'il destinait à
la Société, et offre quelques échantillons d'œufs de cet oiseau
pour les collections de la Société. Il annonce que M. le capi-
taine Chenu se met au service de la Société pour lui rap-
porter les animaux ou plantes qu'il lui semblerait utile
d'importer de Californie, de Mazatlan, du Callao et de Chin-
chas. — Remercîments.
— M. Granié (de Toulouse) adresse de nouveaux documents
sur l'éducation des Oies de Toulouse et des diverses races de
Gallinacés.
— M. Hesse, délégué de la Société à Marseille, offre sa pro-
priété dans l'ile Sainte-Marguerite pour recevoir les jeunes Gou-
ramis qui seront reçus en ErancCjet demande des instructions
sur les soins à donner à ces précieux poissons. — Remercîments.
•218 SOCIÉTÉ IMl'ÉKlALfc; ZOOLUGKJLE d'ACCLIMATATIUN.
— M, Turrel, délégué à Toulon, fait une offre semblable.
— M. René Caillaud transmet une lettre de M. Sergent,
commissaire de l'instruction maritime à Marans, sur le succès
obtenu dans l'introduction du Saumon dans la Sèvrc niortaise,
où ce poisson paraît trouver des conditions favorables à son
développement.
— M. Pages communique une lettre de M. Simon, qui
annonce le prochain envoi d'Arbres à cire vivants , et cou-
verts des insectes la Tchmig, qui fournissent la cire dite pela.
— M. André Leroy annonce qu'il a mis sous couche des
Chênes blancs et pédoncules pour nourrir les Vers Ya-ma-ynai,
et fait remarquer la lenteur avec laquelle ces végétaux déve-
loppent leurs feuilles dansées conditions.
— M. Camozzi Ventura adresse quelques renseignements
sur ses cultures du Ver à soie de l' Allante.
— M. Drouyn de Lhuys transmet une demande de cocons
vivants du métis des Vers à soie du Ricin et de l'Ailante faite
par madame la comtesse Nevill, de Londres.
— M. Rellemain adresse de nouveaux renseignements sur la
culture de YOxalis crenata.
— Monseigneur Chauveau, évêque de Sébastopohs, donne
quelques renseignements sur la Rhubarbe du Tibet, dont il
pense que la culture pourrait être tentée fructueusement en
France, et offre d'en faire parvenir quelques spécimens à la
Société. — Remercîments.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères offre à la
Société une certaine quantité de Haricots du Japon, qu'il a
reçus de M. de Billing, et qui proviennent des ambassadeurs
japonais.
— M. Hayes (de Chandernagor) annonce l'envoi de graines
de plantes préconisées contre la morsure des serpents, Vely
partJuj {Asclejjîas échinât a, Roxb.), et Ischermoule (Aristo-
lochia iiidica).
— M. Belhomme, de Metz, transmet des renseignements sur
la Kitaihelia vitifoUa, AVilld., et sur l'heureux emploi qui
pourrait être l'ail de ses fibres comme filaments textiles.
— M. Chagot aine annonce ((ii'il met à la disposilion des
PROCÈS-VEKHAUX. 219
personnes qui en désireraient des graines de culon d'Amé-
ri(|iie et de Maïs.
— M. Berlhault, horticulteur à Saint-Maur, transmet une
Note sur ses essais de culture de Potirons de la Chine et dç
Pommes déterre.
— MM. Bonjean, Hamelin,Maumenet, Chazercau, Louvrier,
accusent réception de graines diverses envoyées parla Société.'
— M. Humann annonce la prochaine réunion du premier
congrès horticole à Mayence pour les d2, 13, U avril 1863.
— La Société royale de Victoria (Australie) fait hommage du
cinquième volume de ses Transactions.
— M. le haron Larrey transmet un Mémoire de M. le doc-
teur Rihadieu, médecin de l'armée d'Afrique, intitulé ; Essai
de la transplantation de l'arbre à quinquina, en Algérie,
dajis l'oasis de G/ia)nza.
— M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le doc-
teur Martin sur l' acclimatation des Madrépores et son ntilité.
— M. Rufz de Lavison annonce que déjà depuis plusieurs
jours, il y a eu au Jardin du hois de Boulogne éclosion de
Vers à soie Ya-ma-mai, qui sont nourris avec les feuilles du
Chêne.
— M. de Ouatrefages donne connaissance d'une lettre de
M. de Fenouillet, qui annonce avoir reçu ses Yaks en hon état,
et que leur agilité et leur docilité lui font bien augurer de ses
futures expériences sur ces animaux,
— M. le Président annonce que depuis le mois de novembre
dernier, la Société a reçu quarante-trois dons de graines de
provenances différentes : Chine, Japon, Indes, Perse, Canada,
États-Unis, Brésil, Chili, Paraguay, Sénégal, Italie, Grèce',
Pologne, Turquie, Java et Australie. Cet ensemble représen-
tait deux cent cinquante-deux échantillons plus ou moins
considérables de diverses espèces ou variétés qui ont été
divisés en deux mille cinq cents paquets environ. La Société
a pu adresser des collections de ces graines à vingt et une
Sociétés affiliées ou agrégées en France et dans nos colonies,
à une Société affiliée étrangère, et à soixante-quinze membres
ou correspondants.
220 SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOULUGIQUE d'ACCLIMATATION.
Pour répondre à des observations qui se représentenl, très
fréquemment, parce qu'elles sont ou paraissent fondées, sur
l'absence d'instruction de la part de la Société, relativement au
mode de culture des graines qu'elle distribue, nous croyons
devoir faire remarquer qu'il lui est généralement impossible de
transmettre aucun renseignement précis à ce sujet. Les graines
qui lui sont adressées ne lui sont le plus souvent présentées
que sous le nom vulgaire qu'elles portent dans leur pays
d'origine , sans désignation botanique, et la plupart du
temps sans aucune indication ni de leurs propriétés spé-
ciales, ni de leur emploi. Quant au mode de culture il ne se
trouve presque jamais indiqué. Lorsque des notes ou des
renseignements particuliers accompagnent les envois de
graines, la Société s'empresse de les publier, soit aux procès-
verbaux, soit isolément dans le Bulletin. Les Sociétés ou les
personnes auxquelles elle les distribue sont donc invitées à
recourir au Bulletin mensuel toutes les fois qu'il y a lieu. Les
mentions trouvées sur les objets envoyés à la Société sont re-
produites avec soin sur l'enveloppe des parts plus ou moins
considérables qu'il peut en être fait ; le nom du pays d'origine
y est toujours indiqué. Il est facile de comprendre qu'au-
cun autre renseignement ne saurait être donné sûrement ni
utilement dans la plupart des cas, quelque désir qu'éprouve
la Société d'assurer le succès des expériences intéressantes
auxquelles ces abondantes distributions devraient donner
lieu.
Nous n'avons pas besoin d'insister pour faire ressortir
combien il importe que les résultats de ces expériences soient
consignés avec soin par les personnes qui s'y livrent, et
transmis exactement à la Société dès qu'ils sont connus, afin
qu'elle puisse les réunir, les comparer et se rendre compte de
leur véritable valeur.
A ce sujet, plusieurs observations sont faites par MM. Se-
guier et Dupuis, qui insistent sur la nécessité d'obtenir de nos
correspondants des notes qui puissent guider dans la culture
des plantes et graines qu'ils envoient.
— M. le Président donne la parole à M. Millet pour une
PROCÈS-VERBAUX. . . . 221
communication sur la pisciculture, ayant pour litre : Le Sau-
mon des fleuves et le Saumon des étangs.
M. Millet croit que l'heure est trop avancée pour lui per-
mettre de traiter cette question avec tous les développements
qu elle comporte, et prie M. le Président de vouloir bien
remettre cette communication à la première séance.
Pour élucider la question encore controversée de la domes-
tication du Saumon en eau douce, M. Millet engage les mem-
bres de la Société à rechercher les documents qu'ils pourraient
avoir en leur possession. Notre confrère cite, à ce sujet, le
fait curieux de la prise d'un Saumon d'environ 2 kilogrammes,
et âgé de quatre ans et demi à cinq ans, dans le lac Léman,
où, dés les années 1856 et 1857, déjeunes Saumoneaux ont
été introduits par ses soins et par ceux de notre confrère
M. le docteur Chavannes. M. Millet rappelle à ce sujet que
lorsque la discussion a été soulevée sur l'opportunité de la
domestication du Saumon en eau douce, il a émis l'opinion
que les essais devaient être tentés dans de vastes étendues
d'eau, dans le lac Léman par exemple, qui peut être con-
sidéré comme une petite mer d'eau douce.
— M. Anatole Gillet de Grandmont donne lecture de pas-
sages de quelques lettres venant confirmer ce qu'il avait
annoncé dans la séance précédente sur la qualité des Saumons
élevés en eau douce. Il donne aussi quelques nouveaux détails
sur l'Ombre chevalier et la Fera.
— M. Millet fait observer quel'Ombre Chevallier est essen-
tiellement un poisson des lacs, qu'il se plaît particulièrement
dans ceux du Léman, du Bourget, de Paladru, etc.
Quant à la Fera, notre confrère croit, ainsi qu'il l'a déjà
fait observer dans une précédente séance, que la répartition
des œufs a été faite dans de mauvaises conditions, et que les
instructions données pour l'éclosion et la dissémination de
ces œufs sont de nature à amener de funestes résultats ; qu'il
lui paraît préférable de placer les œufs fécondés dans des lacs
plutôt que dans des rivières ou des étangs, et que le fait de la
prise de deux Feras seulement depuis les huit dernières cam-
pagnes (185/1 à 1862), pendant lesquelles l'établissement de
222 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR D'aCCLIMATATION.
Huningue a distribué plus de Irenle-huit millions d'œufs,
indique sulïisamuienl que l'on est dans une mauvaise voie.
Il peut cependant prospérer dans des eaux courantes, et la
preuve en est dans les appareils du Collège de France, où
M. Coste possède en ce moment des poissons qui ont atteint la
taille de 25 à 30 centimètres. Quant aux Feras, le petit nombre
des poissons pècbés jusqu'à ce jour n'indique pas l'insuccès
des tentatives déjà faites, et d'ailleurs, y eùt-il insuccès, on ne
devrait pas pour cela désespérer de l'avenir.
— M. Guérin-Méneville annonce qu'il a reçu déjà, de la plu-
part des personnes auxquelles des graines de Vers à soie Va-
ma-mai ont été envoyées, de très bonnes nouvelles des con-
ditions dans lesquelles se trouvent ces Vers, dont l'éclosion a
commencé et dont les chenilles paraissent très bien se porter.
— M. J. Cloquct oflVe à la Société des échantillons qu'il
doit à notre conlVère M. Lesèble, de Pommes de terre :
1° Caillaad, de très bonne qualité; très propre à la grande
culture ; elle remplacera avec avantage et détrônera la Pomme
de terre Solognote, puisqu'elle vient mieux et rend moitié
plus que cette dernière; 2" Pommes de terre Lesèble^ la meil-
leure connue par notre honoré confrère. Ces échantillons,
offerts par M. le professeur Cloquet, sont remis à M. le direc-
teur du Jardin du bois de Boulogne, pour que leur propa-
gation puisse être tentée, et mettre la Société en mesure d'en
distribuer à tous ses membres.
— M. J. Lecreux donne lecture d'un Rapport sur ses cul-
tures de Pommes de terre. (Voy. au Bulletin.)
— î\l. le comte de Sinéty rend aussi compte d'une expé-
rience d'éducation du Bambou de la Chine entreprise par ses
soins. Trois pieds de Bambous Montigny m'ont, dit-il, été con-
fiés en 1860. Le premier avait des ramilles, les deux autres
n'étaient que des tiges souterraines ornées de feuilles et de
racines. La première année ils furent placés dans une serre
■dPelargonium, où ils passèrent l'hiver. Au printemps suivant,
ils furent tous mis en pleine terre dans dilférentes conditions,
alin de savoir quel terrain etciuellc exposition leur convenaient
le mieux. L'un des pieds, celui (jui avait des ramilles quand je
l'RocÈs-VF.nnAîJX. 223
l'avais reçu, souflYit beaucoup de l'égout des branches d'arbres
situés près de lui, et perdit ses feuilles pendant l'iiiver, ce qui ne
doit pas arriver et ce qui n'arriva pas aux deux autres. Néan-
moins la force végétative du Bandjou est telle, que transplanté
au printemps de l'année dernière dans un endroit bien décou-
vert, il a bientôt réparé ses pertes. Un second pied, attaqué par
les Lièvres au moment où ses rejets conmiencérent à sortir de
terre, se vit arrêté dans sa croissance et n'a encore atteint, de
même que celui qui avait perdu ses feuilles, que sept à huit
pieds de hauteur. Quant au troisième, mieux garanti de la
dent des rongeurs et mieux placé que les autres (quoique à
l'air libre et nullement contre un mur), il m'a donné jusqu'à
dix rejets à la fois, et ces rejets se sont élevés jusqu'à douze
pieds de haut. Le Bambou comestible de la Chine me paraît
tout à fait acclimaté sous la zone de Paris. Il y a déjà supporté,
sans en soutTrir le moins du monde, 9 degrés de froid, sans
autre couverture qu'un peu de balle d'avoine mise par pré-
caution sur le pied, précaution qui me semble maintenant
inutile. Cet arbre à feuilles persistantes est destiné à embeUir
les jardins. Nous espérons savoir cette année ce qu'on peut
en tirer comme plante alimentaire, et nous aurons l'honneur
d'informer la Société de ce que nous aurons appris à ce sujet.
— M. le professeur J. Cloquet dit que les Bambous qu'il
cultive à Lamalgue végètent très bien, et qu'il a obtenu des
boutures en ayant soin de prendre des nœuds âgés de trois ans.
— M. Hébert, qui cultive aussi des Bambous dans le dépar-
tement de l'Aube, dit qu'ils y poussent très bien, et ont bien
passé l'hiver, en étant à peine protégés du froid par un capu-
chon de paille.
SÉANCE DU 10 avril I860.
Présitiencc de M. Moquin-Tanuon, vice -président.
Le procès-verbal est lu et adopté.
— Le Président proclame les noms des membres nouvelle-
ment admis :
m\. Beutin (A.), pro;;rictaire, à Igny (Seine el-Oise), et à Paris.
La (îrÉnoNMiNRE (le vicomte de), sénateur, à Paiis.
224 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
MM. Le Lion (d'Amiens), inspecteur des éludes, à rinstilution
Sainte-Barbe, à Paris.
LoRioL, directeur de l'école préparatoire à la marine, à
Paris.
Trottemant, propriétaire, à Mousseaux, prés de Draveil
(Seine-et-Oise), et à Paris.
— Une lettre de S. Exe. le Ministre des affaires étrangères
annonce que S. Exe. le Ministre de l'agriculture vient d'ac-
corder à la Société une allocation de 1500 francs pour 1803.
— Des remercîments pour leur récente admission sont
adressés par MM. Cerruti, Kiumine, Dupont, Bisson, de Mello
Cardoso.
— MM. Michel Issakof, Philippe et Gauldrée-Boilleau adres-
sent leurs remercîments pour les récompenses qui leur ont
été décernées par la Société dans sa séance du 10 février.
— M. de la Roquette fait hommage d'une Notice qu'il vient
de publier sur la vie et les travaux de notre regretté con-
frère M. Jomard.
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères annonce que
sur sa demande, S. Exe. le Ministre de la marine a bien voulu
donner les ordres nécessaires pour que les animaux offerts à
la Société par M. Grimblot , vice-consul de France à Pointe-
de-Galles, soient pris à bord du premier navire de la marine
impériale qui relâchera à Ceylan, à son retour des mers de
Chine en France.
S. Exe. le Ministre des affaires étrangères fait connaître
que l'administration des services maritimes des Messageries
impériales vient de donner également des ordres à ses agents
pour que l'embarquement de ces animaux s'effectue, s'il y a
lieu, dans les meilleures conditions possibles, et accorde une
réduction de 30 pour 100 sur le fret.
— M. le secrétaire de la Société d'acclimatation de Mel-
bourne annonce l'envoi des premiers numéros des Mémoires
publiés par cette Société.
— M. E. Simon envoie copie d'une lettre et de deux Notices
qu'il vient d'adresser à S. Exe. le Ministre de l'agriculture,
PROCÈS-VERBAUX. ... 225
sur le Ver à soie du Chêne de Chine, et sur l'exploitation du
Vernis du Japon et de Chine. ....
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet à la
Société les pièces suivantes relatives à des envois de M. Eu-
gène Simon : 1° un Mémoire sur les bêtes à laine en Chine ;
2° une liste détaillée de graines et de plantes de Kouy-tcheou
et du Su-tchuen.
— S. Exe. le Ministre d'agriculture adresse à la Société une
caisse de cocons de Vers à soie du Chêne {Bombyx Pernyi)
expédiés de Chine par M. E. Simon, qui les avait reçus de
Mgr Faurie, évêque d'ApoUonie, vicaire apostolique du Kouy-
tcheou.
M. Hébert fait observer que cet envoi, ainsi qu'un précédent,
est arrivé dans des conditions fâcheuses, par suite de la fer-
mentation des cocons dans la caisse.
— M. Simoni, au moment de retourner à Cuba, adresse
une note sur les objets qu'il se propose d'envoyer à la Société.
— M. Graells, délégué à Madrid, donne de nouveaux détails
sur les Lamas, Autruches et Antilopes du parc zoologique
dont il est le directeur. (Voy. au Bulletin.)
— M, Tourniol appelle l'attention de la Société sur l'avan-
tage qu'il y aurait à organiser un établissement d'acclimatation
au camp de rOued-Boutan, dans la plaine du Chélif. Il offre
en même temps ses bienveillants services pour toutes les
expériences que la Société voudrait bien lui confier.
— M. Bouché, de Bois-de-Cené (Vendée), demande, à titre
de cheptel, un lot d'Yaks, de Chèvres d'Angora ou de Lamas.
— M. W. Baird adresse une Notice sur les tentatives de
domestication du Cerf américain faites avec succès par M. Lo-
renzo Stratton, dans l'État de New-York.
— M. Granié (de Toulouse) adresse de nouveaux renseigne-
ments sur l'éducation des Gallinacés.
— M. Sacc, délégué à Barcelone, annonce qu'il a pu se
procurer cinq beaux spécimens du Pigeon à moustaches
{Columba m?/5/6'ce<r/,Temm.), et pense qu'il pourra en obtenir
la reprodaclion. (Voy. au Bulletin.)
— M. Dabry, consul de France à Ilang-keou (Chine), annonce
T. X.— Avril 18G3. 16
226 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
qu'il a pu réunir déjà quelques oiseaux pour la Société, entre
autres un Faisan doré très curieux, et qu'il les enverra dès
que ces animaux seront dans de bonnes conditions pour
supporter le voyage.
— M. le professeur Valenciennes adresse une Noie sur les
aquariums, et sur les animaux qui peuvent y figurer avec
avantage. (Voy. au Bulletin.)
— M. Berg, délégué à la Réunion, et M. Manès, écrivent
pour insister sur l'intérêt que présenteraient l'empoissonne-
ment des eaux de cette colonie et l'introduction d'oiseaux
insectivores pour détruire les insectes ennemis de la Canne.
— M. Hardy, directeur du Jardin d'acclimatation d'Alger,
annonce qu'il est, dès à présent, en mesure de recevoir les
Gouramis que la Société voudra bien lui conlier.
— M. Sicard adresse un Rapport sur ses expériences de
pisciculture de cette année.
— M. Ricard fait connaître qu'il a appris d'un pêcheur, que
dans la baie du Tamaris, il existe depuis longtemps déjà des
Eponges qui y croissent naturellement.
M. Lamiral fait observer que l'existence d'Épongés sur
les côtes de Provence est, en effet, reconnue depuis longtemps,
mais que ces Éponges n'ont pas les qualités qui font rechercher
celles de Syrie.
Notre collègue ajoute qu'elles pourraient cependant être
ulihsées, soit au filtrage des liquides ou pour former une pâte
propre à faire un carton ou un papier, ou cardées et feutrées
pour produire une matière presque incarruptible et insecti-
fuge, qui serait employée à garnir des sommiers, des sièges,
des coussins, etc.
11 signale en outre un nouvel emploi thérapeutique de
l'Éponge dans les hôpitaux de Lyon.
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet une
lettre de M. Gauldrée-Boilleau, et une caisse de cocons de
Vers à soie du Canada, adressée par notre dévoué confrère.
— M. A. Yinson adresse un Mémoire sur le Ver à soie de
Madagascar, ou Ver à soie à^V Ambrevade {Borocera Cajani).
— S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet une
PROCÈS-VERBAUX. 227
demande de S. Exe. le maréchal Vaillant, qui désire obtenir
quelques œufs du Ver à soie Ya-ma-maïy et une demande
semblable de M. Prafz,
— M. Sacc, délégué à Barcelone, annonce qu'il a obtenu plu-
sieurs éclosions de Vers à soie Ya-ma-maï^Qi que ses chenilles
sont très vigoureuses.
— M. Fùlsch adresse ses remercîments pour l'appui que
M. le Président a bien voulu donner à M. Teissonnière pour
faciliter son voyage séricicole dans le Caucase.
— M. Baumgarlner adresse ses remercîments pour les
graines de Bombyx Ya-tna-maï qu'il a reçues, et donne quel-
quesdétails suruneéducationautomnale àa Bombyx CyiUhiciy
qu'il a nourris avec des feuilles ^'Ileracleum.
— M. Hardy annonce que ses éclosions de Bombyx Ya-ma-
mai vont bien, quoique lentement.
— MM. Chavanncs etMaumenet offrent leurs remercîments
des graines de Bombyx qu'ils ont reçues.
— MM. LerebouUct et Foulon adressent des rapports sur des
éducations de Vers à soie.
— M.Léo d'Ounous envoie une Notice sur plusieurs arbres
exotiques cultivés par lui dans le sud-ouest.
— xM. Lagougine, lieutenant de vaisseau, offre des échan-
tillons de diverses espèces de végétaux d'Australie qu'il a
rapportés de Sydney.
— M. Vilmorin-Andrieux fait don de graines de Rhus suq-
cedanea du Japon, qui fournit une cire végétale estimée.
- — M. le capitaine Poulain adresse un Mémoire sur la pror
duction du Coton dans nos colonies.
— M. le baron Anca fait parvenir une Note sur la culture
du Coton en Sicile.
— M. Chagot aîné, notre généreux confrère, fait hommage
à la Société de graines de Colon Louisiane et de Mais pour être
distribuées aux personnes qui en feront la demande.
— S. Exe. le Minisire des afl'aires étrangères transmet un
Mémoire de M. Godet de la Uibouillerie sur la culture en grand
du Chou brancha dans les Dcux-Sôvres.
228 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
— Diverses demandes de graines sont adressées par plu-
sieurs membres.
— Il est déposé sur le bureau, de la part de M. Debains,
secréliire de l'ambassade de France à Vienne, un nouveau
compte rendu du journal Zuologischer Garten in Franhfurt.
— M. Millet donne lecture d'un Mémoire sur le Saumon
des fleuves et sur le Saumon des étangs.
— M. Gillet de Grandmont répond à cette communication
par la lecture d'un travail intitulé : Be la propagation du
Saumon.
Dans la première partie, notre confrère fait connaître
l'augmentation considérable des revenus des pêcheries à Sau-
mon de la Grande-Bretagne, depuis la création des établisse-
ments de pisciculture. Dans la deuxième partie, il indique
quels seraient, suivant lui, les avantages que l'on pourrait
retirer de l'éducation du Saumon dans les eaux douces ; il
rapporte les résultats déjà obtenus dans de semblables condi-
tions, et il demande que nos zélés confrères veuillent bien
poursuivre leurs expériences. Enfin, il termine en remerciant
l'établissement d'Huningue de la généreuse initiative qu'il
prend dans tous ces travaux.
— M. Lecoq, délégué de la Société à Clermont-Ferrand,
présente un Saumon provenant du lac Pavin, et donne quel-
ques renseignements sur les succès des travaux de pisciculture
entrepris dans ce lac.
— M. Gaulthier présente des spécimens de ses cultures
d'Asperges et de Pommes de terre, et dépose une note sur les
procédés qu'il emploie.
Le Secrétaire des séances,
L. SOUBEIRAN.
III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Knvoi d'une collection «IMinintaiix vivants ilo Ccjian.
Lettre adressée par S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, président, aux
membres du Conseil de la Société.
Tari?, le 2-2 mars 18G3.
Messieurs et chers collègues,
M. Orimblot, vice-coiisiil de France à Pointc-ile-Callcs, m'ayant annoncé qu'il
tenait à ma disposition une collection d'animaux et d'oiseaux vivants de Ceyian,
destinée à la Société d'acclimatation, je m'étais empressé d'écrire à Son Exe.
M. le Ministre de la marine et des colonies pour lui demander d'autoriser l'em-
barquement de cette collection sur un navire de l'État.
Ainsi que vous le verrez par la réponse de mon collègue, que j'ai l'honneur de
vous transmettre ci-joint, M. le comte de Chasseloup-Laubat a bien voulu donner
les ordres nécessaires pour que les animaux et oiseaux dont il s'agit soient pris
à bord du premier bâtiment de la marine impériale qui relâchera à Ceyian, à
ïon retour des mers de Chine en France.
Recevez, messieurs et cliers Collègues, etc. DroL'YN ue Lhuys.
Lettre adressée par S. Exe. M. le Ministre de la marine à M. Drouyn
DE Lhuys, ministre des affaires étrangères.
P.iris, le 17 mars 1863.
Monsieur le Ministre et cher collègue.
J'ai reçu la If^ttre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, le 1 1 de ce
mois, au sujet de la collection d'animaux et d'oiseaux vivants que M. le vice-
consul de France à l'ointe-dc-Galles a réunis et destinés à la Société impériale
zoologique d'acclimatation.
Suivant le désir exprimé par Votre Excellence, je donne les ordres nécessaires
pour que ces animaux soient embarqués sur le premier bâtiment de la marine
impériale, venant des mers de Chine, qui relâchera à Ceyian en se rendant à Suez,
ou qui effectuera son retour directement en France.
Agréez, monsieur le Ministre et cher collègue, etc.
Ch. Ch.asseloup-Laubat.
Lettre adressée par S. Exe. M. Drodyn de Lhuys, président, aux membres
du Conseil de la Société.
Paris, le 26 m;irs 1862.
Messieurs et chers collègues.
L'administration des services maritimes des Messageries impériales, à qui
j'avais écrit au sujet d'un transport d'animaux et d'oiseaux rares que M. Orim-
blot, vice-consul de France à Pointe-de-Galles, se propose d'envoyer à la
Société d'acclimatation, vient de m'informer qu'elle va donner à ses agents les
instructions nécessaires pour que cet embarquement s'effectue dans les meilleures
coiuiitions possibles.
Conformément à l'article 35 de son cahier des charges, la Compagnie appliquera
à ce transport la réduction de 30 pour 100 stipulée eu faveur du gouverne-
ment.
Recevez, messieurs et chers collègues, etc. Signé Drouyn de Lhuys.
230 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Sut le Coluniba mystacra.
Lettre adressée par M. Sacc à M. le Président de la Société impériale
d'acclimatation,
Barcelone, le 24 mars 1SG3.
Monsieur le Président,
J'ai liâle de vous annoncer deux bonnes nouvelles. La première, c'est que le
19 courant, il m'est cclos deux œufs de Ver à soie Ya-ma-maï, et que les che-
nilles qui en proviennent sont pleines de vigueur et mangent a\co aiipclil les
jeunes feuilles, toutes velues qu'elles sont, du Chêne rouvre.
La seconde, c'est qu'un heureux hasard vient de me meUre eulre les mains
cinq superbes exemplaires du beau Pigeon à moustaches (Columha myslacea)
décrit par Temminck, à la page 75 de son Traité des l'igeons. Conmie ces
oiseaux sont très forts et très privés, je ne doute pas qu'ils ne puissent se
reproduire aisément. Cet oiseau est un des plus brillants qu'on puisse voir. Tout
le dessus du corps est roux vif avec des reflets violets et vert dore ; la tète, exces-
sivement allongée, est couverte d'une calotte vert foncé à reflets violets ; la poi-
trine et le ventre sont d'un lilas gris très clair, cl une large moustache blan-
che s'étend de la colnmissure du bec, en arrière, jusqu'à la nuque. Le bec et
les pieds sont rose vif; l'iris est orange. La taille, ramassée comme celle de la
Tourterelle sauvage, est environ d'un quart plus grande ; quant à la voix, je ne
l'ai pas entendue : ces oiseaux n'ont fait entendre jusqu'ici qu'un grou-grou
guttural identique avec celui des Pigeons qu'on dérange dans le nid, pendant
l'incubation. J'ignore si cette charmante espèce s'est répandue depuis Temminck ;
mais le célèbre zoologiste n'en avait vu qu'un seul, et encore en peau; il
supposait que le Pigeon à moustaches venait d'Amérique: il ne s'est pas trompé,
puisque les miens viennent de la Havane, où ils avaient été apportés de l'inté-
rieur de l'île.
Veuillez agréer, etc. Sacc.
(lîur la Ithuljarbc du Thibct.
Lettre adressée par M(jr Chauveau a M. le Président de la Société
impériale d'acclimatation.
Vaiinau, lé 3 septonibrc 1862.
Monsieur le Président,
En 1856, un marchand anglais qui rendait aux missions catholiques les services
les plus empressés, me lit demander par le, P. Albana , religieux piémontais,
résidant à Amarapoora depuis plus de vingt ans, s'il 'me serait possible, vu ma
position si rapprochée du Thibet, de lui i)rocurcr quelques plants vivants de
Rhubarbe. Je m'estimai très heureux de faire plaisir une fois à un houuue qui
saisissait toutes les occasions de nous en faire. J'envoyai un Chinois et un ancien
lama thibétain, alors chrétien, à mon service, à dix journées environ de chemin,
quérir celte plante précieuse. C'était au commencement de mai. (^)uand ils arri-
vèrent au pied de la première montagne qui produit la Uluibarbi', ils apprirent
qu'elle était fermée, c'est-à-dire que les lamas étaient venus, comme tous les
ans à la même époque, prononcer les plus terribles imprécations contre qui-
conque oserait gravir la montagne avant le mois d'octobre, seul moyen de con-
server la Rhubarbe chez ces populations cupides, mais très superstitieuses. Mes
deux envoyés, ne partageant pas ces appréhensions, se glissèrent dans la mon-
tagne et en revenaient avec une cinquantaine de plants magnifiques. Malheureu-
sement, ils furent aperçus, poursuivis, arrêtés, cruellement frappés et con-
FAITS DIVERS. 2E1
damnés à morl. Un Chinois les sauva, et ils m'arrivèrent un peu déconfils de
leur mésaventure, et néanmoins assez salisfails de leur expédition, parce qu'ils
avaient pu me rapporter six jeunes plants, d'assez mauvaise apparence. Isous
les plantâmes dans mon jardin, en terre fort commune, température à peu près
égale à celle de Paris. Au milieu d'août, ces jilanls étaient de toute beauté, ils
avaient grossi de moitié ; les feuilles, d'un vert clair, avaient de 60 à 70 centi-
mètres de longueur. Plus lard, le 1/i septembre, la révolution, je veux dire la
révolte malioniélane éclata: je fus obligé de fuir; ma maison fut envahie, le jar-
din servit pendant dix jours d'étable aux bœufs et aux chevaux. Quand je revins,
de mes Jjeaux i^lants de Ithubarbe il ne restait même pas la racine.
J'ai écrit ce qui précède, messieurs, à roccasion d'une lettre que vous avez
bien voulu adresser à M. Fage et à moi, par l'entremise de M. Albrand, supé-
rieur de notre séminaire, lettre datée du 17 mars 1860, et dont j'ai cru devoir
vous remercier, parce que j'ai parfaite conscience de ne pas mériter les expres-
sions de reconnaissance et d'estime que vous nous prodiguez par pure bienveil-
lance. J'ai conclu de ce que j'ai vu moi-même que la Pihubarbe est une plante
vivace qui pourrait s'acclimater partout; quant à son utilité, on ne la conteste
pas. J'ai voulu vous demander si cette plante existe en France, et quel serait le
moyen de l'expédier le plus sûr, s'il plaît à Dieu de rendre la paix à nos mal-
heureux pays.
Je saisis avec empressement l'occasion qui se présente de renouveler mes
offres de service, si petits qu'ils soient, et l'assurance de la haute et respec-
tueuse considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc.
Signé -j- Joseph-Marie Ch.M'VEAU,
ICv. de Sébasiopolis, coadj.
Envoi de Cocon» Tivnnfs de Bosnbjx Pernyi, Ver à soie
sauvage du Cliène de Chine.
Lettre adressée par M. Eug. Simon à M. le Président de la Société
impériale d'acclimatation.
Péhis, le IS novembre 1862.
Permettez-moi, monsieur le Président, de profiter de cette occasion pour
vous annoncer le départ, par la malle du 7 déc'enibre, de Chang-haï, d'une
caisse contenant 15 à 20 kilogrammes de cocons vivants du Ver à soie du
Chêne de Chine, 5 ou 9 kilogrammes de cocons vivants du Ver à soie de l'Ai-
lante et quelques feuilles de graine de Ver à soie du Mûrier de la province de
Ciiantong, dont la race jaune et très rustique m'a paru mériter d'être étudiée au
point de vue de la régénération des races françaises.
Le Ver à soie du Chêne de Chine ressemble beaucoup, quant au cocon, à
celui du Chêne de l'Inde, dont j'ai eu l'occasion de voir un échantillon à Chang-
hai il y a quelques mois, mais il est bien ditlëient du cocon du Ya-ma-maï du
Japon. 11 se reproduit plusieurs fois dans le courant de l'été, et ce n'est que
vers le mois d'octobre qu'il cesse de se reproduire, et que sa chrysalide prolonge
son sommeil jusqu'au printemps. Il est cultivé en Chine, dans les provinces de
Ciiantong et du Ho-nan, et surtout dans celle du Kouy-tclieou, qui produit jikis
de 40 000 balles de soie de cette espèce de Bombyx. Il ne peut se dévider
qu'après avoir subi, pendant une heure, un bain de lessive de cendre. Quant au
Ya-ma-maï dont j'ai annoncé un nouvel envoi à la Société, j'espère qu'elle en
est maintenant en possession. M. le docteur Pompe, qui m'a annoncé son
départ de Nagasaki pour la France, il y a environ deux mois, me dit qu'il se
charge d'en remettre lui-même les graines à Son Excellence M. le Ministre et
à la Société.
Veuillez agréer, monsieur le Président, etc. Eug. Simon.
I?. CHRONIQUE.
iSociété d'acclimatation de la Réunion.
La Sociétt! d'acclimatalion et d'histoire naturelle de l'île de la Réunion,
fondée à Saint-Denis, le 18 septembre 18G1>, \ient de publier le premier
numéro (janvier 1863) de son Biillclin.
A la suite des actes constitutifs, dos règlements, de l'organisation du
bureau, du comité, des délégués et des commissions spéciales de notre nou-
velle Société coloniale afliliée, ce numéro contient d'abord une intéressante
notice de MM. les docteurs ( li. Coquerel et Aug. Yinson sur les Vers à soie
de Madagascar, qui pourraient être acclimalés à l'île de la Uéunion , et
particulièrement sur le Bombyx Radama et le Borocera Cajani, dont il
donne la figure sous ses trois formes de papillon, de cbenille et de cocon.
On y trouve ensuite l'énoncé succinct du but que se propose la Société de
la Uéunion, par M. le docteur Bin-g, secrétaire génér.il, qui fait remarquer
combien noire colonie, par réchellc de température qu'ollrent ses dillé-
rcntes altitudes, se prête admirablement à l'ieuvre de l'acclimatation, et
connnent elle est parfaitement .située pour faciliter les échanges de produits
naturels utiles entre la France, l'Inde, l'Australie, Madagascar et le Cap.
Ce numéro renferme en outre les procès-verbaux des séances de la
Société et des Extraits du Bulletin de la Société iiapériale d'accliinatation,
sur les Vers à soie sauvages et domestiques, les plantes à sucre, la race
ovine Ong-ti et l'utilité des oiseaux insectivores. (II.)
Des diverses cultures en Egypte,
par M. ViENNOT.
D'après des estimations faites par des personnes qui ont parcouru
l'Egypte, et qui, tant par des relevés statistiques que par une longue suite
d'opérations connnerciales avec ce pays, ont pu le mieux apprécier sa situa-
tion agricole, on admet généralement que, pour une population de /i mil-
lions à !i millions et demi d'habitants, il possède environ /i millions et
demi de feddaus de terres cultivées (soit près de 2 millions d'hectares, le
feddan équivalant à /lO ares 83 centiares). L'espace cultivable est suscep-
tible d'une extension qui n'a d'autres limites que la mesure dans laquelle
on peut faire reculer les sables du désert devant les eaux fertilisantes du
INil. Aussi l'Egypte ancienne comptait-elle plus de 10 millions de feddans
mis en culture, à une époque où le chiffre de la population paraît avoir été
également de 10 millions d'habitants.
Les productions agricoles de cette contrée comprennent, par ordre tl'im-
portance : le Coton, les Céréales (Blé, Dour.ih, Fèves, Orge, Lentilles, Riz,
Maïsj, le Sucre, le Lin et le Sésame, l'Opium, le Séné, le Café, divers
CHRONIQUE. 233
fruils (Dalles, Oranges, l'aslèques) cl légumes, ol les fourrages et herbes
employés à la uourrilurc des bestiaux.
La récolte du Coton, favorisée par la guerre des États-Unis, prend cha-
que année des proportions plus considérables. En 1861, elle était de
700 000 quintaux, valant en moyenne de GO à 80 francs. En 1862, elle était
de 1 300 000 quintaux, d'une valeur ordinaire de 150 à L»00 francs, mais
qui, dans cerlains moments de grande animation du marché de Liverpool,
ont atteint de 190 à 2/i() francs, suivant la qualité. On croit que le Coton semé
cette année produira 2 millions de quintaux. Jadis le Cotonnier ne se culti-
vait que dans la basse Egypte, mais les essais faits par ordre du prince
fsmaïl-pacha (aujourd'hui vice-roi) dans ses propriétés de la haute Egypte,
ont prouvé (pie la plan;o y donne non -seulement une égale quanlité en
rendement, mais que la qualité de la fibre est supérieure.
La culture des Céréales tend aussi à se développer : en 1862, on en a
exporté 3 millions iVardebs (soif 5 millions d'hectolitres, Vardeb équivalant
à 18/i litres) ; celle du Lin, du Sésame, du l'.iz, étant peu profitable, diminue ;
on cherche à approprier au Cotonnier les terres précédemment alfcctécs
au Riz.
L'Egypte, qui a produit, en 1862, 70 0O0 quintaux do sucre, mais qui en
importait encore 15 000 quintaux, tirés principalement de la iM-ance, paraît
devoir bientôt suffire à sa propre consommation, et être en mesure de
vendre au dehors un large excédant. Les grands producteurs de cette denrée
sont fsmaïl- pacha, son frère Mustapha-f'acha, et les héritiers d'Achmet-
pacha, qui s'est noyé il y a quelques années.
On a renoncé à cultiver le Café et l'Indigo, dont le prix n'était plus assez
rémunérateur; en revanche Téducalion des Vers à soie est en faveur, et le
Mûrier se mulliplie à vue d'œil dans la basse Egypte.
La concurrence que l'Opium de Turquie, bien supérieur en qualité, oppose
au produit égyptien analogue, sur les marchés de l'Europe, a fait abandonner
aussi la culture du l'avot. Celle du Séné varie en raison des quantités plus
ou moins abondantes que l'Inde verse sur les mêmes marchés.
Jusqu'à l'année 1861, le total des exportations de l'Egypte ne dépassait
pas 150 millions de francs. On l'évalue pour 1862, vu le haut prix des
cotons, à 250 millions, et, en supposant que ce prix reste le même en 1863,
on pense que ce total pourra atteindre 350 millions. Les quatre cinquièmes
des exportations ont pour destination l'Autriche et l'vVngleterre.
Compte rendu du journal Le JaRDIN ZOOLOGIQUE DE FRANCFORT,
par II. Debains.
Le savant directeur du journal le Jardin zoologique, le docteur Wein-
land (de Francfort), commence dans le numéro de janvier une série d'études
pleiuos d'intérêt sur les espèces d'animaux et d'oiseaux qui ont disparu de
la surface du globe, il émet l'espoir que les jardins zoulogiques contri-
23/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQI'E i/aCCLIMATATION.
bucront h nous conserver quelques belles espèces qui menacent de dis-
paraître.
Le docteur Jaeger consacre dgalenieni une série d'articles à la psycho-
logie des animaux.
On mande de Hongrie que les Faucons à pattes rouges [Falco riifipes) y
sont très communs. C'est un bel oiseau de volière. Il rendrait des services
aux agriculteurs, car il mange beaucoup d'insectes.
Février. — Un jardin zoologiquc va être ouvert ù Munich. Il sera placé
sous la direction scientifique du docteur Filzingcr.
On mande de Slutlgard qu'un hôtelier, M. Werner, a réussi à y obtenir
en captivité la reproduction de la Cigogne commune (Ciconia alla), ce bel
oiseau si sottement persécuté en France. Ce difficile résultat n'a été obtenu
qu'après de grands eiïorts. La Grue cendrée {Ardea cinerea) est beaucoup
plus facile à élever.
On recommande aux agriculteurs un excellent livre ôo M. li. Veltcl sur
l'élève des Poules {Die praklische UUhncrzitch!, (Jùrlitz, ('«emcrsclie Bucli-
handlung, 1863, in-8°). Ou y trouvera notamment de précieuses indications
sur les maladies des Poules.
Mars. — Le directeur du jardin zoologique de Dresde envoie une notice
détaillée sur les naissances dans cet établissement. Contrairement aux
expériences qui ont été faites dans d'autres jardins, il a remarqué que les
individus du genre Chevreuil s'accommodaient très bien pour leur nourriture
habituelle de bonnes Pounnes de terre.
En quinze mois une femelle de l'espèce des Cochons à masque a mis bas
quarante-cinq petits.
Le docteur lleyncmann écrit qu'il a reçu de l'intérieur de la Turquie une
paire d'admirables Pigeons blancs à queue bleu clair. Cette variété lui paraît
inconnue jusqu'à ce jour.
Le docteur Bodinus, l'habile directeur du jardin zoologique de Cologne (1),
donne d'intéressants détails sur les progrès de cet établi.ssemciit. Il attribue
les tubercules qui causent la mort de tant d'oiseaux à une nourriture trop
abondante pour l'étal de captivité. 11 a réussi à élever seize Cygnes noirs.
(1 ) Grâfc à la rnpidilc et ;i la facililé dos coninnuiicalioiis ciilrc Cii1o£;iic cl Paris, je prends la
libcrié de faire remarquer combien les échanges feraicnl faciles cnire les jardins de ces deux
\illcs.
OUVRAGES OFFERTE A LA SOCI^:TÉ.
SÉANCE DU 9 JANVIER 18G3.
Biilleliii de la Société centrale d'agriculture et d'acclimalalion des Basscs-AIpcs,
2« semestre, 1862.
Annuaire pour 4 863, de la Société d'horticulture et d'acclimalalion du départe-
ment de Tarn-el-Garonne, 3'' année. »
AccUmalhalion Society nf Grcat Brilain, Ireland, and the Colonies, second
aiinua! Report, 1862.
Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et commerce du Puy, t. XXlIt,
■1860.
Mémoires de la Société académique de Maine-el-Loire, XI'' et Xll' volumes, 1862.
Annales dl^ la Société d'Iiorlicullure et de botanique de l'Héraull, t. II, n" à,
décembre 1862.
Société genevoise d'utilité publique, .5'' année, à'' trimestre, 18C2.
Eyercilazioni deU'Accadcmia agraria di l'esaro, li'\ ■12'' et \'.-V- années.
Rapports dcsnicnibrcs de la section française dn jury international sur l'ensemble
de l'Exposition universelle de Londres de 1862, six volumes grand in-8.
Catalogue officiel de la section française publié par ordre de la Commission spé-
ciale.
International exhibition, 1862. — Jarij directory.
— — Induslrial Dritish Catalogue.
— — Indusirial Foreign Catalogue.
L'Autriche à l'Exposition internationale de 1862.
Royaume d'Italie, catalogue officiel de son exposition.
Ces sept derniers documents ont été offerts à la Société par M. le docteur Jui.ES
Cloquet.
Notices pomologiques, description des poiriers, 24'' et 25^ livraisons, par M. J. de
LiRON d'Airoies, offert par l'auteur.
Notice sur l'Ailanlc glanduleux et sa culture, par M. A. Dupuis.
Observations faites à llarcourt en 1860 et 1861, sur les arbres qui ont souffert
et sur ceux qui ont résisté pendant l'hiver de 1859 et 1860, par M. PÉPIN.
Offert par l'auteur.
Dernières explorations en Australie, par M. E. Cortambert. Offert par l'auteur.
Aperçu tiiéorique de la géographie géognostique de l'Afrique centrale, par M. le
professeur I''iGAr,i-i!i-:Y. Olfert par l'auteur.
Les Yignes de la Nord-Amérique, par M. E.Durand, de l'Académie des sciences
naturelles de Philadelphie, mémoire précédé d'une introduction par M. Ch. des
Moulins, Bordeaux, 1862.
Revue britannique, nouvelle série, 2' année, n" 12, décembre 1862.
Di alcuni recenti progressi dette ^cienzc flnche e délie loro applicazioni, par M. le
professeur Baruffi, Turin, 1862. Offert par l'auteur.
Assemblée générale de l'institut de charité fondé à Saverdun (Ariége), i862.
Offert par M. Léo d'OuNOUS.
V. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION.
I. — Mars est le mois des brusques cliangcments atmosph(îiiques, le mois
des giboulées. Minimun de la température -j- 3", maximum -f- ^5".
II. Reproductions. — La ponte des Oiseaux se fait lentement, elle n'a
encore donné que 1640 œufs. Celle des Canards et des Oies est à peine
commencée; celle des Poules n'est pas encore établie régulièrement: ce sont
toujours les espèces asiatiques qui sont en avance et les indigènes les plus
tardives. Une femelle de Casoar, du 18 janvier au 25 mars, a pondu seize oeufs
çù et là dans son parc; ces œufs ont été ramassés et réunis dans la cabane
couverte attenante au parc de ces grands Écbassiers. Après le huitième, le
mâle a commencé à s'en occuper, il les couve en fléchissant les jambes et en
se plaçant dessus et les ramassant sons lui avec son bec, mais il est très dé-
fiant et abandonne les œufs au moindre bruit.
La jeune Autruche femelle donnée par le jardin zoologiquc de Marseille,
où elle est née, a pondu son premier œuf le 25 mars.
Tous les Oiseaux sont généralement beaux à voir en ce moment. Les
plumes de l'Outarde mâle ont une vivacité qui rivalise avec l'éclat du plu-
mage des Oiseaux des contrées tropicales. On ne le voit point cependant
cocher sa femelle, non plus que les Faisans mâles, qui ont la pièce écarlale
du pourtour de l'œil plus prononcée que jamais, veloutée et rutilante. Il
paraît qu'il en est de même de tous les animaux sauvages, ils aiment le mys-
tère dans l'amour. *
III. Naissances. — II est né de l'Antilope nilgaut deux petits : c'est sa
troisième portée. Un Mouflon à manchettes a été tué par son père le troi-
sième jour après sa naissance. C'est la seconde fuis qu'un pareil accident
arrive au Jardin ; il importe donc de .séparer le mâle en pareil cas et de ne
laisser le petit qu'avec la femelle. Une Biche axis, un Agneau race Morvan,
un race de Hongrie, un de la Brebis RomanolT, une Brebis Ong-ti mort-née.
Cette portée d'un seul petit, d'une race qu'on dit être si féconde en Chine,
s'explique peut-être par le jeune âge de la mère et du père, qui avaient à
peine onze mois et qu'on ne supposait pas devoir produire si promptement.
La femelle Moullonne qui a perdu son petit au commencement du mois a
déjà repris le mâle. Voici les animaux que nous avons en ce moment en
état de gestation : une Biche Aristote, une Biche rusa, une Axis, une Anti-
lope nilgaut, une INIouflonne, 2 Ouanacos, 3 Lamas, un Yak, un métis Yak,
2 Chèvres du Sénégal et d'f-lgypte, un Zébu nain, une Ilémione, une Jument
hollandaise et diverses Brebis et Chiennes.
IV. Mortalité. — Elle a été considérable , surtout parmi les volatiles,
12 Coqs et 2S Poules de diverses races. La I-'léchoise a paru plus particu-
lièrement frappée. Les animaux de celte race qui ont succombé ne parais-
saient point malades, ou du moins ils n'attirèrent l'attention du gardien par
aucun signe de maladie; ils étaient la veille, dit-il, gais et bien portants, et
le lendemain matin il les ramassait morts, la crête et les barbillons presque
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN d'aCCLIMATATION. 237
noirs. A l'autopsie, on trouvait des congestions pulmonaires du foie ou du
cerveau ; chez un Coq, le testicule citait très volumineux et pesait âU grammes,
tandis que le poids de ce même organe pesé comparativement, et pris sur
un autre Coq de la même race, pesait un gramme. Dans ce testicule ainsi
hypertropliiiî les conduits éjaculateurs (étaient distendus par la liqueur sper-
matique, dans laquelle on distinguait, au microscope, des animalcules. Un
parquet de Bantams a donné aussi plusieurs morts, mais la mort, chez
eux, avait été précédée d'une maladie hien visible. A l'cxanien anatomique,
' on trouva des tubercules dans différents organes, et chez un jeune Coq de cette
race, une occlusion intestinale déterminée par une niasse de matière jau-
nâtre évidemment de cette nature, placée sur le cœur, avec dilatation de la
partie supérieure de rintcstin.
A ces pertes il faut ajouter 33 oiseaux de volière, dont 5 Colins, 6 Fai-
sans, 1 l'aon spicifère, 2 Hoccos, 4 Tourterelles ortolans de la Guadeloupe ;
et sur la rivière une Cigogne noire, un Canard mandarin, un Canard de la
Caroline, un Labrador, et un assez grand nombre de Canards sauvages
(Millouins, siffleurs, Garols, Sarcelles, etc.). C'est l'époque où nous faisons
provision de ces oiseaux, et celte mortalité peut être attribuée à la nostalgie
résultant du passage de la vie sauvage à la captivité. Chez quelques-uns, dont
l'examen anatomique a pu être fait, on a trouvé des vers de diflérentes sortes,
ténias, ascarides, distomes, dont plusieurs avaient perforé la membrane
muqueuse de l'intestin et s'étaient logés sous la tunique externe.
V. Dons. — Deux Pintades à joues bleues, de M. Ferdinand de Lesseps;
un Chien et une Chienne du Saint-Bernard, de M. Adolphe d'Eichthal.
VI. — VAqnarium présente toujours une riche collection de Mollusques,
Crustacés et Zoophytes. Parmi eux on distingue les Oursins ou liérissons
de mer ; les Étoiles, si bien nommées à cause de leur forme, et qui, en venant
s'appliquer sur la paroi de verre faisant face aux visiteurs, permettent d'obser-
ver le merveilleux mécanisme de leur locomotion si lente, malgré la multitude
de leurs jambes. On \ oit aussi en ce moment trois sortes de Bernard-l'ermite :
1° Le Bernard-l'ermite commun, appelé Crabe soldat {Pagurus Bernhur-
ihis), parce qu'il se tient dans sa coquille comme dans une guérite.
2» Le Bernard-l'Ermite {Pagurus Prideauxi), que l'on reconnaît à ses
pattes violettes couvertes de poils ; c'est sur les coquilles qu'il habite que
s'attache l'Anémone parasite (Adamsia palliata).
3° Les Bernard -l'ermite de la Méditerranée, envoyés de Toulon par
M. Élie Margollé, sont plus petits que ceux de l'Océan ; ils sont d'une couleur
rouge-brique et occupent aussi des coquilles tout à fait différentes de celles
qu'habitent ces derniers.
L'Aquarium a reçu d'IIuningue 1500 œufs de Truite saumonée, et il a
été donné à plusieurs membres de la Société, MM. Wallut, Millet et Gillel
de Grandmont, plus de GOOO jeunes Truites, Saumons, Ombres-chevaliers,
à l'état d'alevin obtenu dans nos appareils de pisciculture, et dont le plus
grand nombre est destiné à peupler les eaux du Vésinet.
238 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION,
VII. Jardin. — La tempéialure a été en moyenne de -]- 2 degrés à six
heures du malin, et de -\-\\ dej^rés après midi.
Cette température, jointe à une [grande sécheresse, a continué à retarder
le mouvement ascensionnel de la sève, qui se trouve maintenant plutôt en
retard qu'on avance sur les années ordinaires. Néanmoins presque tous les
arbustes et la plupart des arbres ont commencé à végéter, et les abris ont
pu être enlevés aux végétaux que Ton garantit l'iiiver.
Les fleurs sont encore très rares. Elles se bornent, pour les massifs, aux
Forsythia, Chamaecerasus , Mahonia, Groseilliers sanguins, Cerisiers à fleurs
doubles. Cognassiers du Japon , Ajoncs à fleurs doubles, Lilas et Pêchers ù
fleurs doubles; ponr les corbeilles, aux Pensées, Giroflées jaunes, Corbeilles
d'argent. Pâquerettes et Violettes. Dans quelques jours le Jardin aura com-
plété sa toilette printanière. ,
Le Jardin d'expérience a déjà reçu de nouveaux semis, dont une partie
est déjà levée. Sous les châssis, les semis l'aiis en février sont aussi en
grande partie levés. Nous signalerons ici un t'ait qui pourra rendre service
aux personnes qui reçoivent des végétaux. Le Jardin a reçu, le 12 janvier,
un pa(iuct d'arbres et arbustes venant du Canada, dans un si mauvais état,
que nous désespérions d'en sauver un seul. Nous les avons complètement
enfouis dans la teirc (racines et liges) à 10 centimètres de profondeur, et nous
les avons laissés jusqu'au 25 mars, c'est-à-dire plus de soixante et dix jours,
et nous avons été agréablement surpris, en les retirant, de les trouver, non
pas en parfait étal, mais considérablement améliorés ; le bois, de ridé qu'il
était, avait repris sa iVaîcheur, les racines commençaient à émettre de nou-
veaux suçoirs et certaines tiges avaient développé de nouvelles pousses. 11
est donc très probable que nous sauverons une grande partie de cet envoi,
qui contient surtout des essences fruitières.
LesCamellias du Jardin d'hiver ont été dans leur plus grand éclat pendant
tout le mois. Sans entrer dans le détail des variétés, nous dirons cependant
que \cs alba pleiui, iinbricata, ra^/a, Cliandierie élégant, jubilé, reine des
fleurs, Donkclarii, marquise d'Exeler, et surtout le rcliciduta (magnifique
espèce dont les fleurs éclalanles atteignent 20 cenlimèlres de diamètre),
ont été particulièrement remarqués par les nombreux visiteurs. Les lîhodo-
dendronsdu Népaul arrivent à leur plus grande floraison, et seront suivis par
les Azalées de l'Inde, dont plusieurs sont déjà en fleur. Les Primevères de
la Chine, les Cinéraires aux couleurs vives et variées, et les Hedijchiuni,
dont les fruits rouge orangé sont généralement pris pour des fleurs, com-
plètent l'éclat de ce beau Jardin.
Le Jardin a reçu :
1" De M""' Drouyn de Lhuys, une Violette nouvelle de Valence (Espagne).
2' De la Société impériale, venant de !\I. Cloquet, les vaiiélésde Pommes
de terre Lesèble et Cuillaucl.
3" Ue M""^ la marquise de Griujaldi, des graines de CarJère.
Il" De M. Drouyn de Lhuys, une collection de graines.
Le Diredeur du Jardin d'accUmatalion,
llUFZ L)K LaVISOiX.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE CHIENS
AU
JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE.
RÈGLEMENT.
Article 1". — L' l'exposition sera ouverte au public, du dimanche
3 mai 1863, à 9 heures du matin, au dimanche suivant, 10 mai, à 6 heures
du soir.
Elle comprendra les Chiens présentés de toutes les parties du monde, qui
auront été admis par une Commission nommée à cet clïet par les Conseils
d'administration des deux Sociétés.
Art. 'i. — Les cx})Osants devront faire savoir au directeur du Jardin d'ac-
climatation, avant le i" avril 1863, le nombre, le sexe, la race et l'ùgc des
animaux qu'ils se proposeront d'envoyer.
Aucune demande, apri;s cette époque, ne sera admise.
Les Chiens devront être rendus francs de port au Jardin, au plus tard le
30 avril, à 3 heures, munis d'un collier et d'une chaîne de l'",GO au moins,
en bon état, sous peine de ne point être admis.
Les Chiens devront être adressés, par grande vitesse, â M. le directeur du
Jardin d'acclimatation du bois de Boulo!jne,'à Paris. Ceux qui ne seront
pas accompagnés devront être placés dans des caisses ou dans des paniers,
de façon que leur voyage d'aller et de retour puisse se faire sans aucun risque
de perte ni d'accident (l).
Passé le 30 avril, 3 heures, aucun chien ne sera plus reçu.
Tout Chien que la Commission d'admission refuserait de laisser figurer à
l'Exposition sera immédiatement renvoyé au propriétaire et à ses frais.
Les animaux admis ne pourront, sauf le cas de maladie, être retirés avant
la clôture de l'Exposition.
Après la clôture, il est accordé, pour les retirer, un délai de cinq jours.
Ce délai expiré, les Chiens qui n'auraient pas été retirés seront vendus, aux
enchères publiques, par le ministère d'un commissaire-priseur, et le prix de
vente sera tenu à la disposition des propriétaires, défalcation fuite des frais
occasionnés par les animaux pendant leur séjour au Jardin d'acclimalation.
Par exception, les Chiens d'appartement pourront être retirés, chaque
soir, par leurs propriétaires , à la condition de les ramener, chaque jour,
avant 10 heures du matin.
Art. 3. — Les soins et la nourriture des animaux, pondant toute la durée
de leur séjour au Jardin (racclimatation, seront à la charge des exposants.
Pour ceux des exposants qui en feraient la demande, la direction se char-
(1) Les cliomins de fer aiil accorJé une riiJuclioii de moiliû sur le prh de Iraiisport des chiens
placés dans des caisses ou dans drs p.inicrs.
2/iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
géra de ces frais, au prix de 50 centimes par jour pour cliaque chien ; mais
elle ne répondra d'aucune mort ou porte , ni d'aucun accident, quelle qu'en
soit la cause.
Le service des animaux devra êlre terminé, tous les jours, avant 9 heures
du malin.
Art. /4. — Les animaux seront exposés dans des locaux établis des trois
manières suivantes :
1° Les Chiens de luxe et d'appartement (petites Levrettes, Carlins, King-
Charles, Bichons, etc.) seront isolément, dans des compartiments d'un mètre
en tous sens, couverts par une tente, et clos par des planches, excepté sur
le devant, qui sera grillagé.
2° Les meutes et parties de meutes de Chiens courants seront sous des
lentes, dans des enclos de 32 mètres superficiels , où se trouveront des
bancs de chenil élevés au-dessus du sol.
3° Les autres Chiens seront sur des estrades de bois, et attachés selon la
méthode anglaise, de deux en doux mètres, de façon qu'ils ne puissent jamais
s'atteindre, tout en jouissant d'une liberté relative. Ces estrades seront cou-
vertes de teules auxquelles pourront être adaptés des rideaux.
^nr, 5. _ Pour faciliter aux exposants la vente des animaux exposes, la
direction, sur la demande qui lui on sera adressée, fera insérer dans le cata-
logue de l'Exposition le prix demandé par le vendeur.
Les exposants pourront en outre s'entendre avec la direction pour .a vente
et la livraison des animaux exposés, ainsi que pour le recouvrement du
prix de vente.
Après la clôture de l'Exposition, et sur la demande exprimée avant celle
clôture par les exposants, il sera fait, par le ministère d'un commissaire-
priseur, une vente aux enchères des animaux qu'ils désireraient vendre.
^RX. 6. — Une carte d'entrée graluile , exclusivement personnelle, sera
remise à chaque exposant ou à son représentant, par la dircclion du Jardin.
En cas d'abus, cette carte pourra être retirée.
^j^-P 7, __ Des primes en argent, des médailles d'or, d'argent et de bronze,
et des objets d'art, seront décernés comme récompenses, le G mai, sur le
rapport d'un jury nommé par les Conseils d'administration des deux Sociétés.
Les animaux appartenant au Jardin d'acclimatation ne prendront point
part au concours.
Ar.T. 8. — L'organisation et la surveillance de l'Exposition sont placées
sous l'autorité du directeur du Jardin d'acclimatation.
Vente «l'iBii jeiauc TauB'cass ^.«.liii.^ROT.
La vente aux enchères publiques du jeune 'J'aureau Sarlabut olïert par
M. DuTRÔNE au profit des ouvriers cotonniers, qui était annoncée pour le
i [i avril, n'aura lieu qu'en mai prochain, au Jardin d'acclimalalion, en même
temps que celle de plusieurs Chiens provenant de l'Exposition.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
RAPPORT
A LA SOCIÉTK IMPÉRIALE d'aCCI.IMATATION
SUR L'EXPOSITION DES VOLATILES
l'aitc au Jardin (rarrliiiialalion du Imis do liniilnunc, - '
Par M. le doetewr RLFZ DE LAllSOl^tl).
(Séance du I'''' mai ISfiS.)
Messieurs,
La faveur avec laquelle l'exposition universelle des Volatiles
a été accueillie l'année dernière par le public a eni^ai^V' la
Société impériale d'acclimatation à prêter encore cette année
son concours à celle du Jardin pour une exposition semblable,
cl c'est de cette exposition que je viens vous rendre compte.
Elle a eu lieu au Jardin du bois de Boulogne, du dimancbe
12 avril au dimancbe 10. Quelques personnes ont témoigné
leur regret de cette courte durée ((ui l'ait courir à ces utiles
solennités les chances aléatoires des entreprises dont le succès
dépend du bon ou du mauvais temps. Mais il faut prendre en
considération les soull'rances et les dangers auxquels une plus
longue durée exposerait les animaux renfermés dans des cages
étroites dont beaucoup n'ont pas Fbabilude, soumis aux chan-
gements d'une hygiène nouvelle, changements toujours fu-
nestes ettenussans cesse en éveil par la cui'iosiié publique (2).
Cetle année nous avions pu tenir comple des observations
qui nous avaient été faites l'an dernier, et prendre quelques
dispositions meilleures en plaçant l'exposition dans une allée
(1) Voyez, pour le règlement de rcite e.xposilion, IluUetin, 18()2, numéro
de janvier, page 83.
(2) La morlalité pendant tonte Pexposition n"a été que de l'J îèles sur
1305 volatiles. Mais, à la fin, le nombre des l'ialadcs ('-tait considérable,. sur-
tout parmi les Flécbois, les Cnveeœnrs, les Iiorkingts, les lîoliand.iis et les
Campines. On a remarqué que c'étaient snrioni les poules exposées par tes
marchands qui ont le plus sonUprl. f^es éleveius ont eu moins de malades;
je citerai en exemple de Tefficacité des bons soins la nombreuse colleciion
apportée d'Ecosse par M'"' Fer;;;usson Biair, et qui n'a j)as eu un seul malade.
T. X.— Mai 186?.. JG
242 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
du Jardin plus spacieuse, qui rendait la circulation plus com-
mode et facilitait le service.
L'exposition de 1863, par le nombre et le choix des sujets,
l'emportait sur celle de 1862. Tel a été le jugement du jury
confirmé par tous les articles de journaux publiés sur ce
sujet. Le jury se composait des mêmes membres que l'an der-
nier : MM. Pomme, président ; Berrier-Fontaine, vicomte Clary,
Florent Prévost, Jacque, Le Pelletier de Glatigny, Malezieux,
Martin (du Nord), Menncchet, comte de Sinety, Rufz de La-
vison et Albert Geoffroy Saint-Hilaire, et auxquels avait bien
voulu se joindre M. le vicomte de Valmer, président de la
Société protectrice des animaux.
On comptait 1325 pièces, réparties ainsi dans 600 cages.
(dont G90 Vcmlcs et 331 Coqs).
Poules.
De la Flèche
Du Mans
Crèvecœur noires. .
Houdan
Hoinlan coucous. . .
De Gascogne
Gaussade
Hollandaises noires.
— bleues. .
Herminées
Padoue dorées . . . .
36
6
M 2
.').!
1
!)
2
33
22
1
10
16
8
15
— blanches
— chamois
Courtes pattes H
r.reda blanclies
— noires
Gueldres
Campine à crètc simple .
— dorées
— argentées
Hambourg
.\ndalouses bleues
Ar.dalouses
De rile d'Amour
Coucous de France . . .
De Beaucc . .
De Bresse
Du Gange ....
D'Eossc
Groisi es
i'.ralimapootra
il reporte)'. . ■ ■
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1!)
2 ! ;t
Report ... .
r.rahmapoolra inverses. .
Gochinchine blanches. . ,
— noires.. . .
— coucous . .
— papillotées. ,
— fauves . . . . .
— perdrix . . . .
Bantanis argentés
— dorés
— coucous
— <le combat . . ,
Naines blanches
Javanaises.
iSègres
Nègres noires.
De combat
Du Gange
Dorking
Croisées
Naines anglaises.
Naines blanches .
l'dide do soie. .
i'oulcs.
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1
7
1
22
669 33
(dont 70 femelles et 48 mâles).
Mandarin 1
Garolins 3
Mignons blancs 5
De Barbarie 6
Labrador 8
D'Aylesbury 21
De Rouen _26
70
1
3
o
5
5
11
17
EXPOSITION DE VOLATILES.
2/1 S
(Jonl 14 fomcllcs et 11 mâles).
Poules.
Gris. .
Noirs..
lîlancs.
S
2
4
là
(dont -43 femelles et 43 mâles).
Romains . 15
De volière '28
43
ta Pintades
(dont 8 femelles et 3 mâles).
Uhinches 4
Oiises 4
Coqs.
G
0
1 I
15
28
43 I^nisaus
(dont 22 l'oules et 21 Coqs).
Poules.
Argentés à
QoTÙs 9
ne ITiide 1
Panachés 2
Cendrés 2
Ordinaires 2
Indiens 2
'^2
4S I.ia|tiii<a.
liéliers
De Piussie
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Cachemires blancs
Angora chamois
liéliers anijlais
Coqs.
1
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2
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2
2r
19
iO
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O
.4
2
2
2
42
Le 15 avril a (!u lieu la distribution cle.s médailles. Cette
solennité a été attristée par l'annonce inattendue de l'événe-
menl funeste dont la Société venait d'être frappée, et qui a été
faite en ces termes par M. le directeur:
« On s'étonne toujours, dit Bossuet, que ce mortel soit
mort. Oui, quelque banale, quelque triviale que soit la mort,
elle aura toujours l'affreux privilège de nous étonner, de nous
stupéfier, lors([ue celui qu'elle frappe à nos côtés était l'objet
de nos affections, le compagnon de notre vie. Oui, par cer-
taines rencontres de circonstances, certaines morts auront
toujours le pouvoir d'exercer sur notre esprit l'effet des plus
étranges surprises. Telest celui delà mort que j'ai aujourd'hui
à vous annoncer. M. Moquin-Tandon, comme vice-président
de la Société d'acclimatation, devait présider cette distribu-
tion des médailles. Hier, à trois heures de l'après-midi, au
centre de la médecine, h l'Académie, il voulait bien me lire le
discours qu'il se proposait de vous adresser; c'est à l'heure
actuelle une parole d'outre -tombe; j'ai pensé que vous tien-
driez à l'entendre, comme les dernières paroles de M. Moquin-
Tandon, comme le témoignage de l'intérêt qu'il portait à tout
çc qui se rattache à l'acclimalation. Il avait été l'ami intime
24/» SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIoN.
(le Geoffroy Sainl-Hilaire, et comme rexécuteur festamenlaire
de ses pensées. Aussi la Société impériale d'acclimatation s'é-
tait empressée de l'appeler à l'une des places delà vice-prési-
dence, pour remplir le vide qu'avait fait la mort de M. deof-
froy Saint-Hilaire.
Je veux vous le rappeler d'un seul mot, il y avait dans toute
la personne de M. Moquin-Tandon quelque chose d'antique,
les traits, l'enjouement, et l'aimable et austère vertu de So-
crate. Mais ce n'est pas le lieu ni le moment de payer à sa
mémoire le tribut qui lui est dû. Répétons, en serrant nos
rangs, les paroles que, dans une autre occasion bien aussi
douloureuse, nous adressait l'homme éminent qui a pris la
conduite des destinées de l'acclimatation: a C'est en continuant
leurs œuvres qu'on honore le mieux la mémoire des hommes
illustres. »
Discours préparé par M. Moquin-Tandon pour la séance de distri-
bution des récompenses de l'exposition de Volatiles (1863).
Lu par M. Albert Geoffroy Sa.int-Hii.aire, directeur adjoint. .• .
Mesdames, Messieurs,
L'exposition de cette année est plus riclie et plus belle que celle de
l'année dernière.
lin 1862, nous avons eu 400 lots, comprenant environ 1500 individus,
c'était un beau commencement. yVujourd'hui nous avons 500 lots, compre-
nant plus de 2000 individus.
Dans notre première exposition , il a été décerné 5 médailles d'or,
35 d'argent, 48 de bronze et 1 0 nifutions honorables. Aujourd'liui nous
allons donner 6 médailles d'or, 31 d'argent, 50 de bronze et 10 mentions
honorables.
Le jury a reconnu avec plaisir que les oiseaux utiles l'emportent, comme
l'année précédente, quant au nombre, sur les oiseaux d'agrément.
Pourquoi les I^almipèdes sont-ils, en général, si l'aiblement représentés
dans les expositions? INous accordons la prééminence (et c'est justice) à la
génie gallinacée ; nous convenons que les Poules et les Dindons doivent
avoir le pas sur les Oies et les Canards Mais tout en plaçant ces der-
niers sur la seconde ligne, nous désirons ipi'on ne les néglige pas; c'est
pourquoi nous engageons les éleveurs à nous envoyer à l'avenir des échan-
tillons plus nombreux de l'ordre des Palmés.
Les caractères généraux de la présente eXjKjsition sei'ont hienlùt l'objet
d'un rapport détaillé rédigé par Ihabile direcleui' de l'établissement.
Je dois adresser des remercunents, au nom de la Société impériale d'ac-
climatation et de la Compagnie du Jardin, à messieurs les membres du jury
EXPOSITION DE VOLATILES. 245
qui se sont acquiUés de leurs fonctions délicates avec autant d'empresse-
ment que d'impartialité.
Jefélicile, au nom de ces deux sociétés, les éducateurs infatigables qui,
par leur zèle et par leiu" travail, maintiennent les bonnes races et perfec-
tionnent les races médiocres: conserver et améliorer sont deux buts, sou-
vent difficiles à atteindre, vers lesquels doivent être dirigées toutes nos
études et tontes nos expériences.
Les expositions constatent le chemin parcouru, le point d'arrêt, la con-
stance des elTorts, l'inégalité des résultats et les nuances du succès. Hon-
neur aux hommes de bonne volonté, c'est-à-dire d'énergie et de patience,
qui n'ont pas été découragés par les rivalités ou par les déceptions, et qui
consacrent leur activité, leur temps et même leur fortune, à l'introduction
et à la propagation des animaux utiles, et particulièrement aux progrès de
l'ornithologie pratique !
« Lliotnme ne sait pas assez-, disait Dutfon, ce qu il peut sur la nature!
(!<' discours a été écouté avec un douloureux recueillement.
Les 98 récompenses indiquées plus haut ont été décernées;
les noms des lauréats se trouvent à la fin de ce rapport.
Un amateur distingué, M. Furne, éditeur du journal /a Vie
à la campagne, comprenant toute l'importance du maintien
des beaux types, a voulu joindre à ces récompenses une mé-
daille d'ur de 100 francs pour le plus beau lot de Poules et Coqs
Crévecœur obtenus par un éleveur chez lui et par ses soins.
M. Furne désirerait qu'on donnât des prix comme celui-ci:
500 francs souscrits par une ou plusieurs personnes pour le
plus beau parc de Houdans ou de Crèvecœurs d'un an ou de
deux au plus, nés chez l'éleveur et élevés chez lui. Qu'il soit
ainsi fait, dit-il, pour toutes les races utiles, et l'on verra quel
nerf on donnera à ces expositions.
Je vais maintenant vous faire connaître quelques-unes des
observations auxquelles l'exposition a donné lieu.
Ce concours a confiriTié le fait déjà constaté dans la plupart
des concours de volatiles, que les espèces indigènes de la
Flèche , de Crévecœur et de Houdan sont certainement les
plus belles et les meilleures volailles dont la propagation doive
être encouragée. La belle race de Crévecœur était la plus
nombreuse et la mieux représentée! On en comptait 55 lots.
Le prix de 100 francs proposé par M. Furne a été gagné par
M. Simier, éleveur dans la Sarthe et lauréat dans tous les
concours. Les magnifiques Crèvecœurs élevés chez lui étaient
2A<5 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'AGCLIMATATION.
vraiiueiil les types modèles de l;i race et rivalisaient de va-
iumc et de poids avec les plus beaux individus des races asia-
tiques. J'en dirai autant de ses volailles de la Flèche et du
Mans. Elles étaient dignes de leur réputation européenne. Aussi
M. Simier a-t-il obtenu une seconde médaille d'or; plusieurs
des concurrents de M, Simier, MM. Docquet, Paillart, Yiego et
Grauier, lui ont sérieusement disputé le prix. Le jury était
vraiment embarrassé ; il y avait une quinzaine dé lots parmi
lesquels il était diiricile de distinguer les plus méritants : le
plus beau semblait toujours le dernier qu'on avait sous les
yeux.
M. Simier avait exposé deux autres variétés, celle dite Poule
du Mans, qui ne diffère de la Poule de la Flèche que par la
forme do la crête, et celle dite courtes pattes, volailles trapues,
vigoureuses, rustiques, bien on chair, pas belles à voir, vivant
de rien et pondant toute l'année : c'est lu Poule des pauvres
o'ens dans la Sarlhe.
Le seul reproche qu'on puisse faire aux belles volailles de
la Flèche et de Crèvecœur, c'est d'exiger un engraissement et
des soins particuliers^ et de ne figurer le plus souvent que sur
lés riches tables, puisque le prix de quelques-unes s'élève à
25 francs sur le marché de Paris. On peut objecter à cela que
dans le pays où cet élevage a lieu, c'est une industrie secon-
daire des plus importantes (jui tourne au profit d(^. l'agricul-
ture locale et fait vivre bien des petits ménages.
Le jury avait voulu encore cette année admettre, conune
Gomidéuient de l'exposition, les meilleures races communes,
celles qui sont le mieux réputées pour leur choix, pour leur
ponte ou pour quelque autre avantage: telles sont les Poules
de Brie et de la Lîeauce; une variété dite de Janzé, exposée par
M. Paillard (de Rennes); les races les plus connues de Caussade,
de Barbézicux,et celle dite de Gascogne, autrefois si prisée et
dont on doit en quelque sorte la résurrection à l'un de nos plus
honorables éleveurs, M. Granié (de Toulouse), (jui a j)ublié
dans nos Bulletins un excellent mémoire sur celte volaille, et
applique son temps , ses soins et sa fortune à conserver aux
Oies de Toulouse, et à rendre aux Chapons de Gascogne, dont
EXPOSITION DE VOLATILES. 11x1
il ofl'iail deux magnifiques spéciuicns, la renoniinée que leur
avait acquise la gaie science des troubadours!
La jolie Poule blanche de Brie, dite de l'ile d'Amour, comme
toutes les Poules blanches en général, oflVe une plus-value par
ses plumes employées dans l'industrie plumassière et propres
à recevoir les couleurs de différentes teintes. Les Poules de
Caussade et de Barbézieux, outre la bonté de leur chair, sont
recherchées par les gourmets pour leur grosse crête : l'histoire
ditqu'lléliogabale exigeait que les crêtes de Coq hissent arra-
chées à ces animaux vivants. Ce raffinement barbare serait
réprouvé par nos mœurs. Mais le commerce des crêtes de Coq
à Paris est encore assez considérable pour qu'une certaine l'al-
sificalion de cette industrie, qui consiste à tailler des morceaux
de palais de bœuf en forme décrète de Coq, soit signalée dans
la trop nombreuse liste des falsifications commerciales.
N'oubhons pas enfin, au nombre des mérites de la Poule
commune des fermes, de rappeler qu'elle est la plus rustique,
la plus facile à nourrir, et qu'en fait de pondeuses, c'est un
dicton qu'eUe est la première de toutes. Les spécimens exposés
î^rouvent qu'elle peut atteindre un volume respectable.
La race de la Bresse, qui, dans tout le sud-est de la France,
particulièrement à Lyon et à Genève, n'a pas de comparable;
(\m Jiiême, à l'état de Poularde, figure au marché de Paris
en nombre considérable pendant l'hiver ; dont le produit,
suivant un éleveur de la Bresse, M. Chanel, s'élève pour le
département de l'Ain à plus de (300 000 francs par an, et n'est
pas uniquement consacrée aux dépenses du ménage, mais entre
en ligne de compte pour le payement de la ferme : cette race
n'était représentée que par un parquet de médiocre apparence
et de caractères contestables. Le jury a regretté de ne pou-
voir appeler sur elle l'attention par quelque récompense.
Enfin la bonne race de Hoiidan, qui approvisionne journel-
lement le marché de Paris, et qui, par une sorte de réunion
moyenne de toutes les qualités de nos Poules indigènes, est
aujourd'hui généralement recherchée autant pour ses œufs
que pour sa chair, quoique représentée par li^ lots, n'a pu ob-
tenir un prix de 50fi-anc§ fondé par un amateur célèbre et un
248 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aC(:IJAL\TÂTION.
juge bien compétent, M. Jacque, pour un beau parquet de
Houdans nés et élevés chez l'éleveur. Les Poules étaient belles,
mais les Coqs péchaient par le manque de quelque détail ca-
ractéristique, et laissaient souvent craindre le mélange du
Crèvecœur ou de quelque race commune ou asiatique.
Cl", il est très-inqjortant de veiller au maintien de ces carac-
tères pathognomoniques des races, et de ne pas se laiser sé-
duire par un beau plumage ou une corpulence extraordinaire,
qui sont souvent des qualités fugitives, des accidents indivi-
duels qui ne se reproduisent pas, et sont plutôt l'effet de l'ali-
mentation que de la race. Dans la mulliplicité des croisements
qui se pratiquent aujourd'iuii, et (|ui Uniraient par amener une
dégénérescence générale, les signes caractéristiques sont le
point de repère auquel on doit s'attacher pour retrouver et
maintenir la pureté des races.
Une autre discussion s'est élevée dans le jury au sujet des
volailles grasses. L'engraissement des volailles est un art bien
ancien. On trouve dans l'histoire romaine des décrets soinp-
tuaires édictés onze ans avant la troisième guerre punique, (jui
permettent de servir sur les tables de simples Poules et dé-
fendent celles qui auraient été engraissées; mais le luxe sul
éluder ces lois somptuaires et se procurer des volailles aussi
grasses ([ue les Oies. Les Piomains employaient les mêmes pro-
cédés que nous pour avoir des Poulets gras et des Chapons.
Ils les nourrissaient avec des farines de diverses graines, avec
des pois chicbes. Ces aliments leur étaient introduits de force
dans le gosier; on les trempait dans du lait, absolument comme
cela se pratique aujourd'hui pour certaines Poules de Houdan
et de la Fièclie destinées aux tables somptueuses de Paris.
Aujourd'hui on engraisse toutes les volailles destinées à être
mangées; il est certain que la graisse rend les chairs plus
tendres, plus blancbes, plus savoureuses. Mais ce n'est pas d'un
engraissement modéré et de ménage, pour ainsi dire, qu'il
s'agit. C'est de l'engraissement poussé à rextrême, tel qu'il se
pratique sur certaines volailles, et qui produit des accumula-
tions de graisse dans certaines parties du corps , donne plus
de grosseur et d'apparence, jus(}u'à les laiie peser 7 et 8 kilo-
EXP0SIT10.\ Ï)K VOLATILES. 5^9
grammes, et les lait vendre beaucou|) plus cher en raison de
cet embonpoint. L'engraissemenl alors est une sorte de ma-
ladie lymphatique donnée aux animaux par toutes les dispo-
sitions (jui sont propres à diminuer l'activité des fonctions,
et à l'aire prédominer le système lymphatique sur le système
sanguin. Il y aurait, ce semble, une question physiologique
préalable à toute autre, ce serait de savoir jusqu'à quel degré
la graisse peut être considérée comme un aliment nutritif.
J'ignore s'il existe sur ce point des expériences qui aient
amené à des conclusions pratiques ; il est certain que les
Anglais, qui font beaucoup usage de ces viandes grasses,
ne s'en trouvent pas trop mal, quoique, dit-on, la belle car-
nation et la rondeur des formes qui en seraient le produit
ne tiennent pas longtemps contre les années, et se flétrissent
plus promptement que dans les contrées dont les habitants
usent d'une alimentation plus rude et moins diflluente. Ce qu'il
y a de certain, c'est que la volaille qui n'est pas tenue dans
l'obscurité et l'immobilité pourl'engraissement, mais qui jouit
de la liberté des champs, a un fumet qui se rapproche de
celui du gil)iei', tandis que les viandes grasses afl'adissenl
beaucoup, surtout lorsqu'elles sont servies chaudes. Aussi les
Anglais ont-ils l'habitude de les manger froides, lorsque la
graisse est solide et figée, et d'en relever le goût en y joignant
d'autres viandes salées et fumées, telles (jue le jambon. C'est
un axiome de gastronomie que les volailles grasses doivent
être mangées froides.
Comme cette discussion entie MM. les jurés avait lieu à
table, pendant le déjeuner, avec pièces à l'appui, elle était
peut-être plus opportune que dans cette docte assemblée.
Une autre non moins intéressante s'est engagée à propos
des éleveurs et des marchands. Tout en admettant le prin-
cipe que les sujets exposés devraient être jugés d'après leur
mérite intrinsèque, et non d'après la connaissance de leur
provenance ou de toute autre considération, la mtijorité
du jury inclinait visiblement pour une certaine faveur envers
les éleveurs. On convenait qu'en fin de compte les marchands
étaient aussi utiles aux éleveurs que les éleveurs aux mai-
250 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATIOK.
chands; qu'en recherchant les beaux types, les marchands leur
donnaient du prix et poussaient à leur propagation tout autant
que le pourrait faire tout autre stimulant. Mais on reconnaissait
que le marchand, uniquement préoccupé du gain, était sufii-
samment récompensé, et à sa satisfaction, par les beaux prix
(|u'il obtenait en retour de son intermédiaire ; qu'il ne pouvait
avoir en lui ce sentiment d'attachement et de fierté que fait
naître dans l'éleveur l'approbation donnée à l'animal élevé
par lui; sentiment qu'il importe d'encourager, car autant au
moins que le gain, il entretient ce goût de l'élevage qui exige
tant de suite, de persévérance, d'esprit d'observation et sou-
vent de sacrifices. On faisait enhn observer que les éleveurs,
habitants ordinaires de la campagne, sont obligés souvent à de
grands frais pour se rendre aux concours qui se tiennent dans
les villes, tandis que les marchands y sont tous rendus et en
sont quittes pour quelques transports peu coûteux.
Ces considérations empruntaient pour ainsi dire une force
nouvelle de la vue de l'exposition d'une dame anglaise, ma-
dame Fergusson Blair, née Douglas. Celte dame nous avait
apporté de l'Ecosse plus de SO pièces, consistant en Coqs et
Poules des races Dorking, Coucou anglais, Cochinchinois,
Brahmapootra, Dindons et Canards. Toute cette collection
était, ainsi (jue vous l'allezvoir, vraiment hors hgne. Tous les
sujets en étaient du premier choix. Madame Fergusson Diair
est une de ces femmes distinguées de l'Angleterre dont vous
parlait l'an dernier M. Drouyn de Lhuys, qui , à l'exemple
de la reine Victoria, ne dédaignent pas de s'occuper de la
basse-cour, et cherchent dans l'amélioration de ses précieuses
races de nobles distractions. (Juoique simple amateur, elle est,
dit-on, très-connue sur le lurf de la volaille dans les concours
anglais. Le jury, charmé de la vue de ces beaux produits, n'a
pas hésité à lui accorder, comme à notre éleveur français,
M. Simier, deux médailles d'or, l'une pour l'ensemble de son
exposition, principalement pour ses Dorkings et ses Dindons;
l'autre plus particulièrement pour une très-jolie race de petits
Coqs et Poules de combat, dite à ailes de Canard, sans doute
à cause de la façon élégante et légère dont ils portent leurs
r.- EXPOSITION DE VOLATILES. ">■ îï'i ' :• 251
ailes. C'élaif, la première lois ({u'on voyait en France ces jolis
oiseaux. Ils ne sont pas beaucoup plus gros que la Perrlrix,
en ont les allures, les Poules surtout, presque le plumage, et
pourraient, dit-on, s'élever dans les parcs, comme les Faisans,
et enrichir la chasse d'un giluer nouveau. Pour le courage et
la liertê, ce sont de véritables réductions du beau Coq de com-
bat anglais. Comme ceci a paru une création nouvelle, la se-
conde médaille d'or décernée h madame Fergusson Blair a
été appliquée à ce joli lot de volailles.
. Les Dorkings de madame Fergusson Blair, étaient les plus
beaux que l'on puisse voir de cette belle race anglaise. Cette
dame demandait d'un Coq et de deux Poules 151)0 francs. Ces
prix en Angleterre ne sont pas extraordinaires. Nos voisins ont
sagesse de penser que les bons reproducteurs ne sont jamais
là li'opchèi'ement payés et se rachètent promptement. L'un de
nos marchands Irancais, M. Bocquet, qui, avant d'avoir vu les
Dorkings de madame Fergusson Blair, avait bien droit de
penser que ceux qu'il exposait n'étaient pas sans mérite, a lui-
même reconnu avec empressement qu'il ne pouvait disputer le
premier prix à madame Fergusson Blair, et s'est contenté
d'une médaille d'argent.
. La race Dorking est la race anglaise par excellence; nous
avons pu nous en assurer en examinant à côté les Coucous
gris d'Ecosse, qui paraissent être dans ce pays l'équivalent de
nos races secondaires, et qui avaient été aussi apportés par
madame Fergusson. Mais ce sont surtout les Dorkings que l'on
s'attache à améliorer età propager. Bs tirent leur nom d'un vil-
lage de ce nom dans le comté de Surrey.Ce sont les Vf-ritables
volailles des grandes tables. La graisse, qu'ils prennent facile-
ment ne s'amasse pas dans certaines parties du corps, mais
se dissémine dans toutes les chairs, et les rend blanches et
savoureuses; leurs os sont petits. Quelques éleveurs repro-
chent à la Dorking d'être très-délicale à élever, et d'exiger
beaucoup de soins et de nourriture. 11 est à souhaiter ce-
pendant qu'elle se multiplie en France, soit comme race
pure, soit comme élément de croisement. On dit que dan?
la Bresse on s'en est servi dans ce but avec avantage. La
'2b'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE d'ACCLIMATATION.
race de la Bresse n'est pas en elïel sans analogie avec la
Dorkirig.
Les belles races asiatiques cochinchinoises et Brahma-
pootra étaient représentées par les plus beaux spécimens de
leurs nombreuses variétés lauve blanclie, noire, coucou, per-
drix, p;)pillotée. La collection en était complète, et pour leur
répartir les récompenses on était vraiment dans l'embarras.
Les Brahmapoolras inverses de M. Baker ont eu une médaille
d'(tr ; les Brabmas ordinaires de M. Rousset (d'AUbrt) et les
Cocbincliinois de M. Bruzeau, des njédailles d'argent. On ne
peut pas dissinuder (pi'après avoir été l'objet d'une vogue
extraordinaire, les races asiaticpies sont aujourd'hui l'objet de
graves critiques. On leur reproche d'avoir amené, dans les
chairs de la volaille ordinaire vendue sur nus marchés, une
dégénérescence presque universelle; car presque partout,
séduit par sa corpulence extraordinaire, on s'en est servi
comme élément de croisement. Ceci prouve d'abord combien
cette volaille est rustique et d'un élevage facile, car partout où
elle a été introduite elle s'est facilement acclimatée. C'est en
!l8/i6 qu'elle a été apportée en France par M. l'amiral Cécile,
et l'on peut affiruifi- qu'elle existe aujourd'hui dans tous les
départements de la France et peut-être dans toutes les contrées
de l'Europe. Si l'on ne peut nier que par des croisements peu
judicieux dans beaucoup de localités, elle a rendu la chair
de nos volailles communes plus colorée, plus dure et moins
appétissante, il faut avouer aussi qu'elle a grossi les œufs,
surtout dans leur vraie partie nutritive, le jaune ou vitellus,
qui est le germe du Poulet; qu'elle a rendu la Poule de nos
fermes avec laquelle on l'a croisée moins vagabonde ,
moins picoreuse et surtout meilleure couveuse. Réaumur
se plaignait de ne trouver de son temps que dix couveuses sur
cent Poules, ce qui motivait pour lui la nécessité de l'incuba-
tion artificielle. Aujourd'hui, grâce à la passion des Poules
asiatiques pour couver, les couveuses artificielles sont des
machines ingénieuses, nuiis inutiles et de pure curiosité. Les
Cochinchinoises et les Brahmas, nous disait un membre du
jury, très - partisan de la pureté des races, et justement
. EXPOSITION DE VOLATILE,»:. ' " -J^;]
écoulé, avec une grande autorité lorsqu'il ]iarle de celle ma-
tière, les Gochinchinoises et les Brahmas, disait M. Jacque,
sont d'excellentes bètes de transition pour obtenir des sous-
races avec les Crèvecœurs, les Dorkings, et vn général avec
toutes les races délicates qui tournent au lymphal.isme. .le ne
connais pas de meilleur croisement : les races asiatiques sem-
blent infuser aux chairs froides quelque chose de la chaleur
de leur climat natal.
Nous en avions quelques exem|iles dans les Poules de la
Kléche croisées de Cochinchinois, exposées par M. Simier, et
dans le lot de Dorkings croisés de Brahina exposé par M. Kous-
setsous le litre de race d'Aiforf.. M. Rousset est un amateur
des plus distingués. Or, c'est la toquade, permettez-moi ce
mot qui nest pas encore académique, mais que l'usage a
adopté pour exprimer des choses auxquelles le mot de manie
est trop fort pour être appliqué, c'est la toquade des éleveurs
de créer des races, d'obtenir une combinaison nouvelle de la
matière animale. Cette présomption d'aller ainsi sur les bri-
sées du bon Dieu n'est certes pas petite, mais elle est heu-
reuse au fond, très-innocente , mais pas toujours facile à
justifier. Car ces prétendues races créées ne tardent pas à se
défaire, et par les forces de l'atavisme reviennent hien viteà l'un
ou l'autre de leur élément primitif. C'est aujourd'hui la docirine
généralement admise dans cette matière ; mais M. liousset
alfirme que depuis douze ans sa race d'AlIbrt s'est toujours
renouvelée et perpétuée avec des caractères fixes dans toutes
ses générations. « Pourquoi la race d'AlforI, dit le journal /<-
» .SVèt/e du jeudi 2o avril, ne constituerait-elle pas une race?
« Il naît chaque année chez M. Uousset trois ou quatre cents
») Poulets parfaitement identiques : peut lUi apjicler ces résul-
» tats un croisement? M. Rousset trouva un jour une Poule
') superbe tenant peut-être du Brahma et aussi du Dorkin^-,
» mais qui n'était ni Dorking ni Brahma. Il en lit la souche de
j) sa race, et par la sélection, c'est-à-dire à l'aide d'un choix
» sévère de rei)roducteurs, il est parvenu à produire dune
» manière régulière les animaux que nous (onnaissons. Coni-
» ment ont été créées nos races d'animaux domestiques? Je
25/i SOCIÉTÉ nirÉniALE zoologique d'acclimatation.
» l'ignore. Mais la célèbn» race de bœufs de Durham n'a pas
y> été laite autrement. GoUings rencontra paissant sur la
» pelouse d'un chemin creux du comté de Durham une vache
s> gardée par une vieille femme, et de cette illustre va€he sont
» descendus les Durham. » ;. :
11 est évident que M. Rousset n'est point satisfait delà sim-
ple médaille de bronze que le jury a accordée à sa race d'Al-
Ibrl, à laquelle il attribue toutes les qualités de sa double
parenté : volailles rustiques, faciles à élever, bonnes pondeuses
et dont la chair est excellente. Pour nous en convaincre,
M. Rousset a laissé au Jardin d'acclimatation le beau parquet
primé de ses Poules d'Alfort, afin que l'on y puisse suivre,
publiquement et authcntiquement la fixité de ses qualités dans
sa descendance, et la disculper des ])réventions qui existent
présentement contre le métissage. (Voy. Echo (u/rkole, du
17 avril.)
Il est certain que la question du croisement dans toutes les
races animales n"a pas encore dit son dernier mot. Aujour-
d'hui qu'il est fait une étude plus suivie, plus méthodique et
plus sévère, il faut espérer que l'on ne tardera pas à s'arrêter
à une formule plus exacte. Cette étude dans les races gallines
est fort intéressante à suivre et à reprendre de fond en
comble. 11 faut savoir gréa ceux qui, comme M. Rousset, veu-
lent bien y consacrer leurs soins. En histoire naturelle, quel-
que arrêtée que soit une opinion, il faut toujours laisser une
porte ouverte à l'opinion contraire, lorsqu'ell*^ se présente
avec des faits nouveaux.
La bonne race de Rretla et de Gueldres, était représentée
par quelques jolis lots dus à M. Bocquel. Cette volaille, pour la
finesse de sa peau, de ses chairs et de ses plumes, était autre-
fois très-recherchée. Au temps du roi Louis XVIII, médisait
M. Chevet aine, lorsque je voulais d'une volaille superfine,
je faisais venir des Bredas de Vienne. Aujourd'hui, grâce aux
progrès de la gallinoculture, on n'est pas obligé de les aller
chercher si loin.
Ainsi, messieurs, les races gallines utiles, celles qui ser-
EXPOSITION DE VOLATILES. * 255
ventàralimcnlation publique, claicnl aussi bien représentées
que possible. Quant aux races dites de luxe et d'agrément,
recherchées surtout pour l'élégance de leurs formes et la
beauté de leur plumage, elles n'étaient pas moins nombreuses
que l'an dernier, et attestaient que le goût de la basse-cour,
cette chose h la fois honnête, artistique et fructueuse, est en
progrès. Les beaux Padoues dorés, argentés, blancs, chamois
de M. Durand (de Bléré), ont donné lieu à un rappel de mé-
daille d'or. Ses Padoues hermines étaient une nouveauté très-
admirée. La collection des races naines de l'Inde, de Java, de
Bantam, fixait aussi l'attention. Mais les Coqs de combat, malgré
leur attitude martiale, n'ont rien obtenu. M. Jacque nous
assurait que c'est d'eux qu'on peut tirer les meilleurs cha-
pons. A quoi tient le courage ! M. le vicomte de Valmer, le
digne président de la Société protectrice et l'un des mem-
bres de notre jury, regrette que le spectacle de leurs affreux
combats soit aujourd'hui un plaisir recherché, même en
France, et plus qu'on ne croit.
Les Pintades, Canards, Dindons, Pigeons et Lapins, qui
sont bien encore des richesses pour la basse-cour, complé-
taient l'exposition , dont ils occupaient plus de deux cents
cages. Un Dindon exposé par madame Fergusson, et pesé
devant le jury, s'élevait à. 35 livres. Ce Dindon est un des
sujets qui ont mérité à madame Fergusson la collection de
deux médailles d'or et d'argent, qu'elle a remportée dans son
pays en souvenir de l'hospitalité, de l'impartialitr'" et delà
libéralité du jury français.
Un journal appelle les treize lots de Canards de Rouen,
des fréçintos blindées du plus fort, échantillon. Rien ne plaide
plus en faveur des bons effets de la domestication que la vue
du Canard de Rouen. C'est évidemment le Canard sauvage
grossi et porté au quadruple de son volume naturel.
On a beaucoup remarqué la collection des Pigeons exposés
par MM. Roger, Rruzeau et Bocquet; les Lapins argentés, dont
la fourrure est très-recherchée, et la collection des Oiseaux de
volière de M. Chapart, parmi lesquels dix Perro(}uets jaunes,
nouvellement importés do la Guyane, attiraient tous les
25(5 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
regards, ainsi que les jolis Passereaux designés sous le nom
de Diamants à moustache. . .,
Telle a été, celle année, au Jardin d'acclimatation, Texposi-
tion des Volatiles. Au dire de tout le monde, elle a ét(' satis-
faisante sous tous les rapports et marque un progrès sensible
sur celle de Tannée dernière. Le public y a pris un vif intérêt,
à en juger par le nombre de visiteurs qui y ont aUlué. Les
acquéreurs n'ont pas manqué. Certains lots de volailles ont
obtenu des prix vraiment rémnnérateius. Je dois ajouter que
les discussions du jury n'ont donné lieu à aucune critique ni
à aucune réclamation. Nul doute (jue cette exposition ne
produise le bien que vous en attendez, de propager l'ann'lio-
ration dans ce genre de bétail, qui, dans les grands concours
administratifs, concours régionaux et comices agricoles, n'a
jusqu'à présent obtenu (pTun rang Ircs-secondaire, et n'y
figure que connue un appoint. Il ne faut [)as cependantjuger
de l'importance des expositions de ce gem'e d'après le vi.tlume
seulement des animaux (jui en sont l'olqcS et en comparaison
des animaux plus gros. 11 faut songer au rôle que la Poule
joue dans l'économie domestique et dans le commerce géné-
ral de la France.
Rappiîlons enfin que de la fameuse expédition des Argo-
nautes enquête de la toison d'or, la seule toison rapportée,
la vraie médaille d'or déctu'uée par les siècles, est l'un de nos
exposés, l'oiseau du Pliase, le Faisan, dont on voyait plusieurs
belles variétés,
Listr dex ii/rrhit/rs <•! an'iifians /ioniirnf)t('ii difernpi'S nu.r r.i imsariff!.
.1i«M!luiIi<i'<>> «l'or.
MM. Simier, Poules de la Flèche.
Simier, id. de Cièverœur [prix
lùiine).
Durand, id. de Padoue chamois.
Baher, id. Brahma inverse.
M'"^ Fergusson Blair, id. naines de eoiiibat
id., id. Dnikin^'.
Vlédailles <rur;:ent.
MM. Baker, Poule? Je C.rèvocœur.
Durand, id. id.
MM. Simier, id.de I1(mi(I;iii.
Baker, id. id.
Cranié, id. de (iascoyne.
Boeqiicl, id . hollaiiiiai>^L'S noire.s.
Baker, id. id.
Durand, iti. de l'adone ari;c.'ntées.
DuranrI, id. id. blanches.
Simier, id. courles p.iUes.
Perret, id. de Handioui;;.
Piller, id. andaloiises.
M""' Fergusson Blaii-, id. grises d'Ecosse.
MM. Touchard, Faisans de l'Inde.
Roussel, Poules de Brahmapoolra.
EXPOSITION DE VOLATILES.
257
M.
Bnizeau, Poules de Cocliinchiiic
Maiiclies.
M""' Ferc^usson Ulair, iJ. id.
MM. Biiizeau, id. noires.
1(1. id. coucous.
Baker, id. fauves.
Perret, id. id.
M'"'= Fer^upsoii iilair, id. perdrix.
Id., Dindons.
Fiocquet, Poules Dorking.
Fcrgussoii Hlair, id.
Baker, id.
Bruzeau, Pigeons romains.
Boyet, id. id.
Sclialler, itl.
Bocquet, Canards Aylesbury.
Id. id. de Rouen.
Fergiis?(in P>lair, id. id.
Chafiart, Perruches jaunes du Para.
Môilaillos de lironxe.
MM.
MM.
M""-
M.
M.M. Bocquet, Poules de lu Floche.
Grenier, id. id.
.Siniier, id. du Mans.
Bocquet, id. de C-rcvecieur.
Maupas, id. id.
Lat'o^se, id.deHoudan.
Baker,
Perret,
Baker,
Durand
Id.
Baker,
Perret,
Siinier
Bocquet, ii
Id.
Baker,
id. id.
id. hollandaises noires,
id. id. bleues,
id. de Padoue dorées.
id. argentées.
id. blanches,
id. chamois,
courtes pattes.
Breda noires,
id. Campine, crcle simple
id., id. argentées.
MM. Piller, Poules J'.antam argentées.
Viéjo, id. id. coucous.
Bruzeau, iil. .lava noires.
Bocquet, id. nègres.
Simon, id. négies noires.
Bocquet, id. de combat.
Ch. Siiiidt, id. Dorking.
Baker, id. id.
Royet, Pigeons romains.
Sclialler, id. id.
Viégo, id. de volière.
Bocquet, id. id.
Bousset, Poules d'Alfort.
Ciranié, Oies de Toulouse,
Taveriiier, Lapins béliers gris.
Durand, id. argentés.
Id., id. cachemires.
Bruzeau, id béliers.
Sclienck, Poules naines.
Néry, Canards de lîarbarie.
Bocquet, id. du Labrador.
Id., id. d'Ayb'stuny.
Mau|ias, id. de Bouen.
BakcM-, id. id.
.tlcniioiiK lti>Bi<»i'iiI)lo.«t.
MM. Bocquet, Poules de Crèvecœur.
Baker, id. id.
1(1., id.
Peiré, id.
Boudet, id
Chapart, id.
Baker, Poules andalouscs.
Maupas, id. de l'Ile-d'Amour.
Pampinet, id. de .lava noires.
Bocquet, Faisans panachés.
Buraiid, id. de l'Inde.
Perret, Poules Brahmapootra.
Bruzeau, id. Cochinchine blanches.
MM.
Perret, id.
id.
noues.
Beische, id.
id.
coucous
Bocquet, id.
id.
fauves.
Bruzeau, id.
id.
id.
Néry, Dindons.
MuranJ. Pou
es
• iinlaui
argentée
id.
de lloudan.
de (iascogne.
de Padoue hollan-
daises noires.
Bocquet, id. hollandaises bleues,
lîaker, id. de PaiJone argentées.
VViering id. naines blanche;.
Oindre, id. nègi'cs.
Baker, id. Dorking.
Bocquet, Pigeons romains.
Boyet, id. id.
■louruiac, id. de vidièro.
Doublier, id. id
.Maupas, Dindons.
Doublier, Lapins bélier? blancs.
Cop|iing(;r, Poules .lava blanclies.
Blazy. id. de ^oie.
Bocquet, Ojnards mignons.
Id. iil de B.irbaiie.
lîaker, iii. de L.ibr.ulor.
Id. id. il' Aylesbury .
Id, id. de Kouen.
T. \. — Mai 1HG;5.
17
DE LA POSSIBILITE D'ACCLIMATER
DANS LES EAUX DE LA MAUNE
LA FAMILLE DES SALMON]^:S
ET PARTICULIÈREMENT DES TRUITES,
Par M. ROGER-DESGEI^ETTES.
(Séance du 12 décembre 1862)
Au commencement de l'année 1859 , après avoir suivi
théoriquement les expériences de pisciculture des savait I s
professeurs MM. Coste et Millet, les remarquables articles de
M. de Qualrefages et tous les ouvrages traitant de cette science
qu'il m'avait été possible de me procurer, j'appris avec une
vive satisfoction qu'une machine hydraulique établie sur les
bords de la Marne allait conduire l'eau de cette rivière sur
le haut du plateau de Saint-Maur oi^i est située ma propriété. Le
/i août 1859, je faisais commencer dans cette propriété, d'une
étendue de 2300 mètres, les travaux destinés à recevoir une
concession d'eau de '18001itres par jour. Ces travaux, exécutés
sous ma direction par un ouvrier intelhgent, consistent en
()6 mètres de ruisseaux factices en béton et ciment romain qui
reçoivent directement les eaux des deux côtés de ma grille au
moyen de rocailles appliquées aux pilastres. Ces ruisseaux
changent de niveau de (5 mètres en 6 mètres : ils ont en
moyenne 70 centimètres de largeur sur 35 de profondeur;
chaque changement de niveau est dissimulé par une rocaille
et a spécialement pour but d'entretenir le courant et de con-
tribuer à l'aération de l'eau. A hauteur de la façade nord de la
maison, ces ruisseaux disparaissent; l'eau, reçue par des con-
duits de plomb, reparaît à 10 mètres derrière la maison, dans
une rocaille, et tombe de 60 centimètres dans un bassin rond de
80 centimètres de profondeur. Après avoir alimenté une cres-
sonnière, s'être montrée de nouveau au miheu du coteau, au
nord, dans une co(iuille où elle arrive par une chute de l'",30,
elle va, en traversant à droite le reste du coteau, se rendre,
par une chute de 3'", 20, dans un aquarium de 20 mètres de Ion-
SALMONÉS ET TRUITES DANS LES EAUX DE LA MARNE. '259
gueur, 3 mètres de largeur etl"',30clc profondeur pour les trois
quarts de son étendue. A 5 mètres de la chute, la profondeur
diminue graduellement de 30 centimètres par l"', 50; c'est là
que sont disposées les frayères artiticielles destinées à favo-
riser la reproduction. L'expérience de l'iiiver rigoureux de
1859 à 1860 m'a prouvé qu'il fallait à tout prix mettre mon
aquarium k l'abri de la gelée, et je n'ai pu arriver à ce résultat
qu'en établissant des conduits souterrains qui traversent toute
la propriété, et qui, pendant l'hiver, conduisent l'eau de ma
concession de manière à la faire tomber à plomb dansl'aqiui-
rium par une hauteur de plus de 3 mètres. De cette manière,
je suis en mesure de braver les froids les plus rigoureux.
A la fin de l'année 1860, je pus obtenir, grâce à la recom-
mandation de M. Goste, un envoi d'œufs d'Huningue, qui me
parvint le 2 mars.
Je n'étais point sans inquiétude sur le résultat de mon
entreprise. Mes notions étaient assez vagues.
La boîte (pii m'était envoyée d'Huningue renfermait
2000 Truites communes et 500 saumonées. Mes appareils
consistaient en deux rigoles de terre cuite alimentées par une
fontaine filtrée, où un courant d'environ cent vingt gouttes à
la minute était établi. J'avais placé ces appareils dans une
mansarde au midi, où j'entretenais une température égale en
fermant et en ouvrant alternativement les fenêtres et en te-
nant constamment les persiennes closes. Ce simple appareil
est remplacé, depuis les résultats obtenus, par un laboratoire
établi dans une cave où je puis avoir en même temps
20 000 œufs en incubation.
Le ili mars, les éclosions commencèrent pour se continuer
jusqu'au 22, et le 15 avril je mettais dans mes ruisseaux en-
viron 2200 Truites, que j'ai nourries jusqu'au 10 mai avec
du sang desséché et passé au tamis. A cette épo({ue, je reçus
la visite de M. Samuel, l'aide intelligent de M. Goste : d'après
ses conseils je mis environ 500 Truites dans mon aquarium,
où il n'existait encore que quelques Gyprins.
Six cents autres lurent distribuées comme il suit :
JOO furent em})orlées au Collège de France;
2C0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOIV.
AOO données à S. Exe. le Maréchal Vaillant ;
100 données à M. Gilles, propriétaire c\ Joinville.
Los Truites qui restaient dans les ruisseaux furent mises
dans la Marne en présence de M. le maire de Joinville, et le
7 décembre 1S()1, également en présence de M. le maire et de
son adjoint, j'ai ensemencé les bords de la Marne, sur une
étendue d'environ 1200 mètres, de 50 000 œufs fécondés de
Fera corégone. Quelques spécimens de ce joli poisson exis-
tent dans mon aquarium.
Les Truites de l'aquarium ont trouvé une assez grande
quantité d'insectes pour prendre un accroissement conve-
nable, et le 28 octobre 18G1, dans celles qui ont été prises
au hasard et transportées au Jardin d'acclimatation, au
nombre de vingt, plusieurs avaient déjcà 70 millimètres de
longueur. Vers la fin de novembre, avant l'époque des gelées,
j'ai mis dans l'aquarium environ 500 Goujons et Ablettes, et
elles n'ont pas eu d'autre nourriture pendant l'hiver et jus-
qu'au 15 février. J'ai commencé alors à leur donner deux
fois par jour une pàlée de limaçons, qui fut remplacée au mois
de mai par du foie de mouton, dont elles mangent chaque
jour pour 10 centimes. J'ai continué depuis le mois de mai le
même système d'alimentation, et j'estime à environ 3 francs
par mois, ou 21 francs pour sept mois, la nourriture de mes
Truites jusqu'à ce jour. 11 peut y en avoir environ 150 : elles
sont toutes devenues comestibles, et plusieurs d'entre elles
ont de o5 k hO centimètres.
Il n'existe plus aucun doute dans mon esprit sur la possi-
bilité d'acclimater la Truite dans toutes les eaux, même dans
les moins renouvelées , à la condition toutefois de la faire
naître et de l'élever dans le milieu où elle doit vivre.
Je regrette beaucoup que mon éloignement n'ait pas permis
à un plus grand nombre de MM. les membres de la Société
de venir examiner les résultats que j'ai obtenus.
PIRCICÎTLTfJRE Dr T.AC PAVIN
ÉDUCATION DES SAUiMONS.
Par n. Anatole GILLET DE GRA\l»^IO:\'l.
(Séance du <) lévrier 1803.)
Ouand nuire Société instituait un comité pour décerner des:
récompenses à tous ceux qui auraient contribui' aux progrès
de la zoologie et de la bolanicfue pratiques, il entrait dans ses
vues, non-seulement de récomjienser les foils acconqtlis,
mais encore d'encourager les efforts, d'exciter l'émulation, et
surtout de soutenir le zèle de ceux qui en auraient montré le
plus. Chacun de vos lauréats prend donc devant vous l'enga-
gement de tenir la Société au courant de ses travaux et de ses
résultats, de ses succès ou de ses revers. C'est pour accomplir
ce devoir que je viens aujourd'hui vous parler de la piscicul-
ture du lac Pavin.
M. Lecoq, vous vous le rappelez, à la fin de l'année 1860,
vous a fait connaître les généreux efforts de M. Rico pour
l'acclimatation des principales espèces de Salmonidés dans des
eaux qui n'en avaient jamais connu; et vous avez gratifié ce
dernier d'une médaille d'argent. Vous savez que c'est dans le
lac Pavin qu'ont eu lieu ses expériences. Ce lac est élevé de
ItO/i mètres au-dessus du niveau de la mer. La vue dont on
jouit, quand on est arrivé jusqu'à lui, le faisait souvent visi-
ter par les touristes; mais il avait été surnommé la mer Morte
à cause de ses eaux désertes ; à peine y trouvait-on quelques
Vairons et quelques Goujons. Ses eaux, profondes de 90 mètres
en moyenne, étaient, disait-on, minérales, sulfui-euses, fatales,
en un mot, aux poissons, puisqu'on n'y en rencontrait pas :
partant, c'était le comble du ridicule que de tenter d'y en in-
troduire! Malgré ces préjugés, qui ont cours trop souvent
encore, débités qu'ils sont par des gens dont le langage témé-
262 SOCIÉTÉ niPÉiUALE zooijxiioiJK d'acclimatation.
laii'c constitue toute r;iuto;ilé, iiiiilgré ces préjuges, M. Hico,
confiant dans la sage direction de M. Lecoq et de M. Coste,
n'a [las hésité à affermer ce lac pour quinze ans. C'était grand
dommage en effet de laisser /i2 hectares d'eau sans popula-
tion! Toutefois, je l'avouerai, on pouvait hésiter avant de se
lancer dans une pareille spéculation, puisque les ruisseaux
descendant du lac contenaient des Truites, et que jamais celles-
ci n'avaient paru dans les eaux mortes de Pavin.
Cependant M. Rico, en 185S, demandant à Iluningue des
œufs de Truite, Ombre, Saumon, Fera, en lançait les ale-
vins dans ses eaux, en même temps qu'il y jetait d'autres
poissons pour les faire servir un jour à l'alimentation des
Salmonidés. Trente-deux mois après ces premiers essais, notre
savant confrère, M. Lecoq, nous annonçait qu'on avait déjà vu
des Truites longues de 30 à àO centimètres.
Depuis cette époque que sont devenus les poissons qu'on y
a déposés par centaines? Quels sont les résultats obtenus?
M. Rico les a fait connaître à M. Coste, et j'ai désiré vous les
communi(juer.
En 18()1, des hameçons munis de tlotteurs furent placés
dans le lac depuis le mois d'avril jus(|u'au mois de septembre.
Hs ont pris trente et une Truites et quatre Saumons pesant
ensemble 22 kilogrammes 950 grammes. La jjIus grosse
Truite était du poids de 1600 grammes ; en supposant qu'elle
fût la plus âgée, elle n'avait encore que trente-huit mois.
En 1862, pendant le même laps de temps, les trémails, qui
ne retiennent (jue le poisson qui les traverse, ramenèrent
cent quatre-vingt-(jualnrzc Truites, et les hameçons à Hutteurs
donnèrent sept Saumons.
Ainsi, malgré un outillage très-défectueux, malgré les dil-
iicultés que présente la pèche dans ce gouffre profond et
irrégulier, on est arrivé à prendre, en dix mois, deux cent
trente-six pièces qui ont été vendues 1025 francs, à raison de
3 francs 50 centimes le demi-kilogramme, })our être servies
sur la table des grands a])préciateurs.
Ce quimi'a paru le plus remarquable dans cette pèche, que
je puis dire miraculeuse, c'est le poids de 1100 grammes
ÉDUCATION DES SAUMONS. 263
alleinl par un Saumon long de 5Q centimètres et âgé tout au
plus de quatre ans ; aussi ai-je désiré fixer votre attention
sur ces chiffres pour rassurer ceux qui ne se livrent que timi-
dement à l'éclosion des œufs de Saumon. En effet, vous le
savez, que de lois n'a-t-il pas été dit que les Saumons ne crois-
saient pas dans les eaux douces, qu'ils restaient grands comme
des Goujons, et que leur chair était détestable. Voilà cepen-
dant des faits qui tendent à prouver le contraire ; et, si je
rapproche de ceux-ci les résultats qu'a obtenus M. Gervais
dans les eaux de l'Hérault et de ses affluents, où l'on a péché,
vers la fin de 1861, des Saumons pesant 600 à 800 grammes,
qui étaient encore alevins en 1858 ; si je songe également aux
Saumons déposés par M. Costeà Saint-Gucufa, dans les étangs
de l'Empereur, et qui, à dix-huit mois, étaient en plein état de
reproduction et mesuraient 15 à 20 centimètres, je ne puis
me défendre de croire que l'éducation du Saumon dans les
eaux douces avait été vue sous un jour bien défavorable, ou
(ju'on avait préjugé la question.
Ainsi je crois qu'il demeure acquis à la science que le Sau-
mon peut vivre et croître promptement dans les eaux douces.
S'il ne s'y doit pas reproduire de lui-même, fait qui n'est
point encore démontré, il deviendra cependant un deshabi-
lanls de nos eaux ; on l'élèvera en slabulation, comme déjà
on élève des Truites, et, quelle que soit sa taille, il fournira
une nouvelle ressource à l'alimentation publique.
Ou'il n'y ait donc plus désormais de détracteurs des idées
nouvelles; qu'on ne vienne pas dire : telle expérience, telle
tentative ne réussira pas. Le travailleur a besoin d'encoura-
gements; c'est pour soutenir et réchauffer son zèle que notre
Société a été fondée, et non pour lui inspirer la crainte et lui
apporter le découragement. En fait d'acchmatation, la science,
c'est l'expérimentation ! Qui sait ce que l'avenir réserve à la
puissance de l'homme sur les animaux.
Sim LA CLLTl kl: 1)1 QUINQUINA
A- JAVA,
Par M. ROCU(J$»«E\.
ancii'ii gouverncui' géiioi'al des Imles iieeiiaiKl.iises,
ancien présidenl du coiiïcil des ministres de S. M. le Koi des Pays-Bas.
SUITE ET FIN (1).
(Séance du 12 décembre 1862.)
II.
Déjà, en 1820, des propositions furent faites au gouverne-
ment néerlandais pour l'introduction de la culture du Ouin-
quina à Java, et depuis elles furent renouvelées souvent. Ces
propositions réitérées fixèrent l'attention du gouvernement
sur un objet peu connu d'abord, mais dont l'utilité et l'im-
portance se firent sentir instinctivement. On fit au début
des tentatives qui restèrent sans succès. Je citerai ici, en pre-
mier lieu, l'envoi de M. Textor de Rotterdam au Pérou, sur
la proposition du célèbre professeur de chimie à l'université
d'Utrecht, G. J. Mulder. Mais M. Textor y mourut avant ([\ui sa
mission eût quelque résultat. Je me rappelle avoir planté moi-
même, comme pour y donner une certaine importance, étant
gouverneur général des Indes néerlandaises, au jardin bota-
nique de Buitcnzorg (Java), en I8/18, une plante qui avait
été envoyée du jardin botanique d'Amsterdam , et qu'on
croyait être un Cinchona de bonne espèce, mais qui, plus
tard, s'est trouvée appartenir à une espèce de Quinquina
blanc, et no contenir qu'une (luantité minime d'alcaloïde.
En 1851, ic gouvernement néerlandais, ayant appris que
le gouvernement français avait reçu des semences de Cincbona
par le consul français à Bogota, et les avait envoyées en
Algérie pour en essayer l'acclimatation, s'adressa au gouver-
nement français pour s'associer à cet essai dans l'intérêt de
riiumanité, et déclara que si le gouvernement français était
disposé à céder une partie de ses semences, il les enverrait à.
Java, et ferait toul ce qui serait possible pour y introduire
(1) Voyez, pour la première parlie, p. 198.
. , CULTURE DU QULNljUl^A A JAVA. 265
celte culture. Le gouvernciiieiil IVaiicais accepUi t;racieuse-
ment celle proposition, mais ne put y donner suite, les
semences ayant été dirigées directement sur Marseille, et de
là en Algérie, où elles ne produisirent que quelques jeunes
()lantes, qui périrent par suite d'un sirocco violent.
Ce désappointement, bien loin de décourager le gouverne-
ment néerlandais, ne lit que le stimuler davantage. Il comprit
qu'il devait agir par lui-même, et prendre des mesures éner-
giques pour atteindre le but. M. Pahud, alors ministre des
colonies, plus tard gouverneur général, accueillit la propo-
sition qui lui fut faite, d'envoyer un naturaliste-botaniste dans
l'Amérique méridionale , pour y faire collection de jeunes
plantes et de semences, et les transporter directement de là
à Java. Il exposa ses projets au roi, et obtint de Sa Majesté,
par arrêté du ;U) juiji iS5'2, l'autorisation de prendi'c les me-
sures nécessaires pour réaliser cette grande entreprise, dont
l'exécution fui confiée à M. .1. C. Hasskarl, ancien directeur
du jardin liotanique à Builenzorg. Ce clioix fut, ajuste titre,
généralement approuvé. M. Hasskarl, encore dans la force de
l'âge, était, par un long séjour à Java, acclimaté dans les
pays tropicaux, et par sa position antérieure, son amour pour
les sciences naturelles et la botanique, Tbomme qu'il fallait
pour celte mission imj)oi'tante. L'événement l'a bien prouvé ;
car, malgré les dillicullés sans nombre que M. Hasskarl a
rencontrées dans l'exécution de sa tàcbe, il s'en est acquitté
avec plein succès et à la satisfaction générale.
Le gouvernement comprit que pour un liomme comme
Hasskarl, la meilleure instruction est celle qui laisse la plus
grande liberté pour agir d'après les circonstances. On se borna
donc à quchiues points principaux. Comme but, il lui fut
prescrit de se rendre au Pérou et en Bolivie, pour y faire
collection de jeunes plantes et de semences de Cincbonas,
non-seulement de l'espèce calisaya, mais aussi d'autres bonnes
espèces; de les expédier en partie directement sur Java, par
un navire de la marine royale qui serait, à cette fin, dirigé au
Callao, avant-port de Lima ; en partie sur la Hollande.
Pour ne pas perdre de temps en doublant le cap Horn, il
266 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
(levait se diriger par les paquebots à vapeur de Southanipton
à Chagres, et par l'isthme de Panama à Guayaquil et Loxa,
d'où il entreprendrait ses courses dans l'intérieur.
Il (juitta la Haye le !i décembre 1852 pour Southanipton,
oi^i il s'embarqua, le 17 de ce mois, sur le vapeur la Plata. Il
arriva le 1" janvier 1853 à Saint-Thomas, et le 1/i, à Aspin-
wall, près de Chagres. Apprenant que, à cause de la saison
des pluies, il devrait relarder de quelques semaines ses
excursions dans l'intérieur, il se rendit d'abord à Lima. Dans
le commencement de mai, il se trouvait dans les Cordillères.
et de là il descendit dans les parties plus basses du Pérou.
Je n'essayerai pas de décrire les dilïîcultés, les dangers et
les fatigues de son voyage, en partie h cheval, en partie à
pied, par des sentiers presque impraticables. Il poursuivit sa
route par Vitoe, sur Monobamba, où il trouva les premiers
Cinchonas, mais différents des calimya^ principalement les
espèces ovala, amyr/dalifolia e.ipiihescens. Ce n'est que dans
les environs d'Uchubamba qu'il vit les C. calisaya en grande
quantité. Le 28 juillet 1858, il fit un premier envoi de jeunes
plantes et de semences des espèces ci-dessus désignées, et les
dirigea sur Lima, où elles arrivèrent un mois et demi plus tard,
pour être envoyées en Hollande. Les jeunes plantes y furent
placées dans des caisses à la Ward, et expédiées sur Panama;
mais, par suite d'un mal entendu dans l'expédition ultérieure,
les plantes y restèrent longtemps exposées à l'influence du
climat brûlant, et moururent toutes. Les semences arrivèrent
enHollande, où elles furent distribuées aux jardins botaniques
d'Amsterdam et des diverses universités néerlandaises.
D'Uchubamba, Hasskarl se dirigea vers les provinces {)lus
méridionales, alors en insurrection contre le gouvernement:
circonstance qui augmenta singulièrement les dilllicultés et
les dangers de sa mission. Il s'était flatté de trouver dans la
province de Carabaya les Cinchonas en pleine floraison, et
d'en recueillir des semences ; mais il se trouva désappointé
dans cet espoir. A la fin de septembre 1853, Hasskarl arriva
à Cuzco, l'ancienne résidence des Incas. De là il se rendit à
Sandia, chef-lieu du district de ce nom, le seul endroit où,
culturp: du quinquina a java. ?.07
d'après Hasskarl, le Quinquina du Pérou soit encore exploité.
II se mit on rapport avec les cascarilleros practicos les plus
expérimentés, pour apprendre d'eux toutes les particularités
qui pourraient lui être utiles. Là aussi il arriva trop tard
pour voir les Cinclionas en floraison, et pour trouver des
semences. 11 y lit deux observations que je ne dois pas oublier
de mentionner ici, parce qu'elles contribuent àjeler j)lus de
lumière sur la science quinologique. La première, est (jue
l'on ne trouve nulle part, au Pérou, des forêts de Cinclionas,
comme on l'a dit et répété si souvent; mais que les arbres sont
dispersés et rai"es. Tandis que les vieux Cincbonas, surtout de
l'espèce calisaya, n'existent presque plus dans le district de
Garabaya, les cascarilleros les ayant presque tous abattus, on
en trouve encore quelques-uns de l'autre côté de la grande
rivière, dans les districts babités par les Indiens sauvages. La
seconde observation se rapj)orle aux semences. L'enveloppe
dans laquelle elles se trouvent, est singulièrement mince et
fragile, ce qui fait que les semences se dispersent très -vite par
le vent, et (ju'il n'est pas facile de les recueillir ; mais aussi
que le Cincbona se propage de soi-même, et possède ainsi un(3
garantie contre sa disparition entière, malgré les dévastations
et les ravages des cascarilleros.
A la fin de 1853, Hasskarl se décida à retourner à Lima,
pour y attendre le retour de la bonne saison. Cependant il n'y
resta pas, parce que la fièvre jaune y régnait dans toute sa
force ; mais il alla au Cbili, où le climat plus frais lui rendit
ses forces et sa santé, délabrées par les fatigues et les priva-
tions. Dans la prévision de l'arrivée de la frégate de la marine
royale destinée à transporter les jeunes plantes et les semences
à .fava, il s'établit quelque temps à Arequipa, pour y attendre
l'annonce de l'arrivée à Islay d'une vingtaine de caisses
Ward qu'il avait fait confectionner à Lima ; puis, après avoir
laissé une lettre pour le commandant de la frégate, il entre-
prit de nouveau un voyage jusqu'à 150 lieues {léguas) dans
l'intérieur, pour continuer sesrechercbes. C'est vers la Bolivie
surtout qu'il tournait ses regards; car, à en croire les rap-
ports, c'est dans certaines contrées de ce pays, nommées
268 SOCIÉTÉ JMI'ÉHIÂLE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION.
Manchas, ([u'on trouve encore les C. calisaya réunis en grand
nombre el beaucoup plus foris et plus grands qu'ailleurs.
Malheureusement, le Pérou était en guerre avec la Bolivie;
on avait assuré à Hasskarl que la défense de passer la fron-
tière venait d'èlre levée. Ayant passé la Paz, et se trouvant à
Sutchis (sur la frontière de Bolivie), il ajiprit que l'entrée
de ce pays était encore interdite. Hasskarl se retira sur le
territoire péruvien, et, en longeant la frontière, lit plusieurs
tentatives pour rentrer en Bolivie en compagnie de casca-
rilleros, les seuls qui, \yàv connivence réciproque, pussent
passer la frontière ; mais découvert et traité en espion, il aban-
donna son projet de pénétrer dans la Bolivie. Il se dirigea de
nouveau sur Sandia, a|)rès avoir fait des contrais avec les
cascarilleros pour lui livrer, dans cet endroit, de jeunes
plantes et des semences de l'intérieur de la Bolivie, landis
que de Sandia il faisait lui-même des excursions en tous sens,
pour continuer ses recherches. C'est là qu'il recul /lOO jeunes
C. calisaija, que le chef d'une comp^ignie de cascarilleros lui
apporta, après un long et pénible voyage de l'intérieur de
la Bolivie. Un autre chef, qui s'était engagé à lui fournir
des semences des plus beaux raUsaya de la lîolivie, et qui
nièinc avait louché drs avances sur leur livraison, est resté
en retard.
.h' n'entrerai point dans le détail des innondjrables dillll-
cullés que Hasskarl eut à surmonter pour trans})orter son
trésor, ces AOO plantes, sur une longue distance de lôO lieues,
de Saudia jusqu'au port d'embarquement, par une route aussi
difficile que dangereuse. 11 fallait les tenir assez humides pour
qu'elles ne se desséchassent point sous l'influence des vents
secs et des rayons d'un soleil brûlant, dardant d'aplomb; il
fallait les protéger pendant le jour contre la grande chaleur,
la nuit contre le froid très-vif sur les hauts plateaux et les
montagnes qu'on avait à passer, où, pendant la saison d'hiver,
de juin à août, il gèle souvent la nuit. Il était impossible de
laisser les racines dans la terre; car le poids aurait été trop
lourd et le nombre de mulets aurait été trop grand. Hasskarl
résolut donc de les envelopper dans de la mousse, que l'on
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA, f 560
hnmeclait chaque scir. Pour préserver les jeunes plantes et
leurs racines, elles furent placées et fixées dans les écorces du
pisiing (bananier) el couvertes de grosse toile.
A Sandia, on ne trouvait pas de bananiers, il fallait les faire
venir de la plaine à dos d'homme ; on n'y trouvait pas de
mousse non plus, il fallait en faire chercher sur les montagnes;
on n'y trouvait pas même les cordages nécessaires, et l'on fut
obligé en partie de les faire venir de loin, en partie de les
faire fabriquer, tant bien que mal, de r(''corce d'un arbre que
les indigènes nomm&ni pamihn. On comprend que de difli-
cultés tout cela devait faire surgir, dans un pays qui olfre
si peu de ressources et avec une population si indolente et si
peu intelligente. La plus grande de toutes fut de trouver le
nombre nécessaire de mulets pour le transport de toute la
caravane et des provisions nécessaires.
A la iln, Hasskarl se mit en mouvement le 8 juin J85A, et
quitta Sandia avec l'intention de presser sa marche, atin de
soustraire les plantes le plus tôt possible à l'action des grands
changements de tempi/rature, et pour ne pas tomber entre
les mains des guérillas des parties belligérantes, pour les-
(juelles tout était de bonne prise.
Mais, plusieurs mulets venaient de succomber, et arrivés à
Azangora , plusieurs conducteurs refusèrent d'aller plus
loin. Il fallait en trouver d'autres; mais cela était bien
difficile, car la i)lupart avaient été mis en réquisition })Our
transporter à Guzco des fusils arrivés de Bolivie.
Hasskarl parvint à vaincre tous ces obstacles, et arriva sain
et sauf, avec son convoi, à Arequipa, où il reçut une lettre du
commandant de la frégate royale à voiles, le Prince Frédéric,
(jui l'informait de son arrivée sur la côte, et ajoutait que ses
instructions portaient que, dans le cas où il ne le trouverait
pas à Islay, il devait se rendre à Callao pour l'y attendre.
Hasskarl fut donc obligé de se rendre à ce port; mais il
éprouva de nouveau des contrariétés dans ce voyage, princi-
palement par suite des mouvements de troupes des belligé-
rants et par manque de mulets. En outre, les caisses Ward
qu'il attendait de Lima n'étaient pas arrivées à Arequipa, et
270 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOf.IQUE d'âCCLIMATATION.
il fallut aller les prendre à Islay. C'est là qu'il mit les plantes
dans les caisses, et il eut la satisfaction de s'assurer que, quoi
qu'elles eussent été pendant quatre semaines privées d'air et
de lumière, elles étaient restées en bon état. Enfin il arriva le
7 août cà Gallao, et les caisses avec les plantes furent portées à
bord et placées en partie sur l'arrière-pont, en partie dans les
barcas ou grandes chaloupes.
La frégate ne fut prête à appareiller que le 21 août 185/i.
Elle quitta le port de Callao , relâcha pendant dix jours aux
lies Sandwich, et touchant aux îles Mariannes ou Ladrones ;
elle poursuivit par la mer de Chine sa destination pour Java.
Mais à UO milles desiles Philippines, la frégate eut à soutenir
un ouragan violent, ({ui l'obligea de toucher à Macasser, où
elle arriva le 3 décembre pour y subir quelques réparations.
Pour ne pas exposer plus longtemps qu'il n'était nécessaire
à l'action du climat sa collection, qui avait déjà beaucoup
souffert en mer par les grandes chaleurs, Ilasskarl la trans-
porta à bord du steamer de la marine royale le Gedeh, en
station à ÎMacasser, qui le conduisit à Batavia, où il arriva le
4 3 décembre 185/|. Les caisses furent aussitôt transportées
à Buitenzorg, et de là à Tjipannas, situé sur la grande route
de Batavia et de Buitenzorg, vers l'est de l'ile.
Au versant est du volcan Gedeli, haut de 10 500 pieds, il y
a, à 3000 pieds d'élévation, une villa où le gouverneur va de
temps en temps respirer un air plus frais que dans la plaine ;
il y existe une succursale du jardin botanique de Buitenzorg
pour les plantes qui ne peuvent prospérer dans la plaine.
Le gouverneur général chargea Hasskarl de la direction de
la culture du Ouinquina.
m.
Hasskarl trouva un collaborateur zélé et éclairé dans la
personne de M. Teysman, directeur du jardin botaniques de
Buitenzorg, (jui déjà, avant son arrivée, avait pris une part
très-active à l'acclimatation des Cinclionas à. lava. C'est par ses
soins que le C. calisaya, obtenu en 1850 ))ar le professeur
de Vriese, de MM. Thibaut et Keteleer, et envoyé à la fin de
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA. 271
1851 à Java, dont j'ai déjà parlé plus haut, ainsi que les
C. calisaya ei pubescens offerts par M. J. A. Willink, d'Ams-
terdam, avaient été plantés à Tjipannas, de même que les
jeunes plantes provenues, dans les jardins botaniques en
Hollande, des semences reçues au ministère des colonies
sous les noms de :
1° Ciiic/iona Comlaminea, lancifoUa, recueillies dans la
Nouvelle-Grenade par Karsten, et envoyées par le consul
général néerlandais à Caracas, M. de Lansberg. On en obtint
quelques nouveaux pieds dans le jardin botanique de Leyde.
2° C. (imygdalifolui, Wedd.,par Hasskarl, et expédiées de
la Hollande par VOverland Mail à Java.
3° C. calisaya, de la vallée de Sandia. La moitié de ces
semences fut réexpédiée à Java, et l'autre moitié distribuée
aux jardins botaniques en Hollande.
k" C. calisaya, Wedd., var. josephiniana. Ces semences,
confiées au jardin botanique de Leyde, ne réussirent pas.
5" C. pubescots , distribuées aux jardins Ijotaniques en
Hollande.
6" C . ovata, R. et P. (cascarilla crispilla chicjua). L'anno-
tation qui accompagnait cette espèce portait qu'elle était ori-
ginaire de Holiubamba (Pérou) , à une élévation de 5600 pieds
de Paris, sur des pentes exposées au soleil. Je fixe spécialement
l'attention sur cette espèce ; car elle joue un grand rôle dans
l'histuirc de l'acclimatation des Cinchonas à Java. Elle fut
reconnue, plus tard, ne pas être de l'espèce des ovata^ alors
on la nomma lucumœfolia, et plus tard Howard, sur la pro-
position de Jungbuhn, lui a donné le nom de pahudiana,
d'après le nom du ministre Pahud, qui avait confié à Hasskarl
sa mission, et qui, en 1856, prit le gouvernement des Indes
néerlandaises.
Harsskarl trouva donc, à son arrivée, plusieurs plants
de Cinchonas, provenant en grande partie des semences
envoyées par lui, enculture par les soins de Teysman,àTjipan-
nas, à une élévation de /|/|00 pieds, et àTjibodas,à/i800pieds,
où celui-ci les avait [)lantés à distance de 20 pieds, dans les
forêts vierges sufïisamment élaguées pour leur donner de l'air.
272 SOCIÉTÉ iMPÉniALE ZOOLOGlQUË d'aCCLIMaTATION.
Les vingt et une caisses apportées par Hasskarl directement
de l'Amérique, avec les /|00 jeunes pieds de Cinclionas qu'on
lui avait fournis à Sandia comme calisaya de Bolivie, furent
ouvertes ; mais un grand nombre étaient morts ou en très-
mauvais état. Les rapports officiels n'en indiquent pas le
chiffre ; ils ne donnent pas non plus séparément l'histoire des
Cinchonas apportés directement par Hasskarl, de ceux em-
ployés ou obtenus des semences de la Hollande. Les données
que les rapports fournissent représentent les chiffres généraux
d'après les différentes espèces, mais sans distinction de pro-
venance.
Hasskarl continua l'œuvre de Teysman, en choisissant Tji-
pannas et ses environs jiour premier dépôt et pépinière de la
culture des Cinchonas ; non pour l'y restreindre, mais dans
l'intention de l'étendre sur plusieurs points de l'Ile de Java.
Il planta ceux des jeunes Cinchonas qu'il venait d'apporter de
l'Amérique méridionale, <jui avaient résisté au voyage et à la
grande chaleur, à plusieurs hauteurs, entre iOOO et 5000 pieds.
Malheureusement les nouvelles plantations eurent lieaucoup à
souffrir par des tempêtes qui se succédèrent à courts inter-
valles, et furent la cause que, de nouveau, plusieurs exem-
plaires périrent ou furent fortement endommagés.
Mais ces pertes et ces désastres pouvaient d'autant moins
décourager Hasskarl et Teysman, qu'ils venaient de faire
l'expérience que les Cinchonas ne se perpétuent pas seulement
par les semences, mais peuvent aussi être propagés par bou-
tures, quoique cette opération demande beaucoup de soins et
une méthode j)articulicre.
LY'tat des plantations, à Tjipannas et à Tjibodas, au
1" juin J856, a été constaté comme suit :
\" Cinchnna calisaiia, au-dessous de 25 centimètres 1
— — de 25 à 50 id »>
~ — de 50 à 75 id. . . , 9
— — de 75 à 100 id 12
— — de 100 à 125 id 17
— •— de 125 il 150 id _ji_
/|3
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA. 273
2° Cinchona ovata, au-dessous de 23 coiiliniètros 28
— — de 25 à 50 id 2
— — de 50 à 75 id 2
— — de 75 à 100 id 6
— — de 100 à 125 id IG
— — de 125 à 150 i;l 18
— — de 150 il 175 id IG
88
En oulre, il s'y li'ouvait 1030 boutures préparées dans les
serres à une température moyenne de 29", 8 centigrades.
Dés lors on pouvait donc se flatter d'une bonne réussite
de la grande œuvre.
Cette prévision venait de recevoir de nouvelles cliances de
réalisation. Par les soins incessants du ministre des colonies,
deux nouvelles expéditions de Cinchonas obtenus des se-
mences envoyées par Hasskarl en Hollande venaient d'être
dirigées vers Java.
La première, laite par le jardin botanique de Leyde, con-
sistait en trois grandes caisses ou compartiments d'une con-
struction toute spéciale: la première caisse contenait 50 beaux
exampkiires de Cinchona calisai/a ; \sL seconde, 88 C. ovata
et (3 lancf/'ûlia, et la troisième, 50 C. ovata.
Le navire sur lequel ces caisses furent cliargées quitta
la Hollande le i'' septembre 1856, et arriva à Batavia
le 7 décembre de la même année. A son bord, se trouvait le
naturaliste .lunghubn, avantageusement connu dans le monde
scientilique par ses écrits sur Java et les autres lies de l'arcbipel
Indien. Le ministre avait chargé ce savant de la surveillance
de ce précieux envoi. Il s'acquitta de cette tâche comme on
pouvait l'attendre de lui ; c'est gTcàce à ses soins pendant tout
le voyage, que cet envoi arriva dans le meilleur état à Java :
il n'était pas mort plus de 10 exemplaires pendant le voyage.
Aussitôt après leur arrivée, les plantes furent transportées
àTjiniroeang, sur le plateau du mont Mahnvar, au centre de
la province de Préanger, et plantées à une (''lévalion de 5000
ù 6000 pieds.
Une autre expédition, faite du jardin botanique d'Utrecbt,
dont le voyage fut de plus longue durée et (jui n'eut pas
T. \. — Mai 1863. ly
T7tx SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
les soins et la surveillance d'un Jinigliuhn, ne produisit
que 7 exemplaires en bon étal et 13 dans un état languissant.
Ceux-là aussi furent confiés au sol à Tjiniroeang.
Plusieurs moururent, Le rapport du 1" avril 1856 constate
en croissance :
Cinchona calisaya ÙO
— ovata ♦^S
— lancifolia 6^
7 y
Un tiers de ce nombre fut constaté en excellent état ;
9 pieds laissaient peu d'espoir de conservation ; par contre,
la plupart des jeunes tiges avaient des pousses nombreuses,
propres à en faire des boutures.
Malheureusement l'état de la santé de Hasskarl, si forte-
ment éprouvée, ne lui permit plus de continuer sa tâche, el
l'obligea de retourner en Europe. Junghuhn fut nommé son
successeur, et voua, dès ce moment, foute son activiîé au
succès définitif de cette grande œuvre.
Mais Junghuhn ne marcha [sas sur les traces de son prédé-
cesseur. 11 s'en écarta d'abord, en abandonnant les pentes du
mont Gedeh, nommément Tjipannas et Tjibodas. 11 donna la
préférence au plateau élevé, près du mont Malawar, dont j'ai
déjà fait mention ci-dessus ; il y créa onze enclos à des hau-
teurs différentes, entre ^i330 et 6500 jùeds, où règne une
température moyenne de 10" à U'\3 centigrades.
Les raisons qu'il avance, pour justifier celte préférence par
rapport aux qualités du sol, au climat et à plusieurs autres cir-
constances, semblent très-plausibles; mais on a regretté que
dans son zèle, il soit allé trop vite et trop loin, en faisant
transplanter les arbustes et jeunes plantes, à peine en crois-
sance sur les pentes du montGedeb, dans les nouvelles localités»
sur le plateau Malawar, près de Tjiniroeang ; car, à en croire
la critique que Teysman en a faite dans une brochure de date
récente, non-seulement plusieurs exemplaires en sont morts,
mais en général la croissance des autres en a été retardée.
C'est ici le lieu de faire mention d'un écrit très-intéressant,
sous le titre de Gi/ide ou Imtriution pour la culture des
CULTURE DU QUINQUINA À JAVA. 275
('inchonas, que Junghulm rédigea peu de temps après que la
direction lui en eut éti'; confiée. Cette instruction contient
onze articles, et chaque article est accompagné d'un mémoire
explicatif d'un haut intérêt. Ces pièces ont été publiées dans
la Revue industrielle de Java (année 1858, tome V, livrai-
sons I et II); elles sont trop étendues pour les reproduire ici,
je ne puis en indiquer que quelques particularités.
Ayant mis en avant la thèse bien rationnelle qu'on doit
assigner à chaque espèce de Cinchona une place qui cor-
responde, autant que possible, à la température moyenne de
son sol natal dans l'Amérique méridionale, il entre, à ce sujet,
dans des détails et des comparaisons avec Java, qui sont de
grande valeur pour tous ceux qui veulent étudier la question
à fond, ou qui se proposeraient d'essayer ailleurs l'acclimata-
tion du Quin({uina. Je dois me borner ici à indiquer la source
où l'on pourrait puiser ces renseignements de haute utilité.
Il conseille de choisir des localités 01.1 l'on Irouve une végé-
tation semblable à celle de l'Amérique du Sud, d'où l'on a tiré
les différentes espèces ; et, à cet elfet, il donne une nomen-
clature et une cora[)araison de la flore de Java avec celle de
l'Amérique, pour les quatre espèces en culture sur le plateau
de llalawar, avec indication des hauteurs respectives pour
chaque espèce. Il fixe des règles sur les modes de planter,
d'ombrager et d'arroser les jeunes plantes; il entre dans les
détails les plus minutieux sur celui d'obtenir des boutures ;
sur les pépinières ; sur les insectes nuisibles ; sur les précau-
tions à prendre contre les dévastations par les buflles sauvages,
les rhinocéros, les tigres, les sangliers, les cerfs.
Plus tard il publia un rapport sur l'état des plantations en
août 1857, et en 1860, un autre sur la situation à la fin de
l'année 1859, rapports dans lesquels on trouve de nouveau des
détails et des considérations qui complètent en quelque sorte
ses vues sur la matière.
Malgré la prédilection que Junghuhn avait manifestée pour
le plateau du mont Malawar dans les environs de Tjiniroeang,
il sentit cependant l'utilité, sinon la nécessité, d'étendre les
essais sur plusieurs points de Java, et en conséquence il éta-
•27o SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION.
blit des succursales principalement sur les monts Kendeng et
Tangkoeban Praoc, également dans la province de Préanger
et àWonodjampi, sur le mont Ajang, dans le sud-est de Java,
près de l'île de Dali, où l'air est plus sec et plus clair que dans
les contrées plus boisées de la partie occidentale de .lava. Je ne
possède pas assez de données sur ces nouvelles plantations
pour en parler ici avec détail.
A la fin de l'année 'J85V), le nombre total des arbustes en
pleine croissance fut constaté comme suit :
Cinchona calisaija 800
— ovata {hiciimcrfulia on pahudiana) . . . '28 2P)9
— lanceolaia h'>
— ■ succirubra 35
— lancifoUa 1/|
A ce noml)re on doit ajouter les plusieurs milliers de
jeunes plantes dans les couches à germer.
Le gouvernement n'a pas encore publié les rapports officiels
des résultats constatés à la fin de 18(50 et 1861 ; mais il est
généralement connu que le nombre des arbres s'est augmenté
très-rapidement. On calcule à prés de 8000 celui des calisatja,
tandis que celui des ■pdhndum.a a augmenté en proportion;
mais, malheureusement, on craint que cette espèce ne con-
tienne de l'alcaloïde qu'en quantités très-minimes.
On voit par ce rapide résumé que le gouvernement et ses
agents n'ont rien négligé de ce qui pouvait être l'ait pour
l'introduction et la culture des Cinchnnas.
Mais, |*our compléter les essais, il fallait ajouter les <'xpé- •
• riences de la chimie à celles de la culture ; il fallait, pour ne
pas tomber dans l'empirisme et pour allier la science à la pra-
tique , analyser le sol et les plantes et leurs produits. Le
gouvernement y pourvut, en adjoignant à Junghuhn un
chimiste, M. di' Vry, qui avait donné des preuves de capacité,
et occupait une chaire de chinno et de ])hysique à l'école
clinique de Rotterdam.
Dans la quatrième partie de ce mémoire, je communiquerai
quelques résultats de ses recherches chimiques, qui permet-
CULTURE DU QUINQUINA A JAVA. 277
Iront de juger jusqu'à quel point on peut dire que la culture
du Quinquina a réussi à Java, et pourra contribuer, dans
l'avenir, à pourvoir l'Europe du seul et unique remède dont
riiumanité et la civilisation ne puissent plus se passer.
IV.
Huit cents arbustes calimya en 1859, et aujourd'hui pro-
bablement 8000 sont en pleine croissance. Les indications
les plus exactes des quinologues les plus experts les ont fait
reconnaître comme appartenant à la véritable et meilleure
espèce. Des exemplaires, parmi les plus âgés, ont été en flo-
raison, et l'on en a retiré des semences. Son écorce contient,
d'après les analyses chimiques de M. de Vry, autant d'alcaloïde
i{ue les calisaya de la Bolivie doivent en contenir d'après le
tableau de Delondre et Bouchardat. Enfin, la quinine extraite
de l'écorce de calisaya obtenu k Java a été exposée à la
grande exhibition internationale à Londres, et v a été cou-
ronnée du premier prix.
Mais on peut craindre encore que le c////.s«//a ne croisse pas
si grand et si fort à Java que dans son pays natal, ou qu'il ne
s'y multiplie pas de même, parla dispersion de ses semences.
On pourrait répondre à ce doute en demandant pourquoi l'ar-
bre, qui a déjà prouvé qu'il contient les mêmes éléments,
perdrait ses qualités distinctives? Au pis aller, on recueillerait
l'écorce d'un tronc moins élevé et de branches moins fortes,
et l'on aurait soin d'en planter toujours en grand nombi^e.
Les Cinchonas qu'on a pris jtour l'espèce ovata d'aljord,
que Junghuhn a nommés ensuite lucumœfdlia , et que
Howard a appelés ;j«/«<f//r/«6r, ont réussi, quant à l'acclima-
tation, au delà de toute prévision. Cette espèce semble se
complaire singulièrement sur le sol javanais. Elle n'est ni
exigeante, ni capricieuse; elle pousse luxurieusement sur des
élévations moindres que celles qu'exige le calisaya.
Aussi le nombre s'en est augmenté au delà de toute pro-
portion, comparativement aux calisaya. Mais, et ici je dois
constater un résultat non-seulement moins satisfaisant, mais
à mon avis un gi-and désappointement, les expériences chi-
278 SOCIÉTÉ IMl'ÉIUALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
iniques de M. de Vry ont prouvé que l'écorce de celte espèce
ne contient pas d'alcaloïde. Toutefois il en trouva dans les
racines; ce qui fait espérer à Jungiiuhn que la quinine, qui
manque encore dans la jeune écorce, s'y trouvera quand
l'écorce sera plus âgée. Weddell a fait l'observation, et Bidlel
l'a confirmée {Erdmanns Journal, Dand LXl), que plusieurs
espèces deCinclionas contiennent jjcaucoup moins de quinine
dans les jeunes écorces que dans les vieilles. Il semble que la
cinchonine s'y forme d'abord, et plus tard la quinine, qui va
en augmentant, tandis que la cinclionine diminue.
Mais je ne partage que très-faiblement cet espoir, après tout
ce que j'en ai appris et depuis qu'est venu à ma connaissance
le jugement d'Howard, qui paraît classer cette espèce parmi
les carabay émis dont Weddell ne pense pas beaucoup de bien,
en disant : « Son écorce, qui ressemble beaucoup à celle de
» l'espèce (juc je viens de citer (le C. josepldniana), quoi-
» qu'elle soit en général plus lisse, n'a pas été recueillie jus-
•» qu'ici, que je sacbe, dans un but commercial ; l'épaisseur
» en étant d'ailleurs si failde, qu'on n'en retirera presque
j> aucun profil. » L'écorce de V es'pèce jja/mdia?m est très-
mince, et avec cela ne contient pas de quinine ; l'idée qui a été
émise de tirer la quinine des racines seulement est inadmis-
sible, et ne mérite pas même d'être traitée sérieusement. Je
le répèle, mon opinion personnelle, quant à cette espèce,
(jai, pai' malheur, a été cultivée de préférence aux autres, est
défavorable.
Quoi qu'il en soit, l'avenir décidera ; en attendant, le gou-
. vernement a donné l'ordre de ne plus augmenter le nombre
des paJauliana , et de s'appliquer aux espèces reconnues
comme riches en quinine, spécialement à l'espèce calisay<t,
dont, comme nous favons vu plus haut déjà, environ 8000 ar-
bustes sont en croissance. N'oublions pas, non plus, qu'il se
trouve à Java de beaux et forts exeinplair(;s de l'excellente
espèce du C. succirubra (1), du lanceolata et du kmci.folïa.
En résumé, les résultats obtenus ne sont pas encore
(l) Je ne sais pas (l'une manière certaine de queilc expédition de plantes
ou de seniences est pro venue ceite espèce,
Cl'I/ri'RK or OIJINQUINÂ A JAVA. 279
entièrement décisifs. Il serait prématuré de déclarer qu'il y a
réussite; mais il n'est pas exagéré de dire qu'il y a commen-
cement de réussite. Les premières et les plus grandes diffi-
cultés sont vaincues; mais je ne l'ai pas nié, des doutes, des
incertitudes existent encore. Cependant, avec une ferme
volonté et la persévérance qu'on ne peut disputer aux Hol-
landais, surtout avec la continuation des efforts du gouver-
nement, et les moyens qu'il met à la disposition de l'adminis-
tration coloniale, on peut se flatter que le but sera atteint, et
que le résultat définitif récompensera les sacrifices qu'on
s'est imposés et les soins qu'on s'est donnés. Ici le passé parle
pour l'avenir. A la fin du xvif siècle le café était inconnu à
Java; la compagnie des Indes orientales, comprenant combien
la culture de cette fève aromatique pourrait devenir impor-
iante pour son commerce, envoya des agents en Arabie, où le
caféier avait été transplanté du fond de l'Ethiopie, afin de
l'introduire à Java, pour en faire une des grandes cultures de
cette île si fertile et, par son sol montagneux, si propre à une
végétation variée. Le premier essai date do 1690; mais les
difficultés de tout genre furent grandes, et produisirent un tel
désappointement, qu'au commencement du xviif siècle on
constata dans les archives du gouvernement : « Que les essais
» réitérés, mais infructueux, pour acclimater le café à Java,
» avaient prouvé suffisamment qu'il ne peut y croître. » Ce
moment de découragement passa vite ; on persévéra; on y
consacra plus de moyens et plus de soins, et l'on réussit. Au-
jourd'hui, Java est le pays qui produit le plus de café après le
Brésil, et d'une qualité supérieure; le gouvernement trouve
dans cette culture de très-grands avantages directs et indirects.
Le même esprit d'entreprise pour introduire de nouvelles
l)ranches de cultures à Java anima le gouvernement néer-
landais dans ce siècle. C'est ainsi que, après la restitution
de la colonie par l'Angleterre à la Hollande en 1816, on a
réussi à y introduire sur une grande échelle celle du Thé, de
l'Indigo, de la Cochenille et de la Vanille. Les jjremiers essais
ne fuient pas toujours satisfaisants ; mais en persévérant, on a
fini par vaincre les difficultés et surmonter les obstacles.
280 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZO()L()(ilQUli d'acCLIMATATION.
Avf^c ces antécédents, comment, reculerions-nous devant les
quelques doutes que la culture du Quinquina peut présenter
encore? Et conunent n'aurions-nous pas lui dans un succès
final et complet?
L'Europe a fixé les yeux sur cette entreprise qui l'intéresse
au plus haut degré; car il s'agit ici d'assurer, pour ainsi dire,
son pain au malade, et de le lui procurer à des prix qui ne
surpassent pas ses moyens.
Ce n'est pas comme spéculation, c'est comme acte humani-
taire que le gouvernement néerlandais a entrepris et poursuivi
cette œuvre; il ne désire pas le monopole ; il ne se cache pas
sous le voilf du secret. Le gouvernement anglais envoya un
agent à Java, le docteur Anderson. Il y reçut l'accueil le plus
empressé. Il visita toutes les plantations, et on lui fournit non-
seulement les renseignements nécessaires, mais aussi déjeunes
plantes et des semences de toutes les espèces. On trouve un
résumé de son voyage dans le journal de Calcutta : Fricnd of
India, du 10 avril 1S62. Aujourd'hui le docteur Anderson est
chargé par le gouverneur général anglais d'essayer cette
.•ulture dans l'Inde anglaise, à Darjeeling, station non loin de
la haute chaîne des Himalaya, et sur les monts Khasia, dont
le climat est plus tropical que celui de Darjeeling.
Espérons que ces efforts aussi seront couronnés de succès!
.le suis convaincu (]ue des agents français recevraient un
accueil non moins empressé.
J'ignore si la France voudra recommence" un essai dans
l'Algérie ou dans ses autres colonies ; j'ignore, faute de don-
nées précises ou topographiques, si leur sol et leur climat sont
de nature à promettre une chance de succès ; mais je ne doute
nullement que tout essai de ce genre qu'on voudrait tenter,
ne trouvât de l'écho, de la sympathie et une cordiale coopé-
ration en Hollande : sentiments dont, pour ma i)art, j'ai voulu
donner des preuves en tâchant de satisfaire au désir de la
Société d'acclimalation et de son honorahle président. En ju-
geant mon travail et en appréciant mon désir de lui être utile,
elle sera, je m'en llatte, indulgente pour ce que cet essai peut
avoir d'in^omplet ou d'incorrect.
LE PIN PEl-GO-SONG DE CHINE.
LETTRE ADRESSÉE A M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ
IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION,
Par M. Eusënc SIMORi.
(Séance du 12 décembre 18G'2.)
Pékin, le lï! aoni 1aG2.
Monsieur le Secrétaire général,
J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un dessin d'une
espèce de Pin (jue je crois nouvelle, et qu'il me paraît très-
désirable d'introduire dans nos parcs, dont elle deviendrait
un des plus magnifiques ornements. Afin d'aider la Société à
apprécier l'opinion que je lui soumets ici sur la nouveauté
de cet arbre, j'ajoute à mon envoi un petit rameau et deux
morceaux de son épiderme qui tombe et se renouvelle chaque
année comme celle du Platane.
Ce Pin est appelé par lesChinois, Vci-go-song.
Ils le regardent comme un arbre quasi sacré et ont pour
lui une sorte de respect. Aussi ne le rencontre-t-on que dans
les cours et les jardins des pagodes, dans les lieux de sépul-
ture des grands personnages et dans les jardins impérinux.
Le boisdePei-go-song passe pour incorruptible, et l'arbre lui-
même serait presque impérissable, puisqu'il vivrait plusieurs
milliers d'années.
J'en ai vu un auquel on attribue deux mille ans. lia exacte-
ment l'",65 de diamètre et environ 30 à 32 mètres de hauteur.
C'est certainement un des plus beaux arbres que l'on puisse
voir. Tout son tronc et ses branches sont d'un blanc d'argent
éclatant, ainsi (juc le montre la figure et que le prouvent les
morceaux d'écorce annexés. L'ensemble du feuillage n'est pas
Irès-épais, mais il est d'une extrême élégance. Les Chinois
recueillent avec soin récorce qui se détache, la pulvérisent,
et, en la mélangeant avec de l'huile, en l'ont un onguent qui
est excellent dans les maladies de peau (dartres, etc.)
282 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
L'arbre qui a servi de modèle est dans une pagode voisine
de celle que j'habite aux environs de Pékin. Il a cinq cents
ans, O", 97 de diamètre et 25 mètres de hauteur environ.
Le Pei-go-song n'est pas originaire des environs de Pékin,
où il est assez rare ; il doit venir des montagnes voisines du
Tibet ou du Tibet même, mais dans la Chine proprement
dite il ne se rencontre qu'ici. Il y en a de très-beaux dans les
jardins du palais impérial de Yuen-ming-huen, situé à une
lieue de chez moi.
Je pourrai envoyer en France, dans trois ou quatre mois,
100 kilogrammes de graines, lorsqu'elles seront mûres; mais
en attendant j'en enverrai dans un mois deux sujets vivants de
I mèlre à ■1"',20 de hauteur, pour lesquels on me demande
30 francs pièce, mais que j'espère obtenir pour 15 francs.
Si cet arbre était nouveau et que l'on jugeât à propos de
lui donner un autre nom que celui de Pei-go-song, je deman-
derais qu'on le nommât Pin Napoléon, du règne de qui il
pourrait être l'emblème, parce qu'il esta la fois /or/, éclatant
et bienfaisant.
.l'ai en ce moment plusieurs notices à envoyer à la Société;
mais mes excursions, et aussi une indisposition de quelques
jours, due à riiifluence d'une épidémie de choléra qui m'a
suivi de Takon à Pékin (où il est dans toute sa force en ce mo-
ment), c'est-à-dire depuis deux mois, m'ont empêclié de les
préparer : je ferai en sorte de vous les expédier par le prochain
courrier.
Veuillez agréer, etc. G. Eug. Simon.
SUR UN
ENVOI D'ARBRES FRUITIERS ET FORESTIERS DU CANADA
LETTRF, ADRESSÉE
AU. LE PRÉSIDENT DE LA SOr.IÉTE IMPÉRIALE d'ACCLIMATATION,
Par M. GALLDRÉE-ItOILLEiïL,
Consul çéiipral de France an Canada.
(Séance du 21 novembre 1H62.;
Monsieur le Président,
J'ai riionneur de vous annoncer que j'ai expédiéjavant-hier
par le navire à voiles, Honocha/t, capitaine Francis Scott,
une caisse et deux colis adressés à Id Société impériale d'ac-
ciiinatalion et recommandés aux soins de M. le consul de
France à Livcrpool, à qui j'ai écrit pour lui donner avis de
cet envoi, et le prier, aussitôt que le Runochan arriverait
à Liverpool, de faire chercher à bord les objets dont il s'agit
el de vous les transmettre. J'ai pris à ma charge toutes les
dépenses entre le Canada et l'Angleterre : la Société n'a donc
pas à s'en occuper.
Vous trouverez sous ce pli, monsieur le Président, la liste
des articles contenus dans la caisse et les deux colis en question.
Les Asclepi.us renfermés dans la caisse appartiennent à
l'espèce la plus commune au Canada : ils croissent en abon-
dance dans toute la province, principalement dans la partie
occidentale. Un membre de la Société d'accUmalation,
M. Joly, Français de distinction établi depuis longtemps à la
Pointe-Platon, sur les bords du Saint-Laurent, avait eu l'idée,
il y a quelques années, de mettre à profit dans l'industrie les
qualités des Asclepias, dont la tige est formée, comme vous le
savez, d'une matière libreuse analogue à celle que fournit le
Chanvre, et dont les gousses sont remplies d'une substance
qui tient à la fois de la nature de la soie et de celle du coton.
Les tentatives de M. Joly n'eurent malheureusement pas tout
le succès qu'elles méritaient. Depuis lors on avait perdu
VAsclepias de vue, du moins au Canada, quand, à la suite de
la guerre pendante aux Etats-Unis, le manque de coton se fit
sentir en Angleterre, et l'on commença naturellement à se
préoccuper des moyens d'y remédier. Parmi les plantes sur
lesquelles l'attention s'est récemment portée, parce qu'on les
28/l SOCJÉTÉ IJIPÉHIALE ZOOLOGIQUK d'acCLIMATATIUN.
croyait propres à remplacer jusqu'à uu certain point le coton,
j'ai entendu mentionner les Asclepias ou Cotonniers sau-
vages du Canada. J'ignore en quelle façon il sera possible
de les utiliser. On fait en ce moment des essais dans plusieurs
localités, entre autres à Ilamilton, sur le lac Ontario. S'ils
réussissaient, les Asclépiadées canadiennes pourraient acquérir
de l'importance, parce qu'elles sont vivaces et viennent par-
tout à l'état sauvage. Les aigrettes soyeuses qui remplissent
les fruits possèdent une grande iinessc, mais il parait ({u'elles
sont trop courtes pour être facilement tissées. On aurait
moins d'obstacles à vaincre pour la préparation des libres de
la tige; les avantages à recueillir seraient aussi moins consi-
dérables : on obtiendrait en elïet un article qui se rappro-
cherait du chanvre plutôt que du coton.
11 y a eu sur le sujet des Asrlepias une correspondance
assez intéressante du docteur Lawson, professeur de bota-
nique à Kingston, .l'ai eu l'honneur de vous transmettre ce
document, qui a été déposé dans la caisse même oi^i les tiges
ù'Asc/epias sont emballées. La communication de M. Godley
avait été motivée par l'envoi au Jardin botanique de Kingston
d'un Asclepias des montagnes Rocheuses, dont la découverte
est due à iM. F. U. IIart(de Saint-Louis), qui le croit propre à
remplacer avantageusement le Colon. Il n'y a que l'expérience
qui puisse prononcer à cet égard. La nouvelle plante est cul-
tivée à Kingston et à Toronto, où j'ai pu l'examiner. On m'a
promis d'ailleurs des tiges et des semences que j'expédierai à
Paris, dès que je les recevrai.
Je passe maintenant aux arbustes composant les deux colis
qui accompagnent la caisse.
Le Peuplier du Canada est un arbre magnifique, dont la
croissance est extrêmement rapide et qui atteint de fort grandes
dimensions ; les semences en sont très-cotonneuses.
Le bois de plomb ofl're de curieuFCS particularités : l'écorce
delà tige est d'une rare ténacité; elle forme des ligaments
excellents; la feuille est un violent purgatif. L'arbuste lui-
môme est joli; la fleur qu'il porte est une des premières qui
se montrent au ])rintemps.
La Vigne sauvage est gracieuse , et croît ])artout dans la
Anr.RES FRUITIERS ET FORESTIERS DU CANADA. '285
campagne. L'Ile d'Orléans, qui est située vis-à-vis de Québec,
en était autrefois tellement couverte, qu'elle avait reçu des
premiers émigranls français le nom d'île de Bacchus. Cette
Vigne est chargée de grappes dont les grains possèdent un
goût aigrelet qui n'est pas désagréable; elle serait, je crois,
susceptible de culture et donnerait probablement des raisins
qui ne le céderaient pas aux Calawbas transplantés de la
Caroline du Nord dans l'Oliio, et employés, ainsi que vous ne
l'ignorez pas, pour la fabrication d'un vin fort répandu aux
États-Unis. On a réussi, du reste, à extraire du vin de qualité
passaltle des raisins de la Vigne sauvage du Canada. Ces expé-
riences n'avaient eu lieu jusqu'à présent que sur une petite
échelle ; elles vont être reprises et le cercle doit en être étendu.
Les quatre espèces de Pommiers sont les plus estimées que
le bas Canada possède. On envoie, chaque automne, en Angle-
terre, des quantités considérables de Pommes « fameuses », de
Pommes «grises» et de Pommes du Saint-Laurent. Il y a
une autre qualité, la Bourassa, qui jouit aussi de beaucoup
de réputation, mais elle devient fort rare, et je n'ai pas pu me
la procurer cette année.
Une plante dont la tleur a une odeur suave, le Stp-inga
canadcnsis, et quebpies Érables à sucre, coinplètent l'envoi.
J'aurais voulu y joindre des plantes médicinales, mais le doc-
teur Sturton, qui eût pu me les procurer, est malade.
Je ne voudrais pas fermer ma lettre, monsieur le Président,
sans dire un mot des recherches que j'ai faites dans le haut
Canada pour éclairer la question des Vers dont les cocons
pourraient être utilisés dans l'industrie séricicole. Il v a très-
peu de personnes dans la province qui s'intéressent à la fabri-
cation de la soie, et j'ai eu la bonne fortune de rencontrer
celles qui s'en occupent avec le plus de suite ; ce sont M. et
M"" Lawson (de Kingston) et M. Cottle(de\Voodslock), J'espère
avoir, par leur intermédiaire, des cocons et des graines de
Vers à soie. M. Cotllc a déjà eu la bonté de me donner sur les
Cecropia du Canada une note assez détaillée. J'attends de son
obligeance de nouvelles et plus amples informations, et
j'espère en obtenir aussi de M. et M"" Lawson,
Veuillez agréer, etc. Gauldrée-Boii.leau.
II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX
DES SÉANCES GKNÈUALKS DK LA SOCIÉTf;,
SÉANCE nu 17 AVRIL 1863.
Présidence de M. Drouvn de Lhuys, président.
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance
précédente, qui est adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. Arnould (Charles), propriétaire., négociant, à Paris.
P'aultrieu (Alphonse de), officier supérieur du génie
en retraite, à Vaux prés Metz, eî à Paris.
Fleurîmont (Charles), propriétaire, à Paris.
Goffint-Delrue (Jean-François), avocat, membre de
plusieurs sociétés savantes, à Mons (Belgique).
Haudos (Justin), propriétaire, député au corps législatif,
membre du conseil général de la Marne, à Loisy, par
Vitry-le-François (Marne), et à Paris.
Le Gendre Décluv, ingénieur, à Nanterre (Seine).
M. le Président annonce à rassemblée la perte douloureuse
que la Société vient de l'aire dans la personne de notre savant
et dévoué collègue M. Moquin-Tandon, l'un de nos vice-
présidents, enlevé subitement par une mort prématurée, le
15 de ce mois (voy. au Bidleti?i, p. 161). Membre de la
Société dès son origine, membre de son Conseil d'administra-
tion depuis IS57, élu vice-président en 1S62, M. Moquin-
Tandon n'a jamais cessé de prendre une part très-active à
nos travaux, et il avait, dans ces derniers temps, donné de
nombreuses preuves de son dévouement à notre œuvre. Une
lettre de son lils informe la Société de ce funeste événement.
M. le Président donne ensuite la parole à M. A. Passy,
vice-président, qui rappelle les éminents services rendus à la
Société par notre regretté collègue, et la part importante qu'il
a prise au développement de son œuvre. (Voy. au Bulletin,
p. 161.)
— S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et
PROCÈS-VERBAUX. 287
des travaux publics, par une lettre en date du IS avril,
informe M. le Président qu'il met à la disposition de la Société
une caisse de cocons vivants et de Vers à soie du Chêne de
Chine {Bombyx Pernyi), envoyée par M. Simon.
La Société a en effet reçu cette caisse contenant plus de
deux cents cocons expédiés vivants ; mais malheureusement la
température qu'ils ont eu à subir en route a produit une fer-
mentation qui laisse peu d'espoir d'en sauver quelques-uns.
M. le Président lait remarquer qu'un premier envoi de même
provenance était arrivé dans les mêmes conditions, il y a
environ un mois, et que ce double insuccès démontre lesdifli-
cullés que présente cette introduction, à laquelle la Société
attache tant de prix et qui a fait l'objet d'une de ses premières
préoccupations.
— M. Vauvert de Méan, vice-consul de France à Blyth , membre
du comité local de l'Association britannique pour l'avancement
de la science {British Association for f//e (idvaiiconenf of
science), écrit pour inviter la Société, au nom de cette insti-
tution, à se faire représenter au congrès qui doit avoir lieu,
le '26 août prochain, à New-Castle, sous la présidence de sir
William Armstrong. Après avoir donné lecture de cette lettre,
M. le Président prie ceux de MM. les membres qui seraient
disposés à répondre à cette invitation de vouloir bien faire
connaître leur intention.
— M. le docteur Mueller, par une lettre datée de Melbourne,
le "23 février 1863, après avoir remercié notre Société, au
nom de la Société d'acclimatation de Victoria, des dons qu'elle
a reçus de nous, annonce qu'il nous adresse par le navire
Sussex, capitaine Piiders, une collection d'animaux vivants
d'Austrahe.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères écrit, en
date du 'U avril, pour transmettre les remercîments de la
Société d'acclimatation de Melbourne, pour les Chèvres d'An-
gora qui lai ont été envoyées par la Société impériale, et l'an-
nonce de l'expédition d'animaux dont il vient d'être question.
— M. N. Girodon, ingénieur civil, sur le point de partir
pour un voyage en Puissie, et particulièrement en Sibérie
288 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIMATATION.
adresse à la Société ses offres de service et demande des
instructions.
— M. Douteille, secrétaire général de la Société zoologique
des Alpes, écrit, en date de Grenoble, le 12 avril, pour annoncer
la perle que vient de faire celte Sociélé d'un couple de Lamas
enlevés subitement par une mort foudroyante, des suites
d'une congeslion pulmonaire, et Tinauguralion du Jardin d'ac-
climalalion de Grenoble ikée au mois de juin prochain.
— M. Fabre, directeur de la ferme école de Vaucluse, fait
parvenir des instruclions sur le mode d'expédition du lot de
Chèvres d'Angora ([ui lui est confié à litre de cheptel.
— M.John Bush, trésorier de la Société d'acclimatation de
Londres, répondant à une lettre (jui lui avait été adressée au
sujet des Moutons Ong-li confiés a ses soins, donne de nou-
veaux renseignements sur les faits concernant l'introduction
de cette race en Angleterre et sa reproduction. De ces rensei-
«nements il résulte que la fécondité exceptionnelle des Mou-
tons Ong-li de Chine paraît être confirmée.
M. l'agent général transmet une lettre qui lui a été
adressée par noire honorable collègue M. Balcarce, chargé
irafiaires de Buenos-Ayres à Paris, annonçant l'envoi qu'il fait
à la Sociélé, sur la demande de S. Exe. M. Drouyn de Lhuys,
* d'un mémoire sur les laines de la république Argentine et sur
le bétail de ce pays. (Voy. au Balldin.)
— M. Boisnard-Grandmaison l'ait parvenir les œufs de
^•à\\i)iOw [IHk'" "l'K'^'x^""") '^^^ Autruche d'Amérique, et le
squelette de Tatou, dont il avait annoncé l'envoi dans une de
ses précédentes correspondances.
S. Exe. M. Kœnig-bey, secrétaire des commandements
du vice-roi d'Egypte, écril, en réponse à une lettre de M. le
secrétaire général, qu'il eslen mesure de tenter racclimalation
du Gourami, et renouvelle l'assurance de ses bienveillanles
disposiliims à l'égard de notre œuvre.
— M. liené Gaillaud, par une lettre du \h avril, signale une
erreur de chiffres commise dans une communication présen-
tée à la dernière séance sur une question de pisciculture rela-
tive à la production du Saumon en eau douce et captive. Le
PROCÈS-VERBAUX. 280
cliillio de 15 Irancs indiqué comme étant le prix du kilo-
gramme des Saumoneaux d'eau douce lui semble très-exagéré.
M. Caillaud,qui, depuis dix ans, cherche sérieusement à com-
pléter les enseignements de la théorie par ceux de la pratique,
et qui se tient avec soin au courant du mouvement commer-
cial des marchés ou des fournisseurs de Paris, assure que
jamais ce poisson ne s'est vendu àuntelprix. L'observation de
notre confrère a pour but de prémunir les producteurs contre
l'illusion que pourrait faire naître en eux l'asscrlion qu'il
rectifie, au sujet de la valeur de ce produit.
M. Gillet de Grandmont répond à celte observation que
le chiffre qu'il a indiqué n'est pas celui de la production, mais
que c'est le prix de vente chez les principaux marchands de
comestibles.
— Notre confrère M. Kreuter, de Vienne (Autriche), adresse
une demande d'œufs de Vers à soie de l'Ailante et de graines
de Loza.
— M. Roger-Desgenettes annonce, à la date du 15 avril,
que les 5000 œufs qu'il a reçus d'Huningue ont produit
hQ'2S poissons qu'il a distribués à diverses personnes, ainsi
qu'un panier de montée d'Anguilles qui lui a été adressé
d'Abbeville. Il a déposé dans la Marne 2500 Truites, Saumons
ou Ombres et 3000 Anguilles.
— M. Ed. Renard, ancien délégué du commerce français en
Chine, membre de la Société, lui fait hommage d'une petite
provision d'œufs de Ver à soie ya-)?m-maï du Japon qu'un
de ses cwrespondants s'est procurée, sur sa demande, h l'aide
de sacrifices très- onéreux. Malheureusement ces œufs sont
arrivés en grandepartic éclos, avec les Vers morts, et il reste
peu d'espérance que l'on parvienne à sauver quelques-uns des
Vers qui sont encore renfermés dans les œufs.
— M. Guérin-Méneville, par une lettre datée de Toulon, le
15 avril, annonce qu'il fait en ce moment une seconde tournée
dans le midi pour suivre les progrès de l'éducation des Bo?)i-
byx )«-;w/-w2f/i- distribués par la Société et par lui, et donne
d'excellentes nouvelles des résultats observés jusqu'à présent,
T. X. ~ Mai 18G3. . . , 19
590 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
principalemciil ;i Toulon, chez M. Auzeiide, jardinier en chef
du jardin de la ville.
— Notre contrère M. A. Marchand, directeur de la Société
l'Ailantine, répondant à une lettre qui lui a été adressée au
nom de la Société, assure qu'il hii réservera une partie des
œufs de Ver à soie de l'Ailante dont il pourra disposer pour
la prochaine campagne séricicole.
— M. le secrétaire fait passer sous les yeux de l'assemblée
une figure photographique représentant des bruyères chargées
de cocons du Ver à soie du Mûrier obtenus par MM. Folsch et
Cie (de Marseille), dont la Société a déjcà reçu plusieurs com-
munications intéressantes sur la sériciculture.
— MM. Jouve et Meritan font parvenir un exemplaire du
compte rendu général de leurs expériences pour l'année 186!),
faites dans leur établissement d'éducation précoce de Vers à
soie du Mûrier, h Cavaillon.
— M. Drouyn de Lhnys transmet une demande d'œufs de
métis du Ver à. soie de l'Ailante et de celui du Ricin qui lui
a été adressée d'Angleterre par lady Nevill.
— Une demande de graines de Bombyx Cyntliia est adressée
également par notre confrère M. Rozan, de Tonneins (Lot-
et-Garonne).
M. Drouyn de Lhuys fait parvenir une Note sur le Ba-
nanier d'Abyssinie qui lui a été remise par M. de Belleyme,
membre du corps législatif, et annonce qu'il a invité M. Le-
jean, vice-consul de France à Massouah, à recueillir et à lui
transmettre une collection de graines de ce végétal qu'il des-
tine à la Société.
— Notre honorable collègue M. Denis (d'Hyères), après
avoir ofiert ses remercîments pour la récompense que la
Société lui a décernée dans sa dernière séance annuelle,
rend compte des résultats de ses cultures de végétaux exo-
tiques et représente l'intérêt qu'il y aurait h faire traduire
la Monographie des Palmiers du docteur Martin, et à publier
un résumé de cet ouvrage pour en répandre la connais-
sance. Il envoie en même temps deux exemplaires d'une
proposition qu'il a adressée à la ville d'IIyèrcs pour assurer
PROCÈS-YERBAUX. 291
la conservalion de son jardin qui rcnfei'nie des merveilles
végétales.
— Notre zélé confrère M. Brierre (de Saint-Hilaire de Riez),
envoie un nouveau compte rendu de ses essais de culture,
accompagné de plusieurs dessins.
— Des demandes de graines de végétaux sont adressées par
plusieurs membres de la Société.
— La Société royale de Flore de Bruxelles envoie un exem-
plaire de son Bulletin, qu'elle propose en échange de celui de
notre Société.
— La même proposition est adressée par le Comice agri-
cole de Lons-le-Saulnier, qui fait également parvenir trois
numéros de ses publications.
— M. A. Cochet dépose un exemplaire d'un mémoire sur
les propriétés du guano.
— M. de "SVûh, frappé du triste résultat des expéditions
l'écenles de cocons du Bombyx Peniyi, Ver à soie sauvage
du Chêne envoyé récemment de Cliine, présente le dessin
d'une caisse à compartiments qui donnerait toutes chances de
succès à ces envois. M. le Président, en offrant les remercî-
menls de la Société à notre honorable confrère, fait remar-
quer que les instructions envoyées ces jours derniers à
M. Simon renferment précisément la description trés-détaillée
d'un appareil construit d'après la même idée.
— M. E. Lamiral donne lecture d'un Mémoire sur la pisci-
culture marine. (Voy. au Bulletin.)
— iAl. Dufour, délégué de la Société à Constantinople, lit
également des Notes sur les animaux et les végétaux de la
Turquie. (Voy. au Bulletin.)
— M. Hébert, agent général delà Société, lit une Note sur la
culture de trois variétés de Pomme de terre produites par
celles que M. Roehn avait recueillies dans les Cordillères des
Andesj qu'il place sous les yeux de l'assemblée et qu'il met à la
disposition de messieurs les membres. (Voy. mi Bulletin.)
SÉANCE DU 1" :\1AI 1863. ,. ■ .
Présidence de M. A. Passy, vicc-i'iésident.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. Brignole (le marquis de), ancien ambassadeur, à Paris.
Chauviteau (Ferdinand) , ancien agent de cliange, à Paris.
Cmni (S. Exe. M-'), archevêque de Myre, nonce du
Saint-Siège apostolique, à Paris.
Combes (le docteur), à Paris.
CouRCEL (Alphonse de), attaché au ministère des affaires
étrangères, k Paris.
Dauzât-Dembarrèue, député, vice-président du conseil
général des Hautes-Pyrénées, à Paris.
Drouin (Jules), juge au tribunal de commerce, maire du
h" arrondissement, à Paris.
Dupont (le docteur), au Ilaut-Tingry, par Samer (Pas-
de-Calais).
Lelouterel (le général), à la Quelonnière, près d'Olivet
(Loiret), et à Paris.
Taveau (Constant), propriétaire, à Paris.
ViNSON (le docteur), de l'île de la Pièunion, à Paris.
