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Full text of "Campagne de la Loire en 1870-1871 : Josnes, Vendome, Le Mans ; avec 13 cartes"

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CAMPAGNE DE LA LOIRE 

EN 1870-1871 



JOSNES, VENDOME, LE MANS 



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DU MÊME AUTEUR 



Campagne du Hord. Histoire de la Défense nationale dans le Hord de la 
France en 187(M871. Lavauzelle, [8S7. 

TimbouctOQ. Voyage da D^ Lenz au Maroc, au Sahara et au Soudan. 

Traduction. Hachette, 1887. 

Les Expéditions françaises au Tonkin. H. Noirot, 1888-1889. 

L'Espagne et l'Armée espagnole. Hôtes d'un touriste. Lavauzelle, 1889. 

Le Général Faidherbe et la Défense nationale dans le Hord. Lavnu>!ûlle. 
1890. 

La Russie et l'Invasion de l'Inde. Lavauzelle, 1891. 

Le Lieutenant Manclerc. Mœurs militaires. Lavauzelle, 1891. 

L'Armée et la Marine japonaises. Lavauzelle, 1892. 

Campagne de la Loire en 1870-1871. — Goulmiers, Orléans. Berger-Le- 
vrault et C'>, 1893. 



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<s> 



PIERRE LEHAUTCOURT, {. .^> .>,. |.^^ 



CAMPAGNE DELA LOIRE 

EN 1870-18*71 
JOSNES, VENDOME, LE MANS 



Avec 13 cartes 



BERGER. LEVRAULT ET C'^ ÉDITEURS 



PARIS 

6, HUE DES BEAUX-ARTS 



NANCY 

18^ nUE DES GLACIS 



1895 

Tou9 droite réêervé» 



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CAMPAGNE DE LA LOIRE EN 1870-1871 



JOSNES, VENDOME, LE MANS 



I- PAETIE 
J OS NES 



CHAPITRE 1'" 

COMBAT DE MEUNG 

Situation générale le 5 décembre. — Formation de la 2* armée. — Le 21« corps et la co* 
lonne Gaïuô. — Chanzy arrête son mouvement de retraite.— Instructions du 5 décembre. 
— Ordres de Frédéric^Gharles. — Combat de Meung. — Instructions du 6 décembre. 

L'armée de la Loire venait d'échouer dans le mouvement 
qu'elle avait entrepris pour la délivrance de Paris. Battue à 
Loigny et à Poupry le 2 décembre, elle avait été refoulée 
sur le camp retranché et la forêt d'Orléans. Une série de 
combats livrés les 3 et 4 décembre ne lui avait pas été fa- 
vorable. Le 5, elle était coupée en trois tronçons, dont 
deux suivaient des directions tout à fait divergentes. La 
plus grande partie du 15* corps, les généraux d'Aurelle et 
des Pallières se retiraient sur Salbrig et Vierzon ; les ISVet 
20" corps avaient passé la Loire ou allaient la franchir en 
amont d'Orléans, et suivaient une direction à peu près pa- 
rallèle à la précédente, vers le sud -, enfin les 16® et 17® corps, 

CAMPAONB DB LA LOIRE. II. l 



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2 J08NES, VENDOME, LE MANS. 

avec une fraction du 15®, marchaient sur Blois par les deux 
rives du fleuve, surtout par la rive droite. 

L^ntèntion du général d'Aurelle était d'appeler à lui les 
deux ailes de son armée, dont Tune avait remonté la Loire 
tandis que l'autre la descendait. Il voulait réoccuper le long 
de la Sauldre, à hauteur de Salbris, les positions du 15® corps 
en octobre. Il espérait qu'en peu de jours l'armée serait re- 
constituée et prête à couvrir Bourges ou même à reprendre 
l'oflfensive. Cette manière de voir ne fut pas celle de la dé- 
légation de Tours. Depuis le milieu de novembre des dissen- 
timents sérieux s^étaient élevés entre elle et le général en 
chef; les tristes événements des derniers jours n'avaient fait 
que les accroître. Bien que la responsabilité de ceux-ci fût 
loin d'incomber tout entière à d'Aurelle, la Délégation décida 
de lui retirer son commandement. Le 5 décembre un télé- 
gramme l'informait que la constitution de l'armée en trois 
groupes était maintenue, telle que l'avaient imposée les évé- 
nements. Le commandement en chef de l'armée de la Loire 
disparaissait, et d'Aurclle recevait, en échange, celui des 
lignes de Carentan. Cette compensation parut, à bon droit, 
insuffisante au général, et il s'empressa de la décliner. 

Ainsi l'armée de la Loire était coupée en trois fractions, 
bientôt réduites à deux. Sous les ordres de Bourbaki, la 
1" armée allait compter trois corps, les 15% 18^ et 20% groupés 
dans la direction de Bourges ; la 2*, commandée par l'ancien 
chef du 1&^ corps, général Chanzy, comprenait les 16® et 17*, 
c'est-à-dire la gauche de la primitive armée de la Loire, et le 
21*, que la Délégation avait dirigé sur la forêt de Marchénoir 
pour couvrir Tours et soutenir d'Aurelle \ 

Pour la 2® armée, la situation était particulièrement grave 
le soir du 5 décembre. Des trois divisions du plus solide de 
ses corps d'armée, le 16®, celles des généraux Barry etMo- 



1. De Freycinet, La Guerre en Province, p. 188. Avec un peu d'exagdralion 
?aus doule, rancien délégué à la guerre évalue à 120,000 et à 100,000 hommes 
les efTeclifs de ces deux armées quand les fuyards eurent rejoint, et que les 
vides furent comblés. .La môme évaluation se retrouve dans une dépêche de 
M. Crémieux aux membres du gouvernement de Paris, en date du 17 décembre. 



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COMBAT DE MEUNG. 6 

randy (2* et 3*), considérablement affaiblies, avaient contînaé 
leur retraite sur Mer et même Blois, malgré les ordres ex- 
près de Chanzy. La 1" division, celle de Famîral Jauré- 
guiberry, à laquelle il restait plus de cohésion, était établie 
à Test de Lorges. Le 17* corps occupait l'espace compris 
entre ce point et Poisly, à Tangle sud-est de la forêt de Mar- 
chénoir. Enfin trois des divisions du 21^ corps gardaient cette 
dernière ; la 4*, celle des mobilisés bretons du général Gou- 
geard, était encore à l'ouest de Saint-Calais. 

Afin de mieux couvrir Tours, M. de Freycinet avait dirigé 
vers Beaugency toutes les troupes disponibles sur la Loire. 
Ces 15,000 hommes environ, sous les ordres du général Camô, 
étaient simplement détachés à la 2^ armée, dont ils devaient 
faire partie tant que Chanzy le jugerait utile. Mais cette 
subordination n'était pas assez nettement spécifiée pour 
qu'aucun malentendu ne pût se produire, et nous en verrons 
plus loin les conséquences ^ 

Les positions de la division Camô et celles des 16', 17', 
21* corps formaient un front à peu près continu de la forêt 
de Marchénoir à la Loire. 

Ces troupes de nouvelle formation représentaient un effectif 
considérable, environ cent mille hommes ; mais il s'en fal- 
lait beaucoup qu'elles fussent complètement organisées. Au 
21' corps, par exemple, l'artillerie était attelée au moyen de 
chevaux de réquisition^ pourvus de harnais improvisés ; une 
partie des conducteurs conduisaient leurs attelages en main, 
faute de selles. Les cavaliers, coiffés les uns de képis, les 
autres de casques, quelques-uns portant le devant d'une cui- 
rasse seulement, n'avaient pas une apparence plus régulière. 
Beaucoup de gardes mobiles étaient sans guêtres, ni capotes ; 
un grand nombre manquaient de couvertures. Au 49' mobiles 
(Orne), 300 hommes étaient en sabots '. 

La présence du Gouvernement à Tours et l'importance 



1. La plus grande partie de la colonne Camô fut versée ensuite au 19® corps. 
Le télégramme la mettant aux ordres de Chanzy est du 6 décembre (général 
Chanzy, La deuxième armée de la Loire, p. 487). 

8. Ueutenant-colonel des Moulis, le 49^ régiment des mobiles de VOrne, p. 92* 



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4 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

même du val de la Loire faisaient prévoir que rennemi don- 
nerait à sa poursuite deux directions divergentes au moins. 
Il jetterait des troupes au sud du fleuve et du Loiret, vers 
Vierzon et Bourges, tandis que d'autres marcheraient sur 
Tours par la rive droite, peut-être par les deux rives. On né 
pouvait songer à continuer la retraite dans Tétat actuel de 1» 
2® armée ; les lourdes pertes qu'elle avait subies et surtout la 
dépression morale résultant des deux journées précédentes 
l'auraient exposée à une dissolution complète. De plus, il 
était difficile d'abandonner Blois, Tours et la vallée de la 
Loire, sans laisser au Gouvernement le temps d'en préparer 
l'évacuation. Avec une grande justesse de coup d*œil Chanzy 
prit le parti le plus énergique, en même temps le plus sage : 
il décida de faire tête à l'ennemi en appuyant sa droite à 
la Loire et sa gauche à la forêt de Marchénoir. Si les eircons-^ 
tances le permettaient, il pourrait ainsi reform-er son armée. 
La plaine découverte, faiblement ondulée, qui s'étend au 
nord du fleuve entre Orléans et Blois, présente peu de posi- 
tions défensives d'une certaine étendue. Chanzy fit choix de 
celle qui va de Poisly à Beaugency, en prolongeant là lisière 
est de la forêt de Marchénoir, elle-même perpendiculaire à 
la Loire. Son principal inconvénient résultait de son étendue, 
environ 30 kilomètres. Mais la plus grande partie de son 
front, occupé parla forêt, était difficilement abordable. Quant 
à la trouée de 11 kilomètres comprise entre la forêt et là 
Loire, elle offrait certains avantages pour la défensive ; deux 
vallons aboutissant à Beaugency, une suite de villages, dé 
hameaux ou de fermes, constituaient d'assez bons points 
d'appui sur un terrain aussi découvert. Dans les parties voi- 
sines de la Loire et exposées au midi, le sol est planté de 
vignes qui rendent difficiles les mouvements de l'artillerie ou 
de la cavalerie. Partout ailleurs il est consacré à la culture des 
céréales ou des plantes industrielles : c'est dire que la vue 
et la marche n'y sont aucunement gênées, surtout en hiv-er. 
D'après les instructions que Chanzy donnait à la 2* armée, 
le soir du 5 décembre, les 16® et 17® corps devaient terminer 
le lendemain le ralliement de leurs éléments encore dispersés. 



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COMBAT DE MKUNG. 

£n attendant, ils continueraient d'occuper les positions in- 
diquées dans la soirée du 4, celles de Foisly à Bea\igency, par 
Ourcelles. La brigade Paris, demeurée provisoirement à Binas , 
rejoindrait le 17® corps. Quant au 21*' corps, il garnirait la 
lisière est de la forêt de Marchénoir, d*Ecoman à Poisly par 
Saint-Laurent-des-Bois. Sa réserve serait à Marchénoir, à 
l'ouest de la forêt, et Tune de ses brigades, celle du colonel 
Collet, à Morée. Enfin sa 4* division garderait Vendôme. 

Des dispositions défensives seraient prises sur ces posi- 
tions. On les couvrirait par des avant-postes et des reconnais- 
sances poussées à 10 ou 15 kilomètres vers Test. Quant aux 
troupes, elles cantonneraient, de façon à se refaire le plus 
tôt possible. Seules les grand'gardes seraient sous la tente et 
les petits postes au bivouac. En cas d'attaque, l'armée pren- 
drait une formation sur deux lignes, couvertes elles-mêmes 
par une double chaîne de tirailleurs. De fortes réserves 
seraient constituées. 

La colonne Camô laisserait établis de Beaumont à Meung, 
c'est-à-dire en avant des positions des 16® et 17® corps, les 
détachements qui y étaient déjà. Le soin de couvrir le reste 
de l'armée était confié aux éclaireurs algériens et aux francs- 
tireurs de Paris. Les premiers, soutenus par l'escadron d'é- 
claireurs du capitaine Bernard, devaient se porter à Gravant 
et éclairer le front des 16® et 17® corps. Quant aux francs- 
tireurs de Paris, ils étaient provisoirement rattachés au 
21® corps et recevaient mission d'occuper les débouchés de la 
forêt de Marchénoir, de Poisly à Saint-Laurent-d es-Bois, en 
se couvrant vers Villesiclaire * . 

Dès le matin du 5 décembre, Frédéric-Charles avait pres- 
crit à VA'i^mee'Abtheilung^ de s'étendre jusqu'à Beaugency en 
descendant la Loire, tandis que le III® corps remonterait ce 
fleuve jusqu'à Saint-Denis-de-l'Hôtel, également par la rive 
droite, et que l'avant-garde du IX® corps pousserait sur ïs^ 
rive gauche jusqu'au Loiret. Les premières nouvelles par- 



1. Instruelions du 5 décembre soir, Chanzy, ouvrage cité, p. 104. 

2. I« corps bavarois, 3 7« et 22« divisions d'infanterie, 2* et 4« divisions de 
cavalerie, sous les ordres du grand-duc de Mecklerabourg. (Voir aux annexes.) 



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6 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

venues dans la journée du 5 confirmèrent l'hypothèse qui 
avait dicté ces ordres, et d'après laquelle l'armée de la Loire 
opérait sa retraite à la fois dans les trois directions de Blois, 
Vierzon et Gien. Comme le supposait Chanzy, Frédéric- 
Charles se proposait de jeter simultanément des fractions de 
la IP armée vers Gien et vers la Sologne, tandis que l'Armee- 
Abtheilung marcherait sur Tours. Une fois cette ville évacuée, 
ce qui se produirait sans doute dès l'arrivée des Allemands à 
hauteur de Blois, l'intention du prince était de pousser les 
trois corps prussiens vers le sud, en prenant pour base la ligne 
Vienne, la Ferté Saint-Aubin, Gien^ C'est d'après ces don- 
nées générales qu'il arrêta ses ordres jiour la journée du 6 
(5 décembre, 7 heures du soir). Le IIP corps, couvert à 
gauche par la 1'® division de cavalerie, s'avancerait jusqu'à 
Cliâteauneuf-sur-Loire. La cavalerie du IX* corps explo- 
rerait la Sologne, pendant que la 18® division d'infanterie, 
demeurée jusqu'alors au nord de la Loire, relèverait la 25' 
dont les avant-postes étaient déjà sur le Loiret. Après cet 
inexplicable chassé-croisé, la 25® division serait adjointe à 
l'Armée- Abtheilung, dont elle suivrait le mouvement sur la 
rive gauche du fleuve, avec une brigade de la 2® division de 
cavalerie. Le grand-duc recevait mission de marcher vers 
le sud-ouest, en étendant son front de la Loire à la route 
d'Orléans à Châteaudun. 

Les premiers ordres de Frédéric-Charles portaient au 6 le 
début de cette double opération. Mais en raison de la fatigue 
des troupes, le prince crut devoir accorder à l'Armee-Abthei- 
lung un deuxième jour de repos. Seules ses deux divisions 
de cavalerie se mettraient en marche dès le matin du 6 *. Ce 
retard devait puissamment aider Chanzy dans la reconstitu- 
tion de son armée. 

Le 6 décembre, au matin, nos troupes occupaient les 
emplacements suivants. La colonne mobile de Tours avait à 



1. V. der Goltz, Die OpercUionen der II. Armée an der Loire. C'est dans ce but 
que le III« corps commença le 7 le rétablissement du pont de Sully. 

2. Der deutsch'franzôsische Krieg i870-i87i , par Tétat-major prussien, 
a« parlie, p. 637. 



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COMBAT DE MEUNQ. 4 

Meung le V régiment de gendarmerie à pied ; à Messas, le 
27® mobiles (Isère), le 88® (Indre-et-Loire) et les francs-tireurs 
de TAin; au Mée, sur la route de Beaugency à Châteaudun, 
le 16® Imtaillon de marche de chasseurs ; à Beaumont, le 
59® de marche *« Cinq batteries étaient réparties entre ces 
points. Enfin trois régiments de cavalerie, les 4® lanciers et 
3® hussards de marche, le 1®' régiment de gendarmerie à 
cheval, étaient à Beaumont. 

Il n'est pas besoin d'insister sur les inconvénients de cette 
répartition. Le front de 8 kilomètres environ, qui s'étend de 
Beaumont à Meung, était beaucoup trop considérable pour 
les 15,000 hommes du général Camô. En outre, le régiment 
détaché à Meung ne se reliait que très imparfaitement au 
reste des troupes. 

D'après les ordres de Chanzy, la 2® division du 16® corps 
aurait dû prendre position à Beaugencyi en réserve de la 
colonne Camô. Mais, nous l'avons dit, le général Barry avait 
crû devoir se retirer jusqu'à Blois, et mame au delà. Au reçu 
des inetructions de Chanzy, il ramena sur Mer et Beaugency 
tout ce qu'il put rassembler de sa division. Toutefois, ce 
malencontreux va-et-vient n'était pas terminé dans la soirée 
du 6 *. Quant à la 3® division du 16® corps, général Morandy, 
qui aurait dû prendre position de la ferme Garaimbeaut à 
Grand-Bonnevalet par Pierre-Couverte, derrière la gauche 
de Camô, elle était plus démoralisée encore que la 2®. Ses 
divers éléments, d'effectif très réduit, étaient épars sur la 
route de Blois. On ne pouvait compter sur leur reconstitution 
prochaine. 

A gauche, le 17® corps, moins éprouvé à Loigny ou dans 

1. Chanzy place en outre à Beaumont les francs-éclaireurt de l'armée. Nfais 
le général Camô déclare n'avoir jamais eu connaissance de ce corps franc. 
(Général Camô, Bataille de Josnes, S décembre,) 

3. Le 88® de marche (2® brigade de la division Barry) arriva fort lard à Mer, 
dans la nuit du 4 au 5 ; l'artillerie de la division était déjà à Blois, que Ton 
croyait menacé par les détachements allemands de la rive gauche. Dans la 
soirée du 5, le général Barry dirigea le 38^ sur Blois. Mais à peine ce mou- 
vement était-il terminé qu'un contre-ordre survenait. Le 38®, réduit à 800 hommes, 
repartit le matin du 6 pour Mer qu'il atteignit dans la soirée ; le général en 
était déjà parti pour Beaugency, avec quelques centaines d'hommes (d'Izarny- 
Gargas, Historique du 38^ de ligne). 



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8 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

les journées des 3 et 4 décembre, gardait une meilleure con- 
tenance. Lai" division s'étendait de Loynes à Villemarceau ; 
la 2* occupait Villejouan, Origny et Ourcelles; la 3®, le 
Plessis, Prénay et la Cocardière. Quant à sa cavalerie, elle 
était derrière sa droite, à Clos-Moussu et à Boynes. 

A Lorges, la 1"^ division du IH® corps établissait la liaison 
entre les 17* et 21* ; la cavalerie du même corps d'armée était 
un peu au nord, à Poisly. Enfin, le 21* corps s'étendait de 
Morée à Poisly, comme nous l'avons dit. 

De Morée à Beaugency, l'étendue totale du front occupé 
par la 2* armée n'était pas moindre de 32 kilomètres à vol 
d'oiseau. En outre, la droite de cette longue ligne, unique- 
ment défendue par la colonne Camô, ne pouvait être con- 
sidérée comme suffisamment assurée, chose particulièrement 
grave, étant donné le peu de consistance de nos troupes. 
C'est dans ces conditions qu'eut lieu la première rencontre 
entre elles et les Allemands. 

Le grand-duc de Mecklembourg avait prescrit que, le 6, 
la 4' division de cavalerie s'avancerait jusqu'à Ouzouer-le- 
Marché, et la -2*, jusqu^à Beaugency. Le lendemain, les 17* 
et 22* divisions d'infanterie viendraient s'installer dans l'es- 
pace laissé libre par les escadrons allemands, et le P' corps 
bavarois s'établirait derrière elles, de Villermain à Beaumont. 
En même temps la 25* division marcherait jusqu'à Lailly , sur 
la rive gauche de la Loire, en poussant à Muides la brigade 
de cavalerie qui lui était adjointe. Comme cet ordre l'indique, 
le grand*duc s'attendait à rencontrer une très faible résistance. 
Il croyait n'avoir à ramasser que des fuyards et, dans ce but, 
il se préoccupait de couvrir le plus d'espace possible *. 

Le 6 décembre, la 2* division de cavalerie, renforcée delà 
brigade des cuirassiers bavarois, d'un bataillon et d'une 
batterie à cheval, s'avançait sur Beaugency par la route qui 
longe la rive droite de la Loire. Elle enlevaitaisément Saint- 



1. D^'aprôs V'. rielwig, Bas /. baieriache Armee-Corpt von der Tann im 
Kriege 1870-1871, p. 298, les premiers or(fres du grand-duc, d*âccord avec 
jes instructions de Frêdéfic-Gharles, portaient que sa cavalerie s'étendrait à 
droite jusqu'à Tournfoisis, sur la route- dé Chàteaudun à Orléans. Il restreignit 
tînsuile cet espacer à Fintorvalle compris entra la Loire et la route de Vendôme. 



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DE Vl/VU 
( ûécei 



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COMBAT DE MEUNG. 9 

Ay, après un petit combat contre des traînards, puis débou- 
chait devant Meung qu'occupait le 1" régiment de gendar- 
merie à pied '. Il était surpris et chassé de la ville en quelques 
minutes. Vainement il tentaiik d'y rentrer \ il était bientôt 
forcé de se retirer sur Beaugency, après avoir subi d'assez 
grosses pertes. L'une de ses compagnies, enveloppée, avait été 
prise presque tout entière. 

Dès le début de cet engagement, le général Camô s'était 
porté avec son gros dans la direction de Meung. Il occupa 
Foinard, la Bruère, Langlochère, à cheval sur la route d'Or- 
léans à Blois, en appuyant sa gauche vers la Bourif etBéau- 
mont. Cette démonstration suffit pour arrêter l'ennemi. Ce- 
lui-ci ne crut même pas pouvoir se maintenir à Meung, si 
bien, que la 2' division se retira sur Saint- Ay, et la brigade 
bavaroise de cuirassiers, à Iluisseau \ 

De son côté, sur la route d'Orléans à Châteaudun, la 
4* division de cavalerie atteignait Ouzouer-le-Marché. Mais 
l'approche de reconnaissances d'infanterie appartenant au 
2V corps l'obligea de se replier sur Baccon et Charsonville. 
Ainsi, nulle part la cavalerie allemande n'avait pu se main- 
tenir sur la ligne fixée par le grand-duc. 

Le combat de Meung fit supposer à Chanzy que Tennemi 
allait diriger son principal effort sur sa droite, de façon à le 
couper de Tours et du centre de la France. Dans le but de 
parer à ce danger purement hypothétique, il prescrivit à l'ar 
mirai Jauréguiberry d^établir avant le jour la V^ division du 
16* corps de Grand-Bonnevaletà Villorceau, de façon à relier 
le 17* corps à la colonne Camô. Avec la division Barry, elle 
servirait en même temps de réserve à notre droite. De plus, 
le 21* corps appuierait vers le sud ; sa 2® division, général 
Colinf remplacerait celte de DeplanqueàPoislyetàLorge». 



1. Nos tfvaut-posles suivaient la ligne Meung, les Monts, le Bard'onet Grand- 
Cliàtre (Camô, ouvrage cilë). 

8. Parmi les batteries engagées par Camô, la 22^ du 13» régiment (canons à 
balles) lira 698 coups et eut 4 hommes et 2 chevaux hors de combat. Le 
chiffre des pertes des autres éléments ne nous est pas connu. 

Les Allemands (Il« Armée et Armée- Abtheilung) eurent 30 hommes et 8 che- 
vaux hors do combat dans la journée du & [État-major prussien). 



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10 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Le général Jaurès se tiendrait prêt à porter sa réserve de 
Marchénoir à la Motte-Potain, derrière le centre de Tarmée. 

£n outre, la présence de quelques éclaireurs allemands 
ayant été signalée à Saint-Lâurent-des-Eaux par les francs- 
tireurs de la Sarthe, Chanzy en concluait avec raison que Blois 
était menacé par la rive gauche de la Loire. L'hypothèse 
d'après laquelle l'ennemi allait porter son principal effort sur 
notre droite semblait en être confirmée. Pour couvrir Blois, 
le général en chef donna l'ordre au général Morandy, alors 
à Mer, d'y porter le 7, dans la matinée, la 3® division du 
16" corps. Il se hâterait de la reconstituer, de façon à pouvoir 
défendre simultanément Blois et le parc de Chambord, qui 
couvre cette ville au sud-est. 

De même que la veille, Chanzy prescrivait que, le 7 dé- 
cembre, au petit jour, nos troupes seraient tenues prêtes à 
combattre, couvertes par une double chaîne de tirailleurs. 

Les batteries auraient pris leurs emplacements de combat 
et les convois, attelés, seraient engagés sur les routes à suivre 
en cas de retraite. Dans cette dernière éventualité, l'armée 
occuperait une nouvelle position s'étendant de Poisly, par 
Lorges et Séris, jusqu'au nord-est de Mer^ 

Du côté des Allemands rien n'était changé aux dispositions 
arrêtées la veille, si ce n'est que Frédéric-Charles prescrivait 
à la 6** division de cavalerie, soutenue de la Ferté-Saint- 
Aubin par quelques bataillons du IX® corps, de pousser rapi- 
dement jusqu'à Vierzon et de détruire d'une façon durable 
les voies ferrées rayonnant autour de cette ville. Quant au 
IIP corps et à la 1'® division de cavalerie, ils auraient à cons- 
tater, le 7 décembre, si l'espace compris entre Gien et Mon- 
targis avait été entièrement évacué par nous. Pendant l'exé- 
cution de ces mouvements si complètement divergents, le 
X* corps, seul, resterait à Orléans. 

1. Chanzy, ouvrage cité, p. ili, InsLrucUons pour le 7 décembre. 



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CHAPITRÉ II 

COMBATS DE LANaLOGHEBE ET DE MESSAS 

Mouvements de la 8« dlviiion de cavalerie et de la 17« division. — Oombat de Langlo- 
chère (7 décembre). — Prise de Folnard et de la Bruére. — Intervention des divisions 
]>ep]anqiie et Soqaebrane. — Le !«' corps bavarois. — Retraite de Oamô et de De- 
planque. — La 4« division de cavalerie et le ai« corps. — Retraite de Barry. — Résal > 
tats de la Joomée. — Instructions pour le 8 décembre. 

Dans la matinée du 7, le général za Stolberg rassemblait 
à Saint- Ay deux des brigades de la 2* division de cavalerie ^ 
et les deux régiments de cuirassiers bavarois. Puis il diri- 
geait les premières sur Château-Préfort et la troisième sur 
Meung, par la grande route. Avant même d'avoir atteint 
cette petite ville, Tavant-garde bavaroise se heurtait à la 
cavalerie de la colonne Camô. Le gros de celle-ci, placé 
comme nous Tavons dit au sud-ouest de Meung, ouvrait un 
feu d'artillerie sur les patrouilles allemandes et paraissait 
même disposé à prendre Toffensive. Les cuirassiers de 
zu Stolberg se bornaient donc à occuper une position d'at- 
tente au sud-ouest de Saint-Ay, en attendant l'entrée en 
ligne de la 17* division d'infanterie et du P' corps bavarois, 
engagés comme eux sur la ligne d'Orléans à Meung. 

De son côté, Camô faisait prévenir Jauréguiberry de 
l'approche des Allemands. Aussitôt (vers midi) l'amiral por- 
tait de Villorceau à Messas la 1'* division (général De- 
plasque) de son corps d'armée '. Au moment où elle débou- 
chait du Mée, les Allemands, renforcés, venaient de prendre 
eux-mêmes l'offensive. L'avant - garde de la 17** division 
pénétrait dans Meung^ que Camô n'avait pas réoccupé, et 



1. La S» opérait sur la rive gauche de la Loire, avec la S&« division d'in- 
fanterie. 

2. Le 6 décembre, Tamiral Jauréguiberry avait été nommé au comman* 
dément du 16« corps, et le général de Colomb à celui du 17». 



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12 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Tun de ses bataillons prenait position sur la lisière sud de 
cette ville. En poussant au sud-ouest, les dragons mecklem- 
bourgeois se voyaient presque aussitôt arrêtés par des tirail- 
leurs d^infanterie. Deux batteries allemandes placées à 
Fouest de Meung ouvraient le feu sur notre ligne, et un 
second bataillon menaçait de tourner notre gauche. Nous 
nous retirions sur la position formée par les hameaux de 
Langlochère, de la Bruère, de Foinard et par le village de 
BauUe, normalement à la route et à la Loire. 

L'artillerie de Camô entrait alors en lutte contre les douze 
pièces allemandes, bientôt renforcées des q-uatre autres bat- 
teries de la 17' division, mais sans pouvoir arrêter les progrès 
de Tennemi. Celui-ci poussait un bataillon jusqu'à 500 mètres 
de la Bruère, lorsqu'un mouvement opéré de Langlochère 
sur sa droite, par le 16* chasseurs de marché, t'obligeait à 
s'arrêter. Toutefois cet arrêt n'était pas de longue durée : 
un bataillon, que le général v. Tresckow avait détaché sur 
le flanc droit de sa division , poussa énergiquement vers 
Langlochère et s'en empara presque aussitôt; mais il ne put 
gagner du terrain à l'ouest, car nous occupions encore la 
Bourie et la Bruère, sur chacun de ses flîincs. De^ux des six 
batteries établies à l'ouest de Meung vinrent ensuite prendre 
position aux abords de Langlochère, lorsque l'artillerie de 
Camô eût été réduite au silence. 

Cependant, à l'extrême gauche allemande, six compagnies 
soutenues par une batterie s'avançaient par BauUette sur 
BauUe, qu'elles trouvaient évacué, puis sur Foinard. Un ba- 
taillon attaquait ce hameau par la route et s'en emparait aiiiëi 
que de la Bruère. L'une des batteries de Camô était même 
contrainte d'abandonner une pièce amx abords de Foinard ^ 

A ce moment, toute la ligne ennemie gagnait du terrain, 
en refoulant les troupes de Camô. Déjà elle dépassait Lan- 
glochère de plusieurs centaines de mètres, lorsque se pro- 
duisit vers Messas l'intervention de la division Deplanque. 



1. D'après Chanzy, ouvrage cité, p. 115, la Bruère et Foinard n'auraient pas 
été occupés par les Allemands. Le contraire résulte de Fens^mble des docu< 
ments français et allemands. 



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COMBATS DK LANGLOCHÈUE ET DK MESSAS. 13 

CàmÔ put alors jeter lé 59" de marche et le 88* mobiles (Indre- 
et-Loire) sur Langlochère, avec plein succès. Ce hameau fut 
repris, BauUe et Foinard complètement dégagés. Mais les 
pr<ogrès de notre droite s'arrêtèrent bientôt devant l'appari- 
tion au Grrand-Châtre de la 1'* division bavaroise. •- 
' 'Dès le début du combat, le grand-duc de Mecklembourg 
avait fait déboîter le P" corps bavarois de la grande route, 
en lui assignant la Challerie comme objectif. L'intention du 
grand-duc était die déborder la gauche de notre ligne, qu'il 
croyait beaucoup moins éten4ue qu'elle ne l'était réellement; 
Vers midi, la 2* division de cavalerie, qui précédait les Ba-» 
varois, atteignit le passage de la Mauve à là Challerie. Aii 
delà elle rencontra des patrouilles appartenant à la cavalerie 
du générai Camô*. Leur feu suffit pour l'obliger à se retire^ 
sur la Renardière, en remontant Ja Mauve* De là elle reprit 
la direction du Bardon, d'où ses deux batteries à chevardé*' 
logèrent une partie dçs eiîcaàrons de Camô (3 heures). 

La !'• division bavaroise d'infanterie avait suivi le même 
itinéraire. L'une de se» brigades, la l'*,.së porta ensuite du 
Bardon vers la Bourie, et ses trois batteries ouvrireijt le feu 
sur cette* ferme. À ce moment la division Deplanqu^ so dé- 
ployait entre Méissas et Beaumont, et son intervention arrêtait 
aussitôt les Bavarois. D'ailleurs, pour appuyer le mouvemen|; 
offensif du 16® corps, Chanzy avait porté en avant la division 
Roquebrune (l" du 17** corps), restée jusqu'alors entre Ville- 
vert et Villechaumont. Du Grand-Châtré et de Beaumont 
elle menaçait le 'flanc droit des Bavarois. Là l*® brigade do 
von der Tarin était contrainte d'exécuter un' changement de 
front et de faire face au nord-ouest, avec ses trois batteries et 
celles de la 2® division de cavalerie. La 2* brigade bavaroise 
prolongeait sa gauche en face de la division Deplan^que. 

Un violent combat commençait alors sur tout le front des 
Bavarois ^t de la 17® division» Les bataillons de Roquebrune 
soutenaient résolument le choc dé rennemi et prenaient 



1. L'état-maj.or prussien dit des tirailleurs français, ce qui paraît fort impro- 
bable, nos troupes .d^infanterie les plus rapprochées étant alors à Langlochère, 
c*€|St-à-dire à 5 kibmôtres en droite ligne. 



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14 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

même Toffensive à la baïonnette. Au sud de la Bourie, Tune 
de ses batteries, la 19' du 7® régiment; un instant entourée 
par deux compagnies bavaroises qui venaient de s'emparer 
du hameau, était sauvée par l'énergie de son capitaine, 
Rouvillois. Il la défendait avec ses servants et donnait ainsi le 
temps d'accourir à la 4** compagnie du 1 1** chasseurs de marche. 
Celle-ci le dégageait en faisant une vingtaine de prisonniers. 
Une autre batterie, la 19® du 15® régiment, qui s'était aven- 
turée à la suite d'indications inexactes, tombait inopinément 
au milieu des tirailleurs ennemis. Elle se mettait néanmoins 
en batterie, et son tir à mitraille tenait l'adversaire en respect 
jusqu'à l'arrivée de la 3® compagnie du IV chasseurs, qui la 
dégageait complètement (4 heures et demie) \ Enfin, après 
plusieurs alternatives de succès et de revers, les Bavarois se 
mettaient en retraite sur Baccon, mais sans être poursuivis 
au delà du Grand-Châtre. 

Cependant Chanzy ne jugeait pas possible de maintenir 
Roquebrune sur les positions conquises. A sa droite, comme 
nous allons le voir, Camô et une partie de la 1'® division du 
16® corps avaient dû se porter en arrière. Ce mouvement 
entraînait celui des autres troupes de Jauréguiberry . De plus, 
la nuit, très obscure, faisait craindre des surprises. Chanzy 
prescrivit à Roquebrune de se replier sur ses emplacements 
du matin. 

A notre extrême droite, la division Deplanque et la colonne 
Camô avaient été non moins vivement engagées; malgré 
l'obscurité croissante, le combat se poursuivait avec des al- 
ternatives diverses. L'une des batteries de Camô, assaillie 
par des tirailleurs allemands, aurait été enlevée sans l'énergie 
de ses servants et d'une fraction du 16® chasseurs de marche. 

Enfin, devant de nouvelles attaques, Camô était contraint 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 1I6, Historique du 11« chasseurs; Élai-major 
prussien, «« parlie, p. 642 ; v. Helwig, cuvrage cité, p. 301. Ces derniers ne 
sont pas du tout d'accord avec Chanzy au sujet de cette affaire ; suivant les 
Allemands, ils ne seraient entrés ni dans Gravant, ni dans Beaumont le 7 dé- 
cembre ; leurs avant-postes seuls auraient été au Grand-Ch&tre. 

D*aprés Chanzy, au contraire, ils auraient occupé Gravant et Beaumont, et 
en auraient été délogés. La version allemande paraît la plus vraisemblable. 



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COMBATS DE LANGLOCHERE ET DE MESSAS. 15 

de 80 replier. D'ailleurs il craignait d'être débordé sur ses 
deux flancs et, en même temps, d'être pris à revers de la 
rive gauche de la Loire. Il ramena ses troupes à Test du ravin 
de Vernon, en avant de Beaugency ; elles y passèrent la nuit *. 
A leur gauche, le 33* mobiles (Sarthe) et le 37' de marche, 
qui faisaient partie de la division Deplanque, se retiraient 
également pour se soustraire au tir très précis de Tartillerie 
ennemie. 

Tandis que la droite de Tarmée résistait ainsi aux attaques 
allemandes, son centre et sa gauche étaient peu ou point 
engagés. Le 2V corps exécutait les mouvements prescrits ; 
vers midi, sa 2" division était en position à Poisly et à Lorges, 
avec une brigade en chacun de ces points; elle y restait 
inactive. Quant à la 3**, elle avait à repousser une simple 
reconnaissance ennemie. 

Dans la matinée, la 2'' division bavaroise d'infanterie s'était 
rassemblée à Huisseau et avait pris la direction de Baccon. 
Puis la 3* brigade se portait par Gléneau sur Vilocry, au 
nord du Grand- Châtre, d'où elle canonnait des colonnes du 
17* corps qui se dirigeaient sur Gravant. Elle se remettait en 
marche vers l'est, pour gagner ses cantonnements, quand se 
produisit le mouvement de Eoquebrune sur le Grand-Châtre. 
La 3® brigade bavaroise se reporta de nouveau à Vilocry, 
mais elle y arriva trop tard pour prendre part à l'action. Elle 
se borna donc à établir des avant-postes de Launay aux Blan- 
chets, où elle se reliait à la 22* division d'infanterie, alors 
à Ouzouer-le-Marché. 

La 4® division de cavalerie, qui précédait cette dernière 
vers Binas, avait rencontré le matin une partie des escadrons 
du général Guillon ', établis à MaroUes et à Vallière. Derrière 
eux la 3' division du 21® corps occupait la lisière de la forêt 
de Marchénoir. Une batterie à cheval prussienne, qui ouvrit 



1. Camô, ouvrage cittS. A ce moment, le général Camô était déjà décidé à 
opérer Je lendemain un mouvement rétrograde à Touest de Beaugency. Bien 
qu*il atflrme le contraire» la retraite de Barry semble n'avoir eu aucune in* 
fluooce sur la sienne (Voir V Historique du 38^ de ligne), 

8. Commandant la division de cavalerie du 21« corps. 



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16 

le feu sur Vallière, fut promptement réduite au silence par 
la 21® batterie du 12® régiment, et Tune de ses pièces fut 
même démontée. Vers 3 heures et demie, les Allemands se 
retirèrent pour aller cantonner au nord de la route de Ven- 
dôme, sans avoir été poursuivis. 

Tandis que, sur tout son front, TArmee-Abtheilung se 
heurtait à une résistance entièrement imprévue, au sud de 
la Loire la 25* division d'infanterie, partie le matin de Cléry, 
atteignait Lailly sans avoir rencontré autre chose que des 
traînards. De notre côté, les divisions Barry et Morandy, ou 
du moins le peu qui en restait, avait exécuté les mouvements 
sur Blois et sur Beaugéncy prescrits par Chanzy. Quoique 
Barry fût couvert à Beaugéncy par la colonne Camô, il 
jugeait impossible de s'y maintenir avec les quelques cen- 
taines d'hommes dont il disposait. Il allait se replier sur Mer 
(vers 2 heures et demie du soir) après avoir fait filer son 
convoi, quand survint Un ordre de Chanzy lui prescrivant de 
rester en position. Camô avait également demandé au général 
en chef Tautorlëation de se retirer sur Mer, et son moral pa- 
raissait si fortement atteint, que Chanzy lui adressait une 
réponse évasive, semblant admettre à bref délai l'évacuation 
de Beaugéncy \ Aussi, le soir même, le général Camô la 
préparait en renvoyant à Mer les troupes que Barry avait 
mise à sa disposition. Ce mouvement était de fâcheux augure* 

Cependant un dernier renfort allait arriver à la 2® armée. 
La 4® division du 2V corps, c'est-à-dire les mobilisés bretons 
du général Gougeard, partie d'Yvré-l'Evêque, atteignait le 



1. Voir le billet de Barry à Chanzy et la dépôche de Chanzy à Camô (Chanzy, 
ouvrage cité, p. 488). 

Les mouvements de la division Barry, si confus les jours précédents, le 
furent encore davantage le 7 décembre. Le 38® de marche, par exemple, 
parti de Mer dans la matinée/ est en route pour Beaugéncy, quand il reçoit 
l'ordre de revenir à Mer. Il s*y conforme, mais le compte rendu de Barry se 
croise avec un ordre de Chanzy l'invitant à se maintenir à Beaugéncy. 

Le 88® repart de Mer à 4 heures du soir et arrive à la nuit close a Beau- 
géncy, après une étape de 16 kilomètres. Là, Comô ne veut pas le recevoir, 
le considérant comme un embarras. Après une heure de repos, il repart pour 
Mor, qu'il atteint a 5 heures du matin le 8, pour bivouaquer sous la halle. 
Beaucoup d'hommes étaient demeurés en route, succombant à la fatigue et au 
froid {Historique du 38^ de ligne). 



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COMBATS DE LANGLOCHÈRE ET DE MESSAS. 17 

Boir du 7 la Ville-aux-Clerc8, à Touest de la forêt de Fréte- 
yal. Mais sa composition, son armement composite ^ faisaient 
qu'elle était peu propre à combattre immédiatement en ligne. 
De plus, deux étapes la séparaient encore de l'armée. 

Nos pertes auraient rendu singulièrement opportune l'ar- 
rivée de renforts plus sérieux. Faibles pour les 16*, 17* et 
21* corps, elles étaient relativement considérables pour la 
colonne de Tours, la plus longuement engagée et la moins 
consistante. Chose grave, le nombre des fuyards était grand à 
notre droite et, parfois, leur désertion avait pris le caractère 
d'une véritable panique. 

Quant aux Allemands, leurs pertes se montaient à 23 offi- 
ciers et 309 hommes de troupe ; presque toutes, 15 officiers 
et 215 hommes, incombaient à la 17' division *. Le P' corps 
bavarois, beaucoup moins éprouvé le 7 décembre, était 
pourtant très affaibli déjà, à la suite de plusieurs mois de 
campagne. 

Au départ du 7 décembre, ses 22 bataillons comptaient 
9,994 fusils seulement. Plusieurs étaient réduits à 2 ou même 
à 1 compagnie et, dès le 8, un grand nombre allaient être 
commandés par des seconds-lieutenants. Cet état des troupes 
allemandes, moins mauvais toutefois pour les 17® et 22® di- 
visions, devait nous permettre de résister encore les jours 
suivants, malgré tant de causes de faiblesse. 

Dans la prévision de nouvelles attaques, Chanzy prescri- 
vait que, le 8 décembre, au petit jour, la cavalerie des 16', 
17® corps et les éclaireurs algériens pousseraient des recon- 
naissances vers le nord-est. Toutes nos troupes seraient 
prêtes à prendre les armes ; on porterait Finfanterie le plus 
possible en avant, sauf à la dissimuler aux vues de rartillerie 
allemande. 



1. 5 fusils de nature différente qui venaient à peine de lui être distribués. 

2. État-major pnusien, D*aprés Chanzy, nous aurions fait 200 prisonniers 
allemands environ ; ce nombre est sans doute fort exagéré. 

D'après le docteur Chenu, Aperçu historique sur le service deê ambulances 
pendant la guerre de i870'i87i, nous n'aurions eu que 142 hommes hors de 
combat le 7 décembre, mais ces chiffres sont certainement inexacts. 

CAMPAGNB DB liA LOIBB. — II. 2 



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18 JOSNESy VENDOME, LE MANS. 

La colonne Camô réoccuperait dès le matin les positions 
qu'elle avait abandonnées, de Messas à la Loire ; les éclai- 
reurs algériens se reporteraient à Gravant, soutenus par deux 
escadrons du 17" corps placés à Cernay. Le général Michel * 
maintiendrait un poste de cavalerie à Villermain, en poussant 
des reconnaissances jusqu'à Binas et Ouzouer-le-Marché. 
Plus au nord, le général Jaurès ferait occuper Autainville 
par un bataillon et une batterie. 

En cas d'attaque, l'amiral Jauréguiberry, dont le quartier 
général était à Villorceau, aurait sous ses ordres la colonne 
Camô, les 1'® et 2° divisions de son corps d'armée et la l""® di- 
vision du 17". Déjà le général Barry avait été prévenu qu'il 
servirait de réserve à notre droite, en prenant position le plus 
près possible de Beaugency. Derrière lui, le lieutenant-co- 
lonel Baille, du 38* de marche, posté à Mer avec quelques 
centaines d'hommes, aurait mission de défendre le pont de 
la Loire et de le détruire, s'il devenait absolument né- 
cessaire. 

Chanzy terminait ces instructions par une recommandation 
qui jette un jour fâcheux sur le moral de l'armée. En cas de 
combat, chaque division placerait derrière elle des lignes de 
cavalerie, chargées d'arrêter les fuyards et de les amener au 
quartier général *. L'attitude de nos soldats n'était plus, à 
beaucoup près, ce qu'elle avait été à Coulmiers. 

Cependant, le soir du 7 décembre, Frédéric -Charles 
n'avait encore reçu aucun compte rendu des combats livrés 
par l'Armee-Abtheilung. Le roi Guillaume, tout en approu- 
vant la marche du grand-duc sur Tours, engageait le prince 
à poursuivre avec la II* armée celles de nos troupes qui 
s'étaient mises en retraite au sud et au sud-ouest. De plus, 
l'état-major de Frédéric-Charles savait que trois de nos corps 
d'armée, au moins, avaient pris la direction de Bourges, mais 
il ignorait si des masses considérables n'étaient pas encore 
vers Gien. 



1. Gommandanl la division de cavalerie du 16^ corps. 

2. Chanzy, ouvrage cité, p. 120. 



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COMBATS DE LANGLOCHEEE ET DE MESSAS. 19 

Par suite, le prince prescrivit au IIP corps d'occuper Gien 
le 8 décembre ; sur la rive gauche de la Loire, la 18® division 
et Tartillerie de corps du IX* corps rallieraient la 25* division, 
pour suivre avec elle, jusqu'à hauteur de Beaugency, le 
mouvement de TArmee-Abtheilung. Le X® corps pousserait 
à la Ferté -Saint- Aubin un détachement d'infanterie destiné 
à soutenir la 6*^ division de cavalerie dans son exploration de 
la Sologne. La veille, on s'en souvient sans doute, cette tâche 
avait été assignée à la 18® division. Ce nouveau changement 
dans les dispositions de l'ennemi était tout à l'avantage de 
nos troupes. 

Frédéric-Charles informa le grand-duc de ce qu'il avait 
décidé pour la IP armée ; il l'invita à concentrer l'Armee- 
Abtheilung sur sa gauche, tout en continuant de marcher vers 
Tours. 

De son côté, le grand-duc prescrivait à la 17* division de 
se rassembler le 8, à dix heures du matin, àBauUe. A la 
même heure, le P' corps bavarois serait au Grand-Châtre, et 
la 22* division, renforcée d'une brigade de cavalerie, à Gra- 
vant. Quant à la 4* division de cavalerie, elle suivrait la 
22* division ; la 2* division de cavalerie se rassemblerait entre 
le Grand-Châtre et Gravant. Enfin la 25* division intervien- 
drait au besoin de la rive gauche de la Loire. 

Ainsi que le démontre cet ordre, le grand-duc se rendait 
enfin compte de la nécessité de restreindre son front. De 
Gravant à BauUe, ses troupes allaient néanmoins couvrir un 
espace de neuf kilomètres. C'eût été trop encore pour leur 
effectif, si nous n'avions occupé nous-mêmes une ligne beau- 
coup plus étendue, avec des forces numériquement supé- 
rieures, il est vrai, mais auxquelles manquait presque tout 
ce qui fait une armée V. 



1. Sans parler des cadres, de Tinstruclion, de Torganisation, ce qui serait 
trop long, on se contentera de dire que certains bataillons de mobiles, le 4® 
du Maine-et-Loire, par exemple, armés de fusils Remington, étaient encore 
sans baïonnettes le 7 décembre. 



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CHAPITRE m 

BATAILLE DE VILLORCEAU 

Première journée (8 décembre). 

X3ombats de Poiily et de Lorges. — Combats de Gravant et de Layes. — Combats de 
Beaumont et de Villechaumont. — Prise du Mée. — La colonne Camô. — Évacuation 
de Beaugency. — Positions occupées par Camô. — Perte de Messas, de Beangency, de 
Vemon. — Le IXc corps. — Résultats de la journée. — ordres de Chanzy pour le 9. — 
Ordres de Frédéric-Charles et du grand-duc. 

Dans la matinée du 8 décembre, par un brouillard assez 
épais, la 22* division d'infanterie prussienne marchait d'Ou- 
zouer-le-Marché sur Gravant, en deux colonnes, couvertes 
à leur droite par la 8® brigade de cavalerie. Au débouché 
de Mézières, la 43* brigade, qui formait la colonne de droite, 
était soumise à un feu violent venant des abords de Poisly. 
En effet la cavalerie que nous avions établie à Villermain 
et les éclaireurs algériens placés à Test de Gravant avaient 
signalé l'approche de l'ennemi, et Tartillerie de la division 
Colin (2® du 21® corps) ouvrait le feu sur lui du sud-ouest 
•de Poisly (vers 9 heures). 

Peu après, une partie de la V^ brigade du général Golin, 
^soutenue par la 3® division du 21* corps, se déployait face 
à Villermain, en menaçant le flanc droit des Allemands^ 
Mais deux bataillons ennemis s'avançaient jusqu'à la ligne 
de Boigny à Sédenay, et trois batteries de la 22* division, 
bientôt renforcées des trois autres, entraient en lutte avec 
les nôtres. Puisdewx nouveaux bataillons venaient prolonger 
le front de l'ennemi vers Montsouris, tandis que le gros- de 
la 22* division s'arrêtait à Villermain et au château du Gou- 
dray, en attendant que la situation se fût éclaircie. Plus au 
nord, la batterie à cheval de la 4* division de cavalerie pre- 
nait position à hauteur de Villesiclaire et de Ghantôme, 



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. BATAILLE DE VILLORCEAU. 21 

mais sans pouvoir s'y maintenir devant Tartillerie à cheval 
du général Guillon. 

Cependant, en face des six batteries de la 22® division^ 
les trois batteries de Colin étaient contraintes de prendre une 
nouvelle position vers Lorges (10 heures), où une section de 
12 de la réserve du 21*^ corps les renforçait. L'artillerie de 
l'ennemi venait s'établir près de la Villette, tandis que la 
gauche de son infanterie se dirigeait sur la ferme de la Motte 
et le chemin de Prénay. Le bataillon du 41* de ligne et 
deux bataillons des mobiles de TOme (1" et 2®), appartenant 
à la 2® brigade du général Colin, faisaient néanmoins bonne 
contenance. D'ailleurs delux compagnies du 4® bataillon de 
l'Orne venaient s'installer dans les maisons situées sur le 
chemin de Prénay, et le 1'^ bataillon d'Eure-et-Loir (1'® bri- 
gade) se portait en avant pour dégager la gauche de la 
2® brigade (vers^idi). Deux compagnies du l*"" bataillon de 
l'Orne, sous les ordres du capitaine Rouleaux -Dugage, 
s'emparaient alors de la Martinière, où les Allemands ve- 
naient d'entrer, et y faisaient des prisonniers. 

Sur ces entrefaites, l'artillerie de la division Colin, ren- 
forcée des deux pièces do 12 dont nous avons parlé, prenait 
le dessus sur les batteries allemandes venues à la Villette 
et réoccupait son emplacement primitif vers Poisly. Grâce 
au tir très précis d'une batterie de 4*, qui arrêta une dé- 
monstration de la cavalerie ennemie entre Launay et Jouy, 
une attaque des Allemands sur la ferme de la Motte échoua 
également. Les trois bataillons de l'Orne se maintinrent éner- 
giquement en position. 

Cependant Jaurès avait été prévenu à Marchénoir de 
l'attaque dirigée sur Poisly ; il accourut avec sa réserve , 
pour soutenir sa 2* division. Vers 4 heures, après une nou- 
velle tentative que deux bataillons de mobilisés de la Sarthe *, 



1. 25® ter de Tartillerie de la marine, capitaine Fournier (i'« division). 
Elle tira 600 coups et son capitaine fut blessé (Historique du corps). 

s. Qui faisaient alors partie de la réserve du 2i« corps. L'ouvrage de Chanzy 
et celui de l'état-major prussien donnent une idée très incomplète de cette 
affaire. Kous avons surtout consulté le livre du général von Wittich, Àvs 



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22 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

soutenus par une section de 12, aidaient à repousser, toute 
la gauche ennemie se mit en retraite et forma une sorte de 
crochet défensif s'étendant de Layes au château du Coudray , 
par Jouy. Deux brigades de cavalerie et deux batteries 
placées entre le Coudray et Jouy faisaient face à Tune des 
brigades de cavalerie du 21* corps, qui menaçait leur flanc 
droit vers la Villette. Quatre bataillons, six batteries, une 
brigade de cavalerie étaient disposés de Layes à Beauvert. 
Enfin la 22® division de cavalerie se tenait en réserve sur 
leur gauche, prête à intervenir afin de protéger la gauche 
de l'infanterie. 

En somme, pour la droite allemande, sa journée se résu- 
mait par un échec. Si les 2* et 3* divisions du 21* corps 
avaient fait un plus large usage de leur initiative, elles 
auraient sans doute complètement refoulé la 43* brigade sur 
le centre ennemi, c'est-à-dire dégagé en p*rtie le reste de 
la 2* armée, qui combattait dans des conditions beaucoup 
moins avantageuses. 

Tandis que cette action se déroulait à notre gauche, la 
44* brigade d'infanterie se dirigeait sur Gravant. A son ap- 
proche, le grand-duc décidait (vers midi) que la 2* division 
bavaroise marcherait de Beaumont sur Villechaumont, et la 
17* division, de Foinard sur Beaugency. La 1'* division ba- 
varoise et la 2* division de cavalerie resteraient provisoi- 
rement à sa disposition. 

Dès le commencement du combat vers Poisly, la division 
Deflandre (3* du 17* corps) s'était mise en mouvement de 
Prénay sur ce village. A peine était-elle en marche, qu'on 
signalait l'approche de fortes colonnes se dirigeant de Viller- 
main sur Gravant. Elle opérait aussitôt un changement de 
front à droite, et se déployait sur deux lignes, Tune consti- 
tuée par les 45* et 46* de marche, le l*"^ chasseurs de marche, 



meinem Tagebuche, et celui du lieutenant-colonel des Moutis, déjà cité. M. des 
Moutis commandait la 2« brigade de la 2<' division du 2i<> corps. 

La 3« division de ce corps d'armée parait n'avoir engagé qu'une partie de 
son artillerie, notamment la 2i« batterie du 12« régiment {Historique du corps). 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 23 

une batterie de 8 et une section de mitrailleuses; l'autre 
par le reste des troupes. 

La première ligne, en colonne de demi-bataillons et pré- 
cédée d'une seule compagnie en tirailleurs, se dirigeait sur 
le clocher de Gravant. A ce moment, la 44*^ brigade d'infan- 
terie prussienne s'approchait, elle aussi, de ce village (vers 
1 heure), et ses trois batteries prenaient position à l'ouest de 
Launay. L'un de ses bataillons occupait Beauvert et Layes ; 
le reste. Gravant, que nos tirailleurs venaient d'atteindre 
et d'où ils étaient aisément rejetés. Les trois batteries alle- 
mandes, bientôt renforcées de trois autres venant de Launay 
et de deux batteries à cheval de la 4* division de cavale- 
rie*, ouvraient sur notre première ligne un- feu très vif, qui 
éprouvait grandement nos bataillons, très incomplètement 
couverts par les faibles ondulations du sol. A l'aile gauche, 
le l""" chasseurs soutenait intrépidement le feu des batteries 
allemandes placées entre Villermain et Gravant. Toutefois, 
elles lui causaient de si grandes pertes, que le général 
Deflandre lui prescrivait de les enlever, tandis que le gros 
de la division agirait sur le hameau de Layes et sur Gravant, 
au nord-ouest. Nos chasseurs s'avançaient résolument, mais 
ils ne pouvaient dépasser la route de Beaugency, derrière 
laquelle ils prenaient position, dirigeant un feu vif sur les 
batteries allemandes qu'ils forçaient à changer de position. 
Ce n'était pas sans des pertes sensibles : 150 hommes hors 
de combat, 2 officiers tués et 3 blessés *. 

Gependant, à la droite de la division, le général de Jouf- 
froy avait jeté sur Gravant le 45® de marche, encadré entre 
une batterie de 8 et une section de mitrailleuses. En même 
temps, le général Deflandre, laissant en réserve un bataillon 
de chacun de ses deux derniers régiments, portait les quatre 
autres sur Layes, les mobiles du Lot à la droite. Notre 
batterie de 8, à gauche du 45'^, la section de mitrailleuses à 



1. Celles-ci se reliraient bientôt sur Montigny, faute de munitions {État' 
major prussien). 

2. Deflandre et Sonis, par A. Delorme, Nouvelle Revue, décembre 1892. 



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24 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

sa droite ne tardaient pas à être écrasées par les obus alle- 
mands. La première était contrainte de se retirer ; la section 
de mitrailleuses, encore plus éprouvée, était rapidement 
démontée. 

Néanmoins la division Deflandre se maintenait énergi- 
quement devant Gravant, c Jamais plus bel exemple de 
calme et d'obéissance ne fut donné par de vieilles troupes S » 
Cette fermeté ne se démentit pas, même lorsque plusieurs 
compagnies du 51* de marche, appartenant à la gauche d'une 
division voisine (2* du 17** corps), se replièrent tout à coup, 
poursuivis la baïonnette dans les reins par les tirailleurs 
ennemis. Deux compagnies du 45® de marche arrêtèrent 
cette débandade, et le général Deflandre saisit cet instant 
pour ordonner un mouvement général sur Gravant et Layes 
(vers 3 heures). Deux cents mètres seulement en séparaient 
nos tirailleurs les plus avancés. Après avoir vainement essayé 
de faire débusquer les Bavarois de Layes par une forte 
chaîne de tirailleurs, le colonel Didier formait les réserves 
du 45® en deux colonnes d'attaque qui s'avançaient avec 
entrain sur Gravant. Mais le feu rapide des Prussiens les 
écrasait avant qu'elles n'eussent parcouru 150 mètres. En 
quelques minutes, le 45® perdait plus de 500 tués ou blessés, 
plus du ti^rs de ses officiers. Les deux autres régiments con- 
tinuaient de marcher sur Layes. Les mobiles du Lot s'avan- 
çaient comme de vieilles troupes ; l'état-major de la division 
les suivait à quelque distance, le général Deflandre, à cheval, 
le dominant de sa haute taille. Mais les batteries allemandes 
concentraient leur feu sur les mobiles qu'elles arrêtaient. 
Le lieutenant colonel Vigoureux se hâtait de leur faire face 
avec son 1" bataillon qui changeait de front vers la droite. 
Le 3® bataillon continuait sur Layes, non sans un instant 
d'hésitation que remarquait Deflandre. Il prenait aussitôt le 



1. Souvenirs de la guerre de la Défense nationale, par un officier de Tarmée 
de la Loire. Paris, Tanera, 1873. Cet officier paraît avoir appartenu au -is® de 
marche. 

Une partie de la réserve d'artillerie du 17« corps [notamment la 20« batterie 
du 12» régiment (mitrailleuses), les 32^ et 33« batteries de l'artillerie de la 
marine (8)] fut engagée devant Gravant. 



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. BATAILLE DE VILLORCEAU. 25 

galop et se portait à leur tête, en s'écriant : « Soldats^ si 
vous ne savez pas marcher à l'ennemi, je vais vcjus montrer 
le chemin. » Son exemple entraînait notre ligne. Mais le feu 
ennemi redoublait. Burr-Porter, le chef d'état-major de la 
division, tombait, mortellement frappé*. Deflandre était 
atteint d'une balle à la cuisse. Néanmoins, il demeurait à 
cheval et entraînait ses mobiles jusque dans Layes, où péné- 
traient en même temps les deux bataillons du 46®. Nous 
menacions même Beauvert et, jusqu'à 4 heures du soir, nos 
quatre . bataillons inquiétaient l'artillerie allemande entre 
Villermain et Gravant. Mais quatre nouveaux bataillons en- 
nemis entraient en ligne. De plus, nos munitions s'épuisaient. 
Deflandre, resté à cheval malgré de cruelles souffrances, 
apprenait que Joaffroy n'avait pu enlever Gravant, que la 
2" division du IV corps n'avait pas dépassé Cernay. Il fai- 
sait évacuer Layes, où l'ennemi rentrait aussitôt, et sa divi- 
sion reprenait position au nord-ouest de Gernay. L'attaque 
de Layes lui avait coûté des pertes sensibles : 14 tués et 
57 blessés, dont 6 officiers , pour le 46* de marche ; 250 
hommes hors de combat, dont 4 officiers, pour les mobiles du 
Lot. Mais la situation de Tennemi n'en était pas moins fort 
critique. La 22® division ne disposait plus que d'un bataillon 
intact, et les deux divisions de cavalerie prussieime avaient 
dû prendre position sur ses deux flancs, prêtes à charger 
pour couvrir sa retraite *. 

A la droite de Deflandre, la 2* division du 17® corps 
s'était déployée au sud-ouest de Gernay, qu'un de ses ba- 
taillons, le 3® du 51® de marche, occupait depuis la veille à 



1. Le colonel Burr-Porler, né à Montrose en Pensylvanie, avait pris part, 
dés rage de 82 ans, à la guerre d'Orient, dans Tétat-major d'Omar-Pacha. Il 
iientra ensuite aux États-Unis et joua un rôle actif pendant la guerre de Séces- 
sion. Il se maria en 186S et eut une 611e, ce qui ne l'empôclia pas d'accourir en 
France, à l'annonce de nos revers. Il fut nommé le 3 décembre à la S® division 
du n^ corps. Le 8, il était mortellement blessé. 

Burr-Porter mourut le 10 décembre au presbytère de Josnes. Quant au gé- 
néral Deflandre, le 8 décembre, à la nuit, il fut contraint de remettre le 
commandement à Joufifroy et de se faire transporter à Mer, où il succomba 
au tétanos le 10 janvier suivant (A. Delorme, article cité). 

2. V. Witlich, Aus meinem Tagebuche, iS70i87i, 



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26 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

minuit. Le tir bien réglé de ses pièces faisait taire plusieurs 
batteries bavaroises établies à Test de Gravant ; le matériel 
des Allemands avait beaucoup à souflfrir. 

Remarquant l'existence d'une trouée dans la ligne alle- 
mandCf entre la 22' division et le P' corps bavarois, Chanzy 
voulait y pousser la division de cavalerie du 17* corps. Une 
série de dépressions allant du château de Serqueu au moulin 
de Cernay aurait permis de s'approcher à couvert de l'en- 
nemi. Toutefois, avant d'aventurer ainsi ses escadrons, le 
général en chef jeta en avant les éclaireurs algériens. Ils se 
trouvèrent en face de masses importantes d'infanterie et 
d'artillerie qui débouchaient entre Gravant et Beaumont : 
c'était la deuxième division bavaroise arrivant du Grand- 
Châtre. Obligé dé modifier ses projets, Chanzy porta aussitôt 
la 2* division du !?• corps en avant de Cemay et de Ville- 
chaumont. Mais cette tentative ne fut pas heureuse. Le 
3* bataillon du 51® de marche, qui se dirigeait sur Gravant, 
soutenu par les deux autres, fut accueilli par un feu des 
plus violents, auquel il ne sut pas résister. Après avoir 
perdu son commandant et plusieurs officiers, il se réfugia en 
désordre au delà de Cernay, poursuivi par l'ennemi qui entra 
un instant dans ce village. Heureusement le lO® chasseurs 
de marche, jusqu'alors en deuxième ligne, se porta en avant 
sans en attendre l'ordre et chassa les Allemands de Cernay. 

Plus à l'est, deux des batteries de la division, demeurées 
sous fa garde du 2^ bataillon ^u 51®, subissaient des pertes 
considérables ; presque toutes leurs pièces étaient démontées ^ 

Vers la fin du jour un mouvement de recul sensible se 
produisait donc sur tout le front des 2^ et 3® divisions du 17* 
corps. Elles occupaient une ligne presque perpendiculaire 
à leur front primitif, de Villechaumont au nord de Prénay. 
La droite de la 2* division finit même par évacuer Villechau- 
mont sans combat. Au contraire, sa gauche se reporta vers 
minuit d'Ourcelles dans le pli de terrain entre Cemay et 
Villorceau ; elle y bivouaqua. 



1. Historiques des 51^ de ligne et iO'> chasseurs; Chanzy, ouvrage cité, p. 126. 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 27 

L'intervention d'une partie du I" corps bavarois avait 
suffi pour changer notre situation, assez bonne au début. Ce 
corps d'armée s'était rassemblé au Grand-Châtre, en se cou- 
vrant vers Beaumont de deux bataillons et de cinq batteries. 
En face de ces troupes, la l'* division du 17* corps, général 
de Koquebrune, s'avançait de Villemarceau, par Villevert 
et Villechaumont, vers la route de Beaugency à Châteaudun. 
Celle-ci, qui passe par Cravant et le Mée, était à peu près 
parallèle à notre front ; elle allait dessiner une partie de 
celui de l'ennemi. 

La première attaque de Roquebrune était aisément re- 
poussée par les cinq batteries bavaroises, et il ramenait sa 
division vers Villechaumont, Son artillerie établie entre ce 
point et Villevert ouvrait un feu vif sur Beaumont (vers 
10 heures) et, bientôt après, la 3® division du 17" corps com- 
mençait l'attaque de Cravant, tandis que la 2' dépassait 
Cemay. L'amiral Jauréguiberry prescrivait alors à Roque- 
brune de reprendre son mouvement offensif contre Beaumont. 
Cette fois, la P* division du 17* corps, vigoureusement en- 
levée, repoussait les bataillons et les batteries établies le 
long de la route \ Seul le Mée restait au pouvoir de Tennemi^ 
qui se retirait sur Beaumont (vers 1 heure et demie), non 
sans désordre. Un instant même, nous menacions ce village. 
Mais V. der Tann portait cinq batteries de sa réserve entre 
Cravant et Beaumont; cinq autres renforçaient les douze 
pièces déjà à l'est de ce dernier point, tandis que la 2* bri- 
gade d'infanterie bavaroise dirigeait un bataillon sur Cravant 
et les autres sur Beaumont ; les cuirassiers bavarois se por- 
taient vers Messas. 

A ce moment, trois faibles brigades allemandes, comptant 
à peine 6,000 fusils, garnissaient les 4,000 mètres compris 
entre Cravant et le Mée. Leurs seules réserves étaient les 
2,000 hommes de la 1"^' brigade, encore au nord de Beau- 
mont, et les cuirassiers bavarois. L'espace compris entre le 



1. 5 batoilloDS et demi, dont i au Mée, et 5 batteries. Voir le récit de l'état- 
major prussien et l'ouvrage déjà cité de v. Helwig. 



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28 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

" Mée et Messas n'était gardé par aucune troupe ; le reste de 
la longue ligne de l'ennemi n'était plus qu'une mince chaîne 
de tirailleurs. Si elle avait été enfoncée sur un point^ la 
retraite eût été inévitable. 

Pourtant la très grande supériorité de Tartillerie alle- 
mande et les feux rapides de l'infanterie obligeaient encore 
une fois la division Roquebrune à se retirer au delà de la 
route. Nos batteries, écrasées parcelles de l'ennemi, allaient 
s'établir au sud de Villemarceau, avec de fortes pertes (vers 
2 heures). La 19® batterie du 15® régiment laissait sur place 
deux pièces démontées ; elle n avait pas moins de 2 tués, 
18 blessés, dont son capitaine, et 17 chevaux tués*. 

Cependant la retraite de la division Roquebrune s'effec- 
tuait lentement. Mais Villechaumont était repris par l'en- 
nemi, avec l'aide de la 1 ® brigade bavaroise et de trois nou- 
velles batteries portées à la gauche de sa ligne d'artillerie. 
Nos troupes s'arrêtaient dans un pli de terrain allant de 
Villevert au Mée et, appuyées par la division Deplanque 
(1'® du 16® corps), qui intervenait à leur droite, refoulaient 
de nouveau leurs adversaires jusque vers Beaumont. Ville- 
chaumont était repris ; cinq des batteries allemandes placées 
entre Gravant et Beaumont se retiraient, après avoir subi 
des pertes extraordinaires. Il ne restait plus au I" corps 
bavarois que deux compagnies en réserve ; sa situation était 
des plus graves. 

Cependant nous ne tirions aucun parti de ce retour de 
fortune •, notre offensive sur Beaumont ne dépassait pas la 
route et, la nuit tombant peu après, nous abandonnions 
sans combat Villechaumont et le Mée : triste résultat de 
toute une journée de lutte. 

A droite, le général Deplanque avait, dès le matin, dé- 
ployé sa division de Villevert au Grand-Bonnevalet. Son 
artillerie ne tardait pas à être obligée de se retirer devant 
celle des Bavarois. Vers trois heures, au moment où Roque- 
brune était refoulé au delà de Villechaumont, l'amiral Jau- 



1. Celte batterie fut réduite à 4 pièces à dater de ce jour. 



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BATAILLE DE VILLORCBAU. 29 

réguiberry donnait à Deplanque Tordre de se porter sur le 
Mée. Un bataillon du 33* mobiles (Sarthe), un autre du 39* de 
marche, soutenu par le 3* bataillon du 75* mobiles (Loir- 
et-Cher et Maine-et-Loire) étaient chargés de cette attaque. 

Malgré le feu très vif de Tartillerie bavaroise, ils enle- 
vaient rapidement le Mée. Les deux bataillons du 39® de 
marche et du33*mobiles, surtout, montraient beaucoup d'élan. 
Le capitaine Couturier, de ce dernier régiment, s'emparait 
à la baïonnette d'une ferme où Fennemi s'était retranché, 
et y faisait une centaine de prisonniers. Pourtant la division 
Deplanque ne dépassait pas le Mée. A la nuit, elle évacuait 
même ce village, comme nous l'avons dit. Ce mouvement 
rétrograde s'explique en partie par celui que la colonne 
mobile de Tours avait exécuté vers Beaugency. 

On sait que le général Camô avait reçu de Chanzy l'ordre 
de réoccuper, le 8 décembre, l'intervalle compris entre Mes- 
sas et la Loire. Mais le moral de ses troupes avait déjà beau- 
coup souflfert ; lui-même, la suite le montrera suffisamment, 
considérait comme impraticable la tâche que lui avait assi- 
gnée le général en chef. C'est dans cet état d'esprit qu'il 
reçut, le soir du 7 décembre, un télégramme du ministre de 
la guerre attirant tout particulièrement son attention sur 
une position à 400 mètres au sud de Beaugency*. Il crut 
peut-être voir dans cette communication intempestive un 
ordre lui prescrivant d'évacuer Beaugency. Quoi qu'il en 
soit, il renvoya à Mer, comme nous l'avons vu, les troupes 
que le général Barry lui avait envoyées le soir du 7. Puis il 
informa Chanzy de l'impossibilité où il était de réoccuper le 
terrain entre Messas et la Loire *. En même temps, il annon- 
çait au ministre qu'il se retirait sur Mer et Ménars, comme 
semblait le lui conseiller la dépêche de la veille'. 



1. « D'après les indications qui me sont fournies, je vous signale comme 
extrêmement importante à conserver et à garder la position à 400 mètres en 
arrière de Beaugency. C'est la clef de la forôt de Marchénoir ; elle prise, la 
forêt est tournée, et Blois tombe le lendemain par Mer et Ménars (7 décembre, 
7 heures du soir), b 

2. Le 8 décembre à 12 heures 35 du matin (Chanzy, ouvrage cité, p. 488). 
S. Le texte de ce télégramme au ministre n'a pas été publié, que nous 



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30 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Chanzy se bornait à inviter le général Camô à reconnaître 
ce qu'il avait devant lui et à faire des préparatifs de défense. 
C'était abandonner implicitement l'idée d'un retour oflfensîf 
en avant de Beaugency, et même éviter de se prononcer sur 
la nécessité de garder cette ville. Quant au ministre, il 
adressait à Camô un télégramme (8 décembre, 3 heures du 
matin) l'engageant à se conformer aux instructions de Chanzy , 
si elles étaient contraires au mouvement projeté sur Mer 
et Ménars. Une dépêche dans le même sens parvint égale- 
ment à Chanzy. . 

Mais un fâcheux incident emportait les dernières hésita- 
tions de Camô. Un officier du génie, sans doute parti de 
Tours avant cet échange de télégrammes, confirmait de la part 
du ministre la recommandation de se replier au sud-ouest 
de Beaugency (8 heures du matin). D'ailleurs, d'une recon- 
naissance faite par lui-même, le général Camô déduisait que 
la défense de la position de Beaugency devait nécessaire- 
ment s'opérer en arrière, sur le plateau de Rougemont. On 
commença aussitôt à y élever des tranchées abris et des 
épaulements\ 

La colonne de Tours occupait alors les positions suivantes, 
le 1 6* chasseurs de marche était à l'entrée sud de Beaugency, 
sur les pentes descendant vers cette ville. Un détachement 
en surveillait les abords et observait la Loire. Le pont avait 
été détruit. Derrière le 16* chasseurs, une batterie était 
placée au sommet de la colline, vers la cote 121 ; une autre 
battait la route et la voie ferrée. Le 72* mobiles (Cantal) 
était au nord-est de la ferme de Rougemont, sa droite à la 
route ; le 27* mobiles (Isère) et une batterie étaient au nord- 
est de Clos-Moussu. Le 88* mobiles (Indre-et-Loire), placé 
en avant de Pierre-Couverte, avait une batterie à sa gauche. 



sachions du moius, mais on peut en déduire le sens do celui de M. de Frey- 
clnet au général Camô (8 décembre, 3 heures du matin). 

M. Alfred Duquel {Les dépêches de Beaugency devant l'histoire. Spectateur 
militaire, tome XLIII, 1888) parait croire que cette dépêche et celle du mi- 
nistre à Chanzy (p. 454, Chanzy, ouvrage cité) auraient été fabriquées pour 
les besoins de la cause. Cette opinion ne nous semble aucunement justifiée. 

1. Camô^ ouvrage cité, page 8. 



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. BATAILLE DE VILLORCEAU. 31 

Le 59* de marche, les francs- tireurs de TAin et une batterie 
occupaient Vemon et Messas. Le régiment de gendarmerie à 
pied et une batterie formaient réserve à Clos-Moussu ; la ca- 
valerie, en arrière du 27® mobiles, se tenait entre Clos-Moussu 
et Pierre-Couverte. 

Du côté des Allemands, la 17* division était restée dans 
les villages qu'elle avait enlevés la veille. Ail heures, elle 
poussa quelques troupes vers Villeneuve et les Vallées, que 
les nôtres évacuèrent sans chercher à les défendre. A midi 
et demi seulement, lorsque le général v. Tresckow reçut du 
grand-duc Tordre de se diriger sur Beaugency, il mit son 
avant-garde en marche sur la route de Blois\ En même 
temps, deux bataillons s'avançaient vers Messas, sous la pro- 
tection de deux batteries à cheval. Les francs-tireurs de T Ain , 
capitaine Jayr, et le 59® de marche leur opposèrent une résis- 
tance acharnée, qui dura jusqu'à la nuit. Messas fut alors 
complètement occupé par l'ennemi, malgré un retour offensif 
tenté de Vernon. Nous y perdîmes 150 prisonniers ; sur 
150 francs-tireurs, 100 avaient été mis hors de combat*. 

Cependant l'avant-garde prussienne s'était déployée en 
face de la hauteur du Mont, au nord- est de Beaugency, 
tandis que, de Margottière^ deux autres batteries agissaient 
contre les masses que laissait voir Camô près de Vemon. 
Après une courte canonnade, un bataillon prussien enleva 
le Mont et s'y maintint, malgré toutes les tentatives faites 
pour l'en chasser. En même temps, un bataillon de chasseurs 
poussait jusqu'à la lisière nord-est de Beaugency et s'intro- 
duisait dans la ville en longeant le fleuve. 

Toutefois le combat se prolongeait durant plusieurs heures 
dans Beaugency, en dépit de l'intervention de huit batteries 
du IX* corps placées sur la rive gauche de la Loire, vers 
Lailly. Les chasseurs prussiens, arrêtés sur le quai par un 
feu très vif, ne parvenaient à pénétrer plus avant que grâce 
à l'appui de deux autres bataillons. Ils venaient d'occuper 



1. 4 bataillons, 8 batteries, 8 escadrons, 1 compagnie de pionniers. 
». D'après un rapport du capitaine Jayr au général Camô, trois de ces francs- 
tireurs auraient été brûlés vifs par l'ennemi durant le combat. 



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32 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

entièrement Beaugency, quand une batterie française, arri- 
vant de Vemon, y entra par suite d'une erreur de direction 
et tomba tout entière, à Texception d'une pièce^ entre les 
mains de l'ennemi (5 heures). 

Cependant la situation des Allemands était encore fort 
précaire à Beaugency, dans un fond dominé de tous côtés ; 
de Vemon, grâce à Tangle rentrant que dessinait notre ligne, 
nous aurions pu aisément les couper de Meung. Aussi, pen- 
dant la soirée, deux de leurs bataillons dirigés de Messas sur 
Vemon surprirent le 59* de marche et un bataillon du 27* 
mobiles (Isère), qu'ils en chassèrent en leur faisant des pri* 
sonniers. Nos troupes se retirèrent sur Pierre-Couverte ^ 

Pendant que Beaugency nous était ainsi enlevé, le général 
Barry, alors à Mer, envoyait pour la troisième fois à Beau- 
gency une partie de sa division, et notamment le 38* de 
marche (2 heures du soir). En approchant de la ville, ce régi- 
ment trouvait la colonne de Tours en pleine déroute. Camô, 
atteint par un éclat d'obus et souflfrant de deux chutes succes- 
sives de cheval', avait cédé le commandement au général 
Tripart, qui tentait de rallier les débris de ses troupes der- 
rière le ravin de Tavers. Une partie de la division du 16* corps 
les y rejoignit; quant au reste, il se retira vers Blois, avec 
le général Barry, dès le matin du 9 décembre. 

Sur la rive gauche de la Loire, le IX* corps ne s'était pas 
borné à prendre d'écharpe la droite de Camô. Ses fractions 
les plus avancées avaient poussé jusqu'à Maulnes, après un 
petit engagement contre le bataillon des francs-tireurs de la 
Sarthe, un bataillon du 31* de marche et une batterie de 
montagne. Nos troupes s'étaient retirées sur Muides et sur 
Saint-Dié. 



1. État-major prussien. D'après le rapport de l'amiral Jauréguiberry, celte 
évacuation devrait être attribuée à une tout autre cause,. Un olïlcier général 
établi à Messas aurait sommé le colonel Barille de se retirer, en le menaçant 
d'un bombardement, et nous aurions obéi sur l'heure à son injonction. Il faut 
souhaiter que cette explication ne soit point la vraie. 

2. Après la première qui a avait notablement affaibli ses facultés intellec- 
tuelles », le général Camô crut devoir, à lorl, conserver son commandement 
(Camô, ouvrage cité). 



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BATAILLE DE VILLOECEAU. 33 

En somme la journée avait été relativement avantageuse 
pour nous, à part Tévacuation de Beaugency et la déroute de 
la colonne Camô, et ces deux faits tenaient en partie à l'in- 
tervention intempestive du délégué à la Guerre. Presque 
partout, nous avions maintenu nos positions ; là où nous avions 
dû les abandonner, ce n'avait été qu'après une résistance 
acharnée, imposant de coûteux eflfbrts à l'ennemi. Nos pertes 
en tués ou en blessés étaient considérables*, il est vrai, mais 
« les troupes allemandes étaient tout à fait épuisées » . Sur 66 
officiers et 2,603 hommes de troupe, la 4® brigade bavaroise 
d'infanterie avait perdu 32 officiers et 418 hommes. De ses 
36 pièces, la 22® division d'infanterie en renvoyait le lende- 
main 24 à Orléans, entièrement hors de service. Des 18 pièces 
de la 4* brigade bavaroise, 8 seulement pouvaient entrer en 
ligne le 9 décembre*. 

Certes de pareils résultats, si près de nos échecs des 2, 3 et 
4 décembre sous Orléans, faisaient honneur à Chanzy et à 
ses jeunes troupes. Si, au lieu de demeurer inactives à l'ouest 
de la forêt de Marchéncfir ou sur nos derrières, la majeure 
partie du 21® corps et notre cavalerie avaient tenté de débor- 
der la droite allemande, la journée aurait pu se terminer par 
un véritable succès. 

Quand il donna ses ordres pour le lendemain, Chanzy ne 
connaissait ni l'évacuation de Beaugency, ni celle de Vemon. 
Croyant que nous avions conservé l'ensemble de nos positions, 
il prescrivit de s'y maintenir. 



1. D'après Chenu, nous aurions eu 2,000 • hommes hors de combat le 8 dé- 
cembre ; le détail de ces pertes est inconnu, sauf pour certains corps : 4® ba- 
taillon du Maine-et-Loire (75« mobiles) : i oIHcier blessé, 4 hommes tués, 23 
blessés et i disparu ; ii« chasseurs de marche : 8 officiers blessés, dont 
2 mortellement ; 290 hommes blessés et 884 tués ou disparus ; A5^ de marche : 
plus de 500 tués ou blessés, dont plus du tiers des officiers ; 2« brigade de la 
2« division du 2l« corps : 40 tués et iiô blessés. 

2. V. Helwig, V. Colomb, ouvrages cites. Dans son histoire de la guerre de 
1870, le maréchal de Moltke écrit que, les 8 et 9 décembre, l'Armee-Abthei- 
luDg demeura avec 4 divisions d'infanterie en face de il divisions françaises. 
Cette assertion est fausse, car Chanzy disposait seulement de la i^^ division 
du 16« corps, des 3 divisions du 17«, de 3 divisions du 21« et de la division 
Camô, au total 8 divisions. Les 2<> et 3^ divisions du 16« corps, la 4« du 21^ 
ne parurent pas sur le champ de bataille. 

CAUPAGNB DE LA liOIRB. ^ II. 3 



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34 JQSNES, VENDOME, LE MANS. 

La cavalerie du 16' corps et la 2* division du 21* s'établi- 
raient de Poisly à Lorges^ soutenues par la réserve du 
général Jaurès. Les trois divisions du 17* corps seraient 
placées de Prénay à Villemarceau par Ourcelle ; sa cavalerie 
demeurerait au Clos-Moussu. Enfin la 1" division du 16' corps 
occuperait Villorceau, en se reliant aux troupes de Camô, 
disposées de Beaugency à Vemon et au Grand-Bonnevalet, 
par Pierre-Couverte. 

Dans la nuit du 8 au 9, Chanzy, contraint par la retraite 
de sa droite de modifier ces instructions, prescrivit à Tamiral 
Jauréguiberry et au général Tripart de reprendre Beaugency 
au point du jour. En cas d'échec on couperait le pont de 
Mer, s'il devenait nécessaire. 

