Skip to main content

Full text of "Bulletin de la Socit impriale zoologique d'acclimatation"

See other formats


XB  O^''^'^ 


*  # 


BULLETIiN 


MENSUEL 


DE   LA    SOCiËTÉ    IMPÉRIALE 

ZOOLÛGinUE 

D'ACCLIMATATION 


4     î 


*         * 


p^,  j,  _  liiiprlmpi'ie  de  E.  Martinkt,  rue  Mig'!!"",  2. 


BULLETIN 


J 


/  f 


DE   LA    SOCIET!:    ÎMPEHIALE 


ZOOI.OGIQUK 


D'ACCLÏMATAÏION 


FONDÉE  LE  10  FÉVRIER  185/j. 


TOME    DIXIEME. 


AWÉE     1SG3. 


SHVV    YOK« 

PARIS 

VICTOR     MASSON    ET    FILS, 

PLACF    DE    l.'KCOLE-DE-MKDliCINE, 

ET    AU    SIÈGE    DE    LA     SOCIÉTÉ. 

Hr.TEL  LAiiRAciuii,  rtiir:  de  lu  le,  10. 


1863 


/H3 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE    DACCLSrVIATATION. 


OmîANlSÂTlON    PIIUll  L'ANNÉE  1803, 


iiBy%-  vont 


IJSTK   DES   SOCIETES  AFFILIEES  ET  AGRÉGÉES 

ET    DES    COMITÉS    RÉGIONAUX, 

Kr  Ill'iriKMh:  IJSTE  SUPPLÉMENTAir.E  ItKS  MHMHISES. 


S.  ^f.  l/EMl'EKEliR,  [M'olecleiir. 


BUREAU  ET  CONSEIL  D'ADIYliNISTRATION, 

MM,    DROUVX   DE  LHUYS,    prémlent. 
AnloiiK;   PASSY,  j 

De  QIJAÏUEFAGKS.  (   vlc-presiclent^. 

UICHAUD    (du  Canlal),    ] 
f.e  comte  crÉPFîKMESNIL,  secrétaire  général. 
K.  DUPIN  ,   secrétaire  pour  J' intérieur. 
(TrÉUlN-MKNEVIl.LE,   secrétaire  du  Conseil. 
Le  conile  de  SINETV,   secrétaire  pour  l'étrnnijcr 
L.  SOUDEIKAN,   secrétaire  des  séances. 
Paul    ItLACQUE,  trésorier. 
COSSON,   archi ciste. 


MM.J.Gloucet. 

A.Geoffp.oySi-Hii.aihi:. 

lilFllEI'.. 

Le  baron  Skguiei",. 


MM.  DEliEiJ.E^.ui:. 

Fréd.  JACOlEMAliT 
Pd'I'Z  DE  LaVISON. 

Le  M''  de  Sei.ve. 
Vicc-jirésidenl  lamoraire  :    M.  le  prince  Marc  de  Reauvau. 
Agoil  ijéiicral  :    M.  L.  S.  llÉi;Eltï. 


MM.  Fréd.  Davix. 
Decains. 
a.  dumérii.. 

l'OMME. 


DÉLÉGUÉS  DU  CONSEIL  EN  FRANCE  ET  DANS  LES  COLONIES. 


MM.  Loche 

liAZIN. 

Dr 


Alger, 

Ihrdcaux, 

Cacn,  Li;  PiiESTiiE. 

Ccr/u/!/ ^Ilaut-Rliiin,  A.  ZcRCiiEii. 

Clermunt-Ferrand,  H.  Lecoq. 

Douai,  L.  Mauiuce. 

Ihij-re,  II.  Delaroche. 

'Si^'.vo/i.  F.  Lecoij. 

,c-^MarscilU\  Aiit.  IIesje. 

'    'Mulhouse,  V\\  y.iv.EW. 


Na)a-ji, 

yapoleo)i-Vcndi. 

PoiHers, 

La  Réunion, 

Rouen, 

Saint-Qiientni, 

Tonlo)i, 
Toulouse, 
yVesscriing , 


MM.  MONNIEK. 

I'.  GounoiN. 

HOLLARD. 

A.  Reug. 

POL'CHET. 
ThE!LE1ER-DE5- 
.FAP.DINS. 

Tunr.EL. 

JOLV. 

Gros-Hartmann. 


r^- 


Barcelone,     MM.Sacc, 
Batavia,  Wassing. 

Canton,  De  Montigny. 

Chanfj-hai  (fee),  Édan. 
Constaulinoplc,      DCFOUK. 
Florence,    Prince  A.  de  Démidoff. 
Francfort,  Baron  M.  DE  Betiimanx. 
Laufianne,  Chavaxnes. 

Macao  (Chine),       Canete  y  Moral. 
Madrid,  Graells. 

.l/î7a)i,  •■Il    Brot. 


DÉLÉGUÉS  DU  CONSEIL  A  L'ETRANGER. 

Moscou,  MM.  Kâlinowski. 
Philadelphie,  Th.  WiLSON. 
Qucbec,  JolydeLotdimèRE 

Rio-dcJuneiro,     De  Capanema. 
St.-Pélcrsbourg,  Brandt. 
Sydney  (Aoslralie),  Marc  Arthur. 
Turin,  Chevalier Baruffi. 
Vienne,  Arenstein. 

]Vashington,        T.  Clemson. 
IVf/o  (Japon),        Rutherford- 
Alcock. 


BUREAUX  DES  SECTIONS  ET   DES  COMMISSIONS  PERMANENTES. 


t^'^  SEtTIO.V.  —  Muminiféres. 

Richard  (du  Cantal),  délégué  duCons. 

Uavin,  président. 

Debains,   vice-président, 

E.  BOSQUILLON  DE  .Ienlis,  secrétaire. 

A.  GiLLET  DE  Grand.moxt,  vice-secrét. 

f '^SECTI®:^'.  —  Oiseaux  (Aviculture). 

C'®d'P>RÉMESNlL,  délégué  du  Conseil. 

BeR R I ER-FONïAI NE,  président. 

A.  Geoffroy  S'-\i\Lk\p.E,vice-présid . 

HUBERT-BuiERRE,  .'iccrclaire. 

E.  Roger,  vice-secrétaire. 

3^   SECTION.  —  lPoissoi»«,    t'riiS- 

(l'isciculture  et  Hirudiiiicultuic;. 
Passy,  délégué  du  Conseil  et  président. 


Millet,  vice-président . 
Ch.  Wallut,  secrétaire. 
LOBLIGEOIS,  vice-secrélaire. 

1*  (BiEC^TIOX.  —  Insectes  (Séricicul- 
ture et  Apiculture). 

Prince  de  Beauvau,  délég.  du  Conseil. 

Gcérin-Méneville,  président. 

Bigot,  vice-président. 

A.  Perrot,  secrétaire. 

L.  SouBETRAN,  vice-secrétaire. 

5^  fi»ECTIO\.  ~  '«égéfau!*.. 

Ferd.  Moreau,  vice'président. 
A.  DuPUlS,  secrétaire. 
Prillieux  ,  vice-secrétaire. 


COMiïlISSION  PERMANENTE  DE  L'ALGÉRIE. 
MM.  Richard  (du  Cantal),  président;  le  général  Daumas,  président 
honoraire;  le  prince  Marc  de  Beauvau,  Bigot,  Chatix,  Cossox,  Dareste. 
Davix,  du  Pré  dkSai.nt-Maur,  Focillox,  Victor  Foucher,  le  vicomte  Garbé, 
Guéhix-Mexeville,  Lvperlier,  LoBLiGEois,  J.  Michon,  Millet,  et  A.  Geof- 
FHOY  SaINT-HilaiRE,  secrétaire. 

COMiïlISSION  PERMANENTE  DES  COLONIES. 
MM.  A.  Passy,  président;  Aubrv-Lecomte,  David,  Deville,  Dutrône, 
Malavois,  Mennet-Possoz,  Ramon  de  laSagi-.a,  et  Rufz  de  Lavisox,  .secret. 

CCMMISSiON  PERMANENTE  DE  L'ÉTRANGER  (l). 
MM.  De  Quatrefages,  pn'.s,d(.';i/;  J.  Cloquet,  David,  Debrauz,   Du- 
perrey,  Faugere,  l'amiral  Penaud,  Poey,  Ramox  de  la  Sagra,  Rosalès, 
Tastet,  Taunay,  Pierre  de  Tchihatchef,  de  Verneuil,   Weddell,  et 
YvAN,  secrétaire. 

(I)  Les  ambassadeurs,  miiiistru.-,  chargeb  d'affaires  et  consuls  édauger,'-,  ijni  résident  à  l'an.. 
et  qui  sont  inenibic:.  de  la  Société,  font  de  dmit  partie  de  lu  Commission  de  l'Étran'^ei-, 


SOCIÉTÉS  AFFILIÉES  ET  AGRÉGÉES.  —  COMITÉS  RÉGIONAUX,     vij 

Commission  climatolorjique.  —  MM.  Becquerel,  président;  Chatin, 
DuPEitriEV,  J.  DU  Pué  de  Saint-Maur,  le  comte  d'EscAYUAC  de  Lauture, 
l'OEY,  Deville,  marquis  de  ViBRAVE,  Weddell,  et  E.  Becquehel,  secrétaire. 

Commission  induslricllc  (pour  rexamea  des  produits  désignés  comme 
propres  à  être-  introduits  dans  l'industrie).  —  MM.  le  baron  Séguier, 
président;  Davin,  Doyere,  Foculon,  Fremy,  Helzey-Dexeirouse,  Fréd. 
Jacquemart,  Le  Play,  Mennet-Possoz,  Pelouze,  Persoz,  Florent  Prévost, 
et  Natalis  Rondot,  secrètuire. 

Commission  médicale  (pour  Fexamen  des  produits  désignés  comme 
jouissant  de  propriétés  médicinales).  —  MM.  J.  Cloqi.'ET,  président;  Bou- 
chardat,  Boullay,  E.  Caventou,  Chatin,  J.Guerlv,  N.  Guillot,  le  baron 
Larrey,  Leblanc,  Mialhe,  Michel  Lévy,  Michon  père,  PiEVeil,  Rufz  de 
Lavison,   et  L.  Soubeiran,  secrétaire. 


LISTE  DES  SOCiÉTÉS  AFFILIÉES  ET  AGRÉGÉES 

a   la   société   impériale    zoologique    D'ACCLIMATATION 

ET   DE   SES   COMITÉS   RÉGIONAUX. 
Sociétés  afliliées  et  Comités  régionaux  français. 

La  Société  zoologique  d'acclimatation  pour  la  région  des  Alpes  (Société 

zoologique  des  Alpes),  à  Grenoble. 
La  Société  régionale  d'acclimatation  pour  la  zone  du  nord-est,  à  Nancy. 
La  Société  du  Jardin  zoologique  de  Marseille. 

Le  Lomité  régional  de  la  Société  impériale  d'acclimatation,  à  Bordeaux. 
Le  Comité  colonial  d'acclimatation  de  la  Guyane  française. 
Le  Comité  colonial  d'acclimatation  de  l'île  de  la  Kéunion. 
Le  Comité  régional  de  la  Société  impériale  d'acclimatation,  à  Poitiers. 
Le  Comité  régional  de  la  Société  impériale  d'acclimatation,  à  Alger. 
Le  Comité  colonial  d'acclimatation,  à  la  Martinique. 
Le  Comité  colonial  d'acclimatation,  à  la  Guadeloupe. 
La  Société  centrale  d'agriculture  et  d'acclimatation  des  Basses-Alpes, à  Digne. 
La  Société d 'horticulture eld'acclimatationdeTarn-et-Garonne, à  Montauban. 
La  Société  centrale  d'agriculture,  d'horticulture  et  d'acclimatation  de  Nice. 

Sociétés  affiliées  et  Comités  régionaux  étrangers. 

La  Société  d'acclimatalion  pour  le  royaume  de  Prusse  {AcclimxiUsations- 
Verrin  fur  die  Kuniglich-Prcussischen  Slaaten),  à  Berlin. 

Le  Comité  zoologique  d'acclimatation  de  Moscou. 

Le  Comité  d'acclitnalation  des  végétaux  de  .Moscou. 

La  Société  d'acclimatalion  et  d'agriculture  de  Sicile  {Società  di  acclimastone 
e  di  agricoltura  inSicilia  ,  à  Palernie. 

Sociétés  agrégées  franv^''*cs. 

Le  Comice  agricole  de  Toulon. 

La  Société  d'agriculture  de  Verdun. 

La  Société  d'agriculture  des  Bouches-ilu-Bhône,  à  Marseille. 

La  Société  d'agriculture,  arts  et  commerce  de  la  Charente,  à  Angoulême. 

La  Société  d'agriculture  d'Alger. 

La  Société  d'agriculture  et  de  statistique  de  Roanne. 


\iij       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMÂTATION.         ^ 

i.a  Sociêlè  iragiicullure ,  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  l'Eure,  à  Evreux. 

La  Société  iragricultiire  du  Puy-de-Dôme,  à  CleniioiU-Fen'and. 

La  Société  des  sciences  naturelles  et  arcliéologiriuos  de  la  Creuse,  à  Guéret. 

La  Société  d'horticulture  de  la  Gironde,  à  Bordeaux. 

La  Société  d'agriculture, sciences,  arts  etcuniuierce  delà  H. -Loire,  auPuy. 

La  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Dôle. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne,  à  Toidouse. 

I>e  Comice  agricole  de  l'arrondissement  d'Alais. 

La  Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  du  lias-lUiin,  à  Sti'asbouri:. 

La  Société  centrale   de  l'Yonne  pour  l'encourageiiiont  de   l'agriculture, 

à  Auxerre. 
La  Société  d'agriculture  de  Seine-et-Marne,  à  Melun. 
La  Société  d'agriculture  de  Provins. 
La  Société  d'agriculture  et  de  l'industrie  de  Tonnerre. 
La  Société  d'horticulture  de  l'Aube,  à  Troyes. 

La  Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et  arts  de  la  Lozère,  â  Mende. 
Le  Comice  agricole  de  Melun  et  de  Fontainebleau,  à  Melun. 
La  Société  d'horticulture  de  Nantes.  '• 

La  Société  d'agricnlture  de  Louhans. 
La  Société  d'horticulture  de  fiergerac. 
La  Société  d'agriculture  de  l'Ardéche,  à  Privas. 
La  Société  d'horticulture  et  d'arboriculture  de  la  Cùte-d'Or,  à  Dijon. 
La  Société  d'agriculture  et  d'horticulture  de  Chalon-sur-Saône. 
La  Section  d'acclimatation  de  la  Société   d'émulation  des  Côtes-du-Nord, 

à  Saint-lirieuc. 
La  Société  d'agriculture  de  rarrondissement  de  Saint-Omer. 
La  Société  d'agriculture  de  la  province  de  Savoie  propre,  à  Ghandjéry. 
Le  Comice  agricole  de  Drioude  (Haute-Loire). 
La  Société  d'agriculture  de  Corle  (Corse). 

La  Société  centrale  d'agriculture  du  département  du  Pas-de-Calait;. 
La  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts,  et  Comice  de  l'arrond.  deMeaux. 

Sociétés  agrégées  élrangércs. 

La  Société  d'utilité  imbliipic  de  Lausanne. 

I,a  Société  d'économie  rurale  de  la  Côte  (canton  de  Vaud). 

L'Académie  royale  d'agriculture  de  Turin(/Î('«fc  Acccid.d'cnjric.  di  Torino). 

La  Société  du  Cercle  littéraire;  de  Lausanne. 

La  Classe  d'agriculture  de  la  Société  des  arts  de  (ieiièvr. 

La  Section  d'industrie  et  d'agriculture  de  l'Institut  genevois. 

La  Société  impériale  et  royale  d'agriculture  de  Vienne   {Die  huiscrliclu' 

koiiigUclic  Ldnihicirlhsclxtfls-Gcscllschalï  iii  W'ien). 
La  Société  séricicole  de  Pologne  [Spolka  jedicabiiiczii  })olska),  à  Varsovie, 
La  Société  agronomique  du  Frioul  {Associnzionc  (Kjruria  Friiilana),  à  Udinc. 
La  Chand)re  d'agriculture  de  Poit-Louis. 
!-a  Société  d'agriculture  du  duché  de  Nassau,  à  Wiesbadon. 
L'Institut  agricole  catalan  de  San-lsidro  {InstUulo  agricola  catalan  de  Sair- 

hidro),  à  Darcehuii:. 
La  Société  d'agi'icullure  de  Valence. 
La  Direction  centrale  d'agi'icultui'e  de  Stuttgard. 
L'Académie  agronomiijur  de  ilohcnheim. 
I.a  Société  royale  zoologicpie  et  botanique  d'acclimatation  de  la  Haye. 


lUITlOIE  LISTE  SIPPLÉIME^TAIRE 

DF.S  MEMBRES 

DR   l\  SOClF.TK    IMPKniAI.E   ZOOLOdlOliE    li'\Cr,Lni\T\TIO\. 


Membres  admis  du  30  mai  1862  au  lô  mai  ISOr»  (I). 


MM. 

Arai'Jo  (Auiinslo    (Idmez    d'),    proiirii'lairfi   à  Lisbonne,    nta  Nova    da 

Trinidade,  30. 
.\ft\ori.D  (Charles),  propriétaire   et  négociant,  à  Paris,  rue  des  Pelites- 

Ecnries,  8. 
.\SSY  (Alfred  d'),  rne  de  Rivoli,  240. 
ArPERT  (Ch.),  propriétaire,  à  Saint-Martin-de-Màcon,  par  Thonars  (Den\- 

Sèvres). 
Al"ZOU\  (le  doctenr  Hector),  à  Saint-Leu  d'Esserenl  (Oise). 
Bableo,  membre  du  Conseil  général  de  l'Aisne,  à  Craonne  (Aisne). 
Bacquias  (le  docteur  Eugène),  chirurgien  de  niôtel-Dieu,  à  Troyes(Anbe'l. 
Baignikbes,  administrateur  des  chemins  de  fer  de  TEsl,  rue  Blanche,  13. 
Barbé  (Benjamin),  avenue  de  l'Impératrice,  12. 
l'-Al'.BiER,  directeur  général  des  douanes   et  des  contributions  indirectes, 

conseiller  d'Etat,  rue  Saint-llonoré,  368. 
Bacdin,  ministre  de  France  à  la  Haye  (Pays-1'.as). 
Beaudouin,  directeur  de  la  Société  commerciale  néerlandaise,  à  Nagasaki 

(Japon). 
BÉciiu  (Jules),  jardinier  en  chef  de  la  pépinière  de  Bislira  (Algérie). 
Belexot  (Ferdinand),  propriétaire,  à  Neuchatel  (Suisse). 
Bellaic.ne  DE  Bur.UAS  (A.),  vice-consul,  au  château  de  Tournebise,  près 

de  Pontgibaud  (Puy-de-Dôme). 
BÉNAZET  (Théodore),   au    château    de  la   Boche-Bellusson,  par    J,eblaiU' 

(Indre),  et  rue  de  Bivoli,  210. 
Bermo.nd  (l'abbé  Antoine),  ùla  Villa  Bermond.  à  Nice  (Alpes-Maritimes). 
Berthemy,  ministre  de  France  en  Chine,  à  Pékin  (Chine). 
Bertin (Alexandre),  à  Igny  (Seine-et-Oise),  et  boulevard  Saint-Germain,o4. 
Bessé  (Charles- Martin    de),    contrôleur    des    contributions   directes,    à 

Melle-sur-Béronne  (  Deux-Sèvres). 
BlLLAULT  (S.  Exe.  M.),  Ministre,  rue  Saint-Arnaud,  10. 
BiixiN»;  (Fréd.  de),  directeur  des  fonds  et  de  la  comptahilité  au  ministère 

des  affaires  étrangères  ,  rue  Montaigne,  26. 
BllxoN,  rue  du  Bel-Air,  18,  à  Marseille  (Bouches-du-Bliône). 

(1)  Pour  les  niemlji-ps  .-intérieurement  admis,  voyez  la  Usle  (jinérale  des  membres,  t.  Il, 
p.  XXII  à  XLVu  ;  la  Première  liste  supiilémoitaire,  t.  III,  p.  .\ii  à  xix;  la  Deuxième,  t.  IV, 
p.  IX  à  XX  ;  1,1  Trouième,  I.  V,  p.  \i  à  xxiv  ;  la  Quatrième,  t.  VI,  p.  vu  à  xx  ;  la  Cinquième, 
t.  VU,  p.  viir  ù  XVI  ;  la  Sixième,  t.  VIII,  p.  vu  à  xvi;  ethSeptièmr,  f.lX,  p.  ix  à  xvi. 


X  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

BiOLLAY  (Paul),  conseiller  référendaire  à  la  cour  des  comptes,  ruePigale,  I  2. 

BoGDANOFF  (le  professeur  Anatole),  président  de  la  section  de  pisciculture 
et  d'entomologie  du  comité  de  Moscou  ,  professeur  de  zoologie  à  la 
faculté  des  sciences,  à  Moscou  (Russie). 

BoiNVlLLiEus,  président  de  section  au  Conseil  d'Etat,  rue  de  Choiseul,  3. 

BONKOWSKl,  étudiant  enpliarniacie,  àConslantinople,  et  rue  dos  Postes, 68, 

ROREL,  négociant  à  Shang-liaï  (Chine). 

Bouché  (Joseph),  propriétaire,  à  Bois-de-Cené,  par  Challans  (Vendée). 

BouiLLOUD  (Louis),  arbitre  du  commerce,  à  Bône  (Algérie). 

BoURGOiN  (Léon),  président  du  tribunal,  propriétaire  à  Chaniplntreux, 
commune  de  Saintry  près  Corbeil  (Seine-et-Oise). 

BOURRET  (L.),  négociant,  à  Kanagawa  (Japon). 

BOUTAREL,  manufacturier,  avenue  des  Champs-Elysées,  84. 

BoYVEAU  (A.),  rue  de  Seine,  13. 

Brame  (Edouard),  ancien  élève  de  l'Ecole  polytechnique,  ingénieur  du 
chemin  de  fer  du  Nord,  rue  Saint-Dominique,  71 . 

Brémare  (Antoine),  propriétaire,  ingénieur  civil  à  l'Ecole  cfntrale,  bou- 
levard de  Sébastopol  (rive  droite),  1  8. 

Brignole  (te  marquis  de),  ancien  ambassadeur,  rue  de  Varenne,  53. 

Brosser  (Victor),  propriétaire, boulevard  do  Sébastopol  {vi\e  droite),  84 

Budberû  (S.  Exe.  M.  le  baron  de),  ambassadeur  de  S.  M,  l'empereur  de 
toutes  les  Russies,  faubourg  Saint-Honoré. 

Bvharaye  (Armand  de  la),  au  château  de  Calac,  près  de  Saint-Jean  de 
Brévelay  (Morbihan). 

Bureau  (Eugène),  propriétaire,  à  Chaix  (Vendée). 

Buxerès  y  Abat  (José  Antonio),  propriétaire,  calle  dol  Palau,  3,  à  Dar« 
celone  (Espagne). 

Cabarrus  (Julien  de),  consul  général  et  chargé  d'affaires  de  France  dans 
l'Amérique  centrale,  à  Guatemala. 

Cailloué  ((Charles),  propriétaire,  rue  du  Faubourg-Sainl-IIonoré,  83. 

CARDOisO  (Nuno  Alvès  Pereirade  Mello),  capitaine  de  la  marine  brésilienne, 
commandant  du  navire  à  vapeur  Vlnca,  h  Manaos,  province  des  Ama- 
zones (lîrésil). 

riERRUTi  (J.  B.),  consul  de  S.  M.  le  roi  d'Italie  à  Bahia  (Brésil). 

Charlesworth,  à  Versoix,  campagne  Machard,  près  de  Genève  (Suisse). 

Chauviteau  (Ferd.),  ancien  agent  de  change,  rue  d'Anjou-St-Honoré,  9. 

Chevigné  (le  comte  Louis  de),  au  château  de  Boursault  près  Dauiery 
(Marne). 

Chigi  (S.  Exe.  Mgr),  archevêque  de  Myre,  nonce  du  sainl-siége  aposto- 
lique, rue  de  l'Université,  69. 

CoLLiN  (Charles),  fabricant  de  produits  chimiques,  rue  Ouincampoix,  15. 

Combes  (le  docteur),  rue  de  l'Arc-de-Triomphe,  6. 

CoRDOÈN,  procureur  général  près  la  Cour  impériale,  conseiller  d'Elaî, 
rue  de  Berlin,  34. 

CoRTiER  (Henri),  propriétaire,  ;'i  Elourvy  (.\nbe). 

Corvisart  (le  docteur  baron  Lucien),  médecin  ordinaire  de  l'Empereur, 
au  palais  des  Tuileries. 

Çqsta  (le  professeur  Achille),  directeur  du  Musée  de  zoologie  de  Vum- 
versité  de  Naples,  via  S.  Antonio  alla  Vicaria,  à  Naples  (Italie). 


HUITIÈME   LISTE   SUPPLÉMENTAIRE   DES   MEMBRES.  XJ 

Costa  de  Beaurrgard  {\f  comte  Josselyn),  ti  l'Iiôtel  df  Costa,  à  Cliain- 
béry  (Savoie). 

CoTTLE,  à  Woodsiock  (Conaila). 

CoURCEL  (Alphonse  de),  an  ministère  des  affaires  élrnn!;ères, 

COURCY  (!e  comte  E.  de),  rue  de  rSellechasse,  72. 

Cramail  (Adrien),  maire  de  la  commune  de  Rueil  (Seine-et-Oise),  ei  rue 
d'Alger,  5. 

Uauzat  DEMBARRh:RF.,  député  ail  Corps  législatif,  vice-président  du  Conseil 
général  des  Hautes-Pyrénées,  rue  Tronchet,  fj. 

D.wiAU,  propriétaire,  à  Roche-Servière  (Vendée). 

Debain'S  (Alfred),  étudiant,  rue  delà  Chaussée-d'Antin,  4i. 

Decharme  (Th.),  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  à  la  Rochelle. 

Pegreaux  (L.),  propriétaire,  fondateur  du  Jardin  zoologicpie  de  Nice,  rue. 
de  France,  60,  à  Nice  (Alpes-Maritimes). 

Pelisse  (E.),  rpiaidesChartrons,  7,  à  Bordeaux  (Gironde). 

Pesbarats,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  Montréal,  à  Mon- 
tréal (Canada). 

pESf.oussEAUX  DE  Medrano,  président  de  la  Société  d'horlicullure  des 
Ardennes,  rue  Richor,  -iS. 

Pestouv,  notaire  honoraire,  au  Thoult,  par  Montniirail  (Marne). 

DoNNEDiEU  de  Saint-André,  propriétaire,  rue  Porée,  à  Nmies  (Gard). 

DROUiN(Jules),  juge  au  tribunal  de  commerce,  maire  du  4''  arrondissement, 
rue  Sainte-Croix  de  la  Rrotonneric,  21 . 

BUCHENNE  (Emile),  de  Boulogne,  boulevard  des  Paliens,  33. 

DrcoMMUN  (Henri  François),  propriétaire,  à   la  Chaux- de -Fonds  (Suisse). 

Pufaure  (.1.),  ancien  ministre  de  l'intérieur,  rue  Lepelletier,  20. 

DuFAURE  (Gabriel),  à  Vizelle,  par  Cozes  (Charente-Inférieure). 

PuFFit;  (Aug. -Achille),  fabricant  de  sucre  el  agriculteur,  à  Braisne  (Aisne). 

PUPONT  (le  docteur  .lean-Bnptiste),  propriétaire,  à  Tingry,  par  Samer 
(Pas-de-Calais). 

PupONT  (le  docteur),  au  Haut-Tingry,  par  Samer  (Pas-de-Calais). 

PUPUY  (le  docteur  Louis),  vice-président  de  l'Association  locale  des  méde- 
cins des  arrondissements  de  Laon  et  Vervins.  à  Fcstieiix,  canton  de 
Laon  (Aisne). 

PuRV  (le  docteur),  faisant  fonctions  de  vice-consul,  à  Nagasaki  (.Japon). 

PUTERTRE  (Florent),  directeur  de  la  bergerie  impériale  du  Haut-Tingry, 
par  Samer  (Pas-de-Calais). 

Fattet  (Georges),  rue  Saint-Honoré,  2^'). 

Faultrier  (Alphonse  de),  officier  supérieur  du  génie,  en  retraite,  à 
Vaux,  près  de  Metz  (Moselle). 

Fernan  Nunez  (le  duc  de),  propriétaire  en  Espagne  et  en  Belgiipie,  calle 
de  Santa-Isabel,  à  Madrid  (Espagne). 

Ferrand  (Joseph),  préfet  de  la  Haute-Savoie,  à  Annecy  (Haute-Savoie^. 

FlÉRON(le  général),  ancien  gouverneur  de  la  Guadeloupe,  au  cliàieau  iU 
Saint-Jean  de  Monfpouillant.  par  Meilban  (Lot»et-Garoinie). 

Fi.EURlMONT  (Charles),  propriétaire,  avenue  Victoria,  8. 

FoLSCH  (Charles-Henri),  vice-consul  de  Suède,  de  Norvège  il  de  Pane- 
mark,  rue  Sylvabelle,  37,  à  Marseille. 

Fontaine  (Jules-Penis),  marchand  grainier,  horliculleur,  iptai  de  h 
Mégisserie,  6. 


1- 


XIJ  SOCIÉTÉ   JMPÉiUALE    ZOULOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

I'uubi.n-Janson  (le  marquis  do),  rnnsul  îrénéral,  chargé  d'affaires  de  France 

il  Haïti,  rue  Tiiérèse,  I  1 . 
FoucEMOL,  chef  d'escadron  d'élal-ninjor,  conniiandant  supérieur  du  cerclt' 

de  Bisivra,  division  de  Conslanline  (Algérie). 
l'orciiEB  (Alpiionse-.lean-Louis),  ollicier    piincipal   d'administration  de  la 

guerre,  directeur  du  service  des  fourrages  à  Paris,  rpiai  de  la  liàpée,  \  (». 
FocrtMEn  (Henri),  minisire  de  France  à  Stockholm. 
FiiANEisco-MAiiTlN  (S.  Exc.  M.   de),    ministre   plénipotentiaire  de  (iuale- 

maia,  rue  Fortin,  3,  à  Paris. 
FiiossAHt)  (le  général  de   division),  aide   de   camp  de  l'Empereur,   rne 

d'Amsterdam,  31 , 
(j.\itte-La[U(.audie, notaire  aux  Marlresde-Veyre,  parVeyre  (Puy-de-Dôme). 
i;ai\CIA  (Doroteo),  sénateur,  à  Montevideo. 

CiASN'iER  (l[.),  propriétaire    à  la  Itruyère  près  P>augé  (Maine-et-Loirc). 
TiELOT  (Antony),  négociant  et  agent   commercial    du   gouvernement   du 

Paraguay,  à  FAssomption,  et  rue  Piochechouart,  33. 
(Ierebetzoff  (S.  Exc.  M.  Nicolas  de),  vice-président  du  Jardin  zoologiquo 

de  Moscou,  à  Moscou. 
(iERMiNv  (le  comte  de),  gouverneur  de  la  Banque  de  France,  à  Paris. 
(îiELET  DE  Grandmonï  (Anatole),  rue  Joubert,  18. 
GiMET  (le  capitaine  Paul),  commissaire  de  l'émigration,  au  Havre. 
GiiNOT  (Jules),  agriculteur,  à  Soulages,  près  de  Saint-Chamond  (Loire). 
TiiREAUD,  secrétaire  général  de  la  compagnie  des  chemins  de  fer  de  l'Est, 

à  Paris. 
(Iofflnt-Delrue  (J.F.),  avocat,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes,  à 

Mons  (Belgique). 
FiOLT/,  (S.  Exc.  M.  le  comte  de),  ambassadeur  de  S.  M.  le  roi  de  Prusse, 

à  Paris,  rue  de  Lille. 
UousciiKOFF  (Jean),   négociant,  conseiller   des  manufactures,  à  Moscou. 
(iOYON  (le  général  comte  de),  sénateur,  aide  de  canqi  de  l'Empei'enr,  rue 

d'AsIoi'g,  31 . 
(Iraichen  (Heinrick),  à  Leipsick  (Saxe). 
<i(;iDO  (José),  capilaine  de  cavalerie,  à  Buenos-Ayres. 
riUiRAun  (le  baron  de),  rue  de  Grenelle-Saint-Germain,  cité  Martignac. 
Hareut  (Charles-Gustave),  à  Montfort-FAmaury  l'Soine-et-Oise),  et  rue  de 

Provence,  52. 
Haudos  (Justin),  propriétaire,    député  au  Corps   législatif,  membre  du 

Conseil  général  de  la  Marne,  à  l-oisy,  par  Vitry-le-François   (Marnej. 
HoBÈs  (Monseigneur  Al.),   évêque    missionnaire    de  la    Sénégambie,    à 

Dakkar,  près  de  (iorée. 
IIiir.EE  (le  baron   de),    premier  écuyer  et  chamiiellan  de  S.  M.  h'  roi  do 

Wurtemberg,  à  Stuttgard  (Wurtendierg). 
Hi'OT  ((nistave),  agriculteur  à  Troyes  (Aubei. 
Imuaus  (Georges),  à  Foix  (Ariége). 
Issakoff  (Michel),  délégué   de  la   Société  d'acclimatation  de  Moscou,  à 

Saint-Pétersbourg. 
ISTURiz  (S.  Exc.  don  Xavier  de),  andiassadeur  de  S.  M.  Catholique,  quai 

d 'Orsay. 
Jeger  (Philippe),  négociant,  à  la  Chaux-de-Fonds  (Suisse).  ^ 

JuuiOT  (A.),  anrieu  ollicier  d'état-major.  rue  de  Clichy,  ••o. 


llUniKME    LISTK    SI  PPLEMENTAIUE    DES    MEMBRES.  MIJ 

■IijAMCo,  lu-i'sidt'iit  delà  Cour  do  tassalioii,  à  Montevideo. 

JiLiEN  (Stanislas),  de  l'Institut,  udniinistrateur  du  collège  de  France,  pro- 
fesseur de  langue  et  delittéralnrc  cliinoises,  rue  des  Fossés-Saint-.Iac- 
(jues,2C. 

KEitziii.i.l  (Nicolasi,  nieinbrc  du  Coiuilr  d'accliiuatalion  de  Moscou,  à 
Moscou  (lUissie). 

Kosr.HEi.KW  (Alexandre),  uré^-idciil  de  la  Société  d'agriculture  de  Moscou, 

à  Moscou  (nussic). 

KoTSCHOtJUEY  (le  prince  Michel),  niaréclial  de  la  cour  de  S.  M.  l'einpo- 
reur  de  Uussie,  nu-  du  Centre,  "i. 

KURANDA  (Ignace),  nienilire   du  (jonseil  de  l'eiuiùre  d'Autriclie,  à  Vieinip. 

LAM»É(PliilJppe),  négociant,  à  Luçon  (Vendée). 

Lacroix  (.Jean),  labricant  de  papiers,  rue  Mazarine,  fiO. 

La  Ferriere  (le  vicomte  de),  chaniliellan  de  l'Empereur,  rucLavoisier,  !». 

La  GiRALDAis  (Charles),  avocat,  à  Nantes  (Loire-Inférieure). 

La(^.RANGE  (Tony),  propriétaire  agriculteur,  à  la  Pré-Verte,  près  de  Pont- 
château  (Loire-Iniérieure). 

Lac.rms  DE  Lanceron,  sous-préfet,  à  Nogent-siir-Seine  (Aube). 

La  Gl'Éronniere  (le  vicomte  de),  sénateur,  rue  du  Cir(|ue,  G. 

Lamv  (Victor),  propriétaire,  au  château  d'Héritot,  par  Troiiarn  ((Calvados), 
et  rue  Bourdalou(î,  5. 

Landrin  (A.),  médecin-vétérinaire,  rue  Albouy,  \2. 

La  UonuK  Ordan  (le  coinle  de),  boulevard  des  Invalides,  1.5. 

Latolr-Maurol'IU.  (le  man|uis  de  ,  nu'  de  la  Ville-Lévèipu.',  22. 

L\rNAY(le  comte  Maui'ice  de),    au  château  de  Courcelles,  conunune  de 

Clérey  (Aube)- 
Lecreux  (Alfred),  rue  ilu  Faubourg-Poissonnière,  .'lO. 
Le  Dentu.  connnissaire  de  la  marine,  à  Cherbourg. 
Lefh;vre  (Amable),  négociant  à  New-York  (Etats-Unis). 
Le  Gendre  Décmv,  ingénieur,  place  du  Martroy,  à  Nanterre  (Seine;. 
LeHuédé,  avocat,  maire  dcCorsept  près  Gaimbieux,  rue  de  la  Fosse,   1 , 

à  Nantes  (Loire -Inférieure). 
Lejeune  (le  docteur),  place  Vintimillc,  1. 

LelioN-Damiens,  inspecteur  des  éludes,  à  l'institution  Ste-IJarbe,  à  Paris. 
Lelouterel  (le  général),  à  la  (Juetonnière,  commune  d'Olivct  (Loiiel),  et 

rue  Godot-de-.Mauroy,  2G. 
Lemaire  (C),  négociant,  à  Sliang-liaï  (Chine). 
Le  Movne,  ministre  plénipotentiaire,  rue  Caumarlin,  (J2. 
1;ENTHÉR1C  (Charles),  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  à  .Mirande  (Gers). 
Leqi'IN',    directeur  de  la  ferme-école    du  déparlement  des    Vosges,   à  la 

ferme  de  Lahayevaux  [Vosges). 
Leroux  (Alfred),  député,  rue  Sainl-llonoré,  364. 
Lix  (Charles),  rédacteur  dujiMuiial  lu  f/ibcrlc,  à  Corientes  (confédération 

Argentine). 
LoRioL,  directeur  de  l'Ecole  jirci'aralou'c  à  la  marine,  rue  d'Enfer,  49. 
Lgydre.\U  (Edouard),  propriétaire  et  maire  de  Chagny  (Saône-etLoire). 
MAir.NE,  conseiller  d'Etat,  rue  CastigHone,  10. 
MAi.ARETde  baron  de),  ministre  de  France,  à  Bruxelles. 
.Manes  (Alfred),  négociant,  à  Saint-Denis  (la  Réunion). 
MANRincEde  D'Camilo),  consul  de  Venezuela,  à  Bayonnc  (B. -Pyrénées), 


xiv        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Mahqijes  Lisboa  (S.  Exc.  m.  le  chevalier),  envoyé  extraordinaire  el  ministr<* 
plénipotenliaircdeS.  M.  l'Euipercur  du  lirésil,  boulevard  Monceau. 

Mars  (^Uenry),  ancien  négociant,  rue  UoursauU,  0. 

Martel  (Ernest),  jnopriétaire,  à  Saint-Onier  (Pas-de-Calais). 

.Matiiabel  (de),  préfet  de  l'Orne,  à  Alençon  (Orne). 

Matthiei-  (.).),  consul  de  Porlugal,  à  lîruxelles,  rue  lîoyalc,  Mî  (Belgique^. 

Maudan  (René-François),  propriétaire,  rue  Guénégaud,  17. 

Maumy  (Jules),  négociant,  rue  du  liouloi,  '26. 

MÈGE  (le  docteur  Jean-Baptiste),  membre  de  l'Académie  impériale  de 
médecine,  rue  Sainte-Anne,  40. 

Mehemmed-Djémil-Pacha  (S.  Exe),  ambassadeur  de  la  Porte  Ottomane, 

à  Paris. 
Mendiola  (Ignace  de),  ingénieur  civil  à  la  Havane  (île  de  Cuba),  et  rue  de 

Ponthieu,20. 
Mesgnil  d'Auhentièue  (Charles  du),  rue  St-Louis,  53  (Batignolles-Paris). 
Messageu  (Prosper),  ù  Saint-Uenis  du  Sig,  Bois  sacré,  propriété  Herzog, 

province  d'Oran  (Algérie). 
Metman,  vice-consul  des  Pays-Bas,  à  Nagasaki  (Japon). 
Meyer,  propriétaire  et  négociant,  à  Montevideo  (Uruguay). 
Mocquaï  (Henri),  négociant  ù  Luron  (Vendée). 
MoNiCAULT  (Paul  de),  attaché  au  ministère  des  affaires  étrangères,  rue  de 

la  Pépinière,  57. 
MoN'TEBELLO  (Fernand  de),  rue  d'Antin,  10. 
MoTOFSKi,  à  Nagasaki  (Japon). 

MoïSEN,  membre  du  Conseil  général  de  l'Aube,  rue  Godot-de-Mauroy,  29. 
Neumann  (Louis),  jardinier  aux  serres  du  Muséum,  rue  Cuvier,  57. 
Newill,  29,  Upper  Grosvenor  street,  à  Londres  (Angleterre). 
NoCHÉ,  notaire,  à  Troyes  (Aube). 
Nœau  (Péhx),  notaire,  à  la  Roche-Scrvière  (Vendée). 
NoÈL,  sous-directeur  au  ministère  des  atfaires  étrangères,  rue  de  ILmi-- 

\ersité,  83. 
NouBEiiT-EsTiBÂL,  placc  de  la  Bourse,  12. 
OiiLSEN   (Charles-Tliéodore-Alexandre),    agriculteur,  strada    GroKone   d» 

Pallazzo,  25,  à  Naples.  ^ 

Pallu,  propriétaire  et  directeur  de    la  compagnie  du  Vésinel,  rue  Tait- 
bout,  63.  _ 
pAiioDi  (Domingo),    pharmacien,   chimiste   et  botaniste,  à   I  Assomption 

(Paraguay). 
Pascuae  Y  iNGLADA  (llilario),  banquier,  27,  calle  Dormitono,  a  Barcelone 

(Espagne). 
Peck  (Prosper),  négociant,  rue  de  la  Grande-Truandene,  32. 
Penel  (Isaac-Franrois),  propriétaire  à  Louveciennes,  canton  de  MaHy-!f- 

Roi  (Seine  et-Oise). 
pEREir\A  (Antoine),  iiropriétaire,  à  Montevideo  (Uruguay). 
PéRIGNON  (le  baron  Maurice),  propriétaire,  rue  de  la  Pépinière,  10. 
Petin  membre  du  Conseil  général  de  la  Loire,  maire  de  Rive-de-Gier  (Loire). 
PlERMÉ  (le  docteur  César-Âlexandre),  à  Bruyères,  par  Laon  (Aisne). 
PiZARRO  (Manuel),  Lottergasse,  274,  à  Bàle  (Suisse),  et  à  la  Havane.  île 

de  Cuba 
PuNCY  (le baroti  de),  député,  àPlaucy-sur-Aube(Aube),  etrue  dulJac,  46 


HUITIÈME   LISTE   SUPPLÉMENTAIRE   DES   MEMBRES.  XV 

Pompe  van  Meerde  \VooHT(le  doclenr),  à  Nagasaki  (Jaiiou). 
PoNCEAU  (le  docteur  Théodore),  l'Ile  Blanche,  27. 
Pons  Y  Soler  (1.),  propriétaire,  à  î\Iahon  (Espagne). 
PoussiELGUE(.\cliille),  rue  deGrenelle-Saint-Gerniain,   123. 
PUYTESSON  (A.  de),  propriétaire,  à  Napoléon-Vendée  (Vendée). 
Rambourgt  (le  vicomte  de),  député,  à  Troyes  (Aube),  et  rue  d'Alger,    .5. 
RElNACH(le   baron  de),  secrétaire  de  la  légation  de  France,  à  Stultgard 

(Wurtemberg). 
Reinacii  (le  capitaine  de),  ol'licier  d'ordonnance  de  S.  Exe.  M.  le  maréchal 

Re^naud  de  Saint-Jean  d'Angelv,  rue  d'Austerlitz,  36. 
Remisa  <le  marquis  de),  à  Madrid  (Espagne). 

Renal'ld  (Edouard),  propriétaire,  rue  du  Temple,  43,  à  Troyes  (Aube). 
Rey  (le  docteur  Henry),  médecin  adjoint  de  l'asile  impérial  de  Vincennes. 

rue  Pavée -an-Marais,  6. 
RiOTTOT  (Jules),  au  château  d'Osny  (Seine-et-Oise),  et  rue  de  Reuilly,  73. 
Rivière  (Jules),  architecte,  boulevard  de  Sébastopol,  55,  rive  droite. 
Robinet  (le  baron  de),  colonel  d"élat-niajor,    aide  de   camp  de  S.   Exe. 

M.  le  maréchal  Regnaud  de  Saint-Jean-d'Angély,  à  l'Ecole  militaire. 
Rochette  (Ernest  de  la),  ancien  représentant,  au  château  du  Quenet,  par 

Herbignac  (Loire-Intérieure). 
Roger,  propriétaire,  au  château  d'Anfernel,  près  de  Vire  (Calvados),  et  rue 

des  Carrières,  9  (Datignolles-Paris). 
Roger-Uesgenettes,  chef  du  50''  bataillon  de  la  garde  nationale  de  la 

Seine,  propriétaire  et  percepteur,  à  Saint-Maur  (Seine). 
Romanâ  (S.  Exe.  M.  le  marquis  de  la),   grand  d'Espagne,   à  Pahua,  île 

Majorque  (Baléares). 
ROTHAN,  premier  secrétaire  de  l'ambassade  française  à  Turin  (Italie). 
Rouher(S,  Exc.  m.),  Ministre  de  l'agriculture,  du  commerce  et  des  tra- 
vaux publics,  à  Paris. 
Rumine   (S.  Exc,    M.   Nicolas),   président  du  jardin    d'acclimatation    de 

Moscou,  à  Moscou  (Russie). 
Saenger,  secrétaire  pour  l'étranger  du  comité  d'acclimatation  de  Moscou* 

à  Moscou  (Russie). 
Saint-Georges  (le  chevalier  Léonce  de),  ministre  de  France  au  Brésil, 

rue  de  la  Pépinière,  108. 
Saint-Gehmain  (de),  député,  rue  de  Valois-du-Roule,  9. 
Sala  (Adolphe),  à  Alexandrie  (Egypte),  et  rue  Pigale,  22. 
Salazâr  y  M.vzarredo  (Eusobio  de),  34,  rue  Horialeza,  à  Madrid. 
Salvador  (F.  S.),  rentier,  place  de  la  Madeleine,  17. 
Sandui  (Théobald),  négociant,  à  Tien-tsinn  (Chine). 
Sanford,  ministre  des  Etats-Unis,  à  Bruxelles  (Belgique). 
Savardan  (le  docteur),  à  laChapede-Gaugain,  par  Bessé  (Sarthe). 
ScHiscHKOFF  (Nicolas),  président  de  la  Société  d'agriculture  de  Lebedianf , 

àLebediane  (Russie). 
SciiWEiZER  (le  baron  de),  envoyé  extraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire 

du  grand-duché  de  Bade,  rue  Blanche,  62. 
Sërbat,  chimiste  manufacturier,  quai  Malaquais,  19. 
SiEBURG,  ex-officier  de  la  marine  néerlandaise,  à  Nagasaki  (Japon). 
SiLVA  Castro  (le  docteur  Francisco  da),  membre  de  l'Académie  impériale 

de  médecine  de  Rio  de  Janeiro,  à  Rio  de  Janeiro  (Brésil). 


\V)         SOCIÉTÉ    IMl'EIllALt;    ZOULUGKJUE    D  MiCLlMATATlUN. 

Si.MdM  (J.r«"".),  (lucleur  en  iiitdcciiic,  j>r(i|iriélairc,  h  l'ile  de.  Cuba,  cl  rue 

(les  Eciii'ios-erArtoih;,  3(3. 
SOCSA  (José  Augiislo  (iel,  coiisiMvalciir  adjoint  du  nnisée  rn_\al    de    l'or- 

tngal,  à  Lisl)onne. 
Sl'DD.S.  (déliai,    éUidianl  en  médecine,  à  (_",(iuslaulin(nd(^    (Tnii(iiie),  et   vn<' 

Hautefcnille,  1 . 
SURiGNV  (Albert  de),    |iro!iriétaii'c,   à  Prisse,  par  Màcon  (Saùne-ct-Loire). 
Surville  (Félix-Maric-Altrcd  de),  an  chàlean   de  Lacoste,  près  de  xNimes 

(Gard). 
rALiLlAr.UK  (Esioile),  ]iropriétaire.  à  Milan  (llaliei. 
Taveau  (Constant),  propriétaire,  rue  de  la  Victoire,  7  ! . 
TeissoiNMEUE  (Henri),  négociant,  à  Florac  (Lozère). 
TiiiEHUY-MiEG  (Charles),  secrélaiic  de  la  Société  industrielle  do  Mulliouse, 

à  Paris,  rue  Flécliier,  2. 
Tlio.MAS  (Lniilei,  ingénieur,  à  la  villa  Saisi,  à  Mce  (Alpes-Mariliines). 
Thouukau,  propriétaire,  au  château  de  Polisy  (Anhe),    et  rue    (hi    Fau- 
bourg-Poissonnière, 1  '2  I . 
Tiuv  (Panl-Anloinei,  attaché  au  d'''paitenieiit  des  affaires  étrangères,  rue 

du  Bac,  32. 
ToiJCiiARD  (Arthur),  proiulétaire,   à   Courcelles  près  Pontoise    (Seine-ot- 

Oise). 
ToUiiNlOL,  receveur  municipal,  à  Milianah  (Algérie). 

Traltmann  (Daniel),  propriétaire  au  Barré,   commune  de  Charly  (Aisne). 
TnElLHARn(lc  comte),  directeur  de  la  presse  au   ministère   de  lintérieur, 

nie  Loiiis-'e-(Jrand,  1  8. 
Tuo.MELiN  (le  comte  de),  député,  me  de  la  Mlle-Lévéque,  Go.  « 

TuOïTEMANT,  propririaiie.  domaine  deMousseaiix,  prés  de  Draveil  (Seine- 

ct-Oisct,  et  rue  Ilauteville,  28. 
Truchy  (Fmile),  négociant,  rue  de  Rivoli.  136. 
Tsr.uoiJGoUROMSKY  (S.  ]v\c.    M.),    doyen  de   la   faculté    des  sciences  de 

Moscou,  à  Moscou  (Piussie). 
Valeho  de  Uuria  (le  marcp.iis  de),  propriétaire  en  France  et  à  la  Havane, 

rviede  Marengo,  i. 
Vallat  (le  vicomte  de),  consul  général  de  France,  à  Barcelone  (Espagne). 
Vandal,  directeur  général  des  postes,  conseiller  d'Etat,  rue  Jcan-.lacqiies- 

Uoussean,9. 
Valciier  (Frit/),  négociant,  à  Shang-haï  (Chine). 
ViNSON  (le  docteur),  à  Flic  de  la  Béunion. 
U'attebled,  agriculteur,  à  Maisons-AH'ort  (Seine). 
\Vim:,klek  (Edonanb,  pcrcepleiir,  à  Is-sur-Tille  (Cùle-d"(.h). 
/Lik  (Oscar),   professeur  au  collège  impérial  e!  royal  de  Tesclien  (."ilcsic, 

Autriche). 
ZonN  DE  Bi  LaGII  (le  baron   de),    chambellan  de  FEmpercur,  membre  du 
Conseil  général  du  Bas-Hiiin,  maire  d'OslIiauM'ii  (Bas-Bliin). 


MENSUEL 

DE    Là.    SOCIÉTÉ    IMPÉHÎALE 

ZOULOGlnlE  ) 

D'ACCLIMATATION 

Fondée  le  10  Février    1854. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


•''  Sll\  LE 

TKOIPEAU   DE    LAMAS    ET  D'ALPAGAS 

'    ^  LMrOIlTli    EN    iHANCK    E.N     1860. 

Vav   M.    Frédéric   JAC^^UKMART. 


(Séance  du  (i  janvier  18Go.) 

En  se[)Lcmbre  !l800,  arriva  à  Bordeaux  le  Iroupeau  d'Alpa- 
cas  et  de  Lamas  aiiieiié  en  France  par  iM.  lioehn  [xjur  le 
compte  de  la  Société  impériale  zouloyitiuc  d'acclimalation. 
Un  mois  après,  la  yalc,  (jui,  lors  du  débarquement,  avait  été 
reconnue  chez  quelques  sujets  aussitôt  sépares  du  troupeau, 
s'était  manifestée  successivement  sur  tous  les  autres. 

Elle  se  développa  d'une  manière  extraordinaire  sur  ces 
animaux,  dont  la  constitution,  mali^ré  do  bonnes  apparences, 
avait  été  Ibrtement  ébranlée  par  les  fatigues  et  les  privations 
d'un  long-  et  pénible  voyage.  Sur  cent  vingt  bêtes  embar- 
quées, quarante-cinq  seulement  étaient  arrivées  au  port! 

Appréciant  sainement  les  circonstances,  notre  administra- 
tion, d'accord  avec  notre  vétérinaire,  M.  Leblanc,  avait  voulu 
tout  d'abord  soumettre  les  animaux  à  un  régime  substantiel 
et  réparateur,  et  les  nourrir  en  partie  avec  des  grains,  alin 
de  combattre,  non-seulement  les  mauvais  effets  du  voyage, 
mais  encore  les  causes  débilitantes  dues  au  changement  de 
milieu,  à  la  saison  froide  et  humide,  à  la  moindre  qualité  des 

T.  \.  — Janvier  cl  Février  1803.  ♦! 


n* 


• 


'2  SOCIÉTÉ   I.MPÉHIALE    ZUOLOGIQUE    d'ACCLIMATÂTION. 

i'ourragL'S  cl   aux   mauvaises   condilions  hygiéniques   d'une 
installation  improvisée  pour  un  si  grand  nombre  de  bêtes. 

Mais  des  personnes  qui  avaient  vécu  au  Pérou  déclarèrent 
avec  une  telle  autorité  (}ue  ce  régime  serait  funeste,  qu'on 
n'osa  pas  aller  contre  leur  avis.  Nous  avons  toujours  regretté 
cette  soumission  modeste  de  l'expérience  éclairée,  qui  tenait 
compte  des  climats  et  des  milieux,  devant  une  expérience 
locale,  il  cstvrai,  insistant  avec  d'autant  plus  de  force,  qu'elle 
croyait  avoir  les  faits  en  sa  faveur,  mais  paraissant  oublier 
que  le  climat  du  bois  de  Boulogne,  que  les  fourrages  de 
France,  sont  loin  d'avoir  l'énergie  fortifiante  de  l'air  et  des 
plantes  des  Cordillères,  et  que  le  régime  (jui  convient  à  des 
animaux  vigoureux  et  en  santé  ne  saurait  leur  convenir  lors- 
([u'ils  sont  affaiblis  et  malades.  Cependant,  dès  les  derniers 
jours  d'octobre  1860,  la  gale,  sous  ces  épaisses  toisons,  était 
devenue  si  intense  sur  toutes  les  parties  du  corps,  que  les 
traitements  partiels  devenaient  tout  à  fait  impuissants. 

On  fut  forcé,  pour  atteindre  partout  un  mal  qui  menaçait 
d'être  mortel,  de  faire,  dans  les  derniers  jours  d'octobre  et 
les  premiers  de  novembre,  une  tonte  générale. 

Les  effets  de  celte  tonte,  malgré  l'emploi  de  doubles  cou- 
vertures, furent  désastreux  et  foudroyants.  Il  faut  les  attri- 
buer à  l'ébranlement  qu'elle  causa  dans  la  constitution  des 
animaux  déjcà  affaiblis  par  les  fatigues  du  voyage  et  par  la 
maladie,  à  l'époque  avancée  de  la  saison,  à  des  gelées  pré- 
maturées et  très  vives  qui  survinrent  alors,  à  une  installation 
et  à  un  personnel  insuffisants,  malgré  le  zèle  de  tous,  pour 
les  soins  à  donner  à  quarantc-cintj  bêtes  devenues  tout  à  coup 
gravement  malades. 

En  peu  de  jours,  presque  toutes  succombèrent,  il  n'en 
restait  plus  que  sept  dans  le  i)lus  fâcheux  état,  lorsiiue  notre 
Conseil  pensa  qu'on  devait  les  soustraire  à  l'influence  j)erni- 
cieuse  d'étables  empestées  par  le  séjour  et  par  les  déjections 
de  tant  d'individus  mortellement  frappés. 

Le  Conseil,  sachant  que  nous  pouvions  disposer  d'un  local 
convenable,  nous  confia  ces  animaux  en  les  laissant  sous  la 
surveillance  du  Jardin,  sous  la  direction  médicale  de  M.  Le- 
blanc, dont  le  /èle  et  le  savoir  ne  firent  jamais  défaut,  et  suus 


DES    LAMAS   ET    ALI'ACÂS    IMPORTÉS    EN    FRANCE.  ." 

kl  garde  du  berger  Ch.  RuolT,  aii([uel  vous  avez  décerné 
plus  tard  une  de  vos  récompenses  pour  ses  bons  services 
dans  cette  circonstance. 

Lo  7  novembre  1860,  les  sejjt  Lamas  et  Alpacas  lurent 
installés  dans  une  pièce  saine,  munie  d'un  poélc,  qui,  allumé 
jour  et  nuit,  tant  que  cela  fut  nécessaire,  entretenait  une 
douce  température  (10  à  12  degrés)  et  assainissait  la  pièce, 
en  en  renouvelant  l'air  incessamment.  Chaque  animal  avait 
une  double  couverture.  Une  litière  abondante  et  toujours 
maintenue  très  propre  recouvrait  le  sol,  nettoyé  chaque  jour. 
Le  berger  installa  son  lit  dans  l'étable  même,  de  manière  à 
exercer  une  surveillance  continuelle. 

La  diarrhée  et  la  faiblesse  générale  disparurent  peu  à  peu 
sous  l'influence  de  lavements  laudanisés,  de  boissons  et  de 
substances  fortifiantes  (eau  de  riz,  extrait  de  quinijuina), 
d'une  nourriture  saine  et  riche,  consistant  en  bons  fourrages  et 
en  graines  de  plusieurs  espèces,  présentées  en  petite  quantité 
à  la  fois,  soit  pures,  soit  mêlées  de  son,  soit  écrasées. 

La  gale  fut  combattue  par  des  lavages  fréquents  et  conqileis, 
laits  avec  de  l'eau  tiède  et  savonneuse,  suivis  d'onctions  faites 
sur  toutes  les  parties  malades  avec  la  pommade  de  Leymerie. 
Ce  régime  fut  continué  jusqu'à  ce  que  certains  symptômes 
de  réaction  inllannuatoire  se  manifestèrent.  On  le  suspendit 
aussitôt.  Des  lavements  émollients,  des  boissons  adoucis- 
santes d'eau  de  graine  de  lin,  etc.,  furent  ordonnés;  la  nourri- 
ture fut  réglée  ;  on  y  lit  entrer  une  portion  notable  de  carottes, 
et  dès  que  le  temps  le  permettait,  les  animaux  pâturaient  sur 
une  pelouse  ou  étaient  promenés  dans  un  vaste  jardin. 

L'intensité  de  la  gale  diminua  assez  rapidement;  mais 
malgré  toutes  les  précautions  prises  et  par  suite  de  l'inqios- 
sibilité  d'atta(iuer  à  la  fois  tous  les  points  malades,  on  voyait 
le  mal  reparaître  d'un  côté,  (juand  il  disparaissait  de  l'autre. 
Après  quatre  mois  de  ce  régime,  les  animaux  étant  devenus 
plus  robustes,  on  les  baigna  dans  une  baignuirc  avec  de  l'eau 
tiède  :  là  ils  étaient  savonnés  avec  soin  sur  tout  le  corps  ;  les 
croûtes  se  détachaient  et  la  ponunade  agissait  plus  elïicace- 
ment.  Néanmoins,  après  six   semaines  de  bains,  la  gale  ne       ^ 


h  SOCIÉTÉ   IMl'ÉHLVLE   ZUOLUGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

(lispai'ciissail  jias  cuiii[)l('l(Mii('iil  ;  on  rclrouvail  toujours  I  aca- 
ruslàoù  des  cléniangeaisons  se  iiiaiiifestaient. 

Ou  eut  recours  alors  {li  mai  18(31)  à  uu  bain  arseuical  de 
/|0  à  âS  degrés  cenligrades  de  chaleur,  coiuposé  de  1^00  litres 
d'eau,  de  10  kilogr.  de  sulfate  de  zinc  et  de  iôOO  grammes 
d'acide  arsénieux.  Ces  subslauces,  dissoutes  dans  de  l'eau 
bouillante,  turent  mêlées  à  l'eau  tiède  du  bain. 

Chaque  animal,  préalablement  tondu,  y  l'ut  plongé  pendant 
cinq  minutes  et  l'rolté  énergiquemenl  par  tout  le  corps,  et 
principalement  sur  les  parties  malades,  avec  une  brosse  de 
chiendent.  A  la  sortie  du  bain  ,  l'animal,  légèrement  essuyé, 
atin  de  laisser  sécher  sur  sa  peau  l'eau  saline  du  bain,  rece- 
vait deux  couvertures  lavées  à  neuf,  et  était  rentré  dans 
rétable  chautlée,  après  une  course  au  trot  de  (luehjues 
minutes,  servant  à  rétablir  la  circulation. 

Depuis  on  ne  trouva  plus  sur  les  animaux  aucun  acarus, 
La  gale  avait  disparu. 

Dès  le  commencement  de  la  belle  saison,  les  i>amas  étaient 
libres,  pendant  le  jour,  de  sorlir  à  volonté.  Lorsque  leur 
toison  eut  atteint  une  certaine  longueur,  la  saison,  d'ailleurs, 
étant  douce,  ils  lurent  libres  la  nuit  comme  le  jour,  et  dej)uis 
il  en  l'ut  toujours  ainsi,  excepté  jtar  les  temps  très  l'roids  ou 
li'ès  pluvieux;  alors,  par  prudence,  on  les  enfermait  la  nuit. 

C'est  ainsi  (}u'ont  été  conservés  les  sept  animaux  qui  nous 
avaient  été  confiés.  Ils  sont  aujourd'hui  dans  d'excellentes 
conditions  de  santé.  Ce  sont:  un  Alpaca  màlc,  un  Lama  mâle, 
cinq  Lamas  femelles. 

L'une  de  ces  dernières  a  été  expédiée  dans  ki^  Alpes,  il  y  a 
un  an  environ. 

Les  quatre  femelles  conservées  viennent  de  nous  donner 
chacune  (du  i)  mai  au  /i  juillet  18CV2),  un  Lama  mâle.  Ces 
(juatre  élèves,  parfaitement  constitués  et  vigoureux,  s'élèvent 
.ivec  beaucoup  de  facilité.    ' 

La  valeur  des  animaux  conservés  et  celle  de  leur  croît  sont 
de  beaucoup  supérieures  aux  dépenses  totales  occasionnées 
pal'  les  soins  qui  leur  ont  été  donnés,  ainsi  qu'au  troupeau 
tout  entier;  et  en  outre  la  Société,  en  persévérant  dans  cette 


DES  l.AMAS  ET  ALPAGAS  IMPORTÉS  EX  FRANCE.      5 

pénible  étude,  a  acquis,  ce  qui  n'est  pas  moins  importaul, 
une  expérience  dont  elle  prolitcra  dans  l'avenir. 

Voici  quelle  fut  la  nourriture  des  animaux  aux  diverses 
époques  de  leur  traitement  : 

Dés  qu'ils  entrèrent  en  convalescence,  on  leur  donna  par 
tête  et  par  jour  :  - 

1°  Un  demi-litre  d'avoine  et  un  demi-litre  de  son,  mèh-s. 

2"  Une  botte  de  carottes  coupées.  (La  boite  contient  neuj" 
ou  dix  carottes,  et  coule 'JO  centimes.") 

.""  Du  foin  et  de  la  luzerne,  de  1  à  '2  kilogrammes. 

A  partir  du  mois  d'avril  1861,  les  bètes  furent  mises  pen- 
dant quelques  heures,  chaque  jour,  sur  des  pelouses  qu'elles 
pâturaient;  on  diminuait  alors  la  ration  de  foin. 

Vers  le  mois  de  septembre  186 1,  les  animaux  étant  en  bon 
état,  on  supprima  peu  à  peu  le  son  et  l'avoine,  et.  la  ration, 
devenue  normale,  se  composa,  par  tôle  et  par  jour,  d'une 
botte  de  carottes,  d'une  demi-botte  (2  kilogr.  1/2)  de  foin  ou 
luzerne. 

Depuis  le  printemps  18(52,  on  a  supprimé  une  partie  seule- 
ment du  foin  sec,  qu'on  a  rempiaci'  par  de  l'herbe  verte  pro- 
venant de  la  coupe  de  gazons  parisiens. 

Nous  avons  pensé  qu'il  était  nécessaire  de  bien  alimenter 
les  mères  nourrices,  alin  que  leurs  petits  pussent  se  déve- 
lopper et  devenir  robustes  sous  l'intluence  d'un  lait  riche  et 
abondant.  A  cet  effet,  dés  le  troisième  jour  de  la  mise  bas, 
nous  avons  donné  à  chaque  mère  un  demi-litre  de  son  et  un 
demi-litre  d'avoine  ;  puis  cette  (juantifé  a  été  portée  successi- 
vement à  un  litre  de  son  cl  à  un  litre  d'avoine  par  jour,  en 
sus  de  la  ration  ordinaire. 

En  outre,  dans  l'étable,  nous  avons  séparé  un  petit  compar- 
timent où  les  jeunes  Lamas  seuls  pouvaient  entrer  et  venir 
manger  une  petite  ration  de  son  et  d'avoine. 

Ce  régime  a  paru  atteindre  parfaitement  le  but  qu'on  se 
proposait,  jusqu'au  24  juillet  dernier,  époque  à  laquelle  les 
dix  animaux  ont  été  reconduits  en  très  bon  état  au  Jaidin 
d'acclimatation. 

Nous    avons    dit    que    celle    expérience    profiterait   poiu' 


6  SOCIÉTÉ   IMPÉniALE   ZOOLOCIQUE   d'ACCLTMATATION. 

l'avenir  à  la  Société  d'acclimatation  ;  il  nous  semble,  en  effet, 
(ju'elle  y  a  puisé  do  précieux  enseignements  applicables  par- 
ticulièrement à  des  cas  semblables,  et  généralement  au  plus 
grand  nombre  d'introductions  nouvelles. 

Si  des  circonstances  semblables  ou  analogues  se  présen- 
taient, la  rnarcbe  suivante  nous  paraîtrait  tout  indiquée  : 

1"  Mettre  à  part,  dans  tous  les  cas,  les  animaux  galeux  ;  les 
soumettre  à  un  bon  régime  réparateur  et  substantiel,  variant 
selon  l'époque  de  l'année. 

Les  tondre  après  quelques  jours  de  repos,  en  laissant  à  la 
toison  2  à  3  centimètres  de  longueur,  et  les  couvrir  d'une  ou 
deux  couvertures,  selon  la  saison. 

Administrer  deux  ou  trois  bains  tièdes  (à  deux  ou  trois 
jours  d'intervalle)  d'eau  savonneuse,  alin  de  nettoyer  les 
animaux  et  d'atteindre  les  croûtes;  frotter  les  animaux  dans 
les  bains  ;  puis  donner  un  bain  d'eau  pure  et  enfin  un  bain 
arsenical,  comme  il  a  été  dit  plus  baut. 

Si  la  saison  est  cbaude,  enfermer  les  animaux  pendant  la 
nuit  et  pendant  les  jours  de  mauvais  temps,  et  surtout  après 
les  bains,  dans  des  pièces  saines  et  à  bonne  température. 

Si  la  saison  est  froide,  les  enfermer  jour  et  nuit  dans  des 
pièces  chauffées  et  ventilées.  Leur  faire  faire  des  promenades 
de  santé,  quand  le  temps  le  permet.  Ne  les, réunir  jamais  aux 
animaux  sains  qu'après  une  parfaite  guérison. 

2"  Listaller  les  animaux  sains  dans  des  locaux  aérés , 
ouverts  sur  des  parcs,  et  les  laisser,  selon  leur  volonté,  cou- 
cher à  couvert  ou  à  la  belle  étoile,  excepté  par  des  temps  de 
pluie  ou  par  des  froids  très  vifs. 

?]viter  surtout  l'encombrement  d'animaux  habitués  au 
grand  air  et  aux  grands  espaces. 

Donner  une  nourriture  composée  de  foin  ou  de  luzerne, 
de  carottes,  de  son  et  d'avoine,  en  ayant  soin  de  n'arriver 
qu'en  quelques  jours  à  la  ration  définitive  et  normale  de  ces 
deux  derniers  éléments. 

Selon  la  saison,  remplacer  une  partie  de  la  nourriture 
sèche  par  delà  nourriture  verte. 

Puis  enfin,  lorsque  les  animaux  sont  reposés  et  refaits, 


DES  LAMAS  ET  ALPACAS  IMPORTÉS  EN  IT.ANf.E.       7 

siij3prjmer  progressivement  la  raliuii  de  sou  et  (Tavoine,  si 
rcxpérience  prouve  que  ectte  suppression  peut  èlre  faite  sans 
inconvénient. 

On  devrait,  d'ailleurs,  y  revenir  de  temps  en  temps,  pen- 
dant des  saisons  défavorables,  ou  si  le  besoin  s'en  faisait 
sentir  par  une  cause  quelconque. 

Il  ne  faut  pas  oublier,  en  cfïet,  que  l'herbe  des  monlagnes, 
fine,  sèche,  aromatisée,  est  bien  plus  nourrissante,  plus  exci- 
tante que  l'herbe  de  nos  fertiles  vallées,  et  qu'il  est  impor- 
tant, au  début  surtout,  de  compenser  cette  différence  par 
l'addition  de  graines  à  la  ration,  du  moins  jusqu'à  ce  que  les 
animaux  soient  faits  à  leur  nouveau  genre  de  vie.  C'est  très 
probablement  pour  ne  pas  avoir  tenu  compte  de  ces  condi- 
tions, qu'on  a  dit  souvent  que  des  animaux  des  montagnes 
transportés  dans  les  plaines  y  perdaient  leurs  qualités. 

Dans  le  cas  môme  où  les  animaux  sains  devraient  être 
immédiatement  transportés  dans  la  montagne,  nous  pensons 
qu'il  serait  salutaire  de  leur  donner  une  ration  fortifiante, 
jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  remis  des  fatigues  du  voyage.  Un 
abri  nous  paraîtrait  nécessaire.  Nous  pensons  aussi  que  la 
tonte  des  animaux  vivant  dans  la  monlagne  ne  saurait  se 
faire  aussi  ras  que,  sur  les  autres,  et  qu'elle  devrait  èlre 
accompagnée  de  certaines  mesures  de  prudence. 

Nous  dirons,  en  terminant,  que  postérieurement  aux  faits 
rapportés  plus  haut,  nous  avons  appris  d'une  personne  par- 
faitement autorisée  à  le  dire,  qu'une  tonte  faite  en  mauvaise 
saison,  sur  les  Lamas  de  Versailles,  dont  l'état  de  santé  n'était 
pas  des  plus  satisfaisants,  avait  été  suivie  de  prés  de  la  mort  de 
tous  les  animaux,  et  qu'il  était  difficile  de  ne  pas  attril)uer  leur 
perte  à  cette  opération  faite  dans  les  circonstances  indiquées. 

On  ne  saurait  donc  s'entourer  de  trop  de  précautions, 
quand  on  est  forcé  de  tondre,  en  mauvaise  saison,  des  Lamas 
et  des  Alpacas,  surtout  s'il  existe  chez  eux  quebpie  cause 
d'affaiblissement. 

Même  en  bonne  saison,  dans  des  circonstances  sanitaires, 
analogues,  la  tonte  doil  être  accompagnée  de  soins  intelligenls. 


SECOND  RAPPORT 

KSSAi  n  ACCLIMATATION  DKS  ÉPONGES  DE  SYRIE 

DANS  TJ'S  lv\|i\  FRANÇAISES  DE  LA  AIÉDITERDANÉE, 

Par   IW.  L^:fSIlS^B,. 

(Séance    du    12  dérembre  J8G2.) 

Monsieur  le  Président , 

Le  secrétaire  ii,énéral  de  la  Société  impériale  d'acclimata- 
iion,  M. le  comled'Eprémesnil,  par  sa  lettre  du  l'i  aoùl  dernier, 
m'informait  que  le  Conseil  d'administration  de  la  Société, 
dans  sa  séance  du  8  de  ce  mois,  approuvant  les  conclusions 
de  mon  rapport  lu  dans  la  séance  du  18  juillet,  avait  décidé 
(|u'un  premier  examen  des  résultats  de  l'immersion  des  Épon- 
ges vivantes  déposées  pai'  mes  soins  sur  divers  points  des 
côtes  de  la  Méditerranée,  serait  l'ait  dans  le  courant  d'un  pro- 
chain mois. 

J'étais  chargé  de  cet  examen  et  d'en  rendre  compte. 

La  lettre  iiienveillante  de  M.  le  secrétaire  général  se  ter- 
minait ainsi  :  «  Vous  ])Ourrez  donc  vous  rendre  à  Toulon  à 
>)  l'époque  que  vous  croirez  la  plus  convenahle,  etnousespé- 
»  rons  que  les  résultats  (pie  vous  aurez  à  constater,  en 
»  répondant  à  notre  attente,  justifieront  le  zèle  avec  lequel 
i)  vous  avez  rempli  votre  mission,  malgré  toutes  les  difficultés 
»  qu'elle  présentait.  » 

Espérant  le  succès  de  la  reproduction  des  Eponges  du 
Levant  sur  l(^s  eûtes  méditerranéennes  de  la  Erancc,  et  con- 
vaincu de  la  possiltilité  de  cette  utile  et  riche  culture  dans  nos 
eaux,  je  partis  le  20  octohre,  [)0ur  me  rendre  à  bord  de 
l'aviso  à  vapeur  dv  l'Etat  A-  lùifori,  commandant  M.  A.  Tro- 
lahas,  au  service  de  linspecteur  général  des  pêcheries, 
M.  Coste,qui  déjà  avait  eu  la  honte  de  mettre  ce  bâtiment  à 
ma  disposition  pour  ]'iiiiiiiri\>;o!)  des  Eponges,  et  qui  voulait 


ESSAI    d'acclimatation    DES    ÉPONGES  DE   SYRIE.  0 

bien  encore  faciliter  cette  fois  le  travail  de  l'examen  des 
quatre  dépôts  d'Eponges  types  mouillés  à  Randol,  à  Pomè- 
gue,  au  fort  de  l'Aiguillette,  à  Portcros. 

C'est  à  Saint-Nazaire  (Var)  que  je  rejoignis  le  Favori.  Le 
2(3  octobre,  nous  étions  à  Bandol,  et  notre  canot  releva  le 
point  où  étaient  placés  les  blocs  spongifères  coulés  sur  un 
fond  de  roches  par  10  mètres. 

L'auge  de  pierre  fut  élinguée,  mais  elle  n'était  plus  (jue  le 
cfii'cueil  àeîi  cÀiv]  Eponges  types  dont  je  l'avais  garnie! 

Il  est  vrai  que  ce  premier  placement  à  Bandol  était  celui 
des  produits  malades  de  ma  caisse-hôpital,  dont  mon  journal 
du  voyage  en  Syrie  fait  menlioii. 

Après  examen  des  cadavres,  dont  la  charpente  devenue 
pâteuse  se  délitait  sous  les  doigts  (j'en  ai  conservé  un  échan- 
tillon), j'ai  scruté  à  la  loupe  les  parois  de  la  pierre,  et  je  n'ai 
rien  pu  y  découvrir  attestant  le  séjour  et  l'essaimage  des 
Zoophytes. 

Cette  première  déception  m'était  pénible,  mais  je  m'y  atten- 
dais presque  en  relisant  ce  passage  de  mon  journal  du  voyage 
en  Syrie,  que  je  transcris  rerhafim. 

«  Afa/'f/i,  3  juin,  Beyrouth.  —  Arrivé  en  rade  à  cinq  heures 
»  P.  M. 

»  A  six  heures  du  soir,  fait  enlever  les  réservoirs  supérieurs 
»  alin  d'examiner  les  caisses  intérieures.  —  L'eau  sent  forte- 
»  ment  l'odeur  propre  aux  Eponges,  les  parois  des  caisses 
»  blanchissent  par  une  couche  de  matière  grasse. 

»  Je  n'ai  pu  encore  me  i^rocurer  de  la  glace  ou  de  la 
»  neige.  La  température  de  l'eau  dans  les  caisses  est  de  25"  ; 
;)  la  salure,  h  Laumé.  Eait  relever  par  des  coins  les  réscr- 
»  voirs,  afin  de  donner  plus  de  passage  à  l'air  et  oxygéner 
;)  l'eau  qui  tombe  sur  celle  des  caisses  inférieures. 

»  Les  Éponges  que  j'ai  visitées  me  paraissent  en  bon  état, 
î>  mais  elles  essaiment. 

»  h  juin,  en  rade  de  lîejjroulh.  —  Trois  heures  et  demie 
»  A.  M.  (Ce  sont  les  hommes  du  qiairt  de  minait.) 

•»  Constaté  que  la  salure  de  l'eau  dans  la  rade  où  se  jettent 
))  les   fleuves  dits  des  Chiens,  de   Beyroulh,  est  ce  matin  à 


10        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOfilQUE   d'aCGLIMATATION. 

»  3"  1/2  Baiimé  ;  la  température  de  l'air  (par  rotation),  22"  1/2  ; 
))  la  température  de  l'eau  des  caisses  inférieures,  21"  ;  la 
»  température  de  l'eau  puisée  à  la  mer,  (otic/ic  supérieure, 
»  2/i"  !  11  faut  cependant  s'en  servir  pour  remplir  les  réser- 
i)  voirs. 

»  Que  de  difficultés  je  prévois! 

»  Une  caisse  est  mulude...  Y  a-t-il  eu  manque  de  soins, 
»  cette  nuit,  ou  malice  des  passagers  du  pont  ou  autres  à  bord? 

»  S  Juni.refi  A.  M.,  Heijroutli.  —  Je  vais  demander  au  com- 
))  mandant  de  préposer  par  chaque  quart  un  homme  de  garde 
»  pour  surveiller  récoulement  par  débordement  constant  des 
»  caisses  inférieures  et  le  remplissage  continuel  des  réser- 
))  voirs  supérieurs.  (Cela  ne  se  peut  pas  !  mais  je  me  fais 
»  appeler  à  chaque  quart  piqué  à  bord.) 

»  Il  se  pourrait  que  les  Éponges  de  la  caisse  malade  blan- 
»  chissent  par  suite  de  la  cause  physique  suivante  : 

))  Ces  masses,  de  l'espèce  dite  Cabnr,  Venise  fine,  ont  été 
»  retirées  les  dernières  de  la  mer  par  une  zone  à  la  profon- 
))  deur  de  50  mètres,  mises  dans  la  caisse  à  bord  de  la  felouque 
»  et  amenées  sans  autre  transition  à  bord  du  (Jydnus. 

S)  La  pression  de  la  colonne  d'eau  (5  atmosplières)  ne  se 
»  faisant  plus  sentir,  l'oxygène  que  ces  Zoophytes  absorbent 
»  en  si  grande  quantité  s'est  dégagé  avec  trop  de  force,  et  la 
»  matière  gélatineuse  qui  garnit  les  spicules,  aussi  bien  que 
»  les  embryons  des  larves  contenus  dans  le  canal  abdominal 
»  des  animaux,  se  sont  trouvés  entraînés.  L'organisme  a  donc 
))  souffert,  et  je  crains  de  voir  se  réaliser  mes  appréhensions 
))  de  mort  en  les  voyant  continuer  à  perdre  l'air  et  blanchir  par 
»  la  fillration  à  l'extérieur  de  leur  semence. 

»  Midi,  radedelieijruuth.  —  Température  de  l'air  ambiant 
»  àl'ombre,  32";  idem  par  rotation,  20";  température  de  l'eau 
»  de  la  caisse  supérieure  (réservoir),  25";  idem  inférieure 
»  (aux  Éponges),  2/i";  salure  de  l'eau  de  la  rade,  o"  1/2 
»  Baume.  )> 

On  voil,  d'après  cet  exposé   de  mon  lo(/-boolx,  que  mon 

chagrin  pouvait  se  raisonner,  et  que  sa  durée  pourrait  cesser 

la  vue  d'un  meilleur  résultai  des  autres  dépôts  d'Épongés; 


ESSAI  d'acclimatation   DES   ÉPONGES   DE   SYRIE.  il 

mais,  Allah  kerlml. . . ,  disent  les  Araires,  il  était  écrit  que  cetto 
consolation  n'aurait  pas  lieu. 

A  Pomègue,  le  28,  le  29,  le  30  octobre,  par  trois  fois  nous 
avons  essayé  le  relèvement  de  l'auge.  —  Dans  ces  parages  et 
jusque  dans  le  port  même  de  l'île,  où  pendant  cette  saison 
plusieurs  navires  ont  péri,  la  mer,  houleuse  et  dangereuse,  ne 
permettait  pas  de  faire  agir  les  grappins  afin  de  saisir  l'anse 
de  fer  galvanisé  de  l'auge. 

Depuis,  en  décembre,  au  moment  de  mon  retour  par 
Marseille,  des  marins  qui  fréquentent  Pomègue  m'ont  dit 
que  les  bouleversements  de  la  mer  par  les  vents  se  sont  fait 
sentir  à  de  fortes  profondeurs,  et  que  les  remous  ont  jeté  à  la 
côte  des  Eponges  déchirées. 

Mon  espoir  restait  dans  les  résultats  que  nous  allions  con- 
naître prochainement,  soit  dans  la  rade  de  Toulon,  soit  en 
visitant  Portcros,  cette  baie  excellente  où,  par  une  profondeur 
de  22  mètres,  à  l'abri  de  tous  vents,  se  trouvaient  mes  plus 
belles  syriennes  mouillées  sur  o.n  fond  tranquille,  gravier, 
sable  dur  et  herbes. 

Après  avoir  continué  la  cote  ouest  de  Marseille,  jusqu'à 
Bouc  et  Martigues,  je  me  fis  conduire  à  Couronne,  village  sur 
la  côte,  afin  d'y  prendre  des  renseignements  sur  la  pèche  du 
Corail,  qu'un  pêcheur  intelligent  vient  de  commencer  (il  y  a 
dix  mois)  au  moyen  des  appareils  dits  scaphandres. 

Ce  mode  d'immersion  pour  travailler  au  fond  de  l'eau 
mérite  une  description,  car  son  emploi  simultané  avec  les 
réservoirs  à  air  comprimé,  dits  bateaux  sous-marins,  com- 
plète un  système  qui  permettra  aux  hommes  de  visiter  les 
zones  habitées  de  la  mer,  et  l'aquiculture  deviendra  une 
science  féconde  en  résultats. 

Le  scaphandreur  revêt  par-dessus  son  cystume  habituel 
un  habillement  composé  de  deux  parties  :  1^  un  casque  ayant 
une  pèlerine  métallique  ;  2"  un  vêtement  imperméable.  Ce 
casque,  formant  le  réservoir  de  l'air  ahmentant  le  plongeur, 
est  solidaire,  par  un  tube  spécial,  d'une  pompe  à  air  qui  est 
travaillée  à  la  surface  par  deux  hommes. 

Le  casque  est  de  cuivre  élamé  ;  à  l'avant,  sur  le  masque,  se 


12        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

trouvent  quatre  glaces  épaisses,  protégées  contre  les  chocs  par 
des  grilles  de  cuivre.  Elles  sont  placées  de  manière  que, 
sans  tourner  la  tète,  le  plongeur  peut  voir  à  droite,  à  gauche, 
par  les  glaces  de  côté,  et  même  au-dessus  de  lui  par  la  glace 
du  haut.  La  glace  du  milieu,  pour  voir  devant  lui,  peut  être 
plane  ou  lenticulaire,  suivant  le  travail  qu'il  doit  exécuter. 
A  l'arrière  du  casque,  arrive  du  côté  gauche  la  conduite  d'air 
envoyé  par  la  pompe  et  foulé  le  long  des  surfaces  intérieures 
du  casque  par  trois  orifices  aplatis.  Cet  air,  en  glissant  sur  les 
parois  et  sur  les  glaces,  entraine  les  vapeurs,  qui  sont  forcées 
de  sortir  du  côté  droit  par  unohturateur  ou  soupape  laissant 
échapper  l'excès  d'air  fourni  par  la  pompe  qui  travaille  à 
produire  une  pression  plus  grande  (pie  celle  de  la  colonne 
d'eau  où  se  trouve  lescaphandreur.  Cette  soupape  est  régula- 
risée à  volonté  par  le  plongeur  pour  la  sortie  de  l'air.  Cet 
homme  porte  sur  sa  poitrine  et  sur  son  dos  des  plaques 
épaisses  de  plomb,  et  ses  chaussures  sont  garnies  de  semelles 
du  même  métal  pour  le  tenir  d'aplomb  au  fond  do  l'eau. 

Le  tube  spécial  pour  la  conduite  de  l'air  est  fait  sur  une 
hélice  intérieure  de  fil  de  fer  étamé,  recouverte  d'une  pre- 
mière enveloppe  de  toile  sur  laquelle  s'enroulent  deux  feuilles 
de  caoutchouc  laminé  et  quatre  bandes  de  toile  satinée  de 
caoutchouc;  le  tout  est  protégé  par  une  forte  enveloppe  de 
toile  à  voile,  contre  les  coupures  que  peuvent  faire  les  corps 
durs  sur  lesquels  frotte  le  tube. 

Ce  tube  vecteur  d'air,  vissé  d'un  bout  sur  le  côté  gauche  du 
casque,  est  également  vissé,  à  l'autre  extrémité  supérieure,  à 
un  réservoir  où  l'air,  aspiré  librement  par  le  haut  des  cylin- 
dres, est  refoulé  dans  ce  réservoir  par  les  pompes. 

La  pomi)e  est  composée  de  quatre  corps,  dont  trois  d'r.n 
même  diamètre,  avec  pistons  de  cuivre  garnis  de  cuir  ;  c'est 
au-dessous  du  piston  que  se  trouve  la  soupape  d'aspiration, 
celle  de  refoulement  est  au-dessous  du  fond  du  corps  de 
pompe.  En  dehors  des  trois  corps  de  pompe,  il  existe  un 
([uatrièmc  corps  également  aspirant  et  refoulant,  mais  d'un 
plus  petit  diamètre,  dont  le  piston  est  mené  par  un  excentrique 
calé  sur  l'arbre  des  autres  corps  de  pompe.  Cette  pompe  a 


ESSAI    d'acclimatation    DES    Él'O.XGES    DE   SYIUE.  13 

pour  but  raspii'iilioii  de  l'eau  fioide  el  son  onvoi  ('uiitiiuiel 
dans  un  l)assiii  (jui  entoure  les  trois  autres  corps  de  i)onipe, 
afin  de  les  maintenir  à  une  température  assez  basse  pour  que 
l'air  refoulé  au  plunjjieur  ne  soit  pas  échaufle. 

L'équipage  d'un  bateau  armé  pour  faire  plonger  un  sea- 
})liandreur  est  composé  de  sept  liommes  et  un  mousse. 

Sur  le  bateau  se  tiennent  six  bommes,  le  patron,  le  plon- 
geur à  casque,  son  premier  veilleur,  c'est-à-dire  un  camarade 
(jui  tient  sa  corde  de  signal  allacliée  à  sa  ceinture,  et  qui  suit 
tous  ses  mouvements  ;  son  second  veilleur,  qui  largue  ou 
élingue  le  tube  vecteur  d'air  (,'t  l'empèclie  de  se  tortiller;  deux 
pompeurs  d'air  qui  travaillent  inces%amment.  Sur  une  embar- 
cation amarrée  à  la  grande  banpie,  un  lionmie  elle  mousse 
sont  [u'èts  à  tout  service. 

Le  vocabulaire  entre  le  i)rcmier  veilleur  et  le  plongeur  est 
simple.  Le  nondjre  des  signaux  au  moyen  de  la  corde  est  babi- 
tuellement  de  quatre  ;  en  vuici  la  traduction  : 

Le  i-eilleii)\    1  coup.    Le  plongeur  o.sl-il  bien  ?  Le  plongeur  répond:  1  coup. 
Le  ploïKjeur,  2    —      Donnez-moi  plus  iFair.    Le  veilleur  répond  :  2  — 
La  plongeur,  3     —      nonnez-nioi  moins  d'air.  Le  veilleur  répond  :  3  — 

h(^  plongeur,  b    —      Heinonlez-nioi Le  veilleur  r('pèle.  et  aussitôt 

les  deux  veilleurs  le  lussent. 

Par  ce  procédé  d'envoi  d'air  comprimé  cJ  furce  de  liras,  un 
plongeur  peut  atteindre  une  profondeur  de  deux  à  trois  at- 
mospbères,soil  de  (30  à  90i)ieds  ;  travail  pénible  et  dangereux, 
mais  qui  devient  compai\itivement  aisé,  sur  et  d'une  grande 
efficacité  en  pratiquant  le  systèiue  (jue  j'ai  eu  l'bonneur  de 
développer  dans  ma  correspondance  avec  M.  le  baron  Séguier 
et  avec  M.  l'inspecteur  général  des  pècberies. 

Le  3  novembre,  je  m'entendis  avec  le  patron  et  les  scapban- 
dreurs  pour  une  pècbe  de  Corail,  (jue  je  projetais  d'apporter 
vivant  à  Paris,  pour  le  soumettre  à  l'étude  des  naturalistes,  et 
aussi  pour  orner  l'aquarium  du  Jardin  d'accbmatation.  Il  fut 
convenu  qu'ils  se  mettraient  de  nouveau  à  ma  disposition 
avant  mon  retour  à  Paris.  (Voy.  mon  Mémoire  sur  le  Corail^ 
remis  à  la  Société  iiupériale  d'acclimatation.) 


Ih      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

Revenus  à  Toulon,  le  5  nuvrnibre,  nous  sommes  allés  aus- 
sitôt relever  les  [toints  du  mouillage,  par  5  mètres  .^0  centi- 
mètres de  fond,  de  l'auge  aux  Eponges,  près  du  tort  de 
l'Aiguillette. 

Un  des  matelots,  ayant  plongé,  amarra  le  grappin  à  l'anse  de 
l'auge  qui,  hissée  à  bord,  se  montra  vide  d'Épongés.  D'après 
ce  que  j'ai  entendu  dire,  elles  n'ont  pas  été  perdues  pour  tout 
le  monde  ! 

11  ne  me  restait  donc  plus  d'espoir  que  dans  le  dépôt  lait 
dans  la  baie  de  Portcros,  ile  d'Hyères,  et  le  7  novembre,  le 
commandant  Trotabas,  ayant  terminé  à  midi  le  ravitaillement 
de  vivres  et  de  charbon,  fit  mettre  l'hélice  en  route  pour  cette 
destination. 

A  <juatrc  heures?.  M.,  nous  arrivions  sur  le  point  où  devait 
être  l'auge  de  pierre  sur  laquelle  la  bouée  frappée  en  juillet 
n'existait  plus.  La  mer,  agitée  par  un  vent  d'E.-S.-E..  ne  per- 
mettait pas  de  voir  le  fond,  qui  paraissait  si  purement  lors- 
que nous  y  vînmes  en  juillet.  Le  lendemain,  au  point  du  jour, 
un  canot  et  des  hommes  pour  signaler  furent  envoyés,  mais 
ils  rentrèrent  après  quatre  heures  de  recherches,  sans  avoir 
pu  rencontrer. 

Le  même  jour,  le  connnandant  du  Favori  et  moi,  accom- 
pagnés du  garde  maritime,  nous  avons  vainement  exploré  la 
place  où  nous  avions  mouillé  l'auge.  C'est  alors  que  le  garde 
maritime  nous  dit  que  huit  jours  après  noire  départ,  en 
juillet,  la  bouée  avait  disparu,  qu'il  avait  été  plusieurs  fois 
})ar  des  temps  calmes  sans  pouvoir  revoir  l'auge  de  pierre;  il 
croit  probable  ({ue  l'amarre  de  la  bouée  aura  été  engagée  dans 
les  tilets  des  pêcheurs,  et  (jue  l'auge  aura  été  déplacée  et  la 
bouée  coupée. 

Pour  terminer  le  récitde  cette  déception,  je  dirai  que,  bra- 
vant les  plus  mauvais  temps,  nous  avons  employé  pendant 
plusieurs  jours  tous  les  moyens  pour  retrouver  l'auge.  Nous 
avons  couru  des  bordées  dans  tous  les  sens,  traînant  des  grap- 
pins arrimés  sur  une  largeur  de  2  mètres;  nous  avons 
dragué  le  fond  pour  repêcher  au  moins  une  des  quarante 
Éponges  descendues  sur  leurs  blocs  :  rien.  Le  fond  a  été  dé- 


ESSAI   d'acclimatation   DES   ÉPONGES   DE   SYRIE.  15 

vaste!  Il  est  évident  pour  moi  que  les//7r'/.s'  tniiiinnts,  cbargés 
de  lames  de  ier,  qu'on  nomme  guanguis,  bœiiis,  chaluts, 
tramails,  etc.,  etc.,  ces  engins  de  destruction  du  présent  et 
de  l'avenir  de  la  prospérité  de  l'aquiculture,  ont  été  employés 
par  les  racleurs  de  mer,  contre  lesquels  les  gouvernements 
des  nations  maritimes  devraient  sévir  comme  ils  le  l'ont  contre 
les  écumeurs  de  mer. 

Après  ce  récit,  je  ne  l'erai  (junne  réflexion  :  la  raison  d'uti- 
lité qui  a  engagé  la  Société  impériale  d'acclimatation,  LL. 
EExc.  le  Ministre  de  la  marine  et  le  Gouverneur  général  de 
l'Algérie,  à  me  charger  delà  mission  d'acclimater  des  Éponges 
usuelles,  continue  à  leur  donner  le  droit  d'apprécier  cet 
insuccès  indépendant  du  dévouement  que  j'ai  mis  à  mériter 
leur  confiance.  Cette  même  raison  doit  les  engager  à  élever 
de  nouveaux  moyens  d'action  pour  les  mettre  en  rapport  avec 
le  but  intéressant  qu'on  se  propose  et  qui  invite  à  la  persévé- 
rance. 


LA    VÉn\. 

INCUBATlOiN.    —    ÉCLOSIU.N.    —    ÉDUCATION. 
I»ai-  M.  \ni\to\v  «.  WB^  MSA^WI^ÏOM. 

(Séance  ilii   li<)  lirct'inlirc  I  SGti.j 

L'élahlisseiiieiil  d'Uuningiie  vicjit  de  commencer  ses  cxpé- 
ililioiis  d'iiiver  por  l'envoi  d'œufsde  Fera,  ((u'il  a  distinyiiéo 
})our  la  première  l'ois  en  i^rande  et  petite  espèce. 

M.  Coumes,  l'ingénieur  en  cliel'  qui  dirige  si  lialiilemenl 
ces  travaux  de  pisciculture,  s'est  montré  généieux  }>lus  que 
jamais,  et  c'est  })ar  centaines  de  niilic  que  les  œul's  ont  été 
expédiés  cette  année. 

M.  Coste,  de  son  coté,  a  joint  un  paragraphe  spécial,  pour 
l'éducation  de  la  Fera,  aux  instructions  (jui  sont  adressées 
chaque  année  aux  pisciculteurs. 

Un  vif  intérêt  s'attache  donc  à  l'acclimatation  de  ce  poisson 
dans  nos  eaux.  Il  peut,  en  effet,  nous  être  d'une  grande 
utilité. 

La  Fera  est  un  des  memhres  de  la  grande  et  riclie  famille 
des  Salmonidés.  Elle  a  servi  à  constituer,  avec  le  Lavarct,  la 
Palée  et  d'autres  poissons  analogues,  un  genre  particulier  au- 
([uel  Artedi  avait  donné  le  nom  de  Corégone,  à  cause  de  leur 
pupille  qui,  suivant  cet  auteur,  serait  toujours  échancrée  à  la 
partie  antérieure. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Fera  se  rapproche  heaucoup,  par  son 
organisation,  des  autres  Salmonidés,  de  la  Truite  par  exemple. 
Cependant  sa  houche,  moins  fendue,  est  dépourvue  de  dents; 
son  dos  et  son  ventre  sont  plus  convexes.  Les  nageoires  sont 
en  général  plus  longues;  l'adipeuse  est  très  apparente.  Les 
écailles,  heaucoup  plus  larges,  sont  d'un  hlanc  d'argent  sur  les 
lianes  et  d'un  hrun  olivâtre  sur  le  dos  ;  elles  sont  complète- 
ment dépourvues  de  ces  helles  taches  rouges  et  noires  , 
ocellées,  qui  rehaussent  l'éclat  delà  Truite. 


SUR    LA   FERA.  17 

La  Fera  viltlans  les  lacs  de  la  Suisse  et  Hc  rAlleinatiiic;  on 
com|)rend  dès  luis  combien  de  semblables  cundiliuiis  suiil  l'a- 
vurables  à  racclimalalioii  de  ce  poisson  dans  nos  eaux  libres 
ou  captives. 

Elle  est  de  moyenne  taille,  el  l'aremenl  elle  acquiert  plusde 
deux  pieds  de  long'.  Certains  sujets,  cl  ceux  qu'on  a  bien  voulu 
me  conlier  au  collège  de  France,  cL  (jue  j'ai  l'iionneur  de  pré- 
senter,en  sOntun  exenqile  ;  ils  ne  semblentpas  atteindre  cette 
dimension.  Aussi  rétablissement  d'Huningue  a-l-il  classé  les 
Feras  en  grande  et  petite  espèce.       ...  j 

Leur  cbair  est  délicate,  mais  à  un  moindre  degré  que  celle 
de  la  Truite  ou  de  l'Ombre  ;  cejiendant  certains  amateurs  al- 
llrment  (jue  lorsque  la  Fera  a  pris  tout  son  développement, 
elle  est  exquise  et  digne  de  livah'ser  avec  les  meilleurs  des 
Salmonidés. 

Mais  ce  qui  recommande  tout  particulièrement  ce  poisson 
aux  aqidculteurs,  c'est  sa  merveilleuse  fécondité,  (pii  égale 
presque  celle  de  la  Carpe.  Si  quelques  sujets  s'accbmalaient 
dans  nos  eaux,  ils  y  pulluleraient  bientôt. 

Ce  que  l'on  sait  sur  les  mœurs  des  Feras  se  résume  à  fort 
peu  de  chose.  On  admettait,  les  confondant  en  cela  avec 
d'autres  Salmonidés,  qu'elles  se  rendaient  à  la  mer,  accom- 
pagnées des  jeunes  alevins,  pour  remonter,  à  l'époque  du 
frai,  dans  les  eaux  douces,  en  nageant  alignées  en  deux  co- 
lonnes réunies  par  le  sommet,  imitant  ainsi  le  vol  de  certains 
oiseaux  voyageurs.  11  est  plus  que  probable  qu'elles  ne  quittent 
pas  les  lacs,  car  on  les  pêche  en  toute  saison  en  Allemagne  et 
en  Suisse,  où  elles  sont  si  abondantes,  qu'une  barque,  en  une 
nuit,  peut  en  rapporter  jusqu'à  200  livres. 

Toujours  est-il  que  ce  poisson  se  nourrit  principalement 
de  larves,  de  mollusques,  d'insectes,  et  qu'il  est  beaucoup 
moins  destructeur  que  la  Truite. 

Dans  quelles  conditions  fraye-t-il?  C'est  encore  un  pro- 
blème qui  n'est  pas  complètement  résolu,  et  dont  la  solution 
cependant  serait  d'une  grande  utilité  pour  l'incubation  arti- 
ficielle. 

On  le  voit,  ce  serait  une  belle,  une  riche  conquête  que  celle 

T.  X.  — Janvier  et  révricr  1803.  2- 


18        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

de  lu  Féru.  11  aura  bieu  mérité  celui  qui,  le  premier,  parvien- 
dra à  taire  reproduire  ce  poisson  dans  nos  eaux  ! 

Mais  s'il  reste  encore  de  nombreuses  lacunes  à  combler  dans 
l'histoire  de  ce  poisson,  il  y  a  de  même  beaucoup  de  points 
à  éclaircir  dans  son  éducation  en  captivité. 

Et  d'abord,  quels  soins  convient-il  de  donner  à  ses  œufs  ? 
Remarquons  que  ceux-ci,  du  volume  de  ceux  du  Brocbet,  sont 
d'un  maniement  difficile.  Aussi,  pour  éviter  l'emploi  d'une 
main-d'œuvre  considérable,  l'établissement  d'IIuningue  les 
expédie- t-il  dès  qu'ils  sont  técondés.  M.  Coste,  dans  la  courte 
instruction  relative  aux  éclosions,  recommande  de  les  jeter  à 
la  volée  le  long  des  rivières,  au  milieu  des  herbes,  sur  des 
fonds  graveleux  ou  même  un  })eu  vaseux.  C'est  là,  sans  doute, 
un  moyen  facile  pour  s'épargner  bien  des  soins;  mais  on  ne 
peut  plus  suivre  le  développement  des  œufs.  Abandonnés  à 
eux-mêmes,  ils  sont  sujets  à  toutes  les  causes  do  destruc- 
tion qui  ont  l'ail  délaisser  cet  expédient  pour  les  autres  Sal- 
monidés. -  ' 

Toutefois  ce  procédé  donne  des  résultats  assez  satisfaisants, 
comme  j'ai  ][)u  m'en  assurer,  en  allant  rechercher,  à  Faide 
de  pipettes,  les  œufs  que  j'avais  lancés  dans  lesriviéres.  Ils  se 
sont  bien  dévelopi)és  au  milieu  des  herbes  et  sur  les  fonds 
vaseux  ;  mais  ils  ont  péri  partout  où  ils  étaient  exposés  à  la 
lumière  et  couverts  d'une  grande  épaisseur  d'eau  se  renouve- 
lant lentement. 

Lorsqu'on  veut  suivre  avec  soin  le  développement  dans  des 
rigoles  artificielles  ou  dans  des  appareils  à  éclosion,  quel  est 
le  meilleur  mode  d'incubation  1  Avant  tout,  il  est  un  procédé 
que  Fon  doit  bannir  àjamais,  c'est  celui  qui  consiste  à  placer 
lesœufs  sur  une  grille  ou  dans  une  rigole,  sur  lesquelles  })assc 
un  petit  filet  d'eau  :  vingt-quatre  heures  ne  se  sont  pas  écou- 
lées, que  déjà  presque  tout  est  perdu.  -  ■    ■ 

D'une  manière  générale,  on  peut  dire  que  Feau  et  la  lumière 
en  abondanc(^  sont  nuisibles  à  ces  œufs;  aussi  Finstruction 
d'IIuningue  ajoiitait-elle  qu'on  pouvait  les  placer  sur  des  lits  de 
végétaux  aquatiques  dont  les  couches  inférieures  seulement 
seraient  traversées  par  un  faible  courant  d'eau. 


SUR   LA    FÉI'.A.  10 

Eh  bien  !  ce  prociklé  expose  encore  à  des  pertes  considé- 
rables ;  et  de  tous,  le  plus  simple  cl  le  pUis  satisfaisant  dans 
ses  résultats,  est  celui  qui  déjà,  depuis  deux  ans,  est  adopté  au 
collégede  France,  et  (jui  consiste  à  abandonneràleurévolution 
les  œufs  disséminés  et  éparpillés  dans  des  mousses  humides  ({ue 
l'on  dépose  sur  des  grilles  de  verre,  ou  sur  tout  autre  objet. 
On  y  entrelient  l'humidité  en  jetant,  à  l'aide  d'un  petit  balai, 
«{uelqucs  gouttes  d'eau,  une  ou  deux  fois  par  jour  tout  au 
])Ius;  et  l'on  attend  le  résultat  de  l'incubation  sans  même  se 
donner  la  peine  d'enlever  les  œufs  sur  lesquels  se  sont  déve- 
loppés des  byssus,  qui  n'influent  pas  d'une  manière  trop  fatale 
sur  les  œufs  voisins. 

La  découverte  de  ce  procédé  bizarre,  et  qui  cependant 
donne  les  meilleurs  résultats,  est  due  tout  à  la  fois  à  l'observa- 
tion et  au  hasard.  Mon  ami  M.  Gerbe,  qui  a  l'honneur  de  par- 
tager les  intéressants  travaux  de  M.  Coste,  voulut  savoir,  dans 
le  but  d'appliquer  celte  connaissance  aux  expéditions  lointaines, 
combien  de  temps  les  œufs  de  Truite  et  de  Saumon  pouvaient 
rester  sans  danger  liors  de  l'eau  ;  il  en  enferma  donc  dans  de 
la  mousse  humide,  et  il  ne  fut  pas  peu  surpris,  lorsqu'il  ouvrit 
les  boites,  de  trouver  des  œufs  qui  avaient  suivi  toutes  leurs 
périodes  de  développement.  Il  fut  dés  lors  convaincu  que  l'eau 
courante  n'est  pas  absolument  nécessaire  aux  œufs  de  pois- 
sons ;  et  quand  le  hasard  vint  à  lui  mettre,  h  quelques  jours 
de  là,  sous  les  yeux,  des  œufs  de  Fera  égarés  dans  de  la 
mousse  humide  et  qui  s'étaient  embryonnés,  il  conseilla  de 
tenter  en  grand  ce  procédé  qui  donna  d'excellents  résultats, 
tandis  qu'on  en  avait  obtenu  de  peu  satisfaisants  en  plongeant 
entièrement  les  œufs  dans  l'eau.  Dans  l'instruction  sur  la  pis- 
ficulture  (jui  vient  d'être  adressée  aux  ingénieurs  des  dépar- 
lements, on  n'a  pas  oublié  de  leur  recommander  l'emploi  des 
mousses  humides  pour  rincubation  des  œufs  de  Fera. 

Je  viens  de  mettre  en  pratique  ce  procédé,  sans  négliger  les 
autres  ;  je  dois  dire  (juc  c'est  celui  (|ui  m'a  donné  le  plus  de 
succès,  el  j'ai  suivi,  depuis  le  9  décembre,  dans  mon  apparte- 
ment, le  développement  de  quelques  œufs  de  Fera  (lui  n'ont 
exigé  d'autre  soin  ([ue  celui  de  jeter  de  temps  en  teuq)S(pn'l- 


20         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCGLIMATATION. 

qiies  gouttes  d'eau  sur  les  mousses.  1/embryon  est  aujour- 
d'Iiui  très  apparent. 

D'autres  œuls,  datant  du  '2'i  n(n-einljre,  ayant  par  consé- 
quent quelques  jours  de  plus,  et  que  j'ai  placés  à  l'établisse- 
ment de  pisciculture  du  Vésinet,  dans  les  mênies  conditions, 
sontéclos;  j'ai  l'honneur  de  les  présenter  à  la  Société. 

A  une  température  de  8  à  10  degrés  centigrades,  les  éclo- 
sions  n'ont  lieu  que  du  trentième  au  quarantième  jour  ;  aussi 
juscju'à  cette  époque  faut  il  laisser  les  œufs  en  quelque  sorte 
à  sec,  pour  les  immerger  dès  que  l'éclosion devient  imminente. 

On  reconnaît  que  le  poisson  va  être  délivré,  lorstju'il  exécute 
des  mouvements  brusques,  violents,  fréquents,  lorsque  ses 
yeux,  depuis  longtemps  apparents,  prennent  une  teinte  forte- 
ment bronzée,  lorsque  entin  les  gouttes  buileuses  de  la  vésicule 
ombilicale  se  groupent  en  masse. 

Ouand  la  jeune  Fera  vient  d'éclore,  au  lieu  de  conserver 
l'immobilité  de  la  Truite  ou  du  Saumon,  elle  nage  avec  rapi- 
dité à  la  surface  de  l'eau,  et  comme  elle  est  très  cfTilée,  elle 
s'échappe  par  les  fentes  les  plus  (ines,  et  même  à  travers  les 
bouchons  de  mousse  que  l'on  place  sur  les  trop-pleins,  dans 
l'espérance  de  ne  laisser  passerque  l'eau.  11  est  [)référable,dès 
que  les  embryons  sont  éclos,  de  les  recueillir  pour  les  porter 
dans  les  eaux  où  ils  sont  destinés  à  vivre.  L'éducation  de  ce 
{)oisson  ne  se  fait  pas  autrement  (jue  celle  de  la  Truile. 

Tels  sont  les  résultats  de  mes  observations  sur  l'incubation, 
l'éclosion  et  l'éducation  de  la  Fera  ;  mon  but,  en  les  commu- 
niquant, a  élé  de  chercher  à  épargner  tout  au  moins  bien  des 
déboires  ;'i  ceux  de  mes  confrères  (jui  voudraient  en  tenter 
l'éducation. 


NOTICE 
SLR  L'ÉDUCATION  DU  VER  A  SOIE  DU  CHÊNE 

ou    YA-MA-MAÏ 
(littéralomcnt,  Ver  (h's  montagnes). 

Par  SI.   POMPE  VAÎV   MEERT   DER  WOORT. 


(Séance  du  21  novembre  1862.) 


L'éclosion  des  œufs  du  Ya-ma-maï  correspond  à  la  reprise 
de  la  végétation  du  Chêne,  qui  est  l'essence  d'arbre  sur  la- 
quelle il  se  nourrit.  Ainsi  elle  a  lieu,  suivant  les  climats,  du 
15  au  25  mai,  mais  on  peut  la  retarder  d'une  façon  notable, 
en  soustrayant  aussi  complètement  que  possible  les  œufs  à  la 
chaleur  et  au  mouvement,  et  en  ne  leur  laissant  que  la  quan- 
tité d'air  strictement  indispensable. 

Voici  comment  on  les  conserve,  notamment  à  l'île  de  Kiu- 
siio,  où  ils  sont  aussi  acclimatés  depuis  un  an,  d'après  les 
pratiques  suivies  dans  la  principauté  d'Etisen,  d'où  ils  sont 


originaires. 


Le  papillon  du  Ya-ma-maï  est  très  grand  et  a  les  ailes  très 
fortes;  en  outre  il  ne  fixe  pas  ses  œufs  comme  le  papillon  du 
Yer  à  soie  du  Mûrier  ;  il  les  pond  même  en  volant  :  aussi,  pour 
empêcher  sa  fuite  et  pour  éviter  toute  perte  d'œufs,  on  étend 
sur  le  plancher  d'une  chambre  très  propre  et  très  éclairée 
une  natte  très  fine  ou  une  toile  (on  dispose  dans  cette  cham- 
bre quelques  vases  de  sucre  ou  de  miel).  On  en  ferme  les 
ouvertures  avec  des  filets,  après  y  avoir  placé  la  quantité  de 
cocons  que  l'on  juge  à  propos  :  c'est  ici  le  lieu  de  dire  que 
l'on  reconnaît  facilement  les  mâles  des  femelles  d'après  leur 
dimension,  qui  est  plus  grande. 

Tant  que  dure  la  vie  du  papillon,  on  ne  doit  pas  entrer  dans 
la  chambre  ;  dès  qu'elle  est  terminée,  on  enlève  les  filets  avec 
précaution,  de  peur  qu'il  ne  se  trouve  quelques  œufs  déposés 
dans  leurs  mailles,  et  Ton  recueille  ceux  qui  sont  déposés  sur 


'2'2      sociKTK  iMPKi'.iAiJ':  zooLociodE  d'acclimatation. 
la  tdile  (lu  |)laiiclier('l  ailleurs.  Ou  duil  avoir  soiu  de  ue  péné- 
trer dans  la  cliauibre  que  les  pieds  nus. 

La  récolle  faite,  on  prend  de  petits  vases  ou  des  coupes  de 
porcelaine,  et  dans  chacun  on  nietun  certain  nombre  d'œufs. 
(Dans  une  petite  tasse  à  café,  par  exemple,  on  en  pourrait 
mettre  de  100  à  130.)  On  les  ferme  avec  du  papier,  et  on  les 
réunit  ensuite  par  nombre  variable  dans  des  pots  de  jardin 
de  terre  ou  de  porcelaine.  Enfui,  ces  pots  sont  eux-mêmes 
fermés  d'une  planchette,  et  enfouis  dans  la  terre  à  une  pro- 
fondeur sulTisante  pour  que  lagelée  ne  puisse  pas  les  atteindre. 
(Le  plus  grand  froid  dans  l'ile  de  Kiu-sùo  ne  dépasse  pas  8  à 
9  degrés  centigrades  au-dessous  de  zéro.) 
.    On  n'a  plus  alors  qu'à  attendre  le  printemps. 

L'éducation  du  Ya-nia-maï  peut  être  faite  de  deux  ftiçons 
différentes  :  1°  en  liberté  ;  '2"  dans  la  chambre. 

(juant  au  développement  du  Ver  à  soie  à  l'état  exactement 
sauvage,  il  n'en  peut  être  question,  puisque  dans  ce  cas 
l'homme  n'a  aucune  action  sur  lui. 

1°  En  liberté.  —  Dès  que  les  premières  feuilles  du  Chêne 
.commencent  à  poindre,  on  exhume  les  vases  qui  contiennent 

les  œufs.  - 

On  prend  alors  des  planchettes  de  bois  extrêmement  min- 
ces, on  les  enduit  d'un  côté  d'une  légère  couche  d'eau  et 
d'amidon,  et  sur  cette  colle  on  place  les  œufs.  Puis  on  trans- 
porte ces  planchettes  sur  les  Chênes,  sur  les  branches  des- 
quels on  les  lixe  à  proximité  des  rameaux  de  feuilles.  Au 
bout  de  quelques  jours  les  chenilles  sont  développées,  et  sui- 
vant l'arbre  dans  sa  croissance,  abandonnant  successivement 
les  feuilles  anciennes  pour  les  nouvelles,  elles  arrivent  pres- 
que en  même  temps  au  moment  de  leur  sommeil  et  à  la  fin  de 
la  végétation  du  Chêne. 

lia  fallu  pour  cela  cinquante  jours.  Les  cocons  sont  alors 
nécessairement  suspendus  àl'extrémité  de  toutes  les  branches, 
et  l'arbre  ressemble  à  un  j»runier  chargé  de  ses  fruits. 

Cette  éducation  serait  de  beaucoup  préférée  à  l'autre  par 
les  sériciculteurs  japonais,  en  ce  (juc  les  cocons  qui  en  pro- 
viennent sont  plus  grands  et  plus  lourds  (les  cocons  ont  aussi 


ÉniT.ÂTiON  DU  VER  A  SOIE  DU  riiiKNr:.  -23 

iiiiG  couleur  vert  clair  très  prouoncôe  qui  diffère  de  celle  des 
cocons  élevés  en  chambre,  laquelle  esi  jaunâtre),  si  elle 
n'avait  pas  quelques  inconvénients  très  graves. 

Ainsi  quelque  précaution  que  l'on  prenne,  il  est  impossible 
d'empêcher  les  oiseaux  de  dévorer  une  grande  partie  des 
Vers;  ensuite  la  récolle  des  cocons  sur  des  Chênes  qui  sont 
tous  plus  ou  moins  grands,  est  très  difficile.  (Cependant  ces 
inconvénients  ne  sont  pas  inévitables;  à  Etisen  ,  il  y  a  des 
éducateurs  qui  se  sont  créé  des  plantations  de  Chênes  qu'ils 
tiennent  très  petits  et  qu'ils  couvrent  de  filets.).  ''-■  •-:         ;        ■ 

2"  Dam  la  chamhro.  —  D'après  cette  méthode,  il  est  néces- 
saire d'avoir  dans  la  chambre  des  Chênes  en  pots  que  l'on 
tient  constamment  pleins  d'eau  pendant  foule  la  durée  de 
l'éducation,  et  exactement  recouverts  d'une  planchette, 'de 
peur  que  les  Vers  que  Ton  placera  ensuite  sur  l'arbre,  ve- 
nant à  tomber,  ne  se  noient.  (Quelques  personnes  se  sont 
avisées  de  remplacer  ces  plants  de  Chênes  par  des  rameaux 
qu'elles  renouvelaient  de  temps  en  temps,  et  cet  essai  a  très 
bien  réussi.) 

Dès  que  les  Chenilles  sont  écloses,  onleur  présente  quelques 
feuilles  tendres  de  Chêne,  sur  lesquelles  elles  ne  tardent  pas 
à  monter,  puis  on  transporte  les  feuilles  sur  les  Chênes. 

Les  soins  à  donner  alors  à  l'éducation  se  bornent  à  recueil- 
lir les  Vers  qui  pourraient  être  tombés  de  l'arbre,  à  les  y 
replacer,  et  à  entretenir  l'eau  Fraîche  dans  les  vases. 

Les  Vers  commencent  à  hier  au  bout  de  cinquante  jours. 
La  confection  du  cocon  demande  environ  huit  jours.  Huit 
autres  jours  après  commence  le  travail  de  transformation  en 
papillon. 

Toutes  les  espèces  de  Chênes  sont  également  propres  à 
l'alimentation  du  Ya-ma-maï. 

Ces  données  sont  littéralement  traduites  d'une  note  remise 
par  l'un  des  chefs  sériciculteurs  du  prince  de  Higo,  ou  de 
renseignements  verbaux  fournis  par  le  même  chef  séricicul- 
teur. 


NOTE 
SUR   LA   CULTURK    DU  COTOiNMl::R. 

B»ar   M.    J.    î,t'-oii    ^«a  KKBKIIV. 

(Sôuiiro  ilii  21    nnvombro  1802,) 


\Ji\e  des  plantes  induslriellos  les  plus  intéressantes  dont 
l'homme  puisse  entreprendre  la  culture,  est  certainement  le 
Cotonnier  (Gossi/pium),  qui  fournit,  par  les  fibres  contenues 
dans  son  fruit,  des  matériaux  mis  en  usage  dans  un  grand 
nombre  de  manufactures,  et  donne  ainsi  du  travail  à  des 
milliers  d'ouvriers.  Longtemps  l'Amérique  a  été  en  mesure 
de  fournir  la  majeure  partie  du  coton  consommé  en  Europe  ; 
mais  depuis  que  des  circonstances  malheureuses  ont  allumé 
le  flambeau  de  la  discorde  entre  les  divers  États  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  l'importation  s'est  trouvée  réduite  d'une  telle 
façon,  que  presque  tous  les  centres  manufacturiers  ont  été 
obligés  de  diminuer,  d'arrêter  même  leur  production.  Ptmr 
obvier  aux  suites  désastreuses  d'un  pareil  état  de  choses,  on  a 
pensé  à  établir  dans  de  nouvelles  régions  des  cultures  qui 
pussent  suppléer  à  la  disette  du  coton,  et  cnq^ècher  que,  plus 
tard,  si  des  circonstances  analogues  se  reproduisaient,  la  même 
pénurie  ne  vînt  livrer  à  une  .-itTreuse  misère  tout  un  monde 
d'ouvriers.  Les  esprits  les  plus  sérieux  se  sont  déjà  occupés 
de  cette  grave  question,  et,  sur  plusieurs  points  du  globe,  des 
tentatives  entreprises  sur  une  grande  échelle  et  dans  les  con- 
ditions qui  semblent  les  plus  favorables  se  font  pour  intro- 
duire le  Coton  dans  toutes  les  régions  qui  paraissent  propices 
à  sa  culture.  On  sait  que  des  expériences  avaient  déjà  été 
faites  par  les  soins  du  gouvernement  français  pour  intro- 
duire dans  l'agriculture  de  notre  colonie  algérienne  le  Coton- 
nier, et  les  premiers  résultats,  qui  ont  démontré  que  cette 
introduction  pourrait  être  fructueusement  faite,  ont  donné 
lieu  à  d'importantes  publications,  parmi  lesquelles  nous  cite- 
nuis  les  mémoires  de  MM.  llobr.  Porter,  ISoyle,  Hardy  et 
II'  niai'()uis  de  !""(Mn'ués. 


CULTURE    DU    COTONNIER.  25 

Pensanl  qu'il  pourrait  être  utile  à  quelques  personnes  de 
trouver  condensées  les  principales  conditions  que  réclame  la 
culture  du  Cotonnier,  nous  avons  patiemment  recherché  dans 
les  diverses  puhlications  faites  sur  ce  sujet  toutes  les  notions 
dont  la  connaissance  est  nécessaire  pour  guider  les  agricul- 
teurs, et  nous  en  avons  présenté  le  résumé  dans  la  notice 
suivante.  Puissions-nous  avoir  rempli  d'une  manière  salisfiii- 
sante  la  tâche  qui  nous  était  confiée,  et  si  ce  long  et  difficile 
travail  peut  rendre  le  plus  léger  service  à  quelque  planteur 
de  Coton,  nous  nous  trouverons  amplement  récompensé  de 

notre  peine. 

I.  —  Espèces.      V  ]  -    _ 

Un  grand  nombre  d'espèces  de  Cotonniers,  ou  pour  mieux 
dire  de  races,  sont  cultivées  dans  les  diverses  régions  du 
globe,  et  fournissent  leurs  produits  à  l'industrie,  offrant,  les 
unes,  certaines  qualités,  les  autres,  d'autres  avantages,  sui- 
vant l'usage  auquel  on  veut  les  appliquer.  Malheureusement, 
malgré  tout  l'intérêt  qu'eût  présenté  une  telle  étude,  aucun 
botaniste  n'a  cherché  encore  à  bien  distinguer  ces  espèces  et 
races,  et  nous  ne  connaissons  que  très  imparfaitement  les 
caractères  de  chacune  d'elles.  Du  reste,  dans  l'état  actuel  de 
nos  connaissances,  on  peut  considérer  comme  types  les  végé- 
taux suivants,  auxquels  on  peut  rapporter  toutes  les  sortes 
cultivées  dans  les  cinq  parties  du  monde.     '  ,      '- 

1"  Cotonnier  herbacé  (Gosstjphon  herbaccum).  —  Très  va- 
riable dans  son  port,  ayant  de  18  à  Vx  pouces  de  hauteur, 
avec  une  consistance  herbacée,  et  atteignant  quelquefois  une 
hauteur  de  h  à  0  pieds,  ce  Cotonnier  a  sa  tige  ligneuse, 
cylindrique,  rougeàtre  inférieurement  et  velue  supérieure- 
ment. Ses  rameaux,  courts,  sont  également  rougeàtrcs  et  velus, 
et  portent  des  feuilles  alternes,  à  cinq  lobes  inégaux,  arrondis 
et  brusquement  terminés  en  pointe,  avec  une  glande  sur  la 
base  de  la  nervure  médiane,  à  pétioles  velus  et  longs  de  2  à 
3  pouces.  Les  ileurs,  portées  sur  un  pédoncule  qui  prend  nais- 
sance à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures,  sonljaunes,  avec  une 
tache  pourpre  à  la  base  de  chaque  pétale.  Le  calice,  à  folioles 
larges,  terminées  en  pointe  très  allongée,  et  profondément 


26        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOfilQUE   d'aCCLIMATATION. 

dentées  surU'ur  hoid,  persiste  et  enveloppe  la  ca[>siile,  ordi- 
nairement à  trois  loges  et  s'ouvrant,  à  l'époque  de  la  malii- 
rité,  pour  laisser  échapper  les  graines  et  le  colon. 

Cette  espèce,  importée  très  proijaMement  do  Syrie  et  de 
rinde,  fut  ensuite  cultivée  à  Malte  et  en  Sicile,  plus  tard  intro- 
duite dans  l'Amérique  du  Nord;  elle  a  servi  principalement 
aux  tentatives  d'acclimatation  du  Colon  dans  le  midi  de  la 
France  et  en  Espagne. 

•  T  Cotonnier  en  arbre  {Gossypiumarhoreuni).  — C'est  un 
arbrisseau  de  10  à  20  pieds  de  hauteur,  à  tige  parlaitement 
ligneuse,  portant  des  rameaux  glabres,  excepté  à  leur  partie 
supérieure,  où  ils  sont  velus.  Les  feuilles  oiFrent  cinq  lobes 
longs,  profonds,  digités,  lancéolés,  terminés  par  une  petite 
jiointe  sétiforme,  et  portés  par  un  pétiole  long  et  velu.  Les 
Heurs,  de  couleur  purpurine,  ou  rouge  tirant  sur  le  brun,  sont 
assez  longues,  ressemblent  un  peu  au  lis  et  sont  sans  parfum: 
elles  sont  portées  par  des  pédoncules  courts.  Les  pièces  du 
calice,  quelquefois  entières,  sont  rarement  un  peu  denticu- 
lées.  Les  capsules,  ovales,  pointues,  offrent  trois  ou  quatre 
loges  et  dans  chaque  loge  trois  ou  quatre  semences. 
.  Ce  Cotonnier,  originaire  de  l'Egypte,  de  l'Arabie,  et  des 
îles  de  l'océan  Indien,  a  été  transporté  aux  iles  Canaries  et 
dans  l'Amérique  du  Nord,  et  on  le  cultive  depuis  longtemps. 
D'après  Royle,  le  Coton  qu'il  fournit  est  de  moins  bonne 
qualité  que  celui  des  Gossypium  herbaceiim  et  indlcum. 

3"  Cotonnier  de  l'Inde  {Gossypiwn  indicimï).  —  Cette 
espèce,  qui  parait  intermédiaire  aux  deux  précédentes, 
atteint  une  hauteur  de  10  à  \1  pieds.  Sa  tige,  vivace,  est 
ligneuse  inférieurement,  et  porte  des  rameaux  velus,  qui 
paraissent  même  presque  laineux  à  leur  partie  supérieure.  Les 
feuilles,  de  moyenne  grandeur,  portées  sur  des  pétioles  velus, 
sont  à  trois  lobes  ovales  et  pointus.  Les  tleurs,  généralement 
jaunes,  avec  une  tache  purpurine  à  la  base  des  pétales,  sont 
grandes  et  portées  par  des  pédoncules  courts.  Le  caUce  esta 
folioles  entières  ou  dentées,  plus  souvent  entières.  Les  cap- 
sules, ovales  et  coniques,  offrent  quatre  loges  renfermant  des 
craines  arrondies  et  trèsinlimementlièes  au  coton. 


CULTLIRE    nu    COTONNIER.  27 

Cette  espèce  est  originaire  dej'lnde,  où  elle  est  cultivée 
sur  une  assez  grande  échelle. 

/j"  Cotonnier  a  feuilles  de  Vigne  {ijossypmni  viiifolium). 
'—  Arbuste  de  10  à  VI  [tieds,  à  tige  ligneuse,  à  rameaux  et 
pétioles  entièrement  glabres;  à  feuilles  amples,  palmées,  pro- 
fondément découpées  en  cinq  lobes  ovales-lancéolés,  très 
aigus,  glabres  en  dessus,  un  peu  velus  en  dessous.  Les  fleurs, 
grandes,  jaunes,  avec  une  tache  rouge  à  la  base  interne  de 
chaque  pétale,  sont  enveloppées  dans  un  calice,  grand,  pro- 
fondément lacinié,  et  offrant  à  sa  base  trois  grosses  glandes. 
La  capsule  est  ovoïde,  à  trois  loges  renfermant  cliacune  six  à 
dix  graines  noirâtres. 

Ce  Cotonnier,  qui  est  originaire  des  Indes  orientales  et  des 
Célèbes,  est  cultivé,  d'après  Commerson,  à  l'île  Maurice,  et  a 
été  introduit  depuis  dans  l'Amérique  du  Sud. 

5°  Cotonnier  velu  {Gossypiinn  hirsjitum).  —  Ce  Cotonnier, 
à  tige  herbacée,  annuelle  et  bisannuelle,  velue,  offre  des  ra- 
meaux et  des  pétioles  velus.  Ses  feuilles,  larges,  pubescenles 
des  deux  côtés,  divisées  en  cinq  lobes  pointus,  dont  le  médian 
est  beaucoup  plus  grand  que  les  autres,  olTrenl  une  glnnde 
sur  leur  nervure  médiane.  Les  fleurs  sont  jaunes  et  solitaires  ; 
le  calicule  est  entier  ou  trifide.  - 

Ce  Cotonnier  croît  dans  les  parties  les  plus  chaudes  de 
l'Amérique  méridionale. 

6"  Cotonnier  religieux  {Gossypium  religiusum).  —  Petit 
arbuste  de  3  à  /i  pieds  de  hauteur,  à  tige  dressée  rougeàlro  et 
poilue,  à  rameaux  et  pétioles  pubescents.  Il  a  des  feuilles  non 
palmées,  d'un  vert  luisant,  avec  une  glande  sur  la  nervure 
médiane.  Ses  fleurs,  grandes,  de  couleur  jaune-soufre,  avec 
une  teinte  rosée  ou  purpurine  vers  le  bord  supérieur,  sont 
quelquefois  entièrement  blanches  :  elles  sont  remarquables 
par  la  longueur  de  leur  style,  qui  fait  saillie  en  dehors  de  la 
corolle,  même  avant  l'épanouissement.  Le  calice,  lacinié  et 
velu,  enveloppe  une  capsule  courte,  pointue,  ovoïde,  à  trois 
loges,  qui  renferment  un  coton  très  fin  et  très  adhérent  aux 
graines.         - 

La  patrie  i\o  ce  Cotonnier  n'esl  pas  bien  connue.  Lamarck 


28       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOfilQUE  d'aCCLIMATATION. 

le  croit  américain  ;  Cavanilles  pense  qu'il  vient  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Il  est  cultivé  à  l'île  Maurice,  où  l'on  en 
connaît  deux  variétés  :  l'une,  d'une  blancheur  éclatante, 
l'autre,  rousse. 

T  Cotonnier  a  larges  feuilles  {Gos;syplum  latifalhim). 
—  Arbuste  de  /i  à  6  pieds,  ligneux  ;  il  offre  sur  ses  rameaux  et 
sur  ses  pétioles  des  points  noirs  tuberculeux.  Ses  feuilles, 
grandes,  larges,  sont  glabres  et  d'un  vert  un  peu  foncé  :  les 
inférieures  sont  ovales,  pointues  et  entières;  les  autres  sont 
divisées  en  trois  lobes  profonds  et  pointus,  et  portent  une 
glande  sur  leur  nervure  médiane. 

Ce  Cotonnier,  dont  la  patrie  est  inconnue,  est  cultivé  aux 
Antilles. 

8"  Cotonnier  DES  Barbades  [Gossypiumbarbademe).  — Cet 
arbuste ,  dont  les  feuilles  supérieures  sont  divisées  en  trois 
lobes  pointus,  et  les  inférieures  en  cinq  lobes,  offrant  trois 
glandes,  provient  des  Barbades,  et  est  cultivé  dans  l'Amérique 
du  Nord  et  les  Antilles.  On  l'a  introduit  à  Maurice  et  à 
Bourbon,  où  il  réussit  très  bien;  mais  sous  l'influence  du 
climat  et  peut-être  aussi  du  mode  de  culture,  il  a  donné 
naissance  à  une  variété  persistante  (Boyle). 

9"  Cotonnier  apetites  flevrs {Gossyphim7nicrant/ium).  — 
.Celte  espèce,  herbacée,  d'une  longueurde  18  pouces  environ, 
offre  une  tige  rougeàtre,  hérissée  de  points  noirâtres,  de 
même  que  ses  pétioles  et  ses  pédoncules.  Ses  feuilles,  divisées 
en  cinq  lobes  obtus,  presque  arrondis,  sont  très  glabres  et 
offrent  une  glande  sur  la  nervure  moyenne.  La  corolle  est 
jaune,  à  pétales  ovales  aigus  et  un  peu  pubescents  en  dehors. 

Originaire  de  la  Perse. 

10"  Cotonnier  du  Pérou  {Gossijplum  peruvianum) .  —  Ce 
Cotonnier  est  un  arbrisseau  de  3  pieds  de  haut,  à  tige  droite, 
glabre,  verdàtre  et  cendrée.  Ses  feuilles  inférieures  sont 
entières;  les  supérieures  offrent  de  trois  à  cinq  lobes,  et 
portent  trois  glandes;  toutes  sont  tomonteuses.  Son  invo- 
lucelle  est  très  lacinié  et  offre  trois  glandes  à  sa  base.  Ses 
fleurs  sont  jaunes,  avec  une  tache  poupre  à  la  base  de  chaque 
pétale. 


CILTURK    DU    COTONMEIÎ.  29 

Cette  espèce,  originaire  du  Pérou,  est  cullivée  au  Brésil  et 
ilans  toute  rAméri(iue  du  Sud. 

II.  —  Seuiis. 

Les  graines  destinées  aux  semailles  doivent  être  choisies 
l)armi  les  plus  belles  variétés;  il  faut  les  récolter  sur  les 
individus  les  mieux,  développes  et  fournissant  les  filaments  les 
plus  longs;  mais  ou  doit  avoir  l'attention  de  laisser  de  côté 
les  capsides  qui  se  sont  développées  les  premières,  et  celles 
qui  apparaissent  à  la  fin  de  la  saison,  parce  que,  le  plus  sou- 
vent, ayant  reçu,  à  ces  époques,  des  sucs  moins  bien  élaborés, 
les  graines  peuvent  être  imparfaites,  et,  par  suite,  ne  donner 
naissance  qu'à  des  individus  de  médiocre  qualité.  Cependant 
on  devra  observer  ijue,  sauf  les  Heurs  par  les(|uelies  débute 
la  floraison ,  celles  qui  se  développent  les  premières  sont 
généralement  de  meilleure  qualité  (juc  celles  qui  leur  suc- 
cèdent, et  donnent  de  plus  beaux  produits  (Hardy).  On  peut 
faire  usage ,  pour  l'ensemencement,  de  graines  conservées 
depuis  trois  ans,  mais  il  est  préférable  de  semer  celles  de 
l'année,  qui  donnent  de  meilleurs  résultais  (Hardy). 

Pour  connaître  si  les  semences  sont  propres  à  la  germina- 
tion, on  a  proposé  plusieurs  procédés,  par  exemple,  de  les 
mettre  dans  l'eau,  et  de  rejeter  celles  qui  surnagent  ;  mais 
aucun  des  moyens  iiidifiués  ne  donne  rien  de  bien  certain. 

(Juelques  praticiens  conseillent,  pour  l'aciliter  la  germina- 
tion, de  laire  séjourner  les  graines  pendant  une  demi-journée 
dans  l'eau,  ou  dans  l'huile  de  baleine,  ou  dans  l'eau  légère- 
ment chlorée  (Artaud)  ;  mais  ce  qui  semble  le  meilleur,  est  le 
le  pralmogc  des  semences  dans  un  engrais  pulvérulent  très 
actif,  tel  que  colombine,  guano,  poudrette  ou  sang  desséché  : 
on  a  ainsi  le  double  avantage  de  favoriser  la  continuité  de  la 
végétation,  et  de  prévenir  le  développement  des  pucerons  sur 
la  plante  (Hardy). 

Les  observations  générales  faites  sur  la  culture  des  plantes 
permettent  de  penser  qu'il  y  aurait  avantage  à  renouveler, 
par   intervalles,  les   semences;   mais,  jusqu'à   présent,  on 


30        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

manque  d'observations  parliculières  sur  le  Colun,  qui  démoii- 
Irent  la  nécessité  absolue  de  cette  précaution. 

Il  est  très  important  de  ne  pas  semer  ensemble  des  graines 
appartenant  à  des  variétés  différentes  :  car,  d'une  part,  leurs 
diverses  périodes  de  végétation  ne  coïncident  pas;  d'autre 
part,  leur  développement  ne  se  l'ait  pas  également,  et  d'autre 
part,  enfin,  il  pourrait  se  passer  des  pliénomènes  d'bybrida- 
tion,  dont  le  moindre  inconvénient  serait  de  donner  des  pro- 
duits inférieurs  en  qualité  à  ceux  que  fournissent  les  individus 
parents. 

Dans  les  localités  qui  n'ont  pas  encore  été  défricliées,  on 
sème  les  graines  de  Cotonnier  sur  place,  après  avoir  abattu  les 
arbres,  qui  sont  brûlés  sur  place  pour  fournir,  par  leurs 
cendres,  des  éléments  utiles  à  la  végétation.  On  fait  des  trous 
profonds  de  15  à  18  pouces,  sur  un  pied  de  largeur  en  tous 
sens,  à  base  et  ouverture  égales,  pour  éviter  de  fouler  les 
graines,  et  placés  à  des  distances  qui  peuvent  varier  suivant 
les  localités  et  les  cultivateurs.  Dans  chacun  des  trous,  creusés 
dans  la  journée,  on  met,  le  soir,  dix  à  douze  graines  recou- 
vertes d'un  demi-pouce  de  terreau  (Porter).  M.  Hardy  pense 
(ju'il  faut  semer,  comme  on  le  fait  \)onv  les  haricots,  quatre  à 
cinq  graines  séparées  et  recouvertes  de  bonne  terre,  mêlée 
d'une  certaine  quantité  de  sable,  si  celle-ci  a  de  la  propension  à 
se  croùter,  par  suite  d'une  grande  compacité.  Cette  méthode 
lui  semble  préférable  au  semis  en  rigoles,  (|ui  ne  lui  a  donné  de 
bons  résultats  que  dans  les  localités  où  l'irrigation  est  possible. 

Ouand  le  terrain  dans  lequel  on  sème  le  Cotonnier  peut 
être  irrigué,  le  cultivateur  devra  en  suivre  la  pente  et  y  tracer 
des  lignes  disposées  de  façon  que  l'irrigation  ne  soit  pas 
trop  rapide  et  se  fasse  régulièrement.  Si  l'on  ne  peut  éviter 
cet  inconvénient,  on  devra  faire  des  liillons,  distants  de 
70  centimètres  à  un  mètre,  conservant  une  forme  bond)éc, 
sur  le  côté  desquels  on  place  les  graines,  de  telle  sorte 
qu'elles  seront  abritées  des  vents  régnants  et  le  mieux  expo- 
sées possible  au  soleil. 

Dans  le  cas  où  l'on  voudrait  planter  en  lignes  dans  des  ter- 
rains où  l'irrigation  n'est  pas  possible,  il  serait  essentiel  de 


CULTURE    DU    COïOMNIEIi.  31 

tracer  les  lignes  perpendiculaires  à  la  penle  du  terrain,  et 
placées  à  des  dislances  qui  varieront  avec  la  pente  du  terrain 
cl  avec  la  fertilité  du  sol  (Hardy). 

Toutes  les  lois  que  l'irrigation  n'est  pas  possible,  il  faut 
arroser  la  terre  dès  qu'elle  est  sèche,  et  donner  environ  deux 
litres  d'eau  à  cliîique  Cotonnier.  Quel  que  soit  le  mode  d'ar- 
rosage employé,  il  est  indispensable  d'humecter  la  terre  deux 
jours  après  le  semis  (Hardy). 

L'époque  des  semailles,  qui  doit  coïncider  avec  celle  où  les 
ondées  sont  le  plus  fréquentes,  est  ordinairement  de  novembre 
à  avril  dans  les  pays  chauds  (Porter).  En  Algérie,  le  moment 
le  plus  propice  varie  entre  le  ib  avril  et  le  15  mai.  Il  est  utile 
de  faire  les  semailles  aussitôt  que  possible,  dès  que  la  terre 
donne  une  température  de  +  15  degrés,  à  15  centimètres  do 
sa  surface,  époque  qui  coïncide,  en  général,  avec  celle  où  les 
nuu"iersl)lancs,  en  plein  vent,  développent  bien  leurs  feuilles, 
sans  ({u'elles  se  roulent  sous  l'intluence  de  l'abaissement 
nocturne  de  la  température. 

On  calcule  que  la  quantité  de  graines  nécessaire  pour 
ensemencer  un  hectare,  est  d'environ  10  à  12  kilogranunes. 
Les  jeunes  plants  commencent  à  lever  du  troisième  au  (jua- 
trième  jour,  ou  du  cinquième  au  sixième  jour,  suivant  les 

localités. 

Hl.  —  Culture. 

Le  terrain  dans  lequel  on  i»lant(^  le  Cotonnier  doit  être  un 
sol  sablonneux,  assez  profond  p<nu"  que  la  jilanlc  puisse  y 
enfoncer  son  pivot,  et  offrant  une  certaine  humidité.  Si  celle-ci 
est  trop  considérable,  au  moyen  de  drainages,  (tn  en  enlève  la 
partie  qui  est  en  excès,  et  qui  déterminerait  une  production 
trop  considérable  de  feuilles,  et  plus  tard  même  la  pourriture 
des  racines.  Si  le  terrain  est  trop  sec,  il  faut  obvier  à  cet 
inconvénient  par  des  arroscments  bien  mesurés.  Les  terres 
d'origine  volcanique  paraissent  être  celles  qui  conviennent  le 
mieux  au  Cotonnier  dans  les  pays  chauds,  car  elles  portent 
des  individus  d'un  développement  plus  parfoit  et  plus  rapide 
(Porter).  En  Algérie,  d'après  les  observations  de  M.  Hardy, 
les  terrains   argilo-calcaires  conviennent  à   la  culture   des 


?>2        SOCIÉTÉ   IMPÉlilALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Gossi/plion,  surtout  si  elles  eut  déjà  porté  des  récoltes 
d'autres  plantes  ;  tandis  que  les  terrains  argileux,  froids  et 
forts,  ne  donnent  que  des  résultais  mauvais.  La  hauteur  au- 
dessus  du  n'veau  de  la  mer  doit  être  prise  en  considération, 
car  on  a  observé  qu'à  +  600  mètres,  la  maturalion  ne  se  faisait 
jamais  complètement,  et  d'aulre  part,  qu'il  valait  mieux  semer 
les  Cotons  Géorgie  dans  les  parties  basses,  et  les  Cotons 
Louisiane  dans  les  parties  hautes  ;  (m  a  même  remarque  que 
les  Colons  longue  soie  étaient  de  plus  hellc  qualité  quand  ils 
étaient  produits  dans  le  voisinage  de  la  mer,  tandis  que,  au 
contraire,  les  Cotons  courle  soie  se  trouvent  mieux  de  la  cul- 
ture dans  l'intérieur  des  terres  (Hardy). 

Le  terrain  doit  être  purgé  avec  le  plus  grand  soin  des  mau- 
vaises herbes  qu'il  porte,  et  èlre  soumis,  dans  ce  but,  à  trois 
ou  quatre  labours  et  à  des  hersages  énergiques.  Si  l'on  peut 
avoir  recours  à  l'irrigation,  pour  donner  aux  G ossf/ph/7)i  Y cim 
qui  leur  est  nécessaire,  on  doit  arroser  avant  l'ensemence- 
ment ])our  éviter  que  le  tassement  de  la  terre  ne  gène  le  déve- 
loppement du  germe,  et  faire  cette  opération  alors  seulement 
que  la  saison  est  assez  avancée  pour  ne  plus  craindre  de  trop 
brusques  variations  de  température.  Notons  que,  si  l'irriga- 
tion doit  être  faite  à  des  intervalles  assez  rapprochés  pour  que 
la  plante  ne  souffre  pas  de  la  sécheresse,  il  ne  faut  pas  non  plus 
la  répéter  trop  fré(iucmment,  car  alors  le  Cotonnier  offre  une 
végétation  luxuriante  en  feuilles,  mais  ne  produit  que  très  peu 
de  fruits;  on  doit  avoir  aussi  le  soin  de  diminuer  la  quantité 
d'eau  au  moment  de  la  floraison,  pour  obtenir  des  filaments 
d'aussi  belle  qualité  que  possible.  Si  le  terrain  ne  permet  pas 
de  faire  des  irrigations,  il  faut  prendre  encore  plus  de  soin 
dans  sa  préparation,  et  disposer  les  lignes  où  doivent  être  dé- 
posées les  graines  en  lignes  transversales  à  la  pente  du  terrain. 

Les  champs  de  Cotonniers  ne  demandent  que  peu  d'engrais, 
mais  il  les  faut  bien  appropriés:  ceux  qui  sont  employés  le 
plus  avantageusement,  sont  les  fumiers  d'étables,  les  raclures 
de  corne,  les  coquilles  de  mer,  les  résidus  de  la  combustion 
du  bois  ou  des  plantes,  les  os  pulvérisés,  les  tourteaux  de 
graines  oléagineuses,  et  particulièrement  ceux  des  semences 


CULTURE   DU    COTONNIER.         '  *         33 

de  Coloniiicr,  les  immondices  bien  consommées,  les  Ikuics 
des  fosses  et  des  canaux,  la  vase  des  marais  salants,  dont  les 
cultivateurs  de  la  Géorgie  font  un  grand  et  très  heureux  usage 
(Porter,  Hardy).  Le  choix  de  ces  engrais  est  dicti'"  par  les  cir- 
constances dans  lesquelles  se  trouve  le  planteur,  et  laciuantité 
employée  doit  être  en  rapport  avec  la  fertilité  du  sol  :  du  reste', 
i(;i,  comme  dans  toutes  les  (]uestions  relatives  aux  engrais,  il 
ne  peut  être  rien  décidé  à  priori ,  c'est  au  cultivateur  à  bien 
étudier  sa  terre,  et  à  décider,  d'après  ses  observations,  (|uel 
engrais  il  devra  i)référer. 

Un  mois  après  l'ensemencement,  il  faut  sarcler  le  terrain  à 
la  main,  en  prenant  bien  soin  de  ne  pas  blesser  les  jeunes 
plantes,  qui  ont  alors  de  3  à  /i  pouces  de  hauteur.  Comme 
plusieurs  des  graines  qui  ont  été  mises  dans  le  même  trou 
ont  germé,  et  pourraient  se  nuire  dans  leur  développement 
ultérieur,  on  arrache  les  pieds  les  plus  délicats,  et  on  n'en 
laisse  que  trois  ou  quatre,  dans  chaque  place.  On  sarcle,  à 
plusieurs  reprises  le  terrain,  et  assez  fréquemment  pour  pou- 
voir détruire  toutes  les  herbes  qui  nuiraient  à  la  végétation  du 
Cotonnier,  et  l'on  trouve  à  ce  travail,  qu'il  est  préférable 
d'exécuter  à  main  d'homme  (à  moins  d'une  culture  très 
grande,  où  cependant  il  est  encore  le  meilleur)  l'avantage 
d'aérer  la  terre.  Lorsque  le  troisième  mois  de  la  végétation 
linit,  on  laisse  seulement  un  pied  de  Cotonnier  à  chatiue 
place,  en  ayant  soin  de  choisir  celui  ijui  olfre  la  végétation  la 
plus  robuste  (Porter,  Hardy). 

Dès  que  le  Cotonnier  a  une  hauteur  de  18  à  'lli  pouces,  on 
'pince  la  tête,  ou  mieux  on  la  coupe  pour  avoir  un  nombre 
plus  considérable  de  branches  (Porter).  M.  Hardy  pense  que 
le  pincement  doit  même  être  opéré  sur  les  rameaux  les  plus 
développés,  surtout  à  la  fin  de  la  saison  ;  mais  liohr  n'est  pas 
d'avis  qu'on  doive  suivre  cette  pratique,  qui,  selon  lui,  déter- 
mine plutôt  une  diminution  dans  le  produit. 

La  seconde  année,  le  Cotonnier  peut  fournir  des  produits 
satisfaisants,  et  continue  à  produire  pendant  quatre  à  cinq 
ans,  à  la  condition  de  faire  trois  à  quatre  bons  sarclages  par 
an,  et  de  remplacer  {supplyimj)  les  Cotonniers  qui  ont  péri, 

T.  X.  —  Janvier  cl  l'évrier  ISlili.  3 


'^h        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

par  de  nouvelles  semailles,  ou  mieux  par  la  transplantation 
de  pieds  cultivés  en  pépinière  (Porter).  M.  Hardy  ne  pense 
pas  qu'en  Algérie,  au  moins,  il  y  ait  avantage  à  prolonger 
ainsi  la  culture  pendant  plusieurs  années;  mais  dans  le  cas  où 
l'ons'y  déciderait,  il  faudrait  plusieurs  sarclages  et  avoir  soin 
d'émonder  les  Cotonniers. 

A  la  Guyane,  où  l'on  plante  le  Cotonnier  en  pépinière,  on 
fait  quelques  irrigations  d'eau  de  mer,  qui  paraissent  très 
favorablesà  son  développement.  (Nous  avons  vu  plus  haut  que 
les  planteurs  de  la  Géorgie  se  louaient  beaucoup  de  l'usage 
de  la  vase  des  marais  salants  comme  engrais;  d'autre  part, 
M.  Hardy  a  vu  le  Cotonnier  prospérer  en  Algérie  dans  les 
terrains  salés,  à  la  condition  de  ne  pas  recevoir  une  trop 
forte  proportion  d'eau  de  mer.)  Un  système  de  drainage  est 
établi  pour  éviter  l'excès  d'humidité;  le  terrain  doit  être  bien 
meuble,  soumis  à  un  lal)Our  complet  avant  de  recevoir  les 
]»lantes,  (ju'on  a  arrachées  de  la  pépinière  avec  le  plus  grand 
soin,  en  raison  de  la  délicatesse  de  leurs  racines,  et  qu'on 
place  dans  des  trous  assez  profonds  :  on  foule  la  terre  autoui' 
des  pieds,  et  l'on  arrose.  Le  système  de  repiquage  a  l'incon- 
vénient d'augmenter  les  frais  de  culture,  et  de  déterminer 
un  arrêt  de  végétation  qui  influe  sur  la  quantité  du  produit  et 
sur  l'époque  de  la  maturité,  retardée  d'une  quinzaine  de 
jours  environ.  Le  mieux  est  de  semer  sur  place,  et  d'avoir 
une  petite  réserve  en  pépinière  pour  remplacer,  dans  le  cou- 
rant de  l'année,  les  pieds  qui  périraient  dans  le  champ. 

Les  Heurs  apparaissent  vers  la  fin  de  juillet  ou  le  commen- 
cement d'août;  les  premières  capsules  se  montrent  environ  un 
mois  après.  Tant  qu'elles  ne  sont  pas  mures,  elles  restent 
fermées,  et  leur  déhiscence,  qui  laisse  apercevoir  un  flocon 
blanc  dans  chacune  de  leurs  loges,  indique  que  le  moment  de 
la  récolte  est  arrivé. 

IV.  —  Récolte.  .: 

Comme  les  divers  pays  où  l'on  cultive  le  Coton  ofl'rent  des 
variétés  assez  grandes  de  climat,  il  s'ensuit  que  le  moment  de 
la  maturité  du  colon ,  par  consé(|uent  celui  de  sa  récolte, 
varie  en  raison  même  de  ces  difl'érences  et  de  celles  qui  peu- 


CULTURE    DU    CUTONiNIKl!.  35 

vent  tenir  à  l'espèce  particulière  de  (îossijpiuin  qu'on  y  cul- 
tive. C'(!St  ainsi  qu'en  Algérie  gènéralemeni  les  graines  du 
Cotonnier  sont  mûres  cinq  mois  après  l'ensemencement,  et 
([u'on  recueille  le  coton  à  mesure  (jue  les  capsules  sont  mûres, 
et  autant  que  possible  dans  la  belle  saison  (Hardy).  Dès  que  le 
temps  devient  mauvais ,  on  peut  faire  la  récolte  avant  la  ma- 
turité parfaite  des  fruits,  que  l'on  met  dans  un  four,  où  ils 
sèchent  et  s'ouvrent,  mais  le  produit  obtenu  étant  de  qualité 
moindre,  doit  être  conservé  à  part.  A  la  Guyane,  on  peut 
récolter  du  coton  en  septembre  ,  mais  rarement  la  récolte  se 
faitavantla  mi-octobre,  et  elle  se  continue  jusqu'en  décembre, 
ce  (pli  donne  \d  première  récolte.  11  faut  alors  deux  ou  trois 
semaines  de  pluie  pour  activer  la  végétation  et  faire  retleurir 
les  Cotonniers.  La  seconde  récolte  commence  vers  la  fin  de 
février  pour  se  terminer  à  la  mi-avril.  Il  est  essentiel  de  bieji 
sarcler  le  terrain  dans  l'intervalle  des  deux  récoltes,  pour  dé- 
truire toutes  les  herbes  qui  nuiraient  au  développement  des 
Cotonniers.  Du  reste,  la  première  récolte  est  celle  sur  laquelle 
les  planteurs  reposent  surtout  leurs  espérances,  car  souvent 
l'abondance  des  pluies,  qui  durent  tout  le  temps  de  la  seconde 
récolte ,  nuit  à  la  qualité  des  produits ,  et  souvent  aussi  de 
grands  vents,  quelquefois  continus,  font  tomber  les  fleurs  à 
mesure  qu'elles  s'épanouissent  (Porter). 

Un  des  caractères  qui  indi(iuent  la  maturil(3  du  coton  est 
la  non-adhérence  de  ses  fibres  aux  cosses  :  aussi  tant  (pje 
celles-ci  y  adhèrent  fortement,  les  planLeurs  ne  se  pressent  pas 
de  s'occuper  à  sa  réc'olte. 

La  récolte,  qui  n'a  rien  de  pénible  et  peut  être  faite  par 
des  femmes.et  des  enfants,  ne  doit  se  faire  que  lorsque  le 
coton  est  bien  sec;  car  s'il  est  mouillé,  il  ne  se  dessèche 
qu'avec  difficulté,  et  est  fréquemment  maculé  par  l'huile  qui 
transsude  des  graines.  Les  planteurs  se  trouvent  bien  de  ne 
pas  mêler  le  coton  tombé  à  terre  avec  celui  qu'on  recueille 
sur  la  plante,  car,  étant  toujours  plus  ou  moins  souillé  de 
matières  étrangères,  il  citerait  de  sa  valeur  au  produit.  Il  est 
essentiel  aussi  de  ne  pas  imiter  la  [iratiifue  de  certaines  con- 
trées de  l'Orient,  où  Ton  détache  les  cosses  vertes  avec  leur 


;î(5  société  impériale  zoologique  d'acclimatation. 
contenu,  c;ir  leurs  fraginenls  ne  sont  que  très  dillicilcnienl, 
après  la  récolle,  séparés  de  la  fibre  ;  il  laul  que  les  personnes 
chargées  de  la  cueillette  détachent  le  colon  et  les  graines  des 
capsules  qui  restent  sur  la  plante  :  outre  Tavanlage  d'avoir 
un  colon  plus  propre,  on  a  celui  de  pouvoir  le  dessécher  plus 
l'acilenient  et  de  le  nettoyer  plus  vite.  Du  reste,  ce  travail  est 
très  facile  quand  les  cosses  sont  bien  ouvertes,  seul  cas  où  l'on 
doive  faire  la  récolle  (Porter).  Comme  les  fruits  d'un  même 
pied  de  Cotonnier  ne  sont  pas  tous  mûrs  en  môme  temps,  il 
faut  revenir  à  plusieurs  reprises  dans  la  même  pièce.  Les  in- 
tervalles des  diverses  cueillettes  varient  avec  les  espèces  de 
Gossiipium  cultivées;  ils  ne  doivent  cependant  pas  être  trop 
longs,  car  les  cosses  laisseraient  écliap))er  la  soie,  et,  d'autre 
part,  les  enveloppes,  en  se  desséchant  et  en  se  brisant,  donnent 
des  débris  qui  salissent  le  coton. 

Le  coton  (jui  vient  d'être  l'écolté  doit  être  exposé  sans  re- 
tard au  soleil ,  juscju'à  ce  que  les  graines  soient  devenues 
dures,  ce  qui  demande  en  général  trois  jours  quand  le  temps 
est  beau.  Il  est  indispensable  de  garantir  le  coton  de  la  pous- 
sière, qui  le  souillerait.  Si  le  temps  est  mauvais,  on  met  dans  des 
chambres  le  coton  ,  qu'on  étale  en  couches  minces .  fréquem- 
ment retournées  j)our  faciliter  l'évaporation.  Par  l'emploi  de 
ces  procédés,  les  lilamenls  se  dessèchent  parfaitement,  et 
r(''nrenaL!e  à  la  main,  ou  mieux  à  la  machine,  est  singulière- 
ment  facilité  (Porter». 

V.  —  Malmlies. 

Un  très  grand  nombre  d'accidents  menacent  le  Cotonnier 
dans  les  pays  chauds,  tandis  (ju'au  contraire  en  Algérie  il  n'y 
a  que  peu  de  causes  de  maladies  puur  ce  précieux  végétal. 
Dans  notre  colonie,  ce  que  les  Gossypium  redoutent  surtout, 
(;'est  l'intluence  du  froid,  (jui,  quand  ils  sont  jeunes,  leur 
donne  ce  que  l'on  nomme  la  cloque  ,  dont  ils  guérissent  bien 
dès  que  la  chaleur  se  maintient  suffisamment  élevée.  L'abais- 
sement de  la  température  détermine  quelquefois  la  chute  des 
feuilles,  des  tleurs  et  des  fruits,  et  pour  rétablir  la  vigueur  de 
la  plante,  il  faut  biner  avec  soin  son  pied.  Dès  que  le  Colon- 


r.iiLTiT.E  nu  coTONNiP.r..  37 

nier  devient  souffrant,  il  se  couvre  tie  pucerons  qui  se  déve- 
loppent par  milliers  et  sont  une  cause  nouvelle  de  débilitation 
du  végétal,  ('ne  sorte  de  puceron,  dit  Cotton-bug,  se  déve- 
loppe sur  les  capsules  du  Cotonnier  dans  les  pays  chauds,  et 
ne  se  montre  guère  que  lorsque  la  plante  est  atteinte  de  la 
nielle  (ùlast).  Celte  maladie,  qui  est  une  sorte  de  gangrène 
du  Gossi/phnn,  se  montre  à  la  suite  d'un  excès  d'iiumidilé,  et 
alors  les  racines  pourrissent  et  le  Irnit  ne  se  forme  pas,  ou  a 
la  suite  d'un  excès  de  chaleur,  et  ah^rs  les  Heurs  et  les  cap- 
sules deviennent  noires  et  se  couvrent  de  myriades  de  puce- 
rons écarlales  quand  ils  sont  jeunes,  bruns  et  d'une  odeur 
forte  et  désagréable  quand  ils  sont  vieux  (Porter). 

Parmi  les  ennemis  du  Cotonnier,  nous  citerons  :  la  Cour- 
lUïàve  (Grt/l/iis  (/j'i/I/o-ta/pa),  ([ul  coupe  les  racines  des  jeunes 
individus,  et  dont  la  destruction,  trèsdifiicile,  ne  peut  guère  se 
faire  qu'au  moyen  de  l'eau  bouillante  ou  de  l'eau  froide  et  de 
l'huile  ;  la  larve  du  Meloluntha  fallo,  qu'il  faut  tuer  à  mesure 
que  le  labour  en  découvre  quelques-unes  ;  VErodius  gibbiis, 
qui  habile  surtout  les  terres  légères  et  sablonneuses;  les  sau- 
terelles voyageuses,  heureusement  très  rares  en  Algérie,  mais 
qui,  lors  de  leurs  apparitions,  dévastent  tout  sur  leur  pas- 
sage (Hardy). 

Dans  les  conlrécs  intertropicales,  une  chenille  très  vorace 
s'altafjue  aussi  aux  Cotonniers,  qu'elle  ravage  en  raison  même 
de  son  abondance.  Pour  la  détruire,  il  faut  avoir  recours  aux 
fumigations  sulfureuses,  ou  à  la  projection  de  chaux  en  poudre 
sur  les  piaules.  Cet  animal,  auquel  heureusement  un  grand 
nombre  d'oiseaux  font  une  guerre  acharnée,  ne  paraît  heu- 
reusement guère  plus  d'une  fois  tous  les  trois  ans  (Porter". 

On  se  trouve  bien,  pour  conserver  ses  planlations  en  bon 
état,  d'éviter  le  voisinage  des  grands  arbres,  dont  l'ombrage 
leur  est  préjudiciable  et  dont  les  racines  viennent  leur  disputer 
le  sol.  Il  faut  aussi  éviter  de  cultiver  entre  les  plants  de  Gos- 
sypium  d'autres  végétaux,  qui  leur  nuisent,  et  l'on  devra 
d'autant  plus  y  prendre  garde,  que  presque  toujours  le  résultat 
le  plus  certain  est  d'avoir  deux  récolles  médiocres  au  lieu 
d'uiif  b(Uiue  (Hardy). 


SUR    LK    lUZ    AUl  ATIQIIK 

[Ziziiiiid  n(^)/(ifif(i) ^ 
Par  m.   ii.   DA¥FL«L'I«>>. 


it.t 


(Sî-ance  (lu  20  juin   1862. "i  "' 

L'indication  donnée  par  le  procès-verbal  de  la  séance 
générale  du  25  avril  1862,  semblant  indiquer  qu'on  songe 
à  faire  des  essais  sur  le  Riz  d'eau  [Zizanla  aquatica,  L.),  j'ai 
pensé,  quoique  je  ne  m'occupe  pas  spécialement  des  végé- 
taux, qu'il  n'('tait  pas  inutile  de  faire  connaître  à  la  Société 
d'acclimatation  quelques  d(''tails  f(ue  je  vous  prierai  de  vou- 
loir bien  transmettre. 

Avant  l'article  que  M.  Kiiline  a  consacré  à  ce  végétal  (1), 
on  avait  publié  dès  185Zi,  dans  un  rapport  relatif  à  l'exposition 
de  New-York  (2),  quelques  remarques  qui  auraient  dû  fixer 
l'attention  des  agriculteurs.  Ces  remarques  et  les  indications 
de  M.  Kidine  concordent  sur  plusieurs  points,  ce  qui  prouve 
l'exactitude  des  pi'emières  comnmnications.  Mais  celles-ci  ren- 
ferment quelques  détails  importants  à  connaître,  qui  n'exis- 
tent pas  dans  l'article  de  nuire  confrère,  et  que  je  vais  rapi- 
dement rappeler. 

L'importance  de  la  Zizanie  tient  à  des  caractères  de  pbi- 
sieurs  espèces:  elle  est  aquatique  ;  elle  est  rustique  et  vivace  , 
elle  vient  sans  culture  ;  elle  est  nutritive  pour  l'homme  et  les 
animaux  ;  elle  rend  beaucoup,  les  récoltes  sont  faciles.  Assu- 
rément ce  sont  de  grands  avantages. 

La  grande  valeur  de  la  Zizanie  se  tirerai!  de  ce  qu'elle  peut 
être  semée  dans  les  marais.  La  flore  des  marais  est  tellement 
pauvre  en  plantes  alimentaires,  que  l'on  compte  celles  qui  sont 
utilisables  puni-  les  animaux.  Par  conséquent  une  semblable 
[)lante  pour  l'iiomme  est  une  richesse.  Malheureusement  il  ne 
paraît  pas  (pie  la  Zizanie  donne  autant  qu'on  l'espérerait  dans 

(1)  Hulli'liii.  I.   I\,  pages  l'io  cl  siiiviiiitcs. 

('.')  .\nii(ilc:<  tin  ((iinuifrce  r.vlvrit'av,  li"  77/i.  l'aris,  IS.Vj. 


sua    LE    RIZ    AQUATIQUE.  39 

ces  conditions.  La  notice  dont  j'ai  parlr  dit  bien  que  «  là 
plante  croît,  fructifie...  dans  les  has-l'onds  submergés,  im- 
propres à  toute  culture  »  ;  qu'elle  «  se  reproduit  spontané- 
ment dans  des  contrées  coupées  de  llaques  d'eau  presque 
stagnantes  et  de  mares  peu  profondes  ->.  Mais  un  peu  plus 
loin ,  en  parlant  de  la  province  de  Minnesota,  où  la  Zizanie 
croît  en  abondance,  il  est  dit  que  «  le  Riz  sauvage  s'y  ren- 
contre dans  toutes  les  fondrières  qui  coupent  ce  pays,  et  sur- 
tout anx  approches  des  canaux  naturels  qui  mettent  ces 
dernières  en  communication  avec  les  cours  d'eau  qui  les 
alimentent.  Il  est  plus  maigre,  plus  clair-serné,  ajoute-t-on, 
dans  les  pièces  d'eau  entièrement  circonscrites» .  Ceci,  rappro- 
ché de  ce  que  dit  M.  Kûhne  sur  les  conditions  du  milieu  qui 
lui  paraissent  les  plus  favorables,  montre  que  c'est  plutôt 
une  plante  d'étangs  que  de  marais  ou  de  rivières  ;  car  il  semble 
qu'outre  un  léger  mouvement  de  l'eau ,  il  faille  encore  une 
variation  déterminée  dans  son  niveau,  sans  toutefois  que  la 
variation  excède  certaines  limites,  dont  l'étendue  est  cepen- 
dant déjà  considérable. 

L'auteur  anonyme  des  remarques  est  parfaitement  d'accord 
avec  ce  (jui  précède,  lorsqu'il  cite  la  Sologne,  les  Landes  et 
une  i)artie  de  la  Camargue  comme  pouvant  donner  lieu  à 
une  culture  intelligente  de  ce  végétal.  J'indiquerai  plus  loin 
pourquoi  on  doit  cependant  se  tenir  en  garde  ,  au  moins 
dans  les  essais  à  faire,  sur  les  conditions  des  pays  dans  les- 
quels on  voudrait  cultiver  la  Zizanie. 

La  rusticité  remarquable  de  cette  plante  est  digne  d'être 
prise  en  considération.  La  notice  dont  jai  parlé  indique 
qu'elle  couvre  une  étendue  considérable  de  la  province  de 
Minnesota,  située  entre  les  h'2'  et  /|7  '  degrés  de  latitude  N.  Dans 
celte  région,  la  température  est  froide.  On  doit  donc  supposer, 
d'après  une  règle  généralement  atlmise,  qu'elle  réussira  dans 
des  climats  tempérés.  Mais,  selon  M.  Kùhne,  elle  ne  dépasse 
^  pas  FArkansas,  ce  qui  semblerait  prouver  qu'elle  ne  s'étend 
pas    beaucoup    au   delà   du  3;V    degré  de   latitude  N.  (1), 

(1)  La  notic<^  dil  ccpoiulant  :   «  Le  !îiz  sauvage  so  icncoiilre  partout  au\ 
Lials-l  nis,  depuis  les  l)oi(ls  uian'ca^enx  de  l'Atlantique,  où  il  sert  de  pâture 


/jO  socii'rn':  impi':rialk  zoologique  d'acclimatation. 
c'esl-à-dirt'  dans  los  parties  chaudes  de  l'ancienne  confédéra- 
lion,  anjoiiiïriiui  débaltue,  de  rAmérique  du  Nord.  Ce  n'est 
donc  pas  indislinctement  qu'il  faudra  faire  des  essais,  et  à  cet 
égard,  je  crois  qu'on  a  grandement  raison  de  commencer 
par  le  déparlement  de  l'Aisne,  comme  l'indique  le  procès- 
verbal  de  la  séance  générale  du  25  avril  dernier,  si  l'on  se 
conforme  aux  indications  précédemment  données,  qui  ne  sont 
pas  en  désaccord  avec  ce  que  dit  M.  Kùhne.  Il  est,  en  effet, 
impossible  de  supposer  à  présent  si  la  plante  pourra  s'étendre 
beaucoup  au  sud.  Si,  par  exemple,  elle  viendra  bien  dans  les 
Landes,  qui  ont  un  climat  beaucoup  plus  chaud  que  celui  de 
rAméri(iue  du  Nord. 

Dans  l'une  ni  dans  l'autre  source  d'indications  je  ne  trouve 
de  renseignements  sur  le  rendement.  La  notice  sur  l'exposi- 
tion de  New-York  dit  que  «  les  tiges  sont  plus  rigides  que 
celles  du  Riz  ordinaire  ».  Il  est  sans  doute  question  des  tiges 
arrivées  à  maturité.  Ce  qui  semble  appuyer  celte  opinion,  c'est 
qu'il  est  dit  qu'à  Minnesota  la  paille  n'est  pas  coupée,  et,  par 
suite,  non  employée  pour  les  bestiaux.  Sous  ce  dernier  rap- 
port, tout  ce  que  dit  M.  Kûhne  est  important,  parce  qu'il 
indique  une  utilisation  de  la  plante  inconnue  aux  Indiens. 
En  Europe,  les  accidents  auxquels  l'emploi  des  tiges  de  Sorgho 
a  donné  lieu  devraient  rendre  circonspect  sur  l'emploi  sem- 
blable de  la  Zizanie,  car  son  pouvoir  nutritif  doit  être  dillé- 
rent  de  celui  d'herbes  aqueuses. 

Relativement  au  grain,  la  notice  donne  un  renseignement 
important.  C'est  qu'  «  il  paraît  plus  riche  en  gluten  que  le 
Riz  ordinaire,  et  semble  être,  par  rapport  à  ce  dernier,  ce  que 
le  Rlé  dur  est  au  Blé  tendre  ».  Ce  qui  explique,  comme  on  le 
dit  plus  loin,  ce  fait  que  «  les  habitants  de  race  caucasienne 
établis  sur  le  territoire  de  Minnesota  ont  imité  les  Indiens,  et 
ont  fait  de  ce  Riz  leur  nourriture  habituelle.  Ils  lui  donnent 
aujourd'hui  une  préférence  marquée  sur  le  Riz  de  la  Caroline 
et  le  déclarent  plus  nourrissant  ». 

aux  oiseaux  dos  l);)is,  jusqu'aux  (Icniiri-.'s  limilos  des  lerriloiie;  de  i'OiiesL» 
Mais  rinlicaiioii  (le  M.  K^ilii.',  lapproeli.'C  d^-s  iiiitrci  fails,  parait  plii- 
fxaclc  * 


SUR    LE   RIZ    AQUATIQUE.  !\\ 

Passé  ces  indications,  je  ne  trouve  plus  rien  de  relatif  au 
rendement.  On  ne  dit  pas  quelle  est  la  quantité  approxima- 
tive de  pieds  sur  un  espace  donné  et  le  poids  qu'ils  peuvent 
présenter.  Il  en  est  de  même  du  grain  pesé  et  mesuré.  Cette 
détermination,  assez  difficile  à  faire  pour  ceux  qui  n'habitent 
pas  sur  les  lieux  mêmes,  s'explique  encore  parce  que  ce  sont 
les  Indiens  qui  récoltent  principalement  cette  plante.  Elle  est 
fâcheuse,  parce  que  si,  d'ici  à  quelques  années,  elle  n'était 
pas  remplie,  nous  ne  pourrions  pas  instituer  de  comparaison 
directe  avec  ce  qu'est  la  plante  dans  son  pays  originaire  et 
ce  qu'elle  deviendra  par  son  acclimatation  ou  sa  dégéné- 
rescence entre  nos  mains. 

Je  transcrirai  encore  cette  indication  qui  peut  être  utile  : 
«  Au  Minnesota,  la  plante  fleurit  en  août,  le  grain  estmùr  du 
15  septembre  au  15  octobre.  «  M.  Kiihne  ajoute  sur  l'époque 
où  la  récolte  devient  possible  une  utile  indication  ;  mais  il 
ne  dit  pas,  comme  dans  la  notice,  que  «  la  moisson  com- 
mence huit  ou  dix iouvs  avant  la  maturité  ».  Cause  première 
qui  peut  empêcher  les  graines  de  germer,  à  plus  forte  raison 
si  une  torréfaction  vient  s'y  joindre. 

Les  détails  relatifs  à  l'ensemencememt  manquent  dans  la 
notice.       •         •  ... 

Ce  que  dit  M.  Kidine  delà  précaution  à  prendre,  de  faire 
germer  les  graines  avant  de  les  placer  dans  l'eau  pour  leur 
faire  prendre  racine,  est  parfaitement  justilié  par  la  remarque 
suivante  :  «  Le  grain,  cylindrique,  allongé,  corné  et  trans- 
lucide, est  recouvert  d'une  pellicule  menue  et  fortement 
adhérente...  Infusé  dans  l'eau  froide,  ce  Riz  gonfle  beaucoup 
et  s'ouvre  en  deux  valves  recoquillées  l'une  sur  l'autre,  où  est 
placé  le  germe.  »  On  aura  toujours  par  ce  moyen  une  indica- 
tion du  succès  qu'on  peut  espérer,  en  voyant  si  la  graine  est 
bonne. 

Enfin,  les  graines  recueillies  comme  le  dit  M.  Kûhne,  «  sé- 
chées  en  meules  et  battues  de  nouveau,  donnent  le  Riz  con- 
forme aux  échantillons  c.  On  ne  fait  qu'enlever  cette  pellicule 
fortement  adhérente  qui  environne  la  graine. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX 

DES  S]'•;^^CKS  généh ai.es  de  la  société. 


.  .       •   ■        SÉANCE  DU  9  JANVIER  186U.  .■  „    , 

Présidence  de  M.  Moquin-Taniion,  \ice-prési(lent.  ,     ;        ■ 

Le  procès-verlial  est  lu  et  adopté. 

—  M.  le  Président  annonce  que  MM.  Mackinnon,  vice-pré- 
sident de  la  Société  d'acclimatation  de  Londres,  et  AVilson, 
membre  honoraire  de  notre  Société  et  fondateur  de  toutes  les 
Sociétés  d'acclimatation  d'Australie,  assistent  à  la  séance,  et 
les  invite  à  prendre  place  au  bureau. 

M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvel- 
lement admis  : 

MM.  AssY  (Alfred  d'j,  à  Paris. 

Relenot  (Ferdinand),  propriétaire,  à  Neufchàtel (Suisse). 

Berthemy  (S.  Exe.  M.),  ministre  en  Chine,  demeurant  à 
Pékin  et  à  Paris. 

BiLLAUT  (S.  Exe.  M.),  Ministre,  rue  Saint-Arnaud,  Paris. 

BiLLON,  à  Marseille. 

P.r.AME  (Edouard),  ancien  élève  de  l'École  polytechnique 
et  jngénieur  du  chemin  de  fer  du  Nord,  à  Paris. 

Cabarrus  (Julien  de),  consul  général  et  chargé  d'affaires 
de  France  dans  l'Amérique  centrale,  à  Guatemala  et  à 
Paris.  ■  ■ 

Derains,  étudiant,  à  Paris. 

Desrousseaux  de  Medrano,  président  de  la  Société  d'hor- 
ticulture des  Ardennes,  à  Paris. 

FoLsr.n  (Charles-Henri),  vice-consul  de  Suède  et  Nor- 
vège et  de  Danemark,  à  Marseille. 

Germiny  (le  comte  de),  gouverneur  de  la  Banque  de 
France,  à  Paris. 

CoYON  (le  général  comte  de),  sénateur,  aide  de  camp  de 
l'Empereur,  à  Paris. 

Imhaus  (Georges),  à  Paris. 

Jardot(A.),  ancien  officier  d'état-major,  à  Paris. 


PROCÈS-VERBAUX.  "  /|3 

MM.  Martel  (Ernest),  propriétaire,  à  Saint-Omer  (Pas-de- 
Calais. 

Mauran  (René-François),  propriétaire,  à  Paris. 
-'      MoNiGAULT  (Paul  de),  attaclié  au  ministère  des  affaires 
étrangères,  à  Paris). 

MoYSEN ,   membre   du  Conseil   général   de    l'Aube ,    à 
Paris. 

NuNEZ  (le  duc  de  Fernan),  propriétaire, en  Espagne  et  en 
Belgique,  à  Madrid.  '• 

Périg^on  (le  baron  Maurice  de) ,  propriétaire,  à  Paris.     -• 

PiEY  (le  docteur  Henry),  médecin  adjoint  à  l'asile  impé- 
rial de  Vincennes,  à  Paris.  '    • 

Salvador  (F.  S.),  rentier,  à  Paris. 

Teissonnière  (Henry), négociant,  à  Florac  (Lozère). 

Trautmann  (Daniel),  propriétaire,  au  Barré,  commune  de 
Charly  (Aisne). 

—  M.  le  Président  donne  lecture  de  deux  lettres  de  S.  Exe. 
M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères,  annonçant:  1"  que  S.  M. 
l'Empereur  vient,  sur  sa  proposition,  d'accorder  la  croix  de 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  à  M.  le  docteur  Mueller, 
en  récompense  des  services  rendus  par  lui  à  la  cause  de 
l'acclimalation;  '2"  (pie  S.  M.  l'empereur  du  Brésil  a  nommé 
chevalier  de  son  ordre  de  la  Rose  M.  Hébert,  agent  général 
de  la  Société,  dont  nous  sommes  chaque  jour  à  même  d'ap- 
précier le  zèle  aussi  intelligent  que  dévoué. 

—  Des  remercîments  pour  leur  récente  admission  sont 
adressés  par  MM.  d'Araujo,  Brosser  et  Dutertre. 

—  S.  Exe.  le  ministre  de  l'agriculture  du  Brésil,  ayant 
adressé  une  demande  de  graines  et  de  greffes  d'Oliviers  et  de 
Marronniers,  notre  honorable  vice-présidentM.Moquin-Tandon 
a  bien  voulu  se  charger  de  faire  recueillir  des  graines  et  des 
boutures  des  meilleures  espèces  d'Ohviers,  et  le  Conseil  s'est 
mis  en  rapport  avec  M.  André  Leroy  (d'Angers)  pour  les  Mar- 
ronniers. 

—  M.  le  président  de  la  Société  coloniale  de  la  Réunion, 
récemment  alTilié(.'  à  notre  Sociéti-,  fait  parvenir  le  Journal 


ll!l         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

officiel  de  I'I/p  de  la  Réunion,  renfermant  l'acte  officiel  de 
son  autorisation  par  le  gouverneur,  et  ses  statuts  constitutifs, 
et  annonce' qu'elle  vient  de  demander  la  concession  du  jardin 
public  de  Saint-Denis  pour  le  transformer  en  jardin  d'accli- 
matalion. 

—  M.  le  docteur  Berg,  notre  délégué,  en  écrivant  pour  le 
même  objet,  ajoute  que  la  Société  de  la  Réunion  se  propose 
d'envoyer  prochainement  à  la  Société  impériale  des  Oies  de 
Madagascar,  d'une  espèce  fiu'il  croit  inconnue  en  Europe,  et 
l'énorme  Tortue  des  Seychelles. 

—  La  Société  lasmanienne  d'acclimatation  à  Hobart-town 
remercie  de  l'envoi  de  nos  Bulletins. 

—  M.  Sacc  transmet  quelques  renseignements  sur  les  tra- 
vaux d'acclimatation  de  MM.  Bataille,  Linden,  et  Boppe  Iler- 
mile. 

—  M.  Pierre  Pichot  envoie  également  quelques  documents 
relatifs  aux  progrès  de  l'acclimatation  en  Russie. 

—  MM.  Euriat  Perrin,  Lcquin  et  le  vicomte  de  Morleuil 
annoncent  qu'ils  ont  reçu  les  animaux  :  Chèvres  d'Angora  et 
Yaks,  qui  leur  sont  confiés  en  cheptel. 

—  MM.  le  comte  d'Eprémesnil,  Ghesneau  et  dePuiberneau 
demandent  à  être  inscrits  au  nombre  des  personnes  auxquelles 
seront  conliés  des  Moutons  On(/-ti. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  un 
mémoire  de  M.  Espina,  agent,  vice-consul  de  France  à  Sousse 
(Tunisie),  sur  la  possibilité  de  naturaliser  dans  les  parages  de 
nos  possessions  d'Afrique  les  Eponges  tunisiennes,  connues 
dans  le  commerce  sous  les  noms  de  gélinos  et  brunes  de  liur- 
harie,  et  que  l'on  pèche  dans  l'ancienne  petite  Syrie,  entre 
'yy  15'  et  35"  10'  de  latitude.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  des  Noulies  de  laCacaudière  fait  parvenir  quelques 
nouveaux  documents  sur  ses  essais  de  pisciculture. 

—  M.  Faivre  adresse  une  Note  sur  ses  expériences  de  pisci- 
culture fluviale,  et  donne  de  nouveaux  détails  sur  les  soins 
qu'il  a  pris  de  féconder  des  Truites  ])0ur  réparer,  autant  que 
possible,  les  actes  de  malveillance  (jui  ont  compromis  les  ré- 
sultats de  ses  précédentes  tentatives. 


PROCÈS-VERBAUX.  â& 

—  Madame  la  comtesse  de  Corneillan  annonce  l'envoi  d'une 
colleclion  complète  de  cocons  de  Vers  à  soie,  dont  elle  fait 
don  à  la  Société.  —  Remercîments. 

—  M.  Hardy  informe  qu'il  vient  d'expédier  /i7  kilos  de  cocons 
du  Ver  à  soie  du  Ricin  et  li  kilos  000  grammes  de  cocons  du 
Ver  à  soie  de  l'Ailante,  pour  servir  aux  expériences  de  lilalure 
et  de  tissage  que  la  Société  a  décidé  de  confier  aux  soins  de 
notre  dévoué  confrère  M.  Davin. 

—  M.  Gauldrée-Boilleau,  par  une  letlre  adressée  à  M.  le 
Président,  annonce  qu'il  envoie  à  la  Société  deux  caisses  de 
plantes  du  Canada,  qui  ont  été  confiées  aux  soins  des  compa- 
gnies de  navigation  entre  le  Canada  et  Liverpool,  et  de  Liver- 
j)ool  au  Havre. 

—  M.  Boisnard-Grandmaison  offre  trois  tubercules  d'Igname 
de  Chine,  ayant  une  forme  arrondie  particulière,  et  qu'il  a 
obtenus  en  semant  des  graines  recueillies  sur  un  pied  de  cette 
plante  cultivé  chez  lui. 

A  ce  sujet  s'élève  une  discussion,  de  la(juclle  il  résulle  (jue 
ladiflerence  de  forme  indiquée  pour  ces  graines  pourrait 
tenir  à  ce  que  d'ordinaire  on  donne  le  nom  de  graine  à  la 
semence  entourée  de  son  péricarpe,  lequel  aurait  été  détruit 
dans  celles  qui  ont  produit  les  échantillons  soumis  à  l'examen 
de  la  Société.  Les  bulbilles  envoyés  par  M.  Boisnard-Grand- 
maison  seront  remis  au  Jardin  du  bois  de  Boulogne  pour  (juc 
l'expérience  y  soit  continuée. 

—  M.  Sicard,  de  Marseille,  adresse  un  Mémoire  sur  le 
('//f/t-s/j  de  Chine  et  sur  les  divers  produits  qu'il  en  a  obtenus. 
Des  échantillons  de  ces  produits  sont  placés  sous  les  yeux  de 
l'assemblée.  (Voy.  au  Ihdlt'tin.) 

—  M.  Terwangne,  de  Lille,  fait  connaître  quelques  nou 
veaux  détails  sur  son  procédé  de  rouissage. 

—  MM.  Verlot  et  Brierre  adressent  des  Rai)porls  sur  leurs 
cultures  de  cette  année. 

—  M.  Rodier  et  M.  Jourdan,  directeur  du  jardin  des  planic? 
de  Marseille,  remercient  des  graines  et  des  plantes  qui  leui" 
ont  été  envoyées. 

—  La  Société  d'agriculture  et  d'acclimatation  des  Basses- 


46        SOCIÉTÉ   IMrÉUIALE   ZOOLOGIQUE   u'accLIMATATION. 

Alpes,  el  MM.  d'Ivernois  et  Genesley,  demantlenL  à  être  com- 
pris dans  les  prochaines  distributions  de  végétaux. 

■ —  M.  Yattemare  adresse,  au  nom  de  l'Insiitut  américain  de 
l'État  de  New- York,  trois  volumes  de  ses  Trat/sacno/ts  (1858, 
1859  et  1860). 

—  M.  le  docteur  Auzoux  annonce  l'ouvertui'e  de  ses  cours 
d'anatomie  humaine  et  comparée,  et  invite  ceux  des  membres 
de  la  Société  qui  désireraient  y  assister,  à  le  lui  l'aire  savoii", 
pour  ({u'il  puisse  leur  réserver  des  places  spéciales. 

—  M.  le  Président  l'ait  connaître  l'état  actuel  de  la  sousciip- 
tion  pour  l'érection  d'une  statue  à  Daubcnton  ;  les  sommes 
recueillies  jusqu'à  ce  jour  s'élèvent  à  environ  13  000  i'i-ancs,  el 
comme  elles  sont  insuffisantes,  il  engage  les  membres  à  re- 
doubler de  zèle  et  de  générosité. 

M.  le  Président  donne  ensuite  connaissance  du  résultat 
des  élections  laites  le  8  janvier,  par  les  cinq  Sections, pour 
le  renouvellement  annuel  de  leurs  L'ureaux  el  la  nomination 
de  leurs  délégués  dans  la  Commission  des  réconq)enses  pour 
l'année  18(33.  ' 

1"  Section.  —  Mammifères.  '    "     ' 

MM.  ,    ,  /        !       MM- 

Davin,  président.  E.  Bosquillon  de  Jenlis,  secrétaire. 

Deb.^ins,  vice-président.  !  A .  Gii.let  deGrandmont,  vice-secrét. 

M.  Davin,  délégué  dans  la  Commission  des  récompenses. 

2'^  Section.  —  Oiseaux. 
MM.  I        MM. 

nEur,iKiil''ONTAi.Ni:,  président.  !  HuiU'I'.t-Buieri'.e,  secrétaire. 

A.  Geoim'.oy  S'-IIieaii',e,  vice-itrésid.  !  1'].  Iîogek,  vice-secrétaire. 
M.  HuBEKT-BuiERHE,  délégué  dans  la  Commission  des  récompenses. 

3"^  Section.  —  Poissons,  Annélides,  Mollusques,  Zoophytes. 

MM. 

A.  I^^SSY,   président. 
Millet,  vice-président. 

M.  ^VALLL•T,  délégué  dans  la  Connnission  des  récompenses. 

W-  Section.  ~  Insectes. 

MM.  I        MM. 

CiÉuiN-MÉNEVlLLE,  président.  I  A.  Peiu;ot,  secrétaire. 

liiGOT,  vice-président.  i  L.  Soudeih.xn,  vice-secrétaire 

M.   Blc.OT,  délégué  dans  la  Commission  des  récompenses. 


MM. 
Cil.  \Vallut,  secrétaire. 
Cil.  LoBLiGEOis,  vice-secrétaire. 


PROCÈS-VERliÂUX.  •.  /|7 


■5"'  Section.  —  Végétaux 
MM.  I        MM. 

Mo(hin-Tan"DON,    piésklent. 
F.  MoREAU,  vice-présiilent. 


Dupuis,  secrélaire. 
Prilliel'x,  vice-secrétaire. 


M.  F.  MoHEAU,  délégué  dans  la  Commission  des  récompenses. 

De  ces  élections  et  de  celles  du  Conseil  faites  dans  sa  séance  du 
6  janvier,  il  résulte  (jue  la  Commission  des  récompenses  pour  l'année  1863 
est  ainsi  composée  : 

MM.  Moquin-Tandon,  président  délégué,  et  le  C"  d'Éprémesnil,  secré- 
taire général;  Deuains,  Jacquemart,  le  baron  Séguier  et  Soubeiran,  élus 
par  le  Conseil  ;  Dwin,  Hubert-Brierre,  W.\llut,  Bigot  et  Moreau,  dans 
l'ordre  de  leur  élection  par  les  cinq  Sections. 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  lettfe  de  M.  IIubert-Bi'ieri'c  , 
noninié  délégué  de  la  "2"  Section  pour  la  Commission  des  récom- 
penses, mais  qui  décline  cet  lionneui:  en  raison  d'un  voyage 
qui  le  tiendra  éloigné  quelque  temps  de  Paris. 

—  M.  le  Président  donne  à  la  Société  connaissance  de  l'état 
des  Yaks  et  des  Chèvres  d'Angora  placés  à  cheptel. 

Le  troupeau  de  Souliard  se  composait  de  : 

1"  Yaks  du  Tibet  purs,  et  métis  d'Yaks  et  de  Vaches 
Aubrac  ; 

2"  Chèvres  d'Angora  pures,  et  métis  de  Chèvres  d'Angora 
et  de  Chèvres  d'Auvergne. 

Le  troupeau  d'Yaks  était  ainsi  com])osé  :  .  .  ,.:.,.;. 

Six  taureaux  de  race  pure; 

Cinq  l'emelles /'/tf;;*;  '  •"- 

Ouati'e  taureaux  métis  Vak-Aubrac; 

Six  génisses  Aubrac. 

La  Société  possède  en  outre  deux  taureaux  et  une  lémelle 
d'Yaks  purs,  confiés  à  la  Société  régionale  de  Grenoble.  .  : 
:   Ils  ont  été  répartis  comme  suit,  à  titre  de  cheptels  : 

1"  A  S.  A.  L  le  prince  Napoléon,  un  taureau  et  une  remelle 
d'Yaks  purs,  destinés  à  être  placés  dans  le  parc  réservé  de 
Mcudon. 

-   2"  A  M.  de  Fenouillet,  dans  la  Lozère  ,  un  taureau  et  deux 
femelles  d'Yaks  purs. 

3°  A  M.  Lequin,  directeur  de  la  ferme-école  du  départe- 
ment des  Vosges,  un  taureau  et  deux  femelles  d'Yaks  purs. 


A8        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

A"  A  M.  le  vicomle  de  Morleiiil,  dans  la  Ilaule-Loire,  un 
taureau  Yak  pur  ,  deslinc  à  des  essais  de  croisement  avec  la 
race  bovine  du  pays. 

5°  A  M.  le  conile  d'Éprémcsnil,  sccrélaire  général  de  la 
Société  ,  dans  le  département  de  TEnrc  ,  un  taureau  Yak  pur 
et  les  six  vaches  Aubrac,  pour  continuer  les  essais  de  croise- 
ment commencés. 

0"  A  M.  Jacquemart,  dans  l'Aisne,  les  quatre  jeunes  tau- 
reaux, pour  les  soumettre  au  travail. 

Le  Conseil  a  en  outre  décidé  que  des  essais  de  croisement 
avec  la  race  bovine  bretonne  seraient  confiés  aux  soins  de 
M.  Debains. 

Les  deux  jeunes  taureaux  Yaks  de  pur  sang  seront  placés  au 
Jardin  d'acclimatation. 

Le  troupeau  de  Chèvres  d'Augora  de  Souliard  se  composait  de: 

Dix-sept  Boucs  i)urs  de  dilTérents  âges; 

Vingt-neuf  Chèvres  pures  idem; 

(Juinze  Boucs  métis  de  premier  et  deuxième  croisement; 

Ouaranle-deux  Chèvres  mélisses,  idnn. 

Ce  troupeau  a  été  ainsi  réparti  : 

1"  A  M.  Lequin,  directeur  de  la  ferme-école  des  Vosges: 
3  Boucs  et  h  Chèvres  de  pur  sang,  6  Chèvres  métisses; 
en  tout,  13  tètes. 

•2"  AM.Euriat,  agriculteur,  à  la  ferme  de  Boville(Meurthe): 
3  Boucs  et  8  Chèvres  de  pur  sang,  6  Chèvres  métisses  ;  en 
tout,  17  tètes. 

3°  A  M.  le  vicomte  de  Morteuil,  dans  la  Ilaute-Loirc  : 
3  Boucs  et  5  Chèvres  de  pur  sang,  C  Chèvres  mélisses;  en 
tout,  \h  têtes. 

h"  Au  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne  :  li  Boucs 
et  7  Chèvres  de  pur  sang  ;  en  tout,  11  tètes. 

5"  Un  Bouc  et  une  Chèvre  de  pur  sang  et  h  Chèvres  métisses 
ont  été  laissés  dans  le  Cantal. 

6"  Le  Conseil  a  en  outre  décidé  qu'il  serait  offert  à  la  So- 
ciété d'acclimatation  de  Melbourne,  au  nom  de  la  Société 
impériale,  2  Boucs  et  h  Chèvres  de  pur  sang,  avec  h  Chèvres 
métisses;  en  tout,  10  tètes. 


PPiOCÈS-YERBAUX.  /lO 

Un  rapport  sera  présenté  à  la  Société  sur  l'état  de  ces  ani- 
maux. 

—  M.  Guérin-Méneville  annonce  qu'il  donnera  prochai- 
nement un  résumé  des  travaux  séricicoles  en  1862,  et  com- 
munique une  note  dont  nous  extrayons  le  passage  suivant  : 

«  Tout  le  monde  sait  que  l'industrie  do  la  soie,  qui  faisait 
produire  à  notre  sol  une  valeur  annuelle  de  plus  de  300  mil- 
lions, est,  depuis  plus  de  dix  ans,  dans  un  état  déplorable,  et 
l'on  est  généralement  d'accord  aujourd'hui  pour  reconnaître, 
ainsi  que  je  l'ai  démontré  dès  l'origine  de  la  maladie,  que  cet 
état  ne  peut  provenir  que  de  l'épidémie  végétale  à  laquelle  les 
Mûriers  n'ont  pu  échapper,  et  qui  a  amené  la  désastreuse  ma- 
ladie des  Vers  à  soie.  Jusqu'à  présent  on  a  un  peu  paUié  le 
mal,  en  introduisant  des  graines  (ju'on  est  allé  chercher  dans 
des  pays  non  atteints  par  le  fléau;  mais  chaque  année  il  fai- 
sait du  chemin  en  envahissant  ces  contrées,  ce  qui  nous  obli- 
geait à  aller  plus  loin. 

»  Aujourd'hui,  ainsi  que  le  dit  un  sériciculteur  du  Midi, 
«  les  provenances  connues  s'en  vont  une  à  une  ;  Bucharest  et 
Nouka,  les  seules  qui  restent,  outre  leur  insuffisance,  inspirent 
des  inquiétudes.  » 

»  Ces  inquiétudes  sont  partagées  par  un  honorable  négociant 
de  Marseille,  qui  avait  pu  faire,  jusqu'à  présent,  de  la  bonne 
graine  en  se  rendant,  pour  cela,  dans  des  pays  encore  sains. 
Reconnaissant  aussi  que  les  provenances  réputées  les  meil- 
leures sont  envahies  ou  vont  l'être,  M.  Mazade  se  décide  à 
aller  faire  grainer  au  Japon,  en  Chine  et  en  Cochinchine,  et 
S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  a  bien  voulu 
lui  accorder  un  appui  dans  l'exécution  de  celte  importante 
mission. 

»  Cette  introduction  degraines  étrangères  sera  indispensable 
tant  que  l'épidémie  durera  en  France,  mais  elle  devra  cesser, 
dès  que  l'intensité  du  mal  diminuera  et  nous  permettra  de  l'aire 
de  bonne  graine,  d'abord  sur  quelques  points  et  ensuite  par- 
tout, comme  cela  avait  lieu  avant  l'invasion  de  la  gattine. 
Nous  devons  donc,  en  attendant,  et  c'est  ce  que  je  fais  sans 
cesse,  chercher  et  étudier,  pour  saisir  ce  moment  et  nous 

T.  X.  —  Janvier  et  Février  1863.  4 


50         SOCIÉTÉ   IMI'ÉUIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

affranchir  le  plus  loi  j)ossil)lc  de  celle  nécessité  d'aller 
chercher  au  loin  des  graines  de  Vers  à  soie  qui  nous  coulent 
annuellement  plus  de  dix  millions  de  francs.  » 

M.  Millet  appuie  la  proposition  de  M.  Guérin-Méneville,  relati  - 
vementà  l'utilité  et  càropportunité  de  se  procurer  des  graines  de 
Vers  à  soie  dans  les  pays  non  infestés  ;  il  fait  observer  en  même 
temps  qu'il  serait  très  important  d'appliquer  sur  une  grande 
échelle,  et  dans  les  diverses  régions  de  l'Europe,  le  mode  d'é- 
levage en  plein  air,  du  moins  pour  les  reproducteurs.  A  ce 
sujet,  M.  Millet  appelle  toute  l'attention  de  la  Société  sur  les 
beaux  travaux  de  notre  confrère  M.  le  docteur  Chavannes,  de 
Lausanne,  qui  a  constaté  la  présence  de  nombreux  cristaux 
d'acide  hippurique  dans  le  sang  des  Vers  à  soie  malades  ;  ces 
cristaux  disparaissent  graduellement   par  l'élevage   en  plein 
air,  et  l'on  arrive  ainsi  à  obtenir  une  graine  parfaitement 
saine.  M.  Millet,  qui  a  pu  voir  les  curieuses  recherches  de 
M.  Chavannes  et  en  constater  les  importants  résultats,  ajoute 
que  les  travaux  de  notre  confrère  ont  été  justement  appréciés 
en  Italie  et  récompensés  par  un  prix  de  2O0O  francs  décerné 
par  l'Académie  de  Milan.  ■  .     ; 

—  M.  Lamiral  lit  un  second  Rapport  sur  un  essai  d'acclima- 
tation des  Éponges  du  Levant  dans  les  eaux  françaises  de  la 
Méditerranée.  (Voy.  au  Bulletin.)  -      - 

M.  Millet,  tout  en  applaudissant  au  zèle  et  aux  efforts  de 
M.  Lamiral,  présente  quelques  observations  qui  lui  parais- 
sent de  nature  à  être  prises  en  considération  pour  les  nouveaux 
essais  d'acchmalation  de  l'Éponge  ou  des  Coraux. 

«  On  doit,  dit-il,  dans  ces  opérations,  tenir  grand  compte 
du  degré  de  salure  et  de  température  des  eaux,  et  de  leur  pro- 
fondeur, et  s'abstenir  de  récolter  et  de  transporter  à  l'époque 
de  la  reproduction. 

»  L'emploi  de  la  glace  dans  le  tranr^port  peut  avoir  de  très 
graves  inconvénients,  d'une  part,  en  diminuant  la  salure  de 
l'eau,  et,  d'autre  pari,  en  mettant  les  organes  si  délicats  des 
animalcules  de  l'Éponge  et  du  Corail  en  contact  avec  des 
parties  d'eau  à  tenq)érature  très  basse.       -  ■        '- 

»  Les  appareils  peuvent  être  facilem'Mil  aérés  dans  le  trajet, 


.  '■"  '  PKOCÈS-VERUAUX.         '-  SI 

par  le  iiiude  d'insufflation  que  noire  confrère  a  imaginé  pour 
le  trans|»ort  des  Poissons  vivants.  » 

Quant  aux  causes  de  destruction  signalées  par  M.  Lamiral, 
M.  Millet  pense  cpic  l'on  peut  s'en  garantir  en  déposant  ou  en 
fixant  les  Polypes  sur  des  fonds  solides  et  non  niolùles,  sur 
des  roches  inaccessibles  aux  filets  des  pécheurs,  et  même  sur 
des  piquets  ferrés,  ou  bien  sur  des  châssis  de  toiles  métalli- 
ques immergés  dans  les  anfracluosilés  du  littoral. 

L'emploi  des  bouées  comme  points  de  repère  paraît  à 
n(jtre  confrère  avoir  l'inconvénient  de  signaler  à  la  malveil- 
lance la  présence  des  Eponges  déposées;  il  serait  préférable, 
selon  lui,  d'avoir  recours  à  dès  repères  géométriques. 

—  11  est  donné  lecture  du  Mémoire  de  M.  Sicard  sui'  le 
Cn//i-sc,  et  d'un  travail  de  M.  Iloger-Desgenettessur  son  éta- 
blissement de  pisciculture  à  Saint-Maur,  près  de  Paris. 


;■  '  SÉANCE   DU    23   JANVIER   I860. 

l*résidence  de  M.   A.   Passv,  vice-président.  '     ' 

■  Le  pi'ocès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  admis 
par  le  Conseil  dans  sa  dernière  séance  : 

MM.  Allard,   général  de  division,  président  de  section  au 
Conseil  d'Etat,  à  Paris. 

Bécuu  (Jules),  jardinier  chef  de  la  pépinière  de  Liiskia, 
,     •     à  Biskra  (Algérie). 

BoiNViLLiERS,  président  de  section  au  Conseil  d'État,  à 
Paris. 

BujjBERG  (S.  Exe.  M.  le  baron  de),  ambassadeur  de  S.  M. 

l'empereur  de  toutes  les  Russies,  à  Paris. 
CoRTiER  (Henri),  propriétaire,  à  Étourvy  (Aube),  et  àParis. 
FouRNiER   (Henri) ,    ministre  de   France    à   Stockholm 
;     .        (Suède).  .         ,    .       ■     ,  .     .  :■       ,  -  ,, 

;  •      Haberï  (Charles-Gustave),  à  Monlfort-l'Amaury  iSeiiie- 
et-Oise),  et  àPiiris. 
Maigne,  conseiller  d'Étal,  à  Paris. 
,      _Mai,aret  (le  baron   de),  ministre  de  France  à  iîi'u.xejles. 


52        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

MM.  Martin  (S.  Exe.  M.  de  Francisco),  ministre  plénipoten- 
tiaire de  Guatemala,  à  Paris. 

Meiiemmed-Djémil  Pacha  (S.  Exe),  ambassadeur  de  la 
Porte  Ottomane,  à  Paris. 

Mendiola  (Ignace  de),  ingénieur  civil  h  la  Havane  (île  de 
Cuba),  à  Paris. 

Penel  (Isaac-François),  propriétaire,  à  Louveciennes, 
canton  de  Marly-le-lloi  (Seine-et-Oise). 

RioTTOT  (.1.),  au'chàteau  d'Osny  (Seine-et-Oise),  et  à  Paris. 

ToucHARD  (Artbur),  propriétaire,  à  Courcelles,  pi'ès  de 
Pontoise  (Seine-et-Oise). 

—  M.  le  Président  annonce  ensuite  la  perle  que  la  Société 
vient  de  faire  de  deux  de  ses  membres  les  plus  éminents: 
S.  A.  le  vice-roi  d'Egypte,  qui  avait  donné  à  notre  œuvre  de 
nombreux  témoignages  d'intérêt  et  de  sympalbie,  et  M.  Ho- 
race Yernet. 

—  Des  lettres  de  remercîment  pour  leur  récente  admission 
ont  été  adressées  par  MM.  le  général  comte  de  Goyon,  le 
baron  Pérignon;  Berlhemy,  ministre  de  France  en  Gliine  ; 
Pascual  e  Inglada,  de  Barcelone,  et  Folscb,  vice-consul  de 
Suède  et  Norvège  et  de  Danemark,  à  Marseille. 

—  M.  Folscb,  en  terminant  sa  lettre,  annonce  que  depuis 
plusieurs  années  il  s'occupe  d'une  (juestion  qui  intéresse 
l'agriculture  et  l'industrie  française,  celle  de  la  n'génération 
des  Vers  à  soie.  11  ajoute  que  ses  agents  ont  rapporté  des 
provinces  russes  transcaucasiennes  une  quantité  considé- 
rable de  graine  pour  être  répartie  dans  les  déparlements  séri- 
cicoles,  et  qu'il  se  {)ropose  d'adresser  procbainemenl  à  la 
Société  une  once  de  graines  de  Vers  à  soie  qu'il  a  reçues  du 
Japon,  et  sur  lesquelles  il  fonde  de  grandes  espérances. 

—  M.  le  docteur  Sacc,  par  une  lettre  datée  de  Barcelone, 
le  19  janvier,  transmet  de  nouveaux  documents  qui  lui  ont  été 
adressés  par  notre  zélé  confrère  M.  Bataille,  de  Cayenne.  Ces 
documents  sont  particulièrement  relatifs  aux  projets  exposés 
par  M.  Bataille,  dans  un  rappuit  spécial  sur  la  déportation  à 
la  Guyane.  Notre  confrère  y  a  joint  une  longue  note  d'objets 
provenant  des  pays  indiens  et  des  Tapouyes  de  la   côte  du 


PROCKS-VERBAUX.  53 

Brésil,  pouvant  intéresser  la  Société  d'acclimatation.  Il  an- 
nonce, en  outre,  qu'il  s'occupe  de  réunir  une  nouvelle  collec- 
tion d'animaux,  et  qu'il  a,  entre  autres,  envoyé  plusieurs 
agents  dans  les  pays  indiens  à  la  reclierclie  des  Agamis. 

—  M.  Drouyn  de  Lhuys  fait  parvenir  un  compte  rendu  des 
Bulletins  de  la  Société  du  jardin  zoologiqae  de  Francfort,  qui 
lui  a  été  adressé  de  Vienne  par  M.  Debains,  secrétaire  de  l'am- 
bassadeur de  France,  et  qui  contient  des  détails  intéressants 
sur  des  faits  d'acclimatation  en  Allemagne.  (Yoy.  ^\x  Bulletin.) 

—  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture  transmet  au  Conseil 
une  lettre  de  la  Société  d'émulation  des  Côtes-du-Nord  ,  ((ui 
renferme  une  liste  des  végétaux  et  des  animaux  que  la  section 
d'acclimatation  de  cette  Société  désirerait  obtenir  pour  en 
tenter  l'introduction  en  Bretagne. 

—  M.  le  président  de  cette  Société  fait  remarquer  les  con- 
ditions climatiques  exceptionnelles  dans  lesquelles  elle  se 
trouve,  et  qui  lui  paraissent  très  favorables  aux  expériences 
qu'elle  se  propose  d'entreprendre. 

—  M.  Millet  communique  la  première  partie  de  ses  recher- 
ches sur  l'influence  réelle  du  rnàle  et  de  la  femelle  sur  la  gé- 
nération des  Poissons. 

—  M.  A.  Gelot  écrit,  à  la  date  du  16  janvier,  pour  prier  la 
Société  de  lui  réserver,  sur  le  troupeau  de  Moutons  Omj-tl 
qu'elle  doit  faire  venir  prochainement  de  Chine,  un  lot  d'une 
douzaine  de  têtes  afin  de  tenter  l'introduction  de  cette  précieuse 
race  dans  la  République  du  Paraguay.  •  - 

Notre  confrère  adresse  en  même  temps  un  échantillon  de 
toison  provenant  de  Chèvres  d'Angora  élevées  dans  les  envi- 
rons de  Montevideo.  De  l'examen  de  cet  échantUlon,  il  ré- 
sulte que  la  Chèvre  d'Angora  importée  depuis  peu  d'années 
dans  l'Uruguay,  où  elle  semble  s'être  déjà  propagée,  n'a  perdu 
aucune  des  qualités  qui  en  font  le  mérite. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  annonce 
l'envoi  à  la  Société  de  cocons  et  de  graines  de  Ver  à  soie 
sauvage  du  Chêne  (Ya-ma-maï)  du  Japon,  rapportés  en  Eu- 
rope par  M.  Pompe  van  Meert  der  Woort,  officier  de  santé  de 
la  marine  néerlandaise. 


5i       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  zooLor.inrE  d'acclimatation. 

-.:  —  Une  lettre  de  S.  Exe.  M.  le  Minisire  de  l'agriculture' fait 

également  connaître  l'envoi  de  graines  de  la  même  espèce  et 

de  la  même  provenance,  que  S.  E\c.  vent  bien  ofïrir  à  la  Soeiélé. 

Des  remercînients  seront  adressés  à  LL.  EE.  et  à  notre 

généreux  collègue  M.  van  Meert  der  Woort. 

—  M.  Guérin-Méneville,  à  qui  le  Conseil  a  confié  le  soin  de 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour  assurer,  autant  que  pos- 
sible, le  succès  des  expériences  auxquelles  ces  précieux  pro- 
duits doivent  être  soumis,  fait  observer  que  les  cocons  qui 
renfermaient  des  Clienilles  vivantes  au  départ  sont  arrivés 
-dans  un  état  de  décomposition  tel,  que  tous  les  insectes  sont 
morts  dans  leur  enveloppe.  Il  n'en  est  heureusement  pas  de 
même  des  œufs.  Malgré  la  longueur  du  voyage,  ces  œufs  se 
sont  trouvés  bien  conservés,  mais  dans  un  état  très  avancé 
d'incu])ation.  On  sait  que  l'Ya-ma-maï  se  nourrit  de  feuilles  de 
Chêne.  M.  Guérin-Méneville  s'est  donc  empressé  de  s'adresser 
à  plusieurs  de  nos  collègues  des  contrées  méridionales,  pour 
les  prier  de  bàler,  par  tous  les  moyens  possibles,  la  végéta- 
tion déjeunes  Chênes  qui  puissent  servir  de  nourriture  aux 
Vers.  A  cette  occasion,  M.  Cosson  donne  (pielques  rensei- 
gnements sur  certains  procédés  de  grefté  des  Chênes,  (jui 
pourraient  être  utilisés  dans  ces  circonstances  et  sur  lesquels 
il  se  propose  de  remettre  une  note  plus  complète. 

—  MM-Maumenet,  Léon  Maurice,  Charles  Baltet,  et  Cornay, 
de  Paris,  font  parvenir  des  renseignements  sur  les  résultats  de 
leurs  éducations  expérimentales  [de  Vers  à  soie  de  l'Allante, 
qui  n'ont  pas  eu  tout  le  succès  que  nos  collègues  en  espéraient. 
La  lettre  de  M.  Cornay  contient,  en  outre,  des  observations 
sur  le  mode  d'envoi  des  graines  de  Vers  à  soie,  auquel  il  pro- 
pose d'apporter  certaines  modifications.  , 

— •  M.  Bœufvé,  gérant  du  consulat  de  France  à  Liverpool, 
en  annonçant  à  la  Société  la  réexpédition  de  trois  caisses  de 
plantes  et  graines  du  Canada  envoyées  par  M.  Gauldrée- 
Boilleau,  fait  remarquer  que  les  Compagnies  de  transport, 
tant  de  Québec  à  Liverpool  que  de  Liverpool  au  Havre,  ont 
eu  la  généreuse  intention  de  se  charger  d'amener  gratuite- 
ment ces  objets.  —  Des  remerciments  seront  transmis  au  nom 


■■"■"         PROCÈS-VERHAUX.  '  55 

de  la  Société  aux  directeurs  de  ces  Compagnies,  M.  Mac  Yver, 
à  Liverpnol,  et  M.  Currie,  du  Havre. 

—  Une  lettre  de  M.  le  marquis  de  Fournés,  datée  de 
Hemoulins  (Gard),  le  H  janvier,  contient  le  passage  suivant 
que  nous  croyons  devoir  en  extraire  :  - 

-  «  Mon  séjour  dans  ce  pays-ci  me  convainc  de  plus  en  plus 
de  la  facilité  de  l'acclimatation  du  Cotonnier  dans  les  plaines 
d'alluvion  de  la  Provence.  Nous  venons  d'avoir  une  année 
détestable,  et  cependant  le  coton  de  notre  récolte  surpasse 
encore  en  qualité  nos  produits  de  l'année  dernière.  En  ré- 
ponse à  une  lettre  accompagnée  d'échantillons  que  je  soumet- 
tais à  leur  jugement,  MM.  Schlumberger,  de  Guehwiller, 
viennent  de  me  répondre  qu.^ abstraction  faite  de  l'égrenage 
non  encore  effectue,  et  qid  devra  être  l'objet  de  tons  nos 
soins  (nous  le  ferons  à  la  main,  faute  de  machine),  notre 
coton  longue  soie  nouveau  peut  être  évalué  à  10  francs  le 
kilogramme,  etnotre  courte  soie  (chose  inespérée  poumons) 
à  0  francs  50  centimes  le  kilogramme.  Ces  résultats  sont  fort 
encourageants  et  dépassent  notre  attente.  Nous  espérons  que 
cette  année  un  assez  grand  nombre  de  propriétaires  de  Yau- 
cluse  et  du  Gard  suivront  notre  exemple.  La  Société  d'agri- 
culture d'Avignon,  sous  l'impulsion  de  son  président,  M.  le 
marquis  de  l'Espine,  entre  résolument  dans  ce  mouvement,  » 
■  —  M,  le  Président,  à  propos  de  la  difficulté  d'égrenage  du 
coton  dont  vient  de  parler  M.  le  marquis  de  Fournés,  fait  remar- 
quer qu'il  a  été  présenté  récemment  à  la  Société  impériale 
et  centrale  d'agriculture  une  machine  à  égrener  le  coton, 
qui  semble  appelée  à  rendre  de  très  grands  services. 

—  M.  de  Milly,  notre  confrère,  présente  à  l'assemblée  un 
Piapport  sur  une  éducation  de  Bombyx  Cynthia  et  sur  la  cul- 
ture de  l'Allante,  à  Canenx  (Landes).  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Aube  dépose  une  Note  sur  les  résultats  qu'il  a  obtenus 
dans  la  culture  de  l'Igname  de  Chine  par  semis  de  graines. 

—  M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  des  exemplaires 
de  divers  journaux,  le  Siècle,  \eToulonnais,  etc.,  renfermant 
des  articles  relatifs  aux  travaux  de  la  Société. 

—  M.  L.  Forgemol,  commandant  supérieur  du  cercle  de 


56        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATÂTION. 

Biskra  (Algérie),  accuse  réception  des  tiges  de  Mandioca  et 
à'Aijnm  qui  lui  ont  été  envoyées  par  la  Société. 

—  D'autres  demandes  de  graines  sont  également  adressées 
par  divers  membres,  et  entre  autres  par  M.  Emile  Thomas,  qui 
vient  d'organiser  à  Nice  un  établissement  horticole  dans  lequel 
il  a  l'intention  de  se  livrer  à  des  expériences  pratiques  d'ac- 
climatation sur  une  certaine  échelle. 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'assemblée  que  le  petit  trou- 
peau de  Chèvres  d'Angora  offert  à  la  Société  d'acclimatation 
de  Victoria  (Australie)  vient  de  partir  sous  la  conduite  d'une 
personne  expérimentée,  envoyée  par  notre  honorable  collègue 
M.  Wilson  ;  que  le  Jardin  d'acclimatation  a  joint  à  ces  Chèvres 
une  collection  assez  nombreuse  d'animaux  de  diverses  espè- 
ces, et  que  cette  expédition  a  été  faite  avec  tous  les  soins 
propres  à  en  assurer  le  succès. 

—  M.  le  docteur  Pigeaux,  après  avoir  exprimé  le  regret 
sincère  partagé  par  tous  nos  collègues,  qu'il  éprouve  de  l'in- 
succès de  la  tentative  d'acclimatation  des  Éponges  de  Syrie 
sur  nos  côtes  méditerranéennes,  émet  l'opinion  que  cet  in- 
succès peut  être  attribué  au  défaut  d'instructions  suffisantes 
remises  à  M.  Lamiral.  M.  Pigeaux  pense  donc  qu'il  eût  pu  être 
utile  de  soumettre  à  la  section  de  pisciculture  l'étude  de  ce 
projet.  Notre  honorable  confrère  entre  ensuite  dans  quelques 
détails  en  vue  de  justifier  son  opinion,  et  demande  qu'à  l'ave- 
nir les  sections  soient  appelées  à  examiner,  chacune  en  ce 
qui  la  concernera,  les  projets  analogues  que  pourrait  former 
la  Société.  Cette  proposition  est  renvoyée  au  Conseil. 

—  M.  Leroy,  d'Angers,  à  qui  la  Société  avait  fait  part  du 
désir  exprimé  par  le  gouvernement  brésilien  d'obtenir  des 
semences  et  des  greffes  des  meilleures  espèces  de  Marronniers 
comestibles,  écrit  pour  assurer  de  ses  bienveillantes  disposi- 
tions, et  s'engage  à  réunir  une  collection  de  ces  espèces. 

Le  Secrétaire  des  séances^ 

L.   SOUBEIRAN. 


III.    BULLETIN  MENSUEL  DES  CONFÉRENCES  ET  LECTURES. 


CONFÉRENCE   DU  25  DÉCEMBRE  1862. 
Des  oroisoments,  par  M.  P.UFZ  DE  Lavison. 

La  nature  est  lerliamp  des  manifcstalions  do  la  puissance  divine;  l'art  est 
le  domaine  de  l'iiounne,  le  champ  des  manifeslations  de  l'activité  humaine. 
Dieu  a  créé  la  matière,  ce  qui  paraît  être  le  comble  de  la  souveraine  puissance 
qu'il  s'est  réservée,  et  au  delà  de  laquelle  nous  ne  pouvons  concevoir  rien 
de  plus  grand.  Il  a  concédé  à  l'homme  la  faculté  de  changer,  de  transposer, 
de  modifier  la  matière,  ce  qui  paraît  être,  après  la  puissance  de  créer,  la 
plus  grande  concession  de  puissance  qui  put  être  faite  en  dehors  de  la  puis- 
sance divine.  Ces  deux  facultés  de  créer  et  de  modifier  la  matière,  quoique 
si  différentes  dans  leur  essence,  lorsque  nous  les  considérons  dans  la  sphère 
de  leurs  applications,  sont  pour  ainsi  dire  collatérales,  se  développent  parallèle- 
ment, sans  qu'on  puisse  les  mesurer,  et  vont  se  perdre  également  dans  Tin- 
fini.  Car,  qu'est-ce  que  modifier  la  matière?  N'est-ce  pas  lui  imprimer  toutes 
les  formes  et  toutes  les  dimensions  que  lui  ont  données  nos  industries  passées, 
présentes  et  futures,  c'est-à-dire  toutes  les  possibilités  de  l'art  ?  Vous  voyez  donc 
que  la  puissance  de  modifier  la  matière  est  aussi  une  infinité  comme  celle 
de  la  créer.  C'est  donc  un  très  grand  don  que  Dieu  a  fait  à  l'homme,  que 
celui  de  pouvoir  modifier  la  matière  ! 

Assurément  il  est  beau,  d'un  bloc  de  marbre  brut  et  informe,  de  tirer  une 
de  ces  statues  qui  sont  l'image  de  la  force  ou  de  la  beauté  ;  il  est  beau,  par 
l'assemblage  et  l'agencement  de  pierres  grossières  et  comme  dispersées  au 
hasard  dans  la  nature,  de  bâtir  un  palais  qui  s'appelle  le  Louvre,  ou 
ces  villes  qui  sont  Londres  ou  Paris.  Mais  voici  quelque  chose  de  plus  grand 
et  de  plus  fort,  c'est  de  pouvoir  modifier  la  matière  vivante,  c'est  la  faculté 
de  porter  la  main  sur  les  corps  organisés,  de  façonner  à  notre  gré  ers  ma- 
chines compliquées  qui  semblent  être  l'effet  d'une  pensée  particulière,  si  par- 
faites, que  leur  auteur  seul  paraîtrait  devoir  être  capable  d'y  toucher,  comme 
en  ayant  seul  le  secret. 

Cet  art  de  modifier  la  matière  vivante  est  cependant  bien  réel  et  bien  au 
pouvoir  de  l'homme!  Suivant  qu'il  s'applique  au  monde  végétal  ou  animal, 
c'est  l'agriculture  ou  le  jardinage,  l'éducation,  ou  dans  un  sens  moins  élevé, 
l'élevage  et  la  domestication,  lorsqu'il  ne  s'agit  point  de  l'homme,  mais  des 
animaux  placés  au-dessous  de  l'homme.  «  Les  modifications,  dit  M.  Flourens, 
que  les  animaux  ont  subies  en  passant  de  l'état  sauvage  à  l'état  domestique 
porlent  la  trace  manifeste  de  l'intervention  de  l'homme;  il  les  a  bien  évi- 
denunent  ramenées  à  son  utilité  particulière,  à  mesure  que  l'état  social  s'est 
développé.  >>  »  La  culture  est  aux  plantes,  dit  M.  deQuatrefages,  ce  que  la  do- 
mestication est  aux  animaux.  » 

L'élevage  des  aniuiaux  et  la  culture  des  plantes  consistent  en  bien  des 
moyens.  C'est  l'ensemble  des  modifications  que  nous  pouvons  leur  imprimer. 
Nous  pouvons  les  modifier  par  le  climat,  c'est-à-dire  par  la  chaleur  et  la  lu- 


58         SOCIÉTH   IMPÉr.IALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 
niièie  auxquelles  nous  les  exposons  ;  par  le  sol  danslecpiel  ou  sur  lequel  nous 
les  plaçons,  c'est-à-dire  par  la  nourriliire  et  les  soins  que  nous  leur  donnons, 
el  par  la  source,  c'est  à-dire  par  les  rejiroductcurs  d'où  nous  les  lirons.  Cœlo, 
solo  et  'parcntilnis,  disait  Linné. 

Les  reproducteurs  sont  les  parents  naturels.  C'est  l'hérédité.  Ou  ce  sont 
des  parents  choisis  par  nous,  c'est  alors  le  croisement.  Le  croisement  est  donc 
la  procréation  d'un  nouvel  être  par  l'union  de  d(>ux  autres  qui  n'en  sont 
pas  ordinairenienl  les  auteurs  naturels.  «  Les  croisements,  dit  M.  Isidore 
Geoffroy  Saint-llilaire,  sont  un  des  exemples  principaux  de  ce  pouvoir  presque 
sans  limite  exercé  par  Thonmie  sur  tout  ce  qui  l'entoure.  Acconqjlis  sous  le 
contrôle  de  la  volonté  de  l'homme,  ils  sont  depuis  longtemps  entrés  dans  la 
pratique  journalière,  ils  constituent  un  des  procédés  les  plus  fréquemment 
employés  pour  améliorer,  modiher,  diversihcr  les  végétaux,  aussi  hien  que 
les  animaux,  sur  lesquels  s'exerce  l'industrie  humaine.  »  «  Pour  obtenir,  dit 
M.  l'iourens,  par  le  climat  ou  par  la  nourriture,  ce  que  l'homme  peut  obtenir 
par  le  croisement,  il  faudrait  une  longue  suite  de  siècles.  » 

Le  croisement  est  donc  un  des  puissants  moyens  de  modifier  la  matière 
vivante. 

El  voilà  comment  le  sujet  de  celte  conférence  commencée  d'une  manière 
si  vague  et  si  générale,  s'est  rétréci  et  précisé.  Aiais  tout  restreint  qu'il  est, 
je  crains  qu'il  ne  soit  encore  disproportionné  avec  mon  savoir  et  avec  le  peu 
de  temps  que  nous  avons  aujourd'hui  à  lui  consacrer. 

Lorsque  nous  jetons  nos  regards  sur  ces  collections  d'arbres  qui  s'appellent 
des  forets,  ou  sur  la  diversité  des  animaux  qui  nous  entourent,  et  que  nous 
nous  demandons  pourquoi  ces  animaux  et  connnenl  ces  arbres  se  trouvent  là 
où  ils  sont,  nous  arrivons  par  une  1res  prompte,  très  sure  et  presque  instinctive 
analyse,  à  reconnaître  que  chacun  de  ces  arbres,  chacun  de  ces  animaux  ont 
élé  produits  par  d'aulres  arbres  par  d'autres  animaux  semblables  à  eux,  et  à 
leur  tour  donne!  ont  naissance  à  d'aulres  arhres  el  à  d'autres  animaux;  que 
ce  qui  a  lieu  d'une  génération  à  l'autre  avait  eu  lieu  de  même  entre  les  géné- 
valions  précédentes,  et  aura  lieu  de  même  entre  celles  qui  suivront. 

Ce  rapport  de  descendance  et  de  hlialion,  celle  similitude  héréditaire  des 
générations  constitue  l'espèce.  ', 

Une  espèce  est  donc  l'ensemhle  des  êtres  sortis  d'une  même  souche  ou  de 
mêmes  parents,  et  qui  se  ressemblenl  entre  eux  :  le  mot  espèce  a  donc  dans 
le  langage  un  sens  absolu  qui  inqjlique  à  la  fois  l'idée  d'une  conformation 
spéciale  et  celle  d'une  origine  spéciale.  Le  rapport  de  ressemblance,  dans 
celte  définition  de  l'espèce,  n'est  qu'accessoire  ;  le  rapport  de  reproduction 
est  seul  un  rapport  fondamental. 

L'espèce  esl  donc  (juelque  chose  de  bien  réel.  C'est  une  abstraction,  dit 
M  Flourens,  mais  celle  idée  abstraite  esl  fondamentale.  Elle  a,  si  l'on  peut 
parler  ainsi,  ses  racines,  la  lilialion  el  la  ressembliuice,  dans  la  nature.  C'est 
un  axiome,  une  unilé,  une  de  ces  choses  au  delà  desquelles  l'espril  humain 
ne  va  pas,  maisdonl  il  se  sert  comme  base  de  ses  connaissances. 


BULLETIN    MENSUEL   DES    CONFÉRENCES.       '  '!  50 

La  classification  scienlilique  iout  entière  :  eml)ranchemcnls,  ordres,  classes, 
«enres,  est  en  vue  de  l'espèce  el  l)àtiesur  elle.  L'espèce  est  l'axe,  la  base  do 
l'histoire  iialiirelle.  ... 

Mais  il  n'y  a  pas  qu'une  seule  espèce  dans  la  nature;  tons  les  êtres  ne  se 
ressemblent  pas,  et  surtout  ne  naissent  pas  indiiréremmenl  les  uns  des  autres. 
Le  second  coupd'œil  i)our  ainsi  dire  jeté  autour  de  nous,  nous  apprend  que, 
conformi'iment  à  la  délinilion  que  nous  avons  donnée  de  respèce,il  y  a  plus 
d'une  espèce,  qu'il  y  a  des  suites  d'êtres  différents,  coiume  il  y  en  a  de  sem- 
blables, p;u-  conséquent  des  espèces  différentes  ;  que  ces  espèces  différentes 
sont  multiples,  nombreuses,  inlinies  même  ;  leur  ensemble,  leur  réunion 
constitue  l'universalité  des  choses.  ....-•       .:,■,': 

Pour  nous  reconnaître  dans  ce  grand  dédale  des  choses,  et  avec  la  multitude 
des  espèces,  nous  les  divisons  suivant  leui-s  ressemblances  et  leurs  dissem- 
blances, nous  les  rapprochons  ou  les  écarlons  les  unes  des  autres.  C'est  ce 
qui  s'appelle  les  coordonner^  les  classifier. 

Ainsi,  des  espèces  qui  peuvent  être  rapprochées  el  reliées  ensemble  par 
([uelques  points  de  ressendilance,  nous  formons  des  genres.  Le  genre  n'est 
pas,  à  pro])rement  pnrlor,  un  produit,  un  fait,  un  être  de  la  nature,  mais  une 
composition,  une  abstraction  de  notre  esprit,  dans  un  but  d'ordre  et  d'ar- 
rangement ;  il  ne  repose  pas  sur  le  rapport  de  filiation.  .  . -■  ',  ■ 
..  A  propos  de  la  composition  du  genre,  pour  savoir  ce  qui  est  genre  et  ce 
qui  est  espèce,  la  (hslinclion  n'est  pas  toujours  facile  ;  il  y  a  à  ce  sujet,  entre 
les  naturalistes,  bien  des  d('bats.  Certaines  espèces  sont  considérées  par  quel- 
ques-uns comme  étant  du  même  genre,  et  séparées  par  d'autres.  Les  uns  y 
veulent  voir  les  produits  d'une  même  souche  qui  se  sont  modinés  sous  l'in- 
nuence  du  climat,  de  la  nourriture  et  des  autres  circonstances  qui  ont  pu 
agir  sur  eux  dans  le  temps  et  dans  l'espace.  Les  autres  les  considèrent  comme 
des  moules  fixes  el  primitifs.  Ce  sont  là  les  grandes  questions  qui  s'agileat 
dans  la  science  sous  le  titre  d'unité  el  de  nuilabilil(;'  des  espèces.  .  , 

Il  y  a  des  animaux  qui  sont  tout  à  îa  ibis  genre  el  espèce,  c'est  lorsqu'ils 
sont  uniques  et  assez  distincts  de  tous  les  autres,  pour  qu'aucun  ne  puisse 
leur  èlre  rattaché.  Tels  sont  ri'ïléphani,  le  llhinocéros,  la  (lirafo  el  l'ilonnue. 

De  même  que  de  plusieurs  espèces  nous  formons  des  genres,  par  le  même 
procédé,  de  plusieurs  genres  nous  l'ornions  des  ordres,  et  de  plusieurs  ordres 
des  classes,  ou  un  règne,  suivant  l'étendue  de  notre  appréciation. 

C'est  là  ce  qui  constitue  la  classilicalion  scienlilique,  disposition  arlili- 
cielle  au  moyen  de  laquelle  l'honnue  cherche  à  se  reconnaître  et  à  s'orienter 
dans  le  dédale  des  choses,  de  la  nature,  qui  l'environnent.       ; 

Dans  les  divisions  que  nous  venons  de  considérer  nous  avons  suivi  pour 
ainsi  dire  un  ordre  ascendant,  dans  lerjuel  les  lails  ont  été  de  plus  larges 
en  plus  larges,  de  plus  généraux  en  plus  généraux.  .Mais  il  existe  un  autre 
ordre  que  nous  nommons  descendant,  dans  lequel  l'espèce  n'est  plus  con- 
sidérée par  sa  face  supérieure,  mais,  pour  ainsi  dire,  par  sa  face  inférieure, 
en  se  dédoublant  et  se  rapetissant  de  plus  en  plus.  Si  semi)lables  ([ne  soient 
les  individus  qui  composent  une  espèce, des  individus  frère?  el  so'urs,  il  est 


60        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'âCCLÏMATÀTION. 

facile  de  s'assurer  qu'ils  ne  sont  pas  identiques,  qu'on  les  peut  distinguer  les 
uns  des  autres,  et  que  cette  distinction  se  fait  au  moyen  de  dissemblances  que 
l'on  peut  saisir  entre  eux. 

Or  deux  individus  sortis  d'une  même  espèce,  et  qui  néanmoins  laissent 
voir  entre  eux  une  dissemblance,  si  légère  qu'elle  soit,  sont  deux  variétés. 

La  tendance  à  varier  est  incontestable.  Nous  voyons  deux  frères  différer 
par  la  taille,  par  la  coloration  des  clieveux,  etc.  Ce  sont  là  des  touches  ac- 
cessoires, dit  Bullbn.  Aucun  individu  ne  ressemble  parfaitement  à  un  autre. 
Aucune  espèce  n'existe  sans  un  grand  nombre  de  variétés. 

Alaintenant,  suivant  que  la  variété  est  indi\iduelle,  mobile,  susceptible  de 
ne  se  produire  qu'une  fois;  ou  suivant  que  les  caractères  qui  la  constituent 
sont  lixes,  transmissibles  par  la  génération ,  c'est-à-dire  susceptibles  de  se 
reproduire  dans  la  lilialion,  suivant  une  même  lignée  à  laquelle  elle  impri- 
mera son  cachet,  nous  avons  la  variété  simple  ou  la  race. 

La  variété  implique  toujours  l'idée  d'une  descendance  comnume,  mais 
sans  transmission  héréditaire.  La  race  est  une  variété  confirmée,  stéi'éotypée, 
fixe.  INous  entendons  par  fixité  la  perpétuation  spontanée  d'une  race,  soit 
naturelle,  soit  artiliciellement  créée  par  l'homme. 

Lorsque  la  race  est  assez  importante,  assez  étendue  par  le  nombre  des 
individus  qui  la  représentent,  on  lui  donne  le  nom  de  sous-espèce.  En 
réalité,  les  races,  comme  les  variétés,  sont  toujours  des  émanations  de  l'es- 
pèce. Une  origine  accidentelle  est  toujours  le  caractère  de  la  race  et  des 
variétés,  l'origine  primitive  celui  de  l'espèce. 

Au-dessous  des  variétés  la  science  ne  reconnaît  que  des  individus,  et  bien 
qu'il  existe  encore  entre  individus  des  diflérences  légères  qu'on  peut 
appeler  différences  individuelles,  les  classifications  n'en  tiennent  pas  compte, 
et  ne  vont  pas  au  delà. 

Ainsi  le  règne  en  haut  et  l'individu  en  bas  sont  les  deux  termes  de  tout 
classification  scientifique,  dont  l'espèce  est  le  point  central  et  générateur. 

J'ai  l'air,  ÎNIessieurs,  de  faire  une  bien  longue  digression  et  d'être  bien 
loin  de  mon  sujet,  les  croisements.  .Mais  vous  reconnaîtrez  bientôt,  je  l'es- 
père, qu'en  prenant  ce  chemin  que  vous  me  permettrez  d'appeler  des  éco- 
liers, je  me  suis  bien  approché  du  but  où  nous  devons  atteindre.  N'est-il 
pas  vrai  que  dans  toutes  questions  il  faut  avant  tout  s'entendre  sur  les  termes 
que  l'on  va  employer.  Le  précepte  en  est  élémentaire.  Définissez  les  termes, 
définissez  les  termes,  s'écrie  Locke  ;  toute  question  bien  définie  est  aux  trois 
quarts  résolue.  Vous  allez  voir  en  effet  que  si  j'ai  pu  \ous  faire  bien  com- 
pren(he  la  signification  de  ces  mots:  genre,  espèce,  race,  la  question  du 
croisement  est  aux  trois  quarts  traitée. 

Car,  qu'est-ce  que  le  croisement?  C'est  l'union,  c'est  le  mariage  de  deux 
êtres  qui,  dans  l'ordre  ordinaire,  ne  se  réunissent  pas  ensemble  pour  se  re- 
produire: union  essentiellement  accidentelle  et  artificielle. 

Or,  dans  la  classification  des  êtres  que  nous  venons  de  parcourir,  quels  sont 
ceux  susceptibles  de  pareilles  unions?  l'.éunirons-nousdes  êtres  d'un  règne  avec 
ceux  d'un  autre?  Est-il  possible  de  croiser  un  minéral  avec  un  végétal,  ou 


BULLETIN  MENSUEL  DES  CONFÉRENCES.        61 

bien  avec  un  animal  !  Si  loin  qu'ait  été  rinibécillité  de  l'esprit  humain,  on 
peut  dire  que  de  pareilles  croyances  n'ont  jamais  été  sérieuses,  et  si,  dans  la 
première  mythologie, on  trouve,  comme  dans  le  poëme  des  Métamorphoses 
d'Ovide,  que  des  honunes  soient  sortis  de  pierres,  c'est  une  sorte  d'inter- 
vention surnaturelle,  pour  suppléer  à  notre  ij,Miorance  et  à  l'impossibilité  de 
remonter  au  delà  :  et  de  nos  jours  surtout,  la  fable  de  Déucalion  et  de 
Pyrrha  n'est  considérée  que  connne  une  fable. 

Nous  pouvons  certainement  en  dire  autant  des  croisements  des  êtres  pris 
entre  deux  ordres  différents;  il  serait  tout  aussi  puéril  d'examiner  les  fables 
qui  ont  pu  être  débitées  sur  l'union  des  mammifères  et  des  oiseaux, 
de  Léda  avec  un  cygne,  ou  d'Europe  avec  un  taureau.  Si  sceptique  que  l'on 
soit,  fùt-on  l'yrrhon  lui-même,  il  y  a  de  ces  choses  dont  on  ne  saurait 
douter. 

Mais  en  est-il  de  même  des  croisements  entre  des  êtres  de  deux  genres 
différents  ?  Est-il  impossible  que  parmi  les  mammifères  ou  entre  oiseaux 
fje  choisis  ces  deux  ordres  parce  que  ce  sont  ceux  qui  sont  le  plus  sous  notre 
observation),  cstil  impossible  qu'il  y  ait  croisement  entre  l'Éléphant  et  le 
Lion,  le  Bœuf  et  le  Cheval,  ou  bien  entre  un  passereau  et  un  oiseau  de  proie, 
ou  entre  un  palmipède  et  un  gallinacé!  De  pareilles  unions  n'ont-elles  été 
jamais  vues  ou  crues.  Il  est  hors  de  toute  contestation  qu'en  parcourant  les 
annales  de  l'esprit  humain,  on  trouve  de  pareils  faits  imprimés,  affirmés  et 
confirmés  par  des  noms  de  lapins  grande  autorité  ;  à  de  certaines  époques  la 
croyance  en  a  été  générale,  publique,  arlicle  de  foi.  Ainsi,  dans  cette  période 
de  temps  désignés  sous  le  nom  de  moyen  âge,  sans  remonter  plus  haut,  on 
trouve  cette  croyance  presque  à  chaque  pas,  dans  les  mœurs,  dans  la  religion, 
dans  les  lois.  A  Avignon,  en  15Zi3,  on  brûla  publiquement  une  femme  dont 
l'enfant  avait  paru  tenir  du  Chien  par  quelques  traits  de  conformation,  et 
le  produit  de  cette  union  fut  réuni  sur  le  bûcher  au  père  et  à  la  mère.  Il 
existe  là -dessus  un  livre  fort  curieux,  Lii.et.us  de  monstris,  où  des  faits 
semblables  et  en  grand  nombre  sont  très  doctoralenient  relatés.  Il  n'y  a  pas 
si  longtemps  que  Héaunun',oui,  iîéaumur  lui-même, décrivait  avec  complai- 
sance les  amours  d'un  Coq  et  d'un  Lapin,  et  qu'il  espérait  en  voir  naître  ou 
des  Toulels  vêtus  de  poils,  ou  des  Lapins  couverts  de  plumes.  On  a  cru  à 
l'union  féconde  du  Sanglier  et  de  la  Chamelle.  On  a  admis  l'existence  d'hy- 
brides de  Coq  et  de  Cane,  de  Singe  et  de  Chienne.  Une  foule  de  faits  sem- 
blables sont  contresignés,  je  le  répète,  par  les  noms  les  plus  respectés,  par 
Haller,  le  grand  Ilaller  lui-môme,  par  Blumenbacli,  par  ^lorton.  Locke  as- 
sure avoir  vu  un  métis  de  Chat  et  de  Rat.  Beaucoup  de  ces  êtres  qui  son 
aujourd'hui  étudiés  comme  des  êtres  très  normaux,  sous  le  titre  de  mons- 
truosités, étude  dont  M.  Is.  Geoffroy  Saint-IIilairc  a  fait  une  des  belles 
branches  de  l'histoire  naturelle,  sous  la  désignation  de  tératologie,  beaucoup 
de  ces  êtres  passaient  pour  le  résultat  de  ces  unions  extraordinaires  et  comme 
œuvres  du  démon  ;  leur  apparition  était  souvent  considi-rée  connne  le  pré- 
sage de  quelque  grand  malheur  public.  Ou'est-ce  qui  n'a  pas  entendu 
parler  des  cinq  produits  mixtes  de  solipèdes  et  de  ruminants,  connus  sous 


62         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D'ACCLIMATATION. 
lo  11(1111  dcjumarts,  par  exemple  du  produit  de  la  Jument  et  du  Taureau.  On 
a  été  jusqu'à  prétendre  qu'il  n'est  pas  rare  dans  lo  Piémont  et  dans  le  Dau- 
phiné,  et  le  savant  vétérinaire  Bonrgelat,  le  fondateur  de  l'École  d'Alfort,  dit 
l'avoir  disséqué. 

Aujourd'liui,  après rexpérience  de  plusd'un  siècle  de  recherches  sévères, 
après  des  enquêtes  qui  ne  se  sont  i)as  arrêtées  à  des  assertions,  mais  qui  sont 
remontées  à  la  source  de  ces  faits  extraoïdinaires,  on  est  arrivé,  d'exclusion 
en  exclusion,  à  considérer  tous  ces  faits  comiiiC  des  faits  mal  interprétés  et 
fabuleux. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  simple  rapi)rochenicnt  de  deux  animaux  avec 
leur  croisement  véritable;  il  n'est  pas  rare  que  sous  la  contrainte  et  à  cause 
des  privations  de  la  domesticité,  des  animaux  les  plus  divers  se  soient  rappro- 
chés pour  satisfaire  aux  pressants  besoins  du  sens  génital.  .Mais  ces  actes 
contre  nature  ne  sont  pas  des  croisements;  pour  qu'il  y  ait  croisement,  il 
faut  qu'il  y  ait  produit. 

«  Mais,  dit  M.  Geoffroy  Saint-Hiiaire,  si  les  anciens,  les  auteurs  du  moyen 
âge  et  quelquesmoderncs  ont  poussé  jusqu'aux  dernières  limites  la  crédulité 
à  l'égard  du  métis,  n'aurait-on  pas  de  nos  jours  exagéré  le  scepticisme?  Est- 
ce  à  bon  droit  qu'après  toutes  les  éliminations  incontestables,  après  le  rt'jet  des 
métis  entre  les  ordres  et  les  genres  dilîérents,  on  est.vcnu  encore  à  rétrécir  le 
champ  de  la  génération  hybride,  cl  à  ne  laisser  place  qu'à  de  rares  exemples 
observésdansdescirconstances  exceptionnelles?  C'est  Cuvier,  ajoute  M.  G  eoffroy 
Sainl-Ililaire,  qui  a  fait  préwiloir  dans  notre  siècle  ces  vues  nouvelles.  La 
limitation  du  phénomène  de  Thybridité  à  un  très  petit  nombre  de  cas  lui  a 
paru  une  conséquence  presque  nécessaire  de  la  doctrine  de  la  iixité  et  de 
l'immutabilité  de  l'espèce,  soutenue  par  lui;  il  n'a  pas  hésité  non-seulement 
à  tirer  cette  conséquence,  mais  même  à  njeler  en  dehors  de  l'ordre  de  la 
nature  les  naissanceshy  brides  et  même  les  unions  mixtes  dont  elles  nssortent.  » 

«:Nous  ignorons,  disait  lîonnet,  quelle  latitude  on  doit  accorder  à  la  fécon- 
dité dos  unions  hybrides,  et  l'expérience  seule  peut  nous  la  faire  connaître.  » 

Aussi  à  cette  question  du  croisement  se  rattachent  les  jjIus  hautes  questions 
de  l'histoire  naturelle.  C'est  le  cliunq)  de  bataille,  dit  M.  Floureus,  de  la  philo- 
sophie moderne  des  s-xidices  naturelles. 

Nous  venons  de  voir  ce  qu'il  faut  penser  des  croisements  entre  deux  ordres 
dilférenis  et  même  entre  deux  genres  dilîérents;  mais  les  croisements  entre 
espèces  différentes  d'un  même  genre  sont-ils  aussi  contestés?  il  ne  faudra 
pas  chercher  longtemps  pour  répondre  à  cette  question,  il  y  a  un  fait  vulgaire 
qui  la  tranche  :  c'est  l'existence  du  mulet.  Tout  le  monde  sait  que  l'on  appelle 
vulgairement  ainsi  le  produit  de  l'Ane  et  de  la  Jument,  et  bardot  le  produit  plus 
rare  de  l'Anesse  et  du  Cheval.  Or  l'Ane  et  le  Cheval  sont  deux  espèces  dilfé- 
rentcs.  Leur  union  est  le  type  de  ces  sortes  de  croisements;  en  p.ucourantla 
liste  des  espèces,  il  est  hors  de  doute  cependant  que  l'on  trouve  d'autres  faits 
semblables.  Ainsi,  dans  le  genre  Chien,  on  trouve  des  produits  du  Chien  avec 
la  Louve  et  du  Chacal  avec  le  Chien.  La  Chèvre  se  croise  avec  la  Brebis.  11 
existait  chez  les  anciens  toute  une  classe  de  produits  semblables,  presque  aussi 


BULLETIN    MENSUEL   DES    CONFÉRENCES.  63 

communs  qiio  les  niulets  de  TAne  et  du  Cheval,  et  désignés  sous  le  nom  de 
viasmons  et  de  tityres.  Ces  mulets  delà  Chèvre  et  du  Bélier  existent  encore 
au  Chili,  où,  dit-on,  on  en  tire  une  fourrure  très  recherciiée  pour  la  sellerie, 
et  connue  dans  le  connnerce  sous  le  nom  de  pellones.  Vous  n'êtes  p;is  sans 
avoir  entendu  parler  de  Tunioii  du  Lièvre  et  du  Lapin,  qui  s'opère,  dit-on,  sur 
une  grande  échelle  au\  environs  d'Angoulèmc.  Mais  rinventeur,  M.  Houx,  ne 
livre  ses  produits  que  morts,  au  marché,  afin  de  ne  pas  divulguer  le  procédé 
par  lequel  il  est  parvenu  à  les  obtenir.  Je  vous  dirai,  à  ce  sujet,  que  j'ai  plu- 
sieurs fois  écrit  à  AI.  Houx  ,  afin  d'avoir  un  spécimen  vivant  de  ses  croise- 
ments, et  de  le  faire  voir  au  public  dans  ce  jardin,  mais  je  n'ai  jamais  pu 
on  obtenir  une  réponse.  iMais  M.  le  docteur  Broca,  qui  a  été  lui-même  à 
Angoulème  pour  vérifier  le  lait,  en  a  donné  assez  de  détails  pour  qu'on  ne 
puisse  pas  en  douter  (1). 

On  cite  encore  un  assez  bon  nombre  de  croisements  obtenus  entre  espèces 
diliércntcs  d'un  même  genre,  soit  parmi  les  Mammifères,  les  Oiseaux,  et 
même  parmi  les  Poissons  et  les  Insectes.  Tel  est  le  produit  obtenu  entre  la 
Truite  et  le  Saumon,  et  celui  du  croisement  des  Vers  à  soie  de  l'Ailantc  et 
du  Ver  à  soie  du  Hicin. 

Un  grand  naturaliste,  Pallas,  a  inèmebasé  sur  ces  sortes  de  croisements  toute 
une  diéorie  touchant  l'origine  des  animaux  domestiques.  11  veut  que  cette 
origine  soit  artificielle,  et  que  tous  nos  animaux  domestiques  ne  soient  que 
des  métis  produits  du  croisement  des  espèces  sauvages.  Ainsi  toutes  nos 
variétés  de  Chiens  seraient  dues  au  croisement  d'une  espèce  Chien  avec  ses 
congénères  Loup,  Henard,  Chacal  et  Hyène,  Ce  serait  nous  engager  dans  une 
trop  longue  digression  que  d'examiner  cette  partie  de  la  question  qui  nous 
occupe.  ■ 

Un  premier  résidiat  nous  frappe  lorsque  nous  nous  livrons  à  cette  recher- 
che des  produits  du  croisement  entre  espèces  diverses  du  même  genre.  C'est 
la  rareté  de  ces  produits  entre  espèces  sauvages,  non-seulement  dans  le  règne 
animal,  mais  même  dans  le  règne  végétal  ;  car  il  est  bien  constaté  que  la  loi 
qui  préside  aux  croisements  est  exactement  la  même  pour  les  végétaux 
connue  })our  les  animaux.  Ce  qni  se  dit  des  uns  est  exactement  applicable 
aux  autres.  Ainsi,  dans  la  nature,  malgré  la  facilité  et  la  multiplicité  des 
moyens  de  transport  du  pollen  d'une  fleur  à  une  autre  ,  malgré  la  facilité 
cfe  rencontre  des  animaux  sauvages  dans  la  liberté  des  forêts,  les  unions 
entre  espèces  sauvages  dilTérentes  d'un  même  genre  sont  considérées  comme 
tout  aussi  fabuleuses  que  celles  entre  genres  différents.  Tous  les  produits 
admis  comme  tels  dans  des  temps  où  la  critique  scientifique  était  trop  facile, 
sont  aujourd'hui  contestés  ;  ils  n'ont  été  admis  ainsi  que  sur  des  ressem- 
blances fortuites,  et  sans  qu'on  ait  pu  jamais  remonter  à  leurs  origines.  C'est 

(Il  11  a  été  Jepuis  duniié  au  Jardin,  par  M.  .Jean  Reynaud,  deux  paires  de  Lapins  qu'il  nous 
as^urc  cire  des  juoduils  Je  la  seconde  généralion  d'un  des  croisenicnls  obtenus  par  M.  P.onx. 
Ces  produits  ont  la  couleur,  lo  chanfrein  et  (pielrpie  peu  de  la  physionomie  du  Lièvre  ;  mais  i's 
ressemblent  beaucoup  plus  à  des  La[iins.  Leur  poil  très  long  et  soyeux  nous  fait  penser  qu'il  doit 
y  entrer  du  Lapin  d'Angora.  (Voyez,  dans  le  mémoire  de  M.  Bioca,  les  soins  à  prendre  pour 
obtenir  CCS  croisements  do  Lièvre  et  de  Lapin.)  ■  ■  ;  ■ 


64        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

ainsi  que  I\L  do  Candolle,  et  en  général  les  botanistes  modernes,  ne  voient  que 
des  variétés  dans  un  grand  noiuijie  de  plantes  admises  comme  hybrides  j)ar 
Linné  et  son  école  ;  ils  n'admettent  Thybridité  dans  le  monde  végétal  qu'à 
titre  de  théorie,  et  non  à  titre  de  fait  expérimental.  Et  M.  Valenciennes,  Thommo 
qui  connaît  le  mieux  les  Poissons,  a  rejeté  comme  hybrides  tous  ceux  qu'on  lui 
a  présentés  comme  tels  :  ils  ne  sont  à  ses  yeux  que  des  espèces  distinctes  qu'on 
n'a  pas  su  encore  caractériser. 

Tous  les  croisements  entre  espèces  ditlérentes  d'un  même  genre  qui  ont 
été  obtenus  jusqu'à  présent,  l'ont  été  sous  la  contrainte  de  la  captivité  et  de 
la  domestication,  entre  animaux  trompés,  pour  ainsi  dire,  par  les  artilices  de 
l'homme,  pressés  par  les  privations  imposées  au  sens  génital,  et  se  laissant 
aller  à  ces  unions  perverses  pour  satisfaire  aux  besoins  impérieux  de  la 
nature.  Tellessont  ces  unions  entre  un  Tigre  et  une  Lionne  observées  à  Londres 
dans  une  ménagerie  ambulante,  entre  la  Louve  et  le  Chien,  etc.,  etc.  La  liste 
de  ces  sortes  de  croisements  peut  s'étendre  encore.  ^\.  Isidore  GeolFroy  Saint- 
Ililaire  s'est  appliqué  à  rassembler  tous  les  faits  connus  de  ce  genre,  afin  de 
les  opposer  à  l'école  de  Cuvier,  qui  avait  été  peut-être  trop  absolu  et  trop 
aflirmatif  en  déclarant  ces  sortes  d'unions  impossibles.  Mais,  je  le  répèle,  tous 
les  faits  semblables  que  l'on  peut  citer  sont  pris  entre  animaux  captifs  ou 
domestiques,  et  les  croisements  entre  espèces  d'un  même  genre,  même  à 
l'état  de  domesticité,  sont  exceptionnels.  On  ne  les  obtient  qu'entre  espèces 
les  plus  rapprochées,  c'est-à-dire  qui  ont  le  plus  de  points  de  similitude  entre 
elles,  dans  certaines  conditions  et  dans  certains  climats.  Tels  sont  les  croi- 
sements obtenus  entre  l'Ane  et  la  Jument,  enire  le  Bouc  et  la  Brebis. 

Même  dans  ces  croisements  obtenus  par  force,  la  nature  témoigne  sa  répu- 
gnance à  les  produire,  en  leur  refusant  la  fécondité,  c'est-à-dire  la  faculté  de 
se  perpétuer  dans  les  formes  nouvelles  que  leur  a  imprimées  le  croisement. 
La  fécondité  bornée  est  leur  caractère  dislinctif.  Si  l'on  a  pu  citer  quelques 
cas  où  celte  infécondité  a  pu  être  franchie  par  surprise  ;  si  l'on  parle  de 
quelques  cas  de  mulets  nés  de  mulets,  d'abord  ces  faits  sont  rares,  d'une 
authenticité  pour  la  plupart  contestable,  et  très  certainement,  si  une  première 
génération  a  pu  être  obtenue,  elle  n'a  point  passé  la  troisième  ni  la  qua- 
trième, de  manière  à  permettre  à  une  espèce  nouvelle  de  se  former  lixement 
du  produit  du  croisement  entre  espèces  d'un  genre  différent. 

La  difficulté  des  croisements  entre  espèces  différentes,  l'inféconditt'  (le 
ces  croisements,  paraissent  être  une  double  précaution  prise  par  la  nature 
pour  empêcher  que  son  œuvre  ne  soit  troublt-e.  Le  transport  fortuit  du 
pollen,  ou  poussière  féconde,  d'une  plante  à  une  autre,  est  un  fait  connu; 
le  vent,  les  oiseaux,  les  insectes  et  la  main  de  l'homme  en  sont  les  agents. 
On  en  voit  le  tourbillonnement  dans  un  rayon  de  lumière.  Les  animaux  qui 
habiten  lies  forêts,  les  oiseaux  qui  volent  dans  l'air,  jouissent  de  la  plus  grande 
jiberlé  de  s'approcher  et  de  se  joindre.  S'il  n'y  avait  pas  entre  les  espèces  diffé- 
rentes, soit  du  monde  végétal,  soit  du  monde  animal,  une  barrière,  une 
répulsion  naturelle  qui  les  empêche  de  se  joindre  et  de  se  croiser  aux  premières 
enconircs,  il  en  résulterait  dans  la  nature  une  promiscuité  qui  bouleverserait 


BULLETIN    MEiNSUEL   DES    CONFÉRENCES.  05 

IViMix  10  (le  Dieu,  ou  du  moins  lui  imprinieniil  de  telles  varidtiwns  cl  une  lelle 
mobilité,  que  Icmoiulc  changenut  de  face  à  chaque  iiislani,  cl  qu'il  n'y  aurait 
pas  deux  générations  qui  se  ressembleraient. 

Ceci,  je  le  sais,  est  une  considération  de  cause  linaie.  .l'en  sens  tout  le  dan- 
ger. Je  sais  combien  il  est  dangereux  de  faire  intervenir  Dieu,  et  de  fermer 
la  bouche  à  la  science  humaine;  mais  la  prétention  de  se  passer  de  Dieu 
dans  l'explication  de  son  œuvre,  la  science  athée,  plail  encore  moins  à  mon 
esprit.  C'est  priver  l'esprit  de  son  i)lus  grand  charme,  que  de  lui- soustraire 
ces  contemplations,  ces  extases  où  nous  jette  l'aspect  de  quelques  uns  des 
liens  qui  unissent  la  terre  au  ciel  :  sous  prétexte,  sous  orgueil  de  l'agrandir, 
c'est  amoindrir  et  rapetisser  l'humanité,  c'est  lui  couper  les  ailes. 

Jusqu'à  présent  nous  avons  considéré  les  croisements  dans  les  divisions 
supérieures  de  l'espèce  ;  maintenant  il  nous  les  faut  considérer  entre  les  divi- 
sions inférieures,  c'est-à-dire  entre  les  races,  lîappclez-vous  bien  ce  qu'il  faut 
entendre  par  races.  Vous  avez  vu  que  l'espèce  se  dédoublait  en  quelque  sorte 
pour  la  formation  des  races.  Sous  l'influence  de  causes  que  nous  ne  pouvons 
examiner  ici,  mais  qu'il  suffit  d'énoncer  pour  vous  en  faire  comprendre  l'ac- 
tion ;  sous  l'intluence  du  climat,  de  la  nourriture  et  des  diverses  impres- 
sions reçues  parles  parents,  les  divers  produits  d'une  même  espèce  peuvent 
être  assez  profondément  modifiés  pour  que,  tout  en  provenant  de  la  môme 
fdiation ,  ils  présentent  entre  eux  de  notables  diflerences.  Ce  sont  ces  dis- 
semblances qui  constituent  les  races;  et  je  vous  ai  dit  que  la  race  était  fixe 
lorsque  les  dissemblances  se  perpétuaient  par  l'hérédité. 

Donc,  des  races  restreintes  et  peu  nombreuses  à  l'origine  de  l'espèce  ont 
pu,  dans  la  suite  des  temps,  en  vertu  de  la  loi  de  l'hérédité,  se  multiplier  et 
devenir  très  diverses  par  les  modifications  qu'elles  ont  reçues.  Or,  nous  avons 
vu  que  le  croisement  est  une  des  sources  de  ces  modifications.  L'expérience 
nous  apprend  qu'autant  le  croisement  entre  espèces  est  rare  et  difficile  à 
obtenir,  autant,  entre  races  d'une  même  espèce,  il  est  conunun  et  facile  ;  pour 
reconnaître  cette  vérité,  il  suffit  de  porter  ses  regards  sur  l'ensemble  des 
races  d'espèce  quelconque  des  animaux  qui  nous  entourent.  Que  de  variétés 
de  Chevaux,  de  Chiens,  de  Moutons,  de  Bœufs,  de  l'ouïes  et  de  figeons, 
dans  le  cercle  restreint  d'un  pays  ou  même  d'une  province!  Si  bien  que 
lorsque  le  croisement  des  races  est  abandonné  à  la  nature,  sans  choix  et  sans 
distinction,  il  en  résulte  des  mélanges  confus  et  sans  nom  d'animaux  sans 
valeui',  qui  n'offrent  que  la  moyenne  de  tous  les  défauts  des  races  diverses 
qui  ont  concouru  à  leur  formation  :  tels  sont  ces  animaux  vulgaires  désignés 
sous  le  nom  de  Chiens  de  rues  ou  de  Chats  de  gouttières;  tel  est,  il  faut  le 
dire,  le  caractère  des  populations  d'animaux  qui  font  aujourd'hui  presque 
jjartout  le  fond  de  la  plupart  des  animaux  domestiques  au  service  de 
riionmie.  Loin  donc  de  pousser  au  croisement  des  races  comme  à  celui  de 
espèces,  nous  sommes  obhgés  de  nous  y  opposer  par  tous  les  empêchements 
possibles.  De  là  la  nécessité  d'avoir  des  lieux  réservés,  comme  le  Jardin  d'ac- 
climatation pour  la  reproduction,  afin  de  conserver  la  pureté  des  races  cl  d'en 
T.  X.   —  Janvier  et  Fé\rier  1803.  5 


(iO         SOCIÉTÉ   IMPÉIIIÂLE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

prévenir  la  proniiscuilé.  Voyez  que  de  peines  nous  prenons  ponr  niaiiUenir 
celte  pureté  clos  races.  ']'ransportez-vous  clevanl  la  poulerie  ou  devant  la  ber- 
gerie. Eh  bien,  nialg;ré  les  barrières  de  fci-,  malgré  la  multiplicité  des  gar- 
diens et  la  vigilance  des  soins,  il  nous  est  très  diflicile  d'empêcher  des  rap- 
prochements involontaires  et  des  mariages  clandeslins  entre  nos  races.  Tous 
les  éleveurs  savent  par  expérience  que  la  diOiculté  n'est  pas  de  croiser  les 
races,  mais  de  diriger  à  leur  gré  les  croisements  cl  de  conserver  les  races  pures. 
D(^  là  donc  une  grande  différence  entre  les  espèces  et  les  races.  Si  nous  ne 
pouvons  créer  des  espèces ,  iious  pouvons  faire  des  races  ;  si  les  unes  sont 
l'œuvre  de  Dieu,  les  autres  résultent  de  la  part  d'action  laissée  à  Thonnue 
sur  la  matière  animale. 

On  dislingue, par  les  mots  de  mulets,  hyin-idcs  et  métis,  les  produits  ré- 
sultant du  croisement  entre  deux  espèces  d'un  même  genre,  ou  entre  les 
races  d'une  même  esj)èce.  Pendant  longtemps,  el  même  encore  aujourd'hui, 
par  les  personnes  qui  ne  se  font  pas  une  idée  très  nette  des  mots  espèce  et 
race,  ces  mots  mulets,  hybrides  et  métis  ont  été  employs's  indistinctement 
l'un  pour  l'autre  ;  de  là  une  très  grande  confusion  dans  toute  cette  matière. 
11  a  fcillu  la  sévérité  de  nos  méthodes  actuelles  pour  assigner  à  chacun  de  ces 
mots  une  signification  lixe.  C'est  grâce  aux  écrits  de  MM.  Flourens,  Isidore 
GeolJVoy  Saint-llilaire  et  de  Ouatretages,  que  la  lumière  s'est  faite  dans  cette 
question,  et  c'est  une  sorte  d'abrégé  de  leurs  travaux  que  je  viens  de 
vous  réciter. 

Aujourd'hui,  il  est  bien  arrêté  que  hybride,  qui  vient  du  mot  grec  OSpi;, 
c'est-à-dire  union  illicite,  adultère,  est  appliqué  aux  produits  des  croise- 
ments entre  espèces  différentes.  Le  produit  de  l'Ane  et  de  la  Jument  est  un 
hybride. 

Métis,  qui  vient  de  metlsso,  mot  espagnol  qui  servait  dans  le  nouveau 
monde  à  désigner  le  prodiùt  du  croisement  des  races  humaines,  est  étendu 
aujourd'hui  à  tous  les  produits  de  croisement  entre  races. 

Mulet  est  un  mot  générique  qui  coiuprcud  également  les  hybrides  et  les 
métis,  et  s'emploie  surtout  lorsqu'on  veut  parler  de  leur  infécondité. 

Ce  sont  surtout  les  métis  j)rovenant  de  deux  races  qui  sont  importants  à 
considérer  dans  Thistoire  naturelle  appliquée.  Presque  foules  nos  bonnes 
races  actuelles  sont  des  métis.  Les  Moutons  de  la  l>eaucc  sont  des  métis  de 
Mérinos;  il  y  a  du  sang  hollandais  dans  nos  Vaches  normandes,  et  du  sang 
arabe  dans  le  Cheval  anglais.  C'est  donc  par  le  métissage  que  l'homme  exerce 
sur  la  matière  animale  celte  puissance  de  la  modifier  qui  lui  a  été  départie. 
Mais  il  ne  s'agit  pas  de  croiser  les  races  pour  le  plaisir  de  les  croiser  ;  vous 
avez  vu  que  ce  n'est  pas  là  le  diflicile,  que  la  chose  se  fait  d'elle-même,  sans 
notre  intervention  ;  que  nous  sommes  appelés  à  la  réprimer  plutôt  qu'à 
l'exciter.  JNous  croisons  les  races  pour  les  améliorer.  Ceci  exige  dès  lors  une 
certaine  élude,  un  choix,  une  régiemenlation  dans  les  croisements  ;  car  rien 
de  bon  ne  nous  est  donné  sans  peine  et  sans  travail. 

Ici  nous  entrons  dans  la  parlie  jH-atiquede  la  question  du  ci'oisenient.  Et 


BULLETIN    MEiNSUEL   DES   CONFÉRENCES,  ()7 

d'abord  ramélioration  n'est  réelle  qu'autant  que  les  modifications  de  confor- 
mation, d'aptitude  ol)tenues  sont  suilisamnient  conslaiites  et  fixes  pour  se 
transmettre  par  la  génération,  c'esl-à-dire  quand  la  race  est  fixée. 

Toute  variation  intransmissible  par  héritage  est  sans  importance. 

Lorsqu'on  se  li^re  à  la  pratique  des  croisements,  c'est  dans  le  but  d'ob- 
tenir un  produit  plus  perfectionné,  que  celui  qui  serait  provenu  des  repro- 
ducteurs naturels.  De  là  donc  la  nécessité  de  choisir  des  reproducteurs  qui 
aientlesquaiitésque  l'on  veut  reproduire,  etsurloul  quinc  soient  pas  contraires 
à  celles  des  races  avec  lesquelles  on  les  croise.  ^  eut-on  nn  Cheval  de  course 
qui,  dans  un  moment  vonlu,  soit  capable  de  donner  la  i)lus  grande  dépense 
de  forces,  il  faudra  chercher  son  reproducteur  dans  la  race  anglaise,  dont  les 
(jualiti's  pour  la  vitesse  sont  bien  reconnues.  Est-ce  le  Cheval  de  guerre 
capable  de  supporter  de  longues  privations  et  de  dures  fatigues  que  vous 
voulez  faire,  gardez-vous  du  Ciieval  augl.iis,  dont  l'ardeur  est  pour  ainsi 
dire  un  feu  de  paille,  qui  exige  beaucoup  de  soin  et  d'entretien,  et  ne  résiste 
pas  ù  la  durée  des  fatigues  et  des  privations.  C'est  pourquoi,  dans  la  guerre 
de  Crimée,  on  a  vu  mourir  les  chevaux  de  la  cavalerie  anglaise  dans  une 
proportion  bien  autre  que  les  chevaux  français.  Prenons  un  autre  exemple 
dans  la  basse-cour.  Voulez-vous  croiser  des  volailles,  gardez-vous  d'appa- 
rier la  l''léchoise  avec  le  Crèvecœm',  qui  tous  les  deux  sont  pourtant  de 
première  quaUté.  La  l'oule  de  Crèvecœur  a  pour  mérite  principal  de  donner 
des  poulets  précoces  bons  à  manger  dans  l'année  même  qui  les  a  vus  îiaître. 
Celle  de  la  I*'lèche,  au  contraire,  a  celui  de  donner  des  poulets  tardifs  que 
vous  serez  fort  ai.'-es  de  trouver  en  hiver,  ou  au  commencement  de  l'année 
suivante,  avant  que  la  ponte  nouvelle  ait  donné  des  poulets  nouveaux.  Gar- 
dez-vous donc  décroiser  des  Pléchoises  avec  des  Crèvecœur;  car  vous  n'ob- 
tiendrez qu'une  moyenne  de  ces  volailles,  qui  n'auront  point  les  (jualilés  de 
leurs  races  primitives. 

Les  bénélices  que  nous  espérons  des  croisements,  Tari  que  nous  devons 
niettre  pour  les  obtenir,  consistent  à  perpétuer  les  qualités  propres  aux  i-epro- 
ducteurs  que  nous  employons.  C'est  ahisi  que  dans  !e  produit  de  l'ilémione 
et  de  l'Anesse,  dont  vous  avez  sous  les  yeux,  dans  ce  Jardin,  de  si  beaux 
.spécimens,  avec  la  patience  et  la  rusticité  de  l'Ane,  on  a  eu  la  vitesse  et  la 
force  de  l'ilémione. 

Aous  cultivons  les  animaux  pour  leur  chair,  pour  leurs  forces  et  pour  les 
produits  qu'ils  fournissent  à  nos  industries.  C'est  donc  toujours  en  vue  du 
résultat  que  l'on  veut  atteindre  qu'il  faut  diriger  les  croisements.  Les  Uœufs 
faciles  à  engraisser,  et  dont  la  croi.ssance  précoce  fournit  à  la  boucherie  une 
ciiair  aijondanle  et  succulente,  ne  soiit  pas  également  propres  au  trait  et  au 
labour,  et  les  Moutons  à  belle  laiiie  ne  sont  pas  toujours  les  plus  gros.  Appa- 
riez, appariez  donc  les  aptitudes!  c'est  là  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  la 
spécificalion,  .  ^  ,.  . 

Voulez-vous  de  belles  formes  dans  le  Cheval,  n'accouplez  pas  des  indivi- 
dus trop  disproportionnés  ou  trop  disparates  ;  autrement  vous  n'auriez  que 


(58         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOiilQUE   d'aCCLIMATATION. 

des  bctcs  décousues  cl  sans  harmonie  dans  ce  que  les  Anglais  appellenl  la 
performance. 

Pour  ranimai  donicsliquc,  la  beauté,  c'est*  Tétat  qui  le  met  en  mesure  de 
répondre  à  sa  destination,  beauté  essentiellement  relative  et  variable  dans 
SCS  caiactères,  puisque  cette  destination  varie  suivant  le  genre  de  service  que 
nous  attendons  des  animaux. 

11  faut  donc,  en  agriculture  pratique,  toujours  connaître  ses  reproducteurs 
à  l'avance,  et  ne  jamais  sacrifier  à  l'inconnu.  Celle  dernière  manière  de  pro- 
céder peut  être  scienlilique,  elle  n'est  jamais  pratique.  Les  produits  que  Ton 
en  obtient  peuvent  intéresser  la  curiosité,  mais  on  risque  de  n'en  pas  tirer 
les  avantages  qu'on  ru  espère. 

Le  choix  des  reproducteurs  dans  une  même  lignée,  lorsqu'on  écarte  toutes 
les  bètes  défectueuses  et  que  l'on  ne  conserve  que  les  plus  beaux  individus 
qui  présentent  les  caractères  de  la  race,  ce  choix  s'appelle  la  sélection,  La 
sélection  est  donc  la  reproduction  par  les  plus  beaux  individus  de  la  même 
race.  C'est  le  hrccdinçi  in  and  in  des  Anglais.  C'est  le  procédé  auquel  ils 
ont  (lu  le  perfectionnement  de  toutes  leurs  races,  et  ([ui  a  été  pratiqué  par 
les  lîakewell,  les  Collins  et  les  Jonas  Webb,  dont  l'Angleterre  s'enorgueillit 
à  juste  titre.  Mais  la  sélection  est  un  procédé  essentiellement  lent  ;  c'est,  dans 
sa  signilication  la  plus  simple,  une  application  complète  di'  la  loi  do  l'héré- 
dité parla  double  iniluence  du  père  et  de  la  mère.  j\iais  le  croisement  rému- 
nère mieux  l'agriculteur,  parce  qu'il  est  plus  prompt,  plus  économique  et 
non  moins  sûr  :  il  est  certain  que  la  subslilulion  des  Bœufs  Durham,  des 
Moutons  Dishlcy  et  des  Porcs  Yorkshire,  par  voie  de  croisement,  est  préfé- 
rable à  la  lente  sélection  dans  nos  races  inférieures  de  Brt'ufs,  de  Moutons  et 
de  Porcs.  Le  terme  de  la  sélection  n'a  lieu  que  lorsque  les  races  d'animaux 
sont  arrivées  à  un  certain  degré  de  perfectionnement.  Voilà  p(unquoi  la  sélec- 
tion, qui  donne  de  si  beaux  résultats  en  Angleterre,  ne  réussirait  point  aussi 
bien  en  France. 

Ces  deux  procédés,  sélection  et  croisement,  ne  sont  pas  contraires  l'un  à 
l'autre,  et  doivent  être  employés  concurremment,  suivant  l'occurrence.  Le 
croisement  donne  de  beaux  individus;  la  sélection  peut  seule  maintenir  les 
belles  races.  Les  métis  résultant  du  croisement  sont  de  mauvais  reproduc- 
teurs. Personne  n'ignore  combien  il  est  diûlcile  de  créer  une  race  nouvelle, 
et  surtout,  suivant  l'expression  de  M.  Plourens,  de  l'empccher  de  se  défaire. 
Cela  est  surtout  vrai  des  races  croisées.  (Juelquc  soin  qu'on  apporte  dans  la 
sélection  des  races  croisées,  c'est-à-dire  dans  le  choix  de  leurs  plus  beaux 
reproducteurs,  les  i)roduiis  ne  passent  guère  une  ou  deux  générations  ;  leurs 
caractères  s'ellacent,  la  race  disparait,  et  ce  qui  renail,  c'est  l'espèce.  Cette 
force  héréditaire  qui  ^e  conserve  au  fond  de  toutes  les  races,  et  qui,  quoi 
qu'on  fasse  pour  l'anéantir,  revient  toujours  à  la  surface  et  triomphe  de  tous 
nos  elfovts  et  de  toutes  nos  combinaisons,  celte  force  est  désignée  dans  la 
science  sous  le  nom  ù'atavisme.  L'atavisme  est  donc  la  tendance  à  rexenir  au 
type  primitif,  à  reproduire  le  caractère  des  aïeux.  Son  action  peut  être  sus- 


TlULLETIN    MENSIîEI;    DES    CONFÉRENCES.  (J9 

pendue  pendant  quelques  générations;  mais  elle  finit,  lui  ou  tard,  par  repa- 
raître et  par  reprendre  ses  droit;^. 

Dans  la  doctrine  des  causes  finales,  doctrine  à  laquelle  nous  aimons  tou- 
jours, autant  que  ])ossible,  à  nous  rallier,  l'atavisme  peut  être  considéré 
comme  une  sorte  (riiypo!iiè([ue  légale  prise  par  la  nature  sur  la  concession 
qu'elle  a  laissée  à  riiomme  de  pouvoir  modifier  les  races,  comme  un  droit 
de  répétition  et  de  rappel  à  l'ordre  qu'elle  s'est  réservi'-. 

Une  autre  limite  imposée  à  la  faculté  de  modifier  les  races  par  la  sélec- 
tion, moins  favorable  à  la  doctrine  de  la  nécessité  des  croisements,  c'est  la 
dégénérescence  qui  parait  résulter  de  la  perpétuation  des  races  par  la  con- 
sanguinité continue.  Il  est  aujourd'hui  assez  généralement  admis,  parmi  les 
éleveurs  et  les  vétérinaires,  que  lorscpie  l'on  s'obstine  à  unir  ensemble  les 
individus  d'une  même  race,  les  frères  avec  les  sœurs,  et  même  les  parents  du 
degré  dit  de  cousins  germains,  il  en  résulte  une  dégén(''rescence  de  la  race 
qui  se  traduit  par  l'inlV'condité,  par  des  difformités,  des  infirmités  et  des 
monstruosités,  dont  l'une  des  plus  curieuses  serait  l'albinisme  chez  les  races 
dont  le  jjelage  est  d'une  couleur  foncée. 

Cette  question  des  inconvénients  de  la  consanguinité  est,  dans  la  science, 
l'objet  des  plus  vives  discussions,  tant  dans  ses  applications  aux  familles 
humaines  qu'aux  races  animales.  Je  n'ai  pas  besoin  de  beaucoup  insister 
pour  faire  ressortir  ce  (|u'elle  a  d'opposé  à  la  doctrine  de  la  sélection.  Il  est 
certain  aujourd'hui  (pie  la  plupart  des  vétérinaires  donnent  le  précei)te  de 
varier  les  reproducteurs  et  de  ne  point  unir  ensemble  les  animaux  d'une 
même  bergerie  ni  d'une  même  basse-cour.  (Quelques  médecins  vont  même 
jusqu'à  provoquer  l'intervention  de  la  loi  pour  interdire  les  mariages  con- 
sanguins; on  dit  même  que  cette  interdiction  a  lieu  dans  l'État  de  roiii(»,  en 
Amérique. 

Je  ne  veux  pas  entrer  dans  un  e\.ameii  |)lus  approfondi  de  cette  question, 
et  rechercher  si  l'on  n'a  pas  souvent,  dans  les  exemples  invoqués  contre  la 
consanguinité,  attribué  à  s(»n  intluence  ce  qui  était  ou  pouvait  être  le  fait  de 
l'héréditi'  morbide  ;  ce  serait  nous  engager  dans  une  trop  longue  digression. 

l'résentement,  nous  nous  en  tiendrons  à  l'opinion  de  liulfon.  «  On  sait, 
dit  ce  grand  maître,  par  des  expériences  nulle  fois  répétées,  qu'en  croisant 
les  races  au  lieu  de  les  réunir,  soit  dans  les  animaux,  soit  dans  riiomme, 
on  ennoblit  l'espèce,  (  t  (pie  ce  moyen  seul  peut  la  maintenir  belle  et  même 
la  perfectionner.  » 

il  est  certain  aussi  que  le  croisement  des  races  doit  être  un  des  moyens  de 
rompre  le  cours  des  prédispositions  morbides  et  des  diathèses  héréditaires. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain  encore,  c'est  que,  par  le  croisement  des  races  ani- 
males, on  obtient  d'excellents  produits  industriels. 

Je  finis  comme  j'ai  commencé,  en  vous  montrant  que  l'inlention  bienveil- 
lante qui  a  présidé  à  la  concession  laite  à  l'homme  de  pouvoir  modifier  la 
matière  animale  est  visible  dans  les  résultats  des  croisements,  (jui  sont  l'une 
des  manifesialioiis  de  ce  pouvoir;  car  c'est  par  les  cinisemeuls  (pie  l'Iionmie 


s 


70         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

a  obtenu  qdclqiies-nns  des  meilleurs  produits  qu'il  a  appliqués  à  son  usasse. 
La  nature  ne  l'ait  que  des  tleurs  simples  et  des  fruits  aij;ros.  »  «  Tous  les  fruits 
supérieurs  de  nos  jardins,  dit  M.  'roussenel,sont  des  fruits  métis  ou  bâtards 
provenant  de  fabrication  humaine.  »  La  nauire  n'a  pas  fait  la  Pèche  de  Mon- 
treuil,ni  le  Chasselas  de  Fontainebleau  ;^elle  n'a  pas  fait  le  Blé,  cette  nourri- 
turc  spéciale  de  l'homme.  Le  Blé  est  une  plante  que  l'homme  a  tellement 
changée,  perfectionnée,  et  qu'il  perfectioiine  chaque  jour,  qu'on  ne  le  retrouve 
nulle  p9rt  dans  la  nature.  On  voit  bien  qu'il  a  quelque  rapport  avec  l'ivraie, 
avec  les  gramens,  avec  les  chiendents  et  quelques  autres  herbes  des  prairies, 
mais  on  ignor»;  à  laquelle  de  ces  herbes  on  doit  le  rapporter.  «  Avoir  trans- 
formé en  Blé,  dit  Ballon,  une  ivraie  stérile,  n'est-ce  pas  une  espèce  de  créa- 
tion. »  Les  meilleurs  animaux  pour  nos  usages  sont  les  animaux  domestiques. 
Ce  n'est  pas  la  nature  (jui  nous  a  donnt-  les  Breufs  Durhani,  les  Moutons 
Dishiey,  et  les  beaux  Chevaux  de  race,  etc.,  etc.  Ces  animaux,  dans  la 
nature,  sont  des  monstruosités  ;  car  on  ne  les  obtient  qu'en  violentant  la  ma- 
tière animale,  en  lui  donnant  des  formes  et  des  qualités  qu'elle  ne  prendrait 
pas  d'elle- même,  des  jambes  basses,  une  tète  petite,  des  parties  plus  déve- 
loppées que  d'autres,  un  embonpoint  contre  nature.  Dans  la  classe  des 
Oiseaux,  quels  sont  nos  meilleurs  produits  alimentaires?  Ne  sont-ce  pas  les 
poulets  engraissés  artiliciellcment  ;  les  chapons,  produits  de  l'art  ;  le  Coquard, 
croisement  du  Faisan  et  de  la  Poule;  le  niulard,  croisement  du  Canard  de 
Barbarie  cl  de  la  Cane  commune  ?  Je  pourrais  vous  montrer  également,  parmi 
les  Poissons,  comment  les  meilleurs,  les  Saunions,  les  Truites,  les  Sterlets,  les 
Huîtres,  ont  besoin  de  la  science  du  croisement  des  races  et  de  l'engraisse- 
ment des  individus  pour  valoir  tout  leur  prix.  L'homme  a  doublé  et  triplé 
la  taille  de  ces  espèces  et  perfectionné  leur  saveur:  telle  est  la  porl('e  de  son 
action  sur  la  nature,  et  le  croisement  des  races  est  un  des  principaux,  instru- 
ments de  cette  action,  lleconnaissons  rintonlion  manifeste  de  Dieu  ,  car  la 
science  est  aussi  une  révélation  divine  ;  reconnaissons  l'intention  de  Dieu,  qui 
en  nous  imposant  le  travail,  car  pas  une  de  ces  belles  et  bonnes  choses  dont 
je  viens  de  vous  parler,  pas  une  ne  s'oblient  sans  travail,  et  souvent  sans  un 
travail  obstiné  ;  reconnaissons,  dis-je,  Tinlention  suprême  de  notre  Créateur, 
qui  adonné  au  travail  humain,  dans  ses  produits  mêmes,  de  si  magnifiques 
récompenses.  Ceci  est  encore,  je  le  sais,  toîuber  dans  les  considérations  de 
causes  finales  ;  mais,  je  le  répète,  je  l'avoue,  j'aime  les  considé-rations  de 
causes  finales,  «  parce  que,  suivant  la  bi'lle  expression  de  Hollin,  elles  nous 
rendent  attentifs  à  la  Providence.  » 


;y.  FAITS  DIVERS   ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Dons  d'œufs   de  ^'er  à  soie  du  thène   (Ya-nia-Miaï)  dit    Japon. 

Lettre  ailrrssrc  par  S.  Eœc.   M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères 
aux  membres  du  Conseil  de  la  Sociélé. 

Pari^,  le   10  janvier  18G3. 
Messiiiurs  et  chers  collègues , 

M.  Pompe  vaii  Meeil  lier  Wûort,  officier  de  santé  au  service  de  la  marine  néer- 
landaise, et  récemment  arrivé  du  Japon,  a  remis  au  chargé  d'afîaircs  de  France 
à  la  llave  un  bocal  de  verre  renfermant  des  cocons  et  deux  petites  boîtes  con- 
tenant de  la  graine  de  Vers  à  Soie,  dont  l'une  est  destinée  à  la  Société  d'accli- 
matation. C'est  ù  la  demande  du  minisire  de  l'Empereur  à  Yedo,  qu'il  a  pris  la 
peine  de  recueillir  et  d'apporter  ces  échantillons  en  Europe. 

En  me  faisant  parvenir  tous  ces  objets  emballés  avec  toutes  les  précautions 
indiquées,  et  que  je  m'empresse  de  vous  transmctlre  ci-joints,  M.  le  baron  de  la 
Villestreux  m'annonce  le  prochain  envoi  d'un  traité  sur  les  Vers  à  soie,  origi- 
nairement écrit  en  japonais,  et  que  M.  Pompe  van  Meert  der  Woort  a  l'obligeance 
d'entreprendre  de  "traduire  en  français  sur  la  version  déjà  publiée  en  langue 
hollandaise. 

Je  saisis  cette  occasion,  etc.  DnouYN  de  Lhdvs. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  iV.  le  Ministre  de  C agriculture, 

du  commerce  et  des  travaux  publics. 

Paris,  le  17  janvier  1SC3. 
Monsieur  le  Président, 
J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  j'ai  reçu  de  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  af- 
faires étrangères,  une  boîle  de  graines  de  Vers  à  soie  provenant  du  Japon,  et 
destinées  à  être  expérimentées  en  France. 

J'ai  disposé  de  ces  graines  en  faveur  de  la  Sociélé  impériale  zoologique  d'ac- 
(dimatation,  et  je  les  ai  fait  remettre  à  M.  Guérin-Méneville,  qui  veut  bien    se 
charger  de  diriger  l'expérimentation. 
Recevez,  etc. 

Le  Âlinistre  de  l'agriculture,  dit  convv.crce  el  des  li-avnxix  puLlica, 

ROULA.ND. 


Don  d'un  tB'OHpcaii  de  Lasnas   et  d'iiSpacas 

FAIT    A    S.    M.    l'empereur    PAR    LE    PRÉSIDENT    DE    L'ÉQUATEUR. 

Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères 
aux  membres  du  Conseil  de  la  Société. 

Paris,  le  23  jiunior  1803. 
Messieurs  et  chers  collègues. 
J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que,  le  président  de  l'Equateur  ayant  mani- 
festé au  consul  général  et  chargé  d'affaires  de  France  à  Quito   le  désir  de  faire 
embarquer  sur  quelque  bâtiment  de  guerre  prêt  à  retourner  en  France  un  trou- 


72  SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

peau  lie  cinquante  Lamas  qu'il  avait  oITert  à  l'Empereur,  etilnnt  l'ofifre  avait  été 
acceptée  par  Sa  Majesté,  je  me  suis  empressé  de  faire  une  démarche  dans  ce 
sens  auprès  de  S.  Esc.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies.  Ainsi  que 
vous  le  verrez  parla  copie  ci-jointe  de  la  réponse  de  mon  collègue.  M.  le  comte 
de  Chasseloup-Laubat  a  accueilli  avec  faveur  cette  demande,  et  a  transmis  des 
ordres  en  conséquence  à  l'amiral  commandant  l'escadre  française  du  Pacil^iue. 

J'ai  eu  soin,  en  même  temps,  d'adresser  à  M.  Fabre  la  lettre  dont  vous  trou- 
verez la  copie  également  ci-annexée,  et  par  lai|uelle  j'ai  invité  cet  agent  à  faire 
en  sorte  que  le  troupeau  en  question  lût  comjiosé,  eu  majeure  partie,  d'individus 
appartenant  aux  espèces  dont  l'introduction  aurait  le  plus  d'importance  aux  yeux 
du  gouvernement  de  l'Empereur. 

Je  suis  heureux  d'avoir  à  ajouter  que  M.  Antonio  Florès,  ministre  de  l'Equa- 
teur à  Paris,  et  membre  de  notre  Société,  vient  de  m'informer  qu'il  est  appelé 
à  Quito  ])our  y  prendre  possession  du  portefeuille  des  finances.  Dans  cette  cir- 
constance, il  a  bien  voulu  se  mettre  à  ma  disposition  pour  surveiller  personnel- 
lement la  réalisation  des  intentions  du  président.  Il  se  propose,  à  cet  elTet,  de 
s'entendre  avec  les  autorités  locales  pour  que  le  choix  des  animaux  ait  lieu  dans 
les  meilleures  conditions,  pour  qu'ils  soient  amenés  au  lieu  d'embarquement  par 
des  bergers  exercés,  et  pour  que  ces  derniers  fournissent  tous  les  renseignements 
nécessaires  sur  les  soins  à  donner  aux  animaux  pendant  le  voyage  par  mer.  Il  est 
tout  disposé,  en  outre,  à  envoyer  à  la  Société  les  divers  autres  animaux,  piaules 
ou  graines  qu'on  lui  signalerait  comme  pouvant  être  l'objet  de  tentatives  d'ac- 
climatation en  France. 

Je  viens  donc  vous  engager,  messieurs  et  cliers  collègues,  à  faire  préparer  les 
instructions  dont  M.  Antonio  Florès  voudrait  être  muni,  et  à  vouloir  bien  me  les 
faire  parvenir  le  plus  promplement  possible,  afin  que  je  puisse  les  lui  remettre 
avant  son  départ. 

Veuillez  agréer,  etc.  Drouyn  ue  Lhuys. 


Leitre  adressée  par  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
à  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères. 

Pari?,  !i'  -15  janvier  1S03. 
Monsieur  le  Ministre  et  cher  collègue, 
Par  suite  du  désir  exprimé  dans  la  lettre  que  vous  m'avez  écrite  le  î)  de  ce 
mois,  au  sujet  du  troupeau  de  Lamas  que  le  président  de  la  république  de 
l'Equateur  a  offert  à  S.  M.  l'Empereur,  j'ai  l'honneur  d'informer  Votre  Excellence 
que  j'écris  à  ce  sujet,  par  le  courrier  anglais  de  ce  jour,  à  M.  le  commandant 
en  chef  de  la  division  navale  de  l'océan  Pacifique. 

J'invite  cet  olficier   général  à  se  concerter  avec  notre  consul  généial  à  Quito 
pour  cet  envoi,  et  à  donner  des  ordres  pour  l'embarquement  des  Lamas  dont  il 
.s'agit  sur  l'un  des   bâtiments  qui  doivent  etfectuer  leur  retour  en  France  dans 
le  courant  de  la  présente  année. 
Agréez,  etc. 

Le  Ministre  secrétaire  d'Etat  de  la  marine  et  des  colonies, 
Signé  Comte  de  Ciiasseloup-Laiii!AT. 


Sur   le    CotoBiiiirr  arbre   du    Pérou. 

Nous  .ivons  insi'ré  dans  la  ciironiqiic  du  n"  M  de  nos  bulletins  men- 
suels (novemjjre  1862,  page  9G)  une  note  sur  les  ellorls  tentés  par  M.  Ken- 
dall  pour  l'inlroduilion  aux  Élals-l  nis  d'une  espèce  de  Cotonnier  arhre  (Pc- 
rarian  Cottan-tree)  du  l'éron.  Les  assertions  de  M.  Kcndall  relalivcnienl 


FAITS   DIVERS.  j  A 

ce  précieux  végétal  avaient  vivcmonl  excité  l'attention  de  la  Société,  qui 
s'empressa  de  prendre  des  renseignements  sur  ce  sujet,  en  s'adressant  aux 
sources  les  plus  certaines,  sur  le  théâtre  même  des  expériences  de  l'auteur 
de  celte  découverte.  >ous  nous  faisons  donc  un  devoir  d'informer  nos  lec- 
teurs qu'il  résulte  d'une  lettre  adressée,  en  date  du  2G  novembre,  par  M.  le 
vice-consul  de  France  à  Baltimore,  à  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étran- 
gères, qui  a  bien  voulu  nous  en  donner  communication,  que  M.  Kendall  ne 
s'est  jamais  occupé  sérieusement  de  la  culture  aux  États-Unis  d'une  espîîce 
de  Cotonnier  arbre  du  Pérou;  qu'il  s'est  borné  à  publier  dans  V American 
Agricuîturist  de  New- York,  du  mois  d'octobre  1861 ,  sur  l'importance  de 
cette  espèce,  une  notice  qui  produisit  une  très  grande  sensation,  mais  qu'au- 
cune expérience  ne  fut  entreprise,  et  que  M.  Kendall  disparut  un  jour  sans 
laisser  de  traces  de  sa  prétendue  découverte.        {Xote  de  la  rédaction.) 


Acclimatation   do   l'Ënieii   en   Angleterre. 

^\.  Bennett,  de  Brokam-Lodge,  publie  un  journal  très  intéressant  pour  tout 
ce  qui  a  rapport  à  la  zoologie.  Le  Field  en  a  extrait  les  faits  suivants  : 

L'Émeu  australien  est  entièrement  acclimaté  dans  sa  propriété. 

La  première  couvée,  qui  eut  lieu  en  18G1,  fut  détruite  par  un  accident.  On 
suppose  qu'un  dimanche  des  maraudeurs  pénétrèrent  avec  leurs  chiens  dans 
le  parc  où  étaient  les  oiseaux,  et  causèrent  la  mort  des  petits. 

La  deuxième  couvée  (1862)  réussit  parfaitement. 

Une  lettre  de  M.  Bennett  annonce  que  le  premier  œuf  de  la  troisième  cou- 
vée de  cette  année  a  été  pondu  le  3  janvier;  à  ce  fait  sont  joints  des  détails 
curieux. 

Le  màîc  seul  couve  et  est  entièrement  chargé  du  soin  de  la  direction  des 
petits. 

La  femelle  non-seulement  ne  s'occupe  pas  de  ce  soin,  mais  même  semble 
insensible  à  l'alïection  maternelle  qui  est  l'apanage  de  tous  les  animaux. 
L'espèce  acclimatée  est  le  Drowaius  irroratus. 

A  ces  rensoignements,  que  M.  P.  R:imel  a  l'obligeance  de  nous 
faii\-  parvenir  de  Marseille,  notre  zélé  correspondant  ajoute  les 
réflexions  suivantes  : 

M.  Florent  Prévost  a  du  devancer  M.  Bennett  ;  à  P.osny,  il  a  élevé  Kan- 
gurous  et  Émeux. 

Par  la  lettre  qui  m'arrivedu  Colombo,  malle  échouée  aux  Maldives,  j'ap- 
prends qu'une  paire  de  Gallimda  tenebrosa  est  adressée  par  M.  le  docteur 
Mueller,  de  Melbourne,  à  M.  Sclater,  secrétaire  du  .îardin  zoologiquc  de 
Londres,  pour  le  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne. 

C'est  le  Uncolnshire  qui  apporte  ces  oiseaux. 

Ils  sont  arrivés  ou  vont  arriver  au  premier  jour. 


V.   CHRONIQUE. 


Société    régionale    d'acolîmaiaiîon    fomléc    à    Rîaney,    pour    la 

zoii4>  fliii  iiord-t'st. 

Nous  venons  de  recevoir  le  Bulletin  du  quatrième  trimestre  1862,  publié 
par  la  Société  d'acclimatation  de  Nancy,  et  nous  y  remarquons  une  Analyse 
des  travaux  des  membres  de  la  Société  et  des  résultats  par  eux  acquis 
dans  le  covrant  de  l'aimée  18GI,  tjui  constate  les  progrès  de  cette  institu- 
tion. Des  nombreux  rapports  qu'elle  a  reçus  sur  les  essais  faits  sous  son  im- 
pulsion ,  i!  résulte  que  de  bons  résultais  ont  été  obtenus  principalement 
dans  la  culture  de  l'Allante  et  l'éducation  du  Bomhxjx  Cynthia,  ainsi  que  dans 
la  culture  d'un  certain  nombre  de  végétaux  alimentaires  ou  d'ornement. 

Les  éducations  de  Vers  de  l'Ailantc  purs  ou  métis,  mentionnées  dans  un 
rapport  spécial,  ont  bien  réussi  à  j\Ietz,  à  Tbionvilie,  ti  Sarreguemines  ,  à 
Ars-sur-!\loscl!e,  et  dans  beaucoup  d'aulres  localités  de  cette  région,  par  les 
soins  de  MM.  Belbomme,  Gehin,  Morcau,  de  Rességuier. 

Parmi  les  végétaux  signalés,  nous  remarquons  la  Pomme  de  terre  dite 
de  Sainle-^lartlie,  l'Avoine  géante  de  Ligorvo,  l'Orge  de  i\laiidcbourie. 

I,e  Bulletin  contient  jilus  loin  l'annonce  d'un  don  de  cinq  Axis  de  Geylan 
fait  à  la  Société  régionale  par  M.  Cazard,  armateur,  l'un  de  ses  membres. 

(Note  de  la  rédaction.) 


!i»o«?ié(é  d'horticulture  et  «l'aeelîniatation  du  département 
de  Tarii-et-UaroBîne. 

La  Société  d'horticullure  et  d'acclimatation  de  Tarn-el-Garonne  nous  a 
également  fait  parvenir  l'Annuaire  ([u'elle  a  publié  pour  18G3. 

Dans  le  compte  rendu  présenté  par  son  secrétaire  général  sur  ses  travaux 
de  18G2,  les  progrès  de  la  pisciculture  et  les  éducations  précoces  de  Vers  à 
soie  dans  ce  département  occupent  le  premier  rang  ;  nous  y  trouvons  ensuite 
l'indication  du  succès  obtenu  par  la  Sociélédans  ses  éducations  en  plein  air, 
et  sous  les  yeux  du  public,  du  Ver  à  soie  de  l'Ailanle.  L'Annuaire  renferme, 
en  outre  :  1"  un  rapport  sur  l'exposition  de  la  Société  d'iiorticullure  de  la 
Gironde  en  août  18G2  ;  2"  un  rapport  sur  l'exposilion  borlicolc  de  Péri- 
gueux  en  septembre  18G'2  ;  3"  un  intéressant  travail  de  M.  A,  de  France 
sur  les  opérations  de  pisciculture  faites  par  la  Sociéli-  en  18G2  ;  sur  les  ten- 
tatives d'empoissonnement  du  Tarn,  de  l'Aveyron,  du  Viaur,  du  Tescou,  et 
les  heureux  résultais  qui  ont  pu  être  constatés  par  la  prise  de  jeunes  Saumo- 
neaux sur  plusieurs  points  de  ces  rivières  ;  à"  un  second  rapport  du  même 
auteur  sur  la  sériciculture  et  les  éducations  précoces  praticpiées  en  vue  de 
la  production  de  bonnes  graines  pour  les  éducations  industrielles;  5"  un 
mémoire  de  M.  le  docteur  U.  Peujade  sur  la  viticulture. 

{.\ote  do  la  rédaction.) 


CHRONIQUE.  75 

Cult^u'c  «le   l'arbre  à  suîf  en   Algérie. 

(EyilTa.il  da  Moniteur  de  l'Algérie.) 

Nous  avons  dt-jà  parlé  dernri)reùsiiif  de  la  Chine.  Au  nombre  des  plantes 
tropicales  que  le  gouvernement  français  a  essayé  d'acclimater  en  Algérie, 
Tarbre  à  snif  est  sans  contredit  Tune  de  celles  qui  ont  le  mieux  réussi. 

Cet  arbre,  par  ses  propriétés,  mérite  de  lixer  raltention  de  nos  cultivateurs. 
En  le  cuilivant  sur  une  certaine  échelle,  il  pourrait  modérer  et  abaisser  le 
prix  des  suifs  animaux  et  fournir  à  la  classe  la  moins  aisée  un  éclairage 
brillant,  sain  et  à  bon  marché.  Dans  Tlnde,  un  arbre  de  dix  ans  produil  en 
moyenne  annuellement  de  1  à  2  kilogr.  de  suif  ;  à  vingt- cinq  ans,  il  en  donne 
de  3  à  /i.  L'arbre  à  suif  n'est  point  du  lout.délicaî  ;  il  pousse  vigoureusement 
di;s  la  première  année  de  la  transplantation  et  ne  demande  aucun  arrosage. 
En  outre,  il  est  très  propre  pour  planter  en  avenues.  Ses  feuilles  caduques 
ressemblent  à  celles  du  ['euplier  tremble  et  prennent  une  teinte  rouge  foncé 
en  automne.  11  a  le  port  d'un  Cerisier.  Son  écorce  est  blanche,  lisse  ;  ses 
rameaux,  longs,  flexibles;  ses  capsules,  dures,  gla!)res,  bi'unes,  à  côtes  ar- 
rondies. Ses  gc'iines,  presque  hémisphériques,  sont  enduites  d'une  substance 
cireuse. 

L'arbre  à  suif  est  très  commun  en  Chine,  notamment  dans  les  vallées  de 
Chusan,  province  de  Tché-kiang,  où  il  porte  le  nom  d'Ukien-mu. 

Au  dire  d'un  voyageur  anglais,  llobert  Fortune,  on  retire  de  ses  fruits  de 
grandes  quantités  de  suif  et  d'huile.  Des  usines  sont  établies  pour  cette  pré- 
paration sur  plusieurs  points  de  l'iie.  Nous  allons  décrire,  d'après  les  com- 
munications qui  ont  été  faites  par  le  docteur  Uawes,  le  procédé  d'extraction 
en  usage  dans  cette  partie  du  Céleste  Empire  : 

«  Les  graines  sont  recueillies  au  commencement  de  l'hiver,  soit  en  no  ■ 
vembre  ou  décembre,  époque  où  l'arbre  t  st  complètement  dégarni  de  ses 
feuilles.  J'ai  vu  faire  cette  récolte  un  jour  que  j'étais  en  chasse  à  Sing-king, 
dans  la  vallée  de  Soh-IIoo,  à  peu  de  distance  du  lieu  que  j'habitais.  On 
coupe  les  rameaux,  que  l'on  apporte  à  la  ferme,  et  c'est  là  seulement  que  l'on 
délache  les  graiues.  On  en  remplit  une  espèce  de  boîte  cylindrique  de  bois, 
ouverte  à  l'une  de  ses  extrémités  et  percée  de  quelques  trous  à  la  partie  op- 
posée. Cette  boîle  est  alors  introduite  dans  un  vase  de  fer  de  18  à  20  cen- 
timètres de  profondeur,  et  ayant  seulement  un  peu  plus  de  diamètre  que  le 
cylindre  de  bois.  Cet  appareil,  pLicé  sur  un  fourneau,  contient  de  l'eau  qui 
est  bientôt  échauiïéc,  de  sorte  que  la  vapeur,  pénétrant  dans  les  graines,  les 
amollit  et  facilite  la  séparation  du  suif. 

J'ai  vu  un  de  ces  fourneaux  qui  supportait  une  rangée  de  cinq  ou  six  de 
ces  bassines  de  fer  :  il  avait  environ  1  mètre  de  haut  sur  1"',20  ou  1"',30 
de  large,  et  2''\50  à  3  mètres  de  long.  Le  foyer,  disposé  à  l'une  des  extrémi- 
tés, était  alimenté  avec  de  la  balle  de  riz,  des  broussailles  et  autres  menus 
combusti])les  produisant  un  feu  clair,  dont  la  chaleur  se  communiquait  à 
toute  la  rangée  des  bassines. 


76        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Lorsque  les  graines  ont  été  exposées  à  l'action  de  la  vapeur  pendant  dix 
ou  quinze  minutes,  on  les  vide  dans  un  mortier  de  pierre,  afin  de  délaclier 
tout  le  suif  des  autres  parties  qui  constituent  la  semence.  On  les  place  alors 
dans  des  esprces  de  cribles,  et  cette  dernière  opération  permet  en  général 
d'oblenir  tout  le  suif  que  la  plante  peut  fournir.  Cependant  il  arrive  quelque- 
fois qu'on  passe  les  graines  à  la  vapeur  une  seconde  fois,  pour  rendre  l'ex- 
traction plus  complète. 

Le  résidu  est  ensuite  pilé  et  pressé,  et  l'on  en  retire  de  riuiile. 

Le  suif  ainsi  obtenu  ressemlilc  assez  à  une  farine  grossière  de  graine  de  lin; 
sa  teinte  brune  est  due  à  une  enveloppe  très  mince  qui  recouvre  la  graine,  et 
qui  se  brise  et  se  détache  dans  roi)éralion  du  broyage  et  du  criblage.  On  les 
met  alors  dans  un  tuyau  ou  cylindre,  formé  d'anneaux  de  paille  iressée,  au 
nombre  de  cinq  ou  six  superposés. 

Lorsque  ce  cylindre  est  plein,  on  le  met  sous  presse.  Cette  presse  est  un 
appareil  assez  simple  et  même  grossier,  mais  qui,  connue  tous  les  ustensiles 
des  Chinois,  répond  bien  au  but  qu'on  se  propose.  Elle  est  composée  de  deux 
grosses  poutres  placées  longitudinalement  sur  une  forte  planche,  à  ZiO  ou 
50  centimètres  l'une  de  l'autre,  formant  ainsi  une  espèce  d'auge  reliée  en 
fer.  Le  suif  est  comprimé  et  poussé  par  des  coins  qu'on  enfonce  de  force  à 
l'aide  de  maillets  de  piei  re.  Il  coule  alors  par  un  trou  pratiqué  au  fond  de 
la  presse  et  tombe  dans  un  tube  destiné  à  lui  servir  de  récipient.  Arrivé  à  ce 
point,  il  est  parfaitement  propre  ei  d'une  belle  couleur  blanche.  Il  est  à  demi 
liquide,  mais  il  ne  larde  pas  à  se  solidifier,  et,  dans  les  temps  froids,  il  est 
assez  cassant. 

L'intérieur  du  tube  qui  reçoit  le  suif  est  humecté,  puis  saupoudré  d'un  peu 
de  terre  rouge,  réduite  en  poussière,  d'une  extrême  ténuité,  pour  empêcher  la 
matière  d'adhérer  aux  parois.  La  matière,  dès  qu'elle  est  de\enue  solide,  est 
extraite  du  tube  et  portée  en  cet  état  sur  le  marché.  Comme  les  chandelles 
qu'on  fabrique  avec  ce  suif  végétal  sont  sujettes  à  s'amollir  cl  même  à  se 
liquéfier  dans  les  temps  chauds,  on  les  plonge,  pour  leur  donner  plus  de 
consistance,  dans  de  la  cire  de  diverses  couleurs,  rouge,  verte  ou  jaune.  Celles 
qui  sont  destinées  aux  cérémonies  religieifses  sont  en  général  de  plus  grande 
dimension  el  richement  ornées  de  caractères  d'or. 

Le  tourteau  ou  marc  restant  dans  la  presse  après  l'extraction  du  suif  sert 
comme  combustible  ou  comme  engrais.  Il  en  est  de  même  du  marc  ou  résidu 
des  graines  dont  ou  a  extrait  l'huile. 

Connne  ou  le  voil,  l'arbre  à  suif  rend  dans  l'Inde  et  dans  la  Chine  de  très 
utiles  services.  Nous  nous  élonnons  dès  lors  qu'on  ait  craint  d'essayer  sa  plan- 
tation en  Algérie.  Pour  être  convaincu  du  succès  de  la  transplantation  de 
cet  arbre,  on  n'a  qu'à  aller  voir  les  magnifiques  sujets  qui  sont  en  livraison 
au  jardin  d'acclinialalion,  au  Ilannna,  ainsi  que  la  vigueur  de  ceux  qu'un  de 
nos  amis,  j\1.  Bcsson,  propriétaire  à  Saint-Eugène,  a  fait  iransplanler  l'année 
dernière  à  racines  nues  et  sans  trop  grand  soin. 

.Nous  engageons  vivemeni  les  propriétaires  qui  ont  des  plantations  à  faire, 


CHRONIQUE.  // 

à  essayer  l'arbre  à  suif;  il  croît  parfaitement  sur  le  littoral  do  la  mer,  ainsi 
que  sur  les  premières  pentes  de  l'Atlas  jusqu'à  une  élévation  de  li  à  500  mètres. 

Nous  avons  sous  les  yeux  dos  ronseignomonts  ])osilifs,  desquels  il  résulte 
que  les  Européens  élaijlisdans  l'Inde  ont,  il  y  a  quelques  années,  essayé  d'en 
faire  des  bougies,  et  que  les  résultats  obtenus  ont  dépassé  toutes  les  espé- 
rances. Ce  suif  se  détache  parfaitement  du  inoulo.  il  donne  une  lumière  aussi 
brillante  que  celle  du  suif  animal,  et  l'emporte  sur  ce  dernier  en  ce  qu'il  ne 
répand  pas  une  odeur  infecte  quand  il  brûle  ou  qu'on  l'éteint.  La  cire  môme 
est  loin  d'avoir  ces  avantages  :  elle  tient  au  moule  et  coule  en  brûlant.  Mélangé 
à  cette  dernière,  au  blanc  de  baleine  et  au  suif  ordinaire,  il  donne  un  éclai- 
rage utile  et  peu  coûteux.  Pour  connaître  la  combustibilité  comparative  du 
suif  végétal,  on  a  fait  des  bougies  de  suif  végétal,  do  suif  animal  et  de  cire, 
fondues  dans  le  même  moule  et  du  même  poids  ;  on  les  laissa  brûler  dans  le 
même  appartement  et  à  une  température  de  55  degrés.  Au  bout  d'une 
heure,  la  cire  avait  perdu  le  septième  de  son  poids,  le  suif  animal  le  sixième, 
et  le  suif  végétal  seulement  le  neuvième. 

Cet  arbre  mérite  donc,  par  ses  diverses  propriétés,  d'attirer  rallonlion  de 
tous,  et  nous  nous  faisons  un  devoir  de  le  signaler  aux  cultivateurs. 


Le  journal  le  Jardin  zooloyiquc,  publié  à  Francfort  sous  l'habile  cl  ac- 
tive direction  du  docteur  Weinland,  contient  dans  les  derniers  numéros 
de  cette  année  plusieurs  notices  et  plusieurs  observalions  qui  m'ont  paru 
de  nature  à  intéresser  la  Société  d'acclimatation. 

Numéru  cVaoïlI.  —  Le  docteur  Bodinus,  directeur  du  jardin  de  Cologne, 
dunne  de  curieux  détails  sur  les  habitudes  de  VAnas  tadorua.  Ce  superbe 
oiseau,  que  l'on  trouve  dans  la  plupart  des  jardins  zoologiques,  s"enfoure 
dans  des  terriers  à  renard,  et  par  son  courage  il  impose  presque  toujours 
à  ces  perfides  animaux.  Il  fait  son  nid  sur  des  toits  ou  sur  des  arbres  élevés. 
Quand  les  petits  sont  assez  grands,  ils  se  laissent  simplement  tomber  :  leur 
duvet  épais  prévient  les  dangers  de  la  chute.  Une  distance  souvent  assez 
considérable  sépare  le  nid  des  bords  do  la  mer.  Les  parents  défendent  éner- 
giquoment  leur  jeune  progéniture,  mais  jamais,  comme  on  l'a  prétendu, 
on  n'a  vu  les  canetons  sur  le  dos  de  leur  père  ou  de  leur  mère.  Ces  canards 
sont  excellents  plongeurs.  Pour  la  nourriture  des  jeunes  canetons  élevés 
en  captivité,  le  docteur  Bodinus  rocoiumande  les  lentilles  d'eau,  la  salade 
hachée,  le  frai  de  poisson,  et  enfin  les  œufs  de  fourmi.  Si  on  ne  leur  donne 
que  du  seigle  pour  nourriture,  au  bout  de  pou  de  temps  ils  deviennent 
aveugles.  Cette  maladie,  qui  commence  par  une  intlannuation  d(î  la  cornée, 
se  remarque  dans  les  mômes  conditions  chez  le  Pinson,  appelé  Fringilla 
cœlcbs.  Les  Canards  {Anus  tadorna)  ont  besoin  d'eau,  mais  ils  restent  le 
plus  souvent  sur  terre,  ils  se  reproduisent  difficilement  on  captivité,  cepen- 
dant le  docteur  Bodinus  a  obtenu  cette  année  de  bons  résultats. 

—  Le  docteur  Mobius,  en  faisant  part  de  l'arrivée  à  Hambourg  do  nom- 


78        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMATATION. 

breiix  animaux  dostinés  au  jardin  zoologiquc  de  celle  ville,  annonce  que  le 
jardin  sera  ouvert  au  mois  de  mai  procliain. 

—  A  Slutlgard,  un  terrain  vient  d'être  acquis  près  de  l'Augai-len  pour 
une  Sociélé  qui  se  propose  d'y  créer  un  jardin  zoologique. 

Numéro  de  septembre.  —  Le  docteur  Folgcr  l'ail  part  de  la  louable  cou- 
tume qu'ont  les  habitants  de  l'Erzgebirge  d'installer  en  haut  des  arbres  qui 
avoisinent  leurs  demeures  des  boîtes  de  bois  forl  siuîples,  avec  un  trou 
d'entrée  à  peu  près  grand  connue  une  pièce  de  10  centimes  ou  comme  une 
pièce  de  5  francs.  Ces  boîtes  servent  de  nids  aux  dillerenles  espèces  d'oi- 
seaux. Les  boîtes  ne  restent  pas  longtemps  vides,  el  leurs  intéressants  petits 
hôtes  s'y  trouvent  à  l'abri  dos  allafpies  de  leius  trop  nombreux  ennemis. 

—  Des  observations  faites  avec  beaucoup  de  soin  dans  les  montagnes  du 
Taunus  et  du  Spenard,  près  de  Francfort,  sur  les  habitudes  des  Cerfs  et  des 
Chevreuils,  lelatent  plusieurs  faits  curieux.  Ainsi  les  Cerfs  s'y  étaient  pen- 
dant longtemps  abstenus  de  toucher  aux  écorces  des  l'ins.  La  notice  du 
docteur  Uolie  sur  ce  sujet  se  recommande  à  l'allcnlion  de  toutes  les  per- 
sonnes qui  s'occupent  d'économie  forestière. 

—  Le  comte  de  Ilenene  mande  de  lîelgique  que  des  l'erruches  ondulées, 
s'étant  échaiipées  de  leur  volière  au  printem])s,  se  sont  reproduites  en  liberté 
dans  son  parc. 

—  Une  Société  zoologique  et  botanique  d'acclimatation  vient  d'être  fondée 
à  la  Haye  sous  le  patronage  du  l'.oi. 

—  Une  lettre  de  Copenhague  annonce  que  le  jardin  zoologique  de  celte 
ville  est  en  pleine  prospérité.  On  y  remarque  un  oiseau  rare,  l'Oie  à  cuiller 
{l'iatalen  zeiiiorodia),  prise  dans  le  Jutland. 

Le  Bulletin  mensuel  du  Jardin  zuuloijiqiie  de  Francfort  raconte  que 

les  Oiseaux  fileurs  {Qiielea  saïujuinirosiris]  ont  conslruil  dans  leur  volière 
un  nid  arlistement  (ilé  et  qu'on  y  a  trouvé  trois  petits  morls.  Ce  fait  permet 
d'espérer  qu'on  pourra  oblenir  la  reproduction  de  ces  oiseaux  en  captivité. 


Eruatuji.  —  Nous  recevons  de  M.  le  docteur  Sicard,  de  Marseille,  la 
reclilicalioii  suivante  que  nous  nous  empressons  d'insérer  ici  :  «  Une  grave 
erreur  s'est  glissée  liaus  la  rédaction  du  procès-verbai  de  la  séance  du  2i)  dé- 
cembre dernier  {Bidletiii,  1862,  p.  lOAG).  Les  objets  que  j'ai  envoyés  à  la 
Société  sont  exirails  des  graines  du  C(itli-i>é  de  Cliinr,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  le  Calli-sé  de  M'ont ignij,  (pii  est  une  autre  plante.  " 


VI.  BULLKTIN  MENSUEL  DU  JARDIN  D'ACCLIMATATION. 


I.  —  Décembre  a  élé  bien  pluvieux,  à  peine  y  a-l-il  eu  deux  belles  jour- 
nées, pas  une  seule  gelée,  presque  constamment  dos  vents  du  sud  et  de 
l'ouest.  On  dirait  rautomne  prolongé  :  si  ce  temps  est  favorable  à  la  végétation 
et  niainlienl  les  gazons  verts,  de  toutes  les  conditions  almospluiriques  riuiini- 
dité  est  la  plus  désagréable  à  l'organisa  lion  animale.  Aussi  nos  pauvres  bêles, 
blotties  sur  eilcs-mcnies,  la  tête  liasse,  le  cou  rentré,  les  ailes  pendantes,  le 
poil  ou  la  plume  hérissés,  recherchent  les  coins,  et  semblent  se  conformer  au 
sombre  état  du  ciel!  Dans  celte  saison,  ou  les  sort  lard  et  on  les  rentre  de 
bonne  heure. 

II.  —  Sous  l'influoncc  de  cette  température,  plusieursseniblent  vouloir  en- 
trer en  amour  plulùl  que  de  coutume,  surtout  les  Faisans  et  les  Tourterelles. 
Le  Lophophore  poursuit  sa  femelle,  fait  la  roue,  porte  sa  queue  en  éven- 
tail :  il  est  en  cet  appareil  aussi  beau  que  le  Paon.  Quelques  Canards,  La- 
brador et  hollandais,  ont  déjà  donné  des  œufs.  La  ponte  est  aussi  un  peu 
plus  active  chez  les  Poules,  surtout  chez  les  petites  races  ni'gre  et  Bantam. 

Les  Poules  sont  lâchées  le  jour  dans  les  parquets  et  renfermées  la  nuit. 
On  leur  donne  pour  nourriture  moitié  sarrasin,  un  quart  blé  et  un  quart 
orge,  et  pour  verdure  des  choux  et  de  la  salade  :  l'orge  est  de  toules  les 
graines  la  moins  mangée  par  elles.  Malgré  celte  nourriture,  beaucoup  d'oi- 
seaux ont  eu  la  diarrhée. 

IlL  —  Parmi  les  manuniières,  les  naissances  ont  été  nombreuses.  Les 
Krebis  de  l'Yénien  ont  eu  2  petits;  les  Lagabbe,  2;  les  Alauchamp,  1  ;  les 
Naz,  i  ;  les  Morvans,  1;  les  Romains,  2;  l'Axis,  1,  et  la  Brebis  du  SéiK-- 
gai,  1  ;  les  Chèvres  d'Egypte,  du  Sénégal,  chacune  2.  Trois  avortcmenls  ont 
eu  lieu. 

Il  a  été  remarqué  que  les  Moulons  du  Sénégal,  au  poil  ras  et  roide,  se 
couvraient  d'une  laine  plus  frisée  dès  le  premier  hiver,  et  que  ce  phéno- 
mène était  encore  plus  marqué  chez  les  petits  qui  naissaient  d'eux. 

IV.  Mortalifé.  —  iNIalgré  la  mauvaise  saison,  la  mortalité  a  été  moins 
considérable  parmi  les  oiseaux  (pie  les  mois  précédents.  Nous  avons  perdu 
i  Poule,  o  Coqs,  [\7  oiseaux  de  volière,  dont  10  Colins,  8  Tétras  huppccols 
récemment  arrivés,  16  Faisans,  39  oiseaux  d'eau. 

Parmi  les  mammifères,  2  Pécaris,  1  Kangurou  Derby,  1  Agneau  Yémen, 
1  Manicou,  1  Lapin,  i  Lièvre. 

Sur  un  Faisan  il  a  été  trouvé  un  amas  de  calculs  d'acide  urique  dans  le 
cloaque,  avec  rétention  d'urine  dans  les  uretères. 

Mais  la  lésion  la  plus  commune  était  celle  de  la  membrane  muqueuse  in- 
testinale, ramollie,  arborisée,  et  quelquefois  avec  inhllration  sanguine  de 
ses  tuniques,  et  même  épanchement  hémorrhagique  dans  la  cavité  intesti- 
nale; ce  qui  concordait  avec  les  diarrhées. 


80        SOCIÉTÉ   IMI'ÉUIALE   ZOULOGIQUE   d'aCCLLMATATION. 

Toujours  beaucoup  de  conUisions  du  sternum,  des  poumons  et  du  crâne, 
mais  pas  un  seul  cas  de  la  diplilliérilcsi  fréquente  précédemment. 

V. —  VAquarima  est  toujours  bien  garni  de  Crustacés,  Mollusques  divers, 
Zoopliytes,  provenant  d'envois  réguliers  faits  de  Clierbourg;  il  est  plus  diffi- 
cile de  faire  arriver  des  poissons  vivants.  Les  Squales  roussettes  qui  s'y  trou- 
vent depuis  un  mois  se  maintiennent  très  bien,  sans  prendre  aucune 
nourriture,  quoique,  en  liberté,  ces  poissons  passent  pour  si  voraces.  ]\ous 
avons  reçu  de  M.  Carbonnier  une  collection  de  f'oissons  de  rivière,  parmi 
lesquels  se  trouve  un  Barbillon  blanc. 

o80  000  œufs  de  Fera  reçus  d'IIuningue  n'ont  donné  aucun  résultat. 
20  000  œufs  de  'J'ruile  et  20  000  de  Saumon  ont  donné  des  éclosions  en  assea 
grand  nombre. 

Vi.  Jardin.  —  La  températuie  a  été  en  moyenne  de  o  degrés  au-dessus 
de  zéro  à  six  lieures  du  matin,  et  de  5  degrés  au-dessus  de  zéro  après  midi. 
Les  extrêmes  ont  été  de  h  degrés  au-dessous  de  zéro  au  minimum,  et  de 
\h  degrés  au-dessus  de  zéro  au  maximum. 

Cette  température  exceptionnellement  douce  pour  la  saison  provoque  un 
mouvement  de  végétation  dans  beaucoup  d'arbustes,  tels  que  Lilas,  Sureaux, 
Lauriers  de  la  Colcbide,  (Jroseilliers  stériles,  Corcliorus,  Cbèvrefeuilles, 
Forsythia,  Seringats,  Spirées,  iNIalionia,  Cornouillers  à  fruits  et  autres,  dont 
les  boutons  sont  près  de  se  développer. 

Les  fleurs  sont  très  rares,  mais  cependant  nous  avons  en  arbustes  de  la 
Chine  et  du  Japon  en  fleur  ;  les  Jasmins  à  fleurs  nues,  Malionia  Bealii  et 
japonico,  (.'ahjcanthus  prcecox  et  Cognassiers  du  Japon.  L'Europe  ne  nous 
fournit  que  deux  arbustes  en  fleur  :  ce  sont  le  Laurier-tin  et  l'Ajonc  marin 
à  fleurs  doubles. 

Dans  le  Jardin  d'hiver,  la  floraison  se  compose  de  Primevères  de  la  Chine,  de 
Mimosas,  et  surtout  de  Camellias,  dont  le  nondjrc  de  fleurs  augmente  chaque 
jour. 

Le  Jardin  a  reçu  : 

De  madame  la  baronne  Laurence,  deux  jeunes  Roucouyers  ; 
De  M.  de  Sabrun,  des  graines  de  Palmier  épineux  et  du  IMillet  de  Pon- 
dichéry; 

De  la  Société  impériale,  des  graines  de  la  Coca  et  de  YAbies  reyinœ  Ama- 
liœ,  et  des  liges  de  Manioc  ; 

De  madame  Canel  (par  l'entremise  de  ^L  de  Sainl-Oucntin),  une   grande 
collection  de  graines  recueillies  par  M.  le  capitaine  Canel,  son  lils,  dans  ses 
voyages  en  divers  pays,  et  un  échantillon  de  filasse  de  Chine,  que  l'on  croit 
provenir  de  l'Ortie  blanche  de  Chine. 
Le  Jardin  a  donné  : 

A  M.  Ledentu  et  à  M.  le  baron  Larrey  des  collections  de  graines  et  de 
l^ommes  de  terre. 
Le  nombre  des  visiteurs  a  été  de  9123. 

Le  Directeur  du  Jardin  d'acdimalalion, 
liUFZ  DE  LAVISON. 


SEPTIÈME  SÉANCE  PIBLIOIE  4NNIELLE 


DE 


LA  SOCIÉTÉ  IiMPÉIUALE  ZOOLOGIQUE  D'ACCLIMATATION. 


PROCÈS -VERBAL. 

Celle  séance  a  eu  lieu  à  l'Hôtel  de  ville,  salle  Saint-Jean, 
le  mardi  10  février  1863. 

S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lliuys ,  Ministre  des  affaires  étran- 
gères, président  de  la  Société,  occupait  le  fauteuil  de  la  prési- 
dence. A  côté  de  lui  siégeaient  au  bureau  :  S.  Exe.  M.  l'ainbas- 
sadcur  de  la  Porte  Ottomane;  MM.  A.  Passy,  vice-président; 
le  comte  d'Eprémesnil,  secrétaire  général;  Guérin-Ménevillc 
et  le  docteur  L.  Soubeiran,  secrétaires;  de  Quatrefages, 
membre  du  Conseil,  et  Rufz  de  Lavison,  directeur  du  Jardin 
d'acclimatation. 

Sur  l'estrade  se  trouvaient  placés  MM.  les  membres  du 
bureau  et  du  Conseil,  les  présidents,  vice-présidents  et  secré- 
taires des  cinq  sections  et  de  la  Commission  des  récompenses, 
avec  un  grand  nombre  de  membres  de  la  Société  français  et 
étrangers. 

La  salle  était  occupée  tout  entière  par  une  nombreuse  et 
brillante  assemblée.  L'organisation  de  la  séance  avait  été  con- 
fiée, comme  les  années  précédentes,  aux  soins  d'une  Commis- 
sion composée  de  MM.  E.  Dupin  ,  F.  .Jacquemart  et  le  comte 
de  Sinéty.  M.  le  marquis  de  Selve  avait  bien  voulu  se  cliarger 
d'en  faire  les  lionncurs  avec  plusieurs  commissaires  désignés 
parmi  les  membres  de  la  Société. 

—  La  séance  a  été  ouverte  par  un  discours  de  S.  Exe. 
M.  Drouyn  de  Lbuys  ,  Ministre  des  affaires  étrangères,  pré- 
sident. 

T.  \.  —  Janvier  cl  l'cMicr  l;-iGL>.  d 


il       suciétl;  impériale  zoulogique  d'acclimatation. 

—  M.  L.  Suubciran,  secrétaire  des  séances,  a  présenté 
un  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  en  186"2, 

—  A  la  suite  de  ce  rapport,  M.  Drouyn  de  Lhuys  a  pris  la  pa- 
pour  rappeler  les  succès  obtenus  par  la  Société  à  l'exposition 
universelle  de  Londres.  Il  a  annoncé  que  trois  médailles  lui 
ont  été  décernées  par  le  jury  international  pour  les  produits 
(qu'elle  y  avait  présentés.  M.  le  Président  a  ajouté  qu'outre  ces 
médailles  accordées  à.  la  Société  elle-même,  des  récompenses 
ont  également  été  décernées  à  madame  la  comtesse  de  Cor- 
neillan,  à  M.  Davin,  à  M.  Forgemol  et  à  M.  Guérin-Méneville, 
pour  leurs  produits  spéciaux  exposés  dans  ses  vitrines. 

—  M.  Piufz  de  Lavison,  directeur  du  Jardin  d'acclimatation, 
a  ensuite  prononcé  un  discours  sur  l'aquarium  du  Jardin. 

M.  le  comte  d'Éprémesnil,  secrétaire  général,  a  pris  la 

parole  pour  présenter  la  liste  des  prix  anciens  et  nouveaux 
proposés  par  la  Société  ou  provenant  de  fondations  particu- 
lières. Ces  prix  sont  au  nombre  de  vingt-cinq,  et  il  faut  y 
ajouter  quinze  primes  spéciales  pour  la  propagation  ou  le 
dressage  des  Yaks  et  des  Chèvres  d'Angora. 

La  Société  a  en  outre  proposé  des  primes  de  500  francs 
pour  les  meilleurs  ouvrages  théoriques  sur  des  questions 
relatives  à  Facclimatation. 

La  liste  et  le  programme  de  ces  prix  sont  ainsi  conçus  : 

pmX  EXTRAORDINAIRES  PROPOSÉS  PAR  LA  SOCIÉTÉ. 

Séance  publique  annuelle  du  10  février  1857. 
I.   Domestication  complète,  appliciitloii  à  rogricnltiirc  ou  emploi  dans  les 
villes  de  PlléiiiionG(£'ryai/s  Itcmionus)  ou  du  Dauw  (£.  Burchellii). 
La  domoslication  suppose  nccessaireineiit  la  reprodLiclion  en  caplivilc. 
Concours  proroiri' jiisfiu'ou  1'^'  déceiiilii'c  18G7. 
l'RIX:  Une  nicilaillo  ilc  1000  francs. 

H.  Introduction  et  domestication  du  Droméc  (Casoar  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande ,  Dromaius  Xovœ  Hollandia')  ,  ou  du  Nandou  (Autruche 
dWniériquc,  Hhca  americana). 

On  devra  possédur  six  ir.dividus  an  moins,  cl  avoir  obtenu  doux  générations  en  captivité- 
Concours  ouvert  jnsfin'au  1"  déccnilirc  1805. 
PniX:  Une  médaille  de  15U0  francs. 

III.  Introduction  et  acclimatation  d'un  nouveau  s;ibicr  autre  que  le  Colin 
de  Californie,  pris  dans  la  classe  des  Oiseaux. 

Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravnijer  les  cultures. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l"déeendjre  18G7. 
Prax  :  Une  médaille  de  500  fr.uics. 


PROCÈS-VERBAL   DE   LA    SÉANCE   l'UBLI^UE.  m 

i\.  Acclimatation  en  Europe  ou  en  Algérie  d'un  Insecte  producteur  de 
cire  autre  que  l'Abeille. 

Concours  proroge  jusqu'au  4"  décembre  18G6. 
Prix  :  Une  médaille  de  1000  francs. 

\.  Création  de  nouvelles  variétés  d'Ignames  de  la  Chine  {Dioscorea 
batatas)  supérieures  à  colles  qu'on  possède  déjà,  et  notamment 
plus  faciles  à  cultiver. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  18G3, 
Prix  :  Une  médaille  de  500  francs. 

Séance  publique  annuelle  du  17  février  1859. 

I.  Propagation  de  la  race  ovine  Graux  de  Mauchanip  en  dehors  de  la 
localité  où  elle  a  pris  son  origine  (en  France  ou  à  l'étranger). 

On  devra  juslifier  de  la  possession  d'au  moins  100  bêles  nées  chez  le  propriétaire,  et 
présentant  le  type  do  la  race  de  Mauchamp  pour  la  laine,  et  une  bonne  conformation. 

Concours  ouvert  jus(|u'au  \"  décendjre  \  80-i. 

Prix  :  Une  médaille  de  1000  francs. 

Plus  lUOO  francs  olferls  par  i\I.  Davin  (voy.  page  VII). 

II.  Introduction  et  acclimatation  à  la  MarUnique  d'un  animal  destrucieui' 
du  Bolhrops  lancéolé  (vulgairement  appelé  ^■ipère  fer-dc-lance ) , 
à  l'état  de  hberté. 

On  devra  avoir  obtenu  trois  générations. 

Sont  except(;cs  les   espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1  "  décembre  1 8G9. 

Prix  :  Une  médaille  de  1000  francs.  '       ' 

Séance  publique  annuelle  du  ik  février  1861. 

Introduction,  culture  et  acclimatation  du  Quinquina  dans  le  midi  de 
l'Europe  ou  dans  une  des  colonies  françaises. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  18G5. 
Prix  :  Une  médaille  de  1 500  francs. 


0 


Séance  publique  annuelle  du  20  février  ISGi 

I.  Métissage  de  l'IIémione  ou  de  ses  congénères  (Dauw,  Zèbre,  Couagga), 
avec  la  jument. 

On  devra  avoir  obtenu  un  ou  plusieurs  métis  Agés  au  moins  d'un  an. 
Concoin-s  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  186G. 
PRIX:  Une  médaille  de  1000  francs. 

11.  Propagation  des  métis  de  l'IIémione  et  de  ses  congénères  avec  l'ànesse. 

Ce  prix  fera  décerné  à  l'éleveur  ,pii  aura  produit  le  plus  de  métis.  (Il  devra  en  présenter 

SIX  individus  au  moins.) 
Concoiu-s  ouvert  jusqu'au  1"  décemljrc  18CG. 
Prix:  Une  médaille  de  1000  francs. 

III.  Domestication  de  l'Autruche  d'Afrique  (Struthio  camelus)  en  Europe. 

On  devra  justifier  de  la  possession  d'au  moins  douze  Autruches  nées  chez  le  propriétaire 

et  âgées  d'un  an  au  moins. 
Concours  ouvert  jus(pran   i"  décendjre  18G6. 
Prix  :  Une  médaille  do  1500  francs. 


IV         SOCIETE   IMPERIALE    ZOOLOGIQUE    1)  ACCLIMATATIOX. 
JV.   Domeslicalioii  de  rAulrnche  {Strulhio  cainoliis)  en  Alric|iH'. 

On  ile\r:i  juslifici'  île  In  po^jc^siiin  d'an  moins   trcnto-six  Aiilriiclics,   mies  clieï  lo  pro- 

iniolaii'C  et  àp^ôcs  d'iiii  an  an  ninins. 
Concours  onvcri  jnsrpi'an  1"  (li'conibrc  ISOC. 
PniX.  Une  niL'tl;iille  île  1500  francs. 

y.  InlrocUiriion  en  France  cl  rcprodiiclion  en  captivilc  du  Dindon  ocellé. 
{Meleagris  ocellata). 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1807. 
Pnix  :  Une  nicdaillc  de  1  000  francs. 

VI.  Iicprodiiction  en  France  du  Tctrao  cupido. 

On  devra  prosenlcrau  moins  dix  snjctsvivanis,  de  seconde  géncralioii  produite  en  capti\ilé. 
Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1805. 
PniX  :  Une  médaille  de  1000  francs. 

Vil.  r»cproduclion  en  captivité  du  Lophopîiorc  {Lophophoru$  refulgens) 
en  France. 

Oii  devra  présenter  au  moins  six   sujets  vivants,  do  seconde  génération  produite  eu 

captivité. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1807. 
Prix  ;  Une  médaille  de  500  francs. 

Vllt.  Reproduction  du  Goufa  {Columba  coroiiain)  en  France. 

On  devra  présenter  au  moins  denx  sujets  vivants,  de  seconde  génération  produite  cfi 

captivité. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1807. 
Paix  :  Une  médaille  de  500  fr.incs. 

IX.  Introduction  et  acclimatation  d'un  nouveau  Poisson  alinieniaire  dans 

les  eau\  douces  de  la  France,  de  FAIgéne,  de  la  Alarlinique  ou  de  la 
fiuadeloupe,  ou  d'un  Crustacé  alimentaire  dans  les  eaux  douces  de 
l'Algérie. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  iléccndirc  1800. 

Prix  :  Une  méilaille  de  500  francs. 

Le  prix  sera  doubb',  si  le  poisson  introduit   et  acclimaté  c^l  le  riiunami. 

X.  Acclimatation  accomplie,    en   France  ou   en  Algérie,  (rune  nouvelle 

espèce  de  Ver  à  .soie,  produisant  de  la  .soie  bonir-  à  dévider  et  à 
employer  industriellement. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décond)rc  1800. 
PlUX  ;  Une  médaille  de  1000  francs. 

Séance  publique  annuelle  du  10  février  I8G3. 
Application  industrielle  de  la  soie  du  5o?H?;j/a'(7(/?i//)ia,  Ver  àsoiedel'Ailante. 

Cbi  devra  présenter  plusieurs  cou|ics  d'étoffes  formant  enseuibic  au  moins  100  mètre-,  cl 
fabriquées  avec  la  soie  dévidée  en  tlls  coulions  du  [iomh'j.r  Cyiitliin,  ou  du  /?.  Arrintlia, 
ou  de  métis  de  ces  deux  espèces,  et  sans  aucun  mélange.  Les  tissus  en  boinre  do  soie  soûl 
bors  de  concours. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  déccud)re  1803. 

Pmx  :  Une  médaille  de  1000  francs. 

1"    Iniinaux  de  pur  sang. 
Pour  tout    éleveur  qui  présentera   avant    le    1"^  décembre    18G')   quatre 
Yaks  de  pur  sang,   d'un  an  au  moins,  nés  cliez   lui,  conformes  aux 
tvpc's  conserv('s  par  la  Société  el  reconnus  de  boiiiie  cuut'oriiuilioii. 

1"  l'uix  :    Vaw  prime  de  iSOO  francs. 
2'  l'IllA  ;    Une  (irime  de  iOOO  bancs. 


PROCÈS-VERDAL  DE  LA  SÉANCE  PUBLIQUE.        V 

2"  Métis  d'Yak  et  de  VacJte  de  travail. 
Pour  loiU  ('îcvoiir  qui  préscnlcra  avant  le  i"  décembre  1865  huit  sujets 
cl'iiii  an  au  moins,  nés  chez  lui  et  provenant  de  croisemenls  d'une 
Vache  de  Iravail  (race  de  montagne)  et  d'un  Yak  de  pur  sang  : 

■l"  Pnix  :    Une  primo  do  1800  fi'ancs. 
2'  Pr.IX  :   Une  primo  du  1200  francs. 

B'ritite!<i  iiuui-  (o  «Ircst^agc  «los  Vaks. 

i°  Bêtes  de  labour. 

Pour  tout  éleveur  qui  présentera  au  concours,  avant  le  1"  décembre  18G5, 

ini  attelage  d'Yaks,  ou  de  métis  d'Yak  et  de  Vache,  pouvant  labourer 

\\n  hectariî  de  terre  en  concurrence  avec  des  bœufs  de  trait  : 

\"  Piu\  :  Puur  le  meil!cnr  labour  fait  dans  le  moindre  temps,  une  prime  de  800  francs. 
2'   Piux  :   Une  prime  de  GOO  IVancs. 
n«  Pr.ix  :   Une  |"rime  de  400  francs, 
•i'  Pliix  :  Une  prime  de  200  francs. 

2"  Bêtes  de  somme  ou  de  bât. 
Pour  lout  élevein-  ou  cultivateur  qui  pr('sentera  au  concours,  avant  le 
:P'  décembre  18G5,  un  ou  plusieurs  Yaks  ou  métis  d'Yak  et  de  Vache 
de  motitagne,  employés  ordinairement  comme  bêtes  de  somme  ou  de 
bût,  et  pouvant  porter  des  fardeaux  en  gravissant  de  fortes  pentes  : 

■)«'PaiX:  Une  prime  de  500  fr.nncs. 
2"  Prix  :  Urie  prime  do  300  francs. 
3'  Prix  :  Une  prime  de  200  francs. 

Pi-iuies  |»oHi"  les  ('hcvrc.4  d'Angora. 

1"  Animaux  de  imr  sang. 
Pour  lout  éleveur  qui  présentera  au  concours,  avant  le  1"  décembre  18G5, 
douze  sujets  de  pur  sang  âgés  d'un  an  au  moins  et  de  trois  ans  au 
plus,  nés  chez  lui,  et  dont  les  toisons  seront  reconnues  d'une  qualité 
égale  à  colle  des  types  conservés  au  siège  de  la  Société  : 

1"  Pmx  :   Une  primo  do  1  500  francs. 
2»  Pr.IX  :   Une  prime  do  1000  francs. 

2°  Animaux  métis. 
Pour  lout  éleveur  qui  présentera  au  concours,  avant  le  1"  décen)brc  1865, 
douze  sujets  métis  3//i  de  sang,  nés  et  élevés  chez  lui,  dont  les  toisons 
se  rapprocheront  le  plus  des  types  conservés. 

i"  l'uix  :   Une  piimo  de  12U0  francs. 
2*  Pmx:   Une  primo  de  800    francs. 

I.es  prix  ne  seront  décernés  qn'antant  rjne  les  toisons  seront  jugées  assez  belles  pour  être  cm- 
l'Iiiyées  dans  l'industrie. 

l>i-iiue»i  pour  les  travaux  (héoricnios  relaUfH  à  l'acoliniatntion. 

A  partir  de  1803,  les  travaux  théoriques  sur  des  questions  relatives  à  l'ac- 
climatation pourront  être  récompensés,  chaque  année,  par  des  mé- 
dailles .spéciales  de  500  francs  au  moins. 

I.cs  ouvrages  devront  rirv  inij  iiu:és  et  remis  à  la  ?nci('té  avant  le  1"  juillet  de  cbaque  année. 


VI  SOCIÉTÉ   IMPERIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

PRIX  PROVENANT  DE  FONDATIONS  PARTICULIÈRES. 

Séance  publique  annuelle  du  17  février  1859. 

Fi-U    fOBtUé  |i>ai>    Itl.  !'\  Bitaviae^   siiastui'acliii'ier. 

Propagation  do  la  race  ovine  Graux  de  Mauclianip. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1804. 

Prix  :  Une  somme  de  1000  francs  à  ajouter  à  la  médaille  do   lOÛO  francs  fondée  par  la 
Société  pour  le  même  objet  (voy.  page  m). 

Prix  fondé  isnr  M.  le  rtocteiu*  Saoe. 

Amélioration  do  la  Chèvre  d'Angora.  * 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1S63. 

Prix  :  Une  prime  de  100  francs  pour  la  toison  la  plus  lourde  do  Clicvre  d'Angora. 

Si  la  toison  est  on  nu''me  temps  remarquable  par  ses  qualités,  la  Société  triplera  cette  prime. 

Séance  publique  annuelle  du  l/j  féorier  1861. 

Prix    fontio    |iar   m"""   liit!«'-fiaioaM,  iU-(^  a»o!alaii<lo. 

Une  grande  niôdaille  d'or  sera  décernée,  le  10  février  186-'i,au  voyageur  qui, 
en  Afrique  ou  en  Amérique,  aura  rendu  depuis  huit  années  le  plus  de 
services,  dans  l'ordre  dos  travaux  de  la  Société,  principalement  au  point 
de  vue  de  l'alimenlation  de  l'homme. 

Les   pièces  relatives  à   ce  concours    devront   parvenir  à  la  Société  avant  le  l"   décembre 
1803. 

Prix  fon«l<"«  par  sin  «iicui8»ro  «îe  la  «^oeîétr  ««iiii  a  voiili!  a;«r<Ier 

rssnoiiiyiBH'. 

Deux  primes,  l'une  de  200  fr. ,  l'autre  de  100  fr. ,  seront  décernées,  chaque 

année,  pour  les  hons  soins  donnés  aux  animaux  on  aux  végétaux,  soit 

au  Jardin  d'acclimatation  (primo  de '200  francs),  soit  dans  les  élablisse- 

ments  d'acclimatation  se  rattachant  à  la  Société  (prhnedelOO  francs). 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant  le  1  "  décembre  de 
chaque  année. 

Séance  publique  annuelle  du  20  février  1862. 

Pi'ix   foiîilé  j»ar  M'""  bucrsiioau^  néo  Dclalaiidi*. 

Une  grande  médaille  d'or,  h  l'edigio  d'Isidore  GeoflVoy  Saint-Hilaire,  sera 
décernée,  le  10  février  186/i,  au  voyageur  qui,  <}n  Asie  ou  en  Océanie, 
aura  rendu ,  depuis  neuf  années,  le  plus  de  services  dans  l'ordre  des 
travaux  de  la  Société. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  être  parvenues  à  la  Société  avant  le  1"  décembre 
18(33. 

Prix  fondé  î»«r  M.  TSîoUlîa'^r-SSof^ijardin»!^  memJire  e(  déEôsnv 

dt<  !a  (Siofiélc. 

r.eproduclion  en  liberté  du  Colin  de  Californie. 

On  devra  fournir  la  preuve  que  l'on  a  obtenu,  en  France,  deii\  générations  successives  de  Colins 

de  Californie,  pondus,  couvés,  nés  et  reproduits  en  liberté  dans  la  même  localité. 
Concours  ouvert  jusipi'au  1°'  décendire  1804. 
Pi'.ix  :  Une  médaille  de  500  francs. 


PROCES-VERBAL  DE  LA  SÉANCE  PUBLIQUE.       VU 

Séance  publique  annuelle  du  10  février  j  863. 

I»rix  ron<I«>  par  M.  B-.  AllliiiBititiof,   «l'Arco    (Tyr«l). 

Domcsticntioii  (ruii  nouveau  palmipède  utile. 

On  devra  présenler  an  moins  dix  sujets  vivanls  de  seconde  génération  produite  en  caidivilé. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décemljre  18GG. 
Piux  :   Une  médaille  de  1000  francs. 

—  M.  le  Secrélairi?  général  a  terminé  la  séance  par  le  rap- 
port fait  au  nom  de  la  Commission  des  récompenses. 

Il  a  été  décerné  cette  année  : 

1"  Deux  litres  de  membre  honoraire  ; 

^^  Trois  grandes  médailles  d'or  hors  classe  ; 

3°  Un  rappel  do  médaille  de  première  classe,  de  vermeil; 

Zi"  Treize  médaihes  de  première  classe; 

5"  Treize  médailles  de  seconde  classe; 

6°  Neuf  mentions  honorables; 

T  Les  deux  primes  annuelles  de  200  et  de  100  francs; 

8"  Deux  récompenses  pécuniaires. 

Le  titre  de  memjjre  honoraire  a  été  conféré  à  M.  Michel 
IssAKOFF ,  délégué  du  Comité  d'acclimatation  de  Moscou  à 
Saint-Pétersbourg  ; 

.Et  à  M.  Eugène  Slaion,  chargé  par  S.  M.  l'Empereur  tl'une 
mission  agricole  en  Chine. 

Les  trois  grandes  médailles  d'or  ont  été  décernées  : 

A  M.  Victor  Bataille,  négociant  à  Cayenne  (Guyane  fran- 
çaise) ; 

A  M.  René  Caillaud,  naturaliste  piscicuUeur,  à  Paris; 
A  M.  Brierre,  recevecir  des  douajies  à  Saint-Hilaire-de-Biez 
(Vendée). 

Pour  les  autres  récompenses,  voyez  ci-après  le  rapport  de 
M.  le  Secrétaire  général. 

Le  Conseil,  par  décision  prise  le  13  février,  a  arrêté  que  les 
discours  prononcés  dans  la  séance  publique  du  10  février  1363 
seraient  insérés  in  extenso  dans  le  Bulletin  do  la  Société  et 
placés  en  tète  du  voiume  en  cours  d'exécution. 

Le  Secrétaire  des  séances, 

L.    SOUBEIRAN. 


DISCOURS  D'OUVERTUHi: 


Par  Son    Excellence    M.    DROUf  I>I    DE    I.HUYS, 

MinistL'o  lie  offi.ires  élrniigrrcs, 
Pi'ésidoiit  de  la  Société. 


Mesdames,  Messieurs, 

Il  y  a  trois  ans ,  je  rappelais  dans  rette  enceinte  que  nous 
avions  emprunté  aux  pays  les  plus  divers  un  grand  nombre 
des  plantes  qui  peuplent  nos  jardins  et  nos  parcs,  et  que  plus 
d'une  espèce  animale  avait  été  l'objet  d'une  acclimatation 
heureuse,  avant  que  notre  Société  se  fût  proposé  de  faire  de 
cette  pratique  un  lien  permanent  d'échanges  entre  les  na- 
tions. Je  voudrais  aujourd'hui  revenir  sur  ce  chapitre  des 
conquêtes  réalisées  par  nos  devanciers,  et  je  me  bornerai  à 
quelques  détails  sur  l'importation  des  espèces  des  deux  règnes 
qui  nous  fournissent  les  principales  matières  de  nos  vête- 
ments :  la  laine,  la  soie  et  le  coton. 

Je  n'aborderai  pas  ici  la  question  controversée  de  la  patrie 
originaire  du  Mouton.  Je  ferai  seulement  remarquer  que  les 
anciens  connaissaient  déjà  le  moyen  d'améliorer  les  bêtes 
ovines  existant  de  temps  immémorial  dans  une  contrée,  en 
les  croisant  avec  des  reproducteurs  tirés  d'autres  localités 
mieux  pourvues.  Polycrate  introduisit  dans  l'île  de  Samos 
les  Moutons  à  laine  fine  de  Milet  et  de  l'Atticiue.  Pline  appelle 
Moutons  grecs  ou  asiatiques  la  race  précieuse  que  les  Taren- 
tins  paraissent  avoir  en  eilet  importée  de  l'Asie  Mineure,  et 
que  les  Romains  amenèrent  en  Espagne.  Strabon  nous  ap- 
prend qu'un  bélier  espagnol  de  première  qualité  se  payait 
jusqu'à  un  talent. 

Dès  le  temps  de  Columelle,  il  y  eut  des  essais  de  croisement 
entre  les  Moutons  d'Espagne  et  ceux  d'Afrique.  Ce  mode  de 
régénéralion  se  perpétua  sous  la  dominalion  arabe;  et  lors- 


DISCOURS   D  OUVERTURE.  '  IX 

qu'une  loi  du  xiii''  siècle  eul  placé  sous  la  protection  de  la 
couronne  tous  les  troupeaux  du  royaume,  les  souverains  in- 
tervinrent plus  d'une  fois  en  faisant  directement  des  achats 
dans  les  États  musulmans  situés  de  l'autre  côté  du  détroit  de 
Gibraltar.  Le  cardinal  Ximénès,  à  la  suite  de  son  expédition 
d'Oran,  en  1509,  ramena  avec  lui  des  animaux  choisis  et  des 
bergers  qu'il  préposa,  dil-on,  au  gouvernement  des  troupeaux 
de  la  Péninsule.  La  tradition  attribue  d'ailleurs  aux  Arabes 
l'usage  établi  en  Espagne  de  faire  voyager  périodiquement  les 
Moutons,  afin  de  laisser  se  renouveler  les  pâturages.  C'est  du 
mot  arabe  désignantles  pasteurs  nomades  chargés  de  leur  garde 
que  l'on  fait  dériver  le  nom  de  mérinos  sous  lequel  chacun 
connaît  cette  célèbre  race  espagnole  qui  s'est  répandue  dans 
le  monde  entier.  Edouard  IV  d'Angleterre  fut  le  premier  qui 
obtînt  de  Ferdinand  et  d'Isabelle  la  laveur  de  tirer  de  la  Cas- 
tille  3000  bêtes  à  laine;  son  exemple  fut  suivi  par  Henri  YIII 
et  Elisabeth.  En  France,  l'importation  des  Mérinos,  conseillée 
par  Sully  à  Henri  IV,  ne  devait  se  réaliser  que  sous  Louis  XIV. 
L'Allemagne  nous  avait  précédés  dans  cette  voie,  en  créant  le 
beau  troupeau  électoral  de  Saxe  qui  s'est  propagé  jusqu'en 
Autriche.  L'Italie  doit  à  la  Bohème  et  à  l'Espagne  ses  Méri- 
nos. La  Suède  en  fut  dotée  par  Jonas  Alstrœmer  dés  1725,  et 
en  :]809  M.  Pictet  introduisit  la  même  race  en  Russie.  Du  cap 
de  Bonne-Espérance,  où  elle  s'était  naturalisée,  le  capitaine 
Mac  Arthur  la  fit  passer  en  Australie,  vers  la  fin  du  siècle  der- 
nier. De  nouveaux  reproducteurs  provenant  de  la  France  et 
de  l'Allemagne  y  ont  si  bien  réussi,  qu^aujourd'hui  cette 
colonie  possède  20  miUions  de  moutons  à  laine  fine,  et  que 
sa  production  s'est  élevée  de  50  000  kilogrammes  en  1820, 
à  36  millions  en  1861.  Le  Cap,  de  son  côté,  qui  donnait 
AOO  000  kilogrammes  en  18/i0,  en  fournissait  8  miUions  en 
1860.  C'est  ainsi  (jue  l'Angleterre  a  importé  en  la  même 
année ,  ~h  millions  de  kilogrammes  provenant  en  majeure 
partie  de  ses  possessions  coloniales,  et  que  Londres  tend  à 
devenir  pour  la  laine  un  vaste  entrepôt  comparable  à  Liver- 
pool  pour  les  cotons. 

Ouant  au  colon,  bien  que  les  Crées  et  les  Romains  aient  fait 


X  SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOfilQUE   D  ACCLIMATATION. 

usage  d'étoffes  fabriquées  dans  l'Inde  ,  ce  furent  encore  les 
Arabes  qui  l'apportèrent  de  cette  contrée  d'abord  dans  l'Ara- 
bie, puis  en  Syrie,  en  Espagne  et  en  Sicile.  La  culture  du 
Cotonnier  s'est  maintenue  en  Italie  depuis  le  xf  siècle.  Pen- 
dant le  blocus  continental,  l'Europe  entière  s'y  approvision- 
nait ;  mais  ,  au  rétablissement  de  la  paix,  les  producteurs  ne 
purent  lutter  avec  les  cotons  de  l'Inde  et  des  États-Unis,  et  la 
quantité  recueillie  n'y  dépasse  pas  aujourd'hui  liOOi)  balles. 
Que  vous  dirai-je  de  l'Amérique?  Les  premiers  essais  de  plan- 
tation sur  les  bords  du  Mississi{)pi  datent  de  16î21.  Ce  sont  des 
Cotonniers  à  longue  soie  apportés  de  nos  Antilles  françaises 
qui  ont  donné  naissance,  dans  la  Géorgie,  à  ce  magnifique 
coton  dit  sen-island.  En  17/|7,  les  registres  de  la  douane  de 
Cbarleston  constatent  le  chargement  de  7  balles  de  coton  pour 
l'Angleterre.  En  1800,  l'exportation  est  déjà  de  A5  000  balles, 
chiffre  qui  décuplait  en  1820,  et  encore  en  1860.  En  cette 
année  ,  la  production  des  60  millions  d'hectares  occupés  par 
le  Cotonnier  représentait  une  valeur  de  deux  milliards  de 
francs,  et,  sur  les  850  millions  de  kilogrammes  mis  en  œuvre 
par  l'industrie  européenne,  les  huit  dixièmes  provenaient  des 
Etats-Unis.  La  crise  qui  a  été  le  contre-coup  de  la  guerre 
civile  dans  ces  Etats  a  ouvert  les  yeux  sur  le  danger  de  laisser 
dépendre  le  sort  de  nos  populations  d'un  centre  unique  de 
production,  et  a  stimulé  les  agriculteurs  de  toutes  les  contrées 
dont  le  sol  et  le  climat  permettent  de  songer  à  y  introduire 
le  coton.  Au  palais  Kensington ,  dix  pays  ont  montré  des 
échantillons,  depu-is  la  Russie  jusqu'à  l'Uruguay  et  le  Pérou, 
sans  parler  des  colonies  anglaises  et  françaises.  Le  Cotonnier 
est  parvenu  aussi  aux  antipodes,  et  les  cotons  de  l'Australie 
rivalisent  déjà  de  beauté  avec  les  longues  soies  de  la  Géorgie. 
La  soie,  accessible  aujourd'hui  aux  fortunes  les  plus  mo- 
destes, et  que  les  Chinois  se  vantent  d'avoir  connue  vingt-six 
siècles  avant  notre  ère,  était  payée  au  poids  de  l'or  chez  les 
Romains ,  au  point  qu'on  reprocha  à  Héliogabale  de  porter 
un  vêtement  de  soie  pure  ,  et  que  l'empereur  Aurélien  ne 
voulut  jamais  accorder  ce  luxe  à  sa  femme.  Il  fallut  qu'au 
Yi"  siècle  des  moines,  encouragés  par  Justinien,  se  procuras- 


DISCOURS   T)  OUVERTURE.  XI 

sent  des  œufs  de  Vers  à  soie  et  de  la  graine  de  Mûrier  dans  la 
contrée  appelée  Serinde  par  Procope,  et  que  l'on  croit  avoir 
fait  parlie  de  la  petite  Bonkliarie.  Ils  les  apportèrent  secrète- 
ment et  à  travers  mille  dangers  jusqu'à  Gonstantinople,  où 
furent  établies  les  premières  manufactures  de  soieries  en 
Occident.  Cette  industrie  fut  transportée  en  Italie,  lorsqu'on 
IIZ18  le  roi  Roger  eut  emmené  de  la  Grèce  de  nombreux 
ouvriers  qu'il  installa  à  Palerme.  Dès  le  ix"  siècle,  les  Arabes 
l'avaient  introduite  directement  en  Espagne,  grâce  à  leurs 
relations  commerciales  avec  la  Cliine.  Le  pape  Grégoire  X, 
Français  d'origine,  ayant  transporté  en  1268  le  saint-siége  à 
Avignon,  fit  venir  d'Italie  des  Mûriers,  appela  de  Naples  des 
filateurs  et  des  tisseurs,  et  établit  ainsi  des  fajjriques  de  soie 
dans  le  comtat  Venaissin.  La  terrible  peste  de  1723  leur  porta 
un  coup  mortel.  Lyon,  Nîmes  et  Tours  profitèrent  de  ce  dé- 
sastre. Les  manufactures  de  la  première  de  ces  villes  datent 
du  XV'  siècle,  époque  où  les  ouvriers  de  Lucques,  de  Florence 
et  de  Gènes,  chassés  par  les  querelles  des  Guelfes  et  des  Gibe- 
lins, vinrent  monter  quelques  métiers  que  Louis  XI  s'em- 
pressa d'encourager  par  des  lettres  patentes  du  2/i  novem- 
bre 1^66. 

Ce  monarque  établit  à  Tours,  en  i/i70,  des  fabricants 
grecs  et  italiens,  et  fit  planter  des  Mûriers  dans  son  parc  du 
Plessis.  Charles  VIII  ramena  encore  des  ouvriers  à  la  suite  de 
son  expédition  de  Naples  en  l/i95.  Les  premiers  bas  de  soie 
furent  portés  en  France  par  Henri  II ,  à  la  noce  de  sa  sœur 
en  1559.  Sans  poursuivre  plus  loin  cette  énumération,  je  dirai 
seulement  que  la  propagation  du  Mûrier  est  due  surtout  au 
fameux  jardinier  Trancat,  de  Nîmes,  qui  s'en  approvisionna 
dans  le  comtat  Venaissin  et  en  Italie,  et  en  répandit  li  millions 
de  plants  dans  le  midi  de  la  France.  Je  rappellerai  encore 
qu'Henri  IV  créa  de  nomjjreuses  pépinières  dans  les  autres 
provinces,  et  fit  planter,  en  1601,  20  000  mûriers  par  Olivier 
de  Serres,  dans  le  jardin  royal  des  Tuileries,  auquel  une  vaste 
magnanerie  fut  annexée.  De  nos  jours,  le  Ver  à  soie  et  le 
Mûrier  sont  acclimatés  en  Prusse,  en  Suède,  en  Russie,  et 
non-seulement  dans  les  deux  Amériques,  mais  encore  dans 


su        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

l'Australie,  qui  a  exposé  à  Londres  de  beaux  spécimens  des 
produits  qu'elle  en  obtient. 

Ces  triomphantes  pérégrinations  du  Mérinos,  du  Ver  à  soie 
et  du  Cotonnier,  ne  justifient-elles  pas  nos  espérances  à 
l'égard  de  l'Yak,  dcl'Alpaca,  des  Vers  du  Ricin,  de  l'Ailante,  du 
Chêne,  et  de  tant  d'autres  espèces  que  notre  Société  aura  eu 
l'honneur  de  signaler  à  l'attention  de  nos  contemporains?  Je 
m'arrête  ici,  messieurs,  pour  ne  pas  sortir  de  mon  domaine. 
Le  secrétaire  de  nos  séances  vous  dira  dans  quelle  mesure  le 
succès  a  couronné  les  tentatives  d'acclimatation  poursuivies 
sur  divers  points  du  globe  par  nos  nombreux  collaborateurs, 
pendant  l'année  (jui  s'est  écoulée  depuis  notre  dernière 
réunion.        v  ■  -  - 


MAPPOUT 
SLR    LES  TIIAVAUX 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  D'AGGLlM.iTATlON, 


Par  m   L.    SOllBEIRW, 

Sccrclairc  des  scinccs. 


Mesdames  ,  Messieurs, 

Acclimater  et  clomesliqiier  les  animaux  et  les  végétaux  qui 
peuvent  devenir  éminemment  utiles,  ajouter  aux  conquêtes 
déjà  faites  sur  la  nature  celles  qui  pourront  les  égaler  et 
même  les  surpasser,  tel  est  le  but  que  nous  nous  proposons, 
telle  est  la  mission  que  nous  voulons  remplir.  Certes,  la  lâche 
est  noble  et  glorieuse;  mais  avant  de  l'avoir  accomplie,  que 
d'efforts  n'avons-nous  pas  à  faire,  que  d'obstacles  n'avons- 
nous  pas  cà  surmonter!  aussi  ne  progresserons-nous  que  len- 
tement, et  devrons-nous  ne  pas  nous  laisser  décourager  par 
les  impatients  qui  veulent  ({ue  la  réalisation  suive  inunédiate- 
m.entle  désir,  que  la  moisson  se  recueille  au  moment  même 
où  la  semence  vient  d'être  contiée  à  la  terre.  Si,  connue  l'a 
dit  Montaigne  (1),  «  il  faut  croire  des  hommes  plus  ma- 
»  layséement  la  constance  que  tout  autre  chose,  et  rien  plus 
»  aysément  que  l'inconstance,  »  que  la  grandeur  du  but  vers 
lequel  nous  tendons  nous  fasse  persévérer  dans  la  voie  qui 
nous  est  tracée,  et  éviter  l'impatience  qui,  bientôt  suivie  du 
découragement,  est  un  des  dangers  les  plus  grands  contre  les- 
quels nous  ayons  à  lutter. 

Marchons  donc  avec  constance,  et  étudions  successivement 
toutes  les  causes  qui  peuvent  influer  en  bien  comme  en  mai 

(1)  Monlaii^ac,  Essais,  liv.  Il,  c.'np.  l  :  De  l"mcnnsi.m':c  de  ivji  avions, 
p.  'iOJ.  ivlilioii  Ciirisliaii,  1833. 


XIV      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

sur  nos  tentatives  ;  mettons  à  profit,  pour  des  expériences 
ultérieures,  les  enseignements  de  nos  premiers  insuccès,  et  un 
jour  viendra  où,  soyons-en  assurés,  de  précieuses  conquêtes 
auront  récompensé  nos  efforts.  Mais  si  nous  devons  toujours  ^ 
chercher  à  ajouter  quelques  nouvelles  richesses  à  la  liste  de 
celles  que  nous  possédons  déjà,  nous  rappelant  que  a  tel 
»  animal  ou  végétal  qui  n'est  aujourd'hui  que  d'un  très  mé- 
»  diocre  intérêt  peut  devenir  d'une  importance  majeure 
»  demain  »  (1),  ne  croyons  au  succès  que  quand  l'épreuve  du 
temps  aura  apporté  sa  confirmation  ;  nous  éviterons  par  là 
de  cruels  déboires,  et  nous  pourrons  ainsi  répondre  par  de 
nouveaux  faits  aux  détracteurs  de  racclimatation. 

En  effet,  combien  est-il  de  personnes  qui,  nous  accordant 
que  le  but  que  nous  nous  sommes  marqué  est  grand  et  digne 
d'éloges,  nous  ont  contesté,  nous  contestent  encore  lapossibilité 
de  l'atteindre.  A  leurs  affirmations,  comme  l'a  déjà  fait,  dans 
cette  même  enceinte  notre  illustre  Président,  qui  nous  prou- 
vait que  nousne  vivons  que  de  choses  acciunatées  (2),  répon- 
dons par  des  faits;   ajoutons-en  de  nouveaux  à  ceux  déjà 
connus,  et  rappelons  que  sans  l'acclimatation,  notre  belle 
France  serait  encore  ce  qu'elle  était  au  tcnqjsdes  Celtes  et  des 
Gaulois  (3).  En  eftet,  nos  arbres  fruitiers,  nos  céréales,  nos 
chevaux,  nos  moutons,   nos  poules,  presque  tous  d'origine 
asiatique,  et  qui  se  rencontrent  aujourd'hui  dans  toutes  les 
parties  de  l'Europe,  sont  des  preuves  vivantes  que  l'acclima- 
tation est  possible.  Déjà,  à  une  époque  bien  antérieure  à  la 
nôtre,  ne  voyons-nous  pas  les  conquérants,  sans  être  poussés 
parles  mêmes  idées  qui  nous  guident  aujourd'hui,  faire  de 
l'acclimatation,  et  involontairement  compenser  les  ravages  de 
leurs  armes  par  les  dons  utiles  qu'ils  apportcntaux  vaincus.  Aux 
trophées  de  la  guerre,  aux  dépouilles  do  l'ennemi,  à  la  longue 
suite  des  esclaves  enchaînés,  le  triomphateur  joignait  lespro- 

(1)  Cosc,  arliclc  N ATURALisAT lOA'  du  NoiiceuH  coarx  complet  d'agriculture 
théorique  et  pratique,  etc.,  t.  X,  1822,  p.  oO/|. 

(2)  Drouyn  de  Lluiys,   l)if<coars   J'ouccrture  de  lu    sédnce   annuelle, 

1858,  p.  xxxiv. 

(3)  Bosc,  Thcûtre.  d'atfnculïnrc  d'Olivioi'  de  SciTCs  (noies),  l.  II,  p.  597. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.       XV 

duitsdcs  contrées  qu'il  avait  mises  à  l'eu  et  à  sani^,  des  ani- 
maux et  des  plantes  qui,  s'ils  n'étaient  alors  que  des  objets  do 
curiosité,  restent  encore  maintenant  pour  témoigner  des  vic- 
toires passées.  Avec  les  maîtres  du  monde,  dignes  apprécia- 
teurs de  tous  les  genres  de  conquêtes,  s'introduisirent  en 
Europe,  le  Canard,  le  Lapin,  le  Prunier,  et  comme  l'a  dit 
Rouclier  : 

Le  sage  clans  la  l'oulc  aimait,  voir  dans  ses  mains 
Porter  le  cerisier  en  triomphe  aux  Romains. 

Les  Espagnols,  après  la  découverte  de  l'Amérique,  enva- 
hissent ces  riches  contrées  et  payent  largement  l'or  qu'ils  ra- 
vissentaux  Indiens,  par  l'introduction  dans  leur  pays  d'espèces 
inconnues  jusqu'à  eux,  et  c'est  à  ses  cruels  conquérants  que 
l'Amérique  est  redevable  du  Cheval  et  du  Mouton,  qui  y  ont 
prospéré  depuis  cette  époque.  La  colonisation  et  l'émigration 
continuent  de  notre  temps  l'œuvre  des  guerriers,  et  le  voya- 
geur, ce  hardi  pionnier  de  la  science,  qui,  grâce  à  nos  inven- 
tions modernes,  aujourd'hui  en  Chine,  sera  de  retour  demain, 
aide  à  l'échange  incessant  des  richesses  de  toutes  les  parties 
du  globe.  C'est  au  prix  de  ses  peines  et  de  ses  veilles  que 
l'Australie,  qui  manquait  naguère  de  Moutons  et  de  Lamas, 
en  possède  maintenant  de  nombreux  troupeaux  dans  ses  pâ- 
turages. A  de  tels  laits  que  répondre?  il  faut  s'incliner,  et 
reconnaître  avec  nous  que  l'acclimatation  est  possible. 

Mais,  objecle-t-on  encore,  il  est  entre  les  climats  elles  êtres 
une  harmonie  sans  laquelle  aniinaux  et  végétaux  ne  peu- 
vent exister  ;  en  cherchant  à  les  porter  dans  d'autres  contrées, 
vous  détruisez  leslois  de  cette  harmonie,  vous  tentez  l'im- 
possible. Loin  de  nous  de  contester  cet  accord  ;  mais  cette  loi 
n'est  pas  aussi  inilexible  que  le  prétendent  nos  adversaires, 
car  nos  animauxdomestiquesvivent  et  se  perpétuent  dans  des 
conditions  multiples  de  chaleur  et  de  froid,  de  sécheresse  et 
d'humidité,  de  station,  etc.  :  parmi  les  animaux  transportés 
dans  des  contrées  très  éloignées  de  leur  patrie,  ne  voyons-nous 
pas  que  peu  à  peu  des  modifications  s'opèrent  dans  leurs 
habitudes,  et  ({u'ils  se  plient  aux  influences  nouvelles  aux- 


XVI        SOCIÉTÉ  IMrEUI.VLE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

([uellesils  sonlcxposés,  dételle  sorlc  que  leur  parturlt ion,  par 
exemple,  se  fait  dans  la  saison  la  plus  propice,  et  non  plus 
exactement  à  l'épociue  où  elle  avait  lieu  originairement  (1). 
Tous  ces  laits  nous  prouvent  donc  que  les  êtres  peuvent  modi- 
fier leur  manière  de  vivre,  en  s'accommodantaux  conditions 
nouvelles  que  nous  leur  imposons;  mais  ce  sera  seulement 
en  marchant  progressivement  et  en  évitant  tout  changement 
trop  brusque;  et  grâce  à  ces  précautions,  prises  avec  un  soin 
infini,  nous  arriverons  à  les  acclimater,  c'est-à-dire  au  but 
même  que  nous  nous  proposons. 

L'année  qui  vient  de  finir  a,  comme  les  précédentes,  témoi- 
gné des  progrès  incessants  que  fait  racclimatation  (2),  qui 
chaque  jour  trouve  de  nouveaux  adhérents  dans  les  diverses 
contrées  du  globe.  C'est  ainsi  que  nous  avons  salué  la  nais- 
sance de  nouvelles  sociétés,  filles  de  la  nôtre,  à  la  Haye,  à 
Hobart-town,  à  Auckland  (Nouvelle-Zélande) ,  à  l'ile  de  la 
Réunion  et  dans  l'Australie  du  Sud  (3),  et  que  vous  avez  été 

(1)  «  Ln  Cygne  noir,  qui,  on  raison  du  ronvcrseincnt  de  Tordre  des  .sai- 
sons dans  Tlii'misplière  austral,  pond  et  élève  ses  petits  duraiU  notre  hiver, 
ne  larde  pas,  en  Europe,  à  rapprocher  ses  époques  de  ponte  de  celles  des 
espèces  inditiènes.  Au  Muséum  d'Iiistoire  naturelle,  il  a  sufli  de  peu  d'an- 
nées pom-  qut;  la  lîernaclie  armée,  dile  C^ie  d'Egypte,  au  lieu  de  se  repro- 
duire, comme  en  INuhie,  à  la  (in  de  décemhre  ou  au  commencemciil  de 
janvier,  reportât  successivement  ses  pontes  auv  mois  de  lévrier,  de  mars  et 
d'avril.  »  (Isidore  Gcoiïroy  Saint-llilaire,  Conférence  sur  quelques  uhjeciiuiis 
contre  racclimatation,  dans  le  liullelin,  t.  Vlll,  p.  'i'JI.) 

(2)  De  Chaudordy,  Sur  certains  animaux  de  Suéde  et  de  Norvège  {Bul- 
letin, t.  IX,  p.  lO.'i).  —  Kichard  (du  Cantal),  influence  des  sciences  natu- 
relles sur  la  production  du  sol  {ibid.,  p.  737).  —  Léon  Maurice,  De  l'ac- 
climatation dans  le  nord  de  la  France  {ibid.,  p.  751).  —  Duméril,  Zoologie 
géographique  dans  ses  rapports  avec  l'acclimatation  {ibid.,  p.  5'iO).  — 
Dupuis,  De  la  géographie  botanique  au  point  de  vue  de  l'acclimatation 
{ibid.,  p.  /i3/i).  —  lUifz  de  Lavison,  Sur  l'acclimatation  en  général  et 
comme  école  de  M.  Geofjrog  Saint-Hilaire  {ibid.,  p.  719).  —  Viennot,  Sur 
les  animaux  accliinatés  en  Calédonic  {ibid.,  p.  2/i2).  —  S»r  racclima- 
tation en  Australie  {ibid.,  p.  726,  827). 

(3)  La  Société  de  Mcll)Ourne,  par  un:-  lettre  du  22  février  1862,  nous  a 
.    Informé  de  la  création  d'ime  nouvelle  Société  d'acdimalalion  à  llohart-lown 

(Tasmanie),  et  d'une  autre  .Société  semhlable  à  Auckland  (Xouvelle-Zélande) 
{Bulletin,  1862,  t.  IX,  p.  Zj37,  516). 


liAl'PoKT    SLU    LES    TliAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.  XVII 

heureux  d'apprendre  (pie,  par  les  ordres  de  S.  M.  la  reine 
d'Espagne,  noire  dévouoi  confrère  M.  (iraells  venait  d'èlro 
chargé  d'organiser  un  nouveau  jardin  d'acclimalalion  à  Casa 
de  Canij)o  (J). 

L'cxposiliou  universelle  de  Londres  vous  a  l'ourni  une  oc- 
casion nouvelle  de  l'aire  connaître  vos  travaux  et  le  but  que 
vous  vous  proposez.  Votre  vitrine,  organisée  par  les  soins 
(riuie  Commission  spéciale  Ci),  renl'ermaît  des  spécimens  in- 
téressants des  principales  espèces  sur  lesquelles  portent  vos 
études,  et  des  échantillons  des  produils  (ju'eilcs  peuvent  four- 
nir. (Iràce  aux  soins  oitligeants  de  votre  dévoué  confrère  M.  Fr. 
Davin,  que  vous  trouvez  toujours  })rct  dés  qu'il  s'agit  de  faire 
(pu'lipie  chose  d'utile  pour  l'industrie  et  pour  la  Société,  un 
public,  nomljreux  a  pu  se  rendre  un  compte  exact  de  votre 
mission,  <[ui,  du  reste,  a  été  expliquée  avec  beaucoup  de  talent 
j)ar  M.  le  professeur  -I.  Ckxjuct  (:>),  dans  le  rapjiort  fait  au 
jurv  de  fexposition.  L'intérêt  universel  ijue  vous  avez  excité 
se  trouve  confirmé  par  les  médailles  qui  vous  (»nt  été  décer- 
nées et  par  celles  ([u'onl  obtenues  plusieurs  de  nos  confrè- 
res (A),  [)our  des  travaux  particuliers  qui  rentrent  dans  le 
cadre  de  vos  études. 

Pour  initier  plus  sûrement  à  votre  œuvre,  pour  faire  con- 
naître plus  sûrement  votre  mission,  outre  le  Bulletin  qui 
reproduit  vos  travaux  habituels,  vous  avez  conunencé,  cette 

(1)  liidlctiii,  1.  IX,  p.  8;)7. 

(2;  L'cxpoMlioa  de  la  Société  à  Lomlros,  prépiiréc  par  les  soins  (l'une 
Coniniission  composée  de  \1M.  Daviu,  Hébeii  cl  Uafz  de  Lavisoii,  présentait 
mm  série  compièie  des  divers  insectes  sériciteres  introduits  jusqu'à  ce  jour, 
et  des  produils  iiidiiNtricIs  qu'ils  peuveiil  lo'.unir;  une  très  belle  colieclion 
des  é'ioiïes  que  M.  Davin  a  obtenues  des  liiincs  d'Alpiica,  de  C.uanaco,  et  des 
,Moulo)is  de  .Maucliamp  ;  et  des  spécimens  des  principales  espèces  de  végé- 
taux qui  oui  étéiniporlésen  Europe  par  les  soins  delà  Société. 