— Des lettres de remercîments pour leur récente admission
sont adressées par MM. Domingo Parodi, de l'Assomption
(Paraguay) ; Legendre-Décliiy, de Nanterre, et Gotrmt-Delrue,
de Mons.
— S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies, par
une lettre adressée k M. le Président, en date du ;U) avril,
l'informe que, sur sa demande, il vient d'appeler l'attention
du gouverneur de la Réunion sur les dispositions qui lui ont
été indiquées par la Société impériale comme étant de nature
à favoriser le développement de la Société d'acclimatation de
la Réunion.
-- M. le préfet du déparlement de la Côte-d'Or écrit pour
annoncer le versement prochain d'un premier à- compte de
500 francs sur la sonniie de 1000 francs souscrite, sur les fonds
PROCÈS-VEniiAUX. ■ 'J93
du département, i)ar le conseil général, pour la statue de
Daulienton.
— S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture, par une lettre
du 21 avril, invite M. le Ministre des affaires étrangères, pré-
sident de la Société, à faire prendre une collection d'animaux
du Japon envoyés par M. E. Simon, et qu'il veut bien mettre
ù la disposition de la Société.
— Une lettre de M. le directeur du Jardin d'acclimatation
annonce que ces animaux, au nombre de' neuf, dont trois Mou-
lons, trois Chèvres et trois Poules, ont été installés au Jardin.
— M. le Président donne lecture d'une lettre adressée à
M. Drouyn de Lhuys par M. E. de Lesseps, chargé d'affaires
de France à Lima, qui annonce que le général San Roman,
président de la république péruvienne, regrettant l'insuccès
des tentatives d'introduction de la Coca en France, a voulu
du moins faire hommage à l'Empereur et à S. Exe. M. le
Ministre des affaires étrangères d'un troupeau de cinquante
Lamas et cinquante Alpacas du premier choix. Ce troupeau,
dont l'embarquement sera confié aux soins expérimentés de
M. E. Roehn, n'attend que le rétablissement de la santé de cet
intrépide voyageur pour quitter le Pérou. M. de Lesseps
signale la bienveillance et le zèle témoignés dans cette cir-
constance par M. Barrenechea, secrétaire du ministère des
affaires étrangères de la république péruvienne.
— M. le vicomte L. de Lémont, vice-consul de France à
Fernambouc, écrit de cette ville, le 30 mars, à M. le Président,
pour l'informer du départ, sur le navire Colifjtnj, le '23 du
même mois, d'une collection de douze animaux qu'il destine
au Jardin d'acclimatation.
— M. le docteur Sacc transmet une lettre de notre géné-
reux confrère M. IJalaille, deCayenne, qui fait également par-
venir une nouvelle collection de neuf animaux de la Guyane,
embarqués sur le navire de l'Etat l'Amazone. La lettre de
M. Bataille, dont la Société s'est habituée à apprécier le zèle
infatigable, contient en outre des notes adressées à la Société
sur le Manioc, le Couac, les Cassaves, sur différents remèdes
contre la morsure des Serpents et sur deux espèces d'Abeilles
29/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATIOxN.
sans aiiiLiilloiis de la Guyane, avec un travail sur divers moyens
qu'il propose comiuo propres à assurer le développenienl de
notre colonie.
— M. Felmann, sous-direcleur au ministùre de la guerre,
transmet un extrait d'une lettre qu'il a reçue de notre confrère
M. Dabry, consul de France en Chine, qui rinforme qu'il pré-
pare pour la Société une très-riche collection d'animaux, et
surtout d'oiseaux.
— M. Charles Arnoukl fait hommage à la Société d'une
Poule sultane de la cote occidentale d'Afrique, qui a été
déposée au Jardin d'acclimatation.
— M. E. Simon écrit de Chang-haï, le 28 mars, pour pré-
senter trois nouveaux membres, négociants en Chine et au
Japon, et annoncer le prochain envoi qu'il prépare du fameux
Polype à vinaigre, signalé par notre regretté confrère le père
Hue, et de l'insecte à cire du Su-tchuen, appelé La-tchong
par les Chinois, et qui est bien supérieur aux autres insectes
cérigènes de Chine.
— M. le Président appelle l'attention de l'assemblée sur cette
longue énumération d'envoi d'animaux en cours d'exécution
qui vient s'ajouter à ceux déjà annoncés par la correspondance
des dernières séances, et fait remarquer l'activité inespérée
avec laquelle se développe notre oeuvre, grcàce au concours
de nos dévoués confrères ou correspondants de l'étranger.
— MM. les secrétaires de la l'" et delà '2* Section déposent
les procès-verbaux des séances du 10 mars et du 7 avril de
ces deux sections.
— M. II. Berdin adresse à M. le Président une Note sur les
moyens qu'il croit propres à étendre indéfiniment la propaga-
tion des idées de la Société, et à augmenter son action et son
influence, en lui attirant un nombre considérable de nouvelles
adhésions.
— M. Planchon, directeur de l'École supérieure de phar-
macie de Montpellier, écrit à M. le Président, le 23 avril, qu'il
a recueilli, conformément à la demande qui lui en avait été
faite, au norii de la Société , par notre regretté collègue
M. Moquin-Tandon, une collection considérable de greffes des
PROCÈS-VERBAUX. 295
vingt-dcu^i meilleures variétés d'Oliviers cullivées aux environs
de Montpellier. Cet envoi, préparé avec le soin le plus minu-
tieux, répond au désir exprimé par M. le ministre de l'agri-
culture de l'empire brésilien d'introduire dans ce pays la
culture des Oliviers. M. Planclion a joint à cette belle collection
dos instructions auxquelles sa haute expérience donne une
autorité incontestable.
— M. le Président fait remarquer que, dans les derniers
jours de sa vie, M. Moquin-Tandon, qui s'était tout particu-
lièrement intéressé à cette expédition, avait rédigé des notes
sur le mode de multiplication des Oliviers, qui ont élé égale-
ment adressées à M. le ministre du Brésil à Paris. J\l. le Pré-
sident dépose une copie de ces notes, dernier souvenir de
notre savant collègue,
— M. Marquès-Lisboa, ministre du Brésil, offre à la Société
sesremercîments pour ces notes, qu'il a reçues et transmises
à son gouvernement.
— M. Fabre, consul général de France dans rÉijuateur, par
une lettre datée de Quito, le 16 mars, rend compte à M. le
Ministre des affaires étrangères de ses démarches pour que le
troupeau de cent tètes des animaux désignés sous le nom
général de Hamas, dans les Andes, dont le président de cette
république lait hommage à l'Empereur, soit surtout composé
d'Alpacas. Ce troupeau n'attend, pour être expédié, que la
présence à Guayaquil du navire qui doit les amener.
— M. le vicomte de Morleuil écrit qu'en compensation de
la perte du Bouc d'Angora, dunt il avait fait connaître récem-
ment la mort, il a la satisfaction d'annoncer la naissance de
huit très-beaux chevreaux de cette race, savoir, quatre mâles,
dont deux métis, et autant de femelles, tous très-bien portants.
— M. Labbé (Philippe), de Luçon,par une lettre du 30 avril,
annonce l'envoi de sept Muges de différents âges et de dilVé-
rentes (ailles, péchés dans un bassin d'eau douce où il élève
un certain nombre de ces poissons, qu'on ne trouve ordi-
nairement que dans les eaux salées. La présentation de ces
poissons, dont la provenance est constatée par un certificat
authentique, confirme les observations laites par M. Caillaud
290 snciKTi': impériale zooLor.iQUE n'Ar.r.LiM/VTATiON.
à l'assemblée généi'ale do la Société, dans sa séance du 22 jan-
vier dernier.
M. Labbé entrelient en outre la Société de Faits relatifs à
des expériences d'éclosions d'ceufs de Truite et de Saumon
placés dans des conditions différentes. Il dit avoir constaté que
i'éclosion avait mieux réussi lorsqu'il avait placé ces œufs
dans un courant d'eau provenant du condenseur d'une ma-
chine à vapeur, dont la température variait de 2 à 12 degrés,
qui était tantôt claire, tantôt troublée, et où les œufs étaient
légèrement couverts de vase, que pour ceux qu'il avait placés
dans un appareil à éclosion dans une eau limpide, ou dans un
bassin d'eau également claire et courante disposé à cet elTet.
S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères donne
lecture d'une lettre qu'il a reçue de M. le docteur A. Martin,
relativement à la Notice adressée par lui sur l'acclimatation
des Polypiers madi'époriques. L'auteur de cette lettre signale
la nécessité d'études trés-approfondies sur cette question, et
indique deux publications qui pourraient fournir des rensei-
gnements utiles dans ce sens : 1" la partie géologique, miné-
ralogique, etc., du Voyage de r Astrolabe, rédigée par M. le
docteur Grange, d'après les travaux les plus modernes, notam-
ment ceux de DarAvin ; 2" le tome deuxième des Tableaux delà
nature, par A. de Humboldt (Notes et additions p. 65 à 81).
— Son Excellence fait en outre parvenir une copie des
instructions qu'il a adressées à la légation de Péidn et aux
consulats généraux de Cbang-liaï eldeYeddo, sur la demande
de M. le Ministre de l'agriculture, en faveur de la sériciculture
française, dans l'intérêt de laquelle un certain noml)re de
négociants vont chercher des graines jusqu'au sein même de
ces lointaines contrées.
— S. Exe. M. le Maréchal Vaillant, ministre de la maison
de l'Empereur, informe M. le président que les œufs du Ver
à soie Ya-ma-maï qu'il a reçus de la Société ont commencé à
éclore le 19 avril ; que les jeunes Vers mangent bien les pousses
tendres de Chêne [Querrus robur) qui leur ont été données de-
puis I'éclosion, et qu'ils jouissent, ou du moins paraissent
jouir d'une bonne santé.
• ■ '. PROCÈS-VERnAUX. ' 297
— De bonnes nouvelles de l'éducation de celle espèce sont
également données par M. Maumenet, de Nîmes, et M, F,
Jacquemart, qui fait parvenir en môme temps des échantillons
représentant les dimensions des chenilles qu'il a obtenues, et
dont les plus âgées ont déjà quarante jours. Elles continuent
h manger de bon appétit et paraissent en excellent état de
santé.
— M. Guibout offre à la Société deux échantillons de graines
de Ver à soie du Mûrier, provenant d'une éducation qui se
succède depuis (juatorze ans, à Saint-Quentin (Aisne), avec la
même espèce et sans aucune apparence de maladie, par les
soins de M. H. Salats.
— M. .1. B. Camozzi, noire confrère de Bergame (Lombar-
die), fait parvenir des échantillons de bourre et de filés de
diverses qualités obtenus avec les cocons qu'il a recueillis de
ses éducations de Bombyx Cynthia, Ver dcTAilante, en 1861
et 1862. Ces produits sont placés sous les yeux de l'assemblée.
— M. Ramel adresse une Notice extraite des Amwifs du
commerce extérieur, sur un Ver à soie Irès-remai-quable,
connu sous le nom de grand Atlas de rinde, ([ui vil au Ben-
gale et en Chine sur un arbre du genre Prunier, vulgairement
appelé Maçon h l'île de France et au Bengale, et produit des
cocons remarquables par leur grosseur ef par leur couleur
blanche.
— M. Henri Bulwer, par une lettre datée de Constantinople,
le 16 avril, et dans laquelle il félicite la Société des services
qu'elle est appelée à rendre, demande des graines de Vers à
soie du Uicin et de l'Ailante.
La même demande est adressée par M. Kreuter, de Vienne
(Autriche), et par M. de Morgan.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères envoie une
Note, que S. Exe. l'ambassadeur de Turquie a })ien voulu lui
remeltre,surla culture du Colon dans l'empire ottoman. Je ne
doute pas, écrit M. le Ministre, que la Société n'accueille avec
intérêt ces infurmations sur les progrès nouveaux d'une cul-
ture à laquelle les circonstances actuolles font attacher tant
d'espérances.
29S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
• — M. le marquis de l'Espine, président de la Sociélé d'agri-
culture et d'horticulture de Vaucluse, en offrant de nouveau
ses reniercîments pour l'empressement avec lequel M. le Pré-
sident lui a fait obtenir de M. le maréchal gouverneur général
de l'Algérie, 150 kilogrammes de graines de Coton, annonce
que cette Sociélé départementale a pu distribuer à Jo7 agri-
culteurs 300 kilogrammes de cette graine, (}uantité sultîsanle
pour ensemencer environ *20 hectares, et transmet la copie
d'une lettre sur les essais de culture du Coton qui ont été
tentés cette année, adressée par la Société d'Avignon à M. le
préfet de Vaucluse.
— M. Chagot aîné fait placer sous les yeux de l'assemblée
quatre jeunes plants de Cotonnier longue soie de la Louisiane,
provenant des graines dont il a donné à la Société une provi-
sion qui a été distribuée à un certain nombre de personnes. ■
— M. Couture, lirigadier forestier, à Teniet et Haad, pro-
vince d'Alger, fait parvenir une provision de graines de Cèdre
qu'il a récemment recueillies dans les forêts placées sous sa
surveillance. Une partie de ces graines a été, conformément
à son désir, envoyée à M. E. Tisserand, chef de la division
des établissements agricoles de la couronne, ([ui en accuse
réception à la date du 2h avril.
M. Couture fait remarquer l'intérêt sérieux que lui paraît
devoir présenter l'introduction de l'Érable à sucre en Algérie.
— Notre zélé confrère M. Brierre (de Sainl-lliiaire de Riez)
envoie un nouveau Rapport sur ses cultures de végétaux exo-
tiques.
— Madame Delisse (de Bordeaux) rend compte des succès
qu'elle a obtenus dans la culture de trois variétés de Bambous
de la Chine {///it/s, n'u/ra et rcrlkillata) et du Bambou de l'Hy-
malaya. Ses Eucali/iJttisylobuhis ont moins bien réussi, et elle
en a perdu un certain nombre dans le cours du dernier hiver,
ainsi que la plupart des personnes qui avaient fait des expé-
riences sur cette espèce si belle et si précieuse. Madame De-
lisse offre en outre à la Société une boîte de graines de Vers
à soie du Mûrier provenant de ses éducations, et dont elle
pouvait encore disposer.
PROCÈS-VERBAUX. 299
— M. Drouyn de Lhuys informo la Société qu'il a reçu do
M. Régis aîné une lettre par laquelle il lui annonce le prochain
envoi d'une Note sur la culture du Coton à Porto-Novo, partie
de l'Afrique orientale dans laquelle il se propose, avec le con-
cours du souverain du pays, de développer cette exploitation
sur une grande échelle. M. Daumas, agent de M. Régis à
Porto-Novo, doit réunir les animaux et les plantes de cette
région qui seraient de nature h intéresser la Société et dont
il lui sera possihle de se procurer des échantillons.
— M. Guérin-Méncville présente, au nom de M. Auzende
(de Toulon), un Rapport sur les graines qui ont végété dans le
jardin de cette ville, placé sous sa direction, et qui provenaient
des distributions faites par la Société,
— M. le docteur Pigeaux offre à la Société des feuilles de
la plante qui donne le Maté, avec une Note à ce sujet; il met
sous les yeux de l'assemblée les appareils employés pour boire
l'infusion de celte plante, dont il se fait une immense consom-
mation dans les États de l'Amérique du Sud.
-- M. DescoUard des Homes, membre de la Société, envoie
une Notice sur le rouissage du Chanvre et du Lin qu'il a pu-
bliée dans le Ma/lre Jacques, journal d'agriculture de Niort,
et que la Société d'agriculture de cette ville a adressée à
M. le Ministre.
— M. Drouyn de Lhuys transmet, au nom de M. Stanislas
Julien, membre de l'Institut, administrateur du Collège de
France, diverses brochures publiées par lui, telles que :
1" Mémoire sur la cire végétale de la Chine et les insectes
qui la produisent.
"2" Description des procédés chinois pour la fabrication du
papier.
3" Mémoire sur la plante textile Tchou-ma (f^rlica nlvea).
h" Mémoire sur la plante textile Ko {Dollcfnts bulhosm).
M. le Président transmet en outre un exemplaire d'un
Atlas composé de divers tableaux synoptiques destinés à faire
connaître les produits des principaux vignobles de l'univers,
qui lui a été offert, pour la Société, par son auteur, M. Théo-
dore Winckler, d'Altkirch (Haut-Rhin).
300 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
— M. le secrétaire dépose sur le luircau: 1" une ])rocliure
intitulée : Revue ci'itique de hi durée des plantes dans ses
rapports avec la pliijtor/raphie, par M. le professeur D. Clos
(de Toulouse), qui en fait hommage à la Société; 2" le nu-
méro (lu 1(5 avril du Çoarricr de Tarn-et-(jaronne, renfer-
mant une note sur la récente introduction àuBombi/x Ya-ma-
maïy dont un lot de graines a été distribué aux membres du
comité de sériciculture de la Société d'hortiéulture et d'accli-
matation de ce département; â" le numéro du '18 avril de
YAùbevil/ois, contenant un article sur l'exposition de Volatiles
qui vient d'avoir lieu au Jardin d'acclimatation du bois de
Boulogne.
— M. le docteur Blatin fait hommage à la Société d'une bro-
chure qu'il vient de publier sous ce litre : De la rage citez le
Chien, et des inesnres préservatrices .
— M. Guérin-Méneville transmet un exemplaire d'une autre
brochure ayant pour titre : Coltivazione delf Ailantu et del
Baco da Seta Bondjijx Ci/nthia, publiée à Mantoue et offerte
par son auteur, le comte Adelelmo Cocastelli.
— M. Fernand Schickler adresse deux muselières d'un nou-
veau modèle employées en Prusse, où elles ont été inventées,
sous le nom de muselières d'été, et qu'il croit devoir signaler
à la Société, au moment où l'exposition des Chiens qui se
prépare va attirer au Jardin d'acclimatation une si grande
alfluence de visiteurs.
— M. Dufour, délégué de la Société à Constantinople, jiré-
sente le résumé d'un Mémoire qu'il a rédigé siu' la culture du
Mûrier et l'élevage du Ver à soie dans leurs rapports avec la
pébrine. Dans ce mémoire, M. Dufour rend compte des nou-
velles études et des expériences séiicicoles qu'il a faites en
Orient, pendant les dernières années JSCO, 1861 et 1862.
Des conclusions de ce mémoire présenté à l'Académie des
sciences, dans sa séance du 13 avril 1803, par M. de Ouatre-
fages, il ressort (|ue les habitudes séricicoles de l'Orient sont
bien supérieures à celles de l'Occident ; que le Mûrier sauvage
recepé est préféraljle, [)our la nourriture des Vers à soie, au
Mûrier greffé ; que l'élevage avec les rameaux est [ilus j)roductil
PROCKS-VERBAUX. 301
et, plus écon(inii(|uc ([lie celui (jui consiste à donner la feuille
détachée. M. Dulour établit par des chiflVes précis, qui sont la
conséquence d'expériences suivies avec le plus grand soin, la
différence considérable constatée en faveur de la méthode dont
il conseille l'emploi. Enfin il demande que la Société nse de
toute son influence pour obtenir que des expérimentations sé-
rieuses de cette méthode orientale soient entreprises en France,
afin que les sériciculteurs puissent être bien convaincus de ses
immenses avantages. M. Dufour présente en outre une ser-
pette d'une forme particulière, employée en Orient pour le
recepage du Mûrier, qui donne d'excellents résultats.
Diverses observations sont présentées à propos de cette
communication de M. Dufour par M. Guérin-Méneville, qui
pense que le défaut d'espace est, en France, un obstacle aux
éducations par rameaux, et par M. Kaufmann, qui assure,
conformément à l'opinion de M. Dufour, que cette méthode ne
demande pas plus d'espace que celle des feuilles détachées.
— M, Ouihou, jardinier en chef du Jardin d'acclimatation, .
présente une Note sur la culture, laite par ses soins, d'une
plante nouvelle rapportée des sources de l'Amazone par
M. Alexandre Cochet, et place sous les yeux de l'assemblée un
plant de ce curieux végétal resté indéterminé, parce qu'on
n'a pas encore pu obtenir sa floraison. Cultivé en jjleine terre
auJardin,ila produitune quantité considérable de tubercules,
qui sont actuellement soumis à l'analyse. Cette plante, qui j»a •
rait présenter un très-grand intérêt, fixe particulièrement
l'attention de l'assemblée.
— M. Frédéric Debains, ancien secrétaire de l'ambassade
de France à Vienne, rend compte de la visite qu'il a faite aux
jardins zoologiques de Francfort et de Vienne, et des progrés
accomplis dans ces établissements.
— M. Koger-Desgeneltes présente à l'assemblée un jeune
pied de Chêne sur lequel sont placées des chenilles de l'Ya-ma-
mai qui sont dans d'excellentes conditions de santé.
— A celte occasion, .M. Guérin-Méneville annonce que les
nouvelles qu'il reçoit des personnes (jui s'occupent en ce mo-
ment de l'éducaliun de celle précieuse espèce, s'accordent à
302 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
présenter ces expériences comme élanl en 1res bonne voie,
et promettant d'excellents résultats , particulièrement chez
M. Auzende, jardinier en chef du jardin de la ville, à Toulon.
— iM. Lamiral donne lecture d'un Mémoire sur la peram-
bulalion sous-marine à l'aide des scaphandres el du bateau
sous-marin, dont il décrit la construction, en faisant ressortir
les avantages que présente son emploi, particulièrement au
point de vue des études el des recherches relatives à l'aquicul-
ture qui peuvent se rattacher intimement au but que poursuit
noire Société. . : "■ ■'■• - ' : • '
— M. Roger-Desgeneltcs présente quelques Vers à soie
ya-ma-mni provenant d'une éducation commencée chez lui,
à Sainl-Maur, avec des graines appartenant à M, Guérin-
iMéneville, qui, en partant pour Toulon, l'a prié de donner ses
soins ù une partie des Vers qui commençaient à éclore avant
qu'il y eût des feuilles aux Chênes.
M. Roger-Desgencttes, sur la demande de M. Guérin-Méne-
ville, avait forcé quelques jeunes Chênes en serre, et il a pu
ainsi alimenter les jeunes Vers, auxquels il donne aujourd'hui
des rameaux de Chêne cueillis dans le bois de Yincennes.
— M. Guérin-Mèneville ajoute que c'est à la bienveillance
de madame Roger-Desgenetles que sont dus les excellents ré-
sultats obtenus à Sainl-Maur, et que cette dame, imitant en cela
madame la comtesse Drouyn de Lhuys, qui a été la première
à faire une éducation du Ver à soie de l'Allante, donne à cette
importante acclimatation les soins les plus intelligents el les
plus dévoués.
Il donne ensuite des nouvelles de sa grande éducation de la
même espèce, faite à Toulon par les soins de notre confrère
M, Auzende, directeur du jardin de la ville, et de celles qui
sont faites sur divers })uints de la France et à l'étranger par
nos confrères qui ont reçu les graines de ce précieux Ver à
soie de la Société, ou par des personnes à qui il a pu faire
part des graines qui lui avaient été envoyées par M. de Blecker
(de Leyde), au nom de M. Pompe vanMeert der Woort.
Il ajoute que, pour guider tous ces expérimentateurs, il a
publié d'urgence dans son nouveau journal la /?ei'?/e de sériel-
PROCÈS-VERBAUX. 303
culture comparée {n" 2), une instruction jDrati(jae dans laiiuelle
il a indiqué en détail les soins qu'il convient de donner à cette
précieuse chenille pour la mener à iiien.
Le manque de temps ne lui permettantpas d'indiquer nomi-
nativement les personnes qui lui ont déjà transmis des nou-
velles de ces essais, il montre leurs lettres dans lesquelles il y
a une foule d'observations intéressantes et qui sont déjà au
nombre de vingt-six. • , -';,^,... , ;. ..
Il donne ensuite des nouvelles de l'envoi de 3000 cocons
du Ver à soie du Chêne du nord de la Chine {Bombtj.r Pemyi)
qui lui ont été confits par S. Exe. le Ministre de l'agriculture,
du com.merce et des travaux publics.
Quoique ces cocons entassés dans une caisse soient arrivés
en état de putréfaction, la vitalité est si énergique dans ces
insectes, qu'à son grand étonnement plusieurs ont survécu
et ont donné des Papillons, mais presque tous avortés.
Cependant quelques-uns, mieux développés, ont pu s'ac-
coupler et lui donner quelques œufs. Ces œufs seront-ils fé-
conds? Il craint bien que non, en considérant qu'ils provien-
nent de parents évidemment malades.
Ayant reçu de notre confrère M. Lefévre (de New-York)
huit cocons du Boinhi/.r Cpero/tifi de l'Amérique du Noi'd, il
lui est éclos une femelle qu'il a essayé de croiser avec un mâle
du Homhij.r Pcrinji. Son essai a réussi, car ces deux Papillons,
si différents sous tous les rapports, se sont positivement ac-
couplés, ce qui a aussi été constaté par M. Pictet, savant na-
turaliste de Genève, et la femelle a pondu. Comme le mâle
provient de ces cocons si malades du Bombyx Pernyi
M. Guérin-Méneville craint que son union ne soit pas féconde.
Il tiendra la Société au courant de la suite de ces intéres-
santes expériences.
SÉA>Ci; hl 15 MAI 1863.
Présidence de M. Richard (du Cantal), vice-inéi-idenl. , . ,
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. Barbier, directeur général des douanes et des contribu-
tions indirectes, conseiller d'État, à Paris.
BoREL (E.), négociant, à Cbang-haï.
BouRREï (L.), négociant, à Kanagawa (Japon).
Brémari), propriétaire, à Paris.
CORiiOEN, procureur général prés la Cour impériale, con-
seiller d'État, à Paris.
Garcia (Doroleo), sénateur, à Montevideo.
Graichen (lieinrick), propriétaire, à Leij)sick.
GuiDO (José), capitaine de cavalerie, à Buenos-Ayres.
Landrin (Alexandre), médecin vétérinaii'e, à Paris.
Lemaire (G.), négociant, à Chang-liaï.
Leroux (Alfred), député, à Paris.
NeumaniN (Louis), jardinier aux serres du Muséum, à
Paris.
Noël, sous-directeur au ministère des allaires étran-
gères, à Paris.
Peck (Prosper), négociant, à Paris. > .
Pereira (Antonio), propriétaire, à Montevideo.
RoTiiAN, premier secrétaire d'ambassade, à Turin.
Saint-Georges (de), minisire do France au Brésil, à Paris.
Saint-Germain (de), député, à Paris.
SciiwEiZER (le baron de), envoyé extraordinaire et mi-
nistre plénipotentiaire du grand-duclié de Bade, à
Paris.
Tromelin (le comte de), député, à Paris.
Vandal, directeur général des postes, conseiller d'Etat,
à Paris.
ZoRN DE BuLACH (Ic barou de), cbambellan de S. M.
l'EmpiMcur, lueiiibre du conseil général du Bas-lUiin,
maire d'Ostliauscn, à Paris.
PROCÈS- VERDAUX. 305
— M. le rrésidenl donne cnsiiile lecUirc de la letLrc par
laquelle M. Drouyn de Liiuys annonce à M. le directeur du
Jardin d'accliuiatalion l'autorisation accordée par l'Empereur
au Prince impérial de l'onder un prix de 300 francs pour le
plus beau chien de berger présenté à l'exposition de la race
canine.
— Des lettres de remercîmenis, pour leur récente admis-
sion, sont adressées par S. Exe. Mgr Chigi, nonce du saint-
siége apostolique, et par M. Dauzan-Dembarrére, député.
— S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et
des travaux publics du Brésil, par une lettre datée de Rio,
le 7 avril, transmet à la Société les remerciments de S. M.
l'empereur pour l'envoi qui lui a été fait déjeunes plants des
meilleures espèces de Marronniers à fruits comestibles de
France, qui sont arrivés au Brésil dans d'excellentes condi-
tions, et dont la culture va être essayée dans la province de
Santa-Catharina.
En transmettant cette lettre, M. Marqués Lisboa, ministre
du Brésil à Paris, annonce (ju'il a fait parvenir à son gouver-
nement le travail de M. Moquin-Tandon, et les notes de M. le
professeur Planclion, relatives aux greffes d'Oliviers récem-
ment expédiées pour le Brésil.
— S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies, par
une lettre du 5 mai, annonce l'arrivée à Toulon du transport
de la marine impériale l'Amazone, (jui a rapporté de la
Guyane une collection d'animaux envoyés à la Société par
M. Bataille: trois de ces animaux, un Agami, un Agouti et un
Tapir sont morts pendant la traversée.
— M. le docteur Berg, délégué de la Société à la Béunion,
informe M. le Président qu'il prépare un mémoire en réponse
aux questions qui lui ont été faites sur les conditions géné-
rales des eaux de la colonie, afin d'éclairer les études entre-
prises sur les moyens de peupler ces eaux. Notre zélé col-
lègue ajoute (ju'il cherche toujours une occasion favorable
pour envoyer à la Société la Turtue éléphanline des Sev-
chelles et des Oies de Madagascar.
— Dans une seconde lettre, adressée à M. l'agent général
T. \. — Miii 180:;. 20
306 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
de l;i Société, M. Berg dcsitinc diverses graines ddiii il vou-
drait tenter l'introduction à la Héunion.
— M. Manès exprime également le désir de recevoir des
graines de Chaiilmnor/ra odorahi, dont l'huile est employée
pour la guérison de la lè])re.
— M. Rame! transmet, au nom de M. AVilsim, un certain
nombre d'exemplaires du premier lîapport annuel de la So-
ciété d'acclimatation de Victoria, dont l'envoi avait été précé-
demment annoncé par ]\]. Spring, secrétaire de cette Société.
M. Ramel joint à sa lettre un compte rendu de la troisième
séance annuelle de la Société d'acclimatation de la Grande-
Bretagne, qui a eu lieu à Londres, le 29 avril dernier, (Voyez
au Bid/etiii.)
— M. A. l'ogdanoff, |)ar une lettre datée de Moscou, le
i5 avril, transmet les remercîments du comilé d'acclimata-
tion de celle ville, i)Our l'initiative prise par notre Société
d'un système d'échange (]ui ne peul man((uer d'être avanta-
geux à l'œuvre commune.
— S. Exe. M. le Ministre des alTaires étrangères fait jiar-
venir deux leltres de M. Chabaud , vice-consul de France à
Port-Élisabclh, dont l'une lui était adressée, et l'autre écrite
à M. le directeur du .îardin du bois de Boulogne, pour an-
noncer l'envoi d'une espèce d'Antilope très- curieuse, de
l'Afrique méridionale, appelée B[c:^borh\ embarquée sur le
navire l' Aru'l. : . ■ ^
M. Chabaud ajuule qu'il a pu se procurer l'écemmcnt un
couple déjeunes Zèbres (Hurchell), qu'il expédiera après les
avuir tenus quelque temps en domesticité, et qu'il cherche à
se procurer des ivlld hcasts.
— M. Eurial écrit de Boville, le S mai, que les neuf jeunes
Chèvres et Chevreaux d'Angora nés, cette année, de son lot,
se portent parfaitement et sont de toute beauté ; mais que
deux jumeaux, nés plus récemment, sont morts peu de temps
après leur naissance, l'un de la diarrhée, l'autre étouflé, sans
doute, accidentellement sous sa mère.
— Une demande de moutons Ong-ti, à titre de cheptel,
est adressée par M. Albert de Surigny.
PROCÈS- VERBAUX. 307
— M. Mauès, dans deux letli'fs datées de Sainl-Deiiis, le
l/i et le '2b mars, rappelle l'inlérèt que i)résenterait Fiiilro-
duclion de l'ostréiculture sur les côtes de l'île de la Réunion,
et annonce l'envui d'une certaine quantité de Gouramis vi-
vants, confiés aux soins de M. Pi^nolet, ([ui a bien voulu se
charger de les rapporter en France.
M. René Gaillaud, sur l'invitation de M. le secrétaire gé-
néral, (jui lui avait donni- cunnnunication de ces lettres,
adresse une Note au sujet du mode de transport des poissons
vivants proposé par iM. Manès, et qu'il ne trouve applicable
que pour des dislances très-peu considérables, et des instruc-
tions souunaires sur les moyens pratiques à euqiloyer ])uur
l'aire les premières expériences d'ostréiculture. Ces instruc-
tions seront transmises à la Société eobuiiale de la Réunion.
(Voyez au liullctui.)
— M. Roger-Desgenettes, par une leltre du 13 mai, rend
roniple de l'emploi qu'il a l'ait de trois |)aniers de montée
d'Anguille, provenant des envois gratuits laits d'Abbeville par
ordre de l'administration. Ges jeunes Anguilles ont été ré-
parties par milliers entre les eaux de la Marne, les bassins de
la Compagnie des chemins de 1er de l'Est, et les eaux de trois
propriétés de Saint-Maur et de .loinville.
— S. E\c. M. le Ministre des a flaires étrangères adresse
à la Société une copie des instructions (ju'il vient , sur la
demande de M. le Minisire de l'agriculture, d'adresser à nos
agents diplomali(}aes en Chine et au Japon, afin de leur re-
commander les voyageurs et les négociants (jui se rendent
dans ces contrées lointaines pour y faire des recherches ou
des études sur des questions intéressant racclimatation, et
principalement sur tout ce (jui se rapporte à la sériciculture.
— M. Dulbur dép(jse le résumé du mémoire qu'il a com-
muniqué à l'assemblée dans sa dernière séance, sur la sérici-
culture en Urient. (Voyez au litillcùn.)
— La Société des sciences, agriculture et arts du Ras-Rhin
rappelle sa denumde de graines de Vers à soie de l'Ailante et
du Ricin.
— S. Exe, M. le Ministre des uflaires étrangèies Iransmel
308 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
une lettre qui lui a été adressée par M. Galvez, ministre du
Pérou à Paris, avec des graines de trois variétés de Maïs jiéru-
vien qui accompagnaient cette lettre.
— M. Hayes, commissaire de la marine, inspecteur colo-
nial des établissements français à Cliandernagor, en offrant
à la Société ses remercîmenls pour la médaille qui lui a été
décernée dans la dernière séance publique, fait parvenir une
collection de huit espèces de graines des Indes, et des échan-
tillons de tissus trempés dans le jus des feuilles rouges qui
entourent la fleur de la plante laiteuse appelée Pohicetia. Il
envoie un flacon de ce jus desséché, en priant la Société d'en
faire faire l'examen au point de vue de la couleur pour la
teinture.
— M. Ch. Barbier, ingénieur civil, au rolonr d'une mis-
sion agricole qu'il vient de remplir en Espagne, adresse, avec
des tubercules de {CJnifa Souchet comestible uu Amande de
terre), une lettre dans laquelle il entre dans d'intéressants
détails sur l'emploi de ces tubercules pour fabriquer une bois-
son rafraîchissante dont il se fait une consommation très-con-
sidérable, et sur le mode de culture de cette plante écono-
mique. (Voyez au Bulletin.)
— M. le docteur Sacc, délégué de la Société à Barcelone,
envoie une collection de huit espèces de Haricots, Dolics et
Choux brocolis, cultivés pour l'approvisionnement du mar-
ché de cette ville , et auxquels il joint une gousse de Poi-
vrier d'Espagne abondamment cultivé à la Havane.
— M. F. Bouyet, lieutenant de vaisseau, commandant
YAlecton, membre de la Société , envoie de Cayenne des
siliques d'une plante curieuse, à graines détonantes, de Su-
rinam.
— M. G. Monnet, conservateur de la Société des sciences
n.'iturelles et archéologiques de la Creuse, envoie des luber-
cules d'Ignames et de Pomme de terre dite de Sainle-Mai'lhe,
provenant de cultures faites par les soins de celte Société dans
le sol granitique de la Creuse.
— M. A. Genesley adresse, de Laval, un pelit échantillon
de graines de Coton qu'il a reçues du caïd des Beni-Amram,
PliOCÈS-VERHAUX. 309
Sahili 1)011 P)(»u ScJira de Djitijelli, en demandanl qu'elles
soient expérimentées.
— M. le marquis de l'Espine, président de la Société d'a-
sricullure et d'horticulture de Vaucluse , en écrivant, à la
date du 21 avril, pour remercier de nouveau la Société impé-
riale de son intervention dans l'envoi de graines de Colon
d'Algérie, rend compte de l'emploi des trois cents kilos de
celle graine que celle Société a distribués aux agriculteurs
de son département. La lettre de M. de l'Espine renferme un
rapport adressé à M. le préfet de Vaucluse, et qui constate
que ces graines onl été réparties entre cent trente-sept culti-
vateurs et ont servi à Fensemencemenl de IS hectares de
terre. ; .
— M. le vicomte de (janlès, sous-préfet de Bône, membre
de la Société, adresse une Note qu'il a rédigée sur le dévelop-
pement qui peut être donné à la culture du Colon en Algérie
par les Arabes (voy. au Bulhtht). Notre honorable confrère
fait parvenir en même temps un exemplaire des statuts d'une
Société scientitique qu'il vient de fonder à Bône, sous le nom
d'Académie dllippone, société de recherches scientifiques
et d'acclimatation, et qui assure son concours tout dévoué à
notre œuvre.
— La Société d'horticulture el d'acclimatation de ïarn-el-
Garonne envoie un compte rendu des résultais (jui ont été
obtenus dans ce département des expériences de culture des
graines distribuées par la Société impériale.
— M. Brierre (de Saint-Ililaire de Riez), rend également
compte de la situalion actuelle de ses cultures de végétaux
exotiques.
— Des remerciments pour envois de graines par noire
Société sont adressés par la Sociéti'' des sciences, agricul-
ture et arts du lîas-Bliin, et par la Société zoologique de
Francfort.
— Des demandes de graines de Coton sont adressées par
})hisieurs membres ou correspondants.
— -M. le professeur Joly fait parvenir un exemplaire de
VKhigc hishtrique (ï Isidore iîeoffroi/ Saint-lJihiire , pro-
SiO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION,
nonce par lui devant l'Acadùmie impériale des sciences de
Toulouse.
— S. Exe. M. le Minisire des affaires étrangères fait hom-
mage à la Société d'un ouvrage intitulé : Rhume des princi-
paux traités chinois sur la culture (les Mûriers et féducation
des Vers à soie, (\m lui a été offert par l'auteur, M. Stanislas
Julien.
— M. leMinistre transmet en même temps : 1" un Rapport pré-
senté au conseil général du Bas-Rhin, dans sa session de J8(5*2,
sur la culture du Taltac, j)ar M. le haron de Zorn de Bulacli ;
2" une hrochure ayant pour titre : Notire sur l»'s cultures de
la ferme des Boula i/es [Seine - et - M (rr ne) , exploitée prrr
M. A. X. Mai/re, sou propriétaire. Dans cette notice, qui
passe en revue tout ce qui se fait dans ce domaine, M. Mayre,
en parlant de ses cultures d'Allantes, fait remarquer que le
département de Seine-et-Marne a vu s'accomplir, l'un des
premiers, des essais sérieux de propagation du Ver de l'Ai-
lante, et d'utilisation de ses produits, puisque M""^ Drouyn
de Lhuvs n'a pas dédaigné de donner ses soins à l'éducation
de cette nouveUe espèce, dès l'année de son introduction;
qu'une des premières plantations régulières et spéciales pour
celte culture a été faite aux Boulayes; et que le moyen de dé-
vidai^e des cocons ouverts de ce Ver à soie a été découvert
par M. le docteur Forgemol, de Tournan.
— M. Guérin-Méneville olTre, au nom de M"" Sauvage,
une collection de graines et de végétaux utiles ou d'agrément
du Brésil, et donne d'excellentes nouvelles des éducations du
Ver à soie Va-ma-maï, principalement de celle qu'il a confiée
àM. Auzende, directeur du jardin l)otaniqiie de Toulon. Il fait
remarquer à cette occasion, en présentant une note de M. le
docteur Turrel à ce sujet, que le concours de M. Auzende,
qui se montre tout dévoué à notre œuvre, peut être de la
plus grande utilité pour des expériences de culture des végé-
taux exotiques.
— M. le docteur Cloquet, après avoir conhrmé l'ohserva-
lion de notre collègue, rappelle les services déjà rendus par
M, Philippe, jardinier-chef de Saint-Mandrier près Toulon,
PROCÈS-VERDAI'X. 3J]
qui p(3ut également concourir très-efficacement aux essais
d'acclimatation d'espèces nouvelles.
— M. liuérin-MénevilIe communique ensuite une lettre de
M. deBurnod, d'Odessa, qui Fenlreiient delà découverte qu'il
a faite d'une espèce de chenille ^éricigène trouvée dans les
steppes de la Russie, et lui adresse une note sur ses tentatives
d'acclimatation du Botnhif.r Cccropia aux environs d'Odessa,
pendant les années ISdl et 1S()2.
Notre honorable coniVère donne, en outre, des renseigne-
ments sur les résultats d'éclosions de cocons de Buinhijj: Cecro-
pia envoyés de New-York par M. Lefebvre, et de Québec par
M. Gauldrée-Boilleau. Ces cocons sont éclos à de trop grandes
distances les uns des a.ulres pour que l'accouplement ait pu
s'opérer.
— M. Rufz de Lavison communique une Note de M. Pin-
son sur l'état actuel très-prospère des Vers à soie Ya-ma-maï
dont l'adminislralion du Jardin d'acclimatation a confié l'édu-
cation à ses soins éclairés. M. le directeur du Jardin annonce
en même temps à l'assemhliîe que la xMagnanerie est ouverte
depuis quelques jours.
— M. Hébert donne lecture : 1" d'un Mémoire de M. Eu-
gène Simon sur le Vernis de la Chine et du Japon {Rhus ver-
nid fera)^ et sur les procédés trextraction de cette substance.
MM. Lluérin-Méneville et Soubeiran font remarquer que les
dangers que présente cette opération s'opposeront sans doute
au développement de la cullnre du IVius rernicifera.
2" D'une Note de M. le docteur Pigeaux sur l'usage du
Mate dans l'Amérique méridionale. Plusieurs membres font
remarquer que le Maté produit une boisson peu agréable, et
que ses propriétés hygiéniques ne paraissent pas très-bien
constatées.
Le St'crél/iire des séances,
L. Soubeiran.
m. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CDaRESPONDANQi.
In.sti'iietions atii'O^sôoN |»ai-^. FiXe. le Mi>ii>4(i-e iU-s nitaivi^s étrangères
ù la liôgalion de II*c!;.iBi ol aii\ fi'ftii»itilai<>> ;;ôit«-i-aii\ iBc f^l>aii;;-baK
et «lo Vetltlo, «lans rintvi'«'t «lo la sérieieHltiir»» ffaiieaiwo. *
Lettre adressée à M. le Secrétaire (lénhal.
Paris, lo 29 avril 1863.
Monsieur, en m'eiitretenant des diniciiltés que notre industrie séricieole ren-
contre pour s'approvisionner de graines de Versa soie, M. le Ministre de l'agri-
c\dture, du commerce et des travaux publics m'a informe que plusieurs maisons
et associations françaises, notamment MM. Meynard et (',''', de Valréas iVaucluse),
se décident à reclierchcr au .lapon et dans l'intrrieur de la Cliine les races réu-
nissant les qualités requises.
Je me suis empressé, d'après le désir de M. Koulier, d'inviter les agents de
mon départemenl, en Chine et au .lapon, à faire ce qui dépendra d'eux pour que
les personnes chargées des niissi(Mis séricicoles dont il s'agit, obtiennent toutes les
facilités et toute la protection dont elles pourraient avoir besoin. Les instructions
que j'adresse à ces agents me paraissent pouvoir intéresser la Société impériale
d'acclimatation, .l'ai l'honneur de vous en communiquer ci-joint une copie.
Recevez, monsieur, elc.
Signé Dkoiv:; de Ijioys,
Monsieur, la maladie qui alVcctc les Vcis à soie s'eU propagée dans lnus le-î
pays séricicoles où nos éducateurs allaient clierclier les graines nécessaires pour
alimenter l'industrie et. le commerce des soies en France.
il résulte d'informations ipii sor.l [Mrvcnues à M. le Minisire de ragiiculline,
du commerce et des travaux publics rpiece ne serait plus (pi'en (Ihine, et suitonl
au Japon, que l'on |)ourrait trouver de la semence saine. I.a ]irov!nce de Shang-
haï, en Chine ne donnerait elle-même que des produits inférieurs et ilitTiciles à
acclimater en France; ce ne serait que dans les contrées moidagneuses, placées
au centre du Céleste Empire, que l'on rencontrerait des races réunissant les qua-
lités requises poin- assurer le succès des éducations.
Des éducateurs ainsi que des iiégocianis vont ou se prniiosenl d'aller tant
en Chine qu'an Japon, pour y rechercher des graines de Vers à soie. Je cite-
rai, entre autres, MM. Meynard et C''', de Valréas (Vauchise), qui po-sèdent
déjà lui comptoir à Shang-haï, sou-; le nom de Meynnrd, Cousin et (","'. Mais
l'exploration des provinces intérieures de la Chine ei du Japon, ainsi que la
sortie des graines de ce dernier, rencontre de graves dilllLultés que votie inter-
vention réussira, je l'espère, à aplanir. Je vous prie dune, monsieur, il'après le
désir que m'en a exprimé M. Ronlier, de prêter votre appui, non-seulement r.
M. Henri Meynard, (pii si' propose de parcourir l'intérieur de la Chine et du Japon
pour y recher.'hcr des graines de bonne qualité, mais encore à tons les éduca-
teurs, délégués d'associalions agricoles, ou négociaiils, qui entreprendraient de
semblables investigations. Vous voudrez bien notanuuent faire les déinarches
nécessaires auprès des autorités du [uiys de votre résidence, pour que .M. Mey-
nard, ainsi que toutes autres personnes poursuivant le même but, qui se présen-
teraient à vous ultérieurement . obtiennent les passe-ports, sauf-conduits et
recommandations dont ils auraient besoin, afin de voyager librement, s'il est
FAITS DIVERS. 2 ' '^
t! I O
possible, dans riiUriieur de la Chine et d.i .lapon, et p un- qu'ils piiisseit Ijbrp-
menl exporter les g-raines dont le gouvi-rnenii'nt de cî ileniier pays a jusqu'à
présent entravé la sortie.
Vous connaissez tonte la sollicitude qu'inspire au gonvernenient de l'Empereur
l'industiie séricicole, et vous ne néi;li;4erez rien, j'en suis certain, monsieur, pour
contribuer aux succès des explorations qui doivent en favoriser le développement.
Comme la maison Meynard, dans le but d'expérimenter les meilleurs modes
de transport des graines de Vers à soie de la Chine et du Japon, se propose de
diriger une partie de celles que IM. Henri Meynard recueillera par la voie de mer
et de Suez, et l'autre partie par la Sibérie, je crois devoir inviter l'ambassadeur
de l'Empereur à Saint-Pétersbourg, à faire de son côté les démarclips propres à
faciliter sur le territoire russe l'entrée, le libre parcours et la sortie des graines
qui prendraient la voie de terio,
Itecevez, Ole, Sijnc Oroi yn de I.iiuys.
Lettre adressée par S. Exe. M. h Ministre de l'arjriculfure, du cùininerce
rt des travaux pulAirs a M. DnocYiv ni'. fjiuYS, Ministre des affaires
étrangères, président de la Société.
Paris, lo 13 avrd lSr.3.
Monsieur le Ministre et i;her Collègue,
En réponse à la lettre (pie vous m'avez fait l'Iionneur de ni'éerire le '27 mars
dernier, je suis heureux de vous annoncer que je mets h la disposition de la So-
ciété zoologiquc d'acclimalation la totalité de l'envoi fait de Chine pir M. Eu-
gène Simon, et se composant de cocons vivants de Ver à soie du Chêne.
Je serai obligea Votre Excellence île me fiire connaître les résultais obtenus
des expérimentations qui pourraient être tentées.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher Collègue, etc.
Le Miiiislre (le l'(irjrirultu>\\ du coin-ncrre cl dc^ h-iviinr publics.
Signe r.OLIIEH.
Lettre adressée par S. lîxc. M. le Ministre de lu marine et des colonies
a M. Droly.x dk [-huis, Ministre des affaires id rangerez, prrsident
de lu Société.
r.iiis, le 30 a\r;i lS!i3.
Monsieur le Président et cher Collègue,
J'ai l'honneur de vous lul'oimei- (pie je viens d'appeler l'attention tte M. le
gouverneur de la l'iéunioii sin- les disposition^^ indiquées dans voire lettre du 4 de
ce mois, comme étant de nature à favoriser le dcNeîoppcment de la Société d'ac-
climalation à la r.éunion.
Je prie M. le baron Iiairicaud de me faire connaître les mesures qu'il lui
aura paru [lossible de jjren Ire pour répondre au désir de Votre Excellence, et
j'aurai l'honneur de vous en taire part.
Agréez, etc.
Pour le Ministre de la marine et des colonies et par son ordre :
le Direclevr des colonies.
Signé ZoF.i'PFrL.
314 SOCIÉTÉ IiMPÉP.IALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION.
Leltre udressre par S. Exe. J/. KoRMG-iiKV, sccréUiire des commandements
de S, A. le vice-roi d'Éijiipte, a M. le Secrétaire général de la Société
'impériale d'ai-cliinatalion.
Alfixamlrie, le fl avril li^63.
Monsieur le Secrétnire général,
La lettre que vous m'avez fait l'honnenr de in'éciire le 2:î mars in'élanl par-
venue au moment de l'arrivée de S. M. le sultan, il m'a été impossible d'enlre-
letiir de son olijel S A. le vice-roi, auquel la iirésence de son IkMo illhsire ne
laisse pas un moment de loisir. Quoi qu'il en soit, dans mou désir d'être utile en
même temps à rÉ<;j'ple et à It .Société qui m'a fait l'honneur de m'admettre au
nomlire de ses memtues, je suis parfiiilemenl disposé à leiilcr l'acclimatation du
tliHirami, et je viens vouspiierde vouloir liien. transmettre à vos correspondants
de la l'iéunion les mslmi'lions nécessaiies pour que ce poisson me soit expédié à
Alexandrie.
S. A. le vice-roi avant daii;né accorder sou apinii et sa protection au Jardin
d'arclimalation, dont la créiitiou avait été approuvée par son luédéce^seur, je
prends la lil'orlé de vous piii-r de recommander celte œuvre naissante à la haute
hienveillance de noue illustre l'résidenl, et d(^ solliciter pour nous l'envoi de
quel(]ues graines ou végetiuix inléicssanls, provenant des contrées inéiiilionales
de l'Asie et de l'Amériijiie.
Veuillez agréer, etc. Signi- Koknic.-c.ey.-
Letlre adressée juir M. I''erd. Mliei.lkii . vice-président de la Société
d'acrlivuilntion de Victor i(t, a M. Dr.oL'vv m: LuuYS, jivésident de la
Société impériale d'acclimidation.
.Mcll.ouriic, le 23 février 1(^6.').
.Monsieur le l'résid(jit,
C'est pour moi un devoir des plus agréables d'exprimer à \olre Excellence
mes sincères remerciments pour l'intérêt si bienvcdiaul avec lequel vous avez
honoré et secondé les efforts de la jeune .Société d'acclimatation de notre colonie.
Cet irdérèl nous honore d'autant plus, que la posiliou élevée (pii vous a été
faite si justement el les occupations si importantes auxquelles sont dus tous vos
instants, ne nous privent pas de votre précieuse coopération, .le dois aussi recon-
naître, au nom de mes collègues, les obligations que nous avons contractées envers
vous pour les ]irésents dont vous avez enrichi nos collections, et pour la bonté
avec laquelle vous avez accepté les modestes additions que nous avons ou l'aire
aux recherches delà Société im|)éii.'ile d'accliiualation.
Les membres du conseil de la Société de Melbourne me chargent en particulier
de vous offrir l'expression de leur très-vive reconnaissance pour le magnifique
don de Chèvres d'Angora que vou'^ nous avez fait. Nous avons pris des mesures
spéciales pour répondre a votre libéralité continuelle par l'envoi de tous les ani-
maux (pie nous polirions nous procurer.
Crâce à la généreuse intervention du capitaine Ridgers du Stisscx , je vous
expédie 2 jeunes i.'meu.'ja-, 3 Tovrlsrelles diiMuiratj re|Mésenlaut deux espèces,
3 Porphyrio melanolu^, 2 Dacclo gi<inn!ea, et un Ctiprimulgns lali-l}utneralh.
Dans l'espérance que Votre Excellence vmidra bien nous conserver sa bien-
veillance et disposer sans réserve de nos services, je vous prie d'agréer, etc.
Le vice-président de la Société d'acclimatation de Fictoria,
Signé Eerdinand Mi'eller.
FAITS DIVERS. 315
Lettre adressée par MM. ^ iLiior.iN-AivDr.iKiix à M. le Président de la
Société impéririh d'acclimatation.
Paris I'' If niai's lfî''3.
Monsieur,
Mous venons de recevoir du Japon des graines d'un arbre (ou ailniste) qui
nous paraît être de la plus grande importance pour le midi de la Fiance et l'Al-
gérie; nous nous eni]iressons de vous en faire remettre un paquet avec prière de
vouloir bien en laiie faire l'essai par quelques-uns des membres de voli'e Société.
Cet arbre est connu depuis très longtemps, Linné lui a donné le nom de Mus
succedanea ; mais aucun essai d'acclimalation, à ce que nous sachions, n'en a
été fait jusqu'ici (1).
La graine renl'ei me une cire blanche de (|ualili'' excellente, qui dnnne lieu au
Japon à un commerce lrè?-étendu ; on en imporle même chaque année une quan-
tité considérable en Angleterre.
D'après une analyse faite par M. Cloez, l'habile préraraleur de chimie au
Muséum d'histoire naturelle de Paris, c'est dans l'enveloppe fie la graine que se
trouve la cire, et dans une proportion de 'rS pour 100. Celle envelopiie forme elle-
même les 37 centièmes du poids total de la graine, ce qui donnerait cotnme ren-
dement net en cire environ 17 pour 101) du poids brut de la graine.
On ne nous a transmis aucun renseignement sur la culture de cet arbre ; toute-
fois nous trouvons dans quelques-uns des ouvrages traitant du Japon, et dans les-
quels il en est queslioii sons le nom de Fasi-no-Ici, qu'il vient spontanément et
sans culture dans les parties méridionales de ce pays, ainsi que dans l'île Kiou-siou.
Ajoutons que la l'iupart des graines que nous avons reçues ^e trouvaient, a leur
arrivée, encore attachées en musses compactes aux branches qui les ont nourries,
ce qui nous fait croire que l'arbre est excessivement Iruclitére.
Nous avons l'honneur d'être, etc.
Signé Yii.morin-Andrif.i'x.
(1) La Société nvail déj;! ilijtrilnié , cii riiar-. ilLTiiifr , iinp assez irraaJo quanlilé Je graines
de cttaihusie iini lui avaient élé envoyées par M. F'ngène Simon.
KUIIATI.M,
Page 222 du numéro d'aviil lStJ:5, nu lieu de 11 peut... lisez .M. dillet de
Grandmont répond ijne, s'il est vrai que rOmbre-chevalicr vive plus parlicu-
lièremenl dans les lacs, il peut...
IV. CHROHIQDE.
rroîf*U^iiic stnsJt'»' {ttililûiiic anniteellc tit' h» Soett-Jé d'acvlîitia-
Intioii de Es» (Bramie-IkroCijini*.
Kxlraildu F((?/(/, par.M. I'. r.AMF.r,.
La IroisièniP séance annuelle de la Socii'lr a eu lieu le '29 avril 1863, sous
la pr(.m{leiire du vicomte r,a;j;e. La réunion clail très-nondjreuse ; parmi les
membres pi ('seuls élaienl sir Juliu liobiiison, capt. Dawson Damer, l'Iiono-
rai)le VV. Eden, ^\M. Ed. Wiison, esq., AL JMackinnon, csq., M. Voul,esq,,
.\[. John Biisli, e.'q., AI. Waterhouse, llawUins. esq.
M. Buckland, l'un des secrétaires, a présenté le rapport annuel de la Société,
dans lequel il a signalé les proi^rés sensibles de la Sociilé, qui. Tan dernier,
ne se composait que de 2'i membres à vie et 'i8 souscripteurs aimuels, tandis
qu'elle compte aujourd'lmi /i8 membres à vie, 13o souscripteurs annuels et
en outre 38 protecteurs.
Le rapport menlionne ensuite les divers travaux de Tannée. Le succès du
troupeau des Ajoutons de Chine, qui a obtenu des médailles à Texposilion de
la Société d'agriculture; un témoignage pour les travaux de la Sociélé de la
part de la Sociélé impériale d"acclimatali.»ii , qui a décerné des médailles
d'argent et de l)ronzi' à Al. l)iisli , trésorier de la Société, et au vicomte
Powerscourl.
Ai. le secrél.iire exprime ensuilc les regrets de la perle du marquis de
Breadalbane, el annonce racceplalion de la pr(''si;l( nce i)ar S. Exe. le duc de
Newcastle. Parmi les nond)reux sujels dont il a éh' question, figurent l'éle-
vage des Brebis chinoises et leur croiscmeni ; des expériences sur le croise-
ment de l'Elan avec la Vache ordinaire; sur le Ilocco, sur diliérenles espèces
deCanards et sur d'autres oiseaux: riniroduclion du Lucioperca, et l'élevage
arliliciel du Saumon.
Après diverses modifications dans l'administration qui ont pour but d'im-
primer une vive impulsion aux travaux de la Société, niddifications propo-
sées en partie par AL Ed. \\ ilson, l\esemi)lée procède à l'éleclion de nou-
veaux présidenis. A'.M. le vicomte (!age, le vic<»mte Powerscourl, lord Stanley,
le capitaine |)a\\.s()u. Damer el Al. Ed. \A ilsoii hiiiI élus pour venir en aide à
M. Graniley Barkeley, qui avait élé jusqu'alois riiiiiqiie \ ice-président. Après
le vole de remercimenls au président, les membres examinent avec intérêt
les lîrebis de Chine, les ignames, les lloccos et leurs n'uls, diverses espèces
de Canards el cfoiseaux, ainsi qu'un échanlillon de iM'Iuqiie on Bimch-ijrass
des monlagnes -hocheuses.
Progrès «!«• la **ot!«:'«é tIattHjstîeCilion de Mclhouriic.
Al. I'. liwir.i, a adressé à M. le l'ri'sideni la note suivante :
c. J'.ii pensé que les note;-, que j'exIrJs d'une lettre (déjà ancienne) de Al. AVil-
son auraient de l'inlérel pour \olre Société, .l'ai riionneur de vous les sou-
mellre :
" Mos lellro.5 de (IcltiiiI)it nriipporlcnt de ln"vs-l)oiiiios nniivolles sur les
progrès de la Société de Melbourne. Mon envoi pir I' \lhainbrn csl ;uri\('' en
parfiiii él.il : rar sur .si\, cinq Cyi^nes sont arrivés; ciiui Oies d'Afrique sur
six; vintït Perdrix d'Afrique sur vini;t-qualre ; el (pialre ruches d'Abeilles
liguriennes avec leurs reines en vie, malgré une certaine niorlalilé d'AbrilIcs
ordinaires.
» On a acliclé les animaux que M. Landelies emmenait de l'Inde, au
nombre desquels est un oiseau très-curieux , le îMinali (un Ktourneau).
» Ainsi dans un seul mois nous avons ajouté à nos colieclions : l'Oie
(■■gvptienne. la Perdrix d'Afrique, l'Abeille ligurienne et le Miiiali ; car en
laison de leur nombre, nous pouvons compter sur leur reproduction.
» Les chambres législatives ont volé .'idOO livres (Va 000 francs) pour
l'année courante. »
Le Ycunian du 11 (clobre 18^2 annonce la naissance du premier Mulet
australien, pro luit d'un Ane el d'une Jument du l'oilou (pie Al. E. Wilson,
président delà .Société d'acclimatation de Melbourne , aNait fait venir de
France, pour la placer dans sa ferme expérimentale, située près de la cipitalc
de la province de \ ictoria.
i^Iiiltipliention des Aiilgiinu'v iii«)t^ênos eei ^ii.stralâo.
(Extrait du )eoniaii and AuiilraHa'i Acdiinalisoi', par M. 1'. îîamki..)
On signale comme un fait tris-curieux que dans ipielqucs parties de In
colonie (Mctoria), les Kangiu'ous se sont tellement uiultii)li('s depuis l'époque
de ses premiers établissements, que la destruction de ces animaux est devenue
une nécessité. On en attribue la cause à la presque disparition des na-
turels qui leur donnaient la chasse el en tuaient un très -grand nombre.
C'est l'explication vulgaire; mais le véritable moiif de cet accroissement
semble être attribué avec plus de probabilité à la i)his grande abondance
d'iiorbages ([irassrs) qui résulte du parcours du bétail. En eliél, aussi long-
temps que les plantes à pacage ont poussé avec cette vigueur extraordinaire
qui leur est propre dans ce pays, de terribles incendies ont annuellement
dévoré toute la contré<'. Les premiers colons n'en ont])as perdu le sou\enir.
Ces incendies ne détruisaient pas les Kanguious, mais lo manque de nourri-
ture (pu s'ensuivait en faisait une jiroie facile pour les Dingos, et empêchait
celte rapide multiplication dont nous sommes témoins.
Depuis deux ou trois ans, ces animaux sont devenus si nombreux d.uis le
(lle)i Orinislon, pro|)riélé de M. Black, qu'on a résolu de les détruire.
Des hommes à cheval, venus de toutes 1rs stations (l;i \oisinage, oui formé
un immense cercle, se rélrécissant graduellement autour des victimes, qui
fiu'ont poussées dans un vaste eiicKjs construit exprès. Lu millier de Kan-
«;urous \ trou\è)vul la niorl, soil par les coups de feu, soit parce que ce-.
pan\res animaux, ellray(''s, se jet.iienl coiiire les chjtunvs ou se tuaient les
uns eonire les aulrt's. D,; s?;iiblab!e;> sc.''n..'s de carnag!' ont été répétée-»
31 s SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
depuis lors. i\lais (leinièreniciu on a adopté un autre moyen. Deux honuiics
al)a;iciit joiimellenient avec leurs carabines environ cinquante Kan^qu'ous
cliacun. Il leur scrail aise (ren iurr plus, mais comme ils ont à dépouiller
leurs victimes, ce nomi)re siiflil à remploi de leur journéf. Ces fails expli-
quent assez clairement quel |)eut être le nombre de kan^unuis dans cette
))artie du pays.
Leur destruction cstdexemie une nécessité, car malgré la i)oursuite qui
leur est faite depuis i)lusiears années, on évalue qu'en ce moment les Kan-
gurous consomment la quanlité d'iierhe qui pourrai! sullire à un millier de
tètes de bœufs yCaillv;.
[)ar M. \ iKWOT.
IjlllusliatcJ Londoii \eivs du '28 février annonce que, grâce à un envoi
de M. le docteur Mueller, directeur du Jardin botanique de Melbourne, la
collection d'oiseaux de l'.egent's Park, à Londres, appartenant à la Société
zoologique de Londres, s'est enrichie d'une i);ure dWloaetles-pies de
l'Australie, dont on n'avait pas encore vu de spécimens vivants en Europe.
Ainsi que le fait remarquer (lould dans son ouvrage sur rornithologie de
l'Australie, peu d'oiseaux de ce conlinenl ollreiU un extérieur plus agréable
ei des mouvements plus gracieux (]ue le GraUina austrcdis. Son bumeur
familière et facik à apprivoiser en l'ail l'un des liôles et des i)rolégés
des colons, qui le voii'nt courir sur les toits et les galeries de leurs maisons.
Son vol rappelle celui du A anneau et présente les mêmes mouvements
lourds et saccadés. SeulemenI, tandis que le Vanneau, fait des détours et des
plongeons subits, le GraUina traverse l'air sans bruit. Son cii est un siflle-
menl plaintif souvent répété, lîien de plus curieux (pie son nid, fait de
boue molle, qui, en dm'cissanî à l'air, oflre l'apparenre {Vun vase d'aigile
massif, ayant cinq à six pouces de long sur trois de profondeur, et posé à
la jonction de deux rameaux.
Cet oiseau ayant des mœurs a(juatiques, ou a j)lacé la paire envoyée ù
Londres dans un comparlinient de la poissonnerie, où ils ont la joui-sance
d'un |)elit bassin d'eau claire à fond de gravier. On les } voit pécher et se
i.aiguer, comme leurs congénères de l'Europe. Les GraUina de lîegenl's
l'ark sont déjà si accoutumés à leur nouveau séjoui'. qu'on espère les voir
liieiilôl façonner un des nids de boue que nous venons de déciire.
Niir le Iioiuh;t.\ ;;E-aii<1 %t]n<4 do l'Inde.
(Extrait lies Annales du coniinercc extcrteur,\Mv 'Sl.V. ]\\'s\v.{..)
Il existe au Bengale et dans la Chine une espèce de Ver autre que celle
(|ui se nourrit des feuilles du Mûrier conmum, et dont la propagation pour-
rail élre un grand élé'ment de pros])érilé. l'Ius j)récieuse par la beauté de
s(.s produits, pln^ remarquable par la grosseur ei la singidariié de son édu-
CHRONIQUE. olÇ)
cation, colle espèce, dont le superbe papillon, comni son:-, le nom de ijiaiid
Atlas de Plnde, fait un des plus lx'au\ ornements de toutes les collections
d'insectes, est reslée juscprici, par la plus étrange des nn''j)riscs, luul à l'ail
inconnue en Fjiropi'.
liien cependant n'était ])lus propre à fixer raitention d(N v(»yaK''Ufs (pii ont
parcouru ces conirées, (pie le spectacle de son éducation. Aljuidonné à ses
propres forces et à sa seule industrie, c'est en plein air el sur de !;rands
arbres couverts d"un simple (ilel, que cet insecte curieux vil. croit cl fabrique
les lombt'aux destinés à sa brillante métamorpbose. Il ne redoute point les
injures du temps; il n'exige ni les soins délicats, ni les allenlions conli-
mielles que demande Tespiice commune. La cbenille est plus longue et plus
grosso, et les cocons, remarquables par leur volume, le son! encore plus par
leur couleur blancbe, qui les distingue tout à faii de ceux des \ ers à soie
ordinaires.
L'arbre sur kvpiel i! vit est aussi tout à fait dilTérentdu Mih'ier. C'est un
arbre du genre Prunier, l'-pineux, à feuilles rares el arrondies, et que leshn-
biiants de l'île de L'rance et du hengale connaissent vulgairement sons le
nom de Maçon.
\\ croît faciiemeni dans toute l'Inde, el il est particulièrement Ires-répandu
au Bengale, où les habitants élèvent un assez grand nombre de ces Vers, pour
se procurer une belle espèce de soie blanche aussi estimée pour la pureté de
sa teinture que pour sa force, sa linesso el son égalité.
S'il n'était pas nécessaire d'abriter les arbres contre les insectes poiu' em-
pêcher celte précieuse chenille d'être dévorée, l'éducation du Ver commun
serait sans doute généralement adoptée dans l'Inde. Mais les dépenses
qu'exigent l'achat des filets découragent les Indiens, et il s'en faut de beau-
coup que les Bengalis sachent mettn' à i)rolit tous les arbres dont ils peuvent
disposer. Cependant il serait possible de diminuer considérablemenl ces frais
en prenant la précaulion de disposer les Maçons en j)l<inlalions ré'gulières;
ils exigeraient dans cet ordre symétrique des abris moins grands proporlion-
nellement au nombre des arbres. Un tel calcul, dont les Indiens sont inca-
pables, ne serait pour les cultivateurs européens que le résultat d'une pré-
voyance ordinaire, et si des émigranis français vont, comme il l'aul l'espérer,
mettre à prolit les ressources naturelles de la Cocliinchine, ils sauront tirer
parii, pour la production di' la soie, de la f icililé avec laquelle b-s arbres dont
il s'agit peuvent être mullipli«-s.
(Annales du conunercc exlcrieur.)
oi'VR\t;i:s «FFERTs \ i.\ smu-vii:.
Bullclin rie la Société tracclimatalioii ctcriiisloirc na!iiicllc de Tilc de la Réunion,
n" 1, 1863.
Annales de la Société impériale d'a?;riciiUure, industrie, sciences, arts et belles-
leltres du département de la Luiie, t. I\', 18(30, et t. V, 18(il.
Bulletin agricole du Comice de Lons-le-Saulnier, n"' 1 à 3, mars 1863.
Bulletin de la Société d'agriculture et d'horlicullure de l'arrondissement deBeau-
vais, avril, mai 18()3.
Bulletin de la Société d'agriculluie, scien('es cl arts de Meaux, 1862.
Bulletin de la Société d'horticulture deFuntenay le-Conite (Vendée), décemb. 1802.
Bullclin du Comice agricole de Brioude, janvier et février 1863.
Mémoires de riiistilul national genevois, t. 1 à VIII (1853 à 1862).
Bulletin de la Société genevoise d'utilité publique, n"* 21 et 22, 1863.
Bulletin de la Société mexicaine de géographie et de statistique, 1862, 1863.
Transactions ol' tlie American Instilute (années 1858, 1859 et 186lt).
Règlement et but delà Société d'acclimatalinn de Victoria. Melbourne, 1802.
Actes de la Société royale de Victoria, 5^ vol , 1860.
L'Agricultura Valcuciana, n"' 1 et 2, 1863.
Voyage autour d'une volière, par J. B. Lacomhe (1863). — Offert par l'auteur.
Guide pralique pour élever les l'aisaus, Colins, l'erdrix, etc., parM. A. Legrand.
— Oll'ert par l'auteur.
On Ihe liigher subdivisions in Ihe Classiticalion of Mammals, par .1. D. Daka.
Remarks on Lepas aiialifera, ou Apliis avenœ, ou a fibre plant suited to Ihe
climale of Canada, on (lie Silk-Worm and other fibre yielding insects, and tlie
growth of their food filants in (^uiiada, par G. Lavvson. — Olfert par l'auteur.
0 IJrazil agricola, industrird, commercial, scientifico, littcrario et iioticioso,
n"s l a à, 1863.
^■otcs sur l'éducation du Botiibyx Cytilhia, ver de l'Ailaiile. Cinq brochures, par
MM. de Lai.eu ;de Nantes), de Baii.let (de Bergerac), Jean Boy (de Cbàlons-
s-ur-Marne), le comte de Bondv et Biain d'.Vngers). — Ofi'ertes i»ar leurs
auteurs.
Revue de séricicuUure comparée, par M. GiÉuiN-MÉNEViLi.E, n''^ 1 à 3, 1803.
Cenni soi danni del diboscamenlo sull'Ailanto c liombyx Cyiilhia, par M. 1". Garz-
zetti (Turin 1863). — Offert par l'auteur.
Reboisement des montagnes, travaux de 1862, par M. ViCAiiu;.
Le régime du vert et son application dans les régiments, par M. A. HoCQl'ET,
Notices pomolngiqucs, t. 111, 2'i^' et 25'' livraisons, 1862, par M. de Liron d'Al-
ROi.ES. — Oll'ert par l'auteur.
Les fumeurs d'opium en Chine, par le docteur H. Liuermann i 1862). — Offert
par l'auteur.
Rappoit sur une excursion au mont Viso et daiis les Alpes du Briançoiinais, par
M. L. SOIBEIRAN et B. Vei'.lot.
Principes généraux de géographie agricole, par M. le docteur B. Sagot.
Thèse pour le doctorat en médecine, sur la Co:a, par M. Dejiarle (1862; —
Offert par M. Ci.oouET.
(Ailturc de la Vigne, par M. E. A. (^AKRIÉue. — Olîert par l'auteur.
Monographie de Jalapa (Mexique), par M. le docteur (1. V. BovEr. — OiTerl par
l'auteur.
Notice sur la vie et les travaux de M. Jomard, par M. DE LA BoquEtte, — Offert
par fauteur.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE.
RAPPORT
Sl^R LES CHÈVRES D'ANGORA ET LES YAKS
CONFIÉS A TITP.E DE CHEPTEL A MM. EURIAT ET LEQUIN.
Par n. yi^REKT,
Aillent général de In Suciété.
(Séance du 12 juin 1803).
Le Conseil m'ayant chargé d'aller visiter les deux troupeaux
de Chèvres d'Angora et le lot d'Yaks du Tibet placés, à litre
de cheptel dans les départements de la Meurthe et des Vosges,
j'ai riionneur de rendre compte à la Société de l'état dans
lequel j'ai trouvé ces animaux, après six mois de séjour dans
leur nouvelle résidence.
Je me suis rendu d'abord chez M. Frédéric Lequin, qui
dirige avec une rare habileté la ferme-école du département
des Vosges, à Lahayevaux, près de Neufchàteau, dans laquelle il
a introduit de nombreuses améliorations, et où il est parvenu
à accroître singulièrement les produits de son exploitation
agricole (1). L'expérience consommée de M. Lequin, qui se
révèle tout entière au seul aspect de sa ferme, tenue avec le
plus grand soin, malgré son étendue considérable, justifie
suffisamment la confiance de la Société. On n'a pas oublié sans
doute que c'est à lui qu'est due l'introduction en France de
cette excellente race de Moutons suisses à laine noire trés-
eslimée , qui se recommande par sa remarquable fécondité.
Il ne me paraît pas sans intérêt de dire, en passant, à cette
occasion, que j'ai vu chez lui un troupeau de qualre-vingls
Agneaux superbes de santé, provenant de quarante {'rebis de
(1) Une des plus fructueuses innovations de M. Lequin, dans son exploi-
tation, c'est l'usage qu'il fait des produits de ses cultures très-élondues de
Betteraves et de Topinanibours , pour la confection d'un excellent vinaigre,
d'une digestion facile et d'une qualité très-supérieure, non-seulement aux
vrais vinaigres de vin, mais surtout à ces vinaigres malsains et falsifiés dont
le commerce nous empoisonne. Les pidpesdes tubercules, après l'extraction
du jus destiné à Olre transformé eu vinaigre, n'ont, comme on sait, rien
perdu de leurs propriétés pour la nourriture du bétail.
T. X. — .luiu 1SG3. 21
322 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
celte race qu'il a répandue dans tout son voisinage et qu'il
conserve avec soin.
M. Lequin avait reçu de la Société, en décembre 1862 :
1" Trois Yaks du Tibet, dont un taureau et deux femelles ;
2" Trois Boucs et quatre Chèvres de race pure d'Angora, et
six Chèvres mélisses de premier et de second croisement.
Dix autres Chèvres métisses lui furent encore envoyées dans
le cours du mois de février dernier.
Des noies prises sur ces animaux au moment de leur expé-
dition dans les Vosges, il ressort qu'ils étaient généralement
en bon élal, mais que cependant plusieurs Chèvres étaient
maigres et chélives. J'ai pu constater qu'ils sont tous actuel-
lement dans les meilleures conditions de vigueur et de santé.
Leur toison, brossée régulièrement, est brillante et soyeuse.
Deux Boucs adultes sont surtout remarquables par leur taille
et leur vivacité. Les mêmes observations peuvent s'appliquer
aux jeunes purs ou métis nés depuis l'arrivée du troupeau, qui
se compose aujourd'hui de trente-quatre individus. M. Lequin
avait reçu vingt -trois Boucs ou Chèvres; il lui est né en
février, mars et avril, dix-sept Chevreaux, parmi lesquels le
nombre des Boucs domine malheureusement comme toujours :
il s'en trouve en effet onze puur six Chevrettes. Si d'un côté les
naissances se sont élevées au nombre de dix-sept, il faut, de
l'autre, en déduire une perte de six individus, dont deux Chèvres
adultes, mortes, l'une de phthisie pulmonaire, l'autre en met-
tant bas, et de quatre jeunes, morts le jour de leur naissance.
Les progrès faits par les trois Yaks confiés à M. Lequin m'ont
paru plus sensibles encore que ceux des Chèvres. La souplesse
et la douceur de leur toison prouvent le bon état de leur
santé. Notre confrère, ayant eu la pensée de les peser à diverses
époques, a obtenu les résultats suivants :
■1 ô luviicr. 7 avril. 14 mai. 7 juin.
Le lauivau . . • 19'2kik)gr. 220 liilogr. 255 kilogr. 268 kilogi'.
La l'emellc adiiile. ISô 210 215 i\oii pesée le 7 juin ,
près de nieUre bas.
La jeune fonicllc. lo(3 150 155 167 kilogr.
De Lahayevaux, je suis allé dans le département de la
Meiu'tlic, à llovilli' , chez M. Kuriat-Perrin , détenteur d'un
SUR LES CHÈVRES d'aNGORA ET LES YAKS. 323
troupeau de Chèvres d'Angora. Nommer Roville, c'est rappe-
ler en im seul mot les travaux de l'homme éminent qui y a
laissé de si glorieux souvenirs. Se montrant digne continua-
teur de Mathieu de Dombasle, auquel il a succédé dans l'ex-
ploitation de celte ferme d'où sont parties tant d'excellentes
leçons, où se sont accomplies de si intéressantes applications
agricoles, M. Euriata continué l'œuvre de son illustre prédé-
cesseur. La Société ne pouvait donc espérer, pour ses animaux,
des garanties plus certaines de bons soins. Aussi ai-je trouvé
les Chèvres d'Angora dans de très-bonnes conditions de santé.
M. Euriat avait reçu, en décembre dernier, trois Boucs et
huit Chèvres d'Angora de pur sang, avec six Chèvres métisses,
en tout dix-sept animaux, dont quatre avaient été notés comme
malades ou comme très-maigres. Parmi ces quatre derniers
se trouve une Chèvre qui est toujours restée dans une situa-
tion peu rassurante. Ouant aux autres, elles se sontprompte-
ment rétablies, et le troupeau tout entier ne laisse rien à dé-
sirer en ce moment. Il s'est accru de neuf sujets bien portants,
dont quatre Chevreaux et cinq Chevrettes. Une Chèvre métisse
avait en outre produit deux très-beaux jumeaux, qui sont morts
accidentellement sous la mère, le jour de leur naissance.
En résumé , j'ai pu constater, chez MM, Lequin et Euriat,
que les animaux de la Société sont dans les meilleures condi-
tions possibles, et qu'elle n'a qu'à se féliciter de les avoir
placés en si bonnes mains. Dans les deux fermes, les Chèvres
d'Angora sont élevées avec les Moutons, tant àl'étable qu'aux
champs ; elles reçoivent la même nourriture et sont traitées
de même, sauf que le berger a soin de donner, de temps en
temps, à leur toison un coup de brosse ou de peigne, pour
les entretenir propres et empêcher que les mèches ne se
feutrent, comme cela ne manque jamais d'arriver quand on
néglige cette précaution. En terminant ce compte rendu suc-
cinct de la mission dont la Société m'a honoré, je suis heureux
de rendre justice au zèle éclairé de ces agriculteurs distingués,
et d'offrir ici mes remercimenls sincères à MM. Euriat et
Lequin pour leur bienveillant accueil.
OBSERVATIONS
SUR i;t:LEVA(.E DES GALLINACES.
LETTRE ADRESSÉE A M. RUFZ DE LAVISON,
Kii-eclciir du Jardin d'accliiiLdaliim,
fl>ar M. tiR\^lK.
(Séance du ti mars 18G3.
Toidniise, le 11 loviier 1803.
Monsieur le Directeur,
J'ai l'honneur de vous adresser le tableau relevé d'après
mes registres; tous les renseignements qui y figurent sont
de la plus rigoureuse exactitude. Loin de moi la prétention de
tirer des conclusions d'après ces résultats. Il y a tant d'élé-
ments susceptibles de les l'aire varier, que ce tableau vous est
adressé à titre de renseignement et comme terme de compa-
raison avec ceux (jue vous avez pu recevoir d'autres éleveurs.
Une série d'observations ainsi recueillies, et dans des tableaux
uniformes adoptés parla Société d'acclimatation, pourrait con-
duire à formuler quelques lois générales et môme spéciales
sur l'éducation des Gallinacés. C'est dans ce but que j'ai, dès
1862, établi celui-ci.
Permettez-moi de vous parler des reproducteurs, avant de
vous entretenir des produits. Je n'ai qu'à me féliciter des ré-
sultats obtenus en cherchant à conserver en bon état les Coqs
et les Poules que j'ai achetés en 1S60 et en 1861, soit à Paris,
soit à la 1^'lèche et au Mans, soit en Belgique. Sur 80 Coqs ou
Poules importés à Toulouse d'au delà du centre delà France,
je n'ai perdu en deux ans que h sujets, 2 Coqs et 2 Poules.
Je prends ces nombres parce qu'ils représentent ce que je pos-
sède en ce moment en races non acclimatées dans le Midi.
J'en ai eu en plus grand nombre pendant un certain temps,
et la proportion de la mortalité a été dans le même rapport.
Je dois vous avouer loulefois que sur 10 Poules, 8 restent
. . ÉLIiN A(iE )JES GALLINACÉS. 325
lujigtoiiips SOUS rintlueiicp de nos hivers humides. Aussi
faut-il exercer une surveillance sévère et soutenue pour gué-
rir cette maladie muqueuse qui les atteint aux premières
pluies. Ajoutez à ce premier élément de destruction le chan-
gement de nourriture, hcc/ptiriic ! et quelquefois des volières
et des hasses-cours insulTisanlcs ou mal aménagées, et vous
avouerez que j'ai lieu de me féliciter d'avoir pu conserver en
magnifique état mes premiers reproducteurs. Je ne parle pas
de ma collection de Poules gasconnes que des personnes de
nos contrées prennent pour des races étrangères, tant les
heaux reflets de leur hrillant plumage diflérent des |)lumes
mates et grisâtres ou rousses des volailles des champs.
Donc, sous le rapport de l'acclimatation des races du^ord,
j'ai ohtenu plus que je n'étais en droit d'attendre pour mes
reproducteurs. Mais, hélas! toute médaille a son revers. Et
j'ahorde sans transition la question des produits.
Sur environ 700 œufs posés de janvier à fin mai, avec les
phis grandes précautions et sous d'excellentes couveuses, j'ai
obtenu près des trois quarts de naissances : après le premier
mois, tout allait assez bien, et la mortalité n'était pas appré-
ciable ; mais i»endant le second et le troisième mois, et surtout
au quatrième, il ne me restait plus que le sixième des Pous-
sins environ sur chaque couvée. Remarquez qu'il n'est ques-
tion dans ce calcul que des œufs provenant de races étrangères
à nos contrées. Je laisse de côté notre race gasconne, qui, avec
peu de soin, ne se décide à mourir que sous le couteau d'un
Vatel impitoyable.
En lin de compte, il me restait, au 31 décembre 18(32, une
centaine de Poussins qui avaient, eu juillet, de deux à cinq
mois ;
1 très-beau Coq de la Flèche;
5 Poules, idem, dont deux très- belles ;
3 Padoues dorés;
3 Padoues argentés;
2 Poulettes de Crèvecauir assez belles.
A coté de ces tristes résultats, je me plais à constater l'ad-
mirable réussite de la race gasconne, qui, je le dis avec Iran-
326 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
chise, se comporterait, dans le nord de la France, comme le
font les races fléclioises, de Crèvecœur, hollandaises, etc.,
dans le midi.
J'ai voulu, pendant l'année 1862, continuer à élever mes
Poussins comme je l'avais fait en 1861, et je suis arrivé à des
résultats tout aussi déplorables; mais j'avais confié aune per-
sonne intelligente une douzaine d'œufs de Poules fléclioises,
en la priant de donner aux Poussins qui en proviendraient
un peu de viande hachée, indépendamment des vers de terre
qu'ils pourraient trouver dans la vaste cour où ils étaient
parqués. Or, voici ce qui est arrivé :
Sur les 12 œufs, il y a eu 10 naissances et 2 œufs dont les
Poussins sont morts dans la coquille ; ils ont été posés à la fin
de mai, et comme la sécheresse s'est fait sentir à Toulouse
dés le commencement de juin jusqu'à la fin de septembre, les
pauvres Poussins n'ont pas trouvé dans leur cour un seul ver
rouge à manger; mais on leur donnait tous les débris de
viande de la cuisine, et de plus, ils venaient chaque jour dé-
jeuner près d'un groupe de trente ouvriers qui, à l'envi, leur
jetaient, pendant leur repas du matin, des miettes de pain et
toujours un peu de viande, dont les Poussins étaient très-
friands. Ce régime de matières azotées n'a-t-il pas contribué
à sauver on entier ce groupe de 10 Fléchois qui, aujourd'hui,
sont admirables? Je suis d'autant plus fondé à le croire, qu'il
est hors de doute que les animaux du Nord sont plus lym-
phatiques que ceux du Midi; ils sont plus volumineux, ont
la chair plus molle et exigent une nourriture spéciale : témoin
les Chevaux du Mecklembourg, les Vaches de Hollande, les
Moutons des îles Britanniques, et ainsi de suite pour les Vola-
tiles. C'est du moins ce que j'ai observé.
Je peux invoquer à l'appui de mon opinion la différence
marquée entre les campagnes des environs de la Flèche et du
Mans et nos contrées du sud-ouest. Dans les premières, j'ai
trouvé beaucoup de bois, de beaux pâturages, un climat tem-
péré, des pluies plus fréquentes, et par suite abondance de
nourriture végétale et animale pour les Gallinacés. Ici, au
contraire, un pays découvert, peu de bois, d'immenses plaines
ÉLEVAGE DES GALLINACÉS. 327
couvertes de céréales, pou de prairies, qui, du resle, ont
\q. jaunisse dès le commencement de juillet, et quelquefois
plus tôt.
Le propriétaire n'a donc pas intérêt à introduire dans nos
contrées des animaux dont l'éducation est coûteuse etprésente
des chances si défavorables. L'amateur seul peut se permettre,
comme agrément, de posséder ces variétés, à titre d'étude
comparative. Toutefois je me hâte d'ajouter que mes essais
de croisements m'ont donné des produits plus rustiques que
les races pures. Ainsi, j'ai obtenu d'un Coq de Crèvecœur et
d'une Poule de Dorking un Poulet qui, à quinze mois, pesait
h kilogrammes, plumé, mais non vidé. La chair en était ferme,
mais fine. J'avais tenu ce Poulet loin des Poules, et je vous
assure qu'il était excellent.
Le croisement du Coq fléchois avec les Poules gasconnes
m'a donné des sujets superbes et surtout savoureux. Plusieurs
de ces Poulets ou Poulettes ont été mis à la broche, les autres
en fricassée. J'en aurai encore l'an prochain, car ces produits
sont précoces. J'essaye également, pour la table, des croise-
ments de Coq de Crèvecœur avec des Poules fléchoises.
En résumé, si l'année a été mauvaise pour moi quant aux
produits des belles races pures du Nord, j'ai bien réussi les
croisements. Il me paraît certain que ces derniers produits
ont plus de rusticité que les premiers.
Le tableau ci-après ne me paraît pas exiger d'explication.
Quelles conséquences d'ailleurs pourrais-je tirer d'une année
d'observations sérieuses? Je vous promets de vous envoyer
l'an prochain les résultats résumés de 1863.
J'ai lu les derniers bulletins du Jardin d'acclimatation, et
je remarque avec douleur les pertes nombreuses que vous
éprouvez parmi les Poules. Je n'hésite pas à revenir sur la
question des abris qui manquent dans nos cours. Depuis que
j'ai fait établir de petits hangars dans les miennes, je remarque
que je n'ai plus ou presque plus de Poules malades. Lorsqu'il
pleut, on jette la nourriture sur le sol de la partie abritée,
et rarement les Poules se mouillent ; de plus, le sol qui se
trouve sous l'abri, dinnitoujours sec, permet aux Gallinacés de
328 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'ACCLIMATATION.
se poudrer chaque jour, cl de pouvoir se tenir sur un terrain
non humide, aéré et en pleine lumière.
Les loges spacieuses, même bien éclairées, ne suffisent pas ;
j'en ai fait l'expérience. La Poule n'entre dans les loges que
pour pondre ou dormir. En dehors de ces fonctions, elle
recherche de préférence le grand air et la lumière. 11 est de
toute nécessité que le sol, sous l'abri delà cour, soit plus élevé
que celui delà cour : ce que j'obtiens ici au moyen debriques
ou d'ardoises enfoncées de champ en partie dans le sol, et
qui dépassent le niveau de 0'",10 à 0'",15.
Enfin, outre les planches inclinées formant abri, il est bon
que, du côté du nord ou de l'ouest, il y ait un fond de bois
pour garantir la volaille on captivité des courants d'air.
Après avoir fait quelques observations sur le mode ordi-
naire d'appréciation des jurys, relativement aux qualités des
reproducteurs, M. Granié ajoute :
Pour ma part, et quelle que soit la manière de voir du jury
de la Société d'acclimatation, loin de préparer mes sujets par
une nourriture abondante, les Oies surtout, je les tiens au
répime habituel. J'ai même supprimé le mais et le froment
pour les Poulettes jeunes qui pondent; elles font trois repas
par jour : le matin, avec des pommes de terre mêlées de petit
son en petite (luantité; à midi, avec des feuilles de choux ha-
chées, et le soir, à quatre heures, avec une petite poignée
d'avoine par tête. Pendant toute la saison de la ponte jusqu'à
la mue, je ne change jamais ce régime à heure fixe. La ver-
dure seule est changée lorsque le printemps me permet de le
faire. A l'époque de la mue, je remplace l'iivoine par le froment
et le maïs alternés, et quelquefois je supprime la pomme de
terre pour leur donner du petit son légèrement mouillé. Je
ne donne jamais de vers ni de viande aux vieilles volailles
plus de deux fois par mois. On trouvera peut-être que ce n'est
pas assez, mais mes Poules se trouvent bien de ce régime, et
je ne le change pas.
ÉLEVAGE DES GALLINACÉS. 329
La ponte île 1863 estircs-rctardée ; la race gasconne seule
me donne des œufs ; les autres races n'ont pas encore com-
mencé aujourd'hui, 10 février 1863.
Une Poulette gasconne, née le 27 janvier 1862.acommencé
sa ponte le 7 juin de la même année. Les autres Poulettes
gasconnes, nées en février et mars, ont donné des œufs dès le
20 juillet, de façon que, dès le 20 août, j'avais des Poussins
de Poules nées dans la même année. Ce fait n'est, du reste,
pas rare lorsque la volaille est bien tenue.
Les Poulettes de la Flèche et de Crèvecœur, nées en janvier,
février et mars 1862, n'ont pas encore pondu.
Les dénominations de fractions indiquent le nombre de
perdus.
Bémmé de l année 1862.
RACES.
Soie n:iiiie blanche
Gasconne
Fléclinisc
Hollandaise noire.
Ihi Mans
Fléclioise
l'adouc dor 00 . . . .
Gasconne
Andaloiise
FMi Mans
Padoue arg-entée. .
Hollandaise blone
De Crèvecfeur... ,
«
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2
0,735
0,825
1801
8
2,285
2,200
1800
7
3,193
3,100
1 800
4
1,875
2,100
1801
l
2,050
2,250
1 801
20
2,580
2,891
1859
2
1,750
3,100
1800
8
2, «55
2,000
1801
2
2,4=i<)
^,4 50
1800
i
1 '2,Q-5
1 1.775
4,000
1800
3
2,850
1801
4
0,850
1,475
1859
11800
8
2
3,175
3,050
DATE
de la [iremière
ponte.
0
oclob
1801
S
janv.
180-2
21
doc.
1801
30
24
fôvr.
1802
3
janv.
1802
5
févT.
1802
0
doc.
1801
21
févr.
1802
12
11
janv.
1802
10
DATE
de la dernière
ponte.
31 oclob.1802.
7 — —
31 août —
29 — —
17 oclobre — •
17 — —
1" sept. —
7 — —
1 3 octobre —
24 sept. —
1 5 août —
305
272
253
249
230
287
207
275
234
227
184
213
204
- c ■
87
59 4/8
58 1/7
54 3/4
53 3/4
49 14/20
49
47
43 1/2
42 2/4 (')
41
39 1/4
38 7/8
(') Le Coi( est un croisement d'nn Coq cochiiichinois fanve cl de Pmde du Mans.
SUR LA POUTARGUE.
LETTRE ADRESSÉE
A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION,
Par 91. E. LAMIRAL.
(Séance du 6 février 1863.)
Pari?, lo 30 janvier 1863.
Monsieur le Président ,
Dans mon dernier voyage sur les côtes de la Méditerranée,
l'exploration des fonds, des anses, baies, criques, calanques,
lacs et étangs, et mes recherches sur les locahtés propres à
des établissements d'aquiculture, m'ont fourni des documents
dont j'extrais la note suivante, qui me semble digne de fixer
l'attention de notre Société impériale d'acclimatation :
« Les pêcheurs du golfe de Foz, des étangs salés de Caronte,
de Berre, etc., font une espèce de caviar avec les rogues des
Muges et autres genres de poissons; ils nommaient cette pré-
paration d'œufs de poissons, Voutanjue, et ils la vendent de
6 à 15 francs le kilogramme, suivant les quantités produites
pendant la saison.
)) La fabrication de la poulargue se fait en ouvrant le pois-
son dont les ovaires sont presque à maturité, depuis le nom-
bril jusqu'à la gorge; on enlève les rogues entières, qu'on
nettoie ; on les place ensuite entre des planches chargées d'un
poids, et la semaine suivante, on lave les rogues une seconde
fois avec de la saumure, pour les replacer encore une fois
sous presse. La poutargue se vend ensuite sans autre apprêt.
Ce mets, bien connu en Sicile, en Grèce, en Syrie, en Turquie,
est estimé des marins et des gens sur nos côtes de la Méditer-
ranée.
» Sur les tables des riches, on sert la poutargue comme
hors-d'œuvre; on la coupe en minces lamelles qu'on laisse
baigner dansl'huile d'olive, et avant de la manger, on l'arrose
d'un jus de citron.
SUR LA rOUTARCUE. 331
» N'cst-il pas regrettable de voir engloutir ces milliards
d'œufs de poissons, qui, s'ils étaient convenablement semés,
produiraient, en deux ans, des milliards de kilogrammes dq
cbair de poisson !
» L'alimentation publique n'est-elle pas le plus grand pro^
blême d'économie politique?
» Si les filets à mailles fines, qui peuvent prendre les petits
poissons, sont probibés, à plus forte raison devrait-on, non
pas prohiber, mais réglementer ce commerce de poutargue,
qui détruit le poisson en masse avant son éclosion.
B II faudrait faire comprendre auxpêcbeursl'utilité de l'ap-
plication du procédé manuel pour la fécondation artificielle
du frai, et surtout leur assurer, pendant une première saison,
■une prime pour les encourager à \?l pratique du procédé.
» Le temps et l'adresse employés par les pêcbeurs à saisir
vne à une chaque femelle de poisson, à l'inciser, à enlever
les rognes, à nettoyer, saler, presser, emballer et vendre cette
marchandise, seraient plus avantageusement utilisés à égrener
les ovaires à maturité dans un baquet, dont ils spermatise-
raient l'eau avec la laitance des poissons mâles. Ces œufs
seraient ensuite déversés sur le gravier ou dans les herbes
d'une localité choisie, enclose et réservée pour cet alevinage,
avec contrôle officiel; car, pour favoriser ce commencement
àe, pisciculture maritime, on devrait allouer une prime par
kilogramme d'œufs de poissons fécondés artificiellement par
les pêcheurs eux-mêmes.
» En peu d'années, les pêcheurs et les consommateurs pro-
fiteront de l'abondance que devra créer cette utile mesure
de la fécomlation artificielle du frai, précieuse découverte
connue théoriquement en 1757, pratiquée en 18/il dans les
eaux douces, et qui, en 1863, peut être mise en valeur dans
les eaux salées. »
ÉDUCATION DU SÂUMOiN DANS LliS LACS,
Par M. Anatole «IM.ET DE Glt.l\D^]OÎ\T,
(Séance du 10 mars 18G3.)
Messieurs,
A l'une (le nos précédentes réunions, en portant à votre
connaissance les succès obtenus en pisciculture dans le lac
Pavin, j'ai eu l'honneur de vous entretenir de l'éducation
du Saumon dans des eaux captives. Je vous ai montré combien
étaient surprenants et tout à la fois encourageants les résultats
des expériences faites dans de semblables conditions, puisque
au lac de M. Rico, on avait péché un Saumon du poids de
1100 grammes ; mais j'ai omis de parler de la couleur et de la
délicatesse de la chair. Je viens donc aujourd'hui compléter
ma communication à l'aide de renseignements qui me sont
adressés par M. Rico, de Clermont. J'apporte, en outre, de
nouveaux documents non moins précieux que les premiers,
pour la solution favorable de la question qui nous occupe; je
les dois à l'obligeance du docteur Ghavannes, délégué de notre
Société à Lausanne.
Voici ce que m'écrit M. Rico :
« Au repas donné aux membres du conseil général par M. le
» préfet, le 2/1 août 1861, pour faire apprécier les résultats
» de la pisciculture dans notre département, cinq Truites et
» deux Saumons du lac Pavin, l'un de 500 grammes, l'autre
» de 700 grammes, furent servis à. l'honorable assemblée.
» Malgré la délicatesse de la chair saumonée des Truites,
» M. le préfet nous a assuré que la finesse de la chair rosée
» des jeunes Saumons était encore préférable
» Des Saumons élevés et pris au lac Pavin ont été
)) mangés par M"" et M. le comte de Pressac, M'"' et M. le
B sous-préfet de Riom, M'"^' et M. le sous-préfet d'issoire,
» M'"' et M. le receveur général du département, M. le gé-
» néral de brigade dcChabron, M. le sous-intendant militaire,
ÉDUCATION DU SAUMON DANS LES LACS. 333
» MM. le commandant et le docteur de recrutement, M. de
» Watrigant, secrétaire général, conseiller de préfecture, aux
» bords du lac Pavin, le 29 mai 1862. Trois furent vendus
» aux hôtels du Mont-Dore. Deux ont été mangés au pavillon
» du lac. Tous, sans exception, ont présenté une cliair extré-
)> mement délicate, de couleur rose clair, et de digestion
)) facile. y>
De son côté M. Gliavanncs me dit par une lettre datée du
11 février :
(.( hilrodmtiondu Sawnon cbnis le lac Léman. — C'est en
» 18ô7.qu'on a commencé à lâcher des alevins dans quel(|ues
» affluents du Léman, d'abord /iOO, puis plusieurs milliers,
« en 1860, 1861 et 1862.
» Des premiers, ceux de 1857, il en a été repêché, à ma
» connaissance, au moins 2h, dont le plus gros, repris en jan-
» vierl862, pesait /i livres, soit 2 kilogrammes. J'en ai mangé
» un d'une livre et demie en 1861, repris dans le ruisseau où
y on les avait lâchés, et qui peut-être n'avait pas même été au
» lac; il était parfaitement saumoné; sa chair était rose vif,
» légèrement orangée, beaucoup plus colorée que celle de
» nos Truites et de nos Ombres-chevaliers : c'était dans le
» mois de juin ; elle avait exactement le goût de celle du Sau-
» mon du Rhin.
» Le Saumon se reproduira-t-il dans le bassin du Léman?
» Je n'en sais rien. S'il veut, guidé parson instinct, descendre
» à la mer, il sera broyé dans \di perte du Rhône, qui ne laisse
T> rien passer, pas même de la sciure de bois. »
Il n'est donc plus possible de nier aujourd'hui l'éducation
avantageuse du Saumon dans nos eaux, quand même celles-ci
ne lui permettraient pas d'aller grandir à la mer. On a dit
tant de fois, le Saumon ne croit pas dans les eaux douces,
sa chair décolorée est d'un goût détestable, que je n'ai pu ré-
sister au désir de vous montrer, les preuves à la main, la va-
leur de telles assertions. Que n'a-t-on pas dit encore contre
l'Ombre- chevalier! cependant, messieurs, ce poisson est
33Û SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
d'une éducalion facile. Dans le lac Pavin, quelques-uns ont
atteint le poids de 500 grammes. Il n'est pas jusqu'au collège
de France où l'on en peut voir qui , nés dans le laboratoire
de M. Coste, mesurent aujourd'hui 30 centimètres, après
s'être reproduits cette année (1).
La Fera elle-même, contre l'éducation de laquelle on s'est
élevé, commence à son tour à répondre à notre attente et à
celle de la généreuse école de pisciculture d'Huningue. On en
pêche aujourd'hui dans le Rhin; on en a trouvé dans les bas-
sins d'alevinage d'Huningue.
Écoutez ce passage d'une lettre de M. Coumes, ingénieur en
chef des travaux du Rhin, (]ue M. Goste, notre savant maître,
a bien voulu me confier :
a Une Fera adulte qui avait été pêchée dans le Riiin,
» au-dessus de Rcàle, a été placée, le mois dernier, dans l'un
y> des bassins extérieurs de l'établissement, mais elle n'y est
î> restée qu'une quinzaine de jours
» On a trouvé, dans un petit bassin extérieur alimenté
» jiar les eaux du Rhin, quatre petites Feras qui proviennent
» des œufs mis en incubation pendant les années précédentes.
» On va les soigner et les étudier. »
Vous le voyez, messieurs, ce qui semble utopie aujourd'hui,
devient réalité demain. Poursuivons donc nos travaux sans
nous laisser émouvoir par des propos décourageants ! Faisons
éclorela Fera, élevons les Ombres, répandons le Saumon par-
tout où il peut croître et prospérer! Ne serons-nous pas assez
récompensés si nous ajoutons un nouvel élément à l'alimen-
tation publi(]ue?
(1) Depuis cotte comiminicaiion j'ai eu Toccasion fie voira Clioisy-le-Roi,
cliez M. llovyn, dans uu petit ruisseau arlilieiel, doublé de piouib et aiiniculé
par un mince lilel d'eau, des Ombres-clicvaliers éclos au collège de France
en 1861. Ils vivent en parfait état et mesurent aujourd'hui de 20 à 25 cen-
timètres de loiifî.
On peut voir au Bullecin que M. des Nouhes de la Cacaudii're annonce
qu'il a jeté dans la Sèvre nantaise 50 000 œufs de Fera d'Huningue, et qu'on
pèche dans celle rivière des poissons dont les caractères semblent être ceux
des Feras,
EXTRAIT
DES
NOUVELLES ÉTUDES ET EXPÉPJENCES SÉRICICOLES
PENDANT LES DERNIÈRES CAMPAGNES DE 18G0, 18G1 ET 1862,
Faisant snile aux observalioiis pratiques sur la iiialaiiic acliiolle des Vers à soie en Orient
en 1857, 1858 et 1859.
Par M. B. 3. DLFOLR.
(Séance du 15 mai 1863.)
Avant tout, l'auteur analyse succinctement ses observations
pratiques de 1857, 1858 et 1859, travail que M. de Qualre-
faii^es a présenté à la sanction de l'Académie des sciences le
19 mars 1860. Dans cette rapide analyse, et en suivant son
thème De la sériciculture en Orient dans ses rapports avec
l'Occident ,\\ démonive la supériorité des habitudes séricicoles
de l'Orient sur les errements de l'Occident, àl'exception d'une
lacune qu'il signale dans l'élevage oriental, soit le manque
de soins de la part des éducateurs pour prémunir les Vers
à soie contre l'intempérie qui a été généralement la cause
des mécomptes de l'Orient pendant les campagnes de 1857
et 1858. Il établit aussi que le système oriental de culture et
de recepage annuel du Mûrier sauvage, qui cadre avec l'éle-
vage aux rameaux, est on ne peut plus supérieur à la méthode
occidentale, parce que l'arbre produit '2b pour 100 de feuilles
de. plus, et que la feuille du sauvageon recepé annuelle-
ment contient 30 pour 100 de substances assimilables, dont
5 pour 100 de matière soyeuse en plus sur les cocons, de
plus que celle du Mûrier greffé recepé annuellement; diflè-
rences qui ont été accusées par deux petites éducations du
même nombre de Vers et de même race; lesquels Vers ont été
alimentés, les uns avec des feuilles de Mûrier greffé recepé
annuellement, et les autres avec des feuilles de Mûrier sau-
vage recepé annuellement, les premiers ayant consommé et
33(5 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
rendu en excréments 30 pour 100 de plus que les seconds.
Puis, il ajoute que la manière de distribuer la feuille, — atta-
chée au rameau, — aux Vers établis sur le plancher des magna-
neries, procure aux éducateurs de l'Orient une économie
de 70 pour 100 environ de main-d'œuvre. En outre, il prouve
arithmctiqucment que l'élevage aux rameaux, sur le plancher
même des magnaneries, n'exige pas plus d'espace que l'élevage
occidental, suivant le calcul fait à Dikeujik, chez M. Toros-
Ogloue. A propos du recepage annuel de l'arbre, l'auteur fait
remarquer que la serpette-scie à dents très-courtes, très-flnes
et très-serrées, conforme au modèle soumis, dont les Orien-
taux se servent, paraît atteindre le but désiré, car l'opération
ne laisse aucune bavure, et la cicatrisation est beaucoup plus
prompte que lorsqu'on se sertde la serpette à tranchant lisse ,
ce qui implique moins de perte de sève, et par suite une
pousse plus hâtive. En conséquence de l'expérience physio-
logique comparée ci -dessus relatée, tout en constatant que
la maladie actuelle est une épidémie liérklitaire se compli-
quant accidentellement de maladies intercurrentes variables,
l'auteur pose en fait que ce fléau n'a apparu en Orient (ju'à
l'état de symptùnie, excepté dans les localités à plantations de
Mûrier grefl'é et à grainage industriel, notamment à Demer-
dèclie, en Anatolie, et à Andrinople, en Uuumélie. Il conclut,
à raison même des exceptions signalées, que l'immunité dont
la Turquie jouit en grande partie vis-à-vis de l'épidémie ne
peut être attribuée qu'à la culture du Mûrier sauvage et à son
recepage annuel ; d'autant plus que le recepage, en obstruant
le développement du principe ligneux et en annulant le fruit
de l'arbre, donne à la feuille un principe nutritif qui tourne
tout entier à l'avantage des Vers à soie. Par suite, il induit
aussi que l'origine de la maladie ne peut être imputée qu'à la
qualité de la feuille servie aux Vers à soie, ainsi qu'au mode
erroné d'élevage en Occident, et qu'en déhnilive l'épidémie
ne peut disparaître qu'à la condition d'adopter les habitudes
séricicoles de l'Orient et ses races robustes.
Après cette analyse, l'auteur rend compte des expériences
de 1860. Tout d'abord il parle de diverses observations inté-
>'OUVELLES ÉTUDES ET EXPÉIilENCES SÉniCICOLES. 337
rcssanles, dont une, entre autres, démonire la supériorité de
la race Manche sur la jaune, tant au point de vue de la vigueur
et de la sobriété, que sous le rapport de la perte plus consi-
dérable que la soie jaune subit au décruage. Ensuite l'auteur
revient à la qucsiion qui domine foutes les autres, celle des
expériences pliysio]ogi((ucs. Voici le résultat de l'une d'elles,
qui a été faite chez M. Apostole, propriétaire-cultivateur à
Denierdéche,etqui montre lesditTérences entre 3U0 Vers race
de Lcfké nourris avec des icuilles de Mûrier greiïé recepé
annuellement, et 300 Vers de mémo race nourris avec des
feuilles de Mûrier sauvage recepé annuellement. Ces deux
essais, faits simultanément et à côté l'un de l'autre, accusent,
au profit des sauvages :
1" 27 pour 100 de vitalité de plus, soit 27 pour 100 de Vers
en plus ayant filé leurs cocons.
1° 23 pour 100 d'écononûe de feuilles pour la nourriture-
3" 23 pour 100 d'assimilation de plus, ce (jui est prouvé par
l'écart entre les deux résidus excrémentilicls pour le même
cocons nombre de Vers de part et d'autre.
/i° 5 pour 100 de rendement en [)lus quant au poids par les
sauvages.
5" 23 pour 100 de rendement en plus pour la soie, ce qui est
justifié par la quantité de cocons greffés qu'il faut de plus pour
obtenir la môme quantité de soie. Par exemple, 10 okes
liS drachmes de cocons greffés, au lieu de 8 okes lO/i drachmes
de cocons sauvages, pour 1 oke de soie; soit 12'*'',97/i de
cocons greffés, au lieu de lOi^'ijôSO de cocons sauvages pour
l'^'^,282 de soie ; et cela de conformité au poids relatif des deux
échantillons de soie soumis : le sauvage pesant 9 drachmes
(28 grammes), et le greffé pesant 7 drachmes (22 grammes).
En outre, l'auteur constate, d'une manière générale, qu'au
lieu de I6'^'',250dc cocons que les filatures d'ordre de Brousse
ont employés en moyenne pour produire 1 kilogramme de
soie, les filatures d'Occident ont mis, relativement, 13 kilo-
grammes de cocons pour 1 kilogramme de soie.
Outre ces dilTérences au détriment des éducations alimen-
tées avec des feuilles de Mûrier greffé recepé annuellement,
T. \. — .tuiii i.so:;. 22
338 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
l'expérimenlaleur constate encore à l'avantage des liabitudes
séricicoles de la Turquie, en opposition aux errements de
l'Europe :
6° 25 pour i 00 d'économie de feuilles résultant du recepagc
annuel du Mûrier, et de la distribution des feuilles attachées
aux rameaux.
7° De 65 à 85 fr., selon les localités, d'économie de main-
d'œuvre par l'élevage de chaque once métrique de graines,
au moyen du recepage annuel et de la distribution des feuilles
attachées aux rameaux.
8" 25 pour 100 de production de feuilles de plus en culti-
vant les Mûriers à l'orientale.
Après avoir aussi exposé les diverses expériences physiolo-
giques de 18(51, qui ont été faites contradictoirement et ont
donné relativement les mêmes résultats qu'en 1860, confor-
mément au poids relatif des deux éclianlillons de soie soumis :
le sauvage pesant 28 drachmes (88 grammes), le greffé pesant
21 drachmes (69 grammes), l'auteur démontre l'exactitude de
ses calculs en établissant la balance des rendements par entrée
et sortie. Dans le cours de cette même campagne, il rend
compte d'une expérience très-intéressante, qui a été suivie
pendant trois années consécutives. Il s'agit d'un essai de
quelques Vers de race jaune de Toscane, dont l'élevage et la
ponte des œufs ont été surveillés attentivement pendant tout
le temps. L'auteur appelle avec instance l'attention des
savants et des sériciculteurs sur cette éducation qui est on ne
peut plus remarquable par le changement de couleur qui s'est
opéré du jaune au blanc, en trois ans, graduellement, et au
fur et à mesure que l'économie animale de l'insecte était ré-
tablie par la nourriture hygiénique des feuilles de Mûrier
sauvage recepé annuellement et servies avec les rameaux, et
jusqu'à ce que enfin la maladie héréditaire ait disparu à la
troisième génération. Ce changement de couleur du jaune au
blanc sur un terrain calcaire, on regard de la transformation
contraire du blanc au jaune dans des localités à base argileuse,
suivant ce qui a été indiqué par un sériciculteur lombard,
serait confirmé par les diftérences (jni existent entre les trois
NOUVELLES ÉTUDES ET EXPÉUIENGES SÉIUCICOLES. 339
échantillons soumis des trois essais faits dans trois localités
et par trois personnes dilierenles. En tout cas, l'ensemble de
ces démonstrations, en supposant même une simple différence
de nuance bien tranchée, comme cela existe graduellement
entre les trois échantillons, justifierait en partie les doctrines
en question.
Relativement à la campagne de 186*2, l'auteur, tout en
constatant que le résultat des nouvelles expériences physiolo-
giques corrobore complètement les données des précédentes
années, en relate une encore plus péremptoire que les autres.
En effet, cette éducation comparée a produit le même écart au
détriment des greffes, quoique les Vers aient été nourris des
deux côtés avec des feuilles détacJiées des rameaux; ce qui
constate toujours le môme résultat dans toutes les conditions
possibles, voire même avec l'élevage occidental. Et par sur-
croît l'auteur fait remarquer une différence de 30 pour 100
au détriment de cette éducation alimentée avec des feuilles
détachées des rameaux, comparativement aux autres expé-
riences dont les Vers ont été nourris avec de feuilles attachées
aux rameaux, c'est-à-dire en élevant à l'orientale. L'expéri-
mentateur, à rencontre des alarmes relativement h. la produc-
tion scricicole de la Turquie et à la sophistication des graines,
constate qu'on n'a i)0ur ainsi dire pas remarqué de chrysalides
défectueuses dans les cinq mille bassines du district de
Brousse. Puis il fait remarquer que si les éducateurs del'Ana-
tolie avaient tous fait en J861 leurs graines eux-mêmes, au
lieu d'acheter en 1862, au dernier moment, dans l'espoir de
les obtenir à très-bon marché comme en 1860, des graines
industrielles à Constantinople , la production de cette année
eût été prodigieuse ; vu que la récolte a été encore assez abon-
dante , quoique toutes les graines industrielles aient mal
tourné. A ce propos, il fait remarquer qu'une petite quantité
de celles du Saratchelé, laites à la turque, qu'il avait envoyées
en France dans un but d'expérimentation, a produit 50 kilo-
grammes environ par once métrique.
L'auteur fait ensuite suivre l'exposé des expériences sus-
mentionnées d'observations générales et de déductions pro-
3/lO SOClËTli; IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATATION.
hanlcs. Entre autres o!)Scrvalions il signale, par rnpporl à
l'criicacitc du reccpagc annuel cl de l'élevage aux rameaux,
qu'à Tinos et à iVndi'os, dans rArcliipel grec, où il n'y a que des
Mûriers sauvages j)lein vent non recepés, et où l'éducation
est faite à l'occidentale, l'épidémie y règne depuis quelques
années d'une manière désasireuse. 11 relate aussi l'observa-
tion faite par madame Lorlal relativement aux décliels qu'il
a eus sur ses achats à Andrinoplc et sa banlieue, à savoir :
15 puur JOO sur les cocons achetés à six lieues d'Andrinoplc,
où il n'y a que des Mûriers sauvages recepés annuellement,
et '\0 pour 100 sur ceux de la vilUe même, où les Mûriers
greiïés abondent; en un mot, sur toute la ligne, le tant ])our
JOO proportionné au nombre des Mûriers greffes, (iuoi(iue
recepés annuellement.
Entre autres déductions, l'auteur fait ressortir que, puisque
tant d'opinions diverses et diversement exprimées relativement
à cette grave question d'histoire naturelle n'ont i)as abouti,
il serait rationnel de baser les recherches sur des résultats gé-
néraux positifs. Dans cet ordre d'idées, il constate la résistance
énergique des races de la Turquie à l'invasion de l'épidémie,
en rappelant (ju'oulre les cocons employés par les cinq mille
bassines environ du district de Brousse, on endjarque encore
})our la France et l'Italie, dans divers ports, nommément à
Salonique, Uodolo etConstantinnple, non-seuk'ment des (juan-
tités considérables de cocons, mais aussi de graines, dont la
plupart sont considérées comme saines par les éducateurs
même de ces contrées privilégiées , entre autres celles de
Gumurdjina, enHoumélie, et celles du Saratchelé, cnAnatolie.
A ce propos, il répète que ces races doivent cette force de vc-
s\s[ixnœ<fi(mn/Ic nrrturci de (/ruines, à hi mJlurc du Mûrier
blanc sauvch'/c rcrrpc aiinucllcincnt, à l'élcvcKjc aux rameaux.
Après avoir établi que les filatures d'ordre de Brousse
n'emploient, bon an mal an, que 10 à M kilogrammes de
cocons au plus pour un kilogramme de soie, et (ju'ils n'ont
tpie IS à 2-2 ]iour 100 de déchets en frisons, tandis ipie les
filatures de France mettent 12 à lîJ kilogrammes de cocons
et ont à supporter oO à 31^ pour 100 de frison:^ l'auteur
NOUVELLES ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SÉRICICOLES. 3/11
relate que le prix de bonnes et belles soies (non duveteuses),
filature d'ordre de Brousse, s'est élevé graduellement depuis
plusieurs années, et a atteint en définitive les rotes des bonnes
provenances de France ; que leur prix moyen est de 10 pour
100 environ au-dessus de celui des soies en général de
France, et que leurs (Visons sont enlevés à des prix supé-
rieurs à ceux de France et par les Français même.
Afin de rendre ses doctrines plus intelligibles encore, l'au-
teur résume son travail par une appréciation graduée des
diverses qualités de feuilles de Mûrier, en vue de leur in-
fluence respective relativement à la santé du Ver à soie et de
spn bon rendement ; le tout de conformité aux résultats des
diverses éducations pbysiologiquement comparées. Après cette
appréciation des plus rationnelles, il établit le bilan des résul-
tats obtenus et relatés dans l'appendice aux « observations
pratiques de 1857, 1858 et 1859 ;), dont l'ensemble démontre
aux éducateurs de l'Occident, d'une manière corrélative, la
cause et le remède de la maladie, avec le moyen d'obtenir
annuellement une production en soie de plus du double de
leur récolte avant l'épidémie.
Enfin M, Dufour termine en disant que, bien qu'on puisse
désapprouver certains détails techniques ou quelques paragra-
phes peut-être par trop absolus de son mémoire, voire même
d'une manière générale ses théories relativement à la cause
et au remède de la maladie, il se croit autorisé, par l'ensemble
des faits et des conditions d'être de la sériciculture orientale
qu'il a exposés, h invoquer l'examen sérieux des savants et
des sériciculteurs. En eflet, en regard du rendement supé-
rieur de la production séricicole de la Turquie, dont il est
si facile de se rendre compte, il n'y a plus à discuter, ce
semble. 11 reste seulement, au point de vue de la fortune
publique, à conirùler, en Occident, par des expériences pra-
tiques, les résultats arithmétiques obtenus spécialement en
Orient pendant les campagnes de 1860, JSGl et 18(32 : C'est
ce que l'Académie des sciences a déjà indiqué dans le compte
rendu de sa séance du 13 avril 18(38, comme étant le seul
moyen pour résoudro la question de savoir : f~\ dans un autre
3/i2 SOCTÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMÂTÂTION.
milieu, en alimentant les Versa soie avec des feuilles de
Mi(rier sauvage recepé annuellement, et en les élevant aux
rameaux (ces deux conditions d'éducation inhérentes l'une
ùraulro), on n'obtiendrait pas les mêmes résnllals qu'en
Tuniuie?
— Après la lecture du travail de M. Dufour sur la sérici-
ndture en Turquir, M. Guérin-Ménevillc fait les observations
suivantes ;
Comme ^I. Diifour et comme tous les sériciculteurs anciens et modernes,
je reconnais que remploi des feuilles de Mûriers sauvages et non f^reffés
donne des résultats infiniment meilleurs, et je f('licile !\1. Dufour d'avoir pré-
cisé cette Jurande et ancienne vérilé pratique par des cliiffres.
rajouterai que l'éducation aux raïueaux coupés est un mode excellent
pour des expériences ou des éducations pour graines, mais que ce procédé
serait désavantageux dans la grande culture. Parmi ses désavantages, j'ai
signalé le grand espace occupé par ces monceaux «le rameaux. Ayant étudié
ce mode d'élevage en Italie, chez des paysans voisins des propriétés de
M. A. Guillion, de !\lonlebe!luno, province de Trevise, j'ai vu que, dans un
espace qui pouvait contenir plusieurs tables de Vers à soie, ce mode no per-
mettait d'élever que les Vers d'une seule table. H est regrettable, pour l'hy-
giène des Versa soie, que ce procédé si primitif ne puisse être pratiqué que
dans de petites éducations, chez de pauvres paysans qui ne comptent ni leur
temps ni la place, comme cela «loit èlre en Turquie, en Syrie, etc. Quand
on a observé, comme je le fais depuis près de vingt ans, des éducations sé-
rieuses de Vers à soie, quand on eu a l'ail soi-même sur une grande échelle et
que l'on a fait le compte des dépenses et des recettes de ces opérations agri-
coles, on sait que des pratiques excellentes au point de vue do l'hygiène
seraient désastreuses sous celui du produit. En grande pratique, il faut que,
sans trop accumul(n- les Vers, et tout en leur donnant l'espace, la chaleur,
Taération et la main-d'œuvre nécessaires, on arrive à \m produit en ar-
o-ent un peu supérieur à la dépense, re qui n'aurait pas lieu dans nos dépar-
lements et en Italie du moins, si l'on avait recours au procédé oriental, quant
à l'élevage aux rameaux.
Relativement à la transformation d'une race jaune en race blanche, coïn-
cidant avec la cessation de l'épidémie chez elle, j'en suis profondément étonné,
car cela est contraire au résultat de nombreux l'ails observés. En elTet, il est
reconnu aujourd'hui que l'on remarque une diminution dans l'intensité de
la couleur des cocons quand ils proviennent de Vers qui ont soulTerl. .j'ai
obtenu ainsi des cocons de l'Allante et du Ricin presque blancs. Il est donc
NOUVELLES ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SÉRICICOLES. 3/13
difficile «radmelire que des cocons jaunes soient devenus blancs en même
temps que la race a été guérie de Pépidémie hén'ditairo. Comme M. Diifonr
ne dit pas que cette oxpr'rienre a (Mé faite par Ini, on pourrait craindn'
quelque erreur deTéducaîeur qui lui en a donné la relation.
M. Dulbur assure que, à IVxceplion des localités de Demerdèche et d'An-
drinople, où les éducations soni faites à l'européenne, toutes les autres parties
delà Turquie jouissem d'une romplèfe imnmnilé quanta l'épidémie.
Cetteassertion est complètement en opposition avec celle de M. Duseigneur,
qui, dans son inventaire de 1862 (p. 15), dit qu'en 1861, le marché de Mar-
seille reçut, par Constantinople, Smyrne et Syrie, 2 '40 caisses environ de
graines, tandis qu'il n'en a reçu, en 1862, que 80. Si ks grnineurs n'avaient
pas reconnu que les graines de la Tni-quie sont atteintes par l'épidémie, ils
n'auraient pas abandonné ces localités pour aller chercher, à grands frais, de
la graine ailleurs cl jusqu'en Chine ci au Japon.
Cependant, comme les assertions de :\!. Dufour ont pour moi un grand
poids, je crois, comme M. de Ouaîrefages, qu'il serait irès-ulile, ainsi que le
demande AL Dufour lui-mèmo, que des expériences pratiques fussent faites
en France pour coiiîroier les résidtals annoncés par lui, et voir s'il est pos-
sible et avantageux de chercher à les obtenir chez nous. ' ' •
SUR LA POIRE DE TERRE COCHET,
Par n. QUlIflOL',
Jaiilinier en cliuf du Jardin d'accliiiuitation du bois do Boidoîrne.
(Séance du l^^ mai 18G3.)
Le 28 juin 1861, un intrépide voyageur, M, Alexandre
Cochet, adressait la lettre suivante à M. le directeur du Jardin
d'acclimatation :
« Monsieur, veuillez, je vous prie, faire mettre à ma dispo-
» sitian 20 mètres de terrain, pour essayer la culture d'une
» plante que j'ai rapportée des Indes occidentales, et qui n'est
» pas encore connue en France. Cette plante est vivace et
» appartient à la famille des Composées ; elle a plusieurs noms
» chez les peuplades sauvages où je l'ai prise : les uns l'ap-
» pellent Bacotfaroio'ou, d'autres Biabiti, d'autres enfin Mott-
» tacou. Elle produit des tuhercules dont le suc a la propriété
)) de guérir certaines maladies des voies urinaires; après
» en avoir fait usage, j'ai été guéri moi-même d'une maladie
» de ce genre.
» Veuillez agréer, etc. Signé Alexandre Cochet. »
M. le directeur accueillit avec empressement la demande de
M. Cochet. Une des planches du jardin d'expériences fut des-
tinée à cette culture, etquelques pieds furent cultivés en serre,
tant en pleine terre qu'en pots. A l'approche de l'hiver, je
couvris les plantes cultivées en plein air, partie avec des châssis
et partie avec des feuilles seulement; et au printemps suivant,
je vis avec plaisir que toutes les plantes étaient parfaitement
conservées , et qu'il était dès lors inutile d'en continuer la
culture en serre. Je les arrachai pour en extraire les tuher-
cules et replanter ce que M. Cochet appelle des semences. Ce
ne sont que des sortes de bulhilles qui se forment au collet de
la plante.
M. Cochet, encouragé par ce premier résultat, m'a déclaré
que sa plante avait d'autres propriétés que celle qu'il avait in-
diquée au commencement, et en particulier celle de produire
SUR LA POIRE DE TERRE COCHET. 3il5
du sucre en plus grande quantité que la Betterave, et d'une
qualité supérieure. Il s'agissait donc : 1° d'étudier l'impor-
tance du produit en lui-même ; 2° de vérifier par l'analyse si
les diverses propriétés signalées resteraient les mêmes sous
notre climat.
Huit pieds ont été plantés, en avril 1862, dans h mètres de
terrain de nature légère ; les tiges ont eu un développement
plus grand que l'année précédente, sans cependant arriver à
donner des tleurs, ce qui ne m'a pas permis de découvrir le
nom botanique de la plante, que provisoirement nous conti-
nuerons à nommer, selon le désir de l'importateur, en y ajou-
tant son nom, c'est-à-dire, Poh-e de terre Cochet. Les pieds
n'ont été préservés pendant l'hiver que par une simple cou-
verture de feuilles de 10 à 15 centimètres, et, le 20 avril der-
nier,j'ai arraché leshuitpieds,dont le plusheau, celui que vous
avez sous les yeux, pèse brut, avec bulbilles et partie de terre,
12 kilogrammes. Les autres, et particulièrement deux, sont
notablement moins beaux, ce que j'attribue au voisinage des
Chênes, dont les racines pénètrent dans la planche qui conte-
nait ces tubercules ; aussi les ai-je plantés cette année dans une
planchepluséloignéedes Chênes. Les tubercules deshuit pieds,
débarrassés de bulbilles, tiges et terre, pèsent 231^'', 500 pour
h mètres de terrain, ou près de 6 kilogrammes par mètre, ce
qui porterait le produit do 1 hectare à (30 000 kilogrammes.
Si maintenant on considère l'énorme différence du poids
moyen d'un pied, qui n'est que de 3 kilogrammes, à celui que
vous voyez ici, et qui pèse environ 8 kilogrammes, défalca-
tion faite des bulbilles et de la terre, on peut espérer atteindre,
en grande culture, 100 à 150 000 kilogrammes à l'hectare.
Quant à la conservation, la légère couverture de feuilles qui
a sufti pour les préserver, au jardin, pendant deux hivers,
prouve que, comme pour nos Betteraves et nos Pommes de
terre, de simples silos suffiront pour les abriter.
J'en ai dit assez pour vous convaincre de l'importance de
ce tubercule. De plus savants que moi vous fixeront sur ses
diverses qualités alimentaires, industrielles et médicinales.
xNOTE
SLR LA CHUFA D'ESPAGNE.
LETTRE ADRESSÉE
A M, LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE d'aCCLHIATATION'
Par n. Charles B.IRBIER,
Ingénieur civil.
(Sénnce du 15 mai 1863.1
Monsieur le Président,
L'an dernier, j'étais en Espagne, oîi M. le Ministre de Ta-
gricultiire m'avait foit l'honneur de me confier une niission
d'études concernant les irrigations et l'économie rurale.
Pendant l'élé, on remarque, dans les villes, des élaidisse-
menls spéciaux, oii l'on ne consomme qu'une boisson glacée
connue sous le nom a orgeat de Chufa. On la prépare à la
manière de l'orgeat d'amandes, avec les petits tubercules de
la CJwfa (Soucliet comestible, ou amande de terre), que le
commerce vend à l'état sec. Madrid seul en emploie annuelle-
ment plus do 20 000 kilogrammes.
Andrès Laguna, savant médecin espagnol du xvf siècle, qui,
après avoir étudié à Salamanca et à Paris, devint médecin en
chef des armées de Charles-Quint dans les Flandres, et mé-
decin officiel du pape .Jules III, avec le titre de comte palatin,
fait les plus grands éloges de cette émulsion. Il lui attribue
de précieuses qualités dans le trahement des maladies inflam-
matoires , surtout celles des voies respiratoires , et il préco-
nise les tubercules comme stomachiques. Cette appréciation
est toujours accréditée dans la Péninsule. Bien que l'Amandier
Y soit très-répandu, les Espagnols s'adressent exclusivement
à l'orgeat de Chufa, de préférence à l'orgeat d'amandes,
comme étant beaucoup plus agréable, plus rafraîcliissanl et
plus salutaire.
,1'ai pensé que l'introduction de cette plante dans nos cul-
tures maraîchères présenterait de l'intérêt, et j'ai l'honneur
SUR LA CÎIUFA D'ESPAGNE, 347
iroffrir ù la Société d'acrlimatationim échanlillon de ses tuber-
cules pour la propager.
Voici les renseignements que je nae suis procurés sur la
Cliufa, dans la province de Yaîencia, où on la cultive spéciale-
ment :
Caractères botaniques. — • Le Jnncia avellanada^ nommé
par Linné Cypenii< escalentus , et connu vulgairement en
Espagne sous le nom de Chvfa, appartient à la famille des
Cypéracées, dont la première tribu, les Cypérées, forme sou-
vent d'immenses prairies dans les régions tropicales.
Quatre ou cinq petites feuilles droites, pointues et inégales,
servent de gaine h la tige. Les feuilles radicales sont courtes,
anguleuses dans la partie inférieure, et planes dans la partie
supérieure.
La tige est pleine, triangulaire, lisse, dé})0urvuc de feuilles.
Elle s'élève de 60 centimètres à 1 mètre, ci se termine par
une sorte d'ombelle ou parasol, dont les rayons inégaux sup-
portent des épillels aigus et dorés où naissent les t]eurs.
(jCS fleurs sont solitaires et n'ont pas de corolle. Leur calice
n'est formé que par des écailles imbriquées sur deux rangs
opposés. A l'intérieur de cliaque ovaire existe un petit em-
bryon terminé par un style très-large, qui se termine, à son
tour, par trois stigmates. Elles possèdent aussi trois courtes
étamines liypogynes et trois anthères oblongues.
Le fruit est sec, monosperrae, triangulaire et aigu.
Les racines, fibreuses et rougeâtres, donnent naissance à
une grande quantité de tubercules, au moyen desquels on pro-
page la plante. Ils sont plus ou moins ovo'ides, et, en moyenne,
à peu près de la grosseur de Famande de l'aveline.^ Leur
pellicule est ilne, d'une couleur rouge cendré. Leur chair est
ferme, blanche, parfumée et d'une saveur sucrée.
On les mange crus, après les avoir fait gonfïer dans de l'eau
pendant un jour; mais leur principal emploi est la fabrication
de l'orgeat. On pourrait aussi en extraire de l'huile : l'exposi-
tion espagnole en a présenté quelques spécimens à Londres.
Culture. — Cette plante affectionne les sables humides. Je
l'ai rencontrée à l'état spontané, et déjà en fleur à la fin de
3/l8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE d'aCCLIMATATION.
juin, dans quelques sites humides de rEs[>agne, surtout sur
Je bord des marais des provinces de Castellon et de Yalencia;
mais on exploite peu la plante sauvage. Deux villages de celle
dernière province, situés aux portes de la capitale, Almaresa
et Alboraya, se livrent à sa culture sur plus de 30 hectares. On
la cultive également en Galicia, à Villagarcia, etc.
On choisit une terre sablonneuse convenablement fumée,
et on lui donne deux ou trois cultures qu'on utilise, par
d'autres productions, jusqu'au commencement de juillet, qui
est l'époque ordinaire de la plantation. La Cbufa vient presque
toujours en seconde récolte, souvent après le blé, sur un seul
labour. Lorsque la terre est préparée et nivelée, le planteur
fait, avec une j)etite pioche et d'une seule main, un trou de 3 à
Il centimètres au plus de profondeur. Il y jette une dizaine
de tubercules qu'il recouvre en appuyant le pied. Ces trous
sont espacés, en tous sens, de 25 à 30 centimètres. On donne
immédiatement une irrigation complète. Du qualrièmeau cin-
quième jour, la plante commence à se montrer. Depuis ce
moment, l'irrigation revient régulièrement tous les huit à dix
jours, afin de maintenir la terre meuble et humide.
Outre les arrosages, on donne, à plusieurs reprises, un bi-
nage pour ameublir le sol et détruire les herbes adventices;
enfin, on butte quand les liges ont atteint 15 à '20 centi-
mètres. Les fleurs paraissent vers la fin de septembre ; mais
les cultivateurs valenciens coupent régulièrement les tiges
avant la floraison, afin de favoriser le développement des
racines et des tubercules. Ceux-ci arrivent à maturité vers
le milieu d'octobre, trois mois et demi après la plantation. Les
tiges et les feuilles de chaque groupe de plantes sont réunies
par un nœud ; quatre coups de pioche soulèvent la terre
autour du groupe, et l'on arrache d'ensemble chaque poignée.
Pour séparer les tubercules des racines, on frappe la poignée
contre une claie de roseaux , au-dessus d'un crible d'osier
qui tamise la terre. Enfin, on lave les tubercules avec soin, el,
lorsqu'ils sont bien nettoyés, on les étend au soleil sur des
nattes, afin de les dessécher et d'en assurer la conservation.
Ils perdent, par celte opération, environ le tiers de leur poids.
SUR LA CIIUFA d'ESPAGNE. 3/i9
Produits. — A Alboraya, cliaquc liancga{la(8 arcs 31 cen-
tiares) donne régulièrement 35 arrobas (cette arrolia de
poids égale 12'^'', 780, ce qui équivaut à peu près à 5500 kilo-
grammes par hectare) de tubercules secs, tels que les livre le
commerce et semlilables à récliantillon ci-joint (ou 8250 kilo-
grammes de tubercules verts). A l'état sec, le litre pèse
600 grammes; ce qui porte la récolte de l'hectare à 90 hecto-
litres de tubercules secs (ou à 135 hectolitres de tubercules
verts, en admettant le même déchet dans la mesure pour la
dessiccation, ce qui est à peu près exact). Chaque litre contient
environ 1700 tubercules secs. Si l'on élimine ceux qui sont
trop petits pour la semence, ce chiffre se réduit à 1500, En en
mettant 10 par chaque poquet qui occuijc 9 décimètres carrés,
un litre ensemence 13"', 50 carrés, et 750 litres, ou /i50 kilo-
grammes, sont très-suffisants pour un hectare.
Telle est la culture de laChula dans la huerta de Valencia.
Sous le climat de Paris, je crois qu'on peut la raisonner ainsi :
Faire tremper les tubercules pendant (piatre à cinq jours
dansde l'eau à -f 25 degrés; planter fin mai, cnlerresableuse,
riche, inclinée au midi, avec abris; couvrir, pendant la nuit,
avec des paillassons, jusqu'à ce que la plante ail atteint 20 à 25
centimètres, et que les froids ne soient plus à craindre ; main-
tenir la terre constamment meuble et fraîche , mais n'arroser
que le matin, afin d'éviter le refroidissement qu'occasionnerait
l'évaporation nocturne, et ne pas butter pour que les racines
reçoivent plus facilement l'action du soleil.
Dans une expérience faite cette année au commencement
d'avril, la végétation ne s'est éveillée que sous l'influence d'une
chaleur de + 30 degrés. Après cinq jours d'immersion dans
de l'eau maintenue à cette température, les tubercules ont été
plantés en terre humide, et placés dans le voisinage d'un calo-
rifère où la moyenne de chaleur s'élevait à 30 degrés pendant
la journée et ne s'abaissait pas au-dessous de 15 pendant la
nuit. Quelques-uns se sont montrés dès le quatrième jour,
mais la levée de l'ensemble s'est opérée d'une manière Irès-
irrégulière. Elle s'est prolongée pendant plus de dix jours.
Certaines plantes avaient déjà 10 centimètres de hauteur,
350 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
quand les dernières sorluicnt à peine, ce que j'allribue à la
grande dessiccalion des tubercules.
Depuis le 1" mai, toutes sont restées exposées sur une
fenêtre, au levant et sans abri. Elles ont soufl'ert à la vérité :
l'extrémité des feuilles a jauni et s'est desséchée ; les feuilles
externes ont péri presque entièrement; mais la végétation n'a
pas été arrêtée malgré des vents desséchants et des nuits Irès-
froidcs. Quelques-unes ont été coupées rez terre par les moi-
neaux ; elles repoussent aujourd'hui avec une grande vigueur.
Quelque insuiïisante que soit cette expérience, ne permet-
elle pas de conclure que la Chufa s'accommodera du climat
de Paris, sans exiger d'autres soins que ceux que nos habiles
maraîchers ont l'habitude de donner aux cultures de demi-
primeurs.
Quant à la conservation des tubercules, il est probable
qu'ici elle ne présentera pas {dus de difficultés que celle des
Pommes de terre , et que leur plantation, à l'état frais, favo-
risera le développement de la végétation, et surtout l'écono-
mie de la semence.
Agréez, etc. Ch. Bardier-
II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX
DES SÉAAGES GÉi\EUALES DE LA .SOCIÉTÉ.
SÉANCE DU '29 MAI 1863.
Présidence de M, de Quatrefages, vice-président. *
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance
précédente, qui est adopté.
— M. le Pi'ésident proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. Abdul-Khâlik Nessouhy Bey, colonel de l'armée mipé-
riale ottomane, à Paris.
Armand (Ernest), secrétaire d'ambassade, à Paris.
Julien (Stanislas), de l'Institut, administrateur du collège
de France, professeur de langue et de littérature chi-
noises, à Paris.
Le BmAN (Vict.), propriétaire, à Landerneau (Finistère).
Lédier (Félix), ancien directeur de collège, à Paris.
Mazel, propriétaire, à Marseille (Bouches -du-Kbône).
Méjan (le comte), consul de France à la Nouvelle-Orléans,
à Paris.
Sentis (Louis-François), consul de France à Sidney (Nou-
velle-Galles du Sud).
— M. le secrétaire transmet une lettre de notre conirèrc
M. Dabry, qui exprime sa reconnaissance pour la médaille de
1" classe qui lui a été décernée dans la séance annuelle du
10 février dernier. M. Dabry s'occupe toujours très-activement
de réunir des collections pour la Société.
— S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et
des travaux publics, par une lettre du 23 mai, annonce à M. le
Président l'envoi d'une caisse contenant des cocons de Ver du
Chêne de Chine {Bombyx Pernyi), qu'il offre à la Société.
Cette caisse est effectivement parvenue ; mais à l'ouverture,
elle ne s'est encore malheureusement trouvée pleine que de
cocons étouffés par la iermentation et dans un état de putré-
faction très-avancé. M. le Président rappelle que les envois
précédents sont arrivés également dans ces fâcheuses condi-
352 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZUOLOGInUE d'ACCLIMATATION.
lions, et que, pour prévenir ces regrettables accidents, des
instructions très-précises ont été, dès le premier envoi,
adressées à nos dévoués collègues ou correspondants, pour
leur indiquer le moyen, très-simple du reste, d'eml)aller les
cocons»vivanls, de manière qu'ils soient isolés les uns des
autres, fixés à des parois à claire-voie et non complètement
privés d'air. Le modèle d'cmballngc, présenté dans une des
séances précédentes par M. de Milly, va en outre être adressé à
M. le Ministre de l'agriculture, avec de nouvelles instructions.
— M. Flury-IIérard informe la Société qu'ila recueilli deux
souscriptions pour la statuedc Daubenton, s'élevant ensemble
à 35 francs.
— M.Black, président de la Société d'acclimatation de Vic-
toria, écrit de Melbourne, le 25 mars, pour oITrir, au nom de
cette Société, ses remercîments au sujet des Chèvres d'Angora
qui lui ont été envoyées en don par notre Société impériale,
et annoncer en retour l'expédition prochaine d'une paire de
Wombats de l'Australie méridionale.
— M. le docteur Mueller, par une lettre de la même date,
exprime les mêmes sentiments de reconnaissance de laSociété
de Victoria, dont il est vice-président, et demande à M. le Pré-
sident l'autorisation de lui dédier, comme témoignage de sa
gratitude pcrsonnolle, un des magnifiques arbres nouveaux
qu'ila découverts dans le nord-ouest de l'Australie, et auquel
il a donné le nom de Drowjina.
— M. Olivier, président de l'Académie d'Hippone, société
de recherches scientifiques et d'acclimatation de Bùne, fait
parvenir plusieurs exemplaires des statuts de cette nouvelle
institution, fondée par M. le vicomte de Gantés, sous-préfet de
Bône, membre de notre Société. M. Olivier exprime le désir
de voirdes relations d'échange et de mutuel concours s'établir
entre cette Société et la nôtre.
— L'Association britannique pour le progrès de la science,
dont nous avons fait connaître dans la séance précédente l'in-
vitation qu'elle adressait à la Société de se faire représenter
au congrès du -(i août prochain, à Newcastlc-upon-Tyne,
envoie une nouvelle Icltre-circulairc à ce sujet.
pkO(Jès-vi:;ki;\ij.\. 35:^
— M. C.Ji. liiilicr, horticulteur à Hyères (Vac;, par une lettre
du "27 mai, olli'c, à la Société, dont il désire devenir membre,
\in concours tout dé\<iué pour les expériences de culture de
véi;étaux exotiques qu'elle voudrait introduire, et adresse le
catalogue des végétaux (jui composent ses riches collettions.
— j\l. le Directeur du .lardiii d'acclimatation transmet la
liste des animaux qu'il a reçus récemment de la Guyane. Cette
collection, envoyée par M. Bataille (de Cayenne), se couq^osait
de 7 animaux, savoir: 2 Pécaris à collier, màle et femelle,
3 Agoutis mâles, un Ortalide (Parrakoua), et un Oiseau de
proie nocturne. Les autres animaux annoncés par notre géné-
reux et dévoué conl'rère ont péri pendant la traversée.
— M. Eugène Roehn , dans nue lettre datée de Callao, le
13 avril, confirmant l'avis revu récemment de M. de Lesseps,
annonce qu'il compte partir du Péron avec le troupeau
d'Alpacas et de Lamas offert à l'Empereur, dans le cours de
juillet prochain, et qu'il espère arriver enFrance en novembre.
La nécessité de faire venir du Cliili sa provision de fourrage
pour une si longue traversée est la principale cause (pii
retarde son embarquement.
— )l. C. Ledger, l'heureux iuqjortateur des Alpacas en
Australie, par une lettre dati'ede ï>ydney,le "21 mars, informe
M. le Secrétaire général de son intention de quitter cette
colonie pour venir s'établir de nouveau au Pénju. Désireux d'v
tenter l'acclimatation de la Chèvre d'Angora, il prie la Société
de lui céder un Doue et "2 Chèvres de race [»ure, s'engageant à
envoyer en échange 3 Vigognes apprivoisées. M. Ledger offre
en outre ses bienveillants services pour nous procurer tous
les animaux et les plantes du Pérou et de la Bolivie que la
Société pourrait désirer.
— M. Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse, fait
connaître l'arrivée en iiun éiat, à cette ferme de Saint-Privat,
près de Sarrans, du lut conqiusé d'un Bouc pur et /( Chèvres
métisses, (pii lui a été confié à titre de cheptel, et demande
Vautres Chèvres pures uu trois quarts de sang, pour conqiléter
ce lot.
T. \. — Juin l.s(i:;. 23
35/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQIJE d'ACGLIMÂTATION.
— Une demande de Moutons Ong-li, à litre de diepk'l,
et de graines de Ver de l'Ailanle, est adressée par notre zélé
confrère M. JulesDausse (de Lons-le-Saulnier), dont la Société
a déjà pu apprécier les soins attentifs donnés aux Chèvres
d'Angora qu'il avait reçues en dépôt dès les premiers temps de
leur introduction en France.
— M. le docteur Sacc, notre savant et dévoué délégué à
Barcelone, écrit de cette ville à M. le Président, le 19 et
le 20 de ce mois, pour appeler son attention : d'abord sur
l'intérêt que présenterait la création d'un jardin d'acclimata-
tion à Toulon, en transmettant à l'appui de cette proposition
une note pul»liée dans le Toula/mais par notre honorable et
zélé délégué, M. le docteur Turrel; ensuite sur l'importance
qu'il y aurait pour la Société de profiter de la présence de
notre armée au Mexique pour rechercher et obtenir les prin-
cipaux et les plus utiles produits de cette contrée si riche en
productions naturelles végétales ou animales de toute espèce.
Notre collègue signale entre autres, parmi les animaux, le
Dindon ocelle de la baie de Honduras, le Conroucou pavonin,
le llocco roux, le Chinchilla; el parmi les végétaux, les diverses
espèces de Quinquinas, de Palmiers (et surtout le Veroxylon
andicoia, si précieux pour sa cire), de Manioc, de Patates, de
Maïs, de Cactus, et autres plantes à fleurs magnifnjucs, dont
le Mexique est plus riche qu'aucun autre pays.
M. le Président approuve la proposition de notre dévoué
collèf'ue, et M. Millet fait observer (lue plusieurs fonction-
naires appartenant à divers départements ministériels vont
être envoyés au Mexique pour recueillir des renseignements
sur les ressources de toute nature de cette intéressante contrée ;
que l'administration des forêts, en particulier, vient de dési-
gner, pour cette importante mission, M. Chervau, sous-
inspecteur, et M. Darcy, garde général, qui ont puisé, dans
renseignement de l'école forestière, les connaissances néces-
saires pour que leur séjour an Mexique puisse être avanta-
geusement utilisé par la Suciété d'acclimatation. M. Fiarbev
ajoute qu'il i)eut mettre la Société en relation? av(>c un fonc-
tionnaire (pii est en position de lui ipudre d'inqiorlani.^
PROCES- VER RAUX. o;j5
scrvinos dans ces l'égions. La liicnvciilaiiU' proposilion de
iiolrc conlVérc est accueillie avec empressement.
— M. Teyssier des Fargés, membre delà Société, adresse
une Notice ayant }iour litre : Influence des rnUleHx sur la
laine.
— M. Drouyn de Lhuys transmet à la Société quatre Oiseaux
eu peaux, originaires de l'Australie, (jui lui ont été oil'ertspar
M, Sentis, consul de France à Sydney, et appelés, dans ce
pays, les uns Rifle birds, les autres Régent birds.
— M.Lamiral,en adressant à M. le Président, par une lettre
du °25 mai, une Note qu'il avait préparée pour la Commission
des Éponges, insiste sur la nécessité de ne pas retarder
l'exécution d'une nouvelle expérience d'introduction des
espèces syriennes sur nos côtes. Il fait observer que les causes
de l'insuccès de la première tentative étant bien connues pour
la plupart, il ne sera pas difficile de les éviter cette fois.
— M. de Quatrefages, en sa qualité de président de la Com-
mission, annonce que dans sa dernière séance du 22 de ce
mois, la Commission a été d'avis, à une grande majorité, qu'il
serait préférable de faire des études préliminaires sur le mode
de reproduction de l'Éponge, et des essais de multiplication et
d'introduction sur lespoinls de nos côtes où elle ne se trouve
pas naturellement, à l'aide de nos Éponges indigènes, qui sont,
il est vrai, de qualité très-inférieure, mais qui suffiraient à
fournir tous les renseignements propres à éclairer la Société
et à assurer la réussite d'une nouvelle entreprise sur des
espèces étrangères et de meilleure qualité. M. le Président
ajoute que la Commission se ])roposè de suivre avec le plus
grand soin l'étude de cette question.
— M. des Nouhes de la Cacaudière, membre de la Société,
écrit pour faire connaître les progrès qu'il a réalisés dans ses
travaux de pisciculture, qui lui permettront, en peu d'années,
de repeupler la Sèvrc nantaise et ses nombreux affluents, tout
en niellant des œufs et des alevins à la disposition des per-
sonnes (jui désireront pouisuivre et élendre son œuvre toute
d'inlérèt généi'al. Notre liojioiable collègue assui-e que ses
Truites sont saumonées et d'un goùl excellent; il ne peut pas
356 SOCIÉTF, iMl'Ér.lALl^ Z()()LU(.iQLi-; o'Al.CI.I.MATATiON.
Cil '.lire aiilaul des Saumons (}u'il (Mùvo <'ii liassiiis clos, el il
pense que celle cs[ièco ne peut se jjusser dr la mer pour Sf
développer. Il ajoute qu ayant lail drjioser ÔO 000 (cufs de
p'éra dans la Sèvre, à la l-omim-i'ayc un jfois:>on inconnu,
rcsscinblaul à la description (pTou lait de la Fera, dont la
chair est l'ermc et de bminc qualité, se péclic IVé(jueminent
aujourd'hui dans cette rivière.
— M. Ed. Renard adresse à M. le Président deux boîtes
(îonlenaiil quatre échantillons de ^raiin^s du Ver à soie \a-ma-
maïdu Japon. Malheureusement, malgré les soins particuliers
donnés à cet envoi l'ait à. une époque trop avancée, ces œufs
sont arrivés tous éclos, et les Vers morts, comme ceux de
l'envoi précédemment de notre dévoué confrère, qui est prié
d'accepter les sincères remercîmenls de la Société.
]\î. Guérin-Méneville transmet, au nom deM.P. Leblanc,
secrétaire du comice agricole de Brioude, une petite boîte
d'œuls de Ver à soie du Mûrier, appartenant à une race élevée
à Brioude par M. Bouvet d'Auzon, et <pii n"a jamais montre
de traces de répidémie. M. Leblanc demaiide des o.'ulsde Ver
de l'Allante, et annonce (prou a planté cette année, dans la
Uaule-Loire, plus de 8000 pieds de cet arbre.
Des demandes d'o-'ul's de B. Cijiilhia et Yd-ina-rncu î,o\\\
également adressées par plusieurs autres personnes.
M. Kamel l'ail don à la Société de graines de Nardoo, ce
précieux végétal auquel les explorateurs de TAustralie cen-
trale durent leur salut dans leur dernière grande expédition.
M. Cenjaniin Poucel (de Marseille) annonce que sur la
demande de la Société, il a envoyé des graines de (juinoa au
comité colonial d'acclimatation de la Réunion.
(a Société centrale d'agriculture et d'acclinialation des
Basses-Alpes, en oflVant ses remercîments pour les graines
(lui lui ont été envoyées au commencement de ce printemps,
donne (juehpies détails sur l'état actuel de la culture de ces
graines
M. Brierre adresse également deux lettre.-. :vurse^ (;ulture^
des "raines distribuées i»ar la Socié'té, el cidli\ées par lui à
Saini-Hilaire de Uiez.
PROCÈS-VEUliAUX. 357
— M. HirlKiii! L,u-ios(flo Malaga) remercie, des graines qu'il
a reçues de la Sorit'ir par rinlermédiaire do M. Penrosc Mark,
consul d'Anglelerrc dau'^ celte ville.
— M. le Pn''sident dépose sur le bureau des numéros d'un
certain noinhrc do journaux qui ont rendu compte de l'expo-
sition df la r;icf' canine, et qui renferment de justes apprécia-
tions sur les résultats favorables de cette exposition, à laquelle
MM. les Directeurs du Jardin d'acclimatation ont donné tous
leurs soins. Ces journaux sont : le Moniteur taiiverse/, le
Comtitiitioniiel, les Déliais, la Patrie, le Pays, la Presse,
V Union, la Nation, VEaro/je, la Correspondance Havas,
y Alilievillois, X Indépendance behje , etc., etc.
— M. Drouyn de Lhuys transmet, au nom de M. Bartolomé
Bossi, un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous
le titre de : Viaije pittoresco par losrios Parana, Paraguaw,
San-Lorenzo, Cnyaha, etc., renfermant la relation de son
vovage aux sources des rivières de l'Amazone et de la Plata.
M. Bossi témoigne de son désir de rendre k noire Société tous
les services qui pourront dépendre de lui dans son pays natal,
où il compte se rendre prochainement.
— Notre confrère M. Carbonnier olTre à la Société un exem-
plaire de la pétition adressée au Sénat par J\I. de Massas, dans
le but d'obtenir des modifications à la loi qui régit la pèche
fluviale.
— Parmi les publications adressées à la Société, M. le secré-
taire fait remarquer :
1" Une brochure transmise par S. Exe. M, le Ministre des
affaires étrangères, au nom de M. L. S. Leclerc, son auteur,
qui lui en avait fait hommage, et ayant pour titre : Docu-
ments sur le Coton africain.
2" Le numéro du h février 1863 du journal The Courier,
de Brisbane, renfermant un compte rendu de la séance de la
Société d'acclimatation de Queensland (Australie), tenue le
3 février.
3" Le journal de la Société des arts {The Journal of the
Society of arts), du '27 mars 'J8e3, oi^i se trouve un long et
très-remarquable travail de M. Clément B. Markham, sur la
:')58 .SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'ACCUMATATION.
prndiirlion do la ([iiiiiino e,l In culliH'O du Oiiinqnïna dan^;
l'indo : un résum«'' do ce travail, publié en anglais, sera inséré
au BiiJloliii.
h" Une brochure extraite du Jouriml (VtKjrictdlïire pra-
tique pour In midi de la Frairce, intitulée : Cameric sur lu
pisciculture, par M. N. Joly, •
5" Les niunéros 1 et 6 du journal le Coltivazionedel Colonne
in It.alia, publié à Turin.
— M. l'Aoent aénéral donne lecture d'une Note extraite du
journal anglais The Field, traduite et transmise par M. P. Pi-
chot, sur l'exposition de Chiens qui vient d'avoir lieu au
Jardin d'acclimatation. L'auteur de ce! article reconnaît la
supériorité des races des Chiens couranis français sur les races
anglaises. (Voy. au Bulletin.)
— M. le Directeur du Jardin d'acciiinalation annonce à l'as-
semblée que les conférences organisées l'an dernier dans cet
établissement seront reprises dès que la Société im.périale
aura clos sa session actuelle, c'est-à-dire le premier jeudi de
juillet, pour continuer régulièrement tous les jeudis. M, le
Directeur prie ceux de MM. les membres (}ui voudraient bien
prêter leur concours pour ces conférences, de lui faire con-
naître les sujets qu'ils désirent traiter, ahn qu'il puissse l'an-
noncer à l'avance. A cette occasion, M. le Président rappelle
(jue la carte personnelle et annuelle donne aux mmdjijes de la
Société le droit d'entrée au Jardin lesjours de conférence, sans
pré'^judice du droit des dix entrées attachées à cette carie.
— M. le maréchal Vaillant, M. Jacquemart etM. Pinçon font
parvenir d'excellentes nouvelles sur la situation actuelle des
Vers à soie Ya-ma-ma'i ((ui leur ont été confiés, et <jui ont,
pour la plupart, déjà subi quatre mues, et comptent de
soixante à soixante-dix jours d'existence.
— M. Cave [)lace sous les yeux de l'assendjlée des racines
leculeuses de Tarnus commwns, et de très-belles touffes à'Oro-
bancJte major implantées sur des racines de Genêt. Ces échan-
tillons de piaules indigènes, dont la culture n'a pas paru
jusqu'à présent devoir donner des résultats avantageux, sont
trouvés très-remarquables par leur développement inusité.
PROCÈS- VERIîAUX. 359
— M.Milloi lit iinr. Note sur les travaux île, piscicullure de
M. Caii Rysl.rorn, à Œstersund (Suède).
Ce zf'lé et inlellioeni expérimentateur a eommencé ses
essais dès l'année 1858, en opérant par fécondaiion artificielle
et par frayères artificielles; depuis cette époque, il a produit,
chaque année, environ 50 000 alevins de Truite, Ombre et
Corégone, qui ont servi à repeupler les nombreux lacs et les
cours d'eau de cette contrée située à la partie la plus septen-
trionale de la Suède, vers la frontière de Norvège. (Voy. au
M. Millet communique uneiNotice sur les travaux d'hirudi-
niculturede M. Duvigneau, propriétaire à Audenge (Gironde).
Le bassin d'exploitation, d'une étendue de h hectares, est
creusé dans une dépression du sol, formant une petite vallée
tourbeuse; il a produit, en 1862, au moins 800 000 Sangsues
grises des Landes. L'initiative de cet intelligent propriétaire a
amené la création de .107 petits marais qui sont établis dans
d'excellentes conditions de production et de salubrité, et qui
livrent chaque année, à la consommation, environ 3 millions
d'excellentes Sangsues. Ce qu'il y a de plus intéressant dans
cette industrie, c'est qu'elle peut, sans perte pour l'exploitant,
livrer les Sangsues à raison de 50 à 60 francs le raille.
M. Millet fait observer qu'à ce seul point de vue, l'industrie
d'Audenge est un véritable bienfait, car elle met la Sangsue
à la portée des classes malheureuses. (Yoy. au Bulletw.)
— M. deGrandmont présente des coquilles de bivalves ma-
rins chargées à leur face interne d'œufs de Poissons de mer.
Notre confrère attire l'attention de la Société :
i" Sur la forme de ces œufs : les uns sont oblongs, les
autres sphéroïdaux.
2° Sur leur petitesse et leur disposition régulière en couche
simple, ce qui leur donne, au moins pour quelques-uns, une
grande analogie avec les œufs de Ver à soie, et ce qui fait
penser qu'ils ont été déposés un à un, à côté les uns des autres.
3" Sur l'existence de pontes successives dans une même
coquille : certains œufs sont près d'éclore, d'autressonlàpeine
embryonnés.
']" bur laprolbndeur àL^quollo ces œufs, qui tout partie des
foUedions du collège de France, ont été recueillis. C'est prin-
cipalement de 30 à 50 mètres (lu'on en rencontre le plu^
abondamment. Au delà, les dragues et les filets ne ramènent
aucune trace de ponte; au contraire, on en trouve en deçà
et jusque sur la berge, où les Gobies et les Blennies, veillant
sur leurs œufs, demeurent souvent à sec pendant la durée du.
retrait de la mer.
— A ce sujet, M. Millet fait observer qu'il a, en diverses cir-
constances, appelé l'attenlion de la Société sur la reproduction
et l'élève des Poissons de mer ; que les éludes ({u'il a faites
depuis longtemps déjà sur plusieurs espèces comestibles,
l'autorisent à penser qu'en général la ponte s'opère en mer,
dans les mêmes conditions qu'en eaux douces ; que les espèces
marines notamment quittent, vers répo<iue du frai, leurs
cantonnements habituels pour clierclier des eaux d'une tem-
pérature et d'une densité convenables, et en même temps des
stations favorables au dépôt de leurs œufs.
C'est ainsi que Ton trouve des œufs fécondés naturellement,
soit à des profondeurs souvent assez considérables, soit sur
les rives mêmes du littoral.
Quant à la présence et à la distribution des œufs sur la face
intérieure des coquilles présentées à la Société par M. Gillel,
M. Millet croit que, pour les expliquer, il n'est pas besoin de
recourir à un mode exceptionnel de ponte, ou à l'intervenlion
d'appendices spéciaux dans les organes de reproduction ; que
l'on trouve fréquemment, dans les eaux douces, des œufs de
Carpe, de Gardon, etc., collés et régulièrement déposés à l'in-
térieur des coquilles des grandes Moules, et même sous des
pierres ou des morceaux de bois.
Suivant notre confrère, la présence de ces œufs sur des
points inaccessibles au poisson s'explique tout naturellement
par le mode de frayer de ces espèces, qui agitent et battent
l'eau en tous sens; il s'établit alors des /'cniotis qui portent
les œufs sur des surfaces où le poisson n'a pu les déposer
directement.
M. Millet ajoutv ae ses éludes sur les animaux marins l'ont
PROCKS-VEKUAUX. oG!
aiiii'iié à coiislaluf (l('s ciiconstnnres toiilà i';iil r\(i;(nrdiii;(irtïs
t'I oxcoplionnellos dans l<^ur mode d(^ reproduction: mais
([ii'au cas parlicnlicr, il ne voit rien qui ne trouve son explica-
tion dansée rpii se passe liahituellement, même au milieu des
eaux douces.
— M. de Grandmont répond qu'il n'y a pas lieu de douter ici
qu'une force intelligente ait présidé au dépôt de ces œul's qu'il
met sous les yeux de la Société, surtout quand on étudie avec
soin ceux de l'orme ovoïde. Leur petite extrémité est munie
d'un {lédicule mobile à l'aide duquel ils sont fixés, tandis
que la tête de l'embryon correspond au plus gros pôle, (letli;
disposition [icrniet aux onifs de tlotter dans l'eau à la façon
de villosités cboriales. Au reste, si les courants emportaient
les œufs au hasard, on devrait les trouver disséminés irrégu-
lièrement sur toutes les faces et en couches superposées; c'est
ce qui n'a pas lieu dans le cas actuel.
— A la suite des idées émises parM. le Président, M. Gillet de
Grandmont et M. Millet, l'assemblée approuve le projet conçu
par le Conseil, de provoquer des études sérieuses sur cette
question. M. le Président annonce (jue déjà le Conseil a nommé
une commission poin^ chercher les moyens de donner une vive
impidsion à cette étude.
— M. le Président présente à l'assemblée un numéro du
Journal d'aijruidtvre pratique, renfermant un travail sur les
Léporides de M. Roux, à propos du rapport de M. Broca. Plu-
sieurs faits relatifs à l'existence de variétés de Lapins appelés
Lu pi nu-lièvres sont de nouveau rappelés par MM. Iluzard et
Piufz de Lavison, et l'assemblée approuve la proposition de
M. le docteur Pigeaux, qui insiste pour que la Société n'émette
sur les assertions de M. Roux aucune opinion affirmative
jusqu'à preuve directe.
3<V2 SOCIÉTÉ IMPÉPJALE ZOOLOGIQUE D'Af;r.LIMATATION
SÉAXCF, DU 1-2 JUIN 186;;.
Préf^iilencp de M. de Quatp.efagf.s, viro-préMdrnt.
M. Ir' Président donne lecture d'une lettre, en date du 3 de
ce mois, par laquelle S. Exe. M. Drouyn de Lluiys annonce
que S. M. le roi Ferdinand de Portugal l'a autorisé à'inscrire
son nom sur la liste des augustes protecteurs de la Société.
L'assemblée entend cette heureuse nouvelle avec un vif senti-
ment de reconnaissance.
— M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente, qui est adopté.
— A l'occasion de ce procès-verbal, 31. Ciillct de r'irandmonl
Hiit remarquer que M. Millet, dans sa note remise après la
séance à M. le secrétaire, pour y être insérée, parle de faits
relatifs à des travaux antérieurs de pisciculture marine, dont
il n'avait pas fait mention dans cette séance du 29 mai.
M. Millet répond que s'il n'a pas fait cette mention, la Société
n'en a pas moins été informée de ces travaux, (pii ont contribué
à lui mériter une de ses récompenses.
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. Fayerney (le comie de), a Paris.
llcTîER (Charles), de la maison Cli. Hultcr frères et C'%
iiorticulteur, à llyères (Var).
Layard, membre du parlemenî, sous-secrétaire d'État au
ministère des affaires étrangères de la Grande-Bre-
tagne, membre de l'Institut de France, à Londres.
Le Piov (Charles), propriétaire, à Versailles.
I\oY (Jean), odflcier eu retraite, à Chàlons-sur-Marnc.
Salm Kyi'.urc. (le prince de), à Paris.
Vv'oRONZow (S. A. le prince Simon), à Aloupka, près
d'Ialla (Crimée).
— M. Nicolas Kerzelli, membre du comité d'acclimalaiion
de Moscou, adresse, de cette ville, ses remiTrimciiis p(jur sa
récente admission au nondji'e des membres de la Soçi('lé.
PROCÈS-VERliAUX. 3G3
— S. Exc. M. le Ministre ik'^ afiaires (Uraiigèi'es Iransmol
la copie d'une lettre qui lui a élé adressée deOuilo, le 17 avril,
par M. A. Florès, minisire des finances de la répul)li(iue de
l'Kqualcur et niend)re de la Société, au sujet du Iroupeau de
Lamas et d'Alpacas ofiort à S. M. l'Kmpereur par le président
de cette ré|)ul)lique. M. Florès rappelle que le iroupeau est prêt
et n'attend plus (jue le navire français sur lequel il doit être
embarqué.
— M. le Minisire des aii'aircs étrangères, ayant donné com-
munication de celte lettre à M. le Ministre de la marine, Son
Excellence l'a informé, par une lettre du 9 juin, que de nou-
veaux ordres ont été transmis à M. le contre-amiral comman-
dant la division navale de l'océan Pacifique, afin que le
transport de ce troupeau puisse s'effectuer dans les conditions
indiquées par M. A. Florès.
— M. le Directeur du Jardin d'acclimatation donne com-
munication d'une lettre qui lui a été adressée de Port-Elisa-
beth, le 15 avril, par M. Chabaut, vice-consul de France en
celte ville, pour lui annoncer le prochain envoi d'un magni-
fique Zèbre (Burchell) femelle. M. Chabaud ajoute qu'il s'oc-
cupe activement de s(i procurer un mâle de cette espèce; il
annonce, en outre, ({u'il envoie également deux Lapins do
roche et deux Oies de montagne.
— S. Fxc. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et
des travaux publics, à (|ui M. le Président avait exprimé le
désir de voir distribuer aux comités séricicoles le résumé des
principaux traités chinois sur la culture des Mûriers, traduit
par M. Stanislas .lulien, et publié en 181)7, par ordre du gou-
vernement, l'informe qu(> tous les exemplaires de cet ouvrage
ont été depuis longtemps mis en distribution par la direction
de l'agriculture.
— M. E. Chevreul, directeur du Muséum d'hisl<dre natu-
relle, offre à la Société ses sincères remercîmenls pour le don
qu'elle vient de faire à la Ménagerie d'un S/ri.r oiiùo inaqel-
lanicus, oiseau nocturne compris dans la dernière culiection
d'animaux vivants envoyés de la Gnyaiie par linire dévou('
confrère M. Bataille (de Gayenne).
?A)'i >ai:\i:TV. imi'éjualk zoologiol'f. d'acclimatation.
— Notre conlVère M. .hPi^fti', qui avaii. (ilïcil,, ii y a qui-lqur^s
mois, SPS services à la Société pendnnt Texploration qu'il se
[)ro])osait de taire au Ja[)ou, ('crit de Saison, le r)i)nvril 1863,
qu'ayant été contraint de rel;icher à Poiiitc-de-(ialles, iiaiail
une excursion à (lolomlto, d"où il a })u envoyer à la Société
une paire de Mainates, que M. Yang, ingénieur civil aii ser-
vice du gouvernement britannique, a bien voulu se charger
de rapporter jusqu'à Marseille. M. .hi-ger pense (|u'il se fixera
en Cocliincliine, et qu'avec l'appui des administrateurs de la
colonie, il pourra rendre de grands services à l'œuvre de
l'acclimatation. Il espère nous expédier prochainement le Porc
de Cochinchine, qui est le même ({ue celui delà Chine, c'est-à-
dire le Porc à soies fines et courtes, de couleur noire, à museau
court, l)as sur jambes, à oreilles droites et petites, à queue
pendante et non contournée en spirale, qui s'élève facilemenl,
devient très-gros et dont la chair est délicieuse.
— M. le capitaine Nicolas, commandant le Colif/n//, écrit
lu Havre pour annoncer l'envoi d'une collection d'oiseaux du
Brésil ([ui lui ont été remis, à Pernambouc, pour le Jardin
d'acclimatation, par M. de Lemont, consul de France dans ce
port. La collection se composait de '2 Mutus, 5 Joais, 1 Agami,
•2 Cascavels ou Tourterelles, 2 Molmolhouhou; nuTis les cinq
derniers sont malheureusement morts pendant la traversée,
par suite du mauvais temps.
— M. Bouteille, secrétaire général de la Société d'acclima-
tation pour la région des Alpes, annonce la bonne arrivée, à
Grenoble, du jeune Lama mâle confié à cette Société, et offre
ses remercîments.
— M. P. r.amel transmet la traduction de deux lettres qui
lui ont été adressées par M. Ed. VVilson, notre éminent et
dévoué nn^mbre honoraire, sur l'infériorité des races porcines
communément élevées en France, et sur le peu de développe-
ment qu'a ]»ris chez nous la culture des Abeilles. (Voy. au
Il if lie tin.)
— Le Conseil, ayant voulu se tenir au courant de la situa-
tion actuelle des éducations du Ver Ya-ma-maï dont les graines
«mt été distribuées par la Société, et un questionnaire ayant
c
ii'.ocivS-vi-iirjAUx. 30.")
fié adrcsbi' ;iiin \iiiyl.-(|uatrc ])eisoiiaos qui avaieiil i'e<;u de
f:fs graines, Ircizo creiUn; cllo.^ uni fait parvenir des réponses
d'où il résulle (|uc raccliniataliun de co précieux \er à snic
du Cdiriic du .lajiiui pcul éhr dés uininlenant considérée
cuujnie un lail ace(jni|ili.
— 31. l'aulze d'Ivui, prélét du Cher, uiembrc de la Société.
demande à étr(,' inscrit pour rccevoii' des graines de Hnmln/.r
Yd-nta-inai .
— M. V. AVilnioi, de i'orreiitruy (Suisse), écrit pour denian-
rler ^\v_s renseignements sur les meilleures méthodes a srdvrr
pour fonder dans ce pays un établissement séricicole.
— M. le Président annonce que M. Textor de llavisi, chef
de service de la marine à Karikal, a récemment déposé au
siège de la Sociéh; ])lusieurs plantes vivantes envoyées de
Chandernagor pai- ni)tre zélé conirère M. Hayes. Ces plantes
ont été immédiatement envoyées au jardin d'acclimatation.
— M. Layard, mmibre du parlement d'Angleterre et
membre de la Sociét(', ayant ollertà M. le Président plusieurs
touilés d'une pr('cieuse Craminée connue sous le non) d<'
Bunih !/rnss^ ces louflés oui él(- également l'eplantées au
Jardin du bois de IJoulognc.
— M. A. Gelot envoie, à la date du 27 mai, une provision
de leuilles de Yerln, jnair, ou Thé du Paraguay, dans le luil
de faire expérimenter l'infusion de cette plante par les niem-
Itres de la Société, et de ilxer leur opinion sur le goût et les
propiriétés de ce végétal, dont il se fait une si grande con-
sommation dans l'Amérique du Sud, et dont leselTets utiles
ou agréables ont été sérieusement contestes dans une des
séances précédentes. Notre confrère, convaincu par sa propre
expérience des avantages (|ue ()eut produire un usage modéré
du Malé, insiste pour qu'un examen attentif en soit fait, el
qu'un rapport sur ce sujet, (jui intéresse au plus haut poinî
les popuiatioub américaines, soit présenié à la Société. —
M. Jlébert annonce que, depuishnit jours, il fait usage de ces
leuilles d'Yerba du Paraguay prises en infusions, au.\(juellcs
due trouve aucun g(jùt désagréable, et qui lui semblent pos^
séder des propriétés digesfives Ivès-marquées.
'Mi(^ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'A(:CLh\lATAT{ON.
— M. Itiuiu'l cl M. Pigeaux l'ont icmai'quer (ju'il y a (]eiix
espèces d'Ycrba employées sous le nom cummun do llJatc, et
que l'une d'elles est en elTel très-amére et d'un usage peu
agréable.
— Noire conlVère M. Philippe, jardinier hoianisle, (3nlre-
lenu delà marine, adresse, de Saint-Mandrier, j)rcsde Toulon,
tine Nolice eompléiuenlaire de celle qu'il a déjà l'ait parvero'r
à la Société sur ÏEucalyplua fjlobnUis d'Australie; des échan-
tillons de rameaux de cet arln-e accompagnenl la note de
M. Philippe.
— M. Paillet, horticulteur de la Société, envoie de Chatenay
(Seine) des échantillons de feuilles du Chêne de Chine sur
lequel vit le Bombijx Pcnuji,, et qui sont venues chez lui des
glands distribués par la Société en 185/!,
— M. Guérin-Ménevillc rappelle <[ue ces Chênes ont été
également élevés chez M. Le iloy (Li'Angcrs), qui en iiossède
de très-beaux plants, et (jui les reproduit aisément de grefTe.
— Notre conlrère M. Brierre (de Saint-Hilaire de Piiez),
envoie une Note accompagnée de dessins sur quelques-uns
des végétaux exotiques dont il poursuit la culture avec tant
de soin et de succès.
— M. le Président transmet une lettre de M. le vicomte
de Rességuier, (jui, à la date du 27 mai, lui annonce, de Metz,
tpie les graines d'une très-curieuse jiiante de Chine envoyée
par Mgr Guillemain, et produisant une rose qui change (rois l'ois
de couleur par jour, ont parfaitement levé.
M. le Président dépose sur le bureau :
i" Un numéro du journal illustré publié à Paris en espa-
unol, feV Correo de ultramar, qui contient un article inté-
ressanl sur les progrès du .lardin d'acclimatation, avec les
dessins représentant plusieurs des animaux les plus remar-
quables de ses collections. Cette publication concourt d'autant
plus elilcacement à la propagation des idées utiles de notre
Société, qu'elle s'adresse surtout aux nations his[)ano-a.!uéri-
caines, dont les riches contrées peuvent fournir tant de pré-
cieux contingents à ntitre institution.
2" La i'iancc du 7 juin, dont le feuilleton est consacré à
rnocÈs-VERDAUx. 367
un exposé des merveilles de l'aqiiariuui du Jardin d'accliinata-
liun, par M. Louis Figuier.
o" Le Moniteur universel du 9 e! du H) juin, renfermant:
le premier, le compte rendu présenté à l'Académie des sciences
par M*. Guérin-Méneville, des iieureux résultats obtenus dans
les essais d'éducation du Ver à soie Ya-ma-maï et du Bombyx
Periiiji ; le second, un article sur la brillante collection de Per-
roquets du Jardin, et sur une intéressante tentative d'acclima-
lalion à l'état libre de la magnifique Perruche de Pennant.
— M. le Président rappelle à ce sujet qu'une dizaine de ces
oiseaux d'Australie, aux couleurs si ])rillantes et si variées,
ont été oll'erts par M. Wilson, el j^ar l'entremise de notre
Société, à S. M. l'Empereur, pour élre mis en liberté dans la
Ibrêt de Fontainebleau, Ces Perruches, conservées pendant
quel([ue temps au Jardin d'acclimatation , viennent d'être
transportées tout récemment à Fontainebleau, par les soins
de M. Ramel, dans des panjuets préparés exprés {)our elles,
car on a craint de les perdre en leur donnant la liberté sans
les avoir d'abord sulïisamment habituées en captivité à notre
climat.
— La Société a également reçu le numéro du 9 avril du
\o\\Y\VA\The Courier, publié àBrisbane, dans lequel se trouve
le compte rendu de la dernière réunion trimestrielle de la
Société d'acclimatation de Queensland. Cette assemblée a
entendu diverses communications sur des projets et des essais
d'acclimatation, dans cette colonie australienne, de la Canne
à sucre de Maurice, de la Chèvre d'Angora et de la Chèvre
de Cachemire.
— M. Lereboulletfait hommage à la Société de son Rapport
imprimé, rédigé au nom de la Commission de sériciculture,
sur les éducations de Vers à soie faites dans le département du
Bas-Rhin pendant l'année 1862.
— A ce sujet, M. le Président fait observer que ces éduca-
tions offrent une grande importance, puisqu'elles prouvent
la possibilité d'élever le Ver à soie du Mûrier dans les régions
du Nord, sans pour cela faire concurrence aux autres espèces
nouvellement introduites, et dont la Société poursuit l'accli-
TvjS SdCIÉ'IÉ I.MI'EIUAIJ': /J )(l !,<)(. |(,)LK l> ACCIJMA I A i H i.% .
iiKilalioii. ^j. riUci'iii-MéiKîvilk', aiiprouvaul rclte (ihsciAaiiui].
ajoule que ces lails sunl tl'anlanl [Am iiiléi'essaiils, (|U(' li- \<.'i'
élevé dans les conlrét-'S du Nord sendiK; y élrc à Tahri des
lerribles épidémies ijui r<jiîl ailleurs laiil de îava.Lies. .M. h-
Président l'ail reniai'inuT ijui' le cliiiial Ji'a pas ayi.d'iun'
manière si certaine sur la maladie, jniisiiu'il a vu des Vers
malades dans les régions baulcs des montagnes, en Savoie.
— M. Ilélic'rt jiniseiiii' nu ilapport sur la situation d(.'s\ak^
et des Chèvres d'Angora placés en ciiepiel dans la Meinile'
et dans les Vosges, oii il les a trouvés dans d'excellentes con-
ditions d'élevage et de santé. (Voy. au Hnlletin, p. '^'11.)
— M. Hébert lit ensuite un résumé des renseignements
ammncés plus liant , sur l'éducalion du Ver Va-ma-maï. Des
ri'ponses reçues, il résulte que :
1" L'Ya-ma-maï semble devoir rc'uissir parl'aitenient sous
notre climat, et peal-ètri! même plus au nord.
2" Ces premières expériences d'éducati(m démontient la
rusticité remarquable ilc cette espèce, qui promet de devenii'
une très-ricbe acquisition pour notre industrie séricicole.
3" Les pertes constalées ne s'appliquent tpi'au premier âge,
ou plutôt aux premiers jours des Vers. La première mue parail
les mettre à l'abri de toute maladie, et cela sera sans doute
d'autant plus vrai poui' les générations suivantes, qui n'auront
pas eu à supporter les fatigues de celle-ci.
Iv' L'Ya-ma-maï mange toute espèce de (dièue, et même
d autres essences très-communes dans nos contrées. Ainsi
madame veuve Boucarut a fait son éducation avec le Gbènc vert
non épineux, l'Yeuse, que ses cbenillcs ont, dit- elle, préféré
au Chêne blanc. M. de Milly a vu les siennes dévorer le (îbéne
blanc avec plus d'ap-pélit que le (Silène ordinaire. M. de Morgan
leur a donné avec succès le (îhène rouvre. M. le comte de
Lamote-Daracé annonce qu'elles aiment autant le Chêne noir
que le blanc. iM. Maumenet a essayé le Cognassier, sans avoir à
le recommander. M. Cbavannes anirme, au contraire, qu'elles
s'accommodent [lari'aitcment du Cognassier, des dillérentes
variétés d'Aliziers et du Nèllier (.rtlinaire.
— M. Guérin-Mcii'.'ville r-'ud (•onipte d<^s édm-alions qu'il a
PP.OCÈS-VEP.IJAUX. 369
faites ou dirigées lui-même, tant à la magnanerie expérimen-
tale (le la ferme impériale de Yincennes et chez M. Roger-
Desgenetles, à Saint-Maur, qu'cà Toulon, chez notre confrère
M. Auzende, et qui ont également hien réussi.
11 entretient aussi l'assemblée d'un fait très-remarquable
relatif au Bombyx Pernijl dont il avait reçu directement des
cocons de M. le Ministre de l'agriculture, en même tem[)S que
de la Société. (Juoique peu propres à laisser quelque espoir
de succès, plusieurs de ces cocons, qui avaient beaucoup
souffert pendant leur expédition, lui ayant donné des papillons,
il a pu les faire accoupler et obtenir des œufs fécondés. 11 a
actuellement une soixantaine de chenilles en cours d'éducation
et présentant toutes les apparences de vigueur et de santé
désirables. Notre savant et zélé collègue croit donc avoir tout
lieu d'espérer que cette espèce, dont la Société recherchait
l'acquisition avec tant d'efforts et d'impatience, nous sera
bientôt acquise.