Plus encore que son adversaire, le grand- duc de Mecklem- 
bourg nourrissait des illusions sur l'issue de la journée. 
Autour de lui « on croyait l'ennemi entièrement battu et en 
retraite* ». Aussi se borna-t-il à prescrire de nous poursuivre 
le jour suivant, en indiquant les grandes directions à faire 
prendre aux troupes allemandes. La 17® division devait mar- 
cher sur Tours ; une brigade de la 2« division de cavalerie, 
sur Villorceau ; l'une de celles de la 4® sur Séris '. Derrière 
elles, le P^ corps bavarois serait relevé par la 22* division, 
en raison de ses pertes. 

L'état-major de la IP armée ne s'était pas encore exacte- 
ment rendu compte de la force relative des troupes françaises 
en retraite sur Gien, sur Vierzon et sur l'ouest. Le 8 dé- 
cembre, l'Armée -Abtheilung avait fait des prisonniers appar- 
tenant, d'après leur dire, aux 15", 16®, 17" et 19* corps. Au 
contraire on assurait de la Sologne que les 15®, 16®, 18® et 



1. Ces iaslructions ne mentionnent ni la i", ni la S® division du 2i« corps, 
qui avaient été à peine engagées le 8. Elles devaient demeurer en position 
comme en général le reste dç Tarmée. 

La 2® division du 2i« corps perdit le 8 décembre 2 bataillons de mobiles de 
risôre, renvoyés à Vendôme et remplacés par i compagnie de francs-tireurs 
d'Argentan et par 5 compagnies de francs-tireurs de Paris. 

2. V. Helwig. 

3. La 4® division avait été renforcée, le soir du 8, par le détachement du 
général v. Rauch, demeuré jusqu'alors au nord-est du Mans (2 bataillons, 
5 escadrons, i section à cheval). 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 35 

20* corps avaient pris la direction du sud. Les doutes de 
Frédéric-Charles ne pouvaient qu'être accrus par ces contra- 
dictions apparentes ^ Néanmoins, il admit comme démontré 
que trois ou quatre corps d'armée, au moins, opéi'aient leur 
retraite sur Vierzon et Bourges. Par suite il prescrivit au 
IIP corps et à la l'* division de cavalerie de franchir la Loire 
le 10 décembre, à Gien ou à Châtillon, puis de marcher sur 
La Chapelle d'Ancillon, à travers la Sologne. Ils attein- 
draient ce point le 12. 

Quant au IX* corps, qui suivait comme on sait la rive 
gauche de la Loire, parallèlement à la direction prise par le 
grand-duc, il se dirigerait de Blois vers Mennetou-sur-Cher, 
de façon à y arriver le 13. Enfin, après s'être concentré le 
10 à Orléans, le X* corps marcherait sur Salbris, où il 
déboucherait le 13, couvert par la 6* division de cavalerie, 
qui aurait jusqu'alors maintenu le contact avec notre 1'"* 
armée. 

Les premières dépêches reçues du grand-duc, le soir du 
8, conduisaient déjà Frédéric-Charles à hâter la concentra^ 
tion du X® corps ; elle était fixée au 9 décembre au lieu àw. 
10. Mais cette modification ne devait pas être la dernière.. 
En eflfet, le 9, à dix heures du matin, survenait un télé- 
gramme du général de Moltke faisant connaître que, vu. 
l'importance du mouvement commencé par l'Armee-Abthei- 
lung, elle devrait être soutenue le plus tôt possible, sur la 
rive droite de la Loire, par une division au moins de la 
II* armée. Frédéric- Charles était en outre autorisé à détacher 
pareille force au sud du fleuve. Enfin, le roi l'invitait à 
prendre la direction supérieure des opérations en aval d'Or- 
léans. 

Ces nouvelles prescriptions modifiaient la situation dans 
un sens tout à fait défavorable à Chanzy. Elles obligeaient 
en eflfet Frédéric-Charles à reporter contre la 2® armée la 
masse de ses forces, sauf à abandonner le mouvement com- 
mencé vers Bourges. Jugeant même trop dangereux de ré- 



1. V. der Goltz. 



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36 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

partir ses forces en plusieurs masses, il décidait de marcher 
vers Touest avec tout ce qu'il aurait de troupes disponibles *. 
Dans la matinée du 9 (10 heures et demie), il invitait le 
X* corps à pousser immédiatement sur Meung le détache* 
ment qui avait atteint Orléans. Quant au IIP corps et à 
la 1'* division de cavalerie, dont la tête débouchait déjà 
en amont de Gien, vers Cosne, ils marcheraient aussitôt sur 
Orléans, en laissant un détachement seulement à Gien, 
Après avoir détruit les voies ferrées autour de Vierzon, la 
6* division de cavalerie se mettrait en relation avec le IX* 
corps dans la direction de Blois, tout en explorant la vallée 
du Cher. 

A TArmee-Abtheilung, les circonstances s'étaient égale- 
ment modifiées depuis le soir du 8 décembre. Une estafette 
française, capturée pendant la nuit, avait laissé tomber aux 
mains des Allemands des copies de plusieurs ordres, démon- 
trant que nous avions l'intention de conserver nos positions 
au lieu de battre en retraite, comme le grand-duc s'y atten* 
dait. Celui-ci prescrivit (9 décembre, 7 heures du matin) 
que la 17® division se rassemblerait à Messas, la 22* à Beau- 
mont, la 4® division de cavalerie au nord-est. Le P' corps 
bavarois et la 2® division de cavalerie seraient en réserve au 
Grand-Châtre. Mais déjà ces ordres tardifs ne pouvaient plus 
être exécutés. 



1. V. dor Goltz. 



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CHAPITRE IV 

BATAILLE DE VILLORCEAU 

(Deuxième journée, 9 décembre) 

Tentative sur Vemon. — Offensive de Roquebrane vers le Mée. — Retraite des divisions 
Deplanque et Roquebrane. — Attaque de Villeniarcean par le 17« corps. — Combat 

' sur le ravin de Tavers. — Perte de Cemay et de Villejouan. — Reprise de Layes et 
de Beauvert. — Lear perte définitive. — Perte de la Villette. — Reprise de Ville- 
conlon. — Combats de Montlivault. — Sarprise de Chambord. — La délégation se re- 
tire à Bordeaux. — Instraetions da 9 décembre. — Ordres de Frédéric-Charles et du 
grand-duc. 

Vers 8 heures, en effet, de fortes lignes de tirailleurs^ 
débouchaient de Pierre-Couverte sur Vernon. L'amiral Jau- 
réguiberry avait prescrit au lieutenant-colonel BarîUe, du 
59* de marche, de coopérer à une tentative contre Beaugency 
qu'aurait dirigée le général Tripart avec le reste de la 
colonne Camô. Mais Tripart avait eu grand'peine à arrêter 
sur le ravin de Tavers ses troupes en fuite vers Bloîs et Mer 
était « rempli de fuyards qui s'en retournaient tranquillement 
chez eux'».. La tentative isolée du colonel Barille devait 
donc échouer. Il suffit du feu rapide d'un bataillon prussien 
et des obus de cinq batteries entrées successivement en action 
au nord de Messas pour l'obliger à la retraite. 

D'ailleurs Chanzy donnait à l'amiral l'ordre de porter en 
arrière la 1" division du lô** corps, de façon à combler le 
vide survenu entre elle et les troupes du général Tripart. 
Ainsi la 2® armée allait s'étendre de la Loire à Foisly, par 
Toupenay, Origny, Ourcelle et la Motte. 

Pour masquer le mouvement du général Deplanque, la 
division Roquebrune avait été portée, dès 5 heures du matin. 



1. Appartenant à la colonne Camô, et non au 17« corps, comme le ditTétat- 
major prussien. 
S. Dépôche de Jauréguiberry à Cbanzy, 4 heures 8/4 du matin. 



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38 JOSNES, VENDOME, LE MAKS. 

de Villorceau sur Villevert. Vers 7 heures, elle dépassait ce 
j)oint et semblait même menacer Le Mée, que deux batail- 
lons bavarois et une batterie prussienne s'empressaient de 
•couvrir. Notre démonstration était aussitôt arrêtée. 

D'ailleurs, à ce moment (8 heures), la division Deplanque 
se retirait par échelons sur.Loynes. Malgré la fatigue et la 
•dispersion de ses troupes, dont une partie, notamment les 
33® (Sarthe) et 75® mobiles (Loir-et-Cher et Maine-et-Loire), 
s'était repliée, dès la veille au soir, sur la route de Mer, ce 
mouvement s'opérait avec le plus grand ordre. 

Vers 8 heures et demie ^ la division Deplanque ayant dé- 
passé Loynes, le général de Roquebrune commençait son 
jmouvement rétrograde. A ce moment les Bavarois déployés 
-au sud-ouest du Mée étaient renforcés par d'autres bataillons 
venant de Beaumont. Ils dépassaient Villevert et Villechau- 
mont ; puis, avec l'appui d'une batterie, six de leurs .compa- 
gnies s'emparaient de Villorceau (10 heures et demie), en 
dépit d'une défense opiniâtre qui nous coûtait une centaine 
de prisonniers. Cependant, entre 11 heures et midi, des 
•fractions des divisions Roquebrune et Deplanque reprenaient 
roffensive sur Villorceau et le Petit-Bonnevalet. Une batterie 
-allemande placée au nord de Beaugency avait même beau- 
coup à souflfrir de leur feu. 

D'ailleurs, ce mouvement oflFensif ne tardait pas à être 
arrêté par les deux bataillons et la batterie qui s'étaient 
<3mparés de Villorceau, en même temps que par des fractions 
de la 17* division venant de Messas. 

En eflFet, vers midi, à l'annonce que de fortes masses se 
portaient de notre gauche vers Cravant, le grand-duc avait 
prescrit au général Von Tresckow de se diriger de Messas sur 
Villevert et Villorceau, en opérant un changement de front 
à droite. Ce mouvement était d'une exécution d'autant plus 
aisée que, par suite de la retraite de la colonne Camô et 
•d'une grande partie de la division Deplanque, la IV division 



1. D'après V Historique du iP chasseurs, le ii« chasseurs de marche (!'• dî- 
•vision du i7» corps) aurait pris position dans la matinée derrière le ravin de 
Tavers ; mais ce détail paraît être erroné. 



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BATAILLE DE VILLORCBAU. 39 

n'avait plus d'adversaires devant elle. Von Tresckow porta sur 
le Grand-Bonnevallet le gros des troupes rassemblées à 
Messas ; pour se couvrir du côté du ravin de Tavers, il di- 
rigea une avant -garde sur Pierre-Couverte, tandis qu'un 
bataillon occupait chacun des hameaux des GroUes et du 
Clos-Moussu. Il ne restait phis à Beaugency qu'un bataillon, 
deux escadrons et une batterie. 

Cependant deux bataillons et une batterie prussienne 
marchaient du Grand-Bonnevalet sur Loynes et Villorceau, 
où les Bavarois étaient déjà entrés, nous l'avons dit. Un 
autre bataillon poussa ensuite sur Villemarceau, où il ne 
tarda pas à être attaqué par de fortes colonnes du 17* corps 
sorties d'Origny et de Villejouan. Toutefois avec l'appui d'un 
bataillon et de trois batteries placées au sud de Villemarceau, 
il parvenait à conserver ses positions. 

Au centre de Von Tresckow, deux bataillons, demeurés 
tout d'abord au Grand-Bonnevallet, s'avançaient jusque dans 
l'intervalle de Clos -Moussu et de Boynes, à la suite des 
fractions de la colonne Camô en retraite vers la ferme de la 
Feularde. Le général Tripart avait occupé le ravin de Tavers 
et une partie de la série de dépressions qui le prolonge vers 
Toupenay. Dans la plaine découverte et faiblement ondulée 
qui sépare Beaugency de Blois, cette coupure constituait un 
obstacle assez sérieux. De plus, des emplacements de bat- 
terie construits en arrière du ravin, aux abords de la route 
et du chemin de fer, battaient tout le terrain vers Beaugency 
et même la rive gauche de la Loire ^ 

De son côté, la division Deplanque s'était retirée sur 

1. Une partie de la division Barry, notamment la majeure partie du 38<^ 
de marche, s'était retirée sur Mer, dès 4 heures du matin, le 9 d(5cembre ; 
4 compagnies du S8« demeurèrent à Tavers toute la journée et se replièrent le 
soir sur Mer. Le reste de la division Barry se retira sur Blois, dans l'après- 
midi du 9, après avoir coupé le pont suspendu de Mer (Historique du 38« de 
ligne). 

A la suite de celte retraite, le général Barry fut Tobjet d'un ordre d'arres- 
tation de la part de Gambetla, ordre qui ne fut jamais exécuté : « Le général 
Barry est venu au ministère dès son arrivée ; il s'est croisé avec vous. J'ai 
peut-être été niais, mais, devant ses explications, je n'ai pas eu le courage 
de maintenir Tordre d'arrestation. » (Télégramme de M. Ranc à Gambetta, 
Enquête, tome IV, page 68.) 



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40 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Serqueu, où elle se couvrait d'épaulements et de tranchées- 
abris, en se reliant à la colonne Tripart au moyen de la 
cavalerie du 17® corps, placée vers Laveau. Vers midi il se. 
produisit sur cette partie du champ de bataille un moment 
d'accalmie qui dura jusqu'à 3 heures et demie. Alors les 
deux bataillons prussiens venant du Grand-Bonnevalet, ren^ 
forcés de deux autres, débouchèrent au delà de la crête qui 
sépare Clos-Moussu de Boynes, vers la Feularde. Le temps 
était sombre ; Chanzy, qui examinait avec l'amiral des tra- 
vaux en construction au nord -est du Grand -Mizian, crut 
d'abord à l'arrivée de troupes de la colonne Tripart. Mais les 
Allemands ne tardaient pas à ouvrir le feu et refoulaient 
assez aisément la brigade Bourdillon au delà du ravin jusqu'à 
la Feularde*. A ce moment, la brigade du lieutenant-colonel 
Faussemagne (1" division du 17* corps) formait un crochet 
défensif sur leur flanc droit, vers Toupenay. Les bataillons 
de Bourdillon, renforcés de deux batteries, reprenaient en 
même temps l'oflfensive. Enfin une batterie de mitrailleuses 
(22® du 13® régiment), placée à cheval sur la voie ferrée et 
enfilant le ravin, prenait de flanc les tirailleurs ennemis, en 
leur infligeant de fortes pertes. 

Les Allemands étaient bientôt arrêtés et même ne tardaient 
pas à repasser le ravin, en se repliant vers le Grand-Tau- 
panne et la Pierre-Tournante, où ils s'arrêtaient à la nuit. 
Plusieurs de leurs batteries placées au nord de Villemarceau 
avaient ouvert le feu contre la brigade Faussemagne, mais 
l'artillerie de Roquebrune suffisait à leur imposer silence. 

Ainsi, sur cette partie du champ de bataille, la journée se 
terminait heureusement pour nous *. Mais il n'en était pas de 
même au centre de l'armée. 

Le 2® bataillon du 51® de marche (2® division du 17® corps) 



1. La brigade Bourdillon occupait la gauche de Deplanque, son centre au 
Grand-Mizian. Le 75» mobiles, à gauche de cette ferme, était encadré entre 
une batterie de mitrailleuses et une batterie de 4, celle-ci à sa droite (Dumas, 
Les Mobiles de Maine-et-Loire). 

2. L'état-major prussien (p. 660) glisse sur cet échec, tout en le reconnais- 
sant implicitement. Voir à ce sujet l'ouvrage de Chanzy, les historiques dos 
mobiles de Maine-et-Loire et du 13® d'artillerie. 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 41 

avait réoccupé, durant la nuit, Cemay, que nous avions 
évacué la veille au soir. Le reste de cette division s'étendait 
au sud-ouest de Villechaumont. Quant à la 3* division du 
17® corps, elle était en deuxième ligne, vers le Plessisf et 
Ourcelle. 

De leur côté, les Allemands avaient à Villechaumont un 
régiment d'infanterie, deux escadrons et une batterie * appar- 
tenant à la 4® brigade bavaroise. Dès 7 heures du matin, ils 
ouvraient le feu sur des colonnes de la 2* division du 17® corps 
apparues vers Cemay. 

Tout d'abord nous ne dépassions pas ce hameau. Vers 
9 heures seulement , une forte ligne de tirailleurs faisant 
partie de la même division ^ se montrait au sud-ouest. Mais 
déjà toute la 4® brigade bavaroise s'était concentrée à Ville- 
chaumont, et six de ses compagnies aiTêtaient nos progrès, 
grâce à l'appui de huit pièces placées au nord-ouest, puis à 
Touest, près d'un moulin à vent. 

Cependant trois batteries françaises, dont deux aux abords 
de Cemay et la troisième à l'est d'Ourcelle, infligeaient de 
telles pertes à l'artillerie bavaroise qu'elle se retirait, non 
sans peine. Pour le moment, elle était même hors d'état de 
reprendre part à l'action'. A la suite de sa retraite, les cinq 
bataillons bavarois, vivement pressés par nos tirailleurs, se 
repliaient sur Villechaumont, lorsque survint une partie de 
la 22® division d'infanterie. 

Au lieu de rassembler celle-ci tout entière à Launay, 
suivant l'ordre dû grand-duc, von Wittich avait cru prudent 
de laisser la 44® brigade en position de Beauvert à Gravant 
et de porter la 43®, seule, à Launay. En atteignant Beaumont 
vers 8 heures, le général commandant cette brigade reconnut 



1. Réduite à deux pièces, les autres étant hors d'usage (État-major prussien, 
page 647). 

2. Les i«' et 3» bataillons du si® de marche figuraient parmi ces troupes 
{Historique du 51^ de ligne). La 20« batterie du 13« régiment, la 20® du 12, 
les 32» et 33« de l'artillerie de la marine furent engagées aux abords de 
Cemay et de Villechaumont. Ces trois dernières faisaient partie de la réserve 
du 17« corps. 

8. V. Helwig. Il lui restait seulement i officier, 2 sous-officiers et 12 servants. 



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42 josKi 

qu'il ne pouvait plus être question de relever les Bavarois^ 
mais seulement de les renforcer. U détacha aussitôt trois 
bataillons et deux batteries, à Villechaumont, en soutien de 
la 4® brigade. Celle-ci était alors vivement pressée par notre 
infanterie, mais l'intervention de la 22* division suffit à chan- 
ger sa situation. Quelques obus jetés dans Cernay mirent la 
panique parmi le 2® bataillon du 51* de marche, dont une 
partie s'enfuit jusqu'à Ourcelle. Un bataillon allemand s'em- 
para ensuite de Cernay, en y faisant 200 prisonniers, et ce 
fut avec la plus grande peine que l'une de nos batteries put 
se dégager en perdant deux avant- trains et un caisson \ 

Une batterie bavaroise qui s'établit près de Cernay en 
assura aux Allemands la possession définitive, et le combat 
demeura quelque temps stationnaire. Voyant que nous n'a- 
vions nulle intention de prendre sérieusement l'offensive, le 
grand-duc fit même replacer en réserve d'importantes frac- 
tions de la 2® division bavaroise et de la 22* division. 

Vers 3 heures seulement, lorsque se produisit le mouve- 
ment offensif dont nous avons parlé pour la 17' division, trois 
batteries, six escadrons et quatorze pièces se portèrent en 
avant de Cernay et de Villechaumont, dans la direction de 
Villejouan. Le 51* de marche et le reste de la première 
ligne de la 2® division du 17* corps reculèrent en désordre au 
delà d'Origny, qui fut pris après une faible résistance. Mais 
le 10* chasseurs de marche et plusieurs compagnies du 48* 
de marche se déployèrent et arrêtèrent cette déroute*. A 
9 heures du soir, le gros de la division était à hauteur de 
Josnes et quelques-uns de ses éléments , notamment la 20® 
batterie du 13* régiment, à Villexanton, à 15 kilomètres de 
Villorceau. 

Au contraire, la 3* division du 17* corps s'était maintenue 
à Ourcelle et au Plessis, sur le flanc droit des Allemands 
aventurés à Origny. Pendant une partie de la journée, elle 



1. Probablement la 20® du 13« régiment. 

2. Le 10<) chasseurs n*eut que i officier et 15 hommes lues ou blessés 
^{Historique du iO^ chasseurs). 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 43 

prenait même Toffensive au nord-ouest de Gravant*. Le gé- 
néral von Wittich avait laissé dans ce village la 44' brigade 
seulement, comme nous Tavons vu. Dès le départ de la 43*, 
elle fut attaquée par plusieurs de nos bataillons qui enle* 
vèrent les. hameaux de Layes et de Beauvert*. Toutefois 
notre succès fut éphémère. Von Wittich lança contre ces deux 
points six bataillons prussiens, dont trois en première ligne ; 
ils furent appuyés par une batterie venant de Rilly, où 
s'était rassemblée la 2® brigade bavaroise. Délogés de Layes 
et de Beauvert, nos tirailleurs refluèrent au sud-ouest de la 
route, tandis que des fractions de la 44* brigade prussienne 
allaient renforcer celles de la 43* engagées à Cemay. D'autres 
demeuraient en face de la 3** division du 17* corps et de la 
2* division du 21\ 

Dans la matinée, cette dernière s'était établie de Poisly 
vers Cemay, et la 3* division du 21* corps de Saint-Laurent- 
des-Bois à Poisly, avec la cavalerie du corps d'armée à sa 
gauche. La veille, Jaurès avait lui-même conduit sa réserve 
de Marchénoir à Lorges, en arrière du centre de ses troupes*. 
Enfin, dès les premières heures du jour, la 1^* division, 
qui était répartie de Saint-Léonard à Viévy-le-Rayé, sur la 
lisière sud-ouest de la forêt de Marchénoir, avait quitté ces 
positions pour venir s'établir en soutien de la 3*. 

Nos reconnaissances ayant averti le général Colin (2* divi- 
sion du 21® corps) de la concentration des Allemands vers 
Gravant, il détacha à Villermain le W bataillon de marche 
de l'infanterie de marine (1" brigade) et 2 pièces de 4, en 

1. L'artillerie de la l™ divisioD, notamment la 19« batterie du 158 régiment, 
parait avoir pris position vers lO heures du matin derrière un pli de terrain, 
à mi-chemin de Villemarceau, au ch&teau de Serqueu. Bille y demeura jusque 
vers midi et eut 4 blessés et 2 chevaux tués {Historique du corps), 

2. Chanzy ne mentionne pas ce fait, que les ouvrages allemands sont una- 
nimes à reconnaître. 

A la fin du jour, Tartillerie de von Witlich (6 batteries) était dans le plus 
misérable état. Elle n'avait plus que 8 pièces de 4 utilisables ; les Bavarois 
n'en avaient qu'une. On fit de ces 9 pièces une seule batterie ; 6 furent mises 
hors de service dès le matin du lO et le reste dans la journée. Il fallut ren- 
voyer le tout à Versailles (V. Wittich, ouvrage cité, p. 291). 

3. La 4» division du 21« corps, partie le matin de la Ville-aux-Clercs, ar- 
riva le soir du 9 décembre entre Prélevai et Ecoman, à l' extrême gauche de 
l'armée. Elle ne put qu'y rester tout à fait inaclive. 



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44 JOSNES, 

soutien de la cavalerie du corps d'armée. Quant à sa 2* bri- 
gade, elle occupait la ferme de la Villette au moyen d'un 
bataillon du 41* de ligne, soutenu par cinq compagnies de 
francs-tireurs de Paris ; le 4* bataillon de TOrne était à la 
ferme des Boëches et le 1*' à droite, vers Cernay. Les 2® et 
3* bataillons de TOrne formaient la deuxième ligne et les deux 
bataillons de mobilisés de la Sarthe, la réserve. Enfin une 
batterie de 4 était à la droite et une autre (25® ter de Tartil- 
lerie de la marine) au centre de cette ligne. 

Vers 8 heures du matin, la 2* brigade ouvrit le feu* en 
avant de la Villette. Mais les francs- tireurs de Paris quittaient 
leur position sans ordre et des fractions de la 44'' brigade 
prussienne s'emparaient de cette ferme. Le 2® bataillon de 
l'Orne, qui se portait alors en avant, se bornait à recueillir 
le bataillon du 41* de ligne, sans chercher à reprendre la 
ferme. D'ailleurs les Allemands, qui n'avaient pas encore 
d'artillerie sur cette partie du champ de bataille , étaient 
aisément contenus par la brigade des Moutis. 

Vers 11 heures, le 2® bataillon de l'Orne passait en pre- 
mière ligne pour relever le bataillon du 41®, qui avait beau- 
coup souffert et dont les munitions étaient presque épuisées. 
En même temps, le V^ bataillon de l'Orne se jetait sur la 
ferme de Villecoulon, dont il s'emparait malgré une vive 
fusillade. Les deux bataillons de mobilisés de la Sarthe sui- 
vaient en réserve. 

A ce moment, des fractions de la 2' brigade bavaroise, 
venant de Launay, entraient en ligne et cinq batteries alle- 
mandes ouvraient le feu à Beauvert *. Malgré tout, des Moutis 
parvenait à se maintenir dans Villecoulon et au sud-ouest 
de la Villette, grâce au concours d'une partie de l'artillerie 
de la 3® division®. 

Vers une heure et demie, les pièces allemandes causant 

1. Elle formait alors trois lignes de tirailleurs en avant de la 25« batterie <er 
et une quatrième en arrière (Des Moutis, ouvrage cité, p. 99). 

2. 3 bataillons de la i" brigade bavaroise soutenaient ces batteries ; le reste 
de cette brigade et 4 batteries étaient en réservé à Launay (Élat-major prus- 
sien, page 658). 

3. Notamment de la 21« batterie du 12e régiment (à balles). 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 45 

de grosses pertes à notre infanterie, il devenait indispensable 
de gêner leur action. Le 2® bataillon de TOrne poussait ses 
tirailleurs jusqu'à 800 mètres d'elles, et obligeait ainsi deux 
batteries à se retirer. Mais les pertes de notre artillerie 
étaient également très considérables : une section de 12 de la 
réserve, envoyée à la ferme des Boëches, perdait rapidement 
presque tous ses attelages, et le sous-lieutenant de Vauvi- 
neux avait peine à la sauver au moyen de chevaux d'escorte. 
En même temps que survenait cet incident, le manque de 
cartouches obligeait le 2* bataillon de l'Orne à se repliera 

Pour éviter que ce mouvement rétrogade ne s'étendît au 
reste de sa brigade, des Moutis reporta ce bataillon en avant, 
avec l'appui de deux sections de 12 et d'un demi-bataillon 
de fusiliers-marins empruntés à la réserve. Malgré un feu 
très vif, les Allemands furent refoulés vers la route de Châ- 
teaudun, en abandonnant une seconde fois la ferme de Vil- 
lecoulon. A la nuit, le combat cessa, non sans avoir imposé 
de lourdes pertes à la 2® brigade ^ 

Quant à la V^ brigade de la division Colin et au reste du 
21* corps, leur action s'était bornée à des escarmouches contre 
des éclaireurs de la 4® division de cavalerie prussienne. 

Pendant que, sur la rive droite de la Loire, la plus grande 
partie de la 2* armée^ opposait à l'ennemi une résistance 
vigoureuse, sur la rive gauche les restes de la 3® division du 
16*" corps subissaient, de nouveau, un complet échec. 

Comme nous l'avons dit, le général Morandy avait reçu le 
7 décembre, dans l'après-midi, l'ordre de se retirer deBeau- 
gency vers Blois et d'occuper, au sud de la Loire, le parc de 
Chambord ainsi que les positions défensives organisées aux 
abords du faubourg de Vienne. Il lui était recommandé, en 
outre, de se mettre en relations avec les francs-tireurs de la 
Sarthe, alors à Saint-Laurent-des-Eaux, et de reformer sa 
division. 



1. D*aprés le lieutenant-colonel des Moutis, on venait d'en recevoir, mais 
d'un calibre trop élevé. 

8. 27 officiers et 1,754 hommes de troupe hors de combat, dont 2 officiers 
tués, 8 blessés et 561 hommes tués ou blessés pour les 4 bataillons de TOrne. 



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46 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Arrivé le soir du 7 à Blois, il envoya le matin suivant sa 
l^e brigade (lieutenant -colonel Marty) à Chambord, avec 
Tordre d'occuper le parc, surtout les portes de Muides et de 
Saint-Dié, les plus menacées. Une partie des francs-tireurs 
de Paris était placée sous les ordres du lieutenant-colonel 
Marty. A la suite d'une réunion du comité de défense à Blois, 
on prit toutes les dispositions nécessaires pour défendre le 
parc de Chambord; des emplacements furent assignés aux 
batteries de la division, et des lignes de retraite indiquées. 

Le matin du 9 décembre, le général Michaud, commandant 
la subdivision, apprenait la perte de Beaugency et réclamait 
instamment la concentration à Blois de toutes les troupes dis- 
ponibles. Il s'imaginait que déjà cette ville était menacée. 
Sur ses instances Morandy crut devoir prescrire à la brigade 
Marty de se replier sur Blois, en laissant la garde du parc 
aux francs-tireurs de Paris. A peine ce mouvement était-il 
en voie d'exécution que le général Peytavin^ ordonnait à 
son tour à Morandy de se reporter sur Mer, pour soutenir la 
retraite de la 2® armée. Cet ordre était suivi d'une dépêche 
du général en chef, rappelant qu'on devait obéir à lui seul 
et invitant Morandy à reprendre ses positions au sud de la 
Loire. La brigade Marty, déjà en marche sur Blois, faisait 
donc demi-tour, après avoir dépassé Ruisseaux, et la brigade 
Jobey se dirigeait sur Chambord derrière elle. 

Cependant la 3® brigade de cavalerie prussienne, qui 
éclairait le IX® corps, avait atteint Muides sans incident. En 
suivant la route de Vienne, elle rencontra près de Saint-Dié 
les francs-tireurs de la Sarthe, qu'elle culbuta en leur infli- 
geant des pertes sensibles *^. Avec une batterie et un bataillon 

1. Commandaut la s» division du 16« corps, que les hasards de la retraite 
avaient conduit à Blois avec une fraction de ses troupes (une partie des 16® 
de ligne et 33® de marche, des mobiles du Puy-de-Dôme et la 18® batterie 
du iQû régiment). Cet officier général rejoignit ensuite la l" armée et prit 
part à la campagne de TEst avec le gros de son ancienne division. - 

2. 37 hommes hors de combat. Une partie seulement de la brigade Marty 
prit part à Tattaque de Montlivault (Ghanzy dit l bataillon du 36<' de marche, 
mais il est probable que d'autres fractions furent engagées). Le 36« perdit 
12 tués et 21 blessés dans cette affaire. 

Quoi qu'il en soit, l'état-major prussien exagère sensiblement en parlant de 
« fortes colonnes françaises ». 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 47 

du 31' de marche qui les soutenaient, ils se replièrent sur 
Montlivault, dont Tennemi s'empara également. Mais, vers 
4 heures, une partie de la brigade Marty reprit Toffensive et 
menaça bientôt ce village, malgré le feu de deux batteries 
allemandes. Grâce à Tappui de quelques pièces placées au 
sud-ouest de Mer, sur la rive droite de la Loire, nos tirail- 
leurs réussirent à pénétrer dans Montlivault, où quatre ba- 
taillons hessois eurent peine à les arrêter par leurs feux ra- 
pides. C'est sur ces entrefaites que parvenait à la brigade 
Marty l'ordre de Morandy la rappelant à Blois. Elle se mit 
en marche vers le faubourg de Vienne, mais pour faire 
demi-tour, quelques instants après, suivie par la brigade 
Jobey, ainsi que nous l'avons vu plus haut. 

Le lieutenant-colonel Jobey, commandant la 2' brigade, 
se dirigeait sur Chambord avec quatre compagnies et demie 
du 40® de marche, les 2® et 3* bataillons du 71® mobiles 
(Haute-Vienne) \ Il atteignit le parc en même temps que le 
général Morandy et se disposait à y bivouaquer (vers 6 heures), 
quand une vive fusillade retentit autour de lui. Un bataillon 
détaché sur le flanc gauche des Hessois avait mis à profit la 
négligence de quelques francs-tireurs de Paris pour jeter 
dans le parc une cinquantaine d'hommes. Au milieu du 
désarroi général, encore accru par l'obscurité, cette petite 
troupe parvint jusqu'à la cour du château et y captura cinq 
pièces, douze caissons, 200 hommes et 60 chevaux. Les dé- 
bris du IV mobiles et du 40" de marche s'enfuirent dans 
toutes les directions, laissant sur place un assez grand nombre 
de tués et de blessés. Le premier de ces corps, renvoyé à Li- 
moges pour se reconstituer, ne devait reparaître à l'armée 
que le 2 janvier 1871. Le second ne se rallia que le 11 dé- 
cembre, à Tours. Ainsi la malheureuse division Morandy 
était, une fois de plus, hors d'état de combattre*. 



1. Le reste du 40« (3 compagnies du 3® bataillon et le a») était à l'escorte 
du convoi ou à Blois; le i" bataillon du Ti» mobiles, après avoir pris le 
4 décembre la direction de la Ferté-Saint- Aubin, s'était dirigé sur Amboiss, 
où il arriva le 10. 

2. Au moment do cette affaire, les francs- tireurs de Paris étaient-commandes 



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48 

Telle était la journée du 9 décembre ; elle nous coûtait 
des pertes très sensibles, ainsi qu'aux Allemands^, sans avoir 
produit encore des résultas décisifs. Cependant la retraite de 
notre droite et surtout la malheureuse affaire de Chambord 
devaient fatalement entraîner, à bref délai, l'évacuation de 
Blois. Ce point occupé par les Allemands, un mouvement 
rétrograde s'imposerait à l'ensemble de l'armée. D'ailleurs la 
Délégation avait pris la veille (8 décembre) une grave réso- 
lution, celle de transférer son siège à Bordeaux. Elle devait 
quitter Tours le 9, à minuit. Cette décision, à laquelle on ne 
pouvait reprocher que d'être tardive, avait été notifiée le 
matin du 9 à Chanzy, et Gambetta, qui arrivait à Josnes 
dans la soirée, la confirmait en engageant le général à ne 
plus se préoccuper de couvrir Tours. Désormais Chanzy n'a- 
vait qu'à consulter l'état de son armée et les forces de l'en- 
nemi, avant de décider de la conduite à tenir. Ce double 
ordre de considérations l'amenait à penser qu'une retraite 
sur le Loir ou même sur la Sarthe allait devenir indispen- 
sable. Toutefois, avant de s'y résigner, il voulut tenir tête 
durant une journée encore. Des renseignements optimistes 
envoyés de Tours lui faisaient espérer que cette résistance 
aurait d'heureux résultats ; dans tous les cas, elle permet- 
trait de préparer la retraite. 

Les instructions données à la 2" armée, le soir du 9 dé- 
cembre, portaient que le 17® corps reprendrait Origny le 10, 
à la première heure. Notre cavalerie reconnaîtrait Beau- 
gency, Villorceau, Cernay, Cravant, Villermain et Binas. 
Si l'ennemi gardait la défensive, les troupes les plus avan- 
cées du 21* corps se retireraient sur la ligne Poisly, Lorges, 
Briou. La cavalerie du 16® corps, établie vers Villemuzard, 
relierait le 21* au reste de l'armée, qui resterait immobile. 



par le chef de bataillon La Cécilia, en l'absence du lieutenant-colonel de Li- 
powski. On sait que le premier joua plus tard un rôle actif dans la Commune. 

D'après VHistorique du 40^ de ligne, le 40® de marche perdit 20 officiers 
et 160 hommes. Le rapport du général Morandy évalue à iÔjOOO hommes, 
avec i8 pièces, les forces de l'ennemi. 

1. D'après Chenu, nous n'aurions eu que 550 hommes hors de combat le 
9 décembre. 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 49 

Notre front dessinerait ainsi un angle obtus dont le sommet 
serait à Briou, près de l'angle sud-ouest de la forêt de Mar- 
chénoir. 

Dans ces instructions^ Chanzy recommandait à nouveau 
de faire surveiller nos derrières par de la cavalerie ^ afin 
d'éviter les débandades : triste symptôme de l'affaissement 
moral qui commençait à gagner la plus grande partie de 
l'armée et qui n'était combattu que par l'énergie du général 
en chef. 

Du côté des Allemands, les avant-postes des 17* et 22* di- 
visions s'étaient établis de Beaugency jusqu'à Cemay, par 
Clos-Moussu et Origny. Là ils se reliaient à ceux de la 1'* 
division bavaroise, prolongés eux-mêmes, de Montigny à 
Ouzouer-le-Marché, par ceux de la 4« division de cavalerie. 

Déjà les renforts arrivant d'Orléans approchaient du champ 
de bataille ; la tête de l'infanterie du X" corps atteignait 
Meung. Vers 3 heures, huit batteries et un régiment de ca- 
valerie avaient même poussé jusqu'au Grand-Cbâtre. 

Au sud de la Loire, la 6* division de cavalerie avait fait 
sauter le viaduc de Vierzon, après s'être assurée que nos 
troupes continuaient leur retraite sur Bourges. A l'est d'Or- 
léans, le in® corps marchait vers l'ouest, et sa pointe atteignait 
Bray le soir du 9 décembre. La !'• division de cavalerie était 
à la Bussière et il n'y avait plus à Gien qu'un petit détache- 
ment des trois armes. 

Au moment où Frédéric-Charles donna ses ordres pour le 
10 décembre, il avait reçu des renseignements très favora- 
bles sur la marche du combat. Aussi se boma-t-il à prescrire 
que l'Armee-Abtheilung maintiendrait ses positions, en se 
faisant éclairer vers Morée par la 4® division de cavalerie, et 
vers Mer par la 2*. Toutefois le I®' corps bavarois, qui avait 
été fort éprouvé, comme on sait, pendant les journées précé- 
dentes, se dirigerait en deux échelons sur Orléans, pour se 
refaire ^ Au contraire, le X® corps pousserait jusqu'à Beau- 



1. 1,800 hommes d'infanterie et un escadron se mettraient en mouvement 
le 10 ; le reste partirait le il {État-major prussien, p. 663). 

CÂlfPAOHB DB I. LOIBB. — II. 4 



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50 JOSNES, 

gency, en se couvrant d'une avant-garde qui irait jusqu'à 
Mer, s'il était possible sans combat sérieux, et qui se relie- 
rait au IX® corps. Quant à l'avant-garde de ce dernier, elle 
marcherait sur Âmboise, par la rive gauche de la Loire. Le 
gros de la 6* division de cavalerie demeurerait à Vierzon 
pour observer vers Bourges, sauf à se relier au IX® corps au 
moyen d'une brigade jetée dans la vallée du Cher. Enfin le 
IIl" corps et la !'• division de cavalerie continueraient leur 
marche vers l'ouest. 

De son côté, le grand-duc prescrivait aux 17* et 22* divi- 
sions de se tenir prêtes à soutenir le X* corps dans son mou- 
vement à l'ouest de Beaugency. 

De ce qui précède il résulte que la journée du 10 décembre 
allait être aussi peu décisive que les précédentes. Les Alle- 
mands étaient loin d'avoir achevé leur concentration ; ils se 
dispensaient même de la hâter, fort imprudemment, dans la 
persuasion que nous avions renoncé à leur tenir tête. D'autre 
part, le général Chanzy, à peu près résigné à la retraite, ne 
la jugeait pas encore tout à fait indispensable, et il voulait 
tenter encore une fois les hasards du champ de bataille. 



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CHAPITRE V 

BATAILLE DE VILLORCEAU 
(Troisième journée, 10 décembre) 

Beprise d'Orignj et de YiUeJouaa par le 17« corps. — Combat de Montigny. — :Ëchec de 
Villemarcean. — Perte de Yillejouau. — Défense de Blois. — Résultats de la journée. 
— Situation des deux armées. — Réflexions. — La Ire armée. — Glianzy se décide à 
la retraite. — Ses instructions pour le 11. — Instructions de Frédéric-Charles. 

On se souvient qu'à la suite de la retraite précipitée de la 
2*^ division du 17* corps, von Wittich avait pu occuper Ville- 
jouan, Origny et Villemarceau, en s' enfonçant comme un 
coin dans notre ligne de bataille, entre Ourcelle et Grand- 
Taupanne. Dans ces trois hameaux il ne laissa qu'un régi- 
ment ; encore, à la suite d'une erreur, une grande partie de 
ce corps se dirigea-t-elle vers le centre de rassemblement de 
la division. Seules quatre compagnies demeurèrent en posi- 
tion, dont deux à Origny. 

C'est dans ces conditions que se produisit le 10 décembre,, 
vers 7 heures du matin, l'attaque ordonnée par Chanzy. Le 
général Guépratte * avait confié à sa 3* division le soin de re- 
prendre Origny et Villejouan, tandis que la 2® resterait en 
deuxième ligne. Cette action, très bien conduite par le 
général de Jouffroy d'Abbans, qui commandait provisoirement 
la division, réussit entièrement. Origny fut enlevé malgré 
une vive résistance, et une grande partie des Allemands quL 
l'occupaient tomba entre nos mains. Le reste tenta de se 
réfugier dans Villejouan, qui fut pris presque aussitôt. Malgré 
le voisinage de l'ennemi, le général de Jouffroy resta d'abord 
dans la possession incontestée de ces deux points, et même il 
se produisit un long temps d'arrêt dans le combat. 

Cependant la 43* brigade d'infanterie prussienne avait 



1. Commandent provisoirement le 17« corps. 



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52 JOSKëS, VENDOME, LE MANS. 

pris position à Cernay et la 44" à Gravant; la 4* brigade 
bavaroise était à Villechaumont ; la 2*, à Layes et à Beauvert ; 
la 3®, en réserve à Beaumont. La 1", destinée à tenir gar- 
nison dans Orléans, s'était déjà mise en marche sur cette 
ville, laissant un bataillon seulement et trois batteries à 
Launay. 

De notre côté, le général Colin (2" division du 21* corps) 
savait par ses reconnaissances que l'ennemi occupait en 
force la ligne de Gravant à Montigny et au château du Cou- 
dray. Dès 7 heures du matin, il dirigea le 10* bataillon de 
marche d'infanterie de marine et deux pièces de 4 sur Viller- 
main; des tirailleurs marchèrent sur le Coudray dont ils 
s'emparèrent*. Déjà le combat avait commencé entre la di- 
vision Colin et les fractions ennemies établies de Cravant à 
Montigny. Les trois batteries du général Colin, renforcées 
d'une partie de la réserve d'artillerie du 21* corps, avaient 
forcé les Allemands à mettre six batteries en action. A l'an- 
nonce de notre mouvement sur Montigny, la 2* brigade ba- 
varoise porta en ligne tous ses bataillons disponibles, ainsi 
qu'un bataillon venant de Beaumont. Ils s'étendirent lar- 
gement vers Montigny, Jouy et même le Coudray. D'ailleurs, 
sept nouvelles batteries appuyaient cette mince ligne d'in- 
fanterie et lui permettaient de résister sans désavantage. Enfin 
elle recevait à midi de nouveaux renforts : quatre batteries 
du X* corps venant de Cravant s'établissaient au sud de Mon- 
tigny. Deux heures après, les deux batteries de la 4* division 
de cavalerie prenaient de même position vers le Coudray. 

Ainsi dix-neuf batteries allemandes agissaient de Cravant 
au Coudray contre la 2* division du 21* corps. Malgré la supé- 
riorité numérique de notre infanterie, elles parvinrent d'au- 
tant plus aisément à maintenir leurs positions que le 21* corps 
montrait une très grande timidité. Tout le jour sa 2" division 
se bornait à entretenir un combat d'artillerie sans résultat 
positif; la 3* poussait un bataillon de fusiliers marins, deux 



1. D*aprôs Chanzy, p. 149. L'état-miOor prussien ne fait aucune mention de 
ce fait. 



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BATAILLE DE YILLOBCEAU. 53 

bataillons de mobiles et une batterie (21* du 12* régiment) 
jusqu'à une crête entre Poisly et Vîllermain. Ils y demeu- 
raient quelque temps, puis marchaient sur Villermain et 
Mézières, soutenus par le reste de la division. En même 
temps, le général Rousseau (1" division du 21* corps) s'a- 
vançait jusqu'à Vallière et dirigeait une forte reconnaissance 
vers Ouzouer- le -Marché. Quelques cavaliers allemands 
évacuaient ce village à son approche. 

En effet, toute cette partie du champ de bataille n'était 
observée que par la 4' division de cavalerie. Le prince Albert, 
qui la commandait, pouvait se convaincre par ses patrouilles 
que notre gauche ne tentait nullement de déborder les Ba- 
varois, comme il eût été si facile. Vers la fin du jour, il se 
borna à rassembler au Coudray le gros de sa division. Déjà 
la très grande supériorité de l'artillerie ennemie avait forcé 
la nôtre à occuper des positions plus en arrière (vers 3 heures) 
et les mouvements offensifs de notre infanterie ne pouvaient 
avoir qu'une portée restreinte. 

A la gauche allemande, l'avant-garde de la 3® division 
s'était établie de Beaugency aux GroUes, par Clos-Moussu, 
en face des troupes de Tripart et de Deplanque, qui demeu- 
raient immobiles à l!ouest du ravin de Tavers. Dès que le 
combat commença sur le front de von Wittich, deux bataillons 
et deux batteries de la 17* division se portèrent sur Ville- 
marceau et le reste sur Yillorceau. 

Ce mouvement coïncidait avec celui qu'avait entrepris la 
3" division de notre 17* corps: de fortes lignes de tirailleurs 
lui appartenant essayèrent d'enlever Villemarceau, comme 
elles avaient fait pour Origny et Villejouan. Mais quatre 
batteries prussiennes les couvrirent d'obus, en les obligeant 
à se retirer au sud-ouest. En même temps l'avant-garde de 
la 17* division se portait vers Loynes, tandis qu'un fort dé- 
tachement du X*" corps la remplaçait au sud-ouest de Beau- 
gency'. 

Cependant notre présence à Villejouan, sur son flanc droit, 



1. 4 bataillons, s escadrons et demi, 2 batteries. 



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54 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

devenait une gêne pour la 17® division. Vers midi, deux de 
ses batteries canonnèrent ce hameau et un bataillon lui donna 
Tassant. Le 3' bataillon du ôl" de marche, qui Toccupait, 
opposa la résistance la plus énergique, malgré l'entrée en 
ligne d'un second bataillon ennemi ; Villejouan ne fut pris 
que vers 4 heures. Encore un détachement continua-t-il de 
fie défendre dans une ferme isolée \ 

Les l" et 2* bataillons du 51*, le 48* de marche se portèrent 
d'Origny sur Villejouan avec Tappui de plusieurs batteries*. 
Mais les deux bataillons prussiens, renforcés d'un troisième, 
se défendirent avec énergie. Ils furent d'ailleurs soutenus 
par toute l'artillerie de la 17* division et par deux batteries 
du X* corps qui arrivaient de Gravant. Enfin, de Cernay, 
plusieurs batteries de la 22* division prirent part à l'action. 
Nos tirailleurs, qui étaient rentrés à Villejouan, furent con- 
traints de se retirer en abandonnant les 170 hommes du 51 • 
qui continuaient à s'y défendre. Les Allemands n'avaient 
donc pas à faire intervenir les fortes réserves tenues prêtes à 
Beaumont, c'est-à-dire la 2® division de cavalerie, la brigade 
des cuirassiers bavarois, la 19® division et la 39* brigade 
d'infanterie. 

Par contre, ils ne parvenaient pas à nous chasser d'Origny -, 
la nuit venue, tandis que les 2® et 3® divisions du 17® corps 
s'établissaient au bivouac en arrière d'une ligne allant de 
Prénay à Origny, par le Plessis et Ourcelle, ils cantonnaient 
au nord d'avant -postes établis entre la Loire, Villejouan, 
Cernay et Poisioux. Sur plusieurs points, notamment au nord 
d'Origny, nos avant-postes étaient en contact immédiat avec 
les leurs. 

Quant à la 1'® division du 17® corps, elle s'était maintenue 
vers Toupenay, légèrement en retrait des deux autres. De 
même que la 1'® division du 16® corps et les troupes du gé- 



1. Chanzy, ôlat-major prussien. D'après V Historique du 5P de lignes le 3« ba- 
taillon du 5i« de marche aurait été en soutien de la réserve d'artillerie du 17® 
corps. 

2. Dont la 20® batterie (mitrailleuses) du 12« régiment. Elle entra en ligne 
à 8 heures et demie, derrière les murs d'Ourcelle, et n'éprouva aucune perte 
{Historique du corps). 



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BATAILLE DK VILLORCEAU. OO 

néral Tripart, elle avait joué un rôle purement négatif dans 
la journée. Vers le soir seulement, les Allemands ouvrirent 
sur le château de Serqueu une violente canonnade ; on se 
borna à y répondre, sans autre résultat. 

Cependant, au sud de la Loire, la tête du IX* corps attei- 
gnait Vienne, au moment où, c malgré la très vive opposi- 
tion du préfet et de la population ^ » , Barry venait de faire 
sauter le pont qui relie ce faubourg à la ville (nuit du 9 au 10). 
Au moyen des débris de sa division, de quelques troupes 
appartenant à Morandy ou à Peytavin, le général Barry 
organisa tant bien que mal la défense. Le quai et la ter- 
rasse de rÉvêché furent occupés par le 38* de marche. Vers 
2 heures, le général prince de Hesse somma la ville de se 
rendre ; puis, sur le refus de Barry, il fit ouvrir le feu. L'une de 
ses batteries échangea quelques obus avec Tune des nôtres, 
la 6® du 12*" régiment, établie près de la chaussée Saint-Victor*. 
D autres projectiles tombèrent dans la ville et y tuèrent 
plusieurs personnes. En même temps, une assez vive fusillade 
était dirigée sur le quai. 

Il n'en fallut pas davantage pour que la municipalité hissât 
à la mairie le drapeau parlementaire, en dépit des protes- 
tations de Barry. 

Heureusement, Gambetta arrivait à ce moment, en reve- 
nant de Josnes où il avait tenu conseil avec Chanzy. Il obligea 
la ville à se défendre malgré elle ; on passa la soirée et la 
nuit à achever les préparatifs de résistance, sans que Pennemi 
les gênât en rien. Le général Morandy et le colonel Des- 
maisons ® étaient à Amboise ; Chanzy prescrivit à Barry 



1. Chanzy, Rapport du général Barry, p. 605. 

2. Une autre batterie de Barry, la 5^ du 12« régiment, quittait Blois pour 
Herbault le jour môme. 

3. Du 22« mobiles, commandant provisoirement la i'® brigade de Barry 
(31<> de marche et a^ mobiles). Une partie de ces troupes opéra sa retraite 
par la rive gauche. 

Gambetta partit le soir môme de Blois, laissant à Barry un ordre ainsi li- 
bellé : a La ville de Blois est mise en état de siège. Vous tiendrez jusqu'à ce 
que le général Chanzy vous ait autorisé à céder. » Malgré cet ordre précis, 
Barry télégraphiait à Chanzy, dés 8 heures du soir : « La ville ne veut pas se 



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56 JOSNES, VENDOME, LE MAKS. 

d'appeler ce dernier à Bloîs, tandis que Tartillerie et les 
troupes de Morandy passeraient sur la rive droite à Âmboîse. 
Toutefois Desmaisons s'était déjà replié sur Tours quand cet 
ordre lui fut adressé . 

Ainsi, en dépit de tant de défaillances, nous occupions 
encore Blois. Mais on devait craindre que les Allemands 
ne parvinssent à rétablir le pont ou à en jeter un nouveau, 
malgré les glaçons que charriait la Loire. Dans ce cas, la 
2« armée aurait été prise à revers par le IX® corps, au moment 
même où, sur son front, le grand-duc recevait d'importants 
renforts. Il était trop évident qu'une situation aussi dange- 
reuse ne pouvait se prolonger. 

Malgré cette circonstance, la journée nous avait été assez 
favorable. Nous avions subi, il est vrai, de fortes pertes, 
surtout à la 3® division du 17® corps. Mais l'ennemi avait été 
refoulé devant notre gauche ; partout ailleurs, il s'était borné 
à maintenir ses positions de la veille. En outre ses pertes 
étaient considérables, et il laissait entre nos mains environ 
quatre cents prisonniers. Du 8 au 10 décembre, le grand-duc 
avait perdu 154 officiers, 3,237 hommes et 440 chevaux ^ 
Ces pertes étaient surtout sensibles pour le P' corps bavarois, 
déjà fort éprouvé avant le 5 décembre. Un seul régiment de 



défendre et le préfet se dispose à partir en parlementaire. Que faut-il faire ? » 
On ne sait co qu^il faut le plus admirer en cette occasion, du patriotisme de 
Blois ou de Ténergie du général Barry. 

Le 10 décembre, M. de Freycinet avait adressé à Gambetta, à Josnes, le télé- 
gramme suivant : « Les dépêches qui m'arrivent ici de Peytavin, Morandy et 
Michaux sont écœurantes. Je vous engage à les faire passer en conseil de 
guerre... faites de même pour des Pallières dont le corps se désagrège à vue 
d*œil. B (Enquête, tome II, page 67.) 

1. État-major prussien : X« corps, 6 hommes de troupe ; I»' corps bavarois, 
90 ofaciers, 1,980 hommes ; 17« division, 33 offlciers, 518 hommes ; 28* divi- 
sion, 29 ofQciers, 717 hommes. 

Total, y compris les pertes (insignifiantes) des 2« et 4« divisions de cava- 
lerie : 154 officiers, 3,287 hommes, dont i officier et 779 hommes disparus. 

Quant à nos pertes, elles ne sont que très imparfaitement connues. D*aprés 
Chenu, nous aurions eu 400 hommes hors de combat le lo décembre, mais ce 
chiffre est évidemment trop faible. Du 7 au 10, l'un des corps les plus éprouvés, 
le 5i« de marche, eut 3 officiers tués, 5 blessés, s disparus, 103 hommes tués, 
875 blessés et 4i4 disparus. La 20« batterie du is^ régiment eut, le 10, i offi- 
cier tué, 2 blessés et 6 hommes blessés; la 22^ du 19^ n*aurait perdu que 
6 chevaux dans toute la campagne de la 2^ armée ; la 20" du 12^ n*eut aucune 
perte le lO. 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 57 

deux petits bataillons avait perdu 18 officiers et 342 hommes. 
Du 1" au 10 décembre, les pertes de ce corps d'armée s'é- 
taient élevées à 24ô officiers et 5,506 hommes de troupe, 
soit plus de moitié des officiers et un tiers des soldats de 
l'infanterie. Le 11 décembre, sa 2^ division ne comptait plus 
que 3,999 combattants d'infanterie, dont 1,996 hommes de 
remplacement ayant moins de trois mois de service. Un ba- 
taillon du 12'' régiment comptait en tout 3 officiers, dont 
2 de la landwehr, 15 sous-officiers et 224 soldats. Les 
chevaux de la cavalerie bavaroise étaient complètement 
épuisés, surtout ceux des cuirassiers. Toutes les pièces de 4 
étaient hors d'usage et celles de 6 manquaient entièrement 
de munitions. Le 11 décembre, l'ensemble de la II* armée 
disposait de moins de trois colonnes de munitions (2,3/4), 
appartenant au III*' corps. Les autres troupes en étaient ré- 
duites au contenu des coffires de leurs batteries. 

La situation était moins grave pour les deux autres divisions 
d'infanterie du grand-duc ; pourtant toutes les pièces de la 
22"" étaient inutilisables. 

Ainsi on peut admettre que, si nos troupes avaient beau- 
coup souflFert depuis le 1*' décembre, celles de l'ennemi 
étaient durement éprouvées, elles aussi. L'entrée en ligne 
du 21* corps et de la colonne Camô avait d'ailleurs plus que 
compensé nos pertes numériques ; sans l'approche de la ma- 
jeure partie de la II* armée, nous aurions eu des chances 
sérieuses de succès en continuant la lutte. 

La direction incertaine imprimée aux troupes allemandes 
contribuait à ce résultat. Comme Frédéric-Charles, le grand- 
duc nous croyait complètement abattus après la bataille 
d'Orléans. Aussi le front de marche qu'il donna à l'Armee- 
Abtheilung au début de son mouvement vers l'ouest était-il 
beaucoup trop étendu. Malgré les événements des jours 
suivants, il eut peine à croire à la durée de la résistance de 
Chanzy. Il se borna donc à prescrire chaque jour la reprise 
générale de l'offensive sur tout son front, sans chercher à 
mettre à profit la faiblesse de notre droite et le voisinage 
du IX* corps sur la rive gauche. Il finit même par com- 



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58 JOSNJ 

mettre une faute évidente, le 10, en faisant relever le 
P' corps bavarois devant l'ennemi, alors que la situation 
n'était rien moins qu'éclaîrcie. Lors de la reprise d'Origny 
et de Villejouan par nos troupes, il fallut arrêter le mouve- 
ment de ce corps d'armée pour le reporter en ligne, non sans 
danger, ni perte de temps. 

En ce qui nous concerne, l'évacuation de Beaugency par 
le général Camô, regrettable en elle-même, n'eut pas toutes 
les fâcheuses conséquences que certains historiens' se sont 
plu à lui attribuer. Nos nouvelles positions sur le plateau de 
Rougemont, celles du ravin de Tavers présentaient de réels 
avantages. Une faute beaucoup plus grave est celle que 
commit Jaurès en laissant inactive la majeure partie de ses 
quatre divisions d'infanterie, au lieu de percer le mince 
rideau de cavalerie qu'il avait devant lui et de prendre en 
âanc la ligne de bataille ennemie^. Ainsi entendue la défen- 
sive nous aurait donné des résultats beaucoup plus marqués. 
Il faut ajouter que la responsabilité première de l'immobilité 
de notre gauche incombe à Chanzy, qui ne fit rien pour l'en 
faire sortir. 

Quoi qu'il en soit, nous ne voulons conclure, à l'égard du 
général en chef, que par l'appréciation suivante, peu suspecte 
puisqu'elle vient d'un adversaire, en même temps un juge 
compétent': c En tous cas, l'acharnement avec lequel 
l'armée ennemie tint tête pendant quatre jours est une preuve 
de Textraordinaire énergie et de l'activité vivifiante de son 
chef, le général Chanzy. On s'en rend compte surtout, si l'on 
songe à quels obstacles il dut se heurter, en raison de la dé- 
moralisation d'une partie de ses troupes et de l'insuffisance 
de leurs cadres. » Il n'est rien qu'on puisse ajouter à ce ju- 
gement, sans risquer d'en affaiblir la portée. 

Cette attitude de lion blessé qu'avait Chanzy faisait un 
douloureux contraste avec celle des généraux des Pallières 



1. M. A. Duquel, uolamment, dans l'article déjà cilé. 

2. Maréchal de Moltke, Histoire de la guerre de 1870-71. 

3. Le capilaine von Helwlg, autour de Touvrage sur le I*"" corps bavarois que 
nous avons fréquemment cité. 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 59 

et Bourbaki, qui dirigeaient la retraite de la 1" armée 
depuÎB le départ de d'Aurelle. Quoique les 18* et 20* corps 
n'eussent pas été sérieusement engagés depuis Beaune-la- 
Rolande (28 novembre) et que le 15* fût, à tout prendre, dans 
un état beaucoup moins précaire que le 16", ni des Pallières, 
ni Bourbaki ne songèrent à faire tête à l'ennemi. 

Pourtant ils n'avaient devant eux, sur la rive gauche de la 
Loire, que de la cavalerie et quelques bataillons d'infanterie. 
Au lieu de s'arrêter derrière la Sauldre, comme l'aurait voulu 
d'Aurelle, Bourbaki ne crut la 1" armée en sûreté qu'à 
Bourges. Encore ne trouvait-il pas qu'elle y fût assez loin de 
Tennemi. 

Aussi le moral de ses troupes s'affaiblit-il beaucoup plus 
vite que celui de la 2* armée. Les fuyards, les déserteurs se 
multiplièrent dans d'énormes proportions. Au 20' corps, en 
arrivant à Bourges, les 2,600 mobiles des Deux-Sèvres étaient 
réduits à 500 ; le bataillon de la Savoie comptait 50 hommes 
au lieu de 1,200, le tout sans avoir combattu*. La démora- 
lisation gagnait de proche en proche. Entre Romorantin et 
Vienne, trois hussards de la 6* division de cavalerie rencon- 
traient dix gardes mobiles bien équipés et armés de chasse- 
pots neufs. Us se dirigeaient sur eux au galop, sur quoi nos 
mobiles s'empressaient de livrer leurs armes, sans ombre de 
résistance. Bien plus, les hussards leur ordonnaient d'aller 
se constituer prisonniers à Romorantin, et ils s'y rendaient, 
seuls, sur l'heure ! Deux mobiles rencontrés plus loin avaient 
le même sort. D'autres groupes plus nombreux laissaient 
passer les trois cavaliers prussiens, sans chercher à les arrêter. 
Enfin à Cour-Chéverny, qu'ils traversaient au pas, le maire 
courait à leur poursuite, armé d'un drapeau blanc, et pro- 
testait des intentions pacifiques de ses administrés ' . 

C'est en vain que Gambetta et M. de Freycinet cherchaient 
à réagir contre cet affaissement général. Ils invitaient Bour- 
baki à marcher au secours de Chanzy, et cela dans les termes 



1. Capitaine de vaisseau Aube, Le W^ corps à Varmée de la Loire. 

2. Monographies historiques de Vétat-major prussien : Les Opérations de la 
6* division de cavalerie dans la Sologne, 



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60 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

les plus pressanta : « Laissez à Bourges la partie de vos forces 
qui est incapable démarcher et, avec toute la partie mobile, 
mettez-YOUs immédiatement en marche sur Blois, de manière 
à couper court à tout mouvement des Prussiens sur la rive 
gauche et à jeter dans le fleuve la colonne qui s'y trouve enga- 
gée... Il n'y a pas un instant à perdre si vous devez le faire ^. » 

De son côté, Chanzy télégraphiait à Gambetta et à Bour- 
baki, le soir du 10 décembre, leur demandant instamment 
de porter la !'• armée de Bourges sur Vierzon et Blois, de 
façon à couper d'Orléans les Allemands engagés dans la di- 
rection de Tours. Si cette diversion était exécutée, la 2* armée 
pourrait tenir sur la rive droite. 

Mais en arrivant à Bourges, où il s'était rendu dès son 
retour de Josnes, Gambetta avait trouvé la 1" armée beaucoup 
plus affaiblie qu'il ne s'y attendait. Il fit connaître à Chanzy 
qu'elle était hors d'état d'entreprendre une opération impor- 
tante. Le général en chef se vit donc acculé à la nécessité 
de la retraite ; il prit sans tarder les dispositions nécessaires. 

Le matin du 10 décembre, il avait prescrit que si un mou- 
vement rétrograde devenait nécessaire, l'armée pivoterait 
autour de sa gauche jusqu'à la ligne Poisly, Lorges, Briou, 
la Motte-Potain, Concriers, Villegonceau, Avaray, de façon à 
s'établir obliquement à la Loire. Les convois et les parcs 
s'engageraient à l'avance sur les voies conduisant vers Ven- 
dôme, en évitant de s'enchevêtrer. Le général Trîpart tien- 
drait à Mer assez longtemps pour permettre l'évacuation des 
approvisionnements qui y avaient été réunis*. 

1. Télégramme du Délégué en date du 10 décembre. Le môme Jour, M. de 
Freycinet télégraphiait à Gambetta pour rengager à donner le commandement 
du 15® corps au général Billot, en conservant Borel comme chef d'état-megor 
général, et à remplacer Billot par Feillet-Pilatrie, et Crouzat par Bonnet. Il lui 
conseillait enfin de relever des Palliôres de son commandement, de le faire 
au besoin passer en conseil de guerre et d'éloigner le colonel N., son chef 
d*état-major, « qui n'est qu'un X... un peu plus intelligent ». Enquête, tome IV, 
page 69. 

2. Le général Jaurès aurait ses réserves à la Motte-Potain ; la 3^ division du 
17® corps serait en avant de Concriers ; la 2«, entre Concriers et Séris ; la l" 
aurait son centre à Séris. La V^ division du 16® corps serait à Touest de Lus- 
say et les troupes de Tripart la relieraient à la Loire. La cavalerie du 16® corps 
serait à Bourlchard, et celle du 17« à l'ouest de Séris. Dans l'ouvrage de 
Chanzy, l'orthographe de plusieurs de ces noms est plus ou moins altérée. 



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BATAILLE DE VILLORCEAU. 61 

Ces dispositions, prévues pour le cas d'une retraite dans la 
journée du 10, ne furent pas exécutées, Tennemis'étanttenu 
sur la défensive. Mais Chanzy les maintint pour le lendemain, 
en les complétant. Le matin du 11, l'armée occuperait les 
positions qui lui avaient été assignées le soir du 9, en déta- 
chant vers l'ennemi les reconnaissances ordinaires. Si, à 
10 heures, les Allemands n'avaient fait aucun mouvement 
offensif, chacun de nos corps d'armée se mettrait en retraite, 
en se conformant aux instructions de la veille \ La direction 
générale à suivre serait celle de Fréteval pour le 2V corps, 
d'Oucques pour le 17* et de Pontijou - Selommes - Ven- 
dôme pour le 16®. Enfin, jusqu'à nouvel ordre, l'amiral Jau- 
réguiberry conserverait le commandement des troupes du 
général Tripart et des fractions de divers corps d'armée 
réunies à Mer. 

Quant àFrédéric-Charles, après avoir prescrit, comme nous 
l'avons vu, que le !•' corps bavarois se dirigerait sur Orléans, 
il décidait d'abord qu'une brigade d'infanterie et six batte- 
ries de ce corps d'armée resteraient provisoirement attachées 
à l'Armée- Abtheilung. Puis, dans la nuit du 10 au 11, il 
informait le grand-duc que le départ du corps bavarois tout 
entier était ajourné au 12. 

En effet, le 10, le ni* corps prussien n'avait pu encore 
dépasser Saint-Denis-de-l'Hôtel, et la 1'* division de cava- 
lerie, Saint-Benoît. En attendant l'entrée en ligne de ces 
troupes, les Allemands allaient se borner à conserver leurs 
positions actuelles. 

A l'extrême droite de l'Armee-Abtheilung, la 5* division 
de cavalerie, occupait Evreux et Pacy-sur-Eure depuis le 
commencement de décembre. Le 10, elle reçut du général 
de Moltke l'ordre de s'établir à Chartres, tout en maintenant 
un détachement à Dreux. Du premier de ces points elle gar- 
derait le flanc droit de Frédéric- Charles et du grand-duc 
dans leur mouvement sur Tours. 



1. Toutefois la Motte-Potain était remplacée par Roches dans la ligne à 
occuper. 



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CHAPITRE VI 

RETRAITE DE l'aRMÉE 

Journée du 11 décembre. — Nos positions dans la soirée. — Difficultés à prévoir. — 
Ghanzy réclame l'aide de Bourbaki. — Instructions du 11 décembre. — Ordres de 
Frédéric-Charles. — Journée du 12 décembre. — :âtat moral et physique de l'armée. 
Positions occupées dans la soirée. — Évacuation de Blois. — La 1' - armée. — Instruc- 
tions de Ghanzy pour le 13 décembre. 

Le mouvement rétrograde de la 2* armée commença le 
11 décembre, à 10 heures du matin. Suivant les ordres de 
Chanzy, les troupes marchèrent à travers champs par batail- 
lons en colonne, à distance de déploiement. La température , 
très froide les jours précédents, tendait à s'adoucir ; le ter- 
rain était détrempé par le dégel, ce qui accroissait gran- 
dement les difficultés de la retraite. Tandis que notre droite 
se repliait sans incident, au centre la 2* division du 21* corps 
venait s*établir entre Briou et Poisly, par Lorges. La gauche 
demeurait immobile. 

Ces mouvements, couverts par de fortes arrière-gardes, 
restaient d'abord inaperçus des Allemands. Ils croyaient 
même à des préparatifs d'attaque et prenaient des mesures 
défensives. Vers midi seulement, les avant-postes du X* corps 
prévinrent de notre retraite le général von Voigts-Rhetz. 
Il porta aussitôt la 19* division sur Josiies et la 20* surSéris. 

La cavalerie qui éclairait la première trouva dans Josnes 
des traînards qui firent une certaine résistance. Plus au 
nord, à Messilly, une grand'garde du 4" bataillon de l'Orne 
la força de se replier avec quelques pertes. Quant à la 20* 
division, en se portant vers Séris, elle rencontrait à Mortais 
une grand'garde de la 1" division du 17* corps. Avec 
l'aide de deux batteries, l'un de ses régiments nous délogea 
de cette ferme, en faisant une centaine de prisonnier*. Le 



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BETUAITË DE L'aRMÉE. 63 

11* chasseurs de marche, qui tenta de regagner le terrain 
perdu, tirailla sans succès jusqu'à 7 heures du soir. D'ail- 
leurs les Allemands ne tardaient pas à évacuer Mortais, où 
ils étaient trop en Tair, et le général de Roquebrune faisait 
aussitôt réoccuper ce point sur l'ordre de Chanzy . 

Quant à la 2' division du 2V corps, à 8 heures du soir elle 
quitta son bivouac de la journée, pour venir s'établir à cheval 
sur la route de Marchénoir à Villemuzard, sa droite (2* bri-. 
gade) à la Motte-Potain. Elle avait allumé de grands feux 
sur ses anciens emplacements ; derrière elle , le bataillon 
du 41^ de ligne s'y maintint jusqu'au lendemain soir. Il se 
replia ensuite par la forêt de Marchénoir \ 

Dans la soirée du 11 décembre, après avoir terminé son 
mouvement de conversion, la 2^ armée occupait les positions 
suivantes : la colonne mobile de Tours, dont le général Camô 
avait repris le commandement, et la 1"* division du 16* corps 
s'étendaient de la Loire, à Avaray, jusqu'à Séris. Le 17* corps 
bivouaquait entre ce point et Concriers, sa division de cava- 
lerie à Morée*. Celle du 16* corps était au nord-ouest, à 
Bourichard. Le 21* corps gardait ses emplacements de la 
veille, à l'exception de sa 2* division, placée de la Motte- 
Potain vers Briou, comme nous l'avons dit. 

Ainsi, de Briou à la Motte-Potain et à Concriers, les 
positions de la 2* armée dessinaient un angle rentrant. Elle 
ne pouvait évidemment les conserver. Quoique les Alle- 
mands eussent fait preuve d'une grande timidité dans* la 
journée, le général en chef était contraint de préparer son 
mouvement définitif de retraite sur le Loir. Il ne s'en dissi- 
mulait pas les difficultés. En cessant de s'appuyer à la Loire, 
sa droite aurait à traverser une plaine à peine ondulée, où 
aucun obstacle ne couvrirait ses mouvements. L'ennemi pour- 
rait diriger son principal effort sur Bloîs, enlever cette ville 
et se jeter ensuite sur notre flanc droit. Cette combinaison 
était d'accord avec les principes élémentaires de la stratégie. 



1. Des Moulis, ouvrage cité. 

2. Ce hameau, qu'il De faut pas confondre avec le village de Morée, sur le 
Loir, est au sud de Talcy. 



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64 

Si renneiui Tadoptait, il pourrait retarder notre droite dans 
son mouyement vers le Loir ou même couper une grande 
partie de Tarmée de sa ligne de retraite. En face de troupes 
beaucoup plus manœuvriëres que les nôtres, cette dernière 
éventualité était fort à craindre. On doit même ajouter que 
si Frédéric-Charles avait mis plus de décision et de rapidité 
dans ses mouvements, il aurait pu la réaliser et peut-être 
nous infliger un désastre. 

Pourtant ce danger n'était pas celui que redoutait le plus 
Chanzy ; il croyait que Tennemi se porterait sur le Loir en 
longeant au nord la forêt de Marchérioir; de là il nous précé- 
derait sur la route d'Orléans au Mans, en nous coupant de 
cette ville. Mais dans ce cas l'armée aurait pu se retirer par 
la zone comprise entre le Loir et la Loire, ou même au sud de 
celle-ci. Quels que fussent les dangers à courir, ils auraient 
été moindres que si Chanzy eût été coupé du centre de la 
France et peut-être écrasé entre la IP armée, les troupes du 
grand-duc et celles venues des lignes d'investissement de 
Paris. 

Quoi qu'il en soit, on devait souhaiter que la I*^* armée de 
la Loire opérât une démonstration vers Blois, comme l'avait 
déjà demandé Chanzy. Il le réclama encore, de la façon la 
plus instante, dans la matinée du 11 décembre. Quelques 
heures après, il revenait à la charge auprès de Bourbaki, le 
suppliant de marcher de Bourges sur Vierzon, de pousser le 
gros de son armée par Romorantin sur Blois, de prendre po- 
sition entre la Loire et le Cher, pour couper d'Orléans les 
fractions allemandes en marche vers Tours. Si cette diversion 
était opérée, ajoutait-il, la 2® armée pourrait se maintenir sur 
la rive droite de la Loire ^ 

De son côté, M. de Freycinet télégraphiait à Bourbaki et 
à Chanzy (10**,40 du matin) que des renseignements venus 
de l'Yonne annonçaient l'évacuation précipitée de Briare, 
d'Ouzouer-sur-Loire, de Gien, et la concentration des Alle- 
mands vers Orléans. « Cette dépêche, ajoutait le Délégué, et 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 502. 



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RETRAITE DE l' ARMÉE. 65 

plusieurs autres dans le même sens, ne laissent aucun doute 
sur le fait que vous n'avez devant vous que des rideaux ^ » 

Le soir même, Bourbaki répondait qu'il ne pouvait entre- 
prendre aucune opération sérieuse dans l'état présent de ses 
troupes, complètement désorganisées par leur retraite. Cette 
décomposition n'était que trop réelle. Suivant les expres- 
sions mêmes de Gambetta, le 15' corps, surtout, « tombait 
en quelque sorte en lambeaux à son arrivée à Vierzon ». 
Le 20" corps avait été, un moment, tout à fait en désordre ; 
le 18* avait beaucoup mieux résisté. Malgré tout, Bourbaki 
annonçait qu'il tenterait de se porter sur Blois en longeant 
le Cher. Mais il lui serait impossible de déboucher devant 
cette ville avant six jours ', ce qui afifaîblirait singulièrement 
la portée de son intervention. Cependant Chanzy pensait 
que, même dans ces conditions, celle-ci aurait pour efifet de 
faciliter sa retraite sur Vendôme. Il le télégraphia à Bour- 
baki de son quartier général de Talcy. 

En attendant, il donnait des ordres pour la continuation 
du mouvement vers le Loir. Le 12 décembre, à 6 heures 
du matin, la colonne mobile de Tours, partant d'Avaray, S3 
porterait sur Aunay, où elle serait ralliée par des fractions 
venant de Mer', puis sur Pontijou par la Chapelle-Saint- 
Martîn et Maves. A Pontijou, elle garderait à la fois la route 
de Blois à Châteaudiin et le chemin de Maves. 

Une heure plus tard, la 1" division du 16' corps quitterait 
Villegonceau^ passerait par Villexanton, Villiers, la Blan- 
chonnière, et viendrait s'établir entre la route de Blois à 
Châteaudun et celle de Pontijou à Ouzouer-le-Marché , à 
hauteur du Bois-Brûlé. 

A 8 heures, la 1" division du 17* corps se dirigerait de 
Séris sur Morée et Mauvoy, pour aller passer la nuit entre le 



1. La Guerre en province, p. 198. 

s. Ce chiffre paraît exagéré. Dans tous les cas, Teffet moral de cette démons- 
tration se fût produit bien avant. 

3. Une partie de la division Barry, notamment 4 compagnies du 33« de 
marche. Le reste était à Ménars et à Blois ou môme plus à Touest. La 6^ bat- 
terie du 12* régiment, par exemple, était déjà à Cbâteau-Renaull le il dé- 
cembre [Historique du corps). 



CAMPAGNE DE LA liOlBB. II. 



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66 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Melleret et la ferme de Bordebure. La 2* division du 17* 
corps, partie de Concriers à la même heure, marcherait par 
Talcy, la Madeleine, Villedamblin, et prendrait position le 
long de la route de Blois à Châteaudun, sa droite à Ville- 
neuve-Frouville. Quant à la 3% qui se mettrait également 
en marche à 8 heures, elle irait, par Villiers, Bourichard, la 
Vacherie, la Coudraie et Marçon, s'établir le long de la même 
route, son centre à Nuisement. 

La cavalerie du 16* corps \ partie de Bourichard à 8 heures, 
se porterait par Sermaise, Bois-Brûlé et Conan sur Rhodon. 
Celle du 17' corps irait à Oucques. Au 21* corps, la 2* divi- 
sion partirait de Roches et viendrait prendre position entre 
la Pagerie et Lorry, en se reliant au 17* corps. La réserve 
du général Jaurès se dirigerait par Marchénoir, Saint-Léo- 
nard, sur Viévy-le-Rayé. Tous les détachements du 21* corps 
et les francs-tireurs occupant les débouchés de la forêt de 
Marchénoir seraient réunis à Autainville, vers la fin du jour, 
à Texception des fractions réparties entre Autainville et 
Morée qui garderaient leurs emplacements. Enfin, une bri- 
gade d'infanterie', soutenue par un bataillon et une section 
de 4 empruntés à la division de mobilisés bretons (4* du 21* 
corps), remonterait le Loir jusqu'à Saint-Hilaire, pour obser- 
ver la direction de Châteaudun. En même temps, la cavalerie 
du 21* corps et la brigade légère du 16* pousseraient des 
reconnaissances le plus loin possible vers Binas, Verdes, la 
Ferté-Vineuil. Ces dernières dispositions étaient destinées 
à parer à un mouvement de l'ennemi d'Ouzouer-le-Marché 
sur la ligne de Morée à Cloyes, éventualité que redoutait 
surtout Chanzy, nous l'avons vu. 

Au centre de l'armée, les éclaireurs algériens reconnaî- 
traient, au point du jour, les positions de l'ennemi vers Josnes 



1. Moins la brigade de cavalerie légère. 

2. La brigade Collet, de la réserve de 21« corps. 

La division Gougeard était arrivée le soir du 9 décembre sur les hauteurs 
de Fréteval ; elle y passa la journée du 10 et alla camper le il à Test de 
Moisy et d*Écoman. 

De là une marche de nuit, exécutée du 12 au 13, la porta sur le Loir, entre 
Cloyes et Fréteval. 



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KETBAITE DE l'aRMEE. 67 

et le château de Serqueu ; puis ils se replieraient sur Ser- 
maise, en couvrant la retraite du 17' corps. A droite, le gé- 
néral Tripart ferait éclairer en amont de la Loire par sa 
cavalerie, que rallierait l'escadron d'éclaireurs du capitaine 
Bernard. L'amiral Jauréguiberry pousserait sa division de 
cavalerie vers la droite, pour retarder la marche de l'ennemi 
sur Blois *. 

Quant à Barry, qui occupait encore Ménars et Blois, der- 
rière notre droite, il y tiendrait le plus longtemps possible, 
avec l'aide de la brigade de cavalerie de Landreville, du 
17* corps. Dans aucun cas il n'évacuerait Blois avant la nuit 
du 12 au 13, et s'il n'y était forcé. Il se retirerait alors sur 
Âmboise, en ralliant successivement toutes les troupes dis- 
persées dans le val de la Loire ; d'Amboise il marcherait sur 
Saint-Calais par Château-Renault et Montoire, en faisant 
refluer sur Vendôme tout le matériel déposé à Blois. 

D'ailleurs Chanzy, prévoyant déjà la continuation de sa 
retraite vers l'Huisne, décidait de ne laisser à Vendôme que 
les vivres nécessaires pour quelques jours et de diriger le 
reste sur le Mans. 

Ainsi, le soir du 12 décembre, après avoir de nouveau 
pivoté sur sa gauche, l'armée allait être établie obliquement 
à la Loire, le long de la route de Châteaudun à Blois. 

Du côté des Allemands, les dispositions prises témoignaient 
de moins de décision et de coup d'œii. Des rapports reçus 
dans la nuit du 10 au 11, Frédéric-Charles se croyait en droit 
de conclure que nous abandonnions toute idée d'oflfensive *, 
mais que nous persistions à opposer une résistance achar- 
née entre la forêt de Marchénoir et la Loire. Il décida de 
porter le III* corps en ligne dans les deux journées du 11 et du 
12 décembre, tandis que l'Armee-Abtheilung marcherait sur 
Morée, au nord de la forêt de Marchénoir, pour nous empê- 



1. Inttruclioni du il décembre (Chaozy, ouvrage cité, p. 159). Le quartier 
général de Chanzy devait être le 12 à Ghàteau-des-Noyers ; celui du 16« corps, 
à Pontljou; celui du 17®, à Villeneuve-Frouville ; celui du 8l«, à Viévy-le- 
Rayé. 

2. ÉtcU-major prussien, p. 671. Il est aisé de voir que Chanzy n*eut jamais 
pareille idée, peut-être à tort. 



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68 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

cher de menacer Chartres et, en même temps, déborder notre 
gauche, lors de l'attaque générale de nos positions. L'erreur 
était donc réciproque. Si Chanzy était disposé à croire que 
Tennemi voulait tourner sa gauche ou même le couper du 
Mans, Frédéric-Charles n'était pas loin de nous supposer 
l'intention de marcher vers le nord. 

Quoi qu'il en soit, le IP corps, qui était resté le 11 devant 
Blois, sur la rive gauche du fleuve, recevait l'ordre de s'y 
anaintenir avec la 15* brigade de cavalerie, alors à Contres, 
jusqu'à ce que les troupes allemandes de la rive droite fussent 
arrivées à sa hauteur. Le X* corps conserverait ses positions 
actuelles, en attendant l'entrée en ligne du IIF. Mais, quel- 
ques heures après avoir lancé ces ordres, Frédéric-Charles 
fut informé de la retmite de Chanzy, sans qu'il pût discerner 
«encore si elle avait Vendôme ou Blois pour objectif. Afin 
de s'en assurer, il décida que le X* corps s'avancerait le 12 
jusqu'à Mer. L'Armee-Abtheilung, diminuée d'une grande 
partie du I®' corps bavarois, nous poursuivrait non plus au 
nord, mais au sud de la forêt de Marchénoir. Seule, la 4* di- 
vision battrait le pays au nord, jusqu'à Châteaudun^ 

La 2® armée de la Loire exécuta, le 12 décembre, les mou- 
vements qu'avait prescrits Chanzy. Mais la température 
s'était entièrement modifiée, et une pluie torrentielle tom- 
bait depuis les premières heures du jour. Les routes, cou- 
vertes de neige fondue et de verglas, devenaient imprati- 
cables. Quant aux terres, détrempées par le dégel, elles se 
<îhangeaient rapidement en fondrières. Chanzy avait adopté, 
pour ce jour-là comme pour les précédents, un ordre de 
marche d'après lequel l'artillerie et les convois, seuls, de- 
vaient suivre les chemins, tandis que l'infanterie marcherait 
en ligne de colonnes à travers champs. Il en résulta que le 



1. Le grand-duc avait d'abord décidé que le !«' corps bavarois détacherait 
sous ses ordres directs une brigade d^infanterie, la brigade de cuirassiers et 
6 batteries. Von der Tann fit remarquer que cette combinaison lui laisserait 
6,200 hommes d'infanterie seulement pour garder Orléans. On réduisit ce 
détachement à une brigade d'infanterie et 6 batteries (v. Helwig). 