(3)  riapparls  (les  ineinbrcs  ilc  la  secliuii  française  du  jar])  international 
sar  rExpusition  luiirrrscllc  de  Lnudrcs  de  lS(V2,\.\i,\\  123.—  Bulletin, 
t.  1\,  p.  lOGJ. 

Cl)  Les  niembres  de  l:i  SociéL;  qui  «n;  oj'.euu  des  médailles  à  l'exposition 
uniM  isellede  Londres  sont  :  madunek;  comtesse  de  Corneiilanet  MM.  Davin, 
Forgemo!,    .X>ii'l  Su(liu't  Ci  (iu;'Tiii-Méii;'\ille,  dosU,   les   UM\auv   sont   Irop 
connus  de  tous  nos  conlVères  pour  que  nous  a\ous  à  les  rai)i)eler  ici. 
T.  X.    —  iaiivu'i'  cl  Février  iSG'ô.  b 


XVin      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

année,  la  publicalion  d'un  Annuaire  destiné  à  répandre,  à  vul- 
gariser les  grandes  questions  d'acclimatation.  Car,  vous  y 
avez  inséré,  après  les  documents  relatifs  à  la  formation  de 
votre  Société  et  à  ses  travaux  jusqu'à  ce  jour,  des  notices 
spéciales  sur  quelques-uns  des  faits  d'acclimatation  les  plus 
intéressant?  et  rédigés  par  vos  plus  éminents  confrères  (1). 
Les  recherches  que  vous  encouragez  sont  essentiellement 
pratiques,  et  la  preuve  en  est  dans  les  récompenses  qui,  celle 
année  encore,  vont  honorer  des  résultats  pratiques;  mais  vous 
ne  suivez  pas  avec  un  moindre  intérêt  les  essais  théoriques 
qui  doivent  être  le  guide  de  toute  bonne  expérimentation, 
et,  vous  rappelant  le  lien  indissoluble  qui  réunit  la  théorie 
à  la  pratique,  vous  avez  voulu  désormais  encourager  celle-ci 
d'une  manière  continue,  et  vous  avez  inauguré  cette  année 
une  ère  nouvelle  de  récompenses  pour  les  études  théoriques 
sur  les  sujets  (jui  nous  intéressent  (2). 

Non-seulement  votre  Société  a  figuré  avec  honneur  à  l'ex- 
position universelle  de  Londres  ;  mais  sous  son  patronage,  le 
Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne  a  fait,  au  prin- 
temps dernier,  une  exposition  de  volatiles  (3),  qui  réunissait 

(1)  Oulre  un  sommaire  de  M.  Drouyii  de  Llinys  sur  le  l)iU  que  se  pro- 
pose la  Société ,  V Annuaire  renlerme  :  un  Ilislorique  de  (a  Société,  paï 
M.  Hébert;  —  un  travail  de  i\I.  le  comte  d'Éprémesnii,S'(f?'  les  récompenses 
décernées  et  les  prix  spéciaux  proposés  ;  —  une  étude  de  I\I.  Hufz  de  Lavison, 
Sur  l'organisation  et  riiisturiiiue  du  Jardin  d'acclimatation  du  l/ois  de 
Boulogne;  —  i)lus, des  mémoires  de  ÏM.  A.  GeoltroySaint-Ililaire,  Surl'Y'ak 
et  ses  croisements; —  de  J\I.  Pomme,  Sur  les  races  gallincs;  —  de  M.  Du- 
méril,  Sur  l'acclimatation  des  poissons;  —  de  i\î.  Ciaériu-Méneville,  Sur  les 
insectes  nuisibles  et  les  insectes  utiles;  —  de  M.  Moquin- Tandon,  Sur 
l'Igname  patate;  — de  M.  Cosson,  C(msidérations  générales  sur  l'Algérie 
étudiée  au  point  de  vue  de  ^acclimatation  ;  —  de  M.  A.  l'assy ,  Sur  la  domes- 
tication et  l'acclimatation  des  animaux;  —  de  !\I.  Dupuis,  Instructions 
générales  pour  les  voyageurs  et  correspondants  de  la  Société. 

(2)  .Sur  le  nippor!  lait  par  M.  le  comte  d'Kprémesnil,  au  nom  d'une  Com- 
mission dont  faisaient  aussi  partie  j\IM.  l\lo([nin-'i'andon,  J.  Cloquet,  Uu- 
méril,  le  barcn  Ségiiier  cl  Souijeiran,  la  Société  a  décidé  d'accorder  chaque 
année  des  récompenses,  qui  ne  pourront  être  moindres  de  500  francs,  aux 
travaux  théoriques  sur  des  questions  relatives  à  racclimatation  {Bulletin, 
t.  IX,  p.  ITÔ). 

(o)  Drouyn  de  Lhuys,  Exposition  de  volatiles  au  Jardin  d'acclimatation 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    RE    LA    SOCIÉTÉ.  XIX 

une  collection  riche  et  intéressante  des  plus  belles  espèces  de 
nos  oiseaux  de  basse-cour.  Les  éloges  que  vous  a  valus  cette 
exposition,  la  première  faite  sous  vos  auspices,  a  engagé  votre 
Société  et  celle  du  Jardin  à  en  organiser  de  nouvelles  cette 
année,  non  plus  seulement  pour  les  volailles ,  mais  encore 
})Our  l'apiculture  et  la  race  canine  (J),  et  tout  fait  espérer 
que  le  succès  ne  sera  pas  moindre  que  celui  de  l'an  dernier. 

Depuis  notre  dernière  séance  annuelle,  la  souscription  que 
vous  avez  ouverte  pour  honorer  la  mémoire  de  Daubenton  (2) 
a  continué  son  cours,  et  le  modèle  de  la  statue  confiée  au 
talent  de  M.  Godin  est  complètement  terminé.  Malgré  l'écho 
qu'a  trouvé  votre  appel,  les  sommes  versées  jusqu'à  ce  jour  ne 
sullisent  pas  entièrement  pour  couvrir  les  frais  que  nécessite 
une  pareille  entreprise  ;  mais  votre  concours  ne  nous  fera  pas 
défaut,  et  nous  fournira  rapidement  la  ft\ible  somme  néces- 
saire encore  pour  inaugurer,  dans  un  avenir  prochain, 
l'image  vénérée  d'un  grand  acclimatatcur,  au  iuilieu  du  Jardin 
que  vous  avez  consacré  à  l'acclimatation. 

Les  conférences  (3)  (jue  vous  avez  instituées,  il  y  a  déjà 

du  bois  de  Boulogne  {Bulletin,  t.  tX,  p.  81).  —  Riifz  de  Lavison,  Rapport 
sur  l'exposition  de  volatiles  au  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Bou- 
logne {ibid.,  p.  279). 

(1)  L'exposition  de  Cliiens,  qui  doit  avoir  Heu  au  mois  de  mai  procliain, 
doit  présenter  des  spécimens  des  pins  l)elles  races  et  variétés  de  Gliiens,  et 
permettra  une  élude  comparative  du  plus  liant  intérêt,  qui  sera  certaine- 
ment acceptée  en  France  avec  autant  d'empressement  que  les  expositions  du 
même  genre  qui  se  sont  déjà  faites  en  Angleterre.  (Voyez  Pierre  Pichot, 
Rapport  sur  les  expositions  de  Chiens  en  Angleterre  {Bulletin,  t.  tX, 
p.  899).  —  lUil'z  de  Lavison,  Rapport  sur  un  projet  d'exposition  univer- 
selle de  la  race  canine  {ibid.,  i.  IX,  p.  1O09). 

{'})  La  souscription  ouverte  par  la  Société,  pour  l'érection  d'une  statue  à 
Daubenton,  auquel  on  doit  Tinlroduclion  du  :>,]érinos  en  France,  a  été  ac- 
cueillie avec  empressement,  et  eu  tète  des  nombreux  souscripteurs  qui  se 
sont  inscrits,  nous  devons  citer  S.  M.  l'Empereur,  Leurs  Excellences  les 
ministres,  cl  i.ous  devons  rappeler  que  .S.  Exe.  le  Ministre  d'État  a  bien 
voulu  nous  accorder  le  bloc  de  marbre  nécessaire  pour  tailler  la  statue 
{Bulletin,  t.  IX,  p.  lJ3Zi). 

(o)  Les  conférences  qui  ont  été  faites  cette  année  ont  eu  pour  sujet  divers 
poiiUs  de  Tbistoire  des  animaux  et  des  végétaux  qui  oibaient  un  intérêt 
particulier  ;ui  point  de  vue  pratique,  ou  qui  doiuuiicnl  des  renseignements 


XX        SOCIÉTÉ   JMPÉr.lALE   ZOOLOGIQUE    D  ACCLIMATATinN. 

deux  ans,  cl  qui  doivent,  conlrihner  à  n'i)arlir  les  connais- 
sances nécessaires  pour  (cnler  les  acclimalalions  des  diverses 
espèces,  ont  conlinué  celle  année,  au  siég'c  de  la  Société  cl  au 
Jardin,  à  altircr  un  concours  nombreux  d'auditeurs,  qui,  ren- 
dant un  hommage  mérité  au  zèle  et  aux  talents  de  vos  dé- 
voués confrères  chargés  de  cet  enseignement,  témoignent, 
parleur  assiduité  même,  de  l'intérêt  qui  s'attache  à  toutes  les 
questions  étudiées  sous  votre  inspiration. 

Pour  répondre  aux  demandes  nombreuses  de  renseigne- 
ments (l)  qui  vous  étaient  faites  par  des  voyageurs  dési- 
reux de  prolltcr  de  leur  séjour  dans  les  divers  pays  pour 
coopérer  à  votre  œuvre,  en  envoyant  ou  en  rapi)oiiant  les 
espèces  les  plus  intéressantes  d'animaux  et  de  plantes  qu'ils 
pourraient  rencontrer,  la  Société  devait,  chaque  fois, faire  pré- 
parer des  instructions  qui,  rédigées  souvent  précipitamment, 
ne  pouvaient  qu'être  incomjilètes,etqui  par  suite  n'atteignaient 
pas  entièrement  votre  but.  H  était  nécessaire  que  des  instruc- 
tions générales  fussent  toujours  prêtes  pour  les  répandre 
dans  toutes  les  régions  du  monde,  et  faciliter  à  tous  les  moyens 
de  connaître  les  espèces  utiles,  et  de  vous  envoyer  seulement 
celles  dont  vous  pouvez  tirer  le  i)arti  le  plus  avantageux.  Cette 
tâche,  contiée  au  soin  d'une  Commission  composée  des  mem- 
bres les  plus  compétents  danscha({uc  spécialité,  a  été  remplie 
suivant  vos  désirs,  et  le  rajiporl  fait  par  M.  Dupuis  vous  per- 
nieltra  désormais  de  répontlre  aux  nombreuses  olTres  de  ser- 
vices qui  vous  sont  faitesjourncllement  {i). 

Vous  avez    reçu   de  fréquentes  comnumicati;ns    sur  les 

gV'iK'raux  utiles  à  coiinnîU'c  poiif  ti-iUcr  avec  suc/ès  des  expûrii'iices  d'aceli- 
Dialalioii.  Les  résumés  de  picsqui"  toutes  ces  conférences  ont  été  insérés  pai' 
leurs  auteurs  dans  le  JhiUcliinK'  la  Société. 

(1)  Outre  plusieurs  instructions  données  aux  divers  voyageuis  qui  en 
ont  fait  la  demande,  il  a  été  inséré  au  IJullcliii  (l.  IX,  p.  175)  un  mémoire 
vdïiUn'miml  ùvs  In:^lrti(iioiis  relatives  à  une  mission  an  l>rcsil,  coudée 
à  M.  de  Villeneuvc-t'layosc  fils,  cl  dû  à  nos  zélés  coiii'rères  .MM.  le  coiute 
de  Villeneuvc-l''layosc  et  J.  de  Liro)i  d'AIroles. 

('J)  Le  rapport  de  W.  Ar.  Diipnis,  inséré  au  Bulletin.  (I.  IX,  p.  T)'!.')),  a  ( 
imprimé  éi^aiemenl  dans  li!  \:)lu::!e  de  r.l.//iH(;//x:  de  la  S:)ciélé  pjur  ISGo, 
p.  o.'iO. 


e 


RArPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.     XXI 

Yaks  (!)  et  les  tllièvres  d'Ani^ora,  dont  l'étude  a  été  pour- 
suivie avec  zèle  par  MM.  Uichard  (du  Cantal)  et  Bouley. 

Désireux  de  pouvoir  faciliter  la  propagation  et  l'acclimata- 
tion de  ces  iirécieusos  espèces  par  des  éducations  laites  con- 
curremment dans  diverses  localités,  vous  avez  décidi!'  de 
placer  en  cheptel,  chez  plusieurs  de  vos  confrères  (2),  les 
animaux  que  vous  aviez  déposés  jusqu'ici  à  la  ferme  de  Sou- 
liard,  et  en  même  temps  vous  avez  consacré  une  somme  de 
15  ()()()  francs  à  une  série  de  [U'ix  destinés  à  récompenser  les 
succès  les  plus  importants  obtenus  pour  leur  élevage  et  leur 
dressage  (S).  Tout  porte  à  espérer  que  votre  attente  sera 
satisfaite,  car  celte  année  encore  il  vous  est  né  de  nouveaux 
produits  de  race  pure  ou  métis  (/l),  qui  témoignent  delà  pos- 
sibilité de  voir  un  jour  les  Yaks  et  les  Chèvres  d'Angora  aussi 
répandus  chez  nous  que  les  autres  espèces  domestiques. 

L'intérêt  qui  s'attache  à  tout  ce  (jui  a  rapport  à  l'agriculture 
vous  a  fait  suivre  avec  attention  les  détails  contenus  dans  le 

(I)  i'.icliard  (du  Gantai),  Xote  sur  les  animaux  Je  la  Société  impériale 
d'acclimatation  déposés  à  lu  ferme  dcSouliard  {Cmln])  {Bulletin,  l.  IX,  \x  j  ). 
—  Dc'bains,  Rapport  sur  les  troupeaux  d'Yaks  (t  de  Chèvres  d'Angora  réu- 
nis à Souliard  [iUid. ,  I.  I\,  p.  Zi'i9).  —  lîoiiloy,  Sur  un  croisement  d"  Yak  et  de 
Vache  bretonne  obtenu  a  l'aris  par  M.  l'aul  Sefiuin  {ibid.,  t.  l-\,[).  'Jy(t). — 
Indi'jJL'iidaminent  dcsClièvres  dWiigora  qiu>  la  Sociéié  n  placées  en  diepirl, 
elle  a  l'ail  don  à  la  Sociéré  doi\Iel!)onriie  de  dix  de  ces  animaux,  qualrc  Lîoucs 
et  six  ('.lièvres,  dans  le  \n\[  de  iacililcr  rinlroduclion  de  cette  précieuse  espèce 
en  AusUalio,  et  peur  répondre  au  désir  qui  lui  en  avait  élé  exprimé  par 
cette  Société. 

('-')  Bulletin,  18G3,  1.  X,  p.  /i7.  —  I.e  troupeau  de  Soujiard  se  composait 
d'un  taureau  Yak  de  pure  race,  de  cin:;  \  aciies  de  race  pure, quatre  Taureaux 
métis  yVubrac  et  six  Oénisses  Aubrac  ;  plus,  de  dix-sept  Boucs  d'Angqra  purs, 
de  \  in[;l-!!eui' Ciiè\  res  pures,  de  (luinze  lîoucs  métis,  de  quarante-deux  Cliè- 
vres  mélisses  de  preinii  r  et  de  deuxième  croisement.  Ces  animaux  ont  élé 
confiés  à  H.  A.  1.  le  prince  Xapoléon,  MM.  de  Fenouillet,  Séguin,  le  vicomte 
de  Aiortcuil,  le  coiiile  d'Eprémcsnii,  .lacquemart  et  Euriat.  De  plus,  quelques 
Clièvres  ont  été  déposées  au  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne. 
[o)  Bulletin,  I.  X,  I8G0. 

(Zi)  M.  lîicbard  (du  Gantai)  nous  a  annoncé  la  naissance  de  deux  jeunes 

taureaux  de  pur  sang  en  mars  cl  en  mai  1862,  et  d'un  métis  d'Yak  et  de  Viiclie 

Salcrs  ;  d'autre  i)arl,  jjhisieurs  naissances  qui  ont  eu  lieu  au  Jardin  du  bois 

de  BotiI(i;'r:e  >cu[  \u'.r.(s  iupmtniei  le  l'ciri  re  d(  s  ai'inuux  que  roi.s  pos- 

Sé'ddUS. 


XXIf      SOCIETE   IMPERIALE    ZOOLOGIQUE    D  ACCLIMATATION. 

rapport  de  noire  dévoué  conrrôre  M.  Sacc(l),  qui,  le  premier, 
nous  a  fait  connaître  les  travaux  de  S.  M.  le  roi  de  Wurtem- 
herg  pour  perfectionner  l'agriculture  de  son  royaume,  et  les 
renseignements  qui  vous  ont  été  transmis  par  le  comité  d'accli- 
matation de  Moscou,  sur  la  ferme  modèle  et  les  belles  vache- 
ries de  madame  la  princesse  Kotschoubey  (2). 

Rappelons  encore  les  communications  intéressantes  qui 
vous  ont  été  faites  sur  le  Buffle  (3),  l'Aurochs  (/i),  les  Chevaux 
orientaux  (5),  le  Chameau  de  Tartarie  (G)  et  les  Léporides  (7), 
ces  produits  que  l'on  affirme  avoir  été  obtenus  du  croisement 
du  Lapin  et  du  Lièvre,  et  que  l'on  vend  fréquemment  aujour- 
d'hui sur  les  marchés  d'Angoulème. 

Dans  le  but  d'enrichir  notre  pays  de  nouvelles  races  ovines, 
vous  vous  êtes'  })rocuré  des  Moutons  Romanowski  (8),  cette 
race  que  M.  Ga\vrilofT  met  tous  ses  soins  à  conserver  dans  sa 
pureté,  et  depuis  vous  avez  décidé  l'achat  en  Chine  d'un  trou- 
peau de  Moutons  Ong-ti  (9),  si  remarquables  par  leur  fécon- 

(1)  Fi'écL  Debnins,  Résumé  dos  travaux  de.  S.  M.  le  roi  de  Wurtemberg 
pour  l'amélioration  des  races  d'animaux  a(jrieoles  dans  son  royaume 
{Bulletin,  I.  IX,  p.  /ifiO).  LaSociétt?  est  redevable  également  à  iM.Fr.  Debains 
(rcxîrait.s  nombreux  un  Zooloifische  Gartenof  Francfurt,  dont  les  plus  im- 
portants ont  été  insérés  au  Bulletin.  1\L  Vrignaull  a  également  lait  connaître 
mie  partie  intéressante  des  travaux  de  S.  M.  le  roi  de  Wurtemberg,  en  ce 
qui  concerne  spécialement  les  Chevaux  et  l'agriculture  {ibid.,  î.  IX,  p.  353). 

(2)  INiartiuiie  la  princesse  Kolschoubey,  dont  la  ferme  modèle  renlerme  une 
ré'union  nombreuse  des  plus  belles  races  de  Vaches  connues,  possède  aussi 
de  très  riches  volières,  qui  ont  été  signalées  d'une  manière  toute  spéciale  à 
la  Société  par  le  comité  d'acclimatation  de  Moscou. 

(o)  Docteur  Sacc,  Étude  sur  le  Buffle  {Bulletin,  t.  IX,  p.  666). 

{Il)  Viennot,  Sur  V Aurochs  ou  Bison  d'Europe  {Bulletin,  t.  IX,  p.  8Zio). 

(5)  Piclion,  Sur  ciuelciues  races  de  Chevaux  orientaux  {Bulletin,  t.  IX, 
p.  65â). 

(6)  E.  Simon,  Sur  le  Chameau  du  désert  deCobi  {Bulletin,  t.  IX,  p.  362). 

(7)  Jean  Ueynaud,  Note  sur  les  Lapins-lievres  {Bulletin,  t.  IX,  p.  1023). 
On  peut  consulter  aussi  sur  ce  sujet  un  mémoire  très  intéressant  de  M.  le 
docteur  Broca. 

(S)  °M.  GawriloQ'  (de  r.omanolï),  gouverneur  de  Saroslav,  met  les  plus 
grands  soins  à  conserver  purs  ses  troupeaux  de  Moutons  lîoniannwski,  et  en 
a  adressé  récemnient  une  paire  à  la  Société. 

(9)  iM.  le  professeur  Gloijuet,  (jui  a  bien  voulu  se  clru'ger  de  faire  parvenir 
au  Jardin  du  bois  de  Uoulogue  les  Moulons  Oncj-ti  olTerls  à  notre  Société  par 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX   DE    LA    SOCIÉTÉ.  XXIII 

dilé,  puisqu'ils  doniient  plusieurs  portées  par  an.  Plusieurs 
spécimens  de  celte  espèce,  dus  à  M.  John  Bush  (1),  et  transmis 
par  M""'  Cloquet,  figurent  avec  honneur  dans  notre  Jardin, 
auprès  des  Romanowski,  des  mérinos  de  Naz  et  des  Mauchamp. 

Votre  attention  a  été  vivement  intéressée  par  l'exposé  des 
travaux  de  l'un  des  acclimatateurs  les  ]dus  zélés  de  l'Angle- 
terre, le  vicomte  Powerscourt  ('2),  qui  a  réuni  chez  lui  une 
belle  cuUection  de  Cerfs  de  différentes  espèces,  et  en  a  obtenu 
de  nombreux  produits,  parmi  lesquels  nous  signalerons  de  cu- 
rieux métis.  Un  mémoire  qui  vous  a  été  adressé  par  M.  Bar- 
thélémy-Lapommeraye  (3)  sur'un  hybride  d'Antilopin,  est 
venu  confirmer  toute  l'importance  qu'on  doit  attacher  à  l'étude 
des  produits  du  croisement  d'espèces  différentes. 

Nous  vous  rappelions,  il  y  a  quelques  instants,  l'exposition 
de  volatiles  (Ji)  qui  a  eu  lieu,  ce  printemps  dernier,  au  Jardin 
d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne,  et  qui  a  obtenu  tout  le 
succès  que  vous  étiez  en  droit  d'en  attendre.  Au  nombre  des 

l;i  Sociélé  cracclimatation  de  Londres,  a  fait  connaîlre' quelques-unes  des 
particularités  relatives  à  ces  animaux  {Bulletin,  t.  IX,  p.  570).  Il  a  été  inséré 
également  au  Bulletin,  t.  IX,  p.  929,  une  description  des  iMoutons  Ong-tl 
de  Chine  par  I\L  A.  D.  Bartlett. 

(1)  M,  John  Bush,  trésorier  de  la  Sociélé  d'acclimatation  de  Londres,  a 
rendu  d'innombrables  ser\icesà  notre  cause  avec  un  zèie  et  un  dévouement 
au-dessus  de  tout  éloge.  Non-seulement  il  a  conservé  et  multiplié  la  race  de 
Moutons  Ong-ti,  mais  il  s'est  occupé  avec  succès  d'acclimater  en  Angleterre, 
VAnas  obscura ,  les  Huccos ,  les  Marails,  les  Dindons  ocellés,  et  donne 
tous  ses  soins  à  coiDbattre  les  difliculiés  de  la  culture  de  l'Igname  de  Chine, 
qu'il  a  le  premier  introduite  en  Angleterre,  en  la  recevant  de  notre  Société. 

(•i)  M.  le  vicomte  Powerscourt  possède  une  belle  collection  de  Cerfs  des 
dillV'rentes  espèces,  qui  se  reproduisent  en  liberté  chez  lui,  et  dont  il  a  obtenu 
de  nombreux  et  curieux  métis,  entre  autres  deux  métis  du  Cerf  d'Aristote 
et  du  Cerf  commun,  qui  ont  les  caractères  de  l'une  et  l'autre  espèce,  les  oreilles 
et  le  pelage  du  premier,  le  port  et  les  formes  du  second.  Les  Cerfs  du  Japon, 
les  Cerfs  tlu  Canada  {Wapiti)  vivent  elicz  le  vicomte  Po\versco!U-t  et  y  sont 
en  pleine  prospérité. 

(3)  Barlbélemy-Lapommeraye,  Sur  un  hybride  de  lu  tribu  des  Antilopins 
du  sous-genre  Gazelle  {Bulletin,  t.  IX,  p.  /iG7j. 

{!})  Drouyn  de  Lhuys,  Sur  un  projet  d'ej-posiiitm  de  volatiles  au  Jardin 
d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne  {liullctin,  t.  IX,  p.  S11.  —  iUifz  de 
Lavison,  Rapport  sur  l'exposition  de  volatiles  {ibid.,  p.  27i)j. 


XXIV      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE    ZOOLOr.IQUE   D'ArCLIMATAïlO.N. 

animaux  qui  v  figin'aiout  so  (rouvail  luie  paire  d'Auiruchos  (1) 
nées  au  Jai'din  ;^oologique  de  Marseille.  Si  malheureuse- 
ment, cctle  année,  de  fâcheuses  circonstances  n'ont  pas 
permis  à  M.  Noél  Suquet  de  faire  de  nouvelles  éducations, 
nous  ne  devons  cependant  pas  arguer  de  cet  arrêt  dans  ces 
études,  que  l'acclimatation  de  l'Autruche  ne  peut  s'opérer, 
car  vous  avez  été  informés  des  heureux  succès  ohtenus  au 
Sénégal  sous  l'inspiration  immédiate  de  notre  généreux  con- 
frère M.  Chagoi  aîné,  et,  d'autre  part,  des  naissances  nou- 
velles qui  ont  eu  lieu  au  parc  d'acclimatation  du  Buen-Retiro. 

On  a  mené  également  a  hien  en  Espagne  des  couvées  de 
jeunes  Ih'omxées  (2),  et,  à  l;i  même  époque,  M.  AVilliam 
Bennett  {•^)  a  réussi  à  élever  en  Angleterre  déjeunes  Casoars, 
qui  seront  sans  doute  suivis  d'une  nouvelle  génération,  car,  en 
ce  moment  même,  la  ponte  de  ces  oiseaux  s'opère  encore. 
Tout  nous  permet  donc  d'espérer  que  la  question  sera  com- 
plètement résolue  dans  un  avenir  prochain. 

De  nouveaux  documents  vous  ont  r[r  fournis  sur  l'Agami, 
ce  curieux  oiseau  qu'on  a  nommé  le  (■(mm)} araire  de  hi  hnssc- 
coitr,  et  les  renseignements  (pie  vous  avez  reçus  de  MM.  de 
Tarade  (7i)  et  Bataille  (5)  ont  ajouté,  s'il  était  possihle,  à  l'in- 
térêt qui  s'attache  à  ce  précieux  animal,  dont  de  heaux  indi- 
vidus ornent  la  volière  du  Jardin. 

(1)  Plnsieiii's  roiiitminicalion.s  rclalivcs  à  IV'diicaiion  des  Aiitruchos  ont  ('■lé 
fniles  à  la  SociéU-,  i)ari!ii  lesquelles  nous  ciieions  le  lapporl  de  I\I.  Hardy 
{IhdleHn,  t.  IX,  p.  855),  et  celui  do  .M.  liUcy,  Sur  la  râleur  aliini^ulaire  de 
IWittruchc  {ihid.,  p.  153). 

(2)  (îraells,  Sur  une  éilucaiion  ilr  Drouirp';  en  Espaf/ne  [Bitlleliv,  l.  !\, 
p.  <)1).  —  Don  Froyian  de  Ayala,  ytie  les  résultats  île  l'ineuhat'utn  des 
Aulruchos  cl  des  Druinées  eu  I8(i2,  au^  parr  roijal  de  Buen-Retiro,  près  de 
Madrid  {ibid,,  p.  C71).  —  Haine!,  Nnle  sur  l'Êineu  [ibid.,  p.  o97), 

(3)  M.  VMlliani  l^)eMnett  a  oblenu  en  18G1  une  prcniière  couvée  de  Casoars, 
qui,  malgré  ies  circonslances  iacheuscs  qui  ont  acronipagné  rincid)a[ion ,  a 
donné  naissance  à  (piaire  jeunes,  dont  deux  ont  continué  à  vivre  et  sont 
encf)ro  en  très  bonne  santé.  Depuis,  une  autre  éilucaiion  a  donné  encore  deux 
nouveaux  jeunes,  et  en  ce  monieutles  j)arents  reconnnenceni  leur  iroisiènie 
ponte. 

(ù)  Nu?'  l'A(jami  {Bulletin,  I.  1\,  p.  '29.!^). 
(5)  yi<te  surrAijinui  (Bull<-!in.  i.  I\.  p.  'J!0\ 


RAPrORT    SUR    LES   'iTSAYAUX    DE    LA    SOCiÉTÉ.  \XV 

Les  oiseaux  de  basse-coiir  onl  continué  à  Taire  l'objeL  de 
vos  clndcs,  el  vous  avez  entendu,  à  ce  sujet,  les  importantes 
communications  de  M.  Granié  (i)  sur  les  Poules  gasconnes 
et  les  Oies  de  Toulouse  ;  de  MM.  Uufz  de  Lavison  etDareste  ('2), 
sur  les  moyens  de  reconnaître  la  valeur  des  œufs  destinés  à 
l'incubalion;  de  M.  (liol  (3),  sur  son  poulailler  roulant,  [lartai- 
tcment  disposé  pour  faciliter  l'éducation  de  ces  animaux  dans 
nos  campagnes,  et  amener  la  destruction  des  insectes,  ce 
lîéau  de  l'agriculture.  Les  travaux  de  MM.  lîoppe-Hermite  (/i), 
Tranquillo-Toaldi  (5),  Aquarone  (6)  et  Girard  Desprairies  (7) 
ne  vous  ont  pas  laissés  indill'é'rents,  et  vous  avez  tenu  à  ap- 
peler l'attenlion  sur  les  soins  tout  particuliers  pris  par  Son 
Altesse  Impériale  la  princesse  Thérèse  d'Oldenbourg,  qui  a 
réuni  dans  ses  propriétés  une  riche  collection  de  Poules  do 
toutes  races,  et  qui  n'a  qu'un  seul  rival  en  Russie,  Son  Altesse 
Impériale  le  grand-duc  Nicolas. 

Signalons  encore  les  tentatives  de  M.  Dei)lanche  (8)  pour 
ajouter  aux  richesses  de  la  Nouvelle-Cab'donie  les  oiseaux 
les  plus  utiles  manquant  encore  à  notre  colonie,  et  celles  de 
M.  Simon  (9)  sur  la  reproduction  et  l'acclimatation  du  Fran- 

(1)  Biilldiii,  t.  IX,  p.  1!)7. 

(2)  ItriJûuses  n  ini  questionnaire  stir  la  /ccondiitinii  des  œufs  de  (lalli- 
nacés  (Bulletin,  t.  I\,  p.  oGG).  —  Daresto,  Sur  Ins  innyeDH  de  s'assurer  de 
la  fécondation  des  œufs  de  Gallinacés  [ihid.,  p.  Uoo). 

(o)  Bulletin,  t.  LX,  p.  1059. 

(/i)  M.  ]]oppc-IIennilo,  qui  s'osl  adonuL'  avec  beaucoup  de  zèle  à  l'éduca- 
tion des  oiseaux,  et  a  l'ail  connaître  le  premier,  à  Xajîcy,  plusieurs  nouvelles 
espèces,  s'esl  aussi  occiipi'  de  rinU'oduction  de  nouveaux  vé^élaux  utiles. 

(5)  M.  Ti'anquillo-'i'oaldi  a  bcaucou])  contribué  à  Finiroduclion  de  pUi- 
.sienrs  espèces  uliles  dans  le  l'yrol. 

(())  A!.  Aquarone,  dont  les  riches  volières  renièrinent  nombre  d'ani- 
maux intéressants,  a  pu,  par  ses  soins,  préserver  de  fâcheux  accidents 
qne!qucs-!;ncs  des  plus  précieuses  espèces  <lu  Jardin  zoologiqne  de  Marsi'ilii'. 

(7)  M.  (jiiard  Desprairies  a  oljicnn  en  I''rance  ])!nsieurs  individus  de 
l'Oie  de  Terre-Neuve. 

(8)  M.  Deplanche  a  aussi  appelé  l'attention  de  la  Société  snr  le  Rhino- 
celos,  qui  joint  à  une  chair  savoureuse  les  cpialités  de  VAjiaini,  et  se  charge 
comme  lui  delà  police  de  la  basse-cour  (Bullelin,  I.  IX,  p.  'JZi2). 

(S))  .Simon  [fiullelin,  p.  /ijC,  500).  ^ous  devons  rappeler  aussi  les  mé- 
moires de  \L  C.hwaloii,  Sur  la  domcsticalion  du  Tétras  [ihid.,  p.  /iO(t);  -- 


XXVI      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGFQUE   d'aCCLIMATATION. 

colin  d'Ail.inson,  qui  fonl  lieureuseaient  présager  de  l'avenir. 

Parmi  les  oiseaux  qui  sont  venus  enrichir  votre  Jardin, 
citons  le  Goura  (1),  ce  beau  pigeon  des  Moluques  que  vous  avez 
reçu  de  M.  Gézard  ;  les  Laughing  Jacass  {Dacelo  (/igantea)  (2) 
que  notre  dévoué  confrère  M.  Mueller  vous  a  adressés  de  Mel- 
bourne en  même  temps  qu'une  collection  de  jolis  oiseaux 
chanteurs  australiens.  La  chasse  active  que  fait  le  Dacelo  aux 
serpents  nous  permet  d'espérer  que  son  introduction  à  la 
Martinique  amènera,  sinon  la  disparition  complète,  du  moins 
la  diminution  des  trop  nnml)reux  Trigonocéphales  qui  sont 
le  fléau  de  celte  colonie.  Bientôt,  sans  doute,  nous  verrons  les 
Laughing  Jacass  à  l'œuvre,  car  nous  avons  reçu  de  M.  Mueller 
l'assurance  qu'il  nous  procurerait  prochainement  un  nombre 
sutïisant  de  ces  oiseaux  pour  faire  l'expérience  sur  une  grande 
échelle,  et  nous  savons  que  les  promesses  de  notre  dévoué 
confrère  ne  tardent  jamais  à  être  réalisées.  Dans  le  but  de 
nous  donner  des  renseignements  utiles  pour  arriver  à  la 
destruction  des  reptiles,  MM.  Hayes  (3)  et  Chabriac  {h)  vous 
ont  fait  connaître  les  principaux  animaux  qu'on  ]»ourrait 
employer  à  cet  usage. 

Nous  vous  disions,  il  y  a  un  an,  que  le  Pic  vert  (5)  était  cité 

celui  do  M.  Bartliélomy-Iinpomnif raye ,  Sur  l'éducation  du  Hocco  de  la 
Guyanp  (ibid.,  p.  933);  —  de  M.  Vauvert  de  Méaii,  Sur  le  Capercaillie 
{ibid.,  p.  57'2);  —  Deloiichc,  Albinisme  chez  les  Poules  {ibid.,  p.  706);  — 
Drouyu  de  Lhuys,  Sur  les  plumes  de  Dindon  blanc  {ibid.,  p.  hoô)  ;  — 
Sacc,  Sur  lePsittacus  eximius  {ibid.,  p.  508)  ;  —  F.ay,  Plumes  de  Cigogne 
blanche  [ibid.,  p.  /io3);  —  Olivier,  Poules  en  Algérie  {ibid.,  p.  hoO). 

(1)  Les  (ionras,  donnés  par  :\1.  Cézard.dc  ÎNantes  (t'tn'/f^m,  l.  l.\,  p.  337), 
ont  ét(5  l'objet  d'une  eoniniunication  intéressante  de  M.  Davier  {ibid., p.  798), 
qui  a  observé  la  ponte  de  ce  bel  oiseau. 

('J)  Un  (uitre,  un  mémoire  important  de  M.  liamel  nous  a  fait  connaître 
les  particularités  les  plus  intéressantes  du  Laughing  Jacass  {Dacelo  gigan- 
iea)  {Bulletin,  t.  IX,  p.  295,  et  ibid.,  p.  137,  JZ|9,  237,  3.'i9). 

(3)  Sur  les  animaux  destructeurs  des  serpents  dans  l'Inde  {Bulletin, 

t.  IX,  p.  770). 

{Il)  Sur  les  oiseaux  destructetirs  des  serpents  au  Brésil  {Bulletin, 

t.  IX,  I).  /l73). 

(ô)  Hubert  Brierre,  Rapport  sur  le  Pie  ccrt  {Bulletin,  l.  !X,  p.  356).  La 
Société  a  reçu  plusieurs  autres  conuiumications  à  l'occasion  de  la  question 
du  rie  vert  considéré  comme  insectivore,  et  de  l'utilité  des  autres  oiseaux 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.     XXVII 

à  votre  barre  comme  coupable  de  méfaits  envers  nos  bois,  que 
ne  pouvait  balancer  sa  qualité  d'insectivore.  Si  ses  accusateurs 
étaient  ardents,  il  a  trouvé  parmi  vous  de  chauds  défenseurs, 
et,  après  avoir  mûrement  pesé  les  raisons  qui  pouvaient  l'in- 
criminer comme  celles  qui  étaient  à  sa  décharge,  vous  avez 
décidé  qu'il  était  un  insectivore  utile,  et  que  s'il  ne  méritait 
pas  tous  les  éloges  que  lui  donnaient  ses  partisans,  il  n'était 
cependant  pas  aussi  coupable  que  voulaient  le  faire  ses  enne- 
mis; par  votre  verdict,  vous  avez  déclaré  qu'il  n'avait  mérité 
ni  cet  excès  d'honneur  ni  celte  indignité. 

Le  repeuplement  des  eaux  se  poursuit  avec  activité,  grâce 
à  l'initiative,  à  l'impulsion  et  aux  encouragements  de  votre 
Société;  aussi  cette  année,  comme  les  précédentes,  de  nom- 
breuses communications  (l)  vous  ont-elles  été  faites  sur  la 
pisciculture  et  les  diverses  études  qui  s'y  rattachent,  et  avez- 
vous  pu  suivre,  avec  tout  l'intérêt  qu'ils  méritent,  les  travaux 
de  pisciculture  fluviale  et  maritime  qui  sont  entrepris,  sous 
l'inspection  directe  du  Gouvernement,  et  (jui  permettront  de 
fournir  bientôt  aux  populations  d'énormes  quantités  d'aliments 
dont  jusqu'à  ce  jour  elles  étaient  privées. 

Une  tentative  toute  spéciale  a  été  faite  avec  votre  concours 
par  M.  Lamiral  (2),  qui  vous  avait  présenté  déjà  plusieurs 

insectivores  :  Doljeaiivoys,  le  Pic  vcri  comme  ennemi  des  Abeilles  (ibiil, 
p,  70(5);  —  i\Iain,  Sur  le  Pic  vert  {ibicl,  p.  137);  —  Piseaiix,  Utilité  des 
Oiseaux  )}uisibles  [ibid.,  p.  807);  —  Sacc,  Sur  les  Moineaux  [ibid., 
p.  706):  —  Tliomas,  Sur  le  Pic  vert  (ibid.,  p.  173);—  Sainl-Aignan,  Sur 
le  Pic  vert  {ibid.,  p.  h'Hi);  —  Tiicrel  {ibid.,  p.  ^70),  Comte  trtlstenio 
{ibid.,  p.  339),  —  l'.  r.oussia  (//;/(/.,  p.  /i'2/i). 

(1)  Parmi  les  nombreuses  commiinications  faites  à  la  Société^  nous  devons 
rappeler,  entre  autres,  les  travaux  de  ]\I.  A.  Lloyd,  Sur  l'aquarium,  du 
Jardin  d'acclimatation  {Bulletin,  t.  IX,  p.  107j;  —  de  M.  A.  Gillet  de 
Graiidinont,  Histoire  de  la  pisciculture  {ibid.,  p.  978);—  Millet,  Sur  la 
pisciculture  {ibid.,  p.  G9);  —  Abadie,  Pisciculture  et  ostréiculture  en 
Vendée  {ibid.,  p.  798);  —  Cliavannes,  Pisciculture  en  Suisse  {ibid.,  p.  3/i5); 
—  des  Nouiies  de  la  Caeaudière  {ibid.,  p.  513);  —  de  la  Fons,  baron  de 
Mélicorq,  Sur  les  poissons  au  moyen  âge  {ibid.,  p.  251);  —  Ramel  {ibid., 
p.  536);  —  Passard,  Sur  l'Unio  margaritifera  {ibid.,  p.  351). 

('2)  Lamiral,  Mémoire  sur  l'acclimatation,  la  pèche  et  le  commerce  des 
Cuiiuilles  ùnacrc,  à  perles  et  a  bjissns  {Bulletin,  t.  IX,  p.  '212,  298).  — 
Rapport  sur  un  essai  d'acclimatation  des  Éponges  de  Syrie  dans  les  eaux 


XXV.'H      .SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    D'AHCLIMATATinN, 

mémoires  sur  la  possibilité  d'acclimaler  et  de  cuUiver  le  Corail, 
les  Coquilles  à  perles,  à  nacre  et  à  byssus,  et  les  Éponges,  dans 
celles  de  nos  eaux  algériennes  et  méditerranéennes  qui  en 
sont  encore  privées.  Chargé  par  vous  d'aller  recueillir  en 
Svrie  des  Eponges  pour  les  installer  sur  nos  cotes  de  Provence, 
notre  dévoué  conirèro  a  pu  en  déposer  un  certain  nombre 
dans  des  conditions  (jui  nous  permettaient  d'espérer  d'heu- 
reux résultats.  Malheureusement  nous  avons  été  déçus  dans 
notre  espoir,  et,  par  suite  des  circonstances  exceptionnelles 
qui  se  sont  présentées,  tout  a  éti''  détruit  ou  perdu  (J)  :  les 
éléments  et  les  hommes  ont  conspiré  contre  le  succès  de 
noire  oeuvre;  mais  ne  nous  décourageons  pas,  et  conservons 
l'assurance  qu'un  autre  essai  sera  plus  heureux. 
Nous  avons  échoué  encore  dans  une  autre  tentative,  celle 

frcniçaises  de  la  Méditerranée  (ibid.,  p.  6/il).  La  Socicilr,  convaincue  de 
l'ulilitô  qu'il  y  aurait  à  tenter  une  pareille  entreprise,  après  avoir  pris  des 
rcnseiguenienls  auprès  de  ceux  de  nos  confrères  qui  s'étaient  occupés  plus 
spécialement  des  animaux  marins  intérieurs,  a  cliarsé  M.  Laniiral  d'une 
mission  spéciale  que  notre  dévoué  confrère  a  accomplie  au  prix  de  nom- 
breuses peint  s  et  avec  le  plus  grand  soin,  bien  que  cependant  toutes  les  con- 
ditions les  plus  lieureuses  n'aient  pu  se  trouver  réunies  pour  arriver  aux 
meilleurs  résultats,  et  que  rintroduclion  des  Éponges  syriennes  dans  nos 
eaux  n'ait  pu  .s'opérer  qu'alors  que  l'essainiement  de  ces  animaux  était  déjà 
trop  avancé.  La  Société  a  trouvé  dans  celle  circonstance  le  concours  le  plus 
empressé  de  la  part  de  S.  Exe,  le  Ministre  de  la  marine  et  le  (iouverneur 
général  de  l'Algérie,  qui  ont  bien  voulu  nous  accorder  une  allocation 
sur  les  fonds  de  leurs  ministères,  dans  le  but  de  l'a\oriser  ainsi  une  expé- 
rience d'un  très  haut  intérêt,  et  donner  des  ordres  pour  faciliter  la  mission 
de  ^\.  L;imiral.  La  Sociélé  doit  aussi  ses  remerciments  à  M.  Coste,  inspecteur 
général  des  pèches,  qui  lui  a  prêté  également  son  plus  bienveillant  conc(un\s. 
Outre  le  mémoire  de  iM.  Laniiral  sur  l'acclimalalion  des  i:ponges,  il  a  éié 
aussi  adressé  à  la  Sociélé  un  travail  1res  intéressant  de  i\l.  Espiua,  agent 
consulaire,  sur  les  Éponges  de  Barbarie  [liidlctin,  t.  X). 

(l)  Dans  un  second  rapport,  lu  à  la  lin  de  l'année  18G2,  ^I.  Lamiral  a  fiit 
connaîlre  à  la  Société  le  compte  rendu  de  ses  recherches  sur  les  divers  points 
où  il  avait  déposé  l'été  dernier  ses  Éponges,  et  atlribue  en  grande  partie  les 
résullats  fâcheux  de  celte  lentali\c  aux  dégradations  des  pécheurs  du  litto- 
ral, qui,  guidés  parles  bouées  qui  servaient  de  points  de  repère,  ont  enlevé 
les  Éponges  des  caisses  où  elles  avaient  été  innnergé  s,  et  ont  ainsi  sacrifié 
à  l'appàl  d'un  lucre  minime,  mais  inuuédiat,  les  sources  d'une  fortu;ie 
ltus!,u!'  a>juré(',  iiKiis  réalisiibls' sciilri:  cnl  (k',i;s  i'avcuir.  [BuIlcfiiiA.  \,  p.  B.) 


r.Arror.T  suii  les  tuavaux  dh  la  société.  xxix 
<Io  rintrodiiflioii  du  Gourami  (I)  dans  nos  eaux.  Malgré  les 
j)ius  grandes  précautions  prises  par  nos  confrères  MM.  Liénard 
(de  la  Réunion),  les  poissons  qu'ils  nous  envoyaient  ont  suc- 
combé pendant  le  voyage;  mais  cet  échec  ne  les  a  pas  décou- 
ragés, et  ils  sont  résolus  à  tenter  do  nouveau,  jusqu'à  ce  qu'ils 
aient  enfin  réussi,  cette  introduction  par  tous  les  moyens 
jiossibles.  En  échange  du  Gourami,  nous  voulons,  de  notre 
côté,  doter  les  eaux  de  la  lléuninn  de  quel({ues-unes  de  nos 
espèces  européennes,  et  les  études  nécessaires  pour  arriver  à 
une  heureuse  réalisation  de  ce  projet  ont  été  faites  avec  le 
plus  grand  soin  par  notre  zélé  confrère  M.  René  Caillaud  {'!), 
dont  vous  connaissez  depuis  longtemps  l'ardeur  à  propager  la 
pisciculture,  etauquel,  en  grande  partie,  nos  cùtesdclaYendéc 
sont  redevables  d'élablissemeiUs  nombreux  pour  l'éducation 
des  Huîtres.  Dans  cette  œuvre  éminemment  utile,  il  a  trouvé 
le  concours  le  plus  eiupressé  de  la  part  de  MM.  IJelenfant  (3), 

(1)  Le  r,our;iiiii  {Ospliruincniis  o'fax,  Cominerson),  originaire  des  ri  • 
\ière.s  (le  l'Asie  orieiilalc,  et  surloiit  de  la  Ciiinc,  ,i  éh-  inU'odiiil  déjà  de  suu 
1  ;iys  ()rii,d!iaire  à  l'Ile  "\!aurice  ;  il  a  déjà  été  Toijjet  de  quelques  tcnlalivcs 
d'aeelimatatio;i.  et  tout  jiorte  à  penser  que  son  inuodiiction  pourr,i  s'opérer 
en  France,  au  moins  dans  nos  provinces  mi'ridioiHdes.  Jîien  que  supposée 
l'acile  [)ar  Lacépède,  celte  iulroduction,  qui  demande  de  grands  soins,  n'a  pas 
encore  réussi,  i)eut-èlre  parce  qu'on  a  cherché  à  l'aire  p  irlei'  l'expi'rienc;: 
sur  des  indisidus  adultes;  mais  en  ce  moment  même  nos  dévoués  conIVères 
de  l'de  de  ia  lléunion  cherchent  à  réunir  des  individus  encore  très  petits, 
cl  espèrent  qu'ils  pourront  supporter  plus  facilement  les  fatigues  du  \oyage, 
et  nous  faisons  les  vœux  h's  plus  ardents  pour  que  leurs  elforls,  couronnés 
enlin  de  sucrés,  leur  permettent  de  doter  notre  pays  d'une  des  espèces  de 
poissons  les  plus  justement  estimées  [Bulletin,  t.  1\,  p.  898.  917). 

(2)  M.  l'.ené  Caillaud,  qui  s'est  adonné  tout  pailiculièrement  à  l'étude  de 
la  pisciculture  marine  et  lluviatile,  a  été  le  promoteur  ardent  des  reciierclies 
qui  se  sont  faites  dans  ces  dernières  années  en  Vendée,  et,  par  son  exemple 
et  ses  conseils,  il  a  déterminé  un  grand  nombre'  de  personnes  à  se  livrer  à  ces 
expériences,  qui  aujourd'hui  déjà  doiinent  les  résultats  les  plus  avantageux. 
Ayant  pu  faire  parvenir  à  l'aquarium  du  Jardin  du  bois  de  Boulogne  un 
bloc  de  rocher  perforé  par  des  l'holades,  !\F.  René  Caillaud  a  donni'  en 
même  temps  d'intéressants  détails  sur  ces  animaux  [Bulletin,  l.  i\,  p,  7125). 

(3)  M.  jjflenfant,  coimuissaire  de  l'inscription  maritime  à  la  llochclle,  a 
présidé  à  l'inslallalion  de  toute  l'organisation  des  établissements  d'ostréicul- 
ture, d(i<.  bouchât  s,  \iiiers  à  pji^s.'nis,  etc.,  qui  se  sont  formés  depuis  18,")2 
dans  les  environs  de  la  r.ochelh',  et  priucijialeaient  à  Chalelaillon.    Zélé  insti- 


XXX      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

Dclabignc-Villeneiive  (1)  et  Tayaii  (2),  commissaires  de  l'in- 
scription maritime,  grâce  auxquels  des  milliers  d'élablisse- 
menls  d'ostréiculture  ont  pu  s'établir  do|iuis  quelques  années 
autour  de  la  Rochelle,  à  l'île  de  lîé  et  aux  Sables  d'Olonne. 

A  côté  des  insuccès  dont  nous  vous  parlions  il  y  a  un  instant, 
et  que  nous  ne  devions  {tas  vous  taire,  car  ils  nous  ont  apporté 
leurs  enseignements  pour  des  entreprises  ultérieures,  nous 
pouvons  heureusement  constater  avec  vous  une  série  nouvelle 
de  résultats  salislaisants  dans  la  culture  des  eaux. 

Par  l'emploi  des  frayères  artificielles,  imaginées  par  notre 
conlVére  iM.   Millet  (3)  et   généralisées  dans  ces  dernières 

galcur  do  tous  ces  Uav;iiix,  il  loiir  accorde  une  prolrctiou  dévouée,  et  grâce 
a  ses  soius,  près  de  trois  mille  concessionnaires  out  pu  s'occuper  à  Torgani- 
sation  d'une  culture  de  la  mer. 

(!)  !\I.  Uelabignc-Villeneuve,  commissaire  de  llnscriptiou  marilinie  aux 
Sables  d'Olonne,  a  suivi  le  bel  exemple  donné  i)ar  M.  Belenl'anl,  et  grâce  à 
l'élan  qu'il  imprime,  et  aux  secours  (pi'il  ne  cesse  de  donner  à  l'ostréicul- 
ture, et  surtout  au\  \iviers  de  poissons,  la  production  se  trouve  notable- 
ment aidée,  et  en  un  temps  très  court  une  centaine  d'élablissemenls  ont 
pu  être  créés. 

(2)  i\I.  Tayau,  commissaire  de  l'inscription  marilime  à  l'île  de  Ité,  (pii  a 
tenu  aussi  à  imiter  ce  qui  s'était  lait  d'abord  à  la  i'.oclielle,  a  vu  ses  elVorls 
réconq)ensés  par  un  magnifique  résultat,  puisque,  aujourd'bui,  six  mille  éla- 
blisscments  sont  formés  sur  la  cote  do  Tile  de  Ré,  si  propice  à  toute  tentative 
de  ce  genre. 

(3)  Notre  zélé  confrère  .M.  Millet,  qui  s'est  adonné  d'une  manière  toute 
spéciale  à  la  pisciculture,  et  qui  a  payé  un  large  tribut  à  la  Société  par  de 
fréquentes  communicaiions  ot  par  les  conférences  qu'il  a  faites  encore  cette 
année,  a  rendu  compie  à  la  Société  du  résultat  de  ses  rccbercbes  sur  l'im- 
porlance  dos  élud(>s  tliormométriques  des  eaux  pour  guider  dans  toutes 
les  expériences  do  pisciculuiro  {Bulletin,  I.  I\,  p.  10/i9).  Tour  étudier  le 
mystérieux  phénomène  des  migrations  des  poissons  voyageurs,  et  pour  con- 
stater leur  rapide  accroissement,  en  ce  (pii  concerne  particulièrement  le 
Saumon,  noire  confrère  a  ou  ringénieuse  idée  de  donner  aux  Saumons  rete- 
nus captifs  dans  le  premier  âge  dos  aliments  contenant  de  la  garance  en 
poiislro.  Otto  substance  colorant  on  jaune  rouge  les  arêtes  du  Saumon, 
comme  les  os  dos  manmiifères,  il  devient  dès  lors  facile  de  reconnaître  les 
animaux  soumis  à  ces  importantes  ot  curieuses  expériences.  C'est  par  ce 
moyen  (pie  M.  Millet  a  ])u  constater,  sans  nuitiler  les  jeunes  poissons  sar  des 
anneaux  ou  des  ontaillcvs  aux  nageoires,  qu'un  Saumoneau  pesant,  à  l'époque 
de  la  descente  à  la  mer,  GO  à  80  grauunos,  revient  on  eau  douce,  au  bout 
de  (pulques  mois,  avec  un  ()oids  do  i)lusiours  kilogrammes. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.     XXXI 

années,  on  a  pu  obtenir  d'excellents  résultats  sans  manipu- 
lations difficiles  et  sans  dépenses  considérables.  De  nombreux 
documents  statistiques  et  une  série  variée  d'expériences  très 
curieuses  sur  le  rendement  des  eaux  douces  ont  amené  notre 
conl'rère  à  reconnaître  que  les  poissons  sédentaires  ne  peu- 
vent fournir  à  la  consommation  générale  (jue  des  produits 
très  limités,  tandis  que  les  espèces  voyageuses  reviennent 
dans  ces  eaux  par  légions,  et  y  apportent  des  produits  en 
quebjue  sorte  illimités.  Certainement,  de  toutes  les  espèces  de 
poissons  (jui  fréquentent  les  eaux  douces,  le  Saumon,  l'Alose 
et  l'Anguille  sont  })lus  spécialement  destinés  à  fournir  à 
l'bomme  d'abondants  et  excellents  produits  qui  ne  lui  coûtent 
presque  rien,  puisqu'ils  vont  se  développer  et  s'engraisser  à 
la  mer,  source  inépuisable  d'aliments  de  toute  sorte. 

De  curieux  produits  de  Féducation  des  Truites,  obtenus 
par  fécondation  artificielle,  nous  ont  été  présentés  par 
M.  Tandou  (1)  et  par  M.  Roger-Desgenettes  (2),  qui  a  réussi 
à  faire  vivre  ses  poissons  dans  les  eaux  de  la  Marne  et  dans 
un  vivier,  où  ils  atteii^nent  rapidement  de  fortes  dimensions; 
fait  très  curieux,  car  il  démontre  la  possibilité  pour  la  Truite 
de  vivre  et  de  prospérer  dans  des  eaux  moins  pures  que  celles 
qu'elle  babite  ordinairement. 

Plusieurs  autres  observations  importantes  vous  ont  fait 
connaître  les  résultats  des  essais  de  MM.  Cbcvallereau,  des 
Nouhes  de  la  Cacaudière  et  Saint-Prix  (3),  et  tout  récemment 
M.  A.   Gillet  de  Grandmont,    après  vous  avoir  exposé  des 

(1)  M.  'J'andou  a  mis  sous  les  yeux  de  la  Société  des  spécimens  de  ses  édu- 
cations de  Ti-uilcs  aux  environs  de  Corbeil,  et  a  pu  démontrer  ainsi  (]ui'  ces 
poissons  sont  susceptijjles  de  fournir  rapidement  des  individus  remar- 
(juables  par  leur  taille,  même  élevés  en  captivité  [Bulletin,  i.  L\,  p.  lO/iS). 

(2)  M.  r.oger-Desgenctles,  qui,  à  plusieurs  reprises,  a  entretenu  la  Société 
des  expériences  de  pisciculture  qu'il  a  instituées  à  Saint-Maur,  près  de  Paris 
{Bulletin,  t.  IX,  p.  5iZi,  10/i5,  l0/i9),  a  présenté  également  des  spécimens 
très  beaux  de  Truiles  élevées  par  lui  dans  un  vivier  alimenté  par  les  eaux  de 
la  Marne,  et  des  individus  péchés  dans  celle  rivière,  et  provenant  de  produits 
de  ses  éducations  qu'il  y  avait  déposés. 

(3)  C.  de  Saint-l'rix,  Question  de  pisciculture  en  basse  Bretagne.  Bro- 
chure in-8,  ISG'J, 


Nxxii  socirm':  jmi'éhiai.l;  zooLOGinUE  d'acclimatation. 
exiK'ricr.cos  sur  la  Iccondation  (]('  ].i  Fera  (1),  vous  a  cnli'c- 
Icmis  (le  Ja  réussite  de  l'enipoissonnemenl  du  lac  !*aviii,  eu 
Auvergne  cl). 

iM.  Vancuu  vous  a  soumis  l'appareil  ingénieux  ([ui  lui 
pcrmcl  de  tr.nnsiiorler  les  poissons  vivants  à  de  grandes  dis- 
tances. Vous  avez  aussi  reconnu  avec  salislaction  les  bous 
services  rendus  à  racclinialalion  marine  par  MM.  Leprelle  cl 
Heuouf.  Signalons  enfin  le  mémoire  qui  vous  a  été  adressé  par 
M.  Vieunot  (i'.)  sur  les  parcs  de  Crustacés  en  Angleterre,  et 
les  travaux  de  M.  Fruchier  (/j)  sur  la  pisciculture  eiréducatiuii 
des  Sangsues,  dont  il  a  doté  le  département  des  Basses-Alpes. 

Cette  année  encore,  de  nombreuses  communications  (5) 

(1)  Vi.  Anatuli'  (iiliol  du  (Iraiulinont  a  coimmiuiqiK''  à  la  Soriéii.'  un  mé- 
uioirc  sur  la  l'écuiulalion  arlificieli^'  ûv  la  Fera,  cl  ;,iir  les  meilleurs  iuoyens 
de  ]impat;er  dans  nos  eaux  ce  poisson,  qui,  jusqu'à  ce  jour,  n'a  pu  s'y 
développer  coinenal^leinenl,  faule  d'avoir  jusqu'ici  irouvé  loutes  les  con- 
dllioiîs  les  plus  essentielles  à  son  développement  {Bulletin,  t.  \,  p.  l(i). 

("2)  Dans  une  des  dernières  séanc  s  de  la  Société  (G  lévrier  18G2),  M.  A. 
Giliet  de  (Irandmont  a  lait  connaître  à  la  Société  les  lieurciix  résultats  de 
rempoissoiiurment  du  l.:c  l'avin  par  .M.  Ducros,  tentative  sur  laquelle 
Ai.  Lecoq  a-.ait  déjà  attiré  l'attention,  en  pn'scntani  une  Truite  très  volumi- 
neuse provenant  de  ce  lac  {Bullefiii,  t.  IX,  p.  3/i5). 

(3)  Sur  les  parcs  (le  Crustacés  en  Angleterre  {Bulletin,  t.  IX,  p.  J02G). 
Dans  ce  travail,  M.  Viennol  a  l'ait  connaître  le  développement  coiisid'érablc 
de  celte  industrie  en  Aiii^leterrc,  et  les  précautions  [)rises  dans  ce  pays  poui 
approvisionner  d'une  manière  continue  et  conveurible  les  marchés  des  divers 
Cruslacé's  qui  li^urent  sur  les  tables. 

{Il)  Hiruiliniculture  dans  les  Basses- Alpes  {Bulletin,  l.  L\,p.  JO:!il). 

(5)  Notre  zélé  coniVèr;'  M.  Guérin- Aléne\ille  nous  a  tenus,  comme  les 
années  précédentes,  au  coiiraiil  de  tous  les  faits  intéressants  qui  se  sont  [né- 
sen;és  durant  le  cours  de  la  campagne  séricicolede  18f3'2,  et  a  résumé  dans 
un  rapport  important,  auquel  nous  avons  emprunté  presque  tous  les  rensei- 
gncnKMils  que  nous  avons  indiqués  dans  notre  compte  rendu,  toutes  les  com- 
muiiieationsquioni  été  faites,  soit  à  la  Société,  soit  à  lui-n.ième,  et  ([ni  étaient 
de  natnrc  à  intéresser  nos  conlVères. 

Aous  devons  rappeler  ici  les  importantes  communications  de  M.  le  docteur 
ForgeîViol,  Sur  un  mode  parliculier  et  7Uiuve(iu  de  décidai/e  oi  soie  grége 
des  cocons  ouverts  du  ninnlnj.r  Cijnthia  <t  autres  {Bulletin,  \.  i\,  p.  ;308); 
—  de  M.  C.iroîlo'.i,  Bapport  sur  la  sériricidlue  dans  les  priivincrs  russes 
(Li  Caucase  {il>id.,  \).  115);  —  de  M.  Maiiiice  Girard,  Sur  le  Sericaria  Mort 
[iliid.,  p.  '.)G2,  1050);  —  de  M.  l'ierr.'  l'icliol,  Sur  l'introduction  du  Ver  ci 
soie  de  i'Ailante  en  Bussie  [ibid.,  [).  T'J'i). 


RAPPORT   SUR    LES    TRAVAUX   DE   LA    SOCIÉTÉ.  WXIII 

relatives  à  la  séricicullure  nous  sont  parvenues ,  l)ien  (jue 
cependant  l'influence  fâcheuse  de  la  gatline  ait  continué  à 
s'exercer.  Nous  devons  faire  remarquer  que,  mali^ré  l'appel 
pressant  que  vous  avez  déjà  fait  à  plusieurs  reprises,  les  per- 
sonnes (jui  vous  adressent  des  rapports  sur  leurs  éducations 
se  contentent  trop  souvent  d'énoncer  seulement  leurs  résul- 
tats, et  négligent  de  vous  faire  connaître  tous  les  détails  qu'il 
vous  importerait  de  savoir  pour  vous  rendre  un  compte  exact 
de  ce  qu'a  présenté  de  particulier  la  campagne  séricicole. 
Elles  devraient  ne  pas  oublier  que  cette  négligence  influe 
nécessairement  sur  les  décisions  prises  lors  de  la  distribution 
des  récompenses,  et  que  plusieurs  d'entre  elles  eussent  cer- 
tainement lîguré  avec  honneur  sur  votre  liste  de  lauréats,  si 
elles  vous  avaient  soumis  tous  les  documents  ([ui  pouvaient 
vous  éclairer.  Nous  adjurons  donc  tous  ceux  qui  s'occupent 
de  sériciculture,  connue  tous  ceux  qui  se  présentent  à  vos 
concours,  de  prendre  le  soin  de  joindre  à  leurs  mémoires 
toutes  les  pièces  à  l'appui. 

Comme  toujours,  vous  avez  trouvé  au  premier  rang,  parmi 
tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'éducation  des  Vers  à  soie  et  des 
nombreuses  questions  que  soulève  celte  branche  de  nos  étu- 
des, notre  dévoué  confrère  M.  Guérin-Méneville  (1),  qui,  non 
content  de  donner  l'impulsion  aux  nombreux  sériciculteurs 
qui  ont  recours  à  ses  lumières,  vous  tient  au  courant  de  tout 
ce  (]ui  se  passe  dans  les  diverses  localités  où  l'on  s'occupe 
de  sériciculture,  et  vous  fournit,  par  ses  rapports  lumineux, 
le  moyen  de  suppléer  à  ce  que  les  observations  qui  vous  sont 
adressées  ont  d'incomitlet,  et  pai'  suite  d'obscur. 

l.a  maladie  qui  a  continué  à  sévir  sur  les  Vers  à  soie  a  été 
l'objet  d'études  inqiortantes;  et,  sans  parler  ici  des  théories 

(1)  Kntrc  autres  travaux,  nous  devons  à  M.  Cuérin-Ménevillc  :  un  Résumé 
iommaire  des  Irai'au.i:  de  xériciculture  oxéculésen  1801,  sous  l'inspiration 
de  la  Société  (Bulletin,  t.  IX,  p.  'Jl).  —  Quelques  faits  relatifs  a  l'intro- 
duction de  l'Ailantcà  Vélrawjer  et  aux  éducations  du  Ver  à  soie  du  liicin 
{ibid.,  p.  oi)8).  —  Éducation  du  Ver  à  soie  du  Ricin  en  Swsse  [ibid., 
p.  2138).  Xouceaux  documents  sur  le  \'cr  a  suie  de  l'Ailuntc  (ibid., 
p.  Zi33). 

T.  X.    -   Jan\icr  cl  I'c\iicr  1803.  c 


XXXIV      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

I»ar  lesquelles  on  a  voulu  l'expliquer,  nous  vous  rappellerons 
les  recherches  remarquahles  de  M.  le  docteur  Chavannes  (1), 
qui  vous  a  exposé  les  moyens  qu'il  emploie  pour  la  combattre, 
et  vous  a  fait  connaître  les  heureux  succès  de  ses  éducations 
en  plein  air.  M.  Nourrigat  ('^-) ,  auquel  nous  sommes  redeva- 
bles d'une  nouvelle  espèce  de  Mûrier  qui  facilite  singulière- 
ment les  éducations,  a  continué,  avec  le  zèle  que  vous  aviez 
reconnu  dans  les  précédentes  années,  ses  recherches  sur  les 
moyens  de  guérir  les  maladies  des  Bombyx,  et  de  remédier 
ainsi  à  la  mortahté  désastreuse  qui  décime  nos  magnaneries. 
Vous  trouverez  certainement  aussi  de  précieuses  indications 
dans  les  mémoires  qui  vous  ont  été  adressés  de  Chine  ])ar 
M.  Simon  (3),  et  qui  nous  apprennent  les  précautions  intinies 
des  Chinois  pour  se  i)rocurer  de  la  graine  aussi  saine  que 
possible.  ' 

Vous  avez  reçu  des  rapports  très  intéressants  de  madame 
veuve  Boucarut  {h)  et  de  madame  la  comtesse  de  Labé- 
doyère  (5) ,  qui  ont  continué  avec  autant  de  zèle  que  par  le 
passé  leurs  éducations  de  Vers  à  soie,  en  notant  scrupuleu- 
sement chacun  des  phénomènes  qui  ont  accompagné  les  di- 

(1)  INoU'e  savant  délrgiu'  à  Laiisanno  a  pul)lié  le  résnllat  de  ses  études 
sur  la  gattine  dans  un  ménioirc ,  couronné  en  1861  par  l'Inslitut  lom- 
l)ard  des  sciences  et  arts,  Sur  les  principales  maladies  des  Vers  à  suie  et 
leur  iiuérisoii,  dont  il  a  communiqué  les  conclusions  à  la  Société  dans  sa 
séance  du  25  avril  186'2  [Bulletin,  t.  I\,  p.  UOS).  Il  a  démontré  également 
par  des  expériences  très  bien  conduites  qu'il  y  aurait  de  graiuls  avantages, 
pour  restaurer  les  races  de  Vers  à  soie,  à  faire  des  éducations  pour  graine 
en  plein  air. 

(2)  ]\I.  E.  Nourrigat  (de  Lunel),  qui  se  dévoue  à  des  éludes  sérieuses  pour 
arriver  à  Tacclimatalion  des  Vers  exotiques  susceptibles  d'Otre  introduits  en 
France,  poiu'suit  avec  un  zèle  égal  ses  recberchcs  sur  les  maladies  des  Vers 
à  soie  et  des  ^lùriers. 

(3)  Sur  la  srriricullHre  en  Chine  {Bulletin,  t.  1\,  p.  220).  —  Sur  une 
nouvelle  race  de  Vers  à  soie  nommés  Tien-tse,  ou  fils  du  ciel  (/6«(/.,  p.  /i75). 

(à)  Le  mémoire  de  madame  veuv(>  Boucarut  est  des  ])lus  remarquables,  et 
sera  publié  dans  le  tome  \  du  Bulletin. 

(5)  Madame  la  comtesse  de  Labédoyèrc  a  continué  son  précieux  concours 
a  la  Société  pour  des  éducations  expérinieiitalcs  de  Vers  à  soie,  dont  elle  fait 
connaître  avec  le  pbis  grand  soin  les  résultats  c]l;i(iue  année. 


UAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.     XXXV 

verses  |)hases  de  l'évolulion  de  leurs  insectes.  Trop  heureux 
serions-nous  si  tous  les  rapports  qui  nous  sont  adressés  étaient 
aussi  complets,  et  nous  faisaient  suivre  ainsi  pas  à  jtas  toute 
la  marche  de  la  campagne  séricicole.  Nous  devons  encore  une 
mention  particuhère  aux  éludes  laites  par  MxM.  Jacquier  (1), 
Gross  (2)  et  Pinçon  (3). 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  le  Bombyx  du  iMùrier  (juc  se 
l)orle  votre  intérêt,  mais  vous  suivez  encore  avec  autant  de 
sollicitude  tout  ce  qui  a  rapport  aux  autres  espèces  exotiques 
susceptihles  d'être  élevées  en  France,  et  de  fournir  ainsi  de 
nouveaux  matériaux  à  l'industrie  de  la  soie.  Si,  l'an  dernier, 
vous  avez  exprimé  un  juste  sentiment  de  gratitude  à  lAf.  Du- 
chesne  de  Lîellecourt,  auquel  vous  deviez  le  Ver  à  soie  Ya-ma- 
mal  {h) ,  dont  des  circonstances  fâcheuses  ont  empêché  le 
complet  développement  chez  nous,  vous  n'avez  pas  moins  de 


(1)  M.  le  capitaine  Jacquior  (do  Troycs)  n  pu  conserver,  depuis  do  nom- 
breuses années,  une  Ijoile  race  nulanaise,  qu'il  tenait  de  .M.  de  Boullenois, 
et  qui  n'a  jamais  montré  la  muindre  trace  de  galtiiic.  Il  a  recueilli  des 
observations  très  curieuses  sur  rintlaencc  que  le  milieu  et  la  nourriture, 
exeicent  stu'  la  maladie  ;  mais  ces  faits,  en  raison  même  de  leur  impor- 
tance, ont  besoin  d'être  conlirrnés  par  de  nouvelles  ol)servations,  et  nous 
a\ons  l'espoir  que  M.  Jacquier  pourra  on  réunir  un  nombre  suflisanî  i)onr 
établir  sur  les  bases  les  plus  certaines  ce  moyen  de  sauver  notre  industrie 
séricicole.  - 

(2)  M.  Jean  Gross  (de  Grunningen)  rend  de  grands  services  à  la  sérici- 
culture par  rélablis-sement  d'une  société  qui  s'est  imposé  la  mission  de 
faire  convenir  en  graines  les  éducations  qu'elle  a  suivies  dans  leur  dévelop- 
pement, de  telle  sorte  qu'elle  peu!  en  garantir  la  boimc  qualité,  ftj.  Gross 
s'est  adonné  aussi  avec  le  plus  grand  zèle  à  la  pro[)agation  des  éducations 
de  Uoinbijx  Cynthia,  qu'il  cherclic  à  établir  sur  des  montagnes  dénudées 
et  jusqu'à  présent  improductives. 

(o)  M.  Jules  Pinçon,  agent  comptable  du  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de 
Boulogne  et  ancien  magnanier,  a  surveillé  les  éducations  laites  dans  notre  ma- 
guauiM-io  expérimenlalo.  Il  on  a  t'ait  connaître  les  résultats  dans  un  ra2)port 
intéressant,  et  a  ontreteiui  la  Société  d'un  moyen,  qu'il  a  counnoncé  à  ap- 
pliquer celle  année,  ])oui-  diminuer  de  beaucoup  la  qiiaiilité  de  feuilles 
nécessaires  à  la  nouiriture  des  Vers.  {fJulletiii,  t.  1\,  j).  5Zi'2.) 

Cl)  K.  Simon,  Sur  une  nouvelle  rare  de  Vers  a  soie  noiniiiée  Yaniu-muï 
{Bulletin,  t.  L\,  p.  o7ù:. 


XXXVI     SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

reconnaissance  pour  M.  Pompe  vaiiMeert  der  Woort  (1),  qui  a 
rapporté  derniéreuient  une  certaine  quantité  de  ces  précieuses 
graines  dont  l'exportation  est,  dit-on,  interdite  au  Japon  sous 
peine  de  mort;  grâce  à  LL.  EExc.  les  Ministres  des  atlaires 
étrangères  et  de  l'agriculture,  vous  avez  été  mis  en  posses- 
sion de  ces  graines,  et  le  moyen  vous  a  été  donné  de  tenter 
une  seconde  lois  d'enrichir  notre  sériciculture  d'une  nouvelle 
et  précieuse  espèce. 

Les  Vers  à  soie  du  Chêne,  dont  l'importance  est  si  bien 
reconnue  de  vous ,  vont  donc  pouvoir  èlre  soumis  à  de  nou- 
veaux essais,  et  nous  sommes  heureux  de  vous  annoncer  que, 
sous  peu  de  jours,  vous  recevrez,  du  lond  de  la  Chine,  de 
nouveaux  échantillons  du  liombi/x  Pernyl ,  que  vous  devrez 
aux  bons  soins  de  notre  zélé  meuihre  honoraire  monseigneur 
Perny  ("2).  Vous  pourrez  reprendre  ainsi,  avec  plus  de  chances 
de  succès,  la  culture  de  ce  Ver,  sur  la  première  éducation 
du(iuel  M.  Frédéric  Jacquemart  (^)  vous  a  donné  une  relation 
détaillée. 

Un  Ver  à  soie  qui  est  aujourd'hui  bien  cerlainenient  accli- 
maté chez  nous,  et  dont  la  culture  se  répand  de  plus  en  plus, 
le  Ver  de  l'Ailante,  a  été,  comme  parle  passé,  l'objet  de  nom- 
breuses communications.  MM.  le  couile  deLamote-Baracé  (/i), 

(1)  \\.  Pompe  van  Mccrl (Ici- Woort,  oflicier  de  sanU'  de  l,i  maiiiie  uéedaii- 
daisc,  a  rapporté  du  Japon  deux  boîtes  contenant  delà  jj;raine  de  Bombyx  Ya- 
nia-maï,  ({ui  ont  été  ollerles  à  la  Société  par  Leurs  l':xcellences  les  Alinislres 
desallaires  élruni^ères  et  de  l'agriculture  (Z)'H//t'//;i,  I.  \,  p.  2i).  11  a  été  pris 
innnédialcment  des  dispositions  pour  activer  la  foliation  de  quehpies  pieds 
de  Chcne  destinés  à  fournir  la  nourriture  an\  ^  ers  dès  leur  éclosion,  qui  ne 
peut  tarder,  vu  Félat  avancé  de  développement  où  ils  exisleiil  dans  Icsœuts. 

{■!)  :\Ionsei!;neur  l'erny,  auquel  la  Société  est  redevable  de  la  première 
tentatixe  d'introduction  du  Ver  à  soie  tlu  Chêne  de  Koui-tchc-ou,  vient,  par 
une  lettre  datée  du  12  octobre  1862,  de  nous  faire  connaître  qu'il  préparait 
un  nouvel  envoi  de  ce  précieux  insecte,  et  qu'il  prenait  toutes  les  précau- 
tions ponr  que  le  Bombyx  Peririji  arrive  à  bon  port. 

(o)  Tcnlatii-cs  d'éJiuation  du  Ver  sauvage  du  Chcne  de  la  Chine  {Bulle- 
tin, t.  1\,  p.  05). 

(/l)  Malgré  les  mauvaises  conditions  climatériques  de  Tannée,  M.  le  comte 
de  liamote-iiar.icé  a  oblenii  encore  de  beaux  résultats  de  s(  s  cultures  de 
Bombyx  Cyiilhia. 


RArrORT   SUR   LES   TRÂVATIX   DE   LA   SOCIÉTÉ.         XXWII 

Pravert  (de  Padouo),  mesdames  la  comtesse  de  Beaumont  (1) 
et  la  baronne  de  Castillon  (2),  et  nombre  d'autres  séricicul- 
teurs, vous  ont  fait  connaître  le  résultat  de  leurs  travaux. 
Madame  la  comtesse  de  Beaumont,  qui  cbercbe  à  introduire  le 
Cyntltia  sur  les  terrains  arides  de  la  Provence ,  a  découvert 
que  cet  animal  peut,  sans  inconvénient,  être  nourri  des 
teuilles  de  la  Pimprenelle,  observation  qu'a  confirmée  M.  le 
maréclial  Vaillant  (3).  Vous  devez  à  M.  de  Milly  {h),  qui  veut 
doter  les  Landes  de  la  culture  de  l'Ailante  et  de  l'éducation 
du  Cyntlna ,  un  rapport  remarquable  sur  ses  essais,  qui  lui 
ont  permis  de  recueillir  près  de  100  kilogrammes  de  cocons 
frais  sur  un  terrain  de  sable  jusqu'alors  improductif. 

Ce  n'est  pas  seulement  en  France  que  la  sériciculture  se 
développe  ,  dans  presque  toutes  les  parties  du  monde  de 
nouveaux  établissements  se  créent.  On  doit  l'introduction  du 
Homhijx  Cyntliia  en  Angleterre  à  lady  Dorothy  Nevill(5), 
dans  les  environs  d'Odessa  au  général  Burno(6),  au  Para- 

(1)  Madame  la  comtesse  de  Beaumonl  a  reconmi,  à  la  suite  d'essais  variés, 
qu'on  pouvait  élc\or  le  Jiombijx  Cyntliia  aver  les  feuilles  de  la  Pimprenelle. 
La  quantité  nécessaire,  assez  faible  dans  les  premiers  jours,  devient  très  con- 
sidérable après  le  quinzième  jour,  car  les  ^  ers  s'en  montrent  alors  très  avides. 

(2)  Madame  la  baronne  de  Castillon  a  obtenu  encore  cette  année  des  ré- 
coltes aussi  belles  que  celle  de  l'an  dernier,  à  la  suite  de  ses  éducations  en 
plein  air. 

(3)  Les  expériences  de  M.  le  maréchal  Vaillant  ont  été  insérées  dans  la 
Revue  et  Magasin  de  zoologie  de  ISG'i,  p.  Ziiâ. 

(/i)  M.  de  Alilly  a  planté  d'Ailanles  plus  de  six  hectares  de  sables  impro- 
ductifs. Va\  outre,  il  a  établi  une  haie  d'Ailanles  de  580  mètres  de  long,  qui 
lui  a  permis  de  nourrir  50  000  Vers,  et  d'en  retirer  97  kilogrammes  de 
corons  frais. 

(5)  Lady  Dorothy  Nevill  a  introduit  en  Angleterre  le  Bombyx  Cynthia, 
qu'elle  élève  avec  le  plus  grand  soin,  et  dont  elle  obtient  de  fort  beaux 
résultats.  On  lui  doit  im  excellent  ouvrage  sur  l'éducation  des  Vers  à  soie, 
The  Ailantiis  silk  II  or?»  and  the  A  Hantas  tree,  dans  lequel  elle  a  al)rég('' 
les  préceptes  donnés  par  notre  confrère  M.  tiuérin-Méneville  sur  l'ailanti- 
cullurc. 

(6)  Le  général  Burno  a  obtenu  une  rapide  propagation  du  Bombyx  Cyn- 
tliia dans  ses  piopriélés.  et  à  la  fin  de  la  seconde  année  de  ses  éducations, 
il  avait  une  quantité  de  graines  assez  cousidi'iable  pour  pouvoir  en  céder 
au\  propriétaires  du  midi  de  la  lîussie. 


XXXVIII    SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

guay  à  M.  Gelut  (1) ,  à  Monlevideo  à  M.  Meyer  {'2)\  et  d'autre 
part,  M.  Michely  (3)  à  Cayenne,  et  M.  Prévost  en  Californie, 
continuent  avec  persévérance  leurs  tentatives  d'acclimatation 
des  divers  Bombijx. 

Rappelons  encore  les  expériences  spéciales  de  M.  WuUschle- 
gel  {h),  qui  lui  ont  démontré  la  possibilité  de  faire  hiverner 
les  chrysalides  des  Vers  de  l'Allante  et  du  Ricin,  découverte 
importante,  puisqu'elle  facilitera  singulièrement  les  éduca- 
tions de  ces  insectes. 

Votre  délégué  cà  l'île  do  la  Réunion,  M.  Berg  (5) ,  vous  a 
adressé  un  mémoire  étendu  sur  les  divers  insectes  herbivores, 
et  en  particulier  sur  ceux  qui  attaquent  la  Canne  à  sucre,  el 
causent  ainsi  un  dommage  considérable  à  l'une  des  sources 
de  richesses  les  plus  importantes  de  notre  colonie. 

yVu  nombre  des  insectes  utiles  à  l'bomme,  nous  devons 
ranger  la  Cochenille  (6),  dont  la  culture  s'est  successivement 
étendue  du  Mexique  à  nos  Antilles  et  à  l'Espagne,  et  de  là 
aux  Canaries,  h  Java  et  à  l'Algérie.  Dans  ces  derniers  temps , 
ainsi  qu'il  résulte  d'un  travail  de  M.  \o  baron  Anca  (7),  il  a 

(1)  M.  Gclol  n  comnienrr  à  loiiter  rinU-oduclion  du  Vor  à  soie  do  l'Ai- 
lanie  au  Paraguay,  et  pense  que  lo  Ver  du  Riciu  ne  peut  niancjuer  d'y  don- 
ner les  plus  riclics  résultats,  en  raison  delà  vé.gélaiion  facile  et  continuelle 
de  cette  plante. 

(2)  ^\.  Meyer,  qui  a  introduit  Failanlicullure  dans  le  gonvernenienl  de  la 
l'iata.y  a  déjà  obtenu  de  tr^s  beaux  résultats,  qui  font  augurer  brillamment 
de  l'avenir. 

(3)  M.  Michely,  qui  a  obtenu  à  Texposilion  de  Londres  deux  médailles 
pour  ses  travaux  relatifs  à  l'introduction  de  l'industrie  de  la  soie  à  Cayenne, 
mérite  tous  nos  encouragements  i)our  les  eiïorls  persévéïanls  avec  lesquels 
il  continue  ses  tentatives  d'acclimatation  dn  Ver  du  "Uùriei.  et  pour  les  ob- 
servations intéressantes  qu'il  a  faites  à  ce  snjeL 

[ix)  Bulletin,  t.  IX. 

(5)  D.  Berg,  1)es  insectes  herhirores  de  l'Ile  Je  la  Bétinion,  et  parlicn- 
lii'rement  de  eeiix  qui  envahissent  la  Canne  à   sucre  {Bulletin,  I.  1\, 

p.  938). 

(6)  L.  Sonbeiran,  De  la  Cochenille  et  de  son  acclimalation  {Bulletin, 

t.  L\,  p.  Lr'ifil. 

(7)  Arcliinalalion  de  la  Co^'henille  en  S^ieile  (UuJIeHn,  t.  I\.  p.  970, 

1031). 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.    XXXIX 

inslitiié  en  Sicile  des  essais  d'accliinalation  de  cet  insecle  qui 
s'annoncent  sous  les  plus  heureux  auspices. 

Les  malheurs  de  la  guerre  qui  désole  en  ce  moment  l'Amé- 
rique ont,  pour  ainsi  dire,  annihilé  la  production  du  coton, 
cette  précieuse  substance  qui  fournissait  le  travail  à  d'innom- 
brables ouvriers,  et  remplissent  de  misère  des  milliers  de 
manufactures  florissantes  autrefois.  Trouver  le  moyen  de  cul- 
tiver le  coton  dans  de  nouvelles  localités,  pour  prévenir  le 
retour  de  calamités  aussi  désastreuses,  telle  est  la  préoccu- 
pation générale  aujourd'hui  ;  aussi  des  diverses  parties  du 
monde  vous  est-il  adressé  d'importantes  communications  à 
ce  sujet  (1).  Et  sans  parler  ici  d'un  travail  qui  résume  les 
documents  les  plus  essentiels  au  cultivateur  de  coton ,  nous 
devons  rappeler  d'une  manière  toute  spéciale  à  votre  atten- 
tion les  remarquables  essais  de  M.  le  marquis  de  Fournès  (2), 
et  de  son  collaborateur  M.  Arnaud,  qui  ont  réussi  à  obtenir, 
sur  les  bords  du  Gardon,  une  notable  quantité  de  ce  précieux 
filament,  et  h  qui  tout  fait  espérer  que,  le  succès  de  deux 
premières  années  de  culture  se  renouvelant,  ils  pourront 
bientôt  aborder  la  grande  culture  de  cette  plante. 

La  Vigne,  dont  les  récoltes  depuis  plusieurs  années  ont 
tant  laissé  à  désirer,  par  suite  de  la  maladie  dont  elle  est 
atteinte,  a  été  aussi  l'objet  de  plusieurs  mémoires  importants, 
parmi  lesquels  nous  citerons  celui  de  M.  lîamel  (o)  sur  la  Vigne 

(1)  Diipiiis,  Sur  les  maladies  du  Cotonnier  et  les  insectes  qui  nuisent  à 
cet  arbre  {Bulletin,  t.  L\,  p.  S'iS).  —  Goiily  de  Chaville,  Sur  les  feuilles 
de  Raifort  employées  comme  succédanées  du  coton  {ibid.,  p.  972j,  —  ne 
Laccrda,  Sur  le  coton  jaune  et  le  coton  bleu  du  Brésil  (ibid.,  p.  971).  — 
Ramel,  Sur  le  Cotonnier  arbre  du  Pérou  {ibid.,  p.  721,  996).  —  Soiibinran, 
iS'ote  sur  la  culture  du  Cotonnier  {ibid.,  t.  X,  p.  lit). 

(2)  AL  le  marquis  de  Fournès  et  >,L  Arnaud,  qui  s'occupe  exclusivement' 
d'agriculture,  ont  présenté  à  la  .Société  dos  échantillons  de  leurs  cultures  du 
(loton  dans  le  département  du  Gard,  et  ont  fait  connaître  les  heureux  résul- 
lals  (|u'ils  ont  déjà  obtenus  {Bulletin,  l.  IX,  p.  Zi87,  717,  lOoJ).  Des  expé- 
riences de  iilalure  qui  ont  été  faites  en  Alsace  par  un  de  nos  premiers 
manufacturiers,  M.  Schlumberger,  ont  prouvé  que  le  coton  obtenu  par  notre 
zél'i  confrère  pouvait  rivaliser  avec  les  meilleures  sortes  américiines  {ibid., 
LX.p.  55). 

(o)  Bulletin,  I.  I\,  p.  9'i8,  9j5. 


Xr,       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOrjQUE    d'aCCLIMÂTÂTION. 

d'Australie,  et  celui  de  M.  Elias  Durand  (1)  sur  la  Vigne  et  les 
vins  des  États-Unis ,  travaux  qui  nous  fourniront  sans  doute 
les  moyens  d'ajouter  de  nouveaux  cépages  aux  nombreuses 
espèces  que  notre  pays  possède  déjà.  Si  l'Australie,  de  même 
que  les  États-Unis,  peut  nous  donner  des  Vignes  qui  nous 
manquent  encore,  nous  avons  déjà  cherché  à  lui  faire  con- 
naître nos  cépages  si  renommés  à  juste  titre  ;  car,  grâce  au 
bienveillant  concours  de  notre  èminent  confrère  M.  le  géné- 
ral marquis  d'ilautpoul,  nous  avons  obtenu  une  collection 
complète  des  Vignes  réunies  dans  la  riche  pépinière  du  Luxem- 
bourg, et  nous  avons  été  heureux  de  l'olïrir  à  la  Société  de 
Melbourne. 

Plusieurs  de  nos  confrères  ("2)  vous  ont  transmis  les  résul 
tais  de  leurs  observations  sur  la  culture  de  la  Pomme  de  terre 
et  principalement  des  variétés  de  Sainte-Marthe  et  d'Australie 
qui,  repoussées  d'abord  par  nos  cultivateurs,  voient  chaque 
jour  augmenter  le  nombre  de  leurs  partisans. 

De  nouveaux  renseignements  sur  la  Coca  sont  venus  aussi 
s'ajouter  à  ceux  qu'avait  colligés  avec  tant  de  soins  et  de  sa- 
gacité notre  zélé  confrère  M.  Gosse,  et  nous  ont  témoigné  une 
fois  de  plus  de  l'intérêt  que  portent  à  cette  question  MM.  de 
Lesseps,  Colpaert,  Piaymondi  et  le  maréchal  Santa-Cruz  (3). 

Le  sucre  et  les  plantes  qui  le  fournissent  nous  ont  valu  un 

(1)  Bulletin,  t.  IX,  p.  313,  610,  hll.  Ce  travail  a  été  reprothiit  avec  dos 
observations  importantes  de  M.  GliarlesDesmoulins,  dans  le  dernier  volume 
des  Actes  de  In  Société  Linnéenne  de  Bordeini.c.  Notons  encore  les  tra- 
vaux de  M.  \eidigk  snr  la  culture  de  la  Vi'^nQ  en  Crimée  [Bulletin,  t.  I\, 
p.  3^0). 

('2)  Î\T.  David,  qui  a  obtenu  déjà  des  succès  remarquables  de  la  culture  de 
la  Pomme  de  terre,  dite  d'Australie,  en  a  fourni  de  nouveaux  tubercules  celle 
année,  et  a  publié  une  note  intéressante  à  ce  sujet  {Bulletin,  t.  IX,  p.  C6). 
\ons  devons  rappeler  encore  les  communications  de  MAI.  Tiafliley  (ihid., 
p.  61,  330),  Hébert  (ibid.,  p.  61),  Dupuis  (/6à/.,  p.  5/|l),  .lomard  (ilnd., 

p.  916). 

(3)  Outre  une  nouvelle  communication  de  ÎM.  Gosse  [Bulldin,  t.  IX, 
p.  /i39),  la  Société  a  reçu  d'importants  détails  sur  la  culture  de  Yl^rijthro.rij- 
hm  coca  de  AIM.  de  Lesseps  {ildd.,  p.  010,  6'2/i,  !t71,  993),  Colpaert  (/7'/V/., 
p.  820,  956),  r.aymondi  [ihld.,  p.  699).  et  marédial  Sanla-Cruz  (ihid., 
1).  2 ->■-).  . 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVArX  DE  LA  SOCIETE.      XLI 

imporlant  mémoire  de  M.  Hardy  (1)  sur  la  cnltiire  de  la  Canne 
en  Algérie,  diverses  notes  sur  le  Sorgho  ('2)  et  ses  produits, 
et  des  détails  intéressants  sur  la  culture  et  l'exploitation  de 
l'Érable  à  sucre  (3),  dont  la  Société  doit  une  belle  collection 
aux  soins  obligeants  de  nos  confrères  MM.  de  Puibusque  et 
Gauldréc-Boilleau. 

Des  recherches  faites  en  Chine  ont  donné  lieu  à  de  nom- 
breux rapports  qui  ont  vivement  attiré  votre  attention  et  excité 
votre  plus  haut  intérêt  :  il  suffit  de  vous  rappeler  les  fré- 
quentes notices,  accompagnées  de  graines  et  d'échantillons, 
que  vous  devez  à  M.  Simon  (A),  auquel  vous  allez  accorder  le 
titre  de  membre  honoraire,  désireux  que  vous  êtes  de  récom- 
penser aussi  le  zèle  qu'il  n'a  cessé  de  vous  prouver. 

C'est  de  Chine  également  que  provenaient  les  riches  col- 
lections que  vous  avez  reçues  de  Mgr  Guillemin  (5)  et  de 
M,  le  capitaine  Dabry  (6),  qui  vous  a  fait  connaître  dans  plu- 
sieurs mémoires,  que  vous  avez  écoulés  avec  attention,  les 
particularités  les  plus  intéressantes  de  ses  recherches  dans  le 
Céleste  Empire  et  de  ses  études  dans  les  divers  ouvrages  publiés 
par  les  Chinois.  Du  reste,  l'accueil  bienveillant  que  vous  avez 

(1)  Bulletin,  t.  IX,  p.  580.  ... 

(2)  BarouAnca  {Bulleh'n,  t.  I\,  p.  99). 

(3)  M.  do  IMibusquc  (««i/e</H,  t.  I.\,  p.  73),  Gauklréc-Boillenu  (/V^iU, 
p.  1060). 

f'j)  iM.  Kiigone  Simon,  depuis  son  déparl  pour  la  Chine,  a  adressé  un 
Srand  nombre  de  communications  impoilantes  à  la  Société  sur  les  divers 
animaux  et  plantes  qu'il  a  p.i  observer,  et  a  accompagné  ces  mémoires  de 
coileclions  importantes,  qui  ont  été  distribuées  aux  personnes  qui  étaient 
dans  les  meilleures  conditions  pour  en  tirer  parti.  Outre  les  mémoires  que 
nous  avons  déjà  signalés  dans  ce  compte  rendu,  nous  devons  rappeler  ici  les 
notes  étendues  qui  accompagnaient  un  envoi  d'animaux  et  de  végétaux  du 
Japon  [Bulletin,  t.  L\,  t.  59/i,  GIO,  688). 

(5)  Sur  les  graines  des  principales  plantes  alimentaires  de  la  province 
de  Qicang-tong  [Bulletin,  l.  1\,  p.  o23).  —  Productions  végétales  de  lu 
Chine  {ibid.,  p.  872). 

(G)  Sur  diverses  plantes  potagères  de  la  Chine  [Bulletin.  I.  IX,  p.  325\ 
—  Sur  les  plantes  médicinales  de  Chine  [ibid.,  p.  /jOû).  —  La  vie  a  bun 
nuirché  en  Chine  (ibid.,  p.  673).  M.  Dabry  a  fait  connaître  aussi  mie  note 
du  père  Cijjoi  sur  le  l'e-tsai  [ibid.,  p.  2o'_'). 


XLII      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

fait  à  ces  travaux  a  vivement  encouragé  leur  auteur,  et  c'est 
avec  l'espoir  de  pouvoir  vous  procurer  de  nouvelles  richesses, 
plus  nombreuses  encore,  que  M.  Dabry  a  quitté  la  France, 
pour  retourner  en  Chine. 

Les  services  éminents  rendus  à  l'acclimatation  reçoivent  de 
vous  des  récompenses  éminentes  aussi.  Vous  allez  accorder 
à  M.  IssakoIl(de  Saint-Pétersbourg)  le  titre  de  membre  hono- 
raire, en  récompense  de  ses  nombreux  essais  d'acclimatation 
d'une  foule  de  végétaux  utiles,  des  soins  qu'il  a  donnés  à  la 
fondation  du  comité  de  Moscou,  de  ceux  qu'il  donne  encore  à 
l'organisation  du  jardin  zoologique  de  cette  ville,  qui  doit 
s'ouvrir  dans  le  courant  de  l'été.  C'est  par  un  sentiment  de 
juste  reconnaissance,  que  la  Société  de  Moscou  a  appelé  vos 
suflVages  sur  M.  IssakolT,  auquel  on  doit  en  grande  partie  la 
haute  protection  accordée  à  l'acclimatation  parles  souverains 
de  la  Russie. 

Cette  année,  comme  toujours,  M.  Brierre  (de  Saint-IIilaire 
de  Riez)  (1)  a  continué  à  enrichir  vos  archives  de  ses  rapports 
sur  la  culture  des  plantes  et  graines  reçues  de  vous,  et  a 
libéralement  répandu  dans  toute  la  Vendée  le  produit  de  ses 
récoltes,  travaillant  ainsi  avec  un  zèle  infatigable  à  propager, 
à  vulgariser  les  nouvelles  espèces  que  vous  cherchez  à  intro- 
duire. La  série  remarquable  de  dessins  (pii  accompagnent 
chacun  des  rapports  de  M.  Brierre  forme  aujourd'hui  une 
riche  collection,  qu'il  augmente  chaque  jour,  et  que  vous  avez 
décidé  de  réunir  en  un  recueil  qui  en  permette  laïacile  com- 
munication à  chacun  de  vous. 

Parmi  ceux  de  nos  confrères  dont  vous  avez  reçu  des  raj)- 
ports  circonstanciés  sur  leur  culture,  vous  avez  distingué  tout 
particulièrement  MM.  Philippe  (2),  Denis  {^),  Sicard  [h),  et 

(1)  Bulletin,  l.  i\,  p.  57,  VIS,  13G,  236,  2/1/4,  o3G,  /i25,  /|31,  5o8,  516, 

OU,  710,  800. 

(2)  Sur  le  Schinusinoile{Biillrli)i,  l.  I\,  p.  /il).  —  Stir  l'Eucalyptus 

(jlobulus  {ibid.,  p.  228). 

(3)  Bulletin,  t.  IX,  p.  801. 

(/i)  Sur  le  Cath-sé  {liullelin,  1.  l.\,  p.  lO/iG).  M.  Sic.ird  a  faii  coniiaîlrc 
aussi  W  rOsiillat  (Vexpôricnccs  sur  la  i)isciciilluro  cl  le  Vit  à  suie  di'  TAilaiile 

[ibiJ.,  p.  51/0- 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX   DE   LA   SOCIÉTÉ.  XLIII 

notre  regretté  collègue  M.  Delisse,  dont  les  travaux  ont  été 
continués  par  sa  veuve,  qui,  malgré  sa  trop  légitime  douleur, 
a  voulu  pieusement  terminer  l'œuvre  commencée. 

Des  mémoires  sur  différentes  plantes  vous  ont  été  adressés 
par  MM.  Berthelot  (1),  Taverna  (2),  Gasparino  (3),  de 
Murga  (/j),  Chappellier  (5),  Kiiline  (6),  Anca  (7),  Dupuis  (8), 
Rochussen  (0)  etBelhomme  (10).  De  nombreuses  observations 
sur  tous  les  faits  curieux  qu'a  présentés  l'bistoire  de  l'acclima- 
tation en  Australie  vous  ont  été  communiquées  par  M.  Ra- 
mel  (11),  dont  le  zèle  incessant  s'ingénie  à  vous  procurer  des 
occasions  nouvelles  d'enricbir  votre  Société.  Parmi  les  nom- 
breux envois  de  plantes  qui  vous  ont  été  faits,  vous  avez 
particulièrement  remarqué  ceux  de  MM.  Mueller  (12),  Gaul- 
drée-Boilleau  (13),  Hayes  (1/i),  de  Lacerda  (15),  Loarer, 
Rosalés  (16),  etc. 

(I)  Berthelot,  Sur  les  essences  forestières  des  Canaries  et  la  réorgani- 
sation du  jardin  d'arclimatation  d'Orotaoa  {Bulletin,  t.  IX,  p.  GS'j, 
770). 

('2)  Taverna,  Rusticilé  des  arbres  rerts  (Bulletin,  t.  1\,  p.  502). 
(o)  Gasparino,  De  la  culture  du  Cocozzelli  [Bulletin,  t.  L\,p.  o32). 
(/l)  1)0  :\Iur2;a,  Culture  de  la  Chufa  (Bulletin,  t.  T\,  p.  kh). 

(5)  Chappellier,  Xote  sur  le  Sa frun  {Bulletin,  t.  IX,  p.  /il8). 

(6)  kiiline,  Notice  sur  le  Biz  sauvage  {Zizanie  aquatique)  de  rAniériijue 
du  Nord  {Bulletin,  t.  IX,  p.  l'2o). 

(7)  Anca  (Bulletin,  t.  L\,  p.99j. 

(8)  Dupuis,  Culture  de  l'Ailanie  nlanduleux  {Bulletin,  t.  IX,  p.  S77). 
—  Culture  du  Manioc  en  Italie  (ibid.,  p.  hk'i)- 

(9)  M.  (lo  Rochnssen  a  communiqué  à  la  Société'  {Bullflin,[.  IX,  p.  :'|3'21, 
des  renscig;nemcnts  irrs  inléressants  sui-  la  culture  du  (Quinquina  <i  Java, 
sous  Finspiiation  du  i;ouvernemont  ni'orlandais,  et  lui  a  lait  connaître  les 
heureux,  résultats  obtenus  déjà  dans  cette  acclimatation. 

(10)  V.dhommQ  (Bulletin,  \.  LX,  p.  2/i3). 

(II)  M.  r.amel  a  communiqué  à  la  Société  un  grand  nombre  de  faits  inté- 
ressants d  acclimatation  des  espèces  soit  animales,  si)it  végétales  (Bulletin, 
t.  IX,  p.  /i^O,  Ml,  /l'l2,  ti'i'ô,  533,  920,  998). 

(13)  Ibid.,  t.  IX,  p.55, /i'J9,  512,  896. 

(12)  Ibid.,  p.  IGO,  lO/il,  1060. 

(l'i)   Ibid.,  p.  56,  163,  3i2,  /i25,  717,  972. 

(15)    Ibid.,  p.  709,  718,  719,  971,  992. 

(16;   ]l>id.,  p.  972,  990.  .,■ 


XLTY       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Le  tableau  que  nous  venons  d'esquisser  devant  vous  vous 
prouve,  messieurs,  que  cette  année  encore  n'a  pas  été  perdue 
pour  l'acclimatalion,  et  nous  devons  trouver  un  encourage- 
ment nouveau  à  persévérer  dans  la  voie  que  nous  nous  som- 
mes tracée,  en  voyant  les  nombreuses  marques  de  sympatbie 
qui  nous  arrivent  de  toutes  les  parties  du  monde,  en  consta- 
tant la  générosité  avec  laquelle  tous,  membres  ou  non  de  la 
Société,  s'empressent  à  nous  faire  part  des  produits  les  plus 
intéressants  du  règne  végétal,  et  à  nous  procurer  les  animaux 
les  plus  précieux.  • 

Inscrivons  tout  d'abord  au  nombre  de  nos  plus  généreux 
bienfaiteurs  S.  M.  l'Empereur,  qui  n'a  cessé  de  témoigner 
de  sa  haute  bienveillance,  et  nous  a  donné  fréquemment  la 
preuve  de  l'intérêt  qu'il  porte  à  notre  œuvre.  Que  S.  M.  l'Im- 
pératrice daigne  accepter  aussi  l'hommage  de  notre  respec- 
tueuse gratitude  pour  les  espèces  précieuses  dont  elle  a 
enrichi,  cette  année  encore,  notre  Jardin. 

Nous  devons  aussi  proclamer  notre  reconnaissance  pour 
S.  M.  la  reine  de  Grèce  (1),  qui,  à  plusieurs  reprises,  a  bien 
voulu  nous  faire  envoyer  des  graines  de  l'espèce  (Y Aines  qui 

porte  son  nom. 

Remercions  également  des  nombreuses  marques  de  sym- 
pathie qu'ils  nous  ont  données,  LL.  EExc.  les  Ministres  d'État, 
des  affaires  étrangères,  de  la  marine  et  de  l'agriculture,  et 
nos  membres  honoraires,  MM.  Delaporte,  Bcrthelol,  Duchesne 
de  Bellecourt,  Mueller  et  Wilson. 

Toutes  les  parties  du  monde  ont  fourni  la  matière  des 
nombreux  envois  qui  nous  ont  été  faits.  En  Europe,  il  nous 
suffit  de  rappeler  les  noms  de  MM.  Dutrone  (2),  GawrilofI' (3), 

(1)  s.  M.  la  reine  de  Grèce  a  l)ien  voulu  nous  l'aire  parvenir,  à  plusieur 
reprises,  des  foraines  iV Aines  reginœ  Amctliœ  {liulMin,  t.   IX,  |).  l.'iV),  sur 
lesquelles  M.  Ueldreieli  a  publié  un  mémoire  1res  intéressant. 

('J)  Nous  avons  récenniieni  encore  reçu  de  notre  généreux  confrère  un 
Bunil'  Sarlabot,  qui  devra  être  vendu  par  les  soins  de  la  Société  du  Jardin,  el 
dont  le  prix  de  \ente  est  attribué  p,u-  le  donneur  auv  ouvriers  cotonniers 
(lUillefiii,  t.  IX,  p.  895). 

(IS)  llulli'lin,  t.  IX,  p.  1);)9. 


HArroliT   SLR    LES   TliAVAUX   DE   LA    SOCIÉTÉ.  XLV 

Pniijadc  (J),  llorry  Ci),  Sicard  (3),  Cailhiiul  (/i),  Gluqucl  (5), 
Dellsse  (6),  elc.  En  Asie,  ceux  de  MM.  Simon  (7),  Dabry  (8), 
Guilleniinfi)),  Uayes  dO),  Cézard(i.l),  Castelnau  (12 i,  Rul- 
lier  (13),  Piclion  (l/i),  Diicliesne  de  Bellecourt  (15),  elc.  En 
Afrique,  ceux  de  MM.  Bertlielot(lG),  Bosse  (17),  Cliabaud(iS), 
Chagol(19),Lienard(20),Kœnig-bey(-21),Dclaporle(22),clc. 
En  Amérique,  MM.  de  Villeneuve  (23),  de  Lesseps  (2/i),  Gaul- 
drée-Boilleau  (25),  Pereira  de  Mello  Cardoso  (26),  Fré- 
bault(27),  Balaille(28),  etc.  En  Australie,  missEml)ling(29), 
MM.  Mueller  (30),  Wilson  (31),  Ramel(32).  ,    :    • 

Parmi  tous  ces  généreux  donateurs  nous  devons  une  nien- 
lion  spéciale  à  MM.  Mueller  et  ^Vilson,  qui,  enlièrenient  dé- 
voués à  l'acclimatation,  clierchenl  chaque  jour  l'occasion  de 
nous  adresser  les  espèces  les  plus  précieuses,  et  de  nous  faire 
connaître  ceux  des  produits  de  l'Australie  qui  ne  sont  point 
encore  arrivés  en  Europe,  leur  générosité  ne  se  laissant  arrê- 
ter par  aucun  obstacle.  Nous  ne  pouvons  trouver  un  concours 
plus  cnqii'essé  dans  aucune  partie  du  monde,  et  cependant 
M.  Bataille,  de  Gayenne,  accumule  envoi  sur  envoi,  et  son 
zèle  est  tel,  qu'après  nous  avoir  donné,  dans  le  courant  de 
l'année  dernière,  trente-deux  espèces  vivantes,  il  réunit  en  ce 
moment  même  une  nouvelle  collection  plus  riche  que  les 
précédentes.       ■     . 

Il  nous  reste  encore  un  douloureux  devoir  à  remplir  :  la 
mort  a  frappé  dans  nos  rangs,  et  nos  regrets  sont  acquis  à 
tous  ceux  qui,  jusqu'au  dernier  moment,   partagèrent  nos 

(1)  BiiUetii),  t.  IX,  p.  e/i'i.  —  (2)  Ihid.,  p.  336.  —  (3)  Ibid.,  p.  10.'|6.  — 
(/i)  76/(7.,  p.  896.  —  (5)  Ilnd.,  p.  10^9.  —  (6)  Ibid.,  p.  1G6,  236,  250.  — 
(7)  Ibid.,  p.  o9Zi,  610,  688,  795,  915.  —  (8)  Ibid.,  p.  3^3.  -  (9)  Ibid., 
p.  323.  —  (10)  76a/.,  p.  56,  l/i3,  3Z|2,  /|25,  717,  972.  -  (11)  Ibid.,  p.  337. 

—  (12]  Ibid.,  p.  /i25,  639,  716.  —  (13)  Ibid.,  p.  /i31.  —  (l/i)  Ibid.,  p.  138. 

—  (15)  Ibid.,  p.  899,  972.  —  (16)  Ibid.,  p.  oàh.  —  (17)  Ibid.,  p.  13!i.  — 
(18)  ibid.,  p.  1003.  —  (19)  Ibid.,  p.  66,  l()/i2.  —  (20)  76k/.,  p.  135,  1/i2. 

—  (21)  Ibid.,  p.  33.  —  (22)  76/f/.,  p.  256,  /|31,  505.  536.  —  (23)  76ù/., 
p.  60./1.  -  (24)  76ù/.,  p.  57,  1046.  —  (25)  Ibid.,  p.  160,  lO'il,  1060.  — 
(26)  Ibid.,  p.  611.  -  (27)  Ibid.,  p.  142.  —  (28)  76/(/.,  p.  130,  603.  — 
(29)  /6/,/.,  p.  511.  —(30)  Ibid.,  p.  55,  137,  l/i5,  237,  24'i,  334,  ^j29,  512, 
896,  972.  —  (31)  Ibid.  —  (32)  76/(/.,  p.  590,  972. 


XLVI      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

labeurs  et  que  nous  eussions  aimé  avoir  saluer  avec  nous  nos 
prochains  succès.  Nous  conserverons  la  mémoire  de  S.  A.  Saïd- 
Paclia,  vice-roi  d'Egypte,  qui  plusieurs  fois  avait  enrichi  notre 
Jardin  et  avait  témoigné  de  sa  sympathie  pour  notre  œuvre  par 
la  création  d'un  jardin  d'acclimatation  au  Caire.  Nous  avons  à 
regretter  aussi  un  de  nos  membres  honoraires,  le  vénérable 
M.  Jomard,  l'ancien  collègue  de  Daubenton,  (]ui  s'était  asso- 
cié avec  empressement  à  nous,  pour  rendre  un  éclatant  hom- 
mage à  ce  grand  naturaliste.  Nous  déplorons  également  la 
perte  de  nos  confrères  :  I\1M.  11.  Vernet  et  Halévy,  membres 
de  l'Institut,  le  comte  de  Nesselrode,  les  amiraux  Gasy  etSuin, 
deLagrenée,  le  baron  de  Bruch,  le  duc  do  Montmorency,  le 
comte  Louis  Archinto  (de  Milan),  les  docteurs  Moreau,  Godard 
et  .Meynier,  Lignac,  Dalpiaz,  (iirard,  Bellet,  Decan  de  Gha- 
touville,  le  comte  de  Montblanc,  le  comte  de  Montguyon,  le 
vicomte  de  Gauville,  Uiembault,Poriquet,  Dhuicque,  Bertrand 
Ponty, vicomte  de  Péan,  de  Bcsson-Desblains,  Pelisse,  Ferrand 
et  de  Boishéberl. 

Gertes,  les  pertes  que  nous  venons  de  vous  rappeler  sont 
douloureuses  pour  nous;  certes,  le  précieux  concours  qu'ils 
a|)portaient  à  notre  œuvre  nous  fera  défaut  :  mais  serrons  nos 
rangs,  et  que  le  sentiment  du  devoir  qu'ils  cherchaient  à 
remplir  avec  nous  continue  à  nous  animer.  Luttons  contre 
les  obstacles,  et  rappelons-nous  que  «  si  c'est  surtout  aux  Phé- 
»  niciens,  aux  Egyptiens,  aux  Perses,  aux  Grecs,  aux  Romains 
»  et  aux  Garthaginois  que  nous  devons  les  êtres  déjà  acclima- 
»  tés,  ces  avantages  moins  éclatants  mais  plus  solides  et  plus 
»  réels  que  leurs  conquêtes,  ils  ont  transmis  à  nos  ancêtres  ces 
»  biens  faciles  à  conserver  et  toujours  à  la  portée  de  rhoinme. 
»  Augme)it())is  leur  hcritagej't,  à  leur  exemple,  préparuua  à 
))  nos  neveux  une  nouvelle  source  de  riel/esscs  (1).  » 

(l)  Tlioiiiii,  CoiDs  de  ciillurc  el  de  naUiralisntion  des  végétaux,  i)iil)liL- 
par  Oscar  Lctlcrc,  1B27,  p.  11). 


•    ,,'.;•'  ..  SUR  , 

LAQl  AUIUM   DU  JAUDIN  D'ACCLIMATATION 

P«r   M.  E.  UHF/    l>F    I,.%V180:V, 

Directeur  du  J.iriliii. 


,  Mesdames,   Messieurs,  . , 

Dans  CCS  réunions  annuelles  de  la  Société  impériale  d'ac- 
climalalion,  il  est  d'usage  qu'au  discours  de  M.  le  Président 
et  au  compte  rendu  de  M.  le  Secrétaire,  succède  une  lecture  sur 
(pielqu'un  des  sujets  d'étude  qui  nous  ont  le  plus  occupés  pen- 
dant l'année,  et  que  nous  espérons  pouvoir  encore  retenir 
votre  attention  sans  la  fatiguer.  C'est  pourquoi  j'ai  été  chargé 
de  vous  parler  de  l'aquarium,  et  de  vous  faire  connaître  les 
résultats  obtenus  de  cet  appareil,  dont  la  mise  en  œuvre  a  été, 
au  Jai'din  du  bois  de  Boulogne,  pendant  l'année  'J862,  la 
principale  expérimentation.  Mais  l'aquarium  peut  être  pré- 
senté sous  bien  des  points  de  vue.  C'est  d'abord,  dans  son 
ensemble  et  dans  son  essence,  un  appareil  hydraulique  et 
pneumatique  des  plus  complexes.  Essayer  de  vous  en  donner 
oralement  la  description,  ce  serait  manquer  à  l'engagement 
que  je  viens  de  prendre  de  ne  point  fatiguer  votre  attention. 
L'aquarium  est  aussi  une  grande  composition  artistique,  qui 
a  mérité  d'être  appelée  un  musée  vivant  de  la  mer.  Je  sais  que 
je  puis  compter  que  toutes  les  personnes  qui  me  font  l'hon- 
neur de  m'écoutcr  ont  vu  l'aquarium  ;je  compte  donc  sur  vos 
souvenirs,  pour  aider  à  l'insuflisancc  de  mes  paroles.  Je  vous 
prie  de  vous  rappeler  l'impression  que  vous  avez  éprouvée 
la  première  fois  que  vous  êtes  entrés  dans  le  bâtiment  de 
ra([uarium,  et  que  vous  vous  êtes  trouvés  en  présence  de  cette 
représentation  du  fond  des  fleuves  et  de  la  mer  exposée  à  vos 
regards.  Ce  que  vous  avez  ressenti,  n'est-ce  pas  quelque 
chose  de  semblable  à  cette  surprise  dont  Virgile  dit  qu'on 


XLVin      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

sciait  rra[ipé,  si  la  terre  cnli'uuverte  laissait  voir  les  goufircs 
iiircrDauK.  et  des  choses  inconnues  aux  dieux  mômes? 

ISon  scciis  ac  si  qua  penilùs  vi  lorra  dohi.'ccns 
InlVrnas  rcscrotscclcs,  et  iT^na  rccludal 
!'aliida,clis  iiivisa,  siipcrquc  iiiimaiie  baralliiuin 
Cernai  ur. 

Priez  messieurs  vos  fils  uu  vos  maris,  mesdames,  de  vous 
traduire  ces  vers  dont  je  ne  saurais  rendre  la  beauté. 

Mais  à  la  vue  de  ces  vallées  d'un  genre  si  nouveau,  de  ces 
cavernes,  de  ces  rochers  à  physionomie  d'écueils  et  de  récifs, 
de  ces  plantes  étranges,  et  surtout  de  celte  population  d'èlres 
plus  étranges  encore,  immobiles  ou  nageant  à  Iravci's  ce  pay- 
sage sous-marin,  n'avez-vous  pas  cru  que  l'abîme  des  eaux 
était  ouvert  devant  vos  yeux  et  vous  montrait  des  choses  que  la 
nalure  vous  avait  cachées  jusqu'alors?  Voire  attente  n'a-t  elle 
pas  été  salislaile  ?  Permettez-moi  de  prendre  pour  l'expres- 
sion de  votre  opinion  celle  de  l'un  de  nos  plus  brillants  écri- 
vains, juge  maître  dans  toutes  les  matières  d'art,  a  C'est  mon 
métier,  me  disait  M.  Théophile  Gautier,  de  voir  et  de  rendre 
compte  de  ce  que  j'ai  vu.  .l'ai  dû  voir  beaucoup,  et  je  dois  être 
un  peu  blasé  sur  les  curiosités.  Eh  bien  !  je  vous  avoue  que 
l'a([uarium  m'a  lait  effet  ;  je  ne  m'attendais  pas  à  une  œuvre 
aussi  bien  réussie.  »  Si  je  rappelle  ici  celle  approbation  du 
public  et  ces  éloges  des  plus  fins  esprits,  c'est  pour  en  ren- 
voyer la  plus  grande  part  à  l'habile  artiste,  M.  Alford  Lloyd, 
(jui  a  construit  l'aquarium,  et  un  peu  aussi  à  notre  collègue, 
M.  le  Secrétaire  général  comte  d'Éprémesnil,  qui  le  premier 
a  eu  l'heureuse  idée  d'enrichir  le  Jardin  d'acclimatalion  de 
cet  embellissement. 

Mais  les  beautés  plastiques  de  l'aquarium,  son  succès  comme 
œuvre  d'art,  ne  sont  que  des  mérites  accessoires.  Uéduit 
à  cela,  l'aquarium  ne  serait  qu'une  belle  lanterne  magique 
ou  une  décoration  d'opéra.  Mais  ce  n'est  pas  un  spectacle  de 
curiosité,  l'amusement  d'un  coup  d'œil,  que  le  Jardin  s'est 
proposé  d'offrir  à  ses  visiteurs.  Je  dois  vous  faire  connaître  la 
pensée  (jui  a  présidé  à  la  construction  de  l'aquarium. 

11  n'est  pas  aussi  facile  iju'on  pourrait  le  croire  de  faire 


SUR  l'aquarium  du  jardin  d'achlimatation.  \li\- 
vivre  les  poissons  dans  l'eau;  el.  pour  clahlir  un  a(|uariniii, 
il  ne  suffit  pas  d'avoir  un  vase  ou  un  contenant  quelconque, 
de  les  remplir  d'eau  douce  ou  d'eau  salée,  et  d'v  placer  les 
animaux  habitués  à  vivre  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  élé- 
ments. Ce  pouvait  être  le  principe  de  ces  aquariums,  ou  plutôt 
de  ces  viviers  romains  dont  naguère  ici  même  vous  entrete- 
nait si  doctement  M.  Drouyn  de  Lliuys  (1).  Pour  les  bâtir,  on 
délbnçait  les  montagnes,  on  creusait  des  lacs,  on  disposait  du 
llux  et  du  rellux  de  la  mer,  mais  ce  ne  furent  après  tout  que 
des  monuments  d'un  luxe  prodigieux,  consacrés  à  une  gour- 
mandise que,  heureusement,  nous  ne  connaissons  jiius,  et  qui 
n'ont  laissé  d'autre  souvenir  que  celui  des  extravagances  qu'ils 
firent  faire  aux  hommes  d'État  de  la  Rome  de  cette  époque. 
Notre  aquarium  n'est  point  de  cette  école,  et  lorsque  vous 
aurez  connu  quelles  combinaisons  ingénieuses,  quelles  appli- 
cations des  plus  belles  découvertes  de  la  science,  quel  ralïinc- 
ment  de  savoir  sont  entrés  dans  sa  formation,  vous  convien- 
drez que  si  notre  aquarium  a  eu  l'honneur  d'être  construit 
sous  la  présidence  d'un  homme  d'État,  c'est  que,  par  sou 
utilité,  pai-  les  services  qu'il  est  appelé  à  rendre,  par  sa  spiri- 
tualité, Si  j'ose  ainsi  parler,  il  est  digne  d'un  tel  président. 

Pendant  longtemps,  ceux  qui  voulaient  étudier  les  poissons 
furent  obligés  de  s'en  tenir  au  pi'incipe  des  viviers  romains 
c'est-à-dire  d'aller  prendre  les  poissons  dans  la  mer,  et  de  les 
placer  non  plus  dans  des  lacs,  mais  dans  des  bocaux  de  verre 
dont  l'eau  était  souvent  renouvelée.  Le  premier  qui  soit  connu 
pour  avoir  ainsi  gardé  en  captivité,  et  d'une  manière  systé- 
matique, pour  les  observer,  des  animaux  aquatiques  vivants, 
et  plus  particulièrement  ceux  de  la  mer,  est  un  riche  baron 
écossais,  sir  John  Graham  Dalyell.  De  1790  jusqu'à  1850,  il  a 
entretenu,  dans  sa  maison  d'Edimbourg,  un  grand  nombre 
de  poissons  et  d'animaux  marins,  (ju'il  aimait  à  laire  voir  à 
ses  visiteurs.  Mais  sir  John  Dalyell  était  riche  et  pouvait  avoir 
tous  lesjoursàsa  disposition  de  l'eau  de  mer  pour  renouveler 
celle  de  ses  bassins.  Les  personnes  (jui  vivaient  loin  de  la  mer, 
et  (pii  voulaient  se  donner  le  plaisir  d'étudier  les  am"maux 

(!)   /hillctin,  t.  \.  p.  J5.  .  ■ 

T.  X.  -  J;iiivicr  et  Tijviici  ISGo.  ^i 


L  SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

marins,  élaienl  oliligéesde  l'aire  de  longs  el  coûteux  voyages. 
Tel  on  voit,  dans  les  Souvenirs  iVwi  itatiiraliste,  un  savant 
professeur  de  Paris  transporter  sa  tente  et  son  aquarium  sur 
les  côtes  de  la  Bretagne,  afin  d'avoir  à  sa  portée  ces  mysté- 
rieuses créatures  marines  qu'il  ne  pouvait  se  procurer  autre- 
ment. C'est  là  (|u'il  écrivit  ce  livre  que  vous  connaissez  tous, 
livre  qui  l'ait  aimer  autant  ({u'admirer  le  lalent  de  l'auteur, 
et  dont  le  charme  sur  l'esprit  des  jeunes  naturalistes  n'a  de 
comparable  que  celui  exercé  sur  la  vive  imagination  de  notre 
enlance  par  les  émouvantes  aventures  de  Robinson  Crusoé  ; 
car  il  donne  envie  d'aller  habiter  quelqu'une  des  îles  de  l'ar- 
chipel de  Bréhat  ou  des  Ghausey,  en  com])agnie  de  quelques 
bocaux,  d'un  microscope,  et  surtout  de  M.  de  Quatrefages. 

Mais  tout  le  monde  n'est  point  de  la  volée  de  M.  de  Quatre- 
fages, et  n'a  point  ses  ailes  pour  se  transporter  sur  les  bords 
de  l'Océan.  Son  livre  cependant  avait  vulgarisé  les  objels  de 
ses  études,  et  excité  la  curiosité  de  les  connailre.  C'est  à  peu 
prés  vers  cette  époque  (jue  quelques  savants  anglais,  M.Thyme 
en  18/16,  M.  Warrington  en  18Zi9,  et  après  eux  MM.  Gosse  et 
Bowerbanks,  cherchèrent  un  procédé  pour  conserver  l'eau 
douce  ou  l'eau  de  mer,  sans  être  obligés  de  les  changer,  et  de 
manière  à  y  maintenir  longtemps  les  mêmes  animaux  dans  un 
état  de  bonne  santé  qui  permit  de  les  étudier.  C'est  ici  que  la 
science  apparaît  dans  la  construction  des  aquariums. 

Il  n'est  personne  qui  n'ait  ouï  parler  de  la  grande  décou- 
verte de  la  décomposition  de  l'air  atmosphérique,  à  laquelle 
se  rattachent  les  grands  noms  de  Priestley  et  de  Lavoisier  (I), 
et  qui  signala,  vers  la  fin  du  dernier  siècle,  l'avènement  delà 
chimie  moderne.  Une  des  premières  et  des  plus  belles  appli- 
cations de  celte  découverte  fut  celle  qui  en  fut  faite  à  l'expli- 
cation de   la  respiration  des  animaux  et  des  végétaux.  On 

(1)  I^avoisicr,  lo  prdiiici',  déiiionira  roxislcncc  di'  ccUo  loi  de  compensa- 
lion  entre  les  animaux  cl  les  végétanx.  En  1780,  de  Saussure  signala  l'action 
puritiantc  des  plantes,  qui  absorbent  les  gaz  nuisibles  aux  animaux.  Pricsiley 
prouva  par  une  si'rie  de  bi'lles  expériences  queralmosplicre  altérée  par  les 
eonibuslions  du  leu  el  par  la  respiralion  des  animaux  était  rétablie  dans  !-es 
conditions  normales  par  raciiun  de  la  végétalioni  C'est  â  Daubeny  que  l'on  doit 
rapporter  la  connaissance  de  i'aclion  de  la  luniién'  sim-  les  i'cuillcs  des  plantes. 


SUR  l'aouarium  du  jardin  d'acclimatation.  li 

reconniil  qu'il  existait  entre  ces  deux  règnes  organiques  une 
loi  de  compensation  ou  de  libre  échange,  suivant  laquelle  les 
végétaux,  sous  l'influence  de  la  lumière  solaire,  exhalent 
l'oxygène  nécessaire  à  la  respiration  des  animaux,  et  tout  à  la 
fois  absorbent  et  s'assimilent  l'acide  carbonique  qui  leur  est 
fourni  par  eux.  Longtemps  cette  admirable  harmonie  ne  fut 

étudiée  que  dans  les  êtres  qui  vivent  dansTatmosphère  aérienne. 

On  ne  songeait  pas  qu'elle  pût  exister  aussi  entre  les  ani- 
maux et  les  végétaux  qui  vivent  au  milieu  des  eaux.  Cet  oubli 
pouvait  bien  tenir  au  peu  d'intérêt  qu'inspiraient  ces  êtres, 
et  à  la  connaissance  très  imparfaite  de  leur  organisation.  Il 
est  naturel  que  l'homme  se  soit  d'abord  occupé  des  animaux 
({ni  l'aiiprochaient  de  plus  prés,  et  dont  l'organisation  offrait 
avec  la  sienne  le  plus  de  similitude.  Les  poissons  devaient 
donc  être  étudiés  en  dernier  lieu.  Ce  ne  fut  qu'après  les  beaux 
travaux  de  Guvier  sur  les  mollusques  de  la  mer^  de  MM.  de 
Lacépède,  Duméril  père  et  Valenciennes  sur  les  poissons,  de 
M.  Moquin-Tandon  sur  les  mollusques  tluviatiles  de  la  France 
et  d'une  foule  d'autres  naturalistes,  qu'on  a  commencé  à 
prendre  (juclque  goût  à  cette  élude. 

Vers  l'année  J8Zi"2,  le  docteur  Johnston,  dans  une  Histoire 
(les  Epovfjes  et  des  Litliopln/tes  de  la  Grande-Bi'eta(jne,  lit 
connaître  une  expérience  qu'il  avait  faite,  non  ])as  en  vue 
d'établir  un  aquarium,  mais  pour  constater  la  nature  de  la 
Coralline  végétale,  jolie  plante  très  commune  sur  les  rochers 
des  bords  de  la  mer,  mais  dont  la  nature  ambiguë  est  pru- 
menée  depuis  longtemps  de  l'un  à  l'autre  règne.  Une  toulle 
de  celte  plante  fut  mise  avec  plusieurs  petites  Moules,  des 
Annélides  et  des  Etoiles  de  mer,  dans  un  vase  contenant  de 
l'eau  de  mer  très  pure.  Au  bout  de  huit  mois,  la  Coralline, 
loin  d'avoir  dépéri,  s'était  développée,  et  les  animaux,  de 
leur  côté,  étaient  bien  portants  et  conservaient  leur  vivacité  et 
l'éclat  naturel  de  leurs  couleurs.  La  conclusion  de  cette  expé- 
rience était  facile  :  si  la  CoraUine  n'était  pas  un  végétal,  dit  le 
docteur  Johnston,  elle  serait  morte,  et  les  animaux  aussi  (1). 

■  -,     -         -i  : 

i 

(1)  Tous  les  Pires  ori^aiii.sé.s ,  aiiiiiiaux  cl  végétaux,  consoninient  ainsi,  et 
pcnclnnl  toute  la  durée  de  leur  existence,  de  Toxysène,  en  produisant  de  l'acide 


LU        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Au  milieu  des  obscui'ilés  où  s'agile  la  science  luniuiine, 
une  expérience  de  cette  sorte  est  un  de  ces  jets  de  lumière 
que  la  Providence  fait  luire  quelquefois  au-devant  de  nos 
pas,  pour  nous  mettre  dans  la  voie  de  la  vérité. 

On  peut  dire  en  eflet  qu'après  cette  expérience,  le  jfroblème 
de  l'aquarium  était  résolu,  puis(ju'on  avait  trouvé  le  moyen 
de  faire  vivre  les  poissons  dans  de  l'eau,  pendant  un  laps  de 
temps  considérable,  sans  la  renouveler.  Ce  ne  fut  cependant 
((u'en  1850  qu'on  donna  suite  à  cette  découverte.  Le  l/i  mai 
1850,  M.  Warrington  fit  connaître  à  la  Société  des  cliimistes 
do  Londres  de  nouvelles  expériences  entre  des  Cyprins  et 
une  plante  de  rivière,  le  Vdllisnerui  spiraiis,  maintenus  dans 
la  môme  eau.  Ces  essais  furent  répétés  par  M.  Gosse,  entre 
les  poissons  et  les  plantes  de  la  mer,  avec  un  égal  succès  (1). 

Le  secret  des  aquariums  était  donc  divulgué  ,  car  on  avait 
trouvé  le  moyen  d'assurer  la  respiration  îles  êtres  qui  vivent 
dans  les  eaux.  La  tliéorie  passa  dans  la  pratique  :  il  s'établit  à 

carbonique  cl  do  la  vapeur  d'eau  ;  mais  iiKlépeiKtaninicnl  de  celle  louclion 
coiniminc  au\  deux  règnes  organiques,  les  végétaux  en  possèdent  une  autre, 
en  vertu  de  laquelle  leurs  parties  vertes  décomposent,  sons  rinfluence  de  la 
lumière,  Tacide  carbonique  qui  a  pénéiré  dans  leur  tissn.  liC  carbone 
devenu  liljre  par  celle  décomposition  est  absorbé  par  la  plante,  et  l'oxNgènc 
est  dégagé.  !'ar  conséquent,  dans  une  eau  où  la  végétation  se  développe, 
l'oxygène  que  le  liquide  lient  en  dissolution  a  deux  origines  bien  distinctes: 
une  portion  de  ce  gaz  provient  directement  de  l'atniospbère,  et  l'auue  por- 
tion est  le  résidtat  de  l'activité  spéciale  des  parties  vertes  des  planles 
aquatiques.  Cette  dernière  portion,  étant  dans  cet  état  particulier  que  les 
chimistes  ont  appelé  rlat  iiaùsant,  possède  des  afiiiiilés  beaucoup  plus 
énergiques,  et  doit,  par  suite,  brûler  avec  une  grande  facilité  les  détritus 
organiques  d'origines  diverses  qui  peuvent  se  trouver  en  suspension  dans 
Peau  et  prévenir  son  altération. 

(1)  Tous  les  livres  que  j'ai  pu  consulter  sur  l'hisloire  des  aquariums  soiU 
anglais.  Je  n'avais  pu  remonter  en  France  qu'aux  travaux  de  M.  de  Qud- 
irefagcs,  dont  la  première  i)ublication  date  de  18/j'J.  Après  avoir  entendu 
mon  mémoire,  dans  la  séance  (Ui  10  lévrier,  M,  de  Oualreliiges  m'a  lait  ob- 
server que  j'avais  fait  tort  à  mi  savant  français,  Dujardin,  à  (jui  doit  être 
rapportée  l'application  première  du  principe  fondamental  des  aquariums;  je 
reproduis  textuellement  la  note  de  M.  de  Onalrefages  : 

«  Dès  1838,  ^\.  Dnjardin  faisait  des  voyages  sur  nos  cùîes  dans  rinlérèt 
de  SCS  éludes  zoologiqm's.  il  rapportait  tous  les  ans  à  Paris  de  nonibreux 
llacons  conlenan!  des  animaux  \i\aiil  dans  l'eau  de  la  mer,  et  j)our  entre- 


sua  l'aquarium  du  jardin  d'acclimatation.  lui 

Londres,  sur  ce  iirinripe,  dès  celte  époque,  quelques  acjua- 
riums  de  cabinet  ;  cependant  il  n'en  parut  encore  aucun  à  la 
(grande  exposition  de  Londres  en  1851. 

C'est  en  1853  que  M.  Mitcliell,  secrétaire  de  la  Société  zoo- 
logique de  Londres,  eut  l'idée  de  construire,  dans  le  Jardin 
de  Regent's  Park,  un  aquarium,  sur  une  échelle  et  avec  des 
dispositions  d'art  qu'on  n'avait  pas  encore  imaginé  de  donner 
à  ces  appareils.  Le  succès  de  cette  nouveauté  dépassa  toutes 
les  espérances.  Ce  fui  un  succès  d'enthousiasme,  un  succès 
populaire  !  Il  en  sortit  une  littérature  d'extases  et  de  trans- 
ports d'admiration.  Nos  voisins,  qui  sont  bien  un  peu  payés 
pour  aimer  la  mer,  ne  tarissaient  point  sur  ses  merveilles. 
L'aquarium  de  Londres ,  dit  un  écrivain  anglais,  M.  Shirley 
Uibberd,  l'aquarium  de  Londres  eut  ses  dileltaniil 

Cliaque  jour,  dès  lors,  amena  de  nouveaux  progrés  dans  la 
composition  de  l'aquarium.  On  n'avait  pas  lardé  à  reconnaître 
que  les  plantes  qu'on  y  introduisait  pour  le  dégagement  de 
l'oxygène  n'étaient  pas  toutes  également  propres  à  cet  ofïice. 
La  llore  des  eaux  de  la  mer  est  une  tlore  particulière.  Les 
plantes  n'y  sont  pas  les  mêmes  à  toutes  les  profondeurs.  Elles 
sont  échelonnées  par  zones,  et  aussi  variées  que  celles  qui, 
suivant  l'altitude  des  montagnes,  distinguent  les  dilT('rentes 
régions  de  l'air.  Les  plantes  des  plus  grandes  profondeurs  sont 
brunes,  celles  des  régions  moyennes  rouges,  et  celles  des  su- 
périeures, qui  sont  en  contact  avec  l'air  atmosphérique,  sont 
vertes.  Cette  dilférence  a  été  reconnue  expérimentalement 
comme  élant  l'effet  du  degré  de  lumière  qui  pénètre  dans  les 
diverses  couches  des  eaux  ;  car  le  soleil  est  partout  le  grand 
maître  de  la  vie.  Pour  assurer  l'existence  des  animaux  tenus 
dans  l'eau,  il  était  donc  indispensable  de  leur  ménager  une 

tenir  la  piiiclû  de  reuo  caii,  il  plaçai!  dans  cliaque  flacon  quelques  frondes 
(ïUlva  hichicci.  Nommé  professeur  à  'Joulouse,  il  y  transporta  son  musée 
ou  son  (Kiuaiiuin,  qui  s'accrut  de  nombreux  flacons  rapportés  de  Cette. 
Appelé  plus  tard  à  la  cliaire  de  zoologie  de  Rennes,  il  se  lit  suivre  de  sa 
collection,  qui  s'accrut  encore  d'une  foule  d'espèces  recueillies  sur  les  côtes 
de  hi  Bretagne.  C'est  dans  un  de  ces  flacons  (|u"un  des  premiers,  il  constata 
l'organisation  des  ^Méduses.  .Uai  eu  le  plaisir  d'observer  moi-même  chez  mon 
ancien  collè^iie  u'ie  de  ces  Méduses  déve'oppées  en  captivité.  » 


LIV         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTATION. 

végétation  propre,  non-seulement  à  leur  nourriture  naturelle, 
mais  aussi  au  dégagement  de  l'oxygène  nécessaire  à  leur  res- 
piration (1).  On  ne  pouvait  espérer  de  faire  vivre  un  animal 
des  bas- fonds  dans  les  conditions  où  sont  placés  ceux  des 
couches  supérieures,  et  surtout  dans  les  aquariums,  qui  ont 
tout  au  plus  un  mètre  de  profondeur.  On  y  est  cependant  par- 
venu, en  imitant  la  nature,  et  en  dosant  la  lumière,  c'est-à-dire 
en  ne  permettant  d'arriver  aux  végétaux  et  aux  animaux  des 
aquariums  que  la  quantité  de  soleil  qu'ils  doivent  recevoir 
naturellement.  ■ 

La  réglementation  de  la  lumière  est  donc  une  des  condi- 
tions indispensables  pour  un  aquarium.  On  l'obtient  au  moyen 
de  l'orientation  du  lieu  où  l'on  place  son  aquarium,  et  à  l'aide 
d'écrans  qui  permettent  de  modérer  le  nombre  et  la  force 
des  rayons  solaires  que  l'on  veut  y  laisser  pénétrer. 

Vous  vovez  que  l'aquarium  n'est  pas  seulement  un  obser- 
vatoire  de  zoologie,  mais  aussi  un  vaste  laboratoire  de  bota- 
nique, où  se  peuvent  faire  les  plus  belles  études  et  les  plus 
savantes  expériences  sur  la  végétation.  Sans  entrer  dans  l'his- 
toire des  plantes  marines  de  toutes  les  couches  ('2),  je  dirai 

(I)  Dans  les  premiers  essais  des  aquariums  on  y  plaçait  des  plantes  loulcs 
venues;  on  a  reconnu  depuis  qu'il  sulfisait  de  laisser  se  développer  sous 
l'action  de  la  lumière  une  végétation  pour  ainsi  dire  naturelle  à  l'eau,  et  qui 
provient  de  la  nuillitude  des  spores  et  des  semences  contenues  dans  l'eau 
naturellement,  mais  qui,  sans  l'action  solaire,  resteraient  invisibles  et  ne  se 
développeraient  pas.  C'e.st  en  grande  partie  une  végétation  semblable,  spon- 
tanée, qui  tapisse  les  bacs  de  l'aquarium  du  Jardin  d'acclimatation;  elle  ten- 
drait à  en  envaiiir  toutes  les  parois,  si  on  la  laissait  librement  exposée  à 
tous  les  rayons  du  soleil;  mais  au  moyen  de  stores  et  d'écrans,  on  ne  la  fait 
pousser  que  totit  autant  que  l'on  veut.  C'est  cette  nécessité  de  modérer  le 
degré  de  la  lumière  (lui  fait  qu'on  ne  lui  permet  de  pénétrer  dans  l'eau  que 
par  la  surface  supérieure  des  bacs,  et  (lu'on  maintient  tous  les  autres  côtés  de 
l'aquarium  dans  Tobscurité  ;  de  cette  façon  les  animaux  sont  vus  par  le  tra- 
vers, et  non  de  haut  en  bas,  comme  cela  a  lieu  ordinairement  lorsqu'on  les 
regarde  dans  la  mer  ou  dans  le  cours  d'une  rivière.  Autre  avantage  !  Celle 
disposition  qui  place  les  poissons  entre  la  lumière  et  Vœ\\  du  spectateur,  fait 
mieux  ressortir  leurs  formes  et  leurs  couleurs. 

(2)  Les  plantes  marines  appelées  Ali]ues,  Confercos,  Fu:iis,  sont  divisées 
par  les  botanistes  en  trois  classes  :  les  Mélanospermées  on  plantes  de  couleur 
brune,  les  Uliodospermées  ou  plantes  rouges,  et  les  Chlorospermées  ou  plantes 


sur.   L  AQUARIUM    DU    JARDIN    d'aCCLIMATATION.  LV 

que  les  vertes,  celles  des  couches  supérieures,  qui  sont  les 
plus  abondantes,  sont  aussi  les  plus  propres  à  l'entretien  de 
la  vie  animale.  C'est  dans  les  vastes  pâturages  qu'elles  forment 
à  la  surface  de  la  mer  ou  le  long  de  ses  côtes,  qu'on  trouve 
le  plus  grand  nombre  et  la  plus  grande  variété  de  ces  êtres 
singuliers  qui  composent  la  population  de  l'Océan.  Mais  à 
cause  de  leur  contact  continuel  avec  le  soleil,  elles  ont  une 
exubérance  de  végétation  si  fougueuse,  que  l'une  d'elles, 
VAnacharis  canadensis,  transportée,  il  va  quelques  années, 
dans  la  Tamise,  par  quelque  caréné  de  navire,  menace  au- 
jourd'hui d'encombrer  ce  fleuve  et  de  gêner  la  navigation  ! 

On  comprend  combien  celte  rapidité  de  développement 
doit  être  embarrassante  dans  un  aquarium  de  verre,  combien 
elle  doit  vite  en  envahir  le  champ  rétréci  et  le  rendre  impé- 
nétrable à  l'œil  des  observateurs.  C'est  pourquoi  on  s'appliqua 
à  la  réprimer  par  tous  les  moyens  possibles.  Outre  la  régle- 
mentation de  la  lumière,  M.  AVarrington  trouva  encore,  en 
consultant  la  nature,  quelques-uns  de  ces  auxiliaires  dont  elle 
aime  à  faire  em|)loi  pour  l'édification  de  ses  plus  grandes  œu- 
vres ;  il  se  souvint  que,  dans  les  plantes  vertes  qui  forment 
comme  des  prairies  le  long  des  cotes,  il  avait  vu  une  infinité 
de  petits  mollusques  occupés  à  brouter  les  herbes  ;  il  imagina 
de  leur  confier  le  même  office  dans  l'aquarium,  cl  vit  que  non- 
seulement  ils  mangeaient  les  herbes ,  mais  aussi  les  détritus 
des  animaux,  en  même  temps  que  leurs  œufs  servaient  de 
pâture  à  plus  gros  qu'eux.  Parmi  ces  nombreux  agents  de  la 
salubrité  des  aquariums ,  nous  citerons  le  Vignot  commun 
(Littorii/a  Ultoi'cd),  mollusque  à  coquille  ronde  et  brune,  qui 
abonde  sur  les  eûtes  de  la  Manche,  et  dont  la  langue,  vue  au 
microscope,  est  un  clief-d'œuvre  d'instrument  tranchant, 

voriPs.  Lps  premioi'os  ne  peuvent  èlic  conservées  dans  les  aquariums;  connue 
les  animaux  qui  les  liahitent,  ces  plantes  iTont  l)esoin  que  de  très  peu  de 
lumière.  Les  lîiiodospermées  sont  peut-tire  les  plus  nombreuses,  et  viennent 
également  bien  au  fond  et  à  la  surface  de  renii  ;  elles  sont  très  belles,  très 
vivaces  et  l'ont  très  bien  dans  les  aquariums;  mais  il  est  dillicile  de  régle- 
menter la  lumière  qui  leur  est  nécessaire  :  trop  les  brûle,  trop  peu  les  fane. 
Ce  sont  donc  lesGblorosperniées,  ou  plantes  vertes,  qui  s(»nl  i.s  vraies  plantes 
des  aquariums. 


LYI        SnCIÉTH   IMI'l'ir.IALE   ZOnLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

auprès  duquel  uns  ï\n\\  cl  uos  râpes  paraissent  de  grossiers 
outils. 

Mais  tous  ces  artifices  ne  suffîsaient  pas  à  conserver  à  l'eau 
des  aquariums  les  qualités  nécessaires  à  l'entretien  de  la  vie 
des  animaux;  on  pensa  (lu'il  devait  exister  dans  la  nature 
d'autres  moyens  propres  à  obtenir  ce  résultat,  c'est-à-dire 
une  autre  source  d'oxygène,  etl'on  trouva,  dans  le  mouvement 
incessant  qu'impriment  aux  iïols  de  la  merles  marées  et  les 
vents,  un  mode  d'aération  de  l'eau  plus  puissant  que  tous  les 
autres.  En  effet,  les  courants  ascensionnels  ou  horizontaux 
qui  remuent  la  mer  en  tous  sens,  les  vagues  qui  se  brisent 
contre  les  rochers  et  s'éparpillent  en  écume,  le  ressac  qui  les 
ramène  en  arrière,  l'eau  de  la  pluie  qui  s'y  mêle  et  l'agitation 
des  tempêtes,  tout  concourt  à  brasser  l'eau  de  la  mer  et  à  la 
mélanger  d'air  atmosphérique.  Par  un  aérage  mécanique  on 
imagina  d'imiter  le  procédé  de  la  nature,  et  d'imprimer  un 
mouvement   continuel   de  va-et-vient  à  l'eau  destinée  à  ali- 
menter l'aquarium  :  c'est  ce  que  l'on  voit  très  bien  dans  l'ap- 
pareil du  Jardin  (1).  Au  moyen  de  jets  d'arrivée  et  de  trop- 
pleins  placés  dans  les  bacs,  et  qui  portent  et  remportent  l'eau, 
on  imprime  à  cette  eau  une  circulation  tout  à  fait  comparable 
à  celle  du  sang-.  Grâce  à  ce  mécanisme,  M.  Lloyd  nous  a  pro- 
mis que  l'eau  de  mer  de  l'aquarium  pourrait  être  conservée 
dix  ans,  sans  qu'il  soit  besoin  de  la  renouveler,  et  nous  com- 
mençons à  prendre  confiance  dans  sa  promesse  ;  car,  depuis 
dix-huit  mois,  cette  eau  s'est  maintenue  propre  à  l'entretien 
de  la  vie  des  animaux,  et  avec  la  pureté  que  vous  lui  voyez. 

Croyez-vous  que  tout  soit  fini  et  que  je  vous  aie  énuméré 
toutes  les  conditions  d'un  aquarium  parfait?  Oue  ce  serait 
mal  connaître  l'esprit  scientifi(iue  !  Car  c'est  bien  de  lui  qu'on 
peut  dire  qu'il  croit  n'avoir  rien  fait,  tant  qu'il  lui  reste  quel- 

(1)  Cet  iii^L'iiieiix  mécanisme,  qui  est  particulier  à  l'aquarium  du  Jardiu  de 
Paris,  est  de  rinvenlion  de  M.  Lloyd  :  il  consiste  en  une  pression  hydraulique, 
trèisbien  décrite  dans  le  livret  de  l'aquarium,  qui  se  vend  au  Jardin.  A  Lon- 
dres, pendant  longtemps .  on  était  réduit  à  clianser  l'eau  presque  cliaiiue 
semaine,  ce  qui  entraînait  une  dépense  considéraJ)le.  Car  pour  avoir  Peau 
aussi  pure  que  possible,  on  était  obligé  de  la  puiser  en  pleine  mer.  Cette 
opération  n'a  eu  lieu  qu'une  Si'ule  l'ois  pour  le  jardin  de  Paris. 


SUR  l'aquarium  du  jardin  d  acclimatation.  lvii 
(\no  chose  à  faire.  Pour  vous  donner  une  pleine  connaissance 
de  l'aquarium,  il  faudrait  vous  dire  par  quelles  inventions  on 
maintient  la  salure  de  l'eau  que  l'évaporation  dérange  sans 
cesse  (1)  ;  comment  on  conserve  le  degré  nécessaire  de  tempé- 
rature, afin  que  l'eau  ne  soit  ni  trop  froide  en  hiver,  ni  trop 
chaude  en  été  ('2).  Il  faudrait  vous  exphquer  ces  rochers  (3)  et 
ces  cavernes  qui  senties  imitations  de  la  nature,  pour  ménager 
aux  animaux  les  retraites  dont  ils  ne  peuvent  se  passer; 
comment  on  a  suppléé  aux  alternatives  périodiques  d'immer- 
sion dans  l'eau  ou  d'exposition  à  l'air,  auxquelles  ces  animaux 
sont  hahitués  lors  du  flux  et  du  rellux  de  la  mer.  Il  fau- 
drait vous  dire  enlin  bien  d'autres  précautions  dont  le  récit 
m'entraînerait  évidemment  trop  loin,  et  m'exposerait  au  juste 
reproche,  que  vous  me  faites  peut-être  déjà  tout  bas,  de 
manquer  à  la  promesse  de  ne  pas  abuser  de  votre  patience. 
Ce  que  je  vous  ai  dit  suffit,  ce  me  semble,  pour  démontrer 
ce  que  j'ai  avancé  en  commençant  :  que  l'aciuarium  est  le 
résultat  des  plus  savantes  recherches  et  des  plus  ingénieuses 
combinaisons,  et  que  toutes  les  sciences,  physique,  chimie, 
botanique,  histoire  naturelle,  se  sont  cotisées  pour  l'édifier, 

(I)  La  sarfiice  des  bacs  étant  assez  large  et  roau  qui  y  anivc  conlinuclle- 
niem  en  niouvemint,  il  en  résnlto  une  évapoialiuu  conliniielle,  mais  c'est 
l'eau  douce  seule  qui  s'évapore,  et  non  les  parties  salines.  An  moyen  d'un 
petit  aréomètre  en  bulle  de  verre,  on  est  averti  de  l'excès  de  salure  qui 
pourrait  être  nuisible  à  la  vie  des  animaux,  et  l'on  y  remédie  en  y  faisant 
arriver  de  l'eau  de  pluie  provenant  du  toit  du  bâtiment ,  et  qui  rétablit 
l'intégrité  de  l'eau  de  mer,  absolument  comme  cela  a  lieu  dans  la  nature. 

('2)  l'ourla  température  de  l'eau  ,  comme  elle  n'est  point  sujette  dans  la 
mer  à  d'aussi  grandes  variations  que  celles  que  subit  l'atmospbère,  pour  la 
maintenir  au  degré  convenable,  il  a  sufli  d'enfouir  dans  la  terre  le  réservoir 
qui  contient  l'eau,  et  qui  est  un  vase  de  fonte  doublé  de  gutta-percba. 

(o)  On  obtient  ces  alternatives  d'immersion  et  d'exposition  à  l'air  pour  les 
animaux  qui  y  sont  babitués,  en  vidant  les  bacs  la  nuit  et  les  rempUssant  le 
jour  ;  en  effet,  à  de  certaines  époques,  il  y  a  des  animaux  qui  ont  besoin  d'une 
alniosplière  luimide  plutôt  que  do  l'eau  elle-même.  Ils  trouvent  ces  condi- 
tions sur  ou  sous  les  rocbers,  où  ils  restent  exposés  comme  sur  la  plage. 

Les  moindres  dispositions  de  l'aquarium  sont  des  combinaisons  basées  sur 
l'élude  des  mœurs  des  animaux  aquatiques  :  ainsi  les  rocbers  et  le  paysage, 
disposés  en  ampbitbéàtre,  donnent  à  l'eau  des  épaisseurs  inégales,  en  raison 
des  profondrurs  dilTérentesde  la  mer  auxquelles  les  animaux  sont  accoutumés. 


LVIII      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

et,  comme  autant  de  bonnes  fées,  ont  voulu  lui  faire  leur  don. 
Et  comme  notre  aquarium  est  le  dernier  construit  des  appa- 
reils de  ce  genre,  et  qu'il  a  pu  proliter  de  tous  les  perfection- 
nements obtenus  avant  lui,  et  recevoir  des  proportions  et  des 
embellissements  nouveaux,  on  peut  dire  que  nous  avons  pré- 
sentement le  plus  beau  et  le  plus  parfait  des  aquariums. 
M.  Lloyd  le  classe  ainsi  dans  une  notice  qu'il  a  publiée  sur  ce 
sujet  (1),  mais,  en  bon  Anglais,  il  réserve  à  l'aquarium  du 
Jardin  de  Regent's  Park  les  bonneurs  de  l'initiative  et  de  la 
priorité,  et  rappelle  qu'il  fut  établi  à  une  époque  où  l'on  savait 
bien  peu  de  ce  qu'il  fallait  savoir  pour  mener  à  bonne  lin  de 
telles  entreprises. 

Pour  répondre  à  sa  nature  et  à  son  origine  scientiliques, 
l'aquarium  devait  être  un  instrument  de  découvertes,  d'acquêts 
nouveaux  au  profit  de  la  science;  car  la  règle  de  l'intérêt  des 
intérêts  est  bien  aussi  fructueuse  dans  l'ordre  intellectuel  que 
dans  le  monde  matériel ,  et  c'est  à  sa  constante  application 
que  nous  devons  ce  capital  accumulé  que  l'on  nomme  l'état 
actuel  de  la  science.  ■-  '    .■     , 

C'est,  en  effet,  grâce  à  l'observation  des  animaux  aquatiques, 
rendue  facile  par  les  aquariums,  (juc  l'on  doit  la  connaissance 
d'une  foule  de  particularités  nouvelles  relatives  à  leurs  mœurs, 
à  leurs  babitutles  et  à  l'exercice  de  leurs  fonctions  pbysiolo- 
giques.  Un  aquarium  les  fait  poser  devant  nous,  et  permet 
de  faire  de  leur  étude  un  amusement.  Pour  cela  il  n'est  pas 
nécessaire  d'avoir  à  sa  disposition  un  grand  et  coûteux  appa- 
reil, comme  celui  du  Jardin  d'acclimatation.  Le  principe  suffit. 
Pourvu  que  vous  ayez  un  vase  de  cristal,  de  l'eau  de  mer  ou 
de  l'eau  douce,  quelques  plantes  aquatiques,  quelques 
mollusques  et  les  animaux  que  voulez  étudier,  il  n'en  faut 
pas  davantage.  C'est  à  ces  modestes  appareils  de  cabinet  que 
nous  devons  tant  de  belles  recbercbes,  tant  de  travaux  sur  ces 
êtres  que  l'œil  ni  la  pensée  n'avaient  pu  suivre  à  travers  leurs 
bumides  demeures.  Que  de  noms  je  pourrais  signaler  à  votre 

(1)  Le  plan  priinilil'do  l'aquaiiiini  de  Taris  est  de  M.  Milclicil  ;  mais  après 
la  mon  de  M.  .Alilcliell,  il  a  élé  Icrmiiié  et  pericclionné  par  M,  Lloy<l,  (|ni 
doil  être  cousidéré  comme  son  vérital)lc  aiileur. 


SUR  L  AQUARIUM    DU   JARDIN    D  ACCLIMATATION  LIX 

reconnaissanci^  et  à  votre  admiration!  One  de  savants  livres 
dont  la  lecture  inspire  le  respect  pour  ces  paisibles  occupa- 
tions de  la  science,  et  ouvre  à  l'esprit  des  jterspectives  nou- 
velles à  travers  les  sphères  infinies  de  la  puissance  créatrice! 
C'est  à  l'aquarium  de  M.  Gosse  que  nous  devons  l'histoire  des 
Actinies  ou  Anémones  de  mer,  ces  poissons-fleurs  dont  les 
marins  et  les  pêcheurs,  qui  vivent  pour  ainsi  dire  avec  eux, 
ne  soupçonnaient  pas  la  beauté;  car  j'ai  vu  plus  d'un  de  ces 
vieux  loups  de  mer,  à  l'aspect  des  Anémones  dans  l'aquarium 
du  Jardin,  témoigner  un  véritable  étonnement.  Outre  la  pro- 
fondeur des  eaux  qui  les  cache  ordinairement  aux  regards, 
lorsqu'on  essaye  d'y  porter  la  main,  les  Anémones  se  con- 
tractent, rentrent  en  elles-mêmes,  et  n'offrent  plus  au  toucher 
que  des  masses  informes  et  gluantes.  C'est  l'aquarium  qui 
les  a  placées  sous  une  lumière  et  dans  des  conditions  qui 
leur  permettent  d'étaler  aux  yeux  leurs  belles  couleurs  et  les 
merveilles  de  leur  organisation.  C'est  en  grande  partie  aux 
révélations  de  l'acjuarium  que  nous  devons  le  dernier  ouvrage 
de  M.  de  Quatrefages,  cette  puissante  svnthèse  des  métamor- 
phoses, qui  nous  apprend  les  changements  de  formes  et  de 
proportions  par  lesquels  tout  être  doit  passer  pour,  d'un 
germe  rudimentaire,  devenir  un  individu  complet;  de  telle 
sorte  que  la  belle  loi  du  perfectionnement  progressif,  qui  est 
la  loi  de  l'individu  moral,  paraît  être  aussi  celle  du  dévelop- 
pement corporel  de  la  plupart  des  animaux.  «  Quel  est  celui, 
»  dit  l'auteur,  (pii,  ayant  passé  quelques  heures  au  bord  de 
»  l'Océan,  à  l'heure  du  reflux,  n'a  pas  remarqué  le  Ménade 
))  {Pdihnius  inn'iKis),  le  (^rabe  enragé,  comme  l'appellent  nos 
»  marins,  celui  (b^  tous  ses  congénères  qui  se  hasarde  le  plus 
»  volontiers  au  grand  jour,  et  qui,  peu  recliercbé  à  cause  de 
))  la  sécheresse  et  de  la  pauvreté  de  sa  chair,  pullule  à  côté 
»  même  des  cabanes  des  pêcheurs? 

»  Avant  de  courir  ainsi  sur  la  plage,  ce  crustacé  a  nagé  en 
j)  pleine  eau  sous  l,i  forme  d'une  Zoé.  Il  avait  alors  la  tête  et 
»  le  thorax  confondus  sous  une  carapace  presque  globuleuse, 
»  armée  de  longues  pointes  dirigées  en  avant,  en  arriére  et 
»  sur  les  côtés....  Il  oiTrait  bien  d'autres  dilférences  d'organi- 


LX        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

»  salion  (voy.  p.  108) Rien  chez  lui,  en  un  mot,  ne  rappe- 

}>  lait  ce  Crabe  à  corps  aplati,  verdàlre,  qui  fuit  sans  trop  de 
»  hâte  devant  le  promeneur,  et  semble,  dans  sa  marche  obli- 
»  que  et  saccadée,  lui  adresser  le  geste  bien  connu  des  gamins 
))  de  Paris.  » 

L'image  n'est  pas  de  moi,  messieurs,  elle  est  de  M.  de  Qua- 
trcfages,  de  ce  professeur  qui,  dans  son  enseignement,  sait 
unir  les  grâces  de  l'esprit  au  plus  profond  savoir. 

C'est  lui  qu'il  faudrait  entendre  parler  de  ces  populations 
des  eaux  qu'il  connaît  si  bien  !  Mais  il  m'a  fait,  à  moi  la  malice 
et  à  vous  le  tort  de  me  laisser  ce  soin,  et  si  je  ne  le  savais  aussi 
bon  que  savant,  je  croirais  que,  du  haut  de  sa  science,  il  se 
donne  en  ce  moment  le  plaisir  que  l'on  prend  à  voir  un 
mauvais  nageur  se  débattre  au  milieu  des  flots  : 

Suave  mari  m  ai]  no 

Ex  alto,  mayniim  alk-rius  spcclare  laborein. 

Mais  inviter  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation  à  parler 
de  l'aquarium,  c'est  inviter  une  mère  à  parler  de  son  enfant, 
un  amoureux  de  sa  maîtresse  ;  c'est  se  risquer  en  la  compagnie 
de  ce  châtelain  qui,  faisant  visiter  son  domaine,  ne  ferait  pas 
grâce  d'une  laitue.  Dussé-je  donc  vous  tenir  ici  jusqu'à  la  nuit, 
je  ne  vous  ferai  pas  grâce  d'un  seul  des  mérites  de  l'aquarium. 

En  voici  un  dont  il  vous  est  sans  doute  arrivé  de  faire  plus 
d'une  application  :  l'aquarium  est  une  école,  un  théâtre  de 
moralités,  qui  ftiit  en  ce  moment  concurrence  aux  premières 
scènes  de  la  capitale. 

On  est  autorisé  à  penser  ainsi,  d'après  le  nombre  de  ces 
esquisses,  feuilletons,  charges,  caricatures,  où  la  ()lume  et  le 
pinceau  se  plaisent  à  habiller  les  habitants  d(^  l'aquarium  de 
nos  vices  et  de  nos  passions,  pour  nous  en  donner  la  comédie. 
Regardez,  dit  l'un,  Bernard-l'ermile,  ce  Crabe  en  quête  d'une 
position  sociale,  c'est-à-dire  d'une  coquille  dont  la  nature  ne  l'a 
point  pourvu.  Que  d'astuce  !  Le  voilà  à  l'aflùt  d'un  Burgaus  ou 
d'unBuccin;  malheur  aux  imprudents,  s'ils  quittentun  moment 
leur  demeure!  Bernard-rcrmite  s'y  sera  bientôt  glissé  à  leur 
place.  N'est-ce  pas  l'image  de  l'adroite  et  patiente  hypocrisie, 
\)\us  forte  des  Suites  d'autrui  que  de  sa  propre  habilct*'? 


SUR  l'aquarium  du  jardin  d  acclimatation.  lm 

Colui-ci  inlilulc  son  cliapilro  des  Criislacés  lntri</ur  et 
r/iirrrc.  En  clïet,  que  d'atta(iucs,  que  de  poursuites,  (lue  do 
chocs  et  de  combats,  entre  ces  êtres  qui  se  dévorent  et  qui 
vivent  les  uns  des  autres!  Malheur  aux  vaincus,  aux  blesses, 
aux  faibles!  La  pitié,  la  miséricorde,  le  miser  miser Is  siiccur- 
rere,  sont  des  sentiments  inconnus  au  monde  animal. 

Ce  spectacle  fait  apprécier  les  sociétés  humaines  qui  .sont 
d'autant  plus  parfaites  que  le  faible  y  trouve  plus  de  protection. 
Et  l'Ecrevisse,  commère  l'Ecrevisse!  Aujourd'hui  encore  n'a- 
t-ellc  pas  avec  sa  lillc,  devant  ceux  qui  la  regardent,  le  même 
dialogue  qu'au  temps  du  bon  la  Fontaine  : 

MÎTC  I-lcroxisso  iiii  jour  à  sa  fille  disait  : 

—  Comme  lu  vas,  bon  Dieu!  ne  peut  tu  mairlier  dioil? 

—  Et  comme  vous  allez  vous-même!  dil  la  (ilie. 
Puis-je  autrement  marclier  que  ne  fait  ma  famille  V 
Veut-on  que  j'aille  droit,  quand  on  y  va  tortu  ! 

Poui'  moi,  je  suis  convaincu  que  si  la  Fontaine  vivait  de 
nos  joiu's.  Userait  un  des  visiteurs  les  plus  assidus  de  l'aqua- 
l'ium,  et  qu'au  sortir  du  Jardin  d'acclimatation,  il  ne  manque- 
rait pas  de  demander  à  tous  ceux  qu'il  rencontrerait  :  Avez- 
vous  vu  l'aquarium? 

Ce  n'est  pas  tout.  11  faut,  je  le  sais,  aux inventionshumaines 
m\  genre  de  mérite  auquel,  dit-on,  notre  société  est  plus  sen- 
sible qu'à  tout  autre,  c'est  leur  utilité  pratique;  ce  sont  les 
applications  qu'on  en  |)eut  faire  à  la  satisfaction  des  besoins 
et  delà  puissance  de  riiomme.  Si  l'aquarium  ne  réunissait  pas 
ce  genre  de  mérite,  l'aquarium  ne  serait  pas  de  son  siècle. 
Vous  en  parlez,  me  pourrait  dire  quelque  sévère  économiste 
comme  d'une  tille  à  marier.  Voilà  de  bien  belles  qualités,  mais 
la  dot?  Cui  hono?  Oue  peut  rapporter  l'aquarium?  Ce  que  peut 
rapporter  l'aquariuiiil...  Demandez-le  à  vos  souvenirs  de  cette 
histoire  de  la  cultui^e  des  eaux  dont,  ici  même,  l'an  dernier, 
vous  entendiez  le  inagnilique  programme. 

Demandez-le  aux  travaux  de  M.  Coste,  à  ses  aquariums  du 
Collège  de  France  et  de  Concarneau,  ces  bergeries  aquati(jues, 
comme  il  les  appelle  lui-même,  où  la  Truite,  le  Saumon,  la 
Sole,  le  Turbot,  le  Darbeaii,  le  Homard,  la  Langouste,  la  Haie, 


LXll       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

le  Congre,  pour  ne  parler  que  des  poissons  les  plus  connus, 
s'accommodent  du  régime  delà  stabulalion,  et  se  reproduisent 
et  s'engraissent  comme  les  animaux  de  basse-cour  (i). 

Voyez-vous  ce  savant  qui  s'en  va  ensemençant  nos  ileuves 
etnos  côtes  de  la  mer,  et  enseignant  aux  populations  riveraines 
tant  de  merveilleux  secrets;  qui  transforme  l'Océan  en  une 
vaste  Hibrique  de  substances  alimentaires  et  l'ait  naiire  sous  ses 
pas  l'ordre,  le  travail  et  la  prospérité  !  «  Dans  l'ile  de  Khé, 
))  dit  l'un  des  derniers  rapports  à  S.  M.  l'Empereur,  trois 
»  mille  bommes,  prolétaires  la  veille,  sont  descendus  de  l'inté- 
B  rieur  des  terres  sur  le  rivage  pour  y  prendre  possession 
»  des  fonds  émergents.  Lafoi  de  ces  modestes  ouvriers,  éclairée 
y>  par  un  rayon  de  la  science,  a  créé,  sur  quelques  kilomètres 
»  d'une  plage  improductive,  une  plus  abondante  moisson  que 
»  n'en  fournit  annuellement  tout  le  littoral  de  la  France. 

))  En  certaines  localités,  les  ricbesses  déjà  acquises  ont 
»  cliangé  la  condition  sociale  des  populations  maritimes.  » 

En  effet,  le  Moniteur  annonçait  tout  récemment  la  nécessité 
de  réglementer  les  nouvelles  conquêtes  de  M.  Coste,  tant  les 
demandes  de  concessions  se  multiplient.  Est- il  un  armateur 
ou  un  industriel  dont  les  navires  et  les  mamitactures  rappor- 
tent davantage?  Pour  trouver  une  comparaison  digne  de  ce 
savant  bienfaiteur  de  l'bumanité,  il  faut  remonter  aux  pt.'r- 
sonnages  mytbologiques,  à  Gérés  ou  à  Triptolcme,  (jui  ensei- 
gnèrent aux  bommes  les  inventions  utiles.  C'est  par  des 
études  préalables  d'embryogénie  comparée,  faites  devant  son 
aquai'ium,  que  M.  Coste  a  préparé  ses  belles  découvertes, 
L'aiiuarium  est  l'Egérie  de  la  pisciculture.  Est-il  possible  de 
calculer  ce  que  peut  rapi)ortcr  l'observation  exacte  d'un  fait 
insignifiant  en  apparence?  On  lit  partout  que  ce  sont  quelques 
particularités  bien  observées  des  mœurs  du  Hareng  qui  ont 

(1)  Il  laul  aussi  mellre  de  co  iioiul)rc  l'établisscmciU  (riluiiingiic,  dirigé 
par  M.  Collines,  ingénieur  l'ii  cluf  des  Iravaiix  du  iUiiii,  ('•taijlisscmc'nl  tuii- 
quc  dans  li's  annales  di's  nations.  Créé  par  le  gouvernement  pour  distri- 
buer, indi>tinclenienl  et  gratuitement  au\  étrangers  comme  aux  Franniis, 
les  œufs  fécondés  des  espèces  de  poissons  les  plus  utiles.  Magnifique  lémoi- 
guage  de  la  libéralité  de  la  France  ! 


SUR   l'aquarium    du   jardin    d'acclimatation.  LXIII 

assuré  à  la  Hollande  les  grands  bénéfices  de  la  })èclie  de  ce  pois- 
son, et  lait  pendant  quelque  temps  de  ce  pays  l'une  des  princi- 
pales puissances  maritimes  du  monde.  De  quelles  grandes  ex- 
ploitations industrielles,  de  quels  vastes  commerces,  de  ([uelles 
richesses  l'aquarium  ne  peut-il  pas  être  la  source?  Oui,  j'en 
jure  par  les  eaux  de  l'aquarium,  ses  révélations  peuvent  être 
plus  fructueuses  que  les  mines  delà  Californie,  et  que  les  opé- 
rations les  plus  certaines  de  la  Bourse. 

Un  dernier  point  sur  lequel  je  veux  tinir.  L'a{jaarium  porfc 
à  la  rêverie,  aux  méditations  religieuses  et  poétiques.  Une  pro- 
menade à  l'aquarium  est  uncleçon  de  la  plus  haute  philosophie. 

Par  un  de  ces  jours  pluvieux,  comme  il  y  en  a  eu  trop  dans 
cette  saison,  mais  qui  sont  les  seuls  où  l'aquarium  soit  vide, 
vous  est-il  arrivé  d'y  entrer,  .et  là,  solitaire  et  libre,  de  vous 
[)orter  devant  chaque  bac,  et  de  vous  laisser  aller  à  la  con- 
templation de  ce  spectacle?  Par  un  effet  d'optique  très  rcmar- 
(|uable,  les  objets  grossissant  sous  le  regard  jusqu'à  jirendrc 
leur  dimension  naturelle  (l),  n'avez-vous  pas  senti  ce  que  l'on 
éprouve  sur  les  bords  de  la  mer,  sous  l'ogive  des  vieilles  cathé- 
drales, en  face  de  toute  grande  manifestation  de  la  puissance 
divine?  Votre  dernière,  comme  votre  première  impression, 
n'a-t-elle  pas  été  un  sentiment  d'admiration?  N'avez-vous  pas 
senti  s'échapper  de  vos  poitrines  le  cri  d'un  grand  naturaliste, 
ce  cri  d'Etienne  Geoffroy  Saint-Hilaire  :    Gloire  à  Dieu! 

Tels  sont  les  avantages  de  l'aquarium.  Mais  comme  toutes 
les  belles  et  bonnes  compagnies,  ])Our  en  proliter,  il  veut  être 
fréquenté,  non  pas  comme  une  curiosité  agréable,  mais  comme 
un  cal)inet  d'étude  ;  il  faut  le  voir  et  le  revoir  souvent.  C'est  la 
condition,  vous  le  savez,  de  toute  bonne  observation. 

(1)  Cet  effet  (ropliqiio  a  été  décrit  par  M.  Théophile  Gantier  dans  le  cha- 
înant article  qiril  a  publié  sur  l'aquariu)!)  (Moniteur  du  ',)  lévrier  186 1). 
Tout  récemment  encore  Al.  r.iiffier,  Tun  des  administrateurs  du  Jardin,  me 
le  signalait  comme  lui  ayant  élé  indiqué  par  notre  grand  peintre  de  ma- 
rine, M.  Gudin,  que  Ton  voit  so.ivent  à  l'aquarium,  ainsi  que  M.  Troyon  et 
beaucoup  d'autres  peintres  cc'lèbres.  Cet  ellet  est  comparable  à  celui  du 
stéréoscope,  où  les  reliefs  des  objets  ne  se  dégagent  qu'après  un  moment  de 
contemolation. 


iiAi'Poirr  ... 

AU  NOM  DE  LA  COMMISSION  DFS  RÉCOMPENSES  O, 

Pat-   M.    le  comte    «ï'KPKÊ.^BFSrïIL,  J 

Sccrclnire  "ciil'ImI  tic  la  SooIl'Ic. 


Mesdames,   Messieurs,  •      ■ 

Ainsi  ([uc  vous  avez  pu  en  jngrr  par  le  compte  rendu  des 
travaux  de  la  Société,  pendant  le  cours  de  l'année  1862,  les 
progrès  de  notre  œuvre  ne  se  sont  pas  ralentis.  Nous  avons 
eu  partout  des  résultats  avantageux  à  constater,  et  la  Société 
est  heureuse  de  pouvoir  en  récompenser  quelques-uns  aujour- 
d'hui. Elle  a  cependant  à  regretter,  cette  l'ois  encore  ,  l'ah- 
sence  de  renseignements  suffisants  sur  un  certain  nomhre  de 
laits  très  intéressants. 

Deux  nouveaux  prix  spéciaux  sont  venus  s'ajouter  à  la  liste 
déjà  nombreuse  de  ceux  qui  avaient  été  institués  successive- 
ment. L'un  d'eux  a  été  fondé  par  l'un  de  nos  collègues  les 
plus  zélés  de  l'étranger,  M.  Louis  Althammer,  d'Arco  (Tyrol); 
l'autre  est  proposé  par  la  Société  elle-même. 

Vous  n'avez  pas  oublié  qu'une  médaille  de  1000  Francs 
l'ut  décernée,  dans  notre  précédente  séance  solennelle,  à 
M.  Louis  Althammer  ,  pour  la  domestication  de  la  grande 
Outarde.  Notre  dévoué  collègue,  dont  vous  avez  déjà  pu  appré- 
cier le  zèle  ardent  pour  racclimatalion,  a  eu  la  généreuse 
pensée  de  provoquer  directement  les  succès  dont  il  avait 
donné  l'exemple.  Il  a  voulu  (jue  la  valeur  du  prix  (ju'il  avait 
si  I)ien  mérité  fût  réservée  pour  la  fondation  d'une  médaille 
destinée  à  récompenser  la  domestication  d'une  nouvelle  espèce 

(I)  La  Commission  des  r(5compciiscs  t'iait  ainsi  composée  : 

Membres  de  droit  :  le  vice-présidenl  délégué,  .'\1.  Moqiiiu-Tandon,  et  le 
Secrétaire  général,  M.  le  comte  d'Éprémesnil. 

Membres  élus  par  le  Conseil  :  IMM.  Dcbaifïs,  Jacquemart,  le  i)aron  Sé- 
gviier  et  L.  Soubeiran. 

Meml)ies  élus  par  les  ciiu|  Sections  :  .MM.  Bigot,  Davin,  E.  Gillet  de 
Grandmont,  V.  ^îoreau  et  Walltit. 


RAPrORT   DE   LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  L\V 

dans  lu  classe  des  Oiseaux.  La  Société,  sur  la  proposition  de  sa 
Coounission  spéciale,  a  donc  arrêté  le  programme  de  ce  prix 
dans  les  termes  suivants  : 

Piix  fonde  par  M.  L  .%I.TII.«:?I.^BER.  ilMrvo  (Tyrol),  iiicnihrc  «le 
^^--  la  Soricté. 

Domestication  d'un  nouveau  Palmipède  utile. 

On  devra  présenter  au  moins  dix  sujets  vivants  de  seconde  génération  produite 
en  cajitivité. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1''''  décembre  186G. 

Prix  :  une  médaille  de  1000  francs.  . 

Un  autre  prix  spécial  avait  également  été  décerné  l'année 
dernière  pour  l'acclimatation  du  Ver  à  soie  de  l'Ailantc. 
Cette  espèce  nous  était,  en  effet,  définilivcment  acquise;  mais 
après  avoir  encouragé  le  zèle  des  éleveurs,  la  Société,  voulant 
liàter  l'application  pratique  de  cette  précieuse  introduction, 
a  cru  devoir  proposer  un  prix  pour  l'emploi  industriel  de  la 
soie  du  Bomhijx  Cynthia ,  et  elle  en  a  rédigé  ainsi  le  pro- 
gramme : 

Application  industrielle  de  la  soie  du  Bombyx  Cynthia,  Ver  à  soie  de  l'Ailaiile, 
et  de  ses  métis  ou  congénères. 

On  devra  présenter  plusieurs  coupes  d'étoH'es  formant  eusendile  au  moins 
100  mètres,  et  fabriquées  avec  la  soie  dévidée  en  fils  continus  du  Bombyx 
Cynthia  ou  de  métis  du  Cynthia  et  de  VArrindia,  et  sans  aucun  mélange  de 
matières  étrangères.  Les  tissus  en  bourre  de  soie  sont  liors  de  concours. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'"'  décembre  l.HCô. 

Piix  :  une  médaille  de  1000  francs. 

Les  mérites  des  lauréats  dont  nous  allons  proclamer  les 
noms  vous  ont  été  exposés  par  notre  honorable  collègue 
M.  le  secrétaire  des  séances,  nous  nous  contenterons  donc  de 
les  signaler  à  vos  applaudissements. 


GONCOUHS  ANNLELS.       '  ,    ■  ' 

RÉCOMPENSES     HORS     CLASSE. 
-^  Membres  lioiioraircs. 

M.  Michel  Issakoff.  Délégué  de  la  Société  d'acclimatation 
de  Moscou,  à  Saint-Pétersbourg,  xM.  Issakofl  s'est  montré  l'un 
des  plus  zélés  propagateurs  de  noire  œuvre  en  Russie .  Après 

T.  X.  —  Janvier  et  Février  18G3.  e 


LXVI        SOCIÉTÉ   IMPÉIUALE   ZOOLOGIQUE    D  ACCLIMATATION. 

avoir  été  l'un  des  principaux  fondateurs  de  la  Société  de 
Moscou,  il  a  pris ,  tout  récemment  encore  ,  une  très  grande 
part  à  l'organisation  de  son  jardin  zoologiquc,  dont  il  a  enri- 
chi les  collections  d'un  nombre  considérable  d'animaux.  La 
Russie  doit  en  outre  à  M,  Issakoff  l'acclimatation  de  diverses 
espèces  de  végétaux  utiles. 

M.  Eugène  Simon.  Chargé  par  l'Empereur  d'une  mission 
agricole  en  Chine  et  au  Japon,  notre  dévoué  collègue  n'a  eu 
qu'une  pensée,  celle  de  doter  son  pays  de  toutes  les  richesses 
naturelles  qu'il  pourrait  recueillir  ;  et  pour  atteindre  ce  noble 
but,  il  n'a  reculé  devant  aucune  des  difficultés  qu'il  rencon- 
trait à  chaque  pas.  La  Société  lui  devait  ce  témoignage  de  sa 
reconnaissance. 

Grandes  Médailles  d'or. 

A  M.  Victor  Bataille  ,  à  Cayenne ,  pour  ses  nombreux  en- 
vois d'animaux  de  la  Guyane  et  du  Brésil. 

.4  M.  René  Caillaud,  à  Paris,  pour  ses  travaux  de  piscicul- 
ture fluviatile  et  d'ostréiculture. 

A  M.  Brierre,  de  Saint-IIilaire  de  Riez  (Vendée),  pour  ses 
succès  remarquables  dans  la  culture  de  nouvelles  espèces  de 
végétaux  exotiques  et  leur  propagation  dans  les  départements 
de  l'Ouest. 

Médailles  de  {ireiiiièrc  et  de   seconde  classe.    .Mentions  liono- 
rahles,    et    Récompenses    pécuniaires. 

Première    Section.  -—   Mammifères. 


Mcidailles  do  1'"  classe.  Médaille  de  2'  classe 

(1"  rappel  de  mrdaille.) 
M.  P.  Uamel. 

(Soitvellef:  médailles.) 
M"""  la  princesse  Kotschoubey  (Russie). 
MM.  John  Bush  (Anç;leteiTe). 
Gawrii.off  (Russie). 


M.    le   vicomte  Powerscourt 
(Angleterre). 


Premier  faitpel  de  médaille  de  1"  classe  :  M.  P.  Ramel,  à 
Paris,  pour  le  concours  tout  dévoué  qu'il  n'a  cessé  d'apporter 
aux  travaux  de  la  Société. 


MM.  Boppe-Hkrmite. 

T.  ToALDi  (Vénétie). 


MM.  P.  Aquarone. 

C.IHARD-DeSI'RAIRIES. 

GlUT. 


RAPPORT   DE   LA    COMMISSIflN    DES   RÉCOMPENSES.        LXVIP 

Médailles  de  V  classe:  Madame  la  princesse  Kotsciiou- 
UEY,  à  Moscou,  pour  rinlroduclion  en  Russie  des  meilleures 
races  bovines  d'Europe.  ■         : 

M.  John  Bush,  trésorier  de  la  Société  d'acclimatation  de 
Londres,  pour  l'inlroduclion  en  Angleterre  d'espèces  nou- 
velles de  Mammifères  et  d'Oiseaux. 

M.  Gawriloff  ,  à  Moscou  ,  pour  l'élevage  et  la  propagation 
de  la  race  ovine  Romanowsky,  en  Russie. 

Médaille  de  2'  classe  :  M.  le  vicomte  Powerscourt,  en 
Irlande,  pour  l'introduction  de  races  exotiques  de  Mammi- 
fères. 

Deuxième    Section.    —   Oiseaux. 

MdlniUc?  lie  \"  classe.  lléiUiilIcs  ilc  2^  classe.  Mentions  honorables. 

S.  A.  F.  M""'  la   prinrcsse 
d'Oi.DEMioURG  (Piussie;. 
MM.  SiMdX. 

Depl ANCHE  (Nouvelle- 
Calédonie). 
Chaoot  aîné. 

Médailles  de  V  classe:  S.  A.  1.  madame  la  princesse 
(I'Oldenbourg,  pour  l'introduction  en  Russie  des  meilleures 
espèces  de  Gallinacés. 

M.  Simon  ,  à  Paris ,  pour  la  reproduction  en  captivité  du 
Colin  d'Adanson. 

M.  Deplanciie,  chirurgien  auxiliaire  de  la  marine,  pour 
■  1  introduction  de  i»lusieurs  espèces  d'Oiseau.K  à  la  Nouvelle- 
Calédonie. 

M.  Ciiagot  aîné,  à  Paris,  pour  des  éducations  d'Autruches 
cl  la  culture  du  Coton  au  Sénégal,  et  l'introduction  dans  cette 
colonie  des  meilleures  espèces  de  végétaux  alimentaires 
d'Euro})C. 

Médailles  de  '2'  classe  :  M.  Roppe-IIermite,  pour  ses  édu- 
cations variées  d'Oiseaux  de  vohère  et  de  Gallinacés  de  choix, 
et  pour  ses  cultures  de  végétaux  exotiques. 

M.  TranquilloToALDi,  à  Dolo  (Vénélie),  pour  ses  heureuses 
tentatives  d'accli matai iuii  d'espèces  nouvelles  d'Oiseaux  en 
Italie. 


LWIII      snClÉTl':    IMI'ÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

Mejitmns  lioiionibles  :  M.  Paul  Aquaro.ne,  de  Toulon,  pour 
ses  édacations  d'Oiseaux  de  basse-cour  el  de  volière. 

M.  Girauu-Desprairies,  à  la  Coquerie  de  Longueville,  près 
de  Granville  (Manche),  pour  l'inlroduclion  de  l'Oie  à  tète  noire 
et  à  collier  de  Terre-Neuve.  .  ^irtf? 

M.  GiOT,  agriculteur,  à  Clievry  (Seine-et-Marne),  pour  les 
services  rendus  à  l'élevage  des  Gallinacés  et  à  l'agriculture 
par  son  poulailler  roulant. 

Troisième  Section.  —  Poissons,  Crustacés,  Annélides. 

Méilaillcs  ilc  2»  classe.  Ucconipcnscs  pocu.iiaircs. 

1'  Piscicnlliire  fluvialile. 


MM.  Chkvallereau. 

Rocer-Dksgenettes. 


M.  Wançon. 

liécompcnso  ilc    100    francs. 


2°  Pisciculture  marine  cl  ostrOic(l!tur^. 


M.  Renoue. 

Avec  une  récompense  de  50  francs,  oflcrlc 
par  le  Jardin  J'acclimalalicn. 


M.    LeI'REM.E. 

liccompensc  do  100  francs. 


3'  liiriulliiiciiliiirr. 

M.  Cil.  Kruchieu. 

Médailles  de  2''  classe  :  M.  G.  Cfievallereau,  membre  du 
Gonseil  général  de  la  Vendée,  à  Sainle-IIerminc  (Vendée), 
pour  ses  remarquables  travaux  de  pisciculture. 

M.  Uoger-Desgenettes,  à  Saint- Maur,  prés  de  Paris,  pour 
ses  heureuses  expériences  de  pisciculture. 

Prime  de  iOO  fra?ics  :  M.  Wançon,  pêcheur  à  la  Presse 
(Vosges),  pour  ses  procédés  avantageux  de  transport  du  pois- 
son vivant. 

Médaille  de  2''  classe  :  M.  Renoue,  pêcheur  à  Cherbourg, 
pour  ses  nombreux  envois  d'animaux  marins  destinés  à  l'aqua- 
rium du  Jardin  d'acclimatation.  L'administration  du  Jardin 
a  en  outre  accordé  à  M.  UenouC  une  réconq^ense  pécuniaii'e 
de  50  francs. 

Prime  de  JOO  francs  :  M.  Leprelle,  garde  particulier  des 
parcs  à  Huîtres  de  la  Tranche  (Charenle-Inrérieure),  pour  le 


RAPPORT   DE   LA    COMMISSION    DES   RÉCOMPENSES.  LXIX 

zèle  qu'il  apporte  dans  la  surveillance  et  la  conservation  de 
ces  parcs. 

Médaille  de  2"  classe  :  M,  Cli.  Fruchier  ,  à  Mezel  (Basses- 
Alpes),  pour  ses  travaux  de  pisciculture,  et,  en  particulier, 
d'élevage  des  Sangsues. 

Quatrième    Section.  —   Insectes. 

Médailles  de  1'°  clasfo.  Médailles  de  2*  classe.  Mentions  honorables. 

MM.  Jacquier. 

Gross  (Suisse). 
Pravert  (Véiiélie). 
Gai  BuRNOD  (Russie). 


{!"  rappel  de  jni'daille.) 
M'""  veuve  Boucarit. 
(Nouvelle  médaille .) 
M"^  la  comtesse  de  L.\r,É- 

DOYÈRE, 


MM.  de  MiLi.Y. 

Mever  (Uruguay). 
.1.  Pinçon. 


Premier  rappel  de  médaille  de  1"  classe  :  Madame  veuve 
BoucARUT,  à  Uzès  (Gard),  pour  ses  belles  éducations  de  Vers 
à  soie  du  Mûrier. 

Nouvelle  médaille  de  V"  classe  :  Madame  la  comtesse  de 
Labédoyère  ,  pour  ses  succès  constants  dans  l'éducation  des 
Vers  à  soie  du  Mûrier. 

Médailles  de  2"  classe  :  M.  de  Milly,  au  château  de  Canenx 
(Landes),  pour  ses  succès  dans  la  culture  de  l'Allante  et 
l'éducation  du  Bombyx  Cijnthia. 

M.  Meyer  ,  à  Montevideo  ,  pour  l'introduction  du  Bombyx 
Cynthia  dans  l'Uruguay. 

M.  .1.  Pinçon,  agent  comptable  de  la  Compagnie  du  Jardin 
d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne  ,  pour  ses  procédés 
d'éducation  des  Vers  à  soie  du  Mûrier. 

Mentions  lionorables  :  M.  le  capitaine  Jacquier  ,  à  Troyes, 
pour  ses  intéressantes  expériences  sur  les  Vers  à  soie  du 
Mûrier. 

M.  Gross  ,  à  Grunningen  (Suisse) ,  pour  ses  éducations  de 
Vers  à  soie  du  Mûrier  et  de  l'Ailante. 

M.  Pn.WERT,  à  Padoue,  pour  la  propagation  des  Vers  à  soie 
de  l'Allante. 

M.  le  général  Burnod,  à  Odessa,  pour  l'inlroduclion  du 
Bombyx  Cynthia  en  Russie. 


LXX        SOCIETE  IMPEUIALE  ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 


Cinquième    Section.    —    Végétaux. 


MéduiUos  du  2''  classe. 

MM.  ilAYES  (Hindoust:ni\ 
lie  Lacehda  (liiésil), 
LoAUEU  (Indes). 


Montions  lionoi'aUles. 

MM.   RosMi:S. 
David. 


Môdailles  de  1 '*  classe. 
[Rappel  de  médaille  de  vermeil.] 
M.  Philippe. 

(1"  rappel  de  mcdaille.) 
M.  Denis. 

{.\ouveUes  médailles.) 
MM.  Daiîry  (Cliiiie). 

GAULDRÉE  -  lîOILLEAU 

(Canada). 
Marquis  de  FouRNÉs. 
Arnaud. 
A.  Sicard.  ; 


'  Bappcl  de  médaille  de  vermeil  :  M.  Philippe,  jardinier  en 
chef  du  jardin  botanique  de  la  marine  à  Sainl-Mandrier,  près 
de  Toulon,  pour  ses  succès  très  remarquables  dans  la  culture 
des  végétaux  exotiques.  ■ 

Premier  rappel  de  médaille  de  1'  classe  :  M.  Denis  ,  à 
Hyères  (Yar),  pour  ses  beaux  résultats  dans  les  mômes  cul- 
tures. 

Médailles  de  i"  classe  :  M.  Dabry  ,  consul  de  France  en 
Chine,  pour  l'introduction  d'un  grand  nombre  de  végétaux 
chinois. 

M.  Gauldrée-Boille.ui,  consul  général  de  France  à  Ouébcc, 
pour  l'envoi  des  meilleures  essences  forestières  et  fruitières 
du  Canada. 

M.  le  marquis  de  Fournès  et  M.  Arnâid  ,  à  Remoulins 
(Gard),  pour  leurs  heureux  essais  de  culture  du  Coton  en 
France. 

M.  le  docteur  Adrien  Sicard  ,  de  Marseille ,  pour  ses  inté- 
ressantes cultures  de  végétaux  exotiques,  pour  les  applica- 
tions industrielles  qu'il  a  su  en  fiiire.  et  pour  ses  expériences 
d'éducations  de  Vers  à  soie  et  de  pisciculture. 

Médailles  de  'l'  classe  :  M.  de  Lacerda,  à  Daliia  (Brésil), 
pour  ses  importants  envois  de  végétaux  brésiliens. 

M.  LoAiiER,  à  AUahaltad  (Indes),  pour  l'introduction  en 
France  et  en  Algérie  de  plusieurs  espèces  de  végétaux  des 
Indes. 


RAPPORT    nE    LA    COMMISSIOiN    DES    RÉCOMPENSES.         LXXI 

Mentions;  honornbles  :  M.  Uosalès,  ancien  chargé  d'affaires 
du  Chili,  pour  ses  envois  de  végétaux  de  l'Amérique  du  Sud. 

M.  David,  ancien  rninislrc  plénipolenliaire,  pour  la  propa- 
gation de  la  Pomme  de  terre  dite  d'Australie. 

Prinïcs  aniiucllcs  fondées  par  un  mcniliro  nnon;^nic 

de  la  Société. 

Ces  deux  primes  ont  été  décernées,  la  première,  de  200  fr., 
à  M.  Plet  ;  la  seconde,  de  100  francs,  à  M.  Rouard;  tous 
deux  faisandiers  au  Jardin  d'acclimatation  du  l)ois  de  Bou- 
logne, pour  le  zèle  qu'ils  ont  montré  dans  leurs  fonctions. 

Une  prime  de  100  francs  a  été  également  accordée,  par 
l'administration  du  Jardin  d'acclimatation,  à  M.  Wilson, 
gardien  de  l'aquarium  ,  pour  les  soins  exceptionnels  qu'il 
apporte  dans  son  service, 


RAPPORT 


DK    LA 

h': 


COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 

DE  LA  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  D'ACCLIMATATION 
Composée  de  MM.  Passy,  Dupin,  ' 

et  n.  Frédéric  JACQUEMART,  rapporteur. 


(Séance  du  G  mars  1863.) 


Messieurs, 

Votre  commission  des  finances  vient  vous  soumettre  le  tableau  des  recettes  et 
des  dépenses  de  la  Société  pendant  l'année  1802,  et  vous  présenter  la  situation 
financière  au  31  décembre  dernier. 

De  l'examen  de  toutes  les  pièces  est  ressortie  la  parfaite  régularité  des  écri- 
tures. Nous  venons,  en  conséquence,  messieurs,  vous  proposer  de  voler  des  re- 
mercîmenls  à  M.  le  trésorier,  dont  le  zèle  désintéressé  est  toujours  le  même. 

Recettes  en  1862. 

Au  31  décembre  1801,  il  y  avait  en  caisse 2.5,687  fr.  64 

Pendant  l'année  1862,  les  recettes  se  sont  élevées,  confor- 
mément au  tableau  n"  1  ci-annexé,  à 93,950        7.") 

D'oîi  le  total  des  sommes  qui  sont  entrées  dans  la  caisse  de 
la  Société  pendant  l'année  1862  s'est  élevé  à 1 19,638  fr.  39 

Nous  ne  disons  pas  que  ces  sommes  ont  été  à  la  disposition 
de  la  Société,  parce  qu'une  fraction,  qu'on  ne  saurait  négliger, 
et  dont  nous  verrons  le  détail  plus  loin,  n'est  entrée  dans  la 
caisse  qu'à  titre  de  dépôt. 

Dépenses  en  1862. 

Les  dépenses  se  sont  élevées  à 11 1,783  fr.  ii 

y  compris  l'acliat,  moyennant  39,974  fr.  20  c. 
de  132  obligations  de  cliemins  de  fer  garanties 
par  l'État,  savoir  : 

52  obligations  du  Midi...  .      15,962  fr.  80 

80  obligations  du  Dauphiné.     24,011       40 

39,974  fr.  20      39,974        20 

Ces  valeurs,  qui  figureront  plus  loin  dans  le 
disponible  au  31  décembre  1862,  ne  sauraient 
être  comprises  parmi  les  dépenses  proprement 

dites  de  la  Société.  Les  dépenses  en    1802  se   

trouvent  donc  réduites  à 71,809  fr.  24 

Mais  à  ce  cliiffre  il  convient  d'ajouter  ce  qui 
reste  dû  : 

1"  A  l'éditeur  : 

Pour  l'achat  de  Bulletins  antérieurs 156  » 


A  reporter 71 ,905  fr.  24      1 1 9,638  fr.  39 


,790 

96 

,517 

52 

612 

/iô 

537 

» 

506 

55 

620 

» 

RAPPORT   DE   LA   COMMISSION   DE   COMPTADILITÉ.      LXXIII 

lieporl 71,905  fr.  24      119,638  fr.  39 

Pour  divers 192        45 

Pour  solde  des  frais  relatifs  au  Bulletin  de 
1862 

2°  A  Souliard,  pour  solde  des  frais  de  nour- 
riture et  du  transport  du  troupeau 2,517 

3"  Le  solde  de  la  nourriture  des  Lamas  et 
Alpacas  mis  en  dépôt 

4°  A  la  Société  des  Alpes,  pour  nourriture 
de  3  yaks  au  4  février  courant 

5"  A  la  Société  du  Jardin  d'acclimatation, 
son  compte  courant 

6°  A  M,  Althammer,  du  Tyrol,  le  solde  du 
prix  que  vous  lui  avez  décerné 

Ce  qui  élève  la  dépense  totale  pour  1862  à     82,747        17       82,747        17 

L'excédant  des  recettes  sur  les  dépenses  est  donc  de 36,891  fr.  22 

En  outre,  il  est  dû  à  la  Société  sur  les  cotisations  arriérées, 
savoir  : 

Pour  1856  à  1859 825 

—  1860 1,379 

—  1861 2,187 

—  1862 6,111 

10,502  fr.' 
Nous  ne  pensons  pas  qu'il  soit  prudent  d'évaluer  à  plus  de.  ,         5,200  fr.     a 
la  somme  qu'on  peut  espérer  recouvrer  sur  cet  arriéré. 

Ce  qui  porterait  le  disponible  à ^2  091  fr    '>'> 

Mais  la  Société  doit  ce  qu'elle  a  reçu  en  dépôt  pour  : 

La  famille  Hemy 385  f,.,  95 

La  statue  de  Daubenton 6,737  15 

Le  prix  Althammer 1,000  » 

Le  prix  Thellier-Desjardins .ôOO  « 

Le  prix  Dutrône /iOO  » 

La  médaille  Guérineau 350  » 

La  seconde  médaille  Guérineau 450  » 

Le  don  A.  G 324  40 

Une  médaille  d'or 260  » 

Le  prix  Sacc 100  » 

Le  prix  Chagot,  solde 20  » 

Dû  à  divers 130  „ 


Total  dû  à  divers 10,656  fr.  80  10,656  fr.  80 

Ce  total,  déduit  du  précédent,  donne  une  différence  de 31,434  fr.  42 

représentant  la  somme  à  la  disposition  de  la  Société  au  1""  jan- 
vier 1863,  toutes  ses  dépenses  étant  payées. 

Au  1*^' janvier  1862,  le  disponible  s'élevait  à 30  C82        09 

Votre  réserve  pendant  l'année  écoulée  ne  s'est  donc  au"-       — -^ . 

mentée  que  de 752  f^    33 

C'est-à-dire,  messieurs,  que  vous  n'avez  fait  aucune  économie.  Ce  n'est  pas  un 
reproche  que  nous  vous  adressons,  car  nous  devons  savoir  dépenser  notre  argent 
chaque  fois  qu'une  occasion  favorable  se  présente  pour  faire  une  chose  utile; 
mais  c'est  un  avertissement  que  nous  vous  donnons  pour  que  vous  régliez  votre 
zèle  sur  vos  ressources. 


LXXIV      SOCIETE  IMPERIALE  ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

L'accroissement  de  la  réserve  avait  clé  : 

En  J857,  de 11,073  fr.    » 

1858,  de 12,323        04 

1859,  de 15,01/i         70 

18G0,de —  9,1GG        01 

18G1,  de 11,1G3        Zi5 

En  résumé,  la  Société  possède  aujourd'luii,  non  compris  les  animaux  : 
Valeurs  disponibles 3i,/i34  fr.  42 

à  prendre  sur  132  obligations  de  chemins  de  fer  garanties  par 

l'État,  et  d'une  valeur  de  39,974  fr.  20. 

100  actions  du  Jardin  d'acclimatation 25,000  » 

20  obligations  des  Ardennes  (fondation  de  M.  A.  G.)  dont  le 

produit  doit  être  distribué  en  récompenses  annuelles 6,134  > 

Total G2,5G8  fr.  42 

On  continue,  en  verlu  des  pouvoirs  que  vous  avez  donnés,  de  rayer  des 
listes  les  personnes  qui,  en  retard  de  deux  années  de  leur  cotisation,  ne  font  au- 
cune réponse  à  un  avis  préalable. 

Le  nombre  des  radiations,  qui  avait  été  de  195  en  18G1 ,  a  été  de  298  en  1862. 

Il  ne  figure  pins  sur  les  listes  que  177  membres  douteux  ou  en  retard. 

Cette  vérification  des  listes  vous  explique  comment,  malgré  de  nombreuses 
admissions  annuelles  (288  en  18G2),  le  nombre  des  membres  croît  lentement 
depuis  plusieurs  années. 

Au  1'"' janvier  18G3,  après  ces  radiations,  la  Société  comptait  2505  membres, 
dont  :    43  mendires  honoraires, 
18  sociétés  affiliées, 
150  souscripteurs  défmilifs, 
2295  membres  payants,  dont  49  sociétés  agrégées  et  177  membres  douteux. 

Plus  de  la  moitié  de  ces  retardataires  sont  des  étrangers.  C'est  pourquoi  votre 
Conseil  prie  de  nouveau,  dans  l'intérêt  du  service,  MM.  les  membres  de  la  So- 
ciété qui  lui  présenleioiit  des  candidats  étrangers,  de  les  inviter  à  se  libérer  par 
une  cotisation  définitive,  toutes  les  fois  que  cette  proposition  pourra  sans  incon- 
vénient être  faite  aux  candidats. 

Le  nombre  des  souscriptions  définitives  s'est  augmenté  de  31  dans  l'année 
18()2.  Il  était  de  150  an  31  décembre  dernier.  Nous  vous  proposons  d'élever  de 
1G,000  à  20.000  IV.  la  réserve,  dont  les  intérêts  doivent  couvrir  largement  les 
dépenses  annuelles  occasionnées  par  les  souscripteurs  définitifs  et  telles  que  l'envoi 
des  P)idletins  et  une  partie  des  frais  géiu;ranx. 

G7  obligations  du  Dauphiné,  à  prendre  sur  les  80  que  nous  possédons,  consti- 
tueraient cette  réserve. 

Ikcelles  de  1862. 

Vousavezvu,messieurs,que  lesrecettespourl862s'élevaientà     93,950  fr.  75 
Elles  se  composent  de  : 

3,075  fr.     »     Dons  faits  à  la  Société  : 

Par  M.   Dén.idoir 75  » 

Par  le  ministère  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce, allocations  pour  1860-1861.  ...  3,000  » 
292          »      Intérêts  de  la  fondation  A.  G. 
60,713          »      Cotisations  perçues,  dont  : 

9,161  fr.  cotisations  arriérées. 
48,757         cotisations  1862. 
2.795        cotisations  1863. 

60,713  fr. 


64,080  fr.    »     A  reporter. 


RAPPORT  DE  LA.   COMMISSION   DE   COMPTABILITÉ.         LXXV 

Ci5,080  fr.    »  licport. 

8,030  »  :51  colisation?  définitives.                                                   • 

359  »  Vente  des  Bulletins  des  années  précédentes. 

170  »  Vente  de  médailles  do  la  Société. 

30  »  Vente  de  trois  g-ravures  des  Yaks. 

3G  »  Vente  d'une  collection  photographique  du  Jardin. 

11  75  Vente  de  vieux  papiers. 

1,000  »  Vente  d'un  Lama  à  la  Société  zoologique  des  Alpes. 

7,500  «      Versementdel'Empereurpoursoldedes  Alpac3setLamas(1860). 

700  »      Loyer  de  la  Société  protectrice  pour  1802. 

379        GO     Intérêts  des  fonds  placés.  •   :         • 

l,y"')  »      Allocation  pour  l'introduction  des  Éponges,  savoir  : 

Par  le  ministre  de  l'agriculture 070  fr.     » 

Par  le  gouverneur  général  de  l'Algérie 1  000  » 

'1,850  »      Fondations  de  prix,  savoir: 

l'ar  M.  Dutrùne  pour  la  propagation  de  la  race 

Sarlabot  (Bœufs  sans  cornes) /lOO  » 

Piix  Delalande,  par  madame  Ouérineau      ...  /jâo  » 

Pur  M.  Altliammer,  pour  l'introduction  etl'ac- 

cliniatation  d'un  nouveau  palmipède 1,000  » 

7,754        AO     Fonds  déposés,  savoir  : 

Par  la  famille  Piemy 114        /lO 

Par  les  souscripteurs  de  la  statue  de  Daubenton       7,(540  » 
Le  total  des  souscriptions  pour  celte  statue  re- 
çues au  1"  janvier  s'élevait  à 10,840  » 

11  est  aujourd'hui  de 13,018  » 

Cette  somme  est  encore  insLilTisante  pour  rémunérer  convenable- 
ment   l'artiste  et  pour  couvrir  les  trais   du  piédestal  ;    une 
somme  totale  de  15,000  à  17,000  fr.  serait  nécessaire.  Nous 
•      ,        .     .  ''5'suiis  donc  appel  à  toutes  les  personnes  de  bonne  volonté  qui 

"'auraient  pas  encore  réalisé  leurs  intentions. 
,  .  Cependant  l'œuvre  s'avance  ;  l'artiste,  M.   Godin,  a   terminé  le 

modèle  en  terie  de  grandeur  définitive  et  l'a  soumis  à  l'exa- 
men de  votre  commission. 
1  hn  acceptant  la  slalue,  votre  Commission,  par  la  bouche  de  son 

président,  M.  le  comte  de  Nieuwerkerke,  a  donné  à  cette 
œuvre  des  élo-es  d'autant  plus  llatteurs  pour  l'auteur,  d'au- 
tant plus  satisfiiisants  pour  vous,  qu'ils  étaient  prononcés  par 
un  juge  dont  le  talent  est  plus  élevé,  le  goût  plus  pur. 
Aujourd'hui  les  praticiens  sont  à  l'œuvre,  et  dégrossissent  le 
marbre. 
80  »     De  divers. 

93,950  fr.  75      Chiffre  égal  à  celui  des  recettes  pour    1862   indiqué   plus  haut, 
et  de  beaucoup  supérieur    à   celui  des   années  précédentes. 
Cette   supériorité  est  en  très  grande  partie  accidentelle  et  due 
aux  causes  suivantes  : 
1"  L'allocalion  ministérielle  pour  1861  n'a  été  touchée  qu'en  1802, 

^O'I 1,500  fr. 

2"  Une  plus  grande  activité  dans   le   service  extérieur  a  produit 

des   rentrées  à  valoir    sur   l'arriéré  plus  considérables  de 5,657 

que  pour  les  autres  années.    On  ne  peut  plus  compter  sur   un  tel 
excédant. 

3"  La  régularisation  de  l'arriéré  a.  aussi  amené,  dans    le  produit 
des  souscriptions  définitives,  un  excédant  de .    4  ,GS5 

A  reporter 11,842  fr. 


3,635  fr 

» 

15,395 

90 

100 

» 

356 

» 

192 

fib 

1,/188 

90 

8,109 

92 

LXXYI      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

lieport Il,8/i2fr. 

li°  Cotisations  payées  à  l'avance  sur  1863 2,795 

5°  Prix  fondés  par  îles  tiers,  pour ]  ,850 

6"  Les  fonds  qui  nous  ont  été  déposés  momentanément 7,754 

7°  Enfin  nous  avons  touché  sur  un  compte  arriéré  un  solde  de .  .  7,500 

Ainsi  le    total  des  recettes  qu'on  peut  appeler  extraordinaires,    

pour  l'année  1862,  est  de 31,7/i  1  fr. 

Ces  observations  nous  ont  paru  nécessaires,  afin  que  vous  ne  considériez  pas 
comme  trop  faibles  les  chiffres  que  nous  vous  présenterons  plus  loin,  lorsque  nous 
établirons  l'aperru  des  recettes  pour  l'année  1863. 

...  Dépenses  de  1802. 

Passons  mamtenant  à  l'examen  des  divers  chapitres  des  dépenses,  dont  l'en- 
semble s'élève  à 82,747  fr.  17 

Savoir  : 

Solde  du  Bulletin  de  1861. 

Bulletin  de  1862,  servi  à  2546  exemplaires. 

Gratification  au  metteur  en  pages  du  Bulletin. 

Achat  à  M,  Masson  du  Bulletin  antérieur  pour  les  nouveaux 
membres. 

A  M.  Masson,  frais  divers. 

Solde  de  l'entretien  du  troupeau  de  Soiiliard  pour  1861 . 

Troupeau  de  Souliard,  frais  d'entretien  pour  le  troupeau  en  1862, 
et  transport  sur  des  points  divers  des  bêtes  qui  le  composaient. 

Vous  avez  pensé,  messieurs,  que  l'expérience  faite  à  Souliard 
était  suffisante,  et  qu'il  n'y  avait  plus  de  raison  pour  vous 
imposer  une  charge  annuelle  de  8,000  fr.  Vous  avez,  en 
conséquence,  décidé  que  les  animaux  seraient  placés  par 
groupes  chez  des  éleveurs  intelligents,  aux  conditions  du 
cheptel,  de  manière  à  intéresser  les  éleveurs  à  la  propagation 
même  de  nos  .■niimaux. 

Nous  avons  la  conviction  que,  guidés  par  les  conseils  que  M.  Ri- 
chard a  bien  voulu  leur  donner,  dans  une  note  que  le  Bulle- 
tin publie ,  les  chepteliers  réussiront.  Enfin,  pour  stimuler 
leur  zèle,  vous  avez  décidé  que  des  primes,  d'une  valeur  totale 
de  15,000  fr.,  seraient  accordées  :  1°  pour  la  propagation  des 
Yaks  et  des  métis  d'Yaks  et  de  Vaches  de  travail;  2"  pour 
leur  dressage  et  leur  emploi  comme  bêtes  de  travail  ;  3"  pour 
la  propagation  do  la  Clièvre  d'Angora  de  pur  sang;  4°  pour  le 
renouvellement  de  la  race  à  l'aide  de  métis. 
1  Vous  avez  ainsi  sept  cheptels  pour  les  Yaks  et  leurs  métis,  com- 
posés dans  leur  ensemble  de  7  mâles  de  pur  sang,  7  femelles, 
4  métis,  6  vaches  d'Aubrac  ;  et  5  cheptels  pour  les  Chèvres 
d'Angora  et  leurs  métis,  représentant  14  Boucs  et  25  Chèvres 
V   ■  lie  pur  sang,  et  52  Chèvres  mélisses. 

Nous  ne  voulons  pas  quitter  ce  sujet  sans  demander  à  l'assemblée 
de  vouloir  bien  voler  des  remercîments  à  M.  Richard  (du 
Cantal),  pour  le  concours  qu'il  a  bien  voulu  donner  aux  expé- 
riences de  la  Société  comme  directeur  du  troupeau  de  Souliard. 

942  »      Yaks  du  Tibet.  Payés  à  la  Société  des  Alpes  pour  frais  de  nour- 

riture des  Yaks,  du  10  décembre  1861  jusqu'au  4  févr.  1803. 

30,220  fr.  23    A  rqwrter. 


RAPPORT   DE    L.\   COMMISSION   DE   COMPTADILITE.      LXXVII 

30,220  fr.  23      Hrporl. 

La  Société  a  proposé  à  la  Société  des  Alpes  de  prendre  cesbôtcs 
à  cheptel  ;  cet  article  de  dépense  serait  ainsi  supprimé. 
C12        45     Lamas  et    Alpacas.   Solde  des  frais  de   nourriture  de  G  Lamas 
et  Alpacas  et  de  4  jeunes,  jusqu'au  '2^  juillet  18G2. 
L'anncedcrnière,  à  pareille  époque,  nous  vous  disions  que  les  4  La- 
mas femelles  de  ce  petit  troupeau  ne  tarderaient  pas  à  mettre  br.s. 
bu  0  mai  au  à  juillet  18G3,  elles  nous  ont  donné  chacune  1  jeune 
mâle.  Ces  animaux  robustes,  bien  conformés,  se  sont  élevés  et 
développés  de  la  manière   la   plus    heureuse.   Le  24  juillet, 
les  10  tètes  étaient  réintégrées  au  Jardin  d'acclimatation. 
2,383        55     Zébus,  nourriture  et  garde  de  14  Zébus  au  Jardin  de  Marseille. 
Ces  Zébus  ont  été  donnés  par  la  Société  au   roi  d'Italie,  à  la 
Société  de  Victoria,  en  Algérie,  à  la  Société  de  Grenoble  et 
au  Jardin  d'acclimatation. 
(jOO         88     Ports  d'animaux  venant  d'Australie  et  du  Japon. 
411        95     f'.hèvres  d'Angora,  transport  à  Bayons  et  à  Toul. 
176  «      Montage  d'animaux. 

82        45     Frais  de  voyage  pour  visiter  les  Moutons  de  M.   Lagabbe,  des 

Vosges. 
91  M      Vers  du  Ciiène  du  Japon,  frais  divers. 

125        75     Frais  de  transport,  de  distribution  et  d'achat  de  graines  diverses. 
506        55     Notre  compte  courant  avec  le  Jardin  d'acclimatation. 
5,563        75     Éponges.  Frais  de  toute  nature  pour  se  procurer  des  Éponges  vi- 
vantes sur  les  côtes  de  Syrie  et  les  transporter  sur  les  cotes  du 
midi  de  la  France.  Cette  tentative,  pour  laquelle  nous  avons 
reçu  1,970  fr.  d'allocation,  ne  coûte  réllenient  que  3,593  fr. 
75  cent,  à  la  caisse  de  la  Société.  Malgré  le  dévouement  de 
notre   confrère  M.  Lamiral,  auquel  nous  nous  plaisons  à  reii- 
die justice,  la  tentative  a  échoué.  Les  éléments  et  la  méchanceté 
des  hommes  ont  été  contre  nous.  Leur  action  destructive  a  été 
assez  rapide  pour  ne  pas  nous  permettre  de  savoir  si  quelques 
F[ionges  auraient  bien  vécu  dans  leurs  nouvelles  conditions. 
Ajoutons  que  cette  question  est  tout  à  fait  neuve,  que  bien  peu  de 
personnes  y  peuvent  porter  la  lumière,  et  que  M.  Lamiral,  aussi 
modeste  qu'il  est  dévoué,  avait,  avant  son  départ,  consulté  les 
savants  les  plus  compétents,  et  agi  d'après  leurs  indications. 
Cette  première  épreuve  ne  vous  a  pas  découragés,  puisque  vous 
avez  dernièrement  exprimé  le  désir  que  la  question  fût  remise 
à  l'étude,   et  que  M.   Lamiral  voulût  bien  accepter  une  nou- 
velle mission. 

4,929        50     Exposition  de  Londres,  savoir  : 

Prix  de  Finstallation 2,500  fr.     » 

Frais  pour  la  vitrine 292        50 

Montage  d'animaux  et  port 266        85 

Impression  d'une  notice 654        50 

Frais  de  voyage 1 ,216        15 

4,929  fr.  50 

Cette  exposition  nous  a  entraînés  dans  une  dépense  considéra- 
ble ;  elle  a  demandé  beaucoup  de  soins  à  M.  Davin,  qui  a  pré- 
sidé avec  tant  de  goût  à  l'organisation  de  nos  vitrines,  et  qui, 

f:our  les  mieux  orner,  s'est  dépouillé,  en  notre  faveur,  de  tous 

45,803  fr.  06      A  reporter. 


LXXVIII     SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

/15,803  fr.  OU      /îc;.o)7.  ■  ■    ■  •     '  '        '' - 

'  '  ■    ■  les  magnifiques   tissus   qu'il  avait  fabriqués  avec  les  toisons 

d'Angoras,  de  Chameaux,  d'Alpacas.  de  Lamaset  de  Vigognes; 
clic  a  donne  un  surcroît  de  peine  et  de  travail  à  notre  agent 
général,  qui  a  dû  se  rendre  plusieurs  fois  à  Londres.  Néan- 
moins nous  ne  saurions  regretter  la  décision  de  votre  Conseil. 
11  était  utile  de  faire  connaître  au  peuple  le  plus  positif  de  la 
terre,  à  tous  ceux  qui  ont  visité  Londres,  les  tendances  émi- 
nemment utiles  de  notre  Société. 

Le  succès,  d'ailleurs,   a  couronné   nos  efforts.  Jl.  le  président 

.     ,    '        vous   lappelail    dernièrement    que    3    médailles  avaient  été 

•   ■•  •    :'.    :         accordées  à  la  Société,  et  2  médailles  et  2  mentions  à    ses 

collaborateurs. 

3,500  »      Exposition    universelle  de   volatiles   au  Jardin  trarclimalalion, 

subvention  donnée  au  Jaidin. 

Vous  avez  voulu,  avec  le  concours  du  Jardin  d'acclinialalion, 
entrer  dans  une  voie  iiratiquc.  11  ^ous  a  paru  convenable, 
pour  débuter,  de  laire  un  appel  à  tous  ceux  qui  élèvent,  soit 
des  oiseaux  de  basse-cour  d'introduction  récente,  soit  des 
races  françaises,  et  de  les  encourager  par  des  récompenses 
données  aux  éleveurs  les  plus  habiles  et  pour  les  races  les  meil- 
leures.Vous  avez  été  hciu'eux  surtout  de  mettre  en  évidence  et 
de  propager  les  excellentes  races  françaises  qui,  confmées  sur 
certains  jioints  du  lerriloirc,  mériteraient,  dans  l'intérêt  de 
l'éleveur  et  du  consommateur,  d'être  plus  lépandues. 
,         .  '  Cette  première  tentative  a  eu  un  plein  succès,  et  vous  avez  dé- 

cidé qu'elle  serait  renouvelée  au  mois  d'avril  prochain. 

Plufieurs  de  vos  membres  ont  pensé  qu'une  exposition  univer- 
selle de  la  race  canine  présenterait  un  véritable  intérêt  scien- 
tilupie,  et  serait  d'une  grande  utilité  au  [loinl  de  vue  du  re- 
censement, de  la  conservation,  cl,  jiour  ainsi  dire,  de  la 
réhabilitation  de  nos  vieilles  et  si  bonnes  races  françaises. 
Celle  (xposition  aura  lieu  au  .lanlin,  du  3  au  10  mai  18()3. 
Votre  Conseil  s'est  mis  d'accord  avec  lu  Jaidin  d'aicliinatation 
siH'  ces  divers  points;  il  a  airèté  le  progranunc  des  Exposi- 
tions, et  a  fixé  à  7,000  fr.  la  subvention  à  donner  au  Jardin, 
qui  juend  à  sa  chaige  les  frais  et  les  risques  de  toute  nature. 
En  outre,  il  a  été  convenu  que  pendant  les  expositions  l'en- 
trée du  Jardin  serait  libre  pour  les  membres  de  la  Société 
imjiériale. 
7,039        95      Séance  annuelle  des  récompenses,  soit  :  -   • 

5,S2'i  fr.  90      Prix  et  récompenses. 
JSS         'lO      Séance  publique. 
70G       iô     Imprimés. 
Il  est  bon  de  vous  rappeler  que  dans  ces  5,S2'i  fi'.  i)0  de  récom- 
I)cnses    figuient  le  prix   lie    2,000    Ir.   donné  par  M.  Chagot 
pour  les  Autruches,  et  le  juix  annuel  de  300  fr.  de  M.  A.  G. 
9^625  «      Trailement  du  jiersonnel,  cmplojés  cl  gratifications  en  1802. 

Volrc  Conseil  a  considéré  comme  un  acte  de  justice  de  douner  à 
M.  Hubert,  votre  agent  général,  une  haute  marque  de  sa  sa- 
tisfaction, en  élevant  ses  émoluments. 
Le  Conseil  a  aussi  décidé  qu'on  prendrait  un  jeune  employé  de 
jilus  pour  sulbrc  à  la  tâche,  l'ar  suite  de  ues  lucsures,  les 
fiais  du  pcisonncl  s'élèveront,  en  1803,  à  9,800  IV. 


05,908  fr.  01     .1  rcporicr. 


r.APPORT   DE 

LA 

COMMISSION 

•.  01 

Report . 

05 

Frais  généraux, 

savoir  : 

l 

3,000  fr. 

» 

'- 

3,700  fr, 

.80 

1 

< 

i 

1(32 

1,701  fr, 
2,871 

05 
45 
30 
.  55 
75 

•    ' 

6,527 

25 

1 

1,354 

277 
321 

!)5 
75 
25 

DE   COMPTAMILITE.        LXXIX 

65,968  fr. 
12,115 

Loyer. 

Impôts. 
Assurances. 
C.liauffagc. 

Ports  et  affrancliissements. 
Impressions,  lilliographies. 
Frais  divers. 
Fournitures  de  bureau. 
Distributions  diverses. 
,    iny  (    Diplômes,  gravures  sur  bois  et  fihotographies  du 

'   '  (  .lardiu,  faites  pour  l'Exposition  de  Londres. 

Quelques  collections  sont  à  la  disposition  des  ama- 
teurs. 
500         »      Indemnité  pour  la  rédaction  d'instructions  géné- 
rales destinées  aux  voyageurs. 
190         »      Acliats  de  tliermomèlres  et  d'aréomètres. 
Ces  instruments,  vérifiés  et  distribués  par  les  soins  de  M.  Millet, 
servent ,  les    premiers  à   mesurer  la  température  des    eaux 
douces  ;  les  seconds,  à  faire  connaître  les  degrés  de  salure  les 
plus  favorables  pour  les  diverses  éducations  faites  dans  les  vi- 
viers du  littoral.  —  De  l'ensemble  de  ces  observations,  faites 
sur  beaucoup  de  points  à  la  fois,  résulteront  des  données  pré- 
cieuses pour  la  pisciculture  et  pour  la  science. 
Dépense  pour  le  mobilier. 
A  M.  Cbagot,  riiilérèldcs  2,000  fr.  déposés  par  lui  pour  le  prix 

des  .4utrucbes. 
Facture  de  4  médailles  de  M.  de  Montigny.  •  '         v 

Frais  de  recouvrements  en  province  et  à  l'étranger. 
L'élévation  du  cbiffre  de  ces  frais  ne  vous  surprendra  pas,  si  vous 
vous  rappelez  les  sommes  importantes  qu'on  a  fait  rentrer  sur 
des  cotisations  arriérées  depuis  plusieurs  années,  et  les  298 
radiations  qu'on  a  fiites  par  suite  de  non-payement. 
Ce  sont  là  des  circonstances  extraordinaires  qui  ne  se  représen- 
teront plus,  il  faut  l'espérer. 
1,350  ))     Deux  statuettes  de  bronze  de  Daubenton,  dont  l'une  de  1,200  fr. 

Celte  dernière  a  élé  acbelée  à  l'artisle  qui  avait  fait  le  premier 
modèle  de  la  statue  de  Daubenton,  et  dont  l'œuvre  n'a  pas  été 
désignée,  lors  du  concours,  pour  être  exécutée  en  marbre. 
2,031  »      Payements  à  valoir  fur  le  prix  de  la  statue  de  Daubenton. 


53 

25 

00 

» 

40 

» 

1,130 

06 

82,747  fr.  37     Total  des  dépenses. 

Ce  cbiffre  de  dépenses  82,747  fr.  37,  qui  se  réduit  à  76,760  fr.  37,  si  nous 
eu  déduisons  ce  que  nous  avons  payé  pour  la  statue  de  Daubenton  ,  pour  le 
prix  Chagot,  et  les  allocations  reçues  pour  les  Éponges,  n'en  est  pas  moins  très 
élevé,  et  nous  devrons,  en  1863,  nous  maintenir  notablement  au-dessous. 

Néanmoins  nous  répéterons,  en  terminant  ce  chapitre,  que  l'actif  net  de  la 
Société,  au  31  décembre  1862,  s'élève  à  62,568  fr.  42  c. 

En  outre,  la  Société  possède  de  nombreux  animaux  dont  le  délai!  est  consigné 
au  tableau  n"  3. 

Nous  allons  vous  présenter  un  aperçu  des  receltes  et  des  dépenses  pour  1863. 

Valeurs  disponibles  pour  1863. 

Les  valeurs  en  caisse  au  l^""  janvier  1863  s'élèvent,  ainsi  que  nous  vous 
l'avons  dit  plus  haut,  à  31,434    fr.   42  c.  ;  mais  vous  avez  décidé  que  sur  celte 


LXXX      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

somme,  20,000  fr.  seraient  mis  en  réserve  afin  de  produire  un  revenu  suffisant 
pour  le  service  des  150  souscripteurs  définitifs. 

Il  resterait  donc  au  1"  janvier,  valeurs  disponibles,  ll,'43i  fr.  12  c. 

ReccUes  pour  1863. 

Souscriptions  renouvelées  2100  sur  250."^,  déduction  faite  de  A05,  représentées 
par  150  souscriptions  définitives,  /iO  membres  honoraires,  18  Sociétés  affiliées 
ne payantpas,  eli94  membres  douteux,  soit 52,500  fr. 

Dont  il  faut  déduire  pour  cotisations  payées  par  avance  en  18G2       2,800 

Il  reste  net 49,700  fr. 

Souscriptions  nouvelles,  250  (au  lieu  de  295  en  1862),  à  30  fr  7,500 
Souscriptions  définitives,  20  (au  lieu  de  30  en  1862),  à  260  fr. 

=:5,200  fr.,  dont  moitié  doit  être  mise  à  la  réserve  ;  soit,  net.  2,600 

Allocations  du  ministre  et  dons 1 ,600 

r.cvenu  des  capitaux 2,000 

Revenu  de  la  dotation  A.  G 300 

Loyer  de  la  Société  protectrice ^'^"^ 

Produit  de  la  vente  de  l'Annuaire *  ^*^"Q 

Total  des  receltes  probables  en  1863 65,100  fi'. 

Dépenses  pour  1863. 

Loyer,  impôts,  assurances,  cliautfage 3,800  fr. 

Bulletin,  3000  exemplaires ;  •  15,000 

Irais  généraux  :   poste,  imprimés,  fournitures  de  bureau,  dis- 
tributions, divers,  etc.,  10  pour  100  de  plus  qu'en  1862 7,200 

Recouvrements  en  province "^^^ 

Traitement  des  employés 10,000 

Séance  annuelle,  récompenses,  imprimés  et  frais 2,700 

Nourriture  des  Yaks  des  Alpes 300 

Expositions  au  Jardin  d'acclimatation 7,00()         < 

Impression  de  l'Annuaire 3,176 

Souscription  pour  les  ouvriers  cotonniers ^"  ^ 

Total  des  dépenses  pour  1863 50,056  fr. 

Si  des  recettes  probables  pour  1863 65,100 

nous  retranclioiis  la  dépense  probable 50,0o6 

on  trouve  un  excédant  de  recettes  de 15,311  fr. 

Cet  excédant,  joint  à  l'encaisse  du  1"  janvier  1863,  qui,  après 

le  prélèvement  d'une  réserve  de  20,000  fr.,  se  réduit  à 11^131  fr.  12 

donne  pour  l'année  1863  un  total  disponible  de 26,778  fr.  42 

C'est-à-dire,  messieurs,  qu'après  avoir  payé  toutes  les  dépenses  prévues  à 
votre  budget,  vous  pourriez,  sans  toucber  à  votre  réserve,  disposer  d'une  somme 
de  26,778  fr.  12  c.  Certainement  vous  n'bésiteriez  pas,  en  vue  d'une  œuvre  du 
premier  ordre  par  son  utilité  ,  à  user  de  toutes  vos  ressources.  Mais  en  dehors 
d'une  circonstance  de  cette  nature  que  nous  ne  prévoyons  pas  aujourd'hui,  nous 
vous  engageons  fortement,  et  autant  que  les  circonstances  le  permettront,  à  aug- 
menter vos  réserves  d'une  portion  notable  de  cet  excédant.  En  parlant  ainsi, 
nous  ne  sommes  pas  dominés  par  le  désir  mesquin  de  thésauriser,  mais  nous  ne 
saurions  oublier  que  d'ici  au  mois  de  février  1868,  vous  pouvez  avoir  à  payer  une 
somme  totale  de  31,000  fr.  pour  les  divers  prix  que  vous  avez  proposés. 

Tvous  sommes  aussi  pénétrés  de  celte  pensée,  qu'avec  une  réserve  sagement 
préparée,  vous  serez  toujours  en  mesure  de  profiter  des  occasions  favorables,  et 
qu'à  un  jour  donné,  il  vous  scr;.it  possible  de  tenter  de  plus  grandes  expériences, 
d'obtenir  de  plus  grands  résultats,  et  de  rendre  plus  éclatants  les  bienfaits  de  li 
Société  impériale  zoologique  d'acclimatation. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE. 


■  SUR  ':■-■•     . 

LES  YAKS  DU  TIBET  ET  LES  CHÈVRES  D'ANGORA 

t^}.  Par   M.  RICHARD  (du  Cantal), 

Vice-président  de  la  Société. 


(Séance  du  6  février  1863.) 


Monsieur  le  Président,  '        . 

Je  viens  vous  communiquer  les  observations  que  j'ai  pu 
faire  sur  les  animaux  que  notre  Société  avait  déposés  à  Sou- 
liard,  par  suite  du  peu  de  succès  qu'elle  avait  obtenu  dans 
leur  acclimatation  et  dans  leur  élevage  chez  les  agriculteurs 
qui  en  avaient  été  dépositaires,  depuis  leur  arrivée  en  France 
jusqu'en  mai  1858.  Le  fermier  de  Souliard  les  conserva  pen- 
dant une  année,  en  se  conformant  aux  indications  que  je  lui 
avais  données  pour  les  entretenir  en  bonne  condition.  M.  Al- 
bert Geoffroy  Saint-Ililaire  fut  délégué  par  la  Société  pour 
juger  de  la  manière  dont  ils  étaient  traités.  Son  rapport  fut 
des  plus  ffivorables  :  les  toisons  des  Chèvres  d'Angora  prouvè- 
rent la  vérité  de  ce  qu'il  avait  avancé,  et  notre  zélé  con- 
frère M.  Davin,  si  compétent  en  pareille  matière,  prouva, 
par  les  tissus  qu'il  fit  fabriquer,  que  Souliard  avait  atteint  en 
peu  de  temps,  un  but  vainement  attendu  depuis  l'arrivée  des 
animaux  en  France. 

J'ai  pris  moi-même  la  direction  de  l'agriculture  de  Souliard 
à  dater  du  25  mars  1859,  pour  donner  aux  cultures  une 
marche  capable  de  répondre  au  but  que  se  proposait  notre 
Société,  et  voici  ce  que  j'ai  observé  depuis  cette  époque  : 

L'acclimatation  des  Yaks  me  paraît  être  aujourd'hui  une 
question  résolue.  Animaux  rusti([ues ,  d'un  tempérament 
nervoso-sanguin,  énergiques,  robustes,  sobres,  d'une  grande 
force  musculaire  relative,  ils  confirment  les  récits  que  les 
voyageurs  ont  fait  sur  leur  emploi  dans  leur  patrie  originaire. 

Je  ne  connais  pas,  dans  les  espèces  domestiques  que  nous 

T.  X.  —  Mars  ISG'J.  G 


82         SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

possédons,  d'animal  qui  ait  plus  de  qualilos  que  l'Yak  pour 
le  travail  dans  les  pays  inaccessibles  des  montagnes  dépour- 
vues de  routes,  et  dont  la  production  végétale  est  peu  favori- 
sée, soit  par  les  rigueurs  de  l'atmosphère  propres  aux  grandes 
altitudes,  soit  par  une  culture  arriérée  et  dans  des  conditions 
délavorables  à  l'élevage  des  animaux.  L'Yak  peut  être  élevé, 
à  mon  avis,  sur  des  sommets  où  nulle  autre  bête  de  travail  ne 
peut  se  multiplier  avec  utilité,  soit  pour  porter  à  dos,  soit 
pour  traîner  la  charrue  ou  des  fardeaux. 

L'Yak  communique,  par  le  croisement,  une  grande  partie 
de  ses  qualités  aux  métis  produits  par  lui  et  par  la  vache 
de  race  Aubrac  surtout.  Les  quatre  jeunes  sujets  obtenus  à 
Souliard  depuis  un  an  ont  montré,  immédiatement  après 
leur  naissance,  une  vivacité,  une  force,  une  vitalité  que  sont 
loin  d'avoir  les  animaux  de  l'espèce  bovine  pure,  quelle 
qu'elle  soit.  Les  qualités  qu'ils  trahissent  en  na,issant  persis- 
tent, si  j'en  juge  par  les  observations  que  j'ai  pu  faire.  Ces 
jeunes  métis  l'ont  toujours  emporté  sur  les  veaux  nés  en 
même  temps  qu'eux,  en  vigueur,  en  aptitude  au  moins  pro- 
bable au  travail.  L'étude  de  ce  croisement,  provoquée  par 
notre  collègue  M.  F.  Jacquemart,  me  paraît  digne  d'intérêt, 
et  elle  ne  saurait  être  mieux  continuée  que  par  nos  honorables 
et  zélés  collègues  MM.  le  comte  d'Éprémesnil  et  Jacquemart. 

Les  soins  hygiéniques  à  donner  à  l'Yak  sont  absolument  les 
mêmes  que  pour  l'espèce  bovine.  Pauninant  comme  le  Bœuf, 
rangé  dans  le  même  genre  zoologique,  le  même  régime 
alimentaire  lui  convient,  il  s'en  trouve  bien.  Au  point  de  vue 
physique,  l'Yak  peut  donc  être  traité  comme  le  Bœuf;  mais 
il  n'en  est  pas  de  même,  tant  s'en  faut,  au  point  de  vue  moral. 

L'Yak  a  tous  les  défauts  de  ses  qualités  :  nerveux,  irritable^ 
ombrageux,  méfiant,  i!  a  besoin  d'être  traité  avec  beaucoup 
de  douceur.  Ceux  qui  le  soignent  doivent  avoir  l'habitude 
d'approcher  les  animaux  irritables.  Si  on  leur  parle  dure- 
ment, si  on  les  aborde  brusquement,  sans  leur  parler  avec 
douceur  et  sans  s'approcher  d'eux  en  leur  inspirant  de  la 
confiance  par  des  caresses,  et  de  temps  en  temps  par  quel- 
ques friandises,  ils  peuvent  devenir  difficiles   et  même  mé- 


-   I      YAKS   DU    TIDET    ET    CllÈVIlES    d'ANGORA.  83 

chants.  Pluton  en  a  été  un  exemple.  Il  était  devenu  dani^ereux 
à  un  point  tel,  qu'il  fut  question  de  l'abattre  comme  indomp- 
(able.  A  Souliard,  il  devint  aussi  doux  que  possible.  Il  s'était 
si  bien  habitué  à  moi,  qu'il  me  suivait  jusque  dans  les  appar- 
tements de  la  ferme.  Je  le  fis  travailler,  et  je  le  conduisis  à 
Paris  sans  la  moindre  difficullé. 

11  faudra  donc  recommander  aux  dépositaires  de  traiter  les 
Yaks  toujours  avec  douceur,  jamais  autrement.  Les  métis  me 
paraissent  se  rapprocher  beaucoup  de  leur  père  sous  ce  rap- 
port ;  il  faudra  employer  les  mêmes  procédés  pour  les  dresser, 
quand  le  moment  de  les  soumettre  au  travail  sera  venu. 

Si  l'acclimatation  de  l'Yak  peut  être  considérée  comme 
un  fait  acquis  à  la  pratique,  si  son  élevage  a  réussi  comme 
la  Société  d'acclimatation  le  désirait,  il  n'en  est  pas  de 
même,  tant  s'en  faut,  à  mes  yeux,  de  la  Chèvre  d'Angora. 
Animal  d'une  nature  éminemment  lymphatique,  délicate,  son 
étude  a  besoin  d'être  continuée  avec  soin  encore  chez  les 
agriculteurs  auxquels  notre  Société  l'a  confié.  II  importe 
donc  de  leur  recommander  de  bien  observer  ces  animaux. 
Daubenton  étudia  le  Mérinos  pendant  dix  ans  de  sa  vie 
pour  en  doter  la  France;  or,  à  mon  avis,  sauf  erreur, 
l'acclimatation  de  la  Chèvre  d'Angora  est  plus  difficile  que 
celle  du  iMérinos.  Celui-ci  était  élevé  avec  succès  en  Espagne. 
Les  travaux  d'Alstriimer  en  avaient  doté  la  Suède.  L'An- 
gleterre le  possédait  aussi  d'après  Thistoire,  et  je  ne  vois 
encore  aucune  nation  qui  soit  parvenue  à  acclimater  la 
Chèvre  d'Angora.  Des  essais  ont  cependant  été  tentés  sur 
ilivers  points  de  l'Europe,  il  importerait  donc  d'en  connaître 
les  résultats  ;  ils  contribueraient  à  éclairer  les  chepleliers  sur 
des  points  encore  bien  obscurs  pour  moi,  malgré  tous  les  soins 
que  j'ai  mis  à  observer  ces  animaux  depuis  qu'ils  sont  à  Sou- 
liard. Voici  toutefois  ce  que  m'a  appris  jusqu'ici  l'étude  que 
j'ai  pu  en  faire.  ,■;  .).>.m   -  ■,  •  .     - 

La  Chèvre  d'Angora  est  très  disposée  à  contracter  la  cachexie 
aqueuse,  il  faut  donc  s'en  défier  ;  son  régime  alimentaire  doit 
être  tonique,  substantiel  ;  ses  logements  doivent  être  bi^n 
aérés,  exempts  d'humidité  ;  on  doit  éviter  autant  que  possible 


8/i  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'xVCCLIMATATION. 

de  l'exposer  aux  brouillards  et  de  la  faire  pacager  lorsqu'ils 
se  sont  condensés  sur  l'herbe  qu'ils  ont  mouillée.  Les  pays  de 
montagnes  où  l'air  est  sec  et  pur,  l'herbe  aromatique,  toni- 
que des  lieux  élevés,  offrent  les  conditions  d'acclimatation  et 
d'élevage  qui  lui  conviennent  le  mieux.  Je  n'ai  rien  trouvé 
dans  les  auteurs  que  j'ai  pu  consulter  pour  me  guider  sur 
l'hygiène  et  la  multiplication  de  ces  animaux  ;  seulement  j'ai 
lu  dans  des  articles  publiés  dans  le  Bulletin  de  notre  Société, 
qu'en  Asie  Mineure,  les  Chèvres  d'Angora  étaient  quelquefois 
décimées  par  des  maladies  qui  se  déclaraient  à  la  suite  de 
mauvais  hivers,  et  que  l'on  reformait  les  troupeaux  par  des 
croisements  avec  des  Chèvres  communes. Cette  étude  partielle 
a  été  commencée  àSouliard,  déjà  des  sujets  de  deuxième  croi- 
sement ont  été  obtenus;  je  crois  qu'il  sera  utile  de  continuer 
cette  expérience,  ([ui  pourra  avoir  d'heureux  résultats.  Je  ne 
saurais  cependantl'affirmer  absolument,  parce  que  cette  étude 
me  paraît  demander  plus  de  temps  que  je  n'ai  pu  en  mettre 
pour  la  faire  jusqu'ici. 

Je  ne  saurais  assez  le  répéter,  l'acclimatation  de  la  Chèvre 
d'Angora  demande  à  être  encore  étudiée  avec  soin  et  atten- 
tion. Ce  n'est  que  par  ce  moyen  judicieusement  employé  que 
notre  Société  parviendra  à  résoudre  une  question  aussi  im- 
portante pour  l'agriculture  que  pour  l'industrie. 

Après  l'étude  de  l'acclimatation  et  de  l'élevage  de  la  Chèvre 
d'Angora  et  de  l'Yak,  il  s'en  présente  naturellement  une 
autre,  qu'il  importe  de  ne  pas  négliger.  Y  a-t-il  avantage  pour 
l'agriculture  de  tous  les  pays  où  l'élevage  de  ces  animaux 
peut  être  fait,  à  les  produire  et  à  les  multiplier?  Là  est  le  fond 
de  la  question  de  l'acclimatation  des  espèces  nouvelles. 

Les  chcptehers  devront  donc  étudier  ces  diverses  questions, 
pour  bien  éclairer  notre  Société,  et  la  seconder  dans  la  patrio- 
tique mission  qu'elle  s'est  imposée  dans  l'intérêt  de  notre 
agriculture,  de  notre  commerce  et  de  notre  industrie. 

Telles  sont  les  courtes  réflexions  que  j'ai  cru  devoir  sou- 
mettre à  la  Société  sur  l'acclimatation  et  l'élevage  de  ces 
animaux.  :  ■  'i 


EXPÉRIENCES  D'ACCLIMATATION 

AU  JARDIN  ZOOLOGIQUE  DE  MARSEILLE,  EN  1862, 

Par  M.   1%'oël  StQUET, 

Directeur  du  Jardin  zoologiquD  de  Marseille. 


(Séance  du  26  décembre  1862.) 


Si  le  Bulletin  de  la  Société  ne  devait  enregistrer  que  des 
succès,  nous  ne  profiterions  pas  de  la  bienveillante  invitation 
qui  nous  a  été  faite  de  tenir  la  Société  au  courant  des  travaux 
et  des  essais  faits  au  jardin  zoologique  de  Marseille  en  18G2, 
car,  pour  cette  année,  nous  n'avons  guère  qu'un  insuccès  à 
constater;  mais,  dans  notre  conviction,  les  tentatives  et  les 
expériences  peuvent  quelquefois  présenter  autant  et  même 
plus  d'intérêt  que  les  réussites  en  acclimatation,  soit  en 
ouvrant  une  nouvelle  marche  à  suivre,  soit  en  prévenant  des 
erreurs  et  des  tâtonnements  pour  les  recherches  futures. 

Après  la  réussite  si  complète  de  notre  éducation  d'Autru- 
ches, en  1861,  dès  que  la  saison  fut  jugée  favorable,  profitant 
de  l'offre  obligeante  de  M.  E.  Pastré  de  reprendre  possession 
du  parc  de  Monlredon,  nous  nous  mîmes  en  mesure  de  com^ 
mencer  nos  essais. 

Ayant  observé  depuis  plusieurs  mois  que,  dans  le  parc  du 
Jardin  zoologique,  toutes  nos  Autruches  vivaient  ensemble  en 
assez  bonne  intelligence  sans  grandes  difficultés,  nous  avons 
voulu  faire  cette  année  un  essai  de  cohabitation  d'un  mâle 
et  de  plusieurs  femelles.  Nous  avions  en  vue  deux  résultats  à 
obtenir  :  d'abord  vérifier  le  fait  qui  nous  avait  été  affirmé  par 
les  chefs  touaregs  pendant  leur  visite  au  jardin,  savoir,  que 
plusieurs  femelles  s'associaient  pour  pondre  dans  le  même 
nid,  et  surtout  reconnaître  si  nous  pouvions  faire  avancer  la 
question  de  domestication  de  l'Autruche. 

Après  les  résultats  obtenus  dans  ces  dernières  années,  en 
Algérie,  en  Espagne,  en  Italie  et  à  Marseille,  le  fait  de  la 
reproduction  de  l'Autruche  en  captivité  était  affirmé;  mais 
sa  domestication,  son  introduction  dans  l'économie  rurale  ne 
seront  possibles  que  lorsque,  comme  pour  les  oiseaux  de  nos 


80  SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

basses -cours,  on  pourra  élever  un  troupeau  d'Autruches 
femelles  conduites  par  un  seul  mâle.  On  obtiendrait  ainsi  des 
pontes  nombreuses,  des  couvées  successives.  La  tendance  du 
mâle  cà  garder  le  nid  pendant  l'incubation  est  un  grand  ob- 
stacle à  vaincre,  car  si  cet  instinct  ne  peut  être  réformé,  il 
arrivera  que,  dès  qu'un  nid  sera  formé  avec  plusieurs  femelles, 
les  femelles  étant  immédiatement  délaissées  pour  l'incubation, 
on  sera  exposé  à  recueillir  des  œufs  clairs  pendant  la  saison. 
Il  est  donc  important  d'essayer  de  rendre  aux  femelles  les 
soins  de  l'incubation,  pour  obtenir  ainsi  des  pontes  fruc- 
tueuses et  des  couvées  pendant  toute  la  saison  favorable,  sans 
être  obligé  d'entretenir  un  mfde  pour  chaque  femelle.  Là  est 
la  solution  du  problème  de  la  domestication  de  l'Autruche. 
Notre  essai,  par  les  circonstances  que  nous  allons  marquer,  a 
été  infructueux;  mais  nous  comptons  bien  le  reprendre  dans 
de  meilleures  conditions,  quand  nous  aurons  à  notre  dispo- 
sition plusieurs  sujets  nés  en  captivité  et  élevés  en  dehors  de 
toute  influence  des  auteurs,  par  la  séquestration  dans  leur 
jeune  âge. 

Nous  n'avions  à  notre  disposition  que  deux  femelles 
adultes  et  un  mâle;  nous  les  plaçâmes  dans  le  parc  d'é- 
lève dès  les  premiers  jours  de  février.  Pendant  plusieurs 
semaines,  la  cohabitation  fut  assez  amicale  ;  le  mâle  vivait  à 
l'écart  et  les  femelles  ensemble;  nous  observions  cependant 
à  plusieurs  reprises  les  approches  du  mâle  et  des  femelles. 
Dans  les  premiers  jours  de  mars,  la  ponte  commençait;  elle 
s'effectuait  très  irrégulièrement,  et  les  œufs  étaient  laissés  à 
l'abandon  sur  différents  points.  Après  quelques  jours,  la 
mésintelligence  se  mit  dans  la  communauté,  et  le  mâle  ayant 
pris  en  affection  la  vieille  femehe  (la  mère  de  nos  jeunes),  le 
couple  formé  se  mit  à  pourchasser  la  jeune;  de  là  des  com- 
bats, des  courses  qui  pouvaient  compromettre  les  œufs  déjà 
obtenus.  Il  convint  alors  de  ramener  au  jardin  la  femelle 
délaissée.  Pendant  cette  cohabitation,  nous  avions  obtenu  onze 
œufs,  sept  de  la  vieille  femelle  et  quatre  de  la  jeune.  La  dis- 
tinction était  facile,  car  ils  dilTéraient  par  la  grosseur,  et  sur- 
tout par  le  poli  de  la  coquille  pour  ceux  de  la  vieille  femelle. 


EXPÉRIENCES   d'ACCLTMATATION   AU   JARDIN    DE   MARSEILLE.    87 

Après  la  séparation,  la  ponte  devint  plus  fréquente,  sans 
cependant  arriver  à  la  régularité  de  l'année  passée,  où  qua- 
torze ou  quinze  œufs  étaient  pondus  successivement  avec 
alternance  d'un  jour.  Nous  croyons  devoir  attribuer  cette 
irrégularité  aux  variations  de  température  observées  pendant 
le  printemps  et  la  première  partie  de  l'été,  et  surtout  à  la 
persistance  des  pluies.  En  effet,  les  observations  météorolo- 
giques donnent,  avec  dix-sept  jours  de  pluie,  une  moyenne  de 
J5%30  pour  ces  mois  de  1861 ,  et  avec  trente  et  un  jours  de 
pluie,  une  moyenne  de  13", 55  pour  les  mêmes  mois  de  1862. 

Ces  conditions  étaient  peu  favorables,  cependant  nous  ne 
perdions  pas  espoir  ;  la  ponte  augmentait,  et  vers  la  fin  de 
mai,  malgré  quelques  pertes  d'œufs,  nous  en  comptions  vingt- 
cinq  sur  un  rayon  de  quelques  mètres,  car  les  Autrucbes 
avaient  peu  à  peu  rassemblé  tous  les  œufs  épars.  Dans  la 
première  partie  de  juin,  sous  l'influence  de  quelques  jours  de 
chaleur,  les  Autruches  commencèrent  à  donner  des  signes 
d'incubation;  elles  cherchaient  avec  inquiétude,  grattaient  le 
sable,  enfin  elles  se  mirent  franchement  à  former  le  nid 
sur  le  même  emplacement  que  l'année  passée;  les  œufs,  sauf 
deux,  y  furent  déposés.  i\lalgré  la  saison  avancée  (car,  en  1861, 
à  la  même  époque,  la  couvée  était  éclose),  notre  espoir  de 
réussite,  longtemps  ébranlé,  commençait  à  renaître;  nous 
calculions  déjà  que  les  quarante  jours  d'incubation  porteraient 
les  naissances  fin  juillet,  et  nous  comptions  sur  les  belles  jour- 
nées d'automne  pour  élever  les  jeunes. 

La  saison  permettait  d'exécuter  des  travaux,  depuis  long- 
temps projetés,  de  terrassements  et  de  percements  d'allées 
dans  le  bois  entourant  le  parc;  une  armée  d'ouvriers  et  sur- 
tout un  grand  charroi  s'ensuivirent.  Malgré  les  ordres  sévères 
donnés  par  madame  Pastré,  malgré  la  surveillance  de  notre 
zélé  collaborateur  V.Ricard,  nous  ne  pûmes  empêcher,  ni  l'in- 
discrète curiosité  des  ouvriers,  ni  les  cris,  ni  le  claquement 
des  fouets,  qui  excitaient  les  Autruches.  Sous  ces  influences 
perturbatrices,  des  œufs  furent  brisés  sous  les  pieds  des 
Autruches,  d'autres  par  des  pierres  lancées  par  les  coups  de 
mine,  et  nous  n'osons  pas  le  dire,  quelquefois  par  de  stupides 


88        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

curieux.  En  juillet  et  août,  le  nid  fut  pris  et  altandonné  à 
plusieurs  reprises;  mais  enfin,  en  septembre,  il  fallut  perdre 
tout  espoir  et  ramener  les  Autruches  au  jardin. 

Nous  avons  d'autant  plus  regretté  ces  mécomptes,  que, 
vérification  faite  des  œufs,  tous  se  sont  trouvés  fécondés: 
dans  quelques-uns,  le  germe  était  parfaitement  formé  ;  dans 
d'autres,  le  jeune  était  complet  avec  les  plumes.  Ces  observa- 
tions nous  prouveraient  que  les  circonstances  atmosphériques 
même  n'ont  pas  fait  totalement  défaut  pour  la  réussite,  et 
que  de  la  part  de  nos  élèves  rien  n'est  mis  en  question.  La 
solitude,  la  tranquillité  ont  manqué:  c'est  une  année  perdue; 
mais  nous  comptons  bien  recommencer  nos  essais  en  1863, 
et  les  faire  même  sur  deux  couples. 

Grâce  à  l'offre  obligeante  de  M.  et  M'""  P.  Pastré,  le  parc 
peut  être  agrandi,  et,  en  le  divisant,  recevoir  deux  couides  : 
l'un  sera  formé  comme  en  1862,  l'autre  par  deux  jeunes  de 
notre  couvée  de  1861.  Il  va  sans  dire  que  nos  soins  et  tous 
nos  souhaits  seront  prodigués  à  ces  derniers,  dont  la  réussite 
nous  donneraitune  seconde  génération  d'Autruches  françaises. 

Tel  est  l'historique  de  notre  essai;  nous  n'abandonnons 
pas  notre  idée  de  faire  vivre  les  Autruches  en  troupeau,  car, 
pour  nous,  là  est  la  solution  du  problème  de  la  domestication. 

Par  notre  élevage  d'Autruches,  nous  avons  pu,  tout  en 
conservant  deux  paires  pour  nos  essais  futurs,  livrer  au  jardin 
zoologique  de  Vienne  et  autres  des  paires  nées  en  France, 
en  oflrir  à  la  Société  impériale  d'acclimatation  une  paire  qui, 
placée  au  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  sera  le  type  de  notre 
reproduction.  Dans  nos  lacs  et  volières,  les  Canards  d'espèces 
différentes.  Oies  de  Gambie,  du  Danube,  etc.,  nous  ont  livré 
de  nombreuses  pontes.  Dans  les  parcs,  les  Antilopes  bubale, 
nilgaut,  indienne  ;  les  Gazelles  dorcas,  kevel,  corinne;  les 
Cerfs  axis,  les  Cerfs  cochons,  les  Kangurous  de  Bennett,  les 
Cochons  à  masque  de  Chine,  nous  ont  donné  des  produits 
qui,  pour  quelques-uns,  représentent  les  troisième  et  qua- 
trième générations  obtenues  au  jardin.  A  ce  sujet,  nous  ferons 
observer  qu'il  serait  peut-être  utile  et  même  nécessaire  de 
créer  entre  les  jardins  zoologiques  un  système   d'échange 


*Sv' 


EXPÉRIENCES    d'aCCLIMATATION    AU   JARDIN    DE   MARSEILLE.    89 

d'animaux  de  même  espèce,  soit  mâles,  soit  femelles,  afin  de 
n'avoir  pas  toujours  des  produits  du  même  sang  dans  l'éta- 
blissement. Dans  les  volières  des  petits  oiseaux,  nous  avons 
pu  olfserver  et  faire  admirer  à  nos  visiteurs,  pendant  plusieurs 
mois,  la  confection  des  nids,  les  uns  suspendus  au  plafond 
des  volières,  d'autres  aux  arbres,  voir  éclore  de  nombreuses 
couvées  d'oiseaux  du  Sénégal  et  du  Brésil.  Nous  pouvons 
évaluer  à  plus  d'une  centaine  les  jeunes  obtenus  dans  les 
diverses  espèces.  Les  produits  de  la  faisanderie  ont  été  com- 
plètement nuls  cette  année,  par  suite  de  son  déplacement  et 
de  sa  reconstruction.  Nous  regretterions  encore  plus  cette 
lacune,  si,  par  ce  fait,  nous  n'avions  obtenu  un  résultat  remar- 
quable dont  nous  devons  laisser  le  mérite  à  qui  de  droit. 

Ne  pouvant  trouver  à  loger  convenablement  les  Hoccos, 
Pénélopes  et  Marails  que  possédait  le  jardin,  nous  ne  crûmes 
mieux  faire  que  de  les  expédier  à  M.  Aquarone  (de  Toulon), 
dont  le  zèle  et  l'intelligence,  en  fait  de  soins  à  donner  aux 
animaux,  nous  étaient  parfaitement  connus.  Pendant  leur 
séjour  au  jardin,  nous  obtenions  des  œufs  de  nos  Hoccos;  mais 
à  l'essai,  ils  étaient  trouvés  clairs.  Nous  admettions  que  les  con- 
ditions de  leur  logement  n'étaient  pas  favorables  à  l'accou- 
plement, et  nous  hâtions  de  nos  vœux  le  moment  où  nous 
pourrions  leur  livrer  de  grands  espaces,  des  grands  arbres, 
comme  le  recommandaient  les  personnes  qui  ont  écrit  sur 
l'acclimatation  de  ces  oiseaux.  Les  résultats  obtenus  vont  nous 
montrer  que  les  conditions  d'élevage  sont  plus  faciles  qu'on 
ne  le  pensait.  A  leur  arrivée  chez  M.  Aquarone,  les  Hoccos 
furent  mis  dans  une  volière  très  restreinte,  garnie  de  quel- 
ques arbustes.  La  ponte,  commencée  au  Jardin,  continuait. 
Après  une  observation  attentive,  le  couple  fut  isolé,  et  l'on 
obtint  cinq  œufs.  La  saison  étant  trop  avancée  pour  retarder 
l'incubation,  ces  œufs  furent  mis  à  couver  sous  une  Poule  ; 
deux  furent  reconnus  clairs,  et  sur  les  trois  fécondés  un  seul 
est  venu  à  bien.  M.  Aquarone,  dans  sa  dernière  visite,  nous 
annonçait  que.  malgré  la  saison  avancée  (octobre),  le  jeune 
s'élevait  bien.  Nous  publierons  les  observations  sur  cet  éle- 
vage; elles  seront  d'autant  plus  précieuses,  que  jusqu'ici, 


90       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION.      ' 

quand  on  s'est  occupé  de  racclimatation   et  de  la  domes- 
tication de  cette  espèce,  dont  la   réussite  serait  si  avanta- 
geuse, on  nous  a  présenté,   comme  conditions  nécessaires 
et  indispensables  de  réussite,   le  libre    parcours,  la  soli- 
tude, les  grands  arbres  pour  percher  sur  les  cimes;  enfin  des 
conditions  impossibles  à  réaliser  dans  un  jardin  ouvert  au 
public,  difficiles  même  à  obtenir  chez  un  particuher.  Il  serait 
aussi  logique  de  demander  la  liberté  tout  entière,  le  dépôt 
de  couples  dans  les  forêts.  En  laissant  agir  le  hasard  et  les 
heureuses  influences,  on  suivrait  ainsi  la  maxime  du  sage  : 
Natura  artù  maghtra;  mais  nous  ne  voyons  pas  que  l'on 
avancerait  la  question  d'acchmatation,  et  surtout  de  domes- 
tication. Le  résultat  obtenu  par  les  soins  de  M.  Aquarone  est 
bien  modeste,  il  est  vrai  ;  mais  en  considérant  que,  par  ce 
résultat,  il  est  constaté  que  les  Hoccos  peuvent  produire  en 
captivité,  même  très  restreinte,  des  œufs  fécondés;  que  l'élève 
;les  jeunes  peut  être  faite  dans  les  mêmes  conditions  que  celle 
des  Faisans,  une  nouvelle  marche  à  suivre,  indépendante  des 
errements  passés,  est  ouverte  à  l'accHmatation  de  ces  oiseaux, 
et  nous  espérons  bien  que  de  plus  beaux  résultats  seront 
obtenus  à  la  saison  prochaine,  quand  nous  pourrons  livrer  à 
nos  élèves  des  réduits  bien  abrités  et  des  parquets  ombragés 
de  ûO  mètres  de  surface,  en  ce  moment  en  construction  au 

jardin. 

Tels  sont  les  résultats  obtenus  et  les  essais  faits  h.  Marseille 
en  1862.  Nos  desiderata  et  ceux  de  la  science  sont  loin  d'être 
accomplis;  mais  entre  le  désir  et  l'accomphssement,  nous 
devons  admettre  les  insuccès,  les  études  et  les  expériences  : 
c'est  une  affaire  de  temps  et  de  persévérance.  Nous  ne  pou- 
vons que  prendre  courage ,  quand  nous  voyons  la  science  si 
jeune  de  l'acclimatation  réunir  déjà  autour  d'elle  tant  de 
connaissances,  d'observations,  et  surtout  de  l)onne  volonté, 
qui  viennent  se  concentrer  dans  la  Société  impériale  d'accli- 
matation. •  ■ 


SUR   UNE   TENTATIVE 
D'ACCLIMATATION  DU    CASOAR   EN  ANGLETERRE 


■'■'=•■"''•''-''■■'■'■'-■■•'     PAR  M.  W.  BENNETT.     ''" 
.     ^        t     ,  ,     Par    M.  Pierre   PICHOT. 


i  '  :  I    ■  ■  )  ■■)■  •^^ 


!■. 


(Séance  du  0  février  1863.) 


La  Société  impériale  ,d'acclimatation  a  proposé  une  grande 
médaille  pour  l'inlroduclion  et  l'acclimatation  du  Casoar. 
Je  crois  donc  devoir  appeler  son  attention  sur  les  travaux  de 
M.  W.  Bennett,  de  Drockham  Lodge,  près  de  Reigate  Surrey 
(Angleterre),  qui  depuis  trois  ans  poursuit  avec  une  persévé- 
rance digne  de  tous  éloges  l'acclimatation  de  cet  utile  oiseau. 

Le  23  juin  18G0,  M.  Bennett  recevait  de  Sydney  une  paire 
de  Casoars  âgés  de  cinq  ou  six  ans,  qu'aussitôt  il  installa  dans 
un  grand  enclos,  bien  exposé  au  sud  et  descendant  par  une 
pente  douce  jusqu'à  une  petite  rivière  (la  Mole),  dont  il  fallut 
cependant  les  séparer  par  une  barrière,  de  crainte  qu'ils  ne  se 
noyassent  en  s'y  baignant.  ,;,;;:       ;        >",,,' 

Le  9  février  1861,  la  femelle  pondit  son  premier  œuf;  neuf 
jours  après  elle  pondit  le  second,  puis  un  autre  tous  les  trois 
jours,  jusqu'au  treizième,  qui  fut  séparé  du  douzième  par  un 
intervalle  de  quatre  jours.  Ces  œufs  avaient  été  pondus  dans  la 
cabane  qui  servait  cà  abriter  les  Casoars,  mais  ils  ne  voulurent 
pas  y  couver,  et  le  mâle,  qui  devait  se  charger  des  soins  de 
l'incubation,  les  transporta  au  grand  air.  à  plusieurs  reprises, 
en  les  roulant  avec  son  bec.  Lorsqu'on  eut  découvert  l'en- 
droit qu'il  affectionnait,  on  dressa  au-dessus  un  abri  provi- 
soire ;  on  y  transporta  les  œufs,  et  après. que  la  femelle  en  eut 
encore  pondu  deux  autres,  le  2Zi  mars  le  mâle  se  mit  à  cou- 
ver. Sept  semaines  après,  au  grand  désespoir  de  M.  Bennett, 
le  mâle,  dérangé  j)ar  quelque  intrus,  abandonna  son  nid.  Que 
faire?  Pendant  vingt-quatre  heures  on  entretint  artificielle- 
ment la  chaleur  des  œufs;  puis,  apprenant  qu'il  y  avait  au 
Jardin  zoologique  de  Londres  un  Casoar  mâle  qui  demandait 
à  couver,  M.  Bennett  les  y  transporta  avec  des  soins  minutieux 


92       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

et  les  y  installa,  à  la  grande  joie  du  Casoar,  tout  étonné  de 
sa  bonne  fortune.  Mais  son  étonnement  fut  bien  plus  grand 
encore  dans  le  courant  de  la  semaine  suivante  (la  huitième), 
lorsqu'il  vit  quatre  jeunes  sortir  des  œufs  qu'on  lui  avait  con- 
fiés. De  ces  quatre  jeunes,  le  premier  mourut  au  bout  de 
six  semaines;  le  deuxième,  dans  le  courant  de  l'hiver  suivant, 
mais  les  deux  derniers  parvinrent  à  toute  leur  croissance,  et 
sont  encore  au  Jardin  zoologique  où  ils  sont  nés. 

Le  29  décembre  1861,  les  Casoars  de  M.  Bennett  recom- 
mencèrent à  pondre  ;  le  2  janvier  1862,  il  y  eut  un  second 
œuf,  puis  le  7  un  troisième.  Les  autres  se  succédèrent  de 
trois  en  troisjours;  quatre  jours  s'écoulèrent  du  douzième  au 
treizième,  puis  six  jours  du  treizième  au  quatorzième.  Le 
l/i  février,  le  mâle  se  mit  à  couver  :  le  20  avril,  il  y  eut  une 
éclosion  ;  le  21,  une  seconde  ;  le  23,  une  troisième.  Ce  fut  la 
dernière.  Le  Casoar  couva  une  semaine  encore,  puis  quitta  le 
nid,  où  il  laissait  deux  petits  morts  dans  la  coquille  et  les  au- 
tres œufs  clairs.  Le  premier  petit  était  né  faible  et  maladif,  et 
mourut  au  bout  de  cinq  semaines  ;  mais  les  deux  autres  lui 
survécurent  et  entrent  aujourd'hui  dans  leur  neuvième  mois! 
Leurs  parents  viennent  de  recommencer  une  troisième  ponte, 
et  déjà  six  œufs  sont  dans  leur  nid  de  1863,  , 

Assurément,  ces  expériences  sont  dignes  d'être  encouragées. 
Et  ce  n'est  pas  seulement  pour  l'élevage  de  ces  quatre  jeunes 
que  je  signale  M.  Bennett  à  la  Société,  c'est  pour  le  soin  avec 
lequel  ses  expériences  ont  été  conduites,  l'exactitude  et  la  pré- 
cision avec  lesquelles  il  a  observé  les  mœurs  de  ces  oiseaux 
dans  le  but  d'en  faciliter  l'élevage.  Ses  notes  seront  précieuses 
pour  les  acclimatateurs  de  tous  les  pays,  et  je  m'empresserai 
de  les  communiquer;  dès  que  j'en  aurai  terminé  la  rédaction. 


MEMUIUE 

ADRESSÉ  A  S.   EXC.    M.   LE   MINISTRE    DE    h\   MARINE    ET   DES    COLONIES 

POUR  SERVIR  A  LA  DEMANDE  D'AUTORISATION 

1°    d'établissement    de   pêcheries     A   FILETS     FIXES    SUR    LES   CÔTES   DES 
DÉPARTEMENTS  DU  VAR  ET  DES  ALPES-MARITIMES  ; 

2°    D'ÉTABLISSEMENT    DE    RÉSERVOIRS   A   POISSONS    VIVANTS; 

3"     D'ÉTABLISSEMENT     DE     BASSINS     D'aLEVINAGE    POUR    PRATIQUER 
LA    PISCICULTURE    MARITIME. 

Par  nn.  le  D**  TLRREL,  de  Tonlon,  et  E.  LAMIRAL. 


(Séance  du  26  décembre  1862.) 


Monsieur  le  Ministre, 

Le  programme  récemment  donné  par  S.  M.  l'Empereur 
devant  le  Conseil  municipal  de  la  ville  de  Paris,  sur  l'amélio- 
ration du  sort  des  classes  laborieuses,  comprend  deux  termes  : 
le  perfectionnement  moral  des  ouvriers  par  l'instruction  ;  la 
diminution  du  malaise  matériel  par  le  travail  et  par  l'abaisse- 
ment du  prix  des  substances  alimentaires. 

C'est  pour  contribuer  à  atteindre,  au  moins  partiellement, 
ce  dernier  résultat,  que  nous  venons  vous  soumettre  nos  obser- 
vations et  vous  offrir  notre  concours. 

L'aliment  est  presque  toujours  un  produit  de  l'industrie 
humaine.  Le  gibier  et  le  poisson  ne  réclament  d'autres  soins 
de  la  part  de  l'homme  que  d'être  ménagés  ;  mais,  tandis  que 
le  gibier  proprement  dit  tend  à  disparaître  de  plus  en  plus 
par  les  progrès  delà  culture,  qui  détruit  les  abris  nécessaires 
à  sa  multiplication,  la  mer,  féconde  nourricière,  crée  inces- 
samment, sans  soins  et  sans  surveillance,  d'innombrables 
générations  de  poissons  qu'il  suffit  de  récolter  pour  intro- 
duire un  appoint  considérable  dans  nos  ressources  ahmen- 
taires.  La  sollicitude  de  l'homme  n'a  qu'une  chose  à  prévoir, 
le  ménagement  des  frayères.  C'est,  d'une  part,  le  maintien 
intact  des  frayères  naturelles  que  les  engins  de  pêche  pro- 
hibés par  les  règlements  continuent  à  détruire;  d'autre  part, 


9ll        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZUOLOGKjUE    d'ACCLIMATATION. 

c'cstla  création  dcfrayères  artificielles,  application  ingénieuse 
et  pleine  d'avenir  de  l'art  de  la  pisciculture. 

La   nomination  récente    d'un   savant    comme  inspecteur 
général  des  pêcheries  est  un  acheminement  à  des  mesures 
plus  décisives  et  à  une  action  plus  efficace  pour  protéger  nos 
ressources  de  pêche  maritime,  et  favoriser  la  production  de 
nouvelles  richesses  pour  nos  cours  d'eau,  pour  nos  étangs  et 
surtout  pour  nos  côtes.  Le  seul  inconvénient  de  l'organisation 
actuelle  des  pêcheries,  c'est  que,  productives  quelquefois  au 
delà  des  besoins  immédiats,  elles  cessent  de  répondre  à  la 
demande  par  les  mauvais  temps  ;  d'où  résultent  des  baisses 
accidentelles  de    prix    devenant   insuffisaiiimenl  rémunéra- 
teurs lorsqu'il  y  a  abondance  de  poisson,  ou  une  augmen- 
tation excessive  et  fâcheuse  do  sa  valeur  dans  les  moments 
oi^i  les    marchés  ne  peuvent  plus  être  approvisionnés.  La 
régularisation  des  produits  de  la  pèche  ne  peut  être  obtenue 
que   par  la  création  sur  les  côtes  de  viviers  ou  réservoirs 
d'étendue,  de  situation  et  d'appropriation  suffisantes  pour 
que  l'excédant  des  pêches  abondantes  puisse  être  mis  en 
réserve  pour  les  mauvais  jours.  Les  étangs  salés,  les  pesquiers, 
les  anses  profondes  connues  en  Provence  sous  le  nom  de 
calanques,  sont  admirablement  préparés  pour  ce  résultat,  et, 
au  moyen  de  dépenses  insignifiantes,  permettraient  d'atteindre 
le  double  but  à  poursuivre,, de  mettre  en  réserve  le  poisson 
dans  un  lieu  où,  en  tout  temps,  il  serait  facile  de  le  prendre 
pour  le  livrer  à  la  consommation,  et  de  favoriser  sa  multipli- 
cation naturelle  et  sa  propagation  artificielle  d'après  l'art 
nouveau  de  faquiculture. 

Le  transport  du  poisson  vivant  du  lieu  de  pêche  aux  réser- 
voirs se  ferait  facilement  au  moyen  de  bateaux  viviers.  Mais 
ces  moyens  ne  s'apphqueront  qu'aux  j^^omo/^ô-  sédentaires. 

Il  existe  une  classe  de  poissons  voyageurs  qui,  venus  des 
zones  profondes  des  mers,  sillonnent  régulièrement  les  eaux 
de  nos  atterrages  en  passant  en  bandes  innombrables,  inutiles, 
par  notre  incurie,  pour  Falimentation  publique,  à  laquelle  ils 
fourniraient  un  apport  dont  il  est  difficile  de  calculer  l'énorme 
valeur.        '^  ;■.  ^>-  -  ••  -   -■  m'i  ;-■'     ■•;  '■■  -■  .  -    '    "  ■.   •-""" 


DEMANDE    d'ÉTAULISSEMENï    DE    PÊCHERIES,    ETC.  95 

Nous  voulons  parler  des  Thons,  des  Bonites,  desPalamides, 
des  Maquereaux,  etc.,  qui,  dans  leur  passage  annuel  (disent  les 
pêcheurs),  parcoùrentde  l'ouest  à  l'est,  puis  de  l'est  à  l'ouest, 
tout  le  littoral  de  la  Méditerranée,  longeant  successivement  les 
côtes  de  l'Afrique  septentrionale,  de  la  Syrie,  de  l'Asie  Mineure, 
pénétrant  dans  la  mer  Noire,  et  redescendant  par  les  côtes  de 
la  Grèce  dans  l'Archipel,  la  mer  Adriatique,  le  littoral  italien, 
celui  de  la  France  et  de  l'Espagne,  jMjur  retourner,  après  ce 
vaste  circuit,  à  leur  point  de  départ,  l'océan  Atlantique.  La 
hgne  de  voyage  est  constante,  et  ces  inlatigahles  voyageurs 
ont  toujours  la  côte  à  leur  droite  ;  c'est  ce  qui  explique  leur 
abondance  toujours  décroissante  depuis  les  rivages  de  l'Afrique 
jus([u'à  ceux  d'Espagne,  en  raison  des  nombreux  ennemis 
qu'ils  rencontrent  sur  leur  passage,  et  en  première  ligne 
doivent  être  comptées  les  pêcheries  organisées  sur  un  grand 
nombre  de  points,  notamment  à  Tunis,  en  Italie  et  en  Espagne. 
La  France  semble  s'être  interdit  une  source  aussi  impor- 
tante de  richesse  publique  en  limitant  au  seul  département 
des  Bouches-du-Rhône  les  pêcheries  de  Thons  et  autres 
})oissons  de  passage,  connues  sous  le  nom  de  madragues  ; 
elles  ont  été  supprimées  dans  le  département  du  Yar  depuis 
18/i5,  après  y  avoir  été  autorisées  pendant  deux  cents  ans. 
Pourquoi  cette  suppression  a-t-elle  été  prononcée?     : 

Trois  objections,  à  cette  époque,  ont  été  suggérées  contre 
les  madragues  par  leurs  adversaires  : 

1"  Elles  sont  gênantes  pour  la  navigation  ;     •  .  '   -, 

2"  Elles  font  concurrence  aux  pêcheurs  ;  .      ■■ 

3°  Elles  sont  nuisibles  à  l'inscription  maritime.  -      • 

1"  Les  madragues  sont-elles  gênantes  pour  la  navigation? 

L'ordonnance  de  1681,  art.  3  du  titre  iv,  livre  Vj  défend 
d'établir  des  madragues  dans  les  heux  où  elles  pourraient 
nuire  à  la  navigation  ;  or,  à  celte  époque,  de  nombreuses 
madragues  furent  établies  sur  les  côtes  françaises  de  la  Mé- 
diterranée, il  y  en  avait  dix-huit  ou  vingt,  et  alors  elles  ne 
nuisaient  pas  à  la  navigation  ;  aujourd'hui,  bien  que  le  nom- 
bre des  navires  qui  fréquentent  nos  ports  soit  plus  considé- 


96  SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'ACCLLMATATION. 

rable,  les  progrès  de  l'art  nautique,  et  surtout  l'emploi  de  la 
vapeur,  qui  épargne  aux  bâtiments  la  nécessité  de  louvoyer 
à  l'entrée  ou  à  la  sortie  des  ports,  ôtent  toute  portée  sérieuse 
à  cet  argument  que  la  marine  de  commerce,  moins  instruite, 
a  abandonné,  tandis  que  la  marine  de  l'Etat,  favorisée  par  tous 
les  progrès  des  sciences  et  conduite  par  un  personnel  d'élite, 
semble  s'y  attacher  avec  une  ténacité  digne  d'une  meilleure 

cause. 

Des  officiers  de  marine  voulant  un  jour  fiiire  entendre 
à  l'empereur  Napoléon  I"  que  certaines  madragues  établies 
sur  certains  points  des  côtes  de  la  Provence  pourraient  gêner 
la  navigation  :  «  Si  les  madragues  gênent  sur  un  point,  répon- 
dit l'Empereur,  il  faudra  les  transporter  sur  un  autre,  car 
on  ne  peut  priver  les  populations  du  Midi  des  bienfaits 
qu'elles  retirent  de  ces  pêcheries.  »  Le  conseil  municipal  de 
Toulon,  dans  sa  séance  du  7  février  18/i8,  protestant  contre 
la  suppression  des  madragues  dans  le  Var,  disait  que  «  les 
commissions  nommées  par  l'autorité  maritime,  à  l'eflet  de 
savoir  si  les  madragues  pouvaient  entraver  les  évolutions 
des  flottes,  ont  reconnu  que  ces  engins,  placés  sur  les  points 
du  littoral  et  dans  les  distances  prescrites  par  l'ordonnance 
de  1681  et  l'arrêté  du  gouvernement  du  9  germinal  an  IX, 
sont  tout  à  fait  iuoflensifs.  » 

Le  même  conseil  municipal  prit,  le  li  novembre  18/i8,  une 
seconde  délibération  favorable  au  rétablissement  des  madra- 
gues dans  le  Var. 

Il  la  renouvela  en  1852,  lors  du  passage  à  Toulon  du  prince- 
}»résident. 

Le  conseil  municipal  de  Marseille,  dans  sa  délibération 
motivée  du  5  avril  1852,  s'exprime  dans  des  termes  non 
moins  formels  :  «  Considérant  que  les  pêcheries  connues 
sous  le  nom  de  madragues  existent  depuis  plusieurs  siècles 
sur  les  côtes  de  la  Provence,  sans  qu'il  en  soit  jamais  résulté 
ni  préjudice  ni  obstacle  pour  la  navigation  »,  le  conseil  con- 
clut au  rétablissement  des  cinq  madragues  qui  avaient  été 
supprimées  récemment  dans  les  Bouches-du-Rhône. 

La  chambre  de  commerce  de  Marseille  s'associe  au  vœu 


DEMANDE    d'ÉTABLI.'^SEMENT    DE   PÊCHERIES,  ETC.  97 

du  conseil  municipal,  en  constatant,  elle  aussi,  que  les  ma- 
dragues n'offrent  aucun  danger  pour  la  navigation. 

L'amiral  Jurien,  préfet  maritime  du  cinquième  arrondis- 
sement, reconnaissait  et  proclamait  par  son  arrêté  du  30. no- 
vcmbre  1839,  (|uc  les  madragues  ne  sont  pas  nuisibles  à  la 
navigation. 

11  ne  reste  donc,  des  accusations  tbrniulées,  que  de  vagues 
assertions,  sans  un  seul  lait  à  l'appui. 

"1"  Les  madragues  font-elles  concurrence  aux  pêcheurs? 

Nous  avons  soigneusement  établi  la  différence  entre  la 
\)ècheâeS'  poissons  sédentaires  et  celle  des  poissons  voyarjeurs. 
C'est  à  cette  dernière  classe  seulement  que  s'attaquent  les 
madragues,  filets  placés  à  poste  fixe  sur  un  lieu  déterminé, 
qui  attendent  le  poisson  et  ne  vont  pas  le  chercher.  (3r,  les 
pécheurs  de  nos  côtes  ne  peuvent  prendre  que  le  jioisson 
sédentaire,  qu'ils  capturent  le  plus  souvent  au  moyen  de 
filets  traînants^  d'engins  mobiles,  avec  lesquels  ils  labourent 
et  raclent  les  fonds,  au  grand  dommage  des  reproductions 
naturelles.  Ce  n'est  que  très  accidentellement  que  les  pécheurs 
ordinaires  peuvent  prendre  un  Thon  ou  quelques  Palamides  : 
leurs  filets  ne  sont  pas  capables  de  résister  à  l'effort  de  ce? 
robustes  poissons,  qui  n'ont  pas  de  peine  à  les  mettre  en 
pièces;  c'est  même  pour  nos  pêcheurs  un  vrai  désastre  que 
la  présence  d'un  de  ces  puissants  Scombres  dans  leurs  filets. 

Nous  alfirmons  que  les  madragues  sont  utiles  aux  pêcheurs 
de  nos  côtes,  et  il  ne  nous  sera  pas  difficile  de  le  démontrer. 

Les  migrations  de  Thons  et  de  leurs  analogues  ont  pour 
principaux  motifs  le  frai  qu'ils  émettent  dans  des  eaux  et  des 
fonds  plus  propices,  et  aussi  la  recherche  d'une  nourriture 
qu'il  leur  faut  abondante. 

Ils  suivent  dans  leurs  déplacements  les  Maquereaux,  les 
Sardines,  les  Séveraux,  etc.,  et  autres  poissons  voyageurs 
dont  ils  font  leur  proie;  mais  leur  voracité  est  si  bien  établie, 
que  leur  présence  effraye  et  disperse  les  poissons  sédentaires: 
aussi  nos  pêcheurs  se  dispensent-ils  de  sortir  lorsque  les 
Thons  battent  la  mer. 

r.  \.  —  Mars  1803.  '  7 


y8  SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZUULUCIQUE    d'aCCLIMATATIUN. 

Dune,  en  aiTèlanl  leurs  l'uniiidables  colonnes,  les  madra- 
gues assurent  la  sécurité  des  jioissons  sédentaires;  de  plus, 
les  têtes  des  colonnes  ainsi  brisées,  les  poissons  poursuivis 
s'arrêtent  plus  longtemps  dans  nos  parages,  et  les  Maquereaux 
notamment  peuvent  alors  être  pris  par  les  pêcheurs  ordinaires 
en  grande  quantité  en  dehors  de  la  zo}ie  réservée. 

Car,  s'il  est  interdit  aux  pêcheurs  ordinaires  de  se  livrer  à 
leur  industrie  à  nu  inilte  en  amont  de  l'entrée  de  la  madra- 
gue, ils  peuvent  pêcher  en  aval  ;  les  mailles  des  lilets  fixes 
l'orment  un  abri  contre  lequel  viennent  mourir  les  vagues  de 
la  plus  grosse  mer,  et  dans  cet  abri  recherché  du  poisson 
sédentaire,  les  pêcheurs  trouvent  un  aliment  abondant  pour 
leur  industrie. 

Ce  rôle  protecteur  des  madragues,  créant  ainsi  un  brise- 
lames  artificiel  dans  le  rayon  qu'elles  embrassent,  est  bien 
connu  des  pêcheurs  et  des  caboteurs;  il  a  été  étudié  avec  soin 
par  un  officier  distingué  de  la  marine  impériale. 

Le  seul  dommage  occasionné  par  les  madragues  aux  pê- 
cheurs résulte  de  la  concurrence  qui  alimente  les  marchés 
d'une  masse  de  poisson  frais  et  d'excellente  qualité.  Les  six 
madragues  actuelles  de  Marseille  prennent  annuellement  de 
250  000  à  300  000  kilogrammes  de  poisson,  qui,  sans  elles, 
seraient  perdus  pour  la  consommation  ou  iraient  alimenter 
les  marchés  de  nos  voisins. 

Cette  concurrence  elle-même  ne  fait  pas  baisser  sensible- 
ment le  prix  du  poisson  de  luxe,  qui  est  presque  exclusivement 
le  partage  du  pêcheur  ordinaire,  et  que  les  moyens  rapides 
de  communication  permettent  de  répartir  sur  tous  les  mar- 
chés français,  sans  qu'il  y  ait  avilissement  possil)le  du  prix, 
dont  la  limite  est  toujours  largement  rémunératrice. 

3"  Ces  madragues  sont-elles  nuisibles  à  l'inscription  ma- 
ritime ? 

11  est  facile  de  répondre  à  cette  objection  par  ce  lait  que, 
depuis  18Zi5,  époque  de  la  suppression  des  madragues  dans 
le  Var,  le  chiffre  des  inscrits  n'a  pas  augmenté,  il  aurait 
même  sensiblement  diminué. 


DEMANDE   D'ÉTABLISSEMENT   DE   PÊCHERIES,    ETC.  90 

La  suppression  de  ces  utiles  pêcheries  n'a  donc  pas  en  pour 
résullat  d'augmenter  la  pêche  côlière,  mais  elle  a  privé  nos 
populations  d'un  apport  considérable  poui'  ralimentation 
publique. 

Chaque  madrague  emploie  quinze  hommes,  qui  sont  pour 
la  plupart  des  marins  inscrits  ;  quel  que  soit  le  sort  de  l'insti- 
tution de  Colbert,  qui  affirmait  (lettres  patentes  de  1701  et  1716) 
que  les  «  madragues  servaient  à  former  un  plus  grand  nombre 
de  matelots  pour  le  service  du  Roi  »,  il  est  certain  que  les 
madragues  fournissent  du  travail  à  la  mer,  et  par  consé- 
quent forment  des  marins,  et  qu'elles  livrent  à  la  consomma- 
lion  une  grande  quantité  d'un  aliment  sain  et  réparateur. 

Le  rôle  des  madragues  ne  se  borne  pas  à  former  des  ma- 
rins, à  procurer  aux  populations  du  poisson  frais  ;  d'impor- 
tantes industries  se  créent  dans  leur  voisinage,  et  donnent 
de  nouveaux  éléments  de  travail  aux  classes  laborieuses  et  de 
nouveaux  produits  alimentaires  et  commerciaux. 

Le  tissage  du  sparte  dont  sont  faits  les  fdets,  plante  que 
le  commerce  tire  de  l'Algérie  et  de  l'Espagne,  occupe  des 
bras  nombreux  de  femmes,  d'enfants,  de  vieillards.  Dans  la 
saison  du  passage  des  poissons,  les  madragues  fournissent  une 
partie  de  leur  capture  aux  ateliers  de  salaison  et  de  marinage, 
pour  la  préparation  de  ces  délicates  conserves  si  recherchées 
sur  les  tables  des  pauvres  comme  sur  celles  des  riches. 

La  suppression  des  madragues  du  Var  a  éteint  bien  des 
industries  dans  notre  département,  le  cabotage  de  la  sparterie, 
le  tissage  des  filets,  la  fabrication  du  thon  mariné  avec  les 
huiles  du  pat/s.  Ce  poisson  figurait  habituellement  sur  toutes 
les  tables  et  dans  tous  les  approvisionnements  des  navires;  on 
ne  l'y  voit  plus  qu'accidentellement  et  à  titre  de  luxe,  etc. ,  etc. 

C'est  le  rélabhssemenl  de   ces  florissantes  industries  (jue 
nous  venons  demander  à  votre  justice,  à  votre  sollicitude  des 
intérêts  des  classes  ouvrières  si  directement  en  jeu  dans  une' 
question  d'ahmenlation  et  de  travail. 

Depuis  que  nos  côtes  méditerranéennes  se  sont  agrandies 
du  comté  de  Nice,  le  développement  des  stations  favoiables  à 


100        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLLMATATION. 

rétablissement  de  madragues  peniiellrait  de  livrer  à  la  con- 
sommation de  la  France  près  d'un  million  de  kilogrammes 
de  poisson  frais,  sa7is  compter  le  poisson  salé  ou  mariné. 
En  effet,  en  rétablissant  dans  le  Var  les  six  ou  sept  madragues 
qui  existaient  aux  passes  de  la  Baumelle,  de  Rouvaux,  de 
Bruse,  de  Toulon,  de  Saint-Mandrier,  de  Giens,  de  Saint- 
Tropez  ;  en  autorisant  la  création,  dans  les  Alpes-Maritimes, 
d'un  nombre  de  stations  choisies  dans  des  localités lavorables, 
l'administration  revivifierait  des  industries  éteintes,  et  aug- 
menterait le  bien-être  des  populations  maritimes,  tout  en 
permettant  d'utiliser  pour  l'alimentation  des  masses  consi- 
dérables de  poissons  qui  passent  annuellement  le  long  de  nos 
côtes,  inutiles  pour  les  nationaux  et  portant  à  nos  voisins 
des  éléments  d'industrie  pour  lesquels  nous  devenons  leurs 
tributaires. 

Nous  nous  présentons  devant  vous,  monsieur  le  Ministre, 
avec  l'assentiment  des  conseils  municipaux  de  Toulon  et  de 
Marseille,  des  chambres  de  commerce  de  ces  deux  impor- 
tantes cités,  avec  les  sympathies  des  po})ulations  intéressées. 
Si  notre  requête  est  lavorablement  accueillie  par  vous  ;  si, 
répondant  aux  besoins  des  classes  ouvrières,  auxquelles  le 
poisson  est  actuellement  inconnu,  parce  qu'il  est  hors  de 
prix  ,  Sa  Majesté  l'Empereur  voit  sa  sollicitude  cumprise 
et  sa  volonté  secondée,  une  Compagnie  financière  est  prête 
à  créer  à  ses  risques  et  périls  les  madragues  du  Yar  et  des 
Alpes-Maritimes,  et  à  procurer  des  instruments  de  travail  à 
cette  intéressante  population  vivant  de  la  mer,  robuste  pépi- 
nière de  matelots,  aux  pêcheurs  eux-mêmes,  qui  n'auront  plus 
dès  lors  de  motifs  de  jalousie  étroite  ou  d'opposition  égoïste 
aux  intérêts  généraux. 

De  j)lus,  lu  Compagnie  concessionnaire  serait  disposée  à 
créer,  sur  des  points  favorables  et  ultérieurement  désignés,  des 
Oassi/is  <rrfJe>:iji'/f/e  et  des  n'scrcoirs pour  /es poissons  séclen- 
t  a  if  es. 

Nous  sommes  -avec  respect,  etc. 


COMPTE  RENDU  SOMMAIRE 

DES 

TRAVAUX  SUR  L'INDUSTRIE  DE  LA   SOiE 

El-l'ECTUES    EN     1862 

par  les  membres  et  correspondants  de  la  société  impkrl\li: 
d'accllmatation, 

Par  M.  F.  E.  «UÉRI\->IÉÎ\EVILLK. 


(Séance  du  12  décembre  1862), 

Comme  les  années  précédentes,  les  communicalions  sérici- 
coles  des  membres  et  correspondants  de  la  Société  sont  nom- 
breuses(l)et  d'un  haut  intérêt,  en  raisonmême  de  l'importance 
de  celte  grande  industrie  agricole  et  manufacturière,  et  de 
l'état  de  souffrance  dans  lequel  elle  se  trouve  depuis  plus 
de  dix  ans.  Ces  travaux,  lus  ou  présentés  cala  Société  dans  le 
courant  de  l'année,  ont  porté  autant  sur  le  Ver  à  soie  du 
Mûrier,  si  gravement  compromis  par  la  déplorable  épidémie 
de  la  gatline,  que  sur  les  espèces  exotiques  récemment  intro- 
duites ou  à  introduire. 

Voilà  plus  de  dix  ans  que  le  Ver  à  soie  du  Mûrier  est  sous 
l'influence  de  l'épidémie  de  la  gatline,  ce  qui  a  produit  une 
perturbation  déplorable  dans  l'industrie  de  la  soie,  et  des 
misères  qui,  pour  être  inconnues  des  heureux  du  siècle,  n'eu 
sont  pas  moins  vivement  et  péniblement  senties  dans  nos  cam- 
pagnes, et  dans  les  villes  où  la  soie  est  le  principal  objet  de 
l'industrie. 

Les  hommes  de  science  et  ceux  qui  se  hvrent  à  la  pratique 
ont  fait  leur  devoir  en  cherchant  à  conjurer  le  fléau,  et  tous, 
avec  une  généreuse  émulation,  se  sont  voués  aux  travaux  les 
plus  pénibles  pour  chercher  à  connaître  la  cause  du  mal,  et 
pour  tâcher  de  trouver,  dans  celte  connaissance,  quelque 
moyen  de  le  conjurer. 

(i)  Je  n'ai  pu  en  mentionner  ici  que  soix.ante-U-ois  des  principaux,  rangés 
par  ordre  alplialnUique,  sur  plus  d'un  millier. 


102      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTATION. 

Il  fallait  êlre  animé  d'un  bien  grand  zèle  pour  se  livrer  à  de 
tels  travaux,  et  les  savants,  surtout,  ont  fait  preuve  d'un  grand 
désintéressement,  car,  pour  eux,  il  n'y  avait  rien  autre  chose 
à  recueillir  que  l'honneur  d'avoir  cherché  à  se  rendre  utiles 
en  venant  en  aide  aux  hommes  pratiques,  agriculteurs  et  in- 
dustriels, qui  auraient  profité  seuls  des  succès  obtenus. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'exposer  les  nombreux  et  beaux  tra- 
vaux scientifiques  qui  ont  été  faits  sur  cette  grave  question. 
Je  m'abstiendrai  aussi  de  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société 
les  vives  discussions  qui  se  sont  élevées  à  ce  sujet  parmi  ces 
travailleurs  ;  mais  je  dirai  que  ces  discussions  mêmes,  en  mon- 
trant l'énergie  qu'ils  ont  mise  dansl'accompHssement  de  leurs 
travaux,  témoignent  de  leur  zèle  et  de  leur  dévouement  pour 
une  industrie  agricole  à  laquelle  ils  ont  apporté  ainsi  le  tri- 
but de  leurs  études  patientes  et  de  leurs  veilles.  Cette  lutte, 
du  reste,  est  une  garantie  précieuse  delà  conscience,  poussée 
jusqu'à  la  passion,  avec  laquelle  ils  ont  fait  leurs  recherches: 
elle  ne  peut  qu'honorer  les  vainqueurs  et  les  vaincus. 

Malheureusement,  jusqu'à  présent,  tous  ces  travaux  n'ont 
amené  aucun  résultat  pratique,  et  ils  semblent  seulement  prou- 
ver que  la  cause  ou  les  causes  du  mal  sont  hors  de  portée  de 
la  puissance  humaine.  Des  savants,  ayant  aussi  quelques  par- 
tisans dans  les  hommes  pratiques,  déduisent  de  leurs  recher- 
ches que  l'épidémie  de  la  gattine  ne  dépend  pas  de  la  maladie 
générale  des  végétaux.  D'autres,  ceux  qui  ont  souvent  quitté 
leur  cabinet  pour  se  faire  hommes  de  pratique,  non  pas  seule- 
ment en  faisant  quelques  tournées,  mais  en  séjournant  plu- 
sieurs saisons  de  suite  dans  les  magnaneries,  déduisent  des 
nombreux  faits  qu'ils  ont  observés  ainsi,  que  cette  épidémie  a 
été  amenée  graduellement  par  une  mauvaise  alimentation  des 
Versa  soie,  par  l'usage  de  feuilles  provenant  d'arbres  alteinis 
de  l'épidémie  végétale,  si  connue  et  si  générale  depuis  plus 
de  dix  ans,  et  ils  ont  comme  partisans  de  cette  idée  si  ration- 
nelle presque  tous  les  praticiens  observateurs. 

J'ai  fait  connaître  ailleurs  (1)   les  motifs  qui   m'ont  fait 

(1)  Article  Magnanerie  de  VAnnuaire  encycloix'dique  1860,  1861  et 
18fi2.  —  Académie  d^fi  science?^,  séance  du  23  juin  1862,  etc..  etc. 


TRAVAUX   SUR    l'iNDUSTRIE    DE    LA    SOIE.  103 

annoncer  cette  fatale  vérité  dès  l'origine  de  l'épidémie  (1),  et 
lespersonnes  qui  voudront  consciencieusement  étudierla ques- 
tion trouveront  Là  tous  les  documents  nécessaires.  Je  men- 
tionnerai seulement  aujourd'hui  des  faits  récents  qui  vont 
être  l'objet  d'études  sérieuses,  et  qui,  s'ils  se  confirmaient, 
viendraient  prouver  surabondamment  ce  que  je  soutiens  de- 
puis bientôt  dix  ans,  en  rendant  en  même  temps  un  grand 
service  à  l'industrie  de  la  soie. 

Il  est  reconnu  aujourd'hui  que  des  races  provenant  de  loca- 
lités non  atteintes,  et  qui  donnent  une  bonne  récolte  la  pre- 
mière année,  ne  peuvent  se  reproduire  dans  les  contrées  où 
règne  l'épidémie. 

En  effet,  toutes  les  fois  qu'on  a  voulu  faire  grainer  des  Vers 
à  soie  dans  ces  conditions,  en  Italie  ou  en  France,  les  descen- 
dants de  races  saines  ont  été  plus  ou  moins  fortement  atteints 
dès  la  première  génération,  et  n'ont  pu  aller  plus  loin. 

Aussi  est-on  obligé,  actuellement,  de  faire  venir,  chaque 
année,  des  graines  du  dehors,  quand  on  peut  en  trouver  de 
saines,  ce  qui  est  tous  les  jours  plus  difficile. 

Des  faits  assez  nombreux  montrent  que  certaines  localités 
de  France  et  d'Europe,  placées  sous  des  latitudes  plus  au  nord, 
ou  à  des  altitudes  qui  les  mettent  dans  des  conditions  cHma- 
tiques  analogues,  possèdent  encore  des  races  demeurées  jus- 
qu'à présent  exemples  de  la  gattine. 

Un  fait  très  curieux,  une  expérience  comparative  faite  à 
Troyes  et  à  ma  sollicitation,  par  M.  le  capitaine  Jacquier,  et 
à  Saint-Hippolyte  (Gard),  par  M,  Soulier,  semblerait  établir 
que  des  graines  provenant  de  parents  gattinés  peuvent  donner 
de  bonnes  récoltes  dans  des  pays  exempts  de  l'épidémie. 

En  effet,  les  Vers  d'un  même  lot  de  graine  partagé  en 
deux  portions  égales  sous  les  yeux  du  maire  de  Saint-Hippo- 
lyte, qui  en  a  dressé  procès-verbal,  élevés  en  même  temps  à 
Saint-Hippolyte  et  à  Troyes,  ont  donné  une  récolte  entière 
dans  ce  dernier  pays,  et  n'ont  pas  produit  un  seul  cocon  à 
Saint-Hippolyte,  où  ils  ont  été  fortement  atteints  de  la  gattine. 

(l)  Académip  Jps  sciences,  séances  îles  2i  octobre  et  7  novembre  1853, 


JO/l        SOCn^TÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Une  si  brusque  guérison  d'une  race  gattinée^e  peut  encore 
être  considérée  que  comme  un  fait  exceptionnel  qui  a  besoin 
de  confirmation;  mais  ce  fait,  rapproché  d'autres  observations 
analogues,  devient  un  indice  qui  appelle  des  études  sérieuses 
et  de  nouvelles  expériences  comparatives,  faites  dans  les 
mêmes  conditions.  ■ 

M.  le  capitaine  Jacquier  élève  chaque  année,  à  Troyes  et 
avec  un  plein  succès,  sans  apercevoir  la  moindre  trace  de 
gatline,  une  race  milanaise  qui  lui  a  été  donnée,  il  y  a  plus 
de  quinze  ans,  par  M.  de  Boulenois,  alors  qu'il  était  secrétaire 
de  la  Société  séricicole.  Depuis  trois  ou  quatre  ans,  toute  la 
graine  qu'il  fait  dans  son  éducation  est  livrée  à  M.  Soulier 
(de  Saint- Hippolyte),  qui  en  obtient  des  éducations  magni- 
fiques. Seulement,  toutes  les  fois  que  M.  Soulier  a  voulu  faire 
de  la  graine  avec  les  beaux  cocons  qu'il  obtient  ainsi,  la 
gattine  a  envahi  cette  race  dès  la  première  génération. 

Il  semble  résulter  de  ce  qui  précède  que  l'on  pourrait  peut- 
être  éviter,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  procliain,  d'aller 
chercher  fort  loin  des  graines  quelquefois  exemptes  de  gattine, 
mais  presque  toujours  appartenant  à  des  races  très  inférieures, 
si,  après  avoir  vérifié  convenablement  la  réalité  des  faits 
énoncés  plus  haut,  on  provoquait  le  développement  d'éduca- 
tions pour  graine  dans  ces  contrées  privilégiées. 

A  la  suite  de  ces  expériences  préparatoires,  et  d'une  sorte 
d'enquête  dans  plusieurs  départements,  en  procédant  du 
midi  au  nord,  j'ai  été  engagé  à  adjoindre  à  l'école  à'Ailanti- 
culture  que  j'ai  fondée,  grâce  à  la  protection  de  l'Empereur, 
du  maréchal  Vaillant  et  du  sénateur  préfet  de  la  Seine,  dans 
une  annexe  de  la  ferme  impériale  de  Vincennes,  un  labora- 
toire central  de  sériciculture  comparée  des  Sociétés  ayricoles 
de  France,  dans  lequel  ces  expériences,  faites  simultanément 
parles  Sociétés  des  départements,  seront  répétées,  comparées 
entre  elles,  et  centralisées. 

11  est  probable  que,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  rappro- 
ché ,  ces  études  pratiques,  faites  par  tous  au  profit  de  tous, 
nous  conduiront  à  diminuer  graduellement  l'importation  si 
chanceuse  et  si  coûteuse  des  graines  étrangères,  et  nous  arri- 


TRAVAUX    SUR    l'INDUSTRIE    DE    LA    SOIE.  105 

verons  peut-être  à  faire  de  bonne  graine  sur  quelques  points 
de  la  France  et  de  la  Suisse,  et  ensuite  partout,  comme  cela 
avait  lieu  avant  l'invasion  de  la  gattine.  Nous  devons  donc,  en 
attendant,  chercher  et  étudier  pour  saisir  ce  moment,  et  nous 
aflranchir,  le  plus  tôt  possible,  de  cette  nécessité  d'aller 
acheter  au  loin  des  graines  de  Vers  à  soie  qui  nous  routent 
annuellement  plus  de  10  millions  de  francs. 

Nous  devons  aussi  encourager,  autant  que  possible,  les 
commerçants  honorables  qui  vont  faire  de  la  graine  dans  des 
contrées  non  encore  atteintes  par  le  fléau,  car  c'est  à  leurs 
efforts  que  l'on  a  dû,  depuis  l'invasion  de  l'épidémie,  le  peu 
de  cocons  produits  dans  nos  contrées  séricicoles.  C'est  à  ce 
titre  que,  sur  la  demande  de  notre  confrère  M.  Eugène  Ro- 
bert, directeur  de  la  magnanerie  expérimentale  de  Sainte- 
Tulle,  j'ai  pris  la  hberté  de  recommander  M.  Mazade,  quise 
rend  en  Chine  et  au  Japon,  à  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires 
étrangères,  notre  illustre  président,  qui  a  bien  voulu  donner 
à  ce  courageux  négociant  des  lettres  de  recommandation  pour 
nos  agents  diplomatiques  dans  ces  pays. 

II  n'est  pas  probable  que  les  études  qui  vont  être  faites 
partout  amènent  la  découverte  d'im  renmle  susceptible  de 
gagner  le  prix  de  /iOOOO  francs  fondé  avec  tant  de  générosité 
par  le  département  de  l'Isère;  mais  cette  fondation  n'en  ho- 
nore pas  moins  à  tout  jamais  une  administration  qui  a  si 
bien  compris  la  grande  importance  des  recherches  qu'elle 
provoque  ainsi,  et  peut-être  jugera-t-elle  convenable  d'appli- 
quer quelques  parties  de  ce  fonds  à  encourager  les  recher- 
ches dont  je  parle  plus  haut. 

La  mesure  prise  ainsi  par  les  représentants  du  départe- 
ment de  l'Isère  sera  un  enseignement  dont  ne  profiteront  pas 
ceux  qui  affectent  de  n'estimer  que  ce  qu'ils  appellent  la 
grande  culture,  ne  prenant  au  sérieux  que  les  questions  qui 
portent  sur  les  grands  animaux,  le  Bœuf,  le  Mouton,  le  Pure. 
Ainsi  que  l'a  dit  avec  tant  de  raison  un  des  feuilletonistes 
scientifiques  les  plus  apjtréciés  du  public  et  de  l'Institut, 
M.  Louis  Figuier  :  «  Ces  éludes  ont  assurément  une  grande 
))  utilité;  mais  il  ne  faut  pas  rnéprisiT  les  Insocles,  les  Mou- 


106       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

))  cheSjles  Hannetons;  car,  si  petits  qu'ils  soient,  ce  sont  là  les 
»  plus  redoutables  ennemis  du  Blé,  de  la  Vigne,  des  Oliviers 
»  de  nos  champs,  des  arbres  de  nos  forêts,  et  d'une  foule 
»  d'autres  produits  agricoles  qui  nous  sont  aussi  indispensa- 
»  blés  que  la  chair  des  animaux  de  boucherie.  » 

Quant  aux  Vers  à  soie  exotiques,  on  peut  dire  qu'ils  sont 
ou  seront  tous,  comme  les  autres  animaux,  introduits  et  ac- 
climatés par  la  Société.  En  effet,  c'est  aux  travaux  de  ses 
membres  que  ces  résultats  sont  généralement  dus;  c'est  à  elle 
qu'aboutissent  toutes  les  tentatives  d'acclimatation  :  il  est 
donc  naturel  qu'elle  en  recueille  toute  la  gloire. 

Comme  on  le  verra,  l'acclimatation  des  Vers  à  soie  de  l'Ai- 
lante  se  développe  dans  tous  les  pays,  grâce  aux  efforts  des 
membres  de  la  Société.  La  France,  la  Piussie,  l'Autriche, 
l'Italie,  la  Hollande,  et  môme  l'Angleterre,  s'en  occupent  avec 
la  plus  grande  activité,  et  des  plantations  d'Allantes  sont 
faites  dans  toutes  les  terres  sans  valeur,  et  sur  les  talus  des 
chemins  de  fer.  Effectuées  dans  ces  conditions,  ces  plantations 
auront  toujours  leur  utilité,  même  dans  les  contrées  oîi  des 
circonstances  qu'on  ne  peut  prévoir,  empêcheraient  le  Ver 
à  soie  de  réussir. 

Si  le  Ver  à  soie  de  l'Allante  fait  son  chemin  en  Europe,  il 
ne  marche  pas  moins  vhe  à  l'étranger,  et  les  Indes  orientales, 
l'Afrique,  l'Amérique  et  l'Australie  ne  sont  pas  restées  en 
arrière  pour  faire  des  plantations  et  des  essais  qui  promet- 
tent beaucoup,  ainsi  qu'on  l'a  vu  dans  diverses  publications 
qu'il  serait  trop  long  de  citer  ici . 

Le  Ver  à  soie  du  Ricin  commence  aussi  à  prendre  une 
place  avantageuse  dans  ces  tentatives  d'acclimatation.  II  a 
déjà  rendu  un  grand  service  en  me  permettant  d'obtenir  cette 
race  de  métis  que  j'ai  pu  envoyer  dans  l'Amérique  méridio- 
nale où  on  la  nourrit  sur  le  Ricin.  On  a  vu,  dans  les  jour- 
naux (l),  les  magnifiques  résultats  obtenus  de  ces  métis  dans 
la  Plata.  On  peut  en  attendre  autant  dans  tous  les  pays  où  le 
Ricin  croît  spontanément. 

(1)  Moniteur  du  2  décembre  1862.  —  Le  Commerce  sériricole  du  10  dé- 
cemljve.  —  Le  Moniteur  de.  Varfricullure  du  \h  déconi!)iv,  elc.  etc. 


TRAVAUX   SUR    l'INDUSTRIE    DE    LA   SOIE.  107 

Aujourd'hui,  après  plusieurs  tentatives  infructueuses  d'in- 
troduction des  Vers  à  soie  qui  se  nourrissent  des  feuilles  du 
Chêne,  j'ai  l'espérance  de  voir  réussir  celle  qui  vient  d'être 
faite,  grâce  à  la  généreuse  initiative  du  gouvernement  néerlan- 
dais, à  qui  j'ai  eu  la  satisfaction  de  donner  le  Ver  à  soie  de 
l'Ailante  pour  ses  colonies  indiennes.  En  effet,  M.  Pompe  van 
Meert  derVVoort,  officier  de  santé  de  la  marine  néerlandaise, 
récemment  arrivé  du  Japon,  a  remis  au  chargé  d'affaires  de 
France,  à  la  Haye,  des  œufs  du  fameux  Ver  à  soie  Ya-ma-mm. 

Ces  œufs  ont  été  adressés  à  LL.  EE\c.  les  Ministres  des 
affaires  étrangères  et  de  l'agriculture,  qui  ont  bien  voulu  les 
envoyer  à  notre  Société  pour  être  distribués  à  ceux  de  ses 
membres  les  plus  aptes  cà  faire  réussir  cette  nouvelle  tentative 
d'acclimatation.  J'ai  été  chargé  par  le  Conseil  de  la  distribu- 
tion de  cette  précieuse  graine,  et  je  vais  apporter  à  cette  grave 
affaire  toute  la  sollicitude  dont  je  suis  capable,  en  envoyant 
d'abord  de  ces  œufs  à  notre  savant  confrère  M.  Dnméril,  à 
qui  l'on  doit  des  travaux  très  remarquables  sur  cette  es- 
pèce (1)  ;  à  M.  Rufzde  Lavison,  qui  dirige  si  fructueusement 
pour  l'industrie  de  la  soie  la  magnanerie  du  Jardin  dn  bois  de 
Boulogne,  et  cà  beaucoup  d'autres  confrères  qui  ont  fait  leurs 
preuves  en  fait  de  soins  à  donnera  ces  très  difficiles  acclima- 
tations. 

On  sait,  par  un  travail  que  j'ai  publié  en  1861,  sur  cette 
nouvelle  espèce  (2),  et  par  des  notes  envoyées  du  Japon  par 
M.Simon  (^;///.5or.^'ffcr/m?.,juilletl862, p.  57/i), notes  qu'il 
tenait  de  M.  Pompe  van  Meert  der  Woort,  que  ce  Ver  à  soie  se 
nourrit  au  Japon  des  feuilles  de  plusieurs  espèces  de  Chênes. 
La  première  difficulté  était  d'obtenir  des  œufs  de  cette  espèce 
au  Japon,  où  leur  exportation  est,  dit-on,  prohibée  sous  peine 
de  mort.  Il  fallait  ensuite  les  faire  arriver  vivants  en  Europe. 
Ces  deux  graves  difficultés  ont  été  surmontées  par  M.  Pompe. 
Grâce  à  lui,  nouspouvonsespérer  d'acquérir  cette  remarquable 
espèce  dont  V Encyclopédie  japonaise  parle  en  ces  termes  : 

«  Il  existe,  au  sud   du  Japon,  une  île  nommée  Fatsi-syô, 

{\)Cotnptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  10  juin  1861. 
(2)  Bévue  et  Magasin  de  zoologie,    1861,  p.  187,  2'Jl  et  228. 


lOS        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOfilOUE    d'aCCLIMÂTATION. 

»  ([ui  sert  de  lieu  d'exil.  Il  y  a,  dans  cette  île,  des  cocons  sau- 
»  vages  qu'on  nomme  Ya-ma  ?nauou ,  on  cocous  de  montagne, 
»  dont  on  fait  une  sorte  d'étoffe  extrêmement  forte,  qui  ne 
»  change  jamais  de  couleur,  mais  que  l'on  ne  peut  pas  teindre. 
»  C'est  la  soierie  connue  sous  le  nom  de  fatsi-siô-kinou,  qui 
S)  fîiit  partie  des  revenus  du  gouvernement  et  n'entre  pas  dans 
»  le  commerce.  Elle  est  considérée  comme  une  étoffe  très 
»  rare,  dont  on  fait  des  contrefaçons  à  Miyaho.  Aux  îles  de 
»  Lieou-Kieoii,  on  fabrique  également  des  soieries  rayées  fort 
»  belles,  qui  approchent  beaucoup  du  fatsi-sio-hinoii,  et  sont 
»  de  même  peu  connues.  » 

Comme  les  œufs  du  Bombyx  Ya-ma-maï  sont  arrivés  dans 
un  état  très  avancé  d'incubation,  il  est  à  craindre  que  les 
chenilles  ne  sortent  des  œufs  avant  le  moment  où  les  Chênes 
montreront  leurs  premières  feuilles.  Alin  d'essayer  de  conjurer 
ce  danger,  je  me  suis  hâté  d'écrire  dans  le  midi  de  la  France 
et  en  Algérie,  pour  que  l'on  lente  de  forcer  le  développement 
de  quelques  jeunes  Chênes,  et  je  me  dispose  à  me  rendre  dans 
ces  pays,  à  la  première  apparition  des  chenilles,  afin  de  ne 
rien  négliger  pour  essayer  de  les  sauver. 

Espérons  que  la  Société  d'acclimatation  parviendra  ainsi  à 
introduire  ce  Ver  à  soie  du  Chêne,  dont  les  cocons  sont  fer- 
més et  susceptibles  d'être  dévidés,  car  il  y  a  là  en  perspective 
une  conquête  agricole  aussi  importante  que  s'il  s'agissait  de 
l'acclimatalion  d'un  animal  plus  grand  que  le  Mouton,  le  Porc 
ou  le  Bœuf  (1). 

(1)  Depuis  la  lecture  de  cette  notice,  dans  la  séance  du  T6  janvier  1863, 
j'aî  reçu  de  M.  le  chevalier  de  Bleeker  (de  Leyde),  des  œufs  vivants  de  cette 
espèce,  avec  une  lettre  d'envoi,  datée  du  29  janvier  et  commençant  ainsi  : 

«  Je  suis  assez  heureux  de  pouvoir  vous  envoyer  une  petite  hoîte  d'œufs 
u  de  Ver  à  soie  du  Clic*ne,  que  je  dois  à  M.  Pompe  van  Aloert  der  Woori,  qui 
«  m'a  permis  d'en  disposer  pour  vous.  « 

An  moyen  de  cet  envoi,  qui  m'est  loui  à  l'ail  personnel,  je  pourrai  donner 
quelques-uns  de  ces  œufs  à  des  personnes  étrangères  à  la  Société  d'acclima- 
tation, qui  va  faire  une  distribution  de  ceuxqu'elledoità  LL.  KE\c.  les  Minis- 
tres des  all'aires  étrangères  et  de  raj^ricullure,  el  ausmcnter  ainsi  les  chances 
d'acclimatation  de  celle  espèce. 


TRAVAUX    SUR    L  INDUSTRIU    DE    LA    SOIE.  J  00 

Voici  riiulication  de  la  plus  grande  partie  des  liavaiix  que  je  sij;iialais 
dans  ma  lecture  du  12  décembre  1862.  L,e  défaut  d'espace  n'a  pas  permis 
d'insérer  ici,  en  conservant  la  classification  que  j'avais  adoptée,  toutes  les 
notes  qui  étaient  jointes  à  ces  mentions. 

;\ladame  veuve  Boucarut  a  adressé  à  la  Société  un  très  intéressant  mé- 
moire sur  ses  éducations  du  Ver  du  Mûrier  provenant  du  Japon. 

M.  Chavan.nes,  notre  savant  délégué  à  Lausanne,  a  continué  ses  recher- 
ches sur  l'épidémie  de  la  gattine  et  sur  les  moyens  d'en  préserver  les  édu- 
cations, et  il  a  fait  de  nouvelles  éducations  en  plein  air  pour  essayer  de 
régénérer  la  race,  ce  qui  lui  a  donné  d'excellents  résultais. 

C'est  à  la  suite  de  ces  études  savantes  et  consciencieuses  qu'il  a  publié 
son  beau  travail  intitulé  :  Les  principales  maladies  des  Vers  à  soie  et  leur 
guérison,  ouvrage  qui  a  été  couronné  par  l'Institut  lombard  des  sciences  et 
des  arts,  le  7  août  1861. 

Si  je  pense  que  le  succès  obtenu  par  M.  Chavannes  est  dû,  en  grande 
partie,  au  milieu  dans  lequel  il  a  opéré,  à  la  situation  de  la  plupart  des  loca- 
lités de  la  Suisse  dans  lesquelles  la  maladie  des  arbres  est  nulle  ou  très  peu 
intense,  je  n'en  partage  pas  moins  son  opinion  au  sujet  des  avantages  qu'il 
y  aurait,  pour  restaurer  les  races  de  ^  ers  à  soie,  à  faire  des  éducations  pour 
graines  en  plein  air. 

M.  Delisse,  que  la  mort  \ient  d'enlever  .si  prématurément  aux  sciences 
qu'il  cultivait  avec  tant  de  succès  et  à  la  Société  d'acclimatation,  avait  en- 
trepris des  essais  avec  différents  échantillons  de  graines  qui  lui  avaient  été 
envoyés  par  la  Société.  Ces  expériences  ont  été  continuées  par  sa  veuve, 
qui,  malgré  sa  trop  légitime  douleur,  a  voulu  pieusement  terminer  l'œuvre 
commencée. 

La  Société  doit  à  madame  Camille  Delisse  un  excellent  rapport  sur  des 
expériences  terminées  dans  de  si  douloureuses  circonstances.  Madame  Delisse, 
après  avoir  rendu  compte  des  résultats  de  ces  travaux,  annonce  qu'elle  va 
nous  envoyer  des  œufs  obtenus  par  elle,  et  qu'elle  en  gardera  une  portion 
pour  continuer  les  expériences  en  18G3. 

M.  Dei'Rance  continue  avec  une  louable  persévérance  les  expériences  et 
les  éducations  hâtives  de  la  Société  d'horticulture  et  d'acclimatation  de  Tarn- 
et-r,aronne,  qui  a  institué,  à  cet  effet,  un  comité  de  sériciculture  compose  de 
.MM.  A.  Defrance,  L.  Bergis  et  Am.  Ligounhe,  et  un  jardin  d'acclimatation 
où  j'ai  admiré,  entre  autres,  l'atelier  des  essais  précoces  de  graines  de  Vers 
à  soie,  qui  est  établi  de  la  manière  la  plus  rationnelle  et  la  mieux  appropriée 
à  son  objet. 

J'ai  mentionné  plus  haut,  page  lO/i,  les  remarquables  résultats  obtenus  à 
Troyes  par  M.  le  capitaine  Jacquier. 

Madame  la  comtesse  de  Labédoyère  a  continué  les  éducations  expéri- 
mentales qu'elle  veut  bien  fcure,  depius  plusieurs  années,  et  son  rapport  a 
permis  d'apprécier  l'importance  des  résultats  qu'elle  en  a  obtenus. 


110        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOULOGIOUE    d'aCCELMATATIUN. 

M.  Leroy  (d'x\ngers)  a  fait  uni'  ('ducalion  de  \  ers  à  soie  ordinaires  exclu- 
sivement avec  les  feuilles  du  Macktra  mirantiacu,  el  ces  Vers  n'ont  montré 
aucune  maladie.  11  pense  que  les  feuilles  du  Maclura  sont  elles-mêmes 
exemptes  de  maladie,  et  il  com])le,  Tannée  prochaine,  élever  les  descendants 
de  celte  première  éducation  au  Maclura  el  au  Mûrier,  pour  voir  si  les  pre- 
miers seront  sains  et  les  seconds  malades,  ce  qui  montrerait  que  rallection 
leur  vient  de  la  nourriture. 

M.  E.  NouRRiGAT  (de  Lunel)  continue  ses  utiles  recherches  sur  la  mala- 
die des  Vers  à  soie  el  des  Mûriers,  et  il  cherche  à  acclimater  des  races  exo- 
tiques introduites,  soit  par  la  Société  d'acclimatation,  soit  par  le  commerce, 
avec  une  persévérance  digne  des  plus  grands  éloges. 

M.  Personnat,  secrétaire  delà  Société  d'agriculture  el  des  sciences  natu- 
relles de  l'Ardèche,  a  fait  de  nombreuses  expériences  sur  les  Vers  à  soie 
du  Mûrier;  il  s'est  occupé  aussi  d'expériences  pratiques  sur  le  Ver  à  soie  de 
TAilante,  et  il  rend  tous  les  jours  de  grands  services  à  cette  question,  qui  est 
devenue,  grâce  à  l'exemple  qu'il  donne  et  à  la  propagande  qu'il  fait,  presque 
popidaire  dans  le  département  de  l'Ardèche. 

M.  DE  l'LAGNOL,  propriétaire  à  Chomérac  (Ardèche),  a  envoyé  à  la  Société 
un  savant  mémoire  ayant  pour  titre  ;  Des  corpuscules  vibrants  de  la  maladie 
des  Vers  à  soie,  et  des  moyens  delà  prévenir. 

M.  Jean  Gross,  de  Gruminguen  (Suisse),  rend  des  services  réels  à  l'accli- 
matatiou  eu  se  livrant  avec  un  zèle  digne  des  plus  grands  éloges  au  dévelop- 
pement de  l'industrie  de  la  soie  du  Mûrier  et  de  l'Ailanle  dans  le  Zurich. 
Avec  l'aide  de  plusieurs  savants  el  agriculteurs,  il  est  parvenu  à  fonder  une 
Société  séricicole  pour  le  canton. 

M.  MicHELY  (de  Cayenne)  n'a  cessé  de  travailler  à  l'introduction  de  la 
riche  industrie  de  la  soie  à  Cayenne,  et  il  est  èi  regretter  que  ses  efforts  aient 
été  paralysés  par  des  circonstances  indépendantes  de  sa  volonté  et  de  son 
amuu»  du  progrès  agricole  de  la  colonie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ses  travaux  ont  été  juslement  appréciés  par  le  jury 
de  l'Exposition  universelle  de  186'2,  puisqu'ils  lui  ont  valu  deux  des  rares 
médailles  qui  oui  été  attribuées  à  l'agriculture  française. 

M.  TuBi  (de  Milan)  a  reçu  de  notre  Société  des  œufs  de  Vers  du  Mûrier 
du  Japon,  qui  lui  ont  donné  une  magnilique  récolle  la  première  année. 

M.  Tubi,  en  son  nom  et  au  nom  des  éleveurs  à  qui  il  avait  distribué  cette 
race,  m'a  chargé  de  faire  agréer  ses  remercîments  à  la  Société  d'acclimatation. 

Madame  la  comtesse  de  Beau MUiNT  a  découvert,  à  la  suite  d'essais  variés, 
qu'on  pouvait  élever  le  Bombyx  Cynthia  avec  les  feuilles  de  la  IMmpreaelle. 
Voici  ce  qu'elle  écrivait  à  ce  sujet  : 

«  J'aiprisdes  chenilles  ab  ovo,  sans  qu'elles  aient  goutté  autre  chose.  Elles 
se  sont  mises  à  manger  la  l'inqnenelle.  J'ai  pris  des  chenilles  de  tout  âge  sur 
le  Vernis,  elles  ne  se  sont  pas  aperçues  du  changement  de  nourriture.  L'édu- 
cation a  été  aussi  prompte,  je  ne  dirai  pas  plus,  quoique  les  premières  chry- 
salides me  viennent  des  élèves  de  la  fJimprenelle.  » 


TRAVAUX    SUR    L'INDUSTRIE    DE   LA    SOIE.  111 

M.  Blal\  (d'Angers),  à  qui  la  question  du  Ver  à  soie  dei'Aikintedoil  laiil, 
n'a  cessé  de  s'en  occiqior  celte  annt'c,  cl  ses  succès  ne  se  son!  pas  dé- 
mentis. Il  vienl  d'en  obtenir  un  éclatant  au  grand  concours  régional  agricole 
d'Angers,  comprenant  sept  déparlemcnts,  car  le  jury  des  produits  agricoles 
lui  a  décerné  une  nouvelle  médaille  pour  les  progrès  qu'il  fait  faire  à  la  cul- 
turc  de  l'Ailanle  el  de  son  Ver  à  soie. 

Aladame  la  baronne  de  Castili.on,  qui  avait  si  bien  réussi  ses  éducations 
de  Vers  de  l'Ailanle  en  plein  air  en  1861,  a  continué  ses  succès  cette  année 
encore.  Outre  ceux  qu'elle  a  gardés  pour  la  reproduction,  elle  a  envoyé  à 
Paris  108Ù  cocons  niagnili(|ues  qui  ont  donné  une  grande  quantité  d'œufs. 

M.  CiiOFi'iN,  propriétaire  du  inagni(i(jue  domaine  du  Tremblay,  près  de  Join- 
ville-le-Ponl,  a  fait,  comme  M.  lîogcr-Desgeneltes,  une  pépinière  d'Allantes, 
et  des  essais  d'élevage  du  ^  er  à  soie  sur  les  arbres  de  son  beau  parc  et  sur 
les  jeunes  sujets  de  son  semis,  et  il  a  réussi  à  obtenir  de  bons  cocons,  malgré 
les  intempéries  constantes  du  printemps  et  de  l'été. 

M.  DoiNZEL-LECOiNTEa  obtcnu,  à  Mmes,  les  mêmes  résultats  que  madame 
la  baronne  de  Caslillon,  près  d'Aix.  Il  a  aussi  envoyé  à  Taris  l'excédant  de 
sa  récolte,  composé  de  ZiOOO  à  5CO0  cocons  dont  on  a  fait  aussi  de  la  graine, 
(pii  a  été  dislribuée,  quoique  un  peu  tardivement. 

M.  Frérot,  déjà  bien  connu  de  la  Société  pour  ses  essais,  couronnés  de 
succès,  d'éducation  du  Bombyx  Cynfhia  sur  le  Cytise  des  Alpes,  a  continué 
avec  les  mêmes  avantages  ces  intéressantes  expériences. 

ÎVl.  GivELET,  au  cbàleau  de  Flamboin,  en  est  aussi  aux  semis  et  planta- 
tions et  aux  essais  d'élevage  des  Vers.  On  ne  peut  rien  voir  de  plus  beau  que 
les  Allantes  qu'il  a  obtenus  de  ses  semis  de  deux  ans,  et  ceux  qu'il  a  mis  en 
place  au  printemps  dernier  sont  d'une  vigueur  remarquable. 

M.  deLamote-Baracé  a  augmenté  ses  plantations  d'Allantes  et  continué 
ses  éducations  du  nouveau  Ver  à  soie,  devenues  aujourd'luii  presque  indiis- 
iriclles  par  le  développemeui  qu'elles  commencent  à  prendre. 

A  la  suite  de  l'examen  qui  a  été  encore  fait,  cette  année,  par  une  commis- 
sion de  la  Société  d'agriculture  d'Indre-el-Loire,  des  éducations  de  ce 
dévoué  et  savant  expérimentateur,  la  Société  lui  a  décerné  une  nouvelle  mé- 
daille de  vermeil,  «  la  plus  grande  qu'elle  ait  donnée»,  ainsi  que  me  l'écrit 
M.  Iiouiilé  Courbe,  président  de  la  connnission  des  soies. 

iM.  DE  Baillet  a  continué  d'obtenir  les  succès  que  j'avais  signalés  dans 
mon  Rapport  au  ministre  (1861,  p.  Zi6). 

M.  Debaize,  deSaint-Marc  d'Onilly  (Calvados),  qui  a  publié,  l'année  der- 
nière, un  travail  fort  intéressant  sur  ses  premières  expériences  de  1861,  m'a 
donné  des  détails  non  moins  curieux  sur  ses  éducations  de  cette  année. 

M.  Lecler,  docteur  en  médecine  à  Rouillac,  a  rendu  compte  de  l'essai 
(pi'il  a  fait  en  élevant  des  métis  de  l'Ailanle  et  du  Ricin  qui  lui  avaient  été 
envoyés  le  29  mai  1861. 

M.  A.  Ligouxhe,  secrétaire  arcliiviste  delà  Société  d'borticulUire  et 
d'acclimatation  de  Tarn-et-Garonne,   indépendannnent  des  utiles  travaux 


]12      SOCIÉTÉ   IMl'ÉlUALi:   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

qu'il  poursuit  sur  les  Vers  ù  soie  du  Millier,  a  f.iil  de  nombreuses  et  lemai- 

quables  expériences  sur  Péducalion  du  Bombyx  de  l'Ailantc  dès  1800. 

M.  Malme>kt  (de  Ninies)  a  fait  connaître  à  la  Société,  dans  plusieurs 
lettres,  les  résultats  favorables  de  ses  essais  d'élevage  du  Ver  de  l'Allante. 

M.  DE  MiLLY,  qui  avait  si  bien  débuté  l'année  dernière,  a  donné,  cette 
année,  un  exemple  qui  aura  une  grande  intluence  dans  le  pays  qu'il  liabite. 
Kn  effet,  ses  plantations  d'Allantes  sur  plus  de  six  hectares  de  sables  impro- 
ductifs, sa  fameuse  éducation  sur  le  bord  d'une  grande  route  près  de  Monl- 
de-AIarsan,  dont  le  Moniteur  a  rendu  compte  ,  ont  attiré  de  tous  côtes  l'at- 
tention sur  ses  travaux. 

M.  r.ENOUX,  du  Val,  près  de  BrignoUes  (Var),  a  rendu  aussi  un  compte 
intéressant  d'une  éducation  de  Vers  à  soie  du  lUcin,  qui  lui  a  donné  d'excel- 
lents résultats. 

iM.  Rogek-Uesgenettes,  si  bien  connu  de  la  Société  par  ses  succès  en 
pisciculture,  a  fait  un  semis  d'Ailanles  qui  lui  a  doimé,  dans  l'année  même, 
assez  de  sujets  pour  faire  une  plantation  sérieuse  dans  la  plaine  de  la  Va- 
renne-Saint-Maur.  Pour  s'initiera  la  pratique  de  l'élevage  du  nouveau  Ver  à 
soie,  il  a  fait  quelques  essais  en  plein  air  dans  son  jardin  de  Saint-Maur,  et  il 
a  parfaitement  réussi,  obtenant,  dans  ces  conditions  défavorables,  sur  une  très 
petite  échelle  et  au  milieu  d'habitations  fréquentées  par  un  grand  nombre 
d'oiseaux,  des  Vers  et  des  cocons  magnifiques. 

M.  le  docteur  Sicard  (de  Marseille),  a  qui  l'on  doit  de  si  remarquables 
travaux  sur  le  Sorgho  à  sucre,  a  bien  voulu  se  livrera  des  expériences  pra- 
tiques sur  l'élevage  du  Ver  à  soie  de  l'Ailante.  11  nous  a  adressé,  le  8  ma 
dernier,  un  excellent  rapport  sui-  ces  expériences. 

«  Il  résulte  de  nos  éludes,  dit  M.  Sicard,  que  le  \er  à  soie  de  l'Ailante 
peut  se  propager  dans  le  midi  de  la  France,  qu'il  donnera  de  bons  produits 
à  bon  marché  ;  mais  nous  pensons  qu'il  est  indispensable  d'obtenir  la  pre- 
mière éclosion  avant  l'époque  fixée  pour  le  nord  de  la  l''rancc.  » 

M.  le  maréchanAiLLA.XT  continue  d'accorder  sa  haute  protection  à  nos 
efforts  pour  développer  la  culture  de  l'Ailante  et  de  son  Ver  à  soie,  et  il  ne 
cesse  de  contribuer  à  cette  œuvre  d'utilité  publique  en  consacrant  les  rares 
moments  de  loisir  que  lui  laissent  ses  hautes  fonctions  à  des  expériences  sur 
le  Ver  à  soie  de  l'Ailante. 

Messieurs  les  ingénieurs  et  administrateurs  de  plusieurs  de  nos  grandes 
lignes  ferrées  ont  voulu  aussi  concourir  au  développement  de  la  culture  de 
l'Ailante,  et  l'on  voit  aujourd'hui,  sur  les  réseaux  de  l'Est,  de  Paris  à  la 
Méditerrannée  et  du  ÎNIidi ,  des  essais  de  semis  et  plantations  faits  sur  les 
talus,  qui  donnent  d'excellents  exemples  aux  populations  voisines. 

Les  semis  faits  sous  la  haule  direction  de  M.  l'ingénieur  de  la  ligne  de  Vin- 
cennes,  dans  le  parc  de  Saint-Maur,  ont  aussi  donné  un  excellent  résultat,  et 
ce  savant  se  dispose  à  en  faire  une  plantation  dans  ce  beau  parc,  qui  va  être 
habité  par  l'élite  de  la  population  de  Paris,  pour  contribuer  à  la  popularisa- 
tion de  la  nouvelle  culture.  11  est  certain  que  cette  plantation  sera  vue  avec 


TRAVAUX  SUR   l'iNDUSïRIE   DE   LA   SOIE.  113 

inti'icl  par  les  nombreux  visiteurs  qui  viennent  étudier  la  question  de  l'ai- 
lanliculture  à  la  ferme  impériale  de  Vincennes. 

\1.  AuJiicivo:v  aîné  a  l'ail  une  connnuiiication  très  intéressante  sur  la 
culture  de  TAilante,  au  comice  agricole  do  Chàlons-sur-Marne,  dans  sa 
séance  du  15  février  1862.  il  a  mis  ensuite  gratuitement  des  graines  de  cet 
arbre  à  la  disposition  des  personnes  qui  veulent  se  livrer  à  cette  culture. 

M.  Diri is,  qui  rend  tant  de  services  à  la  Société  par  ses  travaux  botani- 
ques et  borticoles,  a  publié  dans  ses  Bulletins  une  Notice  sur  l'Ailante 
glanduleux  et  sa  culture.  Cet  utile  travail  vient  résumer  presque  tout  ce  que 
l'on  sait  jusqu'à  ce  jour  sur  cet  arbre,  sur  sa  culture  dans  tous  les  pays,  et 
sur  son  avenir  au  point  de  vue  de  la  sylviculture.  Il  sera,  sous  tous  les 
rapports,  un  excellent  guide  pour  les  agriculteurs  et  les  forestiers. 

M.  CiiAMBRELENT,  le  savant  ingénieur  des  mines  à  qui  l'on  doit  le  système 
d'assainissement  des  Landes  de  Bordeaux  qui  a  donné  de  si  beaux  résultats 
depuis  dix  ans,  a  fait  une  plantation  d'Ailanles  en  procédant  par  voie  de 
semis  en  place.  Je  n'ai  jamais  rien  vu  de  plus  beau  que  ces  jeunes  arbres 
végétant  avec  une  vigueur  merveilleuse  dans  ces  sables  arides.  Semés  en  place 
en  1861,  ils  sont  presque  tous  arrivés  ù  la  hauteur  des  Chênes  de  trois  ans 
et  des  Pins  de  huit  à  dix  ans,  atteignant  souvent  plus  de  3  mètres  de  haut. 

M.  Chardoa,  fabricant  de  foulards  à  >îmes,  secrétaire  de  la  Société  d'hor- 
ticulture, etc.,  a  fait  des  études  pratiques  sur  les  soies  sauvages  du  Chêne, 
du  Ricin  et  de  l'Ailante,  afin  de  chercher  des  moyens  de  blanchiment  qui 
n'aient  pas  l'inconvénient  grave  de  nuire  à  leur  force.  I!  m'a  donné  des 
échantillons  susceptibles  de  prouver  qu'il  est  sur  la  voie  de  la  réussite.  Il 
pense  que  la  bourre  de  soie  de  l'Ailante  et  du  Ricin,  telle  que  nous  l'obtenons 
aujourd'hui,  aura  un  emploi  immense  dans  la  fabrique  de  iMmcs  seulement. 

M.  GuiLHEN,  do  la  même  ville,  a  démontré  par  des  faits  que  ces  soies 
prennent  très  bien  la  teinture,  et  qu'on  peut  les  utiliser  dans  une  foule  de 
tissus  très  beaux.  Il  a  fait  beaucoup  d'expériences  sur  la  soie  de  l'Ailante, 
dont  les  cocons  lui  ont  été  fournis  par  MM.  Maumenet  et  Margarot-l'auc, 
nos  confrères  à  ]\lmes,  et  un  ouvrier  ourdisscur,  en  préparant  un  fil  de  chaîne 
avec  cette  soie,  a  été  frappé  de  sa  légèreté  relative  et  de  sa  résistance. 

Madame  la  comtesse  ue  Corneilla^  et  ;\I.  le  docteur  Forgemol  ont 
continue  de  mériter  la  haute  récompense  que  la  Société  leur  a  décernée 
l'année  dernière,  en  poursuivant  leurs  recherches  pour  le  perfectionnement 
de  leur  utile  découverte  du  dévidage  des  cocons  naturellement  ouverts  ou 
percés  par  la  sortie  des  Papillons. 

M.  Gelot  ^du  Paraguay)  a  commencé  aussi  à  introduire  Failanticulture 
dans  ce  beau  pays.  Il  a  séjourné  près  d'un  mois  à  Montevideo  pour  bien 
étudier  les  travaux  de  iM.  Meyer.  Il  s'est  assuré  de  l'exactitude  de  tout  ce  qui 
a  été  dit  et  publié;  dans  les  journaux  de  ces  localités  sur  celle  grave  question, 
et  il  s'est  chargé  d'.q)porler  en  France  un  certain  nombre  de  kilogrannnes 
de  cocons  obtenus  par  .AI.  Meyer,  pour  les  faire  convertir  en  filés. 

M.  Meyer  (de  Montevideo)  a  introduit  l'ailanticulture  dans  la  Plata,  et  ne 
cesse  d'y  développer  celte  nouvelle  industrie,  avec  l'aide  du  gouverneinenl 
T.  X.—  Mars  18G3.  8 


114      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

et  des  principaux  habitants  du  pays.  Tout  le  monde  a  lu,  dans  le  Moniteur 
du  2  décembre  ISd'i,  IVxlrait  d'un  mémoire  de  M.  Gelol  sur  les  résultats 
merveilleux  déjà  obtenus  par  i\l.  Meyer. 

Aladame  la  comtesse  \e\vii,l,  dont  j'ai  annoncé  les  preniièrcs  tentatives 
dans  mon  rapport  au  ministre  (1861,  page  63),  acontinué  ses  travaux  avec  le 
même  zèle  et  le  même  succès,  ^'oula^t  donner  plus  d'activité  à  la  propagation 
en  Angleterre  de  l'ailanticultnre,  elle  a  publié  un  petit  traité  qui  est  une  tra- 
duction abrégée  de  mon  manuel. 

En  apportant  un  concours  si  eflicace  à  la  nouvelle  industrie  agricole  que 
je  m'efforce  de  développer  partout,  lady  Newiil  a  imité  madame  la  comtesse 
Drouynde  Llniys,  quia  donné,  la  première,  le  même  exemple  en  France. 

M.  Ilaymondo  ToMiNZ.  Personne  n'a  déployé  plus  de  zèle,  d'activité  et  de 
dévouement  que  î\l.  Ilaymondo  Tominz,  à  Triesle,  pour  cette  acclimatation 
du  Ver  à  soie  de  l'Allante  en  Autriche.  '     • 

M.  'l'ominz  a  étendu  sa  propagande  on  Grèce,  où  S.  ;\1.  la  reine  avait 
daigné  s'intéresser  à  cette  culture,  en  Italie,  en  Hongrie  et  en  Allemagne. 

Madame  Troyer  (de  Fiume),  dont  j'ai  parlé  dans  mon  rapport  au  minis- 
tre (1861,  page  58),  a  lait  des  expériences  intéressantes  et  une  propagande  ■ 
active  dans  ces  pays. 

M.  Oscar  Zlik,  professeur  aucoUégc  impérial  ctroyaldeTeschen,enSilésie 
autrichienne,  m'a  adressé,  le  20  décembre  1862,  un  très  intéressant  rapport, 
d'où  il  résulte  qu'ayant  placé,  le  13  juin,  100  chenilles,  trois  jours  après  leur 
naissance,  sur  des  Ailanles ,  il  a  obtenu,  le  oO  juillet,  85  cocons  malgré  ua 
temps  pluvieux  et  défavorable.  Une  autre  éducation  commencée  le  3  juillet 
avec  360  chenilles  écloscs  le  20  août,  lui  adonné  280  beaux  cocons. 

Î\I.  Gazes  (de  Barcelone)  mérite  les  éloges  des  anus  de  l'acclimatation , 
pour  le  zèle  qu'il  a  mis  à  faire  connaître  les  avantages  de  l'ailanticulture  en 
Espagne. 
.    A  ce  sujet,  le  Moniteur  An  i2  novembre  1862  contenait  la  note  suivante: 

«  Je  viens  déterminer  une  éducation  de  Vers  à  soie  ûu  Bombyx  Cynthia. 
Au  conuuenccment  de  juillet,  je  plaçai  environ  2000  chenilles  sur  des 
Allantes  situés  au  bord  d'une  des  promenades  les  plus  fréquentées  de  Bar- 
celone, par  conséquent  les  visiteurs  n'ont  pas  manqué  et  les  incrédules  ont 
vu  les  chenilles  vivre  et  travailler  en  plein  air.  Us  ont  admiré  et  touché  les 
innombrables  cocons  que  l'on  voit  encore  suspendus  aux  branches  des  Al- 
lantes, n 

MM.  DE  r.oo  VAN  Westmaas  et  N.  II.  DE  Graai',  de  Velp  (Gueldre),  ont 
publié  en  hollandais,  dans  le  journal  de  la  Société  entomologique  de  Hol- 
lande, un  rcniar(|uable  mémoire  de  /i7  pages  in-8,  ayant  pour  litre:  Rapport 
sur  l'éilucntiu)i  du  Saturnia  Cynthia  en  Uollandc. 

Ils  sont  parvenus  à  alimenter  ces  chenilles  avec  les  feuilles  du  Cerasus 
pensylvanica.  Elles  se  sont  parfaitement  développées  et  en  même  temps  que 
celles  (pi'ils  avaient  nourries  avec  l'AilanlCj  et  les  cocons  ont  été  de  la  même 
grosseur. 


TRAVAUX   SUR   l'iNDUSTRIE   DE    LA   SOIE.  115 

Celte  ann(îe  le  gouvernement  hollandais  a  ordonné  des  cultures  sérieuses 
de  Ricin  et  d'Allantes  à  Java,  et  Ton  a  fait  trois  ou  qualre  plantations  de 
près  de  six  hectares  chacune.  Ces  essais  pratiques,  faits  d"al)ord  aux  irais  du 
gouvernement,  seront  ensuite  abandonnés  à  Tinduslrle  privée. 

M.  Carcano  (de  Milan)  écrivait  qu'ayant  obtenu  beaucoup  de  cocons  en 
1861  avec  la  graine  qui  lui  avait  été  envoyée,  il  aurait  assez  de  graine  pour 
ses  éducations  de  cette  année. 

M.  le  comte  Cocastelli,  de  Goito  (Italie),  n'a  pas  moins  fait  pour  l'ailan- 
licullure,  ainsi  que  le  constatent  ses  intéressants  rapports  sur  ce  sujet. 

M.  CoRNALiA  (de  Milan)  continue  l'utile  propagande  que  l'ailanticulture 
lui  doit  en  Italie.  Son  exemple,  ses  conseils  ont  été  entendus,  et  partout  des 
essais  sont  failsdans  celle  voie. 

M.  José  Auguslo  deSousA,  conservateur  adjoint  du  Musée  royal  de  S.  M. 
Luiz  1",  roi  de  Portugal,  a  fait  connaître  les  progrès  de  l'acclimatation  du 
Ver  à  soie  de  l'Ailante  dans  ce  pays,  sous  le  patronage  de  Sa  Majesté. 

M.  le  général  Bruno,  d'Odessa,  a  reçu  en  1861  des  œufs  du  nouveau 
Ver  à  soie.  11  en  a  obtenu  de  tels  résultats,  qu'il  a  pu ,  en  1862 ,  offrir  de 
vendre  des  œufs  de  celte  espèce  aux  propriétaires  du  midi  de  la  Russie. 

M.  Pierre  Pichot  a  continué  en  1862  ce  que  j'avais  commencé  en  1861, 
et  je  ne  saurais  trop  le  remercier,  avec  les  Sociétés  d'acclimatation  de  Paris  et 
de  Russie,  pour  le  zèle  qu'il  a  mis  dans  celle  propagande. 

Je  dois  aussi  remercier  M.  Bogdanoff,  qui  n'est  pas  resté  inaclif  dans  cette 
circonstance.  Ce  savant  distingué  a  montré  une  fois  de  plus  un  dévouement 
à  racclimatalion  et  au  développement  de  l'agriculture  de  son  pays  qui  lui 
fait  le  plus  grand  honneur. 

..  ,   •  ■     ■        .     —     ■     ■     .0'-  ■■-;    ■: 


H-, 


r'J. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX  •       ,    ' 

DES  SÉANCES  GÉNÉRALES  DE   LA  SOCIÉTÉ,      . 


SÉANCE  DU  6  FÉVRIER    1863. 
Présitience  de  M.  Moqi'IN-Tandon,  vice-président.  , 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbul  de  la  séance 
précédente,  qui  est  adopté.      .  - 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvel- 
lement admis  : 

MM.  BiOLLÂY  (Paul) ,  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des 
comptes,  à  Paris. 

BoGDANOFF  (A.) ,  président  de  la  section  de  pisciculture  et 
d'entomologie  du  Comité  d'acclimatation,  et  professeur 
-.-■--     de  zoologie  h  la  Faculté  des  sciences,  à  Moscou. 

BuHARAYE  (Armand  de  la),  au  château  de  Calac,  prés 
de  Saint-Jean  de  Brévelay  (Morbihan). 

Costa  de  Beauregard  (le  comte  Josselyn),  à  l'hôtel  de 
:  .  .      Costa,  à  Cliambéry  (Savoie).  ;•:    ;. 

DuFFiÉ  (A.  A.),  fabricant  de  sucre,  à  Braisne  (Aisne).  -   ■ 

DuPUY  (le  docteur  Louis),  vice-président  de  l'association 
locale  des  médecins  des  arrondissements  de  Laon  et 
de  Vervins,  à  Festieux,  près  de  Laon  (Aisne). 

Ferrand  (Joseph),  préfet  de  la  Haute-Savoie,  à  Annecy. 

Gerertzoff  (S.  Exe.  M.  Nicolas  de),  vice-président  du 
jardin  zoologique,  à  Moscou. 

GiMET  (Paul),  commissaire  de  l'émigration,  au  Havre. 

GouscHKOFF  (Jean),  négociant,  conseiller  des  manufac- 
tures, à  Moscou. 

Kerzelli  (Nicolas),  membre  du  Comité  d'acclimatation, 
à  Moscou. 

KiUMiNE  (S.  Exe.  M.  Nicolas),  président  du  jardin  d'ac- 
climatation, à  Moscou. 

KoscHELEw  (Alexandre),  président  do  la  Société  d'agri- 
culture, à  Moscou. 

Lacroix  (Jean),  fabricant  de  papiers,  à  Paris. 


'        PROCÈS-VERBAUX.  ■  ■      •        Hj 

MM.  Lequin,  direcleiir  do  la  ferme-école,  du  déparlemcnt  des 
Vosges,  à  Laliayevaux  (Vosges). 
LoYDREAU  (Edouard),  maire  de  Chagny  (Saône-et-Loire). 
/:     iManrioue  (le  docleur  Camille),  consul  de  Venezuela,  à 
~.  '      Bayonne  (Basses-Pyrénées).  '  ...  .; 

,■:.   Matthieu  (J.),  consul  de  Portugal,  à  Bruxelles,    m    . 
MOiNTEBELLO  (Fernand  de),  cà  Paris.  ....'..)l,:: 

Saenger,  secrétaire  du  Comité  d'acclimatation,  à  Moscou. 
Sghischkoff  (Nicolas),  président  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Lebediane  (Bussie). 
;       SouzA  (José  Auguste  de),  conservateur  adjoint  du  Musée 

royal  de  Portugal,  à  Lisbonne. 
;.     TscHOUGOUROFFSKY  (S.  ¥.\c.  M.),  doycu  de  la  Faculté  des 

sciences,  à  Moscou. 
;     .  Zlik  (Oscar),  professeur  au  collège  impérial  et  royal, 
à  Teschen  (Silésie  autrichienne). 

—  M.  le  Président  annonce  que,  sur  la  proposition  de  la 
Commission  des  récompenses,  le  Conseil  a  décidé  que  la  no- 
mination de  deux  nouveaux  membres  honoraires  serait  sou- 
mise à  l'approbation  de  l'assemblée.  M.  le  président  expose  les 
titres  de  M.  IssakofI',  l'un  des  principaux  fondateurs  de  la  So- 
ciété d'acclimatation  et  du  jardin  zoologique  de  Moscou,  au- 
teur de  nombreuses  introductions  de  nouvelles  espèces  de 
végétaux  en  Bussie,  et  de  M.  Eugène  Simon,  chargé  par  l'Em- 
pereur d'une  mission  agricole  en  Chine,  à  qui  la  Société  doit 
des  documents  très  intéressants  et  de  précieux  envois  d'ani- 
maux et  de  végétaux.  L'assemblée,  par  un  vote  unanime, 
ratifie  la  décision  du  Conseil,  qui  accorde  à  MM.  Issakoff  et 
Simon  letilre  de  membre  honoraire. 

M.  le  Président  rappelle  que  la  séance  publique  annuelle 
aura  lieu  le  iO  février,  neuvième  anniversaire  de  la  Société, 
à  l'Hôtel  de  ville,  sous  la  présidence  de  M.  Drouyn  de  Lhuys. 

—  M.  le  Président  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  par 
laquelle  Mgr  Perny  annonce  qu'il  est  enfin  parvenu  à  se  pro- 
curer une  certaine  quantité  de  cocons  du  Ver  cà  soie  sauvage 
du  Chêne  qui  porte  son  nom,  et  qu'il  s'est  empressé  de 
l'adresser  à  la  Société.  (Voy.  au /yw/Ze//;?.) 


H8      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

—  M.  de  Francesco  Martin,  chargé  d'affaires  de  Guatemala, 
à  Paris  ;  M.  Toucliard  et  M.  Martel  (de  Saint-Omer),  adressent 
leurs  remercîments  pour  leur  récente  admission. 

—  M.  Drouynde  Lliuys,  par  une  lettre  adressée  au  Conseil, 
annonce  qu'un  troupeau  de  Lamas  ayant  été  offert  à  l'Em- 
pereur par  M.  le  président  de  la  république  de  l'Equateur, 
S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies  a,  sur  sa 
demande,  donné  des  ordres  pour  l'embarquement  de  ces 
animaux  sur  un  bâtiment  de  l'État,  et  qu'en  outre  M.  A.  Flo- 
rès, ministre  des  finances  de  l'Equateur,  a  l)ien  voulu  se  char- 
ger du  soin  des  mesures  à  prendre  pour  que  cette  expédition 
se  fasse  dans  les  meilleures  conditions  possibles.  Cette  lettre 
est  accompagnée  d'une  copie  de  la  réponse  favorable  de  M.  le 
Ministre  de  la  marine.  (Yoy.  au  Bulletin.) 

,  Par  une  seconde  lettre  datée  du  21  janvier,  M.  Drouyn  de 
Lhuys  fait  connaître  le  désir  qui  lui  a  été  transmis  par  M.  E. 
Kauffmann,  au  nom  et  en  qualité  de  vice-président  de  la  So- 
ciété d'acclimatation  des  États  royaux  de  Prusse,  d'obtenir 
à  titre  de  cheptel  quelques  couples  d'Yaks  du  Tibet.  Cette 
demande  sera  soumise  au  Conseil. 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  troisième  lettre  adressée  par 
M.  Drouyn  de  Lhuys,  et  qu'il  a  reçue  de  S.  Exe.  M.  le  maré- 
chal duc  de  Malakoff,  gouverneur  général  de  l'Algérie,  qui 
lui  annonce  que  nos  honorables  collègues  MM.  Mackinnon, 
Wilson  et  Ramel,  ont  été  mis,  sur  sa  recommandation,  en 
mesure  de  visiter  avec  toute  facilité  les  principaux  établisse- 
ments de  notre  colonie  africaine.  .  1     ;  ;.  ;,  ; 

—  M.  Pierre  Pichot,  délégué  du  jardin  d'acclimatation  de 
Moscou,  par  une  lettre  adressée  à  M.  le  Président,  fait  con- 
naître que  l'ouverture  de  cet  étabhssement,  qui  est  l'objet  de 
\di  plus  vive  sympathie  dans  les  classes  éclairées  en  Russie, 
doit  avoir  lieu  le  1"  août  prochain.  Il  ïaû  ensuite  ressortir 
l'importance  des  progrès  de  l'acclimatation  dans  cet  empire. 

Cette  communication  intéressante  est  accompagnée  d'une 
lettre  adressée  également  à  M.  le  Président  par  M.  le  profes- 
seur A.  Bogdanofl',  délégué  du  Comité  de  Moscou  pour  la 
fondation  du  jardin  dont  la  prochaine  ouverture  vient  d'être 


-  -       -  PROCÈS-VERBAUX.  -  119 

annoncée,  qui,  au  nom  du  ComiU',  sollicite  l'intervention  de  la 
Société  impériale  afin  d'obtenir  de  Sa  Majesté  l'Empereur, 
pour  ce  nouvel  établissement,  quelques  types  reproducteurs 
de  Moutons  mérinos  de  Rambouillet  et  de  Maucbamp.     .     >. 

—  Il  est  donné  lecture  de  deux  lettres  adressées  au  nom  de 
la  Société  coloniale  de  la  Réunion  par  M.  le  docteur  Berg, 
notre  délégué  à  Saint-Denis,  et  notre  confrère  M.  Manès. 

M.  le  docteur  Berg  rappelle  les  demandes  d'oiseaux  in- 
sectivores et  d'œufs  fécondés  de  poissons  qui  ont  été  faites 
par  la  Société  coloniale,  et  renouvelle  sa  prière.  M.  le  Prési- 
dent fait  alors  observer  que  des  mesures  ont  été  prises  pour 
satisfaire  en  temps  opportun  à  ces  demandes  parvenues  dans 
une  saison  où  cela  n'était  plus  possible. 

La  lettre  de  M.  Manès  renferme,  avec  deux  numéros  du 
journal  la  Réunion,  contenant  des  articles  sur  la  Société 
récemment  organisée  à  Saint-Denis,  un  numéro  un  Jour?ial 
chc  commerce,  publié  égalementà  la  Réunion,  et  qui  renferme 
un  passage  très  intéressant  extrait  des  explorations  du  docteur 
Livingstone  dans  l'Afrique  centrale.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Ferdinando  Meazza,  cbargé  par  S.  M.  le  roi  d'Italie 
d'une  mission  de  recbercbes  dans  le  Turkestan  indépendant, 
écrit  pour  offrir  ses  services  à  la  Société  pendant  le  cours  de 
son  exploration.  Des  instructions  ont  été  envoyées  à  M.  Meazza, 
et  les  remercîmcnts  de  la  Société  lui  ont  été  transmis, 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  notre  hono- 
rable confrère  M.  le  conseiller  Dutrùne  offre  à  la  Société  un 
jeune  Taureau  de  sa  race  normande  Sarlaùot,  destiné  à  être 
vendu  aux  enchères,  dans  le  Jardin  d'acclimatation,  au  profit 
des  ouvriers  cotonniers.  M.  le  Président  annonce  que  le  Conseil 
a  accepté  avec  autant  d'empressement  que  de  reconnaissance 
celte  olfre  généreuse.  —  Cette  vente  aura  lieu  le  mardi 
lu  avril,  jour  de  la  distribution  des  récompenses  pour  l'expo- 
sition des  Volatiles.  ...  ., 

—  M.  P.  Ramel  envoie  divers  documents,  parmi  lesquels 
M.  le  secrétaire  signale  un  rapport  du  conseil  de  la  Société 
d'acclimatation  de  Melbourne  sur  la  situation  actuelle  de 
cette  Société,  et  des  extraits  de  publications  australiennes  sur 


120      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLÏMÂTATION. 

l'accroissemenl  des  animaux  indigènes  en  Australie  et  sur  la 
chasse  aux  Kangurous  dans  celte  colonie.  (Voy.  au  Bulletin.) 

M.  le  baron  Anca,  président  de  la  Société  d'agriculture 

et  d'acclimatation  en  Sicile,  fait  parvenir  un  Rapport  sur  les 
résultats  obtenus  des  tentatives  d'acclimatation  dans  cette  île 
de  la  Chèvre  d'Angora,  du  Sorgho  sucré  de  Chine  et  de  la 
Cochenille.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Binger,  président  delà  Société  régionale  d'acclima- 
tation de  Nancy,  transmet  le  désir  exprimé  par  cette  Société 
d'obtenir  des  Lapins-lièvres,  des  Moutons,  Ong-ti  de  Chine,  et 
une  part  dans  la  distribution  des  graines  dont  la  Société  impé- 
riale  pourra  disposer. 

~M.  Pierre  Pichot  fait  à  la  Société,  en  date  du  23  janvier, 
une  communication  intéressante  relativement  aux  essais  d'ac- 
climatation du  Casoar  en  Angleterre,  tentés  par  M.  William 
Bennett,  dans  le  comté  de  Surrey,  depuis  l'année  1860.  Une 
ponte  de  quinze  œufs  eut  lieu  en  1861  ;  mais,  par  suite  d'un 
accident  imprévu  dans  le  cours  de  l'incubation,  il  ne  naquit 
que  quatre  jeunes,  dont  deux  ne  vécurent  que  peu  de  temps, 
tandis  que  les  autres  sont  parfaitement  parvenus  à  leur  crois- 
sance normale.  Une  seconde  incubation  en  1861  amena  trois 
éclosions  :  l'un  des  jeunes  mourut  au  bout  de  quelques  se- 
maines, les  deux  autres  étaient  dans  leur  neuvième  mois.  Une 
troisième  ponte  a  lieu  actuellement.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Teyssier  des  Farges  adresse  une  note  qui  résume  ses 
observations  au  sujet  de  l'albinisme  remarqué  par  M.  Delouche 
sur  quelques  Poules  de  la  Flèche.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  Par  une  seconde  lettre  adressée  à  M.  le  Président,  en 
date  de  Saint-Denis  de  la  Réunion,  le  27  décembre  1862, 
M.  A.  Manès  annonce  qu'un  premier  essai  qu'il  vient  de  faire 
pour  envoyer  déjeunes  Gouramis  en  France  n'a  pas  réussi, 
et  qu'il  se  propose  de  le  renouveler  autant  de  fois  qu'il  sera 
nécessaire  et  sous  toutes  les  formes,  pour  atteindre  le  but  que 
se  propose  la  Société  à  l'égard  de  ce  poisson. 

—  M.  René  Caillaud,  par  une  lettre  du  22  janvier,  en  trans- 
mettant les  remercîments  de  nos  confrères  récemment  admis,. 
MM.  Bouché  et  de  La  Rochette  qui  s'occupent  d'expériences 


./..■■'.      PROCÈS-VERBAUX.        ■:!:.!';■      121 

de  pisciculture  et  d'ostréiculture  en  Vendée,  fait  connaître  les 
heureux  résultats  qui  ont  couronné,  dans  ce  département,  les 
essai?  de  naturalisation  de  certaines  espèces  de  Poissons  de 
mer  dans  l'eau  douce.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Millet  dépose  une  Note  résumant  les  observations 
qu'il  avait  présentées  dans  une  séance  précédente  à  propos 
d'une  communication  de  M.  de  Grandmont  sur  l'utilité  et  les 
avantages  de  l'acclimatation  de  la  Fera  {Coror/omis  fera, 
Jurine)  dans  les  eaux  libres  ou  captives  de  la  France  (1). 

—  M.  le  président  du  comité  de  direction  de  l'Institut  agri- 
cole catalan  de  San  Isidro  (Espagne)  transmet,  au  nom  de  l'in- 

;  (1)  Je  ferai  d'abord  observer  que  la  Fera  existe  déjà  dans  nos  eaux,  par- 
liculièremenl  dans  la  partie  française  du  lac  Léman ,  et  que  les  essais  que 
que  j'ai  faits  depuis  plusieurs  années  ne  laissent  aucune  incertitude  sur  la 
possibilité  d'introduire  ce  poisson  dans  les  lacs  qui  présentent  des  stations  à 
eaux  froides  et  profondes.  Mais  mes  études  sur  les  mœurs  et  le  tempérament 
de  la  Fera  m'autorisent  à  penser  qu'il  faut  être  très  circonspect  en  ce  qui 
concerne  les  rivières  et  les  étangs.  Les  millions  d'œufs  fournis  à  un  très 
grand  nombre  de  personnes  par  l'établissement  d'Huningue  (plus  de 
20  millions  dans  ces  deux  dernières  campagnes)  n'ont  encore  donné,  dans 
toutes  les  localités  qui  m'ont  été  signalées,  aucun  résultat  satisfaisant  ;  je  n'ai 
encore  vu  nulle  part  un  seul  poisson  provenant  de  ces  œufs;  je  suis  dès 
lors  porté  à  penser  que,  dans  les  conditions  où  elles  sont  faites,  ces  four- 
nitures sont  plulôt  nuisibles  qu'utiles,  car  elles  appauvrissent  les  eaux  où  la 
Fera  prospère  naturellement ,  et  ne  procurent  aucun  avantage  ou  profit  à 
celles  qui  reçoivent  les  œufs  fécondés. 

Ces  insuccès,  d'ailleurs,  n'ont  pas  pour  cause  le  séjour  constant  de  la  Fera 
en  eau  douce;  ce  poisson,  en  effet,  ne  quitte  pas  les  lacs  pour  se  rendre  à  la 
mer,  et  n'a  pas  les  exigences  de  migratiou   du  Saumon    et    de  l'Alose, 

Les  essais  faits  d'après  les  instructions  d'Huningue  ou  du  collège  de  France 
ont  échoué,  parce  que,  d'une  part,  l'incubation  et  l'éclosion  n'ont  pas  eu  lieu 
dans  de  bonnes  conditions,  et  que,  d'autre  part,  l'éducation  a  été  tentée  sans 
tenir  compte  de  l'état  et  de  la  nature  des  eaux. 

En  effet,  jeter  les  anifs  à  la  volée  sur  les  herbes  ou  sur  les  graviers,  c'est 
les  livrer  à  l'action  destructive  de  toutes  les  influences  extérieures  et  à  la 
voracité  de  tous  leurs  ennemis,  même  des  plus  petits  poissons,  tels  que  les 
Épinoches.  Quant  au  procédé  qui  consiste  à  laisser  les  œufs  se  développer 
sur  des  mousses  humides  dont  on  entretient  l'humidité  en  les  aspergeant 
chaque  jour  avec  de  l'eau ,  c'est  un  moyen  qui  peut  être  employé  dans  un 
laboratoire  comme  celui  du  collège  de  France,  mais  qui  n'est  pas  praticable 
sur  une  grande  échelle  ;  ce  procédé  a,  dans  tous  les  cas,  le  très  grave  incon- 


122       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

stilut,  une  demande  de  graines  de  Vers  à  soie  de  l'Ailante 
pour  recommencer  un  nouvel  essai  d'éducation. 

—  M.  le  docteur  Joly,  délégué  de  la  Société  à  Toulouse, 
écrit  pour  donner  quelques  renseignements  sur  les  résultats 
des  éducations  du  Ver  de  l'Ailanle  dans  son  département,  qui 
n'ont  encore  été  entreprises  que  sous  forme  d'expérience.  Il 
signale  un  appareil  pour  les  éducations  en  chambre  imaginé 
parM.Bernady,  et  qui  lui  paraît  très  commode.  ;  , 

—  Madame  la  comtesse  de  Corneillan  fait  parvenir,  avec  une 
Note  sur  les  expériences  par  lesquelles  elle  a  constaté  que  le 
cocon  du  ^ow/5'ya,' il/on,  ouvert  par  la  sortie  du  papillon,  n'est 
pas  coupé,  des  échantillons  de  soie  obtenue,  par  un  procédé 
de  son  invention,  de  ces  cocons  après  l'éclosion  du  papillon, 

vénient  trexposer  les  œuls  à  éclore  en  dehors  de  l'eau,  ce  qui  amène  infailli- 
blement la  mort  du  petit  poisson,  ou  de  nécessiter  de  nouvelles  manipula- 
lions  pour  inuuerger  les  œufs  dans  l'eau. 

(En  ce  qui  concerne  le  transport  et  la  conservation  des  œufs  dans  des 
mousses  ou  corps  humides,  c'est  un  procédé  que  j'ai  indiqué  depuis  long- 
temps, même  dans- le  Bulletin  de  la  Société,  et  sur  lequel  j'ai  donné  des 
instructions  très  détaillées  dans  mon  Discours  sur  la  pisciculture  à  la  con- 
férence Mole,  discours  qui  a  été  imprimé  en  1 85/i  ;  des  œufs  de  Fera  et  autres 
Salmonidés  déposés  d'après  ce  mode  dans  des  boîtes  fermées  sont  édos  au 
bout  de  peu  de  temps,  après  un  transport  de  vingt  â  trente  jours.) 

Du  reste,  pour  les  éludes  de  laboratoire  ou  les  observations  de  cabinet,  on 
arrive  facilement  à  obtenir  des  éclosions,  quelles  que  soient  la  nature  ou  la 
forme  de  l'appareil  ;  j'opère  ainsi,  chaque  année,  avec  succès,  même  dans  des 
assiettes  creuses  dont  le  fond  est  nu  ou  garni  de  graviers.  Pour  les  eaux 
naturelles,  les  éclosions  se  font  très  bien,  soit  dans  des  châssis  garnis  de  gra- 
viers, soit  dans  des  boîtes  ou  caisses  semblables  à  celles  dans  lesquelles  on 
enterre  les  œufs  des  Truites,  Saumons  et  Ombres, 

Il  ne  suffit  pas  de  faire  éclore  les  œufs,  il  faut,  innnédialement  «près  leur 
éclosion,  mettre  les  jeunes  Feras  dans  de  bonnes  conditions  pour  vivre  et 
prospérer.  A  cet  eiïet,  on  ne  doit  pas  les  abandonner  dans  des  eaux  oîi  ils  ne 
trouvent  aucun  abii,  aucune  retraite,  et  où  ils  ne  peuvent  se  tenir,  selon  les 
besoins  de  leur  tempérament  et  de  leur  développement ,  dans  des  stations 
dont  la  température  se  )  approche,  en  été  conuue  en  hiver,  de  celle  des  lacs. 

En  présentant  ces  observations,  je  n'ai  d'autre  but  que  celui  indiqué  par 
notre  jeune  confrère  ,  dont  le  zèle  et  les  efforts  dans  ses  débuts  en  piscicul- 
ture ne  peuvent  qu'être  encouragés:  c'est  d'épargner  à  ceux  qui  voudraient 
entreprendre  quelques  essais  des  dél)0ires  et  des  mécomptes  toujours  très 
fâcheux  et  très  regrettables.  .      •'  •      .      . 


-  -  ;  :  ■■  pROCÈs-VERRÂUX.  '  '"  '"i  :•;:>!'.  ;  123 
et  de  soie  dévidée  des  Bombyx  ArrincUa  et  Cynthia.  Ces 
divers  échantillons  sont  placés  sous  les  yeux  de  l'assemblée. 

—  M.  B.  Bellemain  dépose  une  Notice  sur  VOxnUscrenata. 
.  —  M.  Drouyn  de  Lhuys  transmet  à  la  Société  le  texte  im- 
primé en  anglais  d'une  correspondance  relative  à  l'introduc-; 
tien  au  Canada  des  Asclépias  américains  qu'il  a  reçus  de 
31.  Gauldrée-Boilleau. 

—  M.  E.  Durand,  membre  de  l'Académie  des  sciences  na- 
turelles à  Philadelphie,  auteur  de  la  Monographie  des  Vignes 
et  des  vins  de  l'Amérique  du  Nord  publiée  au  Bulletin  (1862), 
donne  de  nouveaux  renseignements  sur  le  Pyrularia  oleifera 
dont  il  avait  envoyé  des  racines  à  la  Société,  et  dont  il  pense 
que  l'on  pourrait  tirer  un  parti  avantageux,  si  l'on  parvenait 
à  l'acclimater  en  France.  (Yoy.  au  Btilletin.) 

—  M.  Brierre  (de  Saint-Hilaire  de  Riez)  envoie  un  Rapport, 
accompagné  de  dessins  à  l'huile,  sur  de  nouveaux  résultats  de 
ses  cultures  de  végétaux  exotiques.  -^  •      ^  --  '-•'■■  ••■•  ■' 

—  Madame  Delisse,  qui  continue  avec  une  louable  persé- 
vérance les  expériences  dont  son  mari,  notre  honorable  con- 
frère, obtenait  de  si  remarquables  succès,  adresse  à  la  Société 
des  tubercules  de  Patate  douce  d'Alger,  de  l'Avoine  d'Algérie, 
des  Pois  oléagineux  de  Chine,  des  graines  de  Loza,  de  Millet 
de  Pékin  et  du  Sénégal,  cultivés  et  récoltés  près  de  Bordeaux, 
ainsi  que  des  œufs  de  Vers  à  soie  du  Mûrier,  provenant  de 
ses  éducations. 

—  M.  do  Mortain  offre  à  la  Société  une  collection  de  graines 
rapportées  par  M.  de  Lapeyre. 

—  M.  Louis  Terwangne  (de  Lille)  offre  à  la  Société  un 
exemplaire  d'une  Notice  sur  le  rouissage  du  ÏÀn,  du  Chanvre^ 
de  r Ortie  de  Chine  et  autres  textiles,  rendu  manufacturier  et 
saluhre  par  un  procédé  de  son  invention.     ^   "■    '  -    ■   ' 

—  M.  Victor  Chatel  adresse  également  une  notice  intitulée  : 
Nouvelles  observations  sur  la.  maladie  de  la  Vigne.     ''■  ■" } 

—  M.  le  docteur  Sicard  (de  Marseille)  écrit  pour  signaler 
une  erreur  qui  s'est  glissée  dans  la  rédaction  du  procès-ver- 
bal de  la  séance  du  26  décembre  1862,  où  le  Cath-sé  dont  il 
a  fait  une  si  intéressante  étude  est  improprement  appelé 


12/i       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Catli-sé  de  Mûiititjny,  au  lieu  de  Catli-séde  Chine.  La  lettre  de 
notre  zélé  confrère  renferme  une  notice  manuscrite  intitulée: 
Étude  sur  la  farine  de  Tavoulou  de  Madagascar,  et  accompa- 
gnée de  divers  échantillons  de  produits  extraits  de  ce  végétal 
alimentaire.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  le  docteur  Poyet  fait  hommage  à  la  Société  d'un 
exemplaire  de  ses  Notices  r/éographiqueSy  et/inograp/iiques, 
statistiques,  c/imatologiques  et  éconotniques  des  di/f  éventes 
localités  du  Mexique,  Jalapa. 

—  S.  Exe.  M.  le  Minisire  des  affaires  étrangères  transmet, 
avec  les  numéros  de  novemhre  et  de  décembre  du  journal  le 
Jardin  zoologique  de  Francfort,  des  extraits  de  ce  journal 
qu'il  doit  à  l'obligeance  de  M.  Debains,  secrétaire  d'ambassade 
à  Vienne.  (Voy.  au  Ihdletin.) 

■ —  L'Académie  d'agriculture  de  Pesaro  (Italie)  fait  parve- 
nir la  collection  de  ses  publications  en  échange  avec  le  Bul- 
letin de  la  Société. 

—  M.  le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  :  1"  Un  Rapport 
sur  une  excursion  faite  du  2  au  9  août  1860,  par  quelques 
membres  de  la  Société  botanique  de  France  au  numt  Viso  et 
dans  les  Alpes  du  Briançonnais ,  rédigé  par  MM.  J.  L.  Sou- 
beiran  et  Bernard  Verlot,  et  dont  il  fait  hommage  à  la  Société. 

2"  Les  fumeurs  d" opium  en  Chine,  étude  médicale,  par 
M.  le  docteur  H.  Libermann,  offert  par  M.  le  baron  Larrey. 

3°  Principes  généraux  de  géographie  agricole,  par  M.  le 
docteur  P.  Sagot.  ...  - 

—  M.  A.  de  Grandmont  fait  hommage  à  la  Société  d'une 
collection  de  dessins  des  oiseaux  d'Europe  par  Verner. 

—  M.  A.  Gelot  présente  un  échantillon  de  bourre  de  soie 
provenant  de  cocons  de  métis  des  Vers  du  Ricin  et  de  l'Allante 
récollés  à  Montevideo,  et  fait  remarquer  la  douceur  et  le  bril- 
lant de  celte  matière.  11  ajoute  que  la  culture  de  ce  Ver  à  soie, 
qui  a  déjà  donné  à  M.  Meyer  des  résultats  très  remartjuables, 
va  prendre  un  très  grand  développement  dans  la  province  de 
Montevideo,  et  que  les  colons  y  trouveront  une  véritable  source 
d'aisance  par  l'extrême  facilité  que  présentent  les  éducations 
dans  ce  pays  et  la  rapidité  avec  laquelle  elles  se  succèdent. 


•'      "^    l'IlOCÈS-VERDÂUX.        '  ■■  ■    ."     '  125 

Par  suite  do  celle  communicalion  ,  plusieurs  membres 
demandent  que  la  Société  fasse  une  démarche  auprès  de  M.  le 
gouverneur  général  de  l'Algérie  pour  appeler  son  attention  sur 
les  avantages  que  peut  offrir  la  culture  des  Vers  du  Ricin  et 
de  l'Ailante  ou  de  leurs  métis  dans  notre  colonie.  —  L'examen 
de  cette  proposition  est  renvoyé  à  la  quatrième  Section. 

—  M.  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation  dépose  une 
Note  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  Chevet  aîné  sur  les  qualités 
de  la  viande  des  Canards  sauvages  ou  domestiques.  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Jules  Lecreux  présente  des  échantillons  d'une  espèce 
de  Pomme  de  terre  des  Cordillères,  dont  il  avait  reçu  de  la 
Société  un  tubercule  au  printemps  dernier,  et  qui  lui  a  donné 
un  produit  très  satisfaisant. 

—  M.  Guérin-Méneville  annonce  que  nos  honorables  con- 
frères MM.  Auzende  à  Toulon,  Denis  à  Hyères,  Leroy  à 
Angers,  Martin  à  Montpellier,  et  Hardy  à  Alger,  l'ont  informé 
des  mesures  qu'ils  ont  prises  pour  avoir  des  feuilles  de  Chêne 
susceptibles  de  nourrir  les  Vers  à  soie  Ya-ma-maï. 

Madame  veuve  Boucarut  (d'Uzès)  lui  a  appris  qu'il  y  a  de 
jeunes  feuilles  de  Chêne  dans  des  localités  abritées  des  envi- 
rons d'Uzès,  et  elle  lui  a  envoyé  quelques-unes  de  ces  feuilles 
pour  montrer  l'étal  de  développement  dans  lequel  elles  sont. 

M.  le  comte  de  Lamote-Baracé  et  M.  de  Milly  ont  pris  des 
mesures  pour  obtenir  des  pousses  hâtives  de  Chêne. 

11  fait  passer  sous  les  yeux  de  la  Société  des  échantillons 
de  soie  </rége  ou  coiUinue  ohiewwè  dans  une  usine  du  midi  de 
la  France  fonctionnant,  pour  la  soie  du  Mûrier,  depuis  plu- 
sieurs années,  et  il  lit  l'extrait  suivant  d'une  lettre,  en  date  du 
30  janvier  1863,  qui  accompagnait  cet  envoi  : 

«  Dès  hier  nous  avons  commencé  la  préparation  de  ce  pro- 
duit, et  je  vous  envoie  le  premier  écheveau  de  fils  quej'en  ai 
tiré  au  titre  de  8  cocons. 

s  J'ai  la  satisfaction  de  vous  dire  que  je  suis  à  peu  prés 
convaincu,  après  mon  premier  essai,  de  tirer  parti  du  cocon 
d'Allante  par  mon  système  A'une  manière  pratique.  Je  ferai 
de  la  soie  de  litre  régulier  avec  tout  ce  qui  compose  votre 


126        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

premier  envoi  (1  kil.),  mais  ce  sera  bien  peu.  Ayez  la  com- 
plaisance de  rechercher  tous  les  cocons  qui  seraient  à  votre 
disposition,  et  veuillez  au  plus  tôt  me  les  faire  parvenir;  je 
ferai  de  la  trame  et  de  la  grége  en  assez  grande  quantité.  » 

Cette  grége  de  l'Allante,  comparée  à  un  échantillon  que 
M.  Guérin-Méneville  a  reçu  du  ministère  des  domaines  de 
Russie,  qui  l'avait  fait  venir  de  Pékin,  lui  est  très  supérieure. 