— M. le Président offre à M. Guérin-Méneville les remer-
cîments delà Société pour cette heureuse nouvelle, et surtout
pour les soins tout dévoués avec lesquels il s'est occupé de
l'éducation de ces deux précieuses espèces, dont l'introduc-
tion en France peut être regardée comme étant des plus im-
portantes qui puissent être tentées.
— M. Pinçon place ensuite sous les yeux de l'assemblée des
chenilles de l'Ya-ma-maï à leur quatrième âge, et des cocons
parfaitement formés comme ceux présentés par M. Guérin-
Méneville, et il donne lecture d'une note sur son éducation,
dont les diverses circonstances confirment les observations
recueillies par les autres éleveurs.
M. Sala, inspecteur général de la Compagnie du canal de
Suez, expose qu'il a été chargé, en 1861, par M. de Lesseps,
de la prise de possession d'une grande propriété appelée
rOuady, donllaCompagnie venait de faire l'acquisition. Celte
propriété avait été fondée sur la limite du désert par Méhémet-
Ali. Depuis lors elle avait été négligée et presque ravagée.
Tout y était en ruine. La tradition disait cependant que des
Syriens en grand nombre y avaient fait avec succès des éduca-
T. X.— Juin 18G;5. 24
370 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
tiens de Vers à soie, et qu'ils appelaient cette partie de la
vallée de Gessen, Rivière de la soie. Plusieurs centaines de
mille pieds do Mûriers avaient été abattus sous le règne
d'Abbas-Paclia; il n'en restait que quelques centaines autour
de riiabitation. M. de Lesseps, président de la Compagnie et
membre de notre Société, approuva et autorisa, dès l'année
1862, une nouvelle éducation de Vers à soie tentée par M. Gui-
cliard (fils de M. Guicbard, de TYonne), clief du service agri-
cole de la Compagnie. Cette première éducation réussit très-
bien. De nombreuses plantations de Mûriers lurent donc
ordonnées. (Le Mûrier est en pleine production dès la troisième
année.) Avec la graine récoltée l'année dernière, une seconde
éducation de Vers a été faite celte année 1863. Elle a aussi
parfaitement réussi, sans qu'aucune maladie se soit mani-
lestée, malgré l'inexpérience des Arabes chargés de la faire.
11 y a tout lieu de croire que l'avenir répondra au passé.
Par ordre du président, de nombreuses plantations de Mûriers
se feront tous les ans. — Les cultivateurs arabes sont inté-
ressés, par la nature de leurs baux, à la conservation des
arbres, qui déjà verdoient jusque dans le désert.
On a remarqué que le sol du désert est particulièrement
favorable à la culture des Mûriers, comme il l'est à celle du
Coton. L'abondance de l'eau du Nil contribue à cet heureux
résulat.
La Compagnie du canal de Suez s'attachera à développer
cette branche si importante de ses revenus. Elle est heureuse
d'être en rapport avec la Société impériale d'acclimatation,
dont elle suivra avec reconnaissance les indications et les
encouragements, si elle peut contribuer à la conservation de
l'industrie séricicolc dans la mère patrie, soit en y envoyant
des cocons, soit en y envoyant sa graine.
Le Secrétaire des séances^
L. SOUBEIRAN.
m. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Lettre adressée par S. Exe. M. Drodyn de Lhuys à MM. les Membres
du Conseil.
Paris, lu 3 juin 18G3.
Messieurs el chers collègues,
J'ai l'honneur de vous annoncer que S. M. le roi Ferdinand de Portugal daigne
autoriser l'inscription de son nom sur la liste des protecteurs de la Société impé-
riale zoologique d'accliniatution.
Sa Majesté a bien voulu me faire part directement de la gracieuse faveur
qu'Elle nous témoigne.
Recevez, Messieurs et chers collègues, etc. Signé Drouyn de Lhuys.
Arcltitiatation d'Animaux «l'espèce» nouvelles en Espa;g;ne<.
Lettre de M. P. Graells , directeur du Musée d'histoire naturelle de
Madrid, délégué de la Société impériale d'acclimatation.
Madriil, le 31 mars 1863.
Monsieur et honoré confrère,
Lamas. — Nos Lamas sont toujours à Aranjuez ; moitié du troupeau sera trans-
portée <'et été dans les montagnes de la dranja, et l'autie moitié demeurera à Aran-
juez, où ces animaux sont restés depuis leur arrivée en Castille et se sont par-
faitement acclimatés. Cependant, l'été étant très-chaud à Aranjuez, les Lamas se
trouveront mieux, pendant cette saison, dans les montagnes granitiques de la
cordillère de Guadarrama, dont le climat se rapproche davantage de celui de leur
pays natal.
Pour l'hiver, nous ferons descendre ce troupeau dans les prairies de l'Escurial,
et même, si la neige nous y contraint, nous le ferons conduire au parc zoologique
de la Casa de Campo, traversé par le chemin de fer du Nord qui passe aussi par
l'Escurial.
Nos Lamas sont en bon état, mais malheureusement les mâles sont presque
aussi nombreux que les femelles, .l'ai proposé à Sa Majesté de laisser seulement un
ou doux mâles avec les femelles, et de faire des autres mâles un petit troupeau
séparé.
Mi'tinos Mauchnmp. — Notre petit troupeau de Mérinos Mauchamp se com-
pose de 19 tètes ; il est en très-bon état. Nous avons en outre un autre troupeau
de plus de 100 têtes de ces Mérinos croisés avec les Mérinos de la bergerie
modèle de l'État. Le résultat de ce croisement est satisfaisant; les animaux, en
conservant presque autant de laine, ont acquis plus de rusticité.
Autruches. — Les Autruches du lUtiro se portent à merveille; le couple qui
nous a donné la petite troupe que nous avons de ce gigantesque oiseau, a déjà
commencé la ponte de cette année: il a en ce moment cinq œufs. Nos jeunes
-Autruches de l'année dernière sont aussi fortes que leurs parents, mais leur plu-
mage n"a pas encore pris sa couleur définitive. Celles des années antérieures
ressemblent exactement aux anciennes. Je vais faire transporter toutes nos Au-
truches, sauf celle qui effectue sa |ionte, et qui restera avec son mâle au Retire,
dans le grand parc qu'on vient de leur préparer à la Casa de Campo, et qui offre
â7'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
toutes les coiulitious désirables. Ce parc , (|ui a un kilomètre de circonférence,
renferme dans son enceinte des prairies et de pclites collines sablonneuses avec
des bosquets de llelama fienèX monosperme) et autres arbi-es et arbrisseaux.
Deux petits ruisseaux traversent ce parc destiné non-seulement aux Auli uclies,
mais aussi aux Droniées, anx Casoars et aux Nandous.
Dromécs. — Le couple de Dromées couve en ce moment huit œufs. Les petits
de l'année dernière sont déjà aussi grands que leurs parents.
Nos Autruclies et nos Dromées sont donc complètement et délinitivemenl accli-
matés, car ils se reproduisent régulièrement tous les ans.
Gazelles, Kangnrous. — Nous pouvons en dire autant des Gazelles et des
Kangurous, comme je l'ai di-jà écrit à la Sociéié. In troupeau d'une dizaine de
Gazelles a été mis en liberté à la Casa de Campo, et il prospère dans celle [losses-
siou royale.
Aguiias. — il n'en est pas de même des Agulias {Capromys Fourxicri), que le
général Serrano m'envoya à dillerentes fois de l'île de Cuba, et qui, malgré tous
les soins que nous leur avons prodigués, n'ont pu >u|iporter les trouls d'hiver. Ce
mamnutère, qu'on mange aux Antilles, ser;iit un utile gibier pour nous, si l'on
pouvait parvenir à l'acclimaler ici.
Le général Serrano, à son retour dans la Péninsule, a eu la généreuse idée
d'a[iparter un grand nondne d'oiseaux granivores des Antdles, tels que ditrérentes
espèces de Colombes et Tourterelles (Coluiiiba leucocephalu, Eclopistes caroli-
nmsis, Lophyrus ciuvivcephala, Cohunba zenaida, Chainepelia passerma, etc.),
etdesUuiscales, Tioupiales, elc, etc.). En arrivant dans sa propriété d'Argona,
en Andalousie , il les a mis en liberté dans l'esiioir qu'ils s'y établiraient et s'y
acclimateraient seuls, comme cela eut lieu à Cuba, pour notre moineau {Friiigilla
duuiesLica).
Cette idée lui a été suggérée précisément par rétablissement à Cuba de cet
oiseau européen.
Lu négociant apporta à la Havane, en 1830, un bon inunbre de momeaux, pour
l'introduction desquels la douane exigeait des droits exorbitants et s'élevant bien
au delà du prix qu'on aurait pu retiier de la vente de ces oiseaux. Il eut l'idée
de les mettre en liberté. Ces moineaux entrèrent donc dans l'île sans rien payer,
ils restèrent inaper(;us pendant plusieurs années , mais peu à peu on remarqua
leur existence, et ils se sont propagés chaque jour davantage, au iioiiit (juc dans
certaines villes ils sont aussi communs que chez nous.
Ils ont une singulière manière de s'établir. Us ne quittent pas un village ou une
maison de campagne pour aller dans une autre, tant que la colonisation d'une
troupe n'est pas bien assurée. Alors de maison en maison ils passent d'une ville
à l'autre et finissent par envahir ainsi les districts du pays.
Guidé par cet exemple, le général Serrano a pensé que c'était un excellent
moyen pour introduire dans un pays des animaux exotiques, si par leur nature
rusti(nie ils offraient des garanties pour vivre dans nos climats. Ainsi, il a choisi
les Colombes, les Troupiales, les (juiscales, les Corvidés, les Fringillidès et les
Gallinacés. Il a mis un bon nombre de ces oiseaux en liberté à smi arrivée en
Andalousie, et il a réservé le surplus pour être également rendu libre au \nui-
temiis, ce qu'il vient de faire lout rcceniment, en nous envoyant aussi quelques
couples de ces oiseaux pour notre jardin zoologique.
Je vous prie, mon cher collègue, de faire part à la Société de celte belle idée
de notre confrère M. le général Serrano, qui a déjà rendu tant de services à
l'acclimatation en Euroiie et en Amériiiue ; car pendant son séjour à Cuba, il nous
a lait plusieurs envois de plantes utiles et d'animaux vivants pour notre jardin
d'acclimatation, et nous lui avons adressé d'autres végétaux et animaux d'Europe
pour les acclimater dans noire colonie, ce qui s'est fait smis son patronage à la
Havane.
FAITS DlVElïS. 373
Quand les oiniiliologistes voyageurs Irouveroiit en Adalousie les Cohmha leu-
rncephala, [.ophyrus rjiatiocephala, Cohmha zenaida, Eclopislcs carolinensis,
Chaniepelia piissoina, Orlyx vxibana, et d'autres oiseaux américains, qu'ils se
souviennent que ces espèces ont été introduites en Espagne par notre dévoué
confrère.
Je finis cette longue lettre en vous priant, monsieur, de dire à notre illustre
Président que j'attends toujours ses ordres et ceux de notre | hilanthropique
Société pour les exécuter, et me rendre de iilus en plus dii^ne du titre de son
délégué en Espagne, dont la Société a bien voulu m'houorcr.
En atlendanl, je vous prie, mon cher confrère, d'agréer, etc.
Le délrguc.
Signé I\I. P. GiiAEi.LS.
.«Sur un li-oiiticitii île l.nmns e< «Iiiacas n9roi-< à rKmitoreiii- par le
B'rôsiiIfiU «1»' Isi r<'>|HililH|iie «le roOqdaioisf.
Lettre adresée par M. Antonio Florès, ministre de l'Equateur, a S. Exe.
M. Drolyn de Lhuys, président de la Société impériale d'acclimatation.
Quilo, lo 17 aviil i803.
Monsieur le Ministre et cher collègue ,
J'ai reçu la communication que Votre Excellence m'a fait l'hornicur de m'a-
dresser à la date du 1 1 février de cette année, avec les instructions générales de
la Société impériale d'acclimatation et la note spéciale annexe Védigée par
M. Albert Geofi'roy Saint-llilaire.
Je me suis empressé de soumettre la dernière à M. le Président de la r»épu-
blique, et je puis assmer Votre Excellence que nous ferons en sorte de répondre
aux désirs de la Société ini(iériale, quant aux précautions à prendre dans l'envoi
des Lamas, lesquels seront embarqués à Guayaquil dans les meilleures conditions
possibles. Il serait seulement à désirer que je fusse prévenu à l'avance de l'arrivée
du bàtimeiiL qui doit les Conduire en France. J'ai déjà inlormé Volie Excellence
que l'époque la plus favoiable serait la saison d'été, c'est-à-dire du mois de juin
jusqu'à octobre.
Par rapport aux Alpacas, M. le gouverneur de la province de Cliimborazo, qui
a été chargé par M. le Président de l'acquisition des Lamas, assure qu'on n'en
Irouvi' pas dans le |)ays.
Uuani aux autres animaux et végétaux désignés dans la note de M. A. Geoffroy
Saint-Hilaire, quelques-uns ne sont pas connus à l'Equateur, ou ils le sont peut-
être sous d'autres noms. Non< nous empiesserons d'envoyer à la Société le^; échan-
tillons que nous pourrons nous |irociuer.
En tout cas, la Société peut être assurée du vif intérêt que je prends à tout ce
qui la concerne, et que je ne négligerai rien pour la servir de mon mieux.
Veuillez agréer, monsieur le Ministre et cher collègue, etc.
Signé Antonio Ei.oRÈs.
IV. CHRONIQUE.
CJiiKiire tlii iljniiiqiiina aux lii<lc.% nn^Ilaîses.
(Extrait et traduit de la Revue de la Socielii of aris, par M. HÉBERT,
agent général de la Société.)
La Société des arts {ihe Society of arts), dans sa soixantc-dixièmo.
séance ordinaire, du 25 mars I860, a enlendu iin Irès-intéressant travail
de M. Cléments l\. Markliam sur la production de la qniniue et la culture du
(juinquina dans l'Inde. L'intérêt particulier que notre Société impériale prend
à racclinuilation de cette piaule précieuse nous a fait penser que les lecteurs
du Bulletin verraient avec plaisir le résumé de ce mémoire.
"La production du quinquin:i et des aulres alcaloïdes obtenus de Técorcc
de Cinchona, dit M. Markliam, est un sujet très-digue de Taltention de cette
Société, et quelque modestes que soient mes connaissances scientifiques, la
part active que j'iii prise pratiquement dans l'inlroduclion et l'acclimatalion
du (Hiinquina aux Indes m'assurera, je l'espère, s:i hienveillanle alleulion. «
L'auteur de ce travail insiste d'abord sur les bienfaisants elTets de la qui-
nine et sur son iusuflisauce regrettable , puisque des milliers d'honnncs
périssent, surtout daus les régions tropicales, faute de l'avoir facilement à
leur portée. La culture réglée du ( Hiinquina peut donc seule amener la pro-
duction abondaute de ce végétal, qui ne se trouve que dans les régions tem-
pérées des cordillères des Andes, IN'ouvelle- Grenade, Equateur, Pérou et
Bolivie, et dont l'exploitation déréglée fait craindre la complète disparition.
Les espèces les plus estimées sont : dans la Nouvelle-Grenade, les Cin-
chona pitayensis et bincifulia ; dans l'Equateur le C. offi.cinalis et succirii-
bra, ou red hark ; au Pérou et en Bolivie, le C. calisaija, le plus estimé de
tous. En 1860, rÉ(|uateur a fourni à l'exportation 583 700 livres anglaises
d'écorce, et la lîolivic 1080 200, mais les produits de ces provenances
s'épuisent rapidement.
Si l'on exploitait sagement les forêts de l'Amérique du Sud, si l'on y re-
plantait déjeunes sujets à mesure qu'on dépouille les anciens, on pourrait
tenir toujours d'énormes quantités de matière première en réserve, mais on
ne se préoccupe mdlement de ce soin ; la conqjlète cessation de la produc-
tion est donc immiuente.
Dans l'Inde seulement, une cnlière privation de quinine aurait les plus
fatales conséquences, et l'on peut aflirmer que celte calamité serait pour les
Européens ce que fut pour les indigènes la famine de 18(50-1861.
On ne saurait se faire une idée exacte des difllcullés inunenses que l'on
éprouve pour se procur^'r des plants de Ouin(iuina , même en Amérique,
dans ces forêts à piui près inconnues aux Européens, situées souvent dans
des lieux iuacccssibles où aucune tentative de culture n'a jamais été entre-
prise. Ces difiicultés sont bien autrement graves que celles qui s'attachent ii
racclimatation du 'l'Iié, du Café ou du Coton américain.
Il a fallu ledévouemeutdes coopérateurs MM. Markliam, Sprucc et Pritchett,
et des habiles jardiniers Cross et Weir, pour assurer le succès de la cul-
CHRONIQUE. 375
tiiro du Quinquina dans les colonies anglaises des Indes. Les espèces sur
lesquelles porte principalement cette cultine sont les suivantes :
1. C. succinibra (rerf hark), de l'fiquateur.
2. C. calisaya (yellotv barli), de f'.aravaya et de la lîolivie,
3. C. oflîcinalis, var. Condaminea , Bonplandiana crispa (crown bark), de
ri^quateiir.
4. C. nitida {grey hark), du nord du Pérou.
5. C. micranttia, id.
6. C. peruviana, id.
7. C, espèce sans nom, id.
8. C. lancifolia {Carlhagena bark), de la Nouvelle-Grenade. '
Le succès de l'expérience, après l'arrivée desp'antcs aux Indes, est en-
tièrement dû à M. Mac Ivor, directeur actuel des plantations de Quinquina
dans la présidence de !\Iadras. à qui son énergie, son liabiieté, s<>s qualités
comme jardinier, son activité extraordinaire comme j)ropagateur, ont fourni
les moyens d'amener la culture de ces arbres précieux à un tel état, qu'elle
est désormais à l'abri de toute atteinte. Le point le plus important, après
avoir apporté les plants dans de bonnes conditions de conservation, c'était
de cboisir, poui- leur culture, des localités aussi analogues que possible,
])our la nature du sol et la température, à leurs forêts natales, et M. IMarkham
doit son succès, ;'i cet égard, aux conseils et à l'aide de M. Mac Ivor.
Le lieu cboisi pour l'iiislallation de ces essais s'appelle la plantation Doda-
betta ; il esl situé à 7600 pieds au-dessus du niveau de la mer : c'est la pépi-
nière destinée h fournir les éléments à des plantations plus étendues et plus
considérables. La seconde localité adoptée fut une parlie de la forêt appelée
Neddiwuttum, à l'angle nord-ouest des monts A'cilgherries, en face du plateau
de Wynaad. La nature et la température de cette station correspondent à
celles des forêts de Caravaya ; son élévation est de /|800 à HOOO pieds.
Pendant la première année qui suivit l'introduction des plants de Cin-
cliona aux Indes, c'est-à-dire de janvier 1861 à janvier 1862, les expé-
riences furent réservées tout entières à la propagation sous cbâssis. Les
détails qui se rattacbent à cette délicate opération demandant un soin si in-
telligent, sont du plus baut intérêt et font le plus grand bonneur à M. Mac
Ivor, dont le succès sans i)récédent a fait faire à l'expérience des progrès
inespérés. Le second numéro du Jour nul de botanique (Journal ofbotany),
édité i)ar le docteur Seeman, contient un rapport de M.Mac Ivor en date de
juillet 1862 , et plusieurs autres documents sur sa métbode pour le traite-
ment des jeunes plants et des boutures.
Les résultats des travaux de M. Mac Ivor ont été tels, que, tandis qu'en
janvier 1862 il y avait 8613 Cincbonas aux Aeilgberries, on en comptait en
janvier 186.") jusqu'il 127 671, sans parler de plusieurs centaines envoyés
de ce grand dépôt central dans diverses autres parties de l'Inde.
C'est au printemps de 1861 que ÎM. Mac Ivor commença ses expériences
de transplantation en plein air, et les plants ainsi exposés supportèrenl ])ar-
failement les variations de température. Lncouragé par ce succès, on forma
la pépinière de Neddiwuttum, qui, commencée en janvier 1862, peut con-
376 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'aCCLIMATATJON.
tenir 300 000 plants et on possède déjà 2/i00. Depuis cette époque, le nombre
de plantations en plein air s'est successivemenl accru dans les deux stations.
A Neddiwultum, an sommet de la montagne, à une liiuileur de GOOO pieds,
un certain nombre de plants ont support!- le froid de Tliiver et la séclieresse
de Tété. Le nombre de plants existant actuellement dans cette localité est
de 3500. L'étendue des cultures est de 7/i5 acres, dont ZilO à INeddiwuttmn ;
250 près de l'ycarrah,et 85 à Dodabella,e! l'intention du gouvernement est de
planter encore annuellement 150 acres pendant au moins dix ans, afin d'ob-
tenir par la suite une abondante provision d'écorce à quinine.
Arrivant à la question d'où dépend la certitud(^ du succès, celle du mode
de culture propre à assurer le rendement le plus abondant dans le plus court
espace de temps et la plus grande proportion d'alcaloïde i)ossible, M. INlarkliam
fait observer que le Quinquina n'ayant jamais été cultivé, on ne pouvait être
renseigné à ce sujet comme pour le Tbé, le Café, les Cotons d'Amérique. Le
cultivateur indien avait donc tout à apprendre par sa propre expérience. 11
semble à l'auteur que si les jeunes Cinchonas abandonnés à eux-mêmes dans
les forêts ont à lutter contre l'ombre et la privation d'air; à l'état de culture,
ces diverses inlluences doivent être écartées, et les arbrisseaux doivent être,
entourés de tous les soins que la science et l'expérience peuvent suggérer, il
est incontestable qu'il leur faut de la lumière, de l'air, mais que les espaces
où les plants se développent doivent être à l'abri des rayons directs du soleil,
tant (pi'ils sont jeunes et tendres. 11 convient de les prémunir, et contre l'ar-
deur trop vive du soleil, et contre l'excessive radiation des nuits froides.
Le dernier point à décider était le moyen d'assurer la récolle de l'écorce,
et de savoir si les Cinchonas seraient tenus à l'état d'arbrisseaux, en terrain
découvert, où si on les laisserait s'élever en arbres à l'oudire de la forêt ; on
s'arrêta au premier moyen.
Les Cinchonas ne peuvent que gagner, pour leur développement, au rcce-
page d'une partie de leurs branches avant le milieu de la saison chaude ;
les variétés tenues en arbrisseaux doivent être plantées à 7 ou 8 pieds de
dislance, ce qui donne environ 700 plants à l'acre.
:\l. :\larkham rappelle le procédé barbare qu'emploient encore les indi-
gènes américains pour l'exploitation des Quinquinas. Il fait ensuite remar-
quer que le docteur Andersen afTirme que les feuilles de ces arbres possèdent
aussi des vertus féi)rifuges. Il annonce que des feuilles el de l'écorce des
arbres cultivés aux Neilgherries sont en route pour Londres et seront sou-
mises à l'anale, se chimique.
Les Dlanlaliuns des ^eilgherries ont fourni des sujets à différentes parties
de rinde: 3000 ont été établis à Darjeeling, sous la surveillance du doc-
teur Andersou ; le rajah de Travancore en a reçu 516 ; le docteur .huneson,
(]ui a tant fait pour l'établissement des cultures du Thé dans les llimalayas, en
a eu 15't ; le doclrur Cope en a fait venir le même nombre i)our les planter
dans la vallée der.angc, dans le l'unjaub; plusieurs ont été envoyés au pro-
fesseur Lees pour un (-.sai dans l'Assam, ei des spécidaleur^ particuliers s'en
sont procuK'S î>our le liengale,
CHRONIQUE. 377
ACeylaii, sous la (lirectioii de M. Tliwailos, les plantations de Ciiiclionas
projîrcssent rapidement, et seront bientôt en état de n'pondre aiiv demandes
des planteurs de Calé qui veulent en essayer la culture avec de jeunes arbres.
L'auteur de ce mémoire éiiumère ensuite les avantages qui résulteront du
développement de celle culture dans les Indes, pour les liùpiiauv de l'armée,
en économisant plusieurs milliers de livres sterling, comme spéculation et
connue moyen d'apporter de nouvelles ressources au pays, et enOn comme
bienl'ait pour le peuple et pour la population indigène en général.
Il lait ensuite ressortir les bénéfices de cette entreprise pour le gouverne-
ment lui-même. Le nombre des arbres qui couvrent une acre est d'environ
650, et l'du calcule que cliaque arbre produira, après dix ans de végétation,
5 livres d'écorce par an ; la récolle par acre sera donc de 3'250 livres, et pour
160 acres plus de 2U0 tonnes. A 60 centimes la livre, ce qui est un prix très-
modéré, cela représentera un rendement de 7800 livres (19 500 Irancs) par
an pour les 1 60 acres, dont les frais annuels d'exploitation seront de 1320 livres
(oiOO Irancs). Ce calcul se rapporte aux Neilglierries seulement, et ne con-
cerne pas Darjeeling, ni les plantations qui seront procbainemeni formées
dans les provinces du nord-ouest, l'Assam, Coory et les Pulneys.
i\L Markbam insiste, à la suite de ces observations, sur les résultats com-
merciaux que la culliire du (.)uinquina exploitée par les parliculiers ou par
des compagnies ne peut manquer de produire dans les vastes districts de
l'Inde où elle aura partout chance d'être tentée avec succès, et il prévoit le
moment peu éloigné où les indigènes , comprenant l'immense bienfait que
leur apporte celle culture, s'y livreront eux-mêmes avec ardeur.
«Comme conclusion de ce mémoire, dit enfin M. "\larkliam, je veux encore
mentionner l'inestimable bénédiction que i'inlroduction de ces arbres à
écorce fébrifuge a répandue sur l'Inde, et je signalerai pour exemple cer-
tains districts, connue le Canara du Nord, où la population tout entière est
décinu'e par la (lèvre, sans pouvoir se procurer un seul grain de quinine.
Comme enireprise d'ulilité publique, elle peutêlre comparée à toutes celles
qui ont été conçues dans l'Inde depuis plusieurs années ; bien plus, on peut
dire avec certitude que le succès des autres dépend de celle-ci dans ime cer-
taine mesure... ; comme durée dans l'avenir elle n'est égalée par aucun autre
usage. Longtemps après que nos roules seront délruiles, nos canaux dessé-
chés, nos consiruclions en ruines, les verlus du quin([uina rapprliciont à
rilindou l'époque où les étrangcrsde l'Occident auront laissé ces bénédictions
en quiilantdélinilivement le théâtre de leurs travaux ctde leurs trionq)hes.»
Ce rai)port, écouté avec la plus grande allcniion par l'assemblée, fut suivi
d'une discussion que nous regrettons de ne pouvoir reproduire, faute d'espace.
Sur l'Exposition de la rapc canine an Jardin d'aecliinaiation.
(Extrait du Fiekl du IG mai 1803 par M. P. PiciiOT.)
l'arrivé mainten.ml à la |)arlie la plus extraordinaire de l'exposition,
et cela di- l'avis des veneurs d.' fous pays : je veux parlai de la réunion
378 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
des pins célèbres montes françaises. Le bel aspect de ces Chiens conrants
a été ponr les veneurs français un aussi p;rand sujet de vanité et de triom-
phe que d'étonnement naïf et de surprise pour les sportsnien de notre
pays. Bien peu de ces derniers, croyons-nous, soupçonnaient qu'il y eût en
France des races de Chiens courants aussi belles eî aussi pures que celles que
l'on a pu voir au Jardin d'accliiuatation, qui témoic;naient des soins apportés
à leur élevage et à leur perfectionnement. Par une singulière; coïncidence, il
y avait ici en même temps une meute que l'on peut certainement considérer
comiue l'une des plus belles de notre pays : celle du duc de Beaufort, qui,
ayant eu la gracieuseté de l'envoyer à l'exposition, nous a donné la possibilité
de comparer les deux races côte à côte. 11 est juste do dire que les Chiens du
duc n'étaient pas destinés à concourir; peut-être même n'étaient-ce pas les
meilleurs de son chenil ; en tous cas, par suite des fatigues de leur déplace-
ment, ils n'étaient guère en étal. Malgré ces circonstances défavorables, tous
les Anglais connaisseurs qui ont pu comparer les lueutes françaises et anglaises
reconnaissent la supériorité des preniières. Cet aveu n'est luillement agréable
à faire et aussi incroyable que mortifiant pour des oreilles anglaises ; mais je
le répète, c'est Ui le sentiment unanime. Les Chiens de M. de Carayon-Lalour
et d'autres encore sont d'une plus belle race que ceux du duc de BeauforI ou
que tout ce que nous avons en Angleterre, et je no puis répondre qu'une
chose aux incrédules, c'est qu'ils viennent ici en juger par eux-mêmes. Les
faits sont là pour le prouver, en dépit des préjugés nationaux, et nous n'avons
rien à opposer à ceux qui viennent de nous êlre préscnli's au Jardin d'accli-
matation. Les Chiens français, qu'on les appelle Chiens d(> loup, de cerf ou de
n'importe quoi, sont plus grands, plus puissants, plus nobles d'aspect que le
Foxhound le plus pur. Ils offrent dos signes de sang égaux, sinon supérieurs
à ceux du i-'oxhound, et leur conformation peut faire espérer de leur part
autant, sinon phis do fond et de vitesse, et il en est de même do la finesse du
nez. Sur tout cela pas le moindre doulo n'est possible, et tons les avis sont
les luêmes sur leur supériorité de formes. La seule question rpie j'aie enlendu
débattre, est colle de savoir si un de ces grands Chiens francjais pourrait
supporter la même somme de fatigue journalière que son rival anglais, plus
petit de taille ; il est évident que ce débat ne peut être jugé que sur le terrain,
mais sur ce point encore les veneurs français acceptent le défi
Sans doute quelques-unes des meutes françaises doivent au sang an-
"■lais certaines de leurs qualit(''s; mais, pour les Chiens de M. de Carayon-
Latour, le cas est bien différent et leur supériorité incontestable : c'est au sang
français qu'il faut en allribuer tout l'honneur
.J'aurais encore bien des Chiens à signaler, et parliculièremenl le Chien
de Gascogne de M. de r.ubblor, mais j'ai voulu simplement attirer l'attention
de nos sporismon, sur ce fait quo les veneurs français possèdent des races
,:idniirablcs qu'ils ont su conserver ou améliorer avec un rare bonheur!
V. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION.
Avril a été cette année un mois modèle, il a bien ouvert le printemps et
justifié les plus brillantes descriptions de la poésie :
Avril ! avril commence ! un bruit d'ailes légères
Frémit dans les rameaux des arbres reverdis.
Voici les doux chanteurs des bois, voici les nids ;
Et muguets de lleurir à côté des pervenches.
Et concerts printaniers d'éclater dans les brandies !
Le Jardin d'acclimatation est un des lieux où il faut voir le printemps et
ses admiral)les harmonies. C'est là que le rogne animal est à l'unisson du
végétal, et que l'on peut observer la vie, comme une sorte de marée mon-
tante, qui revient ranimer la nature d'où elle sendMait s'être retirée pendant
l'hiver.
I. — La ponte est en pleine activité. C'est l'époque où les œufs passent
pour être le plus féconds, c'est le meilleur moment d'en faire choix pour
l'incubation. On en a recueilli 322'2 de toutes les espèces d'oiseaux qui sont
dans le .Jardin. La ponte des Faisans a coranienct; le /i, par les Mélanotes,
qui ont donné dans tout le cours d'avril 8 œufs; les Faisans de Cuvier, 10;
le versicolor du Japon, apparié à une femelle Faisan de l'Inde, 12; un
Faisan Sœmniering avec une l'oule faisane ordinaire, 12. Les Perdrix
Cambra, 2; les Colins, ik- La jeune piiire d'Autruches nées à Marseille en est
à son 9"^^ œuf- La ponte des palmipèdes touche à sa fin. Deux paires de Tour-
terelles leucoptères et de Tourterelles comnumes ont des petits. Un Cygne noir
mène sa seconde couvée depuis octobre : elle se compose de deux petits
édos sur cinq mis en incubation.
II. Naissances. — l'armi les mammifères, 1 Agneau mâle d'Astrakhan,
2 Chèvres du Sénégal et 1 Bouc, 1 Bouc de demi-sang angora, 1 Cerf-cochon
mort- né, 10 Cochons d'Inde, 7 Lapins de Sibérie.
IlL Mortalités. — 12 Coqs divers, 18 Poules, 11 Faisans, 9 Colins,
1 Pénélope à tète blanche, 1 IIocco du prince Albert, etc. Total : 30 pièces
dans la basse-cour, 37 dans la volière, Ofi sur la rivière. Parmi ces derniers,
les Canards sauvages, millouins, sillleurs, etc., sont au nombre de 50. Jusqu'à
présent la mortalité printanière est toujours la plus considérable. Elle reçoit
cette impulsion de la fonction génératrice qui est en jeu, et dont le trouble est
une source de maladies de plus qu'à l'ordinaire.
Dans les mammifères nous a\ons perdu 1 Pécari femelle et 1 Agouti,
1 Chevreau du Sénégal et un jeune Nilgaut, Ce jeune animal de huit mois,
qui était l'un des deux de la troisième portée de notre paire d'Antilopes
nilgauts, est mort par accident. Un ouvrier introduit dans son parc, ayant
380 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
formô la porte sans précanlion, au l)riiit qui en est rt^sulté, l'animal surpris s'est
précipité contre le mur de sa cabane et est tombé mort (1). Sa chair, répartie
entre diverses personnes, a été trouvée généralement tendre, blanche et sa-
voureuse. Voici l'extrait d'une lettre de !\I. de nuancfaf;es : « Tons mes
convives et moi nous proclamons le Ailgaut la première des venaisons. La
finesse de la fibre, le fumet tout spécial, la tendreté de la chair ont été hau-
tement reconnus. » Cette viande ne pourrait être comparée qu'à celle d'un
jeune Bouvart bien engraissé ; elle était jilus colorée et moins fade que celle
du veau.
IV. Dons. — Le Jardin a reçu un Héron gris de 1\1. le comte de Mnizech ;
1 Coq-ct 2 Poules d'All'ort de Al. l'.oussel (d'Alfort) ; 1 Coq et 3 Poules de
Gascogne de M. Cranié (de Toulouse) ; 1 Poule cochinchinoise ; 1 Poule
Imppée du Japon ; 2 Poules ordinaires de la Chine ; 1 Chien barbet du Japon ;
2 Béliers et une Brebis du Japon, de S. Exe. le Ministre de l'agriculture et du
conuîierce. Le Chien du Japon est vraiment remarquable, sa robe est fauve
noir. Les Béliers ont les cornes grosses et recourbées, la laine très-ordinaire.
V. Aquarium. — Toujours très-suivi par le public, s'est enrichi, durant
ce mois, d'une nouvelle variété d'Actinie, VAntliia cereus (Cosse), remar-
quable par la vivacité de ses couleurs et la délicatesse de sa forme: elle a été
envoyée des côtes de Bretagne par M. le vicomlc de Dax. Cherbourg a
continué de nous fournir chaque semaine des Mollusques, des zoophytes et
des Crustacés, et quelques Poissons, parmi lesquels se trouvent une petite
Baie, et le Blennie couronné que nous n'avons pas encore eu, qui porte deux
cornes sur la tête. Boulogne nous a envoyé des Pcctens, des Huîtres à perles
et un bloc de Pholadcs ; Caen, des Pectens et des Huîtres de Caiicalc ; Toulon,
un !\loliusque Irès-curieux. 50 Hippocampes envoyés dcVaunespar M. le vi-
comte de Dax sont malheureusement arrivés morts. I\Iais des Truites, des
métis de Truite et de Saumon, 2 l'"éras et des Ombres-chevaliers venant de
M. Coumes, (PHuningue, ainsi que de belles Lottes tigrées du Bhin, vivent
très-bien. Malheureusement un Silure de 50 centimètres de long, qui se trou-
vait aussi dans cet envoi, n'a vécu que dix jours. ÏSous avons reçu d'Huningue
3000 œufs d'Ombre conunuu.
VI. Ëxpoaition. — Dans ce mois a eu lieu au .Jardin, du 12 au l'J avril,
l'exposition des Volailles, dont il a été rendu un compte particulier.
VU. Jardin. — La température a été en mojenue de 5 degrés au-dessus
de zéro à six heures du malin et de 13 degrés au-dessus de zéro après
midi. Les extrêmes ont été 1 degré au-dessous de zéro au nnnimum ei
(1) Cluise siiigiilitTL' ! (-i; légor hriiit a i-aubû un ulVet si fimtslo, lamlis 4110 la vue, l'odeiii' et
les alioieiiR'iils Je 850 cliiens iioiidaul toulo la durée de rex|ii)silion ([ni a ou lieu eu mai, ont
laissé les Aulilopes, et eu géuéial l(jus les aiiiujau'i du J ir.liu, eiuii|iléleiueul iuipassible^i, et n'ont
pas produit le plus [lelit accident. Le mal n'est donc inovonn ([uc de la sui piije et d'un défaut
de précaulion.
nULLETIN MENSUEL DU JARDIN d' ACCLIMATATION. 381
10 degrés au-dessus de zéro .ui uiaximuiu. C'est la leuipéraliire ordinaire de
la saison, el, nialgré l'ai)sencc luesquc complète de pluies, la végétation a
niairlié assez rapidenieni.
Les fleurs de la saison sont pour les massifs : les Lilas commun, sauge,
loyal, Josika et de Perse ; Cliamaecerasus de Tartarie, des Alpes, de Ledebour et
du Canada; Spirées à feuilles de Prunier, à fleurs en coryndie et à feuilles de Sor-
bier; Soibicrs des oiseaux el hybride; Genêts blanc et à balais. Marronniers
ronge et blanc ; Cytises faux Ébénier, à fleurs en tète, à feuilles sessiles et
d'Adam; arbre de Judée rouge et blanc, Gorchorus, Weigeiia, Prunier à
fleursdoubles, Aubépine à fleurs doubles, Tamarix, Abutilon, Boulc-de-neige,
faux Pistachier, Merisier à grappes, I5ois de Sainte-Lucie, Jonc marin à fleurs
doubles, CaUjcaiitlius l'ompiuluitra, Épinc-vinelte i)ourpre, Seringat, Cor-
nouiller sanguin, llhododendrons, Kalmias, et Coronillc des jardins. Pour les
corbeilles : les Sflènes rouges et blancs, Giroflées jaunes, Myosotis, Pensées,
Corbeilles d'or el d'argent, Pâquerettes doubles et Diclylra. l>our les rivières,
les Aéiuilars blanc et jaune.
Le jardin d'expérience est rempli de semis et plantations, tant en végé-
taux déjà cultivés les années précédentes et dont on continue la ciflture et les
expériences, qu'en nombreux nouveaux envois qui nous arrivent de toute
part. La Poire de terre Cochet, précieux tubercule saccharifère, a été récoltée
et un rapport spécial a été lu à la Société dans sa séance du i'^^' mai. Les
châssis reçoivent au furet ànicsure les semences qui nous parviennent; déjà
bon nombre sont levées, et particulièrement dix variétés de Melons de diverses
provenances.
Itans le jardin d'hiver les Camellias terminent leur floraison, qui a duré six
mois ; elle est remplacée par les Azalées de l'Inde, llhododendrons, Cactus,
Fuchsias, Calcéolaires et Mauves en arbre.
Le Jardin a reçu :
1" De M. Wassier de Aew -Orléans, une collection de graines de fleurs des
prairies du Texas.
2" De M. de Belleyme, un Musa ensete.
o" De M. l'.enard, une collection de graines.
U" De M. Dufour, des graines du Mûrier blanc d'Orient.
5" De M. Drouyn de Lhuys, qui les tenait du U. P. supérieur des
lazaristes, des noyaux de prunes du Pérou.
6" De la Société impériale, venant de M. Ilamel, deux paquets de graines
d'Eucalyptus non déterminés, venant des hautes montagnes australiennes.
Le Jardin a donné :
A 1\L Suquct, une collection déjeunes Eucalyptus.
Le Jardin a été visité par UôdOo visiteurs.
Mai. —On a souvent reproché au mois de mai de ne pas répondre sous
le ciel de Paris à la réputation d'être le plus beau mois de l'année que lui
avaient faite les poètes de la Grèce et de l'Italie. Ce qui veut dire que mai,
ZS^ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
clans le climat de la France, a une météorologie très-variable; mais cette
année, on peut dire que la plupart des jours de mai ont été dignes des plus
brillantes descriptions de lu poésie. 11 n'y a pas eu une seule gelée blanclie,
même le refruidissenieut constant connu sous le nom des trois saints de
glace, qui a lieu ordinairement du 10 au 15, a été à peine sensible. Si Ton
a eu un reproche à faire an mois de mai 1863, c'est d'avoir été un peu sec,
car les ondées de mai sont propices à la végétation ; mais sa chaleur printa-
nière a été cette fois très-favorable aux animaux.
I. — La ponte a continué d'être aussi active qu'en avril. Nous avons eu
3082 œufs, parmi lesquels les Faisans Mélanoles ont donné 50, les Colins
160, les Loplioplioros 10, deux paires de Canards de la Caroline 12, une
paire de Mandarins 5, une paire de Bahama 7. Déjà plusieurs éclosions ont
lieu ; une paire de Lumachelles, plusieurs Colombes lopholes, leucoplères et dif-
férentes autres Tourterelles, et une paire de [''aroares sont en irain de couver.
Les Pigeons parqués reproduisent peu.
Parmi les mammifères, il est né 1 Lama blanc, 1 Cerf d'Aiistoie, 1 Chèvre
d'Angora, 20 Chiens et des Lapins.
IL Mortalité. — La mortalité a été moins considérable, elle n'a atteint
que 26 Coqs et Poules divers. La maladie pseudo-membraneuse, qui avait
presque disparu depuis plusieurs mois, a recommencé avec le printemps. Les
volailles de lloudan paraissent èlre celles qai en sont le moins atteinles.
1<S Oiseaux de volière, dont 7 Colins, 5 Faisans, à Pigeons, 2 Pinsons
de riz.
1 Paon, 1 Tourterelle du Mexique.
2.'i oiseaux de rivière, dont I'2 Sarcelles, 7 Canards sauvages divers,
2 Canards de la Caroline, 2 Mandarins, 1 Oie première.
Telles sont les pertes faites en mai.
La grande occupation que nous ont donnée les expositions nous a empoché
de nous livrer à des examens nécroscopiques.
IH. Dons. — 2 Agoutis par M. le vicomte Hocquart, capitaine de frégate;
un joli petit Cheval irlandais, qui ne mesure au garrot que 75 centimètres,
donné par M. Halphen; plusieurs Canards. sauvages, par M. Morel ; deux
Macreuses, par M. Labbé, de Luçon-Vendée.
IV.— La magnanerie a été ouverte vers la lin duniois, plusieurs éducations
de diflerentsVcrs du Mûrier sont en cours; quelques rares éclosions de Vers
del'Ailanle. Mais le Ver Ya-ma-nKU donne les plus belles espérances, lien
est éclos déjà une vingtaine qui ont 15 à 20 centimètres de long et qui sont
de la plus belle apparence. (Voyez la note particulière sur cette éducation.)
V. — L'A<iu(irium a reçu : de M. le vicomte de Dax, plusieurs nouveaux
envois d'Hippocampes recueillis sui les côtes de Vannes : un seul reste vi-
vant depuis près d'un mois; de M. Uené Caillaud, des Clovisses, des œufs
de Sèche et des Étoiles de mer. Ces œufs de Sèche, qui forment une véritable
BULLETIN MENSUEL DU JARDLN D'AGCLIMATATION. 388
grappe de raisin noir, ont donné des éclosions : Talevin de Sèche a vécu deux
cl (rois jours; des œuls de Buccin n'ont rien protluit. 'SI. Ledcntu, de Clier-
bourg, continue d'envoyer chaque semaine une abondante provision de Plies,
Turbots, Homards, Crustacés, et en général des poissons qui à cette époque
de l'année se pèchent dans les parages de la Manclie. Les Vérons et les
Épinoches ont perdu la couleur rouge dont ils s'étaient revêtus depuis
la fin de février. Les L'erclies ont frayé dans leurs compartiments. Malheu-
reusement une introduction de l'air par suite de l'érosion d'un des tuyaux
de TapparLi! hydraulique ayant eu lii-u pendant une nuit, l'eau de mer en a
été trouble, et il en est résulté une mortalité presque immédiate de plusieurs
des espèces qui vivaient très-bien dans les bassins depuis plusieurs mois,
entre autres les Roussettes et les Vieilles; plusieurs Actinies se sont alors
détachées des rochers où elles s'étaient iniplantées. Heureusement l'accident
ayant été proaqitement réparé, ces Actinies ont bientôt repris leur vigueur.
Ceci montre quel soin et quelle surveillance exige renlrelien d'un Aquarium.
VI. — C'est pendant ce mois qu'a eu lieu la grande Exposition des races
canines dont il a été rendu un compte particulier.
VII. Jardin. — La température a été en moyenne de 9 degrés au-dessus
de zéro à six heures du matin, et de 18 degrés au -dessus de zéro après midi.
Les extrêmes ont été h degrés au-dessus de zéro au mininuun, et 28 degrés
au-dessus de zéro au maximum.
Les (leurs delà saison sont, pour les massifs : Deutzia scahra et gracilis ;
.Spirées à feuilles de Sorbier, à feuilles de .Saule et à fi'uilles d'Obier ; lîoi)!-
uiers visqueux et rose; Cytises à feuilles sessiles, d'Adam, (iliforme, odorant
et à (leurs en tête ; lîhododendrons, Kalmias, Weigelia, Symphorines, Genêt
d'Espagne, Boule-de-neige, Seringat, Viorne obier, Curclwrus, Cotoneaster,
Baguenaudier, Glycine, Chèvrefeuille de Ledebour, Cabjcanthus, Jasmin
jaune, Buisson ardent. Sureaux et Bosiers. Pour les cor])eilles : Géraniums,
Abutilou, Véroniques, Pensées, Fuchsias, Pied-d'alouette, Silène à fleurs
pendantes et Silène gobe-mouches, Phlox de Drummond , Dauphinelle à
grandes (leurs, Héliotrope, Thiaspi, Pétunias, Girollée de Mahon, Bar-
khausie rouge, Dicljira, Matricaire et Anthémis. Pour les rivières, les
Aénufars blanc et jaune et l'Iris des marais.
M. Cels, horticulteur parisien, a placé dans le Jardin un magnifique spé-
cimen d'Agave du Mexique (Agave atrouirens), dont la hampe a plus de
2 mètres de haut sur 0"',:J0 de circonférence. Il y a tout lieu de croire que
cette majestueuse plante, qui n'a pas encore fleuri à Paris , aura au Jardin
une floraison complète dont on pourra aisément suivre tous les phénomènes.
Le jardin d'expérience est complètement garni. Les arbres venus du
Canada, et qui étaient en si mauvais état à leur arrivée, sont presque tous
sauvés, grâce au traitement qui leur a été appliqué, et qui consiste à les en-
fouir complètement sous terre. Les quatre variétés de Pommiers et les deux
variétés de Vignes sont en bon état. Le lihiis verniciferaûu Japon a souffert
384 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'ACCLIMATATION.
de l'hiver, toule la lige a prii, mais il roponsse Irès-bien du pied. L'hiver
ayant été peu rigoureux, et d'un autre eùlé, le snjel très-jeune et très-
vigoureux, dont la lige n'était pas aoiltée à ra])proche de l'hiver (deux cir-
constances qui se neutralisent) , il y a lieu d'espérer que cet intéressant
arbuste réussira sous le climat de l'aris. INous jugeons toutefois prudent de
poursuivre encore les expériences avant de nous prononcer définitivement.
Un blé de Chine semé au printemps 18G2 n'a pu produire d'épis dans
l'année (il aurait du être semé à l'autonme), presque iout a péri pendant
l'hiver, mais il en est cependant resté deux pieds qui ont repoussé au prin-
temps et qui sont maintenant en (leur; ce qui nous permettra d'en suivre
l'étude. Ces deux pieds ont donc, grâce sans doute à la douceur de l'hiver,
vécu deux années. La collection de Pommes de terre va Irès-bien, ainsi que
les deux variétés de Cerfeuil bulbeux, (pii vont donner leur graine d'ici à
quelque temps.
Le Jardin a reçu :
De la Société impériale :
Une collection de graines venant de divers pays.
Trois variétés de Maïs, venant de M. Galvès, ministre de la République
péruvienne.
Une collection de graines d'Australie, venant de M. Lagougine.
De iM. Pralt, d'Angleterre, trois variétés de Rhubarbe alimentaire.
De M. lliiyes (de Chandernagor), une collection de graines.
Le Jardina eu dans ce mois loOOOO \isiteurs.
Le Directeur du Jardin d'accliinatalioii,
RUFZ DE LaVISON.
ERRATUM.
Numéro 5, mai 1803, p. 290, au lias de la page, au lieu de la Monographie des
Palmiers du docteur Martm, Usez- du docteur Mailius.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE.
P. APPORT ; .
SUR LES PONTES DES l>0iSS0îNS DE MER
PKlisENTK :
AU NOM DE L.V COMMISSION' DES FÉCONDATIONS AHTIFICIELLES, '
Composée de MM. J. Cloquet , présiclent, de (,>l:aïp.i:fages , vice-président,
le comte d'ÉPKÉMESNiL, secrétaire général, René Caillai'D, Duméril, Frédéric
Jacquemart, Lamiral,
et Anatole ft. Illi: URAIVDIVIOINT, rapporteur.
(Séance du 26 juin 1S63.)
La Société d'accliinatation, en poursuivant la tâche qu'elle
s'est imposée : étend ic /es llndtes de l'empire de V homme sur
la nature, a souvent jeté les yeux sur Pinimensilé des mers,
dont les prolbndeurs incalculables, les sombres retraites sem-
blent proléger à jamais ses habitants contre toute tentative
de domination. Souvent elle s'est demandé si son devoir
n'était pas de prévenir ou de réparer le dépeuplement des
océans, en appliquant la fécondation artilicielle à la reproduc-
tion des espèces marines.
C'est pour étudier cette question, et pour entrer, s'il v a
lieu, dans la voie des applications, que le Conseil a institué une
commission, <;(imposée de MM. J. Cloquet, de Quatrefages,
A. Duméril, Jacipiemart, Lcuniral, R. Caillaud et A. de
(Irandmont.
Cette commission a trouvé bon, avant de tenter d'utiliser
cette puissance créatrice, la iécondation artificielle, que l'on
applique avec tant de succès à la multiplication des poissons
d'eau douce, a trouvé bon, dis-je^, de rechercher les condi-
tions les plus lavorables au succès de cette entreprise ; et
dans ce but, elle a bien voulu me désignei- pour recueiUir
dans la science les faits capables de jeter quelque jour sur la
reproduction des poissons de mer. _ ,j
T. \. — Juillet IS63. '25 '
38(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATATION.
C'est le résultat, de ces recherches que j'ai riionncur de pré-
senter aujourd'hui à la commission.
Pour bien étudier la question, il est urgent de la limiter,
en tenant compte des différents modes de reproduction que
la nature a mis en œuvre chez les poissons.
Chez les uns la fécondation succède à un accouplement réel,
chez les autres les œufs sont fécondés lorsqu'ils ont déjà subi
le contact du monde extérieur.
Parmi les premiers se trouvent les Sélaciens, Raies et
Squales, poissons chez lesquels la fécondation interne est duc
à un rapprochement i\ei sexes dont les conditions nous sont
inconnues. Les œufs des Emissolcs, des Marteaux, des Anges,
des Scies, espèces comestibles, se développent dansl'oviducte,
qui ne s'ouvi^ (jue [)Our livrer passage à un emlu-yon dont les
organes sont presque aussi parfaits que ceux du poisson
adulte. Les œufs des Roussettes et des Raies, au contraire,
sontai)andonnés au sein des eaux pour y poursuivre leur évo-
lution commencée dans l'utérus; mais déjà ils ont échappé
depuis longtemps à toute intervention de l'élément fécondant.
On ne saurait mieux comparer le mode de reproduction de
ces poissons qu'à celui de la Poule, chez laquelle les travaux
de M. Coste ont démontré que la fécondation tout ovarienne
n'est déjà plus possible lorsque l'œuf chemine dans l'oviducte.
Nous n'aurons donc pas à nous occuper du groupe de
poissons qui s'accouplent, et qui, pour la plupart, sont cartila-
gineux.
Mais presque tous les poissons osseux composent une autre
série chez laquelle l'œuf, dès qu'il est apte à recevoir le liquide
fécondant, est pondu au sein des flots où il subit le contact
de la laitance. La fécondation artificielle, en tant qu'expé-
rience physiologique, sera toujours possible dans ce cas; mais
l'application industrielle devra encore se restreindre aux
espèces alimentaires.
Enfin, il est des poissons auxquels on accorde l'hermajdiro-
disme, tels sont les Serrans ou Perches de mer [Penv scri/nt).
Gavolini, le premier, a découvert sur eux des œ^ufs et de la
laitance; Cuvier a confirmé le fait, et tout récemment
sua LES PONTES DES POISSONS DE MER. 387
M. Dufossé a complété ces recherches par d'intéressants tra-
vaux. On trouve, en effet, sur hi face externe des ovaires,
deux organes blanchâtres tout à fait analogues à la laite des
poissons, et dont le développement est toujours en rapport
avec celui des œufs au contact desquels ils sont placés. Il n'v
a pas lieu de tenter de pratiquer sur eux la fécondation arti-
ficielle, non plus que ^ur les Asprèdes, Syngnathes et Hippo-
campes, qui portent leurs œufs fixés sous l'abdomen, jusqu'au
moment de l'éclosion.
La question étant ainsi limitée, il ne reste plus qu'à déter-
miner l'époque des pontes, et les conditions dans lesquelles
elles se font.
Or, si l'on consulte les auteurs, on voit qu'ils considèrent
le printemps comme l'époque la plus favorable à la reproduc-
tion ; mais ils ont toujours en vue les poissons d'eau douce.
Bloch écrit : « Quelques poissons frayent en hiver comme la
Lotte, etc. » Et plus loin : a Après le long sommeil des pois-
sons durant l'hiver, la laite commence à augmenter. »
Dans Lacépède, on lit : « A peine le soleil du printemps
commence-t-ilde répandre sa chaleur vivifiante, qu'un organe
particulier se développe et s'agrandit dans les poissons mâles.
C'est aussi vers le milieu ou la fin du printemps que les ovaires
des femelles commencent à se remplir d'œufs encore imper-
ceptibles. J
L'ouvrage de MM. Cuvier et Valenciennes ne contient que
quelques mots sur la disposition des œufs : « Le plus grand
nombre des poissons répand ses œufs agglutinés par un muci-
lage qui les enveloppe, les attache aux pierres, aux plantes
aquati(iues, tantôt en groupes, tantôt en cordons ou en ré-
seaux, selon les espèces. »
La reproduction des poissons de mer semble donc n'avoir
été, jusqu'à nos jours, le sujet d'aucune recherche. Cependant
le naturaliste de l'antiquité, Aristote, rapporte, d'après le dire
des pêcheurs, que la Phycis, sorte de Cobie, fait un nid pour
déposer ses œufs. Pline fait la même citation. Olivi a décrit
aussi des Gobies de la Méditerranée qui construisent des nids
et gardent leurs œufs et leurs petits avec la plus grande
388 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
sollicitude. Nordmann (l), plus récemment encore, a fait
connaître le talent du Gohius comtructor, que l'on rencontre
dans la mer Noire. '
Les pêcheurs, mieux que personne, devraient donner des
renseignements certains sur la reproduction des poissons ;
mais, habitués à récolter sans avoir semé, ils croient à des
richesses inépuisaldes dont ils s'inquiètent peu de trouver
l'origine. La plupart n'ont jamais vu d'œut's de poissons. Ils
croient à la génération spontanée, au milieu des flots ou sur
le corps des autres animaux. C'est ainsi qu'un pécheur affir-
mait que les Soles, les Plies, les Turbots, naissaient à l'aisselle
des nageoires des Muges, et le prouvait en montrant, der-
rière les pectorales, de petits crustacés plats, analogues à
l'Argule, connu sous le nom àQ pouJr rEpinochc.
En général, cej)endant, on considère le printemps comme
l'époque de prédilection pour les pontes marines : du reste,
voyez le tableau ci- après, qui résume les assertions des
pécheurs recueillies par M. tierbe, lors d'un voyage sur les
côtes de la Méditerranée.
Dans certaines localités, les pécheurs affirment que les
poissons se reproduisent plusieurs fois dans l'année. C'est
une assertion à laquelle on ne doit ajouter qu'une faible
confiance, car l'erreur se glisse facilement dans l'esprit des
gens peu éclairés; cependant il faut en tenir compte pour
déterminer par de nouvelles observations quelle en est la
valeur.
Je n'ai donc trouvé partout (juc vague et inceititude, et je
me verrais ici réduit aux suppositions et aux probabilités, si
MM. Coste et Gerbe, (jui se sont dt'^à occupés de la question,
n'avaient recueilli des documents qu'ils ont bien voulu mettre
à ma disposition.
S'il est bien diilicile d'étabhr, d'une façon certaine, l'époque
de la ponte des poissons de mer, époque qui doit varier,
comme chez les espèces d'eau douce, suivant la température
et les influences extérieures, on peut toujours, en éludianl
(1) Riillffin de lArodémie des sciences de Sauil-f'ftcrslinurei, 187.. -. ■
>Li; I.KS PONTES DES FOISSON.S Ull MER. o89
l'évolution de l'ovaire, savoir quand l'œul' est apte à être
fécondé. C'est ce qu'ont tait les naturalistes que je viens de
citer. Le tableau suivant résume leurs travaux (1) :
Périodes r/r poutf des /xnssons de nia' désigiy's dfuis ce tableo,v, (*).
NOMS DKS 13SPÈCES. " OCÉAI^'. jlOis ce PONTE.
Plie franche [Pleuronecles plalessa, Lin.i Mars, avril mai.
Plie limande (Plalessa limanda, Cuv. ) Id,
Sole commune (So'tea vulgaris, Cuv.) Id,
Labre (Labnts bergylta.,Ascan.) Avril mai.
Créniiabre mélops {Crcnilabrns inelops, Cuv., Val.) Id.
Crénilabre massa {Crenilabrns massa, liisso) Id!
Belone aiguille [Belone acus, Cuv.j Ijj_
Blennie baveuse (ft/e/i/HMi- /j/(o/is. Lin.) Mai, juin.
Gobie blanc (Gobius niinutiis. Lin.) Jd
.Muge capito (Mugil capilo, Cuv.) (**) Id!
>IÊDlTERRit1\ÉE.
Merluclie ordinaire {Gadus mciiucius. Lin.), Mai, juin.
Daurade vulgaire {Sparus aurata. Lin.) Jd.
Blennie palmicorne {Blennius palmicornis. Lin.) Id!
Blennie galérite (ii/e/imws g.a/en7a, Lin.) Id!
Muge céphale (Mugil cephalus, Cuv.) (***) ! ! ! ! ! Id.
(*) Ces périodes n-exprimcnt pas des limites absolues, mais des épomies durant lesquelles les
espèces desii,'nees se reproduisent en plus grand nombre.
(**) En Hwi 1850, quel,iues sujets de cette espèce, pris au larcfe de la baie de Concarneau,
avaient, les uns les laites, les autres les œufs à malurité. Des fécondalions arlificielles ont été
faites sans résultat. Les poissons étaient pêcliés depuis six heures environ.
(■'-'■) Les sujets qui commencent i sortir des elan-s, des laiiunes, etc., vers !a fin d'août,
pour sauner la mer, ont les laites et les ovaires très-développés. Dans le mois de septembre on
trouve dc^a quelques sujets dont les œufs sont libres dans les pocbos qui représentent Toviducti.
L espèce se reprortuil donc à une époque différente du Miigil capito.
Il nous reste à traiter des conditions dans lesquelles les
poissons aiment à frayer, c'est-à-dire de la profondeur et de
(1) Il .serait important de répL-ler sur les espèces mariacs les expériences
que M. de Quatrctages a faites sur les poi.ssons d'eau douce, pour connaître
la plus ou moins grande vitalité des .spermatozoïdes {Jiinales des sciences
naturelles, Z" sér., t. XIX).
On devrait aussi rechercher les condilioiis qui inHuont sur la durée de la
vie des spermatozoïdes. D"aj)rès les travau.\ de M. de Qiiatrefages sur les
Ilermelles el lesTarets, la diminution de la salure de l'eau est favorable à la
vie des spermatozoïdes, tandis qui- ceu»ci meurent d'autant plus vite, que
l'eau dans laquelle ils sont plongés .s'approche plus (hi point de saturation.
\e serai!-ce pas là ce qui expliquerait Finslinct des espères marines à se
rapprocher des côtes à l'époque de la reproduction {Annules des sciences
naturelles, o'^ sér., l. XIII).
390 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION.
la nature du sol, ainsi que des corps sur lesquels les œufs sont
déposés.
Les profondeurs sont très-variables : chacun sait que les
Gobies et les Blennies fixent leurs œufs sous les pierres, et si
prés de la côte, que la mer, en se retirant, laisse souvent pres-
que à sec ces petits poissons placés en sentinelles vigilantes
auprès de leurs œufs, et tout disposés à mordre le doigt qui
oserait les toucher. A mesure que l'on avance dans la mer, on
rencontre des œufs d'espèces diverses. Ceux que j'ai placés
sous les yeux de la commission, et qui font partie des collections
du collège de France, provenaient de profondeurs bien diffé-
rentes. La commission se rappelle en avoir vu de forme
elliptique, disposés par groupes de six à dix sur des pieds de
Zostères. Ces végétaux avaient été arrachés dans la rade de
Toulon par A à 5 mètres de profondeur, à l'aide de la grap-
pette qui sert à prendre au foml de l'eau les Oursins, les
Vénus et les Huîtres.
Quant aux coquilles tapissées d'œufs, elles avaient été
recueillies par ZiO et 50 mètres de profondeur, les unes au
large, devant Cette, en avril 1861, cà l'aide d'un filet traîné
pendant cinq heures sur un fond de vase. (Juand la poche fut
hissée, elle pesait environ 1500 à 2000 kilos, et contenait des
poissons(Merlanscapelans ou Grenadiers (1), Soles, Scorpènes,
Rougets, Gobies, Blennies, Labres, des Mollusques céphalo-
podes (Sèches, Poulpes), des Actinies, des Ascidies coriaces et
composées, des Mollusques bivalves et desZûophytes. Le tout
était mélangé à un peu de vase liquide dans laquelle on trou-
vait les coquilles qui portaient les œufs. D'autres avaient été
ramassées au mois de mai 1861 par des dragues et des bateaux-
bœufs péchant dans le golfe de Lion, vers les Saintes-Mariés,
et sur un fond vaseux par 30 et 50 mètres de profondeur.
Dans ce même golfe, des coups de drague furent donnés
par un fond de 80 à 100 mètres, et, fait très-important pour
la topographie des pontes marines, ils n'ont rapporté que des
coquilles vivantes ou mortes, mais dépourvues d'œufs de
poissons.
(1) iNoiii vulgaire du Gadus minutus.
SUR LES PONTES DES POISSONS DE MER. 39l
Devant Agde, lo filel des I)ateaux-l)œurs, descendu à des
profondeurs de 90 à 100 mètres, avait donné le môme
résultat.
Les œufs recueillis par 30 et 50 mètres de profondeur
étaient généralement adhérents à des corps solides, tels que :
coquilles vides, roches, déhris de bois, et même de vieux
morceaux de cuir. Les coquilles appartenaient h des espèces
des genres Jambonneau et Huître. Les œufs y étaient disposés
régulièrement à la face interne , les uns à côté des autres et
en couche simple, ce qui implique qu'ils n'avaient pas été
déposés au hasard. Les deux valves, réunies quelquefois, et
légèrement écartées, indiquaient qu'elles n'avaient pu donner
accès qu'à des poissons de petite ou de moyenne taille, tandis
que d'autres valves isolées avaient pu recevoir la ponte de
poissons beaucoup plus gros.
Sur les Jambonneaux, ainsi que la commission a pu le con-
stater, on ne rencontrait guère que des œufs à peu près
sphériques, dont le volume se rapprochait de celui du grain
de mil, et dont la dispusilion régulière rappelait celle des
œufs du Bombyx JMot'i. Ge})endant, à l'état frais, il a été facile
de distinguer, par les couleurs qui variaient du rouge gro-
seille au jaune et au vert, quatre espèces d'œufs différents,
déposés souvent sur une même coquille. On peut, du reste,
encore aujourd'hui, aux diverses périodes d'évolution des
œufs, reconnaître sur une même valve l'existence de pontes
successives. Ici les embryons sont arrivés à leur dernière
période de développement ; là ils sont à peine visibles ; plus
loin la segmentation du vitehus commence.
En général, les œufs déposés sur les Huîtres, transparents
et de forme ovalaire, sont portés et fixés par un pédicule
mobile qui leur permet de flotter dans les liquides à la façon
des villosités choriales. Cette circonstance favorise sans doute,
dans ces espèces, le développement de l'embryon qui, au lieu
d'être enroulé sur sa vésicule ombilicale, comme dans les œufs
sphériques, est allongé dans l'axe de l'ovoïde et un peu replié
à son extrémité caudale.
On aurait pu croire que cette forme particulière de l'em-
SO*? SOCIÉTK IMPÉRIALE ZODLOinQUE d'aCCLIMATATION.
bryon servirait à déterminer l'espèce marine qui avait pondu
ces œufs ; mais cela n'a ('\é possible dans aucune circonstance,
même en étudiant avec soin les poissons pris dans les filets.
11 est aussi des œufs cjui sont libres et paraissent ne devoir
se fixer sur aucun corps, tels sont ceux des Plies. D'autres
sont agglutinés entre eux par petites masses que l'on trouve
quelquefois dans les fdets pêcbant à 30 ou liO mètres. On en
connaît enfin qui sont libres, mais dont la membrane vitelline
est munie de longs fdaments développés dans l'ovaire, à l'aide
desquels ils s'accrochent aux fucus. Ces œufs, d'une structure
si singulière, sont gros comme des pois de petite dimension ;
ils appartiennent à TOrphie ou Aiguille de mer.
A cette occasion, je dirai que des fécondations artificielles,
tentées à diverses reprises sur ces poissons, avec des laitances
et des o?ufs à parfaite maturité, dès l'arrivée du bateau pê-
cheur, mais alors C[ue déjà ces Orpliies étaient mortes depuis
quelques heures, n'ont donné aucun résultat; de même que
de semblables expériences laites sur des Muges dans des con-
ditions identiques.
Eniin, je terminerai l'étude des conditions dans lesquelles
pondent les poissons, en rappelant que si la plupart des
espèces abandonnent leurs œufs indifteremment dans tel ou
tel lieu, il en est d'autres qui ont la singulière industrie de
leur construire des nids. Les Gobies, dont nous avons déjà
parlé, n'auraient pas seids cet instinct : M. Gerbe l'accorde
aussi à deux Crénilabres, le Mnssn et le Mclups, qui, d'après
ses observations, se façonneraient un nid à l'aide de végétaux
consolidés par des débris de coijuilles.
RésiDiu'.. — De l'exposition des faits et des connaissances
qui précèdent, il résulte :
r (Jue la lécondalion artificielle n'est ajiplicablc qu'à un
certain niMulnc de poissons de mer.
2" Que le printemps est l'époque à laquelle les poissons
marins sont le plus généralement aptes à se reproduire. Toute-
SUR LES PONTES DES POISSONS DE MER. 393
: fois il (st CdJislan! que, vers la lin de Télé et le coinmencemeni.
de raiilomne , on rencontre des espèces chez lesquelles le^
organes de la reproduction sont trés-développés. Certains
poissons même, au dire des pêcheurs, pondraient en hiver.
3" Le plus grand nombre des pontes paraît se taire depuis
les plus petites profondeurs jusqu'à 50 mètres ; au dehà les
filets ramènent d'autant moins d'uHifs, qu'ils traînent plus
avant dans la mer.
/i" Les œufs des poissons de mer sont adhérents ou libres,
pondus par groupes ou isolés.
5" Les œufs ont été rencontrés surtout sur des fonds va-
seux, mais tixés en général sur des corps inertes et sur des
végétaux.
6° Les fécondations faites avec des œufs et des laitances
de poissons morts depuis quelques heures sont restées sans
résultat.
Conciusiom. — Comme conséquence de ces propositions
générales, j'ai cru devoir tirer les conclusions suivantes, que
j'ai l'honneur de soumettre à l'appréciation de la com-
mission :
1" Si la Société veut donner suite à ses projets de repeu-
plement des côtes par la fécondation arlilicielle, elle doit,
avant tout, choisir les espèces qu'elle entend multiplier.
"3" Elle doit iaire étudier les conditions dans lesquelles les
poissons aiment à déposer leurs œufs, et faire rechercher les
époques certaines de la reproduction des espèces précieuses.
•)" L'expérience ayant démontré (jue sur certains poissons
morts depuis quelques heures, la fécondation artificielle est
infructueuse ; il est urgent, pour le succès de l'entreprise,
d'opérer au moment on les poissons sortent des filets.
3P/J SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
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SUR LES PONTES DES POISSONS DE MER.
RAPPORT ;
SLIR LES VIPÈRES DE FRANCE
PAR
m. J. I.éon SOUBEIRAN.
Commission : MM. Drouyn de Lhuys, A. Passy, J. Cloquet, Debains, deCliasteignier,
Duniéril, Dupuis, Girou de Buzareingues, A. Petelin, Réveil, Rufz de Lavison,
comte de Sinétv et Soubeiran.
(Séance du 17 juillet 1863.)
Parmi les travaux de la Société d'acclimatation ont figuré à
plusieurs reprises, et notamment dans le cours de l'année
1859, des mémoires sur les moyens d'arriver à la destruction
des Serpents venimeux qui infestent quelques-unes de nos
colonies. Frappé de l'importance qu'il y aurait à obtenir
un semblable résultat dans notre pays, un de nos confrères
a appelé l'attention de la Société sur les services qu'elle ren-
drait en provoquant la destruction des Vipères, qui causent
en France, cluuiue année, un si grand nombre d'accidents.
Dans ce but, un Qiœsffomtaire, rédigé i)ar les soins d'une
commission spéciale, a été adressé à toutes les personnes qui,
par leur position ou jiar leurs (îtudes, pouvaient fournir les
documents nécessaires.
Si votre commission a tard(3 aussi longtemps à vous trans-
mettre le résultat de ces communications, cela tient à ce que
quelques-uns des documents qu'elle devait réunir ne lui sont
arrivés que fort tard, et qu'elle tenait à s'entourer de tous les
éléments propres ù asseoir son opinion.
DES VIPÈRES DE FRANCE. 397
Les Vipères, qui sont les seuls reptiles venimeux que nous
ayons en France, sont en général courtes et trapues. Leur
corps est cylindrique et un peu évasé vers la partie moyenne ;
sa longueur varie de 35 à 70 centimètres, selon les espèces,
les localités et les âges ; il est toujours couvert d'écaillés
entuilées et carénées, ce qui le distingue du corps des Cou-
leuvres : les écailles de la tête ne sont pas toujours carénées,
surtout pour la partie antérieure, qui, dans une espèce, ne
porte que quelques plaques. La queue, d'une longueur mé-
diocre, surtout chez les mâles, où elle n'a que le sixième ou
le huitième de la longueur totale, est suhitement atténuée
vers son extrémité et se termine brusquement en pointe ;
chez les femelles, en général plus grosses et plus longues que
les mâles, la queue est plus brusquement rétrécie et un peu
moins rectangulaire.
La tète plate et triangulaire des Vipères, due au peu de déve-
loppement des os de la face par rapport à celui du crâne, per-
met de distinguer ces animaux au premier coup d'œil ; mais
le caractère essentiel est dans la présence de crochets mobiles
et prolractiles avec les os maxillaires supérieurs qui les sup-
portent. On sait que ces crochets communiquent par un canal
avec le réservoir à venin , et que derrière eux il y a les
germes plus ou moins développés d'autres crochets destinés
à remplacer plus tard les premiers, dans le cas où ils seraient
brisés ou arrachés.
On distingue en France trois espèces de Vipères, qu'on peut
désigner ainsi :
/de plaques sur la partie supérieure et uaté-
\ rieure Vipera pelius.
fête, couverte /comme tronqué. Vipera uspls.
(,,..„ , , ., I proloniré eu une
Id écailles partout. Museau-' ' . " „
^ I pomle molle ,
\ écailleuse.. . . Vipera ammodytea.
Vipera asjj/.^, L. ( Vipera prester, Schlegel).— La tête, plate
et à museau tronqué, est couverte d'écaillés fortement élargies
en arrière : celles qui couvrent les tempes, le pourtour des
narines, le devant du museau et la partie antérieure lalé-
398 SOCIÉTÉ IMPÉRIAL!-; ZOOLOGIQIJE u'ACCJ>1MATAT10N.
ralc de la lèle, se distingueiil de celles de l'occiput et du
reste du corps, parce qu'elles ne sont pas carénées. Les scu-
telles abdominales varient de IZiO à 155, et les paires d'uro-
stéges (plaques caudales) de 33 à 46. Un cou étroit sépare la
tête du corps, qui est l'usiforme, un peu arrondi et caréné.
La couleur générale du corps est gris cendré ou noirâtre,
avec une bande dorsale noire, flexueuse, continue, ou formée
de tacbes contiguës, distinctes, arrondies ou rbomboidales ;
le dessous du corps est de couleur variable, gris d'acier ou
rougeàtre, avec des taclies blancbes irrégulières. Les diffé-
rences presque infmies de couleur et de robe que présente
cette espèce ont été signalées dans un grand nombre de dé-
partements (Pyrénées, Haute-Garonne, Lot, Vendée, Loire-
Inférieure, Vosges, Doubs, Ain, Savoie, etc.) : elles ont ftiit
donner des noms différents par les campagnards et même par
des naturalistes à des individus de celte espèce qu'on a voulu
distinguer en se basant sur des variations qui peuvent tenir à
l'càge, au sexe, à la localité. (M. V. Tixier, de Gannat, a surpris
dans l'accouplement deux Vipères, l'une grise, l'autre ronge,
et dans la Lozère on a observé que les Vipères des terrains
calcaires sont généralement roussàtres, tandis que celles des
terrains schisteux et basaltiques sont grises.) Quelle que soit
la valeur qu'il faudrait accorder en zoologie à ces caractères,
il est bon de noter que quelques observateurs ont remarqué,
dans les mœurs de ces reptiles, des différences qui sembleraient
concorder avec la différence de robe : c'est ainsi que dans le
Doubs on a vu que les Vipères rouges sont plus vives et plus
disposées à attaquer, tandis que les grises sont plus molles et
ne font guère que se défendre (Monnol).
La Vipera aspis se rencontre dans un grand nombre de
départements, mais généralement elle est plus fréquente dans
les parties méridionales de la France que vers le nord : sa
limite septentrionale parait être Rouen, les bois de la forêt
d'Eu, le Galvados; mais généralement elle ne se rencontre
guère avec quelque abondance au-dessus de Paris, de Mcudon,
Montmorency et Fontainebleau. Les départements où elle a
été indiquée, dans les réponses adressées à la Société, sont
DES VIPÈRES J)E FRANCE. 'M)f)
ceux des Pyrénées, Ilaiilc-Garnnne, Hérault (dans la pailic
montagneuse), Ardéchc, Lozère, Cantal, Creuse, Lot, Lot-et-
Garonne, Tarn-et-Garonne, Deux-Sèvres, Vienne, Vendée,
Loire-Inférieure, Morbihan, lUe-et-Vilaine, Sarthe, Eure-et-
Loir, Seine- et-Oise, Oise, Seine-Inférieure, Seine-et-Marne,
Yonne, Côte-d'Or, Haute-Marne, Jura, Doubs, Vosges, Allier,
Hautes-Alpes, Savoie, Haute-Savoie, et Alpes-Maritimes.
Vipempelias,L. (Vipera bcrus, Merrem).— Latête, un peu
convexe, est couverte, à sa partie antérieure seulement, de
petits écussons plans ou très-légèrement concaves, dont un
central, polygone, est plus développé. Le corps est allongé,
sans rétrécissement marqué à la nurjue. Une ligne foncée ou
noire, de teinte très-variable, flexueuse, s'étend sur toute la
longueur du corps : cette bande, plus ou moins interrompue
et pouvant manquer quelquefois, est légèrement relevée vers
la ligne médiane. Le fond de la couleur du corps varie du oris
pâle à l'acier bruni ; elle se teinte quelquefois de jaune, de
rouille, de rougeàtre, de brun vordàtre : les variétés presque
inlinies de coloration que présente la Péliade ont permis de
créer un bon nombre d'espèces douteuses, dont nous n'avons
pas à nous occuper ici. Les sculelles abdominales varient do
\hh à 156, et les paires de plaques sous-caudales de 28 à AS.
La Vipera pelias, qui remonte beaucoup plus vers le nord
que la Vipern aspis, puisqu'on la retrouve jusqu'en Sibérie,
devient beaucoup plus rare quand on descend vers le midi, et
ne se rencontre guère au delà du nord de l'Italie. Elle manque
en Espagne (Graells), mais elle se trouve dans les Pyrénées,
Haute-Garonne, Ardèche, Lozère, Cantal, Creuse, Lot, Dor-
dogne, Vendée, Vienne, Loire-Inférieure, Bretagne, Maine-
et-Loire, Sarthe, Calvados, Oise, Seine-et-Oise, Somme, Pas-
de-Calais, Yonne, Seine-et-Marne, Vosges, Doubs, Jura, Meuse,
et Savoie.
Dans plusieurs départements, où on la rencontre en même
temps (jue la Vipera aspis, elle y est moins commune (Sarthe,
Ille-et- Vilaine, Vendée, Cantal, Doubs, Jura), tandis qu'au
contraire elles sont plus communes dans l' Vomie. Les mon-
tagnes des Ccvennes, dans la Lozère, présentent des Vipera
AOO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLUGIQUE DACCLIMATATION.
pelias et aspis , laiidis que dans le reste du département on
ne trouve que des Vipera aspis. La diiTérence des terrains
pourrait peut-être influer sur cette différence de station , et
nous serions disposés à le croire, si nous nous en rapportions
seulement à nos observations personnelles, car sur les terrains
anciens, volcaniques, granitiques ou schisteux (Canigou, Yiso,
Puy-de-Dôme, Aubusson), nous n'avons jamais rencontré que
des Vipera aspis, tandis que dans les terrains calcaires (1)
seulement nous avons recueilli des Péliades en même temps
que des Aspics ; mais M. Viaud-Grandmarais nous a signalé
que dans la Vendée et la Loire-Intérieure, où l'Aspic se trouve
presque partout, la Péliade ne se rencontre que sur des
terrains primitifs ou de transition, et n'a jamais été trouvée
dans le vaste calcaire du marais méridional de la Vendée,
et ces observations doivent nous rendre très-circonspects
dans renonciation de l'opinion que nous avions l'ormulée
d'abord.
Très-facile à confondre au premier abord avec la Vipera
aspis, la Vipera pelias s'en distingue par les plaques de sa
tête, moins déprimée et aplatie ; }(ar l'absence d'écaillés acu-
minées , les écailles carénées commençant immédiatement
après les grandes plaques ; par son coips plus mou à l'état
vivant (Thomas). Mais cette distinction n'offre que peu d'in-
térêt pour nous au point de vue qui nous occupe, caries deux
espèces paraissent à peu près aussi dangereuses l'une que
l'autre, ou du moins les avis sont partagés : car les uns pensent
que la Péliade est moins dangereuse, fuit moins vite, et
s'éloigne moins de son repaire (Creuse), tandis que d'autres,
au contraire, la signalent comme plus agile, plus irascible, el
partant plus dangereuse iThomas).
Vipera anniujdi/tes,h. — Le museau prolongé en une verrue
conique, molle et couverte de petites écailles; la tête large,
(1) Dans les enviions de ]Nogent-le-I\oi (Hante-Marne) la Vipera pelias
abonde sur un escar])einent ealcaire (Martin) ; d'autre part, M. Lerejjoullet,
rjui pense ((ue la nature du terrain a une si"ande importance sur la présence
de CCS animaux, croit t|u"ils alleclionnent spécialenienl les calcaires, et surtout
les calcaires jurassiques. . ,
DES VIPÈRES DE FRANCE. /JOJ
triangulaire, séparée par un cou assez net du corps, cpii est à
demi arrondi, distinguent facilement celte Vipère, qui, comme
les deux autres espèces, olfre une variélé extrême pour sa
taille et pour sa couleur. La leinte générale du corps varie du
gris cendré clair au jaune ferrugineux, et les nuances des
taches irrégulières qui forment luic bande dorsale, lïexueusc
et assez large , varient presque chez chaque individu. Les
plaques abdominales varient de t/j2 à 152, et les paires de
plaques sous-caudales de '28 à 3().
Celte Vipère, que l'on a indiquée dans le sud-est de la
PYance, est extrêmement rare en France, et se rencontre
plutôt dans les conirées méditerranéennes de l'Europe méri-
dionale, en Italie, en Sicile, en Grèce, en Dalmalie et en
Espagne (Graells).
Si les Vipères sont extrêmement nombreuses dans certaines
parties de la France (Vendée, Loire-Inférieure, Loi, Haute-
Marne, Côle-d'Orj, il est d'autres départements où elles sont
rares et ne se rencontrent qu'accidentellement [Meuse, Vosges,
Bouches-du-Rhône,Gorrèze, Oise (on afïirme qu'elles ont pres-
que disparu des environs de Clermont depuis l'époque où la
vigne a cessé d'y fructiher), Somme, aux environs d'Amiens et
de Doullens seulement]. Elles manquent même complètement
dans les départements du Nord, de la Haule-Saone (arrondis-
sement de Lure), el dans le Bas-Uhin elle Ilaul-Khin (Lere-
boullet). On croit que peut-être il en existe sur le terrain juras-
sique sandgovien, près de Ferrette (Bardy). Il est curieux de
signaler la tentative faite vers 1752 par Carlhan, médecin-
pharmacien, qui dirigeait l'hùpilal de Sainte-Barbe, à Belfort,
et qui, faisant grand usage de Vipères, tenta à plusieurs
reprises d'acclimater ces repliles dans une propriété que le
génie mihtaire a achetée depuis pour la construction du fort
de la Justice : c'était un jardin situé dans un vallon dont la
partie supérieure est coui'onnée de rochers, dont les tètes de
bancs regardent le nord-ouest; mais toutes ses tentatives
échouèrent, peut-être par suite de la température froide du
pays (Bardy, Parisot).
Les Vipères se renconlreiil surtout dans les endroits peu
T. X. — Juillet i8G:î. 26
llO'l SOCIÉTÉ IMPÉUIALIÎ ZUOLUGIQLE d'acCLIM.VTATION.
fréquentés, tels que bruyères, friches, rocailles, à la condi-
tion qu'ils soient bien exposés au soleil ; on les trouve aussi
clans les bois, pourvu qu'ils no soient pas trop touiïus, et
('énéralement sur le bord des chemins et des clairières,
plutôt que dans le milieu des fourrés : elles sont assez fré-
quentes le long des haies, dans les amas de pierres, au milieu
des vignes (miirgers du Jura), dans les moissons, où elles se
cachent sous les javelles et où elles sont attirées par les rats,
auxquels elles viennent faire la chasse. Souvent elles s'intro-
duisent dans les fagots, et c'est là une cause fréquente d'acci-
dents. La I7/J(?rrt </.s/)/.s- paraît préférer les endroits secs, pier-
reux et sablonneux, tandis qu'au contraire la Vipera pelias
semble se plaire davantage dans les bois frais et au voisinage
des eaux (Graells).
Quelquefois on rencontre les Vipères dans des buissons peu
élevés, tels que des genêts, les rhododendrons; mais cepen-
dant il paraît que le fait est rare, au moins dans certains pays,
car il n'a pas été indiqué dans un grand nombre de réponses
au Questionnaire, ijuant à ce qui est de la Vipera nmmodijlca,
il est constant «prcllc grimpe froMjuenmient dans bîs arbres
même assez élevés.
La Vipère va quelquefois à l'eau, surtout la Péliade, qui
na^e assez bien ; mais il semljlc que l'Aspic ait une certaine
répulsion pour ce liquide, d'où il cherche à sortir dès qu'il y est
tombé (Puel, Martius).
Elle pénètre quelquefois dans les maisons, surtout dans les
laiteries et bergeries (Haute-Marne), dans les fournils (Lot),
où elle est attirée par la chaleur; mais le plus ordinairement
elle est introduite dans les habitations avec les fagots dans
lesquels elle s'était réfugiée (Côte-d'Or,Vienne,Rhône,Yonne).
C'est au premier printemps que les Vipères sortent de leur
torpeur; et, dès que les gelées blanches ont cessé, dès que les
premiers rayons du soleil ont commencé à réchauffer l'atmos-
|)hére, elles quittent leurs retraites et apparaissent au dehors :
l'époque de leur sortie, variable avec la température, oscille
ordinairement de la mi-mars à la lin d'avril (Pyrénées, Ain,
Hérault, Lu/ère, Lnt, Ardèche, Vienne, Maine et-L(.ire, Haute-
DKS VlPÈllES DE FRANCE. /i03
Marne, Vosges, Doubs, Cole-irOr). Les Vipères sonl en général
les premiers rei)tiles à S(3rlir, comme ils sont les derniers à
rentrer lorsque les froids arrivent : elles disparaissent en
général vers l'automne, de la fin de septembre (p]ure, Vienne,
Maine-et-Loire, Vosges, Doubs, Allier) à la fin de novembre
(Yonne); cependant on les rencontre quelquefois pendant
l'biver, quand la saison est douce (Fontainebleau), mais ce
n'est qu'exceptionnellement.
Les Vipères, qui se tiennent toujours à proximité de leur
retraite, excepté vers le milieu de la belle saison, se rencon-
trent vers le milieu du jour, de dix à quatre heures environ
(Cantal, AUiei') ; mais de même qu'elles craignnt le froid et ne
sortent pas si la température s'est refroidie, elles redoutent
l'extrême clialeur, et se rencontrent moins souvent pendant les
mois de juillet et d'août qu'en avril, mai et juin, et qu'en
septembre et octobre (Loir-et-Cher, Oise, Vosges, Espagne).
Les heures auxquelles les Vipères sortent varient avec la
saison; mais, généralement le matin, elles ne se montrent
guère que quand la rosée a disparu, et même les paysannes
de Maine-et-Loire mettent à profit cette particularité j)onr
[(lire l'herbe de leurs bestiaux dès le premier matin (Béraud),
de même que les fabricants de balais du Lot ne récoltent leurs
plantes que de très-bonne heure (Puel). Elles restent souvent
tapies pendant le milieu du jour, au moment des plus fortes
chaleurs, et reparaissent vers le soir pour ne plus rentrer
qu'au moment du serein (Doubs, Y(mne, Lot, Ahier, Pyré-
nées).
Les Vipères sont-elles des animaux nocturnes? Beaucoup
de naturalistes, se basant sur l'existence chez elles d'une pupille
linéaire , qui est caractéristique des animaux nocturnes, et
sur leur plus grande fréquence lorsque l'orage menace, ré-
pondent affirmativement; mais quand on prête attention aux
circonstances dans lesquelles on les trouve, tout au plus serait-
on autorisé à les considérer comme crépusculaires, car c'est
surtout le jour qu'on les aperçoit. Les chiens qui vont chasser'
la nuit ne sont presfjue jamais blessés, au contraire des chiens
qui chassent le jour (Alliera : cependant on a cité l'exemple
hOh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIMATATION.
d'un pê(jlie-ui' mordu la nuit (Semur); mais les conditions de
température et d'éleclricilé de cette ol)servation n'ont pas été
assez nettement précisées pour qu'elle ait toute sa valeur.
Lorsque la saison froide arrive, les Vipères se retirent dans
des excavations souterraines et sèches (Vienne, Hérault), quel-
quefois sous la mousse (Lot, Illo-et-Vilaine), dans des troncs
cariés (Lozère, Creuse) , d'autres fuis sous des souches (Ven-
dée, IlIe-et-Vilaine), dans des fagots (Lot, lUe-et-Vilaine), et
y passent cinq à six mois dans un véritable état d'hihernation.
Quelquefois isolées (Pyrénées, Meuse, Savoie, Ardèche) , le
plus souvent plusieurs se réfugient dans un même trou, où on
les trouve entrelacées et entortillées en une seule masse (Côte-
d'Or, Vienne, Creuse, Allier, Espagne).
Exclusivement carnivores , et n'acceptant qu'une proie
vivante, les Vipères recherchent, pour s'en nourrir, les petits
mammifères, tels que les taupes (Wyder), les mulots, les rats,
les souris, les musaraignes et les campagnols, ainsi qu'on a pu
s'en assurer en examinant le contenu de l'estomac de quelques-
uns de ces reptiles ; fréquemment aussi elles se nourrissent
de lézards, d'orvels, de crapauds, de grenouilles, et même
quelquefois de salaiuandres; on assure aussi qu'elles mangent
quelquefois des poissons (Haute-Garonne, Allier). Mais lors-
que des animaux plus gros leur font défaut, elles se rejettent
sur les insectes, et principalement sur les coléoptères, dont
leur tube digestif renferme toujours de nombreux débris, et
il paraît même que, dans leur jeune âge, elles se nourrissent
presque exclusivement de ces animaux. Certains observateurs
disent qu'elles mangent des mollusques et des lombrics (Lozère,
Doubs, Oise) ; mais ce fait n'est admis qu'avec doute par d'au-
tres personnes (Vienne, Ardèche), et est même contesté par
d'autres (Pyrénées).
Un dissentiment aussi grand règne parmi les observateurs,
quant au nombre des animaux nuisibles qu'elles peuvent
détruire ; car les uns pensent qu'elles en tuent un grand nondire
(Hérault), tandis que d'autres croient qu'elles en prennent
très-peu (Allier), et que d'autres enfin nient complètement
le fait. La lenteur de la digestion des Vipères permet de croire
DES VIPKISES DE FRANCE. /j05
qu'ello^^ no peuviMil jjas (iiMniire un graml uoiiilirc. d'animanK
pendaiU la saison où elles sonl sorties.
Le fait de la dcstriiclion d'oiseaux par les Vipères est réel,
au rapport du plus grand nombre des observateurs, et ce sont
surtout les jeunescouvées, et jirincipalenient celles des espèces
(|ui niellent à terre ou lrès-|)rès du sol, ({ui sont les victimes
de la voracité de ces reptiles (Pyrénées, Lozère, Savoie, Rhône,
ILiute-Marnc, Oise, Vendée, Bretagne). Cependant, si le plus
souvent ce sont de jeunes oiseaux (M. Puel a trouvé trois jeunes
cailles dans l'estomac d'une Vipère) qui sont la proie des
Vipères, quelquefois aussi ce sonl des oiseaux adultes (ma-
dame Passy), et d'aprèsles observations de M. Graells, la Vipère
ammodyte, qui grimpe facilement dans les arbres, préfère de
beaucoup les jeunes oiseaux aux mammifères, et renferme
quelquefois dans son estomac jusqu'à quatre ou cincj passe-
reaux.
Les Vipères ont un naturel sauvage et irascible, et bien que
le plus ordinairement elles cherchent à fuir lorsque l'homme
les approche, cependant, dans quelques circonstances, elles
se lancent sur lui et le poursuivent plus ou moins loin : plu-
sieurs faits à l'appui de cette opinion ont été indiqués dans les
réponses au Questionnaire, et, parmi ceux-ci, nous rappelle-
rons ceux de M. Thomas (Loire-Inlèrieui'e), qui nous a adressé
un important mémoire sur ces reptiles. 11 n'est donc pas éton-
nant que des accidents résultant de la piqûre de la Vipère aient
été observés sur l'honmie et sur les animaux, et, parmi ces
derniers, principalement sur les chiens. Les animaux que l'on
mène paître dans les bois sont quelquefois mordus par les
Vipères: mais si ce sont des chevaux, des ânes, des mulets et
des vaches, généralement la guérison se fait au bout de quel-
ques jours, et les phénomènes se bornent à un peu d'en-
ilure ctà de la gônedans les mouvements; cependant lagravité
dépend beaucoup du point qui a été blessé, et les accidents
peuvent oITrir unecerlainc gravité quand la piqûre a été faite
au nez et aux lèvres (Pyrénées, Lozère, Haute-Marne, Jura,
Creuse, Savoie, etc.). On croit, dans quelques pays, que les
vaches qui ont été piquées à la tétine donnent pendant plu-
ZiOG SOCIÉTÉ IMPÉr.IALK ZOOI.Or.lQTlE D'AflCLIMATATinN.
sieurs jours un kiil lourd el sanguiuolcnl (Jur.i) ; cldans beau-
coup (le localités, on attribue, sans bonnes preuves, bon
nombre d'affections des mamelles à la piqûre des Vipères, et
à ce que ces reptiles ont tetc les bestiaux (Ardèche). Si les
animaux d'un certain volume ne se ressentent ordinairement
que très-peu des suites de la piqûre des Vipères, il n'en est
pas de même des cbèvres et des moutons, qui, si des soins ju-
dicieux n'ont pas été administrés en temps utile (Savoie, Lo-
zère, Creuse, Hérault), sont gravement atteints, et succombent
après avoir offert surtout les symptômes d'une inflammation
de la base de la langue, qui menace de les étouffer (Graells).
Les chiens, qui sont assez fréquemment piqués par les
Vipères, surtout à la chasse, éprouvent souvent dos accidents
très-graves, et meurent môme sous l'inlluence du venin, surtout
s'ils ont été piqués au nez ou à la langue. Au moment de la
blessure, ils poussent des cris aigus, bavent beaucoup, el
fuient en tournant sur eux-mêmes : bientôt un gonflement
considérable se manifeste autour du point blessé, et s'étend
rapidement à tout le membre; les animaux tombent à terre
sans pouvoir faire un mouvement, et les chasseurs sont sou-
vent obligés de les rapporter (Puel). Si un traitement rationnel
a été enqjloyé en temps utile, les chiens reviennent au bout de
peu de temps à eux ; mais ils conservent pendant plus ou moins
longtemps une tristesse prononcée (Sarthe), etpresquetoujours
il leur reste une faiblesse extrême, et des troubles de la vision
et de l'ouïe qui peuvent les rendre impropres à la chasse. On
a remarqué que les chiens qui avaient été piqués plusieurs fois
étaient pris d'enflure à chaque accident, mais que les autres
symptômes étaient d'autant moins marqués et moins persis-
tants qu'ils avaient été déjà atteints un plus grand nombre de
fois (Sarthe, Vendée). Un fait très-curieux, que nous aurons
à rapprocher de phénomènes observés sur l'iiomme, nous a
été conuuuniqué par M. Georges Villers (Calvados), qui a
observé chez des chiens piqués par des Vipères une enflure
se reproduisant pendant deux ou trois années, et à des épo-
ques concordant avec celles de la piqûre.
Lorsque l'homme est piqué par une Vipère, il apparaît en
ItRS VIPÈRES ni'] FRAN(:E. /|07
](ii plasieurs pliciiumènes successils qiic [\n\ peut ranger on
trois catégories : phénomènes qui accompagnent la piqûre,
phénomènes locaux qui la suivent, et phénomènes généraux
qui en résultent. Tous ne se présentent pas chez un même
malade, et (juelques-uns sont très-rares, tandis que d'autres
ne manquent jamais ou presque jamais.
Parmi les phénomènes qui accompagnent la piqûre, le pre-
mier indiqué, la première impression ressentie par le malade,
est une douleur aiguë dans toute la partie blessée : instantanée,
et semblable à un trait de feu qui irradie dans tout le membre,
elle est queUiuelbis à peine sensible et tellement atténuée, que
le malade ne s'en rend pas compte ; limitée quelquefois au
membre blessé, parfois elle se fait sentir dans toute la moitié
correspondante du corps.
Très-rarement, au moment même de la piqûre, le malade
est pris d'une si/ncope immédiate.
Le point blessé ne laisse (jue trcs-dilïicilement apercevoir
la trace des crochets, et quelquefois même elle échappe aux
recherches, ce qui se comprend facilement quand on songe
que la plaie, formée par un corps très-acéré, se fait dans la
peau, et que, par suite, la rétraction doit diminuer de beau-
coup rétendue transversale déjà très-minime de la plaie. Assez
souvent, heureusement, un léger écoulement sanguin, borné
ù quelques gouttelettes, ou parfois assez notable, vient poindre
sur la trace des crochets, cl })ermet de retrouver les points
lésés; mais bien souvent aussi il manque, ou les frottements
font dis}>araître le léger suintement primitif, qui ne se repro-
duit plus. La trace doit être recherchée avec soin, car elle
permet de distinguer si l'animal était venimeux ou non. \},ne
Couleuvre, par sa morsure, formera deux lignes courbes de
pi(|ûres dont la concavité se regardera; pour une Vipère, les
crochets formeront sur le côté de la ligne de la mâchoire
supérieure, deux piqûres beaucoup plus marquées que celles
qui sont faites par les autres dents.
Le premier des phénomènes locaux consécutifs à la piqûre
de la Vipère, et qui ne manque presque jamais, est la tumé-
faction ou (/onflemeiit du membre blessé. Instantanée, ou ne
/i08 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'ACCLIMATATION.
se montranl que plus ou moins longtemps après l'accident,
rapide ou très-lente, elle va en augmentant progressivement,
au point de distendre énormément le membre; elle gagne de
proche en proche les organes, et finit par envahir quelquefois
la moitié du corps. Quelquefois la tuméfaction diminue quand
les autres symptômes augmentent d'intensité, mais le plus
ordinairement elle va en progressant.
En même temps que le membre se tuméfie, il se manifeste
une aréole inllammatoire autour de la piqûre, tantôt à peine
visible, et tantôt très-apparente. Quant à Y engourdissement
dont quelques malades se plaignent, il paraît devoir être rap-
porté à la distension du membre, de même (\\\ç. \(i^ douleurs
vives, lancinantes et persistantes accusées par quelques per-
sonnes.
Le membre, en même temps qu'il se tuméfie et est le siège
de douleurs plus ou moins vives, prend une couleur rouge,
comme ecchymosée, livide et marbrée ou violacée ; mais cette
coloration ne se manifeste généralement que quelque temps
après l'accident, le lendemain ou dix-huit heures après; la
douleur et la coloration, qui suivent quelquefois une marche
déterminée, et dans quelques cas non, semblent le plus ordi-
nairement suivre la direction des vaisseaux veineux et lym-
phatiques (Raimberti.
Quelquefois on voit apparaître sur le membre des phli/c-
tènes disposées tout autour du point piqué, et formant une
couronne qui, chez quehpies malades, s'élargit de plus en plus
(Raimbert, Graells) : ces idilyctènes, dont l'apiiarilion peut
avoir ét(' empêchée par l'emploi assez prompt du traitement,
ont été attribuées à l'agent thérapeutique par le professeur
Gerdy.
Chez quelques malades, la peau est frappée de ganyrène
autour du point blessé, mais cette mortification, qui peut
s'étendre aux parties sous-jacentes, est très-rare et peut être
attri!)uée, avec quelque raison, au mode de traitement.
I.es phénomènes généraux qui résultent de la piqi^ire de la
Vipère, et qui ont, à bon droit, éveillé la sollicitude des méde-
cins, peuvent manquer (pielquefois (Raimbert), mais presque
DES VIPÈRES DE FRANCE. /l09
jamais ils ne font défaut. Parmi eux, ceux qui se développent
les premiers sont les angoisses très-vives, auxquelles se joi-
gnent des si/ncopes plus ou moins fréquentes (Veyrines,
Graells). Presque tous les malades éprouvent de la dyspnée,
qui se traduit par un simple malaise chez quelques-uns, tan-
dis que chez d'autres la parole est haletante et entrecoupée.
La peau quelquefois se couvre de sueurs froides très-ahon-
dantes et comme visqueuses (Graells), et déterminant un cer-
tain soulagement. Le pouls devient petit (Graells), intermit-
tent, irrégulier et môme presque insensible. Enfin, chez
quelques malades, on remarque des mouvements convulsifs
prononcés.
La vue perd parfois de sa netteté (Veyrines, Scoutetten), et
assez souvent les malades se plaignent d'éblouissemenls (Puel).
Si l'aftection consécutive à la piqûre prend de la gravité, les
malades peuvent être pris de délire (Puelj, de trouble des
fonctions intellectuelles, mais le plus souvent ce symptôme
manque, et tout au plus y a-t-il de légères rêvasseries, de
l'assoupissement, qui ôte en partie au patient le senliment de
ce qui se passe autour de lui. Une .vo//'assez vive (Veyrines,
Graells) peut se faire sentir ; mais quelquefois le malade ne peut
rien garder, et des vomissements bilieux et fréquents débarras-
sentl'estomac des matières qu'il conlient(Graells, Puel). Quand
les vomissements manquent, il y a tout au moins des nausées
(Veyrines, Puel); et quand ils existent ou même quand ils
n'ont pas Heu, le corps prend une teinte jaunâtre comme dans
Victére (Veyrines), ce qui fait que le malade a tout à fait l'aspect
d'un fiévreux (Graells). Les malades enfin ont des déjections co-
pieuses, diarrhéiques et quelquefois involontaires (Gelly), plus
rarement elles sont suspendues, ainsi que la sécrétion urinaire.
Généralement tout se borne aux phénomènes que nous
venons d'indiquer, et qui disparaissent d'autant plus vite
qu'on a eu recours à un traitement plus rationnel et plus
rapide; mais il n'en est pas toujours ainsi, l'affection prend
un degré beaucoup plus grand de gravité et se termine par
la mort. Dans ce cas la plaie laisse en général suinter un
liquide sanieux et fétide.
/rIO SOCIKTK IMPÉniALR ZOOLOGIOUK d'aCCLIMATATION.
11 est extrêmement dilïicile de pouvoir indiquer même
approximativement la proportion des malades qui ont suc-
combé par rapport au nombre des blessés, et il est à regretter
que nulle part , malgré la difliculté que présente ce travail,
on n'ait cherché <à établir une statistique exacte des accidents
causés par les Vipères.
Dans quelques pays on semble attribuer très-peu de gravité
aux suites de la piqûre de la Vipère ; dans d'autres, au con-
traire, on lui attribue les plus laclieux résultats. Pour pou-
voir donner raison aux défenseurs de l'une et de l'autre
opinion, il faudrait que dans les divers faits publiés, on eût
noté avec soin toutes les circonstances qui pouvaient rendre
plus facile la comparaison, et, comme on sait, les causes de
la gravité du pronostic peuvent appartenir à l'animal qui a
piqué, ou être inhérentes au malade, et par conséquent il faut
tenir compte de l'inlluence heureuse et fâcheuse des diverses
conditions où pouvaient se trouver la Vipère ou le malade.
Il n'est pas nécessaire de faire remarquer que si plusieurs
Vipères avaient piqué une même personne, les symptômes
seraient de beaucoup plus graves , mais c'est là un accident
extrêmement rare , et dont nous ne connaissons aucune
observation. Si un même animal a piqué à plusieurs reprises,
les symptômes sont plus alarmants chez le malade ; mais si
plusieurs personnes ont été successivement piquées, le danger
sera d'autant moindre qu'il y aura eu auparavant un plus
grand nombre de piqûres. Il n'est pas indifférent d'être piqué
par une Vipère de telle ou telle espèce, car il semble démon-
tré (]ue chez quelques-unes le venin a une activité plus
grande que chez d'autres : la Vipère ammodyte l'emporte de
beaucoup sur TAspic et la Péliade ; mais les assertions qui
sont émises sur le plus ou moins de danger des variétés
rouges, grises ou noires des Vipères ne sont pas basées sur
un nombre suffisant d'expériences ou d'observations, pour
qu'on puisse rien affirmer. Le volume de l'animal doit être
pris en considération pour le pronostic. Mais ce qui serait
le plus important, ce serait de savoir si l'animal avait lait usage
de son venin depuis i»lus ou moins longtemps; car le venin
DES VIPÈRES DE FRANCE. ÛH
ne se reroniiaut qu'avec IciUeur dans les vésicules, le danger
sera moindre si peu de temps s'est écoulé depuis la dernière
piqûre, et c'est à l'accumulation du venin dans les vésicules
pendant toute la période d'hiver, pendant laquelle l'animal
engourdi n'a pas fait usage de ses crochets, qu'on doit attri-
buer l'aggravation de la maladie à la suite de piqûres faites
au printemps, par rapport à celles faites dans d'autres saisons
(Thinus, Texier, Puel, madame Passy). D'autres observateurs
pensent au conlraii'e que c'est pendant les chaleurs de l'été et
au moment de l'accouplement que la blessure de la Vipère
est le plus redoutable (Aveyron, Isère, Haute-Savoie), mais
tous s'accordent pour ne trouver (ju'une gravité moindre aux
blessures faites pendant la saison froide, l'animal étant en tor-
peur, moins disposé à mordre, et n'ayant pas encore, le plus
souvent, achevé sa leute digestion.
En général, on doit avoir moins de craintes sur les suites
de la piqûre dans un pays à température peu élevée que dans
une contrée chaude ; il est bon aussi de tenir compte de l'état
électrique de l'atmosphère, car les Vipères alors sont plus
irritables et beaucoup plus disposées à mordre.
Si nous passons au malade, nous verrons que l'âge a une
influence incontestable et qui n'a pas besoin d'être expliquée
en raison de la différence dans la résistance aux divers agents
et dans l'activité de l'absorption. Le sexe n'a pas une grande
importance, si ce n'est dans la différence de force qui existe
ordinairement entre l'homme et la femme. Le tempérament
du malade doit être pris en sérieuse considération, et il est
admis généralement que les individus à tempérament lympha-
tique et nerveux (madame Passy), et surtout ceux qui sont dis-
posés aux affections hystériques, sont plus vivement impres-
sionnés par le venin de la Vipère, toutes autres circonstances
étant égales d'ailleurs. L'état de pléthore ou de vacuité des
organes digestifs ne paraît pas avoir une influence notable. Le
point qui a été blessé doit être spéciiié avec soin: car si le
membre est petit, les dents s'y seront enfoncées profondé-
ment ; s'il est volumineux, au contraire, elles n'auront fait
qu'égraligner superficiellement, et de là des différences no-
/il 2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniQUE d'aCCLIMATATION.
tables clans l'inlensité des accidents. L'imagination enfin exerce
aussi une influence marquée, et les faits ne manfjuent pas
pour prouver la réalité du rôle qu'elle peut jouer dans la ter-
minaison de la maladie.
Lorsque les accidents primitifs de la piqûre de la Vipère
se sont évanouis, il se présente quelquefois des phénomènes
postérieurs que l'on a considérés comme étant la suite de celte
inoculation du venin : on ne peut certainement pas nier qu'il
n'en soit ainsi, mais jusqu'à ce jour un trop petit nombre
d'observations a été recueilli pour permettre de faire un
tableau exact des diverses affections qui peuvent être le
résultat de la piqi^u'c des Vipères.
Cependant il nous paraît utile d'appeler l'attention sur
divers faits qui ont été signalés par plusieurs observateurs, et
dont l'étude pourrait offrir quelque intérêt, ne fût-ce qu'au
point de vue purement scientifique. C'est ainsi que quelques
personnes ont observé, à la suite des piqûres de Vipères, des
affections particulières du poumon (Bretagne, Viaud-Crand-
ir.arais); que d'autres ont pu reconnaître un affaiblissement
marqué de la vue (Vosges, Lot). Mais parmi les faits les plus
singuliers qui ont été indiqués comme consécutifs à la piqûre
de la Vipère, nous devons signaler tout particulièrement la
périodicité de symptômes se manifestant chez les malades,
pendant plusieurs années, et quelquefois pendant un grand
nombre d'années, à l'époque même où l'accident primitif avait
eu lieu. Ces faits, sur lesquels aucune explication n'a pu en-
core être donnée, ont été observés dans plusieurs localités et
mériteraient de fixer l'attention des personnes qui sont à
môme de suivre des malades piqués par des Vipères (Lozère,
Bretagne; madame Passy, de Mimont, Léonce Berger, Ansel-
mier, Soubeiran.)
Bien que quelquefois les blessures faites par les Vipères
puissent guérir sans aucun traitement, comme l'ont ol)servé
un grand nombre de personnes, et comme l'ont démontré les
expériences de Fontana et de Morgagni, qui ont constaté un
rétablissement complet après l'emploi des médicaments même
les plus contraires au but que l'on se proposait, il n'en est
DES VIPÈRES DE FRANCE. liiZ
pas moins indispensable d'instituer un traitement proin|)t et
énergique, car les phénomènes résultant de l'inoculation du
venin peuvent devenir assez graves pour entraîner une ter-
minaison fatale , ou tout au moins les souffrances sont plus
vives et plus longues ; quand les malades sont abandonnés à
eux-mêmes, les accidents locaux et généraux sont plus pro-
noncés, et en particulier on a observé une tendance plus
grande h la gangrène (Graells, Puel) : aussi presque tous les
observateurs, pour ne pas dire l'unanimité, s'accordent à
reconnaître la nécessité d'un traitement après une piqûre de
Vipère.
Comme l'a dit Fontana, « il n'y a sorte de matière ou de
médicament que quelqu'un n'ait pas éprouvée contre cette
maladie »; et parmi les moyens le plus souvent mis en usage
dans nos provinces, il en est encore quelques-uns qui ne sont
basés sur aucune raison plausible, aussi ne ferons-nous que
les indiquer sommairement ici. C'est ainsi que dans les dépar-
tements du Lot et de l'Aube, 'on lait tenir pendant plusieurs
heures le membre dans de la terre fraîchement remuée, on le
frictionne avec de la terre humide,etrony fait des applications
de sel et d'ail pilé. Dans quelques communes des environs de
Figeac et du canton de laTronquiére, on applique sur la plaie
le ventre d'un crapaud de la grande espèce (dite Savait' dans
le pays); l'animal, dit-on, ne tarde pas à coasser plaintivement
et à périr, tandis qu'au contraire le malade éprouve un sou-
lagement instantané et guérit promptement. (Il est à noter
que ce procédé a été trouvé par un maire de Linac dans
l'article Vipère de Y Agronome, dictionnaire portatif d'agri-
culture, publié à Paris, en 176(3, chez la veuve Didot, à la
Bible d'or, et que dej)uis cette époque il s'est propagé dans
tout le canton, de telle sorte que c'est aujourd'hui le seul
moyen employé.) (L. Puel.) Dans d'autres contrées, on a re-
cours aux f/uérmeiirs de venins, rehoutevvs , conjurenrs,
sorciers, panscurs, charmeurs, qui em|)loient les recettes les
plus bizarres, et jouissent malheureusement de toute la con-
liancc des blessés, qui abandonnent, pour suivre leurs pres-
criptions, les traitements les plus rationnels auxquels les avaient
AlA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
soumis loslionimes de l'art (Viaiid-Grandmarais). Parmi les vé-
gétaux employés contre la morsure des Vipères, nous en trouve-
rons beaucoup dont l'action nous paraît devoir être ou nulle ou
bien médiocre, en raison même du peu d'activité de leurs prin-
cipes. En Andalousie, les bergers ont encore grande confiance
en la poudre de Viborera [Echiiim vulgare) ou de V Aristo/ochia
/o)n/a, qui ne paraissent guère agir que comme de puissantssu-
dorifiques (Graells). Dans la Sarthe, on fait boire aux animaux
et à l'homme (un verre aux premiers, un demi-verre au
second) une infusion (VEchium vvlgare mêlé de feuilles de
Verhasoim t/tapsus , (jaliwn criidatiim et de Potentilla
reptans, dans du vin blanc, auxquelles on a ajouté une once de
poivre, une poignée de sel marin, trois gousses d'ail et iroU
coups de poudre : joignez h cette médication des scarifica-
tions avec un instrument tranchant, et mieux encore avec des
épines de groseillier, et le malade sera guéri (Laurence).
Dans la Vendée, on couvre le membre avec de la moelle de
chou de vache et l'on en nourrit le malade , ou bien on lui
lait boire une infusion vineuse de bouillon-blanc (Brierre).
Dans la Haute-Savoie , (pielques enqjiri(jues font boire le bouil-
lon fait avec l'animal qui a mordu ; d'autres appliquent des
feuilles (VAneuwnc sulphureu et Halleri, Rauunculus Vil-
larsii, hdùosiis, ou des racines de Raimnculus tliora et de
Picarm ranunculoidrs, ou de Veratrimi album, et en même
temps ils font boire des infusions concentrées à'Artemisia
muicHind et (ilaciulis, et surtout de liauuuculu>< glfuialis et
Sêguieri (Thabuis). Dans la Loire-Inférieure, les paysans oui
habituellement recours à des infusions vineuses dans lesquelles
ils font entrer des plantes souvent très-différentes, mais parmi
lesquelles se trouve toujours le Galium verum, et ils pré-
tendent par leur enq^loi guérir trés-promplement la picpu'e
des Vipères (Thomas). Dans les Basses-Pyrénées, au contraire,
à Béost, c'est la feuille du frêne qui est souveraine.
Un des moyens les plus efficaces, à la condition d'être
appliqué promptement , est la rautérisatiou au moyen du
fer rouge, (jui désorganise les [larties qu'il louche, y forme
une eschare, et dan^; cette eschare détruit Ir venin, les
IIE8 VIPÈRES DE FHAINCE. /llÔ
oi'ganes absorbants, et modifie les liquides qui y étaient con-^
tenus. On peut lui substituer, on lui substitue en effet les
caustiques, tels que la potasse, la pâte de Vienne, le beurre
d'antimoine et surtout l'ammoniaque, qui comme lui peuvent
agir comme désorganisateurs. Cette dernière substance, dont
les louanges ont été cliantées sur tous les tons, que beaucoup
de personnes considèrent encore comme le spécifique de la
piqùredclaVipère(Pyrénées,Bretagne,Yonne,Gôte-d'Or),mais
qui cependant, comme Fa déjnonlré Fontana, et depuis le pro-
fesseui- Gerdy, n'est pas aussi infaillible ({u'on l'a dit, est d'un
emploi fréquent. La ru/ature, (jui a l'avantage de retarder l'ab-
sorption du venin, et de donner le temps au malade d'aller
chercher du secours, a joui et jouit encore d'une granderéputa-
lion, surtout quand elle est faite avec certaines substances, avec
du genêt par exemple (Eure) ! Les ablutions d'eau froide ont
été aussi préconisées et paraissent avoir de bons résultats si
l'on s'en rapporte aux observations de M. Thomas, qui a vu
plusieurs fois des chiens piqués par des Vipères aller se plon-
ger dans un ruisseau, y rester quelques heures, et revenir
guéris. Ouaiit à l'emploi à fortes doses d'alcooliques, médica-
tion dont on s'est bien trouvé dans les pays chauds, nous ne
l'avons pas trouvé indiqué dans nos départements contre
la piqûre des Vipères. Tels sont les principaux modes de trai-
tement dont nous avons trouvé l'indication, et si nous avions
voulu rapporter tous ceux que les empiriques, cà tort ou à
raison, préconisent, nous aurions pu dresser une lonoue liste
de médicaments plus ou moins excentriques.
Quelle que soit la médication en faveur dans le pays, quand
un homme aura été mordu parune Vipère, nous croyons que le
mieux sera d'opérer immédiatement une ligature, assez large
pour ne pas blesser, au-dessus de la partie piquée, de façon
à interrompre toute communication avec le tronc et cà prévenir
ainsi l'absorption du poison. Le malade opérera la succion de
ses plaies et tâchera de les faire saigner, et s'il est nécessaire
on opérera quelques scarifications, puis on cautérisera les
plaies soit au fer rouge, soit au moyen d'un caustique. On
[Mjurra rnqduycr avec avantage la Hiiucur dont la formule
416 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'ACCLIMATATION.
a été donnée par le docteur Rodet contre l'absorption du
virus vénérien, et qui est composée de :
Perchlorure de fer 4 grammes.
Acide citrique à —
Acide cidorliydrique à —
Eau distillée 24 —
On en instille une goutte sur la partie piquée, et on applique
dessus, pendant un quart d'heure environ, un peu de charpie :
le patient éprouve un sentiment de cuisson qui ne dure qu'un
instant; il se Ibrme une ampoule qui linit par avoir l'aspect
d'une piqûre de cousin. Celte papule cesse de s'étendre au
bout de vingt à trente minutes, commence à se flétrir au
bout de deux heures, et disparaît complètement après quel-
ques heures. On pourra employer aussi l'iode ou l'iodure de
potassium ioduré, proposé par M. Brainard, ou même le
brome. D'après M. Viaud-Grandmarais (1), on substituera
avec avantage à ces liquides la solution de MM. Brainard et
Green, qui peut, sans inconvénient, être mise entre les mains
de tout le monde. Elle est formée de :
Eau 50 gramines.
lodure de potassium 1 —
Iode métallique 125 centigrammes. '
Mais tous ces moyens ne sont bons qu'à la condition d'être
appliqués immédiatement, et leur action n'est que médiocre
en comparaison de ceux que l'on doit prendre à l'intérieur.
On se trouvera bien de faire frotter le membre et les environs
de la plaie avec des liminents ammoniacaux, et plus tard on
posera des cataplasmes émollients dont l'utilité est de faire
(1) Pour lacililer riiilrodiiclioii du caiisiiqiie dans la plaie, AI. Viaud-
Grandnuirais a imaginé un petit llacon fermant à l'émeri, dont le bouchon,
long et conique intérieurement, plonge dans le liquide. Au moyen de ce bou-
chon, on peut t'au-e pénélrer la substance médicanieiitçiise par gouttes jus-
qu'au l'ond des blessures agrandies. Ce petit appareil est de dimension telle
qu'il est lrès-1'acilc à emporter, et peut remplacer avec avantage le llacon
d'alcali volatil dont se nuinisscnl presque tous les chasseurs.
DES VIPÈRES DE FRAlNGE. /11?
cesser le gonneineiit et reiigorgement du membre. On don-
nera à l'intérieur des toniques et des sudorifiqucs, quelque-
Ibis des potions ammoniacales, mais l'action de ces dernières
n'est pas assez certaine pour qu'on ne puisse s'en passer
complètement. Du reste, la médication olTrant des variations
presque avec chaque malade, il ne reste au médecin qu'à se
laisser guider p;!r les circonstances pour taire ses presci'ip-
tions dans tel ou tel sens.
La Vipère est détruite par plusieurs espèces d'animaux, et
parmi ceux-ci on signale divers oiseaux, tels que les corbeaux
et les choucas (Pyrénées, lUe-et-Vilaine) , la corneille à bec de
corail (Pyrénées-Orientales), et diverses espèces d'oiseaux de
proie, parmi lesquelles on distingue surtout la buse (Haute-
Marne, Savoie), le grand duc (Creuse), les laucons, les mi-
lans, etc. Ces animaux, qui les coupent en morceaux et les
mangent, paraissent leur l'aire une chasse très-active, car
fréquemment on ;i trouvé dans leur estomac des Vipères ainsi
déchirées et ingurgitées. Ouant aux cigognes, sur lesquelles
quelques personnes ont voulu attirer l'altention comme étant
d'excellents destructeurs, outre (jue ce sont des oiseaux de
passage qui ne séjournent pas assez longtemps dans les pays
qu'elles habitent momentanément pour chasser beaucoup ces
ophidiens , il semble qu'elles recherchent surtout les Cou-
leuvres, et parliculièrement le Tropidonotus natrix{(^v^e\\i)\
et si l'on s'en rapporte à une observation transmise par
M. Lucy (dans la Côte-d'Or;, elles dédaigneraient les Vipères,
car notre confrère a vu deux de ces oiseaux refuser de tou-
rher à deux Vipères qu'on leur avait présentées, mais mortes
à la vérité.
On peut rapprocher des oiseaux indiqués plus haut les
volailles et oiseaux de basse-cour, qru riulle jiarl n'ont été
indiqués comme ayant éprouvé d'accidents de la suite de
})iqùre de Vipères, mais qui ont été signales, sur un grand
nombre de [)oints (Pyrénées, Ardéche, Lot, Lozère, Rhône,
Ilaute-Marne, Jura, Bretagne, etc.), comme faisant une guerre
acharnée aux Vipères, qu'ils tuent à coups de bec ; en parti-
culier, on a remarqué que les poules leur font une chasse
T. X. — Juillet l.Sfi;^ 27
418 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION.
d'autant plus active qu'elles ont des poussins plus nombreux
(Puel). Les dindons, qui en sont très-friands (Bretagne, Haute-
Marne), les oies et les canards se distinguent, entre tous les
oiseaux de basse-cour, par leur adresse à les tuer à coups de
bec, tout en évitant leurs atteintes, et par l'avidité avec
laquelle ils les mangent après les avoir coupées en tronçons
(Pyrénées).
Parmi les mammifères, la fouine et le putois ont été indi-
qués comme destructeurs de Vipères (Savoie, Vendée) ; mais
c'est surtout le hérisson , cet animal si utile par le grand
nombre d'insectes et de mollusques dont il se nourrit, qui a
été signalé comme étant le destructeur par excellence des
Vipères, et, à l'appui de celte opinion, nous rappellerons le
fait d'un pépiniériste de Lyon, qui, ayant mis dans un terrain
infesté de ces reptiles quelques hérissons, vit bientôt dispa-
raître ces hôtes immondes (Béraud); mais il ne faut pas
oublier d'opposer à ce fait l'observation de la cohabitation
dans les fossés de DouUens (Somme) des hérissons, qui abon-
dent, et des Vipères, qui n'y sont pas rares.
Les chiens, qui indiquent très-bien les Vipères quand ils
en rencontrent, sont de mauvais destructeurs (Louis, de Dax),
et ce n'est qu'accidentellement que certains terriers tuent
quelques Vipères (Lavardun).
Dans l'état actuel des choses, l'animal qui semble le mieux
disposé pour détruire les Vipères, est certainement le cochon
ou le sanplier, qui en est très-friand, et qui sait très-l)ien les
tuer après leur avoir mis le pied sur la tète (Pyrénées, Estra-
madure, Dordogne, Haute-Marne). Nous signalerons ici l'ob-
servation faite par les habitants de la Double (Dordogne), (jue
les Vipères sont devenues de beaucoup plus nombreuses
depuis que les sanghers y ont été détruits (de Lentilhac), et
surtout le fait suivant, dont nous devons la communication à
l'obligeance de madame Passy : « Le parc de Château-Vilain
» (Haute-Marne), agreste, sauvage et de plus de 200 hectares,
)) fourmillait de Vipères avant qu'on mêlât des sangliers aux
» cerfs , aux daims et aux chevreuils qui en sont les habi-
» tants actuels. Mais à peine ceux-ci y furent-ils, que les rep-
DES VIPÈRES DE FRANCE. hi9
» tilos, sans disparaître tout à fait, diminuèrent pourtant daffis
» une telle proportion, que la promenade au parc pouvait se
y> faire sans inquiétude. Toutefois il advint que , comme le
» parc contenait de bonnes triifïières, les sani:^liers ravagèrent
y> tout pour trouver et manger les truffes, ce qui força à tuer
» en 1857 le dernier des sangliers qu'on y avait mis. Mais,
» depuis qu'il n'y a plus de sangliers, les Vipères reparaissent,
» et se font voir en tel nombre, que l'on a résolu de remettre
)) des sangliers au parc, pour pouvoir y maintenir un équi-
» libre tolérable. » (Madame Passy, 1859.)
Dans quelques départements, pour favoriser autant que
possible la disparition des Vipères, il a été alloué des primes
pour chaque animal détruit : c'est ainsi que l'on accorde
25 centimes par tête, dans l'arrondissement de Vendôme (Loir-
et-Cher), à Fontainebleau, ainsi que dans l'arrondissement de
Sémur (Côte-d'Or), où d'abord elle était tixée à 50 centimes.
Malheureusement ki chasse a diminué alors dans une pro-
portion très-grande, et la destruction ne donne plus des
chiflres aussi élevés qu'avant cette mesure (1566 Vipères en
1857, 5330 Vipères en 1858, et 5/i/i8 en 1859). Les chiffres
qui nous ont été communiqués pour le département de la
Haute- Marne par madame A. Passy ont une éloquence qui
nous dispensera d'autres détails, pour démontrer l'importance
de la fondation de primes pour la destruction des Vipères :
«En 185/i, la quantité de Vipères et les accidents qui en
» résultaient commencèrent à émouvoir assez vivement le
» conseil d'arrondissement de Chaumont, pour qu'il demandât
» au conseil général de voter des fonds pour leur destruction ;
» proposition qui fut discutée et alors rejetée. En 1855, la
y> demande d'un crédit fut de nouveau présentée au conseil
î> général, qui la prit en considération, et alloua la somme de
» 1500 francs, inscrite au budget de 185(5 : un arrêté préfectoral
» de novembre 1855 fixa la prime à 50 centimes par tête de
» Vipère tuée et présentée. Mais dès la première année, le
» nombre des Vipères apportées a été tel, que la somme de
» 1500fr. a été dépassée et a atteint le chiffre de 8707fr.50c.,
» ce qui représente l'extermination de 17 /il5 Vipères. En 1857,
hlO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
» rallocation étant encore de lôOOirancs, il a été payé 983 fr.,
» représentant ']96() Vipères à 50 centimes ; en 1858 , les Vi-
» pères n'étant plus payées que 55 centimes, leur nombre s'est
» élevé à 11 53-2, et le prix payé a été de 2883 fr.; en 1859, il
» y a eu 8066 Vipères détruites ; en 1860, 10 330, et en 1861,
» jusqu'au 25 octobre, 7036 Vipères. Le total des Vipères
» dont l'établissement de la prime a causé la destruction a
» donc été, de 1856 à 1861 , de 57 0Zi5 Vipères ! »
Des faits que nous venons de rapporter, il résulte certaine-
ment que le meilleur moyen d'arriver à la destruction des
Vipères, est la fondation de primes accordées pour chaque
animal tué et présenté : c'est Là, du reste, l'opinion qui est le
plus généralement admise, et l'efficacité de celte mesure sera
incontestable si la prime est suffisamment élevée; car sans
cela elle cessera encore d'être un appât pour les chasseurs de
Vipères, et la preuve en est que, dans les départements où la
prime a été abaissée de 50 centimes à 25, on a constaté immé-
diatement une diminution notable dans le nombre des ani-
maux présentés (Haute-Marne, Côte-d'Or). 11 paraît aussi très-
important de faciliter autant que possible le payement de la
prime, car il parait que dans quelques localités, et en parti-
culier dans l'Yonne, les formalités à remplir ont dégoûté les
chasseurs de Vipères.
Concurremment avec la prime, il serait certainement avan-
tageux, comme on l'a demandé pour i'Ule-et-Vilaine, de favo-
riser les défrichements des lieux incultes , et le dévelop-
pement des animaux destructeurs, tels que le hérisson, qui,
malgré les services qu'il rend à l'agriculture, est, en vertu
de préjugés absurdes, poursuivi à outrance dans certains
pays (Oise) , et le cochon (1), dont les services, comme
destructeur des Vipères, ont été indiqués plus haut. Ouant à
Lintroduction d'animaux étrangers à notre pays, nous ne
croyons pas que cette mesure ])uisse être efficacement prise,
car les chasseurs ne se feraient certainement pas faute de les
(1) !\lnllieurcuscmenî le coclion et le sanglior ollreiil rincoiivénieiU de bou-
leverser les cultures, et eetle disjtositiou annihilera, pour les cultivateurs, les
avanlages qu'ils présenteraient comme destructeurs de Vipères.
Î)V.^ VlPFPxES DE KRANC,!:. ^'21
tJélruire, el, <r;ulleiirs, lums trouvons (^hez iKtiis-iiiêrnos des
moyens suflisanls d'action. Nous ne pouvons approuver l'em-
ploi qui a été proposé d'app.Us empoisonnés; car les Vipères,
comme tous les serpenLs, ne veulent qu'une proie vivante, et
délaisseraient, sans aucun doute, des appâts qui pourraient
être la cause d'accidents pour plusieurs de nos animaux utiles,
qui sont moins difficiles dans le choix de leurs aliments.
11 résulte des observations contenues dans ce rapport, que
le moyen le plus efficace pour arriv<^r à la destruction des
Vipères consiste dans l'allocation de primes ; mais que, pour
arriver à un résultat satisfaisant, il est essentiel que la mesure
soit générale, et votre commission vous propose :
•1" D'adresser à Son Excellence le Ministre de l'intérieur
une lettre qui lui fasse connaître les inconvénients de la
multiplication des Vipères, les heureux résultats obtenus dans
quelques départements par la fondation de primes affectées à
leur destruction, et de le prier de vouloir bien soumettre aux
conseils généraux l'étude de cette question, qui intéresse à un
si haut degré les populations agricoles.
2° D'appeler l'attention des Sociétés d'agriculture et des
Comices agricoles sur l'importance que présenterait la dispa-
rition de ces reptiles, au moyen de fonds votés par eux, et
qui, quelque modiques qu'ils soient, viendraient s'ajouter à
ceux qu'auraient déjà votés les conseils généraux.
:V' D'intéresser à cette œuvre les propriétaires des différentes
conmiunes, qui pourraient s'engager à leur gré pour une
somme fixe, ou pour une quotité dans la somme que les sub-
ventions ne couvriraient pas.
h" D'adresser les remercîments de la Société aux diverses
personnes (1) qui ont bien voulu lui foire parvenir des réponses
à son Questionnaire.
(l)AiN, docteur KbrarH.
Ali.iei;, Comice de Montluron ; Victor
lixier , Société des sciences mé-
dicales de Gannat.
Alpes-Map.itimes , Sous - l'réfct de
('■rasse.
Ardèche, Verne (de Largentière ) ;
Nier (de Privas); Péniat (dcToiirnon).
Ariége, Société d'agriculture.
Aube, Jules Ray.
AVEYRON, Cirou de liuzareingucs.
Boi'ciiÈs-T)[:-P,HnNE, M. l.ucv ; Comice
ai,-ricole d'Aubayiic.
Calvados , Georijes Villers ; Société
422 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
d'agriculture et des sciences , de
Bayeux.
Cantal, Jules Rengade; Comte de Qui-
nemont.
Charente-Inférieure, Brierre (de Riez).
CoRRÈZE, Préfet.
CÔTE - d'Or , Sous - Préfet de Sémur ;
Collenot.
Côtes - DU - Nord, Conservateur des
forêts.
Creuse, Barailon.
DORDOGNE, Sous -Préfet de Nontron ;
de Leiitilhac (de Ribérac).
Doues, docteur Monnot.
Eure, Chesnon.
Eure-et-Loir , docteur Raimbert (de
Chàteaudun).
Finistère, Conservateur des forêts.
Garonne (Haute-), Roumeguère ; So-
ciété d'agriculture.
Gers , Conseil central de salubrité -,
Conseils d'hygiène de Lectoure, Mi-
rande, Condom et Lombez.
Hérault , docteur Martins ; Westphal-
Castelnau.
Ille- et -Vilaine, Conseil d'hygiène ;
Société d'agriculture ; Conservateur
des forêts.
Isère, Anselme Petetin.
Jura, Comices agricoles d'Orgelet, de
Poligny et de Saint-Jullien.
Loir-et-Cher, Luce (de Vendôme).
Loire (Haute-), Société d'agriculture ;
Sous-Préfets de Brioude et d'Yssin-
geaux.
Loire - Inférieure , Thomas ; docteur
Viaud-Grandmarais.
Loiret, Waltbled (de Meung) ; Société
des sciences, arts, d'Orléans.
Lot, Puel (de Figeac).
Lot-et-Garonne, Comice agricole de
Monflanquin.
Lozère, Société d'agriculture.
Maine-et-Loire, Conservateur des fo-
rêts; Béraud, Société académique.
Marne (Haute-), madame A. Passy.
Meuse, Société d'agriculture; Liénard ,
Société philomalhique; Sous-Préfets
de Montmédy et Commercy.
MoRRiHAN, Conservateur des forêts.
Nord, Société impériale des sciences,
agriculture et arts.
Oise , Conservateur des forêts ( Cler-
mont) ; Conseils d'hygiène de Senlis,
Compiègne, Reyuvais ; Institut nor-
mal agricole de Reauvais.
Pas-de-Calais, Sous-Préfet de St-Pol.
Puy-de-Dôme, Ducros de Saint-Germain.
Pyrénées (Basses-), Préfet.
Pyrénées (Hautes-), Louis (de Dax).
Pyrénées-Ohientales, Préfet.
Rhin (Bas-), Lerebouliet(cle Strasbourg) :
Rhin (Haut-), Société d'hisloire natu-
relle deColmar ; Parisol (de Belfort).
Rhône, docteur Loitet; Coinde.
Saône (Haute-), Sous-Préfet de Lure.
Saône-et-Loire , docteur Pailloux (de
Snint-Ambreuil).
Sarthe, Aiijubault ; Aimé Laurence ;
Lavardun.
Savoie, Thabuis (de Moulicrs.)
Seine-et-Marne, comte de Sinety ; Den-
necourt ; de Mimoiit.
Seine-et-Oise, Préfet.
Sèvres (Deux-), Guyot (de Parthenay);
Radier fils (de Melle).
Somme, Préfet.
Tarn-et-Garonne, Société d'horticul-
ture et d'acclimatation ; Brun.
Var, docteur Turrel (de Toulon).
Vendée, Brierre (de Riez) ; Main.
Vienne , Mauduyl (de Poitiers) ; Sous-
Préfet de Chàtellerault.
Vosges, Société d'émulation; Bardy
(de Saint-Dié) ; Conseil d'hygiène de
Neufcliàteau; Conservateur des forêts.
Yonne, Jullien.
Espagne, Graells (de Madrid;.
5" D'envoyer un exemplaire de ce rapport aux conseils
généraux, aux sociétés d'agriculture et aux comices agricoles.
SUR LA FECONDITE
DE
CERTAINES RACES DE MOUTONS CfflNOIS,
Par M. Frédéric JACQUEMART.
(Séance du 31 juillet 1863.)
Depuis plus d'une année, rattention de la Société impériale
zoologique d'acclimatation a été appelée sur la race des
Moulons ong-ti de Chine.
Les Brebis de cette race font, au dire des voyageurs les plus
compétents, deux portées par an, et chaque portée est, le plus
souvent, de trois ou quatre Agneaux.
Ainsi, une seule Brebis ong-ti donnerait naissance, chaque
année, à six ou huit Agneaux, tandis que nos Brebis n'en
donnent, en général, qu'un et parfois deux.
Une fécondité si extraordinaire pourrait-elle faciliter la so-
lution d'un grand problème qui préoccupe tant d'esprits
sérieux : « Produire beaucoup de viande à bon marché ? »
Une telle question était bien digne d'être étudiée d'une ma-
nière complète et pratique par la Société d'acclimatation.
Elle chercha d'abord à s'éclairer et à connaître la vérité
sur le fond des choses. Les journaux anglais vantaient la fé-
condité merveilleuse d'une race chinoise nouvellement im-
portée en Angleterre ; la Société chargea l'un de ses membres
éminents, M. le docteur Cloquet, qui se rendait à Londres au
printemps 1862, de vouloir bien faire une enquête, et de se
procurer, s'il était possible, quelques sujets de cette race.
Les renseignements obtenus ne furent pas concluants, mais
le représentant de la Société rapporta un jeune couple de ces
Moutons chinois.
Leur taille est sulTisante ; leur laine, mêlée à beaucoup de
jarre, a quelque chose du brillant de la laine des Mauchamps;
leur queue, comme celle de plusieurs races de l'Orient, se
/iS/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÎQUE d'aCCLIMATATION.
recourbe et s'atrophie à U) ou 15 centimètres, à partir de sa
naissance, et la partie droite est enveloppée d'un tissu grais-
seux qui lui donne une largeur plus grande que sa longueur.
Ce qui caractérise cette race, c'est l'absence complète de la
partie extérieure de l'oreille.
Bientôt la Brebis mil bas, mais elle ne donna qu'un Agneau.
Ce résultat était-il accidentel? Tenail-il au jeune âge de la
mère? Se reproduirait-il dans l'avenir? Cette race d'ailleurs
était-elle la race ong-ti ?
Cependant la Société d'acclimatation suivait toujours sa voie.
Elle volait, de concert avec la Société du jardin zoologique
d'acclimatation, les fonds nécessaires pour acheter en Chine,
et faire venir en France, en une ou plusieurs fois, une cen-
taine de têtes d'une race ovine, quelque soit son nom, faisant
deux portées par an, et donnant plusieurs Agneaux par portée.
Son président, dont le zèle et le dévouement ne se laissent
ni distraire ni attiédir par les hauts intérêts qui lui sont con-
fiés, parce que notre Société a toujours à faire des conquêtes
pacifiques et profitables à tous, obtenait de son collègue.
Son Exe. le Ministre de la marine, toutes les facilités pour le
transport de ce petit troupeau.
Des instructions sur les conditions exigées pour les animaux
à acheter, sur les précautions à prendre et sur le régime à
suivre pendant la traversée, étaient expédiées aux délégués de
la Société en Chine. Enfin, M. de Montigny, dont le nom rap-
pelle tant de services rendus à l'acclimatation, annonçait que
son neveu et gendre M. Remy de Mquligny, de Schang-haï,
désirait aller lui-même choisir les animaux destinés à la Société.
Pendant ce temps, M. Simon, chargé par le gouvernement
d'une mission agricole en Chine, et membre honoraire de la
Société d'acclimatation, expédiait à M. le ministre de l'agri-
culture plusieurs espèces animales, parmi lesquelles figuraient
des Moutons de la race ong-ti. Arrivés en France dans le cou-
rant d'avril dernier, ces animaux furent répartis entre le
Jardin des plantes et le Jardin zoologique d'acclimatation, à
l'exception d'un Bélier blanc sans cornes, et d'une Brebis
blanche qui paraissait pleine.
FÉCONDITÉ DE CERTAINES RACES DE MOUTONS CHINOIS, hlà
Ces deux Moutons, qu'on dit appartenir à la race ong-ti,
furent conservés dans l'hôtel ministériel de M. Roulier.
Vers le 10 juillet, la Brebis a mis bas quatre Agneaux.
Sur l'invitation de notre président, nous avons été examiner
cette rareté, qui rappelle complètement la fécondité attribuée
à la race ong-ti. Nous avons vu, en effet, dans le jardin de
M. Rouhcr, une Brebis de taille moyenne, entourée de quatre
Agneaux, dont trois sont gais et bien portants. Le quatrième
est plus faible, mais la mère ne veut pas le laisser teter, et on
doit le nourrir au biberon.
Est-ce que la mère, sentant qu'elle ne peut suffire à tous,
voudrait sacrifier le plus délicat?
Nous avons d'abord examiné les Agneaux. Ils sont d'une
blancheur éclatante; leur poil, nous disons leur poil plutôt
que leur laine, est brillant et ondulé. Us semblent, à ne con-
sidérer que leur taille, former deux paires, dont l'une est plus
grande que l'autre, et composées chacune d'un mâle et d'une
femelle. Leur conformation générale ne rappelle pas celle des
races de boucherie ; les oreilles sont tombantes; la queue, à sa
naissance, est accompagnée d'une enveloppe graisseuse pres-
que aussi large que longue; mais bientôt la partie osseuse de
la queue se contourne et s'atrophie, et l'accompagnement
graisseux cesse aussitôt.
Chez la mère et le Bélier, la queue a le même caractère.
Ces six animaux, par l'ensemble de leurs formes, comme par
les signes particuliers, j^araissent appartenir à la même race,
mais à une race différente de celle des deux Moutons amenés
d'Angleterre.
La mère, nous l'avons déjà dit, est de taille moyenne; sa
conformation est bonne, meilleure que celle du Bélier. Elle a
le garrot et les reins larges, la poitrine profonde, les pattes
minces, la tête busquée et fine. Les oreilles sont tombantes.
La queue est enveloppée à sa naissance d'une substance grais-
seuse, large de 0"',08 à 0'",iO, et longue de 0'",10 à 0'%12
environ; au delà, la partie osseuse de la queue se contourne
aussitôt et s'atrophie.
Le pis est développé; il ne porte, à notre grand éton-
426 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE d'aCCLIMATATION.
nement , que deux mamelons pour allaiter quatre petits !
Serions-nous donc en présence d'une exception, elle nom-
bre quatre des Agneaux serait-il accidentel?
La Brebis a été tondue il y a peu de mois. Elle est peu
vêtue, et porte plutôt du poil que de la laine, dont la lon-
gueur est aujourd'hui de 3 à ^ centimètres.
En examinant celte nombreuse portée et la mère qui l'avait
donnée, nous nous disions qu'avec une race qui posséderait
cette fécondité et qui donnerait deux portées par an, on ferait
certainement beaucoup de viande ; mais nous nous deman-
dions si on la ferait à bon marché.
D'abord, la valeur des toisons de ces Moutons, comparée à
celle des nôtres, qui valent de 10 à 11 francs l'une, doit don-
ner un moindre produit annuel de 5 à (3 francs par tête. Ce sera
le produit en viande qui devra compenser cette différence,
et par conséquent le prix de la viande en sera plus élevé.
En outre, pour produire de la viande à bon marché, même
lorsque les toisons ont de la valeur, il faut des bêtes faciles à
engraisser, d'une conformation spéciale.
Si la Brebis chinoise ne possède pas ces qualités à un degré
assez marqué, elle est cependant assez bien faite pour qu'on
puisse avoir l'espérance d'améliorer sa race, sous ce rapport,
par des choix judicieux de reproducteurs. Nous ne nous per-
mettrons donc pas de dire qu'un troupeau dont les sujets
seraient conformés comme la Brebis chinoise et auraient la
même fécondité , ne pourrait pas , malgré son manque de
laine, donner des résultats avantageux, là où le pâturage est
abondant et la nourriture peu coûteuse.
En résumé, nous exprimons le désir que cette expérience,
si bien commencée sous la direction de M. Rouher, soit
continuée avec les mêmes soins et poussée aussi loin que pos-
sible.
Que la mère et ses Agneaux aient une nourriture abondante
et choisie, et qu'ils soient soumis à une bonne hygiène, afin
qu'ils se développent dans les meilleures conditions.
Oue les mâles soient toujours tenus séparés des femelles
aussitôt après le sevrage.
FÉCONDITÉ DE CERTAINES RACES DE MOUTONS CHINOIS. A27
Que les jeunes femelles ne portent pas avant deux ans ou
deux ans et demi.
Qu'on ne fasse usage que du meilleur des Béliers de cette
race existant en France.
Que les mêmes soins soient donnés aux autres animaux
de même race, et que mieux encore, et par plusieurs des
raisons précédentes, ils soient tous réunis en un seul groupe.
Nous pensons qu'il y aurait intérêt à s'assurer si cette race
donne une ou deux portées par an ; si le nombre des Agneaux
est habituellement de deux, de trois ou de quatre à chaque
portée; si cette fécondité persisterait en Europe: car, s'il est
vrai, comme l'affirment des voyageurs, que cette fécondité
tient à des intluences locales, à tel point qu'elle se développe
sur ceux qui viennent habiter la Chine, on peut se demander
si, par un effet inverse, cette fécondité ne diminuerait pas en
Europe.
A notre avis, la question que la Société d'acchmatation s'est
posée reste entière. La Société doit donc persévérer dans ses
efforts pour acquérir une race féconde, et dans son projet de
faire et défaire faire des expériences au point de vue pratique,
soit sur la race ong-ti, soit sur toute autre race d'une grande
fécondité.
S'il nous était permis d'émettre un avis, nous voudrions voir
essayer des croisements avec ces Brebis fécondes et des Béliers
southdown on des Béliers dishley, dont elles se rapprochent
davantage .
Si, dans ces croisements, la mère conservait sa fécondité,
nous joindrions ainsi à l'avantage d'obtenir le même nombre
d'Agneaux, celui de posséder des métis qui, participant des
qualités de leur père, auraient une toison de plus de valeur,
s'engraisseraient plus facilement, et pourraient être mangés à
Tàge de quinze mois.
Alors peut-être approcherait-on du but :
Beaucoup de viande à bon marché.
- Contribuer à résoudre ce grand problème serait un hon-
neur pour la Société impériale zoologique d'acclimatation.
; r NOTE SUR LES PROGRÈS
DE L'ACCLIMATATION DU VER A SOIE DU CHÊNE
[Bombyx Ya-ma-tnaï, Guér. -Mén.),
I
Par M. F. E. GïJÉRI!V-MÉ?ViEVBrLE.
(Séance du 12 juin 18C3.)
Chargé par le conseil, au nom de la Société, des travaux
qui ont pour objet l'acclimatation du Ver à soie du Chêne
(Ya-7na-?7iaï), dont les œufs ont été donnés généreusement à
la France par le gouvernement néerlandais, j'ai profité de la
mission séricicole qui m'a été confiée par S. Exe. le Ministre
de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, pour
visiter quelques-unes des éducations faites par nos confrères
et par des personnes étrangères à notre Société.
J'ai pu constater ainsi l'état généralement prospère des
Vers Ya-ma-maï dont les œufs ont été distribués par la Société,
et de ceux qui proviennent des œufs qui m'avaient été donnés
parle savant naturaliste Rlecker. De plus, j'ai reçu les rap-
ports de la plupart de ces expérimentateurs zélés, documents
que je me proposais de coordonner, à la fin des éduca-
tions, en un rapport d'ensemble destiné à ûiire connaître les
résultats définitifs de cette belle et utile expérience, en ren-
dant* à la Société un compte exact de la mission spéciale
qu'elle m'a fait l'honneur de me confier.
Je crois, cependant, pouvoir entretenir mes confrères des
expériences qui me sont complètement personnelles, et qui
ont été faites au moyen des œufs que je tiens de M. Blecker.
Ces expériences sont en pleine voie de succès.
Naturellement ce sont les éducations faites dans le Midi
qui ont marché le plus rapidement, et je dois placer en tète
celle que j'avais confiée à M. Auzende , directeur du jardin
public de la ville de Toulon.
Le 29 mai, les Vers Ya-ma-maï que je lui ai confiés ont
ACCLIMATATION DU VER A SOIE DU CHÊNE. ^29
commencé à faire leurs deux premiers cocons, et, depuis, le
nombre des cocons s'est augmenté rapidement. Malheureuse-
ment, comme sur un autre point du Midi, une mortalité
assez forte a régné vers la fin de cette éducation, probable-
ment à cause des très-grandes chaleurs brusquement sur-
venues, et le 5 juin, je me suis décidé, d'accord avec M. Au-
zende, à tenter d'arrêter cette mortalité, en apportant tout
de suite à Paris les Vers qui restaient et les cocons déjà faits,
dont j'ai l'honneur de mettre quelques-uns sous les yeux de
mes honorables confrères.
Une autre éducation, provenant encore des œufs que je dois
à la générosité de M. Blecker, a été faite h Marseille par
M. Bonnard. Sur cinquante œufs, M. Bonnard avait, le 28 mai,
quatre cocons finis, un cinquième commencé, onze Vers
prêts à coconner, et huit Vers un peu plus retardés.
M. Aubenas, h Loriol, filateur si connu par son invention
d'un système de dévidage des cocons doubles, au moyen
duquel il dévide aussi, industriellement, les cocons ouverts
de l'Allante, ayant reçu de moi trois œufs qui me restaient, a
obtenu trois Vers. Deux se sont perdus pendant un déména-
gement, mais celui qui est resté s'est parfaitement développé,
et il était prêt à faire son cocon le 3 juin , quand j'ai quitté
M. Aubenas pour me rendre à Nîmes.
Dans mon laboratoire de sériciculture comparée, j'ai une
magnifique éducation de celte précieuse espèce, divisée en
deux parties qui vont admirablement, et, ce matin même
(12 juin l<S(3o), un de mes Vers commence son cocon.
Pour avoir plus de chances de succès, j'ai accepté l'offre
généreuse que m'ont faite M. et M">« Roger-Desgenettes, à
Saint-Maur , de soigner une portion de ces Vers. J'ai une
centaine de magniiîques Vers, et ils font l'admiration des
visiteurs par leur vigueur et leur excellente santé.
.J'ai l'honneur d'inviter nos confrères à venir voir ce beau
résultat, soit chez moi, à la station de Joinville-le-Ponî, soit
à la station suivante (de Saint-Maur), chez notre confrère
M. Roger-Desgenettes, qui se fera un plaisir de les recevoir.
RAPPORT
SUR LES TENTATIVES FAITES PAR LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION
POUR L'INTRODUCTION EN FRANCE
DU VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE
[Bombyx Permji),
Par M. Frctlérîc- JACQUEMART.
(Séance du 26 juin 1S63.)
Messieurs,
A la dernière séance , M. Guérin-Méneville vous a fait le
récit de ses émotions quand il vit éclore soixante Vers du
Chêne sauvage de la Chine {Bombi/x Pernyï). Il vous a dépeint
ses angoisses pendant les vingt-quatre heures qui suivirent,
alors que ces Vers si précieux ne voulaient prendre aucune
nourriture, bien qu'elle leur fûi présentée sous les formes
les plus appétissantes ; enfin, il vous a dit ses joies lorsque le
second jour ces Vers se décidèrent à manger de bon appétit.
Ces émotions, ces angoisses et ces joies, le récit de M. Gué-
rin nous les a fait partager, car nous avions présents ta l'es-
prit tous les efforts, toutes les tentatives que la Société zoolo-
gique d'acclimatation n'a cessé de faire depuis neuf ans pour
se procurer ce Ver, qui serait non-seulement une des plus
belles conquêtes de notre Société, mais une des plus belles
qui puissent être réalisées. En présence des derniers résul-
tats, permettez-nous, messieurs, de vous rappeler tout ce
que la Société n fait pour l'obtenir.
Dans la séance du 10 mars 185/j, un mois après la fonda-
tion de la Société, deux de ses membres, M. Guérin-Méne-
ville et M. Tastet, appelèrent son attention sur le Ver à soie
du Chêne de la Chine.
M. Guérin-Méneville racontait qu'il avait vu, en 1850, au
ministère de l'agriculture, une caisse qui avait été expédiée
de Chine par M. Forth-Rouen, et qui était restée abandonnée.
Elle contenait des cocons, alors inconnus, et arrivés dans un
état si fâcheux, qu'on croyait tout perdu ; cependant quelques
VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE. A31
papillons sont éclos et ont donné ainsi la preuve que des
cocons expédiés avec certaines précautions pourraient par-
venir en bon état.
En 1851, M. Guérin-Méneville avait vu à Lyon des cocons
du même Ver, expédiés en 1850 par le père Perny à M. Roux
(de Lyon). Ces papillons étaient éclos pendantl'hiver de 1850
à 1851, et morts sans donner aucun résultat.
Cette expérience n'avait fait que confirmer la précédente :
on pouvait faire venir en France des cocons vivants.
Cet envoi du père Perny était accompagné d'une note sur
l'importance du commerce fait en Chine avec la soie du Ver
du Chêne.
Dans la même séance, 10 mars 185/i, notre collègue M. Tas-
tet, qui avait fait plusieurs séjours en Chine, présentait des
étoffes faites avec la soie du Ver sauvage du Chêne de Chine
dans les provinces du Szu-trhouen et du Kouéi-tchéou, et disait
que des millions de Chinois étaient vêtus de cette soie d'une
excellente qualité; il proposait de nommer une commission
chargée d'étudier les moyens de faire arriver en France des
cocons vivants ou des graines.
Cette commission fut aussitôt nommée (1); elle se réunit
un grand nombre de fois : son rapporteur rendit compte de
ses travaux dans la séance de la Société du 25 mai 185/i, et
déposa sur le bureau un questionnaire et des instructions
rédigés par la commission, pour être envoyés en Chine. Ce
rapport est reproduit dans le Bulletin de 18ô/i, cahier n" 3.
Le Conseil, dans la séance du 5 mai, sur le rapport d'un
de ses membres (2), faisant partie de la commission dont il
vient d'être parlé, avait voté déjcà les fonds nécessaires pour
atteindre le but proposé.
Les instructions rédigées par la Société furent envoyées
en Chine, notamment aux missionnaires, à nos délégués et
aux agents français. Le 22 décembre de la même année, on
(1) Membres de la commission :
.MM. Uichard (du Caillai), Gucriii-Méncvillc, Fréd. Jacquemart, J. VaJ-
serres, et Tastet, rapporteur.
(2) M. Fréd. Jacquemart.
432 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION.
commiiniqiiailune lettre écrite de Hoiig-kong- par i'abbéLibois,
annonçant l'envoi au Szu-tcliouen de ces instructions et de
ce questionnaire. M. de Montigny avait écrit de son côté,
et avec le concours de Monseigneur VerroUes, il faisait arriver
à Paris, dans les premiers jours de 1855, une caisse de
700 cocons environ de Vers du Chêne.
Malheureusement les instructions de la Société n'avaient
point été suivies, et une fermentation considérable s'était
développée dans la caisse. Néanmoins on se hâta de séparer
les cocons les moins maltraités, au nombre de plusieurs
centaines.
Bien qu'on eût peu d'espoir de succès, ils furent répartis
entre plusieurs membres de la Société (1), chargés de suivre
cette intéressante expérience.
Malgré les soins des expérimentateurs, il y eut très-peu
d'éclosions de papillons, encore moins d'accouplemenls, et une
seule ponle d'œufs fécondés. Ces œufs produisirent six Vers
peu robustes. Après vingt-quatre heures, il n'en restait plus
qu'un seul, qui fut suivi avec soin (2). Il changea de peau le
dixième jour, et mourut âgé de treize jours. Il avait été
nourri avec des feuilles de nos Chênes, dont les branches
plongeaient dans l'eau. (Voyez le Bulletin de février 18(52.)
En 1856, sur les instances de M. Tastet, de nouvelles de-
mandes sont envoyées aux missionnaires avec un supplément
d'instructions.
En 1857, un nouvel envoi provoqué par la Société, et fait
par Monseigneur VerroUes, ne produisit aucun Ver, par les
mêmes raisons que ci-dessus.
Votre Conseil, loin de se décourager par ces échecs succes-
sifs, chargea deux de ses membres (3) de voir M. le supérieur
des Missions étrangères, de lui faire connaître les désastreux
résultats obtenus par Toubh des précautions recommandées,
(1) ALAL Blanchiird, Chavaniies, Delon, Guérin-Méneville, Ficd. Jacque-
mart.
(2) Al. Fréil. Jacrinetnart.
(3) MAI. Gut'rin-Ménevillo et Jacquemart.
VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE. 433
et de le prier de vouloir bien adresser de nouvelles instruc-
tions aux missionnaires et de les engager à multiplier leurs
envois. ,
En 1858, la Société entendait la lecture d'une lettre trés-
remarquable du père Bertrand , envoyée de Chine et relative
à ses expériences sur les Vers querciens, et ses réponses à
notre questionnaire.
Dans la même année , Monseigneur Perny vint passer
quelques mois à Paris. Il communiqua à la Société une
Monographie du Ver à soie du Chêne à Kouéi-tchéou. Le
Conseil, connaissant tout l'intérêt qu'il portait à cette ques-
tion, profita de sa présence pour lui signaler la cause qui
avait anéanti toutes les espérances fondées sur les envois faits
jusqu'à ce jour, et pour s'entendre avec lui sur les moyens
d'exécution. Deux appareils construits par deux de nos collè-
gues (1) et des instructions détaillées furent remis à Monsei-
gneur Perny, lors de son départ pour la Chine , vers la fin de
1858. Mais la présence des bandes d'insurgés chinois a para-
lysé jusqu'en 186-2 les bonnes intentions de Monseigneur
Perny et des autres missionnaires.
En 1859, la Société demanda à M. l'ambassadeur de France
à Saint-Pétersbourg de vouloir bien essayer de faire venir des
cocons ou des graines du Ver du Chêne par les courriers
russes qui font le service entre Saint-Pétersbourg et Pékin.
Malgré son désir d'être utile à la Société, M. l'ambassadeur
ne put rien obtenir. Sans doute que les Vers ne sont pas cul-
tivés sur la route du courrier.
En 1860, deux jeunes voyageurs qui devaient traverser la
Chine, MM. L. d'Eiclilhal et le docteur Mesnier, reçurent de
la Société la mission de lui expédier des cocons du Ver du
Chêne. Ils partirent munis d'instructions , mais la mort si
regrettable de l'un de ces voyageurs, avant leur arrivée en
Chine, mit fin à cette expédition.
Pendant la même année 1860 (2), une demande des mêmes
cocons et des instructions furent adressées à une maison de
(1) MVl. Fréd. Jacquemart et Réveil.
(2) Par rintennédiaire de MM. Le Chatelet et Dutfoy.
T. X. — .Uiilletl863. 28
à^ll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION.
commerce aiyanl un comptoir à Kiakhta, ville frontière, où se
font les échanges entre la Chine et la Russie.
En 1861, lorsque les nouvehes de la prise de Pékin et de
la paix avec la Chine arrivèrent à Paris, il fut écrit au général
Montauhan pour le prier de faire rechercher des cocons du
Ver du Chêne; mais par suite du peu de durée du séjour du
général et de quelques retards, la lettre ne parvint en Chine
qu'au moment où le général s'embarquait pour la France.
Pendant cette même année, M. Eugène Simon, notre confrère,
chargé par l'Empereur d'une mission agricole en Chine, et
muni des instructions de la Société, lui écrivait, en date de
Schang-haï, le 8 juillet 1861, qu'il espérait envoyer des
Vers à soie du Chêne de Chine pour la saison suivante.
En 1862, vers la tin de l'année, notre président voulut bien
recommander aux agents français en Chine et en Cochinchine
l'envoi de cocons du Chêne , et leur indiquer les soins à
prendre pour les expédier dans de bonnes conditions.
Une nouvelle tentative fut aussi faite pour utiliser les cour-
riers russes.
En 1863, le 6 février, vous entendiez la lecture d'une lettre
de Monseigneur Perny, datée de la province duKouéi-tchéou,
le 15 octobre 1862, par laquelle il annonçait l'envoi d'une
caisse de cocons de Vers du Chêne, expédiée par Schang-haï,
à M. Vaucher, vice-consul à Hong-kong, pour être envoyée
à la Société.
La Société n'a reçu aucune nouvelle de M. Vaucher.
Quelques jours plus tard, une caisse expédiée par M. Simon,
et contenant 15 à 20 kilogrammes de cocons des Vers du
Chêne, parvenait au ministère de l'agriculture.
M. Simon avait annoncé cet envoi à la Société par une lettre
en date de Pékin, le 18 novembre 1862 , et disait que ces
cocons provenaient de la province de Chantong.
Cette caisse fut adressée, par M. le ministre, à M. Guérin-
Méneville, qui en informa la Société le 20 février 1863.
^ Enfin, le 10 avril dernier, M. le Président apprenait, par
une lettre deM. Simon, en date de Schang-haï, le 7 février 1863,
que ce dernier faisait un second envoi de cocons des Vers du
VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE. 635
Chêne {Bombyx Pernyi), à l'adresse du Ministre de l'agricul-
ture ; que ces cocons lui avaient été adressés par Monseigneur
Faurie, évêque d'Apollonie et vicaire apostolique du Kouéi-
tchéou.
La Société reçut cette caisse le 8 avril.
Malheureusement pour cet envoi, comme pour celui qui a
été remis à M. Guérin-Méneville, on avait négligé les pré-
cautions nécessaires. Les cocons étaient dans le plus triste
état. Néanmoins M. Guérin-Méneville choisit dans les deux
lots ce qui paraissait avoir le moins souffert, et il attendit les
événements. Ils furent plus favorables qu'on n'eût osé l'espé-
rer. En effet, de ces cocons sont nés quelques papillons ; ces
papillons produisirent quelques œufs fécondés, d'où sortirent
les cinquante Vers environ qui sont en ce moment l'objet des
soins attentifs de M. Guérin - Méneville , et qui , nous le
souhaitons ardemment, deviendront la souche d'une si pré-
cieuse acchmalation.
Tels sont les faits, messieurs : si nous sommes bien prés
du but, nous n'osons pas dire encore que nous y touchons,
car nous devons nous rappeler ce que le père Bertrand a écrit
sur les difïîcultés que présente l'éducation du Ver du Chêne en
captivité (1). Néanmoins, messieurs, et quel que doive être le
résultat de cette seconde introduction, vous voudrez payer ici
un juste tribut de reconnaissance à nos zélés missionnaires,
à M. Simon, à tous nos confrères qui ont prêté leur concours
à la Société, et vous direz avec nous qu'après tant d'efforts et
de persévérance, la Société impériale zoologique d'acclima-
tation mériterait de trouver sa récompense dans le succès
d'une si louable entreprise.
(1) Depuis cette époque, en ellet, et malgré les soins les mieux compris,
M. Guérin-Méneville et S. Exe. M. le maiéchal Vaillant, à qui il avait confié
une partie de ses Vers, n'ont pu parvenir qu'à en conserver un très-petit
nombre.
SUR L'ÉDUCATION DU BOMBYX YA-MA-MAÏ
FAITE AU JARDIN D'ACCLIMATATION
Par M. J. Pl]%ÇO\.
(Séance du 11 mai 1863.)
Chargé par M. le directeur du Jardin d'acclimatation de
diriger la magnanerie expérimentale, je viens vous faire
connaître les résultats obtenus jusqu'à ce jour de l'éduca-
tion du Ver à soie sauvage du Japon {Bombi/x Yn-ma-mai),
offerte au Jardin par la Société impériale.
Le 5 février dernier, j'ai reçu 573 œufs pesant 5 grammes ;
la majeure partie de ces œufs était déprimée ; quelques-uns
même avaient commencé à éclore : aussi, sur ce nombre,
192 seulement sont venus à éclosion.
Dans la prévision de naissances hâtives, des Chênes prove-
nant de glands mis en pots avaient été placés dans la serre
chaude pour y être forcés; et des châssis avaient été mis
sur une partie de la petite plantation de Chênes attenant à la
magnanerie du Jardin. Pour éviter une éclosion trop prompte,
les œufs ont été conservés dans une chambre où la tempéra-
ture était peu élevée. Malgré cette précaution, le 16 mars, ces
œufs ont commencé à donner 3 Vers qui ont été mis sur un
jeune Chêne provenant de la serre chaude : ces premières
chenilles n'ont vécu que peu de jours.
Six jours après, c'est-cà-dire le 22 mars, il est né 3 autres
Vers; du 22 au 31, il en est né Zi3, qui ont été également
Hourris avec la feuille provenant de la serre.
Ces Vers, malgré les soins les plus minutieux et les plus
assidus, n'ont malheureusement vécu que deux ou trois jours.
A partir du 31 m#i^s, les naissances ont continué régulière-
ment dans de plus fortes proportions (8 à 9 par jour). Mais ces
Vers, auxquels je ne pouvais donner que de la feuille forcée,
sont morts comme les autres au bout de très-peu de temps ;
sans vouloir toucher à cette feuille, qui me paraissait, du
reste, trop dure pour leurs faibles organes.
C'est seulement le 8 avril qu'il m'a été possible de donner
Ki»«;.iATlON DU BOMDV»\ YA-MA-MAÏ. h'67
aux jeunes ç^ienilles de la feuille des petits Chênes sur lesquels
des châssis avaient été placés ; cette feuille, plus tendre et
plus aqueuse que celle de la serre, a été attaquée et mangée
avec avidité, et depuis lors j'ai vu les Vers grossir et se déve-
lopper avec une merveilleuse raj!>idité.
Les naissances se sont continuées jusqu'au 16 avril. Pen-
dant ces neuf jours, j'ai recueilli 83 Vers dont 5 sont morts
accidentellement dans le cours de Téducation; i\ m'en est
donc resté 78. Leur éducation a marché trés-réguhèrement.
Nourris avec des rameaux de feuilles de Chêne pris au
Jardin et mis dans des carafes remplies d'eau, ces chenilles se
sont montrées constamment vigoureuses et faciles à élever;
aucun symptôme de maladie n'a été aperçu.
Les Vers ont généralement rais entre le réveil de chaque
mue de dix à onze jours (leur sommeil a duré trois jours) ; ce
n'est que seize jours après le réveil de la quatrième mue
qu'ils ont commencé à filer leur cocon.
L'éducation, depuis la naissance jusqu'au moment où les
Vers ont commencé à filer, a duré de cinquante-six à soixante
jours, h une température de 16 à 18 degrés centigrades.
Les Vers que j'ai l'honneur de vous présenter, se sont
éveillés de leur quatrième mue le 1" juin; selon toute appa-
rence, ils coconneront vers le 15 ou le 16.
Vous remarquerez que certains d'entre eux ont, de chaque
côté du corps, un ou plusieurs points métafiiques, et que
d'autres n'en ont pas. J'ai donc cru devoir les séparer, afin
de m'assurer si ces points n'indiqueraient pas la différence
des sexes.
J'ai l'honneur de vous soumettre également quelques-uns
des cocons qui ont pu, sans danger, être transportés.
Sur les 78 Vers que j'ai élevés, 43 ont fait leur cocon, et
35 me restent encore.
S'il m'était permis d'émettre mon opinion personnelle sur
cette espèce de Vers à soie, je dirais que leur éducation me
paraît pouvoir se faire sans difficulté, et qu'il y a lieu d'es-
pérer que l'industrie pourra s'emparer promplement, et avec
succès, de cette nouvelle branche de sériciculture.
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE DU 26 JUIN 1863.
-, Présidence de M. Drouyn de Lhuys.
M. le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance
précédente, qui est adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nou-
vellement admis :
MM. BoNARD (le vice-amiral Louis-Adolphe), à Paris.
Faigneau, propriétaire, à l'île de la Réunion et à Parl^.
Manouk-Bey (le colonel prince Grégoire), de Russie, à
Paris.
MoNTEBELLO (Jean de), à Paris.
Moquin-Tandon (Ollivier), h Paris.
Pinard, directeur du comptoir national d'escompte, à
Paris.
Sauquet-Seib, propriétaire, à Mulhouse (Ilaut-Rliin).
— M. le Président annonce que M. Guérin-Méneville ayant
offert au Conseil sa démission de membre du Bureau et de
secrétaire du Conseil, cette démission a été acceptée.
M. le Président adresse ensuite à l'assemblée une allo-
cution conçue à peu près en ces termes :
« En ouvrant cette séance, qui sera la dernière de la
dixième session des travaux de notre Société, et qui terminera
en quelque sorte une première série, il conviendrait peut-
être de vous présenter un résumé sommaire de ces travaux
de dix années , des résultats que nous avons obtenus, des
expériences que nous avons tentées, de celles qui sont encore
en voie d'exécution. Mais pour ne pas fatiguer votre atten-
tion, je me contenterai de passer rapidement en revue les
faits les plus saillants de notre dixième session.
» La session de 1862-1863 nous a amené 206 nouvelles
adhésions; nous pouvons donc dire que nous sommes tou-
PROCÈS-VERBAUX. /i39
jours en progrès constants sous ce rapport. Il serait cepen-
dant à désirer que le nombre des membres de la Société
s'accrût encore beaucoup plus rapidement. Pour atteindre
notre but d'utilité universelle, il nous faut le concours de
tous les hommes intelligents. Que chacun de nous se fasse
donc un devoir de propager, dans le cercle plus ou moins
étendu de ses relations, la connaissance de nos idées, de
notre mode d'action, des conditions, enfin de l'admission au
titre de membre de notre Société.
5) Loin de se ralentir, le mouvement de notre œuvre a pris
une nouvelle activité. Nos Yaks et nos Chèvres d'Angora ont
été placés à cheptel et visités dans leurs nouvelles résidences.
La question des Moutons ong-ti de la Chine a été étudiée et
nous enrecevrons sans doute un certain nombre très-prochai-
nement. Deux grands troupeaux d'Alpacas et de Lamas offerts
à l'Empereur par les républiques de l'Equateur et du Pérou
ne tarderont pas à arriver en France. Nos études de pisci-
culture se sont continuées avec le même zèle, et elles se sont
surtout' appliquées à la pisciculture marine. Nos envois de
Marronniers à fruits comestibles et d'Oliviers sont heureuse-
ment parvenus au Brésil, pour être l'objet de tentatives d'ac-
climatation dans ce vaste empire, entreprises par l'initiative
propre du gouvernement. La Société a suivi avec le plus
grand soin la question si importante de la culture et de
l'acclimatation du Coton. Vous avez vu les beaux résultats
obtenus au Jardin d'acclimatation dans la culture d'une
nouveUe plante tuberculeuse, la Poire de terre Cochet, qui
paraît devoir être une très-précieuse acquisition.
» Je n'ai qu'à vous rappeler en un mot les brillants succès
de nos expositions de volatiles et de la race canine.
» Vous avez eu de fréquentes occasions de constater les
bienveillantes dispositions de S. M. l'Empereur, et de LL. Exe.
les Ministres de l'agriculture et de la marine en notre faveur.
» Je vous ai donné, dans la séance du 20 mars dernier la
longue hste des provenances si variées des quarante-trois
collections de graines diverses et des nombreux envois d'ani-
maux que la Société a reçus.
htlO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
» Nous pouvons donc dire, à coup sûr, et sans avoir besoin
d'entrer dans de plus grands détails, que notre œuvre marche
rapidement dans sa voie et que ses progrès sont très-sensibles.
» Mais il y a, dans nos travaux de la session qui va se clore
aujourd'hui, deux points principaux sur lesquels doit se fixer
surtout votre attention. Je veux parler de l'éducation du Ver
à soie du Chêne du Japon, le Bombyx Ya-ma-mdi^ et du Ver à
soie sauvage du Chêne de la Chine, le Bombyx Pernyi.
» Vous connaissez déjà les succès de l'Ya-ma-maï, et vous
partagez nos espérances à l'égard de cette précieuse espèce.
» Je laisserai à notre collègue M. Jacquemart le soin de
vous rappeler les efforts incessants faits par notre Société,
depuis le premier jour de sa fondation, pour acquérir le
Bombyx Pernyi, dont nous devrons certainement un jour la
possession, si nous ne la leur devons pas déjà dès à présent,
à nos vénérables cohaborateurs les évêques et les mission-
naires apostoliques, qui prêtent à notre œuvre un concours si
éclairé et surtout si dévoué. (Voyez au Bulletin, page ZiSO.)
» Vous le voyez, messieurs, notre dixième session a été
bien remplie, et si, comme nous l'espérons, rien d'imprévu
ne vient compromettre ces deux grandes conquêtes, on pourra
dire avec assurance qu'elle aura été l'une des plus prospères
et des plus fécondes. »
— M. de Quatrefages demande à l'assemblée la permission
de compléter le passage de cette allocution de M. le Prési-
dent, relatif aux bienveillantes dispositions de Sa Majesté
l'Empereur et de MM. les Ministres de l'agriculture et de la
marine en faveur de notre Société. Il lui semble qu'il serait
injuste de ne pas reconnaître en même temps les éminents
services rendus avec tant de dévouement à notre œuvre par
S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères, notre honorable
Président, à qui ses graves préoccupations officielles ne font
rien perdre de sa prédilection si bien connue pour notre
Société. — L'assemblée s'associe par une acclamation una-
nime à ce témoignage de reconnaissance.
— Des remercîments pour sa récente admission sont
adressés par M. le comte Méjan. -
PROCÈS-VERRAUX. " liki
— S. Exc. M. le Ministre de la marine et des colonies
annonce que la question des madrag'ucs a été mise depuis
longtemps à l'étude par son département, et qu'elle reçoit en
ce moment un complément d'instruction. M. le Ministre ajoute
qu'il est tout disposé h favoriser les recherches et les études
projetées par la Société, pour la création d'établissements de
pisciculture sur les côtes de la Méditerranée.
— M. le vicomte L. de Lémont, consul de France à Fer-
nambouc, par une lettre du '26 mai, informe M. le Président
qu'il vient d'embarquer une collection de neuf animaux qu'il
offre à la Société pour le Jardin d'acchmatation.
— M. Richard (du Cantal), complétant les communications
déjcà faites par lui sur la fabrication du fromage de Hollande,
qu'il a introduite à sa ferme de Souliard, adresse un rapport
sur cette fabrication. — Ce rapport sera inséré dans l'un des
plus prochains numéros du Bulletin.
— M. Lequin, par une dépêche électrique, annonce la
naissance d'un jeune Yak de conformation imparfaite, sur
lequel il doit donner prochainement des renseignements.
— M. A. Geoffroy Saint-Hilaire transmet à la Société l'extrait
d'une lettre d'un de ses correspondants au Brésil, qui lui
annonce que les Chameaux transportés dans ce pays par les
soins de la Société paraissent aujourd'hui s'y porter assez
bien et n'avoir pas souffert du changement de climat; le pays,
d'après l'opinion de l'un des derniers présidents du Céara,
semble leur convenir parfaitement, mais ils ne s'y sont pas
escore reproduits.
— M. de Balcarce, ancien chargé d'affaires de Buenos-
Ayres, membre de la Société, adresse un Mémoire sur les
races ovines de la république Argentine.
— Notre confrère M. Barthélemy-Lapommeraye fait par-
venir à M. le Président une Notice sur le résultat d'un accou-
plement, en état de captivité, d'un sujet mâle de la Perdrix
Gambra à pattes rouges, d'Algérie, avec une femelle de
Perdix syndica de Syrie. (Voyez au Bulletin.)
— M. Lucy (de Marseille), à qui le Conseil de notre Société
avait fait connaître son désir de voir des expériencjes et des
/iÛ2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION.
études pratiques se faire par des personnes compétentes sur
les eûtes de la Méditerranée, pour élucider la question de la
reproduction et, par suite, de l'acclimatation des Éponges,
écrit le 16 juin, qu'il a eu la satisfaction de pouvoir organiser en
peu de jours un comité spécial qui se chargera de faire ces
études. Ce comité, à la tête duquel se trouve naturellement
notre zélé collègue, se compose de M. Derbès, professeur de
zoologie à la Faculté des sciences, qui déjà a étudié person-
nellement la question de l'acclimatation des Éponges et les
lieux les plus propices à celte culture ; M. le docteur Sicard,
bien connu de la Société, fervent adepte de la pisciculture;
M. Vidal, propriétaire de Salins aux Martigues, où il se livre
industriellement et avec succès à l'acclimatation des Huitres,
Moules et Clovisses; M. le docteur Desfossés, ichthyologuc dis-
tingué; M. Noël Suquet, l'habile directeur du Jardin zoolo-
gique de Marseille ; et M. Morin, patron pêcheur, syndic des
gens de mer, homme du métier le plus expérimenté. On peut
juger, par la composition même de cette commission, de ce
que l'on est en droit d'attendre de ses travaux.
— M. Lamiral, dans une Note présentée à la Commission de
la fécondation artificielle des Poissons de mer, fait remarquer
que de premières expériences pourraient être faites prochai-
nement sur les Muges, depuis la mi-juillet jusqu'en août,
puisque c'est à cette époque que ces poissons quittent l'étang
de Berre pour aller frayer sur des fonds plus convenables, et
que les pêcheurs en prennent des quantités considérables pour
fabriquer la poutargue.
— M. lîené Caillaud adresse une Note sommaire de ses
recherches et de ses travaux relatifs à la question de fécon-
dation artificielle d'œufs de Poissons de mer. De 185Zi à 1858,
il a obtenu ainsi de nombreuses éclosions : 1° de Muges
{Mugil chelo, famille des Mugiloïdes) ; T de Carrelet, Plie et
Sole (variétés PleuronpMes , Platessa et Solea); 3" de Bar
{Lupus, Perça, Labrax, genre Persèque). Ces résultats ont été
constatés et certifiés par pièces authentiques, entre autres
par une attestation du maire de Saint-Sornin, du 5 décembre
1857. M. Caillaud rappelle, en outre, ses essais d'acclima-
PROCÈS-VERBAUX. • i/lS
tation en eau douce du Muge et du Bar, confirmés par l'envoi,
fait récemment par M. Labbé, de Muges de divers âges élevés
à Luçon (Vendée).
— M. Déel, capitaine commandant de place à l'île Sainte-
Marguerite, écrit, à la date du 18 juin, pour oflrir à la Société
son concours tout dévoué dans le cas où elle voudrait tenter
des essais de culture d'Epongés aux environs des îles de
Lérins, où se trouvent des fonds qui lui paraissent parfaite-
ment propres au développement de ces zoopbytes. — La pro-
position de M. Déel sera soumise au Conseil.
— M. le préfet de la Haute-Loire fait parvenir, à la date du
10 juin, trois rapports en réponse au Questionnaire rédigé et
distribué par la Société, sur les Vipères de France. Ces
réponses émanent des sous-préfectures de Brioude et d'Yssin-
geaux et de la Société d'agriculture du département. Elles
seront jointes aux nombreux documents déjà recueillis sur
cette question.
— Des renseignements sur les éducations du Ver à soie
Ya-ma-maï sont adressés par la Société libre d'agricul-
ture, etc., de l'Eure; par M. Cornalia(de Milan); par M. Bouille-
Courbe, président de la section d'agriculture et de la com-
mission séricicole d'Indre-et-Loire, par M. Boger-Desgenettes,
par M. J. Gross, de Zuricb.
De ces réponses, il résulte que ces éducations n'ont pas eu
partout les mêmes succès, elles sont cependant satisfaisantes
dans l'Eure et cbez MM. Roger-Desgenettes et Gross.
— M. Martin de Bessé, en accusant réception d'œufs du
Bornbi/x Ci/nthiaj qui lui ont été récemment envoyés, annonce
que l'Avoine du Canada, dont il avait reçu la semence de la
Société, lui donne les plus belles espérances pour le rende-
ment et la qualité du grain.
— M. Gauldrée-Boilleau écrit de Québec, le 3 juin, pour
annoncer à M. le Président qu'il s'occupe activement de s'as-
surer pour la saison procbaine une récolte suffisante de
graines des principales essences forestières qui lui ont été
signalées par la Société et de quelques autres arbres qu'il
croit devoir y joindre. 11 ajoute que M. Sturton, établi à
àhli SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION,
Québec, a reciieHH une collection complète de plantes propres
aux cam|3agnes qui entourent cette ville, et qu'il désirerait
l'échanger contre un herbier des environs de Paris. Si quel-
qu'un de nos confrères acceptait cette proposition, M. le
consul général se chargerait volontiers de le faire savoir à
M. Sturton. Notre honorable collègue termine sa lettre on
disant qu'il adresse à la Société plusieurs ouvrages intéres-
sants, tels que la F/ore canadienne, par M. l'abbé Proven-
cher; les Pêcheries du Canada, par M. Lemoine ; le Cata-
logue des principales essences forestières du Canada.