Ace moment, la 17« division comptait 6,S00 fusils et la 22®, 5,871 (État- 
major prussien, p. 698). 



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RETRAITE DE l'aRMÉE. 6^ 

mouvement de Tannée fut aussi lent que pénible. A peine, 
avec les plus grands efforts, parvenait-on à faire deux kilo- 
mètres à l'heure. A la suite de cette dure campagne d'hiver, 
les chaussures, les vêtements étaient déjà dans un état déplo- 
rable. Les échalas des vignes que Ton traversait déchiraient 
le drap usé des uniformes et pénétraient jusqu'à la peau'. 

D'ailleurs l'armée avait cruellement souffert pendant ces 
six jours de combat, du 6 au 11 décembre. La plupart de 
nos troupes, maintenues au bivouac, sans nécessité suffisante, 
par un froid très vif, sans aucun abri dans ces plaines nues, 
souvent même sans pouvoir allumer des feux , avaient 
beaucoup perdu de leurs forces physiques et surtout de leur 
résistance morale. Les distributions, quand elles avaient lieu, 
se faisaient au loin, en pleine nuit. Les ressources existant 
encore dans le pays n'étaient pas exploitées comme elles 
auraient dû l'être. L'avidité, l'absence complète de patrio- 
tisme d'une partie de la population se donnaient librement 
carrière. Ainsi, sur le champ de bataille de Villorceau, un 
fermier refusait obstinément de céder, contre des bons régu- 
liers de réquisition, du bétail que les Allemands allaient lui 
prendre le lendemain, sans aucun dédommagement. On ne 
sut pas l'y contraindre^. Ailleurs les paysans vendaient une 
botte de paille jusqu'à 1 fr. 50 c; un morceau de pain valait 
1 fr. ou même 2 fr. *. Aussi ne faut-il pas s'étonner si la 
retraite, succédant à ces jours de cruelles souffrances, dé- 
prima rapidement le moral de nos troupes. Après avoir vail- 
lamment combattu durant six jours, elles se rendaient compte 
de l'inanité d'efforts dont elles n'apercevaient plus le but. 
Pour la plupart, la lutte était maintenant sans objet. 
- Par suite, le nombre des traînards s'accrut en quelques 
jours dans d'énormes proportions. Beaucoup d'hommes affa- 



1. Chanzy, des Moulls, Dumas, ouvrages cités. 

2. Dumas, Les Mobiles de Maine-et-Loire, Un fait analogue, dans la môme 
régiou, est signalé par le général Grlsot et le lieutenant Coulooibon {La Légion 
étrangère de iSSi à 1887). 

3. Histoire d'un régiment (38^ de marche) ^ capitaine Robert G. ; Histoire de 
la garde mobile d'Indre-et-Loire, abbé Renon. 



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70 . JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

mes, épuisés de fatigue ou vaincus par la maladie tombaient 
entre les mains de Tennemi ; beaucoup d'autres prirent les 
devants, surtout après avoir franchi le Loir, et se dirigèrent 
sur le Mans, où ils comptaient trouver un abri, du feu, des 
aliments, tout ce qui leur manquait depuis les premiers jours 
de novembre. Certains corps devaient encore se battre vail- 
lemment, mais jamais plus la 2' armée n'opposa aux Alle- 
mands une résistance aussi obstinée que du 6 au 11 dé- 
cembre ; jamais les pertes qu'elle leur infligea et les siennes 

propres n'atteignirent des proportions aussi fortes 

Notre extrême droite demeura dans la même situation 
durant toute la journée du 12 décembre. Le TX' corps prus- 
sien avait à peu près conservé ses positions de la veille. 
Toutefois la 25* division s'était avancée jusque vers Condé ; 
la 3® brigade de cavalerie cantonnait à Ouchamps, plus 
près de la droite de la 6* division de cavalerie (15* brigade), 
qui était alors à Contres, comme nous l'avons vu. Le reste 
du IX* corps demeurait à Vienne et dans les environs, en 
face des quelques centaines d'hommes dont disposait encore 
le général Barry. 

Sur la rive droite de la Loire, le X* corps ne poussa la 20* 
division que jusqu'à Suèvres, en se bornant à refouler des 
traînards de la colonne Camô ; la 19* division s'arrêta à Mer. 
Quant à la 2* division de cavalerie, qui était chargée d'établir 
la liaison entre le X* corps et les troupes du grand-duc, elle 
js'établit à hauteur de la 20* division. 

La 22* division s'avança jusqu'à Villexanton, en jetant 
«on avant-garde vers Maves. L'une des grand'gardes de la 
colonne Camô y était placée et son attitude fut assez ferme 
pour obliger les Allemands à la retraite, après un court en- 
gagement. 

Quant à la 17* division, elle poussa jusqu'à la Madeleine- 
Villefrouin, en détachant vers Marchénoir la 17* brigade de 
cavalerie, deux bataillons et une batterie. Près de Nuisement, 
les cavaliers mecklembourgeois atteignirent le convoi d'une 
division du 17* corps, la 3*, engagé dans un chemin de tra- 
verse impraticable, et lui enlevèrent quarante voitures. 



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RETRAITE DE L' ARMÉE. 71 

Toutefois quelques gendarmes et des soldats d'infanterie, 
ralliés par trois officiers blessés, parvinrent à tenir Tennemi 
en respect jusqu'à l'arrivée de deux escadrons venant 
d'Oucques, et le reste du convoi fut sauvé. 

Au nord de la forêt de Marchénoir, la masse principale 
(8* et 10* brigades) de la 4* division de cavalerie prit posi- 
tion à Baccon, c'est-à-dire à 16 kilomètres en droite ligne 
de nos emplacements les plus proches. En poussant des re- 
connaissances sur Châteaudun et sur Verdes, l'un de ses 
régiments se heurta contre des fractions de notre 21 • corps 
qui le forcèrent à la retraite. Il se rassembla ensuite à Ozoir- 
le-Breuil. 

Une partie de l'Armée -Abtheilung s'établit en seconde 
ligne, la 9* brigade de cavalerie à Toupenay, une brigade et 
quatre batteries bavaroises* à Josnes. Le reste du corps de 
von der Tann était en marche sur Orléans. Enfin le IIP corps 
et la V* division de cavalerie avaient leurs troupes les plus 
avancées à hauteur de Beaugency. 

Cependant, dès la nuit du 11 au 12, la retraite avait causé 
une sorte de panique à Blois. On assurait que Mer, où les 
Allemands entrèrent le 12 seulement, était déjà occupé, 
que Blois allait être attaqué à la fois par les deux rives 
de la Loire. Un conseil de guerre fut réuni et décida, à 
l'unanimité, que Blois serait évacué le 12, à la nuit tom- 
bante. 

Malgré les recommandations expresses de Chanzy et 
quoique l'ennemi n'eût pas encore dépassé Suèvres, Barry 
quitta donc Blois dans l'après-midi du 12*, et se retira sur 
Saint- Amand sans chercher à rallier les troupes éparses dans 
le val de la Loire '. Il atteignit Saint-Amand fort avant dans 



1. Les deux autres avaient été attribuées à la 22* division en remplacement 
des siennes, alors hors de service comme nous Tavons vu. 

8. Barry avait avec lui une partie do sa 2* brigade (38« de marche et 66« 
mobiles), la 6« batterie du 12® régiment ; 1,000 hommes environ du 33® de 
marche, deux détachements du 16® de ligne et des mobiles du Puy-de-Dôme, 
appartenant à la 3« division du 15« corps , avaient été amenés à Blois par le 
général Peytavin ; 4 compagnies du 38* de marche avaient suivi la !»• divi- 
sion du 16« corps. 

3. Notamment à Amboise, avec le général Morandy. Celui-ci reçut du minisire 



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72 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

la nuit; quant aux Allemands, ils n'entrèrent dans Blois 
que le matin du 13. 

Ainsi les ordres de Chanzy à Tégard de cette ville n'étaient 
pas respectés ; sur un autre point encore, une désillusion lui 
était réservée. Nous avons vu que Bourbaki avait paru décidé 
à opérer une démonstration le long de la vallée du Cher. 
Mais ses intentions n'étaient pas aussi formellement arrêtées 
qu'il eût semblé. 

Le 12 décembre, après avoir porté ses trois corps d'armée 
de Bourges dans la direction de Vierzon, il terminait un 

télégramme au ministre par ces mots significatifs : « Si 

vous voulez sauver l'armée, il faut la mettre en retraite. 
Si vous lui imposez une oflfensive qu'elle est incapable de 
soutenir dans les circonstances actuelles, vous vous exposez 
à la perdre. Dans le cas où votre intention serait de prendre 
ce dernier parti, je suis si profondément convaincu des con- 
séquences pouvant en résulter que je vous prierais de confier 
cette tâche à un autre*. » 

D'ailleurs Gambetta et M. de Freycinet n'étaient pas 
d'accord sur le développement à donner au mouvement de 
la 1'* armée. Le premier annonçait même l'intention de la 
diriger vers l'est, aussitôt qu'elle serait reconstituée. Puis, 
sur les objections de M. de Freycinet, il répondait que rien 
n'était encore engagé au sujet de cette opération, et qu'il 
avait entendu donner là une simple indication pour l'avenir. 
Quant à la démonstration que Bourbaki avait déjà dessinée 
vers le nord-ouest, Gambetta entendait l'arrêter à Vierzon, 
« car les 15®, 18" et 20* corps sont en véritable dissolution ; 
c'est encore ce que j'ai vu de plus triste », ajoutait le grand 
orateur*. 

La 2« armée de la Loire restait donc livrée à elle-même, 



le télégramme suivant (5 h. 65 du soir) : « Par votre dépêche de ce matin 
4 h. 25, vous me demandez ce que vous devez faire. 

a Ma réponsa est celle-ci: Vous devez exécuter strictement les ordres de votre 
supérieur immédiat. » Le général Morandy se borna à ramener vers Tours les 
débris de sa division. 

1. La Guerre en Province, p. 200. 

2. Enquête, tome IV, p. 71 et 72. 



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RETRAITE DE l'aRMëE. 73 

en face d'un ennemi dont les forces s'accroissaient chaque 
jour. Chanzy décida qu'elle continuerait sa retraite le 13 
décembre, de manière à aller prendre position sur le Loir. 
La colonne Camô et la !'• division du 16* corps, mises en 
marche à 7 heures, suivraient les directions de Villeberfol, 
Villegrimont, Villemardy, et de Conan, Rhodon, Selommes, 
pour se diriger ensuite sur Vendôme. Au sud-est de cette 
ville, elles occuperaient des positions défensives s'étendant 
du ravin de Chanteloup à celui de la Houzée, par Sainte- 
Anne et la lisière sud du bois des Pézeries. En outre, l'amiral 
Jauréguiberry aurait à faire garder le ravin de la Houzée, 
de Malignas à son confluent avec le Loir. 

La cavalerie du 16* corps, partie à 6 heures et demie du 
matin, flanquerait ce mouvement à gauche, par Budan, Vil- 
lammoy, la route de Blois à Vendôme, Crucheray, la route 
de Château-Renault à Vendôme, et cantonnerait au nord- 
ouest.de cette ville, autour de Courtiras. 

Le mouvement du 17* corps commencerait à 8 heures. Sa 
l'* division suivrait la direction de Boisseau, le Bouchot, 
Villarceau, Coulommiers, franchirait le Loir à Meslay, et 
s'établirait le long de la route de Vendôme à Châteaudun, 
des Tuileries au Poirier. Sa 2^" division partirait de Ville- 
neuve-Frouville, par Sainte-Gemme, Noyers et Faye ; elle 
passerait le Loir à Saint-Firmin -et prendrait position le long 
de la route de Châteaudun, son centre à Haie-de-Charap. 
Sa 3* division, partie d'Oucques, marcherait sur Beau villiers, 
Pezou ; après avoir passé le Loir, elle appuierait sa gauche 
à Pezou et sa droite à la 2* division. Enfin la cavalerie du 
corps d'armée se dirigerait d'Oucques sur les Ronces, Li- 
gnières, le pont de Pezou et irait s'établir en arrière de la 
3* division. 

Quant au 21® corps, il se porterait de Viévy-le-Rayé sur 
Fréteval, à l'exception des détachements laissés au nord-est 
de la forêt de Marchénoir, qui se dirigeraient sur Morée et 
passeraient le Loir à Saint-Hilaire. La brigade de cavalerie 
légère du 16* corps, détachée depuis peu au 21", rallierait 
sa division après la marche du jour. 



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74 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Chanzy prescrivait en outre que des épaulements seraient 
construits pour Tartillerie et que Ton prendrait des mesures 
pour la garde des ponts, dès l'arrivée au bivouac. Le général 
commandant le génie de Farmée devait faire organiser dé- 
fensivement les positions occupées par l'amiral au sud du 
Loir*. 



1. ChaDzy, ouvrage cité, p. 166. Imtructions pour le 13 décembre. 



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j 



IP PARTIE 

VENI3o:^d[E 



CHAPITRE Vn 
l'armée s'établit sur le loir 

La ligne da Loir. — Ses avantagea. — Nos positionB an sad de Vendôme. — Ordres de 
Frédérie-Charies ponr le 13. — Mouvement de notre armée. — Nos positions le soir 
du 13. — Instructions de Chanzy pour le 14. — Poiate de Bourbakl sur Yierzon. — 
Ordres de Frédéric-Charles. — Instructions dn général de Moltke. — Emplacements 
des Allemands le soir du 13. 

La 2* armée de la Loire allait prendre, de Montigny-le- 
Ganneton au ravin de Chanteloup*, des positions s'étendant 
sur une longueur de 31 kilomètres à vol d'oiseau, mais beau- 
coup plus étendues en réalité. Presque partout elles étaient 
couvertes par le Loir. 

DlUiers à Château-du-Loif , la vallée de cette rivière, gé- 
néralement étroite et profondément encaissée, est bordée de 
hauteurs assez accentuées, offrant de bonnes positions défen- 
sives, surtout contre un ennemi venant du sud-est. Le Loir, 
de profondeur variable, est partout un sérieux obstacle. Ses 
gués sont rares et faciles à rendre impraticables 5 les princi- 
paux lieux habités, seuls, ont des ponts en bois ou des passe- 
relles aisés à détruire. 

En s'établissant derrière le Loir, la 2* armée menacerait 
le flanc droit de l'ennemi, s'il marchait vers Tours ; elle res- 



1. Y compris la 4* division du 21* corps» qui s'étendait le 18 de Fréteval 
à Gloyes sur le Loir et, sur le Droué, jusqu'au delà de Montigny. (Gougeard, 
Deuxième armée de la Loire, division de l'armée de Bretagne, p. 129 ; Rapport 
du lieutenant de vaisseau Coq ; de Kéralry, L* Armée de Bretagne, page 186 ; 
Rapport de M, de la Borderie, député, p. 275.) 



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76 JOSNES, VENDOME, LE MANS, 

terait à proximité de Chartres et de Paris, qu'elle pourrait 
atteindre par Châteaudun. Un simple changement de front 
en arrière suffirait et nous serions couverts sur nos flancs par 
le Loir et par THuisne. 

D'ailleurs, dans les positions choisies par Chanzy, notre 
gauche devait être efficacement couverte par la forêt de Fré- 
teval. Au cas où Tennemi nous déborderait vers Chartres, il 
nous serait facile de nous retirer sur la Sarthe. Mais Téven- 
tualité contraire, celle dans laquelle les Allemands tourne- 
raient notre droite et nous couperaient du centre de la France, 
était à la fois, nous le répétons, la plus vraisemblable et la 
plus à redouter. 

Nous avons dit que la droite de Tarmée, c'est-à-dire la co- 
lonne Camô et la division Deplanque réunies sous les ordres 
de Jauréguiberry, allait s'établir en avant du Loir. La posi- 
tion qu'elle occuperait avait pour principaux avantages de 
couvrir la ville de Vendôme *, importante au double titre de 
centre de population et de point de passage d'une voie ferrée, 
et de posséder des flancs bien appuyés aux ravins de Chan- 
teloup et de la Houzée. En outfe, une série de ravins s'é- 
tendant entre Sainte-Anne et Malignas lui servait de fossé 
naturel. Mais les hauteurs dominantes des Tuileries, au nord 
de Vendôme, auraient constitué une position plus sûre et 
plus avantageuse. Si l'amiral s'y était installé, sa retraite 
eût été complètement assurée, au lieu de s'opérer par des 
rampes rapides et des rues étroites et tortueuses. Surtout, 
il se serait relié plus sûrement au centre de la 2® armée. Les 
seuls défauts des positions des Tuileries étaient d'être situées 
à trop grande distance du Loir et de laisser en dehors de 
leur action la partie de Vendôme placée au sud des deux 
bras de cette rivière. 

L'ensemble des considérations qui précèdent conduit à 
croire qu'il y aurait eu avantage à établir toutes nos troupes 



1. Le ComUd de défense locale avait fait construire quelques travaux aux 
abords de celte ville. Mais la plupart étaient inutilisables en raison de leur 
situation, ceux de Moncé par exemple. Ceux de Bel-Essort, qui battaient la 
route d'Oucques, pouvaient même être utilisés par Tennemi. 



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L* ARMÉE s'Établit sue le loir. 77 

sur la rive droite du Loir, sauf à détruire les ponts et à or- 
ganiser la défense des gués. Mais Cbanzy crut indispensable 
de couvrir Vendôme et cette conviction le conduisit à occuper 
la sorte de tête de pont dont nous avons parlé, au sud de 
cette ville. 

Les Allemands n'avaient pas tardé à se rendre compte de 
notre affaiblissement moral et matériel. Le grand nombre 
de traînards ramassés par leur cavalerie au sud de la forêt 
de Marchénoir, plusieurs milliers d'après leur relation of- 
ficielle*, la quantité énorme d'armes, d'effets de toute na- 
ture, les voitures abandonnées qui couvraient les routes, 
les cadavres d'hommes et de chevaux épars dans les champs, 
enfin la masse des blessés entassés dans les villages, souvent 
sans nourriture et sans soins, tout cela indiquait que notre 
armée était beaucoup plus profondément atteinte que son 
attitude des jours précédents n'eût permis de le supposer. 
Mais ces indices de dissolution n'avaient pas encore été portés 
le 12 à la connaissance de Frédéric-Charles, alors à Beau- 
gency. Aussi nous croyait-il disposés à lui tenir tête. Il 
ignorait même quel était l'axe de notre retraite, et il allait 
jusqu'à supposer que des forces importantes avaient pris la 
direction de Blois et du val de la Loire. Par suite, il jugea 
nécessaire d'aiTêter la marche du grand-duc, qui aurait pu 
devenir dangereuse dans cette dernière éventualité. Il lui 
donna l'ordre de rester le 13 en position, sauf à continuer la 
poursuite au moyen d'avant-gardes seulement. L'Armee- 
Abtheilung éviterait avec soin tout engagement sérieux. Au 
contraire, le X'^ corps attaquerait Blois le 13 décembre, au 
besoin avec la coopération du IX'. Le HP, dont certaines 
fractions étaient encore auprès d'Orléans, se rassemblerait 
sur sa tête de colonne. 

Ces ordres avaient pour première conséquence de nous 
laisser une journée de répit, c'est-à-dire la possibilité de 
prendre position sur le Loir. Le retard qu'allait subir de ce 



1. Beaucoup d*homines recherchaient la captivité pour éviter les fatigues 
et les dangers de la campagne (Chanzy). 



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78 JOSNES, 

chef l'offensive allemande ne pouvait qu'être le bienvenu. Il 
faut le dire, rien ne ressemblait moins à une poursuite que la 
marche dePennemi après la bataille de Josnes. 

Grâce à son inaction et malgré une pluie continuelle, la 
2® armée poursuivit son mouvement, le 13 décembre, dans les 
conditions prescrites par Chanzy. Seule, une fraction du 
17* corps, qui partait d'Oucques, fut inquiétée par la 17* bri- 
gade de cavalerie prussienne. Pour couvrir sa retraite, le gé- 
néral de Jouffroy avait laissé dans ce village le 1*' chasseurs 
de marche, une batterie et deux escadrons d'éclaireurs al- 
gériens. Ceux-ci, placés dans un pli de terrain en arrière, 
chargèrent la cavalerie allemande et la repoussèrent jusqu'à 
ce qu'une batterie, démasquée tout à coup, les eût obligés à 
la retraite. D'ailleurs l'apparition d'une colonne du 21® corps, 
qui débouchait de la forêt sur le flanc de l'ennemi, força 
bientôt celui-ci à se retirera 

D'autres escarmouches avaient lieu à l'est de Villetrun, 
entre les éclaire urs algériens et l'avant-garde de la 17* di- 
vision d'infanterie. Sur aucun point l'ennemi ne parvenait à 
entamer nos colonnes, mais il enlevait comme la veille un 
très grand nombre de traînards. 

Dans la soirée, l'armée occupait les positions suivantes : 
sa droite formait une sorte de demi-cercle au sud de Ven- 
dôme. La colonne Camô s'étendait de la route deBlois, vers 
Malignas, au Loir, par Sainte- Anne et le ravin de Chante- 
loup ; la division Deplanque bordait la Houzée jusqu'à la 
même route, par la ferme de Villemalin et Malignas^. Lais- 
sant sur la rive gauche du Loir, pour le service des avant- 
postes, quelques escadrons et les éclaireurs du capitaine 
Bernard, la cavalerie du 16® corps avait été cantonner autour 
de Courtiras. 

Quant à la 1" division du 17* corps, elle s'était de même 
établie sur la rive droite, des Tuileries au Poirier; mais 



1. Souvenirs cités, p. 102. 

2. Chanzy. D'après le lieutenant-colonel Dumas (Les Mobiles de Maine-et- 
Loire), le 76« mobiles aurait bivouaqué à l'est de Selommes et n'aurait pris 
position que le 14 à Test de Malignas. 



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l'abmée s'établit sub le loir. 79 

deux de ses bataillons et une batterie gardaient les travaux 
de défense élevés au delà du Loir, à Bel-Essort *, au Haut- 
Fontenay, à la ferme de la Touche. Un troisième bataillon 
était en réserve au pont de Meslay, mais sa présence ne 
suffisait pas pour assurer la retraite du faible détachement 
ainsi aventuré. 

Les 2* et 3' divisions du 17^ corps s'étendaient de laHaie- 
de-Champ à Pezou, et sa cavalerie était fort en arrière, à la 
Ville-aux-Clercs. Quant au 21^ corps, il occupait le terrain 
compris entre Pezou et Saint-Hilaire, avec sa 1" division 
à Saint-Hilaire, la 2® à Mont-Henry, et la 3*, au centre, vers 
le Plessis. Celle-ci avait un bataillon à la station de Fréteval 
et une brigade sur la rive gauche du Loir, dans les ruines 
qui dominent cette ville. 

Enfin, à l'extrême gauche de l'armée, la division Gou- 
geard (4* du 21® corps) s'étendait vers Cloyes, le long du 
Loir et du Droué. A l'aile opposée, les fractions ralliées par 
le général Barry avaient atteint Saint-Amand et même 
Montoire. 

Chanzy était loin encore de désespérer de la situation ; il 
savait que les Allemands avaient peu de troupes à Chartres*, 
que Dreux, la Loupe, Bretoncelle étaient inoccupés. Il croyait 
même les forces de Frédéric- Charles peu considérables sur 
les deux rives de la Loire. Aussi se jugeait-il tout à fait libre 
de conserver ses positions actuelles ou de se retirer sur le 
Mans. Il pensait avec raison que la 2® armée constituerait 
une menace suffisante pour faire hésiter l'ennemi à descendre 
le long du val, au-dessous de Blois. Malheureusement Tours 
était déjà le théâtre d'une véritable panique, à laquelle le 
général Sol, commandant la division militaire, ne savait pas 
résister. Les agents du télégraphe abandonnaient leur poste ; 
ceux du chemin de fer hâtaient l'évacuation du matériel. 
L'affolement des autorités civiles était tel qu'on devait 



1. Bel-£s3ort, qui De figure par sur les récentes éditions de la carte d'état- 
major, était sur la hauteur entre Coulommiers et Meslay. 

2. Le gros de la 5« division de cavalerie. 



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80 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

craindre la destruction des ponts de la Loire en aval de Toars \ 
Cet état de choses rendait plus nécessaire que jamais la di- 
version de Bourbaki sur Blois, et Chanzy ne cessait de la 
réclamer. 

Quant aux instructions du général en chef pour la journée 
du 14, elles se résumaient dans la recommandation d'établir, 
autant que possible, les troupes en cantonnement^, à proxi- 
mité des positions à défendre et de hâter l'exécution des 
travaux de défense. La cavalerie du 16* corps surveillerait 
le Loir, de Vendôme à Montoire. Les éclaire urs du capitaine 
Bernard observeraient vers Blois et les éclaireurs algériens, 
établis dans Coulommiers et Rocé, vers Pontijou et Oucques*. 

Mais d'autres questions réclamaient l'attention de Chanzy : 
c'était, en premier lieu, l'évacuation de Vendôme par la 
foule de malades ou de blessés qui n'avaient cessé d'y affluer 
ces derniers jours. On dirigea sur Tours ou sur Blois ceux 
qui étaient transportables ; on expulsa les fuyards de la ville, 
où on laissa un seul bataillon, et on commença le triage des 
isolés appartenant au 15* corps qui avaient suivi la 2* armée 
dans sa retraite. 

Les combats du commencement de décembre avaient mo- 
tivé une énorme consommation de munitions : on s'occupa 
de les recompléter, non sans de grandes difficultés. La ligne 
de Vendôme à Tours était à voie unique, et des multitudes 
de traînards envahissaient ses stations pour s'entasser dans 
les trains en partance. De plus, l'évacuation de Blois et de 
Tours, cette dernière encore partielle, apportait un trouble 
profond dans le service, déjà si difficile, de cette partie de 
notre réseau. Malgré tout, le service de l'artillerie parvint à 
reconstituer en temps opportun nos approvisionnements de 
munitions. De même, les vivres arrivèrent en quantités 



1. Télégramme de Ghanzy au ministre, 13 décembre. 

2. L*arrôlé de' Gambetta autorisant le cantonnement dos troupes pour la 
durée de la campagne d'hiver est du 13 décembre. Il est triste de penser que, 
jusque-là, aucune prescription légale, ni même réglementaire, n'avait été 
édictée à cet égard. 

3. Grand quartier générai à Vendôme ; quartier général du 16« corps au 
Temple j du 17®, au château de Moncé ; du ai®, au château de Fréteval. 



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l'armée s'établit sur le loib. 81 

suffisantes et avçc assez de régularité, grâce à l'activité de 
l'intendant général Bouché. Pourtant beaucoup d'hommes 
souffi:^ient de la faim, les uns parce qu'ils avaient quitté leur 
corps, volontairement ou non, les autres parce que leurs 
officiers n'apportaient qu'une attention insuffisante aux dis- 
tributions, ce service d'une importance vitale en campagne. 
Enfin, trop souvent, avec l'imprévoyance habituelle au soldat 
et surtout au Français, ils abandonnaient au bivouac des 
monceaux de biscuit ou de viande, pour se dispenser d'avoir 
à les transporter \ A ce moment, il était bien difficile de 
porter remède à une situation résultant des circonstances 
autant que de l'extrême jeunesse de nos troupes. 

Cependant, après plusieurs jours d'hésitation, Bourbaki 
se décidait à opérer la démonstration qu'avait réclamée 
Gambetta. De Bourges, il poussait une partie de la !'• armée 
à Mehun-sur-Yèvre. Le 12, des détachements de cavalerie 
poursuivaient jusqu'aux abords immédiats de Vierzon les 
patrouilles allemandes qui battaient les deux rives de cette 
rivière. Le 13, pendant que la population ouvrière de la 
ville prenait une attitude menaçante, plusieurs bataillons 
français apparaissaient simultanément au sud et à l'est. 
D'autres occupaient la forêt au nord-est, et les 3* et 4" 
escadrons de notre V hussards pénétraient audacieusement 
dans Vierzon. Le capitaine Charles surprenait ainsi à la 
gare un poste, auquel il prenait ou mettait hors de combat 
une vingtaine d'hommes. Le colonel von der Grôben^ qui 
occupait la ville avec quatre escadrons seulement, se hâtait 
de gagner Salbris, non sans pertes. La 4* brigade de cavalerie 
s'y rassemblait dans la journée, tandis que les 3* et 15* bri- 
gades de cavalerie se tenaient plus à l'ouest, dans la vallée 
du Cher. 

La 1" armée de la Loire n'avait devant elle qu'un mince 
rideau, et une simple démonstration avait suffi pour le trouer. 
Cependant Bourbaki croyait son avant-garde fort compromise 
à Vierzon. Il allait même jusqu'à annoncer l'intention de se 



1. Chanzy. 

CAMPAOKE DE LA LOIRE. II. 



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82 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

retirer sur Saint- Amand, à 40 kilomètres au sud de Bourges. 
Il fallut que Gambetta insistât auprès de lui, dans les termes 
les plus énergiques, pour Vy faire renoncera Pourtant l'im- 
portance de Bourges était de nature à frapper tous les yeux. 

De ces tiraillements entre la Délégation et le commandant 
en chef de la 1'^ armée, il résultait que la confiance de Gam- 
betta en Bourbaki était fortement ébranlée. Il se demandait 
même s'il nV avait pas nécessité absolue à lui retirer son 
commandement. M. de Freycinet continuait à l'y encourager 
dans les termes les plus énergiques : c .... A votre place, 
lui télégraphiait-il, je n'hésiterais pas un instant à remplacer 
Bourbaki par Billot. Avec Bourbaki vous immobilisez, clair 
et net, la moitié de l'armée de la Loire. Comment pouvez- 
vous faire fond encore sur Bourbaki, après tout ce qui s'est 
passé dans cette campagne et auparavant dans le Nord? 
C'est le fétichisme des vieilles gloires militaires qui nous a 
perdus. 

€ Je sais bien que, si j'étais le maître, il y a longtemps que 
j'aurais rompu avec ce préjugé. » 

Pourtant, malgré l'insistance du Délégué, Bourbaki 
devait rester à la tête de la I'' armée, au grand détriment 
de la défense nationale. 

Nous avons vu que, le 12 décembre, les Allemands étaient 
encore fort indécis au sujet des mouvements de Chanzy. Le 
13 seulement, vers 9 heures du matin, le X* corps rendit 
compte à Frédéric-Charles que, la veille au soir, ses pa- 
trouilles avaient trouvé Blois évacué. De tous, les indices 
recueillis, des lettres abandonnées dans nos bivouacs, il 
résultait que la droite de notre armée s'était retirée vers le 
Loir comme son centre et sa gauche. 

Dans ces conditions, il n*y avait plus d'objectionfc à sou- 
lever contre un changement de front à droite de l'Armee- 
Abtheilung et de la IP armée. Vers midi, Frédéric-Charles 
prescrivit au grand-duc de porter le 14 sa droite sur Marée et 



1. Enquête, tome IV, p. 71, dépêches de Gambetta à Bourbaki et à M. de 
Freycinet. Le 18 décembre, ce projet de retraite sur Sainl-Amand n*était pas 
encore abandonné. 



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l'armée s'établit sur lk loir. 83 

sa gauche sur Oucques. Puis, à la nouvelle que le IX« corps 
avait occupé Blois et que ses bataillons les plus avancés bor- 
daient le Cher, le prince ordonna au X* corps de pousser son 
avant-garde sur la Cisse, c'est-à-dire à hauteur de la gauche 
du grand-duc, tandis que des patrouilles se dirigeraient vers 
Herbault et vers Tours. Quant au III* corps et à la 1'* division 
de cavalerie, ils s'avanceraient le 14 jusqu'à Maves. Enfin le 
IX* corps et la 6* division de cavalerie demeureraient en face 
de Blois jusqu'au rétablissement du pont de la Loire. En 
attendant, un pont de bateaux serait jeté à Saint-Dié *. 

Ainsi, grâce à l'extrême circonspection montrée par Fré- 
déric-Charles après la bataille de Viilorceau, sa droite, seule, 
allait être le 14 en contact avec nos troupes ; le soir, son 
centre et sa gauche seraient à 15 ou 20 kilomètres de nos 
positions. Il est évident que nous n'aurions pu souhaiter 
mieux. 

Les ordres qui précèdent étaient à peine lancés que sur- 
venait un important télégramme du général de Moltke. Le 
chef d'état-major du roi y déterminait l'objectif à viser par 
Frédéric-Charles. Il s'agissait avant tout, disait tardivement 
le grand stratège (12 décembre), de mettre hors d'état de 
combattre, par une poursuite acharnée, les troupes de l'armée- 
de la Loire, et surtout celles placées sous les ordres de Chanzy . 

Toutefois, cette poursuite ne devait pas être prolongée au 
delà de certaines limites, dans les deux directions du sud et de 
l'ouest, du moins avant la chute de Paris. Outre le danger 
d'étendre outre mesure le territoire à garder, il y avait à 
prévoir celui d'accroître les fatigues des troupes allemandes, 
déjà fortement éprouvées. Aussi le général de Moltke indi- 
quait-il comme une ligne extrême, que l'on devrait éviter de 
dépasser sans nécessité urgente, celle passant par Tours,. 
Bourges et Nevers. Dans son esprit, la surveillance de cea 
trois directions devait être confiée à la II* armée dont le gros, 
serait à Orléans. Vers l'ouest, la protection des lignes d'in- 



1. ÉlcU-major prutsièn, p. 674. Un pont de bateaux, établi à Beaugency 
dans la nuit du il au la, fut replié dés le 12. 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

ssement pourrait être confiée uniquement aux troupes 
frand-duc ; du moins le général de Moltke en jugeait 
, et il leur assignait comme centre d'action les environs 
hartres. Le voisinage de Paris permettrait au besoin le 
rement de certaines fractions ou même de TArmee- 
leilung tout entière. 

ailleurs le chef d'état-major du roi paraissait n'attribuer 
rmée de Chanzy guère plus d'importance qu'aux troupes 
imp de Conlie. Au contraire, une attention particulière 
emblait indiquée à l'égard de Bourbaki. Aussi Frédéric- 
'les devrait-il s'entendre avec le général von Zastrow * 

les mesures à prendre en commun contre son armée, et 
enforts étaient envoyés à ce dernier (13 décembre). 

est assez malaisé de résumer ces' instructions, dont la 
é n'est pas la qualité dominante. Pourtant il semble que 
insée maîtresse du général de Moltke ait été la nécessité 
e pas étendre outre mesure le territoire occupé par les 
mands. Il croyait que les troupes du grand-duc, ren- 
des de la 5® division de cavalerie', suffiraient pour mettre 
izy hors d'état de reprendre l'oflFensive, et il prêtait à la 
rmée, ou plutôt à son chef, une attention peu justifiée. 

appréciation plus juste des caractères de ces deux gé- 
ux l'aurait conduit à penser qu'un seul d'entre eux 
eaità ce moment tous les efforts des Allemands: Chanzy. 
me nous l'avons vu, bien loin de songer à marcher en 
t, Bourbaki voulait alors « mettre trois autres étapes 
B lui et l'ennemi ^ ». Au lieu de l'observer et de se pré- 
r à lui tenir tête, il eût été plus naturel d'achever la dis- 
ion de l'armée de Chanzy. Dans l'état où l'avait mise sa 
ite sur Vendôme, on peut croire qu'elle n'aurait paslon- 
aent résisté à l'ensemble des forces de Frédéric-Charles. 



iO général von Zastrow, commandant du VII* corps, avdt été chargé de 
veillance de la zone comprise entre la Saône et la Loire. On lui envoyait 
cembre) 2 régiments d'infanterie à Chàtillon-siir-Seine. 
^e 13 décembre cette division avait son gros à Chartres ; elle envoyait 
Ihàteaudun la 12» brigade, qui était forcée de se retirer devant des frac- 
iUnfanlerie du 2i« corps (brigade Collet et division Gougeard). 
ïambe tta. 



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l'armée s'établit sur le loir. 85 

Quoi qu'il en soit, le soir du 13 décembre, le X* corps 
prussien était cantonné à Blois ou aux environs ^ ; la 2' di- 
vision de cavalerie avait atteint Villerbois, au nord-ouest ; 
l'avant-garde de la 22* division d'infanterie était à Conan et 
son gros à Villexanton ; la 9^ brigade de cavalerie, à Boisseau, 
reliait la 22* division à la 17* ; celle-ci avait son avant-garde 
à Epiais et son gros à Oucques. La 10* brigade de cavalerie 
explorait au nord de la forêt de Marchénoir, jusqu'à Cloyes, 
oii elle observait un grand bivouac français, celui des mobi- 
lisés bretons. Deux de ses escadrons, aventurés dans la forêt, 
en étaient repoussés par de l'infanterie ; puis comme des 
cavaliers du 21*' corps apparaissaient à Binas, ils se retiraient 
jusqu^à Charsonville. Enfin, au sud de la forêt de Marchénoir, 
la 8" brigade de cavalerie venait cantonner à la Madeleine- 
Villefrouin et la 4® brigade bavaroise demeurait à Josnes. 

Suivant les ordres du grand-duc, la 17* division devait le 
lendemain border le Loir, de Morée au sud de Fréteval. La 
22* occuperait le terrain abandonné par la précédente ] la 
4* brigade bavaroise et la 8* brigade de cavalerie s'installe- 
raient autour de Saint-Léonard. Enfin deux brigades de ca- 
valerie, les 9* et 10*, exploreraient sur les deux ailes de 
l' Armée- Abtheilung. 



1. Le IX» corps avait 8 bataillons daas Blois ; le reste était cantonné dans 
le faubourg de Vienne ou s'échelonnait à Touest vers le Cher. 



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CHAPITRE VIII 

OE MORÉE ET DE PRÉTEVAL 
(14 décembre). 

ïur le Loir. — Combat de Fréteval. — Échec des brigades 
ibat de Morée. — Résultats de ces deux affaires. — tns- 
15. — Ordres de Frédéric-Charles. 

y attendre, la gauche de notre Étrmée, 
âgée le 14 décembre, 
i du grand-duc, la 10® brigade de cava- 
au nord de la forêt de Marchénoir, jus- 
Lvait Cloyes occupé par nous (4® division 
que les villages au sud semblaient avoir 
wte, la 17® division d'infanterie avait à 
partie des 1" et 3® divisions du même 

, elle s'était mise en mouvement sur 
lonnes^ Celle de gauche avait atteint 
ntrer de résistance, quand, dans Taprès- 
itit vers la colonne du centre, alors au 
illes qui précédaient celle-ci s'étaient 
Ion de fusiliers-marins ^, placé dans les 
3 Fréteval, sur les hauteurs de la rive 
colonne de gauche marchait au canon, 



marchait de Viévy-le Rayé sur ÉcomaD, élait forte 

ide de cavalerie, de 2 batteries. 

lait d*Oucques aux Ronces, comptait une brigade 

! batteries. 

rÉpiais à Ghamplain, élait de 4 bataillons, 3f esca- 

)mmandant la 3® division du 2i« corps, avait rap- 
tiée la veille à Fréteval et ce bataillon de marins 
la rive gauche. Voir, au sujet de cette affaire, le 
néral Jaurès (Chanzy, ouvrage cité, p. 615). 



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Col 



I 



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L 



COMBATS DE MORÉE ET DE PRÉTEVAL. 87 

et les fuBiliers-marins, attaqués simultanément du sud et de 
l'est, étaient aisément délogés. Ils se repliaient sur la rive 
droite sous la protection de deux batteries de 4\ placées 
Tune au nord de Fréteval, l'autre au nord-ouest, vers la 
cote 145. Deux batteries allemandes, postées à Test du 
Pallouet, faisaient rapidement taire la première. La seconde 
continuait son feu, avec la plus grande ténacité, jusqu'à la 
fin du jour. 

D'ailleurs deux sections de 12, d'abord placées près du 
Plessis, venaient la rejoindre sur la route de Vendôme. 

Malgré le feu de cette artillerie, les fusiliers - marins 
étaient contraints d'évacuer Fréteval. Un bataillon de mo- 
biles de la Loire Inférieure' et le &• bataillon de fusiliers- 
ymarins venaient inutilement les renforcer. Nous ne pouvions 
pai*venir à rentrer dans le bourg et, le commandant des mo- 
biled ayant été blessé, son bataillon se repliait en partie. 
Nous restions seulement en possession de la gare, pendant 
que trois bataillons allemands se maintenaient dans Fréteval 
; jusqu'à la nuit. 

Vers 7 heures, sur l'ordre du général Jaurès, le capitaine 
de vaisseau Collet et le capitaine de frégate du Temple ten- 
fitaient, avec deux bataillons tirés de la réserve, une nou- 
ivelle attaque concentrique. Nous n'y mettions pas tout l'en- 
Uemble désirable. Le brave Collet se laissait emporter par 
json ardeur et jetait prématurément quatre compagnies du 
Ut* bataillon de fusiliers-marins dans le bourg. Elles y péné- 
raient assez avant, mais les Allemands leur opposaient une 
Eres vive résistance. Collet était tué, ainsi que son adjudant- 
major, et nous étions définitivement repoussés après un com- 
Mit acharné '. 

Une autre affaire, un peu moins désavantageuse pour nous, 
ivait lieu en même temps vers Morée. 



I 1. Sans doute les 9i«* batteries des lO* et la^ régiments. 

s. Rapport Jaurès. G*était sans doute le %• bataillon, de la i'« division du 
!• corps. 

' !l. D*après le rapport du général Jaurès, nous n'aurions eu qu'une centaine 
!!hommes hors de combat. 

Les Allemands perdirent 4 officiers et 8i hommes. 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

î de droite de la 17'' division avait dirigé son 
l'Ecoman sur Morée. Elle y arrivait sans inci- 
>ur être bientôt obligée de se retirer devant de 
t de la cavalerie françaises ^ Deux batteries 
prenaient position à la Charonnière et un ba- 
sait dans Morée. 

le général Rousseau, commandant la l*"® divi- 
corps, apprenait Tapproche des Allemands et 
r tenter de les déloger de Morée par une attaque 
liait franchir le Loir à Saint-Hilaire et gravis- 
îurs àe la rive gauche avec le 13® chasseurs de 
* bataillon des mobiles de TAube, quatre com- 
>8* de marche, les francs-tireurs de Cognac et 
e 4. Il atteignait ainsi le ravin profond qui sé- 
ère de la Ruelle. A ce moment les deux batte- 
es delà Charonnière Tarrêtaient, et six compa- 

de la Ruelle prenaient même Tofifensive contre 
et demie). Notre infanterie faisait bonne conte- 
les Allemands ne s'en maintenaient pas moins 
Une attaque que Rousseau tentait par la route 
lire , opérée trop tard, ne donnait aucun ré- 
nemi pouvait cantonner dans les villages qu'il 
dis que nous nous repliions sur Saint-Hilaire. 
combats d'avant-postes nous coûtaient d'assez 
3, sans qu'il résultât pour nous le moindre profit 
e ou de l'attaque de villages qui ne faisaient 
ntégrante de nos positions. D'ailleurs la 17*" di- 
L tirer un parti plus avantageux pour les AUe- 
os situations réciproques. Elle n'avait eu à 
e les tentatives isolées et sans suite de fractions 



tat-major prussien, p. 679. Pourtant, suivant l'ouvrage de 
es documents français, nous n'aurions eu personne à Morée. 
rapport déjà cité de Jaurès, le général Rousseau aurait eu 
lessés. Mais le 13« chasseurs de marche, seul, eut l officier 
ors de combat dans les deux compagnies engagées (Historique 

)■ 

lenu évalue à 250 hommes hors de combat nos pertes du 



perdirent 1 officier et 50 hommes. 



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COMBATS DE MORÉE ET DE FRETE VAL. 89 

du 21» corps équivalant à peu près à une brigade. Même en 
reconnaissant que Tétat du sol était un obstacle sérieux aux 
mouvements de son artillerie^, il semble qu'à Fréteval et 
surtout à Morée elle ait montré peu d'énergie dans ses 
attaques. 

Outre les pertes que ces deux combats causèrent à la 
2* armée, ils entraînèrent des conséquences plus graves. 
Nous avons déjà dit que Chanzy prêtait à l'ennemi l'intention 
de pousser sa droite sur le Loir, de la jeter à l'ouest de cette 
rivière, en amont de Vendôme, de pénétrer dans la forêt de 
Fréteval et de tourner notre gauche, tandis que Frédéric- 
Charles attaquerait de front notre centre et notre droite. Les 
combats du 14 décembre confirmèrent ces appréhensions, et 
les instructions du général en chef pour le 15 indiquent 
qu'il se préoccupait de cette éventualité , ainsi que des 
moyens de faciliter son mouvement du Loir vers la Sarthe. 
Pendant une reconnaissance faite le 14 par lui, l'amiral 
Jauréguiberry, les généraux commandant l'artillerie et le 
génie de l'armée, il avait pu constater que nos positions au 
sud de Vendôme présentaient de nombreux inconvénients. 
L'angle compris entre le Loir et le ruisseau de la Houzée, 
dominé en partie seulement par les hauteurs de la rive droite, 
d'ailleurs assez éloignées, ne possédait pas lui-même un 
champ de tir suffisant. Les sinuosités de la Houzée, l'exis- 
tence de nombreux bouquets de bois sur ses bords, empê- 
chaient d'enfiler ce ravin. Il n'était pas possible, non plus, 
d'établir sur le plateau de Sainte-Anne des batteries croisant 
leurs feux avec celles de Bel-Essort. Pour relier celles-ci 
aux positions de Jauréguiberry, il eût fallu des travaux con- 
sidérables, impossibles à exécuter en temps utile. 

Par suite Chanzy décida que la brigade Bourdillon de la 
division Deplanque resterait seule sur le plateau et au châ- 
teau de la Chaise, avec trois batteries et deux mitrailleuses. 



1. Diaprés VÉtai-major pruaien, l'artillerie ne pouvait se mouvoir que sur 
les routes; le sol était si détrempé que les roues y enfonçaient jusqu'au-dessus 
du moyeu et que les projectiles percutants y faisaient explosion sans pro- 
jeter d'éclats. 



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90 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Elle serait couverte à grande distance par le 2» régiment de 
marche de cavalerie légère mixte, celui de gendarmerie à 
cheval et les éclaireurs Bernard répartis dans Périgny, Vil- 
leromain, Crucheray, et soutenus par le bataillon des francs- 
tireurs de la Sarthe. Cette cavalerie établirait des avant- 
postes et pousserait des reconnaissances à 15 kilomètres au 
moins. 

Sur le plateau même, Tamiral ferait hâter la construction 
de tranchées - abris et d'épaulements de batterie destinés 
à couvrir la brigade Bourdillon. Quant à la 2* brigade du 
général Deplanque, le 15, après la soupe du matin, elle se 
porterait au nord du Loir, sur le plateau du Haut-de-Mon- 
trieux, en se reliant par sa gauche aux troupes de Camô, qui 
seraient placées elles-mêmes entre Huchepîe et les Tuileries. 
Ainsi, Vendôme deviendrait une simple tête de pont, au lieu 
de faire partie intégrante de notre ligne de bataille*. 

De même que le commandant du 16® corps, celui du 17* 
emploierait sa cavalerie et les éclaireurs algériens cantonnés 
dans Rocé et Coulommiers à surveiller le pays vers Pontijou, 
Oucques, la forêt de Marchénoir. Dans la prévision d'une 
nouvelle attaque sur Fréteval et Morée, le 17® corps serait 
tenu prêt à marcher. 11 ne rentrerait dans ses cantonnements 
qu'une fois ce danger écarté. Puis Chanzy renouvelait ses 
recommandations de la veille, au sujet des convois qui 
obstruaient les rues étroites de Vendôme et qu'il fallait en 
éloigner à tout prix. Il était non moins indispensable de hâter 
l'évacuation des blessés ou des malades entassés dans cette 
ville, quelques-uns sans aucun soin depuis plusieurs jours. 

Le général en chef avait constaté beaucoup de désordre 
lors de sa visite de la journée aux avant-postes. Des isolés 
circulaient dans toutes les directions ou bivouaquaient pour 



1. Le 15 décembre à 6 heures du soir, le Ministre télégraphiait au général 
Sol, qui commandait la division militaire à Tours : a Ramassez tout votre 
monde et marchez à Tennemi. Il est impossible de laisser les Prussiens accom- 
plir, sans les inquiéter, un mouvement tournant sur le général Chanzy... i Puis 
il lui recommandait de se porter vigoureusement en avant dans la direction 
d*Amboise, de façon à dégager la droite de la a« armée. Aucune suite ne fut 
donnée à ces prescriptions. 



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COMBATS DE MORBE ET DE PRÊTE VAL. 91 

leur compte dans les bois. Des détachements erraient à la 
recherche de leurs régiments. Des officiers, même, n'avaient 
pas encore rallié leur corps, dont ils s'étaient éloignés pendant 
la retraite. Durant sa tournée, Chanzy n'avait pas rencontré 
un général, pas im chef de corps. L'apathie et l'indiflFérence 
devenaient universelles. Pour les combattre dans la mesure 
du possible, Chanzy se voyait réduit à prescrire que, chaque 
jour, un officier général par corps d'armée serait désigné 
pour la visite des cantonnements. En même temps, il infli- 
geait un blâme au colonel du régiment de gendarmerie à 
pied , pour avoir toléré du désordre dans une troupe qui eût 
dû, la première, donner l'exemple contraire ^ 

Le 15 décembre, nos positions allaient être sensiblement 
les mêmes que dans la journée précédente; elles continuaient 
à s'étendre, avec des lacunes, il est vrai, de Saint- Amand' à 
Cloyes, sur une étendue supérieure à 40 kilomètres. Mais les 
Allemands occupaient un front au moins aussi étendu. Comme 
nous l'avons dît, la 17* division était à Morée et à Frète val, 
couverte sur son flanc droit par la 10* brigade de cavalerie ; 
la 22* division s'étendait d'Épiais à Oucques, avec la 9* bri- 
gade de cavalerie à sa gauche. La 8* brigade et les Bavarois 
étaient en deuxième ligne à Saint-Léonard. 

En obliquant à droite, l'Armée- Abtheilung avait ouvert 
entre elle et la IP armée, une brèche très étendue. Celle-ci 
fut comblée par le III* corps, dont l'avant-garde poussa jus- 
qu'à Maves, couverte elle-même par la 1" division de cava- 
lerie cantonnée à l'ouest de Conan. La 2* division de cava- 
lerie s'était avancée jusqu'à laCisse, et l'une de ses patrouilles, 
poussée jusqu'à Villeromain, avait été rejetée sur le Breuil 
par deux escadrons de cavalerie légère mixte. 

De son côté, le X* corps jetait le long de la Loire, vers 
Herbault et la Chapelle- Vendômoise , de fortes reconnais- 
sances qui établissaient d'une manière positive la retraite de 



1. Inttruelions pour le 15 décembre, Chanzy, ouvrage cité, p. 186. 

2. Le général Barry, toujours à Sainl-Amand, avait placé le 38» de marche 
à la ferme Bussard, sur la route de Tours à Vendôme, et la 6« batterie du 
12« régiment à Ambloy. 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

droite sur Vendôme. En outre elles apprenaient des 
mts Févacuation de Tours et le départ de la Délégation 
Bordeaux. 

Tensemble des renseignements recueillis, Fétat-major 
édéric-Charles concluait que Chanzy allait de nouveau 
tête avec toutes ses forces. Si un combat devait avoir 
B 15, il serait impossible de compter sur la coopération 
[• corps, dont une partie était encore à Mer. Depuis le 9, 
rchait continuellement et avait un besoin urgent de 
. De même, le X', alors aux environs de Blois, ne pour- 
itervenir efficacement. Enfin, les troupes du grand-duc, 
mêmes, avait eu à supporter de lourdes fatigues pendant 
ux dernières semaines, et il était indispensable de les 
2;er. 

îdéric-Charles fit donc connaître au grand-duc les inten- 
du général de Moltke, en lui recommandant d'éviter 
engagement sérieux pour le 15. Les III® et X' corps 
rueraient leur mouvement, de manière à déboucher en 
le nos positions au sud de Vendôme. Le IX® corps por- 
à une brigade Tefifectif qu'il avait détaché à Blois. 
, à Textrôme droite de Tarmée, la 5* division de cava- 
était invitée à inquiéter le plus possible celles de nos 
ons en mouvement vers Châteaudun. 
iprès ces instructions, le général von Voigts-Rhetz pres- 
que le détachement poussé la veille à la Chapelle - 
ômoise se porterait sur Vendôme, après avoir été rallié 
ne brigade de cavalerie et une batterie à cheval. Les 
ons jetées vers Herbault et le long de la Loire, ren- 
îs par une autre brigade de cavalerie, marcheraient sur 
-Amand. 



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CHAPITRE IX 

PREMIER COMBAT DE VENDOME 
(15 décembre). 

L'ennemi parait au sud de Vendôme. — Nos troupes repassent snr la rive gauche. — 
Combat de Sainte- Anne. — Combat de Bel-Essort. — Noayeau combat à Fréteval. — 
La 5« division de cavalerie. — Ordres de Frédéric-Charles pour le 16. — État de nos 
troupes. — Instructions de Chanzy. — Danger des dispositions prises. 

Contrairement aux intentions de Frédéric -Charles, une 
rencontre devait à peu près fatalement se produire entre 
Tavant-garde du X' corps et la fraction de notre armée de- 
meurée au sud de Vendôme. 

En eflfet, un peu après midi, la 2° brigade de la division 
Deplanque et la colonne Camô s'étaient mises en mouvement 
pour passer sur la rive droite du Loir, quand les escadrons 
de chasseurs placés à Villeromain signalèrent Tapproche 
d'une forte colonne sur la route de Blois. L'amiral Jaurégui- 
berry suspendit aussitôt le passage de la rivière et reporta 
sur leurs positions premières les troupes qui n'avaient pas 
encore dépassé les ponts. La brigade Bourdillon fut ainsi 
renforcée du 59^ de marche, du 27* mobiles (Isère), du régi- 
ment de gendarmerie à pied et de plusieurs des batteries de 
Camô *. Le 59® prenait position à cheval sur la route de Blois 
en avant du Temple ; les gendarmes à pied, le 27® mobiles 
à sa gauche, le 62® de marche à sa droite. Quatre compagnies 



1. Chanzy. Le i^^ bataillon du &Q* de marche aurait également été engagé 
à Vendôme, quoiquHl appartînt à la 2^ division du 2i« corps {Historique du 
56* de ligne). 

Chanzy mentionne encore parmi les corps engagés, le 7« chasseurs et le 
32« de marche. Mais il y a là une double erreur. Le 7« chasseurs de marche 
avait cessé d*exister depuis la bataille d'Orléans et ses débris étaient déjà 
versés dans d*autres corps (7« bis et 8« chasseurs). Enfin le 32^ de marche n*a 
jamais fait partie de la 2® armée de la Loire [Historiques des 7^ chasseurs et 
39^ de ligne). 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

marche * prolongeaient sa gauche vers le moulin 

16* chasseurs et SQ*" de marche s'établissaient en 
hâteau de la Chaise ; une batterie de 4 y prenait 
position, derrière un épaulement à peine ébauché. 
îs batteries de 4 et quatre mitrailleuses *, placées 
u Temple, battaient le plateau vers le sud, et une 
étions enfilait la route de Blois. Enfin, à gauche 
^e d'artillerie, une batterie de 4 voyait le ravin 
ée et le bois des Péseries. 

nt Tavant-garde du X* corps marchait sur Ven- 
a route de Blois, précédée d'un régiment de hus- 

première fois celui-ci fut arrêté à Villeromain 
^cadrons du 2® de cavalerie légère mixte, que Far- 
imande ne tarda pas à déloger. De nouveau, les 
russiens furent repoussés de Crucheray par une 

même corps qui avait mis pied à terre, et deux 
lurent être déployés à cheval sur la route et à 
ilignas (2 heures). Malgré le feu de quatre bat- 
landes, ces bataillons gagnèrent très lentement 
A hauteur du bois de la Guignetière, leur gauche 
à des fractions du SQ'' de marche et du 16* chas- 
)renaient à leur tour Tofifensive et refoulaient les 
ennemis sur la Galoche, où ils étaient recueillis 
lième bataillon. 

c montrait au général zu Stolberg que nos posi- 
Duvaient être enlevées par un simple coup de 
a demande, les quatre bataillons de la 40*^ brigade, 
haient alors vers Malignas (3 heures), recevaient 
léborder notre droite, avec l'appui de trois nou- 
ries. Grâce au tir très précis de l'artillerie alle- 
. infligeait des pertes sérieuses à la nôtre, deux 
liions pénétraient dans Orgie, et un autre dans le 
îaux, mais sans qu'il leur fût possible de pousser 

La 19* division, qui avait atteint Malignas à la 



u rcgimenl était alors vers Sainl-Amand, avec le général Barry. 
iccs appartenaient à la 22^ baltorie du 13« rôgiment (colonne 



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PREMIER COMBAT DE VENDOME. 95 

nuit, portait l'une de ses brigades à droite de la route de 
Blois et l'autre sur celle-ci, vers le nord. L'obscurité, la 
difficulté du terrain couvert et du sol entièrement détrempé 
par la pluie incessante les arrêtaient presque aussitôt. Le 
X* corps abandonnait même une partie du terrain qu'il occu- 
pait pour s'établir, entre Sainte-Anne et Villeromain, der- 
rière une ligne d'avant-postes qui allait de la Houzée à 
Orgie. Quant à la colonne qu'il avait détachée sur son flanc, 
vers Saint- Amand, elle atteignait les abords de cette ville 
sans avoir rencontré de résistance appréciable. Mais la pré- 
sence en ce point des troupes de Barry l'obligeait à se retirer 
sur Gombergeau, non sans avoir hâtivement coupé la voie 
ferrée de Tours à Vendôme. 

La 2* brigade du général Deplanque avait déjà atteint les 
hauteurs au nord de Naveil, quand, vers 3 heures, elle reçut 
Tordre de repasser le Loir pour se porter au secours de Bour- 
dillon. A la nuit tombante seulement, elle atteignit les abords 
de la Chaise, où elle cantonna sans avoir tiré un coup de 
fusil. Cet inutile chassé-croisé n'avait eu d'autre résultat que 
d'accroître le désordre et la fatigue de nos troupes. 

Au nord de la Houzée, l'avant-garde du IIP corps et la 
1** brigade de cavalerie prussienne ' s'étaient mises en mouve- 
ment à 9 heures, de Conan sur Coulommiers, mais l'état des 
chemins, parfois tout à fait impraticables, les retarda de telle 
sorte qu'elles atteignirent Selommes vers midi et demi seu- 
lement. Un bataillon de l'avant-garde se porta sur le bois du 
Coudray et le reste sur Villetrun. Quelques obus délogèrent 
de ce dernier point un détachement de la cavalerie du 17* 
corps, et les Allemands s'en emparèrent. De là, ils se por- 
taient vers Coulommiers, lorsque les deux bataillons et la 
batterie qui occupaient Rocé et le bois de Meslay ouvrirent 
sur eux un feu violent. Six compagnies, soutenues par trois 
batteries, se dirigèrent alors un peu au sud de Rocé, et un 
bataillon, sur Bel-Essort. En même temps un autre bataillon 



1. L'ensemble représentait i brigade d'infanlerie, i brigade de cavalerie, 
3 batteries donl i à clieval. 



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96 . JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

descendait dans le ravin de la Houzée pour se relier au 
X* corps, et la 1'* brigade de cavalerie se mettait en commu- 
nication avec les patrouilles de la 17* division vers le nord. 

Malgré Ténergie du chef de bataillon Prudhomme*, com- 
mandant le détachement du 17* corps, qui recevait plusieurs 
blessures, nous étions repoussés de Rocé et de Bel-Ëssort, 
non sans avoir opposé une vive résistance sur ce dernier 
point. Nos deux bataillons et notre batterie se retiraient au 
delà du Loir par Meslay et Areines, après avoir détruit en 
partie le pont de Meslay. La brigade Paris, que le général 
Guépratte* venait de porter au secours du commandant 
Prudhomme, arriva uniquement pour le recueillir. Derrière 
lui, une batterie à cheval et un régiment d^nfanterie prus- 
sienne s'étaient avancés jusqu'à la Touche et au Haut-Fon- 
tenay. Mais l'obscurité ne tarda pas à faire cesser entière- 
ment le combat. 

Ainsi, nous avions à peu près maintenu nos positions sur 
le plateau du Temple, tout en perdant celles de Bel-Essort, 
au nord de la Houzée. Partout ailleurs. Tannée avait con- 
servé le terrain qu'elle occupait. 

Sur le front des 2* et 3* divisions du 17* corps, la nuit du 
14 au 15 s'était passée sans autre incident que l'échec d'une 
reconnaissance allemande dirigée vers le pont de Pezou. 
Dans la matinée suivante, le 14* chasseurs, qui formait la 
gauche de la 17* division, s'avança jusqu'à la Sallerie pour 
observer le même point. Mais ime partie de la 3* division du 
17* corps passa le Loir, menaça la gauche des chasseurs 
prussiens et les obligea de se retirer vers le bois de Renay 
(3 heures). A la nuit, nous repassions la rivière, suivis par 
l'ennemi jusqu'au delà de la Thibaudière. 

Un combat plus sérieux avait lieu à Frète val. Le pont de 



1. 45® de marche. 

2. Une partie de la 2® division du 17® corps, notamment le 61^ de marche, 
en position à Lille, contribuait à couvrir la retraite du détachement Prud- 
homme. 

Dans le môme but, la 19® batterie du 15® régiment (4 pièces) prenait posi- 
tion au-dessus de Saint-Ouen ot dirigeait quelques projectiles sur Tennemi 
{Historique du corps). 



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PBEMIEB COMBAT DE VENDOME. 97 

ce village étaîlr^en bois, peu solide et d'accès difficile pour 
les voitures. Néanmoins il avait une certaine importance 
comme moyen de passage, et Chanzy jugea nécessaire de le 
reprendre ou de le détruire. Le général Jaurès reçut les 
ordres nécessaires dans la nuit du 14 au 15. 

Le matin suivant, une reconnaissance rendait compte que 
les Allemands, trouvant sans doute leur situation trop aven- 
turée, avaient évacué Fréteval. Un seul bataillon occupait 
encore les ruines du château, sur la rive gauche.- Lé capi- 
taine de frégate Miehaud, lancé par Jaurès avec deux batail- 
lons-*, pénétra facilement dans le village, mais ne tarda pas 
à être soumis à un feu vif venant du Château. L'une àe nos 
batteries de 4, la 23® du 13" régiment, prit alors ce dernier 
sous son feu, et nos tirailleurs purent s'installer dans les 
maisonis en face de lui. Grâce à leur action combinée, une 
section du génie put couper le pont sans autre difficulté. 
Nous gardâmes ensuite à Fréteval une attitude expectante. 
De même, la 17* division demeura inactive, comme l'avait 
ordonné le grand*dtic. 

Le reste de l'Armee-Abtheilung conserva en général ses 
emplacements du 14. Cependant la 4* brigade bavaroise 
s'établit à Écoman, derrière la !?• division; les 8® et 10* 
brigades de cavalerie éclairèrent au nord de la forêt de 
Marchénoir. Enfin, à l'extrême droite allemande, le gé- 
néral von Rheinbaben, commandant la 5* division de cava- 
lerie, porta la 11' brigade du sud de Chartres sur Courtalain, 
et la 12** de Bonneval sur Châteaudun. Elles trouvèrent ces 
deux points inoccupés, car les fractions de la division Gou- 
geàrd portées vers Châteaudun s'étaient déjà retirées. Au 
sud seulement, la cavalerie allemande se heurta contre plu- 
sieurs détachements appartenant à cette division ou à la 
cavalerie du 21" corps. 

Dans la matinée du même jour (15 décembre), von Rhein- 
baben recevait un télégramme du général de Moltke annon- 
çant que, selon toute vraisemblance, une portion des troupes 



1. Dont le 6® bataillon de fusiliers marins. 

CAMPAOSS DE LA LOIBB. II. 



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98 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

de Chanzy ne tarderait pas à se retirer par Châteaudun et 
Montmirail. Dans cette prévision, Rheinbaben était invité 
à inquiéter notre flanc gauche, ou même à pousser énergi- 
quement sur Nogent-le-Rotrou et la Ferté-Bemard et à me- 
nacer le Mans. En attendant, le gros de la 5* division mar- 
cherait sans tarder vers le sud. 

Cependant tous les renseignements parvenus à Frédéric- 
Charles semblaient justifier ses prévisions de la veille : selon 
les apparences, nous allions tenir ferme sur le Loir, et il 
fallait s'attendre à de vifs combats pour les jours suivants. 
Dans cette persuasion, le prince jugea nécessaire de concentrer 
davantage ses forces : l'Armee-Abtheilung dut appuyer vers 
lui le 16, de façon que l'attaque générale pût avoir lieu 
le 17. 

Quant au X^ corps et à l'avant-garde du III^, ils tenteraient 
de refouler celles de nos troupes qui étaient placées au sud 
de Vendôme. Le gros du HP corps pousserait en deuxième 
ligne jusqu'à Villetrun. Le TK* passerait tout entier sur la 
rive droite de la Loire et, laissant une brigade à Blois, s'a- 
vancerait jusqu'à Villeromain. La 6* division de cavalerie, 
qui arrivait comme on sait de la Sologne \ irait s'établir à 
l'extrême gauche, entre Villeromain et Pinoche. Ainsi, la 
presque totalité de la II* armée et de l'Armee-Abtheilung 
allait opérer contre Chanzy, tandis que Bourbaki n'avait 
devant lui que des forces à peine suffisantes pour garder Or- 
léans. 

Le commandant de notre 2* armée se rendait compte du 
danger croissant de sa situation , danger qui résultait beau- 
coup plus de la situation morale de l'armée que de son état 
matériel. Nous n'avions éprouvé le 15 décembre que des 



1. Aprôs avoir été ralliée le 16 par la 14* brigade venant de Salbris et de 
Romorantln. 

On voit que les troupes allemandes réparties sur la rive gauche de la Loire 
étaient alors extrêmement réduites. Il a*y avait plus en face de notre i'* armée 
que les Bavarois d'Orléans : 8 petites brigades d*infanterie et i de cavalerie, 
soit 5,000 baïonnettes et moins de 800 chevaux (von Colomb, ouvrage cité). 

D'après une dépêche de M. Crémieux aux membres du gouvernement de 
Paris, 16 décembre, Bourbaki avait alors 180,000 hommes et Chanzy 110,000 
{Enquête, (orne 4, p. 80). 



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PREMIER COMBAT DE VENDOME. 99 

pertes peu sensibles \ mais Tabandon de nos positions de 
Bel-Essort allait rendre très délicate la défense du plateau 
du Temple, que les Allemands pourraient attaquer de front 
et à revers, tout en contre-battant notre artillerie de la rive 
droite. Pourtant c'était là un point d'une importance secon- 
daire, car on eût pu se borner à ramener toute l'armée au 
nord du Loir et à en défendre les passages. Le côté le plus 
grave de notre situation était la fatigue et la dépression mo- 
rale de nos troupes. Depuis trois semaines, elles marchaient 
ou combattaient sans trêve, sous la neige ou la pluie. Une 
alimentation insuffisante et surtout irrégulière, un habillement 
et im équipement souvent incomplets, des bivouacs indéfini- 
ment prolongés dans les pires circonstances % toutes ces causes 
réunies les avaient cruellement éprouvées. Après avoir un 
instant repris confiance à Villorceau, elles s'étaient de nou- 
veau laissé abattre par la retraite qui avait suivi. On pouvait 
même craindre qu'un autre mouvement rétrograde n'eût pour 
conséquence un accroissement du désordre, peut-être une 
déroute. 

D'ailleurs Chanzy croyait fort justement que les Allemands 
avaient été fort éprouvés eux-mêmes, et il ne redoutait de 
leur part aucime tentative sérieuse pour le 16 décembre. 
Dans cette conviction, il décida d'abord que l'armée conser- 
verait ses positions du 15, et il en informa le ministre de la 
guerre", réclamant encore une fois l'intervention de Bour- 
baki vers Blois. Mais la résolution de ce dernier était déjà 
prise, et il avait arrêté sa démonstration à Vierzon, avec 
l'approbation de Gambetta. Toutes les instances de M. de 
Freycinet n'y purent rien changer *. 



1. 800 hommes d*aprè8 Chenu. Les Allemands eurent 8 officiers et 186 
hommes hors de combat. 

a. La lecture des historiques de corps de troupe prouve qu'ils ont presque 
toujours bivouaqué, sans môme allumer de feux de bivouac, dans la période 
du 5 au 16 décembre. 

8. Télégramme du 15 au soir. Dans cette dépêche, Chanzy parait redouter 
que l'ennemi n'accentue son mouvement vers Touest pour le couper de Barry, 
alors à Saint-Amand et tout à fait isolé de la 2« armée. Il semble que le 
remède eût été tout Indiqué : ramener Barry à Montoire, derrière le Loir et à 
Textréme gauche de Tannée. 

4. M. de Freycinet tenta par deux fois, le 15 à 5 heures 35 du soir et la 16 



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100 J0SNE8, VENDOME, LE MANS. 

' Cependant le Délégué cherchait d'autres renforts pour la 
2* armée. Chanzy ayant témoigné la crainte de voir les Alle- 
mands prononcer leur mouvement vers Saint-Amapd, de façon 
il le couper de Barry , M. de Freycinet envoya au général Férri- 
Pisani, qui commandait à Angers, Tordre de faire partir par 
voie ferrée toutes les troupes disponibles. Elles seraient dirî- 
;gées sur Tours, où il y avait déjà 5,000 hommes environ. 
Le tout, une douzaine de mille hommes, se porterait ensuite 
vers Amboise, sous les ordres de Ferrî-Pisani qui remplace- 
rait le général Sol dans le commandement de la 18* division 
jnilîtaire *. Enfin le général de Curten, alors à Poitiers, était 
invité à appuyer le mouvement de Ferri-PisanI, dès qu'il 
aurait pu rassembler quelques troupes. 

Quant à Chanzy, il donnait à Tarmée les instructions sui- 
vantes : 

Le général Barry se maintiendrait dans ses positions du 
15 décembre, de façon à continuer de couvrir le pays entre 
le Loir et Ja Loire. Il ne se replierait vers le nord que dans 
le cas où Tarmée elle-même prendrait la direction du Mans. 
Au cas où il serait coupé de Vendôme, comme on pouvait s'y 
attend]*e, il se retirerait sur Montoire ou, à défaut, sur un 
point plus à l'ouest *. 

La brigade Paris, du 17* corps, serait chargée d'^établir la 
liaison entre Barry et l'armée. Elle suivrait la rive droite du 
Loir, de Naveil à Montoire, mettrait les gués en état de dé- 
fense, s'assurerait de la destruction des ponts et se préparerait 
à, couper celui de Montoire. Cette dernière opération ne serait 
exécutée qu'après la retraite de Barry au nord de la rivière. 



dans la matinée, d*obtenir de Gambetta la coQtinuation du mouvement de 
Bourbaki vers Touest, fût-ce à petites journées. Il lui indiquait, dans ce cas, 
comme avantageuse la position de Selles, entre la Sauldre et le Cher {Enquête, 
tome m, p. 111). 

1. Télégramme du Ministre au général Ferri-Pitani, 15 décembre, 8 heures 15 
du soir. Malgré les ordres du général Sol, la forêt d*Amboise avait été aban.- 
donnée la veille par le lieutenant-colonel de Lipowski (Télégramme du général 
Sol au Ministre, i5 décembre, 9 heures 55 du matin). 

2. Chanzy, ouvrage cité, p. 196. Le général en chef recommandait encore 
à Barry, dans la nuit du 15 au 16, de ne se mettre en retraite que 8*11 était 
sérieusement attaqué. 



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PREMIER COMBAT DE VENDOME. 101 

L'amiral Jauréguiberry continuerait à être chargé de la 
défense de Vendôme. La division Deplanque, renforcée d'un 
bataillon de mobilisés de Maine-et-Loire , se maintiendrait 
sur les plateaux du Temple et de la Chaise, en avant de» 
ponts de Vendôme et de Naveil. Elle n'opérerait sa retraite 
que sur Tordre de Tamiral, qui ferait sauter ce dernier pont 
derrière elle. Les éclaireui's algériens et le 85* mobiles (Gers), 
celui-ci emprunté à la 2* division du 17* corps, seraient spé-^ 
cialement chargés de défendre le ravin de la Houzée. 

Les voitures et le matériel encore dans Vendôme et sur la 
rive gauche en partiraient la nuit même. Les batteries de la 
réserve du 16® corps prendraient position sur la rive droite, 
de façon à battre le pont de Naveil, la plaine au nord de 
Vendôme, le ravin de là Houzée et les abords d'Areines. 

Les ponts de Saint-Firmin et de Pessou seraient détruits 
pendant la nuit du 15 au 16, et le général Guépratte s'assu- 
rerait de leur destruction. 11 ferait rendre impraticables les 
gués existant le long de cette partie du Loir. Enfin le 21*^ 
corps garderait ses emplacements du lô. 

D'après les instructions de Chanzy, on devait opposer à 
Tennemi, dans les positions qui précèdent, la résistance la 
plus opiniâtre. On disposerait en arrière des lignes la gen- 
darmerie et des escadrons de cavalerie pour empêcher tout 
désordre et ramener les fuyards au feu. Si, pourtant, l'armée 
était contrainte à se retirer, elle prendrait la direction du 
Mans, en multipliant le plus possible le nombre de ses co- 
lonnes. Le 16* corps ' longerait le Loir, en se dirigeant sur 
Troo piar Villaria, Montoire et Saint-Quentin. Le 17® mar- 
cherait sur Saint-Calais par deux routes, celle de Villiers, 
Mazangé, Savigny etcelledeSaint-Ouen, Espéreuse, Danzé, 
Epuisay. Le 21% ajprès avoir détruit les ponts en amont de 
Fréteval, s'engagerait sur les trois routes de Fréteval à 
Saint-Calais par Busloup, le Bouillis, Epuisay et Sargé ; de 
Fréteval à Droué, par Busloup, la Ville-aux-Clercs, Chau- 



1. La colooDO Camô était dissoute le 16 décembre el la plus grande partie 
(Se son infanterie passait à la 3« division du le*' corps. (Voir les appendices.) 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

; de Cloyes à Vibraye^par Droué, la Fontenelle, Saint- 

Souday. 

a fin de la première journée de marche, l'armée serait 

e sur une ligne coupant obliquement l'espace entre le 

it le Droué, par Montoire, les Roches, Fortan, Epuisay, 

mple, Mondoubleau, Saint- Agil. Le lendemain, elle 

prendre position derrière la Braye, le 21* corps à la 

-Bernard. 

Igré la résolution de défendre à outrance les passages 

3Îr qu'annonçait Chanzy, la pensée d'une retraite pro- 

B sur la Sarthe lui était déjà venue, et le ton même 

3s instructions le prouve surabondamment. Mais il 

e que toutes les précautions nécessaires n'aient pas été 

dans cette prévision. Jusqu'aux Roches, la ligne 
Irai te du 16^ corps passait au sud du Loir; elle était 
fort exposée aux attaques de l'ennemi sur son flanc 

Plusieurs des routes assignées à l'armée se croisaient 
raient des tronçons communs, inconvénient d'autant 
grave que le pays où allaient entrer nos colonnes 
ô tout à fait de celui que nous venions de parcourir, 
^andes plaines découvertes, sans eaux courantes, tra- 
BS par im réseau très serré de chemins, le plus souvent 
;ne droite et très praticable en temps ordinaire, succédait 
[)rte de plateau bas, profondément entaillé par un grand 
re de ravins, de vallons tortueux, à pentes généralement 
tuées et où coulent de nombreux ruisseaux. De même 
% plupart des champs, les chemins creux qui serpentent 
avers de ce pays sont bordés de talus en terre, plan- 
iix-mêmes de chênes étêtés et ébranchés ; entre leurs 
s noueux et trapus des genévriers, des ronces, du buis, 
enêts poussent à l'aventure, formant des haies presque 
ssibles à franchir sans l'aide de la hache. Quelques 

des boqueteaux nombreux, des villages formés d'un 
L nombre de hameaux ou de fermes isolées, au lieu d'être 
)é8 comme dans la Beauce, contribuent à rendre le par- 

et les vues difficiles. Si l'infanterie y trouvait certains 
âges, surtout dans la défensive, Tartillerie et la cava- 



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PREMIER COMBAT DE VENDOME. 103 

lerie avaient une peine extrême à s'y mouvoir. L'emploi de 
nos mitrailleuses y était tout indiqué, mais le chassepot y 
perdait beaucoup de sa supériorité sur le fusil allemand. 
Dans tous les cas, les mouvements de troupes d'une certaine 
importance devaient y être très pénibles, surtout pendant un 
hiver d'une sévérité inaccoutumée. Toutes ces causes réunies 
pouvaient faire prévoir que notre retraite s'opérerait dans 
des conditions particulièrement délicates. 



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CHAPITRE X 

l'armée se bemet en betrâitr 
(16 décembre). 

de nos tronpes. — La retraite devient indispensable. — Moavement dn 
»8. — Le 17* corps. — Nouveau combat de Morée. — Retraite da *1« corps. — 
ta des combats dn Loir. — Causes de notre échec. 

i;ré la proximité des avant-postes des deux armées, 
ni ne fit aucune tentative pour nous surprendre 
it la nuit du 15 au 16. L'une des grand'gardes. du 
nt de gendarmerie à pied s'empara au contraire d'une 
ille prussienne commandée par un officier. 
3ndant la nuit n'apporta point à nos troupes le repos 
[les avaient un besoin urgent. Bivouaquées sans feu*, 
a boue ou la neige, elles souflfrirent cruellement. La 
de morale et physique de tous était évidente ; on ne 
t compter sur l'énergie d'aucun corps ; ni lescomman- 
l'unités, ni les généraux ne songeaient à le dissimuler. 
f avait reçu durant la nuit beaucoup de nouvelles 
mtes ; à 5 heures du matin, l'amiral Jauréguîberrj-, 
le ses lieutenants sur lequel il comptait le plus, vint 
•e qu'il ne croyait pas à la possibilité d'une résistance 
je. 

nzy avait d'autres motifs d'inquiétude : le maire de 
Pierre-des-Ormes lui annonçait la présence de 12,000 
ens à la Ferté-Bernard ; cette nouvelle était bientôt 
tie, mais on savait par un télégramme du préfet du 
los (15 décembre) que des troupes allemandes mar- 
t de Dreux vers le sud-est. On pouvait donc craindre 



défense aussi maladroite qu'inhumaine d'allumer des feux de bivouac 
rs reproduite presque Journellement, non par le général en chef, mais 
sous-ordres. 



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l'armée se remet £X retraite. 105 

que le Mans ne fût menacé, comme s'y attendait Chanzy. 
Toutes ces circonstances réunies firent qu'il se décida à or- 
donner la retraite. A ce moment même, le délégué à la Guerre 
était contraint de la lui conseiller ^ Pourtant, les forces 
allemandes placées en face de notre armée allaient être !ré^ 
duites dans de très fortes proportions. Nous en dirons les 
raisons plus loin. Mais cette réduction devait être connue trop 
tard du général en chef. 

Avant le jour, les convois de l'armée commencèrent leur 
mouvement vers l'ouest. Puis, à la faveur du brouillard, nos 
&vant-po8te8 du plateau de Sainte-Anne et les troupes en 
arrière se retirèrent successivement, tandis qu'on hâtait les 
préparatifs pour la destruction des ponts. Des batteries de la 
réserve d'artillerie du 16® corps, en position sur la rive droite, 
étaient prêtes à couvrir cette retraite. 

Nos premiers mouvements s'exécutaient sans difficulté. 
Vers 9 heures seulement le brouillard se leva, et les pre- 
mières troupes du X* corps prussien apparurent sur les crêtes 
de la rive gauche. Au faubourg du Temple, l'avant-garde de 
la 20'' division, qui arrivait d'Orgie, ne tarda pas à atteindre 
les ponts de Vendôme. Ils venaient d'être détruits par le 
génie, mais fort incomplètement, en sorte que les Allemands 
purent traverser le Loir et se répandre dans la ville. A ce 
moment, il y avait encore à la gare un long train de muni- 
tions et de vivres, arrêté jusqu'alors par les travaux de mine 
entrepris sur le viaduc du Loir. Il put se mettre en mou- 
vement, et gagner &ans encombre Tours et le Mans, tandis 
que le viaduc sautait derrière lui. 

Mais la retraite du 16* corps ne s'effectua pas aussi heureu- 
sement. Près de Bel-Air, une compagnie prussienne surprit 
une batterie de la réserve qui amenait ses avant-trains, avant 
de s'engager dans un chemin creux, étroit et boueux. Son 
personnel la défendit mollement^; toutefois, la section du 
génie du capitaine Joly (l'* de la 3" compagnie bis du 1*' ré- 



1. Chanzy, ouvrage cittS, p. 5l6 ; de Freycinei, p. 208* 
8. Il était ivre en grande, partie, d*aprè8 Chanzy, p. 306, après avoir vidé 
une cave. Le commandant de cette batterie fut traduit en conseil d*enquôte. 



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106 JOSNES, VENDOME, LE MAKS. 

giment) etle 11* chasseurs de marche, commandantFouineau, 
parvinrent deux fois à la reprendre. Les chasseurs repoussè- 
rent même Tennemi jusqu'au cimetière de Vendôme. Mais 
trois bataillons prussiens accoururent et, avec l'aide de 
quelques pièces, repoussèrent nos tirailleurs. La batterie qui, 
au lieu de chercher à gagner le plateau, avait continué sa 
marche dans le chemin creux, finit par nous être enlevée. 
Le capitaine Joly Tavait pourtant brillamment défendue. 
Avec une quarantaine d'hommes, il avait mis hors de combat 
un grand nombre d'Allemands et fait quinze prisonniers ^ 

Plus à l'ouest, près de Courtiras, un bataillon de chasseurs 
prussiens dispersait l'escorte* d'un convoi qui suivait la route 
du Mans et capturait une mitrailleuse avec 64 voitures. La 
nuit tombait peu après et l'ennemi ne prolongeait pas davan- 
tage sa poursuite. Il cantonnait dans Vendôme ou aux en- 
virons. 

Un autre engagement, moins défavorable pour nous, avait 
lieu vers Morée. Le soir du 15 décembre, avant l'arrivée des 
ordres de Frédéric-Charles, le grand-duc avait décidé de faire 
relever la 17* division par des fractions moins éprouvées. La 
22* dut se porter sur Lignières et Fréteval ; la 4* brigade 
bavaroise, sur Morée. En même temps, la 4* division de ca- 
valerie se rassemblerait au nord de la route d'Orléans au 
Mans par Fréteval, de manière à rétablir la liaison de la 
IP armée avec la 5* division, alors vers Châteaudun, comme 
nous l'avons vu. 