M.  Guérin-Méneville  annonce  en  outre  qu'il  a  reçu  de  Hol- 
lande, par  l'entremise  de  M.  le  chevalier  de  Blecker,  une 
petite  boîte  d'u.'ufs  du  Ver  à  soie  ïa-nia-mai^  qui  lui  ont  été 
donnés  par  M .  Pompe  van  Meert  der  Woort.  La  distribution  que 
M.  Guérin-Méneville  se  propose  d'en  faire,  de  son  côté,  à 
un  certain  nombre  d'éducateurs,  viendra  ajouter  autant  de 
chances  nouvelles  de  succès  aux  tentatives  d'acclimatation  de 
cette  précieuse  espèce.  .        •"•._. 

En  ayant  ouvert  tjuclques-uns,  il  les  a  trouvés  dans  le  même 
état  d'incubation  avancée  que  ceux  qui  ont  été  envoyés  à  la 
Société.  .      :    ■  .  •  '.  •  -,  ■; 

—  M.  A.  Gillet  de  Grand  mont  lit  une  Note  sur  les  travaux 
de  pisciculture  entrepris  au  lac  Pavin,  en  Auvergne,  et  sur  les 
résultats  avantageux  qu'on  y  a  obtenus  dans  l'élevage  du  Sau- 
mon. (Voy.  au  BuUet'm.) 

—  M.  J.  Cloquet  demande  la  parole  pour  témoigner  de 
l'excellente  qualité  de  la  chair  des  poissons  de  ce  lac;  il  a  eu 
l'occasion  de  l'apprécier  en  Auvergne. 

—  M.  Millet  fait  observer  que  les  tentatives  d'acclimatation 
du  Saumon  dans  les  eaux  douces  captives  sont  très  anciennes  ; 
que  personne,  dans  la  Société,  n'a  contesté  la  possibilité  de 
faire  ces  éducations;  cl  qu'en  ce  qui  le  concerne  personnelle- 
ment, il  a  présenté  à  la  Société,  dans  la  séance  du  h  mars 
1869,  des  Saumoneaux  et  des  œuts  embryonnés  de  Saumon 
provenant  d'eaux  douces  captives.  Notre  confrère  ajoute  qu'il 
n'a  contesté  Tutilité  de  ces  éducations  qu'au  point  de  vue 
purement  pratique.  Selon  lui,  il  est  toujours  préférable  d'a- 
bandonner les  Saumoneaux  à  leur  instinct  naturel  de  migra- 
tion, et  de  les  laisser  aller  se  développer  et  s'engraisser  à  la  mer, 
qui  est  une  source  inépuisable  d'aliments  de  toute  sorte.  Les 
Saumoneaux  reviennent,  en  efl'et,  au  bout  de  quelques  moiSj 


■       PROCÈS-VERBAUX.     '  127 

dans  les  eaux  où  ils  sont  nés,  ayant  acquis  un  poids  supérieur 
à  celui  que  les  Saumoneaux,  restés  captifs  en  eau  douce  ne 
présentent  qu'au  bout  de  quatre  à  ciiuj  ans. 

—  M.  Chauvin  fait  observer  que  dans  toutes  les  rivières  des 
Gôtes-du-Nord,  où  il  a  pu  étudier  depuis  de  longues  années 
les  mœurs  et  les  habitudes  du  Saumon,  il  est  constant  que  ce 
poisson  dépérit  et  que  sa  chair  perd  de  ses  qualités  pen- 
dant un  séjour  môme  peu  prolongé   dans   les  eaux  douces. 

—  M.  Millet  confirme  celte  observation,  en  disant  qu'elle 
est  générale  dans  toutes  les  contrées,  même  celles  dont  les 
eaux  sont  les  plus  favorables  au  Saumon,  et  qu'en  Angleterre 
notamment,  on  s'abstient  de  manger  les  poissons  de  cette 
nature,  qu'on  nomme  unclean,  impurs.  .. 

M.  Millet  fait  ensuite  à  la  Société  une  communication  sur 
les  métis  des  Poissons,  et  sur  l'inlluence  du  j)crc  et  delà 
mère  sur  la  nature  du  produit. 

—  M.  A.  de  Grandmont  demande  que,  pour  compléter  cette 
intéressante  connnunication,  notre  confrère  veuille  bien  en- 
trer dans  de  plus  amples  détails  au  sujet  des  lieux  où  les  expé- 
riences ont  été  faites,  du  temps  depuis  lequel  elles  ont  été 
instituées,  de  l'càge  et  de  la  taille  des  métis  obtenus. 

—  M.  Millet  répond  que  ses  expériences  remontent  déjà  à 
un  grand  nombre  d'années  ;  qu'il  en  est  fait  mention  dans  son 
Discours  sur  la  pisciculture  à  la  conférence  Mole  du  mois  de 
mars  185Zi,  et  dans  l'ouvrage  de  M.  Is.  Geoffroy  Saint-IIilaire, 
imprimé  plus  tard;  que,  d'ailleurs,  elles  ont  été  répétées  par 
plusieurs  personnes,  notamment  par  notre  confrère  M.  de  Gal- 
bertdans  l'Isère,  et  M.  Cari  Bystrom  en  Suède,  etc.  Notre  con- 
frère ajoute  que  les  métis  qu'il  a  obtenus  étaient  parfaitement 
adultes,  que  la  plupart  d'entre  eux,  particulièrement  ceux  du 
Saumon,  Truite  et  Ombre,  et  ceux  de  Carpe  ordinaire  et  de 
Garassin,  se  sont  reproduits,  soit  sur  des  frayères  artificielles, 
soit  par  fécondation  artiiîcielle. 

—  M.  A.  de  Grandmont  dit  que  depuis  nombre  d'années  on 
fait  des  métis  de  Salmonidés  à  l'établissement  d'IIuningue  et 
au  collège  de  France.  M.  Coste  possède  des  métis  de  Saumon  et 
de  Truite  que  l'on  peut  voir  aujourd'hui  circuler  dans  ses  bas- 


128       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

sins.  Ils  ont  ZiO  centimètres  de  long;  âgés  de  près  de  quatre 
ans,  ils  se  sont  déjà  reproduits  deux  fois  par  fécondation  ar- 
tificielle. Les  œufs  qu'ils  ont  donnés  cette  année,  d'un  beau 
rose,  plus  gros  que  ceux  des  Saumons  du  Rhin,  sont  éclos 
depuis  quelques  jours, et  leurs  embryons  sont  très  bien  portants. 

—  M.  Lamiral  lit  un  Mémoire  sur  le  poutargiie^  et  sur  la 
possibilité  d'utiliser  les  œufs  qui  servent  à  faire  cette  sorte  de 
caviar  pour  des  fécondations  artificielles.  —  L'examen  des 
propositions  qui  terminent  ce  mémoire  est  renvoyé  au  Conseil. 

—  M.  Charles  Bellanger  dépose  sur  le  bureau  des  graines 
de  Cassia  occideîitaiis,  dit  Ca/c  nègre,  et  un  Mémoire  sur 
cette  plante. 

—  M.  Pigeaux  fait  quelques  observations  sur  l'utilité  du 
Moineau  pour  l'agriculture. 


SÉANCE   DU    20    FÉVRIER   1863. 
Présidence  de  M.  A.  Passy,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvel- 
lement admis  : 

MM.  Bellaigne  de  Bugas  (A.),  vice-consul  de  France,  au  châ- 
teau de  Tournebise,  près  Pontgibaud  (Puy-de-Dôme). 

BoNKOwsKi,  étudiant  en  pharmacie,  à  Constantinople  et 
à  Paris. 

DuRY   (le  docteur),  faisant  fonction  de  vice-consul   de 
France  à  Nangasaki. 
.     Goltz  (S.  Exe.  M.  le  comte  de),  ambassadeur  de  S.  M.  le 
roi  de  Prusse,  à  Paris. 

PoNCEAU  (Théodore),  docteur  médecin,  à  Paris.  ' 

PoussiELGUE  (Achille),  à  Paris. 

Ueinach   (de),  ofiicier  d'ordonnance  de  S.   Exe.  M.  le 
maréchal  Bcgnaud  de  Saint-Jean-d'Angely,  à  Paris. 

Robinet  (le  baron  de),  colonel  d'élat-major,  à  Paris, 

Sandri  (Théobald),  négociant,  à  Tien-tsin  (Chine). 
■      SuRiG.NY  (A.  de),  propriétaire,  à  Prisse  (Saône-et-Loire). 


PHOCÈS-VERBAUX.  ■.  .  129 

MM.  Thierry  Mie(;,  s(m  rélaire  de  ];i  Société  iiKlustriolle  de 
:,         Mulhouse,  à  Paris. 

-..  Truchy  (Emile),  négociant,  à  Paris.  :       ". 

:   Valero  de  Urria  (le  marquis  de),  à  Paris. 
Vallat  (le  comte  de),  consul  général  de  France  à  Barce- 
lone, à  Paris. 
Vaucher (Fritz),  négociant,  à  Chang-hai  (Chine). 

—  Un  mernhre  demande  quelle  a  été  la  décision  du  Con- 
seil sur  une  lettre  qui  lui  a  été  adressée  pour  faire  observer 
que  la  salle  des  séances  n'est  plus  assez  vaste  pour  contenir 
les  membres  présents.  j,  .  . 

M.  le  Président  répond  que  le  Conseil  s'est  déjà  occupé 
du  choix  d'un  nouveau  local  plus  vaste,  sans  avoir  pu  en 
trouver  im  convenable,  et  que  d'ailleurs  il  reste  encore  un 
certain  temps  avant  que  le  l)ail  de  la  Société  soit  expiré. 

—  Des  lettres  de  remercîmenls  pour  leur  récente  admission 
sont  adressées  par  MM.  Djémil-Pacha ,  ambassadeur  de  la 
Subliuie-Porte,  à  Paris;  Teissonnière,  et  le  comte  de  Vallal, 
consul  général  de  France  à  Barcelone. 

— MM.  Bush,  Boppe-Iiermite,  Roger-Desgeneltes,  Fruchier, 
Cross,  marquis  de  Fournès,  Arnaud,  Sicard,  Loarcr,  et  mes- 
dames la  comtesse  de  Laljédoyère  et  veuve  Boucarut  oil'rent 
également  leurs  remercîments  pour  les  récompenses  qui  leur 
ont  été  décernées  dans  la  séance  publique  du  10  février. 

—S.  A.  I.  le  prince Napoh'on,  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agri- 
culture, MM.  de  Rover  et  Monny  de  Mornay,  expriuient  leurs 
regrets  de  n'avoir  pu  assister  à  la  séance  publique. 

—  M.  Drouyn  de  Lhuys  communique  :  i"  une  lettre  qu'il 
a  reçue  de  S.  A.  le  prince  Maximilien  de  AVied,  et  par  laquelle 
ce  vénérable  membre  de  la  Société  exprime  ses  regrets  de  la 
mort  de  M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  et  renouvelle  ses 
ollres  de  service  à  la  Société,  2"  une  lettre  de  S.  Exe.  le  Mi- 
nistre de  la  marine,  qui  annonce  avoir  recommandé  au  gou- 
verneur de  l'île  de  la  Réunion  la  demande  de  concession  du 
jardin  colonial  de  Saint-Denis,  faite  par  la  Société  d'acclima- 
tation de  la  Réunion;  3"  une  lettre  de  S.  Ecx.  le  Ministre  de 

T.  X.  —  Mars  18(j:5.  9 


130      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE  d'âCCLIMATATION. 

l'agriculture,  qui  veut,  bien  accorder  à  la  Société  une  médaille 
d'or,  grand  module  ;  li"  une  lettre  de  M.  J.  Léon  Soubeiran, 
qui  lui  annonce  la  prochaine  arrivée  d'une  collection  d'ani- 
maux du  Brésil  réunis  à  Pernambuco  par  M.  le  comte  de  Lé- 

mout. 

—  M.  Bouilloud  (de  Bône),  récemment  admis  au  nombre 

desmembres  de laSociété,  adresse  ses  oflVesdebon  concours. 

—  i\L  E.  Simon  adresse  une  liste  des  animaux,  végétaux, 
graines  et  objets  divers  de  Chine  expédiés  par  lui,  en  décembre 
dernier,  à  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture,  et  donne  dans 
plusieurs  lettres  des  détails  intéressants  sur  cet  envoi. 

—  M.  A.  Geoifroy  Saint-llilaire  transmet  les  instructions 
qu'il  a  rédigées,  à  la  demande  du  Conseil,  relativement  à 
l'expédition  des  Lamas  et  Alpacas  offerts  par  le  président  de 
l'Equateur,  instructions  qui  ont  été  remises  à  M.  Antonio 
Flores,  ministre  des  finances  de  l'Equateur. 

—  M.  le  baron  Aucapitaine  adresse  une  Note  sur  le  Mouiîon 
de  Corse.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  le  vicomte  de  Morteuil  annonce  la  mort  d'un  des 
boucs  d'Angora  qu'il  avait  reçus  en  cheptel,  et  envoie  l'animal 
pour  que  l'autopsie  puisse  en  être  laite.  Le  soin  de  cette  opé- 
ration est  confié  à  M.  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  Lequin  accuse  réception  des  dix  Chèvres  métisses 
d'Angora  qui  lui  ont  été  récemment  confiées  par  le  Conseil. 

—  M.  le  président  de  la  Société  d'acclimatation  de  Nancy 
demande  comment  cette  Société  pourrait  se  procurer  des  Lé- 
porides  pour  étudier  ce  singulier  produit. 

—  A  cette  occasion,  M.  le  docteur  Pigeaux  dit  qu'il  pense 
que  l'existence  connue  hybride  issu  du  Lièvre  et  du  Lapin, 
de  l'animal  désigné  dans  nos  Bulletins  sous  le  nom  de  IJporide^ 
paraît  au  moins  problématique,  et  sa  remarquable  fécondité, 
supérieure  à  celle  de  ses  deux  congénères,  contradictoire  à 
tout  ce  que  la  science  connaît  en  ce  genre.  Sa  trop  grande  ana- 
logie de  forme  et  de  reproduction  avec  le  Lapin  domestique, 
sa  tendance  incessante  à  faire  retour  vers  ce  dernier,  tout  porte 
h  croire  que  le  mystère  dont  on  entoure  son  origine  et  son 
mode   de   pioduction    cache  une  mystification   dont  la  So- 


PROCÈS-VERBAUX.  131 

ciélé  d'accliinalalion  doit  savoir  se  sauvegarder,  qu'elle  ne  doit 
pas  surtout  couvrir  de  son  patronage. 

Tant  que  des  expériences  directes  et  précises  n'auront  pas 
démontré  l'existence  de  ce  singulier  hybride,  il  nous  semble 
prudent  et  conrorme  aux  précédents  de  la  Société  d'acclimata- 
tion de  nous  abstenir.  Il  ne  faut  même  pas  que  sa  bonne  foi 
puisse  être  suspectée,  quand  l'observation  refuse  de  l'éclairer 
de  son  flambeau. 

—  MM.  Rufz  de  Lavison,  Aube  et  Moquin-Tandon  font  à  ce 
sujet  diverses  observations  desquelles  il  résulte  que  très  pro- 
bablement ces  Léporides  sont  tout  simplement  une  race  par- 
ticulière du  Lapin. 

—  M.  Tourniol,  de  Milianali  (Algérie),  met  à  la  disposition 
de  la  Société  ses  bassins  et  appareils  de  pisciculture  pour  y 
tenter  l'acclimatation  des  Gouramis  qui  lui  seraient  confiés, 
et  qu'il  ferait  prendre  à  ses  frais  à  Alger. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  une 
lettre  de  M.  Gauldrée-Boilleau,  consul  général  de  France  à 
Ouébec,  annonçant  l'envoi  d'une  caisse  contenant  des  Cocons 
de  YAttacKs  Cecropia,  ou  Ver  à  soie  du  Canada,  et  de  la  graine 
iVAsc/epùfs  ou  Cotonnier  soyeux  du  même  pays.  Cette  lettre 
est  accompagnée  d'une  note  de  madame  Lawson,  qui  s'est 
particulièrement  occupée  de  l'éducation  de  VAttaciis  Cecropia 
et  du  dévidage  des  cocons  de  cet  insecte.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  un 
Mémoire  qu'il  a  reçu  de  M.  le  chargé  d'affaires  de  France  à 
la  Haye,  et  qui  a  été  rédigé  par  M.  Pompe  van  Mcert  der  Woort, 
médecin  de  la  marine  royale  des  Pays-Bas  à  Nangasaki,  sur  la 
conservation  et  la  culture  des  œufs  de  l'espèce  des  Vers  à  soie 
sauvages  du  Japon  dite  Bombi/x  Ya-ma-mal .  (V.  au  Bulletin.) 

—  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce 
transmet  une  boîte  de  graine  de  Vers  à  soie  de  Chine,  faisant 
l)artie  d'un  essai  d'importation  tenté  par  la  voie  de  Mongolie 
et  de  Sibérie,  et  qu'il  a  reçue  de  M.  Buissonnet. 

Une  lettre  de  M.  Buissonnet  sur  le  même  envoi  est  ac- 
conqiagnée  d'une  carte  séricicole  de  la  Chine. 

—  M.  Caillas  adresse  un  Mémoire  sur  ses  expériences  d'édu- 


J32        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

calioli  des  \ ris  à  soie  du  Mûrier,  qu'il  coiilinue  avec  uu  plein 
succès,  depuis  plusieurs  années,  à  Passy-Paris. 

—  M.  Nourriiiat  adresse  un  Mémoire  sur  racclimalalion  des 
races  de  Vers  à  soie  de  l'extrême  Orient,  comme  unique  plan- 
che de  salut  offerte  à  la  sériciculture  européenne. 

—  M.  Cabueil,  qui  veut  entreprendre  des  éducations  de 
Vers  à  soie  du  Piicin  à  Corée,  demande  des  instructions  pour 
pouvoir  faire  cette  opération  dans  les  meilleures  conditions. 

—  M.  Baumgartner  demande  quelques  graines  de  Boniby./: 
Ya-ma-maï  pour  en  tenter  l'éducation  à  Loerrach  (duché  de 
Bade). 

—  M.  Camillo  Casati  adresse  un  Rapport  sur  ses  cultures  de 
graines  reçues  de  la  Société. 

—  M.  Radiguetlait  connaître  quelques  nouveaux  documents 
sur  ses  cultures  de  Pomme  de  terre. 

—  M.  Chagot  aîné  lait  don  à  la  Société  d'une  certaine 
(juantité  de  graines  de  Cotonnier  dont  il  n'indique  pas  l'origine. 

—  M.  le  Président  fait  connaître  à  la  Société  les  décisions 
l»i'ises  par  le  Conseil  dans  sa  dernière  séance  : 

1"  Acquisition  d'un  troupeau  de  Moutons  Owj-ti  de  Chine, 
d'au  moins  cinquante  têtes,  et  affectation  d'un  crédit  de 
3500  francs  pour  cette  opération.  La  même  décision  a  été 
prise  par  l'administration  du  Jardin. 

2"  Envoi  fait  au  Brésil  de  50  plants  greffés  de  Marronniers, 
offerts  par  la  Société,  et  de  lOOgreffes  de  Marronniers  données 
par  M.  André  Leroy  (d'Angers). 

3"  Une  communication  de  la  troisième  Section,  qui  exprime 
le  vœu  que  de  nouvelles  tentatives  soient  faites  pour  l'acclima- 
tation des  Eponges  sur  nos  côtes  méditerranéennes. 

Après  quelques  observations  à  ce  sujet,  présentées  par 
M.  Millet,  la  conmmnication  de  la  troisième  section  est  ren- 
voyée au  Conseil. 

—  M.  le  Président  désigne  la  Commission  chargée  du  dé- 
pouillement du  scrutin,  dont  font  partie  MM.  le  manjuis 
de  Selve,  le  comte  deSinéty,  Cloquet,  Cosson  et  Aube. 

—  M.  Bufz  de  Lavison  annonce  que  le  Jardin  vient  de  rece- 
voir un  Merle  bronzé  et  deux  Oiseaux  moqueurs. 


PROCÈS-VERBAUX.  133 

—  M.  Guérin-Méneville  annonce  que  M.  Amable  Lcfèvre, 
négociant  à  New-York,  vient  df  lui  donner  oénéreiisement, 
pour  en  essayer  l'introduction  et  l'acclimatation,  huit  cocons 
renlerniant  leurs  chrysalides  vivantes  du  Bombyx  Cecropia, 
Ver  à  soie  sauvage  de  l'Amérique  du  Nord,  qui  se  nourrit,  en 
plein  air,  des  feuilles  de  Pommier,  Prunier,  Cerisier,  Gro- 
seillier,  F^pine-vinette,  Orme,  Saule,  etc.,  etc. 

L'élevage  de  cette  magniiique  espèce  a  été  tenté  en  France, 
il  y  a  déjà  assez  longtemps,  d'abord  par  Audouin,  puis  par 
MM.  Lucas,  Blanchard,  et  tout  récemment  par  MM.  Duméril 
et  Vallée  au  Muséum  d'histoire  naturelle.  En  1861,  M.  Rufz 
de  Lavison  en  a  fait  une  éducation  au  Jardin  d'acclimatation, 
mais  tous  ces  essais  ont  échoué 

Si  les  Cocons  que  M.  Guérin-Méneville  possède  lui  donnent 
des  papillons,  et  ceux-ci  des  œufs  fécondés,  il  se  fera  un 
devoir,  avec  l'assentiment  de  M.  Lefèvre,  d'en  offrir  à  M.  le 
directeur  du  Jardin,  à  la  Société  d'acclimatation,  etc.,  etc. 

Notre  confrère  ajoute  qu'il  doit  encore  à  M.  Lefèvre  des 
graines  et  des  racines  vivantes  de  deux  grandes  espèces  (\' Aa- 
clepias  de  l'Amérique  du  Nord,  qui  donnent  en  abondance  une 
matière  soyeuse  très  brillante,  utilisable  peut-être  dans  l'in- 
dustrie. Il  offre,  au  nom  de  M.  Lefèvre,  de  ces  graines  et  de 
ces  racines  à  la  Société. 

Il  ajoute,  enfin,  qu'il  a  été  autorisé  à  faire  connaître  le 
nom  de  l'ingénieux  filateurdu  Midi  qui  a  dévidé  en  soie  grége 
ou  continue,  et  industriellement,  les  cocons  de  l'Ailante.  Ce 
magnifique  résultat  a  été  obtenu  par  M.  Aubenas  (de  Loriol), 
inventeur  d'un  appareil  de  torsion  à  dévidage  régulier  et 
simultané  pour  la  filature  des  cocons  doubles. 

—  M.  Richard  (du  Cantal)  fait  connaître  à  la  Société  les 
résultats  de  ses  essais  de  fabrication  de  fromages  dits  de  Hol- 
lande, dans  le  Cantal,  et  annonce  qu'il  a  déjà  obtenu  des  pro- 
duits avantageux  de  cette  fabrication.  (Voy.  au  Hiilletin.) 

—  M.  J.  Duchesne-Thoureau  indique  un  système  au  moyen 
duquel  les  arbres  et  les  végétaux  sont  facilement  amenés  à 
un  développement  ligneux  ou  herbacé,  et  cela  sans  nuire  à  la 
fructification,  qui  est  au  contraire  activée  par  cette   applica- 


13/i       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATTON. 

lion.  Pour  ubtenir  ces  résultats,   il  suffit    d'incliner  les  ra- 
meaux au-dessous  de  la  ligne  horizontale. 

— M.  Petetin  fait  remarquer  que  le  procédé  indiqué  n'estpas 
nouveau,  qu'il  a  déjà  été  employé  par  J.  M.  Guyot,  et  que  son 
observation  personnelle,  en  Dauphiné,  ne  lui  a  pas  permis  de 
constater  des  résultats  aussi  satisfaisants  sur  des  Mûriers  dont 
les  branches  ont  été  arquées.  Quant  au  drainage  aérien,  il  a 
déjà  été  employé  à  Versailles  par  M.  Truffault. 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  Note  de  M.  Espina,  agent  con- 
sulaire à  Sousse  (Tunisie),  sur  les  Éponges  de  Barbarie.  (Voy. 
au  Btdletin.) 

—  M.  le  secrétaire  lit  une  Note  de  M.  le  baron  Aucapitaine 
sur  le  Mouflon  de  Corse.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Piufz  de  Lavison  dit  qu'un  métis  de  Mouflon,  né  au 
Jardin,  a  été  trouvé  excellent,  et  qu'il  y  aurait  peut-être  quel- 
que avantage  à  favoriser  ces  croisements. 

MM.  Vasseur,  Moquin-Tandon  et  Richard  font  observer  que 
ces  métis,  déjà  connus  des  anciens,  sont  souvent  assez  farou- 
ches, et  que  la  qualité  de  leur  chair  pourrait  bien  tenir  uni- 
quement à  ce  que  le  Mouflon  est  un  animal  de  montagne, 
puisqu'on  observe  une  qualité  supérieure  à  la  chair  des 
Moutons  de  montagne  comparée  à  celle  des  Moutons  de  plaine. 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  Note  de  M.  Bellemain  sur  la 
Pépita  {Oxalis  crenata) ,  et  sur  les  avantages  que  pourrait 
offrir  sa  culture.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  J.  Gloquet,  président  do  la  Commission  du  dépouille- 
ment du  scrutin  pour  le  renouvellement  du  Bureau,  annonce 
que  le  nombre  des  votes  recueillis  était  de  A 31,  et  qu'ils  ont 
été  répartis  ainsi  qu'il  suit  : 

Président MM.  Drouyn  de  Ltiuys.   .    .  429 

\  ke-présidenla.    :  .  Moquin-Tandon.  .   .   .  429 

—  Passy 428 

—  De  Qualrefages.   ...  426 

—  Richard  (du  Cantal).  .  42  4 
SecrHaire  général.  .  Comle  d'Éprémesnil.  .  430 
Secrétaires Eug.  Dupin 427 

—  Comte  de  Sinéty   ...  427 

—  Guérin-Méneville.     .    .  426 

—  Soubeiran 424 


PROCES-VERP.AUX. 


Ti'vRor'wr 

PnLil    Blarqiie 

'f2S 

Mcmhri's  lin  Cnuat'il. 

Fréd.  Jacquemart.    . 

430 

Rufz  de  La  vison.  .   .    . 

427 

Marquis  de  Seive  .   ,   , 

427 

— 

A.  Geoffroy  St-Hilaire. 

425 

De  Belleyme 

425 

35 


Plusieurs  autres  membres  ont  obtenu  quelques  voix  pour 
Jes  différentes  fonctions  vacantes. 

En  conséquence  de  ce  rapport,  M.  le  Président  déclare  que 
le  Bureau  de  la  Société  sera  ainsi  composé  pour  l'année  1863  : 


Président  de  la  Société. 
Vice-  présidents.   .    .    . 


Secrétaire  général.  .    .    . 

Secrétaires  pour  l'intérieur 
— ■        du  Conseil.    . 
— •        pour  l' Etranger 
■ —        des  séances.    , 

Trésorier 

Membres  du  Conseil,    . 


MM,  Drouyn  de  Lhuys. 

Moquin-Tandon. 

A,  Passy. 

De  Qualrefages. 

Richard  (du  Cantal). 

Comte  d'Éprémesnil. 

Eug.  Dupin. 

Guérin-Méneville. 

Comte  de  Sinéty. 

J.  L.  Soubeiran. 

Paul  Blacque. 

De  Belleyme. 

Albert  Geoffroy  Saint- Hilaire. 

Frédéric  Jacquemart. 

Rufz  de  Lavison. 

Marquis  de  Selve. 


Le  Secrétaire  des  séances^ 
L.  Soubeiran. 


ni.  BULLETIN  MENSUFX  DES  CONFÉRENCES  ET  LEOTURES. 


COÎNFÉRENCE    IMI  9  OCTOBRE   18G2. 

La  erise  du  €otoii  en  AiigleltTre, 

F.T    LK   UÙLE   0''F.    i.'Ar,CI,lM\TAT10N    EST    APPELÉE    A    ,IOUEI\    DANS    CETTE    CRISE. 

Par  M.  II.  Pierre  Pichot. 

Aprt'S  avoir  alliré  raliontion  de  ses  auditeurs  sur  la  patience  avec  laquelle 
les  ouvriers  du  Lancashire  supportent  la  misère  cjui  les  accable,  et  qu'il  re- 
garde comme  le  signe  du  progrès  de  Téducation  morale  du  peuple  et  des 
classes  ouvrières  ;  après  avoir  comparé  cette  résignation  paisible  des  ou- 
vriers de  IMancliesler  aux  troubles  qui  signalèrent  en  18il  ravénement  de 
sir  r.oberl  l'eel  dans  une  crise  d'un  autre  genre,  M.  Pierre  Picbot  a  fait  res- 
sortir la  rapidité  avec  laquelle  s'était  développée  l'indnstrie  cotonnière  d'une 
pari,  el  la  production  du  Coton  de  l'autre,  pour  en  conclure  qu'il  serait  plus 
facile  qu'on  ne  pense  de  trouver  de  nouveaux  centres  de  production  capables 
de  remplacer  l'Amérique.  Un  résumé  de  celte  leçon  aura  peul-ètre  quelque 
intérêt  pour  nos  lecteurs. 

C'est  dans  l'espace  d'un  demi -siècle  à  peine  (pie  cette  industrie  a  acquis 
une  importance  du  premier  ordre  ;  il  y  a  cinquante  ans,  l'industrie  rolon- 
uière  était  à  peine  naissante  el  avait  à  luller  contre  des  difficultés  énormes. 
11  fallait  aller  cbercher  la  matière  première  dans  des  pays  lointains,  et  in- 
venter des  machines  pouvant  produire  des  tissus  aussi  fins  et  aussi  bon 
marché  que  ceux  de  l'Inde  et  de  la  Chine ,  où  l'on  était  arrivé  }»  la  plus 
grande  perfection.  Certes,  on  ne  l'aurait  pas  cru,  celui  qui  aurait  prédit 
qu'en  cinquante   ans   l'industrie  anglaise  trouverait  un  placement  avanta- 
geux pour  ses  millions  dans  la  fabrication  du  Coton ,  et  que  cette  industrie 
nouvelle   donnerait  de  l'ouvrage  à  des  milliers   d'individus;   qu'enfin  ces 
mêmes  fibres  retourneraient  dans  leur  pays  natal  sous  forme  de  tissus  assez 
beaux  et  d'un  prix  de  revient  asscx  bas  pour  lutter  victorieusement  contre 
les  tissus  indigènes.  Kl  cependasii,  en  cinquante  ans,  tout  cela  a  été  accompli, 
grâce  aux  belles  inventions  de  llargreaves,  Arkwriglu,  Crompton  el  Cart- 
wright,  grâce  à  l'activité  et  à  l'énergie  du  peuple  anglais. 

Mais  si  d'un  côté  la  croissance  de  l'industrie  cotonnière  en  Angleterre  a 
élé  rapide,  de  l'autre  la  culture  du  Colon  en  Amérique  n'a  pas  été  moins 
étonnante.  Avant  Tannée  1790,  l'Angleterre  ne  recevait  pas  une  seule  livre 
de  coton  américain,  et  cependant,  dans  le  courant  de  celte  année,  l'inqior- 
tation  totale  avait  été  de  ol  ,/|/i7,6or)  bvres.  Au  commencement  du  siècle 
passé,  en  1710,  alors  que  la  filature  du  Colon  était  encore  en  enfance,  l'im  - 
portaliun  n'était  que  de  71.5,008  livres;  c'était  donc  une  augmentation  de 
30,732,597  livresque  cette  importation  avait  éprouvée.  C'est  en  1791  sen- 
lemcntqueron  commença  à  importer  des  Cotons  américains  ;dans  le  courant 


BULLETIN   MENSUEL    DES    CONFÉRENCES.  137 

(lo  rcilo  aiinoc  il  en  vinl  189,316  livres,  et  rannée  suivanic,  1792,  la 
*|iiaiilil(-  ftil  encore  moins  considérable,  n'ayant  été  qne  de  138,328  livres. 
Tels  furent  les  déhnts  modestes  de  celte  immense  industrie  ;  débnis  qui  nous 
permettent  d'envisager  sans  trop  de  crainte,  comme  on  le  verra,  la  ruine 
de  la  production  américaine,  ruine  inévitable  si  la  guerre  civile  dure  long- 
temps encore,  et  que  même  une  prompte  cessation  des  hostilités  ne  fera 
qu'amoindrir  :  ce  que  l'on  a  déjà  fait,  pourquoi  ne  pas  le  refaire,  et  pour- 
quoi s'effrayer  d'un  simple  changement  des  centres  producteurs  qui  pourra 
s'elTecluer  dans  un  très  court  espace  de  temps? 

Comme  on  le  voit ,  l'imporlance  de  la  question  cotonnière  est  immense, 
et  nous  ne  prétendons  pas  l'appiofondir  ici  dans  tous  sesdétails.  C'est  un  sim- 
ple exposé  de  faits  que  nous  voulons  tracer. 

pr.EMllÎRB  PARTIE.  —  Histoire  du  Colon  et  de  findmtrie  voloimiùre. 

Le  Coton  est  un  arbuste  de  la  famille  des  Malvacées,  indigène  d(>  l'Arabie 
et  de  divers  autres  points  de  l'Afrique,  de  ITnde,  de  la  Chine  et  du  nouveau 
monde.  11  n'y  a  pas  de  plante  peut-être  plus  généralement  répandue  ou 
plus  facile  à  répandre,  et  Von  admire  cette  généreuse  prévision  de  la  nature 
pour  une  plante  si  éminennnent  utile  à  l'homme  et  si  universellement  em- 
ployée par  lui.  C'est  de  l'Arabie  cependant  que  l'on  paraît  l'avoir  importé 
pour  la  première  fois  en  Europe  ;  car  il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître  son 
nom  dans  le  terme  arabe  »  Kilfun  » .  Son  nom  latin  Gossijpium  semble  aussi 
in!li(|uer  la  même  origine,  et  paraît  provenir  du  mot  «  ijaz  »  ou  «  (y»3  », 
qui  signifie  une  substance  soyeuse.  Le  Coton  est  connu  de  toute  antiquité. 
Pline  raconte  que  dans  la  haute  Egypte  et  sur  les  confins  de  l'Arabie  pousse 
une  plante  appelée  Gossypium  ou  A'ylon,  dont  les  prêtres  égyptiens  se  fai- 
saient des  vêtements,  et  l'on  a  retrouvé,  en  effet,  en  Egypte  des  momies  en- 
veloppées dans  des  lisus  de  coton,  mais  c'étaient  des  momies  d'enfauls  seu- 
lement, les  adultes  étant  toujours  ensevelis  dans  du  lin  ;  on  a  trouvé  en 
outre  des  graines  de  Cotonnier  dans  les  tombeaux  de  l'Egypte.  Le  Coton 
était  certainement  connu  des  Israélites  cinq  cents  ans  avant  l'ère  chrétienne, 
et  les  commentateurs  de  la  Bible  sont  assez  disposés  à  regarder  les  mots 
«  bufz  »  et  «  bj/ssus  n  connue  signifiant  loile  de  coton.  Hérodote,  Ctésias 
et  Arrien  placent  le  berceau  du  Cotonnier  dans  l'Inde  ,  mais  il  y  en  a 
des  espèces  parlimlières  à  l'ancien  et  au  nouveau  monde;  caries  étotTes 
que  l'on  trouve  dans  les  tombeaux  mexicains  et  péruviens  témoignent  de 
son  existence  longtemps  avant  qu'il  y  ait  eu  aucune  relation  commerciale 
entre  l'Amérique  et  le  Levant.  Onoiqu'il  ne  soit  pas  également  certain  que 
l'Amérique  n'ait  pas  été  en  relation  avec  notre  monde  par  l'ouest  dans  des 
temps  très  reculés,  cependant  le  Coton  ne  peut  y  avoir  été  introduit  de  cette 
manière,  car  le  Colon  américain  sauvage  diffère  entièrement  de  celui  de 
notre  hémisphèi'e. 

Du  reste,  il  y  a  peu  de  plantes  qui  présenteni  des  variétés  aussi  nom- 
breuses, et  peu  déplantes  en  même  temps  qui  aieni  éh'-  moins  étudiées  des 


188  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMÂTATION. 
botanistes  ;  aussi  la  confusion  est-elle  farile  lorsque  l'on  vient  à  on  examiner 
les  diverses  espèces.  D'une  part,  les  botanistes  ont  négligé  de  décrire  les 
variétés  cultivées  et  pour  ainsi  dire  domestiques,  se  contentant  de  nommer, 
el  encore  d'une  façon  très  vague,  les  espèces  qui  croissent  à  l'état  sauvage; 
«l(!  l'autre,  les  cultivateins  sont  loin  d'avoir  adopté  pour  les  Cotons  qu'ils 
cultivent  une  nomenclature  identique,  employant  tantôt  les  noms  vulgaires  des 
contrées  qu'ils  liabilent,  tantôt  leur  donnant  des  noms  de  leur  propre  choix, 
el  négligeant  en  tous  cas  les  hybridations.  Et  cependant  combien  une  no- 
menclature exacte  serait  nécessaire,  non-seulement  pour  les  savants,  mais 
pour  les  cultivateurs,  auxquels  elle  enseignerait  quelles  sont  les  meilleures 
espèces  à  cultiver  et  permettrait  de  profiter  des  observations  de  leurs  collè- 
gues. De  Candolle  a  indiqué  treize  espèces  de  Cotonniers,  mais  d'une  manière 
vague,  sans  en  garantir  aucune,  et  reconnaissant  (pi'il  n'y  avait  pas  de  genre 
qui  réclamât  plus  impérieusement  peut-être  un  historien.  La  crise  actuelle 
provoquera  sans  doute,  et  c'est  à  espérer  pour  les  cultivateurs,  les  recher- 
fhes  nécessaires  à  ce  grand  et  utile  travail.  Le  docteur  Roxburgh  a  ajouté 
deux  nouvelles  espèces  à  la  liste  de  de  Candolle  ;  Uœusch  on  a  décrit  une 
autre,  et  il  y  en  a  une  nouvelle  signalée  dans  la  flore  de  Sénégambie.  Le 
docteur  von  llohr  explique  la  contradiction  apparente  de  certains  auteurs, 
dont  les  uns  pr  étendent  que  Thumidité  est  nuisible  pour  le  Coton,  et  conseillent 
le  drainage,  tandis  que  les  autres,  surtout  ceux  qui  traitent  do  la  culture 
indienne,  veulent  que  l'irrigation  soit  la  chose  lapins  nécessaire.  Le  docteur 
.lohn  William  Mallet  résume  de  la  façon  suivante  ses  observations  particu- 
lières : 

Le  Cotonnier  peut  se  trouver  exposé  à  l'humidité  de  quatre  façons  diffé- 
rentes : 

1°  L'atmosphère  peut  contenir  une  plus  ou  moins  grande  quantité  d'eau 
à  l'état  de  vapeur  jusqu'à  saturation. 

2»  L'atmosphère  peut  être  plus  que  saturée,  et  alors  l'eau  reste  liquide  et 
tombe  sous  forme  de  pluie. 

3"  Le  terrain  peut  contenir  une  plus  ou  moins  grande  quantité  d'eau,  soit 
sous  forme  de  combinaison  chimique,  soit  à  l'état  de  mélange  intime  et 
qu'une  très  forte  température  peut  seule  chasser.  Cette  eau  ne  peut  s'accu- 
muler au  delà  d'une  certaine  quantité,  qui  est  le  point  de  saturation  du  sol. 

/l"  Enfin  le  terrain  peut  contenir  de  l'eau  en  excès,  dont  la  présence  est 
toujours  facile  à  constater  par  la  vue  et  le  toucher. 

Or  le  Cotonnier  se  plaît  surtout  dans  une  atmosphère  et  un  sol  simple- 
mont  saturés;  l'eau  en  excès  est  nuisible  à  sa  culture  ;  les  racines  ne  pivotent 
pas  bien  dans  le  sol;  le  planta  l'air  paraît  maladif;  le  soleil  ardent  le  grille 
facilement  ;  la  production  du  Colon  est  petite,  et  dans  ces  conditions  sa  cul- 
ture est  deux  fois  plus  difficile ,  car  les  herbes  et  les  racines  qui  poussent  alors 
en  abondance  sont  plus  difficiles  à  extirper.  Dans  ces  conditions,  le  drainage 
osl  indiqué,  et  l'on  comprend  quo  le  meilleur  terrain  pour  obtenir  de  bons 
résultats  est  un  terrain  léger,  friable,  solide,  contenant  des  matières  organi- 


BULLETIN   MENSUEL   DES    CONFÉRENCES.  139 

qaes  cii  prnporlions  modérées,  ainsi  que  les  siibstancos  minérales  nécessaires 
;m développement  de  la  plante,  d'une  composition  uniforme  pouvant  absor- 
ber de  f,a'andes  quantités  de  ciialeur,  d'Iiumidité,  de  saz  et  de  matières  mi- 
nérales solubles. 

Toutes  ces  conditions  se  rencontrant  à  un  très  haut  degré  dans  l'Amérique 
du  Sud,  le  succès  de  la  culture  du  Coton  était  presque  .Tissure  d'avance;  de 
plus,  comme  elle  ne  demandait  pas  un  travail  falisanl,  elle  était  facile  à 
introduire,  et  les  produits  lucratifs  (juVlie  pouvait  donner  en  peu  de  temps 
devaient  la  reconunandcr  à  un  i)euple  neuf  pouvant  disposer  de  beaucoup 
de  bras  et  de  terrains 

Le  Coton  sea-island  lut  cultivé  comme   récolte  en  Amérique  pour  la 

première  fois  en  1788;  il  avait  été  introduit,  dit-on,  en  178G,  de  graines 
venant  de  Babama,  mais  on  n'avait  pas  encore  cherché  à  en  tirer  parti.  D'ail- 
leurs, la  première  année,  la  saison,  peu  favorable  d'abord,  avait  fait  périr 
les  jeunes  pousses,  et  ce  ne  fut  que  des  secondes  pousses  que  l'on  put  récolter 
la  graine.  Les  résultats  obtenus  en  1788  prouvèrent  que  la  plante  était  dé- 
finitivement acclimatée,  et  la  culture  du  Cotonnier  prit  une  extension  rapide. 
Deux  ans  après  on  commençait  à  en  exporter  en  Angleterre  :  en  1791, 
189,316  livres  de  matière  textile  sortirent  du  pays;  nous  avons  déjà  dit  que 
l'année  suivante  la  quantité  exportée  avait  été  moindre  (138,328  livres)  ; 
mais  en  1793 ,  Éli  Whitney  inventa  une  précieuse  machine ,  grâce  à  la- 
quelle les  planteurs  du  Sud  purent  sé|)arer  avec  la  plus  grande  facilité,  et  en 
un  temps  très  court,  la  ûhre  textile  du  Colon  courte  soie  de  la  graine.  La 
production  du  Coton  courte  soie  étant  presque  illimitée  et  des  plus  faciles, 
cette  découverte  donna  une  immense  impulsion  à  la  production  du  Coton  en 
Amérique  ;  car,  en  179Zi,  1,601,760  livres  de  Coton  furent  exportées,  et  en 
1795  l'exportation  monta  d'un  seul  coup  à  5,276,300  livres.  La  culture  du 
Colon  était  établie  ;  depuis  lors,  elle  augmenta  avec  une  rapidité  vertigi- 
neuse, sibienque  les  États-Unis  arrivent  àexporter,  enl8A9, 1,026,602,269  li- 
vres, dont  1,01/1,633,010  livres  de  Colon  courte  soie,  lin  182/i,  la  récolte 
avait  été  de  560,000  balles;  en  1850,  2,096,706  balles,  Le  professeur 
Burnett,  dans  ses  Esquisses  de  botanique,  estime  à  227,000,000  de 
livres  l'importation  aimuelle  du  Coton  en  Angleterre,  En  1828,  elle  lut 
de  227,760,000  livres.  Sur  CL-lte  (luantilé  prodigieuse ,  il  y  en  avait 
151,752,000  livres  des  États-Unis,  et  les  tables  de  Mac  CuUoch  nous  donnent 
pour  la  même  année,  comme  chiffre  de  la  production  du  Coton  aux  États- 
Unis,  210,590,/iG3  livres.  Dans  la  même  année,  les  quantités  fournies  parles 
autres  pays  à  l'Angleterre  étaient,  pour  le  Brésil,  de  29,l/i3,000  livres;  pour 
les  Indes  orientales,  de  32,187,000  livres;  pour  l'Egypte,  de  6,/j5/i,0U0  li- 
vres; pour  les  Indes  occidentales,  de  5,893,000  livres  ;  pour  la  Colombie, 
de  726,000  livres  ;  pour  l'Egypte  et  la  Grèce  conlinenlale,  de  /i71,000  livres. 
Ces  chiffres  font  voir  clairement  quelle  était,  dès  celte  époque,  l'importance 
de  la  culture  du  Coton  dans  les  divers  pays  du  globe,  et  l'on  ne  s'étonnera 
pas  d'apprendre  que  la  Grande-P.retagne  plaçait  alors  56,000,000  de  livres 


s 


UO         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOrrIQUE    d'ACCLIMATATION. 

slorliiig  (1,600,000,000  de  francs)  do  son  rjipital  dons  la  iiiiiniiraduro  do 
ro  prodnit  lextile  qui  donnait  do  l'onvrago  à  pins  do  8.')0,000  In-as  on  An- 
gleteiTO,  et  fournissait  pour  30,000,000  de  livres  sterlinf"  (900,OUO,000  de 
franc  s)  de  tissus. 

Mais  si  la  machine  d'Éli  VVliitney  a  joué  un  grand  rôle  dans  le  déve- 
loppement des  cultures  cotonnières,  le  mode  de  culture  adopté  à  peu  près 
en  même  temps,  en  179/t,  exerça  une  influence  salutaire  sur  lo  zMe  des 
cultivateurs.  Ce  fut  en  179Zi  qu'un  planteur  de  Bahama  donna  le  conseil 
do  semer  les  plants,  comme  dans  l'Inde  occidentale,  à  dos  distances  beau- 
coup plus  rapprochées,  ce  qui  permit  d'obtenir,  à  l'exception  do  cas  parti- 
culiers, dlxO  livres  do  Coton  par  acre.  Thomas  Spalding,  qui  adopta,  dès 
l'abord,  la  culture  américaine,  obtint  inmiédiatemont  d'excellents  résxdtats 
de  cette  méthode,  que  l'expérience  perfectionna  depuis  lors.  Maintenant, 
selon  la  force  de  la  terre,  on  place  les  plants  à  8  ou  '2/|  pouces  l'un  do 
l'autre,  et  les  buttes  le  long  desquelles  on  les  aligne  sont  espacées  de  à  à  6 
pieds.  Nous  ne  comptons  pas  entrer  ici  dans  le  détail  de  tous  les  tâtonne- 
ments et  des  incertitudes  auxquels  les  cultivateurs  furent  en  proie  depuis 
les  premiers  essais  de  culture  à  l'indienne  de  Spalding  jusqu'aux  expérience 
et  aux  perfectionnements  de  Al.  Kinsoy  lîurden,  qui  eurent  lieu  on  180/i-18'27. 
M.  Burdin  amena  le  Géorgie  longue  soie  à  son  plus  grand  développement 
par  un  choix  judicieux  de  giaines.  (Il  avait  remarqui-  que  colles  auxquelles 
un  peu  de  duvet  cotonnier  restait  adhérent  étaient  les  lueilloures.)  Une 
pareille  étude  nous  entraînerait  trop  loin  de  notre  sujet  principal,  qui  est  la 
crise  actuelle,  et  à  laquelle  nous  avons  hâte  d'arrivi^r.  far  les  chifli-os  que 
nous  avons  donnés,  on  a  pu  se  faire  une  idée  de  la  rapidité  avec  laquelle  cette 
culture  nouvelle  se  dévolop])ait  en  Amérique,  remplaraiu  plusieurs  cultures 
à  peine  établies,  celle  do  l'indigo  par  exemple 

Si  les  États-Unis  poussaient  si  activement  la  culture  du  Colon,  c'est 

que,  de  leur  côté,  en  Angleterre,  les  fdatures  de  cette  matière  première 
prenaient  un  développement  proportionnel,  et  quolf(ue  grande  (|ue  fut  la 
production  américaine,  elle  alimentait  bien  juste  l'activité  continuelle  du 
pays  mannfaclurior  dont  iManchester  est  devenu  lo  centre.  Nous  avons  dit 
on  commençant  combien  il  y  avait  do  diflicultés  h  vaincre  pour  fonder  dans 
la  Grande-Bretagne  la  nouvelle  industrie,  et  l'achèvement  complet  et  rapide 
do  cette  œuvre  restera  l'un  dos  plus  merveilleux  monumonis  du  génie  de 
l'esprit  humain  ;  ce  n'est  pas  petit  à  petit  cpie  les  diverses  pierres  de  cet 
immense  édilice  sont  venues  se  superposer,  c'est  presque  subitement  et  d'un 
seul  coup  ;  se  montant  à  la  hauteur  des  circonstances  en  quelques  années, 
l'esprit  inventif  des  Ilargroaves,  dos  Arksvright,  desCrompton,  dos  Cartwright 
et  de  bien  d'autres  trouva  un  matériel  tout  nouveau,  grâce  auquel  l'industrie 
cotonnière  put  non-seulement  s'établir  en  Europe,  mais  encore  rivaliser  avec 
l'ancienne  industrie  indienne. 

Ce  fut  au  commencement  du  xiv  siècle  que,  selon  1\I.  Alkins,  les  Véni- 
tiens et  les  Génois  inqinrtèront  les  premières  balles  do  colon  on  Anglotorro,  où 


UULLiniN    MEiNSUKL    DES    CONFÉRENCES.  IM 

il  111'  lui  (l'iil)or(l  (Miipli))!'  (|iic  pour  faire  les  nièdies  de  chaiulelles;  en  l/ioO, 
(|ii('l(|iies  lisseraiuls  de  Laiicastrc  piii  vinrent  à  en  faire  des  intaines grossières, 
cl  Lewis  r.oberls,  dans  un  ouvrage  écrit  en  16^1  (Treasures  of  traffick), 
parle  de  cette  industrie  naissante  et  des  divers  tissus  que  Ton  fabriquait  avec 
rlu  Colon  de  Chypre  et  de  Smyrno.  En  lGo'2,  l'usage  en  était  généralement 
répandu,  car  les  souverains  du  pays  avaient  deviné  son  importance  et  lui 
avaient  accordé  leur  protection.  Cependant,  pendant  près  d'un  siècle,  l'in- 
dustrie cotonnière  en  resta  là,  mais  les  inventions  mécaniques  de  la  fin  du 
dernier  siècle  la  firent  tout  à  coup  sortir  d'une  torpeur  apparente,  et  la 
lancèrent  dans  une  nouvelle  voie. 

En  1773,  on  n'avait  encore  fabriqué  en  Angleterre  que  des  étoffes  de 
colon  à  chaîne  de  lin  ;  il  n'y  avait  pas  encore  de  grandes  fabriques,  et  les 
ouvriers  faisaient  leur  ouvrage  chez  eux,  en  famille.  Les  négociants  de  Man- 
chester employaient  des  commissionnaires  qui  étaient  conliiuiellement  en 
tournée  chez  les  ouvriers  auxquels  ils  fournissaient  les  fils  pour  la  chaîne,  et 
dont  ils  recevaient  les  marciiandises  fabriquées.  Celait  déjà  un  progrès  sur 
le  système  en  usage  quelques  années  auparavant,  et  pendant  lesquelles  l'ou- 
vrier était  obligé  de  chercher  lui-même  un  acheteur  pour  la  pièce  qu'il  ve- 
nait de  fabriquer.  A  l'avènement  de  George  III  au  trône  d'Angleterre,  en 
1760,  on  fabriquait  à  peine  pour  5,000,000  de  valeurs  d'étoffes  ;  les  procé- 
dés lents  et  imparfaits,  la  matière  première  qu'il  fallait  aller  chercher  au 
loin,  il  y  avait  de  quoi  décourager.  Mais,  peu  après,  .lohn  Hargreaves  com- 
mence la  série  de  découvertes  et  d'inventions  qui  donnèrent  un  si  rapide 
dévelop|)em('nt  à  l'industrie  cotonnière.  Hargreaves  n'était  qu'un  simple  char- 
pentier de  Blackburn,  el  la  spinning-jeuny,  qu'il  inventa  en  17G7,  parvint 
en  peu  de  temps  à  filer  plus  d'ulie  centaine  de  broches,  de  huit  ou  dix  qu'elle 
manœuvrait  dans  le  principe,  et  cela  sans  plus  d'embarras  ou  de  soins. 

Mais,  jusqu'à  présent,  la  chaîne  avait  toujours  été  faite  de  lin;  les  ma- 
chines que  l'on  avait  alors  ne  pouvaient  pas  filer  de  fils  assez  forts  pour  la 
chaîne  ;  le  spinning-frame  (métier  continu)  vint  remédier  à  ce  défaut. 
En  1779,  Grompton  inventa  la  muU-jenny  (métier  ordinaire),  composée  de  la 
spinning-jenny  et  du  spinning-frame;  puis  le  révérend  Cartwright  construisit 
le  iwwcr-loom.  En  1820,  on  introduit  les  machines  à  vapeur,  qui,  en  1833, 
avaient  presque  entièrement  remplacé  les  métiers  à  main;  puis  vinrent, 
en  18/i0,  leself-acling,  machine  ou  métier  automate;  en  1850,  le  métier  à 
la  Jacquart,  et  enfin  la  peigneuse  de  Josué  Heilmann.  Chacune  de  ces  re- 
marquables inventions  inaugure  une  phase  nouvelle  dans  les  progrès  de 
'industrie  cotonnière. 

Et  maintenant  que  l'on  a  vu  comment,  pendant  cinquante  ans,  les  esprits 
éminents  de  deux  grandes  nations  ont  constamment  tendu  vers  le  même 
but,  ceux-ci  pour  pioduire  la  matière  première,  ceux-là  pour  en  tirer  parti, 
faut-il  s'étonner  davantage  qu'il  n'ait  fallu  à  ces  deux  nations  qu'un  si  court 
espace  de  temps  pour  crt'er  une  industrie  aussi  importante  que  l'industrie 
cotonnière  anglo-américaine?  .  .    . 


1/|2         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION. 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  I.a  crise  cl  la  délresse  du  Lmcasliire- 

La  rapidité  avec  laquelle  les  efforts  de  l'Amérique  et  de  TAiiglelerre  furent 
couronnés  de  succès  peut  èlre  rej^ardée  coiunic  la  cause  première  de  la  crise 
qui  se  produit  au  jourd'lud.  Tous  les  rouages  de  cette  immense  industrie 
fonctionnaient  si  tranquillement,  que  Ton  ne  pouvait  prévoir  une  catastrophe, 
et  malgré  les  avertissements  répétés  de  quelques  gens  plus  clairvoyants  que 
les  autres,  on  n'en  continuait  pas  nioins  à  envisager  l'avenir  sans  inquiétude, 
ou  plutôt,  jouissant  du  présent,  à  ne  pas  l'envisager  du  tout.  Il  paraissait 
même  difficile  qu'il  en  lïil  autrement  ;  on  avait  lini  par  se  persuader  que 
l'Amérique  était  le  seul  pays  qui  pCft  produire  du  Coton,  et  on  le  répétait  si 
haut,  que  personne  ne  songeait  plus  à  le  cultiver  ailleurs.  En  outre,  l'idée 
qu'en  Amérique  on  pouvait  cultiver  cette  plante  avec  des  esclaves  effrayait 
beaucoup  de  gens;  il  semblait  que  sans  l'esclavage  il  serait  impossible  de 

s'en  tirer  et  de  lutter  contre  la  concurrence 

P.ien  de  plus  faux  cependant  que  l'idée  qui  prévaut  encore  aujourd'hui 
nialheureusement,  car  elle,  empêche  bien  des  cultivateurs  d'entreprendre  la 
culture  du  Coton  ailleurs  que  dans  les  Etats  à  esclaves.  Fort  heureusement 
pour  la  civilisation  moderne,  le  travail  libre  peut  parfaitement  lutter,  et 
même  avec  avantage,  contre  celui  des  esclaves  partout  où  il  sera  établi  d'une 
façon  nK'lhodique  et  soutenu  par  des  capitaux.  C'est  là  qu'a  été  jusqu'à 
présent  l'erreur  :  sous  l'impression  des  craintes  mal  fondées  et  des  renseigne- 
ments inexacts,  les  capitalistes  n'ont  risqué  leurs  capitaux  que  d'une  façon 
timide  dans  la  lutte  contre  l'Amérique,   et  les  manufacturiers,  dans   une 

sécurité  trompeuse,  n'ont  rien  l'ait  pour  les  encourager 

11  faut  dire  cependant  que  chaque  année  la  culture  du  Coton  sur  la 

surface  du  globe  devenait  plus  considérable,  mais  en  Xuiéricpie  elle  nuuchail 
à  pas  de  géants.  L'Amérique,  en  effet,  n'avait  plus  seulement  à  subvenir 
aux  besoins  des  manufactures  anglaises,  elle  avait  aussi  les  siennes  propres  à 
alimenter,  et  celles-ci  devenaient  chaque  année  plus  nombreuses  dans  les 
États  du  Sud.  Ce  fait  aurait  du  faire  ouvrir  bien  des  yeux  ;  car  si  ces  nou- 
veaux centi-es  industriels  avaient  pu  se  former  tout  d'un  coup,  l'industrie 
anglaise  n'aurait-elle  pas  été  encore  plus  sérieusement  menacée  ([u'elle  ne 
l'est  aujourd'hui.  INIais  ce  nouveau  phénomène  dans  l'industrie  cotonnièrc 
de  l'Amérique  ne  pouvait  se  produire  que  lentement  ;  au  jour  où  les  États  du 
INord  auraient  consonuné  le  coton  des  Étals  du  Sud,  l'Angleterre  se  serait 
petit  à  petit  créé  de  nouveaux  centres  producteurs  dans  l'Inde  ou  ailleurs. 
Il  y  avait,  dans  ce  fait  même  de  la  création  de  l'industrie  américaine,  un 
danger  sérieux  qui  devait  inévitablement  brusquer  les  événements.  Chaque 
jour  le  Nord,  devenant  de  plus  en  plus  industriel  et  manufacturier,  tandis 
que  le  Sud  restait  pays  de  production  et  de  culture ,  voyait  ses  intérêts 
se  séparer  de  ceux  des  États  méridionaux  :  la  rupture  était  nécessaire,  inmii- 
nente,  et  elle  éclata  enfin,  l'esclavage  lui  servant  de  pr('texte.  La  question  de 
l'esclavago  n'a  été,  dans  cette  longue  lutte,  qu'un  vain  drapeau  sous  lequel  des 


FîULLETIN    MENSUEL   DES    CONFÉRENCES.  l/jo 

inh'Tôls  égoïslcs  sont  venus  s'abriter  <1(>  pari  cl  d'aulrc.  La  comUiile  du  .\or{l, 
dèsledébiildelagaerrc,  poiii  aisOuK'iil,  ce  nu- sciuljlc.jîistiner  celle  opinion... 

C'est  ainsi  qu'en  un  instant  l'industrie  colonnière  anglaise  se  Irouv.i 

ébranlée  dans  ses  bases.  Au  moment  où  l'Europe  nclievail  sesapprovlsioiuie- 
ments  de  colon  dans  les  ports  du  Sud,  la  guerre  éclate  et  le  blocus  vient  priver 
les  fabriques  anglaises  de  l'alinient  nécessaire  à  leur  activité.  La  reconnaissance 
jmniédiale  du  Sud  aurait  peut-être  pu  éviter  la  crise,  ou  tout  au  moins  la 
retarder.  Cette  reconnaissance  était  impossible,  et  deux  mots  le  feront  com- 
prendre. L'Angleterre  allait-elle  en  un  instant  renier,  à  l'égard  des  Étals  à 
esclaves,  une  politique  si  longtemps  suivie  avec  courage?  Quelque  grand  que 
pût  être  le  sacrifice,  tout  l'engageait  an  contraire  à  perdre  la  culture  co^ 
tonnière  des  États  du  Sud,  en  acceptant  toutes  les  misères  de  la  crise.  Elle 
comprenait  enfin  que  c'était  son  indépendance  qu'elle  assurait  ainsi  par  le 
développement  que  cette  crise  allait  faire  prendre  à  la  culture  du  Coton 
dans  l'Inde  et  dans  ses  aiities  colonies,  n'oubliant  pas  les  intérêts  matériels 
dans  une  mesure  qui  paraissait  exclusivement  pbilanibropique.  A  ce  trait-là 
ne  reconnaissons-nous  pas,  messieurs,  la  politique  anglaise?  Mais  si  inté- 
ressée qu'elle  pût  être,  celte  politique  avait  un  noble  mobile  que  iout  le 
peuple  comprit,  et  auquel  il  se  rallia,  quelque  grandes  que  dussent  être  ses 
privations  et  sa  misère  pendant  l'état  transitoire  qui  devait  en  être  la  suite 
et  celte  unanimité  sur  une  aussi  belle  question  de  morale  est  un  des  beaux 
et  solennels  aspects  de  la  crise  dont  nous  allons  étudier  les  effets. 

En  1860,  rinqiortation  totale  de  Cotons  de  toutes  les  parties  du  globe 
avait  étéde  12, àl9,096  quintaux;  en  18G1,  elle  diminue  de  1,196,018  quin- 
taux, et  celle  diminution  ne  porte  pas  seulement  sur  les  Colons  américains, 
mais  sur  ceux  des  autres  pays,  qui  retiennent  leurs  denrées  alin  de  spéculer 
sur  la  bausse  inévitable  ;  mais,  dès  cette  première  année,  l'Inde  anglaise  et 
plusieurs  autres  pays  augmentent  leur  i)roduction  d'une  façon  considérable; 
celle-ci,  eu  particulier,  de  1,^72,315  quintaux.  Le  tableau  suivant  peiil 
donner  un»;  idée  de  ces  variations. 

Production  _     Différences 

en  1801.  ""    ~'"*-^-'~-— *        -. 

en  plus.  en  moins. 

Colonies  françaises 8,531  quiiil.  «  10  rjç)3 

ÉgJ'Ple 365,108  »  27^339 

Afrique  occidentale 1,389  »  y^y 

Brésil 154,378  31  „ 

États-Unis 7,310,009  »  2  640  3/j(i 

Pérou 3,585  1,014  „' 

Afrique  méridionale 6,203  5,017  » 

Ile  Maurice 7,2<S(S  »  20  962 

Indes  orientales  anglaises.       3,295,004            1,472,315  » 

Indes  occidentales 1,862  »  5  47^ 

Guyane  anglaise 2,480  434  ,, 

Pays  divers 60,281  36,959  „ 

11,223,078  1,515,770  2,711,788 

Diminution  totale  depuis  1860 1,196,018 


U/l       SOCIÉTÉ   IMPERIALK   ZUULUGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Ces  rt'siiUats  (l(''s;i.streiix  et  iinniédiatsdela  gucrrccivile  Cii  Amérique  Ir.ip 
pèrent  TAngleterre  de  stupeur.  Malgré  les  réserves  de  Colou  que  l'on  <ivail 
en  niat^asiu  à  Liverpool  ;  malgré  toute  l'énergie  que  l'on  pouvait  nionlrer 
pour  déterminer  les  autres  pays  producteurs  du  Coton   à   augmenter  leur 
culture ,  on  vit  bien  que  les  manufacturiers  seraient  bientôt  à  bout  de  res- 
sources. Kon-seuleinent  les  prix,  de  la  matière  première  allaient  augmenter, 
mais  encore  on  ne  pourrait  jamais  s'en  procurer  assez,  quelcjne  fût  son  prix 
de  revient,  pour  donner  du  travail  aux  milliers  d'ouvriers  qui  n'avaient  pas 
d'autre  moyen  de  subsistance.                                         -               .    .  ' 
Cependant,  quoique  les  ateliers  lussent  bientôt  forcés  de  suspendre  leurs 
travaux  en  partie  ou  en  totalité,  les  manufacturiers  luttèrent  aussi  longtemps 
qu'ils  purent  au  prix  de  très  grands  sacrifices.   C'est  qu'il  fallait,  en  ellel, 
empêcher  autant  que  possible  la  ruine  et  la  désolation  de  la  société  ouvrière; 
un  corps  de  métier  une  fois  établi  est  une  chose  précieuse  qu'il   est  bien 
diflicilc  de  rétablir,  et  enlin  le  matériel  des  fabriques  pouvait   facilement  se 
détériorer  par  une  longue  inaction.   Les  ouvriers,  de  leur  côlé,  répondirent 
à  la  sollicitude  des  nianulacluriers  et  des  autorités  industrielles,  et  suppor- 
tèrent la  misère,  à  laquelle  ils  furent  bientôt  en  proie,  avec  un  courage  et  un 
sang-froid  qui  leur  l'oront  le  plus  grand  honneur.  C'est  le  tableau  de  celte  af- 
freuse misère  que  je  voudrais  maintenant  faire  passer  sous  vos  yeux 

La  fin  de  cette  seconde  parlie  de  la  conférence  a  été  consacrée  à  l'étude  des 
clïels  de  la  crise  dans  le  Lancashire.  La  répartition  du  travail  pendant  les 
diilérentes  époques  de  la  disette,  les  aspects  diilérenls  sous  les({uels  la  mi- 
sère s'est  présentée  dans  les  diilérentes  villes,  à  Manchester,  à  Ulackburn,  à 
I^reston,  à  Bolton,  à  Stockport,  etc.;  le  sys'ème  de  secours  qui  a  élé  organisé 
dans  chacun  de  ces  endroits,  les  souscriptions  et  leur  répartition  par  les 
comités  de  secours ,  l'effet  de  la  crise  au  point  de  vue  de  l'hygiène  et  de  la 
statistique  criminelle  :  telles  furent  les  différentes  questions  succes- 
sivement traitées  par  AI.  Pierre  Pichot.  Mais  ce  sujet  s'éloigne  trop  du 
cadre  de  notre  Bulletin  pour  que  nous  puissions  en  publier  un  extrait.  Ci- 
tons cependant  les  réflexions  (jui  terminèrent  cette  seconde  parlie. 

Et  maintenant,  combien  de  temps  cet  état  de  misère  et  de  gêne  peut-il 
durer?  S'il  fallait  absolument  compter  sur  la  terminaison  de  la  guerre  civile 
en  Amérique  pour  voir  de  nouveau  la  fibre  cotonnière  affluer  sur  nos  mar- 
chés, l'acharnement  du  Sud  et  du  ^ord  pourrait  nous  faire  douter  de  la 
prompte  solution  de  la  question.  De  toutes  façons,  les  événements  auxquels 
nous  venons  d'assister  nous  prouvent  qu'à  moins  de  créer  de  nouveaux 
centres  producteurs,  les  industries  européennes  auront  toujours  une  épée  de 
Damoclès  suspendue  sur  leurs  tètes.  Les  ouvriers  du  Lancashire  l'ont  bien 
compris,  et  c'est  ce  qui  leur  fait  envisager  leur  misère  actuelle  avec  tant  de 
courage.  L'Améri(|ue  n'est  |)as  le  seul  pays  où  le  Cotonnier  puisse  croître  à 
merveille,  et  il  est  d'autant  plus  nécessaire  de  s'assurer  de  nouveaux  greniers 
d'abondante,  que,  quand  même  la  guerre  civile  se  terminerait  aujourd'hui, 
r Amérique  ne  pourr.iit  pas  avant  (|uelque  temps  rétablir  ses  cultures  ;  bien 


BULLETIN   MENSUEL   DES   CONFÉRENCES.  l/l5 

plus,  alors  que  la  paix  se  ferait  dans  ua  avenir  prochain,  la  conslitulion  so- 
ciale el  rorganisalioii  du  travail  en  AintMique  ne  soriiraient-clle  pas  de  cette 
iultc  si  profondément  modiliées,  que  la  culture  du  Cloton  ne  pourrait  pluss"v 
rétablir  sur  les  mêmes  bases;  et  la  suprématie  de  rAmériquc,  en  fail  dt: 
production  colonnière,  étant  réduite  à  néant,  les  nations  qui  entreprendraient 
dès  aujourd'hui  cette  culture  pourraient  l'établir  solidement  chez  elles  pen- 
dant le  lenqw  que  l'Amérique  mettrait  à  se  relever! 

La  troisième  ])arlie  delà  conlérencc,  à  laquelle  nous  arrivons  maintenant, 
est  celle  qui  a  le  plus  trait  à  l'acclimatalion  ;  elle  a  été  consacrée  aux  diflé- 
renls  pays  producteurs  de  Coton  ou  capables  de  le  produire.  Nous  regret- 
tons cependant  d'èlre  obligé  de  l'abréger  comme  les  piyiSfei  précédentes. 

TROISIÈME  PARTIE.  —  De  fapirrovisionncmenl  de  Colons  vlrangcrs  à  /'.lmtV)>/uc. 
Leur  rôle  clans  la  crise,  leur  avenir. 

Nous  avons  dû  souvent  déjà,  dans  le  courant  de  celte  étude,  parler  des 
Cotons  autres  que  les  Colons  auiéricains  et  du  rôle  qu'ils  ont  joué  jusqu'ici 
dans  la  crise.  Comme  c'est  de  leur  production  que  dépend  l'avenir,  nous 
allons  revenir  sur  ces  considérations  dans  celle  troisième  partie. 

L'Inde  esl  presque  le  seul  pays  qui  ait  fourni  jusqu'ici  des  quantilés  nota- 
bles de  Colon  ;  même  avant  la  guerre  on  en  exportail  des  quantités  im])or- 
lanles,  et  depuis  que  les  approvisionnements  de  l'Amérique  ont  manqué, 
le  Coton  indien  a  joué  un  grand  rùle.  Grâce  à  lui,  certaines  fabriques  ont 
pu  se  soutenir  et  d'aulres  amoindrir  Icui'  ruine.  Ce  Colon,  connu  sous  le 
nom  de  Coton  de  Surate,  est  un  Colon  courte  soie  qui  ne  vaut  pas,  à  beau- 
coup près^  l'ancien  Colon  américain,  mais  qui  est  cependant  d'un  très  boa 
usage.  Jusqu'à  présent,  la  valeur  moyeiUK;  du  Colon  américaia  de  nioyeaae 
qualité  a  été  de  60  à  65  centimes  la  livre  ;  depuis  la  crise,  il  vaut  de  1  fr.  20 
à  1  fr.  .30.  Le  Colon  de  Surate,  malgré  l'augmentation  qu'il  a  subie  connue 
le  Coloa  aiaéricain,  ne  vaut  aujourd'hui  que  80  centimes  la  livre.  Ses  libres 
sont  courleset  cassantes,  et  sa  fabrication  esl  beaucoup  plus  difficile  que  celle 
du  Coloa  américain  ;  mais  ce  n'est  pas  à  dire  pour  cela  que  l'on  ne  puisse 
cultiver  de  l'excellent  Coton  dans  l'Inde  :  il  ne  s'agit  que  d'y  introduire  les 
bonnes  espèces  et  d'.idoplcr  les  perfectionnemenls  de  la  culture  moderne. 

Oue'ques  détails  de  fabrication  sont  nécessaires  pour  bien  faire  com- 
prendre les  diiïérences  du  Suiale  et  de  l'américain.  Le  premier  temps  de 
la  fabrication  consiste  à  fiire  passer  le  Coton,  tel  qu'il  sort  de  la  balle,  par 
une  machine  nommée  diable  [opencr).  C'est  une  espèce  de  carde  qui  sépare 
les  libres  les  unes  des  autres.  De  là  le  Coton  passe  dans  d'aulres  aiachiaes 
quilecardenl,  au  milieu  d'un  violent  courant  d'air,  afm  d'en  chasser  toutes 
les  impuretés.  Or  le  Coton  indien  en  contient  des  proportions  considérables, 
et  l'on  esl  obligé  d'augmenter  le  nombre  des  machines  soulllanles,  ou  de 
soumettre  la  fibre  à  racliondela  vapeur.  Le  déchet  du  Colon  américain,  à 
la  sortie  de  ces  machines,  est  estimé  à  8  ou  10  pour  100,  et  \a  même  par- 
fois jusqu'à  11.  Le  Surate  donne  des  perles  bien  plus  considérables,  qui  sont 
estimées  à  "JO  ou  'J5  pour  100.  On  pense  que  dans  beaucoup  de  cas  ces  ma- 
T.  \.  —  Mars  18(j:].  10 


IhQ        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    D  ACCLIMATATION, 
tières  élranfïi''irs  ont  (Mi-  iiilrodaitcs  par  Iraude  dans  la  halle,   car  elles  y 
figurent  souvent  pour  les  33  centièmes. 

Après  avoir  été  cardé  un  certain  nombre  de  fois,  le  Coton  est  ramassé 
par  un  peigne,  et  forme  alors  de  gi'osses  cordes  rondes  qui  passent  par  une 
série  de  Inbes  et  que  Ton  finit  par  élirer  en  un  s<'ul  filament.  Là,  nouvelle 
complication  pour  le  Surate,  que  l'on  est  oblisé  de  faire  passer  par  un  bieii 
plus  j^rand  nombre  de  lubes;  puis  arrive  le  filage,  et  alors  la  tendance  du  fil 
indien  à  se  rompre  force  les  ouvriers  à  aller  beaucoup  plus  lentement  el  à 
ralentir  la  course  des  machines.  Comme  la  fibre  est  plus  courte  et  plus  cas- 
sante que  celle  du  Coton  ordinaire,  il  faut  faire  faire  un  plus  grand  nom- 
bre de  tours  de  lorsion  au  fil  sur  la  même  longueur,  23  par  centimètre  au 
lieu  de  20  par  exemple,  et  l'ouvrier  est  obligé  d'exercer  une  surveillance 
beaucoup  plus  active,  afin  de  racconuiiodcr  les  fils  qui  se  cassent  constam- 
ment. Enfin  le  fil,  une  fois  fil  '•  est  beaucoup  plus  gros  et  plus  inégal  que  celui 
qui  est  fourni  par  le  Coton  américain.  Si  Ton  examine  les  tissus  que  Ton  ob- 
tient de  ces  colons  indiens,  on  verra  que  l'étoffe  est  bien  inférieure;  le  tissu 
est  plus  lâche,  les  jours  de  la  Ir.une  sont  plus  grands  et  inégaux;  enfin  la 
couleur  générale  est  plus  foncée,  quoique  satisfaisante. 

Les  neuf  dixièmes  des  ouvriers  qui  travaillent  au  Surate  sont  payés  à  la 
pièce  ;  ils  sont  obligés  de  déployer  une  plus  grande  acfivilé  el  une  rapidité 
plus  considérable,  (U  cependant  ils  ne  peuvent  produire  que  les  cinq  sixièmes 
de  ce  qu'ils  produisaient  avec  les  Cotons  ordinaires.  Cependant,  malgré  tous 
ses  défauts,  le  Colon  indien  a  en  grande  partie  adouci  les  horreurs  de  la 
crise;  car  c'est  la  seule  espèce  qui  ail  pu  être  inqiortée  en  quantités  quelque 
peu  considérables  sur  les  marchés.  Pendant  les  six  premiers  mois  de  1860, 
la  quantité  de  Colon  indien  enlevée  du  marché  de  Liverpool  par  la  consom- 
mation monte  à  en\iron  89,000  balles.  l>endant  la  même  période,  en  13ôl, 
p  quanlilé  n'est  que  de  76,500  balles,  cl,  de  janvier  à  la  fin  de  juin  der- 
nier, la  quantité  consommée  par  l'industrie  a  été  de /i2 1,000  balles,  fendant 
le  mois  de  juin,  la  consonmiation  du  Surate  a  été  de  17,622  balles  par  se- 
maine, plus  de  la  moilié  de  ce  que    fui  la  consonmiation    hebdomadaire 
en  1860. 

Les  progrès  de  la  culture  du  Colon  dans  l'Inde  eussent  été  beaucoup 
plus  rapides,  si  l'on  s'était  un  peu  inquiété  de  l'avenir.  Lord  Canning  lui 
donna  ccpeiidani  de  nombreux  encouragements.  Les  roules  manquaient  par- 
tout et  les  transporis  étaient  difliciles  ;  les  concessions  de  terrain  onéreuses; 
on  n'avait  ni  docks,  ni  hangars  pour  serrer  les  récoltes,  et  enfin  les  relations 
entre  les  producteurs  el  les  acheteurs  étaient  compliquées  et  rares  ;  le 
commerce  élait  livré  à  des  marchands  indigènes  qui  achetaient  aux  cultiva- 
teurs à  un  prix  beaucoup  trop  bas  et  ensuite  falsiliaienl  la  marchandise.  Les 
cullivaleurs  de  Colon  dans  l'Inde  sont  des  indigèiies  pauvres,  qui  ne  trou- 
vent à  emprunler  (|u"à  des  condilions  inqiossibles,  et  s'engagent  à  livrer  la 
récolle  à  celui  qui  l'ail  l'avance  i]v.  fonds  pour  un  dixième  de  sa  valeur  ab- 
solue. ],'iudigène  peut  iiroduire  du  Colon  à  15  centimes  la  livre  dans    les 


BULLETIN    MENSUEL    DES    CONFÉRENCES.    .  ;:  147 

conditions  actuelles,  et  à  Sl)oI;ipore,  le  Colon,  qni  se  vend  on  Anglolem' 
80  centimes  en  temps  ordinaire,  et  dansée  moment  1  tV.  '25c., conte  25  cen- 
times. Ce  ne  sera  donc  que  lorsque  le  capitaliste  ant;lais  traitera  direcle- 
nient  avecle  cultivatenr  que  la  culture  du  Coton  pourra  réellement  projjres- 
ser.  Ce  n'est  que  dans  ces  conditions  que  Tindigènc  se  sentira  stimulé  par 
l'appât  d'un  gain  libéral,  et  qu'il  adoptera  les  nouvelles  machines  elles  sys- 
tèmes de  culture  perfectionnés.  Et  cependant  il  n'y  a  encore  qu'une  seule 
compagnie  qni  se  soit  formée  à  Manchester  pour  opérer  ces  transactions  si 
simples.  De  leur  côté,  chacune  des  trois  présidences  a  voté  une  prime  de 
10,000  roupies  pour  stimuler  l'activité  des  cultivateurs 

L'Egypte  a  été  jusqu'ici,  après  ITnde,  l'un  des  plus  forts  producteurs 

de  Colon,  et  Holton  lui  doit,  autant  (|u'au  Colon  indien,  son  état  relativement 
prospèie.  C'est  le  fruit  du  travail  à  bon  marché  que  Ton  obtient  de  fellahs 
et  du  système  d'irrigation  très  avancé  dans  ce  pays  et  très  facile,  a  cause  du 
barrage  du  Nil.  I,"adininistration ,  beaucoup  meilleure  que  dans  les  autres 
pays  musulmans,  a  fait  aussi  beaucoup  pour  encourage)-  cette  culture.  En 
18(ji,la  (jrande-Bretagnc  reçut,  pour  sa  part,  365,108  quintaux  de  Coton 
égyptien,  et  quoique  cette  quantité  soit  moindre  de  *i7,o39  quintaux  sur 
l'importation  de  1860,  la  production  de  l'Egypte  reste  l'une  des  plus  impor- 
tantes, d'autant  pins  (jue  les  Cotons  égyptiens  sont  de  première  qualité. 
Dans  la  haute  Egypte  le  Coton  pousse  à  l'état  sauvage  ;  on  le  cultive  en  abon- 
dance le  long  du  cours  supérieur  du  Nil,  mais  on  ne  sait  l'origine  de  celte 
culture.  On  cullive  aussi  le  Coton  sur  le  Shirè  ou  Shiri  ;  il  a  pu  y  être  im- 
porté de  l'Inde  dans  ces  temps  éloignés  où  le  commerce  de  l'Inde  a\  ec  la 
^yrie  se  faisait  par  des  caravanes  qui  passaient  par  Zadnior  ou  Palmyie,  et 
par  la  mer  Erythrée  pour  l'Egypte. 

Le  Brésil  peut  aussi  entrer,  dès  aujourd'hui,  dans  la  classe  des  pays  sérieu- 
sement producteurs.  Cette  année,  cet  empire  a  exporté  83,760  balles,  soit 
33,500,000  livres  de  matière  textile.  Le  consul  d'Angleterre  à  Bahia  a  en- 
couragé de  tousses  efforts  cette  culture,  qui  pourrait  devenir  pour  le  Brésil 

une  source  de  richesses  si  considérable  et  d'un  rapport  si  régulier Les 

bras  ne  manquent  pas,  mais  bien  les  capitaux,  et  l'on  y  obliendrait  prompte- 
ment  d'excellents  résultats,  les  Cotons  du  Brésil  valant  dans  ce  moment  de 
1  fr.  25  c.  à  1  fr,  30  c.  la  livre 

Nous  avons,  hélas!  épuisé  maintenant  la  liste  des  pays  qni  produisent 

le  Colon  d'une  façon  sérieuse,  mais  avant  peu  elle  sera  bien  plus  nombreuse. 
Parmi  ceux  qui  ont  un  bel  avenir,  l'Australie  vient  en  première  ligne.  Pres- 
que partout  sur  ce  sol  privilégié  le  Coton  croît  à  merveille,  et  les  nombreux 
échantillons  que  Ion  a  pu  voir  à  l'exposition  de  Londres  en  donnent  une 
preuve  suflisantc.  Non-seulement  le  sea-island  donne  d'excellents  produits 
dans  les  environs  de  Brisbane,  de  Maryborough,  de  Gladstone,  etc.,  mais 
encore  il  pousse  sur  les  plateaux  élevés  de  la  colonie,  à  Camboon  par 
exemple  (sur  l'upper  Dawson  river),  à  200  milles  de  la  côte;  il  peut  rivaliser 
avec  celui  des  terrains  bas  de  la  plage.  Dans  la  colonie  de  Queen's  laud  Jio- 


us      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

tamment  (où  une  prime  de  250  francs  par  balle  est  ofïcrie  par  le  gouverne- 
ment), on  encourage  cette  culture  de  toutes  les  manières  possibles.  Le  cli- 
mat est  parfait  et  ressemble  beaucoup  à  celui  de  Madère ,  mais  les  ouvriers 
man(piont  autant  que  les  capitaux.  Les  Cotons  longue  soie  sont  de  la  meil- 
leure qualité  possible  et  les  courte  soie  y  ont  un  brillant  et  un  lustre  inac- 
coutumés. Trois  compagnies  se  sont  déjà  formées  pour  cultiver  le  Coton  dans 
celte  colonie,  et,  à  riieure  présente,  plusieurs  plantations  sont  en  pleine 
prospérité.  Une  quatrième  compagnie  vient  de  se  former  à  iMorelon-ba\  ; 
enfin  un  babitant  de  Sydney  fait  cultiver  le  Cotonnier  sur  ses  planlalions  par 
un  nombre  égal  de  Cbinois,de  nègres,  de  coolies,  afin  d'expérimenter  laquelle 
de  ces  trois  races  peut  fournir  le  meilleur  travail. 

Le  Colon  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  est  d'aussi  belle  qualité  que  celui 
de  Queen's  land ,  mais  le  manque  de  bras  se  fait  encore  plus  sentir.  11  en  est 
de  même  dans  les  autres  parties  de  l'île,  et  le  gouverneur  de  la  colonie  a 

annoncé  qu'il  allait  employer  les  déportés  à  la  culture  du  Coton 

Les  vues  des  capitalistes  anglais  se  sont  aussi  tournées  vers  la  Jamaïque, 
qui  semble  réunir  toutes  les  conditions  nécessaires  pour  fournir  un  jour  une 
ample  provision  de  Colon.  Une  compagnie,  qui  ne  dispose  pas,  il  est  vrai, 
d'un  fonds  très  considérable,  mais  (pii  fait  preuve  d'une  grande  activité,  s'est 
fondée  sous  le  patronage  de  lord  Brougliam,  et  expédie  déjà  du  Coton  de  sa 
récolte  à  Liverpool. 

Le  doux  climat  de  la  Jamaïque  rend  celte  colonie  bien  propice  à  la  cul- 
ture du  Cotonnier;  il  y  a  oôO  ans  qu'il  y  fut  découvert,  poussant  spontané- 
menl,  et  si  l'on  s'était  plus  lot  occupé  de  sa  culture,  la  Jamaïque  en  pro- 
duirait aujourd'hui  des  quantités  considérables.  Dans  la  paroisse  de  Sainte- 
Elisabelli,  il  y  a  des  Cotonniers  en  plein  rapport  qui  furent  plantés  il  y  a 
quarante  ans;  car  là  le  Cotonnier  est  à  l'abri  delà  gelée.  Déplus,  il  peut 
donner  deux  récoltes,  et  les  Cotons  semés  l'an  dernier  en  octobre,  novem- 
bre et  décembre  ont  doniié  leur  première  récolle  en  avril De  plus,    les 

travailleurs  sont  nombreux  à  la  Jamaïque,  et  l'on  i)eut  s'en  rendre  facile- 
ment compte.  300,000  esclaves  ont  été  émancipés  en  183^;  en  admettant 
(lu'il  n'y  en  ail  que  la  moitié  propre  aux  travaux  des  cbamjjs,  nous  serions 
bien  au-dessous  du  chiffre  vrai,  car  la  population  a  considérablement  aug- 
menté depuis  cette  époque,  tant  par  ses  propres  ressources  que  par  l'immi- 
gration. La  culture  de  la  Canne  à  sucre  emploie  environ  10,000  ouvriers  ; 
celle  du  Café,  du  C.ing<'mbre,  etc.,  10,000  :  les  services  domestiques  occupent 
un  nombre  égal  de  bras,  et,  en  supposant  qu'il  y  ait  120,000  individus  com- 
plètement indépendants,  il  reste  encore  100,000  bras  à  employer.  Aussi, 
selon  leur  habileté,  on  trouve  nombre  d'ouvriers  depuis  (îO  centimes  jus- 
qu'à 1  franc  par  jour 

^ous  n'avons  encore  rien  dit  de  l'Algérie,  et  cependant  aucun  pays 

n'est  plus  favorable  à  la  production  du  Coton.  Les  \  ues  des  Anglais  se  sont 
tournées  de  ce  côté,  quoique  bien  naturellement  ils  favorisent  davantage  leurs 
propres  colonies,  et  ils  cherchent  à  j  fonder  plusieurs  sociétés,  dont  l'une  a 
un  capital  de  '25  millions 


RULLEThN    MENSUEL   DES   CONFÉRENCES.  Mi9 

De  1851  à  18G0,lc  nonibie  dos  ruUivateurs  do  Colon  dans  les  trois  pro- 
vinces de  la  colonie  a  ansmentc'  do  109  à  3o3,  et  la  quantité  de  terrain  cul- 
tivée en  Cotonniers,  de  'l'i  i)ectares  à  l/i8i  lioctares.  En  1851,  la  récolte 
avait  été  de  ^i, 303  kilogrammes.  Eu  1860,  elle  atteint  le  clii(rredel06,/i7'2  ki- 
lofijrammes.  A  l'Exposition,  on  a  pu  admirer  les  éclianlillons  de  60  planta- 
tions différentes.  Et  naj^uère  encore  on  contestait  cependant  les  facilités  que 
l'on  peut  trouver  dans  notre  belle  colonie  à  cultiver  le  Coton  !  La  plupart  des 
colons  ne  cultivaient  le  Coton  qu'en  vue  de  la  prime  qu'ils  pouvaient  obtenir 
du  gouvernement,  comme  nnc  expérience  intéressante,  mais  sans  songer  à 
tout  le  développement  qu'ils  pouvaient  donner  à  cette  cullm-e.  L'Algérie  se 
trouve  située  sous  la  même  latitude  que  les  contrées  de  l'Amérique  du  Nord 
qui  produisent  le  Géorgie  longue  soie  ;  mais  tandis  que  cette  espèce  ne 
pousse  dans  la  Géorgie  et  dans  la  Caroline  que  sur  une  partie  très  limitée  de 
la  province  et  no  peut  s'étendre  davantage,  en  Algérie  elle  peut  être  cultivée 
partout,  (.tuant  à  la  sécheresse  et  aux  difficultés  de  l'irrigation,  on  a  beau- 
coup exagéré  leur  importance,  et  les  ingénieurs  anglais  envoyés  par  cette 
grande  société  de  125  millions  de  capital  ont  tous  fait  des  rapports  les  plus 
favorables. 

La  France  est  trop  longtemps  restée  insouciante  à  la  production  du  Coton 
dans  celte  belle  colonie  qu'elle  possède  si  près  de  ses  propres  côtes;  mais  les 
capitaux  français  conuuencent  aussi  à  se  diriger  vers  noire  colonie.  Nos 
inannfacturiers  ont  pris  l'initiative  de  ce  mouvement,  connue  il  était  de  leurs 
intérêts  de  le  faire,  et  leur  exemple  sera  suivi,  il  faut  l'espérer.  Nous  ne 
doutons  pas  que  les  tentatives  que  l'on  voudra  bien  faire  ne  soient  couronnées 
de  succès  ;  après  les  années  de  disette  viendront  les  années  d'abondance,  et 
l'industrie  colonnièro  sortira  de  cette  crise  plus  florissante  que  jamais,  parce 
que,  profitant  de  la  leçon  un  peu  brutale  qu'elle  reçoit  dans  ce  moment,  elle 
saura  assurer  son  avenir.  Et  ne  le  devra-t-elle  pas,  messieurs,  un  peu  à 
l'acclimatation? 


IV.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Fondation    d'un    jardin  d'acclimatation  à  ÎTIoscon. 

Lettre  adressée  à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation 

par  M.  Pierre  Pichot. 

Paris,  le  23  janvier  1R03. 
Monsieur  le  Président, 

Je  viens  aujourd'hui  vous  annoncer  un  événement  d'une  grande  importance 
pour  l'acclimatation  en  Russie.  Après  de  nombreuses  études  préparatoires,  le 
Comité  d'acclimatation  de  Moscou  va  fonder  enfin  un  jardin  d'acclimatalion  sur 
les  rives  de  la  Moscowa.  Le  1^''  août  prochain,  le  jardin  sera  livré  au  public.  Vous 
savez  que  l'impératrice  mère,  sur  la  demande  de  S.  A.  I.  le  grand-duc  Nicolas, 
avait  dans  ce  but  fait  don  au  Comité  d'un  parc  magniluiuc  d'une  contenance  de 
près  de  60  hectares  ;  trois  bâtiments  y  sont  déjà  achevés  et  d'autres  en  voie  de 
construction.  Le  Comité  ne  peut,  hélas!  disposer  de  sommes  bien  considérables 
pour  celte  fondation  ;  il  n'a  jusqu'ici  qu'une  quarantaine  de  mille  francs  en  caisse, 
mais  le  zèle  de  tous  ses  membres  et  l'intérêt  que  chacun  prend  aujourd'luii  en 
Russie  aux  choses  de  l'acclimatation  réservent  ù  cet  établissement  un  bel  avenir. 
Un  négociant,  M.  Woronine,  a  fait  don  au  Comité  d'une  somme  de  10  000  francs 
pour  le  jardin,  et  madame  Goutschkoff  a  oiîert  de  magnifiques  volières  d'une 
valeur  de  près  de  20  000  francs  ;  enfin  les  professeurs  de  l'université  font  des 
cours  spéciaux  pour  augmenter  ses  finances.  M.  Mueller,  d'Australie,  a  envoyé  une 
intéressante  collection  d'animaux  (deux  Kangurous  géants  entre  autres);  puis  diffé- 
rentes personnes,  suivant  ce  bel  exemple,  ont  donné  27  espèces  de  Mammifères 
et  ^0  espèces  d'Oiseaux. 

M.  le  professeur  Rogdanoti",  membre  du  Comité,  et  chargé  de  la  fondalion  du 
jardin,  me  prie  d'appeler  sur  ce  nouvel  établissement  l'intérêt  de  la  Société  im- 
périale. Il  me  promet  de  son  côté,  pour  le  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  des  choses 
fort  intéressantes,  et  nous  enverra,  par  la  première  occasion  qui  se  présentera, 
un  Chien  de  berger  russe,  un  couple  de  Poules  Cilianski,  un  Lièvre  blanc  {Lepus 
va riabilis),  puis  deux  jeunes  Sterlets  vivants,  qu'il  a  déjà  mis  de  côté  pour  nous. 

S.  A.  I.  le  grand-duc  Nicolas  protège  toujmu's  avec  une  ardeur  remarquable 
les  intérêts  de  l'acclimatation,  et  vient  notamment  d'obtenir  de  l'empereur 
Alexandre  un  subside  de  7500  francs  par  an  pour  le  Comité. 

Suivant  l'exemple  que  nous  avons  donné  au  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  le 
Comité  va  faire  des  expositions  dans  le  bilt  de  propager  ses  doctrines  et  d'amé- 
liorer les  races  domestiques  de  la  Russie.  11  commence  par  une  exposition  uni- 
verselle de  piaules  et  d'animaux,  et,  profitant  des  travaux  de  la  commission  qui 
prépare  au  Jardin  du  bois  de  Boulogne  une  exposition  des  races  canines  pour  le 
printemps  prochain,  le  Comité  établit  une  section  pour  les  Chiens  de  toutes  les 
espèces.  M.  Kiumine  a  mis  une  somme  de  20  000  francs  à  la  disposition  du  Co- 
mité pour  cette  exposition,  qui  aura  lieu  ilans  le  courant  du  mois  d'avril. 

Vous  voyez,  monsieur  le  Président,  qu'en  lUissie  comme  partout,  l'acclimata- 
tion est  à  l'ordre  du  jour,  et  que  sous  le  pôle,  comme  sous  les  tropiques,  on  s'em- 
presse de  suivre  l'exemple  de  la  Société  impériale. 

Agréez,  monsieur  le  Président,  etc. 

H.  Pierre  Pichot, 
Di'li'iri"-'  ''"  i''iriliii  ir;ic(liiimi3li()n  île  Moscou. 


V 


FAITS   DIVERS.  151 

Envol    (Ic^  coeons   vivants  dn   Ver  à  soie  du  C'IiOnc  de  diiue{ 

(Bonili^x  Perii^î). 

Lettre  adressée  à  M.  le  ['résident  de  la  Société  impériale  d'acclimatation 
par  le  révérend  père  V.  Perny,  membre  honoraire  de  la  Société. 

Province  du  Kouy-lclieou  (Chine),  le  1  5  octobre  1802. 

Monsieur  le  Président, 

Les  troubles  civils  qui  continuent  à  désoler  ce  pauvre  empire  chinois  m'ont 
forcé  aussi  à  interrompre  mes  relations  avec  la  Société  impériale  d'acclimatation. 
Je  les  renoue  celte  année,  en  vous  annonçant  un  envoi  de  cocons  du  Ver  à  soie 
qui  se  nourrit  des  feuilles  du  Chêne.  Cet  envoi  partira  d'ici  sous  peu  de  jours.  Il 
ira  passer  par  Chang-hai,  pour  être  expédié  directement  à  M.  Vaucher,  vice-consul 
de  France  à  llong-kong,  auquel  je  viens  d'écrire.  J'ai  pris  également  d'autres 
précautions  pour  assurer,  autant  qu'il  est  en  mon  pouvoir,  le  succès  parlait  de 
ce  nouvel  essai.  J'ai  prié  M.  Vaucher  de  faire  placer  de  la  glace  au-dessous  et 
tout  autour  de  la  caisse  renfermant  les  cocons,  tout  en  lui  donnant  de  l'air  en 
quantité  buUisantc.  Si  l'on  emploie  les  moyens  que  j'ai  indiqués,  celte  fois  non- 
seuleuient  les  cocons  arriveront,  mais  les  chrysalides  ne  soulTriront  pas  durant  le 
trajet,  et  pourront  ainsi  fournir  une  bonne  graine. 

Le  jardin  de  la  Faculté  de  médecine  renferme  des  arbres  que  j'ai  conduits  avec 
moi  en  France,  lors  de  mon  récent  voyage.  Je  me  suis  réservé  de  foire  une  mo- 
nographie de  chacun  de  ces  arbres  chinois.  L'un  de  ces  arbres  est  le  Vends  de 
Chine,  l'autre  est  VAibre  à  cire  blanche.  Je  désire  savoir  si  ces  arbres  oui  pros- 
péré. Dans  une  lettre  suivante,  j'indiquerai  les  moyens  que  je  croirai  propres  à 
l'envoi  de  petits  insectes  qui  sont  élevés  sur  l'arbre  à  cire  et  qui  produisent  cette 
magnillque  cire  végétale. 

Je  viens  d'apprendre,  par  une  voie  indirecte,  la  perle  de  l'illustre  M.  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire.  Cette  nouvelle,  à  laquelle  je  ne  m'attendais  pas,  n'a  point 
trouvé  mon  cœur  indifférent.  Mes  relations  avec  le  digne  fondateur  de  l'acclima- 
laliiui  m'avaient  fait  apprécier  les  belles  qualités  qui  le  rendaient  recomman- 
dable  sous  tous  les  rapports.  J'unis  mes  regrets  sincères  à  ceux  de  tous  ses  amis, 
des  membres  de  la  Société,  de  son  honorable  famille,  et  je  ne  cesserai  de  le  recom- 
mander à  Dieu  dans  mes  prières  et  sacrifices. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

Signé   Paul   Perny, 

Mbinbrc  de  l.i  ^ociélé  d'acilini.ihilioii  cl  de  la  Sociélé 
asiatique  de  Paris. 


^ 


V.   CHRONIQDE. 


Preniiei*  Rapport  annuel  dn  Conseil  de  la  Société  d'aeelinia- 

tation  de   Melbourne. 

Nous  recevons  de  M.  [',  Uamol  la  traduction  du  premier  rapport  annuel 
présenté  à  la  Société  d'acclimatation  de  Melbourne  sur  sa  situation  cnl8G2. 
\ous  en  extrayons  les  passages  les  plus  intéressants. 

AprL's  avoir  exposé  l'état  financier  de  la  Société,  qui,  malgré  les  dépenses 
extraordinaires  qu'entraîne  toujours  une  nouvelle  installation,  possède  encore 
une  réserve  de  32  000  francs,  i\l.  le  rapporleiu- s'exprime  ainsi  : 

«  Le  Conseil  est  heureux  d'annoncer  la  fondation  de  Sociétés  d'acclima- 
tation dans  les  colonies  de  New-Soulii- Wales,  de  South-Australia  et  de 
Tasmanie. 

»  En  avril  1861,  notre  président,  "SI.  Ed.  Wilson,  visita  Sydney,  et  pen- 
dant son  séjour  inaugura  la  Société  de  ÎS'ew-Soutli-Wales. 

»  En  janvier  1862,  il  se  rendit  à  llobart-town,  et  il  y  assista  à  la  création 
de  la  Société  d'acclimatation  de  la  Tasmanie. 

»  Ne  pouvant  se  rendre  au  désir  du  gouverneur  sir  .Mac  Donnell ,  qui  le 
pressait  de  faire  un  voyage  à  Adélaïde  ,  M.  Ed.  Wilson  adressa  au  South 
Australian  Register  une  lettre  dans  laquelle  il  développait  les  avantages  de 
l'acclimatation,  et  Soulh-Anslralia  forme  sa  Société. 

»  D'un  autre  cùlé,  dans  l'été  de  ISGI  à  18G2,  le  docteur  Thomas  Black  fit 
\m  voyage  à  la  .Xouvclle-Zélande,  et  réussit  à  engager  à  la  cause  de  l'acclima- 
tation quelques-uns  des  résidents  les  plus  inlluenls.  Depuis  son  retour,  à  sa 
suggestion,  le  Conseil  s'est  mis  en  rapport  avec  les  gouvernemenis  d'Otago, 
Cancerburg  el  Siltleton,  et  l'on  suppose  que  bientôt  les  chambres  respectives 
de  ces  îles  voteront  des  fonds  pour  l'introduction  de  quelques  espèces  d'ani- 
maux. 

»  Le  Conseil  a  à  déplorer  la  perte  de  deux  illustres  personnages  qui  s'étaient 
identifiés  avec  la  cause  de  l'accliinatalion.  Par  la  mort  du  prince  époux,  la 
Société  est  privée  non -seulement  d'un  zélé  protecteur  à  qui  elle  doit  les 
Cerfs  et  les  Chevreuils  qu'elle  possède,  cl  qui  devaient  être  suivis  d'un  don  de 
toute  sorte  de  gibier  dont  la  collection  se  préparait.  Le  deuxième  malheur 
dont  l'acclimatation  a  à  g('mir,  c'est  la  mort  de  M.  Isidore  Geoffroy  Saint- 
llilaire,  le  père  de  l'acclimatation  moderne  et  le  président  de  la  Société  ini- 
pi'riale  de  Paris. 

»  M.  le  rapporteur  mentionne  ensuite  les  changements  survenus  dans  la 
composition  du  Conseil  de  la  Société,  et  donne  des  détails  sur  les  travaux 
exécutés  pour  les  jardins  ou  parcs  de  la  Société  ,  dont  le  plus  important  est 
l'inUoduclion  de  l'eau  du  Yean-\ean  (inmiense  réservoir  créé  à  30  nulles  de  la 
ville,  à  l'imitation  du  bassin  de  Saint-Ferréol). 

»  Le  Conseil ,  dit-il  ensuite ,  s'est  mis  en  rapport  directement  avec  les 
Sociétés  sœurs  d'Angleterre,  de  France,  de  Sicile,  de  New-South-Wales,  de 


% 


CHRONIQUE.  J53 

Sontli-Aiistralia  et  de  la  Tasiiianic.  De  précieux  animaux  ont  été  envoyés  en 
écliangc  des  spécimens  de  nos  contrées  :  ainsi,  d'Algérie  une  paire  d'Au- 
trnclies,  qui  malheureusement  périrent  dans  le  voyage,  et  de  France  une 
paire  de  Zébus,  dont  un  seul  est  arrivé.  La  Tasmanie  nous  a  envoyé  huit 
Tanches  anglaises. 

»  Les  deux  tentatives  faites  par  M.  Mackinnon,  pour  l'introduction  des  Lan- 
goustes, des  Homards  et  du  Crabe  n'ont  pas  ou  de  succès;  et  le  souvenir  dos 
elTorts  tentés  pour  introduire  le  Saumon  dans  les  eaux  de  la  Tasmanie  est 
trop  récent  pour  que  nous  en  rappelions  les  résultats  à  nos  lecteurs  ;  il  en  est 
de  même  de  la  tentative  faite  par  le  capitaine  Jaines  Lewry,  du  Formosa, 
pour  l'introduction  du  Gourami.  Néanmoins  il  est  acquis  qu'avec  plus  d'ex- 
périence et  dans  de  meilleures  circonstances,  ces  deux  importantes  acquisi- 
tions peuvent  être  réalisées. 

»  Tandis  que,  comme  le  Conseil  le  remarque  au  début  de  ce  rapport,  ses 
travaux  ont  été  d'un  caractère  purement  d'initiative ,  il  est  certain  que  les 
fondations  qu'il  a  posées  sont  d'une  importance  que  l'avenir  expliquera. 
Mettre  une  Société  comme  la  nôtre  m  rapport  avec  des  institutions  si  impor- 
tantes à  l'étranger,  établir  un  système  de  coopération  et  d'échange  avec  des 
personnes  résidant  dans  les  parties  du  globe  les  plus  éloignées,  disposer  tout 
ce  qui  est  nécessaire  à  la  réception,  à  la  multiplication  et  à  la  domestication 
d'oiseaux  et  autres  animaux  qui  doivent  pour  la  plupart  souffrir  d'un  long 
et  pénible  voyage  sur  mer,  et  on  outre  veiller  à  ce  que  l'inlluencc  d'un  nou- 
veau climat  ne  leur  soit  pas  nuisible,  sont  des  efforts  qui  n'en  ont  pas  moins 
de  mérite  parce  qu'ils  ne  sont  pas  rémunérés. 

»  Le  Conseil  rappi'lle  avec  satisfaction  que  deux  médailles  ont  été  accor- 
dées par  les  jurés  de  l'Exposition  internationale  qui  a  lieu  en  ce  moment  à 
Londres.  Une  de  ces  médailles  est  spécialement  attribuée  à  la  paire  de  Chèvres 
d'Angora,  et  l'autre  à  deux  objets  intéressants.  IJi  attendant,  on  voit  avec 
plaisir  qu'indépendamment  du  travail  pratique  qui  s'est  accompli,  les  plus 
utiles  renseignements  ont  été  largement  propagés,  l'attention  publique  a  été 
attirée  sur  l'insullisance  des  animaux  utiles  qu'on  trouve  dans  la  colonie,  et 
les  entreprises  privées  commencent  à  seconder  les  efforts  de  l'associalinn. 
Dos  mesures  sont  prises  pour  la  rapide  introduction  et  l'acclimatation  des 
Cerfs,  Chevreuils,  Perdreaux,  Corneilles,  Lièvres,  Aloineaux,  Oiseaux  chan- 
teurs do  TAngletorre,  Clièvres  do  Cachemire,  Perdrix  noires  de  l'Inde,  Au- 
truches, Faisans,  Perdrix  et  Antilopes  du  Cap,  pour  lesquelles  dos  sonuues 
ont  été  envoyées,  et  le  Conseil  signale  avec  joie  l'extrait  suivant  d'une  lettre 
de  ^L  Duflioid  :  «  Je  me  souviendrai  toujours  avec  le  plus  grand  plaisir  que 
»  c'est  à  votre  sympathie  et  à  vos  é)»orgiquos  ertorls  que  je  dois  la  prolon- 
»  galion  de  mon  séjour  à  Melbourne,  ce  qui  m'a  enlin  mené  à  des  arran- 
»  gements  les  plus  favorables  à  la  réalisation  de  nos  projets.  » 

Al.  Duflioid  fait  allusion  à  Tinlroduction  de  1500  Alpacas. 

Ici  le  rapporteur  exprime  les  remercîments  du  Conseil  pour  le  parlement, 
qui  a  accordé  à  la  .Société  une  subvention  de  75  000  francs ,  et  pour  toutes 


Ibli       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

les  personnes  qui  ont  bien  voulu  concourir  à  la  création  de  cette  institution, 
et  il  termine  en  disant  : 

«  Le  Conseil  de  la  Société  a,  comme  tous  ses  membres,  la  confiance  que 
le  puissant  concours  de  la  li'gislature  contribuera  à  Tagrandissement  de  la 
colonie,  en  multipliant  ses  ressources  industrielles,  tandis  que  d"un  autre 
côté  ses  attraits  comme  résidence  seront  merveilleusement  augmentés. 
L'amateur  des  choses  de  la  nature  trouvera  les  mêmes  plaisirs,  les  mêmes 
distractions  qu'il  avait  dans  la  contrée  d'où  il  a  émigré,  tandis  que  l'intro- 
duction de  l'Alpaca  et  des  Chèvres  Cachemire  sera  une  nouvelle  source 
de  richesse,  comme  le  lut  d'abord  le  Mouton.  Nulle  contrée  au  monde 
n'est  plus  favorable  à  l'acclimatation  que  Mctoria ,  et  il  est  au  pouvoir  de  ses 
habitants  de  peupler  son  vaste  territoire  des  produits  les  meilleurs  dans  le 
règne  animai,  (|u'ils  peuvent  emprunter  à  toutes  les  régions  tempérées  du 
globe.  La  Société  d'acclimatation  s'appli([ue  à  cette  bonne  œuvre,  et  elle 
espère  arriver,  grâce  au  concours  de  chacun,  à  des  résultats  qui  seront 
l'honneur  et  le  profit  du  pays.  » 

Accliuialatioii    dans   J'Afâ-îqwc    austraSe. 

.  Nous  extrayons  du  Journal  du  commerce  de  la  Réunion,  dont  nous 
devons  la  communication  à  notre  confrère  M.  A.  Manès  (de  Saint -Denis),  les 
passages  suivants  des  Explorations  dans  l'inlérieur  de  l'Afrique  australe 
du  docteur  Livingstone  : 

» Désirant  propager  dans  rinlérieur  quelques  arbres  à  fruits  de  la 

province  d'Aiigola,  nous  avons  apporté  jusqu'ici  un  pot  contenant  du  plant 
d'Oranger,  d'Anacardier,  de  Dattier,  de  Figuier,  de  Café,  d'Araça  pom- 
mifère  et  de  Tajjayer  ;  nous  les  plantons  dans  un  enclos  appartenant  à  l'un 
des  notables  de  la  cour  de  Shinté,  avec  cette  condition  qu'il  en  donnera  une 
partie  au  chef,  lorsque  le  plant  aura  poussé. 

»  Tous  les  r.alondas  apprécient  beaucoup  les  fiuits,  mais,  jusqu'à  pré- 
sent, ils  n'en  ont  eu  que  de  sauvages.  IJarmi  ceux  qu'ils  mangent,  il  en  est 
un  qui,  lorsqu'on  le  fait  bouillir,  produit  une  quantité  d'huile  considérable, 
dont  ils  l'ont  grand  usage  pour  se  graisser  la  iète  et  le  cori)s.  J'ai  donné  à 
Shinté  quelques  graines  de  VElais  (juineensis;  il  les  accepta  avec  joie  en 
apprenant  qu'elles  sont  beaucouj)  i)lus  oléagineuses  que  celles  de  l'arbre 
dont  il  extrait  son  huile,  et  qui  est  d'une  famille  toute  didérente.  Les  Pal- 
miers, du  reste,  sont  très  rares  dans  ce  pays-ci  ;  néanmoins,  auprès  du  Bango 
nous  en  avons  trouvé  quelques-uns  d'une  espèce  particulière,  etc.,  etc. 

»  Tous  les  nègres  de  l'intérieur  de  l'Afrique  aiment  passionnément  la 
culture.  Mes  Zambéziens  ont  recueilh  une  quantité  de  graines  de  toute 
espèce  dans  la  province  d'Angola,  et  les  distribuent  à  leurs  amis.  Quel- 
ques-uns d'entre  eux  ont  emporté  de  l'Ail,  des  Oignons,  du  I^iment,  qu'ils 
ont  plantés  dans  de  petites  caisses,  et  qui  commencent  à  pousser.  Je  vois 
dans  les  cultures  des  lialondas  des  plantations  de  Tabac,  de  Canne  à  sucre, 
des  plantes  aromatiques  cl  potagères,  cultivées  avec  une  intelligence  qui  me 
fait  penser  que  ma  jjépinière  sera  bien  soignée » 


CHRONIQUE.    '        •  ■     •        -         155 

Extrait   ilti  journal    Le  JaRDIN  ZOOLOGIQUE  DE  FRANCFORT. 

Novembre  et  décembre.  —  Le  jardin  zooloçique  de  Francfort  possède  un 
roupie  d'Antilopes  éhns  [Antilope  oreas)  achetées  en  Angleterre.  Le  docteur 
Weinland  consacre  une  notice  intéressante  à  ces  magnifiques  animaux. 

Us  sont  mentionnés  pour  la  première  lois  dans  l'ouvrage  de  lîolbe  {Cap 
de  Bonne-Espérance,  ni9).  il  prétend  qu'ils  vivent  dans  les  montagnes,  et 
estime  qu'ils  pèsent  de  200  à  350  kilogrammes. 

Au  commencement  de  ce  siècle ,  d'après  le  dire  du  savant  naturaliste 
Lichtenslein,  ils  étaient  déjà  devenus  rares.  Leur  viande  est  excellente.  Les 
femelles  mettent  bas  en  toute  saison.  Ils  courent  plus  vite  qu'un  cheval,  mais 
se  fatiguent  aisément.   Ils  vivent  en  troupes  de  dix  à  douze. 

Dans  l'excellent  ouvrage  du  capitaine  Cornwallis  liarris  {Portraits  of  the 
gamos  and  wild  animais  of  ifoiithcrn  Africa,  Londres,  18/i0),  on  trouve  le 
portrait  d'un  de  ces  animaux,  dû  au  crayon  du  célèbre  peintre  Howard. 
En  1837,  Cornwallis  les  rencontra  surtout  au  sud  de  la  montagne  de  Kasan, 
sur  la  route  de  la  rivière  deYal,au  nord-est  de  la  colonie  du  Cap.  Cornwallis 
prétend  en  avoir  tué  un  qui  pesait  2000  livres.  Il  loue  beaucoup  le  goût  de 
leur  chair.  Ils  sont  malheureusement  incapables  de  se  défendre  contre  les 
attaques  de  l'homme;  aussi  les  Hollandais  les  ont-ils  pris  en  grand  nombre, 
et  depuis  vingt  ans  l'espèce  a  à  peu  près  disparu  de  la  colonie  du  Cap. 

Ces  magnifiques  animaux  furent  importés  en  Europe  pour  la  première  fois 
en  1783,  par  le  célèbre  naturaliste  Vosmaer,  un  peu  plus  tard  par  les  ména- 
geries de  lord  Derby  et  de  lord  Grey.  On  en  voit  plusieurs  individus  à  lie- 
genl's  Park.  Us  mangent  comme  les  bœufs  et  semblent  très  robustes.  A  Franc- 
fort, on  paraissait  croire  que  la  femelle  était  pleine. 

Ce  serait  un  beau  résultat  que  l'acclimatation  en  Europe  de  cette  précieuse 
espèce. 

Le  directeur  du  jardin  zoologique  de  Francfort  annonce  la  naissance  d'un 
Antilope  nilgaut,  nouveau  témoignage  de  la  facilité  avec  laquelle  ces  animaux 
se  reproduisent  en  domesticité  sous  nos  climats. 


Importation    des   lloiiieaux   en   Australie. 

Nous  extrayons  d'un  article  sur  VAlmanach  des  brtes,  publié  dans  le 
Toulonnais  du  8  janvier  1863,  par  M.  le  docteur  Turrel,  notre  honorable 
délégué  à  Toulon,  la  citation  suivante  reproduite  du  Messager  du  Midi  : 

«  M.  E.  Wcber  (de  Leipsick)  est  chargé  par  la  Société  d'acclimatation  de 
Melbourne  d'envoyer  dans  la  colonie  le  plus  grand  nombre  possible  de  Moi- 
neaux allemands. 

«  Les  chenilles  et  autres  insectes  font  de  tels  ravages  en  Australie,  notam- 
ment dans  la  colonie  de  Victoria,  qu'on  a  songé  aux  Moineaux  connue 
étant  le  moyen  le  plus  efficace  d'arrêter  la  multiplication  des  hisectes.  On  a 
déjà  voulu  faire  des  essais  d'importation  en  Australie  des  Moineaux  anglais, 
mais  tous  sont  morts  en  route. 

u  C'est  dans  le  mois  de  mars  prochain  que  les  Moineaux  allemands  seront 
expédiés  pour  l'Australie.  » 


156       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

L'IIiriidiuicuIture   dans   les  Basscs-AIpes. 

Nous  extrayons  d'une  notice  publiée  par  M.  Cli.  Frucliier,  et  intitulée  : 
Vhirudinicullure  dans  les  Basses-Alpes,  les  passages  suivants,  par  lesquels 
il  résume  ses  observations  sur  l'éducation  des  Sangsues  : 

«  Voici,  en  peu  de  mots,  la  manière  de  procéder  pour  la  création  d'éta- 
blissements d'iiirudiniculture. 

»  Étant  donnés  des  eaux  et  des  terrains  convenables,  creusez  çà  et  là,  à 
quelques  pas  de  distance  les  uns  des  autres,  de  petits  bassins  de  quelque 
forme  que  vous  voudrez,  de  o,  /i,  5  ou  6  mètres  carrés  environ  de  super- 
ficie, de  profondeur  d'eau  très  inégale  et  variant  de  20  à  50  centimètres, 
avec  un  ou  plusieurs  îlots,  les  i)ords  coupés  en  talus,  et  laissez  ou  faites 
croître  dans  l'intérieur  et  sur  les  bords  de  ces  bassins,  le  plus  possible 
de  plantes  aquatiques:  Nymphéacées,  Joncécs,  Lentille  d'eau,  Trèfle 
d'eau,  Plantain  d'eau,  Cresson,  etc.,  etc.  La  tourbe  et  les  végétaux  de  toute 
sorte  plaisent  beaucoup  aux  Sangsues ,  plus  terrestres  qu'aquatiques.  C'est 
dans  la  terre,  et  parmi  les  tiges,  racines  ou  feuillage  de  ces  végétaux,  à 
quelques  pouces  au-dessus  de  l'eau,  qu'elles  déposeront  leurs  cocons  et  vien- 
dront s'abriter  du  vent,  du  froid,  du  soleil  trop  ardent,  digérer  et  changer 
de  peau.  Il  est  nécessaire,  dans  le  moment  de  la  ponte,  que  le  niveau  de 
l'eau  soit  constant  le  plus  possible,  pour  que  les  cocons  qui  doivent  rester 
dans  un  milieu  ni  trop  sec  ni  trop  humide,  ne  soient  ni  desséchés  totale- 
ment, ni  submergés. 

»  Pour  peupler  ces  bassins,  meltcz  de  préférence,  en  mars,  des  Filets  ou 
des  Sangsues  marchandes,  jeunes  :  elles  coûtent  moins  et  s'habituent  plus 
facilement;  mères  et  vaches,  leur  prix  est  plus  élevé,  mais  elles  donnent 
des  produits  la  même  année.  Le  plus  économique  est  d'acheter,  à  bas  prix, 
des  Sangsues  ayant  servi,  et  qui  vivront  très  bien  et  digéreront  h  leur  aise 
dans  les  herbes  et  la  vase.  Enlin,  pour  empêcher  les  Sangsues,  voyageuses 
quand  elles  ont  faim,  de  sortir  de  votre  propriété,  entourez  le  terrain  con- 
tenant vos  bassins  d'un  étroit  fossé  de  ZiO  centimètres  environ  de  profon- 
deur et  renqili  de  sable  de  rivière  formant  bourrelet  à  la  surface  du  sol. 
Les  petits  grains  de  quartz,  dit  Jourdier,  dont  le  sable  est  composé,  taillés 
ù  angles,  à  bords  tranchants,  arrêtent  les  Sangsues  qui  voudraient  s'évader, 
en  blessant  leur  peau  très  délicate.  Ayez  soin  aussi  de  fermer  l'issue  des 
eaux  avec  de  la  toile  métallique  à  très  fine  maille. 

M  Les  ennemis  des  Sangsues  aux(iuels  vous  aurez  à  faire  la  guerre  sont 
principalement  les  oiseaux  de  passage,  Échassiers  et  Palmipèdes,  ces  derniers 
surtout,  ainsi  que  les  Courtilières  et  les  Rats  d'eau,  quoique  ces  rongeurs  ne 
mangent  pas  les  Sangsues,  mais  ils  les  dérangent  et  font  perdre  les  cocons 
en  creusant  des  galeries.  » 


VI.  BULLETIN  MENSUEL  DU  JARDIN  D'ACCLIMATATION. 


Janvier.  I.  —  Il  n'a  fait  ni  cliaud  ni  froid  ,  il  a  fait  triste  cl  sombre,  des 
matim-es  froides  et  brumeuses,  pas  un  seul  jour  de  gelée;  l'air  était  saturé 
d'eau  :  il  semble  que  Tliiver  n'est  pas  conunencé. 

II.  Naissances.  —  La  ponte  des  Gallinacés  est  plus  active.  Quelques  oi- 
seaux, les  Casoai-s  et  les  Tourterelles,  se  recherchent.  Qm'lqnes  bourgeons 
écartent  leurs  écailles,  les  chatons  s'allongent.  L'agnelage  a  continué  :  nous 
avons  eu  1  Chevrette  mascaie,  I  petit  Bouc  du  Népaul,  1  Brebis  de  :\Iauchamp, 
1  de  Naz,  2  du  Morvau  d'une  seide  portée.  'J  Oies  d'Egypte  sont  en  traii  de 
couver. 

[II.  Mortalitr.  —  Malgré  la  température  adynamique  de  la  saison,  la 
Uïortalité  n'a  pas  dépassé  les  chid'res  ordinaires.  Les  principales  lésions 
trouvées  ont  été  des  tumeurs  d'apparence  cancéreuse  dans  le  foie  d'une  l'oule 
cochinchinoise,  des  injeclions  et  des  ramollissements  de  la  membrane  nui- 
qncuse  intestinale  chez  plusieurs  Oiseaux,  d'eau.  Le  Pigeon  C.oura  paraissait 
avoir  succombé  à  une  hémorrhagie,  il  y  avait  à  ses  côtés  une  quantité  de 
sang  répandu;  ses  chairs  étaient  presque  exsangues  :  chose  singulière,  on 
n'a  pu  découvrir  la  source  de  cette  héniorrhagie,  quoique  l'autopsie  ait  été 
faite  par  AI.  Dareste,  anatomiste  très  expert  et  très  soigneux.  Le  bec  et 
l'anus  explorés  n'oli'raient  aucune  trace  de  sang.  Un  amateur  m'a  assuré 
(pi'il  avait  perdu  un  C.oura  de  la  même  façon.  Le  fait  m'a  paru  digne  d'être 
noté.  L'Antilope  guib  oll'rait  sur  l'intestin  des  plaqnes  d'ecchymoses  gangre- 
neuses, suite  évidente  de  coups.  Lu  Biche  de  France  a  éié  tuée  p;ir  un  Cerf 
du  Japon.  On  ne  saur.iil  croire,  dans  l'étal  de  demi-liberté  où  nous  les  pla- 
çons, combien  il  est  ditlicile  de  faire  vivre  ensemble  les  animaux  sauvages- 
il  nous  faudrait  des  espaces  illimités.  ,         . 

IV.  Dons.  —  Le  Jardin  a  reçu  un  Yak  métis  de  M.  Paul  Seguin;  des 
Lapins  angora  bleus  de  madame  de  Girardin ,  et  des  Cochons  d'Inde  de 
M.  Albert  Geolîroy  Saint-Uilaire. 

V.  —  i: Aquarium  a  niunlré  pendant  ce  mois  :  un  nouvel  Hippocampe; 
un  Loup  de  mer  de  la  Méditerranée,  ou  Bar  de  l'Océan  (Labrax  lupus), 
appelé  aussi  Perche  de  mer,  joli  poisson  aux  écailles  argentées  et  dont  la 
chair  est  très  estimée;  plusieurs  Muyes  {Mwjil  cepJialus);  deux  espèces  de 
Crenilabres  ou  Vieilles  de  mer;  un  exemplaire  de  VOnos  mnslclla,  un  Go- 
bius  niyer,  U  Crabes  (Cancer  marnas)  et  2  Méduses.  Tous  ces  animaux  ont 
été  offerts  par  M.  Doumet  fds  (de  Cette).  La  plupart  ont  vécu  plusieurs 
jours,  et  excité  la  curiosité  des  visiteurs.  Lu  même  temps  on  pouvait  voir, 
envoyés  par  M.  Ledentu  (de  Cherbourg),  des  Congres,  des  Bars,  des  Muges 
des  Vieilles  de  l'Océan  et  une  petite  Murue.  La  simultanéité  de  ces  poissons 
pris  sur  des  points  si  différents  des  côtes  de  la  France  montre  que  ce  sont 
les  poissons  de  la  saison.  Le  plus  grand  nombre  supporte  très  bien  le  séjour 


158        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

de  rAquaiinm.  On  a  pu  voir  à  diiïthcntes  reprises  les  Actinies  crassicornes 
saisir  les  Souris  de  mer  et  les  Étoiles  qui  passaient  à  leur  poi'téc,  et  les 
engloutir  tout  entières,  probal)lei;ient  connue  elles  font  au  milieu  de  la  mer. 
Le  Jardin  a  reçu  de  rétablissement  d'iluningue,  du  Z|  novembre  au  1"  fé- 
vrier, Z|85  000  œufs  des  poissons  suivants  : 

Fera /i50000.  Pas  un  seul  n'est  venu  à  éclosio.i. 

Saumon  du  lUiin l'22.'ÎO.  Ëclosions  fitiOO 

Saumon 3!)20  —       2760 

Truite  saumonée    .  .  .  3200  —        2500 

Truite   commune....  3C0O  —            »                 • 

Truite  glande  des  lacs.  2801»  —        162.')                    ,       : 

Ombre-chevalier 5500  —        1350 

En  général,  les  ëclosions  ont  élé  moins  nombren.ses  qne  l'an  dernier,  ce 
qui  paraît  tenir  à  la  tempéralnre.  Les  fécondations  artificielles  faites  par 
iM.  Millet  au  Jardin  même,  au  moyen  de  Truites  apportées  par  le  pêcheur 
Vinçon,  ont  donné  1500  éclosions  sur  environ  1500  onifs  fécondés. 

VI.  —  Jardin.  La  température  a  été  en  moyenne  de  2  degrés  au-dessus 
de  zéro  à  six  heures  du  malin,  et  de  8  degr(''s  au-dessus  de  zéro  après 
midi.  Les  extrêmes  ont  été  de  o  degiés  au-dessous  de  zéro  au  mininumi, 
et  de  12  degrés  au-dessus  de  zéro  au  maximum. 

La  floraison  des  Camellias  dans  le  jardin  d'hiver  est  tous  les  jours  plus 
abondante,  et  atteindra  son  plus  bel  elfet  dans  le  courant  de  février. 

Le  Jardin  a  re(;u  : 

De  la  Société  impériale,  venani  de  M.  Gauldrée-Boilleau,  douze  espèces 
d'arbres  ou  arbustes,  fruitiers,  industriels  ou  d'ornement,  du  Canada,  qui 
ont  beaucoup  soullert  dans  le  trajel.  Nous  espérons  cepend.int  en  sauver 
quclques-ims,  grâce  au  moyen  employé  immédiatement,  et  qui  consiste  à  en- 
fouir toute  la  plante  sous  terre  à  une  prol'ondeur  de  10  à  15  centimètres, 
pour  rétablir  les  tissus  désorganisés  par  le  dessèchement. 

Le  Jardin  a  été  visité  en  janvier  par  9/i83  visiteurs. 


FÉVRIER.  1.  —  On  peut  dire  que  nous  n'avons  pas  eu  d'hiver,  car  on  ne 
saurait  appeler  ainsi  les  quelques  jours  de  froid  de  la  seconde  moitié  do 
février.  Les  nuits  et  les  matinées  étaient  froides,  mais  les  journées,  par  le 
brillant  soleil  qu'il  faisait,  étaient  d'une  chaleur  printanière;  il  n'est  pas 
loniljé  une  seule  goutte  d'eau.  Ce  froid  sec,  favorable  à  la  terre,  ne  l'a  pas  été 
moins  pour  les  animaux. 

IL  —  La  poule,  qui  n'avait  élé  en  janvier  que  de  260  œufs,  .s'est  élevée 
en  fé\ricr  à  58Zi.  Les  l'oules  cochinchinoises  et  les  Brahmapootra  sont  tou- 
jours en  avance,  puis  viennent  les  Campine  et  les  Breda.  Nos  Poides  indigènes 
donnent  à  peine  quelques  œufs  dans  ce  mois.  Les  Pigeons  sont  déjà  presque 
tous  en  amour;  aucune  Cane  n'a  encore  pondu. 


BULLETIN    MENSUEL   DU    JARDIN    d'aCCLIM\TATION.  159 

Parmi  les  Mammifères,  il  esl  né  une  Biche  du  Paraguay,  i  Brebis  d' Astra- 
khan, 1  Lima  noir,  1  Zébu  du  S(Mié?;al,  3  Lapins-lièvres, '2  Cochons  d'Inde. 
La  Biche  du  Paraguay,  en  juin  dernier,  avait  donné  un  petit,  ce  qui  met 
sept  mois  entre  ses  deux  portées. 

III.  Mortalité.  —  13  roules,  5  Coqs.  Oiscauv  d'eau,  .')2,  dont  19  Canards 
niillouins,  11  Garots,  5  Sarcelles  d'hiver.  Oiseaux  de  volière,  18,  dont  7  Fai- 
sans divers  et  1  Pénélope  sifllcur.  Parmi  les  Mammifères  :  1  Yak  mort  di' 
vieillesse;  1  Chèvre  d'Angora,  du  tournis;  1  Manicoii,  I  Agneau  romiin, 
o  Lièvres,  1  Cochon  d"lndc. 

Les  lésions  trouvées  sur  les  oiseaux  étaient  très  diverses,  aucune  n'avait 
le  caractère  épizoolique.  Ainsi  une  Poule  de  Gascogne,  en  même  temps 
qu'une  double  pneumonie,  oITrail  des  calculs  biliaires  dans  la  vésicule  bi- 
liaire et  des  calculs  d'acide  uriquc  dans  les  reins.  Chez  deux  oiseaux  d'eau,  le 
cloaque  était  distendu  par  la  rétention  des  matières  fécales  produite  par  l'ac- 
colement  des  phnnes  qui  entourent  l'anus,  probablement  faute  d'eau  pen- 
dant le  transport  de  ces  animaux  de  la  mer  à  Paris.  Toujours  i)eaucoup  de 
plaies  de  tète  ;  une  Sarcelle  ollrait  une  rupture  du  foie,  un  Canard  millouin 
une  péricardile  avec  fausse  membrane  épaisse  d'im  demi-millimètre,  et  un 
Coq  de  Brie  une  dégénérescence  scrofuleuse  des  glandes  du  cou. 

IV.  Dons.  —  De  M.  de  Bourboulon,  2  Chiens  de  chasse  du  Japon  ;  de 
M.  Élic  de  Beaumonl,  un  Bouc  d'Afrique,  une  Chèvre  de  Tuggurî;  de 
I\].  Toussaint,  deux  lîoucs  du  Népaul,  une  Chèvre,  une  Chèvre  du  Tibet; 
de  M.  le  comte  A.  de  Monlcbello,  un  Lièvre  blanc  {Lepiis  oariabilis),  de 
lUissie  ;  et  de  M.  Mueller,  de  Melbourne,  deux  Poules  sultanes  ou  Porphy  rions. 

Le  Jardin  a  fait  acquisition  d'un  Merle  bleu  bronzé  (Lamprotornis  mc- 
tallicus)  des  Moluqucs,  bel  oiseau  aux  yeux  d'or,  dont  le  plumage  bleu  et 
vert  reluit  au  soleil  de  reflets  métalliques  d'une  grande  beauté  ;  de  Mo- 
queurs polyglottes  {Meinur  ■pohjrjloltas)  de  l'Amérique  du  Nord,  réputés 
les  premiers  oiseaux  chanteurs  de  la  nature. 

V.  — V Aquarium,  toujours  bien  garni,  contient  196  animaux  marins  ou 
poissons  vivants.  Les  Squales  se  sont  décidés  à  manger  de  petits  Mulets 
vivants;  comme  les  Boas,  ils  semblent  n'avoir  besoin  de  nourriture  qu'à  des 
intervalles  très  éloignés, 

Iluningue  a  envoyé  1500  Truites  grandes  des  lacs,  2000  Truites  communes. 

W.  Jardin.  — La  température  a  été,  en  moyenne,  de  2  degrés  au-dessous 
de  zéro  à  six  heures  ilii  matin,  et  de  8  au-dessus  de  zéro  après  midi.  Lrs 
extrêmes  ont  été  de  G  degrés  au-dessous  et  de  11  degrés  au-dessus  dczi'ro. 

Celle  température  basse  presque  toutes  les  nuits  a  arrêté  le  mouvement 
de  sève  que  la  douceur  des  mois  précédents  avait  provoqué. 

Il  n'en  est  pas  de  même  du  Jardin  d'hiver,  qui  a  épanoui  ses  Heurs  en 
al)ondance,  ce  qui  lui  donne  un  aspect  vraiment  féerique.  Les  Camollias, 
Lhododendrons,  Mimosas,  Primevères  de  l.i  Chim;  et  Cinéraires  variées  y 
sont  en  pleine  floraison. 


160       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Le  Jardin  a  reçu  : 

1°  De  ;M.  Bcllcmain,  doux  varic'k's  û'Oxalis  aliinontaires  ; 
2"  Delà  Sociclé iuipériale,  vciuint  de  :\I.  Boisnard-drandniaison,  de  petits 
lubcrcules  d'Iguauic  obtenus  de  semis  dans  le  déparlement  de  la  Manche-, 
3"  De  M.  Anf;il)oust  (de  New- Orléans),  une  collection  de  graines  ; 
k"  De  .M.  Lct'èvre,  deux  variétés  d'Asclepias  de  T Amérique  du  Nord. 
Le  Jardin  a  eu  en  février  20  730  visiteurs. 

I.e  Direi.teur  du  Jardin  d'acclimatation, 
PiUFZ  DE  LAVISO^. 


EXPOSITION   DE   VOLATILES 

AU    JARDIN    d'acclimatation    DU    ROIS    DE    JîOULOGNE 

LIS   1863. 

L'an  dernier,  dans  la  séance  de  distril)ulion  des  médailles  aux  exposants 
de  Volatiles  fran(;ais  et  étrangers,  Aoyanl  la  faveur  avec  laquelle  cette  expo- 
sition avait  été  accueillie  par  le  public,  le  président  de  cette  solennité  disait  ; 
«  Messieurs  !  à  Taïuiée  prochaine.  » 

Pour  tenir  cet  engagement,  qui  a  été  rappelé  à  radminislralion  par  un 
grand  nombre  d'amateurs,  la  Société  impériale  d'acclimatation  et  celle  du 
Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne  se  sont  encore  réunies  pour 
faire,  cette  année,  du  12  au  19  avril,  une  exposition  semblable.  On  espère 
entretenir  par  là  le  goût  du  public  pour  les  Oiseaux  utiles  et  d'ornement. 

Les  conditions  faites  aux  exposants  seront  les  mêmes  que  l'an  dernier. 


Vpiitie  «Fiait  jeune  Titïoreasi  ^arl&ssot. 

Le  jeune  'i'aureau  SarUibot  ollert  à  la  Société  par  .M.  Dutrone,  au  profit 
des  ouvriers  cotonniers  (voyez  page  lli)),  sera  vendu  le  mardi  IZi  avril, 
jour  de  la  disiribution  des  récompenses  pour  l'exposition  des  Volatiles  au 
Jardin  d'acclimatation. 


ERRATUM. 


IhiHelin,  luinuTO  ilu  !"■  janvier  ISGo,  page  39,  lignes  l'i  et  15,  au  lieu  de 
c'est  pliitùl  une  [liante  d'étangs  (jue  de  marais  et  de  rivière,  lisez  c'est  plutôt 
une  plante  d'étangs  et  de  rivières  que  de  marais. 


MORT  DE  M.  MOOUIN-TANDON, 

Membre  lie  l'Insliliil  (Académie  (les  sciences),  .  .      , 

Professeur  à  la  Facullé  tle  médecine, 
Vice- président  do  l:i  Société  impériale  d'acclimalation  et  du  Conseil  du  Jjrdin  d'acclimalalion 

du  bois  de  Boulo;;nc, 
Vice-président  de  la  Sociél('  botanique  de  France, 
Membre  de  la  Société  des  amis  des  sciences,  Maintencur  de  la  Société  des  Jeux  Floraux, 
Chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  etc. 


'  La  Société  impériale  d'acclimatation  vient  d'éprouver  une 
perte  extrêmement  regrettable,  dont  S.  Exe.  M.  Drouyn  de 
Lhuys,  son  président,  a  annoncé  en  ces  termes  improvisés  la 
triste  nouvelle,  dans  la  séance  générale  du  17  avril  1863  : 

Messieurs, 

Permettez- moi  crappoilcr  un  triste  ot  syiiipathiquc  liommage  à  une  tombe 
encore  fraîclie  qui  vient  de  se  fermer  sur  l'un  des  membres  les  plus  émi- 
nents  de  notre  associalion.  Une  mort  pr(''matur(5e ,  un  coup  sul)it  a  frappe^ 
notre  vice-président,  M.  Moquin-Tundon,  au  milieu  de  nous,  au  milieu  de 
ses  études  et  de  ses  succès. 

Ai-je  besoin  de  vous  retracer  le  portrait  de  ce  collègue  aimé,  dont  l'image 
est  présente  ù  vos  esprits  comme  à  vos  cœurs?  N'est-ii  pas  là  pour  ainsi  dire 
devant  \ous?  i\e  troyez-vous  pas  le  voir  et  l'entendre.  11  y  a  peu  de  jours, 
il  siégeait  à  cette  place  que  j'occupe  pour  quelques  instants  et  qu'il  savait  si 
bien  remplir.  Vous  rappellerai-je  le  charme  piquant  de  sa  parole,  la  sûreté 
facile  de  son  commerce,  l'enjouement  de  son  caractère,  qui  présentait  un 
mélange  de  malice  et  de  bonhomie.  Cet  esprit  à  la  fois  solide  et  léger,  puis- 
sant et  élastique,  avait  toujours  une  allure  aisée,  sans  tlécliir,  sans  s'adaisser 
sous  le  fardeau  d'une  vaste  érudition.  Des  connaissances  variées  meublaient 
richement  son  intelligence  et  ne  l'encombiaient  jamais. 

Certains  esprits  portent  des  lleurs,  d'autres  des  fruits  ;  celui  de  M.  Moquin- 
Tandon  produisait,  avec  une  égale  fécondité,  les  fleurs  de  la  littérature  et  les 
fruits  de  la  science. 

Je  m'arrête,  messieurs,  une  voix  non  moins  amie  et  plus  autorisée  que  la 
mieime  va  vous  parler  de  celui  que  nous  avons  perdu. 

M.  A.  Passy,  vice-président,  a  prononcé  ensuite  l'allocution 
suivante  : 

Messieurs, 
Je  viens,  comme  représentant  de  la  Société,  de  rendre  les  derniers  devoirs 
à  Moquin-Tandon,  l'un  de  vos  vice-présidents. 

Dès  l'origine  de  notre  œuvre  il  en  avait  compris  toute  la  portée  :  l'appli- 
cation de  l'histoire  naturelle  .'i  l'utilité  générale.  11  s'était  donc  dévoué  à  cette 
T.  \.  —  Avril  1863.  n 


](3'2       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMâTATION. 
grande  pensée  que  nous  avons  lenfermée  dans  le  modeste  et  constant  tra- 
vail auquel  nous  nous  livrons  tous.        • 

Aussi  nous  prètait-il  avec  facilité,  avec  empressement,  un  concours  assidu. 
Ses  travaux  sont  au  nombre  de  ceux  qu'on  relit  avec  le  plus  de  plaisir  et 

d'intérêt. 

Professeur  à  Toulouse,  à  Montpellier,  à  Paris,  il  s'était  livré  à  des  études 
sérieuses,  variées,  approfondies,  sur  toutes  les  branches  de  l'histoire  natu- 
relle. Sa  vie  tout  entière  a  été  employée  à  des  travaux  dont  l'éclat  l'a  appelé 
à  l'Institut,  à  la  Faculté  et  à  l'Académie  de  médecine. 

Nous  perdons  en  lui  une  des  illustrations  que  notre  Société  est  fière  de 
compter  dans  son  sein.  • 

Il  présidait  nos  séances  avec  cette  aménité  séduisante  de  son  caractère 
que  vous  lui  avez  tous  connue  et  cette  autorité  que  lui  donnait  sa  position 
parmi  les  honuues  de  science. 

Il  aimait  notre  œuvre  et  lui  consacrait  tous  les  instants  que  ses  devoirs  lui 

laissaient. 

La  veille  de  sa  mort,  dans  la  soirée  même,  au  milieu  de  ses  amis,  il  lisait 
avec  l'entrain  le  plus  animé  le  discours  qu'il  devait  prononcer  le  lendemain 
ù  la  distribution  des  récompenses  pour  l'exposition  des  volatiles  au  Jardin 
d'acclimatation  du  bois  de  Boulo-^ne.  Ses  dernières  pensées  étaient  pour 
notre  Société,  qu'il  aimait  et  dont  il  était  aimé. 

11  est  mort  avec  la  consolation  d'avoir  concouru  activement  aux  projets  de 

cette  œuvre  utile. 

Moquin-Tandon  nous  est  enlevé,  emportant  nos  regrets  et  nous  laissant 
émus  d'étonnement  et  d'elfroi.  La  mort  toujours  nous  menace,  mais  elle  n'a 
pas  toujours  ce  pied  rapide.  Quand  elle  vient  à  saisir  l'un  de  nous  et  le  fait 
disparaître  sous  nos  yeux,  elle  ajoute  un  sentiment  de  violente  surprise  au 
cha},4in  que  nous  causent  ses  rigueurs  ordinaires. 

C'est  l'impression  que  je  rapporte  des  obsèques  de  notre  bien-aimé  col- 
lègue, et  que  vous  partagerez. 


I.   TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


...  :,  .  RAPPORT     ■ 

FAIT    AU    NOM    DK    LA    TROISIÈME   SECTION,    SL'R    LES    PROPOSITIONS    DE    M.   LAMIRAL, 

RELATIVES   AU   RÉTABLISSEMENT  DES   MADRAGUES, 
;     A  LA  CRÉATION  DE  RÉSERVOIRS  ET  VIVIERS  SUR  LE  LITTORAL 

DE   LA   MÉDITERRANÉE, 

ET  SUR    LA    FABRICATION  DE    LA    POUTARGUE  ,  '* 

Par  I»I.  WALLL'T,  rapporteur  (I). 


(Séance  ilu  C  mars  1863.) 


Messieurs, 

La  Iroisième  seclion  de  la  Sociélé  d'acclimatation  m'a  chargé 
de  présenter  nn  rapport  sur  différentes  propositions  faites  par 
M.  Lamiral,  avecle  concours  de  M,  le  docteur Turrel.  Comme 
toutes  celles  qui  concernent  l'alimentation  publique,  les  ques- 
tions soulevées  par  ces  propositions  sont  dignes  au  plus  haut 
point  de  fixer  votre  attention,  et  la  Société  ne  saurait  trop 
s'en  préoccuper.  Quant  à  moi,  je  me  suis  borné  à  mettre  les 
pièces  du  procès  sous  vos  yeux,  laissant  à  votre  sagesse  le 
soin  de  fixer  les  conclusions  de  mon  rapport. 

Les  propositions  de  M.  Lamiral  sont  de  nature  diverse  et 
demandent  à  être  appréciées  séparément.  Mais,  d'abord, 
permettez-moi  de  rappeler  en  quelques  mots  les  titres  de 
M.  Lamiral  à  notre  sympathie,  et  si  je  puis  m'exprimer  ainsi, 
ses  états  de  service  :  ses  éludes,  ses  travaux  sur  les  fonds, 
anses,  baies,  etc.,  de  la  Méditerranée  sont  encore  présents  à 
votre  mémoire. 

'  Ces  services  rendus  à  la  société  et  à  la  science,  s'ils  ne  nous 
dispensent  pas  d'une  impartialité  rigoureuse,  nous  comman- 
dent du  moins  de  donner  au  mémoire  de  notre  collègue  toute 
l'altenlion  qu'il  mérite. 

J'entre  immédiatement  dans  l'examen  des  différentes  pro- 
positions. 

(1)  Voyez  plus  liant,  paR.-  93,  lo  Mémoire  dc  MV.  Lamiral  et  Turrel. 


16/4       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

La  première  et  la  plus  imporlanle,  à  en  juger  par  les  déve- 
loppemcnls  que  les  auteurs  lui  ont  donnés,  consiste  dans 
l'établissement  ou  le  rétablissement  des  pêclierics  fixes  dites 
madragues  sur  les  côtes  des  Boucbes-du-Rhone,  du  Var  et 
des  Alpes-Maritimes. 

Plusieurs  objections  ont  été  faites  contre  les  madragues, 
et  ont  même,  en  18Zi5,  amené  la  suppression  de  celles  qui 
existaient  sur  le  littoral  du  département  du  Var. 

On  leur  reproche  : 

V  D'être  une  gène  pour  la  navigation  ; 

2°  De  faire  une  concurrence  ruineuse  à  la  pèche  ordinaire  ; 

3"  De  nuire  à  l'inscription  maritime. 

Examinons  avec  M.  Lamiral  chacune  de  ces  objections. 

1"  Les  madragues  sont-elles  une  gêne  pour  la  navigation? 
L'ordonnance  de  1681,  le  premier  document  législatif  que 
nous  connaissions  sur  la  matière,  prévoit,  en  elTet,  le  cas  où 
les  madragues  gêneraient  la  navigation,  mais  en  même  temps 
elle  en  autorise  l'établissement  dans  les  lieux  et  conditions  où 
cet  inconvénient  n'existerait  pas.  La  question  reste  donc 
intacte  et  les  deux  opinions  en  présence. 

Les  partisans  des  madragues  invoquent,  pour  répondre  à 
l'objection,  les  lettres  patentes  de  1701,  sur  lesquelles  nous 
reviendrons,  les  paroles  de  Napoléon  L',  l'opinion  de  l'amiral 
Jurien  (arrêté  du  30  novembre  1839),  la  protestation  du  con- 
seil municipal  de  Toulon  (7  février  I8/18),  après  la  suppression 
des  madragues  en  18/i5,  une  deuxième  et  une  troisième  déli- 
bération du  même  conseil  {ih  novembre  18Zt8,  1852),  enfin 
une  délibération  du  conseil  municipal  de  Marseille  (5  avril 
1852),  à  laquelle  s'associe  la  chambre  de  commerce. 

Si  depuis  1681,  ajoute  avec  raison  M.  Lamiral,  le  nombre 
des  navil'cs  qui  fré(iuentent  nos  ports  a  considérablement 
augmenté,  les  progrès  de  l'art  nautique,  et  surtout  l'emploi 
de  la  vapeur,  sont  de  nature  à  prévenir  tout  danger. 

Les  adversaires,  à  leur  tour,  se  fondent  notamment  sur  la 
restriction  de  l'ordonnance  de  1681,  sur  l'opinion  de  l'admi- 
nistration centrale,  qui,  en  18/15,  a  supprimé  les  madragues 


DES   MADRAGUES  SUR  LE  LITTORAL  DE  LA  MÉDITERRANÉE.    lt>5 

du  Yar,  enfin  sur  les  vœux  émis  par  la  commission  de  la  pèche 
côticrc  en  1852, 

Quant  à  l'ordonnance  de  1681,  c'est,  comme  nous  l'avons 
dit,  un  argument  qui  peut  servir  aux  deux  parties;  pour 
l'opinion  de  l'administration  centrale,  c'est  à  elle  précisément 
qu'on  veut  prouver  qu'elle  a  été  induite  en  erreur  sur  les 
véritables  intérêts  du  pays.  Enfin,  quant  aux  vœux  de  la 
commission  de  la  pcche  côtière,  il  suffît  de  les  parcourir  pour 
apprécier  l'esprit  de  partialité  qui  les  a  dictés  (1).  S'ils  ne 
concluent  pas  à  la  suppression  absolue  des  madragues,  ils 
prétendent  entourer  leur  exploitation  de  tant  de  difficultés, 
que  le  résultat  en  serait  identiquement  le  même.  La  rivalité 
des  pêcheurs  et  des  propriétaires  de  madragues  suflit,  du 
reste,  à  expliquer  cette  hostilité  de  parti  pris. 

Pour  nous,  qui  n'avons  pas  les  mêmes  motifs  de  préjuger 
la  question,  nous  croyons  que  l'établissement  de  chaque 
madrague  doit  être  l'objet  d'une  étude  spéciale,  et  que  la 
création  n'en  doit  être  autorisée  que  s'il  est  parfaitement 
reconnu  qu'elle  ne  gêne  en  rien  la  navigation.  En  effet,  la 
solution  ne  peut  être  la  même  dans  tous  les  cas;  elle  dépend 
de  considérations  multiples  et  diverses,  et  ce  n'est  qu'après 
avoir  pris  une  parfaite  connaissance  des  lieux  qu'on  peut 
émettre  un  avis,  qui  variera  suivant  l'emplacement  choisi, 
la  proximité  ou  l'éloignement  d'un  port  de  refuge,  etc.,  etc. 

Sous  la  réserve  des  observations  précédentes,  nous  ne 
voyons,  du  reste,  aucune  objection  sérieuse. 

T  Les  madragues  font-elles  une  concurrence  ruineuse  à  la 
pêche  ordinaire? 

A  cet  égard,  M.  Lamiral  va  peut-être  un  peu  loin,  lorsque, 
niant  tout  dommage,  il  affirme  même  que  la  madrague  rend 
service  aux  pêcheurs  en  arrêtant  les  Thons,  qui  briseraient 
leurs  fdets  trop  faibles,  ou  tout  au  moins  disperseraient  les 
poissons  sédentaires.  Il  nous  semble  que,  dans  ce  vaste  champ 
de  la  mer,  tout  pêcheur,  de  quelque  façon  qu'il  s'y  prenne, 

(1)  On  y  lit  entre  autres  la  proposition  suivante  : 
«  Les  avaries  laites  aux  madragues  par  des  navires  ne  pourront  douncr 
lieu  à  réclamation  d'indemnité,  hors  le  cas  de  malveillance  constatée.  » 


d(3()        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLLMATÂTION. 

fait  concurrence  aux.  autres  pécheurs.  Mais  la  question 
n'est  pas  là,  il  s'agit  seulement  de  savoir  si  la  madrague 
constitue  une  concurrence  ruineuse.  Or,  elle  n'est  destinée 
qu'aux  poissons  de  passage,  et  ceux-ci  échappent  presque 
toujours  aux  pêcheurs  côliers,  qui  manquent  des  engins  et 
des  filets  nécessaires.  Du  reste,  les  produits  de  la  pèche  sur  le 
littoral  du  Var  n'ont  pas  sensiblement  varié  depuis  18/i5,  date 
de  la  suppression  des  madragues  ;  c'est  donc  à  d'autres  causes 
qu'il  faut  attribuer  le  dépeuplement  de  nos  mers,  et  nous  nous 
refusons  avoir,  dans  le  rétablissement  des  pêcheries  fixes  qui 
approvisionneraient  nos  marchés  et  feraient  baisser  le  prix 
du  poisson,  autre  chose  que  l'application  loyale  et  heureuse 
du  principe  de  la  libre  concurrence. 

:V'  Les  madragues  nuisent-elles  à  l'inscription  maritime  ? 

Les  partisans  de  Taffirmalive  se  fondent  sur  ce  fait  qu'une 
partie  des  équipages  des  madragues  n'est  pas  inscrite  sur  les 
rôles  de  l'inscription  maritime. 

La  négative  s'appuie  sur  les  termes  des  lettres  patentes  de 
1701,  «  qu'il  s'y  formera  même  un  plus  grand  nombre  de 
matelots  pour  notre  service  ».  Elle  prétend  aussi  avec  raison 
que  l'équipage  d'une  madrague  contient  plus  de  marins 
inscrits  que  celui  de  tout  autre  bateau  pêcheur. 

Quant  à  nous,  nous  avouons  ne  pas  comprendre  comment 
la  suppression  d'un  établissement  de  pêche  pourrait  avoir 
pour  résultat  l'augmentation  du  nombre  des  marins  inscrits; 
en  conséquence,  nous  repoussons  cette  objection  comme  non 
fondée. 

Mais,  messieurs,  l'examen  de  la  question  qui  vous  est  sou- 
mise serait  incomplet,  si  nous  nous  contentions  de  vous  dé- 
montrer qu'elle  n'offre  pas  de  grands  inconvénients,  et  si 
nous  négligions  de  vous  indiquer  les  sérieux  avantages  qu'elle 
présente.  En  effet,  à  supposer  que  les  conclusions  précé- 
dentes aient  laissé  quelque  incertitude  dans  votre  esprit,  c'est 
en  mettant  en  balance  ces  inconvénients  douteux  et  ces  avan- 
tages réels,  que  vous  pourrez  le  mieux  vous  décider. 

Je  crois  inutile  de  m'élendre  sur  la  nature  même  de  la 


DES  MADRAGUES  SLR  LE  LITTORAL  DE  LA  MÉDITERRANÉE.     167 

madrague,  et  sur  le  rôle  qu'elle  joue.  Vous  savez  aussi  bien 
que  moi  que  c'est  un  vaste  appareil  de  pêche  dont  un  des 
côtés  est  calé  à  fond  par  des  ancres  et  des  pierres,  tandis  que 
la  partie  supérieure  est  maintenue  presque  à  fleur  d'eau  par 
de  forts  morceaux  de  liège.  Elle  se  compose  de  plusieurs 
parties,  la  queue  et  des  compartiments  ou  chambres  dont  la 
dernière,  dite  corpus,  est  le  véritable  filet.  Son  rôle  est  d'ar- 
rêter et  de  capturer  au  passage  les  poissons  voyageurs,  tels 
que  Thons,  Palamides,  3Iaquercaux,  etc.  De  tout  temps  des 
madragues  ont  existé  sur  les  côtes  d'Italie,  de  France  et  d'Es- 
pagne, et  ont  prélevé  un  large  tribut  sur  les  hordes  nomades 
de  la  mer. 

Aujourd'hui  encore,  les  six  madragues  (1)  calées  sur  le  lit- 
toral des  Eouches-du-Rhône  fournissent  annuellement  aux 
marchés  de  Marseille  de  250  à  300  000  kilogrammes  de  Thons, 
Maquereaux,  etc.  Une  partie  est  consommée  sur  place,  l'autre 
est  salée  et  s'expédie  sur  tous  les  points  de  la  France  et  de 
l'étranger. 

Ajoutons  que  les  madragues  font  vivre  plusieurs  autres 
industries,  notamment  celle  de  la  sparterie  et  du  cabotage. 
Chacune  d'elles  emploie  par  an  pour  10  000  francs  de  sparterie 
ouvrée,  et  il  sufiit  de  songer  au  bas  prix  delà  matière  première 
pour  comprendre  la  somme  de  salaires  que  ce  chiflre  repré- 
sente. Les  caboteurs  vont  chercher  la  sparterie  en  Espagne  et 
en  Algérie,  et  c'est  à  Marseille  qu'on  la  file,  qu'on  la  tresse, 
qu'on  la  convertit  en  filets  et  en  cordages.  Or,  comme  ce  travail 
est  des  plus  faciles  et  à  la  portée  des  enfants  et  des  vieillards, 
c'est  une  ressource  précieuse  pour  la  population  pauvre. 

Telles  sont  les  observations  qui  nous  ont  particulièrement 
frappés:  d'un  côté,  des  objections  de  peu  d'importance,  alors 
même  qu'elles  sont  fondées;  de  l'autre,  de  sérieux  avantages, 
le  rétablissement  de  plusieurs  industries  jadis  florissantes,  un 
approvisionnement  plus  assuré  de  nos  marchés,  enfin  un  pas 
nouveau  fait  dans  la  voie  où  notre  Société  s'est  engagée,  l'amé- 
lioration de  l'alimentation  publique. 

(l)  AL  Lamiral  assure  quo,  sur  ces  six  madragues,  trois  seulement  fonc- 
tionnent. 


168      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Aussi  n'hésilons-nouspas  à  vous  prier  de  prendre  en  sérieuse 
considération  la  proposition  de  M.  Lamiral. 

Les  deux  autres  propositions  contenues  dans  le  même  mé- 
moire ne  manquent  pas  non  plus  d'intérêt,  mais  leur  examen 
sera  plus  rapide. 

Il  s'agit  de  créer  sur  les  points  du  littoral  méditerranéen 
les  plus  favorables  des  bassins  d'alevinage  et  des  réservoirs 
pour  des  poissons  sédentaires.  Ce  sont,  à  coup  sûr,  d'excel- 
lentes mesures  dont  chacun  de  nous  comprend  trop  bien 
l'avantage  pour  qu'il  soit  utile  de  le  discuter.  Seulement 
M.  Lamiral  ne  s'engage  pas.  «  Une  compagnie  financière,  dit-il, 
celle  qui  sollicite  en  ce  moment  la  concession  des  madragues, 
serait  disposée  à  créer,  etc.,  etc.  »  Ces  termes  mêmes  vous 
indiquent  que  la  question  n'est  pas  très  avancée.  Quant  aux 
moyens,  ils  ne  sont  pas  indiqués.  Dans  l'état  actuel  des 
choses,  nous  croyons  que  nous  devons  témoigner  toute  notre 
sympathie  à  la  Compagnie  dont  j'ai  parlé,  mais  que  noire 
concours  ne  doit  pas  aller  au  delà. 

A  cette  occasion  cependant,  il  nous  semble  bon  de  rappeler 
les  succès  qu'ont  obtenus  plusieurs  de  nos  collègues,  MM.  Ja- 
val,  Noël,  Douillard  et  autres,  par  la  création  de  réservoirs 
d'alevinage  dans  le  bassin  d'Arcachon.  En  i)arquantle  fretin 
et  en  le  mettant  à  l'abri  des  causes  principales  de  destruction, 
ils  sont  arrivés  à  pouvoir  livrer  à  la  consommation  en  tout 
temps,  et  quand  l'élat  de  la  mer  rend  la  pêche  ordinaire  im- 
possible, des  (juantitcs  considérables  de  poisson.  Le  rende- 
ment d'un  hectare  ainsi  cultivé  s'élève  à  300  francs  au  moins, 
tandis  que  le  rendement  des  meilleures  terres  atteint  à  peine 
250  francs  dans  la  même  région.  Chacun  y  trouve  donc  son 
compte,  le  propriétaire  et  le  public  (voyez  l'excellente  notice 
de  notre  collègue  M.  Millet  sur  la  pisciculture  marine,  1856). 
En  conséquence,  nous  émettons  le  vœu  que  la  création  de  ces 
bassins  d'alevinage  se  généralise,  et  que  le  ministère  de  la 
marine  se  départisse  de  ses  habitudes  de  sévérité  en  ce  qui 
concerne  les  concessions  nécessaires. 


DES  MADRAGUES  SUR  LE  LITTORAL  DE  LA  MÉDITERRANÉE.     169 

'■    '  '  '     Note  sur  la  PoiUargue.        

En  même  temps  que  le  mémoire  que  nous  venons  d'ana- 
lyser, M.  Lamiral  envoie  à  la  Société  une  note  sur  les  incon- 
vénients de  l'industrie  de  \[\  potitargue,  note  suivie  de  plu- 
sieurs propositions  nouvelles. 

La  poutargue  est  une  espèce  de  caviar  lait  avec  les  rogues 
des  Muges  et  autres  poissons.  Elle  est  l'objet  d'un  commerce 
assez  important,  et  se  vend  de  6  à  15  francs  le  kilogramme. 

M.  Lamiral  espère  restreindre  l'usage  de  cette  industrie  : 

1°  En  démontrant  aux  pêcheurs  le  tort  qu'ils  se  font  à  eux- 
mêmes; 

2"  En  leur  enseignant  les  principes  de  la  fécondation  arti- 
ficielle par  la  formation  de  bassins  d'alevinage  dans  les 
étangs  de  Berre  et  de  l'ile  Sainte-Marguerite. 

Comprenant  les  résistances  que  la  routine  et  l'intérêt  im- 
médiat des  pêcheurs  vont  lui  opposer,  M.  Lamiral  laisse 
entrevoir  la  nécessité  d'accorder,  pour  un  certain  temps,  des 
primes  aux  pêcheurs  qui  se  livreraient  à  la  pratique  de  la 
fécondation  artificielle. 

On  s'est  demandé  si,  en  présence  de  f  immense  faculté  de 
reproduction  que  possèdent  les  poissons,  il  n'était  pas  plus 
utile  de  chercher  à  préserver  l'alevin  des  causes  de  destruc- 
tion qui  le  menacent  que  de  multiplier  les  fécondations. 
L'exemple  des  bassins  d'alevinage  d'Arcachon  prouve,  en 
effet,  que  le  premier  système  est  le  meilleur,  et  nous  ne  sau- 
rions trop  applaudir  à  cette  partie  du  projet  de  M.  Lamiral. 
Quanta  l'autre,  en  la  laissant  sur  le  second  plan,  nous  n'avons 
pas  entendu  en  nier  Futilité ,  et  nous  serions  heureux  de 
voir  notre  collègue  réussir  dans  sa  croisade  contre  les  pré- 
jugés de  nos  populations  maritimes  et  dans  ses  efforts  pour  le 
repeuplement  de  nos  mers. 

\OTA.  —  A  la  suite  d'obscrN allons  faites  par  M.  le  docteur  J.  Cloquetdans 
le  sens  des  conclusions  de  M.  Wallut,  l'assemblée  générale  de  la  Société 
d'acclimatation  approuve  le  présent  rapport. 


:AÎîy:f:i!^:.^  i;^  f-i  :?      SUR    '^-'-  -■■'■  '■■  '■  •  '■■-'- -;Ai:  cA 
LE   MOUFLON    DE   LA    CORSE, 

Par  M.  le  baron  H.  ALXAPITAINK.  '   fî  -^1 


(Séance  du  20  février  1863.) 

ri,      f    :    '.  . .;.     .. : 


:    Le  Mouflon  {Ovis  mitsimon,  Cuvier)   esCun  des  animaux 
caractéristiques  de  la  mammalogic  corse  (1). 

Geoffroy  Saint- Hilaire  et  Frédéric  Cuvier  ont  donné  la 
description  des  caractères  et  des  formes  de  ce  ruminant,  bien 
connu  aujourd'hui,  mais  que  ses  mœurs  sauvages  ne  tarde- 
ront pas  à  faire  disparaître  complètement  de  la  Corse,  lorsque 
les  défrichements  de  ce  département  seront  achevés. 

Le  Mouflon  se  tient  de  préférence  sur  les  sommets  difficiles 
des  montagnes  et  dans  la  zone  des  neiges.  C'est  au  moment 
où  la  neige  couvre  toute  la  verdure  de  la  région  supérieure 
qu'il  se  hasarde  à  descendre  dans  les  pays  d'une  moyenne 
altitude.  Les  cantons  boisés  et  accidentés  du  Niolo,deGuagno, 
dcVivario,  de  Ghisoni,deVizzavona,  sont  ceux  où  l'on  aie  plus 
de  chance  de  le  rencontrer.  Au  dire  des  pâtres,  chaque  nuit 
les  Mouflons  remontent  vers  la  neige,  sur  lacpielle  ils  aiment  à 
se  coucher  et  à  s'ébattre.  Ce  n'est  que  dans  les  froids  extrêmes 
qu'ils  recherchent  les  cabanes  abandonnées  où  les  bergers  se 
logent  pendant  l'été.  On  conserve  le  souvenir  de  quelques 
hivers  exceptionnels  où  l'on  a  vu  des  Mouflons  venir  se  mêler 
aux  Chevaux,  Mulets  et  Moutons  abrités  dans  des  écuries. 

Ils  marchent  habituellement  en  troupes  d'au  moins  cinq  ou 
six  et  parfois  vingt  à  vingt-cinq.  11  est  fort  rare  de  trouver 
maintenant  dans  l'île  des  bandes  comme  celles  mentionnées 
par  les  vieux  chroniqueurs  de  la  Corse,  et  comme  il  paraît  y 
en  avoir  encore  quelques-unes  en  Sardaigne. 

Ils  aflectionncnt  les  pâturages  situés  sur  les  versants  méri- 
dionaux des  montagnes  et  près  des  sources.  C'est  là  que  les 

(1)  Il  vit  également  en  Sardaigne  (CcUi,  Mimant,  la  iMarmora),  en  Turquie 
(Belon),  Chypre  (Busson). 

Pline  le  menlionnait  en  Espagne  sous  le  nom  de  Miisimon  :  c'est  l'opinion 
des  Grecs. -.  -     -- 


.;    ,      r...      f.       MOUFLON   DE   LA   CORSE.   i^M,.':   .''    '  -.        171 

chasseurs  ont  quelques  chances  de  trouver  ces  ruminants. 

Pendant  qu'ils  sont  à  paître,  quelques-uns  des  vieux  mâles 
se  tiennent  en  faction  sur  les  sommets  élevés,  et  donnent 
l'alarme  au  moindre  signe  de  danger.  Leur  agilité  est  surpre- 
nante :  à  peine  ont-ils  été  aperçus,  qu'ils  disparaissent  dans  les 
ravins;  puis,  bondissant  de  rocher  en  rocher,  ils  s'enfuient 
à  de  grandes  dislances  où  nul  pied  humain  ne  les  peut 
atteindre...  Des  bergers  corses  m'ont  affirmé  avoir  vu  des 
Mouflons  poursuivis  par  les  chiens  franchir  d'un  saut  des 
précipices  de  30  mètres  de  large!...  On  raconte  également, 
avec  autant  d'exagération,  je  crois,  que  dans  ses  bonds  péril- 
leux le  Mouflon  tombe  toujours  sur  ses  cornes  sans  se  faire 
aucun  mal(l)...  ■       '  ,  •      •       ■ 

Ce  qui  est  plus  certain,  c'est  qu'au  moment  du  rut,  les  mâles 
de  chaque  bande  se  livrent  des  combats  acharnés. 

Les  femelles  mettent  bas  un  petit,  rarement  deux,  vers  le 
commencement  de  mai,  et  en  Sardaigne  dès  la  fin  de  mars  (î2) 
(M.  Mimant).  C'est  peu  après  que  l'on  recherche  les  jeunes 
3Iouflons,  assez  facilement  élevables  à  cet  âge.  On  les  confie 
alors  à  des  Chèvres,  qui,  a-t-on  remarqué,  en  ont  plus  de  soin 
que  de  leurs  Chevreaux. 

Bufl'on  et  après  lui  un  grand  nombre  de  naturalistes  ont 
avancé  que  le  Mouflon  était  la  souche  de  nos  diverses  variétés 
de  Moutons  domestiques...  Je  ne  sais,  personnellement  du 
moins,  ce  qui  peut  justifier  cette  assertion. 

C'est  en  Corse,  patrie  du  Mouflon,  qu'il  devrait  être  surtout 
facile  de  saisir  des  rapprochements  entre  cet  animal  et  la 
race  de  Moutons  du  pays.  Or,  il  n'y  a  aucime  similitnde  entre 
ces  deux  espèces,  bien  que  les  bergers  corses  abandonnent 
leurs  troupeaux  en  toute  liberté  dans  les  parties  élevées  des 

(1)  La  même  fable  est  rncontéc  avec  non  moins  de  sérieux  par  les  paysans 
des  Alpes  sur  le  BouqueUn,  par  ceux  des  Pyrénées  à  propos  de  l'Isard,  et 
il  n'est  pas  jusqu'aux  chasseurs  de  Meh'a  {Antilope  addax)  du  Sahara  algé- 
rien qui  ne  débitent  un  récit  analogue.  , 

(2)  Cette  différence  tient  non-seulement  à  la  situation  plus  méridionale  de 
la  Sardaigne,  mais  surtout  à  ce  que  les  montagnes  de  cette  île  sont  moins 
élevées  que  celles  de  la  Corse. 


172        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

montagnes  où  les  Mouflons  pourraient  très  facilement  se 
mêler  aux  brebis.  On  n'a  observé  les  croisements  entre  ces 
animaux  que  dans  le  cas  exclusif  où  les  Mouflons  étaient  en 
captivité.  Malheureusement  nulle  part,  que  je  sache,  la  filiation 
des  produits  dus  à  ces  accouplements  n'a  été  suivie.  .  ;  : 
:  L'espèce  ovine  de  la  Corse  est  très  rustique  :  elle  n'a  subi 
aucun  de  ces  croisements  de  types  améliorateurs  qui  ont 
modifié  la  physionomie  des  races  continentales  (1).  On  peut 
affirmer  que  ces  animaux  sont  aujourd'hui  ce  qu'ils  ont  été 
de  tout  temps.  Cependant,  répéterons-nous,  ils  n'ont  aucun 
des  caractères  du  Mouflon.  Comme  taille,  ils  sont  au-dessous 
de  nos  plus  petites  espèces  françaises  de  la  Sologne  et  du 
Morvan.  Le  Mouton  corse  a  la  laine  longue  et  grossière  ;  le 
Mouflon,  au  contraire,  est  haut,  grand  et  fort  (2),  sa  laine  est 
courte,  recouverte  par  un  poil  soyeux.  Il  n'a  qu'une  paire  de 
cornes  très  creuses,  recourbées  en  arrière,  tandis  que  le 
Mouton  en  a  souvent  deux  paires  toujours  très  arquées.  Le 
Mouflon  a  la  queue  très  courte,  et  le  Mouton  l'a  longue.     • 

Les  Moutons  corses,  quoique  ne  vivant  pas  en  stabulation, 
sont  très  doux  ;  le  Mouflon  fuit  toujours  l'homme.  Lorsqu'on 
le  prend  très  jeune,  il  s'apprivoise,  suit  volontiers  son  maître  ; 
mais  dès  qu'il  atteint  cinq  ou  six  ans  (au  plus),  il  devient  sau- 
vage, taciturne,  et  il  est  nécessaire  de  l'enfermer.  Chose  plus 
remarquable  encore,  le  même  fait  se  reproduit  chez  les  petits 
nés  en  captivité,  qui,  malgré  tous  les  soins  qu'on  leur  prodigue, 
et  l'habitude  constante  de  l'homme  et  de  la  domesticité,  ne 
tardent  pas  à  redevenir  complètement  sauvages. 

Si  le  Mouflon  ne  présente  aucune  similituile  avec  le  Mouton 
corse,  il  offre  en  revanche  une  grande  et  singulière  ressem- 
blance avec  cette  espèce  de  Mouton  africain  particulière  aux 

(1)  On  ne  peut  citer  qu'une  seule  tentative  dMnlroducliou  de  Mérinos  à 
rétablissement  agricole  do  Pruno  (1826)  :  elle  n'a  donné  aucun  résultat. 
Il  est  à  remarquer  cependant  que  «  les  brebis  indiijènes  restèrent  constam- 
ment indifférentes  aux  provocations  des  béliers  espagnols.,.  »  (Robiquet, 
Statistique  de  la  Corse,  1835,  page  509.) 

(2)  J'ai  observé  plusieurs  individus  mesurant  l'",40  du  sommet  delà  tétc 
à  la  naissance  de  la  queue.  La  taille  ordinaire  des  Mouflons  est  celle  du  Daim. 


MOUFLON   DE   LA   CORSE.  .  l73 

oasis  de  Gourara,  du  Touàt,  du  Tidikeult  et  du  pays  des 
Touaregs,  espèce  qui  n'a  point  de  laine  et  qui  est  connue  sous 
le  nom  berbère  à'Ademan.  Je  signale  celle  analogie  qui  m'a 
frappé,  sans,  bien  entendu,  prétendre  l'expliquer. 

Beaucoup  de  zoologistes,  et  surtout  des  voyageurs,  ont 
aftirméque  le  Mouflon  de  laSardaigne  était  une  variété  diffé- 
rente de  celui  de  la  Corse  ou  des  îles  de  l'Arcbipel  grec.  Il 
n'en  est  rien.  M.  le  général  de  la  Marmora,  auquel  on  doit  un 
remarquable  et  très  complet  ouvrage  sur  la  Sardaigne,  déclare 
que  cette  assertion  n'a  rien  de  fondé. «  Il  n'existe,  dit-il,  d'au- 
»  très  différences  entre  ces  deux  animaux  que  dans  la  forme 
»  des  cornes,  celles  du  Mouflon  de  Sardaigne  paraissant  se 
»  rapprocber  de  celles  des  béliers  et  se  développer  davan- 
»  tage  en  volutes  (1).  » 

En  Sardaigne  comme  en  Corse,  c'est  l'animal  caractéris- 
tique de  l'île.'  Il  y  est  beaucoup  plus  commun  que  dans  notre 
département  français  :  ainsi  qu'au  temps  de  Pline  et  de  Stra- 
bon,  on  rencontre  fréquemment  des  bandes  de  cinquante  à 
soixante  Mouflons  sur  les  montagnes  centrales,  dans  les  envi- 
rons d'Iglesia  et  de  Nurra. 

Réduit  à  la  domesticité,  le  Mouflon  n'est  absolument  bon  à 
rien,  et  il  vit  difficilement. 

Je  crois  répondre  aux  vues  de  la  Société  d'acclimatation  en 
lui  faisant  connaître  qu'il  serait  au  moins  superflu  de  cher- 
cher à  acclimater  le  Mouflon  dans  nos  pays  agricoles,  où  il  cau- 
serait plus  de  ravages,—  peut-être  encore,  — que  nos  Chèvres, 
sans  qu'il  y  ait  lieu  d'espérer  quoique  ce  soit  d'utile  de  cet 
animal,  surtout  en  le  comparant  à  nos  races  ovines  et  caprines. 

Mais  il  en  est  tout  autrement  au  point  de  vue  des  théories 
zoologiques  :  je  crois  qu'il  serait  très  intéressant  d'opérer  et 
d'étudier  sérieusement  les  croisements  entre  Mouflons  et 
Brebis,  et  réciproquement,  ainsi  que  de  suivre  avec  soin  les 
produits  et  métis  de  ces  animaux. 

(1)  Voyage  en  Sardaigne  de  M.  le  comte  de  la  Marmora,  2*^  édit.,  t.  I, 
chap.  VI,  p.  171.  . 


,  ,1   OBSERVATIONS  A  PROPOS  DE  L'ALBINISME 

, REMARQUÉ  SUR  QUELQUES  . POULES  DE  LA  FLÈCHE, 
,•:  Par  M.  TEVSSIÉR  UËS  FAKGES.  .   .  :  ,  .  m,.,i. 

, . . .  ■  f       t      t  •  ■■        -  ,  ..  , 

'-*■■'  :'■•;'-'■'■''  ;:i:  =  '       (Séance  du  G  février  1803.)  '  '  ■•  '    -''■       ' 


Des  faits  relatés  dans  la  lettre  de  M.  Delouche  (p.  1026  du 
Bulletin  de  186'2),  il  résulte  que  des  alliances  consanguines 
continuées  pendant  plusieurs  générations  parmi  des  Poules 
de  la  Flèche  produiraient  l'albinisme,  et  conduiraient  même 
à  l'abâtardissement  de  la  race.  .      ;  •  -  ., 

Je  demande  la  permission  d'exposer  d'autres  faits  qui  sem- 
Llent  autoriser  une  manière  de  voir  différente.         .    -:  • 

Il  y  a  plus  de  douze  ans  que  voulant  acclimater  chez  moi  (en 
Seine-et-Marne)  l'excellente  race  de  la  Flèche,  j'ai  fait  venir 
plusieurs  Poules  et  un  Coq.  J'ai  renvoyé  toutes  les  autres,  ne 
conservant  dans  la  basse-cour  de  mon  habitation,  avec  les 
nouveaux  venus,  que  des  Poules  de  Cochinchine,  à  cause  de 
leur  disposition  à  couver  de  bonne  heure  et  aussi  pour  croiser 
avec  le  Coq  de  la  Flèche.  Chaque  année,  avant  l'hiver,  tous 
les  produits  croisés,  très  remarquables  d'ailleurs  comme  gros- 
seur et  précocité,  étaient  supprimés.  Les  reproducteurs  ont 
toujours  été  conservés  purs.  Pendant  tout  cet  espace  de  temps, 
les  alliances  ont  été  constamment  consanguines. 

Or,  jamais  il  n'est  venu  au  monde  un  seul  sujet  qui  ne  fût 
parfaitement  noir,  semblable  aux  parents,  sauf,  bien  entendu, 
la  taille  ou  la  grosseur;  mais  je  ne  m'occupe  ici  que  de  l'albi- 
nisme. .    .  ;    .   .;     :.:,    .   .  i.-.  :  •  ;  .     •; 

Je  n'ai  non  plus  remarqué  aucune  influence  résullant  d'une 
imprégnation  quelconque  par  le  rapprochement  de  Coqs  de 
la  Flèche  avec  des  Poules  cochinchinoises.  Cependant  c'est  par 
centaines  que  tous  les  ans  on  a  fait  des  élèves.  Avant  l'hiver 
on  supprime  les  sujets  qui  paraissent  d'une  moins  bonne  con- 
stitution que  les  autres  ;  on  soigne  ceux  qui  rcslcnl. 

Dans  nos  pays,  toutes  les  volailles  se  reproduisent  i)ar  elles- 


'■!"■'  ■    OBSERVATIONS   Â   PROPOS   DE   l'aLBINISME.  •  '    ■         175 

mêmes  de  temps  immémorial  ;  elles  sont  toujours  les  mêmes, 
plus  ou  moins  belles,  suivant  le  milieu  où  elles  vivent,  les 
soins  qu'on  leur  donne,  la  sélection  qu'on  opère. 
•  Je  me  suis  procuré,  il  y  a  plus  de  dix  ans,  des  Lapins  delà 
race  bélier.  Ils  se  sont  constamment  reproduits  par  eux-mêmes 
et  par  centaines  chaque  année.  Ils  ont  conservé  leurs  oreilles 
pendantes,  leur  couleur,  leur  grosseur,  leur  type,  en  un  mot. 

J'ai  procédé  comme  pour  les  Poules  en  ce  qui  concerne  les 
reproducteurs,  la  nourriture,  les  soins,  m'atlachant principa- 
lement à  ne  conserver  que  les  animaux  bien  conformés. 

Ce  procédé  avec  des  Porcs  d'origine  anglaise  m'a  donné  les 
mêmes  résultats. 

■  En  dehors  de  mes  expériences  personnelles,  j'ai  fait  de 
nombreuses  observations  sur  des  Mérinos  parmi  ceux  qui  se 
reproduisent  par  eux-mêmes  dans  la  localité  que  j'habite,  et 
jamais  je  n'ai  remarqué  de  dégénérescence.  Bien  loin  de  là, 
grâce  aux  progrès  de  l'agriculture  et  à  l'émulation  produite 
par  les  concours,  il  y  a  amélioration  notable  depuis  dix  ans. 

Dans  les  faits  signalés  par  M.  Delouche,  ne  serait-ce  pas 
l'atavisme  qui  serait  la  cause  des  déviations  qu'il  a  constatées? 

La  grande  et  principale  affaire  consiste  dans  une  bonne 
sélection  de  reproducteurs  ;  puis  dans  une  nourriture  ration- 
nelle, une  aération  et  une  ventilation  suffisantes,  et,  pour  tout 
dire  en  un  mot,  dans  une  bonne  hygiène.  Ai-je  besoin  d'ajouter 
que  les  races  doivent  être  en  rapport  avec  le  milieu  où  l'on 
opère,  et  que,  dans  le  cas  contraire,  on  ne  les  conserve  que 
grâce  à  des  soins  excessifs. 

Il  est  exact  qu'il  est  aussi  difficile  d'empêcher  une  race  de 
se  défaire  que  de  la  former,  tout  autant  que  de  conserver  les 
races  pures,  mais  cela  tient  à  d'autres  causes  qu'à  la  consan- 
guinité ;  et  la  meilleure  preuve  qu'on  puisse  en  donner,  c'est 
que  la  difficulté  est  la  même,  qu'il  y  ait  ou  non  consanguinité. 

Je  crois  vraie  l'opinion  de  ceux  qui  soutiennent  que  ce  n'est 
pas  la  consanguinité  saine,  mais  la  consanguinité  morbide, 
c'est-à-dire  l'hérédité,  qu'il  faut  accuser,  en  général,  des  pro- 
duits défectueux  qui  peuvent  résulter  des  alliances  consan- 
guines, et  que   ce   sont  les   dispositions  physiologiques  ou 


176        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

pathologiques  seules  des  parents  qui  donnent  la  raison  et  la 
mesure  des  effets  observés. 

Prétendre  que  la  consanguinité,  d'une  manière  absolue, 
produit  nécessairement  des  effets  pathologiques  ou  des  mons- 
truosités, c'est,  à  notre  sens,  émettre  une  opinion  contredite 
par  des  faits  aussi  nombreux  que  probants. 

Toutes  les  belles  races  d'animaux  n'ont-elles  pas  été  for 
mées  par  des  alliances  consanguines?  ', 

Si  les  éleveurs  cherchent  autant  que  possible  à  mettre  des 
intermédiaires  entre  consanguins,  ou  même  à  éviter  la  con- 
sanguinité, c'est  parce  que  les  affections  morbides  qui  peuvent 
exister  plus  ou  moins  chez  les  reproducteurs  ont  toute  chance 
de  se  manifester  avec  beaucoup  plus  d'intensité  chez  le  pro- 
duit, et,  à  ce  point  de  vue,  il  est  rationnel  d'éviter  les  rappro- 
chements entre  proches  parents  ;  entre  étrangers  il  y  a  plus  de 
chance,  au  contraire,  que  les  principes  morbides  soientdavan- 
tage  neutralisés;  car,  dans  tous  les  cas,  ils  ne  seront  pas  aussi 
immédiatement  les  mêmes. 

Mais  de  là  à  un  vice  radical  et  absolu  résultant  de  la  con- 
.sanguinilé  saine,  il  y  a  un  abîme. 

Il  est  très  vrai  qu'en  Angleterre,  notamment,  on  remarque 
chez  la  plupart  des  troupeaux  perfectionnés  une  certaine  dé- 
générescence :  ainsi  la  fécondité,  la  lactation,  la  rusticité 
diminuent,  principalement  chez  les  Dishley  et  les  Southdown, 
et  pour  y  remédier  il  y  a  nécessité  de  recourir  à  des  animaux 
plus  rustiques.  A  ces  races  molles,  lymphatiques,  obèses,  qui, 
au  point  de  vue  physiologique,  sont  de  véritables  anomaUes, 
il  faut  un  sang  plus  près  de  la  nature,  plus  primitif.  Mais  les 
anticonsanguinistes  ne  peuvent  nullement  se  prévaloir  d'un 
fait  qui  s'explique  naturellement  par  le  développement  excessif 
d'aptitudes  qu'on  n'obtient  qu'aux  dépens  de  la  constitution 
générale  du  sujet  et  de  la  durée  de  sa  vie. 


m 

NOTE  SUR  LES  ESPÈCES  DE  POISSONS 

QUI    PEUVENT  ÊTRE  ENTRETENUS  VIVANTS   DANS    LES    AQUARIUMS. 

LETTRE  ADRESSÉE  A  M.  RUEZ  DE  LAVISON, 

Iiirecleur  du  Jardin  d'acclimatation, 

Par   M.   \ArEMIE!«!\E!^, 

Membre  de  l'Institut, 
Professeur   de    zoologie  au   Musi'inn    d'histoire  natiirello. 


(Séance  du  10  avril  18(io.) 


Monsieur , 

Vous  avez  déjà  inonlrt}  quels  animaux  peuvent  être  con- 
servés dans  vos  élégants  aquariums,  en  les  peuplant  de  quel- 
ques poissons,  de  petits  Crustacés,  et  de  ces  curieuses  Actinies 
que  les  riverains  nomment  Anémones  de  mer. 

J'ai  pu  déjà,  en  1853,  rapporter  du  fond  de  TAllemagne 
quatre-vingt-trois  poissons  vivants,  dont  il  doit  encore  y  avoir 
dans  les  réservoirs  de  Montbauron  ou  de  Gobert,  à  Versailles, 
quelques  Silures  vivants.  Vous  pourriez  peut-être  vous  en 
Taire  donner. 

Vos  aquariums  sont  et  peuvent  devenir  très  instructifs,  il 
faut  faire  en  sorte  de  soutenir  celte  idée.  Je  serais  très  heu- 
reux d'être  en  mesure  de  vous  donner  quelques  lions  rensei- 
gnements. 

Par  exemple  : 

I. 

Le  Sander  ou  le  Sandre  {Perça  lucioperco),  qui  vit  dans 
toutes  les  eaux  douces  allemandes  ou  russes,  est  une  grande 
Perche  qui  alleini  à  un  mètre  de  long  (j'en  ai  ramené  un 
vivant  de  Berlin,  et  long  de  0'",80j.  C'est  un  poisson  d'une 
chair  délicate,  blanche,  cpii  paraît  sur  les  tables  les  plus  riches 
de  l'Allemagne,  et  que  tout  Allemand  verrait  avec  le  plus  vif 
intérêt  dans  vos  réservoirs.  Si  vous  vouliez  vous  entendre  à 
ce  sujet  avec  quehiues  savants  de  Strasbourg  ou  de  nos  fron- 
tières, je  suis  presque  sur  de  la  réussite. 

Je  joindrais  à  ce  poisson  quelques  Ca^v/sf^ins  ;  je  tiendrais 

T.  X.  —Avril  18G3.  ^  12' 


178        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION, 

ce  poisson  comme  un  poisson  d'ornement.  J'avais  également 
ramené  d'Allemagne  le  Alandt  [Cypr.  dobula.  Lin.),  plus  fort 
que  notre  Meunier,  à  dos  vert  doré,  aux  lianes  argentés,  aux 
nageoires  rougeâtres. 

Vous  pourriez  aussi  l'aire  venir  de  Strasbourg  le  Nez 
{Cyprinus  nasiis,  Lin.),  que  la  forme  de  sa  tête  tronquée 
ferait  remarquer;  et  celui  (lu'on  nomme  le  Rasoir  {Cyprimis 
cultratus,  Lin.). 

Les  mêmes  envois  vous  procureraient  aussi  le  Misgurn 
{Cobitis  fossilis),  long  de  0"',25  à  0'",30,  rayé  de  lignes  jaunes 
et  noires  ;  ses  habitudes  sont  curieuses,  et  il  fait  entendre  un 
son  assez  fort. 

Les  eaux  douces  de  FAllemagne  nourrissent  des  Lottes 
{Gadits  Iota,  Lin.)  d'une  taille  triple  au  moins  de  celles  que  l'on 
prend  dans  la  Seine.  J'en  ai  rapporté  vivantes  de  0"',(50  de 
long,  et  j'en  ai  vu  de  plus  grandes.  Vous  aurez  par  elles  un 
très  beau  poisson  dont  le  foie  est  gros  et  délicat. 

Enfin,  un  poisson  d'eau  douce,  ou  du  moins  qui  remonte 
de  la  mer  pour  vivre  dans  les  rivières,  attirerait  l'attention 
par  la  singularité  de  ses  formes  et  par  les  nombreux  produits 
que  l'industrie  sait  en  tirer  ;  il  piquerait  beaucoup  la  curiosité 
de  vos  nombreux  visiteurs  :  c'est  l'Esturgeon.  Sa  vessie  aérienne 
donne  la  colle  de  poisson  ou  l'ichthyocolle,  si  utile  aux  phar- 
maciens, aux  distillateurs  et  fabricants  de  sirops  ;  ses  œufs 
servent  à  faire  le  caviar.  Son  corps  est  couvert  de  rangées  de 
boucliers  osseux  remarquables.  La  Seine,  la  Gironde,  le  Rhin, 
le  Danube  et  les  fleuves  qui  se  jettent  dans  la  mer  Noire  pour- 
raient vous  en  fournir.  Il  y  a  un  certciin  nombre  d'années 
qu'on  en  a  péché  un  de  2'", '25  de  long  dans  la  Seine  ;  il  a  été 
porté  vivant  de  Marly  h  la  Malmaison,  et  il  a  existé  plusieurs 
jours  dans  un  étroit  bassin.  Ne  vous  effrayez  pas  de  la  taille; 
si  l'on  prend  des  Esturgeons  de  3  à  ù  mètres,  on  en  prend 
aussi  qui  n'ont  que  0"',30  de  long  :  à  celte  taille  ils  ont  tout 
le  port  et  toute  la  physionomie  des  adultes. 

Bordeaux  et  Orléans  pourraient  vous  fournir  des  Lamproies. 
Les  fleuves  du  Nord  vous  procureraient  nussi  la  Pricka  (Pclro- 
myzon  f/ur/'fif.ihs). 


DES   POISSONS    QUI  PEUVENT   VIVRE   DANS   LES   AQUARIUMS.    179 

II. 

Venons-en,  monsieur,  aux  poissons  de  mer. 

Parcourons  d'abord  la  côte  qui  sera  la  plus  voisine  de  vos 
agréables  promenades,  je  veux  parler  de  l'Océan.  Les  espèces 
laites  })0ur  piquer  la  curiosité  viendront  d'abord  de  Dieppe  ou 
de  la  basse  Normandie. 

Vous  tirerez  de  la  liante  Normandie  les  très  petites  Blan- 
quettes, qui  peuvent,  comme  les  Harengs,  s'babituer  à  vivre 
dans  l'eau  douce.  11  y  a  longtemps  qu'un  célèbre  physicien 
anglais,  Mac  Culloch,  a  réussi  dans  ces  essais.  Ceci  n'est  pas 
très  extraordinaire,  quand  on  voit  le  Hareng  remonter  souvent 
dans  les  grands  fleuves  à  plus  de  trente  lieues  de  l'embou- 
chure, au  delà  du  flux  de  l'eau  salée.  L'espèce  d'Amérique  entre 
régulièrement  dans  les  fleuves,  chaque  printemps,  comme  les 
Aloses  dans  nos  rivières.  Celles-ci  remontent  dans  la  Seine 
jusqu'à  Provins,  ou  dans  la  Loire  jusqu'au-dessus  d'Orléans. 
On  peut  tenir  plus  d'une  heure  dans  les  mains  un  Hareng- 
vivant.  On  les  voit  souvent  sauter  dans  les  paniers  dont  les 
pêcheurs  se  servent  pour  apporter  le  poisson  de  leur  pêche  sur 
les  marchés  de  vente.  On  entend  bien  le  petit  cri  qu'ils  jettent 
avant  de  mourir,  et  que  les  Écossais  nomment  sqiieak  :  c'est 
une  heureuse  et  juste  onomatopée  du  son  qu'ils  profèrent. 

Cependant  doit-on  espérer  que  vous  réussirez  à  en  tenir 
vivants  dans  vos  aquariums?  Je  ne  le  pense  pas. 

Je  vous  ai  parlé  de  Y  Aiguillât  {Squalus  acanthias),  dont 
on  prend  des  cliarretées  dans  la  Manche,  pour  en  faire  un  bon 
engrais  sur  nos  terres  normandes.  Puisque  les  Pioussettes 
vivent  bien  dans  vos  aquariums,  les  Aiguillais,  les  Emissoles 
gris,  à  taches  blanches  perlées,  vivraient  également,  et  seraient 
très  jolis  à  côté  de  vos  Roussettes  couvertes  de  points  noirs. 
Il  y  a  aussi  une  seconde  espèce  de  Piousselte  ou  de  Chai,  à 
gros  points  sur  un  fond  plus  roux.  La  Manche  en  est  égale- 
ment infestée. 

Cherbourg,  Saint-^Vaast,  Granville,  les  îles  Chausey,  vous 
fourniraient,  avec  les  Vieilles  dont  vous  avez  déjà  quelques 
échantillons,  des  Perroquets  de  mer,  très  beaux  poissons  d'un 
vert  rnèlé  (V  bliMi  et  couverts  de  lach''S  aui'oies. 


J80       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Des  Surmulets  blancs  et  jaunâtres,  avec  de  belles  raies  d'or 
longitudinales,  feraient  connaître  ces  poissons  que  le  luxe  des 
Romains  amenait  dans  des  rigoles  et  dans  de  petits  viviers 
établis  sur  la  table  des  convives,  pour  les  voir  changer  de 
nuances  et  de  couleur  en  mourant.  On  les  envoyait  immé- 
diatement, avec  le  petit  Mulle  rouge  écarlate,  aux  cuisiniers, 
afin  que  les  convives  fussent  bien  convaincus  de  la  fraîcheur 
du  poisson  préparé  pour  le  repas. 

M.  Hesse,  commissaire  général  de  la  marine  à  Brest,  vous 
procurera  les  plus  beaux  et  les  plus  curieux  animaux  de  notre 
magnifique  rade,  je  vous  réponds  de  sa  science  et  de  son  iné- 
puisable complaisance.  11  pourra  peut-être  se  servir  des  navires 
à  vapeur  directs  entre  Brest  et  le  Havre,  par  un  trajet  assez 
court,  sans  attendre  l'établissement  du  chemin  de  fer. 

Nantes  et  Pornic  ont,  par  le  chemin  de  fer,  une  communi- 
cation rapide  avec  Paris.  Si  vous  ouvriez  des  rapports  avec 
les  îles  des  Glenans,  vous  recevriez  les  plus  beaux  poissons 
de  la  grande  mer.  On  y  prend  quelquefois  des  espèces  origi- 
naires des  Canaries. 

La  Rochelle  vous  procurera  les  grandes  et  belles  Torpilles^ 
rousses  avec  des  taches  noirâtres  d'un  très  beau  ton.  En  général 
j'ai  toujours  admiré  le  marché  au  poisson  de  la  Rochelle,  qui 
en  reçoit  beaucoup  de  l'ile  de  Ré  et  aussi  des  Glenans. 

Nous  arrivons  ainsi  à  Bordeaux,  d'où  le  savant  M.  Bazin., 
professeur  de  la  Faculté  des  sciences,  pourrait  devenir  facile- 
ment un  correspondant  utile.  On  prend  aussi  de  beaux  pois- 
sons pour  fournir  le  marché  de  cette  ville  si  riche. 

Toutefois  je  ne  crois  pas  que  les  Royans,  ou,  ce  qui  est  le 
même  poisson,  les  Sardines,  qui  se  montrent  déjà  à  Nantes,  et 
ensuite  sur  toute  la  côte  de  Bretagne  et  de  l'Ouest,  soient  assez 
vivaces  pour  venir  jusqu'à  Paris  et  dans  les  belles  eaux  marines 
du  bois  de  Boulogne. 

La  saison  dans  laquelle  nous  entrons  permet  de  se  procurer 
desCabeliaiw,  ou  Morues  fraîches,  qui  vivent  isolées  dans  la 
Manche,  mais  se  réunissent  par  millions  dans  les  abîmes  de 
Terre-Neuve,  où  nos  flottes,  montées  par  dix  à  douze  mille 
matelots  de  Dieppe,  de  Saint-Malo,de  Dunkerque  et  des  rochers 


DES    POISSONS    OUI    PEUVENT    VlVliE   DANS    LES    A(jUARlUMS.    181 

du  Calvados,  parlent,  tous  les  ans  pour  aller  les  pêcher.  Les 
habitants  de  nos  grandes  villes  se  doutent  peu  de  la  forme 
d'une  Morue  et  de  ses  agréables  couleurs  verdàtres. 

II  faudrait  aussi  demander  des  Aiguilles  (ou  Esox  belone), 
à  mâchoires  longues  et  hérissées  de  dents. 

Si  des  pêcheurs,  encouragés  par  une  faible  prime,  voulaient 
retenir  les  jeunes  Aloses  longues  de  0'",30,  qu'ils  nomment 
Pucelles,  et  qui  ne  sont  pas  encore  entrées  dans  les  fleuves,  on 
})Ourrait  peut-être  les  faire  vivre  dans  les  aquariums  marins. 

Mais  il  faudrait,  pour  toutes  ces  indications,  des  correspon- 
dants habiles  qui  fussent  autant  animés  par  l'amour  de  la 
science  que  par  l'appàt  du  gain. 

Pourrait-on  avoir  des  pêcheries  de  la  Vire,  près  de  Saint-Lô, 
ou  de  la  Somme,  près  d'Abbeville,  avant  Manchecourt,  des 
Saumons  vivants? 

Songez  d'ailleurs  que  je  n'ai  pas  vu  ces  localités,  (pie  j'ai 
étudiées  autrefois  avec  tant  de  profit,  depuis  trente  ans; 
mais  ce  sont  toujours  des  indications  qui  serviront  à  obtenir 
d'autres  poissons. 

La  Manche  vous  donnera  aussi  de  petites  Haies  vivantes, 
mais  je  ne  crois  pas  ces  cartilagineux  aussi  curieux  à  montrer 
que  les  précédentes  espèces  citées  plus  haut. 

III. 

Péchons  maintenant  dans  la  Méditerranée.  Adressons-nous 
à  Marseille,  à  M.  le  docteur  Defossé,  qui  connaît  très  bien  les 
espèces  et  les  pêcheurs  qui  les  poursuivent,  M.  le  docteur 
Gervais,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier,  qui  a 
des  rapports  constants  avec  les  pêcheurs  de  Cette,  vous  aidera 
certainement  beaucoup:  je  l'espère. 

Vous  avez  quelques  petits  Bars,  mais  ces  poissons  deviennent 
beaucoup  plus  grands  ;  vous  en  recevriez  deO^jSS  à  0"',ZiO  et 
0"',50  facilement.  C'est  le  Loup  ou  la  Loubine  des  Proven- 
çaux. Ils  donnent  aussi  le  même  nom  à  une  sorte  de  Sciène 
noirâtre  {Sciœna  iiigra).  Celui  de  Sciène  rayée  d'or  est  quel- 
quefois donne  à  la  Saupe  {Sparua  salpa),  et  celui  de  Barbillon 
ou  Barbue  à  l'Ombrine  {Sciœna  cirrhosa),  qui  atteint  la  même 


182        SOCIÉTÉ    IMPÉr.lALE    ZUOLOGIOUE   d'aGCLIMATATION. 

taille.  Je  ne  vous  parle  pas  des  individus  de  2  mètres,  qui 
n'en  apprendraient  pas  davantage  et  (pii  ne  piqueraient  pas 
plus  la  curiosité,  en  dépensant  beaucoup  trop. 

La  vivacité  du  rouge  et  du  bleu  des  raies  alternatives  des 
Serrans,  nommés  aussi  la  PercJie  de  mer,  serait  un  bel  orne- 
ment de  vos  aquariums  ;  j'en  dis  autant  du  Barbier  [Antldas 
saccr),  qui  a  des  nageoires  longues  et  de  formes  inusitées  ;  il 
est  d'ailleurs  très  brillant,  varié  de  rouge,  de  rubis  glacé 
d'or  et  d'argent. 

Un  collecteur  aurait  des  Scorpènes,  la  grande,  qui  est  d'un 
beau  rouge  {Scorpa'ua  scro/a),  et  la  petite,  plus  obscure, 
brune  (Scorpœna porcus) . 

Ce  sont  des  poissons  de  moyenne  taille,  à  tète  épineuse, 
caverneuse,  à  pectorales  longues,  larges,  arrondies,  très  cu- 
rieuses, qui  donnent  au  poisson  une  pliysionomie  remarqua- 
ble. La  même  mer  nourrit  le  Poisson  volant,  aussi  singulier 
par  la  forme  de  sa  tête  que  par  la  grandeur  de  ses  belles 
ailes  couveites  de  points  bleu  clair,  se  détacbant  sur  un  fond 
plus  foncé.  On  pourrait  sufllsamment  jouir  de  l'amplitude  de 
son  vol  dans  un  bac  de  2  à  3  mètres  de  long,  et  voir  le  pois  • 
son  y  prendre  tous  ses  ébats.  Les  plus  grands  individus  ont 
0"',30  à  0",32. 

Je  n'ose  j)as  vous  parler  du  Tlion,  du  Germon,  que  l'on 
pourrait  faire  très  bien  vivre  dans  des  viviers,  surtout  si  l'on 
savait  cboisir  les  espèces  convenables. 

Mais  je  n'bésite  pas  à  vous  engager  à  demander  particuliè- 
rement les  petits  Labres  ou  Crénilabres  que  les  Marseillais 
nomment  Rouras  ou  Roqulé.  Ce  sont  de  petits  poissons  qui  ne 
dépassent  guère  0'",12  à  0'",15.  Le  Paon  atteint  même  h  0"',22 
et  0"',2/i.  Il  est  un  des  plus  brillants  de  ce  genre,  M.  Defossé 
le  connaît  très  bien.  Le  vert,  le  rouge,  le  bleu,  y  sont  mêlés 
agréablement;  les  pectorales  sont  d'un  beau  jaune,  les  autres 
nageoires  d'un  beau  bleu. 

Je  vous  conseille  également  de  demander  à  vos  correspon- 
dants de  Marseille,  de  Cette,  ou  de  Villefrancbe  et  de  Nice,  et 
de  vous  mettre  en  rapport  avec  M.  Verany,  savant  zoologiste. 
La  mer  est  ici  plus  féconde.  Demandez-lui  la  célèbre  Murène 
des  Romains,  à  laquelle  Vedius  Pollion  faisait,  dit-on,  jeter 


DES   POISSU-NS    OUI   PEUVENT   ViVHE   lJÂi\S    LES    AOUAUIUMS.  183 

ses  esclaves  fugilifs.  L'histoire  n'est  peut-être  pas  plus  vraie 
que  celle  de  Vacetimi,  dont  se  serait  servi  rilluslre  général 
cartljaginois  pour  rendre  plus  facile  le  passage  des  Alpes. 

On  trouve  quelquefois  sur  ces  côtes  le  Fahaca  ou  Fiascop- 
saro,  vulgairement  le  Boursouflé,  qui  peut  se  gonfler  de  l'air 
qu'il  avale,  et  qui  nage  alors,  renversé  sur  le  dos,  à  la  surface 
de  l'eau,  comme  une  vessie. 

La  Méditerranée  nourrit,  entre  autres  Squales  ou  Requins, 
ceux  nommés  Renardiou  faux,  à  cause  de  sa  queue  longue 
et  courbée  en  lame  de  faux;  le  bleu,  le  griset,  le  Perlon,  les 
Humantim  à  corps  rude,  noirâtre,  avec  de  fortes  épines  dans 
les  nageoires  du  dos,  et  surtout  à  cause  de  la  forme  singu- 
lière de  la  tête  élargie  en  travers,  le  Marteau.  Ils  sont  tous 
très  curieux  ;  ils  atteignent  jusqu'à  h  mètres  de  longueur. 

Enfin  les  ports  de  la  Méditerranée  peuvent  envoyer  plusiem's 
espèces  de  Torpilles. 

Je  viens  de  vous  parler  de  Nice,  parce  que  la  faune  de 
Cette  est  beaucoup  moins  abondante  que  celle  de  Marseille. 
Le  nombre  des  espèces  nourries  sur  la  côte  de  notre  grande 
cité  d'origine  |)hocéenne  3'  est  plus  grand,  et  il  augmente  en 
allant  vers  Villefraiiche,  et  ensuite  à  Nice.  Je  crois  même  que 
les  pêcheurs  de  cette  ville,  visitée  par  de  nombreux  natura- 
listes européens  des  plus  éloignés,  sont  plus  habitués  à  ces 
recherches.  11  y  a  plus  de  quarante  ans  que  M.  Risso  a  com- 
mencé à  publier  de  nombreux  mémoires  sur  les  animaux 
de  Nice.  Un  des  plus  instruits  collaborateurs  de  Cuvier, 
M.  Laurillard,  a  enrichi  la  zoologie  et  le  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  ses  importantes  découvertes.  Le  célèbre  Verany 
a  ajouté  aux  travaux  de  ses  prédécesseurs.  Croyez-vous  que 
le  public  ne  verrait  pas  avec  un  grand  étonnementun  Poulpe 
allongeant  ses  tentacules  garnis  de  ventouses  et  de  60  à 
70  centimètres,  et  se  tenant  et  se  mouvant  à  sec  sur  les  galets 
amoncelés  sur  les  roches  qui  servent  de  fond  dans  vos  viviers? 

Vous  faciliteriez  les  observations  scientifiques,  si  vous  mon- 
triez diverses  sortes  d'Oursins,  ou  d'Étoiles  de  mer,  telles  que 
des  Comatules,  étendant  leurs  longs  bras  garnis  de  cirres 
mobiles  pour  nager  avec  une  rapidité  surprenante. 


NOTE    SUR    L.\    PRAIRE 

{Venus  verrucosa), 
Par  M.  Charles  BRETAGNE. 


■{■  ;jn':. 


(Séance  du  \2  décembre  1862.) 


'  ;  ,  (  !  '  ^ 


Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  tout  ce  qui  a  été  dit  en 
faveur  de  l'Huître  {Ostrea  edidis),  ce  manger  si  agréable  et  si 
fin,  célébré  par  tons  les  écrivains  de  la  gastronomie,  aliment 
savoureux  et  apéritif,  que  recberclie  la  sensualité  et  dont 
l'hygiène  profite.  Son  importance  est  telle  dans  l'alimentation 
générale,  que  la  diminution  du  rendement  de  la  pêche  huî- 
trière  a  été  élevée  à  la  hauteur  d'un  événement  public;  le 
gouvernement  s'en  est  préoccupé  et  a  fait  de  louables  efforts 
pour  d'abord  empêcher  la  disparition,  et  ensuite  augmenter  la 
production  de  cet  utile  mollusque.  Disons-le  tout  de  suite,  les 
inquiétudes  sont  aujourd'hui  dissipées,  l'industrie  privée  a 
suivi  l'impulsion  et  les  exemples  officiels,  et  grâce  à  d'intel- 
ligents eftorts,  au  lieu  de  la  pénurie  que  l'on  redoutait,  nous 
aurons  bientôt  une  abondance  inespérée. 

Est-ce  à  dire  que  notre  tache  soit  terminée? 

Est-ce  assez  d'avoir  empêché  la  destruction  et  assuré  la 
multiplication  d'un  coquillage  indispensable  aux  gourmets  et 
qui  jouit  d'une  popularité  depuis  longtemps  acquise?  Nous 
ne  le  croyons  pas.  Il  ne  faut  jamais  s'arrêter  quand  on  veut  se 
rendre  utile  à  ses  semblables,  et  l'avenir  de  la  production 
huîtrière  étant  assuré,  il  faut  voir  si  d'autres  coquilles,  négli- 
gées jusqu'aujourd'hui,  ne  doivent  pas  être  utilisées  pour 
l'alimentation  générale  et  la  santé  des  malades.  -"^ 

Appuyons-nous  d'abord  sur  l'opinion  d'un  maître,  le  doc- 
teur Fonssagrives,  le  savant  auteur  du  Traité  dlujfjiènc  ali- 
mentaire. Voici  ce  que  dit  de  l'Huître  le  médecin  en  chef  de 
la  marine  de  Brest,  et  qui,  dans  une  certaine  limite,  peut  être 
appliqué  à  presque  tous  les  cotiuillages  marins. 

«  N'esl-il  pas  permis  de  croire  que  ces  mollusques,  vivant 


SUR    LA    PliAIRK.  185 

))  dans  un  niilicii  riclie  on  iudc,  cnimagasinenl,  ce  iiroduil  et 
»  le  communiquent  aux  organismes  qu'ils  alimentent,  sans 
»  leur  faire  courir  le  moins  du  monde  les  riscjues  de  cet 
j>  iodisme  constitutionnel  (jue  les  gastronomes  aiïrontent  tous 
»  les  jours  impunément  en  savourant  les  produits  d'Ostendc 
»  et  de  Cancale.  J'ai  l'habitude,  pour  mon  compte,  de  recom- 
»  mander  l'usage  des  Huîtres  aux  enfants  faibles  et  lympha- 
»  tiques,  à  cbair  molle,  et  de  leur  faire  boire  une  assez  grande 
»  quantité  du  liquide  qu'elles  répandent  au  moment  où  on  les 
»  ouvre,  et  je  me  crois  fondé  par  l'expérience  à  accorder  à  ce 
»  moyen  une  action  très  favorable  contre  les  diverses  mani- 
»  festations  du  lyrapbatisme.  » 

Voici  donc  les  propriétés  hygiéniques  des  coquillages  ma- 
rins bien  établies;  passons  maintenant  en  revue  ceux  qui  sont 
les  plus  connus  sur  nos  côtes,  et  voyons  lesquels,  comme  les 
Huîtres  et  même  préférablement  à  elles,  peuvent  être  mangés 
crus,  et  entrer  ainsi  dans  la  thérapeutique  des  malades  ou  des 
personnes  délicates. 

Ne  songeons  pas  d'abord  à  la  Moule  {Mi/tilus)  :  quoique 
savoureuse  quand  elle  est  cuite,  crue,  elle  est  dure  et  coriace 
et  d'une  très  difficile  digestion  ;  de  plus  elle  a  donné  lieu  à 
tant  d'accidents  et  d'empoisonnements  même,  qu'à  bon  droit 
on  doit  la  tenir  pour  très  suspecte. 

La  Clovisse  (Vénus  croisée),  si  chère  aux  Marseillais,  est,  je 
crois,  aussi  très  salubre  et  très  iodée,  mais  elle  n'a  pas  la 
mollesse  désirable,  et  son  petit  arôme  sui generis  déplairait  à 
d'autres  bouches  qu'à  des  bouches  phocéennes. 

C'est  ici  le  cas  de  rappeler  l'origine  de  la  célèbre  réserve 
de  Marseille.  Une  année,  les  Clovisses  disparurent  du  port,  et  la 
désolation  fut  générale  dans  la  population.  Les  échevins  pri- 
rent une  généreuse  initiative,  et  en  envoyèrent  chercher  au 
loin  des  quantités  considérables  et  de  la  meilleure  qualité. 
On  les  jeta  par  paniers  (couffes)  dans  le  lieu  qui  depuis  ce 
temps  fut  appelé  la  Réserve,  car  ce  fut  un  endroit  réservé.  On 
défendit  pendant  un  certain  temps  d'y  pêcher,  et  l'on  ne  put 
le  faire  après  que  dans  de  certaines  conditions;  le  comman- 
dant du  port  fut  chargé  de  faire  exécuter  les  règlements,  et 


186       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    i/ACCLIMATATIUN. 

reçut  pour  cela  de  la  ville  uno  graliticalion  annuelle  qui,  lu'a- 
t-on  dil,  est  encore  payce  aujourd'hui  à  ses  successeurs. 

Voilà,  certes,  un  précédent  encourageant  pour  les  Sociétés 
d'acclimatation  et  les  ostréiculteurs,  car  depuis  ce  temps  les 
Clovisses  n'ont  jamais  manqué  à  Marseille. 
Reprenons  maintenant  notre  rapide  examen. 
Les  Patelles  {Patella)  sont  coriaces  et  d'une  physionomie 
repoussante  ;  cependant  nous  étant  avisé  de  les  faire  jeter 
dans  l'eau  houillante,  ensuite  saler  avec  des  aromates,  puis 
enlîn  retirer  du  sel  et  conlire  dans  l'huile  d'olive,  nous  avons 
été  agréablement  surpris  de  trouver  un  hors-d'œuvre  assez 
friand  et  qui  avait  perdu  une  partie  de  sa  dureté  (avis  aux 
amateurs  du  progrès  dans  l'art  culinaire). 

Les  Vignots,  Vigreneaux,  les  Escargots  de  mer,  eniin  tout 
le  genre  Hélice  est  d'une  incurable  dureté,  et  par  conséquent 
impropre  au  but  que  nous  voulons  atteindre. 

Arrêtons-nous  à  une  cocjuille  {Venus  verrucosa)  que  l'on 
appelle  Praire  double  sur  les  bords  de  la  Méditerranée, 
Coque  sur  les  côtes  de  l'Océan,  et  Clant  aux  Antilles  :  c'est, 
comme  mollusque,  une  véritable  perle  alimentaire. 

Elle  est  un  peu  moins  grande  qu'une  Huître  ordinaire  ;  mais 
comme  elle  est  assez  épaisse,  que  ses  deux  vidves  sont  con- 
caves et  que  l'animal  les  remplit  exactement,  elle  donne  au 
moins  le  volume  d'une  l)onne  Huître  moyenne  ;  elle  n'a  pas 
l'aspect  de  l'Huître  ordinaire,  elle  est  au  contraire  «  blanche, 
grasse,  et  d'un  goût,  à  la  voir,  nonpareil  ». 

Il  ne  faut  pas  confondre  la  Praire  double  avec  la  Praire 
rouge,  qui  lui  ressemble  beaucoup:  les  valves  de  la  Praire 
double  sont  couvertes  de  stries  semi-circulaires  et  concen- 
triques ;  celles  de  l'autre  sont  perpendiculaires  au  centre,  et 
de  plus  sa  grosseur  n'atteint  jamais  celle  de  la  nôtre.  On  voit 
quelquefois  la  Praire  rouge  à  la  halle  à  Paris;  son  goût  n'est 
pas  de  nature  à  recommander  sa  congénère.  Les  dames  et  les 
jeunes  personnes  goûtent  volontiers  notre  Praire:  car,  il  faut 
le  répéter,  sa  chair  n'a  rien  de  répugnant,  la  pulpe  en  est 
ferme  et  dodue;  elle  est  d'un  beau  blanc  laiteux,  avec  un  très 
petit  reflet  bleuâtre  dû  à  la  présence  de  l'iode,  plus  savou- 


SUR   LA    PIlAIliE.  187 

reuse  que  celle  de  l'Huître  ;  son  tissu  onctueux  obéit  douce- 
ment à  la  mastication  et,  répand  dans  la  bouche  un  arôme 
net  et  i'ranc,  un  peu  salé  comme  tout  ce  (jui  vient  de  la  mer, 
et  dans  tous  les  cas  fort  agréable. 

Mailieureusemenl  la  Praire,  la  Praire  double,  la  vraie 
Praire,  depuis  longtemps  n'a  pas  été  en  grande  abondance 
sur  nos  rivages,  et  n'ayant  pas  été  apportée  à  profusion  dans 
les  grands  centres  de  population,  elle  n'a  pu  conquérir  la 
popularité  de  l'Huître;  aujourd'hui  on  conmience  à  l'oublier 
même  dans  les  lieux  où  elle  était  si  recherchée  autrefois:  pour 
l'avoir  en  quantité  suffisante,  il  faut  que  des  pécheurs  spé- 
ciaux aillent  la  chercher  jusqu'à  Menton,  pour  les  personnes 
qui  veulent  s'en  donner  le  régal. 

La  Praire  aime  les  plages  sablonneuses,  et  c'est  la  cause  de 
sa  trop  prompte  disparition,  car  elle  y  est  d'une  capture  très 
facile  pour  les  enfants,  les  promeneurs,  les  baigneurs,  pour 
tout  le  monde  enfin. 

Nous  ne  "prétendons  pas  faire  de  la  Praire  la  rivale  de 
l'Huître,  nous  ne  voulons  pas  qu'on  lui  établisse  des  réserves 
aussi  importantes  que  les  pêcheries  de  celle-ci,  mais  on  ne 
devrait  pas  cependant  négliger  ce  précieux  coquillage.  L'ad- 
ministration rendrait  un  grand  service  si  elle  en  établissait 
quelques  bancs  sur  les  plages  de  la  Méditerranée,  depuis 
Toulon  jusqu'à  Mahon,  sur  ces  rivages  ])ienfaisants  où  les 
phthisiques  du  monde  entier  viendront  bientôt  en  foule  trou- 
ver quelquefois  la  guérison  de  leurs  maux,  très  souvent  la 
prolongation  de  leur  existence,  et  dans  tous  les  cas  une  mort 
plus  douce. 

C'est  là  que  notre  coquillage  serait  surtout  apprécié,  car, 
outre  qu'il  est  un  aliment  agréable,  c'est  un  puissant  auxiliaire 
pour  la  guérison  des  maladies  de  la  poitrine. 

Combien  de  jeunes  femmes  sont  forcées  de  venir  passer 
les  hivers  sur  nos  côtes  méridionales,  et  demandent  au  climat 
réparateur  de  la  Provence  le  rétablissement  d'une  santé 
épuisée  par  les  travaux  de  la  maternité  ,  l'air  délétère  des 
grandes  villes,  et  surtout  l'abus  de  leurs  plaisirs.  Les  médecins 
sont  unanimes  aujourd'hui  en  combattant  l'appauvrissement 


188       SOCIÉTÉ   IMPÉHIALE   ZOULUGIQUE    d' ACCLIMATATION. 

du  sang  de  ces  intéressantes  malades  par  des  remèdes  iodés; 
or,  tout  ce  qui  vient  de  la  mer  est  plus  ou  moins  chargé  d'iode, 
notre  Praire  en  est  saturée.  Ne  serait-ce  pas  bien  mériter  de 
l'humanité  que  de  multiplier  et  de  rendre  d'un  usage  habi- 
tuel ce  coquillage  frais,  appétissant,  savoureux,  et  surtout 
bienfaisant. 

Partout  les  hommes  de  science  veulent  que  leurs  malades 
s'assimilent  les  remèdes  parle  procédé  le  plus  naturel,  c'est- 
à-dire  par  l'alimentation  ;  tout  nous  engage  à  les  suivre  et  à 
les  aider  dans  cette  voie  rationnelle  :  en  propageant  la  culture 
et  le  goût  de  la  Praire,  nous  préparons  tout  à  la  fois  un  ali- 
ment agréable  et  un  médicament  frais  et  salutaire. 


'O' 


V.  S.   J'ai,  l'année  dernière,  remis  au  savant  et  à  jamais 
regrettable  M.  Baude  le  double  de  la  présente  notice  ;  il  m'a, 
dans  une  lettre  fort  encourageante,  engagé  à  en  suivre  l'idée, 
qui,  à  première  vue,  lui  a  paru  devoir  être  très  avantageuse 
pour  le  public.  Il  s'en  est  entendu  avec  M.  Coste,  et  l'on  a  fait 
venir  des  Clams  ou  Praires  américaines,  qui  sont  plus  grosses 
et,  dit-on,  meilleures  que  les  nôtres.  Espérons-en  un  bon  ré- 
sultai ;  mais  ces  coquilles  des  climats  très  chauds  se  multi- 
plieront-elles assez  dans  nos  mers  pour  devenir  d'un  emploi 
usuel?   auront -elles   la  même   valeur   hygiénique  que  les 
nôtres?  Il  faut  le  souhaiter.  Mais  il  faut  s'occuper  aussi  de 
celles  dont  les  preuves  sont  faites.  Voici  à  cet  égard  une  espé- 
rance qui  se  réalisera  sans  doute.  Son   Altesse  le  prince  de 
Monaco  (nous  pourrions  dire  notre  collègue,  puisqu'il  a  dai- 
gné accepter  le  titre  de  membre  fondateur   de  la  Société 
d'acchmatation)  vient  d'accorder  une  concession  pour  établir 
des  bancs  d'Huîtres  et  de  Praires  dans  le  port  de  Monaco; 
seulement,  comme  la  réputation  des  Praires  n'est  pas  encore 
faite,  les  concessionnaires,  qui  sont  membres  de  la  Société 
d'acclimatation  de  Nice,  ne  s'en  occuperont  que  lorsque  les 
huitrières  seront  en  plein  rapport.  Devant  à  l'avenir  passer 
mes  hivers  dans  le  doux  climat  de  Monaco,  il  me  sera  facile  de 
mettre   la  Société  d'acclimatation  au  courant  de  l'état  des 
choses.    .        . 


EXPÉRIENCES  D'ÉLEVAGE 

DE    CERTAINS 

POISSONS  DE  MER   DANS   LES   EAUX   DOUCES. 

LETTRE  ADRESSÉE  A   M.    LE  PRÉSIDENT 
DE    LA    SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aC.CLIMATATIOIV 

Par   M.  René   CAILLAUD. 


(Séance  du  23  janvier  1863.) 


Monsieur  le  Président, 

Dans  des  lettres  que  je  viens  de  recevoir,  MM.  de  la  Rochette 
et  Rouelle,  nouveaux  confrères,  me  chargent,  en  me  faisant 
connaître  l'état  de  leurs  premières  expériences  de  pisciculture 
et  d'ostréiculture,  de  vous  transmettre  l'expression  de  leurs 
remercîments  pour  leur  admission. 

A  cette  occasion,  le  vif  intérêt  que  la  Société  ne  cesse  de 
témoigner  aux  vues  générales  de  la  pisciculture,  à  l'accrois- 
sement et  à  l'amélioration  des  produits  alimentaires,  m'en- 
gage à  dire  quelques  mots  des  heureux  résultais  qui  ont 
couronné  en  Vendée  les  essais  d'élevage  de  certaines  espèces 
de  poissons  de  mer  dans  l'eau  douce. 

Mettant  en  pratique  des  données  que  contenait,  à  cet 
égard,  un  mémoire  que  j'ai  publié  en  1860  sur  mon  explo- 
ration des  rivages  vendéens ,  l'un  des  membres  ci -dessus 
désignés,  M.  Bouché  (de  Ghallans),  et  un  autre  confrère  ré- 
cemment admis,  M.  Labbé  (de  Luçon),  sont  parvenus  à  élever 
et  à  entretenir  dans  des  fossés  ou  des  bassins  d'eau  tout  à 
fait  douce  le  Muge  {Mut/il),  vulgairement  nommé  Meuil  en 
Vendée,  Mulle  dans  le  Midi,  et  Mulet  à  Paris;  le  Bar  ou 
Loubine  [Lupus),  et  divers  pleuronectes,  Limande,  Plie  et 
Carrelet. 

C'est  au  moyen  du  frai  récolté  sur  les  bords  de  la  mer,  ou 
le  long  des  cours  d'eau  qui  y  communiquent,  que  l'on  peuple 
les  réservoirs. 

Si  ces  poissons  sont  transportés  avec  soin,  et  introduits  dans 
le  nouvel  élément  en  bonnes  conditions,  ils  y  semblent,  jus- 


190       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

qu'à  présent,  acciuérir  un  développement  et  un  engraissement 
plus  prompts  et  plus  considérables  qu'à  la  mer.  La  qualité 
de  la  chair  gagne  aussi,  dit-on,  à  ce  changement;  pour  le 
Muge  particulièrement,  elle  est  plus  tendre,  plus  savoureuse, 
plus  délicate.  J'ai  pu  recueillir  ces  observations,  l'automne 
dernier,  en  visitant,  à  Luçon,  le  petit  parc  d'acclimatation  où 
notre  confrère  M.  Labbé  a  su  réunir  différentes  espèces  de 
poissons,  en  même  temps  qu'une  jolie  collection  d'oiseaux 
sauvages  rares  et  curieux,  dont  il  a  déjà  donné  deux  sujets  à 
notre  Jardin  d'acclimatalion. 

L'exemple  donné  devient  un  but  de  spéculation.  Des  pro- 
priétaires, des  fermiers,  en  venant  vendre  les  produits  de  leurs 
terres  à  Luron,  aux  Sables  d'Olonne,  ou  dans  les  marais  envi- 
ronnants, achètent  cet  alevin  de  Muge  et  l'emportent  jusqu'au 
fond  du  Bocage,  à  dix  et  quinze  lieues,  pour  peupler,  préféra- 
blement  à  l;i  Carpe  même,  leurs  abreuvoirs  ou  leurs  étangs  (1). 
De  semblables  essais  n'avaient-ils  pas  été  tentés?  D'après 
ce  que  nous  rapporte  l'histoire,  les  Romains  ne  nous  auraient 
rien  laissé  à  innover  en  ce  genre,  comme  en  tant  d'autres. 

D'autre  part,  s'il  faut  en  croire  ce  que,  vers  185(5,  le  gé- 
néral Dubourg  a  extrait  du  Lmuloti  Magazine,  sur  les  obser- 
vations et  les  expériences  de  Mac  CuUoch  et  Arnold,  plusieurs 
fois  répétées  en  divers  lieux  des  îles  Britanniques,  certains 
poissons  de  mer  sont  susceptibles  de  s'acclimater  facilement 
dans  l'eau  douce. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  fait  de  transporter  des  êtres  dans  un 
milieu  autre  que  celui  pour  lequel  la  nature  semblait  les  avoir 
uniquement  destinés,  nous  paraît  remarquable  et  digne  de 
toute  l'attention  de  la  Société,  non-seulement  au  point  de 
vue  de  l'alimentation  publique,  mais  encore  au  point  de  vue 
de  ces  grandes  lois  de  la  vie,  qui,  à  cette  époque,  préoccu- 
pent, ajuste  titre,  tant  d'esprits  distingués. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Bené  Caillâud. 

(1)  Notre  confiiM-e  M.  des  Noutics  do  la  Cac.iudièrc,  ayaiil  appris  ce 
qirol}tcnait  M.  LabbL^  s'est  empressé  de  lui  deinandei-  son  ci>iicoais  pour  des 
essais  senil)lablos  (in'il  poursuit. 


.      RAPPORT  ^  .  ■ 

SUR  -  . 

L'ÉPUCAÏION    DU    BOMBYX  CYNTIIIA 

ET  LA  CULTURE  DE  L'AILANTE       •  '        , 

DANS    LE    DOMAINE    DK    CANENX   (DÉPARTEMENT    DES    LANDES), 
Par  M.  DE  MILLY. 


(Séance  du  23  janvier  1863.) 


L'année  dernière,  j'avais  l'honneur  de  vous  rendre  compte 
des  premiers  essais  tentés  par  moi  dans  le  domaine  de  Canenx 
(département  des  Landes)  pour  l'éducation  des  Vers  à  soie  du 
Vernis  du  Japon. 

Ces  essais  ont  été  couronnés  d'un  tel  succès,  qu'un  grand 
nombre  d'agriculteurs  se  sont  adressés  à  moi  dans  le  but  de 
se  livrer  à  l'éducation  du  Bombyx  CyntJiia. 

Celte  année,  possesseur  d'un  nombre  assez  considérable 
d'œufs ,  j'ai  pu  élever  en  grand  et  en  plein  air  ce  précieux 
insecte.  Afin  de  vulgariser  le  plus  possible  cette  nouvelle 
branche  d'industrie  agricole,  j'ai  déposé  au  moins  50  000  Vers 
sur  une  haie  de  Vernis  du  Japon  épaisse  de  3  mètres  et  longue 
de  500,  sans  solution  de  continuité;  cette  haie  borde  une  route 
départementale  très  fréquentée,  et  distante  d'un  kilomètre  de 
Mont-de-Marsan. 

L'emplacement  était  admirablement  choisi  pour  être  re- 
marqué, et  par  les  passants,  et  par  les  promeneurs  de  la  ville  : 
aussi  la  haie  de  la  route  du  Ilouga  a-t-elle  reçu  un  nombre 
considérable  de  visiteurs,  et  l'innombrable  quantité  de  cocons 
enroulés  dans  les  feuilles  d'Allante  montrait  aux  passants 
étonnés  le  produit  d'une  magnifique  récolle. 

Un  fait  extrêmement  intéressant  s'est  produit  dans  cette 
éducation.  Au  milieu  de  la  haie  pousse  une  cépée  déjeunes 
Châtaigniers;  lorsque  les  chenilles  furent  arrivées  à  ces  jeunes 
arbustes,  au  lieu  de  passer  outre  et  de  grimper  sur  les  Allan- 
tes leur  faisant  suite,  elles  se  fixèrent  au  contraire  sur  ces 


192      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Châtaigniers,  et  en  mangèrent  depuis  la  première  jusqu'à  la 
dernière  feuille,  à  l'exception,  toutefois,  de  celles  dans  les- 
quelles elles  tirent  leurs  cocons. 

J'expérimentai  plus  tard  si  des  chenilles  venant  de  naître 
voudraient  manger  des  feuilles  de  Châtaignier,  non  pas  des 
pousses  tendres,  mais  des  feuilles  déjà  vieilles  ;  et  j'eus  la  sa- 
tisfaction de  remarquer  qu'une  centaine  de  chenilles  venant 
d'éclore,  et  que  j'avais  déposées  sur  une  branche  d'un  vieux 
Châtaignier,  avaient  rongé  tous  les  bords  d'une  feuille,  abso- 
lument comme  elles  l'eussent  fait  d'une  feuille  d'Allante. 

Le  Châtaignier,  du  reste,  n'est  pas  le  seul  arbre  dont  la 
feuille  convienne  à  la  nourriture  du  Bombyx  Cynthia;  en 
voici  la  preuve  : 

Après  avoir  mené  à  bonne  fin  deux  éducations,  j'ai  voulu 
en  commencer  une  troisième  au  mois  d'octobre.  La  saison 
était  déjà  bien  avancée ,  mais  j'espérais,  le  soleil  du  Midi 
aidant,  pouvoir  terminer  cette  troisième  et  tardive  éducation 
avant  les  gelées  :  j'opérais  sur  un  très  petit  nombre  de  Vers. 

Malheureusement  les  gelées  furent  très  hâtives  cette  année 
dans  le  Midi,  et  à  la  fin  d'octobre  toutes  les  feuilles  de  Vernis 
et  de  Châtaigniers  étaient  tombées. 

Je  dus  rentrer  dans  l'intérieur  les  Vers,  qui  allaient  périr 
faute  de  nourriture ,  lorsque  je  me  rappelai  avoir  remarqué 
que  presque  toutes  les  espèces  de  Hoinhyx  mangeaient  avec 
avidité  des  feuilles  de  Fusain. 

La  feuille  de  cet  arbuste  résiste  longtemps  aux  gelées,  et  les 
Fusains  que  je  possédais  étaient  encore,  à  la  fin  d'octobre, 
couverts  d'un  feuillage  parfaitement  vert. 

J'en  présentai  aux  Cynthia,  qui  les  dévorèrent;  mais  ces 
Vers  avaient  soullert  et  du  froid  et  de  la  famine  :  aussi  celte 
troisième  éducation  dura-t-elle  longtemps,  puisqu'elle  ne  fut 
terminée  qu'à  la  fin  de  novembre;  pendant  un  mois  entier  les 
cheniUes  furent  exclusivement  nourries  avec  du  Fusain. 

Les  Vers  soumis  à  cette  alimentation  donneront-ils  une  soie 
égale  en  qualité  à  celle  provenant  des  Vers  nourris  avec  de 
l'Allante?  C'est  aux  lilateurs  à  résoudre  cette  question. 

Si  cette  soie  vauJ  l'aulre,  je  ne  crois  pas  me  iromper  en 


ÉDUCATION  DU  BOMDY.V  CYNTHIA.   .        193 

considérant  ces  deux  nouvelles  manières  de  nourrir  le  Bombyx 
Cynthia  comme  très  importantes.  . ,    - 

En  efîet,  les  localités  où  les  plantations  de  Châtaigniers  pour 
échalas  et  cercles  de  tonneaux  sont  communes ,  les  endroits 
voisins  des  poudreries  o\x  les  plantations  de  Fusains,  si  re- 
cherchés pour  la  fabrication  du  charbon  pour  la  poudre  à 
canon,  sont  nombreuses,  peuvent  tirer  un  excellent  parti  de 
leurs  bois  en  les  faisant  servir,  avant  de  les  abattre,  à  l'édu- 
cation des  Vers  à  soie. 

Il  me  reste  maintenant,  messieurs,  cà  vous  entretenir  des 
plantations  que  j'ai  faites,  et  surtout  de  la  manière  rapide  et 
économique  dont  j'ai  opéré. 

Une  charrue  Dombasle  sans  avant-train,  attelée  ou  de  deux 
chevaux,  ou  de  deux  mules,  ou  de  deux  bœufs,  suivant  les 
contrées  où  ces  diflérents  attelages  sont  le  plus  en  usage,  trace 
dans  la  longueur  du  champ  que  l'on  veut  planter  des  sillons 
distants  entre  eux  de  2  mètres. 

Une  femme,  un  enfant,  et  un  homme  déposent  dans  ces 
sillons  des  plants  de  Vernis,  chaque  plant  espacé  de  0™,50^ 
Lorsque  les  plants  sont  déposés,  la  charrue  revient  faire 
un  second  sillon  à  côté  du  premier,  afin  de  recouvrir  de  terre 
les  pieds  de  Vernis  ;  l'enfant  suit  la  charrue,  et  redresse  les 
arbres  à  mesure  qu'ils  auraient  été  dérangés  par  les  pieds  de 
celui  des  animaux  qui  marche  dans  le  sillon. 

A  la  fin  de  l'opération  ,  l'homme  ,  avec  une  pioche,  passe 
dans  chaque  allée  et  recouvre  de  terre  les  racines  que  la 
charrue  n'aurait  pas  enfouies  ou  que  les  animaux  auraient 
dérangées  et  qui  auraient  échappé  à  la  vigilance  de  l'enfant. 
Un  attelage  de  bœufs  est  préférable  à  tout  autre,  parce  que 
la  marche  lente  et  régulière  de  ces  animaux  donne  plus  de 
temps  pour  relever  les  arbres  avant  que  le  soc  de  la  charrue 
soit  arrivé  les  recouvrir  pendant  qu'ils  sont  dans  le  sillon. 

Si  l'on  se  sert  de  chevaux  ou  de  mules,  il  faut  attelei-  long, 

afin  de  mettre  une  plus  grande  distance  entre  les  pieds  de 

derrière  et  le  soc,  et  donner  ainsi  le  temps  de  redresser  les 

arbres  dérangés. 

En  opérant  ainsi,  on  peut  en  une  journée  et  demie  planter 

T.  X.—  Avril  18G3.  J3 


19Û        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

un  hectare  et  dépenser  6  fr.  ZiOc.  Je  sais  que  l'on  va  se  récrier 
à  ce  prix,  en  le  traitant  d'impossible. 

Il  est  bien  entendu  que  cette  dépense  variera  suivant  les 
localités;  mais  je  parle  ici  du  département  des  Landes,  où  la 
main-d'œuvre  est  encore  à  bas  prix,  et  je  ne  donne  que  le  prix 
alloué  par  le  propriétaire  k  ses  métayers  lui  servant  d'ouvriers. 

Cette  somme  de  6  fr.  ZiO  c.  se  décompose  ainsi  : 

Une  journée  et  demie  de  bouvim-  avec  ses  !)ètes ,  y  compris  la  nourriture, 

à  2  francs  par  jour 3  fr.    » 

Une  journée  et  demie  de  femme,  à  75  centimes  la  journée 1       15 

Une  journée  et  demie  d'enfant  pour  redresser  les  plants,  à  50  cent.  »       75 
Une  journée  et  demie  d'ouvrier  pour  arranger  les  plants  à  la  pioche, 

à  1  franc  par  jour 1       50 

Total 6  fr.  àO 

Si  les  ouvriers  n'étaient  pas  métayers  de  celui  qui  les 
emploie  : 

La  journée  du  bouvier  se  payerait  5  fr.,pourune  journée  et  demie.  7  fr.  50 

La  journée  de  la  femme,       id.     1  id 1       50 

La  jo\irnée  de  l'enfant ,  id.     »     75  c.    id 1       15 

La  journée  de  l'ouvrier,        id.     1     50         id 2       25 

Total 12fr.ZiO 

11  y  aurait,  comme  on  le  voit,  une  certaine  dilïérence  dans 
ce  second  prix  ;  mais,  quoique  plus  cher  que  le  premier,  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  département  des  Landes  est 
encore  un  pays  privilégié  pour  le  bon  marché  de  la  main- 
d'œuvre;  et  c'est  en  payant  les  premiers  prix  indiqués  ci- 
dessus  que  j'ai  déjà  pu  planter  six  hectares  du  plus  mauvais 
terrain.  Les  Vernis  ont  parfaitement  repris,  et  proiueltent, 
d'ici  à  trois  ans,  des  haies  d'une  luxuriante  végétation. 

Au  moment  où  je  faisais  mes  plantations,  j'ai  eu  l'heureuse 
fortune  de  recevoir  la  visite  de  notre  honorable  et  savant 
secrétaire,  M.  Guérin-Méneville,  et  il  pourra  vous  dire  qu'il 
n'y  a  rien  d'exagéré  dans  la  manière  rapide  dont  j'ai  opéré. 

Car  si,  coiume  disent  les  Anglais,  le  temps  est  de  l'argent, 
j'ai  doublement  gagné,  puisque  j'ai  employé  peu  de  temps  et 
dépensé  peu  d'argent. 


,  si;r.  LES 

VERS   A  SOIE  DE  L'AMÉRIQUE  DU  NORD 

Par   n.  Th     J.    «JOB'TLE. 

NOTE    ADRESSÉE   A   M.    GAL'LDKÉE  -  BOULEAU  , 
Consul  général  Je  P'rancc  au  Canada, 

ET    TRANSMISE  PAR  NOTRE  COLLÈGUE  A  M.  LE  PRÉSIDENT  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


(Séance  du  12  (iéccmbie  I8C2.) 


Conformément  au  désir  que  vous  m'avez  exprimé,  j'ai 
l'honneur  de  vous  adresser  les  renseignements  suivants  sur 
les  Vers  à  soie  du  Canada. 

Quatre  beaux  insectes  du  sous-genre  Attaciis  habitent  le 
Canada;  trois  d'entre  eux  sont  assez  communs,  mais  le  qua- 
trième, VAttacus  nulla,  est  très  rare  dans  mon  district.  Je  ne 
l'ai  vu  qu'une  ou  deux  fois  à  son  état  parfait,  mais  je  puis  vous 
référer,  pour  son  histoire,  à  l'ouvrage  de  Ilarris  :  Insects  of 
MasmcJiusetts.  Vous  trouverez  dans  ce  livre,  à  partir  de  la 
page  382,  une  très  bonne  description  de  toutes  les  espèces 
iXAttacus,  à  laquelle  je  ne  puis  ajouter  que  fort  peu  de  chose. 

Les  trois  variétés  qui  me  sont  le  mieux  connues  sont  les 
Pob/phcmus^  Cecropia  et  Prometlteus.  Aucune  d'elles  ne  se 
nourrit  exclusivement  d'une  seule  plante;  elles  en  comptent 
toutes  au  contraire  deux  ou  trois  qui  leur  conviennent, 

VAttacus  Poif/phcmus,  que  je  considère  à  la  fois  comme 
le  plus  utile  et  le  plus  facile  à  élever,  broute  les  diverses 
espèces  de  Cerisiers  et  de  Pruniers  sauvages.  Ilarris  dit  qu'il 
se  nourrit  de  Chêne  et  de  Tilleul  ;  dans  le  pays  où  je  réside, 
les  Chênes  sont,  il  est  vrai,  peu  nombreux,  mais  par  contre 
le  Tilleul  (Tllia  americana)  est  commun  ;  cependant  jamais 
je  n'ai  aperçu  de  chenille  de  cette  espèce  sur  aucun  des 
arbres  en  question  ;  une  seule  fois  j'ai  trouvé  un  cocon  de 
Polljpliemus  au  pied  d'un  Tilleul. 

Le  grand  obstacle  qui  s'opposera,  selon  moi,  à  Tacclimata- 
tion  de  toutes  ces  Salurnics,  c'est  l'aversion  qu'elles  semblent 
avoir  toutes  à  se  propager  quand  elles  sont  renfermées,  dis- 
position qui  parnil  /'galemont  propre  à  leurs  rringi>nères,  les 


106       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Vers  à  soie  «le  l'Inde  Arrindia  et  Ttissah.  Jamais  je  ne  suis 
parvenu  à  vaincre  cette  disposition.  Une  fois,  entre  autres,  je 
pris,  en  juillet,  une  femelle  fécondée  du  Polyphemus.  Après 
la  ponte,  qui  fut  abondante,  et  l'éclosion  des  œufs,  je  plaçai  les 
Vers  sur  différentes  plantes,  et  constatai  que  les  toutes  jeunes 
chenilles  préféraient  les  jeunes  feuilles  du  Prumis  pensylva- 
tiens  à  toutes  les  autres,  et  que  lorsqu'elles  eurent  un  peu 
grandi,  elles  mangeaient  sans  distinction  les  feuilles  de  tous 
les  autres  Cerisiers  et  Pruniers.  Ces  Chenilles  filèrent  leurs 
cocons  en  septembre,  et  arrivèrent  à  leur  état  parfait  au  mois 
de  juin  suivant.  Possédant  alors  plusieurs  insectes  des  deux 
sexes,  je  les  mis  tous  ensemble  dans  une  grande  boîte  dont  le 
devant  était  vitré,  espérant  qu'ils  se  reproduiraient;  mais  il 
n'en  fut  rien.  L'essai  eût  probablement  été  plus  heureux  si 
les  insectes  avaient  été  laissés  libres  dans  une  salle  où  l'on  au- 
rait réuni  leurs  végétaux  favoris,  plantés  soit  dans  le  sol  même 
soit  dans  des  pots.  Le  cocon  est  ovale,  de  forme  plus  allongée 
que  celui  du  Ver  â  soie  ordinaire,  et  contient  moins  de  matière 
visqueuse  que  celui  des  deux  autres  Attacus.  Quand  l'insecte 
est  sur  le  point  de  former  son  cocon,  il  rassemble  quelques 
feuilles,  à  l'intérieur  desquelles  il  file  ;  plus  tard  le  cocon 
tombe  à  terre  avec  son  enveloppe  et  y  reste  tout  l'hiver;  la 
neige  et  la  pluie  amènent  naturellement  la  décomposition  des 
feuilles,  dont  souvent  les  veines  et  les  pétioles  demeurent  im- 
primés sur  les  cocons. 

Considéré  au  point  de  vue  de  la  production  de  la  soie, 
\ Attacus  Cecropia  vient,  je  crois,  en  seconde  ligne.  C'est  la 
plus  belle  Phalène  que  nous  ayons  ;  ses  ailes  mesurent  jusqu'à 
sept  pouces  d'une  extrémité  à  l'autre.  La  chenille  cherche  sa 
nourriture  sur  le  Pommier  et  le  Prunier,  mais  semble  préfé- 
rer le  premier  de  ces  arbres.  Le  cocon  est  formé  en  septembre  ; 
il  est  attaché  dans  toute  sa  longueur  au-dessous  des  jeunes 
branches;  il  est  long  de  forme  et  pointu  aux  deux  bouts, 
lâche  de  texture  à  l'extérieur,  mais  plus  ferme  intérieure- 
ment. Jamais  je  n'ai  vu  d'œufs  de  cet  insecte,  bien  que  j'aie 
gardé  des  chenilles  renfermées.  Les  cocons  contiennent  plus 
de  soie  que  ceux  de  l'espèce  décrite  précédemment,  mais  cette 


VERS    A  SOIE  DE    l'AMÉRIQUE   DU    NORD.  197 

soie  n'est  pas  aussi  compacte  et  est  recouverte  de  plus  de  ma- 
tière visqueuse.  Je  suis  d'avis  que  la  partie  extérieure  pour- 
rail  se  séranceret  se  filer,  et  la  partie  intérieure  être  dévidée 
comme  cela  a  lieu  à  l'égard  delà  soie  des  Vers  ordinaires. 

VAttaacs  Prometheiis  me  paraît  occuper  la  place  la  moins 
importante  parmi  les  trois  espèces.  Suivant  Ilarris,  il  vit  sur 
lesLaiirus  sassafras  et  le  Benzoni.  La  première  de  ces  plantes 
ne  croît  pas  dans  la  partie  du  Canada  que  j'habite  ;  mais  bien 
que  la  seconde  s'y  rencontre  dans  les  terrains  marécageux, 
j'y  ai  pris  les  cocons  tant  sur  le  Cerisier  sauvage  {Prunus 
serotcria)  et  le  Frêne  noir  (Fraximis  sambucifolia).  N'ayant 
jamais  rencontre  la  chenille,  j'ignore  si  elle  trouve  sa  subsis- 
tance sur  l'un  ou  l'autre  de  ces  arbres,  ou  si,  ayant  brouté 
le  Laurus  Benzoni,  qui  est  de  petite  taille,  elle  s'en  sert  uni- 
quement pour  y  suspendre  son  cocon.  La  Chenille  du  Pro7ne- 
theus  s'y  prend  singulièrement  pour  construire  son  cocon,  et 
ressemble  en  cela  au  Ver  à  soie  Arrindia.  Avant  de  filer,  elle 
tisse  une  forte  toile  de  la  branche  au  pétiole  d'une  feuille 
jusqu'à  ce  qu'elle  atteigne  la  tige  qu'elle  resserre  ;  elle  y  forme 
son  cocon,  de  sorte  que,  la  feuille  une  fois  détruite  par  les 
vents  d'hiver,  le  cocon  reste  suspendu  à  la  toile,  qui  d'abord 
avait  le  pétiole  pour  soutien.  Ce  cocon  est  beaucoup  plus  petit 
que  celui  des  deux  autres  espèces,  et  ne  semble  même  pas 
en  rapport  avec  la  grosseur  de  la  Phalène  qui  s'en  échappe 
aussi  vers  la  fin  de  mai  ou  le  commencement  de  juin.  Il  y  a 
de  plus  une  autre  très  jolie  petite  Phalène,  une  vraie  Saturnia; 
la  chenille  mange  les  feuilles  du  Tilleul  et  de  l'Acacia  {Robinia 
pseudacacia),  et  file  aussi  un  cocon;  mais  je  le  crois  d'une 
contexture  trop  lâche  pour  avoir  de  la  valeur.  Ce  point  pourra 
d'ailleurs  être  réservé  etfaire  l'objet  d'observations  ultérieures. 

J'ai  résumé  tout  ce  qui  m'a  paru  intéressant  au  point  de 
vue  de  la  soie  que  l'on  pourrait  tirer  des  Phalènes  dont  il  s'agit. 

Je  n'ai  jugé  utile  de  décrire  ni  les  Phalènes  ni  les  chenilles, 
attendu  qu'elles  sont  sans  doute  bien  connues  des  savants 
français. 


SUR  LA   CULTURE  DU   QULNQUINA 
A  JAVA, 

Par    W.  ROlïafSSrA'. 

iincicn  gmiverncur  ijL'iiéi'al  dos  Imlcs  m'ci'land.iiscs, 
ancien  piésideiil  du  con-eil  ilcs  niiiiislres  de  S.  M.  le  Roi  des  Pa_\s-Ea$. 


(Séance  du  12  décembre  1862.) 


L 

Parmi  le  grand  nombre  de  remèdes  destinés  à  combattre 
les  souffrances  pbysiqiies  de  l'bomme,  la  science  médicale 
possède  deux  spéciliques  par  excellence,  dont  l'emploi  ration- 
nel constitue  un  bienfait  pour  l'bumanité  :  l'un  est  l'opium 
cl  l'autre  le  quinquina,  ou,  pour  parler  plus  correctement, 
la  quinine. 

Entre  eux  ils  ont  de  commun  (jue,  jusqu'ici,  on  n'a  pas 
réussi  à  trouver  de  succédanés  pour  l'un  «m  pour  l'autre. 

Il  esl  vrai  que,  en  Egypte,  on  fabrique,  du  suc  de  certaine 
espèce  de  cbanvre,  une  drogue  connue  sous  le  nom  de  hatcJtis, 
qui  possède  comme  excitant  quelques-unes  des  qualités  de 
l'opium,  mais  ne  peut  le  remplacer  comme  ingrédient  mé- 
dical. 

11  est  vrai  aussi  qu'on  a  tâcbé  de  substituer  au  quinquina 
des  préparations  arsenicales  ou  d'autres  substances  tirées  des 
écorccs  de  différentes  espèces  de  plantes,  telles  que  le  saule, 
le  tulipier,  le  chardon  bénit,  le  marronnier  d'Inde,  le  mar- 
rube,  le  cliône  et  un  grand  nombre  d'autres;  mais,  en  admet- 
tant que  plusieurs  d'entre  celles-ci  possèdent  des  qualités 
toniques,  et  même  plus  ou  moins  fébrifuges,  il  reste  toutefois 
constaté  que,  dans  les  fièvres  graves  et  malignes,  qui  sont 
toujours  fatales  au  troisième  accès,  il  n'y  a  rien  qu'un  sel  de 
quinine  qui  puisse  sauver  le  malade  d'une  mort  certaine. 

Le  grand  nombre  des  essais  pour  remplacer  la  quinine, 
faits  par  des  savants  de  tous  les  pays  et  par  plusieurs  gouver- 
nements, mais  qui  sont  tous  restés  sans  succès,  prouve  assez 


CULTURE    DU    QUINQUINA   A   JAVA.  199 

la  haute  importance  qu'on  attache  à  assurer  à  l'humanité  un 
équivalent  qui  puisse  remplacer  un  remède  si  salutaire,  s'il 
venait  à  manquer. 

En  1850,  la  Société  de  pharmacie  de  Paris  n'a  pas  cru 
outrer  ses  exigences  envers  le  pouvoir  de  la  chimie,  en 
mettant  au  concours  un  prix  de  /lOOO  francs  pour  celui  qui 
trouverait  un  moyen  de  préparer  par  voie  chimique,  de 
toute  autre  matière  première  que  de  l'écorce  de  Quinquina, 
une  suhstance  quelconque  ayant  les  mêmes  qualités  théra- 
peutiques que  la  quinine.  Quoique  le  Ministre  de  la  guerre 
en  France  ait  douhlé  le  prix  l'année  suivante,  le  prohlème 
est  resté  sans  solution  jusqu'à  ce  jour.  En  Hollande  aussi, 
l'Institut  royal  des  sciences  a  suivi  cette  initiative,  sans  que 
le  résultat  en  ait  été  meilleur. 

Mais  entre  les  deux  spécifiques  dont  nous  avons  parlé,  il 
existe  une  grande  difTérence  quant  à  l'utilité  de  leur  emploi. 
L'opium,  s'il  est  d'un  coté  inappréciable  comme  remède  dans 
certaines  maladies,  sert  d'autre  part,  et  dans  une  proportion 
beaucoup  plus  forte,  comme  consommation  de  luxe  ou  d'ha- 
bitude. Ses  qualités,  excitantes  d'abord,  finissent  par  épuiser 
et  ravager  les  forces  physiques  de  l'homme,  et  par  débihter 
ses  forces  intellectuelles  et  morales. 

Le  malheureux  qui  s'adonne  à  la  consommation  de  cette 
drogue  en  devient  bientôt  l'esclave.  Pour  en  éprouver  tou- 
jours le  même  effet,  il  doit  augmenter  toujours  la  dose  de  cet 
excitant.  C'est  un  mal  immense  pour  toute  l'Asie,  et  l'une  des 
causes  de  son  abrutissement  et  de  son  assujettissement  à 
l'Europe.  En  somme,  le  mal  que  produit  l'abus  de  l'opium 
surpasse  de  beaucoup  son  action  bienfaisante  comme  médi- 
camenl. 

Tel  n'est  pas  le  cas  avec  le  quinquina  ;  il  ne  sert  que 
comme  moyen  thérapeutique.  A  mesure  que  son  efficacité  fut 
reconnie  de  plus  en  plus,  la  consommation  en  augmenta  dans 
une  piogression  rapide.  Il  n'en  existe  pas  de  statistique 
complète  et  exacte  ;  mais  le  fait  de  l'augmentation  de  la 
consonmation  est  suffisamment  constaté. 

Pour  satisfaire  aux  demandes  croissantes,  il  faudrait  que 


200      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

la  production  suivît  la  même  marche  ascendante.  Tel  n'est 
cependant  pas  le  cas.  Il  paraît,  au  contraire,  que  la  production 
va  en  diminuant,  et  l'on  peut  craindre  avec  raison  qu'elle  ne 
devienne  tout  à  fait  insuffisante,  quand  on  pense  qu'il  n'y  a 
qu'une  partie  de  l'Amérique  méridionale  où  l'arbre  à  quin- 
quina soit  indigène  ;  qu'il  n'en  existe  pas  des  forêts,  mais  que 
ces  arbres  se  trouvent  dispersés,  et  que  leur  conservation  n'est 
pas  assurée  par  un  contrôle  sur  la  coupe,  qui  dégénère  souvent 
en  dévastation. 

Dans  un  rapport  (1)  fait  par  de  Jussieu,  Richard  et  Gaudi- 
chaud,  à  l'Académie  des  sciences,  sur  un  mémoire  de  Weddell, 
intitulé  :  Histoire  naturelle  des  Quinquinas ,  on  lit,  page  11  : 
«  Il  est  néanmoins  un  point  trop  important  à  l'humanité  pour 
»  que  nous  n'y  fixions  pas  un  moment  l'attention  :  c'est  le 
>  défaut  complet  d'équilibre  entre  la  consommation  et  la  pro- 
»  duclion  des  meilleures  écorces  de  Quinquinas,  et  la  destruc- 
»  tion  rapide  qui  menace  les  espèces  les  plus  estimées.  » 

Weddell  lui-même  parle  dans  le  même  sens  dans  l'ou- 
vrage précité.  Il  dit,  entre  autres,  page  7  :  «  Aujourd'hui, 
»  pour  rencontrer  des  écorces  de  bonne  qualité,  il  faut  aller, 
»  comme  je  l'ai  fait,  à  une  distance  de  huit  à  dix  journées  des 
»  lieux  habités.  »  —  Page  13  :  a  II  faut  bien  le  reconnaître, 
»  le  mode  d'exploitation  de  ce  produit  précieux  semble  devoir 
»  rester  toujours  à  la  merci  des  demi-sauvages  qui  la  prati- 
»  quent;  et,  si  l'on  ne  trouve  pas  quelque  moyen  efficace  de 
»  contre-balancer  cette  puissance  destructive,  nos  descendants 
»  auront  inévitablement  la  douleur,  sinon  de  voir  s'éleindre 
»  les  différentes  espèces  de  Quinquinas,  du  moins  de  ies  voir 
»  devenir  d'une  extrême  rareté.  »  ' 

Dans  son  Voyage  au  nord  de  la  /?o//iv'c, "Weddell  dit  encore  : 
«  Celui  qui,  en  Europe,  voit  arriver  ces  masses  énormes  et 
»  toujours  croissantes  de  quinquina,  peut  bien  croire  qu'il 
»  en  sera  toujours  ainsi;  mais  celui  qui,  dans  les  lieu>  mêmes 
D  où  le  Quin(juina  se  produit,  cherche  à  savoir  ce  qui  en  est, 
»  se  voit  obHgé  de  penser  autrement.  » 

(I)  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  dd  sciences^  XS.VI1, 
séance  du  11  juin  1869. 


CULTURE   DU    QUINQUINA    A    JAVA.  201 

Delondrc,  qui  visita  aussi  les  forêts  de  l'Amérique  méridio- 
nale, etBouchardat,  en  disent:  a  Ruiz  se  plaignait  amèrement, 
»  en  d792,  du  peu  de  soins  que  les  cascarilleros  apportaient 
»  à  l'exploitation  de  l'arbre.  »  — Et  plus  loin  :  «  En  descendant 
»  de  la  montagne,  je  ne  pus  m'empècher  de  déplorer  l'indiffé- 
B  rence  avec  laquelle  l'Indien  portait  des  coups  de  hache  à  une 
»  certaine  élévation  du  sol,  pour  n'avoir  point  la  peine  de  se 

»  courber Ils  abandonnent  aussi  le  tronc  à  la  naissance 

»  des  branches,  et  l'on  peut  calculer  que,  généralement,  on 
»  ne  récolle  pas  la  moitié  des  écorces  que  chaque  arbre 
»  pourrait  })roduire.  » 

La  crainte  que  le  jour  ne  vienne  où  le  quinquina  ne  sera 
plus  en  quantité  suffisante  pour  les  besoins  croissants  n'est 
donc  pas  sans  fondement  ;  et  déjà  le  prix  en  est  si  élevé 
(/lOO  francs  le  kilogramme  de  quinine),  qu'on  doit  craindre 
qu'il  ne  soit  bientôt  plus  à  la  portée  des  pauvres. 

En  vue  des  faits  et  des  considérations  qui  précèdent,  le 
gouvernement  néerlandais,  qui  voue  tous  ses  soins  au  déve- 
loppement et  à  l'administration  de  ses  belles  possessions  dans 
l'archipel  Indien,  sources  de  la  grandeur  et  de  la  richesse 
nationales,  a  pris  deux  mesures  dont  le  but  et  le  résultat 
méritent  d'être  connus  et  appréciés  parle  monde  civilisé. 

La  première  défend  la  culture  du  pavot  et  la  fabrication  de 
l'opium,  pour  que  les  indigènes  n'aient  pas  cette  drogue  sous 
la  main  ou  à  bon  marché.  Dans  le  même  but,  et  en  môme  temps 
dans  un  intérêt  liscal,le  gouvernement,  convaincu  qu'une  pro- 
hibition de  l'opium  de  l'Inde  anglaise  et  de  l'Asie  Mineure  ne 
pourrait  être  maintenue,  s'est  réservé  le  monopole  de  la  vente, 
en  l'aflermant,  par  voie  de  concurrence  publique,  aux  plus 
offrants;  de  sorte  que  le  prix  coûtant  en  est  au  moins  sextuplé, 
et  que,  par  là,  la  consommation  en  est  restreinte  autant  que 
possible. 

La  seconde  mesure  concerne  le  quinquina.  Dans  l'espoir 
de  combler  les  lacunes  que  la  diminution  des  arbres  dans 
TAmérique  méridionale  fait  éprouver  déjà,  et  menace  de  faire 
éprouver  encore  i)ien  davantage  dans  l'avenir;  dans  l'espoir 
donc  d'être  utile  à  l'humanité  et  d'enrichir  en  même  temps 


202       SOCIÉTÉ   IMPÉUIALI':    ZUULOOIQUE   d'ACCLIMATATION. 

sa  ijelle  colonie  d'une  nouvelle  culture  imporlantc,  le  gou- 
vernement néerlandais  a  pris  la  décision  d'introduire  sur  une 
grande  échelle,  dans  l'ile  de  Java,  la  culture  de  l'arbre  à 
quinquina,  en  y  appliquant,  quant  à  la  conservation  et  à  la 
coupe,  tous  les  progrès  que  la  science  et  l'expérience  ont  tait 
connaître.  Pour  accomplir  cette  belle  tâche,  il  n'a  épargné  ni 
soins,  ni  sacrifices.  Il  s'est  servi  de  naturalistes,  de  botanistes 
et  de  chimistes  avantageusement  connus,  pour  aller  chercher 
des  plantes  et  des  semences  dans  les  forêts  du  Pérou  et  de  la 
Bolivie,  les  transporter  à  Java,  et  y  soigner  leur  acclimatation, 
leur  croissance  et  leur  multiplication. 

Dans  la  séance  de  la  Société  d'acclimatation,  tenue  à  Paris 
le  5  juin  de  cette  année,  sous  la  présidence  de  mon  honorable 
ami  M.  Drouyn  de  Lhuys,  qui,  retiré  alors  encore  de  la  vie 
publique,  vouait  ses  loisirs  au  bien-être  matériel  de  son  pays, 
j'ai  été  invité,  par  l'assemblée,  à  fournir  des  renseignements 
sur  ce  que  la  Hollande  venait  de  faire  pour  l'introduction  de 
la  culture  du  Quinquina  à  Java;  sur  les  résultats  déjà  obtenus 
et  sur  les  espérances  qu'on  peut  avoir  d'une  réussite  complète. 
J'en  ai  pris  alors  l'engagement  sans  trop  calculer  si  je  pour- 
rais convenablement  remplir  la  tâche  que  j'assumais;  mais 
promesse  oblige.  Et  comment  aurais-je  pu  me  soustraire  au 
désir  exprimé  par  mes  honorables  collègues,  les  membres  de 
la  Société  d'acclimatation  réunis  dans  la  salle  de  ses  conseils? 

Je  savais  que  c'est  un  Français,  le  célèbre  de  la  Gondamine, 
qui,  envoyé  en  1736,  avec  Godin  et  Bouguer,  à  Quito,  pour 
mesurer  une  partie  d'un  méridien  sous  l'équaleur,  alîn  de 
déterminer  la  grandeur  et  la  surface  de  notre  globe,  fixa  le 
premier  son  attention  sur  les  différentes  espèces  d'écorces  de 
quinquina,  sur  les  arbres  qui  les  produisent,  et  sur  les  lieux  où 
on  les  trouve  ;  qui,  le  premier,  jiublia  là-dessus  des  rensei- 
gnements positifs  dans  son  ouvrage  intitulé:  Relation  abrégée 
d'un  iwyar/e  fait  dans  r intérieur  de  V Amérique  méridionale 
(Paris,  17Zi5),  et  qui  en  rapporta  de  jeunes  plants  et  des 
semences  destinés  à  être  transplantés  à Gayenne  et  en  France; 
mais  qui  eut  la  douleur  de  voir  les  flots  engloutir  ces  plantes 
et  les  semences  ne  pas  réussir. 


CULTURE  DU  UUINUUINA  A  JAVA.  203 

Un  autre  Français,  Joseph  Jussieii,  qui  passa  plus  de  trente 
années  de  sa  vie  dans  l'Amérique  méridionale,  s'appliqua 
également  à  des  recherches  du  môme  genre  ;  malheureuse- 
ment, des  résultats  de  ses  observations,  il  n'est  venu  à  la 
connaissance  de  la  postérité  que  le.  rapport  concis  qu'on  en 
trouve  dans  V Histoire  de  la  Société  royale  de  médecine, 
année  1779,  sous  le  titre  de  :  Réflexions  sur  deux  espèces 
de  Quinquina  découvertes  nouvellement  aux  environs  de 
Santa-Fé. 

D'autres  Français  contribuèrent  d'une  autre  manière  à 
utiliser  davantage  encore  pour  riiumanité  l'écorce  do  quin- 
quina, et  couronnèrent  par  là,  en  quelque  sorte,  ce  que  de 
la  Gondamine  avait,  commencé.  Ce  furent  Pelletier  et  Caven- 
tou  qui,  en  1820,  firent  la  découverte,  si  importante  pour  la 
science  médicale,  du  procédé  pour  séparer  le  principe  actif 
de  l'écorce,  ou  quinine.  Grâce  à  cette  découverte,  il  n'existe 
plus  d'incertitude  k  l'égard  de  la  substance;  toute  falsification 
peut  être  découverte  et  constatée.  L'estomac  du  malade  n'est 
plus  chargé  inutilement  des  parties  ligneuses  de  l'écorce,  et 
le  médecin  peut  déterminer  la  quantité  exacte  de  quinine  à 
administrer  au  malade;  ce  qui  n'est  pas  le  cas  avec  l'écorce  de 
quin(iuina,  dont  la  richesse  en  quinine  ne  peut  être  évaluée 
qu'approximativemcnt . 

La  France  donc  a  droit  à  la  reconnaissance  du  monde 
civilisé,  parce  que  ce  sont  des  Français  qui  ont  posé  les 
premiers  jalons  de  la  quinologie  ;  mais  elle  y  a  droit  plus 
spécialement  encore  de  la  part  de  la  Hollande.  Je  dois  à  la 
vérité  de  mentionner  ici,  que  c'est  à  la  France  que  nous 
devons  le  premier  arbre  à  quinquina  de  la  meilleure  espèce 
(calisaya),  qui  a  été  importé  et  planté  h  Java.  C'est  en  1850 
que  feu  le  professeur  de  botanique  de  Vriese  reçut  à  Paris, 
de  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  la  jeune  plante  en  échange  contre 
des  plantes  javanaises.  Elle  fut  d'abord  cultivée  dans  le  jardin 
botanique  de  Leyde,  jusqu'à  la  hauteur  de  0'",75,  et  envoyée 
alors  à  Java,  dans  une  caisse  nouvellement  inventée,  d'après 
le  système  deWard;  elle  y  réussit  d'abord,  mais  mourut 
plus  tard.  Mais  on  l'avait  propagée  au  moyen  de  boutures, 


20/|       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D'aCCLIMATATION. 

et  l'on  en  compte  aujourd'hui  plusieurs  rejetons  en  pleine 
croissance. 

Avant  de  procéder  à  l'accomplissement  de  ma  tâche,  je 
donnerai  quelques  détails  sur  la  culture  du  Quinquina  dans 
son  pays  natal,  jiour  servir  de  point  de  départ  et  de  termes 
de  comparaison  avec  ce  que  le  gouvernement  néerlandais 
vient  de  faire  à  Java.  Mais  je  puis  être  court  :  je  parle  aux 
membres  de  la  Société  d'acclimatation  et  aux  compatriotes  de 
de  la  Condamine  et  de  Delondre  ,  qui  aujourd'hui  occupent 
un  premier  rang  parmi  les  quinologues. 

C'est  Linné  qui  donna  aux  arbres  dont  l'écorce  renferme 
la  quinine  le  nom  générique  de  Cinchona.,  du  nom  de  la 
comtesse  del  Cinchon,  femme  d'un  vice-roi  du  Pérou.  Cette 
dame,  après  avoir  longtemps  soufl'ertde  fièvres  intermittentes, 
en  fut  guérie  par  l'emploi  du  quinijuina,  qu'un  corrégidor  de 
Loxa  lui  avait  conseillé.  Lors  de  son  retour  en  Eurojje,  elle  y 
apporta  une  certaine  quantité  de  (juiiKjuina,  qu'elle  distribua 
en  poudre  aux  malades  ;  de,  là  le  nom  de  pondre  de  la  com- 
tesse, sous  lequel  le  quinquina  fut  connu  d'abord.  Plus  tard 
les  missionnaires  jésuites  en  envoyèrent  de  plus  grandes 
quantités  encore  à  Rome,  d'où  il  se  réj)andil  en  Italie  et  dans 
toute  l'Europe,  ce  qui  donna  lieu  à  la  dénomination  de  poudre 
des  jésuites.  11  fut  aussi  connu  sous  le  nom  de  poudre  de 
Ta/bot,  d'après  le  médecin  de  ce  nom  qui  guérit  le  dauphin 
de  France  par  son  arcamim. 

Jus(|u'alors  (m  avait  fait  un  secret  de  la  substance  de 
ce  médicament;  mais  Louis  XIV  le  lui  acheta  et  le  lit 
publier. 

Comme  nous  venons  de  le  voir,  on  employa  d'abord  le 
quinijuina  en  poudre.  Cependant  le  sel  du  (juinquina  était 
déjà  connu  en  17^9;  on  lit  dans  le  Journal  du  voyage  fait 
par  ordre  du  Roi  à  réquateur,  servant  d'introductio?î  histo- 
rique à  la  mesure  des  trois  premiers  degrés  du  méridien,  par 
de  la  Condamine  (Paris,  1751),  page  186  :  a  La  récolte  du 
»  (juinquina  faisait  le  principal  revenu  de  mon  hôte,  qui  avait 
»  ses  terres  dans  un  des  bons  cantons  ;  j'y  lis  ma  provision 
»  de  celui  de  la  meilleure  espèce;  il  me  donna  de  Y  extrait 


CULTURE  DU  QUINQUINA  A  JAVA.  205 

ï>  Cl  du  sel  (1)  tiré  de  cette  écorce  encore  récente  par  le  pro- 
»  cédé  que  lui  avait  enseigné  M.  de  Jussieu  pendant  le  séjour 
5)  qu'il  avait  fait  dans  ce  même  lieu  en  1739.  Je  n'ai  pas  eu 
D  occasion  de  faire  usage  du  sel,  mais  l'écorce  et  l'extrait  ont 
»  guéri  de  la  fièvre  tous  ceux  à  qui  j'en  ai  donné  au  Para, 
s  à  Cayenne,  et  sur  le  vaisseau  hollandais  qui  m'a  passé  en 
»  Europe.  » 

Par  les  explorations  qu'après  de  la  Condamine  ont  faites 
Mutis,  Ruiz,  Pavon,  de  Humboldt  et  Bonpland,  et  en  dernier 
lieu  Weddell  et  Dclondre ,  la  géographie  de  la  région  des 
Cinchonas,  comme  de  Ilurnholdt  l'appelle,  a  fait  de  grands 
progrès  :  elle  s'étend  du  10"  degré  de  latitude  septentrionale 
au  19^  degré  de  latitude  méridionale,  sur  une  largeur  de 
9  degrés  de  longitude.  Weddell  évalue  à  2000  milles  carrés 
le  domaine  propre  à  la  végétation  de  cet  arbre. 

On  connaît  aujourd'hui  21  espèces  de  Cinchonas,  toutes 
réputées  véritables.  DeJondre  et  Bouchardat  ont  enrichi  la 
science  de  la  quinologie  d'un  tableau  analytique  et  comparatif 
de  la  contenance  de  quinine  et  de  quinoïdinc  des  diflérentes 
espèces. 

Chaque  espèce  a  ses  exigences  de  terrain,  d'élévation  et  de 
température.  Poppig  {ReiseinCInliund  Peru,  Leipzig-,  1836) 
donne  là-dessus  des  indications  très  intéressantes.  Il  dit, 
entre  autres,  que  plus  le  lieu  où  se  trouve  l'arbre  h  quinquina 
est  élevé,  plus  l'écorce  est  active;  et  que  plus  on  descend 
dans  la  vallée,  moins  l'écorce  a  de  valeur.  Il  attache  aussi  un 
grand  prix  à  un  sol  pierreux. 

Quant  k  l'élévation  de  la  zone,  elle  est  au-dessus  de  celle  des 
palmiers  et  des  bananiers;  on  trouve  les  Cinchonas  avec  les 
fougères,  entre  1200  et  3000  mètres. 

Pour  le  C.  calismja,  la  meilleure  de  toutes  les  espèces, 
Weddell  fixe  l'élévation  requise  de  /lOOO  à  5000  pieds.  Il  faut 
observer  toutefois  que  cette  espèce  croît  dans  la  partie  méri- 
dionale du  Pérou  et  en  Bolivie,  non  loin  des  tropiques,  où  la 

(1)  Je  laisse  ù  rapprccialion  des  hommes  coinpétenis  la  question  de  savoir 
jusqu'à  quel  point  le  sel  doul  parle  de  la  Condamine  est  identique  avec  la 
quinine. 


206        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

température  moyenne  est  déjà  plus  basse  que  près  de  l'équa- 
leur.  Le  C .  de  Loxa  se  trouve  à  des  élévations  de  (3000  à 
7000  pieds.  Les  C.  ohlongifolia  et  caduclfolia  descendent 
le  plus  bas  dans  la  vallée.  De  Humboldt  trouva  de  grands 
arbres  Condaminea  var.  lancifolia  à  9100  pieds,  et  Inngifolia, 
à  '2270  pieds. 

Mais  l'élévation  seule  ne  décide  pas  la  localité  qui  convient 
aux  ditîérentcs  espèces  ;  il  faut  une  coïncidence  de  circon- 
stances pour  en  déterminer  le  choix. 

Quant  à  la  température,  les  données  sont  encore  très 
incomplètes.  De  Humboldt  assigne  aux  C.  Condaminea  une 
température  moyenne  de  16  degrés  Uéaumur  (20  degrés  cen- 
ligr.),  aux  lancifolia  et  ovalifolia  une  température  beaucoup 
moindre;  tandis  que  les  C.  oblongifulia  et  caduclfolia  des- 
cendent le  plus  bas  dans  la  vallée. 

Hasskarl  (le  môme  qui  fut  envoyé  par  le  gouvernement 
néerlandais  au  Pérou  et  en  Bolivie,  et  dont  je  parlerai  plus 
tard)  assigne  aux  C.  calisaya,  en  Bolivie,  une  température 
moyenne  de  00  degrés  Fahrenheit  (16  degrés  centigr.),  et 
même  plus  basse,  jusqu'à  50  degrés  Fahr.  (10  degrés  centigr.) . 

Si,  sans  contredit,  le  C.  calisaya  est  le  plus  riche  en  quinine, 
il  serait  injuste  d'en  conclure  que  les  autres  espèces  soient 
sans  valeur.  Le  Quinquina  rouge  de  l'Equateur,  le  jaune  de 
Santa-Fé,  de  Pilayo  et  de  Garthagène,  en  contiennent  aussi 
beaucoup.  Toutes  les  espèces  qui  contiennent  peu  de  quinine 
méritent  moins  notre  attention  ;  car,  en  admettant  que  leur 
écorce  puisse  servir  dans  certains  cas,  sous  la  forme  de  décoc- 
tion ou  d'extrait,  comme  tonique,  il  ne  faut  pas  jierdre  de 
vue  qu'elles  sont  impuissantes  contre  les  lièvres  malignes, 
pour  lesquelles  il  n'y  a  d'elTicace  que  le  principe  actif,  la 
quinine. 

{La  suite  proiluiinciiu-nt.) 


II.  EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX 
DES  SÉANCES  GÉNÉIIALES   DE   LA  SOCIÉTÉ. 


SIÎANCE   DU    G   JIAUS    18G3. 
Présidence  de  M.  de  Quatrefages,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  est  adopté. 

—  M.  le  Président  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  qui 
lui  a  été  adressée  par  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys,  ministre 
des  affaires  étrangères  et  président  de  la  Société. 

«  Monsieur  le  Vice-Président  et  cher  collègue,         ,   .• 

j)  Je  viens  vous  prier  de  transmettre  à  nos  affectionnés  con- 
frères l'assurance  de  ma  vive  et  profonde  gratilude  pour 
l'honneur  qu'ils  ont  iiien  voulu  me  faire  de  m'appeler  de 
nouveau  à  la  Présidence  de  notre  Société  impériale  d'acclima- 
tation. Je  regrette  sincèrement  qu'une  circonstance  imprévue 
me  prive  du  plaisir  d'aller  leur  olTrir  moi-même  mes  remer- 
cîments  dans  la  séance  d'aujourd'hui.  Veuillez,  du  moins, 
leur  assurer  que  si  mes  occupations  actuelles  me  retiennent 
en  ce  moment  loin  d'eux,  je  reste  et  resterai  toujours  tout 
dévoué  à  notre  œuvre,  dont  personne  plus  que  moi  n'apprécie 
l'action  bienfaisante  et  la  haute  portée.  Je  suis  d'autant  plus 
sensible  h  ce  témoignage  de  confiance  et  de  cordiale  sympa- 
thie de  nos  confrères,  j'en  suis  d'autant  plus  heureux,  que  je 
me  plais  h  reconnaître,  comme  vous  le  reconnaissez  avec  moi, 
que  cette  constante  et  ferme  union  qui  rattache  à  une  même 
pensée,  dans  tous  les  pays  de  l'univers,  les  membres  de  notre 
Société,  est  la  garantie  la  plus  certaine  de  son  succès.  C'est, 
en  effet,  par  la  concentration  de  nos  efforts  à  tous  vers  un  but 
commun,  que  nous  accomplirons  cette  noble  et  généreuse 
mission  à  laquelle  je  suis  fier  d'apporter  mon  concours. 

»  Veuillez  agréer,  etc. 

»  Le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation, 
.  »  Signé  :   Drouyn  DE  LnuYS.» 


208      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

—  M.  de  Qualrefages,  après  cette  lecture,  s'adresse  à  l'as- 
semblée en  ces  termes  :  . 

«  Avant  même  de  donner  la  parole  à  M.  le  secrétaire,  je 
vous  demande  la  permission  de  la  prendre  moi-même. 

»  En  m'asseyant  pour  la  première  fois  dans  le  fauteuil  de 
la  présidence,  j'ai  hàtc  de  remercier  la  Société,  qui  a  bien 
voulu  m'y  appeler.  Soyez  certains,  messieurs,  que  j'ai  senti 
toute  la  valeur  de  vos  suffrages.  Comme  membre  delà  Société, 
je  ne  pouvais  qu'en  être  profondément  reconnaissant;  car 
depuis  longtemps,  et  par  suite  de  circonstances  diverses,  je 
n'ai  pu  paraître  que  bien  rarement  à  nos  séances  générales. 
Permettez-moi  toutefois  d'ajouter  que  j'assistais  à  peu  près 
régulièrement  aux  séances  du  Conseil.  Forcé  d'économiser 
le  temps,  j'allais  là  où  je  croyais  pouvoir  être  le  plus  utile. 
Mais  vous  pouviez  l'ignorer,  et  votre  vote  a  été  comme  un 
appel  aussi  bienveillant  qu'bonorable  qui  m'a  sérieusement 
touché. 

»  Laissez-moi  vous  dire  que  je  m'en  suis  réjouis  à  un  autre 
point  de  vue.  Depuis  la  mort  de  notre  regretté  Président,  le 
Muséum  n'était  plus  représenté  dans  votre  Bureau.  Or,  la  pen- 
sée de  l'acclimatation  est  sortie  du  Muséum  ;  le  chef  premier 
de  la  Société  et  du  Jardin  d'acclimatation  avait  été  un  profes- 
seur duMuséum,  Geoffroy  Saint-Hilaire.  Vous  savez  tous  quelle 
affection  il  portait  aux  trois  institutions.  Il  y  avait  peut-être 
quelque  chose  d'étrange  à  ce  que  la  Société  ne  comptât  plus 
un  seul  professeur  du  Muséum  parmi  ses  officiers.  Votre  der- 
nier vote  a  changé  cet  état  de  choses;  il  a  répondu,  j'en  suis 
certain,  aux  sentiments  qui  furent  ceux  de  Geoffroy;  et,  — 
passez-moi  l'expression,  —  il  a  renoué  la  chaîne  des  traditions 
de  la  Société.  Ici  je  fais,  bien  entendu,  abstraction  des  per- 
sonnes. Mais  il  m'est  permis  d'être  heureux  d'avoir  été  l'oc- 
casion de  cet  événement,  et  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire 
combien  je  m'efforcerai  de  resserrer  des  liens  que  rien  ne 
doit  rompre.  Mes  écrits  et  mes  actes  passés  répondent  ici  de 
l'avenir. 
»  Mon  seul  regret  sera  de  ne  pouvoir  remplir  comme  je 


Pr.nCÈS-VFRBAUX,  OQÇ) 

l'aurais  voulu  les  fonctions  que  vous  venez  de  me  confier.  Per- 
mettez-moi, à  cet  égard,  quelques  explications  personnelles.  Je 
suis  chargé,  au  Muséum,  de  V  histoire  naturelle  de  F  Homme. 
En  d'autres  termes,  tandis  que  tous  mes  collègues  professent 
des  sciences  déjà  assises  et  qui  n'ont  plus  qu'à  se  développer, 
j'ai,  moi,  à  enseigner  une  science  qui  est  seulement  en  voie  de 
se  faire,  et  dont  les  éléments  ne  sont  pas  encore  coordonnés. 
De  ce  fait  seul  résulte  pour  le  professeur  un  surcroît  de  tra- 
vail dont  il  est  difficile  de  se  faire  une  idée.  Il  est  forcé  d'être 
à  la  fois  architecte  et  manouvrier.  Aussi,  tant  que  dure  mon 
enseignement,  je  suis  obligé  de  lui  consacrer  mes  jours  et  mes 
nuits.  Si  alors  vous  me  voyez  manquer  à  nos  séances,  veuillez 
ne  pas  m'accuser  de  défaut  de  zèle,  et  soyez  certains  que,  ce 
temps  de  travail  obligatoire  passé,  vous  me  retrouverez  prêta 
remplir  du  mieux  qu'il  me  sera  possible  la  tâche  honorable 
que  m'impose  votre  confiance. 

»  Recevez  encore  une  fois,  messieurs,  mes  bien  sincères 
remercîments.  » 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 


MM 


Benazet  (Théodore),  au  château  de  la  Roche-Bellusson, 

par  le  Blanc  (Indre),  et  à  Paris. 
BouiLLOUD  (Louis) ,  arbitre  du  commerce,  à  Bône (Algérie). 
BoYVEAU  (A.),  propriétaire,  à  Paris. 
CoLLiN  (Charles), fabricantdeproduits  chimiques, à  Paris. 
Cramail  (Adrien),  maire  de  Rueil  (Seine-et-Oise),  et  à 

Paris. 

DucGMMUN  (Henri-François),  propriétaire,  à  la  Chau.x-de- 

Fonds  (Suisse). 
IsTURiTz  (S.  Exe.  don  Xavier  de),  ambassadeur  de  Sa 

Majesté  Catholique,  à  Paris. 
KoTSCHUDEY  (le  prince),  grand  maître  de  la  maison  de 

S.  A.  I.  Mgr  le  grand-duc  Michel,  à  Paris. 
Lefèvre  (Amable),  négociant,  à  New-York. 
Le  Moyne,  ministre  plénipotentiaire,  à  Paris. 

T.  X.   ~  Avril  1K(i:i.  .  j^ 


210      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

MM.  Marqués  Lisboa,  envoyé  extraordinaire,  ministre  pléni- 
potentiaire de  S.  M.  l'Empereur  du  Brésil,  à  Paris. 

Mège  (le  docteur  Jean-Baptiste),  à  Paris. 

Messager  (Prosper),  propriétaire,  à  Sainl-Denis  du  Sig, 
province  d'Oran  ^Algérie). 

Sandford,  ministre  des  Etats-Unis,  à  Bruxelles. 

M.  le  Président  annonce  ensuite  que  la  Société  (Va(/rl- 

ailture,  sciences  et  arts  de  Meaux,el  la  Société  ira(/ri.calture 
du  département  du  Pas-de-Calais  ont,  sur  leur  demande,  été 
admises,  parle  Conseil,  au  nombre  des  Sociétés  agrégées. 

Des  remercîments  pour  leur  récente  admission  sont 

adressés  par  MM.  Desbarats,  Gimet,  Manrique,  de  Surigny, 
comte  de  Goltz,  Savardan,  Penel,  baron  de  Reinart,  le  Moyne. 

MM.  Cbevallereau,  Leprelle  et  Powerscourt  adressent 

leurs  remercîments  pour  les  récompenses  qui  leur  ont  été 

accordées. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  aiïaires  étrangères  annonce 
que  M.  Delaporte,  consul  général  de  France  à  Bagdad,  a  lait  une 
collection  d'oiseaux  intéressants  pour  le  Jardin  d'acclimatation. 
M.  Delaporte  garde  pendant  quelque  temps,  pour  qu'ils  puis- 
sent plus  facilement  supporter  le  voyage,  ces  oiseaux  réunis 
par  paires,  parmi  lesquels  on  dislingue  des  Fraiicolins  d'Asie, 
des  Perdrix  d'Arabie,  des  Oies  rouges,  des  Houbaras,  des 
Poules  de  l'Eupbratc,  des  Bécassines  de  Ilindié,  etc. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  aiïaires  étrangères  transmet  les 
offres  de  services  de  M.  le  comte  de  Mulinen,  secrétaire  de 
légation  à  Rio-Janeiro,  pour  procurera  la  Société  les  animaux 
du  Brésil  qui  pourraient  l'intéresser. 

—  S.  E\c.  le  gouverneur  général  de  l'Algérie  annonce  qu'il 
vient  de  faire  acheter  150  kilogr.  de  graine  de  Coton  longue 
soie  pour  répondre  à  la  demande  de  la  Société  d'agriculture 
de  Vauclusc. 

—  M.  de  Caumont  annonce  la  prochaine  réunion  du  con- 
grès de  l'Institut  des  provinces  pour  le  18  mars,  et  prie  la 
Société  de  désignei'  quelques-uns  de  ses  membres  pour  la 
leprèsenter  à  scsst'ances. 


PROCÈS-VERBAUX.  211 

—  M.  le  docteur  Poiichet,  délégué  de  la  Société,  transmet 
un  numéro  du  Xoiive/listr  de  Rouen,  renlermant  la  liste  des 
souscriptions  qu'il  a  recueillies  pour  l'érection  de  la  statue 
de  Daubenton,  et  qui  s'élèvent  à  la  somme  de  1066  francs. 

■ —  M.  Bosquillon  de  Jenlis  transmet,  au  nom  de  la  première 
Section, un  extrait  du  procès-verbal,  renfermant  le  désir  qu'elle 
exprime  que  des  renseignements  précis  soient  demandés  par 
la  Société  à  M.  Roux  sur  les  Léporides,  animaux  sur  la  pro- 
venance réelle  desquels  des  doutes  unanimes  se  sont  élevés. 

—  A  ce  sujet,  quelques  renseignements  sont  donnés  par 
MM.  de  Qiiatrcfages,  Riifz  de  Lavison,  Guérin-Méneville  et 
Richard,  desquels  il  résulte  que  jusqu'à  j)résent  rien  n'au- 
torise à  penser  que  ces  animaux,  mis  dans  le  commerce  par 
M.  Roux,  sous  le  nom  de  Ij'pnrtdes,  soient  réellement  le  pro- 
duit du  croisement  du  Lièvre  et  du  Lapin,  mais  qu'il  est  plus 
probable  qu'ils  appartiennent  à  une  race  particulière  de  Lapins, 
comme  celle  des  Lopins-lièvres  de  la  vallée  du  Rhône. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  docteur  Pigeaux,  la  Société, 
considérant  que  déjà  plusieurs  demandes  de  renseignements 
ont  été  faites  à  M.  Roux,  et  sont  restées  sans  réponse,  décide 
qu'elle  passe  à  l'ordre  du  jour. 

—  M.  le  vicomte  de  Morteuil  annonce  la  naissance  de  deux 
jeunes  Boucs  et  de  deux  Chèvres  d'Angora. 

—  MM.  Billon  et  Fcilsch  adressent  un  Mémoire  sur  le  sel  et 
son  application  à  l'élève  des  bestiaux. 

—  M.  Faudon  (de  Saint-Paul)  transmet  de  nouveaux  ren- 
seignements sur  les  métis  d'Yaks  élevés  dans  la  vallée  de 
Barcelonnette,  et  fait  remarquer  combien  est  regrettable  la 
répulsion  des  habitants  du  pays  pour  ces  produits  de  croise- 
ments, qui  méritent  d'être  étudiés. 

—  M.  Richard  (du  Canlal)  rappelle  que  les  métis  d'Yaks 
sont  d'une  vivacité  extrême,  et  croit  que  ces  animaux,  qui 
donnent  moins  de  lait  que  nos  vaches  de  France,  devront  être 
plus  spécialement  employés  comme  animaux  poripurs,  plutôt 
que  comme  bêles  de  Irail.  A  l'appui  des  faits  qu'il  avait  déjà 
signalés  pour  prouver  la  vivacité  des  métis  d'Yaks,  M.  Richard 
en  appelle  au  témoignage  de  M.  Jacqucmarl,   clie/  qui    les 


212      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

animaux  qui  lui  ont  été  confiés  franchissent  très  facilement  des 
barrières  hautes  de  1  mètre  30  centimètres. 

—  M.  Latbn,  de  Sainte-Soulle (Charente-Inférieure),  adresse 
une  demande  de  Chèvres  d'Angora. 

—  M.  Gellineau,  de  la  Cigogne  (Charente), demande  à  être 
inscrit  au  nombre  des  personnes  auxquelles  la  Société  confiera 
des  Moutons  Ong-ti.  - 

—  M.  Benjamin  Barbé,  propriétaire  à  Capverne  (Hautes- 
Pyrénées),  prie  la  Société  de  lui  confier  quelques  Chèvres 
d'Angora. 

—  Vlllustrated  London  Neivs  du  28  février  annonce  que, 
grâce  à  un  envoi  de  M.  le  docteur  Mueller,  la  collection 
d'Oiseaux  de  Regent's  Park,  à  Londres,  s'est  enrichie  d'une 
paire  d'Alouettes  pies  d'Australie,  et  que  ces  animaux,  qu'on 
n'avait  pas  encore  vus  en  Europe,  paraissent  se  trouver  très 
bien  de  leur  séjour  dans  un  des  bassins  de  Regent's  Park. 

—  M.  le  Président  fait  connaître  à  la  Société  que  pour  re- 
connaître les  nombreux  services  rendus  à  l'histoire  naturelle 
par  M.  Mueller,  le  Muséum  lui  a  décerné  récemment  le  titre 
de  membre  correspondant. 

—  M.  Rufz  de  Lavison  transmet  une  lettre  de  M.  Granié 
(de  Toulouse)  sur  l'élevage  des  Gallinacés,  et  quelques  obser- 
vations de  M.  Simiersur  les  expositions  de  volatiles  au  Jardin 
d'acclimatation. 

—  M.  René  Caillaud  transmet  une  Note  sur  les  travaux  de 
pisciculture  de  M.  Chevallereau,  et  des  renseignements  sur 
les  précautions  à  prendre  pour  la  réussite  de  la  tentative  pro- 
jetée de  l'introduction  à  l'île  de  la  Réunion  de  la  Truite  et  du 
Saumon. 

—  M.  Carbonnier  présente  à  la  Société  un  Mémoire  sur  les 
moyens  qu'il  emploie  pour  transporter  vivants  les  Poissons,  et 
donne  quelques  détails  sur  son  procédé.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Millet  fait  observer  que  ce  procédé  ne  peut  s'appU- 
quer  qu'aux  Poissons  d'eau  dormante,  mais  que  pour  ceux  de 
ces  animaux  chez  lesquels  la  respiration  est  très  active,  il 
faudra  avoir  recours  nécessairement  au  moyen  qu'il  a  indi- 
qué d'avoir  l'eau  par  insullîation,  moyen  qui  a  été  mis  avan- 


PROCES-VERBAUX.  213 

tagcusement  en  usage  par  plusieurs  personnes,  et  notamment 
par  le  pécheur  Vançon. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  annonce 
la  réception  des  cocons  de  Bombyx  Cecropia,  et  des  graines 
à'Asclepias,  destinés  à  la  Société  par  M.  Gauldréc-Boilleau. 

—  M,  Guérin-Méneville  transmet  son  Rapport  sur  la  distri- 
bution des  graines  de  Bombyx  Ya-ma-maï  à  différents  mem- 
bres de  la  Société. 

—  M.  Sacc  annonce  que  S.  M.  le  roi  de  ^Yurtemberg  a 
reçu  une  collection  de  graines,  en  très  bon  état,  de  Bombyx 
Ya-mn-maï,  et  croit  qu'il  est  très  important  d'en  faire  l'édu- 
cation en  plein  air. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet 
une  lettre  de  MM.  Fulsch  et  Teissonnière,  annonçant  le  départ 
de  M.  Teissonnière  pour  le  Caucase,  où  il  va  chercher  de  nou- 
velles graines  de  Versa  soie. 

—  M.  Chavannes  adresse  une  demande  de  graines  d' Ya-ma- 
maï,  et  dit  qu'il  est  fort  probable,  d'après  les  analogies,  que 
sa  chenille  se  nourrirait  bien  des  feuilles  du  Cognassier. 

—  MM.  Zanardini,  Giordani  et  Muraire  adressent  des  de- 
mandes de  graines  de  Bombyx. 

—  MM.  Maumenet  et  Ligouhne  offrent  leurs  remercîments 
pour  les  graines  de  Vers  à  soie  qu'ils  ont  reçues. 

—  M.  Gelot  annonce  qu'il  va  faire  commencer  inces- 
samment des  études  du  dévidage  des  cocons  du  Bombyx  du 
Ricin,  sur  les  2  kilogrammes  qui  lui  ont  été  confiés  par  la 
Société. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet 
un  Mémoire  de  M.  Chevalier  le  Moyne,  ministre  plénipoten- 
tiaire en  retraite,  sur  diverses  cultures  de  l'Égvpte. 

—  Des  graines  de  diflerentes  espèces  sont  offertes  à  la  Société 
par  MM.  Manrique,  Nicolas,  Imhaus,  Chagot  aîné. 

— M.  Marqués  Lisboa,  ministre  du  Brésil  à  Paris,  remercie 
la  Société  pour  les  plants  et  greffes  de  Marronniers  qui  ont  été 
adressés  à  son  gouvernement. 

—  MM.  Brierre,  Althammer,  Huzard,  Lcmercier,  Lecler, 
Sursol,  comte  de  Montlessuy,  Louvier,  adressent  des  demandes 


*2l/i         SOCIÉTÉ    IMPÉHIALE   ZOULOGIQUK   d'aCGLIMATATION. 

(le  graines  et  plantes,  ainsi  que  les  Sociétés  centrale^  d'agri' 
culliire  de  Belgique  et  agricole  de  Brioude. 

—  M.  Poulain  de  Bossay  écrit  pour  engager  à  tenter  en 
grand  la  culture  des  Ascicpias  comme  succédanés  du  Colon, 
ainsi  que  celle  de  plusieurs  autres  plantes  à  fdaments  soyeux. 

Des  observations  laites  par  M.  Moquin-Tandon,  il  résulte 
que  ces  filaments  sont  trop  lisses  pour  pouvuir  être  utilisés 
avantageusement. 

—  M.  le  professeur  Jules  Gloquet  fait  hommage  à  la  Société 
d'une  thèse  de  M.  le  docteur  Demarle  sur  la  Coca. 

—  M.  Fréd.  Jacquemart  donne  lecture  du  rapport  sur  la 
situation  financière  de  la  Société.  (Voy.  au  Bulletin.) 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

—  M.  David  fait  hommage  à  la  Société  d'une  certaine  quan- 
tité de  Pommes  de  terre,  dites  d'Australie,  provenant  de  ses 
cultures. 

—  M.  Ramon  de  la  Sagra  dépose  une  Notice  des  travaux 
inédits  des  botanistes  et  des  naturalistes  voyageurs  espa- 
gnols ,  dont  la  publication  pourrait  faire  connaître  des 
espèces  d'animaux  et  de  plantes  utiles  à  acclimater.  (Voyez 
au  Bulletin.) 

—  M.  Richard  (du  Cantal)  complète  la  communication  qu'il 
avait  faite  dans  la  dernière  séance  sur  les  fromages  façon 
Hollande,  faits  dans  le  Cantal,  et  présente  un  spécimen  de 
sa  fabrication,  dont  la  dégustation  est  renvoyéeà  une  Com- 
mission. 

—  M.  AVallut  lit,  au  nom  de  la  3'  Section,  un  Rapport 
sur  le  mémoire  de  M.  Lamiral  sur  les  madragues  et  leur  réta- 
blissement sur  nos  côtes  méditerranéennes. 

Après  quelques  observations  confirmatives  de  M.  J.  Glo- 
quet, les  conclusions  de  ce  rapport  sont  adoptées. 
La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 


ti* 


rUOCÈS-VERLAUX.  215 

SÉANCE  DU   20  AiAns  1863. 
■'  Présidence  de  M.  Dkoi!\n  de  Lhuys,  président. 

Le  procès-verbal  est  lu  et  adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms   des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  BouuGOiN,  président  du  tribunal,  propriétaire,  à  Cliam- 

platreux,  commune  de  Saintry,  prés  de  Corbeil  (Seine- 

et-Oise). 
BouTAREL,  manufacturier,  à  Paris. 
Dupont  (le  docteur  Jean-Baptiste),  propriétaire,  à  Tingry, 

par  Samer  (Pas-de-Calais). 
GiNOT   (Jules),  agriculteur,  à  Soulages,  près  de  Saint- 

Chamond  (Loire). 
Guir.ÂiiD  (le  baron  de),  à  Paris. 
Lamy   (Victor),  propriétaire,   au  cliàteau  d'IIéritot,  par 

Trouarn  (Calvados),  et  à  Paris. 
Lefèvre  (.Amable),  négociant,  à  New-York. 
Lejeune  (le  docteur),  à  Paris. 
Maumy  (Jules),  négociant,  à  Paris. 
Serbat,  cbimiste  manufacturier,  à  Paris. 
SuDDA  (Dclla),  étudiant  en  médecine,  à  Constantinople  et 

à  Paris. 

—  Des  remcrcîments  pour  leur  récente  admission  sont 
adressés  par  MM.  Sandford,  ministre  des  États-Unis  à  Bruxelles, 
Cottle,  Zlick  et  Marqués  Lisboa. 

—  M.  Pbilippe  (de  Saint-Mandrier)  adresse  ses  remercîments 
pour  la  médaille  qui  lui  a  été  décernée  dans  la  séance  du 
10  février  1863. 

—  La  Société  centrale  d'agriculture  du  Pas-de-Calais  offre 
ses  remercîments  pour  sa  récente  admission  comme  Société 
agrégée. 

—  M.  Gauldrée-Boilleau,  consul  général  à  Québec,  f;ut 
hommage  à  la  Société  de  deux  ouvrages  rendant  compte  des 
expéditions  effectuées  au  nord-ouest  du  Canada  par  MM.  Daw- 


216        SOCIÉTÉ    IMrÉUlALE    ZOULUGIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

son  et  Henry  Goule  Hond.  Il  annonce  également  qu'il  va  faire 
tous  ses  efforts  pour  procurer  à  la  Société  les  meilleures 
espèces  fruitières  du  Canada,  susceptibles  d'être  acclimatées 
en  France.  — Remercîmenls. 

—  M.  Laurent  Cochelet,  consul  de  France  à  l'Assomption 
(Paraguay),  fait  ses  offres  de  services  à  la  Société.  — Remer- 
cîments. 

—  M.  Berg,  délégué  de  la  Société,  et  M.  Manès,  écrivent  pour 
demander  l'appui  delà  Société  auprès  du  gouvernement,  atin 
d'obtenir  pour  le  comité  colonial  de  la  Réunion  la  concession 
du  jardin  botanique  de  Saint-Denis  et  le  concours  des  autorités 
de  l'île.  Ils  annoncent  également  la  perte  que  le  comité  vient 
de  faire  de  son  président,  M.  de  Rontaunay,  qui  avait  déjà 
témoigné  du  plus  vif  intérêt  pour  l'œuvre  du  comité,  et  son 
remplacement  par  M.  Adrien  Bcllier,  ancien  député  de  la 
colonie. 

Pour  que  les  envois  faits  par  la  Société  au  Comité  parvien- 
nent sûrement  à  leur  destination,  M.  le  délégué  de  la  Réunion 
prie  la  Société  de  vouloir  bien  lui  faire  dorénavant  directement 
ses  envois. 

La  Société  reçoit  le  premier  numéro  du  Bulletin  de  la 
Société  cV accrimatdtion  et  d'histoire  naturelle  de  Vile  de  la 
Réunion,  janvier  1863. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  lu 
copie  d'une  lettre  de  M.  Bogdanoff,  délégué  du  Comité  de 
Moscou,  qui  exprime  l'espoir  que  la  Société  voudra  bien  favo- 
riser le  jardin  d'acclimatation  de  cette  ville  du  don  de  quelques 
animaux. 

Le  Conseil  a  décidé  l'offre  d'une  paire  de  Zébus  du  Soudan, 
et  le  Jardin  a  réservé  pour  le  comité  de  Moscou  une  paire  de 
Moutons  Mauchamp. 

—  M.  Kerangal,  vice-président  du  comité  zoologique  de  la 
Guyane,  annonce  un  nouvel  envoi  de  M.  Bataille,  qui,  conti- 
nuant avec  le  zèle  que  la  Société  lui  connaît,  ses  actes  de  mu- 
nilicencc,  nous  adresse  cette  fois  deux  Pécaris  à  collier  du 
Brésil,  un  Tapir,  quatre  Agoutis,  un  Paca,  un  Agami,  un 
Garrakoua  ou  Faisan  de  laGuyanc,  et  une  Cliouette.  M.  Kerangal 


rROCÈS-VERLALX.  217 

insiste  sur  les  services  nombreux  rendus  par  M.  Bataille  à  la 
colonie,  qui  lui  doit  de  voir  ses  marchés  abondamment  fournis 
de  divers  poissons  alimentaires  envoyés  par  les  Indiens  de  la 
côte  du  Brésil. 

—  M.  Simoni  (de  Cuba)  appelle  l'attention  delà  Société 
sur  les  avantages  de  l'acclimatation  en  Europe  de  Vllutia, 
rongeur  qui  fournirait  facilement  un  utile  aliment. 

—  M.  Binger,  président  de  la  Société  d'acclimatation  de 
Nancy,  adresse  un  Rapport  sur  le  bel  état  du  troupeau  de 
Chèvres  d'Angora  confié  à  M.  Euriat  (de  Roville),  annonce 
la  naissance  de  neuf  Chevreaux,  et  demande  quelques  rensei- 
gnements sur  des  questions  dont  l'examen  sera  soumis  au 
Conseil. 

—  M.  Leblanc  adresse  le  procès-verbal  de  l'autopsie  du  Bouc 
qui  est  mort  chez  M.  le  vicomte  de  Morteuil,  et  dont  la  mort 
paraît  due  à  une  inflammation  violente  du  gros  intestin. 

—  M.  de  Puiberneau  demande  que  la  Société  veuille  bien 
lui  confier,  à  titre  de  cheptel,  un  lot  d'Yaks_,  de  Lamas  ou  de 
Moutons  Ong-ti. 

—  La  légation  de  Hanovre  demande  à  se  procurer  deux 
cents  œufs  de  Colin  houi  pour  faire  une  tentative  d'acclima- 
tation. Cette  lettre  est  renvoyée  à  M.  le  directeur  du  Jardin. 

—  M.  Boisnard-Grandmaison  annonce  la  mort  de  deux 
jeunes  Autruches  de  Patagonie  et  d'un  Tatou  qu'il  destinait  à 
la  Société,  et  offre  quelques  échantillons  d'œufs  de  cet  oiseau 
pour  les  collections  de  la  Société.  Il  annonce  que  M.  le  capi- 
taine Chenu  se  met  au  service  de  la  Société  pour  lui  rap- 
porter les  animaux  ou  plantes  qu'il  lui  semblerait  utile 
d'importer  de  Californie,  de  Mazatlan,  du  Callao  et  de  Chin- 
chas.  — Remercîments. 

—  M.  Granié  (de  Toulouse)  adresse  de  nouveaux  documents 
sur  l'éducation  des  Oies  de  Toulouse  et  des  diverses  races  de 
Gallinacés. 

—  M.  Hesse,  délégué  de  la  Société  à  Marseille,  offre  sa  pro- 
priété dans  l'ile  Sainte-Marguerite  pour  recevoir  les  jeunes  Gou- 
ramis  qui  seront  reçus  en  ErancCjet  demande  des  instructions 
sur  les  soins  à  donner  à  ces  précieux  poissons.  —  Remercîments. 


•218        SOCIÉTÉ    IMl'ÉKlALfc;    ZOOLUGKJLE    d'ACCLIMATATIUN. 

—  M,  Turrel,  délégué  à  Toulon,  fait  une  offre  semblable. 

—  M.  René  Caillaud  transmet  une  lettre  de  M.  Sergent, 
commissaire  de  l'instruction  maritime  à  Marans,  sur  le  succès 
obtenu  dans  l'introduction  du  Saumon  dans  la  Sèvrc  niortaise, 
où  ce  poisson  paraît  trouver  des  conditions  favorables  à  son 
développement. 

—  M.  Pages  communique  une  lettre  de  M.  Simon,  qui 
annonce  le  prochain  envoi  d'Arbres  à  cire  vivants ,  et  cou- 
verts des  insectes  la  Tchmig,  qui  fournissent  la  cire  dite  pela. 

—  M.  André  Leroy  annonce  qu'il  a  mis  sous  couche  des 
Chênes  blancs  et  pédoncules  pour  nourrir  les  Vers  Ya-ma-ynai, 
et  fait  remarquer  la  lenteur  avec  laquelle  ces  végétaux  déve- 
loppent leurs  feuilles  dansées  conditions. 

—  M.  Camozzi  Ventura  adresse  quelques  renseignements 
sur  ses  cultures  du  Ver  à  soie  de  l' Allante. 

—  M.  Drouyn  de  Lhuys  transmet  une  demande  de  cocons 
vivants  du  métis  des  Vers  à  soie  du  Ricin  et  de  l'Ailante  faite 
par  madame  la  comtesse  Nevill,  de  Londres. 

—  M.  Rellemain  adresse  de  nouveaux  renseignements  sur  la 
culture  de  YOxalis  crenata. 

—  Monseigneur  Chauveau,  évêque  de  Sébastopohs,  donne 
quelques  renseignements  sur  la  Rhubarbe  du  Tibet,  dont  il 
pense  que  la  culture  pourrait  être  tentée  fructueusement  en 
France,  et  offre  d'en  faire  parvenir  quelques  spécimens  à  la 
Société.  —  Remercîments. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  offre  à  la 
Société  une  certaine  quantité  de  Haricots  du  Japon,  qu'il  a 
reçus  de  M.  de  Billing,  et  qui  proviennent  des  ambassadeurs 
japonais. 

—  M.  Hayes  (de  Chandernagor)  annonce  l'envoi  de  graines 
de  plantes  préconisées  contre  la  morsure  des  serpents,  Vely 
partJuj  {Asclejjîas  échinât  a,  Roxb.),  et  Ischermoule  (Aristo- 
lochia  iiidica). 

—  M.  Belhomme,  de  Metz,  transmet  des  renseignements  sur 
la  Kitaihelia  vitifoUa,  AVilld.,  et  sur  l'heureux  emploi  qui 
pourrait  être  l'ail  de  ses  fibres  comme  filaments  textiles. 

—  M.  Chagot  aine  annonce  ((ii'il  met  à  la  disposilion  des 


PROCÈS-VEKHAUX.  219 

personnes  qui  en  désireraient  des  graines  de  culon  d'Amé- 
ri(|iie  et  de  Maïs. 

—  M.  Berlhault,  horticulteur  à  Saint-Maur,  transmet  une 
Note  sur  ses  essais  de  culture  de  Potirons  de  la  Chine  et  dç 
Pommes  déterre. 

—  MM.  Bonjean,  Hamelin,Maumenet,  Chazercau,  Louvrier, 
accusent  réception  de  graines  diverses  envoyées  parla  Société.' 

—  M.  Humann  annonce  la  prochaine  réunion  du  premier 
congrès  horticole  à  Mayence  pour  les  d2,  13,  U  avril  1863. 

—  La  Société  royale  de  Victoria  (Australie)  fait  hommage  du 
cinquième  volume  de  ses  Transactions. 

—  M.  le  haron  Larrey  transmet  un  Mémoire  de  M.  le  doc- 
teur Rihadieu,  médecin  de  l'armée  d'Afrique,  intitulé  ;  Essai 
de  la  transplantation  de  l'arbre  à  quinquina,  en  Algérie, 
dajis  l'oasis  de  G/ia)nza. 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  doc- 
teur Martin  sur  l' acclimatation  des  Madrépores  et  son  ntilité. 

—  M.  Rufz  de  Lavison  annonce  que  déjà  depuis  plusieurs 
jours,  il  y  a  eu  au  Jardin  du  hois  de  Boulogne  éclosion  de 
Vers  à  soie  Ya-ma-mai,  qui  sont  nourris  avec  les  feuilles  du 
Chêne. 

—  M.  de  Ouatrefages  donne  connaissance  d'une  lettre  de 
M.  de  Fenouillet,  qui  annonce  avoir  reçu  ses  Yaks  en  hon  état, 
et  que  leur  agilité  et  leur  docilité  lui  font  bien  augurer  de  ses 
futures  expériences  sur  ces  animaux, 

—  M.  le  Président  annonce  que  depuis  le  mois  de  novembre 
dernier,  la  Société  a  reçu  quarante-trois  dons  de  graines  de 
provenances  différentes  :  Chine,  Japon,  Indes,  Perse,  Canada, 
États-Unis,  Brésil,  Chili,  Paraguay,  Sénégal,  Italie,  Grèce', 
Pologne,  Turquie,  Java  et  Australie.  Cet  ensemble  représen- 
tait deux  cent  cinquante-deux  échantillons  plus  ou  moins 
considérables  de  diverses  espèces  ou  variétés  qui  ont  été 
divisés  en  deux  mille  cinq  cents  paquets  environ.  La  Société 
a  pu  adresser  des  collections  de  ces  graines  à  vingt  et  une 
Sociétés  affiliées  ou  agrégées  en  France  et  dans  nos  colonies, 
à  une  Société  affiliée  étrangère,  et  à  soixante-quinze  membres 
ou  correspondants. 


220       SOCIÉTÉ   IMPÉHIALE   ZOULUGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Pour  répondre  à  des  observations  qui  se  représentenl,  très 
fréquemment,  parce  qu'elles  sont  ou  paraissent  fondées,  sur 
l'absence  d'instruction  de  la  part  de  la  Société,  relativement  au 
mode  de  culture  des  graines  qu'elle  distribue,  nous  croyons 
devoir  faire  remarquer  qu'il  lui  est  généralement  impossible  de 
transmettre  aucun  renseignement  précis  à  ce  sujet.  Les  graines 
qui  lui  sont  adressées  ne  lui  sont  le  plus  souvent  présentées 
que  sous  le  nom  vulgaire  qu'elles  portent  dans  leur  pays 
d'origine ,  sans  désignation  botanique,  et  la  plupart  du 
temps  sans  aucune  indication  ni  de  leurs  propriétés  spé- 
ciales, ni  de  leur  emploi.  Quant  au  mode  de  culture  il  ne  se 
trouve  presque  jamais  indiqué.  Lorsque  des  notes  ou  des 
renseignements  particuliers  accompagnent  les  envois  de 
graines,  la  Société  s'empresse  de  les  publier,  soit  aux  procès- 
verbaux,  soit  isolément  dans  le  Bulletin.  Les  Sociétés  ou  les 
personnes  auxquelles  elle  les  distribue  sont  donc  invitées  à 
recourir  au  Bulletin  mensuel  toutes  les  fois  qu'il  y  a  lieu.  Les 
mentions  trouvées  sur  les  objets  envoyés  à  la  Société  sont  re- 
produites avec  soin  sur  l'enveloppe  des  parts  plus  ou  moins 
considérables  qu'il  peut  en  être  fait  ;  le  nom  du  pays  d'origine 
y  est  toujours  indiqué.  Il  est  facile  de  comprendre  qu'au- 
cun autre  renseignement  ne  saurait  être  donné  sûrement  ni 
utilement  dans  la  plupart  des  cas,  quelque  désir  qu'éprouve 
la  Société  d'assurer  le  succès  des  expériences  intéressantes 
auxquelles  ces  abondantes  distributions  devraient  donner 
lieu. 

Nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  pour  faire  ressortir 
combien  il  importe  que  les  résultats  de  ces  expériences  soient 
consignés  avec  soin  par  les  personnes  qui  s'y  livrent,  et 
transmis  exactement  à  la  Société  dès  qu'ils  sont  connus,  afin 
qu'elle  puisse  les  réunir,  les  comparer  et  se  rendre  compte  de 
leur  véritable  valeur. 

A  ce  sujet,  plusieurs  observations  sont  faites  par  MM.  Se- 
guier  et  Dupuis,  qui  insistent  sur  la  nécessité  d'obtenir  de  nos 
correspondants  des  notes  qui  puissent  guider  dans  la  culture 
des  plantes  et  graines  qu'ils  envoient. 

—  M.  le  Président  donne  la  parole  à  M.  Millet  pour  une 


PROCÈS-VERBAUX.  .        .   .  221 

communication  sur  la  pisciculture,  ayant  pour  litre  :  Le  Sau- 
mon des  fleuves  et  le  Saumon  des  étangs. 

M.  Millet  croit  que  l'heure  est  trop  avancée  pour  lui  per- 
mettre de  traiter  cette  question  avec  tous  les  développements 
qu  elle  comporte,  et  prie  M.  le  Président  de  vouloir  bien 
remettre  cette  communication  à  la  première  séance. 

Pour  élucider  la  question  encore  controversée  de  la  domes- 
tication du  Saumon  en  eau  douce,  M.  Millet  engage  les  mem- 
bres de  la  Société  à  rechercher  les  documents  qu'ils  pourraient 
avoir  en  leur  possession.  Notre  confrère  cite,  à  ce  sujet,  le 
fait  curieux  de  la  prise  d'un  Saumon  d'environ  2  kilogrammes, 
et  âgé  de  quatre  ans  et  demi  à  cinq  ans,  dans  le  lac  Léman, 
où,  dés  les  années  1856  et  1857,  déjeunes  Saumoneaux  ont 
été  introduits  par  ses  soins  et  par  ceux  de  notre  confrère 
M.  le  docteur  Chavannes.  M.  Millet  rappelle  à  ce  sujet  que 
lorsque  la  discussion  a  été  soulevée  sur  l'opportunité  de  la 
domestication  du  Saumon  en  eau  douce,  il  a  émis  l'opinion 
que  les  essais  devaient  être  tentés  dans  de  vastes  étendues 
d'eau,  dans  le  lac  Léman  par  exemple,  qui  peut  être  con- 
sidéré comme  une  petite  mer  d'eau  douce. 

—  M.  Anatole  Gillet  de  Grandmont  donne  lecture  de  pas- 
sages de  quelques  lettres  venant  confirmer  ce  qu'il  avait 
annoncé  dans  la  séance  précédente  sur  la  qualité  des  Saumons 
élevés  en  eau  douce.  Il  donne  aussi  quelques  nouveaux  détails 
sur  l'Ombre  chevalier  et  la  Fera. 

—  M.  Millet  fait  observer  quel'Ombre  Chevallier  est  essen- 
tiellement un  poisson  des  lacs,  qu'il  se  plaît  particulièrement 
dans  ceux  du  Léman,  du  Bourget,  de  Paladru,  etc. 

Quant  à  la  Fera,  notre  confrère  croit,  ainsi  qu'il  l'a  déjà 
fait  observer  dans  une  précédente  séance,  que  la  répartition 
des  œufs  a  été  faite  dans  de  mauvaises  conditions,  et  que  les 
instructions  données  pour  l'éclosion  et  la  dissémination  de 
ces  œufs  sont  de  nature  à  amener  de  funestes  résultats  ;  qu'il 
lui  paraît  préférable  de  placer  les  œufs  fécondés  dans  des  lacs 
plutôt  que  dans  des  rivières  ou  des  étangs,  et  que  le  fait  de  la 
prise  de  deux  Feras  seulement  depuis  les  huit  dernières  cam- 
pagnes (185/1  à  1862),  pendant  lesquelles  l'établissement  de 


222      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUR    D'aCCLIMATATION. 

Huningue  a  distribué  plus  de  Irenle-huit  millions  d'œufs, 
indique  sulïisamuienl  que  l'on  est  dans  une  mauvaise  voie. 

Il  peut  cependant  prospérer  dans  des  eaux  courantes,  et  la 
preuve  en  est  dans  les  appareils  du  Collège  de  France,  où 
M.  Coste  possède  en  ce  moment  des  poissons  qui  ont  atteint  la 
taille  de  25  à  30  centimètres.  Quant  aux  Feras,  le  petit  nombre 
des  poissons  pècbés  jusqu'à  ce  jour  n'indique  pas  l'insuccès 
des  tentatives  déjà  faites,  et  d'ailleurs,  y  eùt-il  insuccès,  on  ne 
devrait  pas  pour  cela  désespérer  de  l'avenir. 

—  M.  Guérin-Méneville  annonce  qu'il  a  reçu  déjà,  de  la  plu- 
part des  personnes  auxquelles  des  graines  de  Vers  à  soie  Va- 
ma-mai  ont  été  envoyées,  de  très  bonnes  nouvelles  des  con- 
ditions dans  lesquelles  se  trouvent  ces  Vers,  dont  l'éclosion  a 
commencé  et  dont  les  chenilles  paraissent  très  bien  se  porter. 

—  M.  J.  Cloquct  oflVe  à  la  Société  des  échantillons  qu'il 
doit  à  notre  conlVère  M.  Lesèble,  de  Pommes  de  terre  : 
1°  Caillaad,  de  très  bonne  qualité;  très  propre  à  la  grande 
culture  ;  elle  remplacera  avec  avantage  et  détrônera  la  Pomme 
de  terre  Solognote,  puisqu'elle  vient  mieux  et  rend  moitié 
plus  que  cette  dernière;  2"  Pommes  de  terre  Lesèble^  la  meil- 
leure connue  par  notre  honoré  confrère.  Ces  échantillons, 
offerts  par  M.  le  professeur  Cloquet,  sont  remis  à  M.  le  direc- 
teur du  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  pour  que  leur  propa- 
gation puisse  être  tentée,  et  mettre  la  Société  en  mesure  d'en 
distribuer  à  tous  ses  membres. 

—  M.  J.  Lecreux  donne  lecture  d'un  Rapport  sur  ses  cul- 
tures de  Pommes  de  terre.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  î\l.  le  comte  de  Sinéty  rend  aussi  compte  d'une  expé- 
rience d'éducation  du  Bambou  de  la  Chine  entreprise  par  ses 
soins.  Trois  pieds  de  Bambous  Montigny  m'ont,  dit-il,  été  con- 
fiés en  1860.  Le  premier  avait  des  ramilles,  les  deux  autres 
n'étaient  que  des  tiges  souterraines  ornées  de  feuilles  et  de 
racines.  La  première  année  ils  furent  placés  dans  une  serre 
■dPelargonium,  où  ils  passèrent  l'hiver.  Au  printemps  suivant, 
ils  furent  tous  mis  en  pleine  terre  dans  dilférentes  conditions, 
alin  de  savoir  quel  terrain  etciuellc  exposition  leur  convenaient 
le  mieux.  L'un  des  pieds,  celui  (jui  avait  des  ramilles  quand  je 


l'RocÈs-VF.nnAîJX.  223 

l'avais  reçu,  souflYit  beaucoup  de  l'égout  des  branches  d'arbres 
situés  près  de  lui,  et  perdit  ses  feuilles  pendant  l'iiiver,  ce  qui  ne 
doit  pas  arriver  et  ce  qui  n'arriva  pas  aux  deux  autres.  Néan- 
moins la  force  végétative  du  Bandjou  est  telle,  que  transplanté 
au  printemps  de  l'année  dernière  dans  un  endroit  bien  décou- 
vert, il  a  bientôt  réparé  ses  pertes.  Un  second  pied,  attaqué  par 
les  Lièvres  au  moment  où  ses  rejets  conmiencérent  à  sortir  de 
terre,  se  vit  arrêté  dans  sa  croissance  et  n'a  encore  atteint,  de 
même  que  celui  qui  avait  perdu  ses  feuilles,  que  sept  à  huit 
pieds  de  hauteur.  Quant  au  troisième,  mieux  garanti  de  la 
dent  des  rongeurs  et  mieux  placé  que  les  autres  (quoique  à 
l'air  libre  et  nullement  contre  un  mur),  il  m'a  donné  jusqu'à 
dix  rejets  à  la  fois,  et  ces  rejets  se  sont  élevés  jusqu'à  douze 
pieds  de  haut.  Le  Bambou  comestible  de  la  Chine  me  paraît 
tout  à  fait  acclimaté  sous  la  zone  de  Paris.  Il  y  a  déjà  supporté, 
sans  en  soutTrir  le  moins  du  monde,  9  degrés  de  froid,  sans 
autre  couverture  qu'un  peu  de  balle  d'avoine  mise  par  pré- 
caution sur  le  pied,  précaution  qui  me  semble  maintenant 
inutile.  Cet  arbre  à  feuilles  persistantes  est  destiné  à  embeUir 
les  jardins.  Nous  espérons  savoir  cette  année  ce  qu'on  peut 
en  tirer  comme  plante  alimentaire,  et  nous  aurons  l'honneur 
d'informer  la  Société  de  ce  que  nous  aurons  appris  à  ce  sujet. 

—  M.  le  professeur  J.  Cloquet  dit  que  les  Bambous  qu'il 
cultive  à  Lamalgue  végètent  très  bien,  et  qu'il  a  obtenu  des 
boutures  en  ayant  soin  de  prendre  des  nœuds  âgés  de  trois  ans. 

—  M.  Hébert,  qui  cultive  aussi  des  Bambous  dans  le  dépar- 
tement de  l'Aube,  dit  qu'ils  y  poussent  très  bien,  et  ont  bien 
passé  l'hiver,  en  étant  à  peine  protégés  du  froid  par  un  capu- 
chon de  paille. 

SÉANCE  DU  10  avril  I860. 
Présitiencc  de  M.  Moquin-Tanuon,  vice -président. 

Le  procès-verbal  est  lu  et  adopté. 

—  Le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvelle- 
ment admis  : 

m\.  Beutin  (A.),  pro;;rictaire,  à  Igny  (Seine  el-Oise),  et  à  Paris. 
La  (îrÉnoNMiNRE  (le  vicomte  de),  sénateur,  à  Paiis. 


224       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

MM.  Le  Lion  (d'Amiens),  inspecteur  des  éludes,  à  rinstilution 

Sainte-Barbe,  à  Paris. 
LoRioL,  directeur  de  l'école  préparatoire  à  la  marine,  à 

Paris. 
Trottemant,  propriétaire,  à  Mousseaux,  prés  de  Draveil 

(Seine-et-Oise),  et  à  Paris. 

—  Une  lettre  de  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères 
annonce  que  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture  vient  d'ac- 
corder à  la  Société  une  allocation  de  1500  francs  pour  1803. 

—  Des  remercîments  pour  leur  récente  admission  sont 
adressés  par  MM.  Cerruti,  Kiumine,  Dupont,  Bisson,  de  Mello 
Cardoso. 

—  MM.  Michel  Issakof,  Philippe  et  Gauldrée-Boilleau  adres- 
sent leurs  remercîments  pour  les  récompenses  qui  leur  ont 
été  décernées  par  la  Société  dans  sa  séance  du  10  février. 

—  M.  de  la  Roquette  fait  hommage  d'une  Notice  qu'il  vient 
de  publier  sur  la  vie  et  les  travaux  de  notre  regretté  con- 
frère M.  Jomard. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  annonce  que 
sur  sa  demande,  S.  Exe.  le  Ministre  de  la  marine  a  bien  voulu 
donner  les  ordres  nécessaires  pour  que  les  animaux  offerts  à 
la  Société  par  M.  Grimblot ,  vice-consul  de  France  à  Pointe- 
de-Galles,  soient  pris  à  bord  du  premier  navire  de  la  marine 
impériale  qui  relâchera  à  Ceylan,  à  son  retour  des  mers  de 
Chine  en  France. 

S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  fait  connaître 
que  l'administration  des  services  maritimes  des  Messageries 
impériales  vient  de  donner  également  des  ordres  à  ses  agents 
pour  que  l'embarquement  de  ces  animaux  s'effectue,  s'il  y  a 
lieu,  dans  les  meilleures  conditions  possibles,  et  accorde  une 
réduction  de  30  pour  100  sur  le  fret. 

—  M.  le  secrétaire  de  la  Société  d'acclimatation  de  Mel- 
bourne annonce  l'envoi  des  premiers  numéros  des  Mémoires 
publiés  par  cette  Société. 

—  M.  E.  Simon  envoie  copie  d'une  lettre  et  de  deux  Notices 
qu'il  vient  d'adresser  à  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture, 


PROCÈS-VERBAUX.  ...  225 

sur  le  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine,  et  sur  l'exploitation  du 
Vernis  du  Japon  et  de  Chine.  .... 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  à  la 
Société  les  pièces  suivantes  relatives  à  des  envois  de  M.  Eu- 
gène Simon  :  1°  un  Mémoire  sur  les  bêtes  à  laine  en  Chine  ; 
2°  une  liste  détaillée  de  graines  et  de  plantes  de  Kouy-tcheou 
et  du  Su-tchuen. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  d'agriculture  adresse  à  la  Société  une 
caisse  de  cocons  de  Vers  à  soie  du  Chêne  {Bombyx  Pernyi) 
expédiés  de  Chine  par  M.  E.  Simon,  qui  les  avait  reçus  de 
Mgr  Faurie,  évêque  d'ApoUonie,  vicaire  apostolique  du  Kouy- 
tcheou. 

M.  Hébert  fait  observer  que  cet  envoi,  ainsi  qu'un  précédent, 
est  arrivé  dans  des  conditions  fâcheuses,  par  suite  de  la  fer- 
mentation des  cocons  dans  la  caisse. 

—  M.  Simoni,  au  moment  de  retourner  à  Cuba,  adresse 
une  note  sur  les  objets  qu'il  se  propose  d'envoyer  à  la  Société. 

—  M.  Graells,  délégué  à  Madrid,  donne  de  nouveaux  détails 
sur  les  Lamas,  Autruches  et  Antilopes  du  parc  zoologique 
dont  il  est  le  directeur.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M,  Tourniol  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  l'avan- 
tage qu'il  y  aurait  à  organiser  un  établissement  d'acclimatation 
au  camp  de  rOued-Boutan,  dans  la  plaine  du  Chélif.  Il  offre 
en  même  temps  ses  bienveillants  services  pour  toutes  les 
expériences  que  la  Société  voudrait  bien  lui  confier. 

—  M.  Bouché,  de  Bois-de-Cené  (Vendée),  demande,  à  titre 
de  cheptel,  un  lot  d'Yaks,  de  Chèvres  d'Angora  ou  de  Lamas. 

—  M.  W.  Baird  adresse  une  Notice  sur  les  tentatives  de 
domestication  du  Cerf  américain  faites  avec  succès  par  M.  Lo- 
renzo  Stratton,  dans  l'État  de  New-York. 

—  M.  Granié  (de  Toulouse)  adresse  de  nouveaux  renseigne- 
ments sur  l'éducation  des  Gallinacés. 

—  M.  Sacc,  délégué  à  Barcelone,  annonce  qu'il  a  pu  se 
procurer  cinq  beaux  spécimens  du  Pigeon  à  moustaches 
{Columba  m?/5/6'ce<r/,Temm.),  et  pense  qu'il  pourra  en  obtenir 
la  reprodaclion.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Dabry,  consul  de  France  à Ilang-keou  (Chine),  annonce 

T.  X.—  Avril  18G3.  16 


226      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMATATION. 

qu'il  a  pu  réunir  déjà  quelques  oiseaux  pour  la  Société,  entre 
autres  un  Faisan  doré  très  curieux,  et  qu'il  les  enverra  dès 
que  ces  animaux  seront  dans  de  bonnes  conditions  pour 
supporter  le  voyage. 

—  M.  le  professeur  Valenciennes  adresse  une  Noie  sur  les 
aquariums,  et  sur  les  animaux  qui  peuvent  y  figurer  avec 
avantage.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Berg,  délégué  à  la  Réunion,  et  M.  Manès,  écrivent 
pour  insister  sur  l'intérêt  que  présenteraient  l'empoissonne- 
ment des  eaux  de  cette  colonie  et  l'introduction  d'oiseaux 
insectivores  pour  détruire  les  insectes  ennemis  de  la  Canne. 

—  M.  Hardy,  directeur  du  Jardin  d'acclimatation  d'Alger, 
annonce  qu'il  est,  dès  à  présent,  en  mesure  de  recevoir  les 
Gouramis  que  la  Société  voudra  bien  lui  conlier. 

—  M.  Sicard  adresse  un  Rapport  sur  ses  expériences  de 
pisciculture  de  cette  année. 

—  M. Ricard  fait  connaître  qu'il  a  appris  d'un  pêcheur,  que 
dans  la  baie  du  Tamaris,  il  existe  depuis  longtemps  déjà  des 
Eponges  qui  y  croissent  naturellement. 

M.  Lamiral  fait  observer  que  l'existence  d'Épongés  sur 
les  côtes  de  Provence  est,  en  effet,  reconnue  depuis  longtemps, 
mais  que  ces  Éponges  n'ont  pas  les  qualités  qui  font  rechercher 
celles  de  Syrie. 

Notre  collègue  ajoute  qu'elles  pourraient  cependant  être 
ulihsées,  soit  au  filtrage  des  liquides  ou  pour  former  une  pâte 
propre  à  faire  un  carton  ou  un  papier,  ou  cardées  et  feutrées 
pour  produire  une  matière  presque  incarruptible  et  insecti- 
fuge,  qui  serait  employée  à  garnir  des  sommiers,  des  sièges, 
des  coussins,  etc. 

11  signale  en  outre  un  nouvel  emploi  thérapeutique  de 
l'Éponge  dans  les  hôpitaux  de  Lyon. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  une 
lettre  de  M.  Gauldrée-Boilleau,  et  une  caisse  de  cocons  de 
Vers  à  soie  du  Canada,  adressée  par  notre  dévoué  confrère. 

—  M.  A.  Yinson  adresse  un  Mémoire  sur  le  Ver  à  soie  de 
Madagascar,  ou  Ver  à  soie  à^V Ambrevade  {Borocera  Cajani). 

—  S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet  une 


PROCÈS-VERBAUX.  227 

demande  de  S.  Exe.  le  maréchal  Vaillant,  qui  désire  obtenir 
quelques  œufs  du  Ver  à  soie  Ya-ma-maïy  et  une  demande 
semblable  de  M.  Prafz, 

—  M.  Sacc,  délégué  à  Barcelone,  annonce  qu'il  a  obtenu  plu- 
sieurs éclosions  de  Vers  à  soie  Ya-ma-maï^Qi  que  ses  chenilles 
sont  très  vigoureuses. 

—  M.  Fùlsch  adresse  ses  remercîments  pour  l'appui  que 
M.  le  Président  a  bien  voulu  donner  à  M.  Teissonnière  pour 
faciliter  son  voyage  séricicole  dans  le  Caucase. 

—  M.  Baumgarlner  adresse  ses  remercîments  pour  les 
graines  de  Bombyx  Ya-tna-maï  qu'il  a  reçues,  et  donne  quel- 
quesdétails  suruneéducationautomnale  àa  Bombyx  CyiUhiciy 
qu'il  a  nourris  avec  des  feuilles  ^'Ileracleum. 

—  M.  Hardy  annonce  que  ses  éclosions  de  Bombyx  Ya-ma- 
mai  vont  bien,  quoique  lentement. 

—  MM.  Chavanncs  etMaumenet  offrent  leurs  remercîments 
des  graines  de  Bombyx  qu'ils  ont  reçues. 

—  MM.  LerebouUct  et  Foulon  adressent  des  rapports  sur  des 
éducations  de  Vers  à  soie. 

—  M.Léo  d'Ounous  envoie  une  Notice  sur  plusieurs  arbres 
exotiques  cultivés  par  lui  dans  le  sud-ouest. 

—  xM.  Lagougine,  lieutenant  de  vaisseau,  offre  des  échan- 
tillons de  diverses  espèces  de  végétaux  d'Australie  qu'il  a 
rapportés  de  Sydney. 

—  M.  Vilmorin-Andrieux  fait  don  de  graines  de  Rhus  suq- 
cedanea  du  Japon,  qui  fournit  une  cire  végétale  estimée. 

- —  M.  le  capitaine  Poulain  adresse  un  Mémoire  sur  la  pror 
duction  du  Coton  dans  nos  colonies. 

—  M.  le  baron  Anca  fait  parvenir  une  Note  sur  la  culture 
du  Coton  en  Sicile. 

—  M.  Chagot  aîné,  notre  généreux  confrère,  fait  hommage 
à  la  Société  de  graines  de  Colon  Louisiane  et  de  Mais  pour  être 
distribuées  aux  personnes  qui  en  feront  la  demande. 

—  S.  Exe.  le  Minisire  des  afl'aires  étrangères  transmet  un 
Mémoire  de  M.  Godet  de  la  Uibouillerie  sur  la  culture  en  grand 
du  Chou  brancha  dans  les  Dcux-Sôvres. 


228       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    D'ACCLIMATATION. 

—  Diverses  demandes  de  graines  sont  adressées  par  plu- 
sieurs membres. 

—  Il  est  déposé  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Debains, 
secréliire  de  l'ambassade  de  France  à  Vienne,  un  nouveau 
compte  rendu  du  journal  Zuologischer  Garten  in  Franhfurt. 

—  M.  Millet  donne  lecture  d'un  Mémoire  sur  le  Saumon 
des  fleuves  et  sur  le  Saumon  des  étangs. 

—  M.  Gillet  de  Grandmont  répond  à  cette  communication 
par  la  lecture  d'un  travail  intitulé  :  Be  la  propagation  du 
Saumon. 

Dans  la  première  partie,  notre  confrère  fait  connaître 
l'augmentation  considérable  des  revenus  des  pêcheries  à  Sau- 
mon de  la  Grande-Bretagne,  depuis  la  création  des  établisse- 
ments de  pisciculture.  Dans  la  deuxième  partie,  il  indique 
quels  seraient,  suivant  lui,  les  avantages  que  l'on  pourrait 
retirer  de  l'éducation  du  Saumon  dans  les  eaux  douces  ;  il 
rapporte  les  résultats  déjà  obtenus  dans  de  semblables  condi- 
tions, et  il  demande  que  nos  zélés  confrères  veuillent  bien 
poursuivre  leurs  expériences.  Enfin,  il  termine  en  remerciant 
l'établissement  d'Huningue  de  la  généreuse  initiative  qu'il 
prend  dans  tous  ces  travaux. 

—  M.  Lecoq,  délégué  de  la  Société  à  Clermont-Ferrand, 
présente  un  Saumon  provenant  du  lac  Pavin,  et  donne  quel- 
ques renseignements  sur  les  succès  des  travaux  de  pisciculture 
entrepris  dans  ce  lac. 

—  M.  Gaulthier  présente  des  spécimens  de  ses  cultures 
d'Asperges  et  de  Pommes  de  terre,  et  dépose  une  note  sur  les 
procédés  qu'il  emploie. 

Le  Secrétaire  des  séances, 

L.   SOUBEIRAN. 


III.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Knvoi  d'une  collection  «IMinintaiix  vivants  ilo  Ccjian. 

Lettre  adressée  par  S.   Exe.   M.   Drouyn   de  Lhuys,    président,  aux 
membres  du  Conseil  de  la  Société. 

Tari?,  le  2-2  mars  18G3. 
Messieurs  et  chers  collègues, 

M.  Orimblot,  vice-coiisiil  de  France  à  Pointc-ile-Callcs,  m'ayant  annoncé  qu'il 
tenait  à  ma  disposition  une  collection  d'animaux  et  d'oiseaux  vivants  de  Ceyian, 
destinée  à  la  Société  d'acclimatation,  je  m'étais  empressé  d'écrire  à  Son  Exe. 
M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies  pour  lui  demander  d'autoriser  l'em- 
barquement de  cette  collection  sur  un  navire  de  l'État. 

Ainsi  que  vous  le  verrez  par  la  réponse  de  mon  collègue,  que  j'ai  l'honneur  de 
vous  transmettre  ci-joint,  M.  le  comte  de  Chasseloup-Laubat  a  bien  voulu  donner 
les  ordres  nécessaires  pour  que  les  animaux  et  oiseaux  dont  il  s'agit  soient  pris 
à  bord  du  premier  bâtiment  de  la  marine  impériale  qui  relâchera  à  Ceyian,  à 
ïon  retour  des  mers  de  Chine  en  France. 

Recevez,  messieurs  et  cliers  Collègues,  etc.  DroL'YN  ue  Lhuys. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  à  M.  Drouyn 
DE  Lhuys,  ministre  des  affaires  étrangères. 

P.iris,  le  17  mars  1863. 
Monsieur  le  Ministre  et  cher  collègue. 

J'ai  reçu  la  If^ttre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire,  le  1 1  de  ce 
mois,  au  sujet  de  la  collection  d'animaux  et  d'oiseaux  vivants  que  M.  le  vice- 
consul  de  France  à  l'ointe-dc-Galles  a  réunis  et  destinés  à  la  Société  impériale 
zoologique  d'acclimatation. 

Suivant  le  désir  exprimé  par  Votre  Excellence,  je  donne  les  ordres  nécessaires 
pour  que  ces  animaux  soient  embarqués  sur  le  premier  bâtiment  de  la  marine 
impériale,  venant  des  mers  de  Chine,  qui  relâchera  à  Ceyian  en  se  rendant  à  Suez, 
ou  qui  effectuera  son  retour  directement  en  France. 

Agréez,  monsieur  le  Ministre  et  cher  collègue,  etc. 

Ch.  Ch.asseloup-Laubat. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  Drodyn  de  Lhuys,  président,  aux  membres 

du  Conseil  de  la  Société. 

Paris,  le  26  m;irs  1862. 
Messieurs  et  chers  collègues. 

L'administration  des  services  maritimes  des  Messageries  impériales,  à  qui 
j'avais  écrit  au  sujet  d'un  transport  d'animaux  et  d'oiseaux  rares  que  M.  Orim- 
blot, vice-consul  de  France  à  Pointe-de-Galles,  se  propose  d'envoyer  à  la 
Société  d'acclimatation,  vient  de  m'informer  qu'elle  va  donner  à  ses  agents  les 
instructions  nécessaires  pour  que  cet  embarquement  s'effectue  dans  les  meilleures 
coiuiitions  possibles. 

Conformément  à  l'article  35  de  son  cahier  des  charges,  la  Compagnie  appliquera 
à  ce  transport  la  réduction  de  30  pour  100  stipulée  eu  faveur  du  gouverne- 
ment. 

Recevez,  messieurs  et  chers  collègues,  etc.  Signé  Drouyn  de  Lhuys. 


230        SOCIÉTÉ   IMPÉUIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Sut  le   Coluniba  mystacra. 

Lettre  adressée  par  M.  Sacc  à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale 

d'acclimatation, 

Barcelone,  le  24  mars  1SG3. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  liâle  de  vous  annoncer  deux  bonnes  nouvelles.  La  première,  c'est  que  le 
19  courant,  il  m'est  cclos  deux  œufs  de  Ver  à  soie  Ya-ma-maï,  et  que  les  che- 
nilles qui  en  proviennent  sont  pleines  de  vigueur  et  mangent  a\co  aiipclil  les 
jeunes  feuilles,  toutes  velues  qu'elles  sont,  du  Chêne  rouvre. 

La  seconde,  c'est  qu'un  heureux  hasard  vient  de  me  meUre  eulre  les  mains 
cinq  superbes  exemplaires  du  beau  Pigeon  à  moustaches  (Columha  myslacea) 
décrit  par  Temminck,  à  la  page  75  de  son  Traité  des  l'igeons.  Conmie  ces 
oiseaux  sont  très  forts  et  très  privés,  je  ne  doute  pas  qu'ils  ne  puissent  se 
reproduire  aisément.  Cet  oiseau  est  un  des  plus  brillants  qu'on  puisse  voir.  Tout 
le  dessus  du  corps  est  roux  vif  avec  des  reflets  violets  et  vert  dore  ;  la  tète,  exces- 
sivement allongée,  est  couverte  d'une  calotte  vert  foncé  à  reflets  violets  ;  la  poi- 
trine et  le  ventre  sont  d'un  lilas  gris  très  clair,  cl  une  large  moustache  blan- 
che s'étend  de  la  colnmissure  du  bec,  en  arrière,  jusqu'à  la  nuque.  Le  bec  et 
les  pieds  sont  rose  vif;  l'iris  est  orange.  La  taille,  ramassée  comme  celle  de  la 
Tourterelle  sauvage,  est  environ  d'un  quart  plus  grande  ;  quant  à  la  voix,  je  ne 
l'ai  pas  entendue  :  ces  oiseaux  n'ont  fait  entendre  jusqu'ici  qu'un  grou-grou 
guttural  identique  avec  celui  des  Pigeons  qu'on  dérange  dans  le  nid,  pendant 
l'incubation.  J'ignore  si  cette  charmante  espèce  s'est  répandue  depuis  Temminck  ; 
mais  le  célèbre  zoologiste  n'en  avait  vu  qu'un  seul,  et  encore  en  peau;  il 
supposait  que  le  Pigeon  à  moustaches  venait  d'Amérique:  il  ne  s'est  pas  trompé, 
puisque  les  miens  viennent  de  la  Havane,  où  ils  avaient  été  apportés  de  l'inté- 
rieur de  l'île. 

Veuillez  agréer,  etc.  Sacc. 


(lîur  la  Ithuljarbc  du  Thibct. 

Lettre  adressée  par  M(jr  Chauveau  a  M.  le  Président  de  la  Société 
impériale  d'acclimatation. 

Vaiinau,  lé  3  septonibrc  1862. 

Monsieur  le  Président, 
En  1856,  un  marchand  anglais  qui  rendait  aux  missions  catholiques  les  services 
les  plus  empressés,  me  lit  demander  par  le,  P.  Albana ,  religieux  piémontais, 
résidant  à  Amarapoora  depuis  plus  de  vingt  ans,  s'il  'me  serait  possible,  vu  ma 
position  si  rapprochée  du  Thibet,  de  lui  i)rocurcr  quelques  plants  vivants  de 
Rhubarbe.  Je  m'estimai  très  heureux  de  faire  plaisir  une  fois  à  un  houuue  qui 
saisissait  toutes  les  occasions  de  nous  en  faire.  J'envoyai  un  Chinois  et  un  ancien 
lama  thibétain,  alors  chrétien,  à  mon  service,  à  dix  journées  environ  de  chemin, 
quérir  celte  plante  précieuse.  C'était  au  commencement  de  mai.  (^)uand  ils  arri- 
vèrent au  pied  de  la  première  montagne  qui  produit  la  Uluibarbi',  ils  apprirent 
qu'elle  était  fermée,  c'est-à-dire  que  les  lamas  étaient  venus,  comme  tous  les 
ans  à  la  même  époque,  prononcer  les  plus  terribles  imprécations  contre  qui- 
conque oserait  gravir  la  montagne  avant  le  mois  d'octobre,  seul  moyen  de  con- 
server la  Rhubarbe  chez  ces  populations  cupides,  mais  très  superstitieuses.  Mes 
deux  envoyés,  ne  partageant  pas  ces  appréhensions,  se  glissèrent  dans  la  mon- 
tagne et  en  revenaient  avec  une  cinquantaine  de  plants  magnifiques.  Malheureu- 
sement, ils   furent  aperçus,   poursuivis,  arrêtés,  cruellement  frappés   et  con- 


FAITS   DIVERS.  2E1 

damnés  à  morl.  Un  Chinois  les  sauva,  et  ils  m'arrivèrent  un  peu  déconfils  de 
leur  mésaventure,  et  néanmoins  assez  salisfails  de  leur  expédition,  parce  qu'ils 
avaient  pu  me  rapporter  six  jeunes  plants,  d'assez  mauvaise  apparence.  Isous 
les  plantâmes  dans  mon  jardin,  en  terre  fort  commune,  température  à  peu  près 
égale  à  celle  de  Paris.  Au  milieu  d'août,  ces  jilanls  étaient  de  toute  beauté,  ils 
avaient  grossi  de  moitié  ;  les  feuilles,  d'un  vert  clair,  avaient  de  60  à  70  centi- 
mètres de  longueur.  Plus  lard,  le  1/i  septembre,  la  révolution,  je  veux  dire  la 
révolte  malioniélane  éclata:  je  fus  obligé  de  fuir;  ma  maison  fut  envahie,  le  jar- 
din servit  pendant  dix  jours  d'étable  aux  bœufs  et  aux  chevaux.  Quand  je  revins, 
de  mes  Jjeaux  i^lants  de  Ithubarbe  il  ne  restait  même  pas  la  racine. 

J'ai  écrit  ce  qui  précède,  messieurs,  à  roccasion  d'une  lettre  que  vous  avez 
bien  voulu  adresser  à  M.  Fage  et  à  moi,  par  l'entremise  de  M.  Albrand,  supé- 
rieur de  notre  séminaire,  lettre  datée  du  17  mars  1860,  et  dont  j'ai  cru  devoir 
vous  remercier,  parce  que  j'ai  parfaite  conscience  de  ne  pas  mériter  les  expres- 
sions de  reconnaissance  et  d'estime  que  vous  nous  prodiguez  par  pure  bienveil- 
lance. J'ai  conclu  de  ce  que  j'ai  vu  moi-même  que  la  Pihubarbe  est  une  plante 
vivace  qui  pourrait  s'acclimater  partout;  quant  à  son  utilité,  on  ne  la  conteste 
pas.  J'ai  voulu  vous  demander  si  cette  plante  existe  en  France,  et  quel  serait  le 
moyen  de  l'expédier  le  plus  sûr,  s'il  plaît  à  Dieu  de  rendre  la  paix  à  nos  mal- 
heureux pays. 

Je  saisis  avec  empressement  l'occasion  qui  se  présente  de  renouveler  mes 
offres  de  service,  si  petits  qu'ils  soient,  et  l'assurance  de  la  haute  et  respec- 
tueuse considération  avec  laquelle  j'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

Signé  -j-  Joseph-Marie  Ch.M'VEAU, 
ICv.  de  Sébasiopolis,  coadj. 


Envoi    de    Cocon»   Tivnnfs    de    Bosnbjx    Pernyi,    Ver    à   soie 
sauvage  du  Cliène  de  Chine. 

Lettre  adressée  par  M.  Eug.  Simon  à  M.  le  Président  de  la  Société 
impériale  d'acclimatation. 

Péhis,  le  IS  novembre  1862. 

Permettez-moi,  monsieur  le  Président,  de  profiter  de  cette  occasion  pour 

vous  annoncer  le  départ,  par  la  malle  du  7  déc'enibre,  de  Chang-haï,  d'une 
caisse  contenant  15  à  20  kilogrammes  de  cocons  vivants  du  Ver  à  soie  du 
Chêne  de  Chine,  5  ou  9  kilogrammes  de  cocons  vivants  du  Ver  à  soie  de  l'Ai- 
lante  et  quelques  feuilles  de  graine  de  Ver  à  soie  du  Mûrier  de  la  province  de 
Ciiantong,  dont  la  race  jaune  et  très  rustique  m'a  paru  mériter  d'être  étudiée  au 
point  de  vue  de  la  régénération  des  races  françaises. 

Le  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine  ressemble  beaucoup,  quant  au  cocon,  à 
celui  du  Chêne  de  l'Inde,  dont  j'ai  eu  l'occasion  de  voir  un  échantillon  à  Chang- 
hai  il  y  a  quelques  mois,  mais  il  est  bien  ditlëient  du  cocon  du  Ya-ma-maï  du 
Japon.  11  se  reproduit  plusieurs  fois  dans  le  courant  de  l'été,  et  ce  n'est  que 
vers  le  mois  d'octobre  qu'il  cesse  de  se  reproduire,  et  que  sa  chrysalide  prolonge 
son  sommeil  jusqu'au  printemps.  Il  est  cultivé  en  Chine,  dans  les  provinces  de 
Ciiantong  et  du  Ho-nan,  et  surtout  dans  celle  du  Kouy-tclieou,  qui  produit  jikis 
de  40  000  balles  de  soie  de  cette  espèce  de  Bombyx.  Il  ne  peut  se  dévider 
qu'après  avoir  subi,  pendant  une  heure,  un  bain  de  lessive  de  cendre.  Quant  au 
Ya-ma-maï  dont  j'ai  annoncé  un  nouvel  envoi  à  la  Société,  j'espère  qu'elle  en 
est  maintenant  en  possession.  M.  le  docteur  Pompe,  qui  m'a  annoncé  son 
départ  de  Nagasaki  pour  la  France,  il  y  a  environ  deux  mois,  me  dit  qu'il  se 
charge  d'en  remettre  lui-même  les  graines  à  Son  Excellence  M.  le  Ministre  et 
à  la  Société. 

Veuillez  agréer,  monsieur  le  Président,  etc.  Eug.   Simon. 


I?.   CHRONIQUE. 


iSociété  d'acclimatation   de   la   Réunion. 

La  Sociétt!  d'acclimatalion  et  d'histoire  naturelle  de  l'île  de  la  Réunion, 
fondée  à  Saint-Denis,  le  18  septembre  18G1>,  \ient  de  publier  le  premier 
numéro  (janvier  1863)  de  son  Biillclin. 

A  la  suite  des  actes  constitutifs,  dos  règlements,  de  l'organisation  du 
bureau,  du  comité,  des  délégués  et  des  commissions  spéciales  de  notre  nou- 
velle Société  coloniale  afliliée,  ce  numéro  contient  d'abord  une  intéressante 
notice  de  MM.  les  docteurs  (  li.  Coquerel  et  Aug.  Yinson  sur  les  Vers  à  soie 
de  Madagascar,  qui  pourraient  être  acclimalés  à  l'île  de  la  Uéunion ,  et 
particulièrement  sur  le  Bombyx  Radama  et  le  Borocera  Cajani,  dont  il 
donne  la  figure  sous  ses  trois  formes  de  papillon,  de  cbenille  et  de  cocon. 
On  y  trouve  ensuite  l'énoncé  succinct  du  but  que  se  propose  la  Société  de 
la  Uéunion,  par  M.  le  docteur  Bin-g,  secrétaire  génér.il,  qui  fait  remarquer 
combien  noire  colonie,  par  réchellc  de  température  qu'ollrent  ses  dillé- 
rcntes  altitudes,  se  prête  admirablement  à  l'ieuvre  de  l'acclimatation,  et 
connnent  elle  est  parfaitement  .située  pour  faciliter  les  échanges  de  produits 
naturels  utiles  entre  la  France,  l'Inde,  l'Australie,  Madagascar  et  le  Cap. 

Ce  numéro  renferme  en  outre  les  procès-verbaux  des  séances  de  la 
Société  et  des  Extraits  du  Bulletin  de  la  Société  iiapériale  d'accliinatation, 
sur  les  Vers  à  soie  sauvages  et  domestiques,  les  plantes  à  sucre,  la  race 
ovine  Ong-ti  et  l'utilité  des  oiseaux  insectivores.  (II.) 


Des  diverses   cultures  en   Egypte, 

par  M.  ViENNOT. 

D'après  des  estimations  faites  par  des  personnes  qui  ont  parcouru 
l'Egypte,  et  qui,  tant  par  des  relevés  statistiques  que  par  une  longue  suite 
d'opérations  connnerciales  avec  ce  pays,  ont  pu  le  mieux  apprécier  sa  situa- 
tion agricole,  on  admet  généralement  que,  pour  une  population  de  /i  mil- 
lions à  !i  millions  et  demi  d'habitants,  il  possède  environ  /i  millions  et 
demi  de  feddaus  de  terres  cultivées  (soit  près  de  2  millions  d'hectares,  le 
feddan  équivalant  à  /lO  ares  83  centiares).  L'espace  cultivable  est  suscep- 
tible d'une  extension  qui  n'a  d'autres  limites  que  la  mesure  dans  laquelle 
on  peut  faire  reculer  les  sables  du  désert  devant  les  eaux  fertilisantes  du 
INil.  Aussi  l'Egypte  ancienne  comptait-elle  plus  de  10  millions  de  feddans 
mis  en  culture,  à  une  époque  où  le  chiffre  de  la  population  paraît  avoir  été 
également  de  10  millions  d'habitants. 

Les  productions  agricoles  de  cette  contrée  comprennent,  par  ordre  tl'im- 
portance  :  le  Coton,  les  Céréales  (Blé,  Dour.ih,  Fèves,  Orge,  Lentilles,  Riz, 
Maïsj,  le  Sucre,  le  Lin  et  le  Sésame,  l'Opium,  le  Séné,  le  Café,  divers 


CHRONIQUE.  233 

fruils  (Dalles,  Oranges,  l'aslèques)  cl  légumes,  ol  les  fourrages  et  herbes 
employés  à  la  uourrilurc  des  bestiaux. 

La  récolte  du  Coton,  favorisée  par  la  guerre  des  États-Unis,  prend  cha- 
que année  des  proportions  plus  considérables.  En  1861,  elle  était  de 
700  000  quintaux,  valant  en  moyenne  de  GO  à  80  francs.  En  1862,  elle  était 
de  1  300  000  quintaux,  d'une  valeur  ordinaire  de  150  à  L»00  francs,  mais 
qui,  dans  cerlains  moments  de  grande  animation  du  marché  de  Liverpool, 
ont  atteint  de  190  à  2/i()  francs,  suivant  la  qualité.  On  croit  que  le  Coton  semé 
cette  année  produira  2  millions  de  quintaux.  Jadis  le  Cotonnier  ne  se  culti- 
vait que  dans  la  basse  Egypte,  mais  les  essais  faits  par  ordre  du  prince 
fsmaïl-pacha  (aujourd'hui  vice-roi)  dans  ses  propriétés  de  la  haute  Egypte, 
ont  prouvé  (pie  la  plan;o  y  donne  non -seulement  une  égale  quanlité  en 
rendement,  mais  que  la  qualité  de  la  fibre  est  supérieure. 

La  culture  des  Céréales  tend  aussi  à  se  développer  :  en  1862,  on  en  a 
exporté  3  millions  iVardebs  (soif  5  millions  d'hectolitres,  Vardeb  équivalant 
à  18/i  litres)  ;  celle  du  Lin,  du  Sésame,  du  l'.iz,  étant  peu  profitable,  diminue  ; 
on  cherche  à  approprier  au  Cotonnier  les  terres  précédemment  alfcctécs 
au  Riz. 

L'Egypte,  qui  a  produit,  en  1862,  70  0O0  quintaux  do  sucre,  mais  qui  en 
importait  encore  15  000  quintaux,  tirés  principalement  de  la  iM-ance,  paraît 
devoir  bientôt  suffire  à  sa  propre  consommation,  et  être  en  mesure  de 
vendre  au  dehors  un  large  excédant.  Les  grands  producteurs  de  cette  denrée 
sont  fsmaïl- pacha,  son  frère  Mustapha-f'acha,  et  les  héritiers  d'Achmet- 
pacha,  qui  s'est  noyé  il  y  a  quelques  années. 

On  a  renoncé  à  cultiver  le  Café  et  l'Indigo,  dont  le  prix  n'était  plus  assez 
rémunérateur;  en  revanche  Téducalion  des  Vers  à  soie  est  en  faveur,  et  le 
Mûrier  se  mulliplie  à  vue  d'œil  dans  la  basse  Egypte. 

La  concurrence  que  l'Opium  de  Turquie,  bien  supérieur  en  qualité,  oppose 
au  produit  égyptien  analogue,  sur  les  marchés  de  l'Europe,  a  fait  abandonner 
aussi  la  culture  du  l'avot.  Celle  du  Séné  varie  en  raison  des  quantités  plus 
ou  moins  abondantes  que  l'Inde  verse  sur  les  mêmes  marchés. 

Jusqu'à  l'année  1861,  le  total  des  exportations  de  l'Egypte  ne  dépassait 
pas  150  millions  de  francs.  On  l'évalue  pour  1862,  vu  le  haut  prix  des 
cotons,  à  250  millions,  et,  en  supposant  que  ce  prix  reste  le  même  en  1863, 
on  pense  que  ce  total  pourra  atteindre  350  millions.  Les  quatre  cinquièmes 
des  exportations  ont  pour  destination  l'Autriche  et  l'vVngleterre. 


Compte  rendu  du  journal  Le  JaRDIN  ZOOLOGIQUE  DE  FRANCFORT, 

par  II.  Debains. 

Le  savant  directeur  du  journal  le  Jardin  zoologique,  le  docteur  Wein- 
land  (de  Francfort),  commence  dans  le  numéro  de  janvier  une  série  d'études 
pleiuos  d'intérêt  sur  les  espèces  d'animaux  et  d'oiseaux  qui  ont  disparu  de 
la  surface  du  globe,    il  émet  l'espoir  que  les  jardins  zoulogiques  contri- 


23/l        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQI'E   i/aCCLIMATATION. 

bucront  h  nous  conserver  quelques  belles  espèces  qui  menacent  de  dis- 
paraître. 

Le  docteur  Jaeger  consacre  dgalenieni  une  série  d'articles  à  la  psycho- 
logie des  animaux. 

On  mande  de  Hongrie  que  les  Faucons  à  pattes  rouges  [Falco  riifipes)  y 
sont  très  communs.  C'est  un  bel  oiseau  de  volière.  Il  rendrait  des  services 
aux  agriculteurs,  car  il  mange  beaucoup  d'insectes. 

Février.  —  Un  jardin  zoologiquc  va  être  ouvert  ù  Munich.  Il  sera  placé 
sous  la  direction  scientifique  du  docteur  Filzingcr. 

On  mande  de  Slutlgard  qu'un  hôtelier,  M.  Werner,  a  réussi  à  y  obtenir 
en  captivité  la  reproduction  de  la  Cigogne  commune  (Ciconia  alla),  ce  bel 
oiseau  si  sottement  persécuté  en  France.  Ce  difficile  résultat  n'a  été  obtenu 
qu'après  de  grands  eiïorts.  La  Grue  cendrée  {Ardea  cinerea)  est  beaucoup 
plus  facile  à  élever. 

On  recommande  aux  agriculteurs  un  excellent  livre  ôo  M.  li.  Veltcl  sur 
l'élève  des  Poules  {Die  praklische  UUhncrzitch!,  (Jùrlitz,  ('«emcrsclie  Bucli- 
handlung,  1863,  in-8°).  Ou  y  trouvera  notamment  de  précieuses  indications 
sur  les  maladies  des  Poules. 

Mars.  —  Le  directeur  du  jardin  zoologique  de  Dresde  envoie  une  notice 
détaillée  sur  les  naissances  dans  cet  établissement.  Contrairement  aux 
expériences  qui  ont  été  faites  dans  d'autres  jardins,  il  a  remarqué  que  les 
individus  du  genre  Chevreuil  s'accommodaient  très  bien  pour  leur  nourriture 
habituelle  de  bonnes  Pounnes  de  terre. 

En  quinze  mois  une  femelle  de  l'espèce  des  Cochons  à  masque  a  mis  bas 
quarante-cinq  petits. 

Le  docteur  lleyncmann  écrit  qu'il  a  reçu  de  l'intérieur  de  la  Turquie  une 
paire  d'admirables  Pigeons  blancs  à  queue  bleu  clair.  Cette  variété  lui  paraît 
inconnue  jusqu'à  ce  jour. 

Le  docteur  Bodinus,  l'habile  directeur  du  jardin  zoologique  de  Cologne  (1), 
donne  d'intéressants  détails  sur  les  progrès  de  cet  établi.ssemciit.  Il  attribue 
les  tubercules  qui  causent  la  mort  de  tant  d'oiseaux  à  une  nourriture  trop 
abondante  pour  l'étal  de  captivité.  11  a  réussi  à  élever  seize  Cygnes  noirs. 

(1  )  Grâfc  à  la  rnpidilc  et  ;i  la  facililé  dos  coninnuiicalioiis  ciilrc  Cii1o£;iic  cl  Paris,  je  prends  la 
libcrié  de  faire  remarquer  combien  les  échanges  feraicnl  faciles  cnire  les  jardins  de  ces  deux 
\illcs. 


OUVRAGES   OFFERTE  A    LA   SOCI^:TÉ. 


SÉANCE    DU    9    JANVIER    18G3. 

Biilleliii  de  la  Société  centrale  d'agriculture  et  d'acclimalalion  des  Basscs-AIpcs, 
2«  semestre,  1862. 

Annuaire  pour  4  863,  de  la  Société  d'horticulture  et  d'acclimalalion  du  départe- 
ment de  Tarn-el-Garonne,  3''  année.  » 

AccUmalhalion  Society  nf  Grcat  Brilain,  Ireland,  and  the  Colonies,  second 
aiinua!  Report,  1862. 

Annales  de  la  Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et  commerce  du  Puy,  t.  XXlIt, 
■1860. 

Mémoires  de  la  Société  académique  de  Maine-el-Loire,  XI'' et  Xll'  volumes,  1862. 

Annales  dl^  la  Société  d'Iiorlicullure  et  de  botanique  de  l'Héraull,  t.  II,  n"  à, 
décembre  1862. 

Société  genevoise  d'utilité  publique,  .5''  année,  à''  trimestre,  18C2. 
Eyercilazioni  deU'Accadcmia  agraria  di  l'esaro,  li'\  ■12''  et  \'.-V-  années. 
Rapports  dcsnicnibrcs  de  la  section  française  dn  jury  international  sur  l'ensemble 
de  l'Exposition  universelle  de  Londres  de  1862,  six  volumes  grand  in-8. 

Catalogue  officiel  de  la  section  française  publié  par  ordre  de  la  Commission  spé- 
ciale. 

International  exhibition,  1862.  —  Jarij  directory. 

—  —  Induslrial  Dritish  Catalogue. 

—  —  Indusirial  Foreign  Catalogue. 
L'Autriche  à  l'Exposition  internationale  de  1862. 

Royaume  d'Italie,  catalogue  officiel  de  son  exposition. 

Ces  sept  derniers  documents  ont  été  offerts  à  la  Société  par  M.  le  docteur  Jui.ES 
Cloquet. 

Notices  pomologiques,  description  des  poiriers,  24''  et  25^  livraisons,  par  M.  J.  de 
LiRON  d'Airoies,  offert  par  l'auteur. 

Notice  sur  l'Ailanlc  glanduleux  et  sa  culture,  par  M.  A.  Dupuis. 

Observations  faites  à  llarcourt  en  1860  et  1861,  sur  les  arbres  qui  ont  souffert 

et  sur  ceux  qui  ont  résisté  pendant  l'hiver  de   1859  et  1860,  par  M.  PÉPIN. 

Offert  par  l'auteur. 

Dernières  explorations  en  Australie,  par  M.  E.  Cortambert.  Offert  par  l'auteur. 

Aperçu  tiiéorique  de  la  géographie  géognostique  de  l'Afrique  centrale,  par  M.  le 
professeur  I''iGAr,i-i!i-:Y.  Olfert  par  l'auteur. 

Les  Yignes  de  la  Nord-Amérique,  par  M.  E.Durand,  de  l'Académie  des  sciences 
naturelles  de  Philadelphie,  mémoire  précédé  d'une  introduction  par  M.  Ch.  des 
Moulins,  Bordeaux,  1862. 

Revue  britannique,  nouvelle  série,  2'  année,  n"  12,  décembre  1862. 
Di  alcuni  recenti  progressi  dette  ^cienzc  flnche  e  délie  loro  applicazioni,  par  M.  le 
professeur  Baruffi,  Turin,  1862.  Offert  par  l'auteur. 

Assemblée  générale  de  l'institut  de  charité  fondé  à  Saverdun  (Ariége),  i862. 
Offert  par  M.  Léo  d'OuNOUS. 


V.  BULLETIN  MENSUEL  DU  JARDIN  D'ACCLIMATATION. 


I.  —  Mars  est  le  mois  des  brusques  cliangcments  atmosph(îiiques,  le  mois 
des  giboulées.  Minimun  de  la  température  -j-  3",  maximum  -f-  ^5". 

II.  Reproductions. — La  ponte  des  Oiseaux  se  fait  lentement,  elle  n'a 
encore  donné  que  1640  œufs.  Celle  des  Canards  et  des  Oies  est  à  peine 
commencée;  celle  des  Poules  n'est  pas  encore  établie  régulièrement:  ce  sont 
toujours  les  espèces  asiatiques  qui  sont  en  avance  et  les  indigènes  les  plus 
tardives.  Une  femelle  de  Casoar,  du  18  janvier  au  25  mars,  a  pondu  seize  oeufs 
çù  et  là  dans  son  parc;  ces  œufs  ont  été  ramassés  et  réunis  dans  la  cabane 
couverte  attenante  au  parc  de  ces  grands  Écbassiers.  Après  le  huitième,  le 
mâle  a  commencé  à  s'en  occuper,  il  les  couve  en  fléchissant  les  jambes  et  en 
se  plaçant  dessus  et  les  ramassant  sons  lui  avec  son  bec,  mais  il  est  très  dé- 
fiant et  abandonne  les  œufs  au  moindre  bruit. 

La  jeune  Autruche  femelle  donnée  par  le  jardin  zoologiquc  de  Marseille, 
où  elle  est  née,  a  pondu  son  premier  œuf  le  25  mars. 

Tous  les  Oiseaux  sont  généralement  beaux  à  voir  en  ce  moment.  Les 
plumes  de  l'Outarde  mâle  ont  une  vivacité  qui  rivalise  avec  l'éclat  du  plu- 
mage des  Oiseaux  des  contrées  tropicales.  On  ne  le  voit  point  cependant 
cocher  sa  femelle,  non  plus  que  les  Faisans  mâles,  qui  ont  la  pièce  écarlale 
du  pourtour  de  l'œil  plus  prononcée  que  jamais,  veloutée  et  rutilante.  Il 
paraît  qu'il  en  est  de  même  de  tous  les  animaux  sauvages,  ils  aiment  le  mys- 
tère dans  l'amour.  * 

III.  Naissances.  —  II  est  né  de  l'Antilope  nilgaut  deux  petits  :  c'est  sa 
troisième  portée.  Un  Mouflon  à  manchettes  a  été  tué  par  son  père  le  troi- 
sième jour  après  sa  naissance.  C'est  la  seconde  fuis  qu'un  pareil  accident 
arrive  au  Jardin  ;  il  importe  donc  de  .séparer  le  mâle  en  pareil  cas  et  de  ne 
laisser  le  petit  qu'avec  la  femelle.  Une  Biche  axis,  un  Agneau  race  Morvan, 
un  race  de  Hongrie,  un  de  la  Brebis  RomanolT,  une  Brebis  Ong-ti  mort-née. 
Cette  portée  d'un  seul  petit,  d'une  race  qu'on  dit  être  si  féconde  en  Chine, 
s'explique  peut-être  par  le  jeune  âge  de  la  mère  et  du  père,  qui  avaient  à 
peine  onze  mois  et  qu'on  ne  supposait  pas  devoir  produire  si  promptement. 

La  femelle  Moullonne  qui  a  perdu  son  petit  au  commencement  du  mois  a 
déjà  repris  le  mâle.  Voici  les  animaux  que  nous  avons  en  ce  moment  en 
état  de  gestation  :  une  Biche  Aristote,  une  Biche  rusa,  une  Axis,  une  Anti- 
lope nilgaut,  une  INIouflonne,  2  Ouanacos,  3  Lamas,  un  Yak,  un  métis  Yak, 
2  Chèvres  du  Sénégal  et  d'f-lgypte,  un  Zébu  nain,  une  Ilémione,  une  Jument 
hollandaise  et  diverses  Brebis  et  Chiennes. 

IV.  Mortalité.  —  Elle  a  été  considérable ,  surtout  parmi  les  volatiles, 
12  Coqs  et  2S  Poules  de  diverses  races.  La  I-'léchoise  a  paru  plus  particu- 
lièrement frappée.  Les  animaux  de  celte  race  qui  ont  succombé  ne  parais- 
saient point  malades,  ou  du  moins  ils  n'attirèrent  l'attention  du  gardien  par 
aucun  signe  de  maladie;  ils  étaient  la  veille,  dit-il,  gais  et  bien  portants,  et 
le  lendemain  matin  il  les  ramassait  morts,  la  crête  et  les  barbillons  presque 


BULLETIN   MENSUEL   DU   JARDIN   d'aCCLIMATATION.  237 

noirs.  A  l'autopsie,  on  trouvait  des  congestions  pulmonaires  du  foie  ou  du 
cerveau  ;  chez  un  Coq,  le  testicule  citait  très  volumineux  et  pesait  âU  grammes, 
tandis  que  le  poids  de  ce  même  organe  pesé  comparativement,  et  pris  sur 
un  autre  Coq  de  la  même  race,  pesait  un  gramme.  Dans  ce  testicule  ainsi 
hypertropliiiî  les  conduits  éjaculateurs  (étaient  distendus  par  la  liqueur  sper- 
matique,  dans  laquelle  on  distinguait,  au  microscope,  des  animalcules.  Un 
parquet  de  Bantams  a  donné  aussi  plusieurs  morts,  mais  la  mort,  chez 
eux,  avait  été  précédée  d'une  maladie  hien  visible.  A  l'cxanien  anatomique, 
'  on  trouva  des  tubercules  dans  différents  organes,  et  chez  un  jeune  Coq  de  cette 
race,  une  occlusion  intestinale  déterminée  par  une  niasse  de  matière  jau- 
nâtre évidemment  de  cette  nature,  placée  sur  le  cœur,  avec  dilatation  de  la 
partie  supérieure  de  rintcstin. 

A  ces  pertes  il  faut  ajouter  33  oiseaux  de  volière,  dont  5  Colins,  6  Fai- 
sans, 1  l'aon  spicifère,  2  Hoccos,  4  Tourterelles  ortolans  de  la  Guadeloupe  ; 
et  sur  la  rivière  une  Cigogne  noire,  un  Canard  mandarin,  un  Canard  de  la 
Caroline,  un  Labrador,  et  un  assez  grand  nombre  de  Canards  sauvages 
(Millouins,  siffleurs,  Garols,  Sarcelles,  etc.).  C'est  l'époque  où  nous  faisons 
provision  de  ces  oiseaux,  et  celte  mortalité  peut  être  attribuée  à  la  nostalgie 
résultant  du  passage  de  la  vie  sauvage  à  la  captivité.  Chez  quelques-uns,  dont 
l'examen  anatomique  a  pu  être  fait,  on  a  trouvé  des  vers  de  diflérentes  sortes, 
ténias,  ascarides,  distomes,  dont  plusieurs  avaient  perforé  la  membrane 
muqueuse  de  l'intestin  et  s'étaient  logés  sous  la  tunique  externe. 

V.  Dons.  —  Deux  Pintades  à  joues  bleues,  de  M.  Ferdinand  de  Lesseps; 
un  Chien  et  une  Chienne  du  Saint-Bernard,  de  M.  Adolphe  d'Eichthal. 

VI.  —  VAqnarium  présente  toujours  une  riche  collection  de  Mollusques, 
Crustacés  et  Zoophytes.  Parmi  eux  on  distingue  les  Oursins  ou  liérissons 
de  mer  ;  les  Étoiles,  si  bien  nommées  à  cause  de  leur  forme,  et  qui,  en  venant 
s'appliquer  sur  la  paroi  de  verre  faisant  face  aux  visiteurs,  permettent  d'obser- 
ver le  merveilleux  mécanisme  de  leur  locomotion  si  lente,  malgré  la  multitude 
de  leurs  jambes.  On  \  oit  aussi  en  ce  moment  trois  sortes  de  Bernard-l'ermite  : 

1°  Le  Bernard-l'ermite  commun,  appelé  Crabe  soldat  {Pagurus  Bernhur- 
ihis),  parce  qu'il  se  tient  dans  sa  coquille  comme  dans  une  guérite. 

2»  Le  Bernard-l'Ermite  {Pagurus  Prideauxi),  que  l'on  reconnaît  à  ses 
pattes  violettes  couvertes  de  poils  ;  c'est  sur  les  coquilles  qu'il  habite  que 
s'attache  l'Anémone  parasite  (Adamsia  palliata). 

3°  Les  Bernard -l'ermite  de  la  Méditerranée,  envoyés  de  Toulon  par 
M.  Élie  Margollé,  sont  plus  petits  que  ceux  de  l'Océan  ;  ils  sont  d'une  couleur 
rouge-brique  et  occupent  aussi  des  coquilles  tout  à  fait  différentes  de  celles 
qu'habitent  ces  derniers. 

L'Aquarium  a  reçu  d'IIuningue  1500  œufs  de  Truite  saumonée,  et  il  a 
été  donné  à  plusieurs  membres  de  la  Société,  MM.  Wallut,  Millet  et  Gillel 
de  Grandmont,  plus  de  GOOO  jeunes  Truites,  Saumons,  Ombres-chevaliers, 
à  l'état  d'alevin  obtenu  dans  nos  appareils  de  pisciculture,  et  dont  le  plus 
grand  nombre  est  destiné  à  peupler  les  eaux  du  Vésinet. 


238        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION, 

VII.  Jardin.  —  La  tempéialure  a  été  en  moyenne  de  -]-  2  degrés  à  six 
heures  du  malin,  et  de  -\-\\  dej^rés  après  midi. 

Cette  température,  jointe  à  une  [grande  sécheresse,  a  continué  à  retarder 
le  mouvement  ascensionnel  de  la  sève,  qui  se  trouve  maintenant  plutôt  en 
retard  qu'on  avance  sur  les  années  ordinaires.  Néanmoins  presque  tous  les 
arbustes  et  la  plupart  des  arbres  ont  commencé  à  végéter,  et  les  abris  ont 
pu  être  enlevés  aux  végétaux  que  Ton  garantit  l'iiiver. 

Les  fleurs  sont  encore  très  rares.  Elles  se  bornent,  pour  les  massifs,  aux 
Forsythia,  Chamaecerasus ,  Mahonia,  Groseilliers  sanguins,  Cerisiers  à  fleurs 
doubles.  Cognassiers  du  Japon ,  Ajoncs  à  fleurs  doubles,  Lilas  et  Pêchers  ù 
fleurs  doubles;  ponr  les  corbeilles,  aux  Pensées,  Giroflées  jaunes, Corbeilles 
d'argent.  Pâquerettes  et  Violettes.  Dans  quelques  jours  le  Jardin  aura  com- 
plété sa  toilette  printanière.  , 

Le  Jardin  d'expérience  a  déjà  reçu  de  nouveaux  semis,  dont  une  partie 
est  déjà  levée.  Sous  les  châssis,  les  semis  l'aiis  en  février  sont  aussi  en 
grande  partie  levés.  Nous  signalerons  ici  un  t'ait  qui  pourra  rendre  service 
aux  personnes  qui  reçoivent  des  végétaux.  Le  Jardin  a  reçu,  le  12  janvier, 
un  pa(iuct  d'arbres  et  arbustes  venant  du  Canada,  dans  un  si  mauvais  état, 
que  nous  désespérions  d'en  sauver  un  seul.  Nous  les  avons  complètement 
enfouis  dans  la  teirc  (racines  et  liges)  à  10  centimètres  de  profondeur,  et  nous 
les  avons  laissés  jusqu'au  25  mars,  c'est-à-dire  plus  de  soixante  et  dix  jours, 
et  nous  avons  été  agréablement  surpris,  en  les  retirant,  de  les  trouver,  non 
pas  en  parfait  étal,  mais  considérablement  améliorés  ;  le  bois,  de  ridé  qu'il 
était,  avait  repris  sa  iVaîcheur,  les  racines  commençaient  à  émettre  de  nou- 
veaux suçoirs  et  certaines  tiges  avaient  développé  de  nouvelles  pousses.  11 
est  donc  très  probable  que  nous  sauverons  une  grande  partie  de  cet  envoi, 
qui  contient  surtout  des  essences  fruitières. 