— Notre zélé confrère M. Brierre de Saint -Hilaire (de
Riez) fait parvenir une nouvelle Note accompagnée de des-
sins sur ses cultures, et une liste de deux cents variétés de
graines provenant de ses récoltes et distribuées par lui.
— Madame Delisse adresse des renseignements sur les
résultats de ses cultures de graines provenant de la Société.
— M. le président de la Société d'horticulture la Flore ,
récemment constituée à Cologne, sous le haut patronage de
S. M. la Reine de Prusse, transmet le vif désir exprimé par
cette Société, d'entrer en relations suivies avec la nôtre par
un système d'échange de produits naturels et de publications.
Un plan du jardin de cette Société accompagne la lettre de
M. le président.
— Notre confrère M. A. le Chevalier fait hommage à la
Société d'un exemplaire du magnifique Planisphère agricole
et climatologique qu'il vient de publier. — La Société accepte
ce don avec autant d'empressement que de reconnaissance.
— A la suite du dépouillement de la correspondance, M. le
Président s'excuse de ne pouvoir demeurer plus longtemps,
et M. de Quatrefages, vice-président, le remplace au fauteuil.
— M. le Président fait connaître à rassemblée les deux
décisions suivantes, prises récemment par le Conseil : 1" Con-
sidérant que le programme des primes spéciales pour des
ouvrages théoriques sur l'acclimatation n'a été publié que
tout récemment, et que, pour cette année, il serait impossible
à un auteur de rédiger un travail de quelque importance
avant le délai fixé, le Conseil a décidé que ce délai serait
PROCÈS-VERBAUX. /j/jô
prorogé jusqu'au 1" novembre prochain. 2" Le Conseil, vou-
lant que la Société prenne l'initiative des recherches et des
études à fîiire sur la fécondation artificielle des Poissons de
mer, a voté une somme de 2000 francs pour subvenir aux
frais de premières expériences sur les côtes de la Méditer-
ranée et de l'Océan, et le soin de ces études a été confié à
MM. LamiraletGillet de Grandmont.
— M. Millet émet l'opinion que la saison est très-avancée
pour ces expériences, attendu que diverses espèces de Pois-
sons de mer ont déjà frayé ou sont très-près de le faire.
— M. le Président fait remarquerquelaCommission a prévu
ces circonstances déjà signalées par M. Caillaud, et que le
Conseil a cru devoir décider que la 3« Section serait invitée
à donner son avis sur cette question avec ses instructions
si elle le jugeait utile.
— M. Gillet de Grandmont, avant de lire le rapport rédigé
au nom de la Commission, présente un Ombre-chevalier né
et élevé dans les bassins du laboratoire de M. Coste, au
collège de France. Ce poisson est âgé de vingt-cinq mois, et il
pèse libb grammes. Notre confrère rappelle que la qualité de
la chair de l'Ombre-chevalier, supérieure à celle de tous les
autres Salmonidés, le recommande tout particuhèrement aux
pisciculteurs.
— M. de Grandmont, lit ensuite le Rapport qu'il a rédigé au
nom de la Commission des fécondations artificielles des Pois-
sons de mer (voyez page 385). Les conclusions de ce rap-
port, approuvées par la Commission, le sont également par
l'assemblée.
— Après la lecture de ce rapport, M. Gillet de Grandmont
remercie le Conseil de la mission dont il l'a chargé ; mais il
craint, dit-il, que les résultats de cette mission ne soient pas
aussi satisfaisants qu'il le désirerait, car la question qu'il va
étudier est encore bien obscure aujourd'hui. Du reste, il ne
part pas, ajoute-t-il, avec la prétention de repeupler les
océans par la fécondation artificielle, mais avec l'intention de
rechercher les conditions les plus favorables à la reproduc-
tion des Poissons de mer. En tout cas, il as-sure la Société
kà6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
qu'il appliquera tous ses soins et tout son zèle à remplir di-
gnement la mission qui lui a été confiée.
— M. F. Jacquemart donne communication de la notice
annoncée plus haut par M. le Président, sur les tentatives
faites par la Société pour l'introduction du Bombyx Pernyi,
Ver à soie sauvage du Chêne de Chine, en France. (Voy. p. ASO.)
Notre collègue complète ensuite les renseignements qu'il
avait déjà donnés dans les séances précédentes sur les résul-
tats de son éducation des Ya-nia-maï, qui a parfaitement
réussi. Des observations qu'il a laites résulte, dans son
opinion, la nécessité de préparer dès cette année, avant la
seconde sève, déjeunes plants de Chêne en pots, afin d'avoir
de la nourriture toute prête à donner aux jeunes Vers, s'ils
éclosaient d'aussi bonne heure l'année prochaine que ceux
de cette première expérience. M. Jacquemart insiste particu-
lièrement sur l'importance de cette prudente précaution.
M. Pépin fait remarquer que cette mesure est facile à
prendre aux environs de Paris, où les Chênes sont si com-
muns, mais qu'il convient de choisir pour cela le Chêne
pédoncule, que les Ya-ma-maï préfèrent naturellement au
Chêne rouvre.
— Sur une observation de M. Petetin, relativement aux
résultats de l'enquête sur les Vipères de France, M. le Prési-
dent fait observer qu'un rapport sur cette question, rédigé
d'après les réponses au Questionnaire distribué par la Société
dans un but tout à fait pratique, est préparé par M. le doc-
teur L. Soubeiran, qui se propose de le soumettre très-pro-
chainement à la Commission spéciale, puis au Conseil. (Voyez
au Bi/lktin,]). •)
y[^ le baron Larrey annonce, à cette occasion, qu'il com-
muniquera à la Société un intéressant travail de M. le doc-
teur Rodes sur les Vipères de la province d'Oran (Algérie).
Cette communication sera accueillie avec reconnaissance. ^
— M. le directeur du Jardin d'acclimatation informe l'as-
semblée qu'une exposition de produits apicoles sera ouverte
au Jardin, par les soins de la Société d'apiculture, du 15 au
25 août prochain. ________
PROCÈS-VERBAUX. /»Z|7
SÉANCE DU CONSEIL bU 17 JUILLET 1863.
Présidence de M. de Quatrefages , vice -président.
Le procès-verbal de la séance générale du 26 juin est lu et
adopté par le Conseil , conformément à l'article 51 du règle-
ment administratif de la Société. ., • .
Le Conseil admet au nombre des membres de la Société :
MM. Alves Pinto (A. F.), consul de Portugal à Buenos-Ayres.
Aquila (S. A. L et Pi. Mgr le comte d'), à Paris.
AuBENAS lils, filateur de soie du Mûrier et de rAilante , à
Loriol (Drôme).
Benard , ancien chirurgien des hôpitaux mihtaircs ,
licencié en droit, à Caen.
Dax (le vicomte L. de), propriétaire, à Vannes (Mor-
bihan), et à Paris.
Dessâix, éditeur de divers journaux agricoles et litté-
raires, à Évian-les-Bains (Savoie).
Gerbauld (Edmond), propriétaire, agriculteur et sérici-
culteur à Saint-Bert-IIevin, près de Laval (Mayenne).
Legentil (Ernest), propriétaire à Douai (Nord).
Le Roy (A. J. A.), directeur des douanes et des contribu-
tions indirectes à Boulogne- sur-Mer (Pas-de-Calais).
RosTAN (le général), au service du Bey de Tunis, à Paris.
Saldanha (S. Exe. le maréchal), ambassadeur de S. M. le
roi de Portugal, près du saint-siège, à Rome.
Vidal (Léon), propriétaire, secrétaire général de Y Union
^es-4r^i', à Marseille.
— S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, par une lettre du 1" juil-
let, fait connaître l'adhésion dont S. A. L et R. Mgr le comte
d'Aquila veut bien honorer la Société.
— M. le Président annonce au Conseil la perte regrettable
que la Société vient de faire de plusieurs de ses membres :
M, le duc de Hamilton, M. le commandant Loche, d'Alger,
M. J. A. Asselin et M. le docteur Marchant, de Bordeaux,
Les numéros du journal rAkhbar du 30 juin et du 3 juillet,
adressés à la Société avec une lettre de faire part de la mort
AÛS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
de M. le commandant Loche, renferment d'honorables témoi-
gnages des services éminents rendus à la colonie par notre
dévoué confrère, et de l'intérêt qu'il ne cessait de prendre aux
travaux de notre Société.
— M. le Président communique au Conseil une lettre qui
lui a été adressée par M. Black, président de la Société d'ac-
climatation de "Victoria, en date de Melbourne , le 25 mai,
pour lui annoncer qu'il a été élu à l'unanimité membre ho-
noraire de cette Société australienne. — Le Conseil félicite
M. le Président de cette nomination comme d'un nouveau
témoignage de l'union sympathique qui rattache les Sociétés
d'acchmatation.
— M. le Président, par une lettre du 1" juillet, informe la
Société de la naissance de quatre Agneaux qui viennent d'être
produits, en une seule portée , par une Brebis ong-ti, chez
S. Exe. M. le Ministre président le Conseil d'État, à l'hôtel du
ministère de l'agriculture. Il est donné lecture d'une note
rédigée par M. Jacquemart sur ce fait intéressant, qui té-
moigne de la fécondité extraordinaire de cette race chinoise
(voy. p. A23).
— S. Exe. M. le Ministre delà marine et des colonies, par
une lettre du 10 juillet, annonce à M. le Président qu'il a dis-
posé en faveur du Jardin d'acclimatation d'un Chevrotain
porte-musc, espèce extrêmement rare et curieuse du Cam-
bodge, qu'il venait de recevoir de Cochinchine.
— M. Lewis Samuel écrit de Sydney (New-South-Wales) à
M. le Secrétaire, pour faire savoir qu'il expédie \^iir\eDa/uas-
CKS, partant de cette ville pour Londres, un Moomk {Casuarius
Bennetti), qu'il offre à la Société impériale d'acclimatation, et,
en sa qualité de membre du Conseil de la Société de Sydney,
dont il voudrait enrichir les collections, il demande en échange
des Curassows et des Canards mandarins qu'il désire intro-
duire dans la colonie.
— M. le receveur central des finances, par une note du
30 juin, fait connaître les souscriptions, de 100 francs chacune,
accordées par les départements de l'Aisne et de Constantine
pour la statue de Daubenton. : . ..': -
PROCÈS-VERBAUX. • Z|i9
— M. Eugène Simon écrit de Han-keou (Chine), le 29 avril
elle 2 mai, pour offrir à la Société ses remerciments au
sujet de sa nomination au titre de membre honoraire. Après
avoir renouvelé l'assurance de son concours le plus dévoué,
notre zélé confrère annonce son départ pour le Szu-tchuen
et les autres provinces occidentales de la Chine, où il est
accompagné de M. Louis Bourret, de la maison Rémi Schmidt
au Japon, à qui la Société doit le premier envoi qu'elle ait
reçu d'œufs d'Ya-ma-maï. M. Simon se félicite, dans sa lettre,
du bienveillant appui qu'il a trouvé auprès de M. Mauboussin
et de M. Dabry, tous deux consuls de France en Chine. Il rap-
pelle ensuite à M. le Président l'idée qu'il a déjà exprimée
des avantages que présenteraient : 1° un système suivi d'é-
changes de produits naturels entre la France et la Chine et
le Japon ; 2" une exposition méthodique et complète de tous les
produits naturels et industriels de la Chine, indiquant en
même temps les prix de revient et les prix de vente , ainsi
que de tous les engins ou appareils de production dont se
servent les Chinois, afin de faciliter une étude plus positive
des ressources immenses que possède ce pays encore si peu
connu. Enfin M. Simon fait parvenir à la Société un long
mémoire manuscrit sur son récent voyage en Mongolie.
— M. Lequin, par une lettre datée de Lahayevaux, le
26 juin, annonce la mort du jeune taureau Yak, dont il avait
fait connaître précédemment la naissance et les difformités ;
une note de M. Lièvre, vétérinaire à Neufchàteau , sur l'au-
topsie de cet animal, mentionne les causes de sa mort.
— M. B. Barbé, membre de la Société à Gapvern (Hautes-
Pyrénées), écrit pour demander un lot de Lamas et Alpacas
à titre de cheptel. — 11 a été pris note de cette demande.
— M. Fabre, directeur delà ferme-école de Vaucluse, par ses
lettres du 5 et du 8 juillet, annonce qu'il se chargera volon-
tiers du lot de Chèvres d'Angora qui avait été placé dans la
Haute-Loire, et que la Société veut bien lui confier pour aug-
menter son cheptel. — M. le Président annonce que des
mesures ont été prises pour que M. Fabre en soit mis en
possession immédiatement.
T. X. — Juillet 1863. 39
A50 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
— S. Exc. M. Drouyn de Lliuys transmet, au nom de
M. Stanislas Julien , un résumé des indications qu'a fournies
à notre savant confrère l'étude d'une encyclopédie chinoise
sur les diverses espèces de Moutons de Chine. M. le Président
ajoute que M. Julien lui signale, comme pouvant servir de
guide aux personnes qui voudraient s'occuper de la propaga-
tion en Europe des races de Vers à soie sauvages de la Chine,
une notice du père d'Incarville, publiée au tome II, page
579-601 des Mémoires concernant t histoire, les sciences, les
arts, etc., des Chinois, par les missionnaires de Pékin, et
qu'il avait lui-même jointe à son iiV'6 «me (aujourd'hui épuisé)
des principaux traités chinois sur l'éducation des Vers à soie
et la culture des Mûriers. Une seconde lettre de M. Julien
annonce qu'il résulte d'assez longues recherches faites ré-
cemment par lui, que la bibliothèque pubhque de Lyon pos-
sède 2(3 dessins exécutés en Chine sous la direction du père
d'Incarville et représentant les diverses espèces de Vers à soie
sauvages et les procédés employés par les Chinois pour exploi-
ter leur soie. •
— M. Viennot adresse une Note sur l'acclimatation en
Angleterre, extraite et traduite par lui du troisième Rapport
annuel de la Société d'acclimatation de Londres (voy. p. 459).
— M. le docteur Berg, notre délégué à la Réunion, accuse
réception, à la date du 6 juin , d'une caisse de graines en-
voyées par la Société au comité de la Réunion, et offre ses
remercîments pour les démarches qui ont été faites en faveur
du comité auprès de M. le Ministre de la marine. Noire col-
lègue annonce la prochaine introduction dans la colonie du
Lama et de l'Alpaca, et de la culture du Coton et du Ver à soie
sur une grande échelle.
— • Notre confrère M. Louis Conti adresse une Note sur le
Mouflon de Corse, dans laquelle, tout en reconnaissant la par-
faite exactitude des observations de M. le baron Aucapitaine
sur cet animal (voy. imBulletin, p. 170), il n'est pas d'accord
avec lui sur son utilité. M. Conti trouve qu'il y aurait au con-
traire un véritable avantage pour les éleveurs corses à multi-
plier le Mouflon. ■ .. ^
PROCÈS-VERBAUX. ^5j
— M. de Launay, dont M. Molinier, d'Angers, avait trans-
mis, l'an dernier, les bienveillantes offres de service à la
Société, écrit d'Odessa, le 20 juin, pour exprimer son regret
d'avoir dû, par des raisons de santé, quitter la Sibérie avant
de pouvoir réaliser son projet d'expédier divers animaux, et
entre autres l'Argali. II annonce toutefois l'envoi, par l'obli-
geant intermédiaire de M. de Saint-Robert, consul de France
à Odessa, de diverses graines de plantes cbinoises ou sibé-
riennes, telles que le Bédé (en tarîare), Moussony (en russe),
espèce de Trèfle très-abondant du nord de la Cbine ; le fro-
ment dit Riclie, et le froment noir, cultivés aux environs de
Semipalatinsk, et de plusieurs autres espèces utiles.
— S. Exe. M. le Ministre de la marine, par une lettre du
13 juillet, annonce à M. le Président qu'il est tout disposé à
accorder à M. Gillet de Grandmont, sur la demande qui lui
en a été foile, au nom de la Société, toutes les facilités admi-
nistratives dont il aura besoin pour l'accomplissement de sa
mission d'études relatives aux fécondations artificielles des
Poissons de mer sur les côtes de l'Océan.
— M. Lamiral écrit de Marseille, le 13 juillet, pour de-
mander les instructions préparées par la 3^' Section et trans-
mettre les offres de bon concours de M. Léon Vidal, proprié-
taire de pècberies , qu'il présente comme membre de la
Société.
^ — M. le baron Larrey lait parvenir le travail sur les Vipères
d'Oran, par M. le docteur Rodes, dont il avait entretenu l'as-
semblée dans sa dernière séance.
— M. Guérin-Méneville, par une lettre du 1" juillet, offre
à la Société cent œufs de Bomhf/x Cecropia provenant des
papillons produits par les cocons que lui avait donnés M. Le-
febvre de New-York, et fait remarquer que les quatre cocons
venant de cette espèce qu'il avait reçus directement de la
Société sont éclos à des intervalles trop éloignés pour qu'il
ait pu en obtenir des fécondations. — Les remércîments de la
Société ont été transmis à notre zélé confrère par M. le Pré-
sident, et les œufs ont été envoyés à la magnanerie du Jardin
d'acclimatation.
hb2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
— M. Dufoiir, notre délégué à Conslantinople , écrit de
Paris, le ih juillet, pour informer la Société que la campagne
séricicole a donné, cette année, les résultats les plus satisfai-
sants en Anatolie, et qu'il trouve dans ce fait la confirmation
de ses doctrines. Notre collègue demande que des œufs de
l'Ya-ma-maï lui soient réservés pour la saison prochaine, afin
qu'il puisse appliquer sa méthode à l'éducation, en Orient,
de cette précieuse espèce.
— M. le docteur Sacc, notre délégué à Barcelone, annonce,
à la date du 30 juin, qu'un premier papillon d'Ya-ma-maï lui
est éclos le 29. « L'inspection de cet insecte m'a confirmé, dit
» notre savant collègue, dans l'idée que m'avait déjà donnée
D la chenille, qu'il représente une espèce nouvelle. S'il en est
» ainsi, comme nous devons cette précieuse espèce à l'intcl-
j) ligente et généreuse initiative de S. M. le roi Guillaume de
D Wurtemberg, je propose de lui donner son nom même, et
» de l'appeler Bombyx JlUhelmi ». — Le Conseil, en remer-
ciant M. Sacc de son intéressante communication, ajourne
toute décision sur sa proposition, jusqu'à ce que les éclo-
sions prochaines des cocons obtenus aient fixé la Société sur
les caractères et la nature de celte espèce.
— Des cocons vivants de l'Ya-ma-maï sont adressés à la
Société par MM. le Maréchal Vaillant; Cornalia, de Milan ;
Frérot, d'Aussonce ; Maumcnet, de Nîmes, et par madame
veuve Boucarut, d'Uzès.
— M. le docteur Ghavannes, notre délégué à Lausanne,
en faisant connaître, à la date du 8 juillet, le bon état des
55 chenilles d'Ya-ma-maï qu'il a obtenues des œufs envoyés
par la Société, et dont Z|0 ont été élevées sur le Ghêne, 13 sur
l'Alizier {Sorbvs aria) et 2 sur le Gognassier, envoie une note
sur les procédés qu'il croit utile d'appliquer pour l'accou-
plement et la ponte des papillons. Une copie de cette note a
été communiquée à toutes les personnes qui, ayant élevé des
Ya-ma-maï, ont conservé leurs cocons pour les faire éclore
elles-mêmes.
— Des réponses au (juestionnaire, sur les résultats de ces
intéressantes expériences, sont adressées par MM. Gornalia,
PaOCÈS-VERBAUX. /|53
de Milan; Hardy, d'Alger; (Iraells, délégiu' à Madrid, et le
chevalier Baruffi, délégué à lurin. A Milan et à Madrid, les
éducations paraissent n'avoir eu qu'un médiocre succès.
Les observations de M. Hardy concordent avec celles déjà
recueillies : sur 60 Vers éclos, 32 sont morts dans le premier
âge, les 28 autres avaient fait leurs cocons au 1" juin. L'é-
closion des papillons a commencé le 12 juin. Sur dix papil-
lons éclos, il ne s'est trouvé qu'une femelle, qui heureuse-
ment, a été fécondée et a pondu. Le cocon de l'Ya-ma-maï,
comparé à celui des bonnes races du Piémont, renferme plus
du double de matière soyeuse.
— M. Baruffi avait confié l'éducation de ses Vers à
M. Comba, membre de l'Académie royale d'agriculture, qui
a obtenu 132 éclosions; mais IM Vers étant morts de leur
naissance à la seconde mue, il ne lui en reste plus que 21 dans
leurs cocons. Notre honorable délégué annonce qu'à la séance
de l'Académie royale d'agriculture de Turin , du 30 juin ,
M. le professeur Defilippi a présenté, de la part de M. Joseph
Gavazzi, négociant à Milan, un grand écheveau de soie de
Ya-ma-maï filée par lui. Elle est très-belle, élastique, forte,
brillante comme des fils d'argent.
— Des accusés de réception de graines de Bombi/x Cynthia
sont adressés par MM. Lereboullet, de Strasbourg; Kreuter,
de Vienne ; de Sautuola, de Santander ; de Morgan.
— Des demandes de Vers à soie de l'Ailanle et d'Ya-ma-maï
sont adressées par MM. le docteur Forgemol et Leblond.
— S. Exe. .M, Drouyn de Lhuys transmet à la Société une
feuille d'une espèce particulière de Vanille qui lui a été en-
voyée par M. de Zeltner, consul de France à Panama. D'après
le docteur Lebreton , cette plante ne se trouverait que dans
l'isthme et serait encore inconnue. M. de Zeltner pense qu'il
serait possible de transporter ce végétal dans les terrains
chauds et bas de nos colonies, où son introduction pourrait
être avantageuse, et se met à la disposition de la Société pour
le cas où elle croirait devoir donner suite à cette proposition.
— M. Wallart, commissaire de surveillance de la ligne de
Vincennes, olTro à M. le Président six exemplaires de la plante
hà!x SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
chinoise qui donne une espèce de rose changeant de couleur
trois fois par jour, dont les graines ont été envoyées par
Mgr Guillemin et cultivées par M. Bertrand, horticulteur à
Saint-Maur-les-Fossés. Ces plants ont été remis au Jardin
d'acclimatation.
— MM. Bouzereau et Bellemain écrivent, à la date du 30
juin, pour annoncer qu'ils ont organisé, dans l'avenue de
La-Motte-Piquet, une culture de 16 ares d'Oxalis crenota
pour en démontrer les procédés et les avantages, et ils invitent
les membres de la Société à visiter ce petit champ d'expé-
riences, en s'adressantàM. Bellemain, à l'hôtel des Invalides,
3'' division.
— M. Brierre adresse deux nouvelles lettres avec des des-
sins sur ses cultures de végétaux exotiques.
— M. le docteur Debeauvoys fait hommage à la Société
d'un exemplaire de la 6" édition de son Guide de /'apicfilteur.
— M. le Président dépose sur le bureau divers journaux
qui se trouvent joints à la correspondance, savoir :
1° Le numéro du 26 mai du Journal du eommcrce de la
Réufiion, renfermant un article sur les travaux de notre
comité colonial dans celte île ; 2" \aGazette du Midi du IZi juil-
let, et le Courrier de Marseille du 15, renfermant des notes
sur les expériences entreprises par la Société relativement k la
pisciculture marine et aux fécondations artiticielles de Pois-
sons marins, ainsi que la cumposition d'un comité spécial
organisé par les soins de M. Lucy, à Marseille, pour des études
sur la reproduction et l'accUmatation des Éponges.
Le Secrétaire des séances,
L. SOUBEIRAN.
Ilî. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPOHDAKGE.
Envoi d'un Kèltrc du €ap du ISonne-E»|)crancc.
Lettre adressée par M. Chabaud, vice-consul de France à Port-Elisabeth,
à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation.
■' Port-ÉlisaI)elIi, le 15 avril 1803.
Moni^ieur,
J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai ici un magnifique Zèbre (Burchcll) du
sexe femelle, mais malheureusement je ne puis vous l'expédier encore, n'ayant
pas (le navire en iiartnnce. Celui qui devait le prendre, ta Comtesse de Winton,
ayant fait voile plus tôt qu'il ne le voulait.
L'animal est magnifiquement njarquo , il se porte bien et est extrêmement
docile. J'espère avoir le plaisir de le faire jtartir cette semaine par le navire
anglais Gcjfrard, capitaine Hubert.
Je m'occupe sérieusement de vous procurer un Zèbre màie, afin de pouvoir le
marier avec la femelle. Quant aux autres animaux que vous désirez avoir, j'y
apporterai la même attention et le même soin.
Je viens à l'instant de me procurer deux Lapins de roche et deux Oies des
uioiitagues de ce pa\s {mountain Geese), que je vais expédier par le même navire.
Recevez, etc. Chabaud.
Envol) d'Anlinatix vivants du ISrê!«iI.
Extrait d'une lettre adressée par M. le vicomte de Lémont, consul de
France à Fernambouc, à M. le Président de la Société impériale d'ac-
climatation.
Fernamljoiic, le 20 mai 1863.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous prévenir que je viens d'embarquer sur le navire la Sphère,
capitaine Ribcs, qui part aujourd'hui même pour le Havre :
1" lin Uruburé (Vautour royal) ;
2" Un Guaraz (espèce de Flammant) ;
3" Deux Aracuhans (Faisans du Brésil) ;
II" Deux Poules mulu , du genre du Coq qui faisait partie de mon dernier
envoi ;
5° Un Poisson électrique (Torpille) ;
6° Deux Aras (mâle et femelle).
En tout, huit animaux que j'ai chargé le capitaine Ribes de vous faire parvenir,
dès son arrivée au Havre. Quoique certain qu'il aura le plus grand soin de ces
animaux, je les ai, en outre, recommandés à un passager de ta Splière, M. Lau-
monnier.
En ce qui concerne les deux Aras, je ne puis, Monsieur le Président, résister à la
tentation de vous signaler ici un fait auquel l'un d'eux, la femelle, a donné nais-
sance, et qui pourra peut-être vous servir pour vos divers animaux dans une cir-
constance analogue, et dont il se pourrait qu'on vînt à tirer parti dans d'autres cas.
Pendant environ six ou sept mois que ces deux Aras sont restrs chez moi, la
femelle , qui est excessivement douce et familière , était compléteuient libre et
me suivait partout. Étant seule, un jour, et ayant trouvé une boîte d'allumettes
phosphoriques, elle en mangea toutes les capsules, et lorsque je rentrai, je la
trouvai dans d'horribles convulsions. En ayant aussitôt reconnu la cause, je la
/l56 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLÎMATATION.
regardais comme perdue, lorsque l'idée me vint de tenter une expérience sur elle.
Je lui introduisis de force, dans le bei; , une cuilleiée à bouche pleine moitié
d'eau et moitié d'arnica. Ce remède paraissant la calmer un peu, je le recom-
mençai trois ou quatre heures après, et le mieux semblant augmenter, je lui en
administrai une troisième dose le soir. Le lendemain, le mieux était sensible, et je
continuai le même régime, en y joignant des frictions d'arnica pur à la région de
l'estomac et de l'abdomen. Le quatrième jour, celte pauvre bêle venait elle-même
demander son remède, que je lui administrai pendant une semaine, en diminuant
progressivement la dose d'arnica, et, après ce laps de temps, elle était totalement
guérie. Depuis elle est restée plus de quatre mois chez moi, et y a toujours joui
d'une parfaite santé.
Veuillez agréer, etc. Signé V E. de Lémont.
Sur les Esseiiees forestières du Canada.
Extrait d'une lettre adressée par M. GAVhDnÈE-BoihhEAV, consul général
de France au Canada, à M. le Président de la Société.
Québec, le 3 juin 1863.
Monsieur le Président ,
Je n'ai pas perdu de vue la commission qui m'a été confiée dans la lettre
du 2à novembre 18G2. Vi\ de mes amis, qui réside dans la vallée du Saguenay,
doit chercher à me procurer des graines des espèces forestières suivantes :
Betula papyracea, Acer striatnm, Larix americana , Pinus resinosa, Abies
Fraseri, Abies alba, Abies nigra.
Ces ditTérentes espèces qui se trouvaient toutes mentionnées dans la lettre de
M. le Secrétaire général du 25 juin 18IJ2, sont pour la plupart septentrionales ;
il faut malheureusement aller les chercher assez loin des lieux colonises, et c'est
ce qui rend la récolte des semences difiicile. J'espère toutefois i>arvenir à me
procurer un hectolitre de graines de chaque essence. Quant aux trois variétés de
Chênes indiquées dans la lettre que je viens de citer, elles ne se trouvent au con-
traire qu'au sud de l'Ottawa. Une seule, Qiiercus alba, vaut d'ailleurs, suivant
moi, la peine d'être acclimatée en PYance. J'ai lieu de présumer qu'un de mes
amis du haut Canada pourra me fournir, cet automne, une hectolitre de Chêne
blanc ; je lui ai demandé d'y joindre, s'il pouvait l'obtenir, une certaine quantité
de semence de Nuyer dur {Uickory rough bark. — Carya alba).
C'est habituellement à la Un de l'aulomue que les expéditions de plantes ou de
graines s'etrecluent du Canada en Europe. J'attendrai cette époque pour faire
parvenir à la Société quelques échantillons de Sarraccnia pitrpureaetde Sangut-
naria canadensis. Ces plantes croissent à l'état sauvage aux environs de Québec,
mais je n'ai pas cru qu'elles pussent supporter le transport sans passer par un
état intermédiaire. 11 m'a paru utile d'en faire mettre quelques tiges en pots, de
les soigner iiendanl l'été, el de choisir les plus vivaces pour les acheminer sur
Paris.
Puisqu'il est question des plantes du bas Canada , j'en profiterai pour men-
tionner une ollVe que m'a dernièieinent adressée M. Sturton , botaniste étaMi
dans la ville où je réside. }i\. Sturton a réuni une collection rom|)lète de plantes
propres aux campagnes qui entourent Québec ; il désirerait l'échanger contre un
herbier des environs de Paris. Si quelqu'un de nos confrères acceptait cette pro-
posilion, je me chargerais volontiers de le l'aire savoir à ^L Sturton.
5 juin. — J'expédie d(!muin pour Liverpool ime caisse adressée à S. Exe. M. le
Ministre des affaires étrangères, et qui contient un paquet destiné au Président de
la Société d'acclimatation. Ce paquet renferme: 1" la Flore canadienne, pur
M. l'abbé Provenclier ; 2" les l'éclieries du Canada, par M. Lemoine; o" le
FAITS DIVERS. àÔJ
Catalogue (publié ii y a quelques jours seulement) des principales essences fores-
tières du Canada., avec leurs noms eu IVanr.ais, en ani^lnis et en latin, soigneuse-
ment révisés.
.l'espère que vous voudrez bien me permelire, monsieur le Président, d'offrir
ces deux ouvrajçes et cette liste à la bibliothèque de la Société d'acclimatation.
La Flore canadienne est le premier ouvrage de ce genre qui ait encore paru, ce
qui lui donne un intérêt spécial.
Veuillez agréer, etc. Signé Gaulorée-Boilleai'.
Don de graines de Bombyx Cecropia.
Lettre ((dressée par M. Guérin-Méneville à M. le Président de la Société
impériale d'acclimatation.
Joinville-lc-Pont, le ier juillet 1803.
Monsieur le Président,
Lorsque M. Lefebvre, de New-York, m'a donné huit cocons vivants du Bombyx
Cecropia, j'ai annoncé à la Société, avec l'assentiment de cet honorable confrère,
que, dans le cas où j'obtiendrais des œufs de cette espèce, j'en offrirais d'abord
une paitie à notre Société.
Depuis cette époque, M. l'Agent général m'a remis quatre cocons vivants qui
avaient été envoyés de l'Amérique du Nord, cocons joints à ceux que je tenais de
M. Lefebvre.
Les quatre cocons de la Société sont éclos beaucoup plus tôt que les miens, et
à des intervalles si éloignés, que je n'ai pas pu obtenir de fécondations.
Il en a été ensuite de même de ceux que M. Lefebvre m'avait donnés ; mais,
pendant mon absence, le 17 février dernier, une dernière femelle est éclose le
même jour qu'un mâle ; la fécondation a eu lieu, et il en est résulté une ponte de
2^ à œufs.
J'ai l'honneur d'offrir ceni de ces œufs à la Société pour qu'elle puisse faire
essayer de nouveau l'acclimatation de cette belle espèce, et je vais tenter l'élevage
des chenilles qui proviendront des l\à œufs qui me restent.
J'ai l'honneur d'être, etc. Signé Guérin-Méneville.
Sur le Vanillier «le Panama.
Lettre adressée par S. Exe. M. Drouyn de Lhuys à MM. les Membres
du Conseil de la Société.
r;ii-is, le 6 juillet 1803.
Messieurs et chers Collègues,
M. de Zollner, consul de France à Panama, m'adresse une feuille et quelques
gousses d'un Vanillier dont il a pu se procurer un individu. D'ajn-èsM. le docteur
Lebreton, qui a plusieurs fois parcouru le pays, celte plante ne se trouverait que
dans l'islhme, et serait, dit-on, inconnue aux botanistes. La tige est grêle, à
feuilles rares, très-longues, alternantes , striées, et d'un vert foncé ; la hauteur
dépasse un mètre; la racine est courte, {^,rosse et peu chevelue. Chaque pied
porte un nombre considérable de gousses, réunies en paquets de trois à six.
M. de Zellner pense qu'il seiait possible de transporter ce végétal dans les
terrains chauds et bas de nos colonies, où son introduction pourrait être avanta-
geuse. Il se met à la disposition de la Société pour le cas où cette suggestion vous
paraîtrait susceptible de quelque suite.
J'ai l'iionneur de vous transmettre ci-joint les échantillons dont il s'agil, et je
saisis cette occasion, messieurs et chers collègues, pour vous renouveler l'assu-
rance de mes sentiments distingués et dévoués.
Signé Drolyn de Lhuys.
Zi58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE d'aCCLÎMATATIOK.
Lettre adressée par M. Des Nouhes de la Cacaudière o M. le Président
de la Société impériale d'acclimatation.
La Cacaudière, le 24 mai 1863.
Monsieur le Président,
Je vous ai écrit, en décembre d8G2, que je venais de commencer la féconda-
tion artificielle sur des Truites nées dans mon établissement d'éclosions en janvier
1860. J'ajouterai aujourd'hui que les éclosions ont très-bien réussi. Je conti-
nuerai ainsi chaque année, et bientôt je produirai non-seulement assez pour
poursuivre le peuplement de la Sèvre Nantaise et de ses nombreux affluents,
mais je pourrai, en outre, offrir des œufs et des alevins aux personnes qui en
désireront, poursuivant mon œuvre, toute d'intérêt içénéral.
Les Truites qui vivent dans nos eaux sont saumonées et d'un goût exquis ; je
n'en dirai pas autant des Saumons élevés en bassins clos : j'en ai mangé un
récemment ; il lui était arrivé un accident. Né en 18G0, il n'avait qu'ime longueur
de 25 cenlimètres ; il était de médiocre qualité.
Il est donc acquis pour moi que ce poisson a besoin de la mer pour se déve-
lopper rapidement et conserver sa réputation comme mets délicat.
Il y a plusieurs années, j'avais placé du frai de Saumon dans la Sèvre. La
saison suivante, on pécha quelques Saumoneaux environ trois lieues en aval.
Je viens de tenter une expérience en grand , je vous tiendrai au courant du
résultat.
En attendant, je crois pouvoir vous annoncer un succès inespéré. Précédem-
ment j'avais fait déposer 50 000 œufs de Fera dans la Sèvre, commune de la
Pommcraye. Maintenant on prend dans cette rivière un poisson inconnu aux
riverains ; sa chair est terme et de bonne qualité ; enfin il ressemble à la descrip-
tion que M. de Grammont donne de la Fera. Si les membres de la section de
pisciculture désirent un de ces poissons, je pourrai leur en envoyer un plus ou
moins proniplenient, car je suis à 7 kilomètres de la Sèvre, et en outre il faut
que quelqu'un de ma connaissance ait péché ; ou, ce qui me paraîtrait préférable,
que le conseil engage M. Kené Caillaud ù venir visiter ma pisciculture lors de son
premier voyage en Vendée, je serai charmé de le voir.
J'avais annoncé à la Société, en décembre 18G2, que je tenterais l'acclimalalion
du Muge dans les eaux douces. M. Labbé (de Luçon) a eu l'amabilité de m'en
donner environ trois cents petits et gros. Je les ai eus fin avril. Hélas ! ils n'ont
pas vécu une semaine.
J'ai l'honneur d'être, etc.
Des Nouhes de la Cacaudière.
IV. CHRONiaUE.
L'Acclimatation en Angleterre en 1S63,
Par T. C. ViENNOT,
Rédacteur au ministère des affaires étrangères.
La Société d'acclimataiion pour l'Angleterre, l'Irlande et les colonies
britanniques vient de publier son troisième i;ai)port annuel, qui témoigne
de la faveur croissante que cette institution, empruntée à la 1-Yance, ren-
contre chez nos voisins d'outre-:ManrIie. Au bout de la seconde année, elle
n'avait encore que 2Z| membres à vie et /i8 souscripteurs ; elle possède
aujourd'hui Z|8des premiers et 139 des seconds. Deux sociétés affiliées se
sont organisées, sous ses auspices, en Ecosse et dans l'île de Guernesey.
Le document que nous analysons contient d'abord le menu d'un curieux
dîner donné, le VI juillet dernier, par la Société, qui dut à l'obligeance de
plusieurs commissaires coloniaux et étrangers de l'Exposition internationale
de Londres de pouvoir ollrir à ses convives des produits gastronomiques
jusqu'alors peu connus sur les tables européennes, l'armi les mets servis à
cette occasion figuraient trois potages : le premier aux nids d'Hirondelle
1 Salangane) de Chine, le second aux Trépangs illoloturics) du Japon, le
troisième aux nerfs de Daim. Venaient ensuite un ragoût de Kangurou
d'AustraUe cuil à l'étuvé; un plat de piment des Antilles ; une Poulette à la
siamoise, du riz de Veau à l'oseille de la Dominique ; du jambon de Kan-
gurou, du Cochon de lait de Syrie; des Oies du Canada, des IIoccos du
Brésil, des Canards à longue queue, un Dindon de Honduras, des Canards
bronzés d'Amérique, des Léporides, et un Agneau chinois, rôti entier, et qui
fut trouvé d'un goût exquis, de même qu'une purée d'Ignames de Chine
[Dioscorea bakitas,. Le tout était arrosé de vins d'Australie, dont la saveur
mérita des éloges et ajouta à l'impiévu du banquet.
Le climat luunide et froid des îles Britanniques rend souvent chanceuses
les expériences tentées sur des espèces tropicales, accoutumées à vivre sur
un sol aride et sous un ciel ardent, et qui, au besoin, s'accommoderaient
mieux des hivers et des étés plus secs du continent européen. Mais la
constance proverbiale des Anglais ne se décourage pas de ces échecs multi-
pliés, et regarde comme plus concluante une seule réussite. Le nombre des
cas de cette dernière nature semble d'ailleurs suffire déjà pour confirmer les
espérances exprimées dans le travail que nous allons résumer.
La Société a eu la satisfaction d'obtenir deux médailles de bronze pour les
quatre lots de Moutons chinois présentés par elle lors de l'exposition faite
a Battersea Park(Londresj, en juin 1862, sous les auspices de la Société royale
d'agriculture, l-lus tard [i), son trésorier, M. John Bush, recevait de la
Société d'acclimatation de France une médaille d'argent de première classe,
pour les soins qu'il avait donnés au même troupeau, qui compte actuelle-
ment quarante- trois individus pur sang. Plusieurs membres ont essayé de
(1) A la séance publique du iO février 1863. (Voyez le Bulletin.)
/|(iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
croiser celte race avec des races indigènes, et ont pu constater qu'elle con-
serverait sa fécondit(5 dans les cas les plus oppos(5s, comme si ce caractère
n'était pas moins inhérent au mâle qu'à la femelle. C'est ainsi que des Brebis
anglaises, accouplées avec des Béliers chinois, ont mis bas généralement
deux agneaux, parfois trois, et plus rarement quatre en une seule portée.
La Société d'acclimatation de Paris a, dans la même séance, décerné une
médaille de bronze à un autre membre de la Société anglaise, lord Powers-
court, pour ses tentatives de domestication des Cerfs et Daims étrangers.
Parmi les animaux qu'il a fait mettre en liberté dans son parc d'Irlande, les
Antilopes, telles que le Canna, le Nilgaut et autres d'origine africaine, n'ont
pu supporter un climat sous lequel il pleut quatre jours par semaine ; les
Cerfs wapiti et japonais résistent mieux. Les Mouflons de Sardaigne pros-
pèrent également bien.
M. Grantley Berqueley, vice-président de la Société comme lord Povvers-
court, annonce qu'il a réussi dans ses essais d'acclimatation du Tétras des
prairies d'Amérique [prairie Grouse). Ces oiseaux font leur nid, pondent
des œufs et couvent fort bien à l'état de captivité. Il suflit de les lâcher
ensuite dans un jardin, où les adultes se nourrissent principalement de
gazon et des bourgeons des plantes au printemps. Les petits aiment beaucoup
les fourmis, les reufs de fourmis, les larves de mouches et les vers rouges.
La Caille de Virginie j)romet aussi un gibier excellent. E)e même que
pour le Tétras, il est préférable de faire couver les œufs dans une volière
et de laisser grandir les jeunes dans l'endroit destiné à leur habitation, au
lieu de les y transporter après coup. M. Berkeley n'a pas été moins heureux
avec un couple d'Oies du Brésil. Quoique originaire des régions les plus
chaudes de cet empire, cette mignonne espèce au plumage marbré de noir
et de brun, au cri harmonieux, a parfaitement afl"ronlé l'hiver anglais, et
s'est tout à fait apprivoisée. On lui donne à manger du riz bouilli, très-légère-
ment assaisonné de poivre, du niais jaune, quelques grains d'orge, et très-
peu de pain. Elle se plaît à barboter dans une eau bourbeuse, peu profonde,
et à y chercher des insectes.
Le lac du parc de West Wycombe est orné d'autres oiseaux aquatiques qui
sont de conquête récente. C'est d'abord le Canard à longue queue {pintnil
Duck], hybride du mâle d'une espèce sauvage {ivild pintail Mallard) et de
la Cane domestique, fortifié par de nouveaux croisements avec le premier,
jusqu'à ce que tous les trails de ressend)lance avec la mère aient disparu.
Celte l)elle race paraît être désormais fixée. On voit sur la même pièce d'eau
des Canards bronzés (dnskij Dncksi de l'Amérique du Nord, et de magnifiques
métis de cette espèce et du Pintail. De son côté, M. Berkeley a pu croiser le
Pintail mâle avec la Cane de Moscovie, ainsi que le canard de Aloscovie avec
la Cane d'Aylesbury, et il assure en avoir obtenu des sujets remarquables par
leur grosseur et leur fécondité. H possède aussi des Canards des bois (wood
Ducfc.*;) provenant d'Amérique, et le Canard de Bahama , espèce très-petite
qu'il a accou|)lée avec une autre de même dimension, le Call-duck blanc.
CHRONIQUE. Z|61
M. Bush a ou une couvde de Dindons de Honduras, mais le froid cl l'iiunii-
dité ont fait périrles petits, éclostrop tardivement. 11 élèvedes Poulesdu Japon,
qui ont bien pass(! l'hiver dans sa volière et pondent en ce moment ; les (Pufs
sont plus arrondis et d'une teinte plus foncée que ceux de l'espèce dite
Cochinchi nuise.
Une paire de Talégalles, ou Dindons d'Australie, ont péri à bord du navire
qui les apportait ; mais la Société attend de nombreux envois de Pigeons du
même pays, l-llle a r( eu également de l'Amérique centrale des Agamis, que
Ton se flatte d'acclimater aisément en Angleterre.
Parmi les poissons, le Conseil espère importer le Lucioperca d'Allemagne,
la Merluche [Cod) du fleuve Murray en Australie, et le Mulet de montagne
[mountain Mullet) des cours d'eau de la .lamaïque. M. Bucklaïul, qui s'est
mis en rapport avec M. Coumes, a reçu de l'établissement d'iluningue quan-
tité d'œul's qui lui ont servi à faire de nombreuses expériences sui- les pro-
cédés de la fécondation artihcielle appliqués au Saumon, tant de nos rivières
que du Danube, à l'Ombre ordinaire et à l'Ombre-chevalier à la Truite, à la
l'ercbe, etc. Ces expériences ont été suivies avec intérêt . M. Buckland a
reconnu que des œufs de Saumon, gardés dans la glace, pouvaient conserver
leur vitalité au delà de trois mois.
M. Buckland a signalé, dans les termes les plus flatteurs, les essais
d'éducation des Vers à soie de l'Allante, continués depuis deux ans parlady
Dorothy Nevill.
L'Igname de Chine soulève toujours certaines diflicultés, en raison de la
tendance de ses tubercules à s'enfoncer à de grandes profondeurs. Pour en
faciliter l'extraction, M. Carré, bailly deCiuernesey, a imaginé de les planter
en billons ; ce moyen rachète ce qu'il a de dispendieux, en ce qu'il épar"nc
des frais de fumure, et l'on peut semer du Céleri ou des Poireaux dans les
tranchées intermédiaires.
L'Arum du Brésil a traversé l'hiver, à la condition que son feuillage soit
abrité contre le vent ; il réussit mieux au pied de certains arbres. Ce végétal
fournit la fécule délicate connue sous le nom d'arroio-root. On l'extrait
comme celle de la Pomme de terre, en ayant soin d'éliminer le jus àcrc qui
sort lorsqu'on râpe la racine de cette Aroïdée.
M. lligford l)Urr se propose de convertir en pâturages les terres inculti-
vables du Royaume-Liii au moyen d'une l'étuque de l'Amérique du i\ord
appelée Bunch-grass, parce qu'elle couvre de ses touffes savoureuses se
conservant sous la neige, les collines pierreuses et les plaines de sable qui
s'étendent des bords de la rivière Plate au pied de la Sierra Nevada, et qui
sans elle, seraient inabordables aux bestiaux. Cette plante croit sous le
Zi2^' degré de latitude, à des hauteurs de 4000 et de 5000 pieds, et tout fait
présumer qu'elle rendrait en Europe les mêmes services que dans les steppes
de l'Utah et du lac Salé.
En sonnne, l'acclimatation fait en Angleterre des progrès sensibles et bien
propres à stimuler les cU'orts des pays plus favorisés sous le rapport
atmosphérique.
V. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION.
Juin est le mois des longs jours. Sous l'influpiice de la lumière et de la
chaleur solaire, la vie est activée. Tout arrive à maturitt'-. Les œufs éclosent,
les fleurs passent fruits, et ces premiers fruits sont aussi beaux que les
fleurs. Le Jardin a ollert pendant ce mois l'aspect d'une mosaïque animée.
I. Ponte. — 2078 œufs, dont 72 de Colins de la Californie, 82 Canards
divers, 15 Faisans divers, 2 I^opliophores. La mue des Poules connnence sur
les F'oules indigènes Crèvecœur et Fléchoises. Voici quelle est leur nourri-
ture pendant cette période : 5 centilitres sarrasin, 2 avoine, 5 blé, S orge;
en tout, 20 centilitres de grain (valeur environ 3 centimes). Après les Poules
de race asiatique, les Dorkings sont celles qui sont le plus enclines à couver.
La vente des œufs s'élevait, fin juin, à 10 880 francs.
U. Naissances. — 1 Lama mâle, 1 Kangurou Bennett, 1 Mouflon, 1 Yak
blanc, 1 Guanaco, 1 Yak métis, 17 Chiens.
m. Mortalité. — 1 Zébu nain, 1 Kangurou, 1 Porc-épic, 1 Mouflon à
manchettes, 1 Cerf Aristote, 2i Chiens.
A la suite de l'exposition des Chiens, un certain nombre de ces animaux
avaient été laissés au Jardin pour être vendus. Les mauvais efléts de l'en-
combrement n'ont pas tardé à se faire sentir. Une maladie, caractérisée par
M. Leblanc de petite vérole des Chiens, a sévi surtout parmi les jeunes. On
ne saurait calculer jusqu'où peuvent aller les mauvais elTets de l'encombre-
nienl sur les espaces animales. .Sans contredit, ces mauvais efléts doivent
être en première ligne, parmi les causes de la grande mortalité que nous
éprouvons.
6 Coqs, 12 Poules diverses, 22 Oiseaux de volière, dont 5 Colins, 6 Co-
lombes, 3 Faisans; 1 jeune Casoar s'est cassé la patte, sans qu'on puisse
savoir comment; 11 Oiseaux de rivière, toujours parmi les indigènes,
Canards sauvages, Millouins, Tadornes, Sarcelles, etc.
Dans cette mortalité, tant des Oiseaux que des Mammifères, les accidents
sont cause d'un tiers des moiLs. Pour élever les animaux dans l'état de
demi-liberté où les tient le Jardin, il faudrait une enceinte plus considé-
rable que celle des limites actuelles ?
IV. Rucher. — Sous la conduite de M, Ilamet, professeur d'apiculture, le
rucher est constamment en exercice ouvert aux observations des amateurs.
Depuis deux ans on y essaye l'acclimatation de l'Abeille des Alpes, dite Abeille
liqurienne, dont il a été souvent question dans les Bulletins de la Société.
Cette Abeille paraît plus active et aussi plus pillarde que l'Abeille com-
mune ; elle est d'un caractère plus décidé, plus entreprenant que l'Abeille
noire ; elle est aussi plus vigilante : elle garde mieux sa porte contre les
ennemis du dehors, elle déf 'ud et protège mieux ses édifices et ses nourris-
sons contre les ennemis du dedans, c'est-à-dire la fausse teigne. Si l'on
place à une certaine disiance une matière sucrée, l'Abeille alpine l'a plus
vite découverte que notre Abeille indigène, ce qui fait croire qu'elle a l'odorat
plus développé.
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN d' ACCLIMATATION. A63
Six colonies qui étaient au rucher au commencement d'avril ont donné
dix essaims naturels.— L'Abeille alpine s'est facilement acclimatée ici. Néan-
moins plusieurs colonies ont été atteintes, l'année dernière et cette année de
l'affeclion dangereuse connue sous le nom de loque. Tout fait penser que la
cause de cette affection est due au changement de climat, et qu'elle n'exis-
tera plus avec une acclimatation plus complète. — La proximité de ruchers
peuplés d'Abeilles de l'espèce indigène a occasionné des mariages qui ont
produit une Abeille mélisse; celle-ci paraît encore plus active que l'Abeille
alpine, ou du moins telle elle s'est présentée au Jardin d'acclimatation.
V. Do7is.— Le Jardin a reçu de M. le vicomte de Lémont, consul de France à
Fernambouc : o Pénélopes marails, 2 Pénélopes silTlcurs, J Hocco à barbil-
lons, 1 l'auxi; de M. X..., des Tourterelles; de M. Perrichon, 1 Passereau
d'Australie ; de M. Mueller de Melbourne, 2 Cereopsis et 2 Tortues à long cou ;
de M. Chabaud, vice-consul de France à Port-Élisabeth, 1 Antilope blessbock.'
Cet animal, qui n'a jamais été vu vivant en France, est de la grosseur d'un
fort Chevreuil. Ses cornes sont moins écartées par en haut, fortes, rejetées un
peu en arrière et annelées de dix anneaux. Sa robe est fauve foncé sur le
dos, blanche sous le ventre ; sa taille a l'élégance et ses jambes la finesse
particulières aux Antilopes. 11 est arrivé maigre, presque aveugle, mais il a
bien repris depuis qu'il est dans nos parcs,
yi.— VAqiiariinn a reçu pendant le mois U9 poissons. Mollusques et
Zoophyles, envoyés par MM. Ledentu (de Cherbourg) et Saillet (de Bayeux),
pour renouveler les espèces qui y sont habituellement. Il y avait quelques
nouvelles variétés de Labres et un indi\idu de la famille des Gades, que nous
n'avions pas encore reçu.
On voit en ce moment dans un bac rempli de vase des Lépidosirènes
rapportés de la Gambie et renfermés dans une masse argileuse solide, coinme
dans une sorte de gangue. Ces curieux animaux, considérés comme des
fossiles vivants, marquent la transition des Poissons aux Ileptiles : l'un d'eux
au bout (le dix jours, est sorti de sa gangue, mais pour y rentrer vingt-
quatre heures après. Ils font entendre un coassement qui se rapproche de
celui de la Grenouille, surtout lorsqu'on les touche.
VII. Magnanerie. — L'éducation des Vers à soie du Mûrier, commencée
dans les derniers jours de mai, a parfaitement marché. Différentes races
françaises et étrangères ont élé expérimentées. Parmi les races françaises,
nous mentionnerons celle de Brioude (Haute-Loire), donnée parfti. Bouret
d'Auzon; celle de la Tour de France (Pyrénées-Orientales), donnée par
M. Trilha, et celle de Bourg-Argental (Loire), provenant de l'éducation faite
au Jardin en 1SG2, et croisée avec celle des Cévennes; parmi les races
étrangères, celle de Moldavie, donnée par M. Wattecamps (de Paris) et
Caillas (de Passy), et celle de Chine, arrivée dernièrement en France par les
soins de la Société impériale d'acclimatation. Ces éducations promettent les
meilleurs résultats. Aucun symptôme de pébrincn'a été aperçu; on a seule-
ment constaté quelques cas de jaunisse et de morts flats, très-peu nombreux.
Élevés sans feu, par la méthode de l'éducation lente à température natu-
A64 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
relie suivie depuis trois ans par M. Pinçon, cliargé de la magnanerie, ces
Vers se sont constamment montrés sains et vigoureux.
Les Vers de TAilantc et du liicin sont à leur deuxième (klucation.
Une éducation en plein air des Vers de PAilante va être sous peu com-
mencée dans la planlation attenante à la magnanerie.
Les Vers du Chêne du Japon {Bombyx Ya-ma-maï) sont dans le plus bel
étal de prospérité ; leur éducation a marché très-réguliérement. Soixante-
dix sept cocons ont été obtenus. Il a été disposé dans la magnanerie une
chambre d'éclosion pour y réunir les cocons recueillis sur divers points de
la France, et obtenir la production de la graine de celte précieuse espèce.
VIII. Conférencefi. — Les conférences qui ont lieu pendant Tété, tous les
jeudis, sont commencées. Les premières, en raison de la saison, ont été
faites par IVl. Hamet sur les mœurs des Abeilles, la préparation des ruches
et l'essaimage artificiel.
IX. Jardin. — La température a été en moyenne de -f- 12" à six heures
du matin, et de -f 'iO" après midi. Les extrêmes ont été de + 7" et de -f 28".
V Agave atrovirens continue à végéter rapidement ; sa hampe a atteint
S" Zj6de hauteur; rinflorescence se manifeste et promet d'être considérable.
11 Y a donc lieu d'espérer une floraison parfaite, et probablement une fructi-
fication qui sera d'autant plus intéressante que c'est la première fois que le
fait se sera produit en France.
Le Musa ensete, oflert par M. de Belleymo, est complètement rétabli et
cou'ribuera l'année prochaine à l'ornementation du Jardin d'hiver.
Le Jardin d'expériences continuera à nous fournir des observations inté-
ressantes. L'Igname de la Chine, obtenue de graine par M. Boisnard-C.rand-
maison, dans la Manche, va très-bien. Le Loza {Hhamnus utilis), qui avait
donné quelques graines l'année dernière, en a cette année une grande quan-
tité 11 n'en est pas de même pour les Eucalyptus : toutes les variétés plan-
tées l'année dernière ont péri, à l'exception d'une, Y Eucalyptus odorata, qui
a donné quelques repousses au pied ce printemps, et qui a péri ensuite.
Le Jardin a reçu :
10 De M. Drouyn de Lhuys, six pieds d'un nouveau gazon anglais.
2« Des Orchidées, Fougères et Euphorbiacées.
30 Des graines de Mais prises dans les sépultures de Santa-llosa (Pérou),
et avant au moins trois siècles d'existence.
De M Guérin-Ménevilie, quinze espèces de graines du Brésil.
De M Fraigniau père, des graines d'Indigotier sauvage.
De M. Mueller, une nombreuse collection de graines d'Australie.
Le Jardin a eu 22 825 visiteurs.
Le Direcleur du Jardin d'acclimatation,
RUFZ DE LaVISON.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
SUR LA
FABRICATION Dl] FROiMAGE DE HOLLANDE
PROPRE AUX APPROVISIONNEMENTS DE LA MARINE.
LETTRE ADRESSÉE A M. DROUVN DE LHUYS,
l'résijcnt de la Société impériale d'acclimalalion,
Par M. RICSSARD (du Cantal),
Vice-PrésiJent de la Société.
(Séance du 2G juin 18G3.)
Monsieur le Président,
Plus on étudie la question de l'exploitalion du sol dans
son ensemble comme dans ses détails, plus on est convaincu
de la nécessité de répandre l'instruction professionnelle du
cultivateur basée sur les éléments de la science pratique de
la nature. Cette science seule a provoqué les progrès sérieux
observés dans cbaque brancbe de notre économie rurale.
Sans son intervention, ils n'auraient jamais été obtenus.
Dans une précédente lettre que j'ai eu l'honneur de vous
adresser, j'ai cherché à faire ressortir cette vérité par un
rapide coup d'œil jeté sur l'histoire de notre production
végétale, depuis la fin du dernier siècle surtout. Quels pro-
grès, en effet, n'a pas provoqués la science des végétaux dans
la culture de nos plantes alimentaires, médicinales, indus-
trielles ou d'ornement? Il a été facile de prouver que si notre
production animale est encore si arriérée, comparativement
à notre production végétale, la cause en est due principa-
lement au défaut d'intervention de la zoologie appliquée
à l'élevage des animaux domestiques, à leur amélioration el
à leur multiplication.
Permettez-moi, monsieur le président, de vous citer un
nouvel exemple à l'appui des opinions que cherche à propager
notre Société pour répandre la lumière sur toutes les opéra-
T, X. — Août isg;-;. 30
hQQ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
lions de l'industrie agricole. La question dont je vais vous
entretenir intéresse spécialement les montagnes du Cantal.
C'est d'ailleurs à la ferme de Souliard, où j'avais été chargé
par noire Société d'étudier l'acclimatalion et les aptitudes des
Chèvres d'Angora, des Yaks et de leurs métis, que j'ai fait
l'expérience dont je vais vous parler.
L'élevage du bétail et le produit des fromageries établies
dans les nombreuses vacheries du Cantal forment toute la
richesse de ce pays. Il n'a pas d'autre industrie ; son espèce
bovine, notamment, est nombreuse ; elle est recherchée, pour
le travail surtout, par les cultivateurs des pays qui labourent
avec des bœufs. Ces animaux sont, comme tous ceux des mon-
tagnes en général, sobres, rustiques, d'une force musculaire
relativement considérable et d'une santé robuste. Ils sont
excellents animaux de labour et de charroi. De nombreuses
vacheries couvrent, durant l'été, les montagnes d'Auvergne
dont les plantes substantielles et toniques forment d'excel-
lents pâturages; le lait de ces vacheries est employé, de
temps immémorial, à fabriquer un gros fromage de médiocre
qualité, connu sous le nom de foifrme, ou fromage du Cantal.
Ce fromage est surtout consommé dans le midi de la France.
Suivant l'opinion généralement admise, les montagnes de la
haute Auvergne entretiennent environ quatre -vingt à cent
mille Vaches de race Aubrac ou Salers, mais celle-ci est
la plus nombreuse. Dans les vacheries qu'elles forment,
on fabrique de 3 à û millions de kilogrammes de fromage
qu'on estime, en moyenne, 80 centimes au plus le kilo-
gramme ; c'est donc une somme d'environ 3 millions que
produit la fabrication fromagére du Cantal. Dans l'état
actuel de son exploitation , ce prix de 80 centimes le kilo-
oramme est minime relativement à celui d'autres espèces
de fromages plus estimés : cela tient, d'une part, au peu
d'étendue de son débouché à peu près borné au midi de la
France; d'autre part, on ne peut le conserver au delà de six
à huit mois. Après ce temps, il rancit, il se décompose même,
et il faut s'empresser de le vendre à tout prix, si l'on ne veut
pas le perdre entièrement. C'est là ce qui explique les varia-
FABRICATION DU FROMAGE DE HOLLANDE. ^[67
lions de son taux, qui, de 50 francs les 50 Idlogrammes,
descend brusquement à 25 francs quelquefois, et même
plus bas; du reste, la qualité de ce fromage ne lui permet
guère d'être exporté au loin, surtout par une température
élevée.
Depuis bien longtemps l'administration et quelques pro-
priétaires ont cherché à modifier la fabrication du fromage
du Cantal. Dès ITîH , le gouvernement essaya d'intro-
duire dans ce pays le mode de fabrication de fromage de
Hollande, pâte dure, propre aux approvisionnements de la
marine. Ce fromage a l'avantage de pouvoir être conservé
longtemps et exporté dans toutes les contrées du globe. Ces
essais furent infructueux, parce (\ue ceux qui en furent
chargés manquèrent sans doute du savoir spécial qui aurait
fait atteindre le but proposé. L'administration avait pris l'ini-
tiative pour faire ces expériences; on avait offert à ceux qui
voudraient s'y livrer des avantages de toute sorte, tels que
l'exemption de l'impôt, le remboursement des frais d'instal-
lation, etc.; mais, pour réussir, il manquait à cette époque
l'élément indispensable, la lumière sans laquelle tout progrès
devient bien difficile, sinon impossible. Les dépenses de l'ad-
ministration, celles des propriétaires qui voulurent répondre
à ses désirs, furent inutiles , et l'on renonça à la nouvelle
fabrication (|u'on aurait voulu adopter.
De 1737 à 17ZiO, de nouvelles expériences furent faites à
la suite des premières , pour fabriquer du fromage façon
Gruyère ; elles ne furent qu'une nouvelle déception. On en
conclut qu'il valait mieux suivre la marche de la routine
locale; toute vicieuse qu'elle était, elle fut jugée la meilleure,
et l'on n'en parla plus. Quatre-vingts ans plus tard, vers 1820,
de nouveaux essais de fabrication de fromage de Gruyère
furent faits, et le conseil général du département chercha à
les encourager, mais ils furent aussi infructueux que les pre-
miers, et tout espoir d'un progrès désiré fut ajourné, sinon
perdu.
Cet ajournement ou cette négation du progrès ne rappellent-
ils pas, monsieur le président, deux faits importants dans l'in-
/l68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
lervcntion de la science pour provoquer les prot^rès de notre
agriculture. Un de ces faits se rattache à l'acclimatation de
l'un des végétaux les plus précieux pour nos subsistances, et
l'autre à celle de l'un des animaux dont la multiplication en
France a rendu le plus de services à l'agriculture et à l'in-
dustrie manufacturière. Je veux parler de la Parmentière (1),
adoptée enfin par l'agriculture, après des efforts inouis faits
par son immortel propagateur, et du Mérinos, que la France
doit à Daubenton. Aussi notre Société s'est-elle empressée,
d'après le rapport que vous lui avez fait à la séance du 3 mai
186 1 , de prendre l'initiative pour élever une statue à ce natu-
raliste illustre dont vous avez si bien fait ressortir les services
rendus aux sciences, à l'agriculture et à l'industrie. L'igno-
rance et la routine, ennemies de toute innovation et de tout
progrès , avaient fait repousser à tout prix la Parmentière
depuis la découverte du nouveau monde. Il fallut à Par-
mentier une persévérance de quarante ans, des travaux qui
durèrent jusqu'à la lin de sa vie, et l'intervention du roi
Louis XVI , pour triompher des obstacles qui avaient été
opposés pendant des siècles à l'adoption de l'une des plantes
les plus précieuses pour notre agriculture et nos subsistances.
L'acclimatation du JVIérinos et sa multiplication trouvèrent
chez nous, vous le savez, monsieur le président, les mêmes
entraves que la propagation de la Parmentière ; le défaut de
savoir rendit infructueux les essais qui furent faits pendant
un siècle entier, depuis Colbert jusqu'à Trudaine, pour doter
la France de ce précieux animal. On avait fini par conclure
que son acclimatation et son élevage étaient impossibles dans
notre pays, lorsque la science de Daubenton le procura en
peu de temps à notre agriculture et à notre industrie ; nul
(1) Par respect pour la mémoire de Parmenlier, comme par graliliulo
pour ce grand homme de bien, siiivanl l'expression d'Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire, je voudrais qu'il fut délViidn aux imprimeurs d'imprimer le mol
Pomme de terre, ([ni iw. signilio rien, pour le remplacer par celui de Par-
mentière, qui rappelle Tun des pliilanlliropcs qui ont rendu le plus de ser-
vices aux populations, que la lamine ne peut plus torturer, connue elle le
l'aisail quelquefois avant radoptiou de celle précieuse solanée.
FABRICATION DU FROMAGE DE HOLLANDE. 569
pays du monde aujourd'hui n'a de plus beaux types de cette
race que les éleveurs français.
La même cause qui avait prive la France de la Parraentière
et du Mérinos, avait empêché les montagnes du Cantal de
modifier la labrication iVomagère, reconnue d'ailleurs défec-
tueuse par tous les observateurs sérieux. L'administration de
l'agriculture voulut reprendre vers 1855 les expériences qui
avaient échoué en 1731 et les années suivantes. Plus heu-
reuse cette l'ois, elle avait à sa disposition des élèves sortis
des écoles d'agriculture ; ces élèves pouvaient étudier la ques-
tion suivant une méthode raisonnéc, et la résoudre avec avan-
tage.
Après la suppression do l'école régionale de Saint-Angeau
(Cantal), l'administration fonda dans ce domaine une vacherie
d'expériences ; elle envoya en Hollande un ancien élève de
Grignon, M. Le Sénéchal, directeur de cette vacherie, pour
étudier la labrication du fromage qu'on n'avait jamais pu
obtenir jusqu'alors en Auvergne. M. Le Sénéchal, rentré à
Saint-Angeau, après avoir bien étudié la méthode hollandaise
sur les lieux, l'appliqua h l'Auvergne et réussit. Il a fabriqué
du fromage hollandais, pâte dure, connu sous le nom de fro-
mage d'Edam; ce produit a été vendu à Marseille pour le
service de la marine, au prix de 100 à 180 francs les 100
kilogrammes. Il ressemble absolument à celui de Hollande,
spécialement employé aux approvisionnements de la marine,
et exporté dans toutes les parties du globe où se rendent nos
vaisseaux. Nos grandes villes de France, notamment nos ports
de mer, sont pourvus de ce fromage hollandais, parce qu'il
peut être conservé aussi longtemps que le besoin l'exige, et
qu'il est d'ailleurs de bonne qualité.
Cependant, malgré les succès incontestables de M. Le Séné-
chal pendant six ou sept ans, nul n'imitait son exemple en
Auvergne, tant la routine a de force pour s'opposer au progrès,
lorsque la lumière ne paralyse pas son aveugle entêtement.
La Société centrale d'agriculture du Cantal, présidée par
M. Marly, membre de la Société impériale d'acclimatation,
nomma une commission pour examiner la fabrication opérée
/j70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
par M. Le Sénéchal, et reconnaître ses avantages. Cette com-
mission se rendit sm^ les lieux, étudia avec soin ses nouveaux
procédés, et ses conclusions leur furent favorables; mais le
point capital était désormais de vulgariser la méthode, et ce
n'était pas là la moindre difficulté.
Je me rendis à Saint-Angeau pour étudier moi-même la
question, et je fus convaincu que sa solution affirmative offrait
des avantages considérables, non-seulement au Cantal, mais
à la France. Après en avoir conféré avec M. le président et
MM. les membres du bureau de la Société d'agriculture, je
fus chargé par eux de faire des expériences à Souliard. De
son côté, la Société d'agriculture devait en faire autant dans
une ferme appartenant à M. Chibret, maître de poste, et située
près d'Aurillac.
Les expériences de la Société d'agriculture ont été con-
cluantes en faveur de la nouvelle fabrication, et celles que j'ai
faites à Souliard ont si bien réussi, que, depuis le 9 juin 1862,
je fabrique du fromage hollandais, que j'ai vendu à Marseille,
pour la marine, au prix de iCO francs les lOU kilogrammes ,
et il a été trouvé, pour cette destination, de très-bonne
qualité.
,)e voulus connaître l'opinion du commerce de la capitale
sur la nature de mes fromages : ceux de Hollande y sont ap-
})réciés; leur prix actuel, d'après les mercuriales, y est de
1(30 fr. les 100 kilogrammes. Je me rendis à Paris en février
passé, et j'y apportai vingt pièces ; j'en distribuai à diverses
personnes pour avoir leur avis sur leur qualité. Une de ces
pièces fut mise à la disposition de notre Société, à l'une de
ses séances générales ; j'y donnai quelques détails sur les mo-
tifs qui m'avaient fait adopter cette fabrication. Nos collègues
présents à la séance, notamment les membres du bureau,
trouvèrent le fromage de bonne qualité, meilleur même que
le fromage venu de Hollande, ce qui peut s'expliquer par la
bonne qualité des pâturages de Souliard. Dans cette séance,
M. le président nomma une commission pour faire un rapport
sur les qualités de mon nouveau produit, etro|)inion de cette
commission ne manquera pas d'attirer l'attention de notre So-
FABRICATION DU FIlOMAfiE DE HOLLANDE. [l7i
ciété sur ce point. Si celle fabrication se généralise en France,
elle pourra nous affranchir du tribut que nous payons chaque
année à la Hollande pour les approvisionnements non-seule-
ment de notre marine marchande et militaire, mais pour les
subsistances de plusieurs de nos grandes villes (1). Tous les
pays de France qui fabriquent du fromage pâle grasse et
molle, produit qui n'est pas de conserve, et qui, par consé-
quent, est d'un prix inférieur quand son débit n'est pas
immédiat, pourront, à volonté, je pense, fabriquer du fro-
mage hollandais d'Édam, lorsqu'ils y trouveront avantage.
J'acquis la certitude que les fromages fabriqués à Souliard
étaient de bonne qualité par l'incident suivant, que je vous
demande la permission de vous signaler, et qui me parut être
une preuve convaincante. Je me mis en rapport à Paris avec
M. Lonchampt, marchand de fromages en gros rue du
Temple, 2. Après avoir conféré avec lui, il désira connaître
mes produits. Je lui en envoyai une pièce le lendemain de
ma visite. Au moment où il la reçut, un marchand de fro-
mage hollandais était chez lui; ce marchand ne voulait pas
croire que ce produit fût français, et il soutenait qu'il venait
de la Hollande, après l'avoir bien examiné. On le sonda, on le
dégusta avec soin, et la conclusion du marchand hollandais
fut ((ue si, en France, on fabriquait du fromage de cette
qualité, on n'avait pas besoin d'aller en chercher dans son
])ays bas. Ces paroles textuelles me furent rapportées par
(1) La France nianque de iVoniage propre aux approvisionnements de la
marine. Elle a annuellement recours h la Hollande pour combler son déficit
sous ce rapport. Nous avons acheté aux Hollandais du fromage pâte dure :
En 1859. . . 3 68Zi603 kilogrammes.
1860. . . oZi3/i552 —
1861. . . 3 5/i9i289 ~
Total en trois ans. . . 10 668/iZ|:i kilogrammes.
qui, à ICO francs les 100 kilogrammes au moins, représentent une somme de
17 0G9 510 fr. ZiO c. La France peut largement se suffire à elle-même sans
payer une pareille somme à l'étranger. IjO. département du Cantal seul
fournirait annuellement presque la quantité de fromage acheté à la Hollande,
s'il était suffisamment éclairé pour le produire.
Zi72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
M. Lonchampt lui-même. Celui-ci voulut avoir immédiate-
ment 100 pièces de mes fromages, .ren avais environ 150
disponibles, et je les lui fis expédier. J'ai su, par ce négo-
ciant, que sa clientèle en avait été très-satisfaite.
Une récente épreuve aurait fini de me convaincre, si je
ne l'avais déjà été par mes observations antérieures. Au mois
de mai passé, il y avait un concours régional à Clermont-
P'errand : j'y exposai de mes produits. Le jury, après un
examen attentif de plusieurs jours, les trouva de très-bonne
qualité ; il me décerna une médaille d'argent, quoique débu-
tant dans les expositions de l'industrie agricole }»ar des pro-
duits de cette nature.
La question résolue de la fabricatitm de fromage façon
bullandaise, paie dure, apte à une conservation j)rolongée et
propre aux approvisionnements de la marine, est, pour moi,
un fait incontestablement acquis à Souliard. L'expérience
a réussi dès le premier jour de son début. Depuis cette
époque, je n'ai pas eu la moindre déception; tous mes
produits sont de bonne qualité, suivant l'opinion du commerce,
et je continue toujours avec le même succès.
Ce fait une fois établi et bors de contestation, y a-t-il avan-
tage pour le département du Cantal à abandonner le mode
séculaire de sa fabrication fromagère, et à le remplacer par
celui dont nous devons l'initiative à l'établissement de Sainl-
Angeau? Un mot d'explication sera la réponse que je dois
faire. Examinons d'abord les cbances de fabrication des deux
modes et les conséquences qui s'en suivent.
La fabrication suivant le mode actuel suivi dans les mon-
tagnes d'Auvergne est mal étudiée, et par conséquent assez
mal opérée. La propreté exigée pour toute manipulation du
lait est loin d'être toujours observée dans les cbalets.
D'autre part, la masse considérable de caillé employé pour
faire le gros fromage, qui pèse de 50 à (îO kilogrammes, est
difficilement pétrie comme elle devrait l'être, et pressée de
manière à être bien privée de tout son sérum et à former une
pâte homogène et uniforme ; aussi cette pâte o(fre-t-elle le
plus souvent, lorsqu'on coupe un fromage du Cantal, des
FABRICATION DU FROMAGE DE HOLLANDE. Il7?t
marbrures, des irrégularités de nuances qui témoignent de
la manière dont le caillé a été préparé avant d'être mis dans
le moule pour y être pressé ; d'un autre côté, il n'est pas pos-
sible de priver, par le pressoir utilisé à cet effet, une masse
cylindrique de caillé de 00 kilogrammes, de tout le sérum
qu'elle contient, et la présence de ce liquide dans le fromage
iinit par le faire fermenter au bout de quelque temps ;
c'est là peut-être une des causes principales de sa décom-
position, lorsqu'il dépasse l'époque de ce qu'on nomme sa
maturité; c'est alors qu'il n'est plus possible de le garder, et
qu'il faut s'en débarasser, à quelque vil prix que ce soit.
Quelquefois même il est totalement perdu.
Ce n'est pas tout : comme la fabrication cantalicnne ac-
tuelle a été mal étudiée, et qu'il n'y a aucune règle indiquée
pour guider le fabricant, il n'est pas rare de voir mal réussir
la production de toute une saison dans une fromagerie , sans
en connaître la raison. On en accuse souvent le fromager.
Cependant il peut ne pas en être la cause. Le plus ordinaire-
ment elle reste inconnue, à défaut de bonnes études pour
la découvrir et y remédier. Le propriétaire, dans ce cas,
éprouve une grosse perte, car les fromages sont quelquefois
la principale partie de ses revenus de toute l'année.
La difficulté de bien confectionner un gros fromage du
Cantal se présente encore d'une autre manière. Un bon ou-
vrier qui réussit bien k faire un fromage aujourd'hui, réussit
quelquefois mal demain. C'est là un lait incontestable. Mais
la cause en est inconnue, parce que cette fabrication est mal
comprise.
Je le répète donc, la fabrication fromagère suivie de temps
immémorial dans le Cantal, à défaut d'autre, a été mal
étudiée. Elle a été reconnue vicieuse par les habitants du
pays eux-mêmes, et il y a lieu de la remplacer par un mode
mieux raisonné qui laisse moins de chances de pertes et
plus de bénéiices. Or, la mélhodc hollandaise, sans en exclure
d'autres, me paraît devoir être adoptée avec un avantage
assuré d'abord ; en voici la raison.
La fabrication du fromage de Hollande, à en juger par les
/|7/! SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
procédés employés; par la propreté observée dans la tenue
des ustensiles, et la manipulation du laitage ; par les précau-
tions prises pour les températures du lait à cailler et de l'at-
mosplièrc ; par les modes de préparation du caillé, par la
manière dont il est pétri, placé dans les moules et pressé par
le pressoir pour le priver de tout son sérum ; par la manière
dont le fromage est préparé et traité jusqu'à sa livraison au
commerce, prouve évidemment qu'elle a été bien étudiée par
les Hollandais. Ses manipulations sont uniformes, régulière-
ment exécutées, suivant les saisons correspondantes dans
chaque année ; il en résulte une uniformité d'action raisonnée
qui conduit toujours aux mêmes résultats. Aussi tous mes
fromages, confectionnés par les mêmes procédés, se ressem-
blent-ils au point de vue de leur confection. Ils n'éprouvent
pas ces modifications dans les résultats observés dans les
fromages du Cantal, et cette uniformité dans la confection
détermine l'uniformité dans la qualité. D'un autre côté, je ne
dois pas négliger de dire que le fromage hollandais , du
poids de i kilogramme 500 grammes à 2 kilogrammes, est
plus facile à manipuler, à presser et à confectionner unifor-
mément et convenablement; c'est surtout à cette cause que la
pâte de ce fromage doit l'homogénéité de sa substance, l'ab-
sence de ces marlirures qui caractérisent trop souvent le fro-
mage du Cantal.
Ainsi donc, au point de vue de la confection, le fromage
hollandais l'emporte sur celui du Cantal par une garantie
plus assurée des résultats, ce qui est dû à une étude mieux
raisonnée, et par une plus grande facilité de manipulation
et de préparation du caillé, parce que le fromager opère sur
une petite quantité relative de matière à la fois pour chaque
fromage. Si, par rare incident, le fromager traitait mal un fro-
mage hollandais , la perte serait insensible, puisqu'il ne pèse
jamais au delà de 2 kilogrammes. Il n'en est pas de même du
fromage du Cantal, qui pèse jusqu'à 60 kilogrammes et plus;
la perte, dans ce cas, devient considérable.
Après avoir parlé des avantages et des inconvénients des
deux modes de fabrication fromagère du Cantal et de la Hol-
FABRICATION DU FROMAGE DE HOLLANDE. /i75
lande, monsieur le président, je vais vous dire un mot du
rendement relatif des produits dans l'un et l'autre cas, car
c'est là, en somme, le point le plus capital de la question.
Les hommes spéciaux du pays affirment qu'il faut quatre
litres de lait, en moyenne, pour obtenir un caillé propre à faire
500 grammes de fromage du Cantal ; j'ai obtenu à peu près
les mômes résultats. Quinze litres de lait m'ont donné un
fromage de 2 kilogrammes, après sa sortie du pressoir, c'est-
à-dire après que le sérum contenu dans la pâte a été conve-
nablement exprimé : ainsi donc, le lait traité suivant l'une et
l'autre méthode rend la même quantité de caillé ; mais lorsque
le fromage du Cantal sort du pressoir, il est immédiatement
placé dans une cave fraîche, souvent humide, ce qui amoin-
drit l'évaporation de la partie liquide qu'il contient, jusqu'à
ce qu'il soit livré à la consommation. Je n'ai jamais fabriqué
moi-même du fromage du Cantal; j'ai débuté par celui de Hol-
lande; je n'ai pas étudié sérieusement le premier, j'ignore
donc quel peut être son déchet depuis sa sortie du moule
jusqu'à sa consommation.
Quant au fromage de Hollande, lorsqu'il est confeclionné,
loin de le placer dans une cave fraîche et humide, il est déposé
sur des rayons, dans une chambre bien éclairée, bien aérée
et exempte d'humidité ; là il reçoit des soins spéciaux aussi
sinqjles que faciles à prendre d'ailleurs. Le fromage perd
dans cette chambre, qui est une espèce de séchoir, une partie
de l'humidité qu'il avait à l'état frais, ce qui contribue sans
doute à lui donner la propriété qu'il a depouvoir être conservé
longtemps pour des approvisionnements.
Dans cette condition essentielle à sa bonne préparation ,
le fromage hollandais éprouve donc un déchet par l'évapo-
ration d'une grande partie de son humidité. Ce déchet avarié
à Souliard de 16 à 18 et même 20 pour 100, depuis sa sortie
du pressoir jusqu'au moment où je l'ai livré au commerce.
Cette variation du déchet a dépendu du temps qui s'est
écoulé depuis la fabrication jusqu'à l'expédition. Après
environ trois ou quatre mois de conservation, il a perdu
IGpour 100 du poids; après six mois, il a perdu à peu prés
h~C* SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
20 pour 100 ; j'ignore si le même fait s'est reproduit
ailleurs dans les mêmes proportions. Il est donc avantageux,
pour l'agriculture, de vendre ce fromage le plus tôt possible
pour éprouver le moins de perte par le déchet. A défaut
d'expérience sutlisante, je n'ai pas encore assez bien examiné
cette question pour la résoudre d'une manière absolue, mais
je pense qu'après deux ou trois mois de fabrication, le fromage
hollandais pourrait être livré à la consommation ; dans ce cas,
le déchet par dessiccation serait moindre. J'étudierai ce dé-
tail pour lixer mon opinion à ce sujet.
Le fromage du Cantal, placé, comme je Tai dit, dans une
cave fraîche ethumide, après sa confection, doit naturellement
éprouver moins de déchet que celui de Hollande ; cependant,
quelque minime qu'il soit, il doit perdre une quantité de son
poids depuis sa fabrication jusqu'à sa vente. J'ignore, je le
répète, quelle est la proportion de ce déchet; je ne sais pas si
elle est connue, même approximativement, dans le pays, tant
l'étude de ce fromage a été négligée. Nul des fromagers auxquels
je me suis adressé n'a su me le dire. Ils comprenaient à peine
pourquoi je leur adressais cette question; mais quoique ce ne
soit pas supposable, admettons pour un moment que le fro-
mage du Cantal n'éprouve pas de déchet, il y aurait encore
avantage à faire du fromage hollandais, non-seulement pour
les motifs que j'ai déjà signalés au point de vue des chances
d'une bonne fabrication, mais sous le rapport des bénéfices
assurés. Comptons :
J'ai dit que le fromage du Cantal est généralement vendu
au prix moyen de 80 centimes le kilogramme. Ce prix, suivant
moi, serait au-dessus de celui qui est obtenu, si l'on comptait
bien ; mais passons. Ce serait donc 80 francs que produiraient
les 100 kilogrammes de fourme. Le fromage de Hollande est
vendu le double, c'est-à-dire 160 francs les ^00 kilogrammes.
Nous devons maintenant en déduire le déchet : admettons 20
pour 100 , maximum que j'ai observé, pour faire une large
part aux objections; il nous reste 80 kilogrammes qui, à rai-
son de 1 fr. 60 c. , font 128 francs au lieu de 80 francs, prix que
nous avons adopté comme moyen pour le fromage du Cantal.
FABRICATION DU FROMAGE DE HOLLANDE. h/~
On pourra me dire que le prix de 80 francs les 100 kilo-
grammes produit par le fromage du Canlal est soldé sur
place parles négociants qui viennent l'acheter dans le pays,
tandis qu'on est obligé d'envoyer à ses frais le fromage de
Hollande dans les lieux d'achat ou de consommation. Si la
fabrication du fromage hollandais se généralisait dans le
Cantal, des marchands viendraient aussi l'acheter sur place
avec d'autant plus d'empressement, qu'ils n'auraient pas à
redouter les pertes que leur font éprouver les fromages du
Cantal, dont la conservation est si difficile. Mais admettons
6 et même 7 pour 100 de frais d'envoi et de transport, nous
aurons encore un beau bénéfice produit par le procédé hol-
landais, sur le procédé cantalien.
Suivant le calcul approximatif que j'ai pu faire sur le ren-
dement du fromage cantalien, le prix du litre de lait serait de
10 centimes environ par sa fabrication, en admettant qu'elle
a bien réussi, ce qui est loin d'être toujours garanti ; j'en
ai donné la raison. La fabrication du fromage hollandais m'a
payé le lait, dans la campagne de 186'2, 13 centimes et demi
le litre, en sus du prix du sérum (petit-lail), qui m'a servi à
élever ou à engraisser des porcs, et du prix du beurre de mé-
diocre quahté fourni par ce sérum. Ce beurre est vendu, dans
le pays, à raison de 1 fr. âO le kilogramme. Ce sérum butyreux
ne peut pas être estimé, à mon avis, moins de '1 francs l'hec-
tolitre, ce qui porterait le prix du lait employé à la fabri-
cation du fromage hollandais à environ J 6 centimes le litre.
La fabrication du fromage hollandais augmenterait donc le pro-
duit des vaches laitières du Canlal d'un tiers environ, c'est-à-
dire de 1 million à 1 million 333000 francs. Si le produit actuel
est, comme on le pense généralement, de 3 à Zi millions, il y
aurait, de plus, l'avantage de ne pas porter à la Hollande un
argent que nous pouvons garder en France.
11 est un autre point sur lequel il importe d'attirer l'atten-
tion de l'Auvergne. Pour faire un gros fromage du Cantal, il
faut une vacherie d'au moins quinze têtes. Au-dessous de ce
nombre, on n'obtient pas une quantité de lait suffisante pour
faire wnefo urine de 50 kilogrammes à livrer au commerce,
/l7S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
parce qu'on serait obligé de conserver le caillé de plusieurs
jours pour la fabriquer, ce qui ne serait pas possible. Avec
le fromage de Hollande, qui ne pèse que de 1 kilogramme
500 grammes à 2 kilogrammes , on peut fabriquer journelle-
ment, n'aurait-on que quinze ou seize litres de lait. Ce serait
là un avantage précieux pour les petits propriétaires qui, ne
pouvant nourrir qu'un nombre très-limité de vaches, sont
dans l'impossibilité de faire des fromages de 50 kilogrammes,
suivant l'habitude du pays.
Le département du Cantal comprendra-t-il les avantages que
lui offre la fabrication du fromage hollandais sur celle qu'il a
adoptée de temps immémorial, et qui est toujours restée sta-
tionnaire, sans faire le moindre progrès pour être améliorée?
.l'en doute, monsieur le président, si j'en juge parla difficulté
de faire adopter une idée nouvelle en agriculture dans ce
pays. Fontenelle a dit, qu'une idée nouvelle est iin coin qui
n'entre que par le gros bout: c'est là une vérité vraie partout,
et vraie au superlatif en agriculture dans nos montagnes. 11
me serait, du reste, facile de vous en expliquer la raison,
mais non est hic iocus. Notre principale richesse, je l'ai dit,
réside dans notre bétail et ses produits. Nous avions d'excel-
lents chevaux qui formaient une des meilleures races connues
pour le service de la cavalerie légère. Celte race d'Auvergne
n'existe plus; elle a été anéantie par défaut de savoir et le
mauvais croisement par des étalons indignes. Il nous reste
deux races de bœufs d'excellente nature, la race Aubrac et
la race Salers. Nous pourrons augmenter et améliorer l'une
et l'autre dans de grandes proportions, par l'augmentation du
fourrage et un bon choix de reproducteurs cb.oisis dans le pays,
même sans types étrangers. Dieu nous en garde ! Nous avons
reçu une rude leçon dans notre espèce chevaline, et nous ne
sommes pas seuls, vous le savez. 11 y a vingt-cinq ans que,
cultivateur à la ferme de laPeyrusse, près d'Aurillac, j'indiquai
dans le journal le Propagateur agricole du Cardai, dont la
Société d'agriculture m'avait confié la rédaction, les moyens
prescrits par les sciences naturelles pour arriver à bonne fm.
Je n'ai jamais cessé d'en parler depuis celte époque, soit dans
FABRICATION DU FROMAGE DE HOLLANDE. /|79
la presse locale, soit dans celle de Paris ou d'ailleurs, et, après
ce quart de siècle, c'est à peine si l'on voit quelques
éleveurs intelligents se hasarder, en Auvergne, à faire mieux
que dans les siècles passés ; et ce serait si facile, si l'instruc-
tion professionnelle des cultivateurs leur était donnée. La
lumière que cherche à répandre notre Sociéfé, monsieur le
président, hrisera seule les obstacles qui s'opposent au progrès
si désiré dans la production animale de la France. Sans cette
lumière , ils seront insurmontables. Si Tagriculteur veut
opérer d'une manière raisonnée et avec fruit dans l'immense
ateher que la nature met à sa disposition , il faut qu'il étudie
sérieusement les lois immuables et éternelles de la création,
et qu'il se conforme à leurs indications. S'il agit autrement,
il réussira mal, parce que le Créateur, qui, en les décrétant,
a donné à l'homme les moyens d'approfondir ces lois , ne lui
permet pas de les transgresser impunément !
Veuillez agréer, monsieur le président, etc.
HiGHARD (du Cantal),
Cultivateur à la ferme de Soiiliard (Cantal).
NOTE
SUR LES PRODUCTIONS DE LA MONGOLIE
n'APRKS UN MÉMOIRE DE M. E. SIMON,
Par M. T. €. '^iEXXOT,
Réilarleiir au miiiislrre clos affiiires étrangères.
(Séance du 26 juillet iSfilî.)
Nous empruiUons à un mémoire encore inédit de M. En-
gène Simon, qui a fait en Mongolie, l'année dernière, une
excursion de six semaines (du 3 septembre au 18 octobre),
les détails suivants sur les animaux et les plantes de ce pays.
Désirant explorer, au point de vue agricole et commercial,
les régions situées au nord de la grande muraille, M. Simon
se mit en route, accompagné d'un missionnaire français ,
M. l'abbé Mihiérc, qui, i)ar sa connaissance de la langue et
des usages des habitants, pouvait faciliter ses recherches.
Après avoir traversé la magnifique plaine de Pé-king, les
voyageurs arrivèrent à la petite ville de Tchang-ping-tchéou,
première étape de la roule, longue d'une trentaine de lieues,
qui aboutit à une porte pratiquée dans la grande muraille et
franchit un défilé bordé de cimes escarpées d'où se détachent
continuellement des blocs de pierres. C'est par cette route,
impraticable aux voitures et que M. Simon dut faire en palan-
quin, que descendent vers Pé-king les innombrables bestiaux
expédiés de la Mongolie à destination delà capitale et des pro-
vinces septentrionales. Pendant cinq ou six jours que dura leur
trajet, les deux Français virent défiler sous leurs yeux plus de
(50 000 Moulons, 12 000 Bœufs et 7 à 8000 Chevaux; encore
n'était-ce pas la saison où les convois sont le plus considé-
rables. Au retour, ils passèrent par Lama-miao, le plus grand
marché au bétail de la Tarlarie. Il s'y vend, trois fois par
semaine, de 15 à -20 000 Moutons ou Chèvres, de '2 à 3000
Bœufs, de 1000 à 1200 Chevaux et de 5 h 600 Chameaux,
ainsi qu'un petit nombre d'Yaks, amenés de l'occident. Le
PRODUCTIONS DE LA MONGOLIE, /JSl
prix d'un mouton ou d'une chèvre varie entre 5 et 6 francs;
celui d'un bœuf, entre 36 et hO francs. Un cheval peut valoir
de 15 à 50 francs ; un chameau, de /lO à 60 francs.
Le bas prix et la multiplicité de ces animaux s'expliquent
parla facilité qu'on trouve aies nourrir dans les vastes steppes
que les Chinois appellent la terre des herbes (tsao-té), et qui
s'étendent au delà de la grande muraille jusqu'au désert aride
et sablonneux connu sous le nom de désert de Gobi. Pendant
l'été, les bergers mongols gardent à cheval, dans ces pâturages
naturels, les immenses troupeaux de leurs princes, seuls
propriétaires du sol. Ces bergers habitent avec leurs familles
sous des tentes de feutre, qu'ils transportent d'endroit en
endroit à mesure que la végétation est consommée. L'hiver, ils
quittent la plaine et campent autour des forteresses qui ser-
vent de résidence à leurs maîtres. Dans cette existence nomade,
ils vivent presque uniquement de laitage et de viande. Celle-ci
est ordinairement séchée au soleil ou au four, puis râpée et
convertie ainsi en une espèce de poudre aisée à transporter
et à conserver, et qu'on mange cuite dans l'eau. Ce n'est que
dans les grandes occasions, lorsqu'on tue un bœuf ou un
mouton pour fêter des hôtes, que les Mongols se permettent
de la chair fraîche. Le lait de leurs brebis, de leurs vaches, de
leurs juments et de leurs chamelles leur fournit des fromages
plats, demi-salés, d'un goût excellent.
M. Simon, ayant déjà consacré un mémoire spécial à la
description de la race ovine de la Mongolie, n'a pas cru devoir
revenir sur ce chapitre dans sa relation subséquente. Il
constate seulement que certains princes possèdent jusqu'à
50 et 60 000 Moutons; le chiffre ordinaire d'un troupeau est
de 8 à 10 000 têtes.
La race bovine du môme pays réunit, selon lui, tous les
caractères des meilleurs sujets propres à l'engraissement :
tête petite, cornes courtes et souvent absentes, fanon presque
nul, ossature fine, peau souple et mince. Il n'est pas rare de
voir des bœufs atteindre, sans avoir eu d'autre nourriture
que l'herbe des steppes, un poids de 7 à 800 kilogrammes
sur pied. M. Simon en signale un qui, étant abattu, pesait
T. X. —Août 1863. 31
ZiS2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
net /i80 kilogrammes. Le suif qu'on en relire est brillant,
transparent et comme nacré.
Les Chevaux mongols, malgré leur petite taille, sont robustes
et savent résister au maigre régime qui les attend lorsqu'on
les achemine de la terre des herbes à Pé-king par bandes de
200 à 1000 animaux, et qu'ils n'ont pour pitance qu'un peu
d'avoine ou de mil. La hauteur de cette race demeure géné-
ralement au-dessous du maximum del"',60; la tête est
petite, la croupe arrondie; les jambes sont défectueuses sous
le double rapport de la grosseur du boulet et de la largeur
du sabot. En raison du peu de longueur du dos, les allures
du Cheval mongol sont assez fatigantes, à moins qu'on ne l'ait
dressé à l'amble ; mais il est excellent coureur, et l'on pourrait
le regarder comme un joli poney. M. Simon ajoute qu'il a
remarqué des individus choisis en Mongolie ou élevés à Pé-
king môme, qui étaient exempts de tout déftiut de conforma-
tion. On lui a montré dans la capitale une bête venant de la
province de Kan-sou, voisine du Tibet : ce cheval offrait des
dimensions supérieures à celles de la race tartare, et rappe-
lait le type arabe. Sa valeur était estimée à ZiOOO francs,
tandis qu'un beau coureur mongol ne vaut que 300 francs.
Le Kan-sou, ou Chen-si, fournit aussi une grande race d'Anes,
que l'on croise avec les juments mongoles, pour produire les
magnifiques mulets et mules qui forment la plupart des atte-
lages à Pé-king et dans le nord de la Chine.
Outre les bestiaux qui les fréquentent dans la belle saison,
les steppes recèlent une foule d'espèces sauvages. Le Lièvre y
abonde; le Mouflon s'y aventure quelquefois, venant des
montagnes de l'occident; le Tigre noir, la Panthère et l'Ours
sortent de la forêt de Géhol, et y trouvent une proie facile dans
les Chevreuils et les Antilopes qui errent dans ces solitudes
par troupes de deux à cinq cents tètes. A l'approche de
l'hiver, les chasseurs font un grand carnage de ces timides
animaux, ou bien les prennent vivants pour les envoyer à
Pé-king. On peut se procurer, dans cette ville, vers le mois
de novembre, un chevreuil ou une antilope pour h ou 5 francs.
Les Chinois donnent à l'Antilope de Tartarie le nom bizarre
PRODUCTIONS DE LA MONGOLIE. - /|83
de Mouton jaune {Hoang-yany) ; selon M. Simon, ce serait
une sorte d'Antilope à goitre. Elle est d'un caractère très-
doux, s'apprivoise aisément et se reproduit en captivité; sa
chair est meilleure que celle du chevreuil, et son acclimatation
serait une précieuse acquisition pour les parcs d'Europe.
Le Chien mongol pourrait aussi être utilement propagé dans
nos montagnes. M. Simon a eu soin d'expédier en France cinq
individus de cette variété, qu'on croit originaire du Tihet ou
des rives de l'Amour, et qui paraît merveilleusement appro-
priée à un pays froid, par son pelage mêlé d'une laine dont la
longueur, aux jamhes et à la queue, dépasse les crins de 20 ù
30 centimètres. Cette toison tomhe pendant l'été pour se
renouveler au commencement de l'hiver, et permet à ces
animaux de coucher à la belle étoile par les temps les plus
rigoureux. Ils sont remarquables par leur fidéhté, leur intel-
ligence et leur douceur pour ceux qu'ils connaissent, en même
temps que par une force étonnante et un courage si indomp-
table, qu'on en a vu se jeter même sur le tigre rôdant autour
des troupeaux. Aussi leur confie -t-on la garde des campe-
ments, et il suffît de quelques chiens lâchés la nuit pour que
homme ni bête n'osent en approcher.
Parmi les oiseaux qui fréquentent la ferre des herbes,
M. Simon cite comme les plus co.mmuns, le Canard, la Sar-
celle, le Faisan et la Cigogne ; la grande etla petite Outarde et
la Grue couronnée s'y montrent plus rarement.
Le Ver à soie du Chêne est presque le seul élevé au nord de
Pé-king, en Mantchourie et en Corée. M. Simon doute que le
Ver du Mûrier y soit productif, et il regarde comme erronée
l'opinion contraire.
Le règne végétal est peu riche dans ces ;régions, en raison
de l'âpreté du climat. Les montagnes qui bordent la vallée de
Si-wan-ze offrent quelques massifs de bouleaux, de saules et
de peupliers, sur la lisière desquels croissent spontanément
le fraisier, le framboisier, le groseillier à grappes rouges, le
hlas etla rose de Chine. Ailleurs on voit des sapins et des
mélèzes analogues au Larix siùerica. En général, les arbres
manquent, et la population est réduite à brûler, en guise de
llSll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTÂTION.
combustible, la fiente des animaux desséchée et formée en
mottes. Malgré les intempéries atmosphériques et les entraves
mises par la législation à la vente des terres, des colons chi-
nois ont fait irruption en Mongohe, et, depuis une dizaine
d'années, ils ont conquis à la culture une lisière de quinze
à vingt lieues de large sur les confins de la grande muraille.
A force de sarclages et de fumures, ils ont réussi à faire pous-
ser de l'avoine, du sarrasin, du mil, du blé, des choux et des
pommes déterre. Ce dernier tubercule, importé parles Russes
il y a environ soixante ans, prospère merveilleusement en
Mongolie, en Mantchourie, dans le Ilou-pé et d'autres pro-
vinces de la Chine et du Japon. La variété cultivée en Chine
est la grosse jaune ; elle paraît avoir échappé à la maladie
qui a frappé ses congénères en Europe.
HYBRIDES DE PERDRIX GAMBRA
ET DE PERDIX SYNAICA.
LETTRE ADRESSÉE
A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'aCCLIMATATION
Par M. BARTHÉLÉMY. LAPOMMERAYE.
(Séance du 5 juin 1863.)
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de venir porter à la connaissance de la
Société impériale zoologique d'acclimatation, le résultat de
l'accouplement, en état de captivité, d'un sujet mâle de la
Perdrix Gambra à pattes rouges (les Arabes de la Tunisie
la distinguent de celle à pattes jaunes), avec une femelle de
Perdix synaica provenant de la Syrie.
M. Alphonse Arnaud, préparateur du Muséum, qui s'occupe
avec beaucoup d'intelligence et de soins de l'incubation artifi-
cielle, pour laquelle il a été primé au concours régional tenu
à Marseille en 1861, a eu l'heureuse pensée d'effectuer ce
rapprochement entre deux sujets de livrées bien différentes,
provenant de contrées géographiquemcnt distinctes et de
climats qui ne sont pas sans quelques affinités.
Gela le conduisait naturellement à contrôler, par une expé-
rience de laboratoire, ce fait acquis à la science moderne, de
l'hybridation de la Perdrix bartavelle {Perdix saxatilis)
avec la Perdrix rouge, dans les conditions de l'existence libre,
au milieu des régions alpestres du Dauphiné, croisement qui
a produit pour métis la Perdrix rochassière {Perdix Luhatiei
de M. Bouteille) (1).
Le couple perdiciné dont j'ai à parler a été mis envohère,
au Muséum, le 1" février de cette année. L'accouplement était
consommé dès les premiers jours de mars. La ponte a com-
mencé le 17 avril, et a fourni jusqu'cà ce moment, cà la suite
des séquestrations successives qui en ont été faites, un total
(1) Jaubert cl Barlliélemy-Lapommeraye , Richesses ornithologiques du
midi de la France, page il7.
hSQ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION.
de trente-six œufs, auxquels viendront sans doute s'adjoindre
quelques-uns encore. Les œufs sont variables entre eux, sous
le rapport des maculations plus ou moins intenses, plus ou
moins confluentes, sur un fond qui passe parfois du jaune
pâle carnéolé au jaune légèrement vert d'eau. Leur grosseur
est supérieure à celle des œufs de notre Perdrix rouge, et au
moins égale à celle des œufs de la Cambra. Le système de colo-
ration se rapproche assez de la teinte et des maculations de
ceux de cette espèce, et s'éloigne notablement du fond ferru-
gineux, ainsi que des maculations h piqûres de mouche et en
zigzag, bistrées, des œufs de la Perdrix rouge. Nous aurions
donc sous les yeux l'œuf de la Perdix synaica, que je ne con-
nais pas, ayant subi quelques modifications sous l'influence
du croisement opéré.
Sur le nombre d'œufs obtenus, et à titre d'essai, cinq ont
été placés sous une poule vigoureuse. Après vingt et un jours
d'incubation, deux petits sont éclos. Deux autres, parfaite-
ment formés, étaient morts dans l'œuf. Le cinquième œuf
était clair.
Sur les deux poussins, un a été tué par la poule, dans ses
mouvements de grattage par trop violents. Le survivant, qui
compte dix jours, depuis son éclosion, est plein de vie et de
santé. Il se montre quelque peu frileux.
A l'exception des ailes, qui se garnissent de plumes, tout le
reste du corps est encore couvert de duvet. La partie supé-
rieure de la tête est d'un roux blond, qui se détache, en forme
de calotte, sur les parties latérales d'un blanc grisâtre. Un tout
petit trait noir se fait remarquer en arrière des yeux. C'est
là tout ce que la diagnose peut indiquer de plus saillant.
Vingt et un autres œufs ont été confiés aux soins d'une
seconde poule, et devront éclore du 20 au 21 de ce mois.
Enfin, les dix œufs restants ont été laissés à la disposition
du couple perdiciné, qui se montre profondément indiflérent
à leur égard.
Quelques détails sur la volière d'accouplement feront con-
naître que rien n'a été négligé pour assurer à ces oiseaux le
mystère des amours, de la ponte et de l'incubation, s'il y
HYBRIDES DE PERDRIX GAMBRÂ ET DE PERDIX SYNAICA. 487
avait lieu, ainsi que les avantages d'une récréation agréable,
propre à éloigner la nostalgie.
La partie discrète de la volière se trouve h la hauteur la
plus grande de l'intérieur du laboratoire. C'est là que les
œufs ont été pondus, assez négligemment, dans un recoin,
sur un peu de fourrage sec réuni par le mâle et la femelle.
Le régal est extérieur, grillagé tout autour et recouvert en
dessus. Il se trouve en plein jardin, ombragé par des mûriers.
Le doux murmure des eaux s'y fait entendre, et le chant des
oiseaux, celui surtout si fortement accentué de deux Tur-
doïdes cà cul jaune, le fameux Bulbul des Arabes, y retentit
délicieusement et peut rappeler au cœur de la Perdix sijnaica
la chère patrie absente.
Aussi, dès le retour du printemps, et comme prélude de
leur prochaine union, nos Perdrix célébraient-elles à plein
gosier le lever de l'aurore, et saluaient- elles bientôt après
les premiers rayons du soleil radieux qui venait réchauffer
leur rustique demeure.
Cependant, il faut bien le reconnaître encore, c'est en vain
que l'art s'étudie à enjoliver, à dissimuler, autant que pos-
sil)le, la retraite forcée offerte à certains oiseaux, amants
incorrigibles de leur précieuse liberté. Ou les verra, le plus
souvent, accomplir le vœu de la nature par l'accouplement
et des pontes jilus ou moins abondantes, mais se refuser
obstinément h donner une seconde fois la vie par l'incuba-
tion aux fruits de leurs amours, sous les grilles et les verrous
dorés auxquels ils ont été condamnés.
Le fait que je signale n'est-il pas une consécration nouvelle
de ce principe fondamental, dont certains esprits, en contra-
diction avec eux-mêmes, cherchent k obscurcir la vérité in-
contestable, à savoir, qu'en se rapprochant le plus possible de
la nature, lorsqu'il s'agit de certains animaux dont l'assimila-
tion cà une contrée nouvelle est poursuivie, on est essentielle-
ment plus près d'atteindre le but proposé !
Les Perdrix Cambra et synaica, rapprochées par le senti-
ment amoureux, dans la solitude de nos collines boisées ou
sous les ombrages des parcs, auraient pondu inévitablement,
A88 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
mais surtout elles auraient couvé leurs œufs et conduit, au
moment donné, leur intéressante famille. Aucune des in-
fluences atmosphériques auxquelles sont exposés la généralité
des oiseaux libres n'eût arrêté cet élan naturel, sous l'œil
vivifiant de Dieu ! Sous la main de l'homme, l'oiseau captif
s'amoindrit et s'étiole! Soumis à ces conditions misérables,
l'oiseau n'aurait-il pas la prescience du fameux hémistiche
virgilien : Vos non vobis ? Dans cette hypothèse, pourquoi ne
s'arrêterait-il pas à son demi-vers, à lui : Et nos non vobis!
L'unique survivant de la couvée d'essai est mort, le dix-
huitième jour après sa naissance, en moins d'une heure,
sans que rien pût faire présager cette fin prématurée.
L'examen qui en a été fait a prouve à M. Arnaud que la
pépie était la cause de la mort de l'oisillon. De plus, à l'inté-
rieur du corps, le viscère du foie était tuberculeux. Il esta
supposer qu'un régime alimentaire trop animalisé a occa-
sionné le double état pathologique de la langue et du foie :
d'une part, en provoquant le développement de la membrane
circumlinguale dont le dessèchement progressif empêche l'or-
gane de fonctionner et détermine rapidement la mort ; d'autre
part, en poussant à la graisse, à l'obésité et à l'hépatisation
du foie. C'est un enseignement recueilli dont l'apphcation n'a
pas tardé de se présenter.
La seconde couvée, que j'appellerai normale, a été conduite
à bien. Elle se composait de vingt et un œufs. L'éclosion a eu
lieu du vingt et unième au vingt-troisième jour. Ses résultats
ont été : six œufs clairs ; deux poussins faibles morts en nais-
sant; deux piétines par la Poule, et qui ne se sont pas rétablis.
Les onze survivants comptent aujourd'hui vingt jours d'exis-
tence. Leur taille est celle d'une forte Caille. Ils sont alertes
et vigoureux, et volètentdéjà avec une certaine énergie. Leur
livrée se dessine de jour en jour. C'est un fond gris avec une
foule demaculations blanches, à peu de chose près celles des
Perdreaux ordinaires. Le dessus de la tête est d'un roux doré ;
les joues sont grisâtres. A partir de l'angle externe de l'œil,
une petite tache noire se divise vers le méat auditif (l). Le
(i) Caiactèie qu'on letrouve cliez la t^erdrix de Syrie.
HYBRIDES DE PERDRIX GAMBRA ET DE PERDIX SYNAICA. hS9
dessus du bec devient de plus en plus brun. Les pattes sont
couleur de chair. Cette jolie compagnie est logée, avec la
poule éleveuse, dans une caisse sans fond, longue de 2 mètres,
large d'un mètre sur 60 centimètres de hauteur, à toiture
à deux pentes et mobile. Les parties latérales, sur toutes
les faces, sont finement grillagées. Chaque matin, dés que le
soleil est assez haut pour visiter notre jardin, les Perdreaux,
pris à la main dans leur cage de nuit, sont placés, l'un
après l'autre, dans une grande marmite, et transportés ainsi
dans leur cage extérieure, dont l'emplacement est changé
chaque jour, de telle sorte que les oisillons reposent sur la
terre mobile, où ils aiment à s'épouiller, et sur des plantes
croissant spontanément, au milieu desquelles ils furètent sans
cesse à la recherche de tout petits insectes qu'ils se plaisent
aussi à déchiqueter. Sauf l'espace et le libre parcours, ils
vivent de la vie des champs, sous un soleil radieux dont l'ex-
trême chaleur est de leur goût. Après leurs repas, composés
de millet, de blé, de laitue ronde fournie abondamment, et
dont ils sont friands, et de quelques Ijlattes vivantes, on les voit
rechercher une bande de soleil, s'y blottir tous ensemble
l'un contre l'autre, les yeux à demi entr'ouverts, sous l'in-
fluence d'une somnolence digestive.
Au coucher du soleil, la manœuvre du transport recom-
mence. Il s'agit de regagner le domicile de nuit. Sans doute
il serait bon, pour l'hygiène de ces oisillons, de les laisser
exposés à l'influence de la température nocturne, au contact
de la poule, impuissante à les couvrir tous aujourd'hui ; mais
bien des chats rôdent dans le jardin, le danger serait immi-
nent. Les Perdreaux sont si bien façonnés à la manœuvre,
qu'ils s'affaissent naturellement et se laissent saisir sans résis-
tance. Bien que nos contrées abruptes et desséchées où
vivent les Perdrix manquent d'eau généralement , et que les
moyens de se désaltérer fassent défaut, M. Arnaud maintient
à ses poussins un abreuvoir dont l'eau est fréquemment re-
nouvelée. Ils s'en approchent souvent, et se rafraîchissent la
langue et le gosier. Il nous tarde de voir cette jolie couvée
revêtir la livrée du second âge, dont les nuances pourront
Z|90 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
être facilement saisies et décrites. Ce serait alors le moment
d'avoir à sa disposition un parc d'une certaine étendue,
garanti contre les animaux déprédateurs et le braconnage
essentiellement destructeur, pour y lâcher cette famille d'hy-
brides, et constater plus lard s'il y a eu ou non reproduction.
Le même fait pourrait être observé en domesticité, par le pré-
lèvement d'une paire bien accentuée dans ses caractères.
D'ailleurs M. Arnaud est au moment d'obtenir une seconde
éclosion tout aussi nombreuse, je pense, que la première; et
le temps est encore assez convenable pour la conduire abonne
fin.
En résumé, la paire Cambra syriaque a donné les résultats
que voici :
Couvée d'essai 5 œufs.
Première couvée normale 31 —
Deuxième couvée normale. 24 —
En réserve, œufs nouveaux S —
Total 58 œufs.
Les Perdreaux de M. Arnaud comptent aujourd'hui cin-
quante jours. Ils sont au nombre de onze, tous alertes et
vigoureux. Leur taille n'est inférieure que d'un tiers environ,
ta celle des Cambra et Perdix grecques adultes. Ils piaulent
à pleine gorge, et de temps en temps les mâles, se redressant
sur leurs tarses, cambrant leur dos, poussant en avant la poi-
trine et l'appareil vocal, tendent le cou et essayent les pre-
mières notes de leur chant si connu, ca, ca^ ca, qui seront
phrasées nettement sous peu de temps. Je constate, dès ce
moment, la première mue qu'ils subissent, ce sont les grandes
plumes alaires que nous recueillons dans la cage. La livrée de
la tête est à peu près la seule qu'il soit possible d'analyser.
Sa partie supérieure, depuis le vertex jusqu'à l'occiput, est
d'un gris brun roussâtre occupant presque toute la surface,
liséré de noir latéralement, ce qui fait ressortir vivement la
hgne blanche qui part de la base moyenne du bec, passe au-
dessus de la région de l'œil, se continue également au-dessus
de l'oreille, et se perd insensiblement sur la portion latérale
supérieure du cou-. Les plumes qui recouvrent le méat au-
HYBRIDES DE PERDRIX GAMBRÂ ET DE l'ERDIX SYNAICA. /|91
ditif sont rousses. Immédiatement au-dessous commence le
collier noir qui, ce me semble, devra s'étendre plus bas et
s'unir, sur la gorge, au prolongement du coté opposé, et
constituer ainsi le collier plein de la Perdrix grecque et' de
notre Bartavelle.
Le trait noir, du côté interne de l'œil, que j'avais signalé,
a disparu. Il n'y a pas, comme chez la Perdrix grecque, de
ligne transverse noire à la base du bec. Le bec n'est point
encore rouge. Les tarses, au contraire, ont revêtu la couleur
coralline. Toutes les macules blanches ont disparu. La partie
inférieure du cou et la poitrine sont d'un gris roussàtre terne
sans mélange de couleur. '
Le développement de cette couvée remarquable s'est pro-
duit, à l'état de captivilé, d'une manière aussi rapide que chez
les Perdreaux libres. Depuis quinze jours, ils ont été séparés
de la poule conductrice.
M. Arnaud a obtenu une nouvelle couvée dont les survi-
vants sont au nombre de dix. La poule très-novice qui les a
protégés de sa chaleur vitale n'a pas su les débarrasser de la
coqudle, Il a fallu y procéder lentement et avec infiniment de
précaution. Aussitôt nés (il y a quinze jours), la poule a été
enlevée, et les poussins ont trouvé asile dans la couveuse ar-
tificielle, poussée au delà de 35 degrés. Cette température leur
a été essentiellement favorable. Pas un n'a été dans un état
languissant.
Aujourd'hui ils vivent, livrés à eux-mêmes, dans une
grande cage, ayant pour moniteur un des Perdreaux de la
couvée qui les a précédés.
M. Arnaud a vingt-quatre œufs nouveaux à l'incubation
soiis la même poule qui avait fait naître la couvée d'essai.
Somme toute, la Perdrix grecque a pondu près de quatre-
vingts œufs h partir du mois de mai jusqu'à ce jour. Elle
entre en mue, et c'est la clôture pour l'année 1863.
J'ai l'honneur d'être, etc.
Barthélémy- Lapommeraye.
NOTICE
SUR
LES POISSONS DE RIVIÈRE DE LA GUADELOUPE
ET PARTICULIÈREMENT SUR LE PISQUET,
Par M. VAUCHELET (1).
(Séance du 12 décembre 1862.)
I. — De9 Pisfpœts.
Le mol seul le dit, Pisqiœt vient du latin plscis (poisson).
Les Caraïbes appelaient ce petit poisson T/^iri ou Tritri; c'est
encore ce dernier nom qu'on lui donne à la Martinique.
(1) Je considère comme ^\. Vaiichclct les Pisquets ou Titiris comme
étant l'alevin de dilTcrcnls poissons, qui, comme la montée de certaines
espèces à rembouchurc des fleuves cl des rivières de l'Europe, à certaines
époques, quitte les eaux salées pou'- aller peupler les eaux douces. J'ai vu à
la Martinique, sur la grande roue d'un moulin à sucre, à plus d'une demi-
lieue de la mer, des Titiris entassés dans les augets en si grande quantité,
qu'il en résultait, par leur mort, une véritable infection. Les Tiliris , à la
Martinique comme à la Guadeloupe, ne paraissent qu'à une époque de
l'année, dans les premiers temps de l'hivernage, juillet et août; plus tard
on ne les voit plus, sans doute parce qu'ils ont grossi et sont devenus pois-
sons. On ne les trouve qu'à l'embouchure des rivières de la partie nord de
l'île, qui sont des torrents se déversant directement dans la mer. Les rivières
du sud (Lamantin et Vauquelin) s'arrêtent dans les terres, à cause des ter-
rains bas et d'alluvion qui les séparent de la mer, et ne communiquent
avec celle-ci que par des canaux où le mélange de l'eau doude et de l'eau
de mer se fait insensiblement; ces rivières du sud n'ont point de Tiliris.
Dans certains quartiers du nord, à la Basse-f'ointe par exemple, lorsque les
Tiln-is donnent, surtout à la suite des orages, comme le dit M. Vauchelet,
la corne de Lamhis, qui est, aux colonies, la trompe d'appel ou d'alarme, la
corne de Lamhis se lait enlendrc ; aussitôt tous les nègres des hahilalions
où cet appel est arrivé s'empressent d'accourir, qui avec un sac, qui avec
un drap, qui avec un pantalon dont les jambes sont nouées ; tout devient
engin de pèche. On enlève en quelques heures une immense (luanlilé de
Titiris, c'est-à-dire d'alevin , et comme la consommation ne peut s'en faire
assez promplement pour les empêcher de se gàler, on verse les Tiliris dans
de la saumure mêlée de piments et de bois d'Inde. On soumet le tout à une
POISSONS DE RIVIÈRE DE LA GUADELOUPE. Zi9o
Description. — Je laisse parler le R. P. du Tertre (1):
< Il se trouve, clans la plupart des rivières de toutes ces
)) îles, de petits poissons que les sauvages appellent Titiris.
» Ils ne sont pas plus gros que des fers d'aiguillettes ; leur
» corps est tout marqueté de noir et de gris ; ils ont deux
)) petites empennures, l'une sur le dos et l'autre sous le ventre,
» deux petites nageoires proche de la tête et une queue de la
» même étoffe; mais tout cela est mêlé de trois ou quatre
» couleurs, de rouge, de vert et de bleu. Ces couleurs sont si
!) vives, qu'il semble que ce soit de l'émail appliqué sur eux.
» Cela ne paraît pourtant guère, si ce n'est dans l'eau, lors-
» qu'ils se jouent et font de petites caracoles, les uns après les
» autres. Je crois que ce sont les mâles qui ont ces avantages
» de couleur, caria plupart n'en ont point.
» Plusieurs fois pendant l'année, on les voit remonter de
» la mer vers la montagne en si grande quantité, que les
» rivières en sont toutes noires : or, comme nos rivières sont
» des torrents qui se précipitent avec impétuosité à travers
» des rochers, ces petits poissons gagnent tant qu'ils peuvent
» le long des rives, o\x les eaux sont moins rapides; et quand
» ils rencontrent un saut d'eau dont la rapidité les emporte,
» ils se jettent hors de l'eau et s'attachent contre la roche, et
» se glissent à force de remuer, jusqu'au-dessus du courant de
» l'eau. Vous en voyez plus de deux pieds de large et plus de
» quatre doigts d'épais, attachés sur une roche, qui, tous les
» uns sur les autres, s'efforcent à qui aura plus tôt gagné
)) le dessus : c'est là qu'on les prend, car il ne faut que mettre
forle pression, puis à la dessiccation, et l'on en fait des briques ou fains qui
sont très- recherchés par ceux qui, dit-on, en ont une fois goûté. A l'état
frais, les Pisquets se mangent passés dans la poêle, en beignets appelés acras,
ou au court-bouillon, toujours avec force épiccs. On consomme ainsi en
quelques l)Ouchées des milliers de poissons. Les réflexions de AL Vauchelet
sur de pareilles deslruclions sont fort sages ; il serait aussi à désirer qu'on
pût étudier et suivre dans un aquarium le développement du Pisquet, ce. qui
ne paraît pas avoir été encore fait. (Rufz de Lavison.)
(1) Voyez Histoire yénêrale des Antilles habitées par les Français, par
le R. P. du Tertre, 2'= volume. — Histuire naturelle, page 2û3 et sui-
vantes.
hQll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
» un vaisseau dessous el les pousser dedans avec la main.
i Un chacun en fait de bons repas lorsqu'ils remontent, sans
D qu'on s'aperçoive aucunement qu'ils diminuent. J'ai cru fort
D longtemps qu'ils descendaient à la mer pour y jeter leur
» rogue, et qu'étant formés, ils remontaient à la montagne;
» mais j'ai changé d'opinion depuis que j'ai remarqué que
» cela n'arrive que deux ou trois jours après de grandes ava-
» lasses d'eau, qui les entraînent à la mer, et que même la
» plupart sont tous plein de rogue en remontant. »
Je reviendrai plus loin sur l'opinion émise par le R. P. du
Tertre relativement à la nature du Pisqitet ou Titm. Je com-
plète seulement la description de ce petit poisson.
Il peut avoir environ 25 millimètres de longueur sur 2 mil-
limètres de diamètre. Il est par conséquent assez allongé;
ses nageoires, au nombre de quatre, sont : première et
deuxième dorsales; caudale, en forme d'éventail, et anale,
peu prononcée ; à la place des nageoires ventrales, il a une
ventouse qui lui sert à se coller sur tous les corps qu'il ren-
contre. Le premier jour de son apparition aux embouchures de
nos rivières, il est presque blanc ou plutôt presque incolore,
c'est-à-dire que sa chair est transparente ; le second jour, il
est d'un blanc gris ; le troisième jour, zébré de gris de fer;
puis entin noirâtre et bariolé.
Ces petits poissons se tiennent par bandes épaisses ou lits,
ne se divisent que lorsqu'ils ont plusieurs jours et qu'ils ont
acquis plus de force ; alors seulement ils remontent les
rivières.
Leur genre. — Les avis sont partagés sur l'origine et la
nature de ce poisson. Les uns disent que c'est une espèce
particulière qui, à. certaines époques de l'année, quitte la mer,
son élément, pour entrer dans les rivières et retourner ensuite
dans l'eau salée ; d'autres prétendent, et le père du Tertre est
de ce nombre, que, lors des débordements de nos rivières,
ces petits poissons, qui ne deviennent jamais plus gros, sont
entraînés à la mer, et que leur instinct les ramène ensuite en
masse dans l'eau douce.
Je crois ne pas trop m'avancer en disant que ces deux opi-
POISSONS DE RIVIÈRE DE LA GUADELOUPE. /|95
nions sont fausses. J'ai pu m'en assurer par des observations
suivies de plus d'une année. J'ai fait installer chez moi une
petite piscine, et là j'ai étudié les Pisquets et nos poissons de
rivière en général. Voici les résultats de mes remarques :
Les Pisquets sont les jeunes de quelques-uns de nos pois-
sons de rivière ; ils n'apparaissent aux embouchures qu'à
certaines époques de l'année.
Nous savons que quelques poissons de l'Europe, tels que
l'Épinoche, font leurs nids avec des plantes aquatiques; la
femelle dépose ses œufs dans le nid, dont la forme est cylin-
drique; il est ouvert aux deux extrémités; le mâle attend à
l'orifice, et, dès que la femelle en est sortie, il y entre à son
tour et dépose sa laite ou semence sur les œufs, afin de les
féconder (1).
De l'édosion des œufs. — Nos poissons déposent donc leurs
œufs, soit dans leurs nids, soit plutôt dans le lit même des
rivières, — ce dont je n'ai pu jusqu'à présent m'assurer, "—
et le courant les entraine à la mer, où ils séjournent un cer-
tain laps de temps; cette eau étant d'une température moins
froide que celle des rivières (2), les œufs éclosent, passent à
l'état d'alevin, puis de jeunes, qui entrent instinctivement
et par milliards dans les rivières.
Ce n'est qu'alors que les Pisquets prennent delà nourriture,
car tant qu'ils ont été dans la mer, ils ne se sont nourris que
de leur vésicule ombilicale.
(1) Voyez Introductions pratiques sur la pisciculture, par .M. Cosle,
inenibn^ de riiistitiit, page 72 el suiv.
(2) Température moyenne (du 'J6 mai au 2 juin 18G2) :
DE L AIR :
sur le pont
l'un bàliniciit,
à une
encablure lUi
rivaiîe.
27", 9
sur le
liltoral.
27%6
environ
à 8 kiloniclres
du riva2;c
et à 500 mètres
au-dessus du
niveau de la mer.
20», 0
DE LA MER,
à une encablure
du rivage.
Sliper-
ficie.
26», 9
Fond.
26», 9
DE L EAU DOUCE
à une dizaine
de mètres
de
l'embouchure
des rivicres.
24°, 0
environ
à 8 kilumèlres
du rivaife
et à 500 nièlres
au-dessus du
niveau de la mer.
19",0
h96 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
Ce qui prouve celte assertion, c'est que l'on trouve toujours
mêlées aux Pisquets une grande quantité de petites Écre-
visses(l), ayant à peine un centimètre de longueur, qui rega-
gnent aussi l'eau douce, leur élément.
Quand le père du Tertre a dit que les Titiris, en remontant
les rivières, sont presque tous pleins de rogue, il se trompe.
J'ai observé ce petit poisson au microscope, et j'ai pu me con-
vaincre du contraire : ses intestins étaient vides d'aliments
le premier jour de son apparition aux embouchures.
Des diverses espèces de poissons qui y sont comprises. —
Parmi les Pisquets, il n'y a que trois sortes de poissons,
savoir : Dormeurs, Loches, Pancous (leurs noms vulgaires à
la Guadeloupe).
Je les décrirai plus loin séparément.
Apparition des Pisquets. — Les Pisquets ne paraissent à
l'embouchure de nos rivières que pendant les six derniers'
mois de l'année, c'est-à-dire de juillet à décembre, et toujours
trois ou quatre jours avant la nouvelle lune.
Un fait remarquable, c'est que l'époque où l'apparition
des Pisquets doit avoir lieu est précédée par des éclairs sans
tonnerre ; c'est pourquoi on appelle vulgairement ces mé-
téores éclairs à Pisquets.
Leur pêche. — Nous avons vu plus haut de quelle manière
elle se faisait du temps du père du Tertre (2) ; aujourd'hui
que le nombre de ces petits poissons a beaucoup diminué,
elle a Ueu de la manière suivante :
On tend sur les bords de la rivière des draps de toile ou
de coton ; on les coule et on les assujettit aux quatre angles
au moyen de pierres ; on sème dessus, très-légèrement, du
sable ou du gravier: les Pisquets ne tardent pas à s'y poser en
grande quantité, car alors ils sont fatigués par le courant. On
lève précipitamment le drap par ses angles; l'eau filtrant à
travers le linge, ces petits poissons se trouvent à sec. On les
(1) J'entends ici par Écrevisses toutes les diverses espèces de ces crustacés
que nous avons dans le pays, et qui sont connues sous les noms vulgaires
^''Ouassous, Queues rouges, Mordants, Cacados, etc.
(2) C'esl-à-diie vers le milieu du xvii^ siècle.
POISSONS DE RIVIÈRE DE LA GUADELOUPE. /|97
prend alors par milliers, et on les met dans des bailles ou
baquets, avec un peu d'eau pour les conserver, parce que,
dès qu'ils sont morts, ils prennent une teinte blancliàtre et
se décomposent très-vite, leur chair n'ayant pas encore assez
de consistance.
Inconvénients de cette pêche, sons le rapport du dépeuple-
ment de nos rivières. — Les Pisquets étant donc les jeunes
de certains des poissons de nos rivières, on voit, par la quan-
tité innombrable que l'on détruit chaque année, qu'il serait à
désirer que l'administration de la Guadeloupe, dans l'intérêt
de la multiplication de ces poissons, pût défendre celte pêche,
sinon toute la saison, au moins pendant une grande partie,
afin de laisser à nos rivières le temps de se repeupler. Déjà
celles qui avoisinent la Basse-Terre sont à peu près épuisées.
Il existe au Code de la Martinique une ordonnance, du
h mai 1768, de MM. les général et intendant, qui interdit la
pêche du Tritri (Pisquet), sous peine de deux cents livres
d'amende pour les blancs, de cent livres d'amende et un
mois de prison pour les gens de couleur libres, et de la peine
du ibuet et du carcan pendant trois jours pour les esclaves,
et sous de plus grandes peines en cas de récidive (1).
De la pêche par enivrement ou par détournement de l'eau.
— Des pêcheurs impitoyables prennent gros et petits poisson?,
et quelquefois, pour avoir une pêche sûre et abondante, ils
enivrent clandestinement l'eau au moyen de décoctions de
plantes de ce pays (2). Le poisson, enivré par ce poison, vient
tout étourdi à la surface de l'eau et y meurt au bout de peu
de temps. Alors on n'a qu'à le ramasser et à choisir; mais,
pour en avoir quelques beaux, combien de petits ne détruit-
on pas!...
Ces faits coupables sont du reste punis, quand on peut en
découvrir les auteurs, en vertu de l'article 1 " de l'ordon-
nance du capitaine général Ernouf, du 28 avril 1807, ainsi
conçu :
(1) Voyez Code de la Mar Unique, vol, 11, page 575.
(2) Elles sont connues vnlgairenient sons le nom générique de bois à
enivrer. Les principales sont le (Jalejja et le Pijxidia erythrina.
T. X. — Arnll 1S0:1. 32
/|98 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
« Il est défendu à toute personne d'enivrer les rivières,
)) d'y jeter des bois, des lierbes, de la chaux, ou toute autre
» drogue ou matière susceptible d'altérer leur salubrité, à
» peine de cent francs d'amende.
» En cas de récidive, la peine sera de trois cents francs.
» Les pères de famille seront tenus de payer l'amende
» encourue par leurs enfants. »
Plus tard, sous l'administration anglaise, S. E. le lieutenant
général Beckwyth, gouverneur de la Guadeloupe, s'inspirant
des dispositions des articles 1 et 2 de l'ordonnance du l\ mai
1768, de MM. les général et intendant de la Martinique (1),
déjà citée, se montrait bien plus sévère. Il s'exprimait ainsi
dans l'article 8 de son règlement du 3 avril 1810, concernant
la police générale de la colonie :
« Défendons à tous gens blancs ou de couleur, libres ou
» esclaves, d'enivrer les rivières, à peine de cinq ans de
» galères pour les blancs, des galères à vie pour les libres et
> pour les esclaves, conformément aux ordonnances rendues
» sur ce fait. »
Il ajoutait dans son article 9 :
« Défendons pareillement de détourner les rivières pour
» arrêter le poisson, à peine de deux cents livres d'amende
» contre les blancs, de cent livres et un mois de prison pour
j) les libres, et de la peine du fouet et du carcan pendant trois
» jours pour les esclaves. »
Que l'on ajoute, à la destruction faite par la cupidité des
hommes, la destruction naturelle occasionnée, soit par les
éboulements provenant de tremblements de terre, soit sur-
tout par les fréquents débordements de nos rivières, que l'on
pourrait plutôt appeler des torrents, qui entraînent à la mer
avec impétuosité tout ce qui se trouve dans leurs cours, et
l'on ne sera plus étonné de leur dépeuplement.
.Je ne parle pas des moyens artificiels bien connus pour
(1) Voyez Code de la Martinique,, vol. II. pages blh el 575.
POISSONS DE RIVIÈRE DE LA GUADELOUPE. ^99
arriver au repeuplement des rivières : on n'a qu'à ne plus
détruire les jeunes, et elles redeviendront poissonneuses.
IL — Des diverses espèces de nos poissons de rivière.
Décrivons maintenant les diverses espèces de nos poissons
de rivière.
Je dirai tout d'abord que, selon les localités, quelques-uns
de ces poissons changent de noms. Je no les désignerai que
par leurs noms vulgaires.
Du Dormeur (1). — Son nom lui vient de ce qu'il reste
presque toujours au fond de l'eau, ou le long des rives, dans
des herbes aquatiques, immobile comme s'il dormait.
Ce poisson a fort peu d'écaillés ; sa chair est très-blanche,
très-délicate et même transparente, lorsqu'il est jeune. A celte
époque, sa robe est toute mouchetée de roux clair, avec
reflet or et brun, sur un fond presque incolore. En se déve-
loppant, ses couleurs deviennent plus brunes, et il finit par
prendre une teinte noire bleuâtre.
Le Dormeur est assez allongé. Sa tête, un peu aplatie, a
presque la forme d'une pyramide tronquée dont le sommet
serait la bouche. Ses yeux sont placés sur les arêtes de la tête.
Sa mâchoire supérieure est très-saillante et charnue à la base.
Sa bouche est plutôt petite que grande. A la place des nageoires
ventrales, il a une petite ventouse qui lui sert à se coller et
à se reposer sur les corps durs qu'il rencontre, ou encore à
remonter de roche en roche le courant et les fréquentes
cascades de nos rivières.
Le Dormeur est sobre, propre, et vit dans toutes les eaux
douces, pourvu qu'elles soient fraîches et saines. Il aime sur-
tout à se tenir au fond des bassins, là où il y a du sable ou
des graviers, et y demeure tant qu'il y trouve sa nourriture.
De tous nos poissons de rivière, il est le plus gros. On ,en
pêche qui pèsent jusqu'à 3 et h kilogrammes.
Des pêcheurs prétendent que tant qu'il est d'une taille
moyenne, il se plaîtdans l'eau douce; mais qu'à mesure qu'il
(1) Philypnus dormitator, Cuv., Va!.
500 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
se développe, il descend vers remboucliure, et que, lors-
que enfin son volume est considérable, et qu'il semble ne plus
trouver de bassins dans lesquels il puisse prendre ses ébats et
se procurer une nourriture suffisante, il entre dans la mer
et demeure dans les endroits rocheux; alors, disent-ils, il
acquiert encore plus de développement, et il atteint quelque-
fois une grosseur telle, que l'on en j)èclie qui pèsent jusqu'à
100 kilogrammes.
Rien, du reste, ne paraît justifier cette assertion que je crois
erronée.
De la Loche. — On l'appelle communément Loch, mais son
véritable nom, celui par lequel le père du Tertre la désigne,
est Loche (1). En l'examinant, on voit en eiïet qu'elle ressemble
à laLoche de France : comme ce poisson, elle est ordinairement
très-grasse.
Le corps de la Loche est court et gros; l'extrémité de sa
queue ressemble à un éventail. La forme de sa tête et la posi-
tion de ses yeux lui permeltent de voir plus facilement les
objets qui sont au-dessus d'efie. Sa mâchoire inférieure est
plus avancée que la supérieure, de telle sorte qu'étant hori-
zontalement placée, ehe n'a qu'à ouvrir la bouche pour rece-
voir la nourriture qui lui vient de la surface de l'eau.
La chair de ce poisson est blanche, fine et délicate ; elle a un
peu le goût de celle du Dormeur, à laquelle elle est cependant
inférieure. On ne la mange guère que frite ou en matelote,
comme du reste nos autres poissons de rivière, qui presque
tous ont beaucoup d'arêtes.
La Loche semble être à ventouse, comme le Dormeur,
parce qu'elle tient le plus souvent contre les parois des roches ;
mais, en l'examinant de près, on reconnaît que son corps ne
touche pas à la pierre et qu'il s'y soutient seulement à l'aide
de ses nageoires ventrales.
Quand elle est jeune, on remarque sur son dos deux grandes
bandes longitudinales d'une couleur beaucoup plus foncée que
celle du reste du corps. 11 y a deux sortes de Loches : l'une
(!) Ek'olvis (jaavina, Cuv., Val., î, .\tî, p. 223.
POISSONS DE RIVIÈRE ])E LA GUADELOUPE. 501
de couleur gris de fer avec bandes noires, et l'autre jaunâtre
avec bandes brunes; mais lorsqu'elles sont grosses, elles ont
toutes la même teinte noire bronzée.
La Locbe se laisse facilement approcbcr et elle s'apprivoise
assez vite. J'en ai dans ma petite piscine qui, loin de me fuir,
viennent à moi quand je leur donne leur nourriture, et même
elles se laissent prendre.
Le caractère peu faroucbe de ce poisson lui nuit : ainsi
lorsqu'ilest à la surface de beau, caclié en partie seulement
dans des plantes aquatiques, il devient la victime des autres
poissons qui le mordent ou le saisissent par la queue, parce
que, comme TAutruche, il se croit en sûreté dès qu'il n'aper-
çoit plus son ennemi. Aussi, surtout lorsqu'il a atteint un
certain volume, se tient-il plus souvent cacbé dans des cavités
de roches, dans le sable ou dans la vase; sa tête seule est
dégagée et il guette sa proie. Il est du reste très-vorace.
Les plus grosses ne pèsent guère plus de 200 grammes.
Du Pancoit (1). — Ce poisson, qui, comme le Dormeur, a
une ventouse au lieu et place des nageoires ventrales, aime
beaucoup, la nuit surtout, à se tenir hors de l'eau, sur des
roches humides. Il y monte par saccades, s'y colle fortement et
peut y rester très-longtemps.
Sa chair est blanche; elle a un peu le goût de celle de l'An-
guille et se rapproche assez de celle de la Loche, cependant
elle est plus ferme, mais moins délicate que celle-ci.
Sa tête est beaucoup moins forte que celle du Têtard, mais
son corps est beaucoup plus allongé. La couleur de sa robe
est d'un gris jaune, souvent marbré, ou presque noire jaune.
Il a peu d'écaillés et est très-glissant, par la liqueur gluante
qu'il dégage de tout son coi-ps dès qu'on le touche. Ses yeux
sont noirs et quelquefois d'un beau bleu, ses nageoires dor-
sales et caudales très-prononcées et très-mobiles; cette der-
nière est arrondie en forme d'éventail, comme du reste celles
de presque tous nos poissons de rivière.
Le Pancou se nourrit principalement de mousse qu'il racle
(1) Gubius martinicus, Ciiv., Val., l. XII. p. 18
502 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
sur les roches, au moyen de sa mâchoire supérieure, qui a là
forme d'un croissant, et qu'il meut à volonté comme un jar-
dinier pourrait faire de son râteau. Sa mâchoire inférieure
n'a que huit grosses dents; elle est couverte par la mâchoire
supérieure, qui est prononcée ; celle-ci se dilate en avant et il
la fait mouvoir en grattoir. Elle est garnie de toutes petites
dents mobiles, très-fines et très-serrées; il en a également
d'implantées sur l'arcade palatine. La mousse qu'il racle est
encore retenue par la lèvre supérieure. Pour manger, il se
colle sur les roches, et avance par saccades, au fur et à mesure
qu'il a enlevé sa nourriture.
De tous nos poissons de rivière, le Pancou est le plus petit
et le moins délicat : aussi est-il le plus commun. Il meurt
difficilement et vit dans presque toutes les eaux. Il ne pèse
guère plus de 50 grammes.
Du Têtard (i). — Le Têtard est, sans contredit, de tous nos
poissons de rivière, celui dont la chair est la plus délicate :
aussi est-il le plus recherché de tous. Son foie, très-gros, a
même, lorsqu'il est cuit, un léger parfum de fleur d'oranger.
Son nom lui vient du développement considérable de sa
tête, qui est presque aussi grosse que tout le reste du corps.
Il ressemble un peu à la torpille ; il a la forme des cerfs-
volants de France, ou plutôt d'une poire coupée dans sa
longueur et vue de face.
Doué d'une puissante ventouse qu'il a sous l'estomac, à la
place des nageoires ventrales, et qui lui sert à se coller sur les
roches, il s'y adapte si fortement, que, pour l'en arracher, il
faut l'y faire glisser jusqu'à ce qu'il se présente une cavité;
alors les doigts peuvent passer sous la ventouse et il se dé-
tache de la roche, dont on n'aurait pu l'arracher sans beau-
coup de peine et sans risquer de le déchirer.
Le Têtard n'a qu'une petite nageoire dorsale et il n'a pas
d'écaillés. Il dégage de tout son corps une glu qui le rend très-
glissant; dès qu'il est mort, cette glu devient plus abondante.
Il y en a de deux sortes : de noirs et de gris mouchetés de
brun.
(1) Eleolris gyrinus, Cuv , Val., t. Xîi, p. 220, pi. 358.
POISSONS DE RIVIÈRE DE LA GUADELOUPE. 503
Ce poisson, dont la bouche est assez grande, se nourrit de
peu. Il est paresseux. Il meurt facilement dès que l'eau dans
laquelle il se trouve devient tiède ou se corrompt; il lui faut
une eau courante, propre et fraîche. Il ne se colle que sur les
roches ou sur les troncs d'arbres. Il peut rester longtemps
hors de l'eau, mais moins de temps cependant que le Pancou
ou l'Anguille. Il ne devient jamais très-gros ; les plus beaux
pèsent environ 300 grammes.
Il serait à désirer que nos poissons de rivière, le Têtard
surtout, fussent introduits en France : les gourmets y gagne-
raient.
De r Anguille. —Je n'en parle ici que pour mention. Elle
n'est point la même que celle de France ; mais il est impos-
sible d'en déterminer la variété.
Du Mulet (1). — Notre Mulet ressemble à celui de France.
Les plus gros peuvent peser un kilogramme. Ses écailles sont
argentées sous le ventre et grises avec reflets dorés sur le dos.
C'est du reste notre plus joli poisson de rivière.
II est très-vif et très-vorace; il nage presque toujours contre
le courant et y saisit sa nourriture au passage ; il est surtout
très-friand d'insectes qu'il pèche à la surface de l'eau : aussi
le prend-on facilement avec des lignes au bout desquelles on
met des mouches artificielles adaptées à l'hameçon. Dès qu'il
est pris et hors de l'eau, il grince fortement des dents.
Comme le Têtard, il ne vit que dans l'eau courante et
propre; il meurt très-vite dès qu'il est privé de son élément ou
que l'eau n'est pas renouvelée. Dans ce dernier cas, on le voit
venir à la surface, nager avec difficulté, et se tenir de plus en
plus verticalement, la tête à fleur d'eau et le nez en l'air;
respirer précipitamment, prendre une couleur blanchâtre,
ses yeux devenir ternes; il tourne alors sur le dos et meurt
aussitôt. Lorsque l'on enivre l'eau, il est la première victime.
De la Sarde (2). — Elle ressemble un peu au Mulet ; seule-
ment le dessous de son ventre est presque plat, sa tête est plus
(1) Eleofris mugiloides, Ciiv., Val., t. Xlf, p. 226.
(2) PageUus calamus, Cuv., Val., t. VI, p. 206.
ÔOZi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
osseuse et a un peu plus la forme d'une pyramide, son corps
est plus aplati sur les côtés et sa couleur plus argentée.
La Sarde se tient de préférence aux embouchures, au fond
des plus grands bassins, ou sur les rives, dans des herbes
aquatiques : aussi sa chair a-t-elle un peu le goût de vase.
Comme le Mulet, elle meurt dès qu'elle est privée d'eau (1)
ou qu'elle est enivrée, et, comme lui aussi, elle fait entendre
un petit grognement aussitôt qu'elle est entre les mains du
pêcheur (2).
La Sarde est un de nos plus gros poissons de rivière : on
en pêche qui pèsent jusqu'à 3 et Zi kilogrammes.
De dicers petits poissons. — Il existe encore dans nos riviè-
res, ravins, etc., divers petits poissons insignifiants, tels que:
le Pisquct à grosse tête^ le Covgolis^ la Demoiselle, etc. On
ne les pèche pas, aussi je n'en parle ici que pour mémoire.
Des poissons dits d' embouchure . — Nous avons encore
quelques poissons que l'on ne trouve qu'aux embouchures
des rivières, tels que : Brochets, Grandes-Ecailles (3), Vieilles^
MeuiUes ou Mulets de mer, etc. Je ne les décris pas, parce
qu'ils doivent être considérés comme poissons de mer. S'ils
entrent dans les rivières, c'est pour y chercher leur nourriture,
et ensuite ils reviennent à la mer.
(1) Ce qui n'a pas lieu pour le Têtard ou le Pancou , qui peuvent vivre
une heure au moins hors de Peau.
(2) C'est sans doute ce qui a l'ait dire au li. P. du Tertre, qu'aux Antilles
il existe un poisson de rivière appelé « (Irondeur, parce que, quand il est
pris, il gronde comme un petit cochon. » (Histoire générale des Antilles,
vol. 11, p. Wj.)
(3) Ekotris gretndisquama, Cuv., Val., l. Mi, p. 12'J9.
DU VER A SOIE DE MADAGASCAR
ou
VER A SOIE DE L'AMBREYADE {Borocemcajani, Vinsoii,,
Par M. Auguste VI^SO:V,
Membre du Muséum d'histoire na'.urclle de l'île de la Réunion.
(Séance du 10 avril 1863.)
11 esl peu de pays dont la vocation vers la sériciculture soit
mieux déterminée que l'intérieur de Madagascar, et en parli-
culier l'immense province d'Imérina (Emirne).
La nature elle-même semble l'y convier. La majorité des
chenilles s'y revêtent d'enveloppes soyeuses, soit contre les
froids de l'hiver ou les abondantes ondées de l'été. Quelques-
unes en naissant se couvrent d'un manteau protecteur, qu'elles
portent toute leur vie d'une manière permanente, avec le-
quel elles croissent, se meuvent, en ne laissant au dehors que
la tête pour ronger les feuilles, et les premières pattes pour
se soutenir aux branches. D'autres tissent des cocons en plu-
sieurs doubles pour leurs métamorphoses; quelques-unes
font entrer dans leur lexture des débris variés de véoétaux
artistemenl employés ; enfin, il est des Vers qui s'établissent
en république et s'enferment dans une chemise commune qui
est l'œuvre de la communauté, où chaque individu, au milieu
d'une bourre soyeuse, fabrique son cocon particulier, et tous
ensemble forment ces immenses poches qu'on a nommées
cocons (jujantosques.
Tous ces faits indiquent pour l'île de Madagascar une vo-
cation naturelle vers la sériciculture. Aussi les Hovas se sont-
ils empressés d'accueillir la naturalisation chez eux du Ver à
soie de la Chine et celle du Mûrier. Cette industrie importée
est déjà un objet sérieux de commerce, qui, sous une bonne
direction, peut prendre un très-grand essor dans l'avenir.
Mais leur plus sérieux produit, celui qui doit flatter le plus •
l'orgueil national, c'est la fabrication du lamhj, ou soie mal-
gache, celle qu'ils retirent du cocon de X Ambrecade {Cytisus
cajanus). Cette soie est pesante; elle a peu d'éclat, surtout
506 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ac.CLIMÂTATION.
lorsqu'elle est tissée, mais elle est éminemment riche et sm'-
tout très-forte. Je pense que ce défaut d'éclat tient jusqu'ici
à leur procédé de préparation encore dans une enfance gros-
sière. C'est avec cette soie que les indigènes, les habitants de
la province d'Emirne {Imérina) en particulier, tissent les
lambris ou pièces d'étoffe d'un grand prix. C'est avec ce pro-
duit qu'ils font aussi des vêtements remarquables par leur
excessive durée. Radama II, habillé à l'européenne, porte
comme costume de tous les jours un pantalon et un paletot
de cette soie, à laquelle il laisse sa couleur naturelle, qui est
grise, comme celle du coutil ou de la toile de Laval. Les
riches ou les grands de la nation hova se font ensevelir dans
des étoffes fabriquées avec cette soie : on dit même qu'ex-
humés des tombeaux après plusieurs siècles, des tissus de
celte sorte offraient encore la fraîcheur et la solidité de ceux
qui étaient récemment fabriqués.
Ce serait pour l'île de la Réunion et pour Maurice , colonies
où l'Ambrevade est une plante indigène , une véritable con-
quête que l'acclimatation de ce Ver à soie précieux. Elle
pourrait être étendue également à l'Algérie, à la Corse et h
nos provinces du Midi, où la culture de l'Ambrevade, qui aurait
lieu l'été, pourrait, je crois, être importée et naturalisée.
Telle a été ma pensée pendant mon séjour à Tananarive,
et j'ai fait dans ce but une étude sérieuse de cet insecte, de
ses métamorphoses et de son éducation. Me trouvant dans la
capitale des Hovas juste au moment de l'éclosion des chrysa-
lides et du développement des Vers les premiers-nés , j'ai été
très-heureusement servi à cet égard. J'avais même emporté,
pour les introduire à l'île de la Réunion, un tube plein d'œufs
de ce Ver à soie que j'avais vu féconder sous mes yeux, mais
un éclat du vase s'étant détaché par la dilatation du bouchon,
laissa pénétrer l'air, et l'éclosion, que j'avais retardée à des-
sein, s'est faite prématurément pendant le voyage de Tana-
narive h la Réunion. J'ai trouvé toutes les petites chenilles
écloses et mortes dans le tube.
Les voyageurs ont souvent signalé les Vers de l'Ambrevade
qui produisent la soie. 11 en a été même question il y a quel-
VER A SOIE DE MADAGASCAR. 507
ques années à la Société d'acclirnaialion. Mais personne ne
s'était encore occupé de figurer ni de décrire ce Ver sous le
point de vue de l'histoire naturelle ; c'est ce que nous avons
tenté d'entreprendre, car la question d'histoire naturelle doit
nécessairement précéder celle de l'acclimatation de tout sujet.
1° Chenille. — Le Ver à soie de l'Ambrevade a une lon-
gueur de /i5 millimètres; le corps est composé de douze
segments; la tête est large, velue, armée de longs piquants,
en forme de rame, sur les côtés du premier article.
Près de la tête, sur le deuxième et cinquième segment, se
présentent quatre épis ou houppes rétractiles disposées régu-
lièrement en fossette : les épines qui les forment sont, au
centre, d'un beau bleu d'acier, et à l'extérieur d'un jaune doré
ou fauve clair. Le Ver rentre en partie ces redoutables dé-
fenses ou les hérisse à volonté, suivant le calme ou la colère.
Tout le corps est d'une couleur brun marron, formée par
le mélange d'un fond jaunâtre finement strié de points bruns.
Au-dessous des stigmates latéraux règne une bande longitu-
dinale d'un rouge carné sur les côtés, à la limite de l'abdomen
et de la face dorsale.
En dessous, l'abdomen présente deux bandes latérales
brunes, et au centre une surface médiane d'un rose carné.
Les pattes, au nombre de 16, sont : les écailleuses rouges ,
les membraneuses noires, avec deux lisérés blancs sur les
côtés, et les postérieures d'un jaune rougeàtre.
Tout le corps de la chenille est semé de piquants, roides,
noirs, assez longs et disséminés.
2° Cocon. — Parvenue à son entier accroissement, cette
chenille tisse parmi les feuilles un gros cocon d'une forme
ovalaire. Sa longueur est de Zi5 millimètres, c'est-à-dire de la
longueur même de la chenille, qui se rétracte dans son sein
pour se former en chrysalide. Sa circonférence est d'environ
70 millimètres.
Il est très-pesant; sa couleur est d'un gris sale; hérissée
de poils noirs très-piquants, dont la chenille en le tissant l'a
parsemée, sa surface est sèche et rugueuse. II est peu ma-
niable en cet état, et exige, avant d'être filé, une préparation
508 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATÂTION.
que nous ferons connaître plus bas. La soie qui forme ce
cocon est très-fine et très-serrée : sa texture ressemble à du
papier et n'a pas la laxité du cocon du Ver à soie du Mûrier.
La cbrysalide que renferme ce cocon est grosse, d'un brun
marron et comestible. Elle est en cette qualité fort recherchée
des Hovas, qui la font frire et la mangent.
Ayant reçu d'un ministre de ïananarive une manne pleine
de ces chrysalides dépouillées de leurs cocons et toutes vi-
vantes, je l'ai déposée dans ma chambre au mois d'août, afin
de constater des éclosions nombreuses, qui ont commencé à
se produire au bout de quinze à vingt jours et qui n'ont pas
cessé durant plusieurs journées.
3° Le papillon que produit l'éclosion de ces cocons appar-
tient évidemment à la tribu des Bombycines. C'est un bel
insecte, de moyenne taille, dont la femelle est d'un gris perle,
et dont le mâle , plus petit et parfaitement caractérisé , est
d'un rouge particulier qui varie.
Description du Lépidoptère provenant du Ver à soie
de l' Ambrer a de.
\° Femelle. — Le papillon étalé mesure (i2 millimètres de
l'extrémité d'une aile à l'autre. Le corselet, y compris la tête,
a 10 millimètres, et l'abdomen, gros, bombé, pesant, a 2/i mil-
limètres. Ces dimensions, en plus ou en moins, varient peu.
Étalées, les ailes ont une forme ehipsoïde; repliées, elles
paraissent triangulaires ; elles sont beaucoup plus allongées
que larges. Les supérieures sont légèrement échancrées à leur
bord inférieur, près de l'angle d'attache, La côte forme
d'abord une ligne droite, puis se courbe vers l'apex. Le bord
externe et le bord inférieur continuent une ligne arrondie , à
angle peu sensible à leur rencontre. Les ailes inférieures
forment une ligne légèrement courbe à leur bord supérieur,
arrondie au bord inférieur, légèrement évidée près de l'angle
anal et en dedans.
La couleur générale est d'un gris perle uniforme, soyeux,
brillant, lustré, lorsque le papillon est bien frais. Les ailes su-
périeures sont traversées par deux bandes d'un gris obscur: la
VER A SOIE DE MADAGASCAR. ' 509
plus interne de ces bandes forme un arc un peu convexe en
dehors, légèrement ondulé ; elle traverse l'aile du bord supé-
rieur au bord intérieur, à 6 millimètres de son attache du
corselet. Elle est toujours moins apparente que la seconde
bande, d'un gris sale et obscur, mais bien plus tranchée et
plus nette : celle-ci coupe l'aile par son milieu obliquement de
haut en bas et de dehors en dedans, de façon qu'elle est plus
près du bord externe de l'aile par sa partie supérieure et plus
près du corps par sa partie inférieure ; elle forme ainsi une
double courbe à concavité interne en haut, à concavité ex-
terne en bas ; entre ces deux bandes étroites, assez distantes
l'une de Tautre, existe un point triangulaire, brun, dont la
base appuie sur la cinquième nervure.
Entre la marge externe de l'aile et la plus grande ligne
oblique, règne une bande presque eiïiicée, denticulée en
dehors, et dont la couleur se fond insensiblement sur la face
de l'aile entre les nervures ; la marge de l'aile est d'un gris
plus clair et plus chatoyant. La frange est peu sensible. Les
ailes inférieures, d'un gris uniforme, semblable :i la couleur
des premières, sont plus brillantes vers la marge, et n'offrent
aucune tache ni bande ; leur frange est plus marquée.
En dessous, le corps et la face des quatre ailes sont d'un
gris sale et légèrement jaunâtre ; les nervures sont parfaite-
ment indiquées. Ces ailes sont traversées par une bande
unique et plus foncée qui partage les ailes inférieures en
deux segments égaux. Pour la face inférieure des grandes
ailes, la portion comprise en dedans de cette bande est très-
velue. Les yeux sont d'un brun rougeàtre; la tète est fort
petite.
2" Mâle. — Le mâle est très-dissemblable de la femelle
par le volume et la couleur. Les antennes sont doublement
pectinées.
Il est de beaucoup plus petit ; ses ailes supérieures étalées
mesurent 50 millimètres d'un sommet à l'autre ; la longueur
du corps est de 26 millimètres. La couleur est tantôt d'un
rouge brique, tantôt d'un rouge cannelle uniforme. Le corps
est d'un rouge éteint plus foncé.
510 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Les ailes supérieures sont traversées par deux bandes ou
lignes étroites, d'un rouge plus foncé que les ailes , respec-
tivement disposées, comme chez les femelles. Entre les deux
bandes il y a un point brun, glacé, elliptique. La portion
extrême de l'aile supérieure, en dehors de la bande étroite
la plus longue, est d'un rouge clair plus brillant et comme
glacé. Au centre de cette marge externe règne une autre
bande diffuse à peine sensible.
Les ailes inférieures dans l'angle anal et l'angle externe sont
d'un rouge semblable, mais plus uniformément foncées ; la
frange est soyeuse et blanchâtre , plus prononcée sur le côté
interne.
En dessous, la couleur, semblable au rouge de la face supé-
rieure, est plus accentuée. On y distingue les bandes plus
foncées qui traversent les quatre ailes en les tachant de brun
marron en dedans, excepté dans le bord interne et inférieur
des grandes ailes, où la nuance est d'un jaune blond. La tête
est petite, les yeux sont gros et bruns.
Ces lépidoptères, frémissant après leur transformation
complète sur les parois de la boîte, se purgent de la liqueur
qui gonfle leur abdomen, puis ils se recherchent et s'accou-
plent comme les Bombyciens du Mûrier. Mais beaucoup plus
alertes, parce qu'Us se trouvent sans doute dans leur pays
natal, ils peuvent prendre le vol, et partir au dehors lorsque
Tobscurité commence à se faire. Cependant quelques femelles
ont l'abdomen si rempli d'œufs, qu'elles ont de la peine à
s'élever par le vol.
J'ai remarqué que ces lépidoptères avaient une singulière
manière de déposer leurs œufs en les pondant. Tantôt sur un
rideau, tantôt sur une cloison, ils destinent, en les groupant
par la force de l'instinct, les sommités de la plante qui les doit
recevoir, absolument comme on dessine une feuille avec des
perles. C'est un fait curieux que j'ai eu plusieurs fois l'occa-
sion d'observer.
Ces œufs sont gros, nombreux ; leur forme est un ovale un
peu aplati sur les faces; ils ont une teinte verdâtre et un éclat
argentin ; leur éclusion a lieu au bout d'environ vingt jours.
VER A SOIE DE MADAGASCAR. 511
Le petit qui en naît a déjà 7 ou 8 millimètres de long. Il est
velu, épineux, blanc et la tête mouchetée de brun; il peut
vivre plusieurs jours sans pâture; alors les petits se disper-
sent et se suspendent au plafond ou à d'autres objets avec des
tils de plusieurs mètres de long, bien qu'ils n'aient pris en-
core aucune nourriture. Ils apportent donc en naissant la
faculté de pouvoir filer, et témoignent leur vocation par leurs
uremiers actes.
L
C'est dans cet état qu'après avoir surveillé l'accouplement,
la ponte et l'éclosion, les Ilovas transportent les petites che-
nilles en plein champ, sur les pieds d'Ambrevades qu'ils
plantent à cet effet. Là ils n'ont à craindre que fort peu d'en-
nemis : abondante en gros el en petits oiseaux de proie, la
province d'Imérina ne nourrit pas d'insectivores : il est pro-
bable que privés de buissons et d'arbres pour se réfugier, les
premiers ont détruit les derniers, de façon que l'élève en plein
air y peut être facilement exécutée pour les Vers à soie de
TAmbrevade. D'autres sériciculteurs néanmoins opèrent à
couvert.
Lorsqu'ils ont recueilli les cocons, les indigènes procèdent
à une opération préalable et de la plus haute importance :
c'est de leur faire subir une forte ébullition dans l'eau ordi-
naire. Celte mesure a un double but, c'est de détacher la
soie, de la rendre plus lâche, et en même temps d'amener la
chute et le dépouillement des mille piquants aigus et dange-
reux dont la chenille a laissé son cocon hérissé. Ces poils,
très-durs et très-roides, sont fort à redouter: en maniant les
cocons, ils voltigent dans l'air, pénètrent et s'attachent dans
les yeux, où ils causent de cuisantes ophthalmies ; en s'im-
planlant dans les doigts , ils produisent des démangeaisons
pénibles.
Après cette opération, comme le cocon du Ver à soie de
l'Ambrevade n'est malheureusement pas susceptible d'être
dévidé, les naturels le sèchent et le cardent, puis le filent
à la main. C'est ainsi qu'on obtient ces énormes écheveaux
ou masses de soie de toutes couleurs qu'on débite sur les
bazars pour être employées à tisser.
Ô12 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Les lïovas font de deux à quatre éducations par an ; il y a
une suspension en hiver, pendant lequel les chenilles de-
meurent à l'état de chrysalides. Je dois dire que les hivers sont
quehiuefois relativement assez rigoureux à Tananarive, pour
(]ue le thermomètre descende à 3 degrés au-dessus de zéro.
Les Hovas emploient plusieurs procédés de teinture encore
grossiers. Les semences du roucou [Bixa orelhtua., L.) et les
écorces de nuttp {Inihricaria maxbnn, DC.) sont employées
pour produire la couleur rouge, qui est forthelle. Le safnni
[Curcuma /oy?^f/,Rœm.)esttrès-utilisé pourle jaune ;V/ndif/o
[hidigofera tinctoria, L.), pour la couleur bleue. Ils font le
vert parle mélange de l'indigo et du safran. Quelquefois, pour
obtenir la couleur brune, ils enfouissent leur soie dans la vase
des marais et la laissent ainsi se teindre ; c'est de tous ces pro-
cédés qui indiquent l'enfance de l'art, celui qui tient le mieux,
de meilleur teint, comme on le dit ordinairement. Ils se ser-
vent comme mordant, de la dissolution du fer et des acides
végétaux. Aussi leurs étoffes perdent en général leur couleur
dans le lavage, et les diverses teintes se confondent dans
leurs lamhas variés. Quelques-uns préfèrent laisser à la soie,
pour la confection des vêtements d'hommes surtout, la cou-
leur naturelle de cette soie qui est d'un joli gris de Laval ou
de coutil.
Il me reste une dernière question à traiter relativement au
lépidoptère du Ver à soie de l'Ambrevade. Ce lépidoptère
a-t-il déjà un nom dans la science, ou n'a-t-il pas été classé?
Il est de toute évidence que cet insecte se rapporte au
genre Borocera, créé par M. Boisduval dans sa Faune des
/les de Bourbon, Maurice et Madagascar, p. 87. Ce genre,
très-voisin de celui qui a été créé par le même auteur sous le
nom de Megasoma, se place dans la tribu des Bombycines.
L'espèce de Bombyx dont la chenille vit sur l'Ambrevade, et
produit la soie principale de Madagascar, est très-voisine,
mais distincte du Boroccra madagascariensis ; aussi propo-
sons-nous de la nommer Borocera Cajani, nom qui a l'avan-
tage de rappeler le végétal dont se nourrit ce Ver précieux.
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE DU 31 JUILLET 18G3.
Présidence de M. le comte d'ÉPRÉiiESNiL, secrétaire général.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Conseil adinetau nombre des membres de la Société :
MM. Ramel (Prosper), propriétaire, à Paris.
RiBELL (André), lieutenant de vaisseau à bord delà fré-
gate la Normandie, à Clierbourg.
Trieste (Gabriel Jacob), propriétaire, à Padoue(Vénétie).
SioEN-PiN(Acbille),tilateuretfabricant, ùRoubaix (Nord).
— M. le Président annonce la perte regrettable que la
Société a faite récemment de l'un de ses membres, M. le doc-
teur Doyère, mort à Ajaccio.
— MM. Bénard (de Caen), Le Roy (de Boulogne) et Sau-
quet-Seib (de Mulbouse), adressent leurs remercîments pour
leur récente admission au nombre des membres de la Société.
— S. Exe. M. Drouyn de Lbuys annonce, à la date du
28 juillet, qu'un bâtiment de l'État, qui doit quitter Lorient,
le 15 août, faisant voile pour la Nouvelle-Calédonie, toucbera
à Melbourne pour y embarquer des animaux de l'Australie
destinés au Jardin d'acclimatation. M. le Président invite le
Conseil à prendre les mesures qu'il croira convenables pour
mettre à profit cette circonstance favorable.
— M. IL tLimet, secrétaire général de la Société d'agri-
culture, adresse le programme de l'exposition des produits des
Abeilles et des instruments agricoles, qui doit s'ouvrir au
Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, du 15 au 23 août
prochain.
— Notre confrère M. Le Pelletier de Glatigny écrit pour
annoncer qu'il se rendra au congrès scientifique convoqué à
Chambéry, le 12 août, comme délégué de la Société d'agri-
culture de Meaux, et offre à notre Société ses bienveillants
T. X. — Août lS(i3. 33
514 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION.
services, soit pour la représenter à ce congrès, soit pour tout
autre motif qui pourrait l'intéresser en Savoie.
— M. Frédéric Jacquemart présente une Note qu'il a rédi-
gée, à la demande de M. le Président, sur la remarquable
fécondité de certaines races de Moutons chinois, à propos de
la récente portée de quatre Agneaux nés d'une Brebis ong-ti,
dans les jardins de l'hôtel du Ministre de l'agriculture, où
S. Exe. M. Rouher a conservé une paire de cette précieuse
race (voyez p. /i23).
— M. de Quatrelages communique une lettre qu'il a reçue
de M. de Fenouillet, et qui lui annonce la naissance d'une
femelle d'Yak qui est venue, comme le jeune taureau né chez
M. Lequin, il y a quelques mois, avec absence d'anus, et dont
la perforation a été faite avec succès. Malheureusement, des
taches considérables sur les yeux laissent encore des craintes
pour la vue de ce jeune animal.
— M. Fabre, directeur de la ferme-école de Saint-Privat
(Yaucluse), annonce l'arrivée en bon état, dans son établisse-
ment, des dix-huit Boucs et Chèvres d'Angora précédemment
placés dans la Haute-Loire et actuellement confiés à ses soins
à titre de cheptel. M. Fabre annonce que les individus de cette
race qu'il avait reçus, il y a quelque temps, sont dans d'excel-
lentes conditions d'amélioration. 11 propose ensuite à la Société
de prendre à cheptel un lot de trois Alpacas, et de se charger
d'en élever un autre lot plus nombreux qui lui serait confié en
dépôt, et pour lequel il ne demanderait que le remboursement
des frais de nourriture. — Le Conseil offre ses remercîments
à M. Fabre pour ses bienveillantes propositions.
— Une demande d'animaux à titre de cheptel est adressée
par notre confrère M. Loriol, chef d'institution à Paris, et
propriétaire dans le département delà Creuse.
— M. le Président transmet une Note qui lui a été adressée
par notre confrère M. Barthélemy-Lapommeraye (de Marseille),
comme complément à celle qu'il a déjà fait parvenir sur un
essai de croisement de la Perdrix Gambra et de celle de Syrie.
— M. Lamiral, par ses lettres du 17 et du 2/i juillet, rend
compte des premiers travaux du comité d'aquiculture insti-
PROCÈS-VERBAUX. 515
lue à Marseille sous la présidence et par l'inilialive de M. Lucy,
et expose les mesures qu'il a prises pour préparer les expé-
riences qui l'ont l'objet de sa mission. Il adresse un exemplaire
du compte rendu de la première séance du comité d'aquicul-
ture de Marseille.
— M. le docteur Sicard (de Marseille)^ écrivant pour l'aire
connaître le résultat de ses cultures d'Orge et de Pois du
Canada, dont il envoie des échantillons, entretient également
la Société des elTorts déjà faits par le comité d'aquiculture, et
signale le zèle que ses membres apportent dans le concours
empressé oflert par eux à la Société. Notre confrère met à la
disposition delà Société des graines dcCalhsé dont il a fait une
abondante récolte. Il annonce, en outre, que M. Clapier a très-
bien réussi jusqu'à présent dans l'élevage du Saumon dans un
bassin d'eau douce alimenté par l'aqueduc de la Durance.
— M. le Président de la Société centrale d'agriculture,
d'horticulture et d'acclimatation de Nice, transmet un Mémoire
de M. Salse sur les Éponges, lu à la séance de cette Société,
du 9 juillet, et signale un étang de l'île Sainte-Marguerite
qui lui semble très-propre à des expériences de fécondations
artificielles et de reproduction de Poissons de mer, si l'on
obtenait de l'administration de la marine que la pèche y fût
interdite.
— M. le docteur Sacc fait parvenir une Note de notre zélé
confrère de Cayenne,M. Bataille, sur certaines espèces de Pois-
sons d'eau douce de la Guyane, dont il lui semble que l'in-
troduction dans les rivières de l'Algérie et des contrées
méridionales de l'Europe pourrait présenter de véritables
avantages.
— M. le vicomte de Dax adresse à la Société une Notice sur
les Hippocampes, dont plusieurs individus vivants sont con-
servés dans les bacs de l'aquarium du Jardin d'acclimatation.
— M. le Président dépose divers numéros de la Gazette de
France, l'Echo du Commerce^ Y Esprit public, le Mémorial
diplomatique, reproduisant une note insérée au Moniteur sur
les études de fécondations artificielles de Poissons de mer
entreprises par la Société.
516 SOCIÉTÉ IMPÉRIiVLE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
— Des renseignements sur les résultats de leurs éducations
de Bombyx Ya-ma-maï sont adressés par M. Barboza(du
Bocage), directeur du Muséum de Lisbonne; madame veuve
Boucarut (d'Uzès) ; M. Gross(de Gruningen), canton de Zurich
(Suisse), et M. le secrétaire de la Société d'horticulture et
d'acclimatation de ïarn-et-Garonne, qui envoie également à
la Société une partie de sa récolte d'œufs de Bombyx CyntJiia.
— Des accusés de réception et des demandes de graines de
Bombyx Cynthia et d' Ya-ma-mai sont adressés par divers
membres de la Société.
— Notre savant collègue M. Sabin Berthelot, consul géné-
ral de France aux Canaries, membre honoraire de la Société,
lui fait hommage de diverses espèces de graines originaires
de ces îles, et donne des renseignements sur les principales
d'entre ehes.
— S. Exe. M. Drouyn de Lhuys transmet, avec une lettre
de M. Huber, une caisse de graines de Chine, offerte à la
Société par M. Alfred Huber, élève interprète attaché à la
légation de lEmpereur à Pékin.
— M. Loarer, par une lettre datée de Allahabad, le l/i juin,
annonce l'envoi qu'il fait à la Société de diverses graines des
Indes, entre autres, de WEgle marmelos à grands fruits, d'une
autre variété de la même espèce, et du Feronia elephanhi,
qui sont des arbres très-intéressants et très-utiles pour leurs
fruits et leur bois. Cet envoi renferme encore des gousses de
Callotropis <ji(jantea. Une partie de ces graines sera envoyée
à M. Hardy, à Alger; le reste sera réparti entre les membres
qui résident dans le midi de la France.
— M. le Président transmet des épis de Blé à barbes noires
de Taganrok, envoyés par notre dévoué délégué M. Sacc, qui
les avait lui-même reçus de S. Exe. M. le marquis de laRomana,
notre confrère. Cette remar(juable variété à paille pleine
semble devoir convenir surtout aux contrées méridionales.
— Des renseignements sur ses cultures de végétaux exotiques,
ainsi que de nouveaux dessins, sont adressés par M. Brierre.
— M. Bellemain écrit de l'hôtel des Invalides pour annoncer
qu'il a entrepris une culture d'Oxaiis crenata sur 16 ares de
PROCÈS- VERPAUX. 517
terrain, dans l'avenue de la Mothe-Piquet, et invite les mem-
bres de la Société à aller voir cette expérience.
— Notre confrère M. le docteur Savardan adresse une
intéressante Notice sur les remarquables résultats qu'il a
obtenus dans la culture de diverses espèces d'arbres à iVuils
et d'ornement, dans sa propriété de la Cbapelle-Gaugain,
ancien domaine du poëte Ronsard, dans la Sarlhe.
— M. le secrétaire dépose diverses brocliures oiïertesù la
Société par leurs auteurs, savoir: Quarante ans de travaux
agricoles [de 18(52 à 1863), à Lomjpo7it H à la Ferté-Mllon
{Aisne), et à Creteil (Seine), par M. Polel Lecoutcux; — Lhie
ascension à h, Maladctta, par M. L. Soubeiran; — Examen
critique du mémoire de M. Pasteur, relatif aux (/énératio7is
spontanées, par M. le docteur N. .loly (de Toulouse) ; —
le XX*^ volume des Transactions de la Société d'agricul-
ture de rKtat de New- York, ei\c Rapport du directeur des
patentes des États-Unis, sur l'état et les progrès de r agricul-
ture en 1861. Ces deux derniers ouvrages ont été transmis
par M. A. Vattemare, directeur fondateur de l'Agence centrale
des éclianges internationaux.
Le Secrétaire des sécmces^
L. Soubeiran.
m. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Lettre adressée par S. Exe. M. Drouyn de Lhuys à MiM. les Membres
du Conseil de la Société.
Paris, le 25 août 1863.
Messieurs et chers Collègues ,
J'ai l'honneur de vous annoncer que Son Altesse le bey de Tunis veut bien per-
mettre que fon nom soit inscrit parmi ceux des membres protecteurs de la Société
impériale d'acclimatation.
Veuillez agréer, etc. Drouyn de Lhuys.
Lettre adressée par M. Fabre, consul de France à Quito, à M. le Président
de la Société impériale d'acclimatation.
Quito, 20 juilleltSGS.
Monsieur le Président,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le l*^'' mai der-
nier, pour me faire de nonvelles recommandations, relativement au troupeau de
Lamas offert à l'Empeieur par S. Exe. M. Garcia Moreno.
J'avais fait connaître au Président de l'Equateur les observations que vous me
mandiez, et il avait persisté à m'assurer qu'aucnne distinction n'était reconnue,
dans ces contrées-ci , entre les Lamas. Toutefois il m'avait demandé une note
des signes disliticlifs que vous m'indiquiez, disant qu'il devait y avoir un motif
scientifique à votre insistance, et qu'il allait kii-mèmc en rechercher la justi-
fication.
li m'a déclaré hier que son pays devrait cà W. Drouyn de Lhuys un élément de
rieliesse qui y existait jusqu'ici abandonné, et en même temps il m'a remis deux
échantillons que j'aurai l'iionneur de vous transmettre par la première occasion,
et qui prouvent, d'une façon frappante, que la science, raisonnant de loin, peut
être plus féconde même que l'intérêt immédiat. L'un de ces échantillons est une
laine longue, douce et soyeuse, brun clair et hlnnche, provenant de l'animal que
vous me décriviez comme étant l'Aipaca ; l'autre est une laine courte, dure et
brun foncé, provenant du Lama ordinaire.
Le Lama, étant surtout utilisé dans les Andes, comme bête de somme, la va-
riété Alpaca, plus délicate et plus faible, y est moins recherchée, et, bien que, sur
vos précédentes observations, on se fût attaché à composer le troupeau d'espèces
variées, on avait surtout recherché la taille et la force. Maintenant, le Président
se félicitait du retard des bâtiments qui doivent venir charger ce troupeau, et
que, selon avis de l'amiral, j'attends à Guayaquil dans le courant de ce mois,
parce que ce retard a déjà permis et permettra davantage de choisir des sujets
vraiment précieux. Il a déjà recommandé à des propriétaires de tâcher de former
leurs troupeaux en vue de la laine et non plus seulement en vue du bât.
J'écrirai aux commandants pour leur recommander particulièrement les Alpacas,
afin que si, par suite d'événements de mer, il fallait faire des distinctions dans
les soins à donner ou mémo des sacrifices, toute leur prélérence se porte sur la
plus précieuse espèce.
J'ai l'iionneur aussi de vous remettre sous ce pli un mémoire sur le Lama,
présenté aiitrelbis à l'inslitut par M. Wisse, savant français, qui vient de mourir
ici, ingénieur en chef de celte République.
J'aiVhonneur d'être, etc. Signé Fabre.
FAITS DIVERS. 519
Envoi d*aniniaux vivants de €hîne^
par M. Dabry,
Lettre adressée par M. Dabuv, consiil de France à ïïan-heou (Chine),
à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation.
Han-keou, le 10 juin 1863.
Monsieur le Président,
Je me proposais de vous expédier par ce courrier plusieurs espèces d'oiseaux
ou d'animaux que je me suis procurés depuis quatre mois que j'ai pris possession
de mon poste. Mais j'attendrai encore quelque temps pour les préparer à la
fatig'ue du voyage. Aussitôt après mon arrivée à Han-keou, je me suis mis en rap-
port avec toutes les personnes sur le concours desquelles je pouvais compter
pour trouver les divers produits de celte partie de la Chine dignes de fixer l'in-
térêt de la Société d'acclimatation. J'ai écrit à MM. les vicaires apostoliques des
provinces voisines pour les prier de faire rechercher dans leurs localités tout ce
qu'ils jugeraient utile à nos régions occidentales. Ces courageux apôtres de la foi,
dont le patriotisme éclairé rivalise avec l'affection pour notre souverain, se sont
empressés de me répondre qu'ils seront heureux de contribuer pour leur faible
part au développement de notre œuvre, qui a toutes leurs plus vives sympathies.
J'ai fait appel en même temps aux connaissances et à l'expérience de quelques
habitants du pays, qui m'ont déjà donné de précieux renseignements ; en outre
je me propose, lorsque les alîaires du consulat me le permettront, de faire quel-
ques excursions dans l'intérieur, afin d'étudier sur les lieux certaines questions
que l'on ne peut approfondir dans un cabinet.
La Chine est une magnifique contrée où les richesses de toutes sortes abondent
et qui malheureusement est dévorée par la phis affreuse anarchie. Ce peuple, qui
a mis tant de siècles pour atteindre sa civilisation, descend rapidement vers
l'ignorance et la barbarie.
On ne peut nier cependant qu'il possède encore des éléments bien puissants
de vitalité et qui permettront pendant longtemps encore à l'Occident de faire des
emprunts sérieux à son ajjriculture, à ses arts, à son industrie. La province du
Hou-pé est une des plus fertiles de l'empire, une de celles dont les conditions
de chmat se rapprochent le plus de celles de l'Europe. Bornée par de hautes
montagnes, coupée par de vastes plaines, parfaitement arrosée par un des plus
beaux lleuves du monde, elle est digne de porter encore le titre de grenier d'abon-
dance que les populations et le gouvernement lui ont décerné autrefois. La prin-
cipale nourriture des habitants consiste en blé, riz et poisson, dont fourmillent les
rivières et les lacs. On peut dire qu'en Chine, grâce à la pisciculture, grâce aux
intelligentes récolles des innombrables générations de poissons qui sont répandues
habilement dans des viviers, des réservoirs de toute grandeur, l'homme, par son
industrie, a su approprier admirablement à son alimentation toutes les ressources
de la nature. 11 faut avouer aussi que cette contrée a été bien partagée sous le
rapport des espèces. Gros, moyens et petits poissons, de formes et de couleurs
les plus variées, tout se trouve dans les eaux du Yang-tse-kiang. M. Simon,
notre zélé collègue, avant de partir pour le Sse-tchuen, il y a un mois, m'a
raconté les efforts qu'il a tentés l'année dernière pour vous faire parvenir du
frai. Il espère que cette tentative aura réussi, et, pour que l'on connût bien les
poissons qu'il a envoyés, il m'a prié de vous expédier neuf de ces principales
espèces conservées dans l'alcool. J'ai pensé que pour rendre cet envoi plus com-
plet et plus intéressant, il était opportun d'y ajouter toutes les autres espèces
connues des pêcheurs de ces localités. J'ai mis alors dans la barrique vingt-trois
autres espèces : il en manque encore sept ou huit espèces que je n'ai pu me
procurer dans cette province , mais que l'on m'a promises dans quelque temps.