Le relèvement, assurément inopportun pour les Allemands, 
de la 17* division par la 22* ne fut pas inquiété par notre 
17* corps. Quoiqu'il n'eût pas encore reçu d'ordres pour la 
retraite, il se borna à opérer quelques démonstrations vers 



1. Chanzy. — L^historique du 11« chasseurs décrit tout autrement la part que 
le li« de marche prit à cette affaire. Ce corps, placé au ch&teau de la Tuilerie 
(sans doute le château de Bel-Âlr), aurait été attaqué vers i heure par des 
forces supérieures appuyées d'une batterie. Vigoureusement enlevé, le ii« de 
marche aurait refoulé l'ennemi dans le cimetière et maintenu sa position 
pendant i heure, jusqu'à sa retraite dans la forât de Vendôme. 

Le 11« de marche perdit 7 tués et 4i blessés, dont i officier. 

2. 2 bataillons et de l!artillerie d'après YÉtcU-major prussien. 



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l'armée se bëmet en retraite. 107 

Pezou. Puis, dans Taprès-midi, il se mit en mouvement au nord- 
ouest. Au contraire, les fractions placées à Morée * n'avaient 
pas encore été relevées par la 4* brigade bavaroise lorsque, 
de Saînt-Hilaire et de la Grande-Haie, le général Rousseau 
prit l'offensive contre elles avec une partie de sa division 
(l" du 2V corps). L'approche d'une colonne assez considé- 
rable (la 4* brigade bavaroise) lui ayant été signalée vers 
Saint-Jean-Froidmentel, il jugeait nécessaire d'enlever Morée 
pour mieux assurer la garde de la vallée du Loir et du dé- 
bouché de la route d'Orléans au Mans. Ses batteries placées, 
l'une à la Blinière, les deux autres sur la rive droite, pré- 
paraient l'attaque et, sous leur protection, nos tirai Heurs me- 
naçaient de déborder la droite ennemie. Les Bavarois, sur- 
venus dans l'intervalle, prolongeaient celle-ci jusqu'au 
Chêneteau et trois de leurs batteries prenaient position à la 
Guizonnière et à la Coutencellerie, mais sans pouvoir arrêter 
nos soldats qui atteignaient les premières maisons de Morée. 

A ce moment seulement (vers 3 heures), le général Rous- 
seau recevait l'ordre de la retraite. Il se bornait alors à main- 
tenir ses positions jusqu'à la nuit, puis repassait sur la rive 
droite par Saint-Hilaire, après avoir fait aux Allemands un 
certain nombre de prisonniers ^. 

Tandis que, par une pénible marche de nuit, le 21* corps 
tentait de gagner les emplacements indiqués par Chanzy, la 
4* brigade bavaroise s'établissait à Morée et la 4* division de 
cavalerie se mettait en relation avec la ô"". 

C'est ainsi que se terminaient les combats sur le Loir. Ils 
coûtaient à la 2* armée des pertes qu'il n'est pas possible de 
préciser, mais certainement beaucoup moins sensibles que 
celles du Tau 11 décembre. Toutefois il faut reconnaître que 
nos troupes avaient fait preuve d'une force de résistance 
sensiblement moindre. Visiblement leur moral s'était affaissé 
depuis le commencement de notre retraite sur Vendôme ; la 
meilleure preuve que l'on en puisse donner est la faiblesse 



1. 1 régiment d'infanterie. 

2. Le 13« bavarois seul eut 63 disparus (État-major prussien). 



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108 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

des sacrifices imposés par elles à Tennemi. Pendant trois 
jours, du 14 au 16 décembre, les Allemands n'avaient perdu 
que 20 ofiiciers et 461 hommes, appartenant, pour la plupart, 
à la 17" division. Ces chiflfres ont leur éloquence, surtout si 
on les rapproche du total des pertes allemandes dans la pé- 
riode du 5 au 16 décembre inclus: 209 officiers et 4,240 
hommes de troupe \ 

Les dispositions prises par le général en chef n'étaient pas 
étrangères à notre échec. La ligne du Loir présentait évi- 
4emment de très grands avantages défensifs, avantages aussi 
bien tactiques que stratégiques. Elle permettait à Tarmée de 
couvrir le Mans et de gêner la marche de l'ennemi sur Tours, 
tout en demeurant à portée de l'objectif commun de nos 
armées de province, Paris, et aussi des troupes deBourbaki. 
Mais au lieu de s'étendre largement le long du Loir et 
surtout de chercher à défendre les positions de la rive gauche 
au sud de Vendôme, il semble que Chanzy aurait eu avan- 
tage à occuper un front plus restreint, tout entier situé sur 
la rive droite. Puisque nous étions condamnés à garder pro- 
visoirement la défensive, l'occupation de Bel-Essort et du 
plateau de Sainte-Anne, ne pouvait qu'accroître la difficulté 
de la retraite. Pourtant, cette retraite sur le Mans, il était 
indispensable de la prévoir dans la situation actuelle de l'ar- 
mée. Elle aurait même pu nous coûter des sacrifices beaucoup 
plus. considérables, si les Allemands avaient poussé avec plus 
d'énergie le mouvement oflFensif commencé le 14 décembre. 



1. EtçU-major prusfien. Pour sa part, le !<>' corps bavarois perdit 99 officiers 
et 2,180 iiommes. 

Le 14 décembre, la n^ division eut 5 officiers et I3i hommes hors de com- 
bat; le 15, le III« corps perdit i officier et 51 hommes seulement; le X<>, 7 oSl- 
ciers et 106 hommes. 

Le total des perles allemandes, du 14 au 16 inclus, fut de : 

7 officiers et 7.9 hommes tués ; 

12 officiers et 253 hommes blessés ; 

1 officier et 129 hommes disparus. 



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CHAPITRE XI 

RETRAITE SUR LE MANS 

Retraite des 16«, 17« et ai« corps. — Positions occupées le soir dn 16 décembre. — Ordres 
de Ghanzy ponr le 17. — Éefaec des Allemands à Gtien. -~ Frédérlc-Gharlofi reporte les 
IX* et tll« corps vers Orléans. — Situation générale de l'ennemi. — lastructions du 
général de Moltke. — Combat d'Épuisay (17 décembre). — Combat de Droné. — Opé- 
ratioDs du grand-duc. 

En raison de Theiire tardive de leur départ, le 16 décembre, 
le mouvement de la plupart de nos troupes ne put s'achever 
dans les conditions qu'avait prévues Chanzy. Au 16* corps, 
la division Barry ^ se replia de Saint- Amand sur Montoire, 
où elle rallia la brigade Paris, du 17* corps, qui avait, comme 
on sait, suivi la rive droite du Loir. Les di visions Deplanque 
et Camô, la réserve d'artillerie du 16" corps s'établirent entre 
les Roches et Azay ^. 

Au 17® corfB, la 1" division, qui s'était égarée dans la 
forêt de Vendôme, aboutit à Epuisay au lieu de Fortan. Les 
deux autres bivouaquèrent vers Epuisay et le Temple, où 
elles arrivèrent fort avant dans la nuit ou même la matinée 
du 17 \ 

Enfin au 2V corps, la division de Bretagne reçut à 4 heures 
du soir seulement l'ordre de la retraite et se mit en marche 
vers 8 heures, sur Droué qu'elle atteignit le lendemain 17. 
Les trois autres divisions, parties un peu plus tôt, ne purent 



1. Elle otait en voie de reconstituUon. Ainsi le 38* de marche fut rallié le 
16 décembre seulement par le 66* mobiles (Mayenne) qui faisait brignde avec 
lui et en était séparé depuis le 4 décembre (Historique du 38^ de ligne). 

Les éclaireurs algériens passèrent la nuit à Montoire, comme la division 
Barry. 

2. Elles auraient dû s'établir vers les Roches d*aprés les instructions de 
Chanzy. Le 75* mobiles et le bataillon des mobilisés de Maine-et-Loire du 
commandant Bounhoure (2« brigade de Deplanque) sUnslalIèrent à Touest d*Azay. 

3. Le 61* de marche (a* division), parti à 4 heures du soir, atteignit 
Epuisay le 17 à 6 heures du matin (Higtorique du 5P de ligne). 

La 3* division arriva au Temple vers minuit [Souvenirs cités, p. 103). 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

dant pas dépasser, la 1" la Chapelle- Vicomtesse, les 
3', Romilly. La réserve du corps d'armée s'arrêta à 
^hêne. Tous ces mouvements, accomplis en pleine nuit, 
ne toujours sur des chemins étroits et difficiles, éprou- 
t nos troupes plus profondément, peut-être, qu'une ba- 

perdue. Leur moral, déjà fort affaibli sur le Lpir, ne 
\.\t qu'en être plus gravement atteint. Il est permis de 
plorer d'autant plus que, jusqu'alors, les Allemands 
îent pas fait mine de nous poursuivre, 
îpuisay, où Chanzy arriva le soir du 16, il s'occupa de 
rer l'arrivée de l'armée au Mans, de dégager les routes 
abrées par un double courant : les troupes en retraite 
l'ouest, les renforts, les munitions et les vivres que la 
cation ne cessait de diriger surl'armée avec une activité 
cun échec ne parvenait à ralentir. Il savait sa gauche 
cée par des fractions descendant du nord : les ren- 
ements recueillis à leur sujet en exagéraient même 
ioup l'importance et leur attribuaient pour chef le gé- 

von Manteuffel, alors à la tête de la T® armée, entre 
ns et Rouen. Malgré ce danger imminent, Chanzy re- 
lissait pleinement l'impossibilité de continuer la retraite 
les conditions de la journée précédente. « Toute marche 
lit ou forcée, télégraphiait-il au Ministre, serait le signal 
) débandade. Mieux vaut combattre, et nous ferons pour 
eux ' . » 

Lssi se boma-t-il à prescrire une très courte marche pour 
. La division Barry et la brigade Paris iraient s'établir 
ère la Braye, le long de la route de Lavenay à Bessé ; 
visions Deplanque et Camô, de Bessé à Saint-Gervais- 
ic ; le 17* corps, de Saint-Gervais à Conflans, par Saint- 
es. Enfin le 2V corps aurait sa droite entre Confians et 
ly, sa gauche à Vibraye*. 
ndant que notre armée hâtait ainsi sa retraite vers la 



ihanzy, ouvrage cité, p. 208. 

nstruciiont pour le il décembre. Le départ des troupes était fixé à 
es et demie, mais Tarrivée au bivouac avait été trop tardive pour que 
ivement pût commencer aussi tôt. 



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■*3P.'.».« 



BETBAITE SUR LE MANS. 111 

Sarthe, Frédéric-Charles éprouvait les plus vives inquiétudes 
au sujet d'Orléans. Il avait appris le 15 l'évacuation de 
Vierzon par la cavalerie allemande, devant des troupes 
françaises arrivant de Mehun. Le soir du même jour, on lui 
annonçait que la garnison de Gien \ attaquée par des forces 
supérieures venues de Briare, avait été repoussée sur 
Ouzouer. De ce double fait il croyait pouvoir conclure que 
Bourbaki se disposait à reprendre le projet de marche sur 
Montargis et Fontainebleau qui avait échoué une première 
fois au commencement de décembre. 

En dehors des fractions du I" corps bavarois déjà arrivées 
aux environs d'Orléans, Frédéric-Charles ne pouvait disposer 
d'aucune troupe, tant qu'il n'en aurait pas fini avec Chanzy 
sur le Loir. Il se borna par suite à prescrire à von der Tann 
de se maintenir énergiquement dans Orléans, au besoin en 
prenant position derrière le canal. Mais, par l'intermédiaire 
du général de Moltke, il fit inviter von Zastrow à marcher 
aussi rapidement que possible de Châtillon-sur-Seine vers 
Auxerre et Clamecy. Le VIP corps pourrait ainsi se jeter sur 
le flanc droit de nos colonnes, si elles s'avançaient réellement 
le long du Loing. 

Le matin du 16 décembre, Frédéric-Charles, alors à 
Suèvre, apprit que le détachement de. Gien était arrivé à 
Ouzouer-sur-Loire. A la Chapelle-Vendômoise, où il se rendit 
vers midi, on était sans nouvelle d'engagements récents sur 
le Loir. L'état-major de la IP armée en déduisit que nous 
voulions nous retirer sans combattre. Il se hâta de parer au 
danger qu'il croyait imminent dans l'Est. 

Le IX* corps atteignait alors la Chapelle-Vendômoise : il 
reçut l'ordre de rebrousser chemin, à marches forcées, sur 
Beaugency, de façon à atteindre Orléans le 1 7 *. Un peu plus 
-tard, les premières suppositions du prince ayant paru se con- 



1. 2 batailloDs et 3 escadrons. Les troupes auxquelles celles-ci eurent affaire 
étaient celles du général de Pointe de Gdvigny, commandant la subdivision de 
la Nièvre, renforcées du 92» de ligne, lui-même détaché du 18^ corps. 

S. Il fit ainsi une marche de plus de il milles allemands (82,300 mètres) en 
84 heures {Éta^major pruttien). 



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112 JOSNESy VENDOME, LE MANS. 

firmer, il prescrivait au IIP corps d'aller cantonner, le même 
jour, le plus loin possible vers Test ; il serait le 17 à Mer, et 
le 18 à Beaugency. De même, la 6* division de cavalerie 
marcherait sur Séris le 16^ et s'étendrait le 17 jusque vers 
Coulmiers. 

Le soin de poursuivre Chanzy était donc laissé aux troupes 
du grand-duc, renforcées de la 1" division de cavalerie et 
du X* corps. Ce dernier, tout en occupant Blois et en main- 
tenant des détachements le long du Loir, devait pousser sur 
Tours et détruire d'une façon durable les voies ferrées qui 
en rayonnaient vers le sud. Au contraire, l'Armée- Abtheilung 
se dirigerait sur Châteaudun, pour disperser celles de nos 
troupes qui, croyait-on, se concentraient dans cette direction. 
Le grand-duc redeviendrait alors indépendant de la U^ armée. 
Toutes ces dispositions procédaient, on le voit, d'une igno- 
rance absolue de notre véritable situation. Au lieu de mar- 
cher sur Fontainebleau, Bourbaki ne songeait alors qu'à se 
retirer sur Saint- Amand ; la réoccupation de Gien et de 
Vierzon par nos troupes n'avait d'autre portée que celle de 
démonçtrations timidement entreprises, en l'absence de toute 
force sérieuse pour s'y opposer ; enfin Châteaudun avait été 
un moment seulement l'objectif de fractions peu importantes 
du 2V corps. 

Quoi qu'il en soit, l'erreur d'appréciation commise par Fré- 
déric-Charles et par le général de Moltke eut pour résultat 
de favoriser grandement la retraite de Chanzy. Le IX* corps 
prussien atteignit Orléans le 17 ; le IIP corps et la 6* division 
de cavalerie étaient encore à Beaugency et à Coulmiers le 
même jour. En arrivant à Orléans le 18, Frédéric-Charles se 
rendit compte de l'inutilité du mouvement qu'il venait 
d'exécuter. Notre pointe sur Gien n'avait aucune importance, 
et notre attitude au nord de Bourges n'était rien moins qu'a- 
gressive. Les trois corps d'armée et la division de cavalerie 
concentrés autour d'Orléans purent donc s'établir en can- 
tonnements et prendre quelques jours de repos. 

Notre inaction dans la vallée de la Saône, l'évacuation de 
plusieurs des points que nous y occupions avaient convaincu 



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RETBAITE SUB LE MANS. 113 

le général de Moltke que le gros de nos forces se concentrait 
sur la Loire, et que notre intention n'était pas de prendre 
l'offensive dans l'Est, C'est ce qui fit que, comme nous l'avons 
vu, le Vn* corps fut dirigé de Châtillon-sur-Seine sur Auxerre 
et Clamecy (16 décembre). Il y serait à portée d'agir simul- 
tanément dans les vallées de la Loire et de la Seine, tandis 
que le XIV®, seul, demeurerait chargé de la surveillance du 
bassin de la Saône. Jusqu'au l" janvier 1871, cette répar- 
tition ne devait pas être modifiée, du moins dans ses grandes 
lignes. Aussi le mouvement de Bourbaki sur Besançon était-il 
déjà en cours d'exécution que l'attention de l'ennemi demeu- 
rait toujours fixée sur la Loire \ Cette circonstance était de 
nature à grandement favoriser nos projets. 

Vers le milieu de décembre, la situation générale des 
Allemands était la suivante. Les avant-gardes de leurs T^ et 
n* armées avaient atteint l'embouchure de la Seine ou la ré- 
gion au sud de la Loire. Derrière elles deux autres armées 
tenaient Paris bloqué ; deux corps d'armée indépendants, 
divers détachements et des troupes de garnison ou d'étapes 
étaient répartis entre Paris et la frontière de TEst. L'ennemi 
occupait déjà près d'un tiers de notre territoire; ses relations 
avec la mère-patrie étaient sensiblement gênées par les places 
que nous occupions encore, ainsi que par les destructions 
opérées sur certaines voies ferrées. Ces considérations réunies 
conduisirent le général de Moltke à faire de nouveaux efforts 
pour restreindre le cadre des opérations en cours. 

Le 17 décembre, les I" et H* armées étaient invitées à 
établir leurs masses principales en des points bien choisis, et 
à nous en tenir sufiisamment écartés. En dehors d'un cercle 
assez restreint, il faudrait se borner à attendre notre offensive, 
sauf à riposter dans ce cas par des coups rapides et décisifs. 

La I" armée établirait son centre d'action à Beauvais ; la 
II* rayonnerait autour d'Orléans, en laissant seulement des 
détachements à Blois, dans la vallée du Cher et à Gien. 
Quant à l'Armee-Abtheilung, après la fin de la poursuite 



1. Voit Ètat-major prussien, p. 724. 

CAVPAONB DE LA LOIBE. II. 



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114 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

commencée, elle se porterait sur Chartres et s'y établirait 
provisoirement ^ 

Ces instructions, simple développement du télégramme du 
général de Moltke en date du 12, parvinrent à Frédéric- 
Charles le 18. Déjà le prince avait pris des dispositions ren- 
trant dans les vues du chef d'état-raajor du Roi. Les III*, 
IX* corps et I" corps bavarois étaient concentrés autour 
d'Orléans, couverts à Ouzouer-sur-Loire par un fort déta- 
chement. Le X* corps et la 1" division de cavalerie occu- 
paient Blois et Vendôme ; ils devaient en outre pousser une 
pointe sur Tours. Enfin, comme nous Tavons vu, le grand- 
duc avait reçu Tordre de poursuivre Chanzy , puis de marcher 
sur Châteaudun. 

Il est aisé de voir que ces dispositions abandonnaient une 
grande part à Timprévu. Chanzy n'était point tellement af- 
faibli, que Frédéric-Charles pût laisser devant lui, d'abord 
les deux divisions d'infanterie du grand-duc soutenues par le 
X* corps, puis ce dernier seul. Même en tenant compte du 
voisinage de Bourbaki, l'importance d'Orléans n'était pas 
assez grande pour que les Allemands dussent immobiliser au- 
tour d'elle la portion de beaucoup la plus considérable de 
leurs forces. Leur imprudent aflFaiblissement devant notre 2^ 
armée réservait encore à celle-ci des chances de reprendre 
l'offensive dans des conditions moins défavorables. 

Cependant Chanzy avait continué son mouvement de re- 
traite. Le 17 décembre, la température était brusquement 
redevenue très froide ; à la pluie continuelle des derniers 
jours succédaient des rafales de neige qui imposèrent à nos 
troupes un nouveau genre de souffrances. A la droite de 
l'armée, le 16° corps et la brigade Paris, du 17', opérèrent 
leur marche sans incident^; au centre, l'arrière-garde de la 
2* division du 17* corps (2° bataillon du 51® de marche et deux 



1. État-major prussien, p. 691. 

2. La division Barry et la brigade Paris s'élablirenl derrière la Braye, le long 
de la roule de Lavenay à Bessé. (Voir les Historiques des 3S^ de ligne et if^ 
d'artillerie.) 

La 2® brigade de la division Deplanque s'installa à la Chapelle-Huon [Lês 
Mobiles de Maine-et-Loire). 



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BETBAITE SUE LE MANS. 115 

sections de la 20* batterie du 13® régiment) fut attaquée entre 
Epuisay et Sargé. Le général von Voigts-Rhetz avait en eflFet 
prescrit à la 20* division d'observer notre retraite. Le 17 dé- 
cembre, elle poussa de Vendôme sur la route du Mans un 
fort détachement ^ qui, vers 1 1 heures du matin, attaqua notre 
arrière-garde aux abords d'Épuisay. Habilement dirigés par 
le capitaine adjudant-major Gélormini et soutenus par les 
quatre pièces de la 20* batterie du 13* régiment, les deux 
bataillons du 51* de marche firent bonne contenance. Après 
avoir arrêté les Allemands jusque vers 2 heures, ils se mirent 
en retraite sur Sargé, suivis à distance par Temiemi qui can- 
tonna à Azay, non sans avoir capturé plusieurs centaines de 
traînards et quantité d'armes abandonnées'. 

Un incident analogue signalait la retraite du 21* corps. On 
se rappelle que dans la soirée du 16 la division de mobilisés 
bretons du général Gougeard avait quitté les environs de 
Cloyes pour se diriger sur Droué. 

La nuit était froide et sombre, les chemins difiiciles ; sur 
plusieurs points, ils avaient été coupés par Tautorité civile, 
qui espérait ainsi ralentir les mouvements de Pennemi. La 
marche en fut si fort retardée, que la division atteignit Droué 
dans le matinée seulement. Elle y fit halte sous la protection 
de petits postes. 

De son côté, la 5* division da cavalerie prussienne s'était 
déjà heurtée le 16, au nord de Cloyes, à des détachements 
du général Gougeard. Après s'être mise en relation à la Ferté- 
Vîneuil avec la 4* division de cavalerie, elle reçut du grand- 
duc Tordre de s'établir le long de TYères et de prendre plu& 
complètement le contact ave 3 notre gauche. Le 17, la 13* bri- 
gade se porta donc sur Arrou et la réserve ' de la division sur 
Châtillon-en-Dunois. En même temps la 12* brigade marchait 



1. 4 bataillons, 2 escadrons et 2 batteries, renforcés le lendemain d'un ba- 
taillon, 4 escadrons et i batterie à cheval (Ètai-major prussien, p. 699). 

2. Historique du 5P de ligne, ÉicU-maJor prussien, La 3® division du 17« corps 
s'établit également vers Sargé {Souvenirs cités^. 

3. Une partie des 6 bataillons de landwehr attachés à la division, la batterie 
de réserve, 2 batteries du IX^ corps et le 10® hussards avaient été groupés en 
une réserve (État-major prussien). 



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116 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

sur Cloyes; la 11* demeurait à Courtalaîn. Apprenant que 
Cloyes venait d'être évacué, le général von Barby jeta sur 
Mondoubleau un fort détachement, chargé de poursuivre les 
mobilisés bretons*. Il survint à Droué au moment où ceux-ci 
se mettaient en marche vers Saint- Agil. Après avoir enlevé 
leurs avant-postes, il pénétra de plusieurs côtés à la fois dans 
la ville. En même temps, une batterie y jetait des obus. Le 
désordre fut extrême ; cependant les mobilisés se rallièrent 
sur la place centrale ; une demi -batterie de mitrailleuses 
Gattling et une batterie de montagne ouvrirent le feu sur le 
débouché des rues occupées par l'ennemi, à moins de 
150 mètres. Puis Gougeard s'élança à la tête des mobilisés 
qu'il avait pu grouper et refoulâtes Allemands en leur faisant 
des prisonniers. Ceux qui avaient pénétré dans les maisons en 
furent chassés, après un assez long combat. 

Au bruit du canon, les fractions de la division Gougeard 
déjà en marche s'étaient arrêtées ; le bataillon du 19* de ligne 
et les deux compagnies de la légion étrangère vinrent me- 
nacer le flanc droit de l'ennemi, ce qui précipita sa retraite. 

Cet engagement, très meurtrier malgré son peu de durée, 
nous coûtait une centaine d'hommes dont 5 officiers et 1 au- 
mônier tués. L'ennemi avait éprouvé des pertes beaucoup 
moindres*. 

La division Gougeard reprit ensuite sa marche vers Saint- 
Agil, non sans que son arrière-garde fût de nouveau attaquée. 
La 13* brigade de cavalerie, qui revenait d'Arrou (2 heures), 
la fit canonner près de la Fontenelle". Mais cet engagement 
n'eut aucune suite et, vers 6 heures et demie, notre colonne 
atteignit Saint-Agil, où la route devint complètement impra- 
ticable. Il fallut atteler jusqu'à 14 chevaux à nos pièces de 12 
pour leur en faire franchir certaines parties. Ce mauvais pas 



1. État-major pruêtien, p. 696. Ce détachement était composé de i bataiUoa 
de landwehr, 5 escadrons et i section d*artillerie à cheval. 

2. 1 officier et 14 hommes. D'après le docteur Chenu, nous aurions eu 14 tués 
et 85 blessés. Nos chiffres, empruntés à Touvrage du général Gougeard, parais- 
sent plus vraisemblables. 

8. La division Gougeard engagea une batterie et demie de mitrailleuses, 
8 batteries de 4 de montagne, soutenues par 2 bataillons. 



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RETRAITE SUR LE MANS. 117 

ne put même être complètement dépassé avant le 18 décembre, 
à 3 heures du soir \ 

En somme, les circonstances étant données, la retraite de 
l'armée s'opérait dans des conditions aussi favorables que 
possible. Il faut dire que le grand-duc de Mecklembourg 
n'avait rien fait pour la gêner sérieusement. Le matin du 17, 
en exécution des ordres de Frédéric-Charles, il prescrivit à 
von Wittich de franchir le Loir avec la 2^* division, la 4* bri- 
gade bavaroise d'infanterie et la 3® brigade de cavalerie prus- 
sienne, pour prendre position sur la route de Vendôme à 
Chartres. Jusqu'à nouvel avis, le reste de l'Armée- Abtheilung 
resterait dans ses cantonnements. La 22" division passa donc 
le Loir à Saint-Hilaire et s'établit entre ce point et Fréteval ; 
la 4' brigade bavaroise poussa jusqu'à Busloup, en détachant 
des patrouilles vers Danzé. 

L'exécution de ces mouvements fit connaître au grand-duc 
que nos troupes s'étaient déjà sensiblement éloignées vers 
l'ouest et qu'il lui faudrait entreprendre une opération de 
large envergure pour reprendre le contact avec elles. Mais 
l'Armee-Abtheilung, continuellement en marche depuis six 
semaines, avait un besoin urgent de repos. Il décida par 
suite de rester en position le 18, puis dese diriger sur Chartres 
sans plus rien tenter contre nous. 

Le 17 au soir, la 22* division reçut Tordre de cantonner 
autour de Cloyes, et la 4* brigade bavaroise autour de Fré- 
teval. C'est à ce léger déplacement d'une partie de l'Armee- 
Abtheilung, à la pointe isolée de la 5* division de cavalerie 
sur Droué et à celle du X* corps vers Epuisay que se borna 
la poursuite des Allemands après les combats du Loir, 



1. Rapport du lieutenant de vaisseau Coq. La 4fi division du si« corps rallia 
à SaiDt-Agil la division Rousseau (i» du 2i«). 



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CHAPITRE XII 

l'armée s'établit autour du MANS 

is de Ghanzy pour le 18 décembre. — Inglractions pour le 19. — MouTemenU 
ar les Allemands. — Nouvelle répartition du X« corps. — Fin de notre re- 
- Souffrances de l'armée. — Son état moral et physique. 

ndant Chanzy continuait d'inutiles eflForts pour obtenir 
rbaki une démonstration sur la rive gauche de la Loire 
ne sur Orléans V II n'était pas encore entièrement 

au sujet d'un mouvement possible de l'ennemi sur 
c gauche, vers Melleray et la Ferté-Bemard. Aussi 
•il nécessaire de hâter sa retraite sur la Sarthe. 
rès ses instructions pour le 18 décembre, le général 
levait se porter de Lavenay sur Jûpilles ; le gros du 
ps s'établirait, la droite à Saint-Georges-de-la-Couée, 
re à Montreuil-le-Henri et la gauche à Tresson ; le 
ps, de Maîsoncelles à Condrecieux, à cheval sur la 
u Mans à Vendôme ; le 21* corps, de Saint-Maixent à 

par Lavaré. 

pérorait ce mouvement rétrograde par échelons, en se 
it d'une chaîne de tirailleurs, protégée elle-même par 
iettes. Nos arrière-gardes couperaient les routes et 
t des abatis pour retarder l'ennemi. Enfin Chanzy re- 
ndait instamment à notre cavalerie d'entreprendre des 
e main contre les têtes de colonne allemandes. Il faisait 
i la vigueur de ses officiers et prescrivait qu'on leui* 
îarte blanche. « La cavalerie française, ajoutait-il, ne 
ister moins audacieuse que celle de l'ennemi, qui sait 
irceler dans nos moindres mouvements*. » Malheu- 
ent Chanzy put bientôt se convaincre que, pour la 



jramme au Ministre du 17 décembre. 
nicUonjf pour le iS décembre. 



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l'armée s'établit AUTOUB du MANS. 119 

cavalerie, ce genre de service s'improvise moins que tout 
autre. 

La journée du 18 décembre se passa sans incident notable ; 
le temps très froid, sans neige, était redevenu favorable à la 
marche. Non sans fatigues \ les troupes purent atteindre les 
positions qui leur avaient été assignées la veille. Le soir, de 
son quartier général d'Ardenay, Chanzy donna les instruc- 
tions suivantes. Le général Barry s'établirait provisoirement 
de Jupilles à Chahaignes et à la Chartre, de façon à se relier 
par sa droite aux troupes qui, sous les ordres de Feni- 
Pisani et de Curten, s'échelonnaient alors entre le Loir et la 
Loire. Quant à sa gauche, elle serait en relation avec le reste 
du lô*" corps, qui s'établirait sur les crêtes dominant le 
chemin d'Ardenay à Ecommoy, son centre à Parigné-l'E- 
vêque. 

Le 17* corps prendrait position sur les collines à l'ouest 
d'Ardenay, à cheval sur la route de Vendôme au Mans, avec 
son quartier général à Saint-Hubert. Après avoir passé 
l'Huisne à Connerré et à Pont-de-Gennes, le 21* corps s'éta- 
blirait aux environs de Montfort, à l'extrémité gauche du 
demi-cercle qu'allait dessiner l'armée du nord-est au sud-est 
du Mans. En attendant qu'elle occupât ses emplacements dé- 
finitifs, on engagerait tous les impedimenta sur les routes qui 
rayonnent autour de cette ville. Le 21* corps devrait même 
pousser les siens au delà de l'Huisne. Enfin toutes les com- 
pagnies du génie de l'armée seraient réunies au Mans, en vue 
des travaux défensifs à exécuter sur nos emplacements futurs. 

Du côté de l'ennemi, la 12® brigade de cavalerie, en 
marchant sur Droué le 1 8 , ne rencontrait plus que des traînards 
de la division Gougeard. La 13* atteignait laBazoche-Gouet, 
et la IVy Arville, sans aucun incident. Un bataillon de 
landwehr jeté sur la route de Mondoubleau refoulait encore 
à Saint-Agil un petit détachement de la même division. 



1. Fatigues qui ii*étaieiit pas toujours indispensables. Ainsi le SS*» de marche 
partit le 18, à d heure* du matin, de Lavenay, pour aller s'établir au nord de 
la forêt de Bersay. Il fit ainsi 35 kilomètres dans des chemins détestables 
(Historique du 38^ d'infanterie) . 



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120 JOSNBSi VENDOME, LE MANS. 

En avant de Vendôme, l'avant-garde de la 20' division 
poussait jusqu'à la Braye sans trouver de résistance. Jugeant 
la poursuite suffisamment prolongée, le général von Voigts- 
Rhetz ramena l'infanterie et l'artillerie de cette avant-garde 
à Vendôme ; seule, la cavalerie resta à l'ouest pour couvrir 
cette ville. 

D'après la nouvelle répartition du X* corps, 6 bataillons 
et demi, 10 escadrons et 4 batteries devaient occuper Ven- 
dôme ; 3 bataillons,. 6 escadrons et 2 batteries étaient des- 
tinés à garder Blois. Le reste du corps d'armée se dirigea 
sur Tours, comme l'avait prescrit Frédéric-Charles et, dès le 
18, son avant-garde* atteignit Saint-Amand. Nous verrons 
plus loin quels furent les résultats de ce mouvement. 

Quant à l'Armee-Abtheilung, le 18 elle conserva en gé- 
néral ses positions du 17 vers Lignîères et Morée. 

La retraite de notre armée se termina dans la journée du 
19 décembre, la quatrième depuis le départ de Vendôme *. 
Dans ce pays accidenté, la difficulté des chemins, la rigueur 
de la saison et, par-dessus tout, les défaillances morales ré- 
sultant des circonstances rendirent ce mouvement fort pénible. 
Partant avant le jour, les colonnes s'allongeaient à l'infini, et 
leur allure était d'une extrême lenteur. Le 18, par exemple, 
le 30* mobiles (Manche), qui avait quatre lieues à faire de 
Mondoubleau à Semur, n'atteignit l'étape qu'à minuit, harassé 
de fatigue '. D'ailleurs, dans le désarroi général, on ne pre- 
nait pas toujours les précautions nécessaires pour éviter 
des erreurs de direction. Certains corps s'égarèrent, d'autres 
devancèrent l'armée avec intention et arrivèrent sur la Sarthe 
deux jours au moins avant elle. 

Les souflFrances endurées par la majeure partie des troupes 
étaient presque intolérables. Au 49*^ mobiles (Orne), plus de 



1. Général von Lûderitz, S bataillons, 4 escadrons, i batterie. 

2. D*après les historiques des corps ou certains récits de témoins oculaires, 
la 1^ division du 16» corps bivouaqua le 19 à Test de Parîgné ; le 51" de 
marche (2« du 17« corps), dans le bois d'Ardenay ; le 46« de marche (8« du 
17« corps), à Soulitré ; la a« division du 2i« corps à Saint-Maixent et Lavaré ; 
la 4« division du 2I<' corps, à Beillé. 

S. R. de Mauni, Mémoires de l'armée de Chanzy. 



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l'armée s'établit autour du MANS. 121 

1,000 hommes, c'est-à-dire les deux tiers de l'effectif présent, 
n'avaient que des sabots, des moitiés de souliers ou des chiffons 
aux pieds. Presque tous, à moitié nus, faisaient usage de leur 
couverture coupée en deux pour remplacer des vêtements 
absents ^ 

Aussi le nombre des fuyards était-il très grand. Beaucoup 
d'hommes quittaient les bivouacs où, malgré les ordres de 
Gambetta, on s'obstinait à les maintenir pendant les nuits 
glaciales de cette lugubre fin de décembre ; ils cherchaient un 
abri précaire dans les hameaux ou les fermes voisines. Des 
corps entiers rompaient les rangs pour se loger ainsi, à la vo- 
lonté de chacun. Parmi les hommes qui se dispersaient de la 
sorte, beaucoup quittaient définitivement leur corps et pre- 
naient les devants dans la direction du Mans, devenu leur 
centre d'attraction. Fantassins et mobiles couvraient ainsi les 
chemins, les sentiers se dirigeant vers l'ouest ; les pieds en 
sang, le ventre vide, ils doublaient les étapes pour trouver, 
sinon le repos, du moins un peu de répit et de bien-être relatif. 
H fallut jeter de la cavalerie et les deux régiments de gen- 
darmerie en avant de l'armée pour arrêter cette débandade, 
mais un grand nombre de traînards réussirent à traverser ce 
réseau protecteur et les rues du Mans furent bientôt pleines 
d'une foule affamée et en guenilles, de l'aspect le plus dé- 
courageant. 

En arrière de l'armée, le spectacle n'était pas moins triste. 
Quantité de malheureux épuisés par la fatigue ou la maladie 
mouraient dans les fossés ou se laissaient docilement emmener 
en troupeau par des cavaliers ennemis, heureux d'échapper 
ainsi à tant de misères et ignorants du sort qui les attendait 
en Allemagne. 

Les soldats demeurés à leurs corps ne souffraient guère 
moins. L'armée était pourvue de troupeaux de bœufs, auxquels 
les intempéries, la mauvaise nourriture et les marches avaient 
donné l'apparence la plus famélique. Ils ne pouvaient suivre 
et, chaque jour, on abattait les plus fatigués, pour charger 



1. Des Moulis, ouvrage cité. 



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122 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

les voitures vides de la quantité de viande qui dépassait les 
besoins. Celle-ci, entassée, exposéeàlapluieouàrhumidité, 
présentait bientôt tous les caractères de la putréfaction. Cette 
viande malsaine, l'eau que buvaient avec excès nos soldats^ 
répandirent promptement Tanémie parmi eux et les dispo- 
sèrent à subir les atteintes de la petite vérole, de la fièvre 
typhoïde ou de la dysenterie. En outre, sous l'influence de la 
fatigue, du découragement, de l'alimentation insuffisante, 
Tivrognerie faisait des progrès rapides. 

Il en était de même pour l'indiscipline, qui avait un moment 
disparu vers la fin de novembre \ Il devenait urgent de donner 
quelque repos à l'armée, de pourvoir aux plus pressants de 
ses besoins et surtout d'y rétablir l'ordre. 



1. Soutenin cités, p. 108. Un capitaine du 51« de marche fat puni par 
Clianzy de 15 jours d*arrôt, parce que l^escorte qa*il commandait avait mis ses 
armes dans des voitures. 



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IIP PARTIE 



CHAPITRE Xin 

NOS POSITIONS AUTOUR DU MANS 

Importance du Mans. — 8a situation géoerraphique. — Ses environs. — Plateau de 
Sargé. — Hauteurs d'Auvourd. — Secteur entre la Sarthe et la route de Calais. — 
Ghemin-auz-Bœufs. — Danger de ces positions. — Instructions pour le 20 décembre. 
— Répartition des troupes. — Inconvénients de cette répartition. 

Par le chiffre de sa population ainsi que par sa situation 
géographique, le Mans est Tun des points les plus importants 
de l'ouest de la France. Placé à la limite de la Bretagne, de 
la Normandie et des provinces centrales, c'est-à-dire de ré- 
gions diff'érant sensiblement par les caractères de leurs habi- 
tants comme par leur aspect physique, le Mans a, par cette 
raison même, une importance particulière. On a pu s'en rendre 
compte au moment des guerres de la Vendée. C'est en outre 
l'un des principaux nœuds de routes et de voies ferrées qui 
existent dans notre pays. En 1870, sans parler des premières, 
cinq lignes ferrées rayonnaient du Mans dans les directions 
de Chartres et de Paris, d'Alençon et de Cherbourg ou de 
Caen, de Laval et de Brest par Rennes, de Nantes et de Ro- 
chefort par Angers, de Tours et d'Orléans ou de Poitiers. 
Cette ville mettait donc en relations directes l'un de nos 
grands ports militaires, Cherbourg, et l'une des plus riches 
de nos provinces, la Normandie, avec la partie du territoire 
national encore occupée par nos troupes. Enfin, malgré le com- 
plet échec de la tentative de M. de Kératry pour créer une 



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124 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

armée de Bretagne, le voisinage du camp de Conlie accroissait 
encore l'importance du Mans. 

La conformation topographique de ses environs n'est pas 
avantageuse à la défense rapprochée. Ils sont accidentés, il 
est vrai, couverts de vergers et de bois de pins, coupés de 
haies, de talus, de fossés qui bordent les chemins ou les pro- 
priétés privées. Mais la ville elle-même est située sur les 
deux rives de la Sarthe, un peu en amont de son confluent 
avec l'Huisne, et un faubourg long de plus d'un kilomètre 
l'unit à Pontlieue, sur la rive gauche de cette rivière. La gare 
et plusieurs grands établissements sont situés entre l'Huisne 
et la Sarthe, c'est-à-dire en dehors de la ville proprement 
dite. 

Cet ensemble est commandé de presque tous les côtés ; vers 
l'est et l'ouest, surtout, les hauteurs dominantes sont fort 
rapprochées. Il résulte de toutes ces circonstances que la 
ville peut être défendue seulement à grande distance, et à 
condition d'englober les deux rives de l'Huisne dans les lignes 
de défense, c'est-à-dire, pour une partie des troupes, de 
combattre avec cette rivière et la Sarthe à dos. 

Au nord-est du Mans, entre ces deux cours d'eau, s'étend un 
grand plateau ondulé, dont le centre est marqué par le village 
de Sargé. Au sud-ouest, ses dernières pentes viennent mourir 
aux abords mêmes de la ville ; vers le nord, il se déprime à 
6 ou 7 kilomètres de celle-ci, et deux vallées transversales le 
coupent presque de part en part, constituant des positions 
défensives bien marquées ; celles du château du Chapeau, des 
Croisettes et de Courdoux. Le plateau de Sargé est traversé 
du sud-ouest au nord-est par la route de Bonnétable, dont il 
domine entièrement le débouché vers Savigné. Au sud-est, 
des pentes escarpées, coupées de ravins étroits, le relient à 
la vallée de l'Huisne, vers Yvré-l'Évêque. Quelques travaiix 
défensifs avaient été ébauchés dans cette direction, lors de la 
marche du grand-duc sur Nogent-le-Rotrou, en novembre 1870. 

Sur la rive gauche de l'Huisne, les hauteurs isolées d'Au- 
vours dominent d'un côté cette rivière, de l'autre la dépression 
où s'engagent le chemin de fer et la route du Mans à Paris. 



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NOS POSITIONS AUTOUR DU MANS. 125 

La route du Mans à Orléans par Saint-Calaîs et Vendôme 
vient s'unir à celle de Paris au pied même de ces hauteurs, 
dont elle contribue à accroître Timportance. Pour le plateau 
de Sargé, elles constituent une sorte d'avancée qui s'y relie 
par le pont d'Yvré. Enfin elles dominent entièrement le pont 
de Champagne, qui permet de déboucher au nord-est. 

Au sud de THuisne et de la route de Saint-Calais, le terrain 
se relève également, mais dans des proportions moins sensibles. 
H forme im plateau ondulé, couvert de bois de pins et traversé 
par trois routes importantes qui divergent du rond-point de 
Pontlieue. De là, elles se dirigent sur la Flèche, Château-du- 
Loir et la Chartre. A 4 kilomètres environ du Mans, une 
longue croupe transversale les coupe du sud-ouest au nord- 
est. D'Amage au château des Arches, c'est-à-dire de la 
Sarthe à l'Huisne, le Chemin-aux-Bœufs en longe d'abord le 
pied, puis s'élève ensuite le long de sa crête. Il allait limiter 
nos positions principales au sud de l'Huisne. Le hameau de 
la Tuilerie, qui domine la route de Château-du-Loir près de 
son croisement avec le Chemin-aux-Bœufs, et le Tertre, au- 
dessus du village de Changé et de la route de la Chartre, 
étaient ses deux points les plus marquants. 

A l'ouest de la Sarthe s'élève un plateau symétrique de 
celui de Sargé et que coupe la route de Laval. Celle d'Alençon 
par Beaumont le longe dans la direction du nord-ouest ; celle 
de Sablé passe au sud. 

Tel était, dans son ensemble, le terrain sur lequel allait 
s'élablir notre armée. Deux ordres de considérations con- 
tribuèrent à dicter la décision du général en chef : l'impor- 
tance du Mans lui imposait, croyait-il, l'obligation de le 
défendre avec la dernière énergie ; d'autre part, la confor- 
mation topographique des environs le forçait à s'étendre 
largement sur les deux rives de la Sarthe et de l'Huisne. 
Mais il y a lieu d'ajouter que la nécessité pour la 2* armée de 
s'attacher à la défense du Mans ne paraît pas absolument dé- 
montrée. En prenant des positions défensives autour de cette 
ville, Chanzy renonçait, du moins provisoirement, à la liberté 
de ses mouvements ; il paralysait les qualités offensives de 



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I 



126 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

ses troupes, si faibles qu'elles fussent. En somme, il commettait 

1» ^ q^j jj^^g avait été si fatale à Metz et à Orléans. Pour 

armée puisse avec profit se réfugier dans une position 
ve et attendre les événements, il faut qu'elle y soit 
nent réduite. Il faut aussi que cette position présente 
iditions spéciales : facilités de ravitaillement, abords 
)s, etc. Dans toute autre situation, le premier devoir 
)mmandant en chef est ds conserver la liberté de ses 
nents. Il ne peut le faire qu'en évitant de s'enfermer 
5S positions choisies à l'avance, et surtout dans ce qu'on 
^enu d'appeler un camp retranché, 
leurs, même en admettant que la 2* armée ait été cou- 
de se tenir sur la défensive aux abords du Mans, il 
qu'il aurait été préférable d'occuper les hauteurs 
au nord-est de la ville, le long de la rive droite de 
e. Au lieu de combattre avec cette rivière à dos, on 
eue pour fossé. Le plateau ondulé qui va de Sargé au 
st favorable à la défense ; il domine sensiblement la 
iiche, la colline d'Auvours exceptée. En ne conservant 
tête de pont à Pontlieue, on aurait suffisamment cou- 
Mans d'une attaque directe. Un bombardement eût 
tible, il est vrai, mais c'était là une considération se- 
e dans une question aussi grave. Enfin, au cas d'un 
la retraite aurait été beaucoup plus facile, car on 
linsi la traversée du Mans et de la double série des 
3 l'Huisne et de la Sarthe. 

»nt Chanzy fit choix de positions ayant le Mans pour 
il croyait ainsi mettre cette ville à l'abri d'un born- 
ent et, à fortiori, d'ime attaque directe. D'ailleurs, 
ter la réorganisation de l'armée, il fallait à la fois ne 
) la disperser et la rapprocher du Mans, en parant à 
►uvement tournant de l'ennemi. Après une première 
ice, tenue le soir du 18 décembre au château d'Ar- 
avec le colonel d'artillerie de Bois-Montbrim, membre 
té de défense locale, et plusieurs des chefs de service 
lée de Bretagne, le général en chef fit le 19 la recon- 
îe du terrain, en compagnie des généraux commandant 



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NOS POSITIONS AUTOUR DU MANS. 127 

rartillerie et le génie, ainsi que des chefs d'état-major. Le 
soir du même jour, il arrêtait les instructions générales pour 
la répartition de Tarmée autour du Mans ^ 

Elle occuperait ses nouvelles positions le 20 décembre ; à 
Textrême droite, le 16* corps s'établirait sur les crêtes au sud 
du Mans, de façon à défendre les débouchés des routes de la 
Flèche, de Château-du-Loir et de la Chartre. Il s'étendrait 
^e la Sarthe, vers Arnage, jusqu'à l'Huisne, en face d'Yvré, 
le long du Chemin-aux-Bœufs ; son front ne mesurerait pas 
moins de 12 kilomètres, chiffre assurément excessif, surtout 
si Ton tient compte de la faiblesse numérique de ce corps 
d'armée, alors réduit à une seule division *. . 

Le quartier général du 16* corps serait à Pontlieue, et ses 
avant-postes d'infanterie au delà du ruisseau d' Arnage, en 
passant par Buaudin et le château d'Amigné. De plus, la ca- 
valerie légère pousserait ses postes à 15 kilomètres au moins. 
Les parcs et les convois du corps d'armée s'engageraient sur 
la route de Sablé, au nord de la Sarthe. 

Le 21* corps aurait sa droite à l'Huisne et sa gauche à la 
Sarthe; il tiendrait la ligne de crêtes qui, partant d'Yvré, 
court parallèlement au chemin de Parancé jusqu'à la route 
du Mans à Savigné ; de là ses positions s'étendraient jusqu'au 
Grand-Montauban et au château du Chapeau. Il s'y organi- 
serait défensivement, en se couvrant d'avant-postes d'in- 
fanterie, établis à hauteur de Savigné, et de postes de cavalerie 
à 12 ou 16 kilomètres en avant. Ses wnpedimewta s'engageraient 
au delà de la Sarthe sur les deux routes d'Alençon et de Laval, 
à hauteur de la Chapelle-Saint- Aubin. Les ponts d'Ysoir et 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 226. 

8. La 3« division (Moraady) n*existait plus depuis les combats des 2, 3 et 4 
décembre et la surprise de Chambord. Ses débris furent versés dans d'autres 
divisions et son chef relevé de son commandement, malgré les protestations 
de Chanzy {Télégramme du W décembre au Miniêtre), 

Quant à la 2® division (Barry), comme on le verra plus loin, elle était réduite 
dans de très fortes proportions. En outre, elle ne rallia larmée que pendant la 
bataille du Mans. La division de Gurten, qui devait remplacer plus tard la 3» 
division, était alors entre le Loir et la Loire. Restait donc la i^® division 
YDeplanque). 



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)SNES, VENDOME, LE MANS. 

ient à la rive droite de la Sarthe. Enfin son 
serait à Sargé. 

înt des positions qui précèdent, déjà fort 
mètres au moins), le 21* corps occuperait 
uvours sur la rive gauche de THuisne. Il 
i défense du pont de Champagne, des routes 
ard et de Saint-Calais, en se reliant à la rive 
e par le pont d'Yvré. Enfin le lieutenant-co- 
56* de marche, qui occupait alors la Ferté- 
imirail avec 3,000 hommes environ, y était 
laintenu sous les ordres du général Jaurès, 
orps, il devait passer sur la rive droite de la 
vision s'établirait à cheval sur les routes 

Laval, à hauteur de Saint-Saturnin ; la 
es deux côtés de celle de Laval, vers Chauf- 
t sa droite à Pruillé-le-Chétif et défendrait 
ï routes de Sablé et de la Flèche. Le quartier 
d'armée serait au château de TEpine, entre 
val et d'Alençon. L'étendue du front qu'il 
.épassait 15 kilomètres, 
ait par quelques recommandations s'appli- 
de de Tarmée. Autant que possible, on ins- 
ipes en cantonnement; on hâterait leur 
n les pourvoyant d'armes, de munitions, 
ts d'habillement, d'équipement, de linge, 
te. C'était une lourde tâche dans l'état de 
us avons décrit, 
re remarquer, les positions défensives assi- 

infiniment trop étendues pour son effectif, 
>re d'autres inconvénients. Nous avons déjà 
r qu'il y avait à s'établir en permanence 
, celui de combattre avec THuisne et la 
lis en dessinant ainsi un cercle autour du 
mblait admettre la possibilité de s'y laisser 
dire de courir le risque d'un nouveau Sedan, 
ue l'ennemi trouvant ses troupes disséminées 
ide étendue, les aurait facilement refoulées 



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NOS POSITIONS AUTOUR DU MANS. 129 

sur le Mans, en cherchant à déborder leurs ailes suivant sa 
pratique constante. Le résultat à en attendre devait être une 
sorte d'investissement, un immense désordre et finalement la 
capture ou la destruction de la majeure partie de l'armée. 
Ces dangers n'échappèrent pas sans doute à Chanzy , car il ne 
tarda pas à modifier cette première répartition. 



CAMPÀOHB DE LÀ LOIRE. — 11. 



I 



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1 



CHAPITRE XIV 

COMBAT DE MONNAIE 

rement du X« corps sur Tours. — GomlMt de Moniuife (80 décembre). — Évacuation 
Tonrs. — L'armée occupe ses nonveaux emplacements. — Sa réorganisation par- 
tie. — Projets de Ghanzy. '— Nos postes avancés antonr da Mans. — Mouvement da 
knd-dnc sur Chartres. 

Cependant rArmee-Abtheîlung était demeurée dans ses 
tonnements du 18 décembre. Sa cavalerie, poussée jusqu'à 
nt-Calais, se bornait à constater notre retraite et à ramasser 
traînards. D'ailleurs le grand-duc recevait Tordre (19 dé- 
ibre) d'aller prendre position à Chartres avec les troupes 
s ses ordres, et il se mettait en mouvement le 21 sanss'in- 
éter davantage de notre armée. A sa droite, la 5® division 
cavalerie avait marché le 19 jusqu'à Mondoubleau et 
itmirail, sans rencontrer nulle part de détachements cons- 
és. Enfin, à sa gauche, le détachement du général von 
leritz (3 bataillons, 4 escadrons, 1 batterie) s'était porté 
L9 de Saint-Amand jusqu'à Villedomer. Le gros du X*" 
[>s d'armée (2 brigades d'infanterie, 8 escadrons, 8 batte- 
) demeurait derrière lui, à Château-Renault, 
ja cavalerie allemande jetée vers le sud ne rencontrait de 
stance qu'à Monnaie. Par des prisonniers, on savait que 
s avions une quinzaine de mille hommes à Tours. C'était 
î^amison de cette ville, renforcée, on s'en souvient, de la 
ision Ferri-Pîsani, et l'ensemble représentait à peu près 
efifectif, du moins comme rationnaires. 
luivant les ordres qu'il avait reçus de Frédéric-Charles, 
:énéral von Voigts-Rhetz décida de porter le 20 décembre 
avant-garde vers Tours. 

]n atteignant Monnaie, von Luderitz rencontrait quelques 
aliers du général Ferri-Pisani. Après les avoir refoulés, 



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C0M3AT DE MONNAIE. 131 

il jetait un détachement sur Céreiles, vers l'ouest, pour aller 
couper le chemin de fer du Mans à Tours. Puis il reprenait 
sa marche le long de la chaussée, mais pour se heurter bientôt 
à nos avant-postes, établis aux Petites-Ruries, à la Goubre- 
telle et à la Gaucherie, à cheval sur la route de Tours. Un 
bataillon allemand se déployait aux Belles-Ruries, à Boulay 
et à la Feuillée, tandis qu'une section d'artillerie prenait 
position sur la chaussée et que le gros de von Lttderitz se 
rassemblait à Monnaie. Vers les Petites-Ruries, nous cher- 
chions cependant à prendre l'offensive contre la gauche alle- 
mande, mais une batterie portée sur le chemin de l'Angenne- 
rie nous arrêtait bientôt. D'ailleurs trois nouveaux bataillons 
renforçaient successivement la droite de l'ennemi, en mena- 
çant de nous déborder. Notre gauche se retirait rapidement 
vers la route, suivie de près par quatre compagnies prus- 
siennes. 

En même temps, la Gaucherie avait été enlevée à notre 
droite (vers 1 heure), et deux escadrons et demi, lancés sur 
la Sînsonnière, refoulaient vers la route les fractions venant 
de la Gaucherie. Une panique se produisit alors parmi les 
fuyards affluant de tous les côtés sur la chaussée ; ils se 
hâtaient vers le sud, quand les uhlans débouchaient de l'Etre- 
de-Duchamps et les chargeaient. Leurs masses confuses 
étaient coupées en deux tronçons, l'un refoulé au nord sur 
l'infanterie allemande, l'autre sur des boqueteaux voisins. 
D'ailleurs, en poussant vers Champaigné, les cavaliers en- 
nemis se heurtaient à des bataillons encore en position qui 
les forçaient de faire demi-tour. Une batterie ennemie poussée 
jusqu'à la Bourlerie nous refoulait à notre tour, mais les 
uhlans qui essayaient de charger en colonne sur la route 
étaient accueillis à 30 mètres par un feu destructeur. Ils se 
retiraient avec de grosses pertes. 

De même, à l'ouest de la route, plusieurs escadrons jetés 
vers Notre-Dame-d'Oé se retiraient sans rien avoir pu tenter 
contre notre infanterie. Enfin, le détachement chargé de 
couper la voie ferrée de Tours au Mans ne parvenait pas à 
s'acquitter de cette mission. Von Luderitz se bornait donc à 



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132 JOSNES, VENDOME, LB MANS. 

cantonner autour de Monnaie, en se couvrant d'avant-postes 
établis de FAngennerie à Parçay. 

Cette malheureuse affaire nous coûtait 100 prisonniers et 
300 ou 400 hommes tués ou blessés ' \ les Allemands n'en 
avaient perdu qu'une centaine. 

Tandis que, de proche en proche, la panique s'étendait de 
Monnaie à Tours, et que le général Ferri-Pisani se hâtait de 
faire évacuer cette ville, von Voigts-Rhetz ne savait pas tirer 
^arti de notre échec. L'attitude de quelques-unes de nos 
troupes, une escarmouche survenue dans la journée entre 
Tours et Bloislui paraissaient d'une nature assez inquiétante. 
Il prescrivait que, le 21 décembre, le général von Woyna se 
porterait par la route de Vendôme sur Tours*. H aurait soin 
de garder attentivement ses flancs et n'occuperait cette ville 
que s'il le pouvait sans engagement sérieux. Nous verrons 
plus loin à quoi devaient se borner les résultats de cette 
opération. 

Cependant, à l'extrême droite allemande, la 5* division de 
cavalerie poussait la 11* brigade vers Vibraye. Celle-ci ren- 
'con trait à Lavaré et à Semur des détachements du 21* corps " 
qui firent bonne contenance et l'obligèrent à se retirer. 
D'ailleurs, le même jour, le général von Rheinbaben était 
informé du mouvement que le grand-duc allait exécuter vers 
Chartres; on l'invitait à s'y conformer. Dans cette direction, 
«comme dans celle de Vendôme, les Allemands allaient perdre 
provisoirement tout contact avec nos troupes. 



1. D'après VÉtat-maJor prussien. Les documents d'origine française donnent 
Irés peu de détails sur ce combat. 

Le X« corps perdit 4 oflQciers el 33 hommes ; la l'« division de cavalerie, 
9 officiers, 57 hommes et 80 chevaux. Le 9« uhlans, seul, eut 5 officiers, 19 
cavaliers et 34 chevaux tués ; 4 officiers, 8 cavaliers et 18 chevaux blessés ; 
24 cavaliers et 26 chevaux disparus. 

Le général Ferri-Pisani rendit compte du combat en ces termes : « Hier 20, 
j'ai attaqué les Prussiens à Harmaie avec une moitié de mes forces, tandis que 
je les maintenais à Nolre-Dame-d'Oé avec l'autre... » (Télégramme au Ministre, 
31 décembre. Enquête, tome 7, p. 203.) Le général ajoutait qu'il avait fait 
60 prisonniers et tué beaucoup de monde à l'ennemi dans un retour offensif. 

2. Avec 6 bataillons, 6 escadrons, 3 batteries et 2 compagnies de pionniers. 
8. 2 compagnies du 56« de marche, i compagnie d*éclaireurs des mobiles 

de la Corrôze et des frrfncs-tireurs à Semur. 



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COMBAT DE MONNAIE. ISÎ 

En dehors du combat de Monnaie et de reacarmouche de 
Semnr, aacun incident ne se produisait sur les derrières de 
notre armée ; les mouvements prescrits par Chanzy étaient 
exécutés, et nos troupes occupaient les emplacements dési- 
gnés autour du Mans. Ces déplacements furent parfois opérés- 
de la façon la plus maladroite. Ainsi le 51* de marche, venant 
d'Yvré, traversa le Mans à minuit pour aller bivouaquer à 
Chauffour. Que de fatigues et de souffrances inutiles ! 

Le matin du 21 décembre, toute Tarmée occupait se» 
nouvelles positions. Le temps était rude, la neige épaisse 
et la marche pénible sur les routes défoncées. De plus, le 
pays offrait très peu de ressources pour le cantonnement 
et on ne sut les utiliser qu'en partie. Aussi la majeure 
partie des corps dut-elle bivouaquer sous la tente-abri, au 
prix de cruelles SDuffirances. L'état sanitaire, déjà mauvais, 
empira rapidement ; la petite vérole, la dysenterie accrurent 
leurs ravages ; hôpitaux et ambulances ne tardèrent pas à 
être encombrés. 

Cette situation donnait un caractère plus urgent aux me- 
sures prises par Chanzy pour diminuer T encombrement du 
Mans. Comme noi^s l'avons dit, cette ville avait été envahie 
par une multitude de fuyards, par des corps francs venus de 
toutes les directions, par des détachements arrivant des 
dépots. Il fallut plusieurs jours pour assigner à chacun sa 
place. 

Il était non moins nécessaire de remettre en état l'habille- 
ment, l'équipement de l'armée. L'intendance étant dans 
l'impossibilité d'y suffire, les corps furent autorisés à se pro- 
curer directement, c par tous les moyens possibles » , des 
effets, du linge, des chaussures. De même Chanzy invita les 
généraux à faire, sans délai , les nominations aux grades 
inférieurs d'officiers. Quant à celles d'officiers supérieurs, 
les propositions faites par eux auraient leur plein effet, en 
attendant l'approbation du ministre. 

D'ailleurs la réorganisation de l'armée s'imposait et, mal- 
heureusement, les circonstances ne permirent que de l'ébau- 
cher. On a vu plus haut que l'ancienne colonne de Tours 



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134 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

avait été dissoute le 16 décembre. Une partie de ses troupes 
passa à la 3* division du 16« corps, dont le général de Curten 
allait prendre le commandement en remplacement de Mo- 
randy; les deux régiments de gendarmerie en furent distraits 
afin d'être attribués, sous les ordres du général Bourdillon, à 
une réserve générale organisée pour la 2* armée. L'artillerie 
entra dans diverses formations , et la cavalerie fut presque 
tout entière affectée au 21** corps. 

Dans ce corps d'armée, la 4* division (mobilisés de Bre- 
tagne) avait été organisée par M. de Kératry en six demi- 
brigades ; elle renfermait de nombreuses non -valeurs qui 
portaient son effectif à 14,000 hommes. Pour la rendre plus 
maniable, le général Gougeard la forma en deux brigades 
seulement; une troisième, dite de réserve, et forte de 4,000 
hommes, reçut tous les malingres, les éclopés, ceux dont 
Tinstruction laissait le plus à désirer. On j incorpora les 
plus médiocres officiers. Chose à peine croyable, un grand 
nombre de ceux-ci, nommés à l'élection, ne savaient ni lire, 
ni écrire. Des exemples nécessaires furent faits parmi les 
autres \ ' 

D'après les intentions premières de Ohanzy, l'armée devait 
sie borner à hâter sa réorganisation, tout en s'établissant soli- 
dement autour du Mans. Elle surveillerait ainsi les mouve- 
ments de l'ennemi, en le tenant à distance, et, l'obligerait 
à maintenir devant elle des forces sérieuses, au lieu de les 
diriger contre la 1'* armée, dans l'est ou vers Paris. 

En cas d'attaque du Mans, Chanzy comptait user les forces 
des Allemands et prendre ensuite l'offensive. Quelques se- 
maines auparavant, d'Aurelle avait eu la même pensée à 
Orléans, ce qui contribua grandement à nos échecs du com- 
mencement de décembre. Mais il convient d'ajouter que, 
contrairement à d'Aurelle, Chanzy n'excluait nullement de 
ses combinaisons l'offensive immédiate. Il voulait se porter 
en avant, au cas où les circonstances viendraient à le per- 



1. Gougeard, ouvrage cite'. Celle brigade de réserve fui canlonnée à Saint- 
Georges-du-Plain, Sainl-Georges-dea-Bois et Pruillé-le-Chélif, c'est-à-dire à 
Touesl de la Sarthe. 



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COMBAT DE MONNAIE. 135 

mettre, sauf à laisser un effectif suffisant à la garde du Mans. 
Avec le gros de Tannée, il chercherait sans doute à remonter 
vivement THuisne dans la direction de Chartres, qu'il paraî- 
trait menacer. An lieu d'aborder ce point, fortement occupé 
par l'ennemi, crojait*il, il obliquerait au nord-ouest pour 
venir appuyer sa gauche à la Seine vers Mantes. Il pourrait 
alors favoriser le passage d'une flottille de ravitaillement, 
menacer Versailles et combiner avec l'armée de Paris un 
grand effort contre les lignes d'investissement*. 

Nous devons le faire remarquer, ce projet d'opérations ne 
pouvait avoir des chances sérieuses de succès qu'au cas où 
la n* armée allemande serait retenue sur un autre théâtre 
d'opérations. Chanzy s'en rendait pleinement compte, car il 
télégraphiait le 21 décembre au ministre : < Je suis de plus 
en plus convaincu qu'un mouvement de la 1'* armée sur 
Troyes est facile, opportun et nécessaire. » Malheureusement, 
le projet d'expédition dans l'Est était déjà à peu près arrêté 
à cette date, et la II® armée allait, sous peu de jours, être 
libre de concentrer ses efforts contre Chanzy. 

Cependant, suivant les ordres de von Voîgts-Rhetz , le 
général von Woyna s'était porté de Monnaie sur Tours le 
21 décembre. Les cuirassiers de son avant-garde atteignirent 
même sans rencontrer de résistance le pont de la Loire. Mais, 
là, des habitants attroupés les accueillirent à coups de fusil. 
Une batterie prit alors position, sous la protection d'un ba- 
taillon, sur les hauteurs au nord de Tours, et dispersa la 
foule au moyen de quelques obus. Les Allemands allaient 
entrer dans la ville, complètement abandonnée par nos 
troupes, lorsque survint un ordre du général von Woyna 
rappelant son avant-garde : de faux renseignements lui fai- 
saient craindre l'approche de fortes colonnes françaises. Il se 
retira donc sur Monnaie, après avoir fait rapidement mettre 
hors de service à Mettray la voie ferrée de Tours au MansV 

De son côté, dans l'état actuel de ses forces, von Voigts- 
Rhetz ne croyait pas pouvoir occuper Tours. Il établissait son 

1. Chanzy, ouvrage cité, p. 233. 



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136 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

gros en cantonnements à Monnaie et à Reugny. Le lende- 
main, 22 décembre, trouvant encore sa position trop aven- 
turée, il ramenait les fractions sous ses ordres directs dans 
les environs d'Autrê"che et d'Herbault. Ce recul inexplicable 
laissait en notre pouvoir Tours et les importantes bifurcations 
de voies ferrées qui Tavoisinent. 

L'affaire de Monnaie et l'évacuation si précipitée de Tours 
décidèrent la Délégation à mettre sous les ordres de Chanzy 
la colonne Ferri-Pisani, alors à Langeais \ et celle que le 
général de Curten formait à Poitiers. Le ministre les invita 
tous deux à se porter sur Château - Lavallière , important 
nœud de routes situé entre le Loir et la Loire. Dans sa 
pensée, ces troupes pourraient à la fois couvrir les commu- 
nications de Tours au Mans et menacer le flanc de Tennemi 
s'il venait à descendi*e le val de la Loire. En cas de nécessité, 
elles se retireraient aisément derrière le Loir, du Lude à Châ- 
teau-du-Loir, et s'y relieraient à Barry. Cet officier général 
s'était porté le 20 décembre à Chahaignes. Outre ce village 
et Jupilles, sa division et la brigade Paris, du 17* corps, qui 
opérait avec elle depuis la retraite de Vendôme, occupaient 
Pont-de-Braye et la Chartre. D allait envoyer le colonel 
Desmaisons à Château-du-Lair, avec quelques troupes'. 

Malheureusement la division Barry était fort affaiblie. 
L'effectif du 38' de marche, par exemple, ne dépassait pas 
700 à 800 hommes; celui du 66« mobiles (Mayenne) était 
encore moins élevé. Aussi Barry informait-il Chanzy qu'il 
ne pouvait songer à prendre l'offensive. Malgré l'extrême 
misère de ses troupes, les autorités civiles se montraient 
trop souvent indifférentes à leurs besoins, et ce fait déplo- 
rable n'était point isolé. Dans une région voisine, le colonel 
de Cathelineau signalait alors le transport continuel de vivres 



1. D*aprés Chanzy. Cependant le B^ hussards, qui en faisait partie, était le 
21 à Chàteau-Lavalliéro (HUtorique du corps). 

2. Télégramme de Barry d Chanzy (21 décembre). Il y avait alors 3 ba- 
taillons, 4 pièces et un peloton de lanciers à Pont-de-Braye ; 4 bataillons, 
2 escadrons et demi et 10 pièces à la Chartre (général P&ris) ; 800 hommes 
du 3L<' de marche, 8O0 hommes du 38®, 600 du 66® mobiles (Mayenne) et is 
pièces à Chahaignes ; une réserve de 4 ou 5 bataillons à Jupilles. 



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COMBAT DE MONNAIE. 137 

que c les habitants cherchaient par tous les moyens à vendre 
àTennemi >• 

Autour du Mans, le gros de Tarmée se couvrait d'avant- 
postes de cavalerie ou de francs- tireurs, comme Tavait pres- 
crit Chanzy. En outre, chaque corps d'armée envoyait des 
reconnaissances incessantes en avant de son front. Le 16' 
corps poussait des partisans jusqu'à Château-du-Loir, Lave- 
nay, Épuisay, Vibraye, MontmiraiL et reliait ainsi Jaurégui- 
bsny à Barry. Outre sa division de cavalerie, l'amiral avait 
à 8a disposition , pour ce service, les éclaireurs algériens, 
alors à Tresson, et l'escadron d'éclaireurs du capitaine Ber- 
nard, lue colonel de Cathelineau, à Vibraye depuis le 25 dé- 
cembre * avec ses corps francs et le 3* bataillon des mobiles de 
la Dordogne, était chargé d'explorer le Perche vers Montmi- 
rail, Authon et Brou. Plus à Touest, le colonel de Lipowski 
surveillait la direction de Nogent-le-Rotrou et de Chartres. 
Quant au 2V corps, ses avant-postes de cavalerie s'étendaient 
vers Beaumont, Mamers et le Theil *, ils se reliaient à ceux 
du 17* corps à hauteur de Beaumont. 

Pendant que notre armée s'installait ainsi autour du Mans, 
les fractions du X* corps prussien stationnées à Vendôme 
y restaient immobiles, et le grand-duc commençait (21 dé- 
cembre) son mouvement sur Chartres. Le 24, il avait atteint 
ses nouveaux emplacements : la 22* division d'infanterie et 
la 9* brigade de cavalerie occupaient Châteauneuf-en-Thi- 
merais, Nogent-le-Roi et Maintenon; la 17* division était à 
Chartres et la 2* division de cavalerie, soutenue par un ba- 
taillon, à Bonneval, d'où elle reliait l' Armée- Abtheilung au 
X* corps. Enfin la 4" division occupait des cantonnements en 
arrière du centre du grand-duc*. 



1. Le corps Cathelineau fit partie du lô^* corps et de la i^^^ armée jusqu'au 
19 décembre. A cette date, pour éviter tout contact entre lui et Garibaldi, 
on le fit passer à la 2« armée. Le 24 décembre, il était à Monlfort et le 25 à 
Vibraye. Sou effectif était alors de 2,000 hommes, et il avait avec lui une 
batterie de montagne. La légion bretonne et provençale, les francs-tireurs 
de Rochefort, le bataillon de tirailleurs algériens du commandant Boussenard 
étaient restés à la i'« armée. (Le Corps Cathelineau pendant la guerre, par 
le général de Cathelineau.) 

2. Le S 2 décembre la brigade bavaroise quittait les troupes du grand-duc 



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JOSNESy VENDOME, LE MANS. 

. la 5* division de cavalerie, elle se conformait au 
t de r Armée- Abtheilung et, le 22, elle était à 
Rotrou. La nuit précédente, une compagnie du 56* 
, détachée de Connerré par le lieutenant- colonel 
rait capturé 25 cuirassiers et 32 chevaux dans la 
ison, située un peu au sud. Le 23 décembre, sur 
mme du général de Moltke, la ô' division quittait 
Rotrou pour aller de nouveau s'établir à Touest de 
je 29, elle était entre Vemon et Dreux. Les AUe- 
lient donc entièrement perdu le contact de nos 
cette situation devait se prolonger durant toute la 
embre. Ils mettaient cet intervalle à profit pour 
le partie des vides survenus dans leurs rangs, pour 
n état leur équipement fort endommagé par la 
les intempéries. C'est ainsi qu'à la 22* division il 
ût pas moins de 3,582 paires de bottes sur un 
sent de 6,222 hommes * ; les trois quarts de ceux-ci 
les pantalons de coutil par-dessus ceux de drap, 
lent hors d'usage. Si les souffrances étaient extrêmes 
^unes soldats, l'ennemi s'affaiblissait peu à peu, lui 
iant cette dure campagne d'hiver succédant à des 
ouvements et de combats ininterrompus. 



DQ corps d'armée à Orléans. 2 batteries du IX.^ corps, détachées 
)D de cavalerie, furent raftacliées à la 22<' division le 19. {État- 
m.) 

tich, ouvrage cité ; Teffectif des corps de la division était réduit 
les pour le d2«, à 1,584 pour le 95«, à i,S78 pour le SS*», à 1,310 
L.a division avait 2,194 blessés et 2,640 malades aux ambulances, 
256 malades transportés sur ses' voitures. Elle avait eu 728 dis- 
mencement de la campagne au 2i décembre. 



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CHAPITRE XV 

COMBAT DE MONTOIRE 
(27 décembre). 

Fonnation des eolonnes mobiles Rousseau et Jonffroy ~ Leurs objectifs. — Les eolonnes 
Feni-Pisani et Cnrten. — Bépartition du X« corps prussien. — Combat de Montoire. 
— Situation au 38 décembre. 

Nous avons dit que Chanzy n'entendait pas se borner à 
réorganiser son armée et à l'installer dans des positions dé- 
fensives autour du Mans. Avant même que ses troupes 
eussent pris îe repos qui leur était si nécessaire, il voulut 
détacher des colonnes mobiles chargées d'inquiéter l'ennemi, 
d'étendre notre rayon d'action, en nous épargnant l'affiront 
de voir les Allemands réquisitionner jusque sous nos yeux. 
Suivant son expression, il jugeait même indispensable d'em- 
pêcher l'adversaire c de nous investir complètement autour 
du Mans, comme il en avait le projet' ». Il faut ajouter 
qu'à la fin de décembre, l'idée d'investir la 2* armée n'était 
nullement venue à Frédéric-Charles, toujours retenu vers 
Orléans par l'ignorance où il demeurait des intentions réelles 
de Bourbaki. D'ailleurs, si les Allemands avaient formé 
un semblable projet, ce n'est pas l'envoi contre eux de co- 
lonnes mobiles, c'est-à-dire d'une faible partie de l'armée, 
qui aurait pu détourner de nous ce danger. La principale 
utilité, on pourrait dire la seule, de cette mesure, était de 
relever le moral de nos troupes, fort déprimé depuis la re- 
traite de Vendôme. Quoi qu'il en soit, Chanzy forma deux 
colonnes mobiles : la première, mise en mouvement le 23 dé- 
cembre, fut confiée au général Rousseau qui avait fait preuve 
d'initiative dans les combats sur le Loir. Elle était composée 

1. Lettre au Minitlre (13 janvier 187 1). Chanzy, ouvrage cité. 



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ES, VENDOME, LE MANS. 

Tinfanterie du 21*" corps, renforcés plus 
lions du 56* de marche amenés de Con- 
mt-colonel Villain. A ces 3,000 ou 4,000 
at une batterie de 4, une section de mi- 
îscadrons de cavalerie légère, 
rdre de se porter sur La Ferté-Bemard 
eil. Il pousserait ensuite jusqu'à Nogent- 
rabattre soit vers Authon, soit vers Bel- 
lirconstances. Au cas où il rencontrerait 
nsidérables, il se retirerait le long de 
métable. 

nte au nord-est, il serait appuyé par deux 
Alençon sur Mamers ^ De plus, le colonel 
à Touest de THuisne comme nous Tavons 
; mis provisoirement sous ses ordres. Un 
cavalerie du 16® corps reliait cet ensemble 
u colonel de Cathelineau, alors à Vibraye. 
une mobile était d'effectif plus considé- 
a au général de Jouffroy, commandant la 
orps. Tordre de laisser dans les positions 
ilingres, ceux dont les armes ou les chaus- 
plus à désirer. Avec le reste, les trois 
ires, une section de mitrailleuses, une 
s et deux escadrons de cavalerie légère^, 
en mouvement le 23 pour marcher sur la 
me serait porteur de trois jours de vivres; 
et nécessaire les bagages et les convois, 
d'ailleurs l'intention de diriger par voie 
i-du-Loir, les munitions et les vivres de 



mt partie des troupes du général de Malherbe, com- 
de rOrne. Ce système de petits paquets était très 
'e d'unités étaient ainsi réparties entre les comman-' 
riales, sans proût sérieux. 

composition de la division de Jouffroy. Le 76® mo- 
araît être resté tout entier autour du Mans. La section 
mpagna cette colonne mobile fut celle du lieutenant 
8 régiment). 



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COMBAT DE MONTOIRE. 141 

La mission de cette colonne consisterait à explorer le pays 
entre le Loir et la Loire, au delà du chemin de fer du Mans à 
Tours, à dégager ce dernier et à permettre son rétablissement. 
Elle surveillerait en autre la vallée du Loir et menacerait 
Vendôme. Elle s'éclairerait au loin, par tous les moyens pos- 
sibles, en manœuvrant de façon à ne pas être coupée de 
Château-du-Loir, sa base d'opérations. Son premier objectif 
serait Château-Renault, ce qui ne laissait pas d'être fort 
risqué en raison de la présence à Vendôme d'un fort détache- 
ment allemand. Si des renforts lui devenaient nécessaires, 
Joufiroy en demanderait l'envoi au général Michel qui com- 
mandait à la Rochère ^ la cavalerie du 16*^ corps, ou à Barry, 
encore à Chahaignes. 

Le mouvement de cette colonne vers le Loir devait être 
facilité par une diversion partie du sud-ouest. De Saumur, 
la colonne Ferri-Pisani se porterait sur Château-Lavallière, 
comme nous l'avons vu. Les 4,000 hommes du général de 
Curten, venant de Châtellerault, seraient le 23 à Richelieu 
et passeraient la Loire le 24 à Port-Boulay *. 

Le général de Jouflfroy ne quitta que le 24 décembre ses 
positions de la rive droite de la Sarthe, pour se diriger sur 
Parigné-l'Evêque. Il établit sa colonne en cantonnement un 
peu à l'est de ce point. Le lendemain, il était au nord de la 
Chartre, vers Courdemanche , c'est-à-dire en arrière du 
centre de Barry". Les Allemands avaient alors à Epuisay, 
sur la route du Mans à Vendôme, deux bataillons, deux esca- 
drons, une batterie ; à Vendôme même, quatre bataillons, 
huit escadrons, trois batteries. Enfin la 40* brigade, trois 



1. Près de Mulsanne. Un télégramme de Barry (23 décembre) signalait à 
Chanzy la marche du grand-duc vers Chartres, avec « 60,000 hommes ». Il ré- 
sulte d*une dépêche de Chanzy à Cathellneau (26 décembre) que le premier 
se rendait pleinement compte du double mouvement des Allemands vers 
Orléans et vers Chartres. 
3. Inêlructions données au générai de Jouffroy. Chanzy, ouvrage cité, p. 257. 
s. Itinéraire. du 46<' de marche (colonne Jouffroy): 
24 décembre, la Boutinière ; 
26 — Courdemanche ; 
26 — Bessé. 



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1 



142 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

escadrons et deux batteries gardaient à Herbault Tintenralle 
entre le Loir et la Loire. La 1" brigade de cavalerie occupait 
le pays au nord de Blois; la 19* division d'infanterie, concen- 
trée depuis le 23 autour de cette ville, surveillait les deux 
rives de la Loire vers Tours. On voit que la dispersion de 
ces groupes était une circonstance éminemment favorable 
pour la démonstration du général de Jouâ^oy. 

Le 25 décembre une reconnaissance ennemie partie d*E- 
puisay jetait quelques obus dans Saint -Calais, y entrait 
après avoir refoulé sur Bouloire les éclaireurs algériens et 
frappait la ville d'une forte contribution. A cette nouvelle, 
Jouffroy se porta sur Bessé (26 décembre), en menaçant à la 
fois Saint-Calais et Montoire ; il demanda de nouvelles ins- 
tructions à Chanzy, qui lui prescrivit de marcher sur Mon- 
toire comme l'indiquaient ses instructions précédentes. 

En même temps, les troupes venues de Saumur et de Châ- 
tellerault s'avançaient dans l'intervalle du Loir et de la 
Loire. A la suite de démêlés avec une remuante personnalité 
politique, le préfet d'Angers, M. Engelhard, le général 
Ferri-Pisani venait d'être brutalement relevé de son com- 
mandement et remplacé par le colonel Cléret, nommé général 
à titre auxiliaire \ 

Le 27 décembre, la ligne ferrée de Tours au Mans était 
rétablie ; le général de Curten s'établissait à Neuillé-Pont- 
Saint-Pierre, derrière des avant-postes passant par Neuvy- 
le-Roi et Beaumont-la-Ronde. Par sa gauche, il se reliait sur 
le Loir à Barry, et par sa droite au général Cléret, déjà à 
Saint-Antoine-du-Rocher. Les escadrons du colonel de La- 



1. Le 22 décembre, en réponse à une lettre du préfet d'Angora, Gambelta 
Lui télégraphiait : « Si le général Ferri-Pisaoi n*exécute pas en ce moment 
même les ordres du général Chanzy et n*opére point son mouvement sur 
Chàteau-Lavallière, cherchez-lui un tuccetseur que vous me ferez connaître et 
inttaltez-le provisoirement d sa place, 

« Il va sans dire que vous aurez à prendre les ordres du général Chanzy. Ne 
faites rien sans lui en référer ; j*y tiens essentiellement. » 

Le 23, la nomination du général Cléret étant chose faite, M. de Freycinet 
protesta auprès de Gambetta contre cette a confusion d*attributions, de nature 
à faire naître des inconvénients graves ». Du reste, le général Perri-Pisani 
reçut un autre commandement, celui de la 3* division du 25® corps. 



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COMBAT DE MONTOIRE. 143 

oombe (8® hussards et 1®' régiment de marche de chasseurs 
d'Afrique) Féclairaient vers Momiaie et vers Blois ^ 

A la même date, une première rencontre se produisait 
entre la colonne Jouflfroy et les Allemands. Depuis le 19 dé- 
cembre, ceux-ci avaient eu plusieurs engagements aux abords 
du Loir avec nos francs-tireurs ou notre cavalerie. Le 22, 
Tun de leurs détachements, envoyé vers Sougé, en était re- 
poussé par une vive fusillade. Le 26, après la reconnaissance 
sur Saint-Calais dont nous avons parlé, le général von Kraatz, 
qui conmiandait à Vendôme, dirigea sur Montoire une co- 
lonne de deux bataillons, un escadron et deux pièces, sous 
les ordres du lieutenant-colonel von Boltenstem. Elle avait 
mission de s'assurer des intentions et des forces des déta- 
chements français apparus dans cette direction. 

Après avoir laissé une compagnie (50 hommes seulement) 
aux Roches, Boltenstem atteignit Montoire dans l'après-midi 
du 26, sans avoir rencontré de résistance. Le matin du 27, 
il se dirigea vers Sougé, en laissant à Montoire deux nou- 
velles compagnies. La route de Vendôme à La Flèche, qu'il 
suivait, longe la vallée du Loir, en passant alternativement 
de l'une à l'autre rive. Venant de la rive gauche, elle 
franchît la rivière au pont des Roches, et s'engage dans un 
défilé de 500 mètres, entre le Loir et des rochers à pic, hauts 
d'environ 50 mètres. C'est dans cet espace que s'élève le 
village des Roches. Seuls, deux sentiers, aboutissant à ses 
deux extrémités, le mettent en communication avec ces hau- 
teurs dominantes. 

Au sortir de là, la route de La Flèche traverse Montoire, 
qu'un pont relie à la rive gauche du Loir. Nous l'avions dé- 
truit lors de la retraite de Vendôme, mais, déjà, les Allemands 
l'aTaient fait rétablir, circonstance qu'ignorait Jouffroy. Un 
autre pont situé à Lavardin, un peu au sud-est de Montoire, 



1. Itinéraire du 8® hussards d'après rhislorique du corps : 
82 décembre, Bourgueil ; 
23 — Vemantes ; 

84, 25, 26 décembre, Ghaonay et Chàteau-Lavalliére ; 
27 décembre, Saint-Paterne, Saint-Christophe. 