LesCamellias  du  Jardin  d'hiver  ont  été  dans  leur  plus  grand  éclat  pendant 
tout  le  mois.  Sans  entrer  dans  le  détail  des  variétés,  nous  dirons  cependant 
que  \cs  alba  pleiui,  iinbricata,  ra^/a,  Cliandierie  élégant,  jubilé,  reine  des 
fleurs,  Donkclarii,  marquise  d'Exeler,  et  surtout  le  rcliciduta  (magnifique 
espèce  dont  les  fleurs  éclalanles  atteignent  20  cenlimèlres  de  diamètre), 
ont  été  particulièrement  remarqués  par  les  nombreux  visiteurs.  Les  lîhodo- 
dendronsdu  Népaul  arrivent  à  leur  plus  grande  floraison,  et  seront  suivis  par 
les  Azalées  de  l'Inde,  dont  plusieurs  sont  déjà  en  fleur.  Les  Primevères  de 
la  Chine,  les  Cinéraires  aux  couleurs  vives  et  variées,  et  les  Hedijchiuni, 
dont  les  fruits  rouge  orangé  sont  généralement  pris  pour  des  fleurs,  com- 
plètent l'éclat  de  ce  beau  Jardin. 

Le  Jardin  a  reçu  : 

1"  De  M""'  Drouyn  de  Lhuys,  une  Violette  nouvelle  de  Valence  (Espagne). 

2'  De  la  Société  impériale,  venant  de  !\I.  Cloquet,  les  vaiiélésde  Pommes 
de  terre  Lesèble  et  Cuillaucl. 

3"  Ue  M""^  la  marquise  de  Griujaldi,  des  graines  de  CarJère. 

Il"  De  M.  Drouyn  de  Lhuys,  une  collection  de  graines. 

Le  Diredeur  du  Jardin  d'accUmatalion, 
llUFZ  L)K  LaVISOiX. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  CHIENS 


AU 


JARDIN  ZOOLOGIQUE  D'ACCLIMATATION  DU  BOIS  DE  BOULOGNE. 


RÈGLEMENT. 

Article  1".  —  L' l'exposition  sera  ouverte  au  public,  du  dimanche 
3  mai  1863,  à  9  heures  du  matin,  au  dimanche  suivant,  10  mai,  à  6  heures 
du  soir. 

Elle  comprendra  les  Chiens  présentés  de  toutes  les  parties  du  monde,  qui 
auront  été  admis  par  une  Commission  nommée  à  cet  clïet  par  les  Conseils 
d'administration  des  deux  Sociétés. 

Art.  'i.  —  Les  cx})Osants  devront  faire  savoir  au  directeur  du  Jardin  d'ac- 
climatation, avant  le  i"  avril  1863,  le  nombre,  le  sexe,  la  race  et  l'ùgc  des 
animaux  qu'ils  se  proposeront  d'envoyer. 

Aucune  demande,  apri;s  cette  époque,  ne  sera  admise. 

Les  Chiens  devront  être  rendus  francs  de  port  au  Jardin,  au  plus  tard  le 
30  avril,  à  3  heures,  munis  d'un  collier  et  d'une  chaîne  de  l'",GO  au  moins, 
en  bon  état,  sous  peine  de  ne  point  être  admis. 

Les  Chiens  devront  être  adressés,  par  grande  vitesse,  â  M.  le  directeur  du 
Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulo!jne,'à  Paris.  Ceux  qui  ne  seront 
pas  accompagnés  devront  être  placés  dans  des  caisses  ou  dans  des  paniers, 
de  façon  que  leur  voyage  d'aller  et  de  retour  puisse  se  faire  sans  aucun  risque 
de  perte  ni  d'accident  (l). 

Passé  le  30  avril,  3  heures,  aucun  chien  ne  sera  plus  reçu. 

Tout  Chien  que  la  Commission  d'admission  refuserait  de  laisser  figurer  à 
l'Exposition  sera  immédiatement  renvoyé  au  propriétaire  et  à  ses  frais. 

Les  animaux  admis  ne  pourront,  sauf  le  cas  de  maladie,  être  retirés  avant 
la  clôture  de  l'Exposition. 

Après  la  clôture,  il  est  accordé,  pour  les  retirer,  un  délai  de  cinq  jours. 
Ce  délai  expiré,  les  Chiens  qui  n'auraient  pas  été  retirés  seront  vendus,  aux 
enchères  publiques,  par  le  ministère  d'un  commissaire-priseur,  et  le  prix  de 
vente  sera  tenu  à  la  disposition  des  propriétaires,  défalcation  fuite  des  frais 
occasionnés  par  les  animaux  pendant  leur  séjour  au  Jardin  d'acclimalation. 

Par  exception,  les  Chiens  d'appartement  pourront  être  retirés,  chaque 
soir,  par  leurs  propriétaires ,  à  la  condition  de  les  ramener,  chaque  jour, 
avant  10  heures  du  matin. 

Art.  3.  —  Les  soins  et  la  nourriture  des  animaux,  pondant  toute  la  durée 

de  leur  séjour  au  Jardin  (racclimatation,  seront  à  la  charge  des  exposants. 

Pour  ceux  des  exposants  qui  en  feraient  la  demande,  la  direction  se  char- 

(1)  Les  cliomins  de  fer  aiil  accorJé  une  riiJuclioii  de  moiliû  sur  le  prh  de  Iraiisport  des  chiens 
placés  dans  des  caisses  ou  dans  drs  p.inicrs. 


2/iO       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 
géra  de  ces  frais,  au  prix  de  50  centimes  par  jour  pour  cliaque  chien  ;  mais 
elle  ne  répondra  d'aucune  mort  ou  porte ,  ni  d'aucun  accident,  quelle  qu'en 
soit  la  cause. 
Le  service  des  animaux  devra  êlre  terminé,  tous  les  jours,  avant  9  heures 

du  malin. 

Art.  /4.  —  Les  animaux  seront  exposés  dans  des  locaux  établis  des  trois 

manières  suivantes  : 

1°  Les  Chiens  de  luxe  et  d'appartement  (petites  Levrettes,  Carlins,  King- 
Charles,  Bichons,  etc.)  seront  isolément,  dans  des  compartiments  d'un  mètre 
en  tous  sens,  couverts  par  une  tente,  et  clos  par  des  planches,  excepté  sur 
le  devant,  qui  sera  grillagé. 

2°  Les  meutes  et  parties  de  meutes  de  Chiens  courants  seront  sous  des 
lentes,  dans  des  enclos  de  32  mètres  superficiels ,  où  se  trouveront  des 
bancs  de  chenil  élevés  au-dessus  du  sol. 

3°  Les  autres  Chiens  seront  sur  des  estrades  de  bois,  et  attachés  selon  la 
méthode  anglaise,  de  deux  en  doux  mètres,  de  façon  qu'ils  ne  puissent  jamais 
s'atteindre,  tout  en  jouissant  d'une  liberté  relative.  Ces  estrades  seront  cou- 
vertes de  teules  auxquelles  pourront  être  adaptés  des  rideaux. 

^nr,  5.  _  Pour  faciliter  aux  exposants  la  vente  des  animaux  exposes,  la 
direction,  sur  la  demande  qui  lui  on  sera  adressée,  fera  insérer  dans  le  cata- 
logue de  l'Exposition  le  prix  demandé  par  le  vendeur. 

Les  exposants  pourront  en  outre  s'entendre  avec  la  direction  pour  .a  vente 
et  la  livraison  des  animaux  exposés,  ainsi  que  pour  le  recouvrement  du 

prix  de  vente. 

Après  la  clôture  de  l'Exposition,  et  sur  la  demande  exprimée  avant  celle 
clôture  par  les  exposants,  il  sera  fait,  par  le  ministère  d'un  commissaire- 
priseur,  une  vente  aux  enchères  des  animaux  qu'ils  désireraient  vendre. 

^RX.  6.  —  Une  carte  d'entrée  graluile ,  exclusivement  personnelle,  sera 
remise  à  chaque  exposant  ou  à  son  représentant,  par  la  dircclion  du  Jardin. 

En  cas  d'abus,  cette  carte  pourra  être  retirée. 

^j^-P  7,  __  Des  primes  en  argent,  des  médailles  d'or,  d'argent  et  de  bronze, 
et  des  objets  d'art,  seront  décernés  comme  récompenses,  le  G  mai,  sur  le 
rapport  d'un  jury  nommé  par  les  Conseils  d'administration  des  deux  Sociétés. 

Les  animaux  appartenant  au  Jardin  d'acclimatation  ne  prendront  point 
part  au  concours. 

Ar.T.  8.  —  L'organisation  et  la  surveillance  de  l'Exposition  sont  placées 
sous  l'autorité  du  directeur  du  Jardin  d'acclimatation. 

Vente  «l'iBii  jeiauc  TauB'cass  ^.«.liii.^ROT. 

La  vente  aux  enchères  publiques  du  jeune  'J'aureau  Sarlabut  olïert  par 
M.  DuTRÔNE  au  profit  des  ouvriers  cotonniers,  qui  était  annoncée  pour  le 
i  [i  avril,  n'aura  lieu  qu'en  mai  prochain,  au  Jardin  d'acclimalalion,  en  même 
temps  que  celle  de  plusieurs  Chiens  provenant  de  l'Exposition. 


I.   TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


RAPPORT 

A  LA  SOCIÉTK  IMPÉRIALE   d'aCCI.IMATATION 

SUR    L'EXPOSITION    DES    VOLATILES 

l'aitc  au  Jardin  (rarrliiiialalion  du  Imis  do  liniilnunc,  -    ' 

Par   M.    le  doetewr    RLFZ   DE    LAllSOl^tl). 

(Séance  du  I''''  mai  ISfiS.) 


Messieurs, 

La  faveur  avec  laquelle  l'exposition  universelle  des  Volatiles 
a  été  accueillie  l'année  dernière  par  le  public  a  eni^ai^V'  la 
Société  impériale  d'acclimatation  à  prêter  encore  cette  année 
son  concours  à  celle  du  Jardin  pour  une  exposition  semblable, 
cl  c'est  de  cette  exposition  que  je  viens  vous  rendre  compte. 

Elle  a  eu  lieu  au  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  du  dimancbe 
12  avril  au  dimancbe  10.  Quelques  personnes  ont  témoigné 
leur  regret  de  cette  courte  durée  ((ui  l'ait  courir  à  ces  utiles 
solennités  les  chances  aléatoires  des  entreprises  dont  le  succès 
dépend  du  bon  ou  du  mauvais  temps.  Mais  il  faut  prendre  en 
considération  les  soull'rances  et  les  dangers  auxquels  une  plus 
longue  durée  exposerait  les  animaux  renfermés  dans  des  cages 
étroites  dont  beaucoup  n'ont  pas  Fbabilude,  soumis  aux  chan- 
gements d'une  hygiène  nouvelle,  changements  toujours  fu- 
nestes ettenussans  cesse  en  éveil  par  la  cui'iosiié  publique  (2). 

Cetle  année  nous  avions  pu  tenir  comple  des  observations 
qui  nous  avaient  été  faites  l'an  dernier,  et  prendre  quelques 
dispositions  meilleures  en  plaçant  l'exposition  dans  une  allée 

(1)  Voyez,  pour  le  règlement  de  rcite  e.xposilion,  IluUetin,  18()2,  numéro 
de  janvier,  page  83. 

(2)  La  morlalité  pendant  tonte  Pexposition  n"a  été  que  de  l'J  îèles  sur 
1305  volatiles.  Mais,  à  la  fin,  le  nombre  des  l'ialadcs  ('-tait  considérable,. sur- 
tout parmi  les  Flécbois,  les  Cnveeœnrs,  les  Iiorkingts,  les  lîoliand.iis  et  les 
Campines.  On  a  remarqué  que  c'étaient  snrioni  les  poules  exposées  par  tes 
marchands  qui  ont  le  plus  sonUprl.  f^es  éleveius  ont  eu  moins  de  malades; 
je  citerai  en  exemple  de  Tefficacité  des  bons  soins  la  nombreuse  colleciion 
apportée  d'Ecosse  par  M'"'  Fer;;;usson  Biair,  et  qui  n'a  j)as  eu  un  seul  malade. 

T.  X.—  Mai  186?..  JG 


242       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

du  Jardin  plus  spacieuse,  qui  rendait  la  circulation  plus  com- 
mode et  facilitait  le  service. 

L'exposition  de  1863,  par  le  nombre  et  le  choix  des  sujets, 
l'emportait  sur  celle  de  1862.  Tel  a  été  le  jugement  du  jury 
confirmé  par  tous  les  articles  de  journaux  publiés  sur  ce 
sujet.  Le  jury  se  composait  des  mêmes  membres  que  l'an  der- 
nier :  MM.  Pomme,  président  ;  Berrier-Fontaine,  vicomte  Clary, 
Florent  Prévost,  Jacque,  Le  Pelletier  de  Glatigny,  Malezieux, 
Martin  (du  Nord),  Menncchet,  comte  de  Sinety,  Rufz  de  La- 
vison  et  Albert  Geoffroy  Saint-Hilaire,  et  auxquels  avait  bien 
voulu  se  joindre  M.  le  vicomte  de  Valmer,  président  de  la 
Société  protectrice  des  animaux. 

On  comptait  1325  pièces,  réparties  ainsi  dans  600  cages. 


(dont  G90  Vcmlcs  et  331  Coqs). 
Poules. 


De  la  Flèche 

Du  Mans 

Crèvecœur  noires.  . 

Houdan 

Hoinlan  coucous.  .  . 

De  Gascogne 

Gaussade 

Hollandaises  noires. 
—         bleues.  . 

Herminées  

Padoue  dorées  .  . .  . 


36 

6 

M  2 

.').! 
1 

!) 

2 
33 
22 

1 
10 
16 

8 
15 


—  blanches 

—  chamois 

Courtes  pattes H 

r.reda  blanclies 

—  noires 

Gueldres 

Campine  à  crètc  simple  . 

—  dorées 

—  argentées 

Hambourg 

.\ndalouses  bleues 

Ar.dalouses 

De  rile  d'Amour 

Coucous  de  France    .    . . 

De  Beaucc . .    

De  Bresse 

Du  Gange .... 

D'Eossc 

Groisi  es 

i'.ralimapootra 

il  reporte)'.  .  ■  ■ 


2 

5 

5 

2 

2 

12 

12 

2 

15 

6 

à 

2 

4 

2 

'I 

1 

lib 

ÏG2 


Coqs. 

17 
3 

50 

22 
1 
5 
1 

IS 

II 
l 
5 
8 

7 
0 


3 

1 
2 
7 
5 
1 
7 
2 
2 
1 
2 

1 
2 

1 

1!) 

2  !  ;t 


Report ...  . 
r.rahmapoolra  inverses. . 
Gochinchine  blanches.  .  , 

—  noires..    .  . 

—  coucous  .  . 

—  papillotées. , 

—  fauves . .  .  .  . 

—  perdrix  . .  .  . 
Bantanis  argentés 

—  dorés 

—  coucous 

—  <le  combat    .    .  , 

Naines  blanches 

Javanaises. 

iSègres 

Nègres  noires. 

De  combat 

Du  Gange 


Dorking 

Croisées 

Naines  anglaises. 
Naines  blanches . 
l'dide  do  soie. . 


i'oulcs. 

!lG2 

6 

21 

13 

17 

o 
O 

39 
à 

17 
7 
7 
5 
•i 
6 

10 
2 

14 
2 

48 
6 
2 
4 
1 


Cor|s. 
219 

o 
.) 

Il 
6 
S 
1 

1!) 

0 


o 

1 

7 

1 

22 


669      33 


(dont  70  femelles  et  48  mâles). 

Mandarin 1 

Garolins 3 

Mignons  blancs 5 

De  Barbarie 6 

Labrador 8 

D'Aylesbury 21 

De  Rouen _26 

70 


1 
3 

o 

5 

5 

11 

17 


EXPOSITION    DE   VOLATILES. 


2/1 S 


(Jonl  14  fomcllcs  et  11  mâles). 
Poules. 


Gris. . 

Noirs.. 
lîlancs. 


S 
2 

4 

là 


(dont  -43  femelles  et  43  mâles). 

Romains .        15 

De  volière '28 


43 

ta    Pintades 

(dont  8  femelles  et  3  mâles). 

Uhinches 4 

Oiises 4 


Coqs. 

G 

0 


1  I 


15 

28 


43  I^nisaus 

(dont  22  l'oules  et  21  Coqs). 

Poules. 

Argentés à 

QoTÙs 9 

ne  ITiide 1 

Panachés 2 

Cendrés 2 

Ordinaires 2 

Indiens 2 


'^2 


4S    I.ia|tiii<a. 

liéliers 

De  Piussie 

Normands 

Ar(!;entès 

Cachemires  blancs 

Angora  chamois 

liéliers  anijlais 


Coqs. 

1 

7 

r»     . 
."> 

2 
2 
2 
2 

2r 

19 
iO 

>> 
O 

.4 
2 
2 
2 

42 


Le  15  avril  a  (!u  lieu  la  distribution  cle.s  médailles.  Cette 
solennité  a  été  attristée  par  l'annonce  inattendue  de  l'événe- 
menl  funeste  dont  la  Société  venait  d'être  frappée,  et  qui  a  été 
faite  en  ces  termes  par  M.  le  directeur: 

«  On  s'étonne  toujours,  dit  Bossuet,  que  ce  mortel  soit 
mort.  Oui,  quelque  banale,  quelque  triviale  que  soit  la  mort, 
elle  aura  toujours  l'affreux  privilège  de  nous  étonner,  de  nous 
stupéfier,  lors([ue  celui  qu'elle  frappe  à  nos  côtés  était  l'objet 
de  nos  affections,  le  compagnon  de  notre  vie.  Oui,  par  cer- 
taines rencontres  de  circonstances,  certaines  morts  auront 
toujours  le  pouvoir  d'exercer  sur  notre  esprit  l'effet  des  plus 
étranges  surprises.  Telest  celui  delà  mort  que  j'ai  aujourd'hui 
à  vous  annoncer.  M.  Moquin-Tandon,  comme  vice-président 
de  la  Société  d'acclimatation,  devait  présider  cette  distribu- 
tion des  médailles.  Hier,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  au 
centre  de  la  médecine,  h  l'Académie,  il  voulait  bien  me  lire  le 
discours  qu'il  se  proposait  de  vous  adresser;  c'est  à  l'heure 
actuelle  une  parole  d'outre -tombe;  j'ai  pensé  que  vous  tien- 
driez à  l'entendre,  comme  les  dernières  paroles  de  M.  Moquin- 
Tandon,  comme  le  témoignage  de  l'intérêt  qu'il  portait  à  tout 
çc  qui  se  rattache  à  l'acclimalation.  Il  avait  été  l'ami  intime 


24/»       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATIoN. 

(le  Geoffroy  Sainl-Hilaire,  et  comme  rexécuteur  festamenlaire 
de  ses  pensées.  Aussi  la  Société  impériale  d'acclimatation  s'é- 
tait empressée  de  l'appeler  à  l'une  des  places  delà  vice-prési- 
dence, pour  remplir  le  vide  qu'avait  fait  la  mort  de  M.  deof- 
froy  Saint-Hilaire. 

Je  veux  vous  le  rappeler  d'un  seul  mot,  il  y  avait  dans  toute 
la  personne  de  M.  Moquin-Tandon  quelque  chose  d'antique, 
les  traits,  l'enjouement,  et  l'aimable  et  austère  vertu  de  So- 
crate.  Mais  ce  n'est  pas  le  lieu  ni  le  moment  de  payer  à  sa 
mémoire  le  tribut  qui  lui  est  dû.  Répétons,  en  serrant  nos 
rangs,  les  paroles  que,  dans  une  autre  occasion  bien  aussi 
douloureuse,  nous  adressait  l'homme  éminent  qui  a  pris  la 
conduite  des  destinées  de  l'acclimatation:  a  C'est  en  continuant 
leurs  œuvres  qu'on  honore  le  mieux  la  mémoire  des  hommes 
illustres.  » 

Discours  préparé  par  M.  Moquin-Tandon  pour  la  séance  de  distri- 
bution des  récompenses  de  l'exposition  de  Volatiles  (1863). 

Lu  par  M.  Albert  Geoffroy  Sa.int-Hii.aire,  directeur  adjoint.  .•    . 

Mesdames,  Messieurs, 

L'exposition  de  cette  année  est  plus  riclie  et  plus  belle  que  celle  de 
l'année  dernière. 

lin  1862,  nous  avons  eu  400  lots,  comprenant  environ  1500  individus, 
c'était  un  beau  commencement.  yVujourd'hui  nous  avons  500  lots,  compre- 
nant plus  de  2000  individus. 

Dans  notre  première  exposition ,  il  a  été  décerné  5  médailles  d'or, 
35  d'argent,  48  de  bronze  et  1  0  nifutions  honorables.  Aujourd'liui  nous 
allons  donner  6  médailles  d'or,  31  d'argent,  50  de  bronze  et  10  mentions 
honorables. 

Le  jury  a  reconnu  avec  plaisir  que  les  oiseaux  utiles  l'emportent,  comme 
l'année  précédente,  quant  au  nombre,  sur  les  oiseaux  d'agrément. 

Pourquoi  les  I^almipèdes  sont-ils,  en  général,  si  l'aiblement  représentés 
dans  les  expositions?  INous  accordons  la  prééminence  (et  c'est  justice)  à  la 
génie  gallinacée  ;  nous  convenons  que  les  Poules  et  les  Dindons  doivent 
avoir  le  pas  sur  les  Oies  et  les  Canards Mais  tout  en  plaçant  ces  der- 
niers sur  la  seconde  ligne,  nous  désirons  ipi'on  ne  les  néglige  pas;  c'est 
pourquoi  nous  engageons  les  éleveurs  à  nous  envoyer  à  l'avenir  des  échan- 
tillons plus  nombreux  de  l'ordre  des  Palmés. 

Les  caractères  généraux  de  la  présente  eXjKjsition  sei'ont  hienlùt  l'objet 
d'un  rapport  détaillé  rédigé  par  Ihabile  direcleui'  de  l'établissement. 

Je  dois  adresser  des  remercunents,  au  nom  de  la  Société  impériale  d'ac- 
climatation et  de  la  Compagnie  du  Jardin,  à  messieurs  les  membres  du  jury 


EXPOSITION    DE   VOLATILES.  245 

qui  se  sont  acquiUés  de  leurs  fonctions  délicates  avec  autant  d'empresse- 
ment que  d'impartialité. 

Jefélicile,  au  nom  de  ces  deux  sociétés,  les  éducateurs  infatigables  qui, 
par  leur  zèle  et  par  leiu"  travail,  maintiennent  les  bonnes  races  et  perfec- 
tionnent les  races  médiocres:  conserver  et  améliorer  sont  deux  buts,  sou- 
vent difficiles  à  atteindre,  vers  lesquels  doivent  être  dirigées  toutes  nos 
études  et  tontes  nos  expériences. 

Les  expositions  constatent  le  chemin  parcouru,  le  point  d'arrêt,  la  con- 
stance des  elTorts,  l'inégalité  des  résultats  et  les  nuances  du  succès.  Hon- 
neur aux  hommes  de  bonne  volonté,  c'est-à-dire  d'énergie  et  de  patience, 
qui  n'ont  pas  été  découragés  par  les  rivalités  ou  par  les  déceptions,  et  qui 
consacrent  leur  activité,  leur  temps  et  même  leur  fortune,  à  l'introduction 
et  à  la  propagation  des  animaux  utiles,  et  particulièrement  aux  progrès  de 
l'ornithologie  pratique  ! 

«  Lliotnme  ne  sait  pas  assez-,  disait  Dutfon,  ce  qu  il  peut  sur  la  nature! 

(!<'  discours  a  été  écouté  avec  un  douloureux  recueillement. 

Les  98  récompenses  indiquées  plus  haut  ont  été  décernées; 
les  noms  des  lauréats  se  trouvent  à  la  fin  de  ce  rapport. 

Un  amateur  distingué,  M.  Furne,  éditeur  du  journal  /a  Vie 
à  la  campagne,  comprenant  toute  l'importance  du  maintien 
des  beaux  types,  a  voulu  joindre  à  ces  récompenses  une  mé- 
daille d'ur  de  100  francs  pour  le  plus  beau  lot  de  Poules  et  Coqs 
Crévecœur  obtenus  par  un  éleveur  chez  lui  et  par  ses  soins. 
M.  Furne  désirerait  qu'on  donnât  des  prix  comme  celui-ci: 
500  francs  souscrits  par  une  ou  plusieurs  personnes  pour  le 
plus  beau  parc  de  Houdans  ou  de  Crèvecœurs  d'un  an  ou  de 
deux  au  plus,  nés  chez  l'éleveur  et  élevés  chez  lui.  Qu'il  soit 
ainsi  fait,  dit-il,  pour  toutes  les  races  utiles,  et  l'on  verra  quel 
nerf  on  donnera  à  ces  expositions. 

Je  vais  maintenant  vous  faire  connaître  quelques-unes  des 
observations  auxquelles  l'exposition  a  donné  lieu. 

Ce  concours  a  confiriTié  le  fait  déjà  constaté  dans  la  plupart 
des  concours  de  volatiles,  que  les  espèces  indigènes  de  la 
Flèche ,  de  Crévecœur  et  de  Houdan  sont  certainement  les 
plus  belles  et  les  meilleures  volailles  dont  la  propagation  doive 
être  encouragée.  La  belle  race  de  Crévecœur  était  la  plus 
nombreuse  et  la  mieux  représentée!  On  en  comptait  55  lots. 
Le  prix  de  100  francs  proposé  par  M.  Furne  a  été  gagné  par 
M.  Simier,  éleveur  dans  la  Sarthe  et  lauréat  dans  tous  les 
concours.  Les  magnifiques  Crèvecœurs  élevés  chez  lui  étaient 


2A<5         SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUK    d'AGCLIMATATION. 

vraiiueiil  les  types  modèles  de  l;i  race  et  rivalisaient  de  va- 
iumc  et  de  poids  avec  les  plus  beaux  individus  des  races  asia- 
tiques. J'en  dirai  autant  de  ses  volailles  de  la  Flèche  et  du 
Mans.  Elles  étaient  dignes  de  leur  réputation  européenne.  Aussi 
M.  Simier  a-t-il  obtenu  une  seconde  médaille  d'or;  plusieurs 
des  concurrents  de  M,  Simier,  MM.  Docquet,  Paillart,  Yiego  et 
Grauier,  lui  ont  sérieusement  disputé  le  prix.  Le  jury  était 
vraiment  embarrassé  ;  il  y  avait  une  quinzaine  dé  lots  parmi 
lesquels  il  était  diiricile  de  distinguer  les  plus  méritants  :  le 
plus  beau  semblait  toujours  le  dernier  qu'on  avait  sous  les 
yeux. 

M.  Simier  avait  exposé  deux  autres  variétés,  celle  dite  Poule 
du  Mans,  qui  ne  diffère  de  la  Poule  de  la  Flèche  que  par  la 
forme  do  la  crête,  et  celle  dite  courtes  pattes,  volailles  trapues, 
vigoureuses,  rustiques,  bien  on  chair,  pas  belles  à  voir,  vivant 
de  rien  et  pondant  toute  l'année  :  c'est  lu  Poule  des  pauvres 
o'ens  dans  la  Sarlhe. 

Le  seul  reproche  qu'on  puisse  faire  aux  belles  volailles  de 
la  Flèche  et  de  Crèvecœur,  c'est  d'exiger  un  engraissement  et 
des  soins  particuliers^  et  de  ne  figurer  le  plus  souvent  que  sur 
lés  riches  tables,  puisque  le  prix  de  quelques-unes  s'élève  à 
25  francs  sur  le  marché  de  Paris.  On  peut  objecter  à  cela  que 
dans  le  pays  où  cet  élevage  a  lieu,  c'est  une  industrie  secon- 
daire des  plus  importantes  (jui  tourne  au  profit  d(^.  l'agricul- 
ture locale  et  fait  vivre  bien  des  petits  ménages. 

Le  jury  avait  voulu  encore  cette  année  admettre,  conune 
Gomidéuient  de  l'exposition,  les  meilleures  races  communes, 
celles  qui  sont  le  mieux  réputées  pour  leur  choix,  pour  leur 
ponte  ou  pour  quelque  autre  avantage:  telles  sont  les  Poules 
de  Brie  et  de  la  Lîeauce;  une  variété  dite  de  Janzé,  exposée  par 
M.  Paillard  (de  Rennes);  les  races  les  plus  connues  de  Caussade, 
de  Barbézicux,et  celle  dite  de  Gascogne,  autrefois  si  prisée  et 
dont  on  doit  en  quelque  sorte  la  résurrection  à  l'un  de  nos  plus 
honorables  éleveurs,  M.  Granié  (de  Toulouse),  (jui  a  j)ublié 
dans  nos  Bulletins  un  excellent  mémoire  sur  celte  volaille,  et 
applique  son  temps ,  ses  soins  et  sa  fortune  à  conserver  aux 
Oies  de  Toulouse,  et  à  rendre  aux  Chapons  de  Gascogne,  dont 


EXPOSITION    DE    VOLATILES.  11x1 

il  ofl'iail  deux  magnifiques  spéciuicns,  la  renoniinée  que  leur 
avait  acquise  la  gaie  science  des  troubadours! 

La  jolie  Poule  blanche  de  Brie,  dite  de  l'ile  d'Amour,  comme 
toutes  les  Poules  blanches  en  général,  oflVe  une  plus-value  par 
ses  plumes  employées  dans  l'industrie  plumassière  et  propres 
à  recevoir  les  couleurs  de  différentes  teintes.  Les  Poules  de 
Caussade  et  de  Barbézieux,  outre  la  bonté  de  leur  chair,  sont 
recherchées  par  les  gourmets  pour  leur  grosse  crête  :  l'histoire 
ditqu'lléliogabale  exigeait  que  les  crêtes  de  Coq  hissent  arra- 
chées à  ces  animaux  vivants.  Ce  raffinement  barbare  serait 
réprouvé  par  nos  mœurs.  Mais  le  commerce  des  crêtes  de  Coq 
à  Paris  est  encore  assez  considérable  pour  qu'une  certaine  l'al- 
sificalion  de  cette  industrie,  qui  consiste  à  tailler  des  morceaux 
de  palais  de  bœuf  en  forme  décrète  de  Coq,  soit  signalée  dans 
la  trop  nombreuse  liste  des  falsifications  commerciales. 

N'oubhons  pas  enfin,  au  nombre  des  mérites  de  la  Poule 
commune  des  fermes,  de  rappeler  qu'elle  est  la  plus  rustique, 
la  plus  facile  à  nourrir,  et  qu'en  fait  de  pondeuses,  c'est  un 
dicton  qu'eUe  est  la  première  de  toutes.  Les  spécimens  exposés 
î^rouvent  qu'elle  peut  atteindre  un  volume  respectable. 

La  race  de  la  Bresse,  qui,  dans  tout  le  sud-est  de  la  France, 
particulièrement  à  Lyon  et  à  Genève,  n'a  pas  de  comparable; 
(\m  Jiiême,  à  l'état  de  Poularde,  figure  au  marché  de  Paris 
en  nombre  considérable  pendant  l'hiver  ;  dont  le  produit, 
suivant  un  éleveur  de  la  Bresse,  M.  Chanel,  s'élève  pour  le 
département  de  l'Ain  à  plus  de  (300  000  francs  par  an,  et  n'est 
pas  uniquement  consacrée  aux  dépenses  du  ménage,  mais  entre 
en  ligne  de  compte  pour  le  payement  de  la  ferme  :  cette  race 
n'était  représentée  que  par  un  parquet  de  médiocre  apparence 
et  de  caractères  contestables.  Le  jury  a  regretté  de  ne  pou- 
voir appeler  sur  elle  l'attention  par  quelque  récompense. 

Enfin  la  bonne  race  de  Hoiidan,  qui  approvisionne  journel- 
lement le  marché  de  Paris,  et  qui,  par  une  sorte  de  réunion 
moyenne  de  toutes  les  qualités  de  nos  Poules  indigènes,  est 
aujourd'hui  généralement  recherchée  autant  pour  ses  œufs 
que  pour  sa  chair,  quoique  représentée  par  li^  lots,  n'a  pu  ob- 
tenir un  prix  de  50fi-anc§  fondé  par  un  amateur  célèbre  et  un 


248   SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  d'aC(:IJAL\TÂTION. 

juge  bien  compétent,  M.  Jacque,  pour  un  beau  parquet  de 
Houdans  nés  et  élevés  chez  l'éleveur.  Les  Poules  étaient  belles, 
mais  les  Coqs  péchaient  par  le  manque  de  quelque  détail  ca- 
ractéristique, et  laissaient  souvent  craindre  le  mélange  du 
Crèvecœur  ou  de  quelque  race  commune  ou  asiatique. 

Cl",  il  est  très-inqjortant  de  veiller  au  maintien  de  ces  carac- 
tères pathognomoniques  des  races,  et  de  ne  pas  se  laiser  sé- 
duire par  un  beau  plumage  ou  une  corpulence  extraordinaire, 
qui  sont  souvent  des  qualités  fugitives,  des  accidents  indivi- 
duels qui  ne  se  reproduisent  pas,  et  sont  plutôt  l'effet  de  l'ali- 
mentation que  de  la  race.  Dans  la  mulliplicité  des  croisements 
qui  se  pratiquent  aujourd'iuii,  et  (|ui  Uniraient  par  amener  une 
dégénérescence  générale,  les  signes  caractéristiques  sont  le 
point  de  repère  auquel  on  doit  s'attacher  pour  retrouver  et 
maintenir  la  pureté  des  races. 

Une  autre  discussion  s'est  élevée  dans  le  jury  au  sujet  des 
volailles  grasses.  L'engraissement  des  volailles  est  un  art  bien 
ancien.  On  trouve  dans  l'histoire  romaine  des  décrets  soinp- 
tuaires  édictés  onze  ans  avant  la  troisième  guerre  punique,  (jui 
permettent  de  servir  sur  les  tables  de  simples  Poules  et  dé- 
fendent celles  qui  auraient  été  engraissées;  mais  le  luxe  sul 
éluder  ces  lois  somptuaires  et  se  procurer  des  volailles  aussi 
grasses  ([ue  les  Oies.  Les  Piomains  employaient  les  mêmes  pro- 
cédés que  nous  pour  avoir  des  Poulets  gras  et  des  Chapons. 
Ils  les  nourrissaient  avec  des  farines  de  diverses  graines,  avec 
des  pois  chicbes.  Ces  aliments  leur  étaient  introduits  de  force 
dans  le  gosier;  on  les  trempait  dans  du  lait,  absolument  comme 
cela  se  pratique  aujourd'hui  pour  certaines  Poules  de  Houdan 
et  de  la  Fièclie  destinées  aux  tables  somptueuses  de  Paris. 
Aujourd'hui  on  engraisse  toutes  les  volailles  destinées  à  être 
mangées;  il  est  certain  que  la  graisse  rend  les  chairs  plus 
tendres,  plus  blancbes,  plus  savoureuses.  Mais  ce  n'est  pas  d'un 
engraissement  modéré  et  de  ménage,  pour  ainsi  dire,  qu'il 
s'agit.  C'est  de  l'engraissement  poussé  à  rextrême,  tel  qu'il  se 
pratique  sur  certaines  volailles,  et  qui  produit  des  accumula- 
tions de  graisse  dans  certaines  parties  du  corps ,  donne  plus 
de  grosseur  et  d'apparence,  jus(}u'à  les  laiie  peser  7  et  8  kilo- 


EXP0SIT10.\    Ï)K   VOLATILES.  5^9 

grammes,  et  les  lait  vendre  beaucou|)  plus  cher  en  raison  de 
cet  embonpoint.  L'engraissemenl  alors  est  une  sorte  de  ma- 
ladie lymphatique  donnée  aux  animaux  par  toutes  les  dispo- 
sitions (jui  sont  propres  à  diminuer  l'activité  des  fonctions, 
et  à  l'aire  prédominer  le  système  lymphatique  sur  le  système 
sanguin.  Il  y  aurait,  ce  semble,  une  question  physiologique 
préalable  à  toute  autre,  ce  serait  de  savoir  jusqu'à  quel  degré 
la  graisse  peut  être  considérée  comme  un  aliment  nutritif. 
J'ignore  s'il  existe  sur  ce  point  des  expériences  qui  aient 
amené  à  des  conclusions  pratiques  ;  il  est  certain  que  les 
Anglais,  qui  font  beaucoup  usage  de  ces  viandes  grasses, 
ne  s'en  trouvent  pas  trop  mal,  quoique,  dit-on,  la  belle  car- 
nation et  la  rondeur  des  formes  qui  en  seraient  le  produit 
ne  tiennent  pas  longtemps  contre  les  années,  et  se  flétrissent 
plus  promptement  que  dans  les  contrées  dont  les  habitants 
usent  d'une  alimentation  plus  rude  et  moins  diflluente.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain,  c'est  que  la  volaille  qui  n'est  pas  tenue  dans 
l'obscurité  et  l'immobilité  pourl'engraissement,  mais  qui  jouit 
de  la  liberté  des  champs,  a  un  fumet  qui  se  rapproche  de 
celui  du  gil)iei',  tandis  que  les  viandes  grasses  afl'adissenl 
beaucoup,  surtout  lorsqu'elles  sont  servies  chaudes.  Aussi  les 
Anglais  ont-ils  l'habitude  de  les  manger  froides,  lorsque  la 
graisse  est  solide  et  figée,  et  d'en  relever  le  goût  en  y  joignant 
d'autres  viandes  salées  et  fumées,  telles  (jue  le  jambon.  C'est 
un  axiome  de  gastronomie  que  les  volailles  grasses  doivent 
être  mangées  froides. 

Comme  cette  discussion  entie  MM.  les  jurés  avait  lieu  à 
table,  pendant  le  déjeuner,  avec  pièces  à  l'appui,  elle  était 
peut-être  plus  opportune  que  dans  cette  docte  assemblée. 

Une  autre  non  moins  intéressante  s'est  engagée  à  propos 
des  éleveurs  et  des  marchands.  Tout  en  admettant  le  prin- 
cipe que  les  sujets  exposés  devraient  être  jugés  d'après  leur 
mérite  intrinsèque,  et  non  d'après  la  connaissance  de  leur 
provenance  ou  de  toute  autre  considération,  la  mtijorité 
du  jury  inclinait  visiblement  pour  une  certaine  faveur  envers 
les  éleveurs.  On  convenait  qu'en  fin  de  compte  les  marchands 
étaient  aussi   utiles  aux  éleveurs  que  les  éleveurs  aux  mai- 


250        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATIOK. 

chands;  qu'en  recherchant  les  beaux  types,  les  marchands  leur 
donnaient  du  prix  et  poussaient  à  leur  propagation  tout  autant 
que  le  pourrait  faire  tout  autre  stimulant.  Mais  on  reconnaissait 
que  le  marchand,  uniquement  préoccupé  du  gain,  était  sufii- 
samment  récompensé,  et  à  sa  satisfaction,  par  les  beaux  prix 
(|u'il  obtenait  en  retour  de  son  intermédiaire  ;  qu'il  ne  pouvait 
avoir  en  lui  ce  sentiment  d'attachement  et  de  fierté  que  fait 
naître  dans  l'éleveur  l'approbation  donnée  à  l'animal  élevé 
par  lui;  sentiment  qu'il  importe  d'encourager,  car  autant  au 
moins  que  le  gain,  il  entretient  ce  goût  de  l'élevage  qui  exige 
tant  de  suite,  de  persévérance,  d'esprit  d'observation  et  sou- 
vent de  sacrifices.  On  faisait  enhn  observer  que  les  éleveurs, 
habitants  ordinaires  de  la  campagne,  sont  obligés  souvent  à  de 
grands  frais  pour  se  rendre  aux  concours  qui  se  tiennent  dans 
les  villes,  tandis  que  les  marchands  y  sont  tous  rendus  et  en 
sont  quittes  pour  quelques  transports  peu  coûteux. 

Ces  considérations  empruntaient  pour  ainsi  dire  une  force 
nouvelle  de  la  vue  de  l'exposition  d'une  dame  anglaise,  ma- 
dame Fergusson  Blair,  née  Douglas.  Celte  dame  nous  avait 
apporté  de  l'Ecosse  plus  de  SO  pièces,  consistant  en  Coqs  et 
Poules  des  races  Dorking,  Coucou  anglais,  Cochinchinois, 
Brahmapootra,  Dindons  et  Canards.  Toute  cette  collection 
était,  ainsi  (jue  vous  l'allezvoir,  vraiment  hors  hgne.  Tous  les 
sujets  en  étaient  du  premier  choix.  Madame  Fergusson  Diair 
est  une  de  ces  femmes  distinguées  de  l'Angleterre  dont  vous 
parlait  l'an  dernier  M.  Drouyn  de  Lhuys,  qui ,  à  l'exemple 
de  la  reine  Victoria,  ne  dédaignent  pas  de  s'occuper  de  la 
basse-cour,  et  cherchent  dans  l'amélioration  de  ses  précieuses 
races  de  nobles  distractions.  (Juoique  simple  amateur,  elle  est, 
dit-on,  très-connue  sur  le  lurf  de  la  volaille  dans  les  concours 
anglais.  Le  jury,  charmé  de  la  vue  de  ces  beaux  produits,  n'a 
pas  hésité  à  lui  accorder,  comme  à  notre  éleveur  français, 
M.  Simier,  deux  médailles  d'or,  l'une  pour  l'ensemble  de  son 
exposition,  principalement  pour  ses  Dorkings  et  ses  Dindons; 
l'autre  plus  particulièrement  pour  une  très-jolie  race  de  petits 
Coqs  et  Poules  de  combat,  dite  à  ailes  de  Canard,  sans  doute 
à  cause  de  la  façon  élégante  et  légère  dont  ils  portent  leurs 


r.-     EXPOSITION    DE   VOLATILES.  ">■   îï'i  '  :•  251 

ailes.  C'élaif,  la  première  lois  ({u'on  voyait  en  France  ces  jolis 
oiseaux.  Ils  ne  sont  pas  beaucoup  plus  gros  que  la  Perrlrix, 
en  ont  les  allures,  les  Poules  surtout,  presque  le  plumage,  et 
pourraient,  dit-on,  s'élever  dans  les  parcs,  comme  les  Faisans, 
et  enrichir  la  chasse  d'un  giluer  nouveau.  Pour  le  courage  et 
la  liertê,  ce  sont  de  véritables  réductions  du  beau  Coq  de  com- 
bat anglais.  Comme  ceci  a  paru  une  création  nouvelle,  la  se- 
conde médaille  d'or  décernée  h  madame  Fergusson  Blair  a 
été  appliquée  à  ce  joli  lot  de  volailles. 
.  Les  Dorkings  de  madame  Fergusson  Blair,  étaient  les  plus 
beaux  que  l'on  puisse  voir  de  cette  belle  race  anglaise.  Cette 
dame  demandait  d'un  Coq  et  de  deux  Poules  151)0  francs.  Ces 
prix  en  Angleterre  ne  sont  pas  extraordinaires.  Nos  voisins  ont 
sagesse  de  penser  que  les  bons  reproducteurs  ne  sont  jamais 
là  li'opchèi'ement  payés  et  se  rachètent  promptement.  L'un  de 
nos  marchands  Irancais,  M.  Bocquet,  qui,  avant  d'avoir  vu  les 
Dorkings  de  madame  Fergusson  Blair,  avait  bien  droit  de 
penser  que  ceux  qu'il  exposait  n'étaient  pas  sans  mérite,  a  lui- 
même  reconnu  avec  empressement  qu'il  ne  pouvait  disputer  le 
premier  prix  à  madame  Fergusson  Blair,  et  s'est  contenté 
d'une  médaille  d'argent. 

.  La  race  Dorking  est  la  race  anglaise  par  excellence;  nous 
avons  pu  nous  en  assurer  en  examinant  à  côté  les  Coucous 
gris  d'Ecosse,  qui  paraissent  être  dans  ce  pays  l'équivalent  de 
nos  races  secondaires,  et  qui  avaient  été  aussi  apportés  par 
madame  Fergusson.  Mais  ce  sont  surtout  les  Dorkings  que  l'on 
s'attache  à  améliorer  età  propager. Bs  tirent  leur  nom  d'un  vil- 
lage de  ce  nom  dans  le  comté  de  Surrey.Ce  sont  les  Vf-ritables 
volailles  des  grandes  tables.  La  graisse,  qu'ils  prennent  facile- 
ment ne  s'amasse  pas  dans  certaines  parties  du  corps,  mais 
se  dissémine  dans  toutes  les  chairs,  et  les  rend  blanches  et 
savoureuses;  leurs  os  sont  petits.  Quelques  éleveurs  repro- 
chent à  la  Dorking  d'être  très-délicale  à  élever,  et  d'exiger 
beaucoup  de  soins  et  de  nourriture.  11  est  à  souhaiter  ce- 
pendant qu'elle  se  multiplie  en  France,  soit  comme  race 
pure,  soit  comme  élément  de  croisement.  On  dit  que  dan? 
la  Bresse  on  s'en  est  servi  dans  ce  but  avec  avantage.   La 


'2b'2       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOULOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

race  de  la  Bresse  n'est  pas  en  elïel   sans  analogie  avec  la 
Dorkirig. 

Les  belles  races  asiatiques  cochinchinoises  et  Brahma- 
pootra  étaient  représentées  par  les  plus  beaux  spécimens  de 
leurs  nombreuses  variétés  lauve  blanclie,  noire,  coucou,  per- 
drix, p;)pillotée.  La  collection  en  était  complète,  et  pour  leur 
répartir  les  récompenses  on  était  vraiment  dans  l'embarras. 
Les  Brahmapoolras  inverses  de  M.  Baker  ont  eu  une  médaille 
d'(tr  ;  les  Brabmas  ordinaires  de  M.  Rousset  (d'AUbrt)  et  les 
Cocbincliinois  de  M.  Bruzeau,  des  njédailles  d'argent.  On  ne 
peut  pas  dissinuder  (pi'après  avoir  été  l'objet  d'une  vogue 
extraordinaire,  les  races  asiaticpies  sont  aujourd'hui  l'objet  de 
graves  critiques.  On  leur  reproche  d'avoir  amené,  dans  les 
chairs  de  la  volaille  ordinaire  vendue  sur  nus  marchés,  une 
dégénérescence  presque  universelle;  car  presque  partout, 
séduit  par  sa  corpulence  extraordinaire,  on  s'en  est  servi 
comme  élément  de  croisement.  Ceci  prouve  d'abord  combien 
cette  volaille  est  rustique  et  d'un  élevage  facile,  car  partout  où 
elle  a  été  introduite  elle  s'est  facilement  acclimatée.  C'est  en 
!l8/i6  qu'elle  a  été  apportée  en  France  par  M.  l'amiral  Cécile, 
et  l'on  peut  affiruifi-  qu'elle  existe  aujourd'hui  dans  tous  les 
départements  de  la  France  et  peut-être  dans  toutes  les  contrées 
de  l'Europe.  Si  l'on  ne  peut  nier  que  par  des  croisements  peu 
judicieux  dans  beaucoup  de  localités,  elle  a  rendu  la  chair 
de  nos  volailles  communes  plus  colorée,  plus  dure  et  moins 
appétissante,  il  faut  avouer  aussi  qu'elle  a  grossi  les  œufs, 
surtout  dans  leur  vraie  partie  nutritive,  le  jaune  ou  vitellus, 
qui  est  le  germe  du  Poulet;  qu'elle  a  rendu  la  Poule  de  nos 
fermes  avec  laquelle  on  l'a  croisée  moins  vagabonde  , 
moins  picoreuse  et  surtout  meilleure  couveuse.  Réaumur 
se  plaignait  de  ne  trouver  de  son  temps  que  dix  couveuses  sur 
cent  Poules,  ce  qui  motivait  pour  lui  la  nécessité  de  l'incuba- 
tion artificielle.  Aujourd'hui,  grâce  à  la  passion  des  Poules 
asiatiques  pour  couver,  les  couveuses  artificielles  sont  des 
machines  ingénieuses,  nuiis  inutiles  et  de  pure  curiosité.  Les 
Cochinchinoises  et  les  Brahmas,  nous  disait  un  membre  du 
jury,   très  -  partisan   de  la   pureté  des  races,  et  justement 


.       EXPOSITION   DE    VOLATILE,»:.  '     "  -J^;] 

écoulé,  avec  une  grande  autorité  lorsqu'il  ]iarle  de  celle  ma- 
tière, les  Gochinchinoises  et  les  Brahmas,  disait  M.  Jacque, 
sont  d'excellentes  bètes  de  transition  pour  obtenir  des  sous- 
races  avec  les  Crèvecœurs,  les  Dorkings,  et  vn  général  avec 
toutes  les  races  délicates  qui  tournent  au  lymphal.isme.  .le  ne 
connais  pas  de  meilleur  croisement  :  les  races  asiatiques  sem- 
blent infuser  aux  chairs  froides  quelque  chose  de  la  chaleur 
de  leur  climat  natal. 

Nous  en  avions  quelques  exem|iles  dans  les   Poules  de  la 
Kléche  croisées  de  Cochinchinois,  exposées  par  M.  Simier,  et 
dans  le  lot  de  Dorkings  croisés  de  Brahina  exposé  par  M.  Kous- 
setsous  le  litre  de  race  d'Aiforf..  M.  Rousset  est  un  amateur 
des  plus  distingués.  Or,  c'est  la  toquade,  permettez-moi  ce 
mot  qui  nest  pas  encore  académique,   mais  que  l'usage  a 
adopté  pour  exprimer  des  choses  auxquelles  le  mot  de  manie 
est  trop  fort  pour  être  appliqué,  c'est  la  toquade  des  éleveurs 
de  créer  des  races,  d'obtenir  une  combinaison  nouvelle  de  la 
matière  animale.  Cette  présomption  d'aller  ainsi  sur  les  bri- 
sées du  bon  Dieu  n'est  certes  pas  petite,  mais  elle  est  heu- 
reuse au  fond,  très-innocente  ,  mais   pas   toujours  facile  à 
justifier.  Car  ces  prétendues  races  créées  ne  tardent  pas  à  se 
défaire,  et  par  les  forces  de  l'atavisme  reviennent  hien  viteà  l'un 
ou  l'autre  de  leur  élément  primitif.  C'est  aujourd'hui  la  docirine 
généralement  admise  dans  cette  matière  ;  mais  M.   liousset 
alfirme  que  depuis  douze  ans  sa  race  d'AlIbrt  s'est  toujours 
renouvelée  et  perpétuée  avec  des  caractères  fixes  dans  toutes 
ses  générations.  «  Pourquoi  la  race  d'AlforI,  dit  le  journal  /<- 
»  .SVèt/e  du  jeudi 2o  avril,  ne  constituerait-elle  pas  une  race? 
«  Il  naît  chaque  année  chez  M.  Uousset  trois  ou  quatre  cents 
»)  Poulets  parfaitement  identiques  :  peut  lUi  apjicler  ces  résul- 
»  tats  un  croisement?  M.   Rousset  trouva  un  jour  une  Poule 
')  superbe  tenant  peut-être  du  Brahma  et  aussi  du  Dorkin^-, 
»  mais  qui  n'était  ni  Dorking  ni  Brahma.  Il  en  lit  la  souche  de 
j)  sa  race,  et  par  la  sélection,  c'est-à-dire  à  l'aide  d'un  choix 
»  sévère  de  rei)roducteurs,  il  est  parvenu  à  produire  dune 
»  manière  régulière  les  animaux  que  nous  (onnaissons.  Coni- 
»  ment  ont  été  créées  nos  races  d'animaux  domestiques?  Je 


25/i  SOCIÉTÉ  nirÉniALE  zoologique  d'acclimatation. 
»  l'ignore.  Mais  la  célèbn»  race  de  bœufs  de  Durham  n'a  pas 
y>  été  laite  autrement.  GoUings  rencontra  paissant  sur  la 
»  pelouse  d'un  chemin  creux  du  comté  de  Durham  une  vache 
s>  gardée  par  une  vieille  femme,  et  de  cette  illustre  va€he  sont 
»  descendus  les  Durham.  »  ;.  : 

11  est  évident  que  M.  Rousset  n'est  point  satisfait  delà  sim- 
ple médaille  de  bronze  que  le  jury  a  accordée  à  sa  race  d'Al- 
Ibrl,  à  laquelle  il  attribue  toutes  les  qualités  de  sa  double 
parenté  :  volailles  rustiques,  faciles  à  élever,  bonnes  pondeuses 
et  dont  la  chair  est  excellente.  Pour  nous  en  convaincre, 
M.  Rousset  a  laissé  au  Jardin  d'acclimatation  le  beau  parquet 
primé  de  ses  Poules  d'Alfort,  afin  que  l'on  y  puisse  suivre, 
publiquement  et  authcntiquement  la  fixité  de  ses  qualités  dans 
sa  descendance,  et  la  disculper  des  ])réventions  qui  existent 
présentement  contre  le  métissage.  (Voy.  Echo  (u/rkole,  du 
17  avril.) 

Il  est  certain  que  la  question  du  croisement  dans  toutes  les 
races  animales  n"a  pas  encore  dit  son  dernier  mot.  Aujour- 
d'hui qu'il  est  fait  une  étude  plus  suivie,  plus  méthodique  et 
plus  sévère,  il  faut  espérer  que  l'on  ne  tardera  pas  à  s'arrêter 
à  une  formule  plus  exacte.  Cette  étude  dans  les  races  gallines 
est  fort  intéressante  à  suivre  et  à  reprendre  de  fond  en 
comble.  11  faut  savoir  gréa  ceux  qui,  comme  M.  Rousset,  veu- 
lent bien  y  consacrer  leurs  soins.  En  histoire  naturelle,  quel- 
que arrêtée  que  soit  une  opinion,  il  faut  toujours  laisser  une 
porte  ouverte  à  l'opinion  contraire,  lorsqu'ell*^  se  présente 
avec  des  faits  nouveaux. 

La  bonne  race  de  Rretla  et  de  Gueldres,  était  représentée 
par  quelques  jolis  lots  dus  à  M.  Bocquel.  Cette  volaille,  pour  la 
finesse  de  sa  peau,  de  ses  chairs  et  de  ses  plumes,  était  autre- 
fois très-recherchée.  Au  temps  du  roi  Louis  XVIII,  médisait 
M.  Chevet  aine,  lorsque  je  voulais  d'une  volaille  superfine, 
je  faisais  venir  des  Bredas  de  Vienne.  Aujourd'hui,  grâce  aux 
progrès  de  la  gallinoculture,  on  n'est  pas  obligé  de  les  aller 
chercher  si  loin. 
Ainsi,  messieurs,  les  races  gallines  utiles,  celles  qui  ser- 


EXPOSITION   DE   VOLATILES.  *         255 

ventàralimcnlation  publique,  claicnl  aussi  bien  représentées 
que  possible.  Quant  aux  races  dites  de  luxe  et  d'agrément, 
recherchées  surtout  pour  l'élégance  de  leurs  formes  et  la 
beauté  de  leur  plumage,  elles  n'étaient  pas  moins  nombreuses 
que  l'an  dernier,  et  attestaient  que  le  goût  de  la  basse-cour, 
cette  chose  h  la  fois  honnête,  artistique  et  fructueuse,  est  en 
progrès.  Les  beaux  Padoues  dorés,  argentés,  blancs,  chamois 
de  M.  Durand  (de  Bléré),  ont  donné  lieu  à  un  rappel  de  mé- 
daille d'or.  Ses  Padoues  hermines  étaient  une  nouveauté  très- 
admirée.  La  collection  des  races  naines  de  l'Inde,  de  Java,  de 
Bantam,  fixait  aussi  l'attention.  Mais  les  Coqs  de  combat,  malgré 
leur  attitude  martiale,  n'ont  rien  obtenu.  M.  Jacque  nous 
assurait  que  c'est  d'eux  qu'on  peut  tirer  les  meilleurs  cha- 
pons. A  quoi  tient  le  courage  !  M.  le  vicomte  de  Valmer,  le 
digne  président  de  la  Société  protectrice  et  l'un  des  mem- 
bres de  notre  jury,  regrette  que  le  spectacle  de  leurs  affreux 
combats  soit  aujourd'hui  un  plaisir  recherché,  même  en 
France,  et  plus  qu'on  ne  croit. 

Les  Pintades,  Canards,  Dindons,  Pigeons  et  Lapins,  qui 
sont  bien  encore  des  richesses  pour  la  basse-cour,  complé- 
taient l'exposition  ,  dont  ils  occupaient  plus  de  deux  cents 
cages.  Un  Dindon  exposé  par  madame  Fergusson,  et  pesé 
devant  le  jury,  s'élevait  à.  35  livres.  Ce  Dindon  est  un  des 
sujets  qui  ont  mérité  à  madame  Fergusson  la  collection  de 
deux  médailles  d'or  et  d'argent,  qu'elle  a  remportée  dans  son 
pays  en  souvenir  de  l'hospitalité,  de  l'impartialitr'"  et  delà 
libéralité  du  jury  français. 

Un  journal  appelle  les  treize  lots  de  Canards  de  Rouen, 
des  fréçintos  blindées  du  plus  fort,  échantillon.  Rien  ne  plaide 
plus  en  faveur  des  bons  effets  de  la  domestication  que  la  vue 
du  Canard  de  Rouen.  C'est  évidemment  le  Canard  sauvage 
grossi  et  porté  au  quadruple  de  son  volume  naturel. 

On  a  beaucoup  remarqué  la  collection  des  Pigeons  exposés 
par  MM.  Roger,  Rruzeau  et  Bocquet;  les  Lapins  argentés,  dont 
la  fourrure  est  très-recherchée,  et  la  collection  des  Oiseaux  de 
volière  de  M.  Chapart,  parmi  lesquels  dix  Perro(}uets  jaunes, 
nouvellement    importés  do    la  Guyane,   attiraient   tous  les 


25(5       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

regards,   ainsi  que  les  jolis  Passereaux  designés  sous  le  nom 
de  Diamants  à  moustache.  .  ., 

Telle  a  été,  celle  année,  au  Jardin  d'acclimatation,  Texposi- 
tion  des  Volatiles.  Au  dire  de  tout  le  monde,  elle  a  ét('  satis- 
faisante sous  tous  les  rapports  et  marque  un  progrès  sensible 
sur  celle  de  Tannée  dernière.  Le  public  y  a  pris  un  vif  intérêt, 
à  en  juger  par  le  nombre  de  visiteurs  qui  y  ont  aUlué.  Les 
acquéreurs  n'ont  pas  manqué.  Certains  lots  de  volailles  ont 
obtenu  des  prix  vraiment  rémnnérateius.  Je  dois  ajouter  que 
les  discussions  du  jury  n'ont  donné  lieu  à  aucune  critique  ni 
à  aucune  réclamation.  Nul  doute  (jue  cette  exposition  ne 
produise  le  bien  que  vous  en  attendez,  de  propager  l'ann'lio- 
ration  dans  ce  genre  de  bétail,  qui,  dans  les  grands  concours 
administratifs,  concours  régionaux  et  comices  agricoles,  n'a 
jusqu'à  présent  obtenu  (pTun  rang  Ircs-secondaire,  et  n'y 
figure  que  connue  un  appoint.  Il  ne  faut  [)as  cependantjuger 
de  l'importance  des  expositions  de  ce  gem'e  d'après  le  vi.tlume 
seulement  des  animaux  (jui  en  sont  l'olqcS  et  en  comparaison 
des  animaux  plus  gros.  11  faut  songer  au  rôle  que  la  Poule 
joue  dans  l'économie  domestique  et  dans  le  commerce  géné- 
ral de  la  France. 

Rappiîlons  enfin  que  de  la  fameuse  expédition  des  Argo- 
nautes enquête  de  la  toison  d'or,  la  seule  toison  rapportée, 
la  vraie  médaille  d'or  déctu'uée  par  les  siècles,  est  l'un  de  nos 
exposés,  l'oiseau  du  Pliase,  le  Faisan,  dont  on  voyait  plusieurs 
belles  variétés, 

Listr  dex  ii/rrhit/rs  <•!  an'iifians  /ioniirnf)t('ii  difernpi'S  nu.r  r.i imsariff!. 


.1i«M!luiIi<i'<>>  «l'or. 

MM.  Simier,  Poules  de  la  Flèche. 

Simier,     id.    de    Cièverœur  [prix 

lùiine). 
Durand,  id.   de  Padoue   chamois. 
Baher,  id.  Brahma  inverse. 
M'"^  Fergusson  Blair, id. naines  de  eoiiibat 
id.,  id.  Dnikin^'. 

Vlédailles  <rur;:ent. 

MM.  Baker,  Poule?  Je  C.rèvocœur. 
Durand,  id.  id. 


MM.  Simier,   id.de  I1(mi(I;iii. 

Baker,     id.  id. 

Cranié,  id.  de  (iascoyne. 

Boeqiicl,  id  .  hollaiiiiai>^L'S  noire.s. 

Baker,     id.  id. 

Durand,  iti.   de  l'adone  ari;c.'ntées. 

DuranrI,  id.  id.        blanches. 

Simier,    id.  courles  p.iUes. 

Perret,    id.  de  Handioui;;. 

Piller,     id.  andaloiises. 
M""'  Fergusson  Blaii-,  id.  grises  d'Ecosse. 
MM.  Touchard,  Faisans  de  l'Inde. 

Roussel,  Poules  de  Brahmapoolra. 


EXPOSITION    DE  VOLATILES. 


257 


M. 


Bnizeau,    Poules  de   Cocliinchiiic 
Maiiclies. 
M""'  Ferc^usson  Ulair,  iJ.  id. 

MM.  Biiizeau,  id.  noires. 
1(1.        id.  coucous. 
Baker,     id.  fauves. 
Perret,     id.      id. 
M'"'=  Fer^upsoii  iilair,  id.  perdrix. 
Id.,        Dindons. 
Fiocquet,  Poules  Dorking. 
Fcrgussoii  Hlair,  id. 
Baker,  id. 

Bruzeau,  Pigeons  romains. 
Boyet,  id.  id. 

Sclialler,     itl. 

Bocquet,  Canards  Aylesbury. 
Id.  id.        de  Rouen. 

Fergiis?(in  P>lair,  id.        id. 
Chafiart,  Perruches  jaunes  du  Para. 

Môilaillos  de  lironxe. 


MM. 
MM. 


M""- 
M. 


M.M.  Bocquet,  Poules  de  lu  Floche. 
Grenier,   id.  id. 

.Siniier,     id.  du  Mans. 
Bocquet,  id.  de  C-rcvecieur. 
Maupas,   id.  id. 

Lat'o^se,    id.deHoudan. 


Baker, 
Perret, 
Baker, 
Durand 

Id. 
Baker, 
Perret, 
Siinier 
Bocquet,  ii 

Id. 
Baker, 


id.       id. 

id.  hollandaises  noires, 
id.  id.        bleues, 

id.  de  Padoue  dorées. 


id.      argentées. 
id.     blanches, 
id.      chamois, 
courtes  pattes. 
Breda  noires, 
id.  Campine,  crcle  simple 
id.,  id.  argentées. 


MM.  Piller,  Poules  J'.antam  argentées. 
Viéjo,      id.       id.       coucous. 
Bruzeau,  iil.  .lava  noires. 
Bocquet,  id.  nègres. 
Simon,     id.  négies  noires. 
Bocquet,  id.  de  combat. 
Ch.  Siiiidt,  id.  Dorking. 
Baker,  id.  id. 

Royet,  Pigeons  romains. 
Sclialler,  id.  id. 

Viégo,      id.  de  volière. 
Bocquet,  id.  id. 

Bousset,  Poules  d'Alfort. 

Ciranié,  Oies  de  Toulouse, 

Taveriiier,  Lapins  béliers  gris. 

Durand,  id.  argentés. 
Id.,      id.  cachemires. 

Bruzeau,  id    béliers. 

Sclienck,  Poules  naines. 

Néry,  Canards  de  lîarbarie. 

Bocquet,  id.  du  Labrador. 
Id.,       id.  d'Ayb'stuny. 

Mau|ias,  id.  de  Bouen. 

BakcM-,     id.  id. 

.tlcniioiiK  lti>Bi<»i'iiI)lo.«t. 

MM.  Bocquet,  Poules  de  Crèvecœur. 
Baker,        id.  id. 

1(1.,  id. 

Peiré,       id. 
Boudet,     id 
Chapart,   id. 


Baker,     Poules  andalouscs. 
Maupas,  id.  de  l'Ile-d'Amour. 
Pampinet,  id.  de  .lava  noires. 
Bocquet,  Faisans  panachés. 
Buraiid,    id.  de  l'Inde. 
Perret,  Poules  Brahmapootra. 
Bruzeau,  id.  Cochinchine  blanches. 


MM. 


Perret,     id. 

id. 

noues. 

Beische,  id. 

id. 

coucous 

Bocquet,  id. 

id. 

fauves. 

Bruzeau,  id. 

id. 

id. 

Néry,  Dindons. 

MuranJ.  Pou 

es 

•  iinlaui 

argentée 

id. 
de  lloudan. 
de  (iascogne. 
de    Padoue    hollan- 
daises noires. 
Bocquet,   id.   hollandaises    bleues, 
lîaker,       id.  de  PaiJone  argentées. 
VViering     id.  naines  blanche;. 
Oindre,      id.  nègi'cs. 
Baker,       id.  Dorking. 
Bocquet,    Pigeons  romains. 
Boyet,         id.  id. 

■louruiac,   id.   de  vidièro. 
Doublier,  id.  id 

.Maupas,  Dindons. 
Doublier,  Lapins  bélier?  blancs. 
Cop|iing(;r,  Poules  .lava  blanclies. 
Blazy.  id.   de  ^oie. 
Bocquet,  Ojnards  mignons. 

Id.        iil    de  B.irbaiie. 
lîaker,      iii.  de  L.ibr.ulor. 
Id.  id.  il' Aylesbury . 

Id,  id.  de  Kouen. 


T.  \.  —  Mai   1HG;5. 


17 


DE  LA  POSSIBILITE  D'ACCLIMATER 

DANS  LES  EAUX  DE  LA  MAUNE 

LA     FAMILLE     DES     SALMON]^:S 

ET  PARTICULIÈREMENT  DES  TRUITES, 
Par     M.    ROGER-DESGEI^ETTES. 


(Séance  du  12  décembre  1862) 


Au  commencement  de  l'année  1859  ,  après  avoir  suivi 
théoriquement  les  expériences  de  pisciculture  des  savait I s 
professeurs  MM.  Coste  et  Millet,  les  remarquables  articles  de 
M.  de  Qualrefages  et  tous  les  ouvrages  traitant  de  cette  science 
qu'il  m'avait  été  possible  de  me  procurer,  j'appris  avec  une 
vive  satisfoction  qu'une  machine  hydraulique  établie  sur  les 
bords  de  la  Marne  allait  conduire  l'eau  de  cette  rivière  sur 
le  haut  du  plateau  de  Saint-Maur  oi^i  est  située  ma  propriété.  Le 
/i  août  1859,  je  faisais  commencer  dans  cette  propriété,  d'une 
étendue  de  2300  mètres,  les  travaux  destinés  à  recevoir  une 
concession  d'eau  de  '18001itres  par  jour.  Ces  travaux,  exécutés 
sous  ma  direction  par  un  ouvrier  intelhgent,  consistent  en 
()6  mètres  de  ruisseaux  factices  en  béton  et  ciment  romain  qui 
reçoivent  directement  les  eaux  des  deux  côtés  de  ma  grille  au 
moyen  de  rocailles  appliquées  aux  pilastres.  Ces  ruisseaux 
changent  de  niveau  de  (5  mètres  en  6  mètres  :  ils  ont  en 
moyenne  70  centimètres  de  largeur  sur  35  de  profondeur; 
chaque  changement  de  niveau  est  dissimulé  par  une  rocaille 
et  a  spécialement  pour  but  d'entretenir  le  courant  et  de  con- 
tribuer à  l'aération  de  l'eau.  A  hauteur  de  la  façade  nord  de  la 
maison,  ces  ruisseaux  disparaissent; l'eau,  reçue  par  des  con- 
duits de  plomb,  reparaît  à  10  mètres  derrière  la  maison,  dans 
une  rocaille,  et  tombe  de  60  centimètres  dans  un  bassin  rond  de 
80  centimètres  de  profondeur.  Après  avoir  alimenté  une  cres- 
sonnière, s'être  montrée  de  nouveau  au  miheu  du  coteau,  au 
nord,  dans  une  co(iuille  où  elle  arrive  par  une  chute  de  l'",30, 
elle  va,  en  traversant  à  droite  le  reste  du  coteau,  se  rendre, 
par  une  chute  de  3'", 20,  dans  un  aquarium  de  20  mètres  de  Ion- 


SALMONÉS  ET  TRUITES  DANS  LES  EAUX  DE  LA  MARNE.  '259 

gueur,  3  mètres  de  largeur  etl"',30clc  profondeur  pour  les  trois 
quarts  de  son  étendue.  A  5  mètres  de  la  chute,  la  profondeur 
diminue  graduellement  de  30  centimètres  par  l"', 50;  c'est  là 
que  sont  disposées  les  frayères  artiticielles  destinées  à  favo- 
riser la  reproduction.  L'expérience  de  l'iiiver  rigoureux  de 
1859  à  1860  m'a  prouvé  qu'il  fallait  à  tout  prix  mettre  mon 
aquarium  k  l'abri  de  la  gelée,  et  je  n'ai  pu  arriver  à  ce  résultat 
qu'en  établissant  des  conduits  souterrains  qui  traversent  toute 
la  propriété,  et  qui,  pendant  l'hiver,  conduisent  l'eau  de  ma 
concession  de  manière  à  la  faire  tomber  à  plomb  dansl'aqiui- 
rium  par  une  hauteur  de  plus  de  3  mètres.  De  cette  manière, 
je  suis  en  mesure  de  braver  les  froids  les  plus  rigoureux. 

A  la  fin  de  l'année  1860,  je  pus  obtenir,  grâce  à  la  recom- 
mandation de  M.  Goste,  un  envoi  d'œufs  d'Huningue,  qui  me 
parvint  le  2  mars. 

Je  n'étais  point  sans  inquiétude  sur  le  résultat  de  mon 
entreprise.  Mes  notions  étaient  assez  vagues. 

La  boîte  (pii  m'était  envoyée  d'Huningue  renfermait 
2000  Truites  communes  et  500  saumonées.  Mes  appareils 
consistaient  en  deux  rigoles  de  terre  cuite  alimentées  par  une 
fontaine  filtrée,  où  un  courant  d'environ  cent  vingt  gouttes  à 
la  minute  était  établi.  J'avais  placé  ces  appareils  dans  une 
mansarde  au  midi,  où  j'entretenais  une  température  égale  en 
fermant  et  en  ouvrant  alternativement  les  fenêtres  et  en  te- 
nant constamment  les  persiennes  closes.  Ce  simple  appareil 
est  remplacé,  depuis  les  résultats  obtenus,  par  un  laboratoire 
établi  dans  une  cave  où  je  puis  avoir  en  même  temps 
20  000  œufs  en  incubation. 

Le  ili  mars,  les  éclosions  commencèrent  pour  se  continuer 
jusqu'au  22,  et  le  15  avril  je  mettais  dans  mes  ruisseaux  en- 
viron 2200  Truites,  que  j'ai  nourries  jusqu'au  10  mai  avec 
du  sang  desséché  et  passé  au  tamis.  A  cette  épo({ue,  je  reçus 
la  visite  de  M.  Samuel,  l'aide  intelligent  de  M.  Goste  :  d'après 
ses  conseils  je  mis  environ  500  Truites  dans  mon  aquarium, 
où  il  n'existait  encore  que  quelques  Gyprins. 

Six  cents  autres  lurent  distribuées  comme  il  suit  : 

JOO  furent  em})orlées  au  Collège  de  France; 


2C0       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATIOIV. 

AOO  données  à  S.  Exe.  le  Maréchal  Vaillant  ; 
100  données  à  M.  Gilles,  propriétaire  c\  Joinville. 
Los  Truites  qui  restaient  dans  les  ruisseaux  furent  mises 
dans  la  Marne  en  présence  de  M.  le  maire  de  Joinville,  et  le 
7  décembre  1S()1,  également  en  présence  de  M.  le  maire  et  de 
son  adjoint,  j'ai  ensemencé  les  bords  de  la  Marne,  sur  une 
étendue  d'environ  1200  mètres,  de  50  000  œufs  fécondés  de 
Fera  corégone.  Quelques  spécimens  de  ce  joli  poisson  exis- 
tent dans  mon  aquarium. 

Les  Truites  de  l'aquarium  ont  trouvé  une  assez  grande 
quantité  d'insectes  pour  prendre  un   accroissement  conve- 
nable, et  le  28  octobre   18G1,  dans  celles  qui  ont  été  prises 
au  hasard   et    transportées   au   Jardin   d'acclimatation,   au 
nombre  de  vingt,  plusieurs  avaient  déjcà  70  millimètres  de 
longueur.  Vers  la  fin  de  novembre,  avant  l'époque  des  gelées, 
j'ai  mis  dans  l'aquarium  environ  500  Goujons  et  Ablettes,  et 
elles  n'ont  pas  eu  d'autre  nourriture  pendant  l'hiver  et  jus- 
qu'au 15  février.  J'ai  commencé  alors  à  leur  donner  deux 
fois  par  jour  une  pàlée  de  limaçons,  qui  fut  remplacée  au  mois 
de  mai  par  du  foie  de  mouton,  dont  elles  mangent  chaque 
jour  pour  10  centimes.  J'ai  continué  depuis  le  mois  de  mai  le 
même  système  d'alimentation,  et  j'estime  à  environ  3  francs 
par  mois,  ou  21  francs  pour  sept  mois,  la  nourriture  de  mes 
Truites  jusqu'à  ce  jour.  11  peut  y  en  avoir  environ  150  :  elles 
sont  toutes   devenues  comestibles,  et  plusieurs  d'entre  elles 
ont  de  o5  k  hO  centimètres. 

Il  n'existe  plus  aucun  doute  dans  mon  esprit  sur  la  possi- 
bilité d'acclimater  la  Truite  dans  toutes  les  eaux,  même  dans 
les  moins  renouvelées  ,  à  la  condition  toutefois  de  la  faire 
naître  et  de  l'élever  dans  le  milieu  où  elle  doit  vivre. 

Je  regrette  beaucoup  que  mon  éloignement  n'ait  pas  permis 
à  un  plus  grand  nombre  de  MM.  les  membres  de  la  Société 
de  venir  examiner  les  résultats  que  j'ai  obtenus. 


PIRCICÎTLTfJRE    Dr    T.AC    PAVIN 
ÉDUCATION  DES  SAUiMONS. 

Par    n.    Anatole    GILLET     DE    GRA\l»^IO:\'l. 


(Séance  du  <)  lévrier  1803.) 


Ouand  nuire  Société  instituait  un  comité  pour  décerner  des: 
récompenses  à  tous  ceux  qui  auraient  contribui'  aux  progrès 
de  la  zoologie  et  de  la  bolanicfue  pratiques,  il  entrait  dans  ses 
vues,  non-seulement  de  récomjienser  les  foils  acconqtlis, 
mais  encore  d'encourager  les  efforts,  d'exciter  l'émulation,  et 
surtout  de  soutenir  le  zèle  de  ceux  qui  en  auraient  montré  le 
plus.  Chacun  de  vos  lauréats  prend  donc  devant  vous  l'enga- 
gement de  tenir  la  Société  au  courant  de  ses  travaux  et  de  ses 
résultats,  de  ses  succès  ou  de  ses  revers.  C'est  pour  accomplir 
ce  devoir  que  je  viens  aujourd'hui  vous  parler  de  la  piscicul- 
ture du  lac  Pavin. 

M.  Lecoq,  vous  vous  le  rappelez,  à  la  fin  de  l'année  1860, 
vous  a  fait  connaître  les  généreux  efforts  de  M.  Rico  pour 
l'acclimatation  des  principales  espèces  de  Salmonidés  dans  des 
eaux  qui  n'en  avaient  jamais  connu;  et  vous  avez  gratifié  ce 
dernier  d'une  médaille  d'argent.  Vous  savez  que  c'est  dans  le 
lac  Pavin  qu'ont  eu  lieu  ses  expériences.  Ce  lac  est  élevé  de 
ItO/i  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  La  vue  dont  on 
jouit,  quand  on  est  arrivé  jusqu'à  lui,  le  faisait  souvent  visi- 
ter par  les  touristes;  mais  il  avait  été  surnommé  la  mer  Morte 
à  cause  de  ses  eaux  désertes  ;  à  peine  y  trouvait-on  quelques 
Vairons  et  quelques  Goujons.  Ses  eaux,  profondes  de  90  mètres 
en  moyenne,  étaient,  disait-on,  minérales,  sulfui-euses,  fatales, 
en  un  mot,  aux  poissons,  puisqu'on  n'y  en  rencontrait  pas  : 
partant,  c'était  le  comble  du  ridicule  que  de  tenter  d'y  en  in- 
troduire! Malgré  ces  préjugés,  qui  ont  cours  trop  souvent 
encore,  débités  qu'ils  sont  par  des  gens  dont  le  langage  témé- 


262      SOCIÉTÉ  niPÉiUALE  zooijxiioiJK  d'acclimatation. 

laii'c  constitue  toute  r;iuto;ilé,  iiiiilgré  ces  préjuges,  M.  Hico, 
confiant  dans  la  sage  direction  de  M.  Lecoq  et  de  M.  Coste, 
n'a  [las  hésité  à  affermer  ce  lac  pour  quinze  ans.  C'était  grand 
dommage  en  effet  de  laisser  /i2  hectares  d'eau  sans  popula- 
tion! Toutefois,  je  l'avouerai,  on  pouvait  hésiter  avant  de  se 
lancer  dans  une  pareille  spéculation,  puisque  les  ruisseaux 
descendant  du  lac  contenaient  des  Truites,  et  que  jamais  celles- 
ci  n'avaient  paru  dans  les  eaux  mortes  de  Pavin. 

Cependant  M.  Rico,  en  185S,  demandant  à  Iluningue  des 
œufs  de  Truite,  Ombre,  Saumon,  Fera,  en  lançait  les  ale- 
vins dans  ses  eaux,  en  même  temps  qu'il  y  jetait  d'autres 
poissons  pour  les  faire  servir  un  jour  à  l'alimentation  des 
Salmonidés.  Trente-deux  mois  après  ces  premiers  essais,  notre 
savant  confrère,  M.  Lecoq,  nous  annonçait  qu'on  avait  déjà  vu 
des  Truites  longues  de  30  à  àO  centimètres. 

Depuis  cette  époque  que  sont  devenus  les  poissons  qu'on  y 
a  déposés  par  centaines?  Quels  sont  les  résultats  obtenus? 
M.  Rico  les  a  fait  connaître  à  M.  Coste,  et  j'ai  désiré  vous  les 
communi(juer. 

En  18()1,  des  hameçons  munis  de  tlotteurs  furent  placés 
dans  le  lac  depuis  le  mois  d'avril  jus(|u'au  mois  de  septembre. 
Hs  ont  pris  trente  et  une  Truites  et  quatre  Saumons  pesant 
ensemble  22  kilogrammes  950  grammes.  La  jjIus  grosse 
Truite  était  du  poids  de  1600  grammes  ;  en  supposant  qu'elle 
fût  la  plus  âgée,  elle  n'avait  encore  que  trente-huit  mois. 

En  1862,  pendant  le  même  laps  de  temps,  les  trémails,  qui 
ne  retiennent  (jue  le  poisson  qui  les  traverse,  ramenèrent 
cent  quatre-vingt-(jualnrzc  Truites,  et  les  hameçons  à  Hutteurs 
donnèrent  sept  Saumons. 

Ainsi,  malgré  un  outillage  très-défectueux,  malgré  les  dil- 
iicultés  que  présente  la  pèche  dans  ce  gouffre  profond  et 
irrégulier,  on  est  arrivé  à  prendre,  en  dix  mois,  deux  cent 
trente-six  pièces  qui  ont  été  vendues  1025  francs,  à  raison  de 
3  francs  50  centimes  le  demi-kilogramme,  })our  être  servies 
sur  la  table  des  grands  a])préciateurs. 

Ce  quimi'a  paru  le  plus  remarquable  dans  cette  pèche,  que 
je  puis  dire  miraculeuse,  c'est  le  poids  de  1100  grammes 


ÉDUCATION  DES  SAUMONS.  263 

alleinl  par  un  Saumon  long  de  5Q  centimètres  et  âgé  tout  au 
plus  de  quatre  ans  ;  aussi  ai-je  désiré  fixer  votre  attention 
sur  ces  chiffres  pour  rassurer  ceux  qui  ne  se  livrent  que  timi- 
dement à  l'éclosion  des  œufs  de  Saumon.  En  effet,  vous  le 
savez,  que  de  lois  n'a-t-il  pas  été  dit  que  les  Saumons  ne  crois- 
saient pas  dans  les  eaux  douces,  qu'ils  restaient  grands  comme 
des  Goujons,  et  que  leur  chair  était  détestable.  Voilà  cepen- 
dant des  faits  qui  tendent  à  prouver  le  contraire  ;  et,  si  je 
rapproche  de  ceux-ci  les  résultats  qu'a  obtenus  M.  Gervais 
dans  les  eaux  de  l'Hérault  et  de  ses  affluents,  où  l'on  a  péché, 
vers  la  fin  de  1861,  des  Saumons  pesant  600  à  800  grammes, 
qui  étaient  encore  alevins  en  1858  ;  si  je  songe  également  aux 
Saumons  déposés  par  M.  Costeà  Saint-Gucufa,  dans  les  étangs 
de  l'Empereur,  et  qui,  à  dix-huit  mois,  étaient  en  plein  état  de 
reproduction  et  mesuraient  15  à  20  centimètres,  je  ne  puis 
me  défendre  de  croire  que  l'éducation  du  Saumon  dans  les 
eaux  douces  avait  été  vue  sous  un  jour  bien  défavorable,  ou 
(ju'on  avait  préjugé  la  question. 

Ainsi  je  crois  qu'il  demeure  acquis  à  la  science  que  le  Sau- 
mon peut  vivre  et  croître  promptement  dans  les  eaux  douces. 
S'il  ne  s'y  doit  pas  reproduire  de  lui-même,  fait  qui  n'est 
point  encore  démontré,  il  deviendra  cependant  un  deshabi- 
lanls  de  nos  eaux  ;  on  l'élèvera  en  slabulation,  comme  déjà 
on  élève  des  Truites,  et,  quelle  que  soit  sa  taille,  il  fournira 
une  nouvelle  ressource  à  l'alimentation  publique. 

Ou'il  n'y  ait  donc  plus  désormais  de  détracteurs  des  idées 
nouvelles;  qu'on  ne  vienne  pas  dire  :  telle  expérience,  telle 
tentative  ne  réussira  pas.  Le  travailleur  a  besoin  d'encoura- 
gements; c'est  pour  soutenir  et  réchauffer  son  zèle  que  notre 
Société  a  été  fondée,  et  non  pour  lui  inspirer  la  crainte  et  lui 
apporter  le  découragement.  En  fait  d'acchmatation,  la  science, 
c'est  l'expérimentation  !  Qui  sait  ce  que  l'avenir  réserve  à  la 
puissance  de  l'homme  sur  les  animaux. 


Sim   LA   CLLTl  kl:  1)1    QUINQUINA 

A-  JAVA, 

Par    M.  ROCU(J$»«E\. 

ancii'ii  gouverncui'  géiioi'al  des  Imles  iieeiiaiKl.iises, 
ancien  présidenl  du  coiiïcil  des  ministres  de  S.  M.  le  Koi  des  Pays-Bas. 

SUITE    ET    FIN    (1). 


(Séance  du  12  décembre  1862.) 


II. 

Déjà,  en  1820,  des  propositions  furent  faites  au  gouverne- 
ment néerlandais  pour  l'introduction  de  la  culture  du  Ouin- 
quina  à  Java,  et  depuis  elles  furent  renouvelées  souvent.  Ces 
propositions  réitérées  fixèrent  l'attention  du  gouvernement 
sur  un  objet  peu  connu  d'abord,  mais  dont  l'utilité  et  l'im- 
portance  se   firent  sentir  instinctivement.  On  fit  au    début 
des  tentatives  qui  restèrent  sans  succès.  Je  citerai  ici,  en  pre- 
mier lieu,  l'envoi  de  M.  Textor  de  Rotterdam  au  Pérou,  sur 
la  proposition  du  célèbre  professeur  de  chimie  à  l'université 
d'Utrecht,  G.  J.  Mulder.  Mais  M.  Textor  y  mourut  avant  ([\ui  sa 
mission  eût  quelque  résultat.  Je  me  rappelle  avoir  planté  moi- 
même,  comme  pour  y  donner  une  certaine  importance,  étant 
gouverneur  général  des  Indes  néerlandaises,  au  jardin  bota- 
nique  de  Buitcnzorg  (Java),  en  I8/18,  une  plante  qui  avait 
été    envoyée   du   jardin  botanique   d'Amsterdam ,  et  qu'on 
croyait  être  un  Cinchona  de  bonne  espèce,   mais  qui,  plus 
tard,  s'est  trouvée  appartenir  à  une    espèce    de  Quinquina 
blanc,  et  no  contenir  qu'une  (luantité  minime  d'alcaloïde. 

En  1851,  ic  gouvernement  néerlandais,  ayant  appris  que 
le  gouvernement  français  avait  reçu  des  semences  de  Cincbona 
par  le  consul  français  à  Bogota,  et  les  avait  envoyées  en 
Algérie  pour  en  essayer  l'acclimatation,  s'adressa  au  gouver- 
nement français  pour  s'associer  à  cet  essai  dans  l'intérêt  de 
riiumanité,  et  déclara  que  si  le  gouvernement  français  était 
disposé  à  céder  une  partie  de  ses  semences,  il  les  enverrait  à. 
Java,  et  ferait  toul  ce  qui  serait  possible  pour  y  introduire 

(1)  Voyez,  pour  la  première  parlie,  p.  198. 


.      ,  CULTURE    DU    QULNljUl^A    A    JAVA.  265 

celte  culture.  Le  gouvernciiieiil  IVaiicais  accepUi  t;racieuse- 
ment  celle  proposition,  mais  ne  put  y  donner  suite,  les 
semences  ayant  été  dirigées  directement  sur  Marseille,  et  de 
là  en  Algérie,  où  elles  ne  produisirent  que  quelques  jeunes 
()lantes,  qui  périrent  par  suite  d'un  sirocco  violent. 

Ce  désappointement,  bien  loin  de  décourager  le  gouverne- 
ment néerlandais,  ne  lit  que  le  stimuler  davantage.  Il  comprit 
qu'il  devait  agir  par  lui-même,  et  prendre  des  mesures  éner- 
giques pour  atteindre  le  but.  M.  Pahud,  alors  ministre  des 
colonies,  plus  tard  gouverneur  général,  accueillit  la  propo- 
sition qui  lui  fut  faite,  d'envoyer  un  naturaliste-botaniste  dans 
l'Amérique  méridionale ,  pour  y  faire  collection  de  jeunes 
plantes  et  de  semences,  et  les  transporter  directement  de  là 
à  Java.  Il  exposa  ses  projets  au  roi,  et  obtint  de  Sa  Majesté, 
par  arrêté  du  ;U)  juiji  iS5'2,  l'autorisation  de  prendi'c  les  me- 
sures nécessaires  pour  réaliser  cette  grande  entreprise,  dont 
l'exécution  fui  confiée  à  M.  .1.  C.  Hasskarl,  ancien  directeur 
du  jardin  liotanique  à  Builenzorg.  Ce  clioix  fut,  ajuste  titre, 
généralement  approuvé.  M.  Hasskarl,  encore  dans  la  force  de 
l'âge,  était,  par  un  long  séjour  à  Java,  acclimaté  dans  les 
pays  tropicaux,  et  par  sa  position  antérieure,  son  amour  pour 
les  sciences  naturelles  et  la  botanique,  Tbomme  qu'il  fallait 
pour  celte  mission  imj)oi'tante.  L'événement  l'a  bien  prouvé  ; 
car,  malgré  les  dillicullés  sans  nombre  que  M.  Hasskarl  a 
rencontrées  dans  l'exécution  de  sa  tàcbe,  il  s'en  est  acquitté 
avec  plein  succès  et  à  la  satisfaction  générale. 

Le  gouvernement  comprit  que  pour  un  liomme  comme 
Hasskarl,  la  meilleure  instruction  est  celle  qui  laisse  la  plus 
grande  liberté  pour  agir  d'après  les  circonstances.  On  se  borna 
donc  à  quchiues  points  principaux.  Comme  but,  il  lui  fut 
prescrit  de  se  rendre  au  Pérou  et  en  Bolivie,  pour  y  faire 
collection  de  jeunes  plantes  et  de  semences  de  Cincbonas, 
non-seulement  de  l'espèce  calisaya,  mais  aussi  d'autres  bonnes 
espèces;  de  les  expédier  en  partie  directement  sur  Java,  par 
un  navire  de  la  marine  royale  qui  serait,  à  cette  fin,  dirigé  au 
Callao,  avant-port  de  Lima  ;  en  partie  sur  la  Hollande. 

Pour  ne  pas  perdre  de  temps  en  doublant  le  cap  Horn,  il 


266       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZUOLOGIQUE    D  ACCLIMATATION. 

(levait  se  diriger  par  les  paquebots  à  vapeur  de  Southanipton 
à  Chagres,  et  par  l'isthme  de  Panama  à  Guayaquil  et  Loxa, 
d'où  il  entreprendrait  ses  courses  dans  l'intérieur. 

Il  (juitta  la  Haye  le  !i  décembre  1852  pour  Southanipton, 
oi^i  il  s'embarqua,  le  17  de  ce  mois,  sur  le  vapeur  la  Plata.  Il 
arriva  le  1"  janvier  1853  à  Saint-Thomas,  et  le  1/i,  à  Aspin- 
wall,  près  de  Chagres.  Apprenant  que,  à  cause  de  la  saison 
des  pluies,  il  devrait  relarder  de  quelques  semaines  ses 
excursions  dans  l'intérieur,  il  se  rendit  d'abord  à  Lima.  Dans 
le  commencement  de  mai,  il  se  trouvait  dans  les  Cordillères. 
et  de  là  il  descendit  dans  les  parties  plus  basses  du  Pérou. 

Je  n'essayerai  pas  de  décrire  les  dilïîcultés,  les  dangers  et 
les  fatigues  de  son  voyage,  en  partie  h  cheval,  en  partie  à 
pied,  par  des  sentiers  presque  impraticables.  Il  poursuivit  sa 
route  par  Vitoe,  sur  Monobamba,  où  il  trouva  les  premiers 
Cinchonas,  mais  différents  des  calimya^  principalement  les 
espèces  ovala,  amyr/dalifolia  e.ipiihescens.  Ce  n'est  que  dans 
les  environs  d'Uchubamba  qu'il  vit  les  C.  calisaya  en  grande 
quantité.  Le  28  juillet  1858,  il  fit  un  premier  envoi  de  jeunes 
plantes  et  de  semences  des  espèces  ci-dessus  désignées,  et  les 
dirigea  sur  Lima,  où  elles  arrivèrent  un  mois  et  demi  plus  tard, 
pour  être  envoyées  en  Hollande.  Les  jeunes  plantes  y  furent 
placées  dans  des  caisses  à  la  Ward,  et  expédiées  sur  Panama; 
mais,  par  suite  d'un  mal  entendu  dans  l'expédition  ultérieure, 
les  plantes  y  restèrent  longtemps  exposées  à  l'influence  du 
climat  brûlant,  et  moururent  toutes.  Les  semences  arrivèrent 
enHollande,  où  elles  furent  distribuées  aux  jardins  botaniques 
d'Amsterdam  et  des  diverses  universités  néerlandaises. 

D'Uchubamba,  Hasskarl  se  dirigea  vers  les  provinces  {)lus 
méridionales,  alors  en  insurrection  contre  le  gouvernement: 
circonstance  qui  augmenta  singulièrement  les  dilllicultés  et 
les  dangers  de  sa  mission.  Il  s'était  flatté  de  trouver  dans  la 
province  de  Carabaya  les  Cinchonas  en  pleine  floraison,  et 
d'en  recueillir  des  semences  ;  mais  il  se  trouva  désappointé 
dans  cet  espoir.  A  la  fin  de  septembre  1853,  Hasskarl  arriva 
à  Cuzco,  l'ancienne  résidence  des  Incas.  De  là  il  se  rendit  à 
Sandia,  chef-lieu  du  district  de  ce  nom,  le  seul  endroit  où, 


culturp:  du  quinquina  a  java.  ?.07 

d'après  Hasskarl,  le  Quinquina  du  Pérou  soit  encore  exploité. 
II  se  mit  on  rapport  avec  les  cascarilleros  practicos  les  plus 
expérimentés,  pour  apprendre  d'eux  toutes  les  particularités 
qui  pourraient  lui  être  utiles.  Là  aussi  il  arriva  trop  tard 
pour  voir  les  Cinclionas  en  floraison,  et  pour  trouver  des 
semences.  11  y  lit  deux  observations  que  je  ne  dois  pas  oublier 
de  mentionner  ici,  parce  qu'elles  contribuent  àjeler  j)lus  de 
lumière  sur  la  science  quinologique.  La  première,  est  (jue 
l'on  ne  trouve  nulle  part,  au  Pérou,  des  forêts  de  Cinclionas, 
comme  on  l'a  dit  et  répété  si  souvent;  mais  que  les  arbres  sont 
dispersés  et  rai"es.  Tandis  que  les  vieux  Cincbonas,  surtout  de 
l'espèce  calisaya,  n'existent  presque  plus  dans  le  district  de 
Garabaya,  les  cascarilleros  les  ayant  presque  tous  abattus,  on 
en  trouve  encore  quelques-uns  de  l'autre  côté  de  la  grande 
rivière,  dans  les  districts  babités  par  les  Indiens  sauvages.  La 
seconde  observation  se  rapj)orle  aux  semences.  L'enveloppe 
dans  laquelle  elles  se  trouvent,  est  singulièrement  mince  et 
fragile,  ce  qui  fait  que  les  semences  se  dispersent  très -vite  par 
le  vent,  et  (ju'il  n'est  pas  facile  de  les  recueillir  ;  mais  aussi 
que  le  Cincbona  se  propage  de  soi-même,  et  possède  ainsi  un(3 
garantie  contre  sa  disparition  entière,  malgré  les  dévastations 
et  les  ravages  des  cascarilleros. 

A  la  fin  de  1853,  Hasskarl  se  décida  à  retourner  à  Lima, 
pour  y  attendre  le  retour  de  la  bonne  saison.  Cependant  il  n'y 
resta  pas,  parce  que  la  fièvre  jaune  y  régnait  dans  toute  sa 
force  ;  mais  il  alla  au  Cbili,  où  le  climat  plus  frais  lui  rendit 
ses  forces  et  sa  santé,  délabrées  par  les  fatigues  et  les  priva- 
tions. Dans  la  prévision  de  l'arrivée  de  la  frégate  de  la  marine 
royale  destinée  à  transporter  les  jeunes  plantes  et  les  semences 
à  .fava,  il  s'établit  quelque  temps  à  Arequipa,  pour  y  attendre 
l'annonce  de  l'arrivée  à  Islay  d'une  vingtaine  de  caisses 
Ward  qu'il  avait  fait  confectionner  à  Lima  ;  puis,  après  avoir 
laissé  une  lettre  pour  le  commandant  de  la  frégate,  il  entre- 
prit de  nouveau  un  voyage  jusqu'à  150  lieues  {léguas)  dans 
l'intérieur,  pour  continuer  sesrechercbes.  C'est  vers  la  Bolivie 
surtout  qu'il  tournait  ses  regards;  car,  à  en  croire  les  rap- 
ports, c'est  dans  certaines  contrées  de  ce  pays,  nommées 


268      SOCIÉTÉ   JMI'ÉHIÂLE   ZOOLOGIQUE    d'aGCLIMATATION. 

Manchas,  ([u'on  trouve  encore  les  C.  calisaya  réunis  en  grand 
nombre  el  beaucoup  plus  foris  et  plus  grands  qu'ailleurs. 

Malheureusement,  le  Pérou  était  en  guerre  avec  la  Bolivie; 
on  avait  assuré  à  Hasskarl  que  la  défense  de  passer  la  fron- 
tière venait  d'èlre  levée.  Ayant  passé  la  Paz,  et  se  trouvant  à 
Sutchis  (sur  la  frontière  de  Bolivie),  il  ajiprit  que  l'entrée 
de  ce  pays  était  encore  interdite.  Hasskarl  se  retira  sur  le 
territoire  péruvien,  et,  en  longeant  la  frontière,  lit  plusieurs 
tentatives  pour  rentrer  en  Bolivie  en  compagnie  de  casca- 
rilleros,  les  seuls  qui,  \yàv  connivence  réciproque,  pussent 
passer  la  frontière  ;  mais  découvert  et  traité  en  espion,  il  aban- 
donna son  projet  de  pénétrer  dans  la  Bolivie.  Il  se  dirigea  de 
nouveau  sur  Sandia,  a|)rès  avoir  fait  des  contrais  avec  les 
cascarilleros  pour  lui  livrer,  dans  cet  endroit,  de  jeunes 
plantes  et  des  semences  de  l'intérieur  de  la  Bolivie,  landis 
que  de  Sandia  il  faisait  lui-même  des  excursions  en  tous  sens, 
pour  continuer  ses  recherches.  C'est  là  qu'il  recul  /lOO  jeunes 
C.  calisaija,  que  le  chef  d'une  comp^ignie  de  cascarilleros  lui 
apporta,  après  un  long  et  pénible  voyage  de  l'intérieur  de 
la  Bolivie.  Un  autre  chef,  qui  s'était  engagé  à  lui  fournir 
des  semences  des  plus  beaux  raUsaya  de  la  lîolivie,  et  qui 
nièinc  avait  louché  drs  avances  sur  leur  livraison,  est  resté 
en  retard. 

.h'  n'entrerai  point  dans  le  détail  des  innondjrables  dillll- 
cullés  que  Hasskarl  eut  à  surmonter  pour  trans})orter  son 
trésor,  ces  AOO  plantes,  sur  une  longue  distance  de  lôO  lieues, 
de  Saudia  jusqu'au  port  d'embarquement,  par  une  route  aussi 
difficile  que  dangereuse.  11  fallait  les  tenir  assez  humides  pour 
qu'elles  ne  se  desséchassent  point  sous  l'influence  des  vents 
secs  et  des  rayons  d'un  soleil  brûlant,  dardant  d'aplomb;  il 
fallait  les  protéger  pendant  le  jour  contre  la  grande  chaleur, 
la  nuit  contre  le  froid  très-vif  sur  les  hauts  plateaux  et  les 
montagnes  qu'on  avait  à  passer,  où,  pendant  la  saison  d'hiver, 
de  juin  à  août,  il  gèle  souvent  la  nuit.  Il  était  impossible  de 
laisser  les  racines  dans  la  terre;  car  le  poids  aurait  été  trop 
lourd  et  le  nombre  de  mulets  aurait  été  trop  grand.  Hasskarl 
résolut  donc  de  les  envelopper  dans  de  la  mousse,  que  l'on 


CULTURE   DU   QUINQUINA   A   JAVA,    f  560 

hnmeclait  chaque  scir.  Pour  préserver  les  jeunes  plantes  et 
leurs  racines,  elles  furent  placées  et  fixées  dans  les  écorces  du 
pisiing  (bananier)  el  couvertes  de  grosse  toile. 

A  Sandia,  on  ne  trouvait  pas  de  bananiers,  il  fallait  les  faire 
venir  de  la  plaine  à  dos  d'homme  ;  on  n'y  trouvait  pas  de 
mousse  non  plus,  il  fallait  en  faire  chercher  sur  les  montagnes; 
on  n'y  trouvait  pas  même  les  cordages  nécessaires,  et  l'on  fut 
obligé  en  partie  de  les  faire  venir  de  loin,  en  partie  de  les 
faire  fabriquer,  tant  bien  que  mal,  de  r(''corce  d'un  arbre  que 
les  indigènes  nomm&ni  pamihn.  On  comprend  que  de  difli- 
cultés  tout  cela  devait  faire  surgir,  dans  un  pays  qui  olfre 
si  peu  de  ressources  et  avec  une  population  si  indolente  et  si 
peu  intelligente.  La  plus  grande  de  toutes  fut  de  trouver  le 
nombre  nécessaire  de  mulets  pour  le  transport  de  toute  la 
caravane  et  des  provisions  nécessaires. 

A  la  iln,  Hasskarl  se  mit  en  mouvement  le  8  juin  J85A,  et 
quitta  Sandia  avec  l'intention  de  presser  sa  marche,  atin  de 
soustraire  les  plantes  le  plus  tôt  possible  à  l'action  des  grands 
changements  de  tempi/rature,  et  pour  ne  pas  tomber  entre 
les  mains  des  guérillas  des  parties  belligérantes,  pour  les- 
(juelles  tout  était  de  bonne  prise. 

Mais,  plusieurs  mulets  venaient  de  succomber,  et  arrivés  à 
Azangora ,  plusieurs  conducteurs  refusèrent  d'aller  plus 
loin.  Il  fallait  en  trouver  d'autres;  mais  cela  était  bien 
difficile,  car  la  i)lupart  avaient  été  mis  en  réquisition  })Our 
transporter  à  Guzco  des  fusils  arrivés  de  Bolivie. 

Hasskarl  parvint  à  vaincre  tous  ces  obstacles,  et  arriva  sain 
et  sauf,  avec  son  convoi,  à  Arequipa,  où  il  reçut  une  lettre  du 
commandant  de  la  frégate  royale  à  voiles,  le  Prince  Frédéric, 
(jui  l'informait  de  son  arrivée  sur  la  côte,  et  ajoutait  que  ses 
instructions  portaient  que,  dans  le  cas  où  il  ne  le  trouverait 
pas  à  Islay,  il  devait  se  rendre  à  Callao  pour  l'y  attendre. 
Hasskarl  fut  donc  obligé  de  se  rendre  à  ce  port;  mais  il 
éprouva  de  nouveau  des  contrariétés  dans  ce  voyage,  princi- 
palement par  suite  des  mouvements  de  troupes  des  belligé- 
rants et  par  manque  de  mulets.  En  outre,  les  caisses  Ward 
qu'il  attendait  de  Lima  n'étaient  pas  arrivées  à  Arequipa,  et 


270       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOf.IQUE   d'âCCLIMATATION. 

il  fallut  aller  les  prendre  à  Islay.  C'est  là  qu'il  mit  les  plantes 
dans  les  caisses,  et  il  eut  la  satisfaction  de  s'assurer  que,  quoi 
qu'elles  eussent  été  pendant  quatre  semaines  privées  d'air  et 
de  lumière,  elles  étaient  restées  en  bon  état.  Enfin  il  arriva  le 
7  août  cà  Gallao,  et  les  caisses  avec  les  plantes  furent  portées  à 
bord  et  placées  en  partie  sur  l'arrière-pont,  en  partie  dans  les 
barcas  ou  grandes  chaloupes. 

La  frégate  ne  fut  prête  à  appareiller  que  le  21  août  185/i. 
Elle  quitta  le  port  de  Callao  ,  relâcha  pendant  dix  jours  aux 
lies  Sandwich,  et  touchant  aux  îles  Mariannes  ou  Ladrones  ; 
elle  poursuivit  par  la  mer  de  Chine  sa  destination  pour  Java. 
Mais  à  UO  milles  desiles  Philippines, la  frégate  eut  à  soutenir 
un  ouragan  violent,  ({ui  l'obligea  de  toucher  à  Macasser,  où 
elle  arriva  le  3  décembre  pour  y  subir  quelques  réparations. 
Pour  ne  pas  exposer  plus  longtemps  qu'il  n'était  nécessaire 
à  l'action  du  climat  sa  collection,  qui  avait  déjà  beaucoup 
souffert  en  mer  par  les  grandes  chaleurs,  Ilasskarl  la  trans- 
porta à  bord  du  steamer  de  la  marine  royale  le  Gedeh,  en 
station  à  ÎMacasser,  qui  le  conduisit  à  Batavia,  où  il  arriva  le 
4  3  décembre  185/|.  Les  caisses  furent  aussitôt  transportées 
à  Buitenzorg,  et  de  là  à  Tjipannas,  situé  sur  la  grande  route 
de  Batavia  et  de  Buitenzorg,  vers  l'est  de  l'ile. 

Au  versant  est  du  volcan  Gedeli,  haut  de  10  500  pieds,  il  y 
a,  à  3000  pieds  d'élévation,  une  villa  où  le  gouverneur  va  de 
temps  en  temps  respirer  un  air  plus  frais  que  dans  la  plaine  ; 
il  y  existe  une  succursale  du  jardin  botanique  de  Buitenzorg 
pour  les  plantes  qui  ne  peuvent  prospérer  dans  la  plaine. 

Le  gouverneur  général  chargea  Hasskarl  de  la  direction  de 
la  culture  du  Ouinquina. 

m. 

Hasskarl  trouva  un  collaborateur  zélé  et  éclairé  dans  la 
personne  de  M.  Teysman,  directeur  du  jardin  botaniques  de 
Buitenzorg,  (jui  déjà,  avant  son  arrivée,  avait  pris  une  part 
très-active  à  l'acclimatation  des  Cinclionas  à. lava.  C'est  par  ses 
soins  que  le  C.  calisaya,  obtenu  en  1850  ))ar  le  professeur 
de  Vriese,  de  MM.  Thibaut  et  Keteleer,  et  envoyé  à  la  fin  de 


CULTURE   DU   QUINQUINA   A   JAVA.  271 

1851  à  Java,  dont  j'ai  déjà  parlé  plus  haut,  ainsi  que  les 
C.  calisaya  ei pubescens  offerts  par  M.  J.  A.  Willink,  d'Ams- 
terdam, avaient  été  plantés  à  Tjipannas,  de  même  que  les 
jeunes  plantes  provenues,  dans  les  jardins  botaniques  en 
Hollande,  des  semences  reçues  au  ministère  des  colonies 
sous  les  noms  de  : 

1°  Ciiic/iona  Comlaminea,  lancifoUa,  recueillies  dans  la 
Nouvelle-Grenade  par  Karsten,  et  envoyées  par  le  consul 
général  néerlandais  à  Caracas,  M.  de  Lansberg.  On  en  obtint 
quelques  nouveaux  pieds  dans  le  jardin  botanique  de  Leyde. 

2°  C.  (imygdalifolui,  Wedd.,par  Hasskarl,  et  expédiées  de 
la  Hollande  par  VOverland  Mail  à  Java. 

3°  C.  calisaya,  de  la  vallée  de  Sandia.  La  moitié  de  ces 
semences  fut  réexpédiée  à  Java,  et  l'autre  moitié  distribuée 
aux  jardins  botaniques  en  Hollande. 

k"  C.  calisaya,  Wedd.,  var.  josephiniana.  Ces  semences, 
confiées  au  jardin  botanique  de  Leyde,  ne  réussirent  pas. 

5"  C.  pubescots ,  distribuées  aux  jardins  Ijotaniques  en 
Hollande. 

6"  C .  ovata,  R.  et  P.  (cascarilla  crispilla  chicjua).  L'anno- 
tation qui  accompagnait  cette  espèce  portait  qu'elle  était  ori- 
ginaire de  Holiubamba  (Pérou) ,  à  une  élévation  de  5600  pieds 
de  Paris,  sur  des  pentes  exposées  au  soleil.  Je  fixe  spécialement 
l'attention  sur  cette  espèce  ;  car  elle  joue  un  grand  rôle  dans 
l'histuirc  de  l'acclimatation  des  Cinchonas  à  Java.  Elle  fut 
reconnue,  plus  tard,  ne  pas  être  de  l'espèce  des  ovata^  alors 
on  la  nomma  lucumœfolia,  et  plus  tard  Howard,  sur  la  pro- 
position de  Jungbuhn,  lui  a  donné  le  nom  de  pahudiana, 
d'après  le  nom  du  ministre  Pahud,  qui  avait  confié  à  Hasskarl 
sa  mission,  et  qui,  en  1856,  prit  le  gouvernement  des  Indes 
néerlandaises. 

Harsskarl  trouva  donc,  à  son  arrivée,  plusieurs  plants 
de  Cinchonas,  provenant  en  grande  partie  des  semences 
envoyées  par  lui,  enculture  par  les  soins  de  Teysman,àTjipan- 
nas,  à  une  élévation  de  /|/|00  pieds,  et  àTjibodas,à/i800pieds, 
où  celui-ci  les  avait  [)lantés  à  distance  de  20  pieds,  dans  les 
forêts  vierges  sufïisamment  élaguées  pour  leur  donner  de  l'air. 


272      SOCIÉTÉ   iMPÉniALE  ZOOLOGlQUË   d'aCCLIMaTATION. 

Les  vingt  et  une  caisses  apportées  par  Hasskarl  directement 
de  l'Amérique,  avec  les /|00  jeunes  pieds  de  Cinclionas  qu'on 
lui  avait  fournis  à  Sandia  comme  calisaya  de  Bolivie,  furent 
ouvertes  ;  mais  un  grand  nombre  étaient  morts  ou  en  très- 
mauvais  état.  Les  rapports  officiels  n'en  indiquent  pas  le 
chiffre  ;  ils  ne  donnent  pas  non  plus  séparément  l'histoire  des 
Cinchonas  apportés  directement  par  Hasskarl,  de  ceux  em- 
ployés ou  obtenus  des  semences  de  la  Hollande.  Les  données 
que  les  rapports  fournissent  représentent  les  chiffres  généraux 
d'après  les  différentes  espèces,  mais  sans  distinction  de  pro- 
venance. 

Hasskarl  continua  l'œuvre  de  Teysman,  en  choisissant  Tji- 
pannas  et  ses  environs  jiour  premier  dépôt  et  pépinière  de  la 
culture  des  Cinchonas  ;  non  pour  l'y  restreindre,  mais  dans 
l'intention  de  l'étendre  sur  plusieurs  points  de  l'Ile  de  Java. 
Il  planta  ceux  des  jeunes  Cinchonas  qu'il  venait  d'apporter  de 
l'Amérique  méridionale,  <jui  avaient  résisté  au  voyage  et  à  la 
grande  chaleur,  à  plusieurs  hauteurs,  entre  iOOO  et  5000  pieds. 
Malheureusement  les  nouvelles  plantations  eurent  lieaucoup  à 
souffrir  par  des  tempêtes  qui  se  succédèrent  à  courts  inter- 
valles, et  furent  la  cause  que,  de  nouveau,  plusieurs  exem- 
plaires périrent  ou  furent  fortement  endommagés. 

Mais  ces  pertes  et  ces  désastres  pouvaient  d'autant  moins 
décourager  Hasskarl  et  Teysman,  qu'ils  venaient  de  faire 
l'expérience  que  les  Cinchonas  ne  se  perpétuent  pas  seulement 
par  les  semences,  mais  peuvent  aussi  être  propagés  par  bou- 
tures, quoique  cette  opération  demande  beaucoup  de  soins  et 
une  méthode  j)articulicre. 

LY'tat  des  plantations,  à  Tjipannas  et  à  Tjibodas,  au 
1"  juin  J856,  a  été  constaté  comme  suit  : 

\"  Cinchnna  calisaiia,  au-dessous  de  25  centimètres 1 

—  —     de  25  à  50         id »> 

~  —    de  50  à  75         id. . .  , 9 

—  —    de  75  à  100         id 12 

—  —    de  100  à  125         id 17 

—  •—     de  125  il  150  id _ji_ 

/|3 


CULTURE  DU  QUINQUINA  A  JAVA.  273 

2°   Cinchona  ovata,   au-dessous  de  23  coiiliniètros 28 

—  —  de  25  à  50         id 2 

—  —  de   50  à  75         id 2 

—  —  de  75  à  100         id 6 

—  —  de  100  à  125         id IG 

—  —  de  125  à  150          i;l 18 

—  —  de  150  il  175         id IG 

88 

En  oulre,  il  s'y  li'ouvait  1030  boutures  préparées  dans  les 
serres  à  une  température  moyenne  de  29", 8  centigrades. 

Dés  lors  on  pouvait  donc  se  flatter  d'une  bonne  réussite 
de  la  grande  œuvre. 

Cette  prévision  venait  de  recevoir  de  nouvelles  cliances  de 
réalisation.  Par  les  soins  incessants  du  ministre  des  colonies, 
deux  nouvelles  expéditions  de  Cinchonas  obtenus  des  se- 
mences envoyées  par  Hasskarl  en  Hollande  venaient  d'être 
dirigées  vers  Java. 

La  première,  laite  par  le  jardin  botanique  de  Leyde,  con- 
sistait en  trois  grandes  caisses  ou  compartiments  d'une  con- 
struction toute  spéciale:  la  première  caisse  contenait 50  beaux 
exampkiires  de  Cinchona  calisai/a  ;  \sL  seconde,  88  C.  ovata 
et  (3  lancf/'ûlia,  et  la  troisième,  50  C.  ovata. 

Le  navire  sur  lequel  ces  caisses  furent  cliargées  quitta 
la  Hollande  le  i''  septembre  1856,  et  arriva  à  Batavia 
le  7  décembre  de  la  même  année.  A  son  bord,  se  trouvait  le 
naturaliste  .lunghubn,  avantageusement  connu  dans  le  monde 
scientilique  par  ses  écrits  sur  Java  et  les  autres  lies  de  l'arcbipel 
Indien.  Le  ministre  avait  chargé  ce  savant  de  la  surveillance 
de  ce  précieux  envoi.  Il  s'acquitta  de  cette  tâche  comme  on 
pouvait  l'attendre  de  lui  ;  c'est  gTcàce  à  ses  soins  pendant  tout 
le  voyage,  que  cet  envoi  arriva  dans  le  meilleur  état  à  Java  : 
il  n'était  pas  mort  plus  de  10  exemplaires  pendant  le  voyage. 

Aussitôt  après  leur  arrivée,  les  plantes  furent  transportées 
àTjiniroeang,  sur  le  plateau  du  mont  Mahnvar,  au  centre  de 
la  province  de  Préanger,  et  plantées  à  une  (''lévalion  de  5000 
ù  6000  pieds. 

Une  autre  expédition,  faite  du  jardin  botanique  d'Utrecbt, 
dont  le  voyage  fut  de  plus  longue  durée  et  (jui  n'eut  pas 

T.  \.  —  Mai  1863.  ly 


T7tx        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

les  soins  et  la  surveillance  d'un  Jinigliuhn,  ne  produisit 
que  7  exemplaires  en  bon  étal  et  13  dans  un  état  languissant. 
Ceux-là  aussi  furent  confiés  au  sol  à  Tjiniroeang. 

Plusieurs  moururent,  Le  rapport  du  1"  avril  1856  constate 
en  croissance  : 

Cinchona  calisaya ÙO 

—  ovata ♦^S 

—  lancifolia 6^ 

7  y 

Un  tiers  de  ce  nombre  fut  constaté  en  excellent  état  ; 
9  pieds  laissaient  peu  d'espoir  de  conservation  ;  par  contre, 
la  plupart  des  jeunes  tiges  avaient  des  pousses  nombreuses, 
propres  à  en  faire  des  boutures. 

Malheureusement  l'état  de  la  santé  de  Hasskarl,  si  forte- 
ment éprouvée,  ne  lui  permit  plus  de  continuer  sa  tâche,  el 
l'obligea  de  retourner  en  Europe.  Junghuhn  fut  nommé  son 
successeur,  et  voua,  dès  ce  moment,  foute  son  activiîé  au 
succès  définitif  de  cette  grande  œuvre. 

Mais  Junghuhn  ne  marcha  [sas  sur  les  traces  de  son  prédé- 
cesseur. 11  s'en  écarta  d'abord,  en  abandonnant  les  pentes  du 
mont  Gedeh,  nommément  Tjipannas  et  Tjibodas.  11  donna  la 
préférence  au  plateau  élevé,  près  du  mont  Malawar,  dont  j'ai 
déjà  fait  mention  ci-dessus  ;  il  y  créa  onze  enclos  à  des  hau- 
teurs différentes,  entre  ^i330  et  6500  jùeds,  où  règne  une 
température  moyenne  de  10"  à  U'\3  centigrades. 

Les  raisons  qu'il  avance,  pour  justifier  celte  préférence  par 
rapport  aux  qualités  du  sol,  au  climat  et  à  plusieurs  autres  cir- 
constances, semblent  très-plausibles;  mais  on  a  regretté  que 
dans  son  zèle,  il  soit  allé  trop  vite  et  trop  loin,  en  faisant 
transplanter  les  arbustes  et  jeunes  plantes,  à  peine  en  crois- 
sance sur  les  pentes  du  montGedeb,  dans  les  nouvelles  localités» 
sur  le  plateau  Malawar,  près  de  Tjiniroeang  ;  car,  à  en  croire 
la  critique  que  Teysman  en  a  faite  dans  une  brochure  de  date 
récente,  non-seulement  plusieurs  exemplaires  en  sont  morts, 
mais  en  général  la  croissance  des  autres  en  a  été  retardée. 

C'est  ici  le  lieu  de  faire  mention  d'un  écrit  très-intéressant, 
sous  le  titre  de  Gi/ide  ou  Imtriution  pour  la  culture  des 


CULTURE  DU  QUINQUINA  À  JAVA.  275 

('inchonas,  que  Junghulm  rédigea  peu  de  temps  après  que  la 
direction  lui  en  eut  éti';  confiée.  Cette  instruction  contient 
onze  articles,  et  chaque  article  est  accompagné  d'un  mémoire 
explicatif  d'un  haut  intérêt.  Ces  pièces  ont  été  publiées  dans 
la  Revue  industrielle  de  Java  (année  1858,  tome  V,  livrai- 
sons I  et  II);  elles  sont  trop  étendues  pour  les  reproduire  ici, 
je  ne  puis  en  indiquer  que  quelques  particularités. 

Ayant  mis  en  avant  la  thèse  bien  rationnelle  qu'on  doit 
assigner  à  chaque  espèce  de  Cinchona  une  place  qui  cor- 
responde, autant  que  possible,  à  la  température  moyenne  de 
son  sol  natal  dans  l'Amérique  méridionale,  il  entre,  à  ce  sujet, 
dans  des  détails  et  des  comparaisons  avec  Java,  qui  sont  de 
grande  valeur  pour  tous  ceux  qui  veulent  étudier  la  question 
à  fond,  ou  qui  se  proposeraient  d'essayer  ailleurs  l'acclimata- 
tion du  Quin({uina.  Je  dois  me  borner  ici  à  indiquer  la  source 
où  l'on  pourrait  puiser  ces  renseignements  de  haute  utilité. 
Il  conseille  de  choisir  des  localités  01.1  l'on  Irouve  une  végé- 
tation semblable  à  celle  de  l'Amérique  du  Sud,  d'où  l'on  a  tiré 
les  différentes  espèces  ;  et,  à  cet  elfet,  il  donne  une  nomen- 
clature et  une  cora[)araison  de  la  flore  de  Java  avec  celle  de 
l'Amérique,  pour  les  quatre  espèces  en  culture  sur  le  plateau 
de  llalawar,  avec  indication  des  hauteurs  respectives  pour 
chaque  espèce.  Il  fixe  des  règles  sur  les  modes  de  planter, 
d'ombrager  et  d'arroser  les  jeunes  plantes;  il  entre  dans  les 
détails  les  plus  minutieux  sur  celui  d'obtenir  des  boutures  ; 
sur  les  pépinières  ;  sur  les  insectes  nuisibles  ;  sur  les  précau- 
tions à  prendre  contre  les  dévastations  par  les  buflles  sauvages, 
les  rhinocéros,  les  tigres,  les  sangliers,  les  cerfs. 

Plus  tard  il  publia  un  rapport  sur  l'état  des  plantations  en 
août  1857,  et  en  1860,  un  autre  sur  la  situation  à  la  fin  de 
l'année  1859,  rapports  dans  lesquels  on  trouve  de  nouveau  des 
détails  et  des  considérations  qui  complètent  en  quelque  sorte 
ses  vues  sur  la  matière. 

Malgré  la  prédilection  que  Junghuhn  avait  manifestée  pour 
le  plateau  du  mont  Malawar  dans  les  environs  de  Tjiniroeang, 
il  sentit  cependant  l'utilité,  sinon  la  nécessité,  d'étendre  les 
essais  sur  plusieurs  points  de  Java,  et  en  conséquence  il  éta- 


•27o        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    DACCLIMATATION. 

blit  des  succursales  principalement  sur  les  monts  Kendeng  et 
Tangkoeban  Praoc,  également  dans  la  province  de  Préanger 
et  àWonodjampi,  sur  le  mont  Ajang,  dans  le  sud-est  de  Java, 
près  de  l'île  de  Dali,  où  l'air  est  plus  sec  et  plus  clair  que  dans 
les  contrées  plus  boisées  de  la  partie  occidentale  de  .lava.  Je  ne 
possède  pas  assez  de  données  sur  ces  nouvelles  plantations 
pour  en  parler  ici  avec  détail. 

A  la  fin  de  l'année  'J85V),  le  nombre  total  des  arbustes  en 
pleine  croissance  fut  constaté  comme  suit  : 

Cinchona  calisaija 800 

—  ovata  {hiciimcrfulia  on  pahudiana) .  .  .  '28  2P)9 

—  lanceolaia h'> 

— ■        succirubra   35 

—  lancifoUa 1/| 

A  ce  noml)re  on   doit  ajouter   les  plusieurs  milliers   de 
jeunes  plantes  dans  les  couches  à  germer. 

Le  gouvernement  n'a  pas  encore  publié  les  rapports  officiels 
des  résultats  constatés  à  la  fin  de  18(50  et  1861  ;  mais  il  est 
généralement  connu  que  le  nombre  des  arbres  s'est  augmenté 
très-rapidement.  On  calcule  à  prés  de  8000  celui  des  calisatja, 
tandis  que  celui  des  ■pdhndum.a  a  augmenté  en  proportion; 
mais,  malheureusement,  on  craint  que  cette  espèce  ne  con- 
tienne de  l'alcaloïde  qu'en  quantités  très-minimes. 

On  voit  par  ce  rapide  résumé  que  le  gouvernement  et  ses 
agents  n'ont  rien  négligé  de  ce  qui  pouvait  être  l'ait  pour 
l'introduction  et  la  culture  des  Cinchnnas. 

Mais,  |*our  compléter  les  essais,  il  fallait  ajouter  les  <'xpé-  • 
•  riences  de  la  chimie  à  celles  de  la  culture  ;  il  fallait,  pour  ne 
pas  tomber  dans  l'empirisme  et  pour  allier  la  science  à  la  pra- 
tique ,  analyser  le  sol  et  les  plantes  et  leurs  produits.  Le 
gouvernement  y  pourvut,  en  adjoignant  à  Junghuhn  un 
chimiste,  M.  di'  Vry,  qui  avait  donné  des  preuves  de  capacité, 
et  occupait  une  chaire  de  chinno  et  de  ])hysique  à  l'école 
clinique  de  Rotterdam. 

Dans  la  quatrième  partie  de  ce  mémoire,  je  communiquerai 
quelques  résultats  de  ses  recherches  chimiques,  qui  permet- 


CULTURE   DU   QUINQUINA   A   JAVA.  277 

Iront  de  juger  jusqu'à  quel  point  on  peut  dire  que  la  culture 
du  Quinquina  a  réussi  à  Java,  et  pourra  contribuer,  dans 
l'avenir,  à  pourvoir  l'Europe  du  seul  et  unique  remède  dont 
riiumanité  et  la  civilisation  ne  puissent  plus  se  passer. 

IV. 

Huit  cents  arbustes  calimya  en  1859,  et  aujourd'hui  pro- 
bablement 8000  sont  en  pleine  croissance.  Les  indications 
les  plus  exactes  des  quinologues  les  plus  experts  les  ont  fait 
reconnaître  comme  appartenant  à  la  véritable  et  meilleure 
espèce.  Des  exemplaires,  parmi  les  plus  âgés,  ont  été  en  flo- 
raison, et  l'on  en  a  retiré  des  semences.  Son  écorce  contient, 
d'après  les  analyses  chimiques  de  M.  de  Vry,  autant  d'alcaloïde 
i{ue  les  calisaya  de  la  Bolivie  doivent  en  contenir  d'après  le 
tableau  de  Delondre  et  Bouchardat.  Enfin,  la  quinine  extraite 
de  l'écorce  de  calisaya  obtenu  k  Java  a  été  exposée  à  la 
grande  exhibition  internationale  à  Londres,  et  v  a  été  cou- 
ronnée du  premier  prix. 

Mais  on  peut  craindre  encore  que  le  c////.s«//a  ne  croisse  pas 
si  grand  et  si  fort  à  Java  que  dans  son  pays  natal,  ou  qu'il  ne 
s'y  multiplie  pas  de  même,  parla  dispersion  de  ses  semences. 
On  pourrait  répondre  à  ce  doute  en  demandant  pourquoi  l'ar- 
bre, qui  a  déjà  prouvé  qu'il  contient  les  mêmes  éléments, 
perdrait  ses  qualités  distinctives?  Au  pis  aller,  on  recueillerait 
l'écorce  d'un  tronc  moins  élevé  et  de  branches  moins  fortes, 
et  l'on  aurait  soin  d'en  planter  toujours  en  grand  nombi^e. 

Les  Cinchonas  qu'on  a  pris  jtour  l'espèce  ovata  d'aljord, 
que  Junghuhn  a  nommés  ensuite  lucumœfdlia ,  et  que 
Howard  a  appelés  ;j«/«<f//r/«6r,  ont  réussi,  quant  à  l'acclima- 
tation, au  delà  de  toute  prévision.  Cette  espèce  semble  se 
complaire  singulièrement  sur  le  sol  javanais.  Elle  n'est  ni 
exigeante,  ni  capricieuse;  elle  pousse  luxurieusement  sur  des 
élévations  moindres  que  celles  qu'exige  le  calisaya. 

Aussi  le  nombre  s'en  est  augmenté  au  delà  de  toute  pro- 
portion, comparativement  aux  calisaya.  Mais,  et  ici  je  dois 
constater  un  résultat  non-seulement  moins  satisfaisant,  mais 
à  mon  avis  un  gi-and  désappointement,   les  expériences  chi- 


278      SOCIÉTÉ   IMl'ÉIUALE   ZUOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

iniques  de  M.  de  Vry  ont  prouvé  que  l'écorce  de  celte  espèce 
ne  contient  pas  d'alcaloïde.  Toutefois  il  en  trouva  dans  les 
racines;  ce  qui  fait  espérer  à  Jungiiuhn  que  la  quinine,  qui 
manque  encore  dans  la  jeune  écorce,  s'y  trouvera  quand 
l'écorce  sera  plus  âgée.  Weddell  a  fait  l'observation,  et  Bidlel 
l'a  confirmée  {Erdmanns  Journal,  Dand  LXl),  que  plusieurs 
espèces  deCinclionas  contiennent  jjcaucoup  moins  de  quinine 
dans  les  jeunes  écorces  que  dans  les  vieilles.  Il  semble  que  la 
cinchonine  s'y  forme  d'abord,  et  plus  tard  la  quinine,  qui  va 
en  augmentant,  tandis  que  la  cinclionine  diminue. 

Mais  je  ne  partage  que  très-faiblement  cet  espoir,  après  tout 
ce  que  j'en  ai  appris  et  depuis  qu'est  venu  à  ma  connaissance 
le  jugement  d'Howard,  qui  paraît  classer  cette  espèce  parmi 
les  carabay  émis  dont  Weddell  ne  pense  pas  beaucoup  de  bien, 
en  disant  :  «  Son  écorce,  qui  ressemble  beaucoup  à  celle  de 
»  l'espèce  (juc  je  viens  de  citer  (le  C.  josepldniana),  quoi- 
»  qu'elle  soit  en  général  plus  lisse,  n'a  pas  été  recueillie  jus- 
•»  qu'ici,  que  je  sacbe,  dans  un  but  commercial  ;  l'épaisseur 
»  en  étant  d'ailleurs  si  failde,  qu'on  n'en  retirera  presque 
j>  aucun  profil.  »  L'écorce  de  V es'pèce  jja/mdia?m  est  très- 
mince,  et  avec  cela  ne  contient  pas  de  quinine  ;  l'idée  qui  a  été 
émise  de  tirer  la  quinine  des  racines  seulement  est  inadmis- 
sible, et  ne  mérite  pas  même  d'être  traitée  sérieusement.  Je 
le  répèle,  mon  opinion  personnelle,  quant  à  cette  espèce, 
(jai,  pai'  malheur,  a  été  cultivée  de  préférence  aux  autres,  est 
défavorable. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'avenir  décidera  ;  en  attendant,  le  gou- 
.  vernement  a  donné  l'ordre  de  ne  plus  augmenter  le  nombre 
des  paJauliana ,  et  de  s'appliquer  aux  espèces  reconnues 
comme  riches  en  quinine,  spécialement  à  l'espèce  calisay<t, 
dont,  comme  nous  favons  vu  plus  haut  déjà,  environ  8000  ar- 
bustes sont  en  croissance.  N'oublions  pas,  non  plus,  qu'il  se 
trouve  à  Java  de  beaux  et  forts  exeinplair(;s  de  l'excellente 
espèce   du  C.  succirubra  (1),  du  lanceolata  et  du  kmci.folïa. 

En  résumé,   les    résultats   obtenus   ne  sont   pas   encore 

(l)  Je  ne  sais  pas  (l'une  manière  certaine  de  queilc  expédition  de  plantes 
ou  de  seniences  est  pro venue  ceite  espèce, 


Cl'I/ri'RK    or    OIJINQUINÂ    A    JAVA.  279 

entièrement  décisifs.  Il  serait  prématuré  de  déclarer  qu'il  y  a 
réussite;  mais  il  n'est  pas  exagéré  de  dire  qu'il  y  a  commen- 
cement de  réussite.  Les  premières  et  les  plus  grandes  diffi- 
cultés sont  vaincues;  mais  je  ne  l'ai  pas  nié,  des  doutes,  des 
incertitudes    existent  encore.   Cependant,   avec  une  ferme 
volonté  et  la  persévérance  qu'on  ne  peut  disputer  aux  Hol- 
landais, surtout  avec  la  continuation  des  efforts  du  gouver- 
nement, et  les  moyens  qu'il  met  à  la  disposition  de  l'adminis- 
tration coloniale,  on  peut  se  flatter  que  le  but  sera  atteint,  et 
que  le  résultat  définitif  récompensera  les  sacrifices  qu'on 
s'est  imposés  et  les  soins  qu'on  s'est  donnés.  Ici  le  passé  parle 
pour  l'avenir.  A  la  fin  du  xvif  siècle  le  café  était  inconnu  à 
Java;  la  compagnie  des  Indes  orientales,  comprenant  combien 
la  culture  de  cette  fève  aromatique  pourrait  devenir  impor- 
iante  pour  son  commerce,  envoya  des  agents  en  Arabie,  où  le 
caféier  avait  été  transplanté  du  fond  de  l'Ethiopie,  afin  de 
l'introduire  à  Java,  pour  en  faire  une  des  grandes  cultures  de 
cette  île  si  fertile  et,  par  son  sol  montagneux,  si  propre  à  une 
végétation   variée.  Le  premier  essai  date  do  1690;  mais  les 
difficultés  de  tout  genre  furent  grandes,  et  produisirent  un  tel 
désappointement,  qu'au  commencement  du  xviif  siècle  on 
constata  dans  les  archives  du  gouvernement  :  «  Que  les  essais 
»  réitérés,  mais  infructueux,  pour  acclimater  le  café  à  Java, 
»  avaient  prouvé  suffisamment  qu'il  ne  peut  y  croître.  »   Ce 
moment  de  découragement  passa  vite  ;  on  persévéra;  on   y 
consacra  plus  de  moyens  et  plus  de  soins,  et  l'on  réussit.  Au- 
jourd'hui, Java  est  le  pays  qui  produit  le  plus  de  café  après  le 
Brésil,  et  d'une  qualité  supérieure;  le  gouvernement  trouve 
dans  cette  culture  de  très-grands  avantages  directs  et  indirects. 
Le  même  esprit  d'entreprise  pour  introduire  de  nouvelles 
l)ranches  de  cultures  à  Java  anima  le  gouvernement  néer- 
landais dans  ce  siècle.  C'est  ainsi  que,  après  la  restitution 
de  la  colonie  par  l'Angleterre  à  la  Hollande  en  1816,  on  a 
réussi  à  y  introduire  sur  une  grande  échelle  celle  du  Thé,  de 
l'Indigo,  de  la  Cochenille  et  de  la  Vanille.  Les  jjremiers  essais 
ne  fuient  pas  toujours  satisfaisants  ;  mais  en  persévérant,  on  a 
fini  par  vaincre  les  difficultés  et  surmonter  les  obstacles. 


280        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZO()L()(ilQUli    d'acCLIMATATION. 

Avf^c  ces  antécédents,  comment,  reculerions-nous  devant  les 
quelques  doutes  que  la  culture  du  Quinquina  peut  présenter 
encore?  Et  conunent  n'aurions-nous  pas  lui  dans  un  succès 
final  et  complet? 

L'Europe  a  fixé  les  yeux  sur  cette  entreprise  qui  l'intéresse 
au  plus  haut  degré;  car  il  s'agit  ici  d'assurer,  pour  ainsi  dire, 
son  pain  au  malade,  et  de  le  lui  procurer  à  des  prix  qui  ne 
surpassent  pas  ses  moyens. 

Ce  n'est  pas  comme  spéculation,  c'est  comme  acte  humani- 
taire que  le  gouvernement  néerlandais  a  entrepris  et  poursuivi 
cette  œuvre;  il  ne  désire  pas  le  monopole  ;  il  ne  se  cache  pas 
sous  le  voilf  du  secret.  Le  gouvernement  anglais  envoya  un 
agent  à  Java,  le  docteur  Anderson.  Il  y  reçut  l'accueil  le  plus 
empressé.  Il  visita  toutes  les  plantations,  et  on  lui  fournit  non- 
seulement  les  renseignements  nécessaires,  mais  aussi  déjeunes 
plantes  et  des  semences  de  toutes  les  espèces.  On  trouve  un 
résumé  de  son  voyage  dans  le  journal  de  Calcutta  :  Fricnd  of 
India,  du  10  avril  1S62.  Aujourd'hui  le  docteur  Anderson  est 
chargé  par  le  gouverneur  général  anglais  d'essayer  cette 
.•ulture  dans  l'Inde  anglaise,  à  Darjeeling,  station  non  loin  de 
la  haute  chaîne  des  Himalaya,  et  sur  les  monts  Khasia,  dont 
le  climat  est  plus  tropical  que  celui  de  Darjeeling. 

Espérons  que  ces  efforts  aussi  seront  couronnés  de  succès! 
.le  suis  convaincu  (]ue  des  agents  français  recevraient   un 
accueil  non  moins  empressé. 

J'ignore  si  la  France  voudra  recommence"  un  essai  dans 
l'Algérie  ou  dans  ses  autres  colonies  ;  j'ignore,  faute  de  don- 
nées précises  ou  topographiques,  si  leur  sol  et  leur  climat  sont 
de  nature  à  promettre  une  chance  de  succès  ;  mais  je  ne  doute 
nullement  que  tout  essai  de  ce  genre  qu'on  voudrait  tenter, 
ne  trouvât  de  l'écho,  de  la  sympathie  et  une  cordiale  coopé- 
ration en  Hollande  :  sentiments  dont,  pour  ma  i)art,  j'ai  voulu 
donner  des  preuves  en  tâchant  de  satisfaire  au  désir  de  la 
Société  d'acclimalation  et  de  son  honorahle  président.  En  ju- 
geant mon  travail  et  en  appréciant  mon  désir  de  lui  être  utile, 
elle  sera,  je  m'en  llatte,  indulgente  pour  ce  que  cet  essai  peut 
avoir  d'in^omplet  ou  d'incorrect. 


LE  PIN  PEl-GO-SONG   DE  CHINE. 

LETTRE   ADRESSÉE   A   M.  LE  SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL    DE   LA   SOCIÉTÉ 
IMPÉRIALE  D'ACCLIMATATION, 

Par     M.     Eusënc   SIMORi. 


(Séance  du  12  décembre  18G'2.) 

Pékin,   le  lï!  aoni  1aG2. 

Monsieur  le  Secrétaire  général, 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  ci-joint  un  dessin  d'une 
espèce  de  Pin  (jue  je  crois  nouvelle,  et  qu'il  me  paraît  très- 
désirable  d'introduire  dans  nos  parcs,  dont  elle  deviendrait 
un  des  plus  magnifiques  ornements.  Afin  d'aider  la  Société  à 
apprécier  l'opinion  que  je  lui  soumets  ici  sur  la  nouveauté 
de  cet  arbre,  j'ajoute  à  mon  envoi  un  petit  rameau  et  deux 
morceaux  de  son  épiderme  qui  tombe  et  se  renouvelle  chaque 
année  comme  celle  du  Platane. 

Ce  Pin  est  appelé  par  lesChinois,  Vci-go-song. 

Ils  le  regardent  comme  un  arbre  quasi  sacré  et  ont  pour 
lui  une  sorte  de  respect.  Aussi  ne  le  rencontre-t-on  que  dans 
les  cours  et  les  jardins  des  pagodes,  dans  les  lieux  de  sépul- 
ture des  grands  personnages  et  dans  les  jardins  impérinux. 
Le  boisdePei-go-song  passe  pour  incorruptible,  et  l'arbre  lui- 
même  serait  presque  impérissable,  puisqu'il  vivrait  plusieurs 
milliers  d'années. 

J'en  ai  vu  un  auquel  on  attribue  deux  mille  ans.  lia  exacte- 
ment l'",65  de  diamètre  et  environ  30  à  32  mètres  de  hauteur. 
C'est  certainement  un  des  plus  beaux  arbres  que  l'on  puisse 
voir.  Tout  son  tronc  et  ses  branches  sont  d'un  blanc  d'argent 
éclatant,  ainsi  (juc  le  montre  la  figure  et  que  le  prouvent  les 
morceaux  d'écorce  annexés.  L'ensemble  du  feuillage  n'est  pas 
Irès-épais,  mais  il  est  d'une  extrême  élégance.  Les  Chinois 
recueillent  avec  soin  récorce  qui  se  détache,  la  pulvérisent, 
et,  en  la  mélangeant  avec  de  l'huile,  en  l'ont  un  onguent  qui 
est  excellent  dans  les  maladies  de  peau  (dartres,  etc.) 


282        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

L'arbre  qui  a  servi  de  modèle  est  dans  une  pagode  voisine 
de  celle  que  j'habite  aux  environs  de  Pékin.  Il  a  cinq  cents 
ans,  O", 97  de  diamètre  et  25  mètres  de  hauteur  environ. 

Le  Pei-go-song  n'est  pas  originaire  des  environs  de  Pékin, 
où  il  est  assez  rare  ;  il  doit  venir  des  montagnes  voisines  du 
Tibet  ou  du  Tibet  même,  mais  dans  la  Chine  proprement 
dite  il  ne  se  rencontre  qu'ici.  Il  y  en  a  de  très-beaux  dans  les 
jardins  du  palais  impérial  de  Yuen-ming-huen,  situé  à  une 
lieue  de  chez  moi. 

Je  pourrai  envoyer  en  France,  dans  trois  ou  quatre  mois, 
100  kilogrammes  de  graines,  lorsqu'elles  seront  mûres;  mais 
en  attendant  j'en  enverrai  dans  un  mois  deux  sujets  vivants  de 
I  mèlre  à  ■1"',20  de  hauteur,  pour  lesquels  on  me  demande 
30  francs  pièce,  mais  que  j'espère  obtenir  pour  15  francs. 

Si  cet  arbre  était  nouveau  et  que  l'on  jugeât  à  propos  de 
lui  donner  un  autre  nom  que  celui  de  Pei-go-song,  je  deman- 
derais qu'on  le  nommât  Pin  Napoléon,  du  règne  de  qui  il 
pourrait  être  l'emblème,  parce  qu'il  esta  la  fois /or/,  éclatant 
et  bienfaisant. 

.l'ai  en  ce  moment  plusieurs  notices  à  envoyer  à  la  Société; 
mais  mes  excursions,  et  aussi  une  indisposition  de  quelques 
jours,  due  à  riiifluence  d'une  épidémie  de  choléra  qui  m'a 
suivi  de  Takon  à  Pékin  (où  il  est  dans  toute  sa  force  en  ce  mo- 
ment), c'est-à-dire  depuis  deux  mois,  m'ont  empêclié  de  les 
préparer  :  je  ferai  en  sorte  de  vous  les  expédier  par  le  prochain 
courrier. 

Veuillez  agréer,  etc.  G.  Eug.  Simon. 


SUR  UN 

ENVOI  D'ARBRES  FRUITIERS  ET  FORESTIERS  DU  CANADA 

LETTRF,  ADRESSÉE 
AU.  LE  PRÉSIDENT  DE  LA  SOr.IÉTE    IMPÉRIALE    d'ACCLIMATATION, 

Par    M.  GALLDRÉE-ItOILLEiïL, 

Consul  çéiipral  de  France  an  Canada. 


(Séance  du  21  novembre  1H62.; 


Monsieur  le  Président, 

J'ai  riionneur  de  vous  annoncer  que  j'ai  expédiéjavant-hier 
par  le  navire  à  voiles,  Honocha/t,  capitaine  Francis  Scott, 
une  caisse  et  deux  colis  adressés  à  Id  Société  impériale  d'ac- 
ciiinatalion  et  recommandés  aux  soins  de  M.  le  consul  de 
France  à  Livcrpool,  à  qui  j'ai  écrit  pour  lui  donner  avis  de 
cet  envoi,  et  le  prier,  aussitôt  que  le  Runochan  arriverait 
à  Liverpool,  de  faire  chercher  à  bord  les  objets  dont  il  s'agit 
el  de  vous  les  transmettre.  J'ai  pris  à  ma  charge  toutes  les 
dépenses  entre  le  Canada  et  l'Angleterre  :  la  Société  n'a  donc 
pas  à  s'en  occuper. 

Vous  trouverez  sous  ce  pli,  monsieur  le  Président,  la  liste 
des  articles  contenus  dans  la  caisse  et  les  deux  colis  en  question. 

Les  Asclepi.us  renfermés  dans  la  caisse  appartiennent  à 
l'espèce  la  plus  commune  au  Canada  :  ils  croissent  en  abon- 
dance dans  toute  la  province,  principalement  dans  la  partie 
occidentale.  Un  membre  de  la  Société  d'accUmalation, 
M.  Joly,  Français  de  distinction  établi  depuis  longtemps  à  la 
Pointe-Platon,  sur  les  bords  du  Saint-Laurent,  avait  eu  l'idée, 
il  y  a  quelques  années,  de  mettre  à  profit  dans  l'industrie  les 
qualités  des  Asclepias,  dont  la  tige  est  formée,  comme  vous  le 
savez,  d'une  matière  libreuse  analogue  à  celle  que  fournit  le 
Chanvre,  et  dont  les  gousses  sont  remplies  d'une  substance 
qui  tient  à  la  fois  de  la  nature  de  la  soie  et  de  celle  du  coton. 
Les  tentatives  de  M.  Joly  n'eurent  malheureusement  pas  tout 
le  succès  qu'elles  méritaient.  Depuis  lors  on  avait  perdu 
VAsclepias  de  vue,  du  moins  au  Canada,  quand,  à  la  suite  de 
la  guerre  pendante  aux  Etats-Unis,  le  manque  de  coton  se  fit 
sentir  en  Angleterre,  et  l'on  commença  naturellement  à  se 
préoccuper  des  moyens  d'y  remédier.  Parmi  les  plantes  sur 
lesquelles  l'attention  s'est  récemment  portée,  parce  qu'on  les 


28/l       SOCJÉTÉ    IJIPÉHIALE    ZOOLOGIQUK    d'acCLIMATATIUN. 

croyait  propres  à  remplacer  jusqu'à  uu  certain  point  le  coton, 
j'ai  entendu  mentionner  les  Asclepias  ou  Cotonniers  sau- 
vages du  Canada.  J'ignore  en  quelle  façon  il  sera  possible 
de  les  utiliser.  On  fait  en  ce  moment  des  essais  dans  plusieurs 
localités,  entre  autres  à  Ilamilton,  sur  le  lac  Ontario.  S'ils 
réussissaient,  les  Asclépiadées  canadiennes  pourraient  acquérir 
de  l'importance,  parce  qu'elles  sont  vivaces  et  viennent  par- 
tout à  l'état  sauvage.  Les  aigrettes  soyeuses  qui  remplissent 
les  fruits  possèdent  une  grande  iinessc,  mais  il  parait  ({u'elles 
sont  trop  courtes  pour  être  facilement  tissées.  On  aurait 
moins  d'obstacles  à  vaincre  pour  la  préparation  des  libres  de 
la  tige;  les  avantages  à  recueillir  seraient  aussi  moins  consi- 
dérables :  on  obtiendrait  en  elïet  un  article  qui  se  rappro- 
cherait du  chanvre  plutôt  que  du  coton. 

11  y  a  eu  sur  le  sujet  des  Asrlepias  une  correspondance 
assez  intéressante  du  docteur  Lawson,  professeur  de  bota- 
nique à  Kingston,  .l'ai  eu  l'honneur  de  vous  transmettre  ce 
document,  qui  a  été  déposé  dans  la  caisse  même  oi^i  les  tiges 
ù'Asc/epias  sont  emballées.  La  communication  de  M.  Godley 
avait  été  motivée  par  l'envoi  au  Jardin  botanique  de  Kingston 
d'un  Asclepias  des  montagnes  Rocheuses,  dont  la  découverte 
est  due  à  iM.  F.  U.  IIart(de  Saint-Louis),  qui  le  croit  propre  à 
remplacer  avantageusement  le  Colon.  Il  n'y  a  que  l'expérience 
qui  puisse  prononcer  à  cet  égard.  La  nouvelle  plante  est  cul- 
tivée à  Kingston  et  à  Toronto,  où  j'ai  pu  l'examiner.  On  m'a 
promis  d'ailleurs  des  tiges  et  des  semences  que  j'expédierai  à 
Paris,  dès  que  je  les  recevrai. 

Je  passe  maintenant  aux  arbustes  composant  les  deux  colis 
qui  accompagnent  la  caisse. 

Le  Peuplier  du  Canada  est  un  arbre  magnifique,  dont  la 
croissance  est  extrêmement  rapide  et  qui  atteint  de  fort  grandes 
dimensions  ;  les  semences  en  sont  très-cotonneuses. 

Le  bois  de  plomb  ofl're  de  curieuFCS  particularités  :  l'écorce 
delà  tige  est  d'une  rare  ténacité;  elle  forme  des  ligaments 
excellents;  la  feuille  est  un  violent  purgatif.  L'arbuste  lui- 
môme  est  joli;  la  fleur  qu'il  porte  est  une  des  premières  qui 
se  montrent  au  ])rintemps. 

La  Vigne   sauvage  est  gracieuse ,  et  croît  ])artout  dans  la 


Anr.RES    FRUITIERS    ET    FORESTIERS    DU    CANADA.  '285 

campagne.  L'Ile  d'Orléans,  qui  est  située  vis-à-vis  de  Québec, 
en  était  autrefois  tellement  couverte,  qu'elle  avait  reçu  des 
premiers  émigranls  français  le  nom  d'île  de  Bacchus.  Cette 
Vigne  est  chargée  de  grappes  dont  les  grains  possèdent  un 
goût  aigrelet  qui  n'est  pas  désagréable;  elle  serait,  je  crois, 
susceptible  de  culture  et  donnerait  probablement  des  raisins 
qui  ne  le  céderaient  pas  aux  Calawbas  transplantés  de  la 
Caroline  du  Nord  dans  l'Oliio,  et  employés,  ainsi  que  vous  ne 
l'ignorez  pas,  pour  la  fabrication  d'un  vin  fort  répandu  aux 
États-Unis.  On  a  réussi,  du  reste,  à  extraire  du  vin  de  qualité 
passaltle  des  raisins  de  la  Vigne  sauvage  du  Canada.  Ces  expé- 
riences n'avaient  eu  lieu  jusqu'à  présent  que  sur  une  petite 
échelle  ;  elles  vont  être  reprises  et  le  cercle  doit  en  être  étendu. 

Les  quatre  espèces  de  Pommiers  sont  les  plus  estimées  que 
le  bas  Canada  possède.  On  envoie,  chaque  automne,  en  Angle- 
terre, des  quantités  considérables  de  Pommes  «  fameuses  »,  de 
Pommes  «grises»  et  de  Pommes  du  Saint-Laurent.  Il  y  a 
une  autre  qualité,  la  Bourassa,  qui  jouit  aussi  de  beaucoup 
de  réputation,  mais  elle  devient  fort  rare,  et  je  n'ai  pas  pu  me 
la  procurer  cette  année. 

Une  plante  dont  la  tleur  a  une  odeur  suave,  le  Stp-inga 
canadcnsis,  et  quebpies  Érables  à  sucre,  coinplètent  l'envoi. 
J'aurais  voulu  y  joindre  des  plantes  médicinales,  mais  le  doc- 
teur Sturton,  qui  eût  pu  me  les  procurer,  est  malade. 

Je  ne  voudrais  pas  fermer  ma  lettre,  monsieur  le  Président, 
sans  dire  un  mot  des  recherches  que  j'ai  faites  dans  le  haut 
Canada  pour  éclairer  la  question  des  Vers  dont  les  cocons 
pourraient  être  utilisés  dans  l'industrie  séricicole.  Il  v  a  très- 
peu  de  personnes  dans  la  province  qui  s'intéressent  à  la  fabri- 
cation de  la  soie,  et  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer 
celles  qui  s'en  occupent  avec  le  plus  de  suite  ;  ce  sont  M.  et 
M""  Lawson  (de  Kingston)  et  M.  Cottle(de\Voodslock),  J'espère 
avoir,  par  leur  intermédiaire,  des  cocons  et  des  graines  de 
Vers  à  soie.  M.  Cotllc  a  déjà  eu  la  bonté  de  me  donner  sur  les 
Cecropia  du  Canada  une  note  assez  détaillée.  J'attends  de  son 
obligeance  de  nouvelles  et  plus  amples  informations,  et 
j'espère  en  obtenir  aussi  de  M.  et  M""  Lawson, 

Veuillez  agréer,  etc.  Gauldrée-Boii.leau. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX 
DES  SÉANCES  GKNÈUALKS   DK   LA  SOCIÉTf;, 


SÉANCE   nu   17   AVRIL   1863. 
Présidence  de  M.  Drouvn  de  Lhuys,  président. 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente,  qui  est  adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  Arnould  (Charles),  propriétaire.,  négociant,  à  Paris. 
P'aultrieu  (Alphonse  de),   officier  supérieur  du    génie 

en  retraite,  à  Vaux  prés  Metz,  eî  à  Paris. 
Fleurîmont  (Charles),  propriétaire,  à  Paris. 
Goffint-Delrue    (Jean-François),    avocat,    membre  de 

plusieurs  sociétés  savantes,  à  Mons  (Belgique). 
Haudos  (Justin),  propriétaire,  député  au  corps  législatif, 

membre  du  conseil  général  de  la  Marne,  à  Loisy,  par 

Vitry-le-François  (Marne),  et  à  Paris. 
Le  Gendre  Décluv,  ingénieur,  à  Nanterre  (Seine). 

M.  le  Président  annonce  à  rassemblée  la  perte  douloureuse 
que  la  Société  vient  de  l'aire  dans  la  personne  de  notre  savant 
et  dévoué  collègue  M.  Moquin-Tandon,  l'un  de  nos  vice- 
présidents,  enlevé  subitement  par  une  mort  prématurée,  le 
15  de  ce  mois  (voy.  au  Bidleti?i,  p.  161).  Membre  de  la 
Société  dès  son  origine,  membre  de  son  Conseil  d'administra- 
tion depuis  IS57,  élu  vice-président  en  1S62,  M.  Moquin- 
Tandon  n'a  jamais  cessé  de  prendre  une  part  très-active  à 
nos  travaux,  et  il  avait,  dans  ces  derniers  temps,  donné  de 
nombreuses  preuves  de  son  dévouement  à  notre  œuvre.  Une 
lettre  de  son  lils  informe  la  Société  de  ce  funeste  événement. 

M.  le  Président  donne  ensuite  la  parole  à  M.  A.  Passy, 
vice-président,  qui  rappelle  les  éminents  services  rendus  à  la 
Société  par  notre  regretté  collègue,  et  la  part  importante  qu'il 
a  prise  au  développement  de  son  œuvre.  (Voy.  au  Bulletin, 
p.  161.) 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  du  commerce  et 


PROCÈS-VERBAUX.  287 

des  travaux  publics,  par  une  lettre  en  date  du  IS  avril, 
informe  M.  le  Président  qu'il  met  à  la  disposition  de  la  Société 
une  caisse  de  cocons  vivants  et  de  Vers  à  soie  du  Chêne  de 
Chine  {Bombyx  Pernyi),  envoyée  par  M.  Simon. 

La  Société  a  en  effet  reçu  cette  caisse  contenant  plus  de 
deux  cents  cocons  expédiés  vivants  ;  mais  malheureusement  la 
température  qu'ils  ont  eu  à  subir  en  route  a  produit  une  fer- 
mentation qui  laisse  peu  d'espoir  d'en  sauver  quelques-uns. 
M.  le  Président  lait  remarquer  qu'un  premier  envoi  de  même 
provenance  était  arrivé  dans  les  mêmes  conditions,  il  y  a 
environ  un  mois,  et  que  ce  double  insuccès  démontre  lesdifli- 
cullés  que  présente  cette  introduction,  à  laquelle  la  Société 
attache  tant  de  prix  et  qui  a  fait  l'objet  d'une  de  ses  premières 
préoccupations. 

— M.  Vauvert  de  Méan,  vice-consul  de  France  à  Blyth ,  membre 
du  comité  local  de  l'Association  britannique  pour  l'avancement 
de  la  science  {British  Association  for  f//e  (idvaiiconenf  of 
science),  écrit  pour  inviter  la  Société,  au  nom  de  cette  insti- 
tution, à  se  faire  représenter  au  congrès  qui  doit  avoir  lieu, 
le  '26  août  prochain,  à  New-Castle,  sous  la  présidence  de  sir 
William  Armstrong.  Après  avoir  donné  lecture  de  cette  lettre, 
M.  le  Président  prie  ceux  de  MM.  les  membres  qui  seraient 
disposés  à  répondre  à  cette  invitation  de  vouloir  bien  faire 
connaître  leur  intention. 

— M.  le  docteur  Mueller,  par  une  lettre  datée  de  Melbourne, 
le  "23  février  1863,  après  avoir  remercié  notre  Société,  au 
nom  de  la  Société  d'acclimatation  de  Victoria,  des  dons  qu'elle 
a  reçus  de  nous,  annonce  qu'il  nous  adresse  par  le  navire 
Sussex,  capitaine  Piiders,  une  collection  d'animaux  vivants 
d'Austrahe. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  écrit,  en 
date  du  'U  avril,  pour  transmettre  les  remercîments  de  la 
Société  d'acclimatation  de  Melbourne,  pour  les  Chèvres  d'An- 
gora qui  lai  ont  été  envoyées  par  la  Société  impériale,  et  l'an- 
nonce de  l'expédition  d'animaux  dont  il  vient  d'être  question. 

—  M.  N.  Girodon,  ingénieur  civil,  sur  le  point  de  partir 
pour  un  voyage  en  Puissie,  et  particulièrement  en  Sibérie 


288       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQL'E    d'aCCLIMATATION. 

adresse  à  la  Société  ses  offres  de   service  et  demande  des 
instructions. 

—  M.  Douteille,  secrétaire  général  de  la  Société  zoologique 
des  Alpes,  écrit,  en  date  de  Grenoble,  le  12  avril,  pour  annoncer 
la  perle  que  vient  de  faire  celte  Sociélé  d'un  couple  de  Lamas 
enlevés  subitement  par  une  mort  foudroyante,  des  suites 
d'une  congeslion  pulmonaire,  et  Tinauguralion  du  Jardin  d'ac- 
climalalion  de  Grenoble  ikée  au  mois  de  juin  prochain. 

—  M.  Fabre,  directeur  de  la  ferme  école  de  Vaucluse,  fait 
parvenir  des  instruclions  sur  le  mode  d'expédition  du  lot  de 
Chèvres  d'Angora  ([ui  lui  est  confié  à  litre  de  cheptel. 

—  M.John  Bush,  trésorier  de  la  Société  d'acclimatation  de 
Londres,  répondant  à  une  lettre  (jui  lui  avait  été  adressée  au 
sujet  des  Moutons  Ong-li  confiés  a  ses  soins,  donne  de  nou- 
veaux renseignements  sur  les  faits  concernant  l'introduction 
de  cette  race  en  Angleterre  et  sa  reproduction.  De  ces  rensei- 
«nements  il  résulte  que  la  fécondité  exceptionnelle  des  Mou- 
tons  Ong-li  de  Chine  paraît  être  confirmée. 

M.  l'agent   général   transmet  une  lettre  qui   lui  a  été 

adressée  par  noire  honorable  collègue  M.  Balcarce,  chargé 
irafiaires  de  Buenos-Ayres  à  Paris,  annonçant  l'envoi  qu'il  fait 
à  la  Sociélé,  sur  la  demande  de  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys, 
*  d'un  mémoire  sur  les  laines  de  la  république  Argentine  et  sur 
le  bétail  de  ce  pays.  (Voy.  au  Balldin.) 

—  M.  Boisnard-Grandmaison  l'ait  parvenir  les  œufs  de 
^•à\\i)iOw  [IHk'"  "l'K'^'x^""")  '^^^  Autruche  d'Amérique,  et  le 
squelette  de  Tatou,  dont  il  avait  annoncé  l'envoi  dans  une  de 
ses  précédentes  correspondances. 

S.  Exe.  M.   Kœnig-bey,  secrétaire  des  commandements 

du  vice-roi  d'Egypte,  écril,  en  réponse  à  une  lettre  de  M.  le 
secrétaire  général,  qu'il  eslen  mesure  de  tenter  racclimalation 
du  Gourami,  et  renouvelle  l'assurance  de  ses  bienveillanles 
disposiliims  à  l'égard  de  notre  œuvre. 

—  M.  liené  Gaillaud,  par  une  lettre  du  \h  avril,  signale  une 
erreur  de  chiffres  commise  dans  une  communication  présen- 
tée à  la  dernière  séance  sur  une  question  de  pisciculture  rela- 
tive à  la  production  du  Saumon  en  eau  douce  et  captive.  Le 


PROCÈS-VERBAUX.  280 

cliillio  de  15  Irancs  indiqué  comme  étant  le  prix  du  kilo- 
gramme des  Saumoneaux  d'eau  douce  lui  semble  très-exagéré. 
M.  Caillaud,qui,  depuis  dix  ans,  cherche  sérieusement  à  com- 
pléter les  enseignements  de  la  théorie  par  ceux  de  la  pratique, 
et  qui  se  tient  avec  soin  au  courant  du  mouvement  commer- 
cial des  marchés  ou  des  fournisseurs  de  Paris,  assure  que 
jamais  ce  poisson  ne  s'est  vendu  àuntelprix.  L'observation  de 
notre  confrère  a  pour  but  de  prémunir  les  producteurs  contre 
l'illusion  que  pourrait  faire  naître  en  eux  l'asscrlion  qu'il 
rectifie,  au  sujet  de  la  valeur  de  ce  produit. 

M.  Gillet  de  Grandmont  répond  à  celte  observation  que 
le  chiffre  qu'il  a  indiqué  n'est  pas  celui  de  la  production,  mais 
que  c'est  le  prix  de  vente  chez  les  principaux  marchands  de 
comestibles. 

—  Notre  confrère  M.  Kreuter,  de  Vienne  (Autriche),  adresse 
une  demande  d'œufs  de  Vers  à  soie  de  l'Ailante  et  de  graines 
de  Loza. 

—  M.  Roger-Desgenettes  annonce,  à  la  date  du  15  avril, 
que  les  5000  œufs  qu'il  a  reçus  d'Huningue  ont  produit 
hQ'2S  poissons  qu'il  a  distribués  à  diverses  personnes,  ainsi 
qu'un  panier  de  montée  d'Anguilles  qui  lui  a  été  adressé 
d'Abbeville.  Il  a  déposé  dans  la  Marne  2500  Truites,  Saumons 
ou  Ombres  et  3000  Anguilles. 

—  M.  Ed.  Renard,  ancien  délégué  du  commerce  français  en 
Chine,  membre  de  la  Société,  lui  fait  hommage  d'une  petite 
provision  d'œufs  de  Ver  à  soie  ya-)?m-maï  du  Japon  qu'un 
de  ses  cwrespondants  s'est  procurée,  sur  sa  demande,  h  l'aide 
de  sacrifices  très- onéreux.  Malheureusement  ces  œufs  sont 
arrivés  en  grandepartic  éclos,  avec  les  Vers  morts,  et  il  reste 
peu  d'espérance  que  l'on  parvienne  à  sauver  quelques-uns  des 
Vers  qui  sont  encore  renfermés  dans  les  œufs. 

—  M.  Guérin-Méneville,  par  une  lettre  datée  de  Toulon,  le 
15  avril,  annonce  qu'il  fait  en  ce  moment  une  seconde  tournée 
dans  le  midi  pour  suivre  les  progrès  de  l'éducation  des  Bo?)i- 
byx  )«-;w/-w2f/i- distribués  par  la  Société  et  par  lui,  et  donne 
d'excellentes  nouvelles  des  résultats  observés  jusqu'à  présent, 

T.  X.  ~  Mai  18G3.  .  .  ,  19 


590        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION. 

principalemciil  ;i  Toulon,  chez  M.  Auzeiide,  jardinier  en  chef 
du  jardin  de  la  ville. 

—  Notre  contrère  M.  A.  Marchand,  directeur  de  la  Société 
l'Ailantine,  répondant  à  une  lettre  qui  lui  a  été  adressée  au 
nom  de  la  Société,  assure  qu'il  hii  réservera  une  partie  des 
œufs  de  Ver  à  soie  de  l'Ailante  dont  il  pourra  disposer  pour 
la  prochaine  campagne  séricicole. 

—  M.  le  secrétaire  fait  passer  sous  les  yeux  de  l'assemblée 
une  figure  photographique  représentant  des  bruyères  chargées 
de  cocons  du  Ver  à  soie  du  Mûrier  obtenus  par  MM.  Folsch  et 
Cie  (de  Marseille),  dont  la  Société  a  déjcà  reçu  plusieurs  com- 
munications intéressantes  sur  la  sériciculture. 

—  MM.  Jouve  et  Meritan  font  parvenir  un  exemplaire  du 
compte  rendu  général  de  leurs  expériences  pour  l'année  186!), 
faites  dans  leur  établissement  d'éducation  précoce  de  Vers  à 
soie  du  Mûrier,  h  Cavaillon. 

—  M.  Drouyn  de  Lhnys  transmet  une  demande  d'œufs  de 
métis  du  Ver  à.  soie  de  l'Ailante  et  de  celui  du  Ricin  qui  lui 
a  été  adressée  d'Angleterre  par  lady  Nevill. 

—  Une  demande  de  graines  de  Bombyx  Cyntliia  est  adressée 
également  par  notre  confrère  M.  Rozan,  de  Tonneins  (Lot- 
et-Garonne). 

M.  Drouyn  de  Lhuys  fait  parvenir  une  Note  sur  le  Ba- 
nanier d'Abyssinie  qui  lui  a  été  remise  par  M.  de  Belleyme, 
membre  du  corps  législatif,  et  annonce  qu'il  a  invité  M.  Le- 
jean,  vice-consul  de  France  à  Massouah,  à  recueillir  et  à  lui 
transmettre  une  collection  de  graines  de  ce  végétal  qu'il  des- 
tine à  la  Société. 

—  Notre  honorable  collègue  M.  Denis  (d'Hyères),  après 
avoir  ofiert  ses  remercîments  pour  la  récompense  que  la 
Société  lui  a  décernée  dans  sa  dernière  séance  annuelle, 
rend  compte  des  résultats  de  ses  cultures  de  végétaux  exo- 
tiques et  représente  l'intérêt  qu'il  y  aurait  h  faire  traduire 
la  Monographie  des  Palmiers  du  docteur  Martin,  et  à  publier 
un  résumé  de  cet  ouvrage  pour  en  répandre  la  connais- 
sance. Il  envoie  en  même  temps  deux  exemplaires  d'une 
proposition  qu'il  a  adressée  à  la  ville  d'IIyèrcs  pour  assurer 


PROCÈS-YERBAUX.  291 

la  conservalion  de  son  jardin  qui  rcnfei'nie  des  merveilles 
végétales. 

—  Notre  zélé  confrère  M.  Brierre  (de  Saint-Hilaire  de  Riez), 
envoie  un  nouveau  compte  rendu  de  ses  essais  de  culture, 
accompagné  de  plusieurs  dessins. 

—  Des  demandes  de  graines  de  végétaux  sont  adressées  par 
plusieurs  membres  de  la  Société. 

—  La  Société  royale  de  Flore  de  Bruxelles  envoie  un  exem- 
plaire de  son  Bulletin,  qu'elle  propose  en  échange  de  celui  de 
notre  Société. 

—  La  même  proposition  est  adressée  par  le  Comice  agri- 
cole de  Lons-le-Saulnier,  qui  fait  également  parvenir  trois 
numéros  de  ses  publications. 

—  M.  A.  Cochet  dépose  un  exemplaire  d'un  mémoire  sur 
les  propriétés  du  guano. 

—  M.  de  "SVûh,  frappé  du  triste  résultat  des  expéditions 
l'écenles  de  cocons  du  Bombyx  Peniyi,  Ver  à  soie  sauvage 
du  Chêne  envoyé  récemment  de  Cliine,  présente  le  dessin 
d'une  caisse  à  compartiments  qui  donnerait  toutes  chances  de 
succès  à  ces  envois.  M.  le  Président,  en  offrant  les  remercî- 
menls  de  la  Société  à  notre  honorable  confrère,  fait  remar- 
quer que  les  instructions  envoyées  ces  jours  derniers  à 
M.  Simon  renferment  précisément  la  description  trés-détaillée 
d'un  appareil  construit  d'après  la  même  idée. 

—  M.  E.  Lamiral  donne  lecture  d'un  Mémoire  sur  la  pisci- 
culture marine.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  iAl.  Dufour,  délégué  de  la  Société  à  Constantinople,  lit 
également  des  Notes  sur  les  animaux  et  les  végétaux  de  la 
Turquie.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Hébert,  agent  général  delà  Société,  lit  une  Note  sur  la 
culture  de  trois  variétés  de  Pomme  de  terre  produites  par 
celles  que  M.  Roehn  avait  recueillies  dans  les  Cordillères  des 
Andesj  qu'il  place  sous  les  yeux  de  l'assemblée  et  qu'il  met  à  la 
disposition  de  messieurs  les  membres.  (Voy.  mi  Bulletin.) 


SÉANCE  DU   1"  :\1AI   1863.  ,.  ■  . 

Présidence  de  M.  A.  Passy,  vicc-i'iésident. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  Brignole  (le  marquis  de),  ancien  ambassadeur,  à  Paris. 

Chauviteau  (Ferdinand) ,  ancien  agent  de  cliange,  à  Paris. 

Cmni   (S.  Exe.  M-'),  archevêque    de   Myre,  nonce  du 
Saint-Siège  apostolique,  à  Paris. 

Combes  (le  docteur),  à  Paris. 

CouRCEL  (Alphonse  de),  attaché  au  ministère  des  affaires 
étrangères,  k  Paris. 

Dauzât-Dembarrèue,  député,  vice-président  du  conseil 
général  des  Hautes-Pyrénées,  à  Paris. 

Drouin  (Jules),  juge  au  tribunal  de  commerce,  maire  du 
h"  arrondissement,  à  Paris. 

Dupont  (le  docteur),  au  Ilaut-Tingry,  par  Samer  (Pas- 
de-Calais). 

Lelouterel  (le  général),  à  la  Quelonnière,  près  d'Olivet 
(Loiret),  et  à  Paris. 

Taveau  (Constant),  propriétaire,  à  Paris. 

ViNSON  (le  docteur),  de  l'île  de  la  Pièunion,  à  Paris. 

—  Des  lettres  de  remercîments  pour  leur  récente  admission 
sont  adressées  par  MM.  Domingo  Parodi,  de  l'Assomption 
(Paraguay)  ;  Legendre-Décliiy,  de  Nanterre,  et  Gotrmt-Delrue, 

de  Mons. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  par 
une  lettre  adressée  k  M.  le  Président,  en  date  du  ;U)  avril, 
l'informe  que,  sur  sa  demande,  il  vient  d'appeler  l'attention 
du  gouverneur  de  la  Réunion  sur  les  dispositions  qui  lui  ont 
été  indiquées  par  la  Société  impériale  comme  étant  de  nature 
à  favoriser  le  développement  de  la  Société  d'acclimatation  de 

la  Réunion. 

--  M.  le  préfet  du  déparlement  de  la  Côte-d'Or  écrit  pour 
annoncer  le  versement  prochain  d'un  premier  à- compte  de 
500  francs  sur  la  sonniie  de  1000  francs  souscrite,  sur  les  fonds 


PROCÈS-VEniiAUX.  ■  'J93 

du  département,  i)ar  le  conseil  général,   pour  la  statue  de 
Daulienton. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  par  une  lettre 
du  21  avril,  invite  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères,  pré- 
sident de  la  Société,  à  faire  prendre  une  collection  d'animaux 
du  Japon  envoyés  par  M.  E.  Simon,  et  qu'il  veut  bien  mettre 
ù  la  disposition  de  la  Société. 

—  Une  lettre  de  M.  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation 
annonce  que  ces  animaux,  au  nombre  de'  neuf,  dont  trois  Mou- 
lons, trois  Chèvres  et  trois  Poules,  ont  été  installés  au  Jardin. 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  à 
M.  Drouyn  de  Lhuys  par  M.  E.  de  Lesseps,  chargé  d'affaires 
de  France  à  Lima,  qui  annonce  que  le  général  San  Roman, 
président  de  la  république  péruvienne,  regrettant  l'insuccès 
des  tentatives  d'introduction  de  la  Coca  en  France,  a  voulu 
du  moins  faire  hommage  à  l'Empereur  et  à  S.  Exe.  M.  le 
Ministre  des  affaires  étrangères  d'un  troupeau  de  cinquante 
Lamas  et  cinquante  Alpacas  du  premier  choix.  Ce  troupeau, 
dont  l'embarquement  sera  confié  aux  soins  expérimentés  de 
M.  E.  Roehn,  n'attend  que  le  rétablissement  de  la  santé  de  cet 
intrépide  voyageur  pour  quitter  le  Pérou.  M.  de  Lesseps 
signale  la  bienveillance  et  le  zèle  témoignés  dans  cette  cir- 
constance par  M.  Barrenechea,  secrétaire  du  ministère  des 
affaires  étrangères  de  la  république  péruvienne. 

—  M.  le  vicomte  L.  de  Lémont,  vice-consul  de  France  à 
Fernambouc,  écrit  de  cette  ville,  le  30  mars,  à  M.  le  Président, 
pour  l'informer  du  départ,  sur  le  navire  Colifjtnj,  le  '23  du 
même  mois,  d'une  collection  de  douze  animaux  qu'il  destine 
au  Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  le  docteur  Sacc  transmet  une  lettre  de  notre  géné- 
reux confrère  M.  IJalaille,  deCayenne,  qui  fait  également  par- 
venir une  nouvelle  collection  de  neuf  animaux  de  la  Guyane, 
embarqués  sur  le  navire  de  l'Etat  l'Amazone.  La  lettre  de 
M.  Bataille,  dont  la  Société  s'est  habituée  à  apprécier  le  zèle 
infatigable,  contient  en  outre  des  notes  adressées  à  la  Société 
sur  le  Manioc,  le  Couac,  les  Cassaves,  sur  différents  remèdes 
contre  la  morsure  des  Serpents  et  sur  deux  espèces  d'Abeilles 


29/l      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    D'aCCLIMATATIOxN. 

sans  aiiiLiilloiis  de  la  Guyane,  avec  un  travail  sur  divers  moyens 
qu'il  propose  comiuo  propres  à  assurer  le  développenienl  de 
notre  colonie. 

—  M.  Felmann,  sous-direcleur  au  ministùre  de  la  guerre, 
transmet  un  extrait  d'une  lettre  qu'il  a  reçue  de  notre  confrère 
M.  Dabry,  consul  de  France  en  Chine,  qui  rinforme  qu'il  pré- 
pare pour  la  Société  une  très-riche  collection  d'animaux,  et 
surtout  d'oiseaux. 

—  M.  Charles  Arnoukl  fait  hommage  à  la  Société  d'une 
Poule  sultane  de  la  cote  occidentale  d'Afrique,  qui  a  été 
déposée  au  Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  E.  Simon  écrit  de  Chang-haï,  le  28  mars,  pour  pré- 
senter trois  nouveaux  membres,  négociants  en  Chine  et  au 
Japon,  et  annoncer  le  prochain  envoi  qu'il  prépare  du  fameux 
Polype  à  vinaigre,  signalé  par  notre  regretté  confrère  le  père 
Hue,  et  de  l'insecte  à  cire  du  Su-tchuen,  appelé  La-tchong 
par  les  Chinois,  et  qui  est  bien  supérieur  aux  autres  insectes 
cérigènes  de  Chine. 

—  M.  le  Président  appelle  l'attention  de  l'assemblée  sur  cette 
longue  énumération  d'envoi  d'animaux  en  cours  d'exécution 
qui  vient  s'ajouter  à  ceux  déjà  annoncés  par  la  correspondance 
des  dernières  séances,  et  fait  remarquer  l'activité  inespérée 
avec  laquelle  se  développe  notre  oeuvre,  grcàce  au  concours 
de  nos  dévoués  confrères  ou  correspondants  de  l'étranger. 

—  MM.  les  secrétaires  de  la  l'"  et  delà  '2*  Section  déposent 
les  procès-verbaux  des  séances  du  10  mars  et  du  7  avril  de 
ces  deux  sections. 

—  M.  II.  Berdin  adresse  à  M.  le  Président  une  Note  sur  les 
moyens  qu'il  croit  propres  à  étendre  indéfiniment  la  propaga- 
tion des  idées  de  la  Société,  et  à  augmenter  son  action  et  son 
influence,  en  lui  attirant  un  nombre  considérable  de  nouvelles 
adhésions. 

—  M.  Planchon,  directeur  de  l'École  supérieure  de  phar- 
macie de  Montpellier,  écrit  à  M.  le  Président,  le  23  avril,  qu'il 
a  recueilli,  conformément  à  la  demande  qui  lui  en  avait  été 
faite,  au  norii  de  la  Société ,  par  notre  regretté  collègue 
M.  Moquin-Tandon,  une  collection  considérable  de  greffes  des 


PROCÈS-VERBAUX.  295 

vingt-dcu^i  meilleures  variétés  d'Oliviers  cullivées  aux  environs 
de  Montpellier.  Cet  envoi,  préparé  avec  le  soin  le  plus  minu- 
tieux, répond  au  désir  exprimé  par  M.  le  ministre  de  l'agri- 
culture de  l'empire  brésilien  d'introduire  dans  ce  pays  la 
culture  des  Oliviers.  M.  Planclion  a  joint  à  cette  belle  collection 
dos  instructions  auxquelles  sa  haute  expérience  donne  une 
autorité  incontestable. 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  que,  dans  les  derniers 
jours  de  sa  vie,  M.  Moquin-Tandon,  qui  s'était  tout  particu- 
lièrement intéressé  à  cette  expédition,  avait  rédigé  des  notes 
sur  le  mode  de  multiplication  des  Oliviers,  qui  ont  élé  égale- 
ment adressées  à  M.  le  ministre  du  Brésil  à  Paris.  J\l.  le  Pré- 
sident dépose  une  copie  de  ces  notes,  dernier  souvenir  de 
notre  savant  collègue, 

—  M.  Marquès-Lisboa,  ministre  du  Brésil,  offre  à  la  Société 
sesremercîments  pour  ces  notes,  qu'il  a  reçues  et  transmises 
à  son  gouvernement. 

—  M.  Fabre,  consul  général  de  France  dans  rÉijuateur,  par 
une  lettre  datée  de  Quito,  le  16  mars,  rend  compte  à  M.  le 
Ministre  des  affaires  étrangères  de  ses  démarches  pour  que  le 
troupeau  de  cent  tètes  des  animaux  désignés  sous  le  nom 
général  de  Hamas,  dans  les  Andes,  dont  le  président  de  cette 
république  lait  hommage  à  l'Empereur,  soit  surtout  composé 
d'Alpacas.  Ce  troupeau  n'attend,  pour  être  expédié,  que  la 
présence  à  Guayaquil  du  navire  qui  doit  les  amener. 

—  M.  le  vicomte  de  Morleuil  écrit  qu'en  compensation  de 
la  perte  du  Bouc  d'Angora,  dunt  il  avait  fait  connaître  récem- 
ment la  mort,  il  a  la  satisfaction  d'annoncer  la  naissance  de 
huit  très-beaux  chevreaux  de  cette  race,  savoir,  quatre  mâles, 
dont  deux  métis,  et  autant  de  femelles,  tous  très-bien  portants. 

—  M.  Labbé (Philippe), de  Luçon,par  une  lettre  du  30  avril, 
annonce  l'envoi  de  sept  Muges  de  différents  âges  et  de  dilVé- 
rentes  (ailles,  péchés  dans  un  bassin  d'eau  douce  où  il  élève 
un  certain  nombre  de  ces  poissons,  qu'on  ne  trouve  ordi- 
nairement que  dans  les  eaux  salées.  La  présentation  de  ces 
poissons,  dont  la  provenance  est  constatée  par  un  certificat 
authentique,  confirme  les  observations  laites  par  M.  Caillaud 


290     snciKTi':  impériale  zooLor.iQUE  n'Ar.r.LiM/VTATiON. 
à  l'assemblée  généi'ale  do  la  Société,  dans  sa  séance  du  22  jan- 
vier dernier. 

M.  Labbé  entrelient  en  outre  la  Société  de  Faits  relatifs  à 
des  expériences  d'éclosions  d'ceufs  de  Truite  et  de  Saumon 
placés  dans  des  conditions  différentes.  Il  dit  avoir  constaté  que 
i'éclosion  avait  mieux  réussi  lorsqu'il  avait  placé  ces  œufs 
dans  un  courant  d'eau  provenant  du  condenseur  d'une  ma- 
chine à  vapeur,  dont  la  température  variait  de  2  à  12  degrés, 
qui  était  tantôt  claire,  tantôt  troublée,  et  où  les  œufs  étaient 
légèrement  couverts  de  vase,  que  pour  ceux  qu'il  avait  placés 
dans  un  appareil  à  éclosion  dans  une  eau  limpide,  ou  dans  un 
bassin  d'eau  également  claire  et  courante  disposé  à  cet  elTet. 

S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  donne 

lecture  d'une  lettre  qu'il  a  reçue  de  M.  le  docteur  A.  Martin, 
relativement  à  la  Notice  adressée  par  lui  sur  l'acclimatation 
des  Polypiers  madi'époriques.  L'auteur  de  cette  lettre  signale 
la  nécessité  d'études  trés-approfondies  sur  cette  question,  et 
indique  deux  publications  qui  pourraient  fournir  des  rensei- 
gnements utiles  dans  ce  sens  :  1"  la  partie  géologique,  miné- 
ralogique,  etc.,  du  Voyage  de  r Astrolabe,  rédigée  par  M.  le 
docteur  Grange,  d'après  les  travaux  les  plus  modernes,  notam- 
ment ceux  de  DarAvin  ;  2"  le  tome  deuxième  des  Tableaux  delà 
nature,  par  A.  de  Humboldt  (Notes  et  additions  p.  65  à  81). 

—  Son  Excellence  fait  en  outre  parvenir  une  copie  des 
instructions  qu'il  a  adressées  à  la  légation  de  Péidn  et  aux 
consulats  généraux  de  Cbang-liaï  eldeYeddo,  sur  la  demande 
de  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  en  faveur  de  la  sériciculture 
française,  dans  l'intérêt  de  laquelle  un  certain  noml)re  de 
négociants  vont  chercher  des  graines  jusqu'au  sein  même  de 
ces  lointaines  contrées. 

—  S.  Exe.  M.  le  Maréchal  Vaillant,  ministre  de  la  maison 
de  l'Empereur,  informe  M.  le  président  que  les  œufs  du  Ver 
à  soie  Ya-ma-maï  qu'il  a  reçus  de  la  Société  ont  commencé  à 
éclore  le  19  avril  ;  que  les  jeunes  Vers  mangent  bien  les  pousses 
tendres  de  Chêne  [Querrus  robur)  qui  leur  ont  été  données  de- 
puis I'éclosion,  et  qu'ils  jouissent,  ou  du  moins  paraissent 
jouir  d'une  bonne  santé. 


•      ■       '.  PROCÈS-VERnAUX.  '  297 

—  De  bonnes  nouvelles  de  l'éducation  de  celle  espèce  sont 
également  données  par  M.  Maumenet,  de  Nîmes,  et  M,  F, 
Jacquemart,  qui  fait  parvenir  en  môme  temps  des  échantillons 
représentant  les  dimensions  des  chenilles  qu'il  a  obtenues,  et 
dont  les  plus  âgées  ont  déjà  quarante  jours.  Elles  continuent 
h  manger  de  bon  appétit  et  paraissent  en  excellent  état  de 
santé. 

—  M.  Guibout  offre  à  la  Société  deux  échantillons  de  graines 
de  Ver  à  soie  du  Mûrier,  provenant  d'une  éducation  qui  se 
succède  depuis  (juatorze  ans,  à  Saint-Quentin  (Aisne),  avec  la 
même  espèce  et  sans  aucune  apparence  de  maladie,  par  les 
soins  de  M.  H.  Salats. 

—  M.  .1.  B.  Camozzi,  noire  confrère  de  Bergame  (Lombar- 
die),  fait  parvenir  des  échantillons  de  bourre  et  de  filés  de 
diverses  qualités  obtenus  avec  les  cocons  qu'il  a  recueillis  de 
ses  éducations  de  Bombyx  Cynthia,  Ver  dcTAilante,  en  1861 
et  1862.  Ces  produits  sont  placés  sous  les  yeux  de  l'assemblée. 

—  M.  Ramel  adresse  une  Notice  extraite  des  Amwifs  du 
commerce  extérieur,  sur  un  Ver  à  soie  Irès-remai-quable, 
connu  sous  le  nom  de  grand  Atlas  de  rinde,  ([ui  vil  au  Ben- 
gale et  en  Chine  sur  un  arbre  du  genre  Prunier,  vulgairement 
appelé  Maçon  h  l'île  de  France  et  au  Bengale,  et  produit  des 
cocons  remarquables  par  leur  grosseur  ef  par  leur  couleur 
blanche. 

—  M.  Henri  Bulwer,  par  une  lettre  datée  de  Constantinople, 
le  16  avril,  et  dans  laquelle  il  félicite  la  Société  des  services 
qu'elle  est  appelée  à  rendre,  demande  des  graines  de  Vers  à 
soie  du  Uicin  et  de  l'Ailante. 

La  même  demande  est  adressée  par  M.  Kreuter,  de  Vienne 
(Autriche),  et  par  M.  de  Morgan. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  envoie  une 
Note,  que  S.  Exe.  l'ambassadeur  de  Turquie  a  })ien  voulu  lui 
remeltre,surla  culture  du  Colon  dans  l'empire  ottoman.  Je  ne 
doute  pas,  écrit  M.  le  Ministre,  que  la  Société  n'accueille  avec 
intérêt  ces  infurmations  sur  les  progrès  nouveaux  d'une  cul- 
ture à  laquelle  les  circonstances  actuolles  font  attacher  tant 
d'espérances. 


29S       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

•  —  M.  le  marquis  de  l'Espine,  président  de  la  Sociélé  d'agri- 
culture et  d'horticulture  de  Vaucluse,  en  offrant  de  nouveau 
ses  reniercîments  pour  l'empressement  avec  lequel  M.  le  Pré- 
sident lui  a  fait  obtenir  de  M.  le  maréchal  gouverneur  général 
de  l'Algérie,  150  kilogrammes  de  graines  de  Coton,  annonce 
que  cette  Sociélé  départementale  a  pu  distribuer  à  Jo7  agri- 
culteurs 300  kilogrammes  de  cette  graine,  (}uantité  sultîsanle 
pour  ensemencer  environ  *20  hectares,  et  transmet  la  copie 
d'une  lettre  sur  les  essais  de  culture  du  Coton  qui  ont  été 
tentés  cette  année,  adressée  par  la  Société  d'Avignon  à  M.  le 
préfet  de  Vaucluse. 

—  M.  Chagot  aîné  fait  placer  sous  les  yeux  de  l'assemblée 
quatre  jeunes  plants  de  Cotonnier  longue  soie  de  la  Louisiane, 
provenant  des  graines  dont  il  a  donné  à  la  Société  une  provi- 
sion qui  a  été  distribuée  à  un  certain  nombre  de  personnes.  ■ 

—  M.  Couture,  lirigadier  forestier,  à  Teniet  et  Haad,  pro- 
vince d'Alger,  fait  parvenir  une  provision  de  graines  de  Cèdre 
qu'il  a  récemment  recueillies  dans  les  forêts  placées  sous  sa 
surveillance.  Une  partie  de  ces  graines  a  été,  conformément 
à  son  désir,  envoyée  à  M.  E.  Tisserand,  chef  de  la  division 
des  établissements  agricoles  de  la  couronne,  ([ui  en  accuse 
réception  à  la  date  du  2h  avril. 

M.  Couture  fait  remarquer  l'intérêt  sérieux  que  lui  paraît 
devoir  présenter  l'introduction  de  l'Érable  à  sucre  en  Algérie. 

—  Notre  zélé  confrère  M.  Brierre  (de  Sainl-lliiaire  de  Riez) 
envoie  un  nouveau  Rapport  sur  ses  cultures  de  végétaux  exo- 
tiques. 

—  Madame  Delisse  (de  Bordeaux)  rend  compte  des  succès 
qu'elle  a  obtenus  dans  la  culture  de  trois  variétés  de  Bambous 
de  la  Chine  {///it/s,  n'u/ra  et  rcrlkillata)  et  du  Bambou  de  l'Hy- 
malaya.  Ses  Eucali/iJttisylobuhis  ont  moins  bien  réussi,  et  elle 
en  a  perdu  un  certain  nombre  dans  le  cours  du  dernier  hiver, 
ainsi  que  la  plupart  des  personnes  qui  avaient  fait  des  expé- 
riences sur  cette  espèce  si  belle  et  si  précieuse.  Madame  De- 
lisse  offre  en  outre  à  la  Société  une  boîte  de  graines  de  Vers 
à  soie  du  Mûrier  provenant  de  ses  éducations,  et  dont  elle 
pouvait  encore  disposer. 


PROCÈS-VERBAUX.  299 

—  M.  Drouyn  de  Lhuys  informo  la  Société  qu'il  a  reçu  do 
M.  Régis  aîné  une  lettre  par  laquelle  il  lui  annonce  le  prochain 
envoi  d'une  Note  sur  la  culture  du  Coton  à  Porto-Novo,  partie 
de  l'Afrique  orientale  dans  laquelle  il  se  propose,  avec  le  con- 
cours du  souverain  du  pays,  de  développer  cette  exploitation 
sur  une  grande  échelle.  M.  Daumas,  agent  de  M.  Régis  à 
Porto-Novo,  doit  réunir  les  animaux  et  les  plantes  de  cette 
région  qui  seraient  de  nature  h  intéresser  la  Société  et  dont 
il  lui  sera  possihle  de  se  procurer  des  échantillons. 

—  M.  Guérin-Méncville  présente,  au  nom  de  M.  Auzende 
(de  Toulon),  un  Rapport  sur  les  graines  qui  ont  végété  dans  le 
jardin  de  cette  ville,  placé  sous  sa  direction,  et  qui  provenaient 
des  distributions  faites  par  la  Société, 

—  M.  le  docteur  Pigeaux  offre  à  la  Société  des  feuilles  de 
la  plante  qui  donne  le  Maté,  avec  une  Note  à  ce  sujet;  il  met 
sous  les  yeux  de  l'assemblée  les  appareils  employés  pour  boire 
l'infusion  de  celte  plante,  dont  il  se  fait  une  immense  consom- 
mation dans  les  États  de  l'Amérique  du  Sud. 

--  M.  DescoUard  des  Homes,  membre  de  la  Société,  envoie 
une  Notice  sur  le  rouissage  du  Chanvre  et  du  Lin  qu'il  a  pu- 
bliée dans  le  Ma/lre  Jacques,  journal  d'agriculture  de  Niort, 
et  que  la  Société  d'agriculture  de  cette  ville  a  adressée  à 
M.  le  Ministre. 

—  M.  Drouyn  de  Lhuys  transmet,  au  nom  de  M.  Stanislas 
Julien,  membre  de  l'Institut,  administrateur  du  Collège  de 
France,  diverses  brochures  publiées  par  lui,  telles  que  : 

1"  Mémoire  sur  la  cire  végétale  de  la  Chine  et  les  insectes 
qui  la  produisent. 

"2"  Description  des  procédés  chinois  pour  la  fabrication  du 
papier. 

3"  Mémoire  sur  la  plante  textile  Tchou-ma  (f^rlica  nlvea). 

h"  Mémoire  sur  la  plante  textile  Ko  {Dollcfnts  bulhosm). 

M.  le  Président  transmet  en  outre  un  exemplaire  d'un 
Atlas  composé  de  divers  tableaux  synoptiques  destinés  à  faire 
connaître  les  produits  des  principaux  vignobles  de  l'univers, 
qui  lui  a  été  offert,  pour  la  Société,  par  son  auteur,  M.  Théo- 
dore Winckler,  d'Altkirch  (Haut-Rhin). 


300        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

—  M.  le  secrétaire  dépose  sur  le  luircau:  1"  une  ])rocliure 
intitulée  :  Revue  ci'itique  de  hi  durée  des  plantes  dans  ses 
rapports  avec  la  pliijtor/raphie,  par  M.  le  professeur  D.  Clos 
(de  Toulouse),  qui  en  fait  hommage  à  la  Société;  2"  le  nu- 
méro (lu  1(5  avril  du  Çoarricr  de  Tarn-et-(jaronne,  renfer- 
mant une  note  sur  la  récente  introduction  àuBombi/x  Ya-ma- 
maïy  dont  un  lot  de  graines  a  été  distribué  aux  membres  du 
comité  de  sériciculture  de  la  Société  d'hortiéulture  et  d'accli- 
matation de  ce  département;  â"  le  numéro  du  '18  avril  de 
YAùbevil/ois,  contenant  un  article  sur  l'exposition  de  Volatiles 
qui  vient  d'avoir  lieu  au  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de 
Boulogne. 

—  M.  le  docteur  Blatin  fait  hommage  à  la  Société  d'une  bro- 
chure qu'il  vient  de  publier  sous  ce  litre  :  De  la  rage  citez  le 
Chien,  et  des  inesnres préservatrices . 

—  M.  Guérin-Méneville  transmet  un  exemplaire  d'une  autre 
brochure  ayant  pour  titre  :  Coltivazione  delf  Ailantu  et  del 
Baco  da  Seta  Bondjijx  Ci/nthia,  publiée  à  Mantoue  et  offerte 
par  son  auteur,  le  comte  Adelelmo  Cocastelli. 

—  M.  Fernand  Schickler  adresse  deux  muselières  d'un  nou- 
veau modèle  employées  en  Prusse,  où  elles  ont  été  inventées, 
sous  le  nom  de  muselières  d'été,  et  qu'il  croit  devoir  signaler 
à  la  Société,  au  moment  où  l'exposition  des  Chiens  qui  se 
prépare  va  attirer  au  Jardin  d'acclimatation  une  si  grande 
alfluence  de  visiteurs. 

—  M.  Dufour,  délégué  de  la  Société  à  Constantinople,  jiré- 
sente  le  résumé  d'un  Mémoire  qu'il  a  rédigé  siu'  la  culture  du 
Mûrier  et  l'élevage  du  Ver  à  soie  dans  leurs  rapports  avec  la 
pébrine.  Dans  ce  mémoire,  M.  Dufour  rend  compte  des  nou- 
velles études  et  des  expériences  séiicicoles  qu'il  a  faites  en 
Orient,  pendant  les  dernières  années  JSCO,  1861  et  1862. 
Des  conclusions  de  ce  mémoire  présenté  à  l'Académie  des 
sciences,  dans  sa  séance  du  13  avril  1803,  par  M.  de  Ouatre- 
fages,  il  ressort  (|ue  les  habitudes  séricicoles  de  l'Orient  sont 
bien  supérieures  à  celles  de  l'Occident  ;  que  le  Mûrier  sauvage 
recepé  est  préféraljle,  [)our  la  nourriture  des  Vers  à  soie,  au 
Mûrier  greffé  ;  que  l'élevage  avec  les  rameaux  est  [ilus  j)roductil 


PROCKS-VERBAUX.  301 

et,  plus  écon(inii(|uc  ([lie  celui  (jui  consiste  à  donner  la  feuille 
détachée.  M.  Dulour  établit  par  des  chiflVes  précis,  qui  sont  la 
conséquence  d'expériences  suivies  avec  le  plus  grand  soin,  la 
différence  considérable  constatée  en  faveur  de  la  méthode  dont 
il  conseille  l'emploi.  Enfin  il  demande  que  la  Société  nse  de 
toute  son  influence  pour  obtenir  que  des  expérimentations  sé- 
rieuses de  cette  méthode  orientale  soient  entreprises  en  France, 
afin  que  les  sériciculteurs  puissent  être  bien  convaincus  de  ses 
immenses  avantages.  M.  Dufour  présente  en  outre  une  ser- 
pette d'une  forme  particulière,  employée  en  Orient  pour  le 
recepage  du  Mûrier,  qui  donne  d'excellents  résultats. 

Diverses  observations  sont  présentées  à  propos  de  cette 
communication  de  M.  Dufour  par  M.  Guérin-Méneville,  qui 
pense  que  le  défaut  d'espace  est,  en  France,  un  obstacle  aux 
éducations  par  rameaux,  et  par  M.  Kaufmann,  qui  assure, 
conformément  à  l'opinion  de  M.  Dufour,  que  cette  méthode  ne 
demande  pas  plus  d'espace  que  celle  des  feuilles  détachées. 

—  M,  Ouihou,  jardinier  en  chef  du  Jardin  d'acclimatation, . 
présente  une  Note  sur  la  culture,  laite  par  ses  soins,  d'une 
plante  nouvelle  rapportée  des  sources  de  l'Amazone  par 
M.  Alexandre  Cochet,  et  place  sous  les  yeux  de  l'assemblée  un 
plant  de  ce  curieux  végétal  resté  indéterminé,  parce  qu'on 
n'a  pas  encore  pu  obtenir  sa  floraison.  Cultivé  en  jjleine  terre 
auJardin,ila  produitune  quantité  considérable  de  tubercules, 
qui  sont  actuellement  soumis  à  l'analyse.  Cette  plante,  qui  j»a  • 
rait  présenter  un  très-grand  intérêt,  fixe  particulièrement 
l'attention  de  l'assemblée. 

—  M.  Frédéric  Debains,  ancien  secrétaire  de  l'ambassade 
de  France  à  Vienne,  rend  compte  de  la  visite  qu'il  a  faite  aux 
jardins  zoologiques  de  Francfort  et  de  Vienne,  et  des  progrés 
accomplis  dans  ces  établissements. 

—  M.  Koger-Desgeneltes  présente  à  l'assemblée  un  jeune 
pied  de  Chêne  sur  lequel  sont  placées  des  chenilles  de  l'Ya-ma- 
mai  qui  sont  dans  d'excellentes  conditions  de  santé. 

—  A  celte  occasion,  .M.  Guérin-Méneville  annonce  que  les 
nouvelles  qu'il  reçoit  des  personnes  (jui  s'occupent  en  ce  mo- 
ment de  l'éducaliun  de  celle  précieuse  espèce,  s'accordent  à 


302       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

présenter  ces  expériences  comme  élanl  en  1res  bonne  voie, 
et  promettant  d'excellents  résultats ,  particulièrement  chez 
M.  Auzende,  jardinier  en  chef  du  jardin  de  la  ville,  à  Toulon. 

—  iM.  Lamiral  donne  lecture  d'un  Mémoire  sur  la  peram- 
bulalion  sous-marine  à  l'aide  des  scaphandres  el  du  bateau 
sous-marin,  dont  il  décrit  la  construction,  en  faisant  ressortir 
les  avantages  que  présente  son  emploi,  particulièrement  au 
point  de  vue  des  études  el  des  recherches  relatives  à  l'aquicul- 
ture qui  peuvent  se  rattacher  intimement  au  but  que  poursuit 
noire  Société.  .       :     "■  ■'■•      -     '  :  •    ' 

—  M.  Roger-Desgeneltcs  présente  quelques  Vers  à  soie 
ya-ma-mni  provenant  d'une  éducation  commencée  chez  lui, 
à  Sainl-Maur,  avec  des  graines  appartenant  à  M,  Guérin- 
iMéneville,  qui,  en  partant  pour  Toulon,  l'a  prié  de  donner  ses 
soins  ù  une  partie  des  Vers  qui  commençaient  à  éclore  avant 
qu'il  y  eût  des  feuilles  aux  Chênes. 

M.  Roger-Desgencttes,  sur  la  demande  de  M.  Guérin-Méne- 
ville,  avait  forcé  quelques  jeunes  Chênes  en  serre,  et  il  a  pu 
ainsi  alimenter  les  jeunes  Vers,  auxquels  il  donne  aujourd'hui 
des  rameaux  de  Chêne  cueillis  dans  le  bois  de  Yincennes. 

—  M.  Guérin-Mèneville  ajoute  que  c'est  à  la  bienveillance 
de  madame  Roger-Desgenetles  que  sont  dus  les  excellents  ré- 
sultats obtenus  à  Sainl-Maur,  et  que  cette  dame,  imitant  en  cela 
madame  la  comtesse  Drouyn  de  Lhuys,  qui  a  été  la  première 
à  faire  une  éducation  du  Ver  à  soie  de  l'Allante,  donne  à  cette 
importante  acclimatation  les  soins  les  plus  intelligents  el  les 
plus  dévoués. 

Il  donne  ensuite  des  nouvelles  de  sa  grande  éducation  de  la 
même  espèce,  faite  à  Toulon  par  les  soins  de  notre  confrère 
M,  Auzende,  directeur  du  jardin  de  la  ville,  et  de  celles  qui 
sont  faites  sur  divers  })uints  de  la  France  et  à  l'étranger  par 
nos  confrères  qui  ont  reçu  les  graines  de  ce  précieux  Ver  à 
soie  de  la  Société,  ou  par  des  personnes  à  qui  il  a  pu  faire 
part  des  graines  qui  lui  avaient  été  envoyées  par  M.  de  Blecker 
(de  Leyde),  au  nom  de  M.  Pompe  vanMeert  der  Woort. 

Il  ajoute  que,  pour  guider  tous  ces  expérimentateurs,  il  a 
publié  d'urgence  dans  son  nouveau  journal  la /?ei'?/e  de  sériel- 


PROCÈS-VERBAUX.  303 

culture  comparée {n"  2),  une  instruction  jDrati(jae  dans  laiiuelle 
il  a  indiqué  en  détail  les  soins  qu'il  convient  de  donner  à  cette 
précieuse  chenille  pour  la  mener  à  iiien. 

Le  manque  de  temps  ne  lui  permettantpas  d'indiquer  nomi- 
nativement les  personnes  qui  lui  ont  déjà  transmis  des  nou- 
velles de  ces  essais,  il  montre  leurs  lettres  dans  lesquelles  il  y 
a  une  foule  d'observations  intéressantes  et  qui  sont  déjà  au 
nombre  de  vingt-six.  •    ,  -';,^,...  ,       ;.    .. 

Il  donne  ensuite  des  nouvelles  de  l'envoi  de  3000  cocons 
du  Ver  à  soie  du  Chêne  du  nord  de  la  Chine  {Bombtj.r  Pemyi) 
qui  lui  ont  été  confits  par  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture, 
du  com.merce  et  des  travaux  publics. 

Quoique  ces  cocons  entassés  dans  une  caisse  soient  arrivés 
en  état  de  putréfaction,  la  vitalité  est  si  énergique  dans  ces 
insectes,  qu'à  son  grand  étonnement  plusieurs  ont  survécu 
et  ont  donné  des  Papillons,  mais  presque  tous  avortés. 

Cependant  quelques-uns,  mieux  développés,  ont  pu  s'ac- 
coupler et  lui  donner  quelques  œufs.  Ces  œufs  seront-ils  fé- 
conds? Il  craint  bien  que  non,  en  considérant  qu'ils  provien- 
nent de  parents  évidemment  malades. 

Ayant  reçu  de  notre  confrère  M.  Lefévre  (de  New-York) 
huit  cocons  du  Boinhi/.r  Cpero/tifi  de  l'Amérique  du  Noi'd,  il 
lui  est  éclos  une  femelle  qu'il  a  essayé  de  croiser  avec  un  mâle 
du  Homhij.r  Pcrinji.  Son  essai  a  réussi,  car  ces  deux  Papillons, 
si  différents  sous  tous  les  rapports,  se  sont  positivement  ac- 
couplés, ce  qui  a  aussi  été  constaté  par  M.  Pictet,  savant  na- 
turaliste de  Genève,  et  la  femelle  a  pondu.  Comme  le  mâle 
provient  de  ces  cocons  si  malades  du  Bombyx  Pernyi 
M.  Guérin-Méneville  craint  que  son  union  ne  soit  pas  féconde. 
Il  tiendra  la  Société  au  courant  de  la  suite  de  ces  intéres- 
santes expériences. 


SÉA>Ci;   hl    15    MAI    1863. 
Présidence  de  M.  Richard  (du  Cantal),  vice-inéi-idenl.  ,    . , 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  Barbier,  directeur  général  des  douanes  et  des  contribu- 
tions indirectes,  conseiller  d'État,  à  Paris. 

BoREL  (E.),  négociant,  à  Cbang-haï. 

BouRREï  (L.),  négociant,  à  Kanagawa  (Japon). 

Brémari),  propriétaire,  à  Paris. 

CORiiOEN,  procureur  général  prés  la  Cour  impériale,  con- 
seiller d'État,  à  Paris. 

Garcia  (Doroleo),  sénateur,  à  Montevideo. 

Graichen  (lieinrick),  propriétaire,  à  Leij)sick. 

GuiDO  (José),  capitaine  de  cavalerie,  à  Buenos-Ayres. 

Landrin  (Alexandre),  médecin  vétérinaii'e,  à  Paris. 

Lemaire  (G.),  négociant,  à  Chang-liaï. 

Leroux  (Alfred),  député,  à  Paris. 

NeumaniN  (Louis),  jardinier  aux  serres  du  Muséum,  à 
Paris. 

Noël,  sous-directeur  au  ministère  des  allaires  étran- 
gères, à  Paris. 

Peck  (Prosper),  négociant,  à  Paris.  >    . 

Pereira  (Antonio),  propriétaire,  à  Montevideo. 

RoTiiAN,  premier  secrétaire  d'ambassade,  à  Turin. 

Saint-Georges  (de),  minisire  do  France  au  Brésil,  à  Paris. 

Saint-Germain  (de),  député,  à  Paris. 

SciiwEiZER  (le  baron  de),  envoyé  extraordinaire  et  mi- 
nistre plénipotentiaire  du  grand-duclié  de  Bade,  à 
Paris. 

Tromelin  (le  comte  de),  député,  à  Paris. 

Vandal,  directeur  général  des  postes,  conseiller  d'Etat, 
à  Paris. 

ZoRN  DE  BuLACH  (Ic  barou  de),  cbambellan  de  S.  M. 
l'EmpiMcur,  lueiiibre  du  conseil  général  du  Bas-lUiin, 
maire  d'Ostliauscn,  à  Paris. 


PROCÈS- VERDAUX.  305 

—  M.  le  rrésidenl  donne  cnsiiile  lecUirc  de  la  letLrc  par 
laquelle  M.  Drouyn  de  Liiuys  annonce  à  M.  le  directeur  du 
Jardin  d'accliuiatalion  l'autorisation  accordée  par  l'Empereur 
au  Prince  impérial  de  l'onder  un  prix  de  300  francs  pour  le 
plus  beau  chien  de  berger  présenté  à  l'exposition  de  la  race 
canine. 

—  Des  lettres  de  remercîmenis,  pour  leur  récente  admis- 
sion, sont  adressées  par  S.  Exe.  Mgr  Chigi,  nonce  du  saint- 
siége  apostolique,  et  par  M.  Dauzan-Dembarrére,  député. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  du  commerce  et 
des  travaux  publics  du  Brésil,  par  une  lettre  datée  de  Rio, 
le  7  avril,  transmet  à  la  Société  les  remerciments  de  S.  M. 
l'empereur  pour  l'envoi  qui  lui  a  été  fait  déjeunes  plants  des 
meilleures  espèces  de  Marronniers  à  fruits  comestibles  de 
France,  qui  sont  arrivés  au  Brésil  dans  d'excellentes  condi- 
tions, et  dont  la  culture  va  être  essayée  dans  la  province  de 
Santa-Catharina. 

En  transmettant  cette  lettre,  M.  Marqués  Lisboa,  ministre 
du  Brésil  à  Paris,  annonce  (ju'il  a  fait  parvenir  à  son  gouver- 
nement le  travail  de  M.  Moquin-Tandon,  et  les  notes  de  M.  le 
professeur  Planclion,  relatives  aux  greffes  d'Oliviers  récem- 
ment expédiées  pour  le  Brésil. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  par 
une  lettre  du  5  mai,  annonce  l'arrivée  à  Toulon  du  transport 
de  la  marine  impériale  l'Amazone,  (jui  a  rapporté  de  la 
Guyane  une  collection  d'animaux  envoyés  à  la  Société  par 
M.  Bataille:  trois  de  ces  animaux,  un  Agami,  un  Agouti  et  un 
Tapir  sont  morts  pendant  la  traversée. 

—  M.  le  docteur  Berg,  délégué  de  la  Société  à  la  Béunion, 
informe  M.  le  Président  qu'il  prépare  un  mémoire  en  réponse 
aux  questions  qui  lui  ont  été  faites  sur  les  conditions  géné- 
rales des  eaux  de  la  colonie,  afin  d'éclairer  les  études  entre- 
prises sur  les  moyens  de  peupler  ces  eaux.  Notre  zélé  col- 
lègue ajoute  (ju'il  cherche  toujours  une  occasion  favorable 
pour  envoyer  à  la  Société  la  Turtue  éléphanline  des  Sev- 
chelles  et  des  Oies  de  Madagascar. 

—  Dans  une  seconde  lettre,  adressée  à  M.  l'agent  général 

T.  \.  —  Miii  180:;.  20 


306       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

de  l;i  Société,  M.  Berg  dcsitinc  diverses  graines  ddiii  il  vou- 
drait tenter  l'introduction  à  la  Héunion. 

—  M.  Manès  exprime  également  le  désir  de  recevoir  des 
graines  de  Chaiilmnor/ra  odorahi,  dont  l'huile  est  employée 
pour  la  guérison  de  la  lè])re. 

—  M.  Rame!  transmet,  au  nom  de  M.  AVilsim,  un  certain 
nombre  d'exemplaires  du  premier  lîapport  annuel  de  la  So- 
ciété d'acclimatation  de  Victoria,  dont  l'envoi  avait  été  précé- 
demment annoncé  par  ]\].  Spring,  secrétaire  de  cette  Société. 
M.  Ramel  joint  à  sa  lettre  un  compte  rendu  de  la  troisième 
séance  annuelle  de  la  Société  d'acclimatation  de  la  Grande- 
Bretagne,  qui  a  eu  lieu  à  Londres,  le  29  avril  dernier,  (Voyez 
au  Bid/etiii.) 

—  M.  A.  l'ogdanoff,  |)ar  une  lettre  datée  de  Moscou,  le 
i5  avril,  transmet  les  remercîments  du  comilé  d'acclimata- 
tion de  celle  ville,  i)Our  l'initiative  prise  par  notre  Société 
d'un  système  d'échange  (]ui  ne  peul  man((uer  d'être  avanta- 
geux à  l'œuvre  commune. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  alTaires  étrangères  fait  jiar- 
venir  deux  leltres  de  M.  Chabaud  ,  vice-consul  de  France  à 
Port-Élisabclh,  dont  l'une  lui  était  adressée,  et  l'autre  écrite 
à  M.  le  directeur  du  .îardin  du  bois  de  Boulogne,  pour  an- 
noncer l'envoi  d'une  espèce  d'Antilope  très- curieuse,  de 
l'Afrique  méridionale,  appelée  B[c:^borh\  embarquée  sur  le 
navire  l' Aru'l.  :     .   ■  ^ 

M.  Chabaud  ajuule  qu'il  a  pu  se  procurer  l'écemmcnt  un 
couple  déjeunes  Zèbres  (Hurchell),  qu'il  expédiera  après  les 
avuir  tenus  quelque  temps  en  domesticité,  et  qu'il  cherche  à 
se  procurer  des  ivlld  hcasts. 

—  M.  Eurial  écrit  de  Boville,  le  S  mai,  que  les  neuf  jeunes 
Chèvres  et  Chevreaux  d'Angora  nés,  cette  année,  de  son  lot, 
se  portent  parfaitement  et  sont  de  toute  beauté  ;  mais  que 
deux  jumeaux,  nés  plus  récemment,  sont  morts  peu  de  temps 
après  leur  naissance,  l'un  de  la  diarrhée,  l'autre  étouflé,  sans 
doute,  accidentellement  sous  sa  mère. 

—  Une  demande  de  moutons  Ong-ti,  à  titre  de  cheptel, 
est  adressée  par  M.  Albert  de  Surigny. 


PROCÈS- VERBAUX.  307 

—  M.  Mauès,  dans  deux  letli'fs  datées  de  Sainl-Deiiis,  le 
l/i  et  le  '2b  mars,  rappelle  l'inlérèt  que  i)résenterait  Fiiilro- 
duclion  de  l'ostréiculture  sur  les  côtes  de  l'île  de  la  Réunion, 
et  annonce  l'envui  d'une  certaine  quantité  de  Gouramis  vi- 
vants, confiés  aux  soins  de  M.  Pi^nolet,  ([ui  a  bien  voulu  se 
charger  de  les  rapporter  en  France. 

M.  René  Gaillaud,  sur  l'invitation  de  M.  le  secrétaire  gé- 
néral, (jui  lui  avait  donni-  cunnnunication  de  ces  lettres, 
adresse  une  Note  au  sujet  du  mode  de  transport  des  poissons 
vivants  proposé  par  iM.  Manès,  et  qu'il  ne  trouve  applicable 
que  pour  des  dislances  très-peu  considérables,  et  des  instruc- 
tions souunaires  sur  les  moyens  pratiques  à  euqiloyer  ])uur 
l'aire  les  premières  expériences  d'ostréiculture.  Ces  instruc- 
tions seront  transmises  à  la  Société  eobuiiale  de  la  Réunion. 
(Voyez  au  liullctui.) 

—  M.  Roger-Desgenettes,  par  une  leltre  du  13  mai,  rend 
roniple  de  l'emploi  qu'il  a  l'ait  de  trois  |)aniers  de  montée 
d'Anguille,  provenant  des  envois  gratuits  laits  d'Abbeville  par 
ordre  de  l'administration.  Ges  jeunes  Anguilles  ont  été  ré- 
parties par  milliers  entre  les  eaux  de  la  Marne,  les  bassins  de 
la  Compagnie  des  chemins  de  1er  de  l'Est,  et  les  eaux  de  trois 
propriétés  de  Saint-Maur  et  de  .loinville. 

—  S.  E\c.  M.  le  Ministre  des  a  flaires  étrangères  adresse 
à  la  Société  une  copie  des  instructions  (ju'il  vient ,  sur  la 
demande  de  M.  le  Minisire  de  l'agriculture,  d'adresser  à  nos 
agents  diplomali(}aes  en  Chine  et  au  Japon,  afin  de  leur  re- 
commander les  voyageurs  et  les  négociants  (jui  se  rendent 
dans  ces  contrées  lointaines  pour  y  faire  des  recherches  ou 
des  études  sur  des  questions  intéressant  racclimatation,  et 
principalement  sur  tout  ce  (jui  se  rapporte  à  la  sériciculture. 

—  M.  Dulbur  dép(jse  le  résumé  du  mémoire  qu'il  a  com- 
muniqué à  l'assemblée  dans  sa  dernière  séance,  sur  la  sérici- 
culture en  Urient.  (Voyez  au  litillcùn.) 

—  La  Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  du  Ras-Rhin 
rappelle  sa  denumde  de  graines  de  Vers  à  soie  de  l'Ailante  et 
du  Ricin. 

—  S.  Exe,  M.  le  Ministre  des  uflaires  étrangèies  Iransmel 


308      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

une  lettre  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  Galvez,  ministre  du 
Pérou  à  Paris,  avec  des  graines  de  trois  variétés  de  Maïs  jiéru- 
vien  qui  accompagnaient  cette  lettre. 

—  M.  Hayes,  commissaire  de  la  marine,  inspecteur  colo- 
nial des  établissements  français  à  Cliandernagor,  en  offrant 
à  la  Société  ses  remercîmenls  pour  la  médaille  qui  lui  a  été 
décernée  dans  la  dernière  séance  publique,  fait  parvenir  une 
collection  de  huit  espèces  de  graines  des  Indes,  et  des  échan- 
tillons de  tissus  trempés  dans  le  jus  des  feuilles  rouges  qui 
entourent  la  fleur  de  la  plante  laiteuse  appelée  Pohicetia.  Il 
envoie  un  flacon  de  ce  jus  desséché,  en  priant  la  Société  d'en 
faire  faire  l'examen  au  point  de  vue  de  la  couleur  pour  la 
teinture. 

—  M.  Ch.  Barbier,  ingénieur  civil,  au  rolonr  d'une  mis- 
sion agricole  qu'il  vient  de  remplir  en  Espagne,  adresse,  avec 
des  tubercules  de  {CJnifa  Souchet  comestible  uu  Amande  de 
terre),  une  lettre  dans  laquelle  il  entre  dans  d'intéressants 
détails  sur  l'emploi  de  ces  tubercules  pour  fabriquer  une  bois- 
son rafraîchissante  dont  il  se  fait  une  consommation  très-con- 
sidérable, et  sur  le  mode  de  culture  de  cette  plante  écono- 
mique. (Voyez  au  Bulletin.) 

—  M.  le  docteur  Sacc,  délégué  de  la  Société  à  Barcelone, 
envoie  une  collection  de  huit  espèces  de  Haricots,  Dolics  et 
Choux  brocolis,  cultivés  pour  l'approvisionnement  du  mar- 
ché de  cette  ville ,  et  auxquels  il  joint  une  gousse  de  Poi- 
vrier d'Espagne  abondamment  cultivé  à  la  Havane. 

—  M.  F.  Bouyet,  lieutenant  de  vaisseau,  commandant 
YAlecton,  membre  de  la  Société ,  envoie  de  Cayenne  des 
siliques  d'une  plante  curieuse,  à  graines  détonantes,  de  Su- 
rinam. 

—  M.  G.  Monnet,  conservateur  de  la  Société  des  sciences 
n.'iturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  envoie  des  luber- 
cules  d'Ignames  et  de  Pomme  de  terre  dite  de  Sainle-Mai'lhe, 
provenant  de  cultures  faites  par  les  soins  de  celte  Société  dans 
le  sol  granitique  de  la  Creuse. 

—  M.  A.  Genesley  adresse,  de  Laval,  un  pelit  échantillon 
de  graines  de  Coton  qu'il  a  reçues  du  caïd  des  Beni-Amram, 


PliOCÈS-VERHAUX.  309 

Sahili  1)011  P)(»u  ScJira  de  Djitijelli,  en  demandanl  qu'elles 
soient  expérimentées. 

—  M.  le  marquis  de  l'Espine,  président  de  la  Société  d'a- 
sricullure  et  d'horticulture  de  Vaucluse  ,  en  écrivant,  à  la 
date  du  21  avril,  pour  remercier  de  nouveau  la  Société  impé- 
riale de  son  intervention  dans  l'envoi  de  graines  de  Colon 
d'Algérie,  rend  compte  de  l'emploi  des  trois  cents  kilos  de 
celle  graine  que  celle  Société  a  distribués  aux  agriculteurs 
de  son  département.  La  lettre  de  M.  de  l'Espine  renferme  un 
rapport  adressé  à  M.  le  préfet  de  Vaucluse,  et  qui  constate 
que  ces  graines  onl  été  réparties  entre  cent  trente-sept  culti- 
vateurs et  ont  servi  à  Fensemencemenl  de  IS  hectares  de 
terre.  ;   . 

—  M.  le  vicomte  de  (janlès,  sous-préfet  de  Bône,  membre 
de  la  Société,  adresse  une  Note  qu'il  a  rédigée  sur  le  dévelop- 
pement qui  peut  être  donné  à  la  culture  du  Colon  en  Algérie 
par  les  Arabes  (voy.  au  Bulhtht).  Notre  honorable  confrère 
fait  parvenir  en  même  temps  un  exemplaire  des  statuts  d'une 
Société  scientitique  qu'il  vient  de  fonder  à  Bône,  sous  le  nom 
d'Académie  dllippone,  société  de  recherches  scientifiques 
et  d'acclimatation,  et  qui  assure  son  concours  tout  dévoué  à 
notre  œuvre. 

—  La  Société  d'horticulture  el  d'acclimatation  de  ïarn-el- 
Garonne  envoie  un  compte  rendu  des  résultais  (jui  ont  été 
obtenus  dans  ce  département  des  expériences  de  culture  des 
graines  distribuées  par  la  Société  impériale. 

—  M.  Brierre  (de  Saint-Ililaire  de  Riez),  rend  également 
compte  de  la  situalion  actuelle  de  ses  cultures  de  végétaux 
exotiques. 

—  Des  remerciments  pour  envois  de  graines  par  noire 
Société  sont  adressés  par  la  Sociéti''  des  sciences,  agricul- 
ture et  arts  du  lîas-Bliin,  et  par  la  Société  zoologique  de 
Francfort. 

—  Des  demandes  de  graines  de  Coton  sont  adressées  par 
})hisieurs  membres  ou  correspondants. 

—  -M.  le  professeur  Joly  fait  parvenir  un  exemplaire  de 
VKhigc  hishtrique  (ï Isidore  iîeoffroi/  Saint-lJihiire  ,  pro- 


SiO       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION, 

nonce  par  lui  devant  l'Acadùmie  impériale  des  sciences  de 
Toulouse. 

—  S.  Exe.  M.  le  Minisire  des  affaires  étrangères  fait  hom- 
mage à  la  Société  d'un  ouvrage  intitulé  :  Rhume  des  princi- 
paux traités  chinois  sur  la  culture  (les  Mûriers  et  féducation 
des  Vers  à  soie,  (\m  lui  a  été  offert  par  l'auteur,  M.  Stanislas 
Julien. 

—  M.  leMinistre  transmet  en  même  temps  :  1"  un  Rapport  pré- 
senté au  conseil  général  du  Bas-Rhin,  dans  sa  session  de  J8(5*2, 
sur  la  culture  du  Taltac,  j)ar  M.  le  haron  de  Zorn  de  Bulacli  ; 
2"  une  hrochure  ayant  pour  titre  :  Notire  sur  l»'s  cultures  de 
la  ferme  des  Boula i/es  [Seine  -  et  -  M (rr ne) ,  exploitée  prrr 
M.  A.  X.  Mai/re,  sou  propriétaire.  Dans  cette  notice,  qui 
passe  en  revue  tout  ce  qui  se  fait  dans  ce  domaine,  M.  Mayre, 
en  parlant  de  ses  cultures  d'Allantes,  fait  remarquer  que  le 
département  de  Seine-et-Marne  a  vu  s'accomplir,  l'un  des 
premiers,  des  essais  sérieux  de  propagation  du  Ver  de  l'Ai- 
lante,  et  d'utilisation  de  ses  produits,  puisque  M""^  Drouyn 
de  Lhuvs  n'a  pas  dédaigné  de  donner  ses  soins  à  l'éducation 
de  cette  nouveUe  espèce,  dès  l'année  de  son  introduction; 
qu'une  des  premières  plantations  régulières  et  spéciales  pour 
celte  culture  a  été  faite  aux  Boulayes;  et  que  le  moyen  de  dé- 
vidai^e  des  cocons  ouverts  de  ce  Ver  à  soie  a  été  découvert 
par  M.  le  docteur  Forgemol,  de  Tournan. 

—  M.  Guérin-Méneville  olTre,  au  nom  de  M""  Sauvage, 
une  collection  de  graines  et  de  végétaux  utiles  ou  d'agrément 
du  Brésil,  et  donne  d'excellentes  nouvelles  des  éducations  du 
Ver  à  soie  Va-ma-maï,  principalement  de  celle  qu'il  a  confiée 
àM.  Auzende,  directeur  du  jardin  l)otaniqiie  de  Toulon.  Il  fait 
remarquer  à  cette  occasion,  en  présentant  une  note  de  M.  le 
docteur  Turrel  à  ce  sujet,  que  le  concours  de  M.  Auzende, 
qui  se  montre  tout  dévoué  à  notre  œuvre,  peut  être  de  la 
plus  grande  utilité  pour  des  expériences  de  culture  des  végé- 
taux exotiques. 

—  M.  le  docteur  Cloquet,  après  avoir  conhrmé  l'ohserva- 
lion  de  notre  collègue,  rappelle  les  services  déjà  rendus  par 
M,  Philippe,  jardinier-chef  de  Saint-Mandrier  près  Toulon, 


PROCÈS-VERDAI'X.  3J] 

qui  p(3ut  également  concourir  très-efficacement  aux  essais 
d'acclimatation  d'espèces  nouvelles. 

—  M.  liuérin-MénevilIe  communique  ensuite  une  lettre  de 
M.  deBurnod,  d'Odessa,  qui  Fenlreiient  delà  découverte  qu'il 
a  faite  d'une  espèce  de  chenille  ^éricigène  trouvée  dans  les 
steppes  de  la  Russie,  et  lui  adresse  une  note  sur  ses  tentatives 
d'acclimatation  du  Botnhif.r  Cccropia  aux  environs  d'Odessa, 
pendant  les  années  ISdl  et  1S()2. 

Notre  honorable  coniVère  donne,  en  outre,  des  renseigne- 
ments sur  les  résultats  d'éclosions  de  cocons  de  Buinhijj:  Cecro- 
pia  envoyés  de  New-York  par  M.  Lefebvre,  et  de  Québec  par 
M.  Gauldrée-Boilleau.  Ces  cocons  sont  éclos  à  de  trop  grandes 
distances  les  uns  des  a.ulres  pour  que  l'accouplement  ait  pu 
s'opérer. 

—  M.  Rufz  de  Lavison  communique  une  Note  de  M.  Pin- 
son sur  l'état  actuel  très-prospère  des  Vers  à  soie  Ya-ma-maï 
dont  l'adminislralion  du  Jardin  d'acclimatation  a  confié  l'édu- 
cation à  ses  soins  éclairés.  M.  le  directeur  du  Jardin  annonce 
en  même  temps  à  l'assemhliîe  que  la  xMagnanerie  est  ouverte 
depuis  quelques  jours. 

—  M.  Hébert  donne  lecture  :  1"  d'un  Mémoire  de  M.  Eu- 
gène Simon  sur  le  Vernis  de  la  Chine  et  du  Japon  {Rhus  ver- 
nid  fera)^  et  sur  les  procédés  trextraction  de  cette  substance. 
MM.  Lluérin-Méneville  et  Soubeiran  font  remarquer  que  les 
dangers  que  présente  cette  opération  s'opposeront  sans  doute 
au  développement  de  la  cullnre  du  IVius  rernicifera. 

2"  D'une  Note  de   M.  le  docteur  Pigeaux  sur  l'usage  du 

Mate  dans  l'Amérique  méridionale.  Plusieurs  membres  font 

remarquer  que  le  Maté  produit  une  boisson  peu  agréable,  et 

que  ses  propriétés  hygiéniques  ne  paraissent  pas  très-bien 

constatées. 

Le  St'crél/iire  des  séances, 

L.  Soubeiran. 


m.  FAITS  DIVERS   ET  EXTRAITS  DE  CDaRESPONDANQi. 


In.sti'iietions  atii'O^sôoN  |»ai-^.  FiXe.  le  Mi>ii>4(i-e  iU-s  nitaivi^s  étrangères 
ù  la  liôgalion  de  II*c!;.iBi  ol  aii\  fi'ftii»itilai<>>  ;;ôit«-i-aii\  iBc  f^l>aii;;-baK 
et  «lo  Vetltlo,  «lans  rintvi'«'t  «lo  la  sérieieHltiir»»  ffaiieaiwo.  * 

Lettre  adressée  à  M.  le  Secrétaire  (lénhal. 

Paris,  lo  29  avril  1863. 

Monsieur,  en  m'eiitretenant  des  diniciiltés  que  notre  industrie  séricieole  ren- 
contre pour  s'approvisionner  de  graines  de  Versa  soie,  M.  le  Ministre  de  l'agri- 
c\dture,  du  commerce  et  des  travaux  publics  m'a  informe  que  plusieurs  maisons 
et  associations  françaises,  notamment  MM.  Meynard  et  (',''',  de  Valréas  iVaucluse), 
se  décident  à  reclierchcr  au  .lapon  et  dans  l'intrrieur  de  la  Cliine  les  races  réu- 
nissant les  qualités  requises. 

Je  me  suis  empressé,  d'après  le  désir  de  M.  Koulier,  d'inviter  les  agents  de 
mon  départemenl,  en  Chine  et  au  .lapon,  à  faire  ce  qui  dépendra  d'eux  pour  que 
les  personnes  chargées  des  niissi(Mis  séricicoles  dont  il  s'agit,  obtiennent  toutes  les 
facilités  et  toute  la  protection  dont  elles  pourraient  avoir  besoin.  Les  instructions 
que  j'adresse  à  ces  agents  me  paraissent  pouvoir  intéresser  la  Société  impériale 
d'acclimatation,  .l'ai  l'honneur  de  vous  en  communiquer  ci-joint  une  copie. 

Recevez,  monsieur,  elc. 

Signé  Dkoiv:;  de  Ijioys, 

Monsieur,  la  maladie  qui  alVcctc  les  Vcis  à  soie  s'eU  propagée  dans  lnus  le-î 
pays  séricicoles  où  nos  éducateurs  allaient  clierclier  les  graines  nécessaires  pour 
alimenter  l'industrie  et.  le  commerce  des  soies  en  France. 

il  résulte  d'informations  ipii  sor.l  [Mrvcnues  à  M.  le  Minisire  de  ragiiculline, 
du  commerce  et  des  travaux  publics  rpiece  ne  serait  plus  (pi'en  (Ihine,  et  suitonl 
au  Japon,  que  l'on  |)ourrait  trouver  de  la  semence  saine.  I.a  ]irov!nce  de  Shang- 
haï, en  Chine  ne  donnerait  elle-même  que  des  produits  inférieurs  et  ilitTiciles  à 
acclimater  en  France;  ce  ne  serait  que  dans  les  contrées  moidagneuses,  placées 
au  centre  du  Céleste  Empire,  que  l'on  rencontrerait  des  races  réunissant  les  qua- 
lités requises  poin-  assurer  le  succès  des  éducations. 

Des  éducateurs  ainsi  que  des  iiégocianis  vont  ou  se  prniiosenl  d'aller  tant 
en  Chine  qu'an  Japon,  pour  y  rechercher  des  graines  de  Vers  à  soie.  Je  cite- 
rai, entre  autres,  MM.  Meynard  et  C''',  de  Valréas  (Vauchise),  qui  po-sèdent 
déjà  lui  comptoir  à  Shang-haï,  sou-;  le  nom  de  Meynnrd,  Cousin  et  (","'.  Mais 
l'exploration  des  provinces  intérieures  de  la  Chine  ei  du  Japon,  ainsi  que  la 
sortie  des  graines  de  ce  dernier,  rencontre  de  graves  dilllLultés  que  votie  inter- 
vention réussira,  je  l'espère,  à  aplanir.  Je  vous  prie  dune,  monsieur,  il'après  le 
désir  que  m'en  a  exprimé  M.  Ronlier,  de  prêter  votre  appui,  non-seulement  r. 
M.  Henri  Meynard,  (pii  si'  propose  de  parcourir  l'intérieur  de  la  Chine  et  du  Japon 
pour  y  recher.'hcr  des  graines  de  bonne  qualité,  mais  encore  à  tons  les  éduca- 
teurs, délégués  d'associalions  agricoles,  ou  négociaiils,  qui  entreprendraient  de 
semblables  investigations.  Vous  voudrez  bien  notanuuent  faire  les  déinarches 
nécessaires  auprès  des  autorités  du  [uiys  de  votre  résidence,  pour  que  .M.  Mey- 
nard, ainsi  que  toutes  autres  personnes  poursuivant  le  même  but,  qui  se  présen- 
teraient à  vous  ultérieurement  .  obtiennent  les  passe-ports,  sauf-conduits  et 
recommandations  dont  ils   auraient   besoin,  afin   de    voyager  librement,  s'il  est 


FAITS    DIVERS.  2  '  '^ 


t!   I  O 


possible,  dans  riiUriieur  de  la  Chine  et  d.i  .lapon,  et  p  un-  qu'ils  piiisseit  Ijbrp- 
menl  exporter  les  g-raines  dont  le  gouvi-rnenii'nt  de  cî  ileniier  pays  a  jusqu'à 
présent  entravé  la  sortie. 

Vous  connaissez  tonte  la  sollicitude  qu'inspire  au  gonvernenient  de  l'Empereur 
l'industiie  séricicole,  et  vous  ne  néi;li;4erez  rien,  j'en  suis  certain,  monsieur,  pour 
contribuer  aux  succès  des  explorations  qui  doivent  en  favoriser  le  développement. 

Comme  la  maison  Meynard,  dans  le  but  d'expérimenter  les  meilleurs  modes 
de  transport  des  graines  de  Vers  à  soie  de  la  Chine  et  du  Japon,  se  propose  de 
diriger  une  partie  de  celles  que  IM.  Henri  Meynard  recueillera  par  la  voie  de  mer 
et  de  Suez,  et  l'autre  partie  par  la  Sibérie,  je  crois  devoir  inviter  l'ambassadeur 
de  l'Empereur  à  Saint-Pétersbourg,  à  faire  de  son  côté  les  démarclips  propres  à 
faciliter  sur  le  territoire  russe  l'entrée,  le  libre  parcours  et  la  sortie  des  graines 
qui  prendraient  la  voie  de  terio, 

Itecevez,  Ole,  Sijnc  Oroi  yn  de   I.iiuys. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  h  Ministre  de  l'arjriculfure,  du  cùininerce 
rt  des  travaux  pulAirs  a  M.  DnocYiv  ni'.  fjiuYS,  Ministre  des  affaires 
étrangères,  président  de  la  Société. 

Paris,   lo  13  avrd  lSr.3. 
Monsieur  le  Ministre  et  i;her  Collègue, 
En  réponse  à  la  lettre  (pie  vous  m'avez  fait  l'Iionneur  de  ni'éerire  le  '27  mars 
dernier,  je  suis  heureux  de  vous  annoncer  que  je  mets  h  la  disposition  de  la  So- 
ciété zoologiquc  d'acclimalation  la  totalité  de  l'envoi  fait  de  Chine  pir  M.  Eu- 
gène Simon,  et  se  composant  de  cocons  vivants  de  Ver  à  soie  du  Chêne. 

Je  serai  obligea  Votre  Excellence  île  me  fiire  connaître  les  résultais  obtenus 
des  expérimentations  qui  pourraient  être  tentées. 
Agréez,  Monsieur  le  Ministre  et  cher  Collègue,  etc. 

Le  Miiiislre  (le  l'(irjrirultu>\\  du  coin-ncrre  cl  dc^  h-iviinr  publics. 

Signe    r.OLIIEH. 


Lettre  adressée  par  S.  lîxc.  M.  le  Ministre  de  lu  marine  et  des  colonies 
a  M.  Droly.x  dk  [-huis,  Ministre  des  affaires  id rangerez,  prrsident 
de  lu  Société. 

r.iiis,  le  30  a\r;i  lS!i3. 
Monsieur  le  Président  et  cher  Collègue, 
J'ai  l'honneur  de  vous   lul'oimei- (pie  je  viens  d'appeler  l'attention  tte   M.  le 
gouverneur  de  la  l'iéunioii  sin-  les  disposition^^  indiquées  dans  voire  lettre  du  4  de 
ce  mois,  comme  étant  de  nature  à  favoriser  le  dcNeîoppcment  de  la  Société  d'ac- 
climalation à  la  r.éunion. 

Je  prie    M.    le    baron   Iiairicaud   de  me    faire   connaître  les  mesures  qu'il  lui 
aura  paru  [lossible  de  jjren  Ire  pour  répondre  au  désir  de  Votre  Excellence,  et 
j'aurai  l'honneur  de  vous  en  taire  part. 
Agréez,  etc. 

Pour  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies  et  par  son  ordre  : 

le  Direclevr  des  colonies. 
Signé  ZoF.i'PFrL. 


314       SOCIÉTÉ    IiMPÉP.IALE   ZOOLOGIQUE   d'aGCLIMATATION. 

Leltre  udressre  par  S.  Exe.  J/.  KoRMG-iiKV,  sccréUiire  des  commandements 
de  S,  A.  le  vice-roi  d'Éijiipte,  a  M.  le  Secrétaire  général  de  la  Société 
'impériale  d'ai-cliinatalion. 

Alfixamlrie,  le  fl   avril  li^63. 
Monsieur  le  Secrétnire  général, 

La  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honnenr  de  in'éciire  le  2:î  mars  in'élanl  par- 
venue au  moment  de  l'arrivée  de  S.  M.  le  sultan,  il  m'a  été  impossible  d'enlre- 
letiir  de  son  olijel  S  A.  le  vice-roi,  auquel  la  iirésence  de  son  IkMo  illhsire  ne 
laisse  pas  un  moment  de  loisir.  Quoi  qu'il  en  soit,  dans  mou  désir  d'être  utile  en 
même  temps  à  rÉ<;j'ple  et  à  It  .Société  qui  m'a  fait  l'honneur  de  m'admettre  au 
nomlire  de  ses  memtues,  je  suis  parfiiilemenl  disposé  à  leiilcr  l'acclimatation  du 
tliHirami,  et  je  viens  vouspiierde  vouloir  liien.  transmettre  à  vos  correspondants 
de  la  l'iéunion  les  mslmi'lions  nécessaiies  pour  que  ce  poisson  me  soit  expédié  à 
Alexandrie. 

S.  A.  le  vice-roi  avant  daii;né  accorder  sou  apinii  et  sa  protection  au  Jardin 
d'arclimalation,  dont  la  créiitiou  avait  été  approuvée  par  son  luédéce^seur,  je 
prends  la  lil'orlé  de  vous  piii-r  de  recommander  celte  œuvre  naissante  à  la  haute 
hienveillance  de  noue  illustre  l'résidenl,  et  d(^  solliciter  pour  nous  l'envoi  de 
quel(]ues  graines  ou  végetiuix  inléicssanls,  provenant  des  contrées  inéiiilionales 
de  l'Asie  et  de  l'Amériijiie. 

Veuillez  agréer,  etc.  Signi-  Koknic.-c.ey.- 


Letlre  adressée  juir  M.  I''erd.  Mliei.lkii .  vice-président  de  la  Société 
d'acrlivuilntion  de  Victor i(t,  a  M.  Dr.oL'vv  m:  LuuYS,  jivésident  de  la 
Société  impériale  d'acclimidation. 

.Mcll.ouriic,  le  23  février  1(^6.'). 
.Monsieur  le  l'résid(jit, 

C'est  pour  moi  un  devoir  des  plus  agréables  d'exprimer  à  \olre  Excellence 
mes  sincères  remerciments  pour  l'intérêt  si  bienvcdiaul  avec  lequel  vous  avez 
honoré  et  secondé  les  efforts  de  la  jeune  .Société  d'acclimatation  de  notre  colonie. 
Cet  irdérèl  nous  honore  d'autant  plus,  que  la  posiliou  élevée  (pii  vous  a  été 
faite  si  justement  el  les  occupations  si  importantes  auxquelles  sont  dus  tous  vos 
instants,  ne  nous  privent  pas  de  votre  précieuse  coopération,  .le  dois  aussi  recon- 
naître, au  nom  de  mes  collègues,  les  obligations  que  nous  avons  contractées  envers 
vous  pour  les  ]irésents  dont  vous  avez  enrichi  nos  collections,  et  pour  la  bonté 
avec  laquelle  vous  avez  accepté  les  modestes  additions  que  nous  avons  ou  l'aire 
aux  recherches  delà  Société  im|)éii.'ile  d'accliiualation. 

Les  membres  du  conseil  de  la  Société  de  Melbourne  me  chargent  en  particulier 
de  vous  offrir  l'expression  de  leur  très-vive  reconnaissance  pour  le  magnifique 
don  de  Chèvres  d'Angora  que  vou'^  nous  avez  fait.  Nous  avons  pris  des  mesures 
spéciales  pour  répondre  a  votre  libéralité  continuelle  par  l'envoi  de  tous  les  ani- 
maux (pie  nous  polirions  nous  procurer. 

Crâce  à  la  généreuse  intervention  du  capitaine  Ridgers  du  Stisscx ,  je  vous 
expédie  2  jeunes  i.'meu.'ja-,  3  Tovrlsrelles  diiMuiratj  re|Mésenlaut  deux  espèces, 
3  Porphyrio  melanolu^,  2  Dacclo  gi<inn!ea,  et  un  Ctiprimulgns  lali-l}utneralh. 

Dans  l'espérance  que  Votre  Excellence  vmidra  bien  nous  conserver  sa  bien- 
veillance et  disposer  sans  réserve  de  nos  services,  je  vous  prie  d'agréer,  etc. 

Le  vice-président  de  la  Société  d'acclimatation  de  Fictoria, 

Signé  Eerdinand  Mi'eller. 


FAITS   DIVERS.  315 

Lettre  adressée  par  MM.  ^  iLiior.iN-AivDr.iKiix  à  M.  le  Président  de  la 
Société  impéririh  d'acclimatation. 

Paris  I''  If  niai's  lfî''3. 
Monsieur, 

Mous  venons  de  recevoir  du  Japon  des  graines  d'un  arbre  (ou  ailniste)  qui 
nous  paraît  être  de  la  plus  grande  importance  pour  le  midi  de  la  Fiance  et  l'Al- 
gérie; nous  nous  eni]iressons  de  vous  en  faire  remettre  un  paquet  avec  prière  de 
vouloir  bien  en  laiie  faire  l'essai  par  quelques-uns  des  membres  de  voli'e  Société. 

Cet  arbre  est  connu  depuis  très  longtemps,  Linné  lui  a  donné  le  nom  de  Mus 
succedanea  ;  mais  aucun  essai  d'acclimalation,  à  ce  que  nous  sachions,  n'en  a 
été  fait  jusqu'ici  (1). 

La  graine  renl'ei  me  une  cire  blanche  de  (|ualili''  excellente,  qui  dnnne  lieu  au 
Japon  à  un  commerce  lrè?-étendu  ;  on  en  imporle  même  chaque  année  une  quan- 
tité considérable  en  Angleterre. 

D'après  une  analyse  faite  par  M.  Cloez,  l'habile  préraraleur  de  chimie  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  c'est  dans  l'enveloppe  fie  la  graine  que  se 
trouve  la  cire,  et  dans  une  proportion  de 'rS  pour  100.  Celle  envelopiie  forme  elle- 
même  les  37  centièmes  du  poids  total  de  la  graine,  ce  qui  donnerait  cotnme  ren- 
dement net  en  cire  environ  17  pour  101)  du  poids  brut  de  la  graine. 

On  ne  nous  a  transmis  aucun  renseignement  sur  la  culture  de  cet  arbre  ;  toute- 
fois nous  trouvons  dans  quelques-uns  des  ouvrages  traitant  du  Japon,  et  dans  les- 
quels il  en  est  queslioii  sons  le  nom  de  Fasi-no-Ici,  qu'il  vient  spontanément  et 
sans  culture  dans  les  parties  méridionales  de  ce  pays,  ainsi  que  dans  l'île  Kiou-siou. 

Ajoutons  que  la  l'iupart  des  graines  que  nous  avons  reçues  ^e  trouvaient,  a  leur 
arrivée,  encore  attachées  en  musses  compactes  aux  branches  qui  les  ont  nourries, 
ce  qui  nous  fait  croire  que  l'arbre  est  excessivement  Iruclitére. 

Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc. 

Signé  Yii.morin-Andrif.i'x. 

(1)  La  Société  nvail  déj;!  ilijtrilnié  ,  cii  riiar-.  ilLTiiifr ,  iinp  assez  irraaJo  quanlilé  Je  graines 
de  cttaihusie  iini  lui   avaient  élé  envoyées  par  M.  F'ngène  Simon. 


KUIIATI.M, 


Page  222  du  numéro  d'aviil  lStJ:5,  nu  lieu  de  11  peut...  lisez  .M.  dillet  de 
Grandmont  répond  ijne,  s'il  est  vrai  que  rOmbre-chevalicr  vive  plus  parlicu- 
lièremenl  dans  les  lacs,  il  peut... 


IV.    CHROHIQDE. 

rroîf*U^iiic    stnsJt'»'    {ttililûiiic    anniteellc  tit'  h»  Soett-Jé  d'acvlîitia- 
Intioii     de    Es»    (Bramie-IkroCijini*. 

Kxlraildu  F((?/(/,  par.M.  I'.  r.AMF.r,. 

La  IroisièniP  séance  annuelle  de  la  Socii'lr  a  eu  lieu  le  '29  avril  1863,  sous 
la  pr(.m{leiire  du  vicomte  r,a;j;e.  La  réunion  clail  très-nondjreuse  ;  parmi  les 
membres  pi  ('seuls  élaienl  sir  Juliu  liobiiison,  capt.  Dawson  Damer,  l'Iiono- 
rai)le  VV.  Eden,  ^\M.  Ed.  Wiison,  esq.,  AL  JMackinnon,  csq.,  M.  Voul,esq,, 
.\[.  John  Biisli,  e.'q.,  AI.  Waterhouse,  llawUins.  esq. 

M.  Buckland,  l'un  des  secrétaires,  a  présenté  le  rapport  annuel  de  la  Société, 
dans  lequel  il  a  signalé  les  proi^rés  sensibles  de  la  Sociilé,  qui.  Tan  dernier, 
ne  se  composait  que  de  2'i  membres  à  vie  et  'i8  souscripteurs  aimuels,  tandis 
qu'elle  compte  aujourd'lmi  /i8  membres  à  vie,  13o  souscripteurs  annuels  et 
en  outre  38  protecteurs. 

Le  rapport  menlionne  ensuite  les  divers  travaux  de  Tannée.  Le  succès  du 
troupeau  des  Ajoutons  de  Chine,  qui  a  obtenu  des  médailles  à  Texposilion  de 
la  Société  d'agriculture;  un  témoignage  pour  les  travaux  de  la  Sociélé  de  la 
part  de  la  Sociélé  impériale  d"acclimatali.»ii ,  qui  a  décerné  des  médailles 
d'argent  et  de  l)ronzi'  à  Al.  l)iisli ,  trésorier  de  la  Société,  et  au  vicomte 
Powerscourl. 

Ai.  le  secrél.iire  exprime  ensuilc  les  regrets  de  la  perle  du  marquis  de 
Breadalbane,  el  annonce  racceplalion  de  la  pr(''si;l(  nce  i)ar  S.  Exe.  le  duc  de 
Newcastle.  Parmi  les  nond)reux  sujels  dont  il  a  éh'  question,  figurent  l'éle- 
vage des  Brebis  chinoises  et  leur  croiscmeni  ;  des  expériences  sur  le  croise- 
ment de  l'Elan  avec  la  Vache  ordinaire;  sur  le  Ilocco,  sur  diliérenles  espèces 
deCanards  et  sur  d'autres  oiseaux:  riniroduclion  du  Lucioperca,  et  l'élevage 
arliliciel  du  Saumon. 

Après  diverses  modifications  dans  l'administration  qui  ont  pour  but  d'im- 
primer une  vive  impulsion  aux  travaux  de  la  Société,  niddifications  propo- 
sées en  partie  par  AL  Ed.  \\  ilson,  l\esemi)lée  procède  à  l'éleclion  de  nou- 
veaux présidenis.  A'.M.  le  vicomte  (!age,  le  vic<»mte  Powerscourl,  lord  Stanley, 
le  capitaine  |)a\\.s()u.  Damer  el  Al.  Ed.  \A  ilsoii  hiiiI  élus  pour  venir  en  aide  à 
M.  Graniley  Barkeley,  qui  avait  élé  jusqu'alois  riiiiiqiie  \  ice-président.  Après 
le  vole  de  remercimenls  au  président,  les  membres  examinent  avec  intérêt 
les  lîrebis  de  Chine,  les  ignames,  les  lloccos  et  leurs  n'uls,  diverses  espèces 
de  Canards  el  cfoiseaux,  ainsi  qu'un  échanlillon  de  iM'Iuqiie  on  Bimch-ijrass 
des  monlagnes -hocheuses. 

Progrès  «!«•  la  **ot!«:'«é  tIattHjstîeCilion   de    Mclhouriic. 

Al.  I'.  liwir.i,  a  adressé  à  M.  le  l'ri'sideni  la  note  suivante  : 

c.  J'.ii  pensé  que  les  note;-,  que  j'exIrJs  d'une  lettre  (déjà  ancienne)  de  Al. AVil- 
son  auraient  de  l'inlérel  pour  \olre  Société,  .l'ai  riionneur  de  vous  les  sou- 
mellre  : 


"  Mos  lellro.5  de  (IcltiiiI)it  nriipporlcnt  de  ln"vs-l)oiiiios  nniivolles  sur  les 
progrès  de  la  Société  de  Melbourne.  Mon  envoi  pir  I'  \lhainbrn  csl  ;uri\(''  en 
parfiiii  él.il  :  rar  sur  .si\,  cinq  Cyi^nes  sont  arrivés;  ciiui  Oies  d'Afrique  sur 
six;  vintït  Perdrix  d'Afrique  sur  vini;t-qualre  ;  el  (pialre  ruches  d'Abeilles 
liguriennes  avec  leurs  reines  en  vie,  malgré  une  certaine  niorlalilé  d'AbrilIcs 
ordinaires. 

»  On  a  acliclé  les  animaux  que  M.  Landelies  emmenait  de  l'Inde,  au 
nombre  desquels  est  un  oiseau  très-curieux ,  le  îMinali  (un  Ktourneau). 

»  Ainsi  dans  un  seul  mois  nous  avons  ajouté  à  nos  colieclions  :  l'Oie 
(■■gvptienne.  la  Perdrix  d'Afrique,  l'Abeille  ligurienne  et  le  Miiiali  ;  car  en 
laison  de  leur  nombre,  nous  pouvons  compter  sur  leur  reproduction. 

»  Les  chambres  législatives  ont  volé  .'idOO  livres  (Va  000  francs)  pour 
l'année  courante.  » 

Le  Ycunian  du  11  (clobre  18^2  annonce  la  naissance  du  premier  Mulet 
australien,  pro  luit  d'un  Ane  el  d'une  Jument  du  l'oilou  (pie  Al.  E.  Wilson, 
président  delà  .Société  d'acclimatation  de  Melbourne ,  aNait  fait  venir  de 
France,  pour  la  placer  dans  sa  ferme  expérimentale,  située  près  de  la  cipitalc 
de  la  province  de  \  ictoria. 

i^Iiiltipliention  des  Aiilgiinu'v  iii«)t^ênos  eei   ^ii.stralâo. 

(Extrait   du    )eoniaii  and  AuiilraHa'i  Acdiinalisoi',  par  M.    1'.   îîamki..) 

On  signale  comme  un  fait  tris-curieux  que  dans  ipielqucs  parties  de  In 
colonie  (Mctoria),  les  Kangiu'ous  se  sont  tellement  uiultii)li('s  depuis  l'époque 
de  ses  premiers  établissements,  que  la  destruction  de  ces  animaux  est  devenue 
une  nécessité.  On  en  attribue  la  cause  à  la  presque  disparition  des  na- 
turels qui  leur  donnaient  la  chasse  el  en  tuaient  un  très -grand  nombre. 
C'est  l'explication  vulgaire;  mais  le  véritable  moiif  de  cet  accroissement 
semble  être  attribué  avec  plus  de  probabilité  à  la  i)his  grande  abondance 
d'iiorbages  ([irassrs)  qui  résulte  du  parcours  du  bétail.  En  eliél,  aussi  long- 
temps que  les  plantes  à  pacage  ont  poussé  avec  cette  vigueur  extraordinaire 
qui  leur  est  propre  dans  ce  pays,  de  terribles  incendies  ont  annuellement 
dévoré  toute  la  contré<'.  Les  premiers  colons  n'en  ont])as  perdu  le  sou\enir. 
Ces  incendies  ne  détruisaient  pas  les  Kanguious,  mais  lo  manque  de  nourri- 
ture (pu  s'ensuivait  en  faisait  une  jiroie  facile  pour  les  Dingos,  et  empêchait 
celte  rapide  multiplication  dont  nous  sommes  témoins. 

Depuis  deux  ou  trois  ans,  ces  animaux  sont  devenus  si  nombreux  d.uis  le 
(lle)i  Orinislon,  pro|)riélé  de  M.  Black,  qu'on  a  résolu  de  les  détruire. 

Des  hommes  à  cheval,  venus  de  toutes  1rs  stations  (l;i  \oisinage,  oui  formé 
un  immense  cercle,  se  rélrécissant  graduellement  autour  des  victimes,  qui 
fiu'ont  poussées  dans  un  vaste  eiicKjs  construit  exprès.  Lu  millier  de  Kan- 
«;urous  \  trou\è)vul  la  niorl,  soil  par  les  coups  de  feu,  soit  parce  que  ce-. 
pan\res  animaux,  ellray(''s,  se  jet.iienl  coiiire  les  chjtunvs  ou  se  tuaient  les 
uns  eonire   les  aulrt's.    D,;  s?;iiblab!e;>  sc.''n..'s  de  carnag!'  ont  été  répétée-» 


31  s        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

depuis  lors.  i\lais  (leinièreniciu  on  a  adopté  un  autre  moyen.  Deux  honuiics 
al)a;iciit  joiimellenient  avec  leurs  carabines  environ  cinquante  Kan^qu'ous 
cliacun.  Il  leur  scrail  aise  (ren  iurr  plus,  mais  comme  ils  ont  à  dépouiller 
leurs  victimes,  ce  nomi)re  siiflil  à  remploi  de  leur  journéf.  Ces  fails  expli- 
quent assez  clairement  quel  |)eut  être  le  nombre  de  kan^unuis  dans  cette 
))artie  du  pays. 

Leur  destruction  cstdexemie  une  nécessité,  car  malgré  la  i)oursuite  qui 
leur  est  faite  depuis  i)lusiears  années,  on  évalue  qu'en  ce  moment  les  Kan- 
gurous  consomment  la  quanlité  d'iierhe  qui  pourrai!  sullire  à  un  millier  de 
tètes  de  bœufs  yCaillv;. 

[)ar  M.    \  iKWOT. 

IjlllusliatcJ  Londoii  \eivs  du  '28  février  annonce  que,  grâce  à  un  envoi 
de  M.  le  docteur  Mueller,  directeur  du  Jardin  botanique  de  Melbourne,  la 
collection  d'oiseaux  de  l'.egent's  Park,  à  Londres,  appartenant  à  la  Société 
zoologique  de  Londres,  s'est  enrichie  d'une  i);ure  dWloaetles-pies  de 
l'Australie,  dont  on  n'avait  pas  encore  vu  de  spécimens  vivants  en  Europe. 

Ainsi  que  le  fait  remarquer  (lould  dans  son  ouvrage  sur  rornithologie  de 
l'Australie,  peu  d'oiseaux  de  ce  conlinenl  ollreiU  un  extérieur  plus  agréable 
ei  des  mouvements  plus  gracieux  (]ue  le  GraUina  austrcdis.  Son  bumeur 
familière  et  facik  à  apprivoiser  en  l'ail  l'un  des  liôles  et  des  i)rolégés 
des  colons,  qui  le  voii'nt  courir  sur  les  toits  et  les  galeries  de  leurs  maisons. 
Son  vol  rappelle  celui  du  A  anneau  et  présente  les  mêmes  mouvements 
lourds  et  saccadés.  SeulemenI,  tandis  que  le  Vanneau,  fait  des  détours  et  des 
plongeons  subits,  le  GraUina  traverse  l'air  sans  bruit.  Son  cii  est  un  siflle- 
menl  plaintif  souvent  répété,  lîien  de  plus  curieux  (pie  son  nid,  fait  de 
boue  molle,  qui,  en  dm'cissanî  à  l'air,  oflre  l'apparenre  {Vun  vase  d'aigile 
massif,  ayant  cinq  à  six  pouces  de  long  sur  trois  de  profondeur,  et  posé  à 
la  jonction  de  deux  rameaux. 

Cet  oiseau  ayant  des  mœurs  a(juatiques,  ou  a  j)lacé  la  paire  envoyée  ù 
Londres  dans  un  comparlinient  de  la  poissonnerie,  où  ils  ont  la  joui-sance 
d'un  |)elit  bassin  d'eau  claire  à  fond  de  gravier.  On  les  }  voit  pécher  et  se 
i.aiguer,  comme  leurs  congénères  de  l'Europe.  Les  GraUina  de  lîegenl's 
l'ark  sont  déjà  si  accoutumés  à  leur  nouveau  séjoui'.  qu'on  espère  les  voir 
liieiilôl  façonner  un  des  nids  de  boue  que  nous  venons  de  déciire. 


Niir  le    Iioiuh;t.\    ;;E-aii<1     %t]n<4   do    l'Inde. 

(Extrait  lies  Annales  du  coniinercc  extcrteur,\Mv  'Sl.V.  ]\\'s\v.{..) 

Il  existe  au  Bengale  et  dans  la  Chine  une  espèce  de  Ver  autre  que  celle 
(|ui  se  nourrit  des  feuilles  du  Mûrier  conmum,  et  dont  la  propagation  pour- 
rail  élre  un  grand  élé'ment  de  pros])érilé.  l'Ius  j)récieuse  par  la  beauté  de 
s(.s  produits,  pln^  remarquable  par  la  grosseur  ei  la  singidariié  de  son  édu- 


CHRONIQUE.  olÇ) 

cation,  colle  espèce,  dont  le  superbe  papillon,  comni  son:-,  le  nom  de  ijiaiid 
Atlas  de  Plnde,  fait  un  des  plus  lx'au\  ornements  de  toutes  les  collections 
d'insectes,  est  reslée  juscprici,  par  la  plus  étrange  des  nn''j)riscs,  luul  à  l'ail 
inconnue  en  Fjiropi'. 

liien  cependant  n'était  ])lus  propre  à  fixer  raitention  d(N  v(»yaK''Ufs  (pii  ont 
parcouru  ces  conirées,  (pie  le  spectacle  de  son  éducation.  Aljuidonné  à  ses 
propres  forces  et  à  sa  seule  industrie,  c'est  en  plein  air  el  sur  de  !;rands 
arbres  couverts  d"un  simple  (ilel,  que  cet  insecte  curieux  vil.  croit  cl  fabrique 
les  lombt'aux  destinés  à  sa  brillante  métamorpbose.  Il  ne  redoute  point  les 
injures  du  temps;  il  n'exige  ni  les  soins  délicats,  ni  les  allenlions  conli- 
mielles  que  demande  Tespiice  commune.  La  cbenille  est  plus  longue  et  plus 
grosso,  et  les  cocons,  remarquables  par  leur  volume,  le  son!  encore  plus  par 
leur  couleur  blancbe,  qui  les  distingue  tout  à  faii  de  ceux  des  \  ers  à  soie 
ordinaires. 

L'arbre  sur  kvpiel  i!  vit  est  aussi  tout  à  fait  dilTérentdu  Mih'ier.  C'est  un 
arbre  du  genre  Prunier,  l'-pineux,  à  feuilles  rares  el  arrondies,  et  que  leshn- 
biiants  de  l'île  de  L'rance  et  du  hengale  connaissent  vulgairement  sons  le 
nom  de  Maçon. 

\\  croît  faciiemeni  dans  toute  l'Inde,  el  il  est  particulièrement  Ires-répandu 
au  Bengale,  où  les  habitants  élèvent  un  assez  grand  nombre  de  ces  Vers,  pour 
se  procurer  une  belle  espèce  de  soie  blanche  aussi  estimée  pour  la  pureté  de 
sa  teinture  que  pour  sa  force,  sa  linesso  el  son  égalité. 

S'il  n'était  pas  nécessaire  d'abriter  les  arbres  contre  les  insectes  poiu'  em- 
pêcher celte  précieuse  chenille  d'être  dévorée,  l'éducation  du  Ver  commun 
serait  sans  doute  généralement  adoptée  dans  l'Inde.  Mais  les  dépenses 
qu'exigent  l'achat  des  filets  découragent  les  Indiens,  et  il  s'en  faut  de  beau- 
coup que  les  Bengalis  sachent  mettn'  à  i)rolit  tous  les  arbres  dont  ils  peuvent 
disposer.  Cependant  il  serait  possible  de  diminuer  considérablemenl  ces  frais 
en  prenant  la  précaulion  de  disposer  les  Maçons  en  j)l<inlalions  ré'gulières; 
ils  exigeraient  dans  cet  ordre  symétrique  des  abris  moins  grands  proporlion- 
nellement  au  nombre  des  arbres.  Un  tel  calcul,  dont  les  Indiens  sont  inca- 
pables, ne  serait  pour  les  cultivateurs  européens  que  le  résultat  d'une  pré- 
voyance ordinaire,  et  si  des  émigranis  français  vont,  comme  il  l'aul  l'espérer, 
mettre  à  prolit  les  ressources  naturelles  de  la  Cocliinchine,  ils  sauront  tirer 
parii,  pour  la  production  di'  la  soie,  de  la  f  icililé  avec  laquelle  b-s  arbres  dont 
il  s'agit  peuvent  être  mullipli«-s. 

(Annales  du  conunercc  exlcrieur.) 


oi'VR\t;i:s  «FFERTs  \  i.\  smu-vii:. 


Bullclin  rie  la  Société  tracclimatalioii  ctcriiisloirc  na!iiicllc  de  Tilc  de  la  Réunion, 

n"  1,  1863. 
Annales  de  la  Société  impériale  d'a?;riciiUure,  industrie,  sciences,  arts  et  belles- 

leltres  du  département  de  la  Luiie,    t.  I\',   18(30,  et  t.  V,  18(il. 
Bulletin  agricole  du  Comice  de  Lons-le-Saulnier,  n"'  1  à  3,  mars  1863. 
Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  et  d'horlicullure  de  l'arrondissement  deBeau- 

vais,  avril,  mai  18()3. 
Bulletin  de  la  Société  d'agriculluie,  scien('es  cl  arts  de  Meaux,  1862. 
Bulletin  de  la  Société  d'horticulture  deFuntenay  le-Conite  (Vendée),  décemb.  1802. 
Bullclin  du  Comice  agricole  de  Brioude,  janvier  et  février  1863. 
Mémoires  de  riiistilul  national  genevois,  t.  1  à  VIII  (1853  à   1862). 
Bulletin  de  la  Société  genevoise  d'utilité  publique,  n"*  21  et  22,  1863. 
Bulletin  de  la  Société  mexicaine  de  géographie  et  de  statistique,  1862,  1863. 
Transactions  ol' tlie  American  Instilute  (années  1858,  1859  et  186lt). 
Règlement  et  but  delà  Société  d'acclimatalinn  de  Victoria.  Melbourne,  1802. 
Actes  de  la  Société  royale  de  Victoria,  5^  vol  ,  1860. 
L'Agricultura  Valcuciana,  n"'  1  et  2,  1863. 

Voyage  autour  d'une  volière,  par  J.  B.  Lacomhe  (1863).  —  Offert  par  l'auteur. 
Guide  pralique  pour  élever  les  l'aisaus,  Colins,  l'erdrix,  etc.,  parM.  A.  Legrand. 

—  Oll'ert  par  l'auteur. 
On  Ihe  liigher  subdivisions  in  Ihe  Classiticalion  of  Mammals,  par  .1.  D.  Daka. 
Remarks  on    Lepas  aiialifera,  ou  Apliis  avenœ,  ou   a  fibre  plant   suited  to  Ihe 

climale  of  Canada,  on  (lie  Silk-Worm  and  other  fibre  yielding  insects,  and  tlie 

growth  of  their  food  filants  in  (^uiiada,  par  G.  Lavvson.  —  Olfert  par  l'auteur. 
0  IJrazil    agricola,  industrird,    commercial,    scientifico,    littcrario    et    iioticioso, 

n"s  l  a  à,  1863. 
^■otcs  sur  l'éducation  du  Botiibyx  Cytilhia,  ver  de  l'Ailaiile.  Cinq  brochures,  par 

MM.  de  Lai.eu  ;de  Nantes),  de  Baii.let  (de  Bergerac),  Jean  Boy    (de  Cbàlons- 

s-ur-Marne),  le  comte  de    Bondv  et  Biain    d'.Vngers).   —  Ofi'ertes  i»ar  leurs 

auteurs. 
Revue  de  séricicuUure  comparée,  par  M.  GiÉuiN-MÉNEViLi.E,  n''^  1  à  3,  1803. 
Cenni  soi  danni  del  diboscamenlo  sull'Ailanto  c  liombyx  Cyiilhia,  par  M.  1".  Garz- 

zetti  (Turin  1863).  —  Offert  par  l'auteur. 
Reboisement  des  montagnes,  travaux  de  1862,  par  M.  ViCAiiu;. 
Le  régime  du  vert  et  son  application  dans  les  régiments,  par  M.  A.  HoCQl'ET, 
Notices  pomolngiqucs,  t.  111,  2'i^'  et  25''  livraisons,  1862,  par  M.  de  Liron  d'Al- 

ROi.ES.  —  Oll'ert  par  l'auteur. 
Les  fumeurs  d'opium   en  Chine,  par  le  docteur  H.   Liuermann  i  1862).  —  Offert 

par  l'auteur. 
Rappoit  sur  une  excursion  au  mont  Viso   et  daiis  les  Alpes  du  Briançoiinais,  par 

M.  L.  SOIBEIRAN  et  B.  Vei'.lot. 
Principes  généraux  de  géographie  agricole,  par  M.  le  docteur  B.  Sagot. 
Thèse  pour  le  doctorat  en   médecine,  sur  la  Co:a,   par  M.  Dejiarle  (1862;    — 

Offert  par  M.  Ci.oouET. 
(Ailturc  de  la  Vigne,  par  M.  E.  A.  (^AKRIÉue.   —  Olîert  par  l'auteur. 
Monographie  de  Jalapa   (Mexique),  par  M.  le  docteur  (1.  V.  BovEr.  —  OiTerl  par 

l'auteur. 
Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.   Jomard,  par  M.  DE  LA  BoquEtte,  —  Offert 

par  fauteur. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE. 


RAPPORT 
Sl^R  LES  CHÈVRES  D'ANGORA  ET  LES  YAKS 

CONFIÉS  A  TITP.E  DE  CHEPTEL  A  MM.   EURIAT  ET  LEQUIN. 

Par  n.  yi^REKT, 

Aillent  général  de  In  Suciété. 


(Séance  du   12  juin  1803). 


Le  Conseil  m'ayant  chargé  d'aller  visiter  les  deux  troupeaux 
de  Chèvres  d'Angora  et  le  lot  d'Yaks  du  Tibet  placés,  à  litre 
de  cheptel  dans  les  départements  de  la  Meurthe  et  des  Vosges, 
j'ai  riionneur  de  rendre  compte  à  la  Société  de  l'état  dans 
lequel  j'ai  trouvé  ces  animaux,  après  six  mois  de  séjour  dans 
leur  nouvelle  résidence. 

Je  me  suis  rendu  d'abord  chez  M.  Frédéric  Lequin,  qui 
dirige  avec  une  rare  habileté  la  ferme-école  du  département 
des  Vosges,  à  Lahayevaux,  près  de  Neufchàteau,  dans  laquelle  il 
a  introduit  de  nombreuses  améliorations,  et  où  il  est  parvenu 
à  accroître  singulièrement  les  produits  de  son  exploitation 
agricole  (1).  L'expérience  consommée  de  M.  Lequin,  qui  se 
révèle  tout  entière  au  seul  aspect  de  sa  ferme,  tenue  avec  le 
plus  grand  soin,  malgré  son  étendue  considérable,  justifie 
suffisamment  la  confiance  de  la  Société.  On  n'a  pas  oublié  sans 
doute  que  c'est  à  lui  qu'est  due  l'introduction  en  France  de 
cette  excellente  race  de  Moutons  suisses  à  laine  noire  trés- 
eslimée ,  qui  se  recommande  par  sa  remarquable  fécondité. 
Il  ne  me  paraît  pas  sans  intérêt  de  dire,  en  passant,  à  cette 
occasion,  que  j'ai  vu  chez  lui  un  troupeau  de  qualre-vingls 
Agneaux  superbes  de  santé,  provenant  de  quarante  {'rebis  de 

(1)  Une  des  plus  fructueuses  innovations  de  M.  Lequin,  dans  son  exploi- 
tation, c'est  l'usage  qu'il  fait  des  produits  de  ses  cultures  très-élondues  de 
Betteraves  et  de  Topinanibours ,  pour  la  confection  d'un  excellent  vinaigre, 
d'une  digestion  facile  et  d'une  qualité  très-supérieure,  non-seulement  aux 
vrais  vinaigres  de  vin,  mais  surtout  à  ces  vinaigres  malsains  et  falsifiés  dont 
le  commerce  nous  empoisonne.  Les  pidpesdes  tubercules,  après  l'extraction 
du  jus  destiné  à  Olre  transformé  eu  vinaigre,  n'ont,  comme  on  sait,  rien 
perdu  de  leurs  propriétés  pour  la  nourriture  du  bétail. 

T.  X.  —  .luiu  1SG3.  21 


322      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

celte  race  qu'il  a  répandue  dans  tout  son  voisinage  et  qu'il 
conserve  avec  soin. 

M.  Lequin  avait  reçu  de  la  Société,  en  décembre  1862  : 

1"  Trois  Yaks  du  Tibet,  dont  un  taureau  et  deux  femelles  ; 

2"  Trois  Boucs  et  quatre  Chèvres  de  race  pure  d'Angora,  et 
six  Chèvres  mélisses  de  premier  et  de  second  croisement. 
Dix  autres  Chèvres  métisses  lui  furent  encore  envoyées  dans 
le  cours  du  mois  de  février  dernier. 

Des  noies  prises  sur  ces  animaux  au  moment  de  leur  expé- 
dition dans  les  Vosges,  il  ressort  qu'ils  étaient  généralement 
en  bon  élal,  mais  que  cependant  plusieurs  Chèvres  étaient 
maigres  et  chélives.  J'ai  pu  constater  qu'ils  sont  tous  actuel- 
lement dans  les  meilleures  conditions  de  vigueur  et  de  santé. 
Leur  toison,  brossée  régulièrement,  est  brillante  et  soyeuse. 
Deux  Boucs  adultes  sont  surtout  remarquables  par  leur  taille 
et  leur  vivacité.  Les  mêmes  observations  peuvent  s'appliquer 
aux  jeunes  purs  ou  métis  nés  depuis  l'arrivée  du  troupeau,  qui 
se  compose  aujourd'hui  de  trente-quatre  individus.  M.  Lequin 
avait  reçu  vingt -trois  Boucs  ou  Chèvres;  il  lui  est  né  en 
février,  mars  et  avril,  dix-sept  Chevreaux,  parmi  lesquels  le 
nombre  des  Boucs  domine  malheureusement  comme  toujours  : 
il  s'en  trouve  en  effet  onze  puur  six  Chevrettes.  Si  d'un  côté  les 
naissances  se  sont  élevées  au  nombre  de  dix-sept,  il  faut,  de 
l'autre,  en  déduire  une  perte  de  six  individus,  dont  deux  Chèvres 
adultes,  mortes, l'une  de  phthisie  pulmonaire,  l'autre  en  met- 
tant bas,  et  de  quatre  jeunes,  morts  le  jour  de  leur  naissance. 

Les  progrès  faits  par  les  trois  Yaks  confiés  à  M.  Lequin  m'ont 
paru  plus  sensibles  encore  que  ceux  des  Chèvres.  La  souplesse 
et  la  douceur  de  leur  toison  prouvent  le  bon  état  de  leur 
santé.  Notre  confrère,  ayant  eu  la  pensée  de  les  peser  à  diverses 
époques,  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 

■1  ô  luviicr.        7  avril.  14  mai.  7  juin. 

Le  lauivau  .   .     •  19'2kik)gr.  220  liilogr.  255  kilogr.  268  kilogi'. 

La  l'emellc  adiiile.   ISô  210  215        i\oii  pesée  le  7  juin  , 

près  de  nieUre  bas. 

La  jeune  fonicllc.  lo(3  150  155  167  kilogr. 

De  Lahayevaux,  je  suis  allé  dans  le  département  de  la 
Meiu'tlic,  à  llovilli' ,  chez  M.  Kuriat-Perrin ,  détenteur  d'un 


SUR  LES  CHÈVRES  d'aNGORA  ET  LES  YAKS.      323 

troupeau  de  Chèvres  d'Angora.  Nommer  Roville,  c'est  rappe- 
ler en  im  seul  mot  les  travaux  de  l'homme  éminent  qui  y  a 
laissé  de  si  glorieux  souvenirs.  Se  montrant  digne  continua- 
teur de  Mathieu  de  Dombasle,  auquel  il  a  succédé  dans  l'ex- 
ploitation de  celte  ferme  d'où  sont  parties  tant  d'excellentes 
leçons,  où  se  sont  accomplies  de  si  intéressantes  applications 
agricoles,  M.  Euriata  continué  l'œuvre  de  son  illustre  prédé- 
cesseur. La  Société  ne  pouvait  donc  espérer,  pour  ses  animaux, 
des  garanties  plus  certaines  de  bons  soins.  Aussi  ai-je  trouvé 
les  Chèvres  d'Angora  dans  de  très-bonnes  conditions  de  santé. 

M.  Euriat  avait  reçu,  en  décembre  dernier,  trois  Boucs  et 
huit  Chèvres  d'Angora  de  pur  sang,  avec  six  Chèvres  métisses, 
en  tout  dix-sept  animaux,  dont  quatre  avaient  été  notés  comme 
malades  ou  comme  très-maigres.  Parmi  ces  quatre  derniers 
se  trouve  une  Chèvre  qui  est  toujours  restée  dans  une  situa- 
tion peu  rassurante.  Ouant  aux  autres,  elles  se  sontprompte- 
ment  rétablies,  et  le  troupeau  tout  entier  ne  laisse  rien  à  dé- 
sirer en  ce  moment.  Il  s'est  accru  de  neuf  sujets  bien  portants, 
dont  quatre  Chevreaux  et  cinq  Chevrettes.  Une  Chèvre  métisse 
avait  en  outre  produit  deux  très-beaux  jumeaux,  qui  sont  morts 
accidentellement  sous  la  mère,  le  jour  de  leur  naissance. 

En  résumé ,  j'ai  pu  constater,  chez  MM,  Lequin  et  Euriat, 
que  les  animaux  de  la  Société  sont  dans  les  meilleures  condi- 
tions possibles,  et  qu'elle  n'a  qu'à  se  féliciter  de  les  avoir 
placés  en  si  bonnes  mains.  Dans  les  deux  fermes,  les  Chèvres 
d'Angora  sont  élevées  avec  les  Moutons,  tant  àl'étable  qu'aux 
champs  ;  elles  reçoivent  la  même  nourriture  et  sont  traitées 
de  même,  sauf  que  le  berger  a  soin  de  donner,  de  temps  en 
temps,  à  leur  toison  un  coup  de  brosse  ou  de  peigne,  pour 
les  entretenir  propres  et  empêcher  que  les  mèches  ne  se 
feutrent,  comme  cela  ne  manque  jamais  d'arriver  quand  on 
néglige  cette  précaution.  En  terminant  ce  compte  rendu  suc- 
cinct de  la  mission  dont  la  Société  m'a  honoré,  je  suis  heureux 
de  rendre  justice  au  zèle  éclairé  de  ces  agriculteurs  distingués, 
et  d'offrir  ici  mes  remercimenls  sincères  à  MM.  Euriat  et 
Lequin  pour  leur  bienveillant  accueil. 


OBSERVATIONS 
SUR    i;t:LEVA(.E  DES  GALLINACES. 

LETTRE  ADRESSÉE  A  M.   RUFZ  DE  LAVISON, 

Kii-eclciir  du  Jardin  d'accliiiLdaliim, 

fl>ar  M.  tiR\^lK. 


(Séance  du  ti  mars  18G3. 


Toidniise,  le  11  loviier  1803. 

Monsieur  le  Directeur, 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  le  tableau  relevé  d'après 
mes  registres;  tous  les  renseignements  qui  y  figurent  sont 
de  la  plus  rigoureuse  exactitude.  Loin  de  moi  la  prétention  de 
tirer  des  conclusions  d'après  ces  résultats.  Il  y  a  tant  d'élé- 
ments susceptibles  de  les  l'aire  varier,  que  ce  tableau  vous  est 
adressé  à  titre  de  renseignement  et  comme  terme  de  compa- 
raison avec  ceux  (jue  vous  avez  pu  recevoir  d'autres  éleveurs. 
Une  série  d'observations  ainsi  recueillies,  et  dans  des  tableaux 
uniformes  adoptés  parla  Société  d'acclimatation, pourrait  con- 
duire à  formuler  quelques  lois  générales  et  môme  spéciales 
sur  l'éducation  des  Gallinacés.  C'est  dans  ce  but  que  j'ai,  dès 
1862,  établi  celui-ci. 

Permettez-moi  de  vous  parler  des  reproducteurs,  avant  de 
vous  entretenir  des  produits.  Je  n'ai  qu'à  me  féliciter  des  ré- 
sultats obtenus  en  cherchant  à  conserver  en  bon  état  les  Coqs 
et  les  Poules  que  j'ai  achetés  en  1S60  et  en  1861,  soit  à  Paris, 
soit  à  la  1^'lèche  et  au  Mans,  soit  en  Belgique.  Sur  80  Coqs  ou 
Poules  importés  à  Toulouse  d'au  delà  du  centre  delà  France, 
je  n'ai  perdu  en  deux  ans  que  h  sujets,  2  Coqs  et  2  Poules. 
Je  prends  ces  nombres  parce  qu'ils  représentent  ce  que  je  pos- 
sède en  ce  moment  en  races  non  acclimatées  dans  le  Midi. 
J'en  ai  eu  en  plus  grand  nombre  pendant  un  certain  temps, 
et  la  proportion  de  la  mortalité  a  été  dans  le  même  rapport. 
Je  dois  vous  avouer   loulefois  que  sur  10  Poules,  8  restent 


.     .    ÉLIiN  A(iE    )JES    GALLINACÉS.  325 

lujigtoiiips  SOUS  rintlueiicp  de  nos  hivers  humides.  Aussi 
faut-il  exercer  une  surveillance  sévère  et  soutenue  pour  gué- 
rir cette  maladie  muqueuse  qui  les  atteint  aux  premières 
pluies.  Ajoutez  à  ce  premier  élément  de  destruction  le  chan- 
gement de  nourriture,  hcc/ptiriic  !  et  quelquefois  des  volières 
et  des  hasses-cours  insulTisanlcs  ou  mal  aménagées,  et  vous 
avouerez  que  j'ai  lieu  de  me  féliciter  d'avoir  pu  conserver  en 
magnifique  état  mes  premiers  reproducteurs.  Je  ne  parle  pas 
de  ma  collection  de  Poules  gasconnes  que  des  personnes  de 
nos  contrées  prennent  pour  des  races  étrangères,  tant  les 
heaux  reflets  de  leur  hrillant  plumage  diflérent  des  |)lumes 
mates  et  grisâtres  ou  rousses  des  volailles  des  champs. 

Donc,  sous  le  rapport  de  l'acclimatation  des  races  du^ord, 
j'ai  ohtenu  plus  que  je  n'étais  en  droit  d'attendre  pour  mes 
reproducteurs.  Mais,  hélas!  toute  médaille  a  son  revers.  Et 
j'ahorde  sans  transition  la  question  des  produits. 

Sur  environ  700  œufs  posés  de  janvier  à  fin  mai,  avec  les 
phis  grandes  précautions  et  sous  d'excellentes  couveuses,  j'ai 
obtenu  près  des  trois  quarts  de  naissances  :  après  le  premier 
mois,  tout  allait  assez  bien,  et  la  mortalité  n'était  pas  appré- 
ciable ;  mais  i»endant  le  second  et  le  troisième  mois,  et  surtout 
au  quatrième,  il  ne  me  restait  plus  que  le  sixième  des  Pous- 
sins environ  sur  chaque  couvée.  Remarquez  qu'il  n'est  ques- 
tion dans  ce  calcul  que  des  œufs  provenant  de  races  étrangères 
à  nos  contrées.  Je  laisse  de  côté  notre  race  gasconne,  qui,  avec 
peu  de  soin,  ne  se  décide  à  mourir  que  sous  le  couteau  d'un 
Vatel  impitoyable. 

En  lin  de  compte,  il  me  restait,  au  31  décembre  18(32,  une 
centaine  de  Poussins  qui  avaient,  eu  juillet,  de  deux  à  cinq 
mois  ; 

1  très-beau  Coq  de  la  Flèche; 

5  Poules,  idem,  dont  deux  très- belles  ; 
3  Padoues  dorés; 
3  Padoues  argentés; 

2  Poulettes  de  Crèvecauir  assez  belles. 

A  coté  de  ces  tristes  résultats,  je  me  plais  à  constater  l'ad- 
mirable réussite  de  la  race  gasconne,  qui,  je  le  dis  avec  Iran- 


326       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

chise,  se  comporterait,  dans  le  nord  de  la  France,  comme  le 
font  les  races  fléclioises,  de  Crèvecœur,  hollandaises,  etc., 
dans  le  midi. 

J'ai  voulu,  pendant  l'année  1862,  continuer  à  élever  mes 
Poussins  comme  je  l'avais  fait  en  1861,  et  je  suis  arrivé  à  des 
résultats  tout  aussi  déplorables;  mais  j'avais  confié  aune  per- 
sonne intelligente  une  douzaine  d'œufs  de  Poules  fléclioises, 
en  la  priant  de  donner  aux  Poussins  qui  en  proviendraient 
un  peu  de  viande  hachée,  indépendamment  des  vers  de  terre 
qu'ils  pourraient  trouver  dans  la  vaste  cour  où  ils  étaient 
parqués.  Or,  voici  ce  qui  est  arrivé  : 

Sur  les  12  œufs,  il  y  a  eu  10  naissances  et  2  œufs  dont  les 
Poussins  sont  morts  dans  la  coquille  ;  ils  ont  été  posés  à  la  fin 
de  mai,  et  comme  la  sécheresse  s'est  fait  sentir  à  Toulouse 
dés  le  commencement  de  juin  jusqu'à  la  fin  de  septembre,  les 
pauvres  Poussins  n'ont  pas  trouvé  dans  leur  cour  un  seul  ver 
rouge  à  manger;  mais  on  leur  donnait  tous  les  débris  de 
viande  de  la  cuisine,  et  de  plus,  ils  venaient  chaque  jour  dé- 
jeuner près  d'un  groupe  de  trente  ouvriers  qui,  à  l'envi,  leur 
jetaient,  pendant  leur  repas  du  matin,  des  miettes  de  pain  et 
toujours  un  peu  de  viande,  dont  les  Poussins  étaient  très- 
friands.  Ce  régime  de  matières  azotées  n'a-t-il  pas  contribué 
à  sauver  on  entier  ce  groupe  de  10  Fléchois  qui,  aujourd'hui, 
sont  admirables?  Je  suis  d'autant  plus  fondé  à  le  croire,  qu'il 
est  hors  de  doute  que  les  animaux  du  Nord  sont  plus  lym- 
phatiques que  ceux  du  Midi;  ils  sont  plus  volumineux,  ont 
la  chair  plus  molle  et  exigent  une  nourriture  spéciale  :  témoin 
les  Chevaux  du  Mecklembourg,  les  Vaches  de  Hollande,  les 
Moutons  des  îles  Britanniques,  et  ainsi  de  suite  pour  les  Vola- 
tiles. C'est  du  moins  ce  que  j'ai  observé. 

Je  peux  invoquer  à  l'appui  de  mon  opinion  la  différence 
marquée  entre  les  campagnes  des  environs  de  la  Flèche  et  du 
Mans  et  nos  contrées  du  sud-ouest.  Dans  les  premières,  j'ai 
trouvé  beaucoup  de  bois,  de  beaux  pâturages,  un  climat  tem- 
péré, des  pluies  plus  fréquentes,  et  par  suite  abondance  de 
nourriture  végétale  et  animale  pour  les  Gallinacés.  Ici,  au 
contraire,  un  pays  découvert,  peu  de  bois,  d'immenses  plaines 


ÉLEVAGE    DES    GALLINACÉS.  327 

couvertes  de  céréales,  pou  de  prairies,  qui,  du  resle,  ont 
\q.  jaunisse  dès  le  commencement  de  juillet,  et  quelquefois 
plus  tôt. 

Le  propriétaire  n'a  donc  pas  intérêt  à  introduire  dans  nos 
contrées  des  animaux  dont  l'éducation  est  coûteuse  etprésente 
des  chances  si  défavorables.  L'amateur  seul  peut  se  permettre, 
comme  agrément,  de  posséder  ces  variétés,  à  titre  d'étude 
comparative.  Toutefois  je  me  hâte  d'ajouter  que  mes  essais 
de  croisements  m'ont  donné  des  produits  plus  rustiques  que 
les  races  pures.  Ainsi,  j'ai  obtenu  d'un  Coq  de  Crèvecœur  et 
d'une  Poule  de  Dorking  un  Poulet  qui,  à  quinze  mois,  pesait 
h  kilogrammes, plumé,  mais  non  vidé.  La  chair  en  était  ferme, 
mais  fine.  J'avais  tenu  ce  Poulet  loin  des  Poules,  et  je  vous 
assure  qu'il  était  excellent. 

Le  croisement  du  Coq  fléchois  avec  les  Poules  gasconnes 
m'a  donné  des  sujets  superbes  et  surtout  savoureux.  Plusieurs 
de  ces  Poulets  ou  Poulettes  ont  été  mis  à  la  broche,  les  autres 
en  fricassée.  J'en  aurai  encore  l'an  prochain,  car  ces  produits 
sont  précoces.  J'essaye  également,  pour  la  table,  des  croise- 
ments de  Coq  de  Crèvecœur  avec  des  Poules  fléchoises. 

En  résumé,  si  l'année  a  été  mauvaise  pour  moi  quant  aux 
produits  des  belles  races  pures  du  Nord,  j'ai  bien  réussi  les 
croisements.  Il  me  paraît  certain  que  ces  derniers  produits 
ont  plus  de  rusticité  que  les  premiers. 

Le  tableau  ci-après  ne  me  paraît  pas  exiger  d'explication. 
Quelles  conséquences  d'ailleurs  pourrais-je  tirer  d'une  année 
d'observations  sérieuses?  Je  vous  promets  de  vous  envoyer 
l'an  prochain  les  résultats  résumés  de  1863. 

J'ai  lu  les  derniers  bulletins  du  Jardin  d'acclimatation,  et 
je  remarque  avec  douleur  les  pertes  nombreuses  que  vous 
éprouvez  parmi  les  Poules.  Je  n'hésite  pas  à  revenir  sur  la 
question  des  abris  qui  manquent  dans  nos  cours.  Depuis  que 
j'ai  fait  établir  de  petits  hangars  dans  les  miennes,  je  remarque 
que  je  n'ai  plus  ou  presque  plus  de  Poules  malades.  Lorsqu'il 
pleut,  on  jette  la  nourriture  sur  le  sol  de  la  partie  abritée, 
et  rarement  les  Poules  se  mouillent  ;  de  plus,  le  sol  qui  se 
trouve  sous  l'abri,  dinnitoujours  sec,  permet  aux  Gallinacés  de 


328        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLUGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

se  poudrer  chaque  jour,  cl  de  pouvoir  se  tenir  sur  un  terrain 
non  humide,  aéré  et  en  pleine  lumière. 

Les  loges  spacieuses,  même  bien  éclairées,  ne  suffisent  pas  ; 
j'en  ai  fait  l'expérience.  La  Poule  n'entre  dans  les  loges  que 
pour  pondre  ou  dormir.  En  dehors  de  ces  fonctions,  elle 
recherche  de  préférence  le  grand  air  et  la  lumière.  11  est  de 
toute  nécessité  que  le  sol,  sous  l'abri  delà  cour,  soit  plus  élevé 
que  celui  delà  cour  :  ce  que  j'obtiens  ici  au  moyen  debriques 
ou  d'ardoises  enfoncées  de  champ  en  partie  dans  le  sol,  et 
qui  dépassent  le  niveau  de  0'",10  à  0'",15. 

Enfin,  outre  les  planches  inclinées  formant  abri,  il  est  bon 
que,  du  côté  du  nord  ou  de  l'ouest,  il  y  ait  un  fond  de  bois 
pour  garantir  la  volaille  on  captivité  des  courants  d'air. 

Après  avoir  fait  quelques  observations  sur  le  mode  ordi- 
naire d'appréciation  des  jurys,  relativement  aux  qualités  des 
reproducteurs,  M.  Granié  ajoute  : 

Pour  ma  part,  et  quelle  que  soit  la  manière  de  voir  du  jury 
de  la  Société  d'acclimatation,  loin  de  préparer  mes  sujets  par 
une  nourriture  abondante,  les  Oies  surtout,  je  les  tiens  au 
répime  habituel.  J'ai  même  supprimé  le  mais  et  le  froment 
pour  les  Poulettes  jeunes  qui  pondent;  elles  font  trois  repas 
par  jour  :  le  matin,  avec  des  pommes  de  terre  mêlées  de  petit 
son  en  petite  (luantité;  à  midi,  avec  des  feuilles  de  choux  ha- 
chées, et  le  soir,  à  quatre  heures,  avec  une  petite  poignée 
d'avoine  par  tête.  Pendant  toute  la  saison  de  la  ponte  jusqu'à 
la  mue,  je  ne  change  jamais  ce  régime  à  heure  fixe.  La  ver- 
dure seule  est  changée  lorsque  le  printemps  me  permet  de  le 
faire.  A  l'époque  de  la  mue,  je  remplace  l'iivoine  par  le  froment 
et  le  maïs  alternés,  et  quelquefois  je  supprime  la  pomme  de 
terre  pour  leur  donner  du  petit  son  légèrement  mouillé.  Je 
ne  donne  jamais  de  vers  ni  de  viande  aux  vieilles  volailles 
plus  de  deux  fois  par  mois.  On  trouvera  peut-être  que  ce  n'est 
pas  assez,  mais  mes  Poules  se  trouvent  bien  de  ce  régime,  et 
je  ne  le  change  pas. 


ÉLEVAGE   DES   GALLINACÉS.  329 

La  ponte  île  1863  estircs-rctardée  ;  la  race  gasconne  seule 
me  donne  des  œufs  ;  les  autres  races  n'ont  pas  encore  com- 
mencé aujourd'hui,  10  février  1863. 

Une  Poulette  gasconne,  née  le  27  janvier  1862.acommencé 
sa  ponte  le  7  juin  de  la  même  année.  Les  autres  Poulettes 
gasconnes,  nées  en  février  et  mars,  ont  donné  des  œufs  dès  le 
20  juillet,  de  façon  que,  dès  le  20  août,  j'avais  des  Poussins 
de  Poules  nées  dans  la  même  année.  Ce  fait  n'est,  du  reste, 
pas  rare  lorsque  la  volaille  est  bien  tenue. 

Les  Poulettes  de  la  Flèche  et  de  Crèvecœur,  nées  en  janvier, 
février  et  mars  1862,  n'ont  pas  encore  pondu. 

Les  dénominations  de  fractions  indiquent  le  nombre  de 
perdus. 

Bémmé  de  l année  1862. 


RACES. 


Soie  n:iiiie  blanche 

Gasconne 

Fléclinisc 

Hollandaise  noire. 

Ihi  Mans 

Fléclioise 

l'adouc  dor  00 .  .  .  . 

Gasconne 

Andaloiise 

FMi   Mans 

Padoue  arg-entée. . 
Hollandaise  blone 

De  Crèvecfeur...  , 


« 

o 

Vj 

cr 

ai 

^ 

C  <0 

og 

-^        râ 

o 

o 

■«  oc 

'S  2 

"** 

o 

^ 

!D 

r:    '-; 

c    Ï5 

p  -o 

<    " 

o"^ 

?■= 

-S 

c  co 

Ë    "^ 

cj 

(/î    „ 

Vj 

_; 

- 

%r 

:5  « 

y. 

o 

5  " 

— 

c 

k. 

k. 

1801 

2 

0,735 

0,825 

1801 

8 

2,285 

2,200 

1800 

7 

3,193 

3,100 

1  800 

4 

1,875 

2,100 

1801 

l 

2,050 

2,250 

1  801 

20 

2,580 

2,891 

1859 

2 

1,750 

3,100 

1800 

8 

2, «55 

2,000 

1801 

2 

2,4=i<) 

^,4  50 

1800 

i 

1  '2,Q-5 
1     1.775 

4,000 

1800 

3 

2,850 

1801 

4 

0,850 

1,475 

1859 

11800 

8 

2 

3,175 

3,050 

DATE 

de  la  [iremière 

ponte. 

0 

oclob 

1801 

S 

janv. 

180-2 

21 

doc. 

1801 

30 

24 

fôvr. 

1802 

3 

janv. 

1802 

5 

févT. 

1802 

0 

doc. 

1801 

21 

févr. 

1802 

12 

11 

janv. 

1802 

10 

DATE 

de  la  dernière 

ponte. 


31  oclob.1802. 

7  —  — 
31  août  — 
29  —  — 
17  oclobre  — • 
17  —  — 
1"  sept.      — 

7  —  — 
1 3  octobre  — 
24  sept.  — 
1 5  août        — 


305 
272 
253 
249 
230 
287 
207 
275 
234 
227 
184 
213 

204 


-  c  ■ 


87 

59  4/8 

58  1/7 

54  3/4 

53  3/4 

49  14/20 

49 

47 

43  1/2 

42  2/4  (') 

41 

39  1/4 

38  7/8 


(')  Le  Coi(  est  un  croisement  d'nn  Coq  cochiiichinois  fanve  cl  de  Pmde  du  Mans. 


SUR    LA    POUTARGUE. 

LETTRE  ADRESSÉE 
A  M.  LE  PRÉSIDENT  DE  LA  SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  D'ACCLIMATATION, 

Par    91.  E.    LAMIRAL. 


(Séance  du  6  février  1863.) 

Pari?,  lo  30  janvier  1863. 

Monsieur  le  Président , 

Dans  mon  dernier  voyage  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée, 
l'exploration  des  fonds,  des  anses,  baies,  criques,  calanques, 
lacs  et  étangs,  et  mes  recherches  sur  les  locahtés  propres  à 
des  établissements  d'aquiculture, m'ont  fourni  des  documents 
dont  j'extrais  la  note  suivante,  qui  me  semble  digne  de  fixer 
l'attention  de  notre  Société  impériale  d'acclimatation  : 

«  Les  pêcheurs  du  golfe  de  Foz,  des  étangs  salés  de  Caronte, 
de  Berre,  etc.,  font  une  espèce  de  caviar  avec  les  rogues  des 
Muges  et  autres  genres  de  poissons;  ils  nommaient  cette  pré- 
paration d'œufs  de  poissons,  Voutanjue,  et  ils  la  vendent  de 
6  à  15  francs  le  kilogramme,  suivant  les  quantités  produites 
pendant  la  saison. 

))  La  fabrication  de  la  poulargue  se  fait  en  ouvrant  le  pois- 
son dont  les  ovaires  sont  presque  à  maturité,  depuis  le  nom- 
bril jusqu'à  la  gorge;  on  enlève  les  rogues  entières,  qu'on 
nettoie  ;  on  les  place  ensuite  entre  des  planches  chargées  d'un 
poids,  et  la  semaine  suivante,  on  lave  les  rogues  une  seconde 
fois  avec  de  la  saumure,  pour  les  replacer  encore  une  fois 
sous  presse.  La  poutargue  se  vend  ensuite  sans  autre  apprêt. 
Ce  mets,  bien  connu  en  Sicile,  en  Grèce,  en  Syrie,  en  Turquie, 
est  estimé  des  marins  et  des  gens  sur  nos  côtes  de  la  Méditer- 
ranée. 

»  Sur  les  tables  des  riches,  on  sert  la  poutargue  comme 
hors-d'œuvre;  on  la  coupe  en  minces  lamelles  qu'on  laisse 
baigner  dansl'huile  d'olive,  et  avant  de  la  manger,  on  l'arrose 
d'un  jus  de  citron. 


SUR    LA    rOUTARCUE.  331 

»  N'cst-il  pas  regrettable  de  voir  engloutir  ces  milliards 
d'œufs  de  poissons,  qui,  s'ils  étaient  convenablement  semés, 
produiraient,  en  deux  ans,  des  milliards  de  kilogrammes  dq 
cbair  de  poisson  ! 

»  L'alimentation  publique  n'est-elle  pas  le  plus  grand  pro^ 
blême  d'économie  politique? 

»  Si  les  filets  à  mailles  fines,  qui  peuvent  prendre  les  petits 
poissons,  sont  probibés,  à  plus  forte  raison  devrait-on,  non 
pas  prohiber,  mais  réglementer  ce  commerce  de  poutargue, 
qui  détruit  le  poisson  en  masse  avant  son  éclosion. 

B  II  faudrait  faire  comprendre  auxpêcbeursl'utilité  de  l'ap- 
plication du  procédé  manuel  pour  la  fécondation  artificielle 
du  frai,  et  surtout  leur  assurer,  pendant  une  première  saison, 
■une  prime  pour  les  encourager  à  \?l  pratique  du  procédé. 

»  Le  temps  et  l'adresse  employés  par  les  pêcbeurs  à  saisir 
vne  à  une  chaque  femelle  de  poisson,  à  l'inciser,  à  enlever 
les  rognes,  à  nettoyer,  saler,  presser,  emballer  et  vendre  cette 
marchandise,  seraient  plus  avantageusement  utilisés  à  égrener 
les  ovaires  à  maturité  dans  un  baquet,  dont  ils  spermatise- 
raient  l'eau  avec  la  laitance  des  poissons  mâles.  Ces  œufs 
seraient  ensuite  déversés  sur  le  gravier  ou  dans  les  herbes 
d'une  localité  choisie,  enclose  et  réservée  pour  cet  alevinage, 
avec  contrôle  officiel;  car,  pour  favoriser  ce  commencement 
àe,  pisciculture  maritime,  on  devrait  allouer  une  prime  par 
kilogramme  d'œufs  de  poissons  fécondés  artificiellement  par 
les  pêcheurs  eux-mêmes. 

»  En  peu  d'années,  les  pêcheurs  et  les  consommateurs  pro- 
fiteront de  l'abondance  que  devra  créer  cette  utile  mesure 
de  la  fécomlation  artificielle  du  frai,  précieuse  découverte 
connue  théoriquement  en  1757,  pratiquée  en  18/il  dans  les 
eaux  douces,  et  qui,  en  1863,  peut  être  mise  en  valeur  dans 
les  eaux  salées.  » 


ÉDUCATION  DU  SÂUMOiN   DANS  LliS  LACS, 

Par  M.  Anatole    «IM.ET   DE  Glt.l\D^]OÎ\T, 

(Séance  du  10  mars  18G3.) 


Messieurs, 

A  l'une  (le  nos  précédentes  réunions,  en  portant  à  votre 
connaissance  les  succès  obtenus  en  pisciculture  dans  le  lac 
Pavin,  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  entretenir  de  l'éducation 
du  Saumon  dans  des  eaux  captives.  Je  vous  ai  montré  combien 
étaient  surprenants  et  tout  à  la  fois  encourageants  les  résultats 
des  expériences  faites  dans  de  semblables  conditions,  puisque 
au  lac  de  M.  Rico,  on  avait  péché  un  Saumon  du  poids  de 
1100  grammes  ;  mais  j'ai  omis  de  parler  de  la  couleur  et  de  la 
délicatesse  de  la  chair.  Je  viens  donc  aujourd'hui  compléter 
ma  communication  à  l'aide  de  renseignements  qui  me  sont 
adressés  par  M.  Rico,  de  Clermont.  J'apporte,  en  outre,  de 
nouveaux  documents  non  moins  précieux  que  les  premiers, 
pour  la  solution  favorable  de  la  question  qui  nous  occupe;  je 
les  dois  à  l'obligeance  du  docteur  Ghavannes,  délégué  de  notre 
Société  à  Lausanne. 

Voici  ce  que  m'écrit  M.  Rico  : 

«  Au  repas  donné  aux  membres  du  conseil  général  par  M.  le 
»  préfet,  le  2/1  août  1861,  pour  faire  apprécier  les  résultats 
»  de  la  pisciculture  dans  notre  département,  cinq  Truites  et 
»  deux  Saumons  du  lac  Pavin,  l'un  de  500  grammes,  l'autre 
»  de  700  grammes,  furent  servis  à.  l'honorable  assemblée. 
»  Malgré  la  délicatesse  de  la  chair  saumonée  des  Truites, 
»  M.  le  préfet  nous  a  assuré  que  la  finesse  de  la  chair  rosée 
»  des  jeunes  Saumons  était  encore  préférable 

»  Des  Saumons  élevés  et  pris  au  lac  Pavin  ont  été 

))  mangés  par  M""  et  M.  le  comte  de  Pressac,  M'"'  et  M.  le 
B  sous-préfet  de  Riom,  M'"^'  et  M.  le  sous-préfet  d'issoire, 
»  M'"'  et  M.  le  receveur  général  du  département,  M.  le  gé- 
»  néral  de  brigade  dcChabron,  M.  le  sous-intendant  militaire, 


ÉDUCATION  DU  SAUMON  DANS  LES  LACS.       333 

»  MM.  le  commandant  et  le  docteur  de  recrutement,  M.  de 
»  Watrigant,  secrétaire  général,  conseiller  de  préfecture,  aux 
»  bords  du  lac  Pavin,  le  29  mai  1862.  Trois  furent  vendus 
»  aux  hôtels  du  Mont-Dore.  Deux  ont  été  mangés  au  pavillon 
»  du  lac.  Tous,  sans  exception,  ont  présenté  une  cliair  extré- 
)>  mement  délicate,  de  couleur  rose  clair,  et  de  digestion 
))  facile.  y> 

De  son  côté  M.  Gliavanncs  me  dit  par  une  lettre  datée  du 
11  février  : 

(.(  hilrodmtiondu  Sawnon  cbnis  le  lac  Léman.  —  C'est  en 
»  18ô7.qu'on  a  commencé  à  lâcher  des  alevins  dans  quel(|ues 
»  affluents  du  Léman,  d'abord  /iOO,  puis  plusieurs  milliers, 
«  en  1860,  1861  et  1862. 

»  Des  premiers,  ceux  de  1857,  il  en  a  été  repêché,  à  ma 
»  connaissance,  au  moins  2h,  dont  le  plus  gros,  repris  en  jan- 
»  vierl862,  pesait  /i  livres,  soit  2  kilogrammes.  J'en  ai  mangé 
»  un  d'une  livre  et  demie  en  1861,  repris  dans  le  ruisseau  où 
y  on  les  avait  lâchés,  et  qui  peut-être  n'avait  pas  même  été  au 
»  lac;  il  était  parfaitement  saumoné;  sa  chair  était  rose  vif, 
»  légèrement  orangée,  beaucoup  plus  colorée  que  celle  de 
»  nos  Truites  et  de  nos  Ombres-chevaliers  :  c'était  dans  le 
»  mois  de  juin  ;  elle  avait  exactement  le  goût  de  celle  du  Sau- 
»  mon  du  Rhin. 

»  Le  Saumon  se  reproduira-t-il  dans  le  bassin  du  Léman? 
»  Je  n'en  sais  rien.  S'il  veut,  guidé  parson  instinct,  descendre 
»  à  la  mer,  il  sera  broyé  dans  \di perte  du  Rhône,  qui  ne  laisse 
T>  rien  passer,  pas  même  de  la  sciure  de  bois.  » 

Il  n'est  donc  plus  possible  de  nier  aujourd'hui  l'éducation 
avantageuse  du  Saumon  dans  nos  eaux,  quand  même  celles-ci 
ne  lui  permettraient  pas  d'aller  grandir  à  la  mer.  On  a  dit 
tant  de  fois,  le  Saumon  ne  croit  pas  dans  les  eaux  douces, 
sa  chair  décolorée  est  d'un  goût  détestable,  que  je  n'ai  pu  ré- 
sister au  désir  de  vous  montrer,  les  preuves  à  la  main,  la  va- 
leur de  telles  assertions.  Que  n'a-t-on  pas  dit  encore  contre 
l'Ombre- chevalier!   cependant,  messieurs,   ce    poisson  est 


33Û      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

d'une  éducalion  facile.  Dans  le  lac  Pavin,  quelques-uns  ont 
atteint  le  poids  de  500  grammes.  Il  n'est  pas  jusqu'au  collège 
de  France  où  l'on  en  peut  voir  qui ,  nés  dans  le  laboratoire 
de  M.  Coste,  mesurent  aujourd'hui  30  centimètres,  après 
s'être  reproduits  cette  année  (1). 

La  Fera  elle-même,  contre  l'éducation  de  laquelle  on  s'est 
élevé,  commence  à  son  tour  à  répondre  à  notre  attente  et  à 
celle  de  la  généreuse  école  de  pisciculture  d'Huningue.  On  en 
pêche  aujourd'hui  dans  le  Rhin;  on  en  a  trouvé  dans  les  bas- 
sins d'alevinage  d'Huningue. 

Écoutez  ce  passage  d'une  lettre  de  M.  Coumes,  ingénieur  en 
chef  des  travaux  du  Rhin,  (]ue  M.  Goste,  notre  savant  maître, 
a  bien  voulu  me  confier  : 

a Une  Fera  adulte  qui  avait  été  pêchée  dans  le  Riiin, 

»  au-dessus  de  Rcàle,  a  été  placée,  le  mois  dernier,  dans  l'un 
y>  des  bassins  extérieurs  de  l'établissement,  mais  elle  n'y  est 
î>  restée  qu'une  quinzaine  de  jours 

» On  a  trouvé,  dans  un  petit  bassin  extérieur  alimenté 

»  jiar  les  eaux  du  Rhin,  quatre  petites  Feras  qui  proviennent 
»  des  œufs  mis  en  incubation  pendant  les  années  précédentes. 
»  On  va  les  soigner  et  les  étudier.  » 

Vous  le  voyez,  messieurs,  ce  qui  semble  utopie  aujourd'hui, 
devient  réalité  demain.  Poursuivons  donc  nos  travaux  sans 
nous  laisser  émouvoir  par  des  propos  décourageants  !  Faisons 
éclorela  Fera,  élevons  les  Ombres,  répandons  le  Saumon  par- 
tout où  il  peut  croître  et  prospérer!  Ne  serons-nous  pas  assez 
récompensés  si  nous  ajoutons  un  nouvel  élément  à  l'alimen- 
tation publi(]ue? 

(1)  Depuis  cotte comiminicaiion  j'ai  eu  Toccasion  fie  voira  Clioisy-le-Roi, 
cliez  M.  llovyn,  dans  uu  petit  ruisseau  arlilieiel,  doublé  de  piouib  et  aiiniculé 
par  un  mince  lilel  d'eau,  des  Ombres-clicvaliers  éclos  au  collège  de  France 
en  1861.  Ils  vivent  en  parfait  état  et  mesurent  aujourd'hui  de  20  à  25  cen- 
timètres de  loiifî. 

On  peut  voir  au  Bullecin  que  M.  des  Nouhes  de  la  Cacaudii're  annonce 
qu'il  a  jeté  dans  la  Sèvre  nantaise  50  000  œufs  de  Fera  d'Huningue,  et  qu'on 
pèche  dans  celle  rivière  des  poissons  dont  les  caractères  semblent  être  ceux 
des  Feras, 


EXTRAIT 

DES 

NOUVELLES   ÉTUDES    ET   EXPÉPJENCES   SÉRICICOLES 

PENDANT  LES  DERNIÈRES  CAMPAGNES  DE  18G0,  18G1  ET  1862, 

Faisant  snile  aux  observalioiis  pratiques  sur  la  iiialaiiic  acliiolle  des  Vers  à  soie  en  Orient 

en  1857,  1858  et  1859. 

Par  M.  B.   3.   DLFOLR. 


(Séance  du  15  mai  1863.) 


Avant  tout,  l'auteur  analyse  succinctement  ses  observations 
pratiques  de  1857,  1858  et  1859,  travail  que  M.  de  Qualre- 
faii^es  a  présenté  à  la  sanction  de  l'Académie  des  sciences  le 
19  mars  1860.  Dans  cette  rapide  analyse,  et  en  suivant  son 
thème  De  la  sériciculture  en  Orient  dans  ses  rapports  avec 
l'Occident ,\\  démonive  la  supériorité  des  habitudes  séricicoles 
de  l'Orient  sur  les  errements  de  l'Occident,  àl'exception  d'une 
lacune  qu'il  signale  dans  l'élevage  oriental,  soit  le  manque 
de  soins  de  la  part  des  éducateurs  pour  prémunir  les  Vers 
à  soie  contre  l'intempérie  qui  a  été  généralement  la  cause 
des  mécomptes  de  l'Orient  pendant  les  campagnes  de  1857 
et  1858.  Il  établit  aussi  que  le  système  oriental  de  culture  et 
de  recepage  annuel  du  Mûrier  sauvage,  qui  cadre  avec  l'éle- 
vage aux  rameaux,  est  on  ne  peut  plus  supérieur  à  la  méthode 
occidentale,  parce  que  l'arbre  produit  '2b  pour  100  de  feuilles 
de.  plus,  et  que  la  feuille  du  sauvageon  recepé  annuelle- 
ment contient  30  pour  100  de  substances  assimilables,  dont 
5  pour  100  de  matière  soyeuse  en  plus  sur  les  cocons,  de 
plus  que  celle  du  Mûrier  greffé  recepé  annuellement;  diflè- 
rences  qui  ont  été  accusées  par  deux  petites  éducations  du 
même  nombre  de  Vers  et  de  même  race;  lesquels  Vers  ont  été 
alimentés,  les  uns  avec  des  feuilles  de  Mûrier  greffé  recepé 
annuellement,  et  les  autres  avec  des  feuilles  de  Mûrier  sau- 
vage recepé  annuellement,  les  premiers  ayant  consommé  et 


33(5       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

rendu  en  excréments  30  pour  100  de  plus  que  les  seconds. 
Puis,  il  ajoute  que  la  manière  de  distribuer  la  feuille, —  atta- 
chée au  rameau,  —  aux  Vers  établis  sur  le  plancher  des  magna- 
neries, procure  aux  éducateurs  de  l'Orient    une    économie 
de  70  pour  100  environ  de  main-d'œuvre.  En  outre,  il  prouve 
arithmctiqucment  que  l'élevage  aux  rameaux,  sur  le  plancher 
même  des  magnaneries,  n'exige  pas  plus  d'espace  que  l'élevage 
occidental,  suivant  le  calcul  fait  à  Dikeujik,  chez  M.  Toros- 
Ogloue.  A  propos  du  recepage  annuel  de  l'arbre,  l'auteur  fait 
remarquer  que  la  serpette-scie  à  dents  très-courtes,  très-flnes 
et  très-serrées,  conforme  au  modèle  soumis,  dont  les  Orien- 
taux se  servent,  paraît  atteindre  le  but  désiré,  car  l'opération 
ne  laisse  aucune  bavure,  et  la  cicatrisation  est  beaucoup  plus 
prompte  que  lorsqu'on  se  sertde  la  serpette  à  tranchant  lisse , 
ce  qui  implique  moins  de  perte  de  sève,  et  par  suite  une 
pousse  plus  hâtive.  En  conséquence  de   l'expérience  physio- 
logique comparée  ci -dessus  relatée,  tout  en  constatant  que 
la  maladie  actuelle  est  une  épidémie  liérklitaire  se  compli- 
quant accidentellement  de  maladies  intercurrentes  variables, 
l'auteur  pose  en  fait  que  ce  fléau   n'a  apparu  en  Orient  (ju'à 
l'état  de  symptùnie,  excepté  dans  les  localités  à  plantations  de 
Mûrier  grefl'é  et  à  grainage  industriel,  notamment  à  Demer- 
dèclie,  en  Anatolie,  et  à  Andrinople,  en  Uuumélie.  Il  conclut, 
à  raison  même  des  exceptions  signalées,  que  l'immunité  dont 
la  Turquie  jouit  en  grande  partie  vis-à-vis  de  l'épidémie  ne 
peut  être  attribuée  qu'à  la  culture  du  Mûrier  sauvage  et  à  son 
recepage  annuel  ;  d'autant  plus  que  le  recepage,  en  obstruant 
le  développement  du  principe  ligneux  et  en  annulant  le  fruit 
de  l'arbre,  donne  à  la  feuille  un  principe  nutritif  qui  tourne 
tout  entier  à  l'avantage  des  Vers  à  soie.  Par  suite,  il  induit 
aussi  que  l'origine  de  la  maladie  ne  peut  être  imputée  qu'à  la 
qualité  de  la  feuille  servie  aux  Vers  à  soie,  ainsi  qu'au  mode 
erroné  d'élevage  en  Occident,  et  qu'en  déhnilive  l'épidémie 
ne  peut  disparaître  qu'à  la  condition  d'adopter  les  habitudes 
séricicoles  de  l'Orient  et  ses  races  robustes. 

Après  cette  analyse,  l'auteur  rend  compte  des  expériences 
de  1860.  Tout  d'abord  il  parle  de  diverses  observations  inté- 


>'OUVELLES    ÉTUDES    ET   EXPÉIilENCES    SÉniCICOLES.        337 

rcssanles,  dont  une,  entre  autres,  démonire  la  supériorité  de 
la  race  Manche  sur  la  jaune,  tant  au  point  de  vue  de  la  vigueur 
et  de  la  sobriété,  que  sous  le  rapport  de  la  perte  plus  consi- 
dérable que  la  soie  jaune  subit  au  décruage.  Ensuite  l'auteur 
revient  à  la  qucsiion  qui  domine  foutes  les  autres,  celle  des 
expériences  pliysio]ogi((ucs.  Voici  le  résultat  de  l'une  d'elles, 
qui  a  été  faite  chez  M.  Apostole,  propriétaire-cultivateur  à 
Denierdéche,etqui  montre  lesditTérences  entre  3U0  Vers  race 
de  Lcfké  nourris  avec  des  icuilles  de  Mûrier  greiïé  recepé 
annuellement,  et  300  Vers  de  mémo  race  nourris  avec  des 
feuilles  de  Mûrier  sauvage  recepé  annuellement.  Ces  deux 
essais,  faits  simultanément  et  à  côté  l'un  de  l'autre,  accusent, 
au  profit  des  sauvages  : 

1"  27  pour  100  de  vitalité  de  plus,  soit  27  pour  100  de  Vers 
en  plus  ayant  filé  leurs  cocons. 

1°  23  pour  100  d'écononûe  de  feuilles  pour  la  nourriture- 

3"  23  pour  100  d'assimilation  de  plus,  ce  (jui  est  prouvé  par 
l'écart  entre  les  deux  résidus  excrémentilicls  pour  le  même 
cocons  nombre  de  Vers  de  part  et  d'autre. 

/i°  5  pour  100  de  rendement  en  [)lus  quant  au  poids  par  les 


sauvages. 


5"  23  pour  100  de  rendement  en  plus  pour  la  soie,  ce  qui  est 
justifié  par  la  quantité  de  cocons  greffés  qu'il  faut  de  plus  pour 
obtenir  la  môme  quantité  de  soie.  Par  exemple,  10  okes 
liS  drachmes  de  cocons  greffés,  au  lieu  de  8  okes  lO/i  drachmes 
de  cocons  sauvages,  pour  1  oke  de  soie;  soit  12'*'',97/i  de 
cocons  greffés,  au  lieu  de  lOi^'ijôSO  de  cocons  sauvages  pour 
l'^'^,282  de  soie  ;  et  cela  de  conformité  au  poids  relatif  des  deux 
échantillons  de  soie  soumis  :  le  sauvage  pesant  9  drachmes 
(28  grammes),  et  le  greffé  pesant  7  drachmes  (22  grammes). 
En  outre,  l'auteur  constate,  d'une  manière  générale,  qu'au 
lieu  de  I6'^'',250dc  cocons  que  les  filatures  d'ordre  de  Brousse 
ont  employés  en  moyenne  pour  produire  1  kilogramme  de 
soie,  les  filatures  d'Occident  ont  mis,  relativement,  13  kilo- 
grammes de  cocons  pour  1  kilogramme  de  soie. 

Outre  ces  dilTérences  au  détriment  des  éducations  alimen- 
tées avec  des  feuilles  de  Mûrier  greffé  recepé  annuellement, 
T.  \.  —  .tuiii  i.so:;.  22 


338      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

l'expérimenlaleur  constate  encore  à  l'avantage  des  liabitudes 
séricicoles  de  la  Turquie,  en  opposition  aux  errements  de 
l'Europe  : 

6°  25  pour  i  00  d'économie  de  feuilles  résultant  du  recepagc 
annuel  du  Mûrier,  et  de  la  distribution  des  feuilles  attachées 
aux  rameaux. 

7°  De  65  à  85  fr.,  selon  les  localités,  d'économie  de  main- 
d'œuvre  par  l'élevage  de  chaque  once  métrique  de  graines, 
au  moyen  du  recepage  annuel  et  de  la  distribution  des  feuilles 
attachées  aux  rameaux. 

8"  25  pour  100  de  production  de  feuilles  de  plus  en  culti- 
vant les  Mûriers  à  l'orientale. 

Après  avoir  aussi  exposé  les  diverses  expériences  physiolo- 
giques de  18(51,  qui  ont  été  faites  contradictoirement  et  ont 
donné  relativement  les  mêmes  résultats  qu'en  1860,  confor- 
mément au  poids  relatif  des  deux  éclianlillons  de  soie  soumis  : 
le  sauvage  pesant  28  drachmes  (88  grammes),  le  greffé  pesant 
21  drachmes  (69  grammes),  l'auteur  démontre  l'exactitude  de 
ses  calculs  en  établissant  la  balance  des  rendements  par  entrée 
et  sortie.  Dans  le  cours  de  cette  même  campagne,  il  rend 
compte  d'une  expérience  très-intéressante,  qui  a  été  suivie 
pendant  trois   années  consécutives.   Il  s'agit  d'un  essai  de 
quelques  Vers  de  race  jaune  de  Toscane,  dont  l'élevage  et  la 
ponte  des  œufs  ont  été  surveillés  attentivement  pendant  tout 
le   temps.    L'auteur   appelle    avec    instance   l'attention   des 
savants  et  des  sériciculteurs  sur  cette  éducation  qui  est  on  ne 
peut  plus  remarquable  par  le  changement  de  couleur  qui  s'est 
opéré  du  jaune  au  blanc,  en  trois  ans,  graduellement,  et  au 
fur  et  à  mesure  que  l'économie  animale  de  l'insecte  était  ré- 
tablie par  la  nourriture  hygiénique  des  feuilles  de   Mûrier 
sauvage  recepé  annuellement  et  servies  avec  les  rameaux,  et 
jusqu'à  ce  que  enfin  la  maladie  héréditaire  ait  disparu  à  la 
troisième  génération.  Ce  changement  de  couleur  du  jaune  au 
blanc  sur  un  terrain  calcaire,  on  regard  de  la  transformation 
contraire  du  blanc  au  jaune  dans  des  localités  à  base  argileuse, 
suivant  ce  qui  a  été  indiqué  par  un  sériciculteur  lombard, 
serait  confirmé  par  les  diftérences  (jni  existent  entre  les  trois 


NOUVELLES   ÉTUDES    ET    EXPÉUIENGES   SÉIUCICOLES.        339 

échantillons  soumis  des  trois  essais  faits  dans  trois  localités 
et  par  trois  personnes  dilierenles.  En  tout  cas,  l'ensemble  de 
ces  démonstrations,  en  supposant  même  une  simple  différence 
de  nuance  bien  tranchée,  comme  cela  existe  graduellement 
entre  les  trois  échantillons,  justifierait  en  partie  les  doctrines 
en  question. 

Relativement  à  la  campagne  de  186*2,  l'auteur,  tout  en 
constatant  que  le  résultat  des  nouvelles  expériences  physiolo- 
giques corrobore  complètement  les  données  des  précédentes 
années,  en  relate  une  encore  plus  péremptoire  que  les  autres. 
En  effet,  cette  éducation  comparée  a  produit  le  même  écart  au 
détriment  des  greffes,  quoique  les  Vers  aient  été  nourris  des 
deux  côtés  avec  des  feuilles  détacJiées  des  rameaux;  ce  qui 
constate  toujours  le  môme  résultat  dans  toutes  les  conditions 
possibles,  voire  même  avec  l'élevage  occidental.  Et  par  sur- 
croît l'auteur  fait  remarquer  une  différence  de  30  pour  100 
au  détriment  de  cette  éducation  alimentée  avec  des  feuilles 
détachées  des  rameaux,  comparativement  aux  autres  expé- 
riences dont  les  Vers  ont  été  nourris  avec  de  feuilles  attachées 
aux  rameaux,  c'est-à-dire  en  élevant  à  l'orientale.  L'expéri- 
mentateur, à  rencontre  des  alarmes  relativement  h.  la  produc- 
tion scricicole  de  la  Turquie  et  à  la  sophistication  des  graines, 
constate  qu'on  n'a  i)0ur  ainsi  dire  pas  remarqué  de  chrysalides 
défectueuses  dans  les  cinq  mille  bassines  du  district  de 
Brousse.  Puis  il  fait  remarquer  que  si  les  éducateurs  del'Ana- 
tolie  avaient  tous  fait  en  J861  leurs  graines  eux-mêmes,  au 
lieu  d'acheter  en  1862,  au  dernier  moment,  dans  l'espoir  de 
les  obtenir  à  très-bon  marché  comme  en  1860,  des  graines 
industrielles  à  Constantinople  ,  la  production  de  cette  année 
eût  été  prodigieuse  ;  vu  que  la  récolte  a  été  encore  assez  abon- 
dante ,  quoique  toutes  les  graines  industrielles  aient  mal 
tourné.  A  ce  propos,  il  fait  remarquer  qu'une  petite  quantité 
de  celles  du  Saratchelé,  laites  à  la  turque,  qu'il  avait  envoyées 
en  France  dans  un  but  d'expérimentation,  a  produit  50  kilo- 
grammes environ  par  once  métrique. 

L'auteur  fait  ensuite  suivre  l'exposé  des  expériences  sus- 
mentionnées d'observations  générales  et  de  déductions  pro- 


3/lO       SOClËTli;   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aGGLIMATATION. 

hanlcs.  Entre  autres  o!)Scrvalions  il  signale,  par  rnpporl  à 
l'criicacitc  du  reccpagc  annuel  cl  de  l'élevage  aux  rameaux, 
qu'à  Tinos  et  à  iVndi'os,  dans  rArcliipel  grec,  où  il  n'y  a  que  des 
Mûriers  sauvages  j)lein  vent  non  recepés,  et  où  l'éducation 
est  faite  à  l'occidentale,  l'épidémie  y  règne  depuis  quelques 
années  d'une  manière  désasireuse.  11  relate  aussi  l'observa- 
tion faite  par  madame  Lorlal  relativement  aux  décliels  qu'il 
a  eus  sur  ses  achats  à  Andrinoplc  et  sa  banlieue,  à  savoir  : 
15  puur  JOO  sur  les  cocons  achetés  à  six  lieues  d'Andrinoplc, 
où  il  n'y  a  que  des  Mûriers  sauvages  recepés  annuellement, 
et  '\0  pour  100  sur  ceux  de  la  vilUe  même,  où  les  Mûriers 
greiïés  abondent;  en  un  mot,  sur  toute  la  ligne,  le  tant  ])our 
JOO  proportionné  au  nombre  des  Mûriers  greffes,  (iuoi(iue 
recepés  annuellement. 

Entre  autres  déductions,  l'auteur  fait  ressortir  que,  puisque 
tant  d'opinions  diverses  et  diversement  exprimées  relativement 
à  cette  grave  question  d'histoire  naturelle  n'ont  i)as  abouti, 
il  serait  rationnel  de  baser  les  recherches  sur  des  résultats  gé- 
néraux positifs.  Dans  cet  ordre  d'idées,  il  constate  la  résistance 
énergique  des  races  de  la  Turquie  à  l'invasion  de  l'épidémie, 
en  rappelant  (ju'oulre  les  cocons  employés  par  les  cinq  mille 
bassines  environ  du  district  de  Brousse,  on  endjarque  encore 
})our  la  France  et  l'Italie,  dans  divers  ports,  nommément  à 
Salonique,  Uodolo  etConstantinnple,  non-seuk'ment  des  (juan- 
tités  considérables  de  cocons,  mais  aussi  de  graines,  dont  la 
plupart  sont  considérées  comme  saines  par  les  éducateurs 
même  de  ces  contrées  privilégiées ,  entre  autres  celles  de 
Gumurdjina,  enHoumélie,  et  celles  du  Saratchelé,  cnAnatolie. 
A  ce  propos,  il  répète  que  ces  races  doivent  cette  force  de  vc- 
s\s[ixnœ<fi(mn/Ic  nrrturci  de  (/ruines,  à  hi  mJlurc  du  Mûrier 
blanc  sauvch'/c  rcrrpc  aiinucllcincnt,  à  l'élcvcKjc  aux  rameaux. 

Après  avoir  établi  que  les  filatures  d'ordre  de  Brousse 
n'emploient,  bon  an  mal  an,  que  10  à  M  kilogrammes  de 
cocons  au  plus  pour  un  kilogramme  de  soie,  et  (ju'ils  n'ont 
tpie  IS  à  2-2  ]iour  100  de  déchets  en  frisons,  tandis  ipie  les 
filatures  de  France  mettent  12  à  lîJ  kilogrammes  de  cocons 
et   ont   à  supporter  oO  à  31^  pour  100  de  frison:^  l'auteur 


NOUVELLES    ÉTUDES    ET   EXPÉRIENCES   SÉRICICOLES.         3/11 

relate  que  le  prix  de  bonnes  et  belles  soies  (non  duveteuses), 
filature  d'ordre  de  Brousse,  s'est  élevé  graduellement  depuis 
plusieurs  années,  et  a  atteint  en  définitive  les  rotes  des  bonnes 
provenances  de  France  ;  que  leur  prix  moyen  est  de  10  pour 
100  environ  au-dessus  de  celui  des  soies  en  général  de 
France,  et  que  leurs  (Visons  sont  enlevés  à  des  prix  supé- 
rieurs à  ceux  de  France  et  par  les  Français  même. 

Afin  de  rendre  ses  doctrines  plus  intelligibles  encore,  l'au- 
teur résume  son  travail  par  une  appréciation  graduée  des 
diverses  qualités  de  feuilles  de  Mûrier,  en  vue  de  leur  in- 
fluence respective  relativement  à  la  santé  du  Ver  à  soie  et  de 
spn  bon  rendement  ;  le  tout  de  conformité  aux  résultats  des 
diverses  éducations  pbysiologiquement  comparées.  Après  cette 
appréciation  des  plus  rationnelles,  il  établit  le  bilan  des  résul- 
tats obtenus  et  relatés  dans  l'appendice  aux  «  observations 
pratiques  de  1857,  1858  et  1859  ;),  dont  l'ensemble  démontre 
aux  éducateurs  de  l'Occident,  d'une  manière  corrélative,  la 
cause  et  le  remède  de  la  maladie,  avec  le  moyen  d'obtenir 
annuellement  une  production  en  soie  de  plus  du  double  de 
leur  récolte  avant  l'épidémie. 

Enfin  M,  Dufour  termine  en  disant  que,  bien  qu'on  puisse 
désapprouver  certains  détails  techniques  ou  quelques  paragra- 
phes peut-être  par  trop  absolus  de  son  mémoire,  voire  même 
d'une  manière  générale  ses  théories  relativement  à  la  cause 
et  au  remède  de  la  maladie,  il  se  croit  autorisé,  par  l'ensemble 
des  faits  et  des  conditions  d'être  de  la  sériciculture  orientale 
qu'il  a  exposés,  h  invoquer  l'examen  sérieux  des  savants  et 
des  sériciculteurs.  En  eflet,  en  regard  du  rendement  supé- 
rieur de  la  production  séricicole  de  la  Turquie,  dont  il  est 
si  facile  de  se  rendre  compte,  il  n'y  a  plus  à  discuter,  ce 
semble.  11  reste  seulement,  au  point  de  vue  de  la  fortune 
publique,  à  conirùler,  en  Occident,  par  des  expériences  pra- 
tiques, les  résultats  arithmétiques  obtenus  spécialement  en 
Orient  pendant  les  campagnes  de  1860,  JSGl  et  18(32  :  C'est 
ce  que  l'Académie  des  sciences  a  déjà  indiqué  dans  le  compte 
rendu  de  sa  séance  du  13  avril  18(38,  comme  étant  le  seul 
moyen  pour  résoudro  la  question  de  savoir  :  f~\  dans  un  autre 


3/i2       SOCTÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOfilQUE  d'aCCLIMÂTÂTION. 

milieu,  en  alimentant  les  Versa  soie  avec  des  feuilles  de 
Mi(rier  sauvage  recepé  annuellement,  et  en  les  élevant  aux 
rameaux  (ces  deux  conditions  d'éducation  inhérentes  l'une 
ùraulro),  on  n'obtiendrait  pas  les  mêmes  résnllals  qu'en 
Tuniuie? 

—  Après  la  lecture  du  travail  de  M.  Dufour  sur  la  sérici- 
ndture  en  Turquir,  M.  Guérin-Ménevillc  fait  les  observations 
suivantes  ; 

Comme  ^I.  Diifour  et  comme  tous  les  sériciculteurs  anciens  et  modernes, 
je  reconnais  que  remploi  des  feuilles  de  Mûriers  sauvages  et  non  f^reffés 
donne  des  résultats  infiniment  meilleurs,  et  je  f('licile  !\1.  Dufour  d'avoir  pré- 
cisé cette  Jurande  et  ancienne  vérilé  pratique  par  des  cliiffres. 

rajouterai  que  l'éducation  aux  raïueaux  coupés  est  un  mode    excellent 
pour  des  expériences  ou  des  éducations  pour  graines,  mais  que  ce  procédé 
serait  désavantageux  dans  la  grande  culture.  Parmi  ses  désavantages,  j'ai 
signalé  le  grand  espace  occupé  par  ces  monceaux  «le  rameaux.  Ayant  étudié 
ce  mode  d'élevage    en  Italie,  chez  des  paysans  voisins  des  propriétés  de 
M.  A.  Guillion,  de  !\lonlebe!luno,  province  de  Trevise,  j'ai  vu  que,  dans  un 
espace  qui  pouvait  contenir  plusieurs  tables  de  Vers  à  soie,  ce  mode  no  per- 
mettait d'élever  que  les  Vers  d'une  seule  table.  H  est  regrettable,  pour  l'hy- 
giène des  Versa  soie,  que  ce  procédé  si  primitif  ne  puisse  être  pratiqué  que 
dans  de  petites  éducations,  chez  de  pauvres  paysans  qui  ne  comptent  ni  leur 
temps  ni  la  place,  comme  cela  «loit  èlre  en  Turquie,  en  Syrie,  etc.    Quand 
on  a  observé,  comme  je  le  fais  depuis  près  de  vingt  ans,  des  éducations  sé- 
rieuses de  Vers  à  soie,  quand  on  eu  a  l'ail  soi-même  sur  une  grande  échelle  et 
que  l'on  a  fait  le  compte  des  dépenses  et  des  recettes  de  ces  opérations  agri- 
coles, on  sait  que  des  pratiques  excellentes  au  point  de  vue  do  l'hygiène 
seraient  désastreuses  sous  celui  du  produit.  En  grande  pratique,  il  faut  que, 
sans  trop  accumul(n-  les  Vers,  et  tout  en  leur  donnant  l'espace,  la  chaleur, 
Taération  et  la  main-d'œuvre  nécessaires,  on  arrive  à  \m  produit    en  ar- 
o-ent  un  peu  supérieur  à  la  dépense,  re  qui  n'aurait  pas  lieu  dans  nos  dépar- 
lements et  en  Italie  du  moins,  si  l'on  avait  recours  au  procédé  oriental,  quant 
à  l'élevage  aux  rameaux. 

Relativement  à  la  transformation  d'une  race  jaune  en  race  blanche,  coïn- 
cidant avec  la  cessation  de  l'épidémie  chez  elle,  j'en  suis  profondément  étonné, 
car  cela  est  contraire  au  résultat  de  nombreux  l'ails  observés.  En  elTet,  il  est 
reconnu  aujourd'hui  que  l'on  remarque  une  diminution  dans  l'intensité  de 
la  couleur  des  cocons  quand  ils  proviennent  de  Vers  qui  ont  soulTerl.  .j'ai 
obtenu  ainsi  des  cocons  de  l'Allante  et  du  Ricin  presque  blancs.  Il  est  donc 


NOUVELLES  ÉTUDES  ET  EXPÉRIENCES  SÉRICICOLES.  3/13 
difficile  «radmelire  que  des  cocons  jaunes  soient  devenus  blancs  en  même 
temps  que  la  race  a  été  guérie  de  Pépidémie  hén'ditairo.  Comme  M.  Diifonr 
ne  dit  pas  que  cette  oxpr'rienre  a  (Mé  faite  par  Ini,  on  pourrait  craindn' 
quelque  erreur  deTéducaîeur  qui  lui  en  a  donné  la  relation. 

M.  Dulbur  assure  que,  à  IVxceplion  des  localités  de  Demerdèche  et  d'An- 
drinople,  où  les  éducations  soni  faites  à  l'européenne,  toutes  les  autres  parties 
delà  Turquie  jouissem  d'une  romplèfe  imnmnilé  quanta  l'épidémie. 

Cetteassertion  est  complètement  en  opposition  avec  celle  de  M.  Duseigneur, 
qui,  dans  son  inventaire  de  1862  (p.  15),  dit  qu'en  1861,  le  marché  de  Mar- 
seille reçut,  par  Constantinople,  Smyrne  et  Syrie,  2 '40  caisses  environ  de 
graines,  tandis  qu'il  n'en  a  reçu,  en  1862,  que  80.  Si  ks  grnineurs  n'avaient 
pas  reconnu  que  les  graines  de  la  Tni-quie  sont  atteintes  par  l'épidémie,  ils 
n'auraient  pas  abandonné  ces  localités  pour  aller  chercher,  à  grands  frais,  de 
la  graine  ailleurs  cl  jusqu'en  Chine  ci  au  Japon. 

Cependant,  comme  les  assertions  de  :\!.  Dufour  ont  pour  moi  un  grand 
poids,  je  crois,  comme  M.  de  Ouaîrefages,  qu'il  serait  irès-ulile,  ainsi  que  le 
demande  AL  Dufour  lui-mèmo,  que  des  expériences  pratiques  fussent  faites 
en  France  pour  coiiîroier  les  résidtals  annoncés  par  lui,  et  voir  s'il  est  pos- 
sible et  avantageux  de  chercher  à  les  obtenir  chez  nous.  '    '    • 


SUR  LA  POIRE  DE  TERRE  COCHET, 

Par   n.    QUlIflOL', 

Jaiilinier  en  cliuf  du  Jardin  d'accliiiuitation  du  bois  do  Boidoîrne. 


(Séance  du  l^^  mai  18G3.) 


Le  28  juin  1861,  un  intrépide  voyageur,  M,  Alexandre 
Cochet,  adressait  la  lettre  suivante  à  M.  le  directeur  du  Jardin 
d'acclimatation  : 

«  Monsieur,  veuillez,  je  vous  prie,  faire  mettre  à  ma  dispo- 
»  sitian  20  mètres  de  terrain,  pour  essayer  la  culture  d'une 
»  plante  que  j'ai  rapportée  des  Indes  occidentales,  et  qui  n'est 
»  pas  encore  connue  en  France.  Cette  plante  est  vivace  et 
»  appartient  à  la  famille  des  Composées  ;  elle  a  plusieurs  noms 
»  chez  les  peuplades  sauvages  où  je  l'ai  prise  :  les  uns  l'ap- 
»  pellent  Bacotfaroio'ou,  d'autres  Biabiti,  d'autres  enfin  Mott- 
»  tacou.  Elle  produit  des  tuhercules  dont  le  suc  a  la  propriété 
))  de  guérir  certaines  maladies  des  voies  urinaires;  après 
»  en  avoir  fait  usage,  j'ai  été  guéri  moi-même  d'une  maladie 
»  de  ce  genre. 

»  Veuillez  agréer,  etc.  Signé  Alexandre  Cochet.  » 

M.  le  directeur  accueillit  avec  empressement  la  demande  de 
M.  Cochet.  Une  des  planches  du  jardin  d'expériences  fut  des- 
tinée à  cette  culture,  etquelques  pieds  furent  cultivés  en  serre, 
tant  en  pleine  terre  qu'en  pots.  A  l'approche  de  l'hiver,  je 
couvris  les  plantes  cultivées  en  plein  air,  partie  avec  des  châssis 
et  partie  avec  des  feuilles  seulement;  et  au  printemps  suivant, 
je  vis  avec  plaisir  que  toutes  les  plantes  étaient  parfaitement 
conservées ,  et  qu'il  était  dès  lors  inutile  d'en  continuer  la 
culture  en  serre.  Je  les  arrachai  pour  en  extraire  les  tuher- 
cules et  replanter  ce  que  M.  Cochet  appelle  des  semences.  Ce 
ne  sont  que  des  sortes  de  bulhilles  qui  se  forment  au  collet  de 
la  plante. 

M.  Cochet,  encouragé  par  ce  premier  résultat,  m'a  déclaré 
que  sa  plante  avait  d'autres  propriétés  que  celle  qu'il  avait  in- 
diquée au  commencement,  et  en  particulier  celle  de  produire 


SUR   LA   POIRE   DE   TERRE    COCHET.  3il5 

du  sucre  en  plus  grande  quantité  que  la  Betterave,  et  d'une 
qualité  supérieure.  Il  s'agissait  donc  :  1°  d'étudier  l'impor- 
tance du  produit  en  lui-même  ;  2°  de  vérifier  par  l'analyse  si 
les  diverses  propriétés  signalées  resteraient  les  mêmes  sous 
notre  climat. 

Huit  pieds  ont  été  plantés,  en  avril  1862,  dans  h  mètres  de 
terrain  de  nature  légère  ;  les  tiges  ont  eu  un  développement 
plus  grand  que  l'année  précédente,  sans  cependant  arriver  à 
donner  des  tleurs,  ce  qui  ne  m'a  pas  permis  de  découvrir  le 
nom  botanique  de  la  plante,  que  provisoirement  nous  conti- 
nuerons à  nommer,  selon  le  désir  de  l'importateur,  en  y  ajou- 
tant son  nom,  c'est-à-dire,  Poh-e  de  terre  Cochet.  Les  pieds 
n'ont  été  préservés  pendant  l'hiver  que  par  une  simple  cou- 
verture de  feuilles  de  10  à  15  centimètres,  et,  le  20  avril  der- 
nier,j'ai  arraché  leshuitpieds,dont  le  plusheau,  celui  que  vous 
avez  sous  les  yeux,  pèse  brut,  avec  bulbilles  et  partie  de  terre, 
12  kilogrammes.  Les  autres,  et  particulièrement  deux,  sont 
notablement  moins  beaux,  ce  que  j'attribue  au  voisinage  des 
Chênes,  dont  les  racines  pénètrent  dans  la  planche  qui  conte- 
nait ces  tubercules  ;  aussi  les  ai-je  plantés  cette  année  dans  une 
planchepluséloignéedes  Chênes.  Les  tubercules  deshuit  pieds, 
débarrassés  de  bulbilles,  tiges  et  terre,  pèsent  231^'', 500  pour 
h  mètres  de  terrain,  ou  près  de  6  kilogrammes  par  mètre,  ce 
qui  porterait  le  produit  do  1  hectare  à  (30  000  kilogrammes. 
Si  maintenant  on  considère  l'énorme  différence  du  poids 
moyen  d'un  pied,  qui  n'est  que  de  3  kilogrammes,  à  celui  que 
vous  voyez  ici,  et  qui  pèse  environ  8  kilogrammes,  défalca- 
tion faite  des  bulbilles  et  de  la  terre,  on  peut  espérer  atteindre, 
en  grande  culture,  100  à  150  000  kilogrammes  à  l'hectare. 
Quant  à  la  conservation,  la  légère  couverture  de  feuilles  qui 
a  sufti  pour  les  préserver,  au  jardin,  pendant  deux  hivers, 
prouve  que,  comme  pour  nos  Betteraves  et  nos  Pommes  de 
terre,  de  simples  silos  suffiront  pour  les  abriter. 

J'en  ai  dit  assez  pour  vous  convaincre  de  l'importance  de 
ce  tubercule.  De  plus  savants  que  moi  vous  fixeront  sur  ses 
diverses  qualités  alimentaires,  industrielles  et  médicinales. 


xNOTE 
SLR    LA  CHUFA  D'ESPAGNE. 

LETTRE  ADRESSÉE 
A  M,  LE  PRÉSIDENT  DE  LA  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  d'aCCLHIATATION' 

Par  n.  Charles   B.IRBIER, 

Ingénieur  civil. 


(Sénnce  du  15  mai  1863.1 


Monsieur  le  Président, 

L'an  dernier,  j'étais  en  Espagne,  oîi  M.  le  Ministre  de  Ta- 
gricultiire  m'avait  foit  l'honneur  de  me  confier  une  niission 
d'études  concernant  les  irrigations  et  l'économie  rurale. 

Pendant  l'élé,  on  remarque,  dans  les  villes,  des  élaidisse- 
menls  spéciaux,  oii  l'on  ne  consomme  qu'une  boisson  glacée 
connue  sous  le  nom  a  orgeat  de  Chufa.  On  la  prépare  à  la 
manière  de  l'orgeat  d'amandes,  avec  les  petits  tubercules  de 
la  CJwfa  (Soucliet  comestible,  ou  amande  de  terre),  que  le 
commerce  vend  à  l'état  sec.  Madrid  seul  en  emploie  annuelle- 
ment plus  do  20  000  kilogrammes. 

Andrès  Laguna,  savant  médecin  espagnol  du  xvf  siècle,  qui, 
après  avoir  étudié  à  Salamanca  et  à  Paris,  devint  médecin  en 
chef  des  armées  de  Charles-Quint  dans  les  Flandres,  et  mé- 
decin officiel  du  pape  .Jules  III,  avec  le  titre  de  comte  palatin, 
fait  les  plus  grands  éloges  de  cette  émulsion.  Il  lui  attribue 
de  précieuses  qualités  dans  le  trahement  des  maladies  inflam- 
matoires ,  surtout  celles  des  voies  respiratoires ,  et  il  préco- 
nise les  tubercules  comme  stomachiques.  Cette  appréciation 
est  toujours  accréditée  dans  la  Péninsule.  Bien  que  l'Amandier 
Y  soit  très-répandu,  les  Espagnols  s'adressent  exclusivement 
à  l'orgeat  de  Chufa,  de  préférence  à  l'orgeat  d'amandes, 
comme  étant  beaucoup  plus  agréable,  plus  rafraîcliissanl  et 
plus  salutaire. 

,1'ai  pensé  que  l'introduction  de  cette  plante  dans  nos  cul- 
tures maraîchères  présenterait  de  l'intérêt,  et  j'ai  l'honneur 


SUR   LA   CÎIUFA    D'ESPAGNE,  347 

iroffrir  ù  la  Société  d'acrlimatationim  échanlillon  de  ses  tuber- 
cules pour  la  propager. 

Voici  les  renseignements  que  je  nae  suis  procurés  sur  la 
Cliufa,  dans  la  province  de  Yaîencia,  où  on  la  cultive  spéciale- 
ment : 

Caractères  botaniques.  — •  Le  Jnncia  avellanada^  nommé 
par  Linné  Cypenii<  escalentus ,  et  connu  vulgairement  en 
Espagne  sous  le  nom  de  Chvfa,  appartient  à  la  famille  des 
Cypéracées,  dont  la  première  tribu,  les  Cypérées,  forme  sou- 
vent d'immenses  prairies  dans  les  régions  tropicales. 

Quatre  ou  cinq  petites  feuilles  droites,  pointues  et  inégales, 
servent  de  gaine  h  la  tige.  Les  feuilles  radicales  sont  courtes, 
anguleuses  dans  la  partie  inférieure,  et  planes  dans  la  partie 
supérieure. 

La  tige  est  pleine,  triangulaire,  lisse,  dé})0urvuc  de  feuilles. 
Elle  s'élève  de  60  centimètres  à  1  mètre,  ci  se  termine  par 
une  sorte  d'ombelle  ou  parasol,  dont  les  rayons  inégaux  sup- 
portent des  épillels  aigus  et  dorés  où  naissent  les  t]eurs. 

(jCS  fleurs  sont  solitaires  et  n'ont  pas  de  corolle.  Leur  calice 
n'est  formé  que  par  des  écailles  imbriquées  sur  deux  rangs 
opposés.  A  l'intérieur  de  cliaque  ovaire  existe  un  petit  em- 
bryon terminé  par  un  style  très-large,  qui  se  termine,  à  son 
tour,  par  trois  stigmates.  Elles  possèdent  aussi  trois  courtes 
étamines  liypogynes  et  trois  anthères  oblongues. 

Le  fruit  est  sec,  monosperrae,  triangulaire  et  aigu. 

Les  racines,  fibreuses  et  rougeâtres,  donnent  naissance  à 
une  grande  quantité  de  tubercules,  au  moyen  desquels  on  pro- 
page la  plante.  Ils  sont  plus  ou  moins  ovo'ides,  et,  en  moyenne, 
à  peu  près  de  la  grosseur  de  Famande  de  l'aveline.^  Leur 
pellicule  est  ilne,  d'une  couleur  rouge  cendré.  Leur  chair  est 
ferme,  blanche,  parfumée  et  d'une  saveur  sucrée. 

On  les  mange  crus,  après  les  avoir  fait  gonfïer  dans  de  l'eau 
pendant  un  jour;  mais  leur  principal  emploi  est  la  fabrication 
de  l'orgeat.  On  pourrait  aussi  en  extraire  de  l'huile  :  l'exposi- 
tion espagnole  en  a  présenté  quelques  spécimens  à  Londres. 

Culture.  —  Cette  plante  affectionne  les  sables  humides.  Je 
l'ai  rencontrée  à  l'état  spontané,  et  déjà  en  fleur  à  la  fin  de 


3/l8        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGTQUE    d'aCCLIMATATION. 

juin,  dans  quelques  sites  humides  de  rEs[>agne,  surtout  sur 
Je  bord  des  marais  des  provinces  de  Castellon  et  de  Yalencia; 
mais  on  exploite  peu  la  plante  sauvage.  Deux  villages  de  celle 
dernière  province,  situés  aux  portes  de  la  capitale,  Almaresa 
et  Alboraya,  se  livrent  à  sa  culture  sur  plus  de  30  hectares.  On 
la  cultive  également  en  Galicia,  à  Villagarcia,  etc. 

On  choisit  une  terre  sablonneuse  convenablement  fumée, 
et  on  lui  donne  deux  ou  trois  cultures  qu'on  utilise,  par 
d'autres  productions,  jusqu'au  commencement  de  juillet,  qui 
est  l'époque  ordinaire  de  la  plantation.  La  Cbufa  vient  presque 
toujours  en  seconde  récolte,  souvent  après  le  blé,  sur  un  seul 
labour.  Lorsque  la  terre  est  préparée  et  nivelée,  le  planteur 
fait,  avec  une  j)etite  pioche  et  d'une  seule  main,  un  trou  de  3  à 
Il  centimètres  au  plus  de  profondeur.  Il  y  jette  une  dizaine 
de  tubercules  qu'il  recouvre  en  appuyant  le  pied.  Ces  trous 
sont  espacés,  en  tous  sens,  de  25  à  30  centimètres.  On  donne 
immédiatement  une  irrigation  complète.  Du  qualrièmeau  cin- 
quième jour,  la  plante  commence  à  se  montrer.  Depuis  ce 
moment,  l'irrigation  revient  régulièrement  tous  les  huit  à  dix 
jours,  afin  de  maintenir  la  terre  meuble  et  humide. 

Outre  les  arrosages,  on  donne,  à  plusieurs  reprises,  un  bi- 
nage pour  ameublir  le  sol  et  détruire  les  herbes  adventices; 
enfin,  on  butte  quand  les  liges  ont  atteint  15  à  '20  centi- 
mètres. Les  fleurs  paraissent  vers  la  fin  de  septembre  ;  mais 
les  cultivateurs  valenciens  coupent  régulièrement  les  tiges 
avant  la  floraison,  afin  de  favoriser  le  développement  des 
racines  et  des  tubercules.  Ceux-ci  arrivent  à  maturité  vers 
le  milieu  d'octobre,  trois  mois  et  demi  après  la  plantation.  Les 
tiges  et  les  feuilles  de  chaque  groupe  de  plantes  sont  réunies 
par  un  nœud  ;  quatre  coups  de  pioche  soulèvent  la  terre 
autour  du  groupe,  et  l'on  arrache  d'ensemble  chaque  poignée. 
Pour  séparer  les  tubercules  des  racines,  on  frappe  la  poignée 
contre  une  claie  de  roseaux ,  au-dessus  d'un  crible  d'osier 
qui  tamise  la  terre.  Enfin,  on  lave  les  tubercules  avec  soin,  el, 
lorsqu'ils  sont  bien  nettoyés,  on  les  étend  au  soleil  sur  des 
nattes,  afin  de  les  dessécher  et  d'en  assurer  la  conservation. 
Ils  perdent,  par  celte  opération,  environ  le  tiers  de  leur  poids. 


SUR    LA    CIIUFA   d'ESPAGNE.  3/i9 

Produits.  —  A  Alboraya,  cliaquc  liancga{la(8  arcs  31  cen- 
tiares) donne  régulièrement  35  arrobas  (cette  arrolia  de 
poids  égale  12'^'', 780,  ce  qui  équivaut  à  peu  près  à  5500  kilo- 
grammes par  hectare)  de  tubercules  secs,  tels  que  les  livre  le 
commerce  et  semlilables  à  récliantillon  ci-joint  (ou  8250  kilo- 
grammes de  tubercules  verts).  A  l'état  sec,  le  litre  pèse 
600  grammes;  ce  qui  porte  la  récolte  de  l'hectare  à  90  hecto- 
litres de  tubercules  secs  (ou  à  135  hectolitres  de  tubercules 
verts,  en  admettant  le  même  déchet  dans  la  mesure  pour  la 
dessiccation,  ce  qui  est  à  peu  près  exact).  Chaque  litre  contient 
environ  1700  tubercules  secs.  Si  l'on  élimine  ceux  qui  sont 
trop  petits  pour  la  semence,  ce  chiffre  se  réduit  à  1500,  En  en 
mettant  10  par  chaque  poquet  qui  occuijc  9  décimètres  carrés, 
un  litre  ensemence  13"', 50  carrés,  et  750  litres,  ou  /i50  kilo- 
grammes, sont  très-suffisants  pour  un  hectare. 

Telle  est  la  culture  de  laChula  dans  la  huerta  de  Valencia. 
Sous  le  climat  de  Paris,  je  crois  qu'on  peut  la  raisonner  ainsi  : 
Faire  tremper  les  tubercules  pendant  (piatre  à  cinq  jours 
dansde  l'eau  à  -f  25  degrés;  planter  fin  mai, cnlerresableuse, 
riche,  inclinée  au  midi,  avec  abris;  couvrir,  pendant  la  nuit, 
avec  des  paillassons,  jusqu'à  ce  que  la  plante  ail  atteint  20  à  25 
centimètres,  et  que  les  froids  ne  soient  plus  à  craindre  ;  main- 
tenir la  terre  constamment  meuble  et  fraîche  ,  mais  n'arroser 
que  le  matin,  afin  d'éviter  le  refroidissement  qu'occasionnerait 
l'évaporation  nocturne,  et  ne  pas  butter  pour  que  les  racines 
reçoivent  plus  facilement  l'action  du  soleil. 

Dans  une  expérience  faite  cette  année  au  commencement 
d'avril,  la  végétation  ne  s'est  éveillée  que  sous  l'influence  d'une 
chaleur  de  +  30  degrés.  Après  cinq  jours  d'immersion  dans 
de  l'eau  maintenue  à  cette  température,  les  tubercules  ont  été 
plantés  en  terre  humide,  et  placés  dans  le  voisinage  d'un  calo- 
rifère où  la  moyenne  de  chaleur  s'élevait  à  30  degrés  pendant 
la  journée  et  ne  s'abaissait  pas  au-dessous  de  15  pendant  la 
nuit.  Quelques-uns  se  sont  montrés  dès  le  quatrième  jour, 
mais  la  levée  de  l'ensemble  s'est  opérée  d'une  manière  Irès- 
irrégulière.  Elle  s'est  prolongée  pendant  plus  de  dix  jours. 
Certaines  plantes  avaient  déjà  10  centimètres  de  hauteur, 


350      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

quand  les  dernières  sorluicnt  à  peine,  ce  que  j'allribue  à  la 
grande  dessiccalion  des  tubercules. 

Depuis  le  1"  mai,  toutes  sont  restées  exposées  sur  une 
fenêtre,  au  levant  et  sans  abri.  Elles  ont  soufl'ert  à  la  vérité  : 
l'extrémité  des  feuilles  a  jauni  et  s'est  desséchée  ;  les  feuilles 
externes  ont  péri  presque  entièrement;  mais  la  végétation  n'a 
pas  été  arrêtée  malgré  des  vents  desséchants  et  des  nuits  Irès- 
froidcs.  Quelques-unes  ont  été  coupées  rez  terre  par  les  moi- 
neaux ;  elles  repoussent  aujourd'hui  avec  une  grande  vigueur. 

Quelque  insuiïisante  que  soit  cette  expérience,  ne  permet- 
elle  pas  de  conclure  que  la  Chufa  s'accommodera  du  climat 
de  Paris,  sans  exiger  d'autres  soins  que  ceux  que  nos  habiles 
maraîchers  ont  l'habitude  de  donner  aux  cultures  de  demi- 
primeurs. 

Quant  à  la  conservation  des  tubercules,  il  est  probable 
qu'ici  elle  ne  présentera  pas  {dus  de  difficultés  que  celle  des 
Pommes  de  terre  ,  et  que  leur  plantation,  à  l'état  frais,  favo- 
risera le  développement  de  la  végétation,  et  surtout  l'écono- 
mie de  la  semence. 

Agréez,  etc.  Ch.  Bardier- 


II.  EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX 

DES  SÉAAGES  GÉi\EUALES   DE   LA  .SOCIÉTÉ. 


SÉANCE   DU   '29   MAI    1863. 
Présidence  de  M,  de  Quatrefages,  vice-président.  * 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente,  qui  est  adopté. 

—  M.  le  Pi'ésident  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  Abdul-Khâlik  Nessouhy  Bey,  colonel  de  l'armée  mipé- 
riale  ottomane,  à  Paris. 

Armand  (Ernest),  secrétaire  d'ambassade,  à  Paris. 

Julien  (Stanislas),  de  l'Institut,  administrateur  du  collège 
de  France,  professeur  de  langue  et  de  littérature  chi- 
noises, à  Paris. 

Le  BmAN  (Vict.),  propriétaire,  à  Landerneau  (Finistère). 

Lédier  (Félix),  ancien  directeur  de  collège,  à  Paris. 

Mazel,  propriétaire,  à  Marseille  (Bouches -du-Kbône). 

Méjan  (le  comte),  consul  de  France  à  la  Nouvelle-Orléans, 
à  Paris. 

Sentis  (Louis-François),  consul  de  France  à  Sidney  (Nou- 
velle-Galles du  Sud). 

—  M.  le  secrétaire  transmet  une  lettre  de  notre  conirèrc 
M.  Dabry,  qui  exprime  sa  reconnaissance  pour  la  médaille  de 
1"  classe  qui  lui  a  été  décernée  dans  la  séance  annuelle  du 
10  février  dernier.  M.  Dabry  s'occupe  toujours  très-activement 
de  réunir  des  collections  pour  la  Société. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  du  commerce  et 
des  travaux  publics,  par  une  lettre  du  23  mai,  annonce  à  M.  le 
Président  l'envoi  d'une  caisse  contenant  des  cocons  de  Ver  du 
Chêne  de  Chine  {Bombyx  Pernyi),  qu'il  offre  à  la  Société. 
Cette  caisse  est  effectivement  parvenue  ;  mais  à  l'ouverture, 
elle  ne  s'est  encore  malheureusement  trouvée  pleine  que  de 
cocons  étouffés  par  la  iermentation  et  dans  un  état  de  putré- 
faction très-avancé.  M.  le  Président  rappelle  que  les  envois 
précédents  sont  arrivés  également  dans  ces  fâcheuses  condi- 


352       SOCIÉTÉ   IMPÉIUALE   ZUOLOGInUE   d'ACCLIMATATION. 

lions,  et  que,  pour  prévenir  ces  regrettables  accidents,  des 
instructions  très-précises  ont  été,  dès  le  premier  envoi, 
adressées  à  nos  dévoués  collègues  ou  correspondants,  pour 
leur  indiquer  le  moyen,  très-simple  du  reste,  d'eml)aller  les 
cocons»vivanls,  de  manière  qu'ils  soient  isolés  les  uns  des 
autres,  fixés  à  des  parois  à  claire-voie  et  non  complètement 
privés  d'air.  Le  modèle  d'cmballngc,  présenté  dans  une  des 
séances  précédentes  par  M.  de  Milly,  va  en  outre  être  adressé  à 
M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  avec  de  nouvelles  instructions. 

—  M.  Flury-IIérard  informe  la  Société  qu'ila  recueilli  deux 
souscriptions  pour  la  statuedc  Daubenton,  s'élevant  ensemble 
à  35  francs. 

—  M.Black,  président  de  la  Société  d'acclimatation  de  Vic- 
toria, écrit  de  Melbourne,  le  25  mars,  pour  oITrir,  au  nom  de 
cette  Société,  ses  remercîments  au  sujet  des  Chèvres  d'Angora 
qui  lui  ont  été  envoyées  en  don  par  notre  Société  impériale, 
et  annoncer  en  retour  l'expédition  prochaine  d'une  paire  de 
Wombats  de  l'Australie  méridionale. 

—  M.  le  docteur  Mueller,  par  une  lettre  de  la  même  date, 
exprime  les  mêmes  sentiments  de  reconnaissance  de  laSociété 
de  Victoria,  dont  il  est  vice-président,  et  demande  à  M.  le  Pré- 
sident l'autorisation  de  lui  dédier,  comme  témoignage  de  sa 
gratitude  pcrsonnolle,  un  des  magnifiques  arbres  nouveaux 
qu'ila  découverts  dans  le  nord-ouest  de  l'Australie,  et  auquel 
il  a  donné  le  nom  de  Drowjina. 

—  M.  Olivier,  président  de  l'Académie  d'Hippone,  société 
de  recherches  scientifiques  et  d'acclimatation  de  Bùne,  fait 
parvenir  plusieurs  exemplaires  des  statuts  de  cette  nouvelle 
institution,  fondée  par  M.  le  vicomte  de  Gantés,  sous-préfet  de 
Bône,  membre  de  notre  Société.  M.  Olivier  exprime  le  désir 
de  voirdes  relations  d'échange  et  de  mutuel  concours  s'établir 
entre  cette  Société  et  la  nôtre. 

—  L'Association  britannique  pour  le  progrès  de  la  science, 
dont  nous  avons  fait  connaître  dans  la  séance  précédente  l'in- 
vitation qu'elle  adressait  à  la  Société  de  se  faire  représenter 
au  congrès  du  -(i  août  prochain,  à  Newcastlc-upon-Tyne, 
envoie  une  nouvelle  Icltre-circulairc  à  ce  sujet. 


pkO(Jès-vi:;ki;\ij.\.  35:^ 

—  M.  C.Ji.  liiilicr,  horticulteur  à  Hyères  (Vac;,  par  une  lettre 
du  "27  mai,  olli'c,  à  la  Société,  dont  il  désire  devenir  membre, 
\in  concours  tout  dé\<iué  pour  les  expériences  de  culture  de 
véi;étaux  exotiques  qu'elle  voudrait  introduire,  et  adresse  le 
catalogue  des  végétaux  (jui  composent  ses  riches  collettions. 

—  j\l.  le  Directeur  du  .lardiii  d'acclimatation  transmet  la 
liste  des  animaux  qu'il  a  reçus  récemment  de  la  Guyane.  Cette 
collection,  envoyée  par  M.  Bataille  (de  Cayenne),  se  couq^osait 
de  7  animaux,  savoir:  2  Pécaris  à  collier,  màle  et  femelle, 
3  Agoutis  mâles,  un  Ortalide  (Parrakoua),  et  un  Oiseau  de 
proie  nocturne.  Les  autres  animaux  annoncés  par  notre  géné- 
reux et  dévoué  conl'rère  ont  péri  pendant  la  traversée. 

—  M.  Eugène  Roehn  ,  dans  nue  lettre  datée  de  Callao,  le 
13  avril,  confirmant  l'avis  revu  récemment  de  M.  de  Lesseps, 
annonce  qu'il  compte  partir  du  Péron  avec  le  troupeau 
d'Alpacas  et  de  Lamas  offert  à  l'Empereur,  dans  le  cours  de 
juillet  prochain, et  qu'il  espère  arriver  enFrance  en  novembre. 
La  nécessité  de  faire  venir  du  Cliili  sa  provision  de  fourrage 
pour  une  si  longue  traversée  est  la  principale  cause  (pii 
retarde  son  embarquement. 

—  )l.  C.  Ledger,  l'heureux  iuqjortateur  des  Alpacas  en 
Australie,  par  une  lettre  dati'ede  ï>ydney,le  "21  mars,  informe 
M.  le  Secrétaire  général  de  son  intention  de  quitter  cette 
colonie  pour  venir  s'établir  de  nouveau  au  Pénju.  Désireux  d'v 
tenter  l'acclimatation  de  la  Chèvre  d'Angora,  il  prie  la  Société 
de  lui  céder  un  Doue  et  "2  Chèvres  de  race  [»ure,  s'engageant  à 
envoyer  en  échange  3  Vigognes  apprivoisées.  M.  Ledger  offre 
en  outre  ses  bienveillants  services  pour  nous  procurer  tous 
les  animaux  et  les  plantes  du  Pérou  et  de  la  Bolivie  que  la 
Société  pourrait  désirer. 

—  M.  Fabre,  directeur  de  la  ferme-école  de  Vaucluse,  fait 
connaître  l'arrivée  en  iiun  éiat,  à  cette  ferme  de  Saint-Privat, 
près  de  Sarrans,  du  lut  conqiusé  d'un  Bouc  pur  et  /(  Chèvres 
métisses,  (pii  lui  a  été  confié  à  titre  de  cheptel,  et  demande 
Vautres  Chèvres  pures  uu  trois  quarts  de  sang, pour  conqiléter 
ce  lot. 

T.  \.  —  Juin  l.s(i:;.  23 


35/l        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQIJE   d'ACGLIMÂTATION. 

—  Une  demande  de  Moutons  Ong-li,  à  litre  de  diepk'l, 
et  de  graines  de  Ver  de  l'Ailanle,  est  adressée  par  notre  zélé 
confrère  M.  JulesDausse  (de  Lons-le-Saulnier),  dont  la  Société 
a  déjà  pu  apprécier  les  soins  attentifs  donnés  aux  Chèvres 
d'Angora  qu'il  avait  reçues  en  dépôt  dès  les  premiers  temps  de 
leur  introduction  en  France. 

—  M.  le  docteur  Sacc,  notre  savant  et  dévoué  délégué  à 
Barcelone,  écrit  de  cette  ville  à  M.  le  Président,  le  19  et 
le  20  de  ce  mois,  pour  appeler  son  attention  :  d'abord  sur 
l'intérêt  que  présenterait  la  création  d'un  jardin  d'acclimata- 
tion à  Toulon,  en  transmettant  à  l'appui  de  cette  proposition 
une  note  pul»liée  dans  le  Toula/mais  par  notre  honorable  et 
zélé  délégué,  M.  le  docteur  Turrel;  ensuite  sur  l'importance 
qu'il  y  aurait  pour  la  Société  de  profiter  de  la  présence  de 
notre  armée  au  Mexique  pour  rechercher  et  obtenir  les  prin- 
cipaux et  les  plus  utiles  produits  de  cette  contrée  si  riche  en 
productions  naturelles  végétales  ou  animales  de  toute  espèce. 
Notre  collègue  signale  entre  autres,  parmi  les  animaux,  le 
Dindon  ocelle  de  la  baie  de  Honduras,  le  Conroucou  pavonin, 
le  llocco  roux,  le  Chinchilla;  el  parmi  les  végétaux,  les  diverses 
espèces  de  Quinquinas,  de  Palmiers  (et  surtout  le  Veroxylon 
andicoia,  si  précieux  pour  sa  cire),  de  Manioc,  de  Patates,  de 
Maïs,  de  Cactus,  et  autres  plantes  à  fleurs  magnifnjucs,  dont 
le  Mexique  est  plus  riche  qu'aucun  autre  pays. 

M.  le  Président  approuve  la  proposition  de  notre  dévoué 
collèf'ue,  et  M.  Millet  fait  observer  (lue  plusieurs  fonction- 
naires appartenant  à  divers  départements  ministériels  vont 
être  envoyés  au  Mexique  pour  recueillir  des  renseignements 
sur  les  ressources  de  toute  nature  de  cette  intéressante  contrée  ; 
que  l'administration  des  forêts,  en  particulier,  vient  de  dési- 
gner, pour  cette  importante  mission,  M.  Chervau,  sous- 
inspecteur,  et  M.  Darcy,  garde  général,  qui  ont  puisé,  dans 
renseignement  de  l'école  forestière,  les  connaissances  néces- 
saires pour  que  leur  séjour  an  Mexique  puisse  être  avanta- 
geusement utilisé  par  la  Suciété  d'acclimatation.  M.  Fiarbev 
ajoute  qu'il  i)eut  mettre  la  Société  en  relation?  av(>c  un  fonc- 
tionnaire (pii   est  en  position   de  lui    ipudre   d'inqiorlani.^ 


PROCES- VER  RAUX.  o;j5 

scrvinos  dans  ces  l'égions.   La  liicnvciilaiiU'  proposilion    de 
iiolrc  conlVérc  est  accueillie  avec  empressement. 

—  M.  Teyssier  des  Fargés,  membre  delà  Société,  adresse 
une  Notice  ayant  }iour  litre  :  Influence  des  rnUleHx  sur  la 
laine. 

— M.  Drouyn  de  Lhuys  transmet  à  la  Société  quatre  Oiseaux 
eu  peaux,  originaires  de  l'Australie,  (jui  lui  ont  été  oil'ertspar 
M,  Sentis,  consul  de  France  à  Sydney,  et  appelés,  dans  ce 
pays,  les  uns  Rifle  birds,  les  autres  Régent  birds. 

—  M.Lamiral,en  adressant  à  M.  le  Président,  par  une  lettre 
du  °25  mai,  une  Note  qu'il  avait  préparée  pour  la  Commission 
des  Éponges,  insiste  sur  la  nécessité  de  ne  pas  retarder 
l'exécution  d'une  nouvelle  expérience  d'introduction  des 
espèces  syriennes  sur  nos  côtes.  Il  fait  observer  que  les  causes 
de  l'insuccès  de  la  première  tentative  étant  bien  connues  pour 
la  plupart,  il  ne  sera  pas  difficile  de  les  éviter  cette  fois. 

—  M.  de  Quatrefages,  en  sa  qualité  de  président  de  la  Com- 
mission, annonce  que  dans  sa  dernière  séance  du  22  de  ce 
mois,  la  Commission  a  été  d'avis,  à  une  grande  majorité,  qu'il 
serait  préférable  de  faire  des  études  préliminaires  sur  le  mode 
de  reproduction  de  l'Éponge,  et  des  essais  de  multiplication  et 
d'introduction  sur  lespoinls  de  nos  côtes  où  elle  ne  se  trouve 
pas  naturellement,  à  l'aide  de  nos  Éponges  indigènes,  qui  sont, 
il  est  vrai,  de  qualité  très-inférieure,  mais  qui  suffiraient  à 
fournir  tous  les  renseignements  propres  à  éclairer  la  Société 
et  à  assurer  la  réussite  d'une  nouvelle  entreprise  sur  des 
espèces  étrangères  et  de  meilleure  qualité.  M.  le  Président 
ajoute  que  la  Commission  se  ])roposè  de  suivre  avec  le  plus 
grand  soin  l'étude  de  cette  question. 

—  M.  des  Nouhes  de  la  Cacaudière,  membre  de  la  Société, 
écrit  pour  faire  connaître  les  progrès  qu'il  a  réalisés  dans  ses 
travaux  de  pisciculture,  qui  lui  permettront,  en  peu  d'années, 
de  repeupler  la  Sèvrc  nantaise  et  ses  nombreux  affluents,  tout 
en  niellant  des  œufs  et  des  alevins  à  la  disposition  des  per- 
sonnes (jui  désireront  pouisuivre  et  élendre  son  œuvre  toute 
d'inlérèt  généi'al.  Notre  liojioiable  collègue  assui-e  que  ses 
Truites  sont  saumonées  et  d'un  goùl  excellent;  il  ne  peut  pas 


356       SOCIÉTF,    iMl'Ér.lALl^    Z()()LU(.iQLi-;    o'Al.CI.I.MATATiON. 

Cil  '.lire  aiilaul  des  Saumons  (}u'il  (Mùvo  <'ii  liassiiis  clos,  el  il 
pense  que  celle  cs[ièco  ne  peut  se  jjusser  dr  la  mer  pour  Sf 
développer.  Il  ajoute  qu  ayant  lail  drjioser  ÔO  000  (cufs  de 
p'éra  dans  la  Sèvre,  à  la  l-omim-i'ayc  un  jfois:>on  inconnu, 
rcsscinblaul  à  la  description  (pTou  lait  de  la  Fera,  dont  la 
chair  est  l'ermc  et  de  bminc  qualité,  se  péclic  IVé(jueminent 
aujourd'hui  dans  cette  rivière. 

—  M.  Ed.  Renard  adresse  à  M.  le  Président  deux  boîtes 
(îonlenaiil  quatre  échantillons  de  ^raiin^s  du  Ver  à  soie  \a-ma- 
maïdu  Japon.  Malheureusement,  malgré  les  soins  particuliers 
donnés  à  cet  envoi  l'ait  à.  une  époque  trop  avancée,  ces  œufs 
sont  arrivés  tous  éclos,  et  les  Vers  morts,  comme  ceux  de 
l'envoi  précédemment  de  notre  dévoué  confrère,  qui  est  prié 
d'accepter  les  sincères  remercîmenls  de  la  Société. 

]\î.  Guérin-Méneville  transmet,  au  nom  deM.P.  Leblanc, 

secrétaire  du  comice  agricole  de  Brioude,  une  petite  boîte 
d'œuls  de  Ver  à  soie  du  Mûrier,  appartenant  à  une  race  élevée 
à  Brioude  par  M.  Bouvet  d'Auzon,  et  <pii  n"a  jamais  montre 
de  traces  de  répidémie.  M.  Leblanc  demaiide  des  o.'ulsde  Ver 
de  l'Allante,  et  annonce  (prou  a  planté  cette  année,  dans  la 
Uaule-Loire,  plus  de  8000  pieds  de  cet  arbre. 

Des  demandes  d'o-'ul's  de  B.  Cijiilhia  et  Yd-ina-rncu  î,o\\\ 

également  adressées  par  plusieurs  autres  personnes. 

M.  Kamel  l'ail  don  à  la  Société  de  graines  de  Nardoo,  ce 

précieux  végétal  auquel  les  explorateurs  de  TAustralie  cen- 
trale durent  leur  salut  dans  leur  dernière  grande  expédition. 

M.  Cenjaniin  Poucel  (de  Marseille)  annonce  que  sur  la 

demande  de  la  Société,  il  a  envoyé  des  graines  de  (juinoa  au 
comité  colonial  d'acclimatation  de  la  Réunion. 

(a  Société  centrale  d'agriculture  et  d'acclinialation  des 

Basses-Alpes,  en  oflVant  ses  remercîments  pour  les  graines 
(lui  lui  ont  été  envoyées  au  commencement  de  ce  printemps, 
donne  (juehpies  détails  sur  l'état  actuel  de  la  culture  de  ces 


graines 


M.  Brierre  adresse  également  deux  lettre.-.  :vurse^  (;ulture^ 
des  "raines  distribuées  i»ar  la  Socié'té,  el  cidli\ées  par  lui  à 
Saini-Hilaire  de  Uiez. 