J'espère que cet envoi pourra rendre quelques services à la science. Je laisse aux
520 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
savants le soin d'en déterminer et d'en classer le contenu. Mais, afin de les aider
dans leurs recherches, j'ai demandé à plusieurs pécheurs des renseignements que
vous trouverez ri-joints, ainsi qu'un album que j'ai cru nécessaire pour rappeler
les couleurs qui, sans doute, seront altérées par l'alcool.
Enfin, monsieur le Président, dans le but d'alimenter votre aquarium, j'ai
l'honneur de vous adresser, par l'intermédiaire de M. Mauboussin, consul général
à Chang-hai, et par la voie des messageries impériales: 1° un petit baril conte-
nant du frai de toutes les espèces de poissons du Yang-tse-kiang ; 2° deux
magnifiques gallinacés que j'ai pu me procurer sur les montagnes du Sse-
tchuen.
Ces oiseaux se nomment Tou-cheou-l;y (poule qui vomit des flocons de soie).
Ils sont originaires des montagnes du Sse-tchuen. On en trouve également dans
le Hou-pé, le Foldu et Kouang-tong, où ils sont très-appréciés des habitants, qui
en estiment beavicoup la chair et le plumage. Les vice-rois et les personnes riches
en ont toujours dans des cages qu'ils élèvent comme objets de curiosité. La taille
de ce gallinacé ne dépasse pas celle d'une poule domestique. Sa robe est parée
des couleurs les plus variées et les plus éclatantes ; la tète est noire de jais avec
une sorte de crête jaune d'or; l'œil est très-ouvert et bordé de bleu ; le cou est
bleu de ciel, le poitrail couleur de feu ; le dos et le ventre rougeâtve tacheté de
blanc, ce qui lui a fait ilonner le nom de Tchin-tchou-ky. Pendant l'été, plu-
sieurs' fois par jour, il étale les magnificences de son plumage ; il se gontle, marche
fièrement comme le paon par petits mouvements saccadés, en faisant entendre un
son rauque; puis tout à coup il sort (les Chinois disent, il vomit, lou) de sa
gorge une membrane longue d'un pied, d'un bleu délicieux à la surface, avec des
taches de feu au milieu. Sur sa tôle apparaissent alors deux petites cornes plus
bleues que l'azur et dont Satan doit être jaloux. Ce spectacle ravissant dure un
quart d'heure, et se termine par un cri moqueur qui semble annoncer que les plus
belles choses n'ont qu'un moment.
Cet oiseau n'est pas seulement une des merveilles de la nature comme plumage,
il possède, disent les naturalistes du pays, les vertus domestiques les plus appré-
ciées dans le Céleste Empire. Les petits ont soin de leurs parents lorsque l'âge
ou la maladie les empêche de pourvoir à leur nourriture. Ces soins affectueux lui
ont valu le nom de Hiao-ky, oiseau de la piété filiale. On l'appelle aussi Py-
choii-kv, oiseau qui fuit les arbres, parce qu'il préfère les rochers aux taillis et
aux bois. .. , /- ,. j
Sa cliair est excellente, tres-savoureuse, et d un goût plus fin que celle du
Faisan (elle a, disent les Chinois, la propriété de donner de l'intelligence).
' .l'espère pouvoir vous envoyer bientôt deux femelles, et si je puis, d'autres
mâles que l'on m'a promis. L'acclimatation de cet oiseau serait, je crois, une
bonne fortune pour la France.
Daignez agréer, monsieur le Président, etc. P. Dabrt.
Sar le prétendu Polype à vinaigre, de Ciiine.
Copie d'une lettre adressée par M. Berthemy, ministre de France m
Chine, à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation.
Pékin, le d6 mai 1863.
Monsieur le Président,
Aussitôt après avoir reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écnre
le 9 février dernier, au sujet du Tson-m-lze, ou Polype à vinaigre mentionné
dans l'ouvrage de l'abbé Hue, j'ai réuni et je m'empresse de vous transmettre les
informations que j'ai pu recueillir.
FAITS DIVERS. 521
Il n'existe en Chine anciin être animé possédant la propriété de changer en
vinaigre l'eau ou tout autre liquide.
Les trois caractères Tson-no-Ize, mol à mot Ver à vinaigre, signifient simple-
ment un dépôt ou concrétion, qui, formé par cet acide, le produit à son tour.
En admettant que la bonne foi de l'abbé Hue n'ait pas été surprise , ce voyageur
mérite donc tout au moins l'accusation de légèreté pour avoir pris au propre une
expression qui, dérivée de l'aspect extérieur d'une matière parl'aitement inerte,
n'a jamais eu dans la pensée des Chinois qu'un sens figuré.
F/emploi du Tson-no-tze paraît limité à la province de Chann-si (N.-O.) de la
Chine) ; il n'en est guère fait usage que par les familles aisées, et principale-
menl en voyage. Voici par quel procédé il s'obtient :
On verse dans des jarres de faïence du vin de riz dont on active la fermenta-
tion jusqu'à ce que le liquide ait atteint son plus haut degré d'acidité ; on l'aban-
donne ensuite à lui-même, et, au bout de plusieurs années, on trouve au fond
des vases un précipité visqueux de couleur blanchâtre qui, retiré avec précau-
tion, est soumis à une dessiccation lente sous l'action du soleil.
Le Tson-no-tze communique en peu de temps au liquide dans lequel on le
plonge une très-grande acidité, et reprend à son contact son élasticité première.
Veuillez agréer, monsieur le Président, etc.
Signé Beutiiemy.
IV. CHRONiaUE.
Prix fondé» pai* la Société d'acciiniataUon de Victoria (âllSlFalle] .
La Société (racclimatation de Victoria a publié et répandu la note sui-
vante, que nous croyons devoir reproduire:
« Le conseil de la Société d'acclimatation de Victoria (Australie) a décidé
qu'il donnerait les prix désignés dans la liste ci-annexée, pour les différents
animaux qui y sont indiqués et qui seront remis à son secrétaire, à Melbourne,
du l''" juillet 1863 au 1"' janvier 3 865.
» Les animaux devront être en bon état de santé, bien venant et de sexes
proportionnés.
Pour les premiers 2ft Lièvres ant^lais remis. £ h 100 fr. » ciiacun.
_ 20 — indiens 2,10 62 50
— 50 Faisans anglais 2 50 »
— 50 Perdrix anglaises 1,10 ?>7 50
TiO Perdrix grisesdel'lnde. î 25 »
— 50 Perdrix d'Algérie.... i 25 «
— 20 Hoccos :> 75 »
— 50 Homards '2 50 »
— 50 Crabes 1 25 «
_- 20 Gouramis 1,10 'M 50
Signé W. H. Archer, secrétaire iionoraire.
» Les personnes qui auront introduit quelques-uns des animaux énumérés
ci-dessus pourront aussi concourir pour le prix suivant :
» Prix de V Argus, une coupe d'or.
)) Le prix de la coupe d'or de VAryas, d'une valeur de cent livres, pour
l'année 1863, sera décerné à la personne (non attachée à l'administration des
journaux Y Argus ou le Yeoman) qui, dans le cours de l'année tinissant le
30 novembre 1863, introduira dans la colonie le mammifère, l'oiseau ou
le poisson le plus utile ou le plus intéressant, représenté par un nombre d'in-
dividus suffisant pour en assurer la reproduction.
» La décision sera prise par le conseil de la Société d'acclimatation et sou-
mise à la ratification de l'éditeur de VArgtis.
» Les demandes et les pièces à l'appui doivent être remises au conseil do
la Société d'acclimatation avant le 31 décembre 1863. »
L'Abeille, le Pore, la BShubarbe, esi France.
M. Bamcl nous ayant communiqué la traduction d'une lettre qui lui a
été adressée de Londres par ^]. Wilson, membre honoraire de notre Société,
auteur de nombreuses et importantes acclimatations en Australie, nous nous
empressons de reproduire cette lettre dans laquelle notre éminent collègue
CHRONIQUE. 523
exprime son opinion sur l'élevage de rAbeilleei du Porc, et la culture de la
Rhubarbe en France :
« Londres, le H mai 18G3.
n Celui qui voyage dans J)eaucoup de pays avec ses pensées toujours tour-
nées vers noire projet favori, l'introduction dans l'usage général de toutes
les bonnes choses de la création, quel que soit le point où elles se rencon-
trent, celui-là trouve toujours par-ci par-là, sur son chemin, quelque amé-
lioration à apporter,
B En traversant la France, j'ai été frappé de cette remarque, que l'on ne
donne peut-être pas assez d'attention à deux choses, humbles sans doute,
mais qui n'en sont pas moins d'une grande valeur, parce qu'elles sont sur-
tout merveilleusement adaptées à l'habitant de la chaumière.
» Je fais allusion à l'Abeille et au Cochon.
» J'en puis parler par expérience ; je me suis occupé pratiquement des
deux espèces, j'en connais toute la valeur économique.
» Les Abeilles ne semblent pas aussi généralement cultivées chez nous
qu'on devrait le supposer de la part d'un peuple qui aime autant les jardins
et qui est si habile dans la culture des fleurs. Cependant le miel non recueilli
est un bien perdu, et c'est conunettre une mauvaise action que de laisser
perdre un produit utile.
» Les habitants de nos campagnes, souvent si profondément ignorants,
paraissent donner plus d'attention que les vôtres à la culture des Abeilles ;
mais vos voisins les Suisses, remarquables par leur industrie et leur fruga-
lité, nous donnent une leçon à tous. Ils possèdent une admirable variété:
l'Abeille ligurienne, robuste, peu sujette aux maladies, très-laborieuse, très-
douce et étonnamment prolilique. J'ai réussi, connue vous le savez, à les
faire parvenir en Australie (1). Combien il serait plus aisé de les propager
en France!
» Quant aux Cochons, nous avons eu souvent l'occasion d'en parler. Trop
généralement jugé avec une sorte de dédain comme un être inunonde et
vulgaire, le Cochon est pourtant, à cause de l'immense partie du globe où il
est élevé, à cause de sa merveilleuse faculté de s'accommoder de tout, à
cause surtout de l'excellence de sa chair, un de nos plu.s précieux animaux
domestiques.
» Je vous ai un jour raconté comment le Cochon est un agent de civilisa-
tion des plus eÛJcaces. J'affirme que le souvenir du présent de quelques
Cochons que fit le capitaine Cook aux Maoris de la Aouvelle-Zélande est très-
précieusement gardé dans les esprits de ce peuple, et a grandement aidé à le
guérir du cannibalisme, aplanissant ainsi le chemin pour l'introduction de la
civilisation.
» Parmi tous les animaux auxquels on a donné tant d'attenlion en Angle-
(1) Les Abeilles introduites en Australie par M. Wilson s'y sont propagées si
rapidement, même à l'état sauvage, qu'on y récoite déjà des quantités prodi^-
gieuses de mieL
îrlll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
reiTC, le Cochon esl, je pense, celui qui a élé porté à sa plus parfaite condi-
tion. Sons ce rapport, il l'emporte sur le Cheval ou le Bœuf ou le Mouton,
quelque magnifiques qu'en soient les sujets.
» Pour l'cconomie de l'acclimatation, et la production de honne viande
à peu de frais, pour la nourriture et le soin, le Cochon se place au premier
rang.
» Dans le midi de la France, je vois de très-mauvaises espèces de Cochons,
pires, j'ai été surpris de m'en convaincre, que ceux que j'ai vus dans les
forêts de chênes de l'Espagne. Cependant un Porc de mauvaise race mange
comme ceux de bonne race, et il maigrit où les autres engraissent.
» Ici encore la nourriture donnée à un animal inférieur plutôt qu'à un de
meilleure qualité, est de la nourriture gaspillée, et le gaspillage est une mau-
vaise action.
» Je pense qu'on ne se fait pas une idée du peu de nourriture qui suftit à
l'existence d'un Cochon de pure race. Permettez-moi de \ous raconter une
anecdote à l'appui.
« Quand j'avais une station, époque où j'avais aussi plus de loisirs que
([uand vous m'avez connu à !\Ieibourne, je prenais vm très-grand plaisir à
étudier tous les animaux.
» .l'étais parvenu à une grande perfection pour les Cochons ; elle consis-
tait dans une grande aptitude à l'engraissement avec très-peu de nourii-
ture.
1) J'avais nue jeune truie qui était devenue si grasse, qu'elle ne voulait pas
recevoir le verrat 'c'est la conséquence naturelle de l'excès de graisse), et
connue je désirais vivement avoir des produits de sa race, je me donnai
«[uelque peine pour arriver à ce résultat. Je la mis dans nn parc toute seule,
cl j'ordonnai qu'on ne lui donnât aucune nourriture. C'était en automne, alors
que le potager regorg*' de produits. La truie reçut de la paille pour litière et
de l'eau pour boisson.
« Je commençai par lui donner, deux fois la semaine, la moitié d'un melon
d'eau de la grosseur de la tête d'im honnne. Pendant plusieurs semaines je
la tins à ce régime, sans qu'elle présentât aucun symptôme d'amaigrisse-
ment.
» Déterminé à réussir, je réduisis sa ration à la moitié d'un melon chaque
dimanche. Elle se maintint dans le même état pendant quelque temps, mais,
à la fin, elle maigrit ; je la présentai au verrat, et elle eut une bonne portée.
» Quand une fois un animal a eu des petits, vous pouvez aisément le tenir
en état de maigreur, car une déperdition extra vient ù votre aide.
» Durant tout le temps de son jeune forcé, elle ne cria jamais pour sa nour-
riture, comme ont l'habitude de faire les Porcs de mauvaise race ; mais elle
dormait tout le temps, venant seulement quand je l'appelais, pour voir si je
lui avais apporté quelque chose, et revenant se coucher sans rien dire, si
elle n'avait rien trouvé, avec une placidité qui était réellement surpre-
nante.
CHRONIQUE. 525
» Celle truie, dans le midi de la France, eût valu son pesant d'or.
» Cependant on peut s'en procurer des milliers aussi bonnes en Angle-
terre,
» La même quantité de nourriture qui sert à peine pour un Cociion de mau-
vaise race pourrait en engraisser deux ou trois de bonne race ; et de la nour-
riture ainsi dépensée est évidemment encore perdue.
» Mais l'expérience que je fis, moi qui pouvais donner à manger à vo-
lonté à mes Cochons, pourrait être d'une très-grande importance pour l'ha-
bitant de la campagne dont les ressources réduites n'admettent pas la super-
(luité.
>' La docilité du Cochon, son transport facile, sa grande capacité pro-
lilique, la rapide maturité de ses produits, rendent des plus faciles la régé-
nération des Cochons en France.
» Je pense que le Jardin d'acclimatation pourrait offrir une collection
complète des meilleures races, comme il le f lil pour les volailles ; il accroîtrait
ainsi ses ressources d'une façon notable par la vente des petits dos races
supérieures.
» i\ous en avons plusieurs, toutes bonnes, sans exception. A la dernière
exhibition à Batersca, il y avait des centaines de Codions, et l'on eut eu de la
peine à en trouver un de race inférieure.
» Pour une application générale, pour pàiurerdans les forêts, etc., le Berk-
shire est un animal parfait, robuste, bien proportionné, vif, et qui donne
une des meilleures qualités de viande.
» Tour l'étable, le Yorkshire, le Middlesex amélioré, le Dorset, l'Essex,
sont tous bons ; plus paresseux et plus enclins à la graisse , plus précoces
pour la boucherie, ils assimilent si rapidement les aliments qu'on leur donne,
([u'il faut les mettre à la diète pour leur conserver les facultés reproduc-
trices.
» S'il nous a fallu de longs et pénibles efforts pour produire ces variétés
cl les amen er à une telle perfection, vous n'avez, vous, qu'à les prendre toutes
prêtes, ayant les preuves de l'inlégrilé de la race et les moyens de vous assurer
de son caractère : car, quoiqu'il n'y ait pas un stud-book pour le producteur
ou reproducteur de Cochons {parker), sa race est plus sérieusement étudiée
par des connaisseurs émériles ; et la qualité de ses soies ou la forme d'une
oreille excilent autant rattenlion que l'œil ou le naseau d'un cheval de
course.
» J'ai encore à vous entretenir d'un autre sujet. Ouand je vins en France
en avril dernier, je vous fis remarquer l'ahsence sur vos marchés des côtes
de Pduibarbe comestible. Vous me répondîtes qu'il existait un préjugé contre
cette plante. Va\ arrivant en Angleterre, je la trouvai délicieuse de toute
fa(:on. J'en ai mangé presque tous les jours, et jamais sans éprouver un senti-
ment de regret qu'un si excellent légume ne fût pas apprécié par les Français,
si avancés dans le jardinage.
» C'est, en vérité, une excellente chose; elle vient avant les fnn"ls, dure
526 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
longtomps, se produit maintenant en proportions gigantesques, et elle est tout
à la fois agréable au palais et favorable à la santé ; si convenable au goût, que
pendant plusieurs mois de suite, dans la colonie, j'en ai mangé à mes deux
repas sans que jamais j'en aie été ou fatigué ou incommodé. Cuite au sucre
ou mêlée à du lait, elle est excellente pour les enfants et a toujours le privi-
lège de leur plaire.
» Pourquoi n'en avez- vous pas ?
» S'il existe un préjugé populaire, n'est-ce pas la mission de la Société
d'acclimatation de le détruire et d'amener doucement à une conviction plus
saine ?
» Et si notre grande cause de l'acclimalalion doit progresser comme elle
le mérite, si ses tendances sont de réunir les meilleurs hommes et d'attirer la
bénédiction du ciel sur ses actes, nous devons principalement nous appliquer
à rechercher les avantages pour les niasses et à multiplier les trop rares jouis-
sauces du pauvre.
•— On lit dans Vllhistrated Lo7ido7i News du 18 juillet 1863 :
« La collection d'animaux exposés dans le jardin de la Société zoologique
de Londres vient de s'enrichir d'un spécimen du Banteng {Bos sondaicus),
ou Bœuf sauvage de Java, que l'on croit èirc le premier de son espèce amené
vivant en Europe. C'est un congénère du Gourde l'Inde, quoique bien dis-
tinct de ce dernier. On l'avait décrit dans l'origine connue habitant Java,
mais on s'est assuré depuis qu'il existait aussi à Bornéo, dans l'île de Bali, et
dans la péninsule de iMalacca jusqu'au Pégou. C'est dans cette région que le
colonel Phayre, commissaire de la province de Pégou, s'est procur(' l'individu
qu'il vient d'olfrir à la Société dont il est correspondant. Cet animal, pris
très-jeune, est unjeune taureau âgé aujourd'lmi de deux ans.
» Selon MM. S. Millier et Schlegel, dans leur Zooloçjie des possessions
Indo-néerlandaises, le Banteng vit dans les jungles et les forêts des côtes
de Java, et s'élève sur les montagnes jusqu'à /lOOO pieds au-dessus du niveau
de la mer. On le rencontre en troupeaux de six à huit femelles conduites par
un mâle. Il est très-sauvage et se laisse difficilement approcher, m
(Traduit el communiqué par M. Viennot.)
OUVRAGES OFFERTS A LA .«iOCTETE.
Bulletin de la Société zoologique de Londres, 1861 et 1862.
Bulletin de la Société d'acclimatation de Berlin, 1863.
Bulletin de la Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes,
1«^' semestre 1863.
Bulletin de la Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de l'agriculture,
5'' et 6'' années, 1801 et 1862.
Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts ilu départe-
ment de la Marne, année 1862.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire,
xxxiii'^ année, 3*^ livr. de la 3*^ série, 1862.
Annales de la Société linnéenne du département de Maine-et-Loire, 5^ année,
1862.
Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse,
tome m.
Bulletin de la Société d'agriculture et d'horticulture de l'arrondissement de Beau-
vais, juin et juillet 1863.
Bulletin de la Société d'horticulture de ronlenay-le-Comte (Vendée), n° 3,
1*='' semestre, juin 1863.
Annales de la Société d'agriculture, commerce, arts et manufactures du départe-
ment des Landes, année 1862, n" ô7.
Bulletin de la Société royale de Flore de Bruxelles, mars et juillet 1863.
Mémoires delà Société royale physico-économique de Kœnigsberg, année 1862.
Il Picentino, journal d'agriculture pratique de la Société royale économique de
Salerne, janvier, avril 1863.
Report of the Commissioner of patents, de Washington, 1861.
Mémoires de la Société d'agriculture de l'État de New-York, 1861.
Éloge historique d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, par M. le docteur N. Joly. ■—
Offert par l'auteur.
De la rage chez le Chien, et des mesures préservatrices, par M. le docteur
H. Blatin. — Offert par l'auteur.
Catalogue d'échantillons des bois des forêts du Canada. — Offert par M. Gauldrée-
Boilleau.
Les Pêcheries du Canada, par M. J. M. Le Moine. Québec, 1863.
Flore canadienne, par l'abbé L. Provancher, curé de Portneuf, volume I, Québec,
1862. — Offerts par M. Gauldrée-Boilleaii.
Pétition présentée au Sénat par M. Ch. de Massas, dans le but d'obtenir des mo-
difications dans la loi qui régit la pèche fluviale. — Offert par l'auleur.
Causerie sur la pisciculture, par M. le docteur N. Joly. — Offert par l'auteur.
Guide de l'apiculteur, par M. Debeauvoys.
Appendice aux observations pratiques faites en Orient sur la maladie actuelle des
Vers à soie, par M. B. J. Dufour. — Offert par l'auteur.
Culture de l'Allante et mémoire sur le Ver à soie Bombyx Cynthia, par M. le
comte Adelelmo Cocasteili. — Offert par l'auteur.
528 SOCIÉTÉ nirÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
De l'acclimalalion en France du Bombyx Cynthia et de scn éducation en Anjou,
par M. F. Blain. Angers, 1861.
Résumé des principaux traités chinois sur la culture des Mûriers et l'éducation
des Vers à soie ;
Renseignements sur la cire végétale de la Chine et sur les insectes qui la produisent;
Notice sur quelques plantes textiles de Chine, par M. N. Rondot, 18i7. Culture
du Chou-ma ;
Extrait des comptes rendus des séances de l'Académie des sciences (sur des graines
de plante textile de Chine);
Description des procédés chinois pour la fabrication du papier;
Traduits du chinois par M. Stanislas Julien. — Offerts par le traducteur.
Rapport sur la culture du Tabac, par M. le baron de Zorn de Bulach.
Mémoire et documents sur le Colon africain, par M. Louis Stéphane Leclerc. —
Offert par l'auteur.
Revue synoptique des principaux vignobles de l'univers, par M. Théodore Winckler.
Le reboisement du Faron, par M. le docteur Turrel.
Revue critique de la durée des plantes dans ses rapports avec la phylographie,
par M. D. Clos.
Une ascension à la Maladetta, par M. le docteur J. Léon Soubeiran. — Offert par
l'auteur.
Voyage pitlorcsque dans la république Argentine, par M. C. Bartolomé Bossi. —
Offert par l'auteur.
Tableau de population, de culture, de commerce et de navigation, formant, pour
l'année 1860, la suite des tableaux insérés dans les notes statistiques sur les
colonies françaises.
Tableau delà situation des établissements français dans l'Algérie, 1858-1861.
De l'établissement d'un casino et d'un jardin d'acclimatation à Hyères, par
M. Alph. Denis. — Offert par l'auteur.
Alesia, par M. 0. — M. de Bouriane.
T^otice sur les cultures de la ferme des Boulayes, par M. A. N. Mayre.
Culture forcée, par le thermosiphon, des fruits et légumes de primeur, par M. le
comte Léonce de Lamberlye. — Offert par l'auteur.
Résumé d'un mémoire sur les propriétés du guano, par Alexandre Cochet.
Mémoire descriptif du Planisphère agricole et climatologique composé et dressé
par M. Le Gendre Décluy.
Mappemonde planisphérique, agricole et climatologique, par M. Le Gendre Décluy.
Offerts par M. Armand Le Chevalier, éditeur.
ElllUTUM.
Page 201, 15^ ligne, au lieu de hOi) francs le kilogramme de quinine,
lisez 200 francs, etc.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE.
sur. LES
RACES OVINES DE LA RÉPIRLIQUIî: ARGENTINE.
NOTi: ADl'.KSSÉE A M. LK Pr.ÉSIPtNT
m. LA SOCIIÎTÉ IMPKr.IALE ZOOI.OGIQUE D\\CCLIMATATtO:\
Par .^8. 1Î%B>1'.'1RCE ,
Aiuii'ii (.liargé (l'allaires ilc DiiLTOsAyicb.
(Séance (.lu 17 avril I8G3.)
Monsicui'lcPrésidciU,
Le discours romarciuable que vous avez prononcé , à Li
séance annuelle de la Société impériale d'acclimalalion , sur
l'agronomie el, entre antres points, sur l'industrie des laines
et les importations de Moutons dans diverses contrées du
globe, pour remplacer ou régénérer les races indigènes, m'a
rappelé l'engagement que j'avais pris envers vous de fournir
à la Société quelques données positives à l'égard des déve-
loppements que ces industries ont progressivement reçus dans
la république Argentine.
Après avoir recueilli et coordonné les détails nécessaires,
je viens réaliser, autant que je le puis, une promesse que je
m'estime heureux de pouvoir remplii'.
L
Ce fut en 181 o qu'eut lieu, parles soins du consul des États-
Unis, M. Halscy, l'inlroduclion à Buenos-Ayres des premiers
bons types européens (J). Un petit troupeau mérinos, d'ori-
gine allemande, y fut im[)orté; mais les animaux qui le com-
posaient périrent, à ce qu'on assure, dans un incendie.
Ainsi avorta accidentellement ce premier essai.
Onze années plus lard, un homme qui occupe à bon droit
une place illustre dans les annales du pays, Rivadavia, alors
(1) Une niPiilioii osl l'^'alcmenl duc à M. .1. M. Lab;iidoii, qui concourut
d'une manière active aux prcniioies iiilroduclion.s.
T. \. — Septembre 18(33. 3.'i
530 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUP: D ACCLIMATATION.
président de l.i confédération Argentine, et à l'esprit pro-
gressif et organisateur dniiuel aucune préoccupation ne de-
meurait étrangère, iavorisa l'importation à Buenos- Ayrcs
de 100 Moutons mérinos noirs d'Es[)agne et de 100 Moutons
anglais soullidown.
Vendus à MM. llannac, Shcridan et Capdevila, ils furent
croisés avec des Brebis Pampas.
Le gouvernement suscita en 18'26 une nouvelle expédition,
à laquelle furent adjoints, comme garantie de bons soins et
d'éducation appropriée, plusieurs éleveurs allemands.
Les animaux dont cette exposition se composa, formèrent
la pépinière du meilleur type obtenu jusqu'alors sur le sol
argentin : ils servirent de base et de matière première aux
établissements spéciaux de MM. Hannac et Slieridan, devenus
célèbres sous les noms encore existants de Palmiers et de
(hdpo)iex.
On appliqua les métis résultant du mélange de ces bêtes de
clioix avec les laides Brebis indigènes à des croisements avec
ces dernières, fini firent ac(juérir aux nouveaux produits
quelques faibles caractères d'amélioration.
L'émulation excitée parmi les haccndado^ j)our cette
brandie précieuse d'industrie s'aviva en 1830 d'une ma-
nière notable, grâce surtout à l'initiative intelligente et aux
infatigables sollicitudes de M, Juan Hannac, administrateur-
associé de l'établissement des Gulpones, cl qui concourut plus
que personne à ce que la race premièrement importée se
conservât dans le pays et qu'elle pût, même à certains égards,
s'y perfectionner. .
En ISoO, la rcpubli(iue Argentine vit pénétrer dans ses
ricbes pâturages ditlérents types delà race mérinos Negretti,
appartenant aux espèces prussiennes et saxonnes, et qui,
bien que d'origine espagnole, ont été tellement améliorés
par les éleveurs d'Allemagne dans la finesse de leur laine
comme dans leur résistance à toute dégénération, qu'ils sont
en général préférés aux types des divers autres points de
l'ancien monde.
Cette imporlatiuu féconde, duc, dès l'origine, à M. Claudio
I5AGES OVINES DE LA l'.ÉrUlîLlQUE ARGENTINE. olVl
Slegiiianii, l'ut un exemple qui Irouva des iiuilateurs. On intro-
duisit successivement de nouveaux modèles de provenance
variée, et Ton fit si bien avec la race mérinos espagnole per-
fectionnée, que d'imporlalion en importation, le nombre des
animaux de cette espèce représente aujourd'hui un chiffre
considérable.
La Saxe électorale entra j)our beaucoup dans ces progrès.
En effet, sous l'influence des persistants efforts d'agronomes
indigènes, MM. Stegmann, Poucel, Plint, Narciso Martinez
de Hoz, LeonardoPereyra, etc., le type saxon, allié à l'espèce
intermédiaire (pae les croisements antérieurs avaient formée,
créa la muUilude de troupeaux, plus ou moins perfectionnés,
(pii paissent dans nos prairies toujours vertes.
J0(3 lirebis femelles, 8^ Moutons mâles de .Silésie cl
6080 Brebis créoles avaient servi de point de départ à la
Société pastorale des Mérinos. Dans un espace de huit années,
cetétabUssement donna un rendement de 1600 Mérinos types
et de 30 000 Métis, et la reproduction, outre cette valeiu"
intrinsèque, couvrit en plus, d'après l'évaluation de M. Nar-
ciso Martinez de Hoz, les frais du personnel qu'elle avait
rendu nécessaire.
Nul doute, d'ailleurs, (pi'un même résultat ^iroportionnel
ne soit acquis d'avance à tous les éleveurs qui poursuivraient
le même but avec ime égale persévérance.
Les trop longues vicissitudes politiques qu'eurent à subir
ces beaux pays réagirent fâcheusement sur la situation agro-
nomique. Pendant plusieurs années, les établissements spé-
ciaux périclitèrent : l'insécurité de l'avenir contraria l'essor
des tentatives, et le goût qui avait entraîné avec tant de profil
les hacendados vers ce genre d'industrie sembla s'éteindre.
Il ne se réveilla qu'en 185-2, et il a, depuis cette époque,
constamment grandi, grâce aux excitations bien entendues et
aux judicieux encouragements des diverses administrations
([ui se sont si heureusement succédé à Buenos-Ayres, dans
la direction générale des alïaires publiques.
A ce mouvement de renaissance commerciale et d'expan-
sion agronomique se rapporte la venue dans nos campagnes
532 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
d'environ 7000 Moulons do Prusse el de Silésie, cl de
1500 types Rambouillel, Mauchamp, Ne\v-Leicester el Soulh-
do^vn.
Disons toul de suile que la race IVaneaise , malgré ses
avanlageuses et ses belles proportions, ne jouit pas d'un grand
crédit i)armi nos hacendados. Celle espèce étant, si elle n'est
nourrie de betteraves, de caroltes et d'avoine, susceptible de
dégénérer, el pouvant élre, sous ce rapport, considérée,
jusqu'à un certain point, connue artiticielle.
La race anglaise New-Leiccsler et Soullido\vn ne s'est pas
davantage généralisée parmi nous, à cause de sa laine, dont
la qualilé est fort médiocre, et de son énorme embonpoint (jui
rend les femelles stériles.
(3n le sait, l'industrie du bétail, dans ses brandies variées
el ses nombreuses formes, a été jusqu'.i présent, sur toute la
surface du sol argentin, la base principale de la prospérité
matérielle du pays. A quel avenir n'est pas réservée cette
prospérité, el quels merveilleux progrés ne verra-t-on pas
s'accomplir, le jour <n\ nos bacendados comprendront unani-
mement la nécessité d'ajouter aux bienfaits du climat ceux de
la science, el d'avoir recours, surtout pour les races types,
aux métbodes européennes !
II.
Les moyennes établies font monter de oô à 50 pour 100 les
rendements acquis annuellement par la reproduction des
Brebis qui vivent constamment en plein air dans nos pampas:
les produits nels du capital seraient de 30 pour 100.
Nous avons dit que, malgré des intermittences dans li^ mou-
vement qui tend h transformer celte grande industrie, en la
perfectionnant par des accouplements étrangers, l'importalion
avait déjà régénéré les campagnes. En effet, les Hrebis indi-
gènes. Crias, Pampas et Criollas, disparaissent graduellement,
grâce aux croisements européens.
Naguère la toison des Brebis était maigre , sa qualilé défec-
tueuse. Peu de ces animaux donnaient à la tonte, annuelle-
ment, au delà de '2 livres et demie par tète. Or, leur alliance
r.ACES OVJNES DE LA RÉPLBLIUUE ARGENTINE. 333
avec les lypes d'Europe a fail acquérii' aux toisons une qualité
supérieure. Le poil s'est montré plus largement répandu que
sur lesCrioilas, en même temps (ju'il offrait des conditions
entièrement nouvelles de linesse et d'élasticité dues à la sub-
stance graisseuse des animaux européens. Ainsi a disparu le
fôcheux cachet de la laine cré'ole, privée de consistance, sèche
et pauvre.
Des propriétaires ont évalué à 6 livres par année le rende-
ment de laine d'une Brebis; mais de tels résultats sont excep-
tionnels, et de pareils calculs n'ont de valeur positive qu'à la
condition de prendre pour base la moyenne générale du pro-
duit. En réalité, quand, dans nos compagnies argentines, la
lonle rapporte, par tète, /i livres 'l/7i, on peut assurer que
l'animal est supérieur.
La nature du sol et la qualité des pâturages ont nécessaire-
ment une action marquée sur la production en plus ou en
moins des bergeries. Ce qui ne rendra que trois livres sur un
terrain médiocre de pâturage en donnera <|uatre, après deux
années d'élablissement, dans des prairies mieux appropriées.
Suivant ses qualités, le prix de la laine varie de 50 à
J 20 piastres l'arroba (1).
Nous ne parlerons pas de la laine soie qui, une fois lavée,
présente un très-petit volume, compensé par la qualité. Cette
branche de l'industrie lainière, en effet, est vouée à l'abandon,
n'ayant produit, jusqu'à ce jour, que des perles pour les
hacendados qui ont essayé de l'utiliser.
Quant à la laine telle qu'elle est obtenue au moment même
de la tonte, elle se différencie tant, nous l'avons dit, par les
conditions du pâturage que par les soins dont elle est Tobjet.
L'n des éleveurs du })ays les. plus distinguas et les plus
riches, à la fois sénateur et agronome, M. J. de Cuerrico,
vit constamment, durant sept années, croître le prix de ses
laines. En 1860, elles lui rapportèrent jusqu'à 100 piastres
l'arroba ; mais cette prospérité fut arrêtée court l'année sui-
vante, par l'inlcnsilé de la sécheresse, qui contraignit à ali-
(I) La piasU'P papier \aiil i]q 20 ."i 'J,' coriliiiies, et l'arroba rci.iv.sente
1^11,500.
53^1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOnLOniQUE d'aCCLIMATATION.
menter les animaux oxténués avec des ahrojos (espèce de
chardons); leur toison, souillée de poussière, l'ut })riYée de
physionomie, de couleur, de substance et d'i'lasticilé.
Les hacendados qui possèdent de 50 à /lO 000 Brebis sont
trop nombreux poin^ les compter. Beaucoup eu ont jusqu'à
fiOOOO.M. Cascallares est à 150 000, ot M. Lezama, qui re-
pousse toute comparaison, 250 000.
(juand la race est bonne, les Moutons reproducteurs se
vendent jusqu'à 500 piastres; ceux pour la bonclierie
A 5 piastres en moyenne.
La salubrité, la douceur et la constance du climat s'unis-
sent à la richesse native des prairies naturelles, composées en
général de gramillas, iVai/^Jer/yios, de tre/toks et iVnlfafas,
pour favoriser exceptionnellement les développements de
celte industrie.
Nous disions, dans une notice publiée en 1857 (l) et dans
le chapitre consacré à l'immigration : « 11 faut remanfuer que
le sol argentin, et en particulier celui de P)uenos-Ayres,
formé de riches prairies naturelles, où se produit et se déve-
loppe l'opulent bétail du pays, n'exige pas, comme le territoire
des Etats-Unis, de défrichements préalables; que les émigranls
livrés à rexi)loitalion agricole ne sont point astreints à élever
des altris pour le bétail, lequel, hiver comme été, demeure
entièrement libre; qu'enlin , dans ces terres vierges intrin-
sèquement si fertiles, les engrais ne reçoivent dans le jtays
aucune espèce d'application.
» A New-York, l'immigration se heurte à des exigences q"ii
l'absorbent ou nuisent à son succès : une foule de métiers
lucratifs ne sont accessibles à l'émigrant ({u'autant qu'il est
devenu, grâce à la naturalisation, citoyen des Etats-Unis.
Pans la république Argentine, l'émigrant, sans abdiquer sa
nationalité, sans répudier son origine, son passé ni ses cou-
tumes, peut, exempt de toutes restrictions légales, exercer,
au même titre que les fils du pays, toute industrie et toute
])rofession, posséder des terres et acquérir des i>ropriélés. »
(1) Bii(iios-:iyres,sa siliinlion prrsentc, ses luis librralrs, sa populatiun
riiii(irii)iti', ses pro'jri'S (■oDunercidH.r cl imhisli-ii'ls, purM, lîalrarco, 1857.
RACES OVINES DE LA RÉPUnLTQUE ARGENTINE. 535
Beaucoup (rômigranls ])asques, et plus spécialement d'Ir-
landais (1), venus dans le pays sans aucunes ressources, se
sont adonnés à cette industrie, et ont concouru à multiplier
les établissements où elle s'exploite, après avoir trouvé au-
près des riches liacendados un emploi facile et fructueux;
les propriétaires des bergeries leur abandonnant communé-
ment un tiers des bénéfices réalisés.
11 résulte d'un relevé fait par les soins de l'agence coiisii-
laire du Havre, que deux cent trente-quatre types reprodlic-
leurs français ont été endDarqués dans ce port en 'JSdl pour
la répiddique Argentine, et 2/i9 en 18(32.
(juant à l'exportation des laines, il est intéressant d'en suivre
la rapide et merveilleuse progression.
Dans son livre sur Buenos- Ai/rcs et le rio de hi Plata, (jui,
par rauthenti{|ue précision des détails et des faits, a toute l'au-
torité d'un document officiel, l'ancien chargé d'alTaircs de Sa
Majesté Britannique sir Woodbiuc Parish, avait signalé le déve-
loppement graduellement acquis par cette industrie nationale.
« A mon arrivée dans le pays (1823), disait à cet égard sir
Woodbinc Parish, la valeur des laines à Buenos-Avres ne
compensait pas les frais auxquels donnaitlieu leur préparation.
MM. Sheridanllannac et d'autres propriétaires entreprenants,
encouragés par la suppression presque totale des droits qui
frappaient à cette époque l'article des laines en Angleterre (2),
et par la possibilité d'augmenter, grâce au volumineux article
des laines, les retours que les produits du pays offrent à la
marine marchande, ont changé radicalement la situation et
d(îveloppé puissamment cette source de richesse.
» C'est là aussi, du reste, ajoutait sir Woodbine Parish, un
résultat de la large protection que les étrangers trouvent à
Jjuenos-Ayres, et qui décide des milliers d'émigranls à venir
(1) On fait monter à 10 000 le cliiffro des Irlandais qui s'appliquent dans
le pa\s à celte belle et inlellit;ciite imUislrie.
(2) La même mesure libérale eut, en liel^iquc, le même elfet, et ce n'est
que depuis le moment où la l-'rance a pris une disposition analogue, qu'on a
\ 11 Tiniportance des laines progresser, sur ses marcliés, d'une manièie si
ri'niar(|iiahlr.
536 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
s'établir dans la ville el dans les campagnes, contribuant
efficacement à accroître les ressources du pays par leurs efforts
intelligents et leurs babitudes laborieuses.
» L'exportation, qui avait été, en 1829, de 30 33/i arrobas,
atteignit, en 'J837, USl\ 70(3 arrobas, en 1850, 177 lihO arro-
bas (1), et en 1851, 190 600 arrobas. »
Dans le Tableau général dn commerce de la France, offi-
ciellement publié, il est établi que l'introduction des laines
buenos-ayriennes s'est élevée :
En 1855, à '21 G'23 qniiitanx inéhiques, (l'iine valeiu' de '2/i^9 006 francs.
En 185(5 (2), à 2i 113 qiiiiUau\, représentant une valeni- de /i 692 000 fr.
En 1861 (3),à6 206 5oi kilogr., leprésentant une valeur oûlriello de
12 Zjlo 620 francs et une valeur actuelle de 18 019 C82 francs.
Nous trouvons eniin, dans un excellent travail de statistique
commerciale de M. Daniel Maxwell, gérant de la cbambre de
commerce de Buenos-Ayres, inséré dans la iV«c/on argentina
du 26 février dernier, les bases aulbentiques du tableau suivant.
Exportation des peaux de Mouton et des laines de Buenos-
Ayres, en calculant l'année du 1" novembre au 31 octobre ;
ce qui permet de connaître plus exactement le résultat de la
récolte annuelle des laines.
l'raiix (le moutuii. I.;iinc : nrrobas.
1856. Exportation tolale. . . . 1627 /i28 • 1152115
1857. — 1611600 1216/1:6
135S. _ 1701396 1383 388
1859 (/l). — 2628538 1 500 /i33
1862. — 2 285 0G'i 2 286 8/|0 (5).
11 résulte de cette récapitulation que, dans une période de
sept années, l'augmentalion annuelle des laines a t'ié de
•201 729 arrobas, soit 22 7/8 pour 100.
Voici maintenant La proportion à tant pour 100, de cette
exportation entre les diflérents i)ays :
(1) i;arrolja, dès cette époque, était montée à 2 piastres fortes.
(2) l^age 59.
(3) Page 55.
(/i) [/élévation notable dn (liiirre des peaux, en 1859, s'explique par la
sécliercsse meurtrière de cette année, (pii fut falaji' pour les bergeries.
(5) Soii : 20 298 160 kilogr.
RACES OVINES DE LA l'Ja'UBLlQUE ARGENTINE. 537
18Zi8àl852 1853à1857 1858àl862
(i anmJos.) (ô aiincos.) (.") années.)
l'mn 100 l'dur 100. Pour 100.
r.raiHlc-Brctagnc l^,û/lo 17,8:î5 10,'273
France l'2,225 20,661 27,508
Allemaf?ne, Ilollando. l'.elf;i(iiie(l). 7,95/i 30,77i 39,784
Étais -Unis 63,16Zi 27,l/i4 21,083
Italie. 2,214 3,698 1,313
Espagne » 0.288 0.039
100,001) 100,000" 100,000
On remarquera raccrolssenient considérable, de 1858 à
1862, des exportations de laines françaises et allemandes.
Partant de la production lainière et de la moyenne des don-
nées, on a pu estimer, à la fin de 1862, ;i 18 /i5I /i65 le chifTre
des bêtes à laine dans la province de Buenos-Ayres, véritable
centre de cette industrie, à la([uelle les autres provinces ne
participent que dans une proportion relativement peu sensible.
Il nous semble juste de remarquer que les progrès de l'in-
dustrie des laines vont fort au delà, parleur importance, des
avantages matériels qu'ils procurent. Leur portée morale pra-
tique est incontestable. Ils ont fait faire à la population nomade
des campagnes, naguère vouée exclusivement à l'élève des
bètes à cornes, dans un isolement quasi sauvage et avec des
esfancios que séparaient d'énormes distances, un grand pas
vers la civilisation, en favorisant la formation de centres de
population actifs et multipliés, en augmentant la richesse
productive, en créant de nouveaux intérêts, et en fondant par
cela même des éléments d'ordre et de stabilité parmi ces races
d'bommes énergiques .
Ouant aux facilités que le développement si rapide de celte
industrie assure aux f;ibriques étrangères en leur fournissant
une matière première économique et aliondante, et à la marine
marchande de France et d'Europe, par les retours que garantit
l'exportation de ce produit volumineux, le moindre examen
de la question suffit pour en révéler toute l'importance.
(1) D'apivs (les renseignomcnls qui nous soiil fournis par le consulat
argentin du poil d'Anvers, les impoilatinns de laine argentine auraienl été :
en 185S, de 12 025 halles; en 1859. de 19 615; en 18()0, de 15666;
•■n 1861. d." 2'i979, ci en 18i2. de 31 605.
538 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION.
m.
L'espère bovine, comme l'espèce ovine, a été l'objel, dans
le pays, de tentatives d'amélioration, et l'on y a importé plu-
sieurs animaux anglais de la race Durham, la seule qui puisse
nous convenir pour la taille et le volume. Le croisement de
cette espèce étrangère avec nos vaches à lait en a augmenté
le rendement dans Une proportion considérable.
Nous avons payé aussi tribut à l'Europe pour la race che-
valine. Des types percherons et quelques types du Lancashire
ont été appliqués à l'agriculture. Le luxe a eu sa part des
introductions : on a acquis, pour les courses nationales, un
certain nombre de pur sang anglais.
On sait ({uelle abondante source de prolits résulte pour les
pays argentins de l'énorme quantité de bètes à cornes qui
peuplent les pampas, et qui pioduisent les peaux, les cuirs, les
viandes sèches ou salées, les ossements, le suif et la graisse,
bases constitutives de l'industrie des suhiderofi.
Les viandes salées (dont le prix est d'environ 10 l'r. 50 c.
le quintal ou Ies/i6 kilogr.), exclusivement aj)pliquées jusqu'à
présent à la nourriture des nègres esclaves au Brésil et à la
Havane, ont semblé susceptibles, dans ces derniers temps,
d'une transformation éminemment profitable, et l'on s'occupe
avec soin de rechercher un mode de préparation qui puisse
rendre ces viandes acceptables , comme goût et comme
hygiène, aux classes pauvres de la population européenne.
Les essais déjà tentés donnent à espérer un prochain succès.
S'il est obtenu, on aura rendu, outre les énormes avantages
que le commerce y doit trouver, un grand service à l'humanité.
On me permettra d'ajouter, grâce à l'affinité de toutes
les questions dans le cercle agronomique, que les contrées
argentines, qui pourraient si aisément devenii' le grenier
d'une partie du globe, ont en perspective aujourd'hui une cul-
ture d'une importance trop générale, et dont on a trop cruel-
lement senti la privation depuis les sanglantes guerres (|ui
déciment les Ktats-I'nis d'Amérique, pnur (|ue le gouverne-
RACES OVINES DE LA HliPUnLIQUE ARGENTINE. 530
ment et les grands propriétaires du pays ne s'en soient point
préoccupés en favorisant de sérieux essais.
Nous entendons parler du Coton, aufjuel le climat s'appro-
prie de la manière la plus directe. Des expériences se pour-
suivent dans plusieurs provinces, et les échantillons notam-
ment envoyés do Corrientes en Angleterre ont éti' jugés à
Liverpool d'une qualité supérieure.
Ce n'est point d'hier, au reste, (jue la possihilité de cette
culture a été constatée, et qu'on a pu la considérer, pour ainsi
dire, comme intrinsèque au sol même.
A la fin du siècle dernier, une commission fut envoyée ù
rAssom|)tion, capitale du Paraguay, par le gouvernement
espagnol. En remontant la rivière, deux jeunes gens qui en
faisaient partie descendirent à terre pour aller chasser du
côté du Cliaco. Au retour, l'un d'eux, tirant de sa giheciére,
non du gibier, mais deux espèces d'herhes, dit à l'aulre :
« Nos pères ont été bien ignorants et bien barbares, en inuti-
» lisant ces herbes qui valaient plus que l'or des mines ! »
Ces deux plantes étaient le Coton et l'Indigo (I).
Mais ces richesses productives, abandonnées par le passé,
on peut espérer leur culture intelligente et leur d('V('l()pj)e-
ment prospère d'un avenir (|ui sera prochain.
En résumé, monsieur le Président, pour revenir à l'objet
spécial de cette communication, les précédentes données sur
les laines argentines montrent, d'une part, que leur accroisse-
ment va de pair avec celui de l'industrie lainière australienne
de la Nouvelle-Galles du Sud, que Votre Excellenco a signalé à
la haute attention et à la savante sollicitude de la Société inqié-
riale d'acclimatation ; d'autre part, que ces produits ont pris
un développement considérable et incessamment progressif.
(1) La {lerniire se nnconlre encore aiijoarcflmi à l'état sauvage clans le
grand Cliaco, vaste territoire non civilisé an nord de la province de Santa-Fé.
On trouve aussi l'Indigo, ainsi que le Coton, dans la province de: Tuf-iiinaii
et sur plusieurs autres points du territoire.
NOTES
SUR LES ANIMÂLX I:T LES VÉGÉTAUX UTILES
DE LA TURQUIE,
Par n. B. J. DLFOIR,
Délpf'ué de l:i Sûcicti' iiii|ié]ialo (l'acclimatalicui à Conslarilinoplo.
(Séance du 10 avril 18G3.)
Lorsque je suivais en Turquie les diverses expériences sé-
ricicoles dont j'ai rendu compte depuis 1857 jusqu'à ce jour,
j'ai été tout naturellement conduit à faire le rapprochement
de nos produits naturels et agricoles avec ceux de cette partie
de l'Orient. Mais comme toujours et selon mon aptitude, ces
éludes ont été purement pratiques.
Tout d'abord j'ai lait subir à mes études le contrôle de
diverses personnes des plus compétentes, et ensuite j'ai dressé
cette sorte d'inventaire de la production médiate et immédiate
du sol ottoman, afin de me conformer aux vues d'ensemble
de notre Société d'acclimatation relativement aux échanges
possibles entre ces contrées orientales et la France. A ce pro-
pos, je prendrai la liberté de faire remarquer à priori que, si
nous sommes tributaires de la Turquie pour tous ses produits
séricicoles, ses races chevalines arabes et ses Chèvres d'An-
gora, cet empire a beaucoup à tirer et à imiter de l'Occident.
Au fait, les produits importants de la Turquie sont, dans le
règne animal :
1° Les animaux domestiques appliqués directement à l'agri-
culture : je veux parler de l'espèce des ruminants, dont les
races laissent beaucoup à désirer. Cela s'explique par les
habitudes agricoles de ce pays qui sont conformes aux mœurs
de ses habitants. Je ne veux pas dire pour cela ({ue ces cam-
pagnards ne soient susceptibles de modifier et de développer
les qualités de leurs bestiaux, de manière à les appliquer uti-
lement à des besoins qui leur sont en partie inconnus. Loin
de moi une pareille pensée ! car j'ai eu souvent l'occasion
d'apprécier leur intelligence. En clTct, ces braves gens ne
ANIMAUX I:T VÉdÉTAUX UTJLES DE LA TURQUIE. ÔM
peuvonlôlre que ce qu'ils sont. Privés de movens faciles pour
communiquer entre eux, ils ne reçoivent la lumière que trc^-
fl.fficilcment et de loin en loin, par exemple lorsque la Porte
Ottomane leur envoie des administrateurs bien intentionnés
ot persévérants. En définitive, pour être juste et explicite, je
dois dire qu'on est tout étonné de voir les habitants de ces
provinces lutter avec autant de constance contre cette espèce
de délaissement administratif dans lequel ils se trouvent par-
fois. Aussi est-ce avec un sincère regret que l'on constate que
l'industrie agricole n'existe, pour ainsi dire, dans ces contrée';
qu'à l'état primitif; car ce n'est pas tout à fait la faute des
habitants, s'ils ne s'occupent pas avec toute la sollicitude
voulue de l'éducation et de la multiplication des animaux
domestiques, n'ayant pas été mis à même de comprendre le
parti avantageux qu'ils pourraient en retirer, soit en appli-
quant la force et l'énergie de plusieurs fl'entrc eux aux fra-
• vaux de la culture, soit en se servant de leurs déjections pour
entretenir la fécondité des terres. Toutefois on peut espérer
que l'ancien ordre de choses fera bientôt place à des amélio-
rations réelles en agriculture, d'autant plus que l'état écono-
mique de ce pays repose exclusivement sur les produits de la
terre.
La Turquie, à raison de sa situation topographique, forme
deux contrées bien distinctes, tant sous le rapport du climat
que relativement à ses habitants. Ces deux contrées sont la
Turquie d'Europe et la Turquie d'Asie ; et les ruminants qui
naissent sous ces deux climats forment deux genres d'animaux
bien tranchés.
U Turquie d'Europe est, en général, sinon plus fertile
du moins mieux cultivée que la Turquie d'Asie; aussi est-ce
dans cette contrée que l'on trouve le bétail en plus -rand
nombre, principalement les genres Bœuf et Buffle. "
Les Bœufs de la Roumélie ou Turquie d'Europe sont géné-
ralement d'une faille moyenne, à cornes petites et blanches
dirigées en haut, jambes élevées comparativement à l'ensemble
de l'animal; os forts, gros, à apophvses osseuses saillantes-
pelage d'un gris blanc ou cendré, offrant des taches plus fonl
5/|!> SOCIÉTI': IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATIOiN.
GÔes sur dillt'i'eules [)arties du corps ; les côtos plates, la ]nn-
trine élroile, cou court; le tissu musculeux très-peu développé.
Ces animaux sont réfractaires })Our la plupart h l'engraisse-
ment, par cela même que chez eux le tissu adipeux est très-
peu développé : aussi leur peau est-elle dense, épaisse et très-
adhérente. En général, cette race est d'une aptitude médiocre
au trait. Dans les principautés de la Moldavie et de la Valachie,
les animaux de l'espècebovine sont plus développésetserappru-
fhent un peu, par les caractères physiques, de la race hcdlan-
daise: stature plus élevée que lesBœul'sde la Roumélie ; cornes
excessivement longues et blanches dirigées en avant; jambes
élevées, squelette très-développé ; pelage d'un bai cerise clair.
En somme, cette race est plus travailleuse et moins réfraclairc
à l'engraissement. Quoique ces Bœufs aient beaucoup de
siiuelette, ils sont cependant très-fournis en chair; aussi
sont-ils plus estimés pour la boucherie. C'est, du reste, cette
race qui sert en partie à approvisionner le marché de Constan-
tinople, à raison de ce que ses sujets présentent aux boucliers
de cette capitale plus de rendement que les mêmes animaux
des autres contrées de l'empire.
La Turquie d'Asie ou Analolie possède aussi un très-grand
nombre de Bœufs, qui paraissent, pour ainsi dire, s'être
jbrmés sur les nujntagnes ; aussi constituent-ils une race bien
caractérisée. Ils se distinguent par une taille très-petite, un
poil à peu près uniforme, c'est-à-dire d'un gris sale, jauncàtre ;
le corps très-court, la tête moins large, les yeux tout à la fois
vifs et doux ; cependant (|uelques-uns sont farouches et dan-
gereux. Les cornes de cette race sont minces, blanches el
contournées en forme de croissant, les oreilles petites et gar-
nies de longs poils ; les jambes courtes, près de terre, le ventre
peu volumineux, et le squelette petit. Ces Bœufs, plus forts
que vigoureux, sont lents au travail, cependant la })luitart
sont employés aux travaux de l'agriculture. Sous le rapi)ort
de la consommation, ces animaux constituent de très-mau-
vaises bêles de boucherie, dont l'une, en général, ne pèse pas
au delà de 200 à 800 kilogrammes. Cette race dégénère de
plus en plus en raison du peu de soins et du peu de bonne
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX UTILES BE LA TURQUIE. ^iiH
nouri'iliire qu'on lui donne. GepenJanl on ne peut nier (|ue le
;>()! de rAnatolic ne soit ferlile ; mais cela ne suffît pas, les
bras manquent pour le rendre productif.
Les Vaches de la l^ioumélie et de l'Anatolie présentent, à
l»eu de chose près, les mêmes caractères que les mâles, saul'la
taille, qui est heaucoup plus petite encore. Elles ont généra-
lement une poitrine étroite et peu profonde ; les cuisses minces,
les reins courts, la croupe resserrée ; le ventre petit, le bassin
étroit, ainsi que les flancs ; la queue grosse, la peau épaisse,
sèche et adhérente ; les niaraelles très-peu développées,
recouvertes de longs poils rudes et épais ; les trayons fort peu
développés, n'existant qu'au nombre de trois le plus souvent,
les mammaires sous-abdominales n'existant, pour ainsi dire,
qu'à l'étal rudimentaire. Les meilleures Vaches ne donneni,
en moyenne, que /i à 5 litres de lait. Ce sont donc de très-
mauvaises laitières, qui, de plus, ont l'inconvénient de faire
de très-petits veaux; lesquels, par un usage absurde, sont
nom'ris pendant cinq ou six mois avec le lait de la mère, et
cela sous le prétexte qu'en éloignant le veau, le lait de la mère
se tarit immédiatement.
En Valachic, au contraire, les Vaches se rapprochent beau-
coup de la race allemande et de la hongroise ; aussi sont-elles
très-productives en lait.
Aux environs de Constantinople et sur les bords de la mei',
on élève sur une très-grande échelle le Bulfle pour le service
des transports, et sa femelle pour le lait. C'est un animal
d'une éducation et d'un entretien faciles ] il est extrêmement
sobre, et peu délicat sur le choix de la nourriture, qu'il trouve
généralement dans les marais où il vit les deux tiers de l'année;
et en hiver, à l'étable, de la paille hachée et très-peu de son
suffisent à son entretien.
Les Bulïlesses ont, comme on le sait, un lait très-gras et
très-abondant, aussi les laitiers Tachètent-ils de préférence à
celui de Vache, qui est naturellement très-pauvre et contient
par conséquent très-peu de caséum et de matière butyreuse;
tandis ((ue le contraire existe dans le lait de Bulllesse, lequel
peut supporter en eau un poids égala celui du lait, cà tel
bhk SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂÏION.
point qu'à un lilrc de ce lait on peut ajouter un litre d'eau.
Delà une iVaude facile, el, par suite, un plus grand bénéfice
pour les laitiers.
Quant aux jeunes lîulfles, ils sont généralement livrés à la
boucherie, quoicjue cette viande soil moins estimée que celle
du veau.
En définitive, le Bufile, étant un animal très-docile et l'acile
à gouverner, rend de très-grands services.
Pour ce qui est des moyens propres à améliorer l'espèce
bovine en Orient, ils ne manqueraient pas, pour peu (|ue
l'administration voulût venir en aide aux cultivateurs en gé-
néral, soit en les stimulant par des récompenses, soit en leur
facilitant les communications.
Ainsi que nous venons de le signaler, la première cause de
la dégénérescence de l'espèce bovine en Orient, c'est l'igno-
rance en agriculture. La preuve, c'est (ju'on n'y sait pas même
utiliser les belles prairies naturelles qui s'y trouvent en grand
nombre, en fauchant assez de fourrage pour nourrir les bes-
tiaux à l'élable au moins pendant l'hiver, et par suite ces
pauvres animaux sont réduits à chercher continuellement leur
ptàture dehors, n'importe par quel temps, ce qui inq)lique
pour eux les plus grandes privations. La seconde cause, qui
est la conséquence de la première, c'est la parcimonie avec
laquelle les animaux sont nourris. Bien que le climat influe
beaucoup sur les animaux en général, il faut cependant les
nourrir convenablement, et surtout l'espèce bovine, si l'on
veut obtenir de bonnes et belles races. Toutefois cette règle
n'est pas absolue, car les plus beaux chevaux arabes naissent
dans des contrées où il existe très-peu de culture, et les mou-
tons qui fournissent la laine la plus line sont généralement
ceux qui pâturent sur un sol presque aride. Ce qui prouve
que tout est relatif.
Comme il est en quelque sorte prouvé par quelques infruc-
tueux essais qu'il est fort diflîcile, si ce n'est impossible, de
modifier les races qui existent en ce moment en Orient, par
de simples appareillements, il ne faudrait pas hésiter à recou-
rir à un sang étranger; d'autant plus que ce système de
Ci-oisemeni a parfaitement réussi en Hongrlr, et pîi Bussîe, où
naguère les races laissaient beaucoup à désirer. En effet, les
éleveurs intelligents de ces deux contrées sont parvenus H
faire produire aux Vaches ainsi modifiées jusqu'à 15 litres de
lait, et à donner aux Bœufs anoblis par les mêmes procédés
un état d'engraissement semblable pour le rendement à notre
race duCotentin. Ainsi, par un croisement léger, bien conçu,
on agirait fructueusement pour l'anoblissement des races
orientales, qui sont, en quelque sorte, dépourvues de carac-
tères de races distinctes, en ayant soin, bien entendu, de
prendre en considération le climat, le sol et la nourriture;
d'autant plus que ces races, dont l'origine est ancienne, sub-
sistent sous l'influence de circonstances locales.
A ce point de vue, la race qu'il conviendrait le mieux d'in-
troduire, il semble, serait celle de la ^Crimée; d'autant plus
qu'elle-même s'est améliorée par le croisement de la race
allemande ; ajoutez à cela que ces animaux, par leurs carac-
tères physiques, se rapprochent beaucoup de la race orien-
tale. Tout semble contribuer à faire donner la préférence à ce
croisement : non-seulement les frais d'introduction seraient
minimes; mais, qui mieux est, il suffirait de quelques perfec-
tionnements de procédés agricoles peu coûteux pour obtenir
de bons résultats, par cela même que le type améliorateur que
l'on introduirait, serait en harmonie avec les circonstances
naturelles et artificielles de la localité. Ce croisement paraît
d'autant plus rationnel, qu'il favoriserait nécessairement la
race indigène plus que la race étrangère importée, et que,
par suite, on éviteraitleretour vers la première en modifiant
très-faiblement le régime.
Il est nécessaire de le préciser, ce mode d'amélioration
semble moins chanceux que de chercher à améliorer ces races
par elles-mêmes, ce qui d'ailleurs serait beaucoup trop long.
2" Les Moutons, qui forment deux types bien distincts, soit
la race dite Kivirdjik, ou Mouton à queue mince, et celle dite
Caraman, ou Mouton à grosse queue. Ce dernier type n'existe
qu'en Anatolie. Du reste, ces deux types sont d'une taille assez
élevée, trapus, hauts sur pattes; ils ont le dos large, la face
T. X. — Septembre 1863. 35
5/i6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION.
busquée, les cornes épaisses, très-longues et contournées en
spirale, et leurs béliers ont les testicules gros et pendants.
Leur laine est tantôt frisée, tantôt lisse, d'une toison tassée et
grossière.
Ces deux races sont propres à la boucherie , cependant la
chair des Moutons dits Caramans n'est appréciée à Constanti-
nople, pour ainsi dire, que par les Turcs. Les autres habitants
n'en mangent presque pas, à raison de son odeur forte, (jui
se rapproche beaucoup do celle du bouc.
Ces Moulons prospèrent, quoique leur nourriture ne soit
pas très-abondante ; ils s'engraissent surtout avec une très-
o-rande facilité. Chez les Moutons Caramans, la queue semble
absorber une grande partie de la graisse dont on se sert pour
les apprêts, car cet organe pèse jusqu'à h et 5 kilogrammes.
Ces deux races possèdent un tempérament rustique et une
santé robuste. Par cela même qu'elles sont primitives, elles
seraient susceptibles de grandes améliorations au moyen de
l'introduction d'un sang plus pur, lequel donnerait à la laine
plus d'homogénéité, plus de finesse et surtout plus d'élasticité.
Par exemple, en croisant les brebis indigènes avec des béliers
mérinos, on obtiendrait, ce semble, de grands résultats. Mais,
avant de parvenir h ce but, on aurait à combattre un grand
nombre de préjugés fort accrédités parmi les éleveurs orien-
taux.
3° Les Porcs, dont le type sauvage se rapproche beaucoup
du sangher. Les caractères distinctifs de ces cochons sont un
poil noir et roide, le cou très-court, le corps ramassé, la tête
pointue, les oreilles étroites et droites, la taille peu élevée et
les pattes minces.
Ces animaux, qui vivent presque tous en troupeaux, au
milieu des bois où ils trouvent leur nourriture, prennent très-
peu de graisse; c'est à cause de cela que leur poids n'excède
jamais plus de iOO kilogrammes et que leur chair est peu
délicate.
h" Les Chèvres, qui sont très-communes en Orient, tant en
Rouméhe qu'en Analolie, sont à l'étal de troupeaux; leur
taille n'est pas très-élevée; toutes sont à longs poils rugueux
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX UTILES DE LA TURQUIE. 547
non frisés, lesquels recouvrent en partie les jambes ; la couleur
dominante est le marron Ibncé ; toutes ont des cornes très-
longues et droites. Sur les montagnes de l'Asie, ces animaux
vivent presque à l'état sauvage, car ils ne sont rentrés dans
les villages que lorsque le sol est couvert do neige. Comme
en général les Chèvres donnent très-peu de lait, on n'entre-
tient de si grands troupeaux que pour les besoins de la bou-
cherie ; car c'est une viande que l'on consomme beaucoup
dans les campagnes et même dans les villes, d'autant plus que
le gûùt n'en est pas sauvage. Et quant aux Chevreaux, ils sont
très-recherchés pour la consommation générale, surtout en
avril et mai.
Ainsi que notre Société le sait, puisqu'elle la propage avec
succès, il existe en Orient une autre variété de Chèvre : c'est
celle d'Angora. Originaire de l'Asie Mineure , elle s'y est mul-
tipliée par troupeaux assez considérables, surtout à Angora,
Tocat et Sinope. Mais, soit négligence des bergers, soit insou-
ciance de la part des propriétaires, celte espèce ne s'est pas
propagée dans le reste de l'Anatolie; et si l'on en rencontre
quelques-unes dans quelques rares localités, ce n'est, pour
ainsi dire, qu'à l'état de croisement. Il est vrai que ces ani-
maux ne trouvent pas partout , en quantité suffisante et en
bonne qualité, la nourriture qui leur est propre, comme le
rhododendron, le noyer sauvage et le chêne vert.
Cette race, qui rapporte beaucoup au propriétaire, est par
cela même assez bien soignée ; aussi est-elle en général plus
développée que la précédente. Elle est surtout remarquable
par sa toison épaisse, fourrée, formée de longs poils frisés,
fins, soyeux, élastiques, d'une couleur blanche éclatante, à
l'exception de quelques sujets dont la toison est d'un noir
éclatant et se vend très-cher à cause de sa rareté. Une partie
de ces poils, du nom de tiftik, sert, en Asie, à faire la
fabrication des châles et des tapis, qui sont, comme on le sait
très-recherchés ; et le reste est expédié en Angleterre.
Je prendrai aussi la liberté de signaler à l'attention de notre
Société que les Chèvres d'Angora sont plus délicates que les
autres, et que, pour cette raison, les éleveurs les abritent pen-
5/i8 SOCIÉTÉ ÎMPÉRÎALR ÏOOlOCAQim n'ACCLIMÂTÂTÎOtV.
dant les temps de pluie et de neige ; ce qui n'est pas du tout prâ-
tique pour la race ordinaire. Afin d'obtenir sûrement de bons
sujets à peaux souples et à poils soyeux, les éleveurs de cette
race précieuse laissent les Chevreaux absorber tout le lait des
mères. Et afin de conserver à la race les mêmes conditions,
lorsque ces Chèvres à l'âge de cinq ans environ produisent
des poils plus rudes et moins éclatants , se rapprochant en quel-
que sorte de ceux des Chèvres ordinaires, ils les engraissent
pour la boucherie, qui tire bon parti de leur chair très-blanche
et aussi bonne que celle du mouton de qualité supérieure.
5" Les races chevalines, qui intéressent à un si haut point
les éleveurs intelligents de tous les pays.
Sous le rapport du climat, des influences atmosphériques,
de l'air que respirent les animaux en général, l'Orient peut
être considéré, ajuste raison, comme le berceau du Cheval.
En effet, c'est dans ces contrées que l'on rencontre le type
de ce Cheval qui effleurait de ses pieds les gazons fleuris de
l'Eden; race qui s'est conservée avec tous ses caractères
de pureté et de noblesse, depuis un temps immémorial jusqu'à
nos jours.
La race orientale est pour ainsi dire un type éternel. Pro-
duit d'une race primitive suivant les uns, et importé suivant
les autres, ce sera toujours le type recherché, lorsqu'il s'agira
d'améliorer les autres races, et cela dans toutes les conditions
possibles.
La première de ces contrées, si renommées pour leurs
belles races chevalines, est l'Arabie hippique, qui s'étend
depuis la Syrie jusqu'à la mer Rouge : c'est cette étendue de
terrain qui a donné naissance à des types de complexions, de
qualités et de mouvements essentiellement différents les uns
des autres et selon la topographie des localités, mais toujours
d'une manière supérieure. Yoici relativement les caractères
dislinctifs de ces superbes et excellents coursiers, qui sont
d'une vigueur de sang et d'une énergie remarquables : taille
moyenne l"',/iO à 1"',50; robe dominante gris clair; tête
petite, carrée; yeux grands et expressifs; oreilles courtes,
bout du nez mince ; naseaux petits et très-dilatés pendant
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX UTILES DE LA TURQUIE. 549
l'exercice, à tel point que les Arabes disent qu'i-l en sort du
feu. D'ailleurs cette race d'élite est tellement appréciée par
tous, que la plupart de ses produits sont achetés journelle-
ment comme reproducteurs pour l'Occident.
Les Chevaux du Diarbékir et de Bagdad, qui comprennent
aussi ceux de Mossoul et de Bassora, sont plus grands et plus
élancés que les précédents, tout en ayant un grand cachet de
pureté et de race. Leur taille est de l'",/i5 à 1"',55, et leur
conformation offre quelque ressemblance avec les Chevaux
persans, mais elle est plus soutenue ; car ce dernier est, en
général, haut perché et grêle démembres, ce qui est racheté,
il est vrai, par beaucoup de sang et de vigueur, et le rappro-
che, entre tous les Chevaux d'Orient, le plus du type anglais.
En définitive, quoique le Cheval du Diarbékir ait la tête et les
reins plus longs que le Cheval de Syrie, il n'en constitue pas
moins une bonne race ayant beaucoup de distinction.
Comme plus amples informations, il est bien de dire qu'à
Bassora et à Mossoul les Arabes vendent beaucoup de jeunes
poulains aux Anglais, qui les embarquent et les conduisent aux
Indes. C'est pourquoi les éleveurs de ces localités se sont
appliqués à créer une race particulière se rapprochant beau-
coup du Cheval anglais pur sang. Ainsi l'encolure, au lieu
d'être courte et ramassée, comme cela existe ordinairement
chez le Cheval arabe, est au contraire mince, fine et dégagée ;
et la taille, qui est plus élevée, les rend plus élancés.
Les Chevaux du Kurdistan (Mossoul et les environs de
Bagdad) sont moins purs de sang que les précédents. Ces ani-
maux, qui ont les formes plus lourdes et manquent de dis-
tinction, sont très-robustes, très-énergiques, et peuvent, par
conséquent, supporter les plus grandes fatigues. Les carac-
tères distinctifs de cette race sont les suivants : tète forte,
chargée de ganache; encolure courte et épaisse; membres
forts et osseux; taille de l"',/iO à l"',/i5. En un mot, ce sont
des animaux près de terre, et peu employés comme repro-
ducteurs à raison de leur peu de distinction.
Les chevaux nés dans les pachahks de Sivas et de Cara-
manie, aux environs d'Amasia, Tocat et Angora, pays mon-
Ô60 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
lagneiix , l'ornient un type d'une nature très -rustique. Ces
animaux, qui généralement sont pelilsde taille, l"',35àl"',/i5,
sont d'excellents chevaux de guerre, de commerce et de plai-
sir. Ce sont ces mêmes chevaux, produits d'un croisement de
Chevaux arabes avec des juments du pays, qui, conduits à
Conslantinople, sont employés à toute espèce de service, et
qui pendant la guerre de Crimée ont servi à remonter les ca-
valeries française, anglaise et sarde.
En terminant cette revue de l'espèce chevaline orientale, je
prendrai la liberté de répéter qu'en général le Cheval d'Orient
est d'une sobriété, d'une douceur et d'une durée extraordi-
naires : aussi voit-on un grand nombre de Chevaux aral»es
parvenir à l'âge de vingt-cinq à trente ans; ce qui fait dire
de ce cheval d'élite qu'il meurt âgé, mais non vieux. Quant
aux «jualités intellectuelles du Cheval arabe, elles sont si dé-
veloppées, qu'il fait, en quelque sorte, partie de la l'amiUe
arabe : vivant sous la tente, il est d'une douceur et d'une
docilité telles, qu'il est rare de rencontrer en Orient ce ({u'on
appelle un Cheval méchant et rétif.
Par-dessus tout, le Cheval arabe est le seul régénérateur au
point de vue de la conservation cl de l'amélioration des races,
malgré la petitesse de sa taille, qui, somme toute, est plus
apparente que réehe ; car, comme on le dit, ajuste raison,
ce cheval grandit en action.
Relativement à la reproduction en elle-même, il suffît de
donner au Cheval arabe des juments de taille élevée, à bassin
bien développé, pour que le produit qui en résulte soit d'une
taille très-élevée. En effet, c'est ce qui peut être observé chez
les Chevaux persans, qui sont d'origine arabe, mais dont la
race, d'une taille plus élevée, a été constituée au moyen d'un
croisement raisonné avec des juments plus développées et plus
grandes que les juments arabes.
Pour ce qui est des Chevaux caucasiens, dont la supériorité
a été proclamée par quelques auteurs, d'ailleurs très-érudits
et très-expérimentés, je pense être dans le vrai en disant qu'on
s'est exagéré de beaucoup les qualités de cette race au point
de vue de la reproduction. S'il faut s'en rapporter à l'opinion
ANIMAUX Eï VÉGÉTAUX UTILES DE LA TURQUIE. 551
générale des éleveurs d'Asie, la race caucasienne n'est pas un
type supérieur de race chevaline, comme le pensent et l'ont écrit
ces auteurs. Elle n'est pas non plus ce qu'on doit appeler une
race arabe pure, car elle provient et est aujourd'hui le résultat
d'un croisement. Ainsi le Cheval de la Circassie et de la Géor-
gie , si vanté dans les temps les plus reculés, n'existe plus
qu'à l'état de souvenir; et sans être taxé d'ignorance, on peut
affirmer qu'aujourd'hui il n'existe pas dans ces contrées ce
qu'on doit qualifier du nom de Cheval arabe, mais bien un
type particulier vivant à l'état sauvage, la plupart des indi-
vidus, en pleine liberté, exposés aux alternatives de la chaleur
et du froid, et se reproduisant entre eux.
Cette race est sobre, rustique et robuste, susceptible de
supporter de très-grandes fatigues, excellente comme cheval
de guerre, mais impropre à la reproduction comme type régé-
nérateur sous le rapport du sang et de la noblesse. Comme
preuve de ce qui vient d'être dit, il n'est besoin que de con-
stater que les propriétaires de haras en Crimée, en Russie et
au Caucase envoient chaque année en Arabie et en Syrie des
personnes compétentes pour acheter des étalons arabes devant
servir de reproducteurs dans leurs établissements, et ce sont
en effet des Chevaux arabes avec des juments de Russie qui
donnent naissance à la plupart de ces Chevaux russes (genre car-
rossier) qui garnissent les écuries du sultan et des pachas.
C'est ce qu'on peut aussi vérifier dans l'ancien haras Orlof,
aujourd'hui propriété du gouvernement russe, où les repro-
ducteurs sont des Chevaux arabes, ainsi que dans l'étabhsse-
inent du prince Sangusko et dans celui du comte Rranicky.
En vérité, il est impossible de ne pas partager cette opinion,
lorsqu'on voit une commission russe, composée d'un colonel
et de trois autres officiers, visiter toutes les écuries de Con-
stantinople pour acheter des étalons arabes pur sang, et puis
se diriger vers la Syrie etl'Égyple.
En conséquence de ce qui précède, il doit être permis de
croire que, si la race caucasienne était aussi recherchée qu'on
l'a dit, le gouvernement russe n'enverrait pas chercher des
chevaux aussi loin, lorsqu'il pourrait se les procurer dans son
552 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
propre pays. A l'appui de cette opinion, qu'il me soit encore
permis fl'ajouter que, depuis plus de deux ans, le gouverne-
ment français l'ait acheter à Constanlinople même, par les
soins d'une conunission militaire, composée des officiers in-
structeurs en mission, des reproducteurs (chevaux et juments)
pour les haras de l'Aigcrie. Ce qui est, il faut le dire, de très-
bon augure pour l'amélioration de nos races africaines.
Afin de ne rien omettre de ce qui a rapport à la question
chevaline, je prendrai la liberté de soumettre à l'appréciation
des personnes compétentes en pareille matière une question
phvsiologique, qui m'a paru avoir une certaine importance.
Il s'agit des aliments que l'on donne en Turquie aux Chevaux
de préférence à toute autre nourriture, soit Forge et la paille
qui sort brisée et coupée, voire même hachée, du battage que
l'on exécute au moyen du denver, espèce de herse à dents de
silex très-rapprochées les unes des autres, et cela pendant
toute l'année, excepté au printemps pendant un mois environ,
les Turcs ayant l'habitude de laire manger du vert à leurs
chevaux chai[ue année. Cette manière de nourrir les chevaux
est d'autant plus critiquée par les Occidentaux, qu'elle diflère,
sous tous les rapports, de leurs habitudes ; cependant comme
il existe toujours une raison d'être, militant en faveur des
coutumes locales, j'ai dû prendre des renseignements minu-
tieux à ce sujet, et il est résulté de ces recherches que l'orge
est considérée par les éleveurs intelligents de ces contrées
comme étant foncièrement préférable à l'avoine, qui est par
trop stimulante sans être aussi nourrissante, et que la paille,
qui acquiert en tas, suivant eux, certaines bonnes qualités,
vaut mieux que le foin. Il paraîtrait, en effet, que l'orge con-
vient mieux, sous ce climat, que l'avoine; et, quant à la paille,
qui doit devenir plus digestible par suite de la fermentation
qui peut se produire en raison de ce qu'elle est hachée menue
et entassée dans des magasins au rez-de-chaussée, elle est en
quelque sorte préférable à la plupart des fourrages de ces con-
trées, qui, faute de culture, ne sont composés en grande
partie que de joncs, de laîches, et par-dessus tout de prêles.
0" Les oiseaux domestiques, tels que les Poules, les Din-
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX UTILES DE LA TURQUIE. 553
dons el les Pigeons, qui abondent en Turquie ; et les Oies et
les Canards, de la famille des palmipèdes. Ces espèces ne dif-
fèrent pas, pour ainsi dire, de celles de l'Occident : c'est
pourquoi il ne sera question dans cette notice que de la pre-
mière, celle (jui est la plus nombreuse dans ces contrées, et
qui est la plus utile à l'homme dans tous les pays.
Les Poules, en Orient, n'offrent rien de remarquable, du
moins la race ordinaire, sous le rapport de la distinction.
Mais, pour ce qui est de leur utilité, je puis dire qu'elles ne
sont pas, en général, inférieures à celles de l'Occident ; car,
outre que leur élevage est facile, elles sont bonnes pondeuses,
puisque leur ponte va jusqu'cà deux cents œufs par an, et leur
chair est fine et délicate.
Par le chaponnage on obtient de très-bons produits ; mais
cette opération n'est pratiquée que dans quelques villages de
la Roumélie.
Au nombre des diverses variétés de Poules qui peuplent
les campagnes de la Turquie, il en existe une originaire de
l'Egypte, qui est remarquable par sa couleur toujours noire.
De plus, cette variété a la tète garnie d'une huppe qui recou-
vre les yeux, et, par contre, elle est complètement dépourvue
de queue. Ces Poules, qui sont de bonnes pondeuses, produi-
sent des œufs d'une grosseur remarquable.
En Analolie, entre Samsoun, Sinope et Trébizonde, on
rencontre une variété se rapprochant beaucoup de celle de
Demili, si ce n'est pas la même, qui est d'une taille fort peu
élevée, et dont les pattes et les cuisses sont très-longues et
très-vigoureuses, comparativement au reste du corps, qui est
fort peu volumineux. Ces Poules ne sont pas aussi bonnes
pondeuses que les précédentes, car leur ponte n'est que d'en-
viron quarante œufs par an ; mais ces œufs, d'une teinte jau-
nâtre, sont très -volumineux. Bien que cette variété soit
susceptible de fournir d'excellents chapons, puisque la chair
à l'état normal est d'un goût exquis, je ne crois pas devoir la
recommander aux éleveurs, vu qu'il n'est possible de sauver
d'une couvée que quelques poussins, à raison de ce qu'ils sont
par trop impressionnables aux intempéries.
654 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLUGKjUE d'AGCLIMATATION.
Je signalerai à ratlenlion de noire Société, d'une manière
générale, que les bons éleveurs de ces contrées ont l'habitude
de mettre et de laisser pendant une demi-heure dans de l'eau
_très-froide les œufs qu'ils veulent faire couver, et cela afin
d'obtenir que ces œufs éclosent tous à la fois. Ce qui préserve
les poussins, les premiers venus, d'être écrasés par les mères,
et les œufs en retard d'être abandonnés.
Quant au gibier, tant ailé que quadrupède, comme il est à
peu près le même qu'en France, je crois inutile d'en parler.
1" Les animaux aquatiques qui peuplent les rivières et les
lacs de la Turquie.
Ces variétés, telles que la Truite, le Brochet, la Carpe, etc.,
sont tout à fait conformes à celles de la France. C'est pourquoi
je me bornerai à mentionner un seul poisson, que l'on pêche
en très-grande quantité dans le lac Apollonia, en Anatolie, et
qui pourrait peut-être, s'il était introduit en France, dans les
lacs, les rivières et les fleuves sablonneux , renq^lir relative-
ment le but principal de notre Société d'acclimatation : la vie
à bon marché pour tous.
Ce poisson, que les Turcs appellent laïan-Balouk, poisson
rampant, parce qu'il se tient presque continuellement au fond
de l'eau, sur le sable où il dépose ses œufs au milieu des
joncs, est, suivant le dire des pêcheurs du lac Apollonia, Car-
nivore et herbivore ; mais s'il faut ajouter foi à un fait que
l'on attribue, dans le pays, à l'un de ces poissons, il paraît
être plutôt Carnivore. Voici ce fait, qui est assez intéressant :
Un canard cherchait à se dégager des serres d'un oiseau de
proie qui s'efforçait en vain de l'enlever; en battant l'eau de
ses ailes, il attira un de ces gros poissons qui avala canard et
faucon à la suite l'un de l'autre. Ceci prouverait, en effet, que
ce poisson est chasseur, et par conséquent plutôt Carnivore.
Cependant on trouve généralement peu de j)oissons dans son
intérieur. Quoi qu'il en soit, il pourrait peut-être remplacer
avantageusement le Brochet dans certaines eaux ; vu que, d'un
côté, il parait détruire relativement moins de poissons que ce
dernier, et que, de l'autre, Userait d'un engraissement plus
facile. En effet, ce poisson, qui parvient, suivant ce qui m'a été
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX UTILES DE LA TUROUIE. 555
assuré par les pêcheurs d'Apollonia, à la dimension de 55 cen-
timèlres et pèse à un an 1250 grammes, atteint à l'âge de dix
ans une longueur de 2 mètres environ, et son poids est d'en-
viron 100 kilogrammes (1). Ainsi ce poisson sans écailles, qui
est on ne peut plus charnu et qui a le goût du poulet dans sa
jeunesse et celui du porc frais dans l'âge avancé , serait plus
avantageux à l'élevage que le Brochet. Dans le cas où notre
Société désirerait acclimater ce poisson, appelé, en allemand
We/s , en roumain Somn, et qui n'est autre que le Siiurus
(/lanis des ichthyologistes , les progrès de la pisciculture la
mettraient à même aujourd'hui de faire cet essai avec infini-
ment plus de facihté que lorsque l'honorahle M. Valenciennes
a tenté de le faire en 1851, au moyen de Silures rapportés
vivants des eaux douces de l'Allemagne. En effet, le frai dont
elle se servirait, sans doute, réunirait à la facilité du transport
la sécurité de l'opération.
Comme ces études sont purement pratiques, je crois pou-
voir me dispenser d'analyser anatomiquement cette variété
dont la natation est des plus magistrales, d'autant plus que le
dessin que notre Société daignera agréer comme un hommage
de dévouement de son délégué à Constantinople, représente
très-exactement l'un de ces poissons à l'âge d'un an. Toutefois
j'ajouterai que l'épine dorsale de ce poisson a un rang d'arêtes
de chaque côté, qui se prolongent presque à angle droit, et
que ses dents, qui sont assez fines et très-pointues, sont dis-
posées en échiquier sur six rangs. En dehors de la carcasse,
aucune arête ne se trouve dans la chair.
Quant aux poissons de mer, je n'en parlerai pas, vu qu'on
trouve sur les côtes de la France, non-seulement les mêmes
variétés que celles qui existent dans les eaux qui haignent la
Turquie , mais encore d'autres espèces plus avantageuses
sous tous les rapports.
(La suite au procliain ^lunuro.)
(1) N'ayant vu par moi - même avicuh de ces poissons (^passant l^jBO do
longueur et pesant au delà de 30 à /|0 kilogrammes, j'ai arbitré la longueur
à 2 mètres environ et le poids à 100 kilogrammes environ seulement, quoique
les pêcheurs m'aient assuré en a^ oir pris de la longueur de li mètres et du
poids de 220 kilogrammes ; ce qui m'a paru exagéré.
NOTE
SUR LA PISCICULTURE EN CHINE
Par II. P. DABRY.
(Séance du 28 août 1863.)
Les poissons fraient au printemps, du 5 mai au 1" juin.
Chaque espèce a son trou pour y déposer ses œufs. Ces trous va-
rient de forme et de largeur : on entrouve depuis 1'", (37 jusqu'à
6"',(v au-dessous delà surface de l'eau. Pour les reconnaître,
une classe de pêcheurs (i)7e-?/?/-//y-7Ï;?, hommes qui touchent le
poisson) plongent et cherchent avec la main les endroits dans
lesquels se développe un peu de chaleur. Lorsque cet endroit
est trouvé, au moyen d'un petit lilet à mailles très-serrées et
terminé par un cercle de bamhou, ils prennent le frai, qu'un
aide ramène à la surface, en tirant une corde attachée au
filet. Le frai de plusieurs poissons est facile à distinguer et à
reconnaître. Il en est d'autres, tels que Hoiianij-yu, Kan-iju,
Ky-yu, Yourj-yi(, Tsin-yu, auxquels on ne peut donner de
nom, si le poisson n'a pas atteint une certaine dimension.
Lorsque le frai a été extrait de l'eau, on se hâte de le
mettre dans des cuviers que l'on couvre d'une toile légère.
Ces cuviers doivent être remplis aux trois quarts d'eau, qui
est changée trois fois par jour, le matin, à midi et le soir.
Lorsque cette opération a lieu, on se sert d'une gaze très-fine,
pour empêcher les petits poissons de s'échapper du vase.
Éviter l'exposition au soleil. Ne point remuer le cuvier.
Avoir soin d'enlever les poissons aussitôt qu'ils ne sont plus
vivants.
La nourriture journalière se compose d'un jaune d'œuf
cuit et rompu en morceaux. Les pécheurs reconmiandent
également de ne pas laisser le cuvier dehors par les temps
d'orage ou de grande pluie.
Le poisson peut être conservé de cette manière deux ou
trois mois.
èvv, î„\ pisctnn.Ti'RR E^• chine, 557
Lorsqu'on vput empoissonner unr pièw d'eau, un n'a qu'a
déposer les peliis poissons au milieu des iierbes, ou même les
jeter au milieu de l'eau sans aucune précaution. Le frai de
chaque espèce de poisson émigré, sous la conduite de la mère,
qui n'abandonne les petits que lorsqu'ils sont déjà assez gros.
Le frai de Kia-xju (Poisson domestique) n'émigre pas.
Note sur les Poissons du Yang-tsee-kiang.
m
\ . Nieu-Yu (Poisson glutineux), ou Y-gu (Poisson à la tête
plate).
Tète plate, bouche bien fendue, pourvue de dents; bar-
bes; dos noirâtre, ventre blanc jaunâtre ; sans écailles, tout le
corps glutineux. Se nourrit de larves, de mollusques, d'insectes
et d'herbes ; vit en troupes, nocturne. Grande espèce, acquiert
plus de 5 pieds de longueur, pèse quelquefois jusqu'à
ZiO livres. Il fraie au printemps. Se trouve toute l'année dans
le fleuve et dans les lacs ; au printemps, sa pêche est plus
abondante. 11 se tient à la surface de l'eau. Chair excellente.
La tête est couverte d'une matière gluante que les Chinois
recherchent beaucoup. Le sexe se reconnaît au ventre, qui
est plus petit chez le mâle.
2. Yojig-gu (gros Poisson), ou Lien-tsee-gu (dont le frai
n'émigre pas), ou Pung-teou-gu (tête grasse), ou K'iu-gu
(Poisson domestique).
Grosse tête, bouche ronde, quelques dents; ouïes rou-
geâtres, corsage rougeâtre (sur le dos), ventre grisâtre et
convexe , écailles très-petites ; nageoires rougeâtres étroites,
queue comme celle de Lg-gu. Se nourrit de petits poissons
et d'insectes, vit en troupes, fraie au printemps; nocturne.
Se trouve en grande abondance l'hiver : à cette époque de
l'année, se lient à la surface de l'eau. L'été, il vit au fond de
l'eau. Grande espèce, son poids dépasse 50 livres. Chair très-
bonne. La tête est trop grasse.
3. Lg-iju (Poisson aux écailles rangées), Pien-hoa-yu ou
Pien-long-yu (Poisson qui peut se changer en dragon).
558 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLGGIQUE D ACCLIMATATION.
Bouche ronde, dépourvue de dents : corsage jaunâtre, ventre
blanc, queue rougeâtre et divisée; écailles nombreuses et
alignées, trente sur chaque rang. Vit d'insectes, de vers et
d'herbes. Le mâle se reconnaît par le ventre, qui est plus
petit, et par les yeux, de couleur rouge. La femelle a les yeux
blancs. Vit isolé, nocturne. Quand le temps est chaud, aime
la surface de l'eau, aime également le vent. Quelquefois
dépose son frai sur le rivage. Abondant toute l'année. Chair
bonne, mais remplie d'arêtes. Atteint une grande dimension.
/i. Hiiin-yu (Poisson long), Hiun-houang-yv (Poisson
long, jaune).
Tète allongée, bouche en dessous et un peu en arrière de
la partie antérieure de la tête, pourvue de dents; corsage jau-
nâtre, taclieté de bleu sur le dos. Nage toujours à la surface
du courant, le dos en dessous. Queue comme Ly-yu, sans
écailles. Les taches imitent les écailles. Se nourrit de poissons,
mange également les chairs de toutes espèces d'animaux;
n'attaque pas l'homme. Vit isolé, nocturne. Très-grande
espèce, son poids peut atteindre 'JOO livres. Fraie dans la
partie du fleuve où le courant est le plus fort. On peut le
pécher toute l'année, ne se prend qu'à l'hameçon. Émigré,
va jusqu'à la mer. Chair excellente, est le même que Hoiiam/-
yif, seulement plus petit. Ne se trouve que dans les lacs.
5. Hoên-yu (Poisson lent), ou Kouan-yu (Poisson lent),
Tsao-yu (Poisson herbe).
Tête allongée, bouche ronde, dépourvue de dents; ventre
gros, nageoires petites; écailles; corsage jaune, rougeâtre,
ventre plus blanc. Se nourrit de mollusques, de larves, et
principalement d'herbes aquatiques qu'il trouve dans le
fleuve, d'où lui est venu le nom de Poisson herbe. Vit isolé,
n'est pas nocturne, nage lentement. Se trouve en abondance
dans les lacs et les rivières. Grande espèce, son poids dépasse
"25 livres. Chair peu estimée, goût un peu fort.
6. J.sm-y?/ (Poisson bleuâtre).
Ce poisson ne diflere de Hoen-yn que par sa couleur, qui
SUR LA PISCICULTURE EN CHINE. ' 559
est bleu noirâtre; sa chair est excellente. Il atteint égale-
ment des dimensions assez considérables, pèse jusqu'à 25 ou
30 livres. Se lient au fond de l'eau, est très-abondant dans
les lacs et dans le fleuve.
7. Ou-yu, Tfice-iju (Poisson noir).
Tête plate, avec une tache blanche à la partie antérieure ;
bouche allongée, armée de dents. Se nourrit de mollusques,
de larves. Corsage noir, corps rond, os faibles. Vit isolé, noc-
turne, se tient dans la vase. Le mâle est distingué de la
femelle par la tache blanche sur la tète. Ecailles petites, queue
comme Nien-yn. Poids maximum, h livres. Chair bonne,
donne un excellent bouillon. Très-abondant.
8. Kmè-yu (Poisson fort), Ty-yu (Poisson tacheté).
Grosse tète, corps plat; corsage verdâtre, tacheté de noir;
aileron divisé par des raies, dont chacune indique le mois du
poisson. Le nombre de ces raies ne dépasse pas douze. Le
mâle est distingué de la femelle par le brillant des taches. Vit
isolé, n'est pas nocturne. Grande bouche, armée de dents ; se
nourrit de poissons. Se trouve en tout temps et partout; se
tient au fond de l'eau et quitte rarement son trou. Ecailles
petites. Ne dépasse pas 5 ou 6 livres. Chair excellente, quand
le sujet est petit. La tête n'est pas bonne. Éviter d'être piqué
par les arêtes, qui sont dangereuses.
9. Oii-yu (Vu).
10. //ôMey-?/?^ (Poisson de goût).
Tête plate, bouche en dessous de la partie antérieure de la
lêfe. Deux barbes ; pourvu de petites dents. Se nourrit de
poissons. Sans écailles ; corsage grisâtre, ventre comme Hien-
yu. Vil isolé, nocturne. Se tient au fond de l'eau. Grande
espèce, pèse jusqu'à /lO livres. Se trouve en abondance l'hiver.
Chair excellente.
11. Ky-yu (Poisson nageant ensemble), Fou^yti (id.).
Tête ronde, sans dents; corsage noirâtre. Écailles nom-
breuses, ventre allongé. Se nourrit de larves, mollusques, etc.
Ô60 soctÉTîî wpmMM 7M\Amcm t>hmA^\fk'mn>
Vit cil troupes^ iioclunie; Oiieue ooniiiM^ %-.y;^ Se fient a lit
surface de l'eau ; se pêche en tout temps et partout. Espèce
moyenne; poids maximum, 5 livres- Chair excellente.
12. Pie7i-7/u {Vo'isson\)\a\), Fan fj-yu {\â.)
Poisson plat, bouche ronde, petite tête; corps large et plat,
corsage bleu blanc; dépourvu de dents. Se nourrit de larves,
insectes, etc. Vit en troupes, nocturne. Écailles petites. Se
tient à la surface de l'eau, et saute souvent hors de l'eau.
Abondant toute l'année. Espèce moyenne, poids de 3 à /i
livres. Les pêcheurs prétendent que l'on trouve quelquefois
dans son ventre une petite perle. Chair très-bonne. Les per-
sonnes riches ne mangent que le filet, qui est excellent.
13. Koiiang-kou-yu (Poisson au ventre d'huile), Tsan-tsee-
yu (Poisson gras), Yeoii-tien-scm-yu (Poisson gras à l'huile de
lampe) .
Tête petite, corps rond, écailles petites; corsage grisâtre,
bouche ronde. Vit en troupes. Petite espèce, 3 ou h pouces
de longueur. Se tient à la surface de l'eau. Très-abondant,
chair assez mauvaise. On retire de son ventre une huile de
qualité inférieure employée par la classe pauvre.
\h. Houang-chang-yu (Poisson à la tête jaune), Ya-iju
(Poisson qui crie).
Bouche carrée, dépourvue de dents; sur la tête, deux
appendices osseux, deux barbes; sans écailles; dos bleu jau-
nâtre, tacheté de jaune ; ventre jaune. Se tient h la surface
de l'eau. Vit en troupes. N'est pas nocturne, très-abondant au
printemps. Espèce moyenne ; poids maximum, une livre à une
livre etdemie. Chair très-bonne. Est curieux par son cri qu'il
fait entendre continuellement ; lorsqu'on le sort hors de l'eau,
avant de mourir, il fait entendre le même cri, mais plus fort.
15. Che-pan-yu (Poisson de roche idid\c\(t),Siao-tsan-tsee-
yu (petit Poisson gras).
Poisson plat, long de 8 à 10 pouces, tacheté, petites écailles.
Reste à la surface de l'eau, et disparaît au moindre bruit. Chair
peu estimée.
Srn LA PISCICULTURE RN CHINE. 661
i6, Che-py-yu (Poisson qui se cache sous les pierres).
Petit poisson à dos et à ventre rougeâtres. Chair assez
bonne.
17. Cliên-yu (Poisson etTilé).
Ressemble à un serpent. Tête allongée, bouche petite,
corsage jaune noirâtre. Vit isolé, nocturne. Atteint 4 ou 5
livres. Chair bonne, les petits sont plus délicats. Ne fraie pas
comme les autres poissons; il dépose dans son iruu, au prin-
temps, une matière glulineuse qu'il sécrète, et qui se trans-
forme en Chên-yu vingt-quatre heures après. Celte matière
glulineuse peut être transportée au loin par un grand vent :
certains lacs ont été ainsi empoissonnés.
18. Pe-yii (Poisson blanc), Tslao-yn (Poisson recourbé).
Petit poisson blanc, rempli d'arèles. Chair commune.
19. Tsee-yen-yu (Poisson couleur rouge), Tcliiten-yu
(Poisson attentif).
Tête ronde, sans dents ; couleur rouge. Petite espèce. Vit
isolé à la surface de l'eau. Se trouve partout; nage lentement
et s'arrête souvent. Chair peu estimée.
20. Pao-hua-yu (Poisson changé) (1).
Tête ahongée, écaiUes nombreuses. Vil en troupes. Espèce
moyenne. Chair peu estimée.
21. Tchin-yu (Poisson aiguille).
Tête allongée, corsage blanc, écailles. Vit seul ; long de
3 à Zi pouces. Corps mince; difficile à prendre. Chair
excellente.
22. Tsicou-yu (Poisson ivre), Ny-tùeou-yu (Poisson ivre
boue).
Tête comme C/?e/i-y?/; corps allongé, sans écailles; couleur
jaune bleuâtre. Nage en ligne brisée. Vit dans la boue. Petite
espèce, /i à 5 pouces de longueur. Vil en troupes. Chair peu
estimée.
(1) La fable chinoise rapporte qu'un vieux menuisier a (-té cliangé en ce
poisson.
T. X. — Septembre 1863. 36
562 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
23. Pe-chen-yu (Poisson effilé blanc), Mocii-hj-yu (fraie
dans le trou de Ly-yu).
Ressemble beaucoup à Chên-yii, dont il diffère par le
corsage, qui est cendré, et par la lètc, qui est un peu plus
grosse. Chair bonne.
2/i. Kan-yu, Tchan-yii, Tchoii-yu (Poisson glouton),
Kovan-yu (Poisson qui ne ferme pas les yeux).
Corsage bleuâtre ; tête ronde comme Eoèn-yu^ bouche
Irès-fendue, ouïes comme Kien-yu, pourvu de dents. Se
nourrit de poissons. Ecailles blanchàlres, corps effilé. Vit
isolé, se tient au fond de l'eau ; très-abondant en tout temps.
Grande espèce; poids jusqu'à 30 livres. Chair excellente.
25. Ho-chao-pien-yu (Poisson plat, couleur de fumée
rouge).
Ressemble à Picn-yii, dont il diffère par la couleur, qui est
rougeâtre comme la fumée au moment où elle sort du four-
neau avec les étincelles. Chair excellente. Espèce moyenne ;
poids maximum, h livres. Remarquable par son aileron, qui
est très-grand et très-dur.
26. Tchouang-ho-yu (Poisson queue de feu).
Tête allongée, bouche ronde ; corsage blanc jaunâtre.
Queue rouge, nageoires noirâtres; beaucoup d'écaillés. Vit
isolé ; nocturne. Se nourrit de mollusques, larves, etc. Se
tient à la surface de l'eau. Bon à manger.
27. Yn-yu (Poisson d'argent), Tchin-tcJian~yu (reste du
manger du roi, changé en poisson).
Petit poisson, 3 à Zi pouces; corsage blanc, sans écailles;
tête plate et triangulaire; corps rond, yeux noirs. Très-
abondant. Vit au fond de l'eau par troupes; meurt aussitôt
qu'il est hors de l'eau. Chair très-délicate et irès-estimée.
28. Tao-yu (Poisson couteau).
Corsage blanc argenté; partie supérieure du dos jaune
verdàtre; lêle allongée, yeux rouges; bouche petite, ventre
aplati, en lame de couteau ; petites écailles. Se nourrit
d'herbes, vit en troupes, n'est pas nocturne ; suit le courant
SUR LA PISCICULTURE EN CHINE. 56o
de l'eau. Moyenne espèce, peut aUeindre 3 ou h livres. Chair
bonne, mais trop d'arêtes.
29. Houang-Iing-tju (Poisson aux écailles jaunes).
Corsage jaune, petites écailles, dos rond; tôte allongée et
ronde, bouche dépourvue de dents, deux barbes rouges. Se
nourrit d'herbe. Vit isolé, nocturne. Abondant en tout temps;
moyenne espèce, ne dépasse pas 3 ou 4 livres. Chair peu
estimée, se corrompt très-vite.
30. 75 m-Aeo?/-y?< (Poisson crochet bleuâtre).
Corsage bleu noirâtre, nageoires noires; tête ronde,
bouche petite, sans dents. Vit d'herbe, aime le fond de l'eau,
où il vit en troupes ; nocturne. Moyenne espèce, 3 à /i livres.
Chair bonne.
31. Kiang-chang-iju (Poisson à la tête jaune, très-gros).
Bouche comme Houey-yu, très-large, pourvue de petites
dents. Vit de poissons. Forme allongée, sans écaihes ; très-
remarquable par son cri, comme Houang-chang-yu. Se tient
à la surface de l'eau. Vit isolé; ne se trouve que dans l'été.
Espèce moyenne; poids 3 ou A livres. Chair très-estimée.
32. Che-yu (Poisson de temps).
Ainsi appelé parce qu'il arrive à une époque de l'année, en
juin, de l'embouchure du fleuve. Tète plate et large; bouche
ronde et échancrée à partie supérieure, dépourvue de dents;
corsage bleuâtre sur le dos, ventre blanc et aplati en forme
de couteau ; nageoires noiràires. Queue noire aux extrémités ;
grandes écailles. Vit isolé, n'est pas nocturne. Moyenne espèce,
5 ou 6 livres. Très-estimé, un des meilleurs poissons du
Yang-tsce-kiang.
33. Houang-yu (Poisson jaune).
Corsage jaune, dos noirâtre, ventre très-jaune; tête
allongée, semblable à celle de Huuang-chang-yu, mais plus
forte; deux membranes très-dures à la partie antérieure de
la tête ; bouche longue et armée de dents. Se nourrit de pois-
sons, mange également les cadavres. Grandes écailles; aileron
très-prononcé, noirâtre; sa queue comme celle de Hmi-
^
56â SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Ii07i(nig-yu. Vit isolé, nocturne ; aime le grand vent et le fort
courant. La plus grande espèce du fleuve. Pèse quelquefois
jusqu'à 1000 livres. Chair très-estimée, ressemble à celle du
veau. Très-abondant pendant l'hiver, très-rare dans l'été. Les
pèclieurs le prennent à l'hameçon. Je suppose que ce poisson
est l'Esturgeon.
Dès que je pourrai m'en procurer d'une belle taille, j'en
enverrai à la Société , ainsi que du frai.
3/4. Ho-Um-iju (Poisson porc de n\\hvé),Tchoiiy-toii-yu
(Poisson au ventre ballonné), Tsy-pao-yii (Poisson boule
d'air).
Corsage blanc noirâtre, le ventre blanc, le dos tacheté de
vert et de noir ; tète ronde, corps rond et très-gros, queue
petite. Petite bouche, dépourvue de dents. Se nourrit d'herbe.
Vit en troupes, nage en faisant des circuits. Sans écailles, sans
ouïes apparentes (les pêcheurs disent sans foie). Vit à la sur-
face de l'eau ; n'est pas bon à manger ; est même, dit-on,
dangereux. Cependant il en est une espèce que les Chinois
recherchent, mais qui dilïére un peu par la couleur plus
sombre. Lorsqu'il est un peu gros, il porte le nom de Kang-
ting-yu (poisson porc de fleuve). Ce poisson n'apparaît qu'à
certaines époques de l'année. Moyenne espèce, ne dépasse
pas une livre. Les plus petits, une demi-hvre, s'appeUent
Pan-yu (Poissons tachetés de noir). (A envoyer plus lard, si
on le désire.)
35. Louy-yu (Poisson ceinture).
Corsage comme celui de Che-yu. Petite tête, petites écailles ;
une sorte de raie sur le ventre. Vient de la mer à la quatrième
lune (au mois de juin). Lorsqu'il commence à se montrer
dans les eaux du fleuve, les pêcheurs reconnaissent son
arrivée à des signes qui ne les trompent pas, et en prennent
une très-grande quantité. Vit en troupes. Moyenne espèce.
Chair très-estimée. (A envoyer.)
36. il /rt-y?^ (Poisson recherché).
Corsage et forme comme ceux de Ly-yu ; petites écailles.
Moyenne espèce, 5 ou 6 livres. Mêmes mœurs que Ly-yu^
SUR LA PISCICULTURE EN CHINE. 565
dont il ne ditlère que par la couleur, qui est Irès-blanclie, et
par une tache noire sur la tète. Ce poisson ne se trouve que
dans le Sse-Tcluien, oii il est très-abondant. Au printemps, il
descend le fleuve ; en automne, il remonte vers sa source. Sa
chair est très-estimée et possède un petit goût salé très-
agréable. (A envoyer.)
37. Tchang-yu (Poisson de joie).
Ainsi appelé parce qu'il est constamment suivi d'une foule
de poissons qui mangent une matière qu'il rejette, et qui lui
fait jouer le rôle de fille de joie. Couleur et forme comme
Ky-yu, seulement plus gros. Corps plus rond. La chair est
blanche, excellente; une seule arête médiane. Ne se trouve
qu'à l'embouchure du fleuve. (A envoyer.)
38. Lou-yu (Poisson tacheté de noir), Sse-say-yu (Poisson
aux quatre ouïes).
Corsage blanc tacheté de noir, semblable à lùnê-yu, bouche
grande, petites écaiUes ; quatre ouïes. Moyenne espèce, lon-
gueur un pied. Très-abondant au mois de juin, à l'embou-
chure du fleuve. Chair très-bonne. (A envoyer.)
39. Tiao-yii (Poisson ligne).
Petit poisson blanc, resscmldant beaucoup à Houang-kou-
yu, mais plus petit. Vit en troupes.
ZiO. Y-yu (petit Poisson).
Petit poisson blanc, tacheté de noir. Abondant au Sse-
Tchuen.
hi. Ly-yu (Poisson des rites).
Poisson noir, employé autrefois dans les sacrifices; sem-
blable à Ou-yii. Espèce moyenne, 3 à h livres. Diffère de
Ou-iju par des taches plus noires sur la tête. Chair passable.
(A envoyer.)
Ix'l. Ty-yii (Poisson qui se plaint comme un enfant), Hai-
cul-yu (Poisson enfant).
Corsage rougeàtre ; corps comme Lien-yu, à. quatre pattes,
longue queue; tête comme Lien-yu. Tous les autres détails
indiquent la Loutre.
560 SOCIÉTÉ IMrÉ{lIAj:.E ZOULOGIQUE d'aCCLIMATAÏION.
Tortues du Yang-tsee-k'uuKj .
1. Pie (Tortue qui va lentement), Touan-yu (Poisson court
rond). — Couleur noirâtre, carapace molle.
2. isla-fir (Tortue dont la tête sort toujours). — Diflère de
la précédente en ce que la carapace la couvre entièrement.
3. Nen-pie ou San-kio-pie (Tortue à trois pattes). — Cara-
pace molle.
h. Chou-pic (Tortue rougeâtre). — Carapace molle.
5. Choui-kouci/ (Tortue d'eau à la carapace dure).—
Couleur noirâtre.
6. Hia-tsèe. — Crevette ordinaire.
NOTE
SUR LA CULTURE DU COTON
DANS LE HOU-PÉ
Par M. P. DABUY.
(Séance du 28 août 1863.)
Le lerruiii dans lequel on plante le Cotonnier doit être
sablonneux et un peu humide. Il faut le soumettre avant
l'ensemencement à trois labours ou iiersages. Lorsqu'il est
ainsi préparé, on y répand les engrais qui conviennent à la
nature du sol, auquel on donne une forme légèrement
bombée. L'époque des semailles est du 15 au 25 avril.
Pour faciliter la germination, on fait séjourner les graines
pendant une heure dans l'eau, on les mélange ensui'te avec
un peu de fumier d'étable ou des immondices bien consom-
mées. Les graines sont déposées dans de petits sihons
parallèles et à peu de distance l'un de l'autre. On met cinq
ou six graines ensemble sur lesquelles on répand un peu
d'engrais avant de les couvrir de terre. Lorsque les graines
ont germé et ont acquis un certain développement, on
arrache les pieds les plus délicats et l'on n'en conserve que
deux ou trois dans chaque place. Dès que le Cotonnier a
une hauteur de 0-",67 à 1 mètre, on arrache la tête, ce qui
fait augmenter les branches.
Tous les jours le terrain est sarclé. Toutes les herbes qui
pourraient nuire à la végétation sont enlevées avec soin.
Les fleurs sortent au commencement de septembre. Le
Coton est recueilli dès que les capsules sont mûres, par un
temps sec et clair.
On l'expose ensuite au soleil pendant deux ou trois jours.
La graine donne de l'huile qui est employée pour les lampes.
Les feuilles sont mangées par les bestiaux.
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE DU 28 AOUT 1863.
Présidence de M. Richard (du Cantal), vice-président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. le Président informe le Conseil que S. A. le bey de
Tunis a bien voulu permettre que son nom soit inscrit parmi
ceux des membres prolecteurs de la Société.
Le Conseil admet au nombre des membres de la Société :
MM. AiGUEPERSE (le baron d'), à Saint-Paul d'Eyjcaux (Haute-
Vienne).
Delaunây (l'abbé), curé de St-Étienne-du-Mont, à Paris.
JozoN (Pierre), président du comice agricole du dépar-
tement de l'Aube.
Lesseps (le baron Jules de), à Paris.
LoiSE, fleuriste, à Paris.
NoGARET (Charles de), propriétaire à la Canourgue
(Lozère), et à Paris.
PouMÂYRAC DE Mâsredon (Ravmond de), au château de
Caylus, près de Saint-Amans-Soult (Tarn).
RoussY (Emile), propriétaire, à Nîmes (Gard).
Semallé (René de), à Versailles.
TEiL(le baron du), à Escaintla (Guatemala).
Teil (Xavier du), à Escaintla (Guatemala).
— La Société d'acclimatation de Berlin, sur sa demande
transmise par M. le docteur Buvry, son secrétaire général, est
admise au nombre des Sociétés agrégées.
— M. le Président transmet au Conseil la nouvelle de la
perte regrettable que la Société vient de faire de l'un de ses
membres, M. le docteur Alphonse Toirac.
— M. le secrétaire donne lecture de la lettre, en date du
16 août, par laquelle M. le Président annonce au Conseil que
S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture lui a fait l'honneur de
l'informer que, sur sa proposition, M. le comte d'Eprémesnil,
secrétaire général de la Société, a été nommé, en celte qua-
lité, chevahcr de la Légion d'honneur.
PROCÈS-VERBAUX. 569
— Des remercîmcnts pour leur récente admission sont
adressés par MM. P. Ramel, Trieste, de Padouc, Ribell (de
Cherbourg) et Aubcnas (de Loriol). M. le docteur Cli. Ohlsen
(de Naples) renouvelle ses bienveillantes offres de services.
— S. Exe. M. Drouyn de Lhuys informe le Conseil que
S. Exe. M. le Minisire de Tintérieur, à qui il avait signalé
l'avanlage des mesures qui auraient pour objet la destruction
des Vipères en France, lui annonce qu'il se propose de re-
commander à MM. les préfets le rapport adressé par notre
Société, et de les inviter à appeler l'attention des conseils
généraux sur l'utilité de la fondation de primes affectées à
l'extermination de ces dangereux reptiles.
— M. le docteur Berg, notre délégué à Saint-Denis, trans-
met les sincères remercîments du Comité colonial de la Réu-
nion pour la collection de graines qui lui a été remise, au
nom de notre Société, par notre honorable confrèreM.Yinson.
Le Comité se propose de nous envoyer, en retour, des ])lanls
des espèces utiles d'arbres de la colonie. Il compte aussi faire
des essais de pisciculture, et demande des instructions pour
nous faire parvenir des œufs de Gourami, à défaut du poisson
lui-même, dont le transport n'a pu être effectué utilement
jusqu'à présent.
— M. Black, président de la Société d'acclimatation de
Victoria, écrit de Melbourne, à la date du 25 juin, pour
annoncer l'houreuse arrivée dans cette ville du petit troupeau
de dix Boucs et Chèvres d'Angora, qui lui a été offert par
notre Société , et qui s'est accru de deux Chevreaux nés en
route. Ces douze animaux ont été débarqués dans d'excel-
lentes conditions de santé. M. le Président transmet les plus
vifs remercîments de la Société de Victoria, qui attache à cet
envoi un très-grand prix, et nous expédie en retour, par le
navire Angleseï/, des Kangurous, des Oies et une Grue indi-
gènes, ainsi que des Tortues du Murray.
— M. de Cabarrus, consul général chargé d'afl'aires de
France à Guatemala, en présentant comme membres de la
Société M. le baron du Teil et son frère, admis au commen-
cement de cette séance, annonce qu'il s'occupe activement de
570 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMÂTATION.
réunir les animaux qui lui ont été demandés, et qu'il se pro-
pose de les diriger sur Panama, d'où son collègue M. de
Geltner les ferait embarquer pour la France.
M. de Cabarrus a joint à sa lettre un caliier des Memorias
de la Sociedad economica de amujos de Guatemala.
— M. le Président transmet plusieurs exemplaires d'une
circulaire sous forme de questionnaire, que le gouvernement
britannique vient, sur les instances de M. Vilson, président de
la Société d'acclimatation de Melbourne, d'adresser aux gou-
vernements des colonies, ainsi qu'aux agents diplomatiques et
consulaires anglais, pour leur demander de luifaire connaître
les animaux et les plantes du pays de leur résidence qu'il serait
utile d'introduire dans le Royaume-Uni et ses dépendances,
et ceux que réciproquement ils pourraient croire avantageux
d'acclimater dans la contrée qu'ils babitent, M. le Président
ajoute qu'il pense qu'il serait important qu'une circulaire ana-
logue fût adressée aux agents extérieurs français des départe-
ments des affaires étrangères et de la marine, et que par
conséquent un questionnaire fût préparé par les soins de la
Société.
Le Conseil, partageant cette opinion, décide que la rédac-
tion de ce questionnaire sera confiée à une Commission
composée de MM. A. Geoffroy Saint-Hilaire et Soubeiran.
— M. Grimblot, vice-consul de France à la Pointe-de-Galles,
par une lettre adressée k M. le Ministre des affaires étran-
gères, en date du 13 juillet, annonce l'envoi d'une paire de
Loris gracilis, deCeylan, que M. Goudcbaux, agent des postes,
a bien voulu se cbarger d'apporter en France, et que M. le
Ministre s'est empressé d'offrir au Jardin d'acclimatation.
M. Grimblot espère pouvoir expédier procbaincmentau Jardin
un jeune Élépliant parfaitement privé, animal très-rare à cet
état dans l'île de Ceylan.
— M. Simoni informe M. le secrétaire général, à la date du
3 août, qu'il vient de déposer au Jardin d'acclimatation six
Agoutis ou Hutias de l'île de Cuba, très-appréciés dans cette
colonie pour la qualité de leur cliair. Noire honorable con-
frère avait pris la peine d'embarquer avec lui quatorze de ces
PROCÈS-VERUAUX. 57;!
animaux ; mais, malgrù tous ses soins, quatre paires ont péri
pendant lu traversée, les trois autres sont arrivées en très-
bon état.
— M. le Président transmet une lettre par laquelle mes-
sieurs les administrateurs des services maritimes des Messa-
geries impériales l'inlbrment, à la date du 22 de ce mois,
que, pour satisfaire au désir qu'il leur a exprimé qu'une ré-
duction sur les prix de transport des objets destinés à la
Société d'acclimatation ou expédiés par elle lui fût accordée,
ils ont décidé que ces transports seraient assimilés à ceux
effectués pour le compte du gouvernement, et qu'ils joui-
raient, à ce titre, d'une réduction de 30 pour 100 sur les tarifs
commerciaux de la compagnie.
— M. Roehn père, par une lettre du 17 août, annonce que
son fils lui écrit du Gallao, en date du 12 juillet, qu'il compte
toujours s'embarquer au commencement de septembre avec
les cent vingt Alpacas et Lamas otïerts h S. M. l'Empereur par
le gouvernement péruvien. Le Conseil décide que la plus
grande publicité possible sera donnée à l'annonce de la pro-
chaine arrivée de ce troupeau et de celui de l'Equateur, afin
que les propriétaires qui désireraient recevoir des lots à
cheptel puissent adresser leurs demandes à l'avance.
— M. Euriat, écrit de Roville, le 13 août, pour informer le
Conseil que, conformément à l'autorisation qui lui en a été
donnée, il a fait abattre l'un des jeunes Chevreaux d'Angora
nés chez lui cette année, et que les personnes auxquelles il
en a fait manger en ont trouvé la chair excellente, très-tendre
et d'un goût exquis.
— M. de Fenouillet transmet le rapport du vétérinaire
appelé par lui, lors de la naissance du jeune Taureau Yak
mfirme, dont il a déjà entretenu le Conseil, et qui malheu-
reusement est devenu tout à lait aveugle. Le Conseil décide
que ce jeune Taureau sera engraissé pendant quelques moi<^
encore, pour être ensuite abattu, afin d'en expérimenter la
viande comme aliment.
— M. le général de Martimprcy, sous-gouverneur de l'Al-
gérie, écrit, en l'absence de M. le gouverneur général, en date
572 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
d'Alger, le 1^ août, qu'il a autorisé M. Hardy, directeur du
Jardin d'acclimatation de celte ville, à disposer d'une paire
d'Autruches en faveur delà Société d'acclimatation de Victo-
ria (Australie), sur la demande qui lui en avait été laite par
M. le Président de notre Société.
Une lettre de M. Hardy, du 17 août, confirme cette bonne
nouvelle, en accusant réception de graines de diverses prove-
nances que nous lui avons fait parvenir au nom de la Société.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet
diverses correspondances qui lui ont été adressées par
M. Dabry, consul de France à Han-keou (Chine), et par les-
quelles notre dévoué confrère, après avoir exprimé toute sa
reconnaissance pour la médaille de 1" classe qui lui a été
décernée par la Société dans sa dernière séance publique
annuelle, annonce l'envoi : 1" de deux Gallinacés des plus cu-
rieux qu'il a pu se procurer dans les montagnes du Sse-tchuen,
et qu'il destine à la Société d'acclimatation : ces oiseaux,
dont M. Dabry donne la description (voy. au Builcti?}, p. 520),
tout <à fait inconnus en Europe, seraient aussi remarquables
par la beauté de leur plumage que par la saveur de leur chair,
comparable à celle du Faisan ; 2° d'une collection de trente-
deux espèces de poissons recueillis dans les eaux du Yang-
tsee-kiang par M. Simon et par lui, conservés dans l'alcool,
et adressés cà M. Coste, inspecteur général des pêcheries;
3° enfin, un baril contenant du frai des meilleures espèces du
Yang-tsee-kiang , expédié au Jardin d'acclimatation par l'in-
termédiaire de M. Mauboussin, consul général à Chang-hai.
Les correspondances de M. Dabry comprennent encore
trois notes : 1" sur les poissons du Yang-tsee-kiang; 2" sur la
pisciculture en Chine ; 3° sur la culture du Coton dans le Hou-pé.
— M. Simon, par une lettre datée de Paris, le 20 août,
annonce qu'il a obtenu, cette année, deux reproductions de
Colin d'Adanson, d'une jeune paire née l'année dernière.
— M. le Président transmet une nouvelle lettre de M. Bartlié-
lemy-Lapommeraye, de Marseille, complétant les renseigne-
ments qu'il a déjà adressés sur la reproduction de la Perdrix
de Syrie (voy. au Bullelin, p. Zi85).
PROCÈS-VERDAUX. 573
— S. Exc. M. le Ministre de la marine el des colonies, écrit
à la date du 8 août, pour informer M. le Président qu'il a
recommandé à MM. les préfets maritimes de Brest et de
Lorient d'accorder à M. Gillet de Grandmont tuutes les faci-
lités administratives dont il pourra avoir besoin dans l'accom-
plissement de sa mission.
— Diverses lettres de M. Lamiral rendent compte de la suite
de ses préparcltifs pour les expériences de fécondations artifi-
cielles de poissons de mer sur les côtes de la Méditerranée.
A cette occasion, M. Lucy, appelé au sein du Conseil, entre
dans d'intéressants détails sur la composition du Comité
d'aquiculture dont il avait annoncé la fondation par sa lettre
du 16 juin, et sur les travaux déjà entrepris par ce Comité
qui, pour la question des Éponges en particulier, a spontané-
ment suivi la voie que s'était tracée la Société, en voulant
opérer d'abord sur des Éponges indigènes, et assurer surtout
leur préservation contre les ravages des pécbeurs, et qui
s'est occupé aussi de préparer des expériences sur les fécon-
dations artificielles.
— M. le Président offre à M. Lucy les remercîments de la
Société pour la généreuse initiative qu'il a prise dans la fon-
dation du Comité d'aquiculture de Marseille, et la vive impul-
sion qu'il lui a donnée en mettant à sa disposition les fonds
nécessaires à ses premiers travaux.
— M. Gillet de Grandmont, par une lettre du 11 août,
annonce qu'il s'est fixé pour quelque temps à Concarneau, où
il prépare également ses expériences de fécondations artifi-
cielles de poissons de mer.
— M. René Caillaud transmet : 1° une lettre du 21 août,
de M. Brierre de Saint-Hilaire (de Riez), qui, sur son invita-
tion, s'est occupé avec le plus grand zèle d'organiser, sur
les côtes de la Vendée, des expériences analogues à celles
qui ont été confiées aux soins de MM. de Grandmont et La-
miral ; 2° une lettre de M. Chevallereau, deBoisserin (Vendée),
le félicitant sur le succès de sa tentative d'empoissonnement
du Lay, qui est, dit-il, envahi par une armée de Saumons,
et où l'on n'en rencontrait presque jamais auparavant.
57/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
— M. Baraquin écrit de Belem (Para), le /i et le 10 juillet,
pour annoncer deux envois successifs de grandes Tortues,
appelées Jaboii/s au Para, qu'il expédie par le navire Belem,
aux soins du capitaine Dutron Bornier.
— Des comptes rendus de leurs éducations de Bombyx Yn-
ma-maï sont adressés par M. le docteur Sacc, notre délégué à
Barcelone ; Maumenet (de Nîmes), et de Morgan, de Huisseau-
sur-Cosson (Loir-et-Cher).
— M. Lecœur (de Vetheuil) (Seine-et-Oise) annonce qu'il a ob-
tenu de très-bons résultats d'un essai d'éducation du Ver à soie
métis de l'Ailante et du Ricin, nourri avec la feuille du Saule.
— Une demande de graines des Bombyx ArrincUa et Ctjn-
thia est adressée par notre zélé confrère M. le docteur Sicard
(de Marseille).
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet:
1° Une lettre de M. Berthemy, ministre de France en Chine,
contenant les renseignements qu'il lui avait demandés sur le
Polype li vinaigre {Tsou-notze), signalé par feu l'abbé Hue.
M. Berthemy a pu constater que le Polype à vinaigre est un
animal imaginaire, et que le nom de Tsou-notze s'applique à
une substance provenant de la fermentation acide du vin de
riz, espèce de dépôt acide d'un transport facile, et dont on
fait usage, en voyage, pour se procurer du vinaigre.
2" Unelettre de M. Sauvan, vice-consul de France à Baltimore,
à qui des renseignements avaient été également demandés sur
une espèce de Blé précoce du Japon, cultivé aux environs de
cette ville. Des recherches de M. Sauvan il résulte que personne,
parmi les fermiers du voisinage de Baltimure, ne paraît con-
naître ce Blé, et que la seule céréale du Japon importée dans
l'Amérique du Nord est une variété de Riz appelée vpland
Rice, n'ayant rien de commun avec le Japon Wheal sur lequel
S. Exe. M. le Ministre avait cru devoir appeler son attention.
— M. le Président informe le Conseil qu'il a reçu de
M. Emile Colpaert, chargé d'une mission scientifique dans
l'Âmériijue du Sud, une lettre datée de Cuzco, le 10 juin, par
laquelle il lui fait part de son intention d'adresser à Ja Société
une caisse de plantes et de graines de Coca, et d'autres végé-
PROCÈS-VERBAUX. 575
taux du Pérou , destinés à remplacer un précédent envoi
arrivé à Lima en si mauvais état, que M. de Lesseps avait jugé
inutile de l'envoyer en France.
M. Golpaert se propose d'offrir prochainement à la Société
deux Mémoires, l'un sur les trois variétés de Cotonniers du
Pérou; l'autre sur le Lama, IWlpaca et leurs congénères,
avec un aperçu sur le commerce et l'industrie des laines dans
les provinces péruviennes de Cuzco et de Puno. Il se met
d'ailleurs à sa disposition pour toute demande des productions
du pays qu'il habile.
— M. le président de la Société d'agriculture et d'horticul-
ture de Yaucluse annonce que les commissions chargées de
visiter les cultures de Coton du département ont déjà constaté
des résultats satisfaisants, et appelle la bienveillante attention
de la Société sur celles de M. Férigoule, fermier de M. le
marquis de Grolée Virville, dans l'île de Courtine, qui a obtenu
le succès le plus remarquable.
— En écrivant à M. le Président pour solliciter leur admis-
sion au nombre des membres de la Société, M. le baron du
Teil et son frère font remarquer qu'ils ont été les premiers à
entreprendre la plantation du Cafier sur une grande échelle
au Guatemala, et qu'ils y ont obtenu des succès très-remar-
quables. Ils s'occupent actuellement de l'acclimatation du Ver
à soie introduit à Guatemala par M. Laprade (d'Aubenas) et
de celle de la Vigne.
— M. r)rierre de Saint-iïilaire (de Riez) adresse, à la date
du 7 et du 21 août, deux nouvelles lettres, accompagnées de
dessins, sur ses cultures de végétaux exotiques.
— La Société d'horticulture de l'Aube offre ses remercî-
ments pour un envoi de graines qui lui a été récemment adressé.
— M. le Président transmet un Mémoire manuscrit de
M. Alfred Leroux, soumis en 1860 à S. Exe. M. le Ministre de
l'instruction publique, sur un projet d'organisation d'un
jardin d'acclimatation à Marseille, destiné à faciliter l'intro-
duction en France des animaux et des végétaux originaires des
contrées orientales.
Le Secrétaire des séances,
L. SOUBEIRAN.
Ilî. FAITS DIVERS EÎ EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Lettre adressée par M. le docteur Berg , délégué de la Société à l'île de
la Réunion, à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation.
Saint-Denis, lo 6 juillet 1863.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre contenant une copie de
celle que S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies vous avait adressée,
le 30 avril dernier. J'en ai immédiatement donné connaissance au comité qui m'a
chargé de vous transmettre Texpression unanime de ses vifs et bien sincères
remercîments pour l'intérêt si bienveillant que vous n'avez jamais cessé de porter
à notre œuvre. La colonie entière, qui applaudit à nos eti'orts et nous encourage
de ses adhésions, est profondément reconnaissanle de la haute protection que nous
avons rencontrée auprès de Votre Excellence.
C'est qu'en présence d'une crise diflieile, dont la principale cause peut être
rattachée à la permanence d'une culture exclusive et intensive, elle mesure avec
justice l'étendue des services que la Société d'acclimatation peut lui rendre, en
introduisant de nouvelles espèces animales et végétales, et en exploitant par une
expérimentation pratique l'histoire naturelle sur les êtres vivants.
J'ai l'honneur, monsieur le Président, de vous accuser réception d'un paquet de
craines, qui nous a été remis par notre collègue M. Auguste Viiison. Ces envois
de la Société impériale ont fait le plus grand plaisir dans la colonie.
Déjà, je puis vous annoncer que le Clienopodium quinoa est une plante alimen-
taire nouvelle assurée dans l'île. Les graines â'Ailantv ont bien levé. Il en est
de même du Calh-sé et de VOxaiis crenala, etc.
La Société coloniale possède tous les appareils nécessaires à la pisciculture. Si
la saison était favorable, nous entreprendrions la fécondalion artificielle des pois-
sons d'eau douce delà colonie, tout en attendant les œufs de Truite cl de Sau-
mon qui nous sont annoncés pour la fin de l'année.
D'après ce que je vois, il nous sera bien diflieile de vous faire parvenir des
Couramis. Ceux expédiés par M. Mânes sont morts à Alexandrie. Ne serait-il pas
possible de vous expédier des œufs fécondés de ce délicieux poisson ? C'est ce que
nous nous [u-omellons d'essayer.
Nous avons introduit dans la colonie tous les arbres forestiers de France, qui
réussiront certainement dans l'intérieur, sur les plateaux élevés. Le comité, dans
sa séance du l*^'' de ce mois, a décidé que la serre qui les renfermait, serait
expédiée à la Société impériale avec des plants d'arbres utiles indigènes. Entre
autres espèces, nous avons l'intention de vous adresser des plants de Tanrouge,
arbre dont les fleurs fournissent aux abeilles les éléments du miel verl, parti-
culier à l'île r.ourbon.
Par celte malle , j'adresse à M. René Caillaud une nolice sur les cours d'eau
de la colonie, leur régime, leur nature, leur lemiiérature, etc. Nous allons nous
mettre à l'œuvre pour l'ostréiculture, en faisant venir de Maurice des Huîtres lai-
teuses qui seront semées sur les côtes de la partie sous le vent de l'île.
Permettez-moi, monsieur le Présitlent, de terminer cette lettre en vous expri-
mant de nouveau combien nous vous sommes reconnaissants de l'intérêt et de la
bonté avec lesquels vous accueillez nos demandes. Une telle preuve de sollicitude,
émanant de si haut, nous encourage dans nos efforts et nous ratTermit dans le
désir ardent de rendre à la colonie, qui vous compte au nombre de ses bienfai-
teurs, des services qu'elle a su apprécier à l'avance.
Veuillez agréer, monsieur le Président, etc.
Lo délégué de la Société impériale d'accliinalalion.
Signé D'' Berg.
FAITS DIVERS. ' 577
Extrait d'une lettre adrestiéc par M. Dklaporte, consul ijcnéral de France
à Bagdad, à S. Exe. M. le Minisirc des affaires étranQères.
Bagdail.lc 22 juillet 1803.
Monsieur le Ministre,
M. Weber a bien voulu mettre à ma ilisposilion son navire pour le
transport gratuit, de Bassora à Maiseille, de la collection d'oiseaux dont j'ai eu
l'honneur de parler à Votre Excellence, à la fin du premier rapport de mon voyage
en Babylonie, etc., en date du '21 janvier dernier, n" 7, collection qui s'est coii-
sidérablenient accrue depuis cette époque.
Par la lettre particulière que Votre Excellence m'avait l'ait l'honneur de m'écrirc,
en date du 20 juin 18(J0, elle m'avait transmis une liste de M. (leoffroy Saint-
Hilaire, contenant l'indication des animaux intéressants que je pourrais procurer
à notre Jardin zoologiipie du bois de Boulogne. Dans ses desiderata, ce savant
proresseur attachait le plus grand prix à posséder diverses Grues.
Je me fais un jdaisir, monsieur le Ministre, d'annoncer à Votre Excelleace
que je joindrai à la collection sus-mcntiunnée quatre Grues énormes qu'on pren-
drait pour de jeunes Autruches, et cinq Grues demoiselles de Numidic, d'une beauté
remarquable.
Je suis persuadé , monsieur le .Ministre , que ces charmantes bêles seraient du
plus bel etlet dans l'enceinte d'un des petits parcs de notre Jardin zoologique, sous
l'ombrage duquel elles se promèneraient tout l'été ; à l'aide de quelques précautions
pour les garantir du froid de notre rigoureux hiver, on les acclimaterait aisé-
ment, ce qui serait précieux, car leur chair ressemble îi celle du Dindon et ne lui
cède guère en qualité.
Je m'empresse également de donner avis à Votre Excellence que je joindrai
à cet envoi un Castor mâle, que je liens enfermé dans une forte cage plongée à
demi sur les bords du Tigre. Cet animal y prend ses ébats à volonté pendant le
jour, et le soir on le conduit dans une chambre où il passe la nuit.
Ma collection se com|)ose aujourd'hui de :
o<S Francolins, mâles et femelles; 30 Perdrix du désert, dont G sont d'une
espèce nouvelle et qui me semble fort curieuse ; 15 Perdrix d'Arabie, dont l'accli-
matation est bien facile , car on les élève dans les basses-cours comme des
poules ordinaires; G Oies rouges à ailes blanches et noires, des bords de TEu-
phrate ; 10 Oiseaux bleus des bords du Tigre et de l'Euphrate. C'est le Porphy-
rion des anciens. Aiistote dit, en parlant de cet oiseau, que « les Romains le
» faisaient venir pour le nourrir et le placer dans les palais et dans les temples,
» où on le laissait en liberté, comme un hôte digne de ces lieux par la noblesse
>) de son port, par la douceur de son naturel et par la beauté de son plumage
» bi illant et riche en couleurs mêlées de bleu pourpre et de vert d'algue marine » ;
2 Houbaras ; 5 différents Oiseaux dont les noms me sont inconnus; 4 grandes
Grues; 5 Grues demoiselles de Numidie ; l Ca4or mâle; G Poules noires de
l'Euphrate.
Indépendamment, monsicm- le Ministre, des frais d'entretien de cette ména-
gerie, que je désire garder à ma charge, je pourvoirai à toutes les dépenses ulté-
rieures occasioimées par cet envoi de Bagdad jusqu'à Marseille, tels que frais de
confection de cages, nolis delà barque qui doit les transporter de Bagdad à Bas-
sora, enfin la nourriture de cette ménagerie pendant le trajet sur mer.
Je me réjouis avec Votre Excellence, monsieur le Ministre, du développement
queprenl notre Société zoologique d'acclimatation; c'est là une institulion émi-
nemment utile, au double point de vue de la satisfaction de l'esprit et de l'avan-
tage matériel dont elle sera pour notre pays.
Soyez assuré, monsieur le Ministre, que je saisirai avec empressement, en ma
qualité de délégué, toutes les occasions d'èlrc utile à la Société.
T. X, — Septembre 1SG3, 37
578 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMâTATION.
Dans le cas où il serailinteressatit, pour notre Jardin zoolugiqiie d'accliniatatioii,
lie posséder quelques sujets de vingt-huit espèces de |)oi3sons qui peuplent le
Tigre ou l'Euphrate, tels que le Cliaboul, nom arabe d'un poisson qui peut reui-
l'iacer avec avantage le Saumon, et dont certains individus pèsent jusqu'à 30 kilo-
i^rainmes , on d'avoir des renseignements sur un objet de botanique , je [irie
Votre Excellence de nio lu faire savoir.
Veuillez agréez, monsieur le Ministre, etc. 6/f/»e' l>ELAi'OHTt.
Lettre adressée par S. Exe iJ. Drolv.n de Liiuys a MM. les Membres
y du Conseil de la Société.
Paris, le 1" sciitcinbro 1863.
Messieurs et cliers Collègues ,
Monseigneur Guillemin , évèque missionnaire du Quang-tong et du Quang-si,
ayant appris par une circulaire de la Société d'acclimatation le désir du Conseil
de recevoir de la graine d'Ortie blanche, dont on se sert en Chine comme matière
textile, m'envoie, pour vous cire offerte en son nom, une caisse renfermant :
I" dix livres de graine de cette plante; T un spécimen <le la lige filamenteuse
qu'elle produit; 3" des spécimens des tissus fabriqués avec ces filaments.
Je ni'empiesse de vous faire parvenir la caisse dont il s'agit, qu'à l'occasion de
son retour en Europe, M. le comte de Kleezkowslu, secrétaire de la légation de
l'Empereur à Pékin, a bien voulu apporter avec lui à Paris.
Veuillez agréer, etc. Droij"\n de Lhuys.
Culture du iafier e< «-(liK'alion «lia Ver à soie tlu ^lùrier
à Cîuatettiala.
Nous extrayons d'iiiie letîre adressée à M. le Prcsicleiil par M. le baron
du Te il les passages suivants :
Depuis sept ans novts fai-ons de l'agricul ure daas la république de Guatemala,
et nous avons été les premiers à entreprendre la plantation du Cafier sui' une
grande échelle en luttant contre le préjugé et l'ignorance, et c'est en récompense
de la dilTicnlté vaincue et du fait acquis à nos eflorts que nous avons été nonmiés
d'ollice membres correspondants de la Société économique des amis de Guatemala.
Nous vous envoyons ci-joint un conqite rcmlu fait à la Société économique, qui
sera pour vous la preuve de ce que nous avançons, en vous faisant remarquer
qu'il date de 18b I , et que depuis nous avons obtenu des recolles plus fortes,
nous avons augmenté considérablement les séchoirs et bâtiments d'exploitation,
et aujourd'hui les jdus grands détracteurs de la culture du Café sont les premiers
à planter et à nous suivre dans la voie que nous avons ouverte. Nous vous remet-
tons aussi iiu'lus une photographie de l'Iiabitation, qui vous fera apprécier ce que
peuvent un travad constant et une volonté ferme dans la lutte du pionnier contre
la lorèt.
Maintenant nous sommes fort occupés de l'acclimatation du Ver à soie, et les
résultats que nous avons obtenus connne essai avec la graine du Japon nous
fout espérer un plein succès pour tous les mois secs de l'année. Cette nouvelle
industrie a été apportée ici par M. Laprade, filateur d'Auhcnas, qui est directeur
d'ime Société pour l'introduction du Ver à soie au Guatemala, formée à Lyon par
la maison Arles Dufour etC^^.
Nous avons aussi fait des essais de culture de Vignes qui n'ont pas encore pro-
duit. Les ceps poussent avec vigueur, mais peut-être la chaleur sera-t-elle un
obstacle dans notre département, bien que nous ayons des exemples encoura-
geants dans qucli]ues parties plus chaudes du iNMcaragua.
Veuillez agréer, etc. :iigno Baron m Teil.
FAITS DIVERS. 579
Lctire adressée par S. Exe. M, le niarvchal riANDO>, chargé par intérim
du. ministère de la marine et des colonies, à S. Exe. M. Drouy.x de
I.HL vs. président de la Société impériale d'acclimatation.
Paris, lo 24 seplcmbre 18G3.
Monsieur le Ministre et cl)er collègue.
Vous m'avez fait riionneur de m'écrire pour m'annoiicer qu'un Comité de pis-
ciculture s'était fondé à Marseille sous l'initiative de M. Lucy, receveur général
des Bouclics-du-Pilione.
Je recevrai avec plaisir communication des travaux de ce comité, et je puis
vous doimer l'assurance que le déparlement de la marine lui accordera toutes les
facilités dont il pourra avoir besoin. J'écris aujourd'hui même dans ce sens au
in'éfet maiitime de Toulon.
Je remercie d'ailleurs Votre Excellence de m'avoir informé de la création du
Comité de iiisciculture de Marseille, et je la prie de vouloir bien continuer à me
tenir au courant de toutes les opérations se ratlacliant à la pèche maritime, qui
pourront être entreprises sous le patronage de la Société impériale d'acclimatation.
Agréez, etc.
Le Maréchal Mimslrc de la guerre, chargé par intérim du minisleye
de la marine cl des colonies.
Signé Kandois-
Sur !e froï»i«gc fa\*osî llolhinde, talirlqué par M. Richard
(«lu Cantal)»
.Nous avons publié dans le numéro précédent un ilapporl de M. i'.ichaid
(du Cantal sur la fabncalion d'un fromage préparé comme le fromage dit
de Hollande, cl cpii a la même forme et la même couleur. iNous croyons
devoir reproduire ici une note qui nous a été adressée sur ce sujet par
VI. Viennot :
« Après une expérience à laquelle il nous a été donné de prendre part, dit
l'auteur de cette note, nous sommes convaincu que la tentative de M. Uicliard
a complètement réussi, et que, grâce à lui, le Cantal et la France possèdent
aujourd'hui un produit de plus, qui sera une source nouvelle de richesse.
» Yi. Uicliard avait envoyé à S. Exe. M. Drouyn de Lhuys un de ses nou-
veaux fromages. Le jour où il fut ouvert, (juelques personnes distinguées et
Irès-bons juges se trouvaient invitées à dîner. C'étaient M. le ministre d'Italie,
M. le comte l'asolini et M. Matteuccl, tous deux anciens membres du cabinet
de Turin, S. Exe .M. Barrot, ambassadeur de France à Madrid, Î\I. le général
Princeteau, J\I. le marquis de DannoviUe, iM. le baron d'André, etc., etc.
'J'ous les convives furent d'avis que ce fromage égalait, s'il ne surpassait les
meilleurs fromages de Hollande , et l'on fit même la juste observation qu'il
avait quelque chose de plus onctueux au goût que ces derniers. »
IV. CHRONiaUE.
La péchc du Hareng (Ian<i$ le Royaume-Uni.
Par M. T. C. Yiennot,
Fiédaclcur au minislcrc des affaires élraiigèrcs.
La pèolicdii Hareng (CUipca harciKjus) conslilue tiiio clesgriiiùle^ ^iches^>es
des populations du littoral niarilinic de la Grande-Bretagne, et les naturalistes
de ce pays doivent à leurs éludes sur les faits qui se passent, pour ainsi dire,
sous leurs yeux, d'avoir pu rectifier une foule de notions enonées sur les
mœurs et les habitudes de cette précieuse espèce alimentaire. Un article du
Lnndoii illuMvated Xeivs, du 22 août dernier, contient, à cet égard, des ren-
seignements puisés aux sources les plus récentes, et que nous allons résumer.
Tandis qa"en Angleterre cette industrie jouit d'une entière liberté, en
Ecosse la pèche du Hareng est réglementée par une loi, et soumise à la sur-
veillance d'une commission spéciale. Les bateaux qui s'y livrent ne peuvent
jeter leurs filets en mer qu'après le couclier du soleil, et doivent se servir
de filets d'une certaine nature, auxquels on domie la plus grande dimen-
sion possible, pour se dédommager de la limite lixée à la durée de l'opéra-
tion. Aussi n'est-il pas rare de voir de ces filels, joints bout à bout, et dont
un flotteur marque l'extrémité, mesurer jusqu'à un mille de long (un tiers
de lieue fran(;aise). Le matin, on relire le poisson qui s'est engagé dans les
mailles, et on le rapporte à lerre, pour l'expédier sur-le-champ à l'état frais,
par les chemins de fer, dans les grands centres de consommation, ou bien
pom- le saler et renfermer dans des barils qui doivent portei' l.i marque des
commissaires des pêcheries, connue garantie que la préparation est conforme
aux règlements.
Les profits de la pèche du Hareng sont si considérables, que les marins
trouvent aisément des spéculateurs qui leur avancent l'argenl de première
mise, et que le nombre de bateaux s'accroît clKKjue année. Le seul port de
Wick, en Ecosse, compte, en 1863, une flottille de douze cents barques con-
sacrées à cette pèche. Mais déjà elle présente des symptômes de décroisse-
menl et d'inégalité qui justifient les craintes émises au sujet de la destruction
dont parait menacé le Hareng , connue lant d'autres ])roduits de la mer,
auxquels la guerre acharnée que leur fait riiomme en toute saison ne laisse
pas le temps de se perpétuer.
Un pareil résultat serait d'autant plus grave que les anciennes idées sur
la fécondité inépuisable de ce poisson, ([ue l'on supposait vivre de i)référence
dans les mers polaires, et ne descendre dans nos latitudes ([u'à l'époque de
la reproduction, sont désormais reléguées parmi les hypothèses démenties
par robservation. Ainsi que l'a fait remarquer M. John Milchell, de Leilh,
(pii se propose de publier i)rochainement uu ouvrage sur l'histoire naturelle
de cette espèce, le Hareng se rencontre rarement dans les régions arctiqu(^^,
cl n'est pas un objet dépêche coiuantc dans les parages du (iroenland et de
CHRONIQUE. 581
l'Fslando. l'iis aux abords du cap Statland, *'.n Aorvége, il esl deux fois plus
gros qu'aux enviions de l'île Sliolland, et les poissons de cette dernière pro-
venance sont doubles en grosseur des Harengs pris à Thurso, sur la côte
d'Ecosse. D'autre part, le Hareng de Thurso est beaucoup plus petit que
ceux de Man, de Miucli et de Loch .lync, ainsi que de Caithnen et de Wick,
et il est notablement surpassé en ditnep.sion par ceux que l'on pêche plus
au sud encore, près d'Aberdeeii, de Jile et de Berwick. Les partisans de la
théorie de l'origine septentrionale du Hareng seraient donc conduits à admet-
tre l'existence de deux espèces, dont l'une diminuerait et dont l'autre augmen-
terait de taille à mesure qu'elles s'éloigneraient du nord, suppositions éga-
lement inadmissibles, si l'on songe qu'il s'agit du déplacement de poissons
déjà parvenus à leur pleine croissance.
Kn réaUlé, ces migrations, que les ichlhyologistes du siècle dernier décri-
vaient sous des couleurs si poétiques, n'ont jamais existé. On a pris pour
l'arrivée périodique de bancs voyageurs l'apparition annuelle, sur nos côtes,
(lu Hareng, que son instinct porte à s'en rapprocher au moment de la ponte.
Loin d'être un poisson migratoire, le Hareng est essentiellement fixe, et
constitue autant de variétés, pour ainsi dire, que de localités, variétés dont
la saveur dillère avec la nature des fonds sur lesquels on les prend. Les pé-
cheurs savent distinguer au goût le poisson de Wick de ses congénères du
Loch Jyne ou de Dnnbar. Selon Al. John Clegliorn, de Wick, qui a spécia-
lement élucidé la question de ces prétendues migrations, dans un travail lu
à la réunion de V Association hritanniqui: pour l'avancement des sciences,
les pécheurs du port de sa résidence se plaignent d'être obligés d'employer
aujourd'hui quatre fois plus de filets qu'il n'en fallait, il y a vingt ans, pour
capturer la même quantité de poisson ; le produit du niois de juillet, jadis
abondant, est tom!)é à un chilïre insignifiant, et la pêche du mois d'août
tend aussi à diminuer. M. Clegliorn en conclut que les parages de l'Ecosse
sont peuplés d'un certain nombre de races dont la maturité correspond à
des époques distinctes de l'année. La race qui, arrivée à l'état adulte en juillet,
s'approchait alors de la côte pour y pondre ses œufs (moment où elle était
surtout exposée à tomber dans les filets des pêcheurs;, serait déjà presque
épuisée, et le même sort serait imminent pour la race q«i ne pond qu'au
mois suivant.
Un autre savant, qui a choisi pour champ de ses études le port de
Peterhead, et qui n'est pas nommé par l'auteur de l'article que nous analy-
sons, aurait poussé ^es observations assez loin pour formuler dès à présent
les conclusions suivantes, basées sur les réponses faites à ses questions par
les hommes du métier les plus expérimentés :
1" On rencontre souvent en mer des myriades de Harengs encore dans
leur premier âge. Les jeunes poissons grandissent très-rapidement; on peut
pécher sur la côte, pendant toute l'année, des individus doni la croissance
est plus ou moins avancée.
2'' Le HariMig fraye siu' les Ibiids de rociie on parsem^'s de pierres, qui peu»
582 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION,
venl offrir aux œufs un point d'attacho ; les individus très-jeunes ne se trou-
vent jamais que sur des fonds de cette nature.
3° Les bancs de Harengs adultes, suidés par la loiiip('ratnre plus élevée
des eaux moins profondes, so dirig;enl du large vors leliltoral pour y opérer
leur ponte. Dès qu'elle est passée, ils se liaient de regagner les lieux où ils
trouvent leur nourriture, avec une rapidité comparal)le à celle du ihe\ al de
course parcourant sa piste.
Il" Jusqu'à ce qu'il ait accompli l'œuvre de la reproduction, le Hareng ne
change guère de place, et se contente de se tenir près du fond de l'eau. Au
contraire, après qu'ils ont frayé, les mêmes poissons se font remaniuer par
l'agilité de leurs mouvements.
5" D'après ce qui précède, sachant qu'un banc de Harengs œuvés ne
s'éloignera pas des localités où il se montre, les pêcheurs auxquels leur proie
fait défaut le rencontreront le plus sûreinent en s'éloignant du rivage.
6° Dès qu'ils ont rencontré le banc, ([ui tend toujours à se rapprocher
de terre, les pêcheurs devront faire volte-face, et jeter leurs filets en se
tenant de plus en plus en vue de la côte, jusqu'au moment où, la ponte
étant terminée, le Hareng se précipite vers la haute mer pour reprendre ses
gîtes habituels.
— - On Ut dans le Londun Uhistrated Netrs du 18 juillet 1863 :
La Société zoologique de Londres vient d'acquérir et de placer dans la
vaste oisellerie du Jardin zoologique de Picgent's Park deux spécimens du
Tantale de l'Afiupie occidentale. Ce genre, formé par Linné, comprend plu-
sieurs espèces d'oiseaux analogues à l'I bis sacré par leur structure analomique,
mais en différant par leur bec plus gros et plus fort ; il forme ainsi l'anneau
intermédiaire entre l'Ibis et ses congénères, d'une part, et les Cigognes, de
l'autre. Les ornithologues ne connaissent encore que quatre espèces rentrant
dans ce groupe : l'une habite le Mexique et l'Amérique du Sud, une autre se
trouve en Afrique, et les deux autres sont originaires des Indes orientales et
de l'archipel malaisien. Jusqu'à présent le Jardin zoologique d'Anvers était
le seul qui possédât un individu vivant du Tantale africain. Ceux qu'on voit
à Londres ont encore le plumage brun du jeune âge : à l'état adulte, ce plu-
mage est d'un blanc de neige éclatant, avec une handi' rosée sur chaque
aile : le bec est jaune et les pattes rouges.
SOCIKTf: ANONYME
DU
J.\RI)i\ ZilOLOlHOl E D'ACCIJMVTATIOX DU BOIS DE ROlLOfiNE.
P5 APPORTS
PRÉSENTÉ? AUX ASSFMBLÉKS GÉNÉRALES ORDINAIRES DES ACTIONNAIRE?
(lu 29 avril ISG'i et (lu :;0 avril 1803.'
Par ^l. E. lîlF/, 5>E L.%Vg!ijO\,
DireclL'iir (lu jardin.
(S(^anre du 29 avril 1862.)
Messiei'rs,
Il vous a été rendu compte précédennnent des dépenses qui ont eu lieu
pour l'(jtal)li5seinent du Jardin zoologiqiie jus(|u'au jourde son ouverture,
9 octobre 1800, et de colles qui ont été faites pendant les trois mois qui
ont suivi cette ouverture, c'est-à-dire jusqu'au 31 décembre 1860. J'ai
été cliargé par le Conseil d'administration de vous soumettre aujourd'hui
les comptes de l'exercice de I 86 1.
Je commencerai par mettre sous vos yeux l'inventaire au 31 décembre
1861, ipii vous permet d'apprécier la situation financière de la Société.
Inventaire au 31 décembre 1861.
COMPTE DE CAPITAL.
Actif.
Dépenses antérieures à l'ouverture tlu
Jardin 67,0,')^ 90
Cr(''ation du .lardin, con-
structions, achat d'ani-
maux et de mobilier. . 9.')2,02G i9
D(^penses extraordinai-
res pour ciiauU'at^e des
serre? en 1S(H 2:>,8:!,) âG
1 ,(i'i:^/iio S')
Paasif.
Actions 1,000,000 »
Mouvement des actions, 1,650 »
IriKJrèts 17,339 30
Vente de briques 317 »
Excédant des dépenses. 24,110 50
1,043,416 85
/'
bSli SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
COMPTE d'FAPLOITÂTION.
Actif.
Excédant des dépenses du
capital '2'i,no ÔO
Dépensi^s de l'exploitation
18C0 . 31,006 Sô
Dépenses de l'exploitation
1861 206,530 20
Dépenses extraordinaires
1862 et 1863 8,030 ZiO
Compte des profils et pertes 12,174 04
Caisse '22,080 19
Cautionnement 5,000 »
Animaux d'après inven-
taire 00,254 00
Mobilier d'après inventaire 10,005 04
Comptescourantsdébiteurs 43,753 30
'120,020 78
Passif.
lîeccltes de l'exploitation
1800 36,049 25
Recettes de l'exploitalion
1801 245,877 80
Comples courants crédi-
teurs 50,100 43
Excédant de l'actif 90,933 30
429,020 78
Ainsi toutes les constructions, si nombreuses et si variées, qui compo-
sent le Jardin zoologique, étant faites; les vastes travaux de terrassement
et de jardinage qu'il a fallu exécuter, terminés ; les écuries, parcs, volière,
mao-nanerie, aquarium, garnis des animaux qu'ils doivent contenir;
l'outillage de tous les services complété ; enlin l'œuvre que vous avez
voulue, achevée, il se trouve que ces dépenses de première installation
s'élevant à 1,043,416 fr. 85 c, et les recettes du capital social n'ayant
été que de 1,019,306 fr. 35 c, ce premier compte d'installation se ba-
lance par un excédant de dépense de 24,110 fr. 50 c.
Ce résultat, messieurs, ne surprendra, nous l'espérons, personne. Tous,
vous savez combien, dans les moindres bâtisses, il est diflicile de se ren-
fermei' dans les limites des devis primitifs. Cela est proverbial ; à plus
forte raison, dans une œuvre aussi complexe et aussi considérable que
l'édification du Jardin zoologique, a-l-il été impossible de restreindre le
programme qu'on s'était Iracé. A chaque instant on était tenté de l'élargir,
et il a fallu bien des efforts pour arriver au but, seulement avec le modique
excédant de 24,110 fr. 50 c. eu dépenses.
En jetant les yeux sur cet inventaire, vous verrez que néanmoins, au
31 décembre 1861, l'excédant de l'actif était de 90,933 fr. 20 c. en
articles divers, c'est-à-dire que les constructions immobilières dont la
jouissance vous est concédée pour quarante ans étant payées, il vous
reste en mobilier et animaux dont vous pouvez disposer un capital de
90,933 fr. 20 c.
Le léger déficit laissé par l'installation a donc été comblé, comme vous
l'allez voir, par les bénéfices de l'exploitalion.
Je vais maintenant entrer dans le détail des dépenses de Texploilation.
Celles des (rois derniers mois de 1860 vous sont déjà connues.
RAPPORTS AUX ACTIONNAIRES DU JARDIN. 585
Dépenses de V exercice 1860.
Personnel 13,01;îfr. »
Nourriture des animaux 6,370 »
Entretien du Jardin 5,18:? 05
Publicité 1,883 50
Loyer 1,000 35
Frais généraux 3,010 35
Ainsi ces dépenses s'élevaient à. . 31,000 fr. 85
Dépenses de l'exercice 1861,
DÉPENSES ORDINAIRES.
Personnel 55,848 fr. 43
Achat d'animaux 40,435 48 ,
Frais d'animaux 300 »
Nourriture des animaux 35,877 98
Chauffage des animaux '207 50
Frais des serres 4, '231 70
Entretien des bâtiments 6,149 08
Entretien des clôtures 560 39
Outillage 3,101 '20 ■
Publicité 0,144 95
Frais de bureau 1,194 35
Correspondance 1,414 70
Chaufîage 2,913 95
Charrois 214 25
Loyer 1,000 35
Assurances 475 90
(iratifications 459 »
Frais généraux 10,850 70
Annuité des serres 15,000 »
Ces dépenses se sont élevées à. . 200,530 fr. 20
DÉPENSES EXTRAORDINAIRES ET SUPPLÉMENTAIRES DK 18G1.
Animaux de i'aquaiiuni 8,039 fr. 40
Dépenses extraordinaires pour l'appareil de chauffage
des serres en 180 1 porté au compte de capital. . 23,835 46
Total ~3l7874 fr. 80
Sous le litre île dépenses extraordinaires, ont été rangées deu.\ dé-
penses qui ne sauraient être, par leiu- nature, portées au compte des
dépenses or(3inaires de l'exercice 1861. Il s'agit d'abord de 8039 fr.
40 c. pour les poissons à fournir à l'aquarium et livrables en 18G2 et
1863 aux termes d'un marché passé avec .M.Lloyd (de Londres).
En second lien, les 23,83.jfr. 46 c. ont été nécessités par les serres
et le Jardin d'hiver. Je vais vous donner de plus amples détails sur cette
dernière dépense.
Il vous a été, dans les rapports précédents, longuement exposé, com-
ment l'établissement connu sous le nom de Palais des Fleurs de Villiers,
qui faisait l'admiration de tous ceux qui le visitaient, ayant été mis en vente,
des membres de votre Conseil d'administration, désireux de voir le Jardio
zoologirpie profiter de cette occasion pour s'enrichir de l'une des plus
belles serres du monde, mais ne voulant pas nue la Sori(''té s'imposât
586 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
actuellement une dépense considérable, avaient ouvert entre eux une sous-
cription, afin d'acheter le Palais des Fleurs, de le démonter, de le trans-
porter et de le réédilier sur un plan nouveau dii^ue du Jardin du bois de
Boulogne.
Par riieureuse combinaison d'un bail, le Jardin zoologiiuie se trouve
avoir la jouissance de ce magnifique Jardin d'hiver, sans avoir élé obligé de
débourser une aussi grosse somnie (pie celle qu'eût exigée une acquiîition.
Une autre combinaison, en alleruiant les serres à Al. Liudeu, célèbre
horticulteur de la Belgique, laissait espérer qu'en y transportant son prin-
cipal établissement, 31. IJndeu donnerait, parla beauté et larareté deses
eolleclions botaniques, une importance nouvelle au Jardin d'acclimatation;
qu'il en ferait un dos principaux marchés de l'horticulture et nous atti-
rerait un surcroît de visiteurs. En outre, le prix du fermage et la moitié
des droits perçus à l'entrée des serres les dimanches et jours de fêle
devaient alléger les annuités à payer par la Société pour le bail.
Malheureusement des contestations survenues avec M. Linden, non^seu-
lement n'ont pas permis de réaliser c(>s espérances, mais ont conduit
l'administration du Jardin devant les tribunaux, et l'ont obligée à faire les
dépenses représentées par les 23,835 fr. 46 c.
En résumé, messieurs, en écartant ces dépenses extraordinaires que
je viens de vous expliquer, les dépenses ordinaires du Jardin faites pour
son exploitation nonuale ont été de '206,536 fr. 26 c. Je dois ajouter, ce
i[ne vous comprendrez facilement : I" que dans une première année d'ex-
ploitation, ces dépenses ont dû être plus fortes qu'elles ne le seront jamais,
par la nécessité d'organiser et de compléter une foule de détails qu'une
installation rapide n'avait pu prévoir et f[ui ne se sont révélés qu'au fur
et à mesure des besoins ; que par conséquent les budgets des années qui
vont suivre en seront moins gievés ; 2" (jue cette somme de 206,536 fr.
26 c. est restée au-dessous de celle prévue pour le budget de 1861 parle
Conseil, dans sa séance du 31 janvier de cette année; et 3" qu'elle est
surtout, ainsi que vous l'allez voir, bien inféiieure à celle des recettes.
Receltea de 1861.
Entrées du Jardin 171 ,875 fr. 50
iMitrées des serres 7,768 50
Abonnements 155 «
Vente d'animaux 37,945 50
Vente d'œufs 0,9/13 50 ! .
Vente de plumes .377 50 '. ■
Vente de fumier 328 »
■ Saillies 188 50
Vente de catalogues fil 75
Vente de livrets 3,4 15 55
Vente de notices de l'aquarium 201 40
Buffet 1 I.OiU) »
Fermaii'e des chaises 500 »
VeiUe de graines et plantes 34 0 .')0
Amendes 21 50
Voitiu'es à bras , 2 90 • '■
Intérêts i,135 20
Transferts 31 Kt '' ■
Tolnl ilc^ rfccl(e= de 180! . , 2'i.">.S77 fr. SU
RAPPORTS AUX ACTIONNAIRES DU JARDIN. 587
Ainsi, messieurs, les comptes de l'exploitation du Jardin, malgré les
fAtonnements, les imprévus et l'inexpérience de cette première année, se
balancent par im excédant de recettes de 39,341 fr. 54 c. • .
Nous vous ferons, en oulre, remarquer que parmi les dépenses, le loyer
desserres, qui ligure pour I o.OOO francs, est pour ainsi dire un placement,
attendu qu'aux termes du bail, il nous sera tenu compte des fermaoies
payés, le jour où nous voudrons devenir acquéreurs des serres, ce qui
porterait lebénéfice de l'exploitation 1S6! à o4,341 fr. 54 c. Nous aurions
donc été en mesure celte année de constituer une parlie importante de la
réserve, si noijs n'avions eu à pourvoir au cautionnement et aux dépenses
extraordinaires que je viens de vous faire connaître.
La plus forte de ces dépenses a élé nécessitée par les serres, mais ces
serres sont une acquisition nouvelle qui n'avait pas été comprise dans le
plan primitif du Jardin zoologique, ni prévue dans l'emploi du million de
la souscription.
Personne d'entre vous ne regrettera celte acquisition. De quel agrément
le Jardin zoologique n'aurait-il pas élé privé s'il n'avait pas les serres, qui
y entretiennent un printemps perpétuel ?
Vous les connaissez, et les connaître c'est les admirer. Comment ne pas
admettre que l'attrait exercé par elles sur un bon nombre de visiteurs,
n'ait sa (piote-part et sa représentation dans les recettes journalières,
quand il résulte des relevés des recettes des dimanches dans les quatre
derniers mois écoulés , que celle des serresa été de 30 pour 100 dans
la recette totale de ces dimanches'''
En outre du nombre de visiteurs payants s'élevant à 221, (109, le Jardin
en a reçu 18,669 autres, venant avec Tes billets délivrés aux actionnaires
et distribués par eux-, ce qui porte à 240, 278 le nombre des personnes qui
ont visité on 1 8G I votre création, et qui en ont admiré la belle ordonnance,
autant que la [iromplitude avec laquelle tout avait été édilié.
Cent daines patronnesses, élite du monde européen, ont bien voulu vous
apporter la consécration de leur approbation et de leur présence.
Ce sont là autant de voix par lesquelles la renommée a fait connaître
partout l'existence du Jardin zoologique au nombre des grandes curiosités
delà capitale; cette publiciti'; poi'lera ses fruits et, dans la saison des
voyages, grossira la foule des visiteurs. Aucun étranger ne pourra revenir
do Paris sans avoir vu le Jardin zoologique. Ou a paru craindre que, les
premiers effets de la nouveauté étant passés, l'affluence des visiteurs
diminuerait, et que la mode, qui régit tant de choses, nous ferait aussi
sentir son inlluence. Ce qui se passe depuis la reprise de la seconde année,
. c'est-à-dire depuis octobre 1861, est fait pour rassurer. Car nos recettes,
loin de baisser, ont toujoiu's été en augmentant ; même pendant l'hiver,
alors que la population mobile de Paris est bien réduite, nous avons reçu
un nombre de visiteurs double de celui de l'an passé; ce qui nous porte à
penser que la promenade au Jardin zoologique n'est pas un de ces plaisirs
éphémères et de pure curiosité auxquels on ne touche qu'une fois, pour
pouvoir en parler et ne point paraître les ignorer. C'est un plaisir sérieux,
qui entre dans les habitudes, qui olïre à tous les âges une source d'in-
struction facile, agréable, et, par son incessante variété, est toujours
imuveau, ne fatigue jamais, et pour beaucoup deviendra un besoin.
588 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
L'intérêt général que vous inspirez a continué de se manifester par le
nombre et l'imporlance des dons que vous recevez journellement. 11 vous
en est venu de toutes les parties du globe : Australie, Chine, Inde, cap
de Bonne-Espérance, Pérou, Paraguay, etc., car il semble que c'est de
l'acclimatation qu'on peut dire, que pour elle il n'y a plus de Irontières
ni de nationalité.
Un autre résultat bien digne de considération est révélé par la compa-
raison de nos ventes: d'octobre 1860 au 31 mars 1 861, elles s'élèvent à la
somme de 9663 fr. 50 c. ; dans la même période de 1 862, elles s'élèvent
à 31,476 fr. 20 c., ce ([ui constitue une dillerence en faveur de 1862
de 21,812fr. 70 c.
Ainsi les ventes, comme les receltes d'entrée, sont en voie d'accrois-
sement.
Or, vous savez que c'est par les ventes que vous êtes appelés à
atteindre l'un des buts, si ce n'est le but principal de votre institution,
qui est de propager les espèces utiles ou d'agrément.
Les nombreuses demandes qui nous sont tous les jours adressées de tous
les points de l'Europe, et auxquelles nous jiouvons à peine répondre, sont
un sur garant que votre œuvre est comprise ; que le bien que vous faites
est déjà considérable et le sera bien plus encore ; que l'exemple et
l'entremise du Jardin zoologique propagent le goût et les idées de l'accli-
matation, et que l'avenir est plein de i»romesses.
Tout est donc en voie de progrès et de développement ; le Jardin
zonlogique suit l'évolution naturelle des grandes choses. Les éléments de
succès sont nombreux ; \os collections d'oiseaux et de mammifères s'en-
richissent, à mesure que vos relations s'elendent, et se compléteront avec
le temps nécessaire à la formation de toute collection. Vous avez une
magnanerie où s'acclimatent les nouveaux Vers à soie rapportés de l'Inde
et de la Chine, et qui sont pour l'industrie séricicole une si précieuse
espérance. Vos belles serres d'hiver sont une oasis de fleurs, de verdure
et de température printanière, réservée aux promeneurs pendant les
froides journées de l'hiver, et au milieu des campagnes dépouillées de
celte saison. Un jardin d'essai reçoit, entretient et propage incessamment
toutes les plantes déjà introduites par la Société d'acclimatation, et reste
ouvert à de nouvelles introductions. L'aquarium est presque une nou-
veauté sous le soleil, dont les rayons, par cet ingénieux appareil, sont
portés, on peut le dire, jusqu'au fond de la mer et des lleuves, et mon-
trent aux yeux étonnés des honnnes ces populations aquatiques si incon-
nues jusqu'à présent; tableaux, spectacles, études aussi variés, aussi
nouveaux, aussi inlinis que les choses qu'ils représentent, et qui sont
destinés à intéresser la curiosité publique pendant longtemps encore,
sans la fatiguer.
Enfin vous venez de couronner votre oeuvre par une exposition inter-
nationale de volatiles français et étrangers, faite de concert avec la Société
impériale d'acclimatation, dont le Jardin zoologique est l'expression pra-
tique. Cette exposition, qui complète la libérale missionque vous vous êtes
donnée de favoriser les bonnes et belles espèces, a répondu à toutes vos
espérances. Ce grand et unanime succès est un encouragement pour
d'autres exhibitions semblables, (pii feront passer successivement sous les
UAPI'UKTS AUX ACTIUNJNAIRES DU JARDIN.
5S9
yciix ilu public les plus beaux types des diverses espèces animales dont la
Société se propose l'acclimatation ou le perfectionnement !
Telles sont, messieurs, les perspectives de l'avenir. Nul doute que cette
seconde année, dans la(|uelle nous sommes entrés avec une expérience
plus consommée, nous permettra aussi une marche plus sûre et un judi-
cieux emploi (le toutes nos ressources ; et nous avons la confiance que
rannée prochaine apportera des résultats encore plus satisfaisants que
ceux (jue nous venons d'avoir l'honneur de vous soumettre.
(■Séance du ;!0 avril IHGIi.)
Messieurs,
L'nislallation du Jardin zoologi(iuc d'acclimatation accomplie dans les
conditions <jui sont connues, l'excédant de l'actif de l'exercice 1861, indé-
pendamment des bâtiments et constructions représentant le capital social
était arrêté au 31 décembre 1861 à 90,933 fr. 30 c., représentés par
espèces en caisse 22,080 fr. 19c., cautionnement, animaux et mobi-
lier, etc., etc. (voyez p. .j84).
Inventaire au 31 décembre 1862. '
Actif.
Espèces en caisse
— au crédit l'oncier.
(lautioniiement
Animaux, d'après invent"?.
Actions en caisse
Mobilier . .
(loiistruclions nouvelles. .
Outillage
Approvisionnements
Notices de l'Aquarium. . .
Comptes couranis débif^".
Total égal.
:i'i(j
95
()(),378
70
5,000
))
71,8.54
10
.'iOO
»
1:5,000
»
1/1,077
/i(j
(i,729
50
3,(i90
g:5
\7ô
/lô
20,79'4
77
•202,5/1 7
50
l'a^isif.
Comptes courants crédi-
teurs 11,809 11
Conduites d'eau 2/i,018 98
Solde 166,119 /i7
Total égal.
202, 5i7 56
Si nous comparons cet excédant avec celui de 1 86 I , nous trouvons en
laveur de 18G2 une augmentation de 73,186 fr. 17 c.
L'augmentation porte : \" sur le nombre des animaux qui fim.raient
en 1861 pour une somme de 60,254 fr. 60 c, et qui sont aujourd'hui,
par suite d un plus grand nombre d'achats, évalués à 71 8.j4fr 10 c •
r sur l'encaisse, qui était en 1861 de 22,080 fr. 19c., et'qui est auiour'
d hui de 66,725 fr. 6.3 c. * •'
Voici maintenant le compte d'exploitation
5^J0 SOi;iÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMÂTATION.
COMPTE d'exploitation, EXERCICE '1862,
Recettes.
Dépenses.
Personnel
Nounituie des animaux.
CliauHage des animaux. .
Erilretieu du Jardin. . .
Entretien des serres
Entretien et appropriation
des bâtiments
Enlrelien des clôtures. . .
Outillage
Amorlissem'. du mobilier.
Pubiicilé
Fournitures de Inueau . .
Correspondance
Cliautfage
C-liarrois
Loyer ,
Assurances
Salon de lecture
Exiiosition
Animaux de l'Aquarium. .
Frais généraux 1(3,815 9G
Total des dépenses. . 16l,G75 67
Excédant des recettes. . . 90,186 17
50,921 90
:59,9:!8 29
o6i »
15,288 75
1,908 71
10,536 58
2,266 59
2,619 40
3,315 1/j
'i,696 15
1,585 60
1,938 55
1,188 95
7'i9 50
1,00 0 35
à7\ 90
521 «
'1,690 55
857 80
l'otnl
égal .
251,861 84
Entrées du Jardin
Entrées des serres
Abonnements
Bénéfice sur la vente des
animaux
^enle d'œul's
Vente de plumes
Vente de l'nmier. ... .
Vente de graines et plantes
Saillies
Notices de rAcjuariuni . . .
liull'et
l'erinage de chaises
Amendes
Intérêts des comiites cou-
rants
Dons d'animaux
Escomptes, rabais
Total des recettes .
Sur l'excédant des
il faut déduire pour constructions nouvelles . . .
id. pour l'ainortissemeiit des serres.
14,077 'iti
15,000 »
213,649 25
4,818 25
538 »
9,033 3*J
11,038 05
253 90
50 »
732 40
184 »
256 60
4,958 35
250 »
69 »
820 60
5,095 »
115 05
251,861 84
90,186 17
29,077 4G
Actif disponible 61,10871
DEPENSES.
Le compte des dcpciises se divise en deux chapitres : 1° eeltii des
dépenses Inid^i'étaires ipii consiste en prévisions votées par le Conseil dans
sa séance du 20 décembre 1861 ; '2" en constructions nouvelles dont la
nécessité a toujours été reconnue préalablement, et cpti ont été exécutées
au fur et à mesure des l)csoiiis, et après que chacun avait été l'objet d'un
examen et d'un vole jiarticulier du (loinité de direction consignés au
procès-verbal de ses séances et approuvés par le Conseil.
11 est en effet dans la nature d'un établissement tel que celui du Jardin
^■îoologique d'acclimatation, d'entretenir et de solliciter incessannnent la
curiosité publique en variant et mullipliant ses essais, de ne point s'iinmo^
biliser, même dans le succès, et de tendre sans cesse à compléter sa
destination par lout ce qui peut ajouter à son utilité et à son embellisse-'
ment. Mais ce qui doit rassurer complètement, c'est que l'exploitation est
restée dans les limites du budget prévu et lixé par le Conseil, et n'a point
oulre-passé les crédits votés, ainsi qu'il résulte de rexamen fait par une
commission spéciale nommée par le Conseil d'administration.
Jf
lîAPrOKTS AUX AGTlOiNAAlUES DU ,iAKDJ\. 59l
RECETTES.
Comme nous venons de le dire, les recettes onl excédé les dépenses de
61 108 Ir. 71 c. L'an dernier, l'excédant n'était (jue de 39 311 fr. 35 c,
dont il avait fallu tirer 241 10 Ir. 30 c. poni- couvrir l'excédant des
Repenses de premier établissement, ainsi qu'il vous en a été rendu compte.
T/excédant net en 1861 n'était donc ((ne de 1.')23l fr. Ci c.
Cet excédant, joint à celui de l'exercice 1862 s'élevant à 61 108 Ir.
71 c, forme un total de 76 339 fr. 75 c, qui constituera une première
partie de notre réserve où nous devrons nécessairement puiser pour
assurer nos services et faire face aux développements du lardin qui seraient
jugés utiles par le Conseil.
Il vous paraîtra sans doute convenable d'ajouter cette année, comme
l'an dernier, à l'excédant des receltes la somme de 15,000 francs qui
ligure dans les dépenses, mais qui a servi à payer l'annuité du bail des
serres; car celle somme représente véritablement un placement, un
acquêt, puisqu'il vous en sera tenu compte, comme payement partiel, au
jour où vous voudrez acquérir les serres et en elïecluer le pavement
total.
A l'occasion des serres, je dois vous dire, messieurs, que les difficultés
qui avaient lieu entre l'adminisiralion et le fermier des serres, et dont je
vous ai entretenus l'an dernier, n'existent plus ; les conventions faites avec
M. Linden ont été annulées, et l'entretien des serres est rentré dans l'admi-
nistration régulière du Jardin.
En résumé, l'exci^'dant des recettes sur les dépenses de l'exploita-
tion 1862, expression incontestable de la prospérité de votre établisse-
ment, est de 90,186 fr. 17 c. Sur cette somme il a été employé
14,077 fr. 46 c. en constructions nouvelles, et 15,000 fr. en amortis-
sement desserres, ce qui réduit le solde disponible à 61,108 fr. 71 c,
comme nous l'avons dit au compte de l'exploitation.
Le produit des entrées figure pour 213 649 fr. 2o c, en 1861
pour 171,875 fr. 50. — Dillérence en faveur de 1862, 41,773 fr. 75 c.
Vente des œufs en 1861, 9943 \\\ 50 c. ; eu 1862, elle a été de
, 11 ,03 8 fr. 05. — Différence en faveur de 1862, 1094 fr. 55 c.
Vente des animaux en 1861, 37,945 fr. 50 c. ; en 1862, elle a été
de 73,71 0 fr. 75. — Différence en faveur de 1 862, 35,765 fr. 23 c.
Le bénéfice net de la vente des animaux a été de 9033 fr. 39 c.
-Ainsi, dès cette seconde année de l'exploitation, la vente des animaux a
doublé ; et je dois ajouter que les connnencements de l'année où nous
sommes entrés promettent mieux encore.
Il y a, messieurs, dans le fait de l'accroissement des ventes un encou-
ragement véritable. C'est la preuve de la réussite de votre œuvre.
Plusieurs jardins zoologiques créés dans les grandes villes de l'Europe
ont puisé dans le nôtre le premier fonds de leur établissement. Ce sont
autant d'essaims qui vont porter et répandre le goût des acclimatations,
et par conséquent le trafic des animaux qui en sont l'objet.
Voilà des données qui permettent d'établir, sur les espérances des
années futures, un calcul de lu'obabilités {dus sûres (jue celles basées sur
la sinqile curiosité.
592 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULOUIQUE d'aGCLIMAïATION.
Si les visiltMirs font des aclieteurs, on peut dire non moins certainement
<jue souvent un seul acheteur fait plus d'un visiteur, car la vue des objets
qu'il emporte devient le meilleur prospectus du Jardin et inspire le désir
de le visiter.
Le nombre total des visiteurs, qui a été en 1862 de 291,774, n'avait
été en 1 861 que de 240 278. — Différence en faveur de 1 862, 51 ,49G.
.Je dois aussi vous dire, messieurs, un mot des dons qui sont une autre
manifestation de l'intérêt que vous inspirez. Ils n'ont été ni moins nom-
breux, ni moins importants que les années précédentes et ligui'ent dans
votre inventaire pour une somme de 5095 francs. Nous devons signaler
particulièrement à votre reconnaissance LL. MM. l'Empereur et Tlnqié-
ralrice, MM. les Ministres, etparliculiérement le président de l'Association,
M. Urouyn de Lhuys, minisire des affaires étrangères, et la Société impé-
riale d'acclimalation, qui no nian([ue aucune occasion de vous prodiguer
son assistance et ses faveurs, et vous traite toujours connue son plus cher
intérêt.
C'est ainsi qu'elle vous est venue libéralement en aide dans l'installa-
tion de ces expositions qui sont le complément naturel de votre œuvre,
et dans lesquelles cette œuvre puise de nouvelles forc^'s de développement
et de considération. Bien heureuse et bien sage institution est celle dont
toutes les parties s'entendent et s'allient pour'assurer sa prospérité !
Ainsi, messieurs, sur quelque point de l'exploitation du Jardin zoolo-
gique que nous appelions votre attention, nous espérons que vous ne
verrez que motif d'espoir et de confiance. Le Jardin zoologique d'accli-
matation est en voie de satis^^aire voire attente et de remplir sa destina-
tion, qui est d'être, en quelque sens qu'on le veuille entendre, une belle
et bonne action.
Ce que nous pouvons déjà vous annoncer de l'année 1863, d'après
les mois écoulés, confirme tout ce que je viens dédire; non-seulement les
ventes sont en progression, mais le nombre des visiteurs augmente aussi,
et la recette des (|uatre premiers mois, qui est, à cause de l'hiver, la
moins favorable, renijiorte, sur celle des mois correspondants de 1862,
d'une somme de 3304 francs.