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144 JOSNES, VENDOME, LE MAKS. 

n^avait pas été reconstruit. Il en était de même pour ceux de 
Troc et d'Artins, les plus voisins de Montoire à Touest. Dans 
cette direction, la route de Montoirer longe le hameau de 
Saint-Quentin, situé dans une plaine assez étendue^ puis elle 
traverse Troo. Là comme aux.Eoches, les hauteurs de la rive 
droite dominent la rivière et la route de leurs escarpements ^ 
en formant un véritable défilé. 

A répoque dont nous parlons, les ponts de Montoire et des 
Roches avaient une importance d'autant plus grande que le 
Loir était couvert d'une couche de glace trop mince pour 
supporter le poids d'un homme, mais suffisante pour arrêter 
un bateau. 

Jouffroy était à Bessé et à Lavenay, dans la matinée du 
27 . Il apprit la marche de Boltenstern sur Sougé et décida 
de se porter aussitôt en avant pour troubler cette opération ^ 
Il supposait aux Allemands un eflfectif de 1,500 hommes, 
avec 4 pièces, sur lesquels 300 occupaient Montoire .et 100 
les Roches. Cette répartition était à peu près exacte , nous 
l'avons vu. 

Cependant Jouffroy se dirigeait sur Fontaine-en-Beauce. 
Pour éviter les indiscrétions, il entoura ce village d'un cordon 
de sentinelles ; puis il développa son projet devant les chefs 
de corps assemblés. Il s'agissait de s'emparer des Roches et 
d'occuper fortement la route de Montoire à Savigny. Avec le 
reste des troupes, on attaquerait ensuite l'ennemi à Troo, de 
façon à le refouler dans le triangle compris entre Saint- 
Quentin, Lavardin et les Roches. JouflEroy espérait que, 
voyant leur retraite entièrement coupée, les Allemands met- 
traient bas les armes. 

Il prit les dispositions suivantes pour l'attaque : un ba- 
taillon de 45® de marche, les éclaireurs de la Gironde et une 
section d'artillerie marchèrent sur les Roches ; le l**" chas- 
seurs de marche alla s'établir à la Fosse, entre les Roches et 
Saint-Quentin ; les deux autres bataillons du 45* prirent posi- 



1. Outre Touvrage de Chanzy, qui contient un récit assez inexapt de cette 
affaire, il convient de consulter les Souvenirs déjà cités et les Monographies de 
r État-major prussien. 



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COMBAT DE MONTOIRB. 145 

tion sur la route de Montoire à Savigny ; un bataillon du 70* 
mobiles (Lot) et une batterie demeurèrent entre Saint-Quentin 
et Fontaine. Quant au reste de la division, le 46* de marche, 
deux bataillons du 70^ mobiles et une batterie, il devait atta- 
quer Troo dès que notre colonne de gauche aurait enlevé 
lesEoches. 

Déjà la dispersion de ces dix bataillons en cinq groupes 
distincts, f^iiblement reliés, était de nature à entraîner un 
échec. Elle fut encore aggravée par des fautes d'exécution. 
Au lieu de conduire la colonne de gauche sur la» hauteur qui 
domine les Roches, ses guides la firent passer à très peu de 
distance de Montoire. Des cavaliers allemands, faits prison- 
niers, firent connaître qu'il n'y avait que 300 hommes dans 
ce village. Ce détachement se borna d'ailleurs à prendre po- 
sition au nord de Montoire, sans faire acte d'hostilité, et 
quelques obus tirés par notre section d'artillerie, l'obligèrent 
même à se réfugier à l'intérieur du village. Il eût fallu 
mettre cette circonstance à profit et s'emparer de Montoire 
avant de s'occuper des Roches. Néanmoins le chef de bataillon 
du 45* crut devoir suivre la lettre de ses instructions : lais- 
sant une compagnie et un peloton de cavalerie devant Mon- 
toire, il se dirigea sur les Roches. 

Mais l'ennemi était déjà en éveil ; notra compagnie d'avant- 
garde fut arrêtée par une vive fusillade qui menaçait de 
beaucoup ralentir l'opération. Alors, pendant qu'une compa- 
gnie traversait le Loir sur l'écluse d'un moulin, une autre 
gravit la hauteur qui domine les Roches. Craignant pour sa 
retraite, l'ennemi se hâta de passer le Loir, en laissant entre nos 
mains un ofiicîer et une trentaine d'hommes. Le bataillon du 
45*, confiant à un détachement la garde des Roches, alla en- 
suite s'établir au nord de Montoire, à la gauche du 1" chas- 
seurs de marche. 

Cependant, en arrivant à Troo, le lieutenant-colonel von 
Boltenstem avait été accueilli par quelques coups de feu. Il 
fit aussitôt fouiller ce village, opération rendue fort longue 
par la nature de la plupart des habitations, creusées dans les 
escarpements crayeux dont nous avons parlé. Pendant qu'elle 

CAMPAGNE DE IiA LOIBE. II. 10 



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rOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Lllemands, laissant deux compagnies à Troo, 
r marche sur Sougé. Un demi-peloton d'infan- 
ir la section d'artillerie, y pénétra, mais pour 
lié de tous les côtés par des fractions du 46* 
70® mobiles \ La colonne se retira rapidement 
le rallia les deux compagnies qui y étaient 
nenaitavec elle 70 otages environ, c'est-à-dire 
de Troo qu'on avait pu saisir. Déjà des 
ans en armes avaient tiré sur les Allemaiids 
e du Loir. Brusquement un coup de canon 
le Montoire, annonçant la présence dans cette 
îouvelle fraction de nos troupes. Jusqu'alors, 
rée inaperçue de l'escadron allemand en ex- 
sud. 

3 hâta de marcher sur Saint-Quentin en sui- 
[ais vers l'Arche, à 2 heures et demie, il se 
ie fortes chaînes de tirailleurs soutenues par 
olonne. En même temps une batterie ouvrit 
ie la chaussée^ tandis que les fractions de la 
' venues de Sougé débouchaient de Troo sur 
'ennemi. Déjà celui-ci était à peu près enve- 
it qu'il n'eût plus qu'à se rendre, 
i l'avant-garde de Boltenstem engageait le 
illeurs, les otages pris à Troo cherchèrent à 
ae compagnie restée en réserve les fusilla à 
; tua ou blessa trente de ces pauvres gens, 
mlement purent s'échapper, et le reste se 
3ssés de la route. 

atre compagnies allemandes s'étaient succes- 
ées, cherchant à nous rejeter sur les hauteurs 
cinquième, demeurée en ordre serré, s'avan- 
sur Montoire, suivie par les deux pièces et 
Une première chaîne de tirailleurs fut aisé- 
et les Allemands capturèrent même un cais- 
se historiques de VÉtat-major prussien font intervenir à 
e la division Barry, mais aucun document d'origine fran- 
Ite assertion, du moins à notre connaissance. 



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COMBAT DE MONTOIRE. 147 

Bon de munitions. Mais une seconde ligne opposa une résis- 
tance beaucoup plus vive, surtout aux abords du moulin 
Prazé, d*oii un détachement balayait la route de son feu. 
Après une mêlée furieuse, sous les obus de Tartillerie fran- 
çaise, les Allemands s'emparèrent du moulin et leurs deux 
pièces, attelées des huit chevaux encore intacts, purent at- 
teindre Montoire, suivies du reste de l'infanterie . Quant à 
Tescadron, il se fit jour, lui aussi, sans pertes sensibles. 

L'ennemi passa aussitôt le Loir et se retira sur Ambloy, 
poursuivi quelque temps par le 70® mobiles, qui lui enleva 
des voitures et des prisonniers. En outre, un petit détache- 
ment, qui avait été envoyé dans la matinée des Eoches à 
Lunay pour y réquisitionner, fut enlevé par notre cavalerie. 
Le total des pertes de l'ennemi atteignit ainsi 8 oflSciers et 
149 hommes. Les nôtres étaient plus sensibles* ; d'après les 
rapports allemands, le détachement Boltenstem aurait ramené 
avec lui 10 officiers et 230 hommes prisonniers. A lui seul, 
le 45* de marche perdit 8 officiers blessés, dont 2 chefs de 
bataillon, et 150 disparus^. 

Ainsi se terminait cette affaire, dans laquelle 1,200 Aile- 
mands et deux pièces, à peu près enveloppés, avaient réussi 
à se dégager, malgré la présence autour d'eux de dix batail- 
lons, deux escadrons et vingt pièces. Comme on a pu le voir, 
notre échec tenait surtout à l'éparpillement de nos troupes en 
cinq groupes distincts. Quant aux Allemands, ils n'avaient pas 
été beaucoup mieux inspirés en se fractionnant en quatre 
petits détachements des Roches à Sougé, alors que tout leur 
dictait la nécessité de rester groupés dans un pays hostile, 
sauf à aissurer leur retraite par l'occupation de Montoire. 
L'énergie du lieutenant-colonel von Boltenstern et la vigueur 
de ses troupes purent seules les tirer d'un fort mauvais pas. 



i. 1 officier et lO hommes tués ; 3 officiers et 29 hommes blessés; 4 officiers 
et 98 hommes disparus [Étal-major prussien, p. 708). 

D'après le docteur Chenu, nous aurions eu aoo hommes environ hors de 
combat. 

«. Souvenirs cités. Les Monographies de VÈtat-major prussien donnent sur 
l*un de ces officiers supérieurs les détails les plus attristants. 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

t la colonne du général Cléret était arrivée vers 
iécembre), d*où, les jours suivants, elle dirigeait 
ssances sur Monnaie et sur Amboise. Quant à 
occupait Mont oire, les Roches etLunay, il rece- 
rdre de continuer son mouvement sur Vendôme, 
à lui les renforts que Barry tenait prêts à son 
L brigade Marty (4 bataillons et 6 pièces) se porta 
lay le même jour. Quant aux autres troupes de 
igades Thiéry (7 bataillons et 4 pièces) et Baille 
et 6 pièces*), elles gardèrent provisoirement 
LS, ainsi que la colonne Cléret. 



Marly se composait du 3p« de marche (16« corps) et du l«^ba- 
jbiles (Lot-et-Garonne). Ce dernier appartenait au 17« corps; 
éry, d'une fraction du 33« de marclie, du 32« mobiles (Puy-de- 
rtie de la division Peytavin (3« du IS^ corps), d'un bataillon 
louches-du-Rhône et de trois compagnies de discipline ; 
ille, du 88® de marche, du 66« mobiles (Mayenne) et de la 
• régiment. 



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CHAPITRE XVI 

DEUXIÈME COMBAT DE VENDOME 
(31 décembre). 

Moavement de JouflFroy gur Vendôme. — Les Allemands se concentrent. — Emplace- 
ment des troupes françaises. — Dispositions prises par Jouffroy. — Carten et Cléret. 
— Combat de Vendôme. — Échec de la colonne Thiéry. — Retraite do nos tronpes. — . 
Diver^nce des vues de Gbanzy et de JouflFroy. — Renforts euToyés à Jouffroy. 

Des espions envoyés à Vendôme avaient fait connaître la 
présence dans cette ville d'une division d'infanterie ; de plus, 
on signalait l'arrivée à Saint- Amand d'une forte colonne alle- 
mande. Le général de Jouffroy ne crut pas à l'exactitude de 
ces rapports ou,, du moins, il jugea ses forces suffisantes pour 
enlever Vendôme. Il continua donc son mouvement dans 
cette direction et, le 29, sa colonne occupait Villiers, Mazangé 
et Fortan. La brigade Baille était derrière lui, à la Chapelle- 
Huon ^ le reste des troupes de Barry gardait le Loir vers la 
Chartre. 

Cependant les Allemands, mis en éveil par le combat de 
Montoire, hâtaient leur concentration vers Vendôme. Le 27 
décembre, le général von Diringshofen avait envoyé deux 
bataillons, un escadron et demi, une batterie, une compagnie 
de pionniers d'Herbault à Château-Renault, pour y détruire 
d'une façon durable la ligne ferrée de Tours à Vendôme. 
Cette colonne repoussa un petit détachement de francs-tireurs 
jusqu'à Auzouer, opéra la destruction ordonnée et se remit en 
marche vers Herbault le 28. Avant d'y arriver, elle reçut 
l'ordre de suivre à Vendôme le reste de la 40® brigade. 

En effet, le 27 décembre, à la nouvelle du combat de Mon- 
toire, le général von Kraatz avait fait occuper Varennes, sur 
la route de La Flèche à Vendôme. Le 28, ses reconnaissances 
lui apprirent que des troupes françaises se concentraient à 
l'ouest du ruisseau d'Azay, dans la direction de Saint-Calais. 



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150 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Le commandant du X* corps, général von Voigts-Rhetz, donna 
aussitôt au détachement d'Herbault Tordre de se porter sur 
où il arriva le 29 ; de même, la 1" brigade de ca- 
aissant un régiment entre Blois et Beaugency, 
Vendôme le 28 avec une batterie à cheval. Mais 
fcz la dirigea aussitôt sur Fréteval et Morée, à la 
ponts du Loir. 

onze bataillons, trois régiments de cavalerie et six 
îtaient alors concentrés à Vendôme, ce qui suffisait 
fort douteux le résultat de Tattaque qu'allait tenter 
Après l'arrivée des renforts dont on vient de parler, 
z décida de diriger le 31 une reconnaissance ofFen- 
Epuisay ^ En même temps, il invitait le général 
ritz à se porter de Fréteval sur Epuisay avec la 
e de cavalerie. 

côté, Jouffroy avait reçu (30 décembre) les renforts 
% Barry ; de plus, les éclaireurs algériens, qui arri- 
(lontoire le même jour, étaient mis à sa disposition 
eiller sa droite, et le général Michel portait vers 
lis le gros de sa division de cavalerie, pour couvrir 
gauche. Le reste de nos troupes occupait les empla- 
suivants: le lieutenant-colonel Marty avait sous 
, à Azay, le 1" bataillon du 74* mobiles, à Danzé le 
m du 36* de marche, quatre pièces de 4 et deux 
Lses ; enfin, à Epuisay, les 1" et 3* bataillons 

)nel Thiéry était à Savigny avec le 33' de marche, 
biles (Puy-de-Dôme)^, les trois compagnies de disci- 
bataillon de mobiles des Bouches- du-Rhône et quatre 

4. 
►nel Baille s'étendait d'Azay à Fortan avec le 38* de 

e 66' mobiles et quatre pièces de 4. 

les troupes de la colonne Jouffroy, le 46* de marche 



mt-postes allaient alors de Villeporcher, par Bel-Air, à Courtiras 

moins avec les fractions de ces deux corps qui avaient suivi la 
a 2® armée. Voir page 71. 



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DEUXIÈME COMBAT DE VENDOME. • 151 

occupait Mazangé ; le 70^ mobiles (Lot) et deux escadrons de 
cavalerie légère, Lunay ; le 45* de marche, Lunay, la Barre, 
les Roches; le 1" chasseurs de marche, Mazières^ L'artillerie 
de la division (dix-huit pièces de 4 et deux mitrailleuses) était 
à la Burmaudière, entre Fortan et Lunay. Enfin les éclai- 
reurs algériens occupaient Montoire ; les francs-tireurs de la 
division, Bessé et Lavenay ; le 3® cuirassiers et le 3* de cava- 
lerie légère mixte, la Chartre. Une compagnie du génie avait 
été répartie entre ces divers points. 

L'ensemble des troupes aux ordres de Jouffroy comptait 
24 bataillons, 11 escadrons et 34 pièces. Mai^ leur dissémi- 
nation était extrême ; il ne faut pas oublier, en outre, que 
l'eflFéctif de la plupart de ces unités avait décru dans de très 
fortes proportions. Nous avons dit que les renseignements reçus 
par Jouffroy lui faisaient craindre la concentration de l'ennemi 
autour de Vendôme ; néanmoins il crut devoir persister dans 
son projet de mouvement offensif. Deux colonnes principales 
devaient marcher sur Vendôme, Tune par Azay et Espéreuse, 
Tautre par Courtiras. Un détachement latéral passerait le Loir 
à Lisle et déboucherait au sud de la ville par le bois de 
Meslay. Enfin les éclaireurs algériens traverseraient la rivière 
à Montoire, pour aller également couper les routes de Ven- 
dôme à Blois et à Oucques. Jouffroy espérait que ces mou- 
vements combinés lui permettraient d'occuper Vendôme dès 
le lendemain. Il allait jusqu'à considérer cette ville comme 
un simple point de départ. Si la fortune le favorisait, si ses 
troupes répondaient à ce qu'il attendait d'elles, il mettrait 
toutes les circonstances à profit pour refouler l'ennemi et 
même pour le couper de ses lignes de retraite. Aussi deman- 
dait-il instamment à Chanzy de tenir prêtes à le renforcer 
toutes les troupes disponibles. Sa division n'aurait constitué 
qu'une avant-garde dans le mouvement définitif qu'il pré- 
voyait pour l'armée *. 

Est-il nécessaire d'ajouter que l'opération ainsi entendue 



1. Au nord de Montoire. Ce point n'est pas indiqué sur la carte d*état-major, 

2. Rapport du général de Jouffroy à Chanzy, 30 décembre 1870. 



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152 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

dépassait de beaucoup les limites du cadre qu'avait entendu 
lui assigner Chanzy ? Celui-ci aurait voulu refouler les cou- 
reurs ennemis en menaçant Montoire et Vendôme. Il ne 
pouvait entrer dans ses intentions de prendre l'offensive avec 
une fraction seulement de son armée, sans que le reste fût à 
portée d'intervenir. D'ailleurs, même en admettant l'oppor- 
tunité d'une attaque de Vendôme, il faut convenir que les 
dispositions du général de Jouffroy n'étaient pas pour en 
assurer le succès. Le 30 décembre, ses troupes et celles de 
Barry étaient réparties d'Épuisay à la Chartre parSavigny et 
Bessé, sur un front de 40 kilomètres. Une partie était à trop 
grande distance de Vendôme pour intervenir le lendemain 
en temps opportun. Enfin les quatre colonnes qui devaient 
opérer contre cette ville n'étaient point reliées ; elles auraient 
assurément peine à combiner leurs mouvements. Ceux-ci ne 
pouvaient réussir que s'ils étaient exécutés avec précision et 
si, de plus, l'ennemi ne se montrait pas en forces *. Aucune de 
ces conditions ne fut remplie. A l'attaque de Vendôme, comme 
lors du combat de Montoire, le 27 décembre, la complication 
de notre plan était telle qu'elle devait amener un échec. 

Pendant que Jouffroy terminait ses préparatifs, le général 
de Curten, arrivé à Neuillé-Pont-Saint-Pierre, prenait par 
ordre de Chanzy la direction de la colonne Cléret, alors à 
Monnaie. Celle-ci comprise, il avait sous ses ordres une 
dizaine de mille hommes d'infanterie, huit escadrons et 
quatre batteries. Dès qu'il apprit le mouvement de la 40* bri- 
gade d'infanterie prussienne d'Herbault vers Vendôme, il se 
porta sur Château-Renault (30 décembre) et l'occupa dans 
l'après-midi du même jour. Cléret vint s'établir derrière lui, 
à Villedomer. De ces deux points, nous pouvions surveiller 
les routes de Blois et de Vendôme à Tours, tout en couvrant 
la droite de Jouffroy. 

Le matin du 31 décembre le colonel Thiéry marchait sur 
Epuisay et Danzé ; le lieutenant-colonel Marty , laissant le 
1*' bataillon du 74* mobiles à la gare d'Azay, se dirigeait avec 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 266. 



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DEUXIÈME COMBAT DE VENDOME. 153 

le 36* de marcEe sur Espéreuse^ la Hale-de-Champ, Poirier 
et Bel-Air. Le 38* de marche allait d'Azay, par Espéreuse, 
sur la Jousselinière et le plateau de Bel- Air ; le 66* mobiles, 
parti également d'Azay, prenait la même direction par la 
forêt ; enfin le 46*^ de marche, parti de Mazangé, longeait la 
forêt au sud pour aboutir aux Tuileries. Le 45* de marche et 
le 70* mobiles suivaient le 46* en réserve *. 

D'après les prévisions du général de Jouffroy, ces colonnes 
devaient atteindre vers midi les abords de Bel- Air; elles 
attaqueraient aussitôt les ouvrages de campagne jadis cons- 
truits par nous et occupés, croyait-il, par une partie de Far- 
tillerie allemande. 

Mais toutes ces combinaisons furent bouleversées par un 
fait très simple. Comme nous Tavons vu, au lieu de demeurer 
immobile à Vendôme en attendant notre attaque, le général 
von Eraatz dirigea une reconnaissance offensive à la fois sur 
Azay et sur Danzé. Tandis que von Ltideritz se portait vers 
ce dernier point par la route de Saint-Calais à Fréteval, le 
général von Diringshofen marchait sur Azay, en se couvrant 
de deux détachements de flanc, Tun dans la forêt de Ven- 
dôme, l'autre vers le Gué du Loir. De cet enchevêtrement 
des colonnes françaises et allemandes devait fatalement ré- 
sulter un ensemble d'actions fort décousues, incertaines quant 
à leur résultat final *. 

Partis de grand matin d'Azay et- de Danzé, les 36* et 38* 
de marche opérèrent leur jonction vers 9 heures au Ripier, 
sur le chemin de Danzé à Vendôme. Puis le colonel Baille 
dirigea le 36* avec quatre pièces sur Espéreuse, pour couvrir 
sa gauche. A droite il détacha le 2* bataillon du 38% afin de 
se relier au 66® mobiles. Enfin, avec les 1" et 3"^ bataillons du 



1. Ces deux corps no furent pas engagés. Les autres troupes de Joufl'roy 
paraissent âtre demeurées dans leurs cantonnements, à Texception des éclaireurs 
algériens dont nous parlerons plus loin. Le général de JoufTroy mit donc en 
Hgne 13 bataillons, la colonne Thiéry comprise. 

a. Voir pour ces combats, outre l'ouvrage du général Chanzy, qui présente 
des lacunes, l'excellent Historique du 38^ de ligne (capitaine d'Izarny-Gargas), 
les Souvenirs déjà cité, les Historiques des 33^, 36^ et 46^ de ligne, le récit de 
^'Étai-major prussien. Celui-ci renferme de nombreuses erreurs, dont quelques- 
unes semblent préméditées. 



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154 JOSNBS, VENDOME, LE MANS. 

oo« j^ marche et 4 pièces, il poursuivit sur Vendôme par la 
inière et la lisière est de la forêt. 

midi, après avoir refoulé quelques uhlans, la com- 

d' avant-garde du 38* abordait le plateau de Bel-Air. 
ait accueillie par une vive fusillade et obligée de se 
Br derrière une haie. Un bataillon prussien accouru 
idôme venait de prendre position entre les Tuileries et 
r ; un second bataillon suivait en réserve. 
BU de l'ennemi obligeait d'abord la batterie du colonel 

établie sur la lisière est de la forêt, à se porter plus au 
lais le 3* bataillon du 38* entrait en ligne tout entier 
s Taide de notre artillerie, il ne tardait pas à s'emparer 
teau de Bel-Air*. L'ennemi, débordé sur sa gauche, 
efoulé vers le remblais du chemin de fer, derrière 
il faisait tête. 

mdant le bataillon qui flanquait à droite la colonne 
shofen avait traversé la forêt de Vendôme. Arrivé aux 
-Belzéveries, il ne tarda pas à s'engager contre ime 
du 66* mobiles, qui exécutait le mouvement prescrit 

colonel Baille. Vers midi, au bruit du canon qui 
it d'intensité vers Vendôme, il se retira sur les Tuileries, 
ucha de la forêt en face de la droite du 38* de marche, 
our être aussitôt tenu en échec par le 1" bataillon, 
usqu'alors en réserve. En même temps, le colonel 
invitait le 36* de marche à s'avancer sur Vendôme par 

et Villeporcher, de façon à prolonger sa gauche, 
•oite, sur la route de Saint-Calais, le général von Di- 
fen s'était avancé jusqu'à Vau-Moreau en refoulant 
.t& détachements français. Là, sa tête de colonne fut 

par un feu vif venant d'Azay et de la Mérillière. En 
> 66* mobiles, parti d'Azay, allait entrer dans la forêt 
nent de l'apparition de l'ennemi à Vau-Moreau. Les 
î de la Mayenne firent aussitôt front vers la droite, 
artillerie allemande ne tarda pas à les refouler de la 



orique du 38^ de ligne. D'après VÉtat^major prutsien, le château de 
'aurait pas été occupé par les Allemands. 



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DEUXIEME COMBAT DE VENDOME. 155 

Mérillière. Diringshofen allait prendre l'offensive vers Azay, 
quand il fut à son tour pris de flanc. Pendant qu'il marchait 
de Mazangé à Vendôme, le 46* de marche débouchait sur le 
plateau à l'est du Briard et attaquait sa gauche \ Il fut con- 
traint de se replier et de jeter dans le bois de Villechatin un 
bataillon qui parvint à arrêter le 46* de marche. D'ailleurs, 
à ce moment, le général von Kraatz savait que nous avions 
pris l'offensive à Bel- Air et aux Tuileries contre sa droite. 
Ne voulant pas laisser Diringshofen s'attarder à sa gauche, il 
lui donna ordre de se replier sur Vendôme, ce qui fut fait. 
Toutefois \m bataillon prussien, resté en position près de 
Huchepie pour couvrir cette retraite, ne parvint pas sans 
peine à se dégager. 

L'intervention de la colonne de gauche du général von Di« 
ringshofen contribuait à ralentir nos progrès. Les deux pièces 
de ce détachement avaient d'abord délogé des fractions du 
46* de marche de ViUiers et du bois de la Boissière. Mais les 
Allemands ne tardèrent pas à être obligés de se retirer vers 
Montrieu^, où ils demeurèrent jusqu'à ce que la colonne 
principale eût atteint Courtiras. 

Il était trois heures environ : l'ennemi avait réparti un 
bataillon et demi des deux côtés du chemin des Tuileries à 
hauteur du cimetière de Vendôme ; à gauche, jusqu'à Cour- 
tiras, s'étendait la majeure partie des troupes ramenées par 
Diringshofen. Le reste gardait Vendôme ou servait de soutien 
aux six batteries qui avaient successivement pris position sur 
les hauteurs au sud de la ville. 

A ce moment nos tirailleurs prirent l'offensive sur toute la 
ligne. Malgré le feu très vif de l'artillerie allemande, le 46' 
de marche s'empara de Courtiras et poussa l'ennemi, la baïon- 
nette dans les reins, jusqu'à la gare de Vendôme ; les mo- 
biles de la Mayenne et le 1" bataillon du 38* le refoulèrent 
également vers le cimetière. Deux compagnies du 46', ca- 



1. V État- major prutsien dit que les Allemands furent attaqués par six ba- 
taillons français ; c^est trois bataillons qu'il faut lire, car le iô» de marche 
demeura en réserve {Souvenirs cites). 



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JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

lichert, purent même s'avancer jusqu'au château de 
me, entre Courtiras et la voie ferrée. Elles s'y retran- 
et, malgré un grand nombre d'obus qui détruisirent 
;ie des bâtiments, s'y maintinrent jusque vers 7 heures 

Elles se retirèrent alors sur Courtiras, ramenant 
Lsonniers*. 

le cimetière, nos efforts contre le remblai de la voie 
3 renouvelèrent à plusieurs reprises, mais sans être 
ment prolongés ; ils furent toujours arrêtés par l'ar- 
Jlemande placée au sud de Vendôme, 
leures, le 36® de marche parvint à enlever plusieurs 

du faubourg, mais la nuit arriva avant que cette 
) eût obtenu des résultats décisifs. Nos troupes de- 
nt sur les positions conquises, dans le voisinage 
it de l'ennemi. Jouffroy était à Huchepie, 

extrême droite, le colonel Goursaud avait établi dans 
ée un pont provisoire à Lavardin. Avec ses éclaireurs 
8 il passa le Loir et se dirigea sur Villavard, Saint- 
/'arennes et Villaria, en culbutant quelques cuirassiers 
s à Varennes. Mais Villaria était occupé par de l'in- 
; de plus, une batterie ouvrit le feu des hauteurs de 
e, pendant qu'une colonne d'infanterie et de cavalerie 
t le flanc droit des éclaireurs. Ceux-ci se replièrent 
ent sur Varennes en traversant une ligne de cavalerie 
. Ils repassèrent ensuite le Loir à Lavardin et s'éta- 
i Montoire, après avoir replié le pont*. 

la démonstration projetée à la droite de Jouffroy 
ju'imparfaitement réussi. A sa gauche, la cavalerie 
corps n'avait pu rétablir le pont de Lisle et ne s'était 
trée dans le bois deMeslay, suivant les ordres donnés. 
, colonne Thiéry avait subi un échec complet sur la 
î Saint-Calais à Fréteval. 



riques des 38^ et 46^ de ligne, VÉtat-major prussien défigure entiè- 
Ite affaire ; d'après lui, notre retraite vers Courtiras aurait eu lieu 
plus tôt. 

claireurs algériens perdirent lO hommes et lO clievaux. VÉial-major 
lit qu'ils étaient suivis d'une colonne d'infanterie, ce qui paraît faux. 



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DEUXIÈME COMBAT DE VENDOME. 157 

La 1" brigade de cavalerie prussienne (deux régiments 
de cavalerie, deux compagnies d'infanterie, une batterie 
à cheval) était partie de Fréteval à 7 heures du matin. 
Vers 9 heures elle arriva en vue de Danzé, que venait d'at- 
teindre la colonne Thiéry, forte, nous Tavona dit, de 4 batail- 
lons et de 4 pièces. Malgré leur très grande infériorité numé- 
rique, les Allemands prirent l'offensive ; tandis qu'une partie 
de leur cavalerie marchait sur le Pré pour tourner notre 
gauche, quatre pièces canonnaient Danzé des AUuets, et 
leurs deux compagnies d^nfanterie s'avançaient sur la route. 
Il .est triste d'avoir à ajouter qu'elles purent ainsi arriver 
jusqu'à celles de nos quatre pièces qui étaient en position au 
sud de la route. Leur soutien se dispersa ; une pièce et un 
avant- train tombèrent aux mains des Allemands, qui atta- 
quèrent ensuite notre autre section de 4 ; elle perdit à son 
tour deux pièces et un avant-train. La colonne Thiéry, 
chassée de Danzé, fut poursuivie jusque vers Epuisay par 
trois escadrons de cuirassiers. Vainement un détachement 
français tenta une diversion sur le flanc gauche ennemi ; il 
fut arrêté par la cavalerie prussienne. Malgré ce succès 
inattendu, von Luderitz se mit en retraite vers l heure et 
atteignit ses cantonnements du matin sans avoir été suivi 
par nous. 11 ramenait avec lui trois pièces et une cinquan- 
taine de prisonniers, dont trois officiers. Quant à la colonne 
Thiéry^, elle se jeta au sud de la route de Saint-Calais à 
Morée et rallia fort avant dans la soirée les colonnes Marty et 
Baille. 

A l'annonce de cet échec, Jouffroy, craignant un mou- 
vement offensif de l'ennemi sur ses derrières, se hâta d'or- 
donner la retraite. Vers 2 heures du matin, ses troupes* 
quittèrent leurs positions au nord de Vendôme pour regagner 
Espéreuse, Fortan, Savigny, Lunay et Mazangé. Ce dépla- 
cement échappa d'autant plus facilement à l'ennemi qu'il ne 
pouvait s'y attendre. Il avait perdu deux cent trente hommes 



1. VElat-major prussien cherche à enfler encore ce trop réel succès en 
donnant 2 balteries au colonel Thiéry, qui avait 4 pièces seulement. 



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158 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

environ, dont une centaine de prisonniers *. Nos pertes durent 
être sensiblement supérieures, même en dehors de celles 
éprouvées à Danzé. Pourtant cette démonstration sur Vendôme 
aurait été un succès sans l'inconcevable échec de la colonne 
Thiéry. Il faut d'ailleurs reconnaître que la direction gé- 
avait laissé beaucoup à désirer, de part et d'autre. Si, 
me qu'à Montoire le 27, les Allemands avaient commis 
iidence d'éparpiller leurs forces, nos dispositions n'é- 
pas meilleures. La multiplicité de nos colonnes, en- 
i dans des chemins difficiles, devait fatalement empêcher 
attaque d'être exécutée avec l'ensemble désirable. Il 
rmis de croire que, si nous nous étions portés sur Ven- 
par deux routes seulement, en confiant à la cavalerie 
" corps le soin de garder la route de Saint-Calais à 
, le résultat final eût été moins fâcheux, 
dant le combat de Vendôme, le général de Curten 
à Château-Renault, en se bornant à inquiéter faiblement 
int-postes de la 19* division établis le long de la Cisse. 
'^oigts-Rhetz put donc diriger sur Vendôme la 38® bri- 
avec de la cavalerie et de l'artillerie. Ces renforts 
gnirent leur destination que le 1" janvier, et la retraite 
8 troupes leur permit de rentrer à Blois dès le jour 
t. 

LS avons dit que, dans la nuit du 31, la plupart des 
îS de Jouflfroy avaient regagné leurs positions du 25. 
ssurer sa retraite, il laissa la colonne Marty àEspéreuse, 
onnes Falcon * et Thiéry à Azay. Dans la soirée, elles 



anzy dit 200 ; voici les chiffres de VEtat-major prussien : 
', 2 officiers, 32 hommes ; 
is : 6 officiers, 88 hommes ; 
rus : 1 officier, 99 hommes ; 
: 9 officiers, 219 hommes. 

)tre côlé, le 88^ de marche eut 2 officiers et 50 hommes hors de corn- 
36« de marche^ 25 tués et 43 blessés ; les éclaireurs algériens, lo tués 
îés. 

es le docteur Chenu, nos pertes atteignirent environ 260 hommes hors 
bat. 

lieutenant-colonel Falcon, du 74® mobiles, commandait le i«r bataillon 
égiment. 



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DEUXIÈME COMBAT DE VENDOME. 159 

se replièrent à leur tour sur Épuisay, Savigny et Fortan, 
qu'occupait déjà Baille. Toute la colonue Jouffroy était donc 
répartie de Montoire à Fortan, sur un espace de 20 kilomètres 
environ ^ . Les Allemands ne constatèrent notre retraite que le 
1*' janvier, vers 11 heures du matin. Ils tentèrent à peine de 
nous poursuivre ; cependant cinq escadrons et quatre pièces, 
lancés sur la route de Vendôme à Épuisay , mirent en désordre 
plusieurs détachements du 33* de marche qui venaient d'Azay . 
Ils furent recueillis par des troupes établies au delà du 
ruisseau d'Azay et que deux bataillons prussiens tentèrent 
inutilement de déloger. 

Après notre échec du 31 décembre, il semblait que le 
général de JoufFroy n'eût plus qu*à concentrer ses troupes 
entre le Mans et Vendôme, tout en gardant le contact avec 
Tennemi. Il aurait ainsi été dans les meilleures conditions, 
soit pour rallier la 2^ armée, au cas où les Allemands pren- 
draient l'offensive, soit, au contraire, pour prendre part à un 
mouvement général de Tarmée vers le Loir. Malheureusement 
les vues du général en chef et celles de son subordonné 
n'étaient point les mêmes. Le premier voulait que Jouflfroy 
se bornât à harceler l'ennemi, à dégager le pays entre le Loir 
et la Loire en vue d'opérations ultérieures*. A ses yeux, le 
général de Jouffroy « avait à déloger l'ennemi de Vendôme, 
si cela lui était possible, et, dans ce cas, à le repousser de 
Blois' ». Ce programme, déjà fort étendu, eût gagné à être 
précisé davantage. Il ne suffisait pourtant pas à JouSroy, qui 
désirait donner plus d'ampleur à son mouvement. Comme 
nous l'avons dit, en se portant sur Vendôme, il croyait que 



1. Aux Roches, i bataillon du 45« de marche, i batterie, i compagnie du 
:énie ; 

A la Barre, i bataillon du 45« ; 

A la Fosse, i bataillon du 45« ; 

A Mazléres, le i«r chasseurs de marche ; 

A Montoire, les éclalreurs algériens ; 

A Troo, le 3« de cavalerie légère mixte ; 

A Savigny, le 3« cuirassiers de marche ; 

A Fortan, le 38» de marche. 

2. Dépêche du 2 janvier à Jouffroy, 

s. Dépêche du 4 janvier au capitaine Bernard. 



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160 

toute Tarmée ne tarderait pas à Vy suivre. Avec raison, 

Chanzy se refusait à laisser engager des opérations en dehors 

de celles qu'il aurait déterminées. 

Ce défaut d'entente faisait ressortir l'un des inconvénients 

majeurs de l'envoi des colonnes mobiles ; elles tendaient à 
ain de Chanzy. Il en résulta une sorte de 
[lissible entre un général en chef et l'un de 
lais qui ne s'en prolongea pas moins jusqu'au 
'intervalle, les troupes de Jouffroy gardèrent 
its du 1", en se bornant à envoyer des recon- 
plu sieurs d'entre elles poussèrent jusqu'à 
iras et à Varennes ; partout l'ennemi céda le 
^occupâmes Villiers. Le 3, nous franchîmes 
its le lit glacé du Loir. Enfin, le 4 janvier, 
issance chassa l'ennemi de Montrieux ; tou- 
;a que les Allemands concentraient des forces 
endôme. 

e, on signalait une semblable concentration 
d. Nous avons dit que la colonne Curten 
LU-Renault le 31 décembre. Le 1" janvier, 
issance sur Saint-Amand, le 3* escadron du 
nt à Ville chauve et à Authon, en refoulant 
rs allemands. Deux pelotons du même ré- 
t jusqu'à Herbault, sans plus de difficulté. 
3 colonel de Lacombe, avec deux escadrons 
3UX escadrons du V chasseurs d'Afrique de 
ion de 4 et deux bataillons du 76* mobiles 
>), dépassait Saint-Amand dans la direction 
son côté, l'ennemi, dont l'attention avait été 
econnaissance de la veille, poussait vers 
une colonne d'un bataillon, deux escadrons 
rtillerie. Un petit engagement en résultait 
ve. Le même jour, un escadron du 8* hus- 
es uhlans en réquisition à Lancé, à l'est de 
leur enlevait 15 cavaliers, 13 chevaux, 
ne et des bestiaux. 
Chanzy jugeait nécessaire que Curten prît 



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I ■ 



DEUXIÈME COMBAT DE VENDOME. 161 

l'offensive pour dégager Jouflfroy au nord de Vendôme. Dans 
ce but, il le fit renforcer par une colonne aux ordres du lieu- 
tenant-colonel Jobey , du 40* de marche ^ Avec cinq bataillons, 
quatre pièces de 4 et un peloton de cavalerie, cet officier se 
porta le 4 janvier de la Chartre sur Villeporcher, Villechauve 
et Monthodon. Enfin le lieutenant-colonel de Lambilly, chef 
d'état-major de Jauréguiberry , fut chargé d'amener à Château- 
Renault la fraction de la division Barry restée avec l'amiral, 
en même temps que des renforts d'artillerie et de cavalerie. 
Peu à peu, on le voit, l'opération confiée à Jouffroy prenait 
une importance plus grande. D'une simple démonstration, 
elle était devenue un mouvement offensif, absorbant plus d'un 
corps d'armée. Autre conséquence grave, la réorganisation du 
16* corps en était tout à fait compromise. 



7,1. Le 40« démarche avait fait partie de la 3* division du 16^ corps (Mo 
landy). Voici son itinéraire depuis l'échauffourée de Chambord : 

11 décembre. Tours ; 13 décembre, évacuation de Tours, retraite sur Château- 
Renault ; du 14 au 17, Ambloy et Château-Renault; 17, Ponl-de-Braye ; du 
18 au as, Jupilles ; du 28 au i^' janvier, Chahaignes (Historique du 40^ de 
ligne). 

La 19« batterie du 15® régiment (sous-lieutenant Goullon, 4 pièces seule- 
ment depuis le S décembre), qui était le 27 à Jupilles, fut affectée à la co- 
lonne Jobey. 



CAltPAGSB DB LA LOIRB. II. 



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CHAPITRE XVn 

COMBAT DE BRIARE 

La colonne Roasseau. — Combat de Courtalain (31 décembre). — Formation du 
XlIIe corps allemand. — Frédéric-Charles antoar d'Orléans. — Départ pour Étampes 
du I" corps bavarois. — Combat de Briare (31 décembre). — Frédéric-Charles reçoit 
l'ordre de marcher sur le Loir. — Le VÏI« corps prussien. — Départ du 15» corps pour 
Besançon. — Formation du 25« corps. 

Tandis que ces événements se passaient au sud-est du Mans, 
au nord-est la colonne du général Rousseau était d^abord moins 
sérieusement engagée. Elle avait atteint la Ferté-Bemard le 
30 décembre ; le lendemain Chanzy lui prescrivit de ne pas 
dépasser ce point, du moins pour le moment. Sur ces entre- 
faites, le colonel de Cathelineau, à Vibraye depuis le 25 
décembre, avait dirigé 400 hommes sur Montmirail (27 décem- 
bre), en attendant de s'y porter lui-même. Le 29 un enga- 
gement, survenu à la Bazoche-Gouet entre le 3® bataillon des 
mobiles de la Dordogne et un détachement allemand, amena 
Rousseau à craindre pour son flanc droit. Il porta dans cette 
direction une colonne composée de 600 hommes du 58* de 
marche, d'une section de 4, d'un escadron de hussards, des 
francs-tireurs de la Dordogne et de la Sarthe, de la légion 
franco-argentine et de quelques volontaires de la Ferté- 
Bemard, sous les ordres du chef de bataillon Bonnefond- 
Pédulans, du58^ 

De leur côté, les Allemands avaient appris par leur cava- 
lerie la présence de nos troupes à Digny, Thiron-Gardais et 
Vibraye. Ils supposaient même, ce qui était faux, que des 
masses nombreuses occupaient Nogent-le-Rotrou \ Le 29 dé- 
cembre, ils poussèrent dans ces directions de fortes recon- 
naissances qui atteignirent Longni, Thiron-Gariais et la 



1. État-major prussien, p. 699. 



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COMBAT DE BRIARE. 163 

Bazoche-Gouet. Après rengagement dont nous avonB parlé 
contre les mobiles de la Dordogne, le détachement porté sur 
la Bazoche * s'était replié sur Courtalaln (30 décembre), pour 
gagner Bonneval. De son côté, le commandant Bonnefond- 
Pédulans atteignit la Bazoche-Gouet le 30. Dès qu'il apprit 
la présence de Tennemi à Courtalain, il s'y porta par une 
marche de nuit Malheureusement il perdit du temps à cerner 
inutilement Arrou et n'arriva devant Courtalaln que dans la 
matinée, au moment où les Allemands se mettaient en route. 
On les refoula avec beaucoup d'élan, en leur infligeant 
quelques pertes *. Après une courte poursuite, le commandant 
Bonnefond se mit en retraite pour rallier le général Rousseau. 

Pendant que ce dernier couvrait au nord-est les cantonne- 
ments du 21^ corps, Jaurès détachait à Ballon une colonne 
mobile tirée de sa 3' division et chargée de surveiller les 
routes de Mamers et d'Alençon ; de Bellême, les corps francs 
du colonel de Lipowski éclairaient jusqu'à la Fourche, au 
nord de Nogent-le-Rotrou, où ils se reliaient à la colonne 
Rousseau. Celle-ci, renforcée d'un bataillon de mobiles des 
Deux -Sèvres, s^établissait le 3 janvier autour de Nogent-le- 
Rotrou. Avec le détachement Bonnefond-Pédulans qui la 
ralliait le même jour, elle occupait la Fourche, la Gaudaine,. 
la Tuilerie et Souancé, c'est-à-dire les débouchés des routes 
aboutissant du nord-est et de l'est à Nogent-le Rotrou. Au 
sud-est elle se reliait par les francs-tireurs de Seine-et-Marne,, 
placés à Authon, au colonel de Cathelineau qui rayonnait de 
Vibraye et de Montmirail vers Brou, Châteaudun et Cloyes. 
Enfin les éclaireurs du capitaine Bernard, poussés jusqu'à 
Saînt-Calais, servaient de trait d'union entre Cathelineau et 
Jouffiroy *. 

Pour soutenir la colonne Rousseau, Chanzy déplaçait lé- 
gèrement vers le nord-est la 4* division du 21® corps, jusqu'à- 



1. 1 compagnie, 2 escadrons, 2 pièces. 

2. Nous perdîmes i tué et 6 blessés; les Allemands eurent 7 tués et 12 
blessas d*aprés V État-major prussien ; 65 morts et un grand nombre de blessés 
d'après Chanzy. Ces derniers chiffres sont tout à fait invraisemblables. 

3. Chanzy, ouvrage cité, p. 284. 



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164 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

lors au plateau d'Auvours et à Yvré-rÉvêque (4 janvier). 
[ Gougeard établissait sa 1" demi-brîgade à Cham- 
e bataillon de dépôt du 19« de ligne à la Belle- 

ux Allemands, ils conservaient un attitude expec- 
at-major du roi en venait pourtant à se convaincre 
indispensable de rattacher de nouveau à la 
ce qui restait de PArmee-Abtheilung (1®' janvier). 
1 22* divisions, réunies en un XIH* corps d'armée, 

par le grand-duc de Mecklembourg, passèrent à 
30US les ordres de Frédéric-Charles, 
esure groupait en un faisceau toutes les troupes 

combattre Chanzy. Nous devions avoir bientôt à 
r les conséquences. 

vons dit précédemment, dès son arrivée à Orléans, 
îharles avait appris que les troupes françaises 
''ers Gien appartenaient non à Tavant-garde de la 
Le la Loire, mais à un corps indépendant. Au lieu 
r sur Montargis ou sur Orléans, comme le redou- 
AUemands, elles s'étaient bornées à occuper une 
fensive entre Briare et Gien. 
'Charles installa donc ses troupes autour d'Orléans. 
)s bavarois cantonna dans cette ville ; le III' corps 
établit une brigade d'infanterie et disposa le reste 
51 Beaugency ; le IX' corps occupa les villages e^ 
[u'à Châteauneuf, tout en détachant à Montargis, 
bes du général von Bantzau, trois bataillons, quatre 
ît une batterie à cheval ; le détachement bavarois 
sur-Loire fut renforcé d'un régiment de hussards. 

division de cavalerie, qui cantonnait également à 
oussa la 15* brigade dans la Sologne, où de forts 
ats de francs-tireurs s'étaient récemment montrés- 
(ositions venaient d'être prises, lorsque, le 22 dé- 
tat-majordaroi invita Frédéric-Charles à envoyer 
tissances vers Gien, afin de se procurer, au sujet de 
rmée, des renseignements positifs qui faisaient 
(lis quelques jours. En même temps, le prince re- 



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COMBAT DE BBIARS. 165 

cevait Tordre de renvoyer à Étampes le I" corps bavarois, 
fort affaibli, comme on sait, par sa campagne sur la Loire. Il 
servirait dorénavant de réserve générale à la II" armée et, en 
même temps, aux troupes de Tinvestissement de Paris. De 
plus, quelques jours de repos absolu lui permettraient de re- 
constituer ses eflfectîfs et son matériel de tout genre. 

Von der Tann partit le 24 pour Etampes, suivi le 26 par le 
détachement d'Ouzouer. La veille, le général von Rantzau 
s'était porté de Montargis sur Briare, avec sa colonne. Nos 
troupes avaient quitté cette ville depuis le 22, pour se re- 
tirer sur Nevers. Mais, les jours suivants, des reconnaissances 
allemandes lancées dans cette direction se beurtèrent, au 
sud de Bonny, contre des gardes nationaux et des francs- 
tireurs qui les obligèrent à la retraite (29 décembre). 

Le 31, la division de la Nièvre prît de nouveau Tofifensive ; 
plusieurs de ses bataillons, débouchant de Nevoy, refoulèrent 
sur Ousson, au sud-est de Briare, un détachement allemand 
qui marchait vers Bonny. Malgré l'arrivée de renforts, Ten- 
nemi se retira vers Briare, où il se maintint avec Taide de 
deux compagnies de landwehr faisant partie des troupes 
d'étape. 

Le l" janvier 1871, dans l'après-midi, nos troupes passèrent 
le canal de Briare à Test de cette ville et menacèrent la re- 
traite de Rantzau par la route de Gien \ Cette fois il se hâta 
de se retirer, ce qui eut lieu sans difficulté sérieuse. Ses 
pertes étaient d'une cinquantaine d'hommes seulement. 

Déjà des articles de journaux, des interrogatoires de pri- 
sonniers faisaient soupçonner à Tennemi que de grands 
transports de troupes avaient lieu de la Loire vers la Saône. 



1. D'aprôs las Âllemaads, nous aurions engagé à Briare plusieurs milliers 
de gardes nationaux et de Tinfanterle de marine avec 12 pièces. Les documents 
d'origine française renferment trôs peu de renseignements sur cette affaire ; 
de ceux consultés par nous, il résulte seulement que la 23» batterie du 12» 
régiment (brigade du Temple de la division de la Nièvre) prit part au combat 
du 81. L*une de ses sections avait déjà assisté au combat de Gli&tillon-sur-Loire 
et à la première affaire de Briara.(i4 décembre). Par contre, il semble qu'au- 
cune fraction tirée de l'infanterie de marine n'ait fait partie des troupes du 
général de Pointe. (Voir le Livre d'or de l'infanterie de marine, capitaine 
V. Nicolas.) 



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166 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Pourtant les combats de Vendôme et de Briare, survenus si- 
multanément aux deux ailes de la II* armée, semblaient 
indiquer que Chanzy et Bourbaki allaient prendre l'offensive 
•contré elle. Le général de Moltke en conclut, tout naturel- 
lement, qu41 fallait mettre à profit la situation centrale de 
Prédéric -Charles pour écraser successivement nos deux 
armées. Il commencerait par celle que sa proximité de Paris 
^t l'activité de son chef rendaient la plus à craindre, celle de 
•Chanzy ^ Ainsi, la démonstration du général de Jouffroy 
avait pour première conséquence de hâter la concentration 
des Allemands en face de notre 2* armée. 

Dans l'après-midi du 1®' janvier, le roi de Prusse ordonnait 
à Frédéric-Charles, par le télégraphe, de se porter sur le Loir. 
Une phase décisive de la compagne allait commencer. En 
même temps, les événements prenaient une gravité croissante 
dans Test de la France. 

On sait que le Vil' corps prussien était depuis le 15 dé- 
cembre vers Châtillon-sur-Seine et Ravière. A ce moment, la 
première affaire de Briare fit craindre un mouvement de 
Bourbaki sur Montargis. Le 16, Zastrow reçut l'ordre de 
marcher sur Auxerre pour se relier à la II* armée. Il y arriva 
le 20, après avoir laissé un fort détachement à Châtillqn-sur- 
Seine. Mais les premiers bruits d'un mouvement de Bourbaki 
vers l'est commençaient à courir. Le général de Moltke 
s'empressa de reporter Zastrow vers Châtillon pour re- 
cueillir au besoin Werder. Le VIP corps se mit en marche 
(27 décembre), par Chablis et l'Isle-sur-Serein. Mais le 30 
survenait un nouvel ordre : cette fois Zastrow était invité à 
s'arrêter sur TArmançon, en attendant que l'état-major du roi 
sût nettement si nous allions prendre l'offensive sur le Loing 
ou sur la Saône. Dans le premier cas, le VIP corps, joint à 
des troupes venues des environs de Paris, serait chargé de 
nous arrêter. Dans le second cas, cette tâche incomberait à 
Werder, soutenu par le même corps d'armée. 



1. Maréchal de Moilke, Histoire de la guerre franco- allemande, p. 368; État 
major prussien, p. 718. 



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COMBAT DE BBIARE. 167 

On voit par ces contre-ordres répétés, par ces mouvements 
en sens contraire se suivant à de si brefs intervalles, combien 
la possession de la partie supérieure de la Loire, du massif du 
Morvan, du centre et du sud du bassin de la Saône nous 
donnait d'avantages. Habilement employé, le réseau ferré de 
cette région nous eût permis de porter alternativement la 
masse de nos forces de l'est à Touest et réciproquement. En 
l'absence de voies de transport rapide, les Allemands ne 
pouvaient opérer les mouvements correspondants que dans un 
laps de temps beaucoup plus long. Mais ni nos états-majors, 
ni nos compagnies de chemin de fer n'étaient faits aux 
grands transports de troupes, et la campagne de l'Est allait 
en donner des preuves désastreuses. 

La première intention du ministre avait été de laisser le 
15* corps à Vierzon pour couvrir Bourges. Les retards qui 
marquèrent nos premiers mouvements vers l'est lui firent 
prévoir que l'ennemi pourrait appeler à lui des renforts. Le 
31 décembre, il décida que, lui aussi, le 15* corps se porterait 
sur Besançon, tandis qu'un nouveau corps d'armée, le 25^, 
confié au général Pourcet*, serait organisé pour remplir la 
tâche confiée d'abord au 15*. Dans le mouvement général sur 
Paris que l'on prévoyait alors, il formerait l'extrême droite 
de Chanzy. Si, au contraire, il devenait nécessaire d'appuyer 
Bourbaki, il se dirigerait vers l'Yonne et la haute Seine. 
Mais l'organisation de ce corps d'armée était encore très peu 
avancée ; le 5 janvier, il n'avait à Vierzon qu'un régiment 
d'infanterie, le 74* démarche*. Il eût été imprudent défaire 
grand fond sur ce nouvel élément des forces nationales. 



1. Ancien commandant du le^^ corps, remplacé à la fin d*oc(obre par Chanzy, 
à la suite de difficultés survenues entre le ministre, d*Aurelle et lui. Le 25^ 
corps fut composé par moitié de troupes de marche et de mobilisés. (Voir sa 
composition aux annexes.) 

2. Général Pourcet, Le 25® corpt de l'armée de la Loire, p. 56. 



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CHAPITRE XVni 

PROJETS DE CHANZY ET DE GAMBETTA 

Arrivée du LavoiHer. — Nouvellet de Paris. — La campagne de l'Est. — Sitoation gé- 
nérale. — Échange de dépêches entre Chanzy et Gambetta. — Projets de Qambetta. — 
Projets de Chanzy. — Qambetta persiste dans ses intentions. 

La Délégation rendait pleine justice à Chanzy, à son infa- 
tigable ténacité. Ainsi Qambetta écrivait le 20 décembre à 
Jules Favre et au général Trochu : « A travers ces défail- 
lances, nous avons rencontré un homme de cœur, aussi grand 
citoyen que bon capitaine, qui a certainement sauvé son 

armée et Phonneur de la France. C'est le général Chanzy 

il a rassemblé trois corps sur six et exécuté une de ces re- 
traites admirables qui illustrent plus un général que dix 
victoires. . . . \ » Aussi, l'adoption d'un projet définitif d'opéra- 
tions pour la 2* armée de la Loire n'eut-il pas lieu sans un 
échangé actif de communications entre le ministre et Chanzy. 

Le 22 décembre arrivait à Beaufort, dans le ballon Lavoi- 
8ter, le capitaine d'état-major de Boisdefifre. Il était parti le 
matin de Paris, avec des renseignements verbaux envoyés 
par le général Trochu à Chanzy. Le lendemain, ce dernier 
les résumait de la façon suivante dans une lettre adressée à 
Gambetta, alors à Lyon*. D'après le président du Gouverne- 
ment, l'esprit de la population de Paris était admirable ; 
d'avance, elle se tenait prête à tous les sacrifices, à une résis- 
tance poussée jusqu'aux dernières limites. Aussi la situation 
politique de la grande ville était-elle excellente, du moins 
à en juger d'après le général ; les partis avancés, représentés 



1. Enquête, tome 4, p. 89. 

8. Cette lettre, confiée au capitaine d*état-migor Marois, n'arriva à Lyon 
que le 27 décembre, ce qui domie une idée approchée du désordre qui régnait 
alors sur nos voies ferrées. — M. de BoisdefiTre est actuellement chef d'état- 
major général de Tarmée. 



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•PROJETS DE CHANZY ET DE GAMBETTA. 169 

surtout par Blanqui, Félix Pyat, Flourens, étaient complète- 
ment écrasés et^ sauf incident inattendu, hors d'état de rien 
tenter. 

Au point de vue militaire, la situation de Paris paraissait 
sensiblement moins bonne ; si les troupes de ligne étaient 
t bien disposées, bien organisées, bien commandées », bref 
aptes à marcher sur Theure, les gardes mobiles, en proie à 
la nostalgie, présentaient moins de solidité. Quant aux ba- 
taillons de guerre de la garde nationale, ils n'avaient guère 
pour eux que leur bonne volonté ; il ne fallait pas songer à 
en tirer parti pour une action sérieuse. 

La question des vivres était inquiétante, mais sans consti- 
tuer un danger imminent. Suivant le général Trochu, ce qui 
restait de Tapprovisionnement en farine, joint à du riz, à de 
la fécule et à de la farine d'avoine, « donnerait de bon pain ». 
Cependant les souffrances étaient extrêmes déjà, surtout pour 
la classe moyenne. Chacun les supportait avec calme et rési- 
gnation, mais il fallait prévoir l'épuisement absolu des res- 
sources encore disponibles. En mettant tout en œuvre, on 
pourrait tenir jusqu'à la fin de janvier ; toutefois, il faudrait 
songer, dès le 20, à traiter avec l'ennemi, pour ne pas com- 
promettre une opération qui serait des plus délicates : celle 
du ravitaillement de deux millions d'hommes. 

D'ici là, l'armée de Paris ne pouvait songer à une trouée ; 
la forte organisation des lignes allemandes l'en empêchait 
absolument. D'ailleurs, en admettant qu'elle parvînt à les 
franchir, elle serait exposée à manquer de munitions si elle 
ne trouvait un approvisionnement considérable à une étape 
de Paris. Le général Trochu alléguait, à ce propos, que, lors 
de la sortie de Champigny, notre artillerie avait perdu en 
deux jours la moitié de ses attelages et tiré 30,000 coups de 
canon, ce qui nous avait obligés de rentrer dans le camp re- 
tranché \ Pareille éventualité se représenterait fatalement 
dans des circonstances semblables. 



1. Celte explication n^était pas exacte. Nous étions rentrés dans Paris parce 
que la bataille de Champigny avait été indécise. Un succès décisif pouvait 
seul nous ouvrir passage et, ce succès, nous ne Tavions pas obtenu. 



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170 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Une nouvelle sortie venait d'être tentée (21 décembre), 
celle du Bourget, mais sans autre but que de faire à Tennemi 
le plus de mal possible. Il fallait prévoir que nous n'obtien- 
drions rien de plus. 

Ainsi Paris ne pouvait se dégager lui-même de l'étreinte 
allemande ; Tarmée qui y était enfermée cherchait simplement 
à retenir l'ennemi autour d'elle, par des sorties dont la vigueur 
allait toujours en s'aflFaiblissant. De toute nécessité, il fallait 
que les troupes de province marchassent à son secours. Le 
général Trochu ne croyait pas à leur intervention; il n'y avait 
jamais cru. Pourtant, afin de mieux concerter ses opérations 
avec Chanzy, il avait remis six pigeons au capitaine de Bois- 
deffre. A peine celui-ci avait-il quitté le Lavoisier qu'il était 
contraint de les remettre au préfet de Maine-et-Loire, M. En- 
gelhard, en vertu d'une réquisition de la Délégation. Chanzy 
s'empressa de les réclamer dans la lettre que nous venons 
de résumer. Il demandait aussi à être tenu constamment au 
courant des mouvements des autres armées, surtout de celles 
de Bourbaki et de Faidherbe. La nécessité de coordonner 
leurs mouvements et ceux de la 2" armée ne pouvait évidem- 
ment faire aucun doute. 

Cette lettre de Chanzy se croisait avec une dépêche de 
Gambetta, datée du 26 décembre et contenant surtout des 
renseignements au sujet de l'ennemi. D'après le ministre, 
Frédéric-Charles était à Orléans avec 25,000 hommes, non 
compris les 6,000 ou 7,000 Bavarois de von der Tann. On 
signalait en outre le mouvement de 25,000 Allemands vers 
Chartres et Alençon. Blois et la Sologne étaient à peu près 
vides. Enfin le général von Zastrow et le prince de Reuss 
étaient entre Joigny et Auxerre avec 25,000 à 30,000 
hommes; ils semblaient avoir détaché 7,000 à 8,000 hommes 
vers Montargis. 

Ainsi nous possédions des données relativement exactes au 
sujet de l'ennemi ; celui-ci était beaucoup moins bien ren- 
seigné, en dépit des légendes si généralement répandues en 
France au sujet de sa cavalerie et de son service d'espionnage. 
Mais Gambetta se bornait à une brève indication au sujet de 



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PROJETS DE CHANZY ET DE GAMBETTA. 171 

l'opération de Bourbaki : « La T* armée, disait-il, exécute 
en ce moment un mouvement sur la nature duquel je vous 
avais envoyé des instructions par un officier. Je suis bien 
étonné que vous ne les ayez point reçues. » A ses yeux, la 
situation était bonne et, si l'expédition commencée réussissait, 
elle pourrait devenir magnifique. Il est permis de trouver 
ces appréciations optimistes. 

Sur ces entrefaites, le ministre recevait la lettre de Chanzy 
confiée au capitaine Marois. Ce dernier, parti de Lyon le 27, 
ne rentrait au Mans que le 30, avec la réponse de Gambetta. 
Deux ballons avaient successivement apporté au ministre des 
renseignements qui représentaient Tétat de Paris sous un 
jour beaucoup plus inquiétant que les communications ver- 
bales confiées au capitaine de Boisdeffre. La situation était 
grave ; elle réclamait de vigoureux efforts de la part de 
Chanzy comme de Bourbaki. Déjà Tannée de TEst se heur- 
tait à des difficultés imprévues; d'après toutes les données 
recueillies, les Allemands concentrés vers Dijon et Belfort 
avaient reçu d'importants renforts, et leur effectif total attei- 
gnait ainsi 80,000 hommes ^ Pourtant Bourbaki continuait 
Texécution de son mouvement. Les 18* et 20* corps, trans- 
portés par voie ferrée dans la vallée de la Saône, étaient des- 
tinés à s'emparer de Dijon, conjointement avec les corps de 
Garibaldi et de Cremer, qui porteraient nos forces à 75,000 
hommes ; à Dijon l'ennemi en avait 30,000 à 40,000 seule- 
ment. Pendant cette opération, le 24» corps, nouvellement 
organisé sous les ordres du général de Bressoles, serait trans- 
porté par voie ferrée de Lyon à Besançon, où il rallierait les 
15,000 à 18,000 hommes de la garnison. A la tête de ces 
45,000 à 50,000 hommes, il opérerait de concert avec les 
75,000 hommes venant de Dijon. Ces 120,000 hommes n'au- 
raient aucune peine à faire lever le siège de Belfort, peut-être 
sans coup férir, et à couper les communications de l'ennemi. 
«La seule présence de cette armée, ajoutait Gambetta, ferait 
lever le siège de toutes les places fortes du Nord et permet- 



1. Chiffre exagéré de moitié environ. 



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172 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

trait au besoin de combiner plus tard une action avec le 
^z^i„i "^-idherbe. En tout cas, nous aurions la certitude de 
initivement la base de ravitaillement de rennemi. 
au 15' corps, séparé des 18* et 20® corps, il a pour 
ïentielle de couvrir Bourges et Ne vers, en se re- 
lans les positions de Vierzon et en occupant forte- 
rêt. S'il venait à être forcé dans cette première 
rentrerait dans Bourges, où il formerait une inipo- 
ison en état d'arrêter la marche de P ennemi, 
ure qu'il est, toutes ces dispositions sont prises et 
au matin, tout le monde sera rendu à son poste. 
, durée de cette campagne, les 18% 20% 24* corps, 
les forces qui, sous le commandement du général 
de Gévigny, couvrent Nevers, sont placés sous le 
ment suprême du général Bourbaki \ » 
t de Tarmée du Nord, Gambetta ne donnait que 
céments fort incomplets. Le dernier télégramme 
I Faidherbe, envoyé le lendemain de la bataille 
e Pont-Noy elles, représentait ses troupes comme 
nt état et toutes prêtes à combattre, 
jche du ministre se terminait par quelques mots 
cément, empreints d'une exagération malheureuse- 
évidente : « Vous avez décimé les Mecklembour- 
Bavarois n'existent plus ; le reste de Tarmée est 
li par l'inquiétude et la lassitude. Persistons, et 
irrons ces hordes hors du sol, les mains vides. » 
; point ici le lieu d'examiner les avantages et les 
ints du projet d'opérations dans l'Est, tel qu'il fut 
lent adopté par Gambetta et M. de Freycinet. 
on doit dire que cette diversion sur les derrières 
li, possible en octobre ou en novembre, était d'une 
beaucoup moins facile en décembre ou en janvier. 



ouvrage cité, p. 240. Dans cette lettre, Gambetta invitait Chanzy 
; dépêches destinées au général Trochu, d*abord à Bordeaux, où 
l sur du papier spécial, puis à Poitiers, d'où un pigeonnier se 
de lui pour les lancer. Ce procédé n'était pas expéditif, il faut 



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PROJETS DE CHANZY ET DE OAIOETTA. 173 

De plus, une marche sur Belfort, par la zone comprise entre 
la Saône et le Doubs, nous forçait à prêter le flanc gauche 
aux Allemands, en nous amenant dans le dangereux voisinage 
de la frontière suisse et des hauts plateaux du Jura, si peu 
hospitaliers en cette saison. 

D'ailleurs, à un point de vue plus étroit, Chanzy était 
incontestablement affaibli par le départ de Bourbakî. Tant 
que la 1" armée était à Vierzon, elle retenait Frédéric-Charles 
à Orléans. Il aurait été dijfficile pour les Allemands de pren- 
dre simultanément l'offensive vers le Mans et vers Bourges. 
Chanzy ne pouvait donc que déplorer la direction assignée à 
Bourbaki, et il le laissa voir au ministre. 

Le 30 décembre, au reçu de la dépêche précédemment 
résumée, il télégraphiait à Gambetta pour lui développer un 
projet d'opérations dans TOuest. Notre plus grande chance 
de succès, disait-il en résumé, réside dans la combinaison de 
nos mouvements, dans la coopération de nos trois armées 
principales marchant vers un but commun. Toute action isolée 
nous exposerait à des échecs successifs. 

En ce qui le concernait, Chanzy comptait marcher sur 
Paris, dès qu'il aurait achevé de réorganiser son armée et 
qu'il serait fixé sur les emplacements et les forces de Ten- 
nemi. Prenant pour base la Sarthe et la ligne ferrée du Mans 
à Alençon, il se porterait sur TEure qu'il borderait sans doute 
de Dreux à Chartres. Là il verrait à continuer son mouve- 
ment vers Paris ou à investir dans ses positions une partie 
de Tannée assiégeante. En ce cas, il devrait s'entendre avec 
le général Trochu pour tenter un suprême effort. 

Mais il lui faudrait garder ses derrières sur la ligne du 
Mans à Alençon et même sur celle du Mans à Tours. Il savait 
que des concentrations de troupes s'opéraient, tout à fait en 
dehors de lui, en Normandie et, notamment, à Cherbourg. 
11 demandait la libre disposition de ces force» destinées évi- 
denmient à opérer sur le même théâtre que son armée. Il lui 
paraissait naturel qu'il pût se les adjoindre ou les consacrer 
i la garde de ses communications. 

Ce télégramme étant resté sans réponse, Chanzy adressait 



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174 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

(2 janvier) une nouvelle dépêche au ministre, insistant de la 
façon la plus énergique sur la nécessité de coordonner Tac- 
tion de nos trois grandes armées de province. « Le temps 
presse, écrivait -il, et le grand effort qu'il s'agit de faire 
n'aura de résultats certains que si toutes nos forces y con- 
courent simultanément... » Et il réclamait des données plus 
précises au sujet de Tarmée de Bourbaki, de celle de 
Faidherbe. Il ne connaissait ni les emplacements, ni le but 
réel de la première. Chose qu'il est plus difficile encore d'ad- 
mettre, il n'avait que des renseignements très vagues sur la 
composition des troupes de Bretagne ou du Cptentin. 

Pour conclure, il soumettait au ministre un projet général 
d'opérations dont les grandes lignes étaient les suivantes : 
nos deux armées de la Loire et celle du Nord prendraient 
TofiFensive en même temps ; la 2* armée se dirigerait du Mans 
sur l'Eure, entre Evreux et Chartres ; la 1", de Châtillon- 
sur-Seine (où Chanzy la supposait établie) vers l'espace com- 
pris entre la Marne et la Seine, de Nogent à Château-Thierry; 
d'Arras, l'armée du Nord irait se placer dans l'intervalle de 
Compiègne et de Beauvais. 

En même temps les troupes du camp de Cherbourg^ mar- 
cheraierit le long du chemin de fer de Caen à Evreux, de 
manière à venir s'établir à la gauche de la 2* armée. Celles 
rassemblées au camp de Conlie ou en Bretagne borderaient 
la Sarthe d'Alençon au Mans et occuperaient le Perche jus- 
qu'au Loir. Les corps francs de Cathelineau et de Lipowski 
prendraient position à l'est du Loir, pour protéger notre droite 
et observer la Loire. 

Quant au 15* corps, il demeurerait entre le Cher et la 
Loire, afin de couvrir Bourges ; si l'ennemi était refoulé, il 
se porterait sur Etampes. Enfin le 24* corps, les troupes de 
Garibaldi et la garnison de Besançon auraient à tenir Werder 
en échec. 

Une fois nos armées établies dans ces positions, elles se 
mettraient en communication avec Paris, de façon à combiner 



1. Le 19« cjorpSi doal l'organisation n'était pas terminée. 



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PROJETS DE CHANZY ET DE GAHBETTA. 175 

leurs opérations et des sorties vigoureuses des troupes investies. 
Si nous parvenions à rompre une partie des lignes d'inves- 
tissement et à introduire des vivres dans Paris, d'autres eflforts 
tentés simultanément de Tintérieur et de Textérieur pour- 
raient enfin nous conduire au bat suprême, la délivrance de 
la capitale et l'expulsion de Tennemi du territoire national. 

lia 2* armée, obligée par sa composition de marcher lente- 
ment, mettrait huit jours pour aller du Mans à Chartres. 
Chanzy demandait par suite de commencer ce mouvement le 
plus tôt possible. Il comptait emmener avec lui 120,000 
hommes, non compris les troupes destinées à garder nos der- 
rières \ 

L'idée maîtresse de ce projet, la nécessité pour nos trois 
armées de combiner leurs mouvements entre eux et avec des 
sorties de l'armée, était évidemment juste. Mais Chanzy ne 
semblait pas tenir un compte suffisant de ce que pouvait et 
devait faire l'ennemi. Il était à prévoir que Frédéric-Charles, 
placé entre nos deux armées de la Loire, ne les laisserait pas 
se porter, Tune entre Evreux et Chartres, l'autre entre Nogent 
et Château-Thierry, sans chercher à les battre successivement, 
n disposait pour cela de très grands avantages : sa situation 
centrale et la composition même de ses troupes, qui leur per- 
mettait des mouvements rapides, interdits à nos jeimes levées. 
Pour marcher sûrement à la délivrance de Paris, la condition 
sine quâ non était de battre au préalable la II® armée, ce 
qui eût exigé la concentration de toutes nos forces ou, du 
moins, de nos deux armées de la Loire. Encore, nos échecs 
des 2, 3 et 4 décembre prouvaient-ils que ce résultat n'était 
rien moins qu'assuré. La combinaison adoptée par Gambetta 
devait peut-être nous permettre de débloquer Belfort et de 
menacer les communications de l'ennemi, mais elle exposait 
certainement Chanzy à être écrasé par Frédéric- Charles. Cette 
éventualité parut échapper à la Délégation ; d'ailleurs, il 
n'était plus temps de changer les dispositions prises et Gam- 



1. La 2« armée comptait plus de 180,000 hommes avec 350 pièces de canon 
le 88 décembre (Freyclnet, ouvrage cité, p. 271). 



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176 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

betta le fit connaître à Chanzy (5 janvier*). La diflférence 
essentielle que présentaient les deux projets résidait dans la 
direction assignée à Bourbaki. Au lieu de le porter vers Châ- 
tillon-sur-Seine, Gambetta et M. de Freycinet s'étaient mis 
d'accord pour le diriger sur Belfort et les Vosges. « Cette 
action, ajoutait Gambetta, nous semble à la fois plus sûre et 
plus menaçante. » II espérait donc que le siège de Belfort 
serait levé vers le 10 ou le 12 janvier. A cette date commen- 
cerait la période décisive des opérations. Après avoir occupé 
les Vosges, Bourbaki se porterait vers Paris à la tête de 
150,000 hommes, en occupant simultanément, autant que 
possible, les deux lignes ferrées de Strasbourg et de Metz *. 

Quant à Chanzy, il se mettrait en mouvement du 12 au 
15, dans la direction qu'il avait indiquée. Deux nouveaux 
corps d'armée, les 19* et 25*, étaient en formation, l'un à 
Cherbourg, l'autre à Vierzon, tous deux destinés à renforcer 
ses ailes. Leur effectif total atteindrait 80,000 hommes, 
ce qui porterait la 2* armée à 200,000 hommes. Mais ils ne 
seraient prêts à marcher que le 12. Les opérations actives de 
Chanzy ne pourraient donc guère commencer avant le 14 ou 
le 15. 

Faidherbe, alors à la tête de 50,000 hommes environ*, 
venait de remporter « un important succès » à Bapaume, les 
2 et 3 janvier. H était destiné, selon toute apparence , à 
tendre la main à Bourbaki et à former ainsi une autre niasse 
de 200,000 hommes à l'est de Paris. 

Enfin, d'après Gambetta, 40,000 mobilisés bretons avaient 



1. La lettre de Chanzy avait été apportée à Gambetta par le commandant 
de Boisdeffre, qui revint au Mans le 6, avec la réponse du miniatre. 

2. Au lieu de Metz, c'est sans doute Belfort qu'il faut lire. Cette lettre a été 
reproduite, ainsi que les précédentes, par Chanzy, ouvrage cité. 

Un télégramme du 6 janvier autorisa ensuite Chanzy à se mettre en mou- 
vement le 14, s'il le jugeait convenable. 

3. Il faudrait apporter à tous ces effectifs d'importantes réductions. Il suffit, en 
effet, de jeter un coup d'œil sur certains ouvrages, notamment celui du général 
Pourcet, pour être convaincu que, exacts sur le papier, ils comportaient une 
très forte proportion de non-valeurs. 

Enûn, on ne doit pas oublier que Faidherbe venait de se retirer sur Arras 
après son « important succès de Bapaume n, et que Péronne allait capituler 
le 10 janvier. 



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PROJETS DB CHANZY ET . DE GAMBETTA. 177 

été aimés pour la défense des lignes dn Mans ; avant quinze 
jours, 100,000 antres mobilisés de Test et du centre occupe- 
raient Vieràon, Nevers,. Dijon et Besançon. 

Malheureusement le projet d'opérations ainsi développé 
présentait des inconvénients graves. Non seulement nos effec- 
tifs étaient sensiblement majorés, non seulement Oambetta 
prêtait aux mobilisés une organisation et une solidité qu'ils 
ne possédèrent jamais, mais il ne tenait pas un compte suffi- 
sant ies intentions et des forces dé nos adversaires. Il était 
au moins imprudent d'admiettre qu'ils assisteraient inactifs 
aux mouvements préliniinaires et à la marche finale de nos 
armées. De plus, l'opération de l'armée de l'Est présentait 
des dangers sérieux: la saison, la jeunesse -des troupes, la 
nature du pays, étaient autant d'obstacles. La réussite n'en 
pouvait être qu^à longue échéance. Il y avait d'autant plus 
lieu de le regretter qu'un second messager du général Trochu 
venait d'arriver au Mans, apportant de l'armée de Paris des 
nouvelles défavorables : elle avait beaucoup souffert ces der- 
niers jours et était fort réduite. Il fallait évidemment se hâter. 

Chanzy tentait donc un nouvel effort afin de faire res- 
treindre l'amplitude de l'opération de Bourbaki et ramener 
plus promptement la 1" armée sous Paris. Dans un télé- 
gramme chiffré du 6 janvier, il insistait une dernière fois 
pour l'adoption du projet présenté par lui, mais sans plus de 
succès qu'avant. La réponse qu'il recevait le 7 montrait assez 
que la décision du ministre était irrévocable. M. de Frey- 
einet ne croyait pas à l'efficacité du projet de Chanzy. A son 
avis, pour prendre l'offensive, la 2' armée avait absolument 
besoin de se faire appuyer par les 19* et 25* corps. Comme 
on Tavait prévu, aucun d'eux ne pourrait entrer en ligne 
avant le 15. De plus, les distances à parcourir empêcheraient 
également Bourbaki de hâter son action. H était trop tard 
pour revenir sur les dispositions adoptées. Enfin, pour M. de 
Freycinet, le projet de marche sur Belfort paraissait le 
meilleur, car c'était celui qui « démoraliserait le plus » les 
Allemands. 

Chanzy avait fait valoir la nécessité de se hâter, en raison 

rAMPAGXTî Ti-R x.\ t.ot::i7.. IT. 12 



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1 



17i3 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

de répuîsement prochain des vivres de Paris. Mais le Dé- 
légué ne croyait pas qu'il y eût lieu de prendre à la lettre 
les expressions du général Trochu, Il rappelait que, plu- 
sieurs fois déjà, la date fatale de la reddition dû Paris avait 
été ajournée ; tous les renseignements recueillis Tajoumaient 
encore. D'ailleurs un eflFort beaucoup plus important et beau- 
coup plus énergique se préparait dans Paris, pour une date 
moins rapprochée que ne le supposait Chanzy. On sait ce 
qu'il faut penser de ce dernier argument : la sortie de Bu- 
zenval, qui eut lieu en effet le 19 janvier seulement, n'eut 
aucun des caractères que lui attribuait par avance M. de 
Freycinet. Ce fut même la dernière convulsion d'un agoni- 
sant plutôt qu'une tentative de sortie raisonnée. 

Ainsi, le projet de nos opérations finales, celles qui de- 
vaient aboutir à la délivrance de Paris ou à sa capitulation, 
était définitivement adopté. Mais un mouvement imprévu 
des Allemands n'allait par tarder à le bouleverser de fond en 
comble. 



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CHAPITRE XIX 

LE CAMP DE CONLIE 

Son emplacement. — Difficaltés politiqaea. — Armement des mobillaéfl. — M. de Marl- 
vanlt demande révacuation. — Refna de Gambetta. — L'évacuation est commencée. 
•~ Envoi d'une brigade de mobilisés au Mans. 

On sait que, dès la fin d'octobre, M. de Kératry avait 
obtenu de Gambetta Tautorisation de réunir dans un camp les 
mobilisés des cinq départements bretons, ainsi que des dé- 
tachements de troupes régulières et de gardes mobiles des- 
tinés, en quelque sorte, à les encadrer. Son ambition était de 
former en quelques semaines une véritable armée, autonome, 
et destinée à jouer un grand rôle dans le ravitaillement et la 
délivrance de Paris. Mais les résultats obtenus devaient être 
tout autres. 

M. de Kératry avait commis une première erreur en éta- 
blissant ce camp à Conlie, à 23 kilomètres au nord-ouest du 
Mans, sur la route de Sillé-le-Guillaume. c On a fait bien 
des reproches au camp de Conlîe, a dit le général Gougeard* ; 
dans notre opinion il les méritait tous : position militaire 
médiocre, dominée et facile à tourner ; sol argileux qui, dé- 
trempé par les pluies, rend tout mouvement de troupes 
impossible; enfin manque absolu d'eau..,. » Au lieu d'en- 
tasser près de cinquante mille hommes dans cet étroit espace, 
qui fut bientôt transformé en un vaste bourbier, il aurait été 
préférable de les répartir sur le vaste amphithéâtre des col- 
lines qui entourent le Mans du nord au sud-est. Il eût encore 
mieux valu les laisser en Bretagne, tant qu'ils n'auraient 
point été aptes à entrer en ligne. 

Malheureusement aux illusions de M. de Kératry, aux in- 
convénients résultant de l'emplacement choisi, vinrent se 



1. Deuxième armée de la Loire. La division de l'armée de Bretagne» 



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180 

joindre d'autres causes qui rendirent encore plus complet 
l'échec de cette tentative. Après avoir adopté avec enthou- 
siasme les projets de son ancien collègue au Corps législatif, 
Gambetta parut se raviser et craindre les conséquences po- 
litiques qui pouvaient en résulter. Peut-être redouta-t-il de 
voir se constituer une armée que son origine rendait peu 
sympathique aux idées républicaines. Toujours est-il vrai 
que des dissentiments sérieux ne tardèrent pas à s'élever 
entre M. de Kératry et le ministre. Ils allèrent si loin que le 
commandant en chef de « Tàrmée de Bretagne » oflErit sa dé- 
mission dès la fin de novembre ; elle fut acceptée avec 
empressement, et M. de Marivault, capitaine de frégate 
promu général de brigade à titre auxiliaire, prit le comman- 
dement des mobilisés bretons (10 décembre). Ce fut pour 
réclamer, le jour même, l'évacuation du camp. 

En eflfet, on s'était borné jusqu'alors à y entasser les mo- 
bilisés, les uns sous des baraquements, les autres sous des 
tentes, en ne leur distribuant qu'un très petit nombre de 
fusils, presque tous en mauvais état. Par une combinaison 
singulière, la commission d'armement, chargée d'acheter 
l'immense quantité d'armes nécessaire pour nos jeunes for- 
mations, relevait, non du ministère de la guerre, mais de 
celui des travaux publics. Il en résultait que les envois de 
fusils ne. parvenaient pas toujours aux points où ils auraient 
été le plus nécessaires. De plus, grâce à l'incompétence des 
intermédiaires, les Américains nous livraient des fusils com- 
plètement hors . d'état de faire feu. Pour certaines armes à 
percussion, les cheminées n'étaient même pas percées \ 

D'autres fusils, susceptibles d'un bon service, ne tardaient 
pas à être mis hors d'usage par suite du défaut complet d'en- 
tretien. Entre les mains de mobilisés bretons, sans la moindre 
ÎAStruction militaire, dépourvus des plus simples ustensiles de 
nettoyage, des fusils à magasin étaient d'un emploi impos- 
sible. On allait jusqu'à leur préférer des amnes à percussion. 



1. Procès-verbaux cités, tome VI, dépositions de MM. de Freycinel et Jauré- 
guiberry. .. . , 



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LE CAMP DE CONLiE. 181 

D'ailleurs, nous le répétons, les fusils arrivèreûtau camp 
de Çonlie beaucoup plus lentement que les mobilisés. Le 
5 décembre, après le départ de la division Gougeard pour le 
21* corps, les deux tiers de l'effectif présent au camp n'é- 
taient pi^s armés : presque tout le reste avait des armes im- 
propres au moindre service. Aussi une commission d'enq^iête 
présidée p9ir le général Haca conclut-elle « à suspendre immé-. 
diatement l'arrivée de nouvelles tfoupes et à reporter en 
arrière les bataillons non arpaés * ». On n'en fit rien et, lorsque 
le général de Marivault arriva le 10 décembre, son premier 
soin fut de réclamer du ministre < les ordres les plus formels 
et les plus immédiats » pour l'évacuation du camp. Sur les 
48,000 mobilisés qui y étaient alors entassés., la moitié seu- 
lement a^ait des armes ; encore celles-ci étaient-elles de 
onze modèles différents*. 