PROCÈS-VEUliAUX.  357 

—  M.  HirlKiii!  L,u-ios(flo  Malaga)  remercie,  des  graines  qu'il 
a  reçues  de  la  Sorit'ir  par  rinlermédiaire  do  M.  Penrosc  Mark, 
consul  d'Anglelerrc  dau'^  celte  ville. 

—  M.  le  Pn''sident  dépose  sur  le  bureau  des  numéros  d'un 
certain  noinhrc  do  journaux  qui  ont  rendu  compte  de  l'expo- 
sition df  la  r;icf'  canine,  et  qui  renferment  de  justes  apprécia- 
tions sur  les  résultats  favorables  de  cette  exposition,  à  laquelle 
MM.  les  Directeurs  du  Jardin  d'acclimatation  ont  donné  tous 
leurs  soins.  Ces  journaux  sont  :  le  Moniteur  taiiverse/,  le 
Comtitiitioniiel,  les  Déliais,  la  Patrie,  le  Pays,  la  Presse, 
V Union,  la  Nation,  VEaro/je,  la  Correspondance  Havas, 
y Alilievillois,  X Indépendance behje ,  etc.,  etc. 

—  M.  Drouyn  de  Lhuys  transmet,  au  nom  de  M.  Bartolomé 
Bossi,  un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous 
le  titre  de  :  Viaije  pittoresco  par  losrios  Parana,  Paraguaw, 
San-Lorenzo,  Cnyaha,  etc.,  renfermant  la  relation  de  son 
vovage  aux  sources  des  rivières  de  l'Amazone  et  de  la  Plata. 
M.  Bossi  témoigne  de  son  désir  de  rendre  k  noire  Société  tous 
les  services  qui  pourront  dépendre  de  lui  dans  son  pays  natal, 
où  il  compte  se  rendre  prochainement. 

—  Notre  confrère  M.  Carbonnier  olTre  à  la  Société  un  exem- 
plaire de  la  pétition  adressée  au  Sénat  par  J\I.  de  Massas,  dans 
le  but  d'obtenir  des  modifications  à  la  loi  qui  régit  la  pèche 
fluviale. 

—  Parmi  les  publications  adressées  à  la  Société,  M.  le  secré- 
taire fait  remarquer  : 

1"  Une  brochure  transmise  par  S.  Exe.  M,  le  Ministre  des 
affaires  étrangères,  au  nom  de  M.  L.  S.  Leclerc,  son  auteur, 
qui  lui  en  avait  fait  hommage,  et  ayant  pour  titre  :  Docu- 
ments sur  le  Coton  africain. 

2"  Le  numéro  du  h  février  1863  du  journal  The  Courier, 
de  Brisbane,  renfermant  un  compte  rendu  de  la  séance  de  la 
Société  d'acclimatation  de  Queensland  (Australie),  tenue  le 
3  février. 

3"  Le  journal  de  la  Société  des  arts  {The  Journal  of  the 
Society  of  arts),  du  '27  mars  'J8e3,  oi^i  se  trouve  un  long  et 
très-remarquable  travail  de  M.  Clément  B.  Markham,  sur  la 


:')58       .SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOCIQUE   d'ACCUMATATION. 

prndiirlion  do  la  ([iiiiiino  e,l  In  culliH'O  du  Oiiinqnïna  dan^; 
l'indo  :  un  résum«''  do  ce  travail,  publié  en  anglais,  sera  inséré 
au  BiiJloliii. 

h"  Une  brochure  extraite  du  Jouriml  (VtKjrictdlïire  pra- 
tique pour  In  midi  de  la  Frairce,  intitulée  :  Cameric  sur  lu 
pisciculture,  par  M.  N.  Joly,    • 

5"  Les  niunéros  1  et  6  du  journal  le  Coltivazionedel  Colonne 
in  It.alia,  publié  à  Turin. 

—  M.  l'Aoent  aénéral  donne  lecture  d'une  Note  extraite  du 
journal  anglais  The  Field,  traduite  et  transmise  par  M.  P.  Pi- 
chot,  sur  l'exposition  de  Chiens  qui  vient  d'avoir  lieu  au 
Jardin  d'acclimatation.  L'auteur  de  ce!  article  reconnaît  la 
supériorité  des  races  des  Chiens  couranis  français  sur  les  races 
anglaises.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'acciiinalation  annonce  à  l'as- 
semblée que  les  conférences  organisées  l'an  dernier  dans  cet 
établissement  seront  reprises  dès  que  la  Société  im.périale 
aura  clos  sa  session  actuelle,  c'est-à-dire  le  premier  jeudi  de 
juillet,  pour  continuer  régulièrement  tous  les  jeudis.  M,  le 
Directeur  prie  ceux  de  MM.  les  membres  (}ui  voudraient  bien 
prêter  leur  concours  pour  ces  conférences,  de  lui  faire  con- 
naître les  sujets  qu'ils  désirent  traiter,  ahn  qu'il  puissse  l'an- 
noncer à  l'avance.  A  cette  occasion,  M.  le  Président  rappelle 
(jue  la  carte  personnelle  et  annuelle  donne  aux  mmdjijes  de  la 
Société  le  droit  d'entrée  au  Jardin  lesjours  de  conférence,  sans 
pré'^judice  du  droit  des  dix  entrées  attachées  à  cette  carie. 

—  M.  le  maréchal  Vaillant,  M.  Jacquemart  etM.  Pinçon  font 
parvenir  d'excellentes  nouvelles  sur  la  situation  actuelle  des 
Vers  à  soie  Ya-ma-ma'i  ((ui  leur  ont  été  confiés,  et  <jui  ont, 
pour  la  plupart,  déjà  subi  quatre  mues,  et  comptent  de 
soixante  à  soixante-dix  jours  d'existence. 

—  M.  Cave  [)lace  sous  les  yeux  de  l'assendjlée  des  racines 
leculeuses  de  Tarnus  commwns,  et  de  très-belles  touffes  à'Oro- 
bancJte  major  implantées  sur  des  racines  de  Genêt.  Ces  échan- 
tillons de  piaules  indigènes,  dont  la  culture  n'a  pas  paru 
jusqu'à  présent  devoir  donner  des  résultats  avantageux,  sont 
trouvés  très-remarquables  par  leur  développement  inusité. 


PROCÈS- VERIîAUX.  359 

—  M.Milloi  lit  iinr.  Note  sur  les  travaux  île,  piscicullure  de 
M.  Caii  Rysl.rorn,  à  Œstersund  (Suède). 

Ce  zf'lé  et  inlellioeni  expérimentateur  a  eommencé  ses 
essais  dès  l'année  1858,  en  opérant  par  fécondaiion  artificielle 
et  par  frayères  artificielles;  depuis  cette  époque,  il  a  produit, 
chaque  année,  environ  50  000  alevins  de  Truite,  Ombre  et 
Corégone,  qui  ont  servi  à  repeupler  les  nombreux  lacs  et  les 
cours  d'eau  de  cette  contrée  située  à  la  partie  la  plus  septen- 
trionale de  la  Suède,  vers  la  frontière  de  Norvège.  (Voy.  au 

M.  Millet  communique  uneiNotice  sur  les  travaux  d'hirudi- 
niculturede  M.  Duvigneau,  propriétaire  à  Audenge  (Gironde). 

Le  bassin  d'exploitation,  d'une  étendue  de  h  hectares,  est 
creusé  dans  une  dépression  du  sol,  formant  une  petite  vallée 
tourbeuse;  il  a  produit,  en  1862,  au  moins  800  000  Sangsues 
grises  des  Landes.  L'initiative  de  cet  intelligent  propriétaire  a 
amené  la  création  de  .107  petits  marais  qui  sont  établis  dans 
d'excellentes  conditions  de  production  et  de  salubrité,  et  qui 
livrent  chaque  année,  à  la  consommation,  environ  3  millions 
d'excellentes  Sangsues.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  intéressant  dans 
cette  industrie,  c'est  qu'elle  peut,  sans  perte  pour  l'exploitant, 
livrer  les  Sangsues  à  raison  de  50  à  60  francs  le  raille. 
M.  Millet  fait  observer  qu'à  ce  seul  point  de  vue,  l'industrie 
d'Audenge  est  un  véritable  bienfait,  car  elle  met  la  Sangsue 
à  la  portée  des  classes  malheureuses.  (Yoy.  au  Bulletw.) 

—  M.  deGrandmont  présente  des  coquilles  de  bivalves  ma- 
rins chargées  à  leur  face  interne  d'œufs  de  Poissons  de  mer. 
Notre  confrère  attire  l'attention  de  la  Société  : 

i"  Sur  la  forme  de  ces  œufs  :  les  uns  sont  oblongs,  les 
autres  sphéroïdaux. 

2°  Sur  leur  petitesse  et  leur  disposition  régulière  en  couche 
simple,  ce  qui  leur  donne,  au  moins  pour  quelques-uns,  une 
grande  analogie  avec  les  œufs  de  Ver  à  soie,  et  ce  qui  fait 
penser  qu'ils  ont  été  déposés  un  à  un,  à  côté  les  uns  des  autres. 

3"  Sur  l'existence  de  pontes  successives  dans  une  même 
coquille  :  certains  œufs  sont  près  d'éclore,  d'autressonlàpeine 
embryonnés. 


']"  bur  laprolbndeur  àL^quollo  ces  œufs,  qui  tout  partie  des 
foUedions  du  collège  de  France,  ont  été  recueillis.  C'est  prin- 
cipalement de  30  à  50  mètres  (lu'on  en  rencontre  le  plu^ 
abondamment.  Au  delà,  les  dragues  et  les  filets  ne  ramènent 
aucune  trace  de  ponte;  au  contraire,  on  en  trouve  en  deçà 
et  jusque  sur  la  berge,  où  les  Gobies  et  les  Blennies,  veillant 
sur  leurs  œufs,  demeurent  souvent  à  sec  pendant  la  durée  du. 
retrait  de  la  mer. 

—  A  ce  sujet,  M.  Millet  fait  observer  qu'il  a,  en  diverses  cir- 
constances, appelé  l'attenlion  de  la  Société  sur  la  reproduction 
et  l'élève  des  Poissons  de  mer  ;  que  les  éludes  ({u'il  a  faites 
depuis  longtemps  déjà  sur  plusieurs  espèces  comestibles, 
l'autorisent  à  penser  qu'en  général  la  ponte  s'opère  en  mer, 
dans  les  mêmes  conditions  qu'en  eaux  douces  ;  que  les  espèces 
marines  notamment  quittent,  vers  répo<iue  du  frai,  leurs 
cantonnements  habituels  pour  clierclier  des  eaux  d'une  tem- 
pérature et  d'une  densité  convenables,  et  en  même  temps  des 
stations  favorables  au  dépôt  de  leurs  œufs. 

C'est  ainsi  que  Ton  trouve  des  œufs  fécondés  naturellement, 
soit  à  des  profondeurs  souvent  assez  considérables,  soit  sur 
les  rives  mêmes  du  littoral. 

Quant  à  la  présence  et  à  la  distribution  des  œufs  sur  la  face 
intérieure  des  coquilles  présentées  à  la  Société  par  M.  Gillel, 
M.  Millet  croit  que,  pour  les  expliquer,  il  n'est  pas  besoin  de 
recourir  à  un  mode  exceptionnel  de  ponte,  ou  à  l'intervenlion 
d'appendices  spéciaux  dans  les  organes  de  reproduction  ;  que 
l'on  trouve  fréquemment,  dans  les  eaux  douces,  des  œufs  de 
Carpe,  de  Gardon,  etc.,  collés  et  régulièrement  déposés  à  l'in- 
térieur des  coquilles  des  grandes  Moules,  et  même  sous  des 
pierres  ou  des  morceaux  de  bois. 

Suivant  notre  confrère,  la  présence  de  ces  œufs  sur  des 
points  inaccessibles  au  poisson  s'explique  tout  naturellement 
par  le  mode  de  frayer  de  ces  espèces,  qui  agitent  et  battent 
l'eau  en  tous  sens;  il  s'établit  alors  des /'cniotis  qui  portent 
les  œufs  sur  des  surfaces  où  le  poisson  n'a  pu  les  déposer 
directement. 

M.  Millet  ajoutv    ae  ses  éludes  sur  les  animaux  marins  l'ont 


PROCKS-VEKUAUX.  oG! 

aiiii'iié  à  coiislaluf  (l('s  ciiconstnnres  toiilà  i';iil  r\(i;(nrdiii;(irtïs 
t'I  oxcoplionnellos  dans  l<^ur  mode  d(^  reproduction:  mais 
([ii'au  cas  parlicnlicr,  il  ne  voit  rien  qui  ne  trouve  son  explica- 
tion dansée  rpii  se  passe  liahituellement,  même  au  milieu  des 
eaux  douces. 

—  M.  de  Grandmont  répond  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  ici 
qu'une  force  intelligente  ait  présidé  au  dépôt  de  ces  œul's  qu'il 
met  sous  les  yeux  de  la  Société,  surtout  quand  on  étudie  avec 
soin  ceux  de  l'orme  ovoïde.  Leur  petite  extrémité  est  munie 
d'un  {lédicule  mobile  à  l'aide  duquel  ils  sont  fixés,  tandis 
que  la  tête  de  l'embryon  correspond  au  plus  gros  pôle,  (letli; 
disposition  [icrniet  aux  onifs  de  tlotter  dans  l'eau  à  la  façon 
de  villosités  cboriales.  Au  reste,  si  les  courants  emportaient 
les  œufs  au  hasard,  on  devrait  les  trouver  disséminés  irrégu- 
lièrement sur  toutes  les  faces  et  en  couches  superposées;  c'est 
ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  le  cas  actuel. 

— A  la  suite  des  idées  émises  parM.  le  Président,  M.  Gillet  de 
Grandmont  et  M.  Millet,  l'assemblée  approuve  le  projet  conçu 
par  le  Conseil,  de  provoquer  des  études  sérieuses  sur  cette 
question.  M.  le  Président  annonce  (jue  déjà  le  Conseil  a  nommé 
une  commission  poin^  chercher  les  moyens  de  donner  une  vive 
impidsion  à  cette  étude. 

—  M.  le  Président  présente  à  l'assemblée  un  numéro  du 
Journal  d'aijruidtvre  pratique,  renfermant  un  travail  sur  les 
Léporides  de  M.  Roux,  à  propos  du  rapport  de  M.  Broca.  Plu- 
sieurs faits  relatifs  à  l'existence  de  variétés  de  Lapins  appelés 
Lu  pi  nu-lièvres  sont  de  nouveau  rappelés  par  MM.  Iluzard  et 
Piufz  de  Lavison,  et  l'assemblée  approuve  la  proposition  de 
M.  le  docteur  Pigeaux,  qui  insiste  pour  que  la  Société  n'émette 
sur  les  assertions  de  M.  Roux  aucune  opinion  affirmative 
jusqu'à  preuve  directe. 


3<V2      SOCIÉTÉ    IMPÉPJALE   ZOOLOGIQUE    D'Af;r.LIMATATION 

SÉAXCF,  DU  1-2  JUIN    186;;. 
Préf^iilencp  de  M.  de  Quatp.efagf.s,  viro-préMdrnt. 

M.  Ir'  Président  donne  lecture  d'une  lettre,  en  date  du  3  de 
ce  mois,  par  laquelle  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lluiys  annonce 
que  S.  M.  le  roi  Ferdinand  de  Portugal  l'a  autorisé  à'inscrire 
son  nom  sur  la  liste  des  augustes  protecteurs  de  la  Société. 
L'assemblée  entend  cette  heureuse  nouvelle  avec  un  vif  senti- 
ment de  reconnaissance. 

—  M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente,  qui  est  adopté. 

—  A  l'occasion  de  ce  procès-verbal,  31.  Ciillct  de  r'irandmonl 
Hiit  remarquer  que  M.  Millet,  dans  sa  note  remise  après  la 
séance  à  M.  le  secrétaire,  pour  y  être  insérée,  parle  de  faits 
relatifs  à  des  travaux  antérieurs  de  pisciculture  marine,  dont 
il  n'avait  pas  fait  mention  dans  cette  séance  du  29  mai. 

M.  Millet  répond  que  s'il  n'a  pas  fait  cette  mention,  la  Société 
n'en  a  pas  moins  été  informée  de  ces  travaux,  (pii  ont  contribué 
à  lui  mériter  une  de  ses  récompenses. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  Fayerney  (le  comie  de),  a  Paris. 

llcTîER  (Charles),  de  la  maison  Cli.  Hultcr  frères  et  C'% 
iiorticulteur,  à  llyères  (Var). 

Layard,  membre  du  parlemenî,  sous-secrétaire  d'État  au 
ministère  des  affaires  étrangères  de  la  Grande-Bre- 
tagne, membre  de  l'Institut  de  France,  à  Londres. 

Le  Piov  (Charles),  propriétaire,  à  Versailles. 

I\oY  (Jean),  odflcier  eu  retraite,  à  Chàlons-sur-Marnc. 

Salm  Kyi'.urc.  (le  prince  de),  à  Paris. 

Vv'oRONZow  (S.  A.  le  prince  Simon),  à  Aloupka,  près 
d'Ialla  (Crimée). 

—  M.  Nicolas  Kerzelli,  membre  du  comité  d'acclimalaiion 
de  Moscou,  adresse,  de  cette  ville,  ses  remiTrimciiis  p(jur  sa 
récente  admission  au  nondji'e  des  membres  de  la  Soçi('lé. 


PROCÈS-VERliAUX.  3G3 

—  S.  Exc.  M.  le  Ministre  ik'^  afiaires  (Uraiigèi'es  Iransmol 
la  copie  d'une  lettre  qui  lui  a  élé  adressée  deOuilo,  le  17  avril, 
par  M.  A.  Florès,  minisire  des  finances  de  la  répul)li(iue  de 
l'Kqualcur  et  niend)re  de  la  Société,  au  sujet  du  Iroupeau  de 
Lamas  et  d'Alpacas  ofiort  à  S.  M.  l'Kmpereur  par  le  président 
de  cette  ré|)ul)lique.  M.  Florès  rappelle  que  le  iroupeau  est  prêt 
et  n'attend  plus  (jue  le  navire  français  sur  lequel  il  doit  être 
embarqué. 

—  M.  le  Minisire  des  aii'aircs  étrangères,  ayant  donné  com- 
munication de  celte  lettre  à  M.  le  Ministre  de  la  marine,  Son 
Excellence  l'a  informé,  par  une  lettre  du  9  juin,  que  de  nou- 
veaux ordres  ont  été  transmis  à  M.  le  contre-amiral  comman- 
dant la  division  navale  de  l'océan  Pacifique,  afin  que  le 
transport  de  ce  troupeau  puisse  s'effectuer  dans  les  conditions 
indiquées  par  M.  A.  Florès. 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'acclimatation  donne  com- 
munication d'une  lettre  qui  lui  a  été  adressée  de  Port-Elisa- 
beth, le  15  avril,  par  M.  Chabaut,  vice-consul  de  France  en 
celte  ville,  pour  lui  annoncer  le  prochain  envoi  d'un  magni- 
fique Zèbre  (Burchell)  femelle.  M.  Chabaud  ajoute  qu'il  s'oc- 
cupe activement  de  s(i  procurer  un  mâle  de  cette  espèce;  il 
annonce,  en  outre,  ({u'il  envoie  également  deux  Lapins  do 
roche  et  deux  Oies  de  montagne. 

—  S.  Fxc.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  du  commerce  et 
des  travaux  publics,  à  (|ui  M.  le  Président  avait  exprimé  le 
désir  de  voir  distribuer  aux  comités  séricicoles  le  résumé  des 
principaux  traités  chinois  sur  la  culture  des  Mûriers,  traduit 
par  M.  Stanislas  .lulien,  et  publié  en  181)7,  par  ordre  du  gou- 
vernement, l'informe  qu(>  tous  les  exemplaires  de  cet  ouvrage 
ont  été  depuis  longtemps  mis  en  distribution  par  la  direction 
de  l'agriculture. 

—  M.  E.  Chevreul,  directeur  du  Muséum  d'hisl<dre  natu- 
relle, offre  à  la  Société  ses  sincères  remercîmenls  pour  le  don 
qu'elle  vient  de  faire  à  la  Ménagerie  d'un  S/ri.r  oiiùo  inaqel- 
lanicus,  oiseau  nocturne  compris  dans  la  dernière  culiection 
d'animaux  vivants  envoyés  de  la  Gnyaiie  par  linire  dévou(' 
confrère  M.  Bataille  (de  Gayenne). 


?A)'i      >ai:\i:TV.  imi'éjualk  zoologiol'f.  d'acclimatation. 

—  Notre conlVère  M.  .hPi^fti',  qui  avaii.  (ilïcil,,  ii  y  a  qui-lqur^s 
mois,  SPS  services  à  la  Société  pendnnt  Texploration  qu'il  se 
[)ro])osait  de  taire  au  Ja[)ou,  ('crit  de  Saison,  le  r)i)nvril  1863, 
qu'ayant  été  contraint  de  rel;icher  à  Poiiitc-de-(ialles,  iiaiail 
une  excursion  à  (lolomlto,  d"où  il  a  })u  envoyer  à  la  Société 
une  paire  de  Mainates,  que  M.  Yang,  ingénieur  civil  aii  ser- 
vice du  gouvernement  britannique,  a  bien  voulu  se  charger 
de  rapporter  jusqu'à  Marseille.  M.  .hi-ger  pense  (|u'il  se  fixera 
en  Cocliincliine,  et  qu'avec  l'appui  des  administrateurs  de  la 
colonie,  il  pourra  rendre  de  grands  services  à  l'œuvre  de 
l'acclimatation.  Il  espère  nous  expédier  prochainement  le  Porc 
de  Cochinchine,  qui  est  le  même  ({ue  celui  delà  Chine,  c'est-à- 
dire  le  Porc  à  soies  fines  et  courtes,  de  couleur  noire,  à  museau 
court,  l)as  sur  jambes,  à  oreilles  droites  et  petites,  à  queue 
pendante  et  non  contournée  en  spirale,  qui  s'élève  facilemenl, 
devient  très-gros  et  dont  la  chair  est  délicieuse. 

—  M.  le  capitaine  Nicolas,  commandant  le  Colif/n//,  écrit 
lu  Havre  pour  annoncer  l'envoi  d'une  collection  d'oiseaux  du 
Brésil  ([ui  lui  ont  été  remis,  à  Pernambouc,  pour  le  Jardin 
d'acclimatation,  par  M.  de  Lemont,  consul  de  France  dans  ce 
port.  La  collection  se  composait  de  '2  Mutus,  5  Joais,  1  Agami, 
•2  Cascavels  ou  Tourterelles,  2  Molmolhouhou;  nuTis  les  cinq 
derniers  sont  malheureusement  morts  pendant  la  traversée, 
par  suite  du  mauvais  temps. 

—  M.  Bouteille,  secrétaire  général  de  la  Société  d'acclima- 
tation pour  la  région  des  Alpes,  annonce  la  bonne  arrivée,  à 
Grenoble,  du  jeune  Lama  mâle  confié  à  cette  Société,  et  offre 
ses  remercîments. 

—  M.  P.  r.amel  transmet  la  traduction  de  deux  lettres  qui 
lui  ont  été  adressées  par  M.  Ed.  VVilson,  notre  éminent  et 
dévoué  nn^mbre  honoraire,  sur  l'infériorité  des  races  porcines 
communément  élevées  en  France,  et  sur  le  peu  de  développe- 
ment qu'a  ]»ris  chez  nous  la  culture  des  Abeilles.    (Voy.  au 

Il  if  lie  tin.) 

—  Le  Conseil,  ayant  voulu  se  tenir  au  courant  de  la  situa- 
tion actuelle  des  éducations  du  Ver  Ya-ma-maï  dont  les  graines 
«mt  été  distribuées  par  la  Société,  et  un  questionnaire  ayant 


c 


ii'.ocivS-vi-iirjAUx.  30.") 

fié  adrcsbi'  ;iiin  \iiiyl.-(|uatrc  ])eisoiiaos  qui  avaieiil  i'e<;u  de 
f:fs  graines,  Ircizo  creiUn;  cllo.^  uni  fait  parvenir  des  réponses 
d'où  il  résulle  (|uc  raccliniataliun  de  co  précieux  \er  à  snic 
du  Cdiriic  du  .lajiiui  pcul  éhr  dés  uininlenant  considérée 
cuujnie  un  lail  ace(jni|ili. 

—  31.  l'aulze  d'Ivui,  prélét  du  Cher,  uiembrc  de  la  Société. 
demande  à  étr(,'  inscrit  pour  rccevoii'  des  graines  de  Hnmln/.r 
Yd-nta-inai . 

—  M.  V.  AVilnioi,  de  i'orreiitruy  (Suisse),  écrit  pour  denian- 
rler  ^\v_s  renseignements  sur  les  meilleures  méthodes  a  srdvrr 
pour  fonder  dans  ce  pays  un  établissement  séricicole. 

—  M.  le  Président  annonce  que  M.  Textor  de  llavisi,  chef 
de  service  de  la  marine  à  Karikal,  a  récemment  déposé  au 
siège  de  la  Sociéh;  ])lusieurs  plantes  vivantes  envoyées  de 
Chandernagor  pai-  ni)tre  zélé  conirère  M.  Hayes.  Ces  plantes 
ont  été  immédiatement  envoyées  au  jardin  d'acclimatation. 

—  M.  Layard,  mmibre  du  parlement  d'Angleterre  et 
membre  de  la  Sociét(',  ayant  ollertà  M.  le  Président  plusieurs 
touilés  d'une  pr('cieuse  Craminée  connue  sous  le  non)  d<' 
Bunih  !/rnss^  ces  louflés  oui  él(-  également  l'eplantées  au 
Jardin  du  bois  de  IJoulognc. 

—  M.  A.  Gelot  envoie,  à  la  date  du  27  mai,  une  provision 
de  leuilles  de  Yerln,  jnair,  ou  Thé  du  Paraguay,  dans  le  luil 
de  faire  expérimenter  l'infusion  de  cette  plante  par  les  niem- 
Itres  de  la  Société,  et  de  ilxer  leur  opinion  sur  le  goût  et  les 
propiriétés  de  ce  végétal,  dont  il  se  fait  une  si  grande  con- 
sommation dans  l'Amérique  du  Sud,  et  dont  leselTets  utiles 
ou  agréables  ont  été  sérieusement  contestes  dans  une  des 
séances  précédentes.  Notre  confrère,  convaincu  par  sa  propre 
expérience  des  avantages  (|ue  ()eut  produire  un  usage  modéré 
du  Malé,  insiste  pour  qu'un  examen  attentif  en  soit  fait,  el 
qu'un  rapport  sur  ce  sujet,  (jui  intéresse  au  plus  haut  poinî 
les  popuiatioub  américaines,  soit  présenié  à  la  Société.  — 
M.  Jlébert  annonce  que,  depuishnit  jours,  il  fait  usage  de  ces 
leuilles  d'Yerba  du  Paraguay  prises  en  infusions,  au.\(juellcs 
due  trouve  aucun g(jùt  désagréable,  et  qui  lui  semblent  pos^ 
séder  des  propriétés  digesfives  Ivès-marquées. 


'Mi(^        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    D'A(:CLh\lATAT{ON. 

—  M.  Itiuiu'l  cl  M.  Pigeaux  l'ont  icmai'quer  (ju'il  y  a  (]eiix 
espèces  d'Ycrba  employées  sous  le  nom  cummun  do  llJatc,  et 
que  l'une  d'elles  est  en  elTel  très-amére  et  d'un  usage  peu 
agréable. 

—  Noire  conlVère  M.  Philippe,  jardinier  hoianisle,  (3nlre- 
lenu  delà  marine,  adresse,  de  Saint-Mandrier,  j)rcsde  Toulon, 
tine  Nolice  eompléiuenlaire  de  celle  qu'il  a  déjà  l'ait  parvero'r 
à  la  Société  sur  ÏEucalyplua  fjlobnUis  d'Australie;  des  échan- 
tillons de  rameaux  de  cet  arln-e  accompagnenl  la  note  de 
M.  Philippe. 

—  M.  Paillet,  horticulteur  de  la  Société,  envoie  de  Chatenay 
(Seine)  des  échantillons  de  feuilles  du  Chêne  de  Chine  sur 
lequel  vit  le  Bombijx  Pcnuji,,  et  qui  sont  venues  chez  lui  des 
glands  distribués  par  la  Société  en  185/!, 

—  M.  Guérin-Ménevillc  rappelle  <[ue  ces  Chênes  ont  été 
également  élevés  chez  M.  Le  iloy  (Li'Angcrs),  qui  en  iiossède 
de  très-beaux  plants,  et  (jui  les  reproduit  aisément  de  grefTe. 

—  Notre  conlrère  M.  Brierre  (de  Saint-Hilaire  de  Piiez), 
envoie  une  Note  accompagnée  de  dessins  sur  quelques-uns 
des  végétaux  exotiques  dont  il  poursuit  la  culture  avec  tant 
de  soin  et  de  succès. 

—  M.  le  Président  transmet  une  lettre  de  M.  le  vicomte 
de  Rességuier,  (jui,  à  la  date  du  27  mai,  lui  annonce,  de  Metz, 
tpie  les  graines  d'une  très-curieuse  jiiante  de  Chine  envoyée 
par  Mgr  Guillemain,  et  produisant  une  rose  qui  change  (rois  l'ois 
de  couleur  par  jour,  ont  parfaitement  levé. 

M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  : 

i"  Un  numéro  du  journal  illustré  publié  à  Paris  en  espa- 
unol,  feV  Correo  de  ultramar,  qui  contient  un  article  inté- 
ressanl  sur  les  progrès  du  .lardin  d'acclimatation,  avec  les 
dessins  représentant  plusieurs  des  animaux  les  plus  remar- 
quables de  ses  collections.  Cette  publication  concourt  d'autant 
plus  elilcacement  à  la  propagation  des  idées  utiles  de  notre 
Société,  qu'elle  s'adresse  surtout  aux  nations  his[)ano-a.!uéri- 
caines,  dont  les  riches  contrées  peuvent  fournir  tant  de  pré- 
cieux contingents  à  ntitre  institution. 

2"  La  i'iancc  du  7  juin,  dont  le  feuilleton  est  consacré  à 


rnocÈs-VERDAUx.  367 

un  exposé  des  merveilles  de  l'aqiiariuui  du  Jardin  d'accliinata- 
liun,  par  M.  Louis  Figuier. 

o"  Le  Moniteur  universel  du  9  e!  du  H)  juin,  renfermant: 
le  premier,  le  compte  rendu  présenté  à  l'Académie  des  sciences 
par  M*.  Guérin-Méneville,  des  iieureux  résultats  obtenus  dans 
les  essais  d'éducation  du  Ver  à  soie  Ya-ma-maï  et  du  Bombyx 
Periiiji  ;  le  second,  un  article  sur  la  brillante  collection  de  Per- 
roquets du  Jardin,  et  sur  une  intéressante  tentative  d'acclima- 
lalion  à  l'état  libre  de  la  magnifique  Perruche  de  Pennant. 

—  M.  le  Président  rappelle  à  ce  sujet  qu'une  dizaine  de  ces 
oiseaux  d'Australie,  aux  couleurs  si  ])rillantes  et  si  variées, 
ont  été  oll'erts  par  M.  Wilson,  el  j^ar  l'entremise  de  notre 
Société,  à  S.  M.  l'Empereur,  pour  élre  mis  en  liberté  dans  la 
Ibrêt  de  Fontainebleau,  Ces  Perruches,  conservées  pendant 
quel([ue  temps  au  Jardin  d'acclimatation  ,  viennent  d'être 
transportées  tout  récemment  à  Fontainebleau,  par  les  soins 
de  M.  Ramel,  dans  des  panjuets  préparés  exprés  {)our  elles, 
car  on  a  craint  de  les  perdre  en  leur  donnant  la  liberté  sans 
les  avoir  d'abord  sulïisamment  habituées  en  captivité  à  notre 
climat. 

—  La  Société  a  également  reçu  le  numéro  du  9  avril  du 
\o\\Y\VA\The  Courier,  publié  àBrisbane,  dans  lequel  se  trouve 
le  compte  rendu  de  la  dernière  réunion  trimestrielle  de  la 
Société  d'acclimatation  de  Queensland.  Cette  assemblée  a 
entendu  diverses  communications  sur  des  projets  et  des  essais 
d'acclimatation,  dans  cette  colonie  australienne,  de  la  Canne 
à  sucre  de  Maurice,  de  la  Chèvre  d'Angora  et  de  la  Chèvre 
de  Cachemire. 

—  M.  Lereboulletfait  hommage  à  la  Société  de  son  Rapport 
imprimé,  rédigé  au  nom  de  la  Commission  de  sériciculture, 
sur  les  éducations  de  Vers  à  soie  faites  dans  le  département  du 
Bas-Rhin  pendant  l'année  1862. 

—  A  ce  sujet,  M.  le  Président  fait  observer  que  ces  éduca- 
tions offrent  une  grande  importance,  puisqu'elles  prouvent 
la  possibilité  d'élever  le  Ver  à  soie  du  Mûrier  dans  les  régions 
du  Nord,  sans  pour  cela  faire  concurrence  aux  autres  espèces 
nouvellement  introduites,  et  dont  la  Société  poursuit  l'accli- 


TvjS         SdCIÉ'IÉ    I.MI'EIUAIJ':    /J  )(l  !,<)(.  |(,)LK    l>  ACCIJMA  I  A  i  H  i.%  . 

iiKilalioii.  ^j.  riUci'iii-MéiKîvilk',  aiiprouvaul  rclte  (ihsciAaiiui]. 
ajoule  que  ces  lails  sunl  tl'anlanl  [Am  iiiléi'essaiils,  (|U('  li-  \<.'i' 
élevé  dans  les  conlrét-'S  du  Nord  sendiK;  y  élrc  à  Tahri  des 
lerribles  épidémies  ijui  r<jiîl  ailleurs  laiil  de  îava.Lies.  .M.  h- 
Président  l'ail  reniai'inuT  ijui'  le  cliiiial  Ji'a  pas  ayi.d'iun' 
manière  si  certaine  sur  la  maladie,  jniisiiu'il  a  vu  des  Vers 
malades  dans  les  régions  baulcs  des  montagnes,  en  Savoie. 

—  M.  Ilélic'rt  jiniseiiii'  nu  ilapport  sur  la  situation  d(.'s\ak^ 
et  des  Chèvres  d'Angora  placés  en  ciiepiel  dans  la  Meinile' 
et  dans  les  Vosges,  oii  il  les  a  trouvés  dans  d'excellentes  con- 
ditions d'élevage  et  de  santé.  (Voy.  au  Hnlletin,  p.  '^'11.) 

—  M.  Hébert  lit  ensuite  un  résumé  des  renseignements 
ammncés  plus  liant ,  sur  l'éducalion  du  Ver  Va-ma-maï.  Des 
ri'ponses  reçues,  il  résulte  que  : 

1"  L'Ya-ma-maï  semble  devoir  rc'uissir  parl'aitenient  sous 
notre  climat,  et  peal-ètri!  même  plus  au  nord. 

2"  Ces  premières  expériences  d'éducati(m  démontient  la 
rusticité  remarquable  ilc  cette  espèce,  qui  promet  de  devenii' 
une  très-ricbe  acquisition  pour  notre  industrie  séricicole. 

3"  Les  pertes  constalées  ne  s'appliquent  tpi'au  premier  âge, 
ou  plutôt  aux  premiers  jours  des  Vers.  La  première  mue  parail 
les  mettre  à  l'abri  de  toute  maladie,  et  cela  sera  sans  doute 
d'autant  plus  vrai  poui'  les  générations  suivantes,  qui  n'auront 
pas  eu  à  supporter  les  fatigues  de  celle-ci. 

Iv'  L'Ya-ma-maï  mange  toute  espèce  de  (dièue,  et  même 
d  autres  essences  très-communes  dans  nos  contrées.  Ainsi 
madame  veuve  Boucarut  a  fait  son  éducation  avec  le  Gbènc  vert 
non  épineux,  l'Yeuse,  que  ses  cbenillcs  ont,  dit- elle,  préféré 
au  Chêne  blanc.  M.  de  Milly  a  vu  les  siennes  dévorer  le  (îbéne 
blanc  avec  plus  d'ap-pélit  que  le  (Silène  ordinaire.  M.  de  Morgan 
leur  a  donné  avec  succès  le  (îhène  rouvre.  M.  le  comte  de 
Lamote-Daracé  annonce  qu'elles  aiment  autant  le  Chêne  noir 
que  le  blanc.  iM.  Maumenet  a  essayé  le  Cognassier,  sans  avoir  à 
le  recommander.  M.  Cbavannes  anirme,  au  contraire,  qu'elles 
s'accommodent  [lari'aitcment  du  Cognassier,  des  dillérentes 
variétés  d'Aliziers  et  du  Nèllier  (.rtlinaire. 

—  M.  Guérin-Mcii'.'ville  r-'ud  (•onipte  d<^s  édm-alions  qu'il  a 


PP.OCÈS-VEP.IJAUX.  369 

faites  ou  dirigées  lui-même,  tant  à  la  magnanerie  expérimen- 
tale (le  la  ferme  impériale  de  Yincennes  et  chez  M.  Roger- 
Desgenetles,  à  Saint-Maur,  qu'cà  Toulon,  chez  notre  confrère 
M.  Auzende,  et  qui  ont  également  hien  réussi. 

11  entretient  aussi  l'assemblée  d'un  fait  très-remarquable 
relatif  au  Bombyx  Pernijl  dont  il  avait  reçu  directement  des 
cocons  de  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  en  même  tem[)S  que 
de  la  Société.  (Juoique  peu  propres  à  laisser  quelque  espoir 
de  succès,  plusieurs  de  ces  cocons,  qui  avaient  beaucoup 
souffert  pendant  leur  expédition,  lui  ayant  donné  des  papillons, 
il  a  pu  les  faire  accoupler  et  obtenir  des  œufs  fécondés.  11  a 
actuellement  une  soixantaine  de  chenilles  en  cours  d'éducation 
et  présentant  toutes  les  apparences  de  vigueur  et  de  santé 
désirables.  Notre  savant  et  zélé  collègue  croit  donc  avoir  tout 
lieu  d'espérer  que  cette  espèce,  dont  la  Société  recherchait 
l'acquisition  avec  tant  d'efforts  et  d'impatience,  nous  sera 
bientôt  acquise. 

—  M.  le  Président  offre  à  M.  Guérin-Méneville  les  remer- 
cîments  delà  Société  pour  cette  heureuse  nouvelle,  et  surtout 
pour  les  soins  tout  dévoués  avec  lesquels  il  s'est  occupé  de 
l'éducation  de  ces  deux  précieuses  espèces,  dont  l'introduc- 
tion en  France  peut  être  regardée  comme  étant  des  plus  im- 
portantes qui  puissent  être  tentées. 

—  M.  Pinçon  place  ensuite  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des 
chenilles  de  l'Ya-ma-maï  à  leur  quatrième  âge,  et  des  cocons 
parfaitement  formés  comme  ceux  présentés  par  M.  Guérin- 
Méneville,  et  il  donne  lecture  d'une  note  sur  son  éducation, 
dont  les  diverses  circonstances  confirment  les  observations 
recueillies  par  les  autres  éleveurs. 

M.  Sala,  inspecteur  général  de  la  Compagnie  du  canal  de 
Suez,  expose  qu'il  a  été  chargé,  en  1861,  par  M.  de  Lesseps, 
de  la  prise  de  possession  d'une  grande  propriété  appelée 
rOuady,  donllaCompagnie  venait  de  faire  l'acquisition.  Celte 
propriété  avait  été  fondée  sur  la  limite  du  désert  par  Méhémet- 
Ali.  Depuis  lors  elle  avait  été  négligée  et  presque  ravagée. 
Tout  y  était  en  ruine.  La  tradition  disait  cependant  que  des 
Syriens  en  grand  nombre  y  avaient  fait  avec  succès  des  éduca- 

T.  X.—  Juin  18G;5.  24 


370        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

tiens  de  Vers  à  soie,  et  qu'ils  appelaient  cette  partie  de  la 
vallée  de  Gessen,  Rivière  de  la  soie.  Plusieurs  centaines  de 
mille  pieds  do  Mûriers  avaient  été  abattus  sous  le  règne 
d'Abbas-Paclia;  il  n'en  restait  que  quelques  centaines  autour 
de  riiabitation.  M.  de  Lesseps,  président  de  la  Compagnie  et 
membre  de  notre  Société,  approuva  et  autorisa,  dès  l'année 
1862,  une  nouvelle  éducation  de  Vers  à  soie  tentée  par  M.  Gui- 
cliard  (fils  de  M.  Guicbard,  de  TYonne),  clief  du  service  agri- 
cole de  la  Compagnie.  Cette  première  éducation  réussit  très- 
bien.  De  nombreuses  plantations  de  Mûriers  lurent  donc 
ordonnées.  (Le  Mûrier  est  en  pleine  production  dès  la  troisième 
année.)  Avec  la  graine  récoltée  l'année  dernière,  une  seconde 
éducation  de  Vers  a  été  faite  celte  année  1863.  Elle  a  aussi 
parfaitement  réussi,  sans  qu'aucune  maladie  se  soit  mani- 
lestée,  malgré  l'inexpérience  des  Arabes  chargés  de  la  faire. 

11  y  a  tout  lieu  de  croire  que  l'avenir  répondra  au  passé. 
Par  ordre  du  président,  de  nombreuses  plantations  de  Mûriers 
se  feront  tous  les  ans.  —  Les  cultivateurs  arabes  sont  inté- 
ressés, par  la  nature  de  leurs  baux,  à  la  conservation  des 
arbres,  qui  déjà  verdoient  jusque  dans  le  désert. 

On  a  remarqué  que  le  sol  du  désert  est  particulièrement 
favorable  à  la  culture  des  Mûriers,  comme  il  l'est  à  celle  du 
Coton.  L'abondance  de  l'eau  du  Nil  contribue  à  cet  heureux 
résulat. 

La  Compagnie  du  canal  de  Suez  s'attachera  à  développer 
cette  branche  si  importante  de  ses  revenus.  Elle  est  heureuse 
d'être  en  rapport  avec  la  Société  impériale  d'acclimatation, 
dont  elle  suivra  avec  reconnaissance  les  indications  et  les 
encouragements,  si  elle  peut  contribuer  à  la  conservation  de 
l'industrie  séricicolc  dans  la  mère  patrie,  soit  en  y  envoyant 
des  cocons,  soit  en  y  envoyant  sa  graine. 

Le  Secrétaire  des  séances^ 

L.   SOUBEIRAN. 


m.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  Drodyn  de  Lhuys  à  MM.  les  Membres 

du  Conseil. 

Paris,  lu  3  juin  18G3. 
Messieurs  el  chers  collègues, 
J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  S.  M.  le  roi  Ferdinand  de  Portugal  daigne 
autoriser  l'inscription  de  son  nom  sur  la  liste  des  protecteurs  de  la  Société  impé- 
riale zoologique  d'accliniatution. 

Sa  Majesté  a  bien  voulu  me  faire  part  directement  de  la  gracieuse   faveur 
qu'Elle  nous  témoigne. 

Recevez,  Messieurs  et  chers  collègues,  etc.         Signé  Drouyn  de  Lhuys. 


Arcltitiatation    d'Animaux   «l'espèce»   nouvelles  en  Espa;g;ne<. 

Lettre  de  M.  P.  Graells  ,  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle  de 
Madrid,  délégué  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Madriil,  le  31  mars  1863. 
Monsieur  et  honoré  confrère, 

Lamas.  — Nos  Lamas  sont  toujours  à  Aranjuez  ;  moitié  du  troupeau  sera  trans- 
portée <'et  été  dans  les  montagnes  de  la  dranja,  et  l'autie  moitié  demeurera  à  Aran- 
juez, où  ces  animaux  sont  restés  depuis  leur  arrivée  en  Castille  et  se  sont  par- 
faitement acclimatés.  Cependant,  l'été  étant  très-chaud  à  Aranjuez,  les  Lamas  se 
trouveront  mieux,  pendant  cette  saison,  dans  les  montagnes  granitiques  de  la 
cordillère  de  Guadarrama,  dont  le  climat  se  rapproche  davantage  de  celui  de  leur 
pays  natal. 

Pour  l'hiver,  nous  ferons  descendre  ce  troupeau  dans  les  prairies  de  l'Escurial, 
et  même,  si  la  neige  nous  y  contraint,  nous  le  ferons  conduire  au  parc  zoologique 
de  la  Casa  de  Campo,  traversé  par  le  chemin  de  fer  du  Nord  qui  passe  aussi  par 
l'Escurial. 

Nos  Lamas  sont  en  bon  état,  mais  malheureusement  les  mâles  sont  presque 
aussi  nombreux  que  les  femelles,  .l'ai  proposé  à  Sa  Majesté  de  laisser  seulement  un 
ou  doux  mâles  avec  les  femelles,  et  de  faire  des  autres  mâles  un  petit  troupeau 
séparé. 

Mi'tinos  Mauchnmp.  —  Notre  petit  troupeau  de  Mérinos  Mauchamp  se  com- 
pose de  19  tètes  ;  il  est  en  très-bon  état.  Nous  avons  en  outre  un  autre  troupeau 
de  plus  de  100  têtes  de  ces  Mérinos  croisés  avec  les  Mérinos  de  la  bergerie 
modèle  de  l'État.  Le  résultat  de  ce  croisement  est  satisfaisant;  les  animaux,  en 
conservant  presque  autant  de  laine,  ont  acquis  plus  de  rusticité. 

Autruches.  —  Les  Autruches  du  lUtiro  se  portent  à  merveille;  le  couple  qui 
nous  a  donné  la  petite  troupe  que  nous  avons  de  ce  gigantesque  oiseau,  a  déjà 
commencé  la  ponte  de  cette  année:  il  a  en  ce  moment  cinq  œufs.  Nos  jeunes 
-Autruches  de  l'année  dernière  sont  aussi  fortes  que  leurs  parents,  mais  leur  plu- 
mage n"a  pas  encore  pris  sa  couleur  définitive.  Celles  des  années  antérieures 
ressemblent  exactement  aux  anciennes.  Je  vais  faire  transporter  toutes  nos  Au- 
truches, sauf  celle  qui  effectue  sa  |ionte,  et  qui  restera  avec  son  mâle  au  Retire, 
dans  le  grand  parc  qu'on  vient  de  leur  préparer  à  la  Casa  de  Campo,  et  qui  offre 


â7'2        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

toutes  les  coiulitious  désirables.  Ce  parc  ,  (|ui  a  un  kilomètre  de  circonférence, 
renferme  dans  son  enceinte  des  prairies  et  de  pclites  collines  sablonneuses  avec 
des  bosquets  de  llelama  fienèX  monosperme)  et  autres  arbi-es  et  arbrisseaux. 
Deux  petits  ruisseaux  traversent  ce  parc  destiné  non-seulement  aux  Auli  uclies, 
mais  aussi  aux  Droniées,  anx  Casoars  et  aux  Nandous. 

Dromécs.  —  Le  couple  de  Dromées  couve  en  ce  moment  huit  œufs.  Les  petits 
de  l'année  dernière  sont  déjà  aussi  grands  que  leurs  parents. 

Nos  Autruclies  et  nos  Dromées  sont  donc  complètement  et  délinitivemenl  accli- 
matés, car  ils  se  reproduisent  régulièrement  tous  les  ans. 

Gazelles,  Kangnrous.  —  Nous  pouvons  en  dire  autant  des  Gazelles  et  des 
Kangurous,  comme  je  l'ai  di-jà  écrit  à  la  Sociéié.  In  troupeau  d'une  dizaine  de 
Gazelles  a  été  mis  en  liberté  à  la  Casa  de  Campo,  et  il  prospère  dans  celle  [losses- 
siou  royale. 

Aguiias.  — il  n'en  est  pas  de  même  des  Agulias  {Capromys  Fourxicri),  que  le 
général  Serrano  m'envoya  à  dillerentes  fois  de  l'île  de  Cuba,  et  qui,  malgré  tous 
les  soins  que  nous  leur  avons  prodigués,  n'ont  pu  >u|iporter  les  trouls  d'hiver.  Ce 
mamnutère,  qu'on  mange  aux  Antilles,  ser;iit  un  utile  gibier  pour  nous,  si  l'on 
pouvait  parvenir  à  l'acclimaler  ici. 

Le  général  Serrano,  à  son  retour  dans  la  Péninsule,  a  eu  la  généreuse  idée 
d'a[iparter  un  grand  nondne  d'oiseaux  granivores  des  Antdles,  tels  que  ditrérentes 
espèces  de  Colombes  et  Tourterelles  (Coluiiiba  leucocephalu,  Eclopistes  caroli- 
nmsis,  Lophyrus  ciuvivcephala,  Cohunba  zenaida,  Chainepelia  passerma,  etc.), 
etdesUuiscales,  Tioupiales,  elc,  etc.).  En  arrivant  dans  sa  propriété  d'Argona, 
en  Andalousie  ,  il  les  a  mis  en  liberté  dans  l'esiioir  qu'ils  s'y  établiraient  et  s'y 
acclimateraient  seuls,  comme  cela  eut  lieu  à  Cuba,  pour  notre  moineau  {Friiigilla 

duuiesLica). 

Cette  idée  lui  a  été  suggérée  précisément   par  rétablissement  à  Cuba  de  cet 

oiseau  européen. 

Lu  négociant  apporta  à  la  Havane,  en  1830,  un  bon  inunbre  de  momeaux,  pour 
l'introduction  desquels  la  douane  exigeait  des  droits  exorbitants  et  s'élevant  bien 
au  delà  du  prix  qu'on  aurait  pu  retiier  de  la  vente  de  ces  oiseaux.  Il  eut  l'idée 
de  les  mettre  en  liberté.  Ces  moineaux  entrèrent  donc  dans  l'île  sans  rien  payer, 
ils  restèrent  inaper(;us  pendant  plusieurs  années ,  mais  peu  à  peu  on  remarqua 
leur  existence,  et  ils  se  sont  propagés  chaque  jour  davantage,  au  iioiiit  (juc  dans 
certaines  villes  ils  sont  aussi  communs  que  chez  nous. 

Ils  ont  une  singulière  manière  de  s'établir.  Us  ne  quittent  pas  un  village  ou  une 
maison  de  campagne  pour  aller  dans  une  autre,  tant  que  la  colonisation  d'une 
troupe  n'est  pas  bien  assurée.  Alors  de  maison  en  maison  ils  passent  d'une  ville 
à  l'autre  et  finissent  par  envahir  ainsi  les  districts  du  pays. 

Guidé  par  cet  exemple,  le  général  Serrano  a  pensé  que  c'était  un  excellent 
moyen  pour  introduire  dans  un  pays  des  animaux  exotiques,  si  par  leur  nature 
rusti(nie  ils  offraient  des  garanties  pour  vivre  dans  nos  climats.  Ainsi,  il  a  choisi 
les  Colombes,  les  Troupiales,  les  (juiscales,  les  Corvidés,  les  Fringillidès  et  les 
Gallinacés.  Il  a  mis  un  bon  nombre  de  ces  oiseaux  en  liberté  à  smi  arrivée  en 
Andalousie,  et  il  a  réservé  le  surplus  pour  être  également  rendu  libre  au  \nui- 
temiis,  ce  qu'il  vient  de  faire  lout  rcceniment,  en  nous  envoyant  aussi  quelques 
couples  de  ces  oiseaux  pour  notre  jardin  zoologique. 

Je  vous  prie,  mon  cher  collègue,  de  faire  part  à  la  Société  de  celte  belle  idée 
de  notre  confrère  M.  le  général  Serrano,  qui  a  déjà  rendu  tant  de  services  à 
l'acclimatation  en  Euroiie  et  en  Amériiiue  ;  car  pendant  son  séjour  à  Cuba,  il  nous 
a  lait  plusieurs  envois  de  plantes  utiles  et  d'animaux  vivants  pour  notre  jardin 
d'acclimatation,  et  nous  lui  avons  adressé  d'autres  végétaux  et  animaux  d'Europe 
pour  les  acclimater  dans  noire  colonie,  ce  qui  s'est  fait  smis  son  patronage  à  la 
Havane. 


FAITS    DlVElïS.  373 

Quand  les  oiniiliologistes  voyageurs  Irouveroiit  en  Adalousie  les  Cohmha  leu- 
rncephala,  [.ophyrus  rjiatiocephala,  Cohmha  zenaida,  Eclopislcs  carolinensis, 
Chaniepelia  piissoina,  Orlyx  vxibana,  et  d'autres  oiseaux  américains,  qu'ils  se 
souviennent  que  ces  espèces  ont  été  introduites  en  Espagne  par  notre  dévoué 
confrère. 

Je  finis  cette  longue  lettre  en  vous  priant,  monsieur,  de  dire  à  notre  illustre 
Président  que  j'attends  toujours  ses  ordres  et  ceux  de  notre  |  hilanthropique 
Société  pour  les  exécuter,  et  me  rendre  de  iilus  en  plus  dii^ne  du  titre  de  son 
délégué  en  Espagne,  dont  la  Société  a  bien  voulu  m'houorcr. 

En  atlendanl,  je  vous  prie,  mon  cher  confrère,  d'agréer,  etc. 

Le  délrguc. 
Signé  I\I.   P.  GiiAEi.LS. 


.«Sur  un  li-oiiticitii   île  l.nmns  e<  «Iiiacas  n9roi-<  à  rKmitoreiii-  par  le 
B'rôsiiIfiU  «1»'  Isi  r<'>|HililH|iie  «le  roOqdaioisf. 

Lettre  adresée  par  M.  Antonio  Florès,  ministre  de  l'Equateur,  a  S.  Exe. 
M.  Drolyn  de  Lhuys,  président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Quilo,  lo  17  aviil  i803. 
Monsieur  le  Ministre  et  cher  collègue , 

J'ai  reçu  la  communication  que  Votre  Excellence  m'a  fait  l'hornicur  de  m'a- 
dresser  à  la  date  du  1 1  février  de  cette  année,  avec  les  instructions  générales  de 
la  Société  impériale  d'acclimatation  et  la  note  spéciale  annexe  Védigée  par 
M.  Albert  Geofi'roy  Saint-llilaire. 

Je  me  suis  empressé  de  soumettre  la  dernière  à  M.  le  Président  de  la  r»épu- 
blique,  et  je  puis  assmer  Votre  Excellence  que  nous  ferons  en  sorte  de  répondre 
aux  désirs  de  la  Société  ini(iériale,  quant  aux  précautions  à  prendre  dans  l'envoi 
des  Lamas,  lesquels  seront  embarqués  à  Guayaquil  dans  les  meilleures  conditions 
possibles.  Il  serait  seulement  à  désirer  que  je  fusse  prévenu  à  l'avance  de  l'arrivée 
du  bàtimeiiL  qui  doit  les  Conduire  en  France.  J'ai  déjà  inlormé  Volie  Excellence 
que  l'époque  la  plus  favoiable  serait  la  saison  d'été,  c'est-à-dire  du  mois  de  juin 
jusqu'à  octobre. 

Par  rapport  aux  Alpacas,  M.  le  gouverneur  de  la  province  de  Cliimborazo,  qui 
a  été  chargé  par  M.  le  Président  de  l'acquisition  des  Lamas,  assure  qu'on  n'en 
Irouvi'  pas  dans  le  |)ays. 

Uuani  aux  autres  animaux  et  végétaux  désignés  dans  la  note  de  M.  A.  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  quelques-uns  ne  sont  pas  connus  à  l'Equateur,  ou  ils  le  sont  peut- 
être  sous  d'autres  noms.  Non<  nous  empiesserons  d'envoyer  à  la  Société  le^;  échan- 
tillons que  nous  pourrons  nous  |irociuer. 

En  tout  cas,  la  Société  peut  être  assurée  du  vif  intérêt  que  je  prends  à  tout  ce 
qui  la  concerne,  et  que  je  ne  négligerai  rien  pour  la  servir  de  mon  mieux. 

Veuillez  agréer,  monsieur  le  Ministre  et  cher  collègue,  etc. 

Signé  Antonio  Ei.oRÈs. 


IV.   CHRONIQUE. 


CJiiKiire   tlii   iljniiiqiiina  aux   lii<lc.%  nn^Ilaîses. 

(Extrait  et  traduit  de  la  Revue  de  la  Socielii  of  aris,  par  M.  HÉBERT, 
agent  général  de  la  Société.) 

La  Société  des  arts  {ihe  Society  of  arts),  dans  sa  soixantc-dixièmo. 
séance  ordinaire,  du  25  mars  I860,  a  enlendu  iin  Irès-intéressant  travail 
de  M.  Cléments  l\.  Markliam  sur  la  production  de  la  qniniue  et  la  culture  du 
(juinquina  dans  l'Inde.  L'intérêt  particulier  que  notre  Société  impériale  prend 
à  racclinuilation  de  cette  piaule  précieuse  nous  a  fait  penser  que  les  lecteurs 
du  Bulletin  verraient  avec  plaisir  le  résumé  de  ce  mémoire. 

"La  production  du  quinquin:i  et  des  aulres  alcaloïdes  obtenus  de  Técorcc 
de  Cinchona,  dit  M.  Markliam,  est  un  sujet  très-digue  de  Taltention  de  cette 
Société,  et  quelque  modestes  que  soient  mes  connaissances  scientifiques,  la 
part  active  que  j'iii  prise  pratiquement  dans  l'inlroduclion  et  l'acclimatalion 
du  (Hiinquina  aux  Indes  m'assurera,  je  l'espère,  s:i  hienveillanle  alleulion.  « 

L'auteur  de  ce  travail  insiste  d'abord  sur  les  bienfaisants  elTets  de  la  qui- 
nine et  sur  son  iusuflisauce  regrettable  ,  puisque  des  milliers  d'honnncs 
périssent,  surtout  daus  les  régions  tropicales,  faute  de  l'avoir  facilement  à 
leur  portée.  La  culture  réglée  du  (  Hiinquina  peut  donc  seule  amener  la  pro- 
duction abondaute  de  ce  végétal,  qui  ne  se  trouve  que  dans  les  régions  tem- 
pérées des  cordillères  des  Andes,  IN'ouvelle- Grenade,  Equateur,  Pérou  et 
Bolivie,  et  dont  l'exploitation  déréglée  fait  craindre  la  complète  disparition. 

Les  espèces  les  plus  estimées  sont  :  dans  la  Nouvelle-Grenade,  les  Cin- 
chona  pitayensis  et  bincifulia  ;  dans  l'Equateur  le  C.  offi.cinalis  et  succirii- 
bra,  ou  red  hark  ;  au  Pérou  et  en  Bolivie,  le  C.  calisaija,  le  plus  estimé  de 
tous.  En  1860,  rÉ(|uateur  a  fourni  à  l'exportation  583  700  livres  anglaises 
d'écorce,  et  la  lîolivic  1080  200,  mais  les  produits  de  ces  provenances 
s'épuisent  rapidement. 

Si  l'on  exploitait  sagement  les  forêts  de  l'Amérique  du  Sud,  si  l'on  y  re- 
plantait déjeunes  sujets  à  mesure  qu'on  dépouille  les  anciens,  on  pourrait 
tenir  toujours  d'énormes  quantités  de  matière  première  en  réserve,  mais  on 
ne  se  préoccupe  mdlement  de  ce  soin  ;  la  conqjlète  cessation  de  la  produc- 
tion est  donc  immiuente. 

Dans  l'Inde  seulement,  une  cnlière  privation  de  quinine  aurait  les  plus 
fatales  conséquences,  et  l'on  peut  aflirmer  que  celte  calamité  serait  pour  les 
Européens  ce  que  fut  pour  les  indigènes  la  famine  de  18(50-1861. 

On  ne  saurait  se  faire  une  idée  exacte  des  difllcullés  inunenses  que  l'on 
éprouve  pour  se  procur^'r  des  plants  de  Ouin(iuina ,  même  en  Amérique, 
dans  ces  forêts  à  piui  près  inconnues  aux  Européens,  situées  souvent  dans 
des  lieux  iuacccssibles  où  aucune  tentative  de  culture  n'a  jamais  été  entre- 
prise. Ces  difiicultés  sont  bien  autrement  graves  que  celles  qui  s'attachent  ii 
racclimatation  du  'l'Iié,  du  Café  ou  du  Coton  américain. 

Il  a  fallu  ledévouemeutdes  coopérateurs  MM.  Markliam,  Sprucc  et  Pritchett, 
et  des  habiles  jardiniers  Cross  et  Weir,  pour  assurer  le  succès  de  la  cul- 


CHRONIQUE.  375 

tiiro  du  Quinquina  dans  les  colonies  anglaises  des  Indes.  Les  espèces  sur 
lesquelles  porte  principalement  cette  cultine  sont  les  suivantes  : 

1.  C.  succinibra  (rerf  hark),  de  l'fiquateur. 

2.  C.  calisaya  (yellotv  barli),  de  f'.aravaya  et  de  la  lîolivie, 

3.  C.  oflîcinalis,   var.  Condaminea  ,  Bonplandiana   crispa  (crown  bark),  de 

ri^quateiir. 

4.  C.  nitida  {grey  hark),  du  nord  du  Pérou. 

5.  C.  micranttia,  id. 

6.  C.  peruviana,  id. 

7.  C,  espèce  sans  nom,  id. 

8.  C.  lancifolia  {Carlhagena  bark),  de  la  Nouvelle-Grenade.         ' 

Le  succès  de  l'expérience,  après  l'arrivée  desp'antcs  aux  Indes,  est  en- 
tièrement dû  à  M.  Mac  Ivor,  directeur  actuel  des  plantations  de  Quinquina 
dans  la  présidence  de  !\Iadras.  à  qui  son  énergie,  son  liabiieté,  s<>s  qualités 
comme  jardinier,  son  activité  extraordinaire  comme  j)ropagateur,  ont  fourni 
les  moyens  d'amener  la  culture  de  ces  arbres  précieux  à  un  tel  état,  qu'elle 
est  désormais  à  l'abri  de  toute  atteinte.  Le  point  le  plus  important,  après 
avoir  apporté  les  plants  dans  de  bonnes  conditions  de  conservation,  c'était 
de  cboisir,  poui-  leur  culture,  des  localités  aussi  analogues  que  possible, 
])our  la  nature  du  sol  et  la  température,  à  leurs  forêts  natales,  et  M.  IMarkham 
doit  son  succès,  ;'i  cet  égard,  aux  conseils  et  à  l'aide  de  M.  Mac  Ivor. 

Le  lieu  cboisi  pour  l'iiislallation  de  ces  essais  s'appelle  la  plantation  Doda- 
betta  ;  il  esl  situé  à  7600  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  :  c'est  la  pépi- 
nière destinée  h  fournir  les  éléments  à  des  plantations  plus  étendues  et  plus 
considérables.  La  seconde  localité  adoptée  fut  une  parlie  de  la  forêt  appelée 
Neddiwuttum,  à  l'angle  nord-ouest  des  monts  A'cilgherries,  en  face  du  plateau 
de  Wynaad.  La  nature  et  la  température  de  cette  station  correspondent  à 
celles  des  forêts  de  Caravaya  ;  son  élévation  est  de  /|800  à  HOOO  pieds. 

Pendant  la  première  année  qui  suivit  l'introduction  des  plants  de  Cin- 
cliona  aux  Indes,  c'est-à-dire  de  janvier  1861  à  janvier  1862,  les  expé- 
riences furent  réservées  tout  entières  à  la  propagation  sous  cbâssis.  Les 
détails  qui  se  rattacbent  à  cette  délicate  opération  demandant  un  soin  si  in- 
telligent, sont  du  plus  baut  intérêt  et  font  le  plus  grand  bonneur  à  M.  Mac 
Ivor,  dont  le  succès  sans  i)récédent  a  fait  faire  à  l'expérience  des  progrès 
inespérés.  Le  second  numéro  du  Jour  nul  de  botanique  (Journal  ofbotany), 
édité  i)ar  le  docteur  Seeman,  contient  un  rapport  de  M.Mac  Ivor  en  date  de 
juillet  1862  ,  et  plusieurs  autres  documents  sur  sa  métbode  pour  le  traite- 
ment des  jeunes  plants  et  des  boutures. 

Les  résultats  des  travaux  de  M.  Mac  Ivor  ont  été  tels,  que,  tandis  qu'en 
janvier  1862  il  y  avait  8613  Cincbonas  aux  Aeilgberries,  on  en  comptait  en 
janvier  186.")  jusqu'il  127  671,  sans  parler  de  plusieurs  centaines  envoyés 
de  ce  grand  dépôt  central  dans  diverses  autres  parties  de  l'Inde. 

C'est  au  printemps  de  1861  que  ÎM.  Mac  Ivor  commença  ses  expériences 
de  transplantation  en  plein  air,  et  les  plants  ainsi  exposés  supportèrenl  ])ar- 
failement  les  variations  de  température.  Lncouragé  par  ce  succès,  on  forma 
la  pépinière  de  Neddiwuttum,  qui,  commencée  en  janvier  1862,  peut  con- 


376  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLUGIQUE  d'aCCLIMATATJON. 
tenir  300  000  plants  et  on  possède  déjà  2/i00.  Depuis  cette  époque,  le  nombre 
de  plantations  en  plein  air  s'est  successivemenl  accru  dans  les  deux  stations. 
A  Neddiwultum,  an  sommet  de  la  montagne,  à  une  liiuileur  de  GOOO  pieds, 
un  certain  nombre  de  plants  ont  support!-  le  froid  de  Tliiver  et  la  séclieresse 
de  Tété.  Le  nombre  de  plants  existant  actuellement  dans  cette  localité  est 
de  3500.  L'étendue  des  cultures  est  de  7/i5  acres,  dont  ZilO  à  INeddiwuttmn  ; 
250  près  de  l'ycarrah,et  85  à  Dodabella,e!  l'intention  du  gouvernement  est  de 
planter  encore  annuellement  150  acres  pendant  au  moins  dix  ans,  afin  d'ob- 
tenir par  la  suite  une  abondante  provision  d'écorce  à  quinine. 

Arrivant  à  la  question  d'où  dépend  la  certitud(^  du  succès,  celle  du  mode 
de  culture  propre  à  assurer  le  rendement  le  plus  abondant  dans  le  plus  court 
espace  de  temps  et  la  plus  grande  proportion  d'alcaloïde  i)ossible,  M.  INlarkliam 
fait  observer  que  le  Quinquina  n'ayant  jamais  été  cultivé,  on  ne  pouvait  être 
renseigné  à  ce  sujet  comme  pour  le  Tbé,  le  Café,  les  Cotons  d'Amérique.  Le 
cultivateur  indien  avait  donc  tout  à  apprendre  par  sa  propre  expérience.  11 
semble  à  l'auteur  que  si  les  jeunes  Cinchonas  abandonnés  à  eux-mêmes  dans 
les  forêts  ont  à  lutter  contre  l'ombre  et  la  privation  d'air;  à  l'état  de  culture, 
ces  diverses  inlluences  doivent  être  écartées,  et  les  arbrisseaux  doivent  être, 
entourés  de  tous  les  soins  que  la  science  et  l'expérience  peuvent  suggérer,  il 
est  incontestable  qu'il  leur  faut  de  la  lumière,  de  l'air,  mais  que  les  espaces 
où  les  plants  se  développent  doivent  être  à  l'abri  des  rayons  directs  du  soleil, 
tant  (pi'ils  sont  jeunes  et  tendres.  11  convient  de  les  prémunir,  et  contre  l'ar- 
deur trop  vive  du  soleil,  et  contre  l'excessive  radiation  des  nuits  froides. 

Le  dernier  point  à  décider  était  le  moyen  d'assurer  la  récolle  de  l'écorce, 
et  de  savoir  si  les  Cinchonas  seraient  tenus  à  l'état  d'arbrisseaux,  en  terrain 
découvert,  où  si  on  les  laisserait  s'élever  en  arbres  à  l'oudire  de  la  forêt  ;  on 
s'arrêta  au  premier  moyen. 

Les  Cinchonas  ne  peuvent  que  gagner,  pour  leur  développement,  au  rcce- 
page  d'une  partie  de  leurs  branches  avant  le  milieu  de  la  saison  chaude  ; 
les  variétés  tenues  en  arbrisseaux  doivent  être  plantées  à  7  ou  8  pieds  de 
dislance,  ce  qui  donne  environ  700  plants  à  l'acre. 

:\l.  :\larkham  rappelle  le  procédé  barbare  qu'emploient  encore  les  indi- 
gènes américains  pour  l'exploitation  des  Quinquinas.  Il  fait  ensuite  remar- 
quer que  le  docteur  Andersen  afTirme  que  les  feuilles  de  ces  arbres  possèdent 
aussi  des  vertus  féi)rifuges.  Il  annonce  que  des  feuilles  el  de  l'écorce  des 
arbres  cultivés  aux  Neilgherries  sont  en  route  pour  Londres  et  seront  sou- 
mises à  l'anale, se  chimique. 

Les  Dlanlaliuns  des  ^eilgherries  ont  fourni  des  sujets  à  différentes  parties 
de  rinde:  3000  ont  été  établis  à  Darjeeling,  sous  la  surveillance  du  doc- 
teur Andersou  ;  le  rajah  de  Travancore  en  a  reçu  516  ;  le  docteur  .huneson, 
(]ui  a  tant  fait  pour  l'établissement  des  cultures  du  Thé  dans  les  llimalayas,  en 
a  eu  15't  ;  le  doclrur  Cope  en  a  fait  venir  le  même  nombre  i)our  les  planter 
dans  la  vallée  der.angc,  dans  le  l'unjaub;  plusieurs  ont  été  envoyés  au  pro- 
fesseur Lees  pour  un  (-.sai  dans  l'Assam,  ei  des  spécidaleur^  particuliers  s'en 
sont  procuK'S  î>our  le  liengale, 


CHRONIQUE.  377 

ACeylaii,  sous  la  (lirectioii  de  M.  Tliwailos,  les  plantations  de  Ciiiclionas 
projîrcssent  rapidement,  et  seront  bientôt  en  état  de  n'pondre  aiiv  demandes 
des  planteurs  de  Calé  qui  veulent  en  essayer  la  culture  avec  de  jeunes  arbres. 

L'auteur  de  ce  mémoire  éiiumère  ensuite  les  avantages  qui  résulteront  du 
développement  de  celle  culture  dans  les  Indes,  pour  les  liùpiiauv  de  l'armée, 
en  économisant  plusieurs  milliers  de  livres  sterling,  comme  spéculation  et 
connue  moyen  d'apporter  de  nouvelles  ressources  au  pays,  et  enOn  comme 
bienl'ait  pour  le  peuple  et  pour  la  population  indigène  en  général. 

Il  lait  ensuite  ressortir  les  bénéfices  de  cette  entreprise  pour  le  gouverne- 
ment lui-même.  Le  nombre  des  arbres  qui  couvrent  une  acre  est  d'environ 
650,  et  l'du  calcule  que  cliaque  arbre  produira,  après  dix  ans  de  végétation, 
5  livres  d'écorce  par  an  ;  la  récolle  par  acre  sera  donc  de  3'250  livres,  et  pour 
160  acres  plus  de  2U0  tonnes.  A  60  centimes  la  livre,  ce  qui  est  un  prix  très- 
modéré,  cela  représentera  un  rendement  de  7800  livres  (19  500  Irancs)  par 
an  pour  les  1 60  acres,  dont  les  frais  annuels  d'exploitation  seront  de  1320  livres 
(oiOO  Irancs).  Ce  calcul  se  rapporte  aux  Neilglierries  seulement,  et  ne  con- 
cerne pas  Darjeeling,  ni  les  plantations  qui  seront  procbainemeni  formées 
dans  les  provinces  du  nord-ouest,  l'Assam,  Coory  et  les  Pulneys. 

i\L  Markbam  insiste,  à  la  suite  de  ces  observations,  sur  les  résultats  com- 
merciaux que  la  culliire  du  (.)uinquina  exploitée  par  les  parliculiers  ou  par 
des  compagnies  ne  peut  manquer  de  produire  dans  les  vastes  districts  de 
l'Inde  où  elle  aura  partout  chance  d'être  tentée  avec  succès,  et  il  prévoit  le 
moment  peu  éloigné  où  les  indigènes ,  comprenant  l'immense  bienfait  que 
leur  apporte  celle  culture,  s'y  livreront  eux-mêmes  avec  ardeur. 

«Comme  conclusion  de  ce  mémoire,  dit  enfin  M.  "\larkliam,  je  veux  encore 
mentionner  l'inestimable  bénédiction  que  i'inlroduction  de  ces  arbres  à 
écorce  fébrifuge  a  répandue  sur  l'Inde,  et  je  signalerai  pour  exemple  cer- 
tains districts,  connue  le  Canara  du  Nord,  où  la  population  tout  entière  est 
décinu'e  par  la  (lèvre,  sans  pouvoir  se  procurer  un  seul  grain  de  quinine. 
Comme  enireprise  d'ulilité  publique,  elle  peutêlre  comparée  à  toutes  celles 
qui  ont  été  conçues  dans  l'Inde  depuis  plusieurs  années  ;  bien  plus,  on  peut 
dire  avec  certitude  que  le  succès  des  autres  dépend  de  celle-ci  dans  ime  cer- 
taine mesure...  ;  comme  durée  dans  l'avenir  elle  n'est  égalée  par  aucun  autre 
usage.  Longtemps  après  que  nos  roules  seront  délruiles,  nos  canaux  dessé- 
chés, nos  consiruclions  en  ruines,  les  verlus  du  quin([uina  rapprliciont  à 
rilindou  l'époque  où  les  étrangcrsde  l'Occident  auront  laissé  ces  bénédictions 
en  quiilantdélinilivement  le  théâtre  de  leurs  travaux  ctde  leurs  trionq)hes.» 

Ce  rai)port,  écouté  avec  la  plus  grande  allcniion  par  l'assemblée,  fut  suivi 
d'une  discussion  que  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  reproduire,  faute  d'espace. 

Sur  l'Exposition  de  la  rapc  canine  an  Jardin  d'aecliinaiation. 

(Extrait  du  Fiekl  du  IG  mai  1803  par  M.  P.  PiciiOT.) 

l'arrivé  mainten.ml  à  la  |)arlie  la  plus  extraordinaire  de  l'exposition, 

et  cela  di-  l'avis  des  veneurs  d.'  fous  pays  :  je  veux  parlai  de   la  réunion 


378      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

des  pins  célèbres  montes  françaises.  Le  bel  aspect  de  ces  Chiens  conrants 
a  été  ponr  les  veneurs  français  un  aussi  p;rand  sujet  de  vanité  et  de  triom- 
phe que  d'étonnement  naïf  et  de  surprise  pour  les  sportsnien  de  notre 
pays.  Bien  peu  de  ces  derniers,  croyons-nous,  soupçonnaient  qu'il  y  eût  en 
France  des  races  de  Chiens  courants  aussi  belles  eî  aussi  pures  que  celles  que 
l'on  a  pu  voir  au  Jardin  d'accliiuatation,  qui  témoic;naient  des  soins  apportés 
à  leur  élevage  et  à  leur  perfectionnement. Par  une  singulière;  coïncidence,  il 
y  avait  ici  en  même  temps  une  meute  que  l'on  peut  certainement  considérer 
comiue  l'une  des  plus  belles  de  notre  pays  :  celle  du  duc  de  Beaufort,  qui, 
ayant  eu  la  gracieuseté  de  l'envoyer  à  l'exposition,  nous  a  donné  la  possibilité 
de  comparer  les  deux  races  côte  à  côte.  11  est  juste  do  dire  que  les  Chiens  du 
duc  n'étaient  pas  destinés  à  concourir;  peut-être  même  n'étaient-ce  pas  les 
meilleurs  de  son  chenil  ;  en  tous  cas,  par  suite  des  fatigues  de  leur  déplace- 
ment, ils  n'étaient  guère  en  étal.  Malgré  ces  circonstances  défavorables,  tous 
les  Anglais  connaisseurs  qui  ont  pu  comparer  les  lueutes  françaises  et  anglaises 
reconnaissent  la  supériorité  des  preniières.  Cet  aveu  n'est  luillement  agréable 
à  faire  et  aussi  incroyable  que  mortifiant  pour  des  oreilles  anglaises  ;  mais  je 
le  répète,  c'est  Ui  le  sentiment  unanime.  Les  Chiens  de  M.  de  Carayon-Lalour 
et  d'autres  encore  sont  d'une  plus  belle  race  que  ceux  du  duc  de  BeauforI  ou 
que  tout  ce  que  nous  avons  en  Angleterre,  et  je  no  puis  répondre  qu'une 
chose  aux  incrédules,  c'est  qu'ils  viennent  ici  en  juger  par  eux-mêmes.  Les 
faits  sont  là  pour  le  prouver,  en  dépit  des  préjugés  nationaux,  et  nous  n'avons 
rien  à  opposer  à  ceux  qui  viennent  de  nous  êlre  préscnli's  au  Jardin  d'accli- 
matation. Les  Chiens  français,  qu'on  les  appelle  Chiens  d(>  loup,  de  cerf  ou  de 
n'importe  quoi,  sont  plus  grands,  plus  puissants,  plus  nobles  d'aspect  que  le 
Foxhound  le  plus  pur.  Ils  offrent  dos  signes  de  sang  égaux,  sinon  supérieurs 
à  ceux  du  i-'oxhound,  et  leur  conformation  peut  faire  espérer  de  leur  part 
autant,  sinon  phis  do  fond  et  de  vitesse,  et  il  en  est  de  même  do  la  finesse  du 
nez.  Sur  tout  cela  pas  le  moindre  doulo  n'est  possible,  et  tons  les  avis  sont 
les  luêmes  sur  leur  supériorité  de  formes.  La  seule  question  rpie  j'aie  enlendu 
débattre,  est  colle  de  savoir  si  un  de  ces  grands  Chiens  francjais  pourrait 
supporter  la  même  somme  de  fatigue  journalière  que  son  rival  anglais,  plus 
petit  de  taille  ;  il  est  évident  que  ce  débat  ne  peut  être  jugé  que  sur  le  terrain, 
mais  sur  ce  point  encore  les  veneurs  français  acceptent  le  défi 

Sans  doute  quelques-unes  des  meutes  françaises  doivent  au  sang  an- 

"■lais  certaines  de  leurs  qualit(''s;  mais,  pour  les  Chiens  de  M.  de  Carayon- 
Latour,  le  cas  est  bien  différent  et  leur  supériorité  incontestable  :  c'est  au  sang 
français  qu'il  faut  en  allribuer  tout  l'honneur 

.J'aurais  encore  bien  des  Chiens  à  signaler,  et  parliculièremenl  le  Chien 

de  Gascogne  de  M.  de  r.ubblor,  mais  j'ai  voulu  simplement  attirer  l'attention 
de  nos  sporismon,  sur  ce  fait  quo  les  veneurs  français  possèdent  des  races 
,:idniirablcs  qu'ils  ont  su  conserver  ou  améliorer  avec  un  rare  bonheur! 


V.  BULLETIN  MENSUEL  DU  JARDIN  D'ACCLIMATATION. 


Avril  a  été  cette  année  un  mois  modèle,  il  a  bien  ouvert  le  printemps  et 
justifié  les  plus  brillantes  descriptions  de  la  poésie  : 

Avril  !  avril  commence  !  un  bruit  d'ailes  légères 
Frémit  dans  les  rameaux  des  arbres  reverdis. 
Voici  les  doux  chanteurs  des  bois,  voici  les  nids  ; 
Et  muguets  de  lleurir  à  côté  des  pervenches. 
Et  concerts  printaniers  d'éclater  dans  les  brandies  ! 

Le  Jardin  d'acclimatation  est  un  des  lieux  où  il  faut  voir  le  printemps  et 
ses  admiral)les  harmonies.  C'est  là  que  le  rogne  animal  est  à  l'unisson  du 
végétal,  et  que  l'on  peut  observer  la  vie,  comme  une  sorte  de  marée  mon- 
tante, qui  revient  ranimer  la  nature  d'où  elle  sendMait  s'être  retirée  pendant 
l'hiver. 

I.  —  La  ponte  est  en  pleine  activité.  C'est  l'époque  où  les  œufs  passent 
pour  être  le  plus  féconds,  c'est  le  meilleur  moment  d'en  faire  choix  pour 
l'incubation.  On  en  a  recueilli  322'2  de  toutes  les  espèces  d'oiseaux  qui  sont 
dans  le  .Jardin.  La  ponte  des  Faisans  a  coranienct;  le  /i,  par  les  Mélanotes, 
qui  ont  donné  dans  tout  le  cours  d'avril  8  œufs;  les  Faisans  de  Cuvier,  10; 
le  versicolor  du  Japon,  apparié  à  une  femelle  Faisan  de  l'Inde,  12;  un 
Faisan  Sœmniering  avec  une  l'oule  faisane  ordinaire,  12.  Les  Perdrix 
Cambra,  2;  les  Colins,  ik-  La  jeune  piiire  d'Autruches  nées  à  Marseille  en  est 
à  son  9"^^  œuf-  La  ponte  des  palmipèdes  touche  à  sa  fin.  Deux  paires  de  Tour- 
terelles leucoptères  et  de  Tourterelles  comnumes  ont  des  petits.  Un  Cygne  noir 
mène  sa  seconde  couvée  depuis  octobre  :  elle  se  compose  de  deux  petits 
édos  sur  cinq  mis  en  incubation. 

II.  Naissances.  —  l'armi  les  mammifères,  1  Agneau  mâle  d'Astrakhan, 
2  Chèvres  du  Sénégal  et  1  Bouc,  1  Bouc  de  demi-sang  angora,  1  Cerf-cochon 
mort- né,  10  Cochons  d'Inde,  7  Lapins  de  Sibérie. 

IlL  Mortalités.  —  12  Coqs  divers,  18  Poules,  11  Faisans,  9  Colins, 
1  Pénélope  à  tète  blanche,  1  IIocco  du  prince  Albert,  etc.  Total  :  30  pièces 
dans  la  basse-cour,  37  dans  la  volière,  Ofi  sur  la  rivière.  Parmi  ces  derniers, 
les  Canards  sauvages,  millouins,  sillleurs,  etc.,  sont  au  nombre  de  50.  Jusqu'à 
présent  la  mortalité  printanière  est  toujours  la  plus  considérable.  Elle  reçoit 
cette  impulsion  de  la  fonction  génératrice  qui  est  en  jeu,  et  dont  le  trouble  est 
une  source  de  maladies  de  plus  qu'à  l'ordinaire. 

Dans  les  mammifères  nous  a\ons  perdu  1  Pécari  femelle  et  1  Agouti, 
1  Chevreau  du  Sénégal  et  un  jeune  Nilgaut,  Ce  jeune  animal  de  huit  mois, 
qui  était  l'un  des  deux  de  la  troisième  portée  de  notre  paire  d'Antilopes 
nilgauts,  est  mort  par  accident.  Un  ouvrier  introduit  dans  son  parc,  ayant 


380       SOCIÉTÉ   IMPÉUIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

formô  la  porte  sans  précanlion,  au  l)riiit  qui  en  est  rt^sulté,  l'animal  surpris  s'est 
précipité  contre  le  mur  de  sa  cabane  et  est  tombé  mort  (1).  Sa  chair,  répartie 
entre  diverses  personnes,  a  été  trouvée  généralement  tendre,  blanche  et  sa- 
voureuse. Voici  l'extrait  d'une  lettre  de  !\I.  de  nuancfaf;es  :  «  Tons  mes 
convives  et  moi  nous  proclamons  le  Ailgaut  la  première  des  venaisons.  La 
finesse  de  la  fibre,  le  fumet  tout  spécial,  la  tendreté  de  la  chair  ont  été  hau- 
tement reconnus.  »  Cette  viande  ne  pourrait  être  comparée  qu'à  celle  d'un 
jeune  Bouvart  bien  engraissé  ;  elle  était  jilus  colorée  et  moins  fade  que  celle 
du  veau. 

IV.  Dons.  —  Le  Jardin  a  reçu  un  Héron  gris  de  1\1.  le  comte  de  Mnizech  ; 

1  Coq-ct  2  Poules  d'All'ort  de  Al.  l'.oussel  (d'Alfort)  ;  1  Coq  et  3  Poules  de 
Gascogne  de  M.  Cranié  (de  Toulouse)  ;  1  Poule  cochinchinoise  ;  1  Poule 
Imppée  du  Japon  ;  2  Poules  ordinaires  de  la  Chine  ;  1  Chien  barbet  du  Japon  ; 

2  Béliers  et  une  Brebis  du  Japon,  de  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture  et  du 
conuîierce.  Le  Chien  du  Japon  est  vraiment  remarquable,  sa  robe  est  fauve 
noir.  Les  Béliers  ont  les  cornes  grosses  et  recourbées,  la  laine  très-ordinaire. 

V.  Aquarium.  —  Toujours  très-suivi  par  le  public,  s'est  enrichi,  durant 
ce  mois,  d'une  nouvelle  variété  d'Actinie,  VAntliia  cereus  (Cosse),  remar- 
quable par  la  vivacité  de  ses  couleurs  et  la  délicatesse  de  sa  forme:  elle  a  été 
envoyée  des  côtes  de  Bretagne  par  M.  le  vicomlc  de  Dax.  Cherbourg  a 
continué  de  nous  fournir  chaque  semaine  des  Mollusques,  des  zoophytes  et 
des  Crustacés,  et  quelques  Poissons,  parmi  lesquels  se  trouvent  une  petite 
Baie,  et  le  Blennie  couronné  que  nous  n'avons  pas  encore  eu,  qui  porte  deux 
cornes  sur  la  tête.  Boulogne  nous  a  envoyé  des  Pcctens,  des  Huîtres  à  perles 
et  un  bloc  de  Pholadcs  ;  Caen,  des  Pectens  et  des  Huîtres  de  Caiicalc  ;  Toulon, 
un  !\loliusque  Irès-curieux.  50  Hippocampes  envoyés  dcVaunespar  M.  le  vi- 
comte de  Dax  sont  malheureusement  arrivés  morts.  I\Iais  des  Truites,  des 
métis  de  Truite  et  de  Saumon,  2  l'"éras  et  des  Ombres-chevaliers  venant  de 
M.  Coumes,  (PHuningue,  ainsi  que  de  belles  Lottes  tigrées  du  Bhin,  vivent 
très-bien.  Malheureusement  un  Silure  de  50  centimètres  de  long,  qui  se  trou- 
vait aussi  dans  cet  envoi,  n'a  vécu  que  dix  jours.  ÏSous  avons  reçu  d'Huningue 
3000  œufs  d'Ombre  conunuu. 

VI.  Ëxpoaition.  —  Dans  ce  mois  a  eu  lieu  au  .Jardin,  du  12  au  l'J  avril, 
l'exposition  des  Volailles,  dont  il  a  été  rendu  un  compte  particulier. 

VU.  Jardin.  —  La  température  a  été  en  mojenue  de  5  degrés  au-dessus 
de  zéro  à  six  heures  du  malin  et  de  13  degrés  au-dessus  de  zéro  après 
midi.  Les  extrêmes   ont  été  1   degré  au-dessous  de  zéro  au  nnnimum  ei 


(1)  Cluise  siiigiilitTL'  !  (-i;  légor  hriiit  a  i-aubû  un  ulVet  si  fimtslo,  lamlis  4110  la  vue,  l'odeiii'  et 
les  alioieiiR'iils  Je  850  cliiens  iioiidaul  toulo  la  durée  de  rex|ii)silion  ([ni  a  ou  lieu  eu  mai,  ont 
laissé  les  Aulilopes,  et  eu  géuéial  l(jus  les  aiiiujau'i  du  J  ir.liu,  eiuii|iléleiueul  iuipassible^i,  et  n'ont 
pas  produit  le  plus  [lelit  accident.  Le  mal  n'est  donc  inovonn  ([uc  de  la  sui piije  et  d'un  défaut 
de  précaulion. 


nULLETIN    MENSUEL    DU   JARDIN    d' ACCLIMATATION.  381 

10  degrés  au-dessus  de  zéro  .ui  uiaximuiu.  C'est  la  leuipéraliire  ordinaire  de 
la  saison,  el,  nialgré  l'ai)sencc  luesquc  complète  de  pluies,  la  végétation  a 
niairlié  assez  rapidenieni. 

Les  fleurs  de  la  saison  sont  pour  les  massifs  :  les  Lilas  commun,  sauge, 
loyal,  Josika  et  de  Perse  ;  Cliamaecerasus  de  Tartarie,  des  Alpes,  de  Ledebour  et 
du  Canada;  Spirées  à  feuilles  de  Prunier,  à  fleurs  en  coryndie  et  à  feuilles  de  Sor- 
bier; Soibicrs  des  oiseaux  el  hybride;  Genêts  blanc  et  à  balais.  Marronniers 
ronge  et  blanc  ;  Cytises  faux  Ébénier,  à  fleurs  en  tète,  à  feuilles  sessiles  et 
d'Adam;  arbre  de  Judée  rouge  et  blanc,  Gorchorus,  Weigeiia,  Prunier  à 
fleursdoubles,  Aubépine  à  fleurs  doubles,  Tamarix,  Abutilon,  Boulc-de-neige, 
faux  Pistachier,  Merisier  à  grappes,  I5ois  de  Sainte-Lucie,  Jonc  marin  à  fleurs 
doubles,  CaUjcaiitlius  l'ompiuluitra,  Épinc-vinelte  i)ourpre,  Seringat,  Cor- 
nouiller sanguin,  llhododendrons,  Kalmias,  et  Coronillc  des  jardins.  Pour  les 
corbeilles  :  les  Sflènes  rouges  et  blancs,  Giroflées  jaunes,  Myosotis,  Pensées, 
Corbeilles  d'or  el  d'argent,  Pâquerettes  doubles  et  Diclylra.  l>our  les  rivières, 
les  Aéiuilars  blanc  et  jaune. 

Le  jardin  d'expérience  est  rempli  de  semis  et  plantations,  tant  en  végé- 
taux déjà  cultivés  les  années  précédentes  et  dont  on  continue  la  ciflture  et  les 
expériences,  qu'en  nombreux  nouveaux  envois  qui  nous  arrivent  de  toute 
part.  La  Poire  de  terre  Cochet,  précieux  tubercule  saccharifère,  a  été  récoltée 
et  un  rapport  spécial  a  été  lu  à  la  Société  dans  sa  séance  du  i'^^'  mai.  Les 
châssis  reçoivent  au  furet  ànicsure  les  semences  qui  nous  parviennent;  déjà 
bon  nombre  sont  levées,  et  particulièrement  dix  variétés  de  Melons  de  diverses 
provenances. 

Itans  le  jardin  d'hiver  les  Camellias  terminent  leur  floraison,  qui  a  duré  six 
mois  ;  elle  est  remplacée  par  les  Azalées  de  l'Inde,  llhododendrons,  Cactus, 
Fuchsias,  Calcéolaires  et  Mauves  en  arbre. 
Le  Jardin  a  reçu  : 

1"  De  M.  Wassier  de  Aew -Orléans,  une  collection  de  graines  de  fleurs  des 
prairies  du  Texas. 

2"  De  M.  de  Belleyme,  un  Musa  ensete. 

o"  De  M.  l'.enard,  une  collection  de  graines. 

U"  De  M.  Dufour,  des  graines  du  Mûrier  blanc  d'Orient. 

5"  De  M.  Drouyn  de  Lhuys,  qui  les  tenait  du  U.  P.  supérieur  des 
lazaristes,  des  noyaux  de  prunes  du  Pérou. 

6"  De  la  Société  impériale,  venant  de  M.  Ilamel,  deux  paquets  de  graines 
d'Eucalyptus  non  déterminés,  venant  des  hautes  montagnes  australiennes. 

Le  Jardin  a  donné  : 

A  1\L  Suquct,  une  collection  déjeunes  Eucalyptus. 

Le  Jardin  a  été  visité  par  UôdOo  visiteurs. 


Mai.  —On  a  souvent  reproché  au  mois  de  mai  de  ne  pas  répondre  sous 
le  ciel  de  Paris  à  la  réputation  d'être  le  plus  beau  mois  de  l'année  que  lui 
avaient  faite  les  poètes  de  la  Grèce  et  de  l'Italie.  Ce  qui  veut  dire  que  mai, 


ZS^       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    D'ACCLIMATATION. 

clans  le  climat  de  la  France,  a  une  météorologie  très-variable;  mais  cette 
année,  on  peut  dire  que  la  plupart  des  jours  de  mai  ont  été  dignes  des  plus 
brillantes  descriptions  de  lu  poésie.  11  n'y  a  pas  eu  une  seule  gelée  blanclie, 
même  le  refruidissenieut  constant  connu  sous  le  nom  des  trois  saints  de 
glace,  qui  a  lieu  ordinairement  du  10  au  15,  a  été  à  peine  sensible.  Si  Ton 
a  eu  un  reproche  à  faire  an  mois  de  mai  1863,  c'est  d'avoir  été  un  peu  sec, 
car  les  ondées  de  mai  sont  propices  à  la  végétation  ;  mais  sa  chaleur  printa- 
nière  a  été  cette  fois  très-favorable  aux  animaux. 

I.  —  La  ponte  a  continué  d'être  aussi  active  qu'en  avril.  Nous  avons  eu 
3082  œufs,  parmi  lesquels  les  Faisans  Mélanoles  ont  donné  50,  les  Colins 
160,  les  Loplioplioros  10,  deux  paires  de  Canards  de  la  Caroline  12,  une 
paire  de  Mandarins  5,  une  paire  de  Bahama  7.  Déjà  plusieurs  éclosions  ont 
lieu  ;  une  paire  de  Lumachelles,  plusieurs  Colombes  lopholes,  leucoplères  et  dif- 
férentes autres  Tourterelles,  et  une  paire  de  [''aroares  sont  en  irain  de  couver. 

Les  Pigeons  parqués  reproduisent  peu. 

Parmi  les  mammifères,  il  est  né  1  Lama  blanc,  1  Cerf  d'Aiistoie,  1  Chèvre 
d'Angora,  20  Chiens  et  des  Lapins. 

IL  Mortalité.  —  La  mortalité  a  été  moins  considérable,  elle  n'a  atteint 
que  26  Coqs  et  Poules  divers.  La  maladie  pseudo-membraneuse,  qui  avait 
presque  disparu  depuis  plusieurs  mois,  a  recommencé  avec  le  printemps.  Les 
volailles  de  lloudan  paraissent  èlre  celles  qai  en  sont  le  moins  atteinles. 

1<S  Oiseaux  de  volière,  dont  7  Colins,  5  Faisans,  à  Pigeons,  2  Pinsons 
de  riz. 

1  Paon,  1  Tourterelle  du  Mexique. 

2.'i  oiseaux  de  rivière,  dont  I'2  Sarcelles,  7  Canards  sauvages  divers, 
2  Canards  de  la  Caroline,  2  Mandarins,  1  Oie  première. 

Telles  sont  les  pertes  faites  en  mai. 

La  grande  occupation  que  nous  ont  donnée  les  expositions  nous  a  empoché 
de  nous  livrer  à  des  examens  nécroscopiques. 

IH.  Dons.  —  2  Agoutis  par  M.  le  vicomte  Hocquart,  capitaine  de  frégate; 
un  joli  petit  Cheval  irlandais,  qui  ne  mesure  au  garrot  que  75  centimètres, 
donné  par  M.  Halphen;  plusieurs  Canards. sauvages,  par  M.  Morel  ;  deux 
Macreuses,  par  M.  Labbé,  de  Luçon-Vendée. 

IV.— La  magnanerie  a  été  ouverte  vers  la  lin  duniois,  plusieurs  éducations 
de  diflerentsVcrs  du  Mûrier  sont  en  cours;  quelques  rares  éclosions  de  Vers 
del'Ailanle.  Mais  le  Ver  Ya-ma-nKU  donne  les  plus  belles  espérances,  lien 
est  éclos  déjà  une  vingtaine  qui  ont  15  à  20  centimètres  de  long  et  qui  sont 
de  la  plus  belle  apparence.  (Voyez  la  note  particulière  sur  cette  éducation.) 

V.  —  L'A<iu(irium  a  reçu  :  de  M.  le  vicomte  de  Dax,  plusieurs  nouveaux 
envois  d'Hippocampes  recueillis  sui  les  côtes  de  Vannes  :  un  seul  reste  vi- 
vant depuis  près  d'un  mois;  de  M.  Uené  Caillaud,  des  Clovisses,  des  œufs 
de  Sèche  et  des  Étoiles  de  mer.  Ces  œufs  de  Sèche,  qui  forment  une  véritable 


BULLETIN  MENSUEL  DU   JARDLN   D'AGCLIMATATION.         388 
grappe  de  raisin  noir,  ont  donné  des  éclosions  :  Talevin  de  Sèche  a  vécu  deux 
cl  (rois  jours;  des  œuls  de  Buccin  n'ont  rien  protluit.  'SI.  Ledcntu,  de  Clier- 
bourg,  continue  d'envoyer  chaque  semaine  une  abondante  provision  de  Plies, 
Turbots,  Homards,  Crustacés,  et  en  général  des  poissons  qui  à  cette  époque 
de  l'année  se  pèchent  dans  les  parages  de  la  Manclie.  Les  Vérons  et  les 
Épinoches  ont  perdu  la  couleur    rouge  dont  ils  s'étaient  revêtus   depuis 
la  fin  de  février.  Les  L'erclies  ont  frayé  dans  leurs  compartiments.  Malheu- 
reusement une  introduction  de  l'air  par  suite  de  l'érosion  d'un  des  tuyaux 
de  TapparLi!  hydraulique  ayant  eu  lii-u  pendant  une  nuit,  l'eau  de  mer  en  a 
été  trouble,  et  il  en  est  résulté  une  mortalité  presque  immédiate  de  plusieurs 
des  espèces  qui  vivaient  très-bien  dans   les  bassins  depuis  plusieurs   mois, 
entre  autres  les  Roussettes   et  les  Vieilles;  plusieurs  Actinies  se  sont  alors 
détachées  des  rochers  où  elles  s'étaient  iniplantées.  Heureusement  l'accident 
ayant  été  proaqitement  réparé,  ces  Actinies  ont  bientôt  repris  leur  vigueur. 
Ceci  montre  quel  soin  et  quelle  surveillance  exige  renlrelien  d'un  Aquarium. 

VI.  —  C'est  pendant  ce  mois  qu'a  eu  lieu  la  grande  Exposition  des  races 
canines  dont  il  a  été  rendu  un  compte  particulier. 

VII.  Jardin.  —  La  température  a  été  en  moyenne  de  9  degrés  au-dessus 
de  zéro  à  six  heures  du  matin,  et  de  18  degrés  au -dessus  de  zéro  après  midi. 
Les  extrêmes  ont  été  h  degrés  au-dessus  de  zéro  au  mininuun,  et  28  degrés 
au-dessus  de  zéro  au  maximum. 

Les  (leurs  delà  saison  sont,  pour  les  massifs  :  Deutzia  scahra  et  gracilis  ; 
.Spirées  à  feuilles  de  Sorbier,  à  feuilles  de  .Saule  et  à  fi'uilles  d'Obier  ;  lîoi)!- 
uiers  visqueux  et  rose;  Cytises  à  feuilles  sessiles,  d'Adam,  (iliforme,  odorant 
et  à  (leurs  en  tête  ;  lîhododendrons,  Kalmias,  Weigelia,  Symphorines,  Genêt 
d'Espagne,  Boule-de-neige,  Seringat,  Viorne  obier,  Curclwrus,  Cotoneaster, 
Baguenaudier,  Glycine,  Chèvrefeuille  de  Ledebour,  Cabjcanthus,  Jasmin 
jaune,  Buisson  ardent.  Sureaux  et  Bosiers.  Pour  les  cor])eilles  :  Géraniums, 
Abutilou,  Véroniques,  Pensées,  Fuchsias,  Pied-d'alouette,  Silène  à  fleurs 
pendantes  et  Silène  gobe-mouches,  Phlox  de  Drummond ,  Dauphinelle  à 
grandes  (leurs,  Héliotrope,  Thiaspi,  Pétunias,  Girollée  de  Mahon,  Bar- 
khausie  rouge,  Dicljira,  Matricaire  et  Anthémis.  Pour  les  rivières,  les 
Aénufars  blanc  et  jaune  et  l'Iris  des  marais. 

M.  Cels,  horticulteur  parisien,  a  placé  dans  le  Jardin  un  magnifique  spé- 
cimen d'Agave  du  Mexique  (Agave  atrouirens),  dont  la  hampe  a  plus  de 
2  mètres  de  haut  sur  0"',:J0  de  circonférence.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que 
cette  majestueuse  plante,  qui  n'a  pas  encore  fleuri  à  Paris ,  aura  au  Jardin 
une  floraison  complète  dont  on  pourra  aisément  suivre  tous  les  phénomènes. 

Le  jardin  d'expérience  est  complètement  garni.  Les  arbres  venus  du 
Canada,  et  qui  étaient  en  si  mauvais  état  à  leur  arrivée,  sont  presque  tous 
sauvés,  grâce  au  traitement  qui  leur  a  été  appliqué,  et  qui  consiste  à  les  en- 
fouir complètement  sous  terre.  Les  quatre  variétés  de  Pommiers  et  les  deux 
variétés  de  Vignes  sont  en  bon  état.  Le  lihiis  verniciferaûu  Japon  a  souffert 


384        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE    ZOOLOOIQUE   d'ACCLIMATATION. 

de  l'hiver,  toule  la  lige  a  prii,  mais  il  roponsse  Irès-bien  du  pied.  L'hiver 
ayant  été  peu  rigoureux,  et  d'un  autre  eùlé,  le  snjel  très-jeune  et  très- 
vigoureux,  dont  la  lige  n'était  pas  aoiltée  à  ra])proche  de  l'hiver  (deux  cir- 
constances qui  se  neutralisent) ,  il  y  a  lieu  d'espérer  que  cet  intéressant 
arbuste  réussira  sous  le  climat  de  l'aris.  INous  jugeons  toutefois  prudent  de 
poursuivre  encore  les  expériences  avant  de  nous  prononcer  définitivement. 
Un  blé  de  Chine  semé  au  printemps  18G2  n'a  pu  produire  d'épis  dans 
l'année  (il  aurait  du  être  semé  à  l'autonme),  presque  iout  a  péri  pendant 
l'hiver,  mais  il  en  est  cependant  resté  deux  pieds  qui  ont  repoussé  au  prin- 
temps et  qui  sont  maintenant  en  (leur;  ce  qui  nous  permettra  d'en  suivre 
l'étude.  Ces  deux  pieds  ont  donc,  grâce  sans  doute  à  la  douceur  de  l'hiver, 
vécu  deux  années.  La  collection  de  Pommes  de  terre  va  Irès-bien,  ainsi  que 
les  deux  variétés  de  Cerfeuil  bulbeux,  (pii  vont  donner  leur  graine  d'ici  à 
quelque  temps. 

Le  Jardin  a  reçu  : 

De  la  Société  impériale  : 

Une  collection  de  graines  venant  de  divers  pays. 

Trois  variétés  de  Maïs,    venant  de  M.  Galvès,  ministre  de  la  République 
péruvienne. 

Une  collection  de  graines  d'Australie,  venant  de  M.  Lagougine. 

De  iM.  Pralt,  d'Angleterre,  trois  variétés  de  Rhubarbe  alimentaire. 

De  M.  lliiyes  (de  Chandernagor),  une  collection  de  graines. 

Le  Jardina  eu  dans  ce  mois  loOOOO  \isiteurs. 

Le  Directeur  du  Jardin  d'accliinatalioii, 
RUFZ   DE    LaVISON. 


ERRATUM. 

Numéro  5,  mai  1803,  p.  290,  au  lias  de  la  page,  au  lieu  de  la  Monographie  des 
Palmiers  du  docteur  Martm,  Usez-  du  docteur  Mailius. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE. 


P.  APPORT  ;    . 

SUR    LES  PONTES  DES   l>0iSS0îNS  DE  MER 

PKlisENTK  : 

AU    NOM    DE   L.V    COMMISSION'    DES    FÉCONDATIONS    AHTIFICIELLES,  ' 

Composée  de  MM.  J.  Cloquet  ,  présiclent,  de  (,>l:aïp.i:fages  ,  vice-président, 
le  comte  d'ÉPKÉMESNiL,  secrétaire  général,  René  Caillai'D,  Duméril,  Frédéric 
Jacquemart,  Lamiral, 

et    Anatole   ft.   Illi:   URAIVDIVIOINT,  rapporteur. 

(Séance  du   26   juin    1S63.) 


La  Société  d'accliinatation,  en  poursuivant  la  tâche  qu'elle 
s'est  imposée  :  étend  ic  /es  llndtes  de  l'empire  de  V  homme  sur 
la  nature,  a  souvent  jeté  les  yeux  sur  Pinimensilé  des  mers, 
dont  les  prolbndeurs  incalculables,  les  sombres  retraites  sem- 
blent proléger  à  jamais  ses  habitants  contre  toute  tentative 
de  domination.  Souvent  elle  s'est  demandé  si  son  devoir 
n'était  pas  de  prévenir  ou  de  réparer  le  dépeuplement  des 
océans,  en  appliquant  la  fécondation  artilicielle  à  la  reproduc- 
tion des  espèces  marines. 

C'est  pour  étudier  cette  question,  et  pour  entrer,  s'il  v  a 
lieu,  dans  la  voie  des  applications,  que  le  Conseil  a  institué  une 
commission,  <;(imposée  de  MM.  J.  Cloquet,  de  Quatrefages, 
A.  Duméril,  Jacipiemart,  Lcuniral,  R.  Caillaud  et  A.  de 
(Irandmont. 

Cette  commission  a  trouvé  bon,  avant  de  tenter  d'utiliser 
cette  puissance  créatrice,  la  iécondation  artificielle,  que  l'on 
applique  avec  tant  de  succès  à  la  multiplication  des  poissons 
d'eau  douce,  a  trouvé  bon,  dis-je^,  de  rechercher  les  condi- 
tions les  plus  lavorables  au  succès  de  cette  entreprise  ;  et 
dans  ce  but,  elle  a  bien  voulu  me  désignei-  pour  recueiUir 
dans  la  science  les  faits  capables  de  jeter  quelque  jour  sur  la 
reproduction  des  poissons  de  mer.  _    ,j 

T.  \.  —  Juillet  IS63.  '25  ' 


38(3      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aGGLIMATATION. 

C'est  le  résultat,  de  ces  recherches  que  j'ai  riionncur  de  pré- 
senter aujourd'hui  à  la  commission. 

Pour  bien  étudier  la  question,  il  est  urgent  de  la  limiter, 
en  tenant  compte  des  différents  modes  de  reproduction  que 
la  nature  a  mis  en  œuvre  chez  les  poissons. 

Chez  les  uns  la  fécondation  succède  à  un  accouplement  réel, 
chez  les  autres  les  œufs  sont  fécondés  lorsqu'ils  ont  déjà  subi 
le  contact  du  monde  extérieur. 

Parmi  les  premiers  se  trouvent  les  Sélaciens,  Raies  et 
Squales,  poissons  chez  lesquels  la  fécondation  interne  est  duc 
à  un  rapprochement  i\ei  sexes  dont  les  conditions  nous  sont 
inconnues.  Les  œufs  des  Emissolcs,  des  Marteaux,  des  Anges, 
des  Scies,  espèces  comestibles,  se  développent  dansl'oviducte, 
qui  ne  s'ouvi^  (jue  [)Our  livrer  passage  à  un  emlu-yon  dont  les 
organes  sont  presque  aussi  parfaits  que  ceux  du  poisson 
adulte.  Les  œufs  des  Roussettes  et  des  Raies,  au  contraire, 
sontai)andonnés  au  sein  des  eaux  pour  y  poursuivre  leur  évo- 
lution commencée  dans  l'utérus;  mais  déjà  ils  ont  échappé 
depuis  longtemps  à  toute  intervention  de  l'élément  fécondant. 
On  ne  saurait  mieux  comparer  le  mode  de  reproduction  de 
ces  poissons  qu'à  celui  de  la  Poule,  chez  laquelle  les  travaux 
de  M.  Coste  ont  démontré  que  la  fécondation  tout  ovarienne 
n'est  déjà  plus  possible  lorsque  l'œuf  chemine  dans  l'oviducte. 

Nous  n'aurons  donc  pas  à  nous  occuper  du  groupe  de 
poissons  qui  s'accouplent,  et  qui,  pour  la  plupart,  sont  cartila- 
gineux. 

Mais  presque  tous  les  poissons  osseux  composent  une  autre 
série  chez  laquelle  l'œuf,  dès  qu'il  est  apte  à  recevoir  le  liquide 
fécondant,  est  pondu  au  sein  des  flots  où  il  subit  le  contact 
de  la  laitance.  La  fécondation  artificielle,  en  tant  qu'expé- 
rience physiologique,  sera  toujours  possible  dans  ce  cas;  mais 
l'application  industrielle  devra  encore  se  restreindre  aux 
espèces  alimentaires. 

Enfin,  il  est  des  poissons  auxquels  on  accorde  l'hermajdiro- 
disme,  tels  sont  les  Serrans  ou  Perches  de  mer  [Penv  scri/nt). 
Gavolini,  le  premier,  a  découvert  sur  eux  des  œ^ufs  et  de  la 
laitance;   Cuvier   a   confirmé   le   fait,   et    tout   récemment 


sua    LES    PONTES    DES    POISSONS    DE    MER.  387 

M.  Dufossé  a  complété  ces  recherches  par  d'intéressants  tra- 
vaux. On  trouve,  en  effet,  sur  hi  face  externe  des  ovaires, 
deux  organes  blanchâtres  tout  à  fait  analogues  à  la  laite  des 
poissons,  et  dont  le  développement  est  toujours  en  rapport 
avec  celui  des  œufs  au  contact  desquels  ils  sont  placés.  Il  n'v 
a  pas  lieu  de  tenter  de  pratiquer  sur  eux  la  fécondation  arti- 
ficielle, non  plus  que  ^ur  les  Asprèdes,  Syngnathes  et  Hippo- 
campes, qui  portent  leurs  œufs  fixés  sous  l'abdomen,  jusqu'au 
moment  de  l'éclosion. 

La  question  étant  ainsi  limitée,  il  ne  reste  plus  qu'à  déter- 
miner l'époque  des  pontes,  et  les  conditions  dans  lesquelles 
elles  se  font. 

Or,  si  l'on  consulte  les  auteurs,  on  voit  qu'ils  considèrent 
le  printemps  comme  l'époque  la  plus  favorable  à  la  reproduc- 
tion ;  mais  ils  ont  toujours  en  vue  les  poissons  d'eau  douce. 
Bloch  écrit  :  «  Quelques  poissons  frayent  en  hiver  comme  la 
Lotte,  etc.  »  Et  plus  loin  :  a  Après  le  long  sommeil  des  pois- 
sons durant  l'hiver,  la  laite  commence  à  augmenter.  » 

Dans  Lacépède,  on  lit  :  «  A  peine  le  soleil  du  printemps 
commence-t-ilde  répandre  sa  chaleur  vivifiante,  qu'un  organe 
particulier  se  développe  et  s'agrandit  dans  les  poissons  mâles. 
C'est  aussi  vers  le  milieu  ou  la  fin  du  printemps  que  les  ovaires 
des  femelles  commencent  à  se  remplir  d'œufs  encore  imper- 
ceptibles. J 

L'ouvrage  de  MM.  Cuvier  et  Valenciennes  ne  contient  que 
quelques  mots  sur  la  disposition  des  œufs  :  «  Le  plus  grand 
nombre  des  poissons  répand  ses  œufs  agglutinés  par  un  muci- 
lage qui  les  enveloppe,  les  attache  aux  pierres,  aux  plantes 
aquati(iues,  tantôt  en  groupes,  tantôt  en  cordons  ou  en  ré- 
seaux, selon  les  espèces.  » 

La  reproduction  des  poissons  de  mer  semble  donc  n'avoir 
été,  jusqu'à  nos  jours,  le  sujet  d'aucune  recherche.  Cependant 
le  naturaliste  de  l'antiquité,  Aristote,  rapporte,  d'après  le  dire 
des  pêcheurs,  que  la  Phycis,  sorte  de  Cobie,  fait  un  nid  pour 
déposer  ses  œufs.  Pline  fait  la  même  citation.  Olivi  a  décrit 
aussi  des  Gobies  de  la  Méditerranée  qui  construisent  des  nids 
et  gardent  leurs  œufs  et  leurs  petits  avec  la  plus  grande 


388       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

sollicitude.  Nordmann  (l),  plus  récemment  encore,  a  fait 
connaître  le  talent  du  Gohius  comtructor,  que  l'on  rencontre 
dans  la  mer  Noire.  ' 

Les  pêcheurs,  mieux  que  personne,  devraient  donner  des 
renseignements  certains  sur  la  reproduction  des  poissons  ; 
mais,  habitués  à  récolter  sans  avoir  semé,  ils  croient  à  des 
richesses  inépuisaldes  dont  ils  s'inquiètent  peu  de  trouver 
l'origine.  La  plupart  n'ont  jamais  vu  d'œut's  de  poissons.  Ils 
croient  à  la  génération  spontanée,  au  milieu  des  flots  ou  sur 
le  corps  des  autres  animaux.  C'est  ainsi  qu'un  pécheur  affir- 
mait que  les  Soles,  les  Plies,  les  Turbots,  naissaient  à  l'aisselle 
des  nageoires  des  Muges,  et  le  prouvait  en  montrant,  der- 
rière les  pectorales,  de  petits  crustacés  plats,  analogues  à 
l'Argule,  connu  sous  le  nom  àQ  pouJr  rEpinochc. 

En  général,  cej)endant,  on  considère  le  printemps  comme 
l'époque  de  prédilection  pour  les  pontes  marines  :  du  reste, 
voyez  le  tableau  ci- après,  qui  résume  les  assertions  des 
pécheurs  recueillies  par  M.  tierbe,  lors  d'un  voyage  sur  les 
côtes  de  la  Méditerranée. 

Dans  certaines  localités,  les  pécheurs  affirment  que  les 
poissons  se  reproduisent  plusieurs  fois  dans  l'année.  C'est 
une  assertion  à  laquelle  on  ne  doit  ajouter  qu'une  faible 
confiance,  car  l'erreur  se  glisse  facilement  dans  l'esprit  des 
gens  peu  éclairés;  cependant  il  faut  en  tenir  compte  pour 
déterminer  par  de  nouvelles  observations  quelle  en  est  la 
valeur. 

Je  n'ai  donc  trouvé  partout  (juc  vague  et  inceititude,  et  je 
me  verrais  ici  réduit  aux  suppositions  et  aux  probabilités,  si 
MM.  Coste  et  Gerbe,  (jui  se  sont  dt'^à  occupés  de  la  question, 
n'avaient  recueilli  des  documents  qu'ils  ont  bien  voulu  mettre 
à  ma  disposition. 

S'il  est  bien  diilicile  d'étabhr,  d'une  façon  certaine,  l'époque 
de  la  ponte  des  poissons  de  mer,  époque  qui  doit  varier, 
comme  chez  les  espèces  d'eau  douce,  suivant  la  température 
et  les  influences  extérieures,  on  peut  toujours,  en  éludianl 

(1)   Riillffin  de  lArodémie  des  sciences  de  Sauil-f'ftcrslinurei,  187..    -.  ■ 


>Li;    I.KS    PONTES    DES    FOISSON.S    Ull    MER.  o89 

l'évolution  de  l'ovaire,  savoir  quand  l'œul'  est  apte  à  être 
fécondé.  C'est  ce  qu'ont  tait  les  naturalistes  que  je  viens  de 
citer.  Le  tableau  suivant  résume  leurs  travaux  (1)  : 

Périodes  r/r  poutf  des  /xnssons  de  nia'  désigiy's  dfuis  ce  tableo,v,  (*). 

NOMS  DKS   13SPÈCES.  "     OCÉAI^'.  jlOis  ce  PONTE. 

Plie  franche  [Pleuronecles  plalessa,   Lin.i Mars,  avril    mai. 

Plie  limande  (Plalessa  limanda,  Cuv.  ) Id, 

Sole  commune  (So'tea  vulgaris,  Cuv.) Id, 

Labre  (Labnts  bergylta.,Ascan.) Avril   mai. 

Créniiabre  mélops  {Crcnilabrns  inelops,  Cuv.,  Val.) Id. 

Crénilabre  massa  {Crenilabrns  massa,  liisso) Id! 

Belone  aiguille  [Belone  acus,  Cuv.j Ijj_ 

Blennie  baveuse  (ft/e/i/HMi- /j/(o/is.  Lin.) Mai,  juin. 

Gobie  blanc  (Gobius  niinutiis.  Lin.) Jd 

.Muge  capito  (Mugil  capilo,  Cuv.)   (**) Id! 

>IÊDlTERRit1\ÉE. 

Merluclie  ordinaire  {Gadus  mciiucius.  Lin.), Mai,  juin. 

Daurade  vulgaire  {Sparus  aurata.  Lin.) Jd. 

Blennie  palmicorne  {Blennius  palmicornis.  Lin.) Id! 

Blennie  galérite  (ii/e/imws  g.a/en7a,  Lin.) Id! 

Muge  céphale  (Mugil  cephalus,  Cuv.)  (***) !    !  !  !  !  Id. 

(*)  Ces  périodes  n-exprimcnt  pas  des  limites  absolues,  mais  des  épomies  durant  lesquelles  les 
espèces  desii,'nees  se  reproduisent  en  plus  grand  nombre. 

(**)  En  Hwi  1850,  quel,iues  sujets  de  cette  espèce,  pris  au  larcfe  de  la  baie  de  Concarneau, 
avaient,  les  uns  les  laites,  les  autres  les  œufs  à  malurité.  Des  fécondalions  arlificielles  ont  été 
faites  sans  résultat.  Les  poissons  étaient  pêcliés  depuis  six  heures  environ. 

(■'-'■)  Les  sujets  qui  commencent  i  sortir  des  elan-s,  des  laiiunes,  etc.,  vers  !a  fin  d'août, 
pour  sauner  la  mer,  ont  les  laites  et  les  ovaires  très-développés.  Dans  le  mois  de  septembre  on 
trouve  dc^a  quelques  sujets  dont  les  œufs  sont  libres  dans  les  pocbos  qui  représentent  Toviducti. 
L  espèce  se  reprortuil  donc  à  une  époque  différente  du  Miigil  capito. 

Il  nous  reste  à  traiter  des  conditions  dans  lesquelles  les 
poissons  aiment  à  frayer,  c'est-à-dire  de  la  profondeur  et  de 

(1)  Il  .serait  important  de  répL-ler  sur  les  espèces  mariacs  les  expériences 
que  M.  de  Quatrctages  a  faites  sur  les  poi.ssons  d'eau  douce,  pour  connaître 
la  plus  ou  moins  grande  vitalité  des  .spermatozoïdes  {Jiinales  des  sciences 
naturelles,  Z"  sér.,  t.  XIX). 

On  devrait  aussi  rechercher  les  condilioiis  qui  inHuont  sur  la  durée  de  la 
vie  des  spermatozoïdes.  D"aj)rès  les  travau.\  de  M.  de  Qiiatrefages  sur  les 
Ilermelles  el  lesTarets,  la  diminution  de  la  salure  de  l'eau  est  favorable  à  la 
vie  des  spermatozoïdes,  tandis  qui-  ceu»ci  meurent  d'autant  plus  vite,  que 
l'eau  dans  laquelle  ils  sont  plongés  .s'approche  plus  (hi  point  de  saturation. 
\e  serai!-ce  pas  là  ce  qui  expliquerait  Finslinct  des  espères  marines  à  se 
rapprocher  des  côtes  à  l'époque  de  la  reproduction  {Annules  des  sciences 
naturelles,  o'^  sér.,  l.  XIII). 


390       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMâTATION. 

la  nature  du  sol,  ainsi  que  des  corps  sur  lesquels  les  œufs  sont 
déposés. 

Les  profondeurs  sont  très-variables  :  chacun  sait  que  les 
Gobies  et  les  Blennies  fixent  leurs  œufs  sous  les  pierres,  et  si 
prés  de  la  côte,  que  la  mer,  en  se  retirant,  laisse  souvent  pres- 
que à  sec  ces  petits  poissons  placés  en  sentinelles  vigilantes 
auprès  de  leurs  œufs,  et  tout  disposés  à  mordre  le  doigt  qui 
oserait  les  toucher.  A  mesure  que  l'on  avance  dans  la  mer,  on 
rencontre  des  œufs  d'espèces  diverses.  Ceux  que  j'ai  placés 
sous  les  yeux  de  la  commission,  et  qui  font  partie  des  collections 
du  collège  de  France,  provenaient  de  profondeurs  bien  diffé- 
rentes. La  commission  se  rappelle  en  avoir  vu  de  forme 
elliptique,  disposés  par  groupes  de  six  à  dix  sur  des  pieds  de 
Zostères.  Ces  végétaux  avaient  été  arrachés  dans  la  rade  de 
Toulon  par  A  à  5  mètres  de  profondeur,  à  l'aide  de  la  grap- 
pette  qui  sert  à  prendre  au  foml  de  l'eau  les  Oursins,  les 
Vénus  et  les  Huîtres. 

Quant  aux  coquilles  tapissées  d'œufs,  elles  avaient  été 
recueillies  par  ZiO  et  50  mètres  de  profondeur,  les  unes  au 
large,  devant  Cette,  en  avril  1861,  cà  l'aide  d'un  filet  traîné 
pendant  cinq  heures  sur  un  fond  de  vase.  (Juand  la  poche  fut 
hissée,  elle  pesait  environ  1500  à  2000  kilos,  et  contenait  des 
poissons(Merlanscapelans  ou  Grenadiers  (1),  Soles,  Scorpènes, 
Rougets,  Gobies,  Blennies,  Labres,  des  Mollusques  céphalo- 
podes (Sèches,  Poulpes),  des  Actinies,  des  Ascidies  coriaces  et 
composées,  des  Mollusques  bivalves  et  desZûophytes.  Le  tout 
était  mélangé  à  un  peu  de  vase  liquide  dans  laquelle  on  trou- 
vait les  coquilles  qui  portaient  les  œufs.  D'autres  avaient  été 
ramassées  au  mois  de  mai  1861  par  des  dragues  et  des  bateaux- 
bœufs  péchant  dans  le  golfe  de  Lion,  vers  les  Saintes-Mariés, 
et  sur  un  fond  vaseux  par  30  et  50  mètres  de  profondeur. 

Dans  ce  même  golfe,  des  coups  de  drague  furent  donnés 
par  un  fond  de  80  à  100  mètres,  et,  fait  très-important  pour 
la  topographie  des  pontes  marines,  ils  n'ont  rapporté  que  des 
coquilles  vivantes  ou  mortes,  mais  dépourvues  d'œufs  de 
poissons. 

(1)  iNoiii  vulgaire  du  Gadus  minutus. 


SUR  LES   PONTES   DES   POISSONS   DE   MER.  39l 

Devant  Agde,  lo  filel  des  I)ateaux-l)œurs,  descendu  à  des 
profondeurs  de  90  à  100  mètres,  avait  donné  le  môme 
résultat. 

Les  œufs  recueillis  par  30  et  50  mètres  de  profondeur 
étaient  généralement  adhérents  à  des  corps  solides,  tels  que  : 
coquilles  vides,  roches,  déhris  de  bois,  et  même  de  vieux 
morceaux  de  cuir.  Les  coquilles  appartenaient  h  des  espèces 
des  genres  Jambonneau  et  Huître.  Les  œufs  y  étaient  disposés 
régulièrement  à  la  face  interne  ,  les  uns  à  côté  des  autres  et 
en  couche  simple,  ce  qui  implique  qu'ils  n'avaient  pas  été 
déposés  au  hasard.  Les  deux  valves,  réunies  quelquefois,  et 
légèrement  écartées,  indiquaient  qu'elles  n'avaient  pu  donner 
accès  qu'à  des  poissons  de  petite  ou  de  moyenne  taille,  tandis 
que  d'autres  valves  isolées  avaient  pu  recevoir  la  ponte  de 
poissons  beaucoup  plus  gros. 

Sur  les  Jambonneaux,  ainsi  que  la  commission  a  pu  le  con- 
stater, on  ne  rencontrait  guère  que  des  œufs  à  peu  près 
sphériques,  dont  le  volume  se  rapprochait  de  celui  du  grain 
de  mil,  et  dont  la  dispusilion  régulière  rappelait  celle  des 
œufs  du  Bombyx  JMot'i.  Ge})endant,  à  l'état  frais,  il  a  été  facile 
de  distinguer,  par  les  couleurs  qui  variaient  du  rouge  gro- 
seille au  jaune  et  au  vert,  quatre  espèces  d'œufs  différents, 
déposés  souvent  sur  une  même  coquille.  On  peut,  du  reste, 
encore  aujourd'hui,  aux  diverses  périodes  d'évolution  des 
œufs,  reconnaître  sur  une  même  valve  l'existence  de  pontes 
successives.  Ici  les  embryons  sont  arrivés  à  leur  dernière 
période  de  développement  ;  là  ils  sont  à  peine  visibles  ;  plus 
loin  la  segmentation  du  vitehus  commence. 

En  général,  les  œufs  déposés  sur  les  Huîtres,  transparents 
et  de  forme  ovalaire,  sont  portés  et  fixés  par  un  pédicule 
mobile  qui  leur  permet  de  flotter  dans  les  liquides  à  la  façon 
des  villosités  choriales.  Cette  circonstance  favorise  sans  doute, 
dans  ces  espèces,  le  développement  de  l'embryon  qui,  au  lieu 
d'être  enroulé  sur  sa  vésicule  ombilicale,  comme  dans  les  œufs 
sphériques,  est  allongé  dans  l'axe  de  l'ovoïde  et  un  peu  replié 
à  son  extrémité  caudale. 

On  aurait  pu  croire  que  cette  forme  particulière  de  l'em- 


SO*?      SOCIÉTK    IMPÉRIALE    ZODLOinQUE    d'aCCLIMATATION. 

bryon  servirait  à  déterminer  l'espèce  marine  qui  avait  pondu 
ces  œufs  ;  mais  cela  n'a  ('\é  possible  dans  aucune  circonstance, 
même  en  étudiant  avec  soin  les  poissons  pris  dans  les  filets. 

11  est  aussi  des  œufs  cjui  sont  libres  et  paraissent  ne  devoir 
se  fixer  sur  aucun  corps,  tels  sont  ceux  des  Plies.  D'autres 
sont  agglutinés  entre  eux  par  petites  masses  que  l'on  trouve 
quelquefois  dans  les  fdets  pêcbant  à  30  ou  liO  mètres.  On  en 
connaît  enfin  qui  sont  libres,  mais  dont  la  membrane  vitelline 
est  munie  de  longs  fdaments  développés  dans  l'ovaire,  à  l'aide 
desquels  ils  s'accrochent  aux  fucus.  Ces  œufs,  d'une  structure 
si  singulière,  sont  gros  comme  des  pois  de  petite  dimension  ; 
ils  appartiennent  à  TOrphie  ou  Aiguille  de  mer. 

A  cette  occasion,  je  dirai  que  des  fécondations  artificielles, 
tentées  à  diverses  reprises  sur  ces  poissons,  avec  des  laitances 
et  des  o?ufs  à  parfaite  maturité,  dès  l'arrivée  du  bateau  pê- 
cheur, mais  alors  C[ue  déjà  ces  Orpliies  étaient  mortes  depuis 
quelques  heures,  n'ont  donné  aucun  résultat;  de  même  que 
de  semblables  expériences  laites  sur  des  Muges  dans  des  con- 
ditions identiques. 

Eniin,  je  terminerai  l'étude  des  conditions  dans  lesquelles 
pondent  les  poissons,  en  rappelant  que  si  la  plupart  des 
espèces  abandonnent  leurs  œufs  indifteremment  dans  tel  ou 
tel  lieu,  il  en  est  d'autres  qui  ont  la  singulière  industrie  de 
leur  construire  des  nids.  Les  Gobies,  dont  nous  avons  déjà 
parlé,  n'auraient  pas  seids  cet  instinct  :  M.  Gerbe  l'accorde 
aussi  à  deux  Crénilabres,  le  Mnssn  et  le  Mclups,  qui,  d'après 
ses  observations,  se  façonneraient  un  nid  à  l'aide  de  végétaux 
consolidés  par  des  débris  de  coijuilles. 

RésiDiu'..  —  De  l'exposition  des  faits  et  des  connaissances 
qui  précèdent,  il  résulte  : 

r  (Jue  la  lécondalion  artificielle  n'est  ajiplicablc  qu'à  un 
certain  niMulnc  de  poissons  de  mer. 

2"  Que  le  printemps  est  l'époque  à  laquelle  les  poissons 
marins  sont  le  plus  généralement  aptes  à  se  reproduire.  Toute- 


SUR    LES   PONTES    DES    POISSONS    DE   MER.  393 

:  fois  il  (st  CdJislan!  que,  vers  la  lin  de  Télé  et  le  coinmencemeni. 
de  raiilomne  ,  on  rencontre  des  espèces  chez  lesquelles  le^ 
organes  de  la  reproduction  sont  trés-développés.  Certains 
poissons  même,  au  dire  des  pêcheurs,  pondraient  en  hiver. 

3"  Le  plus  grand  nombre  des  pontes  paraît  se  taire  depuis 
les  plus  petites  profondeurs  jusqu'à  50  mètres  ;  au  dehà  les 
filets  ramènent  d'autant  moins  d'uHifs,  qu'ils  traînent  plus 
avant  dans  la  mer. 

/i"  Les  œufs  des  poissons  de  mer  sont  adhérents  ou  libres, 
pondus  par  groupes  ou  isolés. 

5"  Les  œufs  ont  été  rencontrés  surtout  sur  des  fonds  va- 
seux, mais  tixés  en  général  sur  des  corps  inertes  et  sur  des 
végétaux. 

6°  Les  fécondations  faites  avec  des  œufs  et  des  laitances 
de  poissons  morts  depuis  quelques  heures  sont  restées  sans 
résultat. 

Conciusiom.  —  Comme  conséquence  de  ces  propositions 
générales,  j'ai  cru  devoir  tirer  les  conclusions  suivantes,  que 
j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'appréciation  de  la  com- 
mission : 

1"  Si  la  Société  veut  donner  suite  à  ses  projets  de  repeu- 
plement des  côtes  par  la  fécondation  arlilicielle,  elle  doit, 
avant  tout,  choisir  les  espèces  qu'elle  entend  multiplier. 

"3"  Elle  doit  iaire  étudier  les  conditions  dans  lesquelles  les 
poissons  aiment  à  déposer  leurs  œufs,  et  faire  rechercher  les 
époques  certaines  de  la  reproduction  des  espèces  précieuses. 

•)"  L'expérience  ayant  démontré  (jue  sur  certains  poissons 
morts  depuis  quelques  heures,  la  fécondation  artificielle  est 
infructueuse  ;  il  est  urgent,  pour  le  succès  de  l'entreprise, 
d'opérer  au  moment  on  les  poissons  sortent  des  filets. 


3P/J       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 


o 
0. 


o 
z 

W 


w 
Q 


•zadouJ.-iMivs 


•saaUMV 


aoiM 


•SaNMVO 


•Y  IIS  vu 


•oi30vrv 


•aHOvvuaaTiiA 


•xo'inoj. 


•HMAas  VI 


■1VJ.013    V'I 


•aTiiapuviï 


•sanoiiaviv 


•loa-aa-avao 


■iMaimvi-i-viVs 


•saHa>ia\-.iaod 


yj 


"^ 

o 

-a 

o 

CD 

"^ 

(/} 

u 

O 

p. 

o   s 

■ûTd 


o        o 


g;*   g 

c  ■ 


:z  cl  " 


c/i 


o 
in 


o 


o 
o 


o 
1-T 


o 


.rj  .-  —    o    u-j  -2 


o 

CO 


o 


^     .     .       o 

■5  ■=  "^      o 


3  00 


o 


•2-S 

N-4 


:3 
D- 
a 


CD 

C3 

P, 


SUR   LES   PONTES   DES   POISSONS   DE   MER. 


RAPPORT  ; 

SLIR  LES   VIPÈRES   DE   FRANCE 


PAR 


m.    J.    I.éon  SOUBEIRAN. 


Commission  :  MM.  Drouyn  de  Lhuys,  A.  Passy,  J.  Cloquet,  Debains,  deCliasteignier, 
Duniéril,  Dupuis,  Girou  de  Buzareingues,  A.  Petelin,  Réveil,  Rufz  de  Lavison, 
comte  de  Sinétv  et  Soubeiran. 


(Séance  du   17  juillet  1863.) 


Parmi  les  travaux  de  la  Société  d'acclimatation  ont  figuré  à 
plusieurs  reprises,  et  notamment  dans  le  cours  de  l'année 
1859,  des  mémoires  sur  les  moyens  d'arriver  à  la  destruction 
des  Serpents  venimeux  qui  infestent  quelques-unes  de  nos 
colonies.  Frappé  de  l'importance  qu'il  y  aurait  à  obtenir 
un  semblable  résultat  dans  notre  pays,  un  de  nos  confrères 
a  appelé  l'attention  de  la  Société  sur  les  services  qu'elle  ren- 
drait en  provoquant  la  destruction  des  Vipères,  qui  causent 
en  France,  cluuiue  année,  un  si  grand  nombre  d'accidents. 
Dans  ce  but,  un  Qiœsffomtaire,  rédigé  i)ar  les  soins  d'une 
commission  spéciale,  a  été  adressé  à  toutes  les  personnes  qui, 
par  leur  position  ou  jiar  leurs  (îtudes,  pouvaient  fournir  les 
documents  nécessaires. 

Si  votre  commission  a  tard(3  aussi  longtemps  à  vous  trans- 
mettre le  résultat  de  ces  communications,  cela  tient  à  ce  que 
quelques-uns  des  documents  qu'elle  devait  réunir  ne  lui  sont 
arrivés  que  fort  tard,  et  qu'elle  tenait  à  s'entourer  de  tous  les 
éléments  propres  ù  asseoir  son  opinion. 


DES   VIPÈRES    DE    FRANCE.  397 

Les  Vipères,  qui  sont  les  seuls  reptiles  venimeux  que  nous 
ayons  en  France,  sont  en  général  courtes  et  trapues.  Leur 
corps  est  cylindrique  et  un  peu  évasé  vers  la  partie  moyenne  ; 
sa  longueur  varie  de  35  à  70  centimètres,  selon  les  espèces, 
les  localités  et  les  âges  ;  il  est  toujours  couvert  d'écaillés 
entuilées  et  carénées,  ce  qui  le  distingue  du  corps  des  Cou- 
leuvres :  les  écailles  de  la  tête  ne  sont  pas  toujours  carénées, 
surtout  pour  la  partie  antérieure,  qui,  dans  une  espèce,  ne 
porte  que  quelques  plaques.  La  queue,  d'une  longueur  mé- 
diocre, surtout  chez  les  mâles,  où  elle  n'a  que  le  sixième  ou 
le  huitième  de  la  longueur  totale,  est  suhitement  atténuée 
vers  son  extrémité  et  se  termine  brusquement  en  pointe  ; 
chez  les  femelles,  en  général  plus  grosses  et  plus  longues  que 
les  mâles,  la  queue  est  plus  brusquement  rétrécie  et  un  peu 
moins  rectangulaire. 

La  tète  plate  et  triangulaire  des  Vipères,  due  au  peu  de  déve- 
loppement des  os  de  la  face  par  rapport  à  celui  du  crâne,  per- 
met de  distinguer  ces  animaux  au  premier  coup  d'œil  ;  mais 
le  caractère  essentiel  est  dans  la  présence  de  crochets  mobiles 
et  prolractiles  avec  les  os  maxillaires  supérieurs  qui  les  sup- 
portent. On  sait  que  ces  crochets  communiquent  par  un  canal 
avec  le  réservoir  à  venin  ,  et  que  derrière  eux  il  y  a  les 
germes  plus  ou  moins  développés  d'autres  crochets  destinés 
à  remplacer  plus  tard  les  premiers,  dans  le  cas  où  ils  seraient 
brisés  ou  arrachés. 

On  distingue  en  France  trois  espèces  de  Vipères,  qu'on  peut 
désigner  ainsi  : 

/de  plaques  sur  la  partie  supérieure  et  uaté- 

\      rieure Vipera  pelius. 

fête,  couverte  /comme  tronqué.    Vipera  uspls. 

(,,..„  ,     ,    .,  I  proloniré  eu  une 

Id  écailles  partout.  Museau-' '      .    "        „ 
^  I     pomle   molle  , 

\    écailleuse.. .  .    Vipera  ammodytea. 

Vipera  asjj/.^,  L.  (  Vipera  prester,  Schlegel).—  La  tête,  plate 
et  à  museau  tronqué,  est  couverte  d'écaillés  fortement  élargies 
en  arrière  :  celles  qui  couvrent  les  tempes,  le  pourtour  des 
narines,  le  devant  du  museau  et  la  partie  antérieure  lalé- 


398       SOCIÉTÉ   IMPÉRIAL!-;   ZOOLOGIQIJE    u'ACCJ>1MATAT10N. 

ralc  de  la  lèle,  se  distingueiil  de  celles  de  l'occiput  et  du 
reste  du  corps,  parce  qu'elles  ne  sont  pas  carénées.  Les  scu- 
telles  abdominales  varient  de  IZiO  à  155,  et  les  paires  d'uro- 
stéges  (plaques  caudales)  de  33  à  46.  Un  cou  étroit  sépare  la 
tête  du  corps,  qui  est  l'usiforme,  un  peu  arrondi  et  caréné. 

La  couleur  générale  du  corps  est  gris  cendré  ou  noirâtre, 
avec  une  bande  dorsale  noire,  flexueuse,  continue,  ou  formée 
de  tacbes  contiguës,  distinctes,  arrondies  ou  rbomboidales  ; 
le  dessous  du  corps  est  de  couleur  variable,  gris  d'acier  ou 
rougeàtre,  avec  des  taclies  blancbes  irrégulières.  Les  diffé- 
rences presque  infmies  de  couleur  et  de  robe  que  présente 
cette  espèce  ont  été  signalées  dans  un  grand  nombre  de  dé- 
partements (Pyrénées,  Haute-Garonne,  Lot,  Vendée,  Loire- 
Inférieure,  Vosges,  Doubs,  Ain,  Savoie,  etc.)  :  elles  ont  ftiit 
donner  des  noms  différents  par  les  campagnards  et  même  par 
des  naturalistes  à  des  individus  de  celte  espèce  qu'on  a  voulu 
distinguer  en  se  basant  sur  des  variations  qui  peuvent  tenir  à 
l'càge,  au  sexe,  à  la  localité.  (M.  V.  Tixier,  de  Gannat,  a  surpris 
dans  l'accouplement  deux  Vipères,  l'une  grise,  l'autre  ronge, 
et  dans  la  Lozère  on  a  observé  que  les  Vipères  des  terrains 
calcaires  sont  généralement  roussàtres,  tandis  que  celles  des 
terrains  schisteux  et  basaltiques  sont  grises.)  Quelle  que  soit 
la  valeur  qu'il  faudrait  accorder  en  zoologie  à  ces  caractères, 
il  est  bon  de  noter  que  quelques  observateurs  ont  remarqué, 
dans  les  mœurs  de  ces  reptiles,  des  différences  qui  sembleraient 
concorder  avec  la  différence  de  robe  :  c'est  ainsi  que  dans  le 
Doubs  on  a  vu  que  les  Vipères  rouges  sont  plus  vives  et  plus 
disposées  à  attaquer,  tandis  que  les  grises  sont  plus  molles  et 
ne  font  guère  que  se  défendre  (Monnol). 

La  Vipera  aspis  se  rencontre  dans  un  grand  nombre  de 
départements,  mais  généralement  elle  est  plus  fréquente  dans 
les  parties  méridionales  de  la  France  que  vers  le  nord  :  sa 
limite  septentrionale  parait  être  Rouen,  les  bois  de  la  forêt 
d'Eu,  le  Galvados;  mais  généralement  elle  ne  se  rencontre 
guère  avec  quelque  abondance  au-dessus  de  Paris,  de  Mcudon, 
Montmorency  et  Fontainebleau.  Les  départements  où  elle  a 
été  indiquée,  dans  les  réponses  adressées  à  la  Société,  sont 


DES    VIPÈRES    J)E    FRANCE.  'M)f) 

ceux  des  Pyrénées,  Ilaiilc-Garnnne,  Hérault  (dans  la  pailic 
montagneuse),  Ardéchc,  Lozère,  Cantal,  Creuse,  Lot,  Lot-et- 
Garonne,  Tarn-et-Garonne,  Deux-Sèvres,  Vienne,  Vendée, 
Loire-Inférieure,  Morbihan,  lUe-et-Vilaine,  Sarthe,  Eure-et- 
Loir,  Seine- et-Oise,  Oise,  Seine-Inférieure,  Seine-et-Marne, 
Yonne,  Côte-d'Or,  Haute-Marne,  Jura,  Doubs,  Vosges,  Allier, 
Hautes-Alpes,  Savoie,  Haute-Savoie,  et  Alpes-Maritimes. 

Vipempelias,L.  (Vipera  bcrus,  Merrem).— Latête,  un  peu 
convexe,  est  couverte,  à  sa  partie  antérieure  seulement,  de 
petits  écussons  plans  ou  très-légèrement  concaves,  dont  un 
central,  polygone,  est  plus  développé.  Le  corps  est  allongé, 
sans  rétrécissement  marqué  à  la  nurjue.  Une  ligne  foncée  ou 
noire,  de  teinte  très-variable,  flexueuse,  s'étend  sur  toute  la 
longueur  du  corps  :  cette  bande,  plus  ou  moins  interrompue 
et  pouvant  manquer  quelquefois,  est  légèrement  relevée  vers 
la  ligne  médiane.  Le  fond  de  la  couleur  du  corps  varie  du  oris 
pâle  à  l'acier  bruni  ;  elle  se  teinte  quelquefois  de  jaune,  de 
rouille,  de  rougeàtre,  de  brun  vordàtre  :  les  variétés  presque 
inlinies  de  coloration  que  présente  la  Péliade  ont  permis  de 
créer  un  bon  nombre  d'espèces  douteuses,  dont  nous  n'avons 
pas  à  nous  occuper  ici.  Les  sculelles  abdominales  varient  do 
\hh  à  156,  et  les  paires  de  plaques  sous-caudales  de  28  à  AS. 
La  Vipera  pelias,  qui  remonte  beaucoup  plus  vers  le  nord 
que  la  Vipern  aspis,  puisqu'on  la  retrouve  jusqu'en  Sibérie, 
devient  beaucoup  plus  rare  quand  on  descend  vers  le  midi,  et 
ne  se  rencontre  guère  au  delà  du  nord  de  l'Italie.  Elle  manque 
en  Espagne  (Graells),  mais  elle  se  trouve  dans  les  Pyrénées, 
Haute-Garonne,  Ardèche,  Lozère,  Cantal,  Creuse,  Lot,  Dor- 
dogne,  Vendée,  Vienne,  Loire-Inférieure,  Bretagne,  Maine- 
et-Loire,  Sarthe,  Calvados,  Oise,  Seine-et-Oise,  Somme,  Pas- 
de-Calais,  Yonne,  Seine-et-Marne,  Vosges,  Doubs,  Jura,  Meuse, 
et  Savoie. 

Dans  plusieurs  départements,  où  on  la  rencontre  en  même 
temps  (jue  la  Vipera  aspis,  elle  y  est  moins  commune  (Sarthe, 
Ille-et- Vilaine,  Vendée,  Cantal,  Doubs,  Jura),  tandis  qu'au 
contraire  elles  sont  plus  communes  dans  l' Vomie.  Les  mon- 
tagnes des  Ccvennes,  dans  la  Lozère,  présentent  des  Vipera 


AOO       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZUOLUGIQUE   DACCLIMATATION. 

pelias  et  aspis ,  laiidis  que  dans  le  reste  du  département  on 
ne  trouve  que  des  Vipera  aspis.  La  diiTérence  des  terrains 
pourrait  peut-être  influer  sur  cette  différence  de  station  ,  et 
nous  serions  disposés  à  le  croire,  si  nous  nous  en  rapportions 
seulement  à  nos  observations  personnelles,  car  sur  les  terrains 
anciens,  volcaniques,  granitiques  ou  schisteux  (Canigou,  Yiso, 
Puy-de-Dôme,  Aubusson),  nous  n'avons  jamais  rencontré  que 
des  Vipera  aspis,  tandis  que  dans  les  terrains  calcaires  (1) 
seulement  nous  avons  recueilli  des  Péliades  en  même  temps 
que  des  Aspics  ;  mais  M.  Viaud-Grandmarais  nous  a  signalé 
que  dans  la  Vendée  et  la  Loire-Intérieure,  où  l'Aspic  se  trouve 
presque  partout,  la  Péliade  ne  se  rencontre  que  sur  des 
terrains  primitifs  ou  de  transition,  et  n'a  jamais  été  trouvée 
dans  le  vaste  calcaire  du  marais  méridional  de  la  Vendée, 
et  ces  observations  doivent  nous  rendre  très-circonspects 
dans  renonciation  de  l'opinion  que  nous  avions  l'ormulée 
d'abord. 

Très-facile  à  confondre  au  premier  abord  avec  la  Vipera 
aspis,  la  Vipera  pelias  s'en  distingue  par  les  plaques  de  sa 
tête,  moins  déprimée  et  aplatie  ;  }(ar  l'absence  d'écaillés  acu- 
minées  ,  les  écailles  carénées  commençant  immédiatement 
après  les  grandes  plaques  ;  par  son  coips  plus  mou  à  l'état 
vivant  (Thomas).  Mais  cette  distinction  n'offre  que  peu  d'in- 
térêt pour  nous  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  caries  deux 
espèces  paraissent  à  peu  près  aussi  dangereuses  l'une  que 
l'autre,  ou  du  moins  les  avis  sont  partagés  :  car  les  uns  pensent 
que  la  Péliade  est  moins  dangereuse,  fuit  moins  vite,  et 
s'éloigne  moins  de  son  repaire  (Creuse),  tandis  que  d'autres, 
au  contraire,  la  signalent  comme  plus  agile,  plus  irascible,  el 
partant  plus  dangereuse  iThomas). 

Vipera  anniujdi/tes,h.  —  Le  museau  prolongé  en  une  verrue 
conique,  molle  et  couverte  de  petites  écailles;  la  tête  large, 

(1)  Dans  les  enviions  de  ]Nogent-le-I\oi  (Hante-Marne)  la  Vipera  pelias 
abonde  sur  un  escar])einent  ealcaire  (Martin)  ;  d'autre  part,  M.  Lerejjoullet, 
rjui  pense  ((ue  la  nature  du  terrain  a  une  si"ande  importance  sur  la  présence 
de  CCS  animaux,  croit  t|u"ils  alleclionnent  spécialenienl  les  calcaires,  et  surtout 
les  calcaires  jurassiques.  .  , 


DES    VIPÈRES    DE    FRANCE.  /JOJ 

triangulaire,  séparée  par  un  cou  assez  net  du  corps,  cpii  est  à 
demi  arrondi,  distinguent  facilement  celte  Vipère,  qui,  comme 
les  deux  autres  espèces,  olfre  une  variélé  extrême  pour  sa 
taille  et  pour  sa  couleur.  La  leinte  générale  du  corps  varie  du 
gris  cendré  clair  au  jaune  ferrugineux,  et  les  nuances  des 
taches  irrégulières  qui  forment  luic  bande  dorsale,  lïexueusc 
et  assez  large  ,  varient  presque  chez  chaque  individu.  Les 
plaques  abdominales  varient  de  t/j2  à  152,  et  les  paires  de 
plaques  sous-caudales  de  '28  à  3(). 

Celte  Vipère,  que  l'on  a  indiquée  dans  le  sud-est  de  la 
PYance,  est  extrêmement  rare  en  France,  et  se  rencontre 
plutôt  dans  les  conirées  méditerranéennes  de  l'Europe  méri- 
dionale, en  Italie,  en  Sicile,  en  Grèce,  en  Dalmalie  et  en 
Espagne  (Graells). 

Si  les  Vipères  sont  extrêmement  nombreuses  dans  certaines 
parties  de  la  France  (Vendée,  Loire-Inférieure,  Loi,  Haute- 
Marne,  Côle-d'Orj,  il  est  d'autres  départements  où  elles  sont 
rares  et  ne  se  rencontrent  qu'accidentellement  [Meuse,  Vosges, 
Bouches-du-Rhône,Gorrèze,  Oise  (on  afïirme  qu'elles  ont  pres- 
que disparu  des  environs  de  Clermont  depuis  l'époque  où  la 
vigne  a  cessé  d'y  fructiher),  Somme,  aux  environs  d'Amiens  et 
de  Doullens  seulement].  Elles  manquent  même  complètement 
dans  les  départements  du  Nord,  de  la  Haule-Saone  (arrondis- 
sement de  Lure),  el  dans  le  Bas-Uhin  elle  Ilaul-Khin  (Lere- 
boullet).  On  croit  que  peut-être  il  en  existe  sur  le  terrain  juras- 
sique sandgovien,  près  de  Ferrette  (Bardy).  Il  est  curieux  de 
signaler  la  tentative  faite  vers  1752  par  Carlhan,  médecin- 
pharmacien,  qui  dirigeait  l'hùpilal  de  Sainte-Barbe,  à  Belfort, 
et  qui,  faisant  grand  usage  de  Vipères,  tenta  à  plusieurs 
reprises  d'acclimater  ces  repliles  dans  une  propriété  que  le 
génie  mihtaire  a  achetée  depuis  pour  la  construction  du  fort 
de  la  Justice  :  c'était  un  jardin  situé  dans  un  vallon  dont  la 
partie  supérieure  est  coui'onnée  de  rochers,  dont  les  tètes  de 
bancs  regardent  le  nord-ouest;  mais  toutes  ses  tentatives 
échouèrent,  peut-être  par  suite  de  la  température  froide  du 
pays  (Bardy,  Parisot). 

Les  Vipères  se  renconlreiil  surtout  dans  les  endroits  peu 

T.  X.  —  Juillet  i8G:î.  26 


llO'l        SOCIÉTÉ   IMPÉUIALIÎ   ZUOLUGIQLE    d'acCLIM.VTATION. 

fréquentés,  tels  que  bruyères,  friches,  rocailles,  à  la  condi- 
tion qu'ils  soient  bien  exposés  au  soleil  ;  on  les  trouve  aussi 
clans  les  bois,  pourvu  qu'ils  no  soient  pas  trop  touiïus,  et 
('énéralement  sur  le  bord  des  chemins  et  des  clairières, 
plutôt  que  dans  le  milieu  des  fourrés  :  elles  sont  assez  fré- 
quentes le  long  des  haies,  dans  les  amas  de  pierres,  au  milieu 
des  vignes  (miirgers  du  Jura),  dans  les  moissons,  où  elles  se 
cachent  sous  les  javelles  et  où  elles  sont  attirées  par  les  rats, 
auxquels  elles  viennent  faire  la  chasse.  Souvent  elles  s'intro- 
duisent dans  les  fagots,  et  c'est  là  une  cause  fréquente  d'acci- 
dents. La  I7/J(?rrt  </.s/)/.s- paraît  préférer  les  endroits  secs,  pier- 
reux et  sablonneux,  tandis  qu'au  contraire  la  Vipera  pelias 
semble  se  plaire  davantage  dans  les  bois  frais  et  au  voisinage 
des  eaux  (Graells). 

Quelquefois  on  rencontre  les  Vipères  dans  des  buissons  peu 
élevés,  tels  que  des  genêts,  les  rhododendrons;  mais  cepen- 
dant il  paraît  que  le  fait  est  rare,  au  moins  dans  certains  pays, 
car  il  n'a  pas  été  indiqué  dans  un  grand  nombre  de  réponses 
au  Questionnaire,  ijuant  à  ce  qui  est  de  la  Vipera  nmmodijlca, 
il  est  constant  «prcllc  grimpe  froMjuenmient  dans  bîs  arbres 
même  assez  élevés. 

La  Vipère  va  quelquefois  à  l'eau,  surtout  la  Péliade,  qui 
na^e  assez  bien  ;  mais  il  semljlc  que  l'Aspic  ait  une  certaine 
répulsion  pour  ce  liquide,  d'où  il  cherche  à  sortir  dès  qu'il  y  est 
tombé  (Puel,  Martius). 

Elle  pénètre  quelquefois  dans  les  maisons,  surtout  dans  les 
laiteries  et  bergeries  (Haute-Marne),  dans  les  fournils  (Lot), 
où  elle  est  attirée  par  la  chaleur;  mais  le  plus  ordinairement 
elle  est  introduite  dans  les  habitations  avec  les  fagots  dans 
lesquels  elle  s'était  réfugiée  (Côte-d'Or,Vienne,Rhône,Yonne). 

C'est  au  premier  printemps  que  les  Vipères  sortent  de  leur 
torpeur;  et,  dès  que  les  gelées  blanches  ont  cessé,  dès  que  les 
premiers  rayons  du  soleil  ont  commencé  à  réchauffer  l'atmos- 
|)hére,  elles  quittent  leurs  retraites  et  apparaissent  au  dehors  : 
l'époque  de  leur  sortie,  variable  avec  la  température,  oscille 
ordinairement  de  la  mi-mars  à  la  lin  d'avril  (Pyrénées,  Ain, 
Hérault,  Lu/ère,  Lnt,  Ardèche,  Vienne,  Maine  et-L(.ire,  Haute- 


DKS    VlPÈllES    DE    FRANCE.  /i03 

Marne,  Vosges,  Doubs,  Cole-irOr).  Les  Vipères  sonl  en  général 
les  premiers  rei)tiles  à  S(3rlir,  comme  ils  sont  les  derniers  à 
rentrer  lorsque  les  froids  arrivent  :  elles  disparaissent  en 
général  vers  l'automne,  de  la  fin  de  septembre  (p]ure,  Vienne, 
Maine-et-Loire,  Vosges,  Doubs,  Allier)  à  la  fin  de  novembre 
(Yonne);  cependant  on  les  rencontre  quelquefois  pendant 
l'biver,  quand  la  saison  est  douce  (Fontainebleau),  mais  ce 
n'est  qu'exceptionnellement. 

Les  Vipères,  qui  se  tiennent  toujours  à  proximité  de  leur 
retraite,  excepté  vers  le  milieu  de  la  belle  saison,  se  rencon- 
trent vers  le  milieu  du  jour,  de  dix  à  quatre  heures  environ 
(Cantal,  AUiei')  ;  mais  de  même  qu'elles  craignnt  le  froid  et  ne 
sortent  pas  si  la  température  s'est  refroidie,  elles  redoutent 
l'extrême  clialeur,  et  se  rencontrent  moins  souvent  pendant  les 
mois  de  juillet  et  d'août  qu'en  avril,  mai  et  juin,  et  qu'en 
septembre  et  octobre  (Loir-et-Cher,  Oise,  Vosges,  Espagne). 

Les  heures  auxquelles  les  Vipères  sortent  varient  avec  la 
saison;  mais,  généralement  le  matin,  elles  ne  se  montrent 
guère  que  quand  la  rosée  a  disparu,  et  même  les  paysannes 
de  Maine-et-Loire  mettent  à  profit  cette  particularité  j)onr 
[(lire  l'herbe  de  leurs  bestiaux  dès  le  premier  matin  (Béraud), 
de  même  que  les  fabricants  de  balais  du  Lot  ne  récoltent  leurs 
plantes  que  de  très-bonne  heure  (Puel).  Elles  restent  souvent 
tapies  pendant  le  milieu  du  jour,  au  moment  des  plus  fortes 
chaleurs,  et  reparaissent  vers  le  soir  pour  ne  plus  rentrer 
qu'au  moment  du  serein  (Doubs,  Y(mne,  Lot,  Ahier,  Pyré- 
nées). 

Les  Vipères  sont-elles  des  animaux  nocturnes?  Beaucoup 
de  naturalistes,  se  basant  sur  l'existence  chez  elles  d'une  pupille 
linéaire ,  qui  est  caractéristique  des  animaux  nocturnes,  et 
sur  leur  plus  grande  fréquence  lorsque  l'orage  menace,  ré- 
pondent affirmativement;  mais  quand  on  prête  attention  aux 
circonstances  dans  lesquelles  on  les  trouve,  tout  au  plus  serait- 
on  autorisé  à  les  considérer  comme  crépusculaires,  car  c'est 
surtout  le  jour  qu'on  les  aperçoit.  Les  chiens  qui  vont  chasser' 
la  nuit  ne  sont  presfjue  jamais  blessés,  au  contraire  des  chiens 
qui  chassent  le  jour  (Alliera  :  cependant  on  a  cité  l'exemple 


hOh        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQL'E   d'aCCLIMATATION. 

d'un  pê(jlie-ui'  mordu  la  nuit  (Semur);  mais  les  conditions  de 
température  et  d'éleclricilé  de  cette  ol)servation  n'ont  pas  été 
assez  nettement  précisées  pour  qu'elle  ait  toute  sa  valeur. 

Lorsque  la  saison  froide  arrive,  les  Vipères  se  retirent  dans 
des  excavations  souterraines  et  sèches  (Vienne,  Hérault),  quel- 
quefois sous  la  mousse  (Lot,  Illo-et-Vilaine),  dans  des  troncs 
cariés  (Lozère,  Creuse)  ,  d'autres  fuis  sous  des  souches  (Ven- 
dée, IlIe-et-Vilaine),  dans  des  fagots  (Lot,  lUe-et-Vilaine),  et 
y  passent  cinq  à  six  mois  dans  un  véritable  état  d'hihernation. 
Quelquefois  isolées  (Pyrénées,  Meuse,  Savoie,  Ardèche) ,  le 
plus  souvent  plusieurs  se  réfugient  dans  un  même  trou,  où  on 
les  trouve  entrelacées  et  entortillées  en  une  seule  masse  (Côte- 
d'Or,  Vienne,  Creuse,  Allier,  Espagne). 

Exclusivement  carnivores ,    et   n'acceptant  qu'une   proie 
vivante,  les  Vipères  recherchent,  pour  s'en  nourrir,  les  petits 
mammifères,  tels  que  les  taupes  (Wyder),  les  mulots,  les  rats, 
les  souris,  les  musaraignes  et  les  campagnols,  ainsi  qu'on  a  pu 
s'en  assurer  en  examinant  le  contenu  de  l'estomac  de  quelques- 
uns  de  ces  reptiles  ;   fréquemment  aussi  elles  se  nourrissent 
de  lézards,  d'orvels,  de  crapauds,  de  grenouilles,  et  même 
quelquefois  de  salaiuandres;  on  assure  aussi  qu'elles  mangent 
quelquefois  des  poissons  (Haute-Garonne,  Allier).   Mais  lors- 
que des  animaux  plus  gros  leur  font  défaut,  elles  se  rejettent 
sur  les  insectes,  et  principalement  sur  les  coléoptères,  dont 
leur  tube  digestif  renferme  toujours  de  nombreux  débris,  et 
il  paraît  même  que,  dans  leur  jeune  âge,  elles  se  nourrissent 
presque  exclusivement  de  ces  animaux.  Certains  observateurs 
disent  qu'elles  mangent  des  mollusques  et  des  lombrics  (Lozère, 
Doubs,  Oise)  ;  mais  ce  fait  n'est  admis  qu'avec  doute  par  d'au- 
tres personnes  (Vienne,  Ardèche),  et  est  même  contesté  par 
d'autres  (Pyrénées). 

Un  dissentiment  aussi  grand  règne  parmi  les  observateurs, 
quant  au  nombre  des  animaux  nuisibles  qu'elles  peuvent 
détruire  ;  car  les  uns  pensent  qu'elles  en  tuent  un  grand  nondire 
(Hérault),  tandis  que  d'autres  croient  qu'elles  en  prennent 
très-peu  (Allier),  et  que  d'autres  enfin  nient  complètement 
le  fait.  La  lenteur  de  la  digestion  des  Vipères  permet  de  croire 


DES    VIPKISES    DE    FRANCE.  /j05 

qu'ello^^  no  peuviMil  jjas  (iiMniire  un  graml  uoiiilirc.  d'animanK 
pendaiU  la  saison  où  elles  sonl  sorties. 

Le  fait  de  la  dcstriiclion  d'oiseaux  par  les  Vipères  est  réel, 
au  rapport  du  plus  grand  nombre  des  observateurs,  et  ce  sont 
surtout  les  jeunescouvées,  et  jirincipalenient  celles  des  espèces 
(|ui  niellent  à  terre  ou  lrès-|)rès  du  sol,  ({ui  sont  les  victimes 
de  la  voracité  de  ces  reptiles  (Pyrénées,  Lozère,  Savoie,  Rhône, 
ILiute-Marnc,  Oise,  Vendée,  Bretagne).  Cependant,  si  le  plus 
souvent  ce  sont  de  jeunes  oiseaux  (M.  Puel  a  trouvé  trois  jeunes 
cailles  dans  l'estomac  d'une  Vipère)  qui  sont  la  proie  des 
Vipères,  quelquefois  aussi  ce  sonl  des  oiseaux  adultes  (ma- 
dame Passy),  et  d'aprèsles  observations  de  M.  Graells,  la  Vipère 
ammodyte,  qui  grimpe  facilement  dans  les  arbres,  préfère  de 
beaucoup  les  jeunes  oiseaux  aux  mammifères,  et  renferme 
quelquefois  dans  son  estomac  jusqu'à  quatre  ou  cincj  passe- 
reaux. 

Les  Vipères  ont  un  naturel  sauvage  et  irascible,  et  bien  que 
le  plus  ordinairement  elles  cherchent  à  fuir  lorsque  l'homme 
les  approche,  cependant,  dans  quelques  circonstances,  elles 
se  lancent  sur  lui  et  le  poursuivent  plus  ou  moins  loin  :  plu- 
sieurs faits  à  l'appui  de  cette  opinion  ont  été  indiqués  dans  les 
réponses  au  Questionnaire,  et,  parmi  ceux-ci,  nous  rappelle- 
rons ceux  de  M.  Thomas  (Loire-Inlèrieui'e),  qui  nous  a  adressé 
un  important  mémoire  sur  ces  reptiles.  11  n'est  donc  pas  éton- 
nant que  des  accidents  résultant  de  la  piqûre  de  la  Vipère  aient 
été  observés  sur  l'honmie  et  sur  les  animaux,  et,  parmi  ces 
derniers,  principalement  sur  les  chiens.  Les  animaux  que  l'on 
mène  paître  dans  les  bois  sont  quelquefois  mordus  par  les 
Vipères:  mais  si  ce  sont  des  chevaux,  des  ânes,  des  mulets  et 
des  vaches,  généralement  la  guérison  se  fait  au  bout  de  quel- 
ques jours,  et  les  phénomènes  se  bornent  à  un  peu  d'en- 
ilure  ctà  de  la  gônedans  les  mouvements;  cependant  lagravité 
dépend  beaucoup  du  point  qui  a  été  blessé,  et  les  accidents 
peuvent  oITrir  unecerlainc  gravité  quand  la  piqûre  a  été  faite 
au  nez  et  aux  lèvres  (Pyrénées,  Lozère,  Haute-Marne,  Jura, 
Creuse,  Savoie,  etc.).  On  croit,  dans  quelques  pays,  que  les 
vaches  qui  ont  été  piquées  à  la  tétine  donnent  pendant  plu- 


ZiOG       SOCIÉTÉ    IMPÉr.IALK    ZOOI.Or.lQTlE    D'AflCLIMATATinN. 

sieurs  jours  un  kiil  lourd  el  sanguiuolcnl  (Jur.i)  ;  cldans  beau- 
coup (le  localités,  on  attribue,  sans  bonnes  preuves,  bon 
nombre  d'affections  des  mamelles  à  la  piqûre  des  Vipères,  et 
à  ce  que  ces  reptiles  ont  tetc  les  bestiaux  (Ardèche).  Si  les 
animaux  d'un  certain  volume  ne  se  ressentent  ordinairement 
que  très-peu  des  suites  de  la  piqûre  des  Vipères,  il  n'en  est 
pas  de  même  des  cbèvres  et  des  moutons,  qui,  si  des  soins  ju- 
dicieux n'ont  pas  été  administrés  en  temps  utile  (Savoie,  Lo- 
zère, Creuse,  Hérault),  sont  gravement  atteints,  et  succombent 
après  avoir  offert  surtout  les  symptômes  d'une  inflammation 
de  la  base  de  la  langue,  qui  menace  de  les  étouffer  (Graells). 

Les  chiens,  qui  sont  assez  fréquemment  piqués  par  les 
Vipères,  surtout  à  la  chasse,  éprouvent  souvent  dos  accidents 
très-graves,  et  meurent  môme  sous  l'inlluence  du  venin,  surtout 
s'ils  ont  été  piqués  au  nez  ou  à  la  langue.  Au  moment  de  la 
blessure,  ils  poussent  des  cris  aigus,  bavent  beaucoup,  el 
fuient  en  tournant  sur  eux-mêmes  :  bientôt  un  gonflement 
considérable  se  manifeste  autour  du  point  blessé,  et  s'étend 
rapidement  à  tout  le  membre;  les  animaux  tombent  à  terre 
sans  pouvoir  faire  un  mouvement,  et  les  chasseurs  sont  sou- 
vent obligés  de  les  rapporter  (Puel).  Si  un  traitement  rationnel 
a  été  enqjloyé  en  temps  utile,  les  chiens  reviennent  au  bout  de 
peu  de  temps  à  eux  ;  mais  ils  conservent  pendant  plus  ou  moins 
longtemps  une  tristesse  prononcée  (Sarthe),  etpresquetoujours 
il  leur  reste  une  faiblesse  extrême,  et  des  troubles  de  la  vision 
et  de  l'ouïe  qui  peuvent  les  rendre  impropres  à  la  chasse.  On 
a  remarqué  que  les  chiens  qui  avaient  été  piqués  plusieurs  fois 
étaient  pris  d'enflure  à  chaque  accident,  mais  que  les  autres 
symptômes  étaient  d'autant  moins  marqués  et  moins  persis- 
tants qu'ils  avaient  été  déjà  atteints  un  plus  grand  nombre  de 
fois  (Sarthe,  Vendée).  Un  fait  très-curieux,  que  nous  aurons 
à  rapprocher  de  phénomènes  observés  sur  l'iiomme,  nous  a 
été  conuuuniqué  par  M.  Georges  Villers  (Calvados),  qui  a 
observé  chez  des  chiens  piqués  par  des  Vipères  une  enflure 
se  reproduisant  pendant  deux  ou  trois  années,  et  à  des  épo- 
ques concordant  avec  celles  de  la  piqûre. 

Lorsque  l'homme  est  piqué  par  une  Vipère,  il  apparaît  en 


ItRS    VIPÈRES    ni']    FRAN(:E.  /|07 

](ii  plasieurs  pliciiumènes  successils  qiic  [\n\  peut  ranger  on 
trois  catégories  :  phénomènes  qui  accompagnent  la  piqûre, 
phénomènes  locaux  qui  la  suivent,  et  phénomènes  généraux 
qui  en  résultent.  Tous  ne  se  présentent  pas  chez  un  même 
malade,  et  (juelques-uns  sont  très-rares,  tandis  que  d'autres 
ne  manquent  jamais  ou  presque  jamais. 

Parmi  les  phénomènes  qui  accompagnent  la  piqûre,  le  pre- 
mier indiqué,  la  première  impression  ressentie  par  le  malade, 
est  une  douleur  aiguë  dans  toute  la  partie  blessée  :  instantanée, 
et  semblable  à  un  trait  de  feu  qui  irradie  dans  tout  le  membre, 
elle  est  queUiuelbis  à  peine  sensible  et  tellement  atténuée,  que 
le  malade  ne  s'en  rend  pas  compte  ;  limitée  quelquefois  au 
membre  blessé,  parfois  elle  se  fait  sentir  dans  toute  la  moitié 
correspondante  du  corps. 

Très-rarement,  au  moment  même  de  la  piqûre,  le  malade 
est  pris  d'une  si/ncope  immédiate. 

Le  point  blessé  ne  laisse  (jue  trcs-dilïicilement  apercevoir 
la  trace  des  crochets,  et  quelquefois  même  elle  échappe  aux 
recherches,  ce  qui  se  comprend  facilement  quand  on  songe 
que  la  plaie,  formée  par  un  corps  très-acéré,  se  fait  dans  la 
peau,  et  que,  par  suite,  la  rétraction  doit  diminuer  de  beau- 
coup rétendue  transversale  déjà  très-minime  de  la  plaie.  Assez 
souvent,  heureusement,  un  léger  écoulement  sanguin,  borné 
ù  quelques  gouttelettes,  ou  parfois  assez  notable,  vient  poindre 
sur  la  trace  des  crochets,  cl  })ermet  de  retrouver  les  points 
lésés;  mais  bien  souvent  aussi  il  manque,  ou  les  frottements 
font  dis}>araître  le  léger  suintement  primitif,  qui  ne  se  repro- 
duit plus.  La  trace  doit  être  recherchée  avec  soin,  car  elle 
permet  de  distinguer  si  l'animal  était  venimeux  ou  non.  \},ne 
Couleuvre,  par  sa  morsure,  formera  deux  lignes  courbes  de 
pi(|ûres  dont  la  concavité  se  regardera;  pour  une  Vipère,  les 
crochets  formeront  sur  le  côté  de  la  ligne  de  la  mâchoire 
supérieure,  deux  piqûres  beaucoup  plus  marquées  que  celles 
qui  sont  faites  par  les  autres  dents. 

Le  premier  des  phénomènes  locaux  consécutifs  à  la  piqûre 
de  la  Vipère,  et  qui  ne  manque  presque  jamais,  est  la  tumé- 
faction ou  (/onflemeiit  du  membre  blessé.  Instantanée,  ou  ne 


/i08      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIOUE   d'ACCLIMATATION. 

se  montranl  que  plus  ou  moins  longtemps  après  l'accident, 
rapide  ou  très-lente,  elle  va  en  augmentant  progressivement, 
au  point  de  distendre  énormément  le  membre;  elle  gagne  de 
proche  en  proche  les  organes,  et  finit  par  envahir  quelquefois 
la  moitié  du  corps.  Quelquefois  la  tuméfaction  diminue  quand 
les  autres  symptômes  augmentent  d'intensité,  mais  le  plus 
ordinairement  elle  va  en  progressant. 

En  même  temps  que  le  membre  se  tuméfie,  il  se  manifeste 
une  aréole  inllammatoire  autour  de  la  piqûre,  tantôt  à  peine 
visible,  et  tantôt  très-apparente.  Quant  à  Y  engourdissement 
dont  quelques  malades  se  plaignent,  il  paraît  devoir  être  rap- 
porté à  la  distension  du  membre,  de  même  (\\\ç.  \(i^  douleurs 
vives,  lancinantes  et  persistantes  accusées  par  quelques  per- 
sonnes. 

Le  membre,  en  même  temps  qu'il  se  tuméfie  et  est  le  siège 
de  douleurs  plus  ou  moins  vives,  prend  une  couleur  rouge, 
comme  ecchymosée,  livide  et  marbrée  ou  violacée  ;  mais  cette 
coloration  ne  se  manifeste  généralement  que  quelque  temps 
après  l'accident,  le  lendemain  ou  dix-huit  heures  après;  la 
douleur  et  la  coloration,  qui  suivent  quelquefois  une  marche 
déterminée,  et  dans  quelques  cas  non,  semblent  le  plus  ordi- 
nairement suivre  la  direction  des  vaisseaux  veineux  et  lym- 
phatiques (Raimberti. 

Quelquefois  on  voit  apparaître  sur  le  membre  des  phli/c- 
tènes  disposées  tout  autour  du  point  piqué,  et  formant  une 
couronne  qui,  chez  quehpies  malades,  s'élargit  de  plus  en  plus 
(Raimbert,  Graells)  :  ces  idilyctènes,  dont  l'apiiarilion  peut 
avoir  ét('  empêchée  par  l'emploi  assez  prompt  du  traitement, 
ont  été  attribuées  à  l'agent  thérapeutique  par  le  professeur 
Gerdy. 

Chez  quelques  malades,  la  peau  est  frappée  de  ganyrène 
autour  du  point  blessé,  mais  cette  mortification,  qui  peut 
s'étendre  aux  parties  sous-jacentes,  est  très-rare  et  peut  être 
attri!)uée,  avec  quelque  raison,  au  mode  de  traitement. 

I.es  phénomènes  généraux  qui  résultent  de  la  piqi^ire  de  la 
Vipère,  et  qui  ont,  à  bon  droit,  éveillé  la  sollicitude  des  méde- 
cins, peuvent  manquer  (pielquefois  (Raimbert),  mais  presque 


DES    VIPÈRES    DE    FRANCE.  /l09 

jamais  ils  ne  font  défaut.  Parmi  eux,  ceux  qui  se  développent 
les  premiers  sont  les  angoisses  très-vives,  auxquelles  se  joi- 
gnent des  si/ncopes  plus  ou  moins  fréquentes  (Veyrines, 
Graells).  Presque  tous  les  malades  éprouvent  de  la  dyspnée, 
qui  se  traduit  par  un  simple  malaise  chez  quelques-uns,  tan- 
dis que  chez  d'autres  la  parole  est  haletante  et  entrecoupée. 

La  peau  quelquefois  se  couvre  de  sueurs  froides  très-ahon- 
dantes  et  comme  visqueuses  (Graells),  et  déterminant  un  cer- 
tain soulagement.  Le  pouls  devient  petit  (Graells),  intermit- 
tent, irrégulier  et  môme  presque  insensible.  Enfin,  chez 
quelques  malades,  on  remarque  des  mouvements  convulsifs 
prononcés. 

La  vue  perd  parfois  de  sa  netteté  (Veyrines,  Scoutetten),  et 
assez  souvent  les  malades  se  plaignent  d'éblouissemenls  (Puel). 
Si  l'aftection  consécutive  à  la  piqûre  prend  de  la  gravité,  les 
malades  peuvent  être  pris  de  délire  (Puelj,  de  trouble  des 
fonctions  intellectuelles,  mais  le  plus  souvent  ce  symptôme 
manque,  et  tout  au  plus  y  a-t-il  de  légères  rêvasseries,  de 
l'assoupissement,  qui  ôte  en  partie  au  patient  le  senliment  de 
ce  qui  se  passe  autour  de  lui.  Une  .vo//'assez  vive  (Veyrines, 
Graells)  peut  se  faire  sentir  ;  mais  quelquefois  le  malade  ne  peut 
rien  garder,  et  des  vomissements  bilieux  et  fréquents  débarras- 
sentl'estomac  des  matières  qu'il  conlient(Graells,  Puel).  Quand 
les  vomissements  manquent,  il  y  a  tout  au  moins  des  nausées 
(Veyrines,  Puel);  et  quand  ils  existent  ou  même  quand  ils 
n'ont  pas  Heu,  le  corps  prend  une  teinte  jaunâtre  comme  dans 
Victére  (Veyrines),  ce  qui  fait  que  le  malade  a  tout  à  fait  l'aspect 
d'un  fiévreux  (Graells).  Les  malades  enfin  ont  des  déjections  co- 
pieuses, diarrhéiques  et  quelquefois  involontaires  (Gelly),  plus 
rarement  elles  sont  suspendues,  ainsi  que  la  sécrétion  urinaire. 

Généralement  tout  se  borne  aux  phénomènes  que  nous 
venons  d'indiquer,  et  qui  disparaissent  d'autant  plus  vite 
qu'on  a  eu  recours  à  un  traitement  plus  rationnel  et  plus 
rapide;  mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi,  l'affection  prend 
un  degré  beaucoup  plus  grand  de  gravité  et  se  termine  par 
la  mort.  Dans  ce  cas  la  plaie  laisse  en  général  suinter  un 
liquide  sanieux  et  fétide. 


/rIO       SOCIKTK    IMPÉniALR    ZOOLOGIOUK    d'aCCLIMATATION. 

11  est  extrêmement  dilïicile  de  pouvoir  indiquer  même 
approximativement  la  proportion  des  malades  qui  ont  suc- 
combé par  rapport  au  nombre  des  blessés,  et  il  est  à  regretter 
que  nulle  part ,  malgré  la  difliculté  que  présente  ce  travail, 
on  n'ait  cherché  <à  établir  une  statistique  exacte  des  accidents 
causés  par  les  Vipères. 

Dans  quelques  pays  on  semble  attribuer  très-peu  de  gravité 
aux  suites  de  la  piqûre  de  la  Vipère  ;  dans  d'autres,  au  con- 
traire, on  lui  attribue  les  plus  laclieux  résultats.  Pour  pou- 
voir donner  raison  aux  défenseurs  de  l'une  et  de  l'autre 
opinion,  il  faudrait  que  dans  les  divers  faits  publiés,  on  eût 
noté  avec  soin  toutes  les  circonstances  qui  pouvaient  rendre 
plus  facile  la  comparaison,  et,  comme  on  sait,  les  causes  de 
la  gravité  du  pronostic  peuvent  appartenir  à  l'animal  qui  a 
piqué,  ou  être  inhérentes  au  malade,  et  par  conséquent  il  faut 
tenir  compte  de  l'inlluence  heureuse  et  fâcheuse  des  diverses 
conditions  où  pouvaient  se  trouver  la  Vipère  ou  le  malade. 
Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  remarquer  que  si  plusieurs 
Vipères  avaient  piqué  une  même  personne,  les  symptômes 
seraient  de  beaucoup  plus  graves ,  mais  c'est  là  un  accident 
extrêmement  rare ,  et  dont  nous  ne  connaissons  aucune 
observation.  Si  un  même  animal  a  piqué  à  plusieurs  reprises, 
les  symptômes  sont  plus  alarmants  chez  le  malade  ;  mais  si 
plusieurs  personnes  ont  été  successivement  piquées,  le  danger 
sera  d'autant  moindre  qu'il  y  aura  eu  auparavant  un  plus 
grand  nombre  de  piqûres.  Il  n'est  pas  indifférent  d'être  piqué 
par  une  Vipère  de  telle  ou  telle  espèce,  car  il  semble  démon- 
tré (]ue  chez  quelques-unes  le  venin  a  une  activité  plus 
grande  que  chez  d'autres  :  la  Vipère  ammodyte  l'emporte  de 
beaucoup  sur  TAspic  et  la  Péliade  ;  mais  les  assertions  qui 
sont  émises  sur  le  plus  ou  moins  de  danger  des  variétés 
rouges,  grises  ou  noires  des  Vipères  ne  sont  pas  basées  sur 
un  nombre  suffisant  d'expériences  ou  d'observations,  pour 
qu'on  puisse  rien  affirmer.  Le  volume  de  l'animal  doit  être 
pris  en  considération  pour  le  pronostic.  Mais  ce  qui  serait 
le  plus  important,  ce  serait  de  savoir  si  l'animal  avait  lait  usage 
de  son  venin  depuis  i»lus  ou  moins  longtemps;  car  le  venin 


DES    VIPÈRES    DE    FRANCE.  ÛH 

ne  se  reroniiaut  qu'avec  IciUeur  dans  les  vésicules,  le  danger 
sera  moindre  si  peu  de  temps  s'est  écoulé  depuis  la  dernière 
piqûre,  et  c'est  à  l'accumulation  du  venin  dans  les  vésicules 
pendant  toute  la  période  d'hiver,  pendant  laquelle  l'animal 
engourdi  n'a  pas  fait  usage  de  ses  crochets,  qu'on  doit  attri- 
buer l'aggravation  de  la  maladie  à  la  suite  de  piqûres  faites 
au  printemps,  par  rapport  à  celles  faites  dans  d'autres  saisons 
(Thinus,  Texier,  Puel,  madame  Passy).  D'autres  observateurs 
pensent  au  conlraii'e  que  c'est  pendant  les  chaleurs  de  l'été  et 
au  moment  de  l'accouplement  que  la  blessure  de  la  Vipère 
est  le  plus  redoutable  (Aveyron,  Isère,  Haute-Savoie),  mais 
tous  s'accordent  pour  ne  trouver  (ju'une  gravité  moindre  aux 
blessures  faites  pendant  la  saison  froide,  l'animal  étant  en  tor- 
peur, moins  disposé  à  mordre,  et  n'ayant  pas  encore,  le  plus 
souvent,  achevé  sa  leute  digestion. 

En  général,  on  doit  avoir  moins  de  craintes  sur  les  suites 
de  la  piqûre  dans  un  pays  à  température  peu  élevée  que  dans 
une  contrée  chaude  ;  il  est  bon  aussi  de  tenir  compte  de  l'état 
électrique  de  l'atmosphère,  car  les  Vipères  alors  sont  plus 
irritables  et  beaucoup  plus  disposées  à  mordre. 

Si  nous  passons  au  malade,  nous  verrons  que  l'âge  a  une 
influence  incontestable  et  qui  n'a  pas  besoin  d'être  expliquée 
en  raison  de  la  différence  dans  la  résistance  aux  divers  agents 
et  dans  l'activité  de  l'absorption.  Le  sexe  n'a  pas  une  grande 
importance,  si  ce  n'est  dans  la  différence  de  force  qui  existe 
ordinairement  entre  l'homme  et  la  femme.  Le  tempérament 
du  malade  doit  être  pris  en  sérieuse  considération,  et  il  est 
admis  généralement  que  les  individus  à  tempérament  lympha- 
tique et  nerveux  (madame  Passy),  et  surtout  ceux  qui  sont  dis- 
posés aux  affections  hystériques,  sont  plus  vivement  impres- 
sionnés par  le  venin  de  la  Vipère,  toutes  autres  circonstances 
étant  égales  d'ailleurs.  L'état  de  pléthore  ou  de  vacuité  des 
organes  digestifs  ne  paraît  pas  avoir  une  influence  notable.  Le 
point  qui  a  été  blessé  doit  être  spéciiié  avec  soin:  car  si  le 
membre  est  petit,  les  dents  s'y  seront  enfoncées  profondé- 
ment ;  s'il  est  volumineux,  au  contraire,  elles  n'auront  fait 
qu'égraligner  superficiellement,  et  de  là  des  différences  no- 


/il  2      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOniQUE   d'aCCLIMATATION. 

tables  clans  l'inlensité  des  accidents.  L'imagination  enfin  exerce 
aussi  une  influence  marquée,  et  les  faits  ne  manfjuent  pas 
pour  prouver  la  réalité  du  rôle  qu'elle  peut  jouer  dans  la  ter- 
minaison de  la  maladie. 

Lorsque  les  accidents  primitifs  de  la  piqûre  de  la  Vipère 
se  sont  évanouis,  il  se  présente  quelquefois  des  phénomènes 
postérieurs  que  l'on  a  considérés  comme  étant  la  suite  de  celte 
inoculation  du  venin  :  on  ne  peut  certainement  pas  nier  qu'il 
n'en  soit  ainsi,  mais  jusqu'à  ce  jour  un  trop  petit  nombre 
d'observations  a  été  recueilli  pour  permettre  de  faire  un 
tableau  exact  des  diverses  affections  qui  peuvent  être  le 
résultat  de  la  piqi^u'c  des  Vipères. 

Cependant  il  nous  paraît  utile  d'appeler  l'attention  sur 
divers  faits  qui  ont  été  signalés  par  plusieurs  observateurs,  et 
dont  l'étude  pourrait  offrir  quelque  intérêt,  ne  fût-ce  qu'au 
point  de  vue  purement  scientifique.  C'est  ainsi  que  quelques 
personnes  ont  observé,  à  la  suite  des  piqûres  de  Vipères,  des 
affections  particulières  du  poumon  (Bretagne,  Viaud-Crand- 
ir.arais);  que  d'autres  ont  pu  reconnaître  un  affaiblissement 
marqué  de  la  vue  (Vosges,  Lot).  Mais  parmi  les  faits  les  plus 
singuliers  qui  ont  été  indiqués  comme  consécutifs  à  la  piqûre 
de  la  Vipère,  nous  devons  signaler  tout  particulièrement  la 
périodicité  de  symptômes  se  manifestant  chez  les  malades, 
pendant  plusieurs  années,  et  quelquefois  pendant  un  grand 
nombre  d'années,  à  l'époque  même  où  l'accident  primitif  avait 
eu  lieu.  Ces  faits,  sur  lesquels  aucune  explication  n'a  pu  en- 
core être  donnée,  ont  été  observés  dans  plusieurs  localités  et 
mériteraient  de  fixer  l'attention  des  personnes  qui  sont  à 
môme  de  suivre  des  malades  piqués  par  des  Vipères  (Lozère, 
Bretagne;  madame  Passy,  de  Mimont,  Léonce  Berger,  Ansel- 
mier,  Soubeiran.) 

Bien  que  quelquefois  les  blessures  faites  par  les  Vipères 
puissent  guérir  sans  aucun  traitement,  comme  l'ont  ol)servé 
un  grand  nombre  de  personnes,  et  comme  l'ont  démontré  les 
expériences  de  Fontana  et  de  Morgagni,  qui  ont  constaté  un 
rétablissement  complet  après  l'emploi  des  médicaments  même 
les  plus  contraires  au  but  que  l'on  se  proposait,  il  n'en  est 


DES    VIPÈRES    DE    FRANCE.  liiZ 

pas  moins  indispensable  d'instituer  un  traitement  proin|)t  et 
énergique,  car  les  phénomènes  résultant  de  l'inoculation  du 
venin  peuvent  devenir  assez  graves  pour  entraîner  une  ter- 
minaison fatale ,  ou  tout  au  moins  les  souffrances  sont  plus 
vives  et  plus  longues  ;  quand  les  malades  sont  abandonnés  à 
eux-mêmes,  les  accidents  locaux  et  généraux  sont  plus  pro- 
noncés, et  en  particulier  on  a  observé  une  tendance  plus 
grande  h  la  gangrène  (Graells,  Puel)  :  aussi  presque  tous  les 
observateurs,  pour  ne  pas  dire  l'unanimité,  s'accordent  à 
reconnaître  la  nécessité  d'un  traitement  après  une  piqûre  de 
Vipère. 

Comme  l'a  dit  Fontana,  «  il  n'y  a  sorte  de  matière  ou  de 
médicament  que  quelqu'un  n'ait  pas  éprouvée  contre  cette 
maladie  »;  et  parmi  les  moyens  le  plus  souvent  mis  en  usage 
dans  nos  provinces,  il  en  est  encore  quelques-uns  qui  ne  sont 
basés  sur  aucune  raison  plausible,  aussi  ne  ferons-nous  que 
les  indiquer  sommairement  ici.  C'est  ainsi  que  dans  les  dépar- 
tements du  Lot  et  de  l'Aube, 'on  lait  tenir  pendant  plusieurs 
heures  le  membre  dans  de  la  terre  fraîchement  remuée,  on  le 
frictionne  avec  de  la  terre  humide,etrony  fait  des  applications 
de  sel  et  d'ail  pilé.  Dans  quelques  communes  des  environs  de 
Figeac  et  du  canton  de  laTronquiére,  on  applique  sur  la  plaie 
le  ventre  d'un  crapaud  de  la  grande  espèce  (dite  Savait'  dans 
le  pays);  l'animal,  dit-on,  ne  tarde  pas  à  coasser  plaintivement 
et  à  périr,  tandis  qu'au  contraire  le  malade  éprouve  un  sou- 
lagement instantané  et  guérit  promptement.  (Il  est  à  noter 
que  ce  procédé  a  été  trouvé  par  un  maire  de  Linac  dans 
l'article  Vipère  de  Y  Agronome,  dictionnaire  portatif  d'agri- 
culture, publié  à  Paris,  en  176(3,  chez  la  veuve  Didot,  à  la 
Bible  d'or,  et  que  dej)uis  cette  époque  il  s'est  propagé  dans 
tout  le  canton,  de  telle  sorte  que  c'est  aujourd'hui  le  seul 
moyen  employé.)  (L.  Puel.)  Dans  d'autres  contrées,  on  a  re- 
cours aux  f/uérmeiirs  de  venins,  rehoutevvs ,  conjurenrs, 
sorciers,  panscurs,  charmeurs,  qui  em|)loient  les  recettes  les 
plus  bizarres,  et  jouissent  malheureusement  de  toute  la  con- 
liancc  des  blessés,  qui  abandonnent,  pour  suivre  leurs  pres- 
criptions, les  traitements  les  plus  rationnels  auxquels  les  avaient 


AlA        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

soumis  loslionimes  de  l'art  (Viaiid-Grandmarais).  Parmi  les  vé- 
gétaux employés  contre  la  morsure  des  Vipères,  nous  en  trouve- 
rons beaucoup  dont  l'action  nous  paraît  devoir  être  ou  nulle  ou 
bien  médiocre,  en  raison  même  du  peu  d'activité  de  leurs  prin- 
cipes. En  Andalousie,  les  bergers  ont  encore  grande  confiance 
en  la  poudre  de  Viborera  [Echiiim  vulgare)  ou  de  V  Aristo/ochia 
/o)n/a,  qui  ne  paraissent  guère  agir  que  comme  de  puissantssu- 
dorifiques  (Graells).  Dans  la  Sarthe,  on  fait  boire  aux  animaux 
et  à  l'homme  (un  verre  aux  premiers,  un  demi-verre  au 
second)  une  infusion  (VEchium  vvlgare  mêlé  de  feuilles  de 
Verhasoim  t/tapsus ,  (jaliwn  criidatiim  et  de  Potentilla 
reptans,  dans  du  vin  blanc,  auxquelles  on  a  ajouté  une  once  de 
poivre,  une  poignée  de  sel  marin,  trois  gousses  d'ail  et  iroU 
coups  de  poudre  :  joignez  h  cette  médication  des  scarifica- 
tions avec  un  instrument  tranchant,  et  mieux  encore  avec  des 
épines  de  groseillier,  et  le  malade  sera  guéri  (Laurence). 
Dans  la  Vendée,  on  couvre  le  membre  avec  de  la  moelle  de 
chou  de  vache  et  l'on  en  nourrit  le  malade ,  ou  bien  on  lui 
lait  boire  une  infusion  vineuse  de  bouillon-blanc  (Brierre). 
Dans  la  Haute-Savoie  ,  (pielques  enqjiri(jues  font  boire  le  bouil- 
lon fait  avec  l'animal  qui  a  mordu  ;  d'autres  appliquent  des 
feuilles  (VAneuwnc  sulphureu  et  Halleri,  Rauunculus  Vil- 
larsii,  hdùosiis,  ou  des  racines  de  Raimnculus  tliora  et  de 
Picarm  ranunculoidrs,  ou  de  Veratrimi  album,  et  en  même 
temps  ils  font  boire  des  infusions  concentrées  à'Artemisia 
muicHind  et  (ilaciulis,  et  surtout  de  liauuuculu><  glfuialis  et 
Sêguieri  (Thabuis).  Dans  la  Loire-Inférieure,  les  paysans  oui 
habituellement  recours  à  des  infusions  vineuses  dans  lesquelles 
ils  font  entrer  des  plantes  souvent  très-différentes,  mais  parmi 
lesquelles  se  trouve  toujours  le  Galium  verum,  et  ils  pré- 
tendent par  leur  enq^loi  guérir  trés-promplement  la  picpu'e 
des  Vipères  (Thomas).  Dans  les  Basses-Pyrénées,  au  contraire, 
à  Béost,  c'est  la  feuille  du  frêne  qui  est  souveraine. 

Un  des  moyens  les  plus  efficaces,  à  la  condition  d'être 
appliqué  promptement ,  est  la  rautérisatiou  au  moyen  du 
fer  rouge,  (jui  désorganise  les  [larties  qu'il  louche,  y  forme 
une  eschare,  et  dan^;   cette   eschare   détruit  Ir   venin,  les 


IIE8    VIPÈRES    DE   FHAINCE.  /llÔ 

oi'ganes  absorbants,  et  modifie  les  liquides  qui  y  étaient  con-^ 
tenus.  On  peut  lui  substituer,  on  lui  substitue  en  effet  les 
caustiques,  tels  que  la  potasse,  la  pâte  de  Vienne,  le  beurre 
d'antimoine  et  surtout  l'ammoniaque,  qui  comme  lui  peuvent 
agir  comme  désorganisateurs.  Cette  dernière  substance,  dont 
les  louanges  ont  été  cliantées  sur  tous  les  tons,  que  beaucoup 
de  personnes  considèrent  encore  comme  le  spécifique  de  la 

piqùredclaVipère(Pyrénées,Bretagne,Yonne,Gôte-d'Or),mais 
qui  cependant,  comme  Fa  déjnonlré  Fontana,  et  depuis  le  pro- 
fesseui- Gerdy,  n'est  pas  aussi  infaillible  ({u'on  l'a  dit,  est  d'un 
emploi  fréquent.  La  ru/ature,  (jui  a  l'avantage  de  retarder  l'ab- 
sorption du  venin,  et  de  donner  le  temps  au  malade  d'aller 
chercher  du  secours,  a  joui  et  jouit  encore  d'une  granderéputa- 
lion,  surtout  quand  elle  est  faite  avec  certaines  substances,  avec 
du  genêt  par  exemple  (Eure)  !  Les  ablutions  d'eau  froide  ont 
été  aussi  préconisées  et  paraissent  avoir  de  bons  résultats  si 
l'on  s'en  rapporte  aux  observations  de  M.  Thomas,  qui  a  vu 
plusieurs  fois  des  chiens  piqués  par  des  Vipères  aller  se  plon- 
ger dans  un  ruisseau,  y  rester  quelques  heures,  et  revenir 
guéris.  Ouaiit  à  l'emploi  à  fortes  doses  d'alcooliques,  médica- 
tion dont  on  s'est  bien  trouvé  dans  les  pays  chauds,  nous  ne 
l'avons  pas  trouvé  indiqué  dans  nos  départements  contre 
la  piqûre  des  Vipères.  Tels  sont  les  principaux  modes  de  trai- 
tement dont  nous  avons  trouvé  l'indication,  et  si  nous  avions 
voulu  rapporter  tous  ceux  que  les  empiriques,  cà  tort  ou  à 
raison,  préconisent,  nous  aurions  pu  dresser  une  lonoue  liste 
de  médicaments  plus  ou  moins  excentriques. 

Quelle  que  soit  la  médication  en  faveur  dans  le  pays,  quand 
un  homme  aura  été  mordu  parune  Vipère,  nous  croyons  que  le 
mieux  sera  d'opérer  immédiatement  une  ligature,  assez  large 
pour  ne  pas  blesser,  au-dessus  de  la  partie  piquée,  de  façon 
à  interrompre  toute  communication  avec  le  tronc  et  cà  prévenir 
ainsi  l'absorption  du  poison.  Le  malade  opérera  la  succion  de 
ses  plaies  et  tâchera  de  les  faire  saigner,  et  s'il  est  nécessaire 
on  opérera  quelques  scarifications,  puis  on  cautérisera  les 
plaies  soit  au  fer  rouge,  soit  au  moyen  d'un  caustique.  On 
[Mjurra  rnqduycr  avec  avantage  la  Hiiucur  dont  la  formule 


416        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLUGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

a  été  donnée  par  le  docteur  Rodet  contre  l'absorption  du 
virus  vénérien,  et  qui  est  composée  de  : 

Perchlorure  de  fer 4  grammes. 

Acide  citrique à       — 

Acide  cidorliydrique à       — 

Eau  distillée 24       — 

On  en  instille  une  goutte  sur  la  partie  piquée,  et  on  applique 
dessus,  pendant  un  quart  d'heure  environ,  un  peu  de  charpie  : 
le  patient  éprouve  un  sentiment  de  cuisson  qui  ne  dure  qu'un 
instant;  il  se  Ibrme  une  ampoule  qui  linit  par  avoir  l'aspect 
d'une  piqûre  de  cousin.  Celte  papule  cesse  de  s'étendre  au 
bout  de  vingt  à  trente  minutes,  commence  à  se  flétrir  au 
bout  de  deux  heures,  et  disparaît  complètement  après  quel- 
ques heures.  On  pourra  employer  aussi  l'iode  ou  l'iodure  de 
potassium  ioduré,  proposé  par  M.  Brainard,  ou  même  le 
brome.  D'après  M.  Viaud-Grandmarais  (1),  on  substituera 
avec  avantage  à  ces  liquides  la  solution  de  MM.  Brainard  et 
Green,  qui  peut,  sans  inconvénient,  être  mise  entre  les  mains 
de  tout  le  monde.  Elle  est  formée  de  : 

Eau 50  gramines. 

lodure  de  potassium 1       — 

Iode  métallique 125  centigrammes.  ' 

Mais  tous  ces  moyens  ne  sont  bons  qu'à  la  condition  d'être 
appliqués  immédiatement,  et  leur  action  n'est  que  médiocre 
en  comparaison  de  ceux  que  l'on  doit  prendre  à  l'intérieur. 
On  se  trouvera  bien  de  faire  frotter  le  membre  et  les  environs 
de  la  plaie  avec  des  liminents  ammoniacaux,  et  plus  tard  on 
posera  des  cataplasmes  émollients  dont  l'utilité  est  de  faire 

(1)  Pour  lacililer  riiilrodiiclioii  du  caiisiiqiie  dans  la  plaie,  AI.  Viaud- 
Grandnuirais  a  imaginé  un  petit  llacon  fermant  à  l'émeri,  dont  le  bouchon, 
long  et  conique  intérieurement,  plonge  dans  le  liquide.  Au  moyen  de  ce  bou- 
chon, on  peut  t'au-e  pénélrer  la  substance  médicanieiitçiise  par  gouttes  jus- 
qu'au l'ond  des  blessures  agrandies.  Ce  petit  appareil  est  de  dimension  telle 
qu'il  est  lrès-1'acilc  à  emporter,  et  peut  remplacer  avec  avantage  le  llacon 
d'alcali  volatil  dont  se  nuinisscnl  presque  tous  les  chasseurs. 


DES    VIPÈRES    DE    FRAlNGE.  /11? 

cesser  le  gonneineiit  et  reiigorgement  du  membre.  On  don- 
nera à  l'intérieur  des  toniques  et  des  sudorifiqucs,  quelque- 
Ibis  des  potions  ammoniacales,  mais  l'action  de  ces  dernières 
n'est  pas  assez  certaine  pour  qu'on  ne  puisse  s'en  passer 
complètement.  Du  reste,  la  médication  olTrant  des  variations 
presque  avec  chaque  malade,  il  ne  reste  au  médecin  qu'à  se 
laisser  guider  p;!r  les  circonstances  pour  taire  ses  presci'ip- 
tions  dans  tel  ou  tel  sens. 

La  Vipère  est  détruite  par  plusieurs  espèces  d'animaux,  et 
parmi  ceux-ci  on  signale  divers  oiseaux,  tels  que  les  corbeaux 
et  les  choucas  (Pyrénées,  lUe-et-Vilaine) ,  la  corneille  à  bec  de 
corail  (Pyrénées-Orientales),  et  diverses  espèces  d'oiseaux  de 
proie,  parmi  lesquelles  on  distingue  surtout  la  buse  (Haute- 
Marne,  Savoie),  le  grand  duc  (Creuse),  les  laucons,  les  mi- 
lans, etc.  Ces  animaux,  qui  les  coupent  en  morceaux  et  les 
mangent,  paraissent  leur  l'aire  une  chasse  très-active,  car 
fréquemment  on  ;i  trouvé  dans  leur  estomac  des  Vipères  ainsi 
déchirées  et  ingurgitées.  Ouant  aux  cigognes,  sur  lesquelles 
quelques  personnes  ont  voulu  attirer  l'altention  comme  étant 
d'excellents  destructeurs,  outre  (jue  ce  sont  des  oiseaux  de 
passage  qui  ne  séjournent  pas  assez  longtemps  dans  les  pays 
qu'elles  habitent  momentanément  pour  chasser  beaucoup  ces 
ophidiens ,  il  semble  qu'elles  recherchent  surtout  les  Cou- 
leuvres, et  parliculièrement  le  Tropidonotus  natrix{(^v^e\\i)\ 
et  si  l'on  s'en  rapporte  à  une  observation  transmise  par 
M.  Lucy  (dans  la  Côte-d'Or;,  elles  dédaigneraient  les  Vipères, 
car  notre  confrère  a  vu  deux  de  ces  oiseaux  refuser  de  tou- 
rher  à  deux  Vipères  qu'on  leur  avait  présentées,  mais  mortes 
à  la  vérité. 

On  peut  rapprocher  des  oiseaux  indiqués  plus  haut  les 
volailles  et  oiseaux  de  basse-cour,  qru  riulle  jiarl  n'ont  été 
indiqués  comme  ayant  éprouvé  d'accidents  de  la  suite  de 
})iqùre  de  Vipères,  mais  qui  ont  été  signales,  sur  un  grand 
nombre  de  [)oints  (Pyrénées,  Ardéche,  Lot,  Lozère,  Rhône, 
Ilaute-Marne,  Jura,  Bretagne,  etc.),  comme  faisant  une  guerre 
acharnée  aux  Vipères,  qu'ils  tuent  à  coups  de  bec  ;  en  parti- 
culier, on  a  remarqué  que  les  poules  leur  font  une  chasse 

T.  X.  —  Juillet  l.Sfi;^  27 


418      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATÂTION. 

d'autant  plus  active  qu'elles  ont  des  poussins  plus  nombreux 
(Puel).  Les  dindons,  qui  en  sont  très-friands  (Bretagne,  Haute- 
Marne),  les  oies  et  les  canards  se  distinguent,  entre  tous  les 
oiseaux  de  basse-cour,  par  leur  adresse  à  les  tuer  à  coups  de 
bec,  tout  en  évitant  leurs  atteintes,  et  par  l'avidité  avec 
laquelle  ils  les  mangent  après  les  avoir  coupées  en  tronçons 

(Pyrénées). 

Parmi  les  mammifères,  la  fouine  et  le  putois  ont  été  indi- 
qués comme  destructeurs  de  Vipères  (Savoie,  Vendée)  ;  mais 
c'est  surtout  le  hérisson ,  cet  animal  si  utile  par  le  grand 
nombre  d'insectes  et  de  mollusques  dont  il  se  nourrit,  qui  a 
été  signalé  comme  étant  le  destructeur  par  excellence  des 
Vipères,  et,  à  l'appui  de  celte  opinion,  nous  rappellerons  le 
fait  d'un  pépiniériste  de  Lyon,  qui,  ayant  mis  dans  un  terrain 
infesté  de  ces  reptiles  quelques  hérissons,  vit  bientôt  dispa- 
raître ces  hôtes  immondes  (Béraud);  mais  il  ne  faut  pas 
oublier  d'opposer  à  ce  fait  l'observation  de  la  cohabitation 
dans  les  fossés  de  DouUens  (Somme)  des  hérissons,  qui  abon- 
dent, et  des  Vipères,  qui  n'y  sont  pas  rares. 

Les  chiens,  qui  indiquent  très-bien  les  Vipères  quand  ils 
en  rencontrent,  sont  de  mauvais  destructeurs  (Louis,  de  Dax), 
et  ce  n'est  qu'accidentellement  que  certains  terriers  tuent 
quelques  Vipères  (Lavardun). 

Dans  l'état  actuel  des  choses,  l'animal  qui  semble  le  mieux 
disposé  pour  détruire  les  Vipères,  est  certainement  le  cochon 
ou  le  sanplier,  qui  en  est  très-friand,  et  qui  sait  très-l)ien  les 
tuer  après  leur  avoir  mis  le  pied  sur  la  tète  (Pyrénées,  Estra- 
madure,  Dordogne,  Haute-Marne).  Nous  signalerons  ici  l'ob- 
servation faite  par  les  habitants  de  la  Double  (Dordogne),  (jue 
les  Vipères  sont   devenues  de  beaucoup   plus   nombreuses 
depuis  que  les  sanghers  y  ont  été  détruits  (de  Lentilhac),  et 
surtout  le  fait  suivant,  dont  nous  devons  la  communication  à 
l'obligeance  de  madame  Passy  :  «  Le  parc  de  Château-Vilain 
»  (Haute-Marne),  agreste,  sauvage  et  de  plus  de  200  hectares, 
))  fourmillait  de  Vipères  avant  qu'on  mêlât  des  sangliers  aux 
»  cerfs ,  aux  daims  et  aux  chevreuils  qui  en  sont  les  habi- 
»  tants  actuels.  Mais  à  peine  ceux-ci  y  furent-ils,  que  les  rep- 


DES    VIPÈRES   DE  FRANCE.  hi9 

»  tilos,  sans  disparaître  tout  à  fait,  diminuèrent  pourtant  daffis 
»  une  telle  proportion,  que  la  promenade  au  parc  pouvait  se 
y>  faire  sans  inquiétude.  Toutefois  il  advint  que  ,  comme  le 
»  parc  contenait  de  bonnes  triifïières,  les  sani:^liers  ravagèrent 
y>  tout  pour  trouver  et  manger  les  truffes,  ce  qui  força  à  tuer 
»  en  1857  le  dernier  des  sangliers  qu'on  y  avait  mis.  Mais, 
»  depuis  qu'il  n'y  a  plus  de  sangliers,  les  Vipères  reparaissent, 
»  et  se  font  voir  en  tel  nombre,  que  l'on  a  résolu  de  remettre 
))  des  sangliers  au  parc,  pour  pouvoir  y  maintenir  un  équi- 
»  libre  tolérable.  »  (Madame  Passy,  1859.) 

Dans  quelques  départements,  pour  favoriser  autant  que 
possible  la  disparition  des  Vipères,  il  a  été  alloué  des  primes 
pour  chaque  animal  détruit  :  c'est  ainsi  que  l'on  accorde 
25  centimes  par  tête,  dans  l'arrondissement  de  Vendôme  (Loir- 
et-Cher),  à  Fontainebleau,  ainsi  que  dans  l'arrondissement  de 
Sémur  (Côte-d'Or),  où  d'abord  elle  était  tixée  à  50  centimes. 
Malheureusement  ki  chasse  a  diminué  alors  dans  une  pro- 
portion très-grande,  et  la  destruction  ne  donne  plus  des 
chiflres  aussi  élevés  qu'avant  cette  mesure  (1566  Vipères  en 
1857,  5330  Vipères  en  1858,  et  5/i/i8  en  1859).  Les  chiffres 
qui  nous  ont  été  communiqués  pour  le  département  de  la 
Haute- Marne  par  madame  A.  Passy  ont  une  éloquence  qui 
nous  dispensera  d'autres  détails,  pour  démontrer  l'importance 
de  la  fondation  de  primes  pour  la  destruction  des  Vipères  : 
«En  185/i,  la  quantité  de  Vipères  et  les  accidents  qui  en 
»  résultaient  commencèrent  à  émouvoir  assez  vivement  le 
»  conseil  d'arrondissement  de  Chaumont,  pour  qu'il  demandât 
»  au  conseil  général  de  voter  des  fonds  pour  leur  destruction  ; 
»  proposition  qui  fut  discutée  et  alors  rejetée.  En  1855,  la 
y>  demande  d'un  crédit  fut  de  nouveau  présentée  au  conseil 
î>  général,  qui  la  prit  en  considération,  et  alloua  la  somme  de 
»  1500  francs,  inscrite  au  budget  de  185(5  :  un  arrêté  préfectoral 
»  de  novembre  1855  fixa  la  prime  à  50  centimes  par  tête  de 
»  Vipère  tuée  et  présentée.  Mais  dès  la  première  année,  le 
»  nombre  des  Vipères  apportées  a  été  tel,  que  la  somme  de 
»  1500fr.  a  été  dépassée  et  a  atteint  le  chiffre  de  8707fr.50c., 
»  ce  qui  représente  l'extermination  de  17  /il5  Vipères.  En  1857, 


hlO        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

»  rallocation  étant  encore  de  lôOOirancs,  il  a  été  payé  983  fr., 
»  représentant  ']96()  Vipères  à  50  centimes  ;  en  1858  ,  les  Vi- 
»  pères  n'étant  plus  payées  que  55  centimes,  leur  nombre  s'est 
»  élevé  à  11  53-2,  et  le  prix  payé  a  été  de  2883  fr.;  en  1859,  il 
»  y  a  eu  8066  Vipères  détruites  ;  en  1860,  10  330,  et  en  1861, 
»  jusqu'au  25  octobre,  7036  Vipères.  Le  total  des  Vipères 
»  dont  l'établissement  de  la  prime  a  causé  la  destruction  a 
»  donc  été,  de  1856  à  1861 ,  de  57  0Zi5  Vipères  !  » 

Des  faits  que  nous  venons  de  rapporter,  il  résulte  certaine- 
ment que  le  meilleur  moyen  d'arriver  à  la  destruction  des 
Vipères,  est  la  fondation  de  primes  accordées  pour  chaque 
animal  tué  et  présenté  :  c'est  Là,  du  reste,  l'opinion  qui  est  le 
plus  généralement  admise,  et  l'efficacité  de  celte  mesure  sera 
incontestable  si  la  prime  est  suffisamment  élevée;  car  sans 
cela  elle  cessera  encore  d'être  un  appât  pour  les  chasseurs  de 
Vipères,  et  la  preuve  en  est  que,  dans  les  départements  où  la 
prime  a  été  abaissée  de  50  centimes  à  25,  on  a  constaté  immé- 
diatement une  diminution  notable  dans  le  nombre  des  ani- 
maux présentés  (Haute-Marne,  Côte-d'Or).  11  paraît  aussi  très- 
important  de  faciliter  autant  que  possible  le  payement  de  la 
prime,  car  il  parait  que  dans  quelques  localités,  et  en  parti- 
culier dans  l'Yonne,  les  formalités  à  remplir  ont  dégoûté  les 
chasseurs  de  Vipères. 

Concurremment  avec  la  prime,  il  serait  certainement  avan- 
tageux, comme  on  l'a  demandé  pour  i'Ule-et-Vilaine,  de  favo- 
riser les  défrichements  des  lieux  incultes ,  et  le  dévelop- 
pement des  animaux  destructeurs,  tels  que  le  hérisson,  qui, 
malgré  les  services  qu'il  rend  à  l'agriculture,  est,  en  vertu 
de  préjugés  absurdes,  poursuivi  à  outrance  dans  certains 
pays  (Oise) ,  et  le  cochon  (1),  dont  les  services,  comme 
destructeur  des  Vipères,  ont  été  indiqués  plus  haut.  Ouant  à 
Lintroduction  d'animaux  étrangers  à  notre  pays,  nous  ne 
croyons  pas  que  cette  mesure  ])uisse  être  efficacement  prise, 
car  les  chasseurs  ne  se  feraient  certainement  pas  faute  de  les 

(1)  !\lnllieurcuscmenî  le  coclion  et  le  sanglior  ollreiil  rincoiivénieiU  de  bou- 
leverser les  cultures,  et  eetle  disjtositiou  annihilera,  pour  les  cultivateurs,  les 
avanlages  qu'ils  présenteraient  comme  destructeurs  de  Vipères. 


Î)V.^   VlPFPxES    DE    KRANC,!:.  ^'21 

tJélruire,  el,  <r;ulleiirs,  lums  trouvons  (^hez  iKtiis-iiiêrnos  des 
moyens  suflisanls  d'action.  Nous  ne  pouvons  approuver  l'em- 
ploi qui  a  été  proposé  d'app.Us  empoisonnés;  car  les  Vipères, 
comme  tous  les  serpenLs,  ne  veulent  qu'une  proie  vivante,  et 
délaisseraient,  sans  aucun  doute,  des  appâts  qui  pourraient 
être  la  cause  d'accidents  pour  plusieurs  de  nos  animaux  utiles, 
qui  sont  moins  difficiles  dans  le  choix  de  leurs  aliments. 

11  résulte  des  observations  contenues  dans  ce  rapport,  que 
le  moyen  le  plus  efficace  pour  arriv<^r  à  la  destruction  des 
Vipères  consiste  dans  l'allocation  de  primes  ;  mais  que,  pour 
arriver  à  un  résultat  satisfaisant,  il  est  essentiel  que  la  mesure 
soit  générale,  et  votre  commission  vous  propose  : 

•1"  D'adresser  à  Son  Excellence  le  Ministre  de  l'intérieur 
une  lettre  qui  lui  fasse  connaître  les  inconvénients  de  la 
multiplication  des  Vipères,  les  heureux  résultats  obtenus  dans 
quelques  départements  par  la  fondation  de  primes  affectées  à 
leur  destruction,  et  de  le  prier  de  vouloir  bien  soumettre  aux 
conseils  généraux  l'étude  de  cette  question,  qui  intéresse  à  un 
si  haut  degré  les  populations  agricoles. 

2°  D'appeler  l'attention  des  Sociétés  d'agriculture  et  des 
Comices  agricoles  sur  l'importance  que  présenterait  la  dispa- 
rition de  ces  reptiles,  au  moyen  de  fonds  votés  par  eux,  et 
qui,  quelque  modiques  qu'ils  soient,  viendraient  s'ajouter  à 
ceux  qu'auraient  déjà  votés  les  conseils  généraux. 

:V'  D'intéresser  à  cette  œuvre  les  propriétaires  des  différentes 
conmiunes,  qui  pourraient  s'engager  à  leur  gré  pour  une 
somme  fixe,  ou  pour  une  quotité  dans  la  somme  que  les  sub- 
ventions ne  couvriraient  pas. 

h"  D'adresser  les  remercîments  de  la  Société  aux  diverses 
personnes  (1)  qui  ont  bien  voulu  lui  foire  parvenir  des  réponses 
à  son  Questionnaire. 


(l)AiN,  docteur  KbrarH. 

Ali.iei;,  Comice  de  Montluron  ;  Victor 
lixier  ,  Société  des  sciences  mé- 
dicales de  Gannat. 

Alpes-Map.itimes  ,  Sous  -  l'réfct  de 
('■rasse. 

Ardèche,  Verne  (de    Largentière  )  ; 


Nier  (de Privas);  Péniat  (dcToiirnon). 
Ariége,  Société  d'agriculture. 
Aube,  Jules  Ray. 
AVEYRON,  Cirou  de  liuzareingucs. 
Boi'ciiÈs-T)[:-P,HnNE,    M.   l.ucv  ;   Comice 

ai,-ricole  d'Aubayiic. 
Calvados  ,    Georijes    Villers  ;    Société 


422       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION. 


d'agriculture    et  des    sciences ,    de 

Bayeux. 
Cantal,  Jules  Rengade;  Comte  de  Qui- 

nemont. 
Charente-Inférieure,  Brierre  (de  Riez). 
CoRRÈZE,  Préfet. 
CÔTE  -  d'Or  ,  Sous  -  Préfet  de  Sémur  ; 

Collenot. 
Côtes  -  DU  -  Nord,    Conservateur    des 

forêts. 
Creuse,  Barailon. 
DORDOGNE,    Sous -Préfet   de   Nontron  ; 

de  Leiitilhac  (de  Ribérac). 
Doues,  docteur  Monnot. 
Eure,  Chesnon. 
Eure-et-Loir  ,   docteur   Raimbert  (de 

Chàteaudun). 
Finistère,  Conservateur  des  forêts. 
Garonne  (Haute-),  Roumeguère  ;  So- 
ciété d'agriculture. 
Gers  ,    Conseil    central    de    salubrité  -, 

Conseils  d'hygiène    de  Lectoure,  Mi- 

rande,  Condom  et  Lombez. 
Hérault  ,  docteur  Martins  ;  Westphal- 

Castelnau. 
Ille- et -Vilaine,  Conseil  d'hygiène  ; 

Société  d'agriculture  ;  Conservateur 

des  forêts. 
Isère,  Anselme  Petetin. 
Jura,  Comices    agricoles  d'Orgelet,  de 

Poligny  et  de  Saint-Jullien. 
Loir-et-Cher,  Luce  (de  Vendôme). 
Loire  (Haute-),  Société  d'agriculture  ; 

Sous-Préfets  de  Brioude  et  d'Yssin- 

geaux. 
Loire  -  Inférieure  ,  Thomas  ;    docteur 

Viaud-Grandmarais. 
Loiret,  Waltbled  (de  Meung)  ;  Société 

des  sciences,  arts,  d'Orléans. 
Lot,  Puel  (de  Figeac). 
Lot-et-Garonne,  Comice   agricole  de 

Monflanquin. 
Lozère,  Société  d'agriculture. 
Maine-et-Loire,  Conservateur  des  fo- 


rêts; Béraud,  Société  académique. 
Marne  (Haute-),  madame  A.  Passy. 
Meuse,  Société  d'agriculture;  Liénard  , 
Société   philomalhique;  Sous-Préfets 
de  Montmédy  et  Commercy. 

MoRRiHAN,  Conservateur  des  forêts. 

Nord,  Société  impériale  des  sciences, 
agriculture  et  arts. 

Oise  ,  Conservateur  des  forêts  (  Cler- 
mont)  ;  Conseils  d'hygiène  de  Senlis, 
Compiègne,  Reyuvais  ;  Institut  nor- 
mal agricole  de  Reauvais. 

Pas-de-Calais,  Sous-Préfet  de  St-Pol. 

Puy-de-Dôme,  Ducros  de  Saint-Germain. 

Pyrénées  (Basses-),  Préfet. 

Pyrénées  (Hautes-),  Louis  (de  Dax). 

Pyrénées-Ohientales,  Préfet. 

Rhin  (Bas-),  Lerebouliet(cle  Strasbourg)  : 

Rhin  (Haut-),  Société  d'hisloire  natu- 
relle deColmar  ;  Parisol  (de  Belfort). 

Rhône,  docteur  Loitet;  Coinde. 

Saône  (Haute-),  Sous-Préfet  de  Lure. 

Saône-et-Loire  ,  docteur  Pailloux  (de 
Snint-Ambreuil). 

Sarthe,  Aiijubault  ;  Aimé  Laurence  ; 
Lavardun. 

Savoie,  Thabuis  (de  Moulicrs.) 

Seine-et-Marne,  comte  de Sinety  ;  Den- 
necourt  ;  de  Mimoiit. 

Seine-et-Oise,  Préfet. 

Sèvres  (Deux-),  Guyot  (de  Parthenay); 
Radier  fils  (de  Melle). 

Somme,  Préfet. 

Tarn-et-Garonne,  Société  d'horticul- 
ture et  d'acclimatation  ;  Brun. 

Var,  docteur  Turrel  (de  Toulon). 

Vendée,  Brierre  (de  Riez)  ;   Main. 

Vienne  ,  Mauduyl  (de  Poitiers)  ;  Sous- 
Préfet  de  Chàtellerault. 

Vosges,  Société  d'émulation;  Bardy 
(de  Saint-Dié)  ;  Conseil  d'hygiène  de 
Neufcliàteau;  Conservateur  des  forêts. 

Yonne,  Jullien. 

Espagne,  Graells  (de  Madrid;. 


5"  D'envoyer  un  exemplaire  de  ce  rapport  aux  conseils 
généraux,  aux  sociétés  d'agriculture  et  aux  comices  agricoles. 


SUR  LA   FECONDITE 

DE 

CERTAINES   RACES  DE  MOUTONS  CfflNOIS, 

Par  M.    Frédéric   JACQUEMART. 


(Séance  du  31  juillet  1863.) 


Depuis  plus  d'une  année,  rattention  de  la  Société  impériale 
zoologique  d'acclimatation  a  été  appelée  sur  la  race  des 
Moulons  ong-ti  de  Chine. 

Les  Brebis  de  cette  race  font,  au  dire  des  voyageurs  les  plus 
compétents,  deux  portées  par  an,  et  chaque  portée  est,  le  plus 
souvent,  de  trois  ou  quatre  Agneaux. 

Ainsi,  une  seule  Brebis  ong-ti  donnerait  naissance,  chaque 
année,  à  six  ou  huit  Agneaux,  tandis  que  nos  Brebis  n'en 
donnent,  en  général,  qu'un  et  parfois  deux. 

Une  fécondité  si  extraordinaire  pourrait-elle  faciliter  la  so- 
lution d'un  grand  problème  qui  préoccupe  tant  d'esprits 
sérieux  :  «  Produire  beaucoup  de  viande  à  bon  marché  ?  » 
Une  telle  question  était  bien  digne  d'être  étudiée  d'une  ma- 
nière complète  et  pratique  par  la  Société  d'acclimatation. 

Elle  chercha  d'abord  à  s'éclairer  et  à  connaître  la  vérité 
sur  le  fond  des  choses.  Les  journaux  anglais  vantaient  la  fé- 
condité merveilleuse  d'une  race  chinoise  nouvellement  im- 
portée en  Angleterre  ;  la  Société  chargea  l'un  de  ses  membres 
éminents,  M.  le  docteur  Cloquet,  qui  se  rendait  à  Londres  au 
printemps  1862,  de  vouloir  bien  faire  une  enquête,  et  de  se 
procurer,  s'il  était  possible,  quelques  sujets  de  cette  race. 

Les  renseignements  obtenus  ne  furent  pas  concluants,  mais 
le  représentant  de  la  Société  rapporta  un  jeune  couple  de  ces 
Moutons  chinois. 

Leur  taille  est  sulTisante  ;  leur  laine,  mêlée  à  beaucoup  de 
jarre,  a  quelque  chose  du  brillant  de  la  laine  des  Mauchamps; 
leur  queue,  comme  celle  de  plusieurs  races  de  l'Orient,  se 


/iS/l       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGÎQUE   d'aCCLIMATATION. 

recourbe  et  s'atrophie  à  U)  ou  15  centimètres,  à  partir  de  sa 
naissance,  et  la  partie  droite  est  enveloppée  d'un  tissu  grais- 
seux qui  lui  donne  une  largeur  plus  grande  que  sa  longueur. 
Ce  qui  caractérise  cette  race,  c'est  l'absence  complète  de  la 
partie  extérieure  de  l'oreille. 

Bientôt  la  Brebis  mil  bas,  mais  elle  ne  donna  qu'un  Agneau. 
Ce  résultat  était-il  accidentel?  Tenail-il  au  jeune  âge  de  la 
mère?  Se  reproduirait-il  dans  l'avenir?  Cette  race  d'ailleurs 
était-elle  la  race  ong-ti  ? 

Cependant  la  Société  d'acclimatation  suivait  toujours  sa  voie. 
Elle  volait,  de  concert  avec  la  Société  du  jardin  zoologique 
d'acclimatation,  les  fonds  nécessaires  pour  acheter  en  Chine, 
et  faire  venir  en  France,  en  une  ou  plusieurs  fois,  une  cen- 
taine de  têtes  d'une  race  ovine,  quelque  soit  son  nom,  faisant 
deux  portées  par  an,  et  donnant  plusieurs  Agneaux  par  portée. 
Son  président,  dont  le  zèle  et  le  dévouement  ne  se  laissent 
ni  distraire  ni  attiédir  par  les  hauts  intérêts  qui  lui  sont  con- 
fiés, parce  que  notre  Société  a  toujours  à  faire  des  conquêtes 
pacifiques  et  profitables  à  tous,  obtenait  de  son  collègue. 
Son  Exe.  le  Ministre  de  la  marine,  toutes  les  facilités  pour  le 
transport  de  ce  petit  troupeau. 

Des  instructions  sur  les  conditions  exigées  pour  les  animaux 
à  acheter,  sur  les  précautions  à  prendre  et  sur  le  régime  à 
suivre  pendant  la  traversée,  étaient  expédiées  aux  délégués  de 
la  Société  en  Chine.  Enfin,  M.  de  Montigny,  dont  le  nom  rap- 
pelle tant  de  services  rendus  à  l'acclimatation,  annonçait  que 
son  neveu  et  gendre  M.  Remy  de  Mquligny,  de  Schang-haï, 
désirait  aller  lui-même  choisir  les  animaux  destinés  à  la  Société. 
Pendant  ce  temps,  M.  Simon,  chargé  par  le  gouvernement 
d'une  mission  agricole  en  Chine,  et  membre  honoraire  de  la 
Société  d'acclimatation,  expédiait  à  M.  le  ministre  de  l'agri- 
culture plusieurs  espèces  animales, parmi  lesquelles  figuraient 
des  Moutons  de  la  race  ong-ti.  Arrivés  en  France  dans  le  cou- 
rant d'avril   dernier,   ces  animaux  furent  répartis  entre  le 
Jardin  des  plantes  et  le  Jardin  zoologique  d'acclimatation,  à 
l'exception  d'un  Bélier  blanc  sans  cornes,   et  d'une  Brebis 
blanche  qui  paraissait  pleine. 


FÉCONDITÉ   DE   CERTAINES    RACES    DE    MOUTONS    CHINOIS,    hlà 

Ces  deux  Moutons,  qu'on  dit  appartenir  à  la  race  ong-ti, 
furent  conservés  dans  l'hôtel  ministériel  de  M.  Roulier. 

Vers  le  10  juillet,  la  Brebis  a  mis  bas  quatre  Agneaux. 
Sur  l'invitation  de  notre  président,  nous  avons  été  examiner 
cette  rareté,  qui  rappelle  complètement  la  fécondité  attribuée 
à  la  race  ong-ti.  Nous  avons  vu,  en  effet,  dans  le  jardin  de 
M.  Rouhcr,  une  Brebis  de  taille  moyenne,  entourée  de  quatre 
Agneaux,  dont  trois  sont  gais  et  bien  portants.  Le  quatrième 
est  plus  faible,  mais  la  mère  ne  veut  pas  le  laisser  teter,  et  on 
doit  le  nourrir  au  biberon. 

Est-ce  que  la  mère,  sentant  qu'elle  ne  peut  suffire  à  tous, 
voudrait  sacrifier  le  plus  délicat? 

Nous  avons  d'abord  examiné  les  Agneaux.  Ils  sont  d'une 
blancheur  éclatante;  leur  poil,  nous  disons  leur  poil  plutôt 
que  leur  laine,  est  brillant  et  ondulé.  Us  semblent,  à  ne  con- 
sidérer que  leur  taille,  former  deux  paires,  dont  l'une  est  plus 
grande  que  l'autre,  et  composées  chacune  d'un  mâle  et  d'une 
femelle.  Leur  conformation  générale  ne  rappelle  pas  celle  des 
races  de  boucherie  ;  les  oreilles  sont  tombantes;  la  queue,  à  sa 
naissance,  est  accompagnée  d'une  enveloppe  graisseuse  pres- 
que aussi  large  que  longue;  mais  bientôt  la  partie  osseuse  de 
la  queue  se  contourne  et  s'atrophie,  et  l'accompagnement 
graisseux  cesse  aussitôt. 

Chez  la  mère  et  le  Bélier,  la  queue  a  le  même  caractère. 
Ces  six  animaux,  par  l'ensemble  de  leurs  formes,  comme  par 
les  signes  particuliers,  j^araissent  appartenir  à  la  même  race, 
mais  à  une  race  différente  de  celle  des  deux  Moutons  amenés 
d'Angleterre. 

La  mère,  nous  l'avons  déjà  dit,  est  de  taille  moyenne;  sa 
conformation  est  bonne,  meilleure  que  celle  du  Bélier.  Elle  a 
le  garrot  et  les  reins  larges,  la  poitrine  profonde,  les  pattes 
minces,  la  tête  busquée  et  fine.  Les  oreilles  sont  tombantes. 
La  queue  est  enveloppée  à  sa  naissance  d'une  substance  grais- 
seuse, large  de  0"',08  à  0'",iO,  et  longue  de  0'",10  à  0'%12 
environ;  au  delà,  la  partie  osseuse  de  la  queue  se  contourne 
aussitôt  et  s'atrophie. 

Le  pis  est  développé;  il  ne  porte,  à  notre  grand  éton- 


426        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGTQUE   d'aCCLIMATATION. 

nement ,   que  deux  mamelons  pour  allaiter  quatre  petits  ! 

Serions-nous  donc  en  présence  d'une  exception,  elle  nom- 
bre quatre  des  Agneaux  serait-il  accidentel? 

La  Brebis  a  été  tondue  il  y  a  peu  de  mois.  Elle  est  peu 
vêtue,  et  porte  plutôt  du  poil  que  de  la  laine,  dont  la  lon- 
gueur est  aujourd'hui  de  3  à  ^  centimètres. 

En  examinant  celte  nombreuse  portée  et  la  mère  qui  l'avait 
donnée,  nous  nous  disions  qu'avec  une  race  qui  posséderait 
cette  fécondité  et  qui  donnerait  deux  portées  par  an,  on  ferait 
certainement  beaucoup  de  viande  ;  mais  nous  nous  deman- 
dions si  on  la  ferait  à  bon  marché. 

D'abord,  la  valeur  des  toisons  de  ces  Moutons,  comparée  à 
celle  des  nôtres,  qui  valent  de  10  à  11  francs  l'une,  doit  don- 
ner un  moindre  produit  annuel  de  5  à  (3  francs  par  tête.  Ce  sera 
le  produit  en  viande  qui  devra  compenser  cette  différence, 
et  par  conséquent  le  prix  de  la  viande  en  sera  plus  élevé. 

En  outre,  pour  produire  de  la  viande  à  bon  marché,  même 
lorsque  les  toisons  ont  de  la  valeur,  il  faut  des  bêtes  faciles  à 
engraisser,  d'une  conformation  spéciale. 

Si  la  Brebis  chinoise  ne  possède  pas  ces  qualités  à  un  degré 
assez  marqué,  elle  est  cependant  assez  bien  faite  pour  qu'on 
puisse  avoir  l'espérance  d'améliorer  sa  race,  sous  ce  rapport, 
par  des  choix  judicieux  de  reproducteurs.  Nous  ne  nous  per- 
mettrons donc  pas  de  dire  qu'un  troupeau  dont  les  sujets 
seraient  conformés  comme  la  Brebis  chinoise  et  auraient  la 
même  fécondité ,  ne  pourrait  pas ,  malgré  son  manque  de 
laine,  donner  des  résultats  avantageux,  là  où  le  pâturage  est 
abondant  et  la  nourriture  peu  coûteuse. 

En  résumé,  nous  exprimons  le  désir  que  cette  expérience, 
si  bien  commencée  sous  la  direction  de  M.  Rouher,  soit 
continuée  avec  les  mêmes  soins  et  poussée  aussi  loin  que  pos- 
sible. 

Que  la  mère  et  ses  Agneaux  aient  une  nourriture  abondante 
et  choisie,  et  qu'ils  soient  soumis  à  une  bonne  hygiène,  afin 
qu'ils  se  développent  dans  les  meilleures  conditions. 

Oue  les  mâles  soient  toujours  tenus  séparés  des  femelles 
aussitôt  après  le  sevrage. 


FÉCONDITÉ   DE   CERTAINES   RACES   DE   MOUTONS    CHINOIS.     A27 

Que  les  jeunes  femelles  ne  portent  pas  avant  deux  ans  ou 
deux  ans  et  demi. 

Qu'on  ne  fasse  usage  que  du  meilleur  des  Béliers  de  cette 
race  existant  en  France. 

Que  les  mêmes  soins  soient  donnés  aux  autres  animaux 
de  même  race,  et  que  mieux  encore,  et  par  plusieurs  des 
raisons  précédentes,  ils  soient  tous  réunis  en  un  seul  groupe. 

Nous  pensons  qu'il  y  aurait  intérêt  à  s'assurer  si  cette  race 
donne  une  ou  deux  portées  par  an  ;  si  le  nombre  des  Agneaux 
est  habituellement  de  deux,  de  trois  ou  de  quatre  à  chaque 
portée;  si  cette  fécondité  persisterait  en  Europe:  car,  s'il  est 
vrai,  comme  l'affirment  des  voyageurs,  que  cette  fécondité 
tient  à  des  intluences  locales,  à  tel  point  qu'elle  se  développe 
sur  ceux  qui  viennent  habiter  la  Chine,  on  peut  se  demander 
si,  par  un  effet  inverse,  cette  fécondité  ne  diminuerait  pas  en 
Europe. 

A  notre  avis,  la  question  que  la  Société  d'acchmatation  s'est 
posée  reste  entière.  La  Société  doit  donc  persévérer  dans  ses 
efforts  pour  acquérir  une  race  féconde,  et  dans  son  projet  de 
faire  et  défaire  faire  des  expériences  au  point  de  vue  pratique, 
soit  sur  la  race  ong-ti,  soit  sur  toute  autre  race  d'une  grande 
fécondité. 

S'il  nous  était  permis  d'émettre  un  avis,  nous  voudrions  voir 
essayer  des  croisements  avec  ces  Brebis  fécondes  et  des  Béliers 
southdown  on  des  Béliers  dishley,  dont  elles  se  rapprochent 
davantage . 

Si,  dans  ces  croisements,  la  mère  conservait  sa  fécondité, 
nous  joindrions  ainsi  à  l'avantage  d'obtenir  le  même  nombre 
d'Agneaux,  celui  de  posséder  des  métis  qui,  participant  des 
qualités  de  leur  père,  auraient  une  toison  de  plus  de  valeur, 
s'engraisseraient  plus  facilement,  et  pourraient  être  mangés  à 
Tàge  de  quinze  mois. 
Alors  peut-être  approcherait-on  du  but  : 
Beaucoup  de  viande  à  bon  marché. 
-     Contribuer  à  résoudre  ce  grand  problème  serait  un  hon- 
neur pour  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimatation. 


;      r  NOTE  SUR  LES  PROGRÈS 

DE  L'ACCLIMATATION  DU  VER  A  SOIE  DU  CHÊNE 

[Bombyx  Ya-ma-tnaï,  Guér. -Mén.), 

I 

Par    M.    F.    E.    GïJÉRI!V-MÉ?ViEVBrLE. 


(Séance  du  12  juin  18C3.) 


Chargé  par  le  conseil,  au  nom  de  la  Société,  des  travaux 
qui  ont  pour  objet  l'acclimatation  du  Ver  à  soie  du  Chêne 
(Ya-7na-?7iaï),  dont  les  œufs  ont  été  donnés  généreusement  à 
la  France  par  le  gouvernement  néerlandais,  j'ai  profité  de  la 
mission  séricicole  qui  m'a  été  confiée  par  S.  Exe.  le  Ministre 
de  l'agriculture,  du  commerce  et  des  travaux  publics,  pour 
visiter  quelques-unes  des  éducations  faites  par  nos  confrères 
et  par  des  personnes  étrangères  à  notre  Société. 

J'ai  pu  constater  ainsi  l'état  généralement  prospère  des 
Vers  Ya-ma-maï  dont  les  œufs  ont  été  distribués  par  la  Société, 
et  de  ceux  qui  proviennent  des  œufs  qui  m'avaient  été  donnés 
parle  savant  naturaliste  Rlecker.  De  plus,  j'ai  reçu  les  rap- 
ports de  la  plupart  de  ces  expérimentateurs  zélés,  documents 
que  je  me  proposais  de  coordonner,  à  la  fin  des  éduca- 
tions, en  un  rapport  d'ensemble  destiné  à  ûiire  connaître  les 
résultats  définitifs  de  cette  belle  et  utile  expérience,  en  ren- 
dant* à  la  Société  un  compte  exact  de  la  mission  spéciale 
qu'elle  m'a  fait  l'honneur  de  me  confier. 

Je  crois,  cependant,  pouvoir  entretenir  mes  confrères  des 
expériences  qui  me  sont  complètement  personnelles,  et  qui 
ont  été  faites  au  moyen  des  œufs  que  je  tiens  de  M.  Blecker. 
Ces  expériences  sont  en  pleine  voie  de  succès. 

Naturellement  ce  sont  les  éducations  faites  dans  le  Midi 
qui  ont  marché  le  plus  rapidement,  et  je  dois  placer  en  tète 
celle  que  j'avais  confiée  à  M.  Auzende ,  directeur  du  jardin 
public  de  la  ville  de  Toulon. 

Le  29  mai,  les  Vers  Ya-ma-maï  que  je  lui  ai  confiés  ont 


ACCLIMATATION    DU   VER    A   SOIE   DU    CHÊNE.  ^29 

commencé  à  faire  leurs  deux  premiers  cocons,  et,  depuis,  le 
nombre  des  cocons  s'est  augmenté  rapidement.  Malheureuse- 
ment, comme  sur  un  autre  point  du  Midi,  une  mortalité 
assez  forte  a  régné  vers  la  fin  de  cette  éducation,  probable- 
ment à  cause  des  très-grandes  chaleurs  brusquement  sur- 
venues, et  le  5  juin,  je  me  suis  décidé,  d'accord  avec  M.  Au- 
zende,  à  tenter  d'arrêter  cette  mortalité,  en  apportant  tout 
de  suite  à  Paris  les  Vers  qui  restaient  et  les  cocons  déjà  faits, 
dont  j'ai  l'honneur  de  mettre  quelques-uns  sous  les  yeux  de 
mes  honorables  confrères. 

Une  autre  éducation,  provenant  encore  des  œufs  que  je  dois 
à  la  générosité  de  M.  Blecker,  a  été  faite  h  Marseille  par 
M.  Bonnard.  Sur  cinquante  œufs,  M.  Bonnard  avait,  le  28  mai, 
quatre  cocons  finis,  un  cinquième  commencé,  onze  Vers 
prêts  à  coconner,  et  huit  Vers  un  peu  plus  retardés. 

M.  Aubenas,  h  Loriol,  filateur  si  connu  par  son  invention 
d'un  système  de  dévidage  des  cocons  doubles,  au  moyen 
duquel  il  dévide  aussi,  industriellement,  les  cocons  ouverts 
de  l'Allante,  ayant  reçu  de  moi  trois  œufs  qui  me  restaient,  a 
obtenu  trois  Vers.  Deux  se  sont  perdus  pendant  un  déména- 
gement, mais  celui  qui  est  resté  s'est  parfaitement  développé, 
et  il  était  prêt  à  faire  son  cocon  le  3  juin  ,  quand  j'ai  quitté 
M.  Aubenas  pour  me  rendre  à  Nîmes. 

Dans  mon  laboratoire  de  sériciculture  comparée,  j'ai  une 
magnifique  éducation  de  celte  précieuse  espèce,  divisée  en 
deux  parties  qui  vont  admirablement,  et,  ce  matin  même 
(12  juin  l<S(3o),  un  de  mes  Vers  commence  son  cocon. 

Pour  avoir  plus  de  chances  de  succès,  j'ai  accepté  l'offre 
généreuse  que  m'ont  faite  M.  et  M">«  Roger-Desgenettes,  à 
Saint-Maur ,  de  soigner  une  portion  de  ces  Vers.  J'ai  une 
centaine  de  magniiîques  Vers,  et  ils  font  l'admiration  des 
visiteurs  par  leur  vigueur  et  leur  excellente  santé. 

.J'ai  l'honneur  d'inviter  nos  confrères  à  venir  voir  ce  beau 
résultat,  soit  chez  moi,  à  la  station  de  Joinville-le-Ponî,  soit 
à  la  station  suivante  (de  Saint-Maur),  chez  notre  confrère 
M.  Roger-Desgenettes,  qui  se  fera  un  plaisir  de  les  recevoir. 


RAPPORT 

SUR    LES   TENTATIVES   FAITES    PAR   LA    SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    D'ACCLIMATATION 

POUR  L'INTRODUCTION  EN  FRANCE 

DU  VER  A  SOIE  DU  CHÊNE  DE  CHINE 

[Bombyx   Permji), 
Par  M.  Frctlérîc-    JACQUEMART. 


(Séance  du  26  juin  1S63.) 


Messieurs, 

A  la  dernière  séance ,  M.  Guérin-Méneville  vous  a  fait  le 
récit  de  ses  émotions  quand  il  vit  éclore  soixante  Vers  du 
Chêne  sauvage  de  la  Chine  {Bombi/x  Pernyï).  Il  vous  a  dépeint 
ses  angoisses  pendant  les  vingt-quatre  heures  qui  suivirent, 
alors  que  ces  Vers  si  précieux  ne  voulaient  prendre  aucune 
nourriture,  bien  qu'elle  leur  fûi  présentée  sous  les  formes 
les  plus  appétissantes  ;  enfin,  il  vous  a  dit  ses  joies  lorsque  le 
second  jour  ces  Vers  se  décidèrent  à  manger  de  bon  appétit. 

Ces  émotions,  ces  angoisses  et  ces  joies,  le  récit  de  M.  Gué- 
rin  nous  les  a  fait  partager,  car  nous  avions  présents  ta  l'es- 
prit tous  les  efforts,  toutes  les  tentatives  que  la  Société  zoolo- 
gique d'acclimatation  n'a  cessé  de  faire  depuis  neuf  ans  pour 
se  procurer  ce  Ver,  qui  serait  non-seulement  une  des  plus 
belles  conquêtes  de  notre  Société,  mais  une  des  plus  belles 
qui  puissent  être  réalisées.  En  présence  des  derniers  résul- 
tats, permettez-nous,  messieurs,  de  vous  rappeler  tout  ce 
que  la  Société  n  fait  pour  l'obtenir. 

Dans  la  séance  du  10  mars  185/j,  un  mois  après  la  fonda- 
tion de  la  Société,  deux  de  ses  membres,  M.  Guérin-Méne- 
ville et  M.  Tastet,  appelèrent  son  attention  sur  le  Ver  à  soie 
du  Chêne  de  la  Chine. 

M.  Guérin-Méneville  racontait  qu'il  avait  vu,  en  1850,  au 
ministère  de  l'agriculture,  une  caisse  qui  avait  été  expédiée 
de  Chine  par  M.  Forth-Rouen,  et  qui  était  restée  abandonnée. 
Elle  contenait  des  cocons,  alors  inconnus,  et  arrivés  dans  un 
état  si  fâcheux,  qu'on  croyait  tout  perdu  ;  cependant  quelques 


VER   A   SOIE   DU    CHÊNE   DE    CHINE.  A31 

papillons  sont  éclos  et  ont  donné  ainsi  la  preuve  que  des 
cocons  expédiés  avec  certaines  précautions  pourraient  par- 
venir en  bon  état. 

En  1851,  M.  Guérin-Méneville  avait  vu  à  Lyon  des  cocons 
du  même  Ver,  expédiés  en  1850  par  le  père  Perny  à  M.  Roux 
(de  Lyon).  Ces  papillons  étaient  éclos  pendantl'hiver  de  1850 
à  1851,  et  morts  sans  donner  aucun  résultat. 

Cette  expérience  n'avait  fait  que  confirmer  la  précédente  : 
on  pouvait  faire  venir  en  France  des  cocons  vivants. 

Cet  envoi  du  père  Perny  était  accompagné  d'une  note  sur 
l'importance  du  commerce  fait  en  Chine  avec  la  soie  du  Ver 
du  Chêne. 

Dans  la  même  séance,  10  mars  185/i,  notre  collègue  M.  Tas- 
tet,  qui  avait  fait  plusieurs  séjours  en  Chine,  présentait  des 
étoffes  faites  avec  la  soie  du  Ver  sauvage  du  Chêne  de  Chine 
dans  les  provinces  du  Szu-trhouen  et  du  Kouéi-tchéou,  et  disait 
que  des  millions  de  Chinois  étaient  vêtus  de  cette  soie  d'une 
excellente  qualité;  il  proposait  de  nommer  une  commission 
chargée  d'étudier  les  moyens  de  faire  arriver  en  France  des 
cocons  vivants  ou  des  graines. 

Cette  commission  fut  aussitôt  nommée  (1);  elle  se  réunit 
un  grand  nombre  de  fois  :  son  rapporteur  rendit  compte  de 
ses  travaux  dans  la  séance  de  la  Société  du  25  mai  185/i,  et 
déposa  sur  le  bureau  un  questionnaire  et  des  instructions 
rédigés  par  la  commission,  pour  être  envoyés  en  Chine.  Ce 
rapport  est  reproduit  dans  le  Bulletin  de  18ô/i,  cahier  n"  3. 

Le  Conseil,  dans  la  séance  du  5  mai,  sur  le  rapport  d'un 
de  ses  membres  (2),  faisant  partie  de  la  commission  dont  il 
vient  d'être  parlé,  avait  voté  déjcà  les  fonds  nécessaires  pour 
atteindre  le  but  proposé. 

Les  instructions  rédigées  par  la  Société  furent  envoyées 
en  Chine,  notamment  aux  missionnaires,  à  nos  délégués  et 
aux  agents  français.  Le  22  décembre  de  la  même  année,  on 

(1)  Membres  de  la  commission  : 

.MM.  Uichard  (du  Caillai),  Gucriii-Méncvillc,  Fréd.  Jacquemart,  J.  VaJ- 
serres,  et  Tastet,  rapporteur. 

(2)  M.  Fréd.  Jacquemart. 


432         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCGLIMATATION. 

commiiniqiiailune  lettre  écrite  de  Hoiig-kong- par  i'abbéLibois, 
annonçant  l'envoi  au  Szu-tcliouen  de  ces  instructions  et  de 
ce  questionnaire.  M.  de  Montigny  avait  écrit  de  son  côté, 
et  avec  le  concours  de  Monseigneur  VerroUes,  il  faisait  arriver 
à  Paris,  dans  les  premiers  jours  de  1855,  une  caisse  de 
700  cocons  environ  de  Vers  du  Chêne. 

Malheureusement  les  instructions  de  la  Société  n'avaient 
point  été  suivies,  et  une  fermentation  considérable  s'était 
développée  dans  la  caisse.  Néanmoins  on  se  hâta  de  séparer 
les  cocons  les  moins  maltraités,  au  nombre  de  plusieurs 
centaines. 

Bien  qu'on  eût  peu  d'espoir  de  succès,  ils  furent  répartis 
entre  plusieurs  membres  de  la  Société  (1),  chargés  de  suivre 
cette  intéressante  expérience. 

Malgré  les  soins  des  expérimentateurs,  il  y  eut  très-peu 
d'éclosions  de  papillons,  encore  moins  d'accouplemenls,  et  une 
seule  ponle  d'œufs  fécondés.  Ces  œufs  produisirent  six  Vers 
peu  robustes.  Après  vingt-quatre  heures,  il  n'en  restait  plus 
qu'un  seul,  qui  fut  suivi  avec  soin  (2).  Il  changea  de  peau  le 
dixième  jour,  et  mourut  âgé  de  treize  jours.  Il  avait  été 
nourri  avec  des  feuilles  de  nos  Chênes,  dont  les  branches 
plongeaient  dans  l'eau.    (Voyez  le  Bulletin  de  février  18(52.) 

En  1856,  sur  les  instances  de  M.  Tastet,  de  nouvelles  de- 
mandes sont  envoyées  aux  missionnaires  avec  un  supplément 
d'instructions. 

En  1857,  un  nouvel  envoi  provoqué  par  la  Société,  et  fait 
par  Monseigneur  VerroUes,  ne  produisit  aucun  Ver,  par  les 
mêmes  raisons  que  ci-dessus. 

Votre  Conseil,  loin  de  se  décourager  par  ces  échecs  succes- 
sifs, chargea  deux  de  ses  membres  (3)  de  voir  M.  le  supérieur 
des  Missions  étrangères,  de  lui  faire  connaître  les  désastreux 
résultats  obtenus  par  Toubh  des  précautions  recommandées, 

(1)  ALAL  Blanchiird,  Chavaniies,  Delon,  Guérin-Méneville,  Ficd.  Jacque- 
mart. 

(2)  Al.  Fréil.  Jacrinetnart. 

(3)  MAI.  Gut'rin-Ménevillo  et  Jacquemart. 


VER   A   SOIE    DU   CHÊNE   DE   CHINE.  433 

et  de  le  prier  de  vouloir  bien  adresser  de  nouvelles  instruc- 
tions aux  missionnaires  et  de  les  engager  à  multiplier  leurs 
envois.  , 

En  1858,  la  Société  entendait  la  lecture  d'une  lettre  trés- 
remarquable  du  père  Bertrand ,  envoyée  de  Chine  et  relative 
à  ses  expériences  sur  les  Vers  querciens,  et  ses  réponses  à 
notre  questionnaire. 

Dans  la  même  année ,  Monseigneur  Perny  vint  passer 
quelques  mois  à  Paris.  Il  communiqua  à  la  Société  une 
Monographie  du  Ver  à  soie  du  Chêne  à  Kouéi-tchéou.  Le 
Conseil,  connaissant  tout  l'intérêt  qu'il  portait  à  cette  ques- 
tion, profita  de  sa  présence  pour  lui  signaler  la  cause  qui 
avait  anéanti  toutes  les  espérances  fondées  sur  les  envois  faits 
jusqu'à  ce  jour,  et  pour  s'entendre  avec  lui  sur  les  moyens 
d'exécution.  Deux  appareils  construits  par  deux  de  nos  collè- 
gues (1)  et  des  instructions  détaillées  furent  remis  à  Monsei- 
gneur Perny,  lors  de  son  départ  pour  la  Chine  ,  vers  la  fin  de 
1858.  Mais  la  présence  des  bandes  d'insurgés  chinois  a  para- 
lysé jusqu'en  186-2  les  bonnes  intentions  de  Monseigneur 
Perny  et  des  autres  missionnaires. 

En  1859,  la  Société  demanda  à  M.  l'ambassadeur  de  France 
à  Saint-Pétersbourg  de  vouloir  bien  essayer  de  faire  venir  des 
cocons  ou  des  graines  du  Ver  du  Chêne  par  les  courriers 
russes  qui  font  le  service  entre  Saint-Pétersbourg  et  Pékin. 

Malgré  son  désir  d'être  utile  à  la  Société,  M.  l'ambassadeur 
ne  put  rien  obtenir.  Sans  doute  que  les  Vers  ne  sont  pas  cul- 
tivés sur  la  route  du  courrier. 

En  1860,  deux  jeunes  voyageurs  qui  devaient  traverser  la 
Chine,  MM.  L.  d'Eiclilhal  et  le  docteur  Mesnier,  reçurent  de 
la  Société  la  mission  de  lui  expédier  des  cocons  du  Ver  du 
Chêne.  Ils  partirent  munis  d'instructions ,  mais  la  mort  si 
regrettable  de  l'un  de  ces  voyageurs,  avant  leur  arrivée  en 
Chine,  mit  fin  à  cette  expédition. 

Pendant  la  même  année  1860  (2),  une  demande  des  mêmes 
cocons  et  des  instructions  furent  adressées  à  une  maison  de 

(1)  MVl.  Fréd.  Jacquemart  et  Réveil. 

(2)  Par  rintennédiaire  de  MM.  Le  Chatelet  et  Dutfoy. 

T.  X.  —  .Uiilletl863.  28 


à^ll      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE  D'aCCLIMATATION. 

commerce  aiyanl  un  comptoir  à  Kiakhta,  ville  frontière,  où  se 
font  les  échanges  entre  la  Chine  et  la  Russie. 

En  1861,  lorsque  les  nouvehes  de  la  prise  de  Pékin  et  de 
la  paix  avec  la  Chine  arrivèrent  à  Paris,  il  fut  écrit  au  général 
Montauhan  pour  le  prier  de  faire  rechercher  des  cocons  du 
Ver  du  Chêne;  mais  par  suite  du  peu  de  durée  du  séjour  du 
général  et  de  quelques  retards,  la  lettre  ne  parvint  en  Chine 
qu'au  moment  où  le  général  s'embarquait  pour  la  France. 
Pendant  cette  même  année,  M.  Eugène  Simon,  notre  confrère, 
chargé  par  l'Empereur  d'une  mission  agricole  en  Chine,  et 
muni  des  instructions  de  la  Société,  lui  écrivait,  en  date  de 
Schang-haï,  le  8  juillet  1861,  qu'il  espérait  envoyer  des 
Vers  à  soie  du  Chêne  de  Chine  pour  la  saison  suivante. 

En  1862,  vers  la  tin  de  l'année,  notre  président  voulut  bien 
recommander  aux  agents  français  en  Chine  et  en  Cochinchine 
l'envoi  de  cocons  du  Chêne ,  et  leur  indiquer  les  soins  à 
prendre  pour  les  expédier  dans  de  bonnes  conditions. 

Une  nouvelle  tentative  fut  aussi  faite  pour  utiliser  les  cour- 
riers russes. 

En  1863,  le  6  février,  vous  entendiez  la  lecture  d'une  lettre 
de  Monseigneur  Perny,  datée  de  la  province  duKouéi-tchéou, 
le  15  octobre  1862,  par  laquelle  il  annonçait  l'envoi  d'une 
caisse  de  cocons  de  Vers  du  Chêne,  expédiée  par  Schang-haï, 
à  M.  Vaucher,  vice-consul  à  Hong-kong,  pour  être  envoyée 
à  la  Société. 

La  Société  n'a  reçu  aucune  nouvelle  de  M.  Vaucher. 

Quelques  jours  plus  tard,  une  caisse  expédiée  par  M.  Simon, 
et  contenant  15  à  20  kilogrammes  de  cocons  des  Vers  du 
Chêne,  parvenait  au  ministère  de  l'agriculture. 

M.  Simon  avait  annoncé  cet  envoi  à  la  Société  par  une  lettre 
en  date  de  Pékin,  le  18  novembre  1862 ,  et  disait  que  ces 
cocons  provenaient  de  la  province  de  Chantong. 

Cette  caisse  fut  adressée,  par  M.  le  ministre,  à  M.  Guérin- 

Méneville,  qui  en  informa  la  Société  le  20  février  1863. 

^     Enfin,  le  10  avril  dernier,  M.  le  Président  apprenait,  par 

une  lettre  deM.  Simon,  en  date  de  Schang-haï,  le  7  février  1863, 

que  ce  dernier  faisait  un  second  envoi  de  cocons  des  Vers  du 


VER   A   SOIE    DU    CHÊNE   DE    CHINE.  635 

Chêne  {Bombyx  Pernyi),  à  l'adresse  du  Ministre  de  l'agricul- 
ture ;  que  ces  cocons  lui  avaient  été  adressés  par  Monseigneur 
Faurie,  évêque  d'Apollonie  et  vicaire  apostolique  du  Kouéi- 
tchéou. 

La  Société  reçut  cette  caisse  le  8  avril. 

Malheureusement  pour  cet  envoi,  comme  pour  celui  qui  a 
été  remis  à  M.  Guérin-Méneville,  on  avait  négligé  les  pré- 
cautions nécessaires.  Les  cocons  étaient  dans  le  plus  triste 
état.  Néanmoins  M.  Guérin-Méneville  choisit  dans  les  deux 
lots  ce  qui  paraissait  avoir  le  moins  souffert,  et  il  attendit  les 
événements.  Ils  furent  plus  favorables  qu'on  n'eût  osé  l'espé- 
rer. En  effet,  de  ces  cocons  sont  nés  quelques  papillons  ;  ces 
papillons  produisirent  quelques  œufs  fécondés,  d'où  sortirent 
les  cinquante  Vers  environ  qui  sont  en  ce  moment  l'objet  des 
soins  attentifs  de  M.  Guérin  -  Méneville ,  et  qui ,  nous  le 
souhaitons  ardemment,  deviendront  la  souche  d'une  si  pré- 
cieuse acchmalation. 

Tels  sont  les  faits,  messieurs  :  si  nous  sommes  bien  prés 
du  but,  nous  n'osons  pas  dire  encore  que  nous  y  touchons, 
car  nous  devons  nous  rappeler  ce  que  le  père  Bertrand  a  écrit 
sur  les  difïîcultés  que  présente  l'éducation  du  Ver  du  Chêne  en 
captivité  (1).  Néanmoins,  messieurs,  et  quel  que  doive  être  le 
résultat  de  cette  seconde  introduction,  vous  voudrez  payer  ici 
un  juste  tribut  de  reconnaissance  à  nos  zélés  missionnaires, 
à  M.  Simon,  à  tous  nos  confrères  qui  ont  prêté  leur  concours 
à  la  Société,  et  vous  direz  avec  nous  qu'après  tant  d'efforts  et 
de  persévérance,  la  Société  impériale  zoologique  d'acclima- 
tation mériterait  de  trouver  sa  récompense  dans  le  succès 
d'une  si  louable  entreprise. 

(1)  Depuis  cette  époque,  en  ellet,  et  malgré  les  soins  les  mieux  compris, 
M.  Guérin-Méneville  et  S.  Exe.  M.  le  maiéchal  Vaillant,  à  qui  il  avait  confié 
une  partie  de  ses  Vers,  n'ont  pu  parvenir  qu'à  en  conserver  un  très-petit 
nombre. 


SUR  L'ÉDUCATION  DU  BOMBYX  YA-MA-MAÏ 

FAITE   AU  JARDIN  D'ACCLIMATATION 

Par  M.   J.  Pl]%ÇO\. 


(Séance  du  11  mai  1863.) 


Chargé  par  M.  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation  de 
diriger  la  magnanerie  expérimentale,  je  viens  vous  faire 
connaître  les  résultats  obtenus  jusqu'à  ce  jour  de  l'éduca- 
tion du  Ver  à  soie  sauvage  du  Japon  {Bombi/x  Yn-ma-mai), 
offerte  au  Jardin  par  la  Société  impériale. 

Le  5  février  dernier,  j'ai  reçu  573  œufs  pesant  5  grammes  ; 
la  majeure  partie  de  ces  œufs  était  déprimée  ;  quelques-uns 
même  avaient  commencé  à  éclore  :  aussi,  sur  ce  nombre, 
192  seulement  sont  venus  à  éclosion. 

Dans  la  prévision  de  naissances  hâtives,  des  Chênes  prove- 
nant de  glands  mis  en  pots  avaient  été  placés  dans  la  serre 
chaude  pour  y  être  forcés;  et  des  châssis  avaient  été  mis 
sur  une  partie  de  la  petite  plantation  de  Chênes  attenant  à  la 
magnanerie  du  Jardin.  Pour  éviter  une  éclosion  trop  prompte, 
les  œufs  ont  été  conservés  dans  une  chambre  où  la  tempéra- 
ture était  peu  élevée.  Malgré  cette  précaution,  le  16  mars,  ces 
œufs  ont  commencé  à  donner  3  Vers  qui  ont  été  mis  sur  un 
jeune  Chêne  provenant  de  la  serre  chaude  :  ces  premières 
chenilles  n'ont  vécu  que  peu  de  jours. 

Six  jours  après,  c'est-cà-dire  le  22  mars,  il  est  né  3  autres 
Vers;  du  22  au  31,  il  en  est  né  Zi3,  qui  ont  été  également 
Hourris  avec  la  feuille  provenant  de  la  serre. 

Ces  Vers,  malgré  les  soins  les  plus  minutieux  et  les  plus 
assidus,  n'ont  malheureusement  vécu  que  deux  ou  trois  jours. 
A  partir  du  31  m#i^s,  les  naissances  ont  continué  régulière- 
ment dans  de  plus  fortes  proportions  (8  à  9  par  jour).  Mais  ces 
Vers,  auxquels  je  ne  pouvais  donner  que  de  la  feuille  forcée, 
sont  morts  comme  les  autres  au  bout  de  très-peu  de  temps  ; 
sans  vouloir  toucher  à  cette  feuille,  qui  me  paraissait,  du 
reste,  trop  dure  pour  leurs  faibles  organes. 

C'est  seulement  le  8  avril  qu'il  m'a  été  possible  de  donner 


Ki»«;.iATlON   DU   BOMDV»\   YA-MA-MAÏ.  h'67 

aux  jeunes  ç^ienilles  de  la  feuille  des  petits  Chênes  sur  lesquels 
des  châssis  avaient  été  placés  ;  cette  feuille,  plus  tendre  et 
plus  aqueuse  que  celle  de  la  serre,  a  été  attaquée  et  mangée 
avec  avidité,  et  depuis  lors  j'ai  vu  les  Vers  grossir  et  se  déve- 
lopper avec  une  merveilleuse  raj!>idité. 

Les  naissances  se  sont  continuées  jusqu'au  16  avril.  Pen- 
dant ces  neuf  jours,  j'ai  recueilli  83  Vers  dont  5  sont  morts 
accidentellement  dans  le  cours  de  Téducation;  i\  m'en  est 
donc  resté  78.  Leur  éducation  a  marché  trés-réguhèrement. 

Nourris  avec  des  rameaux  de  feuilles  de  Chêne  pris  au 
Jardin  et  mis  dans  des  carafes  remplies  d'eau,  ces  chenilles  se 
sont  montrées  constamment  vigoureuses  et  faciles  à  élever; 
aucun  symptôme  de  maladie  n'a  été  aperçu. 

Les  Vers  ont  généralement  rais  entre  le  réveil  de  chaque 
mue  de  dix  à  onze  jours  (leur  sommeil  a  duré  trois  jours)  ;  ce 
n'est  que  seize  jours  après  le  réveil  de  la  quatrième  mue 
qu'ils  ont  commencé  à  filer  leur  cocon. 

L'éducation,  depuis  la  naissance  jusqu'au  moment  où  les 
Vers  ont  commencé  à  filer,  a  duré  de  cinquante-six  à  soixante 
jours,  h  une  température  de  16  à  18  degrés  centigrades. 

Les  Vers  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter,  se  sont 
éveillés  de  leur  quatrième  mue  le  1"  juin;  selon  toute  appa- 
rence, ils  coconneront  vers  le  15  ou  le  16. 

Vous  remarquerez  que  certains  d'entre  eux  ont,  de  chaque 
côté  du  corps,  un  ou  plusieurs  points  métafiiques,  et  que 
d'autres  n'en  ont  pas.  J'ai  donc  cru  devoir  les  séparer,  afin 
de  m'assurer  si  ces  points  n'indiqueraient  pas  la  différence 
des  sexes. 

J'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  également  quelques-uns 
des  cocons  qui  ont  pu,  sans  danger,  être  transportés. 

Sur  les  78  Vers  que  j'ai  élevés,  43  ont  fait  leur  cocon,  et 
35  me  restent  encore. 

S'il  m'était  permis  d'émettre  mon  opinion  personnelle  sur 
cette  espèce  de  Vers  à  soie,  je  dirais  que  leur  éducation  me 
paraît  pouvoir  se  faire  sans  difficulté,  et  qu'il  y  a  lieu  d'es- 
pérer que  l'industrie  pourra  s'emparer  promplement,  et  avec 
succès,  de  cette  nouvelle  branche  de  sériciculture. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DES  SÉANCES  GÉNÉRALES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE   DU  26   JUIN   1863. 
-,  Présidence  de  M.  Drouyn  de  Lhuys. 

M.  le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente,  qui  est  adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
vellement admis  : 

MM.  BoNARD  (le  vice-amiral  Louis-Adolphe),  à  Paris. 

Faigneau,  propriétaire,  à  l'île  de  la  Réunion  et  à  Parl^. 
Manouk-Bey  (le  colonel  prince  Grégoire),  de  Russie,  à 

Paris. 
MoNTEBELLO  (Jean  de),  à  Paris. 
Moquin-Tandon  (Ollivier),  h  Paris. 
Pinard,  directeur  du  comptoir  national  d'escompte,  à 

Paris. 
Sauquet-Seib,  propriétaire,  à  Mulhouse  (Ilaut-Rliin). 

—  M.  le  Président  annonce  que  M.  Guérin-Méneville  ayant 
offert  au  Conseil  sa  démission  de  membre  du  Bureau  et  de 
secrétaire  du  Conseil,  cette  démission  a  été  acceptée. 

M.  le  Président  adresse  ensuite  à  l'assemblée  une  allo- 
cution conçue  à  peu  près  en  ces  termes  : 

«  En  ouvrant  cette  séance,  qui  sera  la  dernière  de  la 
dixième  session  des  travaux  de  notre  Société,  et  qui  terminera 
en  quelque  sorte  une  première  série,  il  conviendrait  peut- 
être  de  vous  présenter  un  résumé  sommaire  de  ces  travaux 
de  dix  années ,  des  résultats  que  nous  avons  obtenus,  des 
expériences  que  nous  avons  tentées,  de  celles  qui  sont  encore 
en  voie  d'exécution.  Mais  pour  ne  pas  fatiguer  votre  atten- 
tion, je  me  contenterai  de  passer  rapidement  en  revue  les 
faits  les  plus  saillants  de  notre  dixième  session. 

»  La  session  de  1862-1863  nous  a  amené  206  nouvelles 
adhésions;  nous  pouvons  donc  dire  que  nous  sommes  tou- 


PROCÈS-VERBAUX.  /i39 

jours  en  progrès  constants  sous  ce  rapport.  Il  serait  cepen- 
dant à  désirer  que  le  nombre  des  membres  de  la  Société 
s'accrût  encore  beaucoup  plus  rapidement.  Pour  atteindre 
notre  but  d'utilité  universelle,  il  nous  faut  le  concours  de 
tous  les  hommes  intelligents.  Que  chacun  de  nous  se  fasse 
donc  un  devoir  de  propager,  dans  le  cercle  plus  ou  moins 
étendu  de  ses  relations,  la  connaissance  de  nos  idées,  de 
notre  mode  d'action,  des  conditions,  enfin  de  l'admission  au 
titre  de  membre  de  notre  Société. 

5)  Loin  de  se  ralentir,  le  mouvement  de  notre  œuvre  a  pris 
une  nouvelle  activité.  Nos  Yaks  et  nos  Chèvres  d'Angora  ont 
été  placés  à  cheptel  et  visités  dans  leurs  nouvelles  résidences. 
La  question  des  Moutons  ong-ti  de  la  Chine  a  été  étudiée  et 
nous  enrecevrons  sans  doute  un  certain  nombre  très-prochai- 
nement. Deux  grands  troupeaux  d'Alpacas  et  de  Lamas  offerts 
à  l'Empereur  par  les  républiques  de  l'Equateur  et  du  Pérou 
ne  tarderont  pas  à  arriver  en  France.  Nos  études  de  pisci- 
culture se  sont  continuées  avec  le  même  zèle,  et  elles  se  sont 
surtout'  appliquées  à  la  pisciculture  marine.  Nos  envois  de 
Marronniers  à  fruits  comestibles  et  d'Oliviers  sont  heureuse- 
ment parvenus  au  Brésil,  pour  être  l'objet  de  tentatives  d'ac- 
climatation dans  ce  vaste  empire,  entreprises  par  l'initiative 
propre  du  gouvernement.  La  Société  a  suivi  avec  le  plus 
grand  soin  la  question  si  importante  de  la  culture  et  de 
l'acclimatation  du  Coton.  Vous  avez  vu  les  beaux  résultats 
obtenus  au  Jardin  d'acclimatation  dans  la  culture  d'une 
nouveUe  plante  tuberculeuse,  la  Poire  de  terre  Cochet,  qui 
paraît  devoir  être  une  très-précieuse  acquisition. 

»  Je  n'ai  qu'à  vous  rappeler  en  un  mot  les  brillants  succès 
de  nos  expositions  de  volatiles  et  de  la  race  canine. 

»  Vous  avez  eu  de  fréquentes  occasions  de  constater  les 
bienveillantes  dispositions  de  S.  M.  l'Empereur,  et  de  LL.  Exe. 
les  Ministres  de  l'agriculture  et  de  la  marine  en  notre  faveur. 

»  Je  vous  ai  donné,  dans  la  séance  du  20  mars  dernier  la 
longue  hste  des  provenances  si  variées  des  quarante-trois 
collections  de  graines  diverses  et  des  nombreux  envois  d'ani- 
maux que  la  Société  a  reçus. 


htlO       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

»  Nous  pouvons  donc  dire,  à  coup  sûr,  et  sans  avoir  besoin 
d'entrer  dans  de  plus  grands  détails,  que  notre  œuvre  marche 
rapidement  dans  sa  voie  et  que  ses  progrès  sont  très-sensibles. 

»  Mais  il  y  a,  dans  nos  travaux  de  la  session  qui  va  se  clore 
aujourd'hui,  deux  points  principaux  sur  lesquels  doit  se  fixer 
surtout  votre  attention.  Je  veux  parler  de  l'éducation  du  Ver 
à  soie  du  Chêne  du  Japon,  le  Bombyx  Ya-ma-mdi^  et  du  Ver  à 
soie  sauvage  du  Chêne  de  la  Chine,  le  Bombyx  Pernyi. 

»  Vous  connaissez  déjà  les  succès  de  l'Ya-ma-maï,  et  vous 
partagez  nos  espérances  à  l'égard  de  cette  précieuse  espèce. 

»  Je  laisserai  à  notre  collègue  M.  Jacquemart  le  soin  de 
vous  rappeler  les  efforts  incessants  faits  par  notre  Société, 
depuis  le  premier  jour  de  sa  fondation,  pour  acquérir  le 
Bombyx  Pernyi,  dont  nous  devrons  certainement  un  jour  la 
possession,  si  nous  ne  la  leur  devons  pas  déjà  dès  à  présent, 
à  nos  vénérables  cohaborateurs  les  évêques  et  les  mission- 
naires apostoliques,  qui  prêtent  à  notre  œuvre  un  concours  si 
éclairé  et  surtout  si  dévoué.  (Voyez  au  Bulletin,  page  ZiSO.) 

»  Vous  le  voyez,  messieurs,  notre  dixième  session  a  été 
bien  remplie,  et  si,  comme  nous  l'espérons,  rien  d'imprévu 
ne  vient  compromettre  ces  deux  grandes  conquêtes,  on  pourra 
dire  avec  assurance  qu'elle  aura  été  l'une  des  plus  prospères 
et  des  plus  fécondes.  » 

—  M.  de  Quatrefages  demande  à  l'assemblée  la  permission 
de  compléter  le  passage  de  cette  allocution  de  M.  le  Prési- 
dent, relatif  aux  bienveillantes  dispositions  de  Sa  Majesté 
l'Empereur  et  de  MM.  les  Ministres  de  l'agriculture  et  de  la 
marine  en  faveur  de  notre  Société.  Il  lui  semble  qu'il  serait 
injuste  de  ne  pas  reconnaître  en  même  temps  les  éminents 
services  rendus  avec  tant  de  dévouement  à  notre  œuvre  par 
S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères,  notre  honorable 
Président,  à  qui  ses  graves  préoccupations  officielles  ne  font 
rien  perdre  de  sa  prédilection  si  bien  connue  pour  notre 
Société.  —  L'assemblée  s'associe  par  une  acclamation  una- 
nime à  ce  témoignage  de  reconnaissance. 

—  Des  remercîments  pour  sa  récente  admission  sont 
adressés  par  M.  le  comte  Méjan.  - 


PROCÈS-VERRAUX.  "  liki 

—  S.  Exc.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies 
annonce  que  la  question  des  madrag'ucs  a  été  mise  depuis 
longtemps  à  l'étude  par  son  département,  et  qu'elle  reçoit  en 
ce  moment  un  complément  d'instruction.  M.  le  Ministre  ajoute 
qu'il  est  tout  disposé  h  favoriser  les  recherches  et  les  études 
projetées  par  la  Société,  pour  la  création  d'établissements  de 
pisciculture  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée. 

—  M.  le  vicomte  L.  de  Lémont,  consul  de  France  à  Fer- 
nambouc,  par  une  lettre  du  '26  mai,  informe  M.  le  Président 
qu'il  vient  d'embarquer  une  collection  de  neuf  animaux  qu'il 
offre  à  la  Société  pour  le  Jardin  d'acchmatation. 

—  M.  Richard  (du  Cantal),  complétant  les  communications 
déjcà  faites  par  lui  sur  la  fabrication  du  fromage  de  Hollande, 
qu'il  a  introduite  à  sa  ferme  de  Souliard,  adresse  un  rapport 
sur  cette  fabrication.  —  Ce  rapport  sera  inséré  dans  l'un  des 
plus  prochains  numéros  du  Bulletin. 

—  M.  Lequin,  par  une  dépêche  électrique,  annonce  la 
naissance  d'un  jeune  Yak  de  conformation  imparfaite,  sur 
lequel  il  doit  donner  prochainement  des  renseignements. 

—  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire  transmet  à  la  Société  l'extrait 
d'une  lettre  d'un  de  ses  correspondants  au  Brésil,  qui  lui 
annonce  que  les  Chameaux  transportés  dans  ce  pays  par  les 
soins  de  la  Société  paraissent  aujourd'hui  s'y  porter  assez 
bien  et  n'avoir  pas  souffert  du  changement  de  climat;  le  pays, 
d'après  l'opinion  de  l'un  des  derniers  présidents  du  Céara, 
semble  leur  convenir  parfaitement,  mais  ils  ne  s'y  sont  pas 
escore  reproduits. 

—  M.  de  Balcarce,  ancien  chargé  d'affaires  de  Buenos- 
Ayres,  membre  de  la  Société,  adresse  un  Mémoire  sur  les 
races  ovines  de  la  république  Argentine. 

—  Notre  confrère  M.  Barthélemy-Lapommeraye  fait  par- 
venir à  M.  le  Président  une  Notice  sur  le  résultat  d'un  accou- 
plement, en  état  de  captivité,  d'un  sujet  mâle  de  la  Perdrix 
Gambra  à  pattes  rouges,  d'Algérie,  avec  une  femelle  de 
Perdix  syndica  de  Syrie.  (Voyez  au  Bulletin.) 

—  M.  Lucy  (de  Marseille),  à  qui  le  Conseil  de  notre  Société 
avait  fait  connaître  son  désir  de  voir  des  expériencjes  et  des 


/iÛ2      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATÂTION. 

études  pratiques  se  faire  par  des  personnes  compétentes  sur 
les  eûtes  de  la  Méditerranée,  pour  élucider  la  question  de  la 
reproduction  et,  par  suite,  de  l'acclimatation  des  Éponges, 
écrit  le  16  juin,  qu'il  a  eu  la  satisfaction  de  pouvoir  organiser  en 
peu  de  jours  un  comité  spécial  qui  se  chargera  de  faire  ces 
études.  Ce  comité,  à  la  tête  duquel  se  trouve  naturellement 
notre  zélé  collègue,  se  compose  de  M.  Derbès,  professeur  de 
zoologie  à  la  Faculté  des  sciences,  qui  déjà  a  étudié  person- 
nellement la  question  de  l'acclimatation  des  Éponges  et  les 
lieux  les  plus  propices  à  celte  culture  ;  M.  le  docteur  Sicard, 
bien  connu  de  la  Société,  fervent  adepte  de  la  pisciculture; 
M.  Vidal,  propriétaire  de  Salins  aux  Martigues,  où  il  se  livre 
industriellement  et  avec  succès  à  l'acclimatation  des  Huitres, 
Moules  et  Clovisses;  M.  le  docteur  Desfossés,  ichthyologuc  dis- 
tingué; M.  Noël  Suquet,  l'habile  directeur  du  Jardin  zoolo- 
gique de  Marseille  ;  et  M.  Morin,  patron  pêcheur,  syndic  des 
gens  de  mer,  homme  du  métier  le  plus  expérimenté.  On  peut 
juger,  par  la  composition  même  de  cette  commission,  de  ce 
que  l'on  est  en  droit  d'attendre  de  ses  travaux. 

—  M.  Lamiral,  dans  une  Note  présentée  à  la  Commission  de 
la  fécondation  artificielle  des  Poissons  de  mer,  fait  remarquer 
que  de  premières  expériences  pourraient  être  faites  prochai- 
nement sur  les  Muges,  depuis  la  mi-juillet  jusqu'en  août, 
puisque  c'est  à  cette  époque  que  ces  poissons  quittent  l'étang 
de  Berre  pour  aller  frayer  sur  des  fonds  plus  convenables,  et 
que  les  pêcheurs  en  prennent  des  quantités  considérables  pour 
fabriquer  la  poutargue. 

—  M.  lîené  Caillaud  adresse  une  Note  sommaire  de  ses 
recherches  et  de  ses  travaux  relatifs  à  la  question  de  fécon- 
dation artificielle  d'œufs  de  Poissons  de  mer.  De  185Zi  à  1858, 
il  a  obtenu  ainsi  de  nombreuses  éclosions  :  1°  de  Muges 
{Mugil  chelo,  famille  des  Mugiloïdes)  ;  T  de  Carrelet,  Plie  et 
Sole  (variétés  PleuronpMes ,  Platessa  et  Solea);  3"  de  Bar 
{Lupus,  Perça,  Labrax, genre  Persèque).  Ces  résultats  ont  été 
constatés  et  certifiés  par  pièces  authentiques,  entre  autres 
par  une  attestation  du  maire  de  Saint-Sornin,  du  5  décembre 
1857.  M.  Caillaud  rappelle,  en  outre,  ses  essais  d'acclima- 


PROCÈS-VERBAUX.  •  i/lS 

tation  en  eau  douce  du  Muge  et  du  Bar,  confirmés  par  l'envoi, 
fait  récemment  par  M.  Labbé,  de  Muges  de  divers  âges  élevés 
à  Luçon  (Vendée). 

—  M.  Déel,  capitaine  commandant  de  place  à  l'île  Sainte- 
Marguerite,  écrit,  à  la  date  du  18  juin,  pour  oflrir  à  la  Société 
son  concours  tout  dévoué  dans  le  cas  où  elle  voudrait  tenter 
des  essais  de  culture  d'Epongés  aux  environs  des  îles  de 
Lérins,  où  se  trouvent  des  fonds  qui  lui  paraissent  parfaite- 
ment propres  au  développement  de  ces  zoopbytes.  —  La  pro- 
position de  M.  Déel  sera  soumise  au  Conseil. 

—  M.  le  préfet  de  la  Haute-Loire  fait  parvenir,  à  la  date  du 
10  juin,  trois  rapports  en  réponse  au  Questionnaire  rédigé  et 
distribué  par  la  Société,  sur  les  Vipères  de  France.  Ces 
réponses  émanent  des  sous-préfectures  de  Brioude  et  d'Yssin- 
geaux  et  de  la  Société  d'agriculture  du  département.  Elles 
seront  jointes  aux  nombreux  documents  déjà  recueillis  sur 
cette  question. 

—  Des  renseignements  sur  les  éducations  du  Ver  à  soie 
Ya-ma-maï  sont  adressés  par  la  Société  libre  d'agricul- 
ture, etc.,  de  l'Eure;  par  M.  Cornalia(de  Milan);  par  M.  Bouille- 
Courbe,  président  de  la  section  d'agriculture  et  de  la  com- 
mission séricicole  d'Indre-et-Loire,  par  M.  Boger-Desgenettes, 
par  M.  J.  Gross,  de  Zuricb. 

De  ces  réponses,  il  résulte  que  ces  éducations  n'ont  pas  eu 
partout  les  mêmes  succès,  elles  sont  cependant  satisfaisantes 
dans  l'Eure  et  cbez  MM.  Roger-Desgenettes  et  Gross. 

—  M.  Martin  de  Bessé,  en  accusant  réception  d'œufs  du 
Bornbi/x  Ci/nthiaj  qui  lui  ont  été  récemment  envoyés,  annonce 
que  l'Avoine  du  Canada,  dont  il  avait  reçu  la  semence  de  la 
Société,  lui  donne  les  plus  belles  espérances  pour  le  rende- 
ment et  la  qualité  du  grain. 

—  M.  Gauldrée-Boilleau  écrit  de  Québec,  le  3  juin,  pour 
annoncer  à  M.  le  Président  qu'il  s'occupe  activement  de  s'as- 
surer pour  la  saison  procbaine  une  récolte  suffisante  de 
graines  des  principales  essences  forestières  qui  lui  ont  été 
signalées  par  la  Société  et  de  quelques  autres  arbres  qu'il 
croit  devoir  y  joindre.  11  ajoute  que  M.  Sturton,   établi  à 


àhli       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  d'ACCLIMATATION, 

Québec,  a  reciieHH  une  collection  complète  de  plantes  propres 
aux  cam|3agnes  qui  entourent  cette  ville,  et  qu'il  désirerait 
l'échanger  contre  un  herbier  des  environs  de  Paris.  Si  quel- 
qu'un de  nos  confrères  acceptait  cette  proposition,  M.  le 
consul  général  se  chargerait  volontiers  de  le  faire  savoir  à 
M.  Sturton.  Notre  honorable  collègue  termine  sa  lettre  on 
disant  qu'il  adresse  à  la  Société  plusieurs  ouvrages  intéres- 
sants, tels  que  la  F/ore  canadienne,  par  M.  l'abbé  Proven- 
cher;  les  Pêcheries  du  Canada,  par  M.  Lemoine  ;  le  Cata- 
logue des  principales  essences  forestières  du  Canada. 

—  Notre  zélé  confrère  M.  Brierre  de  Saint -Hilaire  (de 
Riez)  fait  parvenir  une  nouvelle  Note  accompagnée  de  des- 
sins sur  ses  cultures,  et  une  liste  de  deux  cents  variétés  de 
graines  provenant  de  ses  récoltes  et  distribuées  par  lui. 

—  Madame  Delisse  adresse  des  renseignements  sur  les 
résultats  de  ses  cultures  de  graines  provenant  de  la  Société. 

—  M.  le  président  de  la  Société  d'horticulture  la  Flore , 
récemment  constituée  à  Cologne,  sous  le  haut  patronage  de 
S.  M.  la  Reine  de  Prusse,  transmet  le  vif  désir  exprimé  par 
cette  Société,  d'entrer  en  relations  suivies  avec  la  nôtre  par 
un  système  d'échange  de  produits  naturels  et  de  publications. 
Un  plan  du  jardin  de  cette  Société  accompagne  la  lettre  de 
M.  le  président. 

—  Notre  confrère  M.  A.  le  Chevalier  fait  hommage  à  la 
Société  d'un  exemplaire  du  magnifique  Planisphère  agricole 
et  climatologique  qu'il  vient  de  publier.  — La  Société  accepte 
ce  don  avec  autant  d'empressement  que  de  reconnaissance. 

—  A  la  suite  du  dépouillement  de  la  correspondance,  M.  le 
Président  s'excuse  de  ne  pouvoir  demeurer  plus  longtemps, 
et  M.  de  Quatrefages,  vice-président,  le  remplace  au  fauteuil. 

—  M.  le  Président  fait  connaître  à  rassemblée  les  deux 
décisions  suivantes,  prises  récemment  par  le  Conseil  :  1"  Con- 
sidérant que  le  programme  des  primes  spéciales  pour  des 
ouvrages  théoriques  sur  l'acclimatation  n'a  été  publié  que 
tout  récemment,  et  que,  pour  cette  année,  il  serait  impossible 
à  un  auteur  de  rédiger  un  travail  de  quelque  importance 
avant  le  délai  fixé,  le  Conseil  a  décidé  que  ce  délai  serait 


PROCÈS-VERBAUX.  /j/jô 

prorogé  jusqu'au  1"  novembre  prochain.  2"  Le  Conseil,  vou- 
lant que  la  Société  prenne  l'initiative  des  recherches  et  des 
études  à  fîiire  sur  la  fécondation  artificielle  des  Poissons  de 
mer,  a  voté  une  somme  de  2000  francs  pour  subvenir  aux 
frais  de  premières  expériences  sur  les  côtes  de  la  Méditer- 
ranée et  de  l'Océan,  et  le  soin  de  ces  études  a  été  confié  à 
MM.  LamiraletGillet  de  Grandmont. 

—  M.  Millet  émet  l'opinion  que  la  saison  est  très-avancée 
pour  ces  expériences,  attendu  que  diverses  espèces  de  Pois- 
sons de  mer  ont  déjà  frayé  ou  sont  très-près  de  le  faire. 

—  M.  le  Président  fait  remarquerquelaCommission  a  prévu 
ces  circonstances  déjà  signalées  par  M.  Caillaud,  et  que  le 
Conseil  a  cru  devoir  décider  que  la  3«  Section  serait  invitée 
à  donner  son  avis  sur  cette  question  avec  ses  instructions 
si  elle  le  jugeait  utile. 

—  M.  Gillet  de  Grandmont,  avant  de  lire  le  rapport  rédigé 
au  nom  de  la  Commission,  présente  un  Ombre-chevalier  né 
et  élevé  dans  les  bassins  du  laboratoire  de  M.  Coste,  au 
collège  de  France.  Ce  poisson  est  âgé  de  vingt-cinq  mois,  et  il 
pèse  libb  grammes.  Notre  confrère  rappelle  que  la  qualité  de 
la  chair  de  l'Ombre-chevalier,  supérieure  à  celle  de  tous  les 
autres  Salmonidés,  le  recommande  tout  particuhèrement  aux 
pisciculteurs. 

—  M.  de  Grandmont,  lit  ensuite  le  Rapport  qu'il  a  rédigé  au 
nom  de  la  Commission  des  fécondations  artificielles  des  Pois- 
sons de  mer  (voyez  page  385).  Les  conclusions  de  ce  rap- 
port, approuvées  par  la  Commission,  le  sont  également  par 
l'assemblée. 

—  Après  la  lecture  de  ce  rapport,  M.  Gillet  de  Grandmont 
remercie  le  Conseil  de  la  mission  dont  il  l'a  chargé  ;  mais  il 
craint,  dit-il,  que  les  résultats  de  cette  mission  ne  soient  pas 
aussi  satisfaisants  qu'il  le  désirerait,  car  la  question  qu'il  va 
étudier  est  encore  bien  obscure  aujourd'hui.  Du  reste,  il  ne 
part  pas,  ajoute-t-il,  avec  la  prétention  de  repeupler  les 
océans  par  la  fécondation  artificielle,  mais  avec  l'intention  de 
rechercher  les  conditions  les  plus  favorables  à  la  reproduc- 
tion des  Poissons  de  mer.  En  tout  cas,  il  as-sure  la  Société 


kà6       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION. 

qu'il  appliquera  tous  ses  soins  et  tout  son  zèle  à  remplir  di- 
gnement la  mission  qui  lui  a  été  confiée. 

—  M.  F.  Jacquemart  donne  communication  de  la  notice 
annoncée  plus  haut  par  M.  le  Président,  sur  les  tentatives 
faites  par  la  Société  pour  l'introduction  du  Bombyx  Pernyi, 
Ver  à  soie  sauvage  du  Chêne  de  Chine,  en  France.  (Voy.  p.  ASO.) 

Notre  collègue  complète  ensuite  les  renseignements  qu'il 
avait  déjà  donnés  dans  les  séances  précédentes  sur  les  résul- 
tats de  son  éducation  des  Ya-nia-maï,  qui  a  parfaitement 
réussi.  Des  observations  qu'il  a  laites  résulte,  dans  son 
opinion,  la  nécessité  de  préparer  dès  cette  année,  avant  la 
seconde  sève,  déjeunes  plants  de  Chêne  en  pots,  afin  d'avoir 
de  la  nourriture  toute  prête  à  donner  aux  jeunes  Vers,  s'ils 
éclosaient  d'aussi  bonne  heure  l'année  prochaine  que  ceux 
de  cette  première  expérience.  M.  Jacquemart  insiste  particu- 
lièrement sur  l'importance  de  cette  prudente  précaution. 

M.  Pépin  fait  remarquer  que  cette  mesure  est  facile  à 

prendre  aux  environs  de  Paris,  où  les  Chênes  sont  si  com- 
muns, mais  qu'il  convient  de  choisir  pour  cela  le  Chêne 
pédoncule,  que  les  Ya-ma-maï  préfèrent  naturellement  au 

Chêne  rouvre. 

—  Sur  une  observation  de  M.  Petetin,  relativement  aux 
résultats  de  l'enquête  sur  les  Vipères  de  France,  M.  le  Prési- 
dent fait  observer  qu'un  rapport  sur  cette  question,  rédigé 
d'après  les  réponses  au  Questionnaire  distribué  par  la  Société 
dans  un  but  tout  à  fait  pratique,  est  préparé  par  M.  le  doc- 
teur L.  Soubeiran,  qui  se  propose  de  le  soumettre  très-pro- 
chainement à  la  Commission  spéciale,  puis  au  Conseil.  (Voyez 

au  Bi/lktin,]).        •) 

y[^  le  baron  Larrey  annonce,  à  cette  occasion,  qu'il  com- 
muniquera à  la  Société  un  intéressant  travail  de  M.  le  doc- 
teur Rodes  sur  les  Vipères  de  la  province  d'Oran  (Algérie). 
Cette  communication  sera  accueillie  avec  reconnaissance.  ^ 

—  M.  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation  informe  l'as- 
semblée qu'une  exposition  de  produits  apicoles  sera  ouverte 
au  Jardin,  par  les  soins  de  la  Société  d'apiculture,  du  15  au 
25  août  prochain.  ________ 


PROCÈS-VERBAUX.  /»Z|7 

SÉANCE  DU  CONSEIL   bU    17   JUILLET  1863. 
Présidence    de    M.   de   Quatrefages  ,    vice -président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  générale  du  26  juin  est  lu  et 
adopté  par  le  Conseil ,  conformément  à  l'article  51  du  règle- 
ment administratif  de  la  Société.  .,  •   . 

Le  Conseil  admet  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 

MM.  Alves  Pinto  (A.  F.),  consul  de  Portugal  à  Buenos-Ayres. 

Aquila  (S.  A.  L  et  Pi.  Mgr  le  comte  d'),  à  Paris. 

AuBENAS  lils,  filateur  de  soie  du  Mûrier  et  de  rAilante ,  à 
Loriol  (Drôme). 

Benard  ,  ancien  chirurgien  des  hôpitaux  mihtaircs , 
licencié  en  droit,  à  Caen. 

Dax  (le  vicomte  L.  de),  propriétaire,  à  Vannes  (Mor- 
bihan), et  à  Paris. 

Dessâix,  éditeur  de  divers  journaux  agricoles  et  litté- 
raires, à  Évian-les-Bains  (Savoie). 

Gerbauld  (Edmond),  propriétaire,  agriculteur  et  sérici- 
culteur à  Saint-Bert-IIevin,  près  de  Laval  (Mayenne). 

Legentil  (Ernest),  propriétaire  à  Douai  (Nord). 

Le  Roy  (A.  J.  A.),  directeur  des  douanes  et  des  contribu- 
tions indirectes  à  Boulogne- sur-Mer  (Pas-de-Calais). 

RosTAN  (le  général),  au  service  du  Bey  de  Tunis,  à  Paris. 

Saldanha  (S.  Exe.  le  maréchal),  ambassadeur  de  S.  M.  le 
roi  de  Portugal,  près  du  saint-siège,  à  Rome. 

Vidal  (Léon),  propriétaire,  secrétaire  général  de  Y  Union 
^es-4r^i',  à  Marseille. 

—  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys,  par  une  lettre  du  1"  juil- 
let, fait  connaître  l'adhésion  dont  S.  A.  L  et  R.  Mgr  le  comte 
d'Aquila  veut  bien  honorer  la  Société. 

—  M.  le  Président  annonce  au  Conseil  la  perte  regrettable 
que  la  Société  vient  de  faire  de  plusieurs  de  ses  membres  : 
M,  le  duc  de  Hamilton,  M.  le  commandant  Loche,  d'Alger, 
M.  J.  A.  Asselin  et  M.  le  docteur  Marchant,  de  Bordeaux, 
Les  numéros  du  journal  rAkhbar  du  30  juin  et  du  3  juillet, 
adressés  à  la  Société  avec  une  lettre  de  faire  part  de  la  mort 


AÛS       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

de  M.  le  commandant  Loche,  renferment  d'honorables  témoi- 
gnages des  services  éminents  rendus  à  la  colonie  par  notre 
dévoué  confrère,  et  de  l'intérêt  qu'il  ne  cessait  de  prendre  aux 
travaux  de  notre  Société. 

—  M.  le  Président  communique  au  Conseil  une  lettre  qui 
lui  a  été  adressée  par  M.  Black,  président  de  la  Société  d'ac- 
climatation de  "Victoria,  en  date  de  Melbourne  ,  le  25  mai, 
pour  lui  annoncer  qu'il  a  été  élu  à  l'unanimité  membre  ho- 
noraire de  cette  Société  australienne.  —  Le  Conseil  félicite 
M.  le  Président  de  cette  nomination  comme  d'un  nouveau 
témoignage  de  l'union  sympathique  qui  rattache  les  Sociétés 
d'acchmatation. 

—  M.  le  Président,  par  une  lettre  du  1"  juillet,  informe  la 
Société  de  la  naissance  de  quatre  Agneaux  qui  viennent  d'être 
produits,  en  une  seule  portée ,  par  une  Brebis  ong-ti,  chez 
S.  Exe.  M.  le  Ministre  président  le  Conseil  d'État,  à  l'hôtel  du 
ministère  de  l'agriculture.  Il  est  donné  lecture  d'une  note 
rédigée  par  M.  Jacquemart  sur  ce  fait  intéressant,  qui  té- 
moigne de  la  fécondité  extraordinaire  de  cette  race  chinoise 
(voy.  p.  A23). 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  delà  marine  et  des  colonies,  par 
une  lettre  du  10  juillet,  annonce  à  M.  le  Président  qu'il  a  dis- 
posé en  faveur  du  Jardin  d'acclimatation  d'un  Chevrotain 
porte-musc,  espèce  extrêmement  rare  et  curieuse  du  Cam- 
bodge, qu'il  venait  de  recevoir  de  Cochinchine. 

—  M.  Lewis  Samuel  écrit  de  Sydney  (New-South-Wales)  à 
M.  le  Secrétaire,  pour  faire  savoir  qu'il  expédie  \^iir\eDa/uas- 
CKS,  partant  de  cette  ville  pour  Londres,  un  Moomk  {Casuarius 
Bennetti),  qu'il  offre  à  la  Société  impériale  d'acclimatation,  et, 
en  sa  qualité  de  membre  du  Conseil  de  la  Société  de  Sydney, 
dont  il  voudrait  enrichir  les  collections,  il  demande  en  échange 
des  Curassows  et  des  Canards  mandarins  qu'il  désire  intro- 
duire dans  la  colonie. 

—  M.  le  receveur  central  des  finances,  par  une  note  du 
30  juin,  fait  connaître  les  souscriptions,  de  100  francs  chacune, 
accordées  par  les  départements  de  l'Aisne  et  de  Constantine 
pour  la  statue  de  Daubenton.      :  .    ..':  - 


PROCÈS-VERBAUX.  •  Z|i9 

—  M.  Eugène  Simon  écrit  de  Han-keou  (Chine),  le  29  avril 
elle  2  mai,  pour  offrir  à  la  Société  ses  remerciments  au 
sujet  de  sa  nomination  au  titre  de  membre  honoraire.  Après 
avoir  renouvelé  l'assurance  de  son  concours  le  plus  dévoué, 
notre  zélé  confrère  annonce  son  départ  pour  le  Szu-tchuen 
et  les  autres  provinces  occidentales  de  la  Chine,  où  il  est 
accompagné  de  M.  Louis  Bourret,  de  la  maison  Rémi  Schmidt 
au  Japon,  à  qui  la  Société  doit  le  premier  envoi  qu'elle  ait 
reçu  d'œufs  d'Ya-ma-maï.  M.  Simon  se  félicite,  dans  sa  lettre, 
du  bienveillant  appui  qu'il  a  trouvé  auprès  de  M.  Mauboussin 
et  de  M.  Dabry,  tous  deux  consuls  de  France  en  Chine.  Il  rap- 
pelle ensuite  à  M.  le  Président  l'idée  qu'il  a  déjà  exprimée 
des  avantages  que  présenteraient  :  1°  un  système  suivi  d'é- 
changes de  produits  naturels  entre  la  France  et  la  Chine  et 
le  Japon  ;  2"  une  exposition  méthodique  et  complète  de  tous  les 
produits  naturels  et  industriels  de  la  Chine,  indiquant  en 
même  temps  les  prix  de  revient  et  les  prix  de  vente ,  ainsi 
que  de  tous  les  engins  ou  appareils  de  production  dont  se 
servent  les  Chinois,  afin  de  faciliter  une  étude  plus  positive 
des  ressources  immenses  que  possède  ce  pays  encore  si  peu 
connu.  Enfin  M.  Simon  fait  parvenir  à  la  Société  un  long 
mémoire  manuscrit  sur  son  récent  voyage  en  Mongolie. 

—  M.  Lequin,  par  une  lettre  datée  de  Lahayevaux,  le 
26  juin,  annonce  la  mort  du  jeune  taureau  Yak,  dont  il  avait 
fait  connaître  précédemment  la  naissance  et  les  difformités  ; 
une  note  de  M.  Lièvre,  vétérinaire  à  Neufchàteau ,  sur  l'au- 
topsie de  cet  animal,  mentionne  les  causes  de  sa  mort. 

—  M.  B.  Barbé,  membre  de  la  Société  à  Gapvern  (Hautes- 
Pyrénées),  écrit  pour  demander  un  lot  de  Lamas  et  Alpacas 
à  titre  de  cheptel.  —  11  a  été  pris  note  de  cette  demande. 

— M.  Fabre,  directeur  delà  ferme-école  de  Vaucluse,  par  ses 
lettres  du  5  et  du  8  juillet,  annonce  qu'il  se  chargera  volon- 
tiers du  lot  de  Chèvres  d'Angora  qui  avait  été  placé  dans  la 
Haute-Loire,  et  que  la  Société  veut  bien  lui  confier  pour  aug- 
menter son  cheptel.  —  M.  le  Président  annonce  que  des 
mesures  ont  été  prises  pour  que  M.  Fabre  en  soit  mis  en 
possession  immédiatement. 

T.  X.  —  Juillet  1863.  39 


A50      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMATATION. 

—  S.  Exc.  M.  Drouyn  de  Lliuys  transmet,  au  nom  de 
M.  Stanislas  Julien  ,  un  résumé  des  indications  qu'a  fournies 
à  notre  savant  confrère  l'étude  d'une  encyclopédie  chinoise 
sur  les  diverses  espèces  de  Moutons  de  Chine.  M.  le  Président 
ajoute  que  M.  Julien  lui  signale,  comme  pouvant  servir  de 
guide  aux  personnes  qui  voudraient  s'occuper  de  la  propaga- 
tion en  Europe  des  races  de  Vers  à  soie  sauvages  de  la  Chine, 
une  notice  du  père  d'Incarville,  publiée  au  tome  II,  page 
579-601  des  Mémoires  concernant  t histoire,  les  sciences,  les 
arts,  etc.,  des  Chinois,  par  les  missionnaires  de  Pékin,  et 
qu'il  avait  lui-même  jointe  à  son  iiV'6 «me  (aujourd'hui  épuisé) 
des  principaux  traités  chinois  sur  l'éducation  des  Vers  à  soie 
et  la  culture  des  Mûriers.  Une  seconde  lettre  de  M.  Julien 
annonce  qu'il  résulte  d'assez  longues  recherches  faites  ré- 
cemment par  lui,  que  la  bibliothèque  pubhque  de  Lyon  pos- 
sède 2(3  dessins  exécutés  en  Chine  sous  la  direction  du  père 
d'Incarville  et  représentant  les  diverses  espèces  de  Vers  à  soie 
sauvages  et  les  procédés  employés  par  les  Chinois  pour  exploi- 
ter leur  soie.  • 

—  M.  Viennot  adresse  une  Note  sur  l'acclimatation  en 
Angleterre,  extraite  et  traduite  par  lui  du  troisième  Rapport 
annuel  de  la  Société  d'acclimatation  de  Londres  (voy.  p.  459). 

—  M.  le  docteur  Berg,  notre  délégué  à  la  Réunion,  accuse 
réception,  à  la  date  du  6  juin ,  d'une  caisse  de  graines  en- 
voyées par  la  Société  au  comité  de  la  Réunion,  et  offre  ses 
remercîments  pour  les  démarches  qui  ont  été  faites  en  faveur 
du  comité  auprès  de  M.  le  Ministre  de  la  marine.  Noire  col- 
lègue annonce  la  prochaine  introduction  dans  la  colonie  du 
Lama  et  de  l'Alpaca,  et  de  la  culture  du  Coton  et  du  Ver  à  soie 
sur  une  grande  échelle. 

— •  Notre  confrère  M.  Louis  Conti  adresse  une  Note  sur  le 
Mouflon  de  Corse,  dans  laquelle,  tout  en  reconnaissant  la  par- 
faite exactitude  des  observations  de  M.  le  baron  Aucapitaine 
sur  cet  animal  (voy.  imBulletin,  p.  170),  il  n'est  pas  d'accord 
avec  lui  sur  son  utilité.  M.  Conti  trouve  qu'il  y  aurait  au  con- 
traire un  véritable  avantage  pour  les  éleveurs  corses  à  multi- 
plier le  Mouflon.  ■ ..  ^ 


PROCÈS-VERBAUX.  ^5j 

—  M.  de  Launay,  dont  M.  Molinier,  d'Angers,  avait  trans- 
mis, l'an  dernier,  les  bienveillantes  offres  de  service  à  la 
Société,  écrit  d'Odessa,  le  20  juin,  pour  exprimer  son  regret 
d'avoir  dû,  par  des  raisons  de  santé,  quitter  la  Sibérie  avant 
de  pouvoir  réaliser  son  projet  d'expédier  divers  animaux,  et 
entre  autres  l'Argali.  II  annonce  toutefois  l'envoi,  par  l'obli- 
geant intermédiaire  de  M.  de  Saint-Robert,  consul  de  France 
à  Odessa,  de  diverses  graines  de  plantes  cbinoises  ou  sibé- 
riennes, telles  que  le  Bédé  (en  tarîare),  Moussony  (en  russe), 
espèce  de  Trèfle  très-abondant  du  nord  de  la  Cbine  ;  le  fro- 
ment dit  Riclie,  et  le  froment  noir,  cultivés  aux  environs  de 
Semipalatinsk,  et  de  plusieurs  autres  espèces  utiles. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine,  par  une  lettre  du 
13  juillet,  annonce  à  M.  le  Président  qu'il  est  tout  disposé  à 
accorder  à  M.  Gillet  de  Grandmont,  sur  la  demande  qui  lui 
en  a  été  foile,  au  nom  de  la  Société,  toutes  les  facilités  admi- 
nistratives dont  il  aura  besoin  pour  l'accomplissement  de  sa 
mission  d'études  relatives  aux  fécondations  artificielles  des 
Poissons  de  mer  sur  les  côtes  de  l'Océan. 

—  M.  Lamiral  écrit  de  Marseille,  le  13  juillet,  pour  de- 
mander les  instructions  préparées  par  la  3^'  Section  et  trans- 
mettre les  offres  de  bon  concours  de  M.  Léon  Vidal,  proprié- 
taire de  pècberies ,  qu'il  présente  comme  membre  de  la 
Société. 

^  —  M.  le  baron  Larrey  lait  parvenir  le  travail  sur  les  Vipères 
d'Oran,  par  M.  le  docteur  Rodes,  dont  il  avait  entretenu  l'as- 
semblée dans  sa  dernière  séance. 

—  M.  Guérin-Méneville,  par  une  lettre  du  1"  juillet,  offre 
à  la  Société  cent  œufs  de  Bomhf/x  Cecropia  provenant  des 
papillons  produits  par  les  cocons  que  lui  avait  donnés  M.  Le- 
febvre  de  New-York,  et  fait  remarquer  que  les  quatre  cocons 
venant  de  cette  espèce  qu'il  avait  reçus  directement  de  la 
Société  sont  éclos  à  des  intervalles  trop  éloignés  pour  qu'il 
ait  pu  en  obtenir  des  fécondations.  —  Les  remércîments  de  la 
Société  ont  été  transmis  à  notre  zélé  confrère  par  M.  le  Pré- 
sident, et  les  œufs  ont  été  envoyés  à  la  magnanerie  du  Jardin 
d'acclimatation. 


hb2       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

—  M.  Dufoiir,  notre  délégué  à  Conslantinople ,  écrit  de 
Paris, le  ih  juillet,  pour  informer  la  Société  que  la  campagne 
séricicole  a  donné,  cette  année,  les  résultats  les  plus  satisfai- 
sants en  Anatolie,  et  qu'il  trouve  dans  ce  fait  la  confirmation 
de  ses  doctrines.  Notre  collègue  demande  que  des  œufs  de 
l'Ya-ma-maï  lui  soient  réservés  pour  la  saison  prochaine,  afin 
qu'il  puisse  appliquer  sa  méthode  à  l'éducation,  en  Orient, 
de  cette  précieuse  espèce. 

—  M.  le  docteur  Sacc,  notre  délégué  à  Barcelone,  annonce, 
à  la  date  du  30  juin,  qu'un  premier  papillon  d'Ya-ma-maï lui 
est  éclos  le  29.  «  L'inspection  de  cet  insecte  m'a  confirmé,  dit 
»  notre  savant  collègue,  dans  l'idée  que  m'avait  déjà  donnée 
D  la  chenille,  qu'il  représente  une  espèce  nouvelle.  S'il  en  est 
»  ainsi,  comme  nous  devons  cette  précieuse  espèce  à  l'intcl- 
j)  ligente  et  généreuse  initiative  de  S.  M.  le  roi  Guillaume  de 
D  Wurtemberg,  je  propose  de  lui  donner  son  nom  même,  et 
»  de  l'appeler  Bombyx  JlUhelmi  ».  —  Le  Conseil,  en  remer- 
ciant M.  Sacc  de  son  intéressante  communication,  ajourne 
toute  décision  sur  sa  proposition,  jusqu'à  ce  que  les  éclo- 
sions  prochaines  des  cocons  obtenus  aient  fixé  la  Société  sur 
les  caractères  et  la  nature  de  celte  espèce. 

—  Des  cocons  vivants  de  l'Ya-ma-maï  sont  adressés  à  la 
Société  par  MM.  le  Maréchal  Vaillant;  Cornalia,  de  Milan  ; 
Frérot,  d'Aussonce  ;  Maumcnet,  de  Nîmes,  et  par  madame 
veuve  Boucarut,  d'Uzès. 

—  M.  le  docteur  Ghavannes,  notre  délégué  à  Lausanne, 
en  faisant  connaître,  à  la  date  du  8  juillet,  le  bon  état  des 
55  chenilles  d'Ya-ma-maï  qu'il  a  obtenues  des  œufs  envoyés 
par  la  Société,  et  dont  Z|0  ont  été  élevées  sur  le  Ghêne,  13  sur 
l'Alizier  {Sorbvs  aria)  et  2  sur  le  Gognassier,  envoie  une  note 
sur  les  procédés  qu'il  croit  utile  d'appliquer  pour  l'accou- 
plement et  la  ponte  des  papillons.  Une  copie  de  cette  note  a 
été  communiquée  à  toutes  les  personnes  qui,  ayant  élevé  des 
Ya-ma-maï,  ont  conservé  leurs  cocons  pour  les  faire  éclore 
elles-mêmes. 

—  Des  réponses  au  (juestionnaire,  sur  les  résultats  de  ces 
intéressantes  expériences,  sont  adressées  par  MM.  Gornalia, 


PaOCÈS-VERBAUX.  /|53 

de  Milan;  Hardy,  d'Alger;  (Iraells,  délégiu'  à  Madrid,  et  le 
chevalier  Baruffi,  délégué  à  lurin.  A  Milan  et  à  Madrid,  les 
éducations  paraissent  n'avoir  eu  qu'un  médiocre  succès. 

Les  observations  de  M.  Hardy  concordent  avec  celles  déjà 
recueillies  :  sur  60  Vers  éclos,  32  sont  morts  dans  le  premier 
âge,  les  28  autres  avaient  fait  leurs  cocons  au  1"  juin.  L'é- 
closion  des  papillons  a  commencé  le  12  juin.  Sur  dix  papil- 
lons éclos,  il  ne  s'est  trouvé  qu'une  femelle,  qui  heureuse- 
ment, a  été  fécondée  et  a  pondu.  Le  cocon  de  l'Ya-ma-maï, 
comparé  à  celui  des  bonnes  races  du  Piémont,  renferme  plus 
du  double  de  matière  soyeuse. 

—  M.  Baruffi  avait  confié  l'éducation  de  ses  Vers  à 
M.  Comba,  membre  de  l'Académie  royale  d'agriculture,  qui 
a  obtenu  132  éclosions;  mais  IM  Vers  étant  morts  de  leur 
naissance  à  la  seconde  mue,  il  ne  lui  en  reste  plus  que  21  dans 
leurs  cocons.  Notre  honorable  délégué  annonce  qu'à  la  séance 
de  l'Académie  royale  d'agriculture  de  Turin  ,  du  30  juin , 
M.  le  professeur  Defilippi  a  présenté,  de  la  part  de  M.  Joseph 
Gavazzi,  négociant  à  Milan,  un  grand  écheveau  de  soie  de 
Ya-ma-maï  filée  par  lui.  Elle  est  très-belle,  élastique,  forte, 
brillante  comme  des  fils  d'argent. 

—  Des  accusés  de  réception  de  graines  de  Bombi/x  Cynthia 
sont  adressés  par  MM.  Lereboullet,  de  Strasbourg;  Kreuter, 
de  Vienne  ;  de  Sautuola,  de  Santander  ;  de  Morgan. 

—  Des  demandes  de  Vers  à  soie  de  l'Ailanle  et  d'Ya-ma-maï 
sont  adressées  par  MM.  le  docteur  Forgemol  et  Leblond. 

—  S.  Exe.  .M,  Drouyn  de  Lhuys  transmet  à  la  Société  une 
feuille  d'une  espèce  particulière  de  Vanille  qui  lui  a  été  en- 
voyée par  M.  de  Zeltner,  consul  de  France  à  Panama.  D'après 
le  docteur  Lebreton ,  cette  plante  ne  se  trouverait  que  dans 
l'isthme  et  serait  encore  inconnue.  M.  de  Zeltner  pense  qu'il 
serait  possible  de  transporter  ce  végétal  dans  les  terrains 
chauds  et  bas  de  nos  colonies,  où  son  introduction  pourrait 
être  avantageuse,  et  se  met  à  la  disposition  de  la  Société  pour 
le  cas  où  elle  croirait  devoir  donner  suite  à  cette  proposition. 

—  M.  Wallart,  commissaire  de  surveillance  de  la  ligne  de 
Vincennes,  olTro  à  M.  le  Président  six  exemplaires  de  la  plante 


hà!x       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

chinoise  qui  donne  une  espèce  de  rose  changeant  de  couleur 
trois  fois  par  jour,  dont  les  graines  ont  été  envoyées  par 
Mgr  Guillemin  et  cultivées  par  M.  Bertrand,  horticulteur  à 
Saint-Maur-les-Fossés.  Ces  plants  ont  été  remis  au  Jardin 
d'acclimatation. 

—  MM.  Bouzereau  et  Bellemain  écrivent,  à  la  date  du  30 
juin,  pour  annoncer  qu'ils  ont  organisé,  dans  l'avenue  de 
La-Motte-Piquet,  une  culture  de  16  ares  d'Oxalis  crenota 
pour  en  démontrer  les  procédés  et  les  avantages,  et  ils  invitent 
les  membres  de  la  Société  à  visiter  ce  petit  champ  d'expé- 
riences, en  s'adressantàM.  Bellemain,  à  l'hôtel  des  Invalides, 
3''  division. 

—  M.  Brierre  adresse  deux  nouvelles  lettres  avec  des  des- 
sins sur  ses  cultures  de  végétaux  exotiques. 

—  M.   le  docteur  Debeauvoys  fait  hommage  à  la  Société 
d'un  exemplaire  de  la  6"  édition  de  son  Guide  de  /'apicfilteur. 

—  M.  le  Président  dépose  sur  le  bureau  divers  journaux 
qui  se  trouvent  joints  à  la  correspondance,  savoir  : 

1°  Le  numéro  du  26  mai  du  Journal  du  eommcrce  de  la 
Réufiion,  renfermant  un  article  sur  les  travaux  de  notre 
comité  colonial  dans  celte  île  ;  2"  \aGazette  du  Midi  du  IZi  juil- 
let, et  le  Courrier  de  Marseille  du  15,  renfermant  des  notes 
sur  les  expériences  entreprises  par  la  Société  relativement  k  la 
pisciculture  marine  et  aux  fécondations  artiticielles  de  Pois- 
sons marins,  ainsi  que  la  cumposition  d'un  comité  spécial 
organisé  par  les  soins  de  M.  Lucy,  à  Marseille,  pour  des  études 
sur  la  reproduction  et  l'accUmatation  des  Éponges. 

Le  Secrétaire  des  séances, 

L.  SOUBEIRAN. 


Ilî.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPOHDAKGE. 


Envoi   d'un  Kèltrc   du   €ap  du  ISonne-E»|)crancc. 

Lettre  adressée  par  M.  Chabaud,  vice-consul  de  France  à  Port-Elisabeth, 
à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

■'  Port-ÉlisaI)elIi,  le  15  avril  1803. 

Moni^ieur, 

J'ai  le  plaisir  de  vous  annoncer  que  j'ai  ici  un  magnifique  Zèbre  (Burchcll)  du 
sexe  femelle,  mais  malheureusement  je  ne  puis  vous  l'expédier  encore,  n'ayant 
pas  (le  navire  en  iiartnnce.  Celui  qui  devait  le  prendre,  ta  Comtesse  de  Winton, 
ayant  fait  voile  plus  tôt  qu'il  ne  le  voulait. 

L'animal  est  magnifiquement  njarquo  ,  il  se  porte  bien  et  est  extrêmement 
docile.  J'espère  avoir  le  plaisir  de  le  faire  jtartir  cette  semaine  par  le  navire 
anglais  Gcjfrard,  capitaine  Hubert. 

Je  m'occupe  sérieusement  de  vous  procurer  un  Zèbre  màie,  afin  de  pouvoir  le 
marier  avec  la  femelle.  Quant  aux  autres  animaux  que  vous  désirez  avoir,  j'y 
apporterai  la  même  attention  et  le  même  soin. 

Je  viens  à  l'instant  de  me  procurer  deux  Lapins  de  roche  et  deux  Oies  des 
uioiitagues  de  ce  pa\s  {mountain  Geese),  que  je  vais  expédier  par  le  même  navire. 

Recevez,  etc.  Chabaud. 

Envol)   d'Anlinatix   vivants   du   ISrê!«iI. 

Extrait  d'une  lettre  adressée  par  M.  le  vicomte  de  Lémont,  consul  de 
France  à  Fernambouc,  à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'ac- 
climatation. 

Fernamljoiic,  le  20  mai  1863. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  je  viens  d'embarquer  sur  le  navire  la  Sphère, 
capitaine  Ribcs,  qui  part  aujourd'hui  même  pour  le  Havre  : 

1"  lin  Uruburé  (Vautour  royal)  ; 

2"  Un  Guaraz  (espèce  de  Flammant)  ; 

3"   Deux  Aracuhans  (Faisans  du  Brésil)  ; 

II"   Deux  Poules  mulu ,   du  genre  du  Coq  qui  faisait  partie  de  mon  dernier 
envoi  ; 

5°  Un  Poisson  électrique  (Torpille)  ; 

6°  Deux  Aras  (mâle  et  femelle). 

En  tout,  huit  animaux  que  j'ai  chargé  le  capitaine  Ribes  de  vous  faire  parvenir, 
dès  son  arrivée  au  Havre.  Quoique  certain  qu'il  aura  le  plus  grand  soin  de  ces 
animaux,  je  les  ai,  en  outre,  recommandés  à  un  passager  de  ta  Splière,  M.  Lau- 
monnier. 

En  ce  qui  concerne  les  deux  Aras,  je  ne  puis,  Monsieur  le  Président,  résister  à  la 
tentation  de  vous  signaler  ici  un  fait  auquel  l'un  d'eux,  la  femelle,  a  donné  nais- 
sance, et  qui  pourra  peut-être  vous  servir  pour  vos  divers  animaux  dans  une  cir- 
constance analogue,  et  dont  il  se  pourrait  qu'on  vînt  à  tirer  parti  dans  d'autres  cas. 

Pendant  environ  six  ou  sept  mois  que  ces  deux  Aras  sont  restrs  chez  moi,  la 
femelle  ,  qui  est  excessivement  douce  et  familière ,  était  compléteuient  libre  et 
me  suivait  partout.  Étant  seule,  un  jour,  et  ayant  trouvé  une  boîte  d'allumettes 
phosphoriques,  elle  en  mangea  toutes  les  capsules,  et  lorsque  je  rentrai,  je  la 
trouvai  dans   d'horribles  convulsions.  En  ayant  aussitôt  reconnu  la  cause,  je  la 


/l56       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCGLÎMATATION. 

regardais  comme  perdue,  lorsque  l'idée  me  vint  de  tenter  une  expérience  sur  elle. 
Je  lui  introduisis  de  force,  dans  le  bei; ,  une  cuilleiée  à  bouche  pleine  moitié 
d'eau  et  moitié  d'arnica.  Ce  remède  paraissant  la  calmer  un  peu,  je  le  recom- 
mençai trois  ou  quatre  heures  après,  et  le  mieux  semblant  augmenter,  je  lui  en 
administrai  une  troisième  dose  le  soir.  Le  lendemain,  le  mieux  était  sensible,  et  je 
continuai  le  même  régime,  en  y  joignant  des  frictions  d'arnica  pur  à  la  région  de 
l'estomac  et  de  l'abdomen.  Le  quatrième  jour,  celte  pauvre  bêle  venait  elle-même 
demander  son  remède,  que  je  lui  administrai  pendant  une  semaine,  en  diminuant 
progressivement  la  dose  d'arnica,  et,  après  ce  laps  de  temps,  elle  était  totalement 
guérie.  Depuis  elle  est  restée  plus  de  quatre  mois  chez  moi,  et  y  a  toujours  joui 
d'une  parfaite  santé. 

Veuillez  agréer,  etc.  Signé  V  E.  de  Lémont. 


Sur  les   Esseiiees  forestières  du  Canada. 

Extrait  d'une  lettre  adressée  par  M.  GAVhDnÈE-BoihhEAV,  consul  général 
de  France  au  Canada,  à  M.  le  Président  de  la  Société. 

Québec,  le  3  juin  1863. 
Monsieur  le  Président , 

Je  n'ai  pas  perdu  de  vue  la  commission  qui  m'a  été  confiée  dans  la  lettre 

du  2à  novembre  18G2.  Vi\  de  mes  amis,  qui  réside  dans  la  vallée  du  Saguenay, 
doit  chercher  à  me  procurer  des  graines  des  espèces  forestières  suivantes  : 

Betula  papyracea,  Acer  striatnm,  Larix  americana ,  Pinus  resinosa,  Abies 
Fraseri,  Abies  alba,  Abies  nigra. 

Ces  ditTérentes  espèces  qui  se  trouvaient  toutes  mentionnées  dans  la  lettre  de 
M.  le  Secrétaire  général  du  25  juin  18IJ2,  sont  pour  la  plupart  septentrionales  ; 
il  faut  malheureusement  aller  les  chercher  assez  loin  des  lieux  colonises,  et  c'est 
ce  qui  rend  la  récolte  des  semences  difiicile.  J'espère  toutefois  i>arvenir  à  me 
procurer  un  hectolitre  de  graines  de  chaque  essence.  Quant  aux  trois  variétés  de 
Chênes  indiquées  dans  la  lettre  que  je  viens  de  citer,  elles  ne  se  trouvent  au  con- 
traire qu'au  sud  de  l'Ottawa.  Une  seule,  Qiiercus  alba,  vaut  d'ailleurs,  suivant 
moi,  la  peine  d'être  acclimatée  en  PYance.  J'ai  lieu  de  présumer  qu'un  de  mes 
amis  du  haut  Canada  pourra  me  fournir,  cet  automne,  une  hectolitre  de  Chêne 
blanc  ;  je  lui  ai  demandé  d'y  joindre,  s'il  pouvait  l'obtenir,  une  certaine  quantité 
de  semence  de  Nuyer  dur  {Uickory  rough  bark.  —  Carya  alba). 

C'est  habituellement  à  la  Un  de  l'aulomue  que  les  expéditions  de  plantes  ou  de 
graines  s'etrecluent  du  Canada  en  Europe.  J'attendrai  cette  époque  pour  faire 
parvenir  à  la  Société  quelques  échantillons  de  Sarraccnia  pitrpureaetde  Sangut- 
naria  canadensis.  Ces  plantes  croissent  à  l'état  sauvage  aux  environs  de  Québec, 
mais  je  n'ai  pas  cru  qu'elles  pussent  supporter  le  transport  sans  passer  par  un 
état  intermédiaire.  11  m'a  paru  utile  d'en  faire  mettre  quelques  tiges  en  pots,  de 
les  soigner  iiendanl  l'été,  el  de  choisir  les  plus  vivaces  pour  les  acheminer  sur 
Paris. 

Puisqu'il  est  question  des  plantes  du  bas  Canada  ,  j'en  profiterai  pour  men- 
tionner une  ollVe  que  m'a  dernièieinent  adressée  M.  Sturton  ,  botaniste  étaMi 
dans  la  ville  où  je  réside.  }i\.  Sturton  a  réuni  une  collection  rom|)lète  de  plantes 
propres  aux  campagnes  qui  entourent  Québec  ;  il  désirerait  l'échanger  contre  un 
herbier  des  environs  de  Paris.  Si  quelqu'un  de  nos  confrères  acceptait  cette  pro- 
posilion,  je  me  chargerais  volontiers  de  le  l'aire  savoir  à  ^L  Sturton. 

5  juin.  — J'expédie  d(!muin  pour  Liverpool  ime  caisse  adressée  à  S. Exe. M.  le 
Ministre  des  affaires  étrangères,  et  qui  contient  un  paquet  destiné  au  Président  de 
la  Société  d'acclimatation.  Ce  paquet  renferme:  1"  la  Flore  canadienne,  pur 
M.  l'abbé  Provenclier  ;   2"   les   l'éclieries  du  Canada,  par  M.    Lemoine;  o"  le 


FAITS    DIVERS.  àÔJ 

Catalogue  (publié  ii  y  a  quelques  jours  seulement)  des  principales  essences  fores- 
tières du  Canada.,  avec  leurs  noms  eu  IVanr.ais,  en  ani^lnis  et  en  latin,  soigneuse- 
ment révisés. 

.l'espère  que  vous  voudrez  bien  me  permelire,  monsieur  le  Président,  d'offrir 
ces  deux  ouvrajçes  et  cette  liste  à  la  bibliothèque  de  la  Société  d'acclimatation. 
La  Flore  canadienne  est  le  premier  ouvrage  de  ce  genre  qui  ait  encore  paru,  ce 
qui  lui  donne  un  intérêt  spécial. 

Veuillez  agréer,  etc.  Signé  Gaulorée-Boilleai'. 


Don   de  graines   de   Bombyx    Cecropia. 

Lettre  ((dressée  par  M.  Guérin-Méneville  à  M.  le  Président  de  la  Société 

impériale  d'acclimatation. 

Joinville-lc-Pont,  le  ier  juillet  1803. 
Monsieur  le  Président, 

Lorsque  M.  Lefebvre,  de  New-York,  m'a  donné  huit  cocons  vivants  du  Bombyx 
Cecropia,  j'ai  annoncé  à  la  Société,  avec  l'assentiment  de  cet  honorable  confrère, 
que,  dans  le  cas  où  j'obtiendrais  des  œufs  de  cette  espèce,  j'en  offrirais  d'abord 
une  paitie  à  notre  Société. 

Depuis  cette  époque,  M.  l'Agent  général  m'a  remis  quatre  cocons  vivants  qui 
avaient  été  envoyés  de  l'Amérique  du  Nord,  cocons  joints  à  ceux  que  je  tenais  de 
M.  Lefebvre. 

Les  quatre  cocons  de  la  Société  sont  éclos  beaucoup  plus  tôt  que  les  miens,  et 
à  des  intervalles  si  éloignés,  que  je  n'ai  pas  pu  obtenir  de  fécondations. 

Il  en  a  été  ensuite  de  même  de  ceux  que  M.  Lefebvre  m'avait  donnés  ;  mais, 
pendant  mon  absence,  le  17  février  dernier,  une  dernière  femelle  est  éclose  le 
même  jour  qu'un  mâle  ;  la  fécondation  a  eu  lieu,  et  il  en  est  résulté  une  ponte  de 
2^  à  œufs. 

J'ai  l'honneur  d'offrir  ceni  de  ces  œufs  à  la  Société  pour  qu'elle  puisse  faire 
essayer  de  nouveau  l'acclimatation  de  cette  belle  espèce,  et  je  vais  tenter  l'élevage 
des  chenilles  qui  proviendront  des  l\à  œufs  qui  me  restent. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc.  Signé  Guérin-Méneville. 

Sur  le  Vanillier  «le   Panama. 

Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys  à  MM.  les  Membres 
du  Conseil  de  la  Société. 

r;ii-is,  le  6  juillet  1803. 
Messieurs  et  chers  Collègues, 

M.  de  Zollner,  consul  de  France  à  Panama,  m'adresse  une  feuille  et  quelques 
gousses  d'un  Vanillier  dont  il  a  pu  se  procurer  un  individu.  D'ajn-èsM.  le  docteur 
Lebreton,  qui  a  plusieurs  fois  parcouru  le  pays,  celte  plante  ne  se  trouverait  que 
dans  l'islhme,  et  serait,  dit-on,  inconnue  aux  botanistes.  La  tige  est  grêle,  à 
feuilles  rares,  très-longues,  alternantes  ,  striées,  et  d'un  vert  foncé  ;  la  hauteur 
dépasse  un  mètre;  la  racine  est  courte,  {^,rosse  et  peu  chevelue.  Chaque  pied 
porte  un  nombre  considérable  de  gousses,  réunies  en  paquets  de  trois  à  six. 

M.  de  Zellner  pense  qu'il  seiait  possible  de  transporter  ce  végétal  dans  les 
terrains  chauds  et  bas  de  nos  colonies,  où  son  introduction  pourrait  être  avanta- 
geuse. Il  se  met  à  la  disposition  de  la  Société  pour  le  cas  où  cette  suggestion  vous 
paraîtrait  susceptible  de  quelque  suite. 

J'ai  l'iionneur  de  vous  transmettre  ci-joint  les  échantillons  dont  il  s'agil,  et  je 
saisis  cette  occasion,  messieurs  et  chers  collègues,  pour  vous  renouveler  l'assu- 
rance de  mes  sentiments  distingués  et  dévoués. 

Signé  Drolyn  de  Lhuys. 


Zi58        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGTQUE   d'aCCLÎMATATIOK. 

Lettre  adressée  par  M.  Des  Nouhes  de  la  Cacaudière  o  M.  le  Président 
de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

La  Cacaudière,  le  24  mai  1863. 
Monsieur  le  Président, 

Je  vous  ai  écrit,  en  décembre  d8G2,  que  je  venais  de  commencer  la  féconda- 
tion artificielle  sur  des  Truites  nées  dans  mon  établissement  d'éclosions  en  janvier 
1860.  J'ajouterai  aujourd'hui  que  les  éclosions  ont  très-bien  réussi.  Je  conti- 
nuerai ainsi  chaque  année,  et  bientôt  je  produirai  non-seulement  assez  pour 
poursuivre  le  peuplement  de  la  Sèvre  Nantaise  et  de  ses  nombreux  affluents, 
mais  je  pourrai,  en  outre,  offrir  des  œufs  et  des  alevins  aux  personnes  qui  en 
désireront,  poursuivant  mon  œuvre,  toute  d'intérêt  içénéral. 

Les  Truites  qui  vivent  dans  nos  eaux  sont  saumonées  et  d'un  goût  exquis  ;  je 
n'en  dirai  pas  autant  des  Saumons  élevés  en  bassins  clos  :  j'en  ai  mangé  un 
récemment  ;  il  lui  était  arrivé  un  accident.  Né  en  18G0,  il  n'avait  qu'ime  longueur 
de  25  cenlimètres  ;  il  était  de  médiocre  qualité. 

Il  est  donc  acquis  pour  moi  que  ce  poisson  a  besoin  de  la  mer  pour  se  déve- 
lopper rapidement  et  conserver  sa  réputation  comme  mets  délicat. 

Il  y  a  plusieurs  années,  j'avais  placé  du  frai  de  Saumon  dans  la  Sèvre.  La 
saison  suivante,  on  pécha  quelques  Saumoneaux  environ  trois  lieues  en  aval. 

Je  viens  de  tenter  une  expérience  en  grand ,  je  vous  tiendrai  au  courant  du 
résultat. 

En  attendant,  je  crois  pouvoir  vous  annoncer  un  succès  inespéré.  Précédem- 
ment j'avais  fait  déposer  50  000  œufs  de  Fera  dans  la  Sèvre,  commune  de  la 
Pommcraye.  Maintenant  on  prend  dans  cette  rivière  un  poisson  inconnu  aux 
riverains  ;  sa  chair  est  terme  et  de  bonne  qualité  ;  enfin  il  ressemble  à  la  descrip- 
tion que  M.  de  Grammont  donne  de  la  Fera.  Si  les  membres  de  la  section  de 
pisciculture  désirent  un  de  ces  poissons,  je  pourrai  leur  en  envoyer  un  plus  ou 
moins  proniplenient,  car  je  suis  à  7  kilomètres  de  la  Sèvre,  et  en  outre  il  faut 
que  quelqu'un  de  ma  connaissance  ait  péché  ;  ou,  ce  qui  me  paraîtrait  préférable, 
que  le  conseil  engage  M.  Kené  Caillaud  ù  venir  visiter  ma  pisciculture  lors  de  son 
premier  voyage  en  Vendée,  je  serai  charmé  de  le  voir. 

J'avais  annoncé  à  la  Société,  en  décembre  18G2,  que  je  tenterais  l'acclimalalion 
du  Muge  dans  les  eaux  douces.    M.  Labbé  (de  Luçon)  a  eu  l'amabilité   de  m'en 
donner  environ  trois  cents  petits  et  gros.  Je  les  ai  eus  fin  avril.  Hélas  !  ils  n'ont 
pas  vécu  une  semaine. 
J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

Des  Nouhes  de  la  Cacaudière. 


IV.    CHRONiaUE. 


L'Acclimatation    en  Angleterre  en    1S63, 

Par  T.  C.  ViENNOT, 

Rédacteur  au  ministère  des  affaires  étrangères. 

La  Société  d'acclimataiion  pour  l'Angleterre,  l'Irlande  et  les  colonies 
britanniques  vient  de  publier  son  troisième  i;ai)port  annuel,  qui  témoigne 
de  la  faveur  croissante  que  cette  institution,  empruntée  à  la  1-Yance,  ren- 
contre chez  nos  voisins  d'outre-:ManrIie.  Au  bout  de  la  seconde  année,  elle 
n'avait  encore  que  2Z|  membres  à  vie  et  /i8  souscripteurs  ;  elle  possède 
aujourd'hui  Z|8des  premiers  et  139  des  seconds.  Deux  sociétés  affiliées  se 
sont  organisées,  sous  ses  auspices,  en  Ecosse  et  dans  l'île  de  Guernesey. 

Le  document  que  nous  analysons  contient  d'abord  le  menu  d'un  curieux 
dîner  donné,  le  VI  juillet  dernier,  par  la  Société,  qui  dut  à  l'obligeance  de 
plusieurs  commissaires  coloniaux  et  étrangers  de  l'Exposition  internationale 
de  Londres  de  pouvoir  ollrir  à  ses  convives  des  produits  gastronomiques 
jusqu'alors  peu  connus  sur  les  tables  européennes,  l'armi  les  mets  servis  à 
cette  occasion  figuraient  trois  potages  :  le  premier  aux  nids  d'Hirondelle 
1  Salangane)  de  Chine,  le  second  aux  Trépangs  illoloturics)  du  Japon,  le 
troisième  aux  nerfs  de  Daim.  Venaient  ensuite  un  ragoût  de  Kangurou 
d'AustraUe  cuil  à  l'étuvé;  un  plat  de  piment  des  Antilles  ;  une  Poulette  à  la 
siamoise,  du  riz  de  Veau  à  l'oseille  de  la  Dominique  ;  du  jambon  de  Kan- 
gurou,  du  Cochon  de  lait  de  Syrie;  des  Oies  du  Canada,  des  IIoccos  du 
Brésil,  des  Canards  à  longue  queue,  un  Dindon  de  Honduras,  des  Canards 
bronzés  d'Amérique,  des  Léporides,  et  un  Agneau  chinois,  rôti  entier,  et  qui 
fut  trouvé  d'un  goût  exquis,  de  même  qu'une  purée  d'Ignames  de  Chine 
[Dioscorea  bakitas,.  Le  tout  était  arrosé  de  vins  d'Australie,  dont  la  saveur 
mérita  des  éloges  et  ajouta  à  l'impiévu  du  banquet. 

Le  climat  luunide  et  froid  des  îles  Britanniques  rend  souvent  chanceuses 
les  expériences  tentées  sur  des  espèces  tropicales,  accoutumées  à  vivre  sur 
un  sol  aride  et  sous  un  ciel  ardent,  et  qui,  au  besoin,  s'accommoderaient 
mieux  des  hivers  et  des  étés  plus  secs  du  continent  européen.  Mais  la 
constance  proverbiale  des  Anglais  ne  se  décourage  pas  de  ces  échecs  multi- 
pliés, et  regarde  comme  plus  concluante  une  seule  réussite.  Le  nombre  des 
cas  de  cette  dernière  nature  semble  d'ailleurs  suffire  déjà  pour  confirmer  les 
espérances  exprimées  dans  le  travail  que  nous  allons  résumer. 

La  Société  a  eu  la  satisfaction  d'obtenir  deux  médailles  de  bronze  pour  les 
quatre  lots  de  Moutons  chinois  présentés  par  elle  lors  de  l'exposition  faite 
a  Battersea  Park(Londresj,  en  juin  1862,  sous  les  auspices  de  la  Société  royale 
d'agriculture,  l-lus  tard  [i),  son  trésorier,  M.  John  Bush,  recevait  de  la 
Société  d'acclimatation  de  France  une  médaille  d'argent  de  première  classe, 
pour  les  soins  qu'il  avait  donnés  au  même  troupeau,  qui  compte  actuelle- 
ment quarante- trois  individus  pur  sang.  Plusieurs  membres  ont  essayé  de 

(1)  A  la  séance  publique  du  iO  février  1863.  (Voyez  le  Bulletin.) 


/|(iO       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

croiser  celte  race  avec  des  races  indigènes,  et  ont  pu  constater  qu'elle  con- 
serverait sa  fécondit(5  dans  les  cas  les  plus  oppos(5s,  comme  si  ce  caractère 
n'était  pas  moins  inhérent  au  mâle  qu'à  la  femelle.  C'est  ainsi  que  des  Brebis 
anglaises,  accouplées  avec  des  Béliers  chinois,  ont  mis  bas  généralement 
deux  agneaux,  parfois  trois,  et  plus  rarement  quatre  en  une  seule  portée. 

La  Société  d'acclimatation  de  Paris  a,  dans  la  même  séance,  décerné  une 
médaille  de  bronze  à  un  autre  membre  de  la  Société  anglaise,  lord  Powers- 
court,  pour  ses  tentatives  de  domestication  des  Cerfs  et  Daims  étrangers. 
Parmi  les  animaux  qu'il  a  fait  mettre  en  liberté  dans  son  parc  d'Irlande,  les 
Antilopes,  telles  que  le  Canna,  le  Nilgaut  et  autres  d'origine  africaine,  n'ont 
pu  supporter  un  climat  sous  lequel  il  pleut  quatre  jours  par  semaine  ;  les 
Cerfs  wapiti  et  japonais  résistent  mieux.  Les  Mouflons  de  Sardaigne  pros- 
pèrent également  bien. 

M.  Grantley  Berqueley,  vice-président  de  la  Société  comme  lord  Povvers- 
court,  annonce  qu'il  a  réussi  dans  ses  essais  d'acclimatation  du  Tétras  des 
prairies  d'Amérique  [prairie  Grouse).  Ces  oiseaux  font  leur  nid,  pondent 
des  œufs  et  couvent  fort  bien  à  l'état  de  captivité.  Il  suflit  de  les  lâcher 
ensuite  dans  un  jardin,  où  les  adultes  se  nourrissent  principalement  de 
gazon  et  des  bourgeons  des  plantes  au  printemps.  Les  petits  aiment  beaucoup 
les  fourmis,  les  reufs  de  fourmis,  les  larves  de  mouches  et  les  vers  rouges. 
La  Caille  de  Virginie  j)romet  aussi  un  gibier  excellent.  E)e  même  que 
pour  le  Tétras,  il  est  préférable  de  faire  couver  les  œufs  dans  une  volière 
et  de  laisser  grandir  les  jeunes  dans  l'endroit  destiné  à  leur  habitation,  au 
lieu  de  les  y  transporter  après  coup.  M.  Berkeley  n'a  pas  été  moins  heureux 
avec  un  couple  d'Oies  du  Brésil.  Quoique  originaire  des  régions  les  plus 
chaudes  de  cet  empire,  cette  mignonne  espèce  au  plumage  marbré  de  noir 
et  de  brun,  au  cri  harmonieux,  a  parfaitement  afl"ronlé  l'hiver  anglais,  et 
s'est  tout  à  fait  apprivoisée.  On  lui  donne  à  manger  du  riz  bouilli,  très-légère- 
ment assaisonné  de  poivre,  du  niais  jaune,  quelques  grains  d'orge,  et  très- 
peu  de  pain.  Elle  se  plaît  à  barboter  dans  une  eau  bourbeuse,  peu  profonde, 
et  à  y  chercher  des  insectes. 

Le  lac  du  parc  de  West  Wycombe  est  orné  d'autres  oiseaux  aquatiques  qui 
sont  de  conquête  récente.  C'est  d'abord  le  Canard  à  longue  queue  {pintnil 
Duck],  hybride  du  mâle  d'une  espèce  sauvage  {ivild  pintail  Mallard)  et  de 
la  Cane  domestique,  fortifié  par  de  nouveaux  croisements  avec  le  premier, 
jusqu'à  ce  que  tous  les  trails  de  ressend)lance  avec  la  mère  aient  disparu. 
Celte  l)elle  race  paraît  être  désormais  fixée.  On  voit  sur  la  même  pièce  d'eau 
des  Canards  bronzés  (dnskij  Dncksi  de  l'Amérique  du  Nord,  et  de  magnifiques 
métis  de  cette  espèce  et  du  Pintail.  De  son  côté,  M.  Berkeley  a  pu  croiser  le 
Pintail  mâle  avec  la  Cane  de  Moscovie,  ainsi  que  le  canard  de  Aloscovie  avec 
la  Cane  d'Aylesbury,  et  il  assure  en  avoir  obtenu  des  sujets  remarquables  par 
leur  grosseur  et  leur  fécondité.  H  possède  aussi  des  Canards  des  bois  (wood 
Ducfc.*;)  provenant  d'Amérique,  et  le  Canard  de  Bahama ,  espèce  très-petite 
qu'il  a  accou|)lée  avec  une  autre  de  même  dimension,  le  Call-duck  blanc. 


CHRONIQUE.  Z|61 

M.  Bush  a  ou  une  couvde  de  Dindons  de  Honduras,  mais  le  froid  cl  l'iiunii- 
dité  ont  fait  périrles petits,  éclostrop  tardivement.  11  élèvedes  Poulesdu  Japon, 
qui  ont  bien  pass(!  l'hiver  dans  sa  volière  et  pondent  en  ce  moment  ;  les  (Pufs 
sont  plus  arrondis  et  d'une  teinte  plus  foncée  que  ceux  de  l'espèce  dite 
Cochinchi  nuise. 

Une  paire  de  Talégalles,  ou  Dindons  d'Australie,  ont  péri  à  bord  du  navire 
qui  les  apportait  ;  mais  la  Société  attend  de  nombreux  envois  de  Pigeons  du 
même  pays,  l-llle  a  r(  eu  également  de  l'Amérique  centrale  des  Agamis,  que 
Ton  se  flatte  d'acclimater  aisément  en  Angleterre. 

Parmi  les  poissons,  le  Conseil  espère  importer  le  Lucioperca  d'Allemagne, 
la  Merluche  [Cod)  du  fleuve  Murray  en  Australie,  et  le  Mulet  de  montagne 
[mountain  Mullet)  des  cours  d'eau  de  la  .lamaïque.  M.  Bucklaïul,  qui  s'est 
mis  en  rapport  avec  M.  Coumes,  a  reçu  de  l'établissement  d'iluningue  quan- 
tité d'œul's  qui  lui  ont  servi  à  faire  de  nombreuses  expériences  sui-  les  pro- 
cédés de  la  fécondation  artihcielle  appliqués  au  Saumon,  tant  de  nos  rivières 
que  du  Danube,  à  l'Ombre  ordinaire  et  à  l'Ombre-chevalier  à  la  Truite,  à  la 
l'ercbe,  etc.  Ces  expériences  ont  été  suivies  avec  intérêt .  M.  Buckland  a 
reconnu  que  des  œufs  de  Saumon,  gardés  dans  la  glace,  pouvaient  conserver 
leur  vitalité  au  delà  de  trois  mois. 

M.  Buckland  a  signalé,  dans  les  termes  les  plus  flatteurs,  les  essais 
d'éducation  des  Vers  à  soie  de  l'Allante,  continués  depuis  deux  ans  parlady 
Dorothy  Nevill. 

L'Igname  de  Chine  soulève  toujours  certaines  diflicultés,  en  raison  de  la 
tendance  de  ses  tubercules  à  s'enfoncer  à  de  grandes  profondeurs.  Pour  en 
faciliter  l'extraction,  M.  Carré,  bailly  deCiuernesey,  a  imaginé  de  les  planter 
en  billons  ;  ce  moyen  rachète  ce  qu'il  a  de  dispendieux,  en  ce  qu'il  épar"nc 
des  frais  de  fumure,  et  l'on  peut  semer  du  Céleri  ou  des  Poireaux  dans  les 
tranchées  intermédiaires. 

L'Arum  du  Brésil  a  traversé  l'hiver,  à  la  condition  que  son  feuillage  soit 
abrité  contre  le  vent  ;  il  réussit  mieux  au  pied  de  certains  arbres.  Ce  végétal 
fournit  la  fécule  délicate  connue  sous  le  nom  d'arroio-root.  On  l'extrait 
comme  celle  de  la  Pomme  de  terre,  en  ayant  soin  d'éliminer  le  jus  àcrc  qui 
sort  lorsqu'on  râpe  la  racine  de  cette  Aroïdée. 

M.  lligford  l)Urr  se  propose  de  convertir  en  pâturages  les  terres  inculti- 
vables du  Royaume-Liii  au  moyen  d'une  l'étuque  de  l'Amérique  du  i\ord 
appelée  Bunch-grass,  parce  qu'elle  couvre  de  ses  touffes  savoureuses  se 
conservant  sous  la  neige,  les  collines  pierreuses  et  les  plaines  de  sable  qui 
s'étendent  des  bords  de  la  rivière  Plate  au  pied  de  la  Sierra  Nevada,  et  qui 
sans  elle,  seraient  inabordables  aux  bestiaux.  Cette  plante  croit  sous  le 
Zi2^'  degré  de  latitude,  à  des  hauteurs  de  4000  et  de  5000  pieds,  et  tout  fait 
présumer  qu'elle  rendrait  en  Europe  les  mêmes  services  que  dans  les  steppes 
de  l'Utah  et  du  lac  Salé. 

En  sonnne,  l'acclimatation  fait  en  Angleterre  des  progrès  sensibles  et  bien 
propres  à  stimuler  les  cU'orts  des  pays  plus  favorisés  sous  le  rapport 
atmosphérique.  


V.  BULLETIN  MENSUEL  DU  JARDIN  D'ACCLIMATATION. 


Juin  est  le  mois  des  longs  jours.  Sous  l'influpiice  de  la  lumière  et  de  la 
chaleur  solaire,  la  vie  est  activée.  Tout  arrive  à  maturitt'-.  Les  œufs  éclosent, 
les  fleurs  passent  fruits,  et  ces  premiers  fruits  sont  aussi  beaux  que  les 
fleurs.  Le  Jardin  a  ollert  pendant  ce  mois  l'aspect  d'une  mosaïque  animée. 

I.  Ponte.  —  2078  œufs,  dont  72  de  Colins  de  la  Californie,  82  Canards 
divers,  15  Faisans  divers,  2  I^opliophores.  La  mue  des  Poules  connnence  sur 
les  F'oules  indigènes  Crèvecœur  et  Fléchoises.  Voici  quelle  est  leur  nourri- 
ture pendant  cette  période  :  5  centilitres  sarrasin,  2  avoine,  5  blé,  S  orge; 
en  tout,  20  centilitres  de  grain  (valeur  environ  3  centimes).  Après  les  Poules 
de  race  asiatique,  les  Dorkings  sont  celles  qui  sont  le  plus  enclines  à  couver. 

La  vente  des  œufs  s'élevait,  fin  juin,  à  10  880  francs. 

U.  Naissances.  —  1  Lama  mâle,  1  Kangurou  Bennett,  1  Mouflon,  1  Yak 
blanc,  1  Guanaco,  1  Yak  métis,  17  Chiens. 

m.  Mortalité.  —  1  Zébu  nain,  1  Kangurou,  1  Porc-épic,  1  Mouflon  à 
manchettes,  1  Cerf  Aristote,  2i  Chiens. 

A  la  suite  de  l'exposition  des  Chiens,  un  certain  nombre  de  ces  animaux 
avaient  été  laissés  au  Jardin  pour  être  vendus.  Les  mauvais  efléts  de  l'en- 
combrement n'ont  pas  tardé  à  se  faire  sentir.  Une  maladie,  caractérisée  par 
M.  Leblanc  de  petite  vérole  des  Chiens,  a  sévi  surtout  parmi  les  jeunes.  On 
ne  saurait  calculer  jusqu'où  peuvent  aller  les  mauvais  elTets  de  l'encombre- 
nienl  sur  les  espaces  animales.  .Sans  contredit,  ces  mauvais  efléts  doivent 
être  en  première  ligne,  parmi  les  causes  de  la  grande  mortalité  que  nous 
éprouvons. 

6  Coqs,  12  Poules  diverses,  22  Oiseaux  de  volière,  dont  5  Colins,  6  Co- 
lombes, 3  Faisans;  1  jeune  Casoar  s'est  cassé  la  patte,  sans  qu'on  puisse 
savoir  comment;  11  Oiseaux  de  rivière,  toujours  parmi  les  indigènes, 
Canards  sauvages,  Millouins,  Tadornes,  Sarcelles,  etc. 

Dans  cette  mortalité,  tant  des  Oiseaux  que  des  Mammifères,  les  accidents 
sont  cause  d'un  tiers  des  moiLs.  Pour  élever  les  animaux  dans  l'état  de 
demi-liberté  où  les  tient  le  Jardin,  il  faudrait  une  enceinte  plus  considé- 
rable que  celle  des  limites  actuelles  ? 

IV.  Rucher.  —  Sous  la  conduite  de  M,  Ilamet,  professeur  d'apiculture,  le 
rucher  est  constamment  en  exercice  ouvert  aux  observations  des  amateurs. 
Depuis  deux  ans  on  y  essaye  l'acclimatation  de  l'Abeille  des  Alpes,  dite  Abeille 
liqurienne,  dont  il  a  été  souvent  question  dans  les  Bulletins  de  la  Société. 

Cette  Abeille  paraît  plus  active  et  aussi  plus  pillarde  que  l'Abeille  com- 
mune ;  elle  est  d'un  caractère  plus  décidé,  plus  entreprenant  que  l'Abeille 
noire  ;  elle  est  aussi  plus  vigilante  :  elle  garde  mieux  sa  porte  contre  les 
ennemis  du  dehors,  elle  déf 'ud  et  protège  mieux  ses  édifices  et  ses  nourris- 
sons contre  les  ennemis  du  dedans,  c'est-à-dire  la  fausse  teigne.  Si  l'on 
place  à  une  certaine  disiance  une  matière  sucrée,  l'Abeille  alpine  l'a  plus 
vite  découverte  que  notre  Abeille  indigène,  ce  qui  fait  croire  qu'elle  a  l'odorat 
plus  développé. 


BULLETIN    MENSUEL    DU   JARDIN   d' ACCLIMATATION.  A63 

Six  colonies  qui  étaient  au  rucher  au  commencement  d'avril  ont  donné 
dix  essaims  naturels.—  L'Abeille  alpine  s'est  facilement  acclimatée  ici.  Néan- 
moins plusieurs  colonies  ont  été  atteintes,  l'année  dernière  et  cette  année  de 
l'affeclion  dangereuse  connue  sous  le  nom  de  loque.  Tout  fait  penser  que  la 
cause  de  cette  affection  est  due  au  changement  de  climat,  et  qu'elle  n'exis- 
tera plus  avec  une  acclimatation  plus  complète.  —  La  proximité  de  ruchers 
peuplés  d'Abeilles  de  l'espèce  indigène  a  occasionné  des  mariages  qui  ont 
produit  une  Abeille  mélisse;  celle-ci  paraît  encore  plus  active  que  l'Abeille 
alpine,  ou  du  moins  telle  elle  s'est  présentée  au  Jardin  d'acclimatation. 

V.  Do7is.—  Le  Jardin  a  reçu  de  M.  le  vicomte  de  Lémont,  consul  de  France  à 
Fernambouc  :  o  Pénélopes  marails,  2  Pénélopes  silTlcurs,  J  Hocco  à  barbil- 
lons, 1  l'auxi;  de  M.  X...,  des  Tourterelles;  de  M.  Perrichon,  1  Passereau 
d'Australie  ;  de  M.  Mueller  de  Melbourne,  2  Cereopsis  et  2  Tortues  à  long  cou  ; 
de  M.  Chabaud,  vice-consul  de  France  à  Port-Élisabeth,  1  Antilope  blessbock.' 
Cet  animal,  qui  n'a  jamais  été  vu  vivant  en  France,  est  de  la  grosseur  d'un 
fort  Chevreuil.  Ses  cornes  sont  moins  écartées  par  en  haut,  fortes,  rejetées  un 
peu  en  arrière  et  annelées  de  dix  anneaux.  Sa  robe  est  fauve  foncé  sur  le 
dos,  blanche  sous  le  ventre  ;  sa  taille  a  l'élégance  et  ses  jambes  la  finesse 
particulières  aux  Antilopes.  11  est  arrivé  maigre,  presque  aveugle,  mais  il  a 
bien  repris  depuis  qu'il  est  dans  nos  parcs, 

yi.—  VAqiiariinn  a  reçu  pendant  le  mois  U9  poissons.  Mollusques  et 
Zoophyles,  envoyés  par  MM.  Ledentu  (de  Cherbourg)  et  Saillet  (de  Bayeux), 
pour  renouveler  les  espèces  qui  y  sont  habituellement.  Il  y  avait  quelques 
nouvelles  variétés  de  Labres  et  un  indi\idu  de  la  famille  des  Gades,  que  nous 
n'avions  pas  encore  reçu. 

On  voit  en  ce  moment  dans  un  bac  rempli  de  vase  des  Lépidosirènes 
rapportés  de  la  Gambie  et  renfermés  dans  une  masse  argileuse  solide,  coinme 
dans  une  sorte  de  gangue.  Ces  curieux  animaux,  considérés  comme  des 
fossiles  vivants,  marquent  la  transition  des  Poissons  aux  Ileptiles  :  l'un  d'eux 
au  bout  (le  dix  jours,  est  sorti  de  sa  gangue,  mais  pour  y  rentrer  vingt- 
quatre  heures  après.  Ils  font  entendre  un  coassement  qui  se  rapproche  de 
celui  de  la  Grenouille,  surtout  lorsqu'on  les  touche. 

VII.  Magnanerie.  —  L'éducation  des  Vers  à  soie  du  Mûrier,  commencée 
dans  les  derniers  jours  de  mai,  a  parfaitement  marché.  Différentes  races 
françaises  et  étrangères  ont  élé  expérimentées.  Parmi  les  races  françaises, 
nous  mentionnerons  celle  de  Brioude  (Haute-Loire),  donnée  parfti.  Bouret 
d'Auzon;  celle  de  la  Tour  de  France  (Pyrénées-Orientales),  donnée  par 
M.  Trilha,  et  celle  de  Bourg-Argental  (Loire),  provenant  de  l'éducation  faite 
au  Jardin  en  1SG2,  et  croisée  avec  celle  des  Cévennes;  parmi  les  races 
étrangères,  celle  de  Moldavie,  donnée  par  M.  Wattecamps  (de  Paris)  et 
Caillas  (de  Passy),  et  celle  de  Chine,  arrivée  dernièrement  en  France  par  les 
soins  de  la  Société  impériale  d'acclimatation.  Ces  éducations  promettent  les 
meilleurs  résultats.  Aucun  symptôme  de  pébrincn'a  été  aperçu;  on  a  seule- 
ment constaté  quelques  cas  de  jaunisse  et  de  morts  flats,  très-peu  nombreux. 
Élevés  sans  feu,  par  la  méthode  de  l'éducation  lente  à  température  natu- 


A64        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

relie   suivie  depuis  trois  ans  par  M.  Pinçon,  cliargé  de  la  magnanerie,  ces 

Vers  se  sont  constamment  montrés  sains  et  vigoureux. 

Les  Vers  de  TAilantc  et  du  liicin  sont  à  leur  deuxième  (klucation. 

Une  éducation  en  plein  air  des  Vers  de  PAilante  va  être  sous  peu  com- 
mencée dans  la  planlation  attenante  à  la  magnanerie. 

Les  Vers  du  Chêne  du  Japon  {Bombyx  Ya-ma-maï)  sont  dans  le  plus  bel 
étal  de  prospérité  ;  leur  éducation  a  marché  très-réguliérement.  Soixante- 
dix  sept  cocons  ont  été  obtenus.  Il  a  été  disposé  dans  la  magnanerie  une 
chambre  d'éclosion  pour  y  réunir  les  cocons  recueillis  sur  divers  points  de 
la  France,  et  obtenir  la  production  de  la  graine  de  celte  précieuse  espèce. 

VIII.  Conférencefi.  —  Les  conférences  qui  ont  lieu  pendant  Tété,  tous  les 
jeudis,  sont  commencées.  Les  premières,  en  raison  de  la  saison,  ont  été 
faites  par  IVl.  Hamet  sur  les  mœurs  des  Abeilles,  la  préparation  des  ruches 
et  l'essaimage  artificiel. 

IX.  Jardin.  —  La  température  a  été  en  moyenne  de  -f- 12"  à  six  heures 
du  matin,  et  de  -f  'iO"  après  midi.  Les  extrêmes  ont  été  de  +  7"  et  de  -f  28". 

V Agave  atrovirens  continue  à  végéter  rapidement  ;  sa  hampe  a  atteint 
S"  Zj6de  hauteur;  rinflorescence  se  manifeste  et  promet  d'être  considérable. 
11  Y  a  donc  lieu  d'espérer  une  floraison  parfaite,  et  probablement  une  fructi- 
fication qui  sera  d'autant  plus  intéressante  que  c'est  la  première  fois  que  le 
fait  se  sera  produit  en  France. 

Le  Musa  ensete,  oflert  par  M.  de  Belleymo,  est  complètement  rétabli  et 
cou'ribuera  l'année  prochaine  à  l'ornementation  du  Jardin  d'hiver. 

Le  Jardin  d'expériences  continuera  à  nous  fournir  des  observations  inté- 
ressantes. L'Igname  de  la  Chine,  obtenue  de  graine  par  M.  Boisnard-C.rand- 
maison,  dans  la  Manche,  va  très-bien.  Le  Loza  {Hhamnus  utilis),  qui  avait 
donné  quelques  graines  l'année  dernière,  en  a  cette  année  une  grande  quan- 
tité 11  n'en  est  pas  de  même  pour  les  Eucalyptus  :  toutes  les  variétés  plan- 
tées l'année  dernière  ont  péri,  à  l'exception  d'une,  Y  Eucalyptus  odorata,  qui 
a  donné  quelques  repousses  au  pied  ce  printemps,  et  qui  a  péri  ensuite. 

Le  Jardin  a  reçu  : 

10  De  M.  Drouyn  de  Lhuys,  six  pieds  d'un  nouveau  gazon  anglais. 
2«  Des  Orchidées,  Fougères  et  Euphorbiacées. 

30  Des  graines  de  Mais  prises  dans  les  sépultures  de  Santa-llosa  (Pérou), 
et  avant  au  moins  trois  siècles  d'existence. 

De  M   Guérin-Ménevilie,  quinze  espèces  de  graines  du  Brésil. 
De  M   Fraigniau  père,  des  graines  d'Indigotier  sauvage. 
De  M.  Mueller,  une  nombreuse  collection  de  graines  d'Australie. 
Le  Jardin  a  eu  22  825  visiteurs. 

Le  Direcleur  du  Jardin  d'acclimatation, 
RUFZ   DE   LaVISON. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SUR  LA 

FABRICATION  Dl]  FROiMAGE  DE  HOLLANDE 

PROPRE  AUX  APPROVISIONNEMENTS  DE  LA  MARINE. 

LETTRE     ADRESSÉE    A    M.    DROUVN    DE    LHUYS, 
l'résijcnt  de  la  Société  impériale  d'acclimalalion, 

Par    M.    RICSSARD    (du   Cantal), 

Vice-PrésiJent  de  la  Société. 


(Séance  du  2G  juin  18G3.) 


Monsieur  le  Président, 

Plus  on  étudie  la  question  de  l'exploitalion  du  sol  dans 
son  ensemble  comme  dans  ses  détails,  plus  on  est  convaincu 
de  la  nécessité  de  répandre  l'instruction  professionnelle  du 
cultivateur  basée  sur  les  éléments  de  la  science  pratique  de 
la  nature.  Cette  science  seule  a  provoqué  les  progrès  sérieux 
observés  dans  cbaque  brancbe  de  notre  économie  rurale. 
Sans  son  intervention,  ils  n'auraient  jamais  été  obtenus. 

Dans  une  précédente  lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
adresser,  j'ai  cherché  à  faire  ressortir  cette  vérité  par  un 
rapide  coup  d'œil  jeté  sur  l'histoire  de  notre  production 
végétale,  depuis  la  fin  du  dernier  siècle  surtout.  Quels  pro- 
grès, en  effet,  n'a  pas  provoqués  la  science  des  végétaux  dans 
la  culture  de  nos  plantes  alimentaires,  médicinales,  indus- 
trielles ou  d'ornement?  Il  a  été  facile  de  prouver  que  si  notre 
production  animale  est  encore  si  arriérée,  comparativement 
à  notre  production  végétale,  la  cause  en  est  due  principa- 
lement au  défaut  d'intervention  de  la  zoologie  appliquée 
à  l'élevage  des  animaux  domestiques,  à  leur  amélioration  el 
à  leur  multiplication. 

Permettez-moi,  monsieur  le  président,  de  vous  citer  un 
nouvel  exemple  à  l'appui  des  opinions  que  cherche  à  propager 
notre  Société  pour  répandre  la  lumière  sur  toutes  les  opéra- 
T,  X.  —  Août  isg;-;.  30 


hQQ       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

lions  de  l'industrie  agricole.  La  question  dont  je  vais  vous 
entretenir  intéresse  spécialement  les  montagnes  du  Cantal. 
C'est  d'ailleurs  à  la  ferme  de  Souliard,  où  j'avais  été  chargé 
par  noire  Société  d'étudier  l'acclimatalion  et  les  aptitudes  des 
Chèvres  d'Angora,  des  Yaks  et  de  leurs  métis,  que  j'ai  fait 
l'expérience  dont  je  vais  vous  parler. 

L'élevage  du  bétail  et  le  produit  des  fromageries  établies 
dans  les  nombreuses  vacheries  du  Cantal  forment  toute  la 
richesse  de  ce  pays.  Il  n'a  pas  d'autre  industrie  ;  son  espèce 
bovine,  notamment,  est  nombreuse  ;  elle  est  recherchée,  pour 
le  travail  surtout,  par  les  cultivateurs  des  pays  qui  labourent 
avec  des  bœufs.  Ces  animaux  sont,  comme  tous  ceux  des  mon- 
tagnes en  général,  sobres,  rustiques,  d'une  force  musculaire 
relativement  considérable  et  d'une  santé  robuste.   Ils  sont 
excellents  animaux  de  labour  et  de  charroi.  De  nombreuses 
vacheries  couvrent,  durant  l'été,  les  montagnes  d'Auvergne 
dont  les  plantes  substantielles  et  toniques  forment  d'excel- 
lents pâturages;  le  lait  de  ces  vacheries  est  employé,  de 
temps  immémorial,  à  fabriquer  un  gros  fromage  de  médiocre 
qualité,  connu  sous  le  nom  de  foifrme,  ou  fromage  du  Cantal. 
Ce  fromage  est  surtout  consommé  dans  le  midi  de  la  France. 
Suivant  l'opinion  généralement  admise,  les  montagnes  de  la 
haute  Auvergne  entretiennent  environ  quatre -vingt  à  cent 
mille  Vaches  de  race  Aubrac  ou  Salers,  mais  celle-ci  est 
la  plus  nombreuse.  Dans  les  vacheries  qu'elles   forment, 
on  fabrique  de  3  à  û  millions  de  kilogrammes  de  fromage 
qu'on  estime,  en  moyenne,  80  centimes  au  plus  le  kilo- 
gramme ;  c'est  donc  une  somme  d'environ  3  millions  que 
produit  la   fabrication   fromagére    du  Cantal.    Dans   l'état 
actuel  de  son  exploitation ,  ce  prix  de  80  centimes  le  kilo- 
oramme  est  minime  relativement  à  celui  d'autres  espèces 
de  fromages  plus  estimés  :   cela  tient,  d'une  part,  au  peu 
d'étendue  de  son  débouché  à  peu  près  borné  au  midi  de  la 
France;  d'autre  part,  on  ne  peut  le  conserver  au  delà  de  six 
à  huit  mois.  Après  ce  temps,  il  rancit,  il  se  décompose  même, 
et  il  faut  s'empresser  de  le  vendre  à  tout  prix,  si  l'on  ne  veut 
pas  le  perdre  entièrement.  C'est  là  ce  qui  explique  les  varia- 


FABRICATION    DU    FROMAGE   DE   HOLLANDE.  ^[67 

lions  de  son  taux,  qui,  de  50  francs  les  50  Idlogrammes, 
descend  brusquement  à  25  francs  quelquefois,  et  même 
plus  bas;  du  reste,  la  qualité  de  ce  fromage  ne  lui  permet 
guère  d'être  exporté  au  loin,  surtout  par  une  température 
élevée. 

Depuis  bien  longtemps  l'administration  et  quelques  pro- 
priétaires ont  cherché  à  modifier  la  fabrication  du  fromage 
du   Cantal.    Dès   ITîH  ,   le    gouvernement   essaya  d'intro- 
duire dans  ce  pays  le  mode  de  fabrication  de  fromage  de 
Hollande,  pâte  dure,  propre  aux  approvisionnements  de  la 
marine.  Ce  fromage  a  l'avantage  de  pouvoir  être  conservé 
longtemps  et  exporté  dans  toutes  les  contrées  du  globe.  Ces 
essais   furent  infructueux,  parce  (\ue  ceux  qui  en  furent 
chargés  manquèrent  sans  doute  du  savoir  spécial  qui  aurait 
fait  atteindre  le  but  proposé.  L'administration  avait  pris  l'ini- 
tiative pour  faire  ces  expériences;  on  avait  offert  à  ceux  qui 
voudraient  s'y  livrer  des  avantages  de  toute  sorte,  tels  que 
l'exemption  de  l'impôt,  le  remboursement  des  frais  d'instal- 
lation, etc.;  mais,  pour  réussir,  il  manquait  à  cette  époque 
l'élément  indispensable,  la  lumière  sans  laquelle  tout  progrès 
devient  bien  difficile,  sinon  impossible.  Les  dépenses  de  l'ad- 
ministration, celles  des  propriétaires  qui  voulurent  répondre 
à  ses  désirs,  furent  inutiles ,  et  l'on  renonça  à  la  nouvelle 
fabrication  (|u'on  aurait  voulu  adopter. 

De  1737  à  17ZiO,  de  nouvelles  expériences  furent  faites  à 
la  suite  des  premières ,  pour  fabriquer  du  fromage  façon 
Gruyère  ;  elles  ne  furent  qu'une  nouvelle  déception.  On  en 
conclut  qu'il  valait  mieux  suivre  la  marche  de  la  routine 
locale;  toute  vicieuse  qu'elle  était,  elle  fut  jugée  la  meilleure, 
et  l'on  n'en  parla  plus. Quatre-vingts  ans  plus  tard,  vers  1820, 
de  nouveaux  essais  de  fabrication  de  fromage  de  Gruyère 
furent  faits,  et  le  conseil  général  du  département  chercha  à 
les  encourager,  mais  ils  furent  aussi  infructueux  que  les  pre- 
miers, et  tout  espoir  d'un  progrès  désiré  fut  ajourné,  sinon 
perdu. 

Cet  ajournement  ou  cette  négation  du  progrès  ne  rappellent- 
ils  pas,  monsieur  le  président,  deux  faits  importants  dans  l'in- 


/l68      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMÂTATION. 

lervcntion  de  la  science  pour  provoquer  les  prot^rès  de  notre 
agriculture.  Un  de  ces  faits  se  rattache  à  l'acclimatation  de 
l'un  des  végétaux  les  plus  précieux  pour  nos  subsistances,  et 
l'autre  à  celle  de  l'un  des  animaux  dont  la  multiplication  en 
France  a  rendu  le  plus  de  services  à  l'agriculture  et  à  l'in- 
dustrie manufacturière.  Je  veux  parler  de  la  Parmentière  (1), 
adoptée  enfin  par  l'agriculture,  après  des  efforts  inouis  faits 
par  son  immortel  propagateur,  et  du  Mérinos,  que  la  France 
doit  à  Daubenton.  Aussi  notre  Société  s'est-elle  empressée, 
d'après  le  rapport  que  vous  lui  avez  fait  à  la  séance  du  3  mai 
186 1 ,  de  prendre  l'initiative  pour  élever  une  statue  à  ce  natu- 
raliste illustre  dont  vous  avez  si  bien  fait  ressortir  les  services 
rendus  aux  sciences,  à  l'agriculture  et  à  l'industrie.  L'igno- 
rance et  la  routine,  ennemies  de  toute  innovation  et  de  tout 
progrès ,  avaient  fait  repousser  à  tout  prix  la  Parmentière 
depuis  la  découverte  du  nouveau  monde.  Il  fallut  à  Par- 
mentier  une  persévérance  de  quarante  ans,  des  travaux  qui 
durèrent  jusqu'à  la  lin  de  sa  vie,  et  l'intervention  du  roi 
Louis  XVI ,  pour  triompher  des  obstacles  qui  avaient  été 
opposés  pendant  des  siècles  à  l'adoption  de  l'une  des  plantes 
les  plus  précieuses  pour  notre  agriculture  et  nos  subsistances. 
L'acclimatation  du  JVIérinos  et  sa  multiplication  trouvèrent 
chez  nous,  vous  le  savez,  monsieur  le  président,  les  mêmes 
entraves  que  la  propagation  de  la  Parmentière  ;  le  défaut  de 
savoir  rendit  infructueux  les  essais  qui  furent  faits  pendant 
un  siècle  entier,  depuis  Colbert  jusqu'à  Trudaine,  pour  doter 
la  France  de  ce  précieux  animal.  On  avait  fini  par  conclure 
que  son  acclimatation  et  son  élevage  étaient  impossibles  dans 
notre  pays,  lorsque  la  science  de  Daubenton  le  procura  en 
peu  de  temps  à  notre  agriculture  et  à  notre  industrie  ;  nul 

(1)  Par  respect  pour  la  mémoire  de  Parmenlier,  comme  par  graliliulo 
pour  ce  grand  homme  de  bien,  siiivanl  l'expression  d'Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  je  voudrais  qu'il  fut  délViidn  aux  imprimeurs  d'imprimer  le  mol 
Pomme  de  terre,  ([ni  iw.  signilio  rien,  pour  le  remplacer  par  celui  de  Par- 
mentière, qui  rappelle  Tun  des  pliilanlliropcs  qui  ont  rendu  le  plus  de  ser- 
vices aux  populations,  que  la  lamine  ne  peut  plus  torturer,  connue  elle  le 
l'aisail  quelquefois  avant  radoptiou  de  celle  précieuse  solanée. 


FABRICATION  DU  FROMAGE  DE  HOLLANDE.       569 

pays  du  monde  aujourd'hui  n'a  de  plus  beaux  types  de  cette 
race  que  les  éleveurs  français. 

La  même  cause  qui  avait  prive  la  France  de  la  Parraentière 
et  du  Mérinos,  avait  empêché  les  montagnes  du  Cantal  de 
modifier  la  labrication  iVomagère,  reconnue  d'ailleurs  défec- 
tueuse par  tous  les  observateurs  sérieux.  L'administration  de 
l'agriculture  voulut  reprendre  vers  1855  les  expériences  qui 
avaient  échoué  en  1731  et  les  années  suivantes.  Plus  heu- 
reuse cette  l'ois,  elle  avait  à  sa  disposition  des  élèves  sortis 
des  écoles  d'agriculture  ;  ces  élèves  pouvaient  étudier  la  ques- 
tion suivant  une  méthode  raisonnéc,  et  la  résoudre  avec  avan- 
tage. 

Après  la  suppression  do  l'école  régionale  de  Saint-Angeau 
(Cantal),  l'administration  fonda  dans  ce  domaine  une  vacherie 
d'expériences  ;  elle  envoya  en  Hollande  un  ancien  élève  de 
Grignon,  M.  Le  Sénéchal,  directeur  de  cette  vacherie,  pour 
étudier  la  labrication  du  fromage  qu'on  n'avait  jamais  pu 
obtenir  jusqu'alors  en  Auvergne.  M.  Le  Sénéchal,  rentré  à 
Saint-Angeau,  après  avoir  bien  étudié  la  méthode  hollandaise 
sur  les  lieux,  l'appliqua  h  l'Auvergne  et  réussit.  Il  a  fabriqué 
du  fromage  hollandais,  pâte  dure,  connu  sous  le  nom  de  fro- 
mage  d'Edam;  ce  produit  a  été  vendu  à  Marseille  pour  le 
service  de  la  marine,  au  prix  de  100  à  180  francs  les  100 
kilogrammes.  Il  ressemble  absolument  à  celui  de  Hollande, 
spécialement  employé  aux  approvisionnements  de  la  marine, 
et  exporté  dans  toutes  les  parties  du  globe  où  se  rendent  nos 
vaisseaux.  Nos  grandes  villes  de  France,  notamment  nos  ports 
de   mer,  sont  pourvus  de  ce  fromage  hollandais,  parce  qu'il 
peut  être  conservé  aussi  longtemps  que  le  besoin  l'exige,  et 
qu'il  est  d'ailleurs  de  bonne  qualité. 

Cependant,  malgré  les  succès  incontestables  de  M.  Le  Séné- 
chal pendant  six  ou  sept  ans,  nul  n'imitait  son  exemple  en 
Auvergne,  tant  la  routine  a  de  force  pour  s'opposer  au  progrès, 
lorsque  la  lumière  ne  paralyse  pas  son  aveugle  entêtement. 

La  Société  centrale  d'agriculture  du  Cantal,  présidée  par 
M.  Marly,  membre  de  la  Société  impériale  d'acclimatation, 
nomma  une  commission  pour  examiner  la  fabrication  opérée 


/j70         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION. 

par  M.  Le  Sénéchal,  et  reconnaître  ses  avantages.  Cette  com- 
mission se  rendit  sm^  les  lieux,  étudia  avec  soin  ses  nouveaux 
procédés,  et  ses  conclusions  leur  furent  favorables;  mais  le 
point  capital  était  désormais  de  vulgariser  la  méthode,  et  ce 
n'était  pas  là  la  moindre  difficulté. 