Ce n'est pus là peut-être l'expression d'un succès de vogue ([ui accueille
les plus frivoles nouveautés, qui souvent, après avoir donné les plus folles
espérances, tombent dans des baisses soudaines, et s'éteignent dans la
déce}ition et le dégoût, et perdent d'autant plus que leur objet est plus
connu. Non; c'est un succès d'estime, un succès continu et progressif qui
s'accroît lentement, mais dont l'accroissement porte le cachet de la durée
et se fait avec la régularité et la sûreté des choses utiles.
Je crois donc, messieurs, que le Jardin zoologique d'acclimatation a
rempli la promesse que je vous faisais de donner en 1862 des résultats
meilleurs que ceux que je vous faisais connaître pour 1861, et que cette
promesse peut être répétée pour 1863 et pour les années qui suivront.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
CIRCILAIRE
ADRESSÉE A MM. LES MLMSTRES ET CONSULS DE FRANCE.
Le Conseil d'administration de La Société impériale d'accli-
matation ayant décidé, dans sa séance du 28 août, ainsi que
nous Lavons annoncé (numéro de septembre, page 570), qu'un
Questionnaire sur les produits naturels utiles des diverses
régions du globe serait adressé à nos représentants à l'étran-
ger, MM. A. Geoffroy Saint-Hilaire et le docteur L. Soubeiran
turent chargés de préparer ce questionnaire.
M. Soubeiran, dans la séance du '2 octobre, présenta le
projet suivant de circulaire, qui fut adopté par le Conseil.
Mo>;siEUR,
Ainsi que vous le savez, la Société impériale zoologique
d'acclimatation s'est proposé pour objet l'introduction, la na-
turalisation et la propagation en France, dans ses colonies et
dans les diverses contrées du globe, des animaux (Mammi-
fères, Oiseaux, Poissons, Insectes, etc.) et des végétaux qui,
en raison de leur organisation et de leur manière de vivre,
peuvent augmenter la production alimentaire, médicale ou
industrielle de chaque pays, ou, tout au moins, servir à l'or-
nementation, et il est évident que, dans beaucoup de régions,
il existe un nombre considérable d'êtres qui peuvent être
soumis à des expérimentations de ce genre.
L'importance et l'utilité sociale de l'ceuvro que nous avons
en vue nous ont fait espérer que vous voudriez bien y coopérer
en réunissant les renseignements que vous êtes à même de
recueillir sur les productions des pays de votre résidence,
conformément au cadre que nous avons pris la liberté de vous
tracer dans le questionnaire ci-joint.
C'est avec confiance que nous attendons des ministres et
T. X. ~ Octobre 18(33. 38
59/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLI.MATATION. *
consuls de France, dans les diverses parties du monde, des
réponses dont l'ensemble constituera un contingent considé-
rable de documents nouveaux et précieux sur cette branche
intéressante et si importante de la science ; et nons avons à
peine besoin d'ajouter que le résultat obtenu sera en rapport
avec le soin et l'exactitude que vous aurez bien voulu appor-
ter à cette enquête, destinée à rendre de si grands services.
Nous vous ferons remarquer qu'il est essentiel de noter,
pour chaque animal, les qualités qui le distinguent ; de con-
stater s'il est abondant ou rare, sédentaire ou de passage dans
telle saison ; de iaire connaître les meilleurs modes de nour-
riture, de traitement et de reproduction, et pour les végé-
taux, la culture employée avec le plus d'avantages.
Nous vous recommandons particulièrement d'indiquer les
noms indigènes des êtres que vous signalerez, et autant que
possible le nom savant , et surtout de ne pas craindre de
parler de ce qu'il y a de plus commun dans le pays que vous
habitez, car ce sont en général les êtres les moins connus de
nous et les plus intéressants.
Vous trouverez joint à ce questionnaire un exemplaire de
V Annuaire de la Société d'acclimatatioi/ , qui vous mettra
plus complètement au courant des travaux de la Société et du
but qu'elle se propose.
QUESTIONNAIHE.
I. — Muiuinifèrcs.
i° Alimentaires.
Quelles parties eniploie-t-on ?
Quels sont les produits alinieiUaires qu'ils fournissent?
2" Médicinaux.
Quelles sont les parties employ(5es et à quoi servent-elles ?
3" Industrie/s.
Quelles sont les parties employées? Fourrures, Poils, Laine, Peau,
Cornes et Bois, produits divers.
Zi" Auxiliaires.
Bètesde somme, Bêtes de trait, Bêles de gaide?
QUEStlONNAlRE. 595
5" Accessoires (d'ornement et d'agrément).
Bêtes de chasse.
II. — Oist^aux.
6" Alimentaires.
Quelles parties eniploic-t-on ?
Quels sont les produits alimentaires qu'ils fournissent?
7" Industriels.
Quelles sont les parties employées? Fourrures, Plumes, produits
divers.
8'' A uxiliaires.
Bêtes de garde [amnimtV Agami, par exemple).
Destructeurs d'animaux nuisibles (coriune le Serpentaire).
9' Accessoires (d'ornement et d'agrément).
Oiseaux chanteurs. Oiseaux de volière et de faisanderie, Oiseaux
de parc.
III. — Reptiles et Poissons.
10° Alimentaires.
Quelles sont les parties employées?
Quels sont les produits alimentaires qu'ils fournissent ? ,
li° Mé(lici7un/x.
Quelles sont les parties employées et à quel usage ?
1-2° Industriels.
Quelles sont les parties employées? Peau, Écailles, Colle de
poisson.
iù° Accessoires (^d'ornement et d'agrément).
Poissons de vivier. Poissons de cours d'eau. Poissons de mer.
IV. — Insectes et ti'ustacés.
ih° Alimentaires.
15° Médicinaux.
Quelles sont les parties employées et à quel u^agc ? {Galles, par
exemple.)
1()" Industriels.
Quelles sont les parties employées? Soie, Matières colorantes,
Galles, Laques, Cires.
596 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
V. — Mollusques et Zoopliyles.
17° Alimentaires.
18» Industriels.
Quels sont les produits employés? Matières colorantes, Coquilles
(Nacre, Perles), Byssus ou Filaments, Coraux, i.ponges,
YI. — Plantes.
19° Alimentaires.
20° Médicinales.
Usage médicinal usité dans le pays?
21» Industrielles.
Matières colorantes, Matières sucrées, T'arfums, Plantes forestières
et usage du bois.
22" Accessoires (d'ornement et d'agrément).
Par le Feuillage, par les Fleurs.
VIL — Quelles espèces d'animaux et de végétaux vous paraît-il désirable
de faire introduire dans le pays que vous babitez, un des principaux objets
des travaux de la Société d'acclimatation étant de favoriser la réciprocité
des avantages que chaque pays peut retirer de ses échanges avec d'autres
contrées?
Vin. — Exislc-t-il ou peut-on établir dans votre résidence des moyens
de favoriser entre elle et d'autres contrées l'échange des animaux et
végétaux propres à chacune d'elles?
IX. — Toutes les remarques et ubservaiions qui pourraient aider aux
progrès de l'acclimatation seraient accueillies avec le plus vif intérêt par la
Société, dont vous faciliteriez singulièrement ainsi les travaux.
NOTE
SUK
DIFFÉRENTES ESPÈCES DE MOliTONS DE CHINE
Par M. Stanislas JiXIElV,
Mciiibie de rii;slitat.
(Séance du 17 juillet ISOo.)
L'encyclopédie chinoise Pçn - thsao-kanfj -mou cite,
livre L, fol. 32 :
1" Le Ta-we'i-i/(ni(/ -/r J^ É^, le Mouton à grosse queue
(qu'on possède maintenant en France). Ces moutons, dit Li-
chi-tcbin, auteur de celte encyclopédie, ont la queue courte,
mais les habitants de Ha-mi (Khamil) et les tribus barbares
des Ta-clii (Arabes) possèdent un Mouton à grosse queue, qui
a la laine fine et la peau inince. Sa queue est large et pèse de
10 à 20 livres.
2° ha Hou-ijang It] ^A, Mouton des barbares. Suivant
l'ouvrage intitulé Fan(/-koue-tehi j-t ^ ^, ce mouton
provient du royaume des Ta-cJii -4^ ^^ (Arabes).
Ce mouton est haut d'environ trois pieds ; sa queue a la
forme d'un éventail. Chaque année, au printemps, on fond la
peau de sa queue pour en retirer hi graisse, et on la reforme
en la cousant. Si l'on ne pratiquait pas cette opération, l'accu-
mulation de la graisse forait périr ce mouton {sic).
y LeTao-yang '^;J|> ËÉ.. Ce mouton se trouve dans les
difTérents pays du département de Lin-fao-fou ^^ y.)}^ ^if^j-,
de la province du Chen-si. Les plus gros pèsent jusqu'à
100 livres.
!i° Le Liu-yawj fM^ ÉÉ. , littéralement Ane-mouton, qu'oi]
598 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
appelle ainsi parce qu'il peut devenir aussi gros qu'un âne
5" Le Tao-yang ^ É^, qui, à cause de la ressemblance
de la prononciation, paraît être le même que le troisième,
'J:)(> Ë^^. 11 habite les plaines voisines des montagnes nd-
geuses,Sioî/e-rh(m ^ [J_[. Les gens du pays le débarrassent
chaque année de sa graisse (de la graisse de sa queue). En
peu de temps, sa queue redevient aussi grasse qu'auparavant.
6° Le Fong-yami ^vf" ;Ëp. , le Mouton à bosse. Sur son
dos, il porte une bosse charnue, [^ -i^TJ" Joii-fong, qui res-
semble (en petit) à la bosse du chameau. Ce mouton se trouve
dans le district de Kiun, Klun-hien ^K iâS, du département
de Liang-tcheou , province de Kan-sou. On l'appelle aussi
Tho-yang ^{|*j^ ;ÉÊ., le Mouton-chameau.
T Le Kou-li-yong ï^ ^f|^ rp provient des pays situés
à l'est du fleuve Jaune, dans la province du Chen-si. Il est phis
méchant et plus robuste que les autres. Ses poils sont extrê-
mement longs et épais (ils ont plus d'un pied. Ibidem). Sa
chair est trés-estimée en médecine ; mais, comme aliment,
elle est loin de valoir celle du grand Mouton blanc sans cornes,
des pays du nord : :)fc J-^ :M ^ Q ;^^ ^ , Pe-ti-wou-
Jào-pe-ta-yang.
Dans le pays de Thong-hoa, jpj ^ê, on trouve un petit
mouton, ^L 3^ Slao-yang, dont la chair est plus succulente
que celle de toutes les autres espèces de moutons. Il existe un
mouton appelé Hla-yang^ W ;Ëp.- Sa tête est petite et son
corps très-gros; il a de longs poils. Les gens du pays le ton-
dent à l'âge de deux ans, et fabriquent des tapis avec sa laine.
On l'appelle aussi Mien-yang, ^;ê Ëé.. (Le mot mien signi-
MOUTONS 1»E CHINE. 599
fie à la l'ois boum' de soie et coton. Les Chinois expriment
par Là la douceur et la souplesse de sa laine.) (1)
(1) Si la Société désire faire venir de Chine quelques-unes des espèces ci-
dessus, il est indispensable d'envoyer celte noie luènie, qui offre l'orthographe
correcte des noms sous lesquels ces animaux sont connus des Chinois.
Un son chinois exiirimé seulement en Icllres fraiiciiiscs correspond sou-
vent à 100 ou 200 signes dillérents, et laisserait dans Fembarras le lettré le
plus habile. Cette observation s'applique à tous les produits qu'on voudra
faire venir de Chine, et dont on devra envoyer les noms correctement écrits
en chinois.
{Note du traducteur.)
Caractèi'es chinois servaiit à dénommer plusiews espèces
de Moutons de Clùne.
1.
yr ^c ;iÉ. Ta-wéi-yang.
2. p& _-:£ IJng-yang.
3
. Ji^ ^p- Hnu-yang.
i. :^ ^E. Tao-ijang.
5. 7')t ^ Tao-rjang.
6, ffj^' -t. Liu-yang.
7. rt^' ËÈ Thse-yang.
8. ^ij' ÉÈ. Fong-yang.
9. f%f]§'^ Kou-li-yang.
10. J t Jifl. -te J^ Q y^ Éjr. . . Pe-ti-wou-kio-pe-ta-yanrj
(grand Mouton blanc sans cornes, du nord).
11. 1^ ifê A\ rY- Thong-hoa-siao-yang.
12. M ^ Hia-yang.
13. ^;^ r-É. Mien-yang.
NOTICE
SUR LE VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE
Par M. Eugène Si;W01%I.
(Séance du'lO avril 1863.)
Il y a dans le deuxième volume des mémoires concernanl
les Chinois, par les anciens missionnaires de Pékin, un article
remarquable sur les Vers à soie sauvages de FAilanle ou du
Fagara, et du Chêne, et je pourrais me contenter d'y ren-
voyer les personnes qui s'intéressent à cette question ; mais
comme j'ai recueilli certains renseignements qui ne s'y trou-
vent pas consignés, et que certains détails qui s'appliquent
au Ver du Chêne se trouvent mêlés à ceux qui concernent le
Ver du Fagara , je crois bien faire de reprendre tous ces
éléments, de les refondre ensemble, et d'en faire une note
spéciale au Ver du Chêne de Chine, qu'il ne faut pas confondre
avec le Ver du Chêne du Japon que j'ai envoyé en France
l'année dernière, et qui est bien différent de celui-ci.
« Les Vers à soie sauvages du Fagara et du Frêne ailante sont
» les mêmes et s'élèvent de la même façon. Ceux du Chêne
» sont différents et demandent à être gouvernés un peu diffé-
» remment. »
)) La grande et essentielle différence entre les Vers à soie de
» Mûrier et les Vers à soie sauvages, c'est que l'Auteur de la
» nature s'est plu à donner à ces derniers un génie de liberté
i> et d'indépendance absolument indomptable. Le flegme, le
» sang-froid et l'industrie chinoise y ont échoué. Il serait inu-
» tile de vouloir risquer de nouvelles tentatives. Nos livres de
» piété ont pris le Ver à soie pour symbole de la résurrection,
j> soit de l'àme à la grâce, soit du corps à une vie éternelle. Les
» Vers à soie sauvages semblent devoir être préférés; leurs
» cocons finis, ils y restent enfermés depuis la fin de l'été ou
> le commencement de l'automne jusqu'au printemps de
» l'année suivante. » Cela ne s'applique pas toutefois au Ver à
» soie sauvage du Chêne du Japon, qui sort, k la fin de la
SUR LE VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE. 601
» saison, de son cocon pour pondre les œufs qui doivent éclore
B au printemps suivant, comme le Ver à soie du Mûrier.
b Ce long séjour explique pourquoi ils les font si forts et si
j) compactes. On a vu des cocons, oubliés une année, donner
j» leurs papillons la suivante ; et il est notoire, dans la province
j) du Chantong et dans plusieurs autres, qu'on peut retarder
» la métamorphose de la chrysalide bien avant dans l'été.
» Il est bien plus difficile de faire éclore les Vers sauvages
JD que de faire éclore le Ver du Mûrier. J'ai dit faire éclore, il
> faudrait dire procurer leur métamorphose, car ils écloscnt
> d'eux-mêmes sans presque aucun soin. »
Le père d'Incarville y échoua la première fois. La moitié
de l'été s'était passée, quoiqu'il eût fait de son mieux, sans
lui donner aucun papillon. « Je crus avoir été trowpé, dit-il,
» et qu'on m'avait donné des cocons dans lesquels on avait
» fait périr les chrysalides, x Sur quoi, rebuté de ce mauvais
succès, il les enferma dans un tiroir où il les oublia, et les
trouva éclos dans le mois d'octobre, lorsqu'il ouvrit la fatale
prison où ils étaient morts misérablement. Pour faire éclore
les papillons , il faut placer les cocons dans une chambre
chaude et les arroser et les humecter plusieurs fois dans le
jour aux heures les plus chaudes. Il y en a qui préfèrent les
exposer à la vapeur d'un grand vase d'eau chaude elle est plus
douce et imite mieux l'humidité de l'air qui les fait éclore
dans les temps de pluie.
L'éclosion a lieu au bout de huit à dix jours.
<i La première enfance des Vers à soie du Chêne de Chine
» est assez délicate. Le vent leur est très-nuisible; aussi
5) prend-on le parti de les élever sur des branches de Chêne
» qu'on met dans des vases pleins d'eau et qu'on laisse dans
» une chambre inhabitée, bien fermée et tournée au midi,
» mais on a l'attention d'en ouvrir les fenêtres si le temps est
y> beau. Ceux qui croient qu'il est dangereux de ne pas les
» accoutumer d'abord au grand air, prennent le parti de
» planter leurs branches de Chêne sur le bord d'une rivière
» ou d'un ruisseau, à la distance d'un pied et demi à deux
» pieds ; mais pour ne pas les exposer aussi à l'impression
602 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
» funeste du vent, ils élèvent un petit mur de fortes nattes du
» côté où il vient. »
C'est ainsi qu'on les élève dans le Chantong et le Kouy-
tclîéou ; seulement l'éducation s'est encore simplifiée en ce
sens qu'au lieu de branches que l'on est obligé de renouveler
chaque deux jours ou chaque jour, on plante en ligne, à L'>',50
les uns des autres en un sens et à 1 mètre dans l'autre, des
Chênes que l'on tient à basses tiges. On place un certain
nombre de Vers sur les premiers plants de chaque ligne, on
rattache ces premiers plants aux seconds, ces seconds aux troi-
sièmes, en liant entre eux trois ou quatre de leurs rameaux,
et la transhumance se fait sans autres soins. Si ces lignes de
plants sont trop longues pour que toutes leurs feuilles puis-
sent être consommées, on fait sur chacune plusieurs dépôts
de Vers convenablement espacés. Les plantations doivent être
entourées et traversées par de petits conduits d'eau qui en
défendent l'accès aux insectes, et surtout aux fourmis, très-
friandes des jeunes Vers. Enfin les Vers doivent être protégés
contre les oiseaux par un enfant chargé de les chasser, ou
mieux par quelques filets jetés sur les lignes de Chêne, et
soutenus par des perches de distance en distance.
Au Chantong comme au Kouy-tchéou, le transport et les
manipulations des chenilles se font dans des corbeilles fabri-
quées avec les branches d'une plante bisannuelle (Galti/ier)
dont j'envoie des échantillons et des graines au ministère.
Les paysans prétendent que l'odeur de celte plante plait beau-
coup aux chenilles. C'est dans ces corbeilles que l'on l'ait
pondre les papillons ; c'est là qu'on laisse éclore les Vers. On
les recueille ensuite à Taide de petits rameaux de jeunes
feuilles de Chêne, que l'on va suspendre aux sujets qui for-
ment les plantations.
<; La sécheresse paraît contraire aux Vers à soie du Chêne.
» Le père d'incarville, voyant les siens pressés de la soif, leur
» présenta de l'eau au bout d'une paiUe, et il les vit enlever
i> un grand nombre de gouttes sans paraître désaltérés, aussi
» les Chinois ont-ils l'attention de choisir des temps de pluie
» pour les faire éclore, et le voisinage des eaux pour les
SUR LE VER A SOUl DU CHÊNE DE CHINE. 603
» élever. Une remarque bien plus importante du P. d'Incar-
» ville, c'est qu'on peut les nourrir, comme il l'a fait par né-
» cessité, avec les feuilles du Chêne ordinaire, quand les
» feuilles du Chêne cà feuilles de Châtaignier, qui est celui
» dont ils se nourrissent en Chine, viennent à manquer.
» Lorsque les cocons sont récoltés, on prend ceux qu'on
ï veut réserver pour avoir des papillons, ou à la fin de l'élé
» ou le printemps suivant, et on les place dans un lieu sec^
» aéré et frais. 11 y a un choix à faire dans les autres cocons.'
» Ce choix se fait en les pressant entre les deux doigts; ceux
» qui résistent sont les meilleurs et ont plus de soie ; ceux qui
» cèdent sont médiocres et ont moins de soie. On coupe avec
» des ciseaux les deux extrémités des uns et des autres, et on
» les met séparément dans deux sacs de toile de chanvre, ou
» on les ferme avec une ficelle; puis on les plonge dans une
» grande chaudière de lessive bouillante qui a été découlée.
)) Cette lessive, qui doit être forte, est faite de cendres de ju-
)) jubier, ou de tiges de blé sarrasin, ou d'une espèce de per-
)) sicaire dont on tire ici la couleur d'indigo. Quand les cocons
» ont bouilli une heure, on ouvre le sac des niédiocres, et l'on
» reconnaît que la lessive a fait tout l'effet qu'on veut,' quand
» ils s'effilent aisément. Comme cette lessive n'a pour objet
» que de dissoudre la gomme ou colle qui joint les fils soyeux
» du cocon, l'industrie européenne trouvera peut-être quel-
» que dissolvant plus actif et plus prompt. Quand les cocons
» du premier sac sont au point où l'on a besoin qu'ils soient, on
» les tire de la chaudière, puis on visite de temps en temps ceux
» du second pour ne pas les manquer. Si les uns et les autres
D sont pris et tirés de la chaudière cà propos, on presse les sacs
» pour en faire sortir la lessive, et on les laisse ensuite se ressuyer
» jusqu'au lendemain. Si on les avait tirés trop tard de dessus
» le feu, après leur avoir fait rendre l'eau dont ils sont pleins
» en les pressant dans le sac , il faudrait les étendre sur del
» claies pour les faire sécher : tandis qu'ils sont encore hu-
» mides, on les vide de leurs chrysalides et on les renverse
» de manière à en former une espèce de capuchon. Si l'on
» n'en avait pas alors le loisir, on en serait quitte pour la peine
60h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLGGIOUE d'acCLIMÂTATION.
ï de les faire tremper quelque temps dans Tenu cliaiide, quand
D on voudrait fiiire celte besogne.
» Les cocons vidés de leurs chrysalides el renversés sur eux-
» mêmes en capuchon sont fort aisés à filer, H ne faut que les
» faire revenir dans un peu d'eau tiède, les coiffer les uns des
j) autres, comme on fait des dés à coudre, et puis les enfiler
» dans une petite quenouille au nombre de dix à douze, j
On a lieu d'espérer aujourd'hui que le cocon du Ver de
Chine ne sera pas plus rebelle au dévidage que ne l'a été le
cocon du Ver à soie de l'Ailanle.
« L'art de iiler est trop connu en France pour insister sur
ï les détails. Tout ce que nous pouvons nous permettre d'ajou-
» ter, c'est que les Chinoises y sont fort habiles, et qu'à voir
» leurs quenouilles, fuseaux et rouets, on ne croirait pas
» qu'elles puissent en tirer un fil si fin, si propre el si uni. »
Les deux échantillons de tissus contenus dans la caisse de
cocons peav^nt en donner une idée.
L'un est écru et coûte au Kouy-tchéou 3 fr. 25 à ?> iV. 50 c.
les 6ZiO grammes. L'autre a été tissé avec de la soie préparée
et ramollie au moyen d'une espèce de graisse qu'on retire de
certaines glandes qui se trouvent dans le porc, aux environs
des reins et parmi les graisses. Cette soie coûte S à 10 francs
les 6/iO grammes. I! y a également une flotte de soie sauvage
du Chêne, qui coûte 1 fr. 50 c. à 2 francs les 6/4O grammes.
Les Chinois ne savent donner à la soie du Chêne de Chine
qu'une seule couleur, violette, pareille à l'échantillon teint,
joint aux précédents, et n'ont pas encore pu parvenir à leur
en faire prendre d'autres. Plusieurs provinces produisent en
Chine la soie du Ver du Chêne ; mais deux, entre autres : le
Kouv-tchéou et le Chantong.
On peut évaluer à 30 ou !\0 000 balles ofi 7)io/ns la produc-
tion de ce premier, qui pourrait devenir pour la France
(en attendant qu'elle en produise elle-même) l'objet d'un
commerce important, si l'on se décidait à employer celte soie.
Le Chantong en produit beaucoup moins, mais cette pro-
vince est en possession d'un privilège très-précieux.
Le Ver du Chêne, qui dégénère ailleurs, s'y reproduit indé-
SUR LE VER A SUIE DU CHÊNE DE CHINE. 605
fiiiiment sans que rien s'altère en lui ; c'est donc du Cliantong-
que les cultivateurs font venir leurs graines chaque année ou
cha(|ue deux ans. Les cocons que j'ai envoyés, il y a six se-
maines, venaient du Cliantong ; ceux que j'envoie aujourd'hui
sont du Kouy-tchéou et sont une preuve très-évidente de cette
dégénérescence.
C'est ainsi qu'au Sse-tchuen comme au Kiang-nan et au
Tché-kiang, ceux qui cultivent le Ver à Soie du Mûrier se
gardent hien de produire eux-mêmes leurs graines , à moins
qu'ils ne soient pauvres, et les renouvellent chaque annce en
allant les chercher dans deux ou trois petites localités qui
sont en possession, pour ce Ver, du même privilège que le
Chantong pour le Ver du Chêne. Je l'ai déjà dit, et je crois
devoir le répéter, c'est peut-être parce que l'on n'a pas assez
tenu compte de ce l'ait, que les importations de graines ont
si peu de succès en Europe. 11 est plus que probable que ces
mêmes graines n'eussent pas mieux réussi en Chine.
« On voit », dit en terminant le mémoire chinois auquel j'ai
emprunté les passages entre guillemets qui précèdent, « à
» quelle intention nous proposons de Taire des essais, à l'imi-
» tation des Chinois, sur les Vers à soie sauvages duFagara,du
» Frêne et du Chêne. Ces essais, qui ne demandent que des
» soins, de l'attention et de lu patience, peuvent occuper, en
» différents endroits, la sagacité et le zèle des citoyens opu-
D lents qui vont passer la belle saison à la campagne. Il est si
» délicieux de se rendre utile et de contribuer à l'abondance
* publique, que nous ne doutons point que plusieurs ne pré-
j> férent ces essais à tant d'amusements également dispendieux
» et frivoles qui occupent le loisir des riches dans leurs terres.
/) Qui sait s'il n'est pas réservé à quelqu'un de ces essais d'en-
» richir notre France de quelque nouvelle espèce de soie? s
Le vœu du missionnaire est aujourd'hui réalisé en partie,
demain, je l'espère, il le sera entièrement; mais pour cela il
a fallu un siècle, et le règne de Napoléon IIL
NOTICE
SUR LA CONSERVATION, T-'ÉDUCATION ET LA CULTURE
DES OEUFS DES VERS Â SOIE SAUVAGES DU JAPON
[Bombyx Ya-ma-mai , Guérin-Méneville),
Par M. J. L. €. POMPE UMi MEEB&DEKVOOUT.
(Séance du '20 février 1803.)
Les œufs que j'ai eu l'honneur de vous procurer, viennent
de la province d'Elizen ou Jelize/i, située à peu près au
centre de la grande île de Niplion. Il n'y a que deux provinces,
dans l'empire du Japon, où ces Vers sauvages soient cultivés,
savoir : Elizen, et fligo ou Vigo, sur l'île de Kiiism ; dans
cette dernière province, cette culture ne date que de trois ans.
L'inhumation vers la fin du mois de mars a pour ohjel
d'éviter le développement trop rapide des chenilles ; ce point
est d'une grande importance, car souvent il arrive que les
chenilles éclosent ovaitt que les Chênes poussent des feuilles
nouvelles, et dans ces cas les insectes manquent absolument
de nourriture et doivent mourir.
Conservés ainsi, les œufs commencent à se développer au
Japon vers le commencement du mois d'avril ; on doit pour-
tant considérer que le climat et la température de ces pro-
vinces diffèrent beaucoup de ceux de l'Europe.
Le thermomètre ne tombe presque jamais au-dessous de
29 degrés Fahreinheit; la température moyenne, calculée
d'après mes observations faites au Japon pendant cinq années,
est en novembre de /i5 degrés; décembre, /il; janvier, 30;
février, /|3 ; mars, 49 à 50 degrés Fahr.
Selon mon opinion, le terme du développement en France
sera dans les derniers jours du mois de mai (du 20 au 30).
Toutefois on ne doit pas oublier que ces œufs ont fait le
voyage du Japon en France, qu'ils ont parcouru les tropiques,
et ont été exposés à de très-grandes différences de tempé-
rature.
ÉDUCATION DES VERS A SOIE SAUVAGES DU JAPON. (307
Vers le temps que les Chênes poussent les jeunes feuilles
el qu'on peut calculer qu'il y en aura assez pour la nourriture
(les Vers, on exhume les œufs et on les met dans une hoîtc
ouverte, exposés à l'air. On verra bientôt les chenilles se
développer. On ne peut pas nourrir les mêmes insectes de
différentes espèces de Chênes, mais on doit continuer avec les
feuilles de la même espèce, sinon les insectes commencent à
languir et meurent vite.
En général, on leur donne les feuilles de toutes les diffé-
rentes espèces de Chênes ; toute la famille du Querciis est
bonne ; les feuilles les plus tendres et les plus succulentes sont
les meilleures.
Les Japonais font de petites plantations de Chênes dans
leurs serres, pour transporter les jeunes arbres au mois de
mai dans des pots ou bien dans des caisses de bois, qu'ils
peuvent mettre, selon leur gré, en plein air ou bien dans la
chambre. Après la transplantation, les jeunes arbres doivent
avoir abondance d'eau pour croître rapidement.
Quand on a mis les œufs dans les boîtes ouvertes, ainsi que
je disais, les jeunes Vers viennent très-vite, quelquefois le
même jour ; on doit alors leur donner immédiatement quel-
ques feuilles jeunes et succulentes. 11 est d'une nécessité ab-
solue qu'on leur donne abondance de nourriture dès qu'ils
naissent , et même qu'ils aient toujours quelques feuilles
fraîches en réserve, car ils veulent choisir leur nourriture.
Aussitôt que possible, on doit transporter les Vers sur les
petits Chênes qu'on a cultivés à cette intention, et en plein
air, si le })rocédé est praticable ; les Japonais prétendent que
l'éducation en chambre n'est pas favorable : toutefois ce
transport en plein air devra se régler d'après le chmat. Ja-
mais on ne doit transporter les chenilles de force, mais on les
laisse se promener paisiblement de la boîte sur les arbres,
sans les y mettre avec les mains. Évidemment il faut pour cela
une certaine patience, mais il paraît que ces précautions sont
d'une très-grande importance.
Une dizaine de jours après le développement, les Vers ces-
sent de prendre nourriture pendant trois ou quatre jours, c'est
GOS SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
ce qu'on appelle le premier repos, après quoi ils muenl et
recommencent à manger. Ce repos se répèle encore trois fois
avec des intervalles assez réguliers d'environ dix jours.
Soixante jours après la naissance des chenilles , elles de-
viennent transparentes et ne mangent plus; c'est alors qu'elles
commencent à faire leurs cocons (au Japon, au commence-
ment de juin). ïrenle-cinq à trente-six jours après, les che-
nilles se transforment en papillons(environ vers le '10 juillet).
Elles font les cocons sur les feuilles des Chênes. Au temps de
la transformation en papillons, on doit être très-attentif pour
les saisir tout de suite et les mettre en cage, alin de recueillir
les œufs avant qu'ils aient le temps de s'envoler, ce qui
arrive assez souvent.
L'époque de la transplantation des Vers sur les grands
Chênes en plein air doit se régler après leur développement,
et il sera facile, pour les sériciculteurs de profession, de la
fixer eux-mêmes.
Les oiseaux, les souris, les rats et une grande quantité
d'insectes font quelquefois de très-grands ravages parmi les
Vers en plein air, c'est pourquoi les sériciculteurs japonais
arrangent souvent de petites plantations de Chênes dans leurs
jardins cl les couvrent d'un toit d'écorce d'arhre, afin de
pouvoir mieux les garder et les protéger contre leurs ennemis.
La soie de ces Vers sauvages est Irès-estimée au Japon et
encore très-peu connue en Europe ; elle est forte et ne prend
pas de couleur (m'a-t-on dit, du moins au Japon) : c'est pour
celle raison qu'elle est employée pour les parties blanches
dans les crêpes de soie japonais si recherchés en Europe.
Le prix de la soie des Vers sauvages monte au Japon de 800
à 900 dollars mexicains le picul, ce qui équivaut à peu près
à /i500 à 5000 francs le picul, ou 133 livres anglaises.
EDI CATION DU BOMBYX YA.-MA-MÂÏ,
Par M. le docteur A. CHAVAIVIMES.
Lausanne, le 29 septembre 18(33.
Monsieur le Président,
Comme j'ai eu l'honneur de vous le dire en vous entretenant
de mon éducation de Ya-ma-maï, j'ai eu 60 éclosions: 5 pe-
tites chenilles ont péri dans les premiers jours; les 55 autres
m'ont donné 55 cocons, et ceux-ci 55 papillons, tous en
})arrait état. C'est un succès aussi complet que possihle. Ces
cocons, tenus à la température ordinaire , ont tous livré
leur papillon entre 39 et ZiO jours, depuis le moment où ils
ont été commencés, .l'ai eu plus de mâles que de femelles.
Ils ont été placés par couples dans des sacs de gaze que
j'ai suspendus pendant la nuit aux arbres d'un jardin abrité.
Plusieurs fois j'ai mis deux mâles avec la même femelle.
Je n'ai point constaté d'accouplement ; celui-ci dure sans
doute peu de temps et a probablement lieu dans la pre-
mière partie de la nuit. N'ayant jamais trouvé de couple
apparié le matin, je craignais de ne point avoir d'œufs fé-
condés. Un mois après la dernière ponte, j'ai examiné les
œufs en faisant à plusieurs d'entre eux une petite ouverture
avec un rasoir. A ma grande surprise, j'ai trouvé la petite
chenille toute formée; elle est d'un vert clair et s'agite dans
l'œuf. Le Ya-ma-maï est jusqu'ici la seule Saturnie qui passe
l'hiver à l'état d'œuf : c'est une première anomalie. Cet œuf
contient, dès l'automne, la petite chenille toute développée et
demeurant tout l'hiver à l'abri dans sa coque : c'est une seconde
anomalie, car dans les œufs de lépidoptères qui passent l'hiver,
le développement de l'embryon n'a heu qu'au printemps.
Il est facile de séparer, un mois après la ponte, les œufs
fécondés de ceux qui ne le sont pas. Il faut pour cela avoir
une bonne loupe. Tous les œufs qui présentent une dépression
plus ou moins sensible ne sont pas fécondés ; tous ceux qui
n'offrent aucune dépression sont fécondés. Cet examen ne
doit se faire qu'un mois au moins après la ponte, parce que
vers le quinzième jour les œufs fécondés présentent une très-
légère dépression qui s'efface plus tard.
Par cet examen, j'ai eu la satisfaction de reconnaître que
T. X. — OclobrclSOS. 39
610 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQÛE d'aCCLIMATATION.
les deux tiers des œufs de mes Ya-ma-maï sont bien fécondés.
Lorsqu'on ouvre avec le rasoir un œuf non fécondé , il se
produit, au moment de l'ouverture, un petit bruit (t/ic), qui n'a
jamais lieu si l'œuf est fécondé : il est produit par une petite
bulie d'air qui pénètre dans le liquide contenu dans l'œuf; ce
liquide est visqueux, jaune vcrdàtre , sans trace d'organi-
sation. Les œufs blancs, qui sont les derniers pondus, sont
tout aussi bien fécondés que les œufs bruns. Toutes les per-
sonnes qui ont des œufs du Ya-ma-maï peuvent donc, dès
aujourd'liui, savoir exactement combien elles en ont de bons
et de mauvais ; au printemps, le triage sera encore plus facile.
Quant à la conservation de ces œufs, je crois qu'il faut les
maintenir dans des boîtes aérées, placées dans un lieu non
chauiïé, plutôt légèrement humide que trop sec ; la tempéra-
ture ne devra pas s'abaisser au-dessous de 8 à 10 degrés centi-
grades. Une température basse de + 1 ou 2 degrés pourrait
nuire à la petite chenille ; je ne crois pas que 8 à 10 degrés la
déterminent à sortir avant le premier printemps. Mais à quelle
époque l'éclosion normale aura-t-elle lieu ? Il est bien difficile
de répondre à celte question ; je crois cependant que nous
devons nous attendre à une éclosion précoce, c'est-à-dire
avant le premier développement des bourgeons de Chêne.
Dans cette prévision, je conseille à tous les éducateurs du
centre et du nord de la France de faire mettre en vases, cet
automne, quelques petits Cognassiers (on en trouve chez tous
les pépiniéristes); s'ils sont maintenus pendant l'hiver à la
température de l'orangerie, ils auront des bourgeons dès la
fm de février ; s'ils n'avaient pas de feuilles en mars, il serait
facile de les forcer en quelques jours dans une serre bien
chauffée. Les feuihes du Cognassier ne sont jamais trop dures
pour la jeune chenihe, ce qui arrive souvent pour celles du
Chêne. Les petites chenilles pourront rester sur ces Cognas-
siers jusqu'cà ce que le Chêne commence à s'ouvrir ; elles
passent inditlèremment d'un de ces arbres sur l'autre.
Tehessont, monsieur le Président, les indications que je puis
donner ; je souhaite qu'elles soient de quelque utilité aux expé-
rimentateurs du Ya-ma-maï, qui sera une des belles conquêtes
de notre Société.
NOTES
SUR LES ANIMAUX ET LES VÉGÉTAUX UTILi:S
DE LA TURQUIE ('),
ÎPar M. IS. S. BSJFOÎJR,
Ddk'giié de la Société impériale d'ncclinialalioii à Conslanliiiople.
(suite et fin).
Dans le règne végétal, la Turquie offre à peu près les mêmes
produits que la France. Par exemple :
1° Dans les céréales: le Blé dur et le Blé iendre, le Seigle,
l'Orge, l'Avoine, le Sarrasin, le Maïs, le Millet et le Biz.
2" Dans les légumineuses à semences farineuses : les Fèves,
les Haricots, les Pois, les Pois chiches et les Lentilles.
3" Dans les plantes cultivées pour leurs racines : les Baves,
la Carotte, les Topinambours et la Pomme de terre, dont la
culture est propagée seulement depuis la guerre de Grimée.
h° Dans les plantes oléagineuses, le Sésame, qui est cultivé.
en grand.
5" Dans les plantes textiles ou filamenteuses : très-peu de
Chanvre, le Lin en grand, et le Cotonnier, qui commence à être
cultivé.
6' Dans les plantes économiques : le Tabac, que l'on trouve
dans presque toutes les provinces, et la Betterave, qui vient
très-bien dans les montagnes de l'Anatolie et dont on tire à
peine parti.
7" Dans les plantes potagères : les Artichauts, qui sont d'une
bonne venue et d'un goût moins âpre que ceux de France ;
les Choux; les Choux-tleurs, qui sont très-gros, sans tache et
très-doux; l'Ail, qui est très-doux comparativement à celui de
France; les Oignons, qui sont aussi très-doux; les Courges; le
Concombre, qui est beaucoup plus digestible que celui de
France; la Tomate, que l'on cultive partout et en quantité;
l'Aubergine, qui devient très-grosse ; laCourgette (Sahki-kabo,
Courge de mastic), qui a la forme de l'Aubergine, mais qui
devient plus grosse, qui a un goût exquis, est très-précoce et
(1) Voyez, pour la 1"^ partie, numi'i'O tle septembre, pa^'e 5/i0.
(Vr2 SOCIÉTÉ iMPÉfilALE ZOOLOf.IQUE d'aCCLIMATATION.
cultivable en toute saison, excepté eu hiver, et dont chaque
plante produit environ vingt-cinq fruits, du poids, en général,
de 200 grammes l'un. On sème, au commencement de mars,
dans une corbeille, avec un pouce de terre dessus ; la corbeille
est mise sous le fumier jusqu'à ce que les plants sortent, et
ces plants sont repiqués, à la fin du mois de mars, de trois en
trois, en pleine terre, à un mètre de distance environ. Cette
plante est d'autant plus avantageuse que, sans être arrosée,
elle donne pendant trois mois. Les Melons de toute espèce,
surtout le blanc, qui est très-sucré ; le Melon d'eau ou Pastèque,
etleGombo, connu à Marseille sous le nom de Corne des Grecs,
dont on fait un grand usage en Orient, et où on l'appelle
Bamia.
8" Dans les plantes médicinales : le Pavot, qui est cultivé en
grand dans l'Asie Mineure, et avec lequel on produit l'opium,
qui est toujours très-recherché par les Anglais ; la Scammonée
et le Safran.
9" Dans les plantes aromatiques : le Mastic, l'Anis et les
Rosiers. La culture de cette plante se fait en Pioumélie, dans
les kazas de Kisanlik, Tchirpan, Garlovo, Eski Sahara et Ajéni
Sahara, qui font partie du sandjak de Philippopoli. Les habi-
tants de cette contrée, qui sont généralement plus avancés en
agriculture que ceux des autres parties de l'empire, cultivent
avec grand soin cette plante, qui produit l'espèce de rose avec
laquelle on obtient l'essence, qui est considérée ajuste titre,
par tous les parfumeurs, comme la première d'entre toutes,
bien qu'ils la remplacent assez souvent, dans leurs prépara-
tions odorantes, par d'autres essences, telles que celle du
géranium ayant de l'analogie avec l'essence de roses. Cette
essence est produite par les mêmes propriétaires qui culti-
vent cette espèce de Piosier,au moyen de l'alambic usité dans
les distilleries qui traitent l'alcool. Voici les conditions dans
lesquelles cette distillation est faite. Du 20 au 25 mai, époque
de la récolte annuelle, les campagnards cueillent, avant le
lever du soleil, les roses, lesquelles sont distillées par parties
de 8 à 10 okes mêlées avec 15 à 20 okes d'eau pure, et cela
sans interruption pendant deux heures, après lequel laps de
ANIMAUX ET VÉfiÉTAUX UTILI'S DE LA TURQUIE. 613
temps on retire les roses. Ensuite on distille de nouveau l'eau
de rose déjà produite, et, cela fait, on enlève avec une cuiller
l'essence de roses qui surnage.
La récolte annuelle de cette espèce de roses s'élève à
3 600 000 okes environ, et la production de l'essence de ces
roses varie de 200 000 àAOOOOO méticaux, suivant les in-
fluences météoriques; car elles dépendent essentiellement
l'une et l'autre, de la température qui règne pendant ces
opérations, dont la duré(î est de douze à vingt-cinq jours. La
température la plus favorable cà la récolte qui réagit d'autant
sur la production de Fesscnce, est une température fraîche
presque froide, de 40 à 12 degrés Réaumur. Ainsi, par une
basse température avec brouillard et petite pluie par inter-
valle de trois jours, ce qui a souvent lieu dans cette contrée,
liQO roses pèsent une oke , et avec 8 okes de ces roses on
obtient un métical {rnyskal, en turc) , un dram et demi (1 ) d'es-
sence , tandis que, avec une température élevée, il faut jus-
qu'à 1000 roses pour une oke, et 20 okes de ces roses pour
produire un métical d'essence. Quoi qu'il en soit, cette dernière
proportion est encore bien supérieure à celle qui résulte de
la distillation des roses de Provence; car, si je suis bien
renseigné, on emploierait en France jusqu'à 60 okes de roses
pour obtenir un métical d'essence. En conséquence, MM. l-es
distillateurs français feraient bien, ce semble, de rechercher
la cause de cette énorme différence au détriment de leur pro-
duction; d'autant plus qu'en Roumélie, suivant la statistique gé-
nérale de cette production, il faut, bon an mal an, seulement
12 okes de roses pour produire un métical d'essence, ce qui
porte la production annuelle en essence à 300 000 méticaux.
Comme plus amples renseignements sur cette intéressante
question, j'ajouterai que la Rose dont nous nous occupons
porte de vingt à vingt-cinq feuilles d'une teinte très-claire et
d'un goût très-amer, lesquelles étant triturées avec du sucre,
(1) l^our l'information du lecteiu-, je dois faire observer que :
1 oke e.sl cuiuposée de 400 diams.
1 kiloi;iviiiime est l'éiiuivalent de. 312 —
1 dram vaut 60 deniers.
6\h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATATION.
forment une pâte qui produit à peu près les mêmes effets que
la Scammonée. Le plant qui produit cette rose, et qu'on taille
h 1 mètre ou 1"',30 de hauteur, fleurit avec vigueur et abon-
dance dans le terrain à base argileuse, qu'il est indispensable
de retourner quatre ou cinq fois par an. A ce propos, je ferai
observer que la qualité des roses, et, par suite, celle de l'es-
sence, varie suivant la nature du terrain. En effet, le parfum
diffère suivant le terroir; et ces différences sont parfaitement
constatées à l'odorat par les courtiers de cette contrée; qui
plus est, l'essence de tel village gèle déjà à 15 degrés Réaum.,
tandis que celle de telle autre localité gèle à peine à 5 degrés
Réaumur.
Quoique la production générale de l'essence de roses dans
le district de Philippopoli tende, depuis un certain nombre
d'années, à diminuer en raison de la baisse du cours, qui
est descendu de 1250 à 850 francs le kilogramme, prix qui
est primé par le résultat de la culture des céréales, le chiffre
commercial de cette matière première s'élève encore annuel-
lement à un million de francs au minimum.
On cultive aussi en Turquie une autre variété de Rosier
qui produit les roses avec lesquelles on fait des confitures,
que les dames offrent, dans tout l'Orient, aux visiteurs.
10" Dans les plantes tinctoriales, la Garance, qui est cultivée
dans l'Asie Mineure est très-riche en couleur.
11" Dans les plantes ou arbres utiles : le Chêne blanc, qui
produit la vallonée employée dans la tannerie ; le Thuia pro-
duisant la sandaraque; l'Adragant, qui porte la gomme appe-
lée, du nom de Tarbre, adragante, et le Mûrier blanc, dont la
culture est traitée in extenso dans mes Observaiiuns prati-
ques sur la maladie actuelle des Vers à soie. La qualité de ce
Mûrier blanc, au point de vue de la feuille, ayant été reconnue
supérieure en France par des personnes compétentes, je prie
la Société de faire faire des essais avec la graine de celte
espèce, que je prends la liberté de lui ofTrir.
12° Dans les arbres oléagineux: l'Olivier, l'Amandier,
le Noyer et le Noisetier.
13° Dans les arbres à fruits: le Citronnier, l'Oranger; le
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX UTILES DE LA TURQUIE. 015
Figuier, dont le îVuit donne lieu à un grand commerce; dilTé-
rentes espèces de Poiriers et de Pommiers, dont les fruits ne
valent pas en général les nôtres; les Cognassiers, donnant des
fruits qui sont beaucoup plus doux que ceux de France; les
Cerisiers, les Griottiers, les Pêchers, dont les fruits, les arbres
étant soignés , parviennent à une grosseur extraordinaire,
quatre Pêches pour 1 kilogramme, et sont des plus savou-
reux. Pour parvenir sûrement à ce résultat, même pendant
les années de grande sécheresse, les derviches font tomber
sur l'enfourchure de l'arbre, goutte à goutte, de l'eau propre
d'une gourde, qu'ils ont soin de tenir remplie à cet effet.
l/i" Pour ce qui est de la Vigne, on distingue en Turquie
diverses variétés de cépages. Les uns produisent des raisins
avec lesquels on fait, en général, des vins qui ne se conservent
pas longtemps, k l'exception de quelques qualités hquoreuses.
Les autres produisent des raisins, tels que le raisin de Corin-
the, qu'on fait sécher et qu'on expédie à l'étranger. Et enhn
d'autres cépages produisent des raisins pour la table, tels
que le plant Tchaouchc, h grappes assez volumineuses et à
gros grains, très-charnus, d'un blanc jaune, et d'un goût
très-sucré. C'est ce cépage qui a constitué en France le chas-
selas. Parmi les variétés de raisins pour la table, il en est une
que je dois mentionner, non pour la supériorité du goût,
quoiqu'il soit très-bon, mais pour la grande facilité avec la-
quelle on le conserve jusqu'à la fin de mai, et cela presque
aussi frais qu'au moment de la cueillette : c'est ce même raisin
que l'on aperçoit, pendant tout l'hiver, à Constantinople,
pendu aux boutiques des épiciers sans aucune précaution.
Ce cépage, qui est une variété du Tchaouche, produit une
grappe volumineuse cà gros grains oblongs, convenablement
distancés les uns des autres, et solidement attachés à la grappe
par le pédicclle, charnus et d'un blanc tirant sur le vert. Ce
plant, dont le raisin (du nom de Coumla) possède toutes les
qualités voulues de conserve, est cultivé en grand à Filadar,
en Anatolie. Ce bourg, qui est cà 3 5 kilomètres de Brousse et
à 1 kilomètre du golfe de Guemlek, ce qui facihte beaucoup
l'exportation de ses produits, est situé sur une montagne
6d6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
assez élevée ; son terroir est généralement à base argileuse et
calcaire ; son climat, à raison de l'exposition, est tempéré :
toutes ces conditions autorisent donc à croire que ce cépage
pourrait être acclimaté en France avec avantage.
15" Quant aux arbres forestiers, je n'en parlerai pas, vu
que les essences sont généralement les mêmes que celles que
la France possède.
16° Et relativement aux arbres d'agrément, on ne pourrait
citer, pour ainsi dire, que le Platane, qui est d'une venue
gigantesque, ainsi que les touristes le constatent journelle-
ment à Buiukdéré, près de Constantinople, dans un arbre de
cette essence qui aurait, dit-on, offert son ombre hospitalière
àGodefroy de Bouillon, il y a près de huit siècles, lorsqu'il se
dirigeait vers la Palestine.
Comme on vient de le voir, les produits que la Turquie peut
fournir à la France sont en très-petit nombre : par exemple,
dans le règne animal, les diverses races de Vers à soie, les
Chevaux arabes, les Chèvres d'Angora et le poisson laïan-
Baluk ; et dans le règne végétal, la Courgette Sahki-kabo et
le raisin de Filadar. Car pour les autres produits, que la France
possède aussi, mais qui, en Turquie, peuvent être plus beaux
ou de meilleur goût, ce serait une illusion que de les impor-
ter, vu que ces conditions de supériorité dépendent essentiel-
lement du climat.
Je termine, avec l'espoir que ces notes sur les animaux et
les végétaux de la Turquie, bien qu'elles ne soient pas accom-
pagnées de commentaires, auront leur utilité; car quoiqu'elles
ne fassent qu'indiquer les sujets de ces deux règnes de la
nature qu'il serait avantageux d'acclimater en France, elles
peuvent cependant rectifier ce qu'il y a d'erroné ou d'exagéré
dans l'opinion générale relativement à ces contrées orientales,
qu'on traite toujours comme le pays des Mille et vne nuits.
OBSERVATIONS
SUR LA MALADIE DE LA P03IME DE TERRE,
Par 1»I. Jules LECREUX.
(Séance du 20 mars 1863.)
Nous avons éprouvé, l'an dernier, la vive satisfaction de
voir une récolte de Pommes de terre saine et abondante, non
pas cependant sans quelques exceptions. Le moment de vous
entretenir de la maladie et des moyens de l'éviter doit né-
cessairement vous paraître très-inopportun, et suscitera mon
égard les réflexions suivantes :
Le rôle de notre collègue n'est pas difficile à remplir; il
cherche à guérir la Pomme de terre qui se porte à merveille.
Puisse-t-il en être ainsi !
Mais, par prudence, messieurs, veillons encore sur cette
mère nourricière de tant de familles; considérons-la comme
convalescente, et songeons que souvent la rechute est plus
grave que la maladie première.
Depuis dix-sept ans, je me suis livré assidûment aux essais
et aux observations sur la culture de notre précieuse solanée,
attendant qu'elle me suggère quelque chose pour devenir son
interprète. La réussite de la dernière récolte parle en faveur
de mes observations antérieures, que je vais avoir l'honneur
de soumettre à votre bienveillante attention.
Mon unique but, messieurs, est de chercher, par la régé-
nération, à consolider les tubercules, leur donner une con-
stitution assez solide pour résister aux attaques de son ennemi
mortel. Quelques mots sur l'origine, la composition et surtout
les diverses phases de la maladie que chacun de nous con-
naît, étant nécessau-es, j'en parlerai aussi brièvement que
possible.
Plus de trois siècles se sont écoulés depuis que la Morelle
tubéreuse (la Pomme de terre) a fait son apparition sur le
continent.
618 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
A qui devons-nous cette inappréciable introduction? Le
docteur Putsche l'attribue à John Hawkins, en 1565 ; plus
tard, en 1586, l'honneur en revint au célèbre navigateur
Francis Drake, puis aux Espagnols, enfin à l'amiral Walter
Raleigh, au commencement du xvi'' siècle.
Ce qu'il y a de plus positif, c'est qu'en 1616 il en fut servi
comme rareté d'un grand prix sur la table du roi.
Puis sa culture languit, et c'est à peine si, vers le dernier
tiers du xviip siècle, on donnait encore asile, sur quelques
points du globe, à ce précieux tubercule, qui avait aussi été
délaissé en Allemagne, où il fut introduit en 1650.
Enfin Parmentier naquit en 1737, mourut en 1813. Chacun
sait à quoi il consacra toute son existence.
Chaque aimée des Parmentières, fleurissant sur sa tombe,
y forment des amas d'étoiles qui rappellent aux passants la
gloire et le tribut de reconnaissance qui reviennent au grand
bienfaiteur de l'humanité.
Quant à la composition de la Pomme de terre, MM. Dunal,
Dutrochet, Turpin, et avant eux, de Knight et du Polit-
Thouars, ont reconnu que les tubercules ne dépendaient nul-
lement des racines, et se composaient uniquement de l'extré-
mité renflée de branches ou de bourgeons souterrains, dont
le tissu cellulaire s'est développé au point de devenir une
masse, dans les cellules de laquelle la fécule s'est produite en
très-grande quantité et a fait de ces tubercules une matière
ahmentaire des plus importantes.
Quant à la maladie objet de nos préoccupations, elle s'est
manifestée pour la première fois en 1830 dans plusieurs dis-
tricts de l'Allemagne, de là se répandit dans le Palatinat, en
Saxe, dans le Mecklembourg, la Bohême et la Silésie : dans
ces diverses contrées, ses ravages furent tels, que la récolte,
sur plusieurs points, fut réduite aux deux tiers.
Chargé par le gouvernement bavarois d'en rechercher la
cause et les remèdes, M. de Marlius attribue le mal à un
champignon microscopique qu'il désigne sous le nom de Pei'i-
sporium solani, qui se serait produit en abondance au milieu
du tissu cellulaire, et qui a pu se propager par infection.
suri LA POMME DE TERRE. 619
La seconde apparition de ce terrible fléau, qui a produit
des eflets bien plus désastreux encore, a surgi à la fin de
juillet et au commencement d'août 18A5, dans certaines con-
trées de la Belgique, de la Hollande; puis avec une désolante
rapidité, s'est répandue dans une grande partie de l'Allemagne
et de la France; dans la Grande-Bretagne, où son intensité
fut telle que, dans certaines localités, il ne restait de ces pré-
cieux végétaux que des détritus infects.
En Irlande, où elle est pour ainsi dire la seule nourriture
des campagnes, où cbaque habitant en consomme au moins
5 kilogrammes par jour, la récolte fut complètement perdue.
Privée tout à coup de son pain quotidien, cette malheureuse
population fat décimée par les tortures et les conséquences
de la famine.
Ce fléau répandit partout la consternation, et chacun se fit
un devoir de chercher l'origine et les moyens de le prévenir.
Plusieurs opinions furent mises en avant.
L'une soutenue par plusieurs savants qui se sont rencon-
trés avec M. de Martius. Une autre, très-répandue, est que la
matière brunâtre, résultat de la maladie de la Pomme de terre,
est une simple altération des matières azotées, albumineuses
ou autres, contenues dans le tissu cellulaire, altération ayant
pour cause des influences météorologiques anormales.
Je me rallie très-volontiers à cette opinion; car, outre mes
remarques antérieures sur l'influence des temps orageux,
j'ai vu cette année, dans les départements du Nord et du Pas-
de-Calais, où la végétation et la floraison étaient luxuriantes,
un violent orage, éclatant le 7 juillet, réduire presque instan-
tanément la verdure la plus vigoureuse à l'état de fanes brunes
exhalant une odeur fétide; par bonheur, les tubercules furent
épargnés cette ibis, et donnèrent une récolte admirable en
quantité et en qualité.
Néanmoins plusieurs points furent loin d'être totalement
préservés.
La maladie, d'après M. Morren, commence parles feuilles,
môme les fleurs et les fruits, admettant l'infection non parle
Pensporlum, mais par le Uoiri/iis infestana.
020 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Puis vient M. Montagne, qui admet l'action du Botrytis in-
festons sur les parties herbacées, mais déclare n'avoir jamais
rencontré ce cryptogame sur les tubercules.
Plusieurs savants ont attribué le mal à l'apparition d'in-
sectes parasites.
Tandis que MM. Gruby et Guérin ont présenté cà l'Académie
des sciences, à ce sujet, un rapport dans lequel M. Guérin
n'admet nullement l'influence des insectes dans la cause de la
maladie.
.l'ai aussi souvent rencontre, après l'altération des tissus
cellulaires, l'apparition d'insectes et végétaux parasites ; mais
non régulièrement, ce qui me les lit considérer, non comme
la cause, mais comme un résultat de la décomposition.
Pendant que je m'instruisais dans tous les ouvrages d'où j'ai
tiré la plupart des observations qui précèdent, affecté com.me
tous du terrible fléau qui désolait nos campagnes, j'ai voulu
apporter mon faible tribut, en m'associant aux travaux de
tous, et, depuis 18/i5, je n'ai cessé de m'occuper avec soin,
avec la plus scrupuleuse attention, de la partie agricole.
J'appelai d'abord à mon aide les divers engrais connus,
guanos, tourteaux, colombine ou guano des pigeonniers,
composts divers, fumiers d'étable et d'écurie, etc. .l'accorde
de beaucoup la préférence à ces derniers, ayant remarqué
que l'emploi d'engrais trop chauds et trop actifs produisait un
surcroît de fanes tendres et allongées, au détriment de la flo-
raison, puis de la force et de la qualité des tubercules.
J'eus aussi recours au recepage suivi du cbaulage, à l'ar-
rachage des verdures attaquées, et ne fus pas plus heureux
que ceux de mes collègues qui tentèrent les mêmes essais.
J'ai voulu m'assurer si les effets si merveilleux de la fécon-
dation et de l'hybridation, qui ont tant de secrets impénétra-
bles, n'auraient pas une influence avantageuse sur les tuber-
cules.
A cet effet, je me suis procuré des Pommes de terre de
toutes les localités possibles, et plusieurs fois, messieurs, j'en
ai dû à votre libéralité.
J'ai cherché à accoupler (si je puis me servir de cette
SUR LA POMME DE TERRE. 62l
expression) toutes ces espèces diverses, en les plantant l'une
près de l'autre, deux ou trois rangées d'une espèce, puis deux
ou trois d'une seconde, autant d'une troisième, et ainsi de
suite, de manière que les fleurs de toutes les variétés pussent
se communiquer leur pollen. J'eus soin également de les
changer souvent de terrain, et par ces moyens j'ai obtenu,
au bout de peu d'années, des Pommes de terre qui ne se
gâtaient plus, tandis que celles soumises à la culture ordi-
naire subissaient l'inQuence générale.
Lorsque la culture du pays était presque à néant, à peine
si quelques tubercules tachés paraissaient dans mes planta-
tions d'essais.
Après quelques années de culture, je donnai des Pommes
de terre à mes voisins, qui depuis obtiennent des produits
satisfaisants.
Dans la contrée que j'habite, existent des biens communaux
divisés en petites parties, dont la jouissance revient gratuite-
ment à chaque famille, par suite d'inscription au fur et à
mesure du décès d'un usufruitier. Beaucoup de ces terrains
de diverses natures sont occupés par des malheureux qui ont
à peine les ressources nécessaires pour fumer et cultiver. Je
fis de ces derniers, à leur insu, mes collaborateurs, en leur
donnant des Pommes de terre qui leur rapportaient de bons
produits.
Quelle est la cause de ce résultat?
Le hasard? Non, messieurs; ce mot ne peut être admis
dans notre Société, où les précieux éclaircissements que je
sollicite peuvent en être donnés.
Pour ce qui me concerne, je signale des faits. Dans les mo-
tifs donnés à la maladie, M. Morren prétend qu'elle commence
par les feuilles, même les fleurs et les fruits. Je suis d'autant
plus porté à le croire, que ma conviction intime est que la
fécondation agit sur les tubercules, les consolide et leur donne
la force de résister à la maladie quand les feuilles en sont
attaquées, puis, comme des races régénérées par le croise-
ment, se perpétuent longtemps dans de bonnes conditions,
La récolte exceptionnelle de l'année 18C2 est, selon moi,
622 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION.
la conséquence de la fécondation due à une floraison abon-
dante de fleurs vigoureuses dont la riche influence avait déjà
produit ses eff'ets bienfaisants lorsque les fanes ont été instan-
tanément foudroyées.
Du reste, si le germe de la maladie peut s'inoculer par la
fleur et le fruit, aux branches, puis aux tubercules, pourquoi
le germe de la santé ne pourrait-il pas arriver et se propager
par les mêmes voies?
Je n'ai pas cessé, depuis 18/j5, de m'occuper de la Pomme
de terre, et toujours le zèle croissant avec le succès.
Me suis-je trompé, messieurs?
En ce cas, si mes convictions profondes ne sont que vaines
illusions, ce n'est pas, dans tous les cas sur les résultats. Si je
me suis trompé, messieurs, je sollicite vos observations et
surtout vos précieux avis pour les mettre à profit dans de
nouvelles tentatives, afin, si cette heureuse chance m'est ré-
servée, de contribuer pour une part, fùt-elle aussi minime
que mon dévouement est grand, h l'œuvre qui fera dire un
jour :
Nous devons la Pomme de terre à. Parmentier, sa maladie
à de malheureuses circonstances inconnues, et sa résurrection
ou sa rénovation à la Société fondée par l'illustre savant dont
la mémoire est profondément gravée dans nos cœurs :
Par M. Geolïroy Saint-Hilaire.
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1863.
Présidence de M. Frédéric Jacquemart, membre du Conseil.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— Le Conseil admet au nombre des membres de la Société :
MM. Canofari de Santa-Vittoria (le comte), à Paris.
Daschkoff (Dmitry), à Saint-Pétersbourg.
Germain (Victor), capitaine trésorier au 6' régiment de
dragons, à Douai (Nord).
Lefebvre DE Beiiaine (Edouard), rédacteur au ministère
des affaires étrangères, à Paris.
Matteucci, sénateur du royaume d'Italie, à Turin.
MoNTBRON (Alexandre de), à la Piochelle.
NiGRA (le chevalier), ministre d'Italie, à Paris.
Perrier (Fréd.), propriétaire, au Mazeau, près de Nedde
(Haute-Vienne).
SouDRY (Auguste), agronome, à Thiétreville, par Val-
mont (Seine-Inférieure).
— M. le Président informe le Conseil de la perte regrettable
que la Société vient de faire de l'un de ses membres, M. Guil-
laume de Perregaux.
— M. le baron Jules de Lesseps transmet, de la part de
S. A. le bey de Tunis, la nouvelle assurance du haut intérêt
que Son Altesse veut bien prendre aux travaux de la Société,
et offre, en son nom personnel, ses remercîments pour sa ré-
cente admission. Notre honorable confrère demande en même
temps une note des produits naturels que la Société pourrait
désirer parmi ceux de la Tunisie et des diverses parties de
l'Afrique avec lesquelles son gouvernement est en relation.
— Des remercîments pour leur récente admission sont éga-
lement adressés par MM. de Semallé, Vidal, de Poumayrac de
Masredon et le baron d'Aigueperse. Ces deux derniers con-
frères mettent tout leur zèle à la disposition de la Société
pour les expériences qu'elle sera en mesure de leur confier.
Crlh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
— M. le Président communique une lettre par laquelle
M. le marquis de Moustier, ambassadeur de France à Constan-
tinople, lui annonce que l'oeuvre de notre Société est en voie
de progrès sensible en Turquie, et (ju'il espère en donner
prochainement des témoignages très-satisfaisants.
— S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies, par
une lettre du '2k septembre, répondant à celle par laquelle
M. le Président lui annonçait la fondation du Comité d'aqui-
culture de Marseille, assure qu'il est tout disposé à accorder
à ce comité toutes les facilités qui pourront lui être nécessaires
pour l'accomplissement du but utile qu'il s'est proposé, sous
le patronage de la Société.
— M. le baron Anca, président de la Société d'acclimatation
et d'agriculture de Sicile, prie M. le Président de vouloir bien
faire comprendre cette Société, affiliée à la nôtre, dans les
répartitions de graines ou d'animaux dont l'acclimatation en
Sicile pourrait être tentée avec chances de réussite.
— La Société centrale d'acclimatation de Nice demande les
volumes ou numéros du Dullcthi qui lui manquent, pour com-
pléter sa collection.
— M. le Président dé})ose diverses lettres par lesquelles
Mgr Antonelli, au nom de Sa Sainleté, LL. Exe. les Ministres
de la guerre d'Espagne, de Saxe, M. le secrétaire de S. M. le
roi de Bavière, au nom de leurs souverains, accusent récep-
tion des exemplaires de l'ouvrage de M. Richard (du Cantal),
Su7' le Cheval de service et de r/uerre qui leur ont été adressés
par la Société, et pour lesquels ils transmettent leurs remer-
cîments.
— M. Soubeiran dépose le projet de Questionnaire qu'il a
rédigé avec M. A. GeoflVoy Saint-llilaire, sur l'invitation de
M. le Président, pour être adressé à messieurs les ministres,
les consuls et les agents français à l'étranger, afin de leur
demander des renseignements sur les produits naturels des
pays qu'ils habitent, qui pourraient augmenter la production
alimentaire, médicale ou industrielle d'autres contrées, ou
ceux mêmes qui seraient simplement d'ornement. (Voy. p. 593).
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet
PROCÈS-VERBAUX. (325
copie d'une lettre de lAI. Fahre, consul général et chargé
d'aflairesde France à Quito, qui l'inlorme'que les dernières
recommandations qui lui avaient été adressées par Son Excel-
lence, relativement à la composition du Iroupeau de Lamas
et Alpacas que le président de l'Equateur doit envoyer à
l'Empereur, ont eu un résultat dont nous avons doublement
à nous féliciter (voyez au Bulletin, p. 518). En efl'et, le gou-
vernement de l'Equateur, sachantmieux apprécier l'es avan-
tages de l'Alpaca au point de vue de la toison, va s'occuper
désormais de favoriser la multiplication de cette espèce né-
gligée jus(|u'à présent, et le troupeau destiné à Sa Majesté sera
composé surtout d'Alpacas de choix, plus précieux que les
Lamas, et dont la Société cherche principalement à assurer
l'introduction.
— M. le Ministre transmet également des extraits d'une lettre
de S. Exe. M. A. Florès, ministre des finances de l'Equateur, en
date de Quito, le 22 août, qui lui annonce que le troupeau
d'Alpacas et de Lamas a dû être embar(|ué à Guayaquil, dans
les premiers jours de septembre, sur la Comélie, d'e la marine
française, pour être conduit au Callao d'abord, et de là être ra-
mené en France. M. Florès espère confier à ce navire diverses
plantes dont il fait hommage à M. le Président de la Société.
Il résulte de cet avis qu'il est probable que ce précieux
troupeau ne pourra guère arriver que vers la fin de novembre
ou le commencement de décembre.
— M. Ramel offre à la Société, au nom et de la part de
M. Ed. AYilson, président de la Société d'accHmatation de
Melbourne, trois Écureuils volants [flyint/ Sqmrrels ou Sugar
Squirrels), i[in ont été déposés au Jardin d'acclimatation.
— M. l'amiral Bonard, par une lettre du 15 septembre,
informe M. le Président de la perte regrettable du Cerf et des
Biches de Cochinchine qu'il avait l'intention d'offrir à la
Société, ainsi que de celle de deux couples d'une espèce parti-
culière de Faisans et de Paons des mêmes contrées, que son
aide de camp, M. le lieutenant de vaisseau Récunier,'destinait
également à la Société. M. l'amiral ajoute qu'il pense que
l'introduction en France des Bœufs trotteurs du Candjodge
T. \.— Octobre 1803. /^^
626 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÎQUE d'aCCLIMATÂTÏON.
serait facile, et que son départ précipité l'a empêché d'apporter
lui-même deux couples de ces animaux dont il avait recom-
mandé l'achat au commandant des ports de Taynin, frontière
du Gamhodge.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet, à
la date du 28 août, une lettre par laquelle M. Delaporte, con-
sul général de France à Bagdad, lui annonce qu'il a recueilli
dans le pays de sa résidence une collection d'oiseaux vivants
dont il se propose de faire hommage à la Société, et dont il a
l'espoir d'ohtenir prochainement le transport gratuit, (Voy.
au BuUctin, p. 577.)
— M. le Président annonce l'arrivée récente des deux Fai-
sans de Chine envoyés par M. Dabry (voy. au Bulletin^ p. 520),
et expédiés de Marseille par les soins de notre zélé délégué
M. Hesse. Ces oiseaux si curieux sont arrivés en très- bon état
au Jardin d'acclimatation.
— Monseigneur Guillemin, évêque apostolique du Quang-
long et du Quang-si, ayant appris par une circulaire de la
Société, son désir de recevoir delà graine d'Ortie blanche de
Chine {Urtica niveo), fait parvenir une caisse renfermant :
1" plusieurs kilos de graines de cette plante textile; 2" un
spécimen de la tige filamenteuse qu'elle produit; 3° des
spécimens de tissus fabriqués avec ces filaments.
— M. le directeur du Jardin d'acclimatation communique
une lettre qu'il a reçue de M. Vauchelet (de Saint-Denis de la
Réunion), par laquelle notre généreux confrère lui annonce
l'envoi, i)ar le transport l'Amazone, de 5 Perdrix, 5 Tourte-
relles, h Agoutis, dont l'un est offert au Jardin par M. Deville
de Perrière, sous-commissaire de marine, chef du secrétariat
du gouvernement. A ces animaux ont été joints des plants et
des graines de diverses espèces de végétaux utiles de notre
colonie, sur lesquels M. Vauchelet donne quelques détails
propres à en faire connaître le mode de culture et le produit.
— M. le docteur Berg, notre délégué à la Réunion, par une
lettre du 6 août, accuse réception, au nom du Comité colo-
nial, de la collection de graines d'Australie que nous lui
avons envoyée, et annonce que le comité a l'intention de faire,
PROCÈS-VERBAUX. 627
en octolire prochain, un premier envoi de Gouramis à Son
Exe. Kaînig-bey, à Alexandrie. « Nous avons déjà introduit
» dans l'île, écrit M. Berg, un grand nombre d'espèces nou-
» vellesde végétaux. Dans un pays où la culture exclusive de
» la Canne à sucre peut être considérée comme une des causes
» de la crise coloniale actuelle, un pareil fait a été apprécié à
» sa juste valeur. Nous appelons l'attention des colons sur
T) d'autres cultures, le Calé, le Coton, le Thé, etc. ; sur l'éle-
» vage, sur la sériciculture. Notre appel a été entendu ; des
.» propriétaires se sont mis à planter le Coton sur une grande
» échelle, d'autres s'occupent de la culture du Mûrier et de
» l'Ailante. Ce ne sera pas le moindre bienfait de la Société
» impériale d'acclimatation que d'avoir soufïïé son esprit dans
» une colonie écrasée en ce moment par des malheurs suc-
» cessifs et où la vie est loin d'être à bon marché. La ques-
» tion du repeuplement de nos cours d'eau est à l'étude ;
» nous avons fait venir des appareils de fécondation et d'éclo-
» sion, et, en attendant les œufs fécondés cj[ue vous nous avez
» annoncés, nous nous occuperons de la multiplication de
» nos poissons d'eau douce. »
— M. Manès écrit également de Saint-Denis, à la même
date, pour annoncer qu'il a déjà fait deux envois de Goura-
mis en Egypte; que les premiers de ces poissons, arrivés vivants
au Caire, ont péri dans le trajet du Caire à Alexandrie, et qu'il
n'a pas encore de nouvelles du résultat de son second envoi.
Persuadé qu'il est indispensable qu'une prejnière éducation
des Gouramis soit faite en Egypte, notre honorable confrère
se propose d'en envoyer directement à Son Altesse le vice-roi.
— Le docteur Sacc, dans une lettre datée de Barcelone, le
17 septembre, transmet l'avis qu'il a reçu de M. Y. Bataille
d'un nouvel envoi d'animaux vivants de la Guyane, oil'erts à
la Société par notre généreux collègue. Cet envoi se compo-
sait, au départ de Gayenne, de : 1 Pécari femelle, 1 Agouti,
5 Pénélopes marails, l Yacou, 1 Parakoua, et de '2 Agamis
destinés à notre savant et dévoué délégué de Barcelone. Cette
lettre transmet, en outre, diverses appréciations de M. Ba-
taille sur l'organisation de notre colonie de la Guyane et une
658 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
note complémentaire de son Mémoire sur la Iransportation
dans cette colonie.
M. Antonio de Lacerda, par une lettre de Baliia, du
2h août, informe M. le Président de l'envoi de deux cages
contenant : l'une un couple de Pacas, et l'autre une Capi-
vare femelle. De ces trois animaux du Brésil, les deux premiers
seulement sont arrivés vivants au Jardin d'acclimatation, la
Capivare ayant péri pendant le voyage.
M. le marquis de la Rochejacquelein adresse à la Société
une demande de Moulons Ong-ti, à litre de cheptel.
M. le Président dépose un certain nombre de demandes
de Lamas et Alpacas adressées ou transmises à la Société : par
la Société d'acclimatation de Grenoble, MM. L. de Villaret,
Adoue, Hardy, L. Clauzel, E. Vacher, Bonnecaze, Rongiéras,
Yial, N. Joly et Lousteau ; par la Société d'agriculture du Puy-
de-Dôme, par la Société d'acclimatation des Basses-Alpes, et
par le Muséum d'histoire naturelle de Paris.
. M. Bonjean, secrétaire perpétuel de la Société d'agri-
culture de la Savoie, et M. Frédéric Zuber, notre honorable
délégué à Mulhouse, écrivent pour annoncer qu'ils se sont
enuiressés de se conformer au désir de la Société en faisant
connaître l'arrivée prochaine de ces animaux.
— M. le directeur du Jardin communique une lettre du
docteur Jeannel (de Bordeaux), qui l'entretient d'un projet d'or-
oanisation d'un jardin d'acclimatation dans celte ville, et lui
indique une localité où les Alpacas et Lamas pourraient être
avanta^'eusement installés pendant le séjour qu'ils feraient à
Bordeaux, s'ils y débarquaient. M. Jeannel se chargerait trés-
\olontiers des soins à donner à ces animaux.
]VI, Bouteille, secrétaire général de la Société d'acclima-
tation de Grenoble, fait connaître la naissance récente d'un
Yak mâle né du cheptel que la Société impériale a concédé à
sa Société affiliée des Alpes. Cet animal est venu dans d'ex-
cellentes conditions et se porte bien. M. Bouteille ajoute qu'il
est né éualement à Grenoble, un Lama femelle qui est aussi
en excellent étal de santé.
— ^'ous extrayons d'une b'ttii" de noire honorable vice-
PROCÈS-VERIîAUX. 629
président, M. Ricliard (du Cantal), les passages suivants, relatits
à son mode opératoire de fabrication du fromage façon Hol-
lande, et destinés à satisfaire les personnes qui désireraient
être renseignées sur ce sujet. « Toute description que je pour-
rais donner sur la fabrication serait toujours insuffisante pour
arriver à une bonne solution pratique. Or, voici ce que je pro-
pose aux membres de notre Société qui s'adresseraient à elle
pour avoir les résultats avantageux que j'ai obtenus à Souliard.
» A la campagne procbaine, qui sera ouverte en mai pro-
cliain, les personnes qui voudront fabriquer avec le plus de
cbance de succès possible le fromage qui a si bien réussi à
Souliard, pourront m'envoyer un homme intelligent auquel
j'apprendrai le mode opératoire. Deux mois, trois mois au
plus, suivant le degré d'intelligence de l'élève, suffiront pour
bien connaître cette fabrication. Il est bien enlendu d'ailleurs
que cet enseignement pratique sera absolument gratuit. Les
frais de nourriture de l'élève seraient seuls payés (1). Ce se-
raient là les uniques dépenses à faire pour le propriétaire qui
désirerait imiter Souliard. Je ferais aussi fabriquer à ma ferme,
et sous mes yeux, à très-bon marché, les quelques ustensiles
nécessaires à la fabrication, pour ceux qui le désireraient.
» Je serais heureux de voir notre Société vulgariser cette
méthode hollandaise en France. Non-seulement elle affran-
chirait le pays d'un tribut annuel payé à l'étranger, pour nos
approvisionnements, mais elle serait une source de revenu
sérieux pour ceux qui l'adopteraient. >
— M. le Président transmet une Note qui lui a été adressée
par M. Cordier, marchand de laines à Melun. M. Cordier, de
retour d'une excursion récente en Algérie, expose dans cette
note ses observations sur les moyens qu'il conviendrait d'em-
ployer pour améliorer la race ovine dansnotra colonie.
— M. Yial, de Digne (Basses-Alpes), adresse une Notice im-
primée sur l'Vak, et un Mémoire manuscrit sur le gazonne-
ment et le boisement des montagnes, par la culture, les
engrais, la stabulation, etc.
(1) Or (ajoute M. P.icliard), il faiit pour mes domesriqiies, 80 çenlimcs en
moyenne par jour, en hiver, et 90 centimes en éféo
630 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
— M. le docteur Sacc écrit à M. le Président pour lui
signaler les résultats obtenus au parc de la Tête d'or, à Lyon,
par M. Gérard, dans le croisement d'un taureau Zébu avec la
Vache d'Ayr.
— M. Euriat-Perrin (de Roville) annonce l'envoi qu'il fait
de deux gigots d'un jeune Chevreau métis qu'il vient de faire
abattre, et qui produit 17 kilogrammes de chair nette. M. Eu-
riat ajoute qu'au concours de Vézehse du 13 septembre, son
troupeau de Chèvres d'Angora a fait l'admiration de toutes les
personnes présentes.
— M. Hesse, notre honorable délégué à Marseille, écrit, le
9 septembre, pour annoncer l'envoi des deux Faisans expédiés
de Shang-haï par M. Dabry, dont il a déjà été question dans
cette séance.
— M. Tranquillo Toaldi, par lettre de Venise, du 25 août,
offre ses remercîments pour la médaille de '2'' classe qui lui a
été décernée dans la dernière séance générale pour ses heu-
reux essais d'acclimatation d'oiseaux exotiques.
— M. le docteur Sicard, en sa qualité de secrétaire du
Comité d'aquiculture pratique de Marseille, écrit pour annon-
cer la constitution définitive du bureau du comité, qui se
compose de MM. A. Lucy, président ; Derbès, vice-président;
A. Sicard, secrétaire; L. Vidal, secrétaire adjoint. Notre
honorable collègue transmet le désir, exprimé par le comité,
d'être admis au nombre de nos Sociétés aftîhées. — Le Con-
seil, par une décision unanime, accorde au comité le titre de
Société affiliée, et accepte ses offres de bienveillant concours.
M. Lamiral annonce que, le h septembre, il a pratiqué
la fécondation artificielle des poissons de mer sur l'espèce
Muge ou Mulet; les œufs sont éclos dans la nuit du 2Zi au
25 septembre, après vingt jours d'incubation. M. Lamiral
ajoute qu'il enverra quatre flacons contenant des œufs clairs,
des œufs non fécondés, des œufs fécondés et de jeunes Muges.
— M.Gillet de Grandmont écrit de Concarneau pour infor-
mer M. le Président qu'il a reçu de l'administration de la
marine toutes les facilités désirables, et qu'il n'a trouvé par-
tout (lu'uii concours obligeant. M. Gosle lui a libéralement
PROCÈS-VERBAUX. 631
ouvert les portes de sonlabornloire, oùsetrouvenl réunis à la
fois les éléments d'études sérieuses et les principes d'applica-
tions industrielles d'un grand avenir. Il a poursuivi avec soin,
pour répondre au but de la mission que la Société lui a con-
fiée, l'étude des organes de la reproduction des poissons et de
leur développement. Il a pu s'assurer que le printemps était
l'époque du frai, et par conséquent le moment oîi il conviendra,
l'an prochain, d'aller pratiquer la fécondation artificielle. C'est,
du reste, ce que M. de Grandmont se propose de développer
dans son rapport officiel à la Société d'acclimatation.
— M. Hesse, délégué à Marseille, à la date du 2 septembre,
annonce qu'il expédie au Jardin d'acclimatation un second
envoi de Crabes d'eau douce, adressé de Rome par .M. le comte
G. de Montebello , et destiné au Jardin d'acclimatation.
— M. René Gaillaud transmet copie d'une lettre de M. le
préfet de la Vendée, lui annonçant que, sur sa proposition, le
conseil général de ce département a voté dans son budget une
allocation pour la destruction des Vipères, et lui oflrant ses
félicitations pour les succès remarquables qu'il a obtenus dans
l'introduction et la multiplication du Saumon dans les rivières
de la Vendée. Ces succès sont, en outre, constatés par une
lettre de M. Labbé (deLuçon), annonçant à i\I. Gaillaud que
dans l'écluse de leur usine près de Mareuil, il y a environ
1500 à 2000 Saumons dans un parcours île 2 kilomètres.
Cette introduction du Saumon dans les eaux du Lay, tentée
par notre honorable confrère , aidé particulièrement par
MM. Chevallereau et du Fougeroux, remonte déjcà à plusieurs
années.
— M. le Secrétaire général dépose une seconde lettre de
M. Gaillaud, l'informant qu'il a fait au Jardin d'acclimatation
divers envois pour l'Aquarium, et entre autres, tout récem-
ment, d'un échantillon très-remarquable de la production des
Moules; d'un bloc calcaire perforé d'un grand nombre de
Pholades ; de deux échantillons de la reproduction des Huîtres
dans les parcs de Ghatelaillon ; d'une vingtaine de petits
Brochets vivants.
— M. le Président transmet l'album de dessins coloriés des
632 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCL!MATATION.
différentes espèces de poissons du fleuve Yang-tsée-kiang,
annoncé par M. Dal)ry, et complétant son mémoire sur ces
poissons. Notre collègue doit envoyer prochainement un cer-
tain nombre d'autres espèces, de Chine. Nous publions plus
loin un extrait do la lettre qui annonce cet envoi. (Voy. p. 636. )
M. le vicomte France d'Houdetot appelle l'attention de la
Société sur le travail de M. de Broca, directeur des mouve-
ments du port du Havre , relatif à l'industrie huîtrière aux
États-Unis.
— M. Chauvin écrit de Plestin (Côtes-du-Nord), pour infor-
mer la Société de son projet de création sur un lais de mer,
près de Lannion, d'un établissement pour la multiplication
des Homards et des Langoustes, d'un réservoir pour élever
ces crustacés, et d'un bassin d'études pour l'aquiculture ma-
rine. Notre honorable confrère appelle l'attention de la Société
sur ce projet, dont la réalisation lui semble appelée à rendre
de véritables services.
— M. Hardy, directeur du jardin d'acclimatation d'Alger,
adresse une Note sur ses plus récents travaux pour l'acclima-
tation en Algérie des espèces ligneuses exotiques (voy. au
Bulletin), et donne des renseignements sur les résultats de
son éducation de Vers à soie Ya-ma-maï. Sur 28 cocons qu'il
a obtenus, 21 ont produit des papillons mâles et 7 seulement
des papillons femelles. Ces 7 femelles ont donné 1359 œufs,
soit 194 œufs par femelle. Les accouplements se sont
parfaitement faits en mettant les papillons dans de grands
paniers.
— M. Frérot (d'Aussonne) annonce que les 25 cocons de
Ya-ma-maï qu'il a conservés lui ont donné 10 papillons mâles
et 12 femelles, dont 6 seulement ont été fécondées et ont pondu
1500 œufs environ. M. Frérot ajoute quelques détails sur son
éducation.
— M. Lemaistrc Chabert envoie de Strasbourg, avec 50 co-
cons vivants du Bombijx Ci/nfJwi, une Note sur ses éducations
de cette espèce, qui lui ont parfaitement réussi sur une haie
d'Allantes.
-- Un envoi de même espèce est également adressé par
PROCÈS-VERBAUX. 633
M. François Spiiiolli, quia fait une éducation prés de Portici,
et se propose de la continuer sur nne plus grande échelle.
— M. le docteur Sicard (de Marseille) accuse réception des
œufs du Ver du Ricin qui lui ont été envoyés parla Société et
qu'il a i)arlagés avec M. llœring, directeur de la pépinière de
Bône. Notre savant confrère annonce, en outre, qu'il espère
avoir réussi dans ses essais de culture de diverses graines
qu'il a reçues de la Société , et particulièrement du Coton
Géorgie longue soie et des Cotons nankins de Chine.
— M. Belhomme, directeur du jardin ))otanique de Metz,
fait parvenir, pour les collections de la Société, un tissu de
forme anormale, une sorte de ruhan long de 18 centimètres
et large de 5 environ, produit par un Ver de l'Ailanle, au lieu
d'un cocon. Cette anomalie tient, d'après M. Belhomme, à
l'accumulation dans laquelle se trouvaient les Vers dont
faisait jiartie celui qui a donné ce singulier tissu.
— M. Dufour, délégué de la Société à Constantinople, par
une lettre du 3 septembre, rend compte des démarches qu'il a
faites, depuis son retour dans cette ville, pour le développe-
ment des vues de la Société en Orient, et insiste sur sa
demande d'œufs de Bombyx Ya-ma-7na'i.
— M. le Président transmet les renseignements qu'il ar('-
cemment reçus de M. le comte Joseph Taverna, de Milan,
sur les fâcheux résultats de la dernière campagne séricicole
en Lombard ie. « La race de Vers b. soie du Japon que vous
m'avez envoyée, il y a trois ans, dit M. Taverna, a été la seule
dont les produits aient été satisfaisants. Ma mère a su con-
server cette race parfaitement pure, et nous avons pu juger de
la vigueur inouïe de ces Vers, pendant plusieurs éducations
faites cà des saisons différentes. Cependant quelques traces de
pébrine se montrent déjà, quoique faildes et en petit nombre.»
Notre honorable confrère exprime ensuite le désir de recevoir
des œufs de Va-ma-maï.
— M. le baron Anca, président de la Société d'acclimata-
tion et d'agriculture de Sicile, annonce que les Vers du Ricin
et de l'Allante qu'il avait confiés cà des mains intelligentes
et soigneuses n'en ont pas mohis tous éfé détruits par les
63/i SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Iburmiset d'autres insectes; il demande donc de nouveau des
cocons ou des œufs de ces deux espèces, et surtout du Bombyx
Aî'rindia, pour continuer lui-même ses essais d'introduction.
— La Société centrale d'agriculture, d'horlicuUurc et d'ac-
climatation de Nice; M. Fabrc, de Sainl-Privat (Vaucluse);
M. Laperlier (d'Alger), et M. E. de Morgan, accusent réception
des graines qui leur ont été adressées, et offrent leurs remer-
cîments,
— Notre zélé confrère, M. Brierre de Saint-Ililaire (de
Riez) adresse plusieurs lettres accompagnées de dessins, pour
faire connaître les résultats de ses cultures de végétaux exoti-
ques elles abondantes distributions de graines que ses récoltes
lui permettent de répandre dans son département.
— MM. Huber frères, horticulteurs à Hyères, membres de
la Société, offrent leurs services pour des essais d'acclimatation
de végétaux d'espèces nouvelles dans leurs établissements.
— M. Léon Maurice, délégué à Douai, écrit pour rendre
compte de ses cultures de divers végétaux dont il a reçu les
graines de la Société, et particulièrement du Lo-za de Chine,
et renouvelle ses bienveillantes olTres de services pour des
expériences d'acclimatation.
— M. le docteur F. Mueller, directeur du jardin botanique
et zoologique do Melbourne, répondant à une demande de
renseignement qui lui avait été adressée sur un certain blé
austrahen inversable, assure qu'il n'existe pas en Australie de
variété de blé possédant cette faculté, et que la qualité qui fai-
sait désirer de la semence de ce blé tient uni(juement à l'ex-
cellente nature du sol des localités où il est cultivé. Notre
éminent membre honoraire transmet à ce sujet une lettre de
M. Maison, secrétaire delà Société d'agriculture, qui conOrme
son opinion.
— M. Ed. Renard offre à la Société une boîte de graines
d'un arbre dont les Japonais se servent pour faire leur savon.
Ces graines, arrivées directement de Nagasaki, ont été immé-
diatement distribuées en partie.
— M. Jaussaud annonce (}u'un seul tubercule (h3la Pomme
de terre d'Australie distriljuée par M. David, et qui pesait
TROCÈS -VERBAUX. î335
3(iO grammes, divisé en sept morceaux, grâce à ses nombreux
yeux, lui a donné sept plants qui ont produit lliO tubercules
d'un poids total de 5 kilos 250 grammes ; mais il les trouve
inférieurs en qualité aux variétés ordinaires.
— M. Pbilippe, jardinier en clief du jardin de la marine,
à Saint-Mandrier, près de Toulon, annonce qu'il a obtenu deux
plants assez vigoureux des tiges d'Aipim distribuées par la
Société, mais que les Mandioca n'ont pas pu germer.
— M. Ilayes fait parvenir, de Chandernagor, par les soins
obligeants de M. Yérien, un paquet de graines de Teck.
— M. le Président transmet deux mémoires du Conseil des
travaux publics à Constantinople, sur les mesures cà prendre
pour favoriser la culture du Coton dans l'empire ottoman, et
sur les moyens d'organiser une exposition cotonniére à
Smyrne.
— M. le Président fait parvenir en même temps un plant de
Cotonnier envoyé par M. de Trenqualye, consul de France à
Canton, qui l'a reçu d'un mandarin chinois. M. le consul, en
envoyant cet éclianlillon de Coton cultivé dans la province du
Quang-tong, pense que ce spécimen de production peut offrir
quelque intérêt par sa comparaison avec les colons obtenus
dans d'autres pays.
— ■ M. le secrétaire dépose divers numéros des journaux
le Siècle, les Villes et les Campagnes, le Toidoimais, l'Aigle
des Céveiines, le Courrier des Alpes, l'Aigle de Toidome, le
Moniteur du Calvados^ contenant des articles sur les Lamas
et Alpacas, le rapport publié par la Société relativement à la
destruction des Vipères, l'amélioration des plantes par la
sélection des graines, etc., etc.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères adresse
un exemplaire d'une brochure deM. Emile Colpaert, intitulée :
Étude sur la métallurgie au eerro de Pasco, dont l'auteur
fait hommage à la Société.
— xM. Piené Caillaud transmet, au nom de l'auteur, M. A.
Noirot, une brochure ayant pour titre l' Isthme de Suez.
Le Secrétaire des séances^
L. SOUBEIRAN.
m. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Extrait d'une lettre adressée par M. P. Dabry , consul de France à
Han-kcou,à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation.
Han-kéou, le 0 juillet 1803.
Monsieur le Président,
J'ai riionneur de vous faire parvenir ci-joint l'alhum dont je vous ai entretenu
dans ma précédente lettre. Il vous donnera une idée exacte des couleurs des pois-
sons que je vous ai envoyés. On m'en a promis un grand nombre d'autres espèces
que l'on trouve dans le Yung-tsée-kiang, près de Tcliiu-kiang-fou. Aussitôt que
je les aurai reçus, je les préparerai, et vous les expédierai, si vous le désirez. Je
pourrais même y joindre du frai de ces mêmes poissons, dans le cas où vous en
reconnaîtriez ropport\mité.
Ma basse-cour s'est augmentée cette semaine de deux poulets tarlares et d'un
magnifique Coq qui, j'espère, seront dignes de fixer votre attention. J'attends un
Coq de combat dont la taille est, dit-on, extraordinaire. On m'écrit également de
Ta-thsieu-lou , petite localité du Ssé-tcliueii , sur la frontière du Tibet , que l'on
espère pouvoir m'expédier bientôt une Licorne, qui, dans celte contrée, est à l'état
domeslique, et une espèce ovine remarquable par ses six cornes et par sa laiin;,
plus fine que celle des Chèvres de Cachemire. Un autre missionnaire du Hon-nan,
m'informe que dans les montagnes où il a établi sa résidence provisoire, existent
les animaux et les oiseaux les plus curieux. « J'ai vu, dit-il, une variété de Faisan
qui m'a beaucoup frappé [lar sa longue queue, de plus de !'",50, et par ses trois
plumes sur la tète. Le Sanglier, le Léopard, le Tigre sont très-abondants. Der-
nièrement, des chrétiens qui étaient allés à la chasse des poules sauvages ont fait la
rencontre de sept tigres, et sont encore malades de la peur qu'ils ont éprouvée.
Malheureusement, je ne suis que chasseur d'âmes, et ne sais comment vous pro-
curer ces magnifiques animaux et oiseaux. Cependant, vous pouvez compter que je
ferai tout mon possible pom- satisfaire vos désirs. »
De mon côté, je profiterai des renseignements qu'on me donne volontiers, et
j'enverrai à mes frais dans chaquelocalité des agents dévoués, munis d'instructions
bien précises.
Veuillez agréer, etc. Signé P. Dabry.
Envoi d'animau.Y vivants d'Anstraiie.
Lettre adressée par M. Black à M. te Président de la Société impériale
d'acclimatation.
Melbourne, le 25 août 18(53.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que, par le ForA-s/uVe, qui est parti le 31 août,
un Lézard, six Passerea\ix et une paire de Pigeons huppés, ont été envoyés par
le Conseil de la Société d'acclimatation de Victoria à la Société impériale de F'rance.
J'espère que vous voudrez bien accepter ces animaux comme un nouveau témoi-
gnage de notre bon vouloir. Ils sont expédiés par les soins de M. le docteur Mueller
et avec l'aide obligeante de son correspondant à Londres, et j'espère qu'ils vous
parviendront dans do bonnes conditions.
o ■^
FAITS DIVERS. 63
Je suis heureux de pouvoir vous douner des nouvelles favorables des Chèvres
d'Angora que vous nous avez envoyées, et que nous avons reçues réceminenl.
Elles sont tout à fait remises du voyage et se portent à merveille.
Veuillez agréer, etc.
Signé Black.
Depuis la réception de celte dépêche, .M. P, llïiinel nous a coniiminiqué
une lettre par laquelle M. le docteur Mueller lui annonce qu'il a ajoulé, en
son propre nom, aux animaux désignés par AL Black, deux Colluricincla
harmonica, également destinés à notre Société.
Sur !«• Thé du Paraguay.
Le Conseil a reçu la lettre suivante, qui a été transmise à M. le Président
par S. Exe. M. le ministre du Paraguay, et qui est relative aux expériences
faites par M. le docteur Baud, médecin en chef des épidémies de la Seine,
sur le Thé du Paraguay.
Paris, le 19 septembre 1863.
Monsieur,
Fidèle à l'engagement que j'avais pris oralement avec vous et que j'ai confirmé
dans ma lettre, je me suis mis, sans retard et toute affaire cessante, à l'étude et
à l'expérimentation du Thé du Paraguay, dont vous m'avez remis une caisse...
Je suis heureux de vous annoncer tout d'abord , que les résultats de mon
étude ont dépassé toutes mes prévisions : je puis le signer désormais avec toute la
valeur de ma position médicale, et le prouver avec toute l'autorité de ma plume
ce Thé est de beaucoup supérieur au Thé de Chine par ses effets sur l'organisme!
11 tonifie, il reconforte et calme l'excitation nerveuse, au lieu de la provoquer
comme son rival. Que ce fait soit prouve pour tous comme il l'est désormais pour
moi, et le Paraguay pourra sans doute se couvrir d'yerbales, sans craindre que sa
production dépasse les besoins de la demande !...
Signé V. Baud. '
Lettre adressée par M. Gauldrée-Boilleau, con.sM/ général de France
à Quéhpc,à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation.
Québec, le 25 septembre 1863.
Monsieur le Président,
Je viens de faire charger à bord d'un bâtiment de commerce, expédié de
Québec à Toulon, une caisse destinée à la Société impériale d'acclimatation, et
qui contient la collection de plantes du Canada dont j'ai eu l'hoimeur de vous
entretenir dans mes précédentes commimications.
Ces plantes sont au nombre de dix-neuf; il y en a parmi elles de fort rares et
que j'ai eu beaucoup de peine à me procurer; je me suis appliqué à obtenir celles
que les botanistes du Royaume-Utii recherchent de préférence.
Vous trouverez sous ce pli la liste des plantes en question : j'ai eu soin de
mettre la dénomination vulgaire en anglais à côté du nom latin, et j'ai également
indiqué les localités où chaque espèce se rencontre.
L'Asarum canacleni:c, qui figure en tète de la liste, pourrait, à ce que l'on
croit ici, servir de tonique, et mériterait d'être essayé dans la pharmacie.
01^8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
L'Arum tfiphijllum, le Clinlonia, le Sangiunana , les deux espèces d»;
Trillium et de Kalmia, et le Clayloiiia ont de très-jolies fleurs qui produiraient
un cliarniant eiïet dans nos jardine.
VOsnmnda est la plus belle des fougères canadiennes.
On a beaucoup parlé de VAsclepius, ainsi que l'indiquaient mes communications
des 15 novembre 1862, 17 janvier et 3 j\iin 18(J3, pour la fabrication de tissus
qui suppléeraient jusqu'à un certain point à ceux du Coton ; mais je ne sache pas
qu'aucune expérience ail encore clé entreprise sur une échelle un |)eu large. Si,
d'ailleurs, j'envoie à la Société impériale d'acclimatation de nouveaux jdants
d'Asclepias, c'est pour remplacer ceux que je lui ai adressés en 1862, et qui ne
lui sont pas parvenus dans im état parfait de conservation. A Québec, les jeunes
tiges d'Asclépias se vendent au iirintemps comme des espèces d'Asperges :
peut-être parviendrait-on, avec des soins convenables, à en faire un assez bon
légume?
\'Aclœa et le CUnlonia portent en automne, l'un des baies rouges, l'autre
des baies noires : ce sont des plantes d'une grande beauté.
Les propriétés médicinales du ^arreceuia pnrpurea vous sont déjà connues :
pour que cette plante réussisse, il lui faut un terrain marécageux ; elle réclame
assez d'eau pour que le calice de la fleur soit à moitié rempli.
A la liste des plantes je joins une note indiquant, dans le plus grand détail, la
composition de la caisse qui les contient et la manière dont chaque espèce est
groupée, .l'ai veillé à l'emballage, qui a été soigneusement fait. Pour mieux
assurer le transport des plantes, les plus rares ou les plus utiles d'entre elles ont
été recueillies dans les champs, au printemps dernier, et cultivées, pendant tout
l'été, dans un jardin des environs de Québec. Sans celle prècaulion, elles
auraient jirobablement péri durant la traversée : j'espère maintenant qu'elles
arriveront à bon port.
La caisse de plantes est accompagnée de quatre paquets, renfermés eux-mêmes
dans une seule boîte; ce sont des spécimens d'Ekinnis vrrginicus , de Calama-
grostis cnnadensis, de Muhlenbergia rncuica et de Dnca paiuslris.
L'Elymus, le Calomagrostis et le Mullienhergia sont des herbes qui s'élèvent
à \me grande hauleiir et conviendraient bien, à ce que l'on croit, à l'élève des
bestiaux ; les cultivateurs américains commencent dans quelques localités à les
employer en guise de fourrages.
Quant au Dirca pnlvstrh , c'est le hais de plomb , dont j'ai déjà envoyé des
plants à la Société d'acclimatation. L'écorce tcrait, m'assure-t-on, d'excellent
papier. On me dit aussi que le bois lui-même fournirait du charbon de première
qualité pour la fabrication de la poudre.
Tous les objets dont il s'agit seront transportés en France à bord du voilier
Columbine, qui est consigné à la maison Lieulaud (de Toulon).
Le transport de Québec à Toulon doit s'ellccluer graluitemenl, grâce à l'obli-
geance de M. Cafl'arena et du capitaine de la Cotunibinc.
Veuillez agréer, etc.
Le Consul général de France,
Signé Gauldrée-Boilleau.
IV. CHROÎIIQOE.
Introilnction du Ver A soie du CliCne du Japon en Europe.
Nous recevons, sous forme de brochure, de M. Pompe van Meerdervoort,
membre de la Socit5fé, une Notice sur les faits relatifs à Tinlroduction du
Ver à soie Ya-ma-maï en Europe. Nous regardons connue un devoir d'ini-
parlialité et de reconnaissance de reproduire par exirails celte notice.
Notice sur l'introduction du Ver à soie du Chêne du Japon (Bombyx
Ya-ma-maï, Guérin-Méncviile; en Europe, par M. Pompe van Mcerderwort.
J'ai reçu récemment, de M. le docteur de Roo van Westmaas, im numéro
delà Bévue de séricicidture comparée (le n" 6 de 18G3) rédigée par
Î\I. F. E. Guérin-Méneville, le célèbre sériciculteur français. Il y a dans ce
numéro quelques arlicles sur le Bombyx Ya-ma-maii et sur les belles
réussites (lue les essais d'éducation de ces Vers à soie ont eues en France et
ailleurs.
En lisant cette Bévue, je m'aperçus qu'on se méprend, sous plusieurs
rapports, sur l'introduction de ces Vers en Europe, que l'on considère à
juste titre comme ayant une importance énorme, puisque le docteur Sacc (de
Barcelone) dit à ce sujet :
« L'Ya-ma-maï va permettre aux femmes les plus modestes d'avoir leur
» robe de salin au même prix qu'une robe de laine, etc. »
C'est donc pour rectifier quelques communications inexactes du n" 6 de
ladite Bévue que je crois de mon devoir, comme Hollandais, de publier
cette notice, afin ({u'on sache à quoi s'en tenir sur l'inlroductioii du B. l'a-
ma-mai' en Europe.
M. Duchesne de Bellecourt, consul général et chargé d'alïïu'res de S. M.
l'Empereur des Français au Japon, envojait, en 1861, quelques graines du
B. Ya-ma-maï h la Société d'acclimatation. C'est avec ces graines qu'on fit
des expériences, qui ont eu pour résultat de signaler ce nouveau Ver à soie
connne d'une grande importance pour l'industrie séricicole.
En 1862, j'avais l'honneur de faire la connaissance de M. Eugène Simon,
commissaire agricole du gouvernement français en Chine et au Japon ; il me
parlait de la grande importance du /?. Ya-ma-maï, et nous faisions ensemble
tout ce qui était en notre pouvoir pour nous procurer les graines de ce
Bombyx; mais, hélas ! nous ne pouvions pas réussir, et l'on nous disait qu'il
était absolument impossible de nous en fournir.
M. Simon devait partir pour la Chine, et je lui promis avant son départ de
continuer à tâcher de me procurer ces graines tant désirées, et, en cas de
réussite, d'en offrir au gouvernement français.
Peu de temps après, !\I. deGraaf, conservateur de la Société néerlandaise
d'entomologie, s'adressait au Xederlandsche HandelmaatscJuippij qui avait
un agent à Nagasaki, pour obtenir quelques renseignements sur la séricicul-
ture au Japon, et en même temps il demandait des graines de Ya-ma-maï,
G/iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLÎMATATION.
L'agenl du Nederlandsche Hundelmaatschnppij s'adressait à moi, me priant
de l'assister dans ses recherclies pour ol)tenir de ces graines.
Mais plus je m'empressais, plus je voyais l'entreprise très-difficile, pour
ne pas dire presque impossible. Je m'adressai à des ncgocianls japonais, aux
sériciculteurs, à plusieurs naturalistes indigènes de mes amis, et enfin au
gouvernement japonais lui-même ; mais toujours on me répondait partout
que l'exportation de ces graines était défendue sous peine de mort. C'est alors
qu'il me vint une autre idée, c'était celle de m'adresser à un de mes élèves.
Comme directeur en chef de l'école impériale de médecine à Nagasaki, j'avais
chez moi des étudiants des dill'érentes provinces du Japon, et entre autres
aussi des provinces iVElizen et de Vigo ou Higo (1). Un de ces jeunes gens,
qui m'avait déjà donné plusieurs fois des preuves d'un dévouement extraor-
dinaire, fut choisi par moi pour cette expédition. Je lui expliquai l'affaire, et
je lui proposai de faire le voyage de Yigo à mes fiais, d'y récoller autant
de graines qu'il pourrait el de me les transmettre. Ce brave jeune honune,
auquel j'ai promis solennellement de ne jamais dire son nom (2), se mit en
voyage dès le lendemain, et, après une absence de quinze jours, il me remit
dans le plus grand secret les graines du B. Ya-wa-maï qu'il avait récoltées
avec beaucoup de peine et beaucoup de danger. 11 lue disait que personne ne
se doutait du but de son voyage. C'était en octobre 1862. Ma mission au
Japon étant remplie le 1"' novembre 1862, je partis pour l'Europe avec la
malle anglaise, et je me cbargeai du soin de porter les graines en Europe.
Les soins à donner à ces graines ne sont pas très-faciles à bord des navires
à vapeur naviguant sous les tropiques. Si l'on tient les graines dans sa
cabine, on court grand risque qu'elles éclosenl, car la température y est au
mois de novembre encore de 95 degrés Fahr. , et dans la mer lîouge elle monte
même jusqu'à 105 degrés et plus. J'ai donc profilé de l'avis que r\l. Simon
m'avait donné de les mettre dans les glacières qu'on trouve à bord de ces
navires, quoiqu'elles ne contiennent souvent que très-peu de glace. Toutefois
je crois que je dois en grande partie à l'emploi de ce moyen que les œufs
soient parvenus en bon étal en Europe.
J'arrivai à la Haye au commencement de janvier, el je m'empressai d'expé-
dier les graines. La plus grande partie fut offerte par moi au gouvernement
français et à la Société impériale zoologique d'acclimatation, selon ma pro-
messe faite à mon ami Simon. Une autre partie fut envoyée par moi au
Nederlandsche llandelmaatscliappij, commç je VA\ais promis à leur agent,
M. Bauduin, à Nagasaki, pour être partagée entre M. de Graaf, et je crois en
liarlie à M. de Weckherlin, secrétaire de S. M. la reine des Pays-Bas.
J'offris une troisième partie à mon gouvernement, et SonExc. le ministre
de rintérieur l'a envoyée à la Société néerlandaise d'entomologie. Enfin
(1) Les [ii-oviiiccs à'Elixen et de V'/yo sont les seules oii les Ya-nia-ni;ii soient ciiUivés ; pour-
tunl on veut développer cette culture partout où il y a des Clièues, el c'est pour celle raison que
l'exportation des graines est si sévèrement dél'endne.
(2) Si les lonclioniiaires japonais savaient son nom, ce jeune homme ne pourrait se soustraire
ù la peine de mort.
CHRONIQUE. 6/jl
il me restait encore une petite quantité de graines que j'ai données au
célèbre naturaliste M. le docteur IMcekcr, qui les avait demandées pour
M. Guérin-Aléneville, à Paris.
Grande fut donc ma surprise lorsque je lus la Bévue de sériciculture com-
parée, n" G, page 17"2.
Je dois dire, contrairement aux assertions contenues dans la Bévue, que ces
graines ont été données, non par le gouvernement néerlandais, mais par
T)xui-même, et que j'ai eu l'honneur de les oiïrir en personne à ;\I. le baron
de la Villestreux, chargé d'affaires de France à la Haye, au mois de jan-
vier, après avoir reçu, sur ma demande, de S. Exe. le ministre delà marine
le chevalier Hnyssen de Katteiidyke, Tautovisation de l'aire ce don.
« On a dit, d'autre part, que S. M. le roi de Wurtemberg avait, sur la
« prière de M. le docteur Sacc, obtenu de S. î\î. le roi de Hollande qu'une
» demande d'envoi d'œufs de Ya-ma-maï fut adressée à sa légation perma-
>> nente à iNagasaki, et que ce fut à la suite de celte demande que les œufs
» tant désirés furent remis au docteur Pompe van Meerdervoort, qui voulut
» bien les apporter en Europe. »
J'affirme que je n'ai jamais eu l'honneur de recevoir un ordre ou une inti-
mation quelconque au sujet des (pufs de l'Ya-ma-maï, ni de S. M. le roi de
\\ urlemberg, ni de ^^. M. le roi de Hollande, ni du gouvernement hollan-
dais, et que j'ai fait la récolte de ces graines tant désirées à mes propres frais,
par ma propre volonté, et à la seule recommandation de Ai. Eugène Simon ;
que c'est aussi de ma propre volonté que je me suis donné l'honneur de les
ollrir au gouvernement de S. :\l. l'Empereur des Français et à la Société
impériale zoologique d'acclimatation.
C'est encore de moi que ^I. Guérin-Méneville lient les œufs qu'il a reçus
de M. le docteur Bieeker, et c'est par moi qu'ils ont élé introduits.
Je crois donc que je puis, à juste titre, réclamer pour moi seul l'honneur
d'avoir introduit en Europe les graines de l'Ya-ma-maï, dont il est question,
et c'est pour constater ce droit que je me crois obligé, comme Hollandais et
comme membre de la Société impériale zoologiquc d'acclimatation , de
pujjlier cette notice que je pourrais faire suivre de documents officiels qui
eu sont la preuve évidente.
La Haye, 19 juin 1863,
Monsieur,
Ma légation a transmis au gouvernement de l'Empereur les graines de Vers à
soie et les cocons que vous avez bien voulu recueillir au Japon à sou intention, et
le départemenl des affaires étrangères les a fait parvenir à M. le Ministre de l'agri-
cullure el du commerce et à la Société impériale d'acclimatation.
Je suis chargé d'avoir l'honneur de vous témoigner la gralitude du gouverne-
ment de Sa Majesté impériale pour cet envoi et pour la traduction du traité japo-
nais sur les Vers à soie, que vous lui avez également adressée, et je saisis avec
empressement celte occasion de vous offrir, Monsieur, l'assurance de ma consi-
deivition liès-dislinguée.
Signé Cii. Baudin.
T. X. — Octobre 18G3. 41
V. BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES.
CONFÉRENCE DU 10 JANVIER 1863.
Métis et ll,yl>rBiIcs aii Jardin <1 aci-liniatation,
Par M. lîUFZ de Lavison.
Ma première confs'rencc sur ies croisements a été toute tiiéoriqiie. Je me
suis aitacbé à bien définir les mois, cjcnre, espi-cn, race, i)uis ceux iVInj-
brides, de métis et de mulet, qui sont, si je puis m'expriincr ainsi, Tidionic
de la question qui nous occupe. Je vous ai montré comment l'emploi de ces
mots pris indifféremment les uns pour les autres avait été la cause de
l'obscurité qui a résné dans celte matière, et, par suite, des discussions aux-
quelles cette obscurité a donné lieu. Je vous ai montré connnenl les travaux
de nos înaîtres modernes, particulièrement de MM. Flourens, Is. GcoflVoy
Saint-IIilaire et de Quatrefages, avaient lait la lumière en fixant et précisant
le langage. Je veux aujourd'bui passer aux applications pratiques. Je veux
faire passer sous vos yeux les byhrides et les métis, d'abord ceux qui existent
dans la science, puis (juelques-unsde ceux que nous possédons dans cet éta-
blissement.
Nous suivrons la classincalion adoptée par !\l. Isidore GeofTroy Saint-
Ililaire,car c'est lui qui, dans le tome îroisièmc de la première partie de son
grand travail de VHistoire générale des règnes organiques, s'est livré au
meilleur et au plus long examen critique et à une sorte de classification des
cas d'iiybridcs et de métis décrits ou conservés dans les ménageries , les
jardins, les musées et les livres, c'est-à-dire dans les archives de l'histoire
naturelle.
M. Geoffroy a divisé Fliybridilé et la uiélivité en hybrides higénèr es,
hybrides congénères et métis homoides.
Les hybrides bigénères sont ceux qui sont issus de deux genres différents;
les hybrides congénères sont issus de deux espèces d'un même genre ; les
métis bomoïdes sont ceux qui proviennent de deux races ou variétés d'une
même espèce (1). Le mot mulet a été réservé à tous les êtres d'origine
mixte qui sont inféconds (2).
Après avoir rejeté les hybrides, impossibles, de deux classes et de deux
ordres, mais dont la possibilité avait été longtemps admise, comme je vous
l'ai rappelé dans la dernière séance, M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire passe à
l'examen des hybrides bigénères. 11 en l'ait trois catégories:
1° Ceux qui sont manitestement impossibles en raison de la différence d'or-
f^anisation et de taille des animaux auxquels on les attribue. Tels sont : les
hvbrides de Chienne et de Tigre, d'Iiyène avec Lionne, d'IJyènc avec Loup
(1) En Cf. sens, métis csl un mot plus g'éndriquc que Injhriik. Vdiih poiirqîioi Ki. Geoffroy lui
Bjoute rc'iiilhète Alwmoïdc, en l'iippliqiuuit :ui produit de doux riiccs.
(2) On rapplique aussi à quelques ètws qui, s^ns origine niixt\ sont inféconilSj comme les
nciilrcs des ruches el des guêpiers.
BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. 6/|3
(admis p;ir Aristote) ; — Taureau et Brebis (Morton), Cerf et Vache {Bur-
dach). Chamois et Chèvre (idem) ; et les cinq produits de Ruminants et de
Soiipèdes désignés parles auteurs sous le nom ÛQJuinaris : Vache avec Ane
et Ciieval; le Mouton et la Loutre {ancon deTAniériquo). On nomnie ainsi
une race de Moutons à jambes basses et à laine très- fine qu'on suppose
être le produit du Bélier ou de la Brcijis avec les Loutres.
2° Hybrides physiologiquemcnt moins impossibles, mais sans témoignage
authentique: Chevreuil et Chèvre, Chèvre et Lama.
o" Fails douteux, qui ne sont dans la science qu'à l'état d'assertion, bien
que ces assertions soient appuyées par des noms autorisés : hybrides de
Chiens et de Chattes, de Cliat et de Fouine, Chai et Marte, Ours et Chienne,
Renard d'Amérique et F.alon, Cerf du Canada et Vache, Bélier et Chevrette,
IMiacochère et Truie, Chien et Renard. Ce dernier genre d'hybrides bigéuères,
Chien et Renard, était considéré par Aristote comme l'origine du Chien de
Laconie. H a été admis par Pallas cl par Daubcnton.
h" Hybrides bigénères douteux :
Rossignol et Canari femelle {Mortun), Coq et grand Tétras, Coq et Dinde
(Tniuininch), Coq et Hocco, Dindon et Hocco [Meckel), Dindon et Faisan
(Edwards), Faisan et grand Tétras {Ihifjhn).
Selon Temminck, qui a fait des (laiiinacés une étude spéciale, non-seule-
ment la plupart des Faisans et tous les Hoccos s'allient entre eux en domes-
ticité ; mais le Faisan s'allie au Coq, celui-ci avec les Dindons, et les Hoccos
nés en domesticité s'allient avec le Dindon.
Grenouille cl Crapaud {Burdach).
5" Hybrides à l'égard desquels on ne saurait admettre le moiiulre doute :
Vache et Yak, Yak et femelle du Zébu [Dzo, employé dans l'Himalaya
comme bète de somme); Chèvre et Bélier {Buffon, DanhenUm), Bouc et
Brebis {lU>jres et mnsmuns des anciens) {Buffun et Duiibenton). «J'ai fait à
plusieurs reprises, dit M. is. Geoli'roy Saint-lJilaire, rapprocherdes Boucs et
des Brebis. L'accouplement a eu lieu sans ditiiculté, mais il est resté en
France improductif. » — Bison et Vache, métis assez fréquents au:v États-
Um's, mais le plus ordinairement lii Vache ne peut nscltre bas, et périt dans
le travail, à cau,,e du volume de la lèle du produit. — Chèvre et iMouilon à
manchettes (jardin zoologiqne de Lundrcs).
En résumé, suivant M. Ls. (Jeoffroy Saint-Ililairc, la possibilité de l'hybri-
dation est loin de se renfermer dans les étroites limites qu'on lui avait
assignées.
Hybrides bigénères chez les Oiseaux plus nombreux et plus remarquables
encore que chez les Mammifères.
Parmi les Passereaux : Canari avec ^'ini, Vonluron, Tarin (espèces voi-
sines) ; Linotte, Chardonncrel, Pinson, Vcrdier, Bouvreuil, Bruant (espèces
plus éloignées); Verdier et Chardonneret (ViviUoI) (iiybride trouvé ù l'état
sauvage). —Souchet et Sarcelle d'été. Oie cendrée, Oie rieuse elBcrnache,
Oie cendrée, Canard musqué. Oie cygnoïdc et Tadorne, Cygne sauvage et
C/iZi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQTJE d'aCCLIMATÂTION.
Oie doiiK^stifiuo (Muséum). — Faisan ordinaire et Tétras femelle (hybrides
obtenus en Angleterre), Coq faisan et Poules appelés Coquards, niélis pres-
que communs, élevés pour la table; Paon et Pintade {jardin zoologique d'An-
vers), Pintade et Poule (jardin zoolorjique. de Londres, ménagerie de Paris).
6" Hybrides congénères issus de deux espèces d'un même genre, les seuls
admis par Guvier et son école :
Cheval et Ancsse, Ane et jument; — Lion et Tigresse (en Angleterre,
cinq portées d'un même couple), Jaguar cl l'anthère (en Angleterre) ; —
Furet et Putois; — Chat domestique. Chat sauvage. Chat de Cafrcrie: —
Chien et Louve (observations nombreuses) ; — Loup et Chienne, Dans ces
unions mixtes qui ne sont pas rares (m nnllo génère, dit Pline, œque faci-
les mixturœ) , la femelle appartient ordinairement à l'espèce ou à la race do-
mestique. Mais le contraire peut aussi avoir lieu.La ménagerie du Muséum a
reçu plusieurs fois, sous le no)n de jeunes Loups, des individus pris à la
suite de Louves qui les allaitaient, mais tenant du Chien par leur forme et
leur coloration, et dans lesquels il était facile de reconnaître des métis de
Chien et de Loup. Ces métis sont bien connus des chasseurs qui les ont dé-
signés sous le nom de Chien Loup, Chien-Lycaon. <^At Lupus et. Cnlnla for-
mant cocundo Lijciscain », dit le poète Eugeiiius, — Chien et Chacal, Chacal
du Sénégal et ceux de l'Inde; — Lièvre et Lapin (Broca) ; Chameau à une
bosse avec Chameau à deux bosses; — Lama et Guanaco, Lama et Alpaca,
Alpaca et Vigogne; — Alpa-Lama ; — Cerf et Biciie gymnote et Cerf de
Virginie, Axis et Pseudaxis, Chèvre et ]5ouquctin , Brebis et Montlon de
Corse, appelé l'nbri, suivant Pline.
Hybrides congénères :
Divers Sangliers et Cochons ; — Solipèdes entre eux ; — Ancssc-IIémione ;
— Cheval et Couagga ; — Aneel Zèbre; —Chevalet Zèbre;— Ane et Dauw
(dans un cas le Dauw était femelle; dans un autre le croisement inverse avait
eu lieu).
]/IIémippc est le seul Solipèdc dont oii n'avait point encore obtenu d'hy-
bride.
Canari avec ses congénères; — Cygne noir et blanc ; — Faisan ordinaire
avec Faisan à collier, Faisan Bcyerlé et Faisan doré, Faisan argenté femelle
avec Faisan à collier, Faisan argenté màlc avec Faisan doré femelle ; — Din-
don et Paon, Paon et Hocco; — Colin houi et Colin de Californie, -—Tourterelle
domestique avec la Tourterelle d'Europe, Tourterelle et Biset, Tourterelles
entre elles; — Bartavelle avec Perdrix rouge et Perdrix roquette; — Hiron-
delle des fenêtres et Hirondelle des cheminées ; - Merle et Grive à l'état
sauvage ; — l'.ergeronnette grise et noire; — Corneille noire et Corneille
nianlelée.
Hybrides de Cirpes obtenus par M. Millet à l'aide de la fécondation arli-
licieile; hybride de Saumun et de la grande Truite des lacs, Truites et
Ombres-chevaliers.
Ver de l'Ailante et du liicin [Guérin-Ménecilli'). On a en outre des exem-
miLLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. 645
plos d'iiybridito entre divers autres Lépidoplères élevés par des collecteurs.
L'Iiybridité aurait été obtenue autrefois, selon Dure^iu de ia .Malle, entre
quelques Mollusques élevés et engraissés pour les tables des Romains.
L'hybridation des végétaux, ou mieux, en termes généraux, la fécondation
mixte, est devenue, depuis trente ans surtout, un des procédés les plus usuels
de la culture. A'os jardins et nos serres lui doivent chaque jour, comme aux
semis d'essais, de nouvelles variétés bientôt nuillipliées par la bouture et le
marcottage.
Ce qui est vrai pour Fun des grands règnes organiques est vrai aussi pour
l'autre, et la concordance existe entre leurs hybrides sur tous les points où
nous les avons considérés.
Tel est le tableau de la statistique de l'hybridation telle qu'elle existe pré-
sentement dans la science.
L'établissement du .lardiu zoologique étant avant tout destiné à conserver
la pureté des races, afin de fournir de vrais étalons à ceux qui veulent re-
nouveler ou perfectionner les espèces ou les races à l'élevage desquelles ils se
livrent, il faut, pricipalrmenl que Ton soit sûr de la qualité des animaux ou
des végétaux (ju'il est possible de se procurer ici. Cette pureté doit être le
cachet de cet établissement.
Alais le Jardin ne s'est pas interdit de servir de théâtre aux expi'rimenta-
lions nouvelles et aux vérilications relatives aux grandes questions qui
s'agitent dans la science. A ce titre, l'élude du croisement rentre dans le cercle
de celles qu'on peut se proposer d'y faire.
11 est certain que la science n'a pas dit son dernier mol sur les croise-
ments, et que les expériences à faire ou à suivre dans celle voie sont très-
importantes et offrent un très-grand intérêt. 11 y a dans la pratique des croi-
sements une sorte de plaisir que doime la recherche de l'inconnu, et dans
ses résultats obtenus la satisfaction de la découverte. L'étude des croise-
ments doit donc être un des objets de l'institution du Jarchn zoologique.
Jusqu'à présent cette élude n'a pas été installée, elle n'a pas été faite
méthodiquement et pour ainsi dire volontairement, ei à priori, dans le but
d'obtenir des résultats ; mais par suite de la facilité que les animaux domes-
tiques ont à mêler leurs races, et à donner des métis liomoïdes, c'est-à-dire
entre races ou variétés. Les croisements, assez nombreux, onteu lieu malgré
nous, involontairement, entre des races diverses de plusieurs de nos espèces.
Quelque soin que nous missions à parquer nos Eélieis ou à isoler nos Coqs,
quelques-uns ont franchi les obstacles ou surpris la vigilance des gardiens,
et de ces unions involontaires et clandestines, il est résulté des métis ho-
moïdes, qui du moins n'ont pas été perdus pour l'observation, car c'est d'eux
que je vais maintenant vous entretenir.
Nous établirons donc une distinction entre les produits des croisements
que nous allons faire passer sous vos yeux. Les uns ont été obtenus à des-
sein, avec intention, volontairement, et les autres involontairemeni. Dans la
première catégorie, nous rangerons :
6h6 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Les croisemcnls de rHémionc et de TAnessc, que vous connaissez tous,
ce joli atleliii;c qui fait le service du Jardin, allant souvent, jusqu'à deux fois
par jour, au Jardin des plantes ou aux gares des clieuiins de fer. A la patience,
h la sobriété et à la rusticité de l'Ane, nos métis d'Héniione et d'Anesse
joignent la vitesse de l'IIémione.
Le croisement de l'Yak et de la Vaclie, dont nous avons oblena plusieurs
produits. Le luit de ces métis, examiné par M. Réveil, a été trouvé butyreux ;
il est d'un bon goût et abondant. La peau donne un cuir excellent. On espère
aussi que de ce croisement il pourra sortir des animaux plus aptes au trait
et au labour.
Nous avons dans nos volières un métis du Faisan versicolore du Japon et
du Faisan à collier de l'Inde, bel oiseau qui passe souvent pour le versicolore
même, mais dont nous avons pu constater l'origine mixte, lorsque nous
avons reçu dernièrement un versicolore pur.
Un croisement de Paon siiicifère avec le Paon du Japon.
Puis des Coqnards liybrides de la Poule et du Faisan ordinaire, qui ont les
plus belles apparences.
D'autres métis du Faisan doré et du Faisan argenté. Faisan doré et Faisan
ordinaire, Faisan doré et Faisan de l'Inde.
Il ne faut pas examiner longtemps ces oiseaux pour reconnaître ce qui
peut êlre rapporté i\ chacun des éléments do leur double origine.
Puis des Canards dits Plombières qu'on suppose fabriqués en Hollande
avec le Canard de la Caroline et le canard Milouin ou celui dit de Niroca.
Un autre métis attribué à la Bernacbe et e'i l'Oie rieuse, acheté en Angle-
terre, et qui .se trouve sur notre rivière.
Des Colins pietés, résultant du Zonécolin et du Colin houi de Virginie,
obtenus par un amateur distingué, M. Coeflier, de Versailles.
Parmi les métissages qui se sont faits involontairement, je vous citerai ceux
d'un Bouc d'Angora avec des Brebis romaines et de Caramanie. La laine ob-
tenue par ce genre de croisement est assez belle : elle a été conq)arée par noire
collègue M. Davin, si expert en cette matière, à la laine des Brebis Soulh-
down. M. Davin nous engage i suivre l'étude de ces sortes de croisement de
l'Angora avec les aiMres Moutons, ce qui se pourra faire, car l'union de la
Chèvre d'Angora avec les Moutons s'opère aussi facilement que celle des
Moulons entre eux ; ce qui n'a pas lieu, comme on sait, pour les autres Chè-
vres, du moins dans nos climats.
Le troupeau des Chèvres d'Angora réparti en cheptel par la Société d'ac-
climatation, et qui a passé dernièrement au Jardin, comptait vingt-huit métis
avec la Chèvre indigène, dont plusieurs trois quarts de sang, dont le poil
élait presque aussi fm que celui du pur sang.
Métis de Bélier Naz et Brebis romaine : taille plus élevée que celle du père,
laine plus fine que celle de la mère.
Chèvre ordinaire et Bouc d'Egypte.
Lapins angora blanc et angora bleu : ont donné deux angoras gris cl
BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. 6/i7
deux iiiii^ï.ras d'iit! bo;m noir: celle uiuincG noire esl rare chez les Lapins.
IVWlis d-iin Motillon de Corse et d'une Brebis de iMauchamp : le croisement
avait eu lieu à notre insu. Jamais, à priori, nous n'aurions imaginé de com-
biner les aptitudes de ces deux bêtes, l'une cullivée pour la finesse de sa
laine, et l'autre presque sauvage, recouverte d'uii poil ras et dur. Mais
le Moudon et la Brebis, pourrait-on demander incidemment, sont-ils de
même espèce ou de même race ? La question est irrésolue enire les natura-
listes. Quelques-uns, et M. Isidore Geollroy Saint-Ililaire entre autres, font
descendre le iMoulon domcsliquc d'une espèce particulière sorlie de l'Asie.
Bullbiî considère le Mouflon connue le lype jiaturel de toutes les races
ovines. Cette dernière opinion se fonde principalement sur la facilité des
croisements enire Moulions et Moutons, ce qui n'aurait pas lieu si c'étaient
deux espèces et non deux races.
Quoi qu'il en soit, le produit obtenu au Jardin du bois de Boulogne, ne pou-
vant être conservé ni comme reproducteur ni pour sa toison courte et rude
qui tenait plus de sou père le Mouflon que de sa mère la Brebis, ce produit
a été vendu comme bête de boucberie. C'était une brebis de dix mois, pas trop
grasse. En ayant retenu un gigot, j'ai voulu le manger ou plutôt le déguster,
en compagnie de connaisseurs, avec nos collègues MM. le docteur Le Prestre
(de Caen) et Albert GeolTroy Saint-Iîilaire. Nous en avons trouvé la cliair
tendre, savoureuse, ayant un arrière-goùt de gibier, et tel que les uns et les
autres nous ne nous souvenions pas d'avoir mangé de meilleur Mouton. Je
suis donc autorisé à recommander le croisement du !\louOon, non pas certes
avec la Bre])isdc Maucbamp, mais avec celles des races ovines, les South-
down, par exemple, et les Disbley, qui sont réputées les meilleurs ]\Ioutons de
boucherie, et l'on obtiendra, j'en suis sûr, un excellent produit culinaire (1).
Métis du Zébu d'Egypte avec la Vache Sarlabot sans cornes de M. Du-
trone. Le Veau, qui n'a que six mois, ne présente encore trace de bosse ni
de cornes. 11 a la tète et le cou du Zébu et son pelage. Il a été conlié à
M. Dutrùne.
Métis du Zébu d'Egypte et d'une petite Vache naine de Tunis, plus petite,
plus bassoiic que les plus petites ^'aches Ijretonnes. A cause de la dispropor-
tion des tailles, nous craignions que la partiiritioa ne fût difficile, comme celle
dit-on, du Bison et de la Vache : mais elle s'est opérée très-facilement. Le
produit est, à quatre mois, plus élevé que la mère ; il a la tète, le cou et le
pelage du père. Ce métis semlth.' tenir plus du Zébu que les autres; il a été
envoyé en Normandie dans les pâturages de M. Dutrùne : on pourra l'essayer
comme bète de boucherie.
Métis du Zébu d'Egypte et d'un métis d'Yak et de Vache. Ce double métis
offre la tète, le dos et la queue de l'Yak, le cou, le pelage et le dessous du
ventre du Zébu.
(1) Il y niii-a toujours une gramle dilTérencc enire l'amateur et l'éleveur : le premier clierclic
la nouveauté et la fantaisie, se laisse diitraire par la pensée de collection, obéit au caprice;
l'autre est toujours à l'all'ùt de la meilleure race comme précocité, comme poids, comme liuesse
et sapidité île la chair, et surtout conune bète de rapport et de prolit.
6/|8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Parmi nos Oiseaux, nous ne pouvons que mentionner les niélissages nom-
breux qui oui eu lieu dans nos pigeonniers, où jusqu'à présent les Pigeons
ont été laissés pèlc-niêle. H a été remarqué que ces métissages avaient eu
lien surtout entre les Volants et les aulres nombreuses variétés de cette
espèce : Romains, Culbutants, etc., etc.
Dans la basse-cour, nous n'avons à vous signaler que le croisement de la
Poule Dorking avec le Coq de combat de la Réunion, produit obtenu par
madame Antoine Passy, et dont nous avons pu apprécier la^succnlencc de la
viande plus ferme et un peu plus colorée que la cbairdes Dorkings purs.
Nous avons aussi des croisements du Coq de combat des Antilles avec des
Poules de la Réunion. Ciiair noire, peu appétissante.
Après vous avoir parlé des croisements qui se sont opérés involontaire-
ment et contre notre gré, je dois vous din- un mot de ceux qui, malgré notre
désir cl malgré nos excitations, n'ont pu s'effectuer. C'est ainsi que nous
avons inulileiiKMU tenu constamment cote à côte des Ricbes de France,
d'Espagne et d'yVlgérie, avec les Cerfs d'Aristole et de Bornéo, et des Daims
avec des Axis et des Cerfs de Virginie ; il n'y a eu entre eux aucun rappro-
chement.
]\on plus qu'entre nos Oiseaux d'eau dont plusieurs espèces sont tenues
ensemble dans les mêmes enclos de la rivière.
iNi entre les LIoccos, les Rlarails et les Paons, qui sont dans la même
volière.
Tel est l'état de la question ou plutôt de la pratique des croisements au
.lardin zoologique d'acclimatation, état rudimentaire, qui, je l'espère, avec
l'expérience que nous ar!jiiért>ns chaque jour des espèces soumises à notre
observation, prendra un développement raisonné, car la pratique des croise-
ments l'.ous paraît être un corollaire, une conséquence des études de l'accli-
matation, vvinsi nous possédons en Tourterelles et Colonibi-gallincs plus de
vingt variétés : parmi ellesla Lumacbclle,le La.brador et la Colombe gri\elée,
ces maguiiiques espaces de l'Australie ! n'esl-il pas à espérer que de leur
croisement avec nos 'Joiirterelles etmOnie avec{pielques-uns de nos Pigeons,
il puisse sortir (]ue!que hybride qui soit digne de vous être ])résenté l'an
proclialu .' ÎNe pcut-oi! essayer de rapprocher le Tapir du Cochon ou du
Sanglier, et de multiplier les croisements de la Chèvre d'Angora avec le Mou-
flon, avec les diverses races de Moutons, pour lesquelles ces deux espèces
nionlrenl tant de penciiaut. Ainsi doi'.c les croisements peuvent entrer dans
la sphère d'action de l'acclimalalion, et donner des résultats plus prompts et
non moins curieux peut-être que l'introduction des races pures; et par ce
moyeu détourné, c'est-à-dire, en recroisant les produits avec Pun ou l'autre
de leurs éléments originaires, la [iropagalion des belles races, qui est le but
de l'institution du Jardin zoologique, serait certainement accélérée.
VI. BULLETIN TRIMESTRIEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION.
I. - On a pcnsc- qu'ap.vs dmx ans de publication do ce bulletin sous la
forme mensuelle, celle forme donnant lieu à des répcUitions inévitables et
sons intérêt, il suffirait d.'.soimais, pour tenir les membres de la .Société au
coiu-ant de ce qui se passe au .Tardin, de leur présenter des i-sumés tri-
mestriels.
C'est ce que nous commençons de faire aujourd'bui; maisil faut bien re-
connaître qu'en bistoirc naturelle, des annales, quelque forme q„V.n leiu-
donne, auront toujours la monotonie des almanacbs, puisqu'elles doivent re-
produire le tour de la roue des saisons, et par conséquent ramener les mêmes
laits sous les yeux. Les répétitions sont, pour ainsi dire, leur fond. Les nou-
veautés ne se peuvent présenter que de temps en temps et par intervalles
Mais les répétitions ne sont pas sans valeur; si elles frappent moins l'atten-
tion, ce sont elles qui, à la longue, permettent d'établir les ^Généralités dont
elles sont les assises et qui constituent la science. « lîassemblons des faits
du Buffoii. pour avoir des idées. » C'est lorsqu'on veut approfondir un sujet'
on vérifier les points divers, et pénétrer, pour ainsi dire, dans ses entrailles'
qu on apprécie les collections d'observations détaillées ei répétées Elles
seules servent de matière à des études sérieuses et actives, et non à ce vain
appareil de citations d'opinions opposées ou de faits exceptionnels, en quoi
consiste trop souvent l'érudition scientifique. C'est sur de semblables docu-
ments qu'on peut véritablement travailler, comme dans des mines, et trouver
des ventés que ceux qui les ont préparées ne se doutaient pas v avoir mises
Le Jardin d'acclimatation est un établissement complexe d'bisloire natu-
relle appliquée pratique, commercial et scientifique. Il la„t q„c ses an
nales répon(!ent à toutes ces destinations, et soient, si l'on peut parler ainsi
un bvre tenu en partie triple. Il faut qu'on y trouve, sur l'animal qu'on veu!
acclimater, tons les éléments qui peuvent en faire apprécier l'acquisition.
INon-seulemeni sa description diagnostique, sa vie bygiénique, c'est-a-dire
Ibistou-e de son entraînement d'acclimatation, mais surtout ses profils et
pertes, ou ce qu'il coûte pour le posséder.
Ce n'est qu'à la longue qu'on pourra s'élever avec quelque sûreté à des
généralités. Trop de précipitation en pareils cas est la principale source de
nos erreurs.
Les trois mois qui viennent de s'écouler, juillet, août et septembre, ont
été, comme on sait, d'une chaleur et d'une sécheresse inaccoutumées Ce
temps, défavorable au jardinage proprement dit, an gazon et aux fleurs
paraissait au contraire, trè.s-agréable aux animaux du Jardin, qui, venus
pour la p!,:part des pays de la chaleur, semblaient retrouver leurs sensations
na urelles, ce qu'ils témoignaient par leur viva.ité et par leur bonne santé
A la suite de quelques-unes dos dernières journées de septembre, où lé
650 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'aCCLIMATÂTION.
temps s'est rafraîchi , nos espèces exotiques grelottaient et donnaient des
signes de sensibilité au froid.
La ponte des omis a été : juillet, 1100 ; août, 553; septembre, 313. On voit
que la ponte n'est jamais interrompue; elle est seulement moindre et plus
irréguliérc. A cette époque de Tannée, les œufs ne sont î)oiul employés à la
reproduction, ils sont livrés à la consonnnalion ou à la fabrication des pâtées
domiées auv jeunes animaux. 11 serait curieux cependant de vérilier expé-
rimentalement quelle peut être rintluence de [chaque mois sur la fécon-
dation des anifs.
Le nombre des éclosions pourrait-il être pris comme l'expression de cette
influence ? Il faudrait au moins faire deux catégories, l'une des œufs clairs,
l'autre de ceux qui présenteraient un développement plus ou moins avancé.
Mais il faut convenir que la seconde pourrait accuser autant les influences de
l'incubation que celle de la fécondation. Combien il est difficile d'isoler un
fait et de le placer dans son plein jour, sans laisser aucun côté dans l'obscurité.
IL — C'est pendant ce trimestre que la mue s'effectue. Elle est générale
chez tous les oiseaux, mais point simultanément; elle commence par les
palmipèdes, finit par les oiseaux exotiques, Lophophores et E'aisans. Celle
des Poules se continue de juillet en octobre. Toutes les plumes d'un oiseau
sont renouvelées par la mue, aucune n'est conservée.
On a cru remarquer que lorsque le temps se refroidissait, la mue se ralen-
tissait, qu'elle était plus active par les journées chaudes. C'est à celte époque
que lepicage a lieu surtout entre les Poules, peu entre les autres oiseaux. Il
se confirme que la mue, chez beaucoup de Poules, n'arrête point complète-
ment la ponte, surtout chez les Cochinchinoises. On en voit, dans cet état,
demander à couver. Il est aussi certain que la mue n'influe pas sur la morta-
lité. Tout au plus, pendant sa durée, les oiseaux ont-ils moins d'app(''tit, sont
tristes et en quelque sorte honteux ; mais la mue n'est point une maladie.
En septembre, les Canards de la Caroline avaient repris leurs belles plumes.
Les Mandarins en ont à peine quelques-unes des leurs.
La vente des œufs, dans la campagne de 1863, s'est élevée à 11 200 fr.
Dans cette grande production, il ne s'est trouvé que deux œufs bardés et à
peine quelques-uns de déformés.
III. — Le nomî)re des éclosions est estimé en général, d'après celles qui
ont été obtenues au Jardin ou d'après notre correspondance, à moitié.
Voici la liste des principales éclosions : Oies de Guinée, l/i; d'Egypte, 5 ;
Bcrnaclies des Sandwich, 5 ; de Magellan, 5 ; Cygnes noirs, à ; Canards
mignons, 8 ; Labrador, 7 ; Barbarie, Zi, Caroline, 7; Bahama, 6; Dindons,
12 ; Poulets wallikiki, 10 ; Poules Sonnerat, 11 ; Lophophore, 2 ; Faisans mé-
lanotes, 36 ; panachés, 5 ; Colombes lumachelles, 2 ; Tourterelles à nuque
perlée, 3; Tourterelles aimables, 10 ; Paons, 15.
On sait que le Jardin ne livre à l'incubation que les œufs des espèces rares
dont la valeur peut couvrir les frais d'élevage.
BULLETIN TIUMESTUIEL DU JAUDLN d'aCCLIMATATION. 651
Les 22 œufs produits par une seule femelle Casoai- (voyez le Bulletin de
mars) ont éttî abandonnés par le mâle vers le seizième jour, sans qu'on
puisse attribuer à cet abandon d'antn; cause que le trouble occasionné par la
présence du public. On a voulu continuer Tincnbalion par une couveuse
ariificielle pendant soixante-cinq jours; mais aucun résultat n'a été obtenu.
Tous les œufs étaient gâtés et laissaient échapper par leurs pores des gaz
hydrosulfureux.
De 10 œufs de Lophophore (voyez le Bulletin de mai), 2 ont donné des
éclosions au Jardin. L'un des petits est morl au bout de \ingt-cinq jours;
l'autre vit aujourd'hui : c'est une femelle qui paraît très-robuste. Elle a
présentement ({uatre mois, a Irès-bien fait sa mue vers le quarantième jour.
L'incubation de ces œufs par la luère avait duré vingt-six jours.
Deux autres œufs, confiés à M. Simon, éleveur habile, membre de la So-
ciété, ont donné deux petits. L'un d'eux est mort au dix-neuvième jour;
l'autre est aujourd'hui bien portant, et quoiqu'il n'ait pas encore pris ses
belles plumes, tout fait espérer que c'est un mâle. Son cou est plus allongé,
sa tète plus fine que celle de la femelle, et les taches noires de son plumage
sont plus prononcées. Ainsi le Jardin possède une paire de Loî)!iophores.
Les Faisans m(''lanoîes ont donné 23 petits.
Les Colins ont donné beaucoup d'œ'ufs ; mais beaucoup de ces œufs ont été
clairs. Cependant la niulliplication de ces oiseaux est considérable, car le
nombre de ceux qui nous sont offerts s'accroît chaque jour, malgré une très-
grande mortalité. Ce sont surtout les femelles qui succombent après la ponte
exténuante à laquelle elles se livrent , car quelques-unes donnent jusqu'à
70 œufs. Celte observation nous a été confirmée par plusieurs amateurs.
Mais jusqu'à présent, la multiplication des Colins paraît n'avoir eu lieu
qu'en captivité. Nous ne connaissons aucun essai d'acclimatation en hberté.
Il serait à souhaiter que, s'il y en a, ceux qui les ont expérimentés voulus-
sent bien en faire connaître les résultats.
Cent Œ'ufs de Faisans, demandés par nous en Allemagne et soumis à des
incubations bien conduites, ont été clairs, sans aucune trace de dévelop-
pement.
En somme cependant, l'élevage des oiseaux, cette année, a été plus heu-
reux que les années précédentes.
IV. — Mammifères. Xaissances. — 2 Mouflons à manchettes, 2 Nilgauts
(c'est la quatrième portée de ces beaux animaux obtenue au Jardin), un Cerf
rusa, un Cerf-cochon, une Biche-cochon (bout du nez et pattes blanches),
un Lama. La mère, dans les derniers temps de sa portée, ollrait une descente
de l'utérus très-prononcée. Cette infirmité a disparu après la mise bas.
6 Léporides, quantité de Lapins de diverses variétés. 5 Chèvres d'Angora dont
une croisée de Tibet. Le poil est moins rin(jue celui de l'Angora pur et pré-
sente plus de jarre. 6 Manicous : la pullulalion de cette Sarigue des Antilles
paraît devoir se faire très-facilement.
,e
652 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
V. Mortalité. Juillet. Aont. Septembre.
# Poulorie. 32 IG IZl
Volière 71 (36 26
r.ivière /lO 77 99
Mammifères 10 5 8
Nota.— Dans la poulorie, la niorlalité a porté siirlout pendant les grandes
chaleurs sur les races indigènes lloudan.Crèvccœur et Flé.choisc. Les indivi-
dus qui succombaient avaient eu la diarrhée.
Ouelqucs l'ouïes cochinchinoises, qui ont servi à Fiiicnljalion, loinbeiU
dans une sorte de chlorose anéiriique dont il est difficile de les faire re-
venir.
Nos pertes, parmi les oiseaux de volière, ont été' réparties entre tontes les
espèces. Mais elles ont ])orté plus parliculièrementsur des Colins, 27, et sur
des l'erruches ondulées, 20, nouvellement arrivées.
Stir la rivière, ce sont surtout les Combaltants, oO; les Vanneaux, /|0 ; les
Mouettes, 35; les Foulques, 19, qui élèvent le chidrc de la mortalité. Le
problème de racclimatation se complique dans ce cas des dangers du pas-
sage de l'état sauvage à l'état de captivité. Ceux qui résistent aux premiers
momenis durent très-longtemps. Leur valeur est en raison de tous ceux
qu'il faut perdre pour en conserver quelcpies-uns. La plup;irt de ces oiseaux
sauvages meurent d'inanition. On peut dire qu'ils ne savent pas manger d
tous les aliments et ne reconnaissent que ceux des contrées où ils ont Tiia-
bilude de vivre ; il leur faut faire une certaine éducation pour les fatniliariser
avec les grains ou la viande qu'on leur présente. Aussi, à Imir arrivée, est-il
prudent de les placer dans des cages rétrécies, oii la nourriture est mise sous
leur nez, et de les provoquera la prendre, plutôt que de les làciier dans de
larges enclos, où ils peuvent vaguer librement en divers sens.
Jamais encore il n'y a eu au Jardin de ces épizooties qui détruisent toute
une basse-cour ou toute une volière. Cela doit faire penser que la localité du
bois de Boulogne, sèche, sablonneuse, convient à l'élevage des animaux.
Parmi les mammifères, nous n'avons à regretter que deux l'hascolomes
wombat, morts à quinze jours d'intervalle, et que M. Leblanc a considérés
comme atteints d'une affection cérébrale.
VI. Dons. — De son 1*ac. le Ministre de la marine, un Chevrotain de
Stanley.
De M. Mueller (de Melbourne), une paire de Céréopscs cendrés, 2 Tortues
marais, 3 Kangurous fuligineux.
De M. Chabaud, vice-consul de France à Tort-Élisabeth, une jeune Zèbre
femelle âgée de dix mois, un Daman mâle, 3 Oies de montagne.
De, M. le vicomte de Lémont, consul de France à Fernambouc, 2 Aras
rouges, un Ara vert, 2 Perruches amazones; un llocco à barbillons; 5 Aga-
mis, dont 3 verts, im à dos blanc, im à poitrail bleu (le Jardin possède ainsi
trois espèces d'Agamis) ; un Troupiale, un Tangara septicolorc.
litJLLETIN TRIMESTRIEL DU JARDIN d'aCCLIMATATION. 053
Do Al. T»;il)i'y, cdiisiil do France à Shan£i:-li;iï, '2 Tragopaiis mâles.
De M. Urimblot, consulde France à Ceyiaii, 2 Loris (jraciiis.
De M. le commandant Jaurès, une paire de Colins houis.
De W. Baraquin, plusieurs Tortues terrestres.
De M. Varasses, Coq et Ponli? noirs.
De !\I. Benjamin, 2 pelites Outardes.
M. Biiffeteau, une Chèvre ordinaire,
VII. — Le Jardin a fait Facquisilion d'un grand nombre d'espèces rares, dont
quelques-unes n'y avaient pas encore élé vues. Nous citerons entre autres :
Deux variétés de Canards: le Canard à face blanche [Dendrocygna vi-
duata) cl le Casarka ladornoïde (d'Auslralie) ;
Le Vanneau armé (Brésil) ;
L'Ortalide Parakoua (Brésil);
Le Tatou peludo (Brésil);
Trois Alerles blancs.
VIII. Magnanerie. — La fin de l'éducalion des Vers à soie du Mûrier a
réalisé les espérances qu'elle promettait.
Une récolte relativement satisfaisante a été obtenue, notainmenl des races
françaises, parmi lesquelles nous mentionnerons particulièrement celle à
cocons blancs provenant du croisement fait l'année dernière, au Jardin, de la
race du Bourg-Argental (Loire) avec celle des Cévennes. Cette race, à la-
quelle il a été donné le nom de race blanche du llois de Boulonne, a produit
des Vers sains et vigoureux, exempts de tout symptôme de pébrine; les co-
cons, tl'uiie remarquable beauté, ont été eiilièrement réservés pour graine.
Dans les races étrangères, celle de Valachie à cocons jaunes a aussi parfai-
tement réussi.
Comme tous les ans, les cocons ont été (ilés sous les yeux du public, qui,
par son empressement à suivre chaque dimanche les travaux de la lilature,
a montré tout rinlérèt que lui inspire une si belle et si utile industrie.
L'éducation des Vers à soie du Ricin et de l'Aiiante n'a malheureusement
pas, cette année, donné des résultats aussi satisfaisants que les années pré-
cédentes; les Vers, moins vigoureux, ont produit des cocons beaucoup plus
petits.
L'éducalion du Bombyx Ya-ma-maï , Ver à soie sauvage du Chêne du
Japon, a été complétée par la confection de la graine, qui a donné de bons
résultats, l.'io papillons, dont 80 mâles et 03 fomelies, sont venus à éclosioa
et onl reproduit 72 grammes de graine.
Un rapport particulier sera fait sur cette importante opération.
IX. Apiculture. — La Société d'apiculture a fait celte année, au Jardin,
du 15 au 25 août, l'exposition que, depuis sa création, elle fait tous les
deux ans. Le Jardin est toujours libéraleniL'iU ouvert à n'importe quelle
branche de l'histoire naturelle i qui son concours peut être utile. Les
produits de l'Abeille, la cire el le miel, étaient représentés par leurs plus
657l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
beaux spécinions cl sous toutes les formes que rindustrie sait leur donner,
surtout en Angleterre, en Amérique et en Allemagne, telles que confitures,
gelées, pâtisseries, bonbons à base de miel, ou bien vernis, essences, etc. On
voyait des échantillons d'eau-de-vie distillée avec des cires grasses, trente
échantillons d'hydromel et des vins améliorés par le miel. Tout à cùlé se
trouvaient les divers inslruments de l'industrie apicole, ruches de toutes
sortes, machine à transvaser les Abeilles, pressoir de la cire, eic, etc. Plu-
sieurs séances, sous la présidence de M. le professeur Blanchard, président
delà Société, de M\L Jacques Yalserres et îlameî,ont eu lieu entre i\lM. les
apiculteurs, parmi lesquels on remarquait plusieurs ecclésiastiques et des
instituteurs primaires. La distribution des prix s'est faite le 17 août. L'ad-
ministration du Jardin avait voulu y contribuer par deux médailles d'argent
et deux de bronze. S. ;\î. l'Impératrice a honoré celte exposition de sa visite.
Au dire de tous les apiculleurs, elle attestait un progrès marqué sur toutes
les expositions de cette sorte qui ont eu lieu jusqu'à présent.
X. Aquurhm. — La saison d'été esttoujotirs redoutée pour l'Aquarium.
Cependant les grandes chaleurs de cette année ne lui ont pas élé trop déla-
vorabl?s. La plupart des espèces qui s'y trouvent, au nombre del5/i, ont pu
les supporter sans grande mortalité. Des Actinies, des .Ahilets, placés depuis
l'origine, vivent très-bien encore ; mais il.s n'ont {)ris aucun accroissement.
Les Actinies, qui s'étaient reproduites la première année, ne l'ont point fait
cette année. Parmi les poissons d'eau douce, les Perches seules ont frayé
dans les bacs. Les Carpes, les Tanches, les Cyprins, ne paraissent point avoir
grossi. 11 n'en est pas de même de deux Truites des Vosges, qui se main-
tiennent depuis un an en très-bonne santé : leur développement est sensible.
Plusieurs meml)res de la Société mettent toujours beaucoup de zèle à pour-
voir l'Aquarium de toutes sortes d'animaux jnarins ou d'eau douce. ?vous
citerons, en première ligne, M. René Cailkuul, qui a envoyé des Huîtres, des
ÏMoules, des pierres à l'holades, des Clovisses et des Brochets ; M. Ledentu (de
Cherbourg), M. le vicomte de Dax (de Vannes), I\(. Sailiet (d"Arromanches),
et M. Anatole Giilet de Grandmon!, envoyé en mission p;ir la Société sur les
côtes d« la Bretagne. Une fuite d'eau survenue à travers les parois du grand
récipient qui contient l'eau de mer nous a obligé d'ajouterà celle-ci 1000 litres
d'eau de mer nouvelle ; ce qui n'avait pas euUeu jusqu'ici, les combinaisons
de l'appareil ayant suffi jusqu'à présent poui maintenir l'eau de mer dans
tonte sa pureté sans la renouveler,
XI. Tempéraiiire
G
heures ir.at
. Après midi.
MillilllK,
Maximn.
Juillcî. . .
L';V'
-f- 8"
-\- 28"
Août. . . .
1/i
25
10
35
Septembre.
8
10
o
22
La grande sécheresse, unie à l'exirème chaleur de la saison, n'a pas été
propic'e à la végétation. Les gazons n'ont pu être maintenus qu'à force d'ar-
BULLETIN TRLMESTRIEL DU JAJlDIN d'âCGLIMATATION. 055
rosements. Le terrain maigre et sablonneux du i)ois de Boulogne ne leur
est pas favorable.
La floraison des corbeilles a été celle de chaque mois , de manière que le
Jardin fût pour le public comme une sorte de calendrier floral.
En général, la floraison d'automne est plus riche et plus durable que celle
du printemps.
VAgave atrovirens. donné au Jardin par M. Gels, s'est élevé à 5™, 50.
Celte croissance a eu lieu surtout pendant la grande chaleur et s'est arrêtée
lorsque le temps s'est refroidi. Sa hampe se couronne de plus de mille fleurs.
Leur épanouisscmciii a commencé à la fln de septembre ; mais il est à
craindre qu'elle ne puisse s'achever qu'en serre.
Les Camellias du Jardin d'hiver promettent, pour la saison prochaine, une
floraison extraordinaire.
Les Eucalyptus, qui ont été levés de pleine terre l'automne dernier pour
être placés dans le Jardin d'hiver, ont poussé avec une vigueur prodigieuse.
Le globulus, qui n'avait alors que 2 mètres, en a aujourd'hui 8 et se courbe
sous le centre de la toiture de la serre. Sa tige est grêle et disproportionnée
avec sa hauteur. Tout fait craindre que ce bel arbre ne puisse s'acclimater
sous le ciel de Paris.
Dans le jardin d'expériences , la Poire de terre Cochet a une végétation
luxuriante et promet une récolte abondante. Neuf espèces de Pommes de
terre ont été récoltées (voy. plus loin la conférence de ^î. Quihou). Leurs
produits se sont ressentis de la sécheresse; ils sont peu abondants, mais
très-lisses et exempts de la maladie. Les Cerfeuils bul!)eux , la Ti'tragonie
et le Quinoa continuent à très-bien réussir. Les Maïs nains d'Alger ont donné
une récolte abondante. Le grand Maïs de Cuzco n'est point arrivé à matu-
rité. Sous les châssis, plusieurs Melons verts d'Andalousie, de Cachans,
Tauris, doux du Japon, de Téhéran, qui donnaient en août encore a,ssez
d'espérances, ne sont pas arrivés à maturité.
Les Lozas se développent très-bien et sont couverts de graines.
Xn. — Le Jardin a reçu :
Dans le mois de juillet :
De la Société impériale : 1° 6 pieds de Rose changeante (Hibiscus muta-
bilis), venant de M. Yallart; 2° 7 variétés de graines, dont deux espèces de
Froment de Sibérie et un Abricotier ; 3° une collection de graines des îles
Canaries, venant de JNL Sabin Bcrthelot.
De I\L Walter Hitchcoch (deSaint-Omer), un Strelitzia Quensoni, ohlenvi,
chez lui, de graines reçues du cap de Bonne-Espérance. La plante est un
magnifique exen)plaire qui a près de h mètres et qui est arrivé en parfait état.
De M. Chalons d'Argé, qui les tenait de M. Quarré d'Aligny, ingénieur
français au lac Supérieur, plusieurs variétés des meilleures Pommes de terre
de l'Amérique. Quoique venues un peu tard , leur état de végétation fait
espérer de les voir arriver à maturité.
650 SOCIÉTÉ IMPÉniALR ZOOrOGIQUR d'aCCI.TAÎATATION.
Kn Jioùl :
De M. i'abljf^ Daniel, missiomiaire apostolique à Siaiii, cinq espèces de
graines.
De M. le comle Kleirkonski, des Pins de Chine anivi'-s en très-mauvais
état ; il y a peu d'espoir de les sauver.
De la Sociét(5 impériale, venant de M. Iluber, 115 variétés de graines de
Chine et à variétés de graines venant de M. Ilayes.
En septemhre :
De la Société impériale :
1° Des graines d'Ortie de la Chine;
12" 58 espèces de graines d'Australie, venant de M. I\iueller ;
3" Des graines d'arbre à savon du Japon {Sapindus saponaria), venant
de .M. r<euaid.
De M. Besnou, pharmacien en chef de la marine à Cherbourg, un pied de
Phormium Cookii.
De M. Vivet (d'Asnièrcs)^, des graines de Melon d'Arkhangel, variété re-
commandée par sa grosseur cl sa qualité.
XllI. — Les Conférences ont étéroj)rises pendant ce trimestre. iM. Haniof
en a fait trois sur la culture des Abeilles. M. Girard, professeur au collège
Kollin, deux sur la sériciciUtiire et l'éducation des nouveaux Vers à soie.
M. le docteur r.ufz de Lavison, quatre : 1° sur V acclimatation considérée
comme doctrine du peuplement de la terre; T sur Voologie; 3" sur Vovolo-
gie des oiseaux ; U" sur les métis et les Iiybrides. AI. le directeur adjoint,
Albert Geoffroy Saint-llilaire, deux : i" sur les plumes; 2" sur les po/Zs ^ î
la laine. AI. le docteur Pigeaux, deux: 1" sur la protection des oiseaux in-
secticores; 2" sur la (7ia,ssc considérée dans ses rapports avec la protection
des animaux. M, Quihou, jardinier en chef, deux sur les plantes nouvelles
dont la culture a été expérimentée au Jardin pendant l'année.
La seconde des conférences de M. Quiliou a été une conférence expéri-
mentale, lia été procédé à l'appréciation des légumes apprêtés delà manière
qu'on avait jugé leur mieux convenir. Parmi les 9 espèces de l\)mmes d'3
terre, les suflrages se sont partagés entre la Pomme de terre dite Lepson
Ridrey et celle dite de Lcsèble. Une variété jusqu'ici Inconnue a été appe-
lée, par le jardinier en chef, du nom du directeur, Rufziana. Les variétés
dites de Sainte-Marthe et de Santiago ont été réformées comme inférieures.
Le CL'rfeuil bulbeux, Tlgname de Ciiine, frits ou préparés à la sauce, ont été
trouvés très-succulents ; il en a été de même de VOxaiis crenata et de la
Tétragonie étalée mangés comme Epinards.
Le Jardin a reçu, en juillet 22 hUi visiteurs, 29G90 en août, 30 /i7/i en
septembre.
Le Directeur du Jardin d'acclimatation ,
RuFZ DE Lavison.
î. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
INFLUENCE DES MILIEUX SUR LA LAINE,
Par n. TETSSIER DES FARGES.
(Séance du 29 mai 1803).
Le développement des êtres organisés, a dit Cuvier (1), est
plus ou moins prompt et plus ou moins étendu, selon que les
circonstances lui sont plus ou m.oins favorables. La chaleur,
l'abondance et l'espèce de la nourriture, d'autres causes
encore, y influent, et cette influence peut être générale sur
tout le corps, ou partielle sur certains organes.
De tous les produits de l'agriculture la laine est assurément
l'un de ceux qui subissent de la manière la plus constante l'in-
fluence des milieux, et il ne paraîtra peut-être pas inutile, no-
tamment au point de vue de l'acclimatation, de faire connaître
quelques-uns des résultats dus à cette influence.
Parmi les animaux domestiques, Fespèce ovine figure au
nombre de ceux qui peuvent vivre sous les climats les plus
différents. Dans les pâturages si humides de la Hollande
comme dans les plaines arides de la Champagne pouilleuse,
en Afrique ou en Russie, partout elle vit, comme si la Provi-
dence avait voulu rendre ubiquiste l'animal dont la dépouille
est en quelque sorte indispensable à l'homme.
On peut poser en principe que là où la terre est bonne, la
laine l'est également.
Est-elle de moyenne qualité, la laine perd en nature et en
mérite. Est-elle sablonneuse, pauvre, elle y devient pauvre,
courte de mèche, aigre et cassante. ^
Des Mérinos parfaitement homogènes , bien constitués,
transportés dans une contrée diflerente de leur contrée d'ori-
gine , par exemple de la Brie dans le Gàtinais , malgré les
(1) Règne animal, Inlroduction.
T. X. — Novembre ISGo. 42
f)5S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQtfE d'aCCLIMâTATION.
soins et une nourriture abondante, mais dont le sol a cliangé
les principes, auront, au bout de peu d'années, une laino qui
reviendra au type des iMérinos du pays, j)ar cette l'aison,
reconnue par la science comme par la pratique, que l'orga-
nisme s'adapte nécessairement aux conditions dans lesquelles
vivent les individus. Aussi ne peut-on maintenir le type qu'en
renouvelant constamment les reproducteurs, ce qui, au point
de vue de l'économie rurale, est généralement une mauvaise
opération ; car l'expérience enseigne que, pour être proli-
tablc, l'industrie agricole doit toujours cbercber à produire
des animaux en rapport avec le milieu où elle opère.
Dans un même département, avec une race semblable, la
nature de la laine cbange tellement, qu'un œil exercé peut
dire, à linessc égale, de quelle localité elle provient. A un point
de vue général, on peut aflii'mer ipie meilleure est la terre,
mieux elle est cultivée, meilleure est la laine.
Prenons Seine-et-Marne comme exemple. . ,,
La' laine de celle fertile contrée est produite à peu près
entièrement par des Mérinos de moyenne finesse; renommée
par son nerf, son élasticité et la longueur de sa mècbe, elle
dilTére suivant les localités. Ainsi, le Mullieu, i[u'on appelle
le clos Vougeot de la Brie, et dont Arthur Young disait que si
Dieu avait voulu placer quelque part le paradis de la culture,
c'est le Mullieu qu'il aurait clioisi, produit une laine par
excellence. Tout le rayon de Lieusaint jusqu'à Mormant, si
remarquable par ses belles cultures et la bonté de la terre,
produit une laine ijui rivalise à peu de cliose près avec la
précédente. Dans les environs de lîosay et de Nangis, très-
bonne encore, la laine est un peu moins forte. Du côté de
Provins, où le sol est plus calcaire, et de Montereau, où il est
de moins bonne qualité, elle est plus dure. Si nous entrons
dans le Gàtinais, nous la trouvons plus courte de mèche, plus
sèche, plus maigre, en rapport précisément avec le sol, et,
par suite, avec la nourriture.
Les laines d'Espagne sont généralement très-corsées; elles
font un tissu presque inusable, très-épais, très-fort, mais qui
n'a pas celle souplesse, ce moelleux, ce soyeux, si recherchés
' INFLUENCE DÈS MILIEUX SUR LA LAINE. 659
aujourd'hui, et que donnent surtout les laines d'Allemagne et
d'Australie. Autrefois les reines du monde, elles sont aujour-
d'hui moins fines que jadis, et on ne les emploie guère que
mélangées. Cette différence de finesse tient en grande partie
à ce que les Espagnols n'ont pas donné à leurs troupeaux les
mêmes soins qu'autrefois, et k la négligence apportée dans la
sélection des reproducteurs. Quant à leur nature, elle doit
être altrihuée à l'herbe si substantielle que mangent les Mou-
tons espagnols et à leur genre de vie. En effet, généralement
exposés à l'air, à l'humidité des nuits, au soleil, à la pous-
sière, habitués à transhumer, ils mènent une vie très-rustique.
Ces conditions, combinées avec l'action du climat, produisent
ces laines nerveuses si remarquables parleur corsé. Ajoutons
que l'ancienneté du sang doit exercer aussi sa part d'influence.
En Russie, au contraire, où le froid sévit pendant une
grande partie de l'année, les Moutons vivent la plupart du
temps dans les bergeries. Ils perdent ainsi de cette vigueur
que procurent un climat plus tempéré et le régime diflerent
qu'il permet. D'un autre côté, la tonte a lieu avant les cha-
leurs, qui d'ailleurs durent peu, de sorte que la laine n'en
subit pas l'action. Aussi les laii;es mérinos de la Russie ont-
elles beaucoup de douceur, avec ce mérite de faire blanc et
de donner un fil mince , mais leur défaut est de grainer large.
Dans le même empire, en Tauride, où le climat est tout
différent, les laines sont maigres, dures et sèches.
Les laines d'Allemagne, notamment les belles électorales
de Saxe, qui sont aujourd'hui les premières du monde sous
le rapport de la beauté, de la finesse et du soyeux, doivent
leurs qualités à une sélection très-sévère, à un régime appro-
prié au but qu'on se propose, à des pâturages doux, et à un
climat tempéré, plutôt froid que chaud.
Les laines de l'Australie, qui viennent dans un tout autre
milieu qu'en Russie, sont également douces et assez molles.
Il semble que les troupeaux, vivant au grand air, devraient
comme ceux d'Espagne , produire une laine corsée. Cette
apparente contradiction s'explique par la différence de nour-
riture. Séjournant dans des steppes dont les herbages, plus
600 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
OU moins nulrilifs, plus ou moins abondants, sont souvent
brûlés par la sécheresse, les troupeaux, qui ne reçoivent pas
une nourriture fortifiante à l'étable, ne doivent pas se trouver
dans un état de santé normal, et dès lors leur dépouille s'en
ressent. Il y a des exceptions, notamment pour les prove-
nances de Port-Philip , mais il est probable que cette diffé-
rence dans la qualité tient à une meilleure nourriture. Les
tissus faits avec des laines d'Australie ont de la main et de
l'œil, mais ils manquent de force et n'ont pas de durée.
Nous ne saurions trop insister sur l'influence de la nourri-
ture. Le Mérinos qui absorbe beaucoup de pulpe produit une
laine peu propre à la fabrication des draps lisses. Le brin
n'est pas rempli au même degré à l'intérieur de cette huile
essentielle qui lui donne de l'élasticité et de la douceur. L'étoffe
lisse fabriquée avec celte laine graine large, se crispe aux
apprêts, et ne permet pas au brin détaché du fil par le chardon
de se coucher pour former le duvet lisse. Cet inconvénient
n'existe plus pour les nouveautés et pour le peigne, parce que
les tissus qui s'y rapportent sont ras ou retors et n'ont pas de
duvet.
Il ne saurait être mis en doute qu'une nourriture trop
aqueuse doit changer singulièrement la nature de la laine,
puisqu'elle exerce sur l'économie générale une perturbation
notable ; elle développe outre mesure le principe lymphatique,
fait dégénérer le sang, et rend la laine molle, maigre et sans
consistance.
La betterave non distillée, donnée en proportion raison-
nable, ne paraît pas exercer une semblable action. Elle est
même favorable, notamment parce qu'elle maintient les voies
digestives dans un état normal et empêche les maladies in-
llainmatoires, si communes chez le Mouton.
Veut-on un autre exemple de l'influence de la nourriture ?
Tout le monde sait que dans certaines fermes, quand la fin
de l'hiver arrive et que les fourrages deviennent rares, les
troupeaux ne sont pas suffisamment nourris. Indépendamment
de tous les inconvénients que ce mauvais régime amène, il
importe de noter combien il influe sur les toisons. Si, dans
' INFLUENCE DES MILIEUX SUlï LA LAINE. 661
de pareilles circonstances , on prend un brin de laine, il est
facile de voir des différences de grosseur et de nuance, sui-
vant l'époque où l'animal a été bien ou mal nourri. D'un blanc
bleuâtre quand il a souffert, il devient jaune de lait quand il
a été mieux nourri, et le brin, soumis à une certaine tension,
ne manque jamais de casser à l'endroit où se trouve la sou-
dure (jui s'est formée lors de la transition du mauvais au bon
régime.
Nous sommes de l'avis de M. Bella, lorsqu'il dit (1) que ce
sont les riches cultures qui, seules, peuvent produire les plus
lourdes toisons , ainsi que la laine la plus égale , la plus
longue, la plus nerveuse, parce que, seules, elles peuvent
fournir les soins, les abris et l'alimentation nécessaires pour
atteindre de pareils résultats. iMais nous ne pensons pas que
les cultures les plus riches puissent donner la laine la plus
fine, parce que la nourriture est trop forte pour la produire
telle. On obtient mieux, plus naturellement, et par conséquent
avec plus d'avantage, une laine de moyenne fmesse, comme
notre laine si connue sous le nom de Mérinos français. C'est
une des raisons qui expliquent pourquoi les pays dont la
culture est avancée abandonnent la production de la laine
trés-line pour s'en tenir à celle de moyenne iînesse, et, à ce
propos, nous ferons remarquer que l'Allemagne elle-même
tend à entrer dans la voie que nous suivons maintenant en
France.
Le Mérinos vient mal dans les pays brumeux ou pluvieux,
comme l'Angleterre. On a souvent dit que cela tenait à son
tempérament , qui serait plus délicat que celui des autres
races. C'est là une grave erreur, démentie par une masse de
faits plus probants les uns que les autres. Selon nous, deux
causes principales expliquent cette difficulté d'élever le Méri-
nos sous un ciel pluvieux : le tassé de la toison et les nom-
breuses aspérités dont chaque brin de laine est hérissé. Ce
tassé et ces aspérités retiennent l'eau en plus grande quantité
et beaucoup plus longtemps que les autres laines. Si les pluies
(1) Rapports du Jury international, t. II, p. 17.
Q&2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
sont fréquentes et le ciel brumeux, rhumidité presque conti-
nuelle de la laine, chargée de protéger l'animal, lui nuit au
contraire; l'action de la peau ne s'exerce plus dans toute sa
plénitude : cette fonction si essentielle de l'organisme est donc
o-ênée, l'animal dans un état constant de souffrance, et sujet,
par suite, à une foule de maladies, parmi lesquelles ligure en
première ligne la pourriture ou cachexie aqueuse, dont la
marche est d'autant plus activée que les aliments, dans ces
mêmes climats, poussent singulièrement au développement
de la lymphe.
Nous ne pensons pas que les races ovines exposées habi-
tuellement aux grandes pluies se couvrent promptement de
poils jarrcux, et la preuve c'est que, dans les pays chauds,
conmie en Afrique, on en rencontre souvent, tandis qu'on
n'en voit pas dans les très-rares troupeaux de Mérinos qui sont
encore en Angleterre. Suivant nous, ce grave inconvénient
est plutôt dû aux privations et à la mauvaise nourriture.
On pourrait multiplier les exemples. Ceux que nous venons
de rappeler suffisent, nous le croyons, pour faire comprendre
que l'influence des milieux, et principalement la nourriture,
sont évidemment la cause des modifications que subit la
laine.
Dans la pratique agricole, on ne se préoccupe pas toujours
assez de cette influence.
Cependant c'est avec juste raison que le regrettable Isidore
Geoffroy Saint-IIilaire a dit (1) : « Qu'est-ce que l'agriculture,
sinon la connaissance scientifique des modificateurs, et l'art
d'en diriger l'actiof) selon les résultats à obtenir? »
(i) Histoire naturelle générale des règnes organiques, L QI, p. 313.
'^'i ..
SUR LE DINDON
(Jl^eleagris gallopavd).
Par i^B. Se «loetciip SACC".
Dclecriie de la Sociùli; inipcri.ilc rr;!ccliiiiol;itioii l\ B:i?celone.
(Scnnce du 30 octobre 1S63.)
Ce bel oiscan, originaire des Etats-Unis, où il s'étend
depuis le Canada jusqu'au Mexique, paraît avoir été importé
en Espagne bien après la découverte de l'Amérique. D'Espagne
il fut apporté, en 152/j, en Angleterre , et bientôt après en
France, puis de France en Allemagne, où il conserve le nom
de Poule française, et de là, de proche en proche, dans toutes
les parties du monde, jusqu'à la Nouvelle-Hollande.
Ayant besoin d'air et de mouvement, uniquement recher-
ché pour sa chair, le Dindon, éloigné des basses-cours, où son
entretien est trop coùleux, est resté l'oiseau des campagnards,
qui le nourrissent d'herbe, et peuvent ainsi le fournir à bas
prix aux habitants des villes, dont il est, avec raison, un des
rôtis favoris.
Le Dindon sauvage a la chair plus dure et le plumage plus
brillant que celui du Dindon domestique, dont les couleurs
varient beaucoup. 11 y en a de noirs, de noirs et blancs, de
fauves et d'ardoisés : ces derniers sont les plus rares de tous ;
j'en ai vu de superbes cette année au parc de la Tête d'or, à
Lyon. On se rappelle qu'à la dernière exposition de Paris,
son habile directeur, M. Gérard, fut primé pour un Dindon
ardoisé pesant 20 kilogrammes. Temminck, dans son bel ou-
vrage sur les Gallinacés, rapporte avoir vu à Leyde, chez
une dame Baker, un troupeau de Dindons fauves avec
huppe blanche, sur la beauté desquels il s'extasie : ce fait
est confirmé par plusieurs auteurs. Il n'a, du reste, rien d'ex-
traordinaire, puisque nous possédons des variétés huppées de
presque tous les oiseaux domestiques; malheureusement celle
du Dindon s'est perdue, et nous ne l'avons retrouvée nulle
part.
QQll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Organisé pour la marche, le Dindon reste presque toujours
à terre, el ne se perche que le soir ; ses sens sont très-déve-
loppcs, surtout celui de la vue, qui lui permet d'apercevoir de
fort loin les oiseaux de proie, et d'avertir par ses cris les
autres habitants do la basse-cour. Très-courageux, le Dindon
n'hésite pas à attaquer le premier le rapace, s'il ose s'appro-
cher; c'est ce qui fait que toutes les basses-cours qui possè-
dent des Dindons sont à l'abri des oiseaux de proie. J'ai vu
maintes fois, dans nos terres de Neuchàlel, mes Dindons atta-
quer et repousser les oiseaux de proie ; une seule fois, une
Dinde succomba dans la lutte, mais elle avait affaire à l'un des
plus gros autours que j'aie vus, et elle lutta cependant assez
avec lui, pour me laisser le temps d'aller chercher mon fusil,
et de tirer le ravisseur.
En rase campagne, les Dindons sont tranquilles, dociles et
sociables; tandis que, renfermés dans un petit espace, ils ne
cessent de se battre, et finissent souvent par s'entre-tuer; cela
suffirait déjà pour les éloigner des basses-cours, si leur gigan-
tesque appétit n'y rendait leur présence ruineuse pour le pro-
priétaire. L'énorme gésier du Dindon avertit, du reste, qu'il
lui faut des aliments volumineux et fort nutritifs; cet oiseau
est effectivement uniquement herbivore, et rend aux pays secs
les mêmes services que l'Oie aux prairies inondées. Il se déve-
loppe rapidement, et fournit en abondance une chair blanche
et très-délicate.
Les coqs ne sont bons que jusqu'à trois ans, parce qu'alors
ils deviennent trop lourds et méchants; les poules sont en
pleine valeur jusqu'à six ans; elles font deux pontes par
an : la première en avril, de 15 à 20 œufs; la seconde en
août, qui n'est en général que de 7 à 10 œufs. Les œufs,
très-coniques, sont généralement blancs, avec des taches plus
ou moins grandes et plus ou moins rouges, suivant l'intensité
de la teinte du plumage : j'ai eu des œufs de Dindes noires
qui étaient complètement rouges, et d'autres de Dindes blan-
ches absolument blancs. En général, ils sont blanc rosé, avec
des taches rose vif; la coquille est épaisse, surtout au petit
bout, qui est couvert de fortes rides circulaires. On regarde
SUR LE DIWDON. {^(35
géncralenieiit les Dindes comme mauvaises pondeuses, mais
cette opinion provient d'observations imparfaites ; car ma
mère, qui avait le plus grand soin de sa basse-cour, m'ayant
assuré que les Dindes noires et blanches étaient de bonnes
pondeuses,je désirai vérifier le fait, et pus m'assurer que, tandis
que les Dindes noires et les Dindes blanches ne faisaient guère
plus de 20 œufs par an, les grises en pondaient h'2 dans le
même espace de temps. C'est ce fait inattendu qui a motivé la
. notice actuelle, qui a pour but essentiel d'engager les amateurs
des oiseaux de (/rande basse-cour à rechercher d'abord, puis
à isoler et à multiplier la race bonne pondeuse de Dindes, qui
serait une ressource précieuse pour nos campagnes. La ponte
a généralement lieu de deux jours l'un; ce n'est que vers la
fin ou lorsqu'il fait très-chaud et qu'ils sont très-bien nourris,
que ces oiseaux pondent tous les jours.
Quoique toutes les Dindes soient bonnes couveuses, on pré-
fère celles de deux ans à celles d'un an, et l'on donne à chacune
d'elles 15 à 17 œufs. Il est essentiel de ne donner aux poules
que leurs propres œufs, qui alors éclosent presque tous, tan-
dis que si on leur donne ceux de plusieurs poules, on ne doit
compter que sur la réussite de moitié ou des deux tiers au
plus des œufs.
Pour l'incubation, on dispose des paniers d'osier, dont on
garnit le fond de paille, de mousse ou de bruyère sur laquelle
on met une couche de foin qu'on écrase avec soin, afin que
le nid ne se creuse pas trop, ce qui expose les œufs à se briser
en coulant les uns sur les autres, et empêche la poule de les
réchauffer également. A côté du panier on dispose, à portée
des couveuses, deux auges pleines, l'une d'avoine et l'autre
d'eau, et toutes les vingt-quatre heures on enlève .a Dinde de
dessus ses œufs, afin qu'elle puisse se vider et se rouler dans
la poussière pour se débarrasser des poux qui pullulent sur
les pauvres couveuses. Au bout de cinq à dix minutes, l'infa-
tigable couveuse retourne à ses œufs, qui éclosent, suivant la
température ambiante, du vingt-septième au trentième jour;
je les ai toujours vus éclore dans le courant du vingt-hui-
tième, parce (juc je tenais mes couveuses dans un galetas
o(56 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATK»'.
chaiiJ et sec. Ce couvoir est bien le meilleur, en général, dans
nos régions tempérées et humides ; m;iis lorsque l'été est
brûlant, il dessèche trop les œufs et expose les petits à rester
collés dans la coquille; il faut remédier à cet inconvénient e«
aspergeant légèrement les œufs avec de l'eau, chaque fois que
la Dinde quitte le nid. Le couvoir doit être à l'abri des se-
cousses, du bruit et d'une lumière directe et vive.
Dés que l'éclosion a commencé, on ne touche plus aux
poules; mais, vingt-quatre heures après, on dispose à côté
du panier un nid plat fabriqué avec quelques poignées de
foin bien fin sur lequel on pose la mère, en se hâtant de lui
rendre ses poussins, qu'on glisse sous elle les uns après les
autres.