Malgré les instances de M. de Marivault, le ministre de la 
guerre refusa tout d'abord d^autoriser l!évacuation (13 dé- 
cembre) . Deux jours après, le général renouvelait sa demande, 
en insistant sur les dangers matériels et moraux d'un pareil 
état de choses. Mais cette question confinait à la politique, 
comme le télégraphiait M. de Freycinet à Gambetta; et ce 
dernier répondait le même jour (16 décembre) : « Il ne faut 
évacuer le camp de Conliô sous aucun prétexte... » 

Cependant la situation empirait chaque jour, et M. dç Frey- 
cinet demandait à son tour le renvoi des mobilisés en Bre- 
tagne (16 décembre). Mais Gambetta ne croyait pas encore à 



1. Le Camp de Cçnlie et l'armée de Bretagne, par Â. de la Borderie, 1874. 

3. Situalion du 12 au is décembre d*aprés les états de rintendauco : 

Gendarmerie : 8 officiers, 44 hommes ; ^ 

Génie (5 compagnies) : 19 officiers, 420 hommes ; 

Artillerie (5 batteries) : 15 officiers, 455 hommes ; 

i* cuirassiers (1 escadron) : 6 officiers, iss hommes ; 

Mpbilisés (62 bataillons) : 1,485 officiers, 44,759 hommes (12 bataillons des 
Côles-du-Nord, en 5 légions ; 11 du Finistère, 4 légions; 11 de rille-et-Vilaine, 
i légions ; 4 de la Loire-Inférieure, 2 légions ; 14 du Morbihan, 4 légions) ; 
, Tirailleurd bretons (l compagnie) : 3 officiers, 83 hommes ; 

Mobiles de la Haute-Garonne (4« bataillon) : 22 officiers, 1,122 hommes ; 

Mobiles de la Mayenne (1 compagnie) : s officiers, 163 hommes ; 

Mobiles du Finistère (1 compagnie) : l officier, 140 hommes ; 

19« chasseurs de marche (2 compagnies) : 6 officiers, 291 hommes. 

Total : 1,502 officiers, 47,160 hommes, .613 chetaux ou mulets. 



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t^T 



182 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

la nécessité de cette mesure, et le Délégué en était réduit à 
recommander la patience au général de Marivault. Il Pin* 
vitait, chose impraticable, à améliorer Tétat du camp par des 
travaux de drainage et lui annonçait, une fois de plus, des 
armes qui ne devaient pas arriver (16 décembre). A cette 
date, un bataillon de grand'garde partait encore armé uni- 
quement de ses bâtons de tente ; on lui prêta mille fusils, 
sans cartouches, car il n'y en avait pas au camp '• 

Malgré les ordres de Gambetta, M. de Marivault ne se tint 
pas pour convaincu. Le 17, il télégraphiait encore: «L'or- 
dre existe ; on meurt silencieusement, mais la mesure est 
comble.... » Cette dépêche paraissait d'abord modifier les 
résolutions prises. Gambetta autorisait l'évacuation, quoique à 
regret. Mais, le lendemain 18, il revenait sur cette décision. 
Tout au plus admettait-il qu'on examinât la question de la 
translation du camp ; il faudrait en tout cas procéder « avec 
sagesse et lenteur ». Il est nécessaire, ajoutait-il, qu'on ne 
puisse pas profiter de cette erreur « pour attaquer l'institution 
des camps, que je considère comme l'un des actes les plus 
importants de notre administration ». Il est permis de croire 
que c'était pure illusion de la part du grand orateur. Les 
camps organisés par lui ont été d'une utilité très contestable, 
et ce fait s^'explique aisément. L'institution des camps per- 
manents présente des inconvénients tels que nous avons dû y 
renoncer, malgré les tentatives de Gambetta et de Thiers pour 
en faire généraliser l'emploi. En outre, la saison ne se prê- 
tait nullement à des improvisations de ce genre. 

En dépit des ordres de Gambetta et de M. de Freycinet, 
l'arrivée au Mans d'une foule de fuyards de la 2* armée, qui 
affluaient du Loir, convainquit le général de Marivault de la 
nécessité d'une évacuation immédiate. H prit sur lui de ren- 
voyer 28 bataillons en Bretagne, du 18 au 20 décembre. A 
cette dernière date, il restait à Conlie 18,900 hommes seu- 
lement. Le reste était retourné dans les départements bretons, 
surtout à Rennes : « Ils ont l'air de mendiants pour la plu- 



1. La Borderie, rapport cité, p. 183. 



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LE CAMP DE CONLIE. 183 

part », télégraphiait le général commandant la division mi- 
litaire. 

Le ministre de la guerre accepta le fait accompli, tout en 
réservant Tavenir et en prescrivant de rechercher un empla- 
cement plus favorable pour la création d'un nouveau camp. 
M. de Marivault n'en renvoya pas moins 12 nouveaux ba- 
taillons du 31 décembre au 3 janvier. Il ne restait plus à 
Conlie que six bataillons dllle-et- Vilaine (6,680 hommes). 

On avait construit à l'intérieur du camp deux ouvrages, la 
redoute de Tennie et la lunette du nord. Ni leur tracé, ni 
leur emplacement ne supportaient la critique ^ Leur désar- 
mement commença le 25 décembre, avant même que Chanzy 
l'eût demandé au ministre ; on envoya au Mans une partie 
des 32 pièces de marine qui armaient la redoute. Elles arri- 
vèrent d'ailleurs trop tard pour être utilisées. 

Chanzy réclama également l'envoi au Mans de 22 bataillons 
de mobilisés répartis entre Conlie, Redon et Rennes ; 17 n'é- 
taient pas encore armés et il demandait qu'ils le fussent sans 
retard. Malgré les protestations du général de Marivault, qui 
les trouvait hors d'état de paraître devant l'ennemi, les six ba- 
taillons de l'iUe-et-Vilaine restés au camp furent dirigés sur 
le Mans (8 janvier), sous les ordres du général Le Bouëdec*. 
Quant à Marivault, pour faire cesser son opposition, le mi- 
nistre le mit sous les ordres de Chanzy (9 janvier). 

Les bataillons de mobilisés qui renforçaient ainsi la 2** armée 
étaient armés, ou plutôt ils avaient reçu des armes que l'on 
déposa ensuite en magasin parce qu'ils n*avaient aucun 
moyen de les entretenir*. Ces fusils, des Springfield à per- 
cussion se chargeant par la bouche, qui venaient d'Amérique, 
laissaient grandement à désirer, comme le montre l'unanimité 
des témoignages recueillis à leur sujet. Pour les uns, la che- 
minée n'était pas percée ; pour d'autres, elle manquait com- 
plètement 5 parfois la batterie ne fonctionnait pas ; les chiens 
ne restaient pas à l'arrêt ; les baguettes ne pouvaient sortir de 



1. Rapport du général Haca. 

S. Qui fut ensuite remplacé par le général Lalande. 

8. Enquête parlementaire, tome VIII, déposition du général Lalande, p. 66. 



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184 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

leur tenon. Bref, la proportion des fusils dont il était impos- 
sible de se servir atteignait 20 ou 30 p. 100 \ On les distribua 
effectivement aux mobilisés le 7 janvier ; le 8, on dirigea la 
brigade sur le Mans, sans qu'elle eût reçu de cartouches. 
Celles-ci furent distribuées à la gare du Mans, mais elles, 
étaient mélangées de munitions destinées à d'autres calibres, 
et il fallut les trier. Cette opération ne fut terminée que 1er 
11, à 3 heures du soir. Encore, parmi les cartouches ainsi 
réparties, certaines étaient mouillées, d'autres n'avaient pas 
le calibre voulu ; quelques-unes contenaient si peu de poudre 
qu'elles ne pouvaient projeter les balles à plus de 50 mètres*. 
Les mobilisés étaient à tel point novices en matière d'ins*- 
truction militaire, que, dans certains bataillons, au moment 
d'entrer en iigne, les officiers et les aumôniers durent charger 
eux-mêmes ces armes d'un maniement si facile. 

Nous verrons plus loin quel rôle devaient jouer les mobi- 
lisés bretons à la bataille du Mans ; mais les circonstances qui 
précèdent suffisent pour en faire prévoir la nature. 



1. Guilbaud, Les Mobilisés d* llle-et-Vilaine ; Enquête, Lalande, déposition citée. 

2. Enquête parlementaire, tome II, dôposilion du général de Marivault, 
p. 270. Le coloael Paris télégraphiait au général do Marivault le 7 janvier: 
•ff II n*y a peut-ôlre pas un trentième des cartouches qui soient pour Springfleld; 
tout le reste est pour carabine Minié, fusils Enfield ou rifles, b 



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7i/ 



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CHAPITRE XX 

COMBAT DE SAINT-AMAND 

Ordres donnés par Frédéric-Charles. — Concentration de la II« armée sar le Loir. — 
Combat de Yilleporeher (5 janvier).— Combat de Saint- Amand (6 Janvier). — Combats 
de Vaiechauve et de.Villeporoher (7 Janvier). — Retraite du général Barry. 

Malgré la démonstration du général de Jouffroy sur Ven- 
dôme, Tétat-major de Frédéric-Cliarles était persuadé qu'en 
détachant des colonnes mobiles à Test et au nord-est du Mans, 
Clianzy avait eu simplement pour but d'assurer la sécurité 
de son armée. Aux yeux des Allemands, nous attendions sans 
doute la fin des froids excessifs avant de reprendre les opéra- 
tions actives. Aussi comptaient-ils nous surprendre dans nos 
cantonnements, s'ils se portaient sur le Mans avec une rapi- 
dité suffisante. 

n résulta de ces considérations que Frédéric-Charles pres- 
crivit au général von Kraatz, qui commandait à Vendôme, de 
garder la défensive, mais en maintenant ses positions avec la 
dernière énergie. En même temps, il ordonna au X* corps, 
aux 1" et 6* divisions de cavalerie de s'établir le 5 janvier 
sur la ligne de Vendôme à Saint- Amand. Le III* corps lon- 
gerait la lisière sud de la forêt de Marchénoir de façon à 
atteindre Vendôme le 6, en se couvrant d'une avant-garde 
jetée vers Azay. 

A l'aile opposée du X* corps, le IX* et la 2* division de 
cavalerie marcheraient jusqu'à Morée, qu'ils atteindraient 
également le 6. Enfin le XIII' corps et la 4* division de ca- 
valerie se porteraient le 6 janvier de Chartres à Brou, en 
détachant une colonne de toutes armes sur Nogent-le-Rotrou. 
Ala 5* division reviendrait le soin de couvrir leur droite. 

Au delà du Loir, Frédéric-Charles ne voulait utiliser que 
les routes principales, de façon à éviter les chemina rendus 
impraticables par la saison. Provisoirement, il assigna comme 



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186 

points de direction à ses quatre corps d'armée : Parigné-rÉ- 
vêque, Ardenay, Bouloire et Saint -Mars-la-Bruyère*, 

Le prince avait déjà lancé les ordres qui précèdent, quand, 
le 3 janvier, il apprit l'évacuation de Briare par nos troupes. 
Elle ne pouvait que le confirmer dans ses projets, en indiquant 
que Bourbaki, toujours. à Bourges aux yeux de Frédéric- 
Charles, renonçait pour le moment à se porter en avant. 
D'ailleurs le Vil* corps était encore sur TArmançon, et le II* 
avait été mis en mouvement de Paris vers Montargis. Avec la 
25* division, qui demeurait répartie deBloisàGien, ces deux 
corps d'armée auraient pu opposer à Bourbaki une première 
résistance. Enfin on sut bientôt que notre 1" armée de la 
Loire avait été transportée tout entière dans le bassin de la 
Saône, ce qui écartait l'éventualité d'un mouvement vers 
Montargis. 

Frédéric-Charles connaissait la présence de forces fran- 
çaises à Château-Renault, sur le flanc gauche du X* corps. 
Le 2 janvier, les 1*' et 3* escadrons du 8* hussards, deux esca- 
drons de chasseurs d'Afrique, une section de 4 et deux batail- 
lons du 76* mobiles avaient dirigé de ce point une reconnais- 
sance vers Vendôme. Nos hussards avaient même surpris à 
Lancé des cavaliers allemands en réquisition, en leur enlevant 
une quinzaine de prisonniers. Cependant Frédéric- Charles ne 



1. Au IX<) corps, la 25« division d'infanterie restait sur la Loire. 
D'après VÉtat-major prussien, reffectif de la II« armée était le suivant le 
ler janvier I87i : 

III^ corps, 17,335 hommes, 1,038 chevaux, 84 pièces ; 



IX« — 8,993 -— 


526 


— 


54 


Xe — 15,716 — 


1,003 


— 


84 


Xllle — 16,160 — 


2,002 


— 


60 


i'.« division de cavalerie, 


2,408 


— 


6 


2« — 


2,866 


— 


12 


4e _- 


2,610 


— 


12 


5« (12e brigade), 


1,435 


— 


6 


6« — 


2,472 


■ — 


6 



Total : 58,097 hommes, 16,360 chevaux, 324 pièces. 

En outre les 7,517 hommes, les 944 chevaux et les 36 pièces de la 25* division 
occupaient Blois, Orléans, Gien. Le 8« uhlans (i»"* division de cavalerie) était 
détaché à Blois. 

Il faut se souvenir que ces chi fifres ne comportent que des combattants d'in- 
fanterie ou de cavalerie, et non des rationnaires de toutes armes, comme les 
nôtres. 



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COMBAT DE 8AINT-AMAND. 187 

croyait pas que, de notre part, Toffensive fût possible dans 
cette direction, du moins avec des résultats sérieux, et il 
résolut de se borner à la faire observer. L'avenir devait lui 
donner raison. 

La concentration des Allemands sur le Loir, favorisée par 
une détente de la température, ne fut pas gênée par nos 
troupes. Des engagements se produisirent à leurs ailes, mais 
ils n'eurent aucune importance. A droite, la 44« brigade d'in- 
fanterie, trois régiments de cavalerie et deux batteries avaient 
atteint le 4 Courville et Belhomert ^ Le 5, un régiment d'in- 
fanterie et une batterie se portèrent de Belhomert sur Nogent- 
le-Rotrou, mais pour être arrêtés à la Fourche par les avant- 
postes de la colonne Rousseau. Les Allemands se retirèrent 
ensuite sur la Loupe. Une seconde colonne, partie de Cour- 
ville, atteignit Montlandon, à Test de la Fourche. 

A Taile gauche allemande, la journée du 4 avait été si- 
gnalée par la reconnaissance dont nous avons parlé le long du 
Loir et de la route d'Epuisay. De plus, la 38* brigade d'in- 
fanterie s'était mise en marche de BloissurHerbauit. D'après 
les ordres de Frédéric-Charles et de von Voigts-Rhetz, à la 
20' division, concentrée à Vendôme, devaient se joindre les 
fractions stationnées à Morée et à Saint-Amand. La 2' bri- 
gade de cavalerie, renforcée de la moitié de la 38* brigade 
d'infanterie et de deux batteries, occuperait ce dernier point, 
en se couvrant d'avant-postes établis entre Ambloy et Ville- 
porcher ; le reste de la 38* brigade demeurerait à Herbault *. 

Derrière ce rideau, les fractions du X* corps encore à Blois 
se dirigeraient sur Saint-Amand ; la 6* division de cavalerie, 
qui venait d'Orléans, irait cantonner au nord de la ligne 
Saint- Amand-Gombergeau . 

Le 5 janvier, les trois bataillons du 27* mobiles (Isère) 
appartenant à l'ancienne colonne de Curten étaient établis de 
Saint-Cyr-du-Gault par Saunay à la iloulinerie, avec les trois 
bataillons des mobilisés de Seine-et-Marne en seconde ligne. 



1* Derrière eux, Chartres n'était occupé que par i bataillon de convalescents 
8t 1 escadron. 
i. 8 bataillons, 5 escadrons, i batterie, i compagnie de pionniers. 



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188 JOSNES, 

La colonDe du général Cléret défendait les deux routes 
de Montoire et de Vendôme, au nord de Château-Renault; 
celle du lieutenant-colonel Jobey formait la gauche de notre 
ligne V 

Une reconnaissance allemande partie de Saint^Amand 
poussa jusqu'à quatre kilomètres de Château-Renault ; à ce 
moment, les troupes de Cléret prirent les armes et Tobligèrent 
à se retirer sur Saint-Amand, où elle fut recueillie par les 
avant-postes du général Baumgarth. 

En même temps, un engagement plus vif avait lieu à Test 
de la route de Château-Rcnault à Saint-Amand. Une recon- 
naissance allemande arrêtée à Vilmoin poussait une compa- 
gnie sur Villeporcher; celle-ci y pénétrait malgré le feu 
d'une partie du 2* bataillon du 40* de marche et de quelques 
éclaireurs algériens, mais ne tardait pas à en être rejetée sur 
Vilmôin *. D'autres éclaireurs résistaient de même à Vilthiou. 

Pendant ces engagements, les fractions duX* corps venant 
de Blois avaient atteint les cantonnements indiqués. Vers 
3 heures, en apprenant la perte de Villeporcher, les troupes 
cantonnées à Saint-Gourgon (deux bataillons, un escadron et 
deux batteries) se portèrent sur ce village et, après un court 
combat, en délogèrent le 2* bataillon du 40* de marche. Les 
avant-postes ennemis s'établirent ensuite des Haies à Ville- 
porcher ; quant au détacbement du général Baumgarth, il 



1. Les opéralions de la colonne de Gurten ressortent très confusément des 
documents d'origine française. D*après Y Historique du 40^ de ligne, la colonne 
Jobey, partie de Chahalgnes . le i®' janvier, aurait cantonné aux Hennîtes ; 
le 2, elle rétrogradait sur Chemillé ; le 8, elle occupait Villechauve et Authon. 
Mais il semble que, les 4 et 5, celle colonne ait rétrogradé vers le sud, car, 
sur la route de Saint-Amand, les Allemands dépassèrent Villechauve dand la 
journée du 6. 

2. D'après V Historique du 40^ de ligne, la reprise de Villeporcher aurait eu lieu 
le 6 seulement. Mais il ressort du récit de VÈiat-major prussien que Villepor- 
cher, repris une première fois par nous le 6, fut reperdu le môme jout et 
repris définitivement le 6. 

Les pertes du X« corps furenl de 2 officiers et de SO hommes le 5 janvier* 
Les éclaireurs algériens dont il est question au sujet de Villeporcher faisaient 

partie de patrouilles qui s'étaient trouvées rejetées sur les troupes de Gurten. 

Le gros de ce corps était encore à Montoire. Ils se comportèt'ent vaillamment 

ainsi qu'en témoigne le capitaine F. W)u\%[Ueber die Bewaffnung, Ausbildungi 

Organisation und Verwendung der Reiterei). 



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COMBAT DE SAINT^AMAND. 189 

cantonna d'Ambloy à Villeporcher, par Vilthiou, sur une 
iigne coupant obliquement la route de ChâteaurRenault à 
Saint-Âiûand. Un bataillon, un escadron et une batterie à 
cheval étaient en réserve au carrefour situé au sud de la 
Noue. 

Suivant les ordres donnés, la fraction cantonnée à Ambloy 
devait marcher sur Prunay, suivie par celle de Vilthiou, 
qui se mettrait en mouvement seulement après l'arrivée au 
sud de Saint- Amand de la 6' division de cavalerie. Comme 
on le voit, le général Baumgartfa avait beaucoup éparpillé ses 
troupes ; il admettait évidemment que Curten laisserait s'exé- 
<îuter, sans chercher à le troubler, le mouvement de flanc 
qu'il projetait vers le Loir. Cette attente devait être trompée. 

La colonne partant d' Ambloy s'était mise en marche sur 
Prunay et la 6* division de cavalerie n'avait pas encore atteint 
le sud de Saint- Amand, lorsque, vers 9 heures et demie, le 
détachement de Villeporcher^ était attaqué par le lieutenant- 
colonel Jobey. Cet oflScier, débouchant au nord de Ville- 
chauve, avait établi ses quatre pièces de 4 (19® batterie du 
15* régiment) à hauteur d'une ferme et à environ 800 mètres 
du village, sous la protection du l*' bataillon du 40' de marche, 
tandis que le 2* marchait de nouveau sur Villeporcher. En 
même temps, les huit escadrons du colonel de Lacombe, deux 
bataillons du 27* mobiles et deux pièces de 4 prolongeaient 
sou extrême droite pour nous garder d'un mouvement tour- 
naut vers Test. 

Villeporcher était repris sans difficulté et les Allemands 
refoulés sur Fias et les Haies, où ils se maintenaient avec 
peine. Mais la 15* brigade de cavalerie débouchait alors à 
Saint-Gourgon, et sa batterie à cheval ouvrait le feu sur notre 
droite. En même temps, la réserve, appelé^ de la Noue à 
Vilthiou, se jetait sur notre gauche. Un instant, les Allemands 
réoccupaient les Haies, et les quatre pièces du lieutenant- 
colonel Jobey ne pouvaient éteindre le feu de l'artillerie 



1. Les Allemands avaleol i bataillon et 2 escadrons de Vilthiou à Villepor- 
cher, 3 compagnies et 2 escadrons à Ambloy. 



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190 J08NES, VENDOME, LE MANS. 

adverse, lorsque la 21* batterie du 15* régiment \ capitaine 
Desvallons, venait s'établir à 1,200 mètres de Viltbiou ; Ten- 
nemi évacuait ce hameau vers midi et se repliait derrière 
la Brenne. Sa retraite était accélérée par l'apparition sur sa 
gauche de la brigade de Lacombe; la 1'® brigade de cavale- 
rie prussienne, déjà arrivée aux Homas, n'arrêtait pas nos 
progrès. 

Vers 3 heures, quatre bataillons allemands se rassemblaient 
près de Neuve-Saint-Amand avec trois batteries. Le reste de 
l'infanterie était réparti entre Saint-AmandetlaNoue, tandis 
que la 14* brigade de cavalerie se tenait vers Saint- Amoult 
et Prunay, la 15* entre Prunay et la droite de Baumgarth. 
Quatre autres régiments de cavalerie couvraient sa gauche. 

Cependant le lieutenant-colonel Jobey croyait devoir 
arrêter son mouvement oflFensif un peu au nord de Vil- 
thiou ; 7 de nos pièces seulement avaient pris position à la 
sortie de Vilthiou et ouvert le feu vers Saint- Amand *, Le 
général duc de Mecklembourg. qui venait de prendre le com- 
mandement de l'ennemi, dirigea ses troupes sur leurs can- 
tonnements. Mais, à la nuit, les francs-tireurs de la Sartbe, 
ceux des Deux-Sèvres et le 3* bataillon du 27* mobiles, qui 
avaient suivi le mouvement général entre le 40* de marche 
et la brigade de Lacombe, surprenaient l'ennemi dans Sain t- 
Amand et le rejetaient vers le nord '. 

Le détachement de Neuve-Saint-Amand, compromis par 
notre apparition sur sa gauche, rétrogradait de même, et 
toute la 38* brigade allait bivouaquer à Huisseau-en-Beauce, 
après avoir été poursuivie quelque temps. Quant à la 15* bri- 



1. VÉtat-major prussien parle de 4 batteries (p. 805); nous eûmes en tout 
10 pièces en ligne. 

La 8i<) batterie du 15« régiment était partie le 3 du château des Noyers 
près du Mans, sous l'escorte d*un bataillon de mobiles. Elle atteignit Château* 
Renault le 6, à 8 heures du matin. 

a. La IS*) batterie du 15« régiment et la moitié de la 21« batterie, le reste 
était rentré à Ch&teau-Renault. La 2i« batterie tira environ 900 coups et eut 
1 tué, 3 blessés et 4 chevaux tués. La^i9« batterie du même régiment eut 2 
blessés et i cheval tué. 

8. Saint-Amand fut évacué par suite d*un malentendu, à en croire VÉtat- 
major prussien. 



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r 



COMBAT DE S AIKT- AM AND . 191 

gade de cavalerie, elle restait à Ambloy, et la 1'* à Ville- 
romain \ 

Ce combat faisait peu d'honneur à l'ennemi, qui n'avait su 
tirer aucun parti de sa supériorité en artillerie et en cava- 
lerie. Cependant il n'entraîna pour lui aucune conséquence 
fâcheuse. Dès la nuit du 6 au 7, à la suite d'échecs subis par 
Jouffroy, comme nous le verrons, le général de Curten fit 
évacuer Saint-Amand. Ses troupes les plus avancées, le 
40* de marche, cantonnèrent dans Vilthiou, Longpré et Ville- 
chauve. 

En apprenant la retraite du duc de Mecklembourg, 
von Voigts-Rhetz se hâta de faire rétrograder sur Saint- 
Amand la majeure partie de la 19* division d'infanterie, déjà 
aux abords- de Montoire. En attendant, le reste du X* corps 
demeura autour de cette ville, le 7 janvier, en se couvrant 
de la 14* brigade de cavalerie, poussée vers Savigny. 

Cependant le général von Hartmann avait pris le comman- 
dement des troupes au nord de Saint-Amand ; il arrêta à Am- 
bloy les renforts venant de Montoire et prescrivit à la 38* bri- 
gade de reprendre l'oflFensive sur Vilthîou. Elle serait suivie 
de la 2^ brigade de cavalerie ; la 1'* marcherait à sa gauche 
et la 15* à sa droite. 

Les Allemands avaient déjà réoccupé Saint-Amand ; en 
débouchant à hauteur de Villechauve, par un épais brouillard, 
ils se heurtaient à une fraction du 40® de marche établie aux 
abords de ce village. Un combat très vif s'engageait, dans le- 
quel l'artillerie de l'ennemi jouait un grand rôle ; il s'empa- 
rait de la Garionnière en nous prenant trois officiers et quatre- 
vingts hommes (midi). 

Villechauve, que les Allemands attaquaient ensuite, leur 
était vivement disputé durant toute l'après-midi ; ils en occu- 
paient une partie, que le 40* de marche ne tardait pas à re- 
prendre. Le 4* escadron du 8® hussards, qui coopérait à cette 



1. D*aprè8 VÈlaX-major prussien, ce combat aurait coûté aux Allemands 
4 tués, 85 blessés et 2 disparus. D*aprés Ghanzy, nous aurions pris une cen- 
taine d*hommes, des caissons et des voitures. La vérité semble être plutôt du 
côlô de Ghanzy. 



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192 JOSNES, VENDOME, LE MABTS. 

attaque, perdait son capitaine commandant, Frémiot, tué à sa 
tête^ 

A notre droite, la 1" brigade de cavalerie prussienne, sou- 
tenue par un bataillon, surprenait une compagnie du 2'^batail- 
Ion du 2V mobiles (Isère), en gi-and^garde dans Pias. Toute- 
fois elle n'était prise qu*aprèsaTX)ir eu quarante-deux hommes 
hors de combat; les Allemands tentaient inutilement de s'em- 
parer de Villeporcher et des fermes voisines. 

Ces maigres résultats et la fatigue de son infanterie déci- 
dèrent von Hartmann à arrêter le combat. Il établit la SS*' bri- 
gade à Vilthiou, la 1" brigade de cavalerie à Saint-Grourgon 
et la 15* à Ambloy, derrière des avant-postes allant de Long- 
pré à Pias. Le détachement venant de Montoire (quatre ba- 
taillons, uii escadron, trois batteries) s'était établi en réserve 
à Saint- Amand. Quant aux. troupes du général de Curten, 
elles demeuraient autour de Château-Renault. Comme nous 
le verrons, la colonne de Jouffroy était en pleine retraite de- 
puis la veille, et son mouvement rétrograde entraînait celui 
de Barry, qui s'était avancé à l'ouest de Saint-Amand, jus- 
qu'aux Hermites. Il se replia sur Chahaignes et Jupilles par 
la Chartre, ce qui exposait Curten à être écrasé par le 
X® corps. Ainsi se déroulaient toutes les conséquences du dé- 
cousii, du défaut d'entente et de direction qui avaient présidé 
aux opérations du général de Jouffroy*. 



1. D'après V État-major prussien, les Allemands dous auraient repris Ville- 
chauve, cô qui ne concorde pas avec l'emplacement de leurs avant-postes du 
soir, entre Longpré et Pias. Nous avons suivi la version de Chanzy et des 
Historiques du 40^ de ligne et du 8^ hussards. 

2. Chanzy. 



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CHAPITRE XXI 

COMBATS D'AZAT, DE MAZANGÉ ET DES BOCHES 

DiTenion tentée par Joaifiroy (5 janvier). — Combat d'Azay (6 Janvier). — Combat de 
Muangé. — Retraite de la colonne Baille. — Combat des Boehes. *~ Béenltoti d'en- 
semble. 

Les renseignements recueillis le ô par Joaffi*oy l'avaient 
conduit à penser que les Allemands , en force entre Vendôme 
et Saint-Amand) allaient se porter contre Curten. Il jugea 
indispensable de faire un« diversion sur leurs derrières et pres- 
crivit, pour le soir même, un mouvement général d'oflTensive. 
Les avant-postes allemands furent chassés de la forêt, et nos 
éclaireurs atteignirent durant la nuit Pezou, la Jousselinière 
et Bel-Air. Le 6, dès 7 heures du matin, les troupes d'Azay 
avaient occupé Ëspéreuse et la forêt de Vendôme ; celles de 
Savigny s'étaient reportées à Fortan, celles de Fortan à 
Lonay ; partout nous avions gagné du terrain sans rencontrer 
grande résistance. 

Du côté des Allemands, le m* corps devait relever le X* 
dans Vendôme, le 6 janvier. Le général von Alvensleben 
concentra la 5^ division à Malignas, la 6* à Coulommiers; 
un détachement de flanc était à Saint-Firmin, où l'on jetait 
un pont. De ces trois points, Alvensleben voulait porter le 
III' corps entre Vendôme et le ruisseau d'Azay, où il can- 
tonnerait. Son artillerie de corps, seule, resterait derrière le 
Loir. 

Quant aux avant-gardes de ces trois colonnes, elles de- 
vaient franchir le ruisseau d'Azay, en éclairant vers For- 
tan, Ëpuisay et Danzé. Pendant l'exécution de ces mouve- 
ments, le ni* corps allait fatalement se heurter aux troupes 
de Jouffroy, marchant dans un sens opposé. 

Lorsque, vers 11 heures, ravant-g:arde de la 5® division 
sortit de Vendôme, elle trouva les deux bataillons d'avant- 

CAMPAOVR DE LA LOIKB. IT. 13 



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194 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

postes, laissés par le X® corps, vivement engagés contre nos 
troupes qui débouchaient alors de la forêt. Pour les soutenir, 
le général von Sttilpnagel laissa un bataillon, un escadron 
et une batterie en position à Courtiras, jusqu'à Farrivée de 
Tavant-garde de la 6® division, qui venait de Meslay (trois 
l^atai lions, deux escadrons, deux batteries). 

En débouchant sur Courtiras, cette avant-garde détacha 
jsix compagnies dans la forêt pour garder son flanc droit ; le 
reste continua d'avancer sur la route d'Epuisay, où il ne 
tarda pas à rencontrer une partie de la colonne Thiéry. 

Cet officier avait soùs ses ordres une brigade composée 
d'éléments hétérogènes, empruntés aux 15', !(>• et 17« corps, 
avec trois pièces de 4^. Dans la soirée du 5, le bataillon du 
74® mobiles (Lot-et-Garonne), alla occuper Espéreuse, et le 
66® mobiles (Mayenne) pénétra dans la forêt de Vendôme où 
il eut à combattre, le 6, les avant-postes du X* corps soutenus 
par le détachement dont nous avons parlé. Le reste de la 
colonne Thiéry, environ 2,000 hommes d'infanterie et trois 
pièces, avait pris position à hauteur d'Azay, à cheval sur la 
route d'Epuisay. 

Le petit village d'Azay est situé au nord' de cette route, 
au fond d'une vallée large de 500 à 600 mètres et suivie par 
un ruisseau, le Boulon. Ce cours d'eau est traversé par la route 
•d'Epuisay près du hameau de la Galette, à 1,200 mètres 
•d'Azay. Le colonel Thiéry avait établi une ligne de tirail- 
leurs sur les hauteurs au sud de la vallée; un bataillon placé 
•dans la forêt de Vendôme, vers la Mérillière, avait mission 
•de se jeter dans le flanc droit de nos adversaires. Azay était 
•occupé par deux compagnies ; la Galette et les hauteurs en 
arrière, par les disciplinaires ; nos trois pièces de 4 enfilaient 



1. D*aprôs une note du colonel Thiéry en date du 18 juillet 1871 (Chaozy, 
ouvrage cité, p. 547), sa brigade se composait alors d'une fraction du 16® de 
ligne, de 3 bataillons du 33® de marche, de s compagnies do discipline, du 
326 mobiles (Puy-de-Dôme), du 4fi bataillon des mobiles dos Bouches-du-Rhône ; 
1 bataillon du 74® mobiles (Lot-et-Garonne) et 3 bataillons du 66« mobiles 
(Mayenne) s'y étaient joints depuis le combat de Vendôme (81 décembre). 

Le 16® de ligne était sans doute représenté par un détachement seulement, 
car ce régiment est signalé ' comme ayant fait la campagne de TEst au 15® 
corps. 



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COMBATS d'AZAY, DE MAZAKGÉ ET DES ROCHES. 195 

la route de Vendôme. Enfin le reste de la brigade garnissait 
les hauteurs au nord du ruisseau, entre la route et Azay. 

Le combat s'engagea vers 10 heures et demie. Malgré de 
fortes pertes, les six compagnies prussiennes venant de Cour- 
tiras réussirent à refouler nos tirailleurs et à s'emparer des 
fermes du Flessis, de la Briochetterie, de la Charbonnerie, 
de la Mérillière. Mais elles furent alors attaquées sur leur 
flanc droit et durent s'arrêter devant le ravin qui descend de 
Georgeat vers le Boile. Toutefois, l'action de l'une de leurs 
batteries les aida à s'emparer de ces deux fermes et à péné- 
trer dans les Petites-Belzéveries. Vers 3 heures, l'artillerie 
allemande prenait position à Test du Boile et dirigeait un 
feu vif sur les fractions établies au nord du ruisseau. Peu 
après, le détachement de flanc jeté par l'ennemi dans la 
forêt de Vendôme intervenait à son tour devant Azay, et une 
troisième batterie renforçait celles de l'avant-garde (3 heures 
et demie). 

Le général von Rothmaler faisait alors attaquer sur toute 
la ligne ; à droite, le moulin de la Galette et le bois en arrière 
étaient enlevés par le 35* prussien, malgré une vigoureuse 
contre-attaque des disciplinaires. Au centre, un autre régi- 
ment prenait la Fosse ; enfin Azay était pris également et 
toute la brigade Thiéry se retirait sur Bel-Atour et la Mar- 
goterie, mais avec beaucoup de lenteur \ L'ennemi débou- 
chait sur le plateau, lorsque nous dirigions contre lui un 
retour offensif, appuyé par le tir à mitraille de notre artil- 
lerie. La ligne allemande reculait, et même des fractions 
repassaient le ruisseau. Les compagnies de discipline, un 
instant entourées, parvenaient à se dégager en faisant preuve 
de la plus grande vigueur. Toutefois la supériorité de l'artil- 
lerie ennemie nous obligeait à reprendre position sur la crête, 
en arrière de Bel-Atom* et de la Margoterie qui furent aban- 
données. Vers 5 heures et demie, la nuit arrêta l'action ; 



1. L*état-miyor prussien pousse la générosité jusqu'à nous attribuer 2 batte- 
ries ; or, nous avions 3 pièces depuis la perte d'une demi-batterie à Danzé 
(SI décembre). L'ensemble du récit allemand n'est pas plus exact (Voir l^note 
déjà citée du colonel Thiéry). 



L 



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196 , J08NES, 

chacun conserva les positions occupées ; nos postes avancés 
étaient à cent mètres de ceux de Tennemi. A 8 heures et 
demie, le colonel Thiéry recevait Tordre dé se retirer sur 
Fortan où il arrivait à 11 heures ^ 

Ce combat, vivement mené par une partie de nos troupes^ 
coûtait de fortes pertes à la colonne du général Rothmaler ; 
ce dernier était blessé. 

A sa droite, un détachement de la 6* division avait occupé 
Danzé, après un petit engagement. . 

De son côté, en marchant sur Montoire, la 6* division ren- 
contrait une résistance non moins vive. Le 38® de marche 
(brigade Baille) avait reçu Tordre de passer le Loir sur la 
glace, pour se porter sur Montrieux et inquiéter Tennemi. 
Tandis que les 2* et 3* bataillons s'établissaient en réserve 
sur la rive droite, le 1*' bataillon traversait la rivière au sud 
de Clouseaux, Malgré le feu d'une batterie de la rive gauche, 
il pénétrait dans Thoré et s'emparait du château de Rocham- 
beau, sans trouver nulle part une résistance sérieuse» En 
même temps, au nord du Loir, le général de JouflGroy mar- 
chait sur Villiers avec les 36% 46* de marche et le 70* mo- 
biles (Lot), ainsi qu'avec l'artillerie de sa colonne. Il n'avait 
d'abord devant lui qu'un bataillon de chasseurs du X* corps, 
chargé de suivre sur la rive droite du Loir la marche de la 
20* division. Lorsque Tavant-garde de la 5* (trois bataillons, 
trois escadrons, une batterie) atteignit Villiers à 1 heure et 
demie, elle y trouva les chasseurs prussiens fortement en- 
gagés et déploya aussitôt ses trois bataillons sur le plateau 
au nord de Villiers. Vers 2 heures et demie, la ligne alle- 
mande avait gagné du terrain et s'étendait du Loir, par 
Moulin du Liers, Vauchalupeau jusqu'au Briard ; deux bat- 
teries étaient en position à la Haute-Boissière. 

Les progrès de Tennemi s'arrêtaient à ce moment ; toute 
la vallée du Boulon était battue par le feu de notre infanterie ; 



1. Celte version, contraire au récit de l*état-major prussien, est empruntée 
à la note du colonel Thiéry et à V Historique du 33^ de ligne. 

Les deux régiments allemands engagés eurent ao oQlciers et 300 hommes 
hors de combat. 



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COMBATS d'aZAT, DE MAZAKGE ET DES BOCHES. 197 

deux batteries placées entre Clouseaux et Mazangé renfi- 
laient entièrement; après un temps d'arrêt, la ligne française 
reprit l'offensive, particulièrement de Clouseaux, et les Alle- 
mands furent refoulés jusqu'au château de Courtazé ; le feu 
de la 20* batterie du 8' régiment et d'une section de la 20* 
du 12' arrêta un retour offensif de leur gauche. 

Mais des renforts arrivaient à l'ennemi : à gauche^ un ré- 
giment d'infanterie entrait en ligne et s'emparait du Gué du 
Loir, après un petit engagement. A droite, la 10* brigade 
avait dirigé deux bataillons et deux batteries de Courtiras 
▼ers Azay, pour intervenir dans le combat qui s'y livrait 
alors. Ces douze pièces canonnèrent en effet Azay; mais déjà 
la colonne Thiéry avait évacué ses premières positions, et le 
général von Stttlpnagel jugea plus utile de diriger cette artil- 
lerie, ainsi que deux bataillons qui marchaient avec elle, sur 
le Briard. Une partie des batteries de corps avait pris posi- 
tion à l'est de ce hameau ; trentcTsix pièces y furent bientôt 
rassemblées et imposèrent silence aux nôtres. Puis l'action 
des obus allemands fut concentrée sur notre infanterie. Vers 
4 heures et demie , après une demi-heure de préparation , 
toute la ligne ennemie se porta en avant. Deux bataillons 
traversèrent la vallée à Vauraçon et deux autres un peu au 
sudl Les premiers poussèrent jusqu'à Fourmange et obli- 
quèrent ensuite à gauche. En même temps deux compagnies 
attaquèrent Mazangé dans la direction de Vauchalupeau. 
Enfin un bataillon traversa le ruisseau à la Ripopière et se 
porta vers Mazangé, qui était ainsi attaqué de trois côtés à 
la fois , pendant que deux batteries prenaient position au 
nord-est. Sans attendre l'assaut, le général de Jouffroy donna 
l'ordre de la retraite, qui s'effectua assez facilement sur 
Lunay et Fortan, grâce à l'obscurité. 

Cependant le !•' bataillon du 38' de marche n'avait pas 
quitté Thoré, et les deux autres, la rive droite du Loir. A la 
nuit, le colonel Baille apprit la retraite de Jouffroy et se re- 
tira lui-même sur Savigny, qu'il atteignit à 2 heures du matin. 
Ce mouvement ne s'effectua qu'avec peine, par des chemins 
détournés et en évitant plusieurs détachements ennemis. 



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198 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

De son côté, le IH* corps prussien cantonna entre le Loir 
et le ruisseau d'Azay, derrière des avant-postes poussés sur 
sa rive droite. L'ennemi avait perdu 42 officiers et 442 
hommes dans les deux affaires d'Azay et de Mazangé. Mais 
400 prisonniers restaient entre ses mains ^ 

Pendant ces combats, d'autres engagements avaient lieu 
plus à Touest. Suivant les ordres de von Voigts-Rhetz, la 20' 
division devait marcher de Vendôme sur les Roches, et la 
19®, de Saint-Amand sur Ambloy, Lavardin et Montoire^ 
Afin de couvrir le flanc gauche de cette dernière colonne, le 
général Baumgarth se dirigerait vers la route de Château- 
Renault à Montoire, tandis que la 6* division et la 1'* brigade 
de cavalerie garderaient celle de Château-Renault à Ven- 
dôme. Comme nous Tavons vu, ces ordres avaient eu pour 
première conséquence un échec des Allemands à Saiht- 
Amand. 

Lorsque la 39* brigade, venant de Varennes, atteignit 
Saint-Rimay vers 1 heure, elle remarqua des troupes fran- 
çaises en mouvement au nord des Roches. Les trois batteries 
qui marchaient avec elle prirent position à droite et à gauche 
de la Saulnerie et dirigèrent leurs obus sur nos colonnes* 
Celles-ci appartenaient au V chasseurs et au 45* de marche, 
qui occupaient les Roches et leurs abords avec une batterie 
de 4 et une section du génie*. En outre les éclaire urs algé- 
riens défendaient le gué de Lavardin. 

Après avoir tiré quelque temps de la Saulnerie, Tune des 
batteries de la 39* brigade alla s^établir près de Saint-Rimay 
et canoiina les Roches, ainsi que la batterie placée sur la 
hauteur à l'ouest. Puis, vers 2 heures, les pièces allemandes 
furent renforcées par les trois batteries de la 40* brigade, 
qui prirent position près de Villavard, et par trois autres, 
appartenant à la 20* division, qui s'établirent près de Lan- 



1. Lo 36* de marche perdit 16 tués et 41 blessés à Mazangé et à Gué-du- 
Loir. Les pertes des autres corps ne sont pas connues ; diaprés Chenu, noua 
aurions eu 10 officiers et 66 hommes tués, 22 officiers et 429 hommes blessés, 
au total 527 hommes hors de combat. 

2. 21» batterie du 19« régiment et i^^ section de la 4« compagnie bU du 
3^ régiment. 



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COMBATS d'aZAY, DE MAZANGÉ ET DES ROCHES. 199" 

geron. Sous le feu de ces huit batteries, le 45® et le V^ chas- 
seurs furent contraints d'abandonner une grande partie de la 
vallée, des Roches à Montoire. En même temps le colonel 
Goursaud faisait évacuer ce dernier point par ses éclaireurs^ 
et notre batterie de 4 était à son tour forcée de se re tirer ^ 
après avoir très énergiquement tenu tête aux quarante-huit 
pièces ennemies. 

Cependant les pionniers allemands rétablissaient le pont 
de Lavardin, et quatre bataillons se portaient par les deux 
rives du Loir sur Montoire, qu'ils occupaient sans difficulté. 
Six compagnies passaient ensuite la rivière à Lavardin, et 
marchaient sur le Tertre et les Roches. Trente hommes de 
notre section du génie, qui construisaient une banicade à 
l'entrée de ce dernier village, étaient surpris et faits prison- 
niers. Puis l'ennemi occupait les Roches et menaçait notre 
retraite au nord du Tertre. Nos .troupes n'avaient plus qu'à 
se retirer sur Lunay et Savigny, ou sur Vallée et Fontaine. 

A la nuit, les Allemands cantonnaient autour de Montoire 
et de Lavardin. Un de leurs régiments de cavalerie avait 
suivi le Loir jusque vers Saint-Quentin, en ne rencontrant 
que des traînards. 

Von Voigts-Rhetz, qui marchait avec la 19* division, avait 
appris à Ambloy que le général von Baumgarth était attaqué 
au sud de Saint- Amand. Il se hâta de mettre sous ses ordres 
le détachement venant d'Herbault, en lui donnant toute 
liberté d'action afin de mieux assurer le flanc droit du 
X* corps. 

Pendant cette même journée du 6 janvier, le IX* corps 
prussien avait franchi le Loir à Fréteval et à Saint-Hilaire ; 
ses cantonnements s'étendaient jusqu'à Busloup. 

Tels étaient les résultats de ces engagements, dans lesquels 
nos troupes avaient combattu isolément, sans direction d'en- 
semble et même sans but précis. A l'exception de la colonne 
de Curten, qui conservait l'ofifensive à Saint-Amand dans la 
soirée du 6, toutes nos troupes avaient été refoulées vers le 
nord. Le gros de la colonne Jouffroy s'était retiré vers Epui- 
say et Savigny, c'est-à-dire dans la direction du Mans, la 



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200 J0SNE8, VENDOME, LE MANS. 

seule admissible dans les circonstances présentes. Toutefois 
Chanzy jugea indispensable que Jouffroy restât en relation 
avec Curten, et il le lui fit connaître le soir même du 6. Au 
lieu de lui voir suivre la route de Saint- Calais, il aurait 
préféré qu'il se retirât derrière la Braye, la droite au Loir, 
de façon à couvrir la Chartre et les autres passages en aval ^, 
Pour obéir à ces recommandations, JouflBroy allait obliquer 
fortement vers Touest, mais ce changement de direction, 
qui l'amenait à suivre des chemins presque impraticables, 
devait grandement accroître la fatigue de ses troupes et ra- 
lentir leur mouvement. 



a. œélégramme du 6 janvier. 



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Carte N?VI 



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CHAPITRE XXII 

COMBAT DE LA FOURCHE 

Ordres de Frédéric-Charles (6 Janvier). — 11 apprend le moavement de Bonrbaki. «- 
Ck>ml>at de la Fourche (6 Janvier). — Combat de Thiron*G ardais. -^ BmpIaoemenU dv 
Xin- eorps. — Combat du Gibet (7 Janvier). — Combat du Poirier. -^ La colonne 
JoafRroy. 

Le 6 janvier, Frédéric-Charles suivait le mouvement du 
IIP corps prussien. Il savait que celui-ci avait rencontré une 
vive résistance à Azay et à Mazangé ; il avait même eu, sur 
plusieurs points, à repousser nos attaques. De plus, le déta- 
chement allemand quipbservait la route de Vendôme à Tours 
avait dû céder le terrain à Saint- Amand. Ces deux faits sem- 
blaient indiquer de notre part un mouvement général d'oflten- 
sive. Pourtant Frédéric-Charles n'en admit pas la possibilité. 
Pour lui, Toccupation si facile de Montoire et des Eoches, 
deux points si importants pour les communications entre les 
troupes opérant vers Azay et celles de Saint-Amand, démon- 
trait que nos opérations n*obéissaient à aucune direction 
supérieure, à aucune idée d'ensemble ^ Fort justement il 
considéra la division de Curten comme un corps isolé, dont 
l'offensive serait aisément annihilée par le débouché de la 
U' armée au delà du Loir. Au lieu de s'arrêter et de lui faire 
tête, il résolut de pousser énergiquement son mouvement sur 
le Mans. Pour nous, cette résolution était la plus désavanta- 
geuse que pût prendre le princç. Elle allait lui permettre 
d'attaquer Chanzy avant que celui-ci n'eût rappelé à lui les 
troupes encore éparses au sud du Loir ou entre cette rivière 
etTHuisne. Supposant que Nogent était déjà au pouvoir du 
grand-duc, Frédéric-Charles prescrivit au XIII' corps d'at- 
teindre le 7 janvier les environs de Montmirail et de pousser, 

1. Y. der Goltz. 



11 



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202 

les 8 et 9, aussi avant vers le Mans que le permettraient les 
circonstances. Le IX* corps, qui se relierait au XIII' par la 
2* division de cavalerie, se porterait rapidement à Touest de 
la Braye par Epuisay. Le IIP corps continuerait également 
«on mouvement vers cette rivière. En somme l'idée maîtresse 
qui allait présider à tous les mouvements de la II' armée était 
celle-ci : les deux ailes se porteraient rapidement en avant 
de façon à menacer notre retraite ; on nous attaquerait sur 
tous les points en cherchant à nous infliger une défaite déci- 
sive. Mais la configuration du pays et Tétat des routes ren- 
daient difficile l'exécution de ce programme ^ D'ailleurs, 
dans la soirée du 6, la retraite du duc de Mecklembourg 
vers Huisseau fit craindre aux Allemands que le mouvement 
de Curten au noïd de Château-Renault n'eût une importance 
plus grande que celle supposée tout d'abord. On pouvait 
admettre qu'après avoir reçu des renforts par voie ferrée, 
nous renouvellerions notre attaque le 7. Par suite, Frédéric- 
Charles prescrivit à von Voîgts-Rhetz de dégager le duc de 
Mecklembourg avant de reprendre sa marche vers l'ouest ; 
il y consacrerait au besoin tout le X* corps. 

Pendant la nuit du 6 au 7 survint un télégramme du gé- 
néral de Moltke annonçant, soas certaines réserves, que 
Bourbaki, après avoir laissé 20,000 hommes à Vierzon, s'é- 
tait porté sur Dijon avec le reste de la V^ armée de la Loire. 
De son côté, Chanzy allait prendre l'oflFensive vers Nogent- 
le-Rotrou. Ces renseignements étaient faits pour confirmer 
Frédéric-Charles dans ses intentions premières. En effet, le 
mouvement de Bourbaki vers l'Est le délivrait de toute inquié- 
tude pour ses derrières ; de plus, si Chanzy se dirigeait vers 
Nogent-le-Rotrou, il se heurterait rapidement au XII' corps, 
tandis que le reste dé la EL* armée l'attaquerait sur son flanc 
droit. 



1. V. der Goltz. Cet autour évalue Tarmée de Chanzy à 150,000 hommes, 
y compris tous les corps rattachés à son armée, Lipowski, Lafende, etc. Ce 
chiffre est probablement exact, mais il faut ajouter que la bataille du Mans 
fut livrée par ioo,000 hommes au plus (i division du 16« corps, 3 du iT*^, 
4 du ai"). 



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COMBAT DE LA FOURCHE. 303 

Le grand-duc avait marché moins vite que ne le supposait 
Frédéric-Charles. On se souvient qu'une de ses reconnais- 
sances, poussée vers Nogent-le-Rotrou, avait été repoussée 
le 5 à la Fourche. Le lendemain, la 44* brigade se portait 
sur le même point, par les deux routes de la Loupe et de 
Courville. 

L'engagement de la veille faisait prévoir au général Rous- 
seau une affaire plus sérieuse. D'ailleurs Chanzy savait p^r 
ses espions des forces considérables en marche de Chartres 
vers le sud-ouest. Cependant il se bornait à diriger sur No- 
gent-le-Eotrou, par voie ferrée, un millier de mobiles de la 
Corrèze. Ils y arrivaient à 11 heures du matin; le combat 
avait commencé à la Fourche deux heures auparavant. 

Les uhlans qui marchaient avec Tavant-garde allemande 
sur la route de Courville * étaient accueillis vers 9 heures 
par des obus venant de la Fourche. La batterie à cheval de 
cette colonne prit alors position sur un éperon qui domine le 
coude de la route (cote 241) et, sous sa protection, un ba- 
taillon s'avança sur la. Fourche, un autre sur Petit-Mauris- 
sure * et le bois iiu sud de la Fourche ; une compagnie occupa 
Marelles. Tout d'abord, les troupes ainsi déployées ne ga- 
gnaient pas de terrain vers Touest. Mais la colonne venant 
de la Loupe entrait en scène et, vers 11 heures, sa batterie 
ouvrait le feu du sud de Coulonges, puis d'une position plus 
avant. Un bataillon s'avançait sur la Fourche en repoussant 
une diversion tentée sur son flanc droit ; à l'ouest, un autre 
s'emparait du Verrier. 

Vers 2 heures seulement, après un long échange d'obus 
entre notre batterie et les douze pièces allemandes, l'action 
devenait plus vive et l'ennemi attaquait sur toute la ligne. Il 
échouait à Coudreceau , mais il délogeait notre gauche de la 



1. Les4]eux colonnes allemandes étaient fortes : ceUa de Courville de 3 ba- 
taillons, 8 escadrons, i batterie à cheval ; celle de la Loupe, de 3 bataillons, 
4 escadrons, i batterie, i compagnie de pionniers (Ètat-major prutHen). 

Do notre côté nous semblons avoir engagé à la Fourche le 13« chasseurs 
démarche, i. bataillon du 5d^ de marche, i bataillon de mobiles des Deux- 
Sèvres, la 2^0 batterie de rartillerie de la marine et des franca-lireurs. 

8. Le Bouvereau de l'état-major prussien. 



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204 JOSNES, VENDOME, LE MAKS. 

Fourche, et trois d^e nos pièces, dont Tune démontée , tom- 
baient entre ses mains ; deux officiers et une grande partie 
des servants avaient été tués ou blessés. 

De la Cour-aux-Loups, le général Rousseau jetait sur la 
Fourche le 13' chasseurs de marche, puis trois compagnies 
des Deux-Sèvres, deux compagnies du 58* de marche et des 
francs-tireurs, c'est-à-dire tout ce qu'il avait encore sous la 
main. Mais ce retour offensif était repoussé et nous nous 
retirions sur Margon. D'ailleurs, en se portant vers Nogent- 
le-Eotrou, T ennemi se heurtait à une résistance assez vive 
pour qu'il fût de nouveau obligé de s'arrêter. Deux mitrail- 
leuses arrivant de Nogent contribuaient beaucoup à ce ré- 
sultat. Les Allemands, qui avaient perdu 177 hommes, dont 
49 disparus, s'établirent pour la nuit à la Fourche. Nos 
avant-postes étaient à hauteur de Margon \ 

Cependant, la 4'» division de cavalerie fi'était portée sur 
Thiron-Qardais. Elle fut aisément repoussée par le bataillon 
de mobiles de la Corrèze, posté dans le bois à l'ouest de ce 
village, et alla cantonner à Combres. Une reconnaissance, 
faite de Beaumont-les- Autels sur Nogent-le-Rotrou par un 
détachement de la 22* division, causa au contraire un mo- 
ment de panique dans cette ville. Mais le 58* de marche et 
une section d'artillerie portés sur les hauteurs au sud-est suf- 
firent pour l'arrêter *. 

Sur la rive droite de l'Huisne la 12* brigade de cavalerie, 
à Belhomert et à Senonches le 5, avait reçu du grand-duc 
l'ordre d'occuper le 6 Regmalard et Longni. A l'ouest et au 
nord de la Madeleine-Bouvet, elle rencontra les corps francs 
de Lipowski et fut contrainte de se retirer. Mais le général 
Rousseau comptait sur ces francs-tireurs pour attaquer de 
flanc les colonnes marchant vers Nogent-le-Rotrou, et la dé- 



1. Les AUemaDcla nous firent 180 prisonniers (État-major prusnen). 

Le 13^ chasseurs de marche eut 2 officiers tués, 8 hlessés, 48 hommes tués 
et 140 blessés sur un effectif total de 695 hommes (HUtorique du iS* cka^- 
seun). D'après le docteur Chenu, nous aurions eu seulement 47 tués, 146 
blessés et 44 disparus, soit au total 237 hommes hors de combat. 

2. Ce fait, mentionné par* Chauzy, n*est pas rapporté par Tétat- major 
prussien. 



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COMBAT DE LA FOURCHE. 205 

monstration de la cayalerie allemande les retint dans leurs 
positions. 

Ainsi, les avant-gardes du XIII' corps allaient atteindre 
Nogent-le-Rotrou ; le gros de la 22* division était à Beau- 
mont-les-Autels, au sud-est ; la 17' division, qui venait de 
Brou, cantonnait autour d'Un verre, en se reliant, par la Cha- 
pelle-Royale, à la 2® division de cavalerie qui était à Fon- 
taines. Désormais, le XDI'' corps était en relations directes 
avec le reste de la IP armée. 

Le grand-duc avait Tintention de pousser le 7 janvier la 
22* division et la 4** division de cavalerie sur Nogent-le-Ro- 
trou, en les faisant suivre de la 17' division jusqu'à Beau- 
mont-les- Autels. En même temps un détachement de cette 
dernière se serait porté sur Authon, pendant que la 12^ bri- 
gade de cavalerie aurait couvert son flanc droit. Les Alle- 
mands auraient ainsi dirigé une attaque enveloppante sur 
Nogent. Mais les ordres de Frédéric-Charles firent voir au 
grand-duc la nécessité de s'emparer le plus tôt possible de 
cette ville. 

D'ailleurs, le général Rousseau évacuait Nogent dès le 
matin du 7 ; la 22* division s'y installait derrière lui , en 
poussant une avant -garde vers la Ferté - Bernard et une 
colonne latérale sur Berdhuis. La 4* division de cavalerie 
recevait Tordre de cantonner entre Nogent et Thiron-Gardais, 
et la 17 "^ division à Authon et à Montmirail. 

Ces mouvements ne s'effectuaient pas sans combat. Vers 
4 heures, en marchant sur la Ferté, Tavant-garde de la 22'' 
division se heurtait à des avant-postes établis au Gibet et à 
Châteauroux. Malgré les obus allemands, ils défendaient 
énergiquement la lisière d'un bois et tentaient même un re- 
tour offensif. Ils n'étaient définitivement rejetés par deux 
bataillons ennemis qu'après un combat assez, long. Vers 
6 heures et demie, les Allemands s'emparaient du Gibet, en 
faisant une cinquantaine de prisonniers. Craignant d'être 
tourné, le général Rousseau se retirait de nouveau sur la 
Ferté-Bemard où il arrivait à 1 heure du matin. Cette retraite 
hâtive avait tellement démoralisé ses troupes qu'il ne put les 



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206 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

arrêter dans cette ville ; il fallut continuer jusqu'à Con- 
nerré. 

A sa droite, le corps Cathelineau évacuait le 7 la Verrerie 
«t Montmîrail, pour se retirer sur Vibraye, et une partie de 
la 17® division atteignait Gréez. Au contraire, à Touest de 
THuisne, la 12® brigade de cavalerie ne pouvait dépasser 
Senonches et Belhomert, en raison de la présence des francs- 
tireurs de Lipowski à l'est de Longnî et de Regmalard. 

Dans cette même journée du 7 janvier, la colonne Jouffroy 
et celles qui gravitaient autour d'elle n'étaient pas moins 
éprouvées que la colonne Rousseau. 

Le général von Alvensleben avait l'intention d'envelopper 
notre gauche et de la refouler sur le X® corps à l'est de la 
Braye^ Dans ce but, il prescrivait à la 9** brigade et à l'artil- 
lerie de corps de défendre le ruisseau d'Azay vers Mazangé, 
tandis que le reste du III* corps marcherait sur Epuisay. Ce 
mouvement était en voie d'exécution, quand on apprit que 
JouflEroy avait évacué Lunay et Fortan ; déjà une partie de 
sa colonne s'était établie sur la Braye. La 9* brigade et une 
fraction de l'artillerie de corps reçurent aussitôt l'ordre de 
pousser sur Fortan; le reste poursuivit vers Saint-Calaîs. En 
même temps la 18« division d'infanterie se portait sur le 
même point par la route de Frète val. A Bellegarde, elle 
refoulait un détachement français qui se retirait sur Épuisay, 
où il était attaqué simultanément par des fractions de la 18* 
division et de la 12* brigade. Epuisay était pris après un 
petit combat (1 heure et demie). 

La colonne Thiéry, partie de Fortan avant le jour, s'était 
dirigée sur Sargé. Près du Poirier, à l'est du pont de la 
Braye, son arrière-garde fut atteinte par la 12* brigade. Elle 
fit bonne contenance et tenta même un retour offensif qui 
fut repoussé. Enfin, après un vif combat dans un brouillard 



1. Dans la matinée du 7, on raison de l'épais brouillard et de la perte de 
temps causée au X® corps par le combat do Sainl-Amand, Frédéric-Charles 
avait prescrit au III® corps de ne pas franchir la Braye, et au IX® do s'avancer 
j usqu'à Epuisay seulement. Tous deux attaqueraient simultanément le lende- 
main. 



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COMBAT DE LA FOURCHE. 207 

épais, trois bataillons et une section d'artillerie s'emparèrent 
du Poirier et du plateau du Fief-Corbin\ Le gros de la 
colonne Thiéry, arrivé vers 10 heures du matin à Sargé, en 
était reparti pour Saint-Calais à 3 heures du soir. Le IX® corps 
allemand poussa jusqu'à la Braye et occupa même Sargé à 
la nuit. 

Au sud, la 9* brigade avait atteint Savîgny, presque sans 
résistance ; le gros du X** corps était resté à Montoire, en 
attendant le retour des troupes envoyées à Saint-Amand. 
Seule, la 14* brigade de cavalerie s'était dirigée surSavigny. 
Près de la Vieille-Haye, elle ren<îontra un détachement 
français dont le brouillard empêchait de déterminer la force *. 
Le général von Schmidt fit jeter quelques obus sur la 
Vieille-Haye et lança ensuite à l'attaque un escadron de 
dragons pied à terre. Il fut repoussé, et la brigade se retira 
sur la Richardière. 

La retraite du colonel Thiéry sur son flanc gauche avait 
décidé JonflEroy à se retirer derrière la Braye, vers la Cha- 
pelle-Huon et Saint- Grervais- de -Vie, en se couvrant des 
éclaireurs algériens vers Savigny. Il y arriva dans la soirée, 
après avoir engagé ses convois sur les chemins conduisant 
de Cogniers à Saint-Jean-de-la-Couée. Ainsi, pour sa retraite, 
il faisait choix d'une direction l'écartant sensiblement du 
Mans, et devant entraîner, par suite, les nombreux désavan- 
tages auxquels nous avons fait allusion '. 

Enfin, à l'extrême droite de JoufFroy, le général Barry 
s'était également mis en retraite, non sans désordre. Outre 
les débris de sa division, il avait avec lui une partie de celle 
du général Morandy, des fractions des 15' et 17® corps, et le 
3' mixte de cavalerie légère. Le tout, sensiblement réduit 



1. Le 36» de marche (colonne Marty) y perdit 8 tués et %0 blessés {Histo- 
rique du 3&'e). 

D'après Chenu, les combats d'Épuisay, Sargé, Ruillé, etc., nous auraient 
coûté (7 décembre) 286 hommes hors de combat. 

s. Il faisait sans doute partie des éclaireurs algériens, qui s'étaient retirés 
par Savigny {Historique du 3» spahis, lieutenant Durandj. 

8. Chanzy, p. 273. Ce passage paraît en contradiction avec le télégramme 
de Chanzy au général de Jouffroy cité plus haut, p. 200. ^ 



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208 JOSKES, VENDOME, LE MANS. 

par l'envoi de renforts aux généraux de Curten et de Jouffroy, 
occupait, le matin du 7 janvier, Pont-de-Braye, Ruillé, 
la Chartre, Château-du-Loir, Chahaignes et l'Homme. Le 
3* mixte éclairait vers Sougé et Troo. 

C'est dans cette situation que Barry apprît la retraite de 
Jouffroy derrière la Braye. En même temps, on lui annonçait 
que Curten s'était replié de Château-Renault sur Château- 
la- Vallière, ce qui était faux^ Ce double mouvement rétro- 
grade compromettait ses deux flancs. Craignant pour sa 
retraite, il' se hâta de réclamer à Jouffroy une partie des 
troupes qu'il lui avait confiées; Joufifroy promit de diriger 
sur Pont-de-Braye les colonnes Marty et Baille. Mais c'était 
chose tout à fait impossible , au moins en ce qui concernait 
la première, alors en retraite vers Saint*Calais après avoir 
combattu au Poirier et à Fief-Corbin. En attendant leur 
arrivée, Barry tint le 8* mobiles (Charente) à Ruillé, prêt à 
se porter sur Pont-de-Braye. De la Chartre, les deux ba- 
taillons du 41*' de marche ^ et deux pièces se dirigèrent sur 
Montrouveau pour couvrir la gauche de Curten» 

Comme il est aisé de s'en rendre compte, les colonnes 
Jouffroy et Barry étaient déjà dans la confusion la plus com- 
plète, par suite, non seulement des échecs de la première, 
mais surtout du défaut de direction supérieure. Cette situa- 
tion était encore aggravée par le manque d'unité de vues 
entre le général en chef et Jouffroy. Venant après ceux que 
nous avons cités, un télégramme daté du 7 en donne la 
preuve évidente '. Il était déjà trop tard pour remédier à 
l'isolement de nos trois colonnes principales, celles de Jouf- 
froy, Barry et Curten, réparties de Saint-Calais à Château- 



1. Cette retraite eut lieu daDs la nuit du 8 au 9. 

2. Ce corps faisait partie de la V^ division (Roquobrune) du 17^ corps. 

3. Dans co télégramme, Chanzy rappelait le but unique de la mission confiée 
à Jouffroy : il s'était agi de reprendre à l'ennemi les passages du Loir et no- 
tamment Vendôme, de menacer de ces positions l'ennemi qui semblait vouloir 
marcher sur Tours, de protéger avec Curten la ligne de Tours au Mans et 
peut-être de refouler les Allemands sur le Haut-Loir. « Avec plus d'homogé- 
néité, les mouvements exécutés depuis lO jours auraient eu, bien certainement, 
des résultats plus appréciables. » 



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COMBAT DE LA FOURCHE. 209 

Renault, sur plus de 40 kilomètres d'un terrain difficile, et 
partagées en un grand nombre de détachements sans aucune 
cohésion, à peine reliés entre eux. Les vices du plan adopté 
éclataient brusquement à tous les yeux. Au contraire, l'exé- 
cution des ordres de Frédéric-Charles semblait être aidée par 
les circonstances. Dans la nuit du 7, l'état-major du roi lui 
confirmait la marche de Bourbaki vers l'est. Désormais 
Chanzy était réduit à ses seules forces. Frédéric -Charles 
prit ses dispositions pour en finir avec lui le plus tôt possible, 
n prescrivit en particulier au général von Hartmann de ren- 
voyer à Montoire le gros des troupes réunies autour de Saint- 
Amand; notre retraite sur la Braye rendait en effet peu 
probable un mouvement offensif de notre part au nord de 
Château-Renault. 



CAMPAGVB DE LA LOIRE. II. 14 



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CHAPITRE XXm 

COMBATS DE YAKCÉ ET DE RUILLÉ 

Envoi de Jauréguiberry sur le Loir. — Le X1ÎI« corps i la Ferté-Bemard. — Combat de 
Bellôme (8 Janvier). — Surprise de Yibraye. — Combat de Vaneé. — Combat de 
Raillé. — Combats au sud de Saint-Amand. — Ordres de Frédéric-Charles pour le 9. 
— Ordres de Chanzy. 

Chanzy se rendait compte, bien qu'encore incomplètement, 
du danger de la situation au bord du Loir. Comprenant 
qu'il résultait surtout du défaut de direction supérieure, 
de l'absence de liaison entre nos colonnes, il envoya le 
matin du 8 janvier Jauréguiberry à Château-du-Loir. L'a- 
miral devait prendre le commandement de toutes les troupes 
qui opéraient de Château-Renault au Mans, et les ramener 
sur les positions occupées par le reste de l'armée. Mais un 
premier contre-temps se produisit. Jauréguiberry, qui se 
rendait à Château-du-Loir par la ligne ferrée du Mans à 
Tours, ne put y arriver que dans la soirée. Déjà la situation 
s'était considérablement aggravée pour la 2* armée, aussi 
bien vers Nogent-le-Rotrou que vers Saint- Calais et la 
Chartre. 

La température, relativement clémente les jours précé- 
dents, subissait une nouvelle modification dans la nuit du 
7 au 8. Une légère gelée recouvrait de verglas les routes 
détrempées par le dégel; les mouvements de troupes en 
devenaient beaucoup plus difficiles. 

Le grand-duc avait porté sur la Ferté-Bernard la 22* di- 
vision, suivie de la 9* brigade de cavalerie. Leur avant- 
garde ne rencontra que des traînards de la colonne Rousseau ; 
mais la route avait été coupée en un si grand nombre de 
points que la 22" division ne put atteindre la Ferté avant 
4 heures du soir ; déjà la tête de la 17® division, qui venait 
de Ceton et de Cherreau, y était entrée sans aucune résis- 



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COMBATS DE VANCÉ ET DE BUILLÉ. 211 

tance. Le gros de cette dernière poussait plus au sud vers 
Courgenard et Cormes. Partout nos troupes s'étaient retirées 
dans la direction de Connerré. Le soir du 8 janvier, les deux 
divisions du XIII* corps s'établirent autour de la Ferté, 
derrière des avant -postes placés à- cheval sur la vallée de 
PHuisne. 

A leur droite, un détachement de la 12"* brigade de cava- 
lerie poussait de nouveau sur Regmalard, que, cette fois, 
elle trouvait évacué par Lipowski. Pour couvrir plus com- 
plètement le flanc du grand-duc, la 4* division se portait 
également de Nogent sur Bellême ; mais, avant d'y arriver, 
elle se heurtait à une vive résistance. Plusieurs bataillons 
de mobilisés de la Mayenne et des francs-tireurs occupaient 
en effet Bellême, avec la 2® batterie de montagne de l'artil- 
lerie de la marine. Deux pièces allemandes imposèrent 
silence à cette dernière, mais un bataillon d'infanterie, qui 
soutenait la 4® division, ne put refouler les mobilisés et les 
francs-tireurs. A la nuit, l'ennemi se retirait sur Berdhuis. 

A la gauche de la 17® division, le général von Eauch se 
portait sur Montmirail et Vibraye avec une colonne de trois 
bataillons, une brigade de cavalerie et deux batteries. Il 
avait mission d'intervenir sur la route de Saint-Calais au 
Mans, si une action sérieuse y était engagée. Son avant-garde 
trouva les abords de Vibraye occupés, à l'est de la Braye^ 
par une partie du corps Cathelineau. Celle-ci se gardait mal ; 
elle fut surprise et un bataillon allemand s'empara de plu- 
sieurs fermes et du pont de la Braye. Renforcé d'un second 
bataillon, il prit ensuite Vibraye, tandis que les Vendéens* 
se retiraient sur Semur en perdant quelques prisonniers. 
Puis, comme aucun engagement n'avait eu lieu sur la route 
de Saint-Calais, Rauch cantonna autour de Vibraye. 

Enfin, à l'extrême gauche du XIII* corps, la 2* division 
de cavalerie s'établissait vers Conflans, un peu au nord de 
Saint-Calais. Déjà cette ville avait été traversée sans diffi- 



1. 3 bataillons environ d'après rétat-mcgor prussien. Les pertes de l'ennemi 
furent insignifiantes. D'après Chenu nous eûmes 20 hommes hors de combat. 



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212 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

culte par la 6* division d'infanterie. Au delà, elle se heurta 
à de petits détachements français qui firent mine de dé- 
fendre les coupures de la chaussée, mais pour se retirer 
presque aussitôt. De même, la 5* division, qui marchait au 
sud de la route de Saint-Calais, ne rencontra que des traî- 
nards. Le ni' corps cantonna à cheval sur cette route, entre 
le Tusson et TAuille; Pavant -garde de la 6* division alla 
même jusqu'à Bois-des-Loges. 

Quant au IX' corps, qui suivait le HE', il cantonna à 
Saint-Calais ou plus à Test. 

Une brigade de cavalerie, la 14«, avait reçu mission de 
relier le III® et le X* corps. Dans la matinée, elle se dirigea 
de la Richardiàre sur Bessé et apprit, chemin faisant, que de 
la cavalerie française occupait encore Vancé ou marchait 
au delà, sur la Chapelle. En effet, le matin du 8 janvier, 
Jouffroy s'était mis en retraite de Sainte-Cérotte sur Mon- 
treuil-le-Henri , par EvaîUé, Sainte-Osmane et le pont de 
Monterneau. Une autre colonne, venant de Saint-Gervais- 
en-Vic, marchait par Cogners, Saint-Georges- de-la-Couée 
sur Courdemanche. Enfin la cavalerie se dirigeait sur Vancé, 
où elle était encore, lorsque la 14* brigade de cavalerie dé- i 
boucha devant ce village. i 

Vancé est situé sur la rive droite de la Braye, au fond de | 
la vallée et à mi-côte. Accueillie par un feu vif qui partait i 
de sa lisière, Tavant-garde des Allemands fut d'abord re- 
poussée. Mais leur batterie à cheval intervint, et Tune de 
ses pièces tira à mitraille sur des cuirassiers démontés, placés 
derrière une haie \ Le S"* cuirassiers, engagé dans un ter- 
rain coupé et glissant où il avait peine à se mouvoir, allait 
être sérieusement compromis, quand il fut dégagé par les 
éclaireurs algériens du colonel Goursaud. Mais la retraite 



1. L^état-major prussien mentionne des fantassins français installés à Test 
du Tusson. D'après Ghanzy, il n'y eut d'engagés que le 3<> cuirassiers de marche 
et les éclaireurs algériens. 

Les Allemands firent lOO prisonniers ; ils n'auraient perdu qu'un officier et 
5 hommes. L'état-mi^or prussien parait avoir commis une erreur en écrivant 
que nos. cavaliers furent poursuivis jusqu'au ruisseau de l'Étangfort, près de 
Maisoncelles. Notre retraite s'opéra au contraire vers Montreuil-le-Henrl et Saint- 
Georges-de-la-Couée . 



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COMBATS DE VANCÉ ET DE BUILLÉ. 213 

de ceux-ci fut des plus difficiles ; ils durent suivre un chemin 
creux où les obus allemands affluaient et perdirent ainsi une 
centaine d'hommes. De son côté, le 3* cuirassiers avait eu 
deux officiers et une vingtaine de cavaliers hors de combat. 

Ces deux corps se replièrent en désordre sur Montreuil- 
le-Henrî et Saint-Georges-de-la-Couée. Quant à Tennemi, 
il cantonna autour de Vancé. 

Le général Barry n'était pas plus heureux sur le Loir. 
Il avait appris à 6 heures du matin la retraite de Jouffi'oy 
vers Courdemanche et Montreuil-le-Henri ; il en conclut que 
les renforts attendus par lui n'atteindraient pas Pont-de- 
Braje, comme il était convenu. D'ailleurs, à l'approche de 
Cennemi, les escadrons du 3® mixte qui éclairaient vers Troo 
et Sougé se replièrent sur Pont-de-Braye. Craignant pour 
sa gauche, Barry les fit ramener vers Poncé 5 il prescrivit en 
même temps au 8* mobiles (Charente-Inférieure) de se tenir 
prêt à défendre le défilé de Ruillé. Déjà le lieutenant-colonel 
Bérard, venant de Montrouveau avec deux bataillons du 
4P de marche et deux pièces de 4, s'était replié sur Tréhet, 
ou il gardait l'accès de la Chartre sur la rive gauche du Loir. 
Enfin, de Château-du-Loir, le général Desmaisons envoyait 
à Chahaignes le lieutenant-colonel Rond avec un bataillon et 
deux pièces. 

Malgré ces mouvements, la faible division du général 
Barry restait encore éparse de Poncé à Château-du-Loir, sur 
une étendue supérieure à vingt kilomètres. Quant au X® corps, 
il avait à franchir une série de défilés ; il fut arrêté en outre 
par de nombreuses coupures pratiquées dans les routes, de 
sorte que son avant -garde déboucha devant Ruillé vers 
1 heure et demie seulement. Le 8® mobiles, un millier 
d'hommes au plus sous les ordres du lieutenant - colonel 
Noirtin, et une section du 2® régiment (21' batterie) oppo- 
Bèrent à l'ennemi une assez vive résistance. Nos mitrail- 
leuses, qui enfilaient la route, furent cependant réduites au 
silence par deux pièces prussiennes. Puis Noirtin, crai- 
gnant pour sa retraite, se replia sur la Maladrerie et, de là, 
sur Chahaignes, non sans perdre 200 prisonniers environ. 



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214 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

En même temps le lieutenant-colonel Bérard se retirait 
de Tréhet sur la Chartre, puis sur Château-du-Loîr, où il 
arrivait dans la nuit avec deux faibles bataillons du 41® de 
marche, 700 mobiles et quatre pièces de 4. Vers 4 heures 
du soir, le X* corps prussien s'établit autour de la Chartre. 
Deux bataillons poussés jusqu'à THomme avaient refoulé 
une grand'garde du 66® mobiles (Mayenne). Quant au gé- 
néral von Woyna, qui venait de Saint- Amand, il s'était 
avancé jusqu'à Sougé et Pont-de-Braye. 

A 5 heures du soir, l'amiral Jauréguiberry arrivait à Châ- 
teau-du-Loir, où il trouvait le général Desmaisons avec 500 
hommes au plus. Si nous permettions à l'ennemi de pousser 
sans plus de difficulté le long du Loir, la colonne de Curten^ 
qui était encore à Saint-Amand, serait infailliblement cou- 
pée de l'armée et peut-être détruite. Jauréguiberry prescrivit 
donc à Barry de tenir « coûte que coûte » à Chahaignes. 
Mais cet ordre était d'une exécution difficile dans les condi- 
tions d'épuisement et de démoralisation où se trouvaient nos 
troupes. 

A l'aile droite de l'armée, Curten continuait d'occuper 
Château-Renault, tout en ayant dû replier vers le sud ses 
avant-postes. Le matin du 8 ils étaient à hauteur de Ville- 
porcher. Le général von Hartmann renforça la 1" brigade 
de cavalerie, à Pias, de deux bataillons et d'une batterie ; 
puis il la dirigea sur Villeporcher qu'elle occupa après quel- 
ques coups de canon. Des chasseurs d'Afrique* qui étaient à 
Saint -Cyr- du -Gault furent rejetés sur Saint -Nicolas -des- 
Motets par un régiment de uhlans. Mais l'offensive ennemie 
s'arrêta là : un ordre, parvenu dans la matinée, prescrivait à 
von Hartmann de suivre sur la Chartre le mouvement du 
gros du X* corps, sans s'inquiéter de la colonne Curten. Il 
laissa des avant-postes devant Château-Renault et alla can- 
tonner vers Saint-Amoult, Prunay et Ambloy, avec l'inten- 
tion de continuer le lendemain sur la Chartre. 



1. Du i«' régiment de marche. 



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COMBATS DE VANCÉ ET DE BUILLÉ. 215 

Frédéric-Charles avait porté son quartier général à Saint- 
Calais. Dans la soirée, il ignorait encore si la situation s'était 
modifiée à Saint- Amand. Néanmoins, il persista dans la 
résolution de négliger la colonne de Curten, en continuant 
à pousser énergiquement son offensive vers le Mans. A 10 
heures du soir, il prescrivait au XTTT' corps de s'établir entre 
Saint-Mars-de-la-Brière et Montfort, avec un détachement 
à droite de THuisne. Le III* irait à Ardenay, le IX® à Bou- 
loire et le X® à Parigné-rÉvêque. Les deux corps des ailes 
feraient couper les voies ferrées d'Alençon et de Tours au 
Mans. Avec la 38* brigade d'infanterie et la 1" brigade de 
cavalerie, le général von Hartmann resterait au sud de 
Vendôme, en face de Curten. Il avait ordre de résister éner- 
giquement à tout mouvement offensif venant du sud et, en 
tout cas, de couvrir Vendôme. 

Ainsi, la IP armée entière, à l'exception de ces deux bri- 
gades, allait marcher concentriquement sur le Mans; la pré- 
sence de sa gauche à Parigné et à Bouloire rendrait sin- 
gulièrement difficile la retraite de Barry et de Curten sur 
le Mans. Chanzy se rendait compte, de plus en plus, du 
danger que courait une partie de son armée. Dans la journée 
du 8, il prescrivit à Jaurès de faire occuper fortement les 
ouvrages d'Yvré-l'Évêque, le plateau d'Auvours et les posi- 
tions en avant de Sargé ; le général de Colomb reçut l'ordre 
de pousser sa 2* division (Paris) sur la route de Saint-Calais, 
afin de ralentir la marche de l'ennemi dans cette direction. 
Oe mouvement avait pour inconvénient de couper en trois 
fractions le 17* corps, auquel la division de Jouffroy avait 
été, presque tout entière, enlevée. D'ailleurs, il ne put être 
exécuté aussi vite que le souhaitait Chanzy. La division 
Paris, qui s'était mise en mouvement le soir du 8, ne fut con- 
centrée que le 9, à 4 heures du matin, à Saint-Hubert-des- 
Roches. Précédée par trois escadrons du 4* mixte de cavalerie 
légère, elle se dirigea sur Ardenay où elle arriva vers 11 
lieures et demie. Les Allemands n'allaient pas tarder à l'y 
attaquer. 

Quant à Jauréguiberry, il semblait que Chanzy n'eût pas 



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216 JOSKES, VENDOME, LE MANS. 

encore renoncé à le voir reprendre les passages du Loir^ 
Cette illusion devait bientôt lui être retirée. 



1. Télégramme du 8 janTier : « Il est de toute nécessité de reprendre les 
passages du Loir... Vous avez le commandement de toutes les forces sur les 
deux rives... agissez donc pour le mieux, et avec vous ce sera bien. » 

Cette hypothèse est confirmée par ce fait, que le 75« mobiles, qui était 
aux Hunaudières, en avant de la Tuilerie, reçut Tordre de se diriger, le 9, sur 
Château-du-Loir. Un contre-ordre Ten empocha (Dumas, Le$ Mobiles de ifatne- 
et'Loire). 

Il résulte pourtant d*une dépêche du 8 au ministre que Ghanzy n'ignorait 
pas la retraite des mobilisés de la Mayenne, de la colonne Rousseau et de 
celle de Jouffroy. 



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CHAPITRE XXIV 

COMBAT d'ARDENAY 

Combat deBeUéme (9 Janvier). — Combat de Sceaux. — Ck>mbat de Thoiigné. — Combat 
de la Belle-Inutile. — Combat d'Ardenay. — Combat de Chahaignea. — Combat de 
Brires. — Jaorégaiberry i Château-da-Loir. — Retraite de Carten. ~ Ordreade Fré- 
déric-Charles. — Instractiona de Chanzy. 