Je  me  rendis  à  Saint-Angeau  pour  étudier  moi-même  la 
question,  et  je  fus  convaincu  que  sa  solution  affirmative  offrait 
des  avantages  considérables,  non-seulement  au  Cantal,  mais 
à  la  France.  Après  en  avoir  conféré  avec  M.  le  président  et 
MM.  les  membres  du  bureau  de  la  Société  d'agriculture,  je 
fus  chargé  par  eux  de  faire  des  expériences  à  Souliard.  De 
son  côté,  la  Société  d'agriculture  devait  en  faire  autant  dans 
une  ferme  appartenant  à  M.  Chibret,  maître  de  poste,  et  située 
près  d'Aurillac. 

Les  expériences  de  la  Société  d'agriculture  ont  été  con- 
cluantes en  faveur  de  la  nouvelle  fabrication,  et  celles  que  j'ai 
faites  à  Souliard  ont  si  bien  réussi,  que,  depuis  le  9  juin  1862, 
je  fabrique  du  fromage  hollandais,  que  j'ai  vendu  à  Marseille, 
pour  la  marine,  au  prix  de  iCO  francs  les  lOU  kilogrammes , 
et  il  a  été  trouvé,  pour  cette  destination,  de  très-bonne 
qualité. 

,)e  voulus  connaître  l'opinion  du  commerce  de  la  capitale 
sur  la  nature  de  mes  fromages  :  ceux  de  Hollande  y  sont  ap- 
})réciés;  leur  prix  actuel,  d'après  les  mercuriales,  y  est  de 
1(30  fr.  les  100  kilogrammes.  Je  me  rendis  à  Paris  en  février 
passé,  et  j'y  apportai  vingt  pièces  ;  j'en  distribuai  à  diverses 
personnes  pour  avoir  leur  avis  sur  leur  qualité.  Une  de  ces 
pièces  fut  mise  à  la  disposition  de  notre  Société,  à  l'une  de 
ses  séances  générales  ;  j'y  donnai  quelques  détails  sur  les  mo- 
tifs qui  m'avaient  fait  adopter  cette  fabrication.  Nos  collègues 
présents  à  la  séance,  notamment  les  membres  du  bureau, 
trouvèrent  le  fromage  de  bonne  qualité,  meilleur  même  que 
le  fromage  venu  de  Hollande,  ce  qui  peut  s'expliquer  par  la 
bonne  qualité  des  pâturages  de  Souliard.  Dans  cette  séance, 
M.  le  président  nomma  une  commission  pour  faire  un  rapport 
sur  les  qualités  de  mon  nouveau  produit,  etro|)inion  de  cette 
commission  ne  manquera  pas  d'attirer  l'attention  de  notre  So- 


FABRICATION    DU   FIlOMAfiE   DE   HOLLANDE.  [l7i 

ciété  sur  ce  point.  Si  celle  fabrication  se  généralise  en  France, 
elle  pourra  nous  affranchir  du  tribut  que  nous  payons  chaque 
année  à  la  Hollande  pour  les  approvisionnements  non-seule- 
ment de  notre  marine  marchande  et  militaire,  mais  pour  les 
subsistances  de  plusieurs  de  nos  grandes  villes  (1).  Tous  les 
pays  de  France  qui  fabriquent  du  fromage  pâle  grasse  et 
molle,  produit  qui  n'est  pas  de  conserve,  et  qui,  par  consé- 
quent, est  d'un  prix  inférieur  quand  son  débit  n'est  pas 
immédiat,  pourront,  à  volonté,  je  pense,  fabriquer  du  fro- 
mage hollandais  d'Édam,  lorsqu'ils  y  trouveront  avantage. 

J'acquis  la  certitude  que  les  fromages  fabriqués  à  Souliard 
étaient  de  bonne  qualité  par  l'incident  suivant,  que  je  vous 
demande  la  permission  de  vous  signaler,  et  qui  me  parut  être 
une  preuve  convaincante.  Je  me  mis  en  rapport  à  Paris  avec 
M.  Lonchampt,  marchand  de  fromages  en  gros  rue  du 
Temple,  2.  Après  avoir  conféré  avec  lui,  il  désira  connaître 
mes  produits.  Je  lui  en  envoyai  une  pièce  le  lendemain  de 
ma  visite.  Au  moment  où  il  la  reçut,  un  marchand  de  fro- 
mage hollandais  était  chez  lui;  ce  marchand  ne  voulait  pas 
croire  que  ce  produit  fût  français,  et  il  soutenait  qu'il  venait 
de  la  Hollande,  après  l'avoir  bien  examiné.  On  le  sonda,  on  le 
dégusta  avec  soin,  et  la  conclusion  du  marchand  hollandais 
fut  ((ue  si,  en  France,  on  fabriquait  du  fromage  de  cette 
qualité,  on  n'avait  pas  besoin  d'aller  en  chercher  dans  son 
])ays  bas.  Ces  paroles  textuelles  me  furent  rapportées  par 

(1)  La  France  nianque  de  iVoniage  propre  aux  approvisionnements  de  la 
marine.  Elle  a  annuellement  recours  h  la  Hollande  pour  combler  son  déficit 
sous  ce  rapport.  Nous  avons  acheté  aux  Hollandais  du  fromage  pâte  dure  : 

En  1859.  .  .     3  68Zi603  kilogrammes. 

1860.  .  .     oZi3/i552  — 

1861.  .   .     3  5/i9i289  ~ 

Total  en  trois  ans.  .  .  10  668/iZ|:i  kilogrammes. 

qui,  à  ICO  francs  les  100  kilogrammes  au  moins,  représentent  une  somme  de 
17  0G9  510  fr.  ZiO  c.  La  France  peut  largement  se  suffire  à  elle-même  sans 
payer  une  pareille  somme  à  l'étranger.  IjO.  département  du  Cantal  seul 
fournirait  annuellement  presque  la  quantité  de  fromage  acheté  à  la  Hollande, 
s'il  était  suffisamment  éclairé  pour  le  produire. 


Zi72      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

M.  Lonchampt  lui-même.  Celui-ci  voulut  avoir  immédiate- 
ment 100  pièces  de  mes  fromages,  .ren  avais  environ  150 
disponibles,  et  je  les  lui  fis  expédier.  J'ai  su,  par  ce  négo- 
ciant, que  sa  clientèle  en  avait  été  très-satisfaite. 

Une  récente  épreuve  aurait  fini  de  me  convaincre,  si  je 
ne  l'avais  déjà  été  par  mes  observations  antérieures.  Au  mois 
de  mai  passé,  il  y  avait  un  concours  régional  à  Clermont- 
P'errand  :  j'y  exposai  de  mes  produits.  Le  jury,  après  un 
examen  attentif  de  plusieurs  jours,  les  trouva  de  très-bonne 
qualité  ;  il  me  décerna  une  médaille  d'argent,  quoique  débu- 
tant dans  les  expositions  de  l'industrie  agricole  }»ar  des  pro- 
duits de  cette  nature. 

La  question  résolue  de  la  fabricatitm  de  fromage  façon 
bullandaise,  paie  dure,  apte  à  une  conservation  j)rolongée  et 
propre  aux  approvisionnements  de  la  marine,  est,  pour  moi, 
un  fait  incontestablement  acquis  à  Souliard.  L'expérience 
a  réussi  dès  le  premier  jour  de  son  début.  Depuis  cette 
époque,  je  n'ai  pas  eu  la  moindre  déception;  tous  mes 
produits  sont  de  bonne  qualité,  suivant  l'opinion  du  commerce, 
et  je  continue  toujours  avec  le  même  succès. 

Ce  fait  une  fois  établi  et  bors  de  contestation,  y  a-t-il  avan- 
tage pour  le  département  du  Cantal  à  abandonner  le  mode 
séculaire  de  sa  fabrication  fromagère,  et  à  le  remplacer  par 
celui  dont  nous  devons  l'initiative  à  l'établissement  de  Sainl- 
Angeau?  Un  mot  d'explication  sera  la  réponse  que  je  dois 
faire.  Examinons  d'abord  les  cbances  de  fabrication  des  deux 
modes  et  les  conséquences  qui  s'en  suivent. 

La  fabrication  suivant  le  mode  actuel  suivi  dans  les  mon- 
tagnes d'Auvergne  est  mal  étudiée,  et  par  conséquent  assez 
mal  opérée.  La  propreté  exigée  pour  toute  manipulation  du 
lait  est  loin  d'être  toujours  observée  dans  les  cbalets. 
D'autre  part,  la  masse  considérable  de  caillé  employé  pour 
faire  le  gros  fromage,  qui  pèse  de  50  à  (îO  kilogrammes,  est 
difficilement  pétrie  comme  elle  devrait  l'être,  et  pressée  de 
manière  à  être  bien  privée  de  tout  son  sérum  et  à  former  une 
pâte  homogène  et  uniforme  ;  aussi  cette  pâte  o(fre-t-elle  le 
plus  souvent,  lorsqu'on  coupe  un  fromage  du  Cantal,  des 


FABRICATION   DU    FROMAGE   DE   HOLLANDE.  Il7?t 

marbrures,  des  irrégularités  de  nuances  qui  témoignent  de 
la  manière  dont  le  caillé  a  été  préparé  avant  d'être  mis  dans 
le  moule  pour  y  être  pressé  ;  d'un  autre  côté,  il  n'est  pas  pos- 
sible de  priver,  par  le  pressoir  utilisé  à  cet  effet,  une  masse 
cylindrique  de  caillé  de  00  kilogrammes,  de  tout  le  sérum 
qu'elle  contient,  et  la  présence  de  ce  liquide  dans  le  fromage 
iinit  par  le  faire  fermenter  au  bout  de  quelque  temps  ; 
c'est  là  peut-être  une  des  causes  principales  de  sa  décom- 
position, lorsqu'il  dépasse  l'époque  de  ce  qu'on  nomme  sa 
maturité;  c'est  alors  qu'il  n'est  plus  possible  de  le  garder,  et 
qu'il  faut  s'en  débarasser,  à  quelque  vil  prix  que  ce  soit. 
Quelquefois  même  il  est  totalement  perdu. 

Ce  n'est  pas  tout  :  comme  la  fabrication  cantalicnne  ac- 
tuelle a  été  mal  étudiée,  et  qu'il  n'y  a  aucune  règle  indiquée 
pour  guider  le  fabricant,  il  n'est  pas  rare  de  voir  mal  réussir 
la  production  de  toute  une  saison  dans  une  fromagerie ,  sans 
en  connaître  la  raison.  On  en  accuse  souvent  le  fromager. 
Cependant  il  peut  ne  pas  en  être  la  cause.  Le  plus  ordinaire- 
ment elle  reste  inconnue,  à  défaut  de  bonnes  études  pour 
la  découvrir  et  y  remédier.  Le  propriétaire,  dans  ce  cas, 
éprouve  une  grosse  perte,  car  les  fromages  sont  quelquefois 
la  principale  partie  de  ses  revenus  de  toute  l'année. 

La  difficulté  de  bien  confectionner  un  gros  fromage  du 
Cantal  se  présente  encore  d'une  autre  manière.  Un  bon  ou- 
vrier qui  réussit  bien  k  faire  un  fromage  aujourd'hui,  réussit 
quelquefois  mal  demain.  C'est  là  un  lait  incontestable.  Mais 
la  cause  en  est  inconnue,  parce  que  cette  fabrication  est  mal 
comprise. 

Je  le  répète  donc,  la  fabrication  fromagère  suivie  de  temps 
immémorial  dans  le  Cantal,  à  défaut  d'autre,  a  été  mal 
étudiée.  Elle  a  été  reconnue  vicieuse  par  les  habitants  du 
pays  eux-mêmes,  et  il  y  a  lieu  de  la  remplacer  par  un  mode 
mieux  raisonné  qui  laisse  moins  de  chances  de  pertes  et 
plus  de  bénéiices.  Or,  la  mélhodc  hollandaise,  sans  en  exclure 
d'autres,  me  paraît  devoir  être  adoptée  avec  un  avantage 
assuré  d'abord  ;  en  voici  la  raison. 

La  fabrication  du  fromage  de  Hollande,  à  en  juger  par  les 


/|7/!        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

procédés  employés;  par  la  propreté  observée  dans  la  tenue 
des  ustensiles,  et  la  manipulation  du  laitage  ;  par  les  précau- 
tions prises  pour  les  températures  du  lait  à  cailler  et  de  l'at- 
mosplièrc  ;  par  les  modes  de  préparation  du  caillé,  par  la 
manière  dont  il  est  pétri,  placé  dans  les  moules  et  pressé  par 
le  pressoir  pour  le  priver  de  tout  son  sérum  ;  par  la  manière 
dont  le  fromage  est  préparé  et  traité  jusqu'à  sa  livraison  au 
commerce,  prouve  évidemment  qu'elle  a  été  bien  étudiée  par 
les  Hollandais.  Ses  manipulations  sont  uniformes,  régulière- 
ment exécutées,  suivant  les  saisons  correspondantes  dans 
chaque  année  ;  il  en  résulte  une  uniformité  d'action  raisonnée 
qui  conduit  toujours  aux  mêmes  résultats.  Aussi  tous  mes 
fromages,  confectionnés  par  les  mêmes  procédés,  se  ressem- 
blent-ils au  point  de  vue  de  leur  confection.  Ils  n'éprouvent 
pas  ces  modifications  dans  les  résultats  observés  dans  les 
fromages  du  Cantal,  et  cette  uniformité  dans  la  confection 
détermine  l'uniformité  dans  la  qualité.  D'un  autre  côté,  je  ne 
dois  pas  négliger  de  dire  que  le  fromage  hollandais ,  du 
poids  de  i  kilogramme  500  grammes  à  2  kilogrammes,  est 
plus  facile  à  manipuler,  à  presser  et  à  confectionner  unifor- 
mément et  convenablement;  c'est  surtout  à  cette  cause  que  la 
pâte  de  ce  fromage  doit  l'homogénéité  de  sa  substance,  l'ab- 
sence de  ces  marlirures  qui  caractérisent  trop  souvent  le  fro- 
mage du  Cantal. 

Ainsi  donc,  au  point  de  vue  de  la  confection,  le  fromage 
hollandais  l'emporte  sur  celui  du  Cantal  par  une  garantie 
plus  assurée  des  résultats,  ce  qui  est  dû  à  une  étude  mieux 
raisonnée,  et  par  une  plus  grande  facilité  de  manipulation 
et  de  préparation  du  caillé,  parce  que  le  fromager  opère  sur 
une  petite  quantité  relative  de  matière  à  la  fois  pour  chaque 
fromage.  Si,  par  rare  incident,  le  fromager  traitait  mal  un  fro- 
mage hollandais ,  la  perte  serait  insensible,  puisqu'il  ne  pèse 
jamais  au  delà  de  2  kilogrammes.  Il  n'en  est  pas  de  même  du 
fromage  du  Cantal,  qui  pèse  jusqu'à  60  kilogrammes  et  plus; 
la  perte,  dans  ce  cas,  devient  considérable. 

Après  avoir  parlé  des  avantages  et  des  inconvénients  des 
deux  modes  de  fabrication  fromagère  du  Cantal  et  de  la  Hol- 


FABRICATION   DU    FROMAGE   DE    HOLLANDE.  /i75 

lande,  monsieur  le  président,  je  vais  vous  dire  un  mot  du 
rendement  relatif  des  produits  dans  l'un  et  l'autre  cas,  car 
c'est  là,  en  somme,  le  point  le  plus  capital  de  la  question. 

Les  hommes  spéciaux  du  pays  affirment  qu'il  faut  quatre 
litres  de  lait,  en  moyenne,  pour  obtenir  un  caillé  propre  à  faire 
500  grammes  de  fromage  du  Cantal  ;  j'ai  obtenu  à  peu  près 
les  mômes  résultats.  Quinze  litres  de  lait  m'ont  donné  un 
fromage  de  2  kilogrammes,  après  sa  sortie  du  pressoir,  c'est- 
à-dire  après  que  le  sérum  contenu  dans  la  pâte  a  été  conve- 
nablement exprimé  :  ainsi  donc,  le  lait  traité  suivant  l'une  et 
l'autre  méthode  rend  la  même  quantité  de  caillé  ;  mais  lorsque 
le  fromage  du  Cantal  sort  du  pressoir,  il  est  immédiatement 
placé  dans  une  cave  fraîche,  souvent  humide,  ce  qui  amoin- 
drit l'évaporation  de  la  partie  liquide  qu'il  contient,  jusqu'à 
ce  qu'il  soit  livré  à  la  consommation.  Je  n'ai  jamais  fabriqué 
moi-même  du  fromage  du  Cantal;  j'ai  débuté  par  celui  de  Hol- 
lande; je  n'ai  pas  étudié  sérieusement  le  premier,  j'ignore 
donc  quel  peut  être  son  déchet  depuis  sa  sortie  du  moule 
jusqu'à  sa  consommation. 

Quant  au  fromage  de  Hollande,  lorsqu'il  est  confeclionné, 
loin  de  le  placer  dans  une  cave  fraîche  et  humide,  il  est  déposé 
sur  des  rayons,  dans  une  chambre  bien  éclairée,  bien  aérée 
et  exempte  d'humidité  ;  là  il  reçoit  des  soins  spéciaux  aussi 
sinqjles  que  faciles  à  prendre  d'ailleurs.  Le  fromage  perd 
dans  cette  chambre,  qui  est  une  espèce  de  séchoir,  une  partie 
de  l'humidité  qu'il  avait  à  l'état  frais,  ce  qui  contribue  sans 
doute  à  lui  donner  la  propriété  qu'il  a  depouvoir  être  conservé 
longtemps  pour  des  approvisionnements. 

Dans  cette  condition  essentielle  à  sa  bonne  préparation , 
le  fromage  hollandais  éprouve  donc  un  déchet  par  l'évapo- 
ration d'une  grande  partie  de  son  humidité.  Ce  déchet  avarié 
à  Souliard  de  16  à  18  et  même  20  pour  100,  depuis  sa  sortie 
du  pressoir  jusqu'au  moment  où  je  l'ai  livré  au  commerce. 
Cette  variation  du  déchet  a  dépendu  du  temps  qui  s'est 
écoulé  depuis  la  fabrication  jusqu'à  l'expédition.  Après 
environ  trois  ou  quatre  mois  de  conservation,  il  a  perdu 
IGpour  100  du  poids;  après  six  mois,  il  a  perdu  à  peu  prés 


h~C*        SOCIÉTÉ   IMPÉUIALE    ZUOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

20  pour  100  ;  j'ignore  si  le  même  fait  s'est  reproduit 
ailleurs  dans  les  mêmes  proportions.  Il  est  donc  avantageux, 
pour  l'agriculture,  de  vendre  ce  fromage  le  plus  tôt  possible 
pour  éprouver  le  moins  de  perte  par  le  déchet.  A  défaut 
d'expérience  sutlisante,  je  n'ai  pas  encore  assez  bien  examiné 
cette  question  pour  la  résoudre  d'une  manière  absolue,  mais 
je  pense  qu'après  deux  ou  trois  mois  de  fabrication,  le  fromage 
hollandais  pourrait  être  livré  à  la  consommation  ;  dans  ce  cas, 
le  déchet  par  dessiccation  serait  moindre.  J'étudierai  ce  dé- 
tail pour  lixer  mon  opinion  à  ce  sujet. 

Le  fromage  du  Cantal,  placé,  comme  je  Tai  dit,  dans  une 
cave  fraîche  ethumide,  après  sa  confection,  doit  naturellement 
éprouver  moins  de  déchet  que  celui  de  Hollande  ;  cependant, 
quelque  minime  qu'il  soit,  il  doit  perdre  une  quantité  de  son 
poids  depuis  sa  fabrication  jusqu'à  sa  vente.  J'ignore,  je  le 
répète,  quelle  est  la  proportion  de  ce  déchet;  je  ne  sais  pas  si 
elle  est  connue,  même  approximativement,  dans  le  pays,  tant 
l'étude  de  ce  fromage  a  été  négligée. Nul  des  fromagers  auxquels 
je  me  suis  adressé  n'a  su  me  le  dire.  Ils  comprenaient  à  peine 
pourquoi  je  leur  adressais  cette  question;  mais  quoique  ce  ne 
soit  pas  supposable,  admettons  pour  un  moment  que  le  fro- 
mage du  Cantal  n'éprouve  pas  de  déchet,  il  y  aurait  encore 
avantage  à  faire  du  fromage  hollandais,  non-seulement  pour 
les  motifs  que  j'ai  déjà  signalés  au  point  de  vue  des  chances 
d'une  bonne  fabrication,  mais  sous  le  rapport  des  bénéfices 
assurés.  Comptons  : 

J'ai  dit  que  le  fromage  du  Cantal  est  généralement  vendu 
au  prix  moyen  de  80  centimes  le  kilogramme.  Ce  prix,  suivant 
moi,  serait  au-dessus  de  celui  qui  est  obtenu,  si  l'on  comptait 
bien  ;  mais  passons.  Ce  serait  donc  80  francs  que  produiraient 
les  100  kilogrammes  de  fourme.  Le  fromage  de  Hollande  est 
vendu  le  double,  c'est-à-dire  160  francs  les  ^00  kilogrammes. 
Nous  devons  maintenant  en  déduire  le  déchet  :  admettons  20 
pour  100 ,  maximum  que  j'ai  observé,  pour  faire  une  large 
part  aux  objections;  il  nous  reste  80  kilogrammes  qui,  à  rai- 
son de  1  fr.  60  c. ,  font  128  francs  au  lieu  de  80  francs,  prix  que 
nous  avons  adopté  comme  moyen  pour  le  fromage  du  Cantal. 


FABRICATION  DU  FROMAGE  DE  HOLLANDE.       h/~ 

On  pourra  me  dire  que  le  prix  de  80  francs  les  100  kilo- 
grammes produit  par  le  fromage  du  Canlal  est  soldé  sur 
place  parles  négociants  qui  viennent  l'acheter  dans  le  pays, 
tandis  qu'on  est  obligé  d'envoyer  à  ses  frais  le  fromage  de 
Hollande  dans  les  lieux  d'achat  ou  de  consommation.  Si  la 
fabrication  du  fromage  hollandais  se  généralisait  dans  le 
Cantal,  des  marchands  viendraient  aussi  l'acheter  sur  place 
avec  d'autant  plus  d'empressement,  qu'ils  n'auraient  pas  à 
redouter  les  pertes  que  leur  font  éprouver  les  fromages  du 
Cantal,  dont  la  conservation  est  si  difficile.  Mais  admettons 
6  et  même  7  pour  100  de  frais  d'envoi  et  de  transport,  nous 
aurons  encore  un  beau  bénéfice  produit  par  le  procédé  hol- 
landais, sur  le  procédé  cantalien. 

Suivant  le  calcul  approximatif  que  j'ai  pu  faire  sur  le  ren- 
dement du  fromage  cantalien,  le  prix  du  litre  de  lait  serait  de 
10  centimes  environ  par  sa  fabrication,  en  admettant  qu'elle 
a  bien  réussi,  ce  qui  est  loin  d'être  toujours  garanti  ;  j'en 
ai  donné  la  raison.  La  fabrication  du  fromage  hollandais  m'a 
payé  le  lait,  dans  la  campagne  de  186'2,  13  centimes  et  demi 
le  litre,  en  sus  du  prix  du  sérum  (petit-lail),  qui  m'a  servi  à 
élever  ou  à  engraisser  des  porcs,  et  du  prix  du  beurre  de  mé- 
diocre quahté  fourni  par  ce  sérum.  Ce  beurre  est  vendu,  dans 
le  pays,  à  raison  de  1  fr.  âO  le  kilogramme.  Ce  sérum  butyreux 
ne  peut  pas  être  estimé,  à  mon  avis,  moins  de  '1  francs  l'hec- 
tolitre, ce  qui  porterait  le  prix  du  lait  employé  à  la  fabri- 
cation du  fromage  hollandais  à  environ  J 6  centimes  le  litre. 
La  fabrication  du  fromage  hollandais  augmenterait  donc  le  pro- 
duit des  vaches  laitières  du  Canlal  d'un  tiers  environ,  c'est-à- 
dire  de  1  million  à  1  million  333000  francs.  Si  le  produit  actuel 
est,  comme  on  le  pense  généralement,  de  3  à  Zi  millions,  il  y 
aurait,  de  plus,  l'avantage  de  ne  pas  porter  à  la  Hollande  un 
argent  que  nous  pouvons  garder  en  France. 

11  est  un  autre  point  sur  lequel  il  importe  d'attirer  l'atten- 
tion de  l'Auvergne.  Pour  faire  un  gros  fromage  du  Cantal,  il 
faut  une  vacherie  d'au  moins  quinze  têtes.  Au-dessous  de  ce 
nombre,  on  n'obtient  pas  une  quantité  de  lait  suffisante  pour 
faire  wnefo urine  de  50  kilogrammes  à  livrer  au  commerce, 


/l7S      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTATION. 

parce  qu'on  serait  obligé  de  conserver  le  caillé  de  plusieurs 
jours  pour  la  fabriquer,  ce  qui  ne  serait  pas  possible.  Avec 
le  fromage  de  Hollande,  qui  ne  pèse  que  de  1  kilogramme 
500  grammes  à  2  kilogrammes ,  on  peut  fabriquer  journelle- 
ment, n'aurait-on  que  quinze  ou  seize  litres  de  lait.  Ce  serait 
là  un  avantage  précieux  pour  les  petits  propriétaires  qui,  ne 
pouvant  nourrir  qu'un  nombre  très-limité  de  vaches,  sont 
dans  l'impossibilité  de  faire  des  fromages  de  50  kilogrammes, 
suivant  l'habitude  du  pays. 

Le  département  du  Cantal  comprendra-t-il  les  avantages  que 
lui  offre  la  fabrication  du  fromage  hollandais  sur  celle  qu'il  a 
adoptée  de  temps  immémorial,  et  qui  est  toujours  restée  sta- 
tionnaire,  sans  faire  le  moindre  progrès  pour  être  améliorée? 
.l'en  doute,  monsieur  le  président,  si  j'en  juge  parla  difficulté 
de  faire  adopter  une  idée  nouvelle  en  agriculture  dans  ce 
pays.  Fontenelle  a  dit,  qu'une  idée  nouvelle  est  iin  coin  qui 
n'entre  que  par  le  gros  bout:  c'est  là  une  vérité  vraie  partout, 
et  vraie  au  superlatif  en  agriculture  dans  nos  montagnes.  11 
me  serait,  du  reste,  facile  de  vous  en  expliquer  la  raison, 
mais  non  est  hic  iocus.  Notre  principale  richesse,  je  l'ai  dit, 
réside  dans  notre  bétail  et  ses  produits.  Nous  avions  d'excel- 
lents chevaux  qui  formaient  une  des  meilleures  races  connues 
pour  le  service  de  la  cavalerie  légère.  Celte  race  d'Auvergne 
n'existe  plus;  elle  a  été  anéantie  par  défaut  de  savoir  et  le 
mauvais  croisement  par  des  étalons  indignes.  Il  nous  reste 
deux  races  de  bœufs  d'excellente  nature,  la  race  Aubrac  et 
la  race  Salers.  Nous  pourrons  augmenter  et  améliorer  l'une 
et  l'autre  dans  de  grandes  proportions,  par  l'augmentation  du 
fourrage  et  un  bon  choix  de  reproducteurs  cb.oisis  dans  le  pays, 
même  sans  types  étrangers.  Dieu  nous  en  garde  !  Nous  avons 
reçu  une  rude  leçon  dans  notre  espèce  chevaline,  et  nous  ne 
sommes  pas  seuls,  vous  le  savez.  11  y  a  vingt-cinq  ans  que, 
cultivateur  à  la  ferme  de  laPeyrusse,  près  d'Aurillac,  j'indiquai 
dans  le  journal  le  Propagateur  agricole  du  Cardai,  dont  la 
Société  d'agriculture  m'avait  confié  la  rédaction,  les  moyens 
prescrits  par  les  sciences  naturelles  pour  arriver  à  bonne  fm. 
Je  n'ai  jamais  cessé  d'en  parler  depuis  celte  époque,  soit  dans 


FABRICATION   DU   FROMAGE   DE    HOLLANDE.  /|79 

la  presse  locale,  soit  dans  celle  de  Paris  ou  d'ailleurs,  et,  après 
ce  quart  de  siècle,  c'est  à  peine  si  l'on  voit  quelques 
éleveurs  intelligents  se  hasarder,  en  Auvergne,  à  faire  mieux 
que  dans  les  siècles  passés  ;  et  ce  serait  si  facile,  si  l'instruc- 
tion professionnelle  des  cultivateurs  leur  était  donnée.  La 
lumière  que  cherche  à  répandre  notre  Sociéfé,  monsieur  le 
président,  hrisera  seule  les  obstacles  qui  s'opposent  au  progrès 
si  désiré  dans  la  production  animale  de  la  France.  Sans  cette 
lumière ,  ils  seront  insurmontables.  Si  Tagriculteur  veut 
opérer  d'une  manière  raisonnée  et  avec  fruit  dans  l'immense 
ateher  que  la  nature  met  à  sa  disposition  ,  il  faut  qu'il  étudie 
sérieusement  les  lois  immuables  et  éternelles  de  la  création, 
et  qu'il  se  conforme  à  leurs  indications.  S'il  agit  autrement, 
il  réussira  mal,  parce  que  le  Créateur,  qui,  en  les  décrétant, 
a  donné  à  l'homme  les  moyens  d'approfondir  ces  lois ,  ne  lui 
permet  pas  de  les  transgresser  impunément  ! 
Veuillez  agréer,  monsieur  le  président,  etc. 

HiGHARD  (du  Cantal), 

Cultivateur  à  la  ferme  de  Soiiliard  (Cantal). 


NOTE 
SUR  LES  PRODUCTIONS  DE  LA  MONGOLIE 

n'APRKS     UN    MÉMOIRE    DE    M.    E.    SIMON, 

Par   M.   T.   €.    '^iEXXOT, 
Réilarleiir  au  miiiislrre  clos  affiiires  étrangères. 


(Séance  du  26  juillet  iSfilî.) 


Nous  empruiUons  à  un  mémoire  encore  inédit  de  M.  En- 
gène  Simon,  qui  a  fait  en  Mongolie,  l'année  dernière,  une 
excursion  de  six  semaines  (du  3  septembre  au  18  octobre), 
les  détails  suivants  sur  les  animaux  et  les  plantes  de  ce  pays. 

Désirant  explorer,  au  point  de  vue  agricole  et  commercial, 
les  régions  situées  au  nord  de  la  grande  muraille,  M.  Simon 
se   mit  en  route,  accompagné  d'un  missionnaire  français , 
M.  l'abbé  Mihiérc,  qui,  i)ar  sa  connaissance  de  la  langue  et 
des  usages  des  habitants,  pouvait  faciliter  ses  recherches. 
Après  avoir  traversé  la  magnifique  plaine  de  Pé-king,  les 
voyageurs  arrivèrent  à  la  petite  ville  de  Tchang-ping-tchéou, 
première  étape  de  la  roule,  longue  d'une  trentaine  de  lieues, 
qui  aboutit  à  une  porte  pratiquée  dans  la  grande  muraille  et 
franchit  un  défilé  bordé  de  cimes  escarpées  d'où  se  détachent 
continuellement  des  blocs  de  pierres.  C'est  par  cette  route, 
impraticable  aux  voitures  et  que  M.  Simon  dut  faire  en  palan- 
quin, que  descendent  vers  Pé-king  les  innombrables  bestiaux 
expédiés  de  la  Mongolie  à  destination  delà  capitale  et  des  pro- 
vinces septentrionales.  Pendant  cinq  ou  six  jours  que  dura  leur 
trajet,  les  deux  Français  virent  défiler  sous  leurs  yeux  plus  de 
(50  000  Moulons,  12  000  Bœufs  et  7  à  8000  Chevaux;  encore 
n'était-ce  pas  la  saison  où  les  convois  sont  le  plus  considé- 
rables. Au  retour,  ils  passèrent  par  Lama-miao,  le  plus  grand 
marché  au  bétail  de  la  Tarlarie.  Il  s'y  vend,  trois  fois  par 
semaine,  de  15  à  -20  000  Moutons  ou  Chèvres,  de  '2  à  3000 
Bœufs,  de  1000  à  1200  Chevaux  et  de  5  h  600  Chameaux, 
ainsi  qu'un  petit  nombre  d'Yaks,  amenés  de  l'occident.   Le 


PRODUCTIONS   DE   LA    MONGOLIE,  /JSl 

prix  d'un  mouton  ou  d'une  chèvre  varie  entre  5  et  6  francs; 
celui  d'un  bœuf,  entre  36  et  hO  francs.  Un  cheval  peut  valoir 
de  15  à  50  francs  ;  un  chameau,  de  /lO  à  60  francs. 

Le  bas  prix  et  la  multiplicité  de  ces  animaux  s'expliquent 
parla  facilité  qu'on  trouve  aies  nourrir  dans  les  vastes  steppes 
que  les  Chinois  appellent  la  terre  des  herbes  (tsao-té),  et  qui 
s'étendent  au  delà  de  la  grande  muraille  jusqu'au  désert  aride 
et  sablonneux  connu  sous  le  nom  de  désert  de  Gobi.  Pendant 
l'été,  les  bergers  mongols  gardent  à  cheval,  dans  ces  pâturages 
naturels,  les  immenses  troupeaux  de  leurs  princes,  seuls 
propriétaires  du  sol.  Ces  bergers  habitent  avec  leurs  familles 
sous  des  tentes  de  feutre,  qu'ils  transportent  d'endroit  en 
endroit  à  mesure  que  la  végétation  est  consommée.  L'hiver,  ils 
quittent  la  plaine  et  campent  autour  des  forteresses  qui  ser- 
vent de  résidence  à  leurs  maîtres.  Dans  cette  existence  nomade, 
ils  vivent  presque  uniquement  de  laitage  et  de  viande.  Celle-ci 
est  ordinairement  séchée  au  soleil  ou  au  four,  puis  râpée  et 
convertie  ainsi  en  une  espèce  de  poudre  aisée  à  transporter 
et  à  conserver,  et  qu'on  mange  cuite  dans  l'eau.  Ce  n'est  que 
dans  les  grandes  occasions,  lorsqu'on  tue  un  bœuf  ou  un 
mouton  pour  fêter  des  hôtes,  que  les  Mongols  se  permettent 
de  la  chair  fraîche.  Le  lait  de  leurs  brebis,  de  leurs  vaches,  de 
leurs  juments  et  de  leurs  chamelles  leur  fournit  des  fromages 
plats,  demi-salés,  d'un  goût  excellent. 

M.  Simon,  ayant  déjà  consacré  un  mémoire  spécial  à  la 
description  de  la  race  ovine  de  la  Mongolie,  n'a  pas  cru  devoir 
revenir  sur  ce  chapitre  dans  sa  relation  subséquente.  Il 
constate  seulement  que  certains  princes  possèdent  jusqu'à 
50  et  60  000  Moutons;  le  chiffre  ordinaire  d'un  troupeau  est 
de  8  à  10  000  têtes. 

La  race  bovine  du  môme  pays  réunit,  selon  lui,  tous  les 
caractères  des  meilleurs  sujets  propres  à  l'engraissement  : 
tête  petite,  cornes  courtes  et  souvent  absentes,  fanon  presque 
nul,  ossature  fine,  peau  souple  et  mince.  Il  n'est  pas  rare  de 
voir  des  bœufs  atteindre,  sans  avoir  eu  d'autre  nourriture 
que  l'herbe  des  steppes,  un  poids  de  7  à  800  kilogrammes 
sur  pied.  M.  Simon  en  signale  un  qui,   étant  abattu,  pesait 

T.  X.  —Août  1863.  31 


ZiS2       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

net  /i80  kilogrammes.  Le  suif  qu'on  en  relire  est  brillant, 
transparent  et  comme  nacré. 

Les  Chevaux  mongols,  malgré  leur  petite  taille,  sont  robustes 
et  savent  résister  au  maigre  régime  qui  les  attend  lorsqu'on 
les  achemine  de  la  terre  des  herbes  à  Pé-king  par  bandes  de 
200  à  1000  animaux,  et  qu'ils  n'ont  pour  pitance  qu'un  peu 
d'avoine  ou  de  mil.  La  hauteur  de  cette  race  demeure  géné- 
ralement au-dessous  du  maximum  del"',60;  la  tête  est 
petite,  la  croupe  arrondie;  les  jambes  sont  défectueuses  sous 
le  double  rapport  de  la  grosseur  du  boulet  et  de  la  largeur 
du  sabot.  En  raison  du  peu  de  longueur  du  dos,  les  allures 
du  Cheval  mongol  sont  assez  fatigantes,  à  moins  qu'on  ne  l'ait 
dressé  à  l'amble  ;  mais  il  est  excellent  coureur,  et  l'on  pourrait 
le  regarder  comme  un  joli  poney.  M.  Simon  ajoute  qu'il  a 
remarqué  des  individus  choisis  en  Mongolie  ou  élevés  à  Pé- 
king  môme,  qui  étaient  exempts  de  tout  déftiut  de  conforma- 
tion. On  lui  a  montré  dans  la  capitale  une  bête  venant  de  la 
province  de  Kan-sou,  voisine  du  Tibet  :  ce  cheval  offrait  des 
dimensions  supérieures  à  celles  de  la  race  tartare,  et  rappe- 
lait le  type  arabe.  Sa  valeur  était  estimée  à  ZiOOO  francs, 
tandis  qu'un  beau  coureur  mongol  ne  vaut  que  300  francs. 
Le  Kan-sou,  ou  Chen-si,  fournit  aussi  une  grande  race  d'Anes, 
que  l'on  croise  avec  les  juments  mongoles,  pour  produire  les 
magnifiques  mulets  et  mules  qui  forment  la  plupart  des  atte- 
lages à  Pé-king  et  dans  le  nord  de  la  Chine. 

Outre  les  bestiaux  qui  les  fréquentent  dans  la  belle  saison, 
les  steppes  recèlent  une  foule  d'espèces  sauvages.  Le  Lièvre  y 
abonde;  le  Mouflon  s'y  aventure  quelquefois,  venant  des 
montagnes  de  l'occident;  le  Tigre  noir,  la  Panthère  et  l'Ours 
sortent  de  la  forêt  de  Géhol,  et  y  trouvent  une  proie  facile  dans 
les  Chevreuils  et  les  Antilopes  qui  errent  dans  ces  solitudes 
par  troupes  de  deux  à  cinq  cents  tètes.  A  l'approche  de 
l'hiver,  les  chasseurs  font  un  grand  carnage  de  ces  timides 
animaux,  ou  bien  les  prennent  vivants  pour  les  envoyer  à 
Pé-king.  On  peut  se  procurer,  dans  cette  ville,  vers  le  mois 
de  novembre,  un  chevreuil  ou  une  antilope  pour  h  ou  5  francs. 
Les  Chinois  donnent  à  l'Antilope  de  Tartarie  le  nom  bizarre 


PRODUCTIONS   DE   LA   MONGOLIE.  -  /|83 

de  Mouton  jaune  {Hoang-yany)  ;  selon  M.  Simon,  ce  serait 
une  sorte  d'Antilope  à  goitre.  Elle  est  d'un  caractère  très- 
doux,  s'apprivoise  aisément  et  se  reproduit  en  captivité;  sa 
chair  est  meilleure  que  celle  du  chevreuil,  et  son  acclimatation 
serait  une  précieuse  acquisition  pour  les  parcs  d'Europe. 

Le  Chien  mongol  pourrait  aussi  être  utilement  propagé  dans 
nos  montagnes.  M.  Simon  a  eu  soin  d'expédier  en  France  cinq 
individus  de  cette  variété,  qu'on  croit  originaire  du  Tihet  ou 
des  rives  de  l'Amour,  et  qui  paraît  merveilleusement  appro- 
priée à  un  pays  froid,  par  son  pelage  mêlé  d'une  laine  dont  la 
longueur,  aux  jamhes  et  à  la  queue,  dépasse  les  crins  de  20  ù 
30  centimètres.  Cette  toison  tomhe  pendant  l'été  pour  se 
renouveler  au  commencement  de  l'hiver,  et  permet  à  ces 
animaux  de  coucher  à  la  belle  étoile  par  les  temps  les  plus 
rigoureux.  Ils  sont  remarquables  par  leur  fidéhté,  leur  intel- 
ligence et  leur  douceur  pour  ceux  qu'ils  connaissent,  en  même 
temps  que  par  une  force  étonnante  et  un  courage  si  indomp- 
table, qu'on  en  a  vu  se  jeter  même  sur  le  tigre  rôdant  autour 
des  troupeaux.  Aussi  leur  confie -t-on  la  garde  des  campe- 
ments, et  il  suffît  de  quelques  chiens  lâchés  la  nuit  pour  que 
homme  ni  bête  n'osent  en  approcher. 

Parmi  les  oiseaux  qui  fréquentent  la  ferre  des  herbes, 
M.  Simon  cite  comme  les  plus  co.mmuns,  le  Canard,  la  Sar- 
celle, le  Faisan  et  la  Cigogne  ;  la  grande  etla  petite  Outarde  et 
la  Grue  couronnée  s'y  montrent  plus  rarement. 

Le  Ver  à  soie  du  Chêne  est  presque  le  seul  élevé  au  nord  de 
Pé-king,  en  Mantchourie  et  en  Corée.  M.  Simon  doute  que  le 
Ver  du  Mûrier  y  soit  productif,  et  il  regarde  comme  erronée 
l'opinion  contraire. 

Le  règne  végétal  est  peu  riche  dans  ces  ;régions,  en  raison 
de  l'âpreté  du  climat.  Les  montagnes  qui  bordent  la  vallée  de 
Si-wan-ze  offrent  quelques  massifs  de  bouleaux,  de  saules  et 
de  peupliers,  sur  la  lisière  desquels  croissent  spontanément 
le  fraisier,  le  framboisier,  le  groseillier  à  grappes  rouges,  le 
hlas  etla  rose  de  Chine.  Ailleurs  on  voit  des  sapins  et  des 
mélèzes  analogues  au  Larix  siùerica.  En  général,  les  arbres 
manquent,  et  la  population  est  réduite  à  brûler,  en  guise  de 


llSll       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTÂTION. 

combustible,  la  fiente  des  animaux  desséchée  et  formée  en 
mottes.  Malgré  les  intempéries  atmosphériques  et  les  entraves 
mises  par  la  législation  à  la  vente  des  terres,  des  colons  chi- 
nois ont  fait  irruption  en  Mongohe,  et,  depuis  une  dizaine 
d'années,  ils  ont  conquis  à  la  culture  une  lisière  de  quinze 
à  vingt  lieues  de  large  sur  les  confins  de  la  grande  muraille. 
A  force  de  sarclages  et  de  fumures,  ils  ont  réussi  à  faire  pous- 
ser de  l'avoine,  du  sarrasin,  du  mil,  du  blé,  des  choux  et  des 
pommes  déterre.  Ce  dernier  tubercule,  importé  parles  Russes 
il  y  a  environ  soixante  ans,  prospère  merveilleusement  en 
Mongolie,  en  Mantchourie,  dans  le  Ilou-pé  et  d'autres  pro- 
vinces de  la  Chine  et  du  Japon.  La  variété  cultivée  en  Chine 
est  la  grosse  jaune  ;  elle  paraît  avoir  échappé  à  la  maladie 
qui  a  frappé  ses  congénères  en  Europe. 


HYBRIDES  DE  PERDRIX  GAMBRA 

ET  DE  PERDIX  SYNAICA. 

LETTRE  ADRESSÉE 
A  M.   LE    PRÉSIDENT    DE    LA    SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   D'aCCLIMATATION 

Par  M.    BARTHÉLÉMY. LAPOMMERAYE. 


(Séance  du  5  juin  1863.) 


Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  venir  porter  à  la  connaissance  de  la 
Société  impériale  zoologique  d'acclimatation,  le  résultat  de 
l'accouplement,  en  état  de  captivité,  d'un  sujet  mâle  de  la 
Perdrix  Gambra  à  pattes  rouges  (les  Arabes  de  la  Tunisie 
la  distinguent  de  celle  à  pattes  jaunes),  avec  une  femelle  de 
Perdix  synaica  provenant  de  la  Syrie. 

M.  Alphonse  Arnaud,  préparateur  du  Muséum,  qui  s'occupe 
avec  beaucoup  d'intelligence  et  de  soins  de  l'incubation  artifi- 
cielle, pour  laquelle  il  a  été  primé  au  concours  régional  tenu 
à  Marseille  en  1861,  a  eu  l'heureuse  pensée  d'effectuer  ce 
rapprochement  entre  deux  sujets  de  livrées  bien  différentes, 
provenant  de  contrées  géographiquemcnt  distinctes  et  de 
climats  qui  ne  sont  pas  sans  quelques  affinités. 

Gela  le  conduisait  naturellement  à  contrôler,  par  une  expé- 
rience de  laboratoire,  ce  fait  acquis  à  la  science  moderne,  de 
l'hybridation  de  la  Perdrix  bartavelle  {Perdix  saxatilis) 
avec  la  Perdrix  rouge,  dans  les  conditions  de  l'existence  libre, 
au  milieu  des  régions  alpestres  du  Dauphiné,  croisement  qui 
a  produit  pour  métis  la  Perdrix  rochassière  {Perdix  Luhatiei 
de  M.  Bouteille)  (1). 

Le  couple  perdiciné  dont  j'ai  à  parler  a  été  mis  envohère, 
au  Muséum,  le  1"  février  de  cette  année.  L'accouplement  était 
consommé  dès  les  premiers  jours  de  mars.  La  ponte  a  com- 
mencé le  17  avril,  et  a  fourni  jusqu'cà  ce  moment,  cà  la  suite 
des  séquestrations  successives  qui  en  ont  été  faites,  un  total 

(1)  Jaubert  cl  Barlliélemy-Lapommeraye  ,  Richesses  ornithologiques  du 
midi  de  la  France,  page  il7. 


hSQ        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACGLIMATATION. 

de  trente-six  œufs,  auxquels  viendront  sans  doute  s'adjoindre 
quelques-uns  encore.  Les  œufs  sont  variables  entre  eux,  sous 
le  rapport  des  maculations  plus  ou  moins  intenses,  plus  ou 
moins  confluentes,  sur  un  fond  qui  passe  parfois  du  jaune 
pâle  carnéolé  au  jaune  légèrement  vert  d'eau.  Leur  grosseur 
est  supérieure  à  celle  des  œufs  de  notre  Perdrix  rouge,  et  au 
moins  égale  à  celle  des  œufs  de  la  Cambra.  Le  système  de  colo- 
ration se  rapproche  assez  de  la  teinte  et  des  maculations  de 
ceux  de  cette  espèce,  et  s'éloigne  notablement  du  fond  ferru- 
gineux, ainsi  que  des  maculations  h  piqûres  de  mouche  et  en 
zigzag,  bistrées,  des  œufs  de  la  Perdrix  rouge.  Nous  aurions 
donc  sous  les  yeux  l'œuf  de  la  Perdix  synaica,  que  je  ne  con- 
nais pas,  ayant  subi  quelques  modifications  sous  l'influence 
du  croisement  opéré. 

Sur  le  nombre  d'œufs  obtenus,  et  à  titre  d'essai,  cinq  ont 
été  placés  sous  une  poule  vigoureuse.  Après  vingt  et  un  jours 
d'incubation,  deux  petits  sont  éclos.  Deux  autres,  parfaite- 
ment formés,  étaient  morts  dans  l'œuf.  Le  cinquième  œuf 
était  clair. 

Sur  les  deux  poussins,  un  a  été  tué  par  la  poule,  dans  ses 
mouvements  de  grattage  par  trop  violents.  Le  survivant,  qui 
compte  dix  jours,  depuis  son  éclosion,  est  plein  de  vie  et  de 
santé.  Il  se  montre  quelque  peu  frileux. 

A  l'exception  des  ailes,  qui  se  garnissent  de  plumes,  tout  le 
reste  du  corps  est  encore  couvert  de  duvet.  La  partie  supé- 
rieure de  la  tête  est  d'un  roux  blond,  qui  se  détache,  en  forme 
de  calotte,  sur  les  parties  latérales  d'un  blanc  grisâtre.  Un  tout 
petit  trait  noir  se  fait  remarquer  en  arrière  des  yeux.  C'est 
là  tout  ce  que  la  diagnose  peut  indiquer  de  plus  saillant. 

Vingt  et  un  autres  œufs  ont  été  confiés  aux  soins  d'une 
seconde  poule,  et  devront  éclore  du  20  au  21  de  ce  mois. 

Enfin,  les  dix  œufs  restants  ont  été  laissés  à  la  disposition 
du  couple  perdiciné,  qui  se  montre  profondément  indiflérent 
à  leur  égard. 

Quelques  détails  sur  la  volière  d'accouplement  feront  con- 
naître que  rien  n'a  été  négligé  pour  assurer  à  ces  oiseaux  le 
mystère  des  amours,  de  la  ponte  et  de  l'incubation,  s'il  y 


HYBRIDES   DE   PERDRIX   GAMBRÂ  ET   DE   PERDIX   SYNAICA.     487 

avait  lieu,  ainsi  que  les  avantages  d'une  récréation  agréable, 
propre  à  éloigner  la  nostalgie. 

La  partie  discrète  de  la  volière  se  trouve  h  la  hauteur  la 
plus  grande  de  l'intérieur  du  laboratoire.  C'est  là  que  les 
œufs  ont  été  pondus,  assez  négligemment,  dans  un  recoin, 
sur  un  peu  de  fourrage  sec  réuni  par  le  mâle  et  la  femelle. 

Le  régal  est  extérieur,  grillagé  tout  autour  et  recouvert  en 
dessus.  Il  se  trouve  en  plein  jardin,  ombragé  par  des  mûriers. 
Le  doux  murmure  des  eaux  s'y  fait  entendre,  et  le  chant  des 
oiseaux,  celui  surtout  si  fortement  accentué  de  deux  Tur- 
doïdes  cà  cul  jaune,  le  fameux  Bulbul  des  Arabes,  y  retentit 
délicieusement  et  peut  rappeler  au  cœur  de  la  Perdix  sijnaica 
la  chère  patrie  absente. 

Aussi,  dès  le  retour  du  printemps,  et  comme  prélude  de 
leur  prochaine  union,  nos  Perdrix  célébraient-elles  à  plein 
gosier  le  lever  de  l'aurore,  et  saluaient- elles  bientôt  après 
les  premiers  rayons  du  soleil  radieux  qui  venait  réchauffer 
leur  rustique  demeure. 

Cependant,  il  faut  bien  le  reconnaître  encore,  c'est  en  vain 
que  l'art  s'étudie  à  enjoliver,  à  dissimuler,  autant  que  pos- 
sil)le,  la  retraite  forcée  offerte  à  certains  oiseaux,  amants 
incorrigibles  de  leur  précieuse  liberté.  Ou  les  verra,  le  plus 
souvent,  accomplir  le  vœu  de  la  nature  par  l'accouplement 
et  des  pontes  jilus  ou  moins  abondantes,  mais  se  refuser 
obstinément  h  donner  une  seconde  fois  la  vie  par  l'incuba- 
tion aux  fruits  de  leurs  amours,  sous  les  grilles  et  les  verrous 
dorés  auxquels  ils  ont  été  condamnés. 

Le  fait  que  je  signale  n'est-il  pas  une  consécration  nouvelle 
de  ce  principe  fondamental,  dont  certains  esprits,  en  contra- 
diction avec  eux-mêmes,  cherchent  k  obscurcir  la  vérité  in- 
contestable, à  savoir,  qu'en  se  rapprochant  le  plus  possible  de 
la  nature,  lorsqu'il  s'agit  de  certains  animaux  dont  l'assimila- 
tion cà  une  contrée  nouvelle  est  poursuivie,  on  est  essentielle- 
ment plus  près  d'atteindre  le  but  proposé  ! 

Les  Perdrix  Cambra  et  synaica,  rapprochées  par  le  senti- 
ment amoureux,  dans  la  solitude  de  nos  collines  boisées  ou 
sous  les  ombrages  des  parcs,  auraient  pondu  inévitablement, 


A88      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

mais  surtout  elles  auraient  couvé  leurs  œufs  et  conduit,  au 
moment  donné,  leur  intéressante  famille.  Aucune  des  in- 
fluences atmosphériques  auxquelles  sont  exposés  la  généralité 
des  oiseaux  libres  n'eût  arrêté  cet  élan  naturel,  sous  l'œil 
vivifiant  de  Dieu  !  Sous  la  main  de  l'homme,  l'oiseau  captif 
s'amoindrit  et  s'étiole!  Soumis  à  ces  conditions  misérables, 
l'oiseau  n'aurait-il  pas  la  prescience  du  fameux  hémistiche 
virgilien  :  Vos  non  vobis  ?  Dans  cette  hypothèse,  pourquoi  ne 
s'arrêterait-il  pas  à  son  demi-vers,  à  lui  :  Et  nos  non  vobis! 

L'unique  survivant  de  la  couvée  d'essai  est  mort,  le  dix- 
huitième  jour  après  sa  naissance,  en  moins  d'une  heure, 
sans  que  rien  pût  faire  présager  cette  fin  prématurée. 

L'examen  qui  en  a  été  fait  a  prouve  à  M.  Arnaud  que  la 
pépie  était  la  cause  de  la  mort  de  l'oisillon.  De  plus,  à  l'inté- 
rieur du  corps,  le  viscère  du  foie  était  tuberculeux.  Il  esta 
supposer  qu'un  régime  alimentaire  trop  animalisé  a  occa- 
sionné le  double  état  pathologique  de  la  langue  et  du  foie  : 
d'une  part,  en  provoquant  le  développement  de  la  membrane 
circumlinguale  dont  le  dessèchement  progressif  empêche  l'or- 
gane de  fonctionner  et  détermine  rapidement  la  mort  ;  d'autre 
part,  en  poussant  à  la  graisse,  à  l'obésité  et  à  l'hépatisation 
du  foie.  C'est  un  enseignement  recueilli  dont  l'apphcation  n'a 
pas  tardé  de  se  présenter. 

La  seconde  couvée,  que  j'appellerai  normale,  a  été  conduite 
à  bien.  Elle  se  composait  de  vingt  et  un  œufs.  L'éclosion  a  eu 
lieu  du  vingt  et  unième  au  vingt-troisième  jour.  Ses  résultats 
ont  été  :  six  œufs  clairs  ;  deux  poussins  faibles  morts  en  nais- 
sant; deux  piétines  par  la  Poule,  et  qui  ne  se  sont  pas  rétablis. 
Les  onze  survivants  comptent  aujourd'hui  vingt  jours  d'exis- 
tence. Leur  taille  est  celle  d'une  forte  Caille.  Ils  sont  alertes 
et  vigoureux,  et  volètentdéjà  avec  une  certaine  énergie.  Leur 
livrée  se  dessine  de  jour  en  jour.  C'est  un  fond  gris  avec  une 
foule  demaculations  blanches,  à  peu  de  chose  près  celles  des 
Perdreaux  ordinaires.  Le  dessus  de  la  tête  est  d'un  roux  doré  ; 
les  joues  sont  grisâtres.  A  partir  de  l'angle  externe  de  l'œil, 
une  petite  tache  noire  se  divise  vers  le  méat  auditif  (l).  Le 

(i)  Caiactèie  qu'on  letrouve  cliez  la  t^erdrix  de  Syrie. 


HYBRIDES   DE   PERDRIX   GAMBRA  ET  DE  PERDIX  SYNAICA.     hS9 

dessus  du  bec  devient  de  plus  en  plus  brun.  Les  pattes  sont 
couleur  de  chair.  Cette  jolie  compagnie  est  logée,  avec  la 
poule  éleveuse,  dans  une  caisse  sans  fond,  longue  de  2  mètres, 
large  d'un  mètre  sur  60  centimètres  de  hauteur,  à  toiture 
à  deux  pentes  et  mobile.  Les  parties  latérales,  sur  toutes 
les  faces,  sont  finement  grillagées.  Chaque  matin,  dés  que  le 
soleil  est  assez  haut  pour  visiter  notre  jardin,  les  Perdreaux, 
pris  à  la  main  dans  leur  cage  de  nuit,  sont  placés,  l'un 
après  l'autre,  dans  une  grande  marmite,  et  transportés  ainsi 
dans  leur  cage  extérieure,  dont  l'emplacement  est  changé 
chaque  jour,  de  telle  sorte  que  les  oisillons  reposent  sur  la 
terre  mobile,  où  ils  aiment  à  s'épouiller,  et  sur  des  plantes 
croissant  spontanément,  au  milieu  desquelles  ils  furètent  sans 
cesse  à  la  recherche  de  tout  petits  insectes  qu'ils  se  plaisent 
aussi  à  déchiqueter.  Sauf  l'espace  et  le  libre  parcours,  ils 
vivent  de  la  vie  des  champs,  sous  un  soleil  radieux  dont  l'ex- 
trême chaleur  est  de  leur  goût.  Après  leurs  repas,  composés 
de  millet,  de  blé,  de  laitue  ronde  fournie  abondamment,  et 
dont  ils  sont  friands,  et  de  quelques  Ijlattes  vivantes,  on  les  voit 
rechercher  une  bande  de  soleil,  s'y  blottir  tous  ensemble 
l'un  contre  l'autre,  les  yeux  à  demi  entr'ouverts,  sous  l'in- 
fluence d'une  somnolence  digestive. 

Au  coucher  du  soleil,  la  manœuvre  du  transport  recom- 
mence. Il  s'agit  de  regagner  le  domicile  de  nuit.  Sans  doute 
il  serait  bon,  pour  l'hygiène  de  ces  oisillons,  de  les  laisser 
exposés  à  l'influence  de  la  température  nocturne,  au  contact 
de  la  poule,  impuissante  à  les  couvrir  tous  aujourd'hui  ;  mais 
bien  des  chats  rôdent  dans  le  jardin,  le  danger  serait  immi- 
nent. Les  Perdreaux  sont  si  bien  façonnés  à  la  manœuvre, 
qu'ils  s'affaissent  naturellement  et  se  laissent  saisir  sans  résis- 
tance. Bien  que  nos  contrées  abruptes  et  desséchées  où 
vivent  les  Perdrix  manquent  d'eau  généralement ,  et  que  les 
moyens  de  se  désaltérer  fassent  défaut,  M.  Arnaud  maintient 
à  ses  poussins  un  abreuvoir  dont  l'eau  est  fréquemment  re- 
nouvelée. Ils  s'en  approchent  souvent,  et  se  rafraîchissent  la 
langue  et  le  gosier.  Il  nous  tarde  de  voir  cette  jolie  couvée 
revêtir  la  livrée  du  second  âge,  dont  les  nuances  pourront 


Z|90       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

être  facilement  saisies  et  décrites.  Ce  serait  alors  le  moment 
d'avoir  à  sa  disposition  un  parc  d'une  certaine  étendue, 
garanti  contre  les  animaux  déprédateurs  et  le  braconnage 
essentiellement  destructeur,  pour  y  lâcher  cette  famille  d'hy- 
brides, et  constater  plus  lard  s'il  y  a  eu  ou  non  reproduction. 
Le  même  fait  pourrait  être  observé  en  domesticité,  par  le  pré- 
lèvement d'une  paire  bien  accentuée  dans  ses  caractères. 

D'ailleurs  M.  Arnaud  est  au  moment  d'obtenir  une  seconde 
éclosion  tout  aussi  nombreuse,  je  pense,  que  la  première;  et 
le  temps  est  encore  assez  convenable  pour  la  conduire  abonne 
fin. 

En  résumé,  la  paire  Cambra  syriaque  a  donné  les  résultats 
que  voici  : 

Couvée  d'essai 5  œufs. 

Première  couvée  normale 31  — 

Deuxième  couvée  normale. 24  — 

En  réserve,  œufs  nouveaux S  — 

Total 58  œufs. 

Les  Perdreaux  de  M.  Arnaud  comptent  aujourd'hui  cin- 
quante jours.  Ils  sont  au  nombre  de  onze,  tous  alertes  et 
vigoureux.  Leur  taille  n'est  inférieure  que  d'un  tiers  environ, 
ta  celle  des  Cambra  et  Perdix  grecques  adultes.  Ils  piaulent 
à  pleine  gorge,  et  de  temps  en  temps  les  mâles,  se  redressant 
sur  leurs  tarses,  cambrant  leur  dos,  poussant  en  avant  la  poi- 
trine et  l'appareil  vocal,  tendent  le  cou  et  essayent  les  pre- 
mières notes  de  leur  chant  si  connu,  ca,  ca^  ca,  qui  seront 
phrasées  nettement  sous  peu  de  temps.  Je  constate,  dès  ce 
moment,  la  première  mue  qu'ils  subissent,  ce  sont  les  grandes 
plumes  alaires  que  nous  recueillons  dans  la  cage.  La  livrée  de 
la  tête  est  à  peu  près  la  seule  qu'il  soit  possible  d'analyser. 
Sa  partie  supérieure,  depuis  le  vertex  jusqu'à  l'occiput,  est 
d'un  gris  brun  roussâtre  occupant  presque  toute  la  surface, 
liséré  de  noir  latéralement,  ce  qui  fait  ressortir  vivement  la 
hgne  blanche  qui  part  de  la  base  moyenne  du  bec,  passe  au- 
dessus  de  la  région  de  l'œil,  se  continue  également  au-dessus 
de  l'oreille,  et  se  perd  insensiblement  sur  la  portion  latérale 
supérieure  du  cou-.  Les  plumes  qui  recouvrent  le  méat  au- 


HYBRIDES   DE   PERDRIX   GAMBRÂ  ET  DE  l'ERDIX  SYNAICA.     /|91 

ditif  sont  rousses.  Immédiatement  au-dessous  commence  le 
collier  noir  qui,  ce  me  semble,  devra  s'étendre  plus  bas  et 
s'unir,  sur  la  gorge,  au  prolongement  du  coté  opposé,  et 
constituer  ainsi  le  collier  plein  de  la  Perdrix  grecque  et' de 
notre  Bartavelle. 

Le  trait  noir,  du  côté  interne  de  l'œil,  que  j'avais  signalé, 
a  disparu.  Il  n'y  a  pas,  comme  chez  la  Perdrix  grecque,  de 
ligne  transverse  noire  à  la  base  du  bec.  Le  bec  n'est  point 
encore  rouge.  Les  tarses,  au  contraire,  ont  revêtu  la  couleur 
coralline.  Toutes  les  macules  blanches  ont  disparu.  La  partie 
inférieure  du  cou  et  la  poitrine  sont  d'un  gris  roussàtre  terne 
sans  mélange  de  couleur.  ' 

Le  développement  de  cette  couvée  remarquable  s'est  pro- 
duit, à  l'état  de  captivilé,  d'une  manière  aussi  rapide  que  chez 
les  Perdreaux  libres.  Depuis  quinze  jours,  ils  ont  été  séparés 
de  la  poule  conductrice. 

M.  Arnaud  a  obtenu  une  nouvelle  couvée  dont  les  survi- 
vants sont  au  nombre  de  dix.  La  poule  très-novice  qui  les  a 
protégés  de  sa  chaleur  vitale  n'a  pas  su  les  débarrasser  de  la 
coqudle,  Il  a  fallu  y  procéder  lentement  et  avec  infiniment  de 
précaution.  Aussitôt  nés  (il  y  a  quinze  jours),  la  poule  a  été 
enlevée,  et  les  poussins  ont  trouvé  asile  dans  la  couveuse  ar- 
tificielle, poussée  au  delà  de  35  degrés.  Cette  température  leur 
a  été  essentiellement  favorable.  Pas  un  n'a  été  dans  un  état 
languissant. 

Aujourd'hui  ils  vivent,  livrés  à  eux-mêmes,  dans  une 
grande  cage,  ayant  pour  moniteur  un  des  Perdreaux  de  la 
couvée  qui  les  a  précédés. 

M.  Arnaud  a  vingt-quatre  œufs  nouveaux  à  l'incubation 
soiis  la  même  poule  qui  avait  fait  naître  la  couvée  d'essai. 

Somme  toute,  la  Perdrix  grecque  a  pondu  près  de  quatre- 
vingts  œufs  h  partir  du  mois  de  mai  jusqu'à  ce  jour.  Elle 
entre  en  mue,  et  c'est  la  clôture  pour  l'année  1863. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

Barthélémy- Lapommeraye. 


NOTICE 


SUR 


LES  POISSONS  DE  RIVIÈRE  DE  LA  GUADELOUPE 

ET  PARTICULIÈREMENT  SUR  LE  PISQUET, 

Par    M.   VAUCHELET   (1). 


(Séance  du  12  décembre  1862.) 


I.  —  De9  Pisfpœts. 

Le  mol  seul  le  dit,  Pisqiœt  vient  du  latin  plscis  (poisson). 
Les  Caraïbes  appelaient  ce  petit  poisson  T/^iri  ou  Tritri;  c'est 
encore  ce  dernier  nom  qu'on  lui  donne  à  la  Martinique. 

(1)   Je  considère  comme  ^\.  Vaiichclct  les  Pisquets  ou  Titiris  comme 
étant  l'alevin  de  dilTcrcnls  poissons,  qui,  comme  la  montée  de  certaines 
espèces  à  rembouchurc  des  fleuves  cl  des  rivières  de  l'Europe,  à  certaines 
époques,  quitte  les  eaux  salées  pou'-  aller  peupler  les  eaux  douces.  J'ai  vu  à 
la  Martinique,  sur  la  grande  roue  d'un  moulin  à  sucre,  à  plus  d'une  demi- 
lieue  de  la  mer,  des  Titiris  entassés  dans  les  augets  en  si  grande  quantité, 
qu'il  en  résultait,  par  leur  mort,  une  véritable  infection.  Les  Tiliris ,  à  la 
Martinique  comme  à  la  Guadeloupe,   ne  paraissent  qu'à   une  époque  de 
l'année,  dans  les  premiers  temps  de  l'hivernage,  juillet  et  août;  plus  tard 
on  ne  les  voit  plus,  sans  doute  parce  qu'ils  ont  grossi  et  sont  devenus  pois- 
sons. On  ne  les  trouve  qu'à  l'embouchure  des  rivières  de  la  partie  nord  de 
l'île,  qui  sont  des  torrents  se  déversant  directement  dans  la  mer.  Les  rivières 
du  sud  (Lamantin  et  Vauquelin)  s'arrêtent  dans  les  terres,  à  cause  des  ter- 
rains bas  et  d'alluvion  qui  les  séparent  de  la  mer,  et  ne  communiquent 
avec  celle-ci  que  par  des  canaux  où  le  mélange  de  l'eau  doude  et  de  l'eau 
de  mer  se  fait  insensiblement;  ces  rivières  du  sud  n'ont  point  de  Tiliris. 
Dans  certains  quartiers  du  nord,  à  la  Basse-f'ointe  par  exemple,  lorsque  les 
Tiln-is  donnent,  surtout  à  la  suite  des  orages,  comme  le  dit  M.  Vauchelet, 
la  corne  de  Lamhis,  qui  est,  aux  colonies,  la  trompe  d'appel  ou  d'alarme,  la 
corne  de  Lamhis  se  lait  enlendrc  ;  aussitôt  tous  les  nègres  des  hahilalions 
où  cet  appel  est  arrivé  s'empressent  d'accourir,  qui  avec  un  sac,  qui  avec 
un  drap,  qui  avec  un  pantalon  dont  les  jambes  sont  nouées  ;  tout  devient 
engin  de  pèche.   On  enlève  en  quelques  heures  une  immense  (luanlilé  de 
Titiris,  c'est-à-dire  d'alevin ,  et  comme  la  consommation  ne  peut  s'en  faire 
assez  promplement  pour  les  empêcher  de  se  gàler,  on  verse  les  Tiliris  dans 
de  la  saumure  mêlée  de  piments  et  de  bois  d'Inde.  On  soumet  le  tout  à  une 


POISSONS    DE   RIVIÈRE    DE   LA    GUADELOUPE.  Zi9o 

Description.  —  Je  laisse  parler  le  R.  P.  du  Tertre  (1): 

<  Il  se  trouve,  clans  la  plupart  des  rivières  de  toutes  ces 
))  îles,  de  petits  poissons  que  les  sauvages  appellent  Titiris. 
»  Ils  ne  sont  pas  plus  gros  que  des  fers  d'aiguillettes  ;  leur 
»  corps  est  tout  marqueté  de  noir  et  de  gris  ;  ils  ont  deux 
))  petites  empennures,  l'une  sur  le  dos  et  l'autre  sous  le  ventre, 
»  deux  petites  nageoires  proche  de  la  tête  et  une  queue  de  la 
»  même  étoffe;  mais  tout  cela  est  mêlé  de  trois  ou  quatre 
»  couleurs,  de  rouge,  de  vert  et  de  bleu.  Ces  couleurs  sont  si 
!)  vives,  qu'il  semble  que  ce  soit  de  l'émail  appliqué  sur  eux. 
»  Cela  ne  paraît  pourtant  guère,  si  ce  n'est  dans  l'eau,  lors- 
»  qu'ils  se  jouent  et  font  de  petites  caracoles,  les  uns  après  les 
»  autres.  Je  crois  que  ce  sont  les  mâles  qui  ont  ces  avantages 
»  de  couleur,  caria  plupart  n'en  ont  point. 

»  Plusieurs  fois  pendant  l'année,  on  les  voit  remonter  de 
»  la  mer  vers  la  montagne  en  si  grande  quantité,  que  les 
»  rivières  en  sont  toutes  noires  :  or,  comme  nos  rivières  sont 
»  des  torrents  qui  se  précipitent  avec  impétuosité  à  travers 
»  des  rochers,  ces  petits  poissons  gagnent  tant  qu'ils  peuvent 
»  le  long  des  rives,  o\x  les  eaux  sont  moins  rapides;  et  quand 
»  ils  rencontrent  un  saut  d'eau  dont  la  rapidité  les  emporte, 
»  ils  se  jettent  hors  de  l'eau  et  s'attachent  contre  la  roche,  et 
»  se  glissent  à  force  de  remuer,  jusqu'au-dessus  du  courant  de 
»  l'eau.  Vous  en  voyez  plus  de  deux  pieds  de  large  et  plus  de 
»  quatre  doigts  d'épais,  attachés  sur  une  roche,  qui,  tous  les 
»  uns  sur  les  autres,  s'efforcent  à  qui  aura  plus  tôt  gagné 
))  le  dessus  :  c'est  là  qu'on  les  prend,  car  il  ne  faut  que  mettre 

forle  pression,  puis  à  la  dessiccation,  et  l'on  en  fait  des  briques  ou  fains  qui 
sont  très- recherchés  par  ceux  qui,  dit-on,  en  ont  une  fois  goûté.  A  l'état 
frais,  les  Pisquets  se  mangent  passés  dans  la  poêle,  en  beignets  appelés  acras, 
ou  au  court-bouillon,  toujours  avec  force  épiccs.  On  consomme  ainsi  en 
quelques  l)Ouchées  des  milliers  de  poissons.  Les  réflexions  de  AL  Vauchelet 
sur  de  pareilles  deslruclions  sont  fort  sages  ;  il  serait  aussi  à  désirer  qu'on 
pût  étudier  et  suivre  dans  un  aquarium  le  développement  du  Pisquet,  ce. qui 
ne  paraît  pas  avoir  été  encore  fait.  (Rufz  de  Lavison.) 

(1)  Voyez  Histoire  yénêrale  des  Antilles  habitées  par  les  Français,  par 
le  R.  P.  du  Tertre,  2'=  volume.  —  Histuire  naturelle,  page  2û3  et  sui- 
vantes. 


hQll      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'âCCLIMATATION. 

»  un  vaisseau  dessous  el  les  pousser  dedans  avec  la  main. 
i  Un  chacun  en  fait  de  bons  repas  lorsqu'ils  remontent,  sans 
D  qu'on  s'aperçoive  aucunement  qu'ils  diminuent.  J'ai  cru  fort 
D  longtemps  qu'ils  descendaient  à  la  mer  pour  y  jeter  leur 
»  rogue,  et  qu'étant  formés,  ils  remontaient  à  la  montagne; 
»  mais  j'ai  changé  d'opinion  depuis  que  j'ai  remarqué  que 
»  cela  n'arrive  que  deux  ou  trois  jours  après  de  grandes  ava- 
»  lasses  d'eau,  qui  les  entraînent  à  la  mer,  et  que  même  la 
»  plupart  sont  tous  plein  de  rogue  en  remontant.  » 

Je  reviendrai  plus  loin  sur  l'opinion  émise  par  le  R.  P.  du 
Tertre  relativement  à  la  nature  du  Pisqitet  ou  Titm.  Je  com- 
plète seulement  la  description  de  ce  petit  poisson. 

Il  peut  avoir  environ  25  millimètres  de  longueur  sur  2  mil- 
limètres de  diamètre.  Il  est  par  conséquent  assez  allongé; 
ses  nageoires,  au  nombre  de  quatre,  sont  :  première  et 
deuxième  dorsales;  caudale,  en  forme  d'éventail,  et  anale, 
peu  prononcée  ;  à  la  place  des  nageoires  ventrales,  il  a  une 
ventouse  qui  lui  sert  à  se  coller  sur  tous  les  corps  qu'il  ren- 
contre. Le  premier  jour  de  son  apparition  aux  embouchures  de 
nos  rivières,  il  est  presque  blanc  ou  plutôt  presque  incolore, 
c'est-à-dire  que  sa  chair  est  transparente  ;  le  second  jour,  il 
est  d'un  blanc  gris  ;  le  troisième  jour,  zébré  de  gris  de  fer; 
puis  entin  noirâtre  et  bariolé. 

Ces  petits  poissons  se  tiennent  par  bandes  épaisses  ou  lits, 
ne  se  divisent  que  lorsqu'ils  ont  plusieurs  jours  et  qu'ils  ont 
acquis  plus  de  force  ;  alors  seulement  ils  remontent  les 
rivières. 

Leur  genre.  —  Les  avis  sont  partagés  sur  l'origine  et  la 
nature  de  ce  poisson.  Les  uns  disent  que  c'est  une  espèce 
particulière  qui,  à.  certaines  époques  de  l'année,  quitte  la  mer, 
son  élément,  pour  entrer  dans  les  rivières  et  retourner  ensuite 
dans  l'eau  salée  ;  d'autres  prétendent,  et  le  père  du  Tertre  est 
de  ce  nombre,  que,  lors  des  débordements  de  nos  rivières, 
ces  petits  poissons,  qui  ne  deviennent  jamais  plus  gros,  sont 
entraînés  à  la  mer,  et  que  leur  instinct  les  ramène  ensuite  en 
masse  dans  l'eau  douce. 

Je  crois  ne  pas  trop  m'avancer  en  disant  que  ces  deux  opi- 


POISSONS   DE    RIVIÈRE    DE    LA    GUADELOUPE.  /|95 

nions  sont  fausses.  J'ai  pu  m'en  assurer  par  des  observations 
suivies  de  plus  d'une  année.  J'ai  fait  installer  chez  moi  une 
petite  piscine,  et  là  j'ai  étudié  les  Pisquets  et  nos  poissons  de 
rivière  en  général.  Voici  les  résultats  de  mes  remarques  : 

Les  Pisquets  sont  les  jeunes  de  quelques-uns  de  nos  pois- 
sons de  rivière  ;  ils  n'apparaissent  aux  embouchures  qu'à 
certaines  époques  de  l'année. 

Nous  savons  que  quelques  poissons  de  l'Europe,  tels  que 
l'Épinoche,  font  leurs  nids  avec  des  plantes  aquatiques;  la 
femelle  dépose  ses  œufs  dans  le  nid,  dont  la  forme  est  cylin- 
drique; il  est  ouvert  aux  deux  extrémités;  le  mâle  attend  à 
l'orifice,  et,  dès  que  la  femelle  en  est  sortie,  il  y  entre  à  son 
tour  et  dépose  sa  laite  ou  semence  sur  les  œufs,  afin  de  les 
féconder  (1). 

De  l'édosion  des  œufs.  —  Nos  poissons  déposent  donc  leurs 
œufs,  soit  dans  leurs  nids,  soit  plutôt  dans  le  lit  même  des 
rivières,  —  ce  dont  je  n'ai  pu  jusqu'à  présent  m'assurer,  "— 
et  le  courant  les  entraine  à  la  mer,  où  ils  séjournent  un  cer- 
tain laps  de  temps;  cette  eau  étant  d'une  température  moins 
froide  que  celle  des  rivières  (2),  les  œufs  éclosent,  passent  à 
l'état  d'alevin,  puis  de  jeunes,  qui  entrent  instinctivement 
et  par  milliards  dans  les  rivières. 

Ce  n'est  qu'alors  que  les  Pisquets  prennent  delà  nourriture, 
car  tant  qu'ils  ont  été  dans  la  mer,  ils  ne  se  sont  nourris  que 
de  leur  vésicule  ombilicale. 


(1)  Voyez  Introductions  pratiques  sur  la  pisciculture,  par  .M.  Cosle, 
inenibn^  de  riiistitiit,  page  72  el  suiv. 

(2)  Température  moyenne  (du  'J6  mai  au  2  juin  18G2)  : 


DE    L  AIR  : 


sur  le  pont 
l'un  bàliniciit, 

à  une 

encablure  lUi 

rivaiîe. 


27", 9 


sur  le 
liltoral. 


27%6 


environ 
à  8  kiloniclres 

du  riva2;c 
et  à  500  mètres 

au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 


20», 0 


DE  LA   MER, 

à  une  encablure 

du  rivage. 


Sliper- 
ficie. 

26», 9 


Fond. 


26», 9 


DE    L  EAU    DOUCE 


à  une  dizaine 

de  mètres 

de 

l'embouchure 

des  rivicres. 


24°,  0 


environ 

à  8  kilumèlres 

du  rivaife 

et  à   500  nièlres 

au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 


19",0 


h96       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

Ce  qui  prouve  celte  assertion,  c'est  que  l'on  trouve  toujours 
mêlées  aux  Pisquets  une  grande  quantité  de  petites  Écre- 
visses(l),  ayant  à  peine  un  centimètre  de  longueur,  qui  rega- 
gnent aussi  l'eau  douce,  leur  élément. 

Quand  le  père  du  Tertre  a  dit  que  les  Titiris,  en  remontant 
les  rivières,  sont  presque  tous  pleins  de  rogue,  il  se  trompe. 
J'ai  observé  ce  petit  poisson  au  microscope,  et  j'ai  pu  me  con- 
vaincre du  contraire  :  ses  intestins  étaient  vides  d'aliments 
le  premier  jour  de  son  apparition  aux  embouchures. 

Des  diverses  espèces  de  poissons  qui  y  sont  comprises.  — 
Parmi  les  Pisquets,  il  n'y  a  que  trois  sortes  de  poissons, 
savoir  :  Dormeurs,  Loches,  Pancous  (leurs  noms  vulgaires  à 
la  Guadeloupe). 

Je  les  décrirai  plus  loin  séparément. 

Apparition  des  Pisquets.  —  Les  Pisquets  ne  paraissent  à 
l'embouchure  de  nos  rivières  que  pendant  les  six  derniers' 
mois  de  l'année,  c'est-à-dire  de  juillet  à  décembre,  et  toujours 
trois  ou  quatre  jours  avant  la  nouvelle  lune. 

Un  fait  remarquable,  c'est  que  l'époque  où  l'apparition 
des  Pisquets  doit  avoir  lieu  est  précédée  par  des  éclairs  sans 
tonnerre  ;  c'est  pourquoi  on  appelle  vulgairement  ces  mé- 
téores éclairs  à  Pisquets. 

Leur  pêche.  —  Nous  avons  vu  plus  haut  de  quelle  manière 
elle  se  faisait  du  temps  du  père  du  Tertre  (2)  ;  aujourd'hui 
que  le  nombre  de  ces  petits  poissons  a  beaucoup  diminué, 
elle  a  Ueu  de  la  manière  suivante  : 

On  tend  sur  les  bords  de  la  rivière  des  draps  de  toile  ou 
de  coton  ;  on  les  coule  et  on  les  assujettit  aux  quatre  angles 
au  moyen  de  pierres  ;  on  sème  dessus,  très-légèrement,  du 
sable  ou  du  gravier:  les  Pisquets  ne  tardent  pas  à  s'y  poser  en 
grande  quantité,  car  alors  ils  sont  fatigués  par  le  courant.  On 
lève  précipitamment  le  drap  par  ses  angles;  l'eau  filtrant  à 
travers  le  linge,  ces  petits  poissons  se  trouvent  à  sec.  On  les 

(1)  J'entends  ici  par  Écrevisses  toutes  les  diverses  espèces  de  ces  crustacés 
que  nous  avons  dans  le  pays,  et  qui  sont  connues  sous  les  noms  vulgaires 
^''Ouassous,  Queues  rouges,  Mordants,  Cacados,  etc. 

(2)  C'esl-à-diie  vers  le  milieu  du  xvii^  siècle. 


POISSONS    DE   RIVIÈRE    DE    LA   GUADELOUPE.  /|97 

prend  alors  par  milliers,  et  on  les  met  dans  des  bailles  ou 
baquets,  avec  un  peu  d'eau  pour  les  conserver,  parce  que, 
dès  qu'ils  sont  morts,  ils  prennent  une  teinte  blancliàtre  et 
se  décomposent  très-vite,  leur  chair  n'ayant  pas  encore  assez 
de  consistance. 

Inconvénients  de  cette  pêche,  sons  le  rapport  du  dépeuple- 
ment de  nos  rivières.  —  Les  Pisquets  étant  donc  les  jeunes 
de  certains  des  poissons  de  nos  rivières,  on  voit,  par  la  quan- 
tité innombrable  que  l'on  détruit  chaque  année,  qu'il  serait  à 
désirer  que  l'administration  de  la  Guadeloupe,  dans  l'intérêt 
de  la  multiplication  de  ces  poissons,  pût  défendre  celte  pêche, 
sinon  toute  la  saison,  au  moins  pendant  une  grande  partie, 
afin  de  laisser  à  nos  rivières  le  temps  de  se  repeupler.  Déjà 
celles  qui  avoisinent  la  Basse-Terre  sont  à  peu  près  épuisées. 

Il  existe  au  Code  de  la  Martinique  une  ordonnance,  du 
h  mai  1768,  de  MM.  les  général  et  intendant,  qui  interdit  la 
pêche  du  Tritri  (Pisquet),  sous  peine  de  deux  cents  livres 
d'amende  pour  les  blancs,  de  cent  livres  d'amende  et  un 
mois  de  prison  pour  les  gens  de  couleur  libres,  et  de  la  peine 
du  ibuet  et  du  carcan  pendant  trois  jours  pour  les  esclaves, 
et  sous  de  plus  grandes  peines  en  cas  de  récidive  (1). 

De  la  pêche  par  enivrement  ou  par  détournement  de  l'eau. 
—  Des  pêcheurs  impitoyables  prennent  gros  et  petits  poisson?, 
et  quelquefois,  pour  avoir  une  pêche  sûre  et  abondante,  ils 
enivrent  clandestinement  l'eau  au  moyen  de  décoctions  de 
plantes  de  ce  pays  (2).  Le  poisson,  enivré  par  ce  poison,  vient 
tout  étourdi  à  la  surface  de  l'eau  et  y  meurt  au  bout  de  peu 
de  temps.  Alors  on  n'a  qu'à  le  ramasser  et  à  choisir;  mais, 
pour  en  avoir  quelques  beaux,  combien  de  petits  ne  détruit- 
on  pas!... 

Ces  faits  coupables  sont  du  reste  punis,  quand  on  peut  en 
découvrir  les  auteurs,  en  vertu  de  l'article  1  "  de  l'ordon- 
nance du  capitaine  général  Ernouf,  du  28  avril  1807,  ainsi 
conçu  : 

(1)  Voyez  Code  de  la  Mar Unique,  vol,  11,  page  575. 

(2)  Elles  sont  connues  vnlgairenient  sons  le  nom  générique  de  bois  à 
enivrer.  Les  principales  sont  le  (Jalejja  et  le  Pijxidia  erythrina. 

T.  X.  —  Arnll  1S0:1.  32 


/|98      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTATION. 

«  Il  est  défendu  à  toute  personne  d'enivrer  les  rivières, 
))  d'y  jeter  des  bois,  des  lierbes,  de  la  chaux,  ou  toute  autre 
»  drogue  ou  matière  susceptible  d'altérer  leur  salubrité,  à 
»  peine  de  cent  francs  d'amende. 

»  En  cas  de  récidive,  la  peine  sera  de  trois  cents  francs. 

»  Les  pères  de  famille  seront  tenus  de  payer  l'amende 
»  encourue  par  leurs  enfants.  » 

Plus  tard,  sous  l'administration  anglaise,  S.  E.  le  lieutenant 
général  Beckwyth,  gouverneur  de  la  Guadeloupe,  s'inspirant 
des  dispositions  des  articles  1  et  2  de  l'ordonnance  du  l\  mai 
1768,  de  MM.  les  général  et  intendant  de  la  Martinique  (1), 
déjà  citée,  se  montrait  bien  plus  sévère.  Il  s'exprimait  ainsi 
dans  l'article  8  de  son  règlement  du  3  avril  1810,  concernant 
la  police  générale  de  la  colonie  : 

«  Défendons  à  tous  gens  blancs  ou  de  couleur,  libres  ou 
»  esclaves,  d'enivrer  les  rivières,  à  peine  de  cinq  ans  de 
»  galères  pour  les  blancs,  des  galères  à  vie  pour  les  libres  et 
>  pour  les  esclaves,  conformément  aux  ordonnances  rendues 
»  sur  ce  fait.  » 

Il  ajoutait  dans  son  article  9  : 

«  Défendons  pareillement  de  détourner  les  rivières  pour 
»  arrêter  le  poisson,  à  peine  de  deux  cents  livres  d'amende 
»  contre  les  blancs,  de  cent  livres  et  un  mois  de  prison  pour 
j)  les  libres,  et  de  la  peine  du  fouet  et  du  carcan  pendant  trois 
»  jours  pour  les  esclaves.  » 

Que  l'on  ajoute,  à  la  destruction  faite  par  la  cupidité  des 
hommes,  la  destruction  naturelle  occasionnée,  soit  par  les 
éboulements  provenant  de  tremblements  de  terre,  soit  sur- 
tout par  les  fréquents  débordements  de  nos  rivières,  que  l'on 
pourrait  plutôt  appeler  des  torrents,  qui  entraînent  à  la  mer 
avec  impétuosité  tout  ce  qui  se  trouve  dans  leurs  cours,  et 
l'on  ne  sera  plus  étonné  de  leur  dépeuplement. 

.Je  ne  parle  pas  des  moyens  artificiels  bien  connus  pour 

(1)  Voyez  Code  de  la  Martinique,,  vol.  II.  pages  blh  el  575. 


POISSONS   DE    RIVIÈRE    DE    LA    GUADELOUPE.  ^99 

arriver  au  repeuplement  des  rivières  :  on  n'a  qu'à  ne  plus 
détruire  les  jeunes,  et  elles  redeviendront  poissonneuses. 

IL  —   Des  diverses  espèces  de  nos  poissons  de  rivière. 

Décrivons  maintenant  les  diverses  espèces  de  nos  poissons 
de  rivière. 

Je  dirai  tout  d'abord  que,  selon  les  localités,  quelques-uns 
de  ces  poissons  changent  de  noms.  Je  no  les  désignerai  que 
par  leurs  noms  vulgaires. 

Du  Dormeur  (1).  —  Son  nom  lui  vient  de  ce  qu'il  reste 
presque  toujours  au  fond  de  l'eau,  ou  le  long  des  rives,  dans 
des  herbes  aquatiques,  immobile  comme  s'il  dormait. 

Ce  poisson  a  fort  peu  d'écaillés  ;  sa  chair  est  très-blanche, 
très-délicate  et  même  transparente,  lorsqu'il  est  jeune.  A  celte 
époque,  sa  robe  est  toute  mouchetée  de  roux  clair,  avec 
reflet  or  et  brun,  sur  un  fond  presque  incolore.  En  se  déve- 
loppant, ses  couleurs  deviennent  plus  brunes,  et  il  finit  par 
prendre  une  teinte  noire  bleuâtre. 

Le  Dormeur  est  assez  allongé.  Sa  tête,  un  peu  aplatie,  a 
presque  la  forme  d'une  pyramide  tronquée  dont  le  sommet 
serait  la  bouche.  Ses  yeux  sont  placés  sur  les  arêtes  de  la  tête. 
Sa  mâchoire  supérieure  est  très-saillante  et  charnue  à  la  base. 
Sa  bouche  est  plutôt  petite  que  grande. A  la  place  des  nageoires 
ventrales,  il  a  une  petite  ventouse  qui  lui  sert  à  se  coller  et 
à  se  reposer  sur  les  corps  durs  qu'il  rencontre,  ou  encore  à 
remonter  de  roche  en  roche  le  courant  et  les  fréquentes 
cascades  de  nos  rivières. 

Le  Dormeur  est  sobre,  propre,  et  vit  dans  toutes  les  eaux 
douces,  pourvu  qu'elles  soient  fraîches  et  saines.  Il  aime  sur- 
tout à  se  tenir  au  fond  des  bassins,  là  où  il  y  a  du  sable  ou 
des  graviers,  et  y  demeure  tant  qu'il  y  trouve  sa  nourriture. 
De  tous  nos  poissons  de  rivière,  il  est  le  plus  gros.  On  ,en 
pêche  qui  pèsent  jusqu'à  3  et  h  kilogrammes. 

Des  pêcheurs  prétendent  que  tant  qu'il  est  d'une  taille 
moyenne,  il  se  plaîtdans  l'eau  douce;  mais  qu'à  mesure  qu'il 

(1)  Philypnus  dormitator,  Cuv.,  Va!. 


500        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

se  développe,  il  descend  vers  remboucliure,  et  que,  lors- 
que enfin  son  volume  est  considérable,  et  qu'il  semble  ne  plus 
trouver  de  bassins  dans  lesquels  il  puisse  prendre  ses  ébats  et 
se  procurer  une  nourriture  suffisante,  il  entre  dans  la  mer 
et  demeure  dans  les  endroits  rocheux;  alors,  disent-ils,  il 
acquiert  encore  plus  de  développement,  et  il  atteint  quelque- 
fois une  grosseur  telle,  que  l'on  en  j)èclie  qui  pèsent  jusqu'à 
100  kilogrammes. 

Rien,  du  reste,  ne  paraît  justifier  cette  assertion  que  je  crois 
erronée. 

De  la  Loche. —  On  l'appelle  communément  Loch,  mais  son 
véritable  nom,  celui  par  lequel  le  père  du  Tertre  la  désigne, 
est  Loche  (1).  En  l'examinant,  on  voit  en  eiïet  qu'elle  ressemble 
à  laLoche  de  France  :  comme  ce  poisson,  elle  est  ordinairement 
très-grasse. 

Le  corps  de  la  Loche  est  court  et  gros;  l'extrémité  de  sa 
queue  ressemble  à  un  éventail.  La  forme  de  sa  tête  et  la  posi- 
tion de  ses  yeux  lui  permeltent  de  voir  plus  facilement  les 
objets  qui  sont  au-dessus  d'efie.  Sa  mâchoire  inférieure  est 
plus  avancée  que  la  supérieure,  de  telle  sorte  qu'étant  hori- 
zontalement placée,  ehe  n'a  qu'à  ouvrir  la  bouche  pour  rece- 
voir la  nourriture  qui  lui  vient  de  la  surface  de  l'eau. 

La  chair  de  ce  poisson  est  blanche,  fine  et  délicate  ;  elle  a  un 
peu  le  goût  de  celle  du  Dormeur,  à  laquelle  elle  est  cependant 
inférieure.  On  ne  la  mange  guère  que  frite  ou  en  matelote, 
comme  du  reste  nos  autres  poissons  de  rivière,  qui  presque 
tous  ont  beaucoup  d'arêtes. 

La  Loche  semble  être  à  ventouse,  comme  le  Dormeur, 
parce  qu'elle  tient  le  plus  souvent  contre  les  parois  des  roches  ; 
mais,  en  l'examinant  de  près,  on  reconnaît  que  son  corps  ne 
touche  pas  à  la  pierre  et  qu'il  s'y  soutient  seulement  à  l'aide 
de  ses  nageoires  ventrales. 

Quand  elle  est  jeune,  on  remarque  sur  son  dos  deux  grandes 
bandes  longitudinales  d'une  couleur  beaucoup  plus  foncée  que 
celle  du  reste  du  corps.   11  y  a  deux  sortes  de  Loches  :  l'une 

(!)  Ek'olvis  (jaavina,  Cuv.,  Val.,  î,  .\tî,  p.  223. 


POISSONS    DE   RIVIÈRE    ])E    LA   GUADELOUPE.  501 

de  couleur  gris  de  fer  avec  bandes  noires,  et  l'autre  jaunâtre 
avec  bandes  brunes;  mais  lorsqu'elles  sont  grosses,  elles  ont 
toutes  la  même  teinte  noire  bronzée. 

La  Locbe  se  laisse  facilement  approcbcr  et  elle  s'apprivoise 
assez  vite.  J'en  ai  dans  ma  petite  piscine  qui,  loin  de  me  fuir, 
viennent  à  moi  quand  je  leur  donne  leur  nourriture,  et  même 
elles  se  laissent  prendre. 

Le  caractère  peu  faroucbe  de  ce  poisson  lui  nuit  :  ainsi 
lorsqu'ilest  à  la  surface  de  beau,  caclié  en  partie  seulement 
dans  des  plantes  aquatiques,  il  devient  la  victime  des  autres 
poissons  qui  le  mordent  ou  le  saisissent  par  la  queue,  parce 
que,  comme  TAutruche,  il  se  croit  en  sûreté  dès  qu'il  n'aper- 
çoit plus  son  ennemi.  Aussi,  surtout  lorsqu'il  a  atteint  un 
certain  volume,  se  tient-il  plus  souvent  cacbé  dans  des  cavités 
de  roches,  dans  le  sable  ou  dans  la  vase;  sa  tête  seule  est 
dégagée  et  il  guette  sa  proie.  Il  est  du  reste  très-vorace. 

Les  plus  grosses  ne  pèsent  guère  plus  de  200  grammes. 

Du  Pancoit  (1).  —  Ce  poisson,  qui,  comme  le  Dormeur,  a 
une  ventouse  au  lieu  et  place  des  nageoires  ventrales,  aime 
beaucoup,  la  nuit  surtout,  à  se  tenir  hors  de  l'eau,  sur  des 
roches  humides.  Il  y  monte  par  saccades,  s'y  colle  fortement  et 
peut  y  rester  très-longtemps. 

Sa  chair  est  blanche;  elle  a  un  peu  le  goût  de  celle  de  l'An- 
guille et  se  rapproche  assez  de  celle  de  la  Loche,  cependant 
elle  est  plus  ferme,  mais  moins  délicate  que  celle-ci. 

Sa  tête  est  beaucoup  moins  forte  que  celle  du  Têtard,  mais 
son  corps  est  beaucoup  plus  allongé.  La  couleur  de  sa  robe 
est  d'un  gris  jaune,  souvent  marbré,  ou  presque  noire  jaune. 
Il  a  peu  d'écaillés  et  est  très-glissant,  par  la  liqueur  gluante 
qu'il  dégage  de  tout  son  coi-ps  dès  qu'on  le  touche.  Ses  yeux 
sont  noirs  et  quelquefois  d'un  beau  bleu,  ses  nageoires  dor- 
sales et  caudales  très-prononcées  et  très-mobiles;  cette  der- 
nière est  arrondie  en  forme  d'éventail,  comme  du  reste  celles 
de  presque  tous  nos  poissons  de  rivière. 

Le  Pancou  se  nourrit  principalement  de  mousse  qu'il  racle 

(1)  Gubius  martinicus,  Ciiv.,  Val.,  l.  XII.  p.  18 


502      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

sur  les  roches,  au  moyen  de  sa  mâchoire  supérieure,  qui  a  là 
forme  d'un  croissant,  et  qu'il  meut  à  volonté  comme  un  jar- 
dinier pourrait  faire  de  son  râteau.  Sa  mâchoire  inférieure 
n'a  que  huit  grosses  dents;  elle  est  couverte  par  la  mâchoire 
supérieure,  qui  est  prononcée  ;  celle-ci  se  dilate  en  avant  et  il 
la  fait  mouvoir  en  grattoir.  Elle  est  garnie  de  toutes  petites 
dents  mobiles,  très-fines  et  très-serrées;  il  en  a  également 
d'implantées  sur  l'arcade  palatine.  La  mousse  qu'il  racle  est 
encore  retenue  par  la  lèvre  supérieure.  Pour  manger,  il  se 
colle  sur  les  roches,  et  avance  par  saccades,  au  fur  et  à  mesure 
qu'il  a  enlevé  sa  nourriture. 

De  tous  nos  poissons  de  rivière,  le  Pancou  est  le  plus  petit 
et  le  moins  délicat  :  aussi  est-il  le  plus  commun.  Il  meurt 
difficilement  et  vit  dans  presque  toutes  les  eaux.  Il  ne  pèse 
guère  plus  de  50  grammes. 

Du  Têtard  (i).  — Le  Têtard  est,  sans  contredit,  de  tous  nos 
poissons  de  rivière,  celui  dont  la  chair  est  la  plus  délicate  : 
aussi  est-il  le  plus  recherché  de  tous.  Son  foie,  très-gros,  a 
même,  lorsqu'il  est  cuit,  un  léger  parfum  de  fleur  d'oranger. 

Son  nom  lui  vient  du  développement  considérable  de  sa 
tête,  qui  est  presque  aussi  grosse  que  tout  le  reste  du  corps. 
Il  ressemble  un  peu  à  la  torpille  ;  il  a  la  forme  des  cerfs- 
volants  de  France,  ou  plutôt  d'une  poire  coupée  dans  sa 
longueur  et  vue  de  face. 

Doué  d'une  puissante  ventouse  qu'il  a  sous  l'estomac,  à  la 
place  des  nageoires  ventrales,  et  qui  lui  sert  à  se  coller  sur  les 
roches,  il  s'y  adapte  si  fortement,  que,  pour  l'en  arracher,  il 
faut  l'y  faire  glisser  jusqu'à  ce  qu'il  se  présente  une  cavité; 
alors  les  doigts  peuvent  passer  sous  la  ventouse  et  il  se  dé- 
tache de  la  roche,  dont  on  n'aurait  pu  l'arracher  sans  beau- 
coup de  peine  et  sans  risquer  de  le  déchirer. 

Le  Têtard  n'a  qu'une  petite  nageoire  dorsale  et  il  n'a  pas 
d'écaillés.  Il  dégage  de  tout  son  corps  une  glu  qui  le  rend  très- 
glissant;  dès  qu'il  est  mort,  cette  glu  devient  plus  abondante. 

Il  y  en  a  de  deux  sortes  :  de  noirs  et  de  gris  mouchetés  de 
brun. 

(1)  Eleolris  gyrinus,  Cuv  ,  Val.,  t.  Xîi,  p.  220,  pi.  358. 


POISSONS   DE   RIVIÈRE    DE    LA   GUADELOUPE.  503 

Ce  poisson,  dont  la  bouche  est  assez  grande,  se  nourrit  de 
peu.  Il  est  paresseux.  Il  meurt  facilement  dès  que  l'eau  dans 
laquelle  il  se  trouve  devient  tiède  ou  se  corrompt;  il  lui  faut 
une  eau  courante,  propre  et  fraîche.  Il  ne  se  colle  que  sur  les 
roches  ou  sur  les  troncs  d'arbres.  Il  peut  rester  longtemps 
hors  de  l'eau,  mais  moins  de  temps  cependant  que  le  Pancou 
ou  l'Anguille.  Il  ne  devient  jamais  très-gros  ;  les  plus  beaux 
pèsent  environ  300  grammes. 

Il  serait  à  désirer  que  nos  poissons  de  rivière,  le  Têtard 
surtout,  fussent  introduits  en  France  :  les  gourmets  y  gagne- 
raient. 

De  r Anguille.  —Je  n'en  parle  ici  que  pour  mention.  Elle 
n'est  point  la  même  que  celle  de  France  ;  mais  il  est  impos- 
sible d'en  déterminer  la  variété. 

Du  Mulet  (1).  —  Notre  Mulet  ressemble  à  celui  de  France. 
Les  plus  gros  peuvent  peser  un  kilogramme.  Ses  écailles  sont 
argentées  sous  le  ventre  et  grises  avec  reflets  dorés  sur  le  dos. 
C'est  du  reste  notre  plus  joli  poisson  de  rivière. 

II  est  très-vif  et  très-vorace;  il  nage  presque  toujours  contre 
le  courant  et  y  saisit  sa  nourriture  au  passage  ;  il  est  surtout 
très-friand  d'insectes  qu'il  pèche  à  la  surface  de  l'eau  :  aussi 
le  prend-on  facilement  avec  des  lignes  au  bout  desquelles  on 
met  des  mouches  artificielles  adaptées  à  l'hameçon.  Dès  qu'il 
est  pris  et  hors  de  l'eau,  il  grince  fortement  des  dents. 

Comme  le  Têtard,  il  ne  vit  que  dans  l'eau  courante  et 
propre;  il  meurt  très-vite  dès  qu'il  est  privé  de  son  élément  ou 
que  l'eau  n'est  pas  renouvelée.  Dans  ce  dernier  cas,  on  le  voit 
venir  à  la  surface,  nager  avec  difficulté,  et  se  tenir  de  plus  en 
plus  verticalement,  la  tête  à  fleur  d'eau  et  le  nez  en  l'air; 
respirer  précipitamment,  prendre  une  couleur  blanchâtre, 
ses  yeux  devenir  ternes;  il  tourne  alors  sur  le  dos  et  meurt 
aussitôt.  Lorsque  l'on  enivre  l'eau,  il  est  la  première  victime. 
De  la  Sarde  (2).  —  Elle  ressemble  un  peu  au  Mulet  ;  seule- 
ment le  dessous  de  son  ventre  est  presque  plat,  sa  tête  est  plus 

(1)  Eleofris  mugiloides,  Ciiv.,  Val.,  t.  Xlf,  p.  226. 

(2)  PageUus  calamus,  Cuv.,  Val.,  t.  VI,  p.  206. 


ÔOZi      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

osseuse  et  a  un  peu  plus  la  forme  d'une  pyramide,  son  corps 
est  plus  aplati  sur  les  côtés  et  sa  couleur  plus  argentée. 

La  Sarde  se  tient  de  préférence  aux  embouchures,  au  fond 
des  plus  grands  bassins,  ou  sur  les  rives,  dans  des  herbes 
aquatiques  :  aussi  sa  chair  a-t-elle  un  peu  le  goût  de  vase. 

Comme  le  Mulet,  elle  meurt  dès  qu'elle  est  privée  d'eau  (1) 
ou  qu'elle  est  enivrée,  et,  comme  lui  aussi,  elle  fait  entendre 
un  petit  grognement  aussitôt  qu'elle  est  entre  les  mains  du 
pêcheur  (2). 

La  Sarde  est  un  de  nos  plus  gros  poissons  de  rivière  :  on 
en  pêche  qui  pèsent  jusqu'à  3  et  Zi  kilogrammes. 

De  dicers  petits  poissons.  —  Il  existe  encore  dans  nos  riviè- 
res, ravins,  etc.,  divers  petits  poissons  insignifiants,  tels  que: 
le  Pisquct  à  grosse  tête^  le  Covgolis^  la  Demoiselle,  etc.  On 
ne  les  pèche  pas,  aussi  je  n'en  parle  ici  que  pour  mémoire. 

Des  poissons  dits  d' embouchure .  —  Nous  avons  encore 
quelques  poissons  que  l'on  ne  trouve  qu'aux  embouchures 
des  rivières,  tels  que  :  Brochets,  Grandes-Ecailles  (3),  Vieilles^ 
MeuiUes  ou  Mulets  de  mer,  etc.  Je  ne  les  décris  pas,  parce 
qu'ils  doivent  être  considérés  comme  poissons  de  mer.  S'ils 
entrent  dans  les  rivières,  c'est  pour  y  chercher  leur  nourriture, 
et  ensuite  ils  reviennent  à  la  mer. 

(1)  Ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  le  Têtard  ou  le  Pancou ,  qui  peuvent  vivre 
une  heure  au  moins  hors  de  Peau. 

(2)  C'est  sans  doute  ce  qui  a  l'ait  dire  au  li.  P.  du  Tertre,  qu'aux  Antilles 
il  existe  un  poisson  de  rivière  appelé  «  (Irondeur,  parce  que,  quand  il  est 
pris,  il  gronde  comme  un  petit  cochon.  »  (Histoire  générale  des  Antilles, 
vol.  11,  p.  Wj.) 

(3)  Ekotris  gretndisquama,  Cuv.,  Val.,  l.  Mi,  p.  12'J9. 


DU  VER  A  SOIE  DE  MADAGASCAR 


ou 


VER  A  SOIE  DE  L'AMBREYADE  {Borocemcajani,  Vinsoii,, 

Par    M.     Auguste    VI^SO:V, 

Membre  du  Muséum  d'histoire  na'.urclle  de  l'île  de  la  Réunion. 


(Séance  du  10  avril  1863.) 

11  esl  peu  de  pays  dont  la  vocation  vers  la  sériciculture  soit 
mieux  déterminée  que  l'intérieur  de  Madagascar,  et  en  parli- 
culier  l'immense  province  d'Imérina  (Emirne). 

La  nature  elle-même  semble  l'y  convier.  La  majorité  des 
chenilles  s'y  revêtent  d'enveloppes  soyeuses,  soit  contre  les 
froids  de  l'hiver  ou  les  abondantes  ondées  de  l'été.  Quelques- 
unes  en  naissant  se  couvrent  d'un  manteau  protecteur,  qu'elles 
portent  toute  leur  vie  d'une  manière  permanente,  avec  le- 
quel elles  croissent,  se  meuvent,  en  ne  laissant  au  dehors  que 
la  tête  pour  ronger  les  feuilles,  et  les  premières  pattes  pour 
se  soutenir  aux  branches.  D'autres  tissent  des  cocons  en  plu- 
sieurs  doubles   pour  leurs  métamorphoses;  quelques-unes 
font  entrer  dans  leur  lexture  des  débris  variés  de  véoétaux 
artistemenl  employés  ;  enfin,  il  est  des  Vers  qui  s'établissent 
en  république  et  s'enferment  dans  une  chemise  commune  qui 
est  l'œuvre  de  la  communauté,  où  chaque  individu,  au  milieu 
d'une  bourre  soyeuse,  fabrique  son  cocon  particulier,  et  tous 
ensemble  forment  ces  immenses  poches  qu'on  a  nommées 
cocons  (jujantosques. 

Tous  ces  faits  indiquent  pour  l'île  de  Madagascar  une  vo- 
cation naturelle  vers  la  sériciculture.  Aussi  les  Hovas  se  sont- 
ils  empressés  d'accueillir  la  naturalisation  chez  eux  du  Ver  à 
soie  de  la  Chine  et  celle  du  Mûrier.  Cette  industrie  importée 
est  déjà  un  objet  sérieux  de  commerce,  qui,  sous  une  bonne 
direction,  peut  prendre  un  très-grand  essor  dans  l'avenir. 
Mais  leur  plus  sérieux  produit,  celui  qui  doit  flatter  le  plus  • 
l'orgueil  national,  c'est  la  fabrication  du  lamhj,  ou  soie  mal- 
gache, celle  qu'ils  retirent  du  cocon  de  X Ambrecade  {Cytisus 
cajanus).  Cette  soie  est  pesante;  elle  a  peu  d'éclat,  surtout 


506        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ac.CLIMÂTATION. 

lorsqu'elle  est  tissée,  mais  elle  est  éminemment  riche  et  sm'- 
tout  très-forte.  Je  pense  que  ce  défaut  d'éclat  tient  jusqu'ici 
à  leur  procédé  de  préparation  encore  dans  une  enfance  gros- 
sière. C'est  avec  cette  soie  que  les  indigènes,  les  habitants  de 
la  province  d'Emirne  {Imérina)  en  particulier,  tissent  les 
lambris  ou  pièces  d'étoffe  d'un  grand  prix.  C'est  avec  ce  pro- 
duit qu'ils  font  aussi  des  vêtements  remarquables  par  leur 
excessive  durée.  Radama  II,  habillé  à  l'européenne,  porte 
comme  costume  de  tous  les  jours  un  pantalon  et  un  paletot 
de  cette  soie,  à  laquelle  il  laisse  sa  couleur  naturelle,  qui  est 
grise,  comme  celle  du  coutil  ou  de  la  toile  de  Laval.  Les 
riches  ou  les  grands  de  la  nation  hova  se  font  ensevelir  dans 
des  étoffes  fabriquées  avec  cette  soie  :  on  dit  même  qu'ex- 
humés des  tombeaux  après  plusieurs  siècles,  des  tissus  de 
celte  sorte  offraient  encore  la  fraîcheur  et  la  solidité  de  ceux 
qui  étaient  récemment  fabriqués. 

Ce  serait  pour  l'île  de  la  Réunion  et  pour  Maurice ,  colonies 
où  l'Ambrevade  est  une  plante  indigène ,  une  véritable  con- 
quête que  l'acclimatation  de  ce  Ver  à  soie  précieux.  Elle 
pourrait  être  étendue  également  à  l'Algérie,  à  la  Corse  et  h 
nos  provinces  du  Midi,  où  la  culture  de  l'Ambrevade,  qui  aurait 
lieu  l'été,  pourrait,  je  crois,  être  importée  et  naturalisée. 

Telle  a  été  ma  pensée  pendant  mon  séjour  à  Tananarive, 
et  j'ai  fait  dans  ce  but  une  étude  sérieuse  de  cet  insecte,  de 
ses  métamorphoses  et  de  son  éducation.  Me  trouvant  dans  la 
capitale  des  Hovas  juste  au  moment  de  l'éclosion  des  chrysa- 
lides et  du  développement  des  Vers  les  premiers-nés ,  j'ai  été 
très-heureusement  servi  à  cet  égard.  J'avais  même  emporté, 
pour  les  introduire  à  l'île  de  la  Réunion,  un  tube  plein  d'œufs 
de  ce  Ver  à  soie  que  j'avais  vu  féconder  sous  mes  yeux,  mais 
un  éclat  du  vase  s'étant  détaché  par  la  dilatation  du  bouchon, 
laissa  pénétrer  l'air,  et  l'éclosion,  que  j'avais  retardée  à  des- 
sein, s'est  faite  prématurément  pendant  le  voyage  de  Tana- 
narive h  la  Réunion.  J'ai  trouvé  toutes  les  petites  chenilles 
écloses  et  mortes  dans  le  tube. 

Les  voyageurs  ont  souvent  signalé  les  Vers  de  l'Ambrevade 
qui  produisent  la  soie.  11  en  a  été  même  question  il  y  a  quel- 


VER   A   SOIE   DE   MADAGASCAR.  507 

ques  années  à  la  Société  d'acclirnaialion.  Mais  personne  ne 
s'était  encore  occupé  de  figurer  ni  de  décrire  ce  Ver  sous  le 
point  de  vue  de  l'histoire  naturelle  ;  c'est  ce  que  nous  avons 
tenté  d'entreprendre,  car  la  question  d'histoire  naturelle  doit 
nécessairement  précéder  celle  de  l'acclimatation  de  tout  sujet. 

1°  Chenille.  —  Le  Ver  à  soie  de  l'Ambrevade  a  une  lon- 
gueur de  /i5  millimètres;  le  corps  est  composé  de  douze 
segments;  la  tête  est  large,  velue,  armée  de  longs  piquants, 
en  forme  de  rame,  sur  les  côtés  du  premier  article. 

Près  de  la  tête,  sur  le  deuxième  et  cinquième  segment,  se 
présentent  quatre  épis  ou  houppes  rétractiles  disposées  régu- 
lièrement en  fossette  :  les  épines  qui  les  forment  sont,  au 
centre,  d'un  beau  bleu  d'acier,  et  à  l'extérieur  d'un  jaune  doré 
ou  fauve  clair.  Le  Ver  rentre  en  partie  ces  redoutables  dé- 
fenses ou  les  hérisse  à  volonté,  suivant  le  calme  ou  la  colère. 

Tout  le  corps  est  d'une  couleur  brun  marron,  formée  par 
le  mélange  d'un  fond  jaunâtre  finement  strié  de  points  bruns. 
Au-dessous  des  stigmates  latéraux  règne  une  bande  longitu- 
dinale d'un  rouge  carné  sur  les  côtés,  à  la  limite  de  l'abdomen 
et  de  la  face  dorsale. 

En  dessous,  l'abdomen  présente  deux  bandes  latérales 
brunes,  et  au  centre  une  surface  médiane  d'un  rose  carné. 
Les  pattes,  au  nombre  de  16,  sont  :  les  écailleuses  rouges , 
les  membraneuses  noires,  avec  deux  lisérés  blancs  sur  les 
côtés,  et  les  postérieures  d'un  jaune  rougeàtre. 

Tout  le  corps  de  la  chenille  est  semé  de  piquants,  roides, 
noirs,  assez  longs  et  disséminés. 

2°  Cocon. —  Parvenue  à  son  entier  accroissement,  cette 
chenille  tisse  parmi  les  feuilles  un  gros  cocon  d'une  forme 
ovalaire.  Sa  longueur  est  de  Zi5  millimètres,  c'est-à-dire  de  la 
longueur  même  de  la  chenille,  qui  se  rétracte  dans  son  sein 
pour  se  former  en  chrysalide.  Sa  circonférence  est  d'environ 
70  millimètres. 

Il  est  très-pesant;  sa  couleur  est  d'un  gris  sale;  hérissée 
de  poils  noirs  très-piquants,  dont  la  chenille  en  le  tissant  l'a 
parsemée,  sa  surface  est  sèche  et  rugueuse.  II  est  peu  ma- 
niable en  cet  état,  et  exige,  avant  d'être  filé,  une  préparation 


508         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'AGCLIMATÂTION. 

que  nous  ferons  connaître  plus  bas.  La  soie  qui  forme  ce 
cocon  est  très-fine  et  très-serrée  :  sa  texture  ressemble  à  du 
papier  et  n'a  pas  la  laxité  du  cocon  du  Ver  à  soie  du  Mûrier. 
La  cbrysalide  que  renferme  ce  cocon  est  grosse,  d'un  brun 
marron  et  comestible.  Elle  est  en  cette  qualité  fort  recherchée 
des  Hovas,  qui  la  font  frire  et  la  mangent. 

Ayant  reçu  d'un  ministre  de  ïananarive  une  manne  pleine 
de  ces  chrysalides  dépouillées  de  leurs  cocons  et  toutes  vi- 
vantes, je  l'ai  déposée  dans  ma  chambre  au  mois  d'août,  afin 
de  constater  des  éclosions  nombreuses,  qui  ont  commencé  à 
se  produire  au  bout  de  quinze  à  vingt  jours  et  qui  n'ont  pas 
cessé  durant  plusieurs  journées. 

3°  Le  papillon  que  produit  l'éclosion  de  ces  cocons  appar- 
tient évidemment  à  la  tribu  des  Bombycines.  C'est  un  bel 
insecte,  de  moyenne  taille,  dont  la  femelle  est  d'un  gris  perle, 
et  dont  le  mâle ,  plus  petit  et  parfaitement  caractérisé ,  est 
d'un  rouge  particulier  qui  varie. 

Description  du  Lépidoptère  provenant  du  Ver  à  soie 
de  l' Ambrer  a  de. 

\°  Femelle.  —  Le  papillon  étalé  mesure  (i2  millimètres  de 
l'extrémité  d'une  aile  à  l'autre.  Le  corselet,  y  compris  la  tête, 
a  10  millimètres,  et  l'abdomen,  gros,  bombé,  pesant,  a  2/i  mil- 
limètres. Ces  dimensions,  en  plus  ou  en  moins,  varient  peu. 

Étalées,  les  ailes  ont  une  forme  ehipsoïde;  repliées,  elles 
paraissent  triangulaires  ;  elles  sont  beaucoup  plus  allongées 
que  larges.  Les  supérieures  sont  légèrement  échancrées  à  leur 
bord  inférieur,  près  de  l'angle  d'attache,  La  côte  forme 
d'abord  une  ligne  droite,  puis  se  courbe  vers  l'apex.  Le  bord 
externe  et  le  bord  inférieur  continuent  une  ligne  arrondie ,  à 
angle  peu  sensible  à  leur  rencontre.  Les  ailes  inférieures 
forment  une  ligne  légèrement  courbe  à  leur  bord  supérieur, 
arrondie  au  bord  inférieur,  légèrement  évidée  près  de  l'angle 
anal  et  en  dedans. 

La  couleur  générale  est  d'un  gris  perle  uniforme,  soyeux, 
brillant,  lustré,  lorsque  le  papillon  est  bien  frais.  Les  ailes  su- 
périeures sont  traversées  par  deux  bandes  d'un  gris  obscur:  la 


VER    A    SOIE    DE   MADAGASCAR.  '  509 

plus  interne  de  ces  bandes  forme  un  arc  un  peu  convexe  en 
dehors,  légèrement  ondulé  ;  elle  traverse  l'aile  du  bord  supé- 
rieur au  bord  intérieur,  à  6  millimètres  de  son  attache  du 
corselet.  Elle  est  toujours  moins  apparente  que  la  seconde 
bande,  d'un  gris  sale  et  obscur,  mais  bien  plus  tranchée  et 
plus  nette  :  celle-ci  coupe  l'aile  par  son  milieu  obliquement  de 
haut  en  bas  et  de  dehors  en  dedans,  de  façon  qu'elle  est  plus 
près  du  bord  externe  de  l'aile  par  sa  partie  supérieure  et  plus 
près  du  corps  par  sa  partie  inférieure  ;  elle  forme  ainsi  une 
double  courbe  à  concavité  interne  en  haut,  à  concavité  ex- 
terne en  bas  ;  entre  ces  deux  bandes  étroites,  assez  distantes 
l'une  de  Tautre,  existe  un  point  triangulaire,  brun,  dont  la 
base  appuie  sur  la  cinquième  nervure. 

Entre  la  marge  externe  de  l'aile  et  la  plus  grande  ligne 
oblique,  règne  une  bande  presque  eiïiicée,  denticulée  en 
dehors,  et  dont  la  couleur  se  fond  insensiblement  sur  la  face 
de  l'aile  entre  les  nervures  ;  la  marge  de  l'aile  est  d'un  gris 
plus  clair  et  plus  chatoyant.  La  frange  est  peu  sensible.  Les 
ailes  inférieures,  d'un  gris  uniforme,  semblable  :i  la  couleur 
des  premières,  sont  plus  brillantes  vers  la  marge,  et  n'offrent 
aucune  tache  ni  bande  ;  leur  frange  est  plus  marquée. 

En  dessous,  le  corps  et  la  face  des  quatre  ailes  sont  d'un 
gris  sale  et  légèrement  jaunâtre  ;  les  nervures  sont  parfaite- 
ment indiquées.  Ces  ailes  sont  traversées  par  une  bande 
unique  et  plus  foncée  qui  partage  les  ailes  inférieures  en 
deux  segments  égaux.  Pour  la  face  inférieure  des  grandes 
ailes,  la  portion  comprise  en  dedans  de  cette  bande  est  très- 
velue.  Les  yeux  sont  d'un  brun  rougeàtre;  la  tète  est  fort 
petite. 

2"  Mâle.  —  Le  mâle  est  très-dissemblable  de  la  femelle 
par  le  volume  et  la  couleur.  Les  antennes  sont  doublement 
pectinées. 

Il  est  de  beaucoup  plus  petit  ;  ses  ailes  supérieures  étalées 
mesurent  50  millimètres  d'un  sommet  à  l'autre  ;  la  longueur 
du  corps  est  de  26  millimètres.  La  couleur  est  tantôt  d'un 
rouge  brique,  tantôt  d'un  rouge  cannelle  uniforme.  Le  corps 
est  d'un  rouge  éteint  plus  foncé. 


510      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Les  ailes  supérieures  sont  traversées  par  deux  bandes  ou 
lignes  étroites,  d'un  rouge  plus  foncé  que  les  ailes ,  respec- 
tivement disposées,  comme  chez  les  femelles.  Entre  les  deux 
bandes  il  y  a  un  point  brun,  glacé,  elliptique.  La  portion 
extrême  de  l'aile  supérieure,  en  dehors  de  la  bande  étroite 
la  plus  longue,  est  d'un  rouge  clair  plus  brillant  et  comme 
glacé.  Au  centre  de  cette  marge  externe  règne  une  autre 
bande  diffuse  à  peine  sensible. 

Les  ailes  inférieures  dans  l'angle  anal  et  l'angle  externe  sont 
d'un  rouge  semblable,  mais  plus  uniformément  foncées  ;  la 
frange  est  soyeuse  et  blanchâtre ,  plus  prononcée  sur  le  côté 
interne. 

En  dessous,  la  couleur,  semblable  au  rouge  de  la  face  supé- 
rieure, est  plus  accentuée.  On  y  distingue  les  bandes  plus 
foncées  qui  traversent  les  quatre  ailes  en  les  tachant  de  brun 
marron  en  dedans,  excepté  dans  le  bord  interne  et  inférieur 
des  grandes  ailes,  où  la  nuance  est  d'un  jaune  blond.  La  tête 
est  petite,  les  yeux  sont  gros  et  bruns. 

Ces  lépidoptères,  frémissant  après  leur  transformation 
complète  sur  les  parois  de  la  boîte,  se  purgent  de  la  liqueur 
qui  gonfle  leur  abdomen,  puis  ils  se  recherchent  et  s'accou- 
plent comme  les  Bombyciens  du  Mûrier.  Mais  beaucoup  plus 
alertes,  parce  qu'Us  se  trouvent  sans  doute  dans  leur  pays 
natal,  ils  peuvent  prendre  le  vol,  et  partir  au  dehors  lorsque 
Tobscurité  commence  à  se  faire.  Cependant  quelques  femelles 
ont  l'abdomen  si  rempli  d'œufs,  qu'elles  ont  de  la  peine  à 
s'élever  par  le  vol. 

J'ai  remarqué  que  ces  lépidoptères  avaient  une  singulière 
manière  de  déposer  leurs  œufs  en  les  pondant.  Tantôt  sur  un 
rideau,  tantôt  sur  une  cloison,  ils  destinent,  en  les  groupant 
par  la  force  de  l'instinct,  les  sommités  de  la  plante  qui  les  doit 
recevoir,  absolument  comme  on  dessine  une  feuille  avec  des 
perles.  C'est  un  fait  curieux  que  j'ai  eu  plusieurs  fois  l'occa- 
sion d'observer. 

Ces  œufs  sont  gros,  nombreux  ;  leur  forme  est  un  ovale  un 
peu  aplati  sur  les  faces;  ils  ont  une  teinte  verdâtre  et  un  éclat 
argentin  ;  leur  éclusion  a  lieu  au  bout  d'environ  vingt  jours. 


VER    A    SOIE    DE    MADAGASCAR.  511 

Le  petit  qui  en  naît  a  déjà  7  ou  8  millimètres  de  long.  Il  est 
velu,  épineux,  blanc  et  la  tête  mouchetée  de  brun;  il  peut 
vivre  plusieurs  jours  sans  pâture;  alors  les  petits  se  disper- 
sent et  se  suspendent  au  plafond  ou  à  d'autres  objets  avec  des 
tils  de  plusieurs  mètres  de  long,  bien  qu'ils  n'aient  pris  en- 
core aucune  nourriture.  Ils  apportent  donc  en  naissant  la 
faculté  de  pouvoir  filer,  et  témoignent  leur  vocation  par  leurs 
uremiers  actes. 

L 

C'est  dans  cet  état  qu'après  avoir  surveillé  l'accouplement, 
la  ponte  et  l'éclosion,  les  Ilovas  transportent  les  petites  che- 
nilles en  plein  champ,  sur  les  pieds  d'Ambrevades  qu'ils 
plantent  à  cet  effet.  Là  ils  n'ont  à  craindre  que  fort  peu  d'en- 
nemis :  abondante  en  gros  el  en  petits  oiseaux  de  proie,  la 
province  d'Imérina  ne  nourrit  pas  d'insectivores  :  il  est  pro- 
bable que  privés  de  buissons  et  d'arbres  pour  se  réfugier,  les 
premiers  ont  détruit  les  derniers,  de  façon  que  l'élève  en  plein 
air  y  peut  être  facilement  exécutée  pour  les  Vers  à  soie  de 
TAmbrevade.  D'autres  sériciculteurs  néanmoins  opèrent  à 
couvert. 

Lorsqu'ils  ont  recueilli  les  cocons,  les  indigènes  procèdent 
à  une  opération  préalable  et  de  la  plus  haute  importance  : 
c'est  de  leur  faire  subir  une  forte  ébullition  dans  l'eau  ordi- 
naire. Celte  mesure  a  un  double  but,  c'est  de  détacher  la 
soie,  de  la  rendre  plus  lâche,  et  en  même  temps  d'amener  la 
chute  et  le  dépouillement  des  mille  piquants  aigus  et  dange- 
reux dont  la  chenille  a  laissé  son  cocon  hérissé.  Ces  poils, 
très-durs  et  très-roides,  sont  fort  à  redouter:  en  maniant  les 
cocons,  ils  voltigent  dans  l'air,  pénètrent  et  s'attachent  dans 
les  yeux,  où  ils  causent  de  cuisantes  ophthalmies  ;  en  s'im- 
planlant  dans  les  doigts ,  ils  produisent  des  démangeaisons 
pénibles. 

Après  cette  opération,  comme  le  cocon  du  Ver  à  soie  de 
l'Ambrevade  n'est  malheureusement  pas  susceptible  d'être 
dévidé,  les  naturels  le  sèchent  et  le  cardent,  puis  le  filent 
à  la  main.  C'est  ainsi  qu'on  obtient  ces  énormes  écheveaux 
ou  masses  de  soie  de  toutes  couleurs  qu'on  débite  sur  les 
bazars  pour  être  employées  à  tisser. 


Ô12        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Les  lïovas  font  de  deux  à  quatre  éducations  par  an  ;  il  y  a 
une  suspension  en  hiver,  pendant  lequel  les  chenilles  de- 
meurent à  l'état  de  chrysalides.  Je  dois  dire  que  les  hivers  sont 
quehiuefois  relativement  assez  rigoureux  à  Tananarive,  pour 
(]ue  le  thermomètre  descende  à  3  degrés  au-dessus  de  zéro. 

Les  Hovas  emploient  plusieurs  procédés  de  teinture  encore 
grossiers.  Les  semences  du  roucou  [Bixa  orelhtua.,  L.)  et  les 
écorces  de  nuttp  {Inihricaria  maxbnn,  DC.)  sont  employées 
pour  produire  la  couleur  rouge,  qui  est  forthelle.  Le  safnni 
[Curcuma  /oy?^f/,Rœm.)esttrès-utilisé  pourle  jaune ;V/ndif/o 
[hidigofera  tinctoria,  L.),  pour  la  couleur  bleue.  Ils  font  le 
vert  parle  mélange  de  l'indigo  et  du  safran.  Quelquefois,  pour 
obtenir  la  couleur  brune,  ils  enfouissent  leur  soie  dans  la  vase 
des  marais  et  la  laissent  ainsi  se  teindre  ;  c'est  de  tous  ces  pro- 
cédés qui  indiquent  l'enfance  de  l'art,  celui  qui  tient  le  mieux, 
de  meilleur  teint,  comme  on  le  dit  ordinairement.  Ils  se  ser- 
vent comme  mordant,  de  la  dissolution  du  fer  et  des  acides 
végétaux.  Aussi  leurs  étoffes  perdent  en  général  leur  couleur 
dans  le  lavage,  et  les  diverses  teintes  se  confondent  dans 
leurs  lamhas  variés.  Quelques-uns  préfèrent  laisser  à  la  soie, 
pour  la  confection  des  vêtements  d'hommes  surtout,  la  cou- 
leur naturelle  de  cette  soie  qui  est  d'un  joli  gris  de  Laval  ou 
de  coutil. 

Il  me  reste  une  dernière  question  à  traiter  relativement  au 
lépidoptère  du  Ver  à  soie  de  l'Ambrevade.  Ce  lépidoptère 
a-t-il  déjà  un  nom  dans  la  science,  ou  n'a-t-il  pas  été  classé? 

Il  est  de  toute  évidence  que  cet  insecte  se  rapporte  au 
genre  Borocera,  créé  par  M.  Boisduval  dans  sa  Faune  des 
/les  de  Bourbon,  Maurice  et  Madagascar,  p.  87.  Ce  genre, 
très-voisin  de  celui  qui  a  été  créé  par  le  même  auteur  sous  le 
nom  de  Megasoma,  se  place  dans  la  tribu  des  Bombycines. 

L'espèce  de  Bombyx  dont  la  chenille  vit  sur  l'Ambrevade,  et 
produit  la  soie  principale  de  Madagascar,  est  très-voisine, 
mais  distincte  du  Boroccra  madagascariensis  ;  aussi  propo- 
sons-nous de  la  nommer  Borocera  Cajani,  nom  qui  a  l'avan- 
tage de  rappeler  le  végétal  dont  se  nourrit  ce  Ver  précieux. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DES    SÉANCES  DU  CONSEIL    DE    LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  DU  31  JUILLET    18G3. 
Présidence  de  M.  le  comte  d'ÉPRÉiiESNiL,  secrétaire  général. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
Le  Conseil  adinetau  nombre  des  membres  de  la  Société  : 

MM.  Ramel  (Prosper),  propriétaire,  à  Paris. 

RiBELL  (André),  lieutenant  de  vaisseau  à  bord  delà  fré- 
gate la  Normandie,  à  Clierbourg. 
Trieste  (Gabriel  Jacob),  propriétaire,  à  Padoue(Vénétie). 
SioEN-PiN(Acbille),tilateuretfabricant,  ùRoubaix  (Nord). 

—  M.  le  Président  annonce  la  perte  regrettable  que  la 
Société  a  faite  récemment  de  l'un  de  ses  membres,  M.  le  doc- 
teur Doyère,  mort  à  Ajaccio. 

—  MM.  Bénard  (de  Caen),  Le  Roy  (de  Boulogne)  et  Sau- 
quet-Seib  (de  Mulbouse),  adressent  leurs  remercîments  pour 
leur  récente  admission  au  nombre  des  membres  de  la  Société. 

—  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lbuys  annonce,  à  la  date  du 
28  juillet,  qu'un  bâtiment  de  l'État,  qui  doit  quitter  Lorient, 
le  15  août,  faisant  voile  pour  la  Nouvelle-Calédonie,  toucbera 
à  Melbourne  pour  y  embarquer  des  animaux  de  l'Australie 
destinés  au  Jardin  d'acclimatation.  M.  le  Président  invite  le 
Conseil  à  prendre  les  mesures  qu'il  croira  convenables  pour 
mettre  à  profit  cette  circonstance  favorable. 

—  M.  IL  tLimet,  secrétaire  général  de  la  Société  d'agri- 
culture, adresse  le  programme  de  l'exposition  des  produits  des 
Abeilles  et  des  instruments  agricoles,  qui  doit  s'ouvrir  au 
Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne,  du  15  au  23  août 
prochain. 

—  Notre  confrère  M.  Le  Pelletier  de  Glatigny  écrit  pour 
annoncer  qu'il  se  rendra  au  congrès  scientifique  convoqué  à 
Chambéry,  le  12  août,  comme  délégué  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Meaux,  et  offre  à  notre  Société  ses  bienveillants 

T.  X.  —  Août  lS(i3.  33 


514        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTÂTION. 

services,  soit  pour  la  représenter  à  ce  congrès,  soit  pour  tout 
autre  motif  qui  pourrait  l'intéresser  en  Savoie. 

—  M.  Frédéric  Jacquemart  présente  une  Note  qu'il  a  rédi- 
gée, à  la  demande  de  M.  le  Président,  sur  la  remarquable 
fécondité  de  certaines  races  de  Moutons  chinois,  à  propos  de 
la  récente  portée  de  quatre  Agneaux  nés  d'une  Brebis  ong-ti, 
dans  les  jardins  de  l'hôtel  du  Ministre  de  l'agriculture,  où 
S.  Exe.  M.  Rouher  a  conservé  une  paire  de  cette  précieuse 
race  (voyez  p.  /i23). 

—  M.  de  Quatrelages  communique  une  lettre  qu'il  a  reçue 
de  M.  de  Fenouillet,  et  qui  lui  annonce  la  naissance  d'une 
femelle  d'Yak  qui  est  venue,  comme  le  jeune  taureau  né  chez 
M.  Lequin,  il  y  a  quelques  mois,  avec  absence  d'anus,  et  dont 
la  perforation  a  été  faite  avec  succès.  Malheureusement,  des 
taches  considérables  sur  les  yeux  laissent  encore  des  craintes 
pour  la  vue  de  ce  jeune  animal. 

—  M.  Fabre,  directeur  de  la  ferme-école  de  Saint-Privat 
(Yaucluse),  annonce  l'arrivée  en  bon  état,  dans  son  établisse- 
ment, des  dix-huit  Boucs  et  Chèvres  d'Angora  précédemment 
placés  dans  la  Haute-Loire  et  actuellement  confiés  à  ses  soins 
à  titre  de  cheptel.  M.  Fabre  annonce  que  les  individus  de  cette 
race  qu'il  avait  reçus,  il  y  a  quelque  temps,  sont  dans  d'excel- 
lentes conditions  d'amélioration.  11  propose  ensuite  à  la  Société 
de  prendre  à  cheptel  un  lot  de  trois  Alpacas,  et  de  se  charger 
d'en  élever  un  autre  lot  plus  nombreux  qui  lui  serait  confié  en 
dépôt,  et  pour  lequel  il  ne  demanderait  que  le  remboursement 
des  frais  de  nourriture.  —  Le  Conseil  offre  ses  remercîments 
à  M.  Fabre  pour  ses  bienveillantes  propositions. 

—  Une  demande  d'animaux  à  titre  de  cheptel  est  adressée 
par  notre  confrère  M.  Loriol,  chef  d'institution  à  Paris,  et 
propriétaire  dans  le  département  delà  Creuse. 

—  M.  le  Président  transmet  une  Note  qui  lui  a  été  adressée 
par  notre  confrère  M.  Barthélemy-Lapommeraye  (de  Marseille), 
comme  complément  à  celle  qu'il  a  déjà  fait  parvenir  sur  un 
essai  de  croisement  de  la  Perdrix  Gambra  et  de  celle  de  Syrie. 

—  M.  Lamiral,  par  ses  lettres  du  17  et  du  2/i  juillet,  rend 
compte  des  premiers  travaux  du  comité  d'aquiculture  insti- 


PROCÈS-VERBAUX.  515 

lue  à  Marseille  sous  la  présidence  et  par  l'inilialive  de  M.  Lucy, 
et  expose  les  mesures  qu'il  a  prises  pour  préparer  les  expé- 
riences qui  l'ont  l'objet  de  sa  mission.  Il  adresse  un  exemplaire 
du  compte  rendu  de  la  première  séance  du  comité  d'aquicul- 
ture de  Marseille. 

—  M.  le  docteur  Sicard  (de  Marseille)^  écrivant  pour  l'aire 
connaître  le  résultat  de  ses  cultures  d'Orge  et  de  Pois  du 
Canada,  dont  il  envoie  des  échantillons,  entretient  également 
la  Société  des  elTorts  déjà  faits  par  le  comité  d'aquiculture,  et 
signale  le  zèle  que  ses  membres  apportent  dans  le  concours 
empressé  oflert  par  eux  à  la  Société.  Notre  confrère  met  à  la 
disposition  delà  Société  des  graines  dcCalhsé  dont  il  a  fait  une 
abondante  récolte.  Il  annonce,  en  outre,  que  M.  Clapier  a  très- 
bien  réussi  jusqu'à  présent  dans  l'élevage  du  Saumon  dans  un 
bassin  d'eau  douce  alimenté  par  l'aqueduc  de  la  Durance. 

—  M.  le  Président  de  la  Société  centrale  d'agriculture, 
d'horticulture  et  d'acclimatation  de  Nice,  transmet  un  Mémoire 
de  M.  Salse  sur  les  Éponges,  lu  à  la  séance  de  cette  Société, 
du  9  juillet,  et  signale  un  étang  de  l'île  Sainte-Marguerite 
qui  lui  semble  très-propre  à  des  expériences  de  fécondations 
artificielles  et  de  reproduction  de  Poissons  de  mer,  si  l'on 
obtenait  de  l'administration  de  la  marine  que  la  pèche  y  fût 
interdite. 

—  M.  le  docteur  Sacc  fait  parvenir  une  Note  de  notre  zélé 
confrère  de  Cayenne,M.  Bataille,  sur  certaines  espèces  de  Pois- 
sons d'eau  douce  de  la  Guyane,  dont  il  lui  semble  que  l'in- 
troduction dans  les  rivières  de  l'Algérie  et  des  contrées 
méridionales  de  l'Europe  pourrait  présenter  de  véritables 
avantages. 

—  M.  le  vicomte  de  Dax  adresse  à  la  Société  une  Notice  sur 
les  Hippocampes,  dont  plusieurs  individus  vivants  sont  con- 
servés dans  les  bacs  de  l'aquarium  du  Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  le  Président  dépose  divers  numéros  de  la  Gazette  de 
France,  l'Echo  du  Commerce^  Y  Esprit  public,  le  Mémorial 
diplomatique,  reproduisant  une  note  insérée  au  Moniteur  sur 
les  études  de  fécondations  artificielles  de  Poissons  de  mer 
entreprises  par  la  Société. 


516       SOCIÉTÉ   IMPÉRIiVLE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

—  Des  renseignements  sur  les  résultats  de  leurs  éducations 
de  Bombyx  Ya-ma-maï  sont  adressés  par  M.  Barboza(du 
Bocage),  directeur  du  Muséum  de  Lisbonne;  madame  veuve 
Boucarut  (d'Uzès)  ;  M.  Gross(de  Gruningen),  canton  de  Zurich 
(Suisse),  et  M.  le  secrétaire  de  la  Société  d'horticulture  et 
d'acclimatation  de  ïarn-et-Garonne,  qui  envoie  également  à 
la  Société  une  partie  de  sa  récolte  d'œufs  de  Bombyx  CyntJiia. 

—  Des  accusés  de  réception  et  des  demandes  de  graines  de 
Bombyx  Cynthia  et  d'  Ya-ma-mai  sont  adressés  par  divers 
membres  de  la  Société. 

—  Notre  savant  collègue  M.  Sabin  Berthelot,  consul  géné- 
ral de  France  aux  Canaries,  membre  honoraire  de  la  Société, 
lui  fait  hommage  de  diverses  espèces  de  graines  originaires 
de  ces  îles,  et  donne  des  renseignements  sur  les  principales 
d'entre  ehes. 

—  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys  transmet,  avec  une  lettre 
de  M.  Huber,  une  caisse  de  graines  de  Chine,  offerte  à  la 
Société  par  M.  Alfred  Huber,  élève  interprète  attaché  à  la 
légation  de  lEmpereur  à  Pékin. 

—  M.  Loarer,  par  une  lettre  datée  de  Allahabad,  le  l/i  juin, 
annonce  l'envoi  qu'il  fait  à  la  Société  de  diverses  graines  des 
Indes,  entre  autres,  de  WEgle  marmelos  à  grands  fruits,  d'une 
autre  variété  de  la  même  espèce,  et  du  Feronia  elephanhi, 
qui  sont  des  arbres  très-intéressants  et  très-utiles  pour  leurs 
fruits  et  leur  bois.  Cet  envoi  renferme  encore  des  gousses  de 
Callotropis  <ji(jantea.  Une  partie  de  ces  graines  sera  envoyée 
à  M.  Hardy,  à  Alger;  le  reste  sera  réparti  entre  les  membres 
qui  résident  dans  le  midi  de  la  France. 

—  M.  le  Président  transmet  des  épis  de  Blé  à  barbes  noires 
de  Taganrok,  envoyés  par  notre  dévoué  délégué  M.  Sacc,  qui 
les  avait  lui-même  reçus  de  S.  Exe.  M.  le  marquis  de  laRomana, 
notre  confrère.  Cette  remar(juable  variété  à  paille  pleine 
semble  devoir  convenir  surtout  aux  contrées  méridionales. 

— Des  renseignements  sur  ses  cultures  de  végétaux  exotiques, 
ainsi  que  de  nouveaux  dessins,  sont  adressés  par  M.  Brierre. 

— M.  Bellemain  écrit  de  l'hôtel  des  Invalides  pour  annoncer 
qu'il  a  entrepris  une  culture  d'Oxaiis  crenata  sur  16  ares  de 


PROCÈS- VERPAUX.  517 

terrain,  dans  l'avenue  de  la  Mothe-Piquet,  et  invite  les  mem- 
bres de  la  Société  à  aller  voir  cette  expérience. 

—  Notre  confrère  M.  le  docteur  Savardan  adresse  une 
intéressante  Notice  sur  les  remarquables  résultats  qu'il  a 
obtenus  dans  la  culture  de  diverses  espèces  d'arbres  à  iVuils 
et  d'ornement,  dans  sa  propriété  de  la  Cbapelle-Gaugain, 
ancien  domaine  du  poëte  Ronsard,  dans  la  Sarlhe. 

—  M.  le  secrétaire  dépose  diverses  brocliures  oiïertesù  la 
Société  par  leurs  auteurs,  savoir:  Quarante  ans  de  travaux 
agricoles  [de  18(52  à  1863),  à  Lomjpo7it  H  à  la  Ferté-Mllon 
{Aisne),  et  à  Creteil  (Seine),  par  M.  Polel  Lecoutcux;  —  Lhie 
ascension  à  h,  Maladctta,  par  M.  L.  Soubeiran;  —  Examen 
critique  du  mémoire  de  M.  Pasteur,  relatif  aux  (/énératio7is 
spontanées,  par  M.  le  docteur  N.  .loly  (de  Toulouse)  ;  — 
le  XX*^  volume  des  Transactions  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  rKtat  de  New- York,  ei\c  Rapport  du  directeur  des 
patentes  des  États-Unis,  sur  l'état  et  les  progrès  de  r agricul- 
ture en  1861.  Ces  deux  derniers  ouvrages  ont  été  transmis 
par  M.  A.  Vattemare,  directeur  fondateur  de  l'Agence  centrale 
des  éclianges  internationaux. 

Le  Secrétaire  des  sécmces^ 
L.  Soubeiran. 


m.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys  à  MiM.  les  Membres 
du  Conseil  de  la  Société. 

Paris,  le  25  août  1863. 

Messieurs  et  chers  Collègues , 

J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  Son  Altesse  le  bey  de  Tunis  veut  bien  per- 
mettre que  fon  nom  soit  inscrit  parmi  ceux  des  membres  protecteurs  de  la  Société 
impériale  d'acclimatation. 

Veuillez  agréer,  etc.  Drouyn  de  Lhuys. 


Lettre  adressée  par  M.  Fabre,  consul  de  France  à  Quito,  à  M.  le  Président 
de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Quito,  20  juilleltSGS. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire  le  l*^''  mai  der- 
nier, pour  me  faire  de  nonvelles  recommandations,  relativement  au  troupeau  de 
Lamas  offert  à  l'Empeieur  par  S.  Exe.  M.  Garcia  Moreno. 

J'avais  fait  connaître  au  Président  de  l'Equateur  les  observations  que  vous  me 
mandiez,  et  il  avait  persisté  à  m'assurer  qu'aucnne  distinction  n'était  reconnue, 
dans  ces  contrées-ci ,  entre  les  Lamas.  Toutefois  il  m'avait  demandé  une  note 
des  signes  disliticlifs  que  vous  m'indiquiez,  disant  qu'il  devait  y  avoir  un  motif 
scientifique  à  votre  insistance,  et  qu'il  allait  kii-mèmc  en  rechercher  la  justi- 
fication. 

li  m'a  déclaré  hier  que  son  pays  devrait  cà  W.  Drouyn  de  Lhuys  un  élément  de 
rieliesse  qui  y  existait  jusqu'ici  abandonné,  et  en  même  temps  il  m'a  remis  deux 
échantillons  que  j'aurai  l'iionneur  de  vous  transmettre  par  la  première  occasion, 
et  qui  prouvent,  d'une  façon  frappante,  que  la  science,  raisonnant  de  loin,  peut 
être  plus  féconde  même  que  l'intérêt  immédiat.  L'un  de  ces  échantillons  est  une 
laine  longue,  douce  et  soyeuse,  brun  clair  et  hlnnche,  provenant  de  l'animal  que 
vous  me  décriviez  comme  étant  l'Aipaca  ;  l'autre  est  une  laine  courte,  dure  et 
brun  foncé,  provenant  du  Lama  ordinaire. 

Le  Lama,  étant  surtout  utilisé  dans  les  Andes,  comme  bête  de  somme,  la  va- 
riété Alpaca,  plus  délicate  et  plus  faible,  y  est  moins  recherchée,  et,  bien  que,  sur 
vos  précédentes  observations,  on  se  fût  attaché  à  composer  le  troupeau  d'espèces 
variées,  on  avait  surtout  recherché  la  taille  et  la  force.  Maintenant,  le  Président 
se  félicitait  du  retard  des  bâtiments  qui  doivent  venir  charger  ce  troupeau,  et 
que,  selon  avis  de  l'amiral,  j'attends  à  Guayaquil  dans  le  courant  de  ce  mois, 
parce  que  ce  retard  a  déjà  permis  et  permettra  davantage  de  choisir  des  sujets 
vraiment  précieux.  Il  a  déjà  recommandé  à  des  propriétaires  de  tâcher  de  former 
leurs  troupeaux  en  vue  de  la  laine  et  non  plus  seulement  en  vue  du  bât. 

J'écrirai  aux  commandants  pour  leur  recommander  particulièrement  les  Alpacas, 
afin  que  si,  par  suite  d'événements  de  mer,  il  fallait  faire  des  distinctions  dans 
les  soins  à  donner  ou  mémo  des  sacrifices,  toute  leur  prélérence  se  porte  sur  la 
plus  précieuse  espèce. 

J'ai  l'iionneur  aussi  de  vous  remettre  sous  ce  pli  un  mémoire  sur  le  Lama, 
présenté  aiitrelbis  à  l'inslitut  par  M.  Wisse,  savant  français,  qui  vient  de  mourir 
ici,  ingénieur  en  chef  de  celte  République. 

J'aiVhonneur  d'être,  etc.  Signé  Fabre. 


FAITS  DIVERS.  519 

Envoi   d*aniniaux   vivants  de  €hîne^ 

par  M.  Dabry, 

Lettre  adressée  par  M.  Dabuv,  consiil  de  France  à  ïïan-heou  (Chine), 
à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Han-keou,  le  10  juin  1863. 
Monsieur  le  Président, 
Je  me  proposais  de  vous  expédier  par  ce  courrier  plusieurs  espèces  d'oiseaux 
ou  d'animaux  que  je  me  suis  procurés  depuis  quatre  mois  que  j'ai  pris  possession 
de   mon  poste.   Mais  j'attendrai   encore  quelque   temps  pour  les  préparer  à  la 
fatig'ue  du  voyage.  Aussitôt  après  mon  arrivée  à  Han-keou,  je  me  suis  mis  en  rap- 
port avec   toutes  les  personnes  sur  le  concours  desquelles  je  pouvais  compter 
pour  trouver  les  divers  produits  de  celte  partie  de  la  Chine  dignes  de  fixer  l'in- 
térêt de  la  Société  d'acclimatation.  J'ai  écrit  à  MM.  les  vicaires  apostoliques  des 
provinces  voisines  pour  les  prier  de  faire  rechercher  dans  leurs  localités  tout  ce 
qu'ils  jugeraient  utile  à  nos  régions  occidentales.  Ces  courageux  apôtres  de  la  foi, 
dont  le  patriotisme  éclairé  rivalise  avec  l'affection  pour  notre  souverain,  se  sont 
empressés  de  me  répondre  qu'ils  seront  heureux  de  contribuer  pour  leur  faible 
part  au  développement  de  notre  œuvre,  qui  a  toutes  leurs  plus  vives  sympathies. 
J'ai  fait  appel  en  même  temps  aux  connaissances  et  à  l'expérience  de   quelques 
habitants  du  pays,  qui  m'ont  déjà  donné  de  précieux  renseignements  ;  en  outre 
je  me  propose,  lorsque  les  alîaires  du  consulat  me  le  permettront,  de  faire  quel- 
ques excursions  dans  l'intérieur,  afin  d'étudier  sur  les  lieux  certaines  questions 
que  l'on  ne  peut  approfondir  dans  un  cabinet. 

La  Chine  est  une  magnifique  contrée  où  les  richesses  de  toutes  sortes  abondent 
et  qui  malheureusement  est  dévorée  par  la  phis  affreuse  anarchie.  Ce  peuple,  qui 
a  mis  tant  de  siècles  pour  atteindre  sa  civilisation,  descend  rapidement  vers 
l'ignorance  et  la  barbarie. 

On  ne  peut  nier  cependant  qu'il  possède  encore  des  éléments  bien  puissants 
de  vitalité  et  qui  permettront  pendant  longtemps  encore  à  l'Occident  de  faire  des 
emprunts  sérieux  à  son  ajjriculture,  à  ses  arts,  à  son  industrie.  La  province  du 
Hou-pé  est  une  des  plus  fertiles  de  l'empire,  une  de  celles  dont  les  conditions 
de  chmat  se  rapprochent  le  plus  de  celles  de  l'Europe.  Bornée  par  de  hautes 
montagnes,  coupée  par  de  vastes  plaines,  parfaitement  arrosée  par  un  des  plus 
beaux  lleuves  du  monde,  elle  est  digne  de  porter  encore  le  titre  de  grenier  d'abon- 
dance que  les  populations  et  le  gouvernement  lui  ont  décerné  autrefois.  La  prin- 
cipale nourriture  des  habitants  consiste  en  blé,  riz  et  poisson,  dont  fourmillent  les 
rivières  et  les  lacs.  On  peut  dire  qu'en  Chine,  grâce  à  la  pisciculture,  grâce  aux 
intelligentes  récolles  des  innombrables  générations  de  poissons  qui  sont  répandues 
habilement  dans  des  viviers,  des  réservoirs  de  toute  grandeur,  l'homme,  par  son 
industrie,  a  su  approprier  admirablement  à  son  alimentation  toutes  les  ressources 
de  la  nature.  11  faut  avouer  aussi  que  cette  contrée  a  été  bien  partagée  sous  le 
rapport  des  espèces.  Gros,  moyens  et  petits  poissons,  de  formes  et  de  couleurs 
les  plus  variées,  tout  se  trouve  dans  les  eaux  du  Yang-tse-kiang.  M.  Simon, 
notre  zélé  collègue,  avant  de  partir  pour  le  Sse-tchuen,  il  y  a  un  mois,  m'a 
raconté  les  efforts  qu'il  a  tentés  l'année  dernière  pour  vous  faire  parvenir  du 
frai.  Il  espère  que  cette  tentative  aura  réussi,  et,  pour  que  l'on  connût  bien  les 
poissons  qu'il  a  envoyés,  il  m'a  prié  de  vous  expédier  neuf  de  ces  principales 
espèces  conservées  dans  l'alcool.  J'ai  pensé  que  pour  rendre  cet  envoi  plus  com- 
plet et  plus  intéressant,  il  était  opportun  d'y  ajouter  toutes  les  autres  espèces 
connues  des  pêcheurs  de  ces  localités.  J'ai  mis  alors  dans  la  barrique  vingt-trois 
autres  espèces  :  il  en  manque  encore  sept  ou  huit  espèces  que  je  n'ai  pu  me 
procurer  dans  cette  province  ,  mais  que  l'on  m'a  promises  dans  quelque  temps. 
J'espère  que  cet  envoi  pourra  rendre  quelques  services  à  la  science.  Je  laisse  aux 


520        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

savants  le  soin  d'en  déterminer  et  d'en  classer  le  contenu.  Mais,  afin  de  les  aider 
dans  leurs  recherches,  j'ai  demandé  à  plusieurs  pécheurs  des  renseignements  que 
vous  trouverez  ri-joints,  ainsi  qu'un  album  que  j'ai  cru  nécessaire  pour  rappeler 
les  couleurs  qui,  sans  doute,  seront  altérées  par  l'alcool. 

Enfin,  monsieur  le  Président,  dans  le  but  d'alimenter  votre  aquarium,  j'ai 
l'honneur  de  vous  adresser,  par  l'intermédiaire  de  M.  Mauboussin,  consul  général 
à  Chang-hai,  et  par  la  voie  des  messageries  impériales:  1°  un  petit  baril  conte- 
nant du  frai  de  toutes  les  espèces  de  poissons  du  Yang-tse-kiang  ;  2°  deux 
magnifiques  gallinacés  que  j'ai  pu  me  procurer  sur  les  montagnes  du  Sse- 
tchuen. 

Ces  oiseaux  se  nomment  Tou-cheou-l;y  (poule  qui  vomit  des  flocons  de  soie). 
Ils  sont  originaires  des  montagnes  du  Sse-tchuen.  On  en  trouve  également  dans 
le  Hou-pé,  le  Foldu  et  Kouang-tong,  où  ils  sont  très-appréciés  des  habitants,  qui 
en  estiment  beavicoup  la  chair  et  le  plumage.  Les  vice-rois  et  les  personnes  riches 
en  ont  toujours  dans  des  cages  qu'ils  élèvent  comme  objets  de  curiosité.  La  taille 
de  ce  gallinacé  ne  dépasse  pas  celle  d'une  poule  domestique.  Sa  robe  est  parée 
des  couleurs  les  plus  variées  et  les  plus  éclatantes  ;  la  tète  est  noire  de  jais  avec 
une  sorte  de  crête  jaune  d'or;  l'œil  est  très-ouvert  et  bordé  de  bleu  ;  le  cou  est 
bleu  de  ciel,  le  poitrail  couleur  de  feu  ;  le  dos  et  le  ventre  rougeâtve  tacheté  de 
blanc,  ce  qui  lui  a  fait  ilonner  le  nom  de  Tchin-tchou-ky.  Pendant  l'été,  plu- 
sieurs' fois  par  jour,  il  étale  les  magnificences  de  son  plumage  ;  il  se  gontle,  marche 
fièrement  comme  le  paon  par  petits  mouvements  saccadés,  en  faisant  entendre  un 
son  rauque;  puis  tout  à  coup  il  sort  (les  Chinois  disent,  il  vomit,  lou)  de  sa 
gorge  une  membrane  longue  d'un  pied,  d'un  bleu  délicieux  à  la  surface,  avec  des 
taches  de  feu  au  milieu.  Sur  sa  tôle  apparaissent  alors  deux  petites  cornes  plus 
bleues  que  l'azur  et  dont  Satan  doit  être  jaloux.  Ce  spectacle  ravissant  dure  un 
quart  d'heure,  et  se  termine  par  un  cri  moqueur  qui  semble  annoncer  que  les  plus 
belles  choses  n'ont  qu'un  moment. 

Cet  oiseau  n'est  pas  seulement  une  des  merveilles  de  la  nature  comme  plumage, 
il  possède,  disent  les  naturalistes  du  pays,  les  vertus  domestiques  les  plus  appré- 
ciées dans  le  Céleste  Empire.  Les  petits  ont  soin  de  leurs  parents  lorsque  l'âge 
ou  la  maladie  les  empêche  de  pourvoir  à  leur  nourriture.  Ces  soins  affectueux  lui 
ont  valu  le  nom  de  Hiao-ky,  oiseau  de  la  piété  filiale.  On  l'appelle  aussi  Py- 
choii-kv,  oiseau  qui  fuit  les  arbres,  parce  qu'il  préfère  les  rochers  aux  taillis  et 

aux  bois.  ..    ,      /-  ,.    j 

Sa  cliair  est  excellente,  tres-savoureuse,  et  d  un  goût  plus  fin  que  celle  du 
Faisan  (elle  a,  disent  les  Chinois,  la  propriété  de  donner  de  l'intelligence). 
'  .l'espère  pouvoir  vous  envoyer  bientôt  deux  femelles,  et  si  je  puis,  d'autres 
mâles  que  l'on  m'a  promis.  L'acclimatation  de  cet  oiseau  serait,  je  crois,  une 
bonne  fortune  pour  la  France. 

Daignez  agréer,  monsieur  le  Président,  etc.  P.  Dabrt. 


Sar  le  prétendu  Polype  à  vinaigre,    de   Ciiine. 

Copie  d'une  lettre  adressée  par  M.  Berthemy,  ministre  de  France  m 
Chine,  à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Pékin,  le  d6  mai  1863. 
Monsieur  le  Président, 
Aussitôt  après  avoir  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écnre 
le  9  février  dernier,  au  sujet  du  Tson-m-lze,  ou  Polype  à  vinaigre  mentionné 
dans  l'ouvrage  de  l'abbé  Hue,  j'ai  réuni  et  je  m'empresse  de  vous  transmettre  les 
informations  que  j'ai  pu  recueillir. 


FAITS    DIVERS.  521 

Il  n'existe  en  Chine  anciin  être  animé  possédant  la  propriété  de  changer  en 
vinaigre  l'eau  ou  tout  autre  liquide. 

Les  trois  caractères  Tson-no-Ize,  mol  à  mot  Ver  à  vinaigre,  signifient  simple- 
ment un  dépôt  ou  concrétion,  qui,  formé  par  cet  acide,  le  produit  à  son  tour. 
En  admettant  que  la  bonne  foi  de  l'abbé  Hue  n'ait  pas  été  surprise ,  ce  voyageur 
mérite  donc  tout  au  moins  l'accusation  de  légèreté  pour  avoir  pris  au  propre  une 
expression  qui,  dérivée  de  l'aspect  extérieur  d'une  matière  parl'aitement  inerte, 
n'a  jamais  eu  dans  la  pensée  des  Chinois  qu'un  sens  figuré. 

F/emploi  du  Tson-no-tze  paraît  limité  à  la  province  de  Chann-si  (N.-O.)  de  la 
Chine)  ;  il  n'en  est  guère  fait  usage  que  par  les  familles  aisées,  et  principale- 
menl  en  voyage.  Voici  par  quel  procédé  il  s'obtient  : 

On  verse  dans  des  jarres  de  faïence  du  vin  de  riz  dont  on  active  la  fermenta- 
tion jusqu'à  ce  que  le  liquide  ait  atteint  son  plus  haut  degré  d'acidité  ;  on  l'aban- 
donne ensuite  à  lui-même,  et,  au  bout  de  plusieurs  années,  on  trouve  au  fond 
des  vases  un  précipité  visqueux  de  couleur  blanchâtre  qui,  retiré  avec  précau- 
tion, est  soumis  à  une  dessiccation  lente  sous  l'action  du  soleil. 

Le  Tson-no-tze  communique  en  peu  de  temps  au  liquide  dans  lequel  on  le 
plonge  une  très-grande  acidité,  et  reprend  à  son  contact  son  élasticité  première. 

Veuillez  agréer,  monsieur  le  Président,  etc. 

Signé  Beutiiemy. 


IV.    CHRONiaUE. 


Prix  fondé»  pai*  la  Société  d'acciiniataUon  de  Victoria  (âllSlFalle] . 

La  Société  (racclimatation  de  Victoria  a  publié  et  répandu  la  note  sui- 
vante, que  nous  croyons  devoir  reproduire: 

«  Le  conseil  de  la  Société  d'acclimatation  de  Victoria  (Australie)  a  décidé 
qu'il  donnerait  les  prix  désignés  dans  la  liste  ci-annexée,  pour  les  différents 
animaux  qui  y  sont  indiqués  et  qui  seront  remis  à  son  secrétaire,  à  Melbourne, 
du  l''"  juillet  1863  au  1"'  janvier  3  865. 

»  Les  animaux  devront  être  en  bon  état  de  santé,  bien  venant  et  de  sexes 
proportionnés. 

Pour  les  premiers  2ft  Lièvres  ant^lais   remis.    £     h  100  fr.  »  ciiacun. 

_  20        —       indiens 2,10  62  50 

—  50  Faisans  anglais 2  50  » 

—  50  Perdrix  anglaises 1,10  ?>7  50 

TiO  Perdrix  grisesdel'lnde.  î  25  » 

—  50  Perdrix  d'Algérie....  i  25  « 

—  20   Hoccos :>  75  » 

—  50  Homards '2  50  » 

—  50  Crabes 1  25  « 

_-  20  Gouramis 1,10  'M  50 

Signé  W.  H.  Archer,  secrétaire  iionoraire. 

»  Les  personnes  qui  auront  introduit  quelques-uns  des  animaux  énumérés 
ci-dessus  pourront  aussi  concourir  pour  le  prix  suivant  : 

»  Prix  de  V Argus,  une  coupe  d'or. 

))  Le  prix  de  la  coupe  d'or  de  VAryas,  d'une  valeur  de  cent  livres,  pour 
l'année  1863,  sera  décerné  à  la  personne  (non  attachée  à  l'administration  des 
journaux  Y  Argus  ou  le  Yeoman)  qui,  dans  le  cours  de  l'année  tinissant  le 
30  novembre  1863,  introduira  dans  la  colonie  le  mammifère,  l'oiseau  ou 
le  poisson  le  plus  utile  ou  le  plus  intéressant,  représenté  par  un  nombre  d'in- 
dividus suffisant  pour  en  assurer  la  reproduction. 

»  La  décision  sera  prise  par  le  conseil  de  la  Société  d'acclimatation  et  sou- 
mise à  la  ratification  de  l'éditeur  de  VArgtis. 

»  Les  demandes  et  les  pièces  à  l'appui  doivent  être  remises  au  conseil  do 
la  Société  d'acclimatation  avant  le  31  décembre  1863.  » 


L'Abeille,   le   Pore,  la   BShubarbe,  esi  France. 

M.  Bamcl  nous  ayant  communiqué  la  traduction  d'une  lettre  qui  lui  a 
été  adressée  de  Londres  par  ^].  Wilson,  membre  honoraire  de  notre  Société, 
auteur  de  nombreuses  et  importantes  acclimatations  en  Australie,  nous  nous 
empressons  de  reproduire  cette  lettre  dans  laquelle  notre  éminent  collègue 


CHRONIQUE.  523 

exprime  son  opinion  sur  l'élevage  de  rAbeilleei  du  Porc,  et  la  culture  de  la 
Rhubarbe  en  France  : 

«  Londres,  le  H  mai  18G3. 

n  Celui  qui  voyage  dans  J)eaucoup  de  pays  avec  ses  pensées  toujours  tour- 
nées vers  noire  projet  favori,  l'introduction  dans  l'usage  général  de  toutes 
les  bonnes  choses  de  la  création,  quel  que  soit  le  point  où  elles  se  rencon- 
trent, celui-là  trouve  toujours  par-ci  par-là,  sur  son  chemin,  quelque  amé- 
lioration à  apporter, 

B  En  traversant  la  France,  j'ai  été  frappé  de  cette  remarque,  que  l'on  ne 
donne  peut-être  pas  assez  d'attention  à  deux  choses,  humbles  sans  doute, 
mais  qui  n'en  sont  pas  moins  d'une  grande  valeur,  parce  qu'elles  sont  sur- 
tout merveilleusement  adaptées  à  l'habitant  de  la  chaumière. 

»  Je  fais  allusion  à  l'Abeille  et  au  Cochon. 

»  J'en  puis  parler  par  expérience  ;  je  me  suis  occupé  pratiquement  des 
deux  espèces,  j'en  connais  toute  la  valeur  économique. 

»  Les  Abeilles  ne  semblent  pas  aussi  généralement  cultivées  chez  nous 
qu'on  devrait  le  supposer  de  la  part  d'un  peuple  qui  aime  autant  les  jardins 
et  qui  est  si  habile  dans  la  culture  des  fleurs.  Cependant  le  miel  non  recueilli 
est  un  bien  perdu,  et  c'est  conunettre  une  mauvaise  action  que  de  laisser 
perdre  un  produit  utile. 

»  Les  habitants  de  nos  campagnes,  souvent  si  profondément  ignorants, 
paraissent  donner  plus  d'attention  que  les  vôtres  à  la  culture  des  Abeilles  ; 
mais  vos  voisins  les  Suisses,  remarquables  par  leur  industrie  et  leur  fruga- 
lité, nous  donnent  une  leçon  à  tous.  Ils  possèdent  une  admirable  variété: 
l'Abeille  ligurienne,  robuste,  peu  sujette  aux  maladies,  très-laborieuse,  très- 
douce  et  étonnamment  prolilique.  J'ai  réussi,  connue  vous  le  savez,  à  les 
faire  parvenir  en  Australie  (1).  Combien  il  serait  plus  aisé  de  les  propager 
en  France! 

»  Quant  aux  Cochons,  nous  avons  eu  souvent  l'occasion  d'en  parler.  Trop 
généralement  jugé  avec  une  sorte  de  dédain  comme  un  être  inunonde  et 
vulgaire,  le  Cochon  est  pourtant,  à  cause  de  l'immense  partie  du  globe  où  il 
est  élevé,  à  cause  de  sa  merveilleuse  faculté  de  s'accommoder  de  tout,  à 
cause  surtout  de  l'excellence  de  sa  chair,  un  de  nos  plu.s  précieux  animaux 
domestiques. 

»  Je  vous  ai  un  jour  raconté  comment  le  Cochon  est  un  agent  de  civilisa- 
tion des  plus  eÛJcaces.  J'affirme  que  le  souvenir  du  présent  de  quelques 
Cochons  que  fit  le  capitaine  Cook  aux  Maoris  de  la  Aouvelle-Zélande  est  très- 
précieusement  gardé  dans  les  esprits  de  ce  peuple,  et  a  grandement  aidé  à  le 
guérir  du  cannibalisme,  aplanissant  ainsi  le  chemin  pour  l'introduction  de  la 
civilisation. 

»  Parmi  tous  les  animaux  auxquels  on  a  donné  tant  d'attenlion  en  Angle- 

(1)  Les  Abeilles  introduites  en  Australie  par  M.  Wilson  s'y  sont  propagées  si 
rapidement,  même  à  l'état  sauvage,  qu'on  y  récoite  déjà  des  quantités  prodi^- 
gieuses  de  mieL 


îrlll       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTATION. 

reiTC,  le  Cochon  esl,  je  pense,  celui  qui  a  élé  porté  à  sa  plus  parfaite  condi- 
tion. Sons  ce  rapport,  il  l'emporte  sur  le  Cheval  ou  le  Bœuf  ou  le  Mouton, 
quelque  magnifiques  qu'en  soient  les  sujets. 

»  Pour  l'cconomie  de  l'acclimatation,  et  la  production  de  honne  viande 
à  peu  de  frais,  pour  la  nourriture  et  le  soin,  le  Cochon  se  place  au  premier 
rang. 

»  Dans  le  midi  de  la  France,  je  vois  de  très-mauvaises  espèces  de  Cochons, 
pires,  j'ai  été  surpris  de  m'en  convaincre,  que  ceux  que  j'ai  vus  dans  les 
forêts  de  chênes  de  l'Espagne.  Cependant  un  Porc  de  mauvaise  race  mange 
comme  ceux  de  bonne  race,  et  il  maigrit  où  les  autres  engraissent. 

»  Ici  encore  la  nourriture  donnée  à  un  animal  inférieur  plutôt  qu'à  un  de 
meilleure  qualité,  est  de  la  nourriture  gaspillée,  et  le  gaspillage  est  une  mau- 
vaise action. 

»  Je  pense  qu'on  ne  se  fait  pas  une  idée  du  peu  de  nourriture  qui  suftit  à 
l'existence  d'un  Cochon  de  pure  race.  Permettez-moi  de  \ous  raconter  une 
anecdote  à  l'appui. 

«  Quand  j'avais  une  station,  époque  où  j'avais  aussi  plus  de  loisirs  que 
([uand  vous  m'avez  connu  à  !\Ieibourne,  je  prenais  vm  très-grand  plaisir  à 
étudier  tous  les  animaux. 

»  .l'étais  parvenu  à  une  grande  perfection  pour  les  Cochons  ;  elle  consis- 
tait dans  une  grande  aptitude  à  l'engraissement  avec  très-peu  de  nourii- 
ture. 

1)  J'avais  nue  jeune  truie  qui  était  devenue  si  grasse,  qu'elle  ne  voulait  pas 
recevoir  le  verrat  'c'est  la  conséquence  naturelle  de  l'excès  de  graisse),  et 
connue  je  désirais  vivement  avoir  des  produits  de  sa  race,  je  me  donnai 
«[uelque  peine  pour  arriver  à  ce  résultat.  Je  la  mis  dans  nn  parc  toute  seule, 
cl  j'ordonnai  qu'on  ne  lui  donnât  aucune  nourriture.  C'était  en  automne,  alors 
que  le  potager  regorg*'  de  produits.  La  truie  reçut  de  la  paille  pour  litière  et 
de  l'eau  pour  boisson. 

«  Je  commençai  par  lui  donner,  deux  fois  la  semaine,  la  moitié  d'un  melon 
d'eau  de  la  grosseur  de  la  tête  d'im  honnne.  Pendant  plusieurs  semaines  je 
la  tins  à  ce  régime,  sans  qu'elle  présentât  aucun  symptôme  d'amaigrisse- 
ment. 

»  Déterminé  à  réussir,  je  réduisis  sa  ration  à  la  moitié  d'un  melon  chaque 
dimanche.  Elle  se  maintint  dans  le  même  état  pendant  quelque  temps,  mais, 
à  la  fin,  elle  maigrit  ;  je  la  présentai  au  verrat,  et  elle  eut  une  bonne  portée. 

»  Quand  une  fois  un  animal  a  eu  des  petits,  vous  pouvez  aisément  le  tenir 
en  état  de  maigreur,  car  une  déperdition  extra  vient  ù  votre  aide. 

»  Durant  tout  le  temps  de  son  jeune  forcé,  elle  ne  cria  jamais  pour  sa  nour- 
riture, comme  ont  l'habitude  de  faire  les  Porcs  de  mauvaise  race  ;  mais  elle 
dormait  tout  le  temps,  venant  seulement  quand  je  l'appelais,  pour  voir  si  je 
lui  avais  apporté  quelque  chose,  et  revenant  se  coucher  sans  rien  dire,  si 
elle  n'avait  rien  trouvé,  avec  une  placidité  qui  était  réellement  surpre- 
nante. 


CHRONIQUE.  525 

»  Celle  truie,  dans  le  midi  de  la  France,  eût  valu  son  pesant  d'or. 

»  Cependant  on  peut  s'en  procurer  des  milliers  aussi  bonnes  en  Angle- 
terre, 

»  La  même  quantité  de  nourriture  qui  sert  à  peine  pour  un  Cociion  de  mau- 
vaise race  pourrait  en  engraisser  deux  ou  trois  de  bonne  race  ;  et  de  la  nour- 
riture ainsi  dépensée  est  évidemment  encore  perdue. 

»  Mais  l'expérience  que  je  fis,  moi  qui  pouvais  donner  à  manger  à  vo- 
lonté à  mes  Cochons,  pourrait  être  d'une  très-grande  importance  pour  l'ha- 
bitant de  la  campagne  dont  les  ressources  réduites  n'admettent  pas  la  super- 
(luité. 

>'  La  docilité  du  Cochon,  son  transport  facile,  sa  grande  capacité  pro- 
lilique,  la  rapide  maturité  de  ses  produits,  rendent  des  plus  faciles  la  régé- 
nération des  Cochons  en  France. 

»  Je  pense  que  le  Jardin  d'acclimatation  pourrait  offrir  une  collection 
complète  des  meilleures  races,  comme  il  le  f  lil  pour  les  volailles  ;  il  accroîtrait 
ainsi  ses  ressources  d'une  façon  notable  par  la  vente  des  petits  dos  races 
supérieures. 

»  i\ous  en  avons  plusieurs,  toutes  bonnes,  sans  exception.  A  la  dernière 
exhibition  à  Batersca,  il  y  avait  des  centaines  de  Codions,  et  l'on  eut  eu  de  la 
peine  à  en  trouver  un  de  race  inférieure. 

»  Pour  une  application  générale,  pour  pàiurerdans  les  forêts,  etc., le  Berk- 
shire est  un  animal  parfait,  robuste,  bien  proportionné,  vif,  et  qui  donne 
une  des  meilleures  qualités  de  viande. 

»  Tour  l'étable,  le  Yorkshire,  le  Middlesex  amélioré,  le  Dorset,  l'Essex, 
sont  tous  bons  ;  plus  paresseux  et  plus  enclins  à  la  graisse  ,  plus  précoces 
pour  la  boucherie,  ils  assimilent  si  rapidement  les  aliments  qu'on  leur  donne, 
([u'il  faut  les  mettre  à  la  diète  pour  leur  conserver  les  facultés  reproduc- 
trices. 

»  S'il  nous  a  fallu  de  longs  et  pénibles  efforts  pour  produire  ces  variétés 
cl  les  amen  er  à  une  telle  perfection,  vous  n'avez,  vous,  qu'à  les  prendre  toutes 
prêtes,  ayant  les  preuves  de  l'inlégrilé  de  la  race  et  les  moyens  de  vous  assurer 
de  son  caractère  :  car,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  un  stud-book  pour  le  producteur 
ou  reproducteur  de  Cochons  {parker),  sa  race  est  plus  sérieusement  étudiée 
par  des  connaisseurs  émériles  ;  et  la  qualité  de  ses  soies  ou  la  forme  d'une 
oreille  excilent  autant  rattenlion  que  l'œil  ou  le  naseau  d'un  cheval  de 
course. 

»  J'ai  encore  à  vous  entretenir  d'un  autre  sujet.  Ouand  je  vins  en  France 
en  avril  dernier,  je  vous  fis  remarquer  l'ahsence  sur  vos  marchés  des  côtes 
de  Pduibarbe  comestible.  Vous  me  répondîtes  qu'il  existait  un  préjugé  contre 
cette  plante.  Va\  arrivant  en  Angleterre,  je  la  trouvai  délicieuse  de  toute 
fa(:on.  J'en  ai  mangé  presque  tous  les  jours,  et  jamais  sans  éprouver  un  senti- 
ment de  regret  qu'un  si  excellent  légume  ne  fût  pas  apprécié  par  les  Français, 
si  avancés  dans  le  jardinage. 

»  C'est,  en  vérité,  une  excellente  chose;  elle  vient  avant  les  fnn"ls,  dure 


526      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

longtomps,  se  produit  maintenant  en  proportions  gigantesques, et  elle  est  tout 
à  la  fois  agréable  au  palais  et  favorable  à  la  santé  ;  si  convenable  au  goût,  que 
pendant  plusieurs  mois  de  suite,  dans  la  colonie,  j'en  ai  mangé  à  mes  deux 
repas  sans  que  jamais  j'en  aie  été  ou  fatigué  ou  incommodé.  Cuite  au  sucre 
ou  mêlée  à  du  lait,  elle  est  excellente  pour  les  enfants  et  a  toujours  le  privi- 
lège de  leur  plaire. 

»  Pourquoi  n'en  avez- vous  pas  ? 

»  S'il  existe  un  préjugé  populaire,  n'est-ce  pas  la  mission  de  la  Société 
d'acclimatation  de  le  détruire  et  d'amener  doucement  à  une  conviction  plus 
saine  ? 

»  Et  si  notre  grande  cause  de  l'acclimalalion  doit  progresser  comme  elle 
le  mérite,  si  ses  tendances  sont  de  réunir  les  meilleurs  hommes  et  d'attirer  la 
bénédiction  du  ciel  sur  ses  actes,  nous  devons  principalement  nous  appliquer 
à  rechercher  les  avantages  pour  les  niasses  et  à  multiplier  les  trop  rares  jouis- 
sauces  du  pauvre. 


•—  On  lit  dans  Vllhistrated  Lo7ido7i  News  du  18  juillet  1863  : 

«  La  collection  d'animaux  exposés  dans  le  jardin  de  la  Société  zoologique 
de  Londres  vient  de  s'enrichir  d'un  spécimen  du  Banteng  {Bos  sondaicus), 
ou  Bœuf  sauvage  de  Java,  que  l'on  croit  èirc  le  premier  de  son  espèce  amené 
vivant  en  Europe.  C'est  un  congénère  du  Gourde  l'Inde,  quoique  bien  dis- 
tinct de  ce  dernier.  On  l'avait  décrit  dans  l'origine  connue  habitant  Java, 
mais  on  s'est  assuré  depuis  qu'il  existait  aussi  à  Bornéo,  dans  l'île  de  Bali,  et 
dans  la  péninsule  de  iMalacca  jusqu'au  Pégou.  C'est  dans  cette  région  que  le 
colonel  Phayre,  commissaire  de  la  province  de  Pégou,  s'est  procur('  l'individu 
qu'il  vient  d'olfrir  à  la  Société  dont  il  est  correspondant.  Cet  animal,  pris 
très-jeune,  est  unjeune  taureau  âgé  aujourd'lmi  de  deux  ans. 

»  Selon  MM.  S.  Millier  et  Schlegel,  dans  leur  Zooloçjie  des  possessions 
Indo-néerlandaises,  le  Banteng  vit  dans  les  jungles  et  les  forêts  des  côtes 
de  Java,  et  s'élève  sur  les  montagnes  jusqu'à  /lOOO  pieds  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  On  le  rencontre  en  troupeaux  de  six  à  huit  femelles  conduites  par 
un  mâle.  Il  est  très-sauvage  et  se  laisse  difficilement  approcher,  m 

(Traduit  el  communiqué  par  M.  Viennot.) 


OUVRAGES  OFFERTS  A   LA  .«iOCTETE. 


Bulletin  de  la  Société  zoologique  de  Londres,  1861  et  1862. 

Bulletin  de  la  Société  d'acclimatation  de  Berlin,  1863. 

Bulletin  de  la  Société  centrale  d'agriculture  et  d'acclimatation  des  Basses-Alpes, 
1«^'  semestre  1863. 

Bulletin  de  la  Société  centrale  de  l'Yonne  pour  l'encouragement  de  l'agriculture, 
5''  et  6''  années,  1801  et  1862. 

Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  commerce,  sciences  et  arts  ilu  départe- 
ment de  la  Marne,  année  1862. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  d'Angers  et  du  département  de  Maine-et-Loire, 
xxxiii'^  année,  3*^  livr.  de  la  3*^  série,  1862. 

Annales  de  la  Société  linnéenne  du  département  de  Maine-et-Loire,  5^  année, 
1862. 

Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse, 
tome  m. 

Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  et  d'horticulture  de  l'arrondissement  de  Beau- 
vais,  juin  et  juillet  1863. 

Bulletin  de  la  Société  d'horticulture  de  ronlenay-le-Comte  (Vendée),  n°  3, 
1*=''  semestre,  juin  1863. 

Annales  de  la  Société  d'agriculture,  commerce,  arts  et  manufactures  du  départe- 
ment des  Landes,  année  1862,  n"  ô7. 

Bulletin  de  la  Société  royale  de  Flore  de  Bruxelles,  mars  et  juillet  1863. 

Mémoires  delà  Société  royale  physico-économique  de  Kœnigsberg,  année  1862. 

Il  Picentino,  journal  d'agriculture  pratique  de  la  Société  royale  économique  de 
Salerne,  janvier,  avril  1863. 

Report  of  the  Commissioner  of  patents,  de  Washington,  1861. 

Mémoires  de  la  Société  d'agriculture  de  l'État  de  New-York,  1861. 

Éloge  historique  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  par  M.  le  docteur  N.  Joly.  ■— 

Offert  par  l'auteur. 
De  la  rage  chez  le  Chien,  et  des  mesures  préservatrices,   par  M.   le  docteur 

H.  Blatin.  —  Offert  par  l'auteur. 
Catalogue  d'échantillons  des  bois  des  forêts  du  Canada.  —  Offert  par  M.  Gauldrée- 

Boilleau. 
Les  Pêcheries  du  Canada,  par  M.  J.  M.  Le  Moine.  Québec,  1863. 
Flore  canadienne,  par  l'abbé  L.  Provancher,  curé  de  Portneuf,  volume  I,  Québec, 

1862.  —  Offerts  par  M.  Gauldrée-Boilleaii. 
Pétition  présentée  au  Sénat  par  M.  Ch.  de  Massas,  dans  le  but  d'obtenir  des  mo- 
difications dans  la  loi  qui  régit  la  pèche  fluviale.  —  Offert  par  l'auleur. 
Causerie  sur  la  pisciculture,  par  M.  le  docteur  N.  Joly.  —  Offert  par  l'auteur. 
Guide  de  l'apiculteur,  par  M.  Debeauvoys. 
Appendice  aux  observations  pratiques  faites  en  Orient  sur  la  maladie  actuelle  des 

Vers  à  soie,  par  M.  B.  J.  Dufour.  —  Offert  par  l'auteur. 
Culture  de  l'Allante  et  mémoire  sur  le  Ver  à  soie  Bombyx  Cynthia,  par  M.  le 

comte  Adelelmo  Cocasteili.  —  Offert  par  l'auteur. 


528       SOCIÉTÉ   nirÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMÂTATION. 

De  l'acclimalalion  en  France  du  Bombyx  Cynthia  et  de  scn  éducation  en  Anjou, 

par  M.  F.  Blain.  Angers,  1861. 
Résumé  des  principaux  traités  chinois  sur  la  culture  des  Mûriers  et  l'éducation 

des  Vers  à  soie  ; 
Renseignements  sur  la  cire  végétale  de  la  Chine  et  sur  les  insectes  qui  la  produisent; 
Notice  sur  quelques  plantes  textiles  de  Chine,  par  M.  N.  Rondot,  18i7.  Culture 

du  Chou-ma  ; 
Extrait  des  comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  sciences  (sur  des  graines 

de  plante  textile  de  Chine); 
Description  des  procédés  chinois  pour  la  fabrication  du  papier; 

Traduits  du  chinois  par  M.  Stanislas  Julien.  —  Offerts  par  le  traducteur. 
Rapport  sur  la  culture  du  Tabac,  par  M.  le  baron  de  Zorn  de  Bulach. 
Mémoire  et  documents  sur  le  Colon  africain,  par  M.  Louis  Stéphane  Leclerc.  — 

Offert  par  l'auteur. 
Revue  synoptique  des  principaux  vignobles  de  l'univers,  par  M.  Théodore  Winckler. 
Le  reboisement  du  Faron,  par  M.  le  docteur  Turrel. 
Revue  critique  de  la  durée  des  plantes  dans  ses  rapports  avec  la  phylographie, 

par  M.  D.  Clos. 
Une  ascension  à  la  Maladetta,  par  M.  le  docteur  J.  Léon  Soubeiran.  —  Offert  par 

l'auteur. 
Voyage  pitlorcsque  dans  la  république  Argentine,  par  M.  C.  Bartolomé  Bossi.  — 

Offert  par  l'auteur. 
Tableau  de  population,  de  culture,  de  commerce  et  de  navigation,  formant,  pour 
l'année  1860,  la  suite  des  tableaux  insérés  dans  les  notes  statistiques  sur  les 
colonies  françaises. 
Tableau  delà  situation  des  établissements  français  dans  l'Algérie,  1858-1861. 
De  l'établissement   d'un  casino  et   d'un  jardin  d'acclimatation   à    Hyères,   par 

M.  Alph.  Denis.  —  Offert  par  l'auteur. 
Alesia,  par  M.  0.  —  M.  de  Bouriane. 

T^otice  sur  les  cultures  de  la  ferme  des  Boulayes,  par  M.  A.  N.  Mayre. 
Culture  forcée,  par  le  thermosiphon,  des  fruits  et  légumes  de  primeur,  par  M.  le 

comte  Léonce  de  Lamberlye.  —  Offert  par  l'auteur. 
Résumé  d'un  mémoire  sur  les  propriétés  du  guano,  par  Alexandre  Cochet. 
Mémoire  descriptif  du  Planisphère  agricole  et  climatologique  composé  et  dressé 

par  M.  Le  Gendre  Décluy. 
Mappemonde  planisphérique,  agricole  et  climatologique,  par  M.  Le  Gendre  Décluy. 
Offerts  par  M.  Armand  Le  Chevalier,  éditeur. 


ElllUTUM. 

Page  201,  15^  ligne,  au  lieu  de   hOi)  francs  le  kilogramme  de  quinine, 
lisez  200  francs,  etc. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE. 


sur.  LES 

RACES  OVINES   DE  LA  RÉPIRLIQUIî:  ARGENTINE. 

NOTi:  ADl'.KSSÉE  A    M.    LK  Pr.ÉSIPtNT 
m.    LA    SOCIIÎTÉ    IMPKr.IALE    ZOOI.OGIQUE    D\\CCLIMATATtO:\ 

Par   .^8.    1Î%B>1'.'1RCE  , 

Aiuii'ii   (.liargé  (l'allaires  ilc  DiiLTOsAyicb. 

(Séance  (.lu  17  avril  I8G3.) 


Monsicui'lcPrésidciU, 

Le  discours  romarciuable  que  vous  avez  prononcé ,  à  Li 
séance  annuelle  de  la  Société  impériale  d'acclimalalion ,  sur 
l'agronomie  el,  entre  antres  points,  sur  l'industrie  des  laines 
et  les  importations  de  Moutons  dans  diverses  contrées  du 
globe,  pour  remplacer  ou  régénérer  les  races  indigènes,  m'a 
rappelé  l'engagement  que  j'avais  pris  envers  vous  de  fournir 
à  la  Société  quelques  données  positives  à  l'égard  des  déve- 
loppements que  ces  industries  ont  progressivement  reçus  dans 
la  république  Argentine. 

Après  avoir  recueilli  et  coordonné  les  détails  nécessaires, 
je  viens  réaliser,  autant  que  je  le  puis,  une  promesse  que  je 
m'estime  heureux  de  pouvoir  remplii'. 

L 

Ce  fut  en  181  o  qu'eut  lieu,  parles  soins  du  consul  des  États- 
Unis,  M.  Halscy,  l'inlroduclion  à  Buenos-Ayres  des  premiers 
bons  types  européens  (J).  Un  petit  troupeau  mérinos,  d'ori- 
gine allemande,  y  fut  im[)orté;  mais  les  animaux  qui  le  com- 
posaient périrent,  à  ce  qu'on  assure,  dans  un  incendie. 

Ainsi  avorta  accidentellement  ce  premier  essai. 

Onze  années  plus  lard,  un  homme  qui  occupe  à  bon  droit 
une  place  illustre  dans  les  annales  du  pays,  Rivadavia,  alors 

(1)  Une  niPiilioii  osl  l'^'alcmenl  duc  à  M.  .1.  M.  Lab;iidoii,  qui  concourut 
d'une  manière  active  aux  prcniioies  iiilroduclion.s. 

T.  \.  —  Septembre  18(33.  3.'i 


530       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUP:   D  ACCLIMATATION. 

président  de  l.i  confédération  Argentine,  et  à  l'esprit  pro- 
gressif et  organisateur  dniiuel  aucune  préoccupation  ne  de- 
meurait étrangère,  iavorisa  l'importation  à  Buenos- Ayrcs 
de  100  Moutons  mérinos  noirs  d'Es[)agne  et  de  100  Moutons 
anglais  soullidown. 

Vendus  à  MM.  llannac,  Shcridan  et  Capdevila,  ils  furent 
croisés  avec  des  Brebis  Pampas. 

Le  gouvernement  suscita  en  18'26  une  nouvelle  expédition, 
à  laquelle  furent  adjoints,  comme  garantie  de  bons  soins  et 
d'éducation  appropriée,  plusieurs  éleveurs  allemands. 

Les  animaux  dont  cette  exposition  se  composa,  formèrent 
la  pépinière  du  meilleur  type  obtenu  jusqu'alors  sur  le  sol 
argentin  :  ils  servirent  de  base  et  de  matière  première  aux 
établissements  spéciaux  de  MM.  Hannac  et  Slieridan,  devenus 
célèbres  sous  les  noms  encore  existants  de  Palmiers  et  de 
(hdpo)iex. 

On  appliqua  les  métis  résultant  du  mélange  de  ces  bêtes  de 
clioix  avec  les  laides  Brebis  indigènes  à  des  croisements  avec 
ces  dernières,  fini  firent  ac(juérir  aux  nouveaux  produits 
quelques  faibles  caractères  d'amélioration. 

L'émulation  excitée  parmi  les  haccndado^  j)our  cette 
brandie  précieuse  d'industrie  s'aviva  en  1830  d'une  ma- 
nière notable,  grâce  surtout  à  l'initiative  intelligente  et  aux 
infatigables  sollicitudes  de  M,  Juan  Hannac,  administrateur- 
associé  de  l'établissement  des  Gulpones,  cl  qui  concourut  plus 
que  personne  à  ce  que  la  race  premièrement  importée  se 
conservât  dans  le  pays  et  qu'elle  pût,  même  à  certains  égards, 
s'y  perfectionner.  . 

En  ISoO,  la  rcpubli(iue  Argentine  vit  pénétrer  dans  ses 
ricbes  pâturages  ditlérents  types  delà  race  mérinos  Negretti, 
appartenant  aux  espèces  prussiennes  et  saxonnes,  et  qui, 
bien  que  d'origine  espagnole,  ont  été  tellement  améliorés 
par  les  éleveurs  d'Allemagne  dans  la  finesse  de  leur  laine 
comme  dans  leur  résistance  à  toute  dégénération,  qu'ils  sont 
en  général  préférés  aux  types  des  divers  autres  points  de 
l'ancien  monde. 

Cette  imporlatiuu  féconde,  duc,  dès  l'origine,  à  M.  Claudio 


I5AGES    OVINES    DE    LA    l'.ÉrUlîLlQUE   ARGENTINE.  olVl 

Slegiiianii,  l'ut  un  exemple  qui  Irouva  des  iiuilateurs.  On  intro- 
duisit successivement  de  nouveaux  modèles  de  provenance 
variée,  et  Ton  fit  si  bien  avec  la  race  mérinos  espagnole  per- 
fectionnée, que  d'imporlalion  en  importation,  le  nombre  des 
animaux  de  cette  espèce  représente  aujourd'hui  un  chiffre 
considérable. 

La  Saxe  électorale  entra  j)our  beaucoup  dans  ces  progrès. 
En  effet,  sous  l'influence  des  persistants  efforts  d'agronomes 
indigènes,  MM.  Stegmann,  Poucel,  Plint,  Narciso  Martinez 
de  Hoz,  LeonardoPereyra,  etc.,  le  type  saxon,  allié  à  l'espèce 
intermédiaire  (pae  les  croisements  antérieurs  avaient  formée, 
créa  la  muUilude  de  troupeaux,  plus  ou  moins  perfectionnés, 
(pii  paissent  dans  nos  prairies  toujours  vertes. 

J0(3  lirebis  femelles,  8^  Moutons  mâles  de  .Silésie  cl 
6080  Brebis  créoles  avaient  servi  de  point  de  départ  à  la 
Société  pastorale  des  Mérinos.  Dans  un  espace  de  huit  années, 
cetétabUssement  donna  un  rendement  de  1600  Mérinos  types 
et  de  30  000  Métis,  et  la  reproduction,  outre  cette  valeiu" 
intrinsèque,  couvrit  en  plus,  d'après  l'évaluation  de  M.  Nar- 
ciso Martinez  de  Hoz,  les  frais  du  personnel  qu'elle  avait 
rendu  nécessaire. 

Nul  doute,  d'ailleurs,  (pi'un  même  résultat ^iroportionnel 
ne  soit  acquis  d'avance  à  tous  les  éleveurs  qui  poursuivraient 
le  même  but  avec  ime  égale  persévérance. 

Les  trop  longues  vicissitudes  politiques  qu'eurent  à  subir 
ces  beaux  pays  réagirent  fâcheusement  sur  la  situation  agro- 
nomique. Pendant  plusieurs  années,  les  établissements  spé- 
ciaux périclitèrent  :  l'insécurité  de  l'avenir  contraria  l'essor 
des  tentatives,  et  le  goût  qui  avait  entraîné  avec  tant  de  profil 
les  hacendados  vers  ce  genre  d'industrie  sembla  s'éteindre. 
Il  ne  se  réveilla  qu'en  185-2,  et  il  a,  depuis  cette  époque, 
constamment  grandi,  grâce  aux  excitations  bien  entendues  et 
aux  judicieux  encouragements  des  diverses  administrations 
([ui  se  sont  si  heureusement  succédé  à  Buenos-Ayres,  dans 
la  direction  générale  des  alïaires  publiques. 

A  ce  mouvement  de  renaissance  commerciale  et  d'expan- 
sion agronomique  se  rapporte  la  venue  dans  nos  campagnes 


532      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

d'environ  7000  Moulons  do  Prusse  el  de  Silésie,  cl  de 
1500  types  Rambouillel,  Mauchamp,  Ne\v-Leicester  el  Soulh- 
do^vn. 

Disons  toul  de  suile  que  la  race  IVaneaise ,  malgré  ses 
avanlageuses  et  ses  belles  proportions,  ne  jouit  pas  d'un  grand 
crédit  i)armi  nos  hacendados.  Celle  espèce  étant,  si  elle  n'est 
nourrie  de  betteraves,  de  caroltes  et  d'avoine,  susceptible  de 
dégénérer,  el  pouvant  élre,  sous  ce  rapport,  considérée, 
jusqu'à  un  certain  point,  connue  artiticielle. 

La  race  anglaise  New-Leiccsler  et  Soullido\vn  ne  s'est  pas 
davantage  généralisée  parmi  nous,  à  cause  de  sa  laine,  dont 
la  qualilé  est  fort  médiocre,  et  de  son  énorme  embonpoint  (jui 
rend  les  femelles  stériles. 

(3n  le  sait,  l'industrie  du  bétail,  dans  ses  brandies  variées 
el  ses  nombreuses  formes,  a  été  jusqu'.i  présent,  sur  toute  la 
surface  du  sol  argentin,  la  base  principale  de  la  prospérité 
matérielle  du  pays.  A  quel  avenir  n'est  pas  réservée  cette 
prospérité,  el  quels  merveilleux  progrés  ne  verra-t-on  pas 
s'accomplir,  le  jour  <n\  nos  bacendados  comprendront  unani- 
mement la  nécessité  d'ajouter  aux  bienfaits  du  climat  ceux  de 
la  science,  el  d'avoir  recours,  surtout  pour  les  races  types, 
aux  métbodes  européennes  ! 

II. 

Les  moyennes  établies  font  monter  de  oô  à  50  pour  100  les 
rendements  acquis  annuellement  par  la  reproduction  des 
Brebis  qui  vivent  constamment  en  plein  air  dans  nos  pampas: 
les  produits  nels  du  capital  seraient  de  30  pour  100. 

Nous  avons  dit  que,  malgré  des  intermittences  dans  li^  mou- 
vement qui  tend  h  transformer  celte  grande  industrie,  en  la 
perfectionnant  par  des  accouplements  étrangers,  l'importalion 
avait  déjà  régénéré  les  campagnes.  En  effet,  les  Hrebis  indi- 
gènes. Crias,  Pampas  et  Criollas,  disparaissent  graduellement, 
grâce  aux  croisements  européens. 

Naguère  la  toison  des  Brebis  était  maigre  ,  sa  qualilé  défec- 
tueuse. Peu  de  ces  animaux  donnaient  à  la  tonte,  annuelle- 
ment, au  delà  de  '2  livres  et  demie  par  tète.  Or,  leur  alliance 


r.ACES    OVJNES    DE    LA    RÉPLBLIUUE   ARGENTINE.  333 

avec  les  lypes  d'Europe  a  fail  acquérii'  aux  toisons  une  qualité 
supérieure.  Le  poil  s'est  montré  plus  largement  répandu  que 
sur  lesCrioilas,  en  même  temps  (ju'il  offrait  des  conditions 
entièrement  nouvelles  de  linesse  et  d'élasticité  dues  à  la  sub- 
stance graisseuse  des  animaux  européens.  Ainsi  a  disparu  le 
fôcheux  cachet  de  la  laine  cré'ole,  privée  de  consistance,  sèche 
et  pauvre. 

Des  propriétaires  ont  évalué  à  6  livres  par  année  le  rende- 
ment de  laine  d'une  Brebis;  mais  de  tels  résultats  sont  excep- 
tionnels, et  de  pareils  calculs  n'ont  de  valeur  positive  qu'à  la 
condition  de  prendre  pour  base  la  moyenne  générale  du  pro- 
duit. En  réalité,  quand,  dans  nos  compagnies  argentines,  la 
lonle  rapporte,  par  tète,  /i  livres 'l/7i,  on  peut  assurer  que 
l'animal  est  supérieur. 

La  nature  du  sol  et  la  qualité  des  pâturages  ont  nécessaire- 
ment une  action  marquée  sur  la  production  en  plus  ou  en 
moins  des  bergeries.  Ce  qui  ne  rendra  que  trois  livres  sur  un 
terrain  médiocre  de  pâturage  en  donnera  <|uatre,  après  deux 
années  d'élablissement,  dans  des  prairies  mieux  appropriées. 

Suivant  ses  qualités,  le  prix  de  la  laine  varie  de  50  à 
J  20  piastres  l'arroba  (1). 

Nous  ne  parlerons  pas  de  la  laine  soie  qui,  une  fois  lavée, 
présente  un  très-petit  volume,  compensé  par  la  qualité.  Cette 
branche  de  l'industrie  lainière,  en  effet,  est  vouée  à  l'abandon, 
n'ayant  produit,  jusqu'à  ce  jour,  que  des  perles  pour  les 
hacendados  qui  ont  essayé  de  l'utiliser. 

Quant  à  la  laine  telle  qu'elle  est  obtenue  au  moment  même 
de  la  tonte,  elle  se  différencie  tant,  nous  l'avons  dit,  par  les 
conditions  du  pâturage  que  par  les  soins  dont  elle  est  Tobjet. 

L'n  des  éleveurs  du  })ays  les.  plus  distinguas  et  les  plus 
riches,  à  la  fois  sénateur  et  agronome,  M.  J.  de  Cuerrico, 
vit  constamment,  durant  sept  années,  croître  le  prix  de  ses 
laines.  En  1860,  elles  lui  rapportèrent  jusqu'à  100  piastres 
l'arroba  ;  mais  cette  prospérité  fut  arrêtée  court  l'année  sui- 
vante, par  l'inlcnsilé  de  la  sécheresse,  qui  contraignit  à  ali- 

(I)  La  piasU'P    papier  \aiil  i]q  20  ."i  'J,'  coriliiiies,  et  l'arroba   rci.iv.sente 

1^11,500. 


53^1       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOnLOniQUE    d'aCCLIMATATION. 

menter  les  animaux  oxténués  avec  des  ahrojos  (espèce  de 
chardons);  leur  toison,  souillée  de  poussière,  l'ut  })riYée  de 
physionomie,  de  couleur,  de  substance  et  d'i'lasticilé. 

Les  hacendados  qui  possèdent  de  50  à  /lO  000  Brebis  sont 
trop  nombreux  poin^  les  compter.  Beaucoup  eu  ont  jusqu'à 
fiOOOO.M.  Cascallares  est  à  150  000,  ot  M.  Lezama,  qui  re- 
pousse toute  comparaison,  250  000. 

(juand  la  race  est  bonne,  les  Moutons  reproducteurs  se 
vendent  jusqu'à  500  piastres;  ceux  pour  la  bonclierie 
A 5  piastres  en  moyenne. 

La  salubrité,  la  douceur  et  la  constance  du  climat  s'unis- 
sent à  la  richesse  native  des  prairies  naturelles,  composées  en 
général  de  gramillas,  iVai/^Jer/yios,  de  tre/toks  et  iVnlfafas, 
pour  favoriser  exceptionnellement  les  développements  de 
celte  industrie. 

Nous  disions,  dans  une  notice  publiée  en  1857  (l)  et  dans 
le  chapitre  consacré  à  l'immigration  :  «  11  faut  remanfuer  que 
le  sol  argentin,  et  en  particulier  celui  de  P)uenos-Ayres, 
formé  de  riches  prairies  naturelles,  où  se  produit  et  se  déve- 
loppe l'opulent  bétail  du  pays,  n'exige  pas,  comme  le  territoire 
des  Etats-Unis,  de  défrichements  préalables;  que  les  émigranls 
livrés  à  rexi)loitalion  agricole  ne  sont  point  astreints  à  élever 
des  altris  pour  le  bétail,  lequel,  hiver  comme  été,  demeure 
entièrement  libre;  qu'enlin ,  dans  ces  terres  vierges  intrin- 
sèquement si  fertiles,  les  engrais  ne  reçoivent  dans  le  jtays 
aucune  espèce  d'application. 

»  A  New-York,  l'immigration  se  heurte  à  des  exigences  q"ii 
l'absorbent  ou  nuisent  à  son  succès  :  une  foule  de  métiers 
lucratifs  ne  sont  accessibles  à  l'émigrant  ({u'autant  qu'il  est 
devenu,  grâce  à  la  naturalisation,  citoyen  des  Etats-Unis. 
Pans  la  république  Argentine,  l'émigrant,  sans  abdiquer  sa 
nationalité,  sans  répudier  son  origine,  son  passé  ni  ses  cou- 
tumes, peut,  exempt  de  toutes  restrictions  légales,  exercer, 
au  même  titre  que  les  fils  du  pays,  toute  industrie  et  toute 
])rofession,  posséder  des  terres  et  acquérir  des  i>ropriélés.  » 

(1)  Bii(iios-:iyres,sa  siliinlion  prrsentc,  ses  luis  librralrs,  sa  populatiun 
riiii(irii)iti',  ses  pro'jri'S  (■oDunercidH.r  cl  imhisli-ii'ls,  purM,  lîalrarco,  1857. 


RACES    OVINES    DE    LA    RÉPUnLTQUE   ARGENTINE.  535 

Beaucoup  (rômigranls  ])asques,  et  plus  spécialement  d'Ir- 
landais (1),  venus  dans  le  pays  sans  aucunes  ressources,  se 
sont  adonnés  à  cette  industrie,  et  ont  concouru  à  multiplier 
les  établissements  où  elle  s'exploite,  après  avoir  trouvé  au- 
près des  riches  liacendados  un  emploi  facile  et  fructueux; 
les  propriétaires  des  bergeries  leur  abandonnant  communé- 
ment un  tiers  des  bénéfices  réalisés. 

11  résulte  d'un  relevé  fait  par  les  soins  de  l'agence  coiisii- 
laire  du  Havre,  que  deux  cent  trente-quatre  types  reprodlic- 
leurs  français  ont  été  endDarqués  dans  ce  port  en  'JSdl  pour 
la  répiddique  Argentine,  et  2/i9  en  18(32. 

(juant  à  l'exportation  des  laines,  il  est  intéressant  d'en  suivre 
la  rapide  et  merveilleuse  progression. 

Dans  son  livre  sur  Buenos- Ai/rcs  et  le  rio  de  hi  Plata,  (jui, 
par  rauthenti{|ue  précision  des  détails  et  des  faits,  a  toute  l'au- 
torité d'un  document  officiel,  l'ancien  chargé  d'alTaircs  de  Sa 
Majesté  Britannique  sir  Woodbiuc  Parish,  avait  signalé  le  déve- 
loppement graduellement  acquis  par  cette  industrie  nationale. 

«  A  mon  arrivée  dans  le  pays  (1823),  disait  à  cet  égard  sir 
Woodbinc  Parish,  la  valeur  des  laines  à  Buenos-Avres  ne 
compensait  pas  les  frais  auxquels  donnaitlieu  leur  préparation. 
MM.  Sheridanllannac  et  d'autres  propriétaires  entreprenants, 
encouragés  par  la  suppression  presque  totale  des  droits  qui 
frappaient  à  cette  époque  l'article  des  laines  en  Angleterre (2), 
et  par  la  possibilité  d'augmenter,  grâce  au  volumineux  article 
des  laines,  les  retours  que  les  produits  du  pays  offrent  à  la 
marine  marchande,  ont  changé  radicalement  la  situation  et 
d(îveloppé  puissamment  cette  source  de  richesse. 

»  C'est  là  aussi,  du  reste,  ajoutait  sir  Woodbine  Parish,  un 
résultat  de  la  large  protection  que  les  étrangers  trouvent  à 
Jjuenos-Ayres,  et  qui  décide  des  milliers  d'émigranls  à  venir 

(1)  On  fait  monter  à  10  000  le  cliiffro  des  Irlandais  qui  s'appliquent  dans 
le  pa\s  à  celte  belle  et  inlellit;ciite  imUislrie. 

(2)  La  même  mesure  libérale  eut,  en  liel^iquc,  le  même  elfet,  et  ce  n'est 
que  depuis  le  moment  où  la  l-'rance  a  pris  une  disposition  analogue,  qu'on  a 
\  11  Tiniportance  des  laines  progresser,  sur  ses  marcliés,  d'une  manièie  si 
ri'niar(|iiahlr. 


536      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

s'établir  dans  la  ville  el  dans  les  campagnes,  contribuant 
efficacement  à  accroître  les  ressources  du  pays  par  leurs  efforts 
intelligents  et  leurs  babitudes  laborieuses. 

»  L'exportation,  qui  avait  été,  en  1829,  de  30  33/i  arrobas, 
atteignit,  en  'J837,  USl\  70(3  arrobas,  en  1850,  177  lihO  arro- 
bas (1),  et  en  1851,  190  600  arrobas.  » 

Dans  le  Tableau  général  dn  commerce  de  la  France,  offi- 
ciellement publié,  il  est  établi  que  l'introduction  des  laines 
buenos-ayriennes  s'est  élevée  : 

En  1855,  à  '21  G'23  qniiitanx  inéhiques,  (l'iine  valeiu'  de  '2/i^9  006  francs. 
En  185(5  (2),  à  2i  113  qiiiiUau\,  représentant  une  valeni-  de  /i 692  000  fr. 
En  1861  (3),à6  206  5oi  kilogr.,  leprésentant  une  valeur  oûlriello  de 
12  Zjlo  620  francs  et  une  valeur  actuelle  de  18  019  C82  francs. 

Nous  trouvons  eniin,  dans  un  excellent  travail  de  statistique 
commerciale  de  M.  Daniel  Maxwell,  gérant  de  la  cbambre  de 
commerce  de  Buenos-Ayres,  inséré  dans  la  iV«c/on  argentina 
du  26  février  dernier,  les  bases  aulbentiques  du  tableau  suivant. 

Exportation  des  peaux  de  Mouton  et  des  laines  de  Buenos- 
Ayres,  en  calculant  l'année  du  1"  novembre  au  31  octobre  ; 
ce  qui  permet  de  connaître  plus  exactement  le  résultat  de  la 
récolte  annuelle  des  laines. 

l'raiix  (le  moutuii.         I.;iinc  :  nrrobas. 

1856.  Exportation  tolale.   .   .   .  1627 /i28        •      1152115 

1857.  —  1611600  1216/1:6 
135S.  _  1701396  1383  388 
1859  (/l).  —  2628538  1  500 /i33 
1862.  —  2  285  0G'i  2  286  8/|0  (5). 

11  résulte  de  cette  récapitulation  que,  dans  une  période  de 
sept  années,  l'augmentalion  annuelle  des  laines  a  t'ié  de 
•201  729  arrobas,  soit    22  7/8  pour  100. 

Voici  maintenant  La  proportion  à  tant  pour  100,  de  cette 
exportation  entre  les  diflérents  i)ays  : 

(1)  i;arrolja,  dès  cette  époque,  était  montée  à  2  piastres  fortes. 

(2)  l^age  59. 

(3)  Page  55. 

(/i)   [/élévation  notable  dn  (liiirre  des  peaux,  en  1859,  s'explique  par  la 
sécliercsse  meurtrière  de  cette  année,  (pii  fut  falaji'  pour  les  bergeries. 
(5)  Soii  :    20  298  160  kilogr. 


RACES    OVINES  DE    LA    l'Ja'UBLlQUE    ARGENTINE.  537 

18Zi8àl852    1853à1857    1858àl862 

(i  anmJos.)  (ô  aiincos.)  (.")  années.) 

l'mn  100  l'dur  100.  Pour  100. 

r.raiHlc-Brctagnc l^,û/lo  17,8:î5  10,'273 

France l'2,225  20,661  27,508 

Allemaf?ne,  Ilollando.  l'.elf;i(iiie(l).  7,95/i  30,77i  39,784 

Étais -Unis 63,16Zi  27,l/i4  21,083 

Italie. 2,214  3,698  1,313 

Espagne »  0.288  0.039 

100,001)  100,000"  100,000 

On  remarquera  raccrolssenient  considérable,  de  1858  à 
1862,  des  exportations  de  laines  françaises  et  allemandes. 

Partant  de  la  production  lainière  et  de  la  moyenne  des  don- 
nées, on  a  pu  estimer,  à  la  fin  de  1862,  ;i  18  /i5I  /i65  le  chifTre 
des  bêtes  à  laine  dans  la  province  de  Buenos-Ayres,  véritable 
centre  de  cette  industrie,  à  la([uelle  les  autres  provinces  ne 
participent  que  dans  une  proportion  relativement  peu  sensible. 

Il  nous  semble  juste  de  remarquer  que  les  progrès  de  l'in- 
dustrie des  laines  vont  fort  au  delà,  parleur  importance,  des 
avantages  matériels  qu'ils  procurent.  Leur  portée  morale  pra- 
tique est  incontestable.  Ils  ont  fait  faire  à  la  population  nomade 
des  campagnes,  naguère  vouée  exclusivement  à  l'élève  des 
bètes  à  cornes,  dans  un  isolement  quasi  sauvage  et  avec  des 
esfancios  que  séparaient  d'énormes  distances,  un  grand  pas 
vers  la  civilisation,  en  favorisant  la  formation  de  centres  de 
population  actifs  et  multipliés,  en  augmentant  la  richesse 
productive,  en  créant  de  nouveaux  intérêts,  et  en  fondant  par 
cela  même  des  éléments  d'ordre  et  de  stabilité  parmi  ces  races 
d'bommes  énergiques . 

Ouant  aux  facilités  que  le  développement  si  rapide  de  celte 
industrie  assure  aux  f;ibriques  étrangères  en  leur  fournissant 
une  matière  première  économique  et  aliondante,  et  à  la  marine 
marchande  de  France  et  d'Europe,  par  les  retours  que  garantit 
l'exportation  de  ce  produit  volumineux,  le  moindre  examen 
de  la  question  suffit  pour  en  révéler  toute  l'importance. 

(1)  D'apivs  (les  renseignomcnls  qui  nous  soiil  fournis  par  le  consulat 
argentin  du  poil  d'Anvers,  les  impoilatinns  de  laine  argentine  auraienl  été  : 
en  185S,  de  12  025  halles;  en  1859.  de  19  615;  en  18()0,  de  15666; 
•■n   1861.  d."  2'i979,  ci  en  18i2.  de  31  605. 


538         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOfilQUE   d'aCCLIMATATION. 

m. 

L'espère  bovine,  comme  l'espèce  ovine,  a  été  l'objel,  dans 
le  pays,  de  tentatives  d'amélioration,  et  l'on  y  a  importé  plu- 
sieurs animaux  anglais  de  la  race  Durham,  la  seule  qui  puisse 
nous  convenir  pour  la  taille  et  le  volume.  Le  croisement  de 
cette  espèce  étrangère  avec  nos  vaches  à  lait  en  a  augmenté 
le  rendement  dans  Une  proportion  considérable. 

Nous  avons  payé  aussi  tribut  à  l'Europe  pour  la  race  che- 
valine. Des  types  percherons  et  quelques  types  du  Lancashire 
ont  été  appliqués  à  l'agriculture.  Le  luxe  a  eu  sa  part  des 
introductions  :  on  a  acquis,  pour  les  courses  nationales,  un 
certain  nombre  de  pur  sang  anglais. 

On  sait  ({uelle  abondante  source  de  prolits  résulte  pour  les 
pays  argentins  de  l'énorme  quantité  de  bètes  à  cornes  qui 
peuplent  les  pampas,  et  qui  pioduisent  les  peaux,  les  cuirs,  les 
viandes  sèches  ou  salées,  les  ossements,  le  suif  et  la  graisse, 
bases  constitutives  de  l'industrie  des  suhiderofi. 

Les  viandes  salées  (dont  le  prix  est  d'environ  10  l'r.  50  c. 
le  quintal  ou  Ies/i6  kilogr.),  exclusivement  aj)pliquées  jusqu'à 
présent  à  la  nourriture  des  nègres  esclaves  au  Brésil  et  à  la 
Havane,  ont  semblé  susceptibles,  dans  ces  derniers  temps, 
d'une  transformation  éminemment  profitable,  et  l'on  s'occupe 
avec  soin  de  rechercher  un  mode  de  préparation  qui  puisse 
rendre  ces  viandes  acceptables ,  comme  goût  et  comme 
hygiène,  aux  classes  pauvres  de  la  population  européenne. 
Les  essais  déjà  tentés  donnent  à  espérer  un  prochain  succès. 

S'il  est  obtenu,  on  aura  rendu,  outre  les  énormes  avantages 
que  le  commerce  y  doit  trouver,  un  grand  service  à  l'humanité. 

On  me  permettra  d'ajouter,  grâce  à  l'affinité  de  toutes 
les  questions  dans  le  cercle  agronomique,  que  les  contrées 
argentines,  qui  pourraient  si  aisément  devenii'  le  grenier 
d'une  partie  du  globe,  ont  en  perspective  aujourd'hui  une  cul- 
ture d'une  importance  trop  générale,  et  dont  on  a  trop  cruel- 
lement senti  la  privation  depuis  les  sanglantes  guerres  (|ui 
déciment  les  Ktats-I'nis  d'Amérique,  pnur  (|ue  le  gouverne- 


RACES   OVINES   DE   LA   HliPUnLIQUE   ARGENTINE.  530 

ment  et  les  grands  propriétaires  du  pays  ne  s'en  soient  point 
préoccupés  en  favorisant  de  sérieux  essais. 

Nous  entendons  parler  du  Coton,  aufjuel  le  climat  s'appro- 
prie de  la  manière  la  plus  directe.  Des  expériences  se  pour- 
suivent dans  plusieurs  provinces,  et  les  échantillons  notam- 
ment envoyés  do  Corrientes  en  Angleterre  ont  éti'  jugés  à 
Liverpool  d'une  qualité  supérieure. 

Ce  n'est  point  d'hier,  au  reste,  (jue  la  possihilité  de  cette 
culture  a  été  constatée,  et  qu'on  a  pu  la  considérer,  pour  ainsi 
dire,  comme  intrinsèque  au  sol  même. 

A  la  fin  du  siècle  dernier,  une  commission  fut  envoyée  ù 
rAssom|)tion,  capitale  du  Paraguay,  par  le  gouvernement 
espagnol.  En  remontant  la  rivière,  deux  jeunes  gens  qui  en 
faisaient  partie  descendirent  à  terre  pour  aller  chasser  du 
côté  du  Cliaco.  Au  retour,  l'un  d'eux,  tirant  de  sa  giheciére, 
non  du  gibier,  mais  deux  espèces  d'herhes,  dit  à  l'aulre  : 
«  Nos  pères  ont  été  bien  ignorants  et  bien  barbares,  en  inuti- 
»  lisant  ces  herbes  qui  valaient  plus  que  l'or  des  mines  !  » 

Ces  deux  plantes  étaient  le  Coton  et  l'Indigo  (I). 

Mais  ces  richesses  productives,  abandonnées  par  le  passé, 
on  peut  espérer  leur  culture  intelligente  et  leur  d('V('l()pj)e- 
ment  prospère  d'un  avenir  (|ui  sera  prochain. 

En  résumé,  monsieur  le  Président,  pour  revenir  à  l'objet 
spécial  de  cette  communication,  les  précédentes  données  sur 
les  laines  argentines  montrent,  d'une  part,  que  leur  accroisse- 
ment va  de  pair  avec  celui  de  l'industrie  lainière  australienne 
de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  que  Votre  Excellenco  a  signalé  à 
la  haute  attention  et  à  la  savante  sollicitude  de  la  Société  inqié- 
riale  d'acclimatation  ;  d'autre  part,  que  ces  produits  ont  pris 
un  développement  considérable  et  incessamment  progressif. 

(1)  La  {lerniire  se  nnconlre  encore  aiijoarcflmi  à  l'état  sauvage  clans  le 
grand  Cliaco,  vaste  territoire  non  civilisé  an  nord  de  la  province  de  Santa-Fé. 
On  trouve  aussi  l'Indigo,  ainsi  que  le  Coton,  dans  la  province  de:  Tuf-iiinaii 
et  sur  plusieurs  autres  points  du  territoire. 


NOTES 

SUR  LES  ANIMÂLX  I:T  LES  VÉGÉTAUX  UTILES 

DE   LA   TURQUIE, 

Par    n.    B.    J.    DLFOIR, 

Délpf'ué  de  l:i  Sûcicti'  iiii|ié]ialo  (l'acclimatalicui  à  Conslarilinoplo. 


(Séance  du  10  avril  18G3.) 


Lorsque  je  suivais  en  Turquie  les  diverses  expériences  sé- 
ricicoles  dont  j'ai  rendu  compte  depuis  1857  jusqu'à  ce  jour, 
j'ai  été  tout  naturellement  conduit  à  faire  le  rapprochement 
de  nos  produits  naturels  et  agricoles  avec  ceux  de  cette  partie 
de  l'Orient.  Mais  comme  toujours  et  selon  mon  aptitude,  ces 
éludes  ont  été  purement  pratiques. 

Tout  d'abord  j'ai  lait  subir  à  mes  études  le  contrôle  de 
diverses  personnes  des  plus  compétentes,  et  ensuite  j'ai  dressé 
cette  sorte  d'inventaire  de  la  production  médiate  et  immédiate 
du  sol  ottoman,  afin  de  me  conformer  aux  vues  d'ensemble 
de  notre  Société  d'acclimatation  relativement  aux  échanges 
possibles  entre  ces  contrées  orientales  et  la  France.  A  ce  pro- 
pos, je  prendrai  la  liberté  de  faire  remarquer  à  priori  que,  si 
nous  sommes  tributaires  de  la  Turquie  pour  tous  ses  produits 
séricicoles,  ses  races  chevalines  arabes  et  ses  Chèvres  d'An- 
gora, cet  empire  a  beaucoup  à  tirer  et  à  imiter  de  l'Occident. 

Au  fait,  les  produits  importants  de  la  Turquie  sont,  dans  le 

règne  animal  : 

1°  Les  animaux  domestiques  appliqués  directement  à  l'agri- 
culture :  je  veux  parler  de  l'espèce  des  ruminants,  dont  les 
races  laissent  beaucoup  à  désirer.  Cela  s'explique  par  les 
habitudes  agricoles  de  ce  pays  qui  sont  conformes  aux  mœurs 
de  ses  habitants.  Je  ne  veux  pas  dire  pour  cela  ({ue  ces  cam- 
pagnards ne  soient  susceptibles  de  modifier  et  de  développer 
les  qualités  de  leurs  bestiaux,  de  manière  à  les  appliquer  uti- 
lement à  des  besoins  qui  leur  sont  en  partie  inconnus.  Loin 
de  moi  une  pareille  pensée  !  car  j'ai  eu  souvent  l'occasion 
d'apprécier  leur  intelligence.   En  clTct,  ces  braves  gens  ne 


ANIMAUX    I:T    VÉdÉTAUX    UTJLES    DE    LA    TURQUIE.         ÔM 

peuvonlôlre  que  ce  qu'ils  sont.  Privés  de  movens  faciles  pour 
communiquer  entre  eux,  ils  ne  reçoivent  la  lumière  que  trc^- 
fl.fficilcment  et  de  loin  en  loin,  par  exemple  lorsque  la  Porte 
Ottomane  leur  envoie  des  administrateurs  bien  intentionnés 
ot  persévérants.  En  définitive,  pour  être  juste  et  explicite,  je 
dois  dire  qu'on  est  tout  étonné  de  voir  les  habitants  de  ces 
provinces  lutter  avec  autant  de  constance  contre  cette  espèce 
de  délaissement  administratif  dans  lequel  ils  se  trouvent  par- 
fois. Aussi  est-ce  avec  un  sincère  regret  que  l'on  constate  que 
l'industrie  agricole  n'existe,  pour  ainsi  dire,  dans  ces  contrée'; 
qu'à  l'état  primitif;  car  ce  n'est  pas  tout  à  fait  la  faute  des 
habitants,  s'ils  ne  s'occupent  pas  avec  toute  la  sollicitude 
voulue  de  l'éducation  et  de  la  multiplication  des  animaux 
domestiques,  n'ayant  pas  été  mis  à  même  de  comprendre  le 
parti  avantageux  qu'ils  pourraient  en  retirer,  soit  en  appli- 
quant la  force  et  l'énergie  de  plusieurs  fl'entrc  eux  aux  fra- 
•  vaux  de  la  culture,  soit  en  se  servant  de  leurs  déjections  pour 
entretenir  la  fécondité  des  terres.  Toutefois  on  peut  espérer 
que  l'ancien  ordre  de  choses  fera  bientôt  place  à  des  amélio- 
rations réelles  en  agriculture,  d'autant  plus  que  l'état  écono- 
mique de  ce  pays  repose  exclusivement  sur  les  produits  de  la 
terre. 

La  Turquie,  à  raison  de  sa  situation  topographique,  forme 
deux  contrées  bien  distinctes,  tant  sous  le  rapport  du  climat 
que  relativement  à  ses  habitants.  Ces  deux  contrées  sont  la 
Turquie  d'Europe  et  la  Turquie  d'Asie  ;  et  les  ruminants  qui 
naissent  sous  ces  deux  climats  forment  deux  genres  d'animaux 
bien  tranchés. 

U  Turquie  d'Europe  est,  en  général,   sinon  plus  fertile 
du  moins  mieux  cultivée  que  la  Turquie  d'Asie;  aussi  est-ce 
dans  cette  contrée  que  l'on  trouve  le  bétail  en  plus  -rand 
nombre,  principalement  les  genres  Bœuf  et  Buffle.         " 

Les  Bœufs  de  la  Roumélie  ou  Turquie  d'Europe  sont  géné- 
ralement d'une  faille  moyenne,  à  cornes  petites  et  blanches 
dirigées  en  haut,  jambes  élevées  comparativement  à  l'ensemble 
de  l'animal;  os  forts,  gros,  à  apophvses  osseuses  saillantes- 
pelage  d'un  gris  blanc  ou  cendré,  offrant  des  taches  plus  fonl 


5/|!>      SOCIÉTI':   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   u'aCCLIMATATIOiN. 

GÔes  sur  dillt'i'eules  [)arties  du  corps  ;  les  côtos  plates,  la  ]nn- 
trine  élroile,  cou  court;  le  tissu  musculeux  très-peu  développé. 
Ces  animaux  sont  réfractaires  })Our  la  plupart  h  l'engraisse- 
ment, par  cela  même  que  chez  eux  le  tissu  adipeux  est  très- 
peu  développé  :  aussi  leur  peau  est-elle  dense,  épaisse  et  très- 
adhérente.  En  général,  cette  race  est  d'une  aptitude  médiocre 
au  trait.  Dans  les  principautés  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie, 
les  animaux  de  l'espècebovine  sont  plus  développésetserappru- 
fhent  un  peu,  par  les  caractères  physiques,  de  la  race  hcdlan- 
daise:  stature  plus  élevée  que  lesBœul'sde  la  Roumélie  ;  cornes 
excessivement  longues  et  blanches  dirigées  en  avant;  jambes 
élevées,  squelette  très-développé  ;  pelage  d'un  bai  cerise  clair. 
En  somme,  cette  race  est  plus  travailleuse  et  moins  réfraclairc 
à  l'engraissement.  Quoique  ces  Bœufs  aient  beaucoup  de 
siiuelette,  ils  sont  cependant  très-fournis   en  chair;    aussi 
sont-ils  plus  estimés  pour  la  boucherie.  C'est,  du  reste,  cette 
race  qui  sert  en  partie  à  approvisionner  le  marché  de  Constan- 
tinople,  à  raison  de  ce  que  ses  sujets  présentent  aux  boucliers 
de  cette  capitale  plus  de  rendement  que  les  mêmes  animaux 
des  autres  contrées  de  l'empire. 

La  Turquie  d'Asie  ou  Analolie  possède  aussi  un  très-grand 
nombre  de  Bœufs,  qui  paraissent,  pour  ainsi  dire,  s'être 
jbrmés  sur  les  nujntagnes  ;  aussi  constituent-ils  une  race  bien 
caractérisée.  Ils  se  distinguent  par  une  taille  très-petite,  un 
poil  à  peu  près  uniforme,  c'est-à-dire  d'un  gris  sale,  jauncàtre  ; 
le  corps  très-court,  la  tête  moins  large,  les  yeux  tout  à  la  fois 
vifs  et  doux  ;  cependant  (|uelques-uns  sont  farouches  et  dan- 
gereux. Les  cornes  de  cette  race  sont  minces,  blanches  el 
contournées  en  forme  de  croissant,  les  oreilles  petites  et  gar- 
nies de  longs  poils  ;  les  jambes  courtes,  près  de  terre,  le  ventre 
peu  volumineux,  et  le  squelette  petit.  Ces  Bœufs,  plus  forts 
que  vigoureux,  sont  lents  au  travail,  cependant  la  })luitart 
sont  employés  aux  travaux  de  l'agriculture.  Sous  le  rapi)ort 
de  la  consommation,  ces  animaux  constituent  de  très-mau- 
vaises bêles  de  boucherie,  dont  l'une,  en  général,  ne  pèse  pas 
au  delà  de  200  à  800  kilogrammes.  Cette  race  dégénère  de 
plus  en  plus  en  raison  du  peu  de  soins  et  du  peu  de  bonne 


ANIMAUX  ET  VÉGÉTAUX  UTILES  BE  LA  TURQUIE.    ^iiH 

nouri'iliire  qu'on  lui  donne.  GepenJanl  on  ne  peut  nier  (|ue  le 
;>()!  de  rAnatolic  ne  soit  ferlile  ;  mais  cela  ne  suffît  pas,  les 
bras  manquent  pour  le  rendre  productif. 

Les  Vaches  de  la  l^ioumélie  et  de  l'Anatolie  présentent,  à 
l»eu  de  chose  près,  les  mêmes  caractères  que  les  mâles,  saul'la 
taille,  qui  est  heaucoup  plus  petite  encore.  Elles  ont  généra- 
lement une  poitrine  étroite  et  peu  profonde  ;  les  cuisses  minces, 
les  reins  courts,  la  croupe  resserrée  ;  le  ventre  petit,  le  bassin 
étroit,  ainsi  que  les  flancs  ;  la  queue  grosse,  la  peau  épaisse, 
sèche  et  adhérente  ;  les  niaraelles  très-peu  développées, 
recouvertes  de  longs  poils  rudes  et  épais  ;  les  trayons  fort  peu 
développés,  n'existant  qu'au  nombre  de  trois  le  plus  souvent, 
les  mammaires  sous-abdominales  n'existant,  pour  ainsi  dire, 
qu'à  l'étal  rudimentaire.  Les  meilleures  Vaches  ne  donneni, 
en  moyenne,  que  /i  à  5  litres  de  lait.  Ce  sont  donc  de  très- 
mauvaises  laitières,  qui,  de  plus,  ont  l'inconvénient  de  faire 
de  très-petits  veaux;  lesquels,  par  un  usage  absurde,  sont 
nom'ris  pendant  cinq  ou  six  mois  avec  le  lait  de  la  mère,  et 
cela  sous  le  prétexte  qu'en  éloignant  le  veau,  le  lait  de  la  mère 
se  tarit  immédiatement. 

En  Valachic,  au  contraire,  les  Vaches  se  rapprochent  beau- 
coup de  la  race  allemande  et  de  la  hongroise  ;  aussi  sont-elles 
très-productives  en  lait. 

Aux  environs  de  Constantinople  et  sur  les  bords  de  la  mei', 
on  élève  sur  une  très-grande  échelle  le  Bulfle  pour  le  service 
des  transports,  et  sa  femelle  pour  le  lait.  C'est  un  animal 
d'une  éducation  et  d'un  entretien  faciles  ]  il  est  extrêmement 
sobre,  et  peu  délicat  sur  le  choix  de  la  nourriture,  qu'il  trouve 
généralement  dans  les  marais  où  il  vit  les  deux  tiers  de  l'année; 
et  en  hiver,  à  l'étable,  de  la  paille  hachée  et  très-peu  de  son 
suffisent  à  son  entretien. 

Les  Bulïlesses  ont,  comme  on  le  sait,  un  lait  très-gras  et 
très-abondant,  aussi  les  laitiers  Tachètent-ils  de  préférence  à 
celui  de  Vache,  qui  est  naturellement  très-pauvre  et  contient 
par  conséquent  très-peu  de  caséum  et  de  matière  butyreuse; 
tandis  ((ue  le  contraire  existe  dans  le  lait  de  Bulllesse,  lequel 
peut  supporter  en  eau  un  poids  égala  celui  du  lait,  cà  tel 


bhk       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATÂÏION. 

point  qu'à  un  lilrc  de  ce  lait  on  peut  ajouter  un  litre  d'eau. 
Delà  une  iVaude  facile,  el,  par  suite,  un  plus  grand  bénéfice 
pour  les  laitiers. 

Quant  aux  jeunes  lîulfles,  ils  sont  généralement  livrés  à  la 
boucherie,  quoicjue  cette  viande  soil  moins  estimée  que  celle 
du  veau. 

En  définitive,  le  Bufile,  étant  un  animal  très-docile  et  l'acile 
à  gouverner,  rend  de  très-grands  services. 

Pour  ce  qui  est  des  moyens  propres  à  améliorer  l'espèce 
bovine  en  Orient,  ils  ne  manqueraient  pas,  pour  peu  (|ue 
l'administration  voulût  venir  en  aide  aux  cultivateurs  en  gé- 
néral, soit  en  les  stimulant  par  des  récompenses,  soit  en  leur 
facilitant  les  communications. 

Ainsi  que  nous  venons  de  le  signaler,  la  première  cause  de 
la  dégénérescence  de  l'espèce  bovine  en  Orient,  c'est  l'igno- 
rance en  agriculture.  La  preuve,  c'est  (ju'on  n'y  sait  pas  même 
utiliser  les  belles  prairies  naturelles  qui  s'y  trouvent  en  grand 
nombre,  en  fauchant  assez  de  fourrage  pour  nourrir  les  bes- 
tiaux à  l'élable  au  moins  pendant  l'hiver,  et  par  suite  ces 
pauvres  animaux  sont  réduits  à  chercher  continuellement  leur 
ptàture  dehors,  n'importe  par  quel  temps,  ce  qui  inq)lique 
pour  eux  les  plus  grandes  privations.  La  seconde  cause,  qui 
est  la  conséquence  de  la  première,  c'est  la  parcimonie  avec 
laquelle  les  animaux  sont  nourris.  Bien  que  le  climat  influe 
beaucoup  sur  les  animaux  en  général,  il  faut  cependant  les 
nourrir  convenablement,  et  surtout  l'espèce  bovine,  si  l'on 
veut  obtenir  de  bonnes  et  belles  races.  Toutefois  cette  règle 
n'est  pas  absolue,  car  les  plus  beaux  chevaux  arabes  naissent 
dans  des  contrées  où  il  existe  très-peu  de  culture,  et  les  mou- 
tons qui  fournissent  la  laine  la  plus  line  sont  généralement 
ceux  qui  pâturent  sur  un  sol  presque  aride.  Ce  qui  prouve 
que  tout  est  relatif. 

Comme  il  est  en  quelque  sorte  prouvé  par  quelques  infruc- 
tueux essais  qu'il  est  fort  diflîcile,  si  ce  n'est  impossible,  de 
modifier  les  races  qui  existent  en  ce  moment  en  Orient,  par 
de  simples  appareillements,  il  ne  faudrait  pas  hésiter  à  recou- 
rir à  un  sang  étranger;  d'autant  plus  que  ce  système  de 


Ci-oisemeni  a  parfaitement  réussi  en  Hongrlr,  et  pîi  Bussîe,  où 
naguère  les  races  laissaient  beaucoup  à  désirer.  En  effet,  les 
éleveurs  intelligents  de  ces  deux  contrées  sont  parvenus  H 
faire  produire  aux  Vaches  ainsi  modifiées  jusqu'à  15  litres  de 
lait,  et  à  donner  aux  Bœufs  anoblis  par  les  mêmes  procédés 
un  état  d'engraissement  semblable  pour  le  rendement  à  notre 
race  duCotentin.  Ainsi,  par  un  croisement  léger,  bien  conçu, 
on  agirait  fructueusement  pour  l'anoblissement  des  races 
orientales,  qui  sont,  en  quelque  sorte,  dépourvues  de  carac- 
tères de  races  distinctes,  en  ayant  soin,  bien  entendu,  de 
prendre  en  considération  le  climat,  le  sol  et  la  nourriture; 
d'autant  plus  que  ces  races,  dont  l'origine  est  ancienne,  sub- 
sistent sous  l'influence  de  circonstances  locales. 

A  ce  point  de  vue,  la  race  qu'il  conviendrait  le  mieux  d'in- 
troduire, il  semble,  serait  celle  de  la ^Crimée;  d'autant  plus 
qu'elle-même  s'est  améliorée  par  le  croisement  de  la  race 
allemande  ;  ajoutez  à  cela  que  ces  animaux,  par  leurs  carac- 
tères physiques,  se  rapprochent  beaucoup  de  la  race  orien- 
tale. Tout  semble  contribuer  à  faire  donner  la  préférence  à  ce 
croisement  :  non-seulement  les  frais  d'introduction  seraient 
minimes;  mais,  qui  mieux  est,  il  suffirait  de  quelques  perfec- 
tionnements de  procédés  agricoles  peu  coûteux  pour  obtenir 
de  bons  résultats,  par  cela  même  que  le  type  améliorateur  que 
l'on  introduirait,  serait  en  harmonie  avec  les  circonstances 
naturelles  et  artificielles  de  la  localité.  Ce  croisement  paraît 
d'autant  plus  rationnel,  qu'il  favoriserait  nécessairement  la 
race  indigène  plus  que  la  race  étrangère  importée,  et  que, 
par  suite,  on  éviteraitleretour  vers  la  première  en  modifiant 
très-faiblement  le  régime. 

Il  est  nécessaire  de  le  préciser,  ce  mode  d'amélioration 
semble  moins  chanceux  que  de  chercher  à  améliorer  ces  races 
par  elles-mêmes,  ce  qui  d'ailleurs  serait  beaucoup  trop  long. 

2"  Les  Moutons,  qui  forment  deux  types  bien  distincts,  soit 
la  race  dite  Kivirdjik,  ou  Mouton  à  queue  mince,  et  celle  dite 
Caraman,  ou  Mouton  à  grosse  queue.  Ce  dernier  type  n'existe 
qu'en  Anatolie.  Du  reste,  ces  deux  types  sont  d'une  taille  assez 
élevée,  trapus,  hauts  sur  pattes;  ils  ont  le  dos  large,  la  face 

T.  X.  —  Septembre  1863.  35 


5/i6        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATÂTION. 

busquée,  les  cornes  épaisses,  très-longues  et  contournées  en 
spirale,  et  leurs  béliers  ont  les  testicules  gros  et  pendants. 
Leur  laine  est  tantôt  frisée,  tantôt  lisse,  d'une  toison  tassée  et 


grossière. 


Ces  deux  races  sont  propres  à  la  boucherie  ,  cependant  la 
chair  des  Moutons  dits  Caramans  n'est  appréciée  à  Constanti- 
nople,  pour  ainsi  dire,  que  par  les  Turcs.  Les  autres  habitants 
n'en  mangent  presque  pas,  à  raison  de  son  odeur  forte,  (jui 
se  rapproche  beaucoup  do  celle  du  bouc. 

Ces  Moulons  prospèrent,  quoique  leur  nourriture  ne  soit 
pas  très-abondante  ;  ils  s'engraissent  surtout  avec  une  très- 
o-rande  facilité.  Chez  les  Moutons  Caramans,  la  queue  semble 
absorber  une  grande  partie  de  la  graisse  dont  on  se  sert  pour 
les  apprêts,  car  cet  organe  pèse  jusqu'à  h  et  5  kilogrammes. 
Ces  deux  races  possèdent  un  tempérament  rustique  et  une 
santé  robuste.  Par  cela  même  qu'elles  sont  primitives,  elles 
seraient  susceptibles  de  grandes  améliorations  au  moyen  de 
l'introduction  d'un  sang  plus  pur,  lequel  donnerait  à  la  laine 
plus  d'homogénéité,  plus  de  finesse  et  surtout  plus  d'élasticité. 
Par  exemple,  en  croisant  les  brebis  indigènes  avec  des  béliers 
mérinos,  on  obtiendrait,  ce  semble,  de  grands  résultats.  Mais, 
avant  de  parvenir  h  ce  but,  on  aurait  à  combattre  un  grand 
nombre  de  préjugés  fort  accrédités  parmi  les  éleveurs  orien- 
taux. 

3°  Les  Porcs,  dont  le  type  sauvage  se  rapproche  beaucoup 
du  sangher.  Les  caractères  distinctifs  de  ces  cochons  sont  un 
poil  noir  et  roide,  le  cou  très-court,  le  corps  ramassé,  la  tête 
pointue,  les  oreilles  étroites  et  droites,  la  taille  peu  élevée  et 
les  pattes  minces. 

Ces  animaux,  qui  vivent  presque  tous  en  troupeaux,  au 
milieu  des  bois  où  ils  trouvent  leur  nourriture,  prennent  très- 
peu  de  graisse;  c'est  à  cause  de  cela  que  leur  poids  n'excède 
jamais  plus  de  iOO  kilogrammes  et  que  leur  chair  est  peu 

délicate. 

h"  Les  Chèvres,  qui  sont  très-communes  en  Orient,  tant  en 
Rouméhe  qu'en  Analolie,  sont  à  l'étal  de  troupeaux;  leur 
taille  n'est  pas  très-élevée;  toutes  sont  à  longs  poils  rugueux 


ANIMAUX  ET  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  LA  TURQUIE.    547 

non  frisés,  lesquels  recouvrent  en  partie  les  jambes  ;  la  couleur 
dominante  est  le  marron  Ibncé  ;  toutes  ont  des  cornes  très- 
longues  et  droites.  Sur  les  montagnes  de  l'Asie,  ces  animaux 
vivent  presque  à  l'état  sauvage,  car  ils  ne  sont  rentrés  dans 
les  villages  que  lorsque  le  sol  est  couvert  do  neige.  Comme 
en  général  les  Chèvres  donnent  très-peu  de  lait,  on  n'entre- 
tient de  si  grands  troupeaux  que  pour  les  besoins  de  la  bou- 
cherie ;  car  c'est  une  viande  que  l'on  consomme  beaucoup 
dans  les  campagnes  et  même  dans  les  villes,  d'autant  plus  que 
le  gûùt  n'en  est  pas  sauvage.  Et  quant  aux  Chevreaux,  ils  sont 
très-recherchés  pour  la  consommation  générale,  surtout  en 
avril  et  mai. 

Ainsi  que  notre  Société  le  sait,  puisqu'elle  la  propage  avec 
succès,  il  existe  en  Orient  une  autre  variété  de  Chèvre  :  c'est 
celle  d'Angora.  Originaire  de  l'Asie  Mineure ,  elle  s'y  est  mul- 
tipliée par  troupeaux  assez  considérables,  surtout  à  Angora, 
Tocat  et  Sinope.  Mais,  soit  négligence  des  bergers,  soit  insou- 
ciance de  la  part  des  propriétaires,  celte  espèce  ne  s'est  pas 
propagée  dans  le  reste  de  l'Anatolie;  et  si  l'on  en  rencontre 
quelques-unes  dans  quelques  rares  localités,  ce  n'est,  pour 
ainsi  dire,  qu'à  l'état  de  croisement.  Il  est  vrai  que  ces  ani- 
maux ne  trouvent  pas  partout ,  en  quantité  suffisante  et  en 
bonne  qualité,  la  nourriture  qui  leur  est  propre,  comme  le 
rhododendron,  le  noyer  sauvage  et  le  chêne  vert. 

Cette  race,  qui  rapporte  beaucoup  au  propriétaire,  est  par 
cela  même  assez  bien  soignée  ;  aussi  est-elle  en  général  plus 
développée  que  la  précédente.  Elle  est  surtout  remarquable 
par  sa  toison  épaisse,  fourrée,  formée  de  longs  poils  frisés, 
fins,  soyeux,  élastiques,  d'une  couleur  blanche  éclatante,  à 
l'exception  de  quelques  sujets  dont  la  toison  est  d'un  noir 
éclatant  et  se  vend  très-cher  à  cause  de  sa  rareté.  Une  partie 
de  ces  poils,  du  nom  de  tiftik,  sert,  en  Asie,  à  faire  la 
fabrication  des  châles  et  des  tapis,  qui  sont,  comme  on  le  sait 
très-recherchés  ;  et  le  reste  est  expédié  en  Angleterre. 

Je  prendrai  aussi  la  liberté  de  signaler  à  l'attention  de  notre 
Société  que  les  Chèvres  d'Angora  sont  plus  délicates  que  les 
autres,  et  que,  pour  cette  raison,  les  éleveurs  les  abritent  pen- 


5/i8      SOCIÉTÉ   ÎMPÉRÎALR  ÏOOlOCAQim  n'ACCLIMÂTÂTÎOtV. 

dant  les  temps  de  pluie  et  de  neige  ;  ce  qui  n'est  pas  du  tout  prâ- 
tique  pour  la  race  ordinaire.  Afin  d'obtenir  sûrement  de  bons 
sujets  à  peaux  souples  et  à  poils  soyeux,  les  éleveurs  de  cette 
race  précieuse  laissent  les  Chevreaux  absorber  tout  le  lait  des 
mères.  Et  afin  de  conserver  à  la  race  les  mêmes  conditions, 
lorsque  ces  Chèvres  à  l'âge  de  cinq  ans  environ  produisent 
des  poils  plus  rudes  et  moins  éclatants ,  se  rapprochant  en  quel- 
que sorte  de  ceux  des  Chèvres  ordinaires,  ils  les  engraissent 
pour  la  boucherie,  qui  tire  bon  parti  de  leur  chair  très-blanche 
et  aussi  bonne  que  celle  du  mouton  de  qualité  supérieure. 

5"  Les  races  chevalines,  qui  intéressent  à  un  si  haut  point 
les  éleveurs  intelligents  de  tous  les  pays. 

Sous  le  rapport  du  climat,  des  influences  atmosphériques, 
de  l'air  que  respirent  les  animaux  en  général,  l'Orient  peut 
être  considéré,  ajuste  raison,  comme  le  berceau  du  Cheval. 
En  effet,  c'est  dans  ces  contrées  que  l'on  rencontre  le  type 
de  ce  Cheval  qui  effleurait  de  ses  pieds  les  gazons  fleuris  de 
l'Eden;  race  qui  s'est  conservée  avec  tous  ses  caractères 
de  pureté  et  de  noblesse,  depuis  un  temps  immémorial  jusqu'à 
nos  jours. 

La  race  orientale  est  pour  ainsi  dire  un  type  éternel.  Pro- 
duit d'une  race  primitive  suivant  les  uns,  et  importé  suivant 
les  autres,  ce  sera  toujours  le  type  recherché,  lorsqu'il  s'agira 
d'améliorer  les  autres  races,  et  cela  dans  toutes  les  conditions 
possibles. 

La  première  de  ces  contrées,  si  renommées  pour  leurs 
belles  races  chevalines,  est  l'Arabie  hippique,  qui  s'étend 
depuis  la  Syrie  jusqu'à  la  mer  Rouge  :  c'est  cette  étendue  de 
terrain  qui  a  donné  naissance  à  des  types  de  complexions,  de 
qualités  et  de  mouvements  essentiellement  différents  les  uns 
des  autres  et  selon  la  topographie  des  localités,  mais  toujours 
d'une  manière  supérieure.  Yoici  relativement  les  caractères 
dislinctifs  de  ces  superbes  et  excellents  coursiers,  qui  sont 
d'une  vigueur  de  sang  et  d'une  énergie  remarquables  :  taille 
moyenne  l"',/iO  à  1"',50;  robe  dominante  gris  clair;  tête 
petite,  carrée;  yeux  grands  et  expressifs;  oreilles  courtes, 
bout  du  nez  mince  ;  naseaux  petits  et  très-dilatés  pendant 


ANIMAUX  ET  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  LA  TURQUIE.    549 

l'exercice,  à  tel  point  que  les  Arabes  disent  qu'i-l  en  sort  du 
feu.  D'ailleurs  cette  race  d'élite  est  tellement  appréciée  par 
tous,  que  la  plupart  de  ses  produits  sont  achetés  journelle- 
ment comme  reproducteurs  pour  l'Occident. 

Les  Chevaux  du  Diarbékir  et  de  Bagdad,  qui  comprennent 
aussi  ceux  de  Mossoul  et  de  Bassora,  sont  plus  grands  et  plus 
élancés  que  les  précédents,  tout  en  ayant  un  grand  cachet  de 
pureté  et  de  race.  Leur  taille  est  de  l'",/i5  à  1"',55,  et  leur 
conformation  offre  quelque  ressemblance  avec  les  Chevaux 
persans,  mais  elle  est  plus  soutenue  ;  car  ce  dernier  est,  en 
général,  haut  perché  et  grêle  démembres,  ce  qui  est  racheté, 
il  est  vrai,  par  beaucoup  de  sang  et  de  vigueur,  et  le  rappro- 
che, entre  tous  les  Chevaux  d'Orient,  le  plus  du  type  anglais. 
En  définitive,  quoique  le  Cheval  du  Diarbékir  ait  la  tête  et  les 
reins  plus  longs  que  le  Cheval  de  Syrie,  il  n'en  constitue  pas 
moins  une  bonne  race  ayant  beaucoup  de  distinction. 

Comme  plus  amples  informations,  il  est  bien  de  dire  qu'à 
Bassora  et  à  Mossoul  les  Arabes  vendent  beaucoup  de  jeunes 
poulains  aux  Anglais,  qui  les  embarquent  et  les  conduisent  aux 
Indes.  C'est  pourquoi  les  éleveurs  de  ces  localités  se  sont 
appliqués  à  créer  une  race  particulière  se  rapprochant  beau- 
coup du  Cheval  anglais  pur  sang.  Ainsi  l'encolure,  au  lieu 
d'être  courte  et  ramassée,  comme  cela  existe  ordinairement 
chez  le  Cheval  arabe,  est  au  contraire  mince,  fine  et  dégagée  ; 
et  la  taille,  qui  est  plus  élevée,  les  rend  plus  élancés. 

Les  Chevaux  du  Kurdistan  (Mossoul  et  les  environs  de 
Bagdad)  sont  moins  purs  de  sang  que  les  précédents.  Ces  ani- 
maux, qui  ont  les  formes  plus  lourdes  et  manquent  de  dis- 
tinction, sont  très-robustes,  très-énergiques,  et  peuvent,  par 
conséquent,  supporter  les  plus  grandes  fatigues.  Les  carac- 
tères distinctifs  de  cette  race  sont  les  suivants  :  tète  forte, 
chargée  de  ganache;  encolure  courte  et  épaisse;  membres 
forts  et  osseux;  taille  de  l"',/iO  à  l"',/i5.  En  un  mot,  ce  sont 
des  animaux  près  de  terre,  et  peu  employés  comme  repro- 
ducteurs à  raison  de  leur  peu  de  distinction. 

Les  chevaux  nés  dans  les  pachahks  de  Sivas  et  de  Cara- 
manie,  aux  environs  d'Amasia,  Tocat  et  Angora,  pays  mon- 


Ô60       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

lagneiix ,  l'ornient  un  type  d'une  nature  très -rustique.  Ces 
animaux,  qui  généralement  sont  pelilsde  taille,  l"',35àl"',/i5, 
sont  d'excellents  chevaux  de  guerre,  de  commerce  et  de  plai- 
sir. Ce  sont  ces  mêmes  chevaux,  produits  d'un  croisement  de 
Chevaux  arabes  avec  des  juments  du  pays,  qui,  conduits  à 
Conslantinople,  sont  employés  à  toute  espèce  de  service,  et 
qui  pendant  la  guerre  de  Crimée  ont  servi  à  remonter  les  ca- 
valeries française,  anglaise  et  sarde. 

En  terminant  cette  revue  de  l'espèce  chevaline  orientale,  je 
prendrai  la  liberté  de  répéter  qu'en  général  le  Cheval  d'Orient 
est  d'une  sobriété,  d'une  douceur  et  d'une  durée  extraordi- 
naires :  aussi  voit-on  un  grand  nombre  de  Chevaux  aral»es 
parvenir  à  l'âge  de  vingt-cinq  à  trente  ans;  ce  qui  fait  dire 
de  ce  cheval  d'élite  qu'il  meurt  âgé,  mais  non  vieux.  Quant 
aux  «jualités  intellectuelles  du  Cheval  arabe,  elles  sont  si  dé- 
veloppées, qu'il  fait,  en  quelque  sorte,  partie  de  la  l'amiUe 
arabe  :  vivant  sous  la  tente,  il  est  d'une  douceur  et  d'une 
docilité  telles,  qu'il  est  rare  de  rencontrer  en  Orient  ce  ({u'on 
appelle  un  Cheval  méchant  et  rétif. 

Par-dessus  tout,  le  Cheval  arabe  est  le  seul  régénérateur  au 
point  de  vue  de  la  conservation  cl  de  l'amélioration  des  races, 
malgré  la  petitesse  de  sa  taille,  qui,  somme  toute,  est  plus 
apparente  que  réehe  ;  car,  comme  on  le  dit,  ajuste  raison, 
ce  cheval  grandit  en  action. 

Relativement  à  la  reproduction  en  elle-même,  il  suffît  de 
donner  au  Cheval  arabe  des  juments  de  taille  élevée,  à  bassin 
bien  développé,  pour  que  le  produit  qui  en  résulte  soit  d'une 
taille  très-élevée.  En  effet,  c'est  ce  qui  peut  être  observé  chez 
les  Chevaux  persans,  qui  sont  d'origine  arabe,  mais  dont  la 
race,  d'une  taille  plus  élevée,  a  été  constituée  au  moyen  d'un 
croisement  raisonné  avec  des  juments  plus  développées  et  plus 
grandes  que  les  juments  arabes. 

Pour  ce  qui  est  des  Chevaux  caucasiens,  dont  la  supériorité 
a  été  proclamée  par  quelques  auteurs,  d'ailleurs  très-érudits 
et  très-expérimentés,  je  pense  être  dans  le  vrai  en  disant  qu'on 
s'est  exagéré  de  beaucoup  les  qualités  de  cette  race  au  point 
de  vue  de  la  reproduction.  S'il  faut  s'en  rapporter  à  l'opinion 


ANIMAUX  Eï  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  LA  TURQUIE.    551 

générale  des  éleveurs  d'Asie,  la  race  caucasienne  n'est  pas  un 
type  supérieur  de  race  chevaline,  comme  le  pensent  et  l'ont  écrit 
ces  auteurs.  Elle  n'est  pas  non  plus  ce  qu'on  doit  appeler  une 
race  arabe  pure,  car  elle  provient  et  est  aujourd'hui  le  résultat 
d'un  croisement.  Ainsi  le  Cheval  de  la  Circassie  et  de  la  Géor- 
gie ,  si  vanté  dans  les  temps  les  plus  reculés,  n'existe  plus 
qu'à  l'état  de  souvenir;  et  sans  être  taxé  d'ignorance,  on  peut 
affirmer  qu'aujourd'hui  il  n'existe  pas  dans  ces  contrées  ce 
qu'on  doit  qualifier  du  nom  de  Cheval  arabe,  mais  bien  un 
type  particulier  vivant  à  l'état  sauvage,  la  plupart  des  indi- 
vidus, en  pleine  liberté,  exposés  aux  alternatives  de  la  chaleur 
et  du  froid,  et  se  reproduisant  entre  eux. 

Cette  race  est  sobre,  rustique  et  robuste,  susceptible  de 
supporter  de  très-grandes  fatigues,  excellente  comme  cheval 
de  guerre,  mais  impropre  à  la  reproduction  comme  type  régé- 
nérateur sous  le  rapport  du  sang  et  de  la  noblesse.  Comme 
preuve  de  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  n'est  besoin  que  de  con- 
stater que  les  propriétaires  de  haras  en  Crimée,  en  Russie  et 
au  Caucase  envoient  chaque  année  en  Arabie  et  en  Syrie  des 
personnes  compétentes  pour  acheter  des  étalons  arabes  devant 
servir  de  reproducteurs  dans  leurs  établissements,  et  ce  sont 
en  effet  des  Chevaux  arabes  avec  des  juments  de  Russie  qui 
donnent  naissance  à  la  plupart  de  ces  Chevaux  russes  (genre  car- 
rossier) qui  garnissent  les  écuries  du  sultan  et  des  pachas. 
C'est  ce  qu'on  peut  aussi  vérifier  dans  l'ancien  haras  Orlof, 
aujourd'hui  propriété  du  gouvernement  russe,  où  les  repro- 
ducteurs sont  des  Chevaux  arabes,  ainsi  que  dans  l'étabhsse- 
inent  du  prince  Sangusko  et  dans  celui  du  comte  Rranicky. 
En  vérité,  il  est  impossible  de  ne  pas  partager  cette  opinion, 
lorsqu'on  voit  une  commission  russe,  composée  d'un  colonel 
et  de  trois  autres  officiers,  visiter  toutes  les  écuries  de  Con- 
stantinople  pour  acheter  des  étalons  arabes  pur  sang,  et  puis 
se  diriger  vers  la  Syrie  etl'Égyple. 

En  conséquence  de  ce  qui  précède,  il  doit  être  permis  de 
croire  que,  si  la  race  caucasienne  était  aussi  recherchée  qu'on 
l'a  dit,  le  gouvernement  russe  n'enverrait  pas  chercher  des 
chevaux  aussi  loin,  lorsqu'il  pourrait  se  les  procurer  dans  son 


552      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

propre  pays.  A  l'appui  de  cette  opinion,  qu'il  me  soit  encore 
permis  fl'ajouter  que,  depuis  plus  de  deux  ans,  le  gouverne- 
ment français  l'ait  acheter  à  Constanlinople  même,  par  les 
soins  d'une  conunission  militaire,  composée  des  officiers  in- 
structeurs en  mission,  des  reproducteurs  (chevaux  et  juments) 
pour  les  haras  de  l'Aigcrie.  Ce  qui  est,  il  faut  le  dire,  de  très- 
bon  augure  pour  l'amélioration  de  nos  races  africaines. 

Afin  de  ne  rien  omettre  de  ce  qui  a  rapport  à  la  question 
chevaline,  je  prendrai  la  liberté  de  soumettre  à  l'appréciation 
des  personnes  compétentes  en  pareille  matière  une  question 
phvsiologique,  qui  m'a  paru  avoir  une  certaine  importance. 
Il  s'agit  des  aliments  que  l'on  donne  en  Turquie  aux  Chevaux 
de  préférence  à  toute  autre  nourriture,  soit  Forge  et  la  paille 
qui  sort  brisée  et  coupée,  voire  même  hachée,  du  battage  que 
l'on  exécute  au  moyen  du  denver,  espèce  de  herse  à  dents  de 
silex  très-rapprochées  les  unes  des  autres,  et  cela  pendant 
toute  l'année,  excepté  au  printemps  pendant  un  mois  environ, 
les  Turcs  ayant  l'habitude  de  laire  manger  du  vert  à  leurs 
chevaux  chai[ue  année.  Cette  manière  de  nourrir  les  chevaux 
est  d'autant  plus  critiquée  par  les  Occidentaux,  qu'elle  diflère, 
sous  tous  les  rapports,  de  leurs  habitudes  ;  cependant  comme 
il  existe  toujours  une  raison  d'être,  militant  en  faveur  des 
coutumes  locales,  j'ai  dû  prendre  des  renseignements  minu- 
tieux à  ce  sujet,  et  il  est  résulté  de  ces  recherches  que  l'orge 
est  considérée  par  les  éleveurs  intelligents  de  ces  contrées 
comme  étant  foncièrement  préférable  à  l'avoine,  qui  est  par 
trop  stimulante  sans  être  aussi  nourrissante,  et  que  la  paille, 
qui  acquiert  en  tas,  suivant  eux,  certaines  bonnes  qualités, 
vaut  mieux  que  le  foin.  Il  paraîtrait,  en  effet,  que  l'orge  con- 
vient mieux,  sous  ce  climat,  que  l'avoine;  et,  quant  à  la  paille, 
qui  doit  devenir  plus  digestible  par  suite  de  la  fermentation 
qui  peut  se  produire  en  raison  de  ce  qu'elle  est  hachée  menue 
et  entassée  dans  des  magasins  au  rez-de-chaussée,  elle  est  en 
quelque  sorte  préférable  à  la  plupart  des  fourrages  de  ces  con- 
trées, qui,  faute  de  culture,   ne  sont  composés  en  grande 
partie  que  de  joncs,  de  laîches,  et  par-dessus  tout  de  prêles. 
0"  Les  oiseaux  domestiques,  tels  que  les  Poules,  les  Din- 


ANIMAUX    ET    VÉGÉTAUX    UTILES    DE    LA   TURQUIE.         553 

dons  el  les  Pigeons,  qui  abondent  en  Turquie  ;  et  les  Oies  et 
les  Canards,  de  la  famille  des  palmipèdes.  Ces  espèces  ne  dif- 
fèrent pas,  pour  ainsi  dire,  de  celles  de  l'Occident  :  c'est 
pourquoi  il  ne  sera  question  dans  cette  notice  que  de  la  pre- 
mière, celle  (jui  est  la  plus  nombreuse  dans  ces  contrées,  et 
qui  est  la  plus  utile  à  l'homme  dans  tous  les  pays. 

Les  Poules,  en  Orient,  n'offrent  rien  de  remarquable,  du 
moins  la  race  ordinaire,  sous  le  rapport  de  la  distinction. 
Mais,  pour  ce  qui  est  de  leur  utilité,  je  puis  dire  qu'elles  ne 
sont  pas,  en  général,  inférieures  à  celles  de  l'Occident  ;  car, 
outre  que  leur  élevage  est  facile,  elles  sont  bonnes  pondeuses, 
puisque  leur  ponte  va  jusqu'cà  deux  cents  œufs  par  an,  et  leur 
chair  est  fine  et  délicate. 

Par  le  chaponnage  on  obtient  de  très-bons  produits  ;  mais 
cette  opération  n'est  pratiquée  que  dans  quelques  villages  de 
la  Roumélie. 

Au  nombre  des  diverses  variétés  de  Poules  qui  peuplent 
les  campagnes  de  la  Turquie,  il  en  existe  une  originaire  de 
l'Egypte,  qui  est  remarquable  par  sa  couleur  toujours  noire. 
De  plus,  cette  variété  a  la  tète  garnie  d'une  huppe  qui  recou- 
vre les  yeux,  et,  par  contre,  elle  est  complètement  dépourvue 
de  queue.  Ces  Poules,  qui  sont  de  bonnes  pondeuses,  produi- 
sent des  œufs  d'une  grosseur  remarquable. 

En  Analolie,  entre  Samsoun,  Sinope  et  Trébizonde,  on 
rencontre  une  variété  se  rapprochant  beaucoup  de  celle  de 
Demili,  si  ce  n'est  pas  la  même,  qui  est  d'une  taille  fort  peu 
élevée,  et  dont  les  pattes  et  les  cuisses  sont  très-longues  et 
très-vigoureuses,  comparativement  au  reste  du  corps,  qui  est 
fort  peu  volumineux.  Ces  Poules  ne  sont  pas  aussi  bonnes 
pondeuses  que  les  précédentes,  car  leur  ponte  n'est  que  d'en- 
viron quarante  œufs  par  an  ;  mais  ces  œufs,  d'une  teinte  jau- 
nâtre, sont  très -volumineux.  Bien  que  cette  variété  soit 
susceptible  de  fournir  d'excellents  chapons,  puisque  la  chair 
à  l'état  normal  est  d'un  goût  exquis,  je  ne  crois  pas  devoir  la 
recommander  aux  éleveurs,  vu  qu'il  n'est  possible  de  sauver 
d'une  couvée  que  quelques  poussins,  à  raison  de  ce  qu'ils  sont 
par  trop  impressionnables  aux  intempéries. 


654      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZUOLUGKjUE   d'AGCLIMATATION. 

Je  signalerai  à  ratlenlion  de  noire  Société,  d'une  manière 
générale,  que  les  bons  éleveurs  de  ces  contrées  ont  l'habitude 
de  mettre  et  de  laisser  pendant  une  demi-heure  dans  de  l'eau 
_très-froide  les  œufs  qu'ils  veulent  faire  couver,  et  cela  afin 
d'obtenir  que  ces  œufs  éclosent  tous  à  la  fois.  Ce  qui  préserve 
les  poussins,  les  premiers  venus,  d'être  écrasés  par  les  mères, 
et  les  œufs  en  retard  d'être  abandonnés. 

Quant  au  gibier,  tant  ailé  que  quadrupède,  comme  il  est  à 
peu  près  le  même  qu'en  France,  je  crois  inutile  d'en  parler. 

1"  Les  animaux  aquatiques  qui  peuplent  les  rivières  et  les 
lacs  de  la  Turquie. 

Ces  variétés,  telles  que  la  Truite,  le  Brochet,  la  Carpe,  etc., 
sont  tout  à  fait  conformes  à  celles  de  la  France.  C'est  pourquoi 
je  me  bornerai  à  mentionner  un  seul  poisson,  que  l'on  pêche 
en  très-grande  quantité  dans  le  lac  Apollonia,  en  Anatolie,  et 
qui  pourrait  peut-être,  s'il  était  introduit  en  France,  dans  les 
lacs,  les  rivières  et  les  fleuves  sablonneux ,  renq^lir  relative- 
ment le  but  principal  de  notre  Société  d'acclimatation  :  la  vie 
à  bon  marché  pour  tous. 

Ce  poisson,  que  les  Turcs  appellent  laïan-Balouk,  poisson 
rampant,  parce  qu'il  se  tient  presque  continuellement  au  fond 
de  l'eau,  sur  le  sable  où  il  dépose  ses  œufs  au  milieu  des 
joncs,  est,  suivant  le  dire  des  pêcheurs  du  lac  Apollonia,  Car- 
nivore et  herbivore  ;  mais  s'il  faut  ajouter  foi  à  un  fait  que 
l'on  attribue,  dans  le  pays,  à  l'un  de  ces  poissons,  il  paraît 
être  plutôt  Carnivore.  Voici  ce  fait,  qui  est  assez  intéressant  : 
Un  canard  cherchait  à  se  dégager  des  serres  d'un  oiseau  de 
proie  qui  s'efforçait  en  vain  de  l'enlever;  en  battant  l'eau  de 
ses  ailes,  il  attira  un  de  ces  gros  poissons  qui  avala  canard  et 
faucon  à  la  suite  l'un  de  l'autre.  Ceci  prouverait,  en  effet,  que 
ce  poisson  est  chasseur,  et  par  conséquent  plutôt  Carnivore. 
Cependant  on  trouve  généralement  peu  de  j)oissons  dans  son 
intérieur.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  pourrait  peut-être  remplacer 
avantageusement  le  Brochet  dans  certaines  eaux  ;  vu  que,  d'un 
côté,  il  parait  détruire  relativement  moins  de  poissons  que  ce 
dernier,  et  que,  de  l'autre,  Userait  d'un  engraissement  plus 
facile.  En  effet,  ce  poisson,  qui  parvient,  suivant  ce  qui  m'a  été 


ANIMAUX  ET  VÉGÉTAUX  UTILES  DE  LA  TUROUIE.    555 

assuré  par  les  pêcheurs  d'Apollonia,  à  la  dimension  de  55  cen- 
timèlres  et  pèse  à  un  an  1250  grammes,  atteint  à  l'âge  de  dix 
ans  une  longueur  de  2  mètres  environ,  et  son  poids  est  d'en- 
viron 100  kilogrammes  (1).  Ainsi  ce  poisson  sans  écailles,  qui 
est  on  ne  peut  plus  charnu  et  qui  a  le  goût  du  poulet  dans  sa 
jeunesse  et  celui  du  porc  frais  dans  l'âge  avancé  ,  serait  plus 
avantageux  à  l'élevage  que  le  Brochet.  Dans  le  cas  où  notre 
Société  désirerait  acclimater  ce  poisson,  appelé,  en  allemand 
We/s ,  en  roumain  Somn,  et  qui  n'est  autre  que  le  Siiurus 
(/lanis  des  ichthyologistes  ,  les  progrès  de  la  pisciculture  la 
mettraient  à  même  aujourd'hui  de  faire  cet  essai  avec  infini- 
ment plus  de  facihté  que  lorsque  l'honorahle  M.  Valenciennes 
a  tenté  de  le  faire  en  1851,  au  moyen  de  Silures  rapportés 
vivants  des  eaux  douces  de  l'Allemagne.  En  effet,  le  frai  dont 
elle  se  servirait,  sans  doute,  réunirait  à  la  facilité  du  transport 
la  sécurité  de  l'opération. 

Comme  ces  études  sont  purement  pratiques,  je  crois  pou- 
voir me  dispenser  d'analyser  anatomiquement  cette  variété 
dont  la  natation  est  des  plus  magistrales,  d'autant  plus  que  le 
dessin  que  notre  Société  daignera  agréer  comme  un  hommage 
de  dévouement  de  son  délégué  à  Constantinople,  représente 
très-exactement  l'un  de  ces  poissons  à  l'âge  d'un  an.  Toutefois 
j'ajouterai  que  l'épine  dorsale  de  ce  poisson  a  un  rang  d'arêtes 
de  chaque  côté,  qui  se  prolongent  presque  à  angle  droit,  et 
que  ses  dents,  qui  sont  assez  fines  et  très-pointues,  sont  dis- 
posées en  échiquier  sur  six  rangs.  En  dehors  de  la  carcasse, 
aucune  arête  ne  se  trouve  dans  la  chair. 

Quant  aux  poissons  de  mer,  je  n'en  parlerai  pas,  vu  qu'on 
trouve  sur  les  côtes  de  la  France,  non-seulement  les  mêmes 
variétés  que  celles  qui  existent  dans  les  eaux  qui  haignent  la 
Turquie ,  mais  encore  d'autres  espèces  plus  avantageuses 
sous  tous  les  rapports. 

(La  suite  au  procliain  ^lunuro.) 

(1)  N'ayant  vu  par  moi  -  même  avicuh  de  ces  poissons  (^passant  l^jBO  do 
longueur  et  pesant  au  delà  de  30  à  /|0  kilogrammes,  j'ai  arbitré  la  longueur 
à  2  mètres  environ  et  le  poids  à  100  kilogrammes  environ  seulement,  quoique 
les  pêcheurs  m'aient  assuré  en  a^  oir  pris  de  la  longueur  de  li  mètres  et  du 
poids  de  220  kilogrammes  ;  ce  qui  m'a  paru  exagéré. 


NOTE 
SUR   LA  PISCICULTURE  EN  CHINE 

Par  II.  P.  DABRY. 


(Séance   du  28  août  1863.) 


Les  poissons  fraient  au  printemps,  du  5  mai  au  1"  juin. 
Chaque  espèce  a  son  trou  pour  y  déposer  ses  œufs.  Ces  trous  va- 
rient de  forme  et  de  largeur  :  on  entrouve  depuis  1'", (37  jusqu'à 
6"',(v  au-dessous  delà  surface  de  l'eau. Pour  les  reconnaître, 
une  classe  de  pêcheurs  (i)7e-?/?/-//y-7Ï;?,  hommes  qui  touchent  le 
poisson)  plongent  et  cherchent  avec  la  main  les  endroits  dans 
lesquels  se  développe  un  peu  de  chaleur.  Lorsque  cet  endroit 
est  trouvé,  au  moyen  d'un  petit  lilet  à  mailles  très-serrées  et 
terminé  par  un  cercle  de  bamhou,  ils  prennent  le  frai,  qu'un 
aide  ramène  à  la  surface,  en  tirant  une  corde  attachée  au 
filet.  Le  frai  de  plusieurs  poissons  est  facile  à  distinguer  et  à 
reconnaître.  Il  en  est  d'autres,  tels  que  Hoiianij-yu,  Kan-iju, 
Ky-yu,  Yourj-yi(,  Tsin-yu,  auxquels  on  ne  peut  donner  de 
nom,  si  le  poisson  n'a  pas  atteint  une  certaine  dimension. 

Lorsque  le  frai  a  été  extrait  de  l'eau,  on  se  hâte  de  le 
mettre  dans  des  cuviers  que  l'on  couvre  d'une  toile  légère. 
Ces  cuviers  doivent  être  remplis  aux  trois  quarts  d'eau,  qui 
est  changée  trois  fois  par  jour,  le  matin,  à  midi  et  le  soir. 
Lorsque  cette  opération  a  lieu,  on  se  sert  d'une  gaze  très-fine, 
pour  empêcher  les  petits  poissons  de  s'échapper  du  vase. 
Éviter  l'exposition  au  soleil.  Ne  point  remuer  le  cuvier. 
Avoir  soin  d'enlever  les  poissons  aussitôt  qu'ils  ne  sont  plus 
vivants. 

La  nourriture  journalière  se  compose  d'un  jaune  d'œuf 
cuit  et  rompu  en  morceaux.  Les  pécheurs  reconmiandent 
également  de  ne  pas  laisser  le  cuvier  dehors  par  les  temps 
d'orage  ou  de  grande  pluie. 

Le  poisson  peut  être  conservé  de  cette  manière  deux  ou 
trois  mois. 


èvv,  î„\  pisctnn.Ti'RR  E^•  chine,  557 

Lorsqu'on  vput  empoissonner  unr  pièw  d'eau,  un  n'a  qu'a 
déposer  les  peliis  poissons  au  milieu  des  iierbes,  ou  même  les 
jeter  au  milieu  de  l'eau  sans  aucune  précaution.  Le  frai  de 
chaque  espèce  de  poisson  émigré,  sous  la  conduite  de  la  mère, 
qui  n'abandonne  les  petits  que  lorsqu'ils  sont  déjà  assez  gros. 
Le  frai  de  Kia-xju  (Poisson  domestique)  n'émigre  pas. 

Note  sur  les  Poissons  du   Yang-tsee-kiang. 

m 

\ .  Nieu-Yu  (Poisson  glutineux),  ou  Y-gu  (Poisson  à  la  tête 
plate). 

Tète  plate,  bouche  bien  fendue,  pourvue  de  dents;  bar- 
bes; dos  noirâtre,  ventre  blanc  jaunâtre  ;  sans  écailles,  tout  le 
corps  glutineux.  Se  nourrit  de  larves,  de  mollusques,  d'insectes 
et  d'herbes  ;  vit  en  troupes,  nocturne.  Grande  espèce,  acquiert 
plus  de  5  pieds  de  longueur,  pèse  quelquefois  jusqu'à 
ZiO  livres.  Il  fraie  au  printemps.  Se  trouve  toute  l'année  dans 
le  fleuve  et  dans  les  lacs  ;  au  printemps,  sa  pêche  est  plus 
abondante.  11  se  tient  à  la  surface  de  l'eau.  Chair  excellente. 
La  tête  est  couverte  d'une  matière  gluante  que  les  Chinois 
recherchent  beaucoup.  Le  sexe  se  reconnaît  au  ventre,  qui 
est  plus  petit  chez  le  mâle. 

2.  Yojig-gu  (gros  Poisson),  ou  Lien-tsee-gu  (dont  le  frai 
n'émigre  pas),  ou  Pung-teou-gu  (tête  grasse),  ou  K'iu-gu 
(Poisson  domestique). 

Grosse  tête,  bouche  ronde,  quelques  dents;  ouïes  rou- 
geâtres,  corsage  rougeâtre  (sur  le  dos),  ventre  grisâtre  et 
convexe ,  écailles  très-petites  ;  nageoires  rougeâtres  étroites, 
queue  comme  celle  de  Lg-gu.  Se  nourrit  de  petits  poissons 
et  d'insectes,  vit  en  troupes,  fraie  au  printemps;  nocturne. 
Se  trouve  en  grande  abondance  l'hiver  :  à  cette  époque  de 
l'année,  se  lient  à  la  surface  de  l'eau.  L'été,  il  vit  au  fond  de 
l'eau.  Grande  espèce,  son  poids  dépasse  50  livres.  Chair  très- 
bonne.  La  tête  est  trop  grasse. 

3.  Lg-iju  (Poisson  aux  écailles  rangées),  Pien-hoa-yu  ou 
Pien-long-yu  (Poisson  qui  peut  se  changer  en  dragon). 


558        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLGGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

Bouche  ronde,  dépourvue  de  dents  :  corsage  jaunâtre,  ventre 
blanc,  queue  rougeâtre  et  divisée;  écailles  nombreuses  et 
alignées,  trente  sur  chaque  rang.  Vit  d'insectes,  de  vers  et 
d'herbes.  Le  mâle  se  reconnaît  par  le  ventre,  qui  est  plus 
petit,  et  par  les  yeux,  de  couleur  rouge.  La  femelle  a  les  yeux 
blancs.  Vit  isolé,  nocturne.  Quand  le  temps  est  chaud,  aime 
la  surface  de  l'eau,  aime  également  le  vent.  Quelquefois 
dépose  son  frai  sur  le  rivage.  Abondant  toute  l'année.  Chair 
bonne,  mais  remplie  d'arêtes.  Atteint  une  grande  dimension. 

/i.  Hiiin-yu  (Poisson  long),  Hiun-houang-yv  (Poisson 
long,  jaune). 

Tète  allongée,  bouche  en  dessous  et  un  peu  en  arrière  de 
la  partie  antérieure  de  la  tête,  pourvue  de  dents;  corsage  jau- 
nâtre, taclieté  de  bleu  sur  le  dos.  Nage  toujours  à  la  surface 
du  courant,  le  dos  en  dessous.  Queue  comme  Ly-yu,  sans 
écailles.  Les  taches  imitent  les  écailles.  Se  nourrit  de  poissons, 
mange  également  les  chairs  de  toutes  espèces  d'animaux; 
n'attaque  pas  l'homme.  Vit  isolé,  nocturne.  Très-grande 
espèce,  son  poids  peut  atteindre  'JOO  livres.  Fraie  dans  la 
partie  du  fleuve  où  le  courant  est  le  plus  fort.  On  peut  le 
pécher  toute  l'année,  ne  se  prend  qu'à  l'hameçon.  Émigré, 
va  jusqu'à  la  mer.  Chair  excellente,  est  le  même  que  Hoiiam/- 
yif,  seulement  plus  petit.  Ne  se  trouve  que  dans  les  lacs. 

5.  Hoên-yu  (Poisson  lent),  ou  Kouan-yu  (Poisson  lent), 
Tsao-yu  (Poisson  herbe). 

Tête  allongée,  bouche  ronde,  dépourvue  de  dents;  ventre 
gros,  nageoires  petites;  écailles;  corsage  jaune,  rougeâtre, 
ventre  plus  blanc.  Se  nourrit  de  mollusques,  de  larves,  et 
principalement  d'herbes  aquatiques  qu'il  trouve  dans  le 
fleuve,  d'où  lui  est  venu  le  nom  de  Poisson  herbe.  Vit  isolé, 
n'est  pas  nocturne,  nage  lentement.  Se  trouve  en  abondance 
dans  les  lacs  et  les  rivières.  Grande  espèce,  son  poids  dépasse 
"25  livres.  Chair  peu  estimée,  goût  un  peu  fort. 

6.  J.sm-y?/ (Poisson  bleuâtre). 

Ce  poisson  ne  diflere  de  Hoen-yn  que  par  sa  couleur,  qui 


SUR   LA   PISCICULTURE  EN   CHINE.       '  559 

est  bleu  noirâtre;  sa  chair  est  excellente.  Il  atteint  égale- 
ment des  dimensions  assez  considérables,  pèse  jusqu'à  25  ou 
30  livres.  Se  lient  au  fond  de  l'eau,  est  très-abondant  dans 
les  lacs  et  dans  le  fleuve. 

7.  Ou-yu,  Tfice-iju  (Poisson  noir). 

Tête  plate,  avec  une  tache  blanche  à  la  partie  antérieure  ; 
bouche  allongée,  armée  de  dents.  Se  nourrit  de  mollusques, 
de  larves.  Corsage  noir,  corps  rond,  os  faibles.  Vit  isolé,  noc- 
turne, se  tient  dans  la  vase.  Le  mâle  est  distingué  de  la 
femelle  par  la  tache  blanche  sur  la  tète.  Ecailles  petites,  queue 
comme  Nien-yn.  Poids  maximum,  h  livres.  Chair  bonne, 
donne  un  excellent  bouillon.  Très-abondant. 

8.  Kmè-yu  (Poisson  fort),  Ty-yu  (Poisson  tacheté). 
Grosse  tète,  corps  plat;  corsage  verdâtre,  tacheté  de  noir; 

aileron  divisé  par  des  raies,  dont  chacune  indique  le  mois  du 
poisson.  Le  nombre  de  ces  raies  ne  dépasse  pas  douze.  Le 
mâle  est  distingué  de  la  femelle  par  le  brillant  des  taches.  Vit 
isolé,  n'est  pas  nocturne.  Grande  bouche,  armée  de  dents  ;  se 
nourrit  de  poissons.  Se  trouve  en  tout  temps  et  partout;  se 
tient  au  fond  de  l'eau  et  quitte  rarement  son  trou.  Ecailles 
petites.  Ne  dépasse  pas  5  ou  6  livres.  Chair  excellente,  quand 
le  sujet  est  petit.  La  tête  n'est  pas  bonne.  Éviter  d'être  piqué 
par  les  arêtes,  qui  sont  dangereuses. 

9.  Oii-yu  (Vu). 

10.  //ôMey-?/?^  (Poisson  de  goût). 

Tête  plate,  bouche  en  dessous  de  la  partie  antérieure  de  la 
lêfe.  Deux  barbes  ;  pourvu  de  petites  dents.  Se  nourrit  de 
poissons.  Sans  écailles  ;  corsage  grisâtre,  ventre  comme  Hien- 
yu.  Vil  isolé,  nocturne.  Se  tient  au  fond  de  l'eau.  Grande 
espèce,  pèse  jusqu'à  /lO  livres.  Se  trouve  en  abondance  l'hiver. 
Chair  excellente. 

11.  Ky-yu  (Poisson  nageant  ensemble),  Fou^yti  (id.). 
Tête  ronde,  sans  dents;  corsage  noirâtre.  Écailles  nom- 
breuses, ventre  allongé.  Se  nourrit  de  larves,  mollusques,  etc. 


Ô60   soctÉTîî  wpmMM  7M\Amcm  t>hmA^\fk'mn> 

Vit  cil  troupes^  iioclunie;  Oiieue  ooniiiM^  %-.y;^  Se  fient  a  lit 
surface  de  l'eau  ;  se  pêche  en  tout  temps  et  partout.  Espèce 
moyenne;  poids  maximum,  5  livres-  Chair  excellente. 

12.  Pie7i-7/u  {Vo'isson\)\a\),  Fan fj-yu  {\â.) 

Poisson  plat,  bouche  ronde,  petite  tête;  corps  large  et  plat, 
corsage  bleu  blanc;  dépourvu  de  dents.  Se  nourrit  de  larves, 
insectes,  etc.  Vit  en  troupes,  nocturne.  Écailles  petites.  Se 
tient  à  la  surface  de  l'eau,  et  saute  souvent  hors  de  l'eau. 
Abondant  toute  l'année.  Espèce  moyenne,  poids  de  3  à  /i 
livres.  Les  pêcheurs  prétendent  que  l'on  trouve  quelquefois 
dans  son  ventre  une  petite  perle.  Chair  très-bonne.  Les  per- 
sonnes riches  ne  mangent  que  le  filet,  qui  est  excellent. 

13.  Koiiang-kou-yu  (Poisson  au  ventre  d'huile),  Tsan-tsee- 
yu  (Poisson  gras),  Yeoii-tien-scm-yu  (Poisson  gras  à  l'huile  de 
lampe) . 

Tête  petite,  corps  rond,  écailles  petites;  corsage  grisâtre, 
bouche  ronde.  Vit  en  troupes.  Petite  espèce,  3  ou  h  pouces 
de  longueur.  Se  tient  à  la  surface  de  l'eau.  Très-abondant, 
chair  assez  mauvaise.  On  retire  de  son  ventre  une  huile  de 
qualité  inférieure  employée  par  la  classe  pauvre. 

\h.  Houang-chang-yu  (Poisson  à  la  tête  jaune),  Ya-iju 
(Poisson  qui  crie). 

Bouche  carrée,  dépourvue  de  dents;  sur  la  tête,  deux 
appendices  osseux,  deux  barbes;  sans  écailles;  dos  bleu  jau- 
nâtre, tacheté  de  jaune  ;  ventre  jaune.  Se  tient  h  la  surface 
de  l'eau.  Vit  en  troupes.  N'est  pas  nocturne,  très-abondant  au 
printemps.  Espèce  moyenne  ;  poids  maximum,  une  livre  à  une 
livre  etdemie.  Chair  très-bonne.  Est  curieux  par  son  cri  qu'il 
fait  entendre  continuellement  ;  lorsqu'on  le  sort  hors  de  l'eau, 
avant  de  mourir,  il  fait  entendre  le  même  cri,  mais  plus  fort. 

15.  Che-pan-yu  (Poisson  de  roche  idid\c\(t),Siao-tsan-tsee- 
yu  (petit  Poisson  gras). 

Poisson  plat,  long  de  8  à  10  pouces,  tacheté,  petites  écailles. 
Reste  à  la  surface  de  l'eau,  et  disparaît  au  moindre  bruit.  Chair 
peu  estimée. 


Srn   LA    PISCICULTURE   RN   CHINE.  661 

i6,  Che-py-yu  (Poisson  qui  se  cache  sous  les  pierres). 
Petit  poisson  à  dos  et  à  ventre  rougeâtres.   Chair  assez 
bonne. 

17.  Cliên-yu  (Poisson  etTilé). 

Ressemble  à  un  serpent.  Tête  allongée,  bouche  petite, 
corsage  jaune  noirâtre.  Vit  isolé,  nocturne.  Atteint  4  ou  5 
livres.  Chair  bonne,  les  petits  sont  plus  délicats.  Ne  fraie  pas 
comme  les  autres  poissons;  il  dépose  dans  son  iruu,  au  prin- 
temps, une  matière  glulineuse  qu'il  sécrète,  et  qui  se  trans- 
forme en  Chên-yu  vingt-quatre  heures  après.  Celte  matière 
glulineuse  peut  être  transportée  au  loin  par  un  grand  vent  : 
certains  lacs  ont  été  ainsi  empoissonnés. 

18.  Pe-yii  (Poisson  blanc),  Tslao-yn  (Poisson  recourbé). 
Petit  poisson  blanc,  rempli  d'arèles.  Chair  commune. 

19.  Tsee-yen-yu  (Poisson  couleur  rouge),  Tcliiten-yu 
(Poisson  attentif). 

Tête  ronde,  sans  dents  ;  couleur  rouge.  Petite  espèce.  Vit 
isolé  à  la  surface  de  l'eau.  Se  trouve  partout;  nage  lentement 
et  s'arrête  souvent.  Chair  peu  estimée. 

20.  Pao-hua-yu  (Poisson  changé)  (1). 

Tête  ahongée,  écaiUes  nombreuses.  Vil  en  troupes.  Espèce 
moyenne.  Chair  peu  estimée. 

21.  Tchin-yu  (Poisson  aiguille). 

Tête  allongée,  corsage  blanc,  écailles.  Vit  seul  ;  long  de 
3  à  Zi  pouces.  Corps  mince;  difficile  à  prendre.  Chair 
excellente. 

22.  Tsicou-yu  (Poisson  ivre),  Ny-tùeou-yu  (Poisson  ivre 
boue). 

Tête  comme  C/?e/i-y?/; corps  allongé,  sans  écailles;  couleur 
jaune  bleuâtre.  Nage  en  ligne  brisée.  Vit  dans  la  boue.  Petite 
espèce,  /i  à  5  pouces  de  longueur.  Vil  en  troupes.  Chair  peu 
estimée. 

(1)  La  fable  chinoise  rapporte  qu'un  vieux  menuisier  a  (-té  cliangé  en  ce 
poisson. 

T.  X.  —  Septembre  1863.  36 


562        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

23.  Pe-chen-yu  (Poisson  effilé  blanc),  Mocii-hj-yu  (fraie 
dans  le  trou  de  Ly-yu). 

Ressemble  beaucoup  à  Chên-yii,  dont  il  diffère  par  le 
corsage,  qui  est  cendré,  et  par  la  lètc,  qui  est  un  peu  plus 
grosse.  Chair  bonne. 

2/i.  Kan-yu,  Tchan-yii,  Tchoii-yu  (Poisson  glouton), 
Kovan-yu  (Poisson  qui  ne  ferme  pas  les  yeux). 

Corsage  bleuâtre  ;  tête  ronde  comme  Eoèn-yu^  bouche 
Irès-fendue,  ouïes  comme  Kien-yu,  pourvu  de  dents.  Se 
nourrit  de  poissons.  Ecailles  blanchàlres,  corps  effilé.  Vit 
isolé,  se  tient  au  fond  de  l'eau  ;  très-abondant  en  tout  temps. 
Grande  espèce;  poids  jusqu'à  30  livres.  Chair  excellente. 

25.  Ho-chao-pien-yu  (Poisson  plat,  couleur  de  fumée 
rouge). 

Ressemble  à  Picn-yii,  dont  il  diffère  par  la  couleur,  qui  est 
rougeâtre  comme  la  fumée  au  moment  où  elle  sort  du  four- 
neau avec  les  étincelles.  Chair  excellente.  Espèce  moyenne  ; 
poids  maximum,  h  livres.  Remarquable  par  son  aileron,  qui 
est  très-grand  et  très-dur. 

26.  Tchouang-ho-yu  (Poisson  queue  de  feu). 

Tête  allongée,  bouche  ronde  ;  corsage  blanc  jaunâtre. 
Queue  rouge,  nageoires  noirâtres;  beaucoup  d'écaillés.  Vit 
isolé  ;  nocturne.  Se  nourrit  de  mollusques,  larves,  etc.  Se 
tient  à  la  surface  de  l'eau.  Bon  à  manger. 

27.  Yn-yu  (Poisson  d'argent),  Tchin-tcJian~yu  (reste  du 
manger  du  roi,  changé  en  poisson). 

Petit  poisson,  3  à  Zi  pouces;  corsage  blanc,  sans  écailles; 
tête  plate  et  triangulaire;  corps  rond,  yeux  noirs.  Très- 
abondant.  Vit  au  fond  de  l'eau  par  troupes;  meurt  aussitôt 
qu'il  est  hors  de  l'eau.  Chair  très-délicate  et  irès-estimée. 

28.  Tao-yu  (Poisson  couteau). 

Corsage  blanc  argenté;  partie  supérieure  du  dos  jaune 
verdàtre;  lêle  allongée,  yeux  rouges;  bouche  petite,  ventre 
aplati,  en  lame  de  couteau  ;  petites  écailles.  Se  nourrit 
d'herbes,  vit  en  troupes,  n'est  pas  nocturne  ;  suit  le  courant 


SUR   LA   PISCICULTURE   EN   CHINE.  56o 

de  l'eau.  Moyenne  espèce,  peut  aUeindre  3  ou  h  livres.  Chair 
bonne,  mais  trop  d'arêtes. 

29.  Houang-Iing-tju  (Poisson  aux  écailles  jaunes). 
Corsage  jaune,  petites  écailles,  dos  rond;  tôte  allongée  et 

ronde,  bouche  dépourvue  de  dents,  deux  barbes  rouges.  Se 
nourrit  d'herbe.  Vit  isolé,  nocturne.  Abondant  en  tout  temps; 
moyenne  espèce,  ne  dépasse  pas  3  ou  4  livres.  Chair  peu 
estimée,  se  corrompt  très-vite. 

30.  75 m-Aeo?/-y?<  (Poisson  crochet  bleuâtre). 

Corsage  bleu  noirâtre,  nageoires  noires;  tête  ronde, 
bouche  petite,  sans  dents.  Vit  d'herbe,  aime  le  fond  de  l'eau, 
où  il  vit  en  troupes  ;  nocturne.  Moyenne  espèce,  3  à  /i  livres. 
Chair  bonne. 

31.  Kiang-chang-iju  (Poisson  à  la  tête  jaune,  très-gros). 
Bouche  comme  Houey-yu,  très-large,  pourvue  de  petites 

dents.  Vit  de  poissons.  Forme  allongée,  sans  écaihes  ;  très- 
remarquable  par  son  cri,  comme  Houang-chang-yu.  Se  tient 
à  la  surface  de  l'eau.  Vit  isolé;  ne  se  trouve  que  dans  l'été. 
Espèce  moyenne;  poids  3  ou  A  livres.  Chair  très-estimée. 

32.  Che-yu  (Poisson  de  temps). 

Ainsi  appelé  parce  qu'il  arrive  à  une  époque  de  l'année,  en 
juin,  de  l'embouchure  du  fleuve.  Tète  plate  et  large;  bouche 
ronde  et  échancrée  à  partie  supérieure,  dépourvue  de  dents; 
corsage  bleuâtre  sur  le  dos,  ventre  blanc  et  aplati  en  forme 
de  couteau  ;  nageoires  noiràires.  Queue  noire  aux  extrémités  ; 
grandes  écailles.  Vit  isolé,  n'est  pas  nocturne.  Moyenne  espèce, 
5  ou  6  livres.  Très-estimé,  un  des  meilleurs  poissons  du 
Yang-tsce-kiang. 

33.  Houang-yu  (Poisson  jaune). 

Corsage  jaune,  dos  noirâtre,  ventre  très-jaune;  tête 
allongée,  semblable  à  celle  de  Huuang-chang-yu,  mais  plus 
forte;  deux  membranes  très-dures  à  la  partie  antérieure  de 
la  tête  ;  bouche  longue  et  armée  de  dents.  Se  nourrit  de  pois- 
sons, mange  également  les  cadavres.  Grandes  écailles;  aileron 
très-prononcé,   noirâtre;  sa  queue   comme  celle  de  Hmi- 


^ 


56â      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Ii07i(nig-yu.  Vit  isolé,  nocturne  ;  aime  le  grand  vent  et  le  fort 
courant.  La  plus  grande  espèce  du  fleuve.  Pèse  quelquefois 
jusqu'à  1000  livres.  Chair  très-estimée,  ressemble  à  celle  du 
veau.  Très-abondant  pendant  l'hiver,  très-rare  dans  l'été.  Les 
pèclieurs  le  prennent  à  l'hameçon.  Je  suppose  que  ce  poisson 
est  l'Esturgeon. 

Dès  que  je  pourrai  m'en  procurer  d'une  belle  taille,  j'en 
enverrai  à  la  Société  ,  ainsi  que  du  frai. 

3/4.  Ho-Um-iju  (Poisson  porc  de  n\\hvé),Tchoiiy-toii-yu 
(Poisson  au  ventre  ballonné),  Tsy-pao-yii  (Poisson  boule 
d'air). 

Corsage  blanc  noirâtre,  le  ventre  blanc,  le  dos  tacheté  de 
vert  et  de  noir  ;  tète  ronde,  corps  rond  et  très-gros,  queue 
petite.  Petite  bouche,  dépourvue  de  dents.  Se  nourrit  d'herbe. 
Vit  en  troupes,  nage  en  faisant  des  circuits.  Sans  écailles,  sans 
ouïes  apparentes  (les  pêcheurs  disent  sans  foie).  Vit  à  la  sur- 
face de  l'eau  ;  n'est  pas  bon  à  manger  ;  est  même,  dit-on, 
dangereux.  Cependant  il  en  est  une  espèce  que  les  Chinois 
recherchent,  mais  qui  dilïére  un  peu  par  la  couleur  plus 
sombre.  Lorsqu'il  est  un  peu  gros,  il  porte  le  nom  de  Kang- 
ting-yu  (poisson  porc  de  fleuve).  Ce  poisson  n'apparaît  qu'à 
certaines  époques  de  l'année.  Moyenne  espèce,  ne  dépasse 
pas  une  livre.  Les  plus  petits,  une  demi-hvre,  s'appeUent 
Pan-yu  (Poissons  tachetés  de  noir).  (A  envoyer  plus  lard,  si 
on  le  désire.) 

35.  Louy-yu  (Poisson  ceinture). 

Corsage  comme  celui  de  Che-yu.  Petite  tête,  petites  écailles  ; 
une  sorte  de  raie  sur  le  ventre.  Vient  de  la  mer  à  la  quatrième 
lune  (au  mois  de  juin).  Lorsqu'il  commence  à  se  montrer 
dans  les  eaux  du  fleuve,  les  pêcheurs  reconnaissent  son 
arrivée  à  des  signes  qui  ne  les  trompent  pas,  et  en  prennent 
une  très-grande  quantité.  Vit  en  troupes.  Moyenne  espèce. 
Chair  très-estimée.  (A  envoyer.) 

36.  il /rt-y?^  (Poisson  recherché). 

Corsage  et  forme  comme  ceux  de  Ly-yu  ;  petites  écailles. 
Moyenne  espèce,  5  ou  6  livres.  Mêmes  mœurs  que  Ly-yu^ 


SUR   LA   PISCICULTURE    EN   CHINE.  565 

dont  il  ne  ditlère  que  par  la  couleur,  qui  est  Irès-blanclie,  et 
par  une  tache  noire  sur  la  tète.  Ce  poisson  ne  se  trouve  que 
dans  le  Sse-Tcluien,  oii  il  est  très-abondant.  Au  printemps,  il 
descend  le  fleuve  ;  en  automne,  il  remonte  vers  sa  source.  Sa 
chair  est  très-estimée  et  possède  un  petit  goût  salé  très- 
agréable.  (A  envoyer.) 

37.  Tchang-yu  (Poisson  de  joie). 

Ainsi  appelé  parce  qu'il  est  constamment  suivi  d'une  foule 
de  poissons  qui  mangent  une  matière  qu'il  rejette,  et  qui  lui 
fait  jouer  le  rôle  de  fille  de  joie.  Couleur  et  forme  comme 
Ky-yu,  seulement  plus  gros.  Corps  plus  rond.  La  chair  est 
blanche,  excellente;  une  seule  arête  médiane.  Ne  se  trouve 
qu'à  l'embouchure  du  fleuve.  (A  envoyer.) 

38.  Lou-yu  (Poisson  tacheté  de  noir),  Sse-say-yu  (Poisson 
aux  quatre  ouïes). 

Corsage  blanc  tacheté  de  noir,  semblable  à  lùnê-yu,  bouche 
grande,  petites  écaiUes  ;  quatre  ouïes.  Moyenne  espèce,  lon- 
gueur un  pied.  Très-abondant  au  mois  de  juin,  à  l'embou- 
chure du  fleuve.  Chair  très-bonne.  (A  envoyer.) 

39.  Tiao-yii  (Poisson  ligne). 

Petit  poisson  blanc,  resscmldant  beaucoup  à  Houang-kou- 
yu,  mais  plus  petit.  Vit  en  troupes. 

ZiO.  Y-yu  (petit  Poisson). 

Petit  poisson  blanc,  tacheté  de  noir.  Abondant  au  Sse- 
Tchuen. 

hi.  Ly-yu  (Poisson  des  rites). 

Poisson  noir,  employé  autrefois  dans  les  sacrifices;  sem- 
blable à  Ou-yii.  Espèce  moyenne,  3  à  h  livres.  Diffère  de 
Ou-iju  par  des  taches  plus  noires  sur  la  tête.  Chair  passable. 
(A  envoyer.) 

Ix'l.  Ty-yii  (Poisson  qui  se  plaint  comme  un  enfant),  Hai- 
cul-yu  (Poisson  enfant). 

Corsage  rougeàtre  ;  corps  comme  Lien-yu,  à.  quatre  pattes, 
longue  queue;  tête  comme  Lien-yu.  Tous  les  autres  détails 
indiquent  la  Loutre. 


560      SOCIÉTÉ   IMrÉ{lIAj:.E  ZOULOGIQUE   d'aCCLIMATAÏION. 

Tortues  du  Yang-tsee-k'uuKj . 

1.  Pie  (Tortue  qui  va  lentement),  Touan-yu  (Poisson  court 
rond).  —  Couleur  noirâtre,  carapace  molle. 

2.  isla-fir  (Tortue  dont  la  tête  sort  toujours).  —  Diflère  de 
la  précédente  en  ce  que  la  carapace  la  couvre  entièrement. 

3.  Nen-pie  ou  San-kio-pie  (Tortue  à  trois  pattes).  —  Cara- 
pace molle. 

h.  Chou-pic  (Tortue  rougeâtre).  —  Carapace  molle. 

5.  Choui-kouci/  (Tortue  d'eau  à   la    carapace  dure).— 
Couleur  noirâtre. 

6.  Hia-tsèe.  —  Crevette  ordinaire. 


NOTE 
SUR  LA  CULTURE  DU  COTON 

DANS  LE  HOU-PÉ 

Par   M.    P.    DABUY. 


(Séance  du  28  août  1863.) 


Le  lerruiii  dans  lequel  on  plante  le  Cotonnier  doit  être 
sablonneux  et  un  peu  humide.  Il  faut  le  soumettre  avant 
l'ensemencement  à  trois  labours  ou  iiersages.  Lorsqu'il  est 
ainsi  préparé,  on  y  répand  les  engrais  qui  conviennent  à  la 
nature  du  sol,  auquel  on  donne  une  forme  légèrement 
bombée.  L'époque  des  semailles  est  du  15  au  25  avril. 

Pour  faciliter  la  germination,  on  fait  séjourner  les  graines 
pendant  une  heure  dans  l'eau,  on  les  mélange  ensui'te  avec 
un  peu  de  fumier  d'étable  ou  des  immondices  bien  consom- 
mées. Les  graines  sont  déposées  dans  de  petits  sihons 
parallèles  et  à  peu  de  distance  l'un  de  l'autre.  On  met  cinq 
ou  six  graines  ensemble  sur  lesquelles  on  répand  un  peu 
d'engrais  avant  de  les  couvrir  de  terre.  Lorsque  les  graines 
ont  germé  et  ont  acquis  un  certain  développement,  on 
arrache  les  pieds  les  plus  délicats  et  l'on  n'en  conserve  que 
deux  ou  trois  dans  chaque  place.  Dès  que  le  Cotonnier  a 
une  hauteur  de  0-",67  à  1  mètre,  on  arrache  la  tête,  ce  qui 
fait  augmenter  les  branches. 

Tous  les  jours  le  terrain  est  sarclé.  Toutes  les  herbes  qui 
pourraient  nuire  à  la  végétation  sont  enlevées  avec  soin. 

Les  fleurs  sortent  au  commencement  de  septembre.  Le 
Coton  est  recueilli  dès  que  les  capsules  sont  mûres,  par  un 
temps  sec  et  clair. 

On  l'expose  ensuite  au  soleil  pendant  deux  ou  trois  jours. 
La  graine  donne  de  l'huile  qui  est  employée  pour  les  lampes. 
Les  feuilles  sont  mangées  par  les  bestiaux. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DES    SÉANCES  DU  CONSEIL    DE    LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE   DU    28   AOUT    1863. 
Présidence  de  M.  Richard  (du  Cantal),   vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  informe  le  Conseil  que  S.  A.  le  bey  de 
Tunis  a  bien  voulu  permettre  que  son  nom  soit  inscrit  parmi 
ceux  des  membres  prolecteurs  de  la  Société. 

Le  Conseil  admet  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 

MM.  AiGUEPERSE  (le  baron  d'),  à  Saint-Paul  d'Eyjcaux  (Haute- 
Vienne). 

Delaunây  (l'abbé),  curé  de  St-Étienne-du-Mont,  à  Paris. 

JozoN  (Pierre),  président  du  comice  agricole  du  dépar- 
tement de  l'Aube. 

Lesseps  (le  baron  Jules  de),  à  Paris. 

LoiSE,  fleuriste,  à  Paris. 

NoGARET  (Charles  de),  propriétaire  à  la  Canourgue 
(Lozère),  et  à  Paris. 

PouMÂYRAC  DE  Mâsredon  (Ravmond  de),  au  château  de 
Caylus,  près  de  Saint-Amans-Soult  (Tarn). 

RoussY  (Emile),  propriétaire,  à  Nîmes  (Gard). 

Semallé  (René  de),  à  Versailles. 

TEiL(le  baron  du),  à  Escaintla  (Guatemala). 

Teil  (Xavier  du),  à  Escaintla  (Guatemala). 

—  La  Société  d'acclimatation  de  Berlin,  sur  sa  demande 
transmise  par  M. le  docteur  Buvry,  son  secrétaire  général,  est 
admise  au  nombre  des  Sociétés  agrégées. 

—  M.  le  Président  transmet  au  Conseil  la  nouvelle  de  la 
perte  regrettable  que  la  Société  vient  de  faire  de  l'un  de  ses 
membres,  M.  le  docteur  Alphonse  Toirac. 

—  M.  le  secrétaire  donne  lecture  de  la  lettre,  en  date  du 
16  août,  par  laquelle  M.  le  Président  annonce  au  Conseil  que 
S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  lui  a  fait  l'honneur  de 
l'informer  que,  sur  sa  proposition,  M.  le  comte  d'Eprémesnil, 
secrétaire  général  de  la  Société,  a  été  nommé,  en  celte  qua- 
lité, chevahcr  de  la  Légion  d'honneur. 


PROCÈS-VERBAUX.  569 

—  Des  remercîmcnts  pour  leur  récente  admission  sont 
adressés  par  MM.  P.  Ramel,  Trieste,  de  Padouc,  Ribell  (de 
Cherbourg)  et  Aubcnas  (de  Loriol).  M.  le  docteur  Cli.  Ohlsen 
(de  Naples)  renouvelle  ses  bienveillantes  offres  de  services. 

—  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys  informe  le  Conseil  que 
S.  Exe.  M.  le  Minisire  de  Tintérieur,  à  qui  il  avait  signalé 
l'avanlage  des  mesures  qui  auraient  pour  objet  la  destruction 
des  Vipères  en  France,  lui  annonce  qu'il  se  propose  de  re- 
commander à  MM.  les  préfets  le  rapport  adressé  par  notre 
Société,  et  de  les  inviter  à  appeler  l'attention  des  conseils 
généraux  sur  l'utilité  de  la  fondation  de  primes  affectées  à 
l'extermination  de  ces  dangereux  reptiles. 

—  M.  le  docteur  Berg,  notre  délégué  à  Saint-Denis,  trans- 
met les  sincères  remercîments  du  Comité  colonial  de  la  Réu- 
nion pour  la  collection  de  graines  qui  lui  a  été  remise,  au 
nom  de  notre  Société,  par  notre  honorable  confrèreM.Yinson. 
Le  Comité  se  propose  de  nous  envoyer,  en  retour,  des  ])lanls 
des  espèces  utiles  d'arbres  de  la  colonie.  Il  compte  aussi  faire 
des  essais  de  pisciculture,  et  demande  des  instructions  pour 
nous  faire  parvenir  des  œufs  de  Gourami,  à  défaut  du  poisson 
lui-même,  dont  le  transport  n'a  pu  être  effectué  utilement 
jusqu'à  présent. 

—  M.  Black,  président  de  la  Société  d'acclimatation  de 
Victoria,  écrit  de  Melbourne,  à  la  date  du  25  juin,  pour 
annoncer  l'houreuse  arrivée  dans  cette  ville  du  petit  troupeau 
de  dix  Boucs  et  Chèvres  d'Angora,  qui  lui  a  été  offert  par 
notre  Société ,  et  qui  s'est  accru  de  deux  Chevreaux  nés  en 
route.  Ces  douze  animaux  ont  été  débarqués  dans  d'excel- 
lentes conditions  de  santé.  M.  le  Président  transmet  les  plus 
vifs  remercîments  de  la  Société  de  Victoria,  qui  attache  à  cet 
envoi  un  très-grand  prix,  et  nous  expédie  en  retour,  par  le 
navire  Angleseï/,  des  Kangurous,  des  Oies  et  une  Grue  indi- 
gènes, ainsi  que  des  Tortues  du  Murray. 

—  M.  de  Cabarrus,  consul  général  chargé  d'afl'aires  de 
France  à  Guatemala,  en  présentant  comme  membres  de  la 
Société  M.  le  baron  du  Teil  et  son  frère,  admis  au  commen- 
cement de  cette  séance,  annonce  qu'il  s'occupe  activement  de 


570       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCGLIMÂTATION. 

réunir  les  animaux  qui  lui  ont  été  demandés,  et  qu'il  se  pro- 
pose de  les  diriger  sur  Panama,  d'où  son  collègue  M.  de 
Geltner  les  ferait  embarquer  pour  la  France. 

M.  de  Cabarrus  a  joint  à  sa  lettre  un  caliier  des  Memorias 
de  la  Sociedad  economica  de  amujos  de  Guatemala. 

—  M.  le  Président  transmet  plusieurs  exemplaires  d'une 
circulaire  sous  forme  de  questionnaire,  que  le  gouvernement 
britannique  vient,  sur  les  instances  de  M.  Vilson,  président  de 
la  Société  d'acclimatation  de  Melbourne,  d'adresser  aux  gou- 
vernements des  colonies,  ainsi  qu'aux  agents  diplomatiques  et 
consulaires  anglais,  pour  leur  demander  de luifaire  connaître 
les  animaux  et  les  plantes  du  pays  de  leur  résidence  qu'il  serait 
utile  d'introduire  dans  le  Royaume-Uni  et  ses  dépendances, 
et  ceux  que  réciproquement  ils  pourraient  croire  avantageux 
d'acclimater  dans  la  contrée  qu'ils  babitent,  M.  le  Président 
ajoute  qu'il  pense  qu'il  serait  important  qu'une  circulaire  ana- 
logue fût  adressée  aux  agents  extérieurs  français  des  départe- 
ments des  affaires  étrangères  et  de  la  marine,  et  que  par 
conséquent  un  questionnaire  fût  préparé  par  les  soins  de  la 
Société. 

Le  Conseil,  partageant  cette  opinion,  décide  que  la  rédac- 
tion de  ce  questionnaire  sera  confiée  à  une  Commission 
composée  de  MM.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  Soubeiran. 

—  M.  Grimblot,  vice-consul  de  France  à  la  Pointe-de-Galles, 
par  une  lettre  adressée  k  M.  le  Ministre  des  affaires  étran- 
gères, en  date  du  13  juillet,  annonce  l'envoi  d'une  paire  de 
Loris  gracilis,  deCeylan,  que  M.  Goudcbaux,  agent  des  postes, 
a  bien  voulu  se  cbarger  d'apporter  en  France,  et  que  M.  le 
Ministre  s'est  empressé  d'offrir  au  Jardin  d'acclimatation. 
M.  Grimblot  espère  pouvoir  expédier  procbaincmentau  Jardin 
un  jeune  Élépliant  parfaitement  privé,  animal  très-rare  à  cet 
état  dans  l'île  de  Ceylan. 

—  M.  Simoni  informe  M.  le  secrétaire  général,  à  la  date  du 
3  août,  qu'il  vient  de  déposer  au  Jardin  d'acclimatation  six 
Agoutis  ou  Hutias  de  l'île  de  Cuba,  très-appréciés  dans  cette 
colonie  pour  la  qualité  de  leur  cliair.  Noire  honorable  con- 
frère avait  pris  la  peine  d'embarquer  avec  lui  quatorze  de  ces 


PROCÈS-VERUAUX.  57;! 

animaux  ;  mais,  malgrù  tous  ses  soins,  quatre  paires  ont  péri 
pendant  lu  traversée,  les  trois  autres  sont  arrivées  en  très- 
bon  état. 

—  M.  le  Président  transmet  une  lettre  par  laquelle  mes- 
sieurs les  administrateurs  des  services  maritimes  des  Messa- 
geries impériales  l'inlbrment,  à  la  date  du  22  de  ce  mois, 
que,  pour  satisfaire  au  désir  qu'il  leur  a  exprimé  qu'une  ré- 
duction sur  les  prix  de  transport  des  objets  destinés  à  la 
Société  d'acclimatation  ou  expédiés  par  elle  lui  fût  accordée, 
ils  ont  décidé  que  ces  transports  seraient  assimilés  à  ceux 
effectués  pour  le  compte  du  gouvernement,  et  qu'ils  joui- 
raient, à  ce  titre,  d'une  réduction  de  30  pour  100  sur  les  tarifs 
commerciaux  de  la  compagnie. 

—  M.  Roehn  père,  par  une  lettre  du  17  août,  annonce  que 
son  fils  lui  écrit  du  Gallao,  en  date  du  12  juillet,  qu'il  compte 
toujours  s'embarquer  au  commencement  de  septembre  avec 
les  cent  vingt  Alpacas  et  Lamas  otïerts  h  S.  M.  l'Empereur  par 
le  gouvernement  péruvien.  Le  Conseil  décide  que  la  plus 
grande  publicité  possible  sera  donnée  à  l'annonce  de  la  pro- 
chaine arrivée  de  ce  troupeau  et  de  celui  de  l'Equateur,  afin 
que  les  propriétaires  qui  désireraient  recevoir  des  lots  à 
cheptel  puissent  adresser  leurs  demandes  à  l'avance. 

—  M.  Euriat,  écrit  de  Roville,  le  13  août,  pour  informer  le 
Conseil  que,  conformément  à  l'autorisation  qui  lui  en  a  été 
donnée,  il  a  fait  abattre  l'un  des  jeunes  Chevreaux  d'Angora 
nés  chez  lui  cette  année,  et  que  les  personnes  auxquelles  il 
en  a  fait  manger  en  ont  trouvé  la  chair  excellente,  très-tendre 
et  d'un  goût  exquis. 

—  M.  de  Fenouillet  transmet  le  rapport  du  vétérinaire 
appelé  par  lui,  lors  de  la  naissance  du  jeune  Taureau  Yak 
mfirme,  dont  il  a  déjà  entretenu  le  Conseil,  et  qui  malheu- 
reusement est  devenu  tout  à  lait  aveugle.  Le  Conseil  décide 
que  ce  jeune  Taureau  sera  engraissé  pendant  quelques  moi<^ 
encore,  pour  être  ensuite  abattu,  afin  d'en  expérimenter  la 
viande  comme  aliment. 

—  M.  le  général  de  Martimprcy,  sous-gouverneur  de  l'Al- 
gérie, écrit,  en  l'absence  de  M.  le  gouverneur  général,  en  date 


572      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

d'Alger,  le  1^  août,  qu'il  a  autorisé  M.  Hardy,  directeur  du 
Jardin  d'acclimatation  de  celte  ville,  à  disposer  d'une  paire 
d'Autruches  en  faveur  delà  Société  d'acclimatation  de  Victo- 
ria (Australie),  sur  la  demande  qui  lui  en  avait  été  laite  par 
M.  le  Président  de  notre  Société. 

Une  lettre  de  M.  Hardy,  du  17  août,  confirme  cette  bonne 
nouvelle,  en  accusant  réception  de  graines  de  diverses  prove- 
nances que  nous  lui  avons  fait  parvenir  au  nom  de  la  Société. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet 
diverses  correspondances  qui  lui  ont  été  adressées  par 
M.  Dabry,  consul  de  France  à  Han-keou  (Chine),  et  par  les- 
quelles notre  dévoué  confrère,  après  avoir  exprimé  toute  sa 
reconnaissance  pour  la  médaille  de  1"  classe  qui  lui  a  été 
décernée  par  la  Société  dans  sa  dernière  séance  publique 
annuelle,  annonce  l'envoi  :  1"  de  deux  Gallinacés  des  plus  cu- 
rieux qu'il  a  pu  se  procurer  dans  les  montagnes  du  Sse-tchuen, 
et  qu'il  destine  à  la  Société  d'acclimatation  :  ces  oiseaux, 
dont  M.  Dabry  donne  la  description  (voy.  au  Builcti?},  p.  520), 
tout  <à  fait  inconnus  en  Europe,  seraient  aussi  remarquables 
par  la  beauté  de  leur  plumage  que  par  la  saveur  de  leur  chair, 
comparable  à  celle  du  Faisan  ;  2°  d'une  collection  de  trente- 
deux  espèces  de  poissons  recueillis  dans  les  eaux  du  Yang- 
tsee-kiang  par  M.  Simon  et  par  lui,  conservés  dans  l'alcool, 
et  adressés  cà  M.  Coste,  inspecteur  général  des  pêcheries; 
3°  enfin,  un  baril  contenant  du  frai  des  meilleures  espèces  du 
Yang-tsee-kiang  ,  expédié  au  Jardin  d'acclimatation  par  l'in- 
termédiaire de  M.   Mauboussin,  consul  général  à  Chang-hai. 

Les  correspondances  de  M.  Dabry  comprennent  encore 
trois  notes  :  1"  sur  les  poissons  du  Yang-tsee-kiang;  2"  sur  la 
pisciculture  en  Chine  ;  3°  sur  la  culture  du  Coton  dans  le  Hou-pé. 

—  M.  Simon,  par  une  lettre  datée  de  Paris,  le  20  août, 
annonce  qu'il  a  obtenu,  cette  année,  deux  reproductions  de 
Colin  d'Adanson,  d'une  jeune  paire  née  l'année  dernière. 

— M.  le  Président  transmet  une  nouvelle  lettre  de  M.  Bartlié- 
lemy-Lapommeraye,  de  Marseille,  complétant  les  renseigne- 
ments qu'il  a  déjà  adressés  sur  la  reproduction  de  la  Perdrix 
de  Syrie  (voy.  au  Bullelin,  p.  Zi85). 


PROCÈS-VERDAUX.  573 

—  S.  Exc.  M.  le  Ministre  de  la  marine  el  des  colonies,  écrit 
à  la  date  du  8  août,  pour  informer  M.  le  Président  qu'il  a 
recommandé  à  MM.  les  préfets  maritimes  de  Brest  et  de 
Lorient  d'accorder  à  M.  Gillet  de  Grandmont  tuutes  les  faci- 
lités administratives  dont  il  pourra  avoir  besoin  dans  l'accom- 
plissement de  sa  mission. 

—  Diverses  lettres  de  M.  Lamiral  rendent  compte  de  la  suite 
de  ses  préparcltifs  pour  les  expériences  de  fécondations  artifi- 
cielles de  poissons  de  mer  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée. 

A  cette  occasion,  M.  Lucy,  appelé  au  sein  du  Conseil,  entre 
dans  d'intéressants  détails  sur  la  composition  du  Comité 
d'aquiculture  dont  il  avait  annoncé  la  fondation  par  sa  lettre 
du  16  juin,  et  sur  les  travaux  déjà  entrepris  par  ce  Comité 
qui,  pour  la  question  des  Éponges  en  particulier,  a  spontané- 
ment suivi  la  voie  que  s'était  tracée  la  Société,  en  voulant 
opérer  d'abord  sur  des  Éponges  indigènes,  et  assurer  surtout 
leur  préservation  contre  les  ravages  des  pécbeurs,  et  qui 
s'est  occupé  aussi  de  préparer  des  expériences  sur  les  fécon- 
dations artificielles. 

—  M.  le  Président  offre  à  M.  Lucy  les  remercîments  de  la 
Société  pour  la  généreuse  initiative  qu'il  a  prise  dans  la  fon- 
dation du  Comité  d'aquiculture  de  Marseille,  et  la  vive  impul- 
sion qu'il  lui  a  donnée  en  mettant  à  sa  disposition  les  fonds 
nécessaires  à  ses  premiers  travaux. 

—  M.  Gillet  de  Grandmont,  par  une  lettre  du  11  août, 
annonce  qu'il  s'est  fixé  pour  quelque  temps  à  Concarneau,  où 
il  prépare  également  ses  expériences  de  fécondations  artifi- 
cielles de  poissons  de  mer. 

—  M.  René  Caillaud  transmet  :  1°  une  lettre  du  21  août, 
de  M.  Brierre  de  Saint-Hilaire  (de  Riez),  qui,  sur  son  invita- 
tion, s'est  occupé  avec  le  plus  grand  zèle  d'organiser,  sur 
les  côtes  de  la  Vendée,  des  expériences  analogues  à  celles 
qui  ont  été  confiées  aux  soins  de  MM.  de  Grandmont  et  La- 
miral ;  2°  une  lettre  de  M.  Chevallereau,  deBoisserin  (Vendée), 
le  félicitant  sur  le  succès  de  sa  tentative  d'empoissonnement 
du  Lay,  qui  est,  dit-il,  envahi  par  une  armée  de  Saumons, 
et  où  l'on  n'en  rencontrait  presque  jamais  auparavant. 


57/|        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

—  M.  Baraquin  écrit  de  Belem  (Para),  le  /i  et  le  10  juillet, 
pour  annoncer  deux  envois  successifs  de  grandes  Tortues, 
appelées  Jaboii/s  au  Para,  qu'il  expédie  par  le  navire  Belem, 
aux  soins  du  capitaine  Dutron  Bornier. 

—  Des  comptes  rendus  de  leurs  éducations  de  Bombyx  Yn- 
ma-maï  sont  adressés  par  M.  le  docteur  Sacc,  notre  délégué  à 
Barcelone  ;  Maumenet  (de  Nîmes),  et  de  Morgan,  de  Huisseau- 
sur-Cosson  (Loir-et-Cher). 

— M.  Lecœur  (de  Vetheuil)  (Seine-et-Oise)  annonce  qu'il  a  ob- 
tenu de  très-bons  résultats  d'un  essai  d'éducation  du  Ver  à  soie 
métis  de  l'Ailante  et  du  Ricin,  nourri  avec  la  feuille  du  Saule. 

—  Une  demande  de  graines  des  Bombyx  ArrincUa  et  Ctjn- 
thia  est  adressée  par  notre  zélé  confrère  M.  le  docteur  Sicard 
(de  Marseille). 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet: 
1°  Une  lettre  de  M.  Berthemy,  ministre  de  France  en  Chine, 

contenant  les  renseignements  qu'il  lui  avait  demandés  sur  le 
Polype  li  vinaigre  {Tsou-notze),  signalé  par  feu  l'abbé  Hue. 
M.  Berthemy  a  pu  constater  que  le  Polype  à  vinaigre  est  un 
animal  imaginaire,  et  que  le  nom  de  Tsou-notze  s'applique  à 
une  substance  provenant  de  la  fermentation  acide  du  vin  de 
riz,  espèce  de  dépôt  acide  d'un  transport  facile,  et  dont  on 
fait  usage,  en  voyage,  pour  se  procurer  du  vinaigre. 

2"  Unelettre  de  M.  Sauvan,  vice-consul  de  France  à  Baltimore, 
à  qui  des  renseignements  avaient  été  également  demandés  sur 
une  espèce  de  Blé  précoce  du  Japon,  cultivé  aux  environs  de 
cette  ville.  Des  recherches  de  M.  Sauvan  il  résulte  que  personne, 
parmi  les  fermiers  du  voisinage  de  Baltimure,  ne  paraît  con- 
naître ce  Blé,  et  que  la  seule  céréale  du  Japon  importée  dans 
l'Amérique  du  Nord  est  une  variété  de  Riz  appelée  vpland 
Rice,  n'ayant  rien  de  commun  avec  le  Japon  Wheal  sur  lequel 
S.  Exe.  M.  le  Ministre  avait  cru  devoir  appeler  son  attention. 

—  M.  le  Président  informe  le  Conseil  qu'il  a  reçu  de 
M.  Emile  Colpaert,  chargé  d'une  mission  scientifique  dans 
l'Âmériijue  du  Sud,  une  lettre  datée  de  Cuzco,  le  10 juin,  par 
laquelle  il  lui  fait  part  de  son  intention  d'adresser  à  Ja  Société 
une  caisse  de  plantes  et  de  graines  de  Coca,  et  d'autres  végé- 


PROCÈS-VERBAUX.  575 

taux  du  Pérou ,  destinés  à  remplacer  un  précédent  envoi 
arrivé  à  Lima  en  si  mauvais  état,  que  M.  de  Lesseps  avait  jugé 
inutile  de  l'envoyer  en  France. 

M.  Golpaert  se  propose  d'offrir  prochainement  à  la  Société 
deux  Mémoires,  l'un  sur  les  trois  variétés  de  Cotonniers  du 
Pérou;  l'autre  sur  le  Lama,  IWlpaca  et  leurs  congénères, 
avec  un  aperçu  sur  le  commerce  et  l'industrie  des  laines  dans 
les  provinces  péruviennes  de  Cuzco  et  de  Puno.  Il  se  met 
d'ailleurs  à  sa  disposition  pour  toute  demande  des  productions 
du  pays  qu'il  habile. 

—  M.  le  président  de  la  Société  d'agriculture  et  d'horticul- 
ture de  Yaucluse  annonce  que  les  commissions  chargées  de 
visiter  les  cultures  de  Coton  du  département  ont  déjà  constaté 
des  résultats  satisfaisants,  et  appelle  la  bienveillante  attention 
de  la  Société  sur  celles  de  M.  Férigoule,  fermier  de  M.  le 
marquis  de  Grolée  Virville,  dans  l'île  de  Courtine,  qui  a  obtenu 
le  succès  le  plus  remarquable. 

—  En  écrivant  à  M.  le  Président  pour  solliciter  leur  admis- 
sion au  nombre  des  membres  de  la  Société,  M.  le  baron  du 
Teil  et  son  frère  font  remarquer  qu'ils  ont  été  les  premiers  à 
entreprendre  la  plantation  du  Cafier  sur  une  grande  échelle 
au  Guatemala,  et  qu'ils  y  ont  obtenu  des  succès  très-remar- 
quables. Ils  s'occupent  actuellement  de  l'acclimatation  du  Ver 
à  soie  introduit  à  Guatemala  par  M.  Laprade  (d'Aubenas)  et 
de  celle  de  la  Vigne. 

—  M.  r)rierre  de  Saint-iïilaire  (de  Riez)  adresse,  à  la  date 
du  7  et  du  21  août,  deux  nouvelles  lettres,  accompagnées  de 
dessins,  sur  ses  cultures  de  végétaux  exotiques. 

—  La  Société  d'horticulture  de  l'Aube  offre  ses  remercî- 
ments  pour  un  envoi  de  graines  qui  lui  a  été  récemment  adressé. 

—  M.  le  Président  transmet  un  Mémoire  manuscrit  de 
M.  Alfred  Leroux,  soumis  en  1860  à  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de 
l'instruction  publique,  sur  un  projet  d'organisation  d'un 
jardin  d'acclimatation  à  Marseille,  destiné  à  faciliter  l'intro- 
duction en  France  des  animaux  et  des  végétaux  originaires  des 

contrées  orientales. 

Le  Secrétaire  des  séances, 

L.  SOUBEIRAN. 


Ilî.  FAITS  DIVERS  EÎ  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Lettre  adressée  par  M.  le  docteur  Berg  ,  délégué  de  la  Société  à  l'île  de 
la  Réunion,  à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Saint-Denis,  lo  6  juillet  1863. 
Monsieur  le  Président, 
J'ai  l'honneur  de  vous  accuser  réception  de  votre  lettre  contenant  une  copie  de 
celle  que  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies  vous  avait  adressée, 
le  30  avril  dernier.  J'en  ai  immédiatement  donné  connaissance  au  comité  qui  m'a 
chargé  de  vous  transmettre  Texpression  unanime  de  ses  vifs  et  bien  sincères 
remercîments  pour  l'intérêt  si  bienveillant  que  vous  n'avez  jamais  cessé  de  porter 
à  notre  œuvre.  La  colonie  entière,  qui  applaudit  à  nos  eti'orts  et  nous  encourage 
de  ses  adhésions,  est  profondément  reconnaissanle  de  la  haute  protection  que  nous 
avons  rencontrée  auprès  de  Votre  Excellence. 

C'est  qu'en  présence  d'une  crise  diflieile,  dont  la  principale  cause  peut  être 
rattachée  à  la  permanence  d'une  culture  exclusive  et  intensive,  elle  mesure  avec 
justice  l'étendue  des  services  que  la  Société  d'acclimatation  peut  lui  rendre,  en 
introduisant  de  nouvelles  espèces  animales  et  végétales,  et  en  exploitant  par  une 
expérimentation  pratique  l'histoire  naturelle  sur  les  êtres  vivants. 

J'ai  l'honneur,  monsieur  le  Président,  de  vous  accuser  réception  d'un  paquet  de 
craines,  qui  nous  a  été  remis  par  notre  collègue  M.  Auguste  Viiison.  Ces  envois 
de  la  Société  impériale  ont  fait  le  plus  grand  plaisir  dans  la  colonie. 

Déjà,  je  puis  vous  annoncer  que  le  Clienopodium  quinoa  est  une  plante  alimen- 
taire nouvelle  assurée  dans  l'île.  Les  graines  â'Ailantv  ont  bien  levé.  Il  en  est 
de  même  du  Calh-sé  et  de  VOxaiis  crenala,  etc. 

La  Société  coloniale  possède  tous  les  appareils  nécessaires  à  la  pisciculture.  Si 
la  saison  était  favorable,  nous  entreprendrions  la  fécondalion  artificielle  des  pois- 
sons d'eau  douce  delà  colonie,  tout  en  attendant  les  œufs  de  Truite  cl  de  Sau- 
mon qui  nous  sont  annoncés  pour  la  fin  de  l'année. 

D'après  ce  que  je  vois,  il  nous  sera  bien  diflieile  de  vous  faire  parvenir  des 
Couramis.  Ceux  expédiés  par  M.  Mânes  sont  morts  à  Alexandrie.  Ne  serait-il  pas 
possible  de  vous  expédier  des  œufs  fécondés  de  ce  délicieux  poisson  ?  C'est  ce  que 
nous  nous  [u-omellons  d'essayer. 

Nous  avons  introduit  dans  la  colonie  tous  les  arbres  forestiers  de  France,  qui 
réussiront  certainement  dans  l'intérieur,  sur  les  plateaux  élevés.  Le  comité,  dans 
sa  séance  du  l*^''  de  ce  mois,  a  décidé  que  la  serre  qui  les  renfermait,  serait 
expédiée  à  la  Société  impériale  avec  des  plants  d'arbres  utiles  indigènes.  Entre 
autres  espèces,  nous  avons  l'intention  de  vous  adresser  des  plants  de  Tanrouge, 
arbre  dont  les  fleurs  fournissent  aux  abeilles  les  éléments  du  miel  verl,  parti- 
culier à  l'île  r.ourbon. 

Par  celte  malle  ,  j'adresse  à  M.  René  Caillaud  une  nolice  sur  les  cours  d'eau 
de  la  colonie,  leur  régime,  leur  nature,  leur  lemiiérature,  etc.  Nous  allons  nous 
mettre  à  l'œuvre  pour  l'ostréiculture,  en  faisant  venir  de  Maurice  des  Huîtres  lai- 
teuses qui  seront  semées  sur  les  côtes  de  la  partie  sous  le  vent  de  l'île. 

Permettez-moi,  monsieur  le  Présitlent,  de  terminer  cette  lettre  en  vous  expri- 
mant de  nouveau  combien  nous  vous  sommes  reconnaissants  de  l'intérêt  et  de  la 
bonté  avec  lesquels  vous  accueillez  nos  demandes.  Une  telle  preuve  de  sollicitude, 
émanant  de  si  haut,  nous  encourage  dans  nos  efforts  et  nous  ratTermit  dans  le 
désir  ardent  de  rendre  à  la  colonie,  qui  vous  compte  au  nombre  de  ses  bienfai- 
teurs, des  services  qu'elle  a  su  apprécier  à  l'avance. 
Veuillez  agréer,  monsieur  le  Président,  etc. 

Lo  délégué  de  la  Société  impériale  d'accliinalalion. 
Signé  D''  Berg. 


FAITS   DIVERS.  '  577 

Extrait  d'une  lettre  adrestiéc  par  M.  Dklaporte,  consul  ijcnéral  de  France 
à  Bagdad,  à  S.  Exe.  M.  le  Minisirc  des  affaires  étranQères. 

Bagdail.lc  22  juillet  1803. 

Monsieur  le  Ministre, 

M.  Weber  a  bien  voulu  mettre  à  ma  ilisposilion  son  navire  pour  le 

transport  gratuit,  de  Bassora  à  Maiseille,  de  la  collection  d'oiseaux  dont  j'ai  eu 
l'honneur  de  parler  à  Votre  Excellence,  à  la  fin  du  premier  rapport  de  mon  voyage 
en  Babylonie,  etc.,  en  date  du  '21  janvier  dernier,  n"  7,  collection  qui  s'est  coii- 
sidérablenient  accrue  depuis  cette  époque. 

Par  la  lettre  particulière  que  Votre  Excellence  m'avait  l'ait  l'honneur  de  m'écrirc, 
en  date  du  20  juin  18(J0,  elle  m'avait  transmis  une  liste  de  M.  (leoffroy  Saint- 
Hilaire,  contenant  l'indication  des  animaux  intéressants  que  je  pourrais  procurer 
à  notre  Jardin  zoologiipie  du  bois  de  Boulogne.  Dans  ses  desiderata,  ce  savant 
proresseur  attachait  le  plus  grand  prix  à  posséder  diverses  Grues. 

Je  me  fais  un  jdaisir,  monsieur  le  Ministre,  d'annoncer  à  Votre  Excelleace 
que  je  joindrai  à  la  collection  sus-mcntiunnée  quatre  Grues  énormes  qu'on  pren- 
drait pour  de  jeunes  Autruches,  et  cinq  Grues  demoiselles  de  Numidic,  d'une  beauté 
remarquable. 

Je  suis  persuadé  ,  monsieur  le  .Ministre  ,  que  ces  charmantes  bêles  seraient  du 
plus  bel  etlet  dans  l'enceinte  d'un  des  petits  parcs  de  notre  Jardin  zoologique,  sous 
l'ombrage  duquel  elles  se  promèneraient  tout  l'été  ;  à  l'aide  de  quelques  précautions 
pour  les  garantir  du  froid  de  notre  rigoureux  hiver,  on  les  acclimaterait  aisé- 
ment, ce  qui  serait  précieux,  car  leur  chair  ressemble  îi  celle  du  Dindon  et  ne  lui 
cède  guère  en  qualité. 

Je  m'empresse  également  de  donner  avis  à  Votre  Excellence  que  je  joindrai 
à  cet  envoi  un  Castor  mâle,  que  je  liens  enfermé  dans  une  forte  cage  plongée  à 
demi  sur  les  bords  du  Tigre.  Cet  animal  y  prend  ses  ébats  à  volonté  pendant  le 
jour,  et  le  soir  on  le  conduit  dans  une  chambre  où  il  passe  la  nuit. 

Ma  collection  se  com|)ose  aujourd'hui  de  : 

o<S  Francolins,  mâles  et  femelles;  30  Perdrix  du  désert,  dont  G  sont  d'une 
espèce  nouvelle  et  qui  me  semble  fort  curieuse  ;  15  Perdrix  d'Arabie,  dont  l'accli- 
matation est  bien  facile ,  car  on  les  élève  dans  les  basses-cours  comme  des 
poules  ordinaires;  G  Oies  rouges  à  ailes  blanches  et  noires,  des  bords  de  TEu- 
phrate  ;  10  Oiseaux  bleus  des  bords  du  Tigre  et  de  l'Euphrate.  C'est  le  Porphy- 
rion  des  anciens.  Aiistote  dit,  en  parlant  de  cet  oiseau,  que  «  les  Romains  le 
»  faisaient  venir  pour  le  nourrir  et  le  placer  dans  les  palais  et  dans  les  temples, 
»  où  on  le  laissait  en  liberté,  comme  un  hôte  digne  de  ces  lieux  par  la  noblesse 
>)  de  son  port,  par  la  douceur  de  son  naturel  et  par  la  beauté  de  son  plumage 
»  bi  illant  et  riche  en  couleurs  mêlées  de  bleu  pourpre  et  de  vert  d'algue  marine  »  ; 
2  Houbaras  ;  5  différents  Oiseaux  dont  les  noms  me  sont  inconnus;  4  grandes 
Grues;  5  Grues  demoiselles  de  Numidie  ;  l  Ca4or  mâle;  G  Poules  noires  de 
l'Euphrate. 

Indépendamment,  monsicm-  le  Ministre,  des  frais  d'entretien  de  cette  ména- 
gerie, que  je  désire  garder  à  ma  charge,  je  pourvoirai  à  toutes  les  dépenses  ulté- 
rieures occasioimées  par  cet  envoi  de  Bagdad  jusqu'à  Marseille,  tels  que  frais  de 
confection  de  cages,  nolis  delà  barque  qui  doit  les  transporter  de  Bagdad  à  Bas- 
sora, enfin  la  nourriture  de  cette  ménagerie  pendant  le  trajet  sur  mer. 

Je  me  réjouis  avec  Votre  Excellence,  monsieur  le  Ministre,  du  développement 
queprenl  notre  Société  zoologique  d'acclimatation;  c'est  là  une  institulion  émi- 
nemment utile,  au  double  point  de  vue  de  la  satisfaction  de  l'esprit  et  de  l'avan- 
tage matériel  dont  elle  sera  pour  notre  pays. 

Soyez  assuré,  monsieur  le  Ministre,  que  je  saisirai  avec  empressement,  en  ma 
qualité  de  délégué,  toutes  les  occasions  d'èlrc  utile  à  la  Société. 

T.  X,  —  Septembre  1SG3,  37 


578       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'acCLIMâTATION. 

Dans  le  cas  où  il  serailinteressatit,  pour  notre  Jardin  zoolugiqiie  d'accliniatatioii, 
lie  posséder  quelques  sujets  de  vingt-huit  espèces  de  |)oi3sons  qui  peuplent  le 
Tigre  ou  l'Euphrate,  tels  que  le  Cliaboul,  nom  arabe  d'un  poisson  qui  peut  reui- 
l'iacer  avec  avantage  le  Saumon,  et  dont  certains  individus  pèsent  jusqu'à  30  kilo- 
i^rainmes  ,  on  d'avoir  des  renseignements  sur  un  objet  de  botanique  ,  je  [irie 
Votre  Excellence  de  nio  lu  faire  savoir. 

Veuillez  agréez,  monsieur  le  Ministre,  etc.  6/f/»e' l>ELAi'OHTt. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe  iJ.  Drolv.n  de  Liiuys  a  MM.  les  Membres 
y  du  Conseil  de  la  Société. 

Paris,  le  1"  sciitcinbro  1863. 
Messieurs  et  cliers  Collègues  , 
Monseigneur  Guillemin  ,  évèque  missionnaire  du  Quang-tong  et  du  Quang-si, 
ayant  appris  par  une  circulaire  de  la  Société  d'acclimatation  le  désir  du  Conseil 
de  recevoir  de  la  graine  d'Ortie  blanche,  dont  on  se  sert  en  Chine  comme  matière 
textile,  m'envoie,  pour  vous  cire  offerte  en  son  nom,  une  caisse  renfermant  : 
I"  dix  livres  de  graine  de  cette  plante;  T  un  spécimen  <le  la  lige  filamenteuse 
qu'elle  produit;  3"  des  spécimens  des  tissus  fabriqués  avec  ces  filaments. 

Je  ni'empiesse  de  vous  faire  parvenir  la  caisse  dont  il  s'agit,  qu'à  l'occasion  de 
son  retour  en  Europe,  M.  le  comte  de  Kleezkowslu,  secrétaire  de  la  légation  de 
l'Empereur  à  Pékin,  a  bien  voulu  apporter  avec  lui  à  Paris. 

Veuillez  agréer,  etc.  Droij"\n  de  Lhuys. 

Culture   du    iafier   e<    «-(liK'alion    «lia    Ver   à   soie   tlu   ^lùrier 

à   Cîuatettiala. 

Nous  extrayons  d'iiiie  letîre  adressée  à  M.  le  Prcsicleiil  par  M.  le  baron 
du  Te  il  les  passages  suivants  : 

Depuis  sept  ans  novts  fai-ons  de  l'agricul  ure  daas  la  république  de  Guatemala, 
et  nous  avons  été  les  premiers  à  entreprendre  la  plantation  du  Cafier  sui'  une 
grande  échelle  en  luttant  contre  le  préjugé  et  l'ignorance,  et  c'est  en  récompense 
de  la  dilTicnlté  vaincue  et  du  fait  acquis  à  nos  eflorts  que  nous  avons  été  nonmiés 
d'ollice  membres  correspondants  de  la  Société  économique  des  amis  de  Guatemala. 
Nous  vous  envoyons  ci-joint  un  conqite  rcmlu  fait  à  la  Société  économique,  qui 
sera  pour  vous  la  preuve  de  ce  que  nous  avançons,  en  vous  faisant  remarquer 
qu'il  date  de  18b  I  ,  et  que  depuis  nous  avons  obtenu  des  recolles  plus  fortes, 
nous  avons  augmenté  considérablement  les  séchoirs  et  bâtiments  d'exploitation, 
et  aujourd'hui  les  jdus  grands  détracteurs  de  la  culture  du  Café  sont  les  premiers 
à  planter  et  à  nous  suivre  dans  la  voie  que  nous  avons  ouverte.  Nous  vous  remet- 
tons aussi  iiu'lus  une  photographie  de  l'Iiabitation,  qui  vous  fera  apprécier  ce  que 
peuvent  un  travad  constant  et  une  volonté  ferme  dans  la  lutte  du  pionnier  contre 
la  lorèt. 

Maintenant  nous  sommes  fort  occupés  de  l'acclimatation  du  Ver  à  soie,  et  les 
résultats  que  nous  avons  obtenus  connne  essai  avec  la  graine  du  Japon  nous 
fout  espérer  un  plein  succès  pour  tous  les  mois  secs  de  l'année.  Cette  nouvelle 
industrie  a  été  apportée  ici  par  M.  Laprade,  filateur  d'Auhcnas,  qui  est  directeur 
d'ime  Société  pour  l'introduction  du  Ver  à  soie  au  Guatemala,  formée  à  Lyon  par 
la  maison  Arles  Dufour  etC^^. 

Nous  avons  aussi  fait  des  essais  de  culture  de  Vignes  qui  n'ont  pas  encore  pro- 
duit. Les  ceps  poussent  avec  vigueur,  mais  peut-être  la  chaleur  sera-t-elle  un 
obstacle  dans  notre  département,  bien  que  nous  ayons  des  exemples  encoura- 
geants dans  qucli]ues  parties  plus  chaudes  du  iNMcaragua. 

Veuillez  agréer,  etc.  :iigno   Baron  m  Teil. 


FAITS  DIVERS.  579 

Lctire  adressée  par  S.  Exe.  M,  le  niarvchal  riANDO>,  chargé  par  intérim 
du.  ministère  de  la  marine  et  des  colonies,  à  S.  Exe.  M.  Drouy.x  de 
I.HL  vs.  président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Paris,  lo  24  seplcmbre  18G3. 
Monsieur  le  Ministre  et  cl)er  collègue. 

Vous  m'avez  fait  riionneur  de  m'écrire  pour  m'annoiicer  qu'un  Comité  de  pis- 
ciculture s'était  fondé  à  Marseille  sous  l'initiative  de  M.  Lucy,  receveur  général 
des  Bouclics-du-Pilione. 

Je  recevrai  avec  plaisir  communication  des  travaux  de  ce  comité,  et  je  puis 
vous  doimer  l'assurance  que  le  déparlement  de  la  marine  lui  accordera  toutes  les 
facilités  dont  il  pourra  avoir  besoin.  J'écris  aujourd'hui  même  dans  ce  sens  au 
in'éfet  maiitime  de  Toulon. 

Je  remercie  d'ailleurs  Votre  Excellence  de  m'avoir  informé  de  la  création  du 
Comité  de  iiisciculture  de  Marseille,  et  je  la  prie  de  vouloir  bien  continuer  à  me 
tenir  au  courant  de  toutes  les  opérations  se  ratlacliant  à  la  pèche  maritime,  qui 
pourront  être  entreprises  sous  le  patronage  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Agréez,  etc. 

Le  Maréchal  Mimslrc  de  la  guerre,  chargé  par  intérim  du  minisleye 
de  la  marine  cl  des  colonies. 

Signé  Kandois- 


Sur  !e  froï»i«gc    fa\*osî   llolhinde,   talirlqué   par  M.    Richard 

(«lu  Cantal)» 

.Nous  avons  publié  dans  le  numéro  précédent  un  ilapporl  de  M.  i'.ichaid 
(du  Cantal  sur  la  fabncalion  d'un  fromage  préparé  comme  le  fromage  dit 
de  Hollande,  cl  cpii  a  la  même  forme  et  la  même  couleur.  iNous  croyons 
devoir  reproduire  ici  une  note  qui  nous  a  été  adressée  sur  ce  sujet  par 
VI.  Viennot  : 

«  Après  une  expérience  à  laquelle  il  nous  a  été  donné  de  prendre  part,  dit 
l'auteur  de  cette  note,  nous  sommes  convaincu  que  la  tentative  de  M.  Uicliard 
a  complètement  réussi,  et  que,  grâce  à  lui,  le  Cantal  et  la  France  possèdent 
aujourd'hui  un  produit  de  plus,  qui  sera  une  source  nouvelle  de  richesse. 

»  Yi.  Uicliard  avait  envoyé  à  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys  un  de  ses  nou- 
veaux fromages.  Le  jour  où  il  fut  ouvert,  (juelques  personnes  distinguées  et 
Irès-bons  juges  se  trouvaient  invitées  à  dîner.  C'étaient  M.  le  ministre  d'Italie, 
M.  le  comte  l'asolini  et  M.  Matteuccl,  tous  deux  anciens  membres  du  cabinet 
de  Turin,  S.  Exe  .M.  Barrot,  ambassadeur  de  France  à  Madrid,  Î\I.  le  général 
Princeteau,  J\I.  le  marquis  de  DannoviUe,  iM.  le  baron  d'André,  etc.,  etc. 
'J'ous  les  convives  furent  d'avis  que  ce  fromage  égalait,  s'il  ne  surpassait  les 
meilleurs  fromages  de  Hollande  ,  et  l'on  fit  même  la  juste  observation  qu'il 
avait  quelque  chose  de  plus  onctueux  au  goût  que  ces  derniers.  » 


IV.   CHRONiaUE. 


La  péchc  du  Hareng  (Ian<i$  le   Royaume-Uni. 

Par  M.  T.  C.  Yiennot, 
Fiédaclcur  au  minislcrc  des  affaires  élraiigèrcs. 

La  pèolicdii  Hareng  (CUipca  harciKjus)  conslilue  tiiio  clesgriiiùle^  ^iches^>es 
des  populations  du  littoral  niarilinic  de  la  Grande-Bretagne,  et  les  naturalistes 
de  ce  pays  doivent  à  leurs  éludes  sur  les  faits  qui  se  passent,  pour  ainsi  dire, 
sous  leurs  yeux,  d'avoir  pu  rectifier  une  foule  de  notions  enonées  sur  les 
mœurs  et  les  habitudes  de  cette  précieuse  espèce  alimentaire.  Un  article  du 
Lnndoii  illuMvated  Xeivs,  du  22  août  dernier,  contient,  à  cet  égard,  des  ren- 
seignements puisés  aux  sources  les  plus  récentes,  et  que  nous  allons  résumer. 

Tandis  qa"en  Angleterre  cette  industrie  jouit  d'une  entière  liberté,  en 
Ecosse  la  pèche  du  Hareng  est  réglementée  par  une  loi,  et  soumise  à  la  sur- 
veillance d'une  commission  spéciale.  Les  bateaux  qui  s'y  livrent  ne  peuvent 
jeter  leurs  filets  en  mer  qu'après  le  couclier  du  soleil,  et  doivent  se  servir 
de  filets  d'une  certaine  nature,  auxquels  on  domie  la  plus  grande  dimen- 
sion possible,  pour  se  dédommager  de  la  limite  lixée  à  la  durée  de  l'opéra- 
tion. Aussi  n'est-il  pas  rare  de  voir  de  ces  filels,  joints  bout  à  bout,  et  dont 
un  flotteur  marque  l'extrémité,  mesurer  jusqu'à  un  mille  de  long  (un  tiers 
de  lieue  fran(;aise).  Le  matin,  on  relire  le  poisson  qui  s'est  engagé  dans  les 
mailles,  et  on  le  rapporte  à  lerre,  pour  l'expédier  sur-le-champ  à  l'état  frais, 
par  les  chemins  de  fer,  dans  les  grands  centres  de  consommation,  ou  bien 
pom-  le  saler  et  renfermer  dans  des  barils  qui  doivent  portei'  l.i  marque  des 
commissaires  des  pêcheries,  connue  garantie  que  la  préparation  est  conforme 
aux  règlements. 

Les  profits  de  la  pèche  du  Hareng  sont  si  considérables,  que  les  marins 
trouvent  aisément  des  spéculateurs  qui  leur  avancent  l'argenl  de  première 
mise,  et  que  le  nombre  de  bateaux  s'accroît  clKKjue  année.  Le  seul  port  de 
Wick,  en  Ecosse,  compte,  en  1863,  une  flottille  de  douze  cents  barques  con- 
sacrées à  cette  pèche.  Mais  déjà  elle  présente  des  symptômes  de  décroisse- 
menl  et  d'inégalité  qui  justifient  les  craintes  émises  au  sujet  de  la  destruction 
dont  parait  menacé  le  Hareng ,  connue  lant  d'autres  ])roduits  de  la  mer, 
auxquels  la  guerre  acharnée  que  leur  fait  riiomme  en  toute  saison  ne  laisse 
pas  le  temps  de  se  perpétuer. 

Un  pareil  résultat  serait  d'autant  plus  grave  que  les  anciennes  idées  sur 
la  fécondité  inépuisable  de  ce  poisson,  ([ue  l'on  supposait  vivre  de  i)référence 
dans  les  mers  polaires,  et  ne  descendre  dans  nos  latitudes  ([u'à  l'époque  de 
la  reproduction,  sont  désormais  reléguées  parmi  les  hypothèses  démenties 
par  robservation.  Ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  John  Milchell,  de  Leilh, 
(pii  se  propose  de  publier  i)rochainement  uu  ouvrage  sur  l'histoire  naturelle 
de  cette  espèce,  le  Hareng  se  rencontre  rarement  dans  les  régions  arctiqu(^^, 
cl  n'est  pas  un  objet  dépêche  coiuantc  dans  les  parages  du  (iroenland  et  de 


CHRONIQUE.  581 

l'Fslando.  l'iis  aux  abords  du  cap  Statland,  *'.n  Aorvége,  il  esl  deux  fois  plus 
gros  qu'aux  enviions  de  l'île  Sliolland,  et  les  poissons  de  cette  dernière  pro- 
venance sont  doubles  en  grosseur  des  Harengs  pris  à  Thurso,  sur  la  côte 
d'Ecosse.  D'autre  part,  le  Hareng  de  Thurso  est  beaucoup  plus  petit  que 
ceux  de  Man,  de  Miucli  et  de  Loch  .lync,  ainsi  que  de  Caithnen  et  de  Wick, 
et  il  est  notablement  surpassé  en  ditnep.sion  par  ceux  que  l'on  pêche  plus 
au  sud  encore,  près  d'Aberdeeii,  de  Jile  et  de  Berwick.  Les  partisans  de  la 
théorie  de  l'origine  septentrionale  du  Hareng  seraient  donc  conduits  à  admet- 
tre l'existence  de  deux  espèces,  dont  l'une  diminuerait  et  dont  l'autre  augmen- 
terait de  taille  à  mesure  qu'elles  s'éloigneraient  du  nord,  suppositions  éga- 
lement inadmissibles,  si  l'on  songe  qu'il  s'agit  du  déplacement  de  poissons 
déjà  parvenus  à  leur  pleine  croissance. 

Kn  réaUlé,  ces  migrations,  que  les  ichlhyologistes  du  siècle  dernier  décri- 
vaient sous  des  couleurs  si  poétiques,  n'ont  jamais  existé.  On  a  pris  pour 
l'arrivée  périodique  de  bancs  voyageurs  l'apparition  annuelle,  sur  nos  côtes, 
(lu  Hareng,  que  son  instinct  porte  à  s'en  rapprocher  au  moment  de  la  ponte. 
Loin  d'être  un  poisson  migratoire,  le  Hareng  est  essentiellement  fixe,  et 
constitue  autant  de  variétés,  pour  ainsi  dire,  que  de  localités,  variétés  dont 
la  saveur  dillère  avec  la  nature  des  fonds  sur  lesquels  on  les  prend.  Les  pé- 
cheurs savent  distinguer  au  goût  le  poisson  de  Wick  de  ses  congénères  du 
Loch  Jyne  ou  de  Dnnbar.  Selon  Al.  John  Clegliorn,  de  Wick,  qui  a  spécia- 
lement élucidé  la  question  de  ces  prétendues  migrations,  dans  un  travail  lu 
à  la  réunion  de  V Association  hritanniqui:  pour  l'avancement  des  sciences, 
les  pécheurs  du  port  de  sa  résidence  se  plaignent  d'être  obligés  d'employer 
aujourd'hui  quatre  fois  plus  de  filets  qu'il  n'en  fallait,  il  y  a  vingt  ans,  pour 
capturer  la  même  quantité  de  poisson  ;  le  produit  du  niois  de  juillet,  jadis 
abondant,  est  tom!)é  à  un  chilïre  insignifiant,  et  la  pêche  du  mois  d'août 
tend  aussi  à  diminuer.  M.  Clegliorn  en  conclut  que  les  parages  de  l'Ecosse 
sont  peuplés  d'un  certain  nombre  de  races  dont  la  maturité  correspond  à 
des  époques  distinctes  de  l'année.  La  race  qui,  arrivée  à  l'état  adulte  en  juillet, 
s'approchait  alors  de  la  côte  pour  y  pondre  ses  œufs  (moment  où  elle  était 
surtout  exposée  à  tomber  dans  les  filets  des  pêcheurs;,  serait  déjà  presque 
épuisée,  et  le  même  sort  serait  imminent  pour  la  race  q«i  ne  pond  qu'au 
mois  suivant. 

Un  autre  savant,  qui  a  choisi  pour  champ  de  ses  études  le  port  de 
Peterhead,  et  qui  n'est  pas  nommé  par  l'auteur  de  l'article  que  nous  analy- 
sons, aurait  poussé  ^es  observations  assez  loin  pour  formuler  dès  à  présent 
les  conclusions  suivantes,  basées  sur  les  réponses  faites  à  ses  questions  par 
les  hommes  du  métier  les  plus  expérimentés  : 

1"  On  rencontre  souvent  en  mer  des  myriades  de  Harengs  encore  dans 
leur  premier  âge.  Les  jeunes  poissons  grandissent  très-rapidement;  on  peut 
pécher  sur  la  côte,  pendant  toute  l'année,  des  individus  doni  la  croissance 
est  plus  ou  moins  avancée. 

2''  Le  HariMig  fraye  siu'  les  Ibiids  de  rociie  on  parsem^'s  de  pierres,  qui  peu» 


582       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION, 

venl  offrir  aux  œufs  un  point  d'attacho  ;  les  individus  très-jeunes  ne  se  trou- 
vent jamais  que  sur  des  fonds  de  cette  nature. 

3°  Les  bancs  de  Harengs  adultes,  suidés  par  la  loiiip('ratnre  plus  élevée 
des  eaux  moins  profondes,  so  dirig;enl  du  large  vors  leliltoral  pour  y  opérer 
leur  ponte.  Dès  qu'elle  est  passée,  ils  se  liaient  de  regagner  les  lieux  où  ils 
trouvent  leur  nourriture,  avec  une  rapidité  comparal)le  à  celle  du  ihe\ al  de 
course  parcourant  sa  piste. 

Il"  Jusqu'à  ce  qu'il  ait  accompli  l'œuvre  de  la  reproduction,  le  Hareng  ne 
change  guère  de  place,  et  se  contente  de  se  tenir  près  du  fond  de  l'eau.  Au 
contraire,  après  qu'ils  ont  frayé,  les  mêmes  poissons  se  font  remaniuer  par 
l'agilité  de  leurs  mouvements. 

5"  D'après  ce  qui  précède,  sachant  qu'un  banc  de  Harengs  œuvés  ne 
s'éloignera  pas  des  localités  où  il  se  montre,  les  pêcheurs  auxquels  leur  proie 
fait  défaut  le  rencontreront  le  plus  sûreinent  en  s'éloignant  du  rivage. 

6°  Dès  qu'ils  ont  rencontré  le  banc,  ([ui  tend  toujours  à  se  rapprocher 
de  terre,  les  pêcheurs  devront  faire  volte-face,  et  jeter  leurs  filets  en  se 
tenant  de  plus  en  plus  en  vue  de  la  côte,  jusqu'au  moment  où,  la  ponte 
étant  terminée,  le  Hareng  se  précipite  vers  la  haute  mer  pour  reprendre  ses 
gîtes  habituels.  

— -  On  Ut  dans  le  Londun  Uhistrated  Netrs  du  18  juillet  1863  : 

La  Société  zoologique  de  Londres  vient  d'acquérir  et  de  placer  dans  la 
vaste  oisellerie  du  Jardin  zoologique  de  Picgent's  Park  deux  spécimens  du 
Tantale  de  l'Afiupie  occidentale.  Ce  genre,  formé  par  Linné,  comprend  plu- 
sieurs espèces  d'oiseaux  analogues  à  l'I  bis  sacré  par  leur  structure  analomique, 
mais  en  différant  par  leur  bec  plus  gros  et  plus  fort  ;  il  forme  ainsi  l'anneau 
intermédiaire  entre  l'Ibis  et  ses  congénères,  d'une  part,  et  les  Cigognes,  de 
l'autre.  Les  ornithologues  ne  connaissent  encore  que  quatre  espèces  rentrant 
dans  ce  groupe  :  l'une  habite  le  Mexique  et  l'Amérique  du  Sud,  une  autre  se 
trouve  en  Afrique,  et  les  deux  autres  sont  originaires  des  Indes  orientales  et 
de  l'archipel  malaisien.  Jusqu'à  présent  le  Jardin  zoologique  d'Anvers  était 
le  seul  qui  possédât  un  individu  vivant  du  Tantale  africain.  Ceux  qu'on  voit 
à  Londres  ont  encore  le  plumage  brun  du  jeune  âge  :  à  l'état  adulte,  ce  plu- 
mage est  d'un  blanc  de  neige  éclatant,  avec  une  handi'  rosée  sur  chaque 
aile  :  le  bec  est  jaune  et  les  pattes  rouges. 


SOCIKTf:    ANONYME 


DU 


J.\RI)i\  ZilOLOlHOl  E  D'ACCIJMVTATIOX  DU  BOIS  DE  ROlLOfiNE. 


P5  APPORTS 

PRÉSENTÉ?    AUX    ASSFMBLÉKS    GÉNÉRALES    ORDINAIRES    DES    ACTIONNAIRE? 
(lu  29  avril  ISG'i  et  (lu  :;0  avril  1803.' 

Par    ^l.    E.    lîlF/,    5>E    L.%Vg!ijO\, 

DireclL'iir  (lu  jardin. 


(S(^anre  du  29  avril   1862.) 


Messiei'rs, 

Il  vous  a  été  rendu  compte  précédennnent  des  dépenses  qui  ont  eu  lieu 
pour  l'(jtal)li5seinent  du  Jardin  zoologiqiie  jus(|u'au  jourde  son  ouverture, 
9  octobre  1800,  et  de  colles  qui  ont  été  faites  pendant  les  trois  mois  qui 
ont  suivi  cette  ouverture,  c'est-à-dire  jusqu'au  31  décembre  1860.  J'ai 
été  cliargé  par  le  Conseil  d'administration  de  vous  soumettre  aujourd'hui 
les  comptes  de  l'exercice  de  I  86  1. 

Je  commencerai  par  mettre  sous  vos  yeux  l'inventaire  au  31  décembre 
1861,  ipii  vous  permet  d'apprécier  la  situation  financière  de  la  Société. 

Inventaire   au   31  décembre   1861. 
COMPTE    DE    CAPITAL. 


Actif. 

Dépenses   antérieures   à  l'ouverture  tlu 
Jardin 67,0,')^    90 

Cr(''ation  du  .lardin,  con- 
structions, achat  d'ani- 
maux et  de  mobilier.  .       9.')2,02G  i9 

D(^penses  extraordinai- 
res pour  ciiauU'at^e  des 
serre?  en  1S(H 2:>,8:!,)  âG 


1  ,(i'i:^/iio  S') 


Paasif. 

Actions 1,000,000     » 

Mouvement  des  actions,  1,650     » 

IriKJrèts 17,339  30 

Vente  de  briques 317     » 

Excédant  des  dépenses.  24,110  50 

1,043,416   85 


/' 


bSli       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

COMPTE    d'FAPLOITÂTION. 


Actif. 

Excédant  des  dépenses  du 
capital '2'i,no  ÔO 

Dépensi^s  de  l'exploitation 
18C0 .     31,006  Sô 

Dépenses  de  l'exploitation 
1861 206,530   20 

Dépenses  extraordinaires 
1862  et  1863 8,030  ZiO 

Compte  des  profils  et  pertes     12,174  04 

Caisse '22,080    19 

Cautionnement 5,000     » 

Animaux  d'après  inven- 
taire       00,254   00 

Mobilier  d'après  inventaire     10,005  04 

Comptescourantsdébiteurs    43,753  30 


'120,020   78 


Passif. 

lîeccltes  de  l'exploitation 
1800 36,049  25 

Recettes  de  l'exploitalion 
1801 245,877  80 

Comples  courants  crédi- 
teurs       50,100  43 

Excédant  de  l'actif 90,933   30 


429,020  78 


Ainsi  toutes  les  constructions,  si  nombreuses  et  si  variées,  qui  compo- 
sent le  Jardin  zoologique,  étant  faites;  les  vastes  travaux  de  terrassement 
et  de  jardinage  qu'il  a  fallu  exécuter,  terminés  ;  les  écuries,  parcs,  volière, 
mao-nanerie,  aquarium,  garnis  des  animaux  qu'ils  doivent  contenir; 
l'outillage  de  tous  les  services  complété  ;  enlin  l'œuvre  que  vous  avez 
voulue,  achevée,  il  se  trouve  que  ces  dépenses  de  première  installation 
s'élevant  à  1,043,416  fr.  85  c,  et  les  recettes  du  capital  social  n'ayant 
été  que  de  1,019,306  fr.  35  c,  ce  premier  compte  d'installation  se  ba- 
lance par  un  excédant  de  dépense  de  24,110  fr.  50  c. 

Ce  résultat,  messieurs,  ne  surprendra,  nous  l'espérons,  personne.  Tous, 
vous  savez  combien,  dans  les  moindres  bâtisses,  il  est  diflicile  de  se  ren- 
fermei'  dans  les  limites  des  devis  primitifs.  Cela  est  proverbial  ;  à  plus 
forte  raison,  dans  une  œuvre  aussi  complexe  et  aussi  considérable  que 
l'édification  du  Jardin  zoologique,  a-l-il  été  impossible  de  restreindre  le 
programme  qu'on  s'était  Iracé.  A  chaque  instant  on  était  tenté  de  l'élargir, 
et  il  a  fallu  bien  des  efforts  pour  arriver  au  but,  seulement  avec  le  modique 
excédant  de  24,110  fr.  50  c.  eu  dépenses. 

En  jetant  les  yeux  sur  cet  inventaire,  vous  verrez  que  néanmoins,  au 
31  décembre  1861,  l'excédant  de  l'actif  était  de  90,933  fr.  20  c.  en 
articles  divers,  c'est-à-dire  que  les  constructions  immobilières  dont  la 
jouissance  vous  est  concédée  pour  quarante  ans  étant  payées,  il  vous 
reste  en  mobilier  et  animaux  dont  vous  pouvez  disposer  un  capital  de 
90,933  fr.  20  c. 

Le  léger  déficit  laissé  par  l'installation  a  donc  été  comblé,  comme  vous 
l'allez  voir,  par  les  bénéfices  de  l'exploitalion. 

Je  vais  maintenant  entrer  dans  le  détail  des  dépenses  de  Texploilation. 
Celles  des  (rois  derniers  mois  de  1860  vous  sont  déjà  connues. 


RAPPORTS   AUX   ACTIONNAIRES   DU   JARDIN.  585 

Dépenses  de  V  exercice  1860. 

Personnel 13,01;îfr.    » 

Nourriture  des  animaux 6,370          » 

Entretien  du  Jardin 5,18:?       05 

Publicité 1,883       50 

Loyer 1,000        35 

Frais  généraux 3,010       35 

Ainsi  ces  dépenses  s'élevaient  à. .      31,000  fr.  85 
Dépenses  de   l'exercice   1861, 

DÉPENSES   ORDINAIRES. 

Personnel 55,848  fr.  43 

Achat  d'animaux 40,435  48                     , 

Frais  d'animaux 300  » 

Nourriture  des  animaux 35,877  98 

Chauffage  des  animaux '207  50 

Frais  des  serres 4, '231  70 

Entretien   des  bâtiments 6,149  08 

Entretien  des  clôtures 560  39 

Outillage 3,101  '20                      ■ 

Publicité 0,144  95 

Frais  de  bureau 1,194  35 

Correspondance 1,414  70 

Chaufîage 2,913  95 

Charrois 214  25 

Loyer 1,000  35 

Assurances 475  90 

(iratifications 459  » 

Frais  généraux 10,850  70 

Annuité  des  serres 15,000  » 

Ces  dépenses  se  sont  élevées  à. .    200,530  fr.  20 
DÉPENSES    EXTRAORDINAIRES    ET    SUPPLÉMENTAIRES    DK    18G1. 

Animaux  de  i'aquaiiuni 8,039  fr.  40 

Dépenses  extraordinaires  pour  l'appareil  de  chauffage 

des  serres  en  180 1  porté  au  compte  de  capital.  .    23,835       46 

Total ~3l7874  fr.  80 

Sous  le  litre  île  dépenses  extraordinaires,  ont  été  rangées  deu.\  dé- 
penses qui  ne  sauraient  être,  par  leiu-  nature,  portées  au  compte  des 
dépenses  or(3inaires  de  l'exercice  1861.  Il  s'agit  d'abord  de  8039  fr. 
40  c.  pour  les  poissons  à  fournir  à  l'aquarium  et  livrables  en  18G2  et 
1863  aux  termes  d'un  marché  passé  avec  .M.Lloyd  (de  Londres). 

En  second  lien,  les  23,83.jfr.  46  c.  ont  été  nécessités  par  les  serres 
et  le  Jardin  d'hiver.  Je  vais  vous  donner  de  plus  amples  détails  sur  cette 
dernière  dépense. 

Il  vous  a  été,  dans  les  rapports  précédents,  longuement  exposé,  com- 
ment l'établissement  connu  sous  le  nom  de  Palais  des  Fleurs  de  Villiers, 
qui  faisait  l'admiration  de  tous  ceux  qui  le  visitaient,  ayant  été  mis  en  vente, 
des  membres  de  votre  Conseil  d'administration,  désireux  de  voir  le  Jardio 
zoologirpie  profiter  de  cette  occasion  pour  s'enrichir  de  l'une  des  plus 
belles    serres  du    monde,  mais  ne  voulant  pas   nue  la  Sori(''té  s'imposât 


586       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

actuellement  une  dépense  considérable,  avaient  ouvert  entre  eux  une  sous- 
cription, afin  d'acheter  le  Palais  des  Fleurs,  de  le  démonter,  de  le  trans- 
porter et  de  le  réédilier  sur  un  plan  nouveau  dii^ue  du  Jardin  du  bois  de 
Boulogne. 

Par  riieureuse  combinaison  d'un  bail,  le  Jardin  zoologiiuie  se  trouve 
avoir  la  jouissance  de  ce  magnifique  Jardin  d'hiver,  sans  avoir  élé  obligé  de 
débourser  une  aussi  grosse  somnie  (pie  celle  qu'eût  exigée  une  acquiîition. 

Une  autre  combinaison,  en  alleruiant  les  serres  à  Al.  Liudeu,  célèbre 
horticulteur  de  la  Belgique,  laissait  espérer  qu'en  y  transportant  son  prin- 
cipal établissement,  31.  IJndeu  donnerait,  parla  beauté  et  larareté  deses 
eolleclions  botaniques,  une  importance  nouvelle  au  Jardin  d'acclimatation; 
qu'il  en  ferait  un  dos  principaux  marchés  de  l'horticulture  et  nous  atti- 
rerait un  surcroît  de  visiteurs.  En  outre,  le  prix  du  fermage  et  la  moitié 
des  droits  perçus  à  l'entrée  des  serres  les  dimanches  et  jours  de  fêle 
devaient  alléger  les  annuités  à  payer  par  la  Société  pour  le  bail. 

Malheureusement  des  contestations  survenues  avec  M.  Linden,  non^seu- 
lement  n'ont  pas  permis  de  réaliser  c(>s  espérances,  mais  ont  conduit 
l'administration  du  Jardin  devant  les  tribunaux,  et  l'ont  obligée  à  faire  les 
dépenses  représentées  par  les  23,835  fr.  46  c. 

En  résumé,  messieurs,  en  écartant  ces  dépenses  extraordinaires  que 
je  viens  de  vous  expliquer,  les  dépenses  ordinaires  du  Jardin  faites  pour 
son  exploitation  nonuale  ont  été  de  '206,536  fr.  26  c.  Je  dois  ajouter,  ce 
i[ne  vous  comprendrez  facilement  :  I"  que  dans  une  première  année  d'ex- 
ploitation, ces  dépenses  ont  dû  être  plus  fortes  qu'elles  ne  le  seront  jamais, 
par  la  nécessité  d'organiser  et  de  compléter  une  foule  de  détails  qu'une 
installation  rapide  n'avait  pu  prévoir  et  f[ui  ne  se  sont  révélés  qu'au  fur 
et  à  mesure  des  besoins  ;  que  par  conséquent  les  budgets  des  années  qui 
vont  suivre  en  seront  moins  gievés  ;  2"  (jue  cette  somme  de  206,536  fr. 
26  c.  est  restée  au-dessous  de  celle  prévue  pour  le  budget  de  1861  parle 
Conseil,  dans  sa  séance  du  31  janvier  de  cette  année;  et  3"  qu'elle  est 
surtout,  ainsi  que  vous  l'allez  voir,  bien  inféiieure  à  celle  des  recettes. 

Receltea  de    1861. 

Entrées  du  Jardin 171 ,875  fr.  50 

iMitrées  des  serres 7,768  50 

Abonnements 155  « 

Vente  d'animaux 37,945  50 

Vente  d'œufs 0,9/13  50            !       . 

Vente  de  plumes .377  50              '.  ■ 

Vente  de  fumier 328  » 

■            Saillies 188  50 

Vente  de  catalogues fil  75 

Vente  de  livrets 3,4 15  55 

Vente  de  notices  de  l'aquarium 201  40 

Buffet     1  I.OiU)  » 

Fermaii'e   des  chaises 500  » 

VeiUe  de  graines  et  plantes 34  0  .')0 

Amendes 21  50 

Voitiu'es  à  bras , 2  90               • '■ 

Intérêts i,135  20 

Transferts 31  Kt              ''     ■ 

Tolnl  ilc^  rfccl(e=  de   180!  .  ,      2'i.">.S77  fr.  SU 


RAPPORTS   AUX   ACTIONNAIRES   DU   JARDIN.  587 

Ainsi,  messieurs,  les  comptes  de  l'exploitation  du  Jardin,  malgré  les 
fAtonnements,  les  imprévus  et  l'inexpérience  de  cette  première  année,  se 
balancent  par  im  excédant  de  recettes  de  39,341  fr.  54  c.  •  . 

Nous  vous  ferons,  en  oulre,  remarquer  que  parmi  les  dépenses,  le  loyer 
desserres,  qui  ligure  pour  I  o.OOO  francs,  est  pour  ainsi  dire  un  placement, 
attendu  qu'aux  termes  du  bail,  il  nous  sera  tenu  compte  des  fermaoies 
payés,  le  jour  où  nous  voudrons  devenir  acquéreurs  des  serres,  ce  qui 
porterait  lebénéfice  de  l'exploitation  1S6!  à  o4,341  fr.  54  c.  Nous  aurions 
donc  été  en  mesure  celte  année  de  constituer  une  parlie  importante  de  la 
réserve,  si  noijs  n'avions  eu  à  pourvoir  au  cautionnement  et  aux  dépenses 
extraordinaires  que  je  viens  de  vous  faire  connaître. 

La  plus  forte  de  ces  dépenses  a  élé  nécessitée  par  les  serres,  mais  ces 
serres  sont  une  acquisition  nouvelle  qui  n'avait  pas  été  comprise  dans  le 
plan  primitif  du  Jardin  zoologique,  ni  prévue  dans  l'emploi  du  million  de 
la  souscription. 

Personne  d'entre  vous  ne  regrettera  celte  acquisition.  De  quel  agrément 
le  Jardin  zoologique  n'aurait-il  pas  élé  privé  s'il  n'avait  pas  les  serres,  qui 
y  entretiennent  un  printemps  perpétuel  ? 

Vous  les  connaissez,  et  les  connaître  c'est  les  admirer.  Comment  ne  pas 
admettre  que  l'attrait  exercé  par  elles  sur  un  bon  nombre  de  visiteurs, 
n'ait  sa  (piote-part  et  sa  représentation  dans  les  recettes  journalières, 
quand  il  résulte  des  relevés  des  recettes  des  dimanches  dans  les  quatre 
derniers  mois  écoulés  ,  que  celle  des  serresa  été  de  30  pour  100  dans 
la  recette  totale  de  ces  dimanches''' 

En  outre  du  nombre  de  visiteurs  payants  s'élevant  à  221, (109,  le  Jardin 
en  a  reçu  18,669  autres,  venant  avec  Tes  billets  délivrés  aux  actionnaires 
et  distribués  par  eux-,  ce  qui  porte  à  240, 278  le  nombre  des  personnes  qui 
ont  visité  on  1  8G  I  votre  création,  et  qui  en  ont  admiré  la  belle  ordonnance, 
autant  que  la  [iromplitude  avec  laquelle  tout  avait  été  édilié. 

Cent  daines  patronnesses,  élite  du  monde  européen,  ont  bien  voulu  vous 
apporter  la  consécration  de  leur  approbation  et  de  leur  présence. 