Pendant la première huitaine, on nourrit les petits avec des
œufs cuits durs et hachés menu ; pendant la seconde, on y
ajoute de la mie de pain hachée aussi avec dé l'ortie, du
persil et des oignons. Durant la troisième semaine, on sup-
prime les œufs et l'on ne conserve que le pain et la verdure,
puis on substitue au pain du son mouillé, des pois cuits, et
surtout du millet, dont les Dindonneaux sont très-friands.
Lorsque ces oiseaux sont languissants, on les guérit aisé-
ment en leur faisant avaler un grain de poivre ou, mieux
encore, une araignée ; il faut leur ouvrir le bec avec beaucoup
de précautions, afin de no pas les blesser.
Quelques auteurs conseillent de laisser sortir ces oiseaux
lorsque le temps est beau, mais j'en ai tant perdu, lorsque
j'ai suivi ce conseil, que j'y ai totalement renoncé. J'ai alors
laissé ces oiseaux dans les galetas, jusqu'au moment où ils
avaient poussé le rouge, ce qui arrive de six semaines à deux
mois, en ayant soin de leur donner le plus d'air possible, et
je n'en ai plus, dès lors, perdu un seul. Pendant la crise de
la poussée du rouge, c'csl-à-dire des caroncules rouges de la
tête et du cou, on donne derechef aux Dindonneaux une nour-
riture excitante composée de pain haché avec des oignons et
des orties ou du persil. Dès que cette époque est passée, les
Dindons sont aussi robustes qu'ils étaient délicats, ils résistent
à tous les temps; c'est le moment de les lâcher en rase cam-
Sun LE DINDON. 667
pagno, où ils se nourrissent de toutes sortes d'herbes et d'in-
sectes dont ils sont si friands, qu'en Suisse on a l'habitude de
les faire suivre la charrue, afin de détruire, à mesure qu'elle
les met au jour, les larves de hannetons.
Quoique les Dindons puissent facilement supporter les
hivers les plus rudes en plein air, il est bon de les renirer
alors dans le poulailler, parce qu'ils mangent moins.
Pour les engraisser, il n'y a qu'à les tenir enfermés dans
une cour pendant deux ou trois semaines; on les y nourrit
de son détrempé avec de l'eau, de pommes de terre cuites et
de maïs; on doit éviter de leur donner des tourteaux de
graines oléagineuses, parce qu'ils communiquent leur odeur
huileuse à la chair de ces oiseaux. Les fromages rancis cuits
ou crus sont, par contre, pour eux une excellente nourriture,
surtout les carottes, comme encore les fruits gâtés, qu'ils ava-
lent tout entiers, de môme aussi que les noix. Chose curieuse,
tous les Dindons n'aiment pas les noix ; mais ceux qui les
prennent volontiers sont aussi ceux qui s'engraissent le plus
aisément, j'en ai souvent fait l'expérience : ils ne les accep-
tent d'abord qu'avec défiance, mais les recherchent avec avi-
dité lorsqu'ils les connaissent. Ces fruits, quelque dure que
sûU leur coque, se ramollissent si rapidement dans le gésier,
qu'on n'y en sent plus trace au bout de quinze à vingt mi-
nutes. Au point de vue chimique, cette prompte désagrégation
d'un des ligneux les plus compactes et les plus durs est aussi
étrange qu'inexplicable. ; • > .. , ,,
NOTE
SUR
CERTAINES J:SPÈCES DE POISSONS DE LA GUYANE
Par M. Victor BATAILLE.
(Séance du 31 juillet i8(i'i.)
J'ai toiijouis ouï dire que nous possédions à la Guyane des
qualités de poissons plus délicats que ceux de France et en
plus grande variété. J'ai l'honneur d'exposer à la Société im-
périale zoologique d'acclimatation un aperçu de (juelques
espèces dans l'ordre de leurs qualités. Bien qu'il existe des
contradictions, un assez grand nombre de personnes portent
en première ligne le Connojii toucoimaré.
1° Le Moroquo a la chair jaune. Il vit dans les rivières d'eau
vive et claire. Sa forme est ronde ; la couleur des écaiHcs est
d'un blanc sale. Sa longueur varie entre 50 et 60 centimètres.
Il a, comme le Gourami, une tache à la (|ueue.
2° Le Coumoron a la forme plate. Il vit dans les sauts,
dans les eaux vives. Il est pourvu de deux rangées de dents,
et a le dessus du corps noir, la tète et le dessous du corps
jaunâtres. Longueur, 30 à ZiO centimètres.
3° Le Counani, nommé en France Gourami. 11 existe dans
la Guyane, au sol contesté, trois variétés de ce poisson. La
première, nommée par nos Indiens Counani, et par les Ta-
pouys et par ceux du Brésil, Toucoimaré titangue. Le mâle de
ce poisson a une bosse sur le dos, près du cou. Sa longueur
est de ZiO centimètres. La deuxième, appelée par nos Indiens
Counani, et par les Tapouys et les Brésiliens, Touconnarc
ouasso. Dans diverses contrées du territoire contesté, il atteint
la longueur de 60 à 70 centimètres; dans d'autres lacs ou
rivières, il dépasse la longueur d'un mètre. La troisième
variété est nommée par nos Indiens Counoni , et par les
Tapouys* et les Brésiliens, Toucounaré pac. Tout son corps
est sillonné de petites taches de couleur blt^uc et blanche.
SUR CERTAINES ESPÈCES DE POISSONS DE LA CUYANE. 660
Ce dernier a un goût plus exquis, aussi est-il désigné par les
\)èc\\e\ivs , poisson po7(r les malades.
Ces trois variétés de poissons font leurs nids au bord des
rivages, dans la vase, dans l'herbe, sur des branches tombées
des arbres dans l'eau. Leur nombre est considérable, et l'éclo-
sion des œufs a lieu dans trois ou quatre jours. Pendant ce
délai, le mâle et la femelle veillent sur ces œufs à une petite
distance l'un de l'autre, et ne s'absentent que pour aller à la
recherche de leur nourriture. Une fois éclos, les petits sont
accompagnés pendant leur première jeunesse par le mâle et
la femelle.
Ces poissons offrent les plus grands avantages sous tous les
rapports. Aussi devrait-on multiplier les tentatives pour les in-
troduire partout où ils n'existent pas. La manière dont on les
pèche prouve suffisamment leur voracité. A cet effet, on suspend
à une ligne, ou à un bâton un peu plus long que celui d'une
ligne ordinaire, un appât garni de plumes rouges de flammant
qui cache un hameçon, ou un morceau d'étoffe de la mémo
couleur. On se place dans un petit canot, soit dans les rivières,
soit dans les lacs, et en faisant avancer l'embarcation , on
ne cesse d'agiter vivement la ligne sur l'eau, de droite à
gauche, et quand ces poissons dépassent la longueur d'un
mètre, on les harponne comme on le fait pour le Curi/ et le
Lainetitin. On l'ait de ces poissons des salaisons qui ont le
même goût que la Morue.
Quelle ressource pour l'Algérie, nos colonies des Antilles, et
principalement pour la Martinique, si l'on parvenait à les y
introduire, ainsi que graduellement dans toutes les parties
où ils n'existent pas !...
DES INSECTES HERBIVORES
ET rAUTICULlÈREMENT
DE CEUX Qui ENVAHISSENT LA CANNE A SUCRE (I),
Par M. .%. BERG.
(surrn.)
(Séance ilu 12 décembre 1802.)
Dif Borcr. — Nous avons décrit la chenille du Borer. Il
nous reste à foire connaître la nymphe et le papiHon. Les
métamorphoses se sont opérées sous nos yeux. L'insecle est
resté seize jours à FéUit de chrysalide. Un Borer, très-pàle,
ayant déjà suhi deux mues, mis en observation le 8 août,
s'est mis à la diète du 11 au 29, où il se transforma en chry-
salide. Celle-ci est molle, cuivrée, à reflet métalliiiue, de
forme cylindro-conique, avec les anneaux bien dessinés en
dessus, les ailes en dessous. Dans la nuit du 13 septembre, la
larve opéra sa résurrection à l'état d'insecte parfait. C'est un
petit papillon de couleur gris cendré, et dont l'abdomen ne
dépasse pas les ailes à l'état de repos.
Cet abdomen est terminé par une houppe de poils. Les
pattes sont longues, à cuisses plates, deux épines courtes,
obtuses, avec pattes postérieures et intermédiaires. Ailes
entières : les antérieures moins larges, de couleur brune,
arrondies et recourbées au sommet; les postérieures coupées
obliquement, d'un blanc sale, pouvant se plisser en éventail.
Antennes fdiformes, longues comme la moitié du corps.
Ce papillon n'est pas décrit.
Telle est Ihistoirc du Borer, de cet insecte maudit par les
deux îles de France et de Bourbon, et auquel on attribue
•lénéralement la considérable diminution dans la production
du sucre. Certes, ses dégâts occasionnent un déficit sensible
dans les localités où on le rencontre, mais la source du mal
(1) Voyez, pour la 1^' partie, le Bulletin do 1862, p. 939,
DES INSECTES HERBIVORES. 671
est plus profonde, et c'est sur ce point que nous devons
attirer l'attention. Une maladie grave sévit sur la Canne,
voilà le mal principal. 11 faut que la Canne à sucre soit mor-
tifiée pour que ses tissus conviennent à la nourriture de cette
larve. , , .
La maladie qui sévit sur la Canne est une maladie épidé-
miquc, caractérisée i)ar une végétation parasitiquc. Elle est,
d'après nous, causée ])ar des altérations de tissu résultant
des mauvaises conditions de culture, altérations sous l'in-
fluence desquelles se sont développées les spores de la plante
parasite.
Une culture forcée, exclusive, l'abus des engrais azotés,
l'emploi des mêmes souches, ont amené un changement dans
la quantité et dans la nature des sucres de la Canne. Cette
altération a été l'origine de la maladie. L'envahissement des
insectes a été un corollaire fœtal, un fait depuis longtemps et
souvent observé dans des circonstances analogues.
La maladie sévit sur les jeunes pousses, qu'elle arrête dans
leur développement. Elle frappe des touffes entières, par
plaques ou par traînées, ou bien quelques tiges seulement au
milieu d'une touffe. Toutes les variétés de Cannes peuvent en
être atteintes, mais celles qui croissent le plus rapidement en
sont préservées; le parasite ne vient que sur les jeunes plants,
et son envahissement n'est pas à redouter quand la Canne
approche de la maturité. Il arrive quelquefois que des por-
tions entières de champs de Cannes sont envahies par la
maladie, et qu'à force de soins bien entendus, celle-ci finit
par disparaître. Ces soins sont l'écimage, le labour à la pioclie
et l'effeuillage, et non la fumure azotée. Avec la maladie
cessent d'exister les poux à poche blanche et autres insectes,
de sorte qu'après un laps de temps indéterminé, on est étonné
de voir Ici carreau envahi par la maladie présenter les api>a-
rences d'une belle végétation. C'est que celle-ci a pris le
dessus sur le crvptogame.
D'autres fois, mais plus rarement, des Cannes à sucre
plantées dans les meilleures conditions possibles, sont subite-
ment alteintes. Ce fait déroute souvent toutes les conjectures,
072 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
carie sol n'est pas épuisé, on n'a rien fait pour l'appauvrir;
la culture est à l'abri de tout reproche, les têtes plantées sont
de bonne qualité. Cependant ce fait s'explique : la crois-
sance des filaments du parasite végétal étant rapide et con-
tinue, les spores étant d'une extrême légèreté et d'une extrême
ténacité, les vents en propagent la dissémination, et les ger-
mes de la végétation morbide sont transportés au loin. Les
circonstances aidant, la propagation peut se faire rapide-
ment, même dans les terrains vierges. La maladie procède
de l'extérieur à l'intérieur, de la circonférence au centre. La
Canne à sucre malade est recouverte, à l'origine des feuilles
et sur la tige, aux environs des nœuds, d'une sorte d'efflo-
rescence blanche. Les feuilles présentent d'abord une colo-
ration particulière, perdent leur verdeur et leur souplesse,
pâlissent, et présentent une certaine induration : sur leur
surface se voient des taches d'abord rouges, puis jaunes ou
brunes ; elles finissent par se dessécher. La tige reste quelque
temps humide, s'atrophie dans tous ses éléments, et se des-
sèche, en répandant, quand on l'entr'ouvre, une légère odeur
de moisi. Efie ne se déforme pas. L'arrêt de développement et
le dessèchement sont les caractères principaux de la maladie.
A un degré plus avancé, des moisissures plus ou moins
épaisses se développent aux extrémités de chaque mérithalle.
Cette espèce de mousse, composée de cellules filamenteuses,
est le support du champignon, en même temps qu'elle lui
donne naissance par ses cellules reproductrices.
Nous attribuons la maladie de la Canne à sucre à trois
causes principales :
1° Le défaut d'assolements ;
2° L'emploi permanent de la même souche ;
3° Le guano du Pérou, employé avec excès. •
On a fait ici absorber continuellement à la terre sa fertilité
par des récoltes continuelles, on a fait de la culture forcée.
On a prodigué au sol des engrais azotés qui l'ont épuisé.
Tous les hommes compétents , savants et agriculteurs ,
appuient dans leurs ouvrages notre manière de voir. Liebig
et Elie de Beaumont s'élèvent contre l'excès d'azote; l'abbé
DES INSECTES JIERlilVORES. 073
Moigno, dans le Cosmos du J 3 janvier J 860, affirme qu'il
brt'/le les terres. Malagutli et Payen préconisent le système
des assolements.
Puissent donc les habitants de cette belle colonie revenir à
la niélhode employée par leurs pères, celle de la variété dans
les cultures, et fermer l'oreille aux séductions des théories
contraires qui peuvent flatter nos intérêts, mais qui ne satis-
i'ont pas notre raison : car dire que l'on peut impunément
cultiver continuellement la même plante dans le même sol,
c'est dire qu'on a trouvé le mouvement perpétuel en agri-
culture.
T. \. — îVûvembre 1863. i3
MÉMOIRE
SUR LK VER A SOÎE CANADIEN
{^Bombyx Cecropia),
Par M"'' LAWS01%[,
De Kingston (Ciinada).
(Séance du 20 février 1863.)
Dans différentes parties de l'Aniérique du Nord, on trouve
des variétés de papillons indigènes qui produisent des co-
cons propres à fournir diverses espèces de soies. La plus
remarquable est YAltacus Cecropia [Satumia Cecropia^
Linn.). La boîte qui accompagne le présent mémoire con-
tient un spécimen de la plialène parfaite, ainsi qu'un cocon,
une cbrysalide extraite du cocon, un dessin de la larve de
grandeur naturelle, et une branche d'un des arbres (/'/^m/^
amcricauii) dont l'insecte se nourrit.
\] Attacus Cecropia est, de tous les Bombyx, un des plus
grands et des plus beaux; quand ses ailes sont étendues, elles
mesurent de (5 à 7 pouces d'une extrémité à l'autre. Celte
espèce habite en général le haut Canada, à partir de Mont-
réal, en se dirigeant à l'ouest, jusqu'aux rives du lac Erié.
Dans ce district (Kingston) il n'est pas très-commun; mais
plus à l'ouest et surtout à l'extrémité sud-ouest de la province,
on le rencontre, dit-on, plus fréquemment. De même que les
autres insectes nocturnes, l'insecte parfait, ou papillon,
échappe facilement à l'observation; par contre, les cocons,
([ui sont gros et de couleur brune, se rencontrent souvent
attachés aux branches des arbres à fruits et des groseilliers.
L'insecte ne broute toutefois pas ces derniers; les feuilles du
Pommier, du Cerisier et du Prunier lui servent de pâture, et
peut-être, dans l'origine, ne la trouvait-il que sur le Prunier
sauvage du Canada.
Au mois de juin , le papillon sort du cocon, et dépose
ses œufs, qui ont une teinte foncée. Bientôt ceux-ci éclosent,
et les chenilles qui en proviennent se tiennent sur les arbres
SUR LE VER A SOIE CANADIEN. ()75
dont elles mandent les feuilles. Elles en descendent au mois
d'aoùl, jiour elierclier des arbustes de petite taille, auxquels
elles attachent pour la plupart leurs cocons, qu'elles mettent
ainsi à l'abri des rit^ueurs de nos hivers.
Le cocon qui donne la soie consiste en deux parties : il y a
d'abord la partie exiérieure, dans laquelle les lils adhèrent si
Ibrtement ensemble, qu'ils forment une membrane qui res-
semble au parchemin, et puis la partie intérieure, où ils sont
lâches et crépus.
Le plus grand olislacle (pif [irésente l'emploi du cocon de
Cccropid, c'est la dinuullé (pic l'on éprouve à le dévider; ou
a môme élé jus(prà |!eiiser (iu(; pour ce motif il ne pouvait
servir à aucun usage. Dévider le cocon du Cecropia comme
celui du Ver à soie de Chine, est, en effet, une chose impos-
sible. Nos cocons canadiens de Cecropia se rapprochent par
leur nature de ceux du Ver à soie de l'Allante, qui, en ce qui
concerne le dévidage, ne paraissent pas avoir cédé au même
traitement que celui qui est usité pour les cocons du Ver à
soie ordinaire; il faut, au contraire, qu'ils soient sérancés et
filés comme les libres végétales, ou de la môme façon que la
soie connue stjus le nom techiiiipje dcspan sUk.
Avant l'opération du liliige, la soie de Cecropia doit être
soumise à une pfé(>aralion préliminaire, pour amener la sé-
paration des fibres qui constituent la membrane compacte
comme du parchemin, dont il a été parlé. Après de nom-
breuses expériences, j'en suis arrivée à la conclusion que le
mode le plus simple et le plus elTicace consiste à traiter les
cocons avec une faible solution de potasse caustique ou d'un
autre alcali; il en résulte un ramollissement de la substance
qui fait adhérer les (ils les uns aux autres, et l'on peut alors
les séparer sans difficulté. Une immersion de deux ou trois
jours dans une solution alcaline sera nécessaire pour que les
fils soient propres au lilage; mais si l'on fait bouillir ou que
l'on emploie une solution plus concentrée, l'opération sera
moins longue; un pareil expédient ferait perdre toutefois à Ja
fibre une partie de son élasticité. Au lieu de potasse caustique
pure, dont le prix est élevé, on peut se servir, avec le même
676 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
succès, d'une lessive faite avec de la cendre de bois et de l'eau,
à laquelle on ajoute une certaine quantité de chaux éteinte.
On peut employer également l'alcali britannique. L'opération
doit être conduite avec soin et intelligence, car la fibre pour-
rait se détériorer si l'action de l'alcali était trop prolongée.
A l'aide de ce procédé, le cocon intérieur peut, aussi bien que
l'enveloppe extérieure, être converti en soie, et les cocons
étant fort gros, le produit est en proportion : la soie en est
remarquable par sa ténacité, qui est bien supérieure à celle
de la soie du Ver ordinaire.
S'il m'était permis de poser une question, je demanderais
si le même procédé ne pourrait pas être avantageusement
adopté par les éleveurs de l'Allante, en France, pour les
cocons de ce Ver. Nous devons à l'obligeance du professeur
Garuel, de Pise, d'avoir reçu une collection de chrysalides vivan-
tes d'Allante avec leurs cocons, en vue d'élever cet insecte au
Canada; mais le nombre en est encore trop réduit pour que
nous puissions nous livrer à des expériences à ce sujet.
Laissez-moi ajouter que ce n'est pas la première fois que
les cocons de Cecropia sont ainsi signalés à l'attention. Il y a
longtemps que l'insecte dont il s'agit est connu, et dès 1767
Moses Bartram, de Phdadelphie, en a élevé en les tenant enfer-
més. M. Audouin a également reçu quelques cocons d'Amé-
rique, et a réussi, il y a environ quarante ans, en France, à
obtenir des papiUons. De plus, le révérend S. Pullein a tissé
des bas avec de la soie du Cecropia, et a publié ses observa-
tions dans les Philosophical Transactions de la Société royale
de Lundres, à la date, plus ancienne encore, de 1759. Mais
jusqu'ici on n'a pas trouvé le moyen de faire servir cette soie
aux usages industriels. Si la question était mise à l'étude dans
un pays comme la France , où les procédés qui se rattachent
à la fabrication de la soie sont si bien compris, les résultats
seraient vraisemblablement plus favorables. Si je puis me
procurer de nouveaux cocons vivants, la saison prochaine, je
me ferai un plaisir de vous les envoyer.
NOTE
SUR LA SITUATION DES DERNIÈRES PLANTATIONS
D i:spè(:es ligneusi:s exotiques
AU JARDIN D'ACCLIMATATION A ALGER,
Par M. HARDY,
Directeur du jardin d'acclinialaiion du gouvernement, îi Ilaniina (Alger).
(Séance du 2 octobre 1863.)
Les essais partiels d'acclimatation de végétaux ligneux,
originaires de contrées analogues à l'Algérie ou de régions
plus rapprochées de l'équateur, entrepris depuis un certain
nombre d'années, ayant produit des résultats satisfaisants,
on a résolu de donner plus d'extension à ces essais, et de
distribuer ces nouvelles plantations composées d'espèces
étrangères, d'après un plan méthodirpie, de façon à former
des espèces d'écoles utiles et instructives à difïérents points
de vue.
Dans l'organisation de ces écoles, voici l'ordre que j'ai
adopté. L'établissement présente diverses conditions de sol,
d'exposition et d'altitude qui sont mises à profit. Les végétaux
qui réclament le plus de chaleur, unie à l'humidité, sont
rassemblés dans la partie basse, tandis que ceux qui veulent
une température modérée, qui se contentent de peu d'humi-
dité et qui aiment l'élévation des terrains, ont pour domaine
la partie élevée et accidentée. La distribution est faite dans le
genre paysager. Les végétaux sont groupés par genres ou par
familles; chaque groupe forme un massif. Cette disposition
permet d'atteindre trois résultats à la fois. On aura d'abord
une vaste école d'acclimatation permettant de saisir d'un coup
d'œil les espèces qui pourront être appliquées aux diverses
situations de sols de l'Algérie et dans les contrées circonvoi-
sines. On aura ensuite une école de botanique, et des plus
678 SOCIÉTÉ IMPÉHIALF. ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION.
intéressantos , en ce sens (jiie l'on verra des véi;étaiix raines
d;iîis iiM i'tal complet, de (léveloppomeril ([iii ne se rencontre
nulle |iart en Europe. Si les genres et les familles ne se suivent
pas toujours sur le terrain, d'après un ordre mélhodique de
classification, à cause de la nécessité de donne»' avant tout,
aux espèces, les conditions naturelles qui leur s )nt le mieux
appropriées, on pourra un peu plus tard, lorsque cette œuvre
sera plus avanci'e, rédiger un ouvrage servant de guide, et oii
se trouvera une classification naturelle par espèces, genres et
familles, avec des renvois aux groupes plantés. Enfin, on aura
une promenade charmante, au milieu d'un luxe de végétation
tout exotique, et qui aura toujours la puissance d'attirer les
regards, même les plus indiflercnts.
Ces plantations, d'après cet ordre, se continueront chaque
îlhnée, à l'aide des nomhreux matériaux déjà réunis dans
rétablissement et de ceux qui seront successivement introduits.
Je vais, aussi succinctement que possible, donner quelques
renseignements sur les espèces déjà installées.
1" P.'/r/ie liasse. — Les plantations dont je vais parler, ont
eil deux ans d'installation au mois de mai dernier. Les espèces
qui les composent appartiennent toutes aux régions chaudes.
Elles ont (lar conséqueilt déjà suhi deux hivers. L'année
dernière, il n'a })u être installé qu'un massif, comprenant les
verbénacées.
Le massif qui se présente d'aljord à la vue est celui des
PalmierSj qui comprend 2"2. espèces à feuilles jiennées, et
22 espèces à feuilles palméps, ensemble hà espèces, qui sont
toutes dans un état de végétation satisfaisant.
Dans la première catégorie se voient six espèces de Phœnix
ou Dattiers, qui trouvent ici des conditions parfaitement appro-
priées à leur nature, parmi lesquels on remarque le Phœnix
sylvestris, cultivé avec profit dans l'Inde, pour produire du
sucre, et le Phœnix farinifera, dont le tronc renferme une
fécule abondante.
Le Jnbœaspectabilis, H. B., du Chili, a une croissance très-
vigoureuse. Son tronc, qui devient conique, prend des pro-
ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES A ALGER. 679
portions considérables à la base. Dans son pays, ce beau pal-
mier donne des fruits alimentaires que Ton porte jusqu'au
Pérou. Les noyaux servent à faire des jouets d'enfants.
UOreodoxa regia, H. B., originaire de l'ile de Cuba, réussit
très-bien. Il est de la section des Palmiers à tronc conique,
qui s'accroissent en diamètre. Un exemplaire, planté il y a bnit
ans dans un autre endroit du jardin, a déjà ce caractère par-
faitement accusé. Le tronc mesure 0"',/i5 de diamètre près du
sol, tandis qu'il n'est que de 0"\J5 tout au plus h Tendroit de
l'insertion des rachis. Sept espèces de Cocos, originaires du
Brésil en majeure partie, et de l'Amérique australe, ont une
croissance active.
Le Cocos /lexuosa, Mart., et le Cocos australls, plantés il
y a buit ans dans un autre compartiment du jardin, donnent
des graines fertiles.
Le Ceroxi/lon amlicola, H. B., ou Palmier à cire des Andes
de l'Amérique méridionale, se développe un peu moins rapi-
demenl, mais les exemplaires qui sont en expérience sont
cependant en parfait état.
Trois espèces de Caryota résistent parfaitement; le Caryota
urois, Linn., se fait môme remarquer par sa vigueur et son
développement. Ces palmiers, très-intéressants par la struc-
ture de leurs feuilles, sont originaires de l'Inde et donnent
plusieurs produits utiles.
\:Arcnga saccharifera, Labill., ou Gomufl, qui est orioi-
naire des îles Moluques et de la Chine méridionale' est un
des plus grands palmiers ; on l'exploite dans son pays pour en
faire du sucre, des boissons fermentées, des cordes et des
jiattes avec son fibrillltlwn. Les exemplaires qui sont en
lilcinc lerre sont dans un état prospère.
Le Diplolhemiummaritinimn, Mart., du Brésil est un
petit palmier acaule très-élégant, qui est ici en très-bon état
de végétation. Il donne des fleurs, mais jusqu'ici elles n'ont
pas été fécondes.
L'espèce qui est la moins florissante, dans cette division de
la plantation, est VAreca sapida, Forst., originaire de la IN'ou-
Yclle-Zélande, qui trouve ici en été une chaleur <3t une inso-
(i80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
lation un peu trop fortes ; ses plus anciennes feuilles en
éprouvent une dessiccation anticipée. Cependant , pendant
l'hiver, sa végétation reprend une nouvelle activité.
Dans la division des Palmiers flabelliformes ou à feuilles
palmées, on remarque le Corypha gebcmr/^ de Java, qui se
développe avec une grande vigueur et dont les dimensions
sont considérables.
Le Corypha cerifera, Arrud., ou Copernicia cerifera, du
Brésil. Les feuilles de ce palmier donnent une cire végétale
dont on tire un excellent parti en Amérique pour l'éclai-
rage. J'ai vu à l'exposition de Londres de superbes bougies
préparées avec ce produit.
On y voit huit espèces de Chamœi'ops, dont les sujets sont
dans toute la force de la végétation; telles que : Chamœrops
MartiiDia, Hook., et tomentosa, Fulch., de l'Himalaya; le
Chamœrops hirrho ?, du Japon, espèce peu connue et fort
rare; les Chamœrops hi/striœ, Fras., eipabnetto, Mich., de
la Floride; enfin le Chomœrops e.ccelsa , Thunb., de la
Chine, dont le tronc se couvre d'un abondant fibrillit'mm.
avec lequel les Chinois préparent des cordes de navires bien
supérieures aux cordes de sparterie, des toiles, des nattes,
des sacs, et même des vêtements. Cette espèce a fleuri, mais
non encore fructifié. Le Chonuprops tomcntom donne chaque
année des semences fertiles.
On remarque encore deux espèces de Brahea, le Brahca
dulcis, Mart., notamment, originaire des Andes du Pérou, et
dont les fruits sont comestibles. Enfin , cinq espèces de
Thriiiax , très-élégants palmiers originaires des Antilles, et
"dont la réussite n'est pas le résultat le moins remarquable.
Les Palmiers, dans leur ensemble , sont considérés, en
botanique, comme les princes des végétaux, à cause des
nombreux produits utiles qu'ils donnent et de la suprême
beauté de leurs formes. On les a toujours considérés comme
ayant besoin d'une somme de chaleur plus grande que la
plupart des espèces dicotylédonées et comme ne pouvant pas
s'éloigner de l'équateur. Ce que je viens de constater semble
donner la preuve du contraire. Les Palmiers, pour la ])lupart,
ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES A ALGEK. 081
et comme un grand nombre de végétaux dicotylédones, peuvent
s'écarter de leur habitat naturel, et remonter, dans certaines li-
mites, vers le nord, sous l'influence des soins de l'homme, bien
entendu. L'Algérie peut réunir sur son sol une grande quan-
tité d'espèces de palmiers. Il n'y aura d'exception que pour
certaines espèces qui se développent dans des milieux tout à
fait particuliers, les espèces palustres, par exemple, qui crois-
sent le pied dans l'eau, souvent salée, et reçoivent le soleil
presque toujours verticalement : tels sont les nombreuses
espèces des bouches de l'Amazone, les Cakmms des îles de la
Sonde, les Cocos de l'Océanie et des îles Marquises, les
Lodoicea et Stephensoina des îles Seychelles et des ]\laldives.
Le groupe ou le massif des Cycadées se compose des Dw)t
edule, Bot. Mag., du Mexique; des Ceratozamia du Mexique ,
des Macrozamia de la Nouvelle -Hollande, des Zamla et
Enceplialartos du cap de Bonne-Espérance et de l'Afrique
australe, du Cijcas reroluta du Japon. Toutes ces espèces sont
originaires de régions ayant une certaine analogie avec
l'Algérie du littoral, et leur réussite ici pouvait plus que se
présumer: on pouvait, à priori, l'indiquer comme certaine.
Mais la réussite non moins complète du Cycas circÀnaUs ,
Lin., originaire des îles Moluques, des Philippines et de la
Cochinchine, est un fait aussi remarquable au moins que
celui des Caryota et des Thrinnx que je citais tout à l'heure,
et qui est de nature à faire un peu réfléchir ceux qui préten-
dent indiquer sûrement, et de prime abord, quels sont les
végétaux qui pourront ou ne pourront pas réussir en Algérie.
Dans l'état limité de nos connaissances en géographie bota-
nique, et par rapport aux diverses constitutions particulières
aux espèces et aussi aux tempéraments individuels des sujets,
il n'y a que l'expérience directe qui puisse donner des ren-
seignements exacts.
Le groupe des Musacées comprend diverses espèces de
Bananiers, dont quelques-unes sont rares, telles que X^^Mma
discolor, zchrina et ylauca ; à peu près toutes les espèces de
Strelitzia connues, au nombre de huit, dans lesquelles on
remarque les Strelitzia augusta et Nicolaï, qui prennent,
6S2 SOCLÉÏÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
avec io temps, les proportions d'un arbre. Les Strelitzin
acnules sont remarquables aussi par la disposition de leur
inflorescence, qui simule une tète d'oiseau fantastique ornée
des plus brillantes coulerfrs. Les Strelitzia sont originaires des
lieux bas et humides de l'Afrique australe. Le Ravenala
madagascariensis, Poir., développe son immense éventail au
milieu de ce groupe; son tronc a déjà 50 centimètres de
développement, du sol à la naissance des feuilles. Il montre,
en ce moment, un réi/imc qui promet prochainement des
Heurs. C'est un des arbres les plus curieux qui se puisse voir.
On l'a nommé vulgairement Varbre du vo>ja(/cin\ parce qu'il
a la propriété de conserver limpide l'eau des pluies dans
l'aisselle de ses feuilles. Il offre ainsi, au milieu des marais,
dont l'eau est souvent corrompue, une eau potable aux voya-
geurs. Cette propriété, d'abord révélée par Flacourt, a été
depuis conlirmée par beaucoup de voyageurs, et tout récem-
ment encore.
Je ne puis quitter ce groupe sans parler de la floraison et
de la fructification, en 1862, du Musa cnsete, Bruce, planté
en pleine terre depuis trois ans. Au moment où ce [)ananier
colossal a montré son régime, son tronc mesurait au-dessus
du sol 3 mètres de circonférence sur à mètres de hauteur.
Cet énorme fût supportait un bouquet d'une vingtaine de
feuilles ayant /i mètres de longueur sur un mètre de largeur,
avec la nervure médiane d'un rouge foncé. L'inllorescence n'a
rien pri'scnlé de remarquable que son énorme volume. Toutes
les fleurs n'ont pas été fécondes, mais il en est résulté près de
huit cents graines qui ont été semées et dont la moitié environ
a germé. Ce bananier ne donne pas de fruits comestibles et
il ne produit pas de drageons; il ne se multiplie que par
semences. Dans l'Abyssinie, sa patrie, on le cultive dans les
champs clos comme jilante potagère. On mange le tronc
arrivé à un certain degré de développement, comme nous le
faisons pour les choux.
Cette espèce est très-rare dans les serres d'Europe, et y est
très-recherchée, à cause de la beauté de son port et de son
feuillage, et de sa rusticité relative qui lui permet de passer
ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES A ALGEK. (383
riiiver dans des serres tempérées et même dans ces grandes
constructions que l'on nomme conservatoires ou jardins
d'hiver. C'est l'espèce de Bananier qui se prêtera le mieux à
l'ornement des pelouses et des squares ; pendant l'été et dans
le midi surtout, on en tirera, sous ce rapport, un délicieux
parti, en ayant soin toutefois de l'abriter des vents violents
qui lacèrent ses feuilles.
Un groupe de Pandanus a été formé et composé de sept
espèces, liés le premier hiver, trois espèces ont succombé;
deux espèces qui avaient résisté très-bien à l'hiver précédent,
ont péri à leur tour durant celui-ci. Deux espèces se sont
maintenues en bon état de conservation, ce sont : le Pandanus
îtlilis, Bory, de Madagascar, et le Pandanus furcatus, Roxb.,
de l'Inde.
Ce n'est pas précisément parce que ces végétaux n'ont pas
trouvé ici une température suffisamment élevée qu'ils ont
succombé, mais parce que Ihumidité occasionnée par les
pluies séjourne trop longtemps dans leurs bourgeons, et les
fait pourrir.
Les Yucca, au nombre de vingt espèces ou variétés, forment
un vaste massif. A côté se montre un autre massif composé
de Broméliacées, parmi lesquelles figurent : le Bromelia
sceptriim, Fenzl., originaire du Brésil; de Tillandsia, des
Pitcairnia, des Bilberf/ia, des ^Echmea, etc., végétaux qui
résistent sans abris aux giboulées froides de l'hiver, aussi
bien qu'aux ardentes insolations de l'été.
C'est à la suite des espèces que je viens de citer qu'il con-
vient de parler des résultats encourageants obtenus dans les
essais de culture en plein air de l'Ananas [Ananas saliva,
Lindb.). Il a manqué peu de chose aux fruits que nous avons
obtenus en 1862, pour qu'ils soient trouvés excellents. C'est
l'espèce commune primitive qui a donné ces fruits. La culture
perfectionnée dans les serres d'Europe, et les semis que l'on a
pu faire, lorsque l'on a rencontré des graines fertiles, ont
donné un certain nombre de variétés supérieures, par le
goût, l'arôme et la grosseur, à l'espèce type ; mais ces va-
riétés ainsi obtenues ont l'inconvénient d'être plus délicates ;
(Î8/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAïION.
j'en ai essayé une douzaine, qui toutes ont succombé. Quoi
(ju'il en soit, nous cultiverons l'Ananas. Une culture appro-
priée fora donner tout ce qui peut être o])tenu de l'espèce
commune ; les semis qui pourront être faits auront pour
résultat de créer des variétés nouvelles mieux appropriées
au climat que celles obtenues ailleurs et transportées ici.
Les Ficus, des régions équatoriales, forment un groupe de
trente -huit espèces, parmi lesquelles se trouve un Brosi-
tmmi. Les Ficus des régions chaudes sont à feuillage persis-
tant ; leurs fruits sont rarement comestibles.
Pour les distinguer du Figuier ordinaire, originaire des
régions tempérées, dont le feuillage est caduc et les fruits
comestibles, M. Gasparrini en a formé un genre à part, sous le
nom de Urosl.igma, tiré du grec, qui veut dire stigmate en
queue.
Dans ces Ficus, plusieurs sont bons producteurs de caout-
chouc. Parmi eux, se trouve le Ficus cerifera de Sumatra, qui
donne un produit nouveau, semblable à la gutta-percha, et
qui a été exhibé, pour la première fois, à l'exposition univer-
selle de Paris, en 1855, par M. Bleeckrode , professeur à
l'Académie de Delfe , à l'extrême obligeance duquel nous
devons la possession de cette précieuse espèce. Ici cet arbre
perd ses feuilles sous l'influence des intempéries, mais sa
végétation repart avec une nouvelle vigueur, dès que la tempé-
rature s'élève au printemps. Ce Ficus est d'une multiplication
difficile, cependant plusieurs boutures ont été obtenues.
Ces Ficus ont presque tous un feuillage très-décoralif, et
figureront toujours parmi les ornements les plus imposants
de nos jardins.
Un groupe a été établi pour les Bombacées et les Stercu-
liacées. On y remarque un Bombax ceiba, Lin., d'un certain
développement. Le Ceiba, nommé encore Fromager, est un
gros arbre de l'Amérique méridionale ; les graines qu'il donne
sont revêtues d'un duvet analogue au coton, mais trop court
pour avoir pu jusqu'ici être employé dans l'industrie. \jErio-
theca parviflora, Schott et Endl., originaire du Brésil, qui se
couvre , sur le vieux bois , de nombreuses fleurs rouge mi-
ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES A ALGER. 085
niuin, alors que ses feuilles sont tombées en février; six
espèces de Carol'mea, Lin., ou Pachira, Aubl., qui sont dans
un état prospère, et parmi lesquelles le Crt/o/^V^e^ inimr a déjà
montré deux fois ses fleurs. VEriodendron anfractuosum ; le
Clùrosteinotiplatanoides, du Mexique ; les Stcrculia coccinea
et nobllis, etc.
Les Adamonia digitata et sphœt'ocarpa , ou Baobabs de
l'Afrique équatoriale et de Madagascar, n'ont pas eu de
succès. Très-vigoureux pendant la saison sècbe et cbaude,
ils pourrissent par le pied pendant la saison bumide.
Un dernier groupe, dans cette partie, a été commencé en
18(52, c'est celui des Verbénacées. Il comprend déjà cinq
espèces de Citharexylon ou Bois de guitare, et le Tectona
grandis, Lin., le fameux Teck de l'Inde, qui donne le plus
grand et le meilleur bois de construction de ces contrées. Si
cette espèce peut s'acclimater ici, ce sera une précieuse
acquisition.
2" Poi-tie élevée. — Les végétaux ligneux qui sont installés
dans cette partie ne demandent pas des soins d'éducation
aussi grands pendant le jeune âge; le plus souvent ils se
sèment et s'élèvent en plein air, en ayant l'attention toute-
fois de les préserver des extrêmes de ventilation et d'inso-
lation, de sécheresse et d'humidité.
On rencontre d'abord un grand groupe composé d'une
quarantaine d'espèces d'Acacias de la Nouvelle-Hollande, dont
les organes foliacés, pour le plus grand nombre de sujets,
sont à l'état de phgllodes, ou feuilles rudimentaires qui se
présentent à l'état de pétioles aplatis, et dont la position est le
plus souvent oblique. Ces organes modifiés sont particuliers
à un grand nombre de végétaux de l'Australie. Ils ont la pro-
priété, mieux que les feuilles complètes, de résister à l'action
continue des vents et aux fluctuations atmosphériques. Les
Acacias qui composent ce groupe sont représentés, d'une part
par des arbrisseaux d'agrément, et, d'autre part, par des
arbres dont le bois est solide et souvent précieux pour les
œuvres d'art.
()S6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
On voit à cùti' un groupe composé de Protéacées. L'habitat
des espèces de cette famille est à peu près limité au cap de
Bonne-Espérance, à la Nouvelle-Hollande et aux régions tem-
pérées de l'Amérique du Sud. On n'en renconti'e que peu ail-
leurs. Les espèces les plus remarquables de ce groupe sont :
les Stenocarptis de la Nouvelle-Hollande, arbres du plus bel
aspect; \es Hhopa/a, originaires des xVndes de l'Amérique du
Sud; le Protea cynaroidcs. Lin., originaire du Cap; le Gue-
vinia avellana , Molin., du Chili, qui donne une amande
comestible dans le genre de la noisette.
C'est à cette l'ara iile qu'appartient le Grevillea robusta, R . Br. ,
arbre d'une grande taille , d'une croissance rapide, au
l'euillage d'une extrême élégance, et que l'établissement a
acclimaté et répandu déjà en L;rand nombre dans la colonie
et au dehors. Je tiens de M, Wilson ({ue le bois de cet arbre
est converti en merrain et très-employé en Australie pour la
construction des tonneaux.
Au-dessus est un grand massif composé de iMyrtacées de la
Nouvelle-Hollande. On y remarque onze espèces de Cnlliste-
mon^ des Metrosidcros, des Leptosperimun , des Tristania,
des Melaleuca, des Fabricia^ et enfin une quinzaine d'espèces
à'Eucali/ptiis, parmi lesijuels sont hiùiEucalijpttis glolmlus,
Labill., plantés au mois d'aviil 180-2, ayant de 0",30 à 0"',60
de hauteur. En ce moment, deux de ces arbres ont 5 mètres
de haut, et le pins petit a 2 mètres passés. Les Ei/cah/ptus,
et la plupart des espèces qui peuplent ce groupe, offriront de
précieuses ressources pour le reboisement des terrains qui
ne seront ni trop secs, ni trop humides, la base des mon-
tagnes, par exemple.
L'école complète des Conifères des régions tempérées, qui
doit être établie dans celte partie et qui doit avoir une haute
importance pour le reboisement des terrains déclives, en
Algérie, a été commencée par les espèces les plus rares et
par celles-là même qui olfient le [ilus d'intérêt par leurs
grandes dimensions.
En première ligne se présentent les Arauearia. J'ai profité
de mon voyage en Angleterre pour préparer l'acquisition d'un
ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES A ALGER. ()87
certain nombre àWraucaria de semis, qui donnent la chance
d'avoir les deux sexes dans chaque espèce de ces végétaux, et
de pouvoir arriver ainsi ta récolter des graines fertiles. Nous
possédons déjà quelques beaux exemplaires de V Araucaria
excelsa, dont un n'a pas moins de 26 mètres de haut, portant,
depuis cinq à six ans, des cônes femelles qui ne peuvent être
fécondés et qui tombent sans donner de graines.
J'ai donc pu installer à l'automne dernier, dans cette partie
déclive, l'I Araucaria excclsa^ R. Br., de l'île de Norfolk;
(S Araucaria Cookii, R. Br., delà Nouvelle-Calédonie; i'I Arau-
caria hidwillii, Hook. , originaires de Moi'eton-bay (Australie) ;
6 Araucaria Cunningharni, iW{. , de Moreton-bay, et 71 Arau-
caria brasiliensis, Ach. Rich., originaires des montagnes du
Brésil et provenant de nos semis. Nous avons déjà quelques
beaux exemplaires de cette espèce, dont un a donné des fleurs
mâles l'année dernière , mais à un moment qui n'a pas
coïncidé avec l'apparition des cônes femelles de V Araucaria
excelsa, et ([ui n'a pas permis d'en essayer la fécondation
artilîcielle.
Il existe à la pépinière du gouvernement, à Philippeville,
une belle ligne de ces Araucarias du Brésil, dont plusieurs ont
donné des graines fertiles l'année dernière. Voici l'origine de
ces sujets. En 18/i9, les pépinières de Trianon possédaient
un grand nombre déjeunes plants de cette espèce. Il en fut
fait don pour nos établissements. La répartition en a été faite
par mes soins entre les diverses pépinières de l'Algérie, mais
ils ne réussirent qu'à la pépinière de Philippeville et au
jardin d'acclimatation, ce qui ne veut pas dire cependant
qu'ils ne puissent venir que dans ces deux localités.
Quant à V Araucaria imbricata^ Pav., originaire du Chili,
j'ai fait plusieurs tentatives pour son acclimatation, qui sont
demeurées sans succès. Quelle que soit l'exposition que je lui
aie donnée, il n'a pu résister à nos chaleurs d'été.
A côté des Araucarias ont été plantées cinq espèces de
JJamniara. Les Dammara sont de très-grands arbres résineux,
au tronc droit et élancé, aux branches étagées, aux feuilles
grandes, épaisses 'et coriaces, par opposition aux feuilles aci-
6<S8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATATION.
culaires des Pins. Ils sont originaires des îles Moluques, de
la Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Calédonie, el probablement
de quelques autres points de l'Océanie. Le bois de ces arbres
est d'une qualité égale, sinon supérieure, à celle du Pin de
Riga. Il est susceptible d'un beau poli. Les Dammara, à cer-
taines époques de l'année , laissent fluer une résine très-
abondante, qui devient cassante, qui aune odeur aromatique
et est propre à la préparation d'excellents vernis. L'industrie
l'emploie de plus en plus, et elle est connue, dans le com-
merce , sous les noms de ijoimne dammara et de <jomme
kauri. On rapporte que la résine qui s'échappe de ces
arbres naturellement est tellement abondante, qu'elle couvre
le sol sur de grandes étendues et sur une grande épaisseur, à
tel point 'que le célèbre navigateur Cook et ses compagnons
crurent d'abord à des coulées de lave échappées de volcans.
L'acclimatation de ces précieux arbres ici peut être consi-
dérée comme inliniment probable, sinon tout à lait certaine,
et ce serait une très-précieuse acquisition pour nos cultures
forestières.
Dans ce même groupe sont disséminés des Taxas, Cepha-
lotaxus, Dacrydium, Torreya et des Podocarpus. Les Podo-
carpus sont des arbres conifères très-intéressants, dont la
dimension varie de 10 à oO mètres d'élévation , selon les
espèces, dont le bois est dur, et qui sont originaires princi-
palement du cap de Bonne-Espérance, de l'Inde, de la Chine,
du Japon et de l'Australie,
Un autre groupe attenant a été composé de Pins à longues
feuilles, originaires du Népaul, du Mexique, de la Californie
et des Canaries. Déjà une plantation de Pins de celte dernière
origine, qui remonte à huit ans, commence à donner des
cônes renfermant des graines fertiles. Un autre groupe est
composé de sept espèces de Ckisaarina, arbres d'un grand
intérêt à plus d'un titre. La saison prochaine, ces plantations
de conifères seront étendues et complétées par les espèces qui
n'y tîgurent pas encore.
Sous le premier lacet de la grande allée, a été plantée une
nouvelle école d'arbres fruitiers à feuilles caducjues , pour
Eï^PÈCES LIÛNEUSE.S EXOTtQUES A AL(!GR. 689
remplacer celle qui était installée clans le bas et dont les sujets
sont complètement épuisés. Cette plantation se compose des
meilleures variétés de Poiriers, de Pommiers, Pêchers, Abri-
cotiers, etc., que l'expérience nous a démontré réussir le
mieux ici.
Je ne terminerai pas cette notice sur nos plus récents
essais d'acclimatation sans dire quelques mots du Bambou.
Le Bambou, dans ses diverses espèces et variétés, joue un
i;rand rôle dans l'économie domestique des Asiatiques. On en
compte plus de quatre-vingts applications diverses. Devant la
belle venue de ceux du jardin d'acclimatation , où l'on voit
des jets ou chaumes de /|5 centimètres de circonférence à la
base et de 18 à 20 mètres de hauteur, on peut se convaincre
que ce végétal est appelé à rendre de nombreux services en
Algérie, où malheureusement le bois de construction est rare,
ou du moins peu à la portée des cultivateurs, qui sont obligés
d'acheter dans les ports les bois qui viennent de Trieste et de
Russie. Les gros jets de Bambou [leuveiit servir à beaucoup
de constructions rurales, telles que hangars, séchoirs, ber-
geries, à des clôtures, etc.
L'attention ne paraît pas encore avoir été suffisamment
éveillée sur les avantages de ce précieux végétal, et les plan-
tations de cette espèce n'ont pas fait jusqu'ici beaucoup de
progrès. Cependant certaines dépouilles du Bambou ont été
recueillies cà terre, dans l'établissement, par les promeneurs,
et l'on en a composé des objets de fantaisie qui ont pris la plus
grande faveur. On a laissé commettre ces innocents larcins
sans y apporter d'obstacles, imitant à peu prés la manière
dont s'y prit Parmentier pour vulgariser la Pomme de terre.
Le bourgeon du Bambou, en naissant, est enveloppé par
des espèces d'écaillés que l'on nomme, en botanique , des
ligules.
Lorsque le bourgeon est développé, ces ligules, qui accom-
pagnent chaque nœud, se détachent et tombent à terre. Elles
ont une forme trapézoïde; leur surface intérieure est lisse et
comme vernissée, tandis que la surface extérieure est ru-
gueuse et souvent revêtue de poils courts et caducs. La
T. \. — Novembre 18t)3. /i4
690 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
dimension de ces organes est de 0"',35 à 0'",/iO de hauteur,
sur 0"',30 à 0"',35 de largeur à la base.
L'industrie fantaisiste s'est emparée de ces productions, et
en a fait divers objets de salon , tels qu'éventails, écrans,
boîtes, etc., décorés et ornés au moyen de la décalcomanie ,
qui sont devenus tout à coup à la mode, sont très-recherchés
et très-demandes. On en a expédié partout, et plus d'un indus-
triel a fait sa petite récolte productive sous l'allure du prome-
neur amateur des produits exotiques.
Il pourrait très-bien se faire que cette application toute
futile contribuât beaucoup plus à populariser le Bambou que
la considération de ce qu'il peut avoir de sérieusement utile.
Souvent pkisieurs voies s'offrent pour répandre et vulgariser
un végétal ; il est presque toujours prudent et convenable de
n'en négliger aucune.
.. . ■ NOTE
SUR LE DÉVELOPPEMENT QUI PEUT ÊTRE DONNÉ A LA CULTURE
DU COTON EN ALGÉRIE
' ~ PAR LES ARABES,
l*ar AB. le vicomte J. de CiAIVTÛS,
Sous-Préfyt do Bone.
(Séance du 15 mai 1863.)
Une association pour la culture du Coton vient de se
former dans Tarrondissement de Bone, entre un certain
nondjre d'indigènes et un Européen, capitaine en retraite,
ancien chef du bureau arabe militaire de Bone.
Aux termes de la convention passée entre les parties con-
tractantes, les indigènes s'engagent à fournir la main-d'œuvre
et les terrains.
L'Européen, de son côté, doit faire les avances de fonds,
mettre à la tète des chantiers des contre-maîtres expérimen-
tés, surveiller les cultures, faire procéder à l'égrenage, à
l'expédition et à la vente des produits; les bénéfices seront
partagés par moitié.
Cette entreprise est un fait d'une grande importance, car il
peut exercer une influence décisive sur le développement de
la production du Coton en Algérie.
En ellel, l'extension de cette culture chez les Européens
rencontre des difficultés sérieuses : d'abord la main-d'œuvre
y est rare et chère, et les colons ne peuvent cultiver le Coton
avec quelque chance de bénéfice qu'à condition d'en limiter
la culture au nombre de bras dont se compose leur famille ;
de plus, les terrains qu'ils possèdent ne sont pas tous propres
à cette culture, ce qui fait qu'en définitive la quantité de
Coton que les Européens peuvent produire, ne peut être pour
le moment que fort restreinte.
Pour qu'ils puissent arriver à une production importante,
il faudrait préalablement, par des travaux d'assainissement
692 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
et d'irrigation, mettre les vastes plaines marécageuses de
l'arrondissement en état de les recevoir, y construire, pour
les abriter, des établissements considérables ; il faudrait enfin
se préoccuper des moyens d'amener par une immigration
importante les bras qui, en ce moment, font défaut. Une
pareille entreprise n'est réalisable qu'à l'aide de capitaux
considérables, et, en admettant que des compagnies par-
viennent à les réunir, ce ne sera jamais que dans un temps
assez reculé qu'elles commenceront à produire des résultats
sensibles.
Si , au contraire , on parvenait à faire prendre goût aux
Arabes à la culture du Coton, la [»roduction pourrait immé-
diatement s'élever à un chiffre très-important.
En effet, il est prouvé aujourd'hui, par les nombreux essais
tentés dans l'arrondissement, que le longue-soie y réussit
parfaitement, même sans irrigation, à condition seulement
d'en limiter la culture aux terraiiis légers, profonds et
humides, comme il en existe beaucoup ici sur les bords des
cours d'eau, des marais et dans toutes les plaines basses et
marécageuses.
Ces terrains, qu'il serait impossible en l'état de livrer aux
Européens, parce qu'ils seraient })our eux d'une insalubrité
mortelle, et parce que leur éparpillement en parcelles nom-
breuses, au milieu des marécages, nécessiterait de multiplier
à l'infini les constructions, peuvent, entre les mains des indi-
gènes, produire immédiatement du Coton sans qu'il soit
nécessaire d'y consacrer préalablement des capitaux énormes,
attendu que l'Arabe est fait à l'insalubrité de ces contrées, et
(jue son mode d'existence lui permet de grouper à peu de
frais, autour des lois de culture quelque petits, quelque dissé-
minés qu'ils soient, des bras en quantité suffisante, et surtout
cette main-d'œuvre éc(jnomique et si précieuse que four-
nissent les feaunes e! les eiifaiils. :
Si donc il est prouvi'', d'une part, que le Coton réussit par-
faitement dans certaines terres qui existent en gi'ande quan-
tité en pays arabe ; si, tl'autre ])art, il est constant que la
population indigène possède, par sa main-d œuvre abondante
CULTURE DU COTON EN ALGÉRIE. 693
et économique, par son acclimatation, ([ui la met à l'abri des
chances de mortalité, les condilions les plus favorables pour
produire le Coton avec avantage, il ne reste plus qu'.à trouver
le moyen de lui faire prendre assez de goût à celte culture,
pour qu'elle arrive à lui donner le développement qu'a pris
depuis quelques années la culture des céréales.
■ Ce moyen doit consister à les amener à tenter un premier
essai dans des conditions telles, (ju'un résultat pécuniaire
avantageux vienne, avec certitude, couronner leurs elTorts.
Sous ce rapport, Tassocialion qu'ils ont contractée donne
les plus sérieuses espérances.
Certainement, il ne fout pas se dissimuler qu'en dehors des
conditions de succès que renferme celte entreprise, il restera
toujours à vaincre l'indolence, la routine et l'insouciance des
Arabes ; mais cet obstacle n'est pas insurmontable, car ce serait
fermer les yeux à la lumière que de nier les modifications
que le besoin, l'appât du gain et le frottement des Européens,
introduisent de plus en plus dans les habitudes des indigènes.
Chaque jour, en effet, nous constatons les nouveaux pro-
grès de cette transformation. Ainsi, dans le caïdat de l'Edough,
où la propriété privée s'est, pour ainsi dire, constituée d'elle-
même, le service forestier est obligé de lutter avec la plus
grande énergie contre l'envahissement des défrichements
opérés par les Arabes avec des efforts et une persévérance
inouis pour agrandir le cercle de leurs cultures. Dans la con-
cession Lecoq et Bertou, le transport des charbons, opéré
d'abord par des Européens, est accaparé aujourd'hui par les
indigènes, entre les mains desquels cette compagnie verse
30 000 francs par an pour cette seule branche de son indus-
trie. A rOued-Amiloud, chez M. Schmalet, le démasclage des
Chênes-hége , qui était fait autrefois par des Kabyles, ne
s'opère plus que par des Arabes du pays, devenus aussi habiles
et aussi durs au travail que leurs prédécesseurs. A Ain-Barbar,
chez M. Labaille, aux mines de Kef-Oum-Théboul, ta la Galle,
des hommes, des femmes, des enfants indigènes sont employés
au concassage, au triage du minerai, et y déploient autant
d'intelligence et d'adresse que les Européens.
69/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
A rOued-el-Aneb, chez M. Besson, la labrication du charbon,
qui exigeait l'enrôlement d'Européens embauchés à grands
frais en Italie et en Espagne, commence à passer dans les
mains des indigènes, et la compagnie espère bientôt n'avoir
plus à subir les exigences des Européens.
On le voit, le caractère, les habitudes des Arabes ne sont pas
absolument réfractaires aux innovations qui exigent une plus
grande somme de soins et de fatigue que leurs travaux ordi-
naires, du moment que leur intérêt est enjeu et qu'ils ont en
perspective un résultat pécuniaire avantageux et certain.
Pourquoi donc n'en serail-i! pas ainsi pour la culture du
Colon? Le haut prix auquel l'a fait monter la guerre d'Amé-
rique assure à ce précieux textile un débouché certain et des
plus rémunérateurs ; et l'association des indigènes avec un
Européen capable, actif, initié à leurs mœurs, à leur langage,
garantit le succès de celle entreprise.
Que cet essai réussisse, qu'il donne aux associés de beaux
bénéfices, et, l'année prochaine, la plus grande partie de la
population arabe voudra cultiver le Coton.
La superficie des terrains dont il est question plus haut,
et (jui se trouvent dans les conditions les plus favorables pour
la culture du Coton par les indigènes, s'élève dans l'arron-
dissement à plus de 3 000 hectares. En calculant h 500 kilogr.
seulement le rendement de l'hectare, on arrive au chifire de
1 ôOO 000 kilogr. que l'arrondissement de Bone pourrait à lui
seul livrer au marché européen, sans tenir compte des quan-
tités qui pourraient être produites par les Européens!
Dans les conditions actuelles, provoquer en Algérie le
développement de la culture du Coton, amener notre colonie
à produire sur une vaste échelle cette matière première
indispensable à nos manufactures, c'est faire une œuvre utile
à la France et profitable à l'Algérie; c'est ménager du travail
aux populations ouvrières de la mère patrie, c'est les arra-
cher à l'humiliation de tendre la main; c'est en même temps
profiter des circonstances, on ne peut plus f^ivorables, pour
vulgariser en Algérie une culture appelée à l'enrichir.
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1863. . •
Présidence de M. Frédéric Jacquemart, et ensuite de M. Drouyn De Lhuys.
Le proccs-verlDal de la séance précédenle est lu et adopté.
Le Conseil admet au nombre des membres de la Société :
MM. AuiJARET, capitaine de frégate, chargé du consulat de
France à Bangkok (Siam).
BoNNiÈRE (Jean), négociant à Clermont-Ferrand.
BoNREPos (Gaston de), au chcàteau de Fonblin, près de
Savigneux, par Trévoux (Ain).
CosTAiNTiNi (le docteur Jérôme), propriétaire à Venise.
GuiLLARD, homme de lettres, à Paris.
Jeannel (le docteur), professeur à l'École de médecine
de Bordeaux.
Mermet DE Cachon (l'abbé), préfet apostolique du Japon,
à Hacodate (Japon).
Nubar-pacha (S. Exe), à Alexandrie (Egypte).
Phan-Than-Gian (S. Exe), premier ambassadeur de S. M.
le roi d'Anam, à Paris.
S.\NTA Quiteria (le vicomte de), envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire de S. M. le Boi de Portugal
près S. M. l'Empereur d'Autriche, à Vienne.
— M. le Président informe le Conseil de la perte regrettable
que la Société vient de faire de l'un de ses membres, M. Bailly
de Saint-Hilaire des Loges.
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères annonce
que Leurs Majestés l'Empereur de Turquie, le Boi de Suède
et de Norvège, et le Boi des Hellènes, ont daigné autoriser l'in-
scription de leurs noms sur la liste des augustes protecteurs
de la Société. M. le Président communique en outre une lettre
de S. Exe. M. l'ambassadeur de Turquie, annonçant que
l'Empereur a généreusement mis à la disposition de la So-
ciété une somme de 5000 francs.
Le Conseil, voulant perpétuer le souvenir de ce témoignage
696 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION,
de la haute munificence de Sa Majesté, décide, par un vole
unanime , qu'nn prix spécial sera décerné dans la séance
annuelle delà Société, au nom de l'Empereur de Turquie.
— M. le Président dépose ensuite diverses communications
qui lui ont été adressées par M. Dufour , notre honorable
délégué à Constanlinople, relativement à Tadhcsion de Sa
Majesté.
— Des lettres de remercîments pour leur récente admission
sont adressées par MM. Germain, Périer, Roussy et Soudry.
— M. le Président écrit pour faire connaître que M. le
directeur de l'exploitation de la ligne de Paris à Lyon et à la
Méditerranée a l)ien voulu, sur sa demande, recommander
particulièrement aux soins des agents de la Compagnie les
animaux destinés à la Société, venant par la voie de Marseille.
— M. le Président transmet les lettres qu'il a reçues, au num
de LL. MM. le Roi et la Reine d'Espagne, le Roi de Prusse, le
Roi des Pays-Ras et le Ministre des armes du Saint-Père,
et qui renferment des remercîments pour les exemplaires
de l'ouvrage de M. Richard (du Cantal) : Etude du cherul
de service et de guerre, envoyés par la Société.
— Une autre lettre de M. le Président annonce que
M. Grimblot, agent vice-consul de France à Pointe de Calles,
lui écrit qu'il n'attend que le passage d'un transport pour
envoyer un jeune Eléphant parfaitement privé. Ce jeune
Éléphant a été mis à la disposition de M. Grindjlot par le gou-
verneur de l'île de Ceylan, sir Charles Mac Carthy, pour le
Jardin d'acclimatation.
— M. le docteur Sacc, par une lettre du 5 octobre, appelle
l'allention de la Société sur l'intérêt qu'il y aurait h. provo-
quer, de la part de MM. les agents du ministère des affaires
et de celui de la marine, résidant à l'étranger, la rédac-
tion aussi complète que possible d'une sorte de catalogue
des animaux domestiques et domesticablcs dans toutes les
parties du globe, ainsi que des plantes utiles rangées par
ordre d'utilité , en leur envoyant la liste des espèces animales
et végétales que nous connaissons déjà dans les contrées où
ils résident et que nous pourrions désirer. Notre honorable
PROCÈS-VERJUUX. 697
collègue entre ensuite dans quelques détails destinés à pré-
ciser sa pensée, et demande qu'une commission soit chargée
de préparer la liste de toutes les espèces utiles élevées ou
cultivées dans toutes les régions, avec indication des tem-
pératures extrêmes jiour chacune d'elles et de leurs autres
conditions climatériques.
M. le Président rappelle que ce vœu de M. Sacc a été
prévenu, et qu'une circulaire a été préparée et adoptée par
le Conseil pour être expédiée très -prochainement. (Voyez
page ôOSJ
— M. P. Ramel inl'orme la Société que M. le docteur
F. Muellor, de Melbourne, dans une lettre particulière, lui
annonce qu'il envoie au jardin zoologique de Londres divers
animaux d'Australie, dont quelques-uns sont destinés à notre
Jardin d'acclimatation. -
— La Société a reçu également de M. Black, président de la
Société d'acclimatation de Victoria, l'avis qu'une collection
de neuf animaux australiens a été expédiée de Melbourne, le
31 juillet, pour notre Société. M. Ramel a été informé de
son côté que M. Mueller y a joint, en son propre nom, deux
Colluricinda harmon ica .
— M. le Président dépose un extrait du Moniteur beli/e,
envoyé par M. Dutrône, qui a successivement assisté, comme
délégué do la Société, aux congrès tenus en 1862 à Bruxelles
et cette année cà Gand , par l'Association pour le progrès
des sciences sociales. Cet extrait contient : d'une part^ le
rapport présenté au dernier congrès, sur les concours pour
lesquels noti'e honorable confrère avait offert trois médailles
d'or, dont l'une seulement a été décernée; d'autre part, le
programme des nouveaux prix fondés par lui pour la pro-
chaine réunion de l'Association, qui aura lieu, en J8C54, à
Amsterdam. Le Conseil s'associe tout entier aux remercîments
déjà adressés, en son nom, par M. le Président, à M. Dutrône,
pour le généreux appui qu'il prête à la propagation des idées
que la Société d'acclimatation a pour but de i-épandre.
— M. Jules Schlumberger, de Gucbwillcr (Haut-lUiin),
annonce que, sur le désir que lui en a exprimé M. René
608 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLUGIQL'E DACCLIMATATION.
Caillaud, il expédie au Jardin d'acclimatation un jeune Lièvre
des Vosges. , . ,
— M. le directeur du Jardin dépose une lettre de M. Le-
blanc, de Bléré (Indre), sur les Léporides. (Voyez page 689.)
— S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères fait par-
venir une lettre qu'il a reçue, en date de Quito, le 6 septembre,
et par laquelle M. Fabre, consul général de France dans cette
ville, l'informe de l'embarquement des Lamas et Alpacas
offerts à l'Empereur par le président do l'Equateur. M. Fabre
ajoute que malbeureusement M. le capitaine de vaisseau de
Cornulier , commandant la corvette la Galatéc , qui les a
reçus à son bord à Guayaquil, lui a écrit qu'il n'est pas sans
inquiétude sur le succès du transport de ces précieux ani-
maux pour une si longue traversée.
— M. E. Roehn écrit du Callao, le 29 septembre, pour in-
former la Société que le troupeau de Lamas et d'Alpacas oflerts
à l'Empereur par le gouvernement péruvien, n'est pas encore
réuni, et joint à sa lettre diverses pièces relatives à cette
affaire.
— M. Roebn annonce en outre qu'il préparc l'envoi de plu-
sieurs caisses de végétaux utiles recueillis par lui pendant son
séjour au Pérou.
M. le secrétaire dépose un certain nombre de pièces de
correspondance relatives à des demandes de cbeptels de
Lamas et d'Alpacas, adressées par S. Exe. M. le Ministre de la
guerre pour l'Algérie; par la Société centrale d'agriculture,
d'horticulture et d'acclimatation de Nice, avec une note de
M. Emile Thomas sur la localité de cette région qui convien-
drait k ces animaux; par M. Lecoq, délégué à Clermont-Fer-
rand, pour un propriétaire de son département ; par MM. Andel,
à Lavaux (Puy-de-Dôme) ; de Cczac, à Montignac (Dordogne);
le marquis d'Argent, à Bouville (Eure-et-Loir); Hœffely, à
Pfastatt (Ilaut-Khin); par M. F. Zuber, délégué à Mulhouse,
pour deux propriétaires de son département, et par M. de
Monseignat, au Cluzet (Aveyron).
— M. de Bouchaud de Bussy, en offrant ses remerciments
pour des graines qui lui ont été envoyées, demande à être
PKOCÈS-VERBAUX. 69t^S
inscrit pour tles Moutons Ong-ti, et annonce qu'il va l'aire par-
venir au Jardin d'acclimatation (luelqucs paires de Gangas.
— M. le docteur Sacc adresse deux Notices manuscrites,
l'une sur le Dindon, l'autre sur les Grues. (Voy. p. 647. )
— M. Lamiral, par une lettre datée de Port-de-Buuc, le
1" octobre , annonce à M. le Président que les jeunes Muges
qui étaient éclos, le '25 septembre, dans ses bassins d'alevinage,
avaient tous [)éri le '28, et qu'il croit devoir attribuer cet acci-
dent à deux causes principales : d'abord le transport obligé
de ses bassins d'alevinage dans l'intérieur de la maison des
Salins, par suite de rabaissement de la température qui
descendait jusqu'à M degrés centigrades pendant la nuit;
ensuite la modification apportée dans les dispositions des bas-
sins, qui, au lieu de l'eau llltrée au travers des éponges et
des tissus garnissant les robinets et les sipbons de l'appareil
d'éclosion, recevaient alors l'eau du canal déversée dans une
grande terrine faisant otïice de réservoir ; d'oii il est résulté,
daps l'opinion de notre confrère, qu'une myriade de Crevettes
transparentes et microscopiques, et des Infusoires arrivés par
cette eau du canal, auraient fait disparaître les jeunes pois-
sons pendant la journée du 27, la nuit, et le lendemain 28.
— Une seconde lettre de M. Lamiral, du 1 1 octobre, annonce
qu'il enverra prochainement à la Société un rapport circon-
stancié sur la mission qui lui a été confiée, et des notes sur les
éludes préparatoires de pisciculture qu'il a failes dans l'étang'
de l'Olivier, et les rivières de la Touloubre, de l'Arc et de la
Durancelîe.
— Une lettre de M. le docteur Sicard, secrétaire général
du Comité d'aquiculture de Marseille, en date du 5 octobre,
annonce également le regrettable insuccès de ses premiers
essais d'éclosions artificielles de Poissons de mer, et assure
que le comité va se mettre en mesure de recommencer en
temps opportun ces intéressantes expériences.
Notre honorable collègue ajoute que le Comité d'aquicul-
ture, ayant appris l'envoi annoncé de Chine, par M. Dabry,
d'un baril contenant du frai de Poissons des meilleures
espèces du fleuve Yang-tsee-kiang, désirerait vivement rece-
700 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
voir une partie de ces jeunes alevins, s'ils arrivent vivants,
espérant que le climat de Marseille leur conviendrait nriieux
que celui de Paris, et assurant que les soins les plus assidus
leur seraient donnés.
— M. de Broca, directeur du port du Havre, l'ait hommage
à la Société d'un exemplaire de son travail sur l'industrie
huîfricre des Etats-Unis et sur diverses autres questions se
rattachant à la pêche côtière et à l'acclimalation do quelques
Mollusques et Poissons des mers d'Amérique.
— Notre confrère M. Bretagne, auteur de l'article sur la
Praire double, inséré au numéro du Bulletin d'avril dernier
(p. IS/i), annonce son prochain départ pour Nice, où il se pro-
pose de continuer ses études et ses recherches, entre cette ville
et Menton, sur les Mollusques hygiéniques et alimentaires, et
en particulier sur l'espèce qui a fait l'objet de sa notice, la
Vernis vermcosa. Après avoir offert ses bienveillants services
à la Société, M. Bretagne entre dans quelques considérations
sur l'utilité de la nuiltiplication de certaines espèces de Mol-
lusques, en tête desquelles, sansparler des Huîtres, il mentionne
la Praire double et les Pholades.
— M. le docteur Chavannes, délégué à Lausanne, écrit, en
date du 29 septembre, pour rendre compte des derniers
résultats de son éducation d'Va-ma-maï, et indiquer le moyen
de reconnaître avec certitude les œufs fécondés de cette espèce
de ceux qui ne le sont pas, et de se mettre en mesure d'élever
les jeunes Vers au printemps avec le Cognassier, à défaut de
feuilles de Chêne, et en attendant qu'on en ait obtenu. (Voyez
page 609.)
— Notre confrère M. Roy, de Chàlons-sur-Marne, adresse
un Mémoire manuscrit ayant pour titre : Considératiom sur
r acclimatation du Bombyx Arrindia (Ver à soie du Ricin).
(Voy. au Bulletin.)
— M. l'abbé Foresta, vice-président de la Société centrale
d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, adresse, au
nom de celte Société, une demande de diverses espèces de
graines.
— M. le président de la Société d'agriculture et d'horticul-
PROCÊS-VERBAUX. 70 1
ture de Loulians (Saône-et-Loire), fait parvenir un compte
rendu des résultats de la culture de végétaux dont les graines
lui ont été envoyées par notre Société.
— Un rapport sur le même objet est adressé également par
M. le président de la Société centrale d'agriculture du dépar-
tement du Pas-de-Calais.
— M. le docteur Berg, délégué h la Réunion, annonce de
Saint-Denis, à la date du 6 septembre, qu'il a reçu le dernier
envoi de graines expédié par la Société ; que les semis d'Ai-
lante faits par les soins du comité sont dès à présent en me-
sure de nourrir des Vers à soie; qu'il adresse à M. Caillaud un
mémoire sur le régime des cours d'eau de l'ile de la Réunion ;
que beaucoup de grands propriétaires s'occupent sérieuse-
ment de sériciculture et de plantations de Coton ; enfin qu'il
envoie une caisse contenant des échantillons et des graines
de divers produits utiles de la colonie.
— M. Brierre adresse de nouveaux dessins des produits de
ses essais de culture de végétaux exotiques introduits par la
Société.
— M. le secrétaire du Comice agricole de Lons-le-Saulnier
offre ses remercîments pour un récent envoi de graines.
— M. le docleur Sacc, par une lettre du 7 octobre, con-
firme les renseignements donnés par M. Barbier dans sa note
sur la Chufa et sa culture (voy. au Bulletin, p. "MxQ). M. Sacc
pense que sa culture devrait être introduite dans les terres
sablonneuses et fraîches des Bouches-du-Rhône. Il ajoute que
l'usage de l'orgeat de Chufa (Souchet comestible) contre les
atfections des bronches et les crachements de sang ne saurait
être trop recommandé.
— M. Ed. Loarer écrit d'Allahabad, le l/j juin, pour infor-
mer M. le Secrétaire général qu'il envoie par le CandUi, parti
de Calcutta, le 9 juin, une petite caisse de graines d.Egle
marmelos à grands fruits, et de Feronia elephanta, auxquelles
il ajoute des gousses de Calatropis gigantea et d'une curieuse
plante grimpante destinées spécialement à M. Hardy, d'Alger.
— M. le secrétaire général de la Société d'agriculture et
d'horticulture de Vaucluse, en annonçant qu'il adressera pro-
702 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGiQUE D'aCCLÎMATATION.
chainemenl un comple rendu des résnllals obtenus dans les
essais de rAilture du Coton entrepris cette année dans ce
département, envoie deux échantillons récoltés chez M. le
marquis de l'Épine et chez M. Ferigoule, qui donnent de très-
belles espérances. • : - . .
— M. le Président transmet, de la part de M. le ministre du
Paraguay, une note de M. le docteur Baud, médecin en chef
(les épidémies de la Seine, sur le ïlié du Paraguay ou Maté,
dont il avait été chargé d'expérimenter les qualités. M. Baud
assure que rem[)Ioi de ce Thé serait plus salutaire que celui
du Thé de Chine. (Voyez j). iVM.)
— M. le baron G. d'Aigueperse, en adressant une demande
(le graines, lait connaître l'état prospère d'un belle collection
d'arbres exotiques cultivés dans sa propriété d'Aigueperse
(Haute-Vienne'.
— M. le Président transmet, au nom de M. Bamel, une
note sur le Cotonnier vivace des Andes, dont notre confrère
a déjà signalé l'acclimatation comme possible en France, et
qui doit être prochainement introduit dans la colonie de
Victoria (Australie). (Voyez page 693.)
— M. Lucy, de Marseille, demande des graines d'Ortie
Idanche pour en faire essayer la culture en Algérie. Ces graines
ont été envoyées à M. Lucy.
— M. Belhomme, de Metz, rendant comple d'un essai de
culture du Maïs du Sénégal, distribué cette année par la So-
ciété, pense que ce Maïs serait une bonne acquisition pour la
grande culture dans le midi de la France et en Algérie. Cette
espèce lui paraît être celle qui a remplacé avec avantage la
Canne à sucre dans le midi de l'Amérique septentrionale.
— M. Léon Ferrer, de Perpignan, envoie quelques pieds
de Cotonnier provenant d'un essai de culture fiiil dans la pro-
priété de M. Villalongue. Les graines, venant d'Egypte, avaient
été adressées directement par M. le docteur Campanijo, mé-
decin de la Compagnie de l'isthme de Suez. L'état de ces
plants semble démontrer que la culture du Coton pourrait
réussir dans les Pyrénées-Orientales, à la condition de semer
de bonne heure.
PROCÊS-VERBAIIX. 703
— M. Gauldrée-Boilleau, par une lettre datée de Québec,
le 25 septembre, informe M. le Président (ju'il a fait embar-
quer sur la Colonihine, en destination de Toulon, une caisse
contenant divers pbmts et graines ou semences de plantes
du Canada, dont il donne la liste, accompagnée de renseigne-
ments sur ces végétaux. (Voyez p. 637.)
— ■ M. le Président remet un exemplaire qui lui a été
adressé, sur sa demande, par l'administration du Muséum, du
rapport présenté i)ar M. Milne Edwards à l'Académie des
sciences, sur les résultats de la mission de M. Bocourt, cliargé,
en 1861, de ramener eu France les animaux offerts à l'Em-
pereur par les rois de Siam.
— M. le secrétaire dépose :
1° Une brochure intitulée : \ouvcau Ira'ué sur les Vaches
laitières et les Taureaux reproducteurs, par M. V. P. Troubat,
offerte, au nom de l'auteur, par M. le docteur A. Lecler.
2" Le numéro du 10 octobre du journal le Luçomiais,
signalant le succès des essais de pisciculture de M. René
Caillaud dans les rivières de la Vendée, et particulièrement
dans le Lay, oia notre confrère avait placé, il y a trois ans,
de l'alevin de Saumon, et où l'on pêche communément aujour-
d'hui des poissons de cette espèce qui atteignent 6 et 7 kilo-
grammes.
3° VEjjître aux laboureurs, offerte par son auteur, M. Cli.
Peire, de Nancy.
— M. le Président dépose également, de la part de M. Vau-
vert de Méan, agent vice-consul de France, à Blyth (Angle-
terre), une copie d'extrait d'un discours prononcé par le
docteur Lye , médecin en chef de l'hôpital Saint-George , à
Londres, et dans lequel il est question d'un nouveau spéci-
fique contre les maladies ayant pour cause la décomposi-
tion du sang, qui pourrait sans doute s'appliquer utilement
dans le traitement des épizooties. ■
Le Secrétaire des se'ances,
L. SOUBEIRAN.
îll. FAÎÎS Di?ERS Eî ESTRAiTS DE CORRESPONDANCE.
Lettre de S. Exe. M. Drocyn de Lhuys adressée à MM. les Membres
du Conseil de la Société.
Paris, le 26 octobre 1863.
Messieurs et chers collègues,
Le minisire de l'Empereur à Stockholm vient de m'annoncer que S. M. le Roi
de Suède et de Norvège daigne consentir à ce que son nom soit ajouté à la liste
des souverains protecteurs de notre Société. J'ai été également informé que
S. M. le Roi des Hellènes a daigné nous accorder la même faveur.
.le m'empresse de vous faire part de ces nouvelles marques de haute sympa-
thie accordées à l'œuvre que nous poursuivons.
Recevez, Messieurs et chers collègues, etc. Drouïn de Lhuys.
Lettre adressée par S. Exe. Djémil-pacha, ambassadeur de Turquie,
à M. le Président de la Société.
Paris, le 30 octobre 1863.
Monsieur le Président,
Je m'empresse d'informer Votre Excellence que je viens de recevoir par le
courrier d'aujo\ird'liui une dépêche de Son Altesse Aali-pacha , m'annonçant
qu'ayant eu l'honneur de soumettre à Sa Majesté le Sultan les statuts de la
Société impériale d'acclimatation , mon auguste maître a daigné souscrire la
somme de cinq mille francs pour contribuer à la prospérité de cette utile institu-
tion créée à Paris, Sa Majesté a de plus consenti à ce que son nom fût inscrit
sur la liste des sociétaires comme un des souverains protecteurs, et a autorisé le
ministre impérial du commerce et de l'agriculture à enirer en rapports directs
avec cette honorable Société.
Son Altesse le minisire des affaires étrangères me charge de faire connaître à
Votre Excellence cette décision de Sa Majesté, et de vous dire que le Sultan a tenu
à vous donner ainsi, en votre qualité de Président de cette Société, une preuve
indirecte de sa haute bienveillance.
Je vous prie. Monsieur le Président, de vouloir bien agréer les assurances
réitérées de la très-haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'èlre, etc.
Djémii,.
Lettre adressée par M. Montravel , gouverneur de la Guyane française,
à M. le Président de la Société.
Cayeiine, le 14 aoiU 1863.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que j'ai fait embarquer sur le transport
l'Amazone, parti de Cayenne poin- Toulon le 'i du courant, un Tapir [Maïpoury)
femelle; deux Pacas, mâle et femelle, et un Aïra, animaux de la Guyane que je
suis heureux d'offrir à la Société impériale d'acclimatation, dont j'ai l'honneur
d'être un des membres.
J'aurais désiré vivement pouvoir joindre à cet envoi un Tapir mâle, mais jus-
qu'à présent il ne m'a pas été possible de m'en procurer un, quelques efforts que
j'eusse faits. J'ai renouvelé à ce sujet les recommandations les plus pressantes
dans tous les quartiers de la colonie, et j'espère beaucoup que je parviendrai, à
force de persévérance, à remplir ce vœu de la Société d'accUmalation.
Veuillez agréer, etc.
Le gouverneur de la Guyane française,
]u T. DE MONTRAVEL.
FAITS DIVERS. 705
Sur ICN L(^|ioi'ides.
I;a question des Léporides, soulevée par la présence de quelques animaux
indiqués comme tels au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, et men-
tionnés dans une note de M. JeanHeynand, insérée au Bulletin, a donné lieu
à une vive controverse entre le Journal d'agriculture pratique et les jour-
naux d'as^ricullure de la Charente-Inférieure. Nous publions, comme docu-
ment dans ce débat, la lettre ci-jointe que nous avons reçue de M. Leblanc
(de Blé ré).
Blérc, le i" octobre 1863.
Monsieur,
Eli voulant f;iire choix, pour vous l'adresser, de la paire de Léporides que vous
m'avez demandée, je viens de m'apercevoir que sur sept sujets je ne possède
qu'une femelle. Vous comprendrez que je sois désireux de la conserver pour la
rendre au Lièvre, et continuer l'expérience, si c'est possible.
Si vous voulez un mâle, ou même deux, écrivez-le-moi, et je vous en ferai
l'envoi immédiatement. Dans tous les cas, je vous promels une femrfle si je
réussis à avoir d'autres portées ; je dis si je réussis, car, ainsi que vous allez le
voir, l'accouplement est loin (chez moi du moins) d'être toujours fructueux.
Dans la pensée que vous serez curieux d'avoir quelques renseignements sur
celte nouvelle race passablement contestée ou critiquée à l'heure qu'il est, je
vous transmets les suivants, que vous pouvez considérer comme authentiques.
Le 2.') mai dernier, mon fermier me donna un Levreau que, deux mois aupara-
vant, un de ses domestii^ues avait trouvé gité dans les chamjis sous un versoir de
charrue. Au moment de la capture, on le supposait âgé de trois mois.
Il ne paraît pas avoir grossi depuis, et il est tout aussi sauvage que le premier
jour ; il ne mange que la nui(, toute la journée il reste blotti dans un coin de sa
cabane, dont la porte est grillée; cependant, en arrivant prés de lui avec pré-
caution dés le matin, on le surprend parfois au milieu de ses femelles.
On l'a mis tout de suite avec trois femelles de l'espèce dite Béliet\ âgées de cinq
mois, et le 8 juillet on a trouvé dans la cabane neuf petits mis bas par l'une de
ces trois femelles. Deux dos petits étaient sur la litière, les autres dans le nid.
On plaça aussitôt les neuf petits et la mère à part, niais elle laissa périr les deux
qu'elle mettait toujours hors du nid.
Depuis ce temps, les deux femelles non fécondées sont restées avec le Lièvre,
et l'on y a ajouté deux autres femelles un peu plus jeunes et de race ordinaire, par
le motif que celle-ci est plus féconde que l'autre.
On a remis la mère des Léporides avec le mâle ; on a cru pendant longtemps
qu'elle était pleine, elle offrait tous les symptômes ordinaires, mais décidément
elle ne l'est pas.
L'accouplement du Lièvre et de la Lapine est-il chez moi l'efTet du hasard? Je ne
le crois pas. On m'a promis un autre Levreau, et je vais renouveler l'expérience.
Si je réussis, et si vous le désirez, je m'empresserai de vous transmettre de
nouveaux renseignements.
Daignez agréer, etc. Leblanc.
Les Léporides ont, du lièvre, le poil fauve, un peu plus clair, les oreilles
allongées, le nez busqué, les pattes plus larges, et les doigts plus fendus. Mais
ils présentent tontes les autres formes du Lapin et ses allures. Ils se creusent
des terriers. Les Léporides envoyés par M. Leblanc ne sont pas exaclement
semblables à ceux que Ton avait précédemmcnl, et que l'on croyait provenir
de M. r.oux (de la Charcnle-Inlerienre;; ils ont le pelage plus gris et plus ras.
Est-ce parce qu'ils proviennent d'un croisement avec le Lapin bélier, tandis
que ceux de M, lioiix proviendraient d'un croisement avec le Lapin angora?
HiFZ i)K La VISON.
T. X. — Novembre 1 (S (i;>, 45
IV. CHRONiaOE.
Société d'nceliuiatatîon et «l'histoire naturelle tle l'ile
«le la ISéiinion.
Nous venons de leccvoir de la Société d'acclimatation de la r.éunion le
compte rendu de sa première séance générale annuelle, tenue à Saint-Denis,
le 17 aoûl dernier, sous la présidence de M. le baron Darricau, gouverneur
de la colonie.
La séance a été ouverte par un discours de M. le gouverneur, qui, après
avoir exposé les avantages que présente Pinstitution de la Société d'accli-
matation à laquelle il assure sa sympathie la plus bienveillante, fait ressorlir
tout ce qu'il y a de noble et de louable dans le but qu'elle se propose d'at-
teindre.
M. Bellier , président de la Société , signale l'empressement qu'a montré
la colonie dans !a réalisation de son désir de s'associer à l'idée heureuse
émise par la Société impériale d'acclimatation, puisque la jeune association
qu'elle a fondée à son exemple est déjà si nombreuse dès ses premiers jours.
Use félicite ensuite des excellentes relations établies entre (a Société métro-
politaine et l'institution coloniale.
M. le docteur Coquerel, prenant la parole, entretient l'assemblée des
résidtats obtenus dans tous les temps par l'acclimatation, des modifications
si remarquables et souvent si avantageuses que Fliomme a su apporter chez
les animaux ou les végétaux qu'il a soumis à sa puissante inlluence. Il rap-
pelle la description qu'a faite Flacourt, au xvii'^' siècle, des merveilles que
renfermait autrefois la Héunion à l'état de nature, et qui ont aujourd'hui
disparu. Après avoir énuméré les espèces introduites forluitemenl, il fait
remarquer combien le nombre des animaux indigènes est actuellement rétliiil,
et quels bienfaits la colonie peut recueillir de tenlatives d'acclimataiion
entreprises avec méthode, à une époque où les moyens de transport sont
devenus si faciles et si rapides, et où existent les échanges conlinuels d'in-
telligence et de lumières qui, de nos jours , unissent tous les peuples du
globe.
M. le docteur Berg, secrétaire général de la Société, fait observer que la
raison d'être du rayonnement étendu et de la progression croissante de la
Société impériale (raccliniatation tient à ce que ses vues répondent à un
intérêt réel, et que son but universel est l'écbange récipi'oque, entre tous
les pays civilisés, des produits naturels utiles, l'.ésumant ensuite l'histoire
de notre association, depuis son origine, I\l. Berg rend compte de sa situa-
tion actuelle, et passe en revue les essais et les expériences qu'elle a enl re-
pris tant en France et dans nos colonies qu'à l'étranger ; il rappelle enlin
que déjà la Société coloniale a introduit dans l'île plus de cent cinquante
espèces de végétaux utiles venus de France, du Cap et de l'Australie, qu'elle
a distribué à ses mend)res les arbres fruitiers de France pour èlre acclimatés
CHRONiQttE. 707
sur les plateaux élevés ; qu'elle s'occupe d'un côté de l'inlioduclion si désirée
d'oiseaux insectivores, de l'autre de l'iniportalion d'œufs de poissons pour
utiliser ses appareils A ('closions arlificielles et repeupler ses rivières.
A RI. r.irg succède iM. Charles Legras, secrétaire du Comité, qui entre-
tient l'assemblée du compte rendu intéressant de ses travaux, depuis son
origine, et termine par un chaleureux appel au concours dévoué de tous
les vrais amis de la colonie.
La séance a été close par l'exposé de la situation (inancière de la Société,
présenté par son irésoiier, I\l. d'Esniénard.
Les applaudissenieiils répétés de rassemblée ont lé-moigné du vif intérêt
avec lequel ces discours et ces communications on! été accueillis.
Nous avons reçu en même temps le numéro de juillet du Bulletin de la
Société, qui renfermait : 1» deux notices sur la pisciculture et son applica-
tion dans les eaux de la colonie, par MM. A. Manès et le docteur Jacob
de Cordemoy; T un Innail sur la culture du Colon dans la colonie, par
M. le docteur P. Bories. et une note sur le Soja de l'Inde {/Esckynomene
aspera, L.), par M. le docteur Collas.
A ces documents étaient encore joinlsdes exemplaires d'un travail imprimé,
par M. le docteur Beig, ayant pour litre : Un mot sur la culture et la fer-
tilité de l'eau à l'Ile de la Réunion. IL
Aceliniatation en Australie.
Nous trouvons dans le journal The Yeoman and Auslralian Acdimatiser,
publié à Melbourne, de nombreux et inléressants documents qui témoignent
des progrès sensibles n'-alisés dans les colonies auslralieimes par les Sociétés
d'acclimatation organisées à l'exemple de notre Société impériale. Nous
extrayons, des derniers numéros de ce journal qui nous sont parvenus, les
passages suivants :
Coton. — Les expériences et les essais pour l'introduction de la culture
du coton en Australie se multiplient de plus en plus. M. Dacomb, de Port-
land, a envoyé à la Société de Victoria une centaine de graines de l'espèce
vivace, le perennial Coton-trec {Gossypium arboreum) du Pérou, qui,
venant s'ajouter à celles que la Société a déjà distribuées, assurent sa pro-
pagation dans la colonie.
M. R. Perry, ancien habitant de Melboiunc, a fait parvenir ù M. le docteur
Mueller une quantité considérable de graines de Coton d'Egypte qui ont été
distribuées entre les agriculteurs désireux d'essayer la culture de cette
variété.
Mûrier et Ver à soie. — L'introduction du Mûrier blanc destiné à l'éle-
vage du Ver à soie ordinaire est également en bonne voie. AL Mortelly a
importé à Melbourne plusieurs nùlliers de plants qui ont été joints à ceux
que possédait déjà le parc royal ; il a tie plus publié une notice très-remar-
708 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
quable sur les diverses variétés de Mûriers et sur le mode de culture qui leur
convient.
Dans une dos dernières réunions de la Sociélé de Victoria, le docteur
Black, son président, a pariiculièrenicnl insisté sur les avantages que la
séricicultme pouvait procurer à la colonie, et, sur ses instances, le conseil
a pris toutes les mesures qu'il a crues nécessaires pour activer le dévelop-
pement de celte fructueuse industrie.
Alpacas. — Le navire Julia Former est arrivé à Melbourne le 12 sep-
tembre, de Toco})illa. sur la côte de l'Amérique du Sud, ayant à son bord
215 Alpacas. On croit que c'est la première livraison des 1500 animaux
de cette espèce que MM. Former et Compagnie, de Lima, se sont engagés
à envoyer à Melbourne. On suppose qu'après leur débarquement dans ce
port, ils seront vendus à l'encbère. Us sont tous dans de bonnes conditions
et ne paraissent pas avoir soulTert du voyage. Cette entreprise a présenté de
très-grandes difliculics : ces animaux, ayant élé recueillis très-avant dans
l'intérieur de la Bolivie, et élanl d'un tempérament lrè.s-délicat, ont eu trop
de l'atigues à supporter ; aussi ceux qui se trouvent actuellement dans le
port sont le reste des 600 embarqués à Tocopilla.
Nous ne saurions trop faire ressortir les obstacles presque insurmontables
qui s'opposent à l'acquisition de cette précieuse race pour nos conirées, et
rappeler que pour parvenir à nous les procurer, nous devrons ne ])as nous
laisser déeourager par les iusuccès probables de nos premières lentatives, el
faire preuve d'une rare persévérance; c'est du reste une des qualités essen-
tielles de notre institution.
Le brick Cari, de Batavia, vient également d'amener à JMelbourne
200 Moineaux de Java et un graïul nombre de Colombes et de Ligeons de
même provenance.
Le n" 100, du 2'J août, du Yeouian, renferme une longue el intéressante
dissertation de M. A. J. Duflield sur les bienfaits de l'acclimaialion. L'au-
teur, dans sa lecture faite à Saint-George Hall, à Melbouriu', devant une
assemblée considérable, passe en revue les principaux faits d'acclimatation
accomplis jusqu'à nos jours, et signale les noudjreux produits naturels utiles
(pie les peuples civilisés peuvent et doivent encore échanger entre eux,
s'arrèlaul plus particulièrement aux végétaux originaires du Pérou. U
jusiste sur les bienfaisantes propriétés de la Coca, et s'étonne que son usage
ne soit pas depuis iiingtcmps universellement répan<iu. A l'appui de son
opinion, il cite celle de divers auteurs espagnols qui ont parlé de cette
plante nu'rveilleuse, el qui ont tous unaninu'ment exprimé leurs vifs regrets
de ne pas la voir utilisée partout à l'égal du café et du thé. Il cite ensuite
le Maca , tubercule i)éru\ien d(> Pima, (pii pousse comme la pomme de
terre ; qui, bouilli dans le lait, a lu saveur de la châtaigne, el qui, séché au
soleil, se conserve facilement pendant un an au moins; le (Juiuoa {Cheno-
podiuiii (luinoii), dont les feuilles et les graim s peuvent se manger comme
les épinards et le riz ; les variétés nouvelles de lommes de terre des Andes,
CHRONIQUE. 709
et surloiit rArnicaciia, bii'ii siipérienro à la ponimo de terre, qui se cultive
dans les mêmes coiidilidiis iiaHirelies, et qui s'npprèlc de diverses manières.
M. Duffîeld fail re!uar<|uer qu'une fermi' modèli' est aciiiellement <'tal)lie
sur la eote ouest, el que plus de 200 000 véi^étaux et environ 10 000 ani-
maux y sont û^ih réunis, l't que des relalions avanlaiieuses peuvent facile-
ment «Hre établies avec le gouvernement du Pérou. Il entretient ensuite ses
audileurs des grands mammifères péruviens, le Lama, l'Alpaca, le Gua-
naco et la Vigogne ; tUt Viru de la f'atagonie et du Cliililiu(|ue du Chili,
qui sont tous deux des Alpacas dégi'-néiés. Eidin il se résume en mon-
trant quel vaste champ reste encore ouvert à racclimatalion.
H.
Le Cotonnier vîvaee <lu Pérou.
Lettre adressée par M. f*. Hamel à M . le ['résident de la Société impériale
d'acclimatation.
!\Ionsieur le Président,
Le Yeoman, journal de Melbourne, avait signalé, dans rim de ses pre-
miers numéros, le Cotonnier vivace {(iossypiam arboreavi) de l'Amérique
du Sud comme une variété qui prospérait dans des nagions trop froides pour
les autres Cotonniers, et qui, à re titre, mériterait d'être l'objet de tentatives
d'acclimatation dans la colonie de Victoria. L'existence de cette plante avait
été mise en doute, lorsque M. Ledger piouva qu'elle n'élai! pas un mythe. Je
lis dans le numéro du Yeaman du lo août dernier une lettre dont je prends
la liberté de vous adresser une traduction, et (|ui prouvera qu'on est en train
d'introduire en Australie ce précieux textile, que d'autres pays ne devront
plus hésiter à se procurer :
« Monsieur l'éditeur,
» J'avais lu dans votre journal du 19 juillet 1862 un extrait du Scientific
» American, reproduisant la description donnée par M. Kendall du Coton-
» nier vivace des Andes. Ces détails m'intéressèrent au point que je résolus
« d'importer ici, si c'était possible, ce merveilleux végétal. Grâce à l'obli-
» geancede MM, I'. Ilulh Gruuning et Compagnie, de Valparaiso, un paquet
» de graines, venant de Tacna, a été apporté d'Arica à Hobart-town par les
» soins du capitaine Chrisley, et m'est arrivé en fort bon état. Comme vous
» avez le premier appelé l'attention surc(Mte pl.mte, permettez-moi de vous
M adresser un centaine de ces graines, alin que vous puissiez en tenter la
» culture avec vos amis. Quelques fibres qui étaient encore adhérentes à ces
» graines lorsque je les reçus, offrent des qualités remarquables, et dilTére-
» raient fort peu du Sea-Island. »
J'ai l'honneur, etc. E. D,\comb. (Portland, 7 août 1863.)
P. Ramel.
V. BULLETIN DES CONFERENCES ET LECTURES.
PREMIERE CONFÉRENCE DE L'ANNÉE 1863 AU JAUDIN D'aCCLI.MATATIÛN
* (Jeudi 2 juillet).
De l'accliitiatation coannae doctrine du itcupleiiicnt
de la terre.
Par M. RuFZ de Lavison.
Dans !o cours cU; tonte grande entreprise, comtiie pendant le cours de
toute longue navigation, il est nécessaire, comme font les marins, de s'arrêter
de temps en temps et de faire son point, c'est-à-dire de reconnaître où l'on
en est, les distances déjà i)arcouriies et celles qu'il reste à p.urourir, les
résultats obtenus et ceux à obtenir. Dans cette (euvre iiidélinie des acclima-
tations où nous sommes engagés, dans ce tour du monde végétal et animal
que nous avons entrepris de faire, à quel point sommes -nous arrivés?
Qu'avons-nous gagné? Assurément, le direcicur du Jardin d'acclimatation
est un de ceux à qui incombe, comme au capitaine d'im navire, le soin de
cette recherche et celui de vous en faire connaître les résultats, et le moment
où nous reprenons ces coid'éi'ences est un des plus oj)portuns pour s(! livrer
à une semblable constatation.
Depuis le jour où quelques amis et quelques élèves d'Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire, réunis dans son cabinet, se dévouèrent à ses idées et partirent
de là pour en poursuivre la réalisation, qui peut nier qu'il n'y ait eu bien
des choses acconq)lies et bien du chemin de fait? Assez de fois il vous a été
mis sous les yeux la faveur avec laquelle l'institution des Soci(5tés d'acclima-
tation avait été accueillie, leur rapide accroissement, leur nombre. Chaque
jour en voit naître quelqu'une de nouvcHi». Partout elles sont reconnues,
prol(''gées, comme œuvres d'ulililé humanitaire.
11 y a peu de grandes villes dans le monde civilisé qui, à cette heure, n'aient
ou ne veuillent avoir un Jardin d'acclimatation semblable à celui où vous
êtes et où se répélt^ront les mêmes expériences et les mêmes tentatives.
Est-il possible que d'uti tel empressement, d'un tel concoiu's d'cfforls, de
savoir et de sacrifices, il ne sorte rien, et ne sommes-nous <jue des Sysiphes
occupés à soigner des î)!nnîes et des animaux qiù doivent toujours mourir
entre nos mains ? y\.ssurément, s'il en était ainsi, ce serait à désespérer de
la puissance des associations humaines : car, jamais il n'y en eut de mieu.x
concertée, de mieux définie, de plus possible et de plus praticable qiie la
nôtre.
Assez de fois, l'histoire à la main, cl re\[)érience actuelle à l'appui, il vous
a été démontré que cr que nous i.usi>ns axait été' f.iit dans lous les temps,
que nous suivions une filière commencée depuis le comnu'ncement du
monde, qu'en tout temps l'homnie avait pratique'' des ai chm.UiUions. Que
nous n'a\ ions d'autre prétention quede régulariser, d'activer et de généraliser,
liULLETJN DES (JONFÉUENCES ET LEGTUfŒS. 7ll
ce qui iravait clé fail jusqu'alors que (rum^ l'açon, pour ainsi dire, incon-
sciente, iusiinclive, isolée, et cai)ricieusc ; que nous voulions donner aux ten-
tatives <raccliinatalion l'aide el l'impulsion (]ue la civilisation a données à
beaucoup d'œuvres de notre époque, ou, pour mieux dire, qu'acclimatation
et civilisation étaient des mois de même valeur, exprimant une même
chose : le progrès. Sur tout cela, je ne crois pas qu'il existe aucune incer-
titude dans vos esprits. Je veux aujourd'hui vous montrer que la doctrine
de rarcliiuatation s'accorde aussi bien avec la science (ju'avec la triulition,
qu'elle s'adapte aux grandes théories cosniogéniques de la science ; que l'école
de l'acclimatation n'a rien entrepris de contre-nature, rien qui ne soit par-
l'aiiement conforme aux lois qui paraissent avoir présidé à l'arrangement
actuel (les choses sur la surface de la terre.
L'hisloire et la science sont aujourd'hui d'accord pour reconnaître l'iuiité
primitive de la création, connue étant, de toutes les doctrines sm- le peuple-
ment de la terre, la plus concordante avec la succession postérieure des
choses et avec leur état actuel. Voici quelle est cette doctrine. Tous les indi-
vidus d'une même espèce ou même d'espèces alliées, sont descendus d'un
premier parent uiùque, et par conséquent sont tous originaires d'un même
berceau. Quelque éloignées et isolées les unes des autres que soient les
parties du monde où on les trouve aujourd'hui, il faut que dans le cours
des générations successives, les espèces primitives aient passé de l'un à
l'autre de ces points en se propageant et se nudiipliant de i)rochc en proche.
Le monde animal et le monde végétal ne sont donc que l'émanation et
l'évolution d'un peîit nombre de types primitifs.
Autre point non moins généralement admis. Tous les êtres organisés, sous
l'inlluence d'une force dont la réalité est facile à comprendre, mais dont les
modes d'aclion ne son! pas toujours saisissables, tendent, par la suite des
générations, à modifier leurs formes et même leur structure, d'après les cir-
constances extérieures, telles que la station, la nourriture el les agents
météoriques et physiques; de là proviennent toutes les variations qu'on
remarque dans la nature. L'homme ne produit pas la variabilité ; il expose
seulement, et souvent sans dessein, les êtres organisés à de nouvelles con-
ditions de vie, et alors la nature agissant sur l'organisation, il résulte de
nouvelles conditions de vie. L'art humain, dans sa sphère limitée, est en
mesure de démontrer par un grand nombre d'exemples comment un animal
ou lui végélal modifié, peuvent être très-différents en apparence de leur pro-
géniteurs communs; il peut faire suivre au doigt et à l'œil, pour ainsi dire, la
marche des transformations. La variabilité des espèces primitives est donc
encore la iloclrine la plus généralement admise aujom-d'iun parmi les natu-
ralistes.
Cette variabilité des espèces primitives est gouvernée par un certain
nombre de lois. C'est d'abord la loi d'Iiérédilé (jui tend à les maintenir dans
kurs formes primilives, aussi longlenq)s (|ue leius couililions de vie restent
les mêmes, et qui tend à les ramener à ces formes typiques toutes les fois
712 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
qu'elles en oui été déviées pnr quelque accident pniticnlier. Cette loi de
rappel ou de retour aux formes primitives a été désignée sous le nom d'ata-
visme. L'atavisme est la sauvegarde de la fixité des types.
L'atavisme est donc aussi un moyen de remonter aux espèces primitives
et de les démontrer.
Ces deux mots, variabilité et hérédité, suffisent pour expliquer la face
actuelle du monde organisé et la création tout entière !
Il naît certainement plus d'individus qu'il n'en peut vivre. Dans le nombre
incommensurable des êtres ([ui se disputent la possession de la terre et
veulent avoir place au soleil, il s'établit une lutte incessante et universelle,
au sujet des moyens d'existence; chacun veut conserver, non-seulement sa
vie individuelle, mais sa vie spécifique, c'est-à-dire multiplier sa race : il
résulte de cette lutte universelle, que si, par un accident (juelconque; un être
varie si légèrement que ce peut être, mais d'une manière qui lui soit person-
nellement utile, s'adapte mieux aux conditions de lenqis et de lieu où il se
trouve, et se donne une supériorité de forme ou de force, nécessaire-
ment cetie supériorilé reproduite par les puissantes lois de l'Iiérédilé,
et se nuillipliant par la race, en raison géoméirique, finira par lui donner
une prédominance sur les races inférieures, qui n'oiil pas le même avan-
tage. Celles-ci, pressées, repoussées, éloullées, finiront par être exter-
minées. De là donc, pour une espèce existante et conservée, une foule d'autres
qui ont dû disparaître : ainsi vont se modiliant, se consolidant, et même se
perfectionnant, les êtres doués de vie; ainsi vont se créant de nouveaux types
spécifiques, aux dépens des anciens; ainsi se renouvelle par degrés, et de
proche en proche, la face du monde oiganique. Celte loi de piêdommance
des individus et des rates les unes sur les autres a été désignée tout nou-
vellement sous le nom de i^élection ■naturelle. Un écrivain anglais, M. Darwin,
dans un livre très-remarquable, intitulé De l'origine des espèces, ou Jes
lois du progrès chez les êtres onjanisés, en a dé\eloppé toutes les consé-
quences avec beaucoup de force et de savoir.
11 n'est pas nécessaire que les variations soient considérables; connne
c'est par leur accumulation qu'elles agissent, les plus légères suffisent pour
qu'elles soient de quelque utilité à leur possesseur. Un grain, pour ainsi dire,
dans la balance suffit pour déterminer quel individu vivra et lequel mourra,
quelle variété ou quelle espèce s'accroîtra en nombre et laquelle demeurera
et sera finalement éteinte. Les plus minces avantages acquis par un individu
à quelque âge et en quelque lieu que ce soit, sur ceux avec lesquels il entre
en concurrence vitale, finit par faire pencher la balance en sa faveur. C'est
par ce procédé de sélection naturelle que se perpétue chaque utile di'viation
de structure et même d'instinct. C'est là le principe du travail incessant de
renouvellement des choses qui s'accomplit sur la surface de la terre.
On ne peut certainement refuser cette puissance à la nature, lorsqu'on la
voit chaque jour exercée par riiomme. L'homme adapte ainsi, soil les plantes,
soit les animaux, à son utilité ou à son agrément, en accumulant sur un
BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. 713
individu les qualités qui le rendent propr(! aux sorvices que l'on peut en
attendre, et en obtenant dans la race la rcproduetion de cette accumula-
tion, en vertu du principe d'iiérédité. C'est là ce qui contribue à ramélio-
ration des races domestiques. Un tel résultat est obtenu même sans conscience
de Fellet produit ; il suflit, sans même avoir la pensée d'altérer la race, qu'il
se fasse ce qui se fait tous les jours, que cliacun conserve et mette de coté les
individus qui lui paraissent les meilleurs, pour en obtenir la reproduction?
Si Tbomnie ])eul, avec patience, cboisir et faire reproduire les variations qui
lui soni le jjIus utiles, 'pourquoi la nature faillirail-eile à clioisii- les v:Hiations
les plus iililesù ses produits vivants, en les plaçant sous des conditioiisde \ie
changeantes ? Quelles limites peut-on supposera ce pouvoir, agissant pendant
de longs âges, de proche en proche et à tous les instants, sur des espaces et
des nombres iud(''lerminés?
Telle est la doctrine par laquelle on explique présentement la variété des
espèces qui peuplent la surface de la terre.
Les preuves ne manquent pas pour démontrer celte doctrine; on connaît
les moyens par lesquels la natiu-e aussi bien que l'homme, obtient ces résul-
tats. Par le climat, par le sol, par la culture, par l'habitude, par l'exercice
ou le délaut d'emploi de certains organes, par les croisements, on obtient tous
les jours les plus grandes transformations. De l'arbre nain et rabougri de la
montagne, on fait la plante grande et exubérante de la plaine. Au moyen
des mêmes modifications, on peut rattacher à la même origine le roquet et
le dogue le plus puissani : toute la nature animale et végétale peut être
remaniée, modifiée, transposée, selon la volonté et le caprice de l'homme !
«On peut se faire, dit M. dubler, une idée de la puissance exercée par
l'homme sur les propriétés plastiques des animaux soumis à son empire, en
écoutant ces paroles de lord Somerville. Il semblerait, disait-il, eu parlant
des éleveurs de moutons « qu'/7s eussent esquissé sur une mvraille une
forme parfaite en elle-même et lui eussent ensuite donné l'existence. »
De son côté, le plus grand éleveur de la (Irande-Bretagne, sir John Sebright,
disait à propos des pigeons, «qu"(7 reproduisait en trois ans quelque plu-
mage donné qm ce fût, mais qu'il lui en fallait six pour obtenir une
tête ou un bec. d ' ,
» ^on-seulemcnt les types organiques se modifient selon les circonstances,
mais l'honmie peut à son gré déterminer le sens de ces déviations morpho-
logiques en prolitant des tendances naturelles des sujets, en les provoquant
même au besoin, et les dirigeant, ou les exagérant ensuite, selon son utilité et
.son caprice.
» La métamorphose est continue, et s'établit continuellement des passages
d'une forme à l'autre, dans l'enfantement perpétuel dont la nature orga-
nique offre constamment le spectacle, sous l'impulsion des puissants moyens
dont elle dispose. »
Se peut-il imaginer une doctrine plus concordante avec celle de l'acclima-
tation, que cette transformation successive des êtres depuis leur point
7Iii SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOUIQUE d'aCGLIMATATION.
d'origiuo jusqu'aux cxlrtimilL's de la (ciro? Jamais conséquence t'ul-ellu plus
logique?
Chaque jour voit éclorc, sous les mains habiles des horticulteurs modernes,
quelques ibiiucs nouvelles de fleurs, de légumes et de fruits, aux dépens des
races plus anciennement développées. Vous pouvez tous les jours, dans nos
parcs et dans nos hasses-cours, voir comment, d'une petite espèce de Mouton,
de l'oule ou de Faisan, on en peut faire de grosses races domestiques ? La
nature, elle aussi, comme un jar liuier habile, recueille ses graines et ses
germes, pour les adapter aux circonstances qui leur conviennent.
On peut se faire, par ces analogies, une idée des procédés dont elle se sert
pour adapter les espèces animales ou végétales à leurs destinations nouvelles?
Mais, dit-on, ces modifications sont superficielles et faibles, elles ne
pénèlrenl point dans l'organii^alion dos êtres; elles ne portent jamais sur celte
manière d'être intime qui lait leur essence et qui tend insensiblement à les
ramener à leur forme primitive dès que l'action perturbatrice vient à chan-
ger. Ni l'ovule, qui, par la fécondation, deviendra apte à reproduire l'animal,
ni les dillérentes phases de son évolution, ni la structure de l'èlre qui en sort,
ni le rapport de ses organes, ne peuvent cire modifiés; malgré rélomumle
mobilité des formes, dit M. Decaisne, les véritables caractères spécifiques
restent tout à fait inébranlables.
Mais, voyez dans nos parcs comment, sous riniluencc du climat, les Yaks
de rilimalaya et la Chèvre du Tibet, et en général presque tous les animaux
sauvages, perdent certaines parties de leur pelage, le lin et doidjie duvet qui,
permettez-moi cette conqiaraison, se trouve, connue nos gilets de flanelle,
plus innnédiatcmcnt appli([ué sur leur peau ; tandis que les lirebis du Sénégal
ont leur poil las qui s'allonge et qui frise, pour leur pri'parer une fourrure
l)lus chaude, et les protéger contre Tbiver dont ils ont à subir les rigueurs.
Si la nalur.' n'a besoin que de ces légers changements pour atteindre ses
fins, faudra-t-il, pour forcer notre conviction, qu'elle se laisse aller à un tra-
vail de bouleversement. Si quelques-uns oui des yeux pour ne point voir, fau-
dra-l-il qu'elle condescende à leur infirmité? .\'est-ce point par ces clian-
gements, petits suivant eux, et faibles suivant leur faiblesse, qu'elle se montre
fidèle à sa devise : l'unité dans la variété, qu'elle varie les formes sans
changer l'essence ?
]\e répète-t-on pas tous les jours, conuiie un axiome de l'observation
universelle, que la uiiture ne Ml pas de fiants, nalura non fucit saltuin ;
qu'on i)asse insensiblement, et pour ainsi dire sans transition, d'une espèce
à l'autre, qu'il n'y a entre elles que des séparations adouciesde manière, aux
deux bouts de l'échelle spécifique, à eiïacer les distances? N'est-ce pas là,
en d'autres ternies, une reconnaissance complète des modifications insen-
sibles dont se sert la nature? « liCs effets du milieu sur les organismes, dit
M. Darwin, ne se traduisent pas toujours par des changi-ments extérieurs
très-apparents: chez les plantes et chez les animaux, l'adaption peut s'efîec-
luerà l'aide de modilicatior.s dans le f'onclionnemcnl, la crase des humeurs
BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. 715
et la siructure externe, sans altération grossière dos formes morphologiques.
Le type organique se conserve, mais le tempérament change. En se modi-
fiant, les espèces végétales et animales tendent h rendre leur économie moins
accessible aux troubles suscités par les agents physiquesqiii conspirent à loin-
perte, bien qu'ils leur fournissent à toute heure tous les moyens d'existence.
Voyons sur Pcspèce la plus répandue, la mieux observée, voyons sur
l'homme conmient les choses se passent. Au point de vue de son organisa-
tion corporelle, l'homme est assurément nn animal tout comme les autres.
C'est le roi, c'est le type, c'est le résumé ou le modèle des animaux, mais
c'est un animal soumis à ions les agents extérieurs qui influent sur l'anima-
lité. L'homme arrive cependant à vivre sous tous les climats. Nous pouvons
le suivre dans toutes ses migrations passées et présentes. On ne tient pas
compte des scepliquos qui nient la possibilité de son acclimatation sur n'im-
porte quel point de la terre? Eh bien, une simple modilicalion dans la colo-
ration de sa peau paraît èlrc laseulecondilion appréciable exigée par la nature
pour coite adaptation. Car toutes les autres difTérences que présente son orga-
nisation, suivant les différents pays, autant celle de la taille que do rintcUi-
gejice, paraissent être le résultat de la nourriture ou bien de l'exercice, ou
du défaut d'exercice de ses facultés, plutôt que du climat.
Que si l'on dit que celte faculté d'adaptation universelle, si visible dans
l'homme, lui est particulière, et s'explique par la multiplicité des ressources
de son intelligence qui lui permet de se garer des effets des climats et non
de modifier son organisation, je demanderai si les étables, les basses-cours,
les serres, les vêtements mémo par lesquels nous protégeons les animaux et
les végétaux ; la nourrituie plus stimulante par laquelle nous soutenons leurs
forces et excitons leur puissance de calorilicité, c'est-à-dire la puissance
d'engendrer le calorique dans leurs propres tissus ; l'éducation que nous
leur donnons, les gradritions par lesquelles nous les faisons passer ; si, eniin.
tous ces soins qu'ils reçoivent de nous, et qui mettent pour ainsi dire notre
intelligence à leur service, ne sont pas de même ordre et de mémo ellicacité
que les soins par lesquels l'homme protège et accomplit sa propre accli-
matation sur les dillorents points du globe.
il y a à peine nn siècle, lorsque le .Marronnier fut importé en Europe, on
le cultiva d'abord en serre chaude, parce qu'on le croyait originaire des
Indes. Plus tard, on le mit en serre froide, puis on le livra à la pleine terre,
en plein air ; et vous savez si aujourd'hui les Marronniers ne sont pas accli-
matés en Europe presque à l'égal de l'homme. De combien d'autres plantes,
de combien d'autres animaux ne pourrait-on en dire autant, et qui sont
autant de preuves de la puissance de l'acclimatation.
Mais, dit-on, si le Marronnier et certaines plantes se sont acclimatés et
ont pris pied en Europe, c'est qu'ils étaient originaires de pays dont les con-
ditions climatériques sont dans des conditions analogues. Ce n'est p;,s de
l'acclimatation véritable, c'est de l'introduction, c'est de la iransjjlantalion
ou de la transportalion qe.e vous opérez. Qu'importe le mot, si nous parve-
716 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
lions à donner à rKurope, T'^ak, le Lama, le Lopliopliore, les Antilopes,
rigname de la Chine, le Loza, le Sorgho et l'Ortie textile, comme déjà lui ont
élè donnés le Dindon, la Pomme de terre, le Ganiellia, cl tant d'autres
richesses! La transportation et Tinlioduction sont cerlaineinent les i)ri'mieis
degrés de racclimatalion ; et, réduite à cela, rien qu'à multiplier el favoriser
ces actes, je dis que l'acclimalalion rend un immense service à riuimaiiité!
Ayant entrepris de démontrer une thèse générale, je ne puis trop m'allar-
der dans le détail des faits particuliers. Si Ihomme peut s'acclimater sous
toutes les latitudes, aussi bien sons les pôles que sous la zone torride, il
n'est pas moins vrai que ses acclimatations sont bien coûteuses, si coûteuses
même, que quelques sceptiques outrés vont jusqu'à soutenir que la plupart
des races humaines transplantées hors de leur zone d'origine nepeuvenl se
soutenir el Unissent par s'éteindre après quelques générations; qu'en im mot
l'homme n'est point cosmopolite. Sans nous ranger à cette conséquence
outrée, nous conviendrons que dans la transplantation des hommes, pour un
qui réussit et qui fait souche, il y en a beaucoup qin succonibent el qui dis-
paraissent. Mais il n'est pas moins vrai que quelques individus, prolitanl de
quelques-uns des avantages dont la sélection naturelle tire un si grand parti,
luttent avec bonheur contre les conditions physiques, qui sont contraires aux
autres, et que c'est de ces quelques individus (|ue sort une progéniture qui
s'adapte au sol de plus en plus à chaque génération. Tel est le résultat de
l'expérience universelle. L'histoire du déluge et de l'arche de i\oé est un
mythe aussi bien qu'une tradition. C'est le principe, le point de départ de la
doctrine des acclimatations.
Or, je ne crains point d'allumer que si, pour n'importe quelle espèce
animale, on prenait les mêmes peines que pour riiunuoe, si l'on faisait les
mêmes sacrilices d'argent et de soins, si l'on expérimeniail enlin sur des
nombres égaux, on arriverait aux mêmes résultais; c'est-à-dire qu'on par-
viendrait à acclimater cette espèce animale sous toutes les latitudes, l'.ap-
pelez-vousce qu'ont coûté les diverses invasions et émigrations humaines, et
en dernier lieu la traite des nègres? Est-ce que tous les animaux domesliques
de l'Europe ne se sont pas naturalisés dans les divers points de l'Amérique,
à beaucoup moins de frais?
Ce que nous savons du fait physiologique de l'accoutumance suflit pour
expliquer la réussite de tontes les transpositions des espèces animales. Sons
l'action de la chaleur ou du froid, nous voyons certaines parties de l'organi-
sation s'atrophier ou se développer, la peau pâlir et brunir, ou bien s'injecter
et oll'rir une circulation plus active. Les sécrétions se transposent, les tem-
péraments changent, de sanguins ils deviennent bilieux ou lymphatiques.
Les maladies ne sont plus les mêmes et attestent les profondes altéra-
tions de l'organisme. Enfin, la génération résume, pour ainsi dire, et aflirme
tous ces changements, car la descendance d'une espèce acclimatée est
frappée à l'efligie de son nouveau climat tout autant qu'à celle de ses progé-
niteurs ; toutes les espèces européennes que j'ai vues se reproduire aux
BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. 717
Antilles perdent de leur taille et de leur vivacité, sans perdre leur utilité.
C'est aujourd'hui une vérité triviale, et que les plus ignorants n'ignorent
pas, qu'à plusieurs reprises il y a eu de grands bouleversements dans la
répartition des espèces animales tt végétales sur la surface de la terre. Les
ruines d'ime maison incendiée, dit Darwin, n'en racontent pas plus claire-
ment le sort que ne le font ces forêts et ces ossements enfouis à diverses
profondeurs. Tous les documents historiques racontent que certaines espèces
animales et même végétales ne se trouvent plus là où elles existaient autre-
fois, tandis que d'autres qui existaient ailleurs se voient là où elles ne se
voyaient pas. D'anciennes espèces d'Éléphants et de Rhinocéros ont été
capables de supporter un climat glacé, tandis que les espèces vivantes sont
aujourd'hui tropicales ou intertropicales.
Si bien que l'acclimatation lente et progressive, telle que nous l'observons
présentement, ne suûisant pas à expliquer l'étendue de ces révolutions dans
le peuplement du globe, on est obligé de supposer des cataclysmes extraor-
dinaires, qui auraient renversé tout l'ordre actuel et porté le nord au midi
et le midi au nord.
Mais, combien d'autres fait qui enseignent que c'est principalement par
l'acclimataiion successive et de proche en proche que la terre s'est })euplée
des habitants qui la couvrent présentement ! Parcourez le globe en long et en
large, de haut en bas : en quelque sens que vous alliez sur un continent ,
sous les conditions de vie les plus diverses, malgré la chaleur ou le froid, sur
les montagnes ou dans les plaines, dans les déserts ou dans les marais, la
plupart des habitants de chaque grande classe sont étroitement alliés, et
offrent une physionomie (|ui semble vous dire qu'ils sont nés les uns des
autres. On pourrait leur donner pour devise le vers du poète :
Faciès non omnibus una,
A't'c divfrsa Ionien, qualis decet esse sororum.
Un naturaliste, en voyageant, dit Darwin, du nord au sud, ne manque
jamais d'eue frappé de la manière dont des groupes d'êtres organisés, spé-
ciliquement dislincls, et cependant en étroite relation les uns avec les autres,
se remplacent mutuellement et se succèdent. 11 voit des oiseaux analogues;
leur liunage est presque semblable, leurs nids sont presque construits de la
même manière, leurs œufs sont de la même couleur, et cependant ce sont des
espî'ces différentes. La gradation et encore plus appréciable dans le monde
végétal. Les productions alpines ou lacustres sont en connexion avec celles
des terres basses ou sèches environnantes, en dépit de la grande différence
des stations.
Ainsi, s'est effectuée et s'effectue journellement encore la colonisation de
chaque station par les habitants de la région la plus voisine, au moyen de
migrations des espèces combinées avec la faculté de modification et d'adap-
tation de ces colons avec leur nouvelle patrie.
C'est ainsi que les îles les plus isolées et les plus éloignées se rattachent
/1S POCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION,
toujours par leur faune ou par leur flore aux coutinents les plus voisins.
Toutes les plantes et tous les animaux de l'archipel des îles Galiapagosou de
l'île Juan Fernandez, distantes de rAmérique de plus de trois cents lieues, se
relient de la manière la pins frappante aux plantes et aux animaux des
terres américaines voisines; tandis que les poj)nlaiions organiques de Tar-
cliipel du cap Vert et des autres îles de la côte d'Afrique ont un aspect tout
africain. '
Ces similitudes portent à penser qu'à des époques pinson moins reculées,
tontes ces îles ont dii faire partie des terres continentales voisines, et qu'il a
dû exister des ponts sur tous les Océans, qui ont servi de grandes roules aux
migralions. ,, /
Mais il n'est pas besoin de recourir à ces suppositions lointaines. A tous
les instants nous voyons le phénomène des migrations s'accomplir par des
voies beaucoup plus faciles à saisir et à apprécier : ce sont tantôt les vents,
tantôt les flots, tantôt les animaux eux- mêmes, et surtout la main de l'homme,
qui sont chargés d'opérer la diflusion des germes par toute la terre. Je
voudrais vous rappeler à quelles charmanti's et ingénieuses découvertes celte
élude a donné lieu. Conmient un oiseau, un insecte, sur leurs ailes, ou
entre leurs pattes on dans leurs entrailles, portent souvent la graine qui doit
couvrir tout un pays. Comment h^s courants marins ou atmosphériques
poussent les graines vers un point ou vers un autre. Conmient l'homme lui-
même, tantôt volontairement, tantôt d'une façon inconsciente et à son insu
et connue malgré lui, est l'instrument de ces Iransporlations providentielles.
Ci'est ainsi qu'après l'Exposition universelle des produits de l'industrie
humaine, on a trouvé sur les arbres des Champs-Elysées des scolytes qui ne
s'étaient trouvés jusqu'alors que dans les Indes ou dans d'autres contrées
aussi lointaines. Ils n'av.tient pu être transpoités que par les marchandises
envoyées à celte exposition. Mais de semblables citations, si plaisantes qu'elles
soient pourl'espri!, ni'enlraîneraient trop loin. D'ailleurs, l'un de nos savants
collègues, M. Aristide Dnpuis, a fait déjà ici mèmi', de ces mille moyens de
transport dont la nature se sert pour la propagation des espèces animales et
végétales, l'objet d'une conférence particulière et des plus intéressantes, que
vous trouverez dans le tome Vlll de nos Bulletins. \ ous y verrez comment
il existe naturellement entre tontes les contrées de la terre, tantôt libre et
patent, tantôt sourd et latent, un libre échange naturel de toutes leurs
productions : admirable modèle de celui que nous voulons aujourd'hui
imiter pour nos produits artificiels.
Imaginez ce libre échange à l'aide de tous ces moyens de transport et
de tant d'autres qu'il uousresie encore à découvrir, agissant incessanmient
à toutes les minutes (car telle est l'action des vents et du courant de la mer),
et ])endanl des dizaines et des centaines de mille ans. Cela combiné avec les
difl'érentes puissances modificatrices des climats ou autres, ne suflit-il pas
pour expliquer le mode de peuplement de la terre ?
Il me suffit donc de vous avctir oxposf'' l'ensemble bien abrégé de ces falls,
BULLETIN DES CONFÉRENCES KT LECTURES. 719
pour avoir démontré le lextc que je me suis i)roposé de vous développer
aujourd'lmi, et qui se résume dans celte grande proposition, que tout n'est
qu'acclimatation, et que c'est par acclimatation que la terre a été peuplée de
toutes les espèces animales et végétales !
Ouellcs que soieut donc les objections qu'on nous veuille opposer, soyez per-
suadés, messieurs, que nous marchous d'accord avec la nature, avec la tra -
dition, avec la science. Mais imitons en tout cette grande et sage nature. Ce
n'est pas eu quelques jours ni en quelques années qu'elle accomplit les
acclimatations, elle n'agit ([u'à pas lents et courts. Il lui faut la durée des
siècles et l'étendue de l'espace ! Ce n'est pas après quelques essais qu'elle
s'arrête et se repose ; elle se reprend à bien des fois. C'est elle qui ne se lasse
pas de remettre son œuvre sur le métier, de le corriger et de le recorriger
sans cesse ! Avant de s'arrêter aux épreuves qu'elle nous offre aujourd'hui,
qui ne sont plus celles d'hier et qui ne seront plus celles de demain, elle en
a tiré bien d'autres! Jamais elle ne dit son dernier mot, elle n'est pas e'i
bout de ses transformations I Notre lâche n'est pas terminée, nous ne devons
pas nous inunobiliser dans les seules formes que nous possédons. Un grand
poète, un grand chantre de la terre, Virgile, dans ses Géoryiques, nous a dit
le secret de cette conduite : •
[-"aler ipse colendi
Haud facikm cssc viam voluit
Dieu n'a pas voulu que le champ ouvert à l'activité humaine fût facile à
parcourir. Soyons patients, soyons persévérants comme la naturelle succès
est à ce })rix. Marchons vers notre but, résolîiuient, sans distraction et sans
défaillance, soutenus par cette pensée, que nous travaillons à une grande
œuvre, que le concours du plus humble d'entre nous peut donner les plus
grands résultats ! La Société d'acclimatation a si bien compris cette vérité,
qu'elle a ouvert ses portes, pour ainsi dire, à deux battants, et ne demande
pas la moindre preuve de capacité à ceux qui veulent bien unir leurs efforts
aux siens; il ne faut être ni roi, ni prince, ni académicien, bien que plus
d'un de ceux-là aient voulu aussi se mettre à l'œuvre avec nous, pour accli-
mater une plante ou un animal! La moindre conquête pareille vaut plus que
i:elle d'une grande province, et dou v ou irois acquisiiions semblables se ratta-
chant à la mémoire de la Société d'acclimatation sufliront un jour pour fair.'
bénir vos modestes travaux! L'histoire naturelle, en général, après n'avoir
été longtemps qu'une science d'observation, doit tendre, dit M. Decaisne, h se
l'aire science (rexpérinienlation. Le Jardin d'acclimatation n'est qu'une des
réalisations de cette pensée.
ÔUVR4CiES OfFERTf^ A L4 i^iOCIETE.
Annales et résumé des travaux de la Société nantaise d'horticulture, de décembre
1858 à décembre 1861.
Annales de la Société d'agriculture du Puy, 1861.
Recueil des travaux de la Société libre d'agriculture de l'Eure, 1860 et 1861.
Mémoiies de la Société impériale d'agriculture d'Angers, 1862 et 1863.
Annales de la Société impériale d'agriculture de la Loire, l'^"' semestre de 1861}.
Travaux de 1862 ù 186.3 de la Société académique des sciences, arts, etc., de
Saint-Quentin.
Mémoires de la Société d'émulation de Monibéliard, 2' série, 1"^^"^ volume.
Comité d'agriculture pratique de Marseille, 1863.
Bulletin de l'Union des arts. Marseille, 1863.
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Boletin de la Socicdad Mexicana de geographia y estadistica. Mexico, 1863.
Annual Report of tbe Board of régents of tbe Smitlisoniau Institution, 1861.
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Boston Journal of Natural llistory, vol. YIl, n" i à m, 1850 à 1862.
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Constitution and by-laws of the Boston Society of ISatural History, with a List
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Annual Rp|iorl of tlie Tiuslees of the Muséum of compaialive Zoology, 1862.
Addiess of his Excellency John A. Andrew to the Législature of Massachusetts.
January 9, 1863.
Catalogue of the Army Médical Muséum. Washington, D.C., 1863.
Nouveau Traité sur les Vaches laitières et les Taureaux reproducteurs , par
V. P. Tiioi'BAT. Offert par l'auteur.
Richesses ornithologiqiies du midi de la France, par MM. J. B. Jaiîbkrt et
• Barthélémy Lapommeraye
Étude sur l'industrie huîtrière des États-Unis, par M. Philippe de Broca. OtTert
par l'auteur.
Guide pratique du pisciculteur, par M. Pierre Carbonnier. Offert par l'auteur.
Tentative d'éducation du Ver à soie Ya-ma-maï, par M. Emilio Cornalia. Offert
]par l'auteur.
Les Fleurs de pleine terre, par M. Vn.MoRiN-ANtiRiEix. Offert par l'auteur.
Coup d'œil sur la végétation de la partie sc|itenlrionale du département de
l'Aude, par M. D. Clos.
Éloge de M. le docteur Ernest Godard, par M. le docteur Martix-Magron. Offert
parla famille de M Godard.
L'Isthme de Suez, par M. A >ioiROT. Offert par l'aiitem-.
Les Petits questionneurs, ou Causeries d'un père avec ses enfants sur l'histon-e
naturelle, par M. Ch. Poix de Beai:voys. (Hfert par l'auteur
Rapport sur la Double, par MM. E. de Lentii.hac et L. Guilrert.
Étude sur la métallurgie au Cerro de Pasco (Pérou), par M. Emile Colpaert.
OtTert |iar l'auteur.
Épître aux laboureurs, par Ch. Peire.
La Conquête de l'air par l'hélice, par M. le vicomte de Ponton d'Amécoirt.
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
RAPPORT
SIR LE JARDIN D'ACCLIMATATION
PENDANT l'année 1863,
par M. RIFZ DE L,AVISO\', directeur.
(Séance du 11 décembre 1863.)
Bien que depuis votre dernière séparation il ne se soit pro-
duit, au Jardin du bois de Boulogne, aucun de ces faits qu'on
doive avoir hâte d'annoncer, et qui , par leur importance ou
leur singularité, puissent justifier la prétention d'occuper, dès
cette première séance, votre attention; bien que tout ait suivi
au Jardin le cours, pour ainsi dire, naturel à l'œuvre qui s'y
accomplit, et que je n'aie qu'à vous confirmer des faits déjà
connus, mais seulement avec l'autorité d'une année de plus,
j'ai pense que même le simple compte rendu de cet état ordi-
naire ne serait point, pour vous, sans intérêt, et qu'il entrait
dans mes devoirs de vous le présenter.
On peut dire que, pour le Jardin d'acclimatation, la pé-
riode de la nouveauté est passée et que la curiosité vulgaire
est satisfaite; nous arrivons aux temps où le Jardin doit justi-
fier sa raison d'être et s'aflirmer dans l'opinion par des résul-
tats positifs et appréciables.
Ouoiqu'en fait d'acclimatation, trois ans soient un bien
court espace de temps pour avoir pu réaliser quelque chose
de fixe et de définitif, quelque chose dont l'admission ne doive
laisser aucun doute ni aucune crainte et ne paraisse point
prématurée, nous pensons que les observations que nous allons
vous soumettre ont été assez répétées, assez vérifiées, pour
mériter quelque confiance et encourager ce grand mouve-
ment qui porte de toutes parts, à la création des jardins d'accli-
matation.
T. X. — Décembre 1863. 46
722 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Un premier fait que l'on peut considérer comme eicquis,
en ce qui concerne presque tous les mammifères et tous
les oiseaux pris individuellement, c'est que, sans Ibeaucoup
plus de soins que ceux qu'exigent nos animaux domestiques
de quelque valeur, on peut les faire vivre une ou plusieurs
années dans les nouvelles conditions de vie où ils sont trans-
portés, et qui sont souvent si différentes de celles de leur
climat natal. Presque tous les animaux qui sont dans les
parcs ou dans les volières du Jardin d'acclimatation pourraient
être cités en preuves de cette observation. Nous avons des
Hoccos de Cayenne ainsi que des Pénélopes, des Agamis, des
Colombi-gallines des Antilles, des Agoutis, des Manicous,
des Tatous, qui ont déjà très-bien supporté deux ou trois
hivers. A peine cliauffe-t-on les lieux où ils sont tenus (0 5 1^
thermomètre, la nuit, y est souvent à zéro, et, pendant les
jours froids, lorsque le temps est beau, on les laisse en plein
air, pendant une heure ou deux. Jamais, jusqu'ici, nous
n'avons eu de mortahté qui ait pu être rapportée à cette pra-
tique.
Je tiens d'un homme d'une expérience consommée dans
l'élevage des animaux, de M. Wekemans d'Anvers, qu'il chauffe
très-rarement sa ménagerie d'animaux exotiques. Plusieurs
autres amateurs distingués, membres de la Société , entre
autres MM. Simon et Coeffier, m'ont dit la même chose.
On n'a pas remarqué que la mortalité des animaux venus
des pays chauds ait été plus considérable pendant l'hiver que
pendant les autres mois de l'année. .
Les gros Zébus du Sénégal et du Soudan, les petits Zébus
'de l'Inde, les llémiones, restent presque tous les jours à l'air
ilibre dans leurs parcs.
Quelques animaux domestiques des climats chauds ont pu
(1) il n'y a de diauiïôs au Jardin d'acclimatation que la cabane des Au-
' iruclies et trois coniparlimcnts de la grande volière, et dans ces comparti-
îmenls la chaleur est rarement portée au-dessus de 8", quoique les oiseaux
qui y sont viennent des contrées tropicales dont le niininunn en tempéraUu-e
n'est jamais moindre de 20° centigrades. Les parcs des gros mammifères,
Zébus, llémiones. Antilopes, ne sont jamais chauffés.
RAPPORT SUR LE JARDIN. 723
même, dès la première année de leur arrivée au Jardin, être
employés, pendant l'hiver, aux usages auxquels ils servaient
dans leur pays. C'est ainsi qu'un petit Étalon de Java et un
autre Cheval de petite taille aussi, dit race de Pégu, venu de
laCocliinchine et donné au Jardin par S. M. l'Empereur, ser-
vent à faire nos charrois, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur,
et vont souvent, deux fois par jour, aux gares des che-
mins de fer les plus éloignées, sans paraître souffrir de ce
service.
J'ai vu, plus d'une fois, le thermomètre étant à zéro, le
Tapir de la Guyane traverser la rivière du Jardin et paraître
même prendre plaisir à cet exercice. Les Canards aulumna-
lis, qui sont du môme pays, barbotent, comme en plein été,
dans les bassins de leurs parquets, et nos Agoutis sont en li-
berté dans leur parc, avec possibilité seulement de se retirer
dans leurs cabanes, lorsqu'ils le veulent. Un Coq caraïbe envoyé
de la Guadeloupe, pendant deux hivers, a couché dans les ar-
bres, exposé à toutes les intempéries; il ne s'est pas moins
bien développé et est devenu aussi beau que sous son ciel
natal.
Enfin les Casoars restent couchés dans la neige et leur
épaisse toison de plumes, qui ressemble à un toit de chaume,
est souvent couverte d'une couche de glace.
Tous CCS faits autorisent à penser que le froid modéré de
nos climats n'est pas une des conditions les plus insurmon-
tables à l'acclimatation des animaux ; la puissance d'engen-
drer la chaleur se développe sans doute en raison du besoin
qu'en éprouve l'organisme, et tous les animaux sont doués,
jusqu'à un certain point, d'une force de résistance contre les
miheux dans lesquels ils sont placés. Il ne faut établir, sous ce
rapport, aucune comparaison entre les plantes et les animaux.
Dès la première gelée blanche, on voit les plantes tropicales,
qui pendant l'été avaient poussé très-vigoureusement en pleine
terre, se flétrir, s'affaisser sur elles-mêmes, et ne présenter,
pour ainsi dire, que des cadavres noircis et inanimés. Une
seule nuit suffit pour détruire tout un parterre, on diraitqu'un
souffle de feu y a passé. C'est ce que vous avez pu voir ces
72A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION.
jours-ci sur nos corbeilles de Ricin, de Canna et de Wigandia.
Un pareil désastre ne se voit jamais chez les animaux ; il s'en
faut qu'on observe rien même d'approchant : tout au plus nos
animaux intertropicaux, aux premières atteintes du IVoid,
témoignent-ils de la tristesse et perdent-ils de leur vivacité (1).
Cette résistance aux premières atteintes du froid se con-
linue-t-elle contre une action plus prolongée, et les animaux
qui ont bravé les premiers mois de l'hiver en atteignent-ils
aussi vaillamment la fin? Y en a-t-il qui parviennent à un se-
cond ou à d'autres hivers? Il est évident que, d'après notre
expérience, nous ne pouvons répondre que pour trois ans, car
l'existence du Jardin ne remonte pas au delà. Or, il nous
serait facile de citer un grand nombre d'animaux qui sont
au Jardin depuis son ouverture, et qui ont traversé très-bien
les hivers écoulés depuis cette époque.
lia été constaté, au Muséum, que les animaux du Nord,
qui sont amenés dans les climats plus tempérés, s'en accom-
modaient moins bien que ceux du Sud, qui sont transportés
au Nord. Les Ours blancs, les Rennes et les Rouquetins ne
vivent pas longtemps en France.
Pour expliquer la résistance de certains animaux au froid,
outre l'explication physiologique de l'accoutumance qui se
démontre par la répétition des faits, si l'on examine ces ani-
(1) J'ai eu souvent roccasioa de constater que les habitants des Antilles
qui viennent en France ne se plaignent point de l'hiver durant la première
année de leur séjour, ils sont même très-légèrement vêtus. Il semble que
leurs chairs restent imprégnées du calorique dont ils avaient riiabitiulo et
en gardent comme une sorte de provision. Quelque chose de semblable a
lieu lorsque nous nous chaulions devant un grand feu, quand il fait froid,
avant de sortir à Tair nous nous chargeons de calorique. Larrey dit que
dans la campagne de lUissie, les Iialiens et les Espagnols succombèrent
moins que les Polonais et les Allemands. On lit dans le Constilutionnel du
9 décembre : « Les soldats arabes habitués à vivre dans le pays du soleil
paraissent moins sensibles aux première atteintes du froid que les Européens.
On voit, en cfl'el, spahis et turcos de service à Fintérieur des casernes, aux
écuries, aux cuisines et ailleurs, vaquer à leurs occupations dans le désha-
billé habituel qu'on leur connaît ; ils ont la poitrine et les jambes absolu-
ment nues conmie en été, et ne paraissent nullement incommodés du froid.
Leur sauté se maintient très-bien et leur mortalité a été ù peu près nulle,
RAPPORT SUR LE JARDIN. 725
maux, on ne tarde pas à découvrir le moyen auquel la nature
a recours pour les approprier au nouveau milieu dans lequel
ils sont transportés. S'agit-il d'un animal à poil, dès le pre-
mier hiver, ce poil s'allonge, et, au second, pousse plus long
encore, aiin de iournir à l'animal une toison plus chaude.
C'est ce qui est très-sensihle, en ce moment, sur une famille
de Moutons sénégalais , qui se trouve au Jardin depuis deux
ans. De ras qu'était le poil de ces animaux à leur arrivée, il
est aujourd'hui long et frisé. Cette frisure est encore plus
prononcée chez les petits, nés en France, que chez leurs
parents du Sénégal. Un changement semblahle s'observe sur
les Mouflons à manchettes, qui sont de l'intérieur de l'Afri-
que; les Manicous, qui ont, aux Antilles, un poil rare, grêle et
blanc, l'ont plus fourni, plus long et presque noir; le pelage
des Agoutis est plus foncé. Sans doute, si l'on examinait de
près et avec soin tous les mammifères, on trouverait chez tous
des changements semblables.
J'ai vainement cherché, chez les oiseaux des pays chauds,
si la pousse des plumes après la mue amenait quelque modi-
fication appréciable. Mais ce que je puis affirmer, c'est que les
Poules du Nord, celles, entre autres, de Hollande et de Breda,
ont un duvet plus fourni et plus serré.
Telles sont, messieurs, quelques-unes des observations qui
ont été faites relativement à la tolérance du froid de l'hiver
chez les animaux des pays chauds.
Si maintenant nous venons à considérer la question de l'ac-
climatation, sous le rapport de la nourriture des animaux,
nous trouvons dans les annales de la science, qu'une grande
influence a été attribuée au changement d'alimentation pour
expliquer l'insuccès de quelques tentatives d'acclimatation.
Ainsi la non-réussite du Lama en Europe, jusqu'à présent, a
été attribuée au manque de l'Icho, herbe dont les Lamas se
nourrissent sur les Cordillères. Il est constant que les animaux
sauvages réduits en captivité ont besoin de faire en quelque
sorte connaissance avec les aliments qu'on leur présente. Il
faut les leur placer sous le nez et les contraindre à y toucher
par un contact prolongé. C'est pourquoi on se trouve bien de
726 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
les tenir, pendant les premiers jours, clans des cages res-
treintes, avant de les lâcher en liberté dans des lieux plus espa-
cés. Mais ce qu'il y a de non moins certain, c'est que tous ces
animaux sauvages, en général, finissent par se faire à nos
grains : blé, avoine ou millet, ou bien à nos fourrages: foin
ou luzerne. Tous sont très-avides de pain. C'est ce dont vous
pouvez vous assurer en voyant môme ceux qui se montraient
d'abord lesplus farouches, au bout de quelques jours accourir
au-devant du morceau de pain que leur tendent les visiteurs,
et paraître même le solliciter, après qu'ils en ont une fois goûté.
J'aurai l'honneur de vous soumettre prochainement de plus
loncs détails sur l'alimentation des animaux au Jardin d'accli-
malation (1).
Mais en acclimatation, comme on l'a dit avec raison, les
individus ne prouvent rien. Ce n'est pas seulement de leur
conservation qu'il faut arguer, c'est l'espèce qu'il importe
d'acquérir; il n'y a acclimatation véritable que lorsque
l'espèce est acquise, et l'espèce n'est acquise que par les
reproductions. Voyons donc où nous en sommes au Jardin
sous le rapport des reproductions.
Tous les grands mammifères : Yaks, Zèbres, Héniiones,
Chevaux exotiques, Antilope nilgaut, Gazelle dorcas. Cerf
d'Aristote, Cerf-cochon, Cerf de Virginie, Axis, Lama, Gua-
naco, Alpaca, Kangurous, ont reproduit, non-seulement une
fois, mais la plupart même plusieurs fois. C'est à tel point
que l'on peut généraliser la proposition, et dire que tous les
grands mammifères reproduisent. Car ceux dont nous n'avons
pas eu de génération sont les individus isolés, dont, soit
le mâle, soit la femelle manquait, comme, par exemple, le
Zèbre, le Dauw, le Gnou, les Cerfs de Bornéo et du Japon, et le
Tapir.
(1) Les animaux domestiques habitués à une nourriture se refusent à
toute autre, lorsqu'ils en sont privés. C'est ce que l'on voit souvent en faisant
passer un Cheval d'une écurie à une autre. On est quelques jours à refaire
son régime. On a eu beaucoup de peine à ha]}itucr les animaux au sainfoin.
Mais parmi les difficultés de l'acclimatation, le changement de nourriture
est une des moins iiisurmontables.
RAPPORT SUR LE JARDIN. 727
Parmi les petits mammifères, les Agoutis, les Acouchis, les
Manicoiis et les Tatous ont reproduit. Une paire de Phas-
colomes wombat est restée inféconde pendant deux ans ; mais
il faut dire qu'on n'a jamais pu obtenir entre eux d'accouple-
ment: cha(iue fois qu'on les mettait ensemlile, ils se battaient
jusqu'au sang, on a été obligé de les séparer.
Quant aux oiseaux, j'aurais plus tôt fait de citer ceux qui
n'ont pas reproduit, que d'énumérer ceux dont nous n'avons
pas eu des œufs et des petits. Chez eux, comme chez les
mammifères, l'infécondité est l'exception. J'ai eu toujours
soin, dans nos bulletins mensuels, de vous tenir au courant
de la production de nos oiseaux. Il sufQra donc de vous
rappeler que les Lophophores, les Faisans de Cuvier et les
Mélanotes, les Casoars, les Cygnes noirs, les Canards de la
Caroline, ceux de la Chine et de Bahama ont donné de belles
espérances. Mais je dois avouer que nous n'avons pas été
heureux dans l'élevage des petits, et que nous avons eu le
regret de les voir succomber alors même que nous croyions
toucher au plaisir de pouvoir vous les annoncer aujourd'hui.
C'est ainsi qu'une paire de jeunes Lophophores, arrivés à six
mois, ayant passé la période réputée pour les oiseaux de cette
sorte la plus redoutable, sont morts ces jours derniers par
une sorte d'influence épidémique, qui a également emporté
la mère. Attribuant l'insuccès de nos élevages au manque
d'installations appropriées à cette partie du service, les
animaux, même pendant la saison de l'amour, étant exposés
aux troubles de toute sorte que leur occasionne la présence
du public, le Comité de direction a décidé qu'un parquet
d'élevage serait ajouté aux constructions du Jardin. Grâce à
cette amélioration, j'espère que l'an prochain, j'aurai de meil-
leurs résultats à vous annoncer.
Nous n'éprouvons aucun embarras à reconnaître qu'il y a
des lieux oii l'élevage des animaux réussit mieux qu'au Jardin
d'acclimatation. C'est ce que nous pouvons juger par le grand
nombre de Colins, de Faisans dorés et argentés, de Canards
mandarins et de la Caroline, et de beaucoup d'autres espèces
encore qui nous sont offerts et que nous pouvons nous pro-
728 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
curer par des achats. Ce grand nombre de réussites des
autres n'excile pas en nous une stérile envie, nous y voyons
des motifs d'encouragement et d'émulation, et surtout la
démonstration de la possibilité des acclimatations et le
triomphe des doctrines que nous soutenons.
Si la propagation par notre production locale a été res-
treinte, il n'en est pas de même de celle que nous avons pu
faire en répandant les produits obtenus par d'autres, et en
cela nous croyons servir autant au progrès de l'acclimatation.
Ainsi nos ventes d'animaux, qui, la première année de l'exploi-
tation du Jardin, s'élevaient à 37,9Zi5 fr.
La seconde, à 73,351
S'élèveront cette année, à 110,000
Les achats étant proportionnés aux ventes, vous pouvez
juger quelle impulsion la création du Jardin d'acclimatation a
imprimée à la propagation des espèces utiles ou d'agrément
susceptibles d'être acclimatées. Au nombre de nos acheteurs,
se trouvent plusieurs des nouveaux jardins zoologiques
ouverts en Europe, et à qui nous avons fourni leur premier
fond. Ces jardins, nouvellement établis, ne sont pas seulement
des sources d'acheteurs, c'est là leur moindre mérite, ce
sont aussi des sources de production. En variant les stations
où se font les expériences , ils mettront plus à même de
reconnaître celles qui sont les plus propices à telles ou telles
espèces, et donneront aux œuvres de l'école d'acclimatation
ce caractère d'universalité et de cosmopolitisme qui doit
amener le succès des expériences tôt ou tard dans un lieu ou
dans un autre; succès qui, partout et toujours, nous com-
blera de joie.
Nul doute aussi que le commerce des animaux, suivant la
grande loi économique de l'olTre et de la demande, ne doive
prendre chaque jour un plus grand développement; qu'on
verra, même les plus rares, transportés en plus grand nombre
du jour où leur vente sera assurée, et qu'ils tomberont à des
prix qui en rendront l'acquisition plus possible et les mettront
à la portée d'un plus grand nombre d'expérimentateurs. Ainsi
se multipliera la propagation, dernier terme de l'acclimata-
RAPPORT SUR LE JARDIN. 729
lion, à l'extension de laquelle le petit nombre des souches est
le plus grand obstacle.
Les expositions sont reconnues pour un grand moyen de
propagande, elles servent aussi à constater l'étendue des
variétés d'une même espèce. Ce sont de véritables grandes
revues de l'histoire naturelle, aussi profitables à la science
qu'à l'industrie. C'est sous ce double rapport que le Jardin
les a comprises dans son programme.
Il y en a eu trois cette année.
La première, consacrée aux volatiles de toutes sortes, a eu
le mémo succès que l'année précédente. Il vous en a été
rendu un compte particulier.
L'exposition des races canines, qui a été la seconde, a
dépassé l'attente de tout le monde. Elle a révélé dans cette
espèce une richesse qu'on ne soupçonnait pas en France.
Cette exposition a été presque un événement public, qui
restera comme une date dans les annales de l'art cynégétique.
Enfin, l'exposition d'apiculture, en ouvrant l'enceinte du
Jardina l'exhibition des produits de cette antique et char-
mante industrie, et à ses fidèles sectateurs, a montré toute la
libéralité de notre institution, et combien nous sommes dis-
posés k prêter notre concours à toute Société marchant dans
la même voie que nous, et à qui ce concours peut être utile.
C'est dans la même vue de bonne confraternité que le Jardin
admet, dans les conférences qui s'y font, l'enseignement des
préceptes de la Société protectrice des animaux, si proche
alUée de la nôtre, enseignement professé avec tant de zèle
par l'un de nos collègues, M. le docteur Pigeaux.
La question de la production d'un hybride entre le Lièvre
et le Lapin a plus d'une fois occupé l'attention des naturalistes
sans pouvoir être résolue. Elle a encore cette année donné
lieu à d'assez vives contestations. Le Jardin s'est apphqué à
réunir plusieurs des animaux présentés comme les produits de
cette hybridation, afin d'en constituer un examen public, en
même temps qu'il tente une vérification plus complète, prise
pour ainsi dire ab ovo, en tachant d'obtenir des Léporides
nés au Jardin, et dont nous puissions répondre de visu.
730 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Car nous comprenons que l'étude de certains croisements
doit entrer dans le cercle de nos expérimentations; c'est à
ce titre que j'en ai fait l'objet de quelques-unes des confé-
rences qui m'ont été confiées. Au nombre des métis et des
hybrides obtenus au Jardin, et dont j'ai donné la liste, il faut
ajouter un métis d'Alpaca et de Guanaco, né ces jours-ci, et
qui permettra d'étudier ce produit, dont l'exislence n'a pas
été notée même dans les contrées dont ses progéniteurs sont
originaires.
Enfin, en ce moment, le Jardin est un des lieux où de
savants médecins et d'habiles vétérinaires instruisent l'im-
portante question de la transmission des animaux à l'homme
du virus préservateur de la variole.
C'est ainsi que le Jardin s'efforce de justifier la devise de
son fondateur : ntilitati.
L'intérêt que le public prend à votre œuvre ne paraît
point se refroidir, si nous en jugeons par le nombre des
visiteurs, qui dépasse de phis d'un tiers celui des années pré-
cédentes. Une autre manifestation non moins efficace de
cet intérêt, ce sont les dons qui vous ont été faits. Ils n'ont
été, cette année, ni moins nombreux, ni moins importants
que l'an dernier. Il suffit de vous rappeler le Gnou, l'Antilope
blessbock, un jeune Zèbre femelle, donnés par M. Chabaud,
vice-consul de France à Port-Elisabeth ; le beau Cerf du
Japon, par Son Excellence M. le Ministre de l'agriculture et du
commerce ; une belle collection d'Agamis, de Perroquets et
d'oiseaux du Brésil, par M. de Lémont, consul de France à
Pernambuco ; deux Tragopans, magnifiques oiseaux envoyés
par M. Dabry , dont les communications dans cette enceinte
nous ont laissé de si bons souvenirs, et qui est aujourd'hui
consul en Chine. Les titres de ces donateurs vous disent
quels précieux collaborateurs vous acquérez tous les jours.
La coopération de MM. les consuls de France, dans leurs
diverses résidences, a toujours paru cala Société une des plus
souhaitables qu'elle puisse acquérir. Sans doute il faut voir
dans leur bienveillance un effet naturel de l'intérêt que vous
inspirez, peut-être aussi le désir, si cher à tout cœur bien né,
RAPPOUT SUR LE JARDIN. 7B1
fie se rappeler au souvenir de la patrie absente ; mais ne
devons-nous pas y voir aussi quelque chose de l'infatigable et
persuasive sollicitude de notre Président, qui, pour mieux
pousser au progrès de votre œuvre, en a fait pour ainsi dire
un département de son ministère, une addition aux affaires
de la France !
La Magnanerie, comme les années précédentes, a servi à
des éducations de toutes les espèces de Vers à soie. Elle en a
réparti de la graine, autant qu'elle a pu, à tous ceux d'entre
vous qui en ont fait la demande. Elle a centralisé l'éducation
du Ver Ya-ma-maï, afin d'en mieux assurer le succès. Je laisse
à M. Pinçon, qui a été spécialement chargé de cette partie
du service, de vous en faire connaître les résultats.
L'Aquarium n'a rien perdu de son succès de curiosité, c'est
toujours la même aflluence et la même admiration devant ses
bacs. L'Aquarium paraît exercer le même charme que la mer
dont il est la représentation; on ne s'en lasse jamais. Cet
ingénieux appareil a mis à la portée de tout le monde un
genre d'observation dont quelques savants seuls connaissaient
les merveilles. On y apprend d'un coup d'œil des choses
dont les livres et même la peinture ne donnaient qu'une bien
faible idée. Qui pourrait dire ce que plus d'un d'entre vous a
pu y voir déjà? Cet enseignement n'est certes pas un résultat
à dédaigner. Mais peut-être y en a-t-il qui préféreraient
entendre qu'il est sorti de l'Aquarium quelque application
pratique qui puisse tourner au profit de la pisciculture. Eh
bien, je ne crains point de dire que pour beaucoup de Pois-
sons et d'animaux marins, un jour de leur vie prolongée dans
l'Aquarium est une conquête sur la nature, un pas vers la
solution du problème de leur conservation, premier résultat
à atteindre. Je ne regarde pas comme peine perdue d'avoir
. fait voir vivants à Paris, des Hippocampes, des Squales, des
Méduses et la plupart des animaux marins de noscôteset delà
Méditerranée, avant-coureurs peut-être de l'Océan lui-même.
Ce succès nous fait espérer que nous pourrons vous montrer
bientôt les hôtes des mers les plus lointaines.
Je voudrais vous dire aussi quelques mots de nos expéri-
732 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
mcntations horticoles, mais M. le jardinier en chef va mettre
sous vos yeux, et à votre disposition, quelques-unes de nos
récoltes qui, mieux que toutes les paroles, vous feront con-
naître ce qui a été effectué dans cette partie de l'exploitation
du Jardin. Vous verrez que toutes les cultures commencées les
années précédentes ont été continuées avec persévérance.
M. Ouihou vous dira ce que chaque culture lui a offert de
particulier. Cinquante donateurs nous ont envoyé en arhres,
arhustes, tuhercules ou graines, plus de mille espèces de
végétaux, souvent sans aucun renseignement; il a fallu les
faire revivre par la culture pour en connaître la valeur, et
souvent il est arrivé, après bien des soins, de reconnaître que
ces plantes étaient déjà des plantes connues, introduites et
cultivées, qui attestaient plus de bonne volonté que de savoir
botanique. De pareilles déceptions ne sauraient nous décou-
rager, nous reconnaissons que cette nécessité de déchiffrer
les graines et les plantes est inhérente à un établissement de
la nature du nôtre qui doit recevoir de toutes mains. Nous
sommes de ceux qui pensent que de mille expériences, dùt-il
n'en sortir qu'une seule d'utile, nous devons nous tenir pour
suffisamment récompensés.
Tel est, messieurs, le tableau de l'exercice pratique de
l'acclimatation au Jardin du bois do Boulogne, pendant
l'année 1863. Si ce ne sont pas des fruits , ni même des
fleurs que nous avons à vous présenter, c'est certainement
un bourgeonnement qui montre que l'arbre que vous avez
planté a pris racine, qu'il est vivace, et ne demande que le
temps et les soins nécessaires à son développement.
DES MOYENS A EMPLOYER
POUR
L'AMÉLIORATION DES LAINES EN ALGÉRIE
LETTRE ADRESSÉE
AH. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D' ACCLIMATATION
Par m. CORDIER.
(Séance du 2 octobre 1863.)
Monsieur le Président,
Après avoir pris connaissance des excellents rapports qui
ont été faits par M. Bernis à la Société d'acclimatation (tome II,
page 597 et suivantes ; tome III, page 63), sur l'espèce ovine
de notre belle colonie d'Afrique, je crois devoir vous faire
part de mes impressions personnelles, pour faciliter promp-
tement et siàrement l'amélioration des laines de l'Algérie.
Le moyen le plus simple, et qui devra toujours être employé
est l'amélioration du troupeau par lui-même, en choisissant
les meilleures Brebis pour les meilleurs Béliers, et en châ-
trant les Béliers qui sont de mauvaise qualité.
Ce premier moyen, mis à exécution, on pourra avec avan-
tage employer, pour la lutte, des Béliers d'une qualité supé-
rieure pour améliorer la laine ; mais, pour obtenir des résul-
tats satisfaisants, il faudra tenir compte du climat, des pâtu-
rages et des habitudes des indigènes.
En Algérie, comme en Espagne, les troupeaux sont trans-
humants. Nos Béliers de France bien nourris à la bergerie,
parfaitement abrités contre les intempéries, ne résisteraient
pas à de longues marches, à une nourriture médiocre.
Je crois donc que les premiers Béliers améliorateurs, sur-
tout pour les troupeaux appartenant aux indigènes, devront
être tirés de l'Espagne.
73& SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Les laines mérinos d'Espagne sont convenables pour la
carde et le peigne ; leur seul défaut est la nuiltiplicilé des
marques à la poix, qui nuisent au dégraissage et à. la fabrica-
tion, ce que l'on peut éviter.
Au moment où j'écris ces lignes, j'ai sous les yeux trois Bé-
liers et dix-sept Brebis achetés en Espagne par M. Donavant,
du cap de Bonne-Espérance, membre de votre Société d'ac-
climatation. La laine est line, bien tassée; les animaux sont
gais, alertes, bien conformés pour marcher.
Nous connaissons l'améHoration des laines françaises, par
suite du croisement avec les mérinos d'Espagne.
M. Bernis constate (février 1856, tome III, page 6Zi) que
l'origine des célèbres laines australiennes qui se vendent
dans un marché spécial, tenu à Londres deux fois l'an, et que
fréquentent les plus grands fabricants du monde entier, est
due à trente bêtes mérinos espagnoles, choisies parmi les
plus beaux troupeaux d'Espagne, qu'en 1799, des baleiniers
anglais pochant dans les mers du Sud capturèrent sur un
navire espagnol qui les transportait au Pérou.
D'après ce qui a eu lieu en Australie et en France pour l'a-
mélioration des laines par le croisement des mérinos d'Espa-
gne, je crois que l'on peut espérer avec raison un résultat
satisfaisant, avantageux pour la France et l'Algérie, de leur
introduction dans notre colonie.
Le premier moyen à employer sera l'améHoration des trou-
peaux indigènes par eux-mêmes.
Le second, l'introduction de Béliers mérinos d'Espagne.
Pour propager à peu de frais les Béliers améliorateurs, il
serait convenable de créer une bergerie impériale dont les
Béliers et les Brebis seraient tirés des meilleurs troupeaux de
l'Espagne.
Le croît de ce troupeau permettra au gouvernement de four-
nir annuellement aux propriétaires, des Béliers de pure race,
qui suffiront pour produire en peu de temps de bons Béliers
croisés.
Après un premier croisement, la laine sera améliorée, et
j'ose dire qu'après cinq années de soins pour propager les
AMÉLIORATION DES LAINES EN ALGÉRIE. 735
bonnes laines et supprimer les mauvaises, les laines d'Algérie
pourront être employées dans nos fabriques à des prix rému-
nérateurs.
Vous comprendrez que l'amélioration des laines de l'Algérie
aura pour effet d'augmenter le bien-être de ses habitants, de
permettre à nos fabricants d'exporter le produit de leur
industrie, et de fournir à la France des draps et autres étoffes
de bonne qualité à des prix en rapport avec les ressources de
la majorité de la population.
Ce faisant, on appliquera l'idée de Napoléon P% qui a dit :
« L'Espagne a vingt-cinq millions de mérinos, j'en aurai
cent millions » , parce qu'il reconnaissait que cette race était,
pour la France, plus avantageuse qu'une mine d'or.
J'insiste, sur le premier moyen, parce qu'il est capital :
Examen de la laine de tous les troupeaux de l'Algérie.
Classement des reproducteurs, castration des mauvais.
Les classements que j'ai faits en Brie ont démontré jusqu'à
la dernière évidence , qu'en cinq années un troupeau était
transformé sans frais. Essayez et vous réussirez.
S'il vous reste des doutes, veuillez me les communiquer,
j'essayerai de les détruire.
Agréez, etc.
CORDIER.
SUR LES GRUES,
Par m. le D' SACC ,
Délégué de la Société impériale d'acclimatation à Barcelone.
(Séance du 30 octobre 1863.)
Des cinq espèces de ces beaux oiseaux, l'une, la plus
grande, habite la Nouvelle-Hollande, l'autre le Sénégal, la
troisième toute l'Afrique ; tandis que la quatrième se trouve
dans tout l'ancien monde, excepté en Mandchourie, où elle
est remplacée par l'espèce qui porte le nom de ce pays, et
dont on doit la connaissance à M. de Montigny.
La Grue de la Nouvelle-Hollande ressemble à la Grue grise
ou commune ; elle est plus grande et a les couvertures des
ailes moins allongées ; son port est infiniment plus lourd et
moins gracieux.
La Grue du Sénégal, plus connue sousle nom d'Oiseau royal,
est la plus brillante du groupe. Elle est noire et porte sur la
tête un large bouquet de soies roides et jaunes ; ses joues
sont unies et teintes en blanc et en rose. Soir et matin, ces
beaux oiseaux poussent des cris éclatants qui ont quelque
analogie avec le son de la trompette. Cette espèce, commune
dans les ménageries, est, comme toutes les autres, extrême-
ment douce ; aussi est-il difficile de comprendre qu'elle n'ait
pas passé dans les parcs et les basses-cours dont elle ferait un
des plus beaux ornements. Sa taille est moyenne ; ses habi-
tudes sont plus aquatiques que celles de ses congénères.
La Grue d'Afrique, ou Demoiselle de Numidie, est l'espèce
la plus petite et la plus élégante. Elle est d'un beau gris cendré,
avec deux touffes de plumes blanches et effilées derrière la
tête ; tous ses mouvements sont de la plus remarquable élé-
gance. Quoiqu'elle existe en troupes très-nombreuses, à ce
qu'il paraît, autour des lacs d'Afrique, elle est assez rare. Plu-
sieurs fois on l'a vue se reproduire en captivité, et il est pro-
bable qu'il en serait de même aussi des autres espèces , si onles
SUR LES GRUES. 737
tenait par paires ; ce qui est difficile, à cause du peu de diffé-
rence qu'il y a entre les sexes. La ponte n'est que de deux
œufs très-gros, que les parents couvent avec la plus grande
assiduité, par terre, dans les hautes herbes qui entourent les
marais.
La Grue grise ou commune est de la taille de la Cigogne,
mais beaucoup mieux proportionnée; aussi sa démarche est-
elle ferme et majestueuse : peu d'oiseaux ont un aussi beau
port et un ensemble de formes plus parfait. Le plumage, d'un
beau gris brun clair, s'allonge beaucoup sous les couvertures
des ailes, dont les plumes càbarbules lâches et allongées tom-
bent avec grâce comme celles de l'Autruche ; tandis que les
plumes de la queue, recourbées en faucille, mais molles et
flottantes, sont noires avec des reflets vert doré. Le dessus de
la tête est nu, uni et couvert de papilles du plus beau rouge
viL La femelle ressemble en tout au mule; elle est cependant
un peu plus petite et toutes ses couleurs sont un peu moins
vives; du reste, les différences sont tellement faibles, qu'il
faut avoir les deux sexes ci la fois sous les yeux pour pouvoir
les saisir.
Ces oiseaux nous arrivent d'Afrique au printemps et y
retournent au mois d'octobre; ils voyagent en grandes troupes,
volent très-haut, et se tiennent par paires dans les grandes
plaines herbeuses et peu habitées de l'Europe orientale, de la
Russie méridionale, et de laVénétie. Cefles que j'ai possédées
venaient de Porto-Gruario, et m'avaient été données par mon
savant ami M. Althammer, bien connu de la Société par ses
belles éducations de la grande Outarde.
Les Grues sont faciles à nourrir et mangent fort peu ; on
les nourrit de pommes de terre cuites et de gros son délayé
avec un peu d'eau ; elles n'aiment pas les aliments durs et secs ;
le pain trempé leur convient, de même aussi que les légumes
verts et la viande. Il leur faut beaucoup d'eau, elles boivent
sans cesse et aiment à se baigner; il leur faut pour cela de
grands bassins dans lesquels elles ont l'habitude de se sub-
merger totalement.
Leur bec, taillé en glaive, est une arme terrible dont elles
T. X. — Décembre 1863. 47
738 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
ne se servent lieureusemcnl que pour donner la chasse aux
grenouilles, aux insectes et aux souris qu'elles vont chercher
jusque dans leurs galeries, en arrachant lestement les touffes
de gazon qui les couvrent. L'adresse avec laquelle elles s'en
servent tient du prodige , car elles saisissent des fihrilles
minces comme des cheveux aussi aisément qu'une pomme, et
attrapent les mouches au vol. Il y a plus, car un de leurs jeux
favoris consiste à jeter en l'air un morceau de hois ou une
plume, et à le saisir au moment où II retomhe, et jamais je ne
les ai vues le laisser toinher à terre.
Peu d'oiseaux sont aussi attachants par leur affection pour
l'homme, leur inteUigence, leur grâce, leur douceur et leur
continuelle gaieté; aussi ne puis-je comprendre pourquoi ce
hel oiseau ne se trouve pas dans tous les parcs qu'il ornerait,
tout en les déharrassant des souris, grenouilles, limaces et
insectes, qu'en admettant qu'on ne le trouve pas chez les oise-
liers, ce qui est réehement le cas. .
Ces oiseaux connaissent si hien leur maître, qu'ils le suivent
dans la campagne etl'accompagnent jusque dans les maisons;
ils font des caresses, aiment à en recevoir, et amusent par la
sin"uUère habitude qu'ils ont de danser et cabrioler en ou-
vrantles ailes et courant les uns au-devant des autres comme
pour se provoquer au jeu. Dans les basses-cours, ils sont bien
avec toutes les volailles, qu'ils ne tyrannisent que pour les
empêcher de sehattre; mais ils sont alors impitoyables, et ne
cessent de frapper les combattants que lorsqu'ils se séparent,
ce qui arrive promplement.
La Grue grise est plutôt un auxihaire utile à l'homme qu'un
oiseau de produit ; sa chair est cependant honne, à ce qu'on
assure, et ses plumes font de très-johes coillures. Elle n'a qu'un
seul inconvénient, c'est sa voix aigre et puissante, au point
qu'il est impossible de la garder dans le voisinage des habita-
tions; muette pendant presque toute l'année, elle la fait en-
tendre d'une façon continue au temps des amours, c'est-à-dire
d'avril en mai, de quatre à six heures du matin, et quelquefois
aussi, mais plus rarement, le soir.
" NOUVELLE TENTATIVE ■ " '" "■'■:
D'INTRODUCTION DU GOURAMI DE L ILE MÀLTIICE
:-:;-■ . : EN FRANCE, - • ■
ENTREPRISE PAR M. LIÉNARD. • .
Par M. BARTUÉLEMY-LAPOAOIERATE.
(Séance du 11 décembre 1863.)
; Monsieur le Président,
Je ne puis me dispenser de porter immédiatement à votre
connaissance h nouvelle tentative de nos très-honorables col-
lègues MM. Liénard, pour l'introduction des Gouramis.
. Le succès n'a pas été loin de se réaliser, puisqu'aux atter-
rag-es de Marseille, cinq exemplaires de cet élégant poisson
étaient en pleine activité d'existence.
Malheureusement, une saute de vent venait d'avoir lieu ;
les vents d'est et de sud-ouest ont cédé au nord-est, assez
froid, puis au nord- ouest, toujours impétueux et crispant.
C'est sous leur influence que quatre Gouramis, sur cinq,
ont succombé. Le dernier, qui a résisté, n'était pourtant pas
le plus fort.
M. Liénard m'en a fait la remise, et j'ai le plaisir de le voir
manoeuvrer sous toutes voiles dans un bocal de verre rempli
du liquide salubre que nous envoie la Durance.
Le miheu nouveau dans lequel le Gourami devait être plongé
a été préalablement rendu tiède, sous l'influence de notre so-
leil radieux. Cette précaution a produit un bon eft'et. A peine
placé dans cette eau, il s'est mis à barboter dans la vase qu'elle
dépose. Il mange des vers de terre, ainsi que des mouches
qu'il vient happer à la surface de l'eau. J'espère le faire vivre
dans ces conditions, d'exposition au soleil pendant le jour,
et pour la nuit dans une caisse de bois épais avec un entou-
rage de matières chaudes.
Chez nous, comme dans tous les pays chauds, la difl"érence
des températures diurnes et nocturnes est très-sensible. Celle
que le Gourami aura à subir n'aura donc rien d'anormal.
7/|0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Si le trimestre d'hiver devait être rigoureux, je ferais pas-
ser cet hôte intéressant dans une serre tempérée.
Lorsqu'il s'agira sérieusement de nous assimiler ce beau
poisson de l'île Maurice, il faudra de toute nécessité pro-
céder par étapes régulières et de proche en proche, après
bien du temps, jusqu'à notre région provençale. En dehors
de cette marche normale, tout sera livré au hasard.
Dans le cas où d'intelligents importateurs tenterontla chance
plus que douteuse de prime- saut, ils devront choisir les épo-
ques. Il est incontestable que les saisons pendant lesquelles
les mers sont plus tran(|uilles, les jours plus longs et plus
chauds, les nuits lièdes, sont, de tous points, préférables.
Si le voyage doit s'effectuer à d'autres époques, les ani-
maux transportés recevront un temps d'arrêt indispensable
au Caire. Plus tard, ils seront dirigés sur Alexandrie, pour
recevoir en temps opportun l'hospitalité maltaise, et pour
suivre l'itinéraire des steamers méditerranéens sans dévia-
tion, arriver enfin en Corse, en Algérie et à Marseille.
M. Liénard, dans la traversée qu'il vient d'accomplir de
nie de France à Marseille, s'est donné bien du mal à la pour-
suite du but honorable que sa famille tout entière s'est pro-
posé depuis longtemps. Toutefois , malgré l'issue fâcheuse
réservée jusqu'ici à ses constants efforts, sa volonté ferme ne
se trouvera point ébranlée.
Il a eu la précaution bien inspirée de laisser en dépôt à
M. Coulon, propriétaire au Caire, cinq Gouramis qui jouiront
de l'influence salutaire du climat égyptien, et nous pourrons
de temps à autre recevoir des nouvelles de leur santé et des
progrès obtenus dans leur développement. Je m'occuperai
prochainement de la question très-importante des appareils
de translation des Gouramis et autres poissons étrangers.
Jai l'honneur d'être, etc.
Bartuélemy-Lapommeraye.
NOTICE SUR UNE MODIFICATION
A APPORTER
AUX ÉDUCATIONS DU BOMBYX CYNTHIA
Par n. le docteur A. CHAVAl^XES.
(Séance du 11 décembre 1863.)
On se plaint généralement que les guêpes sont les ennemis
les plusredoutal)les des éducations libres du Cynthia. D'autre
part, lorsque la première génération, celle du printemps, est
laissée à elle-même, les œufséclosent seulement en juin. Dés
lors la seconde génération ne peut être menée à bonne fin,
car dans les régions tempérées, les feuilles de l'Ailante se déta-
chent souvent dès la fin d'octobre, longtemps avant que les
petites chenilles, qui se développent très-lentement, soient
prêtes à coconner.
Le meilleur remède à ces deux inconvénients, c'est do
forcer les cocons qui passent l'hiver. Au lieu donc de les laisser
à la cave ou dans un lieu frais jusqu'en avril, il faut dès le
mois de janvier les transporter dans une chambre chauffée et
les placer sur de la mousse légèrement humide. Si les papil-
lons ne se montrent pas encore au commencement d'avril, on
placera les cocons dans une serre chaude; dix à quinze jours
en serre achèveront de les développer. Les œufs restant dix-
huit à vingt jours avant d'éclore, les premières petites che-
nilles paraîtront vers le 10 mai avec les premiers bourgeons
d'Ailante. Ainsi on aura une génération principale au premier
printemps; à cette époque, les guêpes sont peu nombreuses,
elles ne recherchent guère les chenilles. C'est donc un ennemi
de moins. Si l'on tient les cocons de cette première généra-
tion à une chaleur de '25 à 30 degrés, ainsi que les œufs qui
en proviendront, la seconde génération arrivera en août ; elle
peut alors s'élever en automne, et à supposer que les guêpes
7Zi2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
la ravagent, il restera toujours assez de cocons pour l'hiver.
Rien d'ailleurs de plus facile que de protéger, au moyen de
manchons de gaze ou de toile métallique, une petite partie
de ces chenilles.
Il existe aussi un moyen de diminuer les guêpes d'une
contrée, c'est de faire avec un filet à papillons une chasse ac-
tive aux grosses guêpes que l'on rencontre au premier prin-
temps, surtout sur les fleurs de framboises, de ronces, etc.,
ou sur les vieux bois, dont elles rongent la surface. Ces guêpes
sont autant de femelles ou de reines, chacune occupée à fonder
une nouvelle colonie, car les mâles et les ouvrières ont péri
pendant l'hiver. On est donc assuré qu'en détruisant, à cette
époque, une seule femelle, on détruit ou l'on empêche la
formation d'un nid tout entier.
Si l'on n'avait pas encore de feuilles d'Allante en pleine terre
vers le 10 de mai, on y suppléerait par quelques pieds d'Al-
lante tenus en vases et légèrement forcés, ou par des bourgeons
de Prunus padiis, de Cytise ou de Saule, ou bien par des feuilles
de Pimprenelle [Poterium samptisorba et italien), de Patte-
d'ours [Hcraclcum sphondijHwn) : toutes ces plantes peuvent
plus ou moins remplacer l'Allante.
SUR LA CANNE A SUCRE,
Par M. Alfred MAIRES.
(Séance du 11 décembre 1863.)
On no connaît que trop la terrible maladie qui frappe la
Canne à sucre dans notre colonie de la Réunion, dont elle com-
promet Tunique industrie. Quecette maladie n'ait d'autre cause
que la sécheresse, ou qu'elle ait une autre origine, il n'est pas
moins évident pour tous, aujourd'hui, que toutes les variétés
de Cannes cultivées dans l'île ne souffrent pas également de
la maladie, et, sur l'avis de plusieurs membres de la Société
coloniale d'acclimatation, notre comité recommande à tousles
habitants de ne planter, autant que possible, que la Canne
giùngan, qui semble jouir d'une immunité complète, et qui
prospère seule au milieu de nos champs dévastés.
Espérons que la Canne guingan ne sera pas à son tour at-
teinte par la maladie; mais néanmoins il faut tout prévoir, et
d'ailleurs le terrible fléau que nous subissons fait comprendre
que l'acclimatation de nouvelles variétés de Cannes ne doit pas
être négligée.
Une fois déjà, une maladie d'un autre genre sévissant sur
la Canne blanche, l'industrie sucrière fut sauvée par l'acclima-
tation de la Canne rouge; cette fois donc, il est bon de ne pas
s'en tenir à la Canne guingan, quoiqu'elle résiste jusqu'à ce
jour à la maladie, ce que quelques-uns contestent cependant.
Les habitants le comprennent tous si bien, qu'un navire
affrété par quelques-uns d'entre eux a déjà introduit une car-
gaison entière de Cannes de Batavia, et qu'un autre recueille
en ce moment des têtes de Cannes à Mayotte et à Nossibé.
Notre Société ne peut rester étrangère à ces recherches de
Cannes nouvelles, et je viens réclamer le concours de la Société
impériale et de ses délégués dans les divers pays où se cultive
la Canne. Je prie le Conseil de notre Société de faire appel au
zèle de tous ses membres pour faire parvenir, dans le plus bref
délai possible, au comité de la Réunion, des renseignements
7lill SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
sur les variétés de Cannes connues dans les pays qu'ils habi-
tent et des échantillons de ces Cannes.
Je ne doute pas qu'à la réception des notes et des échan-
tillons, des navires ne soient expédiés pour chercher des plants
de Cannes qui paraîtront les plus avantageux.
Le Brésil me semble le plus important pour les recherches
à faire. J'ai vu, dans un des derniers bulletins, que le Brésil
possède une Canne très-grosse et très-longue, la Canne im-
périale ; quelques échantillons de celte Canne, et des rensei-
gnements sur les facilités qu'on aurait à se procurer des plants,
sur l'époque de la coupe, etc., etc., nous seraient indispen-
sables pour diriger une opération.
Je crois que vous ne trouverez pas ma demande indiscrète
et que je puis compter sur le dévouement de tous les mem-
bres de notre Société, quand il s'agit de lutter contre un fléau
qui a déjà porté atteinte à la prospérité de la colonie et com-
promis sérieusement les positions les plus brillantes.