La journée du 9 janvier fut particulièrement dure : au 
froid vif avait succédé une température un peu moins rigou- 
reuse. Mais la neige tomba presque tout le jour, couvrant le 
sol d'une couche de 30 à 40 centimètres, encore trop récente 
pour être foulée sans inconvénients. Par moment les rafales 
étaient si épaisses qu'elles cachaient des maisons situées à 
cent pas au plus. Les routes, couvertes de verglas depuis la 
veille, étaient devenues encore moins praticables. Presque 
partout les chevaux de Tartillerie et de la cavalerie durent 
être tenus en main *. 

Avant même d'avoir reçu les ordres de Frédéric-Charles', 
le grand-duc de Mecklembourg avait prescrit la continua- 
tion du mouvement vers le Mans. La 4* division de cavalerie, 
couverte sur son flanc droit par la 12* brigade, marcherait 
surBellême et Saint-Cosme, de façon à atteindre Bonnétable, 
s'il était possible. Les 17* et 22* divisions pousseraient au 
sud de la Ferté, sur la grand'route, et une colonne latérale 
les relierait, par Saint-Maîxent et le Luart, au général von 
Rauch qui devait se diriger sur Saint-Calais, par Berfay. 
Puis, à la nouvelle de l'occupation de Saint-Calais par le 
ni' corps, le grand-duc porta Rauch sur Connerré. 

Comme les jours précédents, la 4* division de cavalerie ne 
gagna du terrain qu'avec beaucoup de difficulté. Après un 



1. V. Wittich, ouvrage cité, p. 417. 

2. Ces ordres, datés du 8 jaavier à lo heures du soir, parvinrent au grand- 
duc le 9 à 7 heures du soir (V. der Goltz). 



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218 J08NE8, VENDOME, LE MANS. 

engagement qui dura jusqu'à la nuit, elle parvînt cependant, 
soutenue par un bataillon d^nfanterie, à repousser de Bel- 
lême les mobilisés de la Mayenne et les francs-tireurs Li- 
powski. Mais elle ne put s'avancer au delà. Derrière elle, 
des fractions de la 12'^ brigade, qui allaient de Senonches 
vers Longni, trouvaient encore ce point fortement occupé * et 
se retiraient au nord-est. 

Comme nous Tavons dit, la colonne Rousseau avait con- 
tinué sa retraite sur le Mans, en ralliant quelques renforts 
envoyés par Chanzy. Dans la matinée du 9, toute la 1" 
division du 2V corps était réunie aux abords de Connerré, 
sur la route de la Ferté-Bernard et le long de la Due, petit 
affluent de THuisne dont le cours est perpendiculaire à notre 
ligne de retraite. La 1'® brigade occupait les hauteurs de 
Duneau, au nord-est de Connerré ; la 2® s'étendait de la sta- 
tion jusqu'à deux kilomètres sur la route de Thorigné. Enfin 
un bataillon du 26* de ligne tenait ce dernier point. A l'est, 
Cathelineau s'était retiré sur Montfort après la surprise de 
Vibraye, ce qui laissait la droite de Rousseau complètement 
à découvert. 

Jaurès considérait à bon droit comme très critique la 
situation de ce général. Il demandait à Chanzy l'autorisation 
de porter sa 2* division en avant pour soutenir la l*"* et, dans 
la journée du 9, elle occupait les emplacements suivants à 
l'ouest de l'Huisne : la 1" brigade, sur les hauteurs au 
nord-est du ruisseau des Grands- Vaux, du Petit-Chassoir 
au Chêne, avec ses réserves en arrière, vers les Cohernières 
et la Charpenterie ; la 2® brigade à cheval sur le ruisseau du 
Fleuret, du Chêne à Chapelle-Saint-Remy, avec ses réserves 
de la Maison-Neuve à l'Aigionnière*. Dans ces positions, la 



1. État-major prussien. Nous n'avions pourtant ni troupes régulières, ni 
mobilisés dans cette direction. Les mobilisés de la Mayenne et le corps Li- 
powski s*étiiient retirés de Belléme vers Âlençon. 

8. Le 59« de marche à la droite près des fermes de Petit-Cavet (?) ; le 9« ba- 
taillon d'infanterie de marine et les fran^B-tireurs du Mans au château de 
Couléon et à l'ouest ; le 2« bataillon de l'Orne, les 3® et 4® de l'Orne à Saint- 
Remy ; le i^' de l'Orne et le bataillon du 41 ^ de ligne en réserve au château 
de Courvalain. Les mobilisés de la Sarlhe {3« et 4« bataillons) et l'artillerie en 
arrière (Des Moutis, ouvrage cité). 



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COMBAT D'aKDENAY. 219 

2« division du 21* corps couvrait Montfort et Lombron, tout 
en se reliant à la gauche de Rousseau. Plus à Touestf la 
3* division avait sa 1^* brigade à Savigné-rÉvêque, sur la 
route de Bonnétable, et la 2* vers la Trugalle, sur la route 
de Ballon. Enfin, dans la nuit du 8 au 9, la 4* division, 
jusqu'alors aux abords d'Yvré-l'Évêque, recevait Tordre de 
porter Tune de ses brigades à Montfort et l'autre à la Belle- 
Inutile, à mi-chemin de Connerré et de Saint-Mars-de-la- 
Brière, de façon à soutenir les 1" et 2* divisions \ Ces mou- 
vements n'étaient pas terminés que Tennemi attaquait le 
général Rousseau. 

Partie vers 9 heures du château de Beauchamp, Tavant- 
garde de la 17* division (cinq bataillons, deux escadrons, 
deux batteries, une compagnie de pionniers) se heurtait à 
nos avant-postes presque aussitôt après avoir dépassé Sceaux. 
Un bataillon déployé au nord de Joudry repoussait peu à peu 
nos troupes* vers le Poirier, Croix-de-Fer et Merdereau. 
Cependant, avec le 58* de marche, le lieutenant -colonel 
Roux dirigeait de la Grouas un énergique retour offensif, 
qui réussissait. Les Allemands étaient refoulés, et ils ne se 
reportaient en avant qu'à la nuit, après avoir enlevé Vouvray 
au 3* bataillon des mobiles de TAube. Avec l'aide d'un se- 
cond bataillon et de la colonne latérale venue du Luart, ils 
s'emparaient des Landes, de la Grouas et du Coudray, en 
faisant une centaine de prisonniers. Heureusement ils étaient 
arrêtés au delà de Duneau, vers le Point-du-Jour et la Belle- 
Etoile ; avec quelques hommes de bonne volonté, le lieute- 
nant-colonel Roux, le commandant Lombard et le chef d'es- 
cadrons Dubuquoy reprenaient l'offensive et refoulaient 
l'ennemi, la baïonnette dans les reins. Notre retraite pouvait 
alors s'effectuer sur Connerré, sous la protection de l'artil- 
lerie du général Rousseau, que la neige avait empêchée 
d'agir jusque-là. 



1. Le quartier général du 2i« corps était à Montfort. 

8. Il semble que nous ayons engagé entre Connerré et Sceaux le 58« de 
niarche, le is« chasseurs de marche, le 8« balaillou des mobiles de l'Aube et 
2 escadrons du 6« dragons de marche. 



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220 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Au sud de la route de Connerré^ un bataillon allemand 
qui s'avançait vers la Due se heurtait à un détachement 
d'infanterie qu'il dispersait. Mais des troupes sortant de Con- 
nerré apparaissaient sur son flanc gauche et l'obligeaient à 
se retirer vers le Luart. Malgré cet incident, les deux divi- 
sions jdu Xni* corps cantonnaient au nord et au sud de 
Sceaux, le long de la route, derrière des avant-postes passant 
par Duneau. Un détachement (trois bataillons, deux esca- 
drons et une batterie) occupait Tuffé et Saint-Hilaire sur la 
rive droite de l'Huisne. La 2* division du 2V corps n'avait 
pas eu à combattre. 

Cependant, un autre engagement se produisait sur la route 
de Nogent-le-Rotrou au Mans. Avec la colonne dont nous 
avons parlé, le général von Bauch marchait de Dolion vers 
Connerré, quant il apprit notre présence à Thorigné. Trois 
compagnies du 26* de ligne occupaient ce village, en atten- 
dant l'arrivée des renforts envoyés par Gougeard. Rauch 
dirigea contre elles deux bataillons, qui s'emparèrent de 
Thorigné vers 3 heures et demie \ mais sans pouvoir gagner 
de terrain vers Connerré. Renforcées du 90* mobiles (l""' et 
2» bataillons de la Corrèze, 5* de la Sarthe), les compagnies 
du 26" faisaient vigoureusement tête à l'ennemi vers le 
Croset. Entraînés par l'exemple du lieutenant-colonel Feu- 
jeas, qui était blessé deux fois et avait son cheval tué sous 
lui, les mobiles arrêtaient l'ennemi jusqu'à la nuit et exécu- 
taient même une contre-attaque, d'ailleurs sans résultat. 

En même temps le ô'' bataillon de fusiliers-marins et le 
bataillon de dépôt du 19* de ligne, qui défendaient une 
coupure pratiquée au croisement du chemin de Connerré au 
Breil et de celui de Thorigné à Soulitré, tentaient de re- 
prendre Thorigné. Mais cette attaque, opérée sans ensemble, 
échouait entièrement. La colonne von Rauch cantonnait à 
Thorigné, au Croset et à Dolion, dans notre voisinage immé- 
diat. D'ailleurs, comme nous le verrons, plusieurs des ba- 
taillons de Gougeard avaient été délogés de la Belle-Inutile 



1. État-major prussien ; Chanzy dit le malin (p. 290). 



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COMBAT d'aRDENAY. 221 

par des fractions du m* corps. La situation de nos troupes 
devenant intenable à Connerré, elles se retirèrent pendant la 
nuit sur Montfort et Pont-de-Gennes. Nos pertes étaient con- 
sidérables : 24 tués, 98 blessés et 756 disparus ; 500 prison- 
niers restaient aux mains de Tennemi, qui avait perdu moins 
de 70 hommes. Au sud, nos fuyards allaient se jeter jusque 
dans les cantonnements du m^ corps prussien. 

Celui-ci s'était porté sur Bouioire en se couvrant vers le 
nord d'une colonne latérale ^ chargée de le relier au XIII* 
corps. Après avoir repoussé des francs-tireurs de Nuillé et 
de Mauguilinière, le lieutenant-colonel zu Lynar marchait 
sur la Belle-Inutile, c'est-à-dire vers la ligne de retraite des 
divisions Rousseau et Gougeard. Il ne tarda pas à se heurter 
contre une partie de cette dernière. 

On se souvient que le général Gougeard avait reçu Tordre 
de partir au petit jour pour Thorigné, avec sa l""' brigade. 
II se mit en marche à 7 heures, laissant quelques troupes à 
la garde du plateau d'Auvours, d'Yvré et de Champagne. 
A Saint-Mars-la-Brière, il était arrêté par un télégramme 
lui prescrivant d'occuper la Belle-Inutile, que le bataillon du 
19* de ligne et les francs-tireurs de Fontainebleau venaient 
d'évacuer pour se porter vers Connerré. 

En débouchant sur la Belle-Inutile, le bataillon du 62* de 
ligne, qui marchait en tête de l 'avant-garde, était attaqué 
par la colonne zu Lynar. Celle-ci le refoulait, non sans une 
vive résistance, en faisant une centaine de prisonniers. 
Gougeard allait tenter un retour oflfensif avec ce bataillon, 
les mobilisés de Rennes et plusieurs pièces de montagne, 
quand il apprit l'arrivée à Saint-Mars-la-Brière d'une partie 
de la division Paris (deux bataillons des 48* et 51* de marche) 
fort en désordre. Ainsi Saint-Mars était directement menacé. 
Craignant pour ses derrières, Gougeard arrêta son mouve- 
ment et maintint sa colonne sous les armes jusqu'à minuit. 
A ce moment il apprenait la retraite de Rousseau sur Pont- 
ie-Gennes et reprenait la route d'Yvré. Il y arrivait à 



1' 1 bataillon, 2 escadrons, 4 pièces. 



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222 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

7 heures du matin, le lendemain, après 24 heures de marche 
ou d'attente devant Vennemi \ Quant à la colonne zu Lynar, 
elle était demeurée à la Belle-Inutile, à peu près entourée 
par nos détachements et obligée de placer des avant-postes 
dans toutes les directions. Durant la nuit, ces postes et les 
cantonnements voisins furent, à plusieurs reprises, alarmés 
par des isolés ou de petits détachements français qui erraient 
à l'aventure . 

A l'est, la 2* division, qui reliait le XIII* corps au reste 
de l'armée, était encore à Saint-Michel-de-Chavaigne. 

Le gros du III* corps avait gagné beaucoup plus de ter- 
rain. La 6* division et l'artillerie de corps devaient marcher 
sur Bouloire par la route du Mans, pendant que la 5" division 
s'avancerait parallèlement à elles, au sud de cette route. 
Partie des Loges vers 9 heures, l'avant-garde de la 6* divi- 
sion (cinq bataillons, deux escadrons, huit pièces, une com- 
pagnie de pionniers) occupa Bouloire sans difficulté. Mais 
en débouchant sur Ardenay, elle rencontra une vive résis- 
tance. 

Comme nous l'avons dit, la 2* division du 17* corps (gé- 
néral Paris) avait reçu la veille l'ordre de se porter vers 
Saint-Calais. Elle quitta ses cantonnements vers ô heures 
du soir, traversa le Mans et n'atteignit Saint-Hubert-des- 
Rochers que le lendemain vers 4 heures du matin, après 
avoir été renforcée de trois escadrons du 4* mixte de cava- 
lerie légère. Ail heures et demie, elle était à Ardenay et 
y prenait position. Un bataillon du 48*" de marche s'établis- 
sait en avant-postes dans le parc et à cheval sur la route de 
Saint-Calais. Derrière lui, le 10* chasseurs de marche occu- 
pait la droite de la division, au sud du château d' Ardenay, 
puis venaient deux bataillons du 48® de marche, les 2* et 
3® bataillons du 51% sur les crêtes au nord-est, et le V ba- 
taillon dans la plaine coupée par la route. Enfin, la gauche 
était formée du 85^ mobiles (Gers) dont quatre compagnies 
observaient le chemin du Breil. 



1. Gougeard, ouvrage cité. 



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COMBAT d'abdenay. 223 

II tombait d'épaiBses rafales de neige; vers midi et demi, 
les trois escadrons du 4* mixte et la compagnie d'éclaireurs 
de la division venaient de rentrer sans avoir rien remarqué, 
quand nos avant-postes furent brusquement attaqués. En une 
heure l'engagement devint général. Malgré la vigoureuse 
résistance du 1*' bataillon du 51* de marche, dont le chef de 
bataillon, Corcelet, fut mortellement blessé, notre gauche se 
replia vers l'ouest en abandonnant les hauteurs et le bois 
au sud-ouest du Breil. Cependant on avait réussi, à grand'- 
peine, à hisser sur la butte d'Ardenay trois pièces de 4 et 
une mitrailleuse. Malgré tous leurs efforts, les Allemands 
ne parent mettre que deux pièces en batterie sur la route, 
et elles ne parvinrent pas à faire taire les nôtres. Grâce à 
celles-ci, la résistance du centre et de la droite de Paris put 
se prolonger. Vers 4 heures et demie seulement, l'ennemi 
s'emparait du château d'Ardenay; en même temps, il tra- 
versait les prairies au nord de la route et pénétrait dans le 
bois qui longe la Butte. En vain le 51^ de marche tentait un 
retour offensif sur la route et au sud de celle-ci. A la nuit, 
après une première attaque que ce régiment repoussait à la 
baïonnette, les Allemands se portaient en avant sur toute 
la ligne. Ils s'emparaient d'Ardenay et du hameau de la 
Butte, au moment même où Paris prescrivait la retraite (vers 
7 heures et demie). Non sans désordre, sa division se retirait 
sous la protection du 10" chasseurs de marche. Le matin du 
10, après une marche de nuit dans les conditions les plus 
pénibles , elle était rassemblée sur le plateau d'Auvours. 
Deux de ses bataillons, égarés, avaient atteint, près de Saint- 
Mars-la-Brière, la route de La Ferté-Bemard au Mans. 

Cependant deux bataillons allemands , envoyés par Sur- 
fond contre la droite de Paris, avaient refoulé, à la Cohainière, 
une fraction du 10* chasseurs de marche (vers 4 heures). 
Us cherchèrent ensuite à passer le ruisseau d'Ardenay pour 
nous tourner, mais sans pouvoir y parvenir. Ils cantonnèrent 
à l'est du Narais, avec les troupes engagées à Ardenay . 

Ce combat, qui nous coûtait 40 tués et 210 blessés, dont 
2 officiers tués et 10 blessés, outre un grand nombre de dis- 



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224 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

parus, n'avait qu'insensiblement ralenti la marche de l'en- 
nemi. Les pertes allemandes n'étaient même que de 4 offi- 
ciers et de 152 hommes, résultat nullement en rapport avec 
nos sacrifices. Le lU^ corps, qui nous avait fait plus de 1,000 
prisonniers , s'était enfoncé comme un coin entre nos co- 
lonnes, rendant à peu près impossibles leur retraite et la 
concentration de l'armée. 

Au sud de la route de Saint-Calais, la 5* division d'infan- 
terie n'avait rencontré aucune résistance. Cependant l'état 
des routes était tel qu'elle dut cantonner entre le Gué-de- 
l'Aisne et Saint -Mars- de -Locquenay, sensiblement à l'est 
d'Ardenay. Son avant-garde atteignit le château de la Bu- 
zardière et un bois voisin de Parigné-l'Evêque. Enfin, der- 
rière le m* corps, la tête du IX' poussa jusqu'à Bouloire. 
Le X', qui aurait dû atteindre Parigné, était encore fort en 
arrière; l'état des chemins, plus encore que notre résistance, 
l'avait beaucoup retardé. 

Von Voigts-Rhetz avait prescrit au général von Woyna de 
se porter sur Vancé par Pont-de-Braye, tandis que les troupes 
du X* corps rassemblées à la Chartre marcheraient sur 
Grand-Lucé par Saint- Vincent-du-Lorouer. La 14* brigade 
de cavalerie relierait Woyna au IJI* corps. 

Déjà les Allemands savaient par des interrogatoires de 
prisonniers que nous occupions les hauteurs de Chahai- 
gnes, à l'ouest de la Venne. En effet le général Barry avait 
établi une partie de sa division sur la rive droite de ce ruis- 
seau, en se couvrant d'une grand'garde du 66* mobiles 
(Mayenne), restée au moulin de Saint-Biaise. Le 3® bataillon 
du 31* de marche était installé du Gué-de-la-Pointe au Pré- 
sidial, avec un détachement du 38* de marche à sa droite. 
Une compagnie, postée au château de Béhéhart, gardait le 
pied des hauteurs et plusieurs des passages du ruisseau. Le 
2* bataillon du 31* de marche occupait les hauteurs entre Le 
Pressoir et Chahaignes. Une section de mitrailleuses (19* 
batterie du 19* régiment) était au-dessus du Pressoir; des 
Héraudières, une autre battait le chemin de l'Homme à 
Chahaignes ; on avait pratiqué des abatis sur cette voie. 



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Carte NfV'II 



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-^?-" 



COMBAT d'ardenat, 225 

Enfin le 8® chasseurs de marche, les !•' et 2* bataillons du 
22* mobiles (Dordogne) étaient à Chahaignes; le 8* mobiles 
(Charente-Inférieure) formait réserve. 

Le matin du 9 janvier, lorsque Tavant-garde de la 20* di- 
vision (trois bataillons, un escadron, une batterie, une com- 
pagnie de pionniers) quitta l'Homme, elle fut accueillie par 
un feu vif venant de Chahaignes. Deux bataillons qu'elle 
déploya devant notre gauche refoulèrent le 31* de marche 
au delà de la Venue ; craignant d'être tourné par la forêt de 
Bersay, Barry envoya le 8* mobiles dans cette direction. 

Cependant une batterie allemande prenait position au 
nord-ouest de l'Homme, mais pour en être bientôt délogée 
par nos obus. Elle se retirait jusqu'à la Goudonière où une 
autre venait la renforcer. Enfin une troisième ouvrait le feu 
de la Corbinière. La neige, qui tombait en abondance, les 
obligeait bientôt à arrêter leur tir (vers 9 heures). Prévoyant 
une vigoureuse résistance, von Voigts-Rhetz prescrivait au 
général von Woyna de marcher au canon, contre notre 
gauche. 

Mais deux autres bataillons allemands avaient franchi la 
Venue sur un pont improvisé, pour se porter sur Chahaignes 
dont ils s'emparaient sans grande résistance (10 heures), en 
refoulant notre droite vers Fiée et Château -du -Loir. Au 
même instant, les deux bataillons de la droite allemande 
repoussaient notre gauche sur la forêt de Bersay. Dans la 
soirée, la majeure partie des troupes de Barry, et notam- 
ment son artillerie, était à Jupilles. 

Ce combat nous coûtait 12 officiers et 350 hommes \ beau- 
coup plus que n'avait perdu l'ennemi. 

Vers 2 heures, la 20® division reprenait son mouvement 
surBrives, par les deux rives de la Venue. Mais sa marche 
était très lente ; la neige et le brouillard bornaient étroite- 
ment les vues ; le pays était accidenté et les pentes rapides ; 
les ravins et les chemins creux s'y succédaient constamment. 



1. Dont 1 officier cl 99 hommes tués, blessés ou disparus au Sl« de marche 
{tiiitorique du 31^). L'ennemi perdit 6i hommes à Chahaignes et à Brives. 

CAMPAONB DE LA LOIRB. II. t5 



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226 

Cavaliers et conducteurs étaient contraints de tenir leurs 
chevaux en main , car, dans ces chemins étroits , la chute 
d'un cheval arrêtait toute la colonne. Le général von Voigts- 
Rhetz était juché sur un avant-train que son état-major sui- 
vait à pied. Il dut renoncer à se faire accompagner de son 
artillerie de corps, et la renvoya à Lavenay pour chercher 
une voie plus facile. 

Cependant von Woyna se dirigeait également sur Brives, 
en venant de Test. Après avoir repoussé de petits détache- 
ments français, il atteignit le château de la Chênehuère. 
Mais le canon avait cessé de retentir vers Chahaignes. Ne 
sachant s'il pourrait continuer sa marche et si la 20® division 
avait pu elle-même se diriger vers Brives, il revint sur le 
Tusson. 

De son côté, en débouchant devant Brives (3 heures et 
demie), la 20" division était accueillie par un feu vif. Nous 
avons dit que, la veille, Jouffroy s'était retiré sur Courde- 
manche et Montreuil-le-Henri. Dans la matinée du 9, il diri- 
geait sur Maisoncelles la colonne Thiéry, afin de se relier 
aux troupes que Chanzy portait alors à Ardenay \ De même, 
dès 4 heures du matin, la brigade Baille quittait Saint-Pierre- 
du-Lorouer pour aller prendre position au sud de Brives. 
En ce point, le chemin de la Chartre au Mans est encaissé 
entre deux hautes collines couvertes de sapins. Soutenu par 
le 66® mobiles, le gros du 38* de marche prit position sur 
ces hauteurs, à bonne portée de la Venue. 

L'état du sol empêchant l'ennemi de recourir à sa tactique 
favorite en débordant nos deux ailes, il se bornait à des 
attaques de front qui furent d'abord repoussées. Mais, vers 
4 heures et demie, l'entrée en ligne de deux bataillons 
venant de Chahaignes par la rive droite de la Venue obligea 
le colonel Baille à la retraite *. Ne pouvant rejoindre Barry, 



1 . Le colonel Thiéry paraît n*avoir jamais atteint Maisoncelles. 

2. Le 38* de marche avait perdu i officier, une quarantaine d*hommes hors 
de combat et quelques prisonniers {Historique du 38^). D'après le D' Chenu, 
Tensemble de nos pertes du 9 janvier aurait été de 24 tués, 98 blessés et 
766 disparus. 



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COMBAT d'ardenat. 227 

il prit le parti de rallier Joufiroy vers le Grand-Lucé. Le 
colonel von Valentini le poursuivit avec quatre bataillons, 
malgré la nuit (6 heures et demie). Il trouva Saint-Pierre- 
du-Lorouer déjà évacué*; Saint- Vincent fut aisément occupé 
par lui et un convoi de cent voitures de vivres, escorté par 
une centaine d'hommes, y tomba entre ses mains. Valentini 
cantonna ensuite dans Saint- Vincent, sous la protection d'a- 
vant-postes qui, vers minuit, eurent encore à repousser l'un 
de nos détachements, égaré. Le reste de la 20* division 
s'installa entre Brives et la Chartre, et Woyna, de Vancé à 
la Chapelle-de-Gaugain. La 14* brigade de cavalerie, arrêtée 
à Mon treuil -le -Henri et à Saint -Georges -de- la -Couée par 
des fractions de la division Jouffroy, était revenue à Vancé. 

Quant au gros de Joufiroy, il s'était retiré sur Grand- 
Lucé et Pruillé-l'Éguillé. Cette retraite, opérée de nuit, par 
des chemins détournés couverts de 40 centimètres de neige, 
avait été des plus pénibles. Ainsi le 45* de marche, parti à 
la nuit de Saint-Georges-de-la-Couée, trouva Saint-Vincent 
déjà occupé et ne put gagner Grand-Lucé qu'en suivant une 
traverse. De telles épreuves hâtaient la dissolution, déjà 
imminente, des troupes de Jouffroy et de Barry. 

Jauréguiberry était arrivé la veille au soir à Château-du- 
Loir, comme nous l'avons dit. La situation générale ayant 
grandement empiré depuis son départ du Mans, Chanzy lui 
télégraphia le 9 janvier de rappeler sur l'heure Curten de 
Château-Renault, en laissant la colonne Cléret, seule, à 
l'est du chemin de fer de Château-du-Loir à Tours. Au cas 
où elle y serait forcée, elle se retirerait au nord du Loir par 
le Lude. Chanzy n'abandonnait pas encore la pensée de dé- 
fendre les passages de cette rivière, vers la Chartre et Châ- 
teau-du-Loir. Il croyait que Barry et Curten pourraient y 
suffire, tandis que Jouffroy, porté au Grand-Lucé, se relie- 
rait à la division Paris dans son mouvement vers Bouloire. 
Jauréguiberry ne ramènerait ces trois colonnes au Mans que 
si son flanc gauche était menacé *. 



i. Chanzy, ouvrage cité, p. 652. 



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..»HS^ 



228 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Jaurégiiiberry ne pouvait nourrir les mêmes illusions. 
A son arrivée à Château -du -Loir, il y avait trouvé 500 
hommes au plus, avec le général Desmaisons. Pendant la 
nuit, il reçut les deux faibles bataillons du 41^ de marche, 
les 700 mobiles et les quatre pièces de 4 que ramenait le 
lieutenant-colonel Bérard. Ces troupes, sans vivres, en com- 
plet désarroi, venaient de parcourir 30 à 40 kilomètres, et 
on ne pouvait guère en tirejr parti. Néanmoins, apprenant 
que Barry était attaqué à Chahaignes, Tamiral porta un ba- 
taillon et deux pièces à Fiée pour le recueillir. Un bataillon 
du 22' mobiles (Dordogne), arrivé dans Taprès-mîdi à Châ- 
teau-du-Loir, fut également dirigé sur Fiée. 

En comprenant ces détachements, Jauréguiberry avait 
pu ramasser, à grand'peine, 3,500 hommes, et il annonçait 
H Chanzy Tintention de partir avec eux pour le Mans, après 
avoir tiré d'affaire Curten\ Il n'y avait pas, en effet, un 
instant à perdre avant de prendre ce parti. 

Curten s'était mis en retraite dans la matinée du 9. Lais- 
sant à Château-Renault le lieutenant-colonel Vial avec cinq 
bataillons, deux escadrons et huit pièces', il s'était dirigé 
sur Neuillé-Pont-Pierre. De là, il prenait la direction de 
-Château-du-Loir, où il arrivait le soir du 10, tandis que la 
brigade Cléret marchait sur Saumur. 

Cette retraite coïncidait avec un mouvement offensif des 
Allemands. Dans la matinée, le général von Hartmann avait 
rassemblé la 38* brigade, cinq escadrons et demi, deux 
pièces près du château de Fresne, et la 1" brigade de cava- 
lerie sur la route de Vendôme. Vers 1 heure, il entra dans 
Château-Renault, après un petit combat, et y cantonna en 
se bornant à un semblant de poursuite. 

Le soir du 9 janvier, cet ensemble de faits était encore 
très imparfaitement connu de Frédéric-Charles. De Bouloire, 



1. ChaDzy, ouvrage cité, p. 557. 

2. 27® mobiles (Isère), i bataillon de la Mayenne, i bataillon des Hautes- 
Pyrénées, 4 pièces de 4, 4 pièces deT montagne, i escadron de chasseurs d'A- 
frique et 1 escadron du 8« hussards. (De Fondras, Une page d*hisloire. Les 
Francs-tirevrs de la Sarthe.) 



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COMBAT d'ardenay. 229 

où était son quartier général, il avait appris le mouvement 
du m* corps ; par la 14* brigade de cavalerie, il savait que 
le X* corps avait rencontré une vive résistance au nord de 
la Chartre. Ce fut dans la nuit seulement qu'il réunit des 
données certaines sur les positions atteintes par le grand-duc. 
On pouvait admettre que , selon toute probabilité, Chanzy 
livrerait bataille derrière THuisne ; dans ce cas , il serait 
avantageux que les ailes de la iP armée fussent arrivées à 
la même hauteur que le IIP corps. Mais Frédéric-Charles 
jugea, non sans raison, que tout retard permettrait à Chanzy 
d améliorer une situation déjà fort compromise. Cinq de nos 
divisions exécutaient en ce moment une retraite concen- 
trique sur le Mans ; celles venant de Château-Renault et de 
la Chartre devaient avoir peine à atteindre cette ville, si 
les Allemands continuaient énergiquement leur offensive. 
Bailleurs le moral et Tétat physique de ces troupes, qui 
avaient été engagées dans une série de combats malheureux, 
ne pouvaient qu'être profondément atteints. Il était urgent 
d'en profiter. 

Au lieu d'exécuter une attaque enveloppante sur le Mans, 
suivant la tactique habituelle de nos adversaires, Frédéric- 
Charles prit le parti le plus hardi, celui qui devait lui 
donner des résultats immédiats, quoique moins complets 
peut-être : celui d'une offensive directe sur tout son front. 
Il décida que le IIP corps pousserait en avant d'Ardenay et 
le XIIP au delà de Saint-Mars-la-Brière, tandis que la 4" di- 
vision de cavalerie, renforcée d'artillerie et d'infanterie, 
marcherait par la rive droite de THuisne sur Bonnétable et 
le Mans. Le IX' corps enverrait un détachement à Thorigné 
pour soutenir le grand-duc; le reste se porterait surBouloire, 
en seconde ligne. Quant au X* corps, il attaquerait Parigné 
avec le concours du III®. 

Ces mouvements offensifs devaient être menés avec plus 
de vivacité et d'énergie que jamais, de façon à accroître le 
désordre des colonnes françaises en marche vers le Mans, 
pêle-mêle avec les troupes allemandes. 

Ainsi que l'avait jugé Frédéric-Charles, le parti de l'at- 



i 



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230 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

taque immédiate était le plus désavantageux pour notre 
armée. Celle-ci allait être dans Timpossibilité d'achever sa 
concentration sur les positions préparées autour du Mans. 
Aussi devait-elle y opposer une résistance beaucoup moins 
énergique que lors de la bataille de Josnes. 

11 S3mble que Chanzy n'ait pas attaché immédiatement à 
Toffensive de Frédéric - Charles toute l'importance qu'elle 
comportait *. Son caractère même lui échappait : € Les pro- 
jets de Tennemi sont aujourd'hui manifestes, télégraphiait-il 
au ministre dans la matinée du 9. Son but est de nous attirer 
en dehors de nos positions du Mans pour chercher à nous 
battre en détail, ou bien de nous refouler sur ces positions 
et de nous y bloquer, pour empêcher la marche qu'il prévoit 
sur Paris. » Dans cette hypothèse, il se hâtait de provoquer 
un ensemble de mesures destinées à le renforcer, et qui ne 
purent être exécutées qu'en partie : l'envoi à Alençon d'une 
fraction du 19* corps, au moins, tandis que les troupes dis- 
ponibles du 25*. se porteraient de Vierzon à Tours ; la répar- 
tition des neuf bataillons de mobilisés de la Mayenne le long 
de la ligne du Mans à Caen, pour en assurer la garde. 

Mais la situation s'aggravait dans la journée du 9. Malgré 
l'envoi d'un grand nombre d'officiers à leur recherche, 
Chanzy ne pouvait recevoir aucune nouvelle de Barry, de 
Curten et de Jouffroy. Il communiquait encore, irrégulière- 
ment il est vrai, avec Jauréguiberry à Château -du -Loir. 
A 4 heures et demie, il lui adressait par le télégraphe de 
nouveaux ordres. La route du Grand-Lucé au Mans n'était 
plus gardée que par des francs-tireurs et de la cavalerie; 
Jauréguiberry était donc invité à diriger sur l'heure Joufiroy 
vers Parigné, tandis que Barry marcherait sur Ecommoy. 
De Parigné, Jouflfroy se relierait vers Ardenay à la division 
Paris. Quant à l'amiral, s'il ne pouvait tenir à Château-du- 



1. Il était souffrant depuis le 7 janvier et avait dû garder le lit ; un moment 
môme on craignit la petite vérole. Le soir du lO son entourage était encore 
très inquiet; pourtant le il, à 7 heures et demie du malin, il était en selle. Après 
quelques heures passées le long de nos lignes, il s^était complètement trans- 
figuré (Qhuquet, p. 123). 



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COMBAT d'aBDENAY. 231 

Loir jusqu'à sa jonction avec Curten, il se rabattrait sur le 
Mans par Écommoy. Au cas où les Allemands marcheraient 
de la Chartre sur Grand-Lucé ou Jupilles, il les attaquerait 
de flanc. Si, au contraire, il pouvait atteindre Ecommoy et 
Grand-Lucé, il inquiéterait sérieusement l'ennemi et, au 
besoin, se replierait sur le Mans, en longeant la ligne ferrée 
de Tours à cette ville*. Mais l'impraticabilité de cette com- 
binaison ne tardait pas à être pleinement démontrée. 

Dans la soirée, Chanzy apprenait que la brigade de cava- 
lerie Digeard avait évacué Grand-Lucé pour rallier le reste 
de la cavalerie du 16' corps à la Rochère. Cette retraite lui 
parut insuffisamment motivée et, sous cette impression, il 
adressa aux commandants de corps d'armée des instructions 
conçues dans un tout autre esprit : « Si l'ennemi s'avance 
aussi eflfrontément, c'est.... parce que nous ne lui opposons 
nulle part une résistance sérieuse, alors que nous disposons 
partout de forces au moins égales aux siennes. » Aussi pres- 
crivait-il l'offensive immédiate dans toutes les directions. 
Le général Deplanque ferait réoccuper, la nuit même, la 
position de Parigné et y porterait au jour l'une de ses bri- 
gades. La cavalerie du 16' corps regagnerait Grand-Lucé 
et s'y mettrait en relations avec le général de Jouflfroy, qui 
avait reçu l'ordre de tenir fortement ce village. Quant à Jau- 
réguiberry, tout en couvrant la retraite de Curten, il diri- 
gerait une attaque de flanc contre la colonne allemande en 
marche de la Chartre vers le Mans. Le général de Colomb 
reprendrait lui aussi l'offensive dès la pointe du jour, sur la 
route de Saint-Calais, et rejetterait l'ennemi au delà d'Arde- 
nay. Enfin Jaurès se porterait à Pont-de-Gennes pour atta- 
quer Thorigné et Connerré. 

Même si ces attaques échouaient, nul ne devrait songer à 
se retirer vers le Mans sans avoir tenu jusqu'à la dernière ex- 
trémité. Alors seulement on se replierait sur des positions in- 
diquées à l'avance, pour les défendre avec la même énergie. 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 29i. D'après ce télégramme, l'amiral aurait eu 
l'intention de se retirer sur la Flèche. 



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232 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

A ces prescriptions, Chanzy en ajoutait d'autres au sujet 
des fuyards, dont le nombre croissait sans cesse depuis plu- 
sieurs jours. Afin de les arrêter dans leur mouvement ins- 
tinctif vers le Mans, il prescrivait au général Bourdillon 
d'établir ses deux «régiments de gendarmerie à quatre kilo- 
mèti'es à Test de cetie ville. Des officiers envoyés le 9 dans 
toutes les directions avaient rendu compte que, nulle part, 
le service d'avant-postes n'était convenablement fait. Chanzy 
rappelait chacun à Tobservation des règlements dans une 
matière aussi grave. Il n'y a point à alléguer le mauvais 
temps, disait-il avec justesse ; il est le même pour tous, et 
les Prussiens ne s'en préoccupent pas. Il terminait par 
Tannonce d'une « grande victoire » de Bourbaki à Viller- 
sexel. 

Tout en rendant pleine justice à l'énergie indomptable de 
Chanzy, à la persévérance avec laquelle il se raidissait 
contre tous les obstacles, qu'ils provinssent des circonstances 
ou des hommes, on est contraint de reconnaître que ces ins- 
tructions étaient déjà inexécutables. Il eût été impossible de 
reprendre l'offensive avec la division Paris, qui venait d'être 
battue à Ardenay, avec celles de Rousseau et de Jouffroy, 
en retraite depuis plusieurs jours dans les conditions les plus 
pénibles. D'autre part, la présence de l'ennemi à la Belle- 
Inutile, à Ardenay, près de Parigné et de Grand -Lucé 
suffisait pour rendre très délicate la retraite de Jouffroy, de 
Barry et de Curten sur le Mans. La dispersion, la désorgani- 
sation déjà très grande de nos troupes leur interdisaient l'of- 
fensive. Il semble que le seul parti à prendre aurait été de 
concentrer le plus vite possible l'armée autour du Mans, 
afin de la préparer au choc décisif attendu par tous. 

D'ailleurs, la plupart des généraux sous les ordres de 
Chanzy étaient loin de partager ses idées. Dans la nuit du 9 
au 10, le général de Colomb lui exposait le fâcheux, état de 
la division Paris, en demandant l'autorisation de la ramener 
sur le plateau d'Auvours. Chanzy répondait en confirmant, 
par deux fois, l'ordre inexécutable de culbuter Tennemi au 
delà d' Ardenay. A Jaurès, qui avait soulevé de semblables 



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COMBAT d'ardenay. 233 

objections, il télégraphiait vers minuit pour maintenir ses 
instructions : le 10, le 2V corps reprendrait les positions 
abandonnées par le général Rousseau. En dépit de la ténacité 
de Chanzy, aucune de ces prescriptions ne devait être exé- 
cutée. 



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CHAPITRE XXV 

BATAILLE DU MANS 
(Journée du 10 janvier) 

Opérations da III« corps. — Combat de Parigné. — Intervention de Jonffroy. — Retraite 
de Pereira et de Jonffroy. — Combat de Changé. — Combat de Saint-Habert. — Re- 
prise de Champagne. — Le XI [I« corps. — La division Colin. — Combat de Chante- 
loup. — Retraite de Barry et de Jaurégniberry. — Projets de Chanzy. — Situation de 
l'armée. — Instructions du 10 Janvier. — Ordres de Frédéric-Cliarles. 

Le matin du 10 janvier, la situation générale des troupes 
allemandes était presque Tinverse de ce qu'avait projeté Fré- 
déric-Charles. Au lieu de pousser en avant ses deux ailes, de 
façon à dessiner un double mouvement enveloppant, il avait 
enfoncé son centre dans les lignes françaises, tandis que le 
reste de Tarmée était encore fortement en retrait. De plus, 
le IIP corps, ainsi placé en flèche, ne comptait pas plus de 
12,000 fusils, en raison du grand nombre de détachements et 
d'éclopés. Il était dispersé de Champagne jusqu'au delà de la 
route de Parigné, sur un front de 10 kilomètres. Dans ces 
conditions, Tofifensive impliquait certains risques. Mais Fré- 
déric-Charles comptait sur notre défaut habituel d'initiative*. 
D'ailleurs, il avait en réserve le IX* corps, encore intact. 

Dans la matinée du 10 janvier, une nouvelle variation de 
température, qui se produisit brusquement, rendit nos mou- 
vements encore plus difficiles. Il dégela jusque vers midi, et 
les routes se couvrirent de verglas au point de devenir impra- 
ticables. Sur celle de la Ferté-Bernard par exemple, les Alle- 
mands durent défoncer la descente de Sceaux et la couvrir 
de sable, de cendre ou de fumier, avant d'y faire passer leur 
artillerie. 

L'expérience des derniers jours leur avait montré l'împos- 



1. Von der Gollz. 



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BATAILLE DU MAXS. 23Ô 

sibilité d'employer avec fruit des colonnes profondes, sur un 
terrain aussi couvert et durant des journées aussi courtes. Il 
était préférable d'en multiplier le nombre en opérant sur un 
large front, malgré la difficulté de coordonner les mouvements 
et au risque d'être relativement faible sur tous les points. 

C'est ainsi qu'au IIP corps le général von Alvensleben dé- 
cida que les 9* et 10* brigades se porteraient chacune du 
Gué-de-l'Aune et d'Ardenay sur les Chasseries et les Brosses, 
de façon à se réunir auprès de Changé. La 12*^ brigade sui- 
vrait la route d'Ardenay au Mans, et la 10* irait de Volnay à 
Parigné pour faciliter le débouché du X* corps. 

Ces premiers ordres furent bientôt modifiés ; on apprit que 
Parigné avait été évacué par nous et que le X* corps allait 
marcher sur Vancé et Montreuil-le-Henri. Par suite, Alvens- 
leben prescrivit à la 10' brigade de laisser Parigné à sa gau- 
che, et de marcher sur Changé en passant un peu au nord de 
Brefmartin. Mais, avant même le commencement de ces mou- 
vements, les avant-postes allemands étaient attaqués à la 
pointe sud du bois de Loudon. 

En effet, d'après les ordres de Chanzy, la 2* brigade (lieu- 
tenant-colonel Pereira) de la division Deplanque s'était mise 
en marche sur Parigné. Une brigade de la division Roque- 
brune avait remplacé celle du lieutenant-colonel Pereira le 
long du Chemin-aux-Bœufs, la droite à la route de Parigné. 

Le 2** bataillon du 39* de marche avait quitté son bivouac 
à 2 heures du matin ; à 4 heures et demie, il entrait dans 
Parigné, qui était encore inoccupé. Le reste de la division 
Pereira y arriva entre 9 et 10 heures, après une marche très 
pénible ^ Les avant-postes allemands étaient déjà engagés 
avec le 2* bataillon du 39*, dont la droite dut être renforcée 
du 3* bataillon du 39* et du 3" chasseurs de marche ', établis 
face au nord-est. En même temps, le 75' mobiles prit position 



1. Le 75* mobiles, parti à 4 heures du matin, n'atteignit Parigné qu*à 
10 heures, après avoir parcouru 18 kilomètres seulement. (Dumas, ouvrage cité.) 

8. Le 8« bataillon de marche avait été reconstitué depuis peu, au moyen de 
2 compagnies du i9" chasseurs de marche et de a compagnies du 4« zouaves. 
Le i«f bataillon du 76« mobiles servait de soutien à Tartillerie ; le 8« était 
en tirailleurs en avant du front et le 3« en bataille sur la route. 



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236 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

à gauche de Parigné ; la 1" légion des mobilisés de Maine-et- 
Loire formait l'extrême gauche, sur la route du Mans. 

Cependant le gros de la 9** brigade s'était rassemblé au 
Gué-de-l'Aune, avec son avant-garde aux Petits etaux Grands 
Brault. De ces derniers points un bataillon allait soutenir les 
avant-postes allemands, alors vivement attaqués par la droite 
de Pereira. Il s'établit entre la Hellerie et le bois de Corps- 
Levé, après avoir délogé un détachement du 39* de marche. 
Mais nous étions parvenus, à grand'peine, à mettre d'abord 
deux, puis six pièces de 4 (24® du 15® régiment *) en batterie 
à l'extrémité nord de Parigné ; la batterie de mitrailleuses 
du capitaine Delahaye (19" du 10* régiment) avait pu éga- 
lement trouver une position avantageuse entre les premières 
maisons. Grâce à leur action, notre droite reprit l'offensive, 
quoique neuf compagnies allemandes fussent successivement 
entrées en ligne vers les Blignières. En raison de la difficulté 
du sol, l'ennemi ne pouvait nous opposer que sept, puis neuf 
pièces. De la Héraudière, elles ne parvenaient pas à faire 
taire nos canons de 4, ni même nos mitrailleuses que le ca- 
pitaine Delahaye tenait soigneusement abritées. 

A la gauche de Pereira les mobiles du 75" et les mobilisés 
de Maine-et-Loire faisaient également bonne contenance, 
tout en brûlant une grande quantité de cartouches. L'achar- 
nement était tel qu'aux abords des Guettes, trois des côtés 
d'un champ étaient occupés par nos tirailleurs et le quatrième 
par l'ennemi. On se fusillait ainsi de très près, sans songera 
reculer. Chaque fois que l'ennemi approchait des Guettes, 
un groupe de soldats du 39* ou de mobiles du 75* s'élançait 
à la baïonnette et le refoulait. Dans l'un de ces retours 
offensifs, le commandant Bounhoure, de la 1" légion des mo- 
bilisés de Maine-et-Loire, était fait prisonnier avec une 
centaine d'hommes *. 



1. Attachée à la l'* division du 16* corps depuis le 4 janvier. 

Une section était sur la route de Grand-Lucé, derrière un talus ; une autre 
dans un espace vide, au milieu du village ; la 3« à rentrée de celui-ci, der- 
rière de grands arbres. (Historique du corps») 

2. Dumas, Les Mobiles de Maine-et-Loire ; le capitaine de mobiles de Me- 
ckenheim, mortellement blessé, fut relevé sous le feu par une femme des 



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BATAILLE DU MANS. 237 

D'ailleurs les Allemands se bornaient à traîner le combat 
en longueur, en attendant l'arrivée de la 10* brigade à leur 
gauche. 

Celle-ci s'était mise en mouvement de Volnay sur Parigné, 
quand elle reçut l'ordre de laisser ce village à l'ouest. Vers 
10 heures et demie, un nouvel ordre l'atteignit au carrefour 
du Brefmartin. Cette fois, il fallait qu'elle marchât sur Challes 
pour dégager la 9* brigade. Mais la difficulté des chemins 
l'empêcha de donner la main à celle-ci avant midi. Deux 
bataillons et deux batteries s'établirent alors des Boutinières 
àlaHéraudière. 

Cependant la brigade Pereira recevait un renfort inattendu. 
Arrivé dans la nuit à Qrand-Lucé avec sa division et la bri- 
gade Ba,ille, JouflFroy avait reçu de Chanzy l'ordre de con- 
tinuer sa retraite sur Parigné et de prendre à revers la 
gauche de l'ennemi, alors très pressant sur la route de Saint- 
Calais. En même temps il dirigerait vers Ecommoy les co- 
lonnes Thiéry, Falcon et Marty ^ Si Jouffroy se fût conformé 
strictement à ces instructions, son intervention aurait proba- 
blement modifié l'issue du combat de Changé, mais il n'en fut 
rien. 

L'artillerie qui lui restait (deux mitrailleuses et quatre 
pièces de 4) se porta de Grand-Lucé sur Parigné, où elle 
arriva vers 11 heures avec le 70* mobiles (Lot). Mais en ap- 
prenant qu'un vif combat était engagé sous Parigné, Jouffroy 
crut sans doute que l'ennemi lui barrait déjà la retraite sur 
le Mans. Voulant au moins dégager le reste de ses troupes, 
il dirigea le 45* et le 1" chasseurs de marche sur Saint-Mars- 
d'Outillé et Mulsanne, pour gagner le Mans par un grand 
détour*. 

Dès lors, malgré l'intervention d'une partie de cette divi- 



Guettes ; aidée de deux soldats, elle le transporla dans sa maison et lui donna 
les premiers soins. 

1. Voir un télégramme de Chanzy à Jaurégulberry (10 janvier, 3 heures 45 du 
soir), Chanzy, ouvrage cite. 

2. Voir les Souvenirs déjà cites, p. 146 ; le 46« de marche était à 2 kilo- 
mètres de Saint-Mars, quand un officier d'ordonnance lui apporta l*ordre de 
marcher par Brette sur Parigné. Il n*y arriva qu'après la fin du combat. 



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238 JOSXES, VENDOME, LE MANS. 

sion, rissue du combat de Parigné ne pouvait être douteuse. 
Le lieutenant-colonel Pereira avait fait renforcer par un ba- 
taillon du 70' mobiles le 2* bataillon du 39* de marche, en 
tirailleurs en avant de notre artillerie. Ce renfort fut insuffi- 
sant ; vers midi et demi, les quatre bataillons de la 10* brigade 
se jetèrent à l'assaut des positions de notre droite. Des Bou- 
tinières, un bataillon allemand pénétra dans Parigné par 
rentrée sud, en s'emparant d'une pièce démontée. En même 
temps, plusieurs bataillons venant des Blissières attaquaient 
les Guettes, la Maison-Neuve et Tissue nord du village; ils 
allaient prendre cinq mitrailleuses encore en action, quand 
Pereira s'élança contre eux à la tête de deux compagnies du 
39*, de mobiles du 75', de quelques artilleurs, d'officiers qui 
avaient ramassé des fusils. Après une courte mêlée, il reprit 
quatre des mitrailleuses; une seule restait à l'ennemi. 

Sa brigade se mit ensuite en retraite vers Ruaudin (1 heure 
et demie) non sans désordre. Quant au 70* mobiles, un ins- 
tant troublé par la brusque attaque de l'.ennemi, il s'était 
rallié, avait repris ses six pièces et s'était retiré sur Brette. 

Vers 2 heures, le général de Roquebrune s'apprêtait à 
marcher du Chemin-aux-Bœufs sur Parigné, quand les 
fuyards de Pereira affluèrent devant ses lignes, suivis de près 
par l'ennemi. Deux pièces de 7 et deux mitrailleuses suffirent 
cependant pour arrêter ce dernier. Quant à la brigade 
Pereira, reformée tant bien que mal à Ruaudin, elle alla bi- 
vouaquer vers 4 heures le long du Chemin-aux-Bœufs, entre 
les routes de Ruaudin et de Parigné. Enfin, le soir, Jouffi-oy 
ramena ses troupes jusque dans le faubourg de Pontlieue ou 
même à l'intérieur du Mans. Leur retraite des derniers jours 
succédant à une série d'opérations aussi pénibles qu'inutiles 
les avait profondément démoralisées. Même, craignant leur 
entière dissolution, Jouffroy demandait à les ramener au delà 
de l'Huisne ^ ; mais une grande bataillé était imminente, et 



1. Télégramme de Jouffroy à Chanzy, il janvier; ses troupes manquaient 
d*eau et de vivres ; elles n'avaient pas mangé depuis 48 heures et leurs che- 
vaux n'avalent pas bu depuis plusieurs jours. 



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BATAILLE DU MANS. 239 

Ghanzy lui prescrivit d'occuper à la pointe du jour les posi- 
tions assignées à sa diyision. 

Quant au général yon Stiilpnagel, laissant deux bataillons 
à Parigné, il portait Tavant-garde de la 9* brigade sur les Ver- 
nelles, le gros sur les Chasseries et Changé. La 10* s'arrêtait 
à 3 kilomètres de nos avant-postes, sur la route de Parigné 
au Mans. 

Le combat de Parigné coûtait àla brigade Pereira 16 offi- 
ciers tués ou blessés et 1,370 hommes, dont la plupart dispa- 
rus ^ Les pertes allemandes étaient de beaucoup inférieures. 

Pendant que le lieutenant-colonel Pereira était ainsi battu 
à Parigné, le colonel Ribell subissait un échec presque aussi 
complet à Changé. 

A 10 heures et demie, la 11* brigade d'infanterie prus- 
sienne était partie des abords d'Ardenay, pour se diriger sur 
Changé. En avant de Rossay, elle refoula de petits détache- 
ments français qui se dirigeaient du sud-ouest vers le Gué- 
la-Hart, où ils étaient recueillis par nos avant-postes. 

Après son échec d'Ardenay (9 janvier), le général Paris 
n'avait fait aucun eSort pour reprendre l'offensive sur la route 
de Saint-Calais, comme le prescrivait Chanzy. Il se bornait à 
gagner le plateau d'Auvours, qu'il occupait dans la journée 
du 10, sa droite à la pointe sud et sa gauche au-dessus de la 
vallée de l'Huisne, vers Champagne. La brigade Ribell, à sa 
droite, défendait le secteur compris entre Changé etl'Huisne ; 
son front passait par la Brosse, la Bonde et le château des 
Arches ; ses avant-postes, par la Girardrie, le plateau de 
Monceaux, le château d'Amigné, les Pellières et le viaduc 
du chemin de fer au-dessus de la route de Paris*. 



1. D*après Chanzy. Les pertes de la division Jouffroy ne nous sont pas 
connues. Les Allemands auraient fait 2,150 prisonniers, (État-major prussien,) 

Le 3* chasseurs de marche était réduit à 820 hommes le soir du 10 ; le 8® ba- 
taillon du.75« mobiles ne perdit que 2 officiers et 17 hommes. 

La 24® batterie du 15® régiment tira 500 coups ; elle eut 2 tués, 5 blessés 
dont son capitaine, 16 disparus et 24 chevaux hors de combat. 

Le III® corps prussien eut 33 officiers et 440 hommes hors de combat à Pa- 
rigné et à Changé. 

8. Chanzy, ouvrage cité, p. 301. Plusieurs de ces noms sont défigurés dans 
le récit du général. 



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240 JOSNES, VENDOME, 1.E MANS. 

Vers 3 heures, le 3* bataillon du 62* de marche, qui tenait 
la gauche de nos avant-postes, était vivement attaqué, de la 
Girardrie au château d'Amigné, par un bataillon de la 11* 
brigage d^nfanterie prussienne auquel il opposait une résis- 
tance énergique \ Les deux autres bataillons du 62' renfor- 
çaient son centre et sa gauche, de sorte que, vers les Gars, 
Tennemi avait peine à résister à ses retours offensifs. 

En raison de la configuration du terrain, l'artillerie alle- 
mande ne pouvant préparer l'attaque de front, Alvensleben 
portait deux bataillons sur Amigné, deux compagnies sur le 
plateau de Monceaux, et un bataillon par la Goudrière, sur 
notre droite. Malgré le feu très vif du 62' de marche, deux 
compagnies allemandes passèrent le ruisseau à la Goudrière, 
et se relièrent à l'avant-garde de la 9* brigade au moment où 
elle débouchait de Parigné. Après avoir refoulé les troupes 
de Pereira comme nous l'avons vu, cette brigade s'emparait, 
vers 4 heures de Gué-la-Hart et de la Girardrie. Déjà son 
intervention compromettait la retraite des deux bataillons du 
37 • de marche qui formaient notre droite. 

Vers 4 heures et demie, les deux bataillons prussiens portés 
sur Amigné débouchaient à proximité de ce hameau, ce qui 
donnait le signal de l'attaque générale. Dix compagnies se 
jetaient sur Amigné et s'en emparaient ; une autre s'établissait 
au Gué-Perray et, malgré un retour offensif, prenait le pont 
voisin. Le colonel Ribell était contraint de rappeler du Châ- 
teau-des-Arches le 33* mobiles (Sarthe), dont il établissait 
deux bataillons de Changé au Gué-Perray ; le troisième se 
portait en réserve au château des Noyers. 

Notre droite n'était pas moins vivement pressée ; après un 
vif combat, un régiment prussien gagnait du terrain au sud 
de Gué-la-Hart et nous débordait sur le chemin de Changé 
à la route de Parigné. A la nuit, la ligne Gué-Perray- 
Amigné-Gué-la-Hart-la Girardrie était dans la possession 
de l'ennemi, qui nous avait déjà pris un millier d'hommes. 
Le colonel Ribell prit le parti de se retirer sur Noyers et le 



1. Ce bataillon prussien perdit 9 officiers et plus de lOO hommes. 



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^Ï^^-T 



y. 



Il 



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Bataille, du I 




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BATAILLE DU MANS. 241 

Château-dee- Arches. Deux bataillons du 37* de marche, sous 
les ordres du lieutenant-colonel Mallet, restaient seuls à 
Changé pour couvrir ce mouvement ; pareille force (33® mo- 
biles) gardait le pont du Moulin-des-Noyers, et le reste de 
la brigade gagnait les Arches (5 heures et demie) \ Deux 
bataillons du 43® de marche, envoyés par le général de Ro- 
quebrune, ne débouchèrent auprès de Changé qu'après la 
prise de ce village. 

Alvensleben tenait à ne pas le laisser entre nos mains. 
Malgré l'obscurité, F un de ses bataillons se porta de Gué-la- 
Hart sur Tune des bairicades qui en défendaient l'accès. Il 
fr'en empara (vers 7 heures), mais une autre colonne alle- 
mande avait déjà pénétré dans le village. Comme nous l'avons 
vu, la 10* brigade, qui s'avançait de Parigné par la route du 
Mans, avait été accueillie par un feu vif venant des troupes 
du 17® corps établies à Chef-Raison et à la Paillerie ; deux 
pièces de 7 et deux mitrailleuses battaient efficacement la. 
route, et deux pièces allemandes ne parvinrent pas à leur- 
imposer silence. Laissant un bataillon seulement à cheval sur 
la chaussée, le général von Stlilpnagel déboucha vers Boyère 
et Gué-la-Hart, d'une part, sur la Girardrie, de l'autre. 
Les deux bataillons qui avaient pris cette direction, réduits 
à cinq compagnies par l'occupation de plusieurs fermes, se 
jetèrent en colonne serrée sur le pont à l'est de Changé et 
s'en emparèrent malgré une salveà courte distance. Puis les 
Allemands attaquèrent le village lui-même (6 heures) et leur 
apparition inattendue y porta le plus grand désordre. Néan- 
moins les deux bataillons du 37® se rallièrent en partie. 
Pendant une heure, ils se battirent avec acharnement 
dans les rues et les maisons. Enfin, ils furent acculés sur la 
place par l'intervention d'autres détachements allemands et 
finirent par se rendre : 800 hommes tombèrent ainsi aux 
mains de l'ennemi^. 



1. CkaBzy, ouvrage cité ; Mallet, La Bataille du Mans, p. 75. 

2. D'après VÉlat-major prussien. Le nombre total des prisonniers faits à la 
brigaie Ribell aurait ainsi atteint 1,800. Clianzy évalue ses pertes à 5 officiers 
tués» 35 blessJs ou disparus, et i,500 hommes tués, blessés ou disparus. 

CAMPAOHB DE LA. LOIRK. II. 16 



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242 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

La direction prise par Ribell était contraire aux idées de 
Chanzy, qui entendait concentrer ses troupes, encore beau- 
coup trop éparpillées. A minuit, il lui prescrivit de quitter 
les Arches pour s'établir entre les Granges et le Tertre, dans 
la trouée laissée béante par sa retraite. Il y attendrait Tarriyée 
de la division Jouffroy . Cet ordre fut ponctuellement exécuté, 
ce qui permit de réparer, en partie, les conséquences de la 
perte de Changé. Nos avant-postes s'établirent à moins de 
100 mètres de ceux de Tennemi \ 

- La dernière des brigades d'infanterie du III® corps (la 12®) 
avait quitté vers 11 heures les abords d'Ardenay. Un ba- 
taillon marchait sur Saint-Mars-la-Brière pour faciliter le 
débouché du détachement zu Lynar ; le reste suivait la route 
de Saint-Calais au Mans jusqu'à Saint-Hubert-des-Rochers, 
où il capturait un convoi de vivres abandonné par la divi- 
sion Paris. A ce moment, les Allemands étaient attaqués de 
front. 

La division Gougeard était rentrée le matin à Yvré- 
l'Evêque. En vertu des instructions de Chanzy, Jaurès lui 
donna ordre de reprendre l'offensive sur Thorigné, avec un 
bataillon de zouaves pontificaux (le 3®) et un bataillon de 
mobiles des Côtes-du-Nord. En même temps Paris devait se 
reporter sur Ardenay ; mais, dans Tétat où le combat du 9 
avait mis la 2* division du 17* corps, cette dernière partie de 
l'ordre était inexécutable. Gougeard offrit de se porter lui- 
même vers Ardenay, pour donner à Paris le temps de rallier 
ses troupes et de s'installer sur le plateau d'Auvours. 

Laissant sa batterie de 12 et plusieurs bataillons à Yvré ou 
sur les hauteurs à Touest, il marcha vers Saint-Hubert, cou- 
vert par une avant-garde dont faisaient partie les zouaves 
pontificaux. Deux pièces allemandes qui tentèrent de Tarrêter 
furent vivement contre-battues par nos canons de montagne, 
pendant que les mobilisés de Lorient, de Rennes, le détache- 



1. D'après Mails t (La Bataille du Jfan«), on était si près des Prussiens qu*0D 
échangeait des signes avec eux. Des deux parts on avait l*ordre de ne pas 
engager inaction, mais on finit par s^envoyer des boules de neige en guise de 
projectiles. 



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I 



BATAILLE DU MANS. 243 

ment du 25* de ligne s'engageaient successivement dans les 
bois des deux côtés de la route. L'ennemi (cinq compagnies) 
resta sur la défensive, tout en dirigeant sur Champagne un 
détachement de trois compagnies. Celui-ci délogea sans peine 
de Bourgneuf et de Champagne les trois bataillons de mobi- 
lisés qui y étaient établis ; ils furent refoulés jusqu'à Parance, 
au delà de THuisne, ou sur le plateau d'Auvours. 

Cependant le but de sa démonstration atteint, Gougeard 
se retirait sur Yvré. A la nuit, il occupait la passerelle des 
Arches, les ponts de l'Huisne, et les hauteurs à l'ouest, 
en se couvrant d'un fort détachement à la station d'Yvré. 

Le bataillon prussien dirigé sur Saint-Mars-la-Brière s'en 
était emparé vers midi, après un petit combat, et s'était joint 
à la colonne zu Lynar qui arrivait alors de Soulitré. Celle-ci 
se porta sur Champagne où elle entra à 6 heures du soir, non 
sans avoir livré plusieurs escarmouches le long de l'Huisne. 

En apprenant l'évacuation de Champagne, Gougeard avait 
prescrit au colonel Bel, sur l'invitation de Chanzy, de re- 
prendre, la nuit même, ce point aux Allemands. Cet ordre 
fut exécuté ; le détachement du 25* de ligne, envoyé comme 
soutien aux mobilisés, pénétra dans Champagne, que l'ennemi 
évacua en y laissant des blessés et des traînards. 

Quant à la 12* brigade prussienne, elle s'établissait à 
xSaint-Hubert, derrière des avant-postes qui s'étendaient de 
Champagne à Lune-d'Auvours ; la IP cantonnait à Changé 
et le reste du III* corps vers l'est jusqu'au bois de Loudon. 
Les pertes de ce corps d'armée dépassaient 450 hommes, 
mais il nous avait fait plus de 5,000 prisonniers, et la posses- 
sion de Changé lui permettait de couper en deux notre ligne, 
en séparant Yvré et le plateau d'Auvoui's de nos positions au 
sud-est du Mans. Pourtant sa situation n'était pas sans danger. 
Il pouvait être attaqué le lendemain sur ses deux flancs ; dans 
ce cas, il n'aurait à compter que sur l'intervention tardive 
du IX« corps. Ce dernier était, en effet, demeuré dans ses 
emplacements de la veille \ Une colonne latérale qu'il avait 

1. Ce qui s'explique malaisément ; V État-major prussien ue dit rien qui 
puisse en faire soupçonner le motif. 



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244 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

dirigée sur Connerré, par Thorigjaé, s'était rabattue vers 
Nuillé à Tannonce de l'occupation de Connerré par le XIII" 
corps. 

Comme on l'a dit plus haut, ce corps d'armée avait 
reçu l'ordre de se porter en avant par les deux rives de 
THuisne ; la 17® division devait continuer à suivre la route 
de la Ferté-Bernard au Mans ; la 22* franchirait l'Huisne à 
Sceaux. Si nous tenions ferme à Connerré, elle s'avancerait 
vers Beillé, le long de la ligne ferrée de Paris au Mans. Le 
détachement du colonel von Beckedorff, envoyé la veille 
à Saint-Hilaire et à Tuffé, se porterait sur la route de 
Bonnétable au Mans, pour soutenir la 4® division de cava- 
lerie. 

De grand matin, les reconnaissances de la 17* division 
trouvaient Connerré déjà occupé par la colonne von Rauch. 
Cependant, vers 4 heures, quand la 17® division s'y rassem- 
blait, elle constatait la présence de troupes françaises à la 
station et dans les fermes voisines, sur la rive droite de 
l'Huisne. 

En effet la 2* division du 21® corps n'avait pas quitté ses 
emplacements de la veille, entre l'Huisne et la Chapelle- 
Saint-Remy. Pour ne pas la laisser sur son flanc droit, 
von Tresckow prescrivit à la colonne von Eauch de passer la 
rivière, de nous déloger et de marcher sur Pont-de-Gennes, 
le long de la voie ferrée. En même temps, l'avant-garde de 
la 17® division suivrait la route du Mans. 

Rauch avait à peine franchi l'Huisne qu'il reconnut les 
difficultés de sa tâche. L'un de ses bataillons réussit pourtant 
à enlever la station de Connerré et les bâtiments voisins, que 
défendaient des fractions de la 1'® brigade du général Colin; 
un autre gagna du terrain dans un bois voisin, mais sans 
pouvoir atteindre la crête des hauteurs. 

Cependant, après avoir passé l'Huisne à Sceaux, vers' 
8 heures, la 22® division avait marché par Saint-Hilaire sur 
Beillé, par des chemins fort difficiles. De ce point, von Wittich 
détacha d'abord deux bataillons pour soutenir la droite de 
Rauch. Mais la brigade Villain et la droite de la brigade des 



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BATAILLE DU MANS. 245 

Moutis * prenaient Toffensive à plusieurs reprises, et les Alle- 
mands étaient contraints de renforcer leur ligne de deux 
nouveaux bataillons. Ils parvenaient, alors à déloger du châ- 
teau de Couléon le 9* bataillon de marche de Tinfanterie de 
marine, non sans une vive résistance. D'ailleurs ils ne pou- 
vaient aller plus loin et ne maintenaient leurs positions 
qu'avec peine. Sur Tordre du général Colin, le lieutenant- 
colonel des Moutis avait fait appuyer vers la droite une partie 
de sa brigade avec une batterie de 4. Leur intervention 
obligea Wittich à porter en ligne deux nouveaux bataillons. 

Le combat se prolongea ainsi, sans avantage marqué, jus- 
qu'à la nuit. La gauche allemande s'empara de la Courtillière 
et de BoUin, ainsi que du bois au sud du Chêne ; mais la 
ferme du Chêne et le hameau des Cohemières restèrent à la 
division Colin. 

Cependant l'avant-garde de la 17* division, fortement 
retardée par le verglas, n'avait atteint la Belle-Inutile qu'à 
1 heure. Elle reconnut alors que des troupes françaises 
(P® division du 21* corps) occupaient les hauteurs de la rive 
droite, de Lombron à Fatînes, ainsi que Montfort et Pont-de- 
Qennes. Deux batteries ouvrirent le feu contre elles du sud 
de Piolay , mais sans résultat. La 1 7* division se borna donc 
à cantonner dans Connerré et le Luart, derrière des avant- 
postes établis de la Belle-Inutile à Soulitré. 

Quant à la 22® division et à la colonne von Rauch, elles 
s'établissaient dans Beillé, Vouvray et Sceaux, en se couvrant 
d*avant-postes qui passaient par Courtillière, Rollin, le châ- 
teau de Couléon, la Ratterie. 

Enfin, suivant les ordres du grand-duc, la colonne von 
Beckedorfif s'était portée de Tuffé, par Prévelles, sur Bonné- 
table. Elle occupa ce village après en avoir délogé des francs- 
tireurs, et marcha ensuite sur Savigné. La nuit tombait 



1. Celle-ci engagea successivemeDt le 69« de marche, le 9^ balaillon d'infan- 
terie de marine, le 2« et le i*»" de rOrne, le bataillon du 41© de ligne et 
1 batterie de 4. Il faut citer un fait caractéristique : on craignait pour nos canons 
en raison de l'élat des chemins, et Jaurès les fil renvoyer à Saint-Corneille, 
avec les convois. Le u, la brigade des Moutis con8er\'a seulement 2 pièces 
de 4 (dos Moutis, outrage cité). 



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246 JOSNÈS, VENDOME, LE MANS. 

quand, au nord de Chanteloup, elle se heurta aux avant-postes 
de la 3*" division du 21' corps. Ceux-ci furent refoulés, non 
sans une vive résistance, par deux bataillons avec une section 
d'artillerie. La colonne cantonna ensuite dans Chanteloup, 
mais pour être tenue en éveil toute la nuit par des escar- 
mouches. 

Derrière elle, la 4* division de cavalerie atteignait Bonne - 
table et la 12** brigade se rassemblait à Bellême. Ainsi, la 
cavalerie allemande était éclairée par son infanterie. La sai- 
son et l'état des routes n'expliquent qu'imparfaitement ce 
renversement des choses \ 

A l'aile opposée des Allemands, le X* corps s'était avancé, 
en deux colonnes, de Vancé et de Drives sur Grand-Lucé, La 
difficulté des chemins ne lui permit d'y arriver que vers 
2 heures. Il y cantonna, laissant derrière lui, à Vancé, la 
14* brigade de cavalerie. La nuit suivante, un petit détache- 
ment de chasseurs et de pionniers alla détruire au sud d'Ecom- 
moy la voie ferrée de Tours au Mans. 

De notre côté, Barry était arrivé à Mulsanne que certains 
de ses corps avaient même dépassé. Il y reçut un ordre de 
Chanzy lui prescrivant de marcher au canon, si le temps lui 
manquait pour aller prendre sa place à la droite de l'armée, 
vers Arnage. De Château-du-Loir, l'amiral Jauréguiberry 
avait pu conduire à Écommoy 9,400 hommes environ, prove- 
nant de plusieurs des colonnes qui revenaient du Loir. Il lais- 
sait à Château-du-Loir, pour y attendre Curten, le général 
de ïucé avec une faible brigade de cavalerie et 400 hommes 
d'infanterie, Curtan, qui venait de parcourir 28 kilomètres par 
des chemins difficiles, n'atteignit Château-du-Loir que le 10. 
Désormais il était à peu près impossible qu'il arrivât au Mans 
en temps opportun et Chanzy lui prescrivit de continuer vers 
la Suze. 

Par une sorte de fatalité, depuis le 6 janvier, la santé du 



1. Les combats du lu janvier n'auraient coûté au XIII® corps que 4 officiers 
et 52 hommes (Élat-major prussien). 

D'après Chenu, nous aurions eu 6 officiers tués, 51 blessés, et 1,370 hommes 
liors (le combat dans les différents combats du 10 janvier. 



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BATAILLE DU MANS. 247 

général en chef laissait beaucoup à désirer, et cette circons- 
tance n'était pas sans exercer une certaine influence sur les 
événements. Il avait pourtant fait de grands efforts pour ren- 
forcer nos positions. Des épaulements, des tranchées-abris, 
des coupures, des abatis étaient préparés sur un grand nombre 
dépeints; les corps restés autour du Mans après le départ 
des colonnes mobiles avaient reçu les vivres, les effets et les 
munitions qui leur manquaient. Des batteries de 7 ou de 
mitrailleuses renforçaient l'armée; Tartillerie et la cavale- 
rie recevaient des chevaux de remonte. Par suite des en- 
vois des dépôts, l'effectif des corps s'était de nouveau accru. 
Enfin, comme nous l'avons dit, le camp de Conlie avait été 
levé. Mais au lieu d'en tirer 60,000 combattants, ainsi qu'il y 
comptait, Chanzy n'avait pu diriger sur le Mans que 9,000 à 
10,000 hommes \ mal armés, mal équipés, à peine exercés, 
sans cadres sérieux et manquant même de cartouches lors de 
leur arrivée. 

Pourtant Chanzy voulait livrer une bataille défensive sur 
les positions du Mans ; il comptait y tenir quatre ou cinq jours 
au moins jusqu'à ce que Frédéric-Charles, épuisé, se mît en 
retraite. Avec les 19* et 25* corps, avec les mobilisés qu'il 
pourrait encore tirer de Bretagne, il reprendrait alors l'offen- 
sive et marcherait sur Paris. Dans sa pensée, ce mouvement 
devrait coïncider avec la période décisive des opérations de 
l'année de l'Est. Aussi, dans une lettre du 10 janvier à Jules 
Favre et au général Trochu, Gambetta annonçait-il pour le 
20 au plus tard un ensemble de mouvements ayant Paris pour 
objectif et mettant enjeu un total de 425,000 hommes. Par 
une dernière ironie du sort, cette dépêche ne parvint à son 
adresse que le 27 janvier, la veille de la capitulation ! 

Le moral d'une grande partie de l'armée laissait fort à dési- 
rer. Jaurès écrivait à Chanzy (10 janvier) que, d'après le 
général Rousseau, ses troupes étaient incapables de combat- 



1. Les 6 bataillons du général de la Lalande, qui furent placés à la Tuilerie, 
et une petite brigade de 3,000 à 4,000 hommes (la S^de la division Gougeard), 
restée à l'ouest du Mans, et qui prit position à Arnage. 

2. Lettre du iS janvier au ministre. 



L . 



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248 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

tre. < Les chefs de corps les plus énergiques déclarent qne 
leurs hommes ne peuvent se lever, et Os me supplient de ne 
pas leur demander plus que les forces humaines ne peuvent 
supporter. » Jouffix>7 était encore plus net dans ses déclara- 
tions : c Ce n'est pas impunément qu'on impose à des soldats 
trois semaines de marches incessantes et de combats ; que, 
sans tenir compte des rigueurs de la saison, du mauvais état 
de leur chaussure et de leur habillement, on les conduit de 
succès en succès jusqu'aux faubourgs de Vendôme pour les 
faire passer ensuite, sans admettre qu'ils soient entamés, au 
travers des lignes d'un ennemi dont la seule préoccupation 
était de nous envelopper. 

« Ce soir, après avoir soutenu une lutte incroyable depuis 
le 6, après être restés 24 heures sans manger, nos soldats, 
par une neige intense, couchent dans la boue sur la route de 
Tours \.. » 

Ces plaintes, parfois trop justifiées, n'abattirent point l'in- 
domptable énergie de Chanzy. Le soir du 10 janvier, dans 
ses instructions générales pour le lendemain, il prescrivit de 
reprendre les positions qui, entre les mains de l'ennemi, com- 
promettaient directement nos lignes. Celles-ci seraient défen- 
dues « coûte que coûte » et « sans aucune idée de retraite ». 

Nos positions seraient les suivantes : les hauteurs comprises 
entre Arnage et la station d'Yvré-FEvêque, le long du Che- 
min -aux-Bœufs, jalonneraient notre ligne en avant de Pont- 
lieue. De la Sarthe à la route de Mulsanne, la défense serait 
provisoirement assurée par la brigade de mobilisés du général 
Lalande. De cette route à celle de Parigné s'étendrait la 
division Deplanque (1'* du 16* corps). Toutefois la brigade 
Ribell resterait à l'ouest de Changé jusqu'à ce qu'elle eût été 
relevée par le 17* corps. 

Enfin, de la route de Parigné à la station d'Yvré pren- 
draient place les divisions de Roquebrune et de Jouffroy 
(1" et 2® du 17* corps), la première à droite de la route et 



1. Jouffroy à Chanzy, lo janvier à lO heures 45 du soir. Il faut convenir 
que, ni pour la forme ni pour le fond, celte lettre n'était celle d'un officier 
générai écrivant à son commandant en clief devant l'ennemi. 



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BATAILLE DU MANS. 249 

menaçant Parigné qu'elle reprendrait, s'il était possible ; la 
deuxième, à l'ouest de Changé, se reliant par sa gauche à la 
division Paris, établie au plateau d'Auvours. 

Lorsque les 2® et 3* divisions du 16® corps (Barry et Cur-> 
ten) seraient rentrées dans les lignes, elles s'établiraient en 
réserve autour de Pontlieue. 

L'amiral Jauréguiberry prendrait le commandement du 
secteur compris entre Amage et Yvré. Au nord de la route 
de Saint-Calais, les divisions Paris et Gougeard occuperaient 
le plateau d'Auvours et les bords de l'Huisne, vers Champa- 
gne et Saint-Mars-la-Brière, sous les ordres directs du géné- 
ral de Colomb. Elles feraient tous leurs eflForts pour rejeter 
l'ennemi à l'est d'Ardenay. 

Enfin le reste du 21* corps défendrait en amont du Mans 
le secteur compris entre l'Huiene et la Sarthe. Le général 
Jaurès prendrait ses dispositions pour la défense des collines 
dominant Connerré, de Pont-de-Gennes, de Montfort, des hau- 
teurs au-dessus d'Yvré-l'Evêque, sur la rive droite ; il pare- 
rait à toute attaque venant de Bonnétable et de Ballon. 

Au fur et à mesure de leur arrivée, les mobilisés seraient 
répartis sur toutes les positions occupées jusqu'alors par le 
17® corps, d'AUaines à Saint-Saturnin. On se défendrait avec 
la même ténacité qu'à Josnes, en prenant l'offensive partout 
où ce serait nécessaire et en se gardant avec soin. 

A ces prescriptions Chanzy en ajoutait d'autres qui disent 
assez le fâcheux état moral de l'armée. On établirait de la 
cavalerie derrière nos lignes, afin d'empêcher les débandades ; 
on ramènerait les fuyards au feu, et on n'hésiterait pas à les 
fusiller s'ils cherchaient de nouveau à fuir. Chanzy allait 
même jusqu'à menacer de faire couper les ponts derrière 
ses troupes, pour les forcer à se défendre avec la dernière 
énergie. Il demandait au ministre le droit de destituer tout 
oflScier qui n'exécuterait pas les ordres donnés ou ne sau- 
rait pas maintenir ses soldats, comme celui de récompenser sur 
l'heure les plus méritants. 

Ces instructions, si sages, avaient pourtant un défaut capi- 
tal : celui de confier, fût-ce provisoirement, aux mobilisés du 



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250 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

général Lalande, un secteur qu'ils étaient incapables de 
défendre, comme la suite devait le montrer. 

De son côté, Frédéric-Charles connaissait le résultat des 
combats de Parigné, de Changé, de Saint-Hubert. Mais il 
savait aussi que les XIII* et X* corps restaient encore fort en 
arrière. Ne pouvant compter que sur le IX* corps pour soute- 
nir le m®, il lui prescrivit de se tenir prêt à intervenir le 
matin du 11 à Saint-Hubert; les autres corps poursuivraient 
leur mouvement concentrique sur le Mans. 



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CHAPITRE XXVI 

BATAILLE DU MANS 
(Journée du 11 janvier. — OfiFensive des IIP et IX' corps). 

Reprise de Champagne par le ïlU corps. — Perte da plateaa d'Auvours. — Interrentlon 
de Oongeard. — Reprisa d'ane partie du plateaa. — La division Jouffroy. — Perte du 
Tertre. 

La journée du 11 janvier s'ouvrit par un temps froid et 
clair. La neige couvrait le sol sur une grande épaisseur ; elle 
avait cessé de tomber. Dès le matin, sentant la nécessité de 
stimuler le zèle de chacun, Chanzy parcourut le front de nos 
ti'oupes, de la Tuilerie à Yvré-rÉvêque. Partout il annonça 
qu'il venait d'obtenir de Gambetta le droit de récompenser 
tous les dévouements, comme celui de réprimer toutes les 
défaillances. 

L'intention de Frédéric-Charles était d'abord de ne pas 
pousser plus loin l'offensive du IIP corps, mais de se borner 
à lui faire reconnaître nos positions, jusqu'à ce que les ailes 
de la IP armée pussent exécuter leur mouvement envelop- 
pant tel qu'il avait été prévu. Mais les nouvelles parvenues 
du Xin* corps firent voir la nécessité de faciliter son mouve- 
ment sur le Mans, en dégageant sa gauche. Par suite, à 
9 heures du matin, le prince prescrivit au général von 
Alvensleben de prendre l'offensive avec toutes les forces dis- 
ponibles*. 

De son côté, Alvensleben avait l'intention de concentrer le 
in* corps pour l'attaque des positions à l'ouest de Changé. 
Mais, en arrière de son flanc droit, le plateau d'Auvours était 
encore occupé par une importante fraction de notre année * ; 



1. V. der Goltz. 

2. D'après Mallet, ouvrage cité, p. 139, on avait organisé ainsi la défense du 
plateau d'Auvours et d*Yvré : 

Trois emplacements de batteries étaient disposés sur le plateau, le premier 



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252 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

la 12® brigade qui lui faisait face, ne pourrait être ramenée 
vers Changé qu'après avoir été relevée par le IX' corps. 

Ainsi que nous Tavons dit, une fraction de la division Gou- 
geard avait repris Champagne dans la soirée de la veille. Dès 
9 heures du matin, une batterie allemande ouvrit le feu contre 
Tune des nôtres placée sur Téperon à l'ouest du village. 
Quand celle-ci eut été réduite au silence, deux bataillons se 
portèrent à. l'attaque de Champagne. Les mobilisés de la 
Loire-Inférieure et le détachement du 25* de ligne se défen- 
dirent vaillamment. Vers midi seulement les Allemands 
étaient maîtres du village, après l'avoir conquis pied à pied. 
L'église surtout était l'objet d'une lutte acharnée ; le colonel 
Bel et le chef de bataillon de Trégomîn furent tués. Les mo- 
bilisés, qui laissaient 150 hommes aux mains de l'ennemi, 
se retirèrent sur les pentes à l'est du plateau d'Auvours, tan- 
dis que les Allemands barricadaient le pont de l'Huisne. Un 
retour offensif, tenté dans l'après-midi de Fatines, où avaient 
pris position des mobilisés, un escadron de dragons et le corps 
Cathelineau, fut aisément repoussé \ Mais, malgré l'extrême 
faiblesse dont fit preuve une partie de ces mobilisés', les Alle- 
mands ne réussirent pas davantage à dépasser la Sauvagerie 
et la Croix où ils établirent leurs avant-postes. 

Pendant que Champagne était ainsi repris par l'ennemi, un 
bataillon de sa 12* brigade suivait la route d'Yvré jusqu'à la 
Lune-d'Auvours. Vers midi, il marcha sur le château des 



au-dessus du hameau du Polucan, pour s pièces ; le second à 400 mètres à 
gauche, dans une vigne du clos d'Auvours ; le troisième, au-dessus du châ- 
teau d'Auvours, près de la ferme de la Roche, pour 3 mitrailleuses. 

Des tranchées- abris avaient été ébauchées entre ces trois points. Sur le ver- 
sant ouest du plateau, entre la ferme de Fonleaux et les Renardières, une 
Iranchée-abri de 300 mètres et un emplacement de batterie pour c pièces, 
situé en arrière, battaient la vallée de l'Huisne et croisaient leurs feux avec 
les batteries de la Croix, au nord de la rivière. 