Ce  sont  là  autant  de  voix  par  lesquelles  la  renommée  a  fait  connaître 
partout  l'existence  du  Jardin  zoologique  au  nombre  des  grandes  curiosités 
delà  capitale;  cette  publiciti';  poi'lera  ses  fruits  et,  dans  la  saison  des 
voyages,  grossira  la  foule  des  visiteurs.  Aucun  étranger  ne  pourra  revenir 
do  Paris  sans  avoir  vu  le  Jardin  zoologique.  Ou  a  paru  craindre  que,  les 
premiers  effets  de  la  nouveauté  étant  passés,  l'affluence  des  visiteurs 
diminuerait,  et  que  la  mode,  qui  régit  tant  de  choses,  nous  ferait  aussi 
sentir  son  inlluence.  Ce  qui  se  passe  depuis  la  reprise  de  la  seconde  année, 
.  c'est-à-dire  depuis  octobre  1861,  est  fait  pour  rassurer.  Car  nos  recettes, 
loin  de  baisser,  ont  toujoiu's  été  en  augmentant  ;  même  pendant  l'hiver, 
alors  que  la  population  mobile  de  Paris  est  bien  réduite,  nous  avons  reçu 
un  nombre  de  visiteurs  double  de  celui  de  l'an  passé;  ce  qui  nous  porte  à 
penser  que  la  promenade  au  Jardin  zoologique  n'est  pas  un  de  ces  plaisirs 
éphémères  et  de  pure  curiosité  auxquels  on  ne  touche  qu'une  fois,  pour 
pouvoir  en  parler  et  ne  point  paraître  les  ignorer.  C'est  un  plaisir  sérieux, 
qui  entre  dans  les  habitudes,  qui  olïre  à  tous  les  âges  une  source  d'in- 
struction facile,  agréable,  et,  par  son  incessante  variété,  est  toujours 
imuveau,  ne  fatigue  jamais,  et  pour  beaucoup  deviendra  un  besoin. 


588       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

L'intérêt  général  que  vous  inspirez  a  continué  de  se  manifester  par  le 
nombre  et  l'imporlance  des  dons  que  vous  recevez  journellement.  11  vous 
en  est  venu  de  toutes  les  parties  du  globe  :  Australie,  Chine,  Inde,  cap 
de  Bonne-Espérance,  Pérou,  Paraguay,  etc.,  car  il  semble  que  c'est  de 
l'acclimatation  qu'on  peut  dire,  que  pour  elle  il  n'y  a  plus  de  Irontières 
ni  de  nationalité. 

Un  autre  résultat  bien  digne  de  considération  est  révélé  par  la  compa- 
raison de  nos  ventes:  d'octobre  1860  au  31  mars  1 861,  elles  s'élèvent  à  la 
somme  de  9663  fr.  50  c.  ;  dans  la  même  période  de  1  862,  elles  s'élèvent 
à  31,476  fr.  20  c.,  ce  ([ui  constitue  une  dillerence  en  faveur  de  1862 
de  21,812fr.  70  c. 

Ainsi  les  ventes,  comme  les  receltes  d'entrée,  sont  en  voie  d'accrois- 
sement. 

Or,  vous  savez  que  c'est  par  les  ventes  que  vous  êtes  appelés  à 
atteindre  l'un  des  buts,  si  ce  n'est  le  but  principal  de  votre  institution, 
qui  est  de  propager  les  espèces  utiles  ou  d'agrément. 

Les  nombreuses  demandes  qui  nous  sont  tous  les  jours  adressées  de  tous 
les  points  de  l'Europe,  et  auxquelles  nous  jiouvons  à  peine  répondre,  sont 
un  sur  garant  que  votre  œuvre  est  comprise  ;  que  le  bien  que  vous  faites 
est  déjà  considérable  et  le  sera  bien  plus  encore  ;  que  l'exemple  et 
l'entremise  du  Jardin  zoologique  propagent  le  goût  et  les  idées  de  l'accli- 
matation,  et  que  l'avenir  est  plein  de  i»romesses. 

Tout  est  donc  en  voie  de  progrès  et  de  développement  ;   le  Jardin 
zonlogique  suit  l'évolution  naturelle  des  grandes  choses.  Les  éléments  de 
succès  sont  nombreux  ;  \os  collections  d'oiseaux  et  de  mammifères  s'en- 
richissent, à  mesure  que  vos  relations  s'elendent,  et  se  compléteront  avec 
le  temps  nécessaire  à  la  formation  de  toute  collection.   Vous  avez  une 
magnanerie  où  s'acclimatent  les  nouveaux  Vers  à  soie  rapportés  de  l'Inde 
et  de  la   Chine,   et  qui  sont  pour  l'industrie  séricicole  une  si  précieuse 
espérance.  Vos  belles  serres  d'hiver  sont  une  oasis  de  fleurs,  de  verdure 
et  de  température  printanière,  réservée   aux  promeneurs   pendant  les 
froides  journées  de  l'hiver,  et  au  milieu  des  campagnes  dépouillées  de 
celte  saison.  Un  jardin  d'essai  reçoit,  entretient  et  propage  incessamment 
toutes  les  plantes  déjà  introduites  par  la  Société  d'acclimatation,  et  reste 
ouvert  à  de  nouvelles  introductions.  L'aquarium   est  presque  une  nou- 
veauté sous  le  soleil,   dont  les  rayons,  par  cet  ingénieux  appareil,  sont 
portés,  on  peut  le  dire,  jusqu'au  fond  de  la  mer  et  des  lleuves,  et  mon- 
trent aux  yeux  étonnés  des  honnnes  ces  populations  aquatiques  si  incon- 
nues jusqu'à  présent;  tableaux,  spectacles,  études  aussi   variés,  aussi 
nouveaux,  aussi  inlinis  que  les  choses   qu'ils  représentent,  et  qui  sont 
destinés  à   intéresser  la  curiosité  publique   pendant  longtemps  encore, 
sans  la  fatiguer. 

Enfin  vous  venez  de  couronner  votre  oeuvre  par  une  exposition  inter- 
nationale de  volatiles  français  et  étrangers,  faite  de  concert  avec  la  Société 
impériale  d'acclimatation,  dont  le  Jardin  zoologique  est  l'expression  pra- 
tique. Cette  exposition,  qui  complète  la  libérale  missionque  vous  vous  êtes 
donnée  de  favoriser  les  bonnes  et  belles  espèces,  a  répondu  à  toutes  vos 
espérances.  Ce  grand  et  unanime  succès  est  un  encouragement  pour 
d'autres  exhibitions  semblables,  (pii  feront  passer  successivement  sous  les 


UAPI'UKTS    AUX    ACTIUNJNAIRES    DU   JARDIN. 


5S9 


yciix  ilu  public  les  plus  beaux  types  des  diverses  espèces  animales  dont  la 
Société  se  propose  l'acclimatation  ou  le  perfectionnement  ! 

Telles  sont,  messieurs,  les  perspectives  de  l'avenir.  Nul  doute  que  cette 
seconde  année,  dans  la(|uelle  nous  sommes  entrés  avec  une  expérience 
plus  consommée,  nous  permettra  aussi  une  marche  plus  sûre  et  un  judi- 
cieux emploi  (le  toutes  nos  ressources  ;  et  nous  avons  la  confiance  que 
rannée  prochaine  apportera  des  résultats  encore  plus  satisfaisants  que 
ceux  (jue  nous  venons  d'avoir  l'honneur  de  vous  soumettre. 


(■Séance  du  ;!0  avril    IHGIi.) 


Messieurs, 


L'nislallation  du  Jardin  zoologi(iuc  d'acclimatation  accomplie  dans  les 
conditions  <jui  sont  connues,  l'excédant  de  l'actif  de  l'exercice  1861,  indé- 
pendamment des  bâtiments  et  constructions  représentant  le  capital  social 
était  arrêté  au  31  décembre  1861  à  90,933  fr.  30  c.,  représentés  par 
espèces  en  caisse  22,080  fr.  19c.,  cautionnement,  animaux  et  mobi- 
lier, etc.,  etc.  (voyez  p.  .j84). 

Inventaire  au  31  décembre  1862.  ' 


Actif. 

Espèces  en  caisse 

—      au  crédit  l'oncier. 

(lautioniiement 

Animaux,  d'après  invent"?. 

Actions  en  caisse 

Mobilier .  . 

(loiistruclions  nouvelles. . 
Outillage 


Approvisionnements 

Notices  de  l'Aquarium. .  . 
Comptes  couranis  débif^". 


Total  égal. 


:i'i(j 

95 

()(),378 

70 

5,000 

)) 

71,8.54 

10 

.'iOO 

» 

1:5,000 

» 

1/1,077 

/i(j 

(i,729 

50 

3,(i90 

g:5 

\7ô 

/lô 

20,79'4 

77 

•202,5/1 7 

50 

l'a^isif. 

Comptes   courants  crédi- 
teurs       11,809   11 

Conduites  d'eau 2/i,018  98 

Solde 166,119  /i7 


Total  égal. 


202, 5i7  56 


Si  nous  comparons  cet  excédant  avec  celui  de  1  86  I ,  nous  trouvons  en 
laveur  de  18G2  une  augmentation  de  73,186  fr.  17  c. 

L'augmentation  porte  :  \"  sur  le  nombre  des  animaux  qui  fim.raient 
en  1861  pour  une  somme  de  60,254  fr.  60  c,  et  qui  sont  aujourd'hui, 
par  suite  d  un  plus  grand  nombre  d'achats,  évalués  à  71  8.j4fr  10  c  • 
r  sur  l'encaisse,  qui  était  en  1861  de  22,080  fr.  19c.,  et'qui  est  auiour' 
d  hui  de  66,725  fr.  6.3  c.  *  •' 


Voici  maintenant  le  compte  d'exploitation 


5^J0       SOi;iÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aGCLIMÂTATION. 

COMPTE   d'exploitation,    EXERCICE    '1862, 

Recettes. 


Dépenses. 

Personnel 

Nounituie  des  animaux. 
CliauHage  des  animaux.  . 
Erilretieu  du  Jardin.  .    . 

Entretien  des  serres 

Entretien  et  appropriation 

des  bâtiments 

Enlrelien  des  clôtures.  .  . 


Outillage 

Amorlissem'.  du  mobilier. 

Pubiicilé 

Fournitures  de  Inueau .  . 

Correspondance 

Cliautfage 

C-liarrois 

Loyer , 

Assurances 

Salon  de  lecture 

Exiiosition 

Animaux  de  l'Aquarium. . 

Frais  généraux 1(3,815  9G 

Total  des  dépenses. .    16l,G75  67 
Excédant  des  recettes.  .  .      90,186    17 


50,921  90 

:59,9:!8  29 

o6i  » 

15,288  75 

1,908  71 

10,536  58 
2,266  59 
2,619  40 
3,315  1/j 
'i,696  15 
1,585  60 
1,938  55 
1,188   95 

7'i9  50 
1,00  0   35 

à7\    90 

521  « 
'1,690   55 

857   80 


l'otnl 


égal . 


251,861    84 


Entrées  du  Jardin 

Entrées  des  serres 

Abonnements 

Bénéfice  sur  la  vente  des 
animaux 

^enle  d'œul's 

Vente  de  plumes    

Vente  de  l'nmier.  ...      . 

Vente  de  graines  et  plantes 

Saillies 

Notices  de  rAcjuariuni .  .  . 

liull'et 

l'erinage  de  chaises 

Amendes 

Intérêts  des  comiites  cou- 
rants   

Dons    d'animaux 

Escomptes,  rabais 

Total  des  recettes . 


Sur  l'excédant  des 

il  faut  déduire  pour  constructions  nouvelles  . .  . 
id.  pour  l'ainortissemeiit  des  serres. 


14,077  'iti 
15,000  » 


213,649  25 

4,818  25 

538  » 

9,033  3*J 

11,038  05 

253  90 

50  » 

732  40 

184  » 

256  60 

4,958  35 

250  » 

69  » 

820  60 

5,095  » 

115  05 

251,861  84 

90,186  17 
29,077  4G 


Actif  disponible 61,10871 


DEPENSES. 

Le  compte  des  dcpciises  se  divise  en  deux  chapitres  :  1°  eeltii  des 
dépenses  Inid^i'étaires  ipii  consiste  en  prévisions  votées  par  le  Conseil  dans 
sa  séance  du  20  décembre  1861  ;  '2"  en  constructions  nouvelles  dont  la 
nécessité  a  toujours  été  reconnue  préalablement,  et  cpti  ont  été  exécutées 
au  fur  et  à  mesure  des  l)csoiiis,  et  après  que  chacun  avait  été  l'objet  d'un 
examen  et  d'un  vole  jiarticulier  du  (loinité  de  direction  consignés  au 
procès-verbal  de  ses  séances  et  approuvés  par  le  Conseil. 

11  est  en  effet  dans  la  nature  d'un  établissement  tel  que  celui  du  Jardin 
^■îoologique  d'acclimatation,  d'entretenir  et  de  solliciter  incessannnent  la 
curiosité  publique  en  variant  et  mullipliant  ses  essais,  de  ne  point  s'iinmo^ 
biliser,  même  dans  le  succès,  et  de  tendre  sans  cesse  à  compléter  sa 
destination  par  lout  ce  qui  peut  ajouter  à  son  utilité  et  à  son  embellisse-' 
ment.  Mais  ce  qui  doit  rassurer  complètement,  c'est  que  l'exploitation  est 
restée  dans  les  limites  du  budget  prévu  et  lixé  par  le  Conseil,  et  n'a  point 
oulre-passé  les  crédits  votés,  ainsi  qu'il  résulte  de  rexamen  fait  par  une 
commission  spéciale  nommée  par  le  Conseil  d'administration. 


Jf 


lîAPrOKTS    AUX    AGTlOiNAAlUES    DU    ,iAKDJ\.  59l 

RECETTES. 

Comme  nous  venons  de  le  dire,  les  recettes  onl  excédé  les  dépenses  de 

61  108  Ir.  71  c.  L'an  dernier,  l'excédant  n'était  (jue  de  39  311  fr.  35  c, 

dont  il   avait  fallu  tirer  241  10   Ir.    30   c.  poni-  couvrir  l'excédant  des 

Repenses  de  premier  établissement,  ainsi  qu'il  vous  en  a  été  rendu  compte. 

T/excédant  net  en  1861  n'était  donc  ((ne  de  1.')23l  fr.  Ci  c. 

Cet  excédant,  joint  à  celui  de  l'exercice  1862  s'élevant  à  61  108  Ir. 
71  c,  forme  un  total  de  76  339  fr.  75  c,  qui  constituera  une  première 
partie  de  notre  réserve  où  nous  devrons  nécessairement  puiser  pour 
assurer  nos  services  et  faire  face  aux  développements  du  lardin  qui  seraient 
jugés  utiles  par  le  Conseil. 

Il  vous  paraîtra  sans  doute  convenable  d'ajouter  cette  année,  comme 
l'an  dernier,  à  l'excédant  des  receltes  la  somme  de  15,000  francs  qui 
ligure  dans  les  dépenses,  mais  qui  a  servi  à  payer  l'annuité  du  bail  des 
serres;  car  celle  somme  représente  véritablement  un  placement,  un 
acquêt,  puisqu'il  vous  en  sera  tenu  compte,  comme  payement  partiel,  au 
jour  où  vous  voudrez  acquérir  les  serres  et  en  elïecluer  le  pavement 
total. 

A  l'occasion  des  serres,  je  dois  vous  dire,  messieurs,  que  les  difficultés 
qui  avaient  lieu  entre  l'adminisiralion  et  le  fermier  des  serres,  et  dont  je 
vous  ai  entretenus  l'an  dernier,  n'existent  plus  ;  les  conventions  faites  avec 
M.  Linden  ont  été  annulées,  et  l'entretien  des  serres  est  rentré  dans  l'admi- 
nistration régulière  du  Jardin. 

En  résumé,  l'exci^'dant  des  recettes  sur  les  dépenses  de  l'exploita- 
tion 1862,  expression  incontestable  de  la  prospérité  de  votre  établisse- 
ment, est  de  90,186  fr.  17  c.  Sur  cette  somme  il  a  été  employé 
14,077  fr.  46  c.  en  constructions  nouvelles,  et  15,000  fr.  en  amortis- 
sement desserres,  ce  qui  réduit  le  solde  disponible  à  61,108  fr.  71  c, 
comme  nous  l'avons  dit  au  compte  de  l'exploitation. 

Le  produit  des  entrées  figure  pour  213  649  fr.  2o  c,  en  1861 
pour  171,875  fr.  50.  —  Dillérence  en  faveur  de  1862,  41,773  fr.  75  c. 

Vente  des  œufs  en   1861,  9943  \\\  50    c.  ;  eu   1862,   elle  a  été  de 
,  11 ,03  8  fr.  05.  —  Différence  en  faveur  de  1862,  1094  fr.  55  c. 

Vente  des  animaux  en  1861,  37,945  fr.  50  c.  ;  en  1862,  elle  a  été 
de  73,71  0  fr.  75.  —  Différence  en  faveur  de  1  862,  35,765  fr.  23  c. 

Le  bénéfice  net  de  la  vente  des  animaux  a  été  de  9033  fr.  39  c. 

-Ainsi,  dès  cette  seconde  année  de  l'exploitation,  la  vente  des  animaux  a 
doublé  ;  et  je  dois  ajouter  que  les  connnencements  de  l'année  où  nous 
sommes  entrés  promettent  mieux  encore. 

Il  y  a,  messieurs,  dans  le  fait  de  l'accroissement  des  ventes  un  encou- 
ragement véritable.  C'est  la  preuve  de  la  réussite  de  votre  œuvre. 

Plusieurs  jardins  zoologiques  créés  dans  les  grandes  villes  de  l'Europe 
ont  puisé  dans  le  nôtre  le  premier  fonds  de  leur  établissement.  Ce  sont 
autant  d'essaims  qui  vont  porter  et  répandre  le  goût  des  acclimatations, 
et  par  conséquent  le  trafic  des  animaux  qui  en  sont  l'objet. 

Voilà  des  données  qui  permettent  d'établir,  sur  les  espérances  des 
années  futures,  un  calcul  de  lu'obabilités  {dus  sûres  (jue  celles  basées  sur 
la  sinqile  curiosité. 


592        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZUULOUIQUE   d'aGCLIMAïATION. 

Si  les  visiltMirs  font  des  aclieteurs,  on  peut  dire  non  moins  certainement 
<jue  souvent  un  seul  acheteur  fait  plus  d'un  visiteur,  car  la  vue  des  objets 
qu'il  emporte  devient  le  meilleur  prospectus  du  Jardin  et  inspire  le  désir 
de  le  visiter. 

Le  nombre  total  des  visiteurs,  qui  a  été  en  1862  de  291,774,  n'avait 
été  en  1  861  que  de  240  278.  —  Différence  en  faveur  de  1  862,  51 ,49G. 

.Je  dois  aussi  vous  dire,  messieurs,  un  mot  des  dons  qui  sont  une  autre 
manifestation  de  l'intérêt  que  vous  inspirez.  Ils  n'ont  été  ni  moins  nom- 
breux, ni  moins  importants  que  les  années  précédentes  et  ligui'ent  dans 
votre  inventaire  pour  une  somme  de  5095  francs.  Nous  devons  signaler 
particulièrement  à  votre  reconnaissance  LL.  MM.  l'Empereur  et  Tlnqié- 
ralrice,  MM.  les  Ministres,  etparliculiérement  le  président  de  l'Association, 
M.  Urouyn  de  Lhuys,  minisire  des  affaires  étrangères,  et  la  Société  impé- 
riale d'acclimalation,  qui  no  nian([ue  aucune  occasion  de  vous  prodiguer 
son  assistance  et  ses  faveurs,  et  vous  traite  toujours  connue  son  plus  cher 
intérêt. 

C'est  ainsi  qu'elle  vous  est  venue  libéralement  en  aide  dans  l'installa- 
tion de  ces  expositions  qui  sont  le  complément  naturel  de  votre  œuvre, 
et  dans  lesquelles  cette  œuvre  puise  de  nouvelles  forc^'s  de  développement 
et  de  considération.  Bien  heureuse  et  bien  sage  institution  est  celle  dont 
toutes  les  parties  s'entendent  et  s'allient  pour'assurer  sa  prospérité  ! 

Ainsi,  messieurs,  sur  quelque  point  de  l'exploitation  du  Jardin  zoolo- 
gique que  nous  appelions  votre  attention,  nous  espérons  que  vous  ne 
verrez  que  motif  d'espoir  et  de  confiance.  Le  Jardin  zoologique  d'accli- 
matation est  en  voie  de  satis^^aire  voire  attente  et  de  remplir  sa  destina- 
tion, qui  est  d'être,  en  quelque  sens  qu'on  le  veuille  entendre,  une  belle 
et  bonne  action. 

Ce  que  nous  pouvons  déjà  vous  annoncer  de  l'année  1863,  d'après 
les  mois  écoulés,  confirme  tout  ce  que  je  viens  dédire;  non-seulement  les 
ventes  sont  en  progression,  mais  le  nombre  des  visiteurs  augmente  aussi, 
et  la  recette  des  (|uatre  premiers  mois,  qui  est,  à  cause  de  l'hiver,  la 
moins  favorable,  renijiorte,  sur  celle  des  mois  correspondants  de  1862, 
d'une  somme  de  3304  francs. 

Ce  n'est  pus  là  peut-être  l'expression  d'un  succès  de  vogue  ([ui  accueille 
les  plus  frivoles  nouveautés,  qui  souvent,  après  avoir  donné  les  plus  folles 
espérances,  tombent  dans  des  baisses  soudaines,  et  s'éteignent  dans  la 
déce}ition  et  le  dégoût,  et  perdent  d'autant  plus  que  leur  objet  est  plus 
connu.  Non;  c'est  un  succès  d'estime,  un  succès  continu  et  progressif  qui 
s'accroît  lentement,  mais  dont  l'accroissement  porte  le  cachet  de  la  durée 
et  se  fait  avec  la  régularité  et  la  sûreté  des  choses  utiles. 

Je  crois  donc,  messieurs,  que  le  Jardin  zoologique  d'acclimatation  a 
rempli  la  promesse  que  je  vous  faisais  de  donner  en  1862  des  résultats 
meilleurs  que  ceux  que  je  vous  faisais  connaître  pour  1861,  et  que  cette 
promesse  peut  être  répétée  pour  1863  et  pour  les  années  qui  suivront. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


CIRCILAIRE 

ADRESSÉE  A  MM.  LES  MLMSTRES  ET  CONSULS  DE  FRANCE. 


Le  Conseil  d'administration  de  La  Société  impériale  d'accli- 
matation ayant  décidé,  dans  sa  séance  du  28  août,  ainsi  que 
nous  Lavons  annoncé  (numéro  de  septembre,  page  570),  qu'un 
Questionnaire  sur  les  produits  naturels  utiles  des  diverses 
régions  du  globe  serait  adressé  à  nos  représentants  à  l'étran- 
ger, MM.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  le  docteur  L.  Soubeiran 
turent  chargés  de  préparer  ce  questionnaire. 

M.  Soubeiran,  dans  la  séance  du  '2  octobre,  présenta  le 
projet  suivant  de  circulaire,  qui  fut  adopté  par  le  Conseil. 

Mo>;siEUR, 

Ainsi  que  vous  le  savez,  la  Société  impériale  zoologique 
d'acclimatation  s'est  proposé  pour  objet  l'introduction,  la  na- 
turalisation et  la  propagation  en  France,  dans  ses  colonies  et 
dans  les  diverses  contrées  du  globe,  des  animaux  (Mammi- 
fères, Oiseaux,  Poissons,  Insectes,  etc.)  et  des  végétaux  qui, 
en  raison  de  leur  organisation  et  de  leur  manière  de  vivre, 
peuvent  augmenter  la  production  alimentaire,  médicale  ou 
industrielle  de  chaque  pays,  ou,  tout  au  moins,  servir  à  l'or- 
nementation, et  il  est  évident  que,  dans  beaucoup  de  régions, 
il  existe  un  nombre  considérable  d'êtres  qui  peuvent  être 
soumis  à  des  expérimentations  de  ce  genre. 

L'importance  et  l'utilité  sociale  de  l'ceuvro  que  nous  avons 
en  vue  nous  ont  fait  espérer  que  vous  voudriez  bien  y  coopérer 
en  réunissant  les  renseignements  que  vous  êtes  à  même  de 
recueillir  sur  les  productions  des  pays  de  votre  résidence, 
conformément  au  cadre  que  nous  avons  pris  la  liberté  de  vous 
tracer  dans  le  questionnaire  ci-joint. 

C'est  avec  confiance  que  nous  attendons  des  ministres  et 

T.  X.  ~  Octobre  18(33.  38 


59/l      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLI.MATATION.  * 

consuls  de  France,  dans  les  diverses  parties  du  monde,  des 
réponses  dont  l'ensemble  constituera  un  contingent  considé- 
rable de  documents  nouveaux  et  précieux  sur  cette  branche 
intéressante  et  si  importante  de  la  science  ;  et  nons  avons  à 
peine  besoin  d'ajouter  que  le  résultat  obtenu  sera  en  rapport 
avec  le  soin  et  l'exactitude  que  vous  aurez  bien  voulu  appor- 
ter à  cette  enquête,  destinée  à  rendre  de  si  grands  services. 

Nous  vous  ferons  remarquer  qu'il  est  essentiel  de  noter, 
pour  chaque  animal,  les  qualités  qui  le  distinguent  ;  de  con- 
stater s'il  est  abondant  ou  rare,  sédentaire  ou  de  passage  dans 
telle  saison  ;  de  iaire  connaître  les  meilleurs  modes  de  nour- 
riture, de  traitement  et  de  reproduction,  et  pour  les  végé- 
taux, la  culture  employée  avec  le  plus  d'avantages. 

Nous  vous  recommandons  particulièrement  d'indiquer  les 
noms  indigènes  des  êtres  que  vous  signalerez,  et  autant  que 
possible  le  nom  savant ,  et  surtout  de  ne  pas  craindre  de 
parler  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  commun  dans  le  pays  que  vous 
habitez,  car  ce  sont  en  général  les  êtres  les  moins  connus  de 
nous  et  les  plus  intéressants. 

Vous  trouverez  joint  à  ce  questionnaire  un  exemplaire  de 
V Annuaire  de  la  Société  d'acclimatatioi/ ,  qui  vous  mettra 
plus  complètement  au  courant  des  travaux  de  la  Société  et  du 
but  qu'elle  se  propose. 

QUESTIONNAIHE. 

I.  —  Muiuinifèrcs. 

i°  Alimentaires. 

Quelles  parties  eniploie-t-on  ? 

Quels  sont  les  produits  alinieiUaires  qu'ils  fournissent? 

2"  Médicinaux. 

Quelles  sont  les  parties  employ(5es  et  à  quoi  servent-elles  ? 

3"  Industrie/s. 

Quelles  sont  les  parties  employées?  Fourrures,  Poils,  Laine,  Peau, 
Cornes  et  Bois,  produits  divers. 

Zi"  Auxiliaires. 

Bètesde  somme,  Bêtes  de  trait,  Bêles  de  gaide? 


QUEStlONNAlRE.  595 

5"  Accessoires  (d'ornement  et  d'agrément). 
Bêtes  de  chasse. 

II.   —  Oist^aux. 

6"  Alimentaires. 

Quelles  parties  eniploic-t-on  ? 

Quels  sont  les  produits  alimentaires  qu'ils  fournissent? 

7"  Industriels. 

Quelles  sont  les  parties  employées?  Fourrures,  Plumes,  produits 
divers. 

8''  A  uxiliaires. 

Bêtes  de  garde  [amnimtV Agami,  par  exemple). 
Destructeurs  d'animaux  nuisibles  (coriune  le  Serpentaire). 

9'  Accessoires  (d'ornement  et  d'agrément). 

Oiseaux  chanteurs.  Oiseaux  de  volière  et  de  faisanderie,  Oiseaux 
de  parc. 

III.  —  Reptiles  et  Poissons. 

10°  Alimentaires. 

Quelles  sont  les  parties  employées? 

Quels  sont  les  produits  alimentaires  qu'ils  fournissent  ?  , 

li°  Mé(lici7un/x. 

Quelles  sont  les  parties  employées  et  à  quel  usage  ? 

1-2°  Industriels. 

Quelles  sont  les  parties   employées?   Peau,  Écailles,   Colle    de 
poisson. 

iù°  Accessoires  (^d'ornement  et  d'agrément). 

Poissons  de  vivier.  Poissons  de  cours  d'eau.  Poissons  de  mer. 

IV.    —  Insectes   et   ti'ustacés. 

ih°  Alimentaires. 

15°  Médicinaux. 

Quelles  sont  les  parties  employées  et  à  quel  u^agc  ?  {Galles,  par 
exemple.) 

1()"  Industriels. 

Quelles  sont  les  parties  employées?  Soie,  Matières  colorantes, 
Galles,  Laques,  Cires. 


596       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 
V.    —  Mollusques   et   Zoopliyles. 

17°  Alimentaires. 

18»  Industriels. 

Quels  sont  les  produits  employés?  Matières  colorantes,  Coquilles 
(Nacre,  Perles),  Byssus  ou  Filaments,  Coraux,  i.ponges, 

YI.  —  Plantes. 

19°  Alimentaires. 

20°  Médicinales. 

Usage  médicinal  usité  dans  le  pays? 

21»  Industrielles. 

Matières  colorantes,  Matières  sucrées,  T'arfums,  Plantes  forestières 
et  usage  du  bois. 

22"  Accessoires  (d'ornement  et  d'agrément). 
Par  le  Feuillage,  par  les  Fleurs. 

VIL  —  Quelles  espèces  d'animaux  et  de  végétaux  vous  paraît-il  désirable 
de  faire  introduire  dans  le  pays  que  vous  babitez,  un  des  principaux  objets 
des  travaux  de  la  Société  d'acclimatation  étant  de  favoriser  la  réciprocité 
des  avantages  que  chaque  pays  peut  retirer  de  ses  échanges  avec  d'autres 
contrées? 

Vin.  —  Exislc-t-il  ou  peut-on  établir  dans  votre  résidence  des  moyens 
de  favoriser  entre  elle  et  d'autres  contrées  l'échange  des  animaux  et 
végétaux  propres  à  chacune  d'elles? 

IX.  —  Toutes  les  remarques  et  ubservaiions  qui  pourraient  aider  aux 
progrès  de  l'acclimatation  seraient  accueillies  avec  le  plus  vif  intérêt  par  la 
Société,  dont  vous  faciliteriez  singulièrement  ainsi  les  travaux. 


NOTE 

SUK 

DIFFÉRENTES    ESPÈCES   DE  MOliTONS   DE  CHINE 

Par  M.   Stanislas    JiXIElV, 

Mciiibie  de  rii;slitat. 


(Séance  du  17  juillet  ISOo.) 


L'encyclopédie  chinoise  Pçn  -  thsao-kanfj -mou  cite, 
livre  L,  fol.  32  : 

1"  Le  Ta-we'i-i/(ni(/  -/r  J^  É^,  le  Mouton  à  grosse  queue 
(qu'on  possède  maintenant  en  France).  Ces  moutons,  dit  Li- 
chi-tcbin,  auteur  de  celte  encyclopédie,  ont  la  queue  courte, 
mais  les  habitants  de  Ha-mi  (Khamil)  et  les  tribus  barbares 
des  Ta-clii  (Arabes)  possèdent  un  Mouton  à  grosse  queue,  qui 
a  la  laine  fine  et  la  peau  inince.  Sa  queue  est  large  et  pèse  de 
10  à  20  livres. 


2°  ha  Hou-ijang    It]  ^A,  Mouton  des  barbares.  Suivant 

l'ouvrage  intitulé  Fan(/-koue-tehi    j-t  ^  ^,   ce  mouton 

provient  du  royaume  des  Ta-cJii  -4^  ^^  (Arabes). 

Ce  mouton  est  haut  d'environ  trois  pieds  ;  sa  queue  a  la 
forme  d'un  éventail.  Chaque  année,  au  printemps,  on  fond  la 
peau  de  sa  queue  pour  en  retirer  hi  graisse,  et  on  la  reforme 
en  la  cousant.  Si  l'on  ne  pratiquait  pas  cette  opération,  l'accu- 
mulation de  la  graisse  forait  périr  ce  mouton  {sic). 

y  LeTao-yang  '^;J|>  ËÉ..  Ce  mouton  se  trouve  dans  les 

difTérents  pays  du  département  de  Lin-fao-fou  ^^  y.)}^  ^if^j-, 
de  la  province  du  Chen-si.  Les  plus  gros  pèsent  jusqu'à 
100  livres. 

!i°  Le  Liu-yawj  fM^  ÉÉ. ,  littéralement  Ane-mouton,  qu'oi] 


598       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

appelle  ainsi  parce  qu'il  peut  devenir  aussi  gros  qu'un  âne 

5"  Le  Tao-yang  ^  É^,  qui,  à  cause  de  la  ressemblance 
de  la  prononciation,  paraît  être  le  même  que  le  troisième, 
'J:)(>  Ë^^.  11  habite  les  plaines  voisines  des  montagnes  nd- 

geuses,Sioî/e-rh(m  ^  [J_[.  Les  gens  du  pays  le  débarrassent 
chaque  année  de  sa  graisse  (de  la  graisse  de  sa  queue).  En 
peu  de  temps,  sa  queue  redevient  aussi  grasse  qu'auparavant. 

6°  Le  Fong-yami  ^vf"  ;Ëp. ,   le  Mouton  à  bosse.  Sur  son 

dos,  il  porte  une  bosse  charnue,  [^  -i^TJ"  Joii-fong,  qui  res- 
semble (en  petit)  à  la  bosse  du  chameau.  Ce  mouton  se  trouve 
dans  le  district  de  Kiun,  Klun-hien  ^K  iâS,  du  département 
de  Liang-tcheou ,  province  de  Kan-sou.  On  l'appelle  aussi 
Tho-yang  ^{|*j^  ;ÉÊ.,  le  Mouton-chameau. 

T  Le  Kou-li-yong  ï^  ^f|^  rp  provient  des  pays  situés 
à  l'est  du  fleuve  Jaune,  dans  la  province  du  Chen-si.  Il  est  phis 
méchant  et  plus  robuste  que  les  autres.  Ses  poils  sont  extrê- 
mement longs  et  épais  (ils  ont  plus  d'un  pied.  Ibidem).  Sa 
chair  est  trés-estimée  en  médecine  ;  mais,  comme  aliment, 
elle  est  loin  de  valoir  celle  du  grand  Mouton  blanc  sans  cornes, 
des  pays  du  nord  :  :)fc  J-^  :M  ^  Q  ;^^  ^ ,  Pe-ti-wou- 
Jào-pe-ta-yang. 

Dans  le  pays  de  Thong-hoa,    jpj  ^ê,  on  trouve  un  petit 

mouton,  ^L  3^  Slao-yang,  dont  la  chair  est  plus  succulente 
que  celle  de  toutes  les  autres  espèces  de  moutons.  Il  existe  un 
mouton  appelé  Hla-yang^  W  ;Ëp.-  Sa  tête  est  petite  et  son 
corps  très-gros;  il  a  de  longs  poils.  Les  gens  du  pays  le  ton- 
dent à  l'âge  de  deux  ans,  et  fabriquent  des  tapis  avec  sa  laine. 
On  l'appelle  aussi  Mien-yang,  ^;ê  Ëé..  (Le  mot  mien  signi- 


MOUTONS    1»E    CHINE.  599 

fie  à  la  l'ois  boum'  de  soie  et  coton.  Les  Chinois  expriment 
par  Là  la  douceur  et  la  souplesse  de  sa  laine.)  (1) 

(1)  Si  la  Société  désire  faire  venir  de  Chine  quelques-unes  des  espèces  ci- 
dessus,  il  est  indispensable  d'envoyer  celte  noie  luènie,  qui  offre  l'orthographe 
correcte  des  noms  sous  lesquels  ces  animaux  sont  connus  des  Chinois. 

Un  son  chinois  exiirimé  seulement  en  Icllres  fraiiciiiscs  correspond  sou- 
vent à  100  ou  200  signes  dillérents,  et  laisserait  dans  Fembarras  le  lettré  le 
plus  habile.  Cette  observation  s'applique  à  tous  les  produits  qu'on  voudra 
faire  venir  de  Chine,  et  dont  on  devra  envoyer  les  noms  correctement  écrits 
en  chinois. 

{Note  du  traducteur.) 

Caractèi'es  chinois  servaiit  à  dénommer  plusiews  espèces 
de  Moutons  de  Clùne. 


1. 


yr    ^c    ;iÉ. Ta-wéi-yang. 


2.     p&  _-:£ IJng-yang. 


3 


.    Ji^  ^p- Hnu-yang. 

i.    :^  ^E. Tao-ijang. 

5.  7')t  ^ Tao-rjang. 

6,  ffj^'    -t. Liu-yang. 


7.  rt^'  ËÈ Thse-yang. 

8.  ^ij'  ÉÈ. Fong-yang. 

9.  f%f]§'^ Kou-li-yang. 

10.  J  t  Jifl.  -te  J^    Q  y^  Éjr. . .    Pe-ti-wou-kio-pe-ta-yanrj 


(grand  Mouton  blanc  sans  cornes,  du  nord). 

11.  1^  ifê  A\  rY- Thong-hoa-siao-yang. 

12.  M  ^ Hia-yang. 

13.  ^;^  r-É. Mien-yang. 


NOTICE 
SUR  LE  VER  A  SOIE  DU  CHÊNE  DE  CHINE 

Par  M.    Eugène  Si;W01%I. 


(Séance  du'lO  avril  1863.) 


Il  y  a  dans  le  deuxième  volume  des  mémoires  concernanl 
les  Chinois,  par  les  anciens  missionnaires  de  Pékin,  un  article 
remarquable  sur  les  Vers  à  soie  sauvages  de  FAilanle  ou  du 
Fagara,  et  du  Chêne,  et  je  pourrais  me  contenter  d'y  ren- 
voyer les  personnes  qui  s'intéressent  à  cette  question  ;  mais 
comme  j'ai  recueilli  certains  renseignements  qui  ne  s'y  trou- 
vent pas  consignés,  et  que  certains  détails  qui  s'appliquent 
au  Ver  du  Chêne  se  trouvent  mêlés  à  ceux  qui  concernent  le 
Ver  du  Fagara  ,  je  crois  bien  faire  de  reprendre  tous  ces 
éléments,  de  les  refondre  ensemble,  et  d'en  faire  une  note 
spéciale  au  Ver  du  Chêne  de  Chine,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  le  Ver  du  Chêne  du  Japon  que  j'ai  envoyé  en  France 
l'année  dernière,  et  qui  est  bien  différent  de  celui-ci. 

«  Les  Vers  à  soie  sauvages  du  Fagara  et  du  Frêne  ailante  sont 
»  les  mêmes  et  s'élèvent  de  la  même  façon.  Ceux  du  Chêne 
»  sont  différents  et  demandent  à  être  gouvernés  un  peu  diffé- 
»  remment.  » 

))  La  grande  et  essentielle  différence  entre  les  Vers  à  soie  de 
»  Mûrier  et  les  Vers  à  soie  sauvages,  c'est  que  l'Auteur  de  la 
»  nature  s'est  plu  à  donner  à  ces  derniers  un  génie  de  liberté 
i>  et  d'indépendance  absolument  indomptable.  Le  flegme,  le 
»  sang-froid  et  l'industrie  chinoise  y  ont  échoué.  Il  serait  inu- 
»  tile  de  vouloir  risquer  de  nouvelles  tentatives.  Nos  livres  de 
»  piété  ont  pris  le  Ver  à  soie  pour  symbole  de  la  résurrection, 
j>  soit  de  l'àme  à  la  grâce,  soit  du  corps  à  une  vie  éternelle.  Les 
»  Vers  à  soie  sauvages  semblent  devoir  être  préférés;  leurs 
»  cocons  finis,  ils  y  restent  enfermés  depuis  la  fin  de  l'été  ou 
>  le  commencement  de  l'automne  jusqu'au  printemps  de 
»  l'année  suivante.  »  Cela  ne  s'applique  pas  toutefois  au  Ver  à 
»  soie  sauvage  du  Chêne  du  Japon,  qui  sort,  k  la  fin  de  la 


SUR   LE   VER   A   SOIE   DU    CHÊNE   DE    CHINE.  601 

»  saison,  de  son  cocon  pour  pondre  les  œufs  qui  doivent  éclore 
B  au  printemps  suivant,  comme  le  Ver  à  soie  du  Mûrier. 

b  Ce  long  séjour  explique  pourquoi  ils  les  font  si  forts  et  si 
j)  compactes.  On  a  vu  des  cocons,  oubliés  une  année,  donner 
j»  leurs  papillons  la  suivante  ;  et  il  est  notoire,  dans  la  province 
j)  du  Chantong  et  dans  plusieurs  autres,  qu'on  peut  retarder 
»  la  métamorphose  de  la  chrysalide  bien  avant  dans  l'été. 

»  Il  est  bien  plus  difficile  de  faire  éclore  les  Vers  sauvages 
JD  que  de  faire  éclore  le  Ver  du  Mûrier.  J'ai  dit  faire  éclore,  il 

>  faudrait  dire  procurer  leur  métamorphose,  car  ils  écloscnt 

>  d'eux-mêmes  sans  presque  aucun  soin.  » 

Le  père  d'Incarville  y  échoua  la  première  fois.  La  moitié 
de  l'été  s'était  passée,  quoiqu'il  eût  fait  de  son  mieux,  sans 
lui  donner  aucun  papillon.  «  Je  crus  avoir  été  trowpé,  dit-il, 
»  et  qu'on  m'avait  donné  des  cocons  dans  lesquels  on  avait 
»  fait  périr  les  chrysalides,  x  Sur  quoi,  rebuté  de  ce  mauvais 
succès,  il  les  enferma  dans  un  tiroir  où  il  les  oublia,  et  les 
trouva  éclos  dans  le  mois  d'octobre,  lorsqu'il  ouvrit  la  fatale 
prison  où  ils  étaient  morts  misérablement.  Pour  faire  éclore 
les  papillons  ,  il  faut  placer  les  cocons  dans  une  chambre 
chaude  et  les  arroser  et  les  humecter  plusieurs  fois  dans  le 
jour  aux  heures  les  plus  chaudes.  Il  y  en  a  qui  préfèrent  les 
exposer  à  la  vapeur  d'un  grand  vase  d'eau  chaude  elle  est  plus 
douce  et  imite  mieux  l'humidité  de  l'air  qui  les  fait  éclore 
dans  les  temps  de  pluie. 

L'éclosion  a  lieu  au  bout  de  huit  à  dix  jours. 

<i  La  première  enfance  des  Vers  à  soie  du  Chêne  de  Chine 
»  est  assez  délicate.  Le  vent  leur  est  très-nuisible;  aussi 
5)  prend-on  le  parti  de  les  élever  sur  des  branches  de  Chêne 
»  qu'on  met  dans  des  vases  pleins  d'eau  et  qu'on  laisse  dans 
»  une  chambre  inhabitée,  bien  fermée  et  tournée  au  midi, 
»  mais  on  a  l'attention  d'en  ouvrir  les  fenêtres  si  le  temps  est 
y>  beau.  Ceux  qui  croient  qu'il  est  dangereux  de  ne  pas  les 
»  accoutumer  d'abord  au  grand  air,  prennent  le  parti  de 
»  planter  leurs  branches  de  Chêne  sur  le  bord  d'une  rivière 
»  ou  d'un  ruisseau,  à  la  distance  d'un  pied  et  demi  à  deux 
»  pieds  ;  mais  pour  ne  pas  les  exposer  aussi  à  l'impression 


602      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

»  funeste  du  vent,  ils  élèvent  un  petit  mur  de  fortes  nattes  du 
»  côté  où  il  vient.  » 

C'est  ainsi  qu'on  les  élève  dans  le  Chantong  et  le  Kouy- 
tclîéou  ;  seulement  l'éducation  s'est  encore  simplifiée  en  ce 
sens  qu'au  lieu  de  branches  que  l'on  est  obligé  de  renouveler 
chaque  deux  jours  ou  chaque  jour,  on  plante  en  ligne,  à  L'>',50 
les  uns  des  autres  en  un  sens  et  à  1  mètre  dans  l'autre,  des 
Chênes  que  l'on  tient  à  basses  tiges.  On  place  un  certain 
nombre  de  Vers  sur  les  premiers  plants  de  chaque  ligne,  on 
rattache  ces  premiers  plants  aux  seconds,  ces  seconds  aux  troi- 
sièmes, en  liant  entre  eux  trois  ou  quatre  de  leurs  rameaux, 
et  la  transhumance  se  fait  sans  autres  soins.  Si  ces  lignes  de 
plants  sont  trop  longues  pour  que  toutes  leurs  feuilles  puis- 
sent être  consommées,  on  fait  sur  chacune  plusieurs  dépôts 
de  Vers  convenablement  espacés.  Les  plantations  doivent  être 
entourées  et  traversées  par  de  petits  conduits  d'eau  qui  en 
défendent  l'accès  aux  insectes,  et  surtout  aux  fourmis,  très- 
friandes  des  jeunes  Vers.  Enfin  les  Vers  doivent  être  protégés 
contre  les  oiseaux  par  un  enfant  chargé  de  les  chasser,  ou 
mieux  par  quelques  filets  jetés  sur  les  lignes  de  Chêne,  et 
soutenus  par  des  perches  de  distance  en  distance. 

Au  Chantong  comme  au  Kouy-tchéou,  le  transport  et  les 
manipulations  des  chenilles  se  font  dans  des  corbeilles  fabri- 
quées avec  les  branches  d'une  plante  bisannuelle  (Galti/ier) 
dont  j'envoie  des  échantillons  et  des  graines  au  ministère. 
Les  paysans  prétendent  que  l'odeur  de  celte  plante  plait  beau- 
coup aux  chenilles.  C'est  dans  ces  corbeilles  que  l'on  l'ait 
pondre  les  papillons  ;  c'est  là  qu'on  laisse  éclore  les  Vers.  On 
les  recueille  ensuite  à  Taide  de  petits  rameaux  de  jeunes 
feuilles  de  Chêne,  que  l'on  va  suspendre  aux  sujets  qui  for- 
ment les  plantations. 

<;  La  sécheresse  paraît  contraire  aux  Vers  à  soie  du  Chêne. 
»  Le  père  d'incarville,  voyant  les  siens  pressés  de  la  soif,  leur 
»  présenta  de  l'eau  au  bout  d'une  paiUe,  et  il  les  vit  enlever 
i>  un  grand  nombre  de  gouttes  sans  paraître  désaltérés,  aussi 
»  les  Chinois  ont-ils  l'attention  de  choisir  des  temps  de  pluie 
»  pour  les  faire  éclore,  et  le  voisinage  des  eaux  pour  les 


SUR  LE  VER  A  SOUl   DU  CHÊNE  DE  CHINE.      603 

»  élever.  Une  remarque  bien  plus  importante  du  P.  d'Incar- 
»  ville,  c'est  qu'on  peut  les  nourrir,  comme  il  l'a  fait  par  né- 
»  cessité,  avec  les  feuilles  du  Chêne  ordinaire,  quand  les 
»  feuilles  du  Chêne  cà  feuilles  de  Châtaignier,  qui  est  celui 
»  dont  ils  se  nourrissent  en  Chine,  viennent  à  manquer. 

»  Lorsque  les  cocons  sont  récoltés,  on  prend  ceux  qu'on 
ï  veut  réserver  pour  avoir  des  papillons,  ou  à  la  fin  de  l'élé 
»  ou  le  printemps  suivant,  et  on  les  place  dans  un  lieu  sec^ 
»  aéré  et  frais.  11  y  a  un  choix  à  faire  dans  les  autres  cocons.' 
»  Ce  choix  se  fait  en  les  pressant  entre  les  deux  doigts;  ceux 
»  qui  résistent  sont  les  meilleurs  et  ont  plus  de  soie  ;  ceux  qui 
»  cèdent  sont  médiocres  et  ont  moins  de  soie.  On  coupe  avec 
»  des  ciseaux  les  deux  extrémités  des  uns  et  des  autres,  et  on 
»  les  met  séparément  dans  deux  sacs  de  toile  de  chanvre,  ou 
»  on  les  ferme  avec  une  ficelle;  puis  on  les  plonge  dans  une 
»  grande  chaudière  de  lessive  bouillante  qui  a  été  découlée. 
))  Cette  lessive,  qui  doit  être  forte,  est  faite  de  cendres  de  ju- 
))  jubier,  ou  de  tiges  de  blé  sarrasin,  ou  d'une  espèce  de  per- 
))  sicaire  dont  on  tire  ici  la  couleur  d'indigo.  Quand  les  cocons 
»  ont  bouilli  une  heure,  on  ouvre  le  sac  des  niédiocres,  et  l'on 
»  reconnaît  que  la  lessive  a  fait  tout  l'effet  qu'on  veut,'  quand 
»  ils  s'effilent  aisément.  Comme  cette  lessive  n'a  pour  objet 
»  que  de  dissoudre  la  gomme  ou  colle  qui  joint  les  fils  soyeux 
»  du  cocon,  l'industrie  européenne  trouvera  peut-être  quel- 
»  que  dissolvant  plus  actif  et  plus  prompt.  Quand  les  cocons 
»  du  premier  sac  sont  au  point  où  l'on  a  besoin  qu'ils  soient,  on 
»  les  tire  de  la  chaudière,  puis  on  visite  de  temps  en  temps  ceux 
»  du  second  pour  ne  pas  les  manquer.  Si  les  uns  et  les  autres 
D  sont  pris  et  tirés  de  la  chaudière  cà  propos,  on  presse  les  sacs 
»  pour  en  faire  sortir  la  lessive,  et  on  les  laisse  ensuite  se  ressuyer 
»  jusqu'au  lendemain.  Si  on  les  avait  tirés  trop  tard  de  dessus 
»  le  feu,  après  leur  avoir  fait  rendre  l'eau  dont  ils  sont  pleins 
»  en  les  pressant  dans  le  sac  ,  il  faudrait  les  étendre  sur  del 
»  claies  pour  les  faire  sécher  :  tandis  qu'ils  sont  encore  hu- 
»  mides,  on  les  vide  de  leurs  chrysalides  et  on  les  renverse 
»  de  manière  à  en  former  une  espèce  de  capuchon.  Si  l'on 
»  n'en  avait  pas  alors  le  loisir,  on  en  serait  quitte  pour  la  peine 


60h        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLGGIOUE   d'acCLIMÂTATION. 

ï  de  les  faire  tremper  quelque  temps  dans  Tenu  cliaiide,  quand 
D  on  voudrait  fiiire  celte  besogne. 

»  Les  cocons  vidés  de  leurs  chrysalides  el  renversés  sur  eux- 
»  mêmes  en  capuchon  sont  fort  aisés  à  filer,  H  ne  faut  que  les 
»  faire  revenir  dans  un  peu  d'eau  tiède,  les  coiffer  les  uns  des 
j)  autres,  comme  on  fait  des  dés  à  coudre,  et  puis  les  enfiler 
»  dans  une  petite  quenouille  au  nombre  de  dix  à  douze,  j 

On  a  lieu  d'espérer  aujourd'hui  que  le  cocon  du  Ver  de 
Chine  ne  sera  pas  plus  rebelle  au  dévidage  que  ne  l'a  été  le 
cocon  du  Ver  à  soie  de  l'Ailanle. 

«  L'art  de  iiler  est  trop  connu  en  France  pour  insister  sur 
ï  les  détails.  Tout  ce  que  nous  pouvons  nous  permettre  d'ajou- 
»  ter,  c'est  que  les  Chinoises  y  sont  fort  habiles,  et  qu'à  voir 
»  leurs  quenouilles,  fuseaux  et  rouets,  on  ne  croirait  pas 
»  qu'elles  puissent  en  tirer  un  fil  si  fin,  si  propre  el  si  uni.  » 

Les  deux  échantillons  de  tissus  contenus  dans  la  caisse  de 
cocons  peav^nt  en  donner  une  idée. 

L'un  est  écru  et  coûte  au  Kouy-tchéou  3  fr.  25  à  ?>  iV.  50  c. 
les  6ZiO  grammes.  L'autre  a  été  tissé  avec  de  la  soie  préparée 
et  ramollie  au  moyen  d'une  espèce  de  graisse  qu'on  retire  de 
certaines  glandes  qui  se  trouvent  dans  le  porc,  aux  environs 
des  reins  et  parmi  les  graisses.  Cette  soie  coûte  S  à  10  francs 
les  6/iO  grammes.  I!  y  a  également  une  flotte  de  soie  sauvage 
du  Chêne,  qui  coûte  1  fr.  50  c.  à  2  francs  les  6/4O  grammes. 

Les  Chinois  ne  savent  donner  à  la  soie  du  Chêne  de  Chine 
qu'une  seule  couleur,  violette,  pareille  à  l'échantillon  teint, 
joint  aux  précédents,  et  n'ont  pas  encore  pu  parvenir  à  leur 
en  faire  prendre  d'autres.  Plusieurs  provinces  produisent  en 
Chine  la  soie  du  Ver  du  Chêne  ;  mais  deux,  entre  autres  :  le 
Kouv-tchéou  et  le  Chantong. 

On  peut  évaluer  à  30  ou  !\0  000  balles  ofi  7)io/ns  la  produc- 
tion de  ce  premier,  qui  pourrait  devenir  pour  la  France 
(en  attendant  qu'elle  en  produise  elle-même)  l'objet  d'un 
commerce  important,  si  l'on  se  décidait  à  employer  celte  soie. 

Le  Chantong  en  produit  beaucoup  moins,  mais  cette  pro- 
vince est  en  possession  d'un  privilège  très-précieux. 

Le  Ver  du  Chêne,  qui  dégénère  ailleurs,  s'y  reproduit  indé- 


SUR  LE  VER  A  SUIE  DU  CHÊNE  DE  CHINE.      605 

fiiiiment  sans  que  rien  s'altère  en  lui  ;  c'est  donc  du  Cliantong- 
que  les  cultivateurs  font  venir  leurs  graines  chaque  année  ou 
cha(|ue  deux  ans.  Les  cocons  que  j'ai  envoyés,  il  y  a  six  se- 
maines, venaient  du  Cliantong  ;  ceux  que  j'envoie  aujourd'hui 
sont  du  Kouy-tchéou  et  sont  une  preuve  très-évidente  de  cette 
dégénérescence. 

C'est  ainsi  qu'au  Sse-tchuen  comme  au  Kiang-nan  et  au 
Tché-kiang,  ceux  qui  cultivent  le  Ver  à  Soie  du  Mûrier  se 
gardent  hien  de  produire  eux-mêmes  leurs  graines ,  à  moins 
qu'ils  ne  soient  pauvres,  et  les  renouvellent  chaque  annce  en 
allant  les  chercher  dans  deux  ou  trois  petites  localités  qui 
sont  en  possession,  pour  ce  Ver,  du  même  privilège  que  le 
Chantong  pour  le  Ver  du  Chêne.  Je  l'ai  déjà  dit,  et  je  crois 
devoir  le  répéter,  c'est  peut-être  parce  que  l'on  n'a  pas  assez 
tenu  compte  de  ce  l'ait,  que  les  importations  de  graines  ont 
si  peu  de  succès  en  Europe.  11  est  plus  que  probable  que  ces 
mêmes  graines  n'eussent  pas  mieux  réussi  en  Chine. 

«  On  voit  »,  dit  en  terminant  le  mémoire  chinois  auquel  j'ai 
emprunté  les  passages  entre  guillemets  qui  précèdent,  «  à 
»  quelle  intention  nous  proposons  de  Taire  des  essais,  à  l'imi- 
»  tation  des  Chinois,  sur  les  Vers  à  soie  sauvages  duFagara,du 
»  Frêne  et  du  Chêne.  Ces  essais,  qui  ne  demandent  que  des 
»  soins,  de  l'attention  et  de  lu  patience,  peuvent  occuper,  en 
»  différents  endroits,  la  sagacité  et  le  zèle  des  citoyens  opu- 
D  lents  qui  vont  passer  la  belle  saison  à  la  campagne.  Il  est  si 
»  délicieux  de  se  rendre  utile  et  de  contribuer  à  l'abondance 
*  publique,  que  nous  ne  doutons  point  que  plusieurs  ne  pré- 
j>  férent  ces  essais  à  tant  d'amusements  également  dispendieux 
»  et  frivoles  qui  occupent  le  loisir  des  riches  dans  leurs  terres. 
/)  Qui  sait  s'il  n'est  pas  réservé  à  quelqu'un  de  ces  essais  d'en- 
»  richir  notre  France  de  quelque  nouvelle  espèce  de  soie?  s 

Le  vœu  du  missionnaire  est  aujourd'hui  réalisé  en  partie, 
demain,  je  l'espère,  il  le  sera  entièrement;  mais  pour  cela  il 
a  fallu  un  siècle,  et  le  règne  de  Napoléon  IIL 


NOTICE 

SUR    LA    CONSERVATION,    T-'ÉDUCATION    ET    LA    CULTURE 

DES  OEUFS  DES  VERS  Â  SOIE  SAUVAGES  DU  JAPON 

[Bombyx  Ya-ma-mai ,  Guérin-Méneville), 
Par  M.    J.  L.  €.     POMPE  UMi  MEEB&DEKVOOUT. 


(Séance  du  '20  février  1803.) 


Les  œufs  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  procurer,  viennent 
de  la  province  d'Elizen  ou  Jelize/i,  située  à  peu  près  au 
centre  de  la  grande  île  de  Niplion.  Il  n'y  a  que  deux  provinces, 
dans  l'empire  du  Japon,  où  ces  Vers  sauvages  soient  cultivés, 
savoir  :  Elizen,  et  fligo  ou  Vigo,  sur  l'île  de  Kiiism  ;  dans 
cette  dernière  province,  cette  culture  ne  date  que  de  trois  ans. 
L'inhumation  vers  la  fin  du  mois  de  mars  a  pour  ohjel 
d'éviter  le  développement  trop  rapide  des  chenilles  ;  ce  point 
est  d'une  grande  importance,  car  souvent  il  arrive  que  les 
chenilles  éclosent  ovaitt  que  les  Chênes  poussent  des  feuilles 
nouvelles,  et  dans  ces  cas  les  insectes  manquent  absolument 
de  nourriture  et  doivent  mourir. 

Conservés  ainsi,  les  œufs  commencent  à  se  développer  au 
Japon  vers  le  commencement  du  mois  d'avril  ;  on  doit  pour- 
tant considérer  que  le  climat  et  la  température  de  ces  pro- 
vinces diffèrent  beaucoup  de  ceux  de  l'Europe. 

Le  thermomètre  ne  tombe  presque  jamais  au-dessous  de 
29  degrés  Fahreinheit;  la  température  moyenne,  calculée 
d'après  mes  observations  faites  au  Japon  pendant  cinq  années, 
est  en  novembre  de /i5  degrés;  décembre,  /il;  janvier,  30; 
février,  /|3  ;  mars,  49  à  50  degrés  Fahr. 

Selon  mon  opinion,  le  terme  du  développement  en  France 
sera  dans  les  derniers  jours  du  mois  de  mai  (du  20  au  30). 

Toutefois  on  ne  doit  pas  oublier  que  ces  œufs  ont  fait  le 
voyage  du  Japon  en  France,  qu'ils  ont  parcouru  les  tropiques, 
et  ont  été  exposés  à  de  très-grandes  différences  de  tempé- 
rature. 


ÉDUCATION    DES   VERS    A   SOIE    SAUVAGES    DU    JAPON.         (307 

Vers  le  temps  que  les  Chênes  poussent  les  jeunes  feuilles 
el  qu'on  peut  calculer  qu'il  y  en  aura  assez  pour  la  nourriture 
(les  Vers,  on  exhume  les  œufs  et  on  les  met  dans  une  hoîtc 
ouverte,  exposés  à  l'air.  On  verra  bientôt  les  chenilles  se 
développer.  On  ne  peut  pas  nourrir  les  mêmes  insectes  de 
différentes  espèces  de  Chênes,  mais  on  doit  continuer  avec  les 
feuilles  de  la  même  espèce,  sinon  les  insectes  commencent  à 
languir  et  meurent  vite. 

En  général,  on  leur  donne  les  feuilles  de  toutes  les  diffé- 
rentes espèces  de  Chênes  ;  toute  la  famille  du  Querciis  est 
bonne  ;  les  feuilles  les  plus  tendres  et  les  plus  succulentes  sont 
les  meilleures. 

Les  Japonais  font  de  petites  plantations  de  Chênes  dans 
leurs  serres,  pour  transporter  les  jeunes  arbres  au  mois  de 
mai  dans  des  pots  ou  bien  dans  des  caisses  de  bois,  qu'ils 
peuvent  mettre,  selon  leur  gré,  en  plein  air  ou  bien  dans  la 
chambre.  Après  la  transplantation,  les  jeunes  arbres  doivent 
avoir  abondance  d'eau  pour  croître  rapidement. 

Quand  on  a  mis  les  œufs  dans  les  boîtes  ouvertes,  ainsi  que 
je  disais,  les  jeunes  Vers  viennent  très-vite,  quelquefois  le 
même  jour  ;  on  doit  alors  leur  donner  immédiatement  quel- 
ques feuilles  jeunes  et  succulentes.  11  est  d'une  nécessité  ab- 
solue qu'on  leur  donne  abondance  de  nourriture  dès  qu'ils 
naissent ,  et  même  qu'ils  aient  toujours  quelques  feuilles 
fraîches  en  réserve,  car  ils  veulent  choisir  leur  nourriture. 

Aussitôt  que  possible,  on  doit  transporter  les  Vers  sur  les 
petits  Chênes  qu'on  a  cultivés  à  cette  intention,  et  en  plein 
air,  si  le  })rocédé  est  praticable  ;  les  Japonais  prétendent  que 
l'éducation  en  chambre  n'est  pas  favorable  :  toutefois  ce 
transport  en  plein  air  devra  se  régler  d'après  le  chmat.  Ja- 
mais on  ne  doit  transporter  les  chenilles  de  force,  mais  on  les 
laisse  se  promener  paisiblement  de  la  boîte  sur  les  arbres, 
sans  les  y  mettre  avec  les  mains.  Évidemment  il  faut  pour  cela 
une  certaine  patience,  mais  il  paraît  que  ces  précautions  sont 
d'une  très-grande  importance. 

Une  dizaine  de  jours  après  le  développement,  les  Vers  ces- 
sent de  prendre  nourriture  pendant  trois  ou  quatre  jours,  c'est 


GOS        SOCIÉTÉ   IMPÉIUALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

ce  qu'on  appelle  le  premier  repos,  après  quoi  ils  muenl  et 
recommencent  à  manger.  Ce  repos  se  répèle  encore  trois  fois 
avec  des  intervalles  assez  réguliers  d'environ  dix  jours. 

Soixante  jours  après  la  naissance  des  chenilles ,  elles  de- 
viennent transparentes  et  ne  mangent  plus;  c'est  alors  qu'elles 
commencent  à  faire  leurs  cocons  (au  Japon,  au  commence- 
ment de  juin).  ïrenle-cinq  à  trente-six  jours  après,  les  che- 
nilles se  transforment  en  papillons(environ  vers  le '10  juillet). 
Elles  font  les  cocons  sur  les  feuilles  des  Chênes.  Au  temps  de 
la  transformation  en  papillons,  on  doit  être  très-attentif  pour 
les  saisir  tout  de  suite  et  les  mettre  en  cage,  alin  de  recueillir 
les  œufs  avant  qu'ils  aient  le  temps  de  s'envoler,  ce  qui 
arrive  assez  souvent. 

L'époque  de  la  transplantation  des  Vers  sur  les  grands 
Chênes  en  plein  air  doit  se  régler  après  leur  développement, 
et  il  sera  facile,  pour  les  sériciculteurs  de  profession,  de  la 
fixer  eux-mêmes. 

Les  oiseaux,  les  souris,  les  rats  et  une  grande  quantité 
d'insectes  font  quelquefois  de  très-grands  ravages  parmi  les 
Vers  en  plein  air,  c'est  pourquoi  les  sériciculteurs  japonais 
arrangent  souvent  de  petites  plantations  de  Chênes  dans  leurs 
jardins  cl  les  couvrent  d'un  toit  d'écorce  d'arhre,  afin  de 
pouvoir  mieux  les  garder  et  les  protéger  contre  leurs  ennemis. 
La  soie  de  ces  Vers  sauvages  est  Irès-estimée  au  Japon  et 
encore  très-peu  connue  en  Europe  ;  elle  est  forte  et  ne  prend 
pas  de  couleur  (m'a-t-on  dit,  du  moins  au  Japon)  :  c'est  pour 
celle  raison  qu'elle  est  employée  pour  les  parties  blanches 
dans  les  crêpes  de  soie  japonais  si  recherchés  en  Europe. 

Le  prix  de  la  soie  des  Vers  sauvages  monte  au  Japon  de  800 
à  900  dollars  mexicains  le  picul,  ce  qui  équivaut  à  peu  près 
à  /i500  à  5000  francs  le  picul,  ou  133  livres  anglaises. 


EDI  CATION    DU   BOMBYX  YA.-MA-MÂÏ, 

Par  M.  le  docteur  A.  CHAVAIVIMES. 


Lausanne,  le  29  septembre  18(33. 

Monsieur  le  Président, 

Comme  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  le  dire  en  vous  entretenant 
de  mon  éducation  de  Ya-ma-maï,  j'ai  eu  60  éclosions:  5  pe- 
tites chenilles  ont  péri  dans  les  premiers  jours;  les  55  autres 
m'ont  donné  55  cocons,  et  ceux-ci  55  papillons,  tous  en 
})arrait  état.  C'est  un  succès  aussi  complet  que  possihle.  Ces 
cocons,  tenus  à  la  température  ordinaire ,  ont  tous  livré 
leur  papillon  entre  39  et  ZiO  jours,  depuis  le  moment  où  ils 
ont  été  commencés,  .l'ai  eu  plus  de  mâles  que  de  femelles. 
Ils  ont  été  placés  par  couples  dans  des  sacs  de  gaze  que 
j'ai  suspendus  pendant  la  nuit  aux  arbres  d'un  jardin  abrité. 
Plusieurs  fois  j'ai  mis  deux  mâles  avec  la  même  femelle. 
Je  n'ai  point  constaté  d'accouplement  ;  celui-ci  dure  sans 
doute  peu  de  temps  et  a  probablement  lieu  dans  la  pre- 
mière partie  de  la  nuit.  N'ayant  jamais  trouvé  de  couple 
apparié  le  matin,  je  craignais  de  ne  point  avoir  d'œufs  fé- 
condés. Un  mois  après  la  dernière  ponte,  j'ai  examiné  les 
œufs  en  faisant  à  plusieurs  d'entre  eux  une  petite  ouverture 
avec  un  rasoir.  A  ma  grande  surprise,  j'ai  trouvé  la  petite 
chenille  toute  formée;  elle  est  d'un  vert  clair  et  s'agite  dans 
l'œuf.  Le  Ya-ma-maï  est  jusqu'ici  la  seule  Saturnie  qui  passe 
l'hiver  à  l'état  d'œuf  :  c'est  une  première  anomalie.  Cet  œuf 
contient,  dès  l'automne,  la  petite  chenille  toute  développée  et 
demeurant  tout  l'hiver  à  l'abri  dans  sa  coque  :  c'est  une  seconde 
anomalie,  car  dans  les  œufs  de  lépidoptères  qui  passent  l'hiver, 
le  développement  de  l'embryon  n'a  heu  qu'au  printemps. 

Il  est  facile  de  séparer,  un  mois  après  la  ponte,  les  œufs 
fécondés  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas.  Il  faut  pour  cela  avoir 
une  bonne  loupe.  Tous  les  œufs  qui  présentent  une  dépression 
plus  ou  moins  sensible  ne  sont  pas  fécondés  ;  tous  ceux  qui 
n'offrent  aucune  dépression  sont  fécondés.  Cet  examen  ne 
doit  se  faire  qu'un  mois  au  moins  après  la  ponte,  parce  que 
vers  le  quinzième  jour  les  œufs  fécondés  présentent  une  très- 
légère  dépression  qui  s'efface  plus  tard. 

Par  cet  examen,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  reconnaître  que 

T.  X.  —  OclobrclSOS.  39 


610      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQÛE   d'aCCLIMATATION. 

les  deux  tiers  des  œufs  de  mes  Ya-ma-maï  sont  bien  fécondés. 
Lorsqu'on  ouvre  avec  le  rasoir  un  œuf  non  fécondé ,  il  se 
produit,  au  moment  de  l'ouverture,  un  petit  bruit  (t/ic),  qui  n'a 
jamais  lieu  si  l'œuf  est  fécondé  :  il  est  produit  par  une  petite 
bulie  d'air  qui  pénètre  dans  le  liquide  contenu  dans  l'œuf;  ce 
liquide  est  visqueux,  jaune  vcrdàtre ,   sans  trace  d'organi- 
sation. Les  œufs  blancs,  qui  sont  les  derniers  pondus,  sont 
tout  aussi  bien  fécondés  que  les  œufs  bruns.  Toutes  les  per- 
sonnes qui  ont  des  œufs  du  Ya-ma-maï  peuvent  donc,  dès 
aujourd'liui,  savoir  exactement  combien  elles  en  ont  de  bons 
et  de  mauvais  ;  au  printemps,  le  triage  sera  encore  plus  facile. 
Quant  à  la  conservation  de  ces  œufs,  je  crois  qu'il  faut  les 
maintenir  dans  des  boîtes  aérées,  placées  dans  un  lieu  non 
chauiïé,  plutôt  légèrement  humide  que  trop  sec  ;  la  tempéra- 
ture ne  devra  pas  s'abaisser  au-dessous  de  8  à  10  degrés  centi- 
grades. Une  température  basse  de  +  1  ou  2  degrés  pourrait 
nuire  à  la  petite  chenille  ;  je  ne  crois  pas  que  8  à  10  degrés  la 
déterminent  à  sortir  avant  le  premier  printemps.  Mais  à  quelle 
époque  l'éclosion  normale  aura-t-elle  lieu  ?  Il  est  bien  difficile 
de  répondre  à  celte  question  ;  je  crois  cependant  que  nous 
devons  nous  attendre  à  une  éclosion  précoce,  c'est-à-dire 
avant  le  premier  développement  des  bourgeons  de  Chêne. 
Dans  cette  prévision,  je  conseille  à  tous  les  éducateurs  du 
centre  et  du  nord  de  la  France  de  faire  mettre  en  vases,  cet 
automne,  quelques  petits  Cognassiers  (on  en  trouve  chez  tous 
les  pépiniéristes);  s'ils  sont  maintenus  pendant  l'hiver  à  la 
température  de  l'orangerie,  ils  auront  des  bourgeons  dès  la 
fm  de  février  ;  s'ils  n'avaient  pas  de  feuilles  en  mars,  il  serait 
facile  de  les  forcer  en  quelques  jours  dans  une  serre  bien 
chauffée.  Les  feuihes  du  Cognassier  ne  sont  jamais  trop  dures 
pour  la  jeune  chenihe,  ce  qui  arrive  souvent  pour  celles  du 
Chêne.  Les  petites  chenilles  pourront  rester  sur  ces  Cognas- 
siers jusqu'cà  ce  que  le  Chêne  commence  à  s'ouvrir  ;  elles 
passent  inditlèremment  d'un  de  ces  arbres  sur  l'autre. 

Tehessont,  monsieur  le  Président,  les  indications  que  je  puis 
donner  ;  je  souhaite  qu'elles  soient  de  quelque  utilité  aux  expé- 
rimentateurs du  Ya-ma-maï,  qui  sera  une  des  belles  conquêtes 
de  notre  Société. 


NOTES 

SUR  LES  ANIMAUX  ET  LES  VÉGÉTAUX  UTILi:S 
DE   LA   TURQUIE  ('), 

ÎPar    M.    IS.    S.    BSJFOÎJR, 
Ddk'giié  de  la  Société   impériale  d'ncclinialalioii  à  Conslanliiiople. 

(suite  et  fin). 


Dans  le  règne  végétal,  la  Turquie  offre  à  peu  près  les  mêmes 
produits  que  la  France.  Par  exemple  : 

1°  Dans  les  céréales:  le  Blé  dur  et  le  Blé  iendre,  le  Seigle, 
l'Orge,  l'Avoine,  le  Sarrasin,  le  Maïs,  le  Millet  et  le  Biz. 

2"  Dans  les  légumineuses  à  semences  farineuses  :  les  Fèves, 
les  Haricots,  les  Pois,  les  Pois  chiches  et  les  Lentilles. 

3"  Dans  les  plantes  cultivées  pour  leurs  racines  :  les  Baves, 
la  Carotte,  les  Topinambours  et  la  Pomme  de  terre,  dont  la 
culture  est  propagée  seulement  depuis  la  guerre  de  Grimée. 

h°  Dans  les  plantes  oléagineuses,  le  Sésame,  qui  est  cultivé. 
en  grand. 

5"  Dans  les  plantes  textiles  ou  filamenteuses  :  très-peu  de 
Chanvre,  le  Lin  en  grand,  et  le  Cotonnier,  qui  commence  à  être 
cultivé. 

6'  Dans  les  plantes  économiques  :  le  Tabac,  que  l'on  trouve 
dans  presque  toutes  les  provinces,  et  la  Betterave,  qui  vient 
très-bien  dans  les  montagnes  de  l'Anatolie  et  dont  on  tire  à 
peine  parti. 

7"  Dans  les  plantes  potagères  :  les  Artichauts,  qui  sont  d'une 
bonne  venue  et  d'un  goût  moins  âpre  que  ceux  de  France  ; 
les  Choux;  les  Choux-tleurs,  qui  sont  très-gros,  sans  tache  et 
très-doux;  l'Ail,  qui  est  très-doux  comparativement  à  celui  de 
France;  les  Oignons,  qui  sont  aussi  très-doux;  les  Courges;  le 
Concombre,  qui  est  beaucoup  plus  digestible  que  celui  de 
France;  la  Tomate,  que  l'on  cultive  partout  et  en  quantité; 
l'Aubergine,  qui  devient  très-grosse  ;  laCourgette  (Sahki-kabo, 
Courge  de  mastic),  qui  a  la  forme  de  l'Aubergine,  mais  qui 
devient  plus  grosse,  qui  a  un  goût  exquis,  est  très-précoce  et 

(1)  Voyez,  pour  la  1"^  partie,  numi'i'O  tle  septembre,  pa^'e  5/i0. 


(Vr2        SOCIÉTÉ    iMPÉfilALE   ZOOLOf.IQUE    d'aCCLIMATATION. 

cultivable  en  toute  saison,  excepté  eu  hiver,  et  dont  chaque 
plante  produit  environ  vingt-cinq  fruits,  du  poids,  en  général, 
de  200  grammes  l'un.  On  sème,  au  commencement  de  mars, 
dans  une  corbeille,  avec  un  pouce  de  terre  dessus  ;  la  corbeille 
est  mise  sous  le  fumier  jusqu'à  ce  que  les  plants  sortent,  et 
ces  plants  sont  repiqués,  à  la  fin  du  mois  de  mars,  de  trois  en 
trois,  en  pleine  terre,  à  un  mètre  de  distance  environ.  Cette 
plante  est  d'autant  plus  avantageuse  que,  sans  être  arrosée, 
elle  donne  pendant  trois  mois.  Les  Melons  de  toute  espèce, 
surtout  le  blanc,  qui  est  très-sucré  ;  le  Melon  d'eau  ou  Pastèque, 
etleGombo,  connu  à  Marseille  sous  le  nom  de  Corne  des  Grecs, 
dont  on  fait  un  grand  usage  en  Orient,  et  où  on  l'appelle 
Bamia. 

8"  Dans  les  plantes  médicinales  :  le  Pavot,  qui  est  cultivé  en 
grand  dans  l'Asie  Mineure,  et  avec  lequel  on  produit  l'opium, 
qui  est  toujours  très-recherché  par  les  Anglais  ;  la  Scammonée 
et  le  Safran. 

9"  Dans  les  plantes  aromatiques  :  le  Mastic,  l'Anis  et  les 
Rosiers.  La  culture  de  cette  plante  se  fait  en  Pioumélie,  dans 
les  kazas  de  Kisanlik,  Tchirpan,  Garlovo,  Eski  Sahara  et  Ajéni 
Sahara,  qui  font  partie  du  sandjak  de  Philippopoli.  Les  habi- 
tants de  cette  contrée,  qui  sont  généralement  plus  avancés  en 
agriculture  que  ceux  des  autres  parties  de  l'empire,  cultivent 
avec  grand  soin  cette  plante,  qui  produit  l'espèce  de  rose  avec 
laquelle  on  obtient  l'essence,  qui  est  considérée  ajuste  titre, 
par  tous  les  parfumeurs,  comme  la  première  d'entre  toutes, 
bien  qu'ils  la  remplacent  assez  souvent,  dans  leurs  prépara- 
tions odorantes,  par  d'autres  essences,  telles  que  celle  du 
géranium  ayant  de  l'analogie  avec  l'essence  de  roses.  Cette 
essence  est  produite  par  les  mêmes  propriétaires  qui  culti- 
vent cette  espèce  de  Piosier,au  moyen  de  l'alambic  usité  dans 
les  distilleries  qui  traitent  l'alcool.  Voici  les  conditions  dans 
lesquelles  cette  distillation  est  faite.  Du  20  au  25  mai,  époque 
de  la  récolte  annuelle,  les  campagnards  cueillent,  avant  le 
lever  du  soleil,  les  roses,  lesquelles  sont  distillées  par  parties 
de  8  à  10  okes  mêlées  avec  15  à  20  okes  d'eau  pure,  et  cela 
sans  interruption  pendant  deux  heures,  après  lequel  laps  de 


ANIMAUX    ET    VÉfiÉTAUX   UTILI'S    DE   LA   TURQUIE.         613 

temps  on  retire  les  roses.  Ensuite  on  distille  de  nouveau  l'eau 
de  rose  déjà  produite,  et,  cela  fait,  on  enlève  avec  une  cuiller 
l'essence  de  roses  qui  surnage. 

La  récolte  annuelle  de  cette  espèce  de  roses  s'élève  à 
3  600  000  okes  environ,  et  la  production  de  l'essence  de  ces 
roses  varie  de  200  000  àAOOOOO  méticaux,  suivant  les  in- 
fluences météoriques;  car  elles  dépendent  essentiellement 
l'une  et  l'autre,  de  la  température  qui  règne  pendant  ces 
opérations,  dont  la  duré(î  est  de  douze  à  vingt-cinq  jours.  La 
température  la  plus  favorable  cà  la  récolte  qui  réagit  d'autant 
sur  la  production  de  Fesscnce,  est  une  température  fraîche 
presque  froide,  de  40  à  12  degrés  Réaumur.  Ainsi,  par  une 
basse  température  avec  brouillard  et  petite  pluie  par  inter- 
valle de  trois  jours,  ce  qui  a  souvent  lieu  dans  cette  contrée, 
liQO  roses  pèsent  une  oke ,  et  avec  8  okes  de  ces  roses  on 
obtient  un  métical  {rnyskal,  en  turc) ,  un  dram  et  demi  (1  )  d'es- 
sence ,  tandis  que,  avec  une  température  élevée,  il  faut  jus- 
qu'à 1000  roses  pour  une  oke,  et  20  okes  de  ces  roses  pour 
produire  un  métical  d'essence.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  dernière 
proportion  est  encore  bien  supérieure  à  celle  qui  résulte  de 
la  distillation  des  roses  de  Provence;  car,  si  je  suis  bien 
renseigné,  on  emploierait  en  France  jusqu'à  60  okes  de  roses 
pour  obtenir  un  métical  d'essence.  En  conséquence,  MM.  l-es 
distillateurs  français  feraient  bien,  ce  semble,  de  rechercher 
la  cause  de  cette  énorme  différence  au  détriment  de  leur  pro- 
duction; d'autant  plus  qu'en  Roumélie,  suivant  la  statistique  gé- 
nérale de  cette  production,  il  faut,  bon  an  mal  an,  seulement 
12  okes  de  roses  pour  produire  un  métical  d'essence,  ce  qui 
porte  la  production  annuelle  en  essence  à  300  000  méticaux. 

Comme  plus  amples  renseignements  sur  cette  intéressante 
question,  j'ajouterai  que  la  Rose  dont  nous  nous  occupons 
porte  de  vingt  à  vingt-cinq  feuilles  d'une  teinte  très-claire  et 
d'un  goût  très-amer,  lesquelles  étant  triturées  avec  du  sucre, 

(1)  l^our  l'information  du  lecteiu-,  je  dois  faire  observer  que  : 

1   oke  e.sl  cuiuposée  de 400  diams. 

1   kiloi;iviiiime  est  l'éiiuivalent  de.      312        — 
1  dram  vaut 60  deniers. 


6\h       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'AGCLIMATATION. 

forment  une  pâte  qui  produit  à  peu  près  les  mêmes  effets  que 
la  Scammonée.  Le  plant  qui  produit  cette  rose,  et  qu'on  taille 
h  1  mètre  ou  1"',30  de  hauteur,  fleurit  avec  vigueur  et  abon- 
dance dans  le  terrain  à  base  argileuse,  qu'il  est  indispensable 
de  retourner  quatre  ou  cinq  fois  par  an.  A  ce  propos,  je  ferai 
observer  que  la  qualité  des  roses,  et,  par  suite,  celle  de  l'es- 
sence, varie  suivant  la  nature  du  terrain.  En  effet,  le  parfum 
diffère  suivant  le  terroir;  et  ces  différences  sont  parfaitement 
constatées  à  l'odorat  par  les  courtiers  de  cette  contrée;  qui 
plus  est,  l'essence  de  tel  village  gèle  déjà  à  15  degrés  Réaum., 
tandis  que  celle  de  telle  autre  localité  gèle  à  peine  à  5  degrés 
Réaumur. 

Quoique  la  production  générale  de  l'essence  de  roses  dans 
le  district  de  Philippopoli  tende,  depuis  un  certain  nombre 
d'années,  à  diminuer  en  raison  de  la  baisse  du  cours,  qui 
est  descendu  de  1250  à  850  francs  le  kilogramme,  prix  qui 
est  primé  par  le  résultat  de  la  culture  des  céréales,  le  chiffre 
commercial  de  cette  matière  première  s'élève  encore  annuel- 
lement à  un  million  de  francs  au  minimum. 

On  cultive  aussi  en  Turquie  une  autre  variété  de  Rosier 
qui  produit  les  roses  avec  lesquelles  on  fait  des  confitures, 
que  les  dames  offrent,  dans  tout  l'Orient,  aux  visiteurs. 

10"  Dans  les  plantes  tinctoriales,  la  Garance,  qui  est  cultivée 
dans  l'Asie  Mineure  est  très-riche  en  couleur. 

11"  Dans  les  plantes  ou  arbres  utiles  :  le  Chêne  blanc,  qui 
produit  la  vallonée  employée  dans  la  tannerie  ;  le  Thuia  pro- 
duisant la  sandaraque;  l'Adragant,  qui  porte  la  gomme  appe- 
lée, du  nom  de  Tarbre,  adragante,  et  le  Mûrier  blanc,  dont  la 
culture  est  traitée  in  extenso  dans  mes  Observaiiuns  prati- 
ques sur  la  maladie  actuelle  des  Vers  à  soie.  La  qualité  de  ce 
Mûrier  blanc,  au  point  de  vue  de  la  feuille,  ayant  été  reconnue 
supérieure  en  France  par  des  personnes  compétentes,  je  prie 
la  Société  de  faire  faire  des  essais  avec  la  graine  de  celte 
espèce,  que  je  prends  la  liberté  de  lui  ofTrir. 

12°  Dans  les  arbres  oléagineux:  l'Olivier,  l'Amandier, 
le  Noyer  et  le  Noisetier. 

13°  Dans  les  arbres  à  fruits:  le  Citronnier,  l'Oranger;  le 


ANIMAUX    ET   VÉGÉTAUX    UTILES    DE    LA   TURQUIE.         015 

Figuier,  dont  le  îVuit  donne  lieu  à  un  grand  commerce;  dilTé- 
rentes  espèces  de  Poiriers  et  de  Pommiers,  dont  les  fruits  ne 
valent  pas  en  général  les  nôtres;  les  Cognassiers,  donnant  des 
fruits  qui  sont  beaucoup  plus  doux  que  ceux  de  France;  les 
Cerisiers,  les  Griottiers,  les  Pêchers,  dont  les  fruits,  les  arbres 
étant  soignés  ,  parviennent  à  une  grosseur  extraordinaire, 
quatre  Pêches  pour  1  kilogramme,  et  sont  des  plus  savou- 
reux. Pour  parvenir  sûrement  à  ce  résultat,  même  pendant 
les  années  de  grande  sécheresse,  les  derviches  font  tomber 
sur  l'enfourchure  de  l'arbre,  goutte  à  goutte,  de  l'eau  propre 
d'une  gourde,  qu'ils  ont  soin  de  tenir  remplie  à  cet  effet. 

l/i"  Pour  ce  qui  est  de  la  Vigne,  on  distingue  en  Turquie 
diverses  variétés  de  cépages.  Les  uns  produisent  des  raisins 
avec  lesquels  on  fait,  en  général,  des  vins  qui  ne  se  conservent 
pas  longtemps,  k  l'exception  de  quelques  qualités  hquoreuses. 
Les  autres  produisent  des  raisins,  tels  que  le  raisin  de  Corin- 
the,  qu'on  fait  sécher  et  qu'on  expédie  à  l'étranger.  Et  enhn 
d'autres  cépages  produisent  des  raisins  pour  la  table,  tels 
que  le  plant  Tchaouchc,  h  grappes  assez  volumineuses  et  à 
gros  grains,  très-charnus,  d'un  blanc  jaune,  et  d'un  goût 
très-sucré.  C'est  ce  cépage  qui  a  constitué  en  France  le  chas- 
selas. Parmi  les  variétés  de  raisins  pour  la  table,  il  en  est  une 
que  je  dois  mentionner,  non  pour  la  supériorité  du  goût, 
quoiqu'il  soit  très-bon,  mais  pour  la  grande  facilité  avec  la- 
quelle on  le  conserve  jusqu'à  la  fin  de  mai,  et  cela  presque 
aussi  frais  qu'au  moment  de  la  cueillette  :  c'est  ce  même  raisin 
que  l'on  aperçoit,  pendant  tout  l'hiver,  à  Constantinople, 
pendu  aux  boutiques  des  épiciers  sans  aucune  précaution. 
Ce  cépage,  qui  est  une  variété  du  Tchaouche,  produit  une 
grappe  volumineuse  cà  gros  grains  oblongs,  convenablement 
distancés  les  uns  des  autres,  et  solidement  attachés  à  la  grappe 
par  le  pédicclle,  charnus  et  d'un  blanc  tirant  sur  le  vert.  Ce 
plant,  dont  le  raisin  (du  nom  de  Coumla)  possède  toutes  les 
qualités  voulues  de  conserve,  est  cultivé  en  grand  à  Filadar, 
en  Anatolie.  Ce  bourg,  qui  est  cà  3  5  kilomètres  de  Brousse  et 
à  1  kilomètre  du  golfe  de  Guemlek,  ce  qui  facihte  beaucoup 
l'exportation  de  ses  produits,  est  situé  sur  une  montagne 


6d6        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

assez  élevée  ;  son  terroir  est  généralement  à  base  argileuse  et 
calcaire  ;  son  climat,  à  raison  de  l'exposition,  est  tempéré  : 
toutes  ces  conditions  autorisent  donc  à  croire  que  ce  cépage 
pourrait  être  acclimaté  en  France  avec  avantage. 

15"  Quant  aux  arbres  forestiers,  je  n'en  parlerai  pas,  vu 
que  les  essences  sont  généralement  les  mêmes  que  celles  que 
la  France  possède. 

16°  Et  relativement  aux  arbres  d'agrément,  on  ne  pourrait 
citer,  pour  ainsi  dire,  que  le  Platane,  qui  est  d'une  venue 
gigantesque,  ainsi  que  les  touristes  le  constatent  journelle- 
ment à  Buiukdéré,  près  de  Constantinople,  dans  un  arbre  de 
cette  essence  qui  aurait,  dit-on,  offert  son  ombre  hospitalière 
àGodefroy  de  Bouillon,  il  y  a  près  de  huit  siècles,  lorsqu'il  se 
dirigeait  vers  la  Palestine. 

Comme  on  vient  de  le  voir,  les  produits  que  la  Turquie  peut 
fournir  à  la  France  sont  en  très-petit  nombre  :  par  exemple, 
dans  le  règne  animal,  les  diverses  races  de  Vers  à  soie,  les 
Chevaux  arabes,  les  Chèvres  d'Angora  et  le  poisson  laïan- 
Baluk  ;  et  dans  le  règne  végétal,  la  Courgette  Sahki-kabo  et 
le  raisin  de  Filadar.  Car  pour  les  autres  produits,  que  la  France 
possède  aussi,  mais  qui,  en  Turquie,  peuvent  être  plus  beaux 
ou  de  meilleur  goût,  ce  serait  une  illusion  que  de  les  impor- 
ter, vu  que  ces  conditions  de  supériorité  dépendent  essentiel- 
lement du  climat. 

Je  termine,  avec  l'espoir  que  ces  notes  sur  les  animaux  et 
les  végétaux  de  la  Turquie,  bien  qu'elles  ne  soient  pas  accom- 
pagnées de  commentaires,  auront  leur  utilité;  car  quoiqu'elles 
ne  fassent  qu'indiquer  les  sujets  de  ces  deux  règnes  de  la 
nature  qu'il  serait  avantageux  d'acclimater  en  France,  elles 
peuvent  cependant  rectifier  ce  qu'il  y  a  d'erroné  ou  d'exagéré 
dans  l'opinion  générale  relativement  à  ces  contrées  orientales, 
qu'on  traite  toujours  comme  le  pays  des  Mille  et  vne  nuits. 


OBSERVATIONS 
SUR   LA  MALADIE  DE  LA  P03IME  DE  TERRE, 

Par  1»I.  Jules  LECREUX. 


(Séance  du  20  mars  1863.) 


Nous  avons  éprouvé,  l'an  dernier,  la  vive  satisfaction  de 
voir  une  récolte  de  Pommes  de  terre  saine  et  abondante,  non 
pas  cependant  sans  quelques  exceptions.  Le  moment  de  vous 
entretenir  de  la  maladie  et  des  moyens  de  l'éviter  doit  né- 
cessairement vous  paraître  très-inopportun,  et  suscitera  mon 
égard  les  réflexions  suivantes  : 

Le  rôle  de  notre  collègue  n'est  pas  difficile  à  remplir;  il 
cherche  à  guérir  la  Pomme  de  terre  qui  se  porte  à  merveille. 

Puisse-t-il  en  être  ainsi  ! 

Mais,  par  prudence,  messieurs,  veillons  encore  sur  cette 
mère  nourricière  de  tant  de  familles;  considérons-la  comme 
convalescente,  et  songeons  que  souvent  la  rechute  est  plus 
grave  que  la  maladie  première. 

Depuis  dix-sept  ans,  je  me  suis  livré  assidûment  aux  essais 
et  aux  observations  sur  la  culture  de  notre  précieuse  solanée, 
attendant  qu'elle  me  suggère  quelque  chose  pour  devenir  son 
interprète.  La  réussite  de  la  dernière  récolte  parle  en  faveur 
de  mes  observations  antérieures,  que  je  vais  avoir  l'honneur 
de  soumettre  à  votre  bienveillante  attention. 

Mon  unique  but,  messieurs,  est  de  chercher,  par  la  régé- 
nération, à  consolider  les  tubercules,  leur  donner  une  con- 
stitution assez  solide  pour  résister  aux  attaques  de  son  ennemi 
mortel.  Quelques  mots  sur  l'origine,  la  composition  et  surtout 
les  diverses  phases  de  la  maladie  que  chacun  de  nous  con- 
naît, étant  nécessau-es,  j'en  parlerai  aussi  brièvement  que 
possible. 

Plus  de  trois  siècles  se  sont  écoulés  depuis  que  la  Morelle 
tubéreuse  (la  Pomme  de  terre)  a  fait  son  apparition  sur  le 
continent. 


618       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

A  qui  devons-nous  cette  inappréciable  introduction?  Le 
docteur  Putsche  l'attribue  à  John  Hawkins,  en  1565  ;  plus 
tard,  en  1586,  l'honneur  en  revint  au  célèbre  navigateur 
Francis  Drake,  puis  aux  Espagnols,  enfin  à  l'amiral  Walter 
Raleigh,  au  commencement  du  xvi''  siècle. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  positif,  c'est  qu'en  1616  il  en  fut  servi 
comme  rareté  d'un  grand  prix  sur  la  table  du  roi. 

Puis  sa  culture  languit,  et  c'est  à  peine  si,  vers  le  dernier 
tiers  du  xviip  siècle,  on  donnait  encore  asile,  sur  quelques 
points  du  globe,  à  ce  précieux  tubercule,  qui  avait  aussi  été 
délaissé  en  Allemagne,  où  il  fut  introduit  en  1650. 

Enfin  Parmentier  naquit  en  1737,  mourut  en  1813.  Chacun 
sait  à  quoi  il  consacra  toute  son  existence. 

Chaque  aimée  des  Parmentières,  fleurissant  sur  sa  tombe, 
y  forment  des  amas  d'étoiles  qui  rappellent  aux  passants  la 
gloire  et  le  tribut  de  reconnaissance  qui  reviennent  au  grand 
bienfaiteur  de  l'humanité. 

Quant  à  la  composition  de  la  Pomme  de  terre,  MM.  Dunal, 
Dutrochet,  Turpin,  et  avant  eux,  de  Knight  et  du  Polit- 
Thouars,  ont  reconnu  que  les  tubercules  ne  dépendaient  nul- 
lement des  racines,  et  se  composaient  uniquement  de  l'extré- 
mité renflée  de  branches  ou  de  bourgeons  souterrains,  dont 
le  tissu  cellulaire  s'est  développé  au  point  de  devenir  une 
masse,  dans  les  cellules  de  laquelle  la  fécule  s'est  produite  en 
très-grande  quantité  et  a  fait  de  ces  tubercules  une  matière 
ahmentaire  des  plus  importantes. 

Quant  à  la  maladie  objet  de  nos  préoccupations,  elle  s'est 
manifestée  pour  la  première  fois  en  1830  dans  plusieurs  dis- 
tricts de  l'Allemagne,  de  là  se  répandit  dans  le  Palatinat,  en 
Saxe,  dans  le  Mecklembourg,  la  Bohême  et  la  Silésie  :  dans 
ces  diverses  contrées,  ses  ravages  furent  tels,  que  la  récolte, 
sur  plusieurs  points,  fut  réduite  aux  deux  tiers. 

Chargé  par  le  gouvernement  bavarois  d'en  rechercher  la 
cause  et  les  remèdes,  M.  de  Marlius  attribue  le  mal  à  un 
champignon  microscopique  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Pei'i- 
sporium  solani,  qui  se  serait  produit  en  abondance  au  milieu 
du  tissu  cellulaire,  et  qui  a  pu  se  propager  par  infection. 


suri    LA    POMME    DE    TERRE.  619 

La  seconde  apparition  de  ce  terrible  fléau,  qui  a  produit 
des  eflets  bien  plus  désastreux  encore,  a  surgi  à  la  fin  de 
juillet  et  au  commencement  d'août  18A5,  dans  certaines  con- 
trées de  la  Belgique,  de  la  Hollande;  puis  avec  une  désolante 
rapidité,  s'est  répandue  dans  une  grande  partie  de  l'Allemagne 
et  de  la  France;  dans  la  Grande-Bretagne,  où  son  intensité 
fut  telle  que,  dans  certaines  localités,  il  ne  restait  de  ces  pré- 
cieux végétaux  que  des  détritus  infects. 

En  Irlande,  où  elle  est  pour  ainsi  dire  la  seule  nourriture 
des  campagnes,  où  cbaque  habitant  en  consomme  au  moins 
5  kilogrammes  par  jour,  la  récolte  fut  complètement  perdue. 
Privée  tout  à  coup  de  son  pain  quotidien,  cette  malheureuse 
population  fat  décimée  par  les  tortures  et  les  conséquences 
de  la  famine. 

Ce  fléau  répandit  partout  la  consternation,  et  chacun  se  fit 
un  devoir  de  chercher  l'origine  et  les  moyens  de  le  prévenir. 

Plusieurs  opinions  furent  mises  en  avant. 

L'une  soutenue  par  plusieurs  savants  qui  se  sont  rencon- 
trés avec  M.  de  Martius.  Une  autre,  très-répandue,  est  que  la 
matière  brunâtre,  résultat  de  la  maladie  de  la  Pomme  de  terre, 
est  une  simple  altération  des  matières  azotées,  albumineuses 
ou  autres,  contenues  dans  le  tissu  cellulaire,  altération  ayant 
pour  cause  des  influences  météorologiques  anormales. 

Je  me  rallie  très-volontiers  à  cette  opinion;  car,  outre  mes 
remarques  antérieures  sur  l'influence  des  temps  orageux, 
j'ai  vu  cette  année,  dans  les  départements  du  Nord  et  du  Pas- 
de-Calais,  où  la  végétation  et  la  floraison  étaient  luxuriantes, 
un  violent  orage,  éclatant  le  7  juillet,  réduire  presque  instan- 
tanément la  verdure  la  plus  vigoureuse  à  l'état  de  fanes  brunes 
exhalant  une  odeur  fétide;  par  bonheur,  les  tubercules  furent 
épargnés  cette  ibis,  et  donnèrent  une  récolte  admirable  en 
quantité  et  en  qualité. 

Néanmoins  plusieurs  points  furent  loin  d'être  totalement 
préservés. 

La  maladie,  d'après  M.  Morren,  commence  parles  feuilles, 
môme  les  fleurs  et  les  fruits,  admettant  l'infection  non  parle 
Pensporlum,  mais  par  le  Uoiri/iis  infestana. 


020        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Puis  vient  M.  Montagne,  qui  admet  l'action  du  Botrytis  in- 
festons sur  les  parties  herbacées,  mais  déclare  n'avoir  jamais 
rencontré  ce  cryptogame  sur  les  tubercules. 

Plusieurs  savants  ont  attribué  le  mal  à  l'apparition  d'in- 
sectes parasites. 

Tandis  que  MM.  Gruby  et  Guérin  ont  présenté  cà  l'Académie 
des  sciences,  à  ce  sujet,  un  rapport  dans  lequel  M.  Guérin 
n'admet  nullement  l'influence  des  insectes  dans  la  cause  de  la 

maladie. 

.l'ai  aussi  souvent  rencontre,  après  l'altération  des  tissus 
cellulaires,  l'apparition  d'insectes  et  végétaux  parasites  ;  mais 
non  régulièrement,  ce  qui  me  les  lit  considérer,  non  comme 
la  cause,  mais  comme  un  résultat  de  la  décomposition. 

Pendant  que  je  m'instruisais  dans  tous  les  ouvrages  d'où  j'ai 
tiré  la  plupart  des  observations  qui  précèdent,  affecté  com.me 
tous  du  terrible  fléau  qui  désolait  nos  campagnes,  j'ai  voulu 
apporter  mon  faible  tribut,  en  m'associant  aux  travaux  de 
tous,  et,  depuis  18/i5,  je  n'ai  cessé  de  m'occuper  avec  soin, 
avec  la  plus  scrupuleuse  attention,  de  la  partie  agricole. 

J'appelai  d'abord  à  mon  aide  les  divers  engrais  connus, 
guanos,  tourteaux,  colombine  ou  guano  des  pigeonniers, 
composts  divers,  fumiers  d'étable  et  d'écurie,  etc.  .l'accorde 
de  beaucoup  la  préférence  à  ces  derniers,  ayant  remarqué 
que  l'emploi  d'engrais  trop  chauds  et  trop  actifs  produisait  un 
surcroît  de  fanes  tendres  et  allongées,  au  détriment  de  la  flo- 
raison, puis  de  la  force  et  de  la  qualité  des  tubercules. 

J'eus  aussi  recours  au  recepage  suivi  du  cbaulage,  à  l'ar- 
rachage des  verdures  attaquées,  et  ne  fus  pas  plus  heureux 
que  ceux  de  mes  collègues  qui  tentèrent  les  mêmes  essais. 

J'ai  voulu  m'assurer  si  les  effets  si  merveilleux  de  la  fécon- 
dation et  de  l'hybridation,  qui  ont  tant  de  secrets  impénétra- 
bles, n'auraient  pas  une  influence  avantageuse  sur  les  tuber- 
cules. 

A  cet  effet,  je  me  suis  procuré  des  Pommes  de  terre  de 
toutes  les  localités  possibles,  et  plusieurs  fois,  messieurs,  j'en 
ai  dû  à  votre  libéralité. 

J'ai  cherché  à  accoupler  (si  je  puis  me  servir  de  cette 


SUR   LA  POMME   DE   TERRE.  62l 

expression)  toutes  ces  espèces  diverses,  en  les  plantant  l'une 
près  de  l'autre,  deux  ou  trois  rangées  d'une  espèce,  puis  deux 
ou  trois  d'une  seconde,  autant  d'une  troisième,  et  ainsi  de 
suite,  de  manière  que  les  fleurs  de  toutes  les  variétés  pussent 
se  communiquer  leur  pollen.  J'eus  soin  également  de  les 
changer  souvent  de  terrain,  et  par  ces  moyens  j'ai  obtenu, 
au  bout  de  peu  d'années,  des  Pommes  de  terre  qui  ne  se 
gâtaient  plus,  tandis  que  celles  soumises  à  la  culture  ordi- 
naire subissaient  l'inQuence  générale. 

Lorsque  la  culture  du  pays  était  presque  à  néant,  à  peine 
si  quelques  tubercules  tachés  paraissaient  dans  mes  planta- 
tions d'essais. 

Après  quelques  années  de  culture,  je  donnai  des  Pommes 
de  terre  à  mes  voisins,  qui  depuis  obtiennent  des  produits 
satisfaisants. 

Dans  la  contrée  que  j'habite,  existent  des  biens  communaux 
divisés  en  petites  parties,  dont  la  jouissance  revient  gratuite- 
ment à  chaque  famille,  par  suite  d'inscription  au  fur  et  à 
mesure  du  décès  d'un  usufruitier.  Beaucoup  de  ces  terrains 
de  diverses  natures  sont  occupés  par  des  malheureux  qui  ont 
à  peine  les  ressources  nécessaires  pour  fumer  et  cultiver.  Je 
fis  de  ces  derniers,  à  leur  insu,  mes  collaborateurs,  en  leur 
donnant  des  Pommes  de  terre  qui  leur  rapportaient  de  bons 
produits. 

Quelle  est  la  cause  de  ce  résultat? 

Le  hasard?  Non,  messieurs;  ce  mot  ne  peut  être  admis 
dans  notre  Société,  où  les  précieux  éclaircissements  que  je 
sollicite  peuvent  en  être  donnés. 

Pour  ce  qui  me  concerne,  je  signale  des  faits.  Dans  les  mo- 
tifs donnés  à  la  maladie,  M.  Morren  prétend  qu'elle  commence 
par  les  feuilles,  même  les  fleurs  et  les  fruits.  Je  suis  d'autant 
plus  porté  à  le  croire,  que  ma  conviction  intime  est  que  la 
fécondation  agit  sur  les  tubercules,  les  consolide  et  leur  donne 
la  force  de  résister  à  la  maladie  quand  les  feuilles  en  sont 
attaquées,  puis,  comme  des  races  régénérées  par  le  croise- 
ment, se  perpétuent  longtemps  dans  de  bonnes  conditions, 

La  récolte  exceptionnelle  de  l'année  18C2  est,  selon  moi, 


622      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMÂTATION. 

la  conséquence  de  la  fécondation  due  à  une  floraison  abon- 
dante de  fleurs  vigoureuses  dont  la  riche  influence  avait  déjà 
produit  ses  eff'ets  bienfaisants  lorsque  les  fanes  ont  été  instan- 
tanément foudroyées. 

Du  reste,  si  le  germe  de  la  maladie  peut  s'inoculer  par  la 
fleur  et  le  fruit,  aux  branches,  puis  aux  tubercules,  pourquoi 
le  germe  de  la  santé  ne  pourrait-il  pas  arriver  et  se  propager 
par  les  mêmes  voies? 

Je  n'ai  pas  cessé,  depuis  18/j5,  de  m'occuper  de  la  Pomme 
de  terre,  et  toujours  le  zèle  croissant  avec  le  succès. 

Me  suis-je  trompé,  messieurs? 

En  ce  cas,  si  mes  convictions  profondes  ne  sont  que  vaines 
illusions,  ce  n'est  pas,  dans  tous  les  cas  sur  les  résultats.  Si  je 
me  suis  trompé,  messieurs,  je  sollicite  vos  observations  et 
surtout  vos  précieux  avis  pour  les  mettre  à  profit  dans  de 
nouvelles  tentatives,  afin,  si  cette  heureuse  chance  m'est  ré- 
servée, de  contribuer  pour  une  part,  fùt-elle  aussi  minime 
que  mon  dévouement  est  grand,  h  l'œuvre  qui  fera  dire  un 
jour  : 

Nous  devons  la  Pomme  de  terre  à.  Parmentier,  sa  maladie 
à  de  malheureuses  circonstances  inconnues,  et  sa  résurrection 
ou  sa  rénovation  à  la  Société  fondée  par  l'illustre  savant  dont 
la  mémoire  est  profondément  gravée  dans  nos  cœurs  : 

Par  M.  Geolïroy  Saint-Hilaire. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DES    SÉANCES  DU  CONSEIL   DE   LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE   DU    2    OCTOBRE    1863. 
Présidence  de  M.  Frédéric  Jacquemart,  membre  du  Conseil. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
— Le  Conseil  admet  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 

MM.  Canofari  de  Santa-Vittoria  (le  comte),  à  Paris. 

Daschkoff  (Dmitry),  à  Saint-Pétersbourg. 

Germain  (Victor),  capitaine  trésorier  au  6'  régiment  de 
dragons,  à  Douai  (Nord). 

Lefebvre  DE  Beiiaine  (Edouard),  rédacteur  au  ministère 
des  affaires  étrangères,  à  Paris. 

Matteucci,  sénateur  du  royaume  d'Italie,  à  Turin. 

MoNTBRON  (Alexandre  de),  à  la  Piochelle. 

NiGRA  (le  chevalier),  ministre  d'Italie,  à  Paris. 

Perrier  (Fréd.),  propriétaire,  au  Mazeau,  près  de  Nedde 
(Haute-Vienne). 

SouDRY  (Auguste),  agronome,  à  Thiétreville,  par  Val- 
mont  (Seine-Inférieure). 

—  M.  le  Président  informe  le  Conseil  de  la  perte  regrettable 
que  la  Société  vient  de  faire  de  l'un  de  ses  membres,  M.  Guil- 
laume de  Perregaux. 

—  M.  le  baron  Jules  de  Lesseps  transmet,  de  la  part  de 
S.  A.  le  bey  de  Tunis,  la  nouvelle  assurance  du  haut  intérêt 
que  Son  Altesse  veut  bien  prendre  aux  travaux  de  la  Société, 
et  offre,  en  son  nom  personnel,  ses  remercîments  pour  sa  ré- 
cente admission.  Notre  honorable  confrère  demande  en  même 
temps  une  note  des  produits  naturels  que  la  Société  pourrait 
désirer  parmi  ceux  de  la  Tunisie  et  des  diverses  parties  de 
l'Afrique  avec  lesquelles  son  gouvernement  est  en  relation. 

—  Des  remercîments  pour  leur  récente  admission  sont  éga- 
lement adressés  par  MM.  de  Semallé,  Vidal,  de  Poumayrac  de 
Masredon  et  le  baron  d'Aigueperse.  Ces  deux  derniers  con- 
frères mettent  tout  leur  zèle  à  la  disposition  de  la  Société 
pour  les  expériences  qu'elle  sera  en  mesure  de  leur  confier. 


Crlh       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

—  M.  le  Président  communique  une  lettre  par  laquelle 
M.  le  marquis  de  Moustier,  ambassadeur  de  France  à  Constan- 
tinople,  lui  annonce  que  l'oeuvre  de  notre  Société  est  en  voie 
de  progrès  sensible  en  Turquie,  et  (ju'il  espère  en  donner 
prochainement  des  témoignages  très-satisfaisants. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  par 
une  lettre  du  '2k  septembre,  répondant  à  celle  par  laquelle 
M.  le  Président  lui  annonçait  la  fondation  du  Comité  d'aqui- 
culture de  Marseille,  assure  qu'il  est  tout  disposé  à  accorder 
à  ce  comité  toutes  les  facilités  qui  pourront  lui  être  nécessaires 
pour  l'accomplissement  du  but  utile  qu'il  s'est  proposé,  sous 
le  patronage  de  la  Société. 

—  M.  le  baron  Anca,  président  de  la  Société  d'acclimatation 
et  d'agriculture  de  Sicile,  prie  M. le  Président  de  vouloir  bien 
faire  comprendre  cette  Société,  affiliée  à  la  nôtre,  dans  les 
répartitions  de  graines  ou  d'animaux  dont  l'acclimatation  en 
Sicile  pourrait  être  tentée  avec  chances  de  réussite. 

—  La  Société  centrale  d'acclimatation  de  Nice  demande  les 
volumes  ou  numéros  du  Dullcthi  qui  lui  manquent,  pour  com- 
pléter sa  collection. 

—  M.  le  Président  dé})ose  diverses  lettres  par  lesquelles 
Mgr  Antonelli,  au  nom  de  Sa  Sainleté,  LL.  Exe.  les  Ministres 
de  la  guerre  d'Espagne,  de  Saxe,  M.  le  secrétaire  de  S.  M.  le 
roi  de  Bavière,  au  nom  de  leurs  souverains,  accusent  récep- 
tion des  exemplaires  de  l'ouvrage  de  M.  Richard  (du  Cantal), 
Su7'  le  Cheval  de  service  et  de  r/uerre  qui  leur  ont  été  adressés 
par  la  Société,  et  pour  lesquels  ils  transmettent  leurs  remer- 
cîments. 

—  M.  Soubeiran  dépose  le  projet  de  Questionnaire  qu'il  a 
rédigé  avec  M.  A.  GeoflVoy  Saint-llilaire,  sur  l'invitation  de 
M.  le  Président,  pour  être  adressé  à  messieurs  les  ministres, 
les  consuls  et  les  agents  français  à  l'étranger,  afin  de  leur 
demander  des  renseignements  sur  les  produits  naturels  des 
pays  qu'ils  habitent,  qui  pourraient  augmenter  la  production 
alimentaire,  médicale  ou  industrielle  d'autres  contrées,  ou 
ceux  mêmes  qui  seraient  simplement  d'ornement.  (Voy.  p. 593). 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet 


PROCÈS-VERBAUX.  (325 

copie  d'une  lettre  de  lAI.  Fahre,  consul  général  et  chargé 
d'aflairesde  France  à  Quito,  qui  l'inlorme'que  les  dernières 
recommandations  qui  lui  avaient  été  adressées  par  Son  Excel- 
lence, relativement  à  la  composition  du  Iroupeau  de  Lamas 
et  Alpacas  que  le  président  de  l'Equateur  doit  envoyer  à 
l'Empereur,  ont  eu  un  résultat  dont  nous  avons  doublement 
à  nous  féliciter  (voyez  au  Bulletin,  p.  518).  En  efl'et,  le  gou- 
vernement de  l'Equateur,  sachantmieux  apprécier  l'es  avan- 
tages de  l'Alpaca  au  point  de  vue  de  la  toison,  va  s'occuper 
désormais  de  favoriser  la  multiplication  de  cette  espèce  né- 
gligée jus(|u'à  présent,  et  le  troupeau  destiné  à  Sa  Majesté  sera 
composé  surtout  d'Alpacas  de  choix,  plus  précieux  que  les 
Lamas,  et  dont  la  Société  cherche  principalement  à  assurer 
l'introduction. 

—  M.  le  Ministre  transmet  également  des  extraits  d'une  lettre 
de  S.  Exe.  M.  A.  Florès,  ministre  des  finances  de  l'Equateur,  en 
date  de  Quito,  le  22  août,  qui  lui  annonce  que  le  troupeau 
d'Alpacas  et  de  Lamas  a  dû  être  embar(|ué  à  Guayaquil,  dans 
les  premiers  jours  de  septembre,  sur  la  Comélie,  d'e  la  marine 
française,  pour  être  conduit  au  Callao  d'abord,  et  de  là  être  ra- 
mené en  France.  M.  Florès  espère  confier  à  ce  navire  diverses 
plantes  dont  il  fait  hommage  à  M.  le  Président  de  la  Société. 

Il  résulte  de  cet  avis  qu'il  est  probable  que  ce  précieux 
troupeau  ne  pourra  guère  arriver  que  vers  la  fin  de  novembre 
ou  le  commencement  de  décembre. 

—  M.  Ramel  offre  à  la  Société,  au  nom  et  de  la  part  de 
M.  Ed.  AYilson,  président  de  la  Société  d'accHmatation  de 
Melbourne,  trois  Écureuils  volants  [flyint/  Sqmrrels  ou  Sugar 
Squirrels),  i[in  ont  été  déposés  au  Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  l'amiral  Bonard,  par  une  lettre  du  15  septembre, 
informe  M.  le  Président  de  la  perte  regrettable  du  Cerf  et  des 
Biches  de  Cochinchine  qu'il  avait  l'intention  d'offrir  à  la 
Société,  ainsi  que  de  celle  de  deux  couples  d'une  espèce  parti- 
culière de  Faisans  et  de  Paons  des  mêmes  contrées,  que  son 
aide  de  camp,  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Récunier,'destinait 
également  à  la  Société.  M.  l'amiral  ajoute  qu'il  pense  que 
l'introduction  en  France  des  Bœufs  trotteurs  du  Candjodge 

T.  \.—  Octobre  1803.  /^^ 


626       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGÎQUE    d'aCCLIMATÂTÏON. 

serait  facile,  et  que  son  départ  précipité  l'a  empêché  d'apporter 
lui-même  deux  couples  de  ces  animaux  dont  il  avait  recom- 
mandé l'achat  au  commandant  des  ports  de  Taynin,  frontière 
du  Gamhodge. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  transmet,  à 
la  date  du  28  août,  une  lettre  par  laquelle  M.  Delaporte,  con- 
sul général  de  France  à  Bagdad,  lui  annonce  qu'il  a  recueilli 
dans  le  pays  de  sa  résidence  une  collection  d'oiseaux  vivants 
dont  il  se  propose  de  faire  hommage  à  la  Société,  et  dont  il  a 
l'espoir  d'ohtenir  prochainement  le  transport  gratuit,  (Voy. 
au  BuUctin,  p.  577.) 

—  M.  le  Président  annonce  l'arrivée  récente  des  deux  Fai- 
sans de  Chine  envoyés  par  M.  Dabry  (voy.  au  Bulletin^  p.  520), 
et  expédiés  de  Marseille  par  les  soins  de  notre  zélé  délégué 
M.  Hesse.  Ces  oiseaux  si  curieux  sont  arrivés  en  très- bon  état 
au  Jardin  d'acclimatation. 

—  Monseigneur  Guillemin,  évêque  apostolique  du  Quang- 
long  et  du  Quang-si,  ayant  appris  par  une  circulaire  de  la 
Société,  son  désir  de  recevoir  delà  graine  d'Ortie  blanche  de 
Chine  {Urtica  niveo),  fait  parvenir  une  caisse  renfermant  : 
1"  plusieurs  kilos  de  graines  de  cette  plante  textile;  2"  un 
spécimen  de  la  tige  filamenteuse  qu'elle  produit;  3°  des 
spécimens  de  tissus  fabriqués  avec  ces  filaments. 

—  M.  le  directeur  du  Jardin  d'acclimatation  communique 
une  lettre  qu'il  a  reçue  de  M.  Vauchelet  (de  Saint-Denis  de  la 
Réunion),  par  laquelle  notre  généreux  confrère  lui  annonce 
l'envoi,  i)ar  le  transport  l'Amazone,  de  5  Perdrix,  5  Tourte- 
relles, h  Agoutis,  dont  l'un  est  offert  au  Jardin  par  M.  Deville 
de  Perrière,  sous-commissaire  de  marine,  chef  du  secrétariat 
du  gouvernement.  A  ces  animaux  ont  été  joints  des  plants  et 
des  graines  de  diverses  espèces  de  végétaux  utiles  de  notre 
colonie,  sur  lesquels  M.  Vauchelet  donne  quelques  détails 
propres  à  en  faire  connaître  le  mode  de  culture  et  le  produit. 

—  M.  le  docteur  Berg,  notre  délégué  à  la  Réunion,  par  une 
lettre  du  6  août,  accuse  réception,  au  nom  du  Comité  colo- 
nial, de  la  collection  de  graines  d'Australie  que  nous  lui 
avons  envoyée,  et  annonce  que  le  comité  a  l'intention  de  faire, 


PROCÈS-VERBAUX.  627 

en  octolire  prochain,  un  premier  envoi  de  Gouramis  à  Son 
Exe.  Kaînig-bey,  à  Alexandrie.  «  Nous  avons  déjà  introduit 
»  dans  l'île,  écrit  M.  Berg,  un  grand  nombre  d'espèces  nou- 
»  vellesde  végétaux.  Dans  un  pays  où  la  culture  exclusive  de 
»  la  Canne  à  sucre  peut  être  considérée  comme  une  des  causes 
»  de  la  crise  coloniale  actuelle,  un  pareil  fait  a  été  apprécié  à 
»  sa  juste  valeur.  Nous  appelons  l'attention  des  colons  sur 
T)  d'autres  cultures,  le  Calé,  le  Coton,  le  Thé,  etc.  ;  sur  l'éle- 
»  vage,  sur  la  sériciculture.  Notre  appel  a  été  entendu  ;  des 
.»  propriétaires  se  sont  mis  à  planter  le  Coton  sur  une  grande 
»  échelle,  d'autres  s'occupent  de  la  culture  du  Mûrier  et  de 
»  l'Ailante.  Ce  ne  sera  pas  le  moindre  bienfait  de  la  Société 
»  impériale  d'acclimatation  que  d'avoir  soufïïé  son  esprit  dans 
»  une  colonie  écrasée  en  ce  moment  par  des  malheurs  suc- 
»  cessifs  et  où  la  vie  est  loin  d'être  à  bon  marché.  La  ques- 
»  tion  du  repeuplement  de  nos  cours  d'eau  est  à  l'étude  ; 
»  nous  avons  fait  venir  des  appareils  de  fécondation  et  d'éclo- 
»  sion,  et,  en  attendant  les  œufs  fécondés  cj[ue  vous  nous  avez 
»  annoncés,  nous  nous  occuperons  de  la  multiplication  de 
»  nos  poissons  d'eau  douce.  » 

—  M.  Manès  écrit  également  de  Saint-Denis,  à  la  même 
date,  pour  annoncer  qu'il  a  déjà  fait  deux  envois  de  Goura- 
mis en  Egypte;  que  les  premiers  de  ces  poissons,  arrivés  vivants 
au  Caire,  ont  péri  dans  le  trajet  du  Caire  à  Alexandrie,  et  qu'il 
n'a  pas  encore  de  nouvelles  du  résultat  de  son  second  envoi. 
Persuadé  qu'il  est  indispensable  qu'une  prejnière  éducation 
des  Gouramis  soit  faite  en  Egypte,  notre  honorable  confrère 
se  propose  d'en  envoyer  directement  à  Son  Altesse  le  vice-roi. 

—  Le  docteur  Sacc,  dans  une  lettre  datée  de  Barcelone,  le 
17  septembre,  transmet  l'avis  qu'il  a  reçu  de  M.  Y.  Bataille 
d'un  nouvel  envoi  d'animaux  vivants  de  la  Guyane,  oil'erts  à 
la  Société  par  notre  généreux  collègue.  Cet  envoi  se  compo- 
sait, au  départ  de  Gayenne,  de  :  1  Pécari  femelle,  1  Agouti, 
5  Pénélopes  marails,  l  Yacou,  1  Parakoua,  et  de  '2  Agamis 
destinés  à  notre  savant  et  dévoué  délégué  de  Barcelone.  Cette 
lettre  transmet,  en  outre,  diverses  appréciations  de  M.  Ba- 
taille sur  l'organisation  de  notre  colonie  de  la  Guyane  et  une 


658        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D'ACCLIMATATION. 

note  complémentaire  de  son  Mémoire  sur  la  Iransportation 
dans  cette  colonie. 

M.  Antonio  de  Lacerda,  par  une  lettre  de  Baliia,   du 

2h  août,  informe  M.  le  Président  de  l'envoi  de  deux  cages 
contenant  :  l'une  un  couple  de  Pacas,  et  l'autre  une  Capi- 
vare  femelle.  De  ces  trois  animaux  du  Brésil,  les  deux  premiers 
seulement  sont  arrivés  vivants  au  Jardin  d'acclimatation,  la 
Capivare  ayant  péri  pendant  le  voyage. 

M.  le  marquis  de  la  Rochejacquelein  adresse  à  la  Société 

une  demande  de  Moulons  Ong-ti,  à  litre  de  cheptel. 

M.  le  Président  dépose  un  certain  nombre  de  demandes 

de  Lamas  et  Alpacas  adressées  ou  transmises  à  la  Société  :  par 
la  Société  d'acclimatation  de  Grenoble,  MM.  L.  de  Villaret, 
Adoue,  Hardy,  L.  Clauzel,  E.  Vacher,  Bonnecaze,  Rongiéras, 
Yial,  N.  Joly  et  Lousteau  ;  par  la  Société  d'agriculture  du  Puy- 
de-Dôme,  par  la  Société  d'acclimatation  des  Basses-Alpes,  et 
par  le  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

. M.  Bonjean,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  d'agri- 
culture de  la  Savoie,  et  M.  Frédéric  Zuber,  notre  honorable 
délégué  à  Mulhouse,  écrivent  pour  annoncer  qu'ils  se  sont 
enuiressés  de  se  conformer  au  désir  de  la  Société  en  faisant 
connaître  l'arrivée  prochaine  de  ces  animaux. 

—  M.  le  directeur  du  Jardin  communique  une  lettre  du 
docteur  Jeannel  (de  Bordeaux),  qui  l'entretient  d'un  projet  d'or- 
oanisation  d'un  jardin  d'acclimatation  dans  celte  ville,  et  lui 
indique  une  localité  où  les  Alpacas  et  Lamas  pourraient  être 
avanta^'eusement  installés  pendant  le  séjour  qu'ils  feraient  à 
Bordeaux,  s'ils  y  débarquaient.  M.  Jeannel  se  chargerait  trés- 
\olontiers  des  soins  à  donner  à  ces  animaux. 

]VI,  Bouteille,  secrétaire  général  de  la  Société  d'acclima- 
tation de  Grenoble,  fait  connaître  la  naissance  récente  d'un 
Yak  mâle  né  du  cheptel  que  la  Société  impériale  a  concédé  à 
sa  Société  affiliée  des  Alpes.  Cet  animal  est  venu  dans  d'ex- 
cellentes conditions  et  se  porte  bien.  M.  Bouteille  ajoute  qu'il 
est  né  éualement  à  Grenoble,  un  Lama  femelle  qui  est  aussi 
en  excellent  étal  de  santé. 
—  ^'ous  extrayons  d'une  b'ttii"  de  noire  honorable  vice- 


PROCÈS-VERIîAUX.  629 

président,  M.  Ricliard  (du Cantal),  les  passages  suivants,  relatits 
à  son  mode  opératoire  de  fabrication  du  fromage  façon  Hol- 
lande, et  destinés  à  satisfaire  les  personnes  qui  désireraient 
être  renseignées  sur  ce  sujet.  «  Toute  description  que  je  pour- 
rais donner  sur  la  fabrication  serait  toujours  insuffisante  pour 
arriver  à  une  bonne  solution  pratique.  Or,  voici  ce  que  je  pro- 
pose aux  membres  de  notre  Société  qui  s'adresseraient  à  elle 
pour  avoir  les  résultats  avantageux  que  j'ai  obtenus  à  Souliard. 

»  A  la  campagne  procbaine,  qui  sera  ouverte  en  mai  pro- 
cliain,  les  personnes  qui  voudront  fabriquer  avec  le  plus  de 
cbance  de  succès  possible  le  fromage  qui  a  si  bien  réussi  à 
Souliard,  pourront  m'envoyer  un  homme  intelligent  auquel 
j'apprendrai  le  mode  opératoire.  Deux  mois,  trois  mois  au 
plus,  suivant  le  degré  d'intelligence  de  l'élève,  suffiront  pour 
bien  connaître  cette  fabrication.  Il  est  bien  enlendu  d'ailleurs 
que  cet  enseignement  pratique  sera  absolument  gratuit.  Les 
frais  de  nourriture  de  l'élève  seraient  seuls  payés  (1).  Ce  se- 
raient là  les  uniques  dépenses  à  faire  pour  le  propriétaire  qui 
désirerait  imiter  Souliard.  Je  ferais  aussi  fabriquer  à  ma  ferme, 
et  sous  mes  yeux,  à  très-bon  marché,  les  quelques  ustensiles 
nécessaires  à  la  fabrication,  pour  ceux  qui  le  désireraient. 

»  Je  serais  heureux  de  voir  notre  Société  vulgariser  cette 
méthode  hollandaise  en  France.  Non-seulement  elle  affran- 
chirait le  pays  d'un  tribut  annuel  payé  à  l'étranger,  pour  nos 
approvisionnements,  mais  elle  serait  une  source  de  revenu 
sérieux  pour  ceux  qui  l'adopteraient.  > 

—  M.  le  Président  transmet  une  Note  qui  lui  a  été  adressée 
par  M.  Cordier,  marchand  de  laines  à  Melun.  M.  Cordier,  de 
retour  d'une  excursion  récente  en  Algérie,  expose  dans  cette 
note  ses  observations  sur  les  moyens  qu'il  conviendrait  d'em- 
ployer pour  améliorer  la  race  ovine  dansnotra  colonie. 

—  M.  Yial,  de  Digne  (Basses-Alpes),  adresse  une  Notice  im- 
primée sur  l'Vak,  et  un  Mémoire  manuscrit  sur  le  gazonne- 
ment  et  le  boisement  des  montagnes,  par  la  culture,  les 
engrais,  la  stabulation,  etc. 

(1)  Or  (ajoute  M.  P.icliard),  il  faiit  pour  mes  domesriqiies,  80  çenlimcs  en 
moyenne  par  jour,  en  hiver,  et  90  centimes  en  éféo 


630       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

—  M.  le  docteur  Sacc  écrit  à  M.  le  Président  pour  lui 
signaler  les  résultats  obtenus  au  parc  de  la  Tête  d'or,  à  Lyon, 
par  M.  Gérard,  dans  le  croisement  d'un  taureau  Zébu  avec  la 
Vache  d'Ayr. 

—  M.  Euriat-Perrin  (de  Roville)  annonce  l'envoi  qu'il  fait 
de  deux  gigots  d'un  jeune  Chevreau  métis  qu'il  vient  de  faire 
abattre,  et  qui  produit  17  kilogrammes  de  chair  nette.  M.  Eu- 
riat  ajoute  qu'au  concours  de  Vézehse  du  13  septembre,  son 
troupeau  de  Chèvres  d'Angora  a  fait  l'admiration  de  toutes  les 
personnes  présentes. 

—  M.  Hesse,  notre  honorable  délégué  à  Marseille,  écrit,  le 
9  septembre,  pour  annoncer  l'envoi  des  deux  Faisans  expédiés 
de  Shang-haï  par  M.  Dabry,  dont  il  a  déjà  été  question  dans 
cette  séance. 

—  M.  Tranquillo  Toaldi,  par  lettre  de  Venise,  du  25  août, 
offre  ses  remercîments  pour  la  médaille  de  '2''  classe  qui  lui  a 
été  décernée  dans  la  dernière  séance  générale  pour  ses  heu- 
reux essais  d'acclimatation  d'oiseaux  exotiques. 

—  M.  le  docteur  Sicard,  en  sa  qualité  de  secrétaire  du 
Comité  d'aquiculture  pratique  de  Marseille,  écrit  pour  annon- 
cer la  constitution  définitive  du  bureau  du  comité,  qui  se 
compose  de  MM.  A.  Lucy,  président  ;  Derbès,  vice-président; 
A.  Sicard,  secrétaire;  L.  Vidal,  secrétaire  adjoint.  Notre 
honorable  collègue  transmet  le  désir,  exprimé  par  le  comité, 
d'être  admis  au  nombre  de  nos  Sociétés  aftîhées.  —  Le  Con- 
seil, par  une  décision  unanime,  accorde  au  comité  le  titre  de 
Société  affiliée,  et  accepte  ses  offres  de  bienveillant  concours. 

M.  Lamiral  annonce  que,  le  h  septembre,  il  a  pratiqué 

la  fécondation  artificielle  des  poissons  de  mer  sur  l'espèce 
Muge  ou  Mulet;  les  œufs  sont  éclos  dans  la  nuit  du  2Zi  au 
25  septembre,  après  vingt  jours  d'incubation.  M.  Lamiral 
ajoute  qu'il  enverra  quatre  flacons  contenant  des  œufs  clairs, 
des  œufs  non  fécondés,  des  œufs  fécondés  et  de  jeunes  Muges. 

—  M.Gillet  de  Grandmont  écrit  de  Concarneau  pour  infor- 
mer M.  le  Président  qu'il  a  reçu  de  l'administration  de  la 
marine  toutes  les  facilités  désirables,  et  qu'il  n'a  trouvé  par- 
tout (lu'uii  concours  obligeant.   M.  Gosle  lui  a  libéralement 


PROCÈS-VERBAUX.  631 

ouvert  les  portes  de  sonlabornloire,  oùsetrouvenl  réunis  à  la 
fois  les  éléments  d'études  sérieuses  et  les  principes  d'applica- 
tions industrielles  d'un  grand  avenir.  Il  a  poursuivi  avec  soin, 
pour  répondre  au  but  de  la  mission  que  la  Société  lui  a  con- 
fiée, l'étude  des  organes  de  la  reproduction  des  poissons  et  de 
leur  développement.  Il  a  pu  s'assurer  que  le  printemps  était 
l'époque  du  frai,  et  par  conséquent  le  moment  oîi  il  conviendra, 
l'an  prochain,  d'aller  pratiquer  la  fécondation  artificielle.  C'est, 
du  reste,  ce  que  M.  de  Grandmont  se  propose  de  développer 
dans  son  rapport  officiel  à  la  Société  d'acclimatation. 

—  M.  Hesse,  délégué  à  Marseille,  à  la  date  du  2  septembre, 
annonce  qu'il  expédie  au  Jardin  d'acclimatation  un  second 
envoi  de  Crabes  d'eau  douce,  adressé  de  Rome  par  .M.  le  comte 
G.  de  Montebello ,  et  destiné  au  Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  René  Gaillaud  transmet  copie  d'une  lettre  de  M.  le 
préfet  de  la  Vendée,  lui  annonçant  que,  sur  sa  proposition,  le 
conseil  général  de  ce  département  a  voté  dans  son  budget  une 
allocation  pour  la  destruction  des  Vipères,  et  lui  oflrant  ses 
félicitations  pour  les  succès  remarquables  qu'il  a  obtenus  dans 
l'introduction  et  la  multiplication  du  Saumon  dans  les  rivières 
de  la  Vendée.  Ces  succès  sont,  en  outre,  constatés  par  une 
lettre  de  M.  Labbé  (deLuçon),  annonçant  à  i\I.  Gaillaud  que 
dans  l'écluse  de  leur  usine  près  de  Mareuil,  il  y  a  environ 
1500  à  2000  Saumons  dans  un  parcours  île  2  kilomètres. 
Cette  introduction  du  Saumon  dans  les  eaux  du  Lay,  tentée 
par  notre  honorable  confrère  ,  aidé  particulièrement  par 
MM.  Chevallereau  et  du  Fougeroux,  remonte  déjcà  à  plusieurs 
années. 

—  M.  le  Secrétaire  général  dépose  une  seconde  lettre  de 
M.  Gaillaud,  l'informant  qu'il  a  fait  au  Jardin  d'acclimatation 
divers  envois  pour  l'Aquarium,  et  entre  autres,  tout  récem- 
ment, d'un  échantillon  très-remarquable  de  la  production  des 
Moules;  d'un  bloc  calcaire  perforé  d'un  grand  nombre  de 
Pholades  ;  de  deux  échantillons  de  la  reproduction  des  Huîtres 
dans  les  parcs  de  Ghatelaillon  ;  d'une  vingtaine  de  petits 
Brochets  vivants. 

—  M.  le  Président  transmet  l'album  de  dessins  coloriés  des 


632       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIOUE    d'aCCL!MATATION. 

différentes  espèces  de  poissons  du  fleuve  Yang-tsée-kiang, 
annoncé  par  M.  Dal)ry,  et  complétant  son  mémoire  sur  ces 
poissons.  Notre  collègue  doit  envoyer  prochainement  un  cer- 
tain nombre  d'autres  espèces,  de  Chine.  Nous  publions  plus 
loin  un  extrait  do  la  lettre  qui  annonce  cet  envoi.  (Voy.  p.  636.  ) 

M.  le  vicomte  France  d'Houdetot  appelle  l'attention  de  la 

Société  sur  le  travail  de  M.  de  Broca,  directeur  des  mouve- 
ments du  port  du  Havre ,  relatif  à  l'industrie  huîtrière  aux 
États-Unis. 

—  M.  Chauvin  écrit  de  Plestin  (Côtes-du-Nord),  pour  infor- 
mer la  Société  de  son  projet  de  création  sur  un  lais  de  mer, 
près  de  Lannion,  d'un  établissement  pour  la  multiplication 
des  Homards  et  des  Langoustes,  d'un  réservoir  pour  élever 
ces  crustacés,  et  d'un  bassin  d'études  pour  l'aquiculture  ma- 
rine. Notre  honorable  confrère  appelle  l'attention  de  la  Société 
sur  ce  projet,  dont  la  réalisation  lui  semble  appelée  à  rendre 
de  véritables  services. 

—  M.  Hardy,  directeur  du  jardin  d'acclimatation  d'Alger, 
adresse  une  Note  sur  ses  plus  récents  travaux  pour  l'acclima- 
tation en  Algérie  des  espèces  ligneuses  exotiques  (voy.  au 
Bulletin),  et  donne  des  renseignements  sur  les  résultats  de 
son  éducation  de  Vers  à  soie  Ya-ma-maï.  Sur  28  cocons  qu'il 
a  obtenus,  21  ont  produit  des  papillons  mâles  et  7  seulement 
des  papillons  femelles.  Ces  7  femelles  ont  donné  1359  œufs, 
soit  194  œufs  par  femelle.  Les  accouplements  se  sont 
parfaitement  faits  en  mettant  les  papillons  dans  de  grands 

paniers. 

—  M.  Frérot  (d'Aussonne)  annonce  que  les  25  cocons  de 
Ya-ma-maï  qu'il  a  conservés  lui  ont  donné  10  papillons  mâles 
et  12  femelles,  dont  6  seulement  ont  été  fécondées  et  ont  pondu 
1500  œufs  environ.  M.  Frérot  ajoute  quelques  détails  sur  son 

éducation. 

—  M.  Lemaistrc  Chabert  envoie  de  Strasbourg,  avec  50  co- 
cons vivants  du  Bombijx  Ci/nfJwi,  une  Note  sur  ses  éducations 
de  cette  espèce,  qui  lui  ont  parfaitement  réussi  sur  une  haie 
d'Allantes. 

--  Un  envoi   de  même  espèce  est  également  adressé  par 


PROCÈS-VERBAUX.  633 

M.  François  Spiiiolli,  quia  fait  une  éducation  prés  de  Portici, 
et  se  propose  de  la  continuer  sur  nne  plus  grande  échelle. 

—  M.  le  docteur  Sicard  (de  Marseille)  accuse  réception  des 
œufs  du  Ver  du  Ricin  qui  lui  ont  été  envoyés  parla  Société  et 
qu'il  a  i)arlagés  avec  M.  llœring,  directeur  de  la  pépinière  de 
Bône.  Notre  savant  confrère  annonce,  en  outre,  qu'il  espère 
avoir  réussi  dans  ses  essais  de  culture  de  diverses  graines 
qu'il  a  reçues  de  la  Société ,  et  particulièrement  du  Coton 
Géorgie  longue  soie  et  des  Cotons  nankins  de  Chine. 

—  M.  Belhomme,  directeur  du  jardin  ))otanique  de  Metz, 
fait  parvenir,  pour  les  collections  de  la  Société,  un  tissu  de 
forme  anormale,  une  sorte  de  ruhan  long  de  18  centimètres 
et  large  de  5  environ,  produit  par  un  Ver  de  l'Ailanle,  au  lieu 
d'un  cocon.  Cette  anomalie  tient,  d'après  M.  Belhomme,  à 
l'accumulation  dans  laquelle  se  trouvaient  les  Vers  dont 
faisait  jiartie  celui  qui  a  donné  ce  singulier  tissu. 

—  M.  Dufour,  délégué  de  la  Société  à  Constantinople,  par 
une  lettre  du  3  septembre,  rend  compte  des  démarches  qu'il  a 
faites,  depuis  son  retour  dans  cette  ville,  pour  le  développe- 
ment des  vues  de  la  Société  en  Orient,  et  insiste  sur  sa 
demande  d'œufs  de  Bombyx  Ya-ma-7na'i. 

—  M.  le  Président  transmet  les  renseignements  qu'il  ar('- 
cemment  reçus  de  M.  le  comte  Joseph  Taverna,  de  Milan, 
sur  les  fâcheux  résultats  de  la  dernière  campagne  séricicole 
en  Lombard ie.  «  La  race  de  Vers  b.  soie  du  Japon  que  vous 
m'avez  envoyée,  il  y  a  trois  ans,  dit  M.  Taverna,  a  été  la  seule 
dont  les  produits  aient  été  satisfaisants.  Ma  mère  a  su  con- 
server cette  race  parfaitement  pure,  et  nous  avons  pu  juger  de 
la  vigueur  inouïe  de  ces  Vers,  pendant  plusieurs  éducations 
faites  cà  des  saisons  différentes.  Cependant  quelques  traces  de 
pébrine  se  montrent  déjà,  quoique  faildes  et  en  petit  nombre.» 
Notre  honorable  confrère  exprime  ensuite  le  désir  de  recevoir 
des  œufs  de  Va-ma-maï. 

—  M.  le  baron  Anca,  président  de  la  Société  d'acclimata- 
tion et  d'agriculture  de  Sicile,  annonce  que  les  Vers  du  Ricin 
et  de  l'Allante  qu'il  avait  confiés  cà  des  mains  intelligentes 
et  soigneuses  n'en  ont  pas  mohis  tous  éfé  détruits  par  les 


63/i       SOCIÉTÉ   IMPÉHIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Iburmiset  d'autres  insectes;  il  demande  donc  de  nouveau  des 
cocons  ou  des  œufs  de  ces  deux  espèces,  et  surtout  du  Bombyx 
Aî'rindia,  pour  continuer  lui-même  ses  essais  d'introduction. 

—  La  Société  centrale  d'agriculture,  d'horlicuUurc  et  d'ac- 
climatation de  Nice;  M.  Fabrc,  de  Sainl-Privat  (Vaucluse); 
M.  Laperlier  (d'Alger),  et  M.  E.  de  Morgan,  accusent  réception 
des  graines  qui  leur  ont  été  adressées,  et  offrent  leurs  remer- 
cîments, 

—  Notre  zélé  confrère,  M.  Brierre  de  Saint-Ililaire  (de 
Riez)  adresse  plusieurs  lettres  accompagnées  de  dessins,  pour 
faire  connaître  les  résultats  de  ses  cultures  de  végétaux  exoti- 
ques elles  abondantes  distributions  de  graines  que  ses  récoltes 
lui  permettent  de  répandre  dans  son  département. 

—  MM.  Huber  frères,  horticulteurs  à  Hyères,  membres  de 
la  Société,  offrent  leurs  services  pour  des  essais  d'acclimatation 
de  végétaux  d'espèces  nouvelles  dans  leurs  établissements. 

—  M.  Léon  Maurice,  délégué  à  Douai,  écrit  pour  rendre 
compte  de  ses  cultures  de  divers  végétaux  dont  il  a  reçu  les 
graines  de  la  Société,  et  particulièrement  du  Lo-za  de  Chine, 
et  renouvelle  ses  bienveillantes  olTres  de  services  pour  des 
expériences  d'acclimatation. 

—  M.  le  docteur  F.  Mueller,  directeur  du  jardin  botanique 
et  zoologique  do  Melbourne,  répondant  à  une  demande  de 
renseignement  qui  lui  avait  été  adressée  sur  un  certain  blé 
austrahen  inversable,  assure  qu'il  n'existe  pas  en  Australie  de 
variété  de  blé  possédant  cette  faculté,  et  que  la  qualité  qui  fai- 
sait désirer  de  la  semence  de  ce  blé  tient  uni(juement  à  l'ex- 
cellente nature  du  sol  des  localités  où  il  est  cultivé.  Notre 
éminent  membre  honoraire  transmet  à  ce  sujet  une  lettre  de 
M. Maison,  secrétaire  delà  Société  d'agriculture,  qui  conOrme 
son  opinion. 

—  M.  Ed.  Renard  offre  à  la  Société  une  boîte  de  graines 
d'un  arbre  dont  les  Japonais  se  servent  pour  faire  leur  savon. 
Ces  graines,  arrivées  directement  de  Nagasaki,  ont  été  immé- 
diatement distribuées  en  partie. 

—  M.  Jaussaud  annonce  (}u'un  seul  tubercule  (h3la  Pomme 
de  terre  d'Australie  distriljuée  par  M.  David,   et  qui  pesait 


TROCÈS -VERBAUX.  î335 

3(iO  grammes,  divisé  en  sept  morceaux,  grâce  à  ses  nombreux 
yeux,  lui  a  donné  sept  plants  qui  ont  produit  lliO  tubercules 
d'un  poids  total  de  5  kilos  250  grammes  ;  mais  il  les  trouve 
inférieurs  en  qualité  aux  variétés  ordinaires. 

—  M.  Pbilippe,  jardinier  en  clief  du  jardin  de  la  marine, 
à  Saint-Mandrier,  près  de  Toulon,  annonce  qu'il  a  obtenu  deux 
plants  assez  vigoureux  des  tiges  d'Aipim  distribuées  par  la 
Société,  mais  que  les  Mandioca  n'ont  pas  pu  germer. 

—  M.  Ilayes  fait  parvenir,  de  Chandernagor,  par  les  soins 
obligeants  de  M.  Yérien,  un  paquet  de  graines  de  Teck. 

—  M.  le  Président  transmet  deux  mémoires  du  Conseil  des 
travaux  publics  à  Constantinople,  sur  les  mesures  cà  prendre 
pour  favoriser  la  culture  du  Coton  dans  l'empire  ottoman,  et 
sur  les  moyens  d'organiser  une  exposition  cotonniére  à 
Smyrne. 

—  M.  le  Président  fait  parvenir  en  même  temps  un  plant  de 
Cotonnier  envoyé  par  M.  de  Trenqualye,  consul  de  France  à 
Canton,  qui  l'a  reçu  d'un  mandarin  chinois.  M.  le  consul,  en 
envoyant  cet  éclianlillon  de  Coton  cultivé  dans  la  province  du 
Quang-tong,  pense  que  ce  spécimen  de  production  peut  offrir 
quelque  intérêt  par  sa  comparaison  avec  les  colons  obtenus 
dans  d'autres  pays. 

— ■  M.  le  secrétaire  dépose  divers  numéros  des  journaux 
le  Siècle,  les  Villes  et  les  Campagnes,  le  Toidoimais,  l'Aigle 
des  Céveiines,  le  Courrier  des  Alpes,  l'Aigle  de  Toidome,  le 
Moniteur  du  Calvados^  contenant  des  articles  sur  les  Lamas 
et  Alpacas,  le  rapport  publié  par  la  Société  relativement  à  la 
destruction  des  Vipères,  l'amélioration  des  plantes  par  la 
sélection  des  graines,  etc.,  etc. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  adresse 
un  exemplaire  d'une  brochure deM.  Emile Colpaert,  intitulée  : 
Étude  sur  la  métallurgie  au  eerro  de  Pasco,  dont  l'auteur 
fait  hommage  à  la  Société. 

—  xM.  Piené  Caillaud  transmet,  au  nom  de  l'auteur,  M.  A. 
Noirot,  une  brochure  ayant  pour  titre  l' Isthme  de  Suez. 

Le  Secrétaire  des  séances^ 

L.  SOUBEIRAN. 


m.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Extrait  d'une  lettre   adressée  par   M.  P.  Dabry  ,  consul  de  France  à 
Han-kcou,à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Han-kéou,  le  0  juillet  1803. 

Monsieur  le  Président, 
J'ai  riionneur  de  vous  faire  parvenir  ci-joint  l'alhum  dont  je  vous  ai  entretenu 
dans  ma  précédente  lettre.  Il  vous  donnera  une  idée  exacte  des  couleurs  des  pois- 
sons que  je  vous  ai  envoyés.  On  m'en  a  promis  un  grand  nombre  d'autres  espèces 
que  l'on  trouve  dans  le  Yung-tsée-kiang,  près  de  Tcliiu-kiang-fou.  Aussitôt  que 
je  les  aurai  reçus,  je  les  préparerai,  et  vous  les  expédierai,  si  vous  le  désirez.  Je 
pourrais  même  y  joindre  du  frai  de  ces  mêmes  poissons,  dans  le  cas  où  vous  en 
reconnaîtriez  ropport\mité. 

Ma  basse-cour  s'est  augmentée  cette  semaine  de  deux  poulets  tarlares  et  d'un 
magnifique  Coq  qui,  j'espère,  seront  dignes  de  fixer  votre  attention.  J'attends  un 
Coq  de  combat  dont  la  taille  est,  dit-on,  extraordinaire.  On  m'écrit  également  de 
Ta-thsieu-lou ,  petite  localité  du  Ssé-tcliueii ,  sur  la  frontière  du  Tibet ,  que  l'on 
espère  pouvoir  m'expédier  bientôt  une  Licorne,  qui,  dans  celte  contrée,  est  à  l'état 
domeslique,  et  une  espèce  ovine  remarquable  par  ses  six  cornes  et  par  sa  laiin;, 
plus  fine  que  celle  des  Chèvres  de  Cachemire.  Un  autre  missionnaire  du  Hon-nan, 
m'informe  que  dans  les  montagnes  où  il  a  établi  sa  résidence  provisoire,  existent 
les  animaux  et  les  oiseaux  les  plus  curieux.  «  J'ai  vu,  dit-il,  une  variété  de  Faisan 
qui  m'a  beaucoup  frappé  [lar  sa  longue  queue,  de  plus  de  !'",50,  et  par  ses  trois 
plumes  sur  la  tète.  Le  Sanglier,  le  Léopard,  le  Tigre  sont  très-abondants.  Der- 
nièrement, des  chrétiens  qui  étaient  allés  à  la  chasse  des  poules  sauvages  ont  fait  la 
rencontre  de  sept  tigres,  et  sont  encore  malades  de  la  peur  qu'ils  ont  éprouvée. 
Malheureusement,  je  ne  suis  que  chasseur  d'âmes,  et  ne  sais  comment  vous  pro- 
curer ces  magnifiques  animaux  et  oiseaux.  Cependant,  vous  pouvez  compter  que  je 
ferai  tout  mon  possible  pom-  satisfaire  vos  désirs.  » 

De  mon  côté,  je  profiterai  des  renseignements  qu'on  me  donne  volontiers,  et 
j'enverrai  à  mes  frais  dans  chaquelocalité  des  agents  dévoués,  munis  d'instructions 
bien  précises. 

Veuillez  agréer,  etc.  Signé  P.  Dabry. 


Envoi    d'animau.Y   vivants  d'Anstraiie. 

Lettre  adressée  par  M.  Black  à  M.  te  Président  de  la  Société  impériale 

d'acclimatation. 

Melbourne,  le  25  août  18(53. 
Monsieur  le  Président, 
J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que,  par  le  ForA-s/uVe,  qui  est  parti  le  31  août, 
un  Lézard,  six  Passerea\ix  et  une  paire  de  Pigeons  huppés,  ont  été  envoyés  par 
le  Conseil  de  la  Société  d'acclimatation  de  Victoria  à  la  Société  impériale  de  F'rance. 
J'espère  que  vous  voudrez  bien  accepter  ces  animaux  comme  un  nouveau  témoi- 
gnage de  notre  bon  vouloir.  Ils  sont  expédiés  par  les  soins  de  M.  le  docteur  Mueller 
et  avec  l'aide  obligeante  de  son  correspondant  à  Londres,  et  j'espère  qu'ils  vous 
parviendront  dans  do  bonnes  conditions. 


o  ■^ 


FAITS   DIVERS.  63 

Je  suis  heureux  de  pouvoir  vous  douner  des  nouvelles  favorables  des  Chèvres 
d'Angora  que  vous  nous  avez  envoyées,  et  que  nous  avons  reçues  réceminenl. 
Elles  sont  tout  à  fait  remises  du  voyage  et  se  portent  à  merveille. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Signé  Black. 

Depuis  la  réception  de  celte  dépêche,  .M.  P,  llïiinel  nous  a  coniiminiqué 
une  lettre  par  laquelle  M.  le  docteur  Mueller  lui  annonce  qu'il  a  ajoulé,  en 
son  propre  nom,  aux  animaux  désignés  par  AL  Black,  deux  Colluricincla 
harmonica,  également  destinés  à  notre  Société. 


Sur   !«•   Thé   du   Paraguay. 

Le  Conseil  a  reçu  la  lettre  suivante,  qui  a  été  transmise  à  M.  le  Président 
par  S.  Exe.  M.  le  ministre  du  Paraguay,  et  qui  est  relative  aux  expériences 
faites  par  M.  le  docteur  Baud,  médecin  en  chef  des  épidémies  de  la  Seine, 
sur  le  Thé  du  Paraguay. 

Paris,  le  19  septembre  1863. 
Monsieur, 
Fidèle  à  l'engagement  que  j'avais  pris  oralement  avec  vous  et  que  j'ai  confirmé 
dans  ma  lettre,  je  me  suis  mis,  sans  retard  et  toute  affaire  cessante,  à  l'étude  et 
à  l'expérimentation  du  Thé  du  Paraguay,  dont  vous  m'avez  remis  une  caisse... 

Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  tout  d'abord ,  que  les  résultats  de  mon 
étude  ont  dépassé  toutes  mes  prévisions  :  je  puis  le  signer  désormais  avec  toute  la 
valeur  de  ma  position  médicale,  et  le  prouver  avec  toute  l'autorité  de  ma  plume 
ce  Thé  est  de  beaucoup  supérieur  au  Thé  de  Chine  par  ses  effets  sur  l'organisme! 
11  tonifie,  il  reconforte  et  calme  l'excitation  nerveuse,  au  lieu  de  la  provoquer 
comme  son  rival.  Que  ce  fait  soit  prouve  pour  tous  comme  il  l'est  désormais  pour 
moi,  et  le  Paraguay  pourra  sans  doute  se  couvrir  d'yerbales,  sans  craindre  que  sa 
production  dépasse  les  besoins  de  la  demande  !... 

Signé  V.  Baud.  ' 

Lettre  adressée  par  M.  Gauldrée-Boilleau,  con.sM/  général  de  France 
à  Quéhpc,à  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Québec,  le  25  septembre  1863. 
Monsieur  le  Président, 

Je  viens  de  faire  charger  à  bord  d'un  bâtiment  de  commerce,  expédié  de 
Québec  à  Toulon,  une  caisse  destinée  à  la  Société  impériale  d'acclimatation,  et 
qui  contient  la  collection  de  plantes  du  Canada  dont  j'ai  eu  l'hoimeur  de  vous 
entretenir  dans  mes  précédentes  commimications. 

Ces  plantes  sont  au  nombre  de  dix-neuf;  il  y  en  a  parmi  elles  de  fort  rares  et 
que  j'ai  eu  beaucoup  de  peine  à  me  procurer;  je  me  suis  appliqué  à  obtenir  celles 
que  les  botanistes  du  Royaume-Utii  recherchent  de  préférence. 

Vous  trouverez  sous  ce  pli  la  liste  des  plantes  en  question  :  j'ai  eu  soin  de 
mettre  la  dénomination  vulgaire  en  anglais  à  côté  du  nom  latin,  et  j'ai  également 
indiqué  les  localités  où  chaque  espèce  se  rencontre. 

L'Asarum  canacleni:c,  qui  figure  en  tète  de  la  liste,  pourrait,  à  ce  que  l'on 
croit  ici,  servir  de  tonique,  et  mériterait  d'être  essayé  dans  la  pharmacie. 


01^8        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

L'Arum  tfiphijllum,  le  Clinlonia,  le  Sangiunana ,  les  deux  espèces  d»; 
Trillium  et  de  Kalmia,  et  le  Clayloiiia  ont  de  très-jolies  fleurs  qui  produiraient 
un  cliarniant  eiïet  dans  nos  jardine. 

VOsnmnda  est  la  plus  belle  des  fougères  canadiennes. 

On  a  beaucoup  parlé  de  VAsclepius,  ainsi  que  l'indiquaient  mes  communications 
des  15  novembre  1862,  17  janvier  et  3  j\iin  18(J3,  pour  la  fabrication  de  tissus 
qui  suppléeraient  jusqu'à  un  certain  point  à  ceux  du  Coton  ;  mais  je  ne  sache  pas 
qu'aucune  expérience  ail  encore  clé  entreprise  sur  une  échelle  un  |)eu  large.  Si, 
d'ailleurs,  j'envoie  à  la  Société  impériale  d'acclimatation  de  nouveaux  jdants 
d'Asclepias,  c'est  pour  remplacer  ceux  que  je  lui  ai  adressés  en  1862,  et  qui  ne 
lui  sont  pas  parvenus  dans  im  état  parfait  de  conservation.  A  Québec,  les  jeunes 
tiges  d'Asclépias  se  vendent  au  iirintemps  comme  des  espèces  d'Asperges  : 
peut-être  parviendrait-on,  avec  des  soins  convenables,  à  en  faire  un  assez  bon 
légume? 

\'Aclœa  et  le  CUnlonia  portent  en  automne,  l'un  des  baies  rouges,  l'autre 
des  baies  noires  :  ce  sont  des  plantes  d'une  grande  beauté. 

Les  propriétés  médicinales  du  ^arreceuia  pnrpurea  vous  sont  déjà  connues  : 
pour  que  cette  plante  réussisse,  il  lui  faut  un  terrain  marécageux  ;  elle  réclame 
assez  d'eau  pour  que  le  calice  de  la  fleur  soit  à  moitié  rempli. 

A  la  liste  des  plantes  je  joins  une  note  indiquant,  dans  le  plus  grand  détail,  la 
composition  de  la  caisse  qui  les  contient  et  la  manière  dont  chaque  espèce  est 
groupée,  .l'ai  veillé  à  l'emballage,  qui  a  été  soigneusement  fait.  Pour  mieux 
assurer  le  transport  des  plantes,  les  plus  rares  ou  les  plus  utiles  d'entre  elles  ont 
été  recueillies  dans  les  champs,  au  printemps  dernier,  et  cultivées,  pendant  tout 
l'été,  dans  un  jardin  des  environs  de  Québec.  Sans  celle  prècaulion,  elles 
auraient  jirobablement  péri  durant  la  traversée  :  j'espère  maintenant  qu'elles 
arriveront  à  bon  port. 

La  caisse  de  plantes  est  accompagnée  de  quatre  paquets,  renfermés  eux-mêmes 
dans  une  seule  boîte;  ce  sont  des  spécimens  d'Ekinnis  vrrginicus ,  de  Calama- 
grostis  cnnadensis,  de  Muhlenbergia  rncuica  et  de  Dnca  paiuslris. 

L'Elymus,  le  Calomagrostis  et  le  Mullienhergia  sont  des  herbes  qui  s'élèvent 
à  \me  grande  hauleiir  et  conviendraient  bien,  à  ce  que  l'on  croit,  à  l'élève  des 
bestiaux  ;  les  cultivateurs  américains  commencent  dans  quelques  localités  à  les 
employer  en  guise  de  fourrages. 

Quant  au  Dirca  pnlvstrh ,  c'est  le  hais  de  plomb ,  dont  j'ai  déjà  envoyé  des 
plants  à  la  Société  d'acclimatation.  L'écorce  tcrait,  m'assure-t-on,  d'excellent 
papier.  On  me  dit  aussi  que  le  bois  lui-même  fournirait  du  charbon  de  première 
qualité  pour  la  fabrication  de  la  poudre. 

Tous  les  objets  dont  il  s'agit  seront  transportés  en  France  à  bord  du  voilier 
Columbine,  qui  est  consigné  à  la  maison  Lieulaud  (de  Toulon). 

Le  transport  de  Québec  à  Toulon  doit  s'ellccluer  graluitemenl,  grâce  à  l'obli- 
geance de  M.  Cafl'arena  et  du  capitaine  de  la  Cotunibinc. 
Veuillez  agréer,  etc. 

Le  Consul  général  de  France, 

Signé  Gauldrée-Boilleau. 


IV.    CHROÎIIQOE. 


Introilnction  du  Ver  A  soie  du  CliCne  du  Japon  en  Europe. 

Nous  recevons,  sous  forme  de  brochure,  de  M.  Pompe  van  Meerdervoort, 
membre  de  la  Socit5fé,  une  Notice  sur  les  faits  relatifs  à  Tinlroduction  du 
Ver  à  soie  Ya-ma-maï  en  Europe.  Nous  regardons  connue  un  devoir  d'ini- 
parlialité  et  de  reconnaissance  de  reproduire  par  exirails  celte  notice. 

Notice  sur  l'introduction  du  Ver  à  soie  du  Chêne  du  Japon  (Bombyx 
Ya-ma-maï,  Guérin-Méncviile;  en  Europe,  par  M.  Pompe  van  Mcerderwort. 

J'ai  reçu  récemment,  de  M.  le  docteur  de  Roo  van  Westmaas,  im  numéro 
delà  Bévue  de  séricicidture  comparée  (le  n"  6  de  18G3)  rédigée  par 
Î\I.  F.  E.  Guérin-Méneville,  le  célèbre  sériciculteur  français.  Il  y  a  dans  ce 
numéro  quelques  arlicles  sur  le  Bombyx  Ya-ma-maii  et  sur  les  belles 
réussites  (lue  les  essais  d'éducation  de  ces  Vers  à  soie  ont  eues  en  France  et 
ailleurs. 

En  lisant  cette  Bévue,  je  m'aperçus  qu'on  se  méprend,  sous  plusieurs 
rapports,  sur  l'introduction  de  ces  Vers  en  Europe,  que  l'on  considère  à 
juste  titre  comme  ayant  une  importance  énorme,  puisque  le  docteur  Sacc  (de 
Barcelone)  dit  à  ce  sujet  : 

«  L'Ya-ma-maï  va  permettre  aux  femmes  les  plus  modestes  d'avoir  leur 
»  robe  de  salin  au  même  prix  qu'une  robe  de  laine,  etc.  » 

C'est  donc  pour  rectifier  quelques  communications  inexactes  du  n"  6  de 
ladite  Bévue  que  je  crois  de  mon  devoir,  comme  Hollandais,  de  publier 
cette  notice,  afin  ({u'on  sache  à  quoi  s'en  tenir  sur  l'inlroductioii  du  B.  l'a- 
ma-mai'  en  Europe. 

M.  Duchesne  de  Bellecourt,  consul  général  et  chargé  d'alïïu'res  de  S.  M. 
l'Empereur  des  Français  au  Japon,  envojait,  en  1861,  quelques  graines  du 
B.  Ya-ma-maï  h  la  Société  d'acclimatation.  C'est  avec  ces  graines  qu'on  fit 
des  expériences,  qui  ont  eu  pour  résultat  de  signaler  ce  nouveau  Ver  à  soie 
connne  d'une  grande  importance  pour  l'industrie  séricicole. 

En  1862,  j'avais  l'honneur  de  faire  la  connaissance  de  M.  Eugène  Simon, 
commissaire  agricole  du  gouvernement  français  en  Chine  et  au  Japon  ;  il  me 
parlait  de  la  grande  importance  du /?.  Ya-ma-maï,  et  nous  faisions  ensemble 
tout  ce  qui  était  en  notre  pouvoir  pour  nous  procurer  les  graines  de  ce 
Bombyx;  mais,  hélas  !  nous  ne  pouvions  pas  réussir,  et  l'on  nous  disait  qu'il 
était  absolument  impossible  de  nous  en  fournir. 

M.  Simon  devait  partir  pour  la  Chine,  et  je  lui  promis  avant  son  départ  de 
continuer  à  tâcher  de  me  procurer  ces  graines  tant  désirées,  et,  en  cas  de 
réussite,  d'en  offrir  au  gouvernement  français. 

Peu  de  temps  après,  !\I.  deGraaf,  conservateur  de  la  Société  néerlandaise 
d'entomologie,  s'adressait  au  Xederlandsche  HandelmaatscJuippij  qui  avait 
un  agent  à  Nagasaki,  pour  obtenir  quelques  renseignements  sur  la  séricicul- 
ture au  Japon,  et  en  même  temps  il  demandait  des  graines  de  Ya-ma-maï, 


G/iO      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLÎMATATION. 

L'agenl  du  Nederlandsche  Hundelmaatschnppij  s'adressait  à  moi,  me  priant 
de  l'assister  dans  ses  recherclies  pour  ol)tenir  de  ces  graines. 

Mais  plus  je  m'empressais,  plus  je  voyais  l'entreprise  très-difficile,  pour 
ne  pas  dire  presque  impossible.  Je  m'adressai  à  des  ncgocianls  japonais,  aux 
sériciculteurs,  à  plusieurs  naturalistes  indigènes  de  mes  amis,  et  enfin  au 
gouvernement  japonais  lui-même  ;  mais  toujours  on  me  répondait  partout 
que  l'exportation  de  ces  graines  était  défendue  sous  peine  de  mort.  C'est  alors 
qu'il  me  vint  une  autre  idée,  c'était  celle  de  m'adresser  à  un  de  mes  élèves. 
Comme  directeur  en  chef  de  l'école  impériale  de  médecine  à  Nagasaki,  j'avais 
chez  moi  des  étudiants  des  dill'érentes  provinces  du  Japon,  et  entre  autres 
aussi  des  provinces  iVElizen  et  de  Vigo  ou  Higo  (1).  Un  de  ces  jeunes  gens, 
qui  m'avait  déjà  donné  plusieurs  fois  des  preuves  d'un  dévouement  extraor- 
dinaire, fut  choisi  par  moi  pour  cette  expédition.  Je  lui  expliquai  l'affaire,  et 
je  lui  proposai  de  faire  le  voyage  de  Yigo  à  mes  fiais,  d'y  récoller  autant 
de  graines  qu'il  pourrait  el  de  me  les  transmettre.  Ce  brave  jeune  honune, 
auquel  j'ai  promis  solennellement  de  ne  jamais  dire  son  nom  (2),  se  mit  en 
voyage  dès  le  lendemain,  et,  après  une  absence  de  quinze  jours,  il  me  remit 
dans  le  plus  grand  secret  les  graines  du  B.  Ya-wa-maï  qu'il  avait  récoltées 
avec  beaucoup  de  peine  et  beaucoup  de  danger.  11  lue  disait  que  personne  ne 
se  doutait  du  but  de  son  voyage.  C'était  en  octobre  1862.  Ma  mission  au 
Japon  étant  remplie  le  1"'  novembre  1862,  je  partis  pour  l'Europe  avec  la 
malle  anglaise,  et  je  me  cbargeai  du  soin  de  porter  les  graines  en  Europe. 
Les  soins  à  donner  à  ces  graines  ne  sont  pas  très-faciles  à  bord  des  navires 
à  vapeur  naviguant  sous  les  tropiques.   Si  l'on  tient  les  graines  dans  sa 
cabine,  on  court  grand  risque  qu'elles  éclosenl,  car  la  température  y  est  au 
mois  de  novembre  encore  de  95  degrés  Fahr. ,  et  dans  la  mer  lîouge  elle  monte 
même  jusqu'à  105  degrés  et  plus.  J'ai  donc  profilé  de  l'avis  que  r\l.  Simon 
m'avait  donné  de  les  mettre  dans  les  glacières  qu'on  trouve  à  bord  de  ces 
navires,  quoiqu'elles  ne  contiennent  souvent  que  très-peu  de  glace.  Toutefois 
je  crois  que  je  dois  en  grande  partie  à  l'emploi  de  ce  moyen  que  les  œufs 
soient  parvenus  en  bon  étal  en  Europe. 

J'arrivai  à  la  Haye  au  commencement  de  janvier,  el  je  m'empressai  d'expé- 
dier les  graines.  La  plus  grande  partie  fut  offerte  par  moi  au  gouvernement 
français  et  à  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimatation,  selon  ma  pro- 
messe faite  à  mon  ami  Simon.  Une  autre  partie  fut  envoyée  par  moi  au 
Nederlandsche  llandelmaatscliappij,  commç  je  VA\ais  promis  à  leur  agent, 
M.  Bauduin,  à  Nagasaki,  pour  être  partagée  entre  M.  de  Graaf,  et  je  crois  en 
liarlie  à  M.  de  Weckherlin,  secrétaire  de  S.  M.  la  reine  des  Pays-Bas. 

J'offris  une  troisième  partie  à  mon  gouvernement,  et  SonExc.  le  ministre 
de  rintérieur  l'a  envoyée  à  la  Société  néerlandaise  d'entomologie.    Enfin 

(1)  Les  [ii-oviiiccs  à'Elixen  et  de  V'/yo  sont  les  seules  oii  les  Ya-nia-ni;ii  soient  ciiUivés  ;  pour- 
tunl  on  veut  développer  cette  culture  partout  où  il  y  a  des  Clièues,  el  c'est  pour  celle  raison  que 
l'exportation  des  graines  est  si  sévèrement  dél'endne. 

(2)  Si  les  lonclioniiaires  japonais  savaient  son  nom,  ce  jeune  homme  ne  pourrait  se  soustraire 
ù  la  peine  de  mort. 


CHRONIQUE.  6/jl 

il  me  restait  encore  une  petite  quantité  de  graines  que  j'ai  données  au 
célèbre  naturaliste  M.  le  docteur  IMcekcr,  qui  les  avait  demandées  pour 
M.  Guérin-Aléneville,  à  Paris. 

Grande  fut  donc  ma  surprise  lorsque  je  lus  la  Bévue  de  sériciculture  com- 
parée, n"  G,  page  17"2. 

Je  dois  dire,  contrairement  aux  assertions  contenues  dans  la  Bévue,  que  ces 
graines  ont  été  données,  non  par  le  gouvernement  néerlandais,  mais  par 
T)xui-même,  et  que  j'ai  eu  l'honneur  de  les  oiïrir  en  personne  à  ;\I.  le  baron 
de  la  Villestreux,  chargé  d'affaires  de  France  à  la  Haye,  au  mois  de  jan- 
vier, après  avoir  reçu,  sur  ma  demande,  de  S.  Exe.  le  ministre  delà  marine 
le  chevalier  Hnyssen  de  Katteiidyke,  Tautovisation  de  l'aire  ce  don. 

«  On  a  dit,  d'autre  part,  que  S.  M.  le  roi  de  Wurtemberg  avait,  sur  la 
«  prière  de  M.  le  docteur  Sacc,  obtenu  de  S.  î\î.  le  roi  de  Hollande  qu'une 
»  demande  d'envoi  d'œufs  de  Ya-ma-maï  fut  adressée  à  sa  légation  perma- 
>>  nente  à  iNagasaki,  et  que  ce  fut  à  la  suite  de  celte  demande  que  les  œufs 
»  tant  désirés  furent  remis  au  docteur  Pompe  van  Meerdervoort,  qui  voulut 
»  bien  les  apporter  en  Europe.  » 

J'affirme  que  je  n'ai  jamais  eu  l'honneur  de  recevoir  un  ordre  ou  une  inti- 
mation quelconque  au  sujet  des  (pufs  de  l'Ya-ma-maï,  ni  de  S.  M.  le  roi  de 
\\  urlemberg,  ni  de  ^^.  M.  le  roi  de  Hollande,  ni  du  gouvernement  hollan- 
dais, et  que  j'ai  fait  la  récolte  de  ces  graines  tant  désirées  à  mes  propres  frais, 
par  ma  propre  volonté,  et  à  la  seule  recommandation  de  Ai.  Eugène  Simon  ; 
que  c'est  aussi  de  ma  propre  volonté  que  je  me  suis  donné  l'honneur  de  les 
ollrir  au  gouvernement  de  S.  :\l.  l'Empereur  des  Français  et  à  la  Société 
impériale  zoologique  d'acclimatation. 

C'est  encore  de  moi  que  ^I.  Guérin-Méneville  lient  les  œufs  qu'il  a  reçus 
de  M.  le  docteur  Bieeker,  et  c'est  par  moi  qu'ils  ont  élé  introduits. 

Je  crois  donc  que  je  puis,  à  juste  titre,  réclamer  pour  moi  seul  l'honneur 
d'avoir  introduit  en  Europe  les  graines  de  l'Ya-ma-maï,  dont  il  est  question, 
et  c'est  pour  constater  ce  droit  que  je  me  crois  obligé,  comme  Hollandais  et 
comme  membre  de  la  Société  impériale  zoologiquc  d'acclimatation  ,  de 
pujjlier  cette  notice  que  je  pourrais  faire  suivre  de  documents  officiels  qui 
eu  sont  la  preuve  évidente. 

La  Haye,  19  juin  1863, 
Monsieur, 
Ma  légation  a  transmis  au  gouvernement  de  l'Empereur  les  graines  de  Vers  à 
soie  et  les  cocons  que  vous  avez  bien  voulu  recueillir  au  Japon  à  sou  intention,  et 
le  départemenl  des  affaires  étrangères  les  a  fait  parvenir  à  M.  le  Ministre  de  l'agri- 
cullure  el  du  commerce  et  à  la  Société  impériale  d'acclimatation. 

Je  suis  chargé  d'avoir  l'honneur  de  vous  témoigner  la  gralitude  du  gouverne- 
ment de  Sa  Majesté  impériale  pour  cet  envoi  et  pour  la  traduction  du  traité  japo- 
nais sur  les  Vers  à  soie,  que  vous  lui  avez  également  adressée,  et  je  saisis  avec 
empressement  celte  occasion  de  vous  offrir,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  consi- 
deivition  liès-dislinguée. 

Signé  Cii.  Baudin. 

T.  X.  —  Octobre  18G3.  41 


V.   BULLETIN  DES  CONFÉRENCES  ET  LECTURES. 


CONFÉRENCE   DU    10    JANVIER    1863. 

Métis   et  ll,yl>rBiIcs    aii  Jardin  <1  aci-liniatation, 

Par  M.  lîUFZ  de  Lavison. 

Ma  première  confs'rencc  sur  ies  croisements  a  été  toute  tiiéoriqiie.  Je  me 
suis  aitacbé  à  bien  définir  les  mois,  cjcnre,  espi-cn,  race,  i)uis  ceux  iVInj- 
brides,  de  métis  et  de  mulet,  qui  sont,  si  je  puis  m'expriincr  ainsi,  Tidionic 
de  la  question  qui  nous  occupe.  Je  vous  ai  montré  comment  l'emploi  de  ces 
mots  pris  indifféremment  les  uns  pour  les  autres  avait  été  la  cause  de 
l'obscurité  qui  a  résné  dans  celte  matière,  et,  par  suite,  des  discussions  aux- 
quelles cette  obscurité  a  donné  lieu.  Je  vous  ai  montré  connnenl  les  travaux 
de  nos  înaîtres  modernes,  particulièrement  de  MM.  Flourens,  Is.  GcoflVoy 
Saint-IIilaire  et  de  Quatrefages,  avaient  lait  la  lumière  en  fixant  et  précisant 
le  langage.  Je  veux  aujourd'bui  passer  aux  applications  pratiques.  Je  veux 
faire  passer  sous  vos  yeux  les  byhrides  et  les  métis,  d'abord  ceux  qui  existent 
dans  la  science,  puis  (juelques-unsde  ceux  que  nous  possédons  dans  cet  éta- 
blissement. 

Nous  suivrons  la  classincalion  adoptée  par  !\l.  Isidore  GeofTroy  Saint- 
Ililaire,car  c'est  lui  qui,  dans  le  tome  îroisièmc  de  la  première  partie  de  son 
grand  travail  de  VHistoire  générale  des  règnes  organiques,  s'est  livré  au 
meilleur  et  au  plus  long  examen  critique  et  à  une  sorte  de  classification  des 
cas  d'iiybridcs  et  de  métis  décrits  ou  conservés  dans  les  ménageries ,  les 
jardins,  les  musées  et  les  livres,  c'est-à-dire  dans  les  archives  de  l'histoire 
naturelle. 

M.  Geoffroy  a  divisé  Fliybridilé  et  la  uiélivité  en  hybrides  higénèr es, 
hybrides  congénères  et  métis  homoides. 

Les  hybrides  bigénères  sont  ceux  qui  sont  issus  de  deux  genres  différents; 
les  hybrides  congénères  sont  issus  de  deux  espèces  d'un  même  genre  ;  les 
métis  bomoïdes  sont  ceux  qui  proviennent  de  deux  races  ou  variétés  d'une 
même  espèce  (1).  Le  mot  mulet  a  été  réservé  à  tous  les  êtres  d'origine 
mixte  qui  sont  inféconds  (2). 

Après  avoir  rejeté  les  hybrides,  impossibles,  de  deux  classes  et  de  deux 
ordres,  mais  dont  la  possibilité  avait  été  longtemps  admise,  comme  je  vous 
l'ai  rappelé  dans  la  dernière  séance,  M.  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  passe  à 
l'examen  des  hybrides  bigénères.  11  en  l'ait  trois  catégories: 

1°  Ceux  qui  sont  manitestement  impossibles  en  raison  de  la  différence  d'or- 
f^anisation  et  de  taille  des  animaux  auxquels  on  les  attribue.  Tels  sont  :  les 
hvbrides  de  Chienne  et  de  Tigre,  d'Iiyène  avec  Lionne,  d'IJyènc  avec  Loup 


(1)  En  Cf.  sens,  métis  csl  un  mot  plus  g'éndriquc  que  Injhriik.  Vdiih  poiirqîioi  Ki.  Geoffroy  lui 
Bjoute  rc'iiilhète  Alwmoïdc,  en  l'iippliqiuuit  :ui  produit  de  doux  riiccs. 

(2)  On  rapplique  aussi  à  quelques  ètws  qui,  s^ns  origine  niixt\  sont  inféconilSj  comme  les 
nciilrcs  des  ruches  el  des  guêpiers. 


BULLETIN    DES    CONFÉRENCES    ET    LECTURES.  6/|3 

(admis  p;ir  Aristote)  ;  —  Taureau  et  Brebis  (Morton),  Cerf  et  Vache  {Bur- 
dach).  Chamois  et  Chèvre  (idem)  ;  et  les  cinq  produits  de  Ruminants  et  de 
Soiipèdes  désignés  parles  auteurs  sous  le  nom  ÛQJuinaris  :  Vache  avec  Ane 
et  Ciieval;  le  Mouton  et  la  Loutre  {ancon  deTAniériquo).  On  nomnie  ainsi 
une  race  de  Moutons  à  jambes  basses  et  à  laine  très- fine  qu'on  suppose 
être  le  produit  du  Bélier  ou  de  la  Brcijis  avec  les  Loutres. 

2°  Hybrides  physiologiquemcnt  moins  impossibles,  mais  sans  témoignage 
authentique:  Chevreuil  et  Chèvre,  Chèvre  et  Lama. 

o"  Fails  douteux,  qui  ne  sont  dans  la  science  qu'à  l'état  d'assertion,  bien 
que  ces  assertions  soient  appuyées  par  des  noms  autorisés  :  hybrides  de 
Chiens  et  de  Chattes,  de  Cliat  et  de  Fouine,  Chai  et  Marte,  Ours  et  Chienne, 
Renard  d'Amérique  et  F.alon,  Cerf  du  Canada  et  Vache,  Bélier  et  Chevrette, 
IMiacochère  et  Truie,  Chien  et  Renard.  Ce  dernier  genre  d'hybrides  bigéuères, 
Chien  et  Renard,  était  considéré  par  Aristote  comme  l'origine  du  Chien  de 
Laconie.  H  a  été  admis  par  Pallas  cl  par  Daubcnton. 

h"  Hybrides  bigénères  douteux  : 

Rossignol  et  Canari  femelle  {Mortun),  Coq  et  grand  Tétras,  Coq  et  Dinde 
(Tniuininch),  Coq  et  Hocco,  Dindon  et  Hocco  [Meckel),  Dindon  et  Faisan 
(Edwards),  Faisan  et  grand  Tétras  {Ihifjhn). 

Selon  Temminck,  qui  a  fait  des  (laiiinacés  une  étude  spéciale,  non-seule- 
ment la  plupart  des  Faisans  et  tous  les  Hoccos  s'allient  entre  eux  en  domes- 
ticité ;  mais  le  Faisan  s'allie  au  Coq,  celui-ci  avec  les  Dindons,  et  les  Hoccos 
nés  en  domesticité  s'allient  avec  le  Dindon. 

Grenouille  cl  Crapaud  {Burdach). 

5"  Hybrides  à  l'égard  desquels  on  ne  saurait  admettre  le  moiiulre  doute  : 

Vache  et  Yak,  Yak  et  femelle  du  Zébu  [Dzo,  employé  dans  l'Himalaya 
comme  bète  de  somme);  Chèvre  et  Bélier  {Buffon,  DanhenUm),  Bouc  et 
Brebis  {lU>jres  et  mnsmuns  des  anciens)  {Buffun  et  Duiibenton).  «J'ai  fait  à 
plusieurs  reprises,  dit  M.  is.  Geoli'roy  Saint-lJilaire,  rapprocherdes  Boucs  et 
des  Brebis.  L'accouplement  a  eu  lieu  sans  ditiiculté,  mais  il  est  resté  en 
France  improductif.  »  —  Bison  et  Vache,  métis  assez  fréquents  au:v  États- 
Um's,  mais  le  plus  ordinairement  lii  Vache  ne  peut  nscltre  bas,  et  périt  dans 
le  travail,  à  cau,,e  du  volume  de  la  lèle  du  produit.  —  Chèvre  et  iMouilon  à 
manchettes  (jardin  zoologiqne  de  Lundrcs). 

En  résumé,  suivant  M.  Ls.  (Jeoffroy  Saint-Ililairc,  la  possibilité  de  l'hybri- 
dation est  loin  de  se  renfermer  dans  les  étroites  limites  qu'on  lui  avait 
assignées. 

Hybrides  bigénères  chez  les  Oiseaux  plus  nombreux  et  plus  remarquables 
encore  que  chez  les  Mammifères. 

Parmi  les  Passereaux  :  Canari  avec  ^'ini,  Vonluron,  Tarin  (espèces  voi- 
sines) ;  Linotte,  Chardonncrel,  Pinson,  Vcrdier,  Bouvreuil,  Bruant  (espèces 
plus  éloignées);  Verdier  et  Chardonneret  (ViviUoI)  (iiybride  trouvé  ù  l'état 
sauvage).  —Souchet  et  Sarcelle  d'été.  Oie  cendrée,  Oie  rieuse  elBcrnache, 
Oie  cendrée,  Canard  musqué.  Oie  cygnoïdc  et  Tadorne,  Cygne  sauvage  et 


C/iZi      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQTJE    d'aCCLIMATÂTION. 

Oie  doiiK^stifiuo  (Muséum).  —  Faisan  ordinaire  et  Tétras  femelle  (hybrides 
obtenus  en  Angleterre),  Coq  faisan  et  Poules  appelés  Coquards,  niélis  pres- 
que communs,  élevés  pour  la  table;  Paon  et  Pintade  {jardin  zoologique  d'An- 
vers), Pintade  et  Poule  (jardin  zoolorjique.  de  Londres,  ménagerie  de  Paris). 

6"  Hybrides  congénères  issus  de  deux  espèces  d'un  même  genre,  les  seuls 
admis  par  Guvier  et  son  école  : 

Cheval  et  Ancsse,  Ane  et  jument; — Lion  et  Tigresse  (en  Angleterre, 
cinq  portées  d'un  même  couple),  Jaguar  cl  l'anthère  (en  Angleterre)  ;  — 
Furet  et  Putois;  —  Chat  domestique.  Chat  sauvage.  Chat  de  Cafrcrie:  — 
Chien  et  Louve  (observations  nombreuses)  ;  —  Loup  et  Chienne,  Dans  ces 
unions  mixtes  qui  ne  sont  pas  rares  (m  nnllo  génère,  dit  Pline,  œque  faci- 
les mixturœ) ,  la  femelle  appartient  ordinairement  à  l'espèce  ou  à  la  race  do- 
mestique. Mais  le  contraire  peut  aussi  avoir  lieu.La  ménagerie  du  Muséum  a 
reçu  plusieurs  fois,  sous  le  no)n  de  jeunes  Loups,  des  individus  pris  à  la 
suite  de  Louves  qui  les  allaitaient,  mais  tenant  du  Chien  par  leur  forme  et 
leur  coloration,  et  dans  lesquels  il  était  facile  de  reconnaître  des  métis  de 
Chien  et  de  Loup.  Ces  métis  sont  bien  connus  des  chasseurs  qui  les  ont  dé- 
signés sous  le  nom  de  Chien  Loup,  Chien-Lycaon.  <^At  Lupus  et.  Cnlnla  for- 
mant cocundo  Lijciscain  »,  dit  le  poète  Eugeiiius,  —  Chien  et  Chacal,  Chacal 
du  Sénégal  et  ceux  de  l'Inde;  —  Lièvre  et  Lapin  (Broca)  ;  Chameau  à  une 
bosse  avec  Chameau  à  deux  bosses;  —  Lama  et  Guanaco,  Lama  et  Alpaca, 
Alpaca  et  Vigogne;  —  Alpa-Lama  ;  —  Cerf  et  Biciie  gymnote  et  Cerf  de 
Virginie,  Axis  et  Pseudaxis,  Chèvre  et  ]5ouquctin ,  Brebis  et  Montlon  de 
Corse,  appelé  l'nbri,  suivant  Pline. 

Hybrides  congénères  : 

Divers  Sangliers  et  Cochons  ;  —  Solipèdes  entre  eux  ;  —  Ancssc-IIémione  ; 
—  Cheval  et  Couagga  ;  —  Aneel  Zèbre;  —Chevalet  Zèbre;—  Ane  et  Dauw 
(dans  un  cas  le  Dauw  était  femelle;  dans  un  autre  le  croisement  inverse  avait 
eu  lieu). 

]/IIémippc  est  le  seul  Solipèdc dont  oii  n'avait  point  encore  obtenu  d'hy- 
bride. 

Canari  avec  ses  congénères;  —  Cygne  noir  et  blanc  ;  —  Faisan  ordinaire 
avec  Faisan  à  collier,  Faisan  Bcyerlé  et  Faisan  doré,  Faisan  argenté  femelle 
avec  Faisan  à  collier,  Faisan  argenté  màlc  avec  Faisan  doré  femelle  ;  —  Din- 
don et  Paon,  Paon  et  Hocco;  — Colin  houi  et  Colin  de  Californie, -—Tourterelle 
domestique  avec  la  Tourterelle  d'Europe,  Tourterelle  et  Biset,  Tourterelles 
entre  elles;  —  Bartavelle  avec  Perdrix  rouge  et  Perdrix  roquette;  —  Hiron- 
delle des  fenêtres  et  Hirondelle  des  cheminées  ;  -  Merle  et  Grive  à  l'état 
sauvage  ;  —  l'.ergeronnette  grise  et  noire;  —  Corneille  noire  et  Corneille 
nianlelée. 

Hybrides  de  Cirpes  obtenus  par  M.  Millet  à  l'aide  de  la  fécondation  arli- 
licieile;  hybride  de  Saumun  et  de  la  grande  Truite  des  lacs,  Truites  et 
Ombres-chevaliers. 

Ver  de  l'Ailante  et  du  liicin  [Guérin-Ménecilli').  On  a  en  outre  des  exem- 


miLLETIN   DES    CONFÉRENCES    ET   LECTURES.  645 

plos  d'iiybridito  entre  divers  autres  Lépidoplères  élevés  par  des  collecteurs. 

L'Iiybridité  aurait  été  obtenue  autrefois,  selon  Dure^iu  de  ia  .Malle,  entre 
quelques  Mollusques  élevés  et  engraissés  pour  les  tables  des  Romains. 

L'hybridation  des  végétaux,  ou  mieux,  en  termes  généraux,  la  fécondation 
mixte,  est  devenue,  depuis  trente  ans  surtout,  un  des  procédés  les  plus  usuels 
de  la  culture.  A'os  jardins  et  nos  serres  lui  doivent  chaque  jour,  comme  aux 
semis  d'essais,  de  nouvelles  variétés  bientôt  nuillipliées  par  la  bouture  et  le 
marcottage. 

Ce  qui  est  vrai  pour  Fun  des  grands  règnes  organiques  est  vrai  aussi  pour 
l'autre,  et  la  concordance  existe  entre  leurs  hybrides  sur  tous  les  points  où 
nous  les  avons  considérés. 

Tel  est  le  tableau  de  la  statistique  de  l'hybridation  telle  qu'elle  existe  pré- 
sentement dans  la  science. 

L'établissement  du  .lardiu  zoologique  étant  avant  tout  destiné  à  conserver 
la  pureté  des  races,  afin  de  fournir  de  vrais  étalons  à  ceux  qui  veulent  re- 
nouveler ou  perfectionner  les  espèces  ou  les  races  à  l'élevage  desquelles  ils  se 
livrent,  il  faut,  pricipalrmenl  que  Ton  soit  sûr  de  la  qualité  des  animaux  ou 
des  végétaux  (ju'il  est  possible  de  se  procurer  ici.  Cette  pureté  doit  être  le 
cachet  de  cet  établissement. 

Alais  le  Jardin  ne  s'est  pas  interdit  de  servir  de  théâtre  aux  expi'rimenta- 
lions  nouvelles  et  aux  vérilications  relatives  aux  grandes  questions  qui 
s'agitent  dans  la  science.  A  ce  titre,  l'élude  du  croisement  rentre  dans  le  cercle 
de  celles  qu'on  peut  se  proposer  d'y  faire. 

11  est  certain  que  la  science  n'a  pas  dit  son  dernier  mol  sur  les  croise- 
ments, et  que  les  expériences  à  faire  ou  à  suivre  dans  celle  voie  sont  très- 
importantes  et  offrent  un  très-grand  intérêt.  11  y  a  dans  la  pratique  des  croi- 
sements une  sorte  de  plaisir  que  doime  la  recherche  de  l'inconnu,  et  dans 
ses  résultats  obtenus  la  satisfaction  de  la  découverte.  L'étude  des  croise- 
ments doit  donc  être  un  des  objets  de  l'institution  du  Jarchn  zoologique. 

Jusqu'à  présent  cette  élude  n'a  pas  été  installée,  elle  n'a  pas  été  faite 
méthodiquement  et  pour  ainsi  dire  volontairement,  ei  à  priori,  dans  le  but 
d'obtenir  des  résultats  ;  mais  par  suite  de  la  facilité  que  les  animaux  domes- 
tiques ont  à  mêler  leurs  races,  et  à  donner  des  métis  liomoïdes,  c'est-à-dire 
entre  races  ou  variétés.  Les  croisements,  assez  nombreux,  onteu  lieu  malgré 
nous,  involontairement,  entre  des  races  diverses  de  plusieurs  de  nos  espèces. 
Quelque  soin  que  nous  missions  à  parquer  nos  Eélieis  ou  à  isoler  nos  Coqs, 
quelques-uns  ont  franchi  les  obstacles  ou  surpris  la  vigilance  des  gardiens, 
et  de  ces  unions  involontaires  et  clandestines,  il  est  résulté  des  métis  ho- 
moïdes,  qui  du  moins  n'ont  pas  été  perdus  pour  l'observation,  car  c'est  d'eux 
que  je  vais  maintenant  vous  entretenir. 

Nous  établirons  donc  une  distinction  entre  les  produits  des  croisements 
que  nous  allons  faire  passer  sous  vos  yeux.  Les  uns  ont  été  obtenus  à  des- 
sein, avec  intention,  volontairement,  et  les  autres  involontairemeni.  Dans  la 
première  catégorie,  nous  rangerons  : 


6h6      SOCIÉTÉ   IMPÉUIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Les  croisemcnls  de  rHémionc  et  de  TAnessc,  que  vous  connaissez  tous, 
ce  joli  atleliii;c  qui  fait  le  service  du  Jardin,  allant  souvent,  jusqu'à  deux  fois 
par  jour,  au  Jardin  des  plantes  ou  aux  gares  des  clieuiins  de  fer.  A  la  patience, 
h  la  sobriété  et  à  la  rusticité  de  l'Ane,  nos  métis  d'Héniione  et  d'Anesse 
joignent  la  vitesse  de  l'IIémione. 

Le  croisement  de  l'Yak  et  de  la  Vaclie,  dont  nous  avons  oblena  plusieurs 
produits.  Le  luit  de  ces  métis,  examiné  par  M.  Réveil,  a  été  trouvé  butyreux  ; 
il  est  d'un  bon  goût  et  abondant.  La  peau  donne  un  cuir  excellent.  On  espère 
aussi  que  de  ce  croisement  il  pourra  sortir  des  animaux  plus  aptes  au  trait 
et  au  labour. 

Nous  avons  dans  nos  volières  un  métis  du  Faisan  versicolore  du  Japon  et 
du  Faisan  à  collier  de  l'Inde,  bel  oiseau  qui  passe  souvent  pour  le  versicolore 
même,  mais  dont  nous  avons  pu  constater  l'origine  mixte,  lorsque  nous 
avons  reçu  dernièrement  un  versicolore  pur. 

Un  croisement  de  Paon  siiicifère  avec  le  Paon  du  Japon. 
Puis  des  Coqnards  liybrides  de  la  Poule  et  du  Faisan  ordinaire,  qui  ont  les 
plus  belles  apparences. 

D'autres  métis  du  Faisan  doré  et  du  Faisan  argenté.  Faisan  doré  et  Faisan 
ordinaire,  Faisan  doré  et  Faisan  de  l'Inde. 

Il  ne  faut  pas  examiner  longtemps  ces  oiseaux  pour  reconnaître  ce  qui 
peut  êlre  rapporté  i\  chacun  des  éléments  do  leur  double  origine. 

Puis  des  Canards  dits  Plombières  qu'on  suppose  fabriqués  en  Hollande 
avec  le  Canard  de  la  Caroline  et  le  canard  Milouin  ou  celui  dit  de  Niroca. 

Un  autre  métis  attribué  à  la  Bernacbe  et  e'i  l'Oie  rieuse,  acheté  en  Angle- 
terre, et  qui  .se  trouve  sur  notre  rivière. 

Des  Colins  pietés,  résultant  du  Zonécolin  et  du  Colin  houi  de  Virginie, 
obtenus  par  un  amateur  distingué,  M.  Coeflier,  de  Versailles. 

Parmi  les  métissages  qui  se  sont  faits  involontairement,  je  vous  citerai  ceux 
d'un  Bouc  d'Angora  avec  des  Brebis  romaines  et  de  Caramanie.  La  laine  ob- 
tenue par  ce  genre  de  croisement  est  assez  belle  :  elle  a  été  conq)arée  par  noire 
collègue  M.  Davin,  si  expert  en  cette  matière,  à  la  laine  des  Brebis  Soulh- 
down.  M.  Davin  nous  engage  i  suivre  l'étude  de  ces  sortes  de  croisement  de 
l'Angora  avec  les  aiMres  Moutons,  ce  qui  se  pourra  faire,  car  l'union  de  la 
Chèvre  d'Angora  avec  les  Moutons  s'opère  aussi  facilement  que  celle  des 
Moulons  entre  eux  ;  ce  qui  n'a  pas  lieu,  comme  on  sait,  pour  les  autres  Chè- 
vres, du  moins  dans  nos  climats. 

Le  troupeau  des  Chèvres  d'Angora  réparti  en  cheptel  par  la  Société  d'ac- 
climatation, et  qui  a  passé  dernièrement  au  Jardin,  comptait  vingt-huit  métis 
avec  la  Chèvre  indigène,  dont  plusieurs  trois  quarts  de  sang,  dont  le  poil 
élait  presque  aussi  fm  que  celui  du  pur  sang. 

Métis  de  Bélier  Naz  et  Brebis  romaine  :  taille  plus  élevée  que  celle  du  père, 
laine  plus  fine  que  celle  de  la  mère. 
Chèvre  ordinaire  et  Bouc  d'Egypte. 
Lapins  angora  blanc   et  angora  bleu  :  ont  donné  deux  angoras  gris  cl 


BULLETIN   DES    CONFÉRENCES    ET    LECTURES.  6/i7 

deux  iiiii^ï.ras  d'iit!  bo;m  noir:  celle  uiuincG  noire  esl  rare  chez  les  Lapins. 

IVWlis  d-iin  Motillon  de  Corse  et  d'une  Brebis  de  iMauchamp  :  le  croisement 
avait  eu  lieu  à  notre  insu.  Jamais,  à  priori,  nous  n'aurions  imaginé  de  com- 
biner les  aptitudes  de  ces  deux  bêtes,  l'une  cullivée  pour  la  finesse  de  sa 
laine,  et  l'autre  presque  sauvage,  recouverte  d'uii  poil  ras  et  dur.  Mais 
le  Moudon  et  la  Brebis,  pourrait-on  demander  incidemment,  sont-ils  de 
même  espèce  ou  de  même  race  ?  La  question  est  irrésolue  enire  les  natura- 
listes. Quelques-uns,  et  M.  Isidore  Geollroy  Saint-Ililaire  entre  autres,  font 
descendre  le  iMoulon  domcsliquc  d'une  espèce  particulière  sorlie  de  l'Asie. 
Bullbiî  considère  le  Mouflon  connue  le  lype  jiaturel  de  toutes  les  races 
ovines.  Cette  dernière  opinion  se  fonde  principalement  sur  la  facilité  des 
croisements  enire  Moulions  et  Moutons,  ce  qui  n'aurait  pas  lieu  si  c'étaient 
deux  espèces  et  non  deux  races. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  produit  obtenu  au  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  ne  pou- 
vant être  conservé  ni  comme  reproducteur  ni  pour  sa  toison  courte  et  rude 
qui  tenait  plus  de  sou  père  le  Mouflon  que  de  sa  mère  la  Brebis,  ce  produit 
a  été  vendu  comme  bête  de  boucberie.  C'était  une  brebis  de  dix  mois,  pas  trop 
grasse.  En  ayant  retenu  un  gigot,  j'ai  voulu  le  manger  ou  plutôt  le  déguster, 
en  compagnie  de  connaisseurs,  avec  nos  collègues  MM.  le  docteur  Le  Prestre 
(de  Caen)  et  Albert  GeolTroy  Saint-Iîilaire.  Nous  en  avons  trouvé  la  cliair 
tendre,  savoureuse,  ayant  un  arrière-goùt  de  gibier,  et  tel  que  les  uns  et  les 
autres  nous  ne  nous  souvenions  pas  d'avoir  mangé  de  meilleur  Mouton.  Je 
suis  donc  autorisé  à  recommander  le  croisement  du  !\louOon,  non  pas  certes 
avec  la  Bre])isdc  Maucbamp,  mais  avec  celles  des  races  ovines,  les  South- 
down,  par  exemple,  et  les  Disbley,  qui  sont  réputées  les  meilleurs  ]\Ioutons  de 
boucherie,  et  l'on  obtiendra,  j'en  suis  sûr,  un  excellent  produit  culinaire  (1). 

Métis  du  Zébu  d'Egypte  avec  la  Vache  Sarlabot  sans  cornes  de  M.  Du- 
trone.  Le  Veau,  qui  n'a  que  six  mois,  ne  présente  encore  trace  de  bosse  ni 
de  cornes.  11  a  la  tète  et  le  cou  du  Zébu  et  son  pelage.  Il  a  été  conlié  à 
M.  Dutrùne. 

Métis  du  Zébu  d'Egypte  et  d'une  petite  Vache  naine  de  Tunis,  plus  petite, 
plus  bassoiic  que  les  plus  petites  ^'aches  Ijretonnes.  A  cause  de  la  dispropor- 
tion des  tailles,  nous  craignions  que  la  partiiritioa  ne  fût  difficile,  comme  celle 
dit-on,  du  Bison  et  de  la  Vache  :  mais  elle  s'est  opérée  très-facilement.  Le 
produit  est,  à  quatre  mois,  plus  élevé  que  la  mère  ;  il  a  la  tète,  le  cou  et  le 
pelage  du  père.  Ce  métis  semlth.'  tenir  plus  du  Zébu  que  les  autres;  il  a  été 
envoyé  en  Normandie  dans  les  pâturages  de  M.  Dutrùne  :  on  pourra  l'essayer 
comme  bète  de  boucherie. 

Métis  du  Zébu  d'Egypte  et  d'un  métis  d'Yak  et  de  Vache.  Ce  double  métis 
offre  la  tète,  le  dos  et  la  queue  de  l'Yak,  le  cou,  le  pelage  et  le  dessous  du 
ventre  du  Zébu. 

(1)  Il  y  niii-a  toujours  une  gramle  dilTérencc  enire  l'amateur  et  l'éleveur  :  le  premier  clierclic 
la  nouveauté  et  la  fantaisie,  se  laisse  diitraire  par  la  pensée  de  collection,  obéit  au  caprice; 
l'autre  est  toujours  à  l'all'ùt  de  la  meilleure  race  comme  précocité,  comme  poids,  comme  liuesse 
et  sapidité  île  la  chair,  et  surtout  conune  bète  de  rapport  et  de  prolit. 


6/|8      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Parmi  nos  Oiseaux,  nous  ne  pouvons  que  mentionner  les  niélissages  nom- 
breux qui  oui  eu  lieu  dans  nos  pigeonniers,  où  jusqu'à  présent  les  Pigeons 
ont  été  laissés  pèlc-niêle.  H  a  été  remarqué  que  ces  métissages  avaient  eu 
lien  surtout  entre  les  Volants  et  les  aulres  nombreuses  variétés  de  cette 
espèce  :  Romains,  Culbutants,  etc.,  etc. 

Dans  la  basse-cour,  nous  n'avons  à  vous  signaler  que  le  croisement  de  la 
Poule  Dorking  avec  le  Coq  de  combat  de  la  Réunion,  produit  obtenu  par 
madame  Antoine  Passy,  et  dont  nous  avons  pu  apprécier  la^succnlencc  de  la 
viande  plus  ferme  et  un  peu  plus  colorée  que  la  cbairdes  Dorkings  purs. 

Nous  avons  aussi  des  croisements  du  Coq  de  combat  des  Antilles  avec  des 
Poules  de  la  Réunion.  Ciiair  noire,  peu  appétissante. 

Après  vous  avoir  parlé  des  croisements  qui  se  sont  opérés  involontaire- 
ment et  contre  notre  gré,  je  dois  vous  din-  un  mot  de  ceux  qui,  malgré  notre 
désir  cl  malgré  nos  excitations,  n'ont  pu  s'effectuer.  C'est  ainsi  que  nous 
avons  inulileiiKMU  tenu  constamment  cote  à  côte  des  Ricbes  de  France, 
d'Espagne  et  d'yVlgérie,  avec  les  Cerfs  d'Aristole  et  de  Bornéo,  et  des  Daims 
avec  des  Axis  et  des  Cerfs  de  Virginie  ;  il  n'y  a  eu  entre  eux  aucun  rappro- 
chement. 

]\on  plus  qu'entre  nos  Oiseaux  d'eau  dont  plusieurs  espèces  sont  tenues 
ensemble  dans  les  mêmes  enclos  de  la  rivière. 

iNi  entre  les  LIoccos,  les  Rlarails  et  les  Paons,  qui  sont  dans  la  même 
volière. 

Tel  est  l'état  de  la  question  ou  plutôt  de  la  pratique  des  croisements  au 
.lardin  zoologique  d'acclimatation,  état  rudimentaire,  qui,  je  l'espère,  avec 
l'expérience  que  nous  ar!jiiért>ns  chaque  jour  des  espèces  soumises  à  notre 
observation,  prendra  un  développement  raisonné,  car  la  pratique  des  croise- 
ments l'.ous  paraît  être  un  corollaire,  une  conséquence  des  études  de  l'accli- 
matation, vvinsi  nous  possédons  en  Tourterelles  et  Colonibi-gallincs  plus  de 
vingt  variétés  :  parmi  ellesla  Lumacbclle,le  La.brador  et  la  Colombe  gri\elée, 
ces  maguiiiques  espaces  de  l'Australie  !  n'esl-il  pas  à  espérer  que  de  leur 
croisement  avec  nos  'Joiirterelles  etmOnie  avec{pielques-uns  de  nos  Pigeons, 
il  puisse  sortir  (]ue!que  hybride  qui  soit  digne  de  vous  être  ])résenté  l'an 
proclialu  .'  ÎNe  pcut-oi!  essayer  de  rapprocher  le  Tapir  du  Cochon  ou  du 
Sanglier,  et  de  multiplier  les  croisements  de  la  Chèvre  d'Angora  avec  le  Mou- 
flon, avec  les  diverses  races  de  Moutons,  pour  lesquelles  ces  deux  espèces 
nionlrenl  tant  de  penciiaut.  Ainsi  doi'.c  les  croisements  peuvent  entrer  dans 
la  sphère  d'action  de  l'acclimalalion,  et  donner  des  résultats  plus  prompts  et 
non  moins  curieux  peut-être  que  l'introduction  des  races  pures;  et  par  ce 
moyeu  détourné,  c'est-à-dire,  en  recroisant  les  produits  avec  Pun  ou  l'autre 
de  leurs  éléments  originaires,  la  [iropagalion  des  belles  races,  qui  est  le  but 
de  l'institution  du  Jardin  zoologique,  serait  certainement  accélérée. 


VI.    BULLETIN  TRIMESTRIEL  DU  JARDIN  D'ACCLIMATATION. 


I.  -  On  a  pcnsc-  qu'ap.vs  dmx  ans  de  publication  do  ce  bulletin  sous  la 
forme  mensuelle,  celle  forme  donnant  lieu  à  des  répcUitions  inévitables  et 
sons  intérêt,  il  suffirait  d.'.soimais,  pour  tenir  les  membres  de  la  .Société  au 
coiu-ant  de  ce  qui  se  passe  au  .Tardin,  de  leur  présenter  des  i-sumés  tri- 
mestriels. 

C'est  ce  que  nous  commençons  de  faire  aujourd'bui;  maisil  faut  bien  re- 
connaître qu'en  bistoirc  naturelle,  des  annales,  quelque  forme  q„V.n  leiu- 
donne,  auront  toujours  la  monotonie  des  almanacbs,  puisqu'elles  doivent  re- 
produire le  tour  de  la  roue  des  saisons,  et  par  conséquent  ramener  les  mêmes 
laits  sous  les  yeux.  Les  répétitions  sont,  pour  ainsi  dire,  leur  fond.  Les  nou- 
veautés ne  se  peuvent  présenter  que  de  temps  en  temps  et  par  intervalles 
Mais  les  répétitions  ne  sont  pas  sans  valeur;  si  elles  frappent  moins  l'atten- 
tion, ce  sont  elles  qui,  à  la  longue,  permettent  d'établir  les  ^Généralités  dont 
elles  sont  les  assises  et  qui  constituent  la  science.  «  lîassemblons  des  faits 
du  Buffoii.  pour  avoir  des  idées.  »  C'est  lorsqu'on  veut  approfondir  un  sujet' 
on  vérifier  les  points  divers,  et  pénétrer,  pour  ainsi  dire,  dans  ses  entrailles' 
qu  on  apprécie   les  collections  d'observations  détaillées  ei  répétées    Elles 
seules  servent  de  matière  à  des  études  sérieuses  et  actives,  et  non  à  ce  vain 
appareil  de  citations  d'opinions  opposées  ou  de  faits  exceptionnels,  en  quoi 
consiste  trop  souvent  l'érudition  scientifique.  C'est  sur  de  semblables  docu- 
ments qu'on  peut  véritablement  travailler,  comme  dans  des  mines,  et  trouver 
des  ventés  que  ceux  qui  les  ont  préparées  ne  se  doutaient  pas  v  avoir  mises 

Le  Jardin  d'acclimatation  est  un  établissement  complexe  d'bisloire  natu- 
relle appliquée  pratique,  commercial  et  scientifique.  Il  la„t  q„c  ses  an 
nales  répon(!ent  à  toutes  ces  destinations,  et  soient,  si  l'on  peut  parler  ainsi 
un  bvre  tenu  en  partie  triple.  Il  faut  qu'on  y  trouve,  sur  l'animal  qu'on  veu! 
acclimater,  tons  les  éléments  qui  peuvent  en  faire  apprécier  l'acquisition. 
INon-seulemeni  sa  description  diagnostique,  sa  vie  bygiénique,  c'est-a-dire 
Ibistou-e  de  son  entraînement  d'acclimatation,  mais  surtout  ses  profils  et 
pertes,  ou  ce  qu'il  coûte  pour  le  posséder. 

Ce  n'est  qu'à  la  longue  qu'on  pourra  s'élever  avec  quelque  sûreté  à  des 
généralités.  Trop  de  précipitation  en  pareils  cas  est  la  principale  source  de 
nos  erreurs. 

Les  trois  mois  qui  viennent  de  s'écouler,  juillet,  août  et  septembre,  ont 
été,  comme  on  sait,  d'une  chaleur  et  d'une  sécheresse  inaccoutumées  Ce 
temps,  défavorable  au  jardinage  proprement  dit,  an  gazon  et  aux  fleurs 
paraissait  au  contraire,  trè.s-agréable  aux  animaux  du  Jardin,  qui,  venus 
pour  la  p!,:part  des  pays  de  la  chaleur,  semblaient  retrouver  leurs  sensations 
na  urelles,  ce  qu'ils  témoignaient  par  leur  viva.ité  et  par  leur  bonne  santé 
A  la  suite  de  quelques-unes  dos  dernières  journées  de  septembre,   où  lé 


650       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOOIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

temps  s'est  rafraîchi ,  nos  espèces  exotiques  grelottaient  et  donnaient  des 
signes  de  sensibilité  au  froid. 

La  ponte  des  omis  a  été  :  juillet,  1100  ;  août,  553;  septembre,  313.  On  voit 
que  la  ponte  n'est  jamais  interrompue;  elle  est  seulement  moindre  et  plus 
irréguliérc.  A  cette  époque  de  Tannée,  les  œufs  ne  sont  î)oiul  employés  à  la 
reproduction,  ils  sont  livrés  à  la  consonnnalion  ou  à  la  fabrication  des  pâtées 
domiées  auv  jeunes  animaux.  11  serait  curieux  cependant  de  vérilier  expé- 
rimentalement quelle  peut  être  rintluence  de  [chaque  mois  sur  la  fécon- 
dation des  anifs. 

Le  nombre  des  éclosions  pourrait-il  être  pris  comme  l'expression  de  cette 
influence  ?  Il  faudrait  au  moins  faire  deux  catégories,  l'une  des  œufs  clairs, 
l'autre  de  ceux  qui  présenteraient  un  développement  plus  ou  moins  avancé. 
Mais  il  faut  convenir  que  la  seconde  pourrait  accuser  autant  les  influences  de 
l'incubation  que  celle  de  la  fécondation.  Combien  il  est  difficile  d'isoler  un 
fait  et  de  le  placer  dans  son  plein  jour,  sans  laisser  aucun  côté  dans  l'obscurité. 

IL  —  C'est  pendant  ce  trimestre  que  la  mue  s'effectue.  Elle  est  générale 
chez  tous  les  oiseaux,  mais  point  simultanément;  elle  commence  par  les 
palmipèdes,  finit  par  les  oiseaux  exotiques,  Lophophores  et  E'aisans.  Celle 
des  Poules  se  continue  de  juillet  en  octobre.  Toutes  les  plumes  d'un  oiseau 
sont  renouvelées  par  la  mue,  aucune  n'est  conservée. 

On  a  cru  remarquer  que  lorsque  le  temps  se  refroidissait,  la  mue  se  ralen- 
tissait, qu'elle  était  plus  active  par  les  journées  chaudes.  C'est  à  celte  époque 
que  lepicage  a  lieu  surtout  entre  les  Poules,  peu  entre  les  autres  oiseaux.  Il 
se  confirme  que  la  mue,  chez  beaucoup  de  Poules,  n'arrête  point  complète- 
ment la  ponte,  surtout  chez  les  Cochinchinoises.  On  en  voit,  dans  cet  état, 
demander  à  couver.  Il  est  aussi  certain  que  la  mue  n'influe  pas  sur  la  morta- 
lité. Tout  au  plus,  pendant  sa  durée,  les  oiseaux  ont-ils  moins  d'app(''tit,  sont 
tristes  et  en  quelque  sorte  honteux  ;  mais  la  mue  n'est  point  une  maladie. 
En  septembre,  les  Canards  de  la  Caroline  avaient  repris  leurs  belles  plumes. 
Les  Mandarins  en  ont  à  peine  quelques-unes  des  leurs. 

La  vente  des  œufs,  dans  la  campagne  de  1863,  s'est  élevée  à  11  200  fr. 
Dans  cette  grande  production,  il  ne  s'est  trouvé  que  deux  œufs  bardés  et  à 
peine  quelques-uns  de  déformés. 

III.  —  Le  nomî)re  des  éclosions  est  estimé  en  général,  d'après  celles  qui 
ont  été  obtenues  au  Jardin  ou  d'après  notre  correspondance,  à  moitié. 

Voici  la  liste  des  principales  éclosions  :  Oies  de  Guinée,  l/i;  d'Egypte,  5  ; 
Bcrnaclies  des  Sandwich,  5  ;  de  Magellan,  5  ;  Cygnes  noirs,  à  ;  Canards 
mignons,  8  ;  Labrador,  7  ;  Barbarie,  Zi,  Caroline,  7;  Bahama,  6;  Dindons, 
12  ;  Poulets  wallikiki,  10  ;  Poules  Sonnerat,  11  ;  Lophophore,  2  ;  Faisans  mé- 
lanotes,  36  ;  panachés,  5  ;  Colombes  lumachelles,  2  ;  Tourterelles  à  nuque 
perlée,  3;  Tourterelles  aimables,  10  ;  Paons,  15. 

On  sait  que  le  Jardin  ne  livre  à  l'incubation  que  les  œufs  des  espèces  rares 
dont  la  valeur  peut  couvrir  les  frais  d'élevage. 


BULLETIN    TIUMESTUIEL    DU    JAUDLN    d'aCCLIMATATION.       651 

Les  22  œufs  produits  par  une  seule  femelle  Casoai-  (voyez  le  Bulletin  de 
mars)  ont  éttî  abandonnés  par  le  mâle  vers  le  seizième  jour,  sans  qu'on 
puisse  attribuer  à  cet  abandon  d'antn;  cause  que  le  trouble  occasionné  par  la 
présence  du  public.  On  a  voulu  continuer  Tincnbalion  par  une  couveuse 
ariificielle  pendant  soixante-cinq  jours;  mais  aucun  résultat  n'a  été  obtenu. 
Tous  les  œufs  étaient  gâtés  et  laissaient  échapper  par  leurs  pores  des  gaz 
hydrosulfureux. 

De  10  œufs  de  Lophophore  (voyez  le  Bulletin  de  mai),  2  ont  donné  des 
éclosions  au  Jardin.  L'un  des  petits  est  morl  au  bout  de  \ingt-cinq jours; 
l'autre  vit  aujourd'hui  :  c'est  une  femelle  qui  paraît  très-robuste.  Elle  a 
présentement  ({uatre  mois,  a  Irès-bien  fait  sa  mue  vers  le  quarantième  jour. 
L'incubation  de  ces  œufs  par  la  luère  avait  duré  vingt-six  jours. 

Deux  autres  œufs,  confiés  à  M.  Simon,  éleveur  habile,  membre  de  la  So- 
ciété, ont  donné  deux  petits.  L'un  d'eux  est  mort  au  dix-neuvième  jour; 
l'autre  est  aujourd'hui  bien  portant,  et  quoiqu'il  n'ait  pas  encore  pris  ses 
belles  plumes,  tout  fait  espérer  que  c'est  un  mâle.  Son  cou  est  plus  allongé, 
sa  tète  plus  fine  que  celle  de  la  femelle,  et  les  taches  noires  de  son  plumage 
sont  plus  prononcées.  Ainsi  le  Jardin  possède  une  paire  de  Loî)!iophores. 

Les  Faisans  m(''lanoîes  ont  donné  23  petits. 

Les  Colins  ont  donné  beaucoup  d'œ'ufs  ;  mais  beaucoup  de  ces  œufs  ont  été 
clairs.  Cependant  la  niulliplication  de  ces  oiseaux  est  considérable,  car  le 
nombre  de  ceux  qui  nous  sont  offerts  s'accroît  chaque  jour,  malgré  une  très- 
grande  mortalité.  Ce  sont  surtout  les  femelles  qui  succombent  après  la  ponte 
exténuante  à  laquelle  elles  se  livrent ,  car  quelques-unes  donnent  jusqu'à 
70  œufs.  Celte  observation  nous  a  été  confirmée  par  plusieurs  amateurs. 
Mais  jusqu'à  présent,  la  multiplication  des  Colins  paraît  n'avoir  eu  lieu 
qu'en  captivité.  Nous  ne  connaissons  aucun  essai  d'acclimatation  en  hberté. 
Il  serait  à  souhaiter  que,  s'il  y  en  a,  ceux  qui  les  ont  expérimentés  voulus- 
sent bien  en  faire  connaître  les  résultats. 

Cent  Œ'ufs  de  Faisans,  demandés  par  nous  en  Allemagne  et  soumis  à  des 
incubations  bien  conduites,  ont  été  clairs,  sans  aucune  trace  de  dévelop- 
pement. 

En  somme  cependant,  l'élevage  des  oiseaux,  cette  année,  a  été  plus  heu- 
reux que  les  années  précédentes. 

IV.  —  Mammifères.  Xaissances.  —  2  Mouflons  à  manchettes, 2  Nilgauts 
(c'est  la  quatrième  portée  de  ces  beaux  animaux  obtenue  au  Jardin),  un  Cerf 
rusa,  un  Cerf-cochon,  une  Biche-cochon  (bout  du  nez  et  pattes  blanches), 
un  Lama.  La  mère,  dans  les  derniers  temps  de  sa  portée,  ollrait  une  descente 
de  l'utérus  très-prononcée.  Cette  infirmité  a  disparu  après  la  mise  bas. 
6  Léporides,  quantité  de  Lapins  de  diverses  variétés.  5  Chèvres  d'Angora  dont 
une  croisée  de  Tibet.  Le  poil  est  moins  rin(jue  celui  de  l'Angora  pur  et  pré- 
sente plus  de  jarre.  6  Manicous  :  la  pullulalion  de  cette  Sarigue  des  Antilles 
paraît  devoir  se  faire  très-facilement. 


,e 


652        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 
V.  Mortalité.  Juillet.  Aont.  Septembre. 

#                   Poulorie. 32  IG  IZl 

Volière 71  (36  26 

r.ivière /lO  77  99 

Mammifères 10  5  8 

Nota.—  Dans  la  poulorie,  la  niorlalité  a  porté  siirlout  pendant  les  grandes 
chaleurs  sur  les  races  indigènes  lloudan.Crèvccœur  et  Flé.choisc.  Les  indivi- 
dus qui  succombaient  avaient  eu  la  diarrhée. 

Ouelqucs  l'ouïes  cochinchinoises,  qui  ont  servi  à  Fiiicnljalion,  loinbeiU 
dans  une  sorte  de  chlorose  anéiriique  dont  il  est  difficile  de  les  faire  re- 
venir. 

Nos  pertes,  parmi  les  oiseaux  de  volière,  ont  été'  réparties  entre  tontes  les 
espèces.  Mais  elles  ont  ])orté  plus  parliculièrementsur  des  Colins,  27,  et  sur 
des  l'erruches  ondulées,  20,  nouvellement  arrivées. 

Stir  la  rivière,  ce  sont  surtout  les  Combaltants,  oO;  les  Vanneaux,  /|0  ;  les 
Mouettes,  35;  les  Foulques,  19,  qui  élèvent  le  chidrc  de  la  mortalité.  Le 
problème  de  racclimatation  se  complique  dans  ce  cas  des  dangers  du  pas- 
sage de  l'état  sauvage  à  l'état  de  captivité.  Ceux  qui  résistent  aux  premiers 
momenis  durent  très-longtemps.  Leur  valeur  est  en  raison  de  tous  ceux 
qu'il  faut  perdre  pour  en  conserver  quelcpies-uns.  La  plup;irt  de  ces  oiseaux 
sauvages  meurent  d'inanition.  On  peut  dire  qu'ils  ne  savent  pas  manger  d 
tous  les  aliments  et  ne  reconnaissent  que  ceux  des  contrées  où  ils  ont  Tiia- 
bilude  de  vivre  ;  il  leur  faut  faire  une  certaine  éducation  pour  les  fatniliariser 
avec  les  grains  ou  la  viande  qu'on  leur  présente.  Aussi,  à  Imir  arrivée,  est-il 
prudent  de  les  placer  dans  des  cages  rétrécies,  oii  la  nourriture  est  mise  sous 
leur  nez,  et  de  les  provoquera  la  prendre,  plutôt  que  de  les  làciier  dans  de 
larges  enclos,  où  ils  peuvent  vaguer  librement  en  divers  sens. 

Jamais  encore  il  n'y  a  eu  au  Jardin  de  ces  épizooties  qui  détruisent  toute 
une  basse-cour  ou  toute  une  volière.  Cela  doit  faire  penser  que  la  localité  du 
bois  de  Boulogne,  sèche,  sablonneuse,  convient  à  l'élevage  des  animaux. 

Parmi  les  mammifères,  nous  n'avons  à  regretter  que  deux  l'hascolomes 
wombat,  morts  à  quinze  jours  d'intervalle,  et  que  M.  Leblanc  a  considérés 
comme  atteints  d'une  affection  cérébrale. 

VI.   Dons.  —  De  son  1*ac.   le  Ministre  de  la  marine,  un  Chevrotain  de 

Stanley. 
De  M.  Mueller  (de  Melbourne),  une  paire  de  Céréopscs  cendrés,  2  Tortues 

marais,  3  Kangurous  fuligineux. 

De  M.  Chabaud,  vice-consul  de  France  à  Tort-Élisabeth,  une  jeune  Zèbre 
femelle  âgée  de  dix  mois,  un  Daman  mâle,  3  Oies  de  montagne. 

De,  M.  le  vicomte  de  Lémont,  consul  de  France  à  Fernambouc,  2  Aras 
rouges,  un  Ara  vert,  2  Perruches  amazones;  un  llocco  à  barbillons;  5  Aga- 
mis, dont  3  verts,  im  à  dos  blanc,  im  à  poitrail  bleu  (le  Jardin  possède  ainsi 
trois  espèces  d'Agamis)  ;  un  Troupiale,  un  Tangara  septicolorc. 


litJLLETIN   TRIMESTRIEL    DU  JARDIN    d'aCCLIMATATION.       053 

Do  Al.  T»;il)i'y,  cdiisiil  do  France  à  Shan£i:-li;iï,  '2  Tragopaiis  mâles. 

De  M.  Urimblot,  consulde  France  à  Ceyiaii,  2  Loris  (jraciiis. 

De  M.  le  commandant  Jaurès,  une  paire  de  Colins  houis. 

De  W.  Baraquin,  plusieurs  Tortues  terrestres. 

De  M.  Varasses,  Coq  et  Ponli?  noirs. 

De  !\I.  Benjamin,  2  pelites  Outardes. 

M.  Biiffeteau,  une  Chèvre  ordinaire, 

VII. —  Le  Jardin  a  fait  Facquisilion  d'un  grand  nombre  d'espèces  rares,  dont 
quelques-unes  n'y  avaient  pas  encore  élé  vues.  Nous  citerons  entre  autres  : 

Deux  variétés  de  Canards:  le  Canard  à  face  blanche  [Dendrocygna  vi- 
duata)  cl  le  Casarka  ladornoïde  (d'Auslralie)  ; 

Le  Vanneau  armé  (Brésil)  ; 

L'Ortalide  Parakoua  (Brésil); 

Le  Tatou  peludo  (Brésil); 

Trois  Alerles  blancs. 

VIII.  Magnanerie.  —  La  fin  de  l'éducalion  des  Vers  à  soie  du  Mûrier  a 
réalisé  les  espérances  qu'elle  promettait. 

Une  récolte  relativement  satisfaisante  a  été  obtenue,  notainmenl  des  races 
françaises,  parmi  lesquelles  nous  mentionnerons  particulièrement  celle  à 
cocons  blancs  provenant  du  croisement  fait  l'année  dernière,  au  Jardin,  de  la 
race  du  Bourg-Argental  (Loire)  avec  celle  des  Cévennes.  Cette  race,  à  la- 
quelle il  a  été  donné  le  nom  de  race  blanche  du  llois  de  Boulonne,  a  produit 
des  Vers  sains  et  vigoureux,  exempts  de  tout  symptôme  de  pébrine;  les  co- 
cons, tl'uiie  remarquable  beauté,  ont  été  eiilièrement  réservés  pour  graine. 
Dans  les  races  étrangères,  celle  de  Valachie  à  cocons  jaunes  a  aussi  parfai- 
tement réussi. 

Comme  tous  les  ans,  les  cocons  ont  été  (ilés  sous  les  yeux  du  public,  qui, 
par  son  empressement  à  suivre  chaque  dimanche  les  travaux  de  la  lilature, 
a  montré  tout  rinlérèt  que  lui  inspire  une  si  belle  et  si  utile  industrie. 

L'éducation  des  Vers  à  soie  du  Ricin  et  de  l'Aiiante  n'a  malheureusement 
pas,  cette  année,  donné  des  résultats  aussi  satisfaisants  que  les  années  pré- 
cédentes; les  Vers,  moins  vigoureux,  ont  produit  des  cocons  beaucoup  plus 
petits. 

L'éducalion  du  Bombyx  Ya-ma-maï ,  Ver  à  soie  sauvage  du  Chêne  du 
Japon,  a  été  complétée  par  la  confection  de  la  graine,  qui  a  donné  de  bons 
résultats,  l.'io  papillons,  dont  80  mâles  et  03  fomelies,  sont  venus  à  éclosioa 
et  onl  reproduit  72  grammes  de  graine. 

Un  rapport  particulier  sera  fait  sur  cette  importante  opération. 

IX.  Apiculture.  —  La  Société  d'apiculture  a  fait  celte  année,  au  Jardin, 
du  15  au  25  août,  l'exposition  que,  depuis  sa  création,  elle  fait  tous  les 
deux  ans.  Le  Jardin  est  toujours  libéraleniL'iU  ouvert  à  n'importe  quelle 
branche  de  l'histoire  naturelle  i  qui  son  concours  peut  être  utile.  Les 
produits  de  l'Abeille,  la  cire  el  le  miel,  étaient  représentés  par  leurs  plus 


657l         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 
beaux  spécinions  cl  sous  toutes  les  formes  que  rindustrie  sait  leur  donner, 
surtout  en  Angleterre,  en  Amérique  et  en  Allemagne,  telles  que  confitures, 
gelées,  pâtisseries,  bonbons  à  base  de  miel,  ou  bien  vernis,  essences,  etc.  On 
voyait  des  échantillons  d'eau-de-vie  distillée  avec  des  cires  grasses,  trente 
échantillons  d'hydromel  et  des  vins  améliorés  par  le  miel.  Tout  à  cùlé  se 
trouvaient  les  divers  inslruments  de  l'industrie  apicole,  ruches  de  toutes 
sortes,  machine  à  transvaser  les  Abeilles,  pressoir  de  la  cire,  eic,  etc.  Plu- 
sieurs séances,  sous  la  présidence  de  M.  le  professeur  Blanchard,  président 
delà  Société,  de  M\L  Jacques  Yalserres  et  îlameî,ont  eu  lieu  entre  i\lM.  les 
apiculteurs,  parmi  lesquels  on  remarquait  plusieurs  ecclésiastiques  et  des 
instituteurs  primaires.  La  distribution  des  prix  s'est  faite  le  17  août.   L'ad- 
ministration du  Jardin  avait  voulu  y  contribuer  par  deux  médailles  d'argent 
et  deux  de  bronze.  S.  ;\î.  l'Impératrice  a  honoré  celte  exposition  de  sa  visite. 
Au  dire  de  tous  les  apiculleurs,  elle  attestait  un  progrès  marqué  sur  toutes 
les  expositions  de  cette  sorte  qui  ont  eu  lieu  jusqu'à  présent. 

X.  Aquurhm.  —  La  saison  d'été  esttoujotirs  redoutée  pour  l'Aquarium. 
Cependant  les  grandes  chaleurs  de  cette  année  ne  lui  ont  pas  élé  trop  déla- 
vorabl?s.  La  plupart  des  espèces  qui  s'y  trouvent,  au  nombre  del5/i,  ont  pu 
les  supporter  sans  grande  mortalité.  Des  Actinies,  des  .Ahilets,  placés  depuis 
l'origine,  vivent  très-bien  encore  ;  mais  il.s  n'ont  {)ris  aucun  accroissement. 
Les  Actinies,  qui  s'étaient  reproduites  la  première  année,  ne  l'ont  point  fait 
cette  année.  Parmi  les  poissons  d'eau  douce,  les  Perches  seules  ont  frayé 
dans  les  bacs.  Les  Carpes,  les  Tanches,  les  Cyprins,  ne  paraissent  point  avoir 
grossi.  11  n'en  est  pas  de  même  de  deux  Truites  des  Vosges,   qui  se   main- 
tiennent depuis  un  an  en  très-bonne  santé  :  leur  développement  est  sensible. 
Plusieurs  meml)res  de  la  Société  mettent  toujours  beaucoup  de  zèle  à  pour- 
voir l'Aquarium  de  toutes  sortes  d'animaux  jnarins  ou  d'eau  douce.   ?vous 
citerons,  en  première  ligne,  M.  René  Cailkuul,  qui  a  envoyé  des  Huîtres,  des 
ÏMoules,  des  pierres  à  l'holades,  des  Clovisses  et  des  Brochets  ;  M.  Ledentu  (de 
Cherbourg),  M.  le  vicomte  de  Dax  (de  Vannes),  I\(.  Sailiet  (d"Arromanches), 
et  M.  Anatole  Giilet  de  Grandmon!,  envoyé  en  mission  p;ir  la  Société  sur  les 
côtes  d«  la  Bretagne.  Une  fuite  d'eau  survenue  à  travers  les  parois  du  grand 
récipient  qui  contient  l'eau  de  mer  nous  a  obligé  d'ajouterà  celle-ci  1000  litres 
d'eau  de  mer  nouvelle  ;  ce  qui  n'avait  pas  euUeu  jusqu'ici,  les  combinaisons 
de  l'appareil  ayant  suffi  jusqu'à  présent  poui  maintenir   l'eau  de  mer  dans 
tonte  sa  pureté  sans  la  renouveler, 

XI.  Tempéraiiire 


G 

heures  ir.at 

.    Après  midi. 

MillilllK, 

Maximn. 

Juillcî.    .  . 

L';V' 

-f-     8" 

-\-      28" 

Août.  .  .  . 

1/i 

25 

10 

35 

Septembre. 

8 

10 

o 

22 

La  grande  sécheresse,  unie  à  l'exirème  chaleur  de  la  saison,  n'a  pas  été 
propic'e  à  la  végétation.  Les  gazons  n'ont  pu  être  maintenus  qu'à  force  d'ar- 


BULLETIN   TRLMESTRIEL   DU   JAJlDIN   d'âCGLIMATATION.      055 

rosements.  Le  terrain  maigre  et  sablonneux  du  i)ois  de  Boulogne  ne  leur 
est  pas  favorable. 

La  floraison  des  corbeilles  a  été  celle  de  chaque  mois ,  de  manière  que  le 
Jardin  fût  pour  le  public  comme  une  sorte  de  calendrier  floral. 

En  général,  la  floraison  d'automne  est  plus  riche  et  plus  durable  que  celle 
du  printemps. 

VAgave  atrovirens.  donné  au  Jardin  par  M.  Gels,  s'est  élevé  à  5™, 50. 
Celte  croissance  a  eu  lieu  surtout  pendant  la  grande  chaleur  et  s'est  arrêtée 
lorsque  le  temps  s'est  refroidi.  Sa  hampe  se  couronne  de  plus  de  mille  fleurs. 
Leur  épanouisscmciii  a  commencé  à  la  fln  de  septembre  ;  mais  il  est  à 
craindre  qu'elle  ne  puisse  s'achever  qu'en  serre. 

Les  Camellias  du  Jardin  d'hiver  promettent,  pour  la  saison  prochaine,  une 
floraison  extraordinaire. 

Les  Eucalyptus,  qui  ont  été  levés  de  pleine  terre  l'automne  dernier  pour 
être  placés  dans  le  Jardin  d'hiver,  ont  poussé  avec  une  vigueur  prodigieuse. 
Le  globulus,  qui  n'avait  alors  que  2  mètres,  en  a  aujourd'hui  8  et  se  courbe 
sous  le  centre  de  la  toiture  de  la  serre.  Sa  tige  est  grêle  et  disproportionnée 
avec  sa  hauteur.  Tout  fait  craindre  que  ce  bel  arbre  ne  puisse  s'acclimater 
sous  le  ciel  de  Paris. 

Dans  le  jardin  d'expériences ,  la  Poire  de  terre  Cochet  a  une  végétation 
luxuriante  et  promet  une  récolte  abondante.  Neuf  espèces  de  Pommes  de 
terre  ont  été  récoltées  (voy.  plus  loin  la  conférence  de  ^î.  Quihou).  Leurs 
produits  se  sont  ressentis  de  la  sécheresse;  ils  sont  peu  abondants,  mais 
très-lisses  et  exempts  de  la  maladie.  Les  Cerfeuils  bul!)eux ,  la  Ti'tragonie 
et  le  Quinoa  continuent  à  très-bien  réussir.  Les  Maïs  nains  d'Alger  ont  donné 
une  récolte  abondante.  Le  grand  Maïs  de  Cuzco  n'est  point  arrivé  à  matu- 
rité. Sous  les  châssis,  plusieurs  Melons  verts  d'Andalousie,  de  Cachans, 
Tauris,  doux  du  Japon,  de  Téhéran,  qui  donnaient  en  août  encore  a,ssez 
d'espérances,  ne  sont  pas  arrivés  à  maturité. 

Les  Lozas  se  développent  très-bien  et  sont  couverts  de  graines. 

Xn.  —  Le  Jardin  a  reçu  : 

Dans  le  mois  de  juillet  : 

De  la  Société  impériale  :  1°  6  pieds  de  Rose  changeante  (Hibiscus  muta- 
bilis),  venant  de  M.  Yallart;  2°  7  variétés  de  graines,  dont  deux  espèces  de 
Froment  de  Sibérie  et  un  Abricotier  ;  3°  une  collection  de  graines  des  îles 
Canaries,  venant  de  JNL  Sabin  Bcrthelot. 

De  I\L  Walter  Hitchcoch  (deSaint-Omer),  un  Strelitzia  Quensoni,  ohlenvi, 
chez  lui,  de  graines  reçues  du  cap  de  Bonne-Espérance.  La  plante  est  un 
magnifique  exen)plaire  qui  a  près  de  h  mètres  et  qui  est  arrivé  en  parfait  état. 

De  M.  Chalons  d'Argé,  qui  les  tenait  de  M.  Quarré  d'Aligny,  ingénieur 
français  au  lac  Supérieur,  plusieurs  variétés  des  meilleures  Pommes  de  terre 
de  l'Amérique.  Quoique  venues  un  peu  tard ,  leur  état  de  végétation  fait 
espérer  de  les  voir  arriver  à  maturité. 


650       SOCIÉTÉ   IMPÉniALR   ZOOrOGIQUR   d'aCCI.TAÎATATION. 

Kn  Jioùl  : 

De  M.  i'abljf^  Daniel,  missiomiaire  apostolique  à  Siaiii,  cinq  espèces  de 
graines. 

De  M.  le  comle  Kleirkonski,  des  Pins  de  Chine  anivi'-s  en  très-mauvais 
état  ;  il  y  a  peu  d'espoir  de  les  sauver. 

De  la  Sociét(5  impériale,  venant  de  M.  Iluber,  115  variétés  de  graines  de 
Chine  et  à  variétés  de  graines  venant  de  M.  Ilayes. 

En  septemhre  : 

De  la  Société  impériale  : 

1°  Des  graines  d'Ortie  de  la  Chine; 

12"  58  espèces  de  graines  d'Australie,  venant  de  M.  I\iueller  ; 

3"  Des  graines  d'arbre  à  savon  du  Japon  {Sapindus  saponaria),  venant 
de  .M.  r<euaid. 

De  M.  Besnou,  pharmacien  en  chef  de  la  marine  à  Cherbourg,  un  pied  de 
Phormium  Cookii. 

De  M.  Vivet  (d'Asnièrcs)^,  des  graines  de  Melon  d'Arkhangel,  variété  re- 
commandée par  sa  grosseur  cl  sa  qualité. 

XllI.  —  Les  Conférences  ont  étéroj)rises  pendant  ce  trimestre.  iM.  Haniof 
en  a  fait  trois  sur  la  culture  des  Abeilles.  M.  Girard,  professeur  au  collège 
Kollin,  deux  sur  la  sériciciUtiire  et  l'éducation  des  nouveaux  Vers  à  soie. 
M.  le  docteur  r.ufz  de  Lavison,  quatre  :  1°  sur  V acclimatation  considérée 
comme  doctrine  du  peuplement  de  la  terre;  T  sur  Voologie;  3"  sur  Vovolo- 
gie  des  oiseaux  ;  U"  sur  les  métis  et  les  Iiybrides.  AI.  le  directeur  adjoint, 
Albert  Geoffroy  Saint-llilaire,  deux  :  i"  sur  les  plumes;  2"  sur  les  po/Zs  ^  î 
la  laine.  AI.  le  docteur  Pigeaux,  deux:  1"  sur  la  protection  des  oiseaux  in- 
secticores;  2"  sur  la  (7ia,ssc  considérée  dans  ses  rapports  avec  la  protection 
des  animaux.  M,  Quihou,  jardinier  en  chef,  deux  sur  les  plantes  nouvelles 
dont  la  culture  a  été  expérimentée  au  Jardin  pendant  l'année. 

La  seconde  des  conférences  de  M.  Quiliou  a  été  une  conférence  expéri- 
mentale, lia  été  procédé  à  l'appréciation  des  légumes  apprêtés  delà  manière 
qu'on  avait  jugé  leur  mieux  convenir.  Parmi  les  9  espèces  de  l\)mmes  d'3 
terre,  les  suflrages  se  sont  partagés  entre  la  Pomme  de  terre  dite  Lepson 
Ridrey  et  celle  dite  de  Lcsèble.  Une  variété  jusqu'ici  Inconnue  a  été  appe- 
lée, par  le  jardinier  en  chef,  du  nom  du  directeur,  Rufziana.  Les  variétés 
dites  de  Sainte-Marthe  et  de  Santiago  ont  été  réformées  comme  inférieures. 
Le  CL'rfeuil  bulbeux,  Tlgname  de  Ciiine,  frits  ou  préparés  à  la  sauce,  ont  été 
trouvés  très-succulents  ;  il  en  a  été  de  même  de  VOxaiis  crenata  et  de  la 
Tétragonie  étalée  mangés  comme  Epinards. 

Le  Jardin  a  reçu,  en  juillet  22  hUi  visiteurs,  29G90  en  août,  30 /i7/i  en 
septembre. 

Le  Directeur  du  Jardin  d'acclimatation  , 

RuFZ  DE  Lavison. 


î.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


INFLUENCE  DES  MILIEUX  SUR  LA  LAINE, 

Par  n.  TETSSIER  DES  FARGES. 


(Séance  du  29  mai  1803). 


Le  développement  des  êtres  organisés,  a  dit  Cuvier  (1),  est 
plus  ou  moins  prompt  et  plus  ou  moins  étendu,  selon  que  les 
circonstances  lui  sont  plus  ou  m.oins  favorables.  La  chaleur, 
l'abondance  et  l'espèce  de  la  nourriture,  d'autres  causes 
encore,  y  influent,  et  cette  influence  peut  être  générale  sur 
tout  le  corps,  ou  partielle  sur  certains  organes. 

De  tous  les  produits  de  l'agriculture  la  laine  est  assurément 
l'un  de  ceux  qui  subissent  de  la  manière  la  plus  constante  l'in- 
fluence des  milieux,  et  il  ne  paraîtra  peut-être  pas  inutile,  no- 
tamment au  point  de  vue  de  l'acclimatation,  de  faire  connaître 
quelques-uns  des  résultats  dus  à  cette  influence. 

Parmi  les  animaux  domestiques,  Fespèce  ovine  figure  au 
nombre  de  ceux  qui  peuvent  vivre  sous  les  climats  les  plus 
différents.  Dans  les  pâturages  si  humides  de  la  Hollande 
comme  dans  les  plaines  arides  de  la  Champagne  pouilleuse, 
en  Afrique  ou  en  Russie,  partout  elle  vit,  comme  si  la  Provi- 
dence avait  voulu  rendre  ubiquiste  l'animal  dont  la  dépouille 
est  en  quelque  sorte  indispensable  à  l'homme. 

On  peut  poser  en  principe  que  là  où  la  terre  est  bonne,  la 
laine  l'est  également. 

Est-elle  de  moyenne  qualité,  la  laine  perd  en  nature  et  en 
mérite.  Est-elle  sablonneuse,  pauvre,  elle  y  devient  pauvre, 
courte  de  mèche,  aigre  et  cassante.     ^ 

Des  Mérinos  parfaitement  homogènes  ,  bien  constitués, 
transportés  dans  une  contrée  diflerente  de  leur  contrée  d'ori- 
gine ,  par  exemple  de  la  Brie  dans  le  Gàtinais ,  malgré  les 

(1)  Règne  animal,  Inlroduction. 

T.  X.  —  Novembre  ISGo.  42 


f)5S      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQtfE    d'aCCLIMâTATION. 

soins  et  une  nourriture  abondante,  mais  dont  le  sol  a  cliangé 
les  principes,  auront,  au  bout  de  peu  d'années,  une  laino  qui 
reviendra  au  type  des  iMérinos  du  pays,  j)ar  cette  l'aison, 
reconnue  par  la  science  comme  par  la  pratique,  que  l'orga- 
nisme s'adapte  nécessairement  aux  conditions  dans  lesquelles 
vivent  les  individus.  Aussi  ne  peut-on  maintenir  le  type  qu'en 
renouvelant  constamment  les  reproducteurs,  ce  qui,  au  point 
de  vue  de  l'économie  rurale,  est  généralement  une  mauvaise 
opération  ;  car  l'expérience  enseigne  que,  pour  être  proli- 
tablc,  l'industrie  agricole  doit  toujours  cbercber  à  produire 
des  animaux  en  rapport  avec  le  milieu  où  elle  opère. 

Dans  un  même  département,  avec  une  race  semblable,  la 
nature  de  la  laine  cbange  tellement,  qu'un  œil  exercé  peut 
dire,  à  linessc  égale,  de  quelle  localité  elle  provient.  A  un  point 
de  vue  général,  on  peut  aflii'mer  ipie  meilleure  est  la  terre, 
mieux  elle  est  cultivée,  meilleure  est  la  laine. 

Prenons  Seine-et-Marne  comme  exemple.  .  ,, 

La'  laine  de  celle  fertile  contrée  est  produite  à  peu  près 
entièrement  par  des  Mérinos  de  moyenne  finesse;  renommée 
par  son  nerf,  son  élasticité  et  la  longueur  de  sa  mècbe,  elle 
dilTére  suivant  les  localités.  Ainsi,  le  Mullieu,  i[u'on  appelle 
le  clos  Vougeot  de  la  Brie,  et  dont  Arthur  Young  disait  que  si 
Dieu  avait  voulu  placer  quelque  part  le  paradis  de  la  culture, 
c'est  le  Mullieu  qu'il  aurait  clioisi,  produit  une  laine  par 
excellence.  Tout  le  rayon  de  Lieusaint  jusqu'à  Mormant,  si 
remarquable  par  ses  belles  cultures  et  la  bonté  de  la  terre, 
produit  une  laine  ijui  rivalise  à  peu  de  cliose  près  avec  la 
précédente.  Dans  les  environs  de  lîosay  et  de  Nangis,  très- 
bonne  encore,  la  laine  est  un  peu  moins  forte.  Du  côté  de 
Provins,  où  le  sol  est  plus  calcaire,  et  de  Montereau,  où  il  est 
de  moins  bonne  qualité,  elle  est  plus  dure.  Si  nous  entrons 
dans  le  Gàtinais,  nous  la  trouvons  plus  courte  de  mèche,  plus 
sèche,  plus  maigre,  en  rapport  précisément  avec  le  sol,  et, 
par  suite,  avec  la  nourriture. 

Les  laines  d'Espagne  sont  généralement  très-corsées;  elles 
font  un  tissu  presque  inusable,  très-épais,  très-fort,  mais  qui 
n'a  pas  celle  souplesse,  ce  moelleux,  ce  soyeux,  si  recherchés 


'  INFLUENCE   DÈS    MILIEUX   SUR    LA    LAINE.  659 

aujourd'hui,  et  que  donnent  surtout  les  laines  d'Allemagne  et 
d'Australie.  Autrefois  les  reines  du  monde,  elles  sont  aujour- 
d'hui moins  fines  que  jadis,  et  on  ne  les  emploie  guère  que 
mélangées.  Cette  différence  de  finesse  tient  en  grande  partie 
à  ce  que  les  Espagnols  n'ont  pas  donné  à  leurs  troupeaux  les 
mêmes  soins  qu'autrefois,  et  k  la  négligence  apportée  dans  la 
sélection  des  reproducteurs.  Quant  à  leur  nature,  elle  doit 
être  altrihuée  à  l'herbe  si  substantielle  que  mangent  les  Mou- 
tons espagnols  et  à  leur  genre  de  vie.  En  effet,  généralement 
exposés  à  l'air,  à  l'humidité  des  nuits,  au  soleil,  à  la  pous- 
sière, habitués  à  transhumer,  ils  mènent  une  vie  très-rustique. 
Ces  conditions,  combinées  avec  l'action  du  climat,  produisent 
ces  laines  nerveuses  si  remarquables  parleur  corsé.  Ajoutons 
que  l'ancienneté  du  sang  doit  exercer  aussi  sa  part  d'influence. 

En  Russie,  au  contraire,  où  le  froid  sévit  pendant  une 
grande  partie  de  l'année,  les  Moutons  vivent  la  plupart  du 
temps  dans  les  bergeries.  Ils  perdent  ainsi  de  cette  vigueur 
que  procurent  un  climat  plus  tempéré  et  le  régime  diflerent 
qu'il  permet.  D'un  autre  côté,  la  tonte  a  lieu  avant  les  cha- 
leurs, qui  d'ailleurs  durent  peu,  de  sorte  que  la  laine  n'en 
subit  pas  l'action.  Aussi  les  laii;es  mérinos  de  la  Russie  ont- 
elles  beaucoup  de  douceur,  avec  ce  mérite  de  faire  blanc  et 
de  donner  un  fil  mince ,  mais  leur  défaut  est  de  grainer  large. 

Dans  le  même  empire,  en  Tauride,  où  le  climat  est  tout 
différent,  les  laines  sont  maigres,  dures  et  sèches. 

Les  laines  d'Allemagne,  notamment  les  belles  électorales 
de  Saxe,  qui  sont  aujourd'hui  les  premières  du  monde  sous 
le  rapport  de  la  beauté,  de  la  finesse  et  du  soyeux,  doivent 
leurs  qualités  à  une  sélection  très-sévère,  à  un  régime  appro- 
prié au  but  qu'on  se  propose,  à  des  pâturages  doux,  et  à  un 
climat  tempéré,  plutôt  froid  que  chaud. 

Les  laines  de  l'Australie,  qui  viennent  dans  un  tout  autre 
milieu  qu'en  Russie,  sont  également  douces  et  assez  molles. 
Il  semble  que  les  troupeaux,  vivant  au  grand  air,  devraient 
comme  ceux  d'Espagne ,  produire  une  laine  corsée.  Cette 
apparente  contradiction  s'explique  par  la  différence  de  nour- 
riture. Séjournant  dans  des  steppes  dont  les  herbages,  plus 


600        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

OU  moins  nulrilifs,  plus  ou  moins  abondants,  sont  souvent 
brûlés  par  la  sécheresse,  les  troupeaux,  qui  ne  reçoivent  pas 
une  nourriture  fortifiante  à  l'étable,  ne  doivent  pas  se  trouver 
dans  un  état  de  santé  normal,  et  dès  lors  leur  dépouille  s'en 
ressent.  Il  y  a  des  exceptions,  notamment  pour  les  prove- 
nances de  Port-Philip  ,  mais  il  est  probable  que  cette  diffé- 
rence dans  la  qualité  tient  à  une  meilleure  nourriture.  Les 
tissus  faits  avec  des  laines  d'Australie  ont  de  la  main  et  de 
l'œil,  mais  ils  manquent  de  force  et  n'ont  pas  de  durée. 

Nous  ne  saurions  trop  insister  sur  l'influence  de  la  nourri- 
ture. Le  Mérinos  qui  absorbe  beaucoup  de  pulpe  produit  une 
laine  peu  propre  à  la  fabrication  des  draps  lisses.  Le  brin 
n'est  pas  rempli  au  même  degré  à  l'intérieur  de  cette  huile 
essentielle  qui  lui  donne  de  l'élasticité  et  de  la  douceur.  L'étoffe 
lisse  fabriquée  avec  celte  laine  graine  large,  se  crispe  aux 
apprêts,  et  ne  permet  pas  au  brin  détaché  du  fil  par  le  chardon 
de  se  coucher  pour  former  le  duvet  lisse.  Cet  inconvénient 
n'existe  plus  pour  les  nouveautés  et  pour  le  peigne,  parce  que 
les  tissus  qui  s'y  rapportent  sont  ras  ou  retors  et  n'ont  pas  de 
duvet. 

Il  ne  saurait  être  mis  en  doute  qu'une  nourriture  trop 
aqueuse  doit  changer  singulièrement  la  nature  de  la  laine, 
puisqu'elle  exerce  sur  l'économie  générale  une  perturbation 
notable  ;  elle  développe  outre  mesure  le  principe  lymphatique, 
fait  dégénérer  le  sang,  et  rend  la  laine  molle,  maigre  et  sans 
consistance. 

La  betterave  non  distillée,  donnée  en  proportion  raison- 
nable, ne  paraît  pas  exercer  une  semblable  action.  Elle  est 
même  favorable,  notamment  parce  qu'elle  maintient  les  voies 
digestives  dans  un  état  normal  et  empêche  les  maladies  in- 
llainmatoires,  si  communes  chez  le  Mouton. 

Veut-on  un  autre  exemple  de  l'influence  de  la  nourriture  ? 
Tout  le  monde  sait  que  dans  certaines  fermes,  quand  la  fin 
de  l'hiver  arrive  et  que  les  fourrages  deviennent  rares,  les 
troupeaux  ne  sont  pas  suffisamment  nourris.  Indépendamment 
de  tous  les  inconvénients  que  ce  mauvais  régime  amène,  il 
importe  de  noter  combien  il  influe  sur  les  toisons.  Si,  dans 


'      INFLUENCE   DES    MILIEUX   SUlï   LA    LAINE.  661 

de  pareilles  circonstances ,  on  prend  un  brin  de  laine,  il  est 
facile  de  voir  des  différences  de  grosseur  et  de  nuance,  sui- 
vant l'époque  où  l'animal  a  été  bien  ou  mal  nourri.  D'un  blanc 
bleuâtre  quand  il  a  souffert,  il  devient  jaune  de  lait  quand  il 
a  été  mieux  nourri,  et  le  brin,  soumis  à  une  certaine  tension, 
ne  manque  jamais  de  casser  à  l'endroit  où  se  trouve  la  sou- 
dure (jui  s'est  formée  lors  de  la  transition  du  mauvais  au  bon 
régime. 

Nous  sommes  de  l'avis  de  M.  Bella,  lorsqu'il  dit  (1)  que  ce 
sont  les  riches  cultures  qui,  seules,  peuvent  produire  les  plus 
lourdes  toisons ,  ainsi  que  la  laine  la  plus  égale  ,  la  plus 
longue,  la  plus  nerveuse,  parce  que,  seules,  elles  peuvent 
fournir  les  soins,  les  abris  et  l'alimentation  nécessaires  pour 
atteindre  de  pareils  résultats.  iMais  nous  ne  pensons  pas  que 
les  cultures  les  plus  riches  puissent  donner  la  laine  la  plus 
fine,  parce  que  la  nourriture  est  trop  forte  pour  la  produire 
telle.  On  obtient  mieux,  plus  naturellement,  et  par  conséquent 
avec  plus  d'avantage,  une  laine  de  moyenne  fmesse,  comme 
notre  laine  si  connue  sous  le  nom  de  Mérinos  français.  C'est 
une  des  raisons  qui  expliquent  pourquoi  les  pays  dont  la 
culture  est  avancée  abandonnent  la  production  de  la  laine 
trés-line  pour  s'en  tenir  à  celle  de  moyenne  iînesse,  et,  à  ce 
propos,  nous  ferons  remarquer  que  l'Allemagne  elle-même 
tend  à  entrer  dans  la  voie  que  nous  suivons  maintenant  en 
France. 

Le  Mérinos  vient  mal  dans  les  pays  brumeux  ou  pluvieux, 
comme  l'Angleterre.  On  a  souvent  dit  que  cela  tenait  à  son 
tempérament  ,  qui  serait  plus  délicat  que  celui  des  autres 
races.  C'est  là  une  grave  erreur,  démentie  par  une  masse  de 
faits  plus  probants  les  uns  que  les  autres.  Selon  nous,  deux 
causes  principales  expliquent  cette  difficulté  d'élever  le  Méri- 
nos sous  un  ciel  pluvieux  :  le  tassé  de  la  toison  et  les  nom- 
breuses aspérités  dont  chaque  brin  de  laine  est  hérissé.  Ce 
tassé  et  ces  aspérités  retiennent  l'eau  en  plus  grande  quantité 
et  beaucoup  plus  longtemps  que  les  autres  laines.  Si  les  pluies 

(1)  Rapports  du  Jury  international,  t.  II,  p.  17. 


Q&2      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

sont  fréquentes  et  le  ciel  brumeux,  rhumidité  presque  conti- 
nuelle de  la  laine,  chargée  de  protéger  l'animal,  lui  nuit  au 
contraire;  l'action  de  la  peau  ne  s'exerce  plus  dans  toute  sa 
plénitude  :  cette  fonction  si  essentielle  de  l'organisme  est  donc 
o-ênée,  l'animal  dans  un  état  constant  de  souffrance,  et  sujet, 
par  suite,  à  une  foule  de  maladies,  parmi  lesquelles  ligure  en 
première  ligne  la  pourriture  ou  cachexie  aqueuse,  dont  la 
marche  est  d'autant  plus  activée  que  les  aliments,  dans  ces 
mêmes  climats,  poussent  singulièrement  au  développement 
de  la  lymphe. 

Nous  ne  pensons  pas  que  les  races  ovines  exposées  habi- 
tuellement aux  grandes  pluies  se  couvrent  promptement  de 
poils  jarrcux,  et  la  preuve  c'est  que,  dans  les  pays  chauds, 
conmie  en  Afrique,  on  en  rencontre  souvent,  tandis  qu'on 
n'en  voit  pas  dans  les  très-rares  troupeaux  de  Mérinos  qui  sont 
encore  en  Angleterre.  Suivant  nous,  ce  grave  inconvénient 
est  plutôt  dû  aux  privations  et  à  la  mauvaise  nourriture. 

On  pourrait  multiplier  les  exemples.  Ceux  que  nous  venons 
de  rappeler  suffisent,  nous  le  croyons,  pour  faire  comprendre 
que  l'influence  des  milieux,  et  principalement  la  nourriture, 
sont  évidemment  la   cause  des  modifications  que  subit  la 

laine. 

Dans  la  pratique  agricole,  on  ne  se  préoccupe  pas  toujours 

assez  de  cette  influence. 

Cependant  c'est  avec  juste  raison  que  le  regrettable  Isidore 
Geoffroy  Saint-IIilaire  a  dit  (1)  :  «  Qu'est-ce  que  l'agriculture, 
sinon  la  connaissance  scientifique  des  modificateurs,  et  l'art 
d'en  diriger  l'actiof)  selon  les  résultats  à  obtenir?  » 

(i)  Histoire  naturelle  générale  des  règnes  organiques,  L  QI,  p.  313. 


'^'i  .. 


SUR    LE    DINDON 

(Jl^eleagris  gallopavd). 

Par     i^B.     Se     «loetciip     SACC". 

Dclecriie  de  la  Sociùli;  inipcri.ilc  rr;!ccliiiiol;itioii  l\  B:i?celone. 


(Scnnce  du  30  octobre  1S63.) 


Ce  bel  oiscan,  originaire  des  Etats-Unis,  où  il  s'étend 
depuis  le  Canada  jusqu'au  Mexique,  paraît  avoir  été  importé 
en  Espagne  bien  après  la  découverte  de  l'Amérique.  D'Espagne 
il  fut  apporté,  en  152/j,  en  Angleterre  ,  et  bientôt  après  en 
France,  puis  de  France  en  Allemagne,  où  il  conserve  le  nom 
de  Poule  française,  et  de  là,  de  proche  en  proche,  dans  toutes 
les  parties  du  monde,  jusqu'à  la  Nouvelle-Hollande. 

Ayant  besoin  d'air  et  de  mouvement,  uniquement  recher- 
ché pour  sa  chair,  le  Dindon,  éloigné  des  basses-cours,  où  son 
entretien  est  trop  coùleux,  est  resté  l'oiseau  des  campagnards, 
qui  le  nourrissent  d'herbe,  et  peuvent  ainsi  le  fournir  à  bas 
prix  aux  habitants  des  villes,  dont  il  est,  avec  raison,  un  des 
rôtis  favoris. 

Le  Dindon  sauvage  a  la  chair  plus  dure  et  le  plumage  plus 
brillant  que  celui  du  Dindon  domestique,  dont  les  couleurs 
varient  beaucoup.  11  y  en  a  de  noirs,  de  noirs  et  blancs,  de 
fauves  et  d'ardoisés  :  ces  derniers  sont  les  plus  rares  de  tous  ; 
j'en  ai  vu  de  superbes  cette  année  au  parc  de  la  Tête  d'or,  à 
Lyon.  On  se  rappelle  qu'à  la  dernière  exposition  de  Paris, 
son  habile  directeur,  M.  Gérard,  fut  primé  pour  un  Dindon 
ardoisé  pesant  20  kilogrammes.  Temminck,  dans  son  bel  ou- 
vrage sur  les  Gallinacés,  rapporte  avoir  vu  à  Leyde,  chez 
une  dame  Baker,  un  troupeau  de  Dindons  fauves  avec 
huppe  blanche,  sur  la  beauté  desquels  il  s'extasie  :  ce  fait 
est  confirmé  par  plusieurs  auteurs.  Il  n'a,  du  reste,  rien  d'ex- 
traordinaire, puisque  nous  possédons  des  variétés  huppées  de 
presque  tous  les  oiseaux  domestiques;  malheureusement  celle 
du  Dindon  s'est  perdue,  et  nous  ne  l'avons  retrouvée  nulle 
part. 


QQll      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

Organisé  pour  la  marche,  le  Dindon  reste  presque  toujours 
à  terre,  el  ne  se  perche  que  le  soir  ;  ses  sens  sont  très-déve- 
loppcs,  surtout  celui  de  la  vue,  qui  lui  permet  d'apercevoir  de 
fort  loin  les  oiseaux  de  proie,  et  d'avertir  par  ses  cris  les 
autres  habitants  do  la  basse-cour.  Très-courageux,  le  Dindon 
n'hésite  pas  à  attaquer  le  premier  le  rapace,  s'il  ose  s'appro- 
cher; c'est  ce  qui  fait  que  toutes  les  basses-cours  qui  possè- 
dent des  Dindons  sont  à  l'abri  des  oiseaux  de  proie.  J'ai  vu 
maintes  fois,  dans  nos  terres  de  Neuchàlel,  mes  Dindons  atta- 
quer et  repousser  les  oiseaux  de  proie  ;  une  seule  fois,  une 
Dinde  succomba  dans  la  lutte,  mais  elle  avait  affaire  à  l'un  des 
plus  gros  autours  que  j'aie  vus,  et  elle  lutta  cependant  assez 
avec  lui,  pour  me  laisser  le  temps  d'aller  chercher  mon  fusil, 
et  de  tirer  le  ravisseur. 

En  rase  campagne,  les  Dindons  sont  tranquilles,  dociles  et 
sociables;  tandis  que,  renfermés  dans  un  petit  espace,  ils  ne 
cessent  de  se  battre,  et  finissent  souvent  par  s'entre-tuer;  cela 
suffirait  déjà  pour  les  éloigner  des  basses-cours,  si  leur  gigan- 
tesque appétit  n'y  rendait  leur  présence  ruineuse  pour  le  pro- 
priétaire. L'énorme  gésier  du  Dindon  avertit,  du  reste,  qu'il 
lui  faut  des  aliments  volumineux  et  fort  nutritifs;  cet  oiseau 
est  effectivement  uniquement  herbivore,  et  rend  aux  pays  secs 
les  mêmes  services  que  l'Oie  aux  prairies  inondées.  Il  se  déve- 
loppe rapidement,  et  fournit  en  abondance  une  chair  blanche 
et  très-délicate. 

Les  coqs  ne  sont  bons  que  jusqu'à  trois  ans,  parce  qu'alors 
ils  deviennent  trop  lourds  et  méchants;  les  poules  sont  en 
pleine  valeur  jusqu'à  six  ans;  elles  font  deux  pontes  par 
an  :  la  première  en  avril,  de  15  à  20  œufs;  la  seconde  en 
août,  qui  n'est  en  général  que  de  7  à  10  œufs.  Les  œufs, 
très-coniques,  sont  généralement  blancs,  avec  des  taches  plus 
ou  moins  grandes  et  plus  ou  moins  rouges,  suivant  l'intensité 
de  la  teinte  du  plumage  :  j'ai  eu  des  œufs  de  Dindes  noires 
qui  étaient  complètement  rouges,  et  d'autres  de  Dindes  blan- 
ches absolument  blancs.  En  général,  ils  sont  blanc  rosé,  avec 
des  taches  rose  vif;  la  coquille  est  épaisse,  surtout  au  petit 
bout,  qui  est  couvert  de  fortes  rides  circulaires.  On  regarde 


SUR    LE    DIWDON.  {^(35 

géncralenieiit  les  Dindes  comme  mauvaises  pondeuses,  mais 
cette  opinion  provient  d'observations  imparfaites  ;  car  ma 
mère,  qui  avait  le  plus  grand  soin  de  sa  basse-cour,  m'ayant 
assuré  que  les  Dindes  noires  et  blanches  étaient  de  bonnes 

pondeuses,je  désirai  vérifier  le  fait,  et  pus  m'assurer  que,  tandis 
que  les  Dindes  noires  et  les  Dindes  blanches  ne  faisaient  guère 
plus  de  20  œufs  par  an,  les  grises  en  pondaient  h'2  dans  le 
même  espace  de  temps.  C'est  ce  fait  inattendu  qui  a  motivé  la 
.  notice  actuelle,  qui  a  pour  but  essentiel  d'engager  les  amateurs 
des  oiseaux  de  (/rande  basse-cour  à  rechercher  d'abord,  puis 
à  isoler  et  à  multiplier  la  race  bonne  pondeuse  de  Dindes,  qui 
serait  une  ressource  précieuse  pour  nos  campagnes.  La  ponte 
a  généralement  lieu  de  deux  jours  l'un;  ce  n'est  que  vers  la 
fin  ou  lorsqu'il  fait  très-chaud  et  qu'ils  sont  très-bien  nourris, 
que  ces  oiseaux  pondent  tous  les  jours. 

Quoique  toutes  les  Dindes  soient  bonnes  couveuses,  on  pré- 
fère celles  de  deux  ans  à  celles  d'un  an,  et  l'on  donne  à  chacune 
d'elles  15  à  17  œufs.  Il  est  essentiel  de  ne  donner  aux  poules 
que  leurs  propres  œufs,  qui  alors  éclosent  presque  tous,  tan- 
dis que  si  on  leur  donne  ceux  de  plusieurs  poules,  on  ne  doit 
compter  que  sur  la  réussite  de  moitié  ou  des  deux  tiers  au 
plus  des  œufs. 

Pour  l'incubation,  on  dispose  des  paniers  d'osier,  dont  on 
garnit  le  fond  de  paille,  de  mousse  ou  de  bruyère  sur  laquelle 
on  met  une  couche  de  foin  qu'on  écrase  avec  soin,  afin  que 
le  nid  ne  se  creuse  pas  trop,  ce  qui  expose  les  œufs  à  se  briser 
en  coulant  les  uns  sur  les  autres,  et  empêche  la  poule  de  les 
réchauffer  également.  A  côté  du  panier  on  dispose,  à  portée 
des  couveuses,  deux  auges  pleines,  l'une  d'avoine  et  l'autre 
d'eau,  et  toutes  les  vingt-quatre  heures  on  enlève  .a  Dinde  de 
dessus  ses  œufs,  afin  qu'elle  puisse  se  vider  et  se  rouler  dans 
la  poussière  pour  se  débarrasser  des  poux  qui  pullulent  sur 
les  pauvres  couveuses.  Au  bout  de  cinq  à  dix  minutes,  l'infa- 
tigable couveuse  retourne  à  ses  œufs,  qui  éclosent,  suivant  la 
température  ambiante,  du  vingt-septième  au  trentième  jour; 
je  les  ai  toujours  vus  éclore  dans  le  courant  du  vingt-hui- 
tième, parce  (juc  je  tenais  mes  couveuses  dans  un  galetas 


o(56      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIOUE    d'aCCLIMATATK»'. 

chaiiJ  et  sec.  Ce  couvoir  est  bien  le  meilleur,  en  général,  dans 
nos  régions  tempérées  et  humides  ;  m;iis  lorsque  l'été  est 
brûlant,  il  dessèche  trop  les  œufs  et  expose  les  petits  à  rester 
collés  dans  la  coquille;  il  faut  remédier  à  cet  inconvénient  e« 
aspergeant  légèrement  les  œufs  avec  de  l'eau,  chaque  fois  que 
la  Dinde  quitte  le  nid.  Le  couvoir  doit  être  à  l'abri  des  se- 
cousses, du  bruit  et  d'une  lumière  directe  et  vive. 

Dés  que  l'éclosion  a  commencé,  on  ne  touche  plus  aux 
poules;  mais,  vingt-quatre  heures  après,  on  dispose  à  côté 
du  panier  un  nid  plat  fabriqué  avec  quelques  poignées  de 
foin  bien  fin  sur  lequel  on  pose  la  mère,  en  se  hâtant  de  lui 
rendre  ses  poussins,  qu'on  glisse  sous  elle  les  uns  après  les 
autres. 

Pendant  la  première  huitaine,  on  nourrit  les  petits  avec  des 
œufs  cuits  durs  et  hachés  menu  ;  pendant  la  seconde,  on  y 
ajoute  de  la  mie  de  pain  hachée  aussi  avec  dé  l'ortie,  du 
persil  et  des  oignons.  Durant  la  troisième  semaine,  on  sup- 
prime les  œufs  et  l'on  ne  conserve  que  le  pain  et  la  verdure, 
puis  on  substitue  au  pain  du  son  mouillé,  des  pois  cuits,  et 
surtout  du  millet,  dont  les  Dindonneaux  sont  très-friands. 

Lorsque  ces  oiseaux  sont  languissants,  on  les  guérit  aisé- 
ment en  leur  faisant  avaler  un  grain  de  poivre  ou,  mieux 
encore,  une  araignée  ;  il  faut  leur  ouvrir  le  bec  avec  beaucoup 
de  précautions,  afin  de  no  pas  les  blesser. 

Quelques  auteurs  conseillent  de  laisser  sortir  ces  oiseaux 
lorsque  le  temps  est  beau,  mais  j'en  ai  tant  perdu,  lorsque 
j'ai  suivi  ce  conseil,  que  j'y  ai  totalement  renoncé.  J'ai  alors 
laissé  ces  oiseaux  dans  les  galetas,  jusqu'au  moment  où  ils 
avaient  poussé  le  rouge,  ce  qui  arrive  de  six  semaines  à  deux 
mois,  en  ayant  soin  de  leur  donner  le  plus  d'air  possible,  et 
je  n'en  ai  plus,  dès  lors,  perdu  un  seul.  Pendant  la  crise  de 
la  poussée  du  rouge,  c'csl-à-dire  des  caroncules  rouges  de  la 
tête  et  du  cou,  on  donne  derechef  aux  Dindonneaux  une  nour- 
riture excitante  composée  de  pain  haché  avec  des  oignons  et 
des  orties  ou  du  persil.  Dès  que  cette  époque  est  passée,  les 
Dindons  sont  aussi  robustes  qu'ils  étaient  délicats,  ils  résistent 
à  tous  les  temps;  c'est  le  moment  de  les  lâcher  en  rase  cam- 


Sun   LE    DINDON.  667 

pagno,  où  ils  se  nourrissent  de  toutes  sortes  d'herbes  et  d'in- 
sectes dont  ils  sont  si  friands,  qu'en  Suisse  on  a  l'habitude  de 
les  faire  suivre  la  charrue,  afin  de  détruire,  à  mesure  qu'elle 
les  met  au  jour,  les  larves  de  hannetons. 

Quoique  les  Dindons  puissent  facilement  supporter  les 
hivers  les  plus  rudes  en  plein  air,  il  est  bon  de  les  renirer 
alors  dans  le  poulailler,  parce  qu'ils  mangent  moins. 

Pour  les  engraisser,  il  n'y  a  qu'à  les  tenir  enfermés  dans 
une  cour  pendant  deux  ou  trois  semaines;  on  les  y  nourrit 
de  son  détrempé  avec  de  l'eau,  de  pommes  de  terre  cuites  et 
de  maïs;   on  doit  éviter  de  leur  donner  des  tourteaux  de 
graines  oléagineuses,  parce  qu'ils  communiquent  leur  odeur 
huileuse  à  la  chair  de  ces  oiseaux.  Les  fromages  rancis  cuits 
ou  crus  sont,  par  contre,  pour  eux  une  excellente  nourriture, 
surtout  les  carottes,  comme  encore  les  fruits  gâtés,  qu'ils  ava- 
lent tout  entiers,  de  môme  aussi  que  les  noix.  Chose  curieuse, 
tous  les  Dindons  n'aiment  pas  les  noix  ;  mais  ceux  qui  les 
prennent  volontiers  sont  aussi  ceux  qui  s'engraissent  le  plus 
aisément,  j'en  ai  souvent  fait  l'expérience  :  ils  ne  les  accep- 
tent d'abord  qu'avec  défiance,  mais  les  recherchent  avec  avi- 
dité lorsqu'ils  les  connaissent.  Ces  fruits,  quelque  dure  que 
sûU  leur  coque,  se  ramollissent  si  rapidement  dans  le  gésier, 
qu'on  n'y  en  sent  plus  trace  au  bout  de  quinze  à  vingt  mi- 
nutes. Au  point  de  vue  chimique,  cette  prompte  désagrégation 
d'un  des  ligneux  les  plus  compactes  et  les  plus  durs  est  aussi 
étrange  qu'inexplicable.       ;    •  >  ..  ,       ,, 


NOTE 

SUR 

CERTAINES  J:SPÈCES  DE  POISSONS  DE  LA  GUYANE 

Par   M.    Victor   BATAILLE. 


(Séance  du  31  juillet  i8(i'i.) 


J'ai  toiijouis  ouï  dire  que  nous  possédions  à  la  Guyane  des 
qualités  de  poissons  plus  délicats  que  ceux  de  France  et  en 
plus  grande  variété.  J'ai  l'honneur  d'exposer  à  la  Société  im- 
périale zoologique  d'acclimatation  un  aperçu  de  (juelques 
espèces  dans  l'ordre  de  leurs  qualités.  Bien  qu'il  existe  des 
contradictions,  un  assez  grand  nombre  de  personnes  portent 
en  première  ligne  le  Connojii  toucoimaré. 

1°  Le  Moroquo  a  la  chair  jaune.  Il  vit  dans  les  rivières  d'eau 
vive  et  claire.  Sa  forme  est  ronde  ;  la  couleur  des  écaiHcs  est 
d'un  blanc  sale.  Sa  longueur  varie  entre  50  et  60  centimètres. 
Il  a,  comme  le  Gourami,  une  tache  à  la  (|ueue. 

2°  Le  Coumoron  a  la  forme  plate.  Il  vit  dans  les  sauts, 
dans  les  eaux  vives.  Il  est  pourvu  de  deux  rangées  de  dents, 
et  a  le  dessus  du  corps  noir,  la  tète  et  le  dessous  du  corps 
jaunâtres.  Longueur,  30  à  ZiO  centimètres. 

3°  Le  Counani,  nommé  en  France  Gourami.  11  existe  dans 
la  Guyane,  au  sol  contesté,  trois  variétés  de  ce  poisson.  La 
première,  nommée  par  nos  Indiens  Counani,  et  par  les  Ta- 
pouys  et  par  ceux  du  Brésil,  Toucoimaré  titangue.  Le  mâle  de 
ce  poisson  a  une  bosse  sur  le  dos,  près  du  cou.  Sa  longueur 
est  de  ZiO  centimètres.  La  deuxième,  appelée  par  nos  Indiens 
Counani,  et  par  les  Tapouys  et  les  Brésiliens,  Touconnarc 
ouasso.  Dans  diverses  contrées  du  territoire  contesté,  il  atteint 
la  longueur  de  60  à  70  centimètres;  dans  d'autres  lacs  ou 
rivières,  il  dépasse  la  longueur  d'un  mètre.  La  troisième 
variété  est  nommée  par  nos  Indiens  Counoni ,  et  par  les 
Tapouys*  et  les  Brésiliens,  Toucounaré pac.  Tout  son  corps 
est  sillonné  de  petites   taches  de  couleur  blt^uc  et  blanche. 


SUR   CERTAINES   ESPÈCES   DE   POISSONS   DE   LA   CUYANE.      660 

Ce  dernier  a  un  goût  plus  exquis,   aussi  est-il  désigné  par  les 
\)èc\\e\ivs ,  poisson po7(r  les  malades. 

Ces  trois  variétés  de  poissons  font  leurs  nids  au  bord  des 
rivages,  dans  la  vase,  dans  l'herbe,  sur  des  branches  tombées 
des  arbres  dans  l'eau.  Leur  nombre  est  considérable,  et  l'éclo- 
sion  des  œufs  a  lieu  dans  trois  ou  quatre  jours.  Pendant  ce 
délai,  le  mâle  et  la  femelle  veillent  sur  ces  œufs  à  une  petite 
distance  l'un  de  l'autre,  et  ne  s'absentent  que  pour  aller  à  la 
recherche  de  leur  nourriture.  Une  fois  éclos,  les  petits  sont 
accompagnés  pendant  leur  première  jeunesse  par  le  mâle  et 
la  femelle. 

Ces  poissons  offrent  les  plus  grands  avantages  sous  tous  les 
rapports.  Aussi  devrait-on  multiplier  les  tentatives  pour  les  in- 
troduire partout  où  ils  n'existent  pas.  La  manière  dont  on  les 
pèche  prouve  suffisamment  leur  voracité.  A  cet  effet,  on  suspend 
à  une  ligne,  ou  à  un  bâton  un  peu  plus  long  que  celui  d'une 
ligne  ordinaire,  un  appât  garni  de  plumes  rouges  de  flammant 
qui  cache  un  hameçon,  ou  un  morceau  d'étoffe  de  la  mémo 
couleur.  On  se  place  dans  un  petit  canot,  soit  dans  les  rivières, 
soit  dans  les  lacs,  et  en  faisant  avancer  l'embarcation ,  on 
ne  cesse  d'agiter  vivement  la  ligne  sur  l'eau,  de  droite  à 
gauche,  et  quand  ces  poissons  dépassent  la  longueur  d'un 
mètre,  on  les  harponne  comme  on  le  fait  pour  le  Curi/  et  le 
Lainetitin.  On  l'ait  de  ces  poissons  des  salaisons  qui  ont  le 
même  goût  que  la  Morue. 

Quelle  ressource  pour  l'Algérie,  nos  colonies  des  Antilles,  et 
principalement  pour  la  Martinique,  si  l'on  parvenait  à  les  y 
introduire,  ainsi  que  graduellement  dans  toutes  les  parties 
où  ils  n'existent  pas  !... 


DES  INSECTES  HERBIVORES 

ET    rAUTICULlÈREMENT 

DE  CEUX  Qui  ENVAHISSENT  LA  CANNE  A  SUCRE  (I), 

Par  M.    .%.    BERG. 

(surrn.) 


(Séance  ilu  12  décembre  1802.) 


Dif  Borcr.  —  Nous  avons  décrit  la  chenille  du  Borer.  Il 
nous  reste  à  foire  connaître  la  nymphe  et  le  papiHon.  Les 
métamorphoses  se  sont  opérées  sous  nos  yeux.  L'insecle  est 
resté  seize  jours  à  FéUit  de  chrysalide.  Un  Borer,  très-pàle, 
ayant  déjà  suhi  deux  mues,  mis  en  observation  le  8  août, 
s'est  mis  à  la  diète  du  11  au  29,  où  il  se  transforma  en  chry- 
salide. Celle-ci  est  molle,  cuivrée,  à  reflet  métalliiiue,  de 
forme  cylindro-conique,  avec  les  anneaux  bien  dessinés  en 
dessus,  les  ailes  en  dessous.  Dans  la  nuit  du  13  septembre,  la 
larve  opéra  sa  résurrection  à  l'état  d'insecte  parfait.  C'est  un 
petit  papillon  de  couleur  gris  cendré,  et  dont  l'abdomen  ne 
dépasse  pas  les  ailes  à  l'état  de  repos. 

Cet  abdomen  est  terminé  par  une  houppe  de  poils.  Les 
pattes  sont  longues,  à  cuisses  plates,  deux  épines  courtes, 
obtuses,  avec  pattes  postérieures  et  intermédiaires.  Ailes 
entières  :  les  antérieures  moins  larges,  de  couleur  brune, 
arrondies  et  recourbées  au  sommet;  les  postérieures  coupées 
obliquement,  d'un  blanc  sale,  pouvant  se  plisser  en  éventail. 
Antennes  fdiformes,  longues  comme  la  moitié  du  corps. 

Ce  papillon  n'est  pas  décrit. 

Telle  est  Ihistoirc  du  Borer,  de  cet  insecte  maudit  par  les 
deux  îles  de  France  et  de  Bourbon,  et  auquel  on  attribue 
•lénéralement  la  considérable  diminution  dans  la  production 
du  sucre.  Certes,  ses  dégâts  occasionnent  un  déficit  sensible 
dans  les  localités  où  on  le  rencontre,  mais  la  source  du  mal 

(1)  Voyez,  pour  la  1^'  partie,  le  Bulletin  do  1862,  p.  939, 


DES    INSECTES   HERBIVORES.  671 

est  plus  profonde,  et  c'est  sur  ce  point  que  nous  devons 
attirer  l'attention.  Une  maladie  grave  sévit  sur  la  Canne, 
voilà  le  mal  principal.  11  faut  que  la  Canne  à  sucre  soit  mor- 
tifiée pour  que  ses  tissus  conviennent  à  la  nourriture  de  cette 
larve.  , ,  . 

La  maladie  qui  sévit  sur  la  Canne  est  une  maladie  épidé- 
miquc,  caractérisée  i)ar  une  végétation  parasitiquc.  Elle  est, 
d'après  nous,  causée  ])ar  des  altérations  de  tissu  résultant 
des  mauvaises  conditions  de  culture,  altérations  sous  l'in- 
fluence desquelles  se  sont  développées  les  spores  de  la  plante 
parasite. 

Une  culture  forcée,  exclusive,  l'abus  des  engrais  azotés, 
l'emploi  des  mêmes  souches,  ont  amené  un  changement  dans 
la  quantité  et  dans  la  nature  des  sucres  de  la  Canne.  Cette 
altération  a  été  l'origine  de  la  maladie.  L'envahissement  des 
insectes  a  été  un  corollaire  fœtal,  un  fait  depuis  longtemps  et 
souvent  observé  dans  des  circonstances  analogues. 

La  maladie  sévit  sur  les  jeunes  pousses,  qu'elle  arrête  dans 
leur  développement.  Elle  frappe  des  touffes  entières,  par 
plaques  ou  par  traînées,  ou  bien  quelques  tiges  seulement  au 
milieu  d'une  touffe.  Toutes  les  variétés  de  Cannes  peuvent  en 
être  atteintes,  mais  celles  qui  croissent  le  plus  rapidement  en 
sont  préservées;  le  parasite  ne  vient  que  sur  les  jeunes  plants, 
et  son  envahissement  n'est  pas  à  redouter  quand  la  Canne 
approche  de  la  maturité.  Il  arrive  quelquefois  que  des  por- 
tions entières  de  champs  de  Cannes  sont  envahies  par  la 
maladie,  et  qu'à  force  de  soins  bien  entendus,  celle-ci  finit 
par  disparaître.  Ces  soins  sont  l'écimage,  le  labour  à  la  pioclie 
et  l'effeuillage,  et  non  la  fumure  azotée.  Avec  la  maladie 
cessent  d'exister  les  poux  à  poche  blanche  et  autres  insectes, 
de  sorte  qu'après  un  laps  de  temps  indéterminé,  on  est  étonné 
de  voir  Ici  carreau  envahi  par  la  maladie  présenter  les  api>a- 
rences  d'une  belle  végétation.  C'est  que  celle-ci  a  pris  le 
dessus  sur  le  crvptogame. 

D'autres  fois,  mais  plus  rarement,  des  Cannes  à  sucre 
plantées  dans  les  meilleures  conditions  possibles,  sont  subite- 
ment alteintes.  Ce  fait  déroute  souvent  toutes  les  conjectures, 


072       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

carie  sol  n'est  pas  épuisé,  on  n'a  rien  fait  pour  l'appauvrir; 
la  culture  est  à  l'abri  de  tout  reproche,  les  têtes  plantées  sont 
de  bonne  qualité.  Cependant  ce  fait  s'explique  :  la  crois- 
sance des  filaments  du  parasite  végétal  étant  rapide  et  con- 
tinue, les  spores  étant  d'une  extrême  légèreté  et  d'une  extrême 
ténacité,  les  vents  en  propagent  la  dissémination,  et  les  ger- 
mes de  la  végétation  morbide  sont  transportés  au  loin.  Les 
circonstances  aidant,  la  propagation  peut  se   faire  rapide- 
ment, même  dans  les  terrains  vierges.  La  maladie  procède 
de  l'extérieur  à  l'intérieur,  de  la  circonférence  au  centre.  La 
Canne  à  sucre  malade  est  recouverte,  à  l'origine  des  feuilles 
et  sur  la  tige,  aux  environs  des  nœuds,  d'une  sorte  d'efflo- 
rescence  blanche.  Les  feuilles  présentent  d'abord  une  colo- 
ration particulière,  perdent  leur  verdeur  et  leur  souplesse, 
pâlissent,  et  présentent  une  certaine  induration  :  sur  leur 
surface  se  voient  des  taches  d'abord  rouges,  puis  jaunes  ou 
brunes  ;  elles  finissent  par  se  dessécher.  La  tige  reste  quelque 
temps  humide,  s'atrophie  dans  tous  ses  éléments,  et  se  des- 
sèche, en  répandant,  quand  on  l'entr'ouvre,  une  légère  odeur 
de  moisi.  Efie  ne  se  déforme  pas.  L'arrêt  de  développement  et 
le  dessèchement  sont  les  caractères  principaux  de  la  maladie. 
A   un   degré  plus  avancé,  des  moisissures  plus  ou    moins 
épaisses  se  développent  aux  extrémités  de  chaque  mérithalle. 
Cette  espèce  de  mousse,  composée  de  cellules  filamenteuses, 
est  le  support  du  champignon,  en  même  temps  qu'elle  lui 
donne  naissance  par  ses  cellules  reproductrices. 

Nous  attribuons  la  maladie  de  la  Canne  à  sucre  à  trois 
causes  principales  : 

1°  Le  défaut  d'assolements  ; 
2°  L'emploi  permanent  de  la  même  souche  ; 
3°  Le  guano  du  Pérou,  employé  avec  excès.     • 
On  a  fait  ici  absorber  continuellement  à  la  terre  sa  fertilité 
par  des  récoltes  continuelles,  on  a  fait  de  la  culture  forcée. 
On  a  prodigué  au  sol  des   engrais  azotés  qui  l'ont  épuisé. 
Tous    les   hommes    compétents ,   savants    et   agriculteurs , 
appuient  dans  leurs  ouvrages  notre  manière  de  voir.  Liebig 
et  Elie  de  Beaumont  s'élèvent  contre  l'excès  d'azote;  l'abbé 


DES   INSECTES    JIERlilVORES.  073 

Moigno,  dans  le  Cosmos  du  J  3  janvier  J 860,  affirme  qu'il 
brt'/le  les  terres.  Malagutli  et  Payen  préconisent  le  système 
des  assolements. 

Puissent  donc  les  habitants  de  cette  belle  colonie  revenir  à 
la  niélhode  employée  par  leurs  pères,  celle  de  la  variété  dans 
les  cultures,  et  fermer  l'oreille  aux  séductions  des  théories 
contraires  qui  peuvent  flatter  nos  intérêts,  mais  qui  ne  satis- 
i'ont  pas  notre  raison  :  car  dire  que  l'on  peut  impunément 
cultiver  continuellement  la  même  plante  dans  le  même  sol, 
c'est  dire  qu'on  a  trouvé  le  mouvement  perpétuel  en  agri- 
culture. 


T.  \.  —  îVûvembre  1863.  i3 


MÉMOIRE 
SUR    LK  VER  A  SOÎE   CANADIEN 

{^Bombyx  Cecropia), 

Par    M"''    LAWS01%[, 

De  Kingston  (Ciinada). 


(Séance  du  20  février  1863.) 


Dans  différentes  parties  de  l'Aniérique  du  Nord,  on  trouve 
des  variétés  de  papillons  indigènes  qui  produisent  des  co- 
cons propres  à  fournir  diverses  espèces  de  soies.  La  plus 
remarquable  est  YAltacus  Cecropia  [Satumia  Cecropia^ 
Linn.).  La  boîte  qui  accompagne  le  présent  mémoire  con- 
tient un  spécimen  de  la  plialène  parfaite,  ainsi  qu'un  cocon, 
une  cbrysalide  extraite  du  cocon,  un  dessin  de  la  larve  de 
grandeur  naturelle,  et  une  branche  d'un  des  arbres  (/'/^m/^ 
amcricauii)  dont  l'insecte  se  nourrit. 

\] Attacus  Cecropia  est,  de  tous  les  Bombyx,  un  des  plus 
grands  et  des  plus  beaux;  quand  ses  ailes  sont  étendues,  elles 
mesurent  de  (5  à  7  pouces  d'une  extrémité  à  l'autre.  Celte 
espèce  habite  en  général  le  haut  Canada,  à  partir  de  Mont- 
réal, en  se  dirigeant  à  l'ouest,  jusqu'aux  rives  du  lac  Erié. 
Dans  ce  district  (Kingston)  il  n'est  pas  très-commun;  mais 
plus  à  l'ouest  et  surtout  à  l'extrémité  sud-ouest  de  la  province, 
on  le  rencontre,  dit-on,  plus  fréquemment.  De  même  que  les 
autres  insectes  nocturnes,  l'insecte  parfait,  ou  papillon, 
échappe  facilement  à  l'observation;  par  contre,  les  cocons, 
([ui  sont  gros  et  de  couleur  brune,  se  rencontrent  souvent 
attachés  aux  branches  des  arbres  à  fruits  et  des  groseilliers. 
L'insecte  ne  broute  toutefois  pas  ces  derniers;  les  feuilles  du 
Pommier,  du  Cerisier  et  du  Prunier  lui  servent  de  pâture,  et 
peut-être,  dans  l'origine,  ne  la  trouvait-il  que  sur  le  Prunier 
sauvage  du  Canada. 

Au  mois  de  juin ,  le  papillon  sort  du  cocon,  et  dépose 
ses  œufs,  qui  ont  une  teinte  foncée.  Bientôt  ceux-ci  éclosent, 
et  les  chenilles  qui  en  proviennent  se  tiennent  sur  les  arbres 


SUR    LE   VER   A   SOIE   CANADIEN.  ()75 

dont  elles  mandent  les  feuilles.  Elles  en  descendent  au  mois 
d'aoùl,  jiour  elierclier  des  arbustes  de  petite  taille,  auxquels 
elles  attachent  pour  la  plupart  leurs  cocons,  qu'elles  mettent 
ainsi  à  l'abri  des  rit^ueurs  de  nos  hivers. 

Le  cocon  qui  donne  la  soie  consiste  en  deux  parties  :  il  y  a 
d'abord  la  partie  exiérieure,  dans  laquelle  les  lils  adhèrent  si 
Ibrtement  ensemble,  qu'ils  forment  une  membrane  qui  res- 
semble au  parchemin,  et  puis  la  partie  intérieure,  où  ils  sont 
lâches  et  crépus. 

Le  plus  grand  olislacle  (pif  [irésente  l'emploi  du  cocon  de 
Cccropid,  c'est  la  dinuullé  (pic  l'on  éprouve  à  le  dévider;  ou 
a  môme  élé  jus(prà  |!eiiser  (iu(;  pour  ce  motif  il  ne  pouvait 
servir  à  aucun  usage.  Dévider  le  cocon  du  Cecropia  comme 
celui  du  Ver  à  soie  de  Chine,  est,  en  effet,  une  chose  impos- 
sible. Nos  cocons  canadiens  de  Cecropia  se  rapprochent  par 
leur  nature  de  ceux  du  Ver  à  soie  de  l'Allante,  qui,  en  ce  qui 
concerne  le  dévidage,  ne  paraissent  pas  avoir  cédé  au  même 
traitement  que  celui  qui  est  usité  pour  les  cocons  du  Ver  à 
soie  ordinaire;  il  faut,  au  contraire,  qu'ils  soient  sérancés  et 
filés  comme  les  libres  végétales,  ou  de  la  môme  façon  que  la 
soie  connue  stjus  le  nom  techiiiipje  dcspan  sUk. 

Avant  l'opération  du  liliige,  la  soie  de  Cecropia  doit  être 
soumise  à  une  pfé(>aralion  préliminaire,  pour  amener  la  sé- 
paration des  fibres  qui  constituent  la  membrane  compacte 
comme  du  parchemin,  dont  il  a  été  parlé.  Après  de  nom- 
breuses expériences,  j'en  suis  arrivée  à  la  conclusion  que  le 
mode  le  plus  simple  et  le  plus  elTicace  consiste  à  traiter  les 
cocons  avec  une  faible  solution  de  potasse  caustique  ou  d'un 
autre  alcali;  il  en  résulte  un  ramollissement  de  la  substance 
qui  fait  adhérer  les  (ils  les  uns  aux  autres,  et  l'on  peut  alors 
les  séparer  sans  difficulté.  Une  immersion  de  deux  ou  trois 
jours  dans  une  solution  alcaline  sera  nécessaire  pour  que  les 
fils  soient  propres  au  lilage;  mais  si  l'on  fait  bouillir  ou  que 
l'on  emploie  une  solution  plus  concentrée,  l'opération  sera 
moins  longue;  un  pareil  expédient  ferait  perdre  toutefois  à  Ja 
fibre  une  partie  de  son  élasticité.  Au  lieu  de  potasse  caustique 
pure,  dont  le  prix  est  élevé,  on  peut  se  servir,  avec  le  même 


676       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

succès,  d'une  lessive  faite  avec  de  la  cendre  de  bois  et  de  l'eau, 
à  laquelle  on  ajoute  une  certaine  quantité  de  chaux  éteinte. 
On  peut  employer  également  l'alcali  britannique.  L'opération 
doit  être  conduite  avec  soin  et  intelligence,  car  la  fibre  pour- 
rait se  détériorer  si  l'action  de  l'alcali  était  trop  prolongée. 
A  l'aide  de  ce  procédé,  le  cocon  intérieur  peut,  aussi  bien  que 
l'enveloppe  extérieure,  être  converti  en  soie,  et  les  cocons 
étant  fort  gros,  le  produit  est  en  proportion  :  la  soie  en  est 
remarquable  par  sa  ténacité,  qui  est  bien  supérieure  à  celle 
de  la  soie  du  Ver  ordinaire. 

S'il  m'était  permis  de  poser  une  question,  je  demanderais 
si  le  même  procédé  ne  pourrait  pas  être  avantageusement 
adopté  par  les  éleveurs  de  l'Allante,  en  France,  pour  les 
cocons  de  ce  Ver.  Nous  devons  à  l'obligeance  du  professeur 
Garuel,  de  Pise, d'avoir  reçu  une  collection  de  chrysalides  vivan- 
tes d'Allante  avec  leurs  cocons,  en  vue  d'élever  cet  insecte  au 
Canada;  mais  le  nombre  en  est  encore  trop  réduit  pour  que 
nous  puissions  nous  livrer  à  des  expériences  à  ce  sujet. 

Laissez-moi  ajouter  que  ce  n'est  pas  la  première  fois  que 
les  cocons  de  Cecropia  sont  ainsi  signalés  à  l'attention.  Il  y  a 
longtemps  que  l'insecte  dont  il  s'agit  est  connu,  et  dès  1767 
Moses  Bartram,  de  Phdadelphie,  en  a  élevé  en  les  tenant  enfer- 
més. M.  Audouin  a  également  reçu  quelques  cocons  d'Amé- 
rique, et  a  réussi,  il  y  a  environ  quarante  ans,  en  France,  à 
obtenir  des  papiUons.  De  plus,  le  révérend  S.  Pullein  a  tissé 
des  bas  avec  de  la  soie  du  Cecropia,  et  a  publié  ses  observa- 
tions dans  les  Philosophical  Transactions  de  la  Société  royale 
de  Lundres,  à  la  date,  plus  ancienne  encore,  de  1759.  Mais 
jusqu'ici  on  n'a  pas  trouvé  le  moyen  de  faire  servir  cette  soie 
aux  usages  industriels.  Si  la  question  était  mise  à  l'étude  dans 
un  pays  comme  la  France ,  où  les  procédés  qui  se  rattachent 
à  la  fabrication  de  la  soie  sont  si  bien  compris,  les  résultats 
seraient  vraisemblablement  plus  favorables.  Si  je  puis  me 
procurer  de  nouveaux  cocons  vivants,  la  saison  prochaine,  je 
me  ferai  un  plaisir  de  vous  les  envoyer. 


NOTE 

SUR     LA     SITUATION     DES     DERNIÈRES    PLANTATIONS 

D  i:spè(:es  ligneusi:s  exotiques 

AU    JARDIN    D'ACCLIMATATION    A    ALGER, 

Par   M.   HARDY, 

Directeur  du  jardin  d'acclinialaiion  du  gouvernement,  îi  Ilaniina  (Alger). 


(Séance  du  2  octobre  1863.) 


Les  essais  partiels  d'acclimatation  de  végétaux  ligneux, 
originaires  de  contrées  analogues  à  l'Algérie  ou  de  régions 
plus  rapprochées  de  l'équateur,  entrepris  depuis  un  certain 
nombre  d'années,  ayant  produit  des  résultats  satisfaisants, 
on  a  résolu  de  donner  plus  d'extension  à  ces  essais,  et  de 
distribuer  ces  nouvelles  plantations  composées  d'espèces 
étrangères,  d'après  un  plan  méthodirpie,  de  façon  à  former 
des  espèces  d'écoles  utiles  et  instructives  à  difïérents  points 
de  vue. 

Dans  l'organisation  de  ces  écoles,  voici  l'ordre  que  j'ai 
adopté.  L'établissement  présente  diverses  conditions  de  sol, 
d'exposition  et  d'altitude  qui  sont  mises  à  profit.  Les  végétaux 
qui  réclament  le  plus  de  chaleur,  unie  à  l'humidité,  sont 
rassemblés  dans  la  partie  basse,  tandis  que  ceux  qui  veulent 
une  température  modérée,  qui  se  contentent  de  peu  d'humi- 
dité et  qui  aiment  l'élévation  des  terrains,  ont  pour  domaine 
la  partie  élevée  et  accidentée.  La  distribution  est  faite  dans  le 
genre  paysager.  Les  végétaux  sont  groupés  par  genres  ou  par 
familles;  chaque  groupe  forme  un  massif.  Cette  disposition 
permet  d'atteindre  trois  résultats  à  la  fois.  On  aura  d'abord 
une  vaste  école  d'acclimatation  permettant  de  saisir  d'un  coup 
d'œil  les  espèces  qui  pourront  être  appliquées  aux  diverses 
situations  de  sols  de  l'Algérie  et  dans  les  contrées  circonvoi- 
sines.  On  aura  ensuite  une  école  de  botanique,  et  des  plus 


678        SOCIÉTÉ    IMPÉHIALF.    ZOOLOGIQUK    d'aCCLIMATATION. 

intéressantos ,  en  ce  sens  (jiie  l'on  verra  des  véi;étaiix  raines 
d;iîis  iiM  i'tal  complet,  de  (léveloppomeril  ([iii  ne  se  rencontre 
nulle  |iart  en  Europe.  Si  les  genres  et  les  familles  ne  se  suivent 
pas  toujours  sur  le  terrain,  d'après  un  ordre  mélhodique  de 
classification,  à  cause  de  la  nécessité  de  donne»'  avant  tout, 
aux  espèces,  les  conditions  naturelles  qui  leur  s  )nt  le  mieux 
appropriées,  on  pourra  un  peu  plus  tard,  lorsque  cette  œuvre 
sera  plus  avanci'e,  rédiger  un  ouvrage  servant  de  guide,  et  oii 
se  trouvera  une  classification  naturelle  par  espèces,  genres  et 
familles,  avec  des  renvois  aux  groupes  plantés.  Enfin,  on  aura 
une  promenade  charmante,  au  milieu  d'un  luxe  de  végétation 
tout  exotique,  et  qui  aura  toujours  la  puissance  d'attirer  les 
regards,  même  les  plus  indiflercnts. 

Ces  plantations,  d'après  cet  ordre,  se  continueront  chaque 
îlhnée,  à  l'aide  des  nomhreux  matériaux  déjà  réunis  dans 
rétablissement  et  de  ceux  qui  seront  successivement  introduits. 
Je  vais,  aussi  succinctement  que  possible,  donner  quelques 
renseignements  sur  les  espèces  déjà  installées. 

1"  P.'/r/ie  liasse.  —  Les  plantations  dont  je  vais  parler,  ont 
eil  deux  ans  d'installation  au  mois  de  mai  dernier.  Les  espèces 
qui  les  composent  appartiennent  toutes  aux  régions  chaudes. 
Elles  ont  (lar  conséqueilt  déjà  suhi  deux  hivers.  L'année 
dernière,  il  n'a  })u  être  installé  qu'un  massif,  comprenant  les 
verbénacées. 

Le  massif  qui  se  présente  d'aljord  à  la  vue  est  celui  des 
PalmierSj  qui  comprend  2"2.  espèces  à  feuilles  jiennées,  et 
22  espèces  à  feuilles  palméps,  ensemble  hà  espèces,  qui  sont 
toutes  dans  un  état  de  végétation  satisfaisant. 

Dans  la  première  catégorie  se  voient  six  espèces  de  Phœnix 
ou  Dattiers,  qui  trouvent  ici  des  conditions  parfaitement  appro- 
priées à  leur  nature,  parmi  lesquels  on  remarque  le  Phœnix 
sylvestris,  cultivé  avec  profit  dans  l'Inde,  pour  produire  du 
sucre,  et  le  Phœnix  farinifera,  dont  le  tronc  renferme  une 
fécule  abondante. 

Le  Jnbœaspectabilis,  H.  B.,  du  Chili,  a  une  croissance  très- 
vigoureuse.  Son  tronc,  qui  devient  conique,  prend  des  pro- 


ESPÈCES    LIGNEUSES    EXOTIQUES   A    ALGER.  679 

portions  considérables  à  la  base.  Dans  son  pays,  ce  beau  pal- 
mier donne  des  fruits  alimentaires  que  Ton  porte  jusqu'au 
Pérou.  Les  noyaux  servent  à  faire  des  jouets  d'enfants. 

UOreodoxa  regia,  H.  B.,  originaire  de  l'ile  de  Cuba,  réussit 
très-bien.  Il  est  de  la  section  des  Palmiers  à  tronc  conique, 
qui  s'accroissent  en  diamètre.  Un  exemplaire,  planté  il  y  a  bnit 
ans  dans  un  autre  endroit  du  jardin,  a  déjà  ce  caractère  par- 
faitement accusé.  Le  tronc  mesure  0"',/i5  de  diamètre  près  du 
sol,  tandis  qu'il  n'est  que  de  0"\J5  tout  au  plus  h  Tendroit  de 
l'insertion  des  rachis.  Sept  espèces  de  Cocos,  originaires  du 
Brésil  en  majeure  partie,  et  de  l'Amérique  australe,  ont  une 
croissance  active. 

Le  Cocos  /lexuosa,  Mart.,  et  le  Cocos  australls,  plantés  il 
y  a  buit  ans  dans  un  autre  compartiment  du  jardin,  donnent 
des  graines  fertiles. 

Le  Ceroxi/lon  amlicola,  H.  B.,  ou  Palmier  à  cire  des  Andes 
de  l'Amérique  méridionale,  se  développe  un  peu  moins  rapi- 
demenl,  mais  les  exemplaires  qui  sont  en  expérience  sont 
cependant  en  parfait  état. 

Trois  espèces  de  Caryota  résistent  parfaitement;  le  Caryota 
urois,  Linn.,  se  fait  môme  remarquer  par  sa  vigueur  et  son 
développement.  Ces  palmiers,  très-intéressants  par  la  struc- 
ture de  leurs  feuilles,  sont  originaires  de  l'Inde  et  donnent 
plusieurs  produits  utiles. 

\:Arcnga  saccharifera,  Labill.,  ou  Gomufl,  qui  est  orioi- 
naire  des  îles  Moluques  et  de  la  Chine  méridionale'  est  un 
des  plus  grands  palmiers  ;  on  l'exploite  dans  son  pays  pour  en 
faire  du  sucre,  des  boissons  fermentées,  des  cordes  et  des 
jiattes  avec  son  fibrillltlwn.  Les  exemplaires  qui  sont  en 
lilcinc  lerre  sont  dans  un  état  prospère. 

Le  Diplolhemiummaritinimn,  Mart.,  du  Brésil  est  un 
petit  palmier  acaule  très-élégant,  qui  est  ici  en  très-bon  état 
de  végétation.  Il  donne  des  fleurs,  mais  jusqu'ici  elles  n'ont 
pas  été  fécondes. 

L'espèce  qui  est  la  moins  florissante,  dans  cette  division  de 
la  plantation,  est  VAreca  sapida,  Forst.,  originaire  de  la  IN'ou- 
Yclle-Zélande,  qui  trouve  ici  en  été  une  chaleur  <3t  une  inso- 


(i80         SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

lation  un  peu  trop  fortes  ;  ses  plus  anciennes  feuilles  en 
éprouvent  une  dessiccation  anticipée.  Cependant ,  pendant 
l'hiver,  sa  végétation  reprend  une  nouvelle  activité. 

Dans  la  division  des  Palmiers  flabelliformes  ou  à  feuilles 
palmées,  on  remarque  le  Corypha  gebcmr/^  de  Java,  qui  se 
développe  avec  une  grande  vigueur  et  dont  les  dimensions 
sont  considérables. 

Le  Corypha  cerifera,  Arrud.,  ou  Copernicia  cerifera,  du 
Brésil.  Les  feuilles  de  ce  palmier  donnent  une  cire  végétale 
dont  on  tire  un  excellent  parti  en  Amérique  pour  l'éclai- 
rage. J'ai  vu  à  l'exposition  de  Londres  de  superbes  bougies 
préparées  avec  ce  produit. 

On  y  voit  huit  espèces  de  Chamœi'ops,  dont  les  sujets  sont 
dans  toute  la  force  de  la  végétation;  telles  que  :  Chamœrops 
MartiiDia,  Hook.,  et  tomentosa,  Fulch.,  de  l'Himalaya;  le 
Chamœrops  hirrho  ?,  du  Japon,  espèce  peu  connue  et  fort 
rare;  les  Chamœrops  hi/striœ,  Fras.,  eipabnetto,  Mich.,  de 
la  Floride;  enfin  le  Chomœrops  e.ccelsa ,  Thunb.,  de  la 
Chine,  dont  le  tronc  se  couvre  d'un  abondant  fibrillit'mm. 
avec  lequel  les  Chinois  préparent  des  cordes  de  navires  bien 
supérieures  aux  cordes  de  sparterie,  des  toiles,  des  nattes, 
des  sacs,  et  même  des  vêtements.  Cette  espèce  a  fleuri,  mais 
non  encore  fructifié.  Le  Chonuprops  tomcntom  donne  chaque 
année  des  semences  fertiles. 

On  remarque   encore  deux  espèces  de  Brahea,  le  Brahca 

dulcis,  Mart.,  notamment,  originaire  des  Andes  du  Pérou,  et 

dont  les  fruits  sont  comestibles.    Enfin  ,    cinq  espèces  de 

Thriiiax ,  très-élégants  palmiers  originaires  des  Antilles,  et 

"dont  la  réussite  n'est  pas  le  résultat  le  moins  remarquable. 

Les  Palmiers,  dans  leur  ensemble  ,  sont  considérés,  en 
botanique,  comme  les  princes  des  végétaux,  à  cause  des 
nombreux  produits  utiles  qu'ils  donnent  et  de  la  suprême 
beauté  de  leurs  formes.  On  les  a  toujours  considérés  comme 
ayant  besoin  d'une  somme  de  chaleur  plus  grande  que  la 
plupart  des  espèces  dicotylédonées  et  comme  ne  pouvant  pas 
s'éloigner  de  l'équateur.  Ce  que  je  viens  de  constater  semble 
donner  la  preuve  du  contraire.  Les  Palmiers,  pour  la  ])lupart, 


ESPÈCES    LIGNEUSES    EXOTIQUES   A   ALGEK.  081 

et  comme  un  grand  nombre  de  végétaux  dicotylédones,  peuvent 
s'écarter  de  leur  habitat  naturel,  et  remonter,  dans  certaines  li- 
mites, vers  le  nord,  sous  l'influence  des  soins  de  l'homme,  bien 
entendu.  L'Algérie  peut  réunir  sur  son  sol  une  grande  quan- 
tité d'espèces  de  palmiers.  Il  n'y  aura  d'exception  que  pour 
certaines  espèces  qui  se  développent  dans  des  milieux  tout  à 
fait  particuliers,  les  espèces  palustres,  par  exemple,  qui  crois- 
sent le  pied  dans  l'eau,  souvent  salée,  et  reçoivent  le  soleil 
presque  toujours  verticalement  :  tels  sont  les  nombreuses 
espèces  des  bouches  de  l'Amazone,  les  Cakmms  des  îles  de  la 
Sonde,  les  Cocos  de  l'Océanie  et  des  îles  Marquises,  les 
Lodoicea  et  Stephensoina  des  îles  Seychelles  et  des  ]\laldives. 
Le  groupe  ou  le  massif  des  Cycadées  se  compose  des  Dw)t 
edule,  Bot.  Mag.,  du  Mexique;  des  Ceratozamia  du  Mexique  , 
des  Macrozamia  de  la  Nouvelle -Hollande,  des  Zamla  et 
Enceplialartos  du  cap  de  Bonne-Espérance  et  de  l'Afrique 
australe,  du  Cijcas  reroluta  du  Japon.  Toutes  ces  espèces  sont 
originaires  de  régions  ayant  une  certaine  analogie  avec 
l'Algérie  du  littoral,  et  leur  réussite  ici  pouvait  plus  que  se 
présumer:  on  pouvait,  à  priori,  l'indiquer  comme  certaine. 
Mais  la  réussite  non  moins  complète  du  Cycas  circÀnaUs  , 
Lin.,  originaire  des  îles  Moluques,  des  Philippines  et  de  la 
Cochinchine,  est  un  fait  aussi  remarquable  au  moins  que 
celui  des  Caryota  et  des  Thrinnx  que  je  citais  tout  à  l'heure, 
et  qui  est  de  nature  à  faire  un  peu  réfléchir  ceux  qui  préten- 
dent indiquer  sûrement,  et  de  prime  abord,  quels  sont  les 
végétaux  qui  pourront  ou  ne  pourront  pas  réussir  en  Algérie. 
Dans  l'état  limité  de  nos  connaissances  en  géographie  bota- 
nique, et  par  rapport  aux  diverses  constitutions  particulières 
aux  espèces  et  aussi  aux  tempéraments  individuels  des  sujets, 
il  n'y  a  que  l'expérience  directe  qui  puisse  donner  des  ren- 


seignements exacts. 


Le  groupe  des  Musacées  comprend  diverses  espèces  de 
Bananiers,  dont  quelques-unes  sont  rares,  telles  que  X^^Mma 
discolor,  zchrina  et  ylauca  ;  à  peu  près  toutes  les  espèces  de 
Strelitzia  connues,  au  nombre  de  huit,  dans  lesquelles  on 
remarque  les  Strelitzia  augusta  et  Nicolaï,  qui  prennent, 


6S2      SOCLÉÏÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

avec  io  temps,  les  proportions  d'un  arbre.  Les  Strelitzin 
acnules  sont  remarquables  aussi  par  la  disposition  de  leur 
inflorescence,  qui  simule  une  tète  d'oiseau  fantastique  ornée 
des  plus  brillantes  coulerfrs.  Les  Strelitzia  sont  originaires  des 
lieux  bas  et  humides  de  l'Afrique  australe.  Le  Ravenala 
madagascariensis,  Poir.,  développe  son  immense  éventail  au 
milieu  de  ce  groupe;  son  tronc  a  déjà  50  centimètres  de 
développement,  du  sol  à  la  naissance  des  feuilles.  Il  montre, 
en  ce  moment,  un  réi/imc  qui  promet  prochainement  des 
Heurs.  C'est  un  des  arbres  les  plus  curieux  qui  se  puisse  voir. 
On  l'a  nommé  vulgairement  Varbre  du  vo>ja(/cin\  parce  qu'il 
a  la  propriété  de  conserver  limpide  l'eau  des  pluies  dans 
l'aisselle  de  ses  feuilles.  Il  offre  ainsi,  au  milieu  des  marais, 
dont  l'eau  est  souvent  corrompue,  une  eau  potable  aux  voya- 
geurs. Cette  propriété,  d'abord  révélée  par  Flacourt,  a  été 
depuis  conlirmée  par  beaucoup  de  voyageurs,  et  tout  récem- 
ment encore. 

Je  ne  puis  quitter  ce  groupe  sans  parler  de  la  floraison  et 
de  la  fructification,  en  1862,  du  Musa  cnsete,  Bruce,  planté 
en  pleine  terre  depuis  trois  ans.  Au  moment  où  ce  [)ananier 
colossal  a  montré  son  régime,  son  tronc  mesurait  au-dessus 
du  sol  3  mètres  de  circonférence  sur  à  mètres  de  hauteur. 
Cet  énorme  fût  supportait  un  bouquet  d'une  vingtaine  de 
feuilles  ayant  /i  mètres  de  longueur  sur  un  mètre  de  largeur, 
avec  la  nervure  médiane  d'un  rouge  foncé.  L'inllorescence  n'a 
rien  pri'scnlé  de  remarquable  que  son  énorme  volume.  Toutes 
les  fleurs  n'ont  pas  été  fécondes,  mais  il  en  est  résulté  près  de 
huit  cents  graines  qui  ont  été  semées  et  dont  la  moitié  environ 
a  germé.  Ce  bananier  ne  donne  pas  de  fruits  comestibles  et 
il  ne  produit  pas  de  drageons;  il  ne  se  multiplie  que  par 
semences.  Dans  l'Abyssinie,  sa  patrie,  on  le  cultive  dans  les 
champs  clos  comme  jilante  potagère.  On  mange  le  tronc 
arrivé  à  un  certain  degré  de  développement,  comme  nous  le 
faisons  pour  les  choux. 

Cette  espèce  est  très-rare  dans  les  serres  d'Europe,  et  y  est 
très-recherchée,  à  cause  de  la  beauté  de  son  port  et  de  son 
feuillage,  et  de  sa  rusticité  relative  qui  lui  permet  de  passer 


ESPÈCES   LIGNEUSES   EXOTIQUES    A    ALGEK.  (383 

riiiver  dans  des  serres  tempérées  et  même  dans  ces  grandes 
constructions  que  l'on  nomme  conservatoires  ou  jardins 
d'hiver.  C'est  l'espèce  de  Bananier  qui  se  prêtera  le  mieux  à 
l'ornement  des  pelouses  et  des  squares  ;  pendant  l'été  et  dans 
le  midi  surtout,  on  en  tirera,  sous  ce  rapport,  un  délicieux 
parti,  en  ayant  soin  toutefois  de  l'abriter  des  vents  violents 
qui  lacèrent  ses  feuilles. 

Un  groupe  de  Pandanus  a  été  formé  et  composé  de  sept 
espèces,  liés  le  premier  hiver,  trois  espèces  ont  succombé; 
deux  espèces  qui  avaient  résisté  très-bien  à  l'hiver  précédent, 
ont  péri  à  leur  tour  durant  celui-ci.  Deux  espèces  se  sont 
maintenues  en  bon  état  de  conservation,  ce  sont  :  le  Pandanus 
îtlilis,  Bory,  de  Madagascar,  et  le  Pandanus  furcatus,  Roxb., 
de  l'Inde. 

Ce  n'est  pas  précisément  parce  que  ces  végétaux  n'ont  pas 
trouvé  ici  une  température  suffisamment  élevée  qu'ils  ont 
succombé,  mais  parce  que  Ihumidité  occasionnée  par  les 
pluies  séjourne  trop  longtemps  dans  leurs  bourgeons,  et  les 
fait  pourrir. 

Les  Yucca,  au  nombre  de  vingt  espèces  ou  variétés,  forment 
un  vaste  massif.  A  côté  se  montre  un  autre  massif  composé 
de  Broméliacées,  parmi  lesquelles  figurent  :  le  Bromelia 
sceptriim,  Fenzl.,  originaire  du  Brésil;  de  Tillandsia,  des 
Pitcairnia,  des  Bilberf/ia,  des  ^Echmea,  etc.,  végétaux  qui 
résistent  sans  abris  aux  giboulées  froides  de  l'hiver,  aussi 
bien  qu'aux  ardentes  insolations  de  l'été. 

C'est  à  la  suite  des  espèces  que  je  viens  de  citer  qu'il  con- 
vient de  parler  des  résultats  encourageants  obtenus  dans  les 
essais  de  culture  en  plein  air  de  l'Ananas  [Ananas  saliva, 
Lindb.).  Il  a  manqué  peu  de  chose  aux  fruits  que  nous  avons 
obtenus  en  1862,  pour  qu'ils  soient  trouvés  excellents.  C'est 
l'espèce  commune  primitive  qui  a  donné  ces  fruits.  La  culture 
perfectionnée  dans  les  serres  d'Europe,  et  les  semis  que  l'on  a 
pu  faire,  lorsque  l'on  a  rencontré  des  graines  fertiles,  ont 
donné  un  certain  nombre  de  variétés  supérieures,  par  le 
goût,  l'arôme  et  la  grosseur,  à  l'espèce  type  ;  mais  ces  va- 
riétés ainsi  obtenues  ont  l'inconvénient  d'être  plus  délicates  ; 


(Î8/|       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMATAïION. 

j'en  ai  essayé  une  douzaine,  qui  toutes  ont  succombé.  Quoi 
(ju'il  en  soit,  nous  cultiverons  l'Ananas.  Une  culture  appro- 
priée fora  donner  tout  ce  qui  peut  être  o])tenu  de  l'espèce 
commune  ;  les  semis  qui  pourront  être  faits  auront  pour 
résultat  de  créer  des  variétés  nouvelles  mieux  appropriées 
au  climat  que  celles  obtenues  ailleurs  et  transportées  ici. 

Les  Ficus,  des  régions  équatoriales,  forment  un  groupe  de 
trente -huit  espèces,  parmi  lesquelles  se  trouve  un  Brosi- 
tmmi.  Les  Ficus  des  régions  chaudes  sont  à  feuillage  persis- 
tant ;  leurs  fruits  sont  rarement  comestibles. 

Pour  les  distinguer  du  Figuier  ordinaire,  originaire  des 
régions  tempérées,  dont  le  feuillage  est  caduc  et  les  fruits 
comestibles,  M.  Gasparrini  en  a  formé  un  genre  à  part,  sous  le 
nom  de  Urosl.igma,  tiré  du  grec,  qui  veut  dire  stigmate  en 
queue. 

Dans  ces  Ficus,  plusieurs  sont  bons  producteurs  de  caout- 
chouc. Parmi  eux,  se  trouve  le  Ficus  cerifera  de  Sumatra,  qui 
donne  un  produit  nouveau,  semblable  à  la  gutta-percha,  et 
qui  a  été  exhibé,  pour  la  première  fois,  à  l'exposition  univer- 
selle de  Paris,  en  1855,  par  M.  Bleeckrode  ,  professeur  à 
l'Académie  de  Delfe ,  à  l'extrême  obligeance  duquel  nous 
devons  la  possession  de  cette  précieuse  espèce.  Ici  cet  arbre 
perd  ses  feuilles  sous  l'influence  des  intempéries,  mais  sa 
végétation  repart  avec  une  nouvelle  vigueur,  dès  que  la  tempé- 
rature s'élève  au  printemps.  Ce  Ficus  est  d'une  multiplication 
difficile,  cependant  plusieurs  boutures  ont  été  obtenues. 

Ces  Ficus  ont  presque  tous  un  feuillage  très-décoralif,  et 
figureront  toujours  parmi  les  ornements  les  plus  imposants 
de  nos  jardins. 

Un  groupe  a  été  établi  pour  les  Bombacées  et  les  Stercu- 
liacées.  On  y  remarque  un  Bombax  ceiba,  Lin.,  d'un  certain 
développement.  Le  Ceiba,  nommé  encore  Fromager,  est  un 
gros  arbre  de  l'Amérique  méridionale  ;  les  graines  qu'il  donne 
sont  revêtues  d'un  duvet  analogue  au  coton,  mais  trop  court 
pour  avoir  pu  jusqu'ici  être  employé  dans  l'industrie.  \jErio- 
theca  parviflora,  Schott  et  Endl.,  originaire  du  Brésil,  qui  se 
couvre ,  sur  le  vieux  bois ,  de  nombreuses  fleurs  rouge  mi- 


ESPÈCES    LIGNEUSES    EXOTIQUES    A    ALGER.  085 

niuin,  alors  que  ses  feuilles  sont  tombées  en  février;  six 
espèces  de  Carol'mea,  Lin.,  ou  Pachira,  Aubl.,  qui  sont  dans 
un  état  prospère,  et  parmi  lesquelles  le Crt/o/^V^e^  inimr  a  déjà 
montré  deux  fois  ses  fleurs.  VEriodendron  anfractuosum  ;  le 
Clùrosteinotiplatanoides,  du  Mexique  ;  les  Stcrculia  coccinea 
et  nobllis,  etc. 

Les  Adamonia  digitata  et  sphœt'ocarpa  ,  ou  Baobabs  de 
l'Afrique  équatoriale  et  de  Madagascar,  n'ont  pas  eu  de 
succès.  Très-vigoureux  pendant  la  saison  sècbe  et  cbaude, 
ils  pourrissent  par  le  pied  pendant  la  saison  bumide. 

Un  dernier  groupe,  dans  cette  partie,  a  été  commencé  en 
18(52,  c'est  celui  des  Verbénacées.  Il  comprend  déjà  cinq 
espèces  de  Citharexylon  ou  Bois  de  guitare,  et  le  Tectona 
grandis,  Lin.,  le  fameux  Teck  de  l'Inde,  qui  donne  le  plus 
grand  et  le  meilleur  bois  de  construction  de  ces  contrées.  Si 
cette  espèce  peut  s'acclimater  ici,  ce  sera  une  précieuse 
acquisition. 

2"  Poi-tie  élevée.  —  Les  végétaux  ligneux  qui  sont  installés 
dans  cette  partie  ne  demandent  pas  des  soins  d'éducation 
aussi  grands  pendant  le  jeune  âge;  le  plus  souvent  ils  se 
sèment  et  s'élèvent  en  plein  air,  en  ayant  l'attention  toute- 
fois de  les  préserver  des  extrêmes  de  ventilation  et  d'inso- 
lation, de  sécheresse  et  d'humidité. 

On  rencontre  d'abord  un  grand  groupe  composé  d'une 
quarantaine  d'espèces  d'Acacias  de  la  Nouvelle-Hollande,  dont 
les  organes  foliacés,  pour  le  plus  grand  nombre  de  sujets, 
sont  à  l'état  de  phgllodes,  ou  feuilles  rudimentaires  qui  se 
présentent  à  l'état  de  pétioles  aplatis,  et  dont  la  position  est  le 
plus  souvent  oblique.  Ces  organes  modifiés  sont  particuliers 
à  un  grand  nombre  de  végétaux  de  l'Australie.  Ils  ont  la  pro- 
priété, mieux  que  les  feuilles  complètes,  de  résister  à  l'action 
continue  des  vents  et  aux  fluctuations  atmosphériques.  Les 
Acacias  qui  composent  ce  groupe  sont  représentés,  d'une  part 
par  des  arbrisseaux  d'agrément,  et,  d'autre   part,  par  des 
arbres  dont  le  bois  est  solide  et  souvent  précieux  pour  les 
œuvres  d'art. 


()S6      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

On  voit  à  cùti'  un  groupe  composé  de  Protéacées.  L'habitat 
des  espèces  de  cette  famille  est  à  peu  près  limité  au  cap  de 
Bonne-Espérance,  à  la  Nouvelle-Hollande  et  aux  régions  tem- 
pérées de  l'Amérique  du  Sud.  On  n'en  renconti'e  que  peu  ail- 
leurs. Les  espèces  les  plus  remarquables  de  ce  groupe  sont  : 
les  Stenocarptis  de  la  Nouvelle-Hollande,  arbres  du  plus  bel 
aspect;  \es  Hhopa/a,  originaires  des  xVndes  de  l'Amérique  du 
Sud;  le  Protea  cynaroidcs.  Lin.,  originaire  du  Cap;  le  Gue- 
vinia  avellana ,  Molin.,  du  Chili,  qui  donne  une  amande 
comestible  dans  le  genre  de  la  noisette. 

C'est  à  cette  l'ara  iile  qu'appartient  le  Grevillea  robusta,  R .  Br. , 
arbre  d'une  grande  taille ,  d'une  croissance  rapide,  au 
l'euillage  d'une  extrême  élégance,  et  que  l'établissement  a 
acclimaté  et  répandu  déjà  en  L;rand  nombre  dans  la  colonie 
et  au  dehors.  Je  tiens  de  M,  Wilson  ({ue  le  bois  de  cet  arbre 
est  converti  en  merrain  et  très-employé  en  Australie  pour  la 
construction  des  tonneaux. 

Au-dessus  est  un  grand  massif  composé  de  iMyrtacées  de  la 
Nouvelle-Hollande.  On  y  remarque  onze  espèces  de  Cnlliste- 
mon^  des  Metrosidcros,  des  Leptosperimun ,  des  Tristania, 
des  Melaleuca,  des  Fabricia^  et  enfin  une  quinzaine  d'espèces 
à'Eucali/ptiis,  parmi  lesijuels  sont  hiùiEucalijpttis  glolmlus, 
Labill.,  plantés  au  mois  d'aviil  180-2,  ayant  de  0",30  à  0"',60 
de  hauteur.  En  ce  moment,  deux  de  ces  arbres  ont  5  mètres 
de  haut,  et  le  pins  petit  a  2  mètres  passés.  Les  Ei/cah/ptus, 
et  la  plupart  des  espèces  qui  peuplent  ce  groupe,  offriront  de 
précieuses  ressources  pour  le  reboisement  des  terrains  qui 
ne  seront  ni  trop  secs,  ni  trop  humides,  la  base  des  mon- 
tagnes, par  exemple. 

L'école  complète  des  Conifères  des  régions  tempérées,  qui 
doit  être  établie  dans  celte  partie  et  qui  doit  avoir  une  haute 
importance  pour  le  reboisement  des  terrains  déclives,  en 
Algérie,  a  été  commencée  par  les  espèces  les  plus  rares  et 
par  celles-là  même  qui  olfient  le  [ilus  d'intérêt  par  leurs 
grandes  dimensions. 

En  première  ligne  se  présentent  les  Arauearia.  J'ai  profité 
de  mon  voyage  en  Angleterre  pour  préparer  l'acquisition  d'un 


ESPÈCES   LIGNEUSES   EXOTIQUES   A   ALGER.  ()87 

certain  nombre  àWraucaria  de  semis,  qui  donnent  la  chance 
d'avoir  les  deux  sexes  dans  chaque  espèce  de  ces  végétaux,  et 
de  pouvoir  arriver  ainsi  ta  récolter  des  graines  fertiles.  Nous 
possédons  déjà  quelques  beaux  exemplaires  de  V Araucaria 
excelsa,  dont  un  n'a  pas  moins  de  26  mètres  de  haut,  portant, 
depuis  cinq  à  six  ans,  des  cônes  femelles  qui  ne  peuvent  être 
fécondés  et  qui  tombent  sans  donner  de  graines. 

J'ai  donc  pu  installer  à  l'automne  dernier,  dans  cette  partie 
déclive,  l'I  Araucaria  excclsa^  R.  Br.,  de  l'île  de  Norfolk; 
(S  Araucaria Cookii,  R.  Br.,  delà  Nouvelle-Calédonie;  i'I  Arau- 
caria hidwillii,  Hook. ,  originaires  de  Moi'eton-bay  (Australie)  ; 
6  Araucaria  Cunningharni,  iW{. ,  de  Moreton-bay,  et  71  Arau- 
caria brasiliensis,  Ach.  Rich.,  originaires  des  montagnes  du 
Brésil  et  provenant  de  nos  semis.  Nous  avons  déjà  quelques 
beaux  exemplaires  de  cette  espèce,  dont  un  a  donné  des  fleurs 
mâles  l'année  dernière ,  mais  à  un  moment  qui  n'a  pas 
coïncidé  avec  l'apparition  des  cônes  femelles  de  V Araucaria 
excelsa,  et  ([ui  n'a  pas  permis  d'en  essayer  la  fécondation 
artilîcielle. 

Il  existe  à  la  pépinière  du  gouvernement,  à  Philippeville, 
une  belle  ligne  de  ces  Araucarias  du  Brésil,  dont  plusieurs  ont 
donné  des  graines  fertiles  l'année  dernière.  Voici  l'origine  de 
ces  sujets.  En  18/i9,  les  pépinières  de  Trianon  possédaient 
un  grand  nombre  déjeunes  plants  de  cette  espèce.  Il  en  fut 
fait  don  pour  nos  établissements.  La  répartition  en  a  été  faite 
par  mes  soins  entre  les  diverses  pépinières  de  l'Algérie,  mais 
ils  ne  réussirent  qu'à  la  pépinière  de  Philippeville  et  au 
jardin  d'acclimatation,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  cependant 
qu'ils  ne  puissent  venir  que  dans  ces  deux  localités. 

Quant  à  V Araucaria  imbricata^  Pav.,  originaire  du  Chili, 
j'ai  fait  plusieurs  tentatives  pour  son  acclimatation,  qui  sont 
demeurées  sans  succès.  Quelle  que  soit  l'exposition  que  je  lui 
aie  donnée,  il  n'a  pu  résister  à  nos  chaleurs  d'été. 

A  côté  des  Araucarias  ont  été  plantées  cinq  espèces  de 
JJamniara.  Les  Dammara  sont  de  très-grands  arbres  résineux, 
au  tronc  droit  et  élancé,  aux  branches  étagées,  aux  feuilles 
grandes,  épaisses 'et  coriaces,  par  opposition  aux  feuilles  aci- 


6<S8        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aGGLIMATATION. 

culaires  des  Pins.  Ils  sont  originaires  des  îles  Moluques,  de 
la  Nouvelle-Zélande,  de  la  Nouvelle-Calédonie,  el  probablement 
de  quelques  autres  points  de  l'Océanie.  Le  bois  de  ces  arbres 
est  d'une  qualité  égale,  sinon  supérieure,  à  celle  du  Pin  de 
Riga.  Il  est  susceptible  d'un  beau  poli.  Les  Dammara,  à  cer- 
taines époques  de  l'année ,  laissent  fluer  une  résine  très- 
abondante,  qui  devient  cassante,  qui  aune  odeur  aromatique 
et  est  propre  à  la  préparation  d'excellents  vernis.  L'industrie 
l'emploie  de  plus  en  plus,  et  elle  est  connue,  dans  le  com- 
merce ,  sous  les  noms  de  ijoimne  dammara  et  de  <jomme 
kauri.    On  rapporte  que    la   résine  qui  s'échappe  de   ces 
arbres  naturellement  est  tellement  abondante,  qu'elle  couvre 
le  sol  sur  de  grandes  étendues  et  sur  une  grande  épaisseur,  à 
tel  point  'que  le  célèbre  navigateur  Cook  et  ses  compagnons 
crurent  d'abord  à  des  coulées  de  lave  échappées  de  volcans. 
L'acclimatation  de  ces  précieux  arbres  ici  peut  être  consi- 
dérée comme  inliniment  probable,  sinon  tout  à  lait  certaine, 
et  ce  serait  une  très-précieuse  acquisition  pour  nos  cultures 
forestières. 

Dans  ce  même  groupe  sont  disséminés  des  Taxas,  Cepha- 
lotaxus,  Dacrydium,  Torreya  et  des  Podocarpus.  Les  Podo- 
carpus  sont  des  arbres  conifères  très-intéressants,  dont  la 
dimension  varie  de  10  à  oO  mètres  d'élévation  ,  selon  les 
espèces,  dont  le  bois  est  dur,  et  qui  sont  originaires  princi- 
palement du  cap  de  Bonne-Espérance,  de  l'Inde,  de  la  Chine, 
du  Japon  et  de  l'Australie, 

Un  autre  groupe  attenant  a  été  composé  de  Pins  à  longues 
feuilles,  originaires  du  Népaul,  du  Mexique,  de  la  Californie 
et  des  Canaries.  Déjà  une  plantation  de  Pins  de  celte  dernière 
origine,  qui  remonte  à  huit  ans,  commence  à  donner  des 
cônes  renfermant  des  graines  fertiles.  Un  autre  groupe  est 
composé  de  sept  espèces  de  Ckisaarina,  arbres  d'un  grand 
intérêt  à  plus  d'un  titre.  La  saison  prochaine,  ces  plantations 
de  conifères  seront  étendues  et  complétées  par  les  espèces  qui 
n'y  tîgurent  pas  encore. 

Sous  le  premier  lacet  de  la  grande  allée,  a  été  plantée  une 
nouvelle  école  d'arbres  fruitiers  à  feuilles  caducjues ,  pour 


Eï^PÈCES   LIÛNEUSE.S    EXOTtQUES   A   AL(!GR.  689 

remplacer  celle  qui  était  installée  clans  le  bas  et  dont  les  sujets 
sont  complètement  épuisés.  Cette  plantation  se  compose  des 
meilleures  variétés  de  Poiriers,  de  Pommiers,  Pêchers,  Abri- 
cotiers, etc.,  que  l'expérience  nous  a  démontré  réussir  le 
mieux  ici. 

Je  ne  terminerai  pas  cette  notice  sur  nos  plus  récents 
essais  d'acclimatation  sans  dire  quelques  mots  du  Bambou. 

Le  Bambou,  dans  ses  diverses  espèces  et  variétés,  joue  un 
i;rand  rôle  dans  l'économie  domestique  des  Asiatiques.  On  en 
compte  plus  de  quatre-vingts  applications  diverses.  Devant  la 
belle  venue  de  ceux  du  jardin  d'acclimatation ,  où  l'on  voit 
des  jets  ou  chaumes  de  /|5  centimètres  de  circonférence  à  la 
base  et  de  18  à  20  mètres  de  hauteur,  on  peut  se  convaincre 
que  ce  végétal  est  appelé  à  rendre  de  nombreux  services  en 
Algérie,  où  malheureusement  le  bois  de  construction  est  rare, 
ou  du  moins  peu  à  la  portée  des  cultivateurs,  qui  sont  obligés 
d'acheter  dans  les  ports  les  bois  qui  viennent  de  Trieste  et  de 
Russie.  Les  gros  jets  de  Bambou  [leuveiit  servir  à  beaucoup 
de  constructions  rurales,  telles  que  hangars,  séchoirs,  ber- 
geries, à  des  clôtures,  etc. 

L'attention  ne  paraît  pas  encore  avoir  été  suffisamment 
éveillée  sur  les  avantages  de  ce  précieux  végétal,  et  les  plan- 
tations de  cette  espèce  n'ont  pas  fait  jusqu'ici  beaucoup  de 
progrès.  Cependant  certaines  dépouilles  du  Bambou  ont  été 
recueillies  cà  terre,  dans  l'établissement,  par  les  promeneurs, 
et  l'on  en  a  composé  des  objets  de  fantaisie  qui  ont  pris  la  plus 
grande  faveur.  On  a  laissé  commettre  ces  innocents  larcins 
sans  y  apporter  d'obstacles,  imitant  à  peu  prés  la  manière 
dont  s'y  prit  Parmentier  pour  vulgariser  la  Pomme  de  terre. 

Le  bourgeon  du  Bambou,  en  naissant,  est  enveloppé  par 
des  espèces  d'écaillés  que  l'on  nomme,  en  botanique ,  des 
ligules. 

Lorsque  le  bourgeon  est  développé,  ces  ligules,  qui  accom- 
pagnent chaque  nœud,  se  détachent  et  tombent  à  terre.  Elles 
ont  une  forme  trapézoïde;  leur  surface  intérieure  est  lisse  et 
comme  vernissée,  tandis  que  la  surface  extérieure  est  ru- 
gueuse et  souvent  revêtue  de  poils   courts  et  caducs.  La 

T.  \.  —  Novembre  18t)3.  /i4 


690       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

dimension  de  ces  organes  est  de  0"',35  à  0'",/iO  de  hauteur, 
sur  0"',30  à  0"',35  de  largeur  à  la  base. 

L'industrie  fantaisiste  s'est  emparée  de  ces  productions,  et 
en  a  fait  divers  objets  de  salon ,  tels  qu'éventails,  écrans, 
boîtes,  etc.,  décorés  et  ornés  au  moyen  de  la  décalcomanie , 
qui  sont  devenus  tout  à  coup  à  la  mode,  sont  très-recherchés 
et  très-demandes.  On  en  a  expédié  partout,  et  plus  d'un  indus- 
triel a  fait  sa  petite  récolte  productive  sous  l'allure  du  prome- 
neur amateur  des  produits  exotiques. 

Il  pourrait  très-bien  se  faire  que  cette  application  toute 
futile  contribuât  beaucoup  plus  à  populariser  le  Bambou  que 
la  considération  de  ce  qu'il  peut  avoir  de  sérieusement  utile. 
Souvent  pkisieurs  voies  s'offrent  pour  répandre  et  vulgariser 
un  végétal  ;  il  est  presque  toujours  prudent  et  convenable  de 
n'en  négliger  aucune. 


.. .   ■  NOTE 

SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  QUI  PEUT  ÊTRE  DONNÉ  A  LA  CULTURE 

DU  COTON   EN    ALGÉRIE 

'  ~  PAR   LES  ARABES, 

l*ar  AB.  le  vicomte  J.  de  CiAIVTÛS, 

Sous-Préfyt  do  Bone. 


(Séance  du  15  mai  1863.) 


Une  association  pour  la  culture  du  Coton  vient  de  se 
former  dans  Tarrondissement  de  Bone,  entre  un  certain 
nondjre  d'indigènes  et  un  Européen,  capitaine  en  retraite, 
ancien  chef  du  bureau  arabe  militaire  de  Bone. 

Aux  termes  de  la  convention  passée  entre  les  parties  con- 
tractantes, les  indigènes  s'engagent  à  fournir  la  main-d'œuvre 
et  les  terrains. 

L'Européen,  de  son  côté,  doit  faire  les  avances  de  fonds, 
mettre  à  la  tète  des  chantiers  des  contre-maîtres  expérimen- 
tés, surveiller  les  cultures,  faire  procéder  à  l'égrenage,  à 
l'expédition  et  à  la  vente  des  produits;  les  bénéfices  seront 
partagés  par  moitié. 

Cette  entreprise  est  un  fait  d'une  grande  importance,  car  il 
peut  exercer  une  influence  décisive  sur  le  développement  de 
la  production  du  Coton  en  Algérie. 

En  ellel,  l'extension  de  cette  culture  chez  les  Européens 
rencontre  des  difficultés  sérieuses  :  d'abord  la  main-d'œuvre 
y  est  rare  et  chère,  et  les  colons  ne  peuvent  cultiver  le  Coton 
avec  quelque  chance  de  bénéfice  qu'à  condition  d'en  limiter 
la  culture  au  nombre  de  bras  dont  se  compose  leur  famille  ; 
de  plus,  les  terrains  qu'ils  possèdent  ne  sont  pas  tous  propres 
à  cette  culture,  ce  qui  fait  qu'en  définitive  la  quantité  de 
Coton  que  les  Européens  peuvent  produire,  ne  peut  être  pour 
le  moment  que  fort  restreinte. 

Pour  qu'ils  puissent  arriver  à  une  production  importante, 
il  faudrait  préalablement,  par  des  travaux  d'assainissement 


692         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

et  d'irrigation,  mettre  les  vastes  plaines  marécageuses  de 
l'arrondissement  en  état  de  les  recevoir,  y  construire,  pour 
les  abriter,  des  établissements  considérables  ;  il  faudrait  enfin 
se  préoccuper  des  moyens  d'amener  par  une  immigration 
importante  les  bras  qui,  en  ce  moment,  font  défaut.  Une 
pareille  entreprise  n'est  réalisable  qu'à  l'aide  de  capitaux 
considérables,  et,  en  admettant  que  des  compagnies  par- 
viennent à  les  réunir,  ce  ne  sera  jamais  que  dans  un  temps 
assez  reculé  qu'elles  commenceront  à  produire  des  résultats 
sensibles. 

Si ,  au  contraire ,  on  parvenait  à  faire  prendre  goût  aux 
Arabes  à  la  culture  du  Coton,  la  [»roduction  pourrait  immé- 
diatement s'élever  à  un  chiffre  très-important. 

En  effet,  il  est  prouvé  aujourd'hui,  par  les  nombreux  essais 
tentés  dans  l'arrondissement,  que  le  longue-soie  y  réussit 
parfaitement,  même  sans  irrigation,  à  condition  seulement 
d'en  limiter  la  culture  aux  terraiiis  légers,  profonds  et 
humides,  comme  il  en  existe  beaucoup  ici  sur  les  bords  des 
cours  d'eau,  des  marais  et  dans  toutes  les  plaines  basses  et 
marécageuses. 

Ces  terrains,  qu'il  serait  impossible  en  l'état  de  livrer  aux 
Européens,  parce  qu'ils  seraient  })our  eux  d'une  insalubrité 
mortelle,  et  parce  que  leur  éparpillement  en  parcelles  nom- 
breuses, au  milieu  des  marécages,  nécessiterait  de  multiplier 
à  l'infini  les  constructions,  peuvent,  entre  les  mains  des  indi- 
gènes, produire  immédiatement  du  Coton  sans  qu'il  soit 
nécessaire  d'y  consacrer  préalablement  des  capitaux  énormes, 
attendu  que  l'Arabe  est  fait  à  l'insalubrité  de  ces  contrées,  et 
(jue  son  mode  d'existence  lui  permet  de  grouper  à  peu  de 
frais,  autour  des  lois  de  culture  quelque  petits,  quelque  dissé- 
minés qu'ils  soient,  des  bras  en  quantité  suffisante,  et  surtout 
cette  main-d'œuvre  éc(jnomique  et  si  précieuse  que  four- 
nissent les  feaunes  e!  les  eiifaiils.  : 

Si  donc  il  est  prouvi'',  d'une  part,  que  le  Coton  réussit  par- 
faitement dans  certaines  terres  qui  existent  en  gi'ande  quan- 
tité en  pays  arabe  ;  si,  tl'autre  ])art,  il  est  constant  que  la 
population  indigène  possède,  par  sa  main-d  œuvre  abondante 


CULTURE  DU  COTON  EN  ALGÉRIE.  693 

et  économique,  par  son  acclimatation,  ([ui  la  met  à  l'abri  des 
chances  de  mortalité,  les  condilions  les  plus  favorables  pour 
produire  le  Coton  avec  avantage,  il  ne  reste  plus  qu'.à  trouver 
le  moyen  de  lui  faire  prendre  assez  de  goût  à  celte  culture, 
pour  qu'elle  arrive  à  lui  donner  le  développement  qu'a  pris 
depuis  quelques  années  la  culture  des  céréales. 
■  Ce  moyen  doit  consister  à  les  amener  à  tenter  un  premier 
essai  dans  des  conditions  telles,  (ju'un  résultat  pécuniaire 
avantageux  vienne,  avec  certitude,  couronner  leurs  elTorts. 

Sous  ce  rapport,  Tassocialion  qu'ils  ont  contractée  donne 
les  plus  sérieuses  espérances. 

Certainement,  il  ne  fout  pas  se  dissimuler  qu'en  dehors  des 
conditions  de  succès  que  renferme  celte  entreprise,  il  restera 
toujours  à  vaincre  l'indolence,  la  routine  et  l'insouciance  des 
Arabes  ;  mais  cet  obstacle  n'est  pas  insurmontable,  car  ce  serait 
fermer  les  yeux  à  la  lumière  que  de  nier  les  modifications 
que  le  besoin,  l'appât  du  gain  et  le  frottement  des  Européens, 
introduisent  de  plus  en  plus  dans  les  habitudes  des  indigènes. 

Chaque  jour,  en  effet,  nous  constatons  les  nouveaux  pro- 
grès de  cette  transformation.  Ainsi,  dans  le  caïdat  de  l'Edough, 
où  la  propriété  privée  s'est,  pour  ainsi  dire,  constituée  d'elle- 
même,  le  service  forestier  est  obligé  de  lutter  avec  la  plus 
grande  énergie  contre  l'envahissement  des  défrichements 
opérés  par  les  Arabes  avec  des  efforts  et  une  persévérance 
inouis  pour  agrandir  le  cercle  de  leurs  cultures.  Dans  la  con- 
cession Lecoq  et  Bertou,  le  transport  des  charbons,  opéré 
d'abord  par  des  Européens,  est  accaparé  aujourd'hui  par  les 
indigènes,  entre  les  mains  desquels  cette  compagnie  verse 
30  000  francs  par  an  pour  cette  seule  branche  de  son  indus- 
trie. A  rOued-Amiloud,  chez  M.  Schmalet,  le  démasclage  des 
Chênes-hége ,  qui  était  fait  autrefois  par  des  Kabyles,  ne 
s'opère  plus  que  par  des  Arabes  du  pays,  devenus  aussi  habiles 
et  aussi  durs  au  travail  que  leurs  prédécesseurs.  A  Ain-Barbar, 
chez  M.  Labaille,  aux  mines  de  Kef-Oum-Théboul,  ta  la  Galle, 
des  hommes,  des  femmes,  des  enfants  indigènes  sont  employés 
au  concassage,  au  triage  du  minerai,  et  y  déploient  autant 
d'intelligence  et  d'adresse  que  les  Européens. 


69/i       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

A  rOued-el-Aneb,  chez  M.  Besson,  la  labrication  du  charbon, 
qui  exigeait  l'enrôlement  d'Européens  embauchés  à  grands 
frais  en  Italie  et  en  Espagne,  commence  à  passer  dans  les 
mains  des  indigènes,  et  la  compagnie  espère  bientôt  n'avoir 
plus  à  subir  les  exigences  des  Européens. 

On  le  voit,  le  caractère,  les  habitudes  des  Arabes  ne  sont  pas 
absolument  réfractaires  aux  innovations  qui  exigent  une  plus 
grande  somme  de  soins  et  de  fatigue  que  leurs  travaux  ordi- 
naires, du  moment  que  leur  intérêt  est  enjeu  et  qu'ils  ont  en 
perspective  un  résultat  pécuniaire  avantageux  et  certain. 

Pourquoi  donc  n'en  serail-i!  pas  ainsi  pour  la  culture  du 
Colon?  Le  haut  prix  auquel  l'a  fait  monter  la  guerre  d'Amé- 
rique assure  à  ce  précieux  textile  un  débouché  certain  et  des 
plus  rémunérateurs  ;  et  l'association  des  indigènes  avec  un 
Européen  capable,  actif,  initié  à  leurs  mœurs,  à  leur  langage, 
garantit  le  succès  de  celle  entreprise. 

Que  cet  essai  réussisse,  qu'il  donne  aux  associés  de  beaux 
bénéfices,  et,  l'année  prochaine,  la  plus  grande  partie  de  la 
population  arabe  voudra  cultiver  le  Coton. 

La  superficie  des  terrains  dont  il  est  question  plus  haut, 
et  (jui  se  trouvent  dans  les  conditions  les  plus  favorables  pour 
la  culture  du  Coton  par  les  indigènes,  s'élève  dans  l'arron- 
dissement à  plus  de  3  000  hectares.  En  calculant  h  500  kilogr. 
seulement  le  rendement  de  l'hectare,  on  arrive  au  chifire  de 
1  ôOO  000  kilogr.  que  l'arrondissement  de  Bone  pourrait  à  lui 
seul  livrer  au  marché  européen,  sans  tenir  compte  des  quan- 
tités qui  pourraient  être  produites  par  les  Européens! 

Dans  les  conditions  actuelles,  provoquer  en  Algérie  le 
développement  de  la  culture  du  Coton,  amener  notre  colonie 
à  produire  sur  une  vaste  échelle  cette  matière  première 
indispensable  à  nos  manufactures,  c'est  faire  une  œuvre  utile 
à  la  France  et  profitable  à  l'Algérie;  c'est  ménager  du  travail 
aux  populations  ouvrières  de  la  mère  patrie,  c'est  les  arra- 
cher à  l'humiliation  de  tendre  la  main;  c'est  en  même  temps 
profiter  des  circonstances,  on  ne  peut  plus  f^ivorables,  pour 
vulgariser  en  Algérie  une  culture  appelée  à  l'enrichir. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DES   SÉANCES  DU  CONSEIL    DE    LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE    DU    30    OCTOBRE    1863.  .    • 

Présidence  de  M.  Frédéric  Jacquemart,  et  ensuite  de  M.  Drouyn  De  Lhuys. 

Le  proccs-verlDal  de  la  séance  précédenle  est  lu  et  adopté. 
Le  Conseil  admet  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 
MM.  AuiJARET,  capitaine  de  frégate,  chargé  du  consulat  de 

France  à  Bangkok  (Siam). 
BoNNiÈRE  (Jean),  négociant  à  Clermont-Ferrand. 
BoNREPos  (Gaston  de),  au  chcàteau  de  Fonblin,  près  de 

Savigneux,  par  Trévoux  (Ain). 
CosTAiNTiNi  (le  docteur  Jérôme),  propriétaire  à  Venise. 
GuiLLARD,  homme  de  lettres,  à  Paris. 
Jeannel  (le  docteur),  professeur  à  l'École  de  médecine 

de  Bordeaux. 
Mermet  DE  Cachon  (l'abbé),  préfet  apostolique  du  Japon, 

à  Hacodate  (Japon). 
Nubar-pacha  (S.  Exe),  à  Alexandrie  (Egypte). 
Phan-Than-Gian  (S.  Exe),  premier  ambassadeur  de  S.  M. 

le  roi  d'Anam,  à  Paris. 
S.\NTA  Quiteria  (le  vicomte  de),  envoyé  extraordinaire 

et  ministre  plénipotentiaire  de  S.  M.  le  Boi  de  Portugal 

près  S.  M.  l'Empereur  d'Autriche,  à  Vienne. 

—  M.  le  Président  informe  le  Conseil  de  la  perte  regrettable 
que  la  Société  vient  de  faire  de  l'un  de  ses  membres,  M.  Bailly 
de  Saint-Hilaire  des  Loges. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  annonce 
que  Leurs  Majestés  l'Empereur  de  Turquie,  le  Boi  de  Suède 
et  de  Norvège,  et  le  Boi  des  Hellènes,  ont  daigné  autoriser  l'in- 
scription de  leurs  noms  sur  la  liste  des  augustes  protecteurs 
de  la  Société.  M.  le  Président  communique  en  outre  une  lettre 
de  S.  Exe.  M.  l'ambassadeur  de  Turquie,  annonçant  que 
l'Empereur  a  généreusement  mis  à  la  disposition  de  la  So- 
ciété une  somme  de  5000  francs. 

Le  Conseil,  voulant  perpétuer  le  souvenir  de  ce  témoignage 


696       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION, 

de  la  haute  munificence  de  Sa  Majesté,  décide,  par  un  vole 
unanime  ,  qu'nn  prix  spécial  sera  décerné  dans  la  séance 
annuelle  delà  Société,  au  nom  de  l'Empereur  de  Turquie. 

—  M.  le  Président  dépose  ensuite  diverses  communications 
qui  lui  ont  été  adressées  par  M.  Dufour ,  notre  honorable 
délégué  à  Constanlinople,  relativement  à  Tadhcsion  de  Sa 
Majesté. 

—  Des  lettres  de  remercîments  pour  leur  récente  admission 
sont  adressées  par  MM.  Germain,  Périer,  Roussy  et  Soudry. 

—  M.  le  Président  écrit  pour  faire  connaître  que  M.  le 
directeur  de  l'exploitation  de  la  ligne  de  Paris  à  Lyon  et  à  la 
Méditerranée  a  l)ien  voulu,  sur  sa  demande,  recommander 
particulièrement  aux  soins  des  agents  de  la  Compagnie  les 
animaux  destinés  à  la  Société,  venant  par  la  voie  de  Marseille. 

—  M.  le  Président  transmet  les  lettres  qu'il  a  reçues,  au  num 
de  LL.  MM.  le  Roi  et  la  Reine  d'Espagne,  le  Roi  de  Prusse,  le 
Roi  des  Pays-Ras  et  le  Ministre  des  armes  du  Saint-Père, 
et  qui  renferment  des  remercîments  pour  les  exemplaires 
de  l'ouvrage  de  M.  Richard  (du  Cantal)  :  Etude  du  cherul 
de  service  et  de  guerre,  envoyés  par  la  Société. 

—  Une  autre  lettre  de  M.  le  Président  annonce  que 
M.  Grimblot,  agent  vice-consul  de  France  à  Pointe  de  Calles, 
lui  écrit  qu'il  n'attend  que  le  passage  d'un  transport  pour 
envoyer  un  jeune  Eléphant  parfaitement  privé.  Ce  jeune 
Éléphant  a  été  mis  à  la  disposition  de  M.  Grindjlot  par  le  gou- 
verneur de  l'île  de  Ceylan,  sir  Charles  Mac  Carthy,  pour  le 
Jardin  d'acclimatation. 

—  M.  le  docteur  Sacc,  par  une  lettre  du  5  octobre,  appelle 
l'allention  de  la  Société  sur  l'intérêt  qu'il  y  aurait  h.  provo- 
quer, de  la  part  de  MM.  les  agents  du  ministère  des  affaires 
et  de  celui  de  la  marine,  résidant  à  l'étranger,  la  rédac- 
tion aussi  complète  que  possible  d'une  sorte  de  catalogue 
des  animaux  domestiques  et  domesticablcs  dans  toutes  les 
parties  du  globe,  ainsi  que  des  plantes  utiles  rangées  par 
ordre  d'utilité  ,  en  leur  envoyant  la  liste  des  espèces  animales 
et  végétales  que  nous  connaissons  déjà  dans  les  contrées  où 
ils  résident  et  que  nous  pourrions  désirer.  Notre  honorable 


PROCÈS-VERJUUX.  697 

collègue  entre  ensuite  dans  quelques  détails  destinés  à  pré- 
ciser sa  pensée,  et  demande  qu'une  commission  soit  chargée 
de  préparer  la  liste  de  toutes  les  espèces  utiles  élevées  ou 
cultivées  dans  toutes  les  régions,  avec  indication  des  tem- 
pératures extrêmes  jiour  chacune  d'elles  et  de  leurs  autres 
conditions  climatériques. 

M.  le  Président  rappelle  que  ce  vœu  de  M.  Sacc  a  été 
prévenu,  et  qu'une  circulaire  a  été  préparée  et  adoptée  par 
le  Conseil  pour  être  expédiée  très -prochainement.  (Voyez 
page  ôOSJ 

—  M.  P.  Ramel  inl'orme  la  Société  que  M.  le  docteur 
F.  Muellor,  de  Melbourne,  dans  une  lettre  particulière,  lui 
annonce  qu'il  envoie  au  jardin  zoologique  de  Londres  divers 
animaux  d'Australie,  dont  quelques-uns  sont  destinés  à  notre 
Jardin  d'acclimatation.  - 

—  La  Société  a  reçu  également  de  M.  Black,  président  de  la 
Société  d'acclimatation  de  Victoria,  l'avis  qu'une  collection 
de  neuf  animaux  australiens  a  été  expédiée  de  Melbourne,  le 
31  juillet,  pour  notre  Société.  M.  Ramel  a  été  informé  de 
son  côté  que  M.  Mueller  y  a  joint,  en  son  propre  nom,  deux 
Colluricinda  harmon ica . 

—  M.  le  Président  dépose  un  extrait  du  Moniteur  beli/e, 
envoyé  par  M.  Dutrône,  qui  a  successivement  assisté,  comme 
délégué  do  la  Société,  aux  congrès  tenus  en  1862  à  Bruxelles 
et  cette  année  cà  Gand ,  par  l'Association  pour  le  progrès 
des  sciences  sociales.  Cet  extrait  contient  :  d'une  part^  le 
rapport  présenté  au  dernier  congrès,  sur  les  concours  pour 
lesquels  noti'e  honorable  confrère  avait  offert  trois  médailles 
d'or,  dont  l'une  seulement  a  été  décernée;  d'autre  part,  le 
programme  des  nouveaux  prix  fondés  par  lui  pour  la  pro- 
chaine réunion  de  l'Association,  qui  aura  lieu,  en  J8C54,  à 
Amsterdam.  Le  Conseil  s'associe  tout  entier  aux  remercîments 
déjà  adressés,  en  son  nom,  par  M.  le  Président,  à  M.  Dutrône, 
pour  le  généreux  appui  qu'il  prête  à  la  propagation  des  idées 
que  la  Société  d'acclimatation  a  pour  but  de  i-épandre. 

—  M.  Jules  Schlumberger,  de  Gucbwillcr  (Haut-lUiin), 
annonce  que,  sur  le  désir  que  lui  en  a  exprimé  M.  René 


608         SOCIÉTÉ   IMPÉUIALE   ZOOLUGIQL'E   DACCLIMATATION. 

Caillaud,  il  expédie  au  Jardin  d'acclimatation  un  jeune  Lièvre 
des  Vosges.  ,  .     , 

—  M.  le  directeur  du  Jardin  dépose  une  lettre  de  M.  Le- 
blanc, de  Bléré  (Indre),  sur  les  Léporides.  (Voyez  page  689.) 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  fait  par- 
venir une  lettre  qu'il  a  reçue,  en  date  de  Quito,  le  6  septembre, 
et  par  laquelle  M.  Fabre,  consul  général  de  France  dans  cette 
ville,  l'informe  de  l'embarquement  des  Lamas  et  Alpacas 
offerts  à  l'Empereur  par  le  président  do  l'Equateur.  M.  Fabre 
ajoute  que  malbeureusement  M.  le  capitaine  de  vaisseau  de 
Cornulier  ,  commandant  la  corvette  la  Galatéc  ,  qui  les  a 
reçus  à  son  bord  à  Guayaquil,  lui  a  écrit  qu'il  n'est  pas  sans 
inquiétude  sur  le  succès  du  transport  de  ces  précieux  ani- 
maux pour  une  si  longue  traversée. 

—  M.  E.  Roehn  écrit  du  Callao,  le  29  septembre,  pour  in- 
former la  Société  que  le  troupeau  de  Lamas  et  d'Alpacas  oflerts 
à  l'Empereur  par  le  gouvernement  péruvien,  n'est  pas  encore 
réuni,  et  joint  à  sa  lettre  diverses  pièces  relatives  à  cette 

affaire. 

—  M.  Roebn  annonce  en  outre  qu'il  préparc  l'envoi  de  plu- 
sieurs caisses  de  végétaux  utiles  recueillis  par  lui  pendant  son 
séjour  au  Pérou. 

M.  le  secrétaire  dépose  un  certain  nombre  de  pièces  de 

correspondance  relatives  à  des  demandes  de  cbeptels  de 
Lamas  et  d'Alpacas,  adressées  par  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la 
guerre  pour  l'Algérie;  par  la  Société  centrale  d'agriculture, 
d'horticulture  et  d'acclimatation  de  Nice,  avec  une  note  de 
M.  Emile  Thomas  sur  la  localité  de  cette  région  qui  convien- 
drait k  ces  animaux;  par  M.  Lecoq,  délégué  à  Clermont-Fer- 
rand,  pour  un  propriétaire  de  son  département  ;  par  MM.  Andel, 
à  Lavaux  (Puy-de-Dôme)  ;  de  Cczac,  à  Montignac  (Dordogne); 
le  marquis  d'Argent,  à  Bouville  (Eure-et-Loir);  Hœffely,  à 
Pfastatt  (Ilaut-Khin);  par  M.  F.  Zuber,  délégué  à  Mulhouse, 
pour  deux  propriétaires  de  son  département,  et  par  M.  de 
Monseignat,  au  Cluzet  (Aveyron). 

—  M.  de  Bouchaud  de  Bussy,  en  offrant  ses  remerciments 
pour  des  graines  qui  lui  ont  été  envoyées,  demande  à  être 


PKOCÈS-VERBAUX.  69t^S 

inscrit  pour  tles  Moutons  Ong-ti,  et  annonce  qu'il  va  l'aire  par- 
venir au  Jardin  d'acclimatation  (luelqucs  paires  de  Gangas. 

—  M.  le  docteur  Sacc  adresse  deux  Notices  manuscrites, 
l'une  sur  le  Dindon,  l'autre  sur  les  Grues.  (Voy.  p.  647. ) 

—  M.  Lamiral,  par  une  lettre  datée  de  Port-de-Buuc,  le 
1"  octobre  ,  annonce  à  M.  le  Président  que  les  jeunes  Muges 
qui  étaient  éclos,  le  '25  septembre,  dans  ses  bassins  d'alevinage, 
avaient  tous  [)éri  le  '28,  et  qu'il  croit  devoir  attribuer  cet  acci- 
dent à  deux  causes  principales  :  d'abord  le  transport  obligé 
de  ses  bassins  d'alevinage  dans  l'intérieur  de  la  maison  des 
Salins,  par  suite  de  rabaissement  de  la  température  qui 
descendait  jusqu'à  M  degrés  centigrades  pendant  la  nuit; 
ensuite  la  modification  apportée  dans  les  dispositions  des  bas- 
sins, qui,  au  lieu  de  l'eau  llltrée  au  travers  des  éponges  et 
des  tissus  garnissant  les  robinets  et  les  sipbons  de  l'appareil 
d'éclosion,  recevaient  alors  l'eau  du  canal  déversée  dans  une 
grande  terrine  faisant  otïice  de  réservoir  ;  d'oii  il  est  résulté, 
daps  l'opinion  de  notre  confrère,  qu'une  myriade  de  Crevettes 
transparentes  et  microscopiques,  et  des  Infusoires  arrivés  par 
cette  eau  du  canal,  auraient  fait  disparaître  les  jeunes  pois- 
sons pendant  la  journée  du  27,  la  nuit,  et  le  lendemain  28. 

—  Une  seconde  lettre  de  M.  Lamiral,  du  1 1  octobre,  annonce 
qu'il  enverra  prochainement  à  la  Société  un  rapport  circon- 
stancié sur  la  mission  qui  lui  a  été  confiée,  et  des  notes  sur  les 
éludes  préparatoires  de  pisciculture  qu'il  a  failes  dans  l'étang' 
de  l'Olivier,  et  les  rivières  de  la  Touloubre,  de  l'Arc  et  de  la 
Durancelîe. 

—  Une  lettre  de  M.  le  docteur  Sicard,  secrétaire  général 
du  Comité  d'aquiculture  de  Marseille,  en  date  du  5  octobre, 
annonce  également  le  regrettable  insuccès  de  ses  premiers 
essais  d'éclosions  artificielles  de  Poissons  de  mer,  et  assure 
que  le  comité  va  se  mettre  en  mesure  de  recommencer  en 
temps  opportun  ces  intéressantes  expériences. 

Notre  honorable  collègue  ajoute  que  le  Comité  d'aquicul- 
ture, ayant  appris  l'envoi  annoncé  de  Chine,  par  M.  Dabry, 
d'un  baril  contenant  du  frai  de  Poissons  des  meilleures 
espèces  du  fleuve  Yang-tsee-kiang,  désirerait  vivement  rece- 


700      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'ACCLIMATATION. 

voir  une  partie  de  ces  jeunes  alevins,  s'ils  arrivent  vivants, 
espérant  que  le  climat  de  Marseille  leur  conviendrait  nriieux 
que  celui  de  Paris,  et  assurant  que  les  soins  les  plus  assidus 
leur  seraient  donnés. 

—  M.  de  Broca,  directeur  du  port  du  Havre,  l'ait  hommage 
à  la  Société  d'un  exemplaire  de  son  travail  sur  l'industrie 
huîfricre  des  Etats-Unis  et  sur  diverses  autres  questions  se 
rattachant  à  la  pêche  côtière  et  à  l'acclimalation  do  quelques 
Mollusques  et  Poissons  des  mers  d'Amérique. 

—  Notre  confrère  M.  Bretagne,  auteur  de  l'article  sur  la 
Praire  double,  inséré  au  numéro  du  Bulletin  d'avril  dernier 
(p.  IS/i),  annonce  son  prochain  départ  pour  Nice,  où  il  se  pro- 
pose de  continuer  ses  études  et  ses  recherches,  entre  cette  ville 
et  Menton,  sur  les  Mollusques  hygiéniques  et  alimentaires,  et 
en  particulier  sur  l'espèce  qui  a  fait  l'objet  de  sa  notice,  la 
Vernis  vermcosa.  Après  avoir  offert  ses  bienveillants  services 
à  la  Société,  M.  Bretagne  entre  dans  quelques  considérations 
sur  l'utilité  de  la  nuiltiplication  de  certaines  espèces  de  Mol- 
lusques, en  tête  desquelles,  sansparler  des  Huîtres,  il  mentionne 
la  Praire  double  et  les  Pholades. 

—  M.  le  docteur  Chavannes,  délégué  à  Lausanne,  écrit,  en 
date  du  29  septembre,  pour  rendre  compte  des  derniers 
résultats  de  son  éducation  d'Va-ma-maï,  et  indiquer  le  moyen 
de  reconnaître  avec  certitude  les  œufs  fécondés  de  cette  espèce 
de  ceux  qui  ne  le  sont  pas,  et  de  se  mettre  en  mesure  d'élever 
les  jeunes  Vers  au  printemps  avec  le  Cognassier,  à  défaut  de 
feuilles  de  Chêne,  et  en  attendant  qu'on  en  ait  obtenu.  (Voyez 
page  609.) 

—  Notre  confrère  M.  Roy,  de  Chàlons-sur-Marne,  adresse 
un  Mémoire  manuscrit  ayant  pour  titre  :  Considératiom  sur 
r acclimatation  du  Bombyx  Arrindia  (Ver  à  soie  du  Ricin). 
(Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  l'abbé  Foresta,  vice-président  de  la  Société  centrale 
d'agriculture  et  d'acclimatation  des  Basses-Alpes,  adresse,  au 
nom  de  celte  Société,  une  demande  de  diverses  espèces  de 
graines. 

—  M.  le  président  de  la  Société  d'agriculture  et  d'horticul- 


PROCÊS-VERBAUX.  70 1 

ture  de  Loulians  (Saône-et-Loire),  fait  parvenir  un  compte 
rendu  des  résultats  de  la  culture  de  végétaux  dont  les  graines 
lui  ont  été  envoyées  par  notre  Société. 

—  Un  rapport  sur  le  même  objet  est  adressé  également  par 
M.  le  président  de  la  Société  centrale  d'agriculture  du  dépar- 
tement du  Pas-de-Calais. 

—  M.  le  docteur  Berg,  délégué  h  la  Réunion,  annonce  de 
Saint-Denis,  à  la  date  du  6  septembre,  qu'il  a  reçu  le  dernier 
envoi  de  graines  expédié  par  la  Société  ;  que  les  semis  d'Ai- 
lante  faits  par  les  soins  du  comité  sont  dès  à  présent  en  me- 
sure de  nourrir  des  Vers  à  soie;  qu'il  adresse  à  M.  Caillaud  un 
mémoire  sur  le  régime  des  cours  d'eau  de  l'ile  de  la  Réunion  ; 
que  beaucoup  de  grands  propriétaires  s'occupent  sérieuse- 
ment de  sériciculture  et  de  plantations  de  Coton  ;  enfin  qu'il 
envoie  une  caisse  contenant  des  échantillons  et  des  graines 
de  divers  produits  utiles  de  la  colonie. 

—  M.  Brierre  adresse  de  nouveaux  dessins  des  produits  de 
ses  essais  de  culture  de  végétaux  exotiques  introduits  par  la 
Société. 

—  M.  le  secrétaire  du  Comice  agricole  de  Lons-le-Saulnier 
offre  ses  remercîments  pour  un  récent  envoi  de  graines. 

—  M.  le  docleur  Sacc,  par  une  lettre  du  7  octobre,  con- 
firme les  renseignements  donnés  par  M.  Barbier  dans  sa  note 
sur  la  Chufa  et  sa  culture  (voy.  au  Bulletin,  p.  "MxQ).  M.  Sacc 
pense  que  sa  culture  devrait  être  introduite  dans  les  terres 
sablonneuses  et  fraîches  des  Bouches-du-Rhône.  Il  ajoute  que 
l'usage  de  l'orgeat  de  Chufa  (Souchet  comestible)  contre  les 
atfections  des  bronches  et  les  crachements  de  sang  ne  saurait 
être  trop  recommandé. 

—  M.  Ed.  Loarer  écrit  d'Allahabad,  le  l/j  juin,  pour  infor- 
mer M.  le  Secrétaire  général  qu'il  envoie  par  le  CandUi,  parti 
de  Calcutta,  le  9  juin,  une  petite  caisse  de  graines  d.Egle 
marmelos  à  grands  fruits,  et  de  Feronia  elephanta,  auxquelles 
il  ajoute  des  gousses  de  Calatropis  gigantea  et  d'une  curieuse 
plante  grimpante  destinées  spécialement  à  M.  Hardy,  d'Alger. 

—  M.  le  secrétaire  général  de  la  Société  d'agriculture  et 
d'horticulture  de  Vaucluse,  en  annonçant  qu'il  adressera  pro- 


702       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGiQUE    D'aCCLÎMATATION. 

chainemenl  un  comple  rendu  des  résnllals  obtenus  dans  les 
essais  de  rAilture  du  Coton  entrepris  cette  année  dans  ce 
département,  envoie  deux  échantillons  récoltés  chez  M.  le 
marquis  de  l'Épine  et  chez  M.  Ferigoule,  qui  donnent  de  très- 
belles  espérances.  •  :  -  .  . 

—  M.  le  Président  transmet,  de  la  part  de  M.  le  ministre  du 
Paraguay,  une  note  de  M.  le  docteur  Baud,  médecin  en  chef 
(les  épidémies  de  la  Seine,  sur  le  ïlié  du  Paraguay  ou  Maté, 
dont  il  avait  été  chargé  d'expérimenter  les  qualités.  M.  Baud 
assure  que  rem[)Ioi  de  ce  Thé  serait  plus  salutaire  que  celui 
du  Thé  de  Chine.  (Voyez  j).  iVM.) 

—  M.  le  baron  G.  d'Aigueperse,  en  adressant  une  demande 
(le  graines,  lait  connaître  l'état  prospère  d'un  belle  collection 
d'arbres  exotiques  cultivés  dans  sa  propriété  d'Aigueperse 
(Haute-Vienne'. 

—  M.  le  Président  transmet,  au  nom  de  M.  Bamel,  une 
note  sur  le  Cotonnier  vivace  des  Andes,  dont  notre  confrère 
a  déjà  signalé  l'acclimatation  comme  possible  en  France,  et 
qui  doit  être  prochainement  introduit  dans  la  colonie  de 
Victoria  (Australie).  (Voyez  page  693.) 

—  M.  Lucy,  de  Marseille,  demande  des  graines  d'Ortie 
Idanche  pour  en  faire  essayer  la  culture  en  Algérie.  Ces  graines 
ont  été  envoyées  à  M.  Lucy. 

—  M.  Belhomme,  de  Metz,  rendant  comple  d'un  essai  de 
culture  du  Maïs  du  Sénégal,  distribué  cette  année  par  la  So- 
ciété, pense  que  ce  Maïs  serait  une  bonne  acquisition  pour  la 
grande  culture  dans  le  midi  de  la  France  et  en  Algérie.  Cette 
espèce  lui  paraît  être  celle  qui  a  remplacé  avec  avantage  la 
Canne  à  sucre  dans  le  midi  de  l'Amérique  septentrionale. 

—  M.  Léon  Ferrer,  de  Perpignan,  envoie  quelques  pieds 
de  Cotonnier  provenant  d'un  essai  de  culture  fiiil  dans  la  pro- 
priété de  M.  Villalongue.  Les  graines,  venant  d'Egypte,  avaient 
été  adressées  directement  par  M.  le  docteur  Campanijo,  mé- 
decin de  la  Compagnie  de  l'isthme  de  Suez.  L'état  de  ces 
plants  semble  démontrer  que  la  culture  du  Coton  pourrait 
réussir  dans  les  Pyrénées-Orientales,  à  la  condition  de  semer 
de  bonne  heure. 


PROCÊS-VERBAIIX.  703 

—  M.  Gauldrée-Boilleau,  par  une  lettre  datée  de  Québec, 
le  25  septembre,  informe  M.  le  Président  (ju'il  a  fait  embar- 
quer sur  la  Colonihine,  en  destination  de  Toulon,  une  caisse 
contenant  divers  pbmts  et  graines  ou  semences  de  plantes 
du  Canada,  dont  il  donne  la  liste,  accompagnée  de  renseigne- 
ments sur  ces  végétaux.  (Voyez  p.  637.) 

— ■  M.  le  Président  remet  un  exemplaire  qui  lui  a  été 
adressé,  sur  sa  demande,  par  l'administration  du  Muséum,  du 
rapport  présenté  i)ar  M.  Milne  Edwards  à  l'Académie  des 
sciences,  sur  les  résultats  de  la  mission  de  M.  Bocourt,  cliargé, 
en  1861,  de  ramener  eu  France  les  animaux  offerts  à  l'Em- 
pereur par  les  rois  de  Siam. 

—  M.  le  secrétaire  dépose  : 

1°  Une  brochure  intitulée  :  \ouvcau  Ira'ué  sur  les  Vaches 
laitières  et  les  Taureaux  reproducteurs,  par  M.  V.  P.  Troubat, 
offerte,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  le  docteur  A.  Lecler. 

2"  Le  numéro  du  10  octobre  du  journal  le  Luçomiais, 
signalant  le  succès  des  essais  de  pisciculture  de  M.  René 
Caillaud  dans  les  rivières  de  la  Vendée,  et  particulièrement 
dans  le  Lay,  oia  notre  confrère  avait  placé,  il  y  a  trois  ans, 
de  l'alevin  de  Saumon,  et  où  l'on  pêche  communément  aujour- 
d'hui des  poissons  de  cette  espèce  qui  atteignent  6  et  7  kilo- 


grammes. 


3°  VEjjître  aux  laboureurs,  offerte  par  son  auteur,  M.  Cli. 
Peire,  de  Nancy. 

—  M.  le  Président  dépose  également,  de  la  part  de  M.  Vau- 
vert  de  Méan,  agent  vice-consul  de  France,  à  Blyth  (Angle- 
terre), une  copie  d'extrait  d'un  discours  prononcé  par  le 
docteur  Lye ,  médecin  en  chef  de  l'hôpital  Saint-George  ,  à 
Londres,  et  dans  lequel  il  est  question  d'un  nouveau  spéci- 
fique contre  les  maladies  ayant  pour  cause  la  décomposi- 
tion du  sang,  qui  pourrait  sans  doute  s'appliquer  utilement 
dans  le  traitement  des  épizooties.  ■ 

Le  Secrétaire  des  se'ances, 

L.  SOUBEIRAN. 


îll.  FAÎÎS  Di?ERS  Eî  ESTRAiTS  DE  CORRESPONDANCE. 


Lettre  de  S.  Exe.  M.  Drocyn  de  Lhuys  adressée  à  MM.  les  Membres 
du  Conseil  de  la  Société. 

Paris,  le  26  octobre  1863. 
Messieurs  et  chers  collègues, 
Le  minisire  de  l'Empereur  à  Stockholm  vient  de  m'annoncer  que  S.  M.  le  Roi 
de  Suède  et  de  Norvège  daigne  consentir  à  ce  que  son  nom  soit  ajouté  à  la  liste 
des  souverains  protecteurs  de   notre  Société.    J'ai  été  également  informé  que 
S.  M.  le  Roi  des  Hellènes  a  daigné  nous  accorder  la  même  faveur. 

.le  m'empresse  de  vous  faire  part  de  ces  nouvelles  marques  de  haute  sympa- 
thie accordées  à  l'œuvre  que  nous  poursuivons. 

Recevez,  Messieurs  et  chers  collègues,  etc.  Drouïn  de  Lhuys. 


Lettre  adressée  par  S.  Exe.  Djémil-pacha,  ambassadeur  de  Turquie, 
à  M.  le  Président  de  la  Société. 