Dans l'espoir que quelques Cannes impériales seront
expédiées immédiatement du Brésil, à la demande de la
Société , j'écris à MM. Simon et Boilard, de Nantes, à ce
sujet, les priant de payer les frais faits du Brésil à Nantes, et
de me diriger les plants par le plus prochain navire en départ
pour la Piéunion. Je crois qu'il ne serait pas possible de nous
faire parvenir ces plants plus directement, nos seules rela-
tions avec l'Amérique étant avec Buenos-Ayres.
Je crois qu'il faut absolument, vu le temps qu'il n'est pas
possible d'abréger pour le séjour de ces plants à bord, les
planter dans une serre, et que c'est le seul moyen de les faire
parvenir en bon état jusqu'à la Réunion.
Il serait bon qu'on expédiât aussi une caisse à vin (de 12 bou-
teilles) remplie de tètes de Cannes à l'adresse de M. Hébert,
agent général de la Société d'acclimatation, à Paris, qui aurait
l'obligeance de me l'expédier par la voie de Suez.
Il ne faudrait pas que la caisse par Suez fût de plus grande
dimension, vu les frais élevés par cette voie.
NOTICE
SUR
L'ARBRE A VERMS DE LA CHINE ET DU JAPON
{Rhus verni x),
ET SUR SON EXPLOITATION,
Par M. G. Eugène SIMOIV.
(Séance du 17 avril 18G3.)
Le vernis, qui est encore en France un article de luxe et
qui ne s'applique que sur les meubles à l'usage des classes
aisées de la société, est au contraire devenu en Chine et au
Japon un article de première nécessité et d'emploi vulgaire
pour toute la population. Il n'est pas de ménage, si pauvre
qu'il soit, qui n'ait ses meubles vernis, et qui ne doive à ce
beau produit un air de propreté et une apparence de bien-
être que l'intérieur des maisons de la plupart des habitants
de nos campagnes laisse bien à désirer.
Cela vient d'abord de ce qu'en ce pays, les habitants, qui
pourraient donner à l'Europe plus d'une leçon d'économie
domestique, ne laissent rien perdre de ce qui peut être ajouté
à la richesse commune, et, par ainsi, savent réahser cet état
que (( recherche l'économie politique, oii la richesse collective
est distribuée le plus également possible entre tous les mem-
bres de la communauté » , et où (( le plus grand hien-ètre
possible devient le partage du plus grand nombre dliommes
possible. » (M. de Maistre.)
Cela vient aussi de ce que le vernis direct extrait de l'Arbre
à vernis est un produit si beau, qu'en le mélangeant, comme
on le fait ici, avec plusieurs sortes d'huiles, on en fabrique
des qualités qui sont encore bien supérieures à nos vernis
alcoohques et que leur prix met à la portée de tout le monde.
Ah ! qu'un peu d'humilité nous siérait bien mieux que nos
orgueilleuses déclamations à propos de nos palais, de nos
7!\Q SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATâTION.
rues, de nos vaisseaux, de nos théâtres et de nos chemins de
fer. Ils existent, conservons-les, agrandissons-les même, mais
quand les barbares, puisque l'on veut ahsolument qu'ils soient
barbares, nous enseignent les moyens de rentrer dans les
dépenses que coûtent ces superbes travaux, que nulle fausse
honte ne nous empêche de suivre leur exemple. Faisons du
papier avec l'Arbre à papier, de la cire avec l'Arbre à cire, du
suif avec l'Arbre à suif, du vernis avec l'Arbre à vernis; fai-
sons-les produire par les milliers d'hectares qui couvrent nos
montagnes arides et qui ne peuvent produire que cela, et un
jour prochain le rameau résineux du paysan des landes sera
remplacé par un éclairage plus élégant , la table de sapin
malpropre et huileuse de nos campagnards sera recouverte
d'un vernis brillant, l'impôt sera moins lourd et la prospérité
plus grande.
Mais pour en revenir au vernis, ce n'est pas seulement par
les usages auxquels il est immédiatement propre, qu'il con-
court au bien-être des populations.' Il est aussi devenu le point
de départ d'une industrie de luxe qui nourrit, en Chine
comme au Japon, un nombre considérable de familles, et qui
fournit à rexportation pour l'Europe une valeur de plusieurs
millions. •
C'est, en effet, avec le vernis de l'Arbre à vernis, aussi bien
qu'avec le Coccus lacca, que l'on fait la plupart des beaux
ouvrages laqués de Chine ou du Japon. Mélangé avec le ver-
millon ou avec d'autres couleurs minérales, on obtient les
laques de Pékin; allié avec d'autres substances, il produit
certaines laques légères de Canton, de Fou-tchéou et du Japon.
Mon intention n'est pas aujourd'hui de m'occuper de la
fabrication des laques, sur laquelle je ne suis d'ailleurs que
très-imparfaitement renseigné. Je voudrais seulement, en
appelant l'intérêt sur l'Arbre à vernis, par la simple descrip-
tion de sa culture et de son exploitation, telles que je les ai
vu pratiquer, déterminer les propriétaires à en faire des
plantations qui leur seront aussi profitables qu'aux fabricants,
qui ne tarderont pas à préférer le vernis du Rhus vernix aux
vernis actuellement employés en France.
ARBRE A VERNIS DE LA CHINE ET DU JAPON. 747
Le Rhus rernix est assez connu et répandu clans les jardins
et les pépinières de France, pour queje n'aie ])esoin de dire que
c'est le moins difficile de tous les végétaux (1). On sait qu'il
vient également bien au nord et au sud, et que tous les ter-
rains lui sont bons ; seulement je dois dire qu'au point de vue
particulier de son exploitation comme Arbre à vernis, le
vernis qu'on obtient est d'autant meilleur que le climat est
sec et le terrain pierreux et un peu frais.
Comme l'Arbre à vernis drageonne beaucoup et dans tous
les sens, il est inutile de suivre en le plantant une disposition
quelconque , puisqu'elle serait dérangée à la troisième ou
quatrième année ; mais on doit faire en sorte que les pieds ne
soient pas tellement pressés que l'on ne puisse facilement
circuler au milieu d'eux, et l'on doit, pour cela, enlever les
pieds adventices qui gêneraient la liberté des mouvements.
L'espace déterminé par cette seule nécessité suffit à la crois-
sance de l'arbre, dont la bauteur ne dépasse guère vingt-cinq
pieds.
L'exploitation commence à la sixième ou septième année,
ou, plus exactement, quand l'arbre, à un mètre du sol, a atteint
un diamètre de 3 à Zi centimètres. Elle ne doit se faire que de
la fin du mois de juiij^ jusqu'au mois de septembre exclusi-
vement; le vernis qu'on recueillerait plus tôt, c'est-à-dire dès
la reprise de la végétation, serait aqueux, et par conséquent
de qualité inférieure.
Au matin et quand la rosée a disparu (2), l'opérateur, armé
d'une serpette, fait autour du corps de l'arbre plusieurs plaies
formées de deux incisions qui se rencontrent en s'arrêtant
net au bois. Les deux premières sont à 15 ou 20 centimètres
de l'arbre et opposées l'une à l'autre ; les deux suivantes sont
à 15 ou 20 centimètres des premières et toujours opposées.
On peut en faire ainsi à cinq ou six hauteurs, ce qui fait un
total de dix ou douze plaies. Si le diamètre de l'arbre est plus
>
(1) J'en ai envoy(i une collection au ministère en 1861.
(2) D'après le P. du IJakle, cette opération doit se faire le soir, et je crois
qu'en effet cela vaudrait mieux ; mais ne décrivant que ce que j'ai vu, je ne
crois pas devoir y rien changer.
7/i8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMÂTATION.
fort que celui que j'ai indiqué, ce qui arrive à la dixième ou
douzième année, on fait trois plaies au lieu de deux et même
quatre. Lorsqu'il est très-vigoureux, ou bien lorsqu'il est
devenu, par la suite des ans, impossible de faire aux mêmes
places de nouvelles plaies, on remonte le long du corps de
l'arbre et l'on entame les brancbes les plus fortes.
Il est extrêmement important que l'opérateur, en ouvrant
ces plaies, prenne garde :
1" Qu'elles ne doivent pas avoir ^^lus de 6 à 7 centimètres
de longueur;
2" Qu'elles doivent être un peu obliques ;
3° Qu'elles doivent être faites de façon que l'incision infé-
rieure soit dirigée un peu de haut en bas, c'est-à-dire que la
lèvre inférieure soit saillante et empêche la liqueur de l'arbre
de s'extravaser de tous côtés, et que l'incision supérieure
vienne rejoindre la première en formant avec elle un petit
canal.
Il est indispensable aussi que l'opérateur soit suivi d'un
homme, muni de coquilles d'huître , qui en insère une dès
qu'une place est faite, à son extrémité inférieure, pour rece-
voir le liquide.
On retire les coquilles tous les jours et on les replace après
les avoir vidées et raclées au moyen d'une petite spatule de
bois ou de fer ; cependant, avant de les replacer, il est néces-
saire de rafraîchir et aviver les deux lèvres de la plaie, qui,
d'un centimètre de largeur qu'elle avait le premier jour,
arrive à la fin de la saison à être béante de plus de 8 centi-
mètres. Le mois de septembre et le commencement de celui
d'octobre, pendant lesquels la végétation de l'Arbre à vernis
dure encore, suffisent ordinairement à fermer ces plaies.
On distingue plusieurs qualités de vernis, d'après l'époque
et la saison où il est récolté ou le terrain qui le produit (1).
Celui du commencement du printemps est de troisième
qualité ; celui de la fin de la saison (août, septembre) est de
(1) J'en ai expédié rannée dernière des graines et des plants vivants au
ministère.
ARDRE A VERNIS DE LA CHINE ET DU JAPON. 7/i9
deuxième; celui dp l'été (tout le mois de juin et une bonne
moitié du mois d'août) est réputé de première qualité. Le
vernis récolté dans un terrain bas et humide est, ainsique
je l'ai déjà dit, moins bon que le vernis d'un sol pierreux et
légèrement irais.
On en trouve dans le commerce des qualités mélangées avec
difîérentes huiles. On les vend à très-bas prix ; celles-là sont
tout à lait impropres à la fabrication des laques.
^ Le P. du Ilalde dit qu'on s'estime heureux quand mille pieds
d'arbres ont produit, dans une nuit, vingt livres de vernis ce
qui lerait environ 10 grammes pour chacun. Ce chiffre est un
peu au-dessous de la réalité. Par arbre et par nuit on peut
récolter de 12 à 18 grammes de vernis. Et l'on admet que
chaque arbre, du mois de juin au mois de septembre, produit
de 1 kilogramme à l'^i',2^<^ de vernis.
Le kilogramme de vernis pur coûte, dans les lieux de pro-
duction, de 3 Ir. 50 à 5 francs.
Le vernis a des propriétés toxiques dont il est nécessaire
de se garantir au moyen de quelques précautions fort bien
indiquées par le P. du Halde, que je copie maintenant lex-
tuehement.
« Ainsi, le propriétaire est obligé d'avoir chez lui un grand
> vase d'huile de rabette où l'on a fait bouillir certaine quan-
» tité de ces filaments charnus, qui se trouvent entremêlés
» dans la graisse des cochons, et qui ne se fondent point
D quand on lait fondre le saindoux. La proportion est d'une
» once sur une livre d'huile.
3) Quand les ouvriers vont placer les coquilles aux arbres
» ils portent avec eux un peu de cette huile, dont ils se frot-
)) lent le visage et les mains. Le matin, lorsqu'après avoir
» recueilh le vernis, ils reviennent chez le propriétaire, ils se
» frottent encore plus exactement de cette huile.
» Après le repas, ils se lavent tout le corps avec de l'eau
» chaude, que le propriétaire doit tenir prête, dans laquelle
» on a fait bouillir certaine quantité des drogues suivantes-
D savoir : de l'écorce extérieure et hérissée des chûtaiones'
D de l'écorce de bois de sapin, du salpêtre cristallisé, et d'une
750 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
» herbe qu'on mange à la Chine et aux Indes, qui est une
D espèce de bette, laquelle a du rapport avec le tricolor:
» toutes ces drogues passent pour être froides.
» Chaque ouvrier emplit de cette eau un petit bassin et s'en
D lave en particuher. Mais au lieu que les bassins ordinaires
» où les Chinois mettent de l'eau pour se laver le visage tous
T> les matins, sont assez communément de cuivre, les ouvriers
T> qui travaillent au vernis rejettent ce métal, et ne se ser-
» vent que de vases d'étain. ■ .
> Dans les temps qu'ils travaillent auprès des arbres, ils
D s'enveloppent la tête d'un sac de toile, qu'ils lient autour du
T) cou, où il n'y a que deux trous vis-à-vis des yeux. Ils se cou-
» vrent le devant du corps d'une espèce de tablier fait de peau
» de daim passée, qu'ils suspendent au cou par des cordons, et
» qu'ils arrêtent par une ceinture. Ils ont aussi des bottines de
D la même matière, et aux bras des gants de peau fort longs.
» Quand il s'agit de recueillir le vernis, ils ont un vase fait
» de peau de bœuf attaché à leur ceinture : d'une main ils
» dégagent les coquihes, et de l'autre ils les raclent avec un
» petit instrument de fer jusqu'à ce qu'ils aient tiré tout le
ï vernis. Au bas de l'arbre est un panier où on laisse les
3) coquilles jusqu'au soir. Pour faciliter la récolte du vernis,
» les propriétaires des arbres ont soin de les planter à peu de
» distance les uns des autres. Quand le temps de la récolte est
D venu, ils attachent avec des cordes un grand nombre de tra-
» versiers d'un arbre à l'autre, qui servent comme d'échelles
» pour y monter.
» Le propriétaire a soin de tenir prêt, chez lui, un grand
j vase de terre, sur lequel est un châssis de bois soutenu par
» quatre pieds, à peu près comme une table carrée dont le
)■> milieu serait vide. Sur le châssis est une toile claire, arrêtée
3) par les quatre coins avec des anneaux. On tient cette toile
» un peu lâche, et l'on y verse le vernis. Le plus hquide s'étant
D écoulé de lui-même, on tord la toile pour faire couler le
D reste. Le peu qui demeure dans la toile se met à part; on
» le vend aux droguistes, parce qu'il est de quelque usage dans
j> la médecine.
ARBRE A VERNIS DE LA CHINE ET DU JAPON. 751
5) Il en coûte cher aux ouvriers qui recueillent le vernis,
» quand ils ne prennent pas les précautions dont je viens de
» parler. Le mal commence par des espèces de dartres, qui
» leur couvrent en un jour et le visage et le reste du corps ; car
» elles s'étendent en peu d'heures, et deviennent trés-rouges :
» bientôt le visage du malade se bouffit, et son corps, qui
» s'enfle extraordinairement, parait tout couvert de lèpre.
» Pour guérir un homme attaqué de ce mal , on lui fait
» boire d'abord quelques écuellées de l'eau droguée dont j'ai
» dit que les ouvriers se lavent pour prévenir ces accidents.
» Cette eau le purge violemment. On lui fait ensuite recevoir
» une forte fumigation de la même eau, en le tenant bien
» enveloppé de couvertures; moyennant quoi, l'enflure et la
» bouflissure disparaissent ; mais la peau n'est pas sitôt saine.
» Elle se déchire en divers endroits, et rend beaucoup d'eau.
B Pour y remédier, on prend de cette herbe que j'ai nommée
» espèce de bette ; on la sèche et on la brûle, puis on apphque
» la cendre sur les parties du corps les plus maltraitées : cette
» cendre s'imbibe de l'humeur acre qui sort de ces parties
» déchirées, la peau se sèche, tombe et se renouvelle. >
Le P. du Halde entre ensuite dans quelques détails sur la
manière d'employer le vernis comme laque, mais ils ne sont
pas complets, et j'espère être à même d'exposer d'ici à peu
l'art de l'ouvrier en laque d'une façon satisfaisante.
' i
■i'U y.
. . ,,:.,.,, ...... ETUDES ' ■ ' ■ ■ • -i- A
Stm LA GRAINE DU CATH-SÉ
ORlGliNAIRE DE LA CHINE ET CULTIVÉ EN ERANCE,
Par M. le docteur SICARD (de Marseille).
(Séance du 9 jaavier 18C3.) ,. , ,, ,,,,•, ,
. ■ )-'-.'■ ■ • ■ ■ ''' 1* .
En 4860, nous adressâmes à la Société quelques éludes sur
diverses plantes utiles dont nous avions reçu les graines de
Chine, et qui nous avaient été transmises par noire honorable
confrère M. de Montigny, à qui nous devons tant de nouvelles
introductions.
Parmi ces graines se trouvaient diverses espèces désignées
sous le nom de Calh-sé. Nous ne vous parlerons pas du Cath-
sé de Montigny, car nous vous en avons déjà entretenus plu-
sieurs fois ; mais nous appellerons votre attention sur une
autre espèce que nous avions, pour ainsi dire, honnie de
prime abord, la confondant avec les Moutardes que nous
cultivons en France. ' -
Nous vous disions que nous avions refusé d'étudier le
Gath-sé. Cette plante, en effet, quoique d'une belle venue,
n'avait pas un port particulier ; elle se présentait sous l'aspect
d'une Moutarde ordinaire ; nous avions donc pensé primiti-
vement qu'il était inutile de nous distraire de nos études pour
une espèce qui avait l'air de ne rien présenter de particulier,
agissant ainsi comme beaucoup de gens qui jugent sur l'appa-
rence sans se donner la peine d'approfondir les questions, ou
qui jugent à priori sans vouloir répéter consciencieusement
les expériences dont on les entretient. Nous ne voulons pas
suivre ces errements, et nous disons avec M. Leymarie :
« Expérience corrige, expérience est mère de science. »
Notre propriété de Vilrolles est située sur une hauteur ; le
froid s'y ûiit sentir avec plus d'intensité que dans les envi-
rons de Marseille; quant à l'eau, nous avons celle que le bon
Dieu nous envoie, et vous savez que, depuis plusieurs années,
SUE LA GlîAlNË m CATtt-SÉ bÈ CHINE. 753
Sauf ces derniers mois, la pluie était un mythe. C'est dans ces
conditions que s'est développé le Calh-sé dont nous vous en-
tretenons.
Etonné par la persistance de cette plante qui croissait sans
soin, sans eau et à l'état sauvage, quoique importée de
Chine, nous nous sommes demandé si, dans l'entêtement de
ce végétal pour prendre droit de bourgeoisie, il n'y avait pas
quelque chose de providentiel et d'utile pour la France. Nous
nous sommes donc décidé à l'ensemencer d'une manière
régulière et à l'étudier sérieusement. C'est le résultat de cette
étude que nous venons mettre sous vos yeux.
La bienveillance avec laquelle vous avez reçu les différents
travaux que nous avons eu l'honneur de soumettre à votre
appréciation, nous est un sûr garant que vous voudrez bien
examiner les échantillons que je vous adresse.
Depuis plusieurs années, nous récoltons les graines des
plantes éparses qui se rencontrent dans le champ où nous
avions cultivé le Cath-sé pour la première fois ; c'est ainsi que
nous avons pu ensemencer 2 ares (55 centiares qui nous ont
produit 20 kilogrammes de graines.
Cette plante est si rustique, qu'elle peut se semer dans les
quatre saisons de l'année, et qu'en se ressemant seule, elle est
venue dans les terrains les plus mauvais et sans aucune espèce
de soin. Les plantes placées dans ces conditions ont donné
moins de graines que celles qui ont rencontré des terrains
meilleurs; mais nous pensons, d'après ce fait, qu'on peut
l'essayer partout, même dans le nord de la France, puis-
qu'elle a supporté de très-grands froids.
Le Cath-sé doit se semer en lignes ou à la volée, sauf, dans
ce dernier cas, à enlever les plantes de surcroît, car ce végé-
tal prend une grande extension au moment de sa floraison,
comme toutes les plantes de la famille des crucifères. Les plan-
çons enlevés sont bons pour la nourriture des bestiaux.
11 est inutile de nous étendre sur la récolte de la graine. On
sait que dans la famille où se classe le Cath-sé, on doit arra-
cher les plantes dés la maturité des gousses formées sur la
partie supérieure des branches; par ce moyen, il reste dans
T. X. — Décembre IStiS. AS
'^55 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION.
la partie ligneuse extraite du sol une assez grande quantité
de sève pour achever la maturation de la graine, qui, dans la
partie inférieure de la plante, est loin d'avoir acquis le degré
de maturité nécessaire pour en tirer profit.
Si l'on ne prend les soins que nous venons d'indiquer, on
perd la plus grande partie des graines, qui se répandent sur
le sol au moment de la cueillette.
La plante arrachée ou coupée au ras du sol doit rester exposée
à l'air sous un hangar, ou même dans le champ, à la condition
de ne pas être entassée ; foute de prendre cette précaution, la
fermentation se développe et tout est perdu. On excusera ces
détails, qui ne laissent pas que d'avoir leur importance.
Quand les tiges sont parfoitcment desséchées, on les bat; la
graine est ensuite vannée et criblée ou passée au tarare : on
obtient ainsi la graine dans l'i'tat où Ton doit la présenter
dans le commerce.
La graine récoltée et mise à la disposition du public, l'agri-
culteur et le propriétaire n'ont plus à s'en occuper, elle tombe
dans le domaine de l'industrie, et nous allons la suivre sur ce
terrain.
Si l'on prend la graine de Cath-sé mondée ainsi que nous
l'avons indiqué précédemment, et qu'on la soumette à la pres-
sion nécessaire pour l'extraction de l'huile, on obtient un
liquide d'une couleur jaune grisâtre qui, après quelques jours
de repos, devient semldablc à de l'huile d'olive foite avec des
fruits trop mûrs; il se dépose une matière grisâtre dans le
fond du vase oij on l'a versée primitivement.
Les deux kilos de grainesde Cath- se ont produit 5/jO grammes
d'huile et le résidu pesait 1 kilogramme 375 grammes; il y a
donc eu perte de 85 grammes dans la manutention.
' • L'huile obtenue est d'une belle apparence, elle n'a aucun
mauvais goût et se trouve de beaucoup supérieure à l'huile de
sésame, du moins à notre goût; c'est à vous de rectifier notre
"assertion. Quel que soit votre avis à ce sujet, il n'en restera pas
moins prouvé qu'elle brûle parfaitement, en donnantune belle
flamme blanche et qu'elle est de longue durée. Si donc on ne
juge pas convenable de l'introduire parmi les huiles comesti-
SUR LA GRAINE DU CATH-SÉ DE CHINE. 755
bles, elle servira toujours soit à l'éclairage, soit à la confection
des savons. Sous ces deux points de vue, nous pensons que
celte plante doit se placer dès aujourd'hui parmi les récoltes
industrielles qu'on peut exploiter en France.
Nous avons remarqué que la graine sortant de la presse est
à peine déformée; ellea perdu une partie de son poids, puisque
les 2 kilos employés ont donné un tourteau pesant 1 kilo-
gramme 375 grammes.
Ce tourteau, ou, pour mieux dire, cette graine privée d'huile,
réduite en farine et blutée ensuite, nous donne, par kilo-
gramme, 920 grammes de farine et 89 grammes de résidu.
La farine a été délayée dans l'eau bouillante avec l'addi-
tion de vinaigre et de sel; nous avons obtenu ainsi une mou-
tarde très-forte qui, à notre avis, est excellente, si l'on a le
soin d'y ajouter une certaine quantité de sucre pour modérer
son àcreté : à cette condition, et après l'avoir laissée ainsi
pendant quinze jours, on obtient une moutarde couleur grise
qui est très-bonne.
Nous nous sommes demandé si tout était dit sur la plante
qui nous occupe, après les études que nous venons de relater;
mais nous rappelant les paroles de U. Paul d'AUoz rendant
compte de l'exposition universelle de Londres : a Nous en
» sommes venus à rayer le mot impossible de notre diction-
» naire, sachant que l'incompréhensible d'aujourd'hui sera la
» science de demain » , nous avons voulu poursuivre nos
études, et nous sommes heureux de l'avoir fait, puisque nous
sommes arrivé à extraire de cette graine plusieurs substances
utiles dont nous allons vous entretenir.
Prenons! kilogranmie de graine ayant déjà fourni l'huile,
mettons-la dans une assez grande quantité deau pour que la
graine l'absorbe; si on la pile ensuite, et qu'on délaye la pâte
dans l'eau en malaxant le tout à travers un linge serré, on
obtient une fécule qui se dépose au fond du vase et de l'eau
colorée en jaune qui la surmonte; le résidu qui reste dans le
linge pèse /i/i6 grammes.
La fécule obtenue, parfaitement desséchée, pèse 90 grammes;
cette fécule est jaune verdàtre etn'a aucune saveur particulière.
'/bô SOClÉfÉ iMPÊRlAtË ZOOLOGÏQtJE D^4CGLIi^fAÏ■ATI0H.
En faisant évaporer l'eau qui surmonte la fécule, on obtient
une substance gommeuse, couleur gomme-guttc, que nous
désignons sous le nom àc gomme -gntte de Catli-sé.
La gomme-gutle de Cath-sé a une saveur amère sans goût
particulier, elle se dissout dans l'eau. Cette substance prendra
sa place dans la matière médicale, parmi les principes amers
extraits des végétaux. Ce n'est pas auprès de vous que nous
devons discuter cette question, nous la soulèverons dans une
autre enceinte. Contentons-nous pour le moment d'accepter ce
produit utile. -
Le kilogramme de graine de Cath-sé privée de son huile, et
traitée comme nous Lavons indiqué ci-dessus, fournit:
Fécule 90 grammes.
Gomme-guUe /|70 —
Résidu /i.'iO —
Total 1000 grammes.
Prenons la graine de Cath-sé privée d'huile, mettons-la
dans la quantité d'eau nécessaire pour qu'elle puisse se gon-
fler et être surmontée par ce liquide; mettons-le tout dans un
alambic, nous oliiiendrons par Ja distillation une huile essen-
tielle, d'une odeur d'ail très-prononcée, dans laquelle on dis-
tingue quelque chose ({ui rappelle la moutarde.
Cette huile est d'un blanc jaunâtre; elle reste en globules
distincts et tombe au fond de l'eau distillée qui la surmonte;
chaque globule est séparé et forme comme un petit ballon.
Nous regrettons de ne pouvoir aujourd'hui donner la pro-
portion exacte de cette substance, mais un accident qui nous
est survenu ne nous permet pas l'affirmative.
La distihation de l'huile essentielle de Cath-sé doit se faire
avec une grande quantité de liquide, si l'on ne veut brûler la
substance ; dans ce dernier cas, i! se dégage une odeur cmpy-
reumati(}ue sui generis, dont i! est très-difficile de se débar-
rasser. On doit arrêter la distillation de bonne heure, car
l'hude essentielle passe dans les premiers phlegmes, et il ne
se distille, a])rès, <;ue de l'e.'iii sans saVijur.
Sun LA GRAINE DU CATH-SÉ DE CHINE. 757
Le résidu de la cornue, passé à travers une mousseline fine
en deux doubles, laisse écouler de l'eau jaunâtre qui, recueillie
et évaporée au l'eu, fournit une substance gommeuse couleur
jaune indien, d'une saveur douceâtre et laissant un arrière-
goût poivré ; elle se trouve dans la prop()rtlon de 280 gram-
mes par kilogramme de graine.
En résumé, il nous semble pouvoir déduire du travail ci-
dessus, que la plante de Cath-sé est parfaitement acclimatée
en PYance, qu'on peut la cultiver dans toutes sortes de con-
trées ; qu'elle sera utile par son huile et les différentes sub-
stances que nous en avons extraites. Nous pensons doncque la
Société d'acclimatation voudra bien accepter ce travail avec
l'intérêt qu'elle porte à tout ce qui est pratiquement utile. En
distribuant les graines que nous vous envoyons, vous propa-
gerez une plante industrielle d'un grand avenir. Si nous avons
pu par nos études vous aider à celte divulgation, ce sera la plus
grande récompense de nos veilles.
Nous entrons complètement dans les idées émises par
M. Robinet, président de l'Académie de médecine, qui, en ren-
dant un dernier hommage h notre regrettable président Isidore
Geoffroy Saint-Hilaire, disait: <i La vie de médecin est une vie
D de labeurs et d'études constantes, jamais il ne croit avoir
» assez appris; et pour satisfaire ce besoin qui le tourmente,
» jiour répondre à ce cri de la conscience, il recherche avec
)) ardeur les plus savants dans toutes les sciences, il s'attache
D à leurs pas el se suspend à leurs lèvres. »
SUR LÀ CHllFÂ,
Par m. le»' SACC .
néléa;iié ilc la SociOli' iiiiporiale (raccliiniihdioii à Barcelone.
Le numéro de juin (p. 340) du Bulletin renferme un article
aussi intéressant que bien fait sur la Chufa et sa culture.
M. Barbier a bien vu et bien apprécié la culture et les usages
du Soucbet comestible, qui devrait être introduit dans les
terres sablonneuses et fraîcbes des Boucbes-du-Rbùne.
Pour compléter le travail de M. Barbier, je me permet-
trai d'ajouter que l'usage de l'orgeat de Chufa contre les
affections des bronches ne saurait être trop recommandé ;
son emploi est vraiment Itéroique contre les crachements de
sang les plus violents, qu'il arrête en peu de minutes : en sorte
que je suis porté à croire que son usage, continué pendant des
mois entiers, pourrait sinon guérir, je n'ose l'espérer, au
moins enrayer les progrès de la pbtbisie pulmonaire.
Le Soucbet comestible, sur lequel M. Barbier vient d'appeler
avec raison l'attention publique, n'est point une nouveauté
en France ; tous les ouvrages d'horticulture en parlent, et le
Bon Jardinier en donne la culture.
En Alsace, on cultive cette plante comme succédané du
café; j'en ai vu une superbe plantation chez M. A. Ziïrchcr,
qui m'a fait goiiter son infusion que j'ai trouvée très-bonne.
J'ignore si l'on emploie seule l'infusion de tubercules torréfiés,
mais chez M. Zûrcber on la mélange à celle du café, à laquelle
elle donne un délicieux goût d'amande.
Dans les pays froids, on plante d'abord les tubercules
sur couche, et on ne les risque en plein air que lorsque
les gelées ne sont plus à craindre. En automne, on arrache,
on dessèche au four les tubercules destinés à la consomma-
lion, etl'on'conserve dans du sable sec ceux qu'on destine à
la multiplication.
A Barcelone, on trouve, dans le commerce, de la farine de
Cbufa, avec une cuillerée à café de laquelle on fait un bon
verre d'orgeat ; je crois qu'on pourrait l'employer dans la pâ-
tisserie au lieu des amandes.
II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 11 DÉCEMBRE 1863. , '
j ■ --.', -^ ■ ' Présidence de M. Drouyn de Lhuys. ; ;• ; ''
M. le Président, après avoir déclaré ouverte la session de
-1863-186/1, expose à l'assemblée le résumé des principaux
faits accomplis depuis la clôture de la précédente session. Il
signale les progrès sensibles du mouvement imprimé à
l'œuvre universelle de racclimatation, les adbésions nom-
breuses que la Société a reçues, l'inscription des noms de
Leurs Majestés l'Empereur de Turquie, le Roi de Suède et de
Norvège, le Roi des Hellènes, et de S. A. le Dey de Tunis,
parmi ceux des souverains ses protecteurs; la création
réalisée ou projetée de nouvelles institutions destinées à lui
prêter un concours utile; les dons multipliés d'animaux et de
graines qui lui ont été adressés des diverses parties du
globe, soit pour elle directement, soit pour le Jardin d'accli-
matation. M. le Président termine en renouvelant le chaleu-
reux appel qu'il faisait l'année dernière, en pareille circon-
stance, au zèle de tous les membres de la Société en les invi-
tant à redoubler d'efforts pour atteindre plus sûrement le but
qu'elle s'est proposé. ' '
— M. le Président proclame la liste des membres récem-
ment admis : ,
BuciiOT, sous-préfet, à Coulommiers (Seine-et-Marne).
Cal'X (le marquis de), écuyer de l'Empereur, à Paris.
Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse, à Saint-
Privat, près de Sarrians (Vaucluse).
Fernandlnâ (le duc de), grand d'Espagne de première
classe, à Madrid.
FiLHOL (Henri), étudiant en médecine, à Toulouse
(Ilaute-Garonne), et à Paris.
La Poëze (le comte de), député, chambellan honoraire
de l'Empereur, à Paris. . :•: . ■ -■''"■■'[
700 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION,
MM. Lefebvre(P. a.), propriétaire, à Mont-Joli-sur-Honfleur.
Levesques-Desvarannes, lieutenant de vaisseau, officier
d'ordonnance de S. Exe. M. le Ministre de la marine,
à Paris.
Mellinet (le général), commandant supérieur de la
garde nationale de la Seine, à Paris.
Montblanc (le baron Albéric de) .
MuRAT (S. A. le prince Joacliim), chef d'escadron de
cavalerie, officier d'ordonnance del'Ëmpereur, àParis.
OzEUNE fils (le docteur), à Paris.
Raimbault, à Parij^.
Raulhac (le docteur), propriétaire-éleveur, à Aurillac.
Serra (J. M.), consul général du Chili, en Catalogne et
aux îles Baléares, directeur de la banque, à Barcelone.
Stoffel, chef d'escadron d'artillerie, officier d'ordon-
nance de l'Empereur, à Paris.
— • Des remercîments pour leur récente admission sont
adressés par MM. le comte Canofari de Santa-Vittoria (de
Naples) ; Gaston de Bonrepos (de Saint-Rambert); le docteur
Jeannel (de Bordeaux); Bonnière (de Clermont) ; Buchot,
sous-préfet de Coulommiers ; le vicomte de Santa-Quileria
(de Vienne, Autriche), et J. A. de Sousa (de Lisbonne).
— M. le Président transmet de nouvelles communications
relatives au projet de création d'un jardin d'acclimatation à
Bordeaux, sous le nom de Parc de Bordeaux, qui lui ont été
adressées par M. le docteur Jeannel, président de la commis-
sion provisoire d'organisation.
— S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce
annonce qu'il a donné les ordres nécessaires pour que la
Société d'acclimatation soit comprise dans la distribution de
graines de Vers à soie que M. Simon envoie de Chine.
— M. H. de Castelnau, appelé à remplir une mission scien-
tifique dans l'île de Haïti, fait à la Société ses bienveillantes
offres de services pour les informations qu'elle aurait à se
procurer sur les diverses productions de cette île.
— M. Alphonse Fleury, ancien médecin du gouverneur de
PROCÈS-VERBAUX. - , 761
Trébizonde, adresse les mêmes offres pour les localités de
l'Orient où il a longtemps résidé. —Les remercîments delà
Société seront adressés à MM. de Castelnau et Fleury.
— M. le docteur Sacc, délégué de la Société à Barcelone,
transmet la note des animaux envoyés, dans le cours de 18(33,
par notre zélé confrère M. Bataille (de Cayenne), et s'élevant
au nombre de trente-cinq, parmi lesquels six étaient destinés
à M. le délégué lui-même.
Dans une seconde lettre adressée à M. le Président, M. Sacc,
après avoir exprimé son opinion contraire aux croisements
des races, propose divers sujets de jji'ix spéciaux. — Cette
proposition sera renvoyée à l'examen dé la prochaine Commis-
sion des récompenses.
— M. le Président transmet diverses lettres de M. Baraquin
qui annonce, de Belem (Para), l'envoi : 1" de Marecaos, d'un
Canard sauvage mâle d'une espèce particulière (les premiers
de ces animaux ont péri en route ; le Canard est mort deux
jours après son arrivée au Jardin d'acclimatation) ; T d'une
caisse de graines de gros Ricin des bords de l'Amazone,
espèce la plus riche en huile, assure notre zélé confrère.
— M. Delaporte, consul de France à Bagdad, membre hono-
raire de la Société, a adressé à M. le Président un échan-
tillon de laine de Chameau de la Mésopotamie , qui peut
donner lieu à des comparaisons instructives entre cette laine
et celles des Chameaux de l'Algérie.
A ce sujet, M. Davin fait observer que les poils du Cha-
meau d'Asie, beaucoup moins jarreux que ceux du Chameau
d'Afrique, comme on peut le voir sur les individus qui sont
au Jardin du bois de Boulogne, peuvent rivaliser avec les
poils de Cachemire, et servir à la confection de très-belles
étoffes.
— - S. Exe. M. le Maréchal Santa-Cruz informe M. le Pré-
sident que M. W. Werner, négociant à Paris, met à la dispo-
sition du Jardin d'acclimatation deux belles Viscaches, de
l'Amérique méridionale. Une lettre de M. Werner annonce
que ces animaux ont été remis au Jardin.
— Notre confrère M. Louis de Boucha ud de Bussy écrit,
762 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
le 30 octobre, pour faire connaître son envoi de deux paires
de Gangas, dont il fait hommage à la Société. <• ■ ■..■';
— M. Emile Colpaert, envoyé en mission scientifique dans
l'Amérique du Sud, et dont la Société a déjà entendu les inté-
ressantes communications sur la Coca du Pérou, adresse à
M. le Président un long mémoire manuscrit, intitulé Étude
sur le Pérou. F' partie : Des bète^ à laine des Andes et de
leur acclimatation en Europe. IP partie : De la tonte des
Alpacas et du trafic des laines par les Indiens.
— M. le Sénateur secrétaire de l'Empereur, par une lettre
du 26 novembre, transmet à la Société une demande de deux
couples de Lamas et d'Alpacas, adressée à Sa Majesté par
notre Société régionale afOliée de Nancy.
— M. le Président donne communication d'une lettre par
laquelle M. le ministre du Pérou h Paris lui annonce qu'il s'est
adressé à son gouvernement pour demander de nouveaux
renseignements sur les mesures prises pour l'expédition du
troupeau de cent Lamas et Alpacas offert par feu le général
San-Roman, président de la République péruvienne.
— Une lettre de M. E. Roehn, datée du Callao, le 3 2 octobre,
informe M. le Président qu'il attend toujours la réunion du
troupeau dont il vient d'être fait mention, pour le ramener
en France.
— M. le docteur Turrel, délégué de la Société à Toulon,
écrit, le h décembre, pour assurer qu'il a pris dès h. présent
toutes les mesures nécessaires pour la bonne réception et la
prompte installation provisoire des Lamas et Alpacas de
FÉquateur, embarqués à Guayaquil et au Callao sur les na-
vires de l'État la Cornélie et la Galatée, attendus prochai-
nement à Toulon. ■
— M. Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse, qui
a reçu un lot de Chèvres d'Angora à titre de cheptel, propose
de se charger de l'élevage d'une certaine quantité de Lamas
et Alpacas à des conditions qui seront soumises à l'examen
du Conseil, s'il y a lieu.
— Un travail parvenu à la Société, sans nom d'auteur et
sans lettre d'envoi, sur l'emploi des Chiens comme animaux
PROCÈS-VERBAUX.. • 763
de Irait, adressé à M. le Président de la 1" Section, est
déposé parmi les pièces de correspondance de la séance.
— M. le Président transmet deux Notes qui lui ont été
envoyées par M. Jules Carron , consul de France à Edim-
bourg', l'une sur la destruction des Pigeons ramiers et des
Écureuils en Ecosse, l'autre sur la culture du Coton dans la
province de Bagdad.
— M. Iluet, avocat à Etampes, membre de la Société,
communique, par une lettre du 2/i septembre, un fait curieux
d'incubation d'œufs de Colin par le mâle. Voici en quels
termes M. Iluet expose ce fait : « J'avais, cet été, un couple
» de Colins provenant d'une éducation de l'an dernier. La
» femelle, après avoir, à plusieurs reprises, fait son nid et
5) pondu, sans que jamais j'aie consenti ta enlever aucun œuf,
» dans l'espoir de la voir couver dans l'un ou l'autre endroit,
» est morte d'épuisement. Elle avait pondu environ quarante-
i> cinq à cinquante œufs. Alors le mâle, qui jusque-là avait
» toujours été très-ardent et contribuait, je crois, par ses
» assiduités, à empêcher la femelle de couver, le maie, dis-je,
» s'est mis sur les œufs pondus, et après une incubation
» continuée pendant vingt-huit jours sans interruption, a fait
» éclore quatre petits sur quinze a^ufs. Obligé de m'absenler
» quelques jours, je n'ai pu surveiller celte petite famille, et
» à mon retour, je n'ai trouvé que le malheureux mâle, qui
» lui-même a succombé peu de jours après. »
— M. le baron de Saint-Germain, de la Bastide (Haute-
Loire), odre ses services à la Société pour des essais de pro-
pagation de palmipèdes.
— M. Gasnier signale les ravages causés par des Pics verts,
dans une éducation de Vers de l'Allante faite en plein air.
— M. Liénard, dont les tentatives d'introduction du Gou-
rami en France et en Algérie ont été plusieurs fois déjà
signalées à la Société, annonce, par une lettre du 10 no-
vembre, qu'en parlant de l'ile Maurice, il avait encore emporté
dix de ces précieux poissons. Cinq étaient parvenus vivants
jusqu'à Marseille, mais quatre sont morts dès leur arrivée, et
le seul survivant a été confié aux soins de M. Barthélémy-
76/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION.
Lapommeraye. Heureusomenl, M. Liénard avait eu la bonne
pensée de laisser cinq de ses Gonramis bien portants en
Egypte, à M. Coulon, propriétaire d'une maison de campagne
anx environs du Caire, qui s'est engagé à les soigner avec la
plus grande attention.
M. Liénard a remis à la Société un certain nombre de
tubercules de deux variétés d'Ignames excellentes, cultivées
à Maurice, et dont l'une est originaire de Madagascar.
— M. Bartbélemy -Lapommeraye confirme, à la date du
5 novembre, l'arrivée à Marseille du Gourami qui lui a été
confié par M. Liénard, et ajoute qu'il a pris toutes les mesures
nécessaires pour en assurer la conservation.
— M. le Président transmet diverses pièces de correspon-
dance, qui lui ont été adressées par M. Lamiral, pour l'entre-
tenir de la suite des études et des expériences d'aquiculture,
qu'il continue dans les départements des Boucbes-du-Rbône
et du Var, pour la multiplication des Moules, des Huîtres et
autres mollusques alimentaires. Il pense que les Huîtres de
Tarente, de Baia, ainsi que l'Huître corse {Ostrea steritina, du
lac de Stentino), pourraient être cultivées sur les bouchots à
coulisse dont il a déjà organisé plusieurs modèles. Notre
confrère ajoute qu'il a demandé l'autorisation de l'aire utiliser
les eaux des étangs de Campeou et du Labillon, séparés de
l'étang de Caronte par la levée du canal maritime de Mar-
tigues à Port-de-Bouc, et({u'il a joint à sa demande un projet
de lagune pour cultiver les générations de poissons nés dans
les parages du golfe de Fos. La correspondance de M. Lamiral
comprend encore la copie d'une lettre qu'il a adressée à M. le
Ministre de la marine pour lui soumettre un projet et un
plan d'installation de ses bouchots à coulisse pour la culture
des Huîtres et des Moules.
M. le Président dépose en outre le Rapport de M. Lamiral
sur la mission qui lui a été confiée par la Société, pour des
expériences de fécondation artificielle des Poissons de mer. Il
sera donné lecture de ce rapport dans la prochaine séance.
— M. de Broca, lieutenant de vaisseau, directeur des mou-
vements du port du Havre, chargé en 1862, par le Ministre de
t^ROGÈS-VERjlAÎjii. /6Ô
la marine, d'une mission ayant pour objet l'étude des procédés
de l'industrie huîtrière aux États-Unis, adresse un exemplaire
de son ouvrage intitule : Etude sur l'industrie hultrièrc des
is'/rt^5-t/y</5, publié à la suite de celte mission.
— M. René Caillaud signale à l'attention de la Société les
heureux résultats obtenus dans leurs travaux de pisciculture
par MM. du Fougei'oux, Ghevallereau, des Nouhes de la
Gacaudiére, Philippe Labbé (de la Vendée), et par M. J. B.
Morin, ostréiculteur à Lauzières (Charente-Inférieure).
Notre confrère transmet ensuite une lettre de M. Labbé
(de Luçon), contenant des certificats de quatre propriétaires
de son voisinage, qui élèvent avec un très-grand succès des
Muges dans des pièces d'eau douce, dont quelques-unes ne
sont alimentées que par les eaux pluviales. (Voy. au Balletin.)
— M. Millet présente des œufs vivants de Lavarct qu'il a
obtenus par fécondation arlilicielle. La transparence de ces
œufs permet de distinguer très-nettement l'embryon, dont les
yeux sont déjà très-colorés.
— M. le docteur Sicard (de Marseille) fait parvenir un
numéro du Bulletin de l'Union des arts, contenant les études
qu'il a soumises au comité d'aquiculture sur les œufs extraits
artificiellement de l'oviducte des Muges, et sur la laitance de
ces mêmes poissons. La lettre de notre confrère contient
également des renseignements sur certains résultats de pisci-
culture fluviatile. (Voy. nu Bulletin.)
Par une seconde lettre, du 16 novembre, M. le docteur
Sicard offre, au nom du comité d'aquiculture de Marseille,
dont il est le secrétaire, ses remercîments pour sa récente
admission au nombre de nos Sociétés affdiées.
— M. des Nouhes de la Gacaudiére, par une lettre du
2 décembre, fait part des succès qu'il a obtenus dans ses
fécondations artificielles d'œufs de Truites nées et élevées
chez lui. (Voy. aui?;('//e/m.)
— M. Urelagne, dans une lettre adressée à M. le Président,
exprime le vœu qu'il soit donné une nouvelle suite à l'enquête
sur la Vipère, il envoie un mémoire intitulé : Projet de
sup/drr.'h"/it au Rapport j)ubli<' au liullctinsur la destruction
766 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
de la Vipère, et quelques observations f/énérales à ce sujet.
Dans ce mémoire, noire honorable conlrère invoque sa
propre expérience de chasseur pour insister sur la distinction
déjà établie par la science entre les deux espèces de Hérissons,
dont l'une semble plus particulièrement l'ennemie naturelle
de la Vipère. Il propose d'instituer des expériences, tant pour
éclaircir ce point (|ue pour éprouver les divers moyens de
destruction en usage, et offre une somme de 200 francs
pour des médailles à répartir entre les chasseurs qui les
mériteraient.
— M. le Président a transmis, à diverses reprises, une
série de lettres et rapports qui lui ont été adressés de Chang-
hai (Chine) par M. E. Simon.
Par une lettre du 16 septembre, notre dévoué confrère
envoie copie de la dépèche par laquelle il annonce à M. le
Ministre de l'agriculture son retour du voyage qu'il vient de
faire au Sé-tchuen. A la date du 8 octobre, il écrit pour
annoncer le récent départ d'une provision considérable de
oraines de Ver à soie ordinaire de Chine et du Japon, ramenée
par la voie de Sibérie, par M. Berlandier, qui a recueilli
lui-même celles du Japon. M. Berlandier rapporte en outre
une certaine quantité de graines de Ver à soie venant du
nord de la province du Chan-long et du Chan-si, non encore
essayées en Europe, qui lui ont été confiées par M. Sandri,
notre confrère, résidant à Tien-tsin. Ces graines offrent les
garanties les plus certaines de leur provenance. M. Simon se
proposait de remettre également à M. Berlandier une tren-
taine de cartons de graine venant du nord du Sé-tchuen
et du sud du Chen-si, qu'il ne faut pas confondre avec le
Chan-si. S'il reçoit à temps des cocons du Ver du Chêne
de Chine, venant du Chan-tong, qui est la province, avec le
Chen-si, où il se conserve sans dégénérer, il en fera par-
venir un certain nombre par la môme occasion.
Par une lettre du 25 septembre, M. Simon offre à la
Société ses remercîments pour sa nomination au titre de
membre honoraire, dont il n'a reçu l'avis qu'à son retour du
Sé-tchuen. Des notes sur les produits de l'industrie séricicole
pRocÊs-vERnxVUX. ■■•■ ' ' 767
dans cette province accompagnent sa lettre. Une autre, du
15 octobre, explique les causes du mauvais état dans lequel
,nous sont parvenues les caisses de cocons de Bombyx Pernyi
qu'il nous a expédiées, et qui venaient du Chan-tong, oïi il
faut aller les chercher; car ceux des autres provenances
dégénèrent promptement, assure-t-il, et leur dégénérescence
&e manifeste par une diminution de plus en plus marquée du
cocon et du Ver. L'une de ces caisses lui avait été envoyée
par Mgr. Faurie, qui l'avait demandée au père Perny. Un
passage de cette lettre confirme le rapport de M. le docteur
Pompe vau Meerdervoort, sur la part prise par M. Simon dans
l'introduction en Europe du Bombyx Ya-ma-rnm (voy. au
Bulletin, p. 639). Notre confrère appelle la bienveillante
attention de la Société sur l'importance du service rendu par
M. Pompe, ainsi que sur le concours dévoué du père Perny et
du père Yinçot, qui l'a accompagné dans sa fatigante explo-
ration du Sé-tchuen, et de Mgr Faurie, vicaire apostolique
•du Ho-nan. Cette lettre renferme deux échantillons de tissus
fabriqués, l'un avec la soie du Bombyx Pernyi, l'autre avec
les fdDres d'un Dolichos dont des piedâ vivants avaient été
envoyés l'an dernier au ministère.
Ces intéressantes communications sont suivies de la copie
d'une letlre datée du 20 octobre, annonçant à M. le Ministre
de l'agriculture l'envoi d'une collection de soies grèges et
d'une collection de soies fabriquées du Sé-tchuen, réunies
par notre confrère, avec deux notes, l'une sur la production
séricicole du Sé-tchuen, annexée à la collection des soies
grèges, l'autre relative cà la fabrication des soieries en Chine.
— ■ M. le docteur Chavannes, notre délégué à Lausanne,
écrit, à la date du 16 décembre, pour proposer au Conseil un
nouveau mode d'expédition des cocons vivants de Vers à soie
.pour les longs voyages. Notre collègue écrit surtout pour en-
gager la Société à publier et à répandre une instruction sur
les diverses espèces de Vers à soie dont il pense que l'intro-
duction pourrait être tentée avec chances de succès, telles que
les Bombyx Atlas, Pernyi, Mylitta, Aurota, d'Orbignyana,
•Ethra, Mimosœ^ Cecropia, Polyphemus. ,
^68 SOCIÉTÉ tMtÉHULË 200L0GlQlJÈ i)'ACCLlMÂTAtlÔ?(.
Frappé de la disproportion des sexes dans les naissances
de nos Yaks et de nos Chèvres d'Angora, M. le délégué se
demande s'il ne serait pas utile d'employer le procédé Thury,
dont les résultats sont constants chez M. Cornet, à Montel.
M. Chavannes envoie, en outre, une Notice sur une modi-
fication à apporter aux éducations du Bombyx Cynthia, en
forçant l'éclosion des Vers pour la première éducation. (Voy.
p. 7/il.) . • : ■ ■=
— M. Vallée, gardien de la ménagerie des reptiles au
Muséum, écrit, le 25 novembre, pour otlrir une cinquantaine
de cocons vivants du Ver du Ricin qui, destinés à la Société
coloniale de la Réunion , sont arrivés à Marseille quelques
heures après le départ du bateau. Ils ont heureusement été
recueillis par M. le docteur Sicard, qui a bien voulu se charger
d'en prendre soin.
— M. Cross (de Gruningen), canton de Zurich, en adres-
sant un petit traité qu'il a publié en langue allemande sur
l'éducation du B. Cynthia, écrit, le h décembre, pour rendre
compte des efforts qu'il a faits en vue de propager la sérici-
culture, et particulièrement l'ailanticullure. Il a obtenu de la
Société des sériciculteurs suisses, que 12 hectares environ
fussent plantés en Allantes. Il cite les personnes auxquelles il a
distribué des œufs du Cynthia et des plants d'Allantes, dans
les cantons de Zurich, de Claris, de Valais, de Schwytz, de
Lucerne, d'Aargau, de Schaffhouse, dans le grand-duché de
Bade, en Autriche, en Saxe. Il a lui-même continué ses
plantations d'Ailantes. On se rappelle que nous devons une
éducation du B. Ya-ma-maï bien réussie à M. Cross, qui
termine en demandant des œufs de Vers à soie et des graines
pour la section d'acclimatation fondée au sein de la Société
agricole et industrielle de sa localité.
— M. Nourrigat adresse un exemplaire d'un Mémoire pré-
senté par lui à l'Académie des sciences, et dans lequel il fait
ressortir les avantages économiques et hygiéniques qu'oiïre,
pour l'éducation des Vers à soie ordinaires, l'emploi du
Mûrier à grandes feuilles {Monts japonica) , introduit en
France par noire collègue en lS/i9, et qui constituerait le
' PROCÈS VERBAUX. '- " • 76t)
moyen le plus efficace de combattre la maladie si préjudiciable
à notre séricicidlure. • '
— M. le docteur Pompe van Meerdervoort, par une lettre
datée de la Haye, le 29 oclobi-e, annonce l'envoi d'une bro-
chure intitulée : Not'tcp sur riiUroduction du Ver à sole du
C/inie du Japon [Boinbi/x Ya-ina-mai, Guérin-Méneville)
en Europe. Dans cette notice, notre généreux collègue rend
compte des difficultés qu'il a eu à surmonter pour se procurer
les graines de ce précieux insecte, et affirme que leur intro-
duction en Europe n'est due qu'à ses soins personnels ,
puisqu'il les a fait recueillir par un jeune Japonais, élève
de l'École de médecine dont il était directeur, et qu'il les
a rapportées lui-même, à son retour du Japon. (Voyez au
Bulletin, page 639.)
— Le comité de sériciculture de la Société d'horticulture
et d'acclimatation de Tarn-et-Garonne envoie un exemplaire
de son règlement pour les essais des graines de Vers à soie
par les éducations précoces, pour 186/i.
— M. Duchesne-Thoureau adresse k la Société un spécimen
d'une sorte de feutre qui aurait été fabriqué par des Araignées
tenues en captivité.
— Des demandes de graines de Bombyx Ya-ma-mai et
Perniji sont adressées par M. le comte de Rivoire la Bâtie
de Vernelle (Isère), et par M. Zlik, de Teschen (Silésie autri-
chienne).
— M. le Président adresse deux Notes, l'une sur une nou-
velle espèce vivace de Cotonnier découverte dans l'Ile de
Bornéo par M. le curé catholique de Batavia, dont une collec-
tion de graines a été envoyée en Algérie ; la seconde sur des
tentatives récentes d'introduction du Quinquina en Algérie et
dans nos colonies des Antilles, qui ont été faites avec le
bienveillant concours du gouvernement néerlandais, à l'aide
de plants et de graines provenant de ses riches pépinières de
Java.
— M. l'ahbé Voisin, directeur du séminaire des Missions
étrangères, olTre à la Société des graines de quinze espèces
ou variétés de plantes légumineuses de la Chine.
T. X, — Décembre 1863, ^o
770 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
— M. Gauldrée - Boilleau, consul général de France à
Québec, écrit à M. le Président qu'il expédie deux caisses
contenant des plants et des racines de Vignes et de Pommiers
du Canada, et un paquet de graines de Navets canadiens de
deux variétés, jaune et blanche, également remarquables par
leur grosseur et leur qualité.
M. le consul désirerait recevoir des graines de fleurs de
France susceptibles d'être cultivées au Canada, pour les
offrir à M. Desbarats, président de la Société d'horticul-
ture de Montréal. Peut-être quelques-uns de nos collègues
seraient-ils disposés à organiser des échanges avec M. Des-
barats.
]\I_ j. lluzard dépose une petite collection de deux
espèces de Blés, deux espèces de Haricots et de Fèves, prove-
nant de la culture de graines qui lui avaient été remises au
printemps dernier par la Société. Notre collègue ajoute qu'il
a également trouvé dans ces graines un Maïs désigné sous le
nom de Maïs du Pérou, qui a végété d\me manière très-
remarquable, mais qui n'a pu mûrir ses graines par défaut
d'une somme suflisante de chaleur.
— M. le maréchal Sanla-Gruz fait observer à ce sujet que le
Maïs du Pérou, dont il compte donner de nouveau des graines
à la Société, a besoin de cinq mois de chaleur pour mûrir, et
qu'il sera utile de le faire lever sous haches, pour en activer
la végétation.
. M. Anselme Petelin dit qu'il a vu mûrir ce Maïs, qui ne
lui a pas paru supérieur au Maïs ordinaire pour la quantité
de ses graines, mais qu'il serait sans doute plus avantageux
comme fourrage.
M. Antonio de Lacerda, par une lettre datée de Bahia
(Brésil), le 13 octobre, annonce l'envoi d'un échantillon d'un
bois nouvellement découvert dans les forêts vierges de la
province, et ajoute qu'il espère adresser prochainement des
plants de ce magnifique arbre, pour que la culture en soit
tentée en Algérie. Cet échanlillon de bois, mis sous les yeux
de l'assemblée, est trouvé très-remarquablement beau.
— M. le docteur Chalin, par une lettre du 2 novembre,
fROCÊS-VËRBAUX. 771
adresse une note sur la Pomme de terre Caillaud, et annonce
qu'il mettra un hectolitre de tubercules de cette espèce à la
disposition de la Société. Ces tubercules, présentés à l'as-
semblée, ont été en partie distribués aux membres présents
à l'issue de la séance ; il en a été conservé une portion pour
les membres qui en feront la demande.
— Notre collègue M. A. Manès, dans une lettre écrite de
Saint-Denis (lléunion), le 6 octobre, rappelle la terrible maladie
qui ravage les plantations de Cannes à sucre, principale res-
source de la colonie, et ne semble guère épargner que la Canne
guingan qui, seule, prospère au milieu des champs dévastés.
M. Manès déduit de ces fâcheux lésultats la preuve de la néces-
sité de faire activement les plus grands efforts pour introduire
dans la colonie les variétés de Cannes les plus rustiques que
l'on puisse découvrir, et ne pas s'en tenir à la Guingan, qui peut
un jour subir l'épidémie. Déjà des habitants de la Réunion ont
introduit une cargaison entière de Cannes de Batavia, et font
recueillir en ce moment des tètes de Cannes à Mayotte et à
Nossibé. Notre collègue croit donc devoir faire appel au zèle
de tous les membres de notre Société impériale, pour faire
parvenir au comité de la Réunion, dans le plus bref délai
possible, des renseignements sur les variétés de Cannes
connues dans les pays qu'ils habitent, et des échantillons de
ces Cannes. 11 pense que le Brésil est le point le plus impor-
tant pour les recherches à faire, et qu'il serait d'un très-grand
avantage de s'y procurer une variété très-grosse et très-longue
désignée sous le nom de Canne impériale. La Société s'associe
au désir exprimé par M. Manès, et des démarches seront
faites pour atteindie le but qu'il se propose.
— M. deZeltner, consul de France, à Panama, dans une
lettre adressée le 31 août à M. le directeur du Jardin d'accli-
matation, fait connaître son intention de se mettre lui-même
à la recherche de pieds vivants d'une espèce de Vanillier
indigène à la contrée qull habite, dont il avait déjà fait
parvenir un échantillon, et d'olfrir ces plants à la Société.
M. le consul va également s'occuper d'étudier l'acclimatation
de l'arbre qui produit le baume du Pérou, en anolais
772 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUË d'aCCLIMATATION.
Balsam - trec, dont l'exportation est sévèrement prohibée
dans les Républiques du centre Amérique ; il espère égale-
ment parvenir à faire arriver à l'Aquarium du Jardin d'accli-
matation des Huîtres à perles et une sorte de Moule gigan-
tesque, de prés de deux pieds de long, renfermant des perles
noires.
— M. Auguste du Peyrat, directeur de la ferme-école de
Beyrie (Landes), sur la demande qui lui en a été faite par
M. le Secrétaire général, adresse une Note intéressante sur
ses cultures de Sorgho sucré comme plante fourragère, et sur
les avantages remarquables qu'il en retire pour la nourriture
de son bétail. (Yoy. au Ihillctin.)
— Notre collègue M. Léo d'Ounous annonce l'envoi d'une
collection en double exemplaire d'arbres exotiques cultivés
avec succès chez lui, à Saverdun (Ariége), et s'y reproduisant
facilement, ({u'il offre au Jardin d'acclimatation. M. d'Ounous
met également à la disposition de ceux des membres qui en
désireraient, des plants et des graines de ses arbres.
— M. le Président dépose une Notice sur l'industrie du
Jute, lue par M. Robert Slurrock, secrétaire de la chambre
de commerce de Dundee, dans une réunion d'économistes
qui s'est tenue en octobre, à Edimbourg, et transmise par
M. le consul de France en cette ville. Cette notice renferme
d'intéressants renseignements sur les produits de la plante
indienne qui en est l'objet.
— Parmi les végétaux cultivés au Jardin d'acclimatation
sous la direction de M. Quibou, il s'est trouvé cette année une
espèce de Potiron qu'il appelle Potiron courge, à cause de sa
forme. L'origine de la graine de cette cucurbitacée, qui a pro-
duit deux, sujets, est complètement inconnue ; mais M. Quibou
ayant offert un de ses Potirons, qui lui semblait recomman-
dable par sa quahté, à M. le Ministre des affaires étrangères,
un potage au lait préparé avec ce nouveau légume, et servi sur
la table de Son Excellence, fut hautement apprécié pour sa
qualité onctueuse et son goût délicat.
— Des comptes rendus des résultats obtenus dans leur
culture de végétaux provenant des graines distribuées parla
PROCÈS-VERBAUX. 773
Société, sont adi'essés par MM. Brierre, de Saint-Hilairc de
Riez ; Aimé Laurence , de la Flèche ; Oueuvreux , de Nay
(Basses-Pyrénées) ; de Bouchaud de Biissy, de Boussan (Bou-
clies-dii-BIiône) ; Léon Maurice , délégué de la Société , à
Douai; Martin de Bessé, de Melle, et Diicoin, de Luçon.
— M. le Président dépose un petit échantillon de graines
de Nardoo, celte plante australienne seule ressource alimen-
taire qui soit restée à MM. Burks et Wills, dans leur explora-
lion à travers l'Australie. Ces graines ont été remises par
M. de Belligny, de la part de M. le capitaine Master.
— MM. Pemhorfon Hodgsnn, de Lescar; Hardy, directeur
du jardin d'acclimatation d'Alger; Bonnaire, secrétaire de la
Société d'horticulture et d'acclimatation; Auzende, jardinier
en chef du jardin de la ville, à Toulon, accusent réception des
graines et semences qui leur ont été envoyées récemment.
— M. Hœring, qui vient d'être nommé directeur de la
pépinière d'Aumale lAlgérie), annonce son changement de
résidence, et fait de nouveau ses offres de services à la
Société.
— Notre collègue M. Marcs , de Montpellier, prie la Société
de transmettre à M. Dufour, notre délégué à Constantinople,
son désir de recevoir des plants de la variété de Vigne du
nom de Trhaovche, et de celle cultivée à Filador, sous le nom
de Coif?)ila, signalées par M. le délégué dans sa Notice sur
les animaux et les eéyétaux utiles de la Turquie, publiée
au numéro d'octobre du Bulletin, ainsi que les autres variétés
qui lui paraîtraient bonnes à introduire dans le midi de la
France, et quelques plants de Rosiers dont les Heurs servent
soit à la fabrication de l'essence, soit à celle des confitures.
— La Société a reçu, le 1 3 novembre dernier, sans aucune
indication de provenance, une collection de quarante-cinq
petits échantillons de graines variées qui paraissent originaires
de l'Australie, et qui ont été transmises au Jardin d'accli-
matation.
— M. le comte Léonce de Lambertye fait hommage à la
Société d'un exemplaire de son ouvrage sur le Fraisier, sa
botanique, son histoire, sa culture, et exprime le désir que
774 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
ce livre puisse être examiné avec attention et devenir l'objet
d'un rapport inséré au Bulletin.
— M. le docteur Berg, notre délégué à Saint-Denis, lait
parvenir un exemplaire d'une brochure qu'il a publiée sous
ce titre : Un mot sur la culture et la fertilité de l'eau à l'île
de la Réunion.
■ — M. de Beauvoys fait hommage à la Société d'un exemplaire
de son ouvrage intitulé : ie.s petits Qucstiomiaires.
— La Société a reçu V Index seminmn quœ Jiortus bota-
nicus imperialis Petropolitanus pro mutua commutatione
offert, 1863.
— Madame la comtesse de Corneillan fait hommage à la
Société d'un buste de Philippe de Girard, son grand-oncle,
inventeur de la filature mécanique du lin, et annonce qu'elle
enverra prochainement celui de Jean Allhen, à qui le midi de
la France doit l'introduction de la Garance. Madame de Cor-
neillan fait remarquer que la Garance n'est pas cultivée dans
le Midi seulement, qu'elle a pu tout récemment en admirer
de superbes cultures en Hollande, aux environs d'Amsterdam,
et que, par conséquent, la Garance doit réussir dans toutes
les zones de la France. Elle rappelle que la découverte cl la
préparation de la garancine, principe colorant de cette plante,
sont dues à Frédéric de Girard, frère de Philippe.
— M. Millet place sous les yeux de l'assemblée des œufs de
Lavaret fécondés artificiellement et en voie de développe-
ment. Notre confrère donnera des renseignements à ce sujet
dans une séance prochaine.
— A l'occasion du mémoire de M. du Peyrat, dont il a été
donné communication dans le cours de cette séance, M. le
secrétaire invile MM. les membres qui auraient des ren-
seignements à fournir sur la culture du Sorgho, à vouloir
bien les transmettre à la Société, qui réunira tous ces docu-
ments.
— M. de Fontenay qui a cultivé le Sorgho dans l'Orne, dit
qu'il n'y a pas trouvé d'avantages, car les vaches faisaient des
difficultés pour s'en nourrir avant que le principe sucré se
fût développé ; on sait, en effet, que ce n'est que dans ces
PROCÈS-VERBAUX. 775
dernières conditions que la lige de Sorgho doit être donnée
comme aliment aux animaux. Il croit que cette culture aurait
de meilleures chances de succès dans le Midi, surtout si l'on
avait soin de prendre certaines précautions qui ont été négli-
gées par quelques cultivateurs.
— • M. A. Petetin, qui a fait une étude comparative du Maïs
et du Sorgho dans le Dauphiné, a remarqué que celte dernière
plante, donnée en vert, causait assez souvent des coliques aux
hestiaux ; mais quand le fourrage est donné sec, ces accidents
ne se reproduisent plus, et les bestiaux mangent le Sorgho
avec avidité.
— M. Ilufz de Lavison donne lecture d'un Mémoire sur
l'état du Jardin d'acclimatation pendant le courant de l'année
qui vient de s'écouler. (Voy. ^\\ Bulletin, p. 721).
— M. de Quatrefages fait observer, à ce sujet, que les mo-
difications qu'éprouvent les animaux transportés d'une con-
trée à une autre expliquent parfaitement les échecs signalés
par M. Rufz, mais qu'il n'y a pas lieu de se décourager, et que
des faits observés déjà en France, on peut conclure qu'il se
forme des races particulières des quelques espèces exotiques
nourries au Jardin.
— M. A. Giliet de Grandmont donne lecture de son Rapport
sur le voyage (pi'il a fait cet été, par suite de la mission qui
lui avait été contiée par la Société pour étudier la fécondation
artificielle des Poissons de mer. (Voy. au Bulletin.)
— 31. le Président informe l'assemblée que, pour répondre
au désir exprimé par plusieurs de nos collègues, le Conseil
a décidé qu'il serait fait une collection des portraits des mem-
bres de la Société. Il invite donc nos collègues à adresser
un exemplaire de leur carte photographiée, ce qui permettra
de conserver au siège de la Société le souvenir et les por-
traits des fondateurs et des ancêtres de l'acclimatation (1).
— M. Lecreux, auteur d'une Note sur la culture et la ma-
ladie de la Pomme de terre, insérée au Bulletin (numéro
(1) Déjà un album coaiposc des portraits des membres du Bureau el du Conseil
a été exécuté à la photograpliie Richelieu (rue Richelieu, 83). Cet album est à la
disposition des membres qui désireraient se le procurer.) . ,
776 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLiMATATIOJN.
d'octobre 1863, page 617), prie ses collègues de vouloir bien
lui communiquer les observations qu'ils pourraient avoir à
faire sur celte question.
SÉANCE DU CONSEIL DU 24 DÉCKMBP.E 1863.
Présidence de M. Richard (du Cantal), vice-prcsidcnl.
Le procès-verbal de la séance prccédenle est lu et adopté.
Le Conseil admet au nombre des membres de la Société :
MM. Amalric (Antonin), propriétaire et directeur des postes,
au Luc (Var).
Aube (Frédéric), notaire, au Luc (Var).
Carirol, à Paris.
Castelluccio (le duc de) (de Naplcs), à Paris.
Debbeld, consul de Brunswick, à Paris.
DucROS Aurert, secrétaire de l'ambassade de France à
Constanlino})le.
Germain (Rodolphe), vétérinaire militaire attaché à l'ar-
mée de Cochinchine, à Saigon.
GuiLLON, propriétaire et ancien maire, au Gannet du
Luc (Var).
Levavasselr, ancien inspecteur des finances, à Paris.
MiLLON (Charles-Ernest), secrétaire de légation, attaché
au département des affaires étrangères, à Paris.
Minghetti (S. Exe. M, le commandeur), président du
conseil des ministres, ministre des finances, à Turin.
Ogerdias (Théophile), à Paris.
Pendrié (Aimé), à Tiflis (Russie).
Peruzzi (S. Exe. M. le commandeur), ministre de l'in-
térieur, à Turin.
Trêves, capitaine d'infanterie, à la Nouvelle-Calédonie.
UssNER, directeur du jardin d'acclimatation de Vienne.
— M. le Président annonce à l'assemblée la perle irrépa-
rable que la Société vient de faire parla mort de 3L Debains,
membre de son Conseil d'administration et de celui du Jardin
' PROCÈS-VERBAUX, 777
d'acclimatation. M. le Président rappelle le zèle toujours tout
dévoué avec lequel notre regretté collègue apportait à nos
deux institutions le concours le [)lus éclairé, et la part impor-
tante qu'il prenait en particulier aux travaux du Comité de
direction du Jardin, dont il était membre. L'assemblée tout
entière s'associe aux regrets exprimés par M. le Président,
qui fait également connaître que la Société a encore perdu
un autre de ses membres, M. Christofle, qui s'était, comme
on le sait, acquis une place si distinguée dans son industrie.
La Société a encore à regretter la perte de quatre autres
membres, MM. le marquis de Brignole, Lcthierry, Barrois et
Veneau de la Fouchardière.
— M. le secrétaire donne lecture d'une lettre par laquelle
S. A. le bey de Tunis exprime à M. le Président sa satisfaction
de voir son nom inscrit parmi ceux des Augustes protecteurs
de la Société impériale d'acclimatation, et donne l'assurance
de la haute sympathie que lui inspire son œuvre d'utilité
générale.
— Des lettres de remercîments pour leur récente admission
sont adressées par MM. le docteur J. Coslantini (de Venise),
Ch. Raulhac (d'Aurillac), et les frères du Teil(de Guatemala)^
qui offrent leur bienveillant concours pour faire parvenir à la
Société ceux des animaux et des végétaux des contrées qu'ils
habitent, dont elle voudrait tenter l'introduction.
— M. F. Lecoq fait connaître sa nomination au titre d'in-
specteur général des écoles impériales vétérinaires, qui l'oblige
à quitter Lyon pour venir à Paris, et par conséquent ne Tui
permet plus de remplir ses fonctions de délégué.
M. le Président annonce que, sur la proposition de
M. Lecoq, le Conseil a nommé à sa place M. Constant Bou-
chard délégué à Lyon.
— S. Exe. M. le Ministre de la guerre informe M. le Prési-
dent que M. le commandant supérieur de la Vera-Cruz a fait
embarquer sur le transport /a Drôme, qui a quitté ce port le
12 novembre dernier, h Biches, 5 Chiens et des Poissons,
envoyés de Mexico pour le Jardin d'acclimatation.
~ M. Black, président de la Société d'acclimatation de Vic^
778 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION.
toria, par une lettre datée deMelbourne,le2/i octobre, annonce
que M. le docteur Mueller, vice- président de cette Société,
a expédié, le 13 du même mois, à notre Société impériale,
un Écureuil volant et deux Perroquets ; qu'il espère l'aire un
autre envoi prochainement, et qu'il s'occupe actuellement de
préparer une collection de Kangurous pour les embarquer
sur la frégate française flsis, qui, à son retour de la INouvelle-
Calédonie, doit relâcher en Australie pour y prendre ces
animaux.
— M. Samuel Lewis, de Sydney, rappelle l'envoi ([u'il avait
fait d'un Casoar d'Australie, et annonce son intention de renou-
veler prochainement celle nouvelle tentative qui n'a pas
réussi, et de son désir d'obtenir, en retour, des Hoccos pour
la Société d'acchmatation de la Nouvelle-Galles du Sud.
— M. le docteur J. 11. Simoni, notre collègue, de Port-au-
Prince, écrit, le 2/i décembre, pour annoncer que, loin de se
laisser décourager par l'insuccès de son essai d'introduction des
Hutias de Cuba, dont six individus remis très-bien portants au
Jardin en août dernier, y sont morts en octobre et novembre,
il s'occupe de faire venir prochainement, par voie directe de
Saint-Nazaire, diverses espèces de magnifiques Colombes et
un nouveau troupeau de Caproini/s, cet excellent gibier aussi
fin que le Lièvre et deux fois plus fort.
M. Simoni place sous les yeux de l'assemblée deux Hulias
montés , les derniers morts au Jardin, et fait observer que
ces individus étaient tout jeunes et que leur développe-
ment a été arrêté par la souffrance du voyage et la variation
de nourriture, car, ajoute-t-il, les individus adultes atteignent
10 à 12 kilogrammes.
• — M. le baron de Belcastel transmet, de Weimar, le 7 dé-
cembre, les remercîments de M. le baron de Seebach, minisire
d'État de S. A. le duc de Gobourg Gotha, pour l'envoi d'exem-'
plaires de l'ouvrage de M. Richard (du Gantai) sur le Cheval.
— M. de Fenouillet, par une lettre du 12 décembre, informe
M. le directeur du Jardin d'acchmatalion que, conformément
aux instructions qu'il a reçues du Conseil de notre Société, il
lui adresse la moitié d'une génisse d'Yak née chez lui, complé-
PROCÈS-VERBAUX. 779
tement aveugle , et qu'il a fallu abattre à cause de cette
fâcheuse infirmité. Le poids de l'animal vivant était de 39 ki-
logrammes; le poids de sa viande, après l'abatage, était de
22 i^i^eOO. Les deux quartiers envoyés à la Société furent par-
tagés entre cinq de nos collègues : M. le Président, M. de
Quatrefages, M. Jacquemart, M. Rufz de Lavison et M. Hébert.
Servie sous diverses formes, braisée et entourée de lé^-umes,
rôtie au four, à la broche, cuite dans son jus, en Idanquetle'
elle a été partout trouvée excellente. M. de Quatrefages, en
remerciant M. le directeur du Jardin do la part qui lui a été
adressée, exprime ainsi son opinion sur cette viande. « Elle est
plus rouge que celle du veau , la hbre en est également plus
fine; ehe a une saveur spéciale et très-bonne, participant
quelque peu de celle du veau de montagne et du Bœuf, mais
avec quelque chose sid yeneris ; lajustosité est parfaite.' Bref,
on a conclu que des biftecks et des filets d'Yak devaient être
supérieurs à leurs homogènes tirés du Bœuf. Je ne crois pas
que la rareté du mets que vous nous avez foit goûter ait le
moins du monde influé sur les appréciations. J'ai donc la
conviction qu'un jour viendra où les gourmets sauront gré à
la Société d'avoir acclimaté ce nouveau Bœuf, que je\'en
continue pas moins à voir, dans l'avenir, comme devant être
un jour le Bœuf du pauvre. )>
— M. Roehn, par une lettre adressée de Callao. le 12 no-
vembre, informe M. le Président du peu de progrés fait dans
la question des Lamas et Alpacas ollerls à l'Empereur par le
gouvernement péruvien, et d'un envoi de plants et semences
de végétaux intéressants du Pérou, qu'il vient d'expédier.
A cette occasion, M. le Président annonce qu'il a récemment
demandé des renseignements sur l'état actuel de cette ques-
tion des animaux ofl-erls par feu le président général San-
Roman.
l)e nouvelles demandes de ces précieux ruminants des Andes,
à titre de cheptel, sont transmises, au nom de plusieurs éle-
veurs ou propriétaires du Var, par M. le docteur Turrel, notre
délégué à Toulon, et par diverses autres personnes.
— Une Note de M. Richard (du Cantal), contenant des pro-
780 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
positions ]H"ésentées au Conseil par noire lionorable vice-
président sur les questions de perfectionnement de nos races
d'animaux domestiques , est communiquée à l'assemblée.
Diverses observations sur les rapports plus ou moins directs que
cette question peut avoir avec les travaux de la Société sont
échangées entre M. le Président et notre collègue M. Lelion
(d'Amiens), qui pense qu'elle devrait être laissée aux soins de
la Société impériale d'agriculture, attendu qu'elle s'en occupe
depuis longtemps et qu'elle rentre dans la spécialité de ses
études. M. le Président fait remarquer que les expériences
qu'il propose ne pourraient que gagner à être faites concur-
remment par les deux Sociétés, qu'il en résulterait un double
avantage, et que la solution de la question en serait d'autant
plus tôt obtenue.
M. Jacquemart rappelle alors que l'administration du Jardin
d'acclimatation s'est préoccupée, dès son origine, de l'orga-
nisation d'une section agricole qui avait précisément pour but
la réalisation d'une grande partie du projet présenté par
M. Richard (du Cantal), et que cette étude, ajournée par suite
de diverses circonstances, va être prochainement reprise.
— M. E. Lamiral envoie la copie de deux nouvelles pièces
adressées par lui à S. Exe. M. le Ministre de la marine, et
relatives à ses projets d'organisation de parcs à coquillages
comestibles et de bouchots mobiles pour la culture des Moules.
— M. Chauvin, dans une lettre adressée de Lannion, le
16 décembre, à M. le Secrétaire général, entre dans quelques
détails sur l'établissement d'aquiculture qu'il se propose de
fonder dans la commune de Trégastel (Cùtes-çlu-Nord), en
vue de s'y occuper de l'élude des questions aquicoles non
encore résolues, en même temps que de reproduction et
d'élevage.
— M. Carbonnier fait hommage à la Société d'un exem-
plaire du livre qu'il vient de publier sous le titre de : Guide
pratique du pisciculteur.
— Une circulaire relative aux essais précoces et gratuits de
graines de Vers à soie que M. E. Nourrigatse charge de faire
dans l'intérêt des sériciculteurs, est transmise par M, le Pré-
PROCÈS-VERBAUX. 781
sidentà qui notre collègue de Lunel l'avait adressée, en signa-
lant les avantages que présentent ces essais, qui, terminés en
mars et avant l'éducation normale, permettent aux éleveurs
d'être exactement renseignés sur les provenances saines et
sur celles qui ne le sont pas.
— M. Ligounhe (de Moiitauban) annonce le prochain envoi
d'un Rapport sur l'éducation des Vers à soie Ya-ma-maï dont
les œufs lui ont été confiés par la Société.
— M. le docteur Sacc, délégué à Barcelone, fait parvenir,
en date du 10 décembre, le compte rendu des résultats qu'il
a obtenus dans la culture des graines qui lui ont été envoyées
par la Société, et parmi lesquelles il n'a constaté de succès
que pour VEiicaltjplus, VArdiicuria i.mbricata, le Navet du
Japon et le Riz blanc humide de même origine, qui a été d'un
rapport si considérable et a si bien résisté, malgré son nom,
à l'atroce sécheresse de cette année, qu'il pense que celte
espèce est une précieuse acquisition pour toutes les terres à
blé, surtout pour celles du Midi. Des graines de ce Riz seront
adressées à la Société par M. le docteur Sacc.
— Notre collègue fait observer que les espèces arborescentes
de Cotonniers ne peuvent être cultivées sous notre ciel euro-
péen, parce que, ne fleurissant qu'à leur seconde année, elles
ne peuvent supporter l'hiver. \\ rappelle ensuite les recom-
mandations à l'aire à nos correspondants en Chine, au sujet
du choix des graines que les marchands chinois ne livrent
d'ordinaire qu'après qu'elles ont été séchées au four, ce (jui
explique l'm fécondité si fréquente des graines de cette pro-
venance. Enfin, M. le délégué signale le zèle de M. Berlaud,
jardinier français établi à Barcelone depuis longues années,
qui a bien voulu se charger de la culture de ses graines, et
qui peut rendre des services par son expérience con-
sommée.
— M. le vicomte de Dax dépose une Note sur le Blé dit de
Noé, dont il offre à la Société un échantillon provenant de
l'île de Boedic, en Morbihan.
— M. le docteur Sicard adresse, de Marseille, un travail
intitulé : i.tudessur la culture du Coton, faite dans la propriété
782 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÎQUE D*ÂCCLIMATATÎ0N.
dite la Louise, à Vitrolles, canton de Berre (Boucbes-du-
Rhône). Ce travail est accompagné d'échantillons des produits
obtenus de ce Coton, qui sont placés sous les yeux de l'as-
semblée.
— M. Brierrc écrit de Saint-IIilaire, le 18 décembre, pour
annoncer l'envoi d'un dessin d'un arbre dont l'espèce lui est
complètement inconnue, et dont la graine s'est trouvée, sans
désignation, parmi celles qu'il a reçues de la Société.
— M. Xavier d'Abenante envoie de Naples une petite collec-
tion de graines de quatre variétés de Cucurbitacées, de Bro-
cobs, de Laitue et de Gbicorée cultivées dans les Fouilles. Ces
graines sont remises par M. le Président à qui elles ont été
adressées.
— M"' Debsse, qui continue, avec le soin et le zèle les plus
louables, les essais de culture de végétaux entrepris par son
mari, notre regretté collègue, fait parvenir à la Société une
collection de graines des espèces qui lui ont paru présenter
le plus d'intérêt, de sa récolte de cette année. Dans cette col-
lection sont comprises des graines de Loza de Chine et d'Avoine
orosse noire d' Algérie dont M'"^^ Delisse est très-satisfaite, tant
pour sa production que pour le peu de soins qu'elle réclame,
s'accommodant très-bien de terrains médiocres.
— M. le Président dépose, au nom de M. le professeur
Barulfi, de Turin, un exemplaire que M. le délégué veut bien
offrir à la Société, d'un ouvrage sur la vie et les travaux du
général Albert de la Marmora, qui a pour auteur M. Giorgio
Briano.
— iNolre collègue M. Gabriel Fâche , par une lettre du
20 décembre, soumet à M. le Président une proposition ayant
pour objet de resserrer les hens qui unissent entre eux les
membres de la Société, par l'organisation d'un banquet, et
donne à sa proposition les développements qu'il croit propres
à en faire bien saisir la portée. Cette proi)Osilion est renvoyée
à l'examen du Conseil.
— Une autre proposition relative à la collection des por-
traits des membres de la Société, sur laquelle M. le Président
a appelé l'attention de l'assemblée, dans la dernière séance,
PROCÈS-VERBAUX. ' 783
est également adressée par notre collègue M. A. Berlin , et
renvoyée de même à l'examen du Conseil.
— ■ M. Henry Gaillard présente un exemplaire des deux
Rapports sur la viticulture de l'est et du sud-ouest de la France,
adressés par M. le docteur Jules Guyot à M. le Minisire de
l'agriculture, et dont l'auteur veut bien faire hommage à la
Société.
— M. Bernardin, conservateur du musée de Melle-lez-
Gand (Belgique), écrit pour demander des échantillons de
nouveaux produits, tels que soie d'Ailante et d'autres espèces,
cire du Japon, etc., destinés à être placés parmi les collec-
tions de l'établissement confié à sa direction.
— M. Millet lit un Mémoire résumant une partie de ses
recherches sur la fécondation artiticielle des Poissons d'eau
douce et des Poissons de mer ^ et présente à l'appui une
série d'œufs embryonnés et de jeunes alevins de divers âges
appartenant aux principales espèces marines utiles ou comes-
tibles.
Bans ce travail, notre confrère expose les conditions que
les œufs et la laitance doivent remplir pour être aptes à la
fécondation, et en déduit les conséquences suivantes : le Sau-
mon, la Truite, rOmbre-chevalier,le Hareng, le Carrelet, etc.
ne peuvent frayer durant la saison chaude; au contraire, la
Carpe, le Barbeau, le Muge, le Turbot, etc., ne peuvent frayer
dans les eaux froides.
Après avoir énuméré les diverses époques auxquelles il
convient de pratiquer la fécondation artificielle, soit dans les
eaux douces, soit dans les eaux salées, M. Millet pose les con-
clusions suivantes: La mer a, comme les fleuves et les rivières
ses poissons &' hiver, ses poissons (\q printemps et ses poissons
d'e7e. Dans la mer, comme dans l'eau douce, la ponte n'est
pas limitée au printemps. La vitalité des spermatozoïdes a o-é-
nôralement une durée plus longue en mer qu'en eau douce •
mais celte durée, toujours assez courte, exige que l'on pro-
cède aux fécondations artificielles avec les mêmes précautions
qu'en eau douce, c'est-à-dire que l'on oipère si?mdkmément
avec les œufs et la laitance.
78/l SOCIÉTÉ IMPÉItlALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION.
M. Millet met sous les yeux de la Société des œufs de Hareng
embryonnés et vivants , et annonce que , sur les côtes de
Normandie et de Bretagne, ce poisson est actuellement en
pleine fraie, et que le Carrelet se trouve dans le même état au
mois de janvier.
— M. Guérin-Ménevillc lit un travail intitulé : Note som-
maire sur l'état prospère auquel est arrivée la question des
Vers à soie dans la Société impériale d'acclimatation, et pré-
sente, au nom de notre collègue, M. Th. P. Jullien, de Reims,
un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre :
La Rose, étude historique, physiologique, horticole et cnto-
mologique, et dont il fait hommage à la Société. En présen-
tant ce livre, M. Guérin-Méneville en donne une analyse qu'il
résume ainsi : « C'est à la fois une œuvre littéraire de grande
» valeur qui captive par l'attrait de la forme, et un travail
5 remarquable d'érudition historique, d'horticulture et d'his-
» toire naturelle, révélant chez son auteur les connaissances
>) les plus variées et les plus positives. »
Le Secrétaire des séances,
L. SOUBEIRAN.
m. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
Pisciculture. .
Lettre adressée par M. le docteur Sicard à M. le président.
Marseille, le 7 août 1863.
Monsieur le Président,
L'an passé, nous vous avons transmis les résultats de nos études sur les incu-
bations et éclosions des œufs de Saumon et de Truite , qui nous avaient été
envoyés par l'établissement de pisciculture d'Huningue ; nous venons aujourd'hui
vous p;irk-r des éclosions que nous avons obtenues cette année et des résultats
pratiques de nos études.
Le S janvier \ 863, par une température de 7 degrés sur zéro, nous avons reçu
par le clieniin de fer une boîte qui devait contenir 2000 œufs de Saumon;
vérification faite, nous n'en avons trouvé que J816.
Cinquante-cinq sont morts dans le transport, ce qui a porté le nombre des œufs
mis en incubation à 1761 . Nous avons constaté le décès de 360 œufs, et 784 alevins
sont morts pendant la résorption de la vésicule ombilicale ; le résultai final a donc
été 61 7 Saumons jouissant d'une parfaite santé et dont une partie a été placée, dans
notre aquarium, et l'autre dans un bassin alimenté par les eaux du canal filtrées.
Les résultats obtenus cette année ont été plus heureux que ceux de l'an passé:
nous attribuons cet effet au soin que nous avons eu de garnir le fond des appa-
reils avec de gros graviers contre lesquels les alevins peuvent se frotter pendant
la résorption de la vésicule. Si l'on met du sable dans les appareils, les pertes
sont beaucoup plus nombreuses, ce qui est dû à l'incrustation des ouïes, maladie
qui les fait toujours périr dans le jeune âge, et à la mue indispensable pour passer
à l'état de poisson, mais qui ne peut se faire si l'alevin n'a pas un corps dur,
contre lequel il puisse se frotter.
Nous avions commencé à nourrir les alevins avec la viande crue hachée et
pilée, mais ayant observé de nombreuses indigestions suivies de mort, ce qu'il
nous a été facile de constater par l'autopsie, nous avons cessé de leur en donner.
^ L'eau de source dans laquelle nous les élevons ayant une grande quantité
d'animalcules, les Saumons, jusqu'à ce jour, n'ont plus pris de nourriture étran-
gère, ce qui ne les empêche pas d'être très-vigoureux et de grossir autant que
ceux dont le bassin en plein air est alimenté par l'eau du canal filtrée, et auxquels
on donne de la viande pilée une fois par semaine.
Voici le détail des éclosions de l'an passé, mises en parallèle avec celles de celte
année.
En 1862, sur 2000 œufs, nous avons obtenu :
Œufs morts ^g7
Saumons morts 822
Saumons arrivés à l'état parfait 711
_. ,o 2000
En 1863, sur 1761 œufs, nous avons obtenu :
(Eufs morts _ 350
Saumons morts 784
Saumons arrivés à l'état parfait 617
1761'
Truiles. — Le 20 février 1863, nous avons reçu de l'établissement de pis-
ciculture d'Huningue une boîte qui devait contenir 1000 œuls de Truite sau-
monées; mais à la vérification, il s'est trouvé 1087 œufs. Trois ayant péri
dans le transport, 1084 œufs ont été placés en incubation : 86 œufs sont morts
pendant celte période, et la résorption de la vésicule ombilicale nous eu a lait
perdre 604 ; ce qui porte à 397 le résultat final.
T. \. — Décembre 1863. 50
786 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION.
Nous pensons que les 40û alevins qui sont morts \r troisième jour après
l'éclosion, devaient avoir contracté dans l'œuf la maladie qui les a emportés.
Les Truites saumonées, qui se portent parfaitement, ont vécu jusqu'à ce jour
des animalcules contenus dans l'eau de notre source.
L'an passé, nous avions élevé des Truites, et nous donnons ci-joint les résultats
obtenus , qu'on peut comparer à ceux des Truites saumonées que nous venons
d'élever.
En 1862, sur 2000 œufs de Truite, nous avons obtenu :
OEufs morts 545
Truites mortes 1135
Truites arrivées à l'état parfait 320
2000 '
En 1863, sur 1087 œufs de Truite saumonée, nous avons obtenu :
Œufs morts 86
Truites mortes 604
Truites arrivées à l'état parfait 397
1087
M. le docteur Sicard, écrivant plus tard à M. le Président, s'exprimait ainsi :
On avait prétendu que les Saumuns que j"ai fait éclore à Marseille , dans les pre-
miers mois (le celte année, ne poui raient |ias vivie cet été, surtout dans un bassin.
Je suis heureux de vous annoncer que cette épreuve a parfaitement réussi ;
des Saumoneaux qui avaient été déposés dans un ba^sill de 2 mètres de lont;ueur
sur 80 centimètres de profondeur, expose en plein soleil sans abris et alimenté
par l'eau du canal de Marseille filtrée, ont atteint aujouidhui, sans nourriture
factice, de 15 à 18 centimètres de longueur. C'est au quartier de Bon-Secours
(banlieue de Marseille), lampagno de M. Clappier, rédacteur du journal le i\ou-
vellisle. que ce fait s'est passé.
Je n'ai pu encore avoir de nouvelles des alevins répandus dans le département.
Nous croyons avoir démontré pratiquement que tout propriétaire possédant
les eaux du canal de Marseille, qui sera désireux d'élever des Saumons dans ses
bassins, pourra y parvenir, pourvu que l'eau suit limpide.
Les nombreuses demandes d'alevins qui nous ont été adressées cette année
prouvent que la pisciculture finiia par prendre droit de cité au milieu de nos
concitoyens ; ce seia une gloire réservée à notre Société qui encourage les études
sur ce point, l'une des bases delalimentation publique.
Nous souhaitons que la pisciculture maritime prenne de l'extension, car il y a
beaucoup à faire sur ce sujet, et Marseille en retirerait un irés-graïul avantage qui
serait partagé par la France entière.
C'est à la Société d'acclimatation qu'il incombe de pousser vers ces études, en
faisant venir des Tortues et auires animaux qui prospéreraient dans des parcs aux
environs de Marseille, où ils sont inconnus. De là ces éiudes rayonneraient dans
la France et l'étranger; peut-être Ja Société pourrait elle obtenir de l'intendance
sanitaire la permission de faire des études d'acclimatation dans les eaux réservées
des îles. Personne ne pouvant y venir, on n'auiait pas à ciaindre la nialveillanL,e.
Puisse cette idée, mniie par la Société, arriver au but que nous nous proposons,
Futilité. F- Sicard.
Lettre communùfiiée par Al. Hené Cmllaud.
Luçon, lo 26 octobre 1803.
Cher confrère.
Ce n'est qu'aujourd'hui <iue j'ai reçu les certificats que j'ai l'avantage de vous
adresser, et qui constatent les succès obtenus par quatre de nos coinpalrioles dans
l'élevage des Muges ; je désire qu'ils se trouvent à la convenance de la Société.
FAITS DIVERS. 787
B'en que ces certificats ne soient pas très-précis, vous y verrez que M. Gaudu-
cheau et Cliauveau de Triaize ont abandonné IVdevage des Poissons d'eau douce,
pour s'occuper pariiculièiemeiit des Muges, qui, 'sous tous les r..ppo Is, leur
donnent de meilleurs résultats, .le connais les pièces d'eau de ces messieurs^ elles
sont au miliru de leurs pro riètés et alimentées uiiiqneinent par les eaux plu-
viales et là ils oblieniieiit des Muges niaifiiifiques. Les deux aulres certificals de
MM. Roy et Mercier toiil savoir que leur expérience a été faite dans des eaux de
source (roides et irues, et que lein- réussite a été complète.
D'après les épreuves que j'ai l'aiies moi-même dans les enux douces et les eaux
pluwrtles, et qui m'ont toujours pieinenienl saiislait, je conclus q'ie le Muge peut
être mis n'impoite dans quelles eaux; qu'il n'y a qu'un passage trop brusque
de Veau froide à l'eau chaude, et de l'eau chaude à l'eau froide, ()ui puisse lui
nuire, ce qui arrive à tous les Poissons d'eau doice. Dms nos contrées, l'éleva"-e
du Mu-e a pris une telle extension, que l'on est tout étonné que Ion puisse avoir
le moindre doute à ce sujet.
Je n'pvais jamais senti le besoin de m'occuper de l'élevage de ce poisson,
quoique vous ne cessiez de nous le recommander depuis IS.'^ô. Voilà ce que j'ai
observé dans le courant d'aviil derr.ier. .l'ai pris dans de l'eau salée des petits
Muges qui étaient à peine éclos ; ils ont aujounrhni de 10 à 12 centimètres ;je suis
avec iniérèt leur développement, et me liens prêt, quand la Société le désirera, à
lui taire un nouvel envoi, qui pourra la fixer positivement sur la crois-ance de ce
pois.^on. Ce n'est qu'approximativement que j'avais donné l'âge pour ceux que
j'ai adressés à la Société, il y a quelques mois.
C'est en vue de seconder l'inléiét (lue notre belle Société semble prendre parti-
culièrement à l'élevage en eau douce de nos Muges, comme à tout ce qui doit
tourner à l'avantage des populations, que je m'appliquerai de plus en plus à cette
question. Labbé.
Lettre adressée par M. desNouhes de la Cacaudtère à M. le Président.
I^a C.icaudière, le 2 décembre d8{<3.
Monsieur le Président ,
Vou-' m'avez demandé, il y a plusieurs années, de tenir la Société d'acclimata-
tion au courant des résultats de mes travaux de pisciculture, je viens donc vous
faire connaître les derniers.
Hier, j'ai [lêché le bassin dans lequel je nourris un certain nombre de poissons
dont je suis le développement et que je destine à la lécondation arlifuielle. Il y
a un an, je n'avais eu, de sujets nés en 18(50, qu'une femelle ayant des œufs, 650,
quatre viennent de m'en donner plus de 2000.
La técondaiion de 1862 avait parfaitement réussi, cette dernière est dans les
meilleures conditions.
Mes Truites ont un peu souffert de l'opération, néanmoins elles se sont remises
assez promptement. J'en ai mesuré une dont la longueur est de ^5 centimètres,
c'est une truite grande des lacs. En somme, elles me paraissent avoir doublé de
poids depuis un an.
Quant aux Saumons, ils n'ont environ que 20 centimètres. A quatre ans, c'est
bien peu.
En 1860, j'en avais mis plusieurs milliers dans l'étang de la Relotière, source
des Icics ; il n'y en est pas re4é un : ils ont probablement suivi le cours du ruisseau,
regagné la mer, et se sont mêlés à ceux que M. Caillaud a déposés dans la partie
intérieure de la rivière. On en prend beaucoup aujourd'hui.
Des Nol'hes de la Cacaudière.
IV. CHROHIÛÙF.
l.e Coton. — Les efforts que la disette de coton causée par la p;uerre des
Etats-Unis avait suscités, dès Tannée dernière, dans un i^rand nombre de
localités, pour l'introduction de la culture du végétal qui donne ce précieux
produit, se sont encore mullipliés cette année. Nous trouvons presque
cliaque jour, dans les journaux ou dans les revues, des notes sur les résultats
obtenus dans les essais si nombreux, et si variés qui ont été entrepris, dans
la plupart des cas, sur une assez grande échelle pour qu'on en puisse tirer
des conclusions à peu près précises.
Les Annales dv. cummrrce extérieur, le plus sou\ent reproduites par le
Moniteur, nous tiennent au courant de la situation de celte culture dans les
contrées étrangères; elles nous apprennent qu'en Chine, au Japon, dans les
Indes anglaises, la production du coton a pris une très-grande extension.
Les nouvelles qu&.jious recevons d'Egypte, du Sénégal, de l'Algérie sont
également très-1'avorables. Dans le domaine de l'Ouady, en Egypte, la récolte
du coton a été exceptionnelle, elle n'a pas rapporté moins de trois millions.
La culture du '.'olon en Italie cl principalement en Sicile, va devenir une
industrie fructueuse. La production de la Sicile, pour la présente année 1863,
s'élève, a.ssure-l-on, à 1 269 /i72 kilogrammes. Ces produits, et ceux qui
ont élé obtenus dans plusieurs autres provinces d'Italie, semblent par leur
finesse et leur blancheur pouvoir rivaliser avec les plus recherchés de
l'Amérique.
Le gouvernement italien prend un si grand intérêt à cette nouvelle indus-
trie agricole, qu'il organise eu ce moment à Turin, pour le mois de janvier
procliaiu, une exposition des produits obtenus dans ses Elats, en lS6o, des
essais de culture de coton, afin d'en mieux faire connaître la valeur réelle.
Les conditions du programme de celte exposition montrent toute l'impor-
tance que le gouvernement y allache.
La Corse n'est pas restée en arrière dans cette voie de progrès. Les expé-
riences faites dans une des terres de M. le comte Bacciochi, située près
d'Ajaccio, et cédée gratuitement à un habile industriel, et sur plusieurs
autres points de la Corse, ont donné des résultats très-satisfaisants.
Aous serons prochainement en mesure de rendre exactement compte de
ce qui a été fait, même en France, pour l'introduction du coton; nous
attendons encore divers renseignements qui doivent compléter ceux que
nous avons déjà reçus.
Nous parlions récemment des tentatives entreprises en Australie pour
racclimatation de l'espèce vivace de Cotonnier du Pérou ; on annonce la dé-
couverte d'une autre espèce vivace de Bornéo qui présenterait les mêmes
avantages que celle du Pérou et qui mérite de fixer notre attention. Nous
lisons à ce sujet, dans le Cch^mos, la mention suivante :
(( Un missionnaire de la congrégation de Saint-Vincent de Paul, .M. Van
der Gruilen, curé de Batavia, ayant élé appelé à faire un voyage dans l'in-
GHUONIQUE. 789
léripiirde Bornéo, reinarqua, dans le pays des Dayaks, peuplade renommée
par son indomptable férocité, une espèce particulière de Cotonnier qui parais-
sait donner des produits excellents. Il en recaeiliil dr's semences, les cultiva
dans if jardin de la cuie, etolsiinl de très-bons résultats. Cet arbuste vivace
atteint une hauteur de 5 à 6 pieds; quatre mois sufliscnt, depuis le moment
où la graine est semée, pour amener ses fruits à une maturité parfaite, il
est d'ailleurs d'une i^rande fécondité. Les coques, dont chaque pied porte un
nombre considérable, sont plus volumineuses que celles du Cotonnier ordi-
naire; le coton qui les remplit est très-épais et très-serré, et les graines
très-nombreuses, au lieu d'être irrégulièrement réparties dans la masse de
la matière filamenteuse, sont réunies sur l'axe de la coque, ce qui permet de
les enlever avec une extrême facilité. La parfaites blancheur de ce coton el
la longueur des filaments dont il se compose, sont d'ailleurs des signes ca-
ractéristiques d'une qualité supérieure. »
M. Van der Gruiten a fait hommage au consul généraLde France à Batavia
d'une certaine quantité de graines de ces arbustes qu'il avait lui-même cul-
tivés, et M. de Codrika s'est empressé de les transmettre au gouvernement
de l'Empereur. Tout j)orte à croire que cette précieuse espèce pourra s'ac-
climater en Algérie. . H.
i-« «^oi-ftSio. — .Nous tiouvons dans le Journal d'dijriculture "pratique
du 20 novembre, la mention suivante, extraite d'une lettre de M. du Peyrat,
de Beyrie (Landes) :
« Tout le bétail a été nourri, pendant le mois entier d'octobre, de Sorgho
sucré, haché; et, comme les années précédentes, celte nourriture lui a fait
le plus grand bien. Il est fâcheux que la culture du .Sorgho, comme fourrage,
n'ait pas un plus grand nombre d'imitateurs dans la région du sud-ouest, oîi,
avec quelques soins, elle réussit parfaitement. JVous répéterons que c'est la
canne seule qui forme un fourrage nutritif et non la feuille; on ne doit, en
conséquence, connnencer à consonnner le Sorgho que dans le courant du
mois d'octobre, et il faut le rentrer et le mettre en silos avant les gelées. Ce
fourrage vert est d'une grande res.sourcc dans celle saison et permet de dif-
férer la consommation des racines. » H.
(Nous publierons prochainement une Note plus détaillée de M. du Peyrat,
sur ce sujet.)
— Nous empruntons aux Mémoire»» de la Société acR(léini<|ue «Je
Naint-^uontin, 3" série, t. IV, p. 160-161, le travail suivant, qui rentre
dans le cadre du Bulletin :
Notice sur la 'Citrouille des Yaks {Cucurbita rnelanosperma), par
M. Théodore Midij, membre associé.
Lorsque les Yaks du .lardin des plantes ont été importés de rind(% on
avait embarqué avec eux, pour leur alimentation pendant la traversée, une
grande quantité d'une espèce de Cucurbitacée dont ils font leur nourriture
790 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTIGN.
habituelle, et à laquelle on a donné le nom de Gilroiiille des Yaks, ou
Cucurbita melanusperma, à cause de la couleur noire de ses graines.
A leur arrivée au Jardin des plantes, on avait logé ces fruits partout où
l'on avait trouvé de la place. Quelques années se passf'rent, et un jour on
fut fort élonné d'en découvrir, dans \m hangar ouvert de toutes parts, un
lot en parfait état de conservation. Ainsi ils avaient parfaitement résisté
aux rudes hivers de nos climats, fait assez remarquable, puisque leurs con-
génères de notre pays se conservent à peine quelques mois.
Cette précieuse qualité pourrait rendre cette plante fort utile à ragriculture
pour l'alimemation des bêtes à cornes pendant l'hiver. Un essai mériterait
d'être tenté.
La culture en est facile 11 faut, dans un terrain ameubli, comme pour la
plupart de ses congénères, faire une petite fosse, la remplir de iô à 20 cen-
timètres de fumier fait, recouvrir d'une dizaine de centimètres de terre, et
semer. 11 f.iut beaucoup d'arrosemcnt pour commencer mais dès qu'elle a
quelques feuilles, la plante peut être abuadonuée à elle-même et elle prend
bientôt un immense développement. Viemnot.
ERRATA.
i\L Colpaert, auteur d'une iVoi(ce 5«r /a C'oa/, publiée au Bulletin, L X,
J863, signale une erreur qui lui a échappé dans sa rédaction, au sujet de la
quantité de Coca consonmiée. Le chillVe de cette consonmiation doit être
porté au double de celui qui a été indiqué (voyez page 963).
Nous nous empressons de rectifier tiois autres erreius qui se sont glissées
dans la composiliou des deux numéros précédents, et dont les deux dernières
surtout altèrent complètement le sens des phrases où elles se trouvent.
Numéro d'octobre 1863, page 626, ligne 25, au Heu de l'île de la Réunion,
lisez de la Guadeloupe.
Numéro de novembre, page GGi , ligne 21, au lieu de et fort nutritifs,
lises et fort p.-u nuUilifj.
Même numéro, page 667, ligne 13, au lieu de les fromages rancis, lisesles
fourrages racines.
ÉTAT DES ANIMAUX VIVANTS,
PLANTS, GRAINES ET SEMENCES DE VÉGÉTAUX, OBJETS DE COLLECTION, PRODUITS
INDUSTRIELS ET OBJETS D'ART, DONNÉS A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE
ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION
Du 1" janvier au 31 décembre 4803 (1).
NOMS DES DONATEURS.
OBJETS DONNÉS.
RENVOI
au
bulletin.
\-' ANIMAUX VIVANTS.
S. Exc. M. le Ministre
de l'agriculture.
Vers à soie de Chine, envoyés par
M. Buissonnel.
Cocons de Bombyx Permji.
131
351
S. Esc. M. le Ministre
de la guerre.
Quatre Biches, cinc] Chiens et des
Poissons du Mexique.
777
MM.
Baraquin, au Para.
Grandes Tortues ou Jabotys.
Marécaos, Canard sauvage du
Brésil.
574
761
Bataille, à Cayenne.
Collection d'animaux de lu Guyane
— ■ de neuf animaux.
— de sept animaux.
— deneufanimaux.
216
•2 93,
353
627,
305
761
(!AiLLAUD(Kené), àParis.
Moules, Pholades, Huîtres, Bro-
chets, etc., pour l'Aquarium.
631
Cu.\BAUD, vice-consul de
France, à Porl-Élisabelh.
Antilope (Blessbock).
Collection d'animaux.
306
363,
455
Dabry, consul de France
à Uaii-kéou.
FaisHu doré et autres animaux.
Gallinacés et frai de poissons.
226
520,
626,
572,
630
Delapoiite , consul de
France a Bagdad.
Collection d'oiseaux.
210,
577
M"''Delisse, de Bordeaux
CEufs de Vers à soie du Mûrier.
123
Deville de Perrière, à
la Guadeloupe.
Un Agouti.
626
(1) Pour les livres, voyez les pages 235, 320, 517, 527, 720.
792 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
NOMS DES DONATEUaS.
MM.
DuTnÔNE, à Paris.
Gauldrée-Boilleau, con-
sul de France à Québec.
Grimblot, vice-consul de
France à Poinle-de-Gallos.
GUÉRIN - Méneville , à
Paris.
Jaeger, en Cochinchine.
Lacerda(A. de),àBaliia.
Leblanc (P.), à Brioude.
Lemaistiîe - Chabert, à
Strasbourg.
Lémont (vicomte E. de),
'consul de France à Per-
nambouc.
LevvisSamuel, à Sydney.
Liénard, del'île Maurice.
Montebello (g. de), à
Rome.
MoNTRAVEL (L. T. de),
,'ouverneur de la Guyane
rançaise.
OBJETS DONNES.
RENVOI
au
BULLETIN.
Mdeller (le docteur), à
Melbourne.
Perny (Mgr.j, en Chine.
Pompe van Meerder-
vooRT, à la Haye.
Renard (Ed.), à Paris.
Un Taureau Sarlabot.
Cocons de VAttaciis Cecropia.
Cocons du Bombyx Cecropia.
Animaux divers.
Cent œufs do Bombyx Cecropia.
Une paire de Mainates.
Trois animaux du Brésil.
Œufs de Vers à soie du Mûrier.
Cinquante cocons vivants de fiom-
byx Cynlhia.
Collection de douze animaux.
Collection d'oiseaux.
Moomk [Casuarius Bennelli).
Gouramis vivants.
Crabes d'eau douce.
Animaux de la Guyane.
Collection d'animaux vivants
d'Australie.
Deux Colliti icincla liarinonica.
Un Écureuil volant et deux Per-
roquets.
Cocons vivants du Ver à soie du
Chêne [Bombyx Perny i).
Graines de Vers à soie Ya-ma-
maï du Japon.
Graines de Vers à soie Ya-ma-
maï du Japon.
H 9
131,226
213
224, 229,
570
431, 457
364
628
356
632
293
364.
455
448
763
631
441,
287,
314
637,
697
778
117
71, 231
289, 356
DONS FAITS A LA SOCIETE.
793
NOMS DES DONATEURS.
OBJETS DONNÉS.
RENVOI
au
BULLETIN,
MM.
SCHLUMHERGER (Julcs), à
Guebwiller.
Un Lièvre des Vosges.
697
Simon (Eiig.), en Chine.
Divers animaux de Chine.
Cocons et graines de Vers à soie.
Cocons \ivdins de Bombyx Pernyi.
Animaux du Japon.
130
231
287,
293
313
SiMONi, à Paris.
Six Hutias de Cuba.
570
Société d'acclimalalion
de Victoria (Australie).
Collection d'animaux d'Australie.
569,
697
636,
Société d'acclinfiatation
de Tarn-et-Garonne.
CEufs de Bombyx Cyntliia.
516
Spinelli ( François ) , à
Naples.
Cocons vi vantsde Bombyx Cynthia.
633
Vauchelet, à la Guade-
loupe.
Collection d'animaux et de végé-
taux.
626
Werner, à Paris.
Un couple de Viscaches.
764
WiLsoN (Ed.), à Mel-
ibourne (Australie).
Trois Écureuils volants.
2° VÉGÉTAUX.
plantes, graines et semences.
625
Baraquin, au Para.
Graines de gros Ricin de l'Ama-
zone.
761
Bellanger (Charles).
Graines de Cassia occidentalis,
dit Café nègre.
128
Berthelot (Sabin), con-
sul de Franceaux Canaries.
Diverses graines des Canaries.
516
Bgisnard-Grandmaiso.n, à
Granville.
Tubercules d'Igname de Chine,
venus de graines.
45
Chagot aîné, à Paris,
Graines de Coton et de Maïs.
132,
219,
298,
227
Couture, de Teniet-el-
Ilaad (Algérie).
Graines de Cèdre.
298
1
794 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION.
NOMS DES DONATEURS.
OBJETS DONNÉS.
RENVOI
au
liULLETIN.
M"""' Delisse , de Bor-
deaux.
MM.
Durand (E.), de Phila-
delpliie.
Tubercules de Palale, Avoine
d'Algérie, Pois oléagineux, Loza,
Millel.
Racines de Pyrularia oleifera.
123
123
Fkrrer (Léon), de Per-
pignan.
Plants de Cotonnier.
702
Gaulduée-Boilleau, con-
sul de France, à Québec.
Plantes du Canada.
Graines d'Asclépias.
Arbres fruiiiers et forestiers du
Canada.
Plants et graines du Canada.
l.S, 637
131, 213
2S2-280
703
Gelot (A.), à Paris.
Provision de feuilles de Yerba
maté.
365
GuiLLEMiN ( Mgr. ) , à
('.anton.
Graines d'Ortie blanche de Chine
578,626
Hayes, à Chandernagor.
Asclepius ecliinata et Arislolochia
indica.
Plantes vivantesde Chandernagor.
Graines de Tek.
218
365
635
HuRERT (Alfred), à Pékin.
Graines de Chine.
516
La YARD, de Londres.
Touffes de Bunch-cjniss.
365
Lei'evre ( Amable ), à
New -York.
Graines et racines d'Asclépias.
133
LoAREii (Ed.), à Allalia-
bad (Indes).
Graines de végétaux des Indes.
516, 701
MoRTAiN (de), à Ver-
sailles.
Collection de graines rapportées
par M. de Lapeyre.
123
Renard (Ed.), à Paris.
Graines d'Arbre à savon.
634
Sacc, délégué de la So-
ciété, à Barcelone.
Épis de Blé de Taganrok.
516
SicARD (le docteur), à
Marseide.
Graines et produits deCalh-sé.
45
Simon (Eug.), en Chine.
Divers végétaux et graines de
Chine.
130
DONS FAITS A LA SOCIETE.
795
NOMS DES DONATEURS.
MM.
Société d'agricullure de
Vaucluse.
Trenqualye (de), consu
de France à Canton.
Vilmorin - Andrieux , à
Paris.
l
BOISNARD - GrANDMAISON,
à Grtinville.
M'"'' la comtesse de Cor-
NEiLLAN, à Paris.
Delaporte , consul de
France à Bagdad.
GuiLLEMiN ( Mgr. ) , à
Canton.
Hardy, à Alger.
SicARD (le docteur), à
Marseille.
Zeltner fdp), consul de
France à Panama.
OBJETS DONNES.
Graines et échantillons de Coton.
Plant de Cotonnier de Chine,
Graines de Rhiis succedanea.
3" OBJETS DIVERS.
PRODUITS INDUSTRIELS ET OBJETS d'aRT.
OEufs de Nandou el squelette de
Tatou.
Collection de cocons do Vers à
soie.
Échantillons de soie.
Laine de Chameau de Mésopotamie.
Tissus fabriqués avec l'Ortie de
Chine.
Cocons de Vers à soie du Ricin et
de l'Allante.
Echantillons de produits extraits
du Tavouloo de Madagascar,
Feuilles et gousses d'une espèce
particulière de Vanille.
RENVOI
au
BULLETIN.
702
635
315
288
45
122
761
578, 626
45
124
453, 457
INDEX ALPHABF.TîQUE DES ANIMAUX
MENTIONNÉS DANS CE VOLUME.
Abeille. 293, 317, 364, 446, 464,
513, 522-523, 576, 653-654.
— ligurienne, 462-463, 523.
Ablette, 260.
Actinies, 383, 390, 654.
Agami, xxiv, 53, 216, 305, 364,
461, 627, 652, 722.
Agouti, 216, 305, 353, 379, 382,
570, 626-627, 722, 727.
Agulia, 37 2.
Aiguillai (Sr/((,(t/HS (icanthias), 179.
Aiguille {Esox belone), 181, 392.
Aira, 704.
Alandt, 178.
Alose, XXXI, 121, 179, 181.
Alouette- pie, 212, 3i8.
Alpacas, 1-7, 71, 130, 153-154,
293, 295,353,363, 373,439,
449, 450, 514, 518, 571, 575.
625, 628, 635,644, 698,708,
726, 762, 779.
AiHifi tudornii^ 11.
Ane, 643-644, 646.
Anémone parasite^ 237.
Ange, 386.
Anguille, xxxi, 289, 307, 503.
Anlhia cereus, 380.
Antilope, 88, 225, 306, 460, 403,
482-483.
— • blessbock, 463.
— élan fAntilo[)e oreas), 155.
— nilgaut, 155, 236, 379-380,
460, 651, 726.
Aracuhan, 455.
Aras, 455, 652.
Ardea cinerea. Voy. Grue cendrée.
Argali, 451 .
Ascidies, 390.
Asprèdes, 387.
Alincm Cecropia. Voy. Vers à soie
du Canada,
Autruclie, XXIV, 85-88, 153, 217,
225, 236,371, 372,379,572.
Axis, 74, 79, 88, 236, 644, 648,
726.
Banteng, 526.
Bar, 181, 189, 394, 442, 443.
Barbeau, 783.
Biivh\Gr [Anihids sucer), 182.
Barbillon, 80, 181.
Barbue, 181.
Bardot, 62.
Belone aiguille, 389,
Bécassine de Hindié, 210.
Bergeronnette, 644.
Bernache armée, xvi, 643, 646.
Bernard l'ermite, 237.
Biche du Paraguay, 159.
Biset, 644.
Bison, 643, 647.
Blanquettes, 179.
Blen.iie, 360, 380, 389, 390.
Bœuf, 541-542, 545, 643.
— trotteur, 625.
Bogue, 394.
Bombyx Arrindia. Yoy. Vers à soie
du Ricin.
— Cecropia. Voy. Vers à soie du
Canada.
— Cijnlhia. Voy. Vers à soie de
l'Ailanle.
— grand Atlas de l'Inde, 297,
318-319.
— Morl. Voy. Vers à soie du
Mûrier.
— Yu-ma-nuiï. Voy. Vers à soie
du Chêne (Japon).
— Perinji. Voy. Vers à soie du
Chêne (Chine).
Bonites, 95.
Borer, 670, 673.
Borocera Cojuni. Voy. Vers à soie
de l'Ambrevade.
Bouquetin, 64 4.
Boursoullé. Voy. Fahuca.
Bouvreuil, 6 43.
ÎNDKX ALPHABETIQUE DES ANIMAUX
G3I , 634.
797
•")o4,
Brochet, 504,
Briuint, 643.
Bnccin, 3 83.
Buftle, xxii, 541, 543-541.
Cabeliaus, Voyez Morues.
Caille de Virginie, 46 0.
Canard, 88, 125, 236, 316, 379,
382, 448, 439,460, 462, 553,
643, 616, 650,653, 727.
— Labrador, 79.
— Iiollandais, 79, 646.
— sauvai^'e du Brésd, 76 I .
Canari, 643, 644.
Cane, 158, 460.
Capivare, 628.
Capriinulgiif; liili-liuinenilis, 31 4.
Carpe, 127, 360, 554, 644, 783.
— carassin, 127, 177.
Carrelet, 189, 442, 783, 784.
Cascavel, 364.
Casoar, xxiv,91-92, 120, 157,236,
46 2-651,727.
Castor, 577.
('(tsnnriiis iiennelti (Moomk), 448.
Crreopfiisi, 463, 652.
Cerf, XXIII, 78, 88, 152, 225, 460,
625, 643, 644, 648.
— d'Aristote,236,382,462,6 48,
726.
•— rusa, 236, 651 .
— cochon, 379, 651, 726.
Chabout, 578.
Chacal, 644.
Chameau, xxii, 441, 64 i.
Chamois, 6 43.
Chardonneret, 643.
Chat, 643, 644.
Cheval, xxii, 326, 382, 538, 548-
352, 616, 643, 644.
— hollandais, 236.
Chèvre, 293, 546-547, 643, 644,
646, 653.
Chèvres d'Angora, xxi, 44, 47, 48,
53 , 56, 81-84. 120, 130,
153, 211,212,217,225, 287,
288, 295, 306, 31 4, 321-323,
352, 353, 354, 367, 368, 379,
382, 439, 4 '.9, 514, 547-548,
569, 571, 616, 630, 637, 646,
6 48, 651.
186, 382, 442,
Chèvres de Cachemire, 154, 367.
— d'Egypte, 79, 236, 646.
— du Sénégal, 79, 236, 379.
Chevreuil, 78, 152, 234, 643.
Chevrotain porte-musc, 448, 652.
Chiens, xrx, 150, 236, 237, 239-
240,300,305, 357, 358,377-
378, 380,382, 383, 462, 483,
642, 643, 644.
— de Laconie, 643.
— Lycaon, 6 44.
Chinchilla, 354.
Chouette, 216.
Cigogne, 234.
Clovisse, 185,
654.
Cochenille, 120, 279.
Cochon. 88, 234, 459. 522-526,
644, 648.
— d'Inde, 379.
Colin d'Adanson, 572.
— de Californie, 763.
— houi, 217, 379, 382, 46:',
644, 646, 651, 653.
Colluricincld harmonica, 637, 697.
Colombe, 372, 382, 462, 6i8,
708.
Columba vnjslacca. Voy.
moustaches.
Comatule, 1 83,
Coquard, 70, 644, 6/i6.
Coque ou clam. Voy. Praire.
Corail, 13, 50.
Corégone, 359.
Corneille, 644.
Corvidés, 372.
Couagga,644.
Couleuvre, 407.
Coumaron, 668.
Couroucou pavonin, 354.
Crabe, 153, 522, 631.
Crapaud, 643.
Crénilabres. Voy. Labres,
Crevette, 566.
Crustacés, 383.
Curassows, 4 48.
Cygne, 317, 643, 641, 727,
— noir, XVI, 234, 379, 644.
Cyprin, 259,
Ddcelo giganlea, 314.
Pigeon à
798 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION.
Voy. Faisan de la
Dciim, 459, 460, 648.
Daman, 6^2.
Daurade, 389, 394.
Dauw, f>44, 726.
Dinde, 643, 663-667.
Dindon, 553, 643 644, 663-667.
— dAu<lialie, 461 .
• — de Honduras, 459, 461.
— ocellé, 354.
Diiujo, 317.
Dormeur, 499.
Drowants irroralux. Voy. Dromée.
Dromée, xxiv, 73, 314, 372.
Écrevisse, 496.
Écureuil, 763.
— - volant, 625.
Élan, 316.
Éléphcint. 570, 696.
Émeu. Voy. Dromée.
Émissole, 179, 386.
Épinoche, 121, 383, 388, 495.
Éponfies,' 8-15, 44, 50, 51, 56,
132, 134, 226. 355, 442-443,
454, 515, 573.
Erodùis (j'Ubtis, 37.
Escargot de mer, 1 86.
Esturgeon, 178.
Étoile de mer, 183, 237, 382.
Faisan, 79, 236, 379, 382, 462,
625, 626,630, 636,643, 644,
646, 650, 651,727.
— anglais, 522.
— de la Guyane, 216.
— doré, 226, 64 'i, 646.
Faucon à nalles
rvlipes), 234,
rouges
i^Falco
Fera, 16, 20, 80, 121, 122, 221,
222, 260, 262, 334, 356.
380, 458.
Fouine, 643.
Francolin, 210, 577.
Fringillidés, 372.
Fure^i, 644.
Gades,463.
Gallmiicés, 212, 217, 225, 324-
329, 372, 520, 572, 643.
Gallinuln Icmbrosa, 73.
Ganga, 699.
Gardon, 360.
Garrakona.
Guyane.
Gazelle", 88, 372.
Germon, 182.
Goiiie, 360, 387, 388, 389, 390,
392.
Goujon, 260, 261.
Goura, xxvi.
Gourami, xxix, 120, 131, 153,
217, 226, 288, 307, 314,
522, 569, 576, 627, 668,739-
740, 763.
Grallina austrniis. Voy. Alouette-
pie.
Grandes-écailles, 504.
Gr(>nadier, 390.
Grenouille, 643.
Grive, 644.
Grue, 569, 577, 736-738.
— cendrée, 234.
Guanaco, 236, 462, 644, 726.
Guaraz, 455.
Hanneton, 1 06.
Hareng, 179, 580, 582, 783, 784.
Hémione, 236, 644, 646, 722, 726.
Hémippe. 6 44.
Hérisson de mer. Voy. Oursin.
Hermelle, 389.
Héron, 380.
Hippocampe, 380, 382. 387, 515,
731.
Hirondelle, 459, 04 4
Hocco, 89, 90, 316, 354. 379,
459, 463,522,643, 644, 648,
652.
Homard, 153, 383, 522, 632.
Hoiibara, 210, 577.
Huître [Of^lrea edulit^), 184-188,
186, 187. 307, 380, 390, 391,
442, 576, 631, 652, 654, 764.
— à perles, 380.
Humanlins, 1 83.
Hutia, 217. 570, 778.
Iaïan-B:ilouk, 554. 616.
Insecte à cire, 294, 299.
Jabolys, 57 4.
Jambonneau, 391 .
Joais, 364.
Jumart, 62, 643.
/•
INDEX ALPIIARETIQUE DES ANIMAUX.
799
Kangurou, 73, 88, 120, 150, 317,
318, 372, 459, 462, 569,
652, 726, 778.
Labre>, 182, 389, 390, 392, 394,
463.
Lama-s, 1-7, 71, 72, 130, 217,
225, 236,288, 293,295, 353,
363, 364, 371,373, 382, 439,
449, 450,462, 518, 571, 575,
625, 628,635, 643,644, 651,
698, 726, 762, 779.
Lamproie, 178.
Lanfroustp, 153, 395, 632.
Lapin, 175, 3G3, 382, 455, 644,
646, 651.
— de Sibérie, 379.
Lavaret, 77 4.
Lépidosirènes, 463.
Léporifies, xxii, 120,
6.'
130, 131,
705, 729.
211, 361, 459
Licorne, 636.
Lièvre. Cl4, 698.
— anglais, 522.
— blanc, 150.
— indien, 522
Limande, 1 89.
Linoltp, 643.
Lion, 642, 644.
Loche, 500-501.
Lorixgracilis^ 570, 653.
Lolte (Gaclns loin), 178, 3 80, 387.
Lophophore, 79, 382, 462, 650,
651.
Loubine. Voy. Loup.
Loup, 181, 189, 642, 644.
Loutre, 643.
Lucioperca, 316, 461 .
Lumaiholle, 382, 648,
Macreu-e, 38 2.
Madrépore-;, 2i9.
Mainaie-, 364.
Mammifères, 150.
Manicou, 651 , 722.
Maquereaux, 95, 97, 98, 167, 394.
Marail, 89, 648.
Marécaos, 751 .
Marte, 643
Marteau, 183, 386.
Massa, 392.
Melolonlha fullo, 37.
Melops, 392.
Merlan, 390, 394.
Merle, 64 4, 653.
— bronzé, 1 32.
Merluche, 389, 461.
Minah, 317.
Misgurn [Cobitis fossilis), 178.
Moineau, 128, 155, 372, 708.
Moroquo, 668.
Morues, 18 0.
.Molmothouhoij, 364.
Mouflon à manchettes, 236,
643, 651.
— de Corse, 130, 13i,
173, 450, 644, 647, 048,
— de Sardaigne, 460.
Moule [Mytilus), 185, 360,
631, 634.
Mouton, vin, 79, 134, 154,
173, 236,293, 326, 379,
539, 545-546,629, 636,
648, 657-662, 732-735.
— de Chine, 597-599.
— du Japon, 380.
462,
170-
442,
170-
529-
643-
• — mérinos, ix, xii, xix.
119,
175, 371, 657, 662.
Mauchamp, 119. 216
,371,
647.
— Ong-li,xxu,44,53, 120
132,
212, 217, 232, 236, 288
306,
316, 354,4 23-427, 439,
448,
450, 459, 460, 514, 628.
— Romanowski, xxii, 236.
— du Sénégal, 79.
— Suisse, 321.
Muge, 180, 189, 190, 295,
330,
388, 389, 392, 442, 443,
458,
503,504, 630, 654,699,
765,
783.
Mulard, 70.
Mulet, 62, 317, 642.
— de moiit.igne, 461 .
Mulle, Mulet, Meuil [Mugit).
Voy.
Muge.
Murène, 1 82.
Musmon, 63.
Mutu, 364.
Nandou, 288.
800 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION.
Nez [Cyprinus nasns), 178.
Oie, 236, 328, 363, 382, 455,
459, 353, 569, 643, 644, 646,
652.
— d'Afrique, 317.
— du Bréï^il, 460.
— à cuiller, 78.
— du Danube. 88.
— d'Egypte. Voy. Bernache ar-
mée.
— de Gambie, 88.
— de Madagascar, 44, 305.
— rouge, 210, 577.
— de Toulouse. 217.
Oiseaux, 78, 89, 150, 355, 462,
■;77, 643.
— hlpu8, 577.
— fileurs, 78.
— moqueurs, 1 32.
Ombre, 122, 127, 221, 237, 262,
289, 333-334, 359, 380, 445,
461, 644, 783.
Ombrine (Sc/fpna cirrosa), 181.
Orphie. Vov. Aiguille de mer.
Orlalide, 353, 653.
Ours, 643.
Oursin, 183, 237, 390.
Outarde, 236, 653.
Paca, 216, 628, 704.
Pagel, 394.
Palamides, 95, 97, 167.
Pancou, 50 1-502.
Panthère, 644.
Paon, 182,382, 625, 644, 646,648.
Parakoua, 627, 653.
Paroare, 382.
Passereau d'Australie, 463, 636.
Patelle, 186.
Pauxi, 463.
Pécari, 216, 353, 379,627.
Pectcn, 380.
Pénélope, 89, 379, 463, 627,722.
Perche, 461 , 654.
— de, mer, 182,383,386.
Perdix stinaica , 441, 485-491,
514, 572.
Perdrix, 577, 626, 644.
— d'Afrique, 317, 379, 441,
485-491, 514, 522.
461, 353,
230.
Oie à
392,
Perdrix anglaise, 522.
— (l'Arabie, 210, 577.
— grise delTnde, 522.
Perlon, 183. ♦
Perroquet, 367.
— de mer, 179.
Perruche ondulée, 78, 652.
— de Pennant, 367.
Phacochère, 643.
Pholades. 380, 631, 654.
Phycis, 387.
Pic vert, xxvi.
Pigeon, 158, 234, 382,
648, 708.
— ramier. 763.
— à moustaches, 225,
— huppé, 636.
Pinson, 77, 382, 643.
Pintades, 644.
— à joues bleues, 237.
Pisquet, 49 2, 504.
lUatdlea z.emnrodin. Voy.
cuiller.
Plie, 189, 383, 388-389,
442.
Poissons, 53, 74, 80, 93-100,
121, 126, 127, 169, 177-183,
189-190, 212, 217. 222, 289,
307, 330-334, 358, 359, 360.
385-395, 442, 4 45, 451, 454,
458, 461, 463, 492-50i, 515,
519, 554-555, 573,576, 578,
627. 631-632, 636, 654, 668-
669, 699, 703, 785-787.
— chinois, 556-566, 572.
— électriques (Torpilles), 455.
— volants, 182.
Polype à vinaigre, 520-521, 574.
Polvpiers madréporiques, 296.
Porc, 175,364,522-526,546.
Porc-épic, 462.
Porphyrio melanotus, 314, 577.
Poules, 79, 120, 150, 174-170,
234,236, 293, 324-329,379,
380, 382,386,401, 462, 520,
552-553, 636, 643-646, 648,
650, 652, 653.
— de l'Euphrate, 210, 577.
Poules mutii, 455.
INDEK AI.PIIARKTIQUR DES ANIMAUX.
801
Poules sullanes, 29 i.
Ponletle, 4 59.
Poulpe, 183, 390.
Poulargue, 128, 163, 169, 330-
331.
Praire, 18i-188. 390.
Pricka [Pelromyzon fluvialiUs), 1 78.
Pseudaxis, 6 44.
Putois, 644.
Qiu'leasanguiniroslria. Voy, Oiseaux
fi leurs.
Quiscale, 372.
Raie, 181, 380, 386.
Rasoir [Cuprinua cuUralus], 178.
Ralon, 643.
Renard, 643.
— d'Amérique, 643,
Renardiou faux, 183.
Requins, 183.
Roquié. Voy. Labres.
Rossignol. 643.
Roucas. Voy. Labres.
Rouget, 390, 395.
Roussette, 179,383,386.
Royan, 180.
Saliiionés, 258-260.
Sandre, 177.
Sanglier, 636, 644, 648.
Sangsues, 1 56, 359,
Sarcelle, 382, 462, 643.
Sarde, 503-304.
Sardines, 97,180,395.
Sargues, 395
Saumon, xxxi, 81, 121, 122, 126-
128, 153, 181,212, 218, 221,
228,237, 258-260, 261-263,
288-289, 296, 316, 332-334,
356, 380, 438, 461,515, 573,
576, 631, 644, 703, 783.
Saumoneaux, 74, 126, 221, 289,
4o8.
Saupe [Spams siilpn), 181.
Scie, 386.
Sciène [Sciœnn nigra), 181.
Sèche, 38 2, 390.
Sélaciens, 386.
Serpent, 293.
Scombres, 97.
Scorpœna scrofa. Voy. Scorpènes,
T. \. _ nécembre ISfiS.
Scorpœna porcus. Voy. Scorpènes.
Scorpènes, 182, 390. 395.
Serrans, 182, 386.
Séveraux, 97.
Silure, 177, 380, 555.
Sole, 388, 389, 390, 395, 442.
Solipèdes, 644.
Soucliet, 643.
Squales, 80, 159, 183, 386,731.
Sterlet, 150.
Slrix biibo mageUanicux, 363.
Surmulet, 180.
Syngnathe, 387.
Talégalle. Voy. Dindon d'Australie.
Tanche, 153.
Tangara, 652.
Tantale d'Afrique, 582.
Tapir, 216, 303, 648, 704, 726.
Taret, 389.
Tarin, 643.
Tatou, 217, 288,653,722,727.
Taureau Sarlabot, 119, 160, 240.
Tchoug, 218.
Têtard, 502-503.
Tétras, 460, 643-644.
Thons, 95, 97, 99, 165, 167, 182.
Tigre, 636, 612, 644.
Titiri. Voy. Pisquet.
Tityre, 63.
Torpilles, 180, 183.
Tortue, 566, 574, 652-653.
— à long cou, 463.
— du Murray, 569.
— desSeythelles, 44,305.
Tourterelle, 79, 137, 364, 372,
379, 382, 463,626, 644,648.
— du Murray, 31 4.
Tragopan, 653, 730.
Trépangs, 459.
Tiigle, 395.
Troupiaie, 372, 652.
Truie, 643.
Truite, XXXI, 44, 80, 122, 127,
21 2, 237, 2o8-2r>0, 262, 263,
289, 296,332-333, 353,359,
380, 458, 461,354, 576, 644,
634, 765, 783.
Turbot, 383, 388, 395, 783.
Uruburé (Vautour royal), 455.
.t1
802 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Vache, 316, 326, 465-479 , 538,
543, 545, 643, 646, 647.
Vache Aubrac, 47, 48, 466, 478.
— d'Ayr, 630.
— Sarlabot sans cornes, 647.
Vanneau, 318, 653.
Veau, 459, 647.
Venturon, 643.
Venus verrucosa. Voy. Praire.
Verdier, 643.
Véron, 261, 383.
Vers à soie, xi, 49, 50, 52, 54,74,
401-115, 124, 131,132, 195-
197,213,227,232, 233,297,
311, 31 2-31 3, 335-343, 367,
368, 370, 450, 452, 463-464,
575, 616, 633, 653,701, 767.
— de l'Ailanle, xxxvii, 54, 55,
74, 106, 110, Ml, 114, 1-22,
123, 125, 126, 133, 191-194,
218,227,231,289,290,297,
300,302, 307,310,342, 354,
356, 382, 429, 453, 461,464,
516, 574,600, 632, 633, 653,
741-742, 708.
— de l'Anibrevade ou de Mada-
gascar, 226, 232, 505-512.
— du Canada, 131, 133, 195-
197, 213, 226,285,303, 311,
451, 457, 674-676.
— du Chêne du J.ipon ou Bombyx
la-ma-maï, 21-23,53,54,71,
107,108, 125, Me, 131, 132,
213,218,219,222,227,230,
• 231,289,290,297,300,301,
302, 310, 311, 356,358, 364-
365. 367, 368, 369, 382,428-
429, 436-437, 440, 443, 446,
449, 452, 453, 464,516, 574,
600, 606-608, 609-610, (>32,
633, 639-641, 653, 767,768,
769, 781.
Vers à soie du Chêne de Chine ou
tiombux Perniri, 117,151, 225,
231,287, 291, 303, 313, 351,
366-367, 369, 430-435, 440,
446, 450, 483, 505, 600-605,
767.
— du Mûrier, 122, 123, 125,
132, 231,290, 297, 298.300,
310, 356,367, 382, 463, 483,
505, 578, 601, 653, 707.
— du Ricin, 106, 123, 125,132,
213, 297, 307, 342, 464,
574, 633, 653, 768.
— mélis du Hicin et de l'Ailanle,
218, 290, 574, 644.
Vieille, 179, 383, 504.
Vignot, 1»6.
Vigogne, 353, 644.
Vigreneau, 186.
Vini, 643.
Vipère, 396-422, 443, 446, 451,
509, 631, 635, 765.
Viscache, 761 .
Volatiles, xviu, 119, 160, 236-
237, 241-257, 300, 326,380.
Wild beats, 306.
Worni^al, 352, 727.
Yacou,627.
Yak, XXI, 44, 47, 48, 81-84, 118,
211,217,219,225, 236,321-
3 22, 368,439,4 41, 449, 462,
544, 571, 628,629, 643, 646,
647,778.
Zèbre Burchell , 306, 363, 455,
644, 652.
Zébu, 153, 216, 236, 462, 630,
643, 647, 722.
Zonécolin, 646.
INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX
MENTIONNÉS DANS CE VOLUME.
Abies (Ma, 456.
— Fraser i, 456.
— nùjra, 456.
Abutilon, 381, 383.
Acacia, 685.
Acer slriahim, 456.
AcUea, 638.
Adraganl, 614.
jEgle marmelos, 616.
Agave alrovirens, 383, 464, 655.
Ail, 611.
Allante, 55, 74, 106, 1 13, 191-
194, 300, 310, 356, 576,
627,711.
Aipim, 635.
Ajonc à lleurs doubles, 238.
Alizier, 368, 452.
Amandier, 346, 614.
Ambrevade, 505-512.
Ananas, 683.
Anis, 612.
Anlhemis, 383.
Araucaria, 687, 781 .
Arbre à cire de la Chine et du
Japon, 151, 218, 227, 315,
745-751.
Arbre de Judée, 381 .
— à savon, 634.
— à suif,, 75-77.
Ariatolocliia indica, 218.
Arracacha, 709.
Artichaut, 611.
Arum, 461 .
— tripliylium, 638.
Amrum canndense, 637.
Asclépias, 123, 131, 133, 213,
214, 283, 284, 638.
— ecliiiiala, 2 I 8.
Asperge, 228.
Aubépine à fleurs doubles, 381 .
Aubergine, 611.
Avoine, 61 1.
Avoine d'Algérie, 123.
— géante de Ligorvo, 74.
— du Canada, 443.
Azalée, 238, 381. -
Baguenaudier, 383.
Bambou, 222, 223, 298, 689-690.
Bananier, 681-683.
— d'Abyssinie, 290.
Baobabs, 685.
Baikhausie, 3S3.
Betterave, 321, 345, 611.
Bcltda papiiracca, 4 5 fi.
Blé, 106, 232, 384, 516,
611, 634,
574,
Bois de plomb, 284, 638.
— de guitare, 685.
— de Sainte-Lucie, 381.
Boule-de-neige, 381, 383.
Buisson ardent, 383.
Bunch-grass, 365, 461.
Cactus, 354, 381.
Café, 232, 233, 279, 575, 578,
627.
— nègre, 1 28.
Calamngrostis canadensis, 638.
Calcéoiaire, 381 .
Callotropis giganlea, 516.
Cahjcanlhufipompadoura, 384, 383.
Camellia, 238, 381.
Canneà sucre, 226, 367, 627, 670-
673, 743-744, 771.
Cardère, 238.
Carotte, 611.
Cassaves, 293.
Cafisia occidenlalis. Voy. Café nègre.
Calh-sé de Chine, 45, 51, 78, i23,
515, 576, 752-757.
Cèdre, 298.
Céleri, 461 .
Cerasuf; pensylvanica, 114.
Cerfeuil bulbeux, 384.
Cerisier, 133, 615,
804 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Cerisier à fleurs doubles, 238.
Ceroxylon andicola, 354. V
Chamœcerasus, 238, 381.
Chcinuerops, 6 80.
Chanvre, 299, 611.
Cliâlaignier, 192.
Chaulinoogra odorala, 306.
Chêne, 54, 125, 230, 366, 368,
436-437,446,452,456,603,
607.
— blanc, 218,436, 614.
— yeuse, 368.
Chenopodium quiiioa., 576.
Chèvrefeuille, 383.
Chou, 611.
— branchu, 227.
— brocoli, 308.
Chou-fleur, 61 1.
Chufa, 308,346-350, 701, 758.
Cinéraire, 23 8.
Citronnier, 614.
Citrouille des Yaks, 790.
Claytonki, 638,
Ciuiloyiia, 638.
Coca, 214, 293, 574, 708.
Cocos, 679.
Cognassier, 368, 452, 610, 615.
— du Japon, 238.
Concombre, 611.
Conifères, 686-688.
Corbeille d'argent, 238, 381.
Corcliorus, 381 , 383.
Cornouiller sanguin, 381.
Coronille, 381.
Colonoasler, 383.
Cotonnier, x, 24-37, 55, 132, 136-
149, 210, 219, 227, 232,
298,
358,
367,
633,
702,
297,
357,
539,
6 27,
701,
299,
370,
572,
635,
707,
233,
309,
45U,
611,
69/i,
789.
— arbre du Pérou, 72, 575.
— soyeux. Voy. Asclépias.
Couac, 293.
Courge, 611.
Courgette, 611.
Cyperua csculentus. Voy. Cluifn
308,
439^
575,
691-
709,
Cytise, 381, 3 83.
— des Alpes, 111.
Dammara, 687.
Datte, 233, 678.
Dauphinelle, 383.
Dmlziu, 383.
Diclylra, 381 , 383.
Dirca paluslris^ 638.
Dolic, 308.
Dolkhos bulbosus (Ko), 299.
Dourah, 232.
Drouynia, 352.
Eiwis gulneensis, 154.
Elymus vii-ginicus, 638.
Epine-vinette, 133, 381 .
Érable à sucre, 285, 298.
Eucaljiplus, 'iS^ , 464, 655, 686,
781.
— gJr)buIu!i,298, 366, 655,686.
Euphorbiacées, 464.
Feronia clephanla, 516.
Fétuque, 316, 461.
Fève, 232, 611.
Figuier, 615, 684.
Forsylhia, 238.
Fougère, 464.
Froment, 451 .
Fuchsia, 381, 383.
Fusain, 192.
Galéga, 497.
Garance, 61 4, 774.
Gattilier, 602.
Genêt, 358, 381, 383.
Géranium, 383, 612.
Giroflée jaune, 238, 381.
— de Mi^hon, 383.
Glycine, 383.
Gombo, 612.
Gosftypimn. V. Cotonnier.
Griottier, 61 5.
Groseillier, 1 33.
— sanguin, 238.
H,iricots,"218, 308, 611.
Ht-dyclnum, 238.
Héliotrope, 383.
Heraclciim, 227.
Igname deChine, 45, 55,160,308,
316, 459, 461, 464.
— de Madagascar, 764,
Indigo, 233, 279, 464, ;iI2, 539.
Iris, 383.
Jasmin, 383.
Jonc marin à fleurs doubles, 381 .
Jtibœa specldbilis, 678.
Juncia arellanada. Voy. Chufa.
Kaimia, 381, 383, 638.
Kilaibelia rilifoliu, 218.
Larix (imcricdiia, 456.
Lentilles, 232, 611.
Lilas, 381.
— à fleurs doubles, 238.
Lin, 232, 233, 299, 6M.
Lozu, 1 23, 289, 464, 634, 655,782.
Maca, 70 8.
Maçon. Voy. Prunier.
Mahoiiin, 238.
Maïs, 219, 227, 232, 303, 354,
384, 464, 611, 655, 770.
— du Sénégal, 702.
Mandioca, 635.
Manioc, 293, 354.
Marronniers, 43,56, 1 32, 21 3, 305,
381, 439.
Mastic, 6 12.
Maté, 299, 311, 366, 702.
Malricaire, 383.
Mauve en arbre, 381 .
Melon, 381, 612, 655.
— d'Arkhangel, 636.
Merisier à grappes, 381.
Millet, 123, 6M.
Multhiibergia menica^ 638.
Mûrier, xi, xxxiv, 49, 134, 233,
300, 310, 335-343, 3G3,
370, 381, 450, 627.
— blanc, 614, 707.
Musa, 681-682.
— cn.scttf, 381, 464, 682.
Myosotis. 381 .
Mvrlacées, 686.
Nardoo, 356, 773.
Natte, 512.
Néllier, 368.
Nénufcir, 381, 383.
Noisetier, 614.
Noyer, 61 4.
— dur, 456.
Oignon, 611 .
E DES
VÉGÉTAUX
805
Oliviers
, 43,
106,
295,
303,
439,
61
4.
Opium,
198,
199,
232,
233.
Orange,
233
614.
Orchidées, 4t
4.
Oreodoxd rcijia, 679.
Orge, 23 2, 611.
— du Canada, 51 5.
— deMandchourie, 74.
Orme, 133.
Orobanilie major, 358.
Ortie blanche de Chine, 578, 626.
Osmuiida, 638.
Oxtilis crenata, 123, 134,218,454,
51 6, 576, 656.
l'almier, 290, 354, 678-680.
Pmidanu^, 683.
Pâquerettes, 238, 381. «
Pastèque, 233, 612.
Pdtfite, 123, 3 34.
Pavot, 233,' 61 2.
Pécher, 6)5.
— à fleurs doubles, 238.
Pensée, 238, 381, 383.
Pépita. Voy. Oxalis crenala.
Pétunia, 383.
Peuplier du Canada, 284.
Phlox, 3S3.
Phœnix, 678.
Phonndim Cookii, 656.
Pied-d'alouetle, 383.
Piment des Antilles, 459.
Pimprenelle, 1 1 0.
Pin pei-go-song, 281-282.
Piaufi resinosa, 456.
Pistachier (faux), 381 .
Platane, 616.
Poiiicetia, 308.
Poire de terre Cochet, 301, 344-
655.
345,
381,
439,
Poireau,
i61.
Poirier, 615.
Pois, 611
— du C
anada.
515
— oléai
ineiix,
123
Poivrier d E-pagne. 308.
Pommede terre, 125,132,219,222
228, 234,238, 291, 345,'384,'
484,611,617-622, 655, 656.
S06 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR d'aCCLIMATÂTION.
PomniP de terre dite deSte-Marihe,
74, 308.
— dite d'Australie, 214, 634.
— Caillaud, 771.
Pommier, 133, 285, 383, 615.
Potiron, 219, 772.
Primevère, 238.
Protéacées, 686.
Prunier, i33, 297, 319, 381.
— à fleurs doubles, 381.
Pyruinria oleifera, 123.
Pyxiilki erylhrina, 497.
Qninoa, 356, 708.
Quinquina, 198-206, 219, 264-
280,354,358,374-377,769.
Rave, 611.
Rhododendrons, 238, 381, 383.
Rhubarbe, 218, 230, 231, 334,
522-526.
Rhussuccednnea. Voy. Arbre à cire.
— vfrnicifera, Voy. Vernis de
Chine et du Japon.
Ricin, 106, 761.
Riz, 232, 233, 574, 611.
— aquatique, 38-41 .
Robinier, 383.
Rosier, 366, 383, 454,612-614,
oo.
Roucou, 512.
Safran, 512, 612.
Sanguinaria canademis, 456, 638,
Sarracenia purpurea, 456, 638.
Sarrasin, 61 1 .
Saule, 133, 574.
Scammonée, 612.
Seigle, 611.
Séné, 232, 233.
Seringat, 381, 383.
Sésame, 232, 233. 611.
Silène, 381, 383.
Sorbiers, 381.
Sorgho sucré, 120, 775, 790.
Sparte, 99, 167.
Spirée^;, 3 81, 383.
Slrelitzia Quensoni^ 655.
Sureau, 383.
Symphorines, 383.
SyriiKjii cduailcnsis, 285.
Talwc, 310, 611.
Tamarix, 381 .
Tamiis commiinis^ 358.
Tan rouge, 576.
Tavouloo, 124.
Tecl<, 633, 685.
Tétragonie étalée, 656.
Thé, 279, 627, 702.
— Paraguay, 365, 366, 637,
702.
Thiaspi, 383.
Thuia 614.
Tomate, 61 1.
Topinambour, 321 , 611.
Trelle, 451 .
Tnllium^ 638.
Urtica nivea (^Tchou-ma), 299.
Vanille, 279, 453, 457.
Vernis de Chine. 151 , 225, 311 .
— du Japon, 225, 311, 383.
Véronique, 383.
Vigne, 74, 106, 123, 284, 285,
383, 575, 578, 615, 773.
Violette, 238.
— de Valence, 238.
Viorne, 383.
Weigelia, 381, 383.
Yerba mate. V. Thé du Paraguay.
Yucca, 683.
Zizania aqualica. Voy. Riz aqua-
tique.
Zostère, 390.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
MENTIONNÉS DAXS CE VOLUME.
S. Exe. M. LE Ministre des affaires
ÉTRANGÈRES. EnvoicieVeps àsoiedu
Chêne Ya-ma-niaï, par M. l'oinpe
van Meerdervoort, 71.
— Don d'un troupeau de Lamas et
d'Alpacas fait à S. M. l'Empereur
parle présidentde l'Equateur, 71 .
— Envoi d'une collection d'animaux
vivants de Ceyian, 229.
— Sur l'embarquement de ces ani-
maux, 229.
— Instructions adressées à la léga-
tion de Pékin et aux consulats
généraux de Shang-ha'i et de
Yeddo,dans l'intérêt delà sérici-
culture française, 31 2.
S. Exe. M. LE Ministre de l'agri-
culture. Envoi de "Vers à soie
Ya-ma-ma'i, 71 .
■ — Envoi de cocons vivants de 'Vers
à soie du Chêne de Chine, 313.
S. Exe. iM. le Ministre de la marine.
Sur l'embarqupment des Lamas
offerts à S. M. l'Empereur, 72.
— Sur l'embarquement d'une collec-
tion d'animaux vivants de Ceyian,
229.
— Sur le développement de la So-
ciété d'acclimatation a la Réunion,
313.
— Sur les facilités qui seront ac-
cordées au comité de pisciculture
de Marseille, 57 9.
AucAPiTAiNE (le baron). Sur le Mou-
flon de Corse, 170.
Balcarce. Sur les races ovines de
la république Argentine, 529.
Bahrier. Introduction delà Chufa en
Espagne, 3 46.
Barthélémy- Lapommerate. Hybrides
de Perdrix Cambra et de Pcrdix
siinnicn, 485.
— Nouvelle tentative d'introduction
du Gourami en France, 739.
Bataille (V.). Sur certains Poissons
de la Guyane, 668.
Baud (V.), Sur le Thé du Paraguay.
637.
Berg . Sur l'acclimatation de Poissons
et d'Arbres fruitiers à la Réunion,
576.
— Des Insectes herbivores qui en-
vahissent la Canne à sucre. — Le
Borer, 670.
Berthemy. Sur le prétendu Polype
à vinaigre de Chine, 520,
Black. Envoi d'animaux vivants
d'Australie, 636.
Bretagne (Ch.). Sur la Praire (FenMs
iterrucosa), 1 84.
Caillaud (René). Élevage de certains
Poissons de mer dans les eaux
douces, 189.
Chabaud. Envoi d'un Zèbre du cap
de Bonne-Espérance, 455
Chauveau (Mgr. ), Sur la Rhubarbe
du Tibet, 230.
Chavannes (A.). Éducation du Bom-
byx Ya-ma-nuiï, 609.
— Sur une modification à apporter
dans l'éducation du Bombyx Cyn-
Ihia, 741 .
Cordier. Des moyens à employer
pour l'amélioration des laines en
Algérie, 733.
Cottle. Sur les 'Vers à soie de l'Amé-
rique du Nord, 194.
Dabry. Envoi d'animaux vivants de
Chine, 51 9.
— Pisciculture en Chine, 556.
— Culture du Coton dans le Hou-pé,
567.
— Animaux et Poissons de Chine,
636.
Davelouis(G.). Riz aquatique (Z/gu-
nia aqwitica), 38.
Debains. Compte rendu du journal /e
Jardin zoologique de Francfort, 233.
808 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
Delaporte. Envoi d'animaux de
Bagdad, 577.
DesNouues de la CACAUDiÈtîE. Pisci-
culture, 78y.
Djémil. Adhésion et souscription de
S. M. le Sultan, 704.
Drohyn de Lhuys. Discours d'ouver-
ture de la séance publique du
1 0 lévrier 1 863, vin.
— Discours sur la mort de M. Mo-
quin-Tandon, 161.
— Adhé.-ion de S. M. le roi de Por-
tugal, 371.
— Sur le Vanillier de Panama, 457.
— Adhésion de S. A. le bey de Tu-
nis, 51 s.
— Envoi d'Ortie blanche de Chine,
par Mgr Guillemin, 578,
— Adhésions de S. M. le roi de
Suède et de Norvège, et de S. M.
le roi des Hellènes, 704.
DuFouR. Études et expériences séri-
cicoles de 1860 à 1862, 335.
— Sur h'S animaux et les végé-
taux utiles de la Turquie, 540,
611.
Éprémesnil (comte d'). Rapport au
nom de la Commission des récom-
penses, LXIV.
Fabre. Sur le troupeau de Lamas et
d'Alpae;)S oflérl à l'Empereur p;:r
le président de la républi(iue de
l'Equateur, 5! 8.
Florès (Antonio). Sur un troupeau
de Lamas et d'Alpacas oflert à
l'Empereur par le pré>ident de la
république de l'Equateur, 373.
Gantés (vicomte de). Développement
qui peut être donné à la culture
du Coton en Algérie, 691.
Gauldrée-Boilleau. Envoi d'arbres
fruitiers et forestiers du Canada,
283.
— Essences forestières du Canada,
456.
— EnvoideplantesduCanada, 637.
Geoffroy Saint-Hilauie (A.) et J.-L.
SouDEiRAN. Questionnaire adres^é
à MM. les ministres et consuls de
France. 593.
GiLLET DE Grandmont (A.). La FérH .
— Incubation , éclosion , .éduca-
tion, 1 6.
— Education des Saumons au lac
Pavin, 261.
— Education du Saumon dans les
lacs, 332.
— Rapport sur les pontes des Pois-
sons de mer, 385.
Graells (P.). Acclimatation d'ani-
maux d'espèces nouvelles en Es-
pagne, 371 .
Granié. Observations sur l'élevage
des Gallinacés, 324.
GuÉRiN- Méneville. Compte rendu
sommaire des travaux sur l'indus-
trie de la siàe en 1 862, 101.
— et DuFOUR. Etudes et expé-
riences sériricoles de 1860 à
18G2, 335.
— Sur les progrès de l'acclima-
tation du Ver ii soie du Chêne
[Hoinbij.c Ya-md-inaï), 428.
— Don de graines de Bombyx Ce-
cropia, 457.
Hardy. Situation des dernières plan-
tations fl'esjièces ligneuses exoti-
ques au Jardin d'acclimatation
d'Alger, 677.
Hébert. Société d'acclimatation de
la Réuni m, 232.
— Uapporl sur les Chèvres d'Angora
et les Yaks confiés à litre de
cheptel à MM. Euriat et Lequin,
321.
— Culture du Quinquina aux Indes
anglaises, 374.
— Société d'acclimatation et d'his-
loiie naturelle de l'île de la Réu-
nion, 706.
— Acclimatation en Australie, 707.
— Culture du Coton, 789.
— Culture du Sorgho. 789.
Jacqufm.\rt. Rapport de la Commis-
sion de comptabilité de la Société
impériale zoologique d'acclimata-
tion, Lxxn.
— Sur le troupeau de Lamas et
d'Alpacas importé en France en
1860, 1.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. S09
talion du Casoar eu Angleterre,
par M. W. Bennell, 91.
PicHOT. La crise du coton en Angle-
lerre.et le rôle que l'acclimatation
est appelée à jouer dans cette
crise, 136.
— Fondation d'un jardin d'acclima-
tation a Moscou, 130.
— Sur l'exposition delà race canine
au Jardin d'acclimatation, 377.
Pinçon (J.). Éducation du lioinùijx
Yn-ma-maï au Jardin d acclimata-
tion, 43G.
Pompe van Meerdervoort. Notice sur
l'éducation (lu Yer à soie du Chêne,
ou Ya-ma-maï du Japon, 21 .
— Conservation et culture des œufs
de Vers à soie sauvages du Japon,
606.
— Introduction en Europe du Ver
à soie du Chêne du Japon, 639.
Quiiiou. Poire de terre Cochet, 344.
Ramel. Acclimatation de l'Emeu en
7\ngleterre, 73.
— Premier rapport annuel du con-
seil de la Société d'acclimatation
de Melbourne, 1 52.
— Troisième séance publique an-
nuelledelaSociéléd'acchmalalion
de la Grande-Bretagne, 316.
— Progrès de la Société d'acclima-
tation de Melbourne, 316.
— Mulliplicalion des animaux indi-
gènes en Australie, 317.
— Bombyx grand Atlas de l'Inde,
318.
— L'Abeille, le Porc, la Rhubarbe
en France, .5 22.
— Le Cotonnier vivace du Pérou,
709.
Richard (du Cantal). Les Yaks du
Tibet et les Chèvres d'Angora,
81.
— Fabrication du fromage de Hol-
lande propre aux approvisionne-
ments de la marine, 465.
RocHUssEN, Culture du Quinquina à
Java, 198, 264.
Rouer- Desgenettes. Possibilité d'ac-
Jacocemart. Sur la fécondité de cer-
taines races de Moutons chinois,
423.
— Rapport sur les tentatives faites
pour l'introduction en France du
Ver à soie du Chêne de Chine
[Bombiix Permii), 430.
Julien (Stanislas). Note sur diffé-
rentes espèces de Moutons de
Chine, 597.
KœNiG-BEY (S. Exe). Sur l'accli-
n'.atation du Gourami, 314.
Labbé. Pisciculture, 785.
Lamiral(E.). Second rapport sur un
essai d'acclimatation des E|)onges
de Syrie, dans les eaux françaises
de la Méditerranée, 8.
— et TuRREL. Mémoire pour ser-
vir à la demande d'autorisation
d'établissement de pêcheries, etc. ,
93.
— Sur la poutargue, 330.
Lawson (M'"'). Ver à soie canadien
(Bombyx Cecropia), 674.
Leblanc. Léporides, 705.
Lecreux(J.). Sur la Pommedeterre,
617.
Lémont (vicomte de''. Envoi d'ani-
maux vivants du Brésil, 455.
Manès. La Canne à sucre à la
Réunion, 743.
MiLLY(de!. Sur l'éducation dufiom-
bijx Cijiilhia^ et de la culture de
l'Àilanle, 191.
Montravel(L. t. de). Don d'ani-
maux de la Guyane, 704.
Mueller (Ferdinand). Sur la Société
d'acclimatation de Victoria , et
envoi d'animaux de Melbourne,
314.
NûUHEs DE LA Cacaudière (des). Sur
la pisciculture, 458.
Passy (A.). Sur la mort de M. Mo-
quin-Tandon, 161.
Perny (le R. P. Paul). Envoi de
cocons vivants du Ver à soie du
Chêne de Chine [Bombyx Pernyi),
151.
PicuoT (Pierre). Tentative d'acclima-
810 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION
climalerlesSalnionésdansleseaux
de la Marne, 258.
RuFZDELAvisoN(E.).SurrAquarium
du Jardin d'acclimatalion, xlvii.
— Des croisements, 57.
— Bulletins mensuels du Jardin
d'acclimalation, 79, 157, 236,
379, 462, 649.
— Rapport sur l'exposition des Vo-
latiles au Jardin d'acclimatalion,
241.
— Rapports présentés aux assem-
blées généralesdes actionnaires du
Jardin d'acclimatation du 29 avril
1862, et du 30 avril 1863, 583.
— Métis et hybrides au Jardin d'ac-
climatation, 642.
— Léporides, 705.
— De l'acclimatation comme doc-
trine du peuplement de la terre,
710.
— Rapport sur le Jardin d'accli-
matalion en 1863, 722.
Sacc. Coimnba mystacea, 230.
— Dindon, 663.
— Grues, 736.
— La Chufa, 758.
SicARD. Graine de Calh-sé, 752.
— Pisciculture, 785.
Simon (Eugène). Envoi de cocons
vivants de Bombyx Periiyi, Ver
à soie sauvage du Chêne de Chine,
231.
— Le Pin pei-go-song de Chine ,
281 .
— Le Ver à soie du Chêne de Chine,
600.
— L'Arbre à vernis de la Chine et
du Japon, 745.
SouBEiRAN. Rapport sur les travaux
de la Société impériale d'acclima-
tation, en 1 862, xiii.
— Culture du Cotonnier, 24.
■ — Procès-verbaux des séances gé-
nérales de laSociétéetdes séances
du Conseil, 42, 51, 116, 128,
207, 215, 225, 286, 292, 304.
351, 362, 438, 447, 513, 568,
623, 695.
SouBEiRAN . Rapport sur les Vipères de
France, 396.
— et A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Questionnaire adressé a MM. les
ministres et consuls de France,
593.
SuQUET (Noël). Expériences d'accli-
matation au jardin zoologique de
Marseille en 1862, 84.
Teil (baron du). Culture du Cafier,
et éducation du Ver à soie du
Mûrier à Guatemala. 578.
Teyssier des Farges. L'albinisme
observé sur quelques Poules delà
Flèche, 174.
— Influence des milieuxsurla laine,
657.
Tdrrel etE. Lamiral. Mémoire pour
servir à la demande d'autorisation
d'établissement depêcheries, etc.,
93.
Valenciennes. Espèces de Poissons
qui peuvent être entrelenus vi-
vants dans les aquariums , 177.
Vauchelet. Sur les Poissons de rivière
de la Guadeloupe, et particulière-
ment sur le Pisquet, 492.
ViENNOT. Des diverses cultures en
Egypte, 232.
— L' Alouette-pie d'Australie, 318.
— L'acclimatation en Angleterre,
en 1862, 459.
— Les productions de la Mongolie,
480.
— Le Banteng, 526.
— Le fromage façon Hollande fa-
briquépar M. Richard(du Cantal),
579.
— La pêche du Hareng dans le
Royaume-Uni, 580.
— Citrouille des Yaks, 789.
Vilmorin-Andrieux. Envoi de Bhus
succedanea, 315.
ViNsoN (A.). Du Ver à soie de Mada-
gascar, 504.
Wallut. Rapport, au nom de la
3*^ Section , sur le projet de
rétablissement des madragues ,
163.
TABLE DES M ATI EUES.
SEPTIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ
IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION.
Procès-verbal de la septième séance publique annuelle, tenue le
10 février 1863, a l'iiôlel de ville i
Prix extraordinaires proposés par la Société ii
Prix fondé par M. Davin vi
Prix fondé par M. le docteur Sacc vr
Prix fondés par madame GuÉRiNEAu, née Delai.ande vi
Primes fondées par un membre anonyme de la Société vi
Prix fondé par M. THEiLi.iEn-DEsjARDiNs vi
Prix fondé par M. L. Althammer, d'Arco (Tyrol) vu
MM. Drouyn DE Lhuys. — Discours d'ouverture viii
L. SouBEiRAN. — Rapport sur les travaux delà Société impé-
riale zoologique d'acclimatation xiii
E. Rdfz de Lavison. — Sur l'Aquarium du Jardin d'acclima-
tation. ., XLvn
Le comte d'EpRÉMESNiL. — Rapport au nom de la Commission
des récompenses ". lxiv
DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ.
V
Organisation pour l'année 1863
Liste des Sociétés affiliées et agrégées à la Société impériale d'ac-
climatation vij
Huitième liste supplémentaire des membres de la Société. ... ix
GÉNÉRALITÉS.
Frédéric Jacquemart. — Rapport au nom de la Commission de
comptabilité de la Société lxxii
Noël SuQUET. — Expériences d'acclimatation au Jardin zoologique
de Marseille en 1862 84
TuRREL et E. Lamiral. — Mémoire pour servir à la demande d'au-
torisation d'établissement de pêcheries, etc 93
Gl'érin-Méneville. — Compte rendu sommaire des travaux sur
l'industrie de la soie en 1862 101
Mort de M. Moquin-Tandon ^61
Exposition universelle de Chiens au Jardin d'acclimatation, règle-
ment , qjC)
"Vente d'un jeune taureau Sarlabot ^40
J. L. S0UBEIRAN. — Rapport sur les Vipères de France 396
Le même et A. Geoffroy Saint-Hilaire. — Questionnaire adressé
à MM. les ministres et consuls de France 593
Richard (du Cantal). — Fabrication du fromage de Hollande propre
aux approvisionnements de la marine 465
812 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'AGCLIMATATIOIN.
T. C. ViENNOT. — Note sur les productions do la Mongolie. , . . 480
Ddfour. — Surles animauxel les végétaux utiles de la Turquie. 540, 6t1
E. RuFz DE Lavison. — Rapports présentés aux assemblées géné-
rales des aciionnaires du Jardin d'acclimatation, du 29 avril
1S62 et du 30 avriM863 583
Le même. — Rapport sur le Jardin d'acclimatation pendant
l'année 1863 722
MAMMIFÈRES.
Fréd. Jacquemart. — Sur le troupeau de Lamas etd'Alpacas, importé
en France en 18C0 ,|
Le même. — Sur la fécondité de certaines races de Moutons chinois. 423
Richard (du Cantdl). — Sur les Yaks du Tibet et les Chèvres
d'Angora ^ 3^
Baron Aucapitaine. — Sur le Moullon de Corse 170
Héhert. — Rapport sur les Chèvres d'Angora et les Yaks confiés
à titre de cheptel à MM. F-uriat et Lequin 321
Balcarce. — Sur les races ovines de la république Argentine. . . 529
Stanislas Julien. — Note sur diiïérentes espèces de Moutons de
Chine 597
Tevssier DES Farges. — Influence des milieux sur la laine 657
CoRDiER. — Des moyens à employer pour l'amélioration des laines
en Algérie 733
OISEAUX.
Pierre Pichot. — Tentative d'acclimatation du Casoar en Angle-
terre par M. W. Bennett 91
Teyssier des Farges. — Sur l'albinisme observé sur quelques Poules
de la Flèche 174
Docteur Rufz de Laviso.n. — Rapport sur l'exposition des Volatiles
au Jardin d'acclimatation 241
Granik. — Observations sur l'élevage des Gallinacés 324
Bartiiélemy-Lapoiimeraye. — Hybrides de Perdrix Cambra et de
Pirdix sijnaicu 485
Docteur Sacc. — Sur le Dindon 663
Le même. — Sur les Grues 736
POISSONS, CRUSTACÉS, ANNÉLIDES ET ZOOPHYTES.
E. Lamibal. — Second rapport sur un essai d'acclimatation des
Éponges de Syrie dans les eaux françaises de la Méditerranée. 8
Le même. — Sur la poutargue 330
A. G. DE Grandmom. — La Fera. — Incubation, éclosion, éducation. 16
Le même. — Éducation des Saumons au lac Pavin 261
Le même. — Éducation du Saumon dans les lacs 332
Le niême. — Rapport sur les pontes des Poissons de mer. . . . 385
"Wallut. — Rapport, au nom de la 3'' Section , sur le projet
TABLE DES MATIÈRES. SIS
de rélablissenienl des madragues . 163
Valenciennis. — Sur les espèces de Poissons qui [)euve!it. être
eiilrelenus vivants dans les Aquariums 177
(]li. Bretagne. — Sur la Praire [Venus verrucosd). 184
René Caillaud. — Elevage de certains Poissons de mer dans les
eaux douces 189
Rogeh-Desgenettes. — Possibilité d'acclimater les Salmonés dans
les eaux de la Marne 258
Vauchelet. — Sur les Poissons de rivière de la Guadeloupe, et par-
ticulièrement sur le Pisquet 492
P. Dabry. — Sur la pisciculture en Chine 556
V. Bataille. - Sur certains Poissons de la Guyane 668
Barthélemy-Lapommeraye. — Nouvelle tentative d'introduction du
Gourami en France 739
INSECTES.
Pompe van Meerdervoort. — Notice sur l'éducation du Ver à soie
du Chêne ou Ya-v^a-mnï du Japon 21
Le même. — Notices sur la conservation et la culture des œufs de
Vers à soie sauvages du Japon 606
De MiLLY. — Sur l'éducation du Bombyx Cynlhia et la culture
de l'Ailante 191
Cottle. — Sur les Vers à soie de l'Amérique du Nord 194
DcroLR et Guérin-Méneville. — Études et expériences séncicoles
de 1860 à 1862 335
E. Guérin-Méneville. — Sur les progrès de l'acclimatation du Ver
à soie du Chêne {Bombyx Ya-ma-mai) 428
Fr. Jacquemart. — Rapport sur les tentatives faites pour l'introduc-
tion en France du Ver à soie du Chêne de Chine [Bombyx
Pernyi) 430
J. Pinçon. — Éducation du Bombyx Ya-ma-maï 3u Jardin d'accli-
matation 436
A. ViNsoN. — Du Ver à soie de Madagascar 504
Eug. Simon. — Notice sur le Ver à soie du Chêne de Chine. . . . 600
A. Chavannes. — Èducaùonàa Bombyx Ya-ma-mm 609
Le même. — Notice sur une modification à apporter aux éducations
du Bombyx Cynthia 741
Docteur Berg. — Des insectes herbivores qui envahissent la Canne
à sucre. — Le Borer 670
Madame Lawson. — Sur le Ver à soie canadien [Bombyx Cccropia). 674
VÉGÉTAUX.
L. SouBEiRAN. — Note sur la culture du Cotonnier 24
G. Davelouis. — Sur le Hiz aquatique (Z(;aH/a ar/uai/ca) 38
RocHussEN. — Culture du Quinquina à Java 198,264
Eugène Simon. — Le Pin pei-go-song de Chine 281
Le même. — Notice sur l'Arbre à vernis de la Chine et du Japon. 743
GAnLDRÉE-BoiLLEAu. — Envoi d'arbres fruitiers et forestiers du
Canada 283
814 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.
QuiHon. — Sur la Poire de terre Cochet. 344
Barbier. — Introduction de la Chufa en Espagne 346
P. Dabry. ■ — Sur la culture du Coton dans le Hou-pé 567
J. Lecreux. — Sur la Pomme de terre 617
Hardy. — Situation des dernières plantations d'espèces ligneuses
exotiques au Jardin d'acclimalalion d'Alger. . 677
Vicomte de Gantés. • — Développement qui peut être donné à la
culture du Coton en Algérie 691
Manès. — Sur la Canne à sucre à la Réunion 743
Docteur A. Sicard. — Sur la graine du Calh-sé 752
Docteur Sacc. — Sur la Chufa 758
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX.
Procès -verbaux des séances générales de la Société.
Séance du 9 janvier, p. 42. — Séance du 23 janvier, p. 51 . — Séance
du 6 février, p. 116. — Séance du 20 février, p. 128. — Séance
du 6 mars, p. 207. — Séance du 20 mars, p. 215. — Séance du
10 avril, p. 2'?5. — Séance du 17 avril, p. 286. — Séance du
1" mai, p. 292. — Séance du 15 mai, p. 304. — Séance du
29 mai, p. 351. — Séance du 12 juin, p. 362. — Séance du
26 juin, p. 438. — Séance du 11 décembre, p. 759. — Séance
du 24 décembre, p. 776.
M Procès-verbaux des séances du Conseil.
Séance du 17 juillet, p. 447. — Séance du 31 juillet, p. 513. —
Séance du 28 août, p. 568. — Séance du 2 octobre, p. 623. —
Séance du 30 octobre, p. 695.
CONFÉRENCES ET LECTURES. .
RiiFz DE Lavison. — Des croisements 57
Le même. — Métis et hybrides au Jardin d'acclimatation 642
Le même. — De l'acclimalaiion comme doctrine du peuplement
de la terre 710
H. Pierre Pichot. — La crise du coton en Angleterre, et le rôle
que l'acclimatalion est appelée à jouer dans cette crise. . . 136
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.
S. Exe. le Ministre des affaires étrangères et S. Exe. le Ministre
de l'agriculture, Vers à soie du Chêne du Japon. — Don de
Lamas et Alpacas par le président de l'Equateur. — S. Exe.
le Minisire de la marine et des colonies, sur l'embarquement
de ce troupeau. — Sur le Cotonnier arbre du Pérou. —
P. Ramel, acclimatation de l'Emeu en Angleterre 1\
Pierre Pichol, fondation d'un jardin d'acclimalalion à Moscou. —
R. P. Paul Perny, envoi de cocons vivants du Ver à soie du
Chêne de Chine [Bombyx Pernyi) 150
TABLE DES MATIÈRES. 815
S. Exe. le Minisire des affaires étrangères, envoi d'une collection
d'animaux vivants de Ceylan. — Transport de ces animaux.
— Sacc, sur la Columba myslacc-a. ■ — ^ Mgr Chauveau, sur
la Rhubarbe du Thibet. — Eog. Simon, envoi de cocons
vivants de Bombyx Pernyi, Vers à soie sauvages du Chêne de ;
Chine 229
S, Exe. le Ministre des affaires étrangères, instructions adressées
à la légation de Pékin et aux consulats généraux de Shang-
haï et de Yeddo, dans l'intérêt de la sériciculture française.
— S. Exe. le Ministre de l'agriculture, envoi de cocons
vivants de Vers à soie du Chêne de Chine. — S. Exe. le Mi-
nistre de la marine, sur le développement de la Société d'ac-
climatation à la Réunion. — S. Exe. M. Kœnig-bey, sur
raecIiinatalionduGourarni. — Ferd. Mueller, sur la Société d'ac-
climatation de Victoria, et envoi d'animaux de Melbourne. —
Vihnorin-Andrieux, envoi de Rlius succedanea. ...... 312
S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, lettre annonçant que S. M. le Roi
de Portugal autorise l'inscription de son nom sur la liste des
protecteurs de la Société. • — P. Graells, acclimatation d'ani-
maux d'espèces nouvelles en Espagne. — Antonio Florès,
sur un troupeau de Lamas et d'Alpacas offert à l'Empereur par
le président de la république de l'Equateur . 371
Chabaud, vice-consul de France à Port-Élisabeth, envoi d'un Zèbre
du cap de Bonne-Espérance. — Vicomte de Lémont, consul de
France à Pernambouc, envoi d'animaux vivants du Brésil. —
Gauldrée-Boilleau, consul général de France au Canada, sur
les essences forestières du Canada. — Guérin-Méneville, don
degramesdeBombijxCccropia. — S. Exe. M. Drouyn de Lhuys,
sur le Vanillier de Panama. — Des Nouhes de la Cacaudière,
sur la pisciculture 4ou
S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, lettre annonçant que S. A. le bey
de Tunis autorise l'inscription de son nom sur la liste des pro-
tecteurs de la Société. — Fabre, sur un troupeau de Lamas
et d'Alpacas offert à l'Empereur par le président de la répu-
blique de l'Equateur. — Dabry, envoi d'animaux vivants de
Chine. — Berthemy, sur le prétendu Polype à vinaigre de
Chine ■ . 518
Docteur Berg, sur l'acclimatation de Poissons et d'arbres forestiers
à la Réunion. — • Delaporte, consul général de France à Bag-
dad, envoi d'animaux de Bagdad. — Son Exe. M. Drouyn de
Lhuys, sur l'envoi d Ortie blanche de Chine par Mgr Guille-
min. — Baron du Teil, culture du Cafier et éducation du Ver
à soie du Mûrier ii Guatemala. — Son Exe. le Ministre de la
marine et des colonies, sur les facilités qui seront accordées
au comité de pisciculture de Marseille. — Viennot, sur le fro-
mage façon Hollande fabriqué par M. Richard (du Cantal) . . 576
P. Dabry, sur des animaux et Poissons de Chine. — Black, envoi
d'animaux vivants d'Australie. — V. Baud, sur le Thé du
Paraguay. — Gauldrée-Boilleau, envoi de plantes du Canada. C36
«
81fi SOCIÉTÉ* IMPÉRIALE ^OOLOaiQUE D ACCLIMATATION.
S. Exe. M. prouyii de Lhuys, lettre annonçant que S. M. le Koi
de Suède et de Norvège et S. M. le ï(oi de» Hellènes auto-
risent l'inscription de leurs noms sur la liste des protecleurs de
la Société. — S. Exe. Djémil-pacha, lettre annonçant la sous-
cription de S. M. le Sultan, et l'autorisation de l'insciiplion
de son nom sur la liste des protecteurs de la Société. — L. T.
de JMontravel, don d'animaux de la Guyane. — Rufz de Lavi-
son et Leblanc, sur les Léporides • . . . 704
Docteur Sicard, P. Labbé et des Nouhes de la Cacaudière, pisci-
culture 785
CHRONIQUE.
Société d'acclimatation du nord-est, sur le Bombijx Cynthia. — So-
ciété d'acclimatation de Tarn-et-Garonne, sur la pisciculture et
la sériciculture. — Culture de l'Arbre à suif en Algérie. —
Extraits du Jardin zoologique de Francfort, sur YAnas
tadorna et autres animaux 74
Ramel, premier rapport annuel du conseil delà Société d'acclimata-
tion de Melbourne. — Acclimatation dans l'Afrique australe.
— Extrait du journal le Jardin zoologique de FrancforL —
Importation des Moineaux en Australie. — L'hirudiniculture
dans les Basses-Alpes 152
Hébert, Société d'acclimatation de la Réunion. — "\1ennot, des
diverses cultures en Egypte. — Debains, compte rendu du
jouBBal le Jardin zoologiqtte de Francfort 232
P. Ramel, troisième séance publique annuelle de la Société d'ac-
climalHtion de la Grande-Bretagne; progrès de la Société d'ac-
climatation de Melbourne ; multiplication des animaux indi-
gènes en Australie ; sur le Bombyx grand Atlas de llnde. —
Viennol, l'Alouette-pie d Australie. ... 316
Hébert, culture du Quinquina aux Indes anglaises. — P. Pichot,
sur l'exposition de la race canine au Jardin d'acclimatation. . 374
T. C. Viennol, l'acclimatation en Angleterre en '1862 4o9
Prix fondés par la Société d'acclimatation de Victoria (Australie).
— Ramel, l'Abeille, le Porc, la Rhubarbe en France. —
Yiennot, sur le Banteng 522
T. C. Viennol, la pêrhe du Hareng dans le Royaume-Uni. — Sur
le Tantale de l'Afrique occidentale àSO
L.C. Pompe van Meerdervoort, notice sur l'introduction du Ver à
soie du Chêne du Japon en Europe 639
Hébert, Société d'acclimatation et d'histoire naturelle de l'île de la
Réunion ; acclimatation en Australie. — P. Ramel, le Coton-
nier vivace du Pérou 706
Hébert, culture du Coton, culture du Sorgho. — Viennol, la Ci-
trouille des Yaks (Cîjcur6//a me/anos^/ernia) '789
Bulletins bibliographiques 235, 320,527,720
Bulletins mensuels du Jardin d'acclimatation. 79,157, 236, 379, 462, 649
Omissions et errata 78, 160, 315, 38i, 528, 791
Paris. — Iniprimrrii^ di E. MlKIl.'lRr, rue Sllgnoil, 2.
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mmmmmBW
New York Botanical Garden Librar
3 5185 00259 9312