Le château du Luart avait été mis en état de défense ; les murs de l'ancien 
parc d'Yvré étaient crénelés ; 6 pièces étaient placées à la Hardière, 6 à la 
ferme, 3 mitrailleuses sur la route d*Yvré au Mans, au-dessous du cimetière, 
derrière des murs. Enfin les deux ponts d'Yvré élaient minés et barricadés; 
toutes les maisons parallèles à l'Huisne avaient été organisées défensivement. 

1. Par 8 bataillons et l batterie. 

2. Cathelineau, ouvrage cité. Le corps Cathelineau perdit une vingtaine 
d'hommes. 



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BATAILLE DU MANS. 253 

Arches, en décrivant un grand détour par Amigné, car la 
route de Paris était complètement enfilée par une batterie 
française placée à Touest d'Yvré. Mais, déjà, le reste du 
ni* corps était si vivement engagé vers Changé, que Frédé- 
ric-Charles prescrivit au X* de s'avancer aussi vite que pos- 
sible vers le champ de bataille. En même temps le IX® corps 
recevait Tordre de s'emparer du plateau d'Auvours. 

Celui-ci était défendu par la division Paris ; la veille, elle 
y avait pris position avec ses trois batteries, auxquelles 
deux batteries de la réserve du 17® corps étaient venues se 
joindre dans la matinée ^ Le 2* bataillon du 51® de marche 
occupait la pointe est du plateau, au-dessus de Champagne ; 
le 3® bataillon était sur le versant nord, face àTHuisne ; deux 
compagnies du 1®' bataillon, placées sur le versant sud, don- 
naient la main au 48® de marche \ les quatre autres compa- 
gnies du 51® étaient en réserve au centre du plateau; le 
10® chasseurs de marche, le 1®' bataillon du 64® de marche et 
le 85* mobiles (Gers) occupaient le reste de cette position 
dominante. 

Quant à la division Gougeard, elle gardait Yvré, ainsi que 
les hauteurs du Luard et de la Croix jusque vers Fatines. 
Deux batteries de la réserve du 17® corps (les 15® et 16® du 
18® régiment), une section de mitrailleuses et Tartillerie du 
général Gougeard étaient réparties sur cette ligne ^ 

Cependant Tinfanterie de Tavant-garde du IX® corps 
(quatre bataillons, quatre escadrons, deux batteries, une 
compagnie de pionniers) s'engageait, sous la protection de 
fractions venues de Champagne, dans les chemins profondé- 
ment encaissés et à demi comblés par la neige, qui reliaient 
à la vallée de THuisne la partie est du plateau. Deux batail- 
lons du m® corps se joignirent »à eux et deux batteries les 
suivirent, non sans peine. Ils s'établirent sur l'éperon à l'est 



1. Avec le i^r bataillon du 64^ de marche comme soulien. Ce régiment 
faisait partie du 19® corps et ses 2 autres bataillons étalent alors dans le Val 
de la Loire, vers Montlouis. Le i®"" perdit i oDBcier tué, une dizaine d'hommes 
blessés et i section faite prisonnière (Historique du 64^). 

2. Le plan joint au récit de la bataille par V État-major prussien indique à 
tort des emplacements inverses pour les divisions Paris et Gougeard. 



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254 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

de Villiers et de là ouvrirent un feu vif contre les fractions 
des 51® et 48® de marche qui occupaient les parties voisines 
du plateau. Puis trois compagnies descendirent THuisnepour 
tourner notre gauche, tandis qu'un bataillon marchait droit 
vers Villiers. Au bout d'une heure, le 2® bataillon du 51% 
débordé à sa gauche, dut se replier sur les deux autres, pen- 
dant que l'ennemi prenait pied sur la partie nord du plateau. 
Le 1®' bataillon du 51® continuait à tenir vigoureusement 
autour du Haut-Taillis, mais les Allemands se jetaient, à 
50 pas, sur trois mitrailleuses postées à Test de Haut- Villiers 
et les enlevaient après une courte mêlée. Bientôt Villiers 
était pris également, et le 48® de marche tentait vainement 
de reprendre nos pièces perdues. Un retour offensif que le 
51® dirigeait vers le pont de Champagne n'était pas plus heu- 
reux. 

Villiers occupé, les Allemands cherchaient à s'emparer de 
la partie est du plateau, vers le Haut-Taillis. Ils n'y parve- 
naient qu'à 5 heures et demie, après un combat acharné. 
Coupé de sa retraite sur Yvré, le 51® démarche allait passer 
l'Huisne à la passerelle de Courmaubœuf et l'ennemi prenait 
9 officiers et 200 hommes dans la ferme du Haut-Taillis \ 

Cependant, vers 3 heures, deux bataillons allemands qui 
avaient suivi la grand'route attaquaient la partie ouest du 
plateau d'Auvours; malgré le feu plongeant de notre artillerie 
d'Yvré et du Luard, deux batteries placées à la bifurcation 
de la route et du chemin de Haut- Villiers facilitaient beau- 
coup les progrès de l'ennemi. Trois de ses compagnies s'em- 
paraient de la pointe sud-ouest et de trois pièces de 4 qui y 
étaient établies . Un retour offensif de la division Paris échouait ; 
en même temps, trois autres compagnies parties des Hêtres 
attaquaient le centre du plateau et, après un vif combat, en- 
levaient les fermes de la Gachetière et du Chêne. Toute la 
ligne allemande se portait en avant et ne tardait pas à at- 
teindre la lisière nord de notre position. Sur les pentes des- 



1. Élat-major prussien» D'après V Historique du 5P, le 5l<' de marche eut 
5 officiers blessés, dont i mortellemenl, 6 disparus ; 98 soldats tués, 245 bles- 
sés et 425 disparus. 



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BATAILLE DU MANS. 255 

cendant vers l'Huisne, la ferme des Filles-Dieu était même 
conquise. 

A ce moment la plus grande partie de la division Paris se 
repliait en désordre vers Yvré et d'épaisses bandes de fuyards 
apparaissaient vers THuisne. Un instant, Gougeard craignit 
de voir ses troupes entraînées dans cette débâcle, et Tennemi 
maître d'aller couper les ponts de la Sarthe derrière l'armée. 
Il fit braquer sur la foule deux ôanons chargés à mitraille et 
menaça de faire ouvrir le feu. Les fuyards s'arrêtèrent, hési- 
tants; quelques-uns, emportés par la terreur, essayèrent de 
passer la rivière sur la glace et se noyèrent. 

Jusqu'alors la division Gougeard avait été très faiblement 
engagée. Son artillerie battait efficacement les abords d'Yvré 
et la route de Saînt-Calais ; en outre, l'ennemi s' étant montré 
auK Arches, elle canonnait quelques instants ce château ; puis 
une colonne composée des francs-tireurs de Fontainebleau et 
des mobiles des Côtes-du-Nord débouchait par le pont d'Yvré, 
poussait jusqu'aux Arches et refoulait les Allemands*. 

Vers 5 heures et demie, au moment où cessait la panique 
de la division Paris, le général de Colomb prescrivit à Gou- 
geard de reprendre à tout prix le plateau d'Auvours. Le com- 
mandant de la division de Bretagne réunit à la hâte une 
colonne composée de soldats d'infanterie, de mobilisés, de 
zouaves pontificaux et de mobiles * : « Allons, Messieurs, 
s'écria- t-il en s'adressant aux zouaves, en avant pour Dieu et 
la Patrie ! le salut de l'armée l'exige. » Puis la colonne s'éleva 
rapidement le long des pentes. 

Les Allemands attendaient notre attaque de pied ferme, 
derrière des haies; ils ouvrirent le feu à très courte portée, 



1. Gougeard, ouvrage cité. VÉtal-major prussien ne fait aucune mention de 
cette affaire. 

2. Les documents publiés jusqu'ici ne sont pas d'accord sur la composition 
de cette colonne, forte de 2,000 hommes environ, d'après Chanzy. Il semble 
qu'elle ait compris un bataillon d'infanterie (48« de marche ?), 4 compagnies 
du i«f bataillon de la i'« légion d'Ille-et-Vilaine, 2 compagnies de mobiles des 
Côtes-du-Nord et 4 compagnies du i«' bataillon des volontaires de l'Ouest. Ce 
dernier régiment avait alors son 2^ bataillon en réorganisation à Poitiers et 
son 8« à la réserve du 21« corps, i peloton d'éclaireurs à cheval avec Curten 
et 1 autre à l'escorte de Jaurès. 



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256 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

avec un effet écrasant pour notre droite. Elle tourbillonna sur 
elle-même et s'enfuît vers Yvré, en défilant sous le feu de 
deux compagnies prussiennes placées au Polucan. Mais au 
centre et à gauche l'élan donné fut irrésistible. On se battit 
corps à corps, on se fusilla à bout portant dans les taillis. 
Avec Taîde du 10* chasseurs de marche, qui avait réussi àse 
maintenir jusque-là sur le plateau, nous en reprîmes avant la 
nuit toute la partie ouest. La plupart de nos troupes, notam- 
ment les zouaves pontificaux, montrèrent un entrain digne de 
jours plus heureux. Le général Gougeard fut le premier à 
leur donner l'exemple, ainsi qu'en témoignait éloquemment 
son cheval atteint de six balles. Deux autres projectiles tra- 
versèrent ses vêtements et un éclat d'obus enleva son képi^ 

Le général de Colomb fit aussitôt réoccuper par la division 
Paris les positions conquises, et Gougeard regagna Yvré à 
8 heures, après avoir détaché sur le plateau deux sections 
d'artillerie dont ime de mitrailleuses. Ainsi, malgré les dé- 
faillances du début, la journée se terminait honorablement 
pour nos armes, du moins sur cette partie du champ de ba- 
taille ^ 

Jauréguiberry était arrivé à Pontlîeue vers 9 heures du 
matin, avec plusieurs milliers d'hommes ralliés par lui sur 
le Loir. La colonne du lieutenant-colonel Marty, qui venait 
de Marigné, avait reçu l'ordre de hâter sa marche dans la di- 



1. Rapport du lieutenant de vaisseau Coq (de Kéralry, ouvrage cité). 

« Le lieutenanl de zouaves Garnier, après avoir perdu toute sa section, ras- 
semblait des soldats épars, mobiles et chass-eurs, et chargeait avec eus. Ramené 
l^ar la fusiUade, il reformait son peloton derrière une maison et s'élançait de 
nouveau. A la troisième fois, il tomba la poitrine traversée. » (Jacquemin, La 
Campagne des zouaves pontificaux en France.) 

2. VÉtat-major prussien cherche inutilement à dissimuler cet échec (p. 867). 
Il est pourtant oblige de reconnaître un fait matériel : Te'vacuation de la partie 
ouest du plateau. 

D'après Gougeard (déposition devant la commission d*enquôte, tome H, 
p. 287), le 1^' bataillon de zouaves pontificaux, fort de 1,000 hommes, en aurait 
ramené 350 seulement et 2 capitaines sur 9. Le lO^ chasseurs de marche, fort 
de 10 officiers et de 450 hommes le matin du 1 1, perdit un officier tué, 3 blessés 
et 96 hommes tués ou blessés [Historique du 10^ chasseurs). La 20^ batterie du 
13^ régiment qui combattit sur le plateau de 9 heures du matin à 8 heures du 
soir, n'eut que i homme et 2 chevaux tués (Historique du iS^ d'artiUerie). 
Quant au IX® corps prussien, il perdit 18 officiers et 275 hommes. 



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■ nj SU ' « 



BATAILLE DU MANS. 257 

rection d'Amage ; mais elle ne put y arriver que vers 3 heures 
et demie. 

Des 9,400 hommes qu'il ramenait à Pontlieue, l'amiral fit 
trois brigades ; deux d'entre elles formèrent une division 
improvisée, sous les ordres du général Le Bouëdec*; avec la 
troisième, celle du général Desmaisons, elles demeurèrent 
provisoirement en réserve générale à Pontlieue. 

Cependant la division de Jouffroy, renforcée dans la mati- 
née par une partie de la brigade Baille (38® de marche)*, avait 
pris position au nord-ouest de Changé, en appuyant sa gau- 
che à THuisne et sa droite à la division de Roquebrune, elle- 
même à cheval sur la route de Parigné. Puis venait la divi- 
sion Deplanque, qui bordait le Chemin-aux-Bœufs jusqu'à la 
Tuilerie. Ainsi que nous l'avons dit, la brigade de mobilisés 
bretons du général Lalande, les troupes de Barry, de Marty, 
de Lebrun, étaient destinées à fermer la brèche béante dans 
nos lignes entre la Sarthe et la route de Mulsanne. La divi- 
sion de cavalerie Michel était elle-même à Amage, à l'ex- 
trême droite de l'armée. 

JouflProy avait mis la nuit à profit pour s'installer solide- 
ment sur la lisière des bois, entre Changé et Pontlieue. 
Comme nous l'avons vu, les batteries du général Gougeard 
et une partie de la réserve d'artillerie du 17' corps occupaient 
les hauteurs très dominantes de la rive droite de l'Huisne, à 
l'ouest d'Yvré ; cette circonstance favorisait puissamment la 
défense des positions de Jouffroy, en rendant une attaque de 
front très difficile. D'autre part, Alvensleben ne disposait pas 
de Teffectif nécessaire pour déborder la droite de son adver- 



1. Brigade du lieutenant-colonel Bérard : 3 bataillons du 41® de marche, 
1 bataillon du 74* mobiles, i batterie de 4 ; 

Brigade du lieutenant-colonel Jobey : 3 bataillons du 40* de marche, 16« 
chasseurs de marche, i batterie de 4, 2 escadrons du 2® do cavalerie légère 
mixte. 

2. Ce détail, qui n'est pas indiqué par Chanzy, ressort de VHUtorique du 
38* de ligne. De Pontlieue, le 88® de marche se rendit à 7 heures du matiu 
en arrière de Change. 

La brigade Ribell (i'« division du 1C« corps) quitta vers il heures ses posi- 
tions du Tertre de Cliangé, après avoir été relevée par la division de Jouffroy. 
Elle reprit position sur le Chemin-aux-Bœufs, la droite à la route de Ruaudin. 

CAMPAGVB DE LA LOIBB. 11. 17 



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258 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

saire. Il décida d'attaquer successivement nos positions, en 
commençant par la gauche. La 11* brigade fut chargée de 
cette mission, tandis que les 9* et 10* resteraient disponibles 
à Gué«la-Hart et Changé. 

Le mouvement offensif du III* corps se prononça à 1 1 heures 
seulement; la 11* brigade s'avança le long du ruisseau de 
Gué-Perray, en cherchant à tourner la pointe nord du bois à 
Touest, Mais la présence de Gougeard à Yvré et celle de Paris 
sur le plateau d'Auvours obligèrent les Allemands à porter 
un régiment d'infanterie dans cette direction. Trois compa- 
gnies occupèrent le château des Arches et une pièce tenta 
même de s'y mettre en batterie, ce qui attira aussitôt un feu 
très vif des hauteurs de Luard. A gauche, un autre régiment 
s'avançait le long du Chemin-aux-Bœufs, en se couvrant au 
nord d'un bataillon jeté vers le château des Noyers et la pas- 
serelle voisine. Non sans efforts, il refoulait d'abord les frac- 
tions de la division Jouffroy vers les Granges ; mais il ne 
tardait pas à être débordé sur ses deux flancs, malgré l'en- 
trée en ligne de deux compagnies venues des Noyers. L'un 
de ses bataillons avait perdu presque tous ses officiers et il 
était sans munitions. A ce moment, la 12* brigade ayant reçu 
l'ordre de se porter sur les Arches, le deuxième régiment de 
la 11* brigade pouvait se porter en ligne vers les Granges. 
Toutefois le combat demeurait indécis. L'amiral avait jeté à 
la gauche de Jouffroy la brigade Desmaisons, qui arrivait de 
Pontlieue. En même temps, la division Roquebrune, qui n'é- 
tait pas encore sérieusement engagée, recevait l'ordre d'ap- 
puyer vers sa gauche. C'est en dirigeant l'exécution de ces 
mouvements que tombait, mortellement blessé, le lieutenant- 
colonel de Lambilly, chef d'état-major de l'amiral, le vigou- 
reux officier qui s'était signalé par son initiative et sa har- 
diesse le lendemain de Coulmiers. 

A la gauche de Jouffroy, le combat continuait, sans avan- 
tage marqué des deu^ côtés. Les Granges, une briqueterie 
voisine étaient prises et reprises plusieurs fois. La nuit venait 
sans que cette situation se fût modifiée ; les Allemands n'a- 
vaient même pas pu dépasser la Laudière. 



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BATAILLE DU MANS, 259 

Le centre et la droite de Joufl&roy leur opposaient une 
résistance moins énergique. De Changé, la 10* brigade ne 
s'était mise en mouvement que vers 1 heure, dans la direc- 
tion du Tertre. Après un vif combat, l'un de ses bataillons 
s'empara du Pavillon et d'une parcelle de bois voisine 
(2 heures) ; le Grand- Auneau fut enlevé de même ; plus au 
sud, l'ennemi parut un instant menacer notre artillerie de la 
route de Parigné*. L'amiral se hâta de porter dans cette 
direction une partie de la division Le Bouëdec (40 et 41' de 
marche). Le 41* aborda l'ennemi à la baïonnette et le refoula 
en lui faisant des prisonniers. Il poussa ainsi sur la route de 
Parigné, à 1,200 mètres en avant de notre artillerie, et parvint 
à s'y maintenir jusqu'à la nuit. 

Une contre-attaque du centre de Jouffroy* était moins heu- 
reuse; une batterie allemande, bientôt suivie d'une seconde, 
pouvait même s'installer à 800 mètres du Tertre, dans une 
clairière au nord du Pavillon. Malgré le feu du chassepot, 
qui les incommodait beaucoup, ces pièces se maintenaient en 
position, mais sans que l'infanterie allemande pût pénétrer 
dans la ferme du Tertre. Le général von Sttilpnagel faisait 
alors entrer en ligne vers Courte-Boule deux bataillons ve- 
nant de Changé. Dépassant un autre bataillon dont les muni- 
tions étaient complètement épuisées, cinq compagnies se 
jetaient à l'assaut du Tertre et s'en emparaient*. Deux de nos 
pièces, en batterie sur le Chemin-aux-Bœufs et qui conti- 
nuaient le feu jusqu'au dernier moment, étaient enlevées 
après une mêlée sanglante et malgré deux retours oflfensifs 
(le notre infanterie. Cependant l'ennemi ne pouvait dépasser 



1. 3 mitrailleuses de la 19^ balterie du 10« régiment et 2 pièces de 8 de la 
réserve du 17« corps. 

2. Nous avions en avant du Tertre les 3 compagnies de discipline et le 1«' 
bataillon du 33* de marche ; le 2^, en réserve, ne déploya 4 compagnies vers la 
droite qu'à 2 heures. 

3. D'après VHistorique du i5^ d*artillerie, la prise du Tertre n'aurait eu lieu 
que vers 8 heures, après l'échec d'une première attaque à 5 heures. La 24« 
batterie du 16^ régiment, qui n'avait pas été engagée, se dirigea précipitam- 
ment vers Ponllieue et passa toute la nuit sur la route, à 600 mètres de l'en- 
nemi, tant l'encombrement était extrême. 



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260 JOSKES, VENDOME, LE MÂKS. 

le Chemin-aux-Bœufs et, à la nuit, nos troupes restaient 
dans son voisinage immédiat. 

A Faile opposée du III* corps, les trois bataillons de la 
12* brigade avaient débouché vers midi seulement devant 
les Arches. Nous avons vu qu'une fraction de la division 
Gougeard s'y était déjà installée. Elle fut aisément délogée 
par un bataillon, et dix pièces essayèrent même de se mettre 
en batterie près du Château, mais elles furent aussitôt écra- 
sées par nos batteries du Luard. Deux mitrailleuses de la 
20® batterie du 12® régiment, pointées à 1,000 mètres sur 
4 pièces allemandes, tirèrent avec un tel succès que Tennemi 
dut abandonner son matériel. Il ne vint le rechercher qu'à 
la nuit. 

Cependant l'arrivée d'un second bataillon permettait aux 
Allemands de se maintenir aux Arches, malgré un combat 
d'artillerie qui se prolongeait jusqu'à la nuit close. 

A la suite de ces combats, le IIP corps cantonnait sous la 
protection d'avant-postes allant des Arches, par les Noyers, 
la Landrière et le Tertre, jusqu'à la route de Parîgné, où ils 
se reliaient à ceux de la 14® brigade de cavalerie. Un régi- 
ment continua d'occuper le plateau d'Auvours à l'ouest de 
Villiers et en face des fractions de la division Paris qui y 
étaient réunies. Le reste du IX® corps passa la nuit dans 
Champagne ou Saint-Mars-la-Brière ; enfin la 2® division de 
cavalerie cantonna au Breil et à Thorigné. Nos troupes 
bivouaquaient sur place, dans le voisinage immédiat de 
l'ennemi. Sur cette partie du champ de bataille les résultats 
de la journée demeuraient encore indécis. La perte du 
Tertre n'était qu'un incident malheureux, sans grande por- 
tée. Les Allemands pouvaient s'attendre à rencontrer le 
lendemain une résistance tout aussi acharnée, peut-être à 
nous voir reprendre l'offensive. Le III' corps avait fait de 
fortes pertes, plus de 500 hommes, et il combattait depuis le 
6 janvier. Malgré la grandeur de nos sacrifices, il n'y avait 
aucun motif de désespérer du résultat finale 



1. Il est tout à fait inexact de dire, comme VÉtat-major prussien, que le 



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BATAILLE DU MAKS. 261 

Frédéric-Charles avait suivi les combats qui précèdent de 
Bourgneuf, entre Saint-Hubert et la Buzardière. Il avait vu 
les in® et IX® corps gagner du terrain, avec lenteur il est 
vrai. A droite, au contraire, le grand-duc annonçait qu'il 
rencontrait une très sérieuse résistance. De plus, une vaste 
brèche s'était ouverte dans la Ugne de bataille, entre la 
droite du III* corps et la gauche du XIII'. « Devant un 
ennemi entreprenant et quelque peu mobile, cette circons- 
tance aurait pu devenir Forigine d'un grand danger \ » Quant 
au X® corps, jusque dans l'après-midi, il n'avait fait parve- 
nir aucune nouvelle. 

Dans ces conditions, Frédéric-Charles considéra comme 
acquis que nous avions d'importantes réserves ; il tendait à 
croire que nous ferions énergiquement tête sur les hauteurs 
au nord de THuisne. Dans cette prévision, il invita le 
IX* corps à se maintenir sur le plateau d'Auvours, tout en 
gardant avec soin le pont de l'Huisne à Champagne. Le len- 
demain, il pourrait ainsi combiner deux attaques, l'une de 
front et l'autre de flanc, contre les hauteurs à l'est de Sargé, 



IIl« corps avait pénétré « jusqu'au cœur » de nos positions. Un coup d'oeil sur 
la carte suffit pour montrer qu'il occupait une faible pai*tie de celles de Jauré- 
guiberry, des Noyers au Tertre ; le centre était intact. 

Le lieutonant-colonel Didier, du 45« de marche, fut blessé ainsi que le co- 
lonel Baille, du 38«. Ce dernier corps, qui comptait 700 hommes au plus, en 
eut 100 hors de combat. Le 40^ de marche ne perdit que 50 hommes. Los 
Allemands nous auraient fait 600 prisonniers. 

Ils perdirent 34 officiers et 487 hommes {État-major pruêsien). 

1. V. der Goltz. 



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CHAPITRE XXVII 

BATAILLE DU MANS 
(Journée du 11 janvier. — XIII® et X* corps.) 

La division Colin et le XIII* corps. — Retraite de Colin. — Combat de Saint-Célerin. — 
— Combat de Pont-de-Gennes. — Résultats de la jonmée pour le îîl« corps. — Le 
Xe corps. — Combat des Châteaux. — Retraite de Curten. — Combat d'Écommoy. — 
La brigade Lalande. — Perte de la Tuilerie. — Tentatives de retour ofiensif. — Sur- 
prise des Épinettes. — Situation générale. — Instructions de Chanzy. — Nouveanx 
ordres pour le 12. — Ordres de Frédéric-Charles. 

Comme nous l'avons dit, la droite allemande avait trouvé 
devant elle une vive résistance. L'ordre de Frédéric-Charles 
portait simplement que le XIIP corps marcherait sur le Mans 
par Sargé. Il fallut adopter un programme moins ambitieux. 
Le grand-duc, à qui la journée de la veille faisait prévoir des 
engagements sérieux, laissa seulement l'avant-garde de la 
17® division sur la rive gauche de THuisne. Elle devait faire 
face aux troupes françaises encore au Pont-de-Gennes et à 
Montfort (1'** division du 21® corps). Le gros de la 17* division 
passerait la rivière à Connerré et interviendrait à la gauche 
du général von Rauch et d 3 la 22® division. Enfin le détache- 
ment du colonel von Beckendorflf marcherait de Chanteloup 
sui' la Chapelle-Saint-Remy, pour prendre à revers notre 
gauche, et la 4® division de cavalerie reconnaîtrait de Bon- 
nétable dans la direction du Mans, en coupant la voie ferrée 
qui relie cette ville à Alençon. 

Dès le matin, les troupes avancées des 17* et 22* divisions 
reprenaient les emplacements qu'elles occupaient la veille 
au soir; les pionniers en organisaient défensivement une 
partie. Quant à la division Colin (2® du 21® corps), elle était 
encore dans la même situation que le 10 janvier, quoique les 
progrès des Allemands sur la rive gauche de l'Huisne fussent 
de nature à compromettre sa retraite. Il aurait été préférable 



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BATAILLE DU MAKS. 263 

qu'elle gagnât des positions mieux reliées à celles du reste 
de Tamiée. Toutefois on doit reconnaître que, malgré Tinfé- 
riorité de ses forces, le général Colin sut tirer de sa situation 
un parti aussi avantageux qu'on pouvait Tespérer. 

Le combat s'engagea vers 1 1 heures seulement, lorsque la 
22® division, mise la veille en désordre par des combats sous 
bois, se fut à peu près reformée. Deux batteries portées sur 
les hauteura au sud-ouest de Connerré ouvrirent un feu vif 
sur le 56® de marche, qui occupait notre extrême droite. Puis 
un bataillon s'empara de la ferme de Haute-Perche, que les 
obus allemands avaient incendiée. Avec l'appui d'un second 
bataillon, il prit ensuite les Cohemières, non sans un vif 
combat. Le 56* de marche, fort éprouvé par le tir de l'artil- 
lerie et de l'infanterie prussiennes, dut être soutenu par quatre 
compagnies du 10® bataillon d'infanterie de marine. Les deux 
autres couvraient la retraite de la section de 4 restée jusqu'a- 
lors avec la brigade. 

Cependant trois bataillons allemands s'enfonçaient dans le 
dédale de ravins, de chemins creux et de bouquets de bois 
situé à Test de la Vallée. Peu à peu ils pénétraient jusqu'à la 
Charpenterie et aux Grands-Vaux, malgré la résistance du 
6* bataillon des mobiles d'IUe-et-Vilaine. Deux pièces alle- 
mandes, qui venaient se mettre en batterie aux Grands-Vaux, 
accéléraient sa retraite. Enfin deux bataillons de la 22® divi- 
sion s'emparaient du Chêne, de Grande-Métairie et de Fleu- 
ret, en y faisant des prisonniers. 

Le général Colin n'avait pas tardé à reconnaître la néces- 
sité d'occuper un front moins étendu. Il prescrivit à la brigade 
Villain de se retirer lentement derrière le ruisseau du Gué, 
à l'est de Lombron.Les trois bataillons du 63® mobiles (Eure- 
et-Loir), déployés sur les crêtes à l'ouest des Grands- Vaux, 
couvraient ce mouvement. Le 59® de marche, qui formait la 
droite de la brigade des Moutis, se retirait également vers 
Lombron, non sans opposer une vive résistance. 

Vers 4 heures, la gauche allemande atteignait la Porte, en 
menaçant le Cassoîr et la Chaussée. Par les Jubaudières, von 
Rauch s'avançait vers Puiseaux avec deux bataillons et demi 



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264 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

et une batterie, en refoulant le 59® de marche. Mais le géné- 
ral Colin opérait alors un retour offensif, avec plein succès. 
Energiquement entraîné par le chef de bataillon Egrot, le 
59* refoulait von Rauch, qui se retirait au delà des Touches 
et des Jubaudières, où il laissait des avant-postes. Les fermes 
du Cassoir, de la Chaussée, du Chêne- Verger et le château 
de Loresse restaient entre nos mains. 

Dès le matin, la brigade des Moutis avait porté quatre 
compagnies du 3* bataillon des mobiles de TOme sur Saint- 
Célerin, et deux compagnies du 4® à la croisée des routes de 
Saint-Célerin à Lombron et de la Chapelle-Saînt-Remy aux 
Bruyères. Le 59® de marche, le 9* bataillon d'infanterie de 
marine et deux compagnies du 41* de ligne prolongeaient la 
gauche de la brigade Villain. 

Vers midi et demi, des Moutis apprit que Saint-Célerin 
était attaqué. Après avoir été relevé à Chanteloup par la 
4® division de cavalerie (10 heures et demie), le colonel von 
Beckendorff s'était porté sur Torcé et de là sur Saint-Célerin. 
Vers midi, il débouchait devant ce village. Deux compagnies 
du 3® bataillon de l'Orne (1" et 6®) défendaient la route de 
Bonnétable à la Chapelle, et deux autres (3® et V) celle de 
Torcé à Lombron. Attaquées par six compagnies allemandes 
que soutenait une batterie, elles se défendirent vaillamment. 
Au bout de deux heures seulement, Tennemi réussit à fran- 
chir la lisière du village. Une réserve de 50 hommes, que le 
commandant Le Tessier avait placée au centre de Saint-Cé- 
lerin, arrêta un instant les assaillants et permit à ce qui res- 
tait des quatre compagnies de TOme, 187 hommes, de se 
retirer dans les bois au sud. Cette brillante défense coûtait au 
49® mobiles 284 tués ou blessés et 16 prisonniers ^ 

Cependant des Moutis avait porté une section de 4, soute- 
nue par trois compagnies, puis par le reste du 1" bataillon de 
rOrne, à la croisée des routes dont nous avons parlé. Avec 
les deux compagnies qui y étaient déjà placées, elles recueil- 



1. Rapport du commandant Le Tessier, reproduit par des MoutiSi ouvrage 
cité. 



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BATAILLE DU MANS. 265 

lirent les défenseurs de Saint-Célerin. En même temps, le 
reste de la brigade exécutait un changement de front en ar- 
rière pour faire face à la nouvelle attaque dont elle était me- 
nacée. Ce mouvement s'exécutait dans le plus grand ordre; 
le 4* bataillon de l'Orne s'établissait sur le plateau qui do- 
mine la route de Saint-Célerin à Lombron, vers le Point-du- 
Jour; le bataillon du 4V de ligne gardait la route de la Cha- 
pelle à Lombron ; le 2« bataillon de l'Orne et le 9* bataillon 
d'infanterie de marine demeuraient en réserve sur la route 
de Lombron à Saint-Célerin. 

La partie du détachement Beckendorff qui avait pris cette 
direction rencontra une nouvelle résistance vers le Point-du- 
Jour, où s'étaient arrêtés une partie des mobiles chassés de 
Saint-Célerin et les deux compagnies qui leur avaient servi 
de soutien. Avec l'aide de notre section de 4, des 1" et 2* ba- 
taillons de l'Orne qui furent successivement engagés, ils par- 
vinrent à arrêter l'ennemi. Celui-ci se mit en retraite vers 
Saint-Célerin après une heure et demie de combat. 

Cependant le reste du détachement von Beckendorff 
s'avançait de Saint-Célerin vers la Chapelle-Saint-Remy, en 
même temps que la 9® brigade de cavalerie s'y portait de 
Test. A ce moment, la droite de des Moutis avait déjà com- 
mencé son mouvement de retraite ; vers 5 heures, la Chapelle 
fut occupée sans combat. La 22* division établit ses avant- 
postes entre ce village et les Picaudières. 

Cette affaire, qui faisait honneur à la brigade des Moùtîs, 
lui coûtait de très fortes pertes : 33 officiers et 2,300 hommes ; 
le 58® de marche avait perdu les deux tiers de son effectif et 
dix de ses capitaines sur treize \ Pour l'ensemble de la divi- 

1. Des Moutis, ouvrage cité. L'effectif de ce régiment était de 1,600 liomme, 
le matin du 18. Le 49« mobiles (Orne) eut 350 liommes hors de combat ; les 
deux bataillons d'infanterie de marine (9« et 10« de marche) eurent 63 tués, 
150 blessés et 179 disparus. 

La 23® batterie du id« régiment (division Colin) ne fut engagée ni le il, 
ni le 12. 

Les pertes du XIII« corps ne se seraient élevées qu'à 8 officiers et 140 
hommes {Élat-major pruêêien). De deux choses l'une : ou ces chiffres sont 
faux, ou le XIII* corps manqua singulièrement d'énergie, en se laissant ainsi 
arrêter, toute une journée, par une division de recrues et de mobiles presque 
sans artillerie, sans avoir subi de plus fortes pertes. 



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266 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

sîon Colin, les pertes dépassaient 100 officiers et 3,000 hom- 
mes, mais un grand nombre de ces derniers, qui figuraient 
pannî les disparus, s'étaient simplement débandés à Tentrée 
de la nuit, et la plupart rejoignirent les jours suivants. Aussi 
les Allemands firent-ils peu de prisonniers. 

Sur la rive gauche de THuisne, le gros de Tavant-garde de 
la 17® division s'était retiré sur Connerré, en ne laissant que 
deux bataillons et une batterie en face de Pont-de-Gennes, 
qu'occupait une partie de la 1" division du 2V corps. Dans 
la matinée, les troupes allemandes gardèrent une attitude 
expectante. L'un de leurs détachements, qui se portait en 
avant par la rive droite, fut facilement arrêté aux Hiàrds. 
Mais quand le reste du XIIP corps eut gagné du terrain vers 
les Cohernières, von Tresckow poussa deux bataillons au 
nord de l'Huisne, sur Pont-de-Gennes. Ils atteignirent la 
Brosse et le Gué, en forçant à la retraite un bataillon du 
58® de marche. Jaurès reprit aussitôt l'ofifensive : avec une 
compagnie de fusiliers marins, trois compagnies du 94* de 
ligne et trois compagnies d'infanterie de marine \ il se jeta 
sur la droite de l'ennemi et le refoula, après un vif engage- 
ment qui nous coûta 7 tués et 50 blessés. 

A la suite de cette aflfaire, le gros de la 17* division s'éta- 
blit à Connerré, laissant son avant-garde dans les positions 
de la veille. 

A l'aile opposée du XIIP corps, la 4® division de cavalerie 
n'avait pu dépasser la Croix, où étaient les avant-postes de 
la division Villeneuve (3*^ du 2V corps). Elle revint canton- 
ner à Bonnétable, sans même avoir réussi à couper la voie 
ferrée du Mans à Alençon. La 12^ brigade de cavalerie, res- 
tée à Bellême, se borna également à éclairer vers Mamers, 
où elle fut arrêtée par des mobilisés de la Mayenne. Quoi- 
qu'elle n'ait pas eu de cavalerie devant elle, l'extrême droite 
allemande avait donc joué un rôle purement négatif. En 
somme, comme le dit le colonel suisse Lecomte*, notre gauche 



1. Chanzy. Elles ne pouvaient appartenir qu*au lO® bataillon (division Colin). 

2. Relation historique et critique de la guerre franco-allemande en 1870-1871, 



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BATAILLE DU MANS. 267 

était dans de bonnes conditions défensives le soir du 11 jan- 
vier. Malgré la supériorité numérique de Tennemi, celui-ci 
n'avait pu sérieusement l'entamer. Après avoir perdu des 
positions avancées sans importance réelle, elle s'était rappro- 
chée de sa véritable ligne de combat, Parance-Sargé-Cha- 
peau. Si, sur la rive gauche de THuisne, le reste de nos 
troupes avait gardé une attitude aussi ferme, l'issue finale 
de la bataille du Mans eût encore été fort douteuse. Mal- 
heureusement il n'en fut rien. 

Suivant un ordre de FrédéricrCharles reçu dans la nuit, 
Voigts-Rhetz avait dirigé le X* corps de Grand-Lucé, par 
Saint-Mars d'Outillé, sur Mulsanne ; la 14* brigade de ca- 
valerie, renforcée de deux bataillons, devait le relier au 
np corps en suivant la route de Parigné. 

Dans la matinée, un troisième bataillon prussien, aux 
avant-postes depuis la veille, se porta vers les châteaux du 
Chef-Raison et de la Paillerie; là il eut quelques escar- 
mouches avec le 11* chasseurs de marche, de la division Ro- 
quebrune, qui défendait la route de Parigné. Vers 1 heure 
seulement, la pointe de la 14* brigade de cavalerie atteignit 
les deux châteaux, au moment où notre ligne se reportait en 
avant. Trois mitrailleuses placées sur la route, derrière des 
épaulements, et deux pièces de 8 établies un peu au nord 
réduisirent bientôt au silence la batterie à cheval qui accom- 
pagnait la 14* brigade, et nos tirailleurs atteignirent le bois 
au sud de la Huppe-Noire. Les deux bataillons qui soute- 
naient la cavalerie prussienne se déployèrent à cheval sur la 
route et reprirent un instant l'offensive. Mais, à ce moment, 
deux bataillons de la division Roquebrune apparaissaient 
brusquement sur leur gauche. Ils furent refoulés sur les châ- 
teaux, avec des pertes sensibles; le sous-lieutenant Bazin, du 
1 1* chasseurs, fit même prisonnière l'une de leurs sections \ 



1. V Historique du iP chasseurs dit i officier et 100 hommes ; VEtat-major 
prussien, 8 officiers et 42 hommes. Le sous-lieutenant Bazin fut décoré le 88 
février 1871. 

Le ll®« chasseurs de marche n'eut que lO blessés dans toute la journée 
du 11. 



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268 JOSKES, VEKDOMË, LE MAKS. 

A la nuit, la cavalerie et Tartillerie ennemies regagnaient 
Farigné ; les trois bataillons demeuraient aux châteaux. Là 
encore, les Allemands avaient été réduits, presque tout le 
jour, à la défensive. Mais nous étions moins heureux sur la 
route de Mulsanne. 

Retardée par le verglas, Tavant-garde de la 20'' division * 
n'avait atteint Saint-Mars-d'Outillé que vers midi. Là, elle 
apprit que, dans la matinée, des troupes françaises s'étaient 
dirigées d'Ecommoy vers le Mans, mais qu'une arrière-garde 
occupait encore ce village. En eflfet, Jauréguiberry avait 
quitté Ecommoy à 4 heures du matin pour marcher sur Pont- 
lieue. Derrière lui, Curten n'atteignait Château-du-Loir que 
le soir du 10 ; il y trouvait des instructions de l'amiral l'invi- 
tant à se porter sur le Mans, en se servant le plus possible de 
la ligne ferrée de Tours à cette ville. Mais déjà cet embran- 
chement et la ligne télégraphique avaient été coupés à hau- 
teur d'Ecommoy, comme nous l'avons vu. Curten mit donc sa 
division en marche sur le Mans, par la route de Mulsanne, 
dans la matinée du 11 ; à 2 heures et demie il était à Mayet. 
En entendant le canon vers le nord-est, il ne voulut pas con- 
tinuer sur Ecommoy avant d'avoir fait reconnaître ce village. 
11 y porta les francs-tireurs des Deux-Sèvres et le 23® chas- 
seurs de marche, soutenus par le 2V mobiles (Isère) et par 
la brigade de cavalerie de Tucé. Ces troupes atteignirent 
Ecommoy au moment où un bataillon allemand y débouchait 
également, venant de Saint-Mars-d'Outillé. En dépit d'an 
feu très vif, il put traverser une partie du village et atteindre 
son débouché du côté de Mayet. Mais nos ti'oupes ne tardèrent 
pas à le refouler, et il se borna dès lors à demeurer en obser- 
vation devant Ecommoy. 

Malgré ce petit succès, auquel avait contribué l'énergie du 
commandant Poinsignon, des francs-tireurs des Deux-Sèvres*, 
Curten ne crut pas devoir pousser sur Mulsanne, ni même 
sur Arnage. Il y a lieu de le regretter, car si le X® corps 



1. 3 bataillons, 3 escadrons, i batterie, i compagnie de pionniers. 

2. Chanzy. 



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BATAILLE DU MANS. 269 

avait été attaqué de flanc en se portant de Saint-Mars vers 
la route de Mulsanne, son débouché devant la Tuilerie eût 
sans doute été retardé d'un jour, ce qui aurait pu avoir 
des conséquences gi'aves. Dans la situation de Chanzy, 
il était de la dernière importance qu'il gagnât du temps. 
Chaque heure écoulée lui permettait de continuer la con- 
centration de ses troupes et de compléter ses dispositions de 
défense. D'ailleurs cet incident montrait, une fois de plus, à 
quelle fatale inspiration il avait obéi en dispersant ainsi nos 
troupes. 

Au lieu de marcher sur Mulsanne, Curten se dirigea vers 
la Flèche, par Pontvallain. Il y arriva dans la journée du 12, 
après une marche de nuit. La bataille du Mans était perdue 
depuis la veille. Ainsi, l'une de nos divisions tout entière 
n'avait pris aucune part à cette action décisive. 

Cependant le gros de la 20® division, suivi de la 37® bri- 
gade et de l'artillerie de corps, avait continué sa marche de 
Saint-Mars-d'Outillé sur Teloche, puis sur Mulsanne. A sa 
droite, deux bataillons se dirigeaient vers le château de la 
Rochère. A Mulsanne et à la Madeleine, les Allemands ren- 
contraient de petits détachements français ^ qu'ils refoulaient 
sans difficulté, en faisant une centaine de prisonniers. Ma's 
le canon retentissait au nord-est avec une violence croissante. 
De plus, vers 4 heures 45, l'ordre arrivait de soutenir le IIF 
corps en avant de Changé. Déjà le jour tombait; malgré la 
fatigue de ses troupes, Voigts-Rhetz les mit en mouvement 
dans la direction de Pontlieue. Elles allaient se heurter, en 
premier lieu, à la brigade de mobilisés bretons du général 
Lalande. 

Le 9 janvier, trois de ces bataillons (1" de Redon, 2® et 
3® de Rennes) étaient venus prendre place à l'est de la route 
de Mulsanne, le long du Chemin-aux-Bœufs jusqu'à la route 
de Parigné ; les trois autres (2® et 3* de Redon, V^ de Saint- 
Malo) s'établirent à l'ouest, vers Amage. Le même jour, le 



1. État-major prtutien. Ces troupes ne venaienl pas de la Tuilerie ; elles 
faisaient sans doute partie des colonues venues du Loir. 



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270 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

général Deplanque envoya le 1" bataillon de Saint-Malo en 
avant-postes au château des Hunaudières, sa droite à l'étang 
au sud et sa gauche aux Houx, à deux kilomètres du Chemin- 
aux-Bœufs vers Mulsanne. Déjà des paysans, de petits 
groupes de fuyards affluaient sur la route du Mans. Le 10, 
ces derniers furent plus nombreux ; c'étaient parfois des com- 
pagnies entières, officiers en tête. Le soir seulement, ce mou- 
vement s'arrêta, non sans avoir singulièrement affaibli le 
moral des mobilisés. 

Avant d'arriver à Pontlieue, la route de Mulsanne traverse 
des hauteurs boisées qui s'allongent du nord-est au sud-ouest, 
à deux kilomètres environ de ce faubourg. Au point où leur 
crête vient couper la route s'élève la Tuilerie, qui comprend 
des bâtiments d'exploitation, une maison d'habitation et 
des dépendances. A cent mètres au sud passe le Chemin- 
aux-Bœufs, et au delà s'étend une plaine ondulée, cou- 
verte de bouquets de sapins et coupée de ruisseaux ou de 



Dans la matinée du 11, les 2* et 3® bataillons de Rennes, 
le 1" de Redon occupaient le Chemin-aux-Boeufs entre les 
routes de Ruaudin et de Mulsanne ; le 1*' bataillon de Saint- 
Malo était encore au château des Hunaudières ; les 2* et 3® 
de Redon, à l'ouest delà Tuilerie, dans les bois. Deux batte* 
ries étaient également installées à l'ouest de ce point : celle 
de droite, forte de quatre pièces de 12 et de deux mitrail- 
leuses; celle de gauche, de six mitrailleuses et de deux 
pièces de 12 \ Vers 2 heures, la 2* brigade de la division 
Deplanque dépassa les mobilisés bretons à l'est de la route et 
s'établit en première ligne ; les 2® et 3« bataillons de Rennes, 
qui leur furent rattachés, restèrent en réserve. Quant au 1" ba- 
taillon de Redon, il alla s'établir à l'est des batteries. En 
même temps, les 2* et 3® bataillons de la même légion se dé- 
ployaient en avant et à droite, dans la direction d'Arnage, 
sur un front de deux kilomètres. A leur gauche prenaient 



1. Ces pièces appartenaient à la 19<> batterie du 8« régiment (mitrailleuses, 
capitaine Péret) et à la u^^ batterie du 1^ (12, capitaine Gaultier). 



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BATAILLE DU MANS. 271 

position trois compagnies du 31* de marche, venant d'Amage, 
et deux compagnies du 8® chasseurs de marche (157 hommes) 
arrivant de Pontlieue. 

Le V bataillon de Saint-Malo était toujours aux Hunau- 
dières, où il ne tardait pas à être attaqué par la pointe de la 
20® division. Soutenu par une section d'artillerie, un batail- 
lon allemand le repoussait au nord du ruisseau qui coupe en 
ce point la route de Mulsanne. Mais quand Tennemî eut dé- 
passé Belle-Œuvre, il fut accueilli par le feu des deux bat- 
teries dont nous avons parlé (3 heures). Il établit une section 
d'artillerie sur la chaussée, une batterie à Pest de celle-ci et 
déploya quatre bataillons en avant de ces pièces. Ils furent 
bientôt engagés avec les compagnies du 8* chasseurs et du 
31« de marche, ainsi qu'avec le 2* bataillon de Redon (4 heures 
et demie). Malgré le feu de notre artillerie et la diflSculté du 
terrain, les Allemands n'eurent aucune peine à refouler nos 
tirailleurs*. A la nuit, après avoir pris le Point-du-Jour, ils 
s'arrêtaient devant les Mortes-Aures. De plusieurs lignes de 
tranchées-abris creusées sur la pente au-dessus du Chemin- 
aux-Bœufs partait un feu vif, mais très mal dirigé. Dans 
l'obscurité croissante, les Allemands ignoraient s'ils avaient 
affaire à nos troupes ou aux leurs. Chez nous, l'incertitude 
était la même ; il fallut que des officiers allassent s'en as- 
surer. 

Cependant la gauche de l'ennemi continuait à gagner du 
terrain vers le Chemin-aux-Bœufs. Après un échange de 
coups de feu à courte distance, elle refoula dans les bois le 
2« bataillon de Redon. De même les compagnies du 8® chas- 
seurs furent délogées des Mortes-Aures; puis un bataillon 
prussien s'élança en colonne serrée vers la Tuilerie (7 heures 
et quart). Malgré un feu vif partant du bois au nord-est, il 
s'en empara en faisant des prisonniers. Nos deux batteries 



1. Vers 3 heures et demie, on faisait encore, sous le feu, une distribution 
de vivres aux mobilisés. Le i" bataillon de Saint-Malo n'en avait pas reçu 
depuis trois jours. 

Une fraction dii 1«' bataillon de Redon prit position en première ligne entre 
le 8« chasseurs et le 3l« de marche ; le reste demeura en réserve. 



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272 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

n'avaient pas attendu cette attaque * ; quant aux compagnies 
du 8* chasseurs et du 31* de marche, dès 6 heures elles s'é- 
taient également retirées sur Pontlieue et Amage. 

Deux bataillons allemands occupèrent ainsi la Tuilerie et 
le Chemin- aux -Bœufs; les trois autres restèrent en réserve, 
soutenus à distance par la 37* brigade, qui s'était avancée 
jusqu'à la sortie nord de Mulsanne (8 heures et demie). 

Notre retraite de la Tuilerie s'était produite si brusque- 
ment que le 1*^ bataillon de Redon, à 150 mètres sur la 
droite, ne fut pas engagé. L'une de ses compagnies, la 2*, 
demeura même en position jusque vers 9 heures et quart; elle 
s'aperçut alors qu'elle était coupée. Néanmoins elle parvint 
à se retirer sur Pontlieue. Quant à la droite du général La- 
lande, elle resta le long du Chemîn-aux-Bœufs jusqu'au ma- 
tin du 12 et gagna alors Amage. 

Cependant, entre 8 et 9 heures du soir, la plus grande 
partie de cette brigade se ralliait sur la place de Pontlieue. 
Jauréguiberry, croyant la bataille terminée, était allé vers 
6 heures et demie au Mans pour rendre compte à Chanzy, A 
8 heures, après son retour, il apprit l'évacuation de la Tui- 
lerie. Il prescrivit aussitôt au général Le Bouëdec de re- 
prendre cette position avec tout ce qu'il pourrait rassembler, 
troupes régulières et autres. La colonne Marty, arrivée à 
Pontlieue vers 3 heures seulement, devait le soutenir. On 
réunit à grand'peine un millier d'hommes épuisés par les 
fatigues de la journée et auxquels, surtout, le désir de com- 
battre manquait entièrement*. Vers 10 heures et demie, ils 
débouchèrent devant les avant-postes ennemis, au nord de la 
Tuilerie, et ouvrirent un feu violent, qui dura plus d'une 
heure, presque sans résultat. Là se bornèrent tous leurs 



1. La id^ du 8^ régiment eut i officier et 2 hommes blessés, 8 chevaux 
tués et 1 caisson brisé ; elle tira 180 coups de S heures à 5 heures et demie. 

La I4fi du 7« régiment eut i tué, i blessé et i cheval tué ; elle tira 86 coups 
(Chanzy, la Borderie, ouvrages cités). 

Chanzy dit à tort que ces deux batteries étaient réparties entre la Tuilerie 
et le Tertre (Lettre du commandant Rabatei, qui les avait sous ses ordres ; la 
Borderie, ouvrage cité). 

2. Le 1" bataillon de Saint-Malo prit part à cette tentative. Une grande parlie 
des troupes de Le Bouëdec avaient été détachées en soutien de Jouffroy. 



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BATAILLE DU MANS. 273 

efforts; ils se replièrent sur Fontlieue en laissant de nom- 
breux prisonniers aux patrouilles allemandes. Une deuxième 
tentative, faite un peu plus tard, fut aussi malheureuse. 

Quant à la 2® brigade de Deplanque, qui occupait la 
gauche des mobilisés bretons, vers 5 heures elle s'était en 
grande partie retirée vers THuisne, sans avoir été engagée; 
les 2® et 3* bataillons de Rennes suivirent son mouvementé 
Vers minuit, le détachement du major Przychowski (deux 
bataillons), qui venait du château de la Rochère, reçut Tordre 
de marcher sur Pontlieue pour couvrir le flanc droit de 
Voigts-Rhetz lors de l'attaque qu'il projetait pour le lende- 
main. A 2 heures du matin, il était devant les Epinettes 
qu'occupait encore un détachement français. Il se jetait sur 
cette ferme sans tirer, et s'en emparait en faisant une centaine 
de prisonniers. Le reste du X® corps cantonnait entre Saint- 
Pierre-du-Camp et Teloche, en se couvrant d'avant-postes 
établis, non seulement vers le Mans, mais vers Ecommoy. 

Nous avions à Amage, à notre extrême droite, une partie 
de la division Barry (1,200 hommes environ), la brigade de 
mobilisés du lieutenant-colonel Lebrun (4,000 hommes) et 
deux brigades de la division de cavalerie Michel. Ces troupes 
ne furent pas engagées le 11 janvier. Ainsi, c'était à trois 
bataillons de mobilisés bretons, ne sachant pas tenir un fusil, 
et à cinq faibles compagnies d'infanterie régulière qu'était 
échue la tâche de défendre la route de Mulsanne contre la 
majeure partie du X® corps. L'échec inévitable qui en était 
résulté compromettait entièrement notre armée. La perte de 
la Tuilerie rendait en effet impossible la continuation de la 
résistance le long du Chemin-aux-Bœufs. L'évacuation de la 
rive gauche de l'Huisne, colle de Pontlieue s'imposaient. 
Maintenant que les hauteurs du sud étaient à l'ennemi, la 
défense du Mans devenait difficile, sinon impraticable. L'ab- 
sence dans cette direction de la division Curten avait eu les 
conséquences les plus graves. Le X® corps achetait de si 



1. Une partie des troupes de Deplanque, Dotamment le 75® mobiles (brigade 
Pereira), demeura le long du Chemin-aux-Bœufs jusqu'au matin du 12 (Les Mo- 
biles de Maine-et-Loire, lieutenant-colonel Dumas). 

CAMPAGNB DB LA LOIBB. — II. 18 



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274 JOSKËS, VENDOME, LE MANS. 

grands résultats par de faibles sacrifices : 6 officiers et 
129 hommes. Nos pertes étaient beaucoup plus fortes, surtout 
en prisonniers \ 

A 6 heures du soir, Chanzy se considérait comme étant 
resté maître de toute la partie essentielle de ses positions. Le 
seul échec sérieux qu'il eût subi, la perte du plateau d'Au- 
vours, avait été réparé en grande partie. Le général en chef 
supposait les pertes de Tennemi beaucoup plus considérables 
qu'en réalité. Un mouvement vers le sud d'une grande partie 
de son artillerie, qui s'était éloignée du champ de bataille 
pour cantonner plus aisément, donnait l'espoir que, le lende- 
main, il se déciderait définitivement à la retraite. Enfin, mal- 
gré de trop nombreuses défaillances, Chanzy avait encore 
pleine confiance en ses troupes*. Aussi ses instructions pour 
le 12 janvier n'envisageaient-elles nullement la possibilité 
d'une retraite, mais bien celle d'un nouvel effort de l'ennemi 
auquel nous saurions encore résister. 

Il prescrivait donc à Jaurès de se retirer jusqu'à hauteur 
de Fatines, d'aider Paris à reprendre Champagne et d'assurer 
la défense en avant de Sargé ainsi que le long de l'Huisne 
au-dessus d'Yvré. Il renforcerait Gougeard dès les premières 
heures du jour, de façon à donner au général de Colomb toute 
facilité pour se maintenir sur le plateau d'Auvours et achever 
d'en débusquer l'ennemi. Champagne repris, on se préparerait 
à en faire sauter le pont au cas d'une nouvelle évacuation. 

Quant à Grougeard, il garderait la rive droite de l'Huisne, 
entre le pont du chemin de fer, à Yvré, et la passerelle du 
château des Noyers. Cette dernière et une autre située en 
amont seraient détruites par le génie. 

L'amiral Jauréguiberry renforcerait sa gauche, de façon à 
empêcher l'ennemi de S3 glisser entre le château des Noyers 
et celui des Arches ; il occuperait fortement la Tuilerie, et 
renforcerait sa droite jusqu'à Arnage en y portant une partie 



1. Le Si^) de marche aurait perdu 58 hommes; le 36* de marche (colonne 
Marty), 18 tués et 22 blessés (Historiques des 3P et 36"), D'après Chenu, le 
total de nos pertes aurait atteint 2,200 hommes hors de combat le 11 janvier. 

2. Ouvrage cité. 



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BATAILLE DU MANS. 275 

de ses réserves. La cavalerie étant d'une faible utilité sur ce 
terrain couvert, les commandants de corps d'armée en gar- 
deraient le strict indispensable et porteraient le reste sur 
la rive droite de la Sarthe : la division du 16* corps en aval, 
au delà de la Suze ; celle du 21* corps à Touest du Mans, sur 
la route de Laval ; celle du 17® corps, en amont jusqu'à Beau- 
mont. Enfin, comme la veille, on ferait les plus grands efforts 
pour prévenir le désordre dans les convois et l'encombrement 
des routes. On interdirait aux fuyards l'accès de la ville. 

Ces instructions étaient à peine envoyées, que, vers 
8 heures et demie, Chanzy apprit la perte de la Tuilerie. En 
même temps, l'amiral lui annonçait qu'il allait diriger sur ce 
point une partie de la division Le Bouëdec pour le reprendre. 
Malgré la gravité de ce fait, le général en chef espéra sans 
doute que la Tuilerie serait réoccupée comme l'avait été le 
plateau d'Auvours. 11 envoya donc un télégramme rassurant 
au ministre, demandant simplement qu'on hâtât l'envoi à 
Alençon des deux divisions disponibles du 19® corps, pour 
les lancer sur les flancs de l'ennemi ^ elles lui donneraient les 
moyens d'obtenir un succès \ 

Mais il fallut bientôt renoncer à cet espoir. A minuit et 
demi, l'amiral envoyait à Chanzy les plus tristes nouvelles- : 
on n'avait pu reprendre la Tuilerie ; les soldats s'étaient dé- 
bandés au premier coup de feu. Beaucoup, harassés de fatigue 
et effarés par ce combat de nuit, faisaient quelques pas, puis 
se couchaient dans la neige en refusant d'aller plus loin. 
Bientôt après on apprit la perte du Tertre et enfin survint 
l'échauffourée dont nous avons parlé, au sujet de la division 
Deplanque. A deux reprises, vers minuit et 4 heures du ma- 
tin, ses avant-postes furent attaqués et refoulés vers le nord ; 
la panique se propagea jusque parmi les troupes de Roque- 
brune. 

Plus que jamais, les fuyards affluaient à l'entrée du Mans, 
vers Pontlîeue. Devant cet encombrement, l'amiral jugea 



1. Dans ce télégramme, Chanzy évalue à 180,000 hommes Tensemble de ses 
forces engagées où en réserve (ouvrage cité, p. 331). 



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276 JOSNES, 

prudent de renvoyer ses convois et ses réserves d'artillerie 
au nord de l'Huisne. 

Malgré tout, Chanzy voulait encore espérer. A 4 heures 25 
du matin, il télégraphiait à l'amiral : « La situation est grave ; 
nous ne pouvons nous en tirer que par une oflfensive vigou- 
reuse dès ce matin et le plus tôt possible. Je compte pour cela 
entièrement sur votre vigueur. » Mais toute son énergie de- 
meurait impuissante et, à 7 heures 55, l'amiral télégraphiait 
de nouveau : « Je rappelle la brigade Desmaisons, mais elle 
ne compte en ce moment que 600 à 700 hommes ; le général 
Le Bouëdec a 1,500 hommes environ. Tout mon état-major 
est sur la place depuis 4 heures du matin, occupé à réorga- 
niser les fuyards sans y parvenir... Une prompte retraite me 
semble impérieusement commandée. » De son côté, Barry 
avait quitté Amage avant le jour*. Jouflfroy avait perdu la 
plus grande partie de ses positions et ne paraissait plus sus- 
ceptible d'un eflfortpour les reprendre. La division Deplanque 
s'était retirée presque tout entière; Paris avait évacué une 
seconde fois le plateau d'Auvours; Roquebrune, seul, tenait 
bon, mais il allait être débordé. Si l'ennemi poussait énergi- 
quement sur Pontlieue, il pourrait s'en emparer sans difficulté 
et anéantir ainsi tout ce qui restait de la 2*^ armée sur la rive 
gauche de l'Huisne. 

Evidemment il n'était plus permis d'hésiter. A 8 heures 
du matin, Chanzy adressait à Jauréguiberry le télégramme 
suivant, qui dit éloquemment ses angoisses et la situation dé- 
sespérée de nos troupes : c Le cœur me saigne ; mais quand 
vous, sur qui je compte le plus, vous déclarez la lutte impos- 
sible et la retraite indispensable, je cède. » Il terminait par 
la recommandation de tout faire pour rendre notre mouve- 
ment de recul aussi lent que possible. On préparerait la des- 
truction des ponts de l'Huisne ; mais il n'y faudrait procéder 



1. Il avait envoyé à Chanzy, à minuit, une dépêche annonçant que son ar- 
tillerie était partie à 6 heures du soir pour le Mans et Laval, et que Tinfanteria. 
démoralisée, ne tiendrait pas une demi-heure. Un peu plus tard il lui écrivait 
qu'il « suivait le mouvement de l'artillerie ». 

De son côté, Jauréguiberry écrivait que les routes de Tours et d'Angers 
n'étaient plus couvertes que par 3 escadrons de chasseurs. 



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BATAILLE DU MANS. 277 

qu'après avoir disputé à rennemi, le plus longtemps qu'il se 
pourrait, l'accès de la ville. Ces premiers ordres étaient en- 
suite complétés par des instructions générales*. 

Notre retraite du Mans ne pouvait être définitive ; la 2* ar- 
mée avait à se reconstituer le plus tôt possible, pour faire 
oublier les tristesses des derniers jours. Au lieu de se diriger 
vers Laval, comme il eût semblé naturel à première vue, 
Chanzy faisait choix d'une direction excentrique. Il voulait 
se porter entre Prez-en-Pail et Alençon, sa gauche à la Sarthe, 
appuyée par le 19* corps qui allait atteindre cette ville. Il 
y trouvait plusieurs avantages : nous ne nous éloignions pas 
de Paris, qui demeurait nécessairement notre objectif; nous 
restions une menace pour le flanc droit de l'ennemi, qui ne 
pourrait, ni s'enfoncer plus avant vers la Bretagne, ni mar- 
cher sur Tours ou sur Paris; enfin nous allions au-devant 
d'importants renforts. 

Nous verrons par quelles raisons Chanzy fut amené à aban- 
donner ce projet. Quoi qu'il en soit, il prescrivit que notre 
mouvement vers Alençon et Prez-en-Pail s'exécuterait en 
quatre jours, à raison de 14 à 16 kilomètres par étape seule- 
ment. Le 21® corps marcherait sur Alençon en remontant la 
Sarthe; le 17* corps suivrait la route de SîUé-le-Guillaume 
jusqu'à Domfront-en-Champagne, puis se porterait par Segrie, 
Fresnay, Assé-le-Boisne, Gesnes-le-Gandelin, la Ferrière- 
Bochard, sur Saint-Denis-sur-Sarthon ; le 16* corps marche- 
rait par Chauffeur, Neuvy-en-Champagne, Conlie, Crissé, 
Pont-le-Robert, Montreuil-le-Chétif, la Pooté, sur Prez-en- 
Pail. Le 12, le 16® corps ne devait pas dépasser Chauffeur; 
le 17® corps, Pintervalle entre Lavardin et Chapelle-Sain te- 
Fray. Le gros de la cavalerie précéderait chaque corps d'ar- 
mée d'une étape, de façon à arrêter les fuyards; le reste cou- 
vrirait la retraite. 

Du côté des Allemands, dans la soirée du 11, Frédéric- 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 329. Il semble que ces instructions aient élë 
portées à tort, p. 838, comme étant du il au soir. La retraite ne fut ordonnée 
que le 18, après 8 heures du matin, comme rindique le télégramme à Jauré- 
guiberry, reproduit p. 388, et que nous avons résumé plus haut. 



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278 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Charles ignorait encore la situation réelle des deux armées : 
il savait que le IIP corps avait eu à livrer un combat très vif, 
que le XIIP avait été engagé presque en entier. Il n'igno- 
rait pas l'épuisement des troupes allemandes, la faiblesse de 
leurs effectifs, surtout en officiers. Cependant l'intervention 
du X* corps lui paraissait devoir être décisive. La prise de la 
Tuilerie ne lui était pas encore connue, mais il savait que 
les Allemands avaient dépassé Mulsanne. 

Dans ces conditions, il décida de continuer, le 12, le mou- 
vement offensif entrepris par les IIP et X® corps ; le IX® achè- 
verait de s'emparer du plateau d'Auvours et détacherait une 
brigade en soutien du XIII''. Le grand-duc en était informé ; 
il recevait pour instructions de pousser ses deux divisions 
vers l'ouest ; la 4® division de cavalerie couvrirait leur flanc 
vers la Sarthe. Mais notre retraite allait rendre inutile une 
partie de ces prescriptions. 



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CHAPITRE XXVIII 

BATAILLE DU MANS 
(Journée du 12 janvier.) 

Mouvement du Xtll* eorps. — Combat de la Hyre. — Combat de Chantelonp. — Combat 
de la Ci-oix. — Combat de Ballon. — Le IX* corps. — Le Iltc corps. — Combat du 
Tertre. — Le X« corps. — Conbat des Épinettes. — Perte de Pontlieue. — Combat 
dans les rues du Mans. — Résultats de la bataille. — Réflexions. 

La journée du 12 janvier s'ouvrit par un froid vif ; un brouil- 
lard épais ne devait se dissiper que vers midi. Avant même 
d'avoir reçu les ordres de Frédéric-Charles, le grand-duc 
avait donné les siens, qui concordaient avec eux, du moins 
dans leurs grandes lignes. La 17* division devait, tout en se 
maintenant sur le ruisseau du Gué, marcher par Lombron 
vers Saint-Corneille ; la 22® division irait par la Chapelle- 
Saint-Remy et Sillé-le-Philippe sur Savigné, mais en évitant 
de s'engager contre les troupes françaises au sud de ce point. 
La 4** division de cavalerie se porterait sur la route de Ballon , 
couvrirait le mouvement de la 22^ division et ferait une nou- 
velle tentative pour couper la voie ferrée d'Alençon au Mans. 

La 17® division, laissant la 17® brigade de cavalerie et une 
partie de son artillerie à Connerré, se rassembla à la Vallée 
sur la rive gauche du Gué, et au sud de Pont-de-Gennes. 
Elle se mît en mouvement vers 9 heures et, une heure après, 
le général von Rauch atteignait Lombron qui avait déjà été 
évacué par la division Colin -, en même temps, le détache- 
ment du colonel von Manteuffel ^ débouchait au sud. Enfin 
une autre colonne, celle du major von Berge ', occupait sans 
résistance Pont-de-Gennes et Montfort. Partout les Allemands 



1. 8 batteries, 2 escadrons, i batterie. 
S. 2 bataillons, l batterie. 



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280 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

trouvaient un grand nombre d'armes et d'objets d'équipement; 
ils ramassaient dans les fermes quantité de traînards parmi 
lesquels des officiers. 

Von Tresckow reprenait son mouvement vers 10 heures et 
demie, par le chemin de Montfort à Saint-Corneille, moins 
mauvais que les autres. A midi, sa pointe d'avant-garde attei- 
gnait le Merdereau, derrière lequel le château de la Hyre était 
encore occupé par nos troupes. La division Colin avait reçu 
dans la nuit du 11 au 12 l'ordre de se retirer sur Saint-Cor- 
neille ; la 1'* brigade devait traverser le bois de Mondouble- 
rain 5 la 2® prendrait le chemin le plus direct. Ces mouve- 
ments furent exécutés. Toutefois, en raison de la difficulté 
des chemins, la 1^' brigade dut abandonner une grande partie 
de son matériel. Quant au gros de la 2®, il défila, homme 
par homme, dans un étroit chemin creux, rempli de neige; 
il rallia près de l'Ormeau le V bataillon de l'Orne et le 59* de 
marche, puis, vers 8 heures, atteignit Saint- Corneille sans 
incident. Le bataillon du 41® de ligne avait couvert cette 
retraite. Environ deux heures après, toute la division Colin 
était rassemblée autour de Saint-Corneille, et le généralJau- 
rès lui donnait l'ordre de se porter par Savigné sur Ballon, 
où était signalé un fort parti ennemi. Il fallait s'assurer de ce 
village et du pont voisin', dont l'importance était capitale pour 
la retraite. A onze heures, la division se mettait en mouve- 
ment, la 2* brigade (des Moutis) en tête. Dans le plus grand 
ordre, elle venait prendre la route de Bonnétable à l'ouest 
du château de Touvois et se dirigeait sur Savigné. C'est à ce 
moment que les avant-postes de la 3® division du 21* corps 
(Villeneuve) étaient attaqués au château de la Hyre '. Deux 
bataillons allemands, soutenus par un troisième, franchirent 
le Merdereau et, après un long combat, s'emparèrent de 



1. Chanzy dit qu'elle fut attaquée vers 9 heures ; VÉUit-major prussien do 
fait aucune mention de ce combat « assez vif». 

2. Dans sa dépêche du 12 à Chanzy, Jaurès signale la position de Ballon 
comme couvrant le pont de Montbizot, ce qui est évidemment. faux. 

3. D'après des Moutis et de Mauni, les deux brigades de la division Colin 
ne furent engagées, ni à Saint-Corneille, ni à Savigné. 



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BATAILLE DU MANS. 281 

Saint-Comeîlle et da. château, en'faisant 500 prisonniers 
(vers 4 heures) V 

En débouchant devant le château de Touvois, sur le ruis- 
seau de la Vive-Parance, les Allemands rencontrèrent une 
résistance plus énergique. Le lô*" mobiles (Calvados) et le 
3^ bataillon de fusiliers marins se défendirent même assez 
longtemps pour obliger Tennemi à la retraite. A la nuit, 
Tavant-garde de la !?• division s'établissait à Grande-Hous- 
saie et son gros entre Saint-Corneille et Pont-de-Gennes. Elle 
avait fait plus de 1 ,000 prisonniers et recueilli une grande 
quantité de vivres. 

Quant à la 22* division, après s'être longuement arrêtée à 
Saint-Célerin pour intervenir, s^l y avait lieu, à la droite de 
von Tresckow, elle atteignît Chanteloup vers 2 heures*. Les 
avant-postes de la division Villeneuve (3® du 21' corps) y 
étaient encore installés. Ils furent d'abord refoulés par trois 
bataillons et une batterie en perdant des prisonniers. Mais 
d'autres troupes les recueillirent verô la Croix et arrêtèrent 
les progrès de l'ennemi. Nous avions à ce moment en ligne 
huit bataillons, une batterie et une section de mitrailleuses. 

Cependant le gros de la 22' division apparaissait vers Sillé- 
le-Philippe que prenait l'un de ses bataillons. Vers 5 heures, 
les Allemands exécutèrent une attaque générale qui réussit. 
Après avoir repoussé un retour offensif, ils s'emparèrent de 
la Croix en faisant un grand nombre de prisonniers*. 



1. La dépêche de Jaurès citée plus haut et l'ouvrage de Chanzy ne font 
aucune mention de ce combat. Il est possible qu'il ait été grossi par VÉtal- 
major prussien. 

D'ailleurs il faut reconnaître que le rôle du 2 L« corps dans les journées qui 
suivirent le il janvier a été singulièrement embelli par les documents d'ori- 
gine française. 

8. ÉtcU-major prussien, Chanzy et Jaurès disent ii heures ; mais les dis- 
tances parcourues semblent indiquer que la première heure est la vraie. 

8. 3,000 dont un commandant de régiment, d'après VÉtat-major prussien. 
Le général von Witlich dit ss officiers et 3,100 hommes ; Chanzy, près de 2,000 
tués, blessés ou disparus. Suivant l'ouvrage de Chanzy et la dépêche déjà citée 
de Jaurès, le combat aurait eu lieu surtout aux abords de la Fourche (croisée 
des routes de Bonnétable à Savigné et de Saint-Corneille à Ballon). Aucune 
mention n'est faite de notre échec à la Croix, malheureusement trop réel. Chanzy 
dit même que nous ne perdîmes pas un pouce de terrain. 



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282 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

La 22* division s'étabKt en cantonnements de Chanteloup 
à Beaufay et à Torcé, derrière des avant-postes passant par 
la Croix ; la 9® brigade de cavalerie passa la nuit à Bonné- 
table. Quant à la division Villeneuve, vers 6 heures et demie, 
elle marcha par Souligné sur Ballon, emmenant avec elle, 
outre son matériel, deux batteries du 17* corps. 

La division Eousseau (T* du 21° coi'ps) s'était mise en 
retraite de très grand matin vera le plateau de Sargé qu'elle 
atteignit à midi. Après avoir rallié au passage le corps Ca- 
thelineau, elle se dirigea sur Montreuil, la Guierche, Mont- 
bizot et Ballon, parallèlement à la direction suivie par les 
2® et 3® divisions du même corps d'armée. Son artillerie, seule, 
traversa le Mans pour trouver des chemins plus faciles et 
faillit tomber entre les mains de Tennemi. 

Quant à la division Gougeard, restée à Yvré depuis la 
veille, elle avait eu à repousser dans la matinée quelques 
tentatives du IIP. corps prussien pour franchir l'Huîsne vers 
le château des Noyers. Les francs- tireurs de Tours et le ba- 
taillon du 97* de ligne firent même preuve d'entrain dans 
cette occasion. 

A midi seulement, Gougeard reçut Tordre de la retraite. Il 
gagna aussitôt Sargé, en deux colonnes, sans être inquiété 
par l'ennemi. De là il alla passer la Sarthe à Montbizot et 
bivouaqua près de Saint-James * à 8 heures du soir. 

Cependant la 4* division de cavalerie prussienne avait 
dirigé de grand matin vers la Sarthe la 8® brigade. A Cour- 
cebœufs celle-ci enleva un détachement de cavalerie appar- 
tenant au 17® corps. Mais à Ballon, où elle alla ensuite, des 
gardes nationaux du pays, qu'elle prit pour de l'infanterie 
régulière, et deux pelotons du 5" mixte de cavalerie de ligne 
sufiîrent pour la mettre en retraite. Après l'entrée del'avant- 
garde de von Wittich dans Chanteloup, le général von Bem- 
hardi tenta de se porter de Beaufay vers la Sarthe avec udk 
bataillon, un escadron et deux sections à cheval. En attei- 
gnant Courcebœufs, cet escadron refoula, non sans pertes. 



1. Et non Saint-Jean, comme le dit Chanzy. 



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BATAILLE DU MANS. 283 

un peloton du 4* cuirassiers de marche. Quelques instants 
après (vers 4 heures et demie), Pavant-garde de la division 
Colin* débouchait à son tour devant ce village et était 
accueillie par le feu de Tinfanterie prussienne. Les francs- 
tireurs d'Angers se débandèrent aussitôt, leur commandant 
le premier, et refluèrent sur la colonne en tirant au hasard. 
Le général Colin dut se mettre à la tête du 2* bataillon de 
rOme pour enlever Courcebœuf. Mais, au milieu du désordre 
causé par la fuite des francs-tireurs, une centaine d*hommes 
étaient tués ou blessés en quelques instants, surtout par des 
balles françaises. Les deux compagnies d'avant-garde et les 
francs-tireurs du Mans souffraient beaucoup et perdaient tous 
leurs officiers. Le lieutenant-colonel des Moutis était blessé ; 
le général de division avait son uniforme troué de six balles. 
Enfiu, après une nouvelle et inutile tentative des 3* et 1*' ba- 
taillons de rOrne, celui du 41* de ligne entrait dans Cource- 
bœufs, le capitaine Lévy en tête, et les Allemands se reti- 
raient vers les cantonnements de la 4* division de cavalerie, 
à Bonnétable et à Saint- Aulaire, A 7 heures, la division Colin 
reprenait sa marche vers Ballon, où elle bivouaquait à 
minuit, après trois jours de combat et deux marches de nuit^ 

Enfin la division de cavalerie du 17' corps passait la nuit à 
Ballon et à Saint-Mars. 

La retraite du 2V corps, qui aurait pu si aisément être 
compromise, était donc assurée pour l'instant. Mais elle nous 
coûtait des pertes considérables, surtout en traînards ou en 
prisonniers. Celles de l'ennemi étaient infiniment moins fortes. 

On se souvient que le IX® corps avait reçu l'ordre de repren- 
dre la partie du plateau d'Auvours reconquise la veille par 



1. L*ordre de marche de la 2* brigade, qui marchait ea tête, ëtait le suivant : 
8 compagnies du 2« bataillon de rOrne ; francs-tireurs du Mans, francs-tireurs 
d'Angers ; élat-n^ajor de la 2^ division, 2« bataillon de l*Ome (5 compagnies) ; 
artillerie ; 8«, 1«, 4« de l'Orne ; bataillon du 4i« de ligne ; 59« de marche ; 
9« bataillon d*infanterîe de marine. 

2. Cette affaire coûta aux mobiles de TOrne, seuls, i officier tué, 9 officiers 
lilessés et 160 mobiles tués ou blessés (des Moutis). Les pertes des Allemands 
8*élevèrent en tout à sept hommes pour le 32» régiment, auquel appartenait le 
bataillon engagé (État-major prussien). Quant aux pertes du XIII<» corps, le 
12 janvier, elles furent de 9 officiers et de 223 hommes. 



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284 josNJ 

Gougeard. Au lever du jour, deux bataillons et deux batte- 
ries marchèrent sur la Lune d'Auvours par la route ; quatre 
batteries prirent position à l'est de Villiers, sur le plateau, 
et deux bataillons à la ferme d'Auvours. Mais ces préparatifs 
demeurèrent inutiles ; après une tentative de contre-attaque 
faite dans la matinée, les troupes du général Paris ne donnè- 
rent aucun signal d'activité. Bientôt même, les patrouilles 
allemandes trouvaient évacué tout le terrain jusqu'à THuisne. 
En eflfet, dès 6 heures du matin, la 2* division du 17' corps 
s'était mise en retraite ; à la faveur du brouillard, elle gagna 
Yvré, puis alla passer la Sarthe à Montbizot et bivouaqua 
près de là, à Saint- James. Le général de Colomb s'était hâté 
de faire prendre les devants à une grande partie de son artil- 
lerie \ qui traversa le Mans en courant risque d'être enlevée 
par l'ennemi. Déjà le 17® corps avait dû abandonner deux 
pièces embourbées. 

Après avoir constaté l'évacuation définitive du plateau 
d'Auvours, le commandant du IX® corps établit quatre batte- 
ries à son extrémité sud-ouest, et fit ouvrir le feu sur les 
hauteurs au delà de l'Huisne. Aucune batterie n'y répondant, 
il devint évident que nous avions déjà commencé notre mou- 
vement de retraite, dépendant Yvré restait fortement occupé 
par la division Gougeard, et une violente fusillade retentis- 
sait au nord de Champagne. Sur l'ordre de Frédéric-Charles, 
la 35* brigade, qui s'était rassemblée à la Croix, se porta 
vers 2 heures sur la Commune, avec un régiment de hussards 
et deux batteries. Après avoir délogé un détachement fran- 
çais du Puits, un bataillon prussien prit part à l'attaque 
de Saint-Corneille. Ce point occupé, la 35* brigade s'établit 
à Fatines, derrière des avant-postes qui bordaient la Vive- 
Parance. Le reste du IX® corps plaça les siens le long de 
l'Huisne et cantonna à Villiers, Champagne, Saint-Mars-la- 
Brière*. 



1. Presque toute la réserve d*artillerie du 17« corps n*avait pas été engagée 
les 10, 11, 12 janvier, notamment les Si^ et 33* batteries de Tartillerie de la 
marine, et la 22^ du 13^ régiment. 

2. Pertes du IX« corps, le 12, 13 hommes (État-major prustien). 



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BATAILLE DU MANS. 285 

Quant au III* corps, toute la matinée il gardait une attitude 
purement défensive, en faisant face à une partie de la divi- 
sion Gougeard vers Yvré, et à la division Jouflroy à Touest 
de Changé. D'ailleurs il était épuisé par six jours consécutifs 
de marche et de combat, pendant lesquels il avait manqué de 
vivres. Ses cadres étaient très réduits. Le 12, Tun de ses 
régiments ne comptait que 15 officiers et 920 hommes pré- 
sents, pour trois bataillons ^ Alvensleben avait décidé, par 
saite, de se borner à défendre ses positions, surtout au moyen 
de son artillerie, et d'attendre pour marcher sur le Mans que 
le X^ corps eût fait sentir son action. Dès 6 heures du matin, 
deux compagnies françaises, munies de sacs de poudre, ten- 
tèrent de détruire la passerelle du château des Noyers, mais 
sans succès. Plusieurs autres tentatives faites dans la matinée 
ne furent pas plus heureuses. 

Cependant la 12® brigade s'était rassemblée aux Arches, 
la 11® au château des Noyers, la 10" à Courte-Boule et la 9® à 
Changé, avec Tartillerie de corps. Une heure après, une par- 
tie de la division Jouflfroy attaqua énergiquement les avant- 
postes prussiens dans le bois de Pontlieue et repoussa un de 
leurs bataillons sur le Tertre. Un autre bataillon et deux 
pièces se portèrent sur le Grand- Auneau, deux pièces sur 
Courte-Boule et un bataillon au nord du Tertre. De nouveau 
un vif combat s'engagea autour de ce point et les bataillons 
de la 10' brigade durent successivement être portés en ligne. 
Mais, au bout d'une heure, le feu devintmoins vif et l'ennemi 
s'aperçut bientôt de notre retraite sur Pontlieue (11 heures)*. 
La 10® brigade, qui nous suivait dans cette direction, avait 
encore à s'engager plusieurs fois sur le Chemin-aux-Bœufs 
et sur la route de Parigné. Là elle se reliait directement au 
X® corps. 



J. V. der Goitz. 

2. Le III^ corps perdit il officiers et 146 hommes (État-major prussien). 
Chanzy ne fait aucune mention de ce combat. Il dit môme que la division 
Jouflxoy traversa le Mans la première, ce qui parait inexact. Le 83^ mobiles 
(brigade Ribell) quitta ses positions du Chemin-aux-Bœufs vers lO heures et 
demie. Il traversa lHuisne sur la passerelle du moulin (de La Touanne, His- 
toire du 33' régiment de mobiles). 



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286 

Pour se couvrir dans la direction d'Ecommoy, Voîgts- 
Rhetz avait laissé un détachement à Mulsanne ; de même la 
15* brigade de cavalerie s'était portée de Grand-Lucé à 
Teloche ; le reste du X® corps devait marcher sur le Mans. 
Vers 7 heures et demie du matin, la 19* division se rassem- 
bla à Euaudin, et le gros de la 20* au sud de la Tuilerie. La 
14® brigade de cavalerie se forma sur la route de Parigné ; 
elle était suivie de Tartillerie de corps, qui n'aurait pu trou- 
ver aucun champ de tir sur la route de Mulsanne. 

A 9 heures, deux bataillons de la 19* division s'engagèrent 
aux Epinettes contre des troupes de Roquebrune auxquelles 
s'étaient jointes des fractions de la division Deplanque\ La 
résistance fut très vive, surtout aux Fermes. Pourtant l'en- 
nemi finit par s'en emparer avec l'aide d'une section à cheval 
tirant de la Loge. Après leur avoir longuement tenu tête, nos 
troupes lâchèrent pied tout à coup en perdant plus de mille 
prisonniers. Le gros de la division Roquebrune avait déjà 
commencé son mouvement de retraite, sous la protection du 
11* chasseurs de marche ^ Il parvint à atteindre Pontlieue et 
à passer l'Huisne sans trop de difficulté. 

Quoique notre résistance eût entièrement cessé, la 19* divi- 
sion atteignit la Source vers 1 heure seulement, et le feu de 
la 20* l'empêcha alors de déboucher sur Pontlieue. Après 
avoir délogé quelques traînards des bois à l'est de la Tuilerie, 
cette division avait établi une batterie près de ce point. Trois 
mitrailleuses, placées par Le Bouëdec en avant de Pontlieue, 
furent bientôt réduites au silence et, comme le brouillard 