Paris,  le  30  octobre  1863. 
Monsieur  le  Président, 

Je  m'empresse  d'informer  Votre  Excellence  que  je  viens  de  recevoir  par  le 
courrier  d'aujo\ird'liui  une  dépêche  de  Son  Altesse  Aali-pacha  ,  m'annonçant 
qu'ayant  eu  l'honneur  de  soumettre  à  Sa  Majesté  le  Sultan  les  statuts  de  la 
Société  impériale  d'acclimatation  ,  mon  auguste  maître  a  daigné  souscrire  la 
somme  de  cinq  mille  francs  pour  contribuer  à  la  prospérité  de  cette  utile  institu- 
tion créée  à  Paris,  Sa  Majesté  a  de  plus  consenti  à  ce  que  son  nom  fût  inscrit 
sur  la  liste  des  sociétaires  comme  un  des  souverains  protecteurs,  et  a  autorisé  le 
ministre  impérial  du  commerce  et  de  l'agriculture  à  enirer  en  rapports  directs 
avec  cette  honorable  Société. 

Son  Altesse  le  minisire  des  affaires  étrangères  me  charge  de  faire  connaître  à 
Votre  Excellence  cette  décision  de  Sa  Majesté,  et  de  vous  dire  que  le  Sultan  a  tenu 
à  vous  donner  ainsi,  en  votre  qualité  de  Président  de  cette  Société,  une  preuve 
indirecte  de  sa  haute  bienveillance. 

Je  vous  prie.  Monsieur  le  Président,  de  vouloir  bien  agréer  les  assurances 
réitérées  de  la  très-haute  considération  avec  laquelle  j'ai  l'honneur  d'èlre,  etc. 

Djémii,. 


Lettre  adressée  par  M.  Montravel  ,  gouverneur  de  la  Guyane  française, 
à  M.  le  Président  de  la  Société. 

Cayeiine,  le  14  aoiU  1863. 
Monsieur  le  Président, 
J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  j'ai  fait  embarquer  sur  le  transport 
l'Amazone,  parti  de  Cayenne  poin-  Toulon  le  'i  du  courant,  un  Tapir  [Maïpoury) 
femelle;  deux  Pacas,  mâle  et  femelle,  et  un  Aïra,  animaux  de  la  Guyane  que  je 
suis  heureux  d'offrir  à  la  Société  impériale  d'acclimatation,  dont  j'ai  l'honneur 
d'être  un  des  membres. 

J'aurais  désiré  vivement  pouvoir  joindre  à  cet  envoi  un  Tapir  mâle,  mais  jus- 
qu'à présent  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  m'en  procurer  un,  quelques  efforts  que 
j'eusse  faits.  J'ai  renouvelé  à  ce  sujet  les  recommandations  les  plus  pressantes 
dans  tous  les  quartiers  de  la  colonie,  et  j'espère  beaucoup  que  je  parviendrai,  à 
force  de  persévérance,  à  remplir  ce  vœu  de  la  Société  d'accUmalation. 
Veuillez  agréer,  etc. 

Le  gouverneur  de  la  Guyane  française, 

]u   T.   DE  MONTRAVEL. 


FAITS   DIVERS.  705 

Sur  ICN   L(^|ioi'ides. 

I;a  question  des  Léporides,  soulevée  par  la  présence  de  quelques  animaux 
indiqués  comme  tels  au  Jardin  d'acclimatation  du  bois  de  Boulogne,  et  men- 
tionnés dans  une  note  de  M.  JeanHeynand,  insérée  au  Bulletin,  a  donné  lieu 
à  une  vive  controverse  entre  le  Journal  d'agriculture  pratique  et  les  jour- 
naux d'as^ricullure  de  la  Charente-Inférieure.  Nous  publions,  comme  docu- 
ment dans  ce  débat,  la  lettre  ci-jointe  que  nous  avons  reçue  de  M.  Leblanc 
(de  Blé  ré). 

Blérc,  le  i"  octobre  1863. 
Monsieur, 
Eli  voulant  f;iire  choix,  pour  vous  l'adresser,  de  la  paire  de  Léporides  que  vous 
m'avez  demandée,  je  viens  de  m'apercevoir  que  sur  sept  sujets  je  ne  possède 
qu'une  femelle.  Vous  comprendrez  que  je  sois  désireux  de  la  conserver  pour  la 
rendre  au  Lièvre,  et  continuer  l'expérience,  si  c'est  possible. 

Si  vous  voulez  un  mâle,  ou  même  deux,  écrivez-le-moi,  et  je  vous  en  ferai 
l'envoi  immédiatement.  Dans  tous  les  cas,  je  vous  promels  une  femrfle  si  je 
réussis  à  avoir  d'autres  portées  ;  je  dis  si  je  réussis,  car,  ainsi  que  vous  allez  le 
voir,  l'accouplement  est  loin  (chez  moi  du  moins)  d'être  toujours  fructueux. 

Dans  la  pensée  que  vous  serez  curieux  d'avoir  quelques  renseignements  sur 
celte  nouvelle  race  passablement  contestée  ou  critiquée  à  l'heure  qu'il  est,  je 
vous  transmets  les  suivants,  que  vous  pouvez  considérer  comme  authentiques. 

Le  2.')  mai  dernier,  mon  fermier  me  donna  un  Levreau  que,  deux  mois  aupara- 
vant, un  de  ses  domestii^ues  avait  trouvé  gité  dans  les  chamjis  sous  un  versoir  de 
charrue.  Au  moment  de  la  capture,  on  le  supposait  âgé  de  trois  mois. 

Il  ne  paraît  pas  avoir  grossi  depuis,  et  il  est  tout  aussi  sauvage  que  le  premier 
jour  ;  il  ne  mange  que  la  nui(,  toute  la  journée  il  reste  blotti  dans  un  coin  de  sa 
cabane,  dont  la  porte  est  grillée;  cependant,  en  arrivant  prés  de  lui  avec  pré- 
caution dés  le  matin,  on  le  surprend  parfois  au  milieu  de  ses  femelles. 

On  l'a  mis  tout  de  suite  avec  trois  femelles  de  l'espèce  dite  Béliet\  âgées  de  cinq 
mois,  et  le  8  juillet  on  a  trouvé  dans  la  cabane  neuf  petits  mis  bas  par  l'une  de 
ces  trois  femelles.  Deux  dos  petits  étaient  sur  la  litière,  les  autres  dans  le  nid. 
On  plaça  aussitôt  les  neuf  petits  et  la  mère  à  part,  niais  elle  laissa  périr  les  deux 
qu'elle  mettait  toujours  hors  du  nid. 

Depuis  ce  temps,  les  deux  femelles  non  fécondées  sont  restées  avec  le  Lièvre, 
et  l'on  y  a  ajouté  deux  autres  femelles  un  peu  plus  jeunes  et  de  race  ordinaire,  par 
le  motif  que  celle-ci  est  plus  féconde  que  l'autre. 

On  a  remis  la  mère  des  Léporides  avec  le  mâle  ;  on  a  cru  pendant  longtemps 
qu'elle  était  pleine,  elle  offrait  tous  les  symptômes  ordinaires,  mais  décidément 
elle  ne  l'est  pas. 

L'accouplement  du  Lièvre  et  de  la  Lapine  est-il  chez  moi  l'efTet  du  hasard?  Je  ne 
le  crois  pas.  On  m'a  promis  un  autre  Levreau,  et  je  vais  renouveler  l'expérience. 
Si  je  réussis,  et  si  vous  le  désirez,  je  m'empresserai  de  vous  transmettre  de 
nouveaux  renseignements. 

Daignez  agréer,  etc.  Leblanc. 

Les  Léporides  ont,  du  lièvre,  le  poil  fauve,  un  peu  plus  clair,  les  oreilles 
allongées,  le  nez  busqué,  les  pattes  plus  larges,  et  les  doigts  plus  fendus.  Mais 
ils  présentent  tontes  les  autres  formes  du  Lapin  et  ses  allures.  Ils  se  creusent 
des  terriers.  Les  Léporides  envoyés  par  M.  Leblanc  ne  sont  pas  exaclement 
semblables  à  ceux  que  Ton  avait  précédemmcnl,  et  que  l'on  croyait  provenir 
de  M.  r.oux  (de  la  Charcnle-Inlerienre;;  ils  ont  le  pelage  plus  gris  et  plus  ras. 
Est-ce  parce  qu'ils  proviennent  d'un  croisement  avec  le  Lapin  bélier,  tandis 
que  ceux  de  M,  lioiix  proviendraient  d'un  croisement  avec  le  Lapin  angora? 

HiFZ  i)K  La  VISON. 
T.  X.    —  Novembre  1  (S (i;>,  45 


IV.    CHRONiaOE. 


Société   d'nceliuiatatîon  et   «l'histoire  naturelle  tle  l'ile 
«le  la  ISéiinion. 

Nous  venons  de  leccvoir  de  la  Société  d'acclimatation  de  la  r.éunion  le 
compte  rendu  de  sa  première  séance  générale  annuelle,  tenue  à  Saint-Denis, 
le  17  aoûl  dernier,  sous  la  présidence  de  M.  le  baron  Darricau,  gouverneur 
de  la  colonie. 

La  séance  a  été  ouverte  par  un  discours  de  M.  le  gouverneur,  qui,  après 
avoir  exposé  les  avantages  que  présente  Pinstitution  de  la  Société  d'accli- 
matation à  laquelle  il  assure  sa  sympathie  la  plus  bienveillante,  fait  ressorlir 
tout  ce  qu'il  y  a  de  noble  et  de  louable  dans  le  but  qu'elle  se  propose  d'at- 
teindre. 

M.  Bellier ,  président  de  la  Société ,  signale  l'empressement  qu'a  montré 
la  colonie  dans  !a  réalisation  de  son  désir  de  s'associer  à  l'idée  heureuse 
émise  par  la  Société  impériale  d'acclimatation,  puisque  la  jeune  association 
qu'elle  a  fondée  à  son  exemple  est  déjà  si  nombreuse  dès  ses  premiers  jours. 
Use  félicite  ensuite  des  excellentes  relations  établies  entre  (a  Société  métro- 
politaine et  l'institution  coloniale. 

M.  le  docteur  Coquerel,  prenant  la  parole,  entretient  l'assemblée  des 
résidtats  obtenus  dans  tous  les  temps  par  l'acclimatation,  des  modifications 
si  remarquables  et  souvent  si  avantageuses  que  Fliomme  a  su  apporter  chez 
les  animaux  ou  les  végétaux  qu'il  a  soumis  à  sa  puissante  inlluence.  Il  rap- 
pelle la  description  qu'a  faite  Flacourt,  au  xvii'^'  siècle,  des  merveilles  que 
renfermait  autrefois  la  Héunion  à  l'état  de  nature,  et  qui  ont  aujourd'hui 
disparu.  Après  avoir  énuméré  les  espèces  introduites  forluitemenl,  il  fait 
remarquer  combien  le  nombre  des  animaux  indigènes  est  actuellement  rétliiil, 
et  quels  bienfaits  la  colonie  peut  recueillir  de  tenlatives  d'acclimataiion 
entreprises  avec  méthode,  à  une  époque  où  les  moyens  de  transport  sont 
devenus  si  faciles  et  si  rapides,  et  où  existent  les  échanges  conlinuels  d'in- 
telligence et  de  lumières  qui,  de  nos  jours ,  unissent  tous  les  peuples  du 
globe. 

M.  le  docteur  Berg,  secrétaire  général  de  la  Société,  fait  observer  que  la 
raison  d'être  du  rayonnement  étendu  et  de  la  progression  croissante  de  la 
Société  impériale  (raccliniatation  tient  à  ce  que  ses  vues  répondent  à  un 
intérêt  réel,  et  que  son  but  universel  est  l'écbange  récipi'oque,  entre  tous 
les  pays  civilisés,  des  produits  naturels  utiles,  l'.ésumant  ensuite  l'histoire 
de  notre  association,  depuis  son  origine,  I\l.  Berg  rend  compte  de  sa  situa- 
tion actuelle,  et  passe  en  revue  les  essais  et  les  expériences  qu'elle  a  enl re- 
pris tant  en  France  et  dans  nos  colonies  qu'à  l'étranger  ;  il  rappelle  enlin 
que  déjà  la  Société  coloniale  a  introduit  dans  l'île  plus  de  cent  cinquante 
espèces  de  végétaux  utiles  venus  de  France,  du  Cap  et  de  l'Australie,  qu'elle 
a  distribué  à  ses  mend)res  les  arbres  fruitiers  de  France  pour  èlre  acclimatés 


CHRONiQttE.  707 

sur  les  plateaux  élevés  ;  qu'elle  s'occupe  d'un  côté  de  l'inlioduclion  si  désirée 
d'oiseaux  insectivores,  de  l'autre  de  l'iniportalion  d'œufs  de  poissons  pour 
utiliser  ses  appareils  A  ('closions  arlificielles  et  repeupler  ses  rivières. 

A  RI.  r.irg  succède  iM.  Charles  Legras,  secrétaire  du  Comité,  qui  entre- 
tient l'assemblée  du  compte  rendu  intéressant  de  ses  travaux,  depuis  son 
origine,  et  termine  par  un  chaleureux  appel  au  concours  dévoué  de  tous 
les  vrais  amis  de  la  colonie. 

La  séance  a  été  close  par  l'exposé  de  la  situation  (inancière  de  la  Société, 
présenté  par  son  irésoiier,  I\l.  d'Esniénard. 

Les  applaudissenieiils  répétés  de  rassemblée  ont  lé-moigné  du  vif  intérêt 
avec  lequel  ces  discours  et  ces  communications  on!  été  accueillis. 

Nous  avons  reçu  en  même  temps  le  numéro  de  juillet  du  Bulletin  de  la 
Société,  qui  renfermait  :  1»  deux  notices  sur  la  pisciculture  et  son  applica- 
tion dans  les  eaux  de  la  colonie,  par  MM.  A.  Manès  et  le  docteur  Jacob 
de  Cordemoy;  T  un  Innail  sur  la  culture  du  Colon  dans  la  colonie,  par 
M.  le  docteur  P.  Bories.  et  une  note  sur  le  Soja  de  l'Inde  {/Esckynomene 
aspera,  L.),  par  M.  le  docteur  Collas. 

A  ces  documents  étaient  encore  joinlsdes  exemplaires  d'un  travail  imprimé, 
par  M.  le  docteur  Beig,  ayant  pour  litre  :  Un  mot  sur  la  culture  et  la  fer- 
tilité de  l'eau  à  l'Ile  de  la  Réunion.  IL 


Aceliniatation    en    Australie. 

Nous  trouvons  dans  le  journal  The  Yeoman  and  Auslralian  Acdimatiser, 
publié  à  Melbourne,  de  nombreux  et  inléressants  documents  qui  témoignent 
des  progrès  sensibles  n'-alisés  dans  les  colonies  auslralieimes  par  les  Sociétés 
d'acclimatation  organisées  à  l'exemple  de  notre  Société  impériale.  Nous 
extrayons,  des  derniers  numéros  de  ce  journal  qui  nous  sont  parvenus,  les 
passages  suivants  : 

Coton.  —  Les  expériences  et  les  essais  pour  l'introduction  de  la  culture 
du  coton  en  Australie  se  multiplient  de  plus  en  plus.  M.  Dacomb,  de  Port- 
land,  a  envoyé  à  la  Société  de  Victoria  une  centaine  de  graines  de  l'espèce 
vivace,  le  perennial  Coton-trec  {Gossypium  arboreum)  du  Pérou,  qui, 
venant  s'ajouter  à  celles  que  la  Société  a  déjà  distribuées,  assurent  sa  pro- 
pagation dans  la  colonie. 

M.  R.  Perry,  ancien  habitant  de  Melboiunc,  a  fait  parvenir  ù  M.  le  docteur 
Mueller  une  quantité  considérable  de  graines  de  Coton  d'Egypte  qui  ont  été 
distribuées  entre  les  agriculteurs  désireux  d'essayer  la  culture  de  cette 
variété. 

Mûrier  et  Ver  à  soie.  —  L'introduction  du  Mûrier  blanc  destiné  à  l'éle- 
vage du  Ver  à  soie  ordinaire  est  également  en  bonne  voie.  AL  Mortelly  a 
importé  à  Melbourne  plusieurs  nùlliers  de  plants  qui  ont  été  joints  à  ceux 
que  possédait  déjà  le  parc  royal  ;  il  a  tie  plus  publié  une  notice  très-remar- 


708       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

quable  sur  les  diverses  variétés  de  Mûriers  et  sur  le  mode  de  culture  qui  leur 
convient. 

Dans  une  dos  dernières  réunions  de  la  Sociélé  de  Victoria,  le  docteur 
Black,  son  président,  a  pariiculièrenicnl  insisté  sur  les  avantages  que  la 
séricicultme  pouvait  procurer  à  la  colonie,  et,  sur  ses  instances,  le  conseil 
a  pris  toutes  les  mesures  qu'il  a  crues  nécessaires  pour  activer  le  dévelop- 
pement de  celte  fructueuse  industrie. 

Alpacas.  —  Le  navire  Julia  Former  est  arrivé  à  Melbourne  le  12  sep- 
tembre, de  Toco})illa.  sur  la  côte  de  l'Amérique  du  Sud,  ayant  à  son  bord 
215  Alpacas.  On  croit  que  c'est  la  première  livraison  des  1500  animaux 
de  cette  espèce  que  MM.  Former  et  Compagnie,  de  Lima,  se  sont  engagés 
à  envoyer  à  Melbourne.  On  suppose  qu'après  leur  débarquement  dans  ce 
port,  ils  seront  vendus  à  l'encbère.  Us  sont  tous  dans  de  bonnes  conditions 
et  ne  paraissent  pas  avoir  soulTert  du  voyage.  Cette  entreprise  a  présenté  de 
très-grandes  difliculics  :  ces  animaux,  ayant  élé  recueillis  très-avant  dans 
l'intérieur  de  la  Bolivie,  et  élanl  d'un  tempérament  lrè.s-délicat,  ont  eu  trop 
de  l'atigues  à  supporter  ;  aussi  ceux  qui  se  trouvent  actuellement  dans  le 
port  sont  le  reste  des  600  embarqués  à  Tocopilla. 

Nous  ne  saurions  trop  faire  ressortir  les  obstacles  presque  insurmontables 
qui  s'opposent  à  l'acquisition  de  cette  précieuse  race  pour  nos  conirées,  et 
rappeler  que  pour  parvenir  à  nous  les  procurer,  nous  devrons  ne  ])as  nous 
laisser  déeourager  par  les  iusuccès  probables  de  nos  premières  lentatives,  el 
faire  preuve  d'une  rare  persévérance;  c'est  du  reste  une  des  qualités  essen- 
tielles de  notre  institution. 

Le  brick  Cari,  de  Batavia,  vient  également  d'amener  à  JMelbourne 
200  Moineaux  de  Java  et  un  graïul  nombre  de  Colombes  et  de  Ligeons  de 
même  provenance. 

Le  n"  100,  du  2'J  août,  du  Yeouian,  renferme  une  longue  el  intéressante 
dissertation  de  M.  A.  J.  Duflield  sur  les  bienfaits  de  l'acclimaialion.  L'au- 
teur, dans  sa  lecture  faite  à  Saint-George  Hall,  à  Melbouriu',  devant  une 
assemblée  considérable,  passe  en  revue  les  principaux  faits  d'acclimatation 
accomplis  jusqu'à  nos  jours,  et  signale  les  noudjreux  produits  naturels  utiles 
(pie  les  peuples  civilisés  peuvent  et  doivent  encore  échanger  entre  eux, 
s'arrèlaul  plus  particulièrement  aux  végétaux  originaires  du  Pérou.  U 
jusiste  sur  les  bienfaisantes  propriétés  de  la  Coca,  et  s'étonne  que  son  usage 
ne  soit  pas  depuis  iiingtcmps  universellement  répan<iu.  A  l'appui  de  son 
opinion,  il  cite  celle  de  divers  auteurs  espagnols  qui  ont  parlé  de  cette 
plante  nu'rveilleuse,  el  qui  ont  tous  unaninu'ment  exprimé  leurs  vifs  regrets 
de  ne  pas  la  voir  utilisée  partout  à  l'égal  du  café  et  du  thé.  Il  cite  ensuite 
le  Maca ,  tubercule  i)éru\ien  d(>  Pima,  (pii  pousse  comme  la  pomme  de 
terre  ;  qui,  bouilli  dans  le  lait,  a  lu  saveur  de  la  châtaigne,  el  qui,  séché  au 
soleil,  se  conserve  facilement  pendant  un  an  au  moins;  le  (Juiuoa  {Cheno- 
podiuiii  (luinoii),  dont  les  feuilles  et  les  graim  s  peuvent  se  manger  comme 
les  épinards  et  le  riz  ;  les  variétés  nouvelles  de  lommes  de  terre  des  Andes, 


CHRONIQUE.  709 

et  surloiit  rArnicaciia,  bii'ii  siipérienro  à  la  ponimo  de  terre,  qui  se  cultive 
dans  les  mêmes  coiidilidiis  iiaHirelies,  et  qui  s'npprèlc  de  diverses  manières. 
M.  Duffîeld  fail  re!uar<|uer  qu'une  fermi'  modèli'  est  aciiiellement  <'tal)lie 
sur  la  eote  ouest,  el  que  plus  de  200  000  véi^étaux  et  environ  10  000  ani- 
maux y  sont  û^ih  réunis,  l't  que  des  relalions  avanlaiieuses  peuvent  facile- 
ment «Hre  établies  avec  le  gouvernement  du  Pérou.  Il  entretient  ensuite  ses 
audileurs  des  grands  mammifères  péruviens,  le  Lama,  l'Alpaca,  le  Gua- 
naco  et  la  Vigogne  ;  tUt  Viru  de  la  f'atagonie  et  du  Cliililiu(|ue  du  Chili, 
qui  sont  tous  deux  des  Alpacas  dégi'-néiés.  Eidin  il  se  résume  en  mon- 
trant quel  vaste  champ  reste  encore  ouvert  à  racclimatalion. 

H. 


Le   Cotonnier   vîvaee  <lu    Pérou. 

Lettre  adressée  par  M.  f*.  Hamel  à  M .  le  ['résident  de  la  Société  impériale 

d'acclimatation. 

!\Ionsieur  le  Président, 
Le  Yeoman,  journal  de  Melbourne,  avait  signalé,  dans  rim  de  ses  pre- 
miers numéros,  le  Cotonnier  vivace  {(iossypiam  arboreavi)  de  l'Amérique 
du  Sud  comme  une  variété  qui  prospérait  dans  des  nagions  trop  froides  pour 
les  autres  Cotonniers,  et  qui,  à  re  titre,  mériterait  d'être  l'objet  de  tentatives 
d'acclimatation  dans  la  colonie  de  Victoria.  L'existence  de  cette  plante  avait 
été  mise  en  doute,  lorsque  M.  Ledger  piouva  qu'elle  n'élai!  pas  un  mythe.  Je 
lis  dans  le  numéro  du  Yeaman  du  lo  août  dernier  une  lettre  dont  je  prends 
la  liberté  de  vous  adresser  une  traduction,  et  (|ui  prouvera  qu'on  est  en  train 
d'introduire  en  Australie  ce  précieux  textile,  que  d'autres  pays  ne  devront 
plus  hésiter  à  se  procurer  : 

«  Monsieur  l'éditeur, 
»  J'avais  lu  dans  votre  journal  du  19  juillet  1862  un  extrait  du  Scientific 
»  American,  reproduisant  la  description  donnée  par  M.  Kendall  du  Coton- 
»  nier  vivace  des  Andes.  Ces  détails  m'intéressèrent  au  point  que  je  résolus 
«  d'importer  ici,  si  c'était  possible,  ce  merveilleux  végétal.  Grâce  à  l'obli- 
»  geancede  MM,  I'.  Ilulh  Gruuning  et  Compagnie,  de  Valparaiso,  un  paquet 
»  de  graines,  venant  de  Tacna,  a  été  apporté  d'Arica  à  Hobart-town  par  les 
»  soins  du  capitaine  Chrisley,  et  m'est  arrivé  en  fort  bon  état.  Comme  vous 
»  avez  le  premier  appelé  l'attention  surc(Mte  pl.mte,  permettez-moi  de  vous 
M  adresser  un  centaine  de  ces  graines,  alin  que  vous  puissiez  en  tenter  la 
»  culture  avec  vos  amis.  Quelques  fibres  qui  étaient  encore  adhérentes  à  ces 
»  graines  lorsque  je  les  reçus,  offrent  des  qualités  remarquables,  et  dilTére- 
»  raient  fort  peu  du  Sea-Island.  » 

J'ai  l'honneur,  etc.  E.  D,\comb.   (Portland,  7  août  1863.) 

P.  Ramel. 


V.    BULLETIN  DES  CONFERENCES  ET  LECTURES. 


PREMIERE   CONFÉRENCE    DE    L'ANNÉE    1863   AU   JAUDIN  D'aCCLI.MATATIÛN 
*  (Jeudi  2  juillet). 

De   l'accliitiatation    coannae    doctrine    du   itcupleiiicnt 

de  la  terre. 

Par  M.  RuFZ  de  Lavison. 

Dans  !o  cours  cU;  tonte  grande  entreprise,  comtiie  pendant  le  cours  de 
toute  longue  navigation,  il  est  nécessaire,  comme  font  les  marins,  de  s'arrêter 
de  temps  en  temps  et  de  faire  son  point,  c'est-à-dire  de  reconnaître  où  l'on 
en  est,  les  distances  déjà  i)arcouriies  et  celles  qu'il  reste  à  p.urourir,  les 
résultats  obtenus  et  ceux  à  obtenir.  Dans  cette  (euvre  iiidélinie  des  acclima- 
tations où  nous  sommes  engagés,  dans  ce  tour  du  monde  végétal  et  animal 
que  nous  avons  entrepris  de  faire,  à  quel  point  sommes -nous  arrivés? 
Qu'avons-nous  gagné?  Assurément,  le  direcicur  du  Jardin  d'acclimatation 
est  un  de  ceux  à  qui  incombe,  comme  au  capitaine  d'im  navire,  le  soin  de 
cette  recherche  et  celui  de  vous  en  faire  connaître  les  résultats,  et  le  moment 
où  nous  reprenons  ces  coid'éi'ences  est  un  des  plus  oj)portuns  pour  s(!  livrer 
à  une  semblable  constatation. 

Depuis  le  jour  où  quelques  amis  et  quelques  élèves  d'Isidore  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  réunis  dans  son  cabinet,  se  dévouèrent  à  ses  idées  et  partirent 
de  là  pour  en  poursuivre  la  réalisation,  qui  peut  nier  qu'il  n'y  ait  eu  bien 
des  choses  acconq)lies  et  bien  du  chemin  de  fait?  Assez  de  fois  il  vous  a  été 
mis  sous  les  yeux  la  faveur  avec  laquelle  l'institution  des  Soci(5tés  d'acclima- 
tation avait  été  accueillie,  leur  rapide  accroissement,  leur  nombre.  Chaque 
jour  en  voit  naître  quelqu'une  de  nouvcHi».  Partout  elles  sont  reconnues, 
prol(''gées,  comme  œuvres  d'ulililé  humanitaire. 

11  y  a  peu  de  grandes  villes  dans  le  monde  civilisé  qui,  à  cette  heure,  n'aient 
ou  ne  veuillent  avoir  un  Jardin  d'acclimatation  semblable  à  celui  où  vous 
êtes  et  où  se  répélt^ront  les  mêmes  expériences  et  les  mêmes  tentatives. 
Est-il  possible  que  d'uti  tel  empressement,  d'un  tel  concoiu's  d'cfforls,  de 
savoir  et  de  sacrifices,  il  ne  sorte  rien,  et  ne  sommes-nous  <jue  des  Sysiphes 
occupés  à  soigner  des  î)!nnîes  et  des  animaux  qiù  doivent  toujours  mourir 
entre  nos  mains  ?  y\.ssurément,  s'il  en  était  ainsi,  ce  serait  à  désespérer  de 
la  puissance  des  associations  humaines  :  car,  jamais  il  n'y  en  eut  de  mieu.x 
concertée,  de  mieux  définie,  de  plus  possible  et  de  plus  praticable  qiie  la 
nôtre. 

Assez  de  fois,  l'histoire  à  la  main,  cl  re\[)érience  actuelle  à  l'appui,  il  vous 
a  été  démontré  que  cr  que  nous  i.usi>ns  axait  été'  f.iit  dans  lous  les  temps, 
que  nous  suivions  une  filière  commencée  depuis  le  comnu'ncement  du 
monde,  qu'en  tout  temps  l'homnie  avait  pratique''  des  ai  chm.UiUions.  Que 
nous  n'a\  ions  d'autre  prétention  quede  régulariser,  d'activer  et  de  généraliser, 


liULLETJN   DES    (JONFÉUENCES    ET   LEGTUfŒS.  7ll 

ce  qui  iravait  clé  fail  jusqu'alors  que  (rum^  l'açon,  pour  ainsi  dire,  incon- 
sciente, iusiinclive,  isolée,  et  cai)ricieusc  ;  que  nous  voulions  donner  aux  ten- 
tatives <raccliinatalion  l'aide  el  l'impulsion  (]ue  la  civilisation  a  données  à 
beaucoup  d'œuvres  de  notre  époque,  ou,  pour  mieux  dire,  qu'acclimatation 
et  civilisation  étaient  des  mois  de  même  valeur,  exprimant  une  même 
chose  :  le  progrès.  Sur  tout  cela,  je  ne  crois  pas  qu'il  existe  aucune  incer- 
titude dans  vos  esprits.  Je  veux  aujourd'hui  vous  montrer  que  la  doctrine 
de  rarcliiuatation  s'accorde  aussi  bien  avec  la  science  (ju'avec  la  triulition, 
qu'elle  s'adapte  aux  grandes  théories  cosniogéniques  de  la  science  ;  que  l'école 
de  l'acclimatation  n'a  rien  entrepris  de  contre-nature,  rien  qui  ne  soit  par- 
l'aiiement  conforme  aux  lois  qui  paraissent  avoir  présidé  à  l'arrangement 
actuel  (les  choses  sur  la  surface  de  la  terre. 

L'hisloire  et  la  science  sont  aujourd'hui  d'accord  pour  reconnaître  l'iuiité 
primitive  de  la  création,  connue  étant,  de  toutes  les  doctrines  sm-  le  peuple- 
ment de  la  terre,  la  plus  concordante  avec  la  succession  postérieure  des 
choses  et  avec  leur  état  actuel.  Voici  quelle  est  cette  doctrine.  Tous  les  indi- 
vidus d'une  même  espèce  ou  même  d'espèces  alliées,  sont  descendus  d'un 
premier  parent  uiùque,  et  par  conséquent  sont  tous  originaires  d'un  même 
berceau.  Quelque  éloignées  et  isolées  les  unes  des  autres  que  soient  les 
parties  du  monde  où  on  les  trouve  aujourd'hui,  il  faut  que  dans  le  cours 
des  générations  successives,  les  espèces  primitives  aient  passé  de  l'un  à 
l'autre  de  ces  points  en  se  propageant  et  se  nudiipliant  de  i)rochc  en  proche. 
Le  monde  animal  et  le  monde  végétal  ne  sont  donc  que  l'émanation  et 
l'évolution  d'un  peîit  nombre  de  types  primitifs. 

Autre  point  non  moins  généralement  admis.  Tous  les  êtres  organisés,  sous 
l'inlluence  d'une  force  dont  la  réalité  est  facile  à  comprendre,  mais  dont  les 
modes  d'aclion  ne  son!  pas  toujours  saisissables,  tendent,  par  la  suite  des 
générations,  à  modifier  leurs  formes  et  même  leur  structure,  d'après  les  cir- 
constances extérieures,  telles  que  la  station,  la  nourriture  el  les  agents 
météoriques  et  physiques;  de  là  proviennent  toutes  les  variations  qu'on 
remarque  dans  la  nature.  L'homme  ne  produit  pas  la  variabilité  ;  il  expose 
seulement,  et  souvent  sans  dessein,  les  êtres  organisés  à  de  nouvelles  con- 
ditions de  vie,  et  alors  la  nature  agissant  sur  l'organisation,  il  résulte  de 
nouvelles  conditions  de  vie.  L'art  humain,  dans  sa  sphère  limitée,  est  en 
mesure  de  démontrer  par  un  grand  nombre  d'exemples  comment  un  animal 
ou  lui  végélal  modifié,  peuvent  être  très-différents  en  apparence  de  leur  pro- 
géniteurs communs;  il  peut  faire  suivre  au  doigt  et  à  l'œil,  pour  ainsi  dire,  la 
marche  des  transformations.  La  variabilité  des  espèces  primitives  est  donc 
encore  la  iloclrine  la  plus  généralement  admise  aujom-d'iun  parmi  les  natu- 
ralistes. 

Cette  variabilité  des  espèces  primitives  est  gouvernée  par  un  certain 
nombre  de  lois.  C'est  d'abord  la  loi  d'Iiérédilé  (jui  tend  à  les  maintenir  dans 
kurs  formes  primilives,  aussi  longlenq)s  (|ue  leius  couililions  de  vie  restent 
les  mêmes,  et  qui  tend  à  les  ramener  à  ces  formes  typiques  toutes  les  fois 


712       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 
qu'elles  en  oui  été  déviées    pnr    quelque  accident    pniticnlier.  Cette  loi  de 
rappel  ou  de  retour  aux  formes  primitives  a  été  désignée  sous  le  nom  d'ata- 
visme. L'atavisme  est  la  sauvegarde  de  la  fixité  des  types. 

L'atavisme  est  donc  aussi  un  moyen  de  remonter  aux  espèces  primitives 
et  de  les  démontrer. 

Ces  deux  mots,  variabilité  et  hérédité,  suffisent  pour  expliquer  la  face 
actuelle  du  monde  organisé  et  la  création  tout  entière  ! 

Il  naît  certainement  plus  d'individus  qu'il  n'en  peut  vivre.  Dans  le  nombre 
incommensurable  des  êtres  ([ui  se  disputent  la  possession  de  la  terre  et 
veulent  avoir  place  au  soleil,  il  s'établit  une  lutte  incessante  et  universelle, 
au  sujet  des  moyens  d'existence;  chacun  veut  conserver,  non-seulement  sa 
vie  individuelle,  mais  sa  vie  spécifique,  c'est-à-dire  multiplier  sa  race  :  il 
résulte  de  cette  lutte  universelle,  que  si,  par  un  accident  (juelconque;  un  être 
varie  si  légèrement  que  ce  peut  être,  mais  d'une  manière  qui  lui  soit  person- 
nellement utile,  s'adapte  mieux  aux  conditions  de  lenqis  et  de  lieu  où  il  se 
trouve,  et  se  donne  une  supériorité  de  forme  ou  de  force,  nécessaire- 
ment cetie  supériorilé  reproduite  par  les  puissantes  lois  de  l'Iiérédilé, 
et  se  nuillipliant  par  la  race,  en  raison  géoméirique,  finira  par  lui  donner 
une  prédominance  sur  les  races  inférieures,  qui  n'oiil  pas  le  même  avan- 
tage. Celles-ci,  pressées,  repoussées,  éloullées,  finiront  par  être  exter- 
minées. De  là  donc,  pour  une  espèce  existante  et  conservée,  une  foule  d'autres 
qui  ont  dû  disparaître  :  ainsi  vont  se  modiliant,  se  consolidant,  et  même  se 
perfectionnant,  les  êtres  doués  de  vie;  ainsi  vont  se  créant  de  nouveaux  types 
spécifiques,  aux  dépens  des  anciens;  ainsi  se  renouvelle  par  degrés,  et  de 
proche  en  proche,  la  face  du  monde  oiganique.  Celte  loi  de  piêdommance 
des  individus  et  des  rates  les  unes  sur  les  autres  a  été  désignée  tout  nou- 
vellement sous  le  nom  de  i^élection  ■naturelle.  Un  écrivain  anglais,  M.  Darwin, 
dans  un  livre  très-remarquable,  intitulé  De  l'origine  des  espèces,  ou  Jes 
lois  du  progrès  chez  les  êtres  onjanisés,  en  a  dé\eloppé  toutes  les  consé- 
quences avec  beaucoup  de  force  et  de  savoir. 

11  n'est  pas  nécessaire  que  les  variations  soient  considérables;  connne 
c'est  par  leur  accumulation  qu'elles  agissent,  les  plus  légères  suffisent  pour 
qu'elles  soient  de  quelque  utilité  à  leur  possesseur.  Un  grain,  pour  ainsi  dire, 
dans  la  balance  suffit  pour  déterminer  quel  individu  vivra  et  lequel  mourra, 
quelle  variété  ou  quelle  espèce  s'accroîtra  en  nombre  et  laquelle  demeurera 
et  sera  finalement  éteinte.  Les  plus  minces  avantages  acquis  par  un  individu 
à  quelque  âge  et  en  quelque  lieu  que  ce  soit,  sur  ceux  avec  lesquels  il  entre 
en  concurrence  vitale,  finit  par  faire  pencher  la  balance  en  sa  faveur.  C'est 
par  ce  procédé  de  sélection  naturelle  que  se  perpétue  chaque  utile  di'viation 
de  structure  et  même  d'instinct.  C'est  là  le  principe  du  travail  incessant  de 
renouvellement  des  choses  qui  s'accomplit  sur  la  surface  de  la  terre. 

On  ne  peut  certainement  refuser  cette  puissance  à  la  nature,  lorsqu'on  la 
voit  chaque  jour  exercée  par  riiomme.  L'homme  adapte  ainsi,  soil  les  plantes, 
soit  les  animaux,  à  son  utilité  ou  à  son  agrément,  en  accumulant  sur  un 


BULLETIN    DES    CONFÉRENCES    ET   LECTURES.  713 

individu  les  qualités  qui  le  rendent  propr(!  aux  sorvices  que  l'on  peut  en 
attendre,  et  en  obtenant  dans  la  race  la  rcproduetion  de  cette  accumula- 
tion, en  vertu  du  principe  d'iiérédité.  C'est  là  ce  qui  contribue  à  ramélio- 
ration  des  races  domestiques.  Un  tel  résultat  est  obtenu  même  sans  conscience 
de  Fellet  produit  ;  il  suflit,  sans  même  avoir  la  pensée  d'altérer  la  race,  qu'il 
se  fasse  ce  qui  se  fait  tous  les  jours,  que  cliacun  conserve  et  mette  de  coté  les 
individus  qui  lui  paraissent  les  meilleurs,  pour  en  obtenir  la  reproduction? 
Si  Tbomnie  ])eul,  avec  patience,  cboisir  et  faire  reproduire  les  variations  qui 
lui  soni  le  jjIus  utiles, 'pourquoi  la  nature  faillirail-eile  à  clioisii-  les  v:Hiations 
les  plus  iililesù  ses  produits  vivants,  en  les  plaçant  sous  des  conditioiisde  \ie 
changeantes  ?  Quelles  limites  peut-on  supposera  ce  pouvoir,  agissant  pendant 
de  longs  âges,  de  proche  en  proche  et  à  tous  les  instants,  sur  des  espaces  et 
des  nombres  iud(''lerminés? 

Telle  est  la  doctrine  par  laquelle  on  explique  présentement  la  variété  des 
espèces  qui  peuplent  la  surface  de  la  terre. 

Les  preuves  ne  manquent  pas  pour  démontrer  celte  doctrine;  on  connaît 
les  moyens  par  lesquels  la  natiu-e  aussi  bien  que  l'homme,  obtient  ces  résul- 
tats. Par  le  climat,  par  le  sol,  par  la  culture,  par  l'habitude,  par  l'exercice 
ou  le  délaut  d'emploi  de  certains  organes,  par  les  croisements,  on  obtient  tous 
les  jours  les  plus  grandes  transformations.  De  l'arbre  nain  et  rabougri  de  la 
montagne,  on  fait  la  plante  grande  et  exubérante  de  la  plaine.  Au  moyen 
des  mêmes  modifications,  on  peut  rattacher  à  la  même  origine  le  roquet  et 
le  dogue  le  plus  puissani  :  toute  la  nature  animale  et  végétale  peut  être 
remaniée,  modifiée,  transposée,  selon  la  volonté  et  le  caprice  de  l'homme  ! 

«On  peut  se  faire,  dit  M.  dubler,  une  idée  de  la  puissance  exercée  par 
l'homme  sur  les  propriétés  plastiques  des  animaux  soumis  à  son  empire,  en 
écoutant  ces  paroles  de  lord  Somerville.  Il  semblerait,  disait-il,  eu  parlant 
des  éleveurs  de  moutons  «  qu'/7s  eussent  esquissé  sur  une  mvraille  une 
forme  parfaite  en  elle-même  et  lui  eussent  ensuite  donné  l'existence.  » 
De  son  côté,  le  plus  grand  éleveur  de  la  (Irande-Bretagne,  sir  John  Sebright, 
disait  à  propos  des  pigeons,  «qu"(7  reproduisait  en  trois  ans  quelque  plu- 
mage donné  qm  ce  fût,  mais  qu'il  lui  en  fallait  six  pour  obtenir  une 
tête  ou  un  bec.  d  '  , 

»  ^on-seulemcnt  les  types  organiques  se  modifient  selon  les  circonstances, 
mais  l'honmie  peut  à  son  gré  déterminer  le  sens  de  ces  déviations  morpho- 
logiques en  prolitant  des  tendances  naturelles  des  sujets,  en  les  provoquant 
même  au  besoin,  et  les  dirigeant,  ou  les  exagérant  ensuite,  selon  son  utilité  et 
.son  caprice. 

»  La  métamorphose  est  continue,  et  s'établit  continuellement  des  passages 
d'une  forme  à  l'autre,  dans  l'enfantement  perpétuel  dont  la  nature  orga- 
nique offre  constamment  le  spectacle,  sous  l'impulsion  des  puissants  moyens 
dont  elle  dispose.  » 

Se  peut-il  imaginer  une  doctrine  plus  concordante  avec  celle  de  l'acclima- 
tation,  que  cette  transformation  successive  des  êtres  depuis   leur   point 


7Iii        SOCIÉTÉ   IMPÉIUALE   ZOOLOUIQUE   d'aCGLIMATATION. 

d'origiuo  jusqu'aux  cxlrtimilL's  de  la  (ciro?  Jamais  conséquence  t'ul-ellu  plus 
logique? 

Chaque  jour  voit  éclorc,  sous  les  mains  habiles  des  horticulteurs  modernes, 
quelques  ibiiucs  nouvelles  de  fleurs,  de  légumes  et  de  fruits,  aux  dépens  des 
races  plus  anciennement  développées.  Vous  pouvez  tous  les  jours,  dans  nos 
parcs  et  dans  nos  hasses-cours,  voir  comment,  d'une  petite  espèce  de  Mouton, 
de  l'oule  ou  de  Faisan,  on  en  peut  faire  de  grosses  races  domestiques  ?  La 
nature,  elle  aussi,  comme  un  jar  liuier  habile,  recueille  ses  graines  et  ses 
germes,  pour  les  adapter  aux  circonstances  qui  leur  conviennent. 

On  peut  se  faire,  par  ces  analogies,  une  idée  des  procédés  dont  elle  se  sert 
pour  adapter  les  espèces  animales  ou  végétales  à  leurs  destinations  nouvelles? 

Mais,  dit-on,  ces  modifications  sont  superficielles  et  faibles,  elles  ne 
pénèlrenl  point  dans  l'organii^alion  dos  êtres;  elles  ne  portent  jamais  sur  celte 
manière  d'être  intime  qui  lait  leur  essence  et  qui  tend  insensiblement  à  les 
ramener  à  leur  forme  primitive  dès  que  l'action  perturbatrice  vient  à  chan- 
ger. Ni  l'ovule,  qui,  par  la  fécondation,  deviendra  apte  à  reproduire  l'animal, 
ni  les  dillérentes  phases  de  son  évolution,  ni  la  structure  de  l'èlre  qui  en  sort, 
ni  le  rapport  de  ses  organes,  ne  peuvent  cire  modifiés;  malgré  rélomumle 
mobilité  des  formes,  dit  M.  Decaisne,  les  véritables  caractères  spécifiques 
restent  tout  à  fait  inébranlables. 

Mais,  voyez  dans  nos  parcs  comment,  sous  riniluencc  du  climat,  les  Yaks 
de  rilimalaya  et  la  Chèvre  du  Tibet,  et  en  général  presque  tous  les  animaux 
sauvages,  perdent  certaines  parties  de  leur  pelage,  le  lin  et  doidjie  duvet  qui, 
permettez-moi  cette  conqiaraison,  se  trouve,  connue  nos  gilets  de  flanelle, 
plus  innnédiatcmcnt  appli([ué  sur  leur  peau  ;  tandis  que  les  lirebis  du  Sénégal 
ont  leur  poil  las  qui  s'allonge  et  qui  frise,  pour  leur  pri'parer  une  fourrure 
l)lus  chaude,  et  les  protéger  contre  Tbiver  dont  ils  ont  à  subir  les  rigueurs. 

Si  la  nalur.'  n'a  besoin  que  de  ces  légers  changements  pour  atteindre  ses 
fins,  faudra-t-il,  pour  forcer  notre  conviction,  qu'elle  se  laisse  aller  à  un  tra- 
vail de  bouleversement.  Si  quelques-uns  oui  des  yeux  pour  ne  point  voir,  fau- 
dra-l-il  qu'elle  condescende  à  leur  infirmité?  .\'est-ce  point  par  ces  clian- 
gements,  petits  suivant  eux,  et  faibles  suivant  leur  faiblesse,  qu'elle  se  montre 
fidèle  à  sa  devise  :  l'unité  dans  la  variété,  qu'elle  varie  les  formes  sans 
changer  l'essence  ? 

]\e  répète-t-on  pas  tous  les  jours,  conuiie  un  axiome  de  l'observation 
universelle,  que  la  uiiture  ne  Ml  pas  de  fiants,  nalura  non  fucit  saltuin  ; 
qu'on  i)asse  insensiblement,  et  pour  ainsi  dire  sans  transition,  d'une  espèce 
à  l'autre,  qu'il  n'y  a  entre  elles  que  des  séparations  adouciesde  manière,  aux 
deux  bouts  de  l'échelle  spécifique,  à  eiïacer  les  distances?  N'est-ce  pas  là, 
en  d'autres  ternies,  une  reconnaissance  complète  des  modifications  insen- 
sibles dont  se  sert  la  nature?  «  liCs  effets  du  milieu  sur  les  organismes,  dit 
M.  Darwin,  ne  se  traduisent  pas  toujours  par  des  changi-ments  extérieurs 
très-apparents:  chez  les  plantes  et  chez  les  animaux,  l'adaption  peut  s'efîec- 
luerà  l'aide  de  modilicatior.s  dans  le  f'onclionnemcnl,  la  crase  des  humeurs 


BULLETIN   DES    CONFÉRENCES    ET   LECTURES.  715 

et  la  siructure  externe,  sans  altération  grossière  dos  formes  morphologiques. 
Le  type  organique  se  conserve,  mais  le  tempérament  change.  En  se  modi- 
fiant, les  espèces  végétales  et  animales  tendent  h  rendre  leur  économie  moins 
accessible  aux  troubles  suscités  par  les  agents  physiquesqiii  conspirent  à  loin- 
perte,  bien  qu'ils  leur  fournissent  à  toute  heure  tous  les  moyens  d'existence. 

Voyons  sur  Pcspèce  la  plus  répandue,  la  mieux  observée,  voyons  sur 
l'homme  conmient  les  choses  se  passent.  Au  point  de  vue  de  son  organisa- 
tion corporelle,  l'homme  est  assurément  nn  animal  tout  comme  les  autres. 
C'est  le  roi,  c'est  le  type,  c'est  le  résumé  ou  le  modèle  des  animaux,  mais 
c'est  un  animal  soumis  à  ions  les  agents  extérieurs  qui  influent  sur  l'anima- 
lité. L'homme  arrive  cependant  à  vivre  sous  tous  les  climats.  Nous  pouvons 
le  suivre  dans  toutes  ses  migrations  passées  et  présentes.  On  ne  tient  pas 
compte  des  scepliquos  qui  nient  la  possibilité  de  son  acclimatation  sur  n'im- 
porte quel  point  de  la  terre?  Eh  bien,  une  simple  modilicalion  dans  la  colo- 
ration de  sa  peau  paraît  èlrc  laseulecondilion  appréciable  exigée  par  la  nature 
pour  coite  adaptation.  Car  toutes  les  autres  difTérences  que  présente  son  orga- 
nisation, suivant  les  différents  pays,  autant  celle  de  la  taille  que  do  rintcUi- 
gejice,  paraissent  être  le  résultat  de  la  nourriture  ou  bien  de  l'exercice,  ou 
du  défaut  d'exercice  de  ses  facultés,  plutôt  que  du  climat. 

Que  si  l'on  dit  que  celte  faculté  d'adaptation  universelle,  si  visible  dans 
l'homme,  lui  est  particulière,  et  s'explique  par  la  multiplicité  des  ressources 
de  son  intelligence  qui  lui  permet  de  se  garer  des  effets  des  climats  et  non 
de  modifier  son  organisation,  je  demanderai  si  les  étables,  les  basses-cours, 
les  serres,  les  vêtements  mémo  par  lesquels  nous  protégeons  les  animaux  et 
les  végétaux  ;  la  nourrituie  plus  stimulante  par  laquelle  nous  soutenons  leurs 
forces  et  excitons  leur  puissance  de  calorilicité,  c'est-à-dire  la  puissance 
d'engendrer  le  calorique  dans  leurs  propres  tissus  ;  l'éducation  que  nous 
leur  donnons,  les  gradritions  par  lesquelles  nous  les  faisons  passer  ;  si,  eniin. 
tous  ces  soins  qu'ils  reçoivent  de  nous,  et  qui  mettent  pour  ainsi  dire  notre 
intelligence  à  leur  service,  ne  sont  pas  de  même  ordre  et  de  mémo  ellicacité 
que  les  soins  par  lesquels  l'homme  protège  et  accomplit  sa  propre  accli- 
matation sur  les  dillorents  points  du  globe. 

il  y  a  à  peine  nn  siècle,  lorsque  le  .Marronnier  fut  importé  en  Europe,  on 
le  cultiva  d'abord  en  serre  chaude,  parce  qu'on  le  croyait  originaire  des 
Indes.  Plus  tard,  on  le  mit  en  serre  froide,  puis  on  le  livra  à  la  pleine  terre, 
en  plein  air  ;  et  vous  savez  si  aujourd'hui  les  Marronniers  ne  sont  pas  accli- 
matés en  Europe  presque  à  l'égal  de  l'homme.  De  combien  d'autres  plantes, 
de  combien  d'autres  animaux  ne  pourrait-on  en  dire  autant,  et  qui  sont 
autant  de  preuves  de  la  puissance  de  l'acclimatation. 

Mais,  dit-on,  si  le  Marronnier  et  certaines  plantes  se  sont  acclimatés  et 
ont  pris  pied  en  Europe,  c'est  qu'ils  étaient  originaires  de  pays  dont  les  con- 
ditions climatériques  sont  dans  des  conditions  analogues.  Ce  n'est  p;,s  de 
l'acclimatation  véritable,  c'est  de  l'introduction,  c'est  de  la  iransjjlantalion 
ou  de  la  transportalion  qe.e  vous  opérez.  Qu'importe  le  mot,  si  nous  parve- 


716       SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATÂTION. 

lions  à  donner  à  rKurope,  T'^ak,  le  Lama,  le  Lopliopliore,  les  Antilopes, 
rigname  de  la  Chine,  le  Loza,  le  Sorgho  et  l'Ortie  textile,  comme  déjà  lui  ont 
élè  donnés  le  Dindon,  la  Pomme  de  terre,  le  Ganiellia,  cl  tant  d'autres 
richesses!  La  transportation  et  Tinlioduction  sont  cerlaineinent  les  i)ri'mieis 
degrés  de  racclimatalion  ;  et,  réduite  à  cela,  rien  qu'à  multiplier  el  favoriser 
ces  actes,  je  dis  que  l'acclimalalion  rend  un  immense  service  à  riuimaiiité! 

Ayant  entrepris  de  démontrer  une  thèse  générale,  je  ne  puis  trop  m'allar- 
der  dans  le  détail  des  faits  particuliers.  Si  Ihomme  peut  s'acclimater  sous 
toutes  les  latitudes,  aussi  bien  sons  les  pôles  que  sous  la  zone  torride,  il 
n'est  pas  moins  vrai  que  ses  acclimatations  sont  bien  coûteuses,  si  coûteuses 
même,  que  quelques  sceptiques  outrés  vont  jusqu'à  soutenir  que  la  plupart 
des  races  humaines  transplantées  hors  de  leur  zone  d'origine  nepeuvenl  se 
soutenir  el  Unissent  par  s'éteindre  après  quelques  générations;  qu'en  im  mot 
l'homme  n'est  point  cosmopolite.  Sans  nous  ranger  à  cette  conséquence 
outrée,  nous  conviendrons  que  dans  la  transplantation  des  hommes,  pour  un 
qui  réussit  et  qui  fait  souche,  il  y  en  a  beaucoup  qin  succonibent  el  qui  dis- 
paraissent. Mais  il  n'est  pas  moins  vrai  que  quelques  individus,  prolitanl  de 
quelques-uns  des  avantages  dont  la  sélection  naturelle  tire  un  si  grand  parti, 
luttent  avec  bonheur  contre  les  conditions  physiques,  qui  sont  contraires  aux 
autres,  et  que  c'est  de  ces  quelques  individus  (|ue  sort  une  progéniture  qui 
s'adapte  au  sol  de  plus  en  plus  à  chaque  génération.  Tel  est  le  résultat  de 
l'expérience  universelle.  L'histoire  du  déluge  et  de  l'arche  de  i\oé  est  un 
mythe  aussi  bien  qu'une  tradition.  C'est  le  principe,  le  point  de  départ  de  la 
doctrine  des  acclimatations. 

Or,  je  ne  crains  point  d'allumer  que  si,  pour  n'importe  quelle  espèce 
animale,  on  prenait  les  mêmes  peines  que  pour  riiunuoe,  si  l'on  faisait  les 
mêmes  sacrilices  d'argent  et  de  soins,  si  l'on  expérimeniail  enlin  sur  des 
nombres  égaux,  on  arriverait  aux  mêmes  résultais;  c'est-à-dire  qu'on  par- 
viendrait à  acclimater  cette  espèce  animale  sous  toutes  les  latitudes,  l'.ap- 
pelez-vousce  qu'ont  coûté  les  diverses  invasions  et  émigrations  humaines,  et 
en  dernier  lieu  la  traite  des  nègres?  Est-ce  que  tous  les  animaux  domesliques 
de  l'Europe  ne  se  sont  pas  naturalisés  dans  les  divers  points  de  l'Amérique, 
à  beaucoup  moins  de  frais? 

Ce  que  nous  savons  du  fait  physiologique  de  l'accoutumance  suflit  pour 
expliquer  la  réussite  de  tontes  les  transpositions  des  espèces  animales.  Sons 
l'action  de  la  chaleur  ou  du  froid,  nous  voyons  certaines  parties  de  l'organi- 
sation s'atrophier  ou  se  développer,  la  peau  pâlir  et  brunir,  ou  bien  s'injecter 
et  oll'rir  une  circulation  plus  active.  Les  sécrétions  se  transposent,  les  tem- 
péraments changent,  de  sanguins  ils  deviennent  bilieux  ou  lymphatiques. 
Les  maladies  ne  sont  plus  les  mêmes  et  attestent  les  profondes  altéra- 
tions de  l'organisme.  Enfin,  la  génération  résume,  pour  ainsi  dire,  et  aflirme 
tous  ces  changements,  car  la  descendance  d'une  espèce  acclimatée  est 
frappée  à  l'efligie  de  son  nouveau  climat  tout  autant  qu'à  celle  de  ses  progé- 
niteurs ;    toutes  les   espèces  européennes  que  j'ai  vues  se  reproduire  aux 


BULLETIN  DES  CONFÉRENCES  ET  LECTURES.      717 

Antilles  perdent  de  leur  taille  et  de  leur  vivacité,  sans  perdre  leur  utilité. 
C'est  aujourd'hui  une  vérité  triviale,  et  que  les  plus  ignorants  n'ignorent 
pas,  qu'à  plusieurs  reprises  il  y  a  eu  de  grands  bouleversements  dans  la 
répartition  des  espèces  animales  tt  végétales  sur  la  surface  de  la  terre.  Les 
ruines  d'ime  maison  incendiée,  dit  Darwin,  n'en  racontent  pas  plus  claire- 
ment le  sort  que  ne  le  font  ces  forêts  et  ces  ossements  enfouis  à  diverses 
profondeurs.  Tous  les  documents  historiques  racontent  que  certaines  espèces 
animales  et  même  végétales  ne  se  trouvent  plus  là  où  elles  existaient  autre- 
fois, tandis  que  d'autres  qui  existaient  ailleurs  se  voient  là  où  elles  ne  se 
voyaient  pas.  D'anciennes  espèces  d'Éléphants  et  de  Rhinocéros  ont  été 
capables  de  supporter  un  climat  glacé,  tandis  que  les  espèces  vivantes  sont 
aujourd'hui  tropicales  ou  intertropicales. 

Si  bien  que  l'acclimatation  lente  et  progressive,  telle  que  nous  l'observons 
présentement,  ne  suûisant  pas  à  expliquer  l'étendue  de  ces  révolutions  dans 
le  peuplement  du  globe,  on  est  obligé  de  supposer  des  cataclysmes  extraor- 
dinaires, qui  auraient  renversé  tout  l'ordre  actuel  et  porté  le  nord  au  midi 
et  le  midi  au  nord. 

Mais,  combien  d'autres  fait  qui  enseignent  que  c'est  principalement  par 
l'acclimataiion  successive  et  de  proche  en  proche  que  la  terre  s'est  })euplée 
des  habitants  qui  la  couvrent  présentement  !  Parcourez  le  globe  en  long  et  en 
large,  de  haut  en  bas  :  en  quelque  sens  que  vous  alliez  sur  un  continent  , 
sous  les  conditions  de  vie  les  plus  diverses,  malgré  la  chaleur  ou  le  froid,  sur 
les  montagnes  ou  dans  les  plaines,  dans  les  déserts  ou  dans  les  marais,  la 
plupart  des  habitants  de  chaque  grande  classe  sont  étroitement  alliés,  et 
offrent  une  physionomie  (|ui  semble  vous  dire  qu'ils  sont  nés  les  uns  des 
autres.  On  pourrait  leur  donner  pour  devise  le  vers  du  poète  : 

Faciès  non  omnibus  una, 

A't'c  divfrsa  Ionien,  qualis  decet  esse  sororum. 

Un  naturaliste,  en  voyageant,  dit  Darwin,  du  nord  au  sud,  ne  manque 
jamais  d'eue  frappé  de  la  manière  dont  des  groupes  d'êtres  organisés,  spé- 
ciliquement  dislincls,  et  cependant  en  étroite  relation  les  uns  avec  les  autres, 
se  remplacent  mutuellement  et  se  succèdent.  11  voit  des  oiseaux  analogues; 
leur  liunage  est  presque  semblable,  leurs  nids  sont  presque  construits  de  la 
même  manière,  leurs  œufs  sont  de  la  même  couleur,  et  cependant  ce  sont  des 
espî'ces  différentes.  La  gradation  et  encore  plus  appréciable  dans  le  monde 
végétal.  Les  productions  alpines  ou  lacustres  sont  en  connexion  avec  celles 
des  terres  basses  ou  sèches  environnantes,  en  dépit  de  la  grande  différence 
des  stations. 

Ainsi,  s'est  effectuée  et  s'effectue  journellement  encore  la  colonisation  de 
chaque  station  par  les  habitants  de  la  région  la  plus  voisine,  au  moyen  de 
migrations  des  espèces  combinées  avec  la  faculté  de  modification  et  d'adap- 
tation de  ces  colons  avec  leur  nouvelle  patrie. 

C'est  ainsi  que  les  îles  les  plus  isolées  et  les  plus  éloignées  se  rattachent 


/1S       POCIÉTK    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    D  ACCLIMATATION, 

toujours  par  leur  faune  ou  par  leur  flore  aux  coutinents  les  plus  voisins. 
Toutes  les  plantes  et  tous  les  animaux  de  l'archipel  des  îles  Galiapagosou  de 
l'île  Juan  Fernandez,  distantes  de  rAmérique  de  plus  de  trois  cents  lieues,  se 
relient  de  la  manière  la  pins  frappante  aux  plantes  et  aux  animaux  des 
terres  américaines  voisines;  tandis  que  les  poj)nlaiions  organiques  de  Tar- 
cliipel  du  cap  Vert  et  des  autres  îles  de  la  côte  d'Afrique  ont  un  aspect  tout 
africain.  ' 

Ces  similitudes  portent  à  penser  qu'à  des  époques  pinson  moins  reculées, 
tontes  ces  îles  ont  dii  faire  partie  des  terres  continentales  voisines,  et  qu'il  a 
dû  exister  des  ponts  sur  tous  les  Océans,  qui  ont  servi  de  grandes  roules  aux 
migralions.  ,,      / 

Mais  il  n'est  pas  besoin  de  recourir  à  ces  suppositions  lointaines.  A  tous 
les  instants  nous  voyons  le  phénomène  des  migrations  s'accomplir  par  des 
voies  beaucoup  plus  faciles  à  saisir  et  à  apprécier  :  ce  sont  tantôt  les  vents, 
tantôt  les  flots,  tantôt  les  animaux  eux- mêmes,  et  surtout  la  main  de  l'homme, 
qui  sont  chargés  d'opérer  la  diflusion  des  germes  par  toute  la  terre.  Je 
voudrais  vous  rappeler  à  quelles  charmanti's  et  ingénieuses  découvertes  celte 
élude  a  donné  lieu.  Conmient  un  oiseau,  un  insecte,  sur  leurs  ailes,  ou 
entre  leurs  pattes  on  dans  leurs  entrailles,  portent  souvent  la  graine  qui  doit 
couvrir  tout  un  pays.  Comment  h^s  courants  marins  ou  atmosphériques 
poussent  les  graines  vers  un  point  ou  vers  un  autre.  Conmient  l'homme  lui- 
même,  tantôt  volontairement,  tantôt  d'une  façon  inconsciente  et  à  son  insu 
et  connue  malgré  lui,  est  l'instrument  de  ces  Iransporlations  providentielles. 
Ci'est  ainsi  qu'après  l'Exposition  universelle  des  produits  de  l'industrie 
humaine,  on  a  trouvé  sur  les  arbres  des  Champs-Elysées  des  scolytes  qui  ne 
s'étaient  trouvés  jusqu'alors  que  dans  les  Indes  ou  dans  d'autres  contrées 
aussi  lointaines.  Ils  n'av.tient  pu  être  transpoités  que  par  les  marchandises 
envoyées  à  celte  exposition.  Mais  de  semblables  citations,  si  plaisantes  qu'elles 
soient  pourl'espri!,  ni'enlraîneraient  trop  loin.  D'ailleurs,  l'un  de  nos  savants 
collègues,  M.  Aristide  Dnpuis,  a  fait  déjà  ici  mèmi',  de  ces  mille  moyens  de 
transport  dont  la  nature  se  sert  pour  la  propagation  des  espèces  animales  et 
végétales,  l'objet  d'une  conférence  particulière  et  des  plus  intéressantes,  que 
vous  trouverez  dans  le  tome  Vlll  de  nos  Bulletins.  \  ous  y  verrez  comment 
il  existe  naturellement  entre  tontes  les  contrées  de  la  terre,  tantôt  libre  et 
patent,  tantôt  sourd  et  latent,  un  libre  échange  naturel  de  toutes  leurs 
productions  :  admirable  modèle  de  celui  que  nous  voulons  aujourd'hui 
imiter  pour  nos  produits  artificiels. 

Imaginez  ce  libre  échange  à  l'aide  de  tous  ces  moyens  de  transport  et 
de  tant  d'autres  qu'il  uousresie  encore  à  découvrir,  agissant  incessanmient 
à  toutes  les  minutes  (car  telle  est  l'action  des  vents  et  du  courant  de  la  mer), 
et  ])endanl  des  dizaines  et  des  centaines  de  mille  ans.  Cela  combiné  avec  les 
difl'érentes  puissances  modificatrices  des  climats  ou  autres,  ne  suflit-il  pas 
pour  expliquer  le  mode  de  peuplement  de  la  terre  ? 

Il  me  suffit  donc  de  vous  avctir  oxposf''  l'ensemble  bien  abrégé  de  ces  falls, 


BULLETIN   DES   CONFÉRENCES    KT    LECTURES.  719 

pour  avoir  démontré  le  lextc  que  je  me  suis  i)roposé  de  vous  développer 
aujourd'lmi,  et  qui  se  résume  dans  celte  grande  proposition,  que  tout  n'est 
qu'acclimatation,  et  que  c'est  par  acclimatation  que  la  terre  a  été  peuplée  de 
toutes  les  espèces  animales  et  végétales  ! 

Ouellcs  que  soieut  donc  les  objections  qu'on  nous  veuille  opposer,  soyez  per- 
suadés, messieurs,  que  nous  marchous  d'accord  avec  la  nature,  avec  la  tra  - 
dition,  avec  la  science.  Mais  imitons  en  tout  cette  grande  et  sage  nature.  Ce 
n'est  pas  eu  quelques  jours  ni  en  quelques  années  qu'elle  accomplit  les 
acclimatations,  elle  n'agit  ([u'à  pas  lents  et  courts.  Il  lui  faut  la  durée  des 
siècles  et  l'étendue  de  l'espace  !  Ce  n'est  pas  après  quelques  essais  qu'elle 
s'arrête  et  se  repose  ;  elle  se  reprend  à  bien  des  fois.  C'est  elle  qui  ne  se  lasse 
pas  de  remettre  son  œuvre  sur  le  métier,  de  le  corriger  et  de  le  recorriger 
sans  cesse  !  Avant  de  s'arrêter  aux  épreuves  qu'elle  nous  offre  aujourd'hui, 
qui  ne  sont  plus  celles  d'hier  et  qui  ne  seront  plus  celles  de  demain,  elle  en 
a  tiré  bien  d'autres!  Jamais  elle  ne  dit  son  dernier  mot,  elle  n'est  pas  e'i 
bout  de  ses  transformations  I  Notre  lâche  n'est  pas  terminée,  nous  ne  devons 
pas  nous  inunobiliser  dans  les  seules  formes  que  nous  possédons.  Un  grand 
poète,  un  grand  chantre  de  la  terre,  Virgile,  dans  ses  Géoryiques,  nous  a  dit 
le  secret  de  cette  conduite  :  • 

[-"aler  ipse  colendi 

Haud  facikm  cssc  viam  voluit 

Dieu  n'a  pas  voulu  que  le  champ  ouvert  à  l'activité  humaine  fût  facile  à 
parcourir.  Soyons  patients,  soyons  persévérants  comme  la  naturelle  succès 
est  à  ce  })rix.  Marchons  vers  notre  but,  résolîiuient,  sans  distraction  et  sans 
défaillance,  soutenus  par  cette  pensée,  que  nous  travaillons  à  une  grande 
œuvre,  que  le  concours  du  plus  humble  d'entre  nous  peut  donner  les  plus 
grands  résultats  !  La  Société  d'acclimatation  a  si  bien  compris  cette  vérité, 
qu'elle  a  ouvert  ses  portes,  pour  ainsi  dire,  à  deux  battants,  et  ne  demande 
pas  la  moindre  preuve  de  capacité  à  ceux  qui  veulent  bien  unir  leurs  efforts 
aux  siens;  il  ne  faut  être  ni  roi,  ni  prince,  ni  académicien,  bien  que  plus 
d'un  de  ceux-là  aient  voulu  aussi  se  mettre  à  l'œuvre  avec  nous,  pour  accli- 
mater une  plante  ou  un  animal!  La  moindre  conquête  pareille  vaut  plus  que 
i:elle  d'une  grande  province,  et  dou v  ou  irois  acquisiiions  semblables  se  ratta- 
chant à  la  mémoire  de  la  Société  d'acclimatation  sufliront  un  jour  pour  fair.' 
bénir  vos  modestes  travaux!  L'histoire  naturelle,  en  général,  après  n'avoir 
été  longtemps  qu'une  science  d'observation,  doit  tendre,  dit  M.  Decaisne,  h  se 
l'aire  science  (rexpérinienlation.  Le  Jardin  d'acclimatation  n'est  qu'une  des 
réalisations  de  cette  pensée. 


ÔUVR4CiES  OfFERTf^  A    L4   i^iOCIETE. 


Annales  et  résumé  des  travaux  de  la  Société  nantaise  d'horticulture,  de  décembre 

1858  à  décembre  1861. 
Annales  de  la  Société  d'agriculture  du  Puy,  1861. 

Recueil   des  travaux  de  la  Société  libre  d'agriculture  de  l'Eure,  1860  et  1861. 
Mémoiies  de  la  Société  impériale  d'agriculture  d'Angers,  1862  et  1863. 
Annales  de  la  Société  impériale  d'agriculture  de  la  Loire,  l'^"'  semestre  de  1861}. 
Travaux  de  1862  ù  186.3  de  la  Société  académique  des  sciences,  arts,  etc.,  de 

Saint-Quentin. 
Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de  Monibéliard,  2'  série,  1"^^"^  volume. 
Comité  d'agriculture  pratique  de  Marseille,  1863. 
Bulletin  de  l'Union  des  arts.  Marseille,  1863. 
Revue   agricole,  industrielle,    etc.,    de   la    Société  impériale    d'agriculture   de 

\'alenciennes,  1863. 
Bulletin  de  la  Société  genevoise  d'utilité  publique.  Genève,  1863. 
Boletin  de  la  Socicdad  Mexicana  de  geographia  y  estadistica.  Mexico,  1863. 
Annual  Report   of  tbe   Board   of  régents  of  tbe   Smitlisoniau  Institution,  1861. 
Obio  Agricultural  Report,  1861,  Colombns,  1862. 

Proceeling<  of  ibe  Academy  oriSatural  Sciences  ofl'hiUidolphia,  n"' v  à  xii,  1862. 
The  Transactions  of  tbe  Academy  of  Science  of  Saint-Louis,  1863. 
Boston  Journal  of  Natural  llistory,  vol.  YIl,  n"  i  à  m,  1850  à  1862. 
Proceedings  of  the  Boston  Society  of  Natural  History,  1861,  à  1863. 
Constitution  and   by-laws  of  the  Boston  Society  of  ISatural  History,  with  a  List 

of  Ihe  members,  1855. 
Annual  Rp|iorl  of  tlie  Tiuslees  of  the   Muséum  of  compaialive   Zoology,    1862. 
Addiess  of  his  Excellency  John  A.  Andrew  to   the  Législature  of  Massachusetts. 

January  9,  1863. 
Catalogue  of  the  Army  Médical  Muséum.  Washington,  D.C.,  1863. 
Nouveau  Traité    sur   les  Vaches   laitières  et    les    Taureaux   reproducteurs  ,    par 

V.  P.  Tiioi'BAT.  Offert  par  l'auteur. 
Richesses   ornithologiqiies  du   midi   de   la   France,  par  MM.  J.   B.   Jaiîbkrt  et 
•    Barthélémy  Lapommeraye 
Étude  sur  l'industrie  huîtrière  des  États-Unis,  par  M.  Philippe  de  Broca.   OtTert 

par  l'auteur. 
Guide  pratique  du  pisciculteur,  par  M.  Pierre  Carbonnier.  Offert  par  l'auteur. 
Tentative  d'éducation  du  Ver  à  soie  Ya-ma-maï,  par  M.  Emilio  Cornalia.  Offert 

]par  l'auteur. 
Les  Fleurs  de  pleine  terre,  par  M.  Vn.MoRiN-ANtiRiEix.  Offert  par  l'auteur. 
Coup  d'œil    sur   la  végétation    de  la    partie   sc|itenlrionale    du   département    de 

l'Aude,  par  M.  D.  Clos. 
Éloge  de  M.  le  docteur  Ernest  Godard,  par  M.  le  docteur  Martix-Magron.  Offert 

parla  famille  de  M    Godard. 
L'Isthme  de  Suez,  par  M.  A    >ioiROT.  Offert  par  l'aiitem-. 
Les  Petits  questionneurs,  ou  Causeries  d'un  père  avec  ses  enfants  sur  l'histon-e 

naturelle,  par  M.  Ch.  Poix  de  Beai:voys.  (Hfert  par  l'auteur 
Rapport  sur  la  Double,  par  MM.  E.  de  Lentii.hac  et  L.  Guilrert. 
Étude  sur  la   métallurgie  au  Cerro  de  Pasco  (Pérou),  par  M.   Emile  Colpaert. 

OtTert  |iar  l'auteur. 
Épître  aux  laboureurs,  par  Ch.  Peire. 
La  Conquête  de  l'air  par  l'hélice,  par  M.  le  vicomte  de  Ponton  d'Amécoirt. 


I.   TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


RAPPORT 
SIR    LE   JARDIN   D'ACCLIMATATION 

PENDANT    l'année    1863, 
par  M.  RIFZ  DE  L,AVISO\',  directeur. 


(Séance  du  11  décembre  1863.) 


Bien  que  depuis  votre  dernière  séparation  il  ne  se  soit  pro- 
duit, au  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  aucun  de  ces  faits  qu'on 
doive  avoir  hâte  d'annoncer,  et  qui ,  par  leur  importance  ou 
leur  singularité,  puissent  justifier  la  prétention  d'occuper,  dès 
cette  première  séance,  votre  attention;  bien  que  tout  ait  suivi 
au  Jardin  le  cours,  pour  ainsi  dire,  naturel  à  l'œuvre  qui  s'y 
accomplit,  et  que  je  n'aie  qu'à  vous  confirmer  des  faits  déjà 
connus,  mais  seulement  avec  l'autorité  d'une  année  de  plus, 
j'ai  pense  que  même  le  simple  compte  rendu  de  cet  état  ordi- 
naire ne  serait  point,  pour  vous,  sans  intérêt,  et  qu'il  entrait 
dans  mes  devoirs  de  vous  le  présenter. 

On  peut  dire  que,  pour  le  Jardin  d'acclimatation,  la  pé- 
riode de  la  nouveauté  est  passée  et  que  la  curiosité  vulgaire 
est  satisfaite;  nous  arrivons  aux  temps  où  le  Jardin  doit  justi- 
fier sa  raison  d'être  et  s'aflirmer  dans  l'opinion  par  des  résul- 
tats positifs  et  appréciables. 

Ouoiqu'en  fait  d'acclimatation,  trois  ans  soient  un  bien 
court  espace  de  temps  pour  avoir  pu  réaliser  quelque  chose 
de  fixe  et  de  définitif,  quelque  chose  dont  l'admission  ne  doive 
laisser  aucun  doute  ni  aucune  crainte  et  ne  paraisse  point 
prématurée,  nous  pensons  que  les  observations  que  nous  allons 
vous  soumettre  ont  été  assez  répétées,  assez  vérifiées,  pour 
mériter  quelque  confiance  et  encourager  ce  grand  mouve- 
ment qui  porte  de  toutes  parts,  à  la  création  des  jardins  d'accli- 
matation. 

T.  X.  —  Décembre  1863.  46 


722       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMATATION. 

Un  premier  fait  que  l'on  peut  considérer  comme  eicquis, 
en  ce   qui  concerne  presque  tous  les  mammifères  et  tous 
les  oiseaux  pris  individuellement,  c'est  que,  sans  Ibeaucoup 
plus  de  soins  que  ceux  qu'exigent  nos  animaux  domestiques 
de  quelque  valeur,  on  peut  les  faire  vivre  une  ou  plusieurs 
années  dans  les  nouvelles  conditions  de  vie  où  ils  sont  trans- 
portés, et  qui  sont  souvent  si  différentes  de  celles  de  leur 
climat  natal.  Presque  tous  les  animaux  qui  sont  dans  les 
parcs  ou  dans  les  volières  du  Jardin  d'acclimatation  pourraient 
être  cités  en  preuves  de  cette  observation.  Nous  avons  des 
Hoccos  de  Cayenne  ainsi  que  des  Pénélopes,  des  Agamis,  des 
Colombi-gallines  des  Antilles,  des  Agoutis,  des  Manicous, 
des  Tatous,  qui  ont  déjà  très-bien  supporté  deux  ou  trois 
hivers.  A  peine  cliauffe-t-on  les  lieux  où  ils  sont  tenus  (0  5  1^ 
thermomètre,  la  nuit,  y  est  souvent  à  zéro,  et,  pendant  les 
jours  froids,  lorsque  le  temps  est  beau,  on  les  laisse  en  plein 
air,  pendant  une  heure  ou  deux.  Jamais,  jusqu'ici,  nous 
n'avons  eu  de  mortahté  qui  ait  pu  être  rapportée  à  cette  pra- 
tique. 

Je  tiens  d'un  homme  d'une  expérience  consommée  dans 
l'élevage  des  animaux,  de  M.  Wekemans  d'Anvers,  qu'il  chauffe 
très-rarement  sa  ménagerie  d'animaux  exotiques.  Plusieurs 
autres  amateurs  distingués,  membres  de  la  Société ,  entre 
autres  MM.  Simon  et  Coeffier,  m'ont  dit  la  même  chose. 

On  n'a  pas  remarqué  que  la  mortalité  des  animaux  venus 
des  pays  chauds  ait  été  plus  considérable  pendant  l'hiver  que 
pendant  les  autres  mois  de  l'année. . 

Les  gros  Zébus  du  Sénégal  et  du  Soudan,  les  petits  Zébus 
'de  l'Inde,  les  llémiones,  restent  presque  tous  les  jours  à  l'air 
ilibre  dans  leurs  parcs. 

Quelques  animaux  domestiques  des  climats  chauds  ont  pu 

(1)  il  n'y  a  de  diauiïôs  au  Jardin  d'acclimatation  que  la  cabane  des  Au- 
'  iruclies  et  trois  coniparlimcnts  de  la  grande  volière,  et  dans  ces  comparti- 
îmenls  la  chaleur  est  rarement  portée  au-dessus  de  8",  quoique  les  oiseaux 
qui  y  sont  viennent  des  contrées  tropicales  dont  le  niininunn  en  tempéraUu-e 
n'est  jamais  moindre  de  20°  centigrades.  Les  parcs  des  gros  mammifères, 
Zébus,  llémiones.  Antilopes,  ne  sont  jamais  chauffés. 


RAPPORT   SUR   LE   JARDIN.  723 

même,  dès  la  première  année  de  leur  arrivée  au  Jardin,  être 
employés,  pendant  l'hiver,  aux  usages  auxquels  ils  servaient 
dans  leur  pays.  C'est  ainsi  qu'un  petit  Étalon  de  Java  et  un 
autre  Cheval  de  petite  taille  aussi,  dit  race  de  Pégu,  venu  de 
laCocliinchine  et  donné  au  Jardin  par  S.  M.  l'Empereur,  ser- 
vent à  faire  nos  charrois,  soit  à  l'intérieur,  soit  à  l'extérieur, 
et  vont  souvent,  deux  fois  par  jour,  aux  gares  des  che- 
mins de  fer  les  plus  éloignées,  sans  paraître  souffrir  de  ce 
service. 

J'ai  vu,  plus  d'une  fois,  le  thermomètre  étant  à  zéro,  le 
Tapir  de  la  Guyane  traverser  la  rivière  du  Jardin  et  paraître 
même  prendre  plaisir  à  cet  exercice.  Les  Canards  aulumna- 
lis,  qui  sont  du  môme  pays,  barbotent,  comme  en  plein  été, 
dans  les  bassins  de  leurs  parquets,  et  nos  Agoutis  sont  en  li- 
berté dans  leur  parc,  avec  possibilité  seulement  de  se  retirer 
dans  leurs  cabanes,  lorsqu'ils  le  veulent.  Un  Coq  caraïbe  envoyé 
de  la  Guadeloupe,  pendant  deux  hivers,  a  couché  dans  les  ar- 
bres, exposé  à  toutes  les  intempéries;  il  ne  s'est  pas  moins 
bien  développé  et  est  devenu  aussi  beau  que  sous  son  ciel 
natal. 

Enfin  les  Casoars  restent  couchés  dans  la  neige  et  leur 
épaisse  toison  de  plumes,  qui  ressemble  à  un  toit  de  chaume, 
est  souvent  couverte  d'une  couche  de  glace. 

Tous  CCS  faits  autorisent  à  penser  que  le  froid  modéré  de 
nos  climats  n'est  pas  une  des  conditions  les  plus  insurmon- 
tables à  l'acclimatation  des  animaux  ;  la  puissance  d'engen- 
drer la  chaleur  se  développe  sans  doute  en  raison  du  besoin 
qu'en  éprouve  l'organisme,  et  tous  les  animaux  sont  doués, 
jusqu'à  un  certain  point,  d'une  force  de  résistance  contre  les 
miheux  dans  lesquels  ils  sont  placés.  Il  ne  faut  établir,  sous  ce 
rapport,  aucune  comparaison  entre  les  plantes  et  les  animaux. 
Dès  la  première  gelée  blanche,  on  voit  les  plantes  tropicales, 
qui  pendant  l'été  avaient  poussé  très-vigoureusement  en  pleine 
terre,  se  flétrir,  s'affaisser  sur  elles-mêmes,  et  ne  présenter, 
pour  ainsi  dire,  que  des  cadavres  noircis  et  inanimés.  Une 
seule  nuit  suffit  pour  détruire  tout  un  parterre,  on  diraitqu'un 
souffle  de  feu  y  a  passé.  C'est  ce  que  vous  avez  pu  voir  ces 


72A       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D'aCCLIMATATION. 

jours-ci  sur  nos  corbeilles  de  Ricin,  de  Canna  et  de  Wigandia. 
Un  pareil  désastre  ne  se  voit  jamais  chez  les  animaux  ;  il  s'en 
faut  qu'on  observe  rien  même  d'approchant  :  tout  au  plus  nos 
animaux  intertropicaux,  aux  premières  atteintes  du  IVoid, 
témoignent-ils  de  la  tristesse  et  perdent-ils  de  leur  vivacité  (1). 

Cette  résistance  aux  premières  atteintes  du  froid  se  con- 
linue-t-elle  contre  une  action  plus  prolongée,  et  les  animaux 
qui  ont  bravé  les  premiers  mois  de  l'hiver  en  atteignent-ils 
aussi  vaillamment  la  fin?  Y  en  a-t-il  qui  parviennent  à  un  se- 
cond ou  à  d'autres  hivers?  Il  est  évident  que,  d'après  notre 
expérience,  nous  ne  pouvons  répondre  que  pour  trois  ans,  car 
l'existence  du  Jardin  ne  remonte  pas  au  delà.  Or,  il  nous 
serait  facile  de  citer  un  grand  nombre  d'animaux  qui  sont 
au  Jardin  depuis  son  ouverture,  et  qui  ont  traversé  très-bien 
les  hivers  écoulés  depuis  cette  époque. 

lia  été  constaté,  au  Muséum,  que  les  animaux  du  Nord, 
qui  sont  amenés  dans  les  climats  plus  tempérés,  s'en  accom- 
modaient moins  bien  que  ceux  du  Sud,  qui  sont  transportés 
au  Nord.  Les  Ours  blancs,  les  Rennes  et  les  Rouquetins  ne 
vivent  pas  longtemps  en  France. 

Pour  expliquer  la  résistance  de  certains  animaux  au  froid, 
outre  l'explication  physiologique  de  l'accoutumance  qui  se 
démontre  par  la  répétition  des  faits,  si  l'on  examine  ces  ani- 

(1)  J'ai  eu  souvent  roccasioa  de  constater  que  les  habitants  des  Antilles 
qui  viennent  en  France  ne  se  plaignent  point  de  l'hiver  durant  la  première 
année  de  leur  séjour,  ils  sont  même  très-légèrement  vêtus.  Il  semble  que 
leurs  chairs  restent  imprégnées  du  calorique  dont  ils  avaient  riiabitiulo  et 
en  gardent  comme  une  sorte  de  provision.  Quelque  chose  de  semblable  a 
lieu  lorsque  nous  nous  chaulions  devant  un  grand  feu,  quand  il  fait  froid, 
avant  de  sortir  à  Tair  nous  nous  chargeons  de  calorique.  Larrey  dit  que 
dans  la  campagne  de  lUissie,  les  Iialiens  et  les  Espagnols  succombèrent 
moins  que  les  Polonais  et  les  Allemands.  On  lit  dans  le  Constilutionnel  du 
9  décembre  :  «  Les  soldats  arabes  habitués  à  vivre  dans  le  pays  du  soleil 
paraissent  moins  sensibles  aux  première  atteintes  du  froid  que  les  Européens. 
On  voit,  en  cfl'el,  spahis  et  turcos  de  service  à  Fintérieur  des  casernes,  aux 
écuries,  aux  cuisines  et  ailleurs,  vaquer  à  leurs  occupations  dans  le  désha- 
billé habituel  qu'on  leur  connaît  ;  ils  ont  la  poitrine  et  les  jambes  absolu- 
ment nues  conmie  en  été,  et  ne  paraissent  nullement  incommodés  du  froid. 
Leur  sauté  se  maintient  très-bien  et  leur  mortalité  a  été  ù  peu  près  nulle, 


RAPPORT   SUR  LE   JARDIN.  725 

maux,  on  ne  tarde  pas  à  découvrir  le  moyen  auquel  la  nature 
a  recours  pour  les  approprier  au  nouveau  milieu  dans  lequel 
ils  sont  transportés.  S'agit-il  d'un  animal  à  poil,  dès  le  pre- 
mier hiver,  ce  poil  s'allonge,  et,  au  second,  pousse  plus  long 
encore,  aiin  de  iournir  à  l'animal  une  toison  plus  chaude. 
C'est  ce  qui  est  très-sensihle,  en  ce  moment,  sur  une  famille 
de  Moutons  sénégalais ,  qui  se  trouve  au  Jardin  depuis  deux 
ans.  De  ras  qu'était  le  poil  de  ces  animaux  à  leur  arrivée,  il 
est  aujourd'hui  long  et  frisé.  Cette  frisure  est  encore  plus 
prononcée  chez  les  petits,  nés  en  France,  que  chez  leurs 
parents  du  Sénégal.  Un  changement  semblahle  s'observe  sur 
les  Mouflons  à  manchettes,  qui  sont  de  l'intérieur  de  l'Afri- 
que; les  Manicous,  qui  ont,  aux  Antilles,  un  poil  rare,  grêle  et 
blanc,  l'ont  plus  fourni,  plus  long  et  presque  noir;  le  pelage 
des  Agoutis  est  plus  foncé.  Sans  doute,  si  l'on  examinait  de 
près  et  avec  soin  tous  les  mammifères,  on  trouverait  chez  tous 
des  changements  semblables. 

J'ai  vainement  cherché,  chez  les  oiseaux  des  pays  chauds, 
si  la  pousse  des  plumes  après  la  mue  amenait  quelque  modi- 
fication appréciable.  Mais  ce  que  je  puis  affirmer,  c'est  que  les 
Poules  du  Nord,  celles,  entre  autres,  de  Hollande  et  de  Breda, 
ont  un  duvet  plus  fourni  et  plus  serré. 

Telles  sont,  messieurs,  quelques-unes  des  observations  qui 
ont  été  faites  relativement  à  la  tolérance  du  froid  de  l'hiver 
chez  les  animaux  des  pays  chauds. 

Si  maintenant  nous  venons  à  considérer  la  question  de  l'ac- 
climatation, sous  le  rapport  de  la  nourriture  des  animaux, 
nous  trouvons  dans  les  annales  de  la  science,  qu'une  grande 
influence  a  été  attribuée  au  changement  d'alimentation  pour 
expliquer  l'insuccès  de  quelques  tentatives  d'acclimatation. 
Ainsi  la  non-réussite  du  Lama  en  Europe,  jusqu'à  présent,  a 
été  attribuée  au  manque  de  l'Icho,  herbe  dont  les  Lamas  se 
nourrissent  sur  les  Cordillères.  Il  est  constant  que  les  animaux 
sauvages  réduits  en  captivité  ont  besoin  de  faire  en  quelque 
sorte  connaissance  avec  les  aliments  qu'on  leur  présente.  Il 
faut  les  leur  placer  sous  le  nez  et  les  contraindre  à  y  toucher 
par  un  contact  prolongé.  C'est  pourquoi  on  se  trouve  bien  de 


726       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

les  tenir,  pendant  les  premiers  jours,  clans  des  cages  res- 
treintes, avant  de  les  lâcher  en  liberté  dans  des  lieux  plus  espa- 
cés. Mais  ce  qu'il  y  a  de  non  moins  certain,  c'est  que  tous  ces 
animaux  sauvages,  en  général,  finissent  par  se  faire  à  nos 
grains  :  blé,  avoine  ou  millet,  ou  bien  à  nos  fourrages:  foin 
ou  luzerne.  Tous  sont  très-avides  de  pain.  C'est  ce  dont  vous 
pouvez  vous  assurer  en  voyant  môme  ceux  qui  se  montraient 
d'abord  lesplus  farouches,  au  bout  de  quelques  jours  accourir 
au-devant  du  morceau  de  pain  que  leur  tendent  les  visiteurs, 
et  paraître  même  le  solliciter,  après  qu'ils  en  ont  une  fois  goûté. 

J'aurai  l'honneur  de  vous  soumettre  prochainement  de  plus 
loncs  détails  sur  l'alimentation  des  animaux  au  Jardin  d'accli- 
malation  (1). 

Mais  en  acclimatation,  comme  on  l'a  dit  avec  raison,  les 
individus  ne  prouvent  rien.  Ce  n'est  pas  seulement  de  leur 
conservation  qu'il  faut  arguer,  c'est  l'espèce  qu'il  importe 
d'acquérir;  il  n'y  a  acclimatation  véritable  que  lorsque 
l'espèce  est  acquise,  et  l'espèce  n'est  acquise  que  par  les 
reproductions.  Voyons  donc  où  nous  en  sommes  au  Jardin 
sous  le  rapport  des  reproductions. 

Tous  les  grands  mammifères  :  Yaks,  Zèbres,  Héniiones, 
Chevaux  exotiques,  Antilope  nilgaut,  Gazelle  dorcas.  Cerf 
d'Aristote,  Cerf-cochon,  Cerf  de  Virginie,  Axis,  Lama,  Gua- 
naco,  Alpaca,  Kangurous,  ont  reproduit,  non-seulement  une 
fois,  mais  la  plupart  même  plusieurs  fois.  C'est  à  tel  point 
que  l'on  peut  généraliser  la  proposition,  et  dire  que  tous  les 
grands  mammifères  reproduisent.  Car  ceux  dont  nous  n'avons 
pas  eu  de  génération  sont  les  individus  isolés,  dont,  soit 
le  mâle,  soit  la  femelle  manquait,  comme,  par  exemple,  le 
Zèbre,  le  Dauw,  le  Gnou,  les  Cerfs  de  Bornéo  et  du  Japon,  et  le 
Tapir. 

(1)  Les  animaux  domestiques  habitués  à  une  nourriture  se  refusent  à 
toute  autre,  lorsqu'ils  en  sont  privés.  C'est  ce  que  l'on  voit  souvent  en  faisant 
passer  un  Cheval  d'une  écurie  à  une  autre.  On  est  quelques  jours  à  refaire 
son  régime.  On  a  eu  beaucoup  de  peine  à  ha]}itucr  les  animaux  au  sainfoin. 
Mais  parmi  les  difficultés  de  l'acclimatation,  le  changement  de  nourriture 
est  une  des  moins  iiisurmontables. 


RAPPORT  SUR  LE  JARDIN.  727 

Parmi  les  petits  mammifères,  les  Agoutis,  les  Acouchis,  les 
Manicoiis  et  les  Tatous  ont  reproduit.  Une  paire  de  Phas- 
colomes  wombat  est  restée  inféconde  pendant  deux  ans  ;  mais 
il  faut  dire  qu'on  n'a  jamais  pu  obtenir  entre  eux  d'accouple- 
ment: cha(iue  fois  qu'on  les  mettait  ensemlile,  ils  se  battaient 
jusqu'au  sang,  on  a  été  obligé  de  les  séparer. 

Quant  aux  oiseaux,  j'aurais  plus  tôt  fait  de  citer  ceux  qui 
n'ont  pas  reproduit,  que  d'énumérer  ceux  dont  nous  n'avons 
pas  eu  des  œufs  et  des  petits.  Chez  eux,  comme  chez  les 
mammifères,  l'infécondité  est  l'exception.  J'ai  eu  toujours 
soin,  dans  nos  bulletins  mensuels,  de  vous  tenir  au  courant 
de  la  production  de  nos  oiseaux.  Il  sufQra  donc  de  vous 
rappeler  que  les  Lophophores,  les  Faisans  de  Cuvier  et  les 
Mélanotes,  les  Casoars,  les  Cygnes  noirs,  les  Canards  de  la 
Caroline,  ceux  de  la  Chine  et  de  Bahama  ont  donné  de  belles 
espérances.  Mais  je  dois  avouer  que  nous  n'avons  pas  été 
heureux  dans  l'élevage  des  petits,  et  que  nous  avons  eu  le 
regret  de  les  voir  succomber  alors  même  que  nous  croyions 
toucher  au  plaisir  de  pouvoir  vous  les  annoncer  aujourd'hui. 
C'est  ainsi  qu'une  paire  de  jeunes  Lophophores,  arrivés  à  six 
mois,  ayant  passé  la  période  réputée  pour  les  oiseaux  de  cette 
sorte  la  plus  redoutable,  sont  morts  ces  jours  derniers  par 
une  sorte  d'influence  épidémique,  qui  a  également  emporté 
la  mère.  Attribuant  l'insuccès  de  nos  élevages  au  manque 
d'installations  appropriées  à  cette  partie  du  service,  les 
animaux,  même  pendant  la  saison  de  l'amour,  étant  exposés 
aux  troubles  de  toute  sorte  que  leur  occasionne  la  présence 
du  public,  le  Comité  de  direction  a  décidé  qu'un  parquet 
d'élevage  serait  ajouté  aux  constructions  du  Jardin.  Grâce  à 
cette  amélioration,  j'espère  que  l'an  prochain,  j'aurai  de  meil- 
leurs résultats  à  vous  annoncer. 

Nous  n'éprouvons  aucun  embarras  à  reconnaître  qu'il  y  a 
des  lieux  oii  l'élevage  des  animaux  réussit  mieux  qu'au  Jardin 
d'acclimatation.  C'est  ce  que  nous  pouvons  juger  par  le  grand 
nombre  de  Colins,  de  Faisans  dorés  et  argentés,  de  Canards 
mandarins  et  de  la  Caroline,  et  de  beaucoup  d'autres  espèces 
encore  qui  nous  sont  offerts  et  que  nous  pouvons  nous  pro- 


728       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

curer  par  des  achats.  Ce  grand  nombre  de  réussites  des 
autres  n'excile  pas  en  nous  une  stérile  envie,  nous  y  voyons 
des  motifs  d'encouragement  et  d'émulation,  et  surtout  la 
démonstration  de  la  possibilité  des  acclimatations  et  le 
triomphe  des  doctrines  que  nous  soutenons. 

Si  la  propagation  par  notre  production  locale  a  été  res- 
treinte, il  n'en  est  pas  de  même  de  celle  que  nous  avons  pu 
faire  en  répandant  les  produits  obtenus  par  d'autres,  et  en 
cela  nous  croyons  servir  autant  au  progrès  de  l'acclimatation. 
Ainsi  nos  ventes  d'animaux,  qui,  la  première  année  de  l'exploi- 
tation du  Jardin,  s'élevaient  à 37,9Zi5  fr. 

La  seconde,  à 73,351 

S'élèveront  cette  année,  à 110,000 

Les  achats  étant  proportionnés  aux  ventes,  vous  pouvez 
juger  quelle  impulsion  la  création  du  Jardin  d'acclimatation  a 
imprimée  à  la  propagation  des  espèces  utiles  ou  d'agrément 
susceptibles  d'être  acclimatées.  Au  nombre  de  nos  acheteurs, 
se  trouvent  plusieurs  des  nouveaux  jardins  zoologiques 
ouverts  en  Europe,  et  à  qui  nous  avons  fourni  leur  premier 
fond.  Ces  jardins,  nouvellement  établis,  ne  sont  pas  seulement 
des  sources  d'acheteurs,  c'est  là  leur  moindre  mérite,  ce 
sont  aussi  des  sources  de  production.  En  variant  les  stations 
où  se  font  les  expériences ,  ils  mettront  plus  à  même  de 
reconnaître  celles  qui  sont  les  plus  propices  à  telles  ou  telles 
espèces,  et  donneront  aux  œuvres  de  l'école  d'acclimatation 
ce  caractère  d'universalité  et  de  cosmopolitisme  qui  doit 
amener  le  succès  des  expériences  tôt  ou  tard  dans  un  lieu  ou 
dans  un  autre;  succès  qui,  partout  et  toujours,  nous  com- 
blera de  joie. 

Nul  doute  aussi  que  le  commerce  des  animaux,  suivant  la 
grande  loi  économique  de  l'olTre  et  de  la  demande,  ne  doive 
prendre  chaque  jour  un  plus  grand  développement;  qu'on 
verra,  même  les  plus  rares,  transportés  en  plus  grand  nombre 
du  jour  où  leur  vente  sera  assurée,  et  qu'ils  tomberont  à  des 
prix  qui  en  rendront  l'acquisition  plus  possible  et  les  mettront 
à  la  portée  d'un  plus  grand  nombre  d'expérimentateurs.  Ainsi 
se  multipliera  la  propagation,  dernier  terme  de  l'acclimata- 


RAPPORT  SUR  LE  JARDIN.  729 

lion,  à  l'extension  de  laquelle  le  petit  nombre  des  souches  est 
le  plus  grand  obstacle. 

Les  expositions  sont  reconnues  pour  un  grand  moyen  de 
propagande,  elles  servent  aussi  à  constater  l'étendue  des 
variétés  d'une  même  espèce.  Ce  sont  de  véritables  grandes 
revues  de  l'histoire  naturelle,  aussi  profitables  à  la  science 
qu'à  l'industrie.  C'est  sous  ce  double  rapport  que  le  Jardin 
les  a  comprises  dans  son  programme. 

Il  y  en  a  eu  trois  cette  année. 

La  première,  consacrée  aux  volatiles  de  toutes  sortes,  a  eu 
le  mémo  succès  que  l'année  précédente.  Il  vous  en  a  été 
rendu  un  compte  particulier. 

L'exposition  des  races  canines,  qui  a  été  la  seconde,  a 
dépassé  l'attente  de  tout  le  monde.  Elle  a  révélé  dans  cette 
espèce  une  richesse  qu'on  ne  soupçonnait  pas  en  France. 
Cette  exposition  a  été  presque  un  événement  public,  qui 
restera  comme  une  date  dans  les  annales  de  l'art  cynégétique. 

Enfin,  l'exposition  d'apiculture,  en  ouvrant  l'enceinte  du 
Jardina  l'exhibition  des  produits  de  cette  antique  et  char- 
mante industrie,  et  à  ses  fidèles  sectateurs,  a  montré  toute  la 
libéralité  de  notre  institution,  et  combien  nous  sommes  dis- 
posés k  prêter  notre  concours  à  toute  Société  marchant  dans 
la  même  voie  que  nous,  et  à  qui  ce  concours  peut  être  utile. 
C'est  dans  la  même  vue  de  bonne  confraternité  que  le  Jardin 
admet,  dans  les  conférences  qui  s'y  font,  l'enseignement  des 
préceptes  de  la  Société  protectrice  des  animaux,  si  proche 
alUée  de  la  nôtre,  enseignement  professé  avec  tant  de  zèle 
par  l'un  de  nos  collègues,  M.  le  docteur  Pigeaux. 

La  question  de  la  production  d'un  hybride  entre  le  Lièvre 
et  le  Lapin  a  plus  d'une  fois  occupé  l'attention  des  naturalistes 
sans  pouvoir  être  résolue.  Elle  a  encore  cette  année  donné 
lieu  à  d'assez  vives  contestations.  Le  Jardin  s'est  apphqué  à 
réunir  plusieurs  des  animaux  présentés  comme  les  produits  de 
cette  hybridation,  afin  d'en  constituer  un  examen  public,  en 
même  temps  qu'il  tente  une  vérification  plus  complète,  prise 
pour  ainsi  dire  ab  ovo,  en  tachant  d'obtenir  des  Léporides 
nés  au  Jardin,  et  dont  nous  puissions  répondre  de  visu. 


730      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Car  nous  comprenons  que  l'étude  de  certains  croisements 
doit  entrer  dans  le  cercle  de  nos  expérimentations;  c'est  à 
ce  titre  que  j'en  ai  fait  l'objet  de  quelques-unes  des  confé- 
rences qui  m'ont  été  confiées.  Au  nombre  des  métis  et  des 
hybrides  obtenus  au  Jardin,  et  dont  j'ai  donné  la  liste,  il  faut 
ajouter  un  métis  d'Alpaca  et  de  Guanaco,  né  ces  jours-ci,  et 
qui  permettra  d'étudier  ce  produit,  dont  l'exislence  n'a  pas 
été  notée  même  dans  les  contrées  dont  ses  progéniteurs  sont 
originaires. 

Enfin,  en  ce  moment,  le  Jardin  est  un  des  lieux  où  de 
savants  médecins  et  d'habiles  vétérinaires  instruisent  l'im- 
portante question  de  la  transmission  des  animaux  à  l'homme 
du  virus  préservateur  de  la  variole. 

C'est  ainsi  que  le  Jardin  s'efforce  de  justifier  la  devise  de 
son  fondateur  :  ntilitati. 

L'intérêt  que  le  public  prend  à  votre  œuvre  ne  paraît 
point  se  refroidir,  si  nous  en  jugeons  par  le  nombre  des 
visiteurs,  qui  dépasse  de  phis  d'un  tiers  celui  des  années  pré- 
cédentes. Une  autre  manifestation  non  moins  efficace  de 
cet  intérêt,  ce  sont  les  dons  qui  vous  ont  été  faits.  Ils  n'ont 
été,  cette  année,  ni  moins  nombreux,  ni  moins  importants 
que  l'an  dernier.  Il  suffit  de  vous  rappeler  le  Gnou,  l'Antilope 
blessbock,  un  jeune  Zèbre  femelle,  donnés  par  M.  Chabaud, 
vice-consul  de  France  à  Port-Elisabeth  ;  le  beau  Cerf  du 
Japon,  par  Son  Excellence  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  et  du 
commerce  ;  une  belle  collection  d'Agamis,  de  Perroquets  et 
d'oiseaux  du  Brésil,  par  M.  de  Lémont,  consul  de  France  à 
Pernambuco  ;  deux  Tragopans,  magnifiques  oiseaux  envoyés 
par  M.  Dabry  ,  dont  les  communications  dans  cette  enceinte 
nous  ont  laissé  de  si  bons  souvenirs,  et  qui  est  aujourd'hui 
consul  en  Chine.  Les  titres  de  ces  donateurs  vous  disent 
quels  précieux  collaborateurs  vous  acquérez  tous  les  jours. 
La  coopération  de  MM.  les  consuls  de  France,  dans  leurs 
diverses  résidences,  a  toujours  paru  cala  Société  une  des  plus 
souhaitables  qu'elle  puisse  acquérir.  Sans  doute  il  faut  voir 
dans  leur  bienveillance  un  effet  naturel  de  l'intérêt  que  vous 
inspirez,  peut-être  aussi  le  désir,  si  cher  à  tout  cœur  bien  né, 


RAPPOUT  SUR  LE  JARDIN.  7B1 

fie  se  rappeler  au  souvenir  de  la  patrie  absente  ;  mais  ne 
devons-nous  pas  y  voir  aussi  quelque  chose  de  l'infatigable  et 
persuasive  sollicitude  de  notre  Président,  qui,  pour  mieux 
pousser  au  progrès  de  votre  œuvre,  en  a  fait  pour  ainsi  dire 
un  département  de  son  ministère,  une  addition  aux  affaires 
de  la  France  ! 

La  Magnanerie,  comme  les  années  précédentes,  a  servi  à 
des  éducations  de  toutes  les  espèces  de  Vers  à  soie.  Elle  en  a 
réparti  de  la  graine,  autant  qu'elle  a  pu,  à  tous  ceux  d'entre 
vous  qui  en  ont  fait  la  demande.  Elle  a  centralisé  l'éducation 
du  Ver  Ya-ma-maï,  afin  d'en  mieux  assurer  le  succès.  Je  laisse 
à  M.  Pinçon,  qui  a  été  spécialement  chargé  de  cette  partie 
du  service,  de  vous  en  faire  connaître  les  résultats. 

L'Aquarium  n'a  rien  perdu  de  son  succès  de  curiosité,  c'est 
toujours  la  même  aflluence  et  la  même  admiration  devant  ses 
bacs.  L'Aquarium  paraît  exercer  le  même  charme  que  la  mer 
dont  il  est  la  représentation;  on  ne  s'en  lasse  jamais.  Cet 
ingénieux  appareil  a  mis  à  la  portée  de  tout  le  monde  un 
genre  d'observation  dont  quelques  savants  seuls  connaissaient 
les  merveilles.  On  y  apprend  d'un  coup  d'œil  des  choses 
dont  les  livres  et  même  la  peinture  ne  donnaient  qu'une  bien 
faible  idée.  Qui  pourrait  dire  ce  que  plus  d'un  d'entre  vous  a 
pu  y  voir  déjà?  Cet  enseignement  n'est  certes  pas  un  résultat 
à  dédaigner.  Mais  peut-être  y  en  a-t-il  qui  préféreraient 
entendre  qu'il  est  sorti  de  l'Aquarium  quelque  application 
pratique  qui  puisse  tourner  au  profit  de  la  pisciculture.  Eh 
bien,  je  ne  crains  point  de  dire  que  pour  beaucoup  de  Pois- 
sons et  d'animaux  marins,  un  jour  de  leur  vie  prolongée  dans 
l'Aquarium  est  une  conquête  sur  la  nature,  un  pas  vers  la 
solution  du  problème  de  leur  conservation,  premier  résultat 
à  atteindre.  Je  ne  regarde  pas  comme  peine  perdue  d'avoir 
.  fait  voir  vivants  à  Paris,  des  Hippocampes,  des  Squales,  des 
Méduses  et  la  plupart  des  animaux  marins  de  noscôteset  delà 
Méditerranée,  avant-coureurs  peut-être  de  l'Océan  lui-même. 
Ce  succès  nous  fait  espérer  que  nous  pourrons  vous  montrer 
bientôt  les  hôtes  des  mers  les  plus  lointaines. 

Je  voudrais  vous  dire  aussi  quelques  mots  de  nos  expéri- 


732       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

mcntations  horticoles,  mais  M.  le  jardinier  en  chef  va  mettre 
sous  vos  yeux,  et  à  votre  disposition,  quelques-unes  de  nos 
récoltes  qui,  mieux  que  toutes  les  paroles,  vous  feront  con- 
naître ce  qui  a  été  effectué  dans  cette  partie  de  l'exploitation 
du  Jardin.  Vous  verrez  que  toutes  les  cultures  commencées  les 
années  précédentes  ont  été  continuées  avec  persévérance. 
M.  Ouihou  vous  dira  ce  que  chaque  culture  lui  a  offert  de 
particulier.  Cinquante  donateurs  nous  ont  envoyé  en  arhres, 
arhustes,  tuhercules  ou  graines,  plus  de  mille  espèces  de 
végétaux,  souvent  sans  aucun  renseignement;  il  a  fallu  les 
faire  revivre  par  la  culture  pour  en  connaître  la  valeur,  et 
souvent  il  est  arrivé,  après  bien  des  soins,  de  reconnaître  que 
ces  plantes  étaient  déjà  des  plantes  connues,  introduites  et 
cultivées,  qui  attestaient  plus  de  bonne  volonté  que  de  savoir 
botanique.  De  pareilles  déceptions  ne  sauraient  nous  décou- 
rager, nous  reconnaissons  que  cette  nécessité  de  déchiffrer 
les  graines  et  les  plantes  est  inhérente  à  un  établissement  de 
la  nature  du  nôtre  qui  doit  recevoir  de  toutes  mains.  Nous 
sommes  de  ceux  qui  pensent  que  de  mille  expériences,  dùt-il 
n'en  sortir  qu'une  seule  d'utile,  nous  devons  nous  tenir  pour 
suffisamment  récompensés. 

Tel  est,  messieurs,  le  tableau  de  l'exercice  pratique  de 
l'acclimatation  au  Jardin  du  bois  do  Boulogne,  pendant 
l'année  1863.  Si  ce  ne  sont  pas  des  fruits  ,  ni  même  des 
fleurs  que  nous  avons  à  vous  présenter,  c'est  certainement 
un  bourgeonnement  qui  montre  que  l'arbre  que  vous  avez 
planté  a  pris  racine,  qu'il  est  vivace,  et  ne  demande  que  le 
temps  et  les  soins  nécessaires  à  son  développement. 


DES  MOYENS  A  EMPLOYER 


POUR 


L'AMÉLIORATION  DES  LAINES  EN  ALGÉRIE 

LETTRE  ADRESSÉE 
AH.  LE    PRÉSIDENT    DE    LA    SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    D' ACCLIMATATION 

Par  m.    CORDIER. 


(Séance  du  2  octobre  1863.) 


Monsieur  le  Président, 

Après  avoir  pris  connaissance  des  excellents  rapports  qui 
ont  été  faits  par  M.  Bernis  à  la  Société  d'acclimatation  (tome  II, 
page  597  et  suivantes  ;  tome  III,  page  63),  sur  l'espèce  ovine 
de  notre  belle  colonie  d'Afrique,  je  crois  devoir  vous  faire 
part  de  mes  impressions  personnelles,  pour  faciliter  promp- 
tement  et  siàrement  l'amélioration  des  laines  de  l'Algérie. 

Le  moyen  le  plus  simple,  et  qui  devra  toujours  être  employé 
est  l'amélioration  du  troupeau  par  lui-même,  en  choisissant 
les  meilleures  Brebis  pour  les  meilleurs  Béliers,  et  en  châ- 
trant les  Béliers  qui  sont  de  mauvaise  qualité. 

Ce  premier  moyen,  mis  à  exécution,  on  pourra  avec  avan- 
tage employer,  pour  la  lutte,  des  Béliers  d'une  qualité  supé- 
rieure pour  améliorer  la  laine  ;  mais,  pour  obtenir  des  résul- 
tats satisfaisants,  il  faudra  tenir  compte  du  climat,  des  pâtu- 
rages et  des  habitudes  des  indigènes. 

En  Algérie,  comme  en  Espagne,  les  troupeaux  sont  trans- 
humants. Nos  Béliers  de  France  bien  nourris  à  la  bergerie, 
parfaitement  abrités  contre  les  intempéries,  ne  résisteraient 
pas  à  de  longues  marches,  à  une  nourriture  médiocre. 

Je  crois  donc  que  les  premiers  Béliers  améliorateurs,  sur- 
tout pour  les  troupeaux  appartenant  aux  indigènes,  devront 
être  tirés  de  l'Espagne. 


73&        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Les  laines  mérinos  d'Espagne  sont  convenables  pour  la 
carde  et  le  peigne  ;  leur  seul  défaut  est  la  nuiltiplicilé  des 
marques  à  la  poix,  qui  nuisent  au  dégraissage  et  à.  la  fabrica- 
tion, ce  que  l'on  peut  éviter. 

Au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  j'ai  sous  les  yeux  trois  Bé- 
liers et  dix-sept  Brebis  achetés  en  Espagne  par  M.  Donavant, 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  membre  de  votre  Société  d'ac- 
climatation. La  laine  est  line,  bien  tassée;  les  animaux  sont 
gais,  alertes,  bien  conformés  pour  marcher. 

Nous  connaissons  l'améHoration  des  laines  françaises,  par 
suite  du  croisement  avec  les  mérinos  d'Espagne. 

M.  Bernis  constate  (février  1856,  tome  III,  page  6Zi)  que 
l'origine  des  célèbres  laines  australiennes  qui  se  vendent 
dans  un  marché  spécial,  tenu  à  Londres  deux  fois  l'an,  et  que 
fréquentent  les  plus  grands  fabricants  du  monde  entier,  est 
due  à  trente  bêtes  mérinos  espagnoles,  choisies  parmi  les 
plus  beaux  troupeaux  d'Espagne,  qu'en  1799,  des  baleiniers 
anglais  pochant  dans  les  mers  du  Sud  capturèrent  sur  un 
navire  espagnol  qui  les  transportait  au  Pérou. 

D'après  ce  qui  a  eu  lieu  en  Australie  et  en  France  pour  l'a- 
mélioration des  laines  par  le  croisement  des  mérinos  d'Espa- 
gne, je  crois  que  l'on  peut  espérer  avec  raison  un  résultat 
satisfaisant,  avantageux  pour  la  France  et  l'Algérie,  de  leur 
introduction  dans  notre  colonie. 

Le  premier  moyen  à  employer  sera  l'améHoration  des  trou- 
peaux indigènes  par  eux-mêmes. 
Le  second,  l'introduction  de  Béliers  mérinos  d'Espagne. 
Pour  propager  à  peu  de  frais  les  Béliers  améliorateurs,  il 
serait  convenable  de  créer  une  bergerie  impériale  dont  les 
Béliers  et  les  Brebis  seraient  tirés  des  meilleurs  troupeaux  de 

l'Espagne. 

Le  croît  de  ce  troupeau  permettra  au  gouvernement  de  four- 
nir annuellement  aux  propriétaires,  des  Béliers  de  pure  race, 
qui  suffiront  pour  produire  en  peu  de  temps  de  bons  Béliers 

croisés. 

Après  un  premier  croisement,  la  laine  sera  améliorée,  et 
j'ose  dire  qu'après  cinq  années  de  soins  pour  propager  les 


AMÉLIORATION   DES    LAINES   EN   ALGÉRIE.  735 

bonnes  laines  et  supprimer  les  mauvaises,  les  laines  d'Algérie 
pourront  être  employées  dans  nos  fabriques  à  des  prix  rému- 
nérateurs. 

Vous  comprendrez  que  l'amélioration  des  laines  de  l'Algérie 
aura  pour  effet  d'augmenter  le  bien-être  de  ses  habitants,  de 
permettre  à  nos  fabricants  d'exporter  le  produit  de  leur 
industrie,  et  de  fournir  à  la  France  des  draps  et  autres  étoffes 
de  bonne  qualité  à  des  prix  en  rapport  avec  les  ressources  de 
la  majorité  de  la  population. 

Ce  faisant,  on  appliquera  l'idée  de  Napoléon  P%  qui  a  dit  : 
«  L'Espagne  a  vingt-cinq  millions  de  mérinos,  j'en  aurai 
cent  millions  » ,  parce  qu'il  reconnaissait  que  cette  race  était, 
pour  la  France,  plus  avantageuse  qu'une  mine  d'or. 

J'insiste,  sur  le  premier  moyen,  parce  qu'il  est  capital  : 

Examen  de  la  laine  de  tous  les  troupeaux  de  l'Algérie. 

Classement  des  reproducteurs,  castration  des  mauvais. 

Les  classements  que  j'ai  faits  en  Brie  ont  démontré  jusqu'à 
la  dernière  évidence ,  qu'en  cinq  années  un  troupeau  était 
transformé  sans  frais.  Essayez  et  vous  réussirez. 

S'il  vous  reste  des  doutes,  veuillez  me  les  communiquer, 
j'essayerai  de  les  détruire. 

Agréez,  etc. 

CORDIER. 


SUR    LES   GRUES, 

Par  m.  le  D' SACC  , 

Délégué  de  la  Société  impériale  d'acclimatation  à  Barcelone. 


(Séance  du  30  octobre  1863.) 


Des  cinq  espèces  de  ces  beaux  oiseaux,  l'une,  la  plus 
grande,  habite  la  Nouvelle-Hollande,  l'autre  le  Sénégal,  la 
troisième  toute  l'Afrique  ;  tandis  que  la  quatrième  se  trouve 
dans  tout  l'ancien  monde,  excepté  en  Mandchourie,  où  elle 
est  remplacée  par  l'espèce  qui  porte  le  nom  de  ce  pays,  et 
dont  on  doit  la  connaissance  à  M.  de  Montigny. 

La  Grue  de  la  Nouvelle-Hollande  ressemble  à  la  Grue  grise 
ou  commune  ;  elle  est  plus  grande  et  a  les  couvertures  des 
ailes  moins  allongées  ;  son  port  est  infiniment  plus  lourd  et 
moins  gracieux. 

La  Grue  du  Sénégal,  plus  connue  sousle  nom  d'Oiseau  royal, 
est  la  plus  brillante  du  groupe.  Elle  est  noire  et  porte  sur  la 
tête  un  large  bouquet  de  soies  roides  et  jaunes  ;  ses  joues 
sont  unies  et  teintes  en  blanc  et  en  rose.  Soir  et  matin,  ces 
beaux  oiseaux  poussent  des  cris  éclatants  qui  ont  quelque 
analogie  avec  le  son  de  la  trompette.  Cette  espèce,  commune 
dans  les  ménageries,  est,  comme  toutes  les  autres,  extrême- 
ment douce  ;  aussi  est-il  difficile  de  comprendre  qu'elle  n'ait 
pas  passé  dans  les  parcs  et  les  basses-cours  dont  elle  ferait  un 
des  plus  beaux  ornements.  Sa  taille  est  moyenne  ;  ses  habi- 
tudes sont  plus  aquatiques  que  celles  de  ses  congénères. 

La  Grue  d'Afrique,  ou  Demoiselle  de  Numidie,  est  l'espèce 
la  plus  petite  et  la  plus  élégante.  Elle  est  d'un  beau  gris  cendré, 
avec  deux  touffes  de  plumes  blanches  et  effilées  derrière  la 
tête  ;  tous  ses  mouvements  sont  de  la  plus  remarquable  élé- 
gance. Quoiqu'elle  existe  en  troupes  très-nombreuses,  à  ce 
qu'il  paraît,  autour  des  lacs  d'Afrique,  elle  est  assez  rare. Plu- 
sieurs fois  on  l'a  vue  se  reproduire  en  captivité,  et  il  est  pro- 
bable qu'il  en  serait  de  même  aussi  des  autres  espèces ,  si  onles 


SUR   LES   GRUES.  737 

tenait  par  paires  ;  ce  qui  est  difficile,  à  cause  du  peu  de  diffé- 
rence qu'il  y  a  entre  les  sexes.  La  ponte  n'est  que  de  deux 
œufs  très-gros,  que  les  parents  couvent  avec  la  plus  grande 
assiduité,  par  terre,  dans  les  hautes  herbes  qui  entourent  les 
marais. 

La  Grue  grise  ou  commune  est  de  la  taille  de  la  Cigogne, 
mais  beaucoup  mieux  proportionnée;  aussi  sa  démarche  est- 
elle  ferme  et  majestueuse  :  peu  d'oiseaux  ont  un  aussi  beau 
port  et  un  ensemble  de  formes  plus  parfait.  Le  plumage,  d'un 
beau  gris  brun  clair,  s'allonge  beaucoup  sous  les  couvertures 
des  ailes,  dont  les  plumes  càbarbules  lâches  et  allongées  tom- 
bent avec  grâce  comme  celles  de  l'Autruche  ;  tandis  que  les 
plumes  de  la  queue,  recourbées  en  faucille,  mais  molles  et 
flottantes,  sont  noires  avec  des  reflets  vert  doré.  Le  dessus  de 
la  tête  est  nu,  uni  et  couvert  de  papilles  du  plus  beau  rouge 
viL  La  femelle  ressemble  en  tout  au  mule;  elle  est  cependant 
un  peu  plus  petite  et  toutes  ses  couleurs  sont  un  peu  moins 
vives;  du  reste,  les  différences  sont  tellement  faibles,  qu'il 
faut  avoir  les  deux  sexes  ci  la  fois  sous  les  yeux  pour  pouvoir 
les  saisir. 

Ces  oiseaux  nous  arrivent  d'Afrique  au  printemps  et  y 
retournent  au  mois  d'octobre;  ils  voyagent  en  grandes  troupes, 
volent  très-haut,  et  se  tiennent  par  paires  dans  les  grandes 
plaines  herbeuses  et  peu  habitées  de  l'Europe  orientale,  de  la 
Russie  méridionale,  et  de  laVénétie.  Cefles  que  j'ai  possédées 
venaient  de  Porto-Gruario,  et  m'avaient  été  données  par  mon 
savant  ami  M.  Althammer,  bien  connu  de  la  Société  par  ses 
belles  éducations  de  la  grande  Outarde. 

Les  Grues  sont  faciles  à  nourrir  et  mangent  fort  peu  ;  on 
les  nourrit  de  pommes  de  terre  cuites  et  de  gros  son  délayé 
avec  un  peu  d'eau  ;  elles  n'aiment  pas  les  aliments  durs  et  secs  ; 
le  pain  trempé  leur  convient,  de  même  aussi  que  les  légumes 
verts  et  la  viande.  Il  leur  faut  beaucoup  d'eau,  elles  boivent 
sans  cesse  et  aiment  à  se  baigner;  il  leur  faut  pour  cela  de 
grands  bassins  dans  lesquels  elles  ont  l'habitude  de  se  sub- 
merger totalement. 

Leur  bec,  taillé  en  glaive,  est  une  arme  terrible  dont  elles 

T.  X.  —  Décembre  1863.  47 


738      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

ne  se  servent  lieureusemcnl  que  pour  donner  la  chasse  aux 
grenouilles,  aux  insectes  et  aux  souris  qu'elles  vont  chercher 
jusque  dans  leurs  galeries,  en  arrachant  lestement  les  touffes 
de  gazon  qui  les  couvrent.  L'adresse  avec  laquelle  elles  s'en 
servent  tient  du  prodige ,  car  elles  saisissent  des  fihrilles 
minces  comme  des  cheveux  aussi  aisément  qu'une  pomme,  et 
attrapent  les  mouches  au  vol.  Il  y  a  plus,  car  un  de  leurs  jeux 
favoris  consiste  à  jeter  en  l'air  un  morceau  de  hois  ou  une 
plume,  et  à  le  saisir  au  moment  où  II  retomhe,  et  jamais  je  ne 
les  ai  vues  le  laisser  toinher  à  terre. 

Peu  d'oiseaux  sont  aussi  attachants  par  leur  affection  pour 
l'homme,  leur  inteUigence,  leur  grâce,  leur  douceur  et  leur 
continuelle  gaieté;  aussi  ne  puis-je  comprendre  pourquoi  ce 
hel  oiseau  ne  se  trouve  pas  dans  tous  les  parcs  qu'il  ornerait, 
tout  en  les  déharrassant  des  souris,  grenouilles,  limaces  et 
insectes,  qu'en  admettant  qu'on  ne  le  trouve  pas  chez  les  oise- 
liers, ce  qui  est  réehement  le  cas.  . 

Ces  oiseaux  connaissent  si  hien  leur  maître,  qu'ils  le  suivent 
dans  la  campagne  etl'accompagnent  jusque  dans  les  maisons; 
ils  font  des  caresses,  aiment  à  en  recevoir,  et  amusent  par  la 
sin"uUère  habitude  qu'ils  ont  de  danser  et  cabrioler  en  ou- 
vrantles  ailes  et  courant  les  uns  au-devant  des  autres  comme 
pour  se  provoquer  au  jeu.  Dans  les  basses-cours,  ils  sont  bien 
avec  toutes  les  volailles,  qu'ils  ne  tyrannisent  que  pour  les 
empêcher  de  sehattre;  mais  ils  sont  alors  impitoyables,  et  ne 
cessent  de  frapper  les  combattants  que  lorsqu'ils  se  séparent, 
ce  qui  arrive  promplement. 

La  Grue  grise  est  plutôt  un  auxihaire  utile  à  l'homme  qu'un 
oiseau  de  produit  ;  sa  chair  est  cependant  honne,  à  ce  qu'on 
assure,  et  ses  plumes  font  de  très-johes  coillures.  Elle  n'a  qu'un 
seul  inconvénient,  c'est  sa  voix  aigre  et  puissante,  au  point 
qu'il  est  impossible  de  la  garder  dans  le  voisinage  des  habita- 
tions; muette  pendant  presque  toute  l'année,  elle  la  fait  en- 
tendre d'une  façon  continue  au  temps  des  amours,  c'est-à-dire 
d'avril  en  mai,  de  quatre  à  six  heures  du  matin,  et  quelquefois 
aussi,  mais  plus  rarement,  le  soir. 


"  NOUVELLE  TENTATIVE       ■  "  '"       "■'■: 

D'INTRODUCTION  DU  GOURAMI  DE  L  ILE  MÀLTIICE 
:-:;-■  .      :  EN  FRANCE,     -     •    ■ 

ENTREPRISE  PAR  M.   LIÉNARD.  •    . 

Par  M.   BARTUÉLEMY-LAPOAOIERATE. 


(Séance  du  11  décembre  1863.) 

;  Monsieur  le  Président, 

Je  ne  puis  me  dispenser  de  porter  immédiatement  à  votre 
connaissance  h  nouvelle  tentative  de  nos  très-honorables  col- 
lègues MM.  Liénard,  pour  l'introduction  des  Gouramis. 
.  Le  succès  n'a  pas  été  loin  de  se  réaliser,  puisqu'aux  atter- 
rag-es  de  Marseille,  cinq  exemplaires  de  cet  élégant  poisson 
étaient  en  pleine  activité  d'existence. 

Malheureusement,  une  saute  de  vent  venait  d'avoir  lieu  ; 
les  vents  d'est  et  de  sud-ouest  ont  cédé  au  nord-est,  assez 
froid,  puis  au  nord- ouest,  toujours  impétueux  et  crispant. 
C'est  sous  leur  influence  que  quatre  Gouramis,  sur  cinq, 
ont  succombé.  Le  dernier,  qui  a  résisté,  n'était  pourtant  pas 
le  plus  fort. 

M.  Liénard  m'en  a  fait  la  remise,  et  j'ai  le  plaisir  de  le  voir 
manoeuvrer  sous  toutes  voiles  dans  un  bocal  de  verre  rempli 
du  liquide  salubre  que  nous  envoie  la  Durance. 

Le  miheu  nouveau  dans  lequel  le  Gourami  devait  être  plongé 
a  été  préalablement  rendu  tiède,  sous  l'influence  de  notre  so- 
leil radieux.  Cette  précaution  a  produit  un  bon  eft'et.  A  peine 
placé  dans  cette  eau,  il  s'est  mis  à  barboter  dans  la  vase  qu'elle 
dépose.  Il  mange  des  vers  de  terre,  ainsi  que  des  mouches 
qu'il  vient  happer  à  la  surface  de  l'eau.  J'espère  le  faire  vivre 
dans  ces  conditions,  d'exposition  au  soleil  pendant  le  jour, 
et  pour  la  nuit  dans  une  caisse  de  bois  épais  avec  un  entou- 
rage de  matières  chaudes. 

Chez  nous,  comme  dans  tous  les  pays  chauds,  la  difl"érence 
des  températures  diurnes  et  nocturnes  est  très-sensible.  Celle 
que  le  Gourami  aura  à  subir  n'aura  donc  rien  d'anormal. 


7/|0         SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

Si  le  trimestre  d'hiver  devait  être  rigoureux,  je  ferais  pas- 
ser cet  hôte  intéressant  dans  une  serre  tempérée. 

Lorsqu'il  s'agira  sérieusement  de  nous  assimiler  ce  beau 
poisson  de  l'île  Maurice,  il  faudra  de  toute  nécessité  pro- 
céder par  étapes  régulières  et  de  proche  en  proche,  après 
bien  du  temps,  jusqu'à  notre  région  provençale.  En  dehors 
de  cette  marche  normale,  tout  sera  livré  au  hasard. 

Dans  le  cas  où  d'intelligents  importateurs  tenterontla  chance 
plus  que  douteuse  de  prime- saut,  ils  devront  choisir  les  épo- 
ques. Il  est  incontestable  que  les  saisons  pendant  lesquelles 
les  mers  sont  plus  tran(|uilles,  les  jours  plus  longs  et  plus 
chauds,  les  nuits  lièdes,  sont,  de  tous  points,  préférables. 

Si  le  voyage  doit  s'effectuer  à  d'autres  époques,  les  ani- 
maux transportés  recevront  un  temps  d'arrêt  indispensable 
au  Caire.  Plus  tard,  ils  seront  dirigés  sur  Alexandrie,  pour 
recevoir  en  temps  opportun  l'hospitalité  maltaise,  et  pour 
suivre  l'itinéraire  des  steamers  méditerranéens  sans  dévia- 
tion, arriver  enfin  en  Corse,  en  Algérie  et  à  Marseille. 

M.  Liénard,  dans  la  traversée  qu'il  vient  d'accomplir  de 
nie  de  France  à  Marseille,  s'est  donné  bien  du  mal  à  la  pour- 
suite du  but  honorable  que  sa  famille  tout  entière  s'est  pro- 
posé depuis  longtemps.  Toutefois ,  malgré  l'issue  fâcheuse 
réservée  jusqu'ici  à  ses  constants  efforts,  sa  volonté  ferme  ne 
se  trouvera  point  ébranlée. 

Il  a  eu  la  précaution  bien  inspirée  de  laisser  en  dépôt  à 
M.  Coulon,  propriétaire  au  Caire,  cinq  Gouramis  qui  jouiront 
de  l'influence  salutaire  du  climat  égyptien,  et  nous  pourrons 
de  temps  à  autre  recevoir  des  nouvelles  de  leur  santé  et  des 
progrès  obtenus  dans  leur  développement.  Je  m'occuperai 
prochainement  de  la  question  très-importante  des  appareils 
de  translation  des  Gouramis  et  autres  poissons  étrangers. 

Jai  l'honneur  d'être,  etc. 

Bartuélemy-Lapommeraye. 


NOTICE  SUR  UNE  MODIFICATION 

A   APPORTER 

AUX  ÉDUCATIONS  DU  BOMBYX  CYNTHIA 

Par  n.  le  docteur  A.  CHAVAl^XES. 


(Séance  du  11  décembre  1863.) 


On  se  plaint  généralement  que  les  guêpes  sont  les  ennemis 
les  plusredoutal)les  des  éducations  libres  du  Cynthia.  D'autre 
part,  lorsque  la  première  génération,  celle  du  printemps,  est 
laissée  à  elle-même,  les  œufséclosent  seulement  en  juin.  Dés 
lors  la  seconde  génération  ne  peut  être  menée  à  bonne  fin, 
car  dans  les  régions  tempérées,  les  feuilles  de  l'Ailante  se  déta- 
chent souvent  dès  la  fin  d'octobre,  longtemps  avant  que  les 
petites  chenilles,  qui  se  développent  très-lentement,  soient 
prêtes  à  coconner. 

Le  meilleur  remède  à  ces  deux  inconvénients,  c'est  do 
forcer  les  cocons  qui  passent  l'hiver.  Au  lieu  donc  de  les  laisser 
à  la  cave  ou  dans  un  lieu  frais  jusqu'en  avril,  il  faut  dès  le 
mois  de  janvier  les  transporter  dans  une  chambre  chauffée  et 
les  placer  sur  de  la  mousse  légèrement  humide.  Si  les  papil- 
lons ne  se  montrent  pas  encore  au  commencement  d'avril,  on 
placera  les  cocons  dans  une  serre  chaude;  dix  à  quinze  jours 
en  serre  achèveront  de  les  développer.  Les  œufs  restant  dix- 
huit  à  vingt  jours  avant  d'éclore,  les  premières  petites  che- 
nilles paraîtront  vers  le  10  mai  avec  les  premiers  bourgeons 
d'Ailante.  Ainsi  on  aura  une  génération  principale  au  premier 
printemps;  à  cette  époque,  les  guêpes  sont  peu  nombreuses, 
elles  ne  recherchent  guère  les  chenilles.  C'est  donc  un  ennemi 
de  moins.  Si  l'on  tient  les  cocons  de  cette  première  généra- 
tion à  une  chaleur  de  '25  à  30  degrés,  ainsi  que  les  œufs  qui 
en  proviendront,  la  seconde  génération  arrivera  en  août  ;  elle 
peut  alors  s'élever  en  automne,  et  à  supposer  que  les  guêpes 


7Zi2       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

la  ravagent,  il  restera  toujours  assez  de  cocons  pour  l'hiver. 
Rien  d'ailleurs  de  plus  facile  que  de  protéger,  au  moyen  de 
manchons  de  gaze  ou  de  toile  métallique,  une  petite  partie 
de  ces  chenilles. 

Il  existe  aussi  un  moyen  de  diminuer  les  guêpes  d'une 
contrée,  c'est  de  faire  avec  un  filet  à  papillons  une  chasse  ac- 
tive aux  grosses  guêpes  que  l'on  rencontre  au  premier  prin- 
temps, surtout  sur  les  fleurs  de  framboises,  de  ronces,  etc., 
ou  sur  les  vieux  bois,  dont  elles  rongent  la  surface.  Ces  guêpes 
sont  autant  de  femelles  ou  de  reines,  chacune  occupée  à  fonder 
une  nouvelle  colonie,  car  les  mâles  et  les  ouvrières  ont  péri 
pendant  l'hiver.  On  est  donc  assuré  qu'en  détruisant,  à  cette 
époque,  une  seule  femelle,  on  détruit  ou  l'on  empêche  la 
formation  d'un  nid  tout  entier. 

Si  l'on  n'avait  pas  encore  de  feuilles  d'Allante  en  pleine  terre 
vers  le  10  de  mai,  on  y  suppléerait  par  quelques  pieds  d'Al- 
lante tenus  en  vases  et  légèrement  forcés,  ou  par  des  bourgeons 
de  Prunus  padiis,  de  Cytise  ou  de  Saule,  ou  bien  par  des  feuilles 
de  Pimprenelle  [Poterium  samptisorba  et  italien),  de  Patte- 
d'ours  [Hcraclcum  sphondijHwn)  :  toutes  ces  plantes  peuvent 
plus  ou  moins  remplacer  l'Allante. 


SUR    LA    CANNE  A  SUCRE, 

Par   M.   Alfred  MAIRES. 


(Séance  du   11    décembre  1863.) 


On  no  connaît  que  trop  la  terrible  maladie  qui  frappe  la 
Canne  à  sucre  dans  notre  colonie  de  la  Réunion,  dont  elle  com- 
promet Tunique  industrie.  Quecette  maladie  n'ait  d'autre  cause 
que  la  sécheresse,  ou  qu'elle  ait  une  autre  origine,  il  n'est  pas 
moins  évident  pour  tous,  aujourd'hui,  que  toutes  les  variétés 
de  Cannes  cultivées  dans  l'île  ne  souffrent  pas  également  de 
la  maladie,  et,  sur  l'avis  de  plusieurs  membres  de  la  Société 
coloniale  d'acclimatation,  notre  comité  recommande  à  tousles 
habitants  de  ne  planter,  autant  que  possible,  que  la  Canne 
giùngan,  qui  semble  jouir  d'une  immunité  complète,  et  qui 
prospère  seule  au  milieu  de  nos  champs  dévastés. 

Espérons  que  la  Canne  guingan  ne  sera  pas  à  son  tour  at- 
teinte par  la  maladie;  mais  néanmoins  il  faut  tout  prévoir,  et 
d'ailleurs  le  terrible  fléau  que  nous  subissons  fait  comprendre 
que  l'acclimatation  de  nouvelles  variétés  de  Cannes  ne  doit  pas 
être  négligée. 

Une  fois  déjà,  une  maladie  d'un  autre  genre  sévissant  sur 
la  Canne  blanche,  l'industrie  sucrière  fut  sauvée  par  l'acclima- 
tation de  la  Canne  rouge;  cette  fois  donc,  il  est  bon  de  ne  pas 
s'en  tenir  à  la  Canne  guingan,  quoiqu'elle  résiste  jusqu'à  ce 
jour  à  la  maladie,  ce  que  quelques-uns  contestent  cependant. 
Les  habitants  le  comprennent  tous  si  bien,  qu'un  navire 
affrété  par  quelques-uns  d'entre  eux  a  déjà  introduit  une  car- 
gaison entière  de  Cannes  de  Batavia,  et  qu'un  autre  recueille 
en  ce  moment  des  têtes  de  Cannes  à  Mayotte  et  à  Nossibé. 
Notre  Société  ne  peut  rester  étrangère  à  ces  recherches  de 
Cannes  nouvelles,  et  je  viens  réclamer  le  concours  de  la  Société 
impériale  et  de  ses  délégués  dans  les  divers  pays  où  se  cultive 
la  Canne.  Je  prie  le  Conseil  de  notre  Société  de  faire  appel  au 
zèle  de  tous  ses  membres  pour  faire  parvenir,  dans  le  plus  bref 
délai  possible,  au  comité  de  la  Réunion,  des  renseignements 


7lill        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

sur  les  variétés  de  Cannes  connues  dans  les  pays  qu'ils  habi- 
tent et  des  échantillons  de  ces  Cannes. 

Je  ne  doute  pas  qu'à  la  réception  des  notes  et  des  échan- 
tillons, des  navires  ne  soient  expédiés  pour  chercher  des  plants 
de  Cannes  qui  paraîtront  les  plus  avantageux. 

Le  Brésil  me  semble  le  plus  important  pour  les  recherches 
à  faire.  J'ai  vu,  dans  un  des  derniers  bulletins,  que  le  Brésil 
possède  une  Canne  très-grosse  et  très-longue,  la  Canne  im- 
périale ;  quelques  échantillons  de  celte  Canne,  et  des  rensei- 
gnements sur  les  facilités  qu'on  aurait  à  se  procurer  des  plants, 
sur  l'époque  de  la  coupe,  etc.,  etc.,  nous  seraient  indispen- 
sables pour  diriger  une  opération. 

Je  crois  que  vous  ne  trouverez  pas  ma  demande  indiscrète 
et  que  je  puis  compter  sur  le  dévouement  de  tous  les  mem- 
bres de  notre  Société,  quand  il  s'agit  de  lutter  contre  un  fléau 
qui  a  déjà  porté  atteinte  à  la  prospérité  de  la  colonie  et  com- 
promis sérieusement  les  positions  les  plus  brillantes. 

Dans  l'espoir  que  quelques  Cannes  impériales  seront 
expédiées  immédiatement  du  Brésil,  à  la  demande  de  la 
Société ,  j'écris  à  MM.  Simon  et  Boilard,  de  Nantes,  à  ce 
sujet,  les  priant  de  payer  les  frais  faits  du  Brésil  à  Nantes,  et 
de  me  diriger  les  plants  par  le  plus  prochain  navire  en  départ 
pour  la  Piéunion.  Je  crois  qu'il  ne  serait  pas  possible  de  nous 
faire  parvenir  ces  plants  plus  directement,  nos  seules  rela- 
tions avec  l'Amérique  étant  avec  Buenos-Ayres. 

Je  crois  qu'il  faut  absolument,  vu  le  temps  qu'il  n'est  pas 
possible  d'abréger  pour  le  séjour  de  ces  plants  à  bord,  les 
planter  dans  une  serre,  et  que  c'est  le  seul  moyen  de  les  faire 
parvenir  en  bon  état  jusqu'à  la  Réunion. 

Il  serait  bon  qu'on  expédiât  aussi  une  caisse  à  vin  (de  12  bou- 
teilles) remplie  de  tètes  de  Cannes  à  l'adresse  de  M.  Hébert, 
agent  général  de  la  Société  d'acclimatation,  à  Paris,  qui  aurait 
l'obligeance  de  me  l'expédier  par  la  voie  de  Suez. 

Il  ne  faudrait  pas  que  la  caisse  par  Suez  fût  de  plus  grande 
dimension,  vu  les  frais  élevés  par  cette  voie. 


NOTICE 


SUR 


L'ARBRE  A  VERMS  DE  LA  CHINE  ET  DU  JAPON 

{Rhus  verni x), 
ET   SUR   SON  EXPLOITATION, 

Par  M.  G.  Eugène  SIMOIV. 


(Séance  du  17  avril  18G3.) 


Le  vernis,  qui  est  encore  en  France  un  article  de  luxe  et 
qui  ne  s'applique  que  sur  les  meubles  à  l'usage  des  classes 
aisées  de  la  société,  est  au  contraire  devenu  en  Chine  et  au 
Japon  un  article  de  première  nécessité  et  d'emploi  vulgaire 
pour  toute  la  population.  Il  n'est  pas  de  ménage,  si  pauvre 
qu'il  soit,  qui  n'ait  ses  meubles  vernis,  et  qui  ne  doive  à  ce 
beau  produit  un  air  de  propreté  et  une  apparence  de  bien- 
être  que  l'intérieur  des  maisons  de  la  plupart  des  habitants 
de  nos  campagnes  laisse  bien  à  désirer. 

Cela  vient  d'abord  de  ce  qu'en  ce  pays,  les  habitants,  qui 
pourraient  donner  à  l'Europe  plus  d'une  leçon  d'économie 
domestique,  ne  laissent  rien  perdre  de  ce  qui  peut  être  ajouté 
à  la  richesse  commune,  et,  par  ainsi,  savent  réahser  cet  état 
que  ((  recherche  l'économie  politique,  oii  la  richesse  collective 
est  distribuée  le  plus  également  possible  entre  tous  les  mem- 
bres de  la  communauté  » ,  et  où  ((  le  plus  grand  hien-ètre 
possible  devient  le  partage  du  plus  grand  nombre  dliommes 
possible.  »  (M.  de  Maistre.) 

Cela  vient  aussi  de  ce  que  le  vernis  direct  extrait  de  l'Arbre 
à  vernis  est  un  produit  si  beau,  qu'en  le  mélangeant,  comme 
on  le  fait  ici,  avec  plusieurs  sortes  d'huiles,  on  en  fabrique 
des  qualités  qui  sont  encore  bien  supérieures  à  nos  vernis 
alcoohques  et  que  leur  prix  met  à  la  portée  de  tout  le  monde. 

Ah  !  qu'un  peu  d'humilité  nous  siérait  bien  mieux  que  nos 
orgueilleuses  déclamations  à  propos  de  nos  palais,  de  nos 


7!\Q      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATâTION. 

rues,  de  nos  vaisseaux,  de  nos  théâtres  et  de  nos  chemins  de 
fer.  Ils  existent,  conservons-les,  agrandissons-les  même,  mais 
quand  les  barbares,  puisque  l'on  veut  ahsolument  qu'ils  soient 
barbares,  nous  enseignent  les  moyens  de  rentrer  dans  les 
dépenses  que  coûtent  ces  superbes  travaux,  que  nulle  fausse 
honte  ne  nous  empêche  de  suivre  leur  exemple.  Faisons  du 
papier  avec  l'Arbre  à  papier,  de  la  cire  avec  l'Arbre  à  cire,  du 
suif  avec  l'Arbre  à  suif,  du  vernis  avec  l'Arbre  à  vernis;  fai- 
sons-les produire  par  les  milliers  d'hectares  qui  couvrent  nos 
montagnes  arides  et  qui  ne  peuvent  produire  que  cela,  et  un 
jour  prochain  le  rameau  résineux  du  paysan  des  landes  sera 
remplacé  par  un  éclairage  plus  élégant ,  la  table  de  sapin 
malpropre  et  huileuse  de  nos  campagnards  sera  recouverte 
d'un  vernis  brillant,  l'impôt  sera  moins  lourd  et  la  prospérité 
plus  grande. 

Mais  pour  en  revenir  au  vernis,  ce  n'est  pas  seulement  par 
les  usages  auxquels  il  est  immédiatement  propre,  qu'il  con- 
court au  bien-être  des  populations.' Il  est  aussi  devenu  le  point 
de  départ  d'une  industrie  de  luxe  qui  nourrit,  en  Chine 
comme  au  Japon,  un  nombre  considérable  de  familles,  et  qui 
fournit  à  rexportation  pour  l'Europe  une  valeur  de  plusieurs 

millions.     • 

C'est,  en  effet,  avec  le  vernis  de  l'Arbre  à  vernis,  aussi  bien 
qu'avec  le  Coccus  lacca,  que  l'on  fait  la  plupart  des  beaux 
ouvrages  laqués  de  Chine  ou  du  Japon.  Mélangé  avec  le  ver- 
millon ou  avec  d'autres  couleurs  minérales,  on  obtient  les 
laques  de  Pékin;  allié  avec  d'autres  substances,  il  produit 
certaines  laques  légères  de  Canton,  de  Fou-tchéou  et  du  Japon. 

Mon  intention  n'est  pas  aujourd'hui  de  m'occuper  de  la 
fabrication  des  laques,  sur  laquelle  je  ne  suis  d'ailleurs  que 
très-imparfaitement  renseigné.  Je  voudrais  seulement,  en 
appelant  l'intérêt  sur  l'Arbre  à  vernis,  par  la  simple  descrip- 
tion de  sa  culture  et  de  son  exploitation,  telles  que  je  les  ai 
vu  pratiquer,  déterminer  les  propriétaires  à  en  faire  des 
plantations  qui  leur  seront  aussi  profitables  qu'aux  fabricants, 
qui  ne  tarderont  pas  à  préférer  le  vernis  du  Rhus  vernix  aux 
vernis  actuellement  employés  en  France. 


ARBRE  A  VERNIS  DE  LA  CHINE  ET  DU  JAPON.     747 

Le  Rhus  rernix  est  assez  connu  et  répandu  clans  les  jardins 
et  les  pépinières  de  France,  pour  queje  n'aie  ])esoin  de  dire  que 
c'est  le  moins  difficile  de  tous  les  végétaux  (1).  On  sait  qu'il 
vient  également  bien  au  nord  et  au  sud,  et  que  tous  les  ter- 
rains lui  sont  bons  ;  seulement  je  dois  dire  qu'au  point  de  vue 
particulier  de  son  exploitation  comme  Arbre  à  vernis,  le 
vernis  qu'on  obtient  est  d'autant  meilleur  que  le  climat  est 
sec  et  le  terrain  pierreux  et  un  peu  frais. 

Comme  l'Arbre  à  vernis  drageonne  beaucoup  et  dans  tous 
les  sens,  il  est  inutile  de  suivre  en  le  plantant  une  disposition 
quelconque ,  puisqu'elle  serait  dérangée  à  la  troisième  ou 
quatrième  année  ;  mais  on  doit  faire  en  sorte  que  les  pieds  ne 
soient  pas  tellement  pressés  que  l'on  ne  puisse  facilement 
circuler  au  milieu  d'eux,  et  l'on  doit,  pour  cela,  enlever  les 
pieds  adventices  qui  gêneraient  la  liberté  des  mouvements. 
L'espace  déterminé  par  cette  seule  nécessité  suffit  à  la  crois- 
sance de  l'arbre,  dont  la  bauteur  ne  dépasse  guère  vingt-cinq 
pieds. 

L'exploitation  commence  à  la  sixième  ou  septième  année, 
ou,  plus  exactement,  quand  l'arbre,  à  un  mètre  du  sol,  a  atteint 
un  diamètre  de  3  à  Zi  centimètres.  Elle  ne  doit  se  faire  que  de 
la  fin  du  mois  de  juiij^  jusqu'au  mois  de  septembre  exclusi- 
vement; le  vernis  qu'on  recueillerait  plus  tôt,  c'est-à-dire  dès 
la  reprise  de  la  végétation,  serait  aqueux,  et  par  conséquent 
de  qualité  inférieure. 

Au  matin  et  quand  la  rosée  a  disparu  (2),  l'opérateur,  armé 
d'une  serpette,  fait  autour  du  corps  de  l'arbre  plusieurs  plaies 
formées  de  deux  incisions  qui  se  rencontrent  en  s'arrêtant 
net  au  bois.  Les  deux  premières  sont  à  15  ou  20  centimètres 
de  l'arbre  et  opposées  l'une  à  l'autre  ;  les  deux  suivantes  sont 
à  15  ou  20  centimètres  des  premières  et  toujours  opposées. 
On  peut  en  faire  ainsi  à  cinq  ou  six  hauteurs,  ce  qui  fait  un 
total  de  dix  ou  douze  plaies.  Si  le  diamètre  de  l'arbre  est  plus 

> 

(1)  J'en  ai  envoy(i  une  collection  au  ministère  en  1861. 

(2)  D'après  le  P.  du  IJakle,  cette  opération  doit  se  faire  le  soir,  et  je  crois 
qu'en  effet  cela  vaudrait  mieux  ;  mais  ne  décrivant  que  ce  que  j'ai  vu,  je  ne 
crois  pas  devoir  y  rien  changer. 


7/i8       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   D'ACCLIMÂTATION. 

fort  que  celui  que  j'ai  indiqué,  ce  qui  arrive  à  la  dixième  ou 
douzième  année,  on  fait  trois  plaies  au  lieu  de  deux  et  même 
quatre.  Lorsqu'il  est  très-vigoureux,  ou  bien  lorsqu'il  est 
devenu,  par  la  suite  des  ans,  impossible  de  faire  aux  mêmes 
places  de  nouvelles  plaies,  on  remonte  le  long  du  corps  de 
l'arbre  et  l'on  entame  les  brancbes  les  plus  fortes. 

Il  est  extrêmement  important  que  l'opérateur,  en  ouvrant 
ces  plaies,  prenne  garde  : 

1"  Qu'elles  ne  doivent  pas  avoir  ^^lus  de  6  à  7  centimètres 
de  longueur; 

2"  Qu'elles  doivent  être  un  peu  obliques  ; 

3°  Qu'elles  doivent  être  faites  de  façon  que  l'incision  infé- 
rieure soit  dirigée  un  peu  de  haut  en  bas,  c'est-à-dire  que  la 
lèvre  inférieure  soit  saillante  et  empêche  la  liqueur  de  l'arbre 
de  s'extravaser  de  tous  côtés,  et  que  l'incision  supérieure 
vienne  rejoindre  la  première  en  formant  avec  elle  un  petit 
canal. 

Il  est  indispensable  aussi  que  l'opérateur  soit  suivi  d'un 
homme,  muni  de  coquilles  d'huître ,  qui  en  insère  une  dès 
qu'une  place  est  faite,  à  son  extrémité  inférieure,  pour  rece- 
voir le  liquide. 

On  retire  les  coquilles  tous  les  jours  et  on  les  replace  après 
les  avoir  vidées  et  raclées  au  moyen  d'une  petite  spatule  de 
bois  ou  de  fer  ;  cependant,  avant  de  les  replacer,  il  est  néces- 
saire de  rafraîchir  et  aviver  les  deux  lèvres  de  la  plaie,  qui, 
d'un  centimètre  de  largeur  qu'elle  avait  le  premier  jour, 
arrive  à  la  fin  de  la  saison  à  être  béante  de  plus  de  8  centi- 
mètres. Le  mois  de  septembre  et  le  commencement  de  celui 
d'octobre,  pendant  lesquels  la  végétation  de  l'Arbre  à  vernis 
dure  encore,  suffisent  ordinairement  à  fermer  ces  plaies. 

On  distingue  plusieurs  qualités  de  vernis,  d'après  l'époque 
et  la  saison  où  il  est  récolté  ou  le  terrain  qui  le  produit  (1). 

Celui  du  commencement  du  printemps  est  de  troisième 
qualité  ;  celui  de  la  fin  de  la  saison  (août,  septembre)  est  de 

(1)  J'en  ai  expédié  rannée  dernière  des  graines  et  des  plants  vivants  au 
ministère. 


ARDRE  A    VERNIS   DE   LA   CHINE   ET   DU   JAPON.  7/i9 

deuxième;  celui  dp  l'été  (tout  le  mois  de  juin  et  une  bonne 
moitié  du  mois  d'août)  est  réputé  de  première  qualité.  Le 
vernis  récolté  dans  un  terrain  bas  et  humide  est,  ainsique 
je  l'ai  déjà  dit,  moins  bon  que  le  vernis  d'un  sol  pierreux  et 
légèrement  irais. 

On  en  trouve  dans  le  commerce  des  qualités  mélangées  avec 
difîérentes  huiles.  On  les  vend  à  très-bas  prix  ;  celles-là  sont 
tout  à  lait  impropres  à  la  fabrication  des  laques. 

^  Le  P.  du  Ilalde  dit  qu'on  s'estime  heureux  quand  mille  pieds 
d'arbres  ont  produit,  dans  une  nuit,  vingt  livres  de  vernis  ce 
qui  lerait  environ  10  grammes  pour  chacun.  Ce  chiffre  est  un 
peu  au-dessous  de  la  réalité.  Par  arbre  et  par  nuit  on  peut 
récolter  de  12  à  18  grammes  de  vernis.  Et  l'on  admet  que 
chaque  arbre,  du  mois  de  juin  au  mois  de  septembre,  produit 
de  1  kilogramme  à  l'^i',2^<^  de  vernis. 

Le  kilogramme  de  vernis  pur  coûte,  dans  les  lieux  de  pro- 
duction, de  3  Ir.  50  à  5  francs. 

Le  vernis  a  des  propriétés  toxiques  dont  il  est  nécessaire 
de  se  garantir  au  moyen  de  quelques  précautions  fort  bien 
indiquées  par  le  P.  du  Halde,  que  je  copie  maintenant  lex- 
tuehement. 

«  Ainsi,  le  propriétaire  est  obligé  d'avoir  chez  lui  un  grand 
>  vase  d'huile  de  rabette  où  l'on  a  fait  bouillir  certaine  quan- 
»  tité  de  ces  filaments  charnus,  qui  se  trouvent  entremêlés 
»  dans  la  graisse  des  cochons,  et  qui  ne  se  fondent  point 
D  quand  on  lait  fondre  le  saindoux.  La  proportion  est  d'une 
»  once  sur  une  livre  d'huile. 

3)  Quand  les  ouvriers  vont  placer  les  coquilles  aux  arbres 
»  ils  portent  avec  eux  un  peu  de  cette  huile,  dont  ils  se  frot- 
))  lent  le  visage  et  les  mains.  Le  matin,  lorsqu'après  avoir 
»  recueilh  le  vernis,  ils  reviennent  chez  le  propriétaire,  ils  se 
»  frottent  encore  plus  exactement  de  cette  huile. 

»  Après  le  repas,  ils  se  lavent  tout  le  corps  avec  de  l'eau 
»  chaude,  que  le  propriétaire  doit  tenir  prête,  dans  laquelle 
»  on  a  fait  bouillir  certaine  quantité  des  drogues  suivantes- 
D  savoir  :  de  l'écorce  extérieure  et  hérissée  des  chûtaiones' 
D  de  l'écorce  de  bois  de  sapin,  du  salpêtre  cristallisé,  et  d'une 


750         SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

»  herbe  qu'on  mange  à  la  Chine  et  aux  Indes,  qui  est  une 
D  espèce  de  bette,  laquelle  a  du  rapport  avec  le  tricolor: 
»  toutes  ces  drogues  passent  pour  être  froides. 

»  Chaque  ouvrier  emplit  de  cette  eau  un  petit  bassin  et  s'en 
D  lave  en  particuher.  Mais  au  lieu  que  les  bassins  ordinaires 
»  où  les  Chinois  mettent  de  l'eau  pour  se  laver  le  visage  tous 
T>  les  matins,  sont  assez  communément  de  cuivre,  les  ouvriers 
T>  qui  travaillent  au  vernis  rejettent  ce  métal,  et  ne  se  ser- 
»  vent  que  de  vases  d'étain.  ■     . 

>  Dans  les  temps  qu'ils  travaillent  auprès  des  arbres,  ils 
D  s'enveloppent  la  tête  d'un  sac  de  toile,  qu'ils  lient  autour  du 
T)  cou,  où  il  n'y  a  que  deux  trous  vis-à-vis  des  yeux.  Ils  se  cou- 
»  vrent  le  devant  du  corps  d'une  espèce  de  tablier  fait  de  peau 
»  de  daim  passée,  qu'ils  suspendent  au  cou  par  des  cordons,  et 
»  qu'ils  arrêtent  par  une  ceinture.  Ils  ont  aussi  des  bottines  de 
D  la  même  matière,  et  aux  bras  des  gants  de  peau  fort  longs. 

»  Quand  il  s'agit  de  recueillir  le  vernis,  ils  ont  un  vase  fait 
»  de  peau  de  bœuf  attaché  à  leur  ceinture  :  d'une  main  ils 
»  dégagent  les  coquihes,  et  de  l'autre  ils  les  raclent  avec  un 
»  petit  instrument  de  fer  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  tiré  tout  le 
ï  vernis.  Au  bas  de  l'arbre  est  un  panier  où  on  laisse  les 
3)  coquilles  jusqu'au  soir.  Pour  faciliter  la  récolte  du  vernis, 
»  les  propriétaires  des  arbres  ont  soin  de  les  planter  à  peu  de 
»  distance  les  uns  des  autres.  Quand  le  temps  de  la  récolte  est 
D  venu,  ils  attachent  avec  des  cordes  un  grand  nombre  de  tra- 
»  versiers  d'un  arbre  à  l'autre,  qui  servent  comme  d'échelles 
»  pour  y  monter. 

»  Le  propriétaire  a  soin  de  tenir  prêt,  chez  lui,  un  grand 
j  vase  de  terre,  sur  lequel  est  un  châssis  de  bois  soutenu  par 
»  quatre  pieds,  à  peu  près  comme  une  table  carrée  dont  le 
)■>  milieu  serait  vide.  Sur  le  châssis  est  une  toile  claire,  arrêtée 
3)  par  les  quatre  coins  avec  des  anneaux.  On  tient  cette  toile 
»  un  peu  lâche,  et  l'on  y  verse  le  vernis.  Le  plus  hquide  s'étant 
D  écoulé  de  lui-même,  on  tord  la  toile  pour  faire  couler  le 
D  reste.  Le  peu  qui  demeure  dans  la  toile  se  met  à  part;  on 
»  le  vend  aux  droguistes,  parce  qu'il  est  de  quelque  usage  dans 
j>  la  médecine. 


ARBRE  A  VERNIS  DE  LA  CHINE  ET  DU  JAPON.     751 

5)  Il  en  coûte  cher  aux  ouvriers  qui  recueillent  le  vernis, 
»  quand  ils  ne  prennent  pas  les  précautions  dont  je  viens  de 
»  parler.  Le  mal  commence  par  des  espèces  de  dartres,  qui 
»  leur  couvrent  en  un  jour  et  le  visage  et  le  reste  du  corps  ;  car 
»  elles  s'étendent  en  peu  d'heures,  et  deviennent  trés-rouges  : 
»  bientôt  le  visage  du  malade  se  bouffit,  et  son  corps,  qui 
»  s'enfle  extraordinairement,  parait  tout  couvert  de  lèpre. 

»  Pour  guérir  un  homme  attaqué  de  ce  mal ,  on  lui  fait 
»  boire  d'abord  quelques  écuellées  de  l'eau  droguée  dont  j'ai 
»  dit  que  les  ouvriers  se  lavent  pour  prévenir  ces  accidents. 
»  Cette  eau  le  purge  violemment.  On  lui  fait  ensuite  recevoir 
»  une  forte  fumigation  de  la  même  eau,  en  le  tenant  bien 
»  enveloppé  de  couvertures;  moyennant  quoi,  l'enflure  et  la 
»  bouflissure  disparaissent  ;  mais  la  peau  n'est  pas  sitôt  saine. 
»  Elle  se  déchire  en  divers  endroits,  et  rend  beaucoup  d'eau. 
B  Pour  y  remédier,  on  prend  de  cette  herbe  que  j'ai  nommée 
»  espèce  de  bette  ;  on  la  sèche  et  on  la  brûle,  puis  on  apphque 
»  la  cendre  sur  les  parties  du  corps  les  plus  maltraitées  :  cette 
»  cendre  s'imbibe  de  l'humeur  acre  qui  sort  de  ces  parties 
»  déchirées,  la  peau  se  sèche,  tombe  et  se  renouvelle.  > 

Le  P.  du  Halde  entre  ensuite  dans  quelques  détails  sur  la 
manière  d'employer  le  vernis  comme  laque,  mais  ils  ne  sont 
pas  complets,  et  j'espère  être  à  même  d'exposer  d'ici  à  peu 
l'art  de  l'ouvrier  en  laque  d'une  façon  satisfaisante. 


'  i 
■i'U  y. 


.  .  ,,:.,.,,   ......       ETUDES     '         ■  '    ■    ■  •  -i-  A 

Stm    LA   GRAINE    DU    CATH-SÉ 

ORlGliNAIRE  DE  LA  CHINE  ET  CULTIVÉ  EN  ERANCE, 
Par  M.  le  docteur  SICARD   (de  Marseille). 


(Séance  du  9  jaavier  18C3.)        ,.       ,  ,,   ,,,,•,   , 

.       ■  )-'-.'■  ■  •        ■      ■  '''     1* . 

En  4860,  nous  adressâmes  à  la  Société  quelques  éludes  sur 
diverses  plantes  utiles  dont  nous  avions  reçu  les  graines  de 
Chine,  et  qui  nous  avaient  été  transmises  par  noire  honorable 
confrère  M.  de  Montigny,  à  qui  nous  devons  tant  de  nouvelles 
introductions. 

Parmi  ces  graines  se  trouvaient  diverses  espèces  désignées 
sous  le  nom  de  Calh-sé.  Nous  ne  vous  parlerons  pas  du  Cath- 
sé  de  Montigny,  car  nous  vous  en  avons  déjà  entretenus  plu- 
sieurs fois  ;  mais  nous  appellerons  votre  attention  sur  une 
autre  espèce  que  nous  avions,  pour  ainsi  dire,  honnie  de 
prime  abord,  la  confondant  avec  les  Moutardes  que  nous 
cultivons  en  France.  '      - 

Nous  vous  disions  que  nous  avions  refusé  d'étudier  le 
Gath-sé.  Cette  plante,  en  effet,  quoique  d'une  belle  venue, 
n'avait  pas  un  port  particulier  ;  elle  se  présentait  sous  l'aspect 
d'une  Moutarde  ordinaire  ;  nous  avions  donc  pensé  primiti- 
vement qu'il  était  inutile  de  nous  distraire  de  nos  études  pour 
une  espèce  qui  avait  l'air  de  ne  rien  présenter  de  particulier, 
agissant  ainsi  comme  beaucoup  de  gens  qui  jugent  sur  l'appa- 
rence sans  se  donner  la  peine  d'approfondir  les  questions,  ou 
qui  jugent  à  priori  sans  vouloir  répéter  consciencieusement 
les  expériences  dont  on  les  entretient.  Nous  ne  voulons  pas 
suivre  ces  errements,  et  nous  disons  avec  M.  Leymarie  : 
«  Expérience  corrige,  expérience  est  mère  de  science.  » 

Notre  propriété  de  Vilrolles  est  située  sur  une  hauteur  ;  le 
froid  s'y  ûiit  sentir  avec  plus  d'intensité  que  dans  les  envi- 
rons de  Marseille;  quant  à  l'eau,  nous  avons  celle  que  le  bon 
Dieu  nous  envoie,  et  vous  savez  que,  depuis  plusieurs  années, 


SUE   LA  GlîAlNË   m  CATtt-SÉ  bÈ   CHINE.  753 

Sauf  ces  derniers  mois,  la  pluie  était  un  mythe.  C'est  dans  ces 
conditions  que  s'est  développé  le  Calh-sé  dont  nous  vous  en- 
tretenons. 

Etonné  par  la  persistance  de  cette  plante  qui  croissait  sans 
soin,  sans  eau  et  à  l'état  sauvage,  quoique  importée  de 
Chine,  nous  nous  sommes  demandé  si,  dans  l'entêtement  de 
ce  végétal  pour  prendre  droit  de  bourgeoisie,  il  n'y  avait  pas 
quelque  chose  de  providentiel  et  d'utile  pour  la  France.  Nous 
nous  sommes  donc  décidé  à  l'ensemencer  d'une  manière 
régulière  et  à  l'étudier  sérieusement.  C'est  le  résultat  de  cette 
étude  que  nous  venons  mettre  sous  vos  yeux. 

La  bienveillance  avec  laquelle  vous  avez  reçu  les  différents 
travaux  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  soumettre  à  votre 
appréciation,  nous  est  un  sûr  garant  que  vous  voudrez  bien 
examiner  les  échantillons  que  je  vous  adresse. 

Depuis  plusieurs  années,  nous  récoltons  les  graines  des 
plantes  éparses  qui  se  rencontrent  dans  le  champ  où  nous 
avions  cultivé  le  Cath-sé  pour  la  première  fois  ;  c'est  ainsi  que 
nous  avons  pu  ensemencer  2  ares  (55  centiares  qui  nous  ont 
produit  20  kilogrammes  de  graines. 

Cette  plante  est  si  rustique,  qu'elle  peut  se  semer  dans  les 
quatre  saisons  de  l'année,  et  qu'en  se  ressemant  seule,  elle  est 
venue  dans  les  terrains  les  plus  mauvais  et  sans  aucune  espèce 
de  soin.  Les  plantes  placées  dans  ces  conditions  ont  donné 
moins  de  graines  que  celles  qui  ont  rencontré  des  terrains 
meilleurs;  mais  nous  pensons,  d'après  ce  fait,  qu'on  peut 
l'essayer  partout,  même  dans  le  nord  de  la  France,  puis- 
qu'elle a  supporté  de  très-grands  froids. 

Le  Cath-sé  doit  se  semer  en  lignes  ou  à  la  volée,  sauf,  dans 
ce  dernier  cas,  à  enlever  les  plantes  de  surcroît,  car  ce  végé- 
tal prend  une  grande  extension  au  moment  de  sa  floraison, 
comme  toutes  les  plantes  de  la  famille  des  crucifères.  Les  plan- 
çons  enlevés  sont  bons  pour  la  nourriture  des  bestiaux. 

11  est  inutile  de  nous  étendre  sur  la  récolte  de  la  graine.  On 
sait  que  dans  la  famille  où  se  classe  le  Cath-sé,  on  doit  arra- 
cher les  plantes  dés  la  maturité  des  gousses  formées  sur  la 
partie  supérieure  des  branches;  par  ce  moyen,  il  reste  dans 

T.  X.  —  Décembre  IStiS.  AS 


'^55      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE  d'âCCLIMATATION. 

la  partie  ligneuse  extraite  du  sol  une  assez  grande  quantité 
de  sève  pour  achever  la  maturation  de  la  graine,  qui,  dans  la 
partie  inférieure  de  la  plante,  est  loin  d'avoir  acquis  le  degré 
de  maturité  nécessaire  pour  en  tirer  profit. 

Si  l'on  ne  prend  les  soins  que  nous  venons  d'indiquer,  on 
perd  la  plus  grande  partie  des  graines,  qui  se  répandent  sur 
le  sol  au  moment  de  la  cueillette. 

La  plante  arrachée  ou  coupée  au  ras  du  sol  doit  rester  exposée 
à  l'air  sous  un  hangar,  ou  même  dans  le  champ,  à  la  condition 
de  ne  pas  être  entassée  ;  foute  de  prendre  cette  précaution, la 
fermentation  se  développe  et  tout  est  perdu.  On  excusera  ces 
détails,  qui  ne  laissent  pas  que  d'avoir  leur  importance. 

Quand  les  tiges  sont  parfoitcment  desséchées,  on  les  bat;  la 
graine  est  ensuite  vannée  et  criblée  ou  passée  au  tarare  :  on 
obtient  ainsi  la  graine  dans  l'i'tat  où  Ton  doit  la  présenter 
dans  le  commerce. 

La  graine  récoltée  et  mise  à  la  disposition  du  public,  l'agri- 
culteur  et  le  propriétaire  n'ont  plus  à  s'en  occuper,  elle  tombe 
dans  le  domaine  de  l'industrie,  et  nous  allons  la  suivre  sur  ce 
terrain. 

Si  l'on  prend  la  graine  de  Cath-sé  mondée  ainsi  que  nous 
l'avons  indiqué  précédemment,  et  qu'on  la  soumette  à  la  pres- 
sion nécessaire  pour  l'extraction  de  l'huile,  on  obtient  un 
liquide  d'une  couleur  jaune  grisâtre  qui,  après  quelques  jours 
de  repos,  devient  semldablc  à  de  l'huile  d'olive  foite  avec  des 
fruits  trop  mûrs;  il  se  dépose  une  matière  grisâtre  dans  le 
fond  du  vase  oij  on  l'a  versée  primitivement. 

Les  deux  kilos  de  grainesde  Cath-  se  ont  produit  5/jO  grammes 
d'huile  et  le  résidu  pesait  1  kilogramme  375  grammes;  il  y  a 
donc  eu  perte  de  85  grammes  dans  la  manutention. 
'  •  L'huile  obtenue  est  d'une  belle  apparence,  elle  n'a  aucun 
mauvais  goût  et  se  trouve  de  beaucoup  supérieure  à  l'huile  de 
sésame,  du  moins  à  notre  goût;  c'est  à  vous  de  rectifier  notre 
"assertion.  Quel  que  soit  votre  avis  à  ce  sujet,  il  n'en  restera  pas 
moins  prouvé  qu'elle  brûle  parfaitement,  en  donnantune  belle 
flamme  blanche  et  qu'elle  est  de  longue  durée.  Si  donc  on  ne 
juge  pas  convenable  de  l'introduire  parmi  les  huiles  comesti- 


SUR   LA   GRAINE   DU    CATH-SÉ   DE    CHINE.  755 

bles,  elle  servira  toujours  soit  à  l'éclairage,  soit  à  la  confection 
des  savons.  Sous  ces  deux  points  de  vue,  nous  pensons  que 
celte  plante  doit  se  placer  dès  aujourd'hui  parmi  les  récoltes 
industrielles  qu'on  peut  exploiter  en  France. 

Nous  avons  remarqué  que  la  graine  sortant  de  la  presse  est 
à  peine  déformée;  ellea perdu  une  partie  de  son  poids,  puisque 
les  2  kilos  employés  ont  donné  un  tourteau  pesant  1  kilo- 
gramme 375  grammes. 

Ce  tourteau,  ou,  pour  mieux  dire,  cette  graine  privée  d'huile, 
réduite  en  farine  et  blutée  ensuite,  nous  donne,  par  kilo- 
gramme, 920  grammes  de  farine  et  89  grammes  de  résidu. 

La  farine  a  été  délayée  dans  l'eau  bouillante  avec  l'addi- 
tion de  vinaigre  et  de  sel;  nous  avons  obtenu  ainsi  une  mou- 
tarde très-forte  qui,  à  notre  avis,  est  excellente,  si  l'on  a  le 
soin  d'y  ajouter  une  certaine  quantité  de  sucre  pour  modérer 
son  àcreté  :  à  cette  condition,  et  après  l'avoir  laissée  ainsi 
pendant  quinze  jours,  on  obtient  une  moutarde  couleur  grise 
qui  est  très-bonne. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  tout  était  dit  sur  la  plante 
qui  nous  occupe,  après  les  études  que  nous  venons  de  relater; 
mais  nous  rappelant  les  paroles  de  U.  Paul  d'AUoz  rendant 
compte  de  l'exposition  universelle  de  Londres  :  a  Nous  en 
»  sommes  venus  à  rayer  le  mot  impossible  de  notre  diction- 
»  naire,  sachant  que  l'incompréhensible  d'aujourd'hui  sera  la 
»  science  de  demain  » ,  nous  avons  voulu  poursuivre  nos 
études,  et  nous  sommes  heureux  de  l'avoir  fait,  puisque  nous 
sommes  arrivé  à  extraire  de  cette  graine  plusieurs  substances 
utiles  dont  nous  allons  vous  entretenir. 

Prenons!  kilogranmie  de  graine  ayant  déjà  fourni  l'huile, 
mettons-la  dans  une  assez  grande  quantité  deau  pour  que  la 
graine  l'absorbe;  si  on  la  pile  ensuite,  et  qu'on  délaye  la  pâte 
dans  l'eau  en  malaxant  le  tout  à  travers  un  linge  serré,  on 
obtient  une  fécule  qui  se  dépose  au  fond  du  vase  et  de  l'eau 
colorée  en  jaune  qui  la  surmonte;  le  résidu  qui  reste  dans  le 
linge  pèse  /i/i6  grammes. 

La  fécule  obtenue,  parfaitement  desséchée,  pèse  90 grammes; 
cette  fécule  est  jaune  verdàtre  etn'a  aucune  saveur  particulière. 


'/bô      SOClÉfÉ   iMPÊRlAtË  ZOOLOGÏQtJE   D^4CGLIi^fAÏ■ATI0H. 

En  faisant  évaporer  l'eau  qui  surmonte  la  fécule,  on  obtient 
une  substance  gommeuse,  couleur  gomme-guttc,  que  nous 
désignons  sous  le  nom  àc  gomme -gntte  de  Catli-sé. 

La  gomme-gutle  de  Cath-sé  a  une  saveur  amère  sans  goût 
particulier,  elle  se  dissout  dans  l'eau.  Cette  substance  prendra 
sa  place  dans  la  matière  médicale,  parmi  les  principes  amers 
extraits  des  végétaux.  Ce  n'est  pas  auprès  de  vous  que  nous 
devons  discuter  cette  question,  nous  la  soulèverons  dans  une 
autre  enceinte.  Contentons-nous  pour  le  moment  d'accepter  ce 
produit  utile.  - 

Le  kilogramme  de  graine  de  Cath-sé  privée  de  son  huile,  et 
traitée  comme  nous  Lavons  indiqué  ci-dessus,  fournit: 

Fécule 90  grammes. 

Gomme-guUe /|70      — 

Résidu /i.'iO       — 

Total 1000  grammes. 

Prenons  la  graine  de  Cath-sé  privée  d'huile,  mettons-la 
dans  la  quantité  d'eau  nécessaire  pour  qu'elle  puisse  se  gon- 
fler et  être  surmontée  par  ce  liquide;  mettons-le  tout  dans  un 
alambic,  nous  oliiiendrons  par  Ja  distillation  une  huile  essen- 
tielle, d'une  odeur  d'ail  très-prononcée,  dans  laquelle  on  dis- 
tingue quelque  chose  ({ui  rappelle  la  moutarde. 

Cette  huile  est  d'un  blanc  jaunâtre;  elle  reste  en  globules 
distincts  et  tombe  au  fond  de  l'eau  distillée  qui  la  surmonte; 
chaque  globule  est  séparé  et  forme  comme  un  petit  ballon. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  aujourd'hui  donner  la  pro- 
portion exacte  de  cette  substance,  mais  un  accident  qui  nous 
est  survenu  ne  nous  permet  pas  l'affirmative. 

La  distihation  de  l'huile  essentielle  de  Cath-sé  doit  se  faire 
avec  une  grande  quantité  de  liquide,  si  l'on  ne  veut  brûler  la 
substance  ;  dans  ce  dernier  cas,  i!  se  dégage  une  odeur  cmpy- 
reumati(}ue  sui  generis,  dont  i!  est  très-difficile  de  se  débar- 
rasser. On  doit  arrêter  la  distillation  de  bonne  heure,  car 
l'hude  essentielle  passe  dans  les  premiers  phlegmes,  et  il  ne 
se  distille,  a])rès,  <;ue  de  l'e.'iii  sans  saVijur. 


Sun   LA   GRAINE   DU   CATH-SÉ   DE    CHINE.  757 

Le  résidu  de  la  cornue,  passé  à  travers  une  mousseline  fine 
en  deux  doubles,  laisse  écouler  de  l'eau  jaunâtre  qui,  recueillie 
et  évaporée  au  l'eu,  fournit  une  substance  gommeuse  couleur 
jaune  indien,  d'une  saveur  douceâtre  et  laissant  un  arrière- 
goût  poivré  ;  elle  se  trouve  dans  la  prop()rtlon  de  280  gram- 
mes par  kilogramme  de  graine. 

En  résumé,  il  nous  semble  pouvoir  déduire  du  travail  ci- 
dessus,  que  la  plante  de  Cath-sé  est  parfaitement  acclimatée 
en  PYance,  qu'on  peut  la  cultiver  dans  toutes  sortes  de  con- 
trées ;  qu'elle  sera  utile  par  son  huile  et  les  différentes  sub- 
stances que  nous  en  avons  extraites.  Nous  pensons  doncque  la 
Société  d'acclimatation  voudra  bien  accepter  ce  travail  avec 
l'intérêt  qu'elle  porte  à  tout  ce  qui  est  pratiquement  utile.  En 
distribuant  les  graines  que  nous  vous  envoyons,  vous  propa- 
gerez une  plante  industrielle  d'un  grand  avenir.  Si  nous  avons 
pu  par  nos  études  vous  aider  à  celte  divulgation,  ce  sera  la  plus 
grande  récompense  de  nos  veilles. 

Nous  entrons  complètement  dans  les  idées  émises  par 
M.  Robinet,  président  de  l'Académie  de  médecine,  qui,  en  ren- 
dant un  dernier  hommage  h  notre  regrettable  président  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire,  disait:  <i  La  vie  de  médecin  est  une  vie 
D  de  labeurs  et  d'études  constantes,  jamais  il  ne  croit  avoir 
»  assez  appris;  et  pour  satisfaire  ce  besoin  qui  le  tourmente, 
»  jiour  répondre  à  ce  cri  de  la  conscience,  il  recherche  avec 
))  ardeur  les  plus  savants  dans  toutes  les  sciences,  il  s'attache 
D  à  leurs  pas  el  se  suspend  à  leurs  lèvres.  » 


SUR    LÀ    CHllFÂ, 

Par  m.  le»'  SACC  . 

néléa;iié  ilc  la  SociOli'  iiiiporiale  (raccliiniihdioii  à  Barcelone. 


Le  numéro  de  juin  (p.  340)  du  Bulletin  renferme  un  article 
aussi  intéressant  que  bien  fait  sur  la  Chufa  et  sa  culture. 
M.  Barbier  a  bien  vu  et  bien  apprécié  la  culture  et  les  usages 
du  Soucbet  comestible,  qui  devrait  être  introduit  dans  les 
terres  sablonneuses  et  fraîcbes  des  Boucbes-du-Rbùne. 

Pour  compléter  le  travail  de  M.  Barbier,  je  me  permet- 
trai d'ajouter  que  l'usage  de  l'orgeat  de  Chufa  contre  les 
affections  des  bronches  ne  saurait  être  trop  recommandé  ; 
son  emploi  est  vraiment  Itéroique  contre  les  crachements  de 
sang  les  plus  violents,  qu'il  arrête  en  peu  de  minutes  :  en  sorte 
que  je  suis  porté  à  croire  que  son  usage,  continué  pendant  des 
mois  entiers,  pourrait  sinon  guérir,  je  n'ose  l'espérer,  au 
moins  enrayer  les  progrès  de  la  pbtbisie  pulmonaire. 

Le  Soucbet  comestible,  sur  lequel  M.  Barbier  vient  d'appeler 
avec  raison  l'attention  publique,  n'est  point  une  nouveauté 
en  France  ;  tous  les  ouvrages  d'horticulture  en  parlent,  et  le 
Bon  Jardinier  en  donne  la  culture. 

En  Alsace,  on  cultive  cette  plante  comme  succédané  du 
café;  j'en  ai  vu  une  superbe  plantation  chez  M.  A.  Ziïrchcr, 
qui  m'a  fait  goiiter  son  infusion  que  j'ai  trouvée  très-bonne. 
J'ignore  si  l'on  emploie  seule  l'infusion  de  tubercules  torréfiés, 
mais  chez  M.  Zûrcber  on  la  mélange  à  celle  du  café,  à  laquelle 
elle  donne  un  délicieux  goût  d'amande. 

Dans  les  pays  froids,  on  plante  d'abord  les  tubercules 
sur  couche,  et  on  ne  les  risque  en  plein  air  que  lorsque 
les  gelées  ne  sont  plus  à  craindre.  En  automne,  on  arrache, 
on  dessèche  au  four  les  tubercules  destinés  à  la  consomma- 
lion,  etl'on'conserve  dans  du  sable  sec  ceux  qu'on  destine  à 
la  multiplication. 

A  Barcelone,  on  trouve,  dans  le  commerce,  de  la  farine  de 
Cbufa,  avec  une  cuillerée  à  café  de  laquelle  on  fait  un  bon 
verre  d'orgeat  ;  je  crois  qu'on  pourrait  l'employer  dans  la  pâ- 
tisserie au  lieu  des  amandes. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX 
DES  SÉANCES  GÉNÉRALES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  11  DÉCEMBRE    1863.     ,        ' 
j  ■    --.',    -^     ■    '        Présidence  de  M.  Drouyn  de  Lhuys.  ;  ;•  ;    '' 

M.  le  Président,  après  avoir  déclaré  ouverte  la  session  de 
-1863-186/1,  expose  à  l'assemblée  le  résumé  des  principaux 
faits  accomplis  depuis  la  clôture  de  la  précédente  session.  Il 
signale  les  progrès  sensibles  du  mouvement  imprimé  à 
l'œuvre  universelle  de  racclimatation,  les  adbésions  nom- 
breuses que  la  Société  a  reçues,  l'inscription  des  noms  de 
Leurs  Majestés  l'Empereur  de  Turquie,  le  Roi  de  Suède  et  de 
Norvège,  le  Roi  des  Hellènes,  et  de  S.  A.  le  Dey  de  Tunis, 
parmi  ceux  des  souverains  ses  protecteurs;  la  création 
réalisée  ou  projetée  de  nouvelles  institutions  destinées  à  lui 
prêter  un  concours  utile;  les  dons  multipliés  d'animaux  et  de 
graines  qui  lui  ont  été  adressés  des  diverses  parties  du 
globe,  soit  pour  elle  directement,  soit  pour  le  Jardin  d'accli- 
matation. M.  le  Président  termine  en  renouvelant  le  chaleu- 
reux appel  qu'il  faisait  l'année  dernière,  en  pareille  circon- 
stance, au  zèle  de  tous  les  membres  de  la  Société  en  les  invi- 
tant à  redoubler  d'efforts  pour  atteindre  plus  sûrement  le  but 
qu'elle  s'est  proposé.  '    ' 

—  M.  le  Président  proclame  la  liste  des  membres  récem- 
ment admis  :  , 

BuciiOT,   sous-préfet,  à  Coulommiers   (Seine-et-Marne). 
Cal'X  (le  marquis  de),  écuyer  de  l'Empereur,  à  Paris. 
Fabre,  directeur  de  la  ferme-école  de  Vaucluse,  à  Saint- 

Privat,  près  de  Sarrians  (Vaucluse). 
Fernandlnâ  (le  duc  de),  grand  d'Espagne  de  première 

classe,  à  Madrid. 
FiLHOL    (Henri),    étudiant    en    médecine,    à    Toulouse 

(Ilaute-Garonne),  et  à  Paris. 
La  Poëze  (le  comte  de),  député,  chambellan  honoraire 

de  l'Empereur,  à  Paris.  .         :•:  .  ■       -■''"■■'[ 


700      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCGLIMATATION, 

MM.  Lefebvre(P.  a.),  propriétaire,  à  Mont-Joli-sur-Honfleur. 

Levesques-Desvarannes,  lieutenant  de  vaisseau,  officier 
d'ordonnance  de  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine, 
à  Paris. 

Mellinet  (le  général),  commandant  supérieur  de  la 
garde  nationale  de  la  Seine,  à  Paris. 

Montblanc  (le  baron  Albéric  de) . 

MuRAT  (S.  A.  le  prince  Joacliim),  chef  d'escadron  de 
cavalerie,  officier  d'ordonnance  del'Ëmpereur,  àParis. 

OzEUNE  fils  (le  docteur),  à  Paris. 

Raimbault,  à  Parij^. 

Raulhac  (le  docteur),  propriétaire-éleveur,  à  Aurillac. 

Serra  (J.  M.),  consul  général  du  Chili,  en  Catalogne  et 
aux  îles  Baléares,  directeur  de  la  banque,  à  Barcelone. 

Stoffel,  chef  d'escadron  d'artillerie,  officier  d'ordon- 
nance de  l'Empereur,  à  Paris. 

— •  Des  remercîments  pour  leur  récente  admission  sont 
adressés  par  MM.  le  comte  Canofari  de  Santa-Vittoria  (de 
Naples)  ;  Gaston  de  Bonrepos  (de  Saint-Rambert);  le  docteur 
Jeannel  (de  Bordeaux);  Bonnière  (de  Clermont)  ;  Buchot, 
sous-préfet  de  Coulommiers  ;  le  vicomte  de  Santa-Quileria 
(de  Vienne,  Autriche),  et  J.  A.  de  Sousa  (de  Lisbonne). 

—  M.  le  Président  transmet  de  nouvelles  communications 
relatives  au  projet  de  création  d'un  jardin  d'acclimatation  à 
Bordeaux,  sous  le  nom  de  Parc  de  Bordeaux,  qui  lui  ont  été 
adressées  par  M.  le  docteur  Jeannel,  président  de  la  commis- 
sion provisoire  d'organisation. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce 
annonce  qu'il  a  donné  les  ordres  nécessaires  pour  que  la 
Société  d'acclimatation  soit  comprise  dans  la  distribution  de 
graines  de  Vers  à  soie  que  M.  Simon  envoie  de  Chine. 

—  M.  H.  de  Castelnau,  appelé  à  remplir  une  mission  scien- 
tifique dans  l'île  de  Haïti,  fait  à  la  Société  ses  bienveillantes 
offres  de  services  pour  les  informations  qu'elle  aurait  à  se 
procurer  sur  les  diverses  productions  de  cette  île. 

—  M.  Alphonse  Fleury,  ancien  médecin  du  gouverneur  de 


PROCÈS-VERBAUX.  -  ,  761 

Trébizonde,  adresse  les  mêmes  offres  pour  les  localités  de 
l'Orient  où  il  a  longtemps  résidé.  —Les  remercîments  delà 
Société  seront  adressés  à  MM.  de  Castelnau  et  Fleury. 

—  M.  le  docteur  Sacc,  délégué  de  la  Société  à  Barcelone, 
transmet  la  note  des  animaux  envoyés,  dans  le  cours  de  18(33, 
par  notre  zélé  confrère  M.  Bataille  (de  Cayenne),  et  s'élevant 
au  nombre  de  trente-cinq,  parmi  lesquels  six  étaient  destinés 
à  M.  le  délégué  lui-même. 

Dans  une  seconde  lettre  adressée  à  M.  le  Président,  M.  Sacc, 
après  avoir  exprimé  son  opinion  contraire  aux  croisements 
des  races,  propose  divers  sujets  de  jji'ix  spéciaux.  —  Cette 
proposition  sera  renvoyée  à  l'examen  dé  la  prochaine  Commis- 
sion des  récompenses. 

—  M.  le  Président  transmet  diverses  lettres  de  M.  Baraquin 
qui  annonce,  de  Belem  (Para),  l'envoi  :  1"  de  Marecaos,  d'un 
Canard  sauvage  mâle  d'une  espèce  particulière  (les  premiers 
de  ces  animaux  ont  péri  en  route  ;  le  Canard  est  mort  deux 
jours  après  son  arrivée  au  Jardin  d'acclimatation)  ;  T  d'une 
caisse  de  graines  de  gros  Ricin  des  bords  de  l'Amazone, 
espèce  la  plus  riche  en  huile,  assure  notre  zélé  confrère. 

—  M.  Delaporte,  consul  de  France  à  Bagdad,  membre  hono- 
raire de  la  Société,  a  adressé  à  M.  le  Président  un  échan- 
tillon de  laine  de  Chameau  de  la  Mésopotamie ,  qui  peut 
donner  lieu  à  des  comparaisons  instructives  entre  cette  laine 
et  celles  des  Chameaux  de  l'Algérie. 

A  ce  sujet,  M.  Davin  fait  observer  que  les  poils  du  Cha- 
meau d'Asie,  beaucoup  moins  jarreux  que  ceux  du  Chameau 
d'Afrique,  comme  on  peut  le  voir  sur  les  individus  qui  sont 
au  Jardin  du  bois  de  Boulogne,  peuvent  rivaliser  avec  les 
poils  de  Cachemire,  et  servir  à  la  confection  de  très-belles 
étoffes. 

— -  S.  Exe.  M.  le  Maréchal  Santa-Cruz  informe  M.  le  Pré- 
sident que  M.  W.  Werner,  négociant  à  Paris,  met  à  la  dispo- 
sition du  Jardin  d'acclimatation  deux  belles  Viscaches,  de 
l'Amérique  méridionale.  Une  lettre  de  M.  Werner  annonce 
que  ces  animaux  ont  été  remis  au  Jardin. 

—  Notre  confrère  M.  Louis  de  Boucha ud  de  Bussy  écrit, 


762      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 

le  30  octobre,  pour  faire  connaître  son  envoi  de  deux  paires 
de  Gangas,  dont  il  fait  hommage  à  la  Société.         <•     ■     ■..■'; 

—  M.  Emile  Colpaert,  envoyé  en  mission  scientifique  dans 
l'Amérique  du  Sud,  et  dont  la  Société  a  déjà  entendu  les  inté- 
ressantes communications  sur  la  Coca  du  Pérou,  adresse  à 
M.  le  Président  un  long  mémoire  manuscrit,  intitulé  Étude 
sur  le  Pérou.  F'  partie  :  Des  bète^  à  laine  des  Andes  et  de 
leur  acclimatation  en  Europe.  IP  partie  :  De  la  tonte  des 
Alpacas  et  du  trafic  des  laines  par  les  Indiens. 

—  M.  le  Sénateur  secrétaire  de  l'Empereur,  par  une  lettre 
du  26  novembre,  transmet  à  la  Société  une  demande  de  deux 
couples  de  Lamas  et  d'Alpacas,  adressée  à  Sa  Majesté  par 
notre  Société  régionale  afOliée  de  Nancy. 

—  M.  le  Président  donne  communication  d'une  lettre  par 
laquelle  M.  le  ministre  du  Pérou  h  Paris  lui  annonce  qu'il  s'est 
adressé  à  son  gouvernement  pour  demander  de  nouveaux 
renseignements  sur  les  mesures  prises  pour  l'expédition  du 
troupeau  de  cent  Lamas  et  Alpacas  offert  par  feu  le  général 
San-Roman,  président  de  la  République  péruvienne. 

—  Une  lettre  de  M.  E.  Roehn,  datée  du  Callao,  le  3  2  octobre, 
informe  M.  le  Président  qu'il  attend  toujours  la  réunion  du 
troupeau  dont  il  vient  d'être  fait  mention,  pour  le  ramener 
en  France. 

—  M.  le  docteur  Turrel,  délégué  de  la  Société  à  Toulon, 
écrit,  le  h  décembre,  pour  assurer  qu'il  a  pris  dès  h.  présent 
toutes  les  mesures  nécessaires  pour  la  bonne  réception  et  la 
prompte  installation  provisoire  des  Lamas  et  Alpacas  de 
FÉquateur,  embarqués  à  Guayaquil  et  au  Callao  sur  les  na- 
vires de  l'État  la  Cornélie  et  la  Galatée,  attendus  prochai- 
nement à  Toulon.  ■ 

—  M.  Fabre,  directeur  de  la  ferme-école  de  Vaucluse,  qui 
a  reçu  un  lot  de  Chèvres  d'Angora  à  titre  de  cheptel,  propose 
de  se  charger  de  l'élevage  d'une  certaine  quantité  de  Lamas 
et  Alpacas  à  des  conditions  qui  seront  soumises  à  l'examen 
du  Conseil,  s'il  y  a  lieu. 

—  Un  travail  parvenu  à  la  Société,  sans  nom  d'auteur  et 
sans  lettre  d'envoi,  sur  l'emploi  des  Chiens  comme  animaux 


PROCÈS-VERBAUX..       • 763 

de  Irait,  adressé  à  M.  le  Président  de  la  1"  Section,  est 
déposé  parmi  les  pièces  de  correspondance  de  la  séance. 

—  M.  le  Président  transmet  deux  Notes  qui  lui  ont  été 
envoyées  par  M.  Jules  Carron ,  consul  de  France  à  Edim- 
bourg', l'une  sur  la  destruction  des  Pigeons  ramiers  et  des 
Écureuils  en  Ecosse,  l'autre  sur  la  culture  du  Coton  dans  la 
province  de  Bagdad. 

—  M.  Iluet,  avocat  à  Etampes,  membre  de  la  Société, 
communique,  par  une  lettre  du  2/i  septembre,  un  fait  curieux 
d'incubation  d'œufs  de  Colin  par  le  mâle.  Voici  en  quels 
termes  M.  Iluet  expose  ce  fait  :  «  J'avais,  cet  été,  un  couple 
»  de  Colins  provenant  d'une  éducation  de  l'an  dernier.  La 
»  femelle,  après  avoir,  à  plusieurs  reprises,  fait  son  nid  et 
5)  pondu,  sans  que  jamais  j'aie  consenti  ta  enlever  aucun  œuf, 
»  dans  l'espoir  de  la  voir  couver  dans  l'un  ou  l'autre  endroit, 
»  est  morte  d'épuisement.  Elle  avait  pondu  environ  quarante- 
i>  cinq  à  cinquante  œufs.  Alors  le  mâle,  qui  jusque-là  avait 
»  toujours  été  très-ardent  et  contribuait,  je  crois,  par  ses 
»  assiduités,  à  empêcher  la  femelle  de  couver,  le  maie,  dis-je, 
»  s'est  mis  sur  les  œufs  pondus,  et  après  une  incubation 
»  continuée  pendant  vingt-huit  jours  sans  interruption,  a  fait 
»  éclore  quatre  petits  sur  quinze  a^ufs.  Obligé  de  m'absenler 
»  quelques  jours,  je  n'ai  pu  surveiller  celte  petite  famille,  et 
»  à  mon  retour,  je  n'ai  trouvé  que  le  malheureux  mâle,  qui 
»  lui-même  a  succombé  peu  de  jours  après.  » 

—  M.  le  baron  de  Saint-Germain,  de  la  Bastide  (Haute- 
Loire),  odre  ses  services  à  la  Société  pour  des  essais  de  pro- 
pagation de  palmipèdes. 

—  M.  Gasnier  signale  les  ravages  causés  par  des  Pics  verts, 
dans  une  éducation  de  Vers  de  l'Allante  faite  en  plein  air. 

—  M.  Liénard,  dont  les  tentatives  d'introduction  du  Gou- 
rami  en  France  et  en  Algérie  ont  été  plusieurs  fois  déjà 
signalées  à  la  Société,  annonce,  par  une  lettre  du  10  no- 
vembre, qu'en  parlant  de  l'ile  Maurice,  il  avait  encore  emporté 
dix  de  ces  précieux  poissons.  Cinq  étaient  parvenus  vivants 
jusqu'à  Marseille,  mais  quatre  sont  morts  dès  leur  arrivée,  et 
le  seul  survivant  a  été  confié  aux  soins  de  M.  Barthélémy- 


76/i      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D'aCCLIMATATION. 

Lapommeraye.  Heureusomenl,  M.  Liénard  avait  eu  la  bonne 
pensée  de  laisser  cinq  de  ses  Gonramis  bien  portants  en 
Egypte,  à  M.  Coulon,  propriétaire  d'une  maison  de  campagne 
anx  environs  du  Caire,  qui  s'est  engagé  à  les  soigner  avec  la 
plus  grande  attention. 

M.  Liénard  a  remis  à  la  Société  un  certain  nombre  de 
tubercules  de  deux  variétés  d'Ignames  excellentes,  cultivées 
à  Maurice,  et  dont  l'une  est  originaire  de  Madagascar. 

—  M.  Bartbélemy -Lapommeraye  confirme,  à  la  date  du 
5  novembre,  l'arrivée  à  Marseille  du  Gourami  qui  lui  a  été 
confié  par  M.  Liénard,  et  ajoute  qu'il  a  pris  toutes  les  mesures 
nécessaires  pour  en  assurer  la  conservation. 

—  M.  le  Président  transmet  diverses  pièces  de  correspon- 
dance, qui  lui  ont  été  adressées  par  M.  Lamiral,  pour  l'entre- 
tenir de  la  suite  des  études  et  des  expériences  d'aquiculture, 
qu'il  continue  dans  les  départements  des  Boucbes-du-Rbône 
et  du  Var,  pour  la  multiplication  des  Moules,  des  Huîtres  et 
autres  mollusques  alimentaires.  Il  pense  que  les  Huîtres  de 
Tarente,  de  Baia,  ainsi  que  l'Huître  corse  {Ostrea  steritina,  du 
lac  de  Stentino),  pourraient  être  cultivées  sur  les  bouchots  à 
coulisse   dont  il   a  déjà  organisé  plusieurs  modèles.  Notre 
confrère  ajoute  qu'il  a  demandé  l'autorisation  de  l'aire  utiliser 
les  eaux  des  étangs  de  Campeou  et  du  Labillon,  séparés  de 
l'étang  de  Caronte  par  la  levée  du  canal  maritime  de  Mar- 
tigues  à  Port-de-Bouc,  et({u'il  a  joint  à  sa  demande  un  projet 
de  lagune  pour  cultiver  les  générations  de  poissons  nés  dans 
les  parages  du  golfe  de  Fos.  La  correspondance  de  M.  Lamiral 
comprend  encore  la  copie  d'une  lettre  qu'il  a  adressée  à  M.  le 
Ministre  de  la  marine  pour  lui  soumettre  un  projet  et  un 
plan  d'installation  de  ses  bouchots  à  coulisse  pour  la  culture 
des  Huîtres  et  des  Moules. 

M.  le  Président  dépose  en  outre  le  Rapport  de  M.  Lamiral 
sur  la  mission  qui  lui  a  été  confiée  par  la  Société,  pour  des 
expériences  de  fécondation  artificielle  des  Poissons  de  mer.  Il 
sera  donné  lecture  de  ce  rapport  dans  la  prochaine  séance. 

—  M.  de  Broca,  lieutenant  de  vaisseau,  directeur  des  mou- 
vements du  port  du  Havre,  chargé  en  1862,  par  le  Ministre  de 


t^ROGÈS-VERjlAÎjii.  /6Ô 

la  marine,  d'une  mission  ayant  pour  objet  l'étude  des  procédés 
de  l'industrie  huîtrière  aux  États-Unis,  adresse  un  exemplaire 
de  son  ouvrage  intitule  :  Etude  sur  l'industrie  hultrièrc  des 
is'/rt^5-t/y</5,  publié  à  la  suite  de  celte  mission. 

—  M.  René  Caillaud  signale  à  l'attention  de  la  Société  les 
heureux  résultats  obtenus  dans  leurs  travaux  de  pisciculture 
par  MM.  du  Fougei'oux,  Ghevallereau,  des  Nouhes  de  la 
Gacaudiére,  Philippe  Labbé  (de  la  Vendée),  et  par  M.  J.  B. 
Morin,  ostréiculteur  à  Lauzières  (Charente-Inférieure). 

Notre  confrère  transmet  ensuite  une  lettre  de  M.  Labbé 
(de  Luçon),  contenant  des  certificats  de  quatre  propriétaires 
de  son  voisinage,  qui  élèvent  avec  un  très-grand  succès  des 
Muges  dans  des  pièces  d'eau  douce,  dont  quelques-unes  ne 
sont  alimentées  que  par  les  eaux  pluviales.  (Voy.  au  Balletin.) 

—  M.  Millet  présente  des  œufs  vivants  de  Lavarct  qu'il  a 
obtenus  par  fécondation  arlilicielle.  La  transparence  de  ces 
œufs  permet  de  distinguer  très-nettement  l'embryon,  dont  les 
yeux  sont  déjà  très-colorés. 

—  M.  le  docteur  Sicard  (de  Marseille)  fait  parvenir  un 
numéro  du  Bulletin  de  l'Union  des  arts,  contenant  les  études 
qu'il  a  soumises  au  comité  d'aquiculture  sur  les  œufs  extraits 
artificiellement  de  l'oviducte  des  Muges,  et  sur  la  laitance  de 
ces  mêmes  poissons.  La  lettre  de  notre  confrère  contient 
également  des  renseignements  sur  certains  résultats  de  pisci- 
culture fluviatile.  (Voy.  nu  Bulletin.) 

Par  une  seconde  lettre,  du  16  novembre,  M.  le  docteur 
Sicard  offre,  au  nom  du  comité  d'aquiculture  de  Marseille, 
dont  il  est  le  secrétaire,  ses  remercîments  pour  sa  récente 
admission  au  nombre  de  nos  Sociétés  affdiées. 

—  M.  des  Nouhes  de  la  Gacaudiére,  par  une  lettre  du 
2  décembre,  fait  part  des  succès  qu'il  a  obtenus  dans  ses 
fécondations  artificielles  d'œufs  de  Truites  nées  et  élevées 
chez  lui.  (Voy.  aui?;('//e/m.) 

—  M.  Urelagne,  dans  une  lettre  adressée  à  M.  le  Président, 
exprime  le  vœu  qu'il  soit  donné  une  nouvelle  suite  à  l'enquête 
sur  la  Vipère,  il  envoie  un  mémoire  intitulé  :  Projet  de 
sup/drr.'h"/it  au  Rapport  j)ubli<' au  liullctinsur  la  destruction 


766       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

de  la  Vipère,  et  quelques  observations  f/énérales  à  ce  sujet. 
Dans  ce  mémoire,  noire  honorable  conlrère  invoque  sa 
propre  expérience  de  chasseur  pour  insister  sur  la  distinction 
déjà  établie  par  la  science  entre  les  deux  espèces  de  Hérissons, 
dont  l'une  semble  plus  particulièrement  l'ennemie  naturelle 
de  la  Vipère.  Il  propose  d'instituer  des  expériences,  tant  pour 
éclaircir  ce  point  (|ue  pour  éprouver  les  divers  moyens  de 
destruction  en  usage,  et  offre  une  somme  de  200  francs 
pour  des  médailles  à  répartir  entre  les  chasseurs  qui  les 
mériteraient. 

—  M.  le  Président  a  transmis,  à  diverses  reprises,  une 
série  de  lettres  et  rapports  qui  lui  ont  été  adressés  de  Chang- 
hai  (Chine)  par  M.  E.  Simon. 

Par  une  lettre  du  16  septembre,  notre  dévoué  confrère 
envoie  copie  de  la  dépèche  par  laquelle  il  annonce  à  M.  le 
Ministre  de  l'agriculture  son  retour  du  voyage  qu'il  vient  de 
faire  au  Sé-tchuen.  A  la  date  du  8  octobre,  il  écrit  pour 
annoncer  le  récent  départ  d'une  provision  considérable  de 
oraines  de  Ver  à  soie  ordinaire  de  Chine  et  du  Japon,  ramenée 
par  la  voie  de  Sibérie,  par  M.  Berlandier,  qui  a  recueilli 
lui-même  celles  du  Japon.  M.  Berlandier  rapporte  en  outre 
une  certaine  quantité  de  graines  de  Ver  à  soie  venant  du 
nord  de  la  province  du  Chan-long  et  du  Chan-si,  non  encore 
essayées  en  Europe,  qui  lui  ont  été  confiées  par  M.  Sandri, 
notre  confrère,  résidant  à  Tien-tsin.  Ces  graines  offrent  les 
garanties  les  plus  certaines  de  leur  provenance.  M.  Simon  se 
proposait  de  remettre  également  à  M.  Berlandier  une  tren- 
taine de  cartons  de  graine  venant  du  nord  du  Sé-tchuen 
et  du  sud  du  Chen-si,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le 
Chan-si.  S'il  reçoit  à  temps  des  cocons  du  Ver  du  Chêne 
de  Chine,  venant  du  Chan-tong,  qui  est  la  province,  avec  le 
Chen-si,  où  il  se  conserve  sans  dégénérer,  il  en  fera  par- 
venir un  certain  nombre  par  la  môme  occasion. 

Par  une  lettre  du  25  septembre,  M.  Simon  offre  à  la 
Société  ses  remercîments  pour  sa  nomination  au  titre  de 
membre  honoraire,  dont  il  n'a  reçu  l'avis  qu'à  son  retour  du 
Sé-tchuen.  Des  notes  sur  les  produits  de  l'industrie  séricicole 


pRocÊs-vERnxVUX.        ■■•■       '  '  767 

dans  cette  province  accompagnent  sa  lettre.  Une  autre,  du 
15  octobre,  explique  les  causes  du  mauvais  état  dans  lequel 
,nous  sont  parvenues  les  caisses  de  cocons  de  Bombyx  Pernyi 
qu'il  nous  a  expédiées,  et  qui  venaient  du  Chan-tong,  oïi  il 
faut  aller  les  chercher;  car  ceux  des  autres  provenances 
dégénèrent  promptement,  assure-t-il,  et  leur  dégénérescence 
&e  manifeste  par  une  diminution  de  plus  en  plus  marquée  du 
cocon  et  du  Ver.  L'une  de  ces  caisses  lui  avait  été  envoyée 
par  Mgr.  Faurie,  qui  l'avait  demandée  au  père  Perny.  Un 
passage  de  cette  lettre  confirme  le  rapport  de  M.  le  docteur 
Pompe  vau  Meerdervoort,  sur  la  part  prise  par  M.  Simon  dans 
l'introduction  en  Europe  du  Bombyx  Ya-ma-rnm  (voy.  au 
Bulletin,  p.  639).  Notre  confrère  appelle  la  bienveillante 
attention  de  la  Société  sur  l'importance  du  service  rendu  par 
M.  Pompe,  ainsi  que  sur  le  concours  dévoué  du  père  Perny  et 
du  père  Yinçot,  qui  l'a  accompagné  dans  sa  fatigante  explo- 
ration du  Sé-tchuen,  et  de  Mgr  Faurie,  vicaire  apostolique 
•du  Ho-nan.  Cette  lettre  renferme  deux  échantillons  de  tissus 
fabriqués,  l'un  avec  la  soie  du  Bombyx  Pernyi,  l'autre  avec 
les  fdDres  d'un  Dolichos  dont  des  piedâ  vivants  avaient  été 
envoyés  l'an  dernier  au  ministère. 

Ces  intéressantes  communications  sont  suivies  de  la  copie 
d'une  letlre  datée  du  20  octobre,  annonçant  à  M.  le  Ministre 
de  l'agriculture  l'envoi  d'une  collection  de  soies  grèges  et 
d'une  collection  de  soies  fabriquées  du  Sé-tchuen,  réunies 
par  notre  confrère,  avec  deux  notes,  l'une  sur  la  production 
séricicole  du  Sé-tchuen,  annexée  à  la  collection  des  soies 
grèges,  l'autre  relative  cà  la  fabrication  des  soieries  en  Chine. 

— ■  M.  le  docteur  Chavannes,  notre  délégué  à  Lausanne, 
écrit,  à  la  date  du  16  décembre,  pour  proposer  au  Conseil  un 
nouveau  mode  d'expédition  des  cocons  vivants  de  Vers  à  soie 
.pour  les  longs  voyages.  Notre  collègue  écrit  surtout  pour  en- 
gager la  Société  à  publier  et  à  répandre  une  instruction  sur 
les  diverses  espèces  de  Vers  à  soie  dont  il  pense  que  l'intro- 
duction pourrait  être  tentée  avec  chances  de  succès,  telles  que 
les  Bombyx  Atlas,  Pernyi,  Mylitta,  Aurota,  d'Orbignyana, 
•Ethra,  Mimosœ^  Cecropia,  Polyphemus.  , 


^68     SOCIÉTÉ   tMtÉHULË  200L0GlQlJÈ  i)'ACCLlMÂTAtlÔ?(. 

Frappé  de  la  disproportion  des  sexes  dans  les  naissances 
de  nos  Yaks  et  de  nos  Chèvres  d'Angora,  M.  le  délégué  se 
demande  s'il  ne  serait  pas  utile  d'employer  le  procédé  Thury, 
dont  les  résultats  sont  constants  chez  M.  Cornet,  à  Montel. 

M.  Chavannes  envoie,  en  outre,  une  Notice  sur  une  modi- 
fication à  apporter  aux  éducations  du  Bombyx  Cynthia,  en 
forçant  l'éclosion  des  Vers  pour  la  première  éducation.  (Voy. 
p.  7/il.)  .  •      :  ■  ■= 

—  M.  Vallée,  gardien  de  la  ménagerie  des  reptiles  au 
Muséum,  écrit,  le  25  novembre,  pour  otlrir  une  cinquantaine 
de  cocons  vivants  du  Ver  du  Ricin  qui,  destinés  à  la  Société 
coloniale  de  la  Réunion  ,  sont  arrivés  à  Marseille  quelques 
heures  après  le  départ  du  bateau.  Ils  ont  heureusement  été 
recueillis  par  M.  le  docteur  Sicard,  qui  a  bien  voulu  se  charger 
d'en  prendre  soin. 

—  M.  Cross  (de  Gruningen),  canton  de  Zurich,  en  adres- 
sant un  petit  traité  qu'il  a  publié  en  langue  allemande  sur 
l'éducation  du  B.  Cynthia,  écrit,  le  h  décembre,  pour  rendre 
compte  des  efforts  qu'il  a  faits  en  vue  de  propager  la  sérici- 
culture, et  particulièrement  l'ailanticullure.  Il  a  obtenu  de  la 
Société  des  sériciculteurs  suisses,  que  12  hectares  environ 
fussent  plantés  en  Allantes.  Il  cite  les  personnes  auxquelles  il  a 
distribué  des  œufs  du  Cynthia  et  des  plants  d'Allantes,  dans 
les  cantons  de  Zurich,  de  Claris,  de  Valais,  de  Schwytz,  de 
Lucerne,  d'Aargau,  de  Schaffhouse,  dans  le  grand-duché  de 
Bade,  en  Autriche,  en  Saxe.  Il  a  lui-même  continué  ses 
plantations  d'Ailantes.  On  se  rappelle  que  nous  devons  une 
éducation  du  B.  Ya-ma-maï  bien  réussie  à  M.  Cross,  qui 
termine  en  demandant  des  œufs  de  Vers  à  soie  et  des  graines 
pour  la  section  d'acclimatation  fondée  au  sein  de  la  Société 
agricole  et  industrielle  de  sa  localité. 

—  M.  Nourrigat  adresse  un  exemplaire  d'un  Mémoire  pré- 
senté par  lui  à  l'Académie  des  sciences,  et  dans  lequel  il  fait 
ressortir  les  avantages  économiques  et  hygiéniques  qu'oiïre, 
pour  l'éducation  des  Vers  à  soie  ordinaires,  l'emploi  du 
Mûrier  à  grandes  feuilles  {Monts  japonica) ,  introduit  en 
France  par  noire  collègue  en  lS/i9,  et  qui  constituerait  le 


'  PROCÈS  VERBAUX.  '-         "      •        76t) 

moyen  le  plus  efficace  de  combattre  la  maladie  si  préjudiciable 
à  notre  séricicidlure.      •   ' 

—  M.  le  docteur  Pompe  van  Meerdervoort,  par  une  lettre 
datée  de  la  Haye,  le  29  oclobi-e,  annonce  l'envoi  d'une  bro- 
chure intitulée  :  Not'tcp  sur  riiUroduction  du  Ver  à  sole  du 
C/inie  du  Japon  [Boinbi/x  Ya-ina-mai,  Guérin-Méneville) 
en  Europe.  Dans  cette  notice,  notre  généreux  collègue  rend 
compte  des  difficultés  qu'il  a  eu  à  surmonter  pour  se  procurer 
les  graines  de  ce  précieux  insecte,  et  affirme  que  leur  intro- 
duction en  Europe  n'est  due  qu'à  ses  soins  personnels , 
puisqu'il  les  a  fait  recueillir  par  un  jeune  Japonais,  élève 
de  l'École  de  médecine  dont  il  était  directeur,  et  qu'il  les 
a  rapportées  lui-même,  à  son  retour  du  Japon.  (Voyez  au 
Bulletin,  page  639.) 

—  Le  comité  de  sériciculture  de  la  Société  d'horticulture 
et  d'acclimatation  de  Tarn-et-Garonne  envoie  un  exemplaire 
de  son  règlement  pour  les  essais  des  graines  de  Vers  à  soie 
par  les  éducations  précoces,  pour  186/i. 

—  M.  Duchesne-Thoureau  adresse  k  la  Société  un  spécimen 
d'une  sorte  de  feutre  qui  aurait  été  fabriqué  par  des  Araignées 
tenues  en  captivité. 

—  Des   demandes  de    graines  de  Bombyx  Ya-ma-mai  et 
Perniji  sont  adressées  par  M.  le  comte  de  Rivoire  la  Bâtie 
de  Vernelle  (Isère),  et  par  M.  Zlik,  de  Teschen  (Silésie  autri- 
chienne). 

—  M.  le  Président  adresse  deux  Notes,  l'une  sur  une  nou- 
velle espèce  vivace  de  Cotonnier  découverte  dans  l'Ile  de 
Bornéo  par  M.  le  curé  catholique  de  Batavia,  dont  une  collec- 
tion de  graines  a  été  envoyée  en  Algérie  ;  la  seconde  sur  des 
tentatives  récentes  d'introduction  du  Quinquina  en  Algérie  et 
dans  nos  colonies  des  Antilles,  qui  ont  été  faites  avec  le 
bienveillant  concours  du  gouvernement  néerlandais,  à  l'aide 
de  plants  et  de  graines  provenant  de  ses  riches  pépinières  de 
Java. 

—  M.  l'ahbé  Voisin,  directeur  du  séminaire  des  Missions 
étrangères,  olTre  à  la  Société  des  graines  de  quinze  espèces 
ou  variétés  de  plantes  légumineuses  de  la  Chine. 

T.  X,  —  Décembre  1863,  ^o 


770      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 

—  M.  Gauldrée  -  Boilleau,  consul  général  de  France  à 
Québec,  écrit  à  M.  le  Président  qu'il  expédie  deux  caisses 
contenant  des  plants  et  des  racines  de  Vignes  et  de  Pommiers 
du  Canada,  et  un  paquet  de  graines  de  Navets  canadiens  de 
deux  variétés,  jaune  et  blanche,  également  remarquables  par 
leur  grosseur  et  leur  qualité. 

M.  le  consul  désirerait  recevoir  des  graines  de  fleurs  de 
France  susceptibles  d'être  cultivées  au  Canada,  pour  les 
offrir  à  M.  Desbarats,  président  de  la  Société  d'horticul- 
ture de  Montréal.  Peut-être  quelques-uns  de  nos  collègues 
seraient-ils  disposés  à  organiser  des  échanges  avec  M.  Des- 
barats. 

]\I_   j.   lluzard  dépose  une   petite  collection  de  deux 

espèces  de  Blés,  deux  espèces  de  Haricots  et  de  Fèves,  prove- 
nant de  la  culture  de  graines  qui  lui  avaient  été  remises  au 
printemps  dernier  par  la  Société.  Notre  collègue  ajoute  qu'il 
a  également  trouvé  dans  ces  graines  un  Maïs  désigné  sous  le 
nom  de  Maïs  du  Pérou,  qui  a  végété  d\me  manière  très- 
remarquable,  mais  qui  n'a  pu  mûrir  ses  graines  par  défaut 
d'une  somme  suflisante  de  chaleur. 

—  M.  le  maréchal  Sanla-Gruz  fait  observer  à  ce  sujet  que  le 
Maïs  du  Pérou,  dont  il  compte  donner  de  nouveau  des  graines 
à  la  Société,  a  besoin  de  cinq  mois  de  chaleur  pour  mûrir,  et 
qu'il  sera  utile  de  le  faire  lever  sous  haches,  pour  en  activer 
la  végétation. 

. M.  Anselme  Petelin  dit  qu'il  a  vu  mûrir  ce  Maïs,  qui  ne 

lui  a  pas  paru  supérieur  au  Maïs  ordinaire  pour  la  quantité 
de  ses  graines,  mais  qu'il  serait  sans  doute  plus  avantageux 
comme  fourrage. 

M.  Antonio  de  Lacerda,  par  une  lettre  datée  de  Bahia 

(Brésil),  le  13  octobre,  annonce  l'envoi  d'un  échantillon  d'un 
bois  nouvellement  découvert  dans  les  forêts  vierges  de  la 
province,  et  ajoute  qu'il  espère  adresser  prochainement  des 
plants  de  ce  magnifique  arbre,  pour  que  la  culture  en  soit 
tentée  en  Algérie.  Cet  échanlillon  de  bois,  mis  sous  les  yeux 
de  l'assemblée,  est  trouvé  très-remarquablement  beau. 

—  M.  le  docteur  Chalin,  par  une  lettre  du  2  novembre, 


fROCÊS-VËRBAUX.  771 

adresse  une  note  sur  la  Pomme  de  terre  Caillaud,  et  annonce 
qu'il  mettra  un  hectolitre  de  tubercules  de  cette  espèce  à  la 
disposition  de  la  Société.  Ces  tubercules,  présentés  à  l'as- 
semblée, ont  été  en  partie  distribués  aux  membres  présents 
à  l'issue  de  la  séance  ;  il  en  a  été  conservé  une  portion  pour 
les  membres  qui  en  feront  la  demande. 

—  Notre  collègue  M.  A.  Manès,  dans  une  lettre  écrite  de 
Saint-Denis  (lléunion),  le  6  octobre,  rappelle  la  terrible  maladie 
qui  ravage  les  plantations  de  Cannes  à  sucre,  principale  res- 
source de  la  colonie,  et  ne  semble  guère  épargner  que  la  Canne 
guingan  qui,  seule,  prospère  au  milieu  des  champs  dévastés. 
M.  Manès  déduit  de  ces  fâcheux  lésultats  la  preuve  de  la  néces- 
sité de  faire  activement  les  plus  grands  efforts  pour  introduire 
dans  la  colonie  les  variétés  de  Cannes  les  plus  rustiques  que 
l'on  puisse  découvrir,  et  ne  pas  s'en  tenir  à  la  Guingan,  qui  peut 
un  jour  subir  l'épidémie.  Déjà  des  habitants  de  la  Réunion  ont 
introduit  une  cargaison  entière  de  Cannes  de  Batavia,  et  font 
recueillir  en  ce  moment  des  tètes  de  Cannes  à  Mayotte  et  à 
Nossibé.  Notre  collègue  croit  donc  devoir  faire  appel  au  zèle 
de  tous  les  membres  de  notre  Société  impériale,  pour  faire 
parvenir  au  comité  de  la  Réunion,  dans  le  plus  bref  délai 
possible,  des  renseignements  sur  les  variétés  de  Cannes 
connues  dans  les  pays  qu'ils  habitent,  et  des  échantillons  de 
ces  Cannes.  11  pense  que  le  Brésil  est  le  point  le  plus  impor- 
tant pour  les  recherches  à  faire,  et  qu'il  serait  d'un  très-grand 
avantage  de  s'y  procurer  une  variété  très-grosse  et  très-longue 
désignée  sous  le  nom  de  Canne  impériale.  La  Société  s'associe 
au  désir  exprimé  par  M.  Manès,  et  des  démarches  seront 
faites  pour  atteindie  le  but  qu'il  se  propose. 

—  M.  deZeltner,  consul  de  France,  à  Panama,  dans  une 
lettre  adressée  le  31  août  à  M.  le  directeur  du  Jardin  d'accli- 
matation, fait  connaître  son  intention  de  se  mettre  lui-même 
à  la  recherche  de  pieds  vivants  d'une  espèce  de  Vanillier 
indigène  à  la  contrée  qull  habite,  dont  il  avait  déjà  fait 
parvenir  un  échantillon,  et  d'olfrir  ces  plants  à  la  Société. 
M.  le  consul  va  également  s'occuper  d'étudier  l'acclimatation 
de  l'arbre  qui    produit  le   baume  du    Pérou,   en  anolais 


772      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUË   d'aCCLIMATATION. 

Balsam  -  trec,  dont  l'exportation  est  sévèrement  prohibée 
dans  les  Républiques  du  centre  Amérique  ;  il  espère  égale- 
ment parvenir  à  faire  arriver  à  l'Aquarium  du  Jardin  d'accli- 
matation des  Huîtres  à  perles  et  une  sorte  de  Moule  gigan- 
tesque, de  prés  de  deux  pieds  de  long,  renfermant  des  perles 
noires. 

—  M.  Auguste  du  Peyrat,  directeur  de  la  ferme-école  de 
Beyrie  (Landes),  sur  la  demande  qui  lui  en  a  été  faite  par 
M.  le  Secrétaire  général,  adresse  une  Note  intéressante  sur 
ses  cultures  de  Sorgho  sucré  comme  plante  fourragère,  et  sur 
les  avantages  remarquables  qu'il  en  retire  pour  la  nourriture 
de  son  bétail.  (Yoy.  au  Ihillctin.) 

—  Notre  collègue  M.  Léo  d'Ounous  annonce  l'envoi  d'une 
collection  en  double  exemplaire  d'arbres  exotiques  cultivés 
avec  succès  chez  lui,  à  Saverdun  (Ariége),  et  s'y  reproduisant 
facilement,  ({u'il  offre  au  Jardin  d'acclimatation.  M.  d'Ounous 
met  également  à  la  disposition  de  ceux  des  membres  qui  en 
désireraient,  des  plants  et  des  graines  de  ses  arbres. 

—  M.  le  Président  dépose  une  Notice  sur  l'industrie  du 
Jute,  lue  par  M.  Robert  Slurrock,  secrétaire  de  la  chambre 
de  commerce  de  Dundee,  dans  une  réunion  d'économistes 
qui  s'est  tenue  en  octobre,  à  Edimbourg,  et  transmise  par 
M.  le  consul  de  France  en  cette  ville.  Cette  notice  renferme 
d'intéressants  renseignements  sur  les  produits  de  la  plante 
indienne  qui  en  est  l'objet. 

—  Parmi  les  végétaux  cultivés  au  Jardin  d'acclimatation 
sous  la  direction  de  M.  Quibou,  il  s'est  trouvé  cette  année  une 
espèce  de  Potiron  qu'il  appelle  Potiron  courge,  à  cause  de  sa 
forme.  L'origine  de  la  graine  de  cette  cucurbitacée,  qui  a  pro- 
duit deux,  sujets,  est  complètement  inconnue  ;  mais  M.  Quibou 
ayant  offert  un  de  ses  Potirons,  qui  lui  semblait  recomman- 
dable  par  sa  quahté,  à  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères, 
un  potage  au  lait  préparé  avec  ce  nouveau  légume,  et  servi  sur 
la  table  de  Son  Excellence,  fut  hautement  apprécié  pour  sa 
qualité  onctueuse  et  son  goût  délicat. 

—  Des  comptes  rendus  des  résultats  obtenus  dans  leur 
culture  de  végétaux  provenant  des  graines  distribuées  parla 


PROCÈS-VERBAUX.  773 

Société,  sont  adi'essés  par  MM.  Brierre,  de  Saint-Hilairc  de 
Riez  ;  Aimé  Laurence ,  de  la  Flèche  ;  Oueuvreux ,  de  Nay 
(Basses-Pyrénées)  ;  de  Bouchaud  de  Biissy,  de  Boussan  (Bou- 
clies-dii-BIiône)  ;  Léon  Maurice  ,  délégué  de  la  Société  ,  à 
Douai;  Martin  de  Bessé,  de  Melle,  et  Diicoin,  de  Luçon. 

—  M.  le  Président  dépose  un  petit  échantillon  de  graines 
de  Nardoo,  celte  plante  australienne  seule  ressource  alimen- 
taire qui  soit  restée  à  MM.  Burks  et  Wills,  dans  leur  explora- 
lion  à  travers  l'Australie.  Ces  graines  ont  été  remises  par 
M.  de  Belligny,  de  la  part  de  M.  le  capitaine  Master. 

—  MM.  Pemhorfon  Hodgsnn,  de  Lescar;  Hardy,  directeur 
du  jardin  d'acclimatation  d'Alger;  Bonnaire,  secrétaire  de  la 
Société  d'horticulture  et  d'acclimatation;  Auzende,  jardinier 
en  chef  du  jardin  de  la  ville,  à  Toulon,  accusent  réception  des 
graines  et  semences  qui  leur  ont  été  envoyées  récemment. 

—  M.  Hœring,  qui  vient  d'être  nommé  directeur  de  la 
pépinière  d'Aumale  lAlgérie),  annonce  son  changement  de 
résidence,  et  fait  de  nouveau  ses  offres  de  services  à  la 
Société. 

—  Notre  collègue  M.  Marcs ,  de  Montpellier,  prie  la  Société 
de  transmettre  à  M.  Dufour,  notre  délégué  à  Constantinople, 
son  désir  de  recevoir  des  plants  de  la  variété  de  Vigne  du 
nom  de  Trhaovche,  et  de  celle  cultivée  à  Filador,  sous  le  nom 
de  Coif?)ila,  signalées  par  M.  le  délégué  dans  sa  Notice  sur 
les  animaux  et  les  eéyétaux  utiles  de  la  Turquie,  publiée 
au  numéro  d'octobre  du  Bulletin,  ainsi  que  les  autres  variétés 
qui  lui  paraîtraient  bonnes  à  introduire  dans  le  midi  de  la 
France,  et  quelques  plants  de  Rosiers  dont  les  Heurs  servent 
soit  à  la  fabrication  de  l'essence,  soit  à  celle  des  confitures. 

—  La  Société  a  reçu,  le  1 3  novembre  dernier,  sans  aucune 
indication  de  provenance,  une  collection  de  quarante-cinq 
petits  échantillons  de  graines  variées  qui  paraissent  originaires 
de  l'Australie,  et  qui  ont  été  transmises  au  Jardin  d'accli- 
matation. 

—  M.  le  comte  Léonce  de  Lambertye  fait  hommage  à  la 
Société  d'un  exemplaire  de  son  ouvrage  sur  le  Fraisier,  sa 
botanique,  son  histoire,  sa  culture,  et  exprime  le  désir  que 


774        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

ce  livre  puisse  être  examiné  avec  attention  et  devenir  l'objet 
d'un  rapport  inséré  au  Bulletin. 

—  M.  le  docteur  Berg,  notre  délégué  à  Saint-Denis,  lait 
parvenir  un  exemplaire  d'une  brochure  qu'il  a  publiée  sous 
ce  titre  :  Un  mot  sur  la  culture  et  la  fertilité  de  l'eau  à  l'île 
de  la  Réunion. 

■    —  M.  de  Beauvoys  fait  hommage  à  la  Société  d'un  exemplaire 
de  son  ouvrage  intitulé  :  ie.s  petits  Qucstiomiaires. 

—  La  Société  a  reçu  V Index  seminmn  quœ  Jiortus  bota- 
nicus  imperialis  Petropolitanus  pro  mutua  commutatione 
offert,  1863. 

—  Madame  la  comtesse  de  Corneillan  fait  hommage  à  la 
Société  d'un  buste  de  Philippe  de  Girard,  son  grand-oncle, 
inventeur  de  la  filature  mécanique  du  lin,  et  annonce  qu'elle 
enverra  prochainement  celui  de  Jean  Allhen,  à  qui  le  midi  de 
la  France  doit  l'introduction  de  la  Garance.  Madame  de  Cor- 
neillan fait  remarquer  que  la  Garance  n'est  pas  cultivée  dans 
le  Midi  seulement,  qu'elle  a  pu  tout  récemment  en  admirer 
de  superbes  cultures  en  Hollande,  aux  environs  d'Amsterdam, 
et  que,  par  conséquent,  la  Garance  doit  réussir  dans  toutes 
les  zones  de  la  France.  Elle  rappelle  que  la  découverte  cl  la 
préparation  de  la  garancine,  principe  colorant  de  cette  plante, 
sont  dues  à  Frédéric  de  Girard,  frère  de  Philippe. 

—  M.  Millet  place  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des  œufs  de 
Lavaret  fécondés  artificiellement  et  en  voie  de  développe- 
ment. Notre  confrère  donnera  des  renseignements  à  ce  sujet 
dans  une  séance  prochaine. 

—  A  l'occasion  du  mémoire  de  M.  du  Peyrat,  dont  il  a  été 
donné  communication  dans  le  cours  de  cette  séance,  M.  le 
secrétaire  invile  MM.  les  membres  qui  auraient  des  ren- 
seignements à  fournir  sur  la  culture  du  Sorgho,  à  vouloir 
bien  les  transmettre  à  la  Société,  qui  réunira  tous  ces  docu- 
ments. 

—  M.  de  Fontenay  qui  a  cultivé  le  Sorgho  dans  l'Orne,  dit 
qu'il  n'y  a  pas  trouvé  d'avantages,  car  les  vaches  faisaient  des 
difficultés  pour  s'en  nourrir  avant  que  le  principe  sucré  se 
fût  développé  ;  on  sait,  en  effet,  que  ce  n'est  que  dans  ces 


PROCÈS-VERBAUX.  775 

dernières  conditions  que  la  lige  de  Sorgho  doit  être  donnée 
comme  aliment  aux  animaux.  Il  croit  que  cette  culture  aurait 
de  meilleures  chances  de  succès  dans  le  Midi,  surtout  si  l'on 
avait  soin  de  prendre  certaines  précautions  qui  ont  été  négli- 
gées par  quelques  cultivateurs. 

— •  M.  A.  Petetin,  qui  a  fait  une  étude  comparative  du  Maïs 
et  du  Sorgho  dans  le  Dauphiné,  a  remarqué  que  celte  dernière 
plante,  donnée  en  vert,  causait  assez  souvent  des  coliques  aux 
hestiaux  ;  mais  quand  le  fourrage  est  donné  sec,  ces  accidents 
ne  se  reproduisent  plus,  et  les  bestiaux  mangent  le  Sorgho 
avec  avidité. 

—  M.  Ilufz  de  Lavison  donne  lecture  d'un  Mémoire  sur 
l'état  du  Jardin  d'acclimatation  pendant  le  courant  de  l'année 
qui  vient  de  s'écouler.  (Voy.  ^\\  Bulletin,  p.  721). 

—  M.  de  Quatrefages  fait  observer,  à  ce  sujet,  que  les  mo- 
difications qu'éprouvent  les  animaux  transportés  d'une  con- 
trée à  une  autre  expliquent  parfaitement  les  échecs  signalés 
par  M.  Rufz,  mais  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  se  décourager,  et  que 
des  faits  observés  déjà  en  France,  on  peut  conclure  qu'il  se 
forme  des  races  particulières  des  quelques  espèces  exotiques 
nourries  au  Jardin. 

—  M.  A.  Giliet  de  Grandmont  donne  lecture  de  son  Rapport 
sur  le  voyage  (pi'il  a  fait  cet  été,  par  suite  de  la  mission  qui 
lui  avait  été  contiée  par  la  Société  pour  étudier  la  fécondation 
artificielle  des  Poissons  de  mer.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  31.  le  Président  informe  l'assemblée  que,  pour  répondre 
au  désir  exprimé  par  plusieurs  de  nos  collègues,  le  Conseil 
a  décidé  qu'il  serait  fait  une  collection  des  portraits  des  mem- 
bres de  la  Société.  Il  invite  donc  nos  collègues  à  adresser 
un  exemplaire  de  leur  carte  photographiée,  ce  qui  permettra 
de  conserver  au  siège  de  la  Société  le  souvenir  et  les  por- 
traits des  fondateurs  et  des  ancêtres  de  l'acclimatation  (1). 

—  M.  Lecreux,  auteur  d'une  Note  sur  la  culture  et  la  ma- 
ladie de  la  Pomme  de  terre,  insérée  au  Bulletin  (numéro 

(1)  Déjà  un  album  coaiposc  des  portraits  des  membres  du  Bureau  el  du  Conseil 
a  été  exécuté  à  la  photograpliie  Richelieu  (rue  Richelieu,  83).  Cet  album  est  à  la 
disposition  des  membres  qui  désireraient  se  le  procurer.)  .   , 


776        SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    D'ACCLiMATATIOJN. 

d'octobre  1863,  page  617),  prie  ses  collègues  de  vouloir  bien 
lui  communiquer  les  observations  qu'ils  pourraient  avoir  à 
faire  sur  celte  question. 


SÉANCE   DU    CONSEIL   DU    24    DÉCKMBP.E    1863. 
Présidence  de    M.  Richard    (du  Cantal),  vice-prcsidcnl. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  prccédenle  est  lu  et  adopté. 
Le  Conseil  admet  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 

MM.  Amalric  (Antonin),  propriétaire  et  directeur  des  postes, 
au  Luc  (Var). 

Aube  (Frédéric),  notaire,  au  Luc  (Var). 

Carirol,  à  Paris. 

Castelluccio  (le  duc  de)  (de  Naplcs),  à  Paris. 

Debbeld,  consul  de  Brunswick,  à  Paris. 

DucROS  Aurert,  secrétaire  de  l'ambassade  de  France  à 
Constanlino})le. 

Germain  (Rodolphe),  vétérinaire  militaire  attaché  à  l'ar- 
mée de  Cochinchine,  à  Saigon. 

GuiLLON,  propriétaire  et  ancien  maire,  au  Gannet  du 
Luc  (Var). 

Levavasselr,  ancien  inspecteur  des  finances,  à  Paris. 

MiLLON  (Charles-Ernest),  secrétaire  de  légation,  attaché 
au  département  des  affaires  étrangères,  à  Paris. 

Minghetti  (S.  Exe.  M,  le  commandeur),  président  du 
conseil  des  ministres,  ministre  des  finances,  à  Turin. 

Ogerdias  (Théophile),  à  Paris. 

Pendrié  (Aimé),  à  Tiflis  (Russie). 

Peruzzi  (S.  Exe.  M.  le  commandeur),  ministre  de  l'in- 
térieur, à  Turin. 

Trêves,  capitaine  d'infanterie,  à  la  Nouvelle-Calédonie. 

UssNER,  directeur  du  jardin  d'acclimatation  de  Vienne. 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'assemblée  la  perle  irrépa- 
rable que  la  Société  vient  de  faire  parla  mort  de  3L  Debains, 
membre  de  son  Conseil  d'administration  et  de  celui  du  Jardin 


'    PROCÈS-VERBAUX,  777 

d'acclimatation.  M.  le  Président  rappelle  le  zèle  toujours  tout 
dévoué  avec  lequel  notre  regretté  collègue  apportait  à  nos 
deux  institutions  le  concours  le  [)lus  éclairé,  et  la  part  impor- 
tante qu'il  prenait  en  particulier  aux  travaux  du  Comité  de 
direction  du  Jardin,  dont  il  était  membre.  L'assemblée  tout 
entière  s'associe  aux  regrets  exprimés  par  M.  le  Président, 
qui  fait  également  connaître  que  la  Société  a  encore  perdu 
un  autre  de  ses  membres,  M.  Christofle,  qui  s'était,  comme 
on  le  sait,  acquis  une  place  si  distinguée  dans  son  industrie. 
La  Société  a  encore  à  regretter  la  perte  de  quatre  autres 
membres,  MM.  le  marquis  de  Brignole,  Lcthierry,  Barrois  et 
Veneau  de  la  Fouchardière. 

—  M.  le  secrétaire  donne  lecture  d'une  lettre  par  laquelle 
S.  A.  le  bey  de  Tunis  exprime  à  M.  le  Président  sa  satisfaction 
de  voir  son  nom  inscrit  parmi  ceux  des  Augustes  protecteurs 
de  la  Société  impériale  d'acclimatation,  et  donne  l'assurance 
de  la  haute  sympathie  que  lui  inspire  son  œuvre  d'utilité 
générale. 

—  Des  lettres  de  remercîments  pour  leur  récente  admission 
sont  adressées  par  MM.  le  docteur  J.  Coslantini  (de  Venise), 
Ch.  Raulhac  (d'Aurillac),  et  les  frères  du  Teil(de  Guatemala)^ 
qui  offrent  leur  bienveillant  concours  pour  faire  parvenir  à  la 
Société  ceux  des  animaux  et  des  végétaux  des  contrées  qu'ils 
habitent,  dont  elle  voudrait  tenter  l'introduction. 

—  M.  F.  Lecoq  fait  connaître  sa  nomination  au  titre  d'in- 
specteur général  des  écoles  impériales  vétérinaires,  qui  l'oblige 
à  quitter  Lyon  pour  venir  à  Paris,  et  par  conséquent  ne  Tui 
permet  plus  de  remplir  ses  fonctions  de  délégué. 

M.  le  Président  annonce  que,  sur  la  proposition  de 
M.  Lecoq,  le  Conseil  a  nommé  à  sa  place  M.  Constant  Bou- 
chard délégué  à  Lyon. 

—  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  guerre  informe  M.  le  Prési- 
dent que  M.  le  commandant  supérieur  de  la  Vera-Cruz  a  fait 
embarquer  sur  le  transport  /a  Drôme,  qui  a  quitté  ce  port  le 
12  novembre  dernier,  h  Biches,  5  Chiens  et  des  Poissons, 
envoyés  de  Mexico  pour  le  Jardin  d'acclimatation. 

~  M.  Black,  président  de  la  Société  d'acclimatation  de  Vic^ 


778      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE  d'aCCLIMÂTÂTION. 

toria,  par  une  lettre  datée  deMelbourne,le2/i  octobre,  annonce 
que  M.  le  docteur  Mueller,  vice- président  de  cette  Société, 
a  expédié,  le  13  du  même  mois,  à  notre  Société  impériale, 
un  Écureuil  volant  et  deux  Perroquets  ;  qu'il  espère  l'aire  un 
autre  envoi  prochainement,  et  qu'il  s'occupe  actuellement  de 
préparer  une  collection  de  Kangurous  pour  les  embarquer 
sur  la  frégate  française  flsis,  qui,  à  son  retour  de  la  INouvelle- 
Calédonie,  doit  relâcher  en  Australie  pour  y  prendre  ces 
animaux. 

—  M.  Samuel  Lewis,  de  Sydney,  rappelle  l'envoi  ([u'il  avait 
fait  d'un  Casoar  d'Australie,  et  annonce  son  intention  de  renou- 
veler prochainement  celle  nouvelle  tentative  qui  n'a  pas 
réussi,  et  de  son  désir  d'obtenir,  en  retour,  des  Hoccos  pour 
la  Société  d'acchmatation  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

—  M.  le  docteur  J.  11.  Simoni,  notre  collègue,  de  Port-au- 
Prince,  écrit,  le  2/i  décembre,  pour  annoncer  que,  loin  de  se 
laisser  décourager  par  l'insuccès  de  son  essai  d'introduction  des 
Hutias  de  Cuba,  dont  six  individus  remis  très-bien  portants  au 
Jardin  en  août  dernier,  y  sont  morts  en  octobre  et  novembre, 
il  s'occupe  de  faire  venir  prochainement,  par  voie  directe  de 
Saint-Nazaire,  diverses  espèces  de  magnifiques  Colombes  et 
un  nouveau  troupeau  de  Caproini/s,  cet  excellent  gibier  aussi 
fin  que  le  Lièvre  et  deux  fois  plus  fort. 

M.  Simoni  place  sous  les  yeux  de  l'assemblée  deux  Hulias 
montés ,  les  derniers  morts  au  Jardin,  et  fait  observer  que 
ces  individus  étaient  tout  jeunes  et  que  leur  développe- 
ment a  été  arrêté  par  la  souffrance  du  voyage  et  la  variation 
de  nourriture,  car,  ajoute-t-il,  les  individus  adultes  atteignent 
10  à  12  kilogrammes. 

•  —  M.  le  baron  de  Belcastel  transmet,  de  Weimar,  le  7  dé- 
cembre, les  remercîments  de  M.  le  baron  de  Seebach,  minisire 
d'État  de  S.  A.  le  duc  de  Gobourg  Gotha,  pour  l'envoi  d'exem-' 
plaires  de  l'ouvrage  de  M.  Richard  (du  Gantai)  sur  le  Cheval. 

—  M.  de  Fenouillet,  par  une  lettre  du  12  décembre,  informe 
M.  le  directeur  du  Jardin  d'acchmatalion  que,  conformément 
aux  instructions  qu'il  a  reçues  du  Conseil  de  notre  Société,  il 
lui  adresse  la  moitié  d'une  génisse  d'Yak  née  chez  lui,  complé- 


PROCÈS-VERBAUX.  779 

tement  aveugle ,  et  qu'il  a  fallu  abattre  à  cause  de  cette 
fâcheuse  infirmité.  Le  poids  de  l'animal  vivant  était  de  39  ki- 
logrammes; le  poids  de  sa  viande,  après  l'abatage,  était  de 
22  i^i^eOO.  Les  deux  quartiers  envoyés  à  la  Société  furent  par- 
tagés entre  cinq  de  nos  collègues  :  M.  le  Président,  M.  de 
Quatrefages,  M.  Jacquemart,  M.  Rufz  de  Lavison  et  M.  Hébert. 
Servie  sous  diverses  formes,  braisée  et  entourée  de  lé^-umes, 
rôtie  au  four,  à  la  broche,  cuite  dans  son  jus,  en  Idanquetle' 
elle  a  été  partout  trouvée  excellente.  M.  de  Quatrefages,  en 
remerciant  M.  le  directeur  du  Jardin  do  la  part  qui  lui  a  été 
adressée,  exprime  ainsi  son  opinion  sur  cette  viande.  «  Elle  est 
plus  rouge  que  celle  du  veau  ,  la  hbre  en  est  également  plus 
fine;  ehe  a  une  saveur  spéciale  et  très-bonne,  participant 
quelque  peu  de  celle  du  veau  de  montagne  et  du  Bœuf,  mais 
avec  quelque  chose  sid  yeneris  ;  lajustosité  est  parfaite.' Bref, 
on  a  conclu  que  des  biftecks  et  des  filets  d'Yak  devaient  être 
supérieurs  à  leurs  homogènes  tirés  du  Bœuf.  Je  ne  crois  pas 
que  la  rareté  du  mets  que  vous  nous  avez  foit  goûter  ait  le 
moins  du  monde  influé  sur  les  appréciations.  J'ai  donc  la 
conviction  qu'un  jour  viendra  où  les  gourmets  sauront  gré  à 
la  Société  d'avoir  acclimaté  ce  nouveau  Bœuf,  que  je\'en 
continue  pas  moins  à  voir,  dans  l'avenir,  comme  devant  être 
un  jour  le  Bœuf  du  pauvre.  )> 

—  M.  Roehn,  par  une  lettre  adressée  de  Callao.  le  12  no- 
vembre, informe  M.  le  Président  du  peu  de  progrés  fait  dans 
la  question  des  Lamas  et  Alpacas  ollerls  à  l'Empereur  par  le 
gouvernement  péruvien,  et  d'un  envoi  de  plants  et  semences 
de  végétaux  intéressants  du  Pérou,  qu'il  vient  d'expédier. 

A  cette  occasion,  M.  le  Président  annonce  qu'il  a  récemment 
demandé  des  renseignements  sur  l'état  actuel  de  cette  ques- 
tion des  animaux  ofl-erls  par  feu  le  président  général  San- 
Roman. 

l)e  nouvelles  demandes  de  ces  précieux  ruminants  des  Andes, 
à  titre  de  cheptel,  sont  transmises,  au  nom  de  plusieurs  éle- 
veurs ou  propriétaires  du  Var,  par  M.  le  docteur  Turrel,  notre 
délégué  à  Toulon,  et  par  diverses  autres  personnes. 

—  Une  Note  de  M.  Richard  (du  Cantal),  contenant  des  pro- 


780        SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

positions  ]H"ésentées  au  Conseil  par  noire  lionorable  vice- 
président  sur  les  questions  de  perfectionnement  de  nos  races 
d'animaux  domestiques  ,  est  communiquée  à  l'assemblée. 
Diverses  observations  sur  les  rapports  plus  ou  moins  directs  que 
cette  question  peut  avoir  avec  les  travaux  de  la  Société  sont 
échangées  entre  M.  le  Président  et  notre  collègue  M.  Lelion 
(d'Amiens),  qui  pense  qu'elle  devrait  être  laissée  aux  soins  de 
la  Société  impériale  d'agriculture,  attendu  qu'elle  s'en  occupe 
depuis  longtemps  et  qu'elle  rentre  dans  la  spécialité  de  ses 
études.  M.  le  Président  fait  remarquer  que  les  expériences 
qu'il  propose  ne  pourraient  que  gagner  à  être  faites  concur- 
remment par  les  deux  Sociétés,  qu'il  en  résulterait  un  double 
avantage,  et  que  la  solution  de  la  question  en  serait  d'autant 
plus  tôt  obtenue. 

M.  Jacquemart  rappelle  alors  que  l'administration  du  Jardin 
d'acclimatation  s'est  préoccupée,  dès  son  origine,  de  l'orga- 
nisation d'une  section  agricole  qui  avait  précisément  pour  but 
la  réalisation  d'une  grande  partie  du  projet  présenté  par 
M.  Richard  (du  Cantal),  et  que  cette  étude,  ajournée  par  suite 
de  diverses  circonstances,  va  être  prochainement  reprise. 

—  M.  E.  Lamiral  envoie  la  copie  de  deux  nouvelles  pièces 
adressées  par  lui  à  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  la  marine,  et 
relatives  à  ses  projets  d'organisation  de  parcs  à  coquillages 
comestibles  et  de  bouchots  mobiles  pour  la  culture  des  Moules. 

—  M.  Chauvin,  dans  une  lettre  adressée  de  Lannion,  le 
16  décembre,  à  M.  le  Secrétaire  général,  entre  dans  quelques 
détails  sur  l'établissement  d'aquiculture  qu'il  se  propose  de 
fonder  dans  la  commune  de  Trégastel  (Cùtes-çlu-Nord),  en 
vue  de  s'y  occuper  de  l'élude  des  questions  aquicoles  non 
encore  résolues,  en  même  temps  que  de  reproduction  et 
d'élevage. 

—  M.  Carbonnier  fait  hommage  à  la  Société  d'un  exem- 
plaire du  livre  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  Guide 
pratique  du  pisciculteur. 

—  Une  circulaire  relative  aux  essais  précoces  et  gratuits  de 
graines  de  Vers  à  soie  que  M.  E.  Nourrigatse  charge  de  faire 
dans  l'intérêt  des  sériciculteurs,  est  transmise  par  M,  le  Pré- 


PROCÈS-VERBAUX.  781 

sidentà  qui  notre  collègue  de  Lunel  l'avait  adressée,  en  signa- 
lant les  avantages  que  présentent  ces  essais,  qui,  terminés  en 
mars  et  avant  l'éducation  normale,  permettent  aux  éleveurs 
d'être  exactement  renseignés  sur  les  provenances  saines  et 
sur  celles  qui  ne  le  sont  pas. 

—  M.  Ligounhe  (de  Moiitauban)  annonce  le  prochain  envoi 
d'un  Rapport  sur  l'éducation  des  Vers  à  soie  Ya-ma-maï  dont 
les  œufs  lui  ont  été  confiés  par  la  Société. 

—  M.  le  docteur  Sacc,  délégué  à  Barcelone,  fait  parvenir, 
en  date  du  10  décembre,  le  compte  rendu  des  résultats  qu'il 
a  obtenus  dans  la  culture  des  graines  qui  lui  ont  été  envoyées 
par  la  Société,  et  parmi  lesquelles  il  n'a  constaté  de  succès 
que  pour  VEiicaltjplus,  VArdiicuria  i.mbricata,  le  Navet  du 
Japon  et  le  Riz  blanc  humide  de  même  origine,  qui  a  été  d'un 
rapport  si  considérable  et  a  si  bien  résisté,  malgré  son  nom, 
à  l'atroce  sécheresse  de  cette  année,  qu'il  pense  que  celte 
espèce  est  une  précieuse  acquisition  pour  toutes  les  terres  à 
blé,  surtout  pour  celles  du  Midi.  Des  graines  de  ce  Riz  seront 
adressées  à  la  Société  par  M.  le  docteur  Sacc. 

—  Notre  collègue  fait  observer  que  les  espèces  arborescentes 
de  Cotonniers  ne  peuvent  être  cultivées  sous  notre  ciel  euro- 
péen, parce  que,  ne  fleurissant  qu'à  leur  seconde  année,  elles 
ne  peuvent  supporter  l'hiver.  \\  rappelle  ensuite  les  recom- 
mandations à  l'aire  à  nos  correspondants  en  Chine,  au  sujet 
du  choix  des  graines  que  les  marchands  chinois  ne  livrent 
d'ordinaire  qu'après  qu'elles  ont  été  séchées  au  four,  ce  (jui 
explique  l'm fécondité  si  fréquente  des  graines  de  cette  pro- 
venance. Enfin,  M.  le  délégué  signale  le  zèle  de  M.  Berlaud, 
jardinier  français  établi  à  Barcelone  depuis  longues  années, 
qui  a  bien  voulu  se  charger  de  la  culture  de  ses  graines,  et 
qui  peut  rendre  des  services  par  son  expérience  con- 
sommée. 

—  M.  le  vicomte  de  Dax  dépose  une  Note  sur  le  Blé  dit  de 
Noé,  dont  il  offre  à  la  Société  un  échantillon  provenant  de 
l'île  de  Boedic,  en  Morbihan. 

—  M.  le  docteur  Sicard  adresse,  de  Marseille,  un  travail 
intitulé  :  i.tudessur  la  culture  du  Coton,  faite  dans  la  propriété 


782       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGÎQUE   D*ÂCCLIMATATÎ0N. 

dite  la  Louise,  à  Vitrolles,  canton  de  Berre  (Boucbes-du- 
Rhône).  Ce  travail  est  accompagné  d'échantillons  des  produits 
obtenus  de  ce  Coton,  qui  sont  placés  sous  les  yeux  de  l'as- 
semblée. 

—  M.  Brierrc  écrit  de  Saint-IIilaire,  le  18  décembre,  pour 
annoncer  l'envoi  d'un  dessin  d'un  arbre  dont  l'espèce  lui  est 
complètement  inconnue,  et  dont  la  graine  s'est  trouvée,  sans 
désignation,  parmi  celles  qu'il  a  reçues  de  la  Société. 

—  M.  Xavier  d'Abenante  envoie  de  Naples  une  petite  collec- 
tion de  graines  de  quatre  variétés  de  Cucurbitacées,  de  Bro- 
cobs,  de  Laitue  et  de  Gbicorée  cultivées  dans  les  Fouilles.  Ces 
graines  sont  remises  par  M.  le  Président  à  qui  elles  ont  été 
adressées. 

—  M"'  Debsse,  qui  continue,  avec  le  soin  et  le  zèle  les  plus 
louables,  les  essais  de  culture  de  végétaux  entrepris  par  son 
mari,  notre  regretté  collègue,  fait  parvenir  à  la  Société  une 
collection  de  graines  des  espèces  qui  lui  ont  paru  présenter 
le  plus  d'intérêt,  de  sa  récolte  de  cette  année.  Dans  cette  col- 
lection sont  comprises  des  graines  de  Loza  de  Chine  et  d'Avoine 
orosse  noire  d' Algérie  dont  M'"^^  Delisse  est  très-satisfaite,  tant 
pour  sa  production  que  pour  le  peu  de  soins  qu'elle  réclame, 
s'accommodant  très-bien  de  terrains  médiocres. 

—  M.  le  Président  dépose,  au  nom  de  M.  le  professeur 
Barulfi,  de  Turin,  un  exemplaire  que  M.  le  délégué  veut  bien 
offrir  à  la  Société,  d'un  ouvrage  sur  la  vie  et  les  travaux  du 
général  Albert  de  la  Marmora,  qui  a  pour  auteur  M.  Giorgio 
Briano. 

—  iNolre  collègue  M.  Gabriel  Fâche  ,  par  une  lettre  du 
20  décembre,  soumet  à  M.  le  Président  une  proposition  ayant 
pour  objet  de  resserrer  les  hens  qui  unissent  entre  eux  les 
membres  de  la  Société,  par  l'organisation  d'un  banquet,  et 
donne  à  sa  proposition  les  développements  qu'il  croit  propres 
à  en  faire  bien  saisir  la  portée.  Cette  proi)Osilion  est  renvoyée 
à  l'examen  du  Conseil. 

—  Une  autre  proposition  relative  à  la  collection  des  por- 
traits des  membres  de  la  Société,  sur  laquelle  M.  le  Président 
a  appelé  l'attention  de  l'assemblée,  dans  la  dernière  séance, 


PROCÈS-VERBAUX.  '  783 

est  également  adressée  par  notre  collègue  M.  A.  Berlin ,  et 
renvoyée  de  même  à  l'examen  du  Conseil. 

— ■  M.  Henry  Gaillard  présente  un  exemplaire  des  deux 
Rapports  sur  la  viticulture  de  l'est  et  du  sud-ouest  de  la  France, 
adressés  par  M.  le  docteur  Jules  Guyot  à  M.  le  Minisire  de 
l'agriculture,  et  dont  l'auteur  veut  bien  faire  hommage  à  la 
Société. 

—  M.  Bernardin,  conservateur  du  musée  de  Melle-lez- 
Gand  (Belgique),  écrit  pour  demander  des  échantillons  de 
nouveaux  produits,  tels  que  soie  d'Ailante  et  d'autres  espèces, 
cire  du  Japon,  etc.,  destinés  à  être  placés  parmi  les  collec- 
tions de  l'établissement  confié  à  sa  direction. 

—  M.  Millet  lit  un  Mémoire  résumant  une  partie  de  ses 
recherches  sur  la  fécondation  artiticielle  des  Poissons  d'eau 
douce  et  des  Poissons  de  mer  ^  et  présente  à  l'appui  une 
série  d'œufs  embryonnés  et  de  jeunes  alevins  de  divers  âges 
appartenant  aux  principales  espèces  marines  utiles  ou  comes- 
tibles. 

Bans  ce  travail,  notre  confrère  expose  les  conditions  que 
les  œufs  et  la  laitance  doivent  remplir  pour  être  aptes  à  la 
fécondation,  et  en  déduit  les  conséquences  suivantes  :  le  Sau- 
mon, la  Truite,  rOmbre-chevalier,le  Hareng,  le  Carrelet,  etc. 
ne  peuvent  frayer  durant  la  saison  chaude;  au  contraire,  la 
Carpe,  le  Barbeau,  le  Muge,  le  Turbot,  etc.,  ne  peuvent  frayer 
dans  les  eaux  froides. 

Après  avoir  énuméré  les  diverses  époques  auxquelles  il 
convient  de  pratiquer  la  fécondation  artificielle,  soit  dans  les 
eaux  douces,  soit  dans  les  eaux  salées,  M.  Millet  pose  les  con- 
clusions suivantes:  La  mer  a,  comme  les  fleuves  et  les  rivières 
ses  poissons  &' hiver,  ses  poissons  (\q printemps  et  ses  poissons 
d'e7e.  Dans  la  mer,  comme  dans  l'eau  douce,  la  ponte  n'est 
pas  limitée  au  printemps.  La  vitalité  des  spermatozoïdes  a  o-é- 
nôralement  une  durée  plus  longue  en  mer  qu'en  eau  douce  • 
mais  celte  durée,  toujours  assez  courte,  exige  que  l'on  pro- 
cède aux  fécondations  artificielles  avec  les  mêmes  précautions 
qu'en  eau  douce,  c'est-à-dire  que  l'on  oipère  si?mdkmément 
avec  les  œufs  et  la  laitance. 


78/l        SOCIÉTÉ   IMPÉItlALE   ZOOLOGIQUE    D'aCCLIMATATION. 

M.  Millet  met  sous  les  yeux  de  la  Société  des  œufs  de  Hareng 
embryonnés  et  vivants ,  et  annonce  que ,  sur  les  côtes  de 
Normandie  et  de  Bretagne,  ce  poisson  est  actuellement  en 
pleine  fraie,  et  que  le  Carrelet  se  trouve  dans  le  même  état  au 
mois  de  janvier. 

—  M.  Guérin-Ménevillc  lit  un  travail  intitulé  :  Note  som- 
maire sur  l'état  prospère  auquel  est  arrivée  la  question  des 
Vers  à  soie  dans  la  Société  impériale  d'acclimatation,  et  pré- 
sente, au  nom  de  notre  collègue,  M.  Th.  P.  Jullien,  de  Reims, 
un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  : 
La  Rose,  étude  historique,  physiologique,  horticole  et  cnto- 
mologique,  et  dont  il  fait  hommage  à  la  Société.  En  présen- 
tant ce  livre,  M.  Guérin-Méneville  en  donne  une  analyse  qu'il 
résume  ainsi  :  «  C'est  à  la  fois  une  œuvre  littéraire  de  grande 
»  valeur  qui  captive  par  l'attrait  de  la  forme,  et  un  travail 
5  remarquable  d'érudition  historique,  d'horticulture  et  d'his- 
»  toire  naturelle,  révélant  chez  son  auteur  les  connaissances 
>)  les  plus  variées  et  les  plus  positives.  » 

Le  Secrétaire  des  séances, 
L.   SOUBEIRAN. 


m.  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Pisciculture.    . 

Lettre  adressée  par  M.  le  docteur  Sicard  à  M.  le  président. 

Marseille,  le  7  août  1863. 
Monsieur  le  Président, 
L'an  passé,  nous  vous  avons  transmis  les  résultats  de  nos  études  sur  les  incu- 
bations et  éclosions  des  œufs  de  Saumon  et  de  Truite  ,  qui  nous  avaient  été 
envoyés  par  l'établissement  de  pisciculture  d'Huningue  ;  nous  venons  aujourd'hui 
vous  p;irk-r  des  éclosions  que  nous  avons  obtenues  cette  année  et  des  résultats 
pratiques  de  nos  études. 

Le  S  janvier  \  863,  par  une  température  de  7  degrés  sur  zéro,  nous  avons  reçu 
par  le  clieniin  de  fer  une  boîte  qui  devait  contenir  2000  œufs  de  Saumon; 
vérification  faite,  nous  n'en  avons  trouvé  que  J816. 

Cinquante-cinq  sont  morts  dans  le  transport,  ce  qui  a  porté  le  nombre  des  œufs 
mis  en  incubation  à  1761 .  Nous  avons  constaté  le  décès  de  360  œufs,  et  784  alevins 
sont  morts  pendant  la  résorption  de  la  vésicule  ombilicale  ;  le  résultai  final  a  donc 
été  61 7  Saumons  jouissant  d'une  parfaite  santé  et  dont  une  partie  a  été  placée,  dans 
notre  aquarium,  et  l'autre  dans  un  bassin  alimenté  par  les  eaux  du  canal  filtrées. 
Les  résultats  obtenus  cette  année  ont  été  plus  heureux  que  ceux  de  l'an  passé: 
nous  attribuons  cet  effet  au  soin  que  nous  avons  eu  de  garnir  le  fond  des  appa- 
reils avec  de  gros  graviers  contre  lesquels  les  alevins  peuvent  se  frotter  pendant 
la  résorption  de  la  vésicule.  Si  l'on  met  du  sable  dans  les  appareils,  les  pertes 
sont  beaucoup  plus  nombreuses,  ce  qui  est  dû  à  l'incrustation  des  ouïes,  maladie 
qui  les  fait  toujours  périr  dans  le  jeune  âge,  et  à  la  mue  indispensable  pour  passer 
à  l'état  de  poisson,  mais  qui  ne  peut  se  faire  si  l'alevin  n'a  pas  un  corps  dur, 
contre  lequel  il  puisse  se  frotter. 

Nous  avions  commencé  à  nourrir  les  alevins  avec  la  viande  crue  hachée  et 
pilée,  mais  ayant  observé  de  nombreuses  indigestions  suivies  de  mort,  ce  qu'il 
nous  a  été  facile  de  constater  par  l'autopsie,  nous  avons  cessé  de  leur  en  donner. 
^  L'eau  de  source  dans  laquelle  nous  les  élevons  ayant  une  grande  quantité 
d'animalcules,  les  Saumons,  jusqu'à  ce  jour,  n'ont  plus  pris  de  nourriture  étran- 
gère, ce  qui  ne  les  empêche  pas  d'être  très-vigoureux  et  de  grossir  autant  que 
ceux  dont  le  bassin  en  plein  air  est  alimenté  par  l'eau  du  canal  filtrée,  et  auxquels 
on  donne  de  la  viande  pilée  une  fois  par  semaine. 

Voici  le  détail  des  éclosions  de  l'an  passé,  mises  en  parallèle  avec  celles  de  celte 
année. 

En  1862,  sur  2000  œufs,  nous  avons  obtenu  : 

Œufs   morts ^g7 

Saumons  morts 822 

Saumons  arrivés  à  l'état  parfait 711 

_.    ,o  2000 

En  1863,  sur  1761  œufs,  nous  avons  obtenu  : 

(Eufs  morts _  350 

Saumons  morts 784 

Saumons  arrivés  à  l'état  parfait 617 

1761' 
Truiles.  —  Le  20  février  1863,  nous  avons  reçu  de  l'établissement  de  pis- 
ciculture d'Huningue  une  boîte  qui  devait  contenir  1000  œuls  de  Truite  sau- 
monées; mais  à  la  vérification,  il  s'est  trouvé  1087  œufs.  Trois  ayant  péri 
dans  le  transport,  1084  œufs  ont  été  placés  en  incubation  :  86  œufs  sont  morts 
pendant  celte  période,  et  la  résorption  de  la  vésicule  ombilicale  nous  eu  a  lait 
perdre  604  ;  ce  qui  porte  à  397  le  résultat  final. 

T.  \.  —  Décembre  1863.  50 


786      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   D  ACCLIMATATION. 

Nous  pensons  que  les  40û  alevins  qui  sont  morts  \r  troisième  jour  après 
l'éclosion,  devaient  avoir  contracté    dans  l'œuf  la  maladie  qui  les  a  emportés. 

Les  Truites  saumonées,  qui  se  portent  parfaitement,  ont  vécu  jusqu'à  ce  jour 
des  animalcules  contenus  dans  l'eau  de  notre  source. 

L'an  passé,  nous  avions  élevé  des  Truites,  et  nous  donnons  ci-joint  les  résultats 
obtenus ,  qu'on  peut  comparer  à  ceux  des  Truites  saumonées  que  nous  venons 
d'élever. 

En  1862,  sur  2000  œufs  de  Truite,  nous  avons  obtenu  : 

OEufs  morts 545 

Truites  mortes 1135 

Truites  arrivées  à  l'état  parfait    320 

2000  ' 

En  1863,  sur  1087  œufs  de  Truite  saumonée,  nous  avons  obtenu  : 

Œufs  morts 86 

Truites  mortes 604 

Truites  arrivées  à  l'état  parfait 397 

1087 

M.  le  docteur  Sicard,  écrivant  plus  tard  à  M.  le  Président,  s'exprimait  ainsi  : 

On  avait  prétendu  que  les  Saumuns  que  j"ai  fait  éclore  à  Marseille  ,  dans  les  pre- 
miers mois  (le  celte  année,  ne  poui raient  |ias  vivie  cet  été,  surtout  dans  un  bassin. 

Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  que  cette  épreuve  a  parfaitement  réussi  ; 
des  Saumoneaux  qui  avaient  été  déposés  dans  un  ba^sill  de  2  mètres  de  lont;ueur 
sur  80  centimètres  de  profondeur,  expose  en  plein  soleil  sans  abris  et  alimenté 
par  l'eau  du  canal  de  Marseille  filtrée,  ont  atteint  aujouidhui,  sans  nourriture 
factice,  de  15  à  18  centimètres  de  longueur.  C'est  au  quartier  de  Bon-Secours 
(banlieue  de  Marseille),  lampagno  de  M.  Clappier,  rédacteur  du  journal  le  i\ou- 
vellisle.  que  ce  fait  s'est  passé. 

Je  n'ai  pu  encore  avoir  de  nouvelles  des  alevins  répandus  dans  le  département. 

Nous  croyons  avoir  démontré  pratiquement  que  tout  propriétaire  possédant 
les  eaux  du  canal  de  Marseille,  qui  sera  désireux  d'élever  des  Saumons  dans  ses 
bassins,  pourra  y  parvenir,  pourvu  que  l'eau  suit  limpide. 

Les  nombreuses  demandes  d'alevins  qui  nous  ont  été  adressées  cette  année 
prouvent  que  la  pisciculture  finiia  par  prendre  droit  de  cité  au  milieu  de  nos 
concitoyens  ;  ce  seia  une  gloire  réservée  à  notre  Société  qui  encourage  les  études 
sur  ce  point,  l'une  des  bases  delalimentation  publique. 

Nous  souhaitons  que  la  pisciculture  maritime  prenne  de  l'extension,  car  il  y  a 
beaucoup  à  faire  sur  ce  sujet,  et  Marseille  en  retirerait  un  irés-graïul  avantage  qui 
serait  partagé  par  la  France  entière. 

C'est  à  la  Société  d'acclimatation  qu'il  incombe  de  pousser  vers  ces  études,  en 
faisant  venir  des  Tortues  et  auires  animaux  qui  prospéreraient  dans  des  parcs  aux 
environs  de  Marseille,  où  ils  sont  inconnus.  De  là  ces  éiudes  rayonneraient  dans 
la  France  et  l'étranger;  peut-être  Ja  Société  pourrait  elle  obtenir  de  l'intendance 
sanitaire  la  permission  de  faire  des  études  d'acclimatation  dans  les  eaux  réservées 
des  îles.  Personne  ne  pouvant  y  venir,  on  n'auiait  pas  à  ciaindre  la  nialveillanL,e. 
Puisse  cette  idée,  mniie  par  la  Société,  arriver  au  but  que  nous  nous  proposons, 
Futilité.  F-  Sicard. 

Lettre  communùfiiée  par  Al.  Hené  Cmllaud. 

Luçon,   lo  26  octobre  1803. 
Cher  confrère. 
Ce  n'est  qu'aujourd'hui  <iue  j'ai  reçu  les  certificats  que  j'ai  l'avantage  de  vous 
adresser,  et  qui  constatent  les  succès  obtenus  par  quatre  de  nos  coinpalrioles  dans 
l'élevage  des  Muges  ;  je  désire  qu'ils  se  trouvent  à  la  convenance  de  la  Société. 


FAITS   DIVERS.  787 

B'en  que  ces  certificats  ne  soient  pas  très-précis,  vous  y  verrez  que  M.  Gaudu- 
cheau  et  Cliauveau  de  Triaize  ont  abandonné  IVdevage  des  Poissons  d'eau  douce, 
pour  s'occuper  pariiculièiemeiit  des  Muges,  qui, 'sous  tous  les  r..ppo  Is,  leur 
donnent  de  meilleurs  résultats,  .le  connais  les  pièces  d'eau  de  ces  messieurs^  elles 
sont  au  miliru  de  leurs  pro  riètés  et  alimentées  uiiiqneinent  par  les  eaux  plu- 
viales et  là  ils  oblieniieiit  des  Muges  niaifiiifiques.  Les  deux  aulres  certificals  de 
MM.  Roy  et  Mercier  toiil  savoir  que  leur  expérience  a  été  faite  dans  des  eaux  de 
source  (roides  et  irues,  et  que  lein-  réussite  a  été  complète. 

D'après  les  épreuves  que  j'ai  l'aiies  moi-même  dans  les  enux  douces  et  les  eaux 
pluwrtles,  et  qui  m'ont  toujours  pieinenienl  saiislait,  je  conclus  q'ie  le  Muge  peut 
être  mis  n'impoite  dans  quelles  eaux;  qu'il  n'y  a  qu'un  passage  trop  brusque 
de  Veau  froide  à  l'eau  chaude,  et  de  l'eau  chaude  à  l'eau  froide,  ()ui  puisse  lui 
nuire,  ce  qui  arrive  à  tous  les  Poissons  d'eau  doice.  Dms  nos  contrées,  l'éleva"-e 
du  Mu-e  a  pris  une  telle  extension,  que  l'on  est  tout  étonné  que  Ion  puisse  avoir 
le  moindre  doute  à  ce  sujet. 

Je  n'pvais  jamais  senti  le  besoin  de  m'occuper  de  l'élevage  de  ce  poisson, 
quoique  vous  ne  cessiez  de  nous  le  recommander  depuis  IS.'^ô.  Voilà  ce  que  j'ai 
observé  dans  le  courant  d'aviil  derr.ier.  .l'ai  pris  dans  de  l'eau  salée  des  petits 
Muges  qui  étaient  à  peine  éclos  ;  ils  ont  aujounrhni  de  10  à  12  centimètres  ;je  suis 
avec  iniérèt  leur  développement,  et  me  liens  prêt,  quand  la  Société  le  désirera,  à 
lui  taire  un  nouvel  envoi,  qui  pourra  la  fixer  positivement  sur  la  crois-ance  de  ce 
pois.^on.  Ce  n'est  qu'approximativement  que  j'avais  donné  l'âge  pour  ceux  que 
j'ai  adressés  à  la  Société,  il  y  a  quelques  mois. 

C'est  en  vue  de  seconder  l'inléiét  (lue  notre  belle  Société  semble  prendre  parti- 
culièrement à  l'élevage  en  eau  douce  de  nos  Muges,  comme  à  tout  ce  qui  doit 
tourner  à  l'avantage  des  populations,  que  je  m'appliquerai  de  plus  en  plus  à  cette 
question.  Labbé. 


Lettre  adressée  par  M.  desNouhes  de  la  Cacaudtère  à  M.  le  Président. 

I^a  C.icaudière,  le  2  décembre  d8{<3. 
Monsieur  le  Président , 

Vou-'  m'avez  demandé,  il  y  a  plusieurs  années,  de  tenir  la  Société  d'acclimata- 
tion au  courant  des  résultats  de  mes  travaux  de  pisciculture,  je  viens  donc  vous 
faire  connaître  les  derniers. 

Hier,  j'ai  [lêché  le  bassin  dans  lequel  je  nourris  un  certain  nombre  de  poissons 
dont  je  suis  le  développement  et  que  je  destine  à  la  lécondation  arlifuielle.  Il  y 
a  un  an,  je  n'avais  eu,  de  sujets  nés  en  18(50,  qu'une  femelle  ayant  des  œufs,  650, 
quatre  viennent  de  m'en  donner  plus  de  2000. 

La  técondaiion  de  1862  avait  parfaitement  réussi,  cette  dernière  est  dans  les 
meilleures  conditions. 

Mes  Truites  ont  un  peu  souffert  de  l'opération,  néanmoins  elles  se  sont  remises 
assez  promptement.  J'en  ai  mesuré  une  dont  la  longueur  est  de  ^5  centimètres, 
c'est  une  truite  grande  des  lacs.  En  somme,  elles  me  paraissent  avoir  doublé  de 
poids  depuis  un  an. 

Quant  aux  Saumons,  ils  n'ont  environ  que  20  centimètres.  A  quatre  ans,  c'est 
bien  peu. 

En  1860,  j'en  avais  mis  plusieurs  milliers  dans  l'étang  de  la  Relotière,  source 
des  Icics  ;  il  n'y  en  est  pas  re4é  un  :  ils  ont  probablement  suivi  le  cours  du  ruisseau, 
regagné  la  mer,  et  se  sont  mêlés  à  ceux  que  M.  Caillaud  a  déposés  dans  la  partie 
intérieure  de  la  rivière.  On  en  prend  beaucoup  aujourd'hui. 

Des  Nol'hes  de  la  Cacaudière. 


IV.   CHROHIÛÙF. 


l.e  Coton.  —  Les  efforts  que  la  disette  de  coton  causée  par  la  p;uerre  des 
Etats-Unis  avait  suscités,  dès  Tannée  dernière,  dans  un  i^rand  nombre  de 
localités,  pour  l'introduction  de  la  culture  du  végétal  qui  donne  ce  précieux 
produit,  se  sont  encore  mullipliés  cette  année.  Nous  trouvons  presque 
cliaque  jour,  dans  les  journaux  ou  dans  les  revues,  des  notes  sur  les  résultats 
obtenus  dans  les  essais  si  nombreux,  et  si  variés  qui  ont  été  entrepris,  dans 
la  plupart  des  cas,  sur  une  assez  grande  échelle  pour  qu'on  en  puisse  tirer 
des  conclusions  à  peu  près  précises. 

Les  Annales  dv.  cummrrce  extérieur,  le  plus  sou\ent  reproduites  par  le 
Moniteur,  nous  tiennent  au  courant  de  la  situation  de  celte  culture  dans  les 
contrées  étrangères;  elles  nous  apprennent  qu'en  Chine,  au  Japon,  dans  les 
Indes  anglaises,  la  production  du  coton  a  pris  une  très-grande  extension. 
Les  nouvelles  qu&.jious  recevons  d'Egypte,  du  Sénégal,  de  l'Algérie  sont 
également  très-1'avorables.  Dans  le  domaine  de  l'Ouady,  en  Egypte,  la  récolte 
du  coton  a  été  exceptionnelle,  elle  n'a  pas  rapporté  moins  de  trois  millions. 
La  culture  du  '.'olon  en  Italie  cl  principalement  en  Sicile,  va  devenir  une 
industrie  fructueuse.  La  production  de  la  Sicile,  pour  la  présente  année  1863, 
s'élève,  a.ssure-l-on,  à  1  269 /i72  kilogrammes.  Ces  produits,  et  ceux  qui 
ont  élé  obtenus  dans  plusieurs  autres  provinces  d'Italie,  semblent  par  leur 
finesse  et  leur  blancheur  pouvoir  rivaliser  avec  les  plus  recherchés  de 
l'Amérique. 

Le  gouvernement  italien  prend  un  si  grand  intérêt  à  cette  nouvelle  indus- 
trie agricole,  qu'il  organise  eu  ce  moment  à  Turin,  pour  le  mois  de  janvier 
procliaiu,  une  exposition  des  produits  obtenus  dans  ses  Elats,  en  lS6o,  des 
essais  de  culture  de  coton,  afin  d'en  mieux  faire  connaître  la  valeur  réelle. 
Les  conditions  du  programme  de  celte  exposition  montrent  toute  l'impor- 
tance que  le  gouvernement  y  allache. 

La  Corse  n'est  pas  restée  en  arrière  dans  cette  voie  de  progrès.  Les  expé- 
riences faites  dans  une  des  terres  de  M.  le  comte  Bacciochi,  située  près 
d'Ajaccio,  et  cédée  gratuitement  à  un  habile  industriel,  et  sur  plusieurs 
autres  points  de  la  Corse,  ont  donné  des  résultats  très-satisfaisants. 

Aous  serons  prochainement  en  mesure  de  rendre  exactement  compte  de 
ce  qui  a  été  fait,  même  en  France,  pour  l'introduction  du  coton;  nous 
attendons  encore  divers  renseignements  qui  doivent  compléter  ceux  que 
nous  avons  déjà  reçus. 

Nous  parlions  récemment  des  tentatives  entreprises  en  Australie  pour 
racclimatation  de  l'espèce  vivace  de  Cotonnier  du  Pérou  ;  on  annonce  la  dé- 
couverte d'une  autre  espèce  vivace  de  Bornéo  qui  présenterait  les  mêmes 
avantages  que  celle  du  Pérou  et  qui  mérite  de  fixer  notre  attention.  Nous 
lisons  à  ce  sujet,  dans  le  Cch^mos,  la  mention  suivante  : 

((  Un  missionnaire  de  la  congrégation  de  Saint-Vincent  de  Paul,  .M.  Van 
der  Gruilen,  curé  de  Batavia,  ayant  élé  appelé  à  faire  un  voyage  dans  l'in- 


GHUONIQUE.  789 

léripiirde  Bornéo,  reinarqua,  dans  le  pays  des  Dayaks,  peuplade  renommée 
par  son  indomptable  férocité,  une  espèce  particulière  de  Cotonnier  qui  parais- 
sait donner  des  produits  excellents.  Il  en  recaeiliil  dr's  semences,  les  cultiva 
dans  if  jardin  de  la  cuie,  etolsiinl  de  très-bons  résultats.  Cet  arbuste  vivace 
atteint  une  hauteur  de  5  à  6  pieds;  quatre  mois  sufliscnt,  depuis  le  moment 
où  la  graine  est  semée,  pour  amener  ses  fruits  à  une  maturité  parfaite,  il 
est  d'ailleurs  d'une  i^rande  fécondité.  Les  coques,  dont  chaque  pied  porte  un 
nombre  considérable,  sont  plus  volumineuses  que  celles  du  Cotonnier  ordi- 
naire; le  coton  qui  les  remplit  est  très-épais  et  très-serré,  et  les  graines 
très-nombreuses,  au  lieu  d'être  irrégulièrement  réparties  dans  la  masse  de 
la  matière  filamenteuse,  sont  réunies  sur  l'axe  de  la  coque,  ce  qui  permet  de 
les  enlever  avec  une  extrême  facilité.  La  parfaites  blancheur  de  ce  coton  el 
la  longueur  des  filaments  dont  il  se  compose,  sont  d'ailleurs  des  signes  ca- 
ractéristiques d'une  qualité  supérieure.  » 

M.  Van  der  Gruiten  a  fait  hommage  au  consul  généraLde  France  à  Batavia 
d'une  certaine  quantité  de  graines  de  ces  arbustes  qu'il  avait  lui-même  cul- 
tivés, et  M.  de  Codrika  s'est  empressé  de  les  transmettre  au  gouvernement 
de  l'Empereur.  Tout  j)orte  à  croire  que  cette  précieuse  espèce  pourra  s'ac- 
climater en  Algérie.  .  H. 

i-«  «^oi-ftSio.  —  .Nous  tiouvons  dans  le  Journal  d'dijriculture  "pratique 
du  20  novembre,  la  mention  suivante,  extraite  d'une  lettre  de  M.  du  Peyrat, 
de  Beyrie  (Landes)  : 

«  Tout  le  bétail  a  été  nourri,  pendant  le  mois  entier  d'octobre,  de  Sorgho 
sucré,  haché;  et,  comme  les  années  précédentes,  celte  nourriture  lui  a  fait 
le  plus  grand  bien.  Il  est  fâcheux  que  la  culture  du  .Sorgho,  comme  fourrage, 
n'ait  pas  un  plus  grand  nombre  d'imitateurs  dans  la  région  du  sud-ouest,  oîi, 
avec  quelques  soins,  elle  réussit  parfaitement.  JVous  répéterons  que  c'est  la 
canne  seule  qui  forme  un  fourrage  nutritif  et  non  la  feuille;  on  ne  doit,  en 
conséquence,  connnencer  à  consonnner  le  Sorgho  que  dans  le  courant  du 
mois  d'octobre,  et  il  faut  le  rentrer  et  le  mettre  en  silos  avant  les  gelées.  Ce 
fourrage  vert  est  d'une  grande  res.sourcc  dans  celle  saison  et  permet  de  dif- 
férer la  consommation  des  racines.  »  H. 

(Nous  publierons  prochainement  une  Note  plus  détaillée  de  M.  du  Peyrat, 
sur  ce  sujet.) 

—  Nous  empruntons  aux   Mémoire»»  de  la    Société  acR(léini<|ue   «Je 

Naint-^uontin,  3"  série,  t.  IV,  p.  160-161,  le  travail  suivant,  qui  rentre 
dans  le  cadre  du  Bulletin  : 

Notice  sur  la  'Citrouille  des  Yaks  {Cucurbita  rnelanosperma),  par 
M.  Théodore  Midij,  membre  associé. 

Lorsque  les  Yaks  du  .lardin  des  plantes  ont  été  importés  de  rind(%  on 
avait  embarqué  avec  eux,  pour  leur  alimentation  pendant  la  traversée,  une 
grande  quantité  d'une  espèce  de  Cucurbitacée  dont  ils  font  leur  nourriture 


790       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATÂTIGN. 

habituelle,  et  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  Gilroiiille  des  Yaks,  ou 
Cucurbita  melanusperma,  à  cause  de  la  couleur  noire  de  ses  graines. 

A  leur  arrivée  au  Jardin  des  plantes,  on  avait  logé  ces  fruits  partout  où 
l'on  avait  trouvé  de  la  place.  Quelques  années  se  passf'rent,  et  un  jour  on 
fut  fort  élonné  d'en  découvrir,  dans  \m  hangar  ouvert  de  toutes  parts,  un 
lot  en  parfait  état  de  conservation.  Ainsi  ils  avaient  parfaitement  résisté 
aux  rudes  hivers  de  nos  climats,  fait  assez  remarquable,  puisque  leurs  con- 
génères de  notre  pays  se  conservent  à  peine  quelques  mois. 

Cette  précieuse  qualité  pourrait  rendre  cette  plante  fort  utile  à  ragriculture 
pour  l'alimemation  des  bêtes  à  cornes  pendant  l'hiver.  Un  essai  mériterait 
d'être  tenté. 

La  culture  en  est  facile  11  faut,  dans  un  terrain  ameubli,  comme  pour  la 
plupart  de  ses  congénères,  faire  une  petite  fosse,  la  remplir  de  iô  à  20  cen- 
timètres de  fumier  fait,  recouvrir  d'une  dizaine  de  centimètres  de  terre,  et 
semer.  11  f.iut  beaucoup  d'arrosemcnt  pour  commencer  mais  dès  qu'elle  a 
quelques  feuilles,  la  plante  peut  être  abuadonuée  à  elle-même  et  elle  prend 
bientôt  un  immense  développement.  Viemnot. 


ERRATA. 

i\L  Colpaert,  auteur  d'une  iVoi(ce  5«r /a  C'oa/,  publiée  au  Bulletin,  L  X, 
J863,  signale  une  erreur  qui  lui  a  échappé  dans  sa  rédaction,  au  sujet  de  la 
quantité  de  Coca  consonmiée.  Le  chillVe  de  cette  consonmiation  doit  être 
porté  au  double  de  celui  qui  a  été  indiqué  (voyez  page  963). 

Nous  nous  empressons  de  rectifier  tiois  autres  erreius  qui  se  sont  glissées 
dans  la  composiliou  des  deux  numéros  précédents,  et  dont  les  deux  dernières 
surtout  altèrent  complètement  le  sens  des  phrases  où  elles  se  trouvent. 

Numéro  d'octobre  1863,  page  626,  ligne  25,  au  Heu  de  l'île  de  la  Réunion, 
lisez  de  la  Guadeloupe. 

Numéro  de  novembre,  page  GGi  ,  ligne  21,  au  lieu  de  et  fort  nutritifs, 
lises  et  fort  p.-u  nuUilifj. 

Même  numéro,  page  667,  ligne  13,  au  lieu  de  les  fromages  rancis,  lisesles 
fourrages  racines. 


ÉTAT  DES  ANIMAUX  VIVANTS, 

PLANTS,    GRAINES    ET    SEMENCES    DE    VÉGÉTAUX,    OBJETS    DE    COLLECTION,    PRODUITS 

INDUSTRIELS  ET  OBJETS  D'ART,  DONNÉS  A  LA  SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE 

ZOOLOGIQUE  D'ACCLIMATATION 

Du  1"  janvier   au  31  décembre   4803  (1). 


NOMS   DES    DONATEURS. 

OBJETS    DONNÉS. 

RENVOI 
au 

bulletin. 

\-'   ANIMAUX  VIVANTS. 

S.  Exc.  M.  le  Ministre 
de  l'agriculture. 

Vers  à  soie  de  Chine,  envoyés  par 
M.  Buissonnel. 

Cocons  de  Bombyx  Permji. 

131 
351 

S.  Esc.  M.  le  Ministre 
de  la  guerre. 

Quatre  Biches,  cinc]  Chiens  et  des 
Poissons  du  Mexique. 

777 

MM. 
Baraquin,  au  Para. 

Grandes  Tortues  ou  Jabotys. 
Marécaos,    Canard    sauvage   du 
Brésil. 

574 
761 

Bataille,  à  Cayenne. 

Collection  d'animaux  de  lu  Guyane 
— ■       de  neuf  animaux. 

—  de  sept  animaux. 

—  deneufanimaux. 

216 

•2  93, 

353 

627, 

305 
761 

(!AiLLAUD(Kené),  àParis. 

Moules,  Pholades,  Huîtres,  Bro- 
chets, etc.,  pour  l'Aquarium. 

631 

Cu.\BAUD,  vice-consul  de 
France,  à  Porl-Élisabelh. 

Antilope  (Blessbock). 
Collection  d'animaux. 

306 
363, 

455 

Dabry,  consul  de  France 
à  Uaii-kéou. 

FaisHu  doré  et  autres  animaux. 
Gallinacés  et  frai  de  poissons. 

226 

520, 
626, 

572, 
630 

Delapoiite  ,    consul   de 
France  a  Bagdad. 

Collection  d'oiseaux. 

210, 

577 

M"''Delisse,  de  Bordeaux 

CEufs  de  Vers  à  soie  du  Mûrier. 

123 

Deville  de  Perrière,   à 
la  Guadeloupe. 

Un  Agouti. 

626 

(1)  Pour  les  livres,  voyez  les  pages  235,  320,  517,  527,  720. 


792        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 


NOMS   DES   DONATEUaS. 


MM. 

DuTnÔNE,  à  Paris. 

Gauldrée-Boilleau,  con- 
sul de  France  à  Québec. 

Grimblot,  vice-consul  de 
France  à  Poinle-de-Gallos. 

GUÉRIN  -  Méneville  ,  à 
Paris. 

Jaeger,  en  Cochinchine. 

Lacerda(A.  de),àBaliia. 

Leblanc  (P.),  à  Brioude. 

Lemaistiîe  -  Chabert,  à 
Strasbourg. 

Lémont  (vicomte  E.  de), 
'consul  de  France  à  Per- 
nambouc. 

LevvisSamuel, à  Sydney. 

Liénard,  del'île  Maurice. 

Montebello  (g.  de),  à 
Rome. 

MoNTRAVEL  (L.  T.  de), 
,'ouverneur  de  la  Guyane 
rançaise. 


OBJETS   DONNES. 


RENVOI 

au 

BULLETIN. 


Mdeller  (le  docteur),  à 
Melbourne. 


Perny  (Mgr.j,  en  Chine. 

Pompe     van     Meerder- 
vooRT,  à  la  Haye. 

Renard  (Ed.),  à  Paris. 


Un  Taureau  Sarlabot. 

Cocons  de  VAttaciis  Cecropia. 
Cocons  du  Bombyx  Cecropia. 

Animaux  divers. 


Cent  œufs  do  Bombyx  Cecropia. 

Une  paire  de  Mainates. 

Trois  animaux  du  Brésil. 

Œufs  de  Vers  à  soie  du  Mûrier. 

Cinquante  cocons  vivants  de  fiom- 
byx  Cynlhia. 

Collection  de  douze  animaux. 
Collection  d'oiseaux. 

Moomk  [Casuarius  Bennelli). 
Gouramis  vivants. 
Crabes  d'eau  douce. 

Animaux  de  la  Guyane. 


Collection  d'animaux  vivants 
d'Australie. 

Deux  Colliti  icincla  liarinonica. 

Un  Écureuil  volant  et  deux  Per- 
roquets. 

Cocons  vivants  du  Ver  à  soie  du 
Chêne  [Bombyx  Perny i). 

Graines  de  Vers  à  soie  Ya-ma- 
maï  du  Japon. 

Graines  de  Vers  à  soie  Ya-ma- 
maï  du  Japon. 


H  9 

131,226 
213 

224,  229, 
570 

431,  457 


364 
628 
356 

632 


293 

364. 

455 

448 

763 

631 


441, 


287, 

314 

637, 

697 

778 

117 

71,  231 

289,  356 


DONS   FAITS   A    LA    SOCIETE. 


793 


NOMS    DES  DONATEURS. 

OBJETS    DONNÉS. 

RENVOI 

au 

BULLETIN, 

MM. 

SCHLUMHERGER     (Julcs),    à 

Guebwiller. 

Un  Lièvre  des  Vosges. 

697 

Simon  (Eiig.),  en  Chine. 

Divers  animaux  de  Chine. 
Cocons  et  graines  de  Vers  à  soie. 
Cocons  \ivdins  de  Bombyx  Pernyi. 
Animaux  du  Japon. 

130 
231 

287, 
293 

313 

SiMONi,  à  Paris. 

Six  Hutias  de  Cuba. 

570 

Société    d'acclimalalion 
de  Victoria  (Australie). 

Collection  d'animaux  d'Australie. 

569, 
697 

636, 

Société    d'acclinfiatation 
de  Tarn-et-Garonne. 

CEufs  de  Bombyx  Cyntliia. 

516 

Spinelli  (  François  ) ,  à 
Naples. 

Cocons  vi  vantsde  Bombyx  Cynthia. 

633 

Vauchelet,  à  la  Guade- 
loupe. 

Collection  d'animaux  et  de  végé- 
taux. 

626 

Werner,  à  Paris. 

Un  couple  de  Viscaches. 

764 

WiLsoN   (Ed.),    à   Mel- 
ibourne  (Australie). 

Trois  Écureuils  volants. 

2°  VÉGÉTAUX. 
plantes,  graines  et  semences. 

625 

Baraquin,  au  Para. 

Graines  de  gros  Ricin  de  l'Ama- 
zone. 

761 

Bellanger  (Charles). 

Graines   de    Cassia    occidentalis, 
dit  Café  nègre. 

128 

Berthelot (Sabin),  con- 
sul de  Franceaux  Canaries. 

Diverses  graines  des  Canaries. 

516 

Bgisnard-Grandmaiso.n,  à 
Granville. 

Tubercules    d'Igname  de  Chine, 
venus  de  graines. 

45 

Chagot  aîné,  à  Paris, 

Graines  de  Coton  et  de  Maïs. 

132, 
219, 

298, 

227 

Couture,  de  Teniet-el- 
Ilaad  (Algérie). 

Graines  de  Cèdre. 

298 

1 

794         SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION. 


NOMS   DES    DONATEURS. 

OBJETS    DONNÉS. 

RENVOI 

au 

liULLETIN. 

M"""'  Delisse  ,    de  Bor- 
deaux. 

MM. 
Durand  (E.),   de  Phila- 
delpliie. 

Tubercules    de    Palale,   Avoine 
d'Algérie,    Pois  oléagineux,  Loza, 
Millel. 

Racines  de  Pyrularia  oleifera. 

123 

123 

Fkrrer  (Léon),  de  Per- 
pignan. 

Plants  de  Cotonnier. 

702 

Gaulduée-Boilleau,  con- 
sul de  France,  à  Québec. 

Plantes  du  Canada. 
Graines  d'Asclépias. 
Arbres  fruiiiers  et  forestiers  du 
Canada. 

Plants  et  graines  du  Canada. 

l.S,   637 
131, 213 

2S2-280 
703 

Gelot  (A.),  à  Paris. 

Provision    de   feuilles   de   Yerba 
maté. 

365 

GuiLLEMiN    (  Mgr.  )  ,    à 
('.anton. 

Graines  d'Ortie  blanche  de  Chine 

578,626 

Hayes, à  Chandernagor. 

Asclepius  ecliinata  et  Arislolochia 
indica. 

Plantes  vivantesde  Chandernagor. 
Graines  de  Tek. 

218 
365 
635 

HuRERT  (Alfred),  à  Pékin. 

Graines  de  Chine. 

516 

La YARD,  de  Londres. 

Touffes  de  Bunch-cjniss. 

365 

Lei'evre    (  Amable  ),    à 
New -York. 

Graines  et  racines  d'Asclépias. 

133 

LoAREii  (Ed.),  à  Allalia- 
bad  (Indes). 

Graines  de  végétaux  des  Indes. 

516,  701 

MoRTAiN    (de),  à  Ver- 
sailles. 

Collection  de  graines  rapportées 
par  M.  de  Lapeyre. 

123 

Renard  (Ed.),  à  Paris. 

Graines  d'Arbre  à  savon. 

634 

Sacc,  délégué  de  la  So- 
ciété, à  Barcelone. 

Épis  de  Blé  de  Taganrok. 

516 

SicARD    (le   docteur),    à 
Marseide. 

Graines  et  produits  deCalh-sé. 

45 

Simon  (Eug.),  en  Chine. 

Divers   végétaux   et   graines  de 
Chine. 

130 

DONS   FAITS   A    LA   SOCIETE. 


795 


NOMS  DES  DONATEURS. 


MM. 

Société  d'agricullure  de 
Vaucluse. 

Trenqualye  (de),  consu 
de  France  à  Canton. 

Vilmorin  -  Andrieux  ,    à 
Paris. 


l 


BOISNARD  -  GrANDMAISON, 

à  Grtinville. 

M'"''  la  comtesse  de  Cor- 
NEiLLAN,  à  Paris. 


Delaporte  ,     consul   de 
France  à  Bagdad. 

GuiLLEMiN    (  Mgr.  )  ,    à 
Canton. 


Hardy,  à  Alger. 


SicARD  (le  docteur),  à 
Marseille. 

Zeltner  fdp),   consul  de 
France  à  Panama. 


OBJETS   DONNES. 


Graines  et  échantillons  de  Coton. 


Plant  de  Cotonnier  de  Chine, 


Graines  de  Rhiis  succedanea. 


3"  OBJETS  DIVERS. 

PRODUITS   INDUSTRIELS  ET  OBJETS  d'aRT. 

OEufs  de  Nandou  el  squelette  de 
Tatou. 

Collection  de  cocons  do  Vers  à 
soie. 

Échantillons  de  soie. 

Laine  de  Chameau  de  Mésopotamie. 


Tissus  fabriqués   avec  l'Ortie  de 
Chine. 

Cocons  de  Vers  à  soie  du  Ricin  et 
de  l'Allante. 

Echantillons  de  produits  extraits 
du  Tavouloo  de  Madagascar, 

Feuilles  et  gousses  d'une  espèce 
particulière  de  Vanille. 


RENVOI 

au 

BULLETIN. 


702 


635 


315 


288 

45 

122 

761 


578,   626 
45 
124 
453,    457 


INDEX    ALPHABF.TîQUE    DES    ANIMAUX 

MENTIONNÉS  DANS  CE  VOLUME. 


Abeille.  293,  317,  364,  446,  464, 
513,  522-523,  576,  653-654. 

—  ligurienne,  462-463,  523. 
Ablette,  260. 

Actinies,  383,  390,  654. 

Agami,  xxiv,   53,   216,    305,  364, 

461,  627,  652,  722. 
Agouti,  216,  305,  353,  379,  382, 

570,  626-627,  722,  727. 
Agulia,  37  2. 

Aiguillai  (Sr/((,(t/HS  (icanthias),  179. 
Aiguille   {Esox    belone),  181,  392. 
Aira,  704. 
Alandt,  178. 

Alose,  XXXI,  121,  179,  181. 
Alouette- pie,  212,  3i8. 
Alpacas,    1-7,  71,  130,    153-154, 

293,  295,353,363,  373,439, 

449,  450,  514,  518,  571,  575. 

625,  628,  635,644,  698,708, 

726, 762,  779. 
AiHifi  tudornii^  11. 
Ane,   643-644,  646. 
Anémone  parasite^  237. 
Ange,  386. 

Anguille,  xxxi,  289,  307,  503. 
Anlhia  cereus,  380. 
Antilope,  88,  225,  306,  460,  403, 

482-483. 
— •  blessbock,  463. 

—  élan  fAntilo[)e  oreas),  155. 

—  nilgaut,  155,   236,  379-380, 
460,  651,  726. 

Aracuhan,  455. 

Aras,  455,  652. 

Ardea  cinerea.  Voy.  Grue  cendrée. 

Argali,  451 . 

Ascidies,  390. 

Asprèdes,  387. 

Alincm  Cecropia.  Voy.  Vers  à  soie 

du  Canada, 
Autruclie,  XXIV,  85-88,    153,  217, 

225,  236,371,  372,379,572. 


Axis,  74,  79,  88,  236,  644,  648, 

726. 
Banteng,  526. 

Bar,  181,  189,  394,  442,  443. 
Barbeau,  783. 

Biivh\Gr  [Anihids  sucer),  182. 
Barbillon,  80,  181. 
Barbue,  181. 
Bardot,  62. 
Belone  aiguille,  389, 
Bécassine  de  Hindié,  210. 
Bergeronnette,  644. 
Bernache  armée,  xvi,  643,  646. 
Bernard  l'ermite,  237. 
Biche  du  Paraguay,  159. 
Biset,  644. 
Bison,  643,  647. 
Blanquettes,  179. 
Blen.iie,  360,  380,  389,  390. 
Bœuf,  541-542,  545,  643. 

—  trotteur,  625. 
Bogue,  394. 

Bombyx  Arrindia.  Yoy.  Vers  à  soie 
du  Ricin. 

—  Cecropia.  Voy.  Vers  à  soie  du 
Canada. 

—  Cijnlhia.  Voy.  Vers  à  soie   de 
l'Ailanle. 

—  grand   Atlas   de  l'Inde,    297, 
318-319. 

—  Morl.    Voy.    Vers   à    soie  du 
Mûrier. 

—  Yu-ma-nuiï.  Voy.  Vers  à  soie 
du  Chêne  (Japon). 

—  Perinji.  Voy.  Vers    à   soie  du 
Chêne  (Chine). 

Bonites,  95. 

Borer,  670,  673. 

Borocera  Cojuni.  Voy.   Vers  à  soie 

de  l'Ambrevade. 
Bouquetin,  64  4. 
Boursoullé.  Voy.  Fahuca. 
Bouvreuil,  6  43. 


ÎNDKX    ALPHABETIQUE    DES   ANIMAUX 
G3I ,  634. 


797 


•")o4, 


Brochet,  504, 

Briuint,  643. 

Bnccin,  3  83. 

Buftle,  xxii,  541,  543-541. 

Cabeliaus,  Voyez  Morues. 

Caille  de  Virginie,  46  0. 

Canard,  88,  125,  236, 316,  379, 
382,  448,  439,460,  462,  553, 
643,  616,  650,653, 727. 

—  Labrador,  79. 

—  Iiollandais,  79,  646. 

—  sauvai^'e  du  Brésd,  76  I . 
Canari,  643,  644. 

Cane,  158,  460. 

Capivare,  628. 

Capriinulgiif;  liili-liuinenilis,  31  4. 

Carpe,  127,  360,  554,  644,  783. 

—  carassin,  127,  177. 
Carrelet,  189,  442,  783,  784. 
Cascavel,  364. 

Casoar,  xxiv,91-92,  120,  157,236, 

46  2-651,727. 
Castor,  577. 

('(tsnnriiis    iiennelti   (Moomk),  448. 
Crreopfiisi,  463,  652. 
Cerf,  XXIII,  78,  88,  152,  225,  460, 

625,  643,  644,  648. 

—  d'Aristote,236,382,462,6  48, 
726. 

•—  rusa,  236,  651 . 

—  cochon,  379,  651,  726. 
Chabout,  578. 

Chacal,  644. 

Chameau,  xxii,  441,  64 i. 
Chamois,  6  43. 
Chardonneret,  643. 
Chat,  643,   644. 

Cheval,  xxii,  326,  382,  538,  548- 
352,  616,  643, 644. 

—  hollandais,  236. 

Chèvre,  293,  546-547,  643,  644, 
646,  653. 

Chèvres  d'Angora,  xxi,  44,  47,  48, 
53  ,  56,  81-84.  120,  130, 
153,  211,212,217,225,  287, 
288,  295,  306,  31  4,  321-323, 
352,  353,  354,  367,  368,  379, 
382,  439,  4 '.9,  514,  547-548, 
569, 571, 616,  630,  637,  646, 
6  48, 651. 


186,     382,     442, 


Chèvres  de  Cachemire,  154,  367. 

—  d'Egypte,  79,  236,  646. 

—  du  Sénégal,  79,  236,  379. 
Chevreuil,  78,  152,  234,  643. 
Chevrotain    porte-musc,  448,  652. 
Chiens,  xrx,   150,  236,  237,  239- 

240,300,305,  357, 358,377- 
378,  380,382,  383,  462,  483, 
642, 643, 644. 

—  de  Laconie,  643. 

—  Lycaon,  6  44. 
Chinchilla,  354. 
Chouette,  216. 
Cigogne,  234. 
Clovisse,    185, 

654. 
Cochenille,  120,  279. 
Cochon.   88,    234,  459.  522-526, 

644,  648. 

—  d'Inde,  379. 
Colin  d'Adanson,  572. 

—  de  Californie,  763. 

—  houi,   217,    379,    382,    46:', 
644, 646,  651,  653. 

Colluricincld  harmonica,  637,  697. 
Colombe,     372,    382,    462,    6i8, 

708. 
Columba   vnjslacca.    Voy. 

moustaches. 
Comatule,  1  83, 
Coquard,  70,  644,  6/i6. 
Coque  ou  clam.  Voy.  Praire. 
Corail,  13,  50. 
Corégone,  359. 
Corneille,  644. 
Corvidés,  372. 
Couagga,644. 
Couleuvre,  407. 
Coumaron,  668. 
Couroucou  pavonin,  354. 
Crabe,  153,  522,  631. 
Crapaud,  643. 
Crénilabres.  Voy.  Labres, 
Crevette,  566. 
Crustacés,  383. 
Curassows,  4  48. 
Cygne,  317,  643,  641,  727, 

—  noir,  XVI,  234,  379,  644. 
Cyprin,  259, 
Ddcelo  giganlea,  314. 


Pigeon  à 


798        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE   d'ACCLIMATATION. 

Voy.       Faisan   de    la 


Dciim,  459,  460,  648. 

Daman,  6^2. 

Daurade,  389,  394. 

Dauw,  f>44,  726. 

Dinde,  643,  663-667. 

Dindon,  553,  643  644,  663-667. 

—  dAu<lialie,  461 . 

• —  de  Honduras,  459,  461. 

—  ocellé,  354. 
Diiujo,  317. 
Dormeur,  499. 

Drowants  irroralux.    Voy.  Dromée. 
Dromée,  xxiv,  73,  314,  372. 
Écrevisse,  496. 
Écureuil,  763. 

— -  volant,  625. 
Élan,  316. 
Éléphcint.  570,  696. 
Émeu.  Voy.  Dromée. 
Émissole,  179,  386. 
Épinoche,  121,  383,  388,  495. 
Éponfies,'  8-15,    44,  50,    51,  56, 

132,  134,  226.  355,  442-443, 

454,  515,  573. 
Erodùis  (j'Ubtis,  37. 
Escargot  de  mer,  1  86. 
Esturgeon,  178. 
Étoile  de  mer,  183,  237,  382. 
Faisan,  79,   236,    379,  382,  462, 

625,  626,630,  636,643,  644, 

646,  650,  651,727. 

—  anglais,  522. 

—  de  la  Guyane,  216. 

—  doré,  226,  64 'i,  646. 
Faucon     à     nalles 


rvlipes),  234, 


rouges 


i^Falco 


Fera,  16,  20,  80,  121,  122,  221, 
222,  260,  262,  334,  356. 
380,  458. 

Fouine,  643. 

Francolin,  210,  577. 

Fringillidés,  372. 

Fure^i,  644. 

Gades,463. 

Gallmiicés,  212,  217,  225,  324- 
329,  372,  520,  572,   643. 

Gallinuln  Icmbrosa,  73. 

Ganga,  699. 

Gardon,  360. 


Garrakona. 
Guyane. 

Gazelle",  88,  372. 

Germon,  182. 

Goiiie,  360,  387,  388,  389,  390, 
392. 

Goujon,  260,  261. 

Goura,  xxvi. 

Gourami,  xxix,  120,  131,  153, 
217,  226,  288,  307,  314, 
522,  569,  576,  627,  668,739- 
740,  763. 

Grallina  austrniis.  Voy.  Alouette- 
pie. 

Grandes-écailles,  504. 

Gr(>nadier,  390. 

Grenouille,  643. 

Grive,  644. 

Grue,  569,  577,  736-738. 

—  cendrée,  234. 
Guanaco,  236,  462,  644,  726. 
Guaraz,  455. 

Hanneton,  1  06. 

Hareng,  179,  580,  582,  783,  784. 

Hémione,  236,  644,  646,  722,  726. 

Hémippe.  6  44. 

Hérisson  de  mer.  Voy.  Oursin. 

Hermelle,  389. 

Héron,  380. 

Hippocampe,  380,   382.  387,  515, 

731. 
Hirondelle,  459,  04  4 
Hocco,     89,    90,    316,  354.   379, 

459,  463,522,643,  644,  648, 

652. 
Homard,  153,  383,  522,  632. 
Hoiibara,  210,  577. 
Huître    [Of^lrea   edulit^),     184-188, 

186,  187.  307,  380,  390,  391, 

442,  576,  631,  652,  654,  764. 

—  à  perles,  380. 
Humanlins,  1  83. 
Hutia,  217.  570,  778. 
Iaïan-B:ilouk,  554.  616. 
Insecte  à  cire,  294,  299. 
Jabolys,  57  4. 
Jambonneau,  391 . 
Joais,  364. 

Jumart,  62,  643. 


/• 


INDEX   ALPIIARETIQUE    DES   ANIMAUX. 


799 


Kangurou,  73,  88, 120,  150,  317, 
318,  372,  459,  462,  569, 
652,  726,  778. 

Labre>,  182,  389,  390,  392,  394, 
463. 

Lama-s,  1-7,  71,  72,  130,  217, 
225,  236,288,  293,295,  353, 
363,  364,  371,373,  382,  439, 
449,  450,462,  518,  571,  575, 
625,  628,635,  643,644,  651, 
698,  726,  762,  779. 

Lamproie,  178. 

Lanfroustp,  153,  395,  632. 

Lapin,  175,  3G3,    382,  455,  644, 
646,  651. 
—  de  Sibérie,  379. 

Lavaret,  77  4. 

Lépidosirènes,  463. 

Léporifies,     xxii,    120, 


6.' 


130,    131, 
705,  729. 


211,  361,  459 
Licorne,  636. 
Lièvre.  Cl4,  698. 

—  anglais,  522. 

—  blanc,  150. 

—  indien,  522 
Limande,  1  89. 
Linoltp,  643. 
Lion,  642,  644. 
Loche,  500-501. 
Lorixgracilis^  570,  653. 

Lolte  (Gaclns  loin),  178,  3  80,  387. 
Lophophore,    79,   382,   462,   650, 

651. 
Loubine.  Voy.  Loup. 
Loup,  181,  189,  642,  644. 
Loutre,  643. 
Lucioperca,  316,  461 . 
Lumaiholle,  382,  648, 
Macreu-e,  38  2. 
Madrépore-;,  2i9. 
Mainaie-,  364. 
Mammifères,  150. 
Manicou,  651 ,  722. 
Maquereaux,  95,  97,  98,  167,  394. 
Marail,  89,  648. 
Marécaos,  751 . 
Marte,  643 
Marteau,  183,  386. 
Massa,  392. 


Melolonlha  fullo,  37. 
Melops,  392. 
Merlan,  390,  394. 
Merle,  64  4,  653. 

—  bronzé,  1  32. 
Merluche,  389,  461. 
Minah,  317. 

Misgurn  [Cobitis  fossilis),  178. 
Moineau,  128,  155,  372,  708. 
Moroquo,  668. 
Morues,  18  0. 
.Molmothouhoij,  364. 
Mouflon   à    manchettes,  236, 
643, 651. 

—  de   Corse,     130,     13i, 
173,  450,  644,  647,  048, 

—  de  Sardaigne,  460. 
Moule   [Mytilus),    185,   360, 

631,  634. 
Mouton,  vin,   79,  134,  154, 
173,  236,293,  326,  379, 
539,  545-546,629,  636, 
648,  657-662,  732-735. 

—  de  Chine,  597-599. 

—  du  Japon,  380. 


462, 
170- 

442, 

170- 
529- 
643- 


• —  mérinos,   ix,     xii,    xix. 

119, 

175,  371,  657,  662. 

Mauchamp,  119.  216 

,371, 

647. 

—  Ong-li,xxu,44,53,  120 

132, 

212,  217,  232,  236,  288 

306, 

316,  354,4  23-427,  439, 

448, 

450,  459, 460, 514,  628. 

—  Romanowski,  xxii,  236. 

—  du  Sénégal,  79. 

—  Suisse,  321. 

Muge,  180,   189,  190,  295, 

330, 

388, 389, 392,  442, 443, 

458, 

503,504,  630,  654,699, 

765, 

783. 

Mulard,  70. 

Mulet,  62,  317,  642. 

—  de  moiit.igne,  461 . 

Mulle,   Mulet,  Meuil  [Mugit). 

Voy. 

Muge. 

Murène,  1  82. 

Musmon,  63. 

Mutu,  364. 

Nandou,  288. 

800      SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATÂTION. 


Nez  [Cyprinus  nasns),  178. 

Oie,    236,    328,    363,    382,  455, 

459,  353,  569,  643,  644, 646, 

652. 

—  d'Afrique,  317. 

—  du  Bréï^il,  460. 

—  à  cuiller,  78. 

—  du  Danube.  88. 

—  d'Egypte.   Voy.   Bernache  ar- 
mée. 

—  de  Gambie,  88. 

—  de  Madagascar,  44,  305. 

—  rouge,  210,  577. 

—  de  Toulouse.  217. 
Oiseaux,   78,    89,    150,  355,  462, 

■;77,  643. 

—  hlpu8,  577. 

—  fileurs,  78. 

—  moqueurs,  1  32. 

Ombre,  122,  127,  221,  237,  262, 
289,  333-334,  359,  380,  445, 
461,  644,  783. 

Ombrine  (Sc/fpna  cirrosa),  181. 

Orphie.  Vov.  Aiguille  de  mer. 

Orlalide,  353,  653. 

Ours,  643. 

Oursin,  183,  237,  390. 

Outarde,  236,  653. 

Paca,  216,  628,  704. 

Pagel,  394. 

Palamides,  95,  97,  167. 

Pancou,  50  1-502. 

Panthère,  644. 

Paon,  182,382,  625,  644,  646,648. 

Parakoua,  627,  653. 

Paroare,  382. 

Passereau    d'Australie,    463,   636. 

Patelle,  186. 

Pauxi,  463. 

Pécari,  216,  353,  379,627. 

Pectcn,  380. 

Pénélope,  89,  379,  463,  627,722. 

Perche,  461 ,  654. 

—  de,  mer,  182,383,386. 
Perdix    stinaica ,     441,    485-491, 

514,  572. 
Perdrix,  577,  626,  644. 

—  d'Afrique,     317,     379,   441, 
485-491,  514,  522. 


461, 353, 


230. 


Oie    à 
392, 


Perdrix  anglaise,  522. 

—  (l'Arabie,  210,  577. 

—  grise  delTnde,  522. 
Perlon,  183.  ♦ 
Perroquet,  367. 

—  de  mer,  179. 
Perruche  ondulée,  78,  652. 

—  de  Pennant,  367. 
Phacochère,  643. 
Pholades.  380,  631,  654. 
Phycis,  387. 
Pic  vert,  xxvi. 
Pigeon,  158,  234,  382, 

648,  708. 

—  ramier.  763. 

—  à  moustaches,  225, 

—  huppé,  636. 
Pinson,  77,  382,  643. 
Pintades,  644. 

—  à  joues  bleues,  237. 
Pisquet,  49  2,  504. 
lUatdlea     z.emnrodin.    Voy. 

cuiller. 

Plie,    189,    383,     388-389, 
442. 

Poissons,  53,  74,  80,  93-100, 
121,  126,  127,  169,  177-183, 
189-190,  212,  217.  222,  289, 
307,  330-334,  358,  359, 360. 
385-395,  442,  4  45, 451,  454, 
458,  461,  463,  492-50i,  515, 
519,  554-555,  573,576,  578, 
627.  631-632,  636,  654,  668- 
669,  699,  703,  785-787. 

—  chinois,  556-566,  572. 

—  électriques  (Torpilles),  455. 

—  volants,  182. 

Polype    à  vinaigre,  520-521,  574. 

Polvpiers  madréporiques,  296. 

Porc,  175,364,522-526,546. 

Porc-épic,  462. 

Porphyrio  melanotus,  314,  577. 

Poules,  79,  120,  150,  174-170, 
234,236,  293,  324-329,379, 
380,  382,386,401,  462,  520, 
552-553,  636,  643-646,  648, 
650, 652,  653. 

—  de  l'Euphrate,  210,  577. 
Poules  mutii,  455. 


INDEK   AI.PIIARKTIQUR   DES   ANIMAUX. 


801 


Poules  sullanes,  29  i. 

Ponletle,  4  59. 

Poulpe,  183,  390. 

Poulargue,    128,  163,    169,    330- 

331. 
Praire,  18i-188.  390. 
Pricka  [Pelromyzon  fluvialiUs),  1 78. 
Pseudaxis,  6  44. 
Putois,  644. 
Qiu'leasanguiniroslria.  Voy,  Oiseaux 

fi  leurs. 
Quiscale,  372. 
Raie,  181,  380,  386. 
Rasoir    [Cuprinua    cuUralus],   178. 
Ralon,  643. 
Renard,  643. 

—  d'Amérique,  643, 
Renardiou  faux,  183. 
Requins,  183. 
Roquié.  Voy.  Labres. 
Rossignol.  643. 
Roucas.  Voy.  Labres. 
Rouget,  390,  395. 
Roussette,  179,383,386. 
Royan,  180. 
Saliiionés,  258-260. 
Sandre,  177. 
Sanglier,  636,  644,  648. 
Sangsues,  1  56,  359, 
Sarcelle,  382,  462,  643. 
Sarde,  503-304. 
Sardines,  97,180,395. 
Sargues,  395 

Saumon,  xxxi,  81,  121,  122,  126- 
128,  153,  181,212,  218,  221, 
228,237,  258-260,  261-263, 
288-289,  296,  316,  332-334, 
356,  380,  438,  461,515,  573, 
576,  631,  644,  703,  783. 
Saumoneaux,  74,    126,  221,  289, 

4o8. 
Saupe  [Spams  siilpn),  181. 
Scie,  386. 

Sciène  [Sciœnn  nigra),  181. 
Sèche,  38  2,  390. 
Sélaciens,  386. 
Serpent,  293. 
Scombres,  97. 
Scorpœna  scrofa.  Voy.   Scorpènes, 

T.  \.  _  nécembre  ISfiS. 


Scorpœna  porcus.  Voy.  Scorpènes. 

Scorpènes,  182,  390.  395. 

Serrans,  182,   386. 

Séveraux,  97. 

Silure,  177,  380,  555. 

Sole,  388,  389,  390,  395,  442. 

Solipèdes,  644. 

Soucliet,  643. 

Squales,  80,  159,  183,  386,731. 

Sterlet,  150. 

Slrix  biibo  mageUanicux,  363. 

Surmulet,  180. 

Syngnathe,  387. 

Talégalle.  Voy.  Dindon  d'Australie. 

Tanche,  153. 


Tangara,  652. 

Tantale  d'Afrique,  582. 

Tapir,  216,  303,  648,  704,  726. 

Taret,  389. 

Tarin,  643. 

Tatou,  217,  288,653,722,727. 

Taureau   Sarlabot,  119,  160,  240. 

Tchoug,  218. 

Têtard,  502-503. 

Tétras,  460,  643-644. 

Thons,  95,  97,  99,  165,  167,  182. 

Tigre,  636,  612,  644. 

Titiri.  Voy.  Pisquet. 

Tityre,  63. 

Torpilles,  180,  183. 

Tortue,  566,  574,  652-653. 

—  à  long  cou,  463. 

—  du  Murray,  569. 

—  desSeythelles,  44,305. 
Tourterelle,    79,    137,    364,    372, 

379,  382,  463,626,  644,648. 

—  du  Murray,  31  4. 
Tragopan,  653,  730. 
Trépangs,  459. 
Tiigle,  395. 
Troupiaie,  372,  652. 
Truie,  643. 

Truite,  XXXI,  44,  80,  122,  127, 
21  2,  237,  2o8-2r>0,  262,  263, 
289,  296,332-333,  353,359, 

380,  458,  461,354,  576,  644, 
634,  765,  783. 

Turbot,  383,  388,  395,  783. 
Uruburé  (Vautour  royal),  455. 

.t1 


802        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 


Vache,  316,  326,  465-479  ,  538, 

543,  545,  643,  646,  647. 
Vache  Aubrac,   47,  48,  466,  478. 

—  d'Ayr,  630. 

—  Sarlabot  sans  cornes,  647. 
Vanneau,  318,  653. 

Veau,  459,  647. 

Venturon,  643. 

Venus  verrucosa.  Voy.  Praire. 

Verdier,  643. 

Véron,  261,  383. 

Vers  à  soie,  xi,  49,  50,  52,  54,74, 
401-115,  124,  131,132,  195- 
197,213,227,232,  233,297, 
311,  31 2-31 3,  335-343,  367, 
368,  370,  450,  452,  463-464, 
575, 616,  633, 653,701, 767. 

—  de  l'Ailanle,  xxxvii,  54,  55, 
74,  106,  110,  Ml,  114,  1-22, 
123,  125,  126,  133,  191-194, 
218,227,231,289,290,297, 
300,302,  307,310,342,  354, 
356,  382,  429,  453,  461,464, 
516,  574,600,  632,  633,  653, 
741-742,  708. 

—  de  l'Anibrevade  ou  de  Mada- 
gascar,  226,    232,    505-512. 

—  du  Canada,  131,  133,  195- 
197,  213,  226,285,303,  311, 
451,  457,  674-676. 

—  du  Chêne  du  J.ipon  ou  Bombyx 
la-ma-maï,  21-23,53,54,71, 
107,108,  125,  Me,  131,  132, 
213,218,219,222,227,230, 

•  231,289,290,297,300,301, 
302,  310,  311,  356,358,  364- 
365.  367,  368,  369,  382,428- 
429,  436-437,  440,  443,  446, 
449,  452,  453,  464,516,  574, 
600,  606-608,  609-610,  (>32, 


633,  639-641,  653,  767,768, 
769, 781. 
Vers  à  soie  du  Chêne  de  Chine  ou 
tiombux  Perniri,  117,151,  225, 
231,287, 291, 303,  313, 351, 
366-367,  369,  430-435,  440, 
446, 450, 483, 505,  600-605, 
767. 

—  du  Mûrier,  122,  123,  125, 
132,  231,290,  297,  298.300, 
310,  356,367,  382,  463,  483, 
505,  578,  601,  653,  707. 

—  du  Ricin,  106,  123,  125,132, 
213,  297,  307,  342,  464, 
574,  633,  653,  768. 

—  mélis  du  Hicin  et  de  l'Ailanle, 
218,  290, 574,  644. 

Vieille,  179,  383,  504. 

Vignot,  1»6. 

Vigogne,  353,  644. 

Vigreneau,  186. 

Vini,  643. 

Vipère,  396-422,  443,  446,  451, 

509,  631,  635, 765. 
Viscache,  761 . 
Volatiles,  xviu,    119,    160,    236- 

237, 241-257,  300, 326,380. 
Wild  beats,  306. 
Worni^al,  352,  727. 
Yacou,627. 
Yak,  XXI,  44,  47,  48,  81-84,  118, 

211,217,219,225,  236,321- 

3  22,  368,439,4  41,  449,  462, 

544, 571, 628,629,  643, 646, 

647,778. 
Zèbre  Burchell ,   306,    363,    455, 

644,  652. 
Zébu,  153,   216,    236,    462,  630, 

643, 647,  722. 
Zonécolin,  646. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  VÉGÉTAUX 

MENTIONNÉS  DANS  CE  VOLUME. 


Abies  (Ma,  456. 

—  Fraser i,  456. 

—  nùjra,  456. 
Abutilon,  381,  383. 
Acacia,  685. 

Acer  slriahim,  456. 

AcUea,  638. 

Adraganl,  614. 

jEgle  marmelos,  616. 

Agave  alrovirens,  383,  464,  655. 

Ail,  611. 

Allante,  55,    74,   106,    1  13,  191- 

194,    300,    310,    356,    576, 

627,711. 
Aipim,  635. 

Ajonc  à  lleurs  doubles,  238. 
Alizier,  368,  452. 
Amandier,  346,  614. 
Ambrevade,  505-512. 
Ananas,  683. 
Anis,  612. 
Anlhemis,    383. 
Araucaria,  687,  781 . 
Arbre  à  cire   de   la    Chine   et   du 

Japon,   151,  218,  227,  315, 

745-751. 
Arbre  de  Judée,  381 . 

—  à  savon,  634. 

—  à  suif,, 75-77. 
Ariatolocliia  indica,  218. 
Arracacha,  709. 
Artichaut,  611. 
Arum,  461 . 

—  tripliylium,  638. 
Amrum  canndense,  637. 
Asclépias,    123,    131,    133,    213, 

214,  283,  284,  638. 

—  ecliiiiala,  2  I  8. 
Asperge,  228. 

Aubépine  à  fleurs  doubles,  381 . 
Aubergine,  611. 
Avoine,  61 1. 


Avoine  d'Algérie,  123. 

—  géante  de  Ligorvo,  74. 

—  du  Canada,  443. 
Azalée,  238,  381.  - 
Baguenaudier,  383. 

Bambou,  222,  223,  298,  689-690. 
Bananier,  681-683. 

—  d'Abyssinie,  290. 
Baobabs,  685. 
Baikhausie,  3S3. 
Betterave,  321,  345,  611. 
Bcltda  papiiracca,  4 5 fi. 
Blé,    106,    232,    384,   516, 


611,  634, 


574, 


Bois  de  plomb,  284,  638. 

—  de  guitare,  685. 

—  de  Sainte-Lucie,  381. 
Boule-de-neige,  381,  383. 
Buisson  ardent,  383. 
Bunch-grass,  365,  461. 
Cactus,  354,   381. 

Café,  232,    233,   279,    575,   578, 
627. 

—  nègre,  1  28. 
Calamngrostis  canadensis,  638. 
Calcéoiaire,  381 . 
Callotropis  giganlea,   516. 
Cahjcanlhufipompadoura,  384,  383. 
Camellia,  238,  381. 

Canneà  sucre,  226,  367,  627,  670- 

673,  743-744,  771. 
Cardère,  238. 
Carotte,  611. 
Cassaves,  293. 

Cafisia  occidenlalis.  Voy.  Café  nègre. 
Calh-sé  de  Chine,  45,  51,  78,  i23, 

515,  576,  752-757. 
Cèdre,  298. 
Céleri,  461 . 

Cerasuf;  pensylvanica,  114. 
Cerfeuil  bulbeux,  384. 
Cerisier,  133,  615, 


804        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 

Cerisier  à  fleurs  doubles,  238. 
Ceroxylon  andicola,  354.  V 
Chamœcerasus,  238,  381. 


Chcinuerops,  6  80. 
Chanvre,  299,  611. 
Cliâlaignier,  192. 
Chaulinoogra  odorala,  306. 
Chêne,  54,   125,   230,    366,  368, 

436-437,446,452,456,603, 

607. 

—  blanc,  218,436,  614. 

—  yeuse,  368. 
Chenopodium  quiiioa.,  576. 
Chèvrefeuille,  383. 
Chou,  611. 

—  branchu,  227. 

—  brocoli,  308. 
Chou-fleur,  61 1. 

Chufa,  308,346-350,  701,  758. 

Cinéraire,  23  8. 

Citronnier,  614. 

Citrouille  des  Yaks,  790. 

Claytonki,  638, 

Ciuiloyiia,  638. 

Coca,  214,  293,  574,  708. 

Cocos,  679. 

Cognassier,  368,  452,  610,  615. 

—  du  Japon,  238. 
Concombre,  611. 
Conifères,  686-688. 
Corbeille  d'argent,  238,  381. 
Corcliorus,  381 ,  383. 
Cornouiller  sanguin,  381. 
Coronille,  381. 
Colonoasler,  383. 

Cotonnier,  x,  24-37,  55,  132,  136- 
149,  210,  219,  227,  232, 
298, 
358, 
367, 
633, 
702, 


297, 
357, 
539, 
6  27, 
701, 


299, 
370, 
572, 
635, 

707, 


233, 

309, 
45U, 
611, 
69/i, 
789. 

—  arbre  du  Pérou,  72,  575. 

—  soyeux.  Voy.  Asclépias. 
Couac,  293. 

Courge,  611. 

Courgette,  611. 

Cyperua  csculentus.  Voy.  Cluifn 


308, 
439^ 
575, 
691- 
709, 


Cytise,  381,  3  83. 

—  des  Alpes,  111. 
Dammara,  687. 
Datte,  233,   678. 
Dauphinelle,  383. 
Dmlziu,  383. 
Diclylra,  381  ,   383. 
Dirca  paluslris^  638. 
Dolic,  308. 

Dolkhos  bulbosus  (Ko),  299. 
Dourah,  232. 
Drouynia,  352. 
Eiwis  gulneensis,  154. 
Elymus  vii-ginicus,  638. 
Epine-vinette,  133,  381 . 
Érable  à  sucre,  285,  298. 
Eucaljiplus,  'iS^ ,   464,    655,    686, 
781. 

—  gJr)buIu!i,298,  366,  655,686. 
Euphorbiacées,  464. 

Feronia  clephanla,  516. 
Fétuque,  316,  461. 
Fève,  232,  611. 
Figuier,  615,  684. 
Forsylhia,  238. 
Fougère,  464. 
Froment,  451 . 
Fuchsia,  381,  383. 
Fusain,  192. 
Galéga,  497. 
Garance,  61  4,  774. 
Gattilier,  602. 
Genêt,  358,  381,  383. 
Géranium,  383,    612. 
Giroflée  jaune,  238,  381. 

—  de  Mi^hon,  383. 
Glycine,  383. 
Gombo,  612. 
Gosftypimn.  V.  Cotonnier. 
Griottier,  61  5. 
Groseillier,  1  33. 

—  sanguin,  238. 
H,iricots,"218,  308,  611. 
Ht-dyclnum,  238. 
Héliotrope,  383. 
Heraclciim,  227. 

Igname deChine,  45,  55,160,308, 
316,  459,  461,  464. 

—  de  Madagascar,  764, 


Indigo,  233,  279,  464,  ;iI2,  539. 

Iris, 383. 

Jasmin,  383. 

Jonc  marin  à  fleurs  doubles,  381 . 

Jtibœa  specldbilis,  678. 

Juncia  arellanada.  Voy.  Chufa. 

Kaimia,  381,  383,  638. 

Kilaibelia  rilifoliu,  218. 

Larix  (imcricdiia,  456. 

Lentilles,  232,  611. 

Lilas,  381. 

—  à  fleurs  doubles,  238. 
Lin,  232,  233,  299,  6M. 

Lozu,  1  23,  289,  464, 634,  655,782. 
Maca,  70  8. 
Maçon.  Voy.  Prunier. 
Mahoiiin,  238. 

Maïs,   219,  227,   232,   303,   354, 
384,  464,  611,  655,  770. 

—  du  Sénégal,  702. 
Mandioca,   635. 
Manioc,  293,  354. 
Marronniers,  43,56, 1  32,  21  3, 305, 

381,  439. 
Mastic,  6  12. 

Maté,  299,  311,  366,  702. 
Malricaire,  383. 
Mauve  en  arbre,  381 . 
Melon,  381,  612,  655. 

—  d'Arkhangel,  636. 
Merisier  à  grappes,  381. 
Millet,  123,  6M. 
Multhiibergia  menica^  638. 
Mûrier,   xi,   xxxiv,    49,    134,   233, 

300,     310,   335-343,    3G3, 
370,    381,    450,    627. 

—  blanc,  614,  707. 
Musa,  681-682. 

—  cn.scttf,  381,  464,  682. 
Myosotis.  381 . 
Mvrlacées,  686. 

Nardoo,  356,  773. 
Natte,  512. 
Néllier,  368. 
Nénufcir,  381,  383. 
Noisetier,  614. 
Noyer,  61  4. 

—  dur,  456. 
Oignon,  611 . 


E    DES 

VÉGÉTAUX 

805 

Oliviers 

,   43, 

106, 

295, 

303, 

439, 

61 

4. 

Opium, 

198, 

199, 

232, 

233. 

Orange, 

233 

614. 

Orchidées,  4t 

4. 

Oreodoxd  rcijia,  679. 
Orge,  23  2,  611. 

—  du  Canada,  51  5. 

—  deMandchourie,  74. 
Orme,  133. 
Orobanilie  major,  358. 

Ortie  blanche  de  Chine,  578,  626. 

Osmuiida,  638. 

Oxtilis  crenata,  123,  134,218,454, 

51  6,  576,  656. 
l'almier,  290,  354,  678-680. 
Pmidanu^,  683. 

Pâquerettes,  238,  381.  « 

Pastèque,  233,  612. 
Pdtfite,  123,  3  34. 
Pavot,  233,' 61  2. 
Pécher,  6)5. 

—  à  fleurs  doubles,  238. 
Pensée,  238,  381,  383. 
Pépita.  Voy.  Oxalis  crenala. 
Pétunia,  383. 

Peuplier  du  Canada,  284. 
Phlox,  3S3. 
Phœnix,  678. 
Phonndim  Cookii,  656. 
Pied-d'alouetle,  383. 
Piment  des  Antilles,  459. 
Pimprenelle,  1  1  0. 
Pin  pei-go-song,  281-282. 
Piaufi  resinosa,  456. 
Pistachier  (faux),  381 . 
Platane,  616. 
Poiiicetia,  308. 

Poire  de   terre  Cochet,  301,   344- 
655. 


345, 

381, 

439, 

Poireau, 

i61. 

Poirier,  615. 

Pois,  611 

—  du  C 

anada. 

515 

—  oléai 

ineiix, 

123 

Poivrier  d  E-pagne.  308. 

Pommede  terre,  125,132,219,222 
228,  234,238,  291,  345,'384,' 
484,611,617-622,  655,    656. 


S06       SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUR   d'aCCLIMATÂTION. 


PomniP  de  terre  dite  deSte-Marihe, 
74,  308. 

—  dite  d'Australie,  214,  634. 

—  Caillaud,  771. 
Pommier,  133,  285,  383,  615. 
Potiron,  219,  772. 
Primevère,   238. 
Protéacées,  686. 

Prunier,  i33,  297,  319,  381. 

—  à  fleurs  doubles,  381. 
Pyruinria    oleifera,  123. 
Pyxiilki  erylhrina,   497. 
Qninoa,  356,  708. 

Quinquina,  198-206,  219,  264- 
280,354,358,374-377,769. 

Rave,  611. 

Rhododendrons,  238,  381,  383. 

Rhubarbe,  218,  230,  231,  334, 
522-526. 

Rhussuccednnea.  Voy.  Arbre  à  cire. 

—  vfrnicifera,    Voy.     Vernis    de 
Chine  et  du  Japon. 

Ricin,  106,  761. 

Riz,  232,  233,  574,  611. 

—  aquatique,  38-41  . 
Robinier,  383. 

Rosier,  366,   383,    454,612-614, 

oo. 
Roucou,  512. 
Safran,  512,  612. 
Sanguinaria  canademis,   456,  638, 
Sarracenia  purpurea,  456,  638. 
Sarrasin,  61 1 . 
Saule,  133,  574. 
Scammonée,  612. 
Seigle,  611. 
Séné,  232,  233. 
Seringat,  381,  383. 
Sésame,  232,  233.  611. 
Silène,  381,  383. 


Sorbiers,  381. 

Sorgho  sucré,  120,  775,  790. 
Sparte,  99,  167. 
Spirée^;,  3  81,  383. 
Slrelitzia  Quensoni^  655. 
Sureau,  383. 
Symphorines,  383. 
SyriiKjii  cduailcnsis,  285. 
Talwc,  310,  611. 
Tamarix,  381 . 
Tamiis  commiinis^  358. 
Tan  rouge,  576. 
Tavouloo,  124. 
Tecl<,  633,  685. 
Tétragonie  étalée,  656. 
Thé,  279,  627,  702. 

—  Paraguay,     365,     366,    637, 
702. 

Thiaspi,  383. 

Thuia  614. 

Tomate,  61 1. 

Topinambour,  321 ,  611. 

Trelle,  451 . 

Tnllium^   638. 

Urtica  nivea  (^Tchou-ma),  299. 

Vanille,  279,  453,  457. 

Vernis  de  Chine.  151 ,  225,  311 . 

—  du  Japon,  225,  311,  383. 
Véronique,  383. 

Vigne,  74,    106,    123,  284,  285, 

383,  575,  578,   615,  773. 
Violette,  238. 

—  de  Valence,  238. 
Viorne,  383. 
Weigelia,  381,  383. 

Yerba  mate.  V.  Thé  du  Paraguay. 
Yucca,  683. 

Zizania  aqualica.  Voy.   Riz  aqua- 
tique. 
Zostère,  390. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS 

MENTIONNÉS  DAXS   CE  VOLUME. 


S.  Exe.  M.  LE  Ministre  des  affaires 
ÉTRANGÈRES.  EnvoicieVeps  àsoiedu 
Chêne  Ya-ma-niaï,  par  M.  l'oinpe 
van  Meerdervoort,  71. 

—  Don  d'un  troupeau  de  Lamas  et 
d'Alpacas  fait  à  S.  M.  l'Empereur 
parle présidentde  l'Equateur,  71 . 

—  Envoi  d'une  collection  d'animaux 
vivants  de  Ceyian,  229. 

—  Sur  l'embarquement  de  ces  ani- 
maux, 229. 

—  Instructions  adressées  à  la  léga- 
tion de  Pékin  et  aux  consulats 
généraux  de  Shang-ha'i  et  de 
Yeddo,dans  l'intérêt  delà  sérici- 
culture française,  31  2. 

S.  Exe.  M.  LE  Ministre  de  l'agri- 
culture. Envoi  de  "Vers  à  soie 
Ya-ma-ma'i,  71 . 

■ —  Envoi  de  cocons  vivants  de  'Vers 
à  soie  du  Chêne  de  Chine,  313. 

S.  Exe.  iM.  le  Ministre  de  la  marine. 
Sur  l'embarqupment  des  Lamas 
offerts  à  S.  M.  l'Empereur,  72. 

—  Sur  l'embarquement  d'une  collec- 
tion d'animaux  vivants  de  Ceyian, 
229. 

—  Sur  le  développement  de  la  So- 
ciété d'acclimatation  a  la  Réunion, 
313. 

—  Sur  les  facilités  qui  seront  ac- 
cordées au  comité  de  pisciculture 
de  Marseille,  57  9. 

AucAPiTAiNE  (le  baron).  Sur  le  Mou- 
flon de  Corse,  170. 

Balcarce.  Sur  les  races  ovines  de 
la  république  Argentine,  529. 

Bahrier.  Introduction  delà  Chufa  en 
Espagne,  3  46. 

Barthélémy- Lapommerate.  Hybrides 
de  Perdrix  Cambra  et  de  Pcrdix 
siinnicn,  485. 

—  Nouvelle  tentative  d'introduction 
du  Gourami  en  France,  739. 


Bataille  (V.).  Sur  certains  Poissons 

de  la  Guyane,  668. 
Baud  (V.),  Sur  le  Thé  du  Paraguay. 

637. 
Berg  .  Sur  l'acclimatation  de  Poissons 

et  d'Arbres  fruitiers  à  la  Réunion, 

576. 

—  Des  Insectes  herbivores  qui  en- 
vahissent la  Canne  à  sucre. — Le 
Borer,  670. 

Berthemy.  Sur  le  prétendu  Polype 
à  vinaigre  de  Chine,  520, 

Black.  Envoi  d'animaux  vivants 
d'Australie,  636. 

Bretagne  (Ch.).  Sur  la  Praire  (FenMs 
iterrucosa),  1  84. 

Caillaud  (René).  Élevage  de  certains 
Poissons  de  mer  dans  les  eaux 
douces,  189. 

Chabaud.  Envoi  d'un  Zèbre  du  cap 
de  Bonne-Espérance,  455 

Chauveau  (Mgr.  ),  Sur  la  Rhubarbe 
du  Tibet,  230. 

Chavannes  (A.).  Éducation  du  Bom- 
byx Ya-ma-nuiï,  609. 

—  Sur  une  modification  à  apporter 
dans  l'éducation  du  Bombyx  Cyn- 
Ihia,  741  . 

Cordier.  Des  moyens  à  employer 
pour  l'amélioration  des  laines  en 
Algérie,  733. 

Cottle.  Sur  les  'Vers  à  soie  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  194. 

Dabry.  Envoi  d'animaux  vivants  de 
Chine,  51  9. 

—  Pisciculture  en  Chine,  556. 

—  Culture  du  Coton  dans  le  Hou-pé, 
567. 

—  Animaux  et  Poissons  de  Chine, 
636. 

Davelouis(G.).  Riz  aquatique (Z/gu- 

nia  aqwitica),  38. 
Debains.  Compte  rendu  du  journal /e 
Jardin  zoologique  de  Francfort,  233. 


808        SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE    d'aCCLIMATATION. 


Delaporte.  Envoi  d'animaux  de 
Bagdad,  577. 

DesNouues  de  la  CACAUDiÈtîE.  Pisci- 
culture,  78y. 

Djémil.  Adhésion  et  souscription  de 
S.  M.  le  Sultan,  704. 

Drohyn  de  Lhuys.  Discours  d'ouver- 
ture de  la  séance  publique  du 
1  0  lévrier  1  863,  vin. 

—  Discours  sur  la  mort  de  M.  Mo- 
quin-Tandon,  161. 

—  Adhé.-ion  de  S.  M.  le  roi  de  Por- 
tugal, 371. 

—  Sur  le  Vanillier  de  Panama,  457. 

—  Adhésion  de  S.  A.  le  bey  de  Tu- 
nis, 51  s. 

—  Envoi  d'Ortie  blanche  de  Chine, 
par  Mgr  Guillemin,  578, 

—  Adhésions  de  S.  M.  le  roi  de 
Suède  et  de  Norvège,  et  de  S.  M. 
le  roi  des  Hellènes,  704. 

DuFouR.  Études  et  expériences  séri- 
cicoles  de  1860  à  1862,  335. 

—  Sur  h'S  animaux  et  les  végé- 
taux utiles  de  la  Turquie,  540, 
611. 

Éprémesnil  (comte  d').  Rapport  au 
nom  de  la  Commission  des  récom- 
penses, LXIV. 

Fabre.  Sur  le  troupeau  de  Lamas  et 
d'Alpae;)S  oflérl  à  l'Empereur  p;:r 
le  président  de  la  républi(iue  de 
l'Equateur,  5!  8. 

Florès  (Antonio).  Sur  un  troupeau 
de  Lamas  et  d'Alpacas  oflert  à 
l'Empereur  par  le  pré>ident  de  la 
république  de  l'Equateur,  373. 

Gantés  (vicomte  de).  Développement 
qui  peut  être  donné  à  la  culture 
du  Coton  en  Algérie,  691. 

Gauldrée-Boilleau.  Envoi  d'arbres 
fruitiers  et  forestiers  du  Canada, 
283. 

—  Essences  forestières  du  Canada, 
456. 

—  EnvoideplantesduCanada,  637. 
Geoffroy  Saint-Hilauie  (A.)  et  J.-L. 

SouDEiRAN.  Questionnaire  adres^é 
à  MM.  les  ministres  et  consuls  de 
France.  593. 


GiLLET  DE  Grandmont  (A.).  La  FérH . 
—  Incubation  ,  éclosion  ,  .éduca- 
tion, 1  6. 

—  Education  des  Saumons  au  lac 
Pavin,  261. 

—  Education  du  Saumon  dans  les 
lacs,  332. 

—  Rapport  sur  les  pontes  des  Pois- 
sons de  mer,  385. 

Graells  (P.).  Acclimatation  d'ani- 
maux d'espèces  nouvelles  en  Es- 
pagne, 371 . 

Granié.  Observations  sur  l'élevage 
des  Gallinacés,  324. 

GuÉRiN- Méneville.  Compte  rendu 
sommaire  des  travaux  sur  l'indus- 
trie de  la  siàe  en  1  862,  101. 

—  et  DuFOUR.  Etudes  et  expé- 
riences sériricoles  de  1860  à 
18G2,  335. 

—  Sur  les  progrès  de  l'acclima- 
tation du  Ver  ii  soie  du  Chêne 
[Hoinbij.c  Ya-md-inaï),  428. 

—  Don  de  graines  de  Bombyx  Ce- 
cropia,  457. 

Hardy.  Situation  des  dernières  plan- 
tations fl'esjièces  ligneuses  exoti- 
ques au  Jardin  d'acclimatation 
d'Alger,  677. 

Hébert.  Société  d'acclimatation  de 
la  Réuni  m,  232. 

—  Uapporl  sur  les  Chèvres  d'Angora 
et  les  Yaks  confiés  à  litre  de 
cheptel  à  MM.  Euriat  et  Lequin, 
321. 

—  Culture  du  Quinquina  aux  Indes 
anglaises,  374. 

—  Société  d'acclimatation  et  d'his- 
loiie  naturelle  de  l'île  de  la  Réu- 
nion, 706. 

—  Acclimatation  en  Australie,  707. 

—  Culture  du  Coton,  789. 

—  Culture  du  Sorgho.  789. 

Jacqufm.\rt.  Rapport  de  la  Commis- 
sion de  comptabilité  de  la  Société 
impériale  zoologique  d'acclimata- 
tion, Lxxn. 

—  Sur  le  troupeau  de  Lamas  et 
d'Alpacas  importé  en  France  en 
1860,  1. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS.        S09 

talion  du  Casoar  eu  Angleterre, 
par  M.  W.  Bennell,  91. 
PicHOT.  La  crise  du  coton  en  Angle- 
lerre.et  le  rôle  que  l'acclimatation 
est  appelée  à  jouer  dans  cette 
crise,    136. 

—  Fondation  d'un  jardin  d'acclima- 
tation a  Moscou,  130. 

—  Sur  l'exposition  delà  race  canine 
au  Jardin  d'acclimatation,  377. 

Pinçon  (J.).  Éducation  du  lioinùijx 
Yn-ma-maï au  Jardin  d  acclimata- 
tion, 43G. 

Pompe  van  Meerdervoort.  Notice  sur 
l'éducation  (lu  Yer  à  soie  du  Chêne, 
ou  Ya-ma-maï  du  Japon,  21 . 

—  Conservation  et  culture  des  œufs 
de  Vers  à  soie  sauvages  du  Japon, 
606. 

—  Introduction  en  Europe  du  Ver 
à  soie  du  Chêne  du  Japon,  639. 

Quiiiou.  Poire  de  terre  Cochet,  344. 
Ramel.  Acclimatation  de  l'Emeu  en 
7\ngleterre,  73. 

—  Premier  rapport  annuel  du  con- 
seil de  la  Société  d'acclimatation 
de  Melbourne,  1  52. 

—  Troisième  séance  publique  an- 
nuelledelaSociéléd'acchmalalion 
de  la  Grande-Bretagne,  316. 

—  Progrès  de  la  Société  d'acclima- 
tation de  Melbourne,  316. 

—  Mulliplicalion  des  animaux  indi- 
gènes en  Australie,  317. 

—  Bombyx  grand  Atlas  de  l'Inde, 
318. 

—  L'Abeille,  le  Porc,  la  Rhubarbe 
en  France,  .5  22. 

—  Le  Cotonnier  vivace  du  Pérou, 
709. 

Richard  (du  Cantal).  Les  Yaks  du 
Tibet  et  les  Chèvres  d'Angora, 
81. 

—  Fabrication  du  fromage  de  Hol- 
lande propre  aux  approvisionne- 
ments de  la  marine,  465. 

RocHUssEN,  Culture  du  Quinquina  à 

Java,  198,  264. 
Rouer- Desgenettes.  Possibilité  d'ac- 


Jacocemart.  Sur  la  fécondité  de  cer- 
taines races  de  Moutons  chinois, 
423. 

—  Rapport  sur  les  tentatives  faites 
pour  l'introduction  en  France  du 
Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine 
[Bombiix  Permii),  430. 

Julien  (Stanislas).  Note  sur  diffé- 
rentes espèces  de  Moutons  de 
Chine,  597. 

KœNiG-BEY  (S.  Exe).  Sur  l'accli- 
n'.atation  du  Gourami,  314. 

Labbé.  Pisciculture,  785. 

Lamiral(E.).  Second  rapport  sur  un 
essai  d'acclimatation  des  E|)onges 
de  Syrie,  dans  les  eaux  françaises 
de  la  Méditerranée,  8. 

—  et  TuRREL.  Mémoire  pour  ser- 
vir à  la  demande  d'autorisation 
d'établissement  de  pêcheries,  etc. , 
93. 

—  Sur  la  poutargue,  330. 
Lawson  (M'"').  Ver  à  soie  canadien 

(Bombyx  Cecropia),  674. 

Leblanc.  Léporides,  705. 

Lecreux(J.).  Sur  la  Pommedeterre, 
617. 

Lémont  (vicomte  de''.  Envoi  d'ani- 
maux vivants  du  Brésil,  455. 

Manès.  La  Canne  à  sucre  à  la 
Réunion,  743. 

MiLLY(de!.  Sur  l'éducation  dufiom- 
bijx  Cijiilhia^  et  de  la  culture  de 
l'Àilanle,  191. 

Montravel(L.  t.  de).  Don  d'ani- 
maux de  la  Guyane,  704. 

Mueller  (Ferdinand).  Sur  la  Société 
d'acclimatation  de  Victoria ,  et 
envoi  d'animaux  de  Melbourne, 
314. 

NûUHEs  DE  LA  Cacaudière  (des).  Sur 
la  pisciculture,  458. 

Passy  (A.).  Sur  la  mort  de  M.  Mo- 
quin-Tandon,  161. 

Perny  (le  R.  P.  Paul).  Envoi  de 
cocons  vivants  du  Ver  à  soie  du 
Chêne  de  Chine  [Bombyx  Pernyi), 
151. 

PicuoT  (Pierre).  Tentative  d'acclima- 


810       SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMÂTATION 

climalerlesSalnionésdansleseaux 


de  la  Marne,  258. 
RuFZDELAvisoN(E.).SurrAquarium 
du  Jardin  d'acclimatalion,  xlvii. 

—  Des  croisements,  57. 

—  Bulletins  mensuels  du  Jardin 
d'acclimalation,  79,  157,  236, 
379,   462,  649. 

—  Rapport  sur  l'exposition  des  Vo- 
latiles au  Jardin  d'acclimatalion, 
241. 

—  Rapports  présentés  aux  assem- 
blées généralesdes  actionnaires  du 
Jardin  d'acclimatation  du  29  avril 
1862,  et  du  30  avril  1863,  583. 

—  Métis  et  hybrides  au  Jardin  d'ac- 
climatation, 642. 

—  Léporides,  705. 

—  De  l'acclimatation  comme  doc- 
trine du  peuplement  de  la  terre, 
710. 

—  Rapport  sur  le  Jardin  d'accli- 
matalion en  1863,  722. 

Sacc.  Coimnba  mystacea,   230. 

—  Dindon,  663. 

—  Grues,  736. 

—  La  Chufa,  758. 

SicARD.  Graine  de  Calh-sé,  752. 

—  Pisciculture,  785. 

Simon  (Eugène).  Envoi  de  cocons 
vivants  de  Bombyx  Periiyi,  Ver 
à  soie  sauvage  du  Chêne  de  Chine, 
231. 

—  Le  Pin  pei-go-song  de  Chine , 
281 . 

—  Le  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine, 
600. 

—  L'Arbre  à  vernis  de  la  Chine  et 
du  Japon,  745. 

SouBEiRAN.  Rapport  sur  les  travaux 
de  la  Société  impériale  d'acclima- 
tation, en  1  862,  xiii. 

—  Culture  du  Cotonnier,  24. 

■ —  Procès-verbaux  des  séances  gé- 
nérales de  laSociétéetdes  séances 
du  Conseil,  42,  51,  116,  128, 
207,  215,  225,  286,  292,  304. 
351,  362,  438,  447,  513,  568, 
623,  695. 


SouBEiRAN .  Rapport  sur  les  Vipères  de 
France,  396. 

—  et  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Questionnaire  adressé  a  MM.  les 
ministres  et  consuls  de  France, 
593. 

SuQUET  (Noël).  Expériences  d'accli- 
matation au  jardin  zoologique  de 
Marseille  en  1862,  84. 

Teil  (baron  du).  Culture  du  Cafier, 
et  éducation  du  Ver  à  soie  du 
Mûrier  à  Guatemala.  578. 

Teyssier  des  Farges.  L'albinisme 
observé  sur  quelques  Poules  delà 
Flèche,  174. 

—  Influence  des  milieuxsurla  laine, 
657. 

Tdrrel  etE.  Lamiral.  Mémoire  pour 
servir  à  la  demande  d'autorisation 
d'établissement  depêcheries,  etc., 
93. 

Valenciennes.  Espèces  de  Poissons 
qui  peuvent  être  entrelenus  vi- 
vants dans  les  aquariums  ,   177. 

Vauchelet.  Sur  les  Poissons  de  rivière 
de  la  Guadeloupe,  et  particulière- 
ment sur  le  Pisquet,  492. 

ViENNOT.  Des  diverses  cultures  en 
Egypte,  232. 

—  L' Alouette-pie  d'Australie,  318. 

—  L'acclimatation  en  Angleterre, 
en  1862,  459. 

—  Les  productions  de  la  Mongolie, 
480. 

—  Le  Banteng,  526. 

—  Le  fromage  façon  Hollande  fa- 
briquépar  M.  Richard(du  Cantal), 
579. 

—  La  pêche  du  Hareng  dans  le 
Royaume-Uni,  580. 

—  Citrouille  des  Yaks,  789. 
Vilmorin-Andrieux.   Envoi  de  Bhus 

succedanea,  315. 

ViNsoN  (A.).  Du  Ver  à  soie  de  Mada- 
gascar, 504. 

Wallut.  Rapport,  au  nom  de  la 
3*^  Section  ,  sur  le  projet  de 
rétablissement  des  madragues , 
163. 


TABLE  DES  M  ATI  EUES. 


SEPTIÈME  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE   DE   LA  SOCIÉTÉ 
IMPÉRIALE  ZOOLOGIQUE  D'ACCLIMATATION. 

Procès-verbal  de  la  septième  séance  publique  annuelle,  tenue  le 

10  février  1863,  a  l'iiôlel  de  ville i 

Prix  extraordinaires  proposés  par  la  Société ii 

Prix  fondé  par  M.  Davin vi 

Prix  fondé  par  M.  le  docteur  Sacc vr 

Prix  fondés  par  madame  GuÉRiNEAu,  née  Delai.ande vi 

Primes  fondées  par  un  membre  anonyme  de  la  Société vi 

Prix  fondé  par  M.  THEiLi.iEn-DEsjARDiNs vi 

Prix  fondé  par  M.  L.  Althammer,  d'Arco  (Tyrol) vu 

MM.  Drouyn  DE  Lhuys.  — Discours  d'ouverture viii 

L.  SouBEiRAN.  —  Rapport  sur  les  travaux  delà  Société  impé- 
riale zoologique  d'acclimatation xiii 

E.  Rdfz  de  Lavison.  —  Sur  l'Aquarium  du  Jardin  d'acclima- 
tation.  ., XLvn 

Le  comte  d'EpRÉMESNiL.  —  Rapport  au  nom  de  la  Commission 

des   récompenses ". lxiv 

DOCUMENTS  RELATIFS  A  LA  SOCIÉTÉ. 


V 


Organisation  pour  l'année  1863 

Liste  des  Sociétés  affiliées  et  agrégées  à  la  Société  impériale  d'ac- 
climatation   vij 

Huitième  liste  supplémentaire  des  membres  de  la  Société.   ...  ix 

GÉNÉRALITÉS. 

Frédéric  Jacquemart.  —  Rapport  au  nom  de  la  Commission  de 

comptabilité  de  la  Société lxxii 

Noël  SuQUET.  —  Expériences  d'acclimatation  au  Jardin  zoologique 

de  Marseille  en   1862 84 

TuRREL  et  E.  Lamiral.  —  Mémoire  pour  servir  à  la  demande  d'au- 
torisation d'établissement  de  pêcheries,  etc 93 

Gl'érin-Méneville.  —  Compte  rendu  sommaire  des   travaux  sur 

l'industrie  de  la  soie  en  1862 101 

Mort  de  M.  Moquin-Tandon ^61 

Exposition  universelle  de  Chiens  au  Jardin  d'acclimatation,  règle- 
ment  , qjC) 

"Vente  d'un  jeune  taureau  Sarlabot ^40 

J.  L.  S0UBEIRAN. —  Rapport  sur  les  Vipères  de  France 396 

Le  même  et  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  —  Questionnaire  adressé 

à  MM.  les  ministres  et  consuls  de  France 593 

Richard  (du  Cantal).  —  Fabrication  du  fromage  de  Hollande  propre 

aux  approvisionnements  de  la  marine 465 


812      SOCIÉTÉ   IMPÉRIALE    ZUOLOGIQUE  d'AGCLIMATATIOIN. 

T.  C.  ViENNOT.  —  Note  sur  les  productions  do  la  Mongolie.    ,  .   .     480 
Ddfour. — Surles  animauxel  les  végétaux  utiles  de  la  Turquie.  540,  6t1 
E.  RuFz  DE  Lavison.  —  Rapports  présentés  aux  assemblées  géné- 
rales des  aciionnaires  du  Jardin  d'acclimatation,  du  29  avril 

1S62  et  du  30  avriM863 583 

Le  même.  —   Rapport  sur    le    Jardin    d'acclimatation    pendant 

l'année  1863 722 

MAMMIFÈRES. 

Fréd.  Jacquemart.  — Sur  le  troupeau  de  Lamas  etd'Alpacas,  importé 

en  France  en  18C0 ,| 

Le  même.  —  Sur  la  fécondité  de  certaines  races  de  Moutons  chinois.  423 
Richard  (du  Cantdl).   —  Sur   les  Yaks  du  Tibet  et  les  Chèvres 

d'Angora ^ 3^ 

Baron  Aucapitaine.  —  Sur  le  Moullon  de  Corse 170 

Héhert.  —  Rapport  sur  les  Chèvres  d'Angora  et  les  Yaks  confiés 

à  titre  de  cheptel  à  MM.  F-uriat  et  Lequin 321 

Balcarce.  —  Sur  les  races  ovines  de  la  république  Argentine.  .  .  529 
Stanislas  Julien.   —  Note  sur  diiïérentes  espèces  de  Moutons  de 

Chine 597 

Tevssier  DES  Farges.  — Influence  des  milieux  sur  la  laine 657 

CoRDiER.  —  Des  moyens  à  employer  pour  l'amélioration  des  laines 

en  Algérie 733 

OISEAUX. 

Pierre  Pichot.  —  Tentative  d'acclimatation  du  Casoar  en  Angle- 
terre par  M.  W.   Bennett 91 

Teyssier  des  Farges.  — Sur  l'albinisme  observé  sur  quelques  Poules 

de  la  Flèche 174 

Docteur  Rufz  de  Laviso.n.  —  Rapport  sur  l'exposition  des  Volatiles 

au  Jardin  d'acclimatation 241 

Granik.  —  Observations  sur  l'élevage  des  Gallinacés 324 

Bartiiélemy-Lapoiimeraye.  —  Hybrides  de  Perdrix  Cambra  et  de 

Pirdix   sijnaicu 485 

Docteur  Sacc.  —  Sur  le  Dindon 663 

Le  même.  —  Sur  les  Grues 736 

POISSONS,  CRUSTACÉS,  ANNÉLIDES  ET  ZOOPHYTES. 

E.  Lamibal.  —  Second   rapport  sur  un  essai  d'acclimatation  des 

Éponges  de  Syrie  dans  les  eaux  françaises  de  la  Méditerranée.  8 

Le  même.  —  Sur  la  poutargue 330 

A.  G.  DE  Grandmom. — La  Fera. — Incubation,  éclosion,  éducation.  16 

Le  même.  —  Éducation  des  Saumons  au  lac  Pavin 261 

Le  même. — Éducation  du  Saumon  dans  les  lacs 332 

Le  niême.  —  Rapport  sur  les  pontes  des  Poissons  de  mer.  .   .   .  385 
"Wallut.  —  Rapport,  au  nom  de  la  3''  Section  ,  sur  le  projet 


TABLE   DES    MATIÈRES.  SIS 

de  rélablissenienl  des  madragues .      163 

Valenciennis.  —  Sur  les  espèces  de  Poissons   qui  [)euve!it.  être 

eiilrelenus  vivants  dans  les  Aquariums 177 

(]li.  Bretagne.  —  Sur  la  Praire  [Venus  verrucosd). 184 

René  Caillaud.  —  Elevage  de  certains  Poissons  de  mer  dans  les 

eaux  douces 189 

Rogeh-Desgenettes.  —  Possibilité  d'acclimater  les  Salmonés  dans 

les  eaux  de  la  Marne 258 

Vauchelet.  — Sur  les  Poissons  de  rivière  de  la  Guadeloupe,  et  par- 
ticulièrement sur  le  Pisquet 492 

P.  Dabry.  —  Sur  la  pisciculture  en  Chine 556 

V.  Bataille.    -  Sur  certains  Poissons  de  la  Guyane 668 

Barthélemy-Lapommeraye.  —  Nouvelle  tentative  d'introduction  du 

Gourami  en  France 739 

INSECTES. 

Pompe  van  Meerdervoort.  —  Notice  sur  l'éducation  du  Ver  à  soie 

du  Chêne  ou  Ya-v^a-mnï  du  Japon 21 

Le  même.  —  Notices  sur  la  conservation  et  la  culture  des  œufs  de 

Vers  à  soie  sauvages  du  Japon 606 

De  MiLLY.  —  Sur  l'éducation  du  Bombyx  Cynlhia  et  la  culture 

de  l'Ailante 191 

Cottle.  —  Sur  les  Vers  à  soie  de  l'Amérique  du  Nord 194 

DcroLR  et  Guérin-Méneville.  —  Études  et  expériences  séncicoles 

de    1860  à    1862 335 

E.  Guérin-Méneville.  — Sur  les  progrès  de  l'acclimatation  du  Ver 

à  soie  du  Chêne  {Bombyx  Ya-ma-mai) 428 

Fr.  Jacquemart.  — Rapport  sur  les  tentatives  faites  pour  l'introduc- 
tion en  France  du  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine  [Bombyx 
Pernyi) 430 

J.  Pinçon.  — Éducation  du  Bombyx  Ya-ma-maï  3u  Jardin  d'accli- 
matation      436 

A.  ViNsoN.  —  Du  Ver  à  soie  de  Madagascar 504 

Eug.  Simon.  —  Notice  sur  le  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine.   .   .   .     600 

A.  Chavannes.  —  Èducaùonàa  Bombyx  Ya-ma-mm 609 

Le  même.  —  Notice  sur  une  modification  à  apporter  aux  éducations 

du  Bombyx  Cynthia 741 

Docteur  Berg.  —  Des  insectes  herbivores  qui  envahissent  la  Canne 

à  sucre.  —  Le  Borer 670 

Madame  Lawson.  —  Sur  le  Ver  à  soie  canadien  [Bombyx  Cccropia).      674 

VÉGÉTAUX. 

L.  SouBEiRAN.  —  Note  sur  la  culture  du  Cotonnier 24 

G.  Davelouis. — Sur  le  Hiz  aquatique  (Z(;aH/a  ar/uai/ca) 38 

RocHussEN.  —  Culture  du  Quinquina  à  Java 198,264 

Eugène  Simon.  —  Le  Pin   pei-go-song  de  Chine 281 

Le  même.  —  Notice  sur  l'Arbre  à  vernis  de  la  Chine  et  du  Japon.  743 
GAnLDRÉE-BoiLLEAu.  —  Envoi  d'arbres   fruitiers   et  forestiers  du 

Canada 283 


814      SOCIÉTÉ    IMPÉRIALE   ZOOLOGIQUE   d'aCCLIMATATION. 

QuiHon.  — Sur  la  Poire  de  terre  Cochet. 344 

Barbier.  —  Introduction  de  la  Chufa  en  Espagne 346 

P.  Dabry.  ■ —  Sur  la  culture  du  Coton  dans  le  Hou-pé 567 

J.  Lecreux.  —  Sur  la  Pomme  de  terre 617 

Hardy.  —  Situation  des  dernières  plantations  d'espèces  ligneuses 

exotiques  au  Jardin  d'acclimalalion  d'Alger.   . 677 

Vicomte  de  Gantés.  • —  Développement  qui   peut  être  donné  à  la 

culture  du  Coton  en  Algérie 691 

Manès.  —  Sur  la  Canne  à  sucre  à  la  Réunion 743 

Docteur  A.  Sicard.  —  Sur  la  graine  du  Calh-sé 752 

Docteur  Sacc.  — Sur  la  Chufa 758 

EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX. 

Procès -verbaux  des  séances  générales  de  la  Société. 

Séance  du  9  janvier,  p.  42.  —  Séance  du  23  janvier,  p.  51 .  —  Séance 
du  6  février,  p.  116.  —  Séance  du  20  février,  p.  128.  —  Séance 
du  6  mars,  p.  207.  —  Séance  du  20  mars,  p.  215.  —  Séance  du 
10  avril,  p.  2'?5.  — Séance  du  17  avril,  p.  286.  —  Séance  du 
1"  mai,  p.  292.  — Séance  du  15  mai,  p.  304.  — Séance  du 
29  mai,  p.  351.  —  Séance  du  12  juin,  p.  362.  —  Séance  du 
26  juin,  p.  438.  — Séance  du  11  décembre,  p.  759.  —  Séance 
du  24  décembre,  p.  776. 

M  Procès-verbaux  des  séances  du  Conseil. 

Séance  du  17  juillet,  p.  447.  —  Séance  du  31  juillet,  p.  513.  — 
Séance  du  28  août,  p.  568.  —  Séance  du  2  octobre,  p.  623.  — 
Séance  du  30  octobre,  p.  695. 

CONFÉRENCES  ET  LECTURES.      . 

RiiFz  DE  Lavison.  —  Des  croisements 57 

Le  même. — Métis  et  hybrides  au  Jardin  d'acclimatation 642 

Le  même.  —  De  l'acclimalaiion  comme  doctrine  du    peuplement 

de  la  terre 710 

H.  Pierre  Pichot.  —  La  crise  du  coton  en  Angleterre,  et  le  rôle 

que  l'acclimatalion  est  appelée   à  jouer  dans  cette  crise.   .  .  136 

FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 

S.  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  et  S.  Exe.  le  Ministre 
de  l'agriculture,  Vers  à  soie  du  Chêne  du  Japon.  —  Don  de 
Lamas  et  Alpacas  par  le  président  de  l'Equateur.  —  S.  Exe. 
le  Minisire  de  la  marine  et  des  colonies,  sur  l'embarquement 
de  ce  troupeau.  —  Sur  le  Cotonnier  arbre  du  Pérou.  — 
P.  Ramel,  acclimatation  de  l'Emeu  en  Angleterre 1\ 

Pierre  Pichol,  fondation  d'un  jardin  d'acclimalalion  à  Moscou.  — 
R.  P.  Paul  Perny,  envoi  de  cocons  vivants  du  Ver  à  soie  du 
Chêne  de  Chine  [Bombyx  Pernyi) 150 


TABLE   DES    MATIÈRES.  815 

S.  Exe.  le  Minisire  des  affaires  étrangères,  envoi  d'une  collection 
d'animaux  vivants  de  Ceylan. —  Transport  de  ces   animaux. 

—  Sacc,   sur  la  Columba  myslacc-a.  ■ — ^  Mgr  Chauveau,  sur 
la  Rhubarbe  du   Thibet.  —  Eog.    Simon,   envoi  de  cocons 
vivants  de  Bombyx  Pernyi,  Vers  à  soie  sauvages  du  Chêne  de   ; 
Chine 229 

S,  Exe.  le  Ministre  des  affaires  étrangères,  instructions  adressées 
à  la  légation  de  Pékin  et  aux  consulats  généraux  de  Shang- 
haï et  de  Yeddo,  dans  l'intérêt  de  la  sériciculture  française. 

—  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'agriculture,  envoi  de  cocons 
vivants  de  Vers  à  soie  du  Chêne  de  Chine.  —  S.  Exe.  le  Mi- 
nistre de  la  marine,  sur  le  développement  de  la  Société  d'ac- 
climatation à  la  Réunion.  —  S.  Exe.  M.  Kœnig-bey,  sur 
raecIiinatalionduGourarni. — Ferd.  Mueller,  sur  la  Société  d'ac- 
climatation de  Victoria,  et  envoi  d'animaux  de  Melbourne.  — 
Vihnorin-Andrieux,  envoi  de  Rlius  succedanea.    ......      312 

S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys,  lettre  annonçant  que  S.  M.  le  Roi 
de  Portugal  autorise  l'inscription  de  son  nom  sur  la  liste  des 
protecteurs  de  la  Société.  • —  P.  Graells,  acclimatation  d'ani- 
maux d'espèces  nouvelles  en  Espagne.  —  Antonio  Florès, 
sur  un  troupeau  de  Lamas  et  d'Alpacas  offert  à  l'Empereur  par 
le  président  de  la  république  de  l'Equateur  . 371 

Chabaud,  vice-consul  de  France  à  Port-Élisabeth,  envoi  d'un  Zèbre 
du  cap  de  Bonne-Espérance.  —  Vicomte  de  Lémont,  consul  de 
France  à  Pernambouc,  envoi  d'animaux  vivants  du  Brésil.  — 
Gauldrée-Boilleau,  consul  général  de  France  au  Canada,  sur 
les  essences  forestières  du  Canada.  —  Guérin-Méneville,  don 
degramesdeBombijxCccropia.  —  S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys, 
sur  le  Vanillier  de  Panama.  —  Des  Nouhes  de  la  Cacaudière, 
sur  la  pisciculture 4ou 

S.  Exe.  M.  Drouyn  de  Lhuys,  lettre  annonçant  que  S.  A.  le  bey 
de  Tunis  autorise  l'inscription  de  son  nom  sur  la  liste  des  pro- 
tecteurs de  la  Société.  — Fabre,  sur  un  troupeau  de  Lamas 
et  d'Alpacas  offert  à  l'Empereur  par  le  président  de  la  répu- 
blique de  l'Equateur.  —  Dabry,  envoi  d'animaux  vivants  de 
Chine.  — Berthemy,  sur  le  prétendu  Polype  à  vinaigre  de 
Chine ■ .     518 

Docteur  Berg,  sur  l'acclimatation  de  Poissons  et  d'arbres  forestiers 
à  la  Réunion.  — •  Delaporte,  consul  général  de  France  à  Bag- 
dad, envoi  d'animaux  de  Bagdad.  —  Son  Exe.  M.  Drouyn  de 
Lhuys,  sur  l'envoi  d  Ortie  blanche  de  Chine  par  Mgr  Guille- 
min.  —  Baron  du  Teil,  culture  du  Cafier  et  éducation  du  Ver 
à  soie  du  Mûrier  ii  Guatemala.  —  Son  Exe.  le  Ministre  de  la 
marine  et  des  colonies,  sur  les  facilités  qui  seront  accordées 
au  comité  de  pisciculture  de  Marseille.  —  Viennot,  sur  le  fro- 
mage façon  Hollande  fabriqué  par  M.  Richard  (du  Cantal)  .    .      576 

P.  Dabry,  sur  des  animaux  et  Poissons  de  Chine.  —  Black,  envoi 
d'animaux  vivants  d'Australie.  —  V.  Baud,  sur  le  Thé  du 
Paraguay.  —  Gauldrée-Boilleau,  envoi  de  plantes  du  Canada.     C36 


« 


81fi      SOCIÉTÉ*  IMPÉRIALE   ^OOLOaiQUE   D  ACCLIMATATION. 

S.  Exe.  M.  prouyii  de  Lhuys,  lettre  annonçant  que  S.  M.  le  Koi 
de  Suède  et  de  Norvège  et  S.  M.  le  ï(oi  de»  Hellènes  auto- 
risent l'inscription  de  leurs  noms  sur  la  liste  des  protecleurs  de 
la  Société.  —  S.  Exe.  Djémil-pacha,  lettre  annonçant  la  sous- 
cription de  S.  M.  le  Sultan,  et  l'autorisation  de  l'insciiplion 
de  son  nom  sur  la  liste  des  protecteurs  de  la  Société.  —  L.  T. 
de  JMontravel,  don  d'animaux  de  la  Guyane.  —  Rufz  de  Lavi- 
son  et  Leblanc,  sur  les  Léporides •  .   .   .     704 

Docteur  Sicard,  P.  Labbé  et  des  Nouhes  de  la  Cacaudière,  pisci- 
culture  785 

CHRONIQUE. 

Société  d'acclimatation  du  nord-est,  sur  le  Bombijx  Cynthia.  —  So- 
ciété d'acclimatation  de  Tarn-et-Garonne,  sur  la  pisciculture  et 
la  sériciculture.  —  Culture  de  l'Arbre  à  suif  en  Algérie.  — 
Extraits  du  Jardin  zoologique  de  Francfort,  sur  YAnas 
tadorna  et  autres  animaux 74 

Ramel,  premier  rapport  annuel  du  conseil  delà  Société  d'acclimata- 
tion de  Melbourne.  —  Acclimatation  dans  l'Afrique  australe. 

—  Extrait  du  journal  le  Jardin  zoologique  de  FrancforL  — 
Importation  des  Moineaux  en  Australie.  —  L'hirudiniculture 
dans   les  Basses-Alpes 152 

Hébert,  Société  d'acclimatation  de  la  Réunion.  —  "\1ennot,  des 
diverses  cultures  en  Egypte. —  Debains,  compte  rendu  du 
jouBBal  le  Jardin  zoologiqtte  de  Francfort 232 

P.  Ramel,  troisième  séance  publique  annuelle  de  la  Société  d'ac- 
climalHtion  de  la  Grande-Bretagne;  progrès  de  la  Société  d'ac- 
climatation de  Melbourne  ;  multiplication  des  animaux  indi- 
gènes en  Australie  ;  sur  le  Bombyx  grand  Atlas  de  llnde.  — 
Viennol,  l'Alouette-pie  d  Australie.    ...       316 

Hébert,  culture  du  Quinquina  aux  Indes  anglaises.  —  P.  Pichot, 

sur  l'exposition  de  la  race  canine  au  Jardin  d'acclimatation.   .     374 

T.  C.  Viennol,  l'acclimatation  en  Angleterre  en '1862 4o9 

Prix  fondés  par  la  Société  d'acclimatation  de  Victoria  (Australie). 

—  Ramel,  l'Abeille,  le  Porc,  la  Rhubarbe  en  France.  — 
Yiennot,  sur  le  Banteng 522 

T.  C.  Viennol,  la  pêrhe  du  Hareng  dans  le  Royaume-Uni.  —  Sur 

le  Tantale  de  l'Afrique  occidentale àSO 

L.C.  Pompe  van  Meerdervoort,  notice  sur  l'introduction  du   Ver  à 

soie  du  Chêne  du   Japon  en  Europe 639 

Hébert,  Société  d'acclimatation  et  d'histoire  naturelle  de  l'île  de  la 
Réunion  ;  acclimatation  en  Australie.  —  P.  Ramel,  le  Coton- 
nier vivace  du  Pérou 706 

Hébert,  culture  du  Coton,  culture  du  Sorgho.  —  Viennol,  la  Ci- 
trouille des  Yaks  (Cîjcur6//a  me/anos^/ernia) '789 

Bulletins  bibliographiques 235,  320,527,720 

Bulletins  mensuels  du  Jardin  d'acclimatation.  79,157,  236,  379,  462,  649 

Omissions  et  errata 78,  160,  315,  38i,  528,  791 


Paris.  —  Iniprimrrii^  di    E.  MlKIl.'lRr,   rue  Sllgnoil,  2. 


mmmmm 


mmmmmBW 


New  York  Botanical  Garden  Librar 


3  5185  00259  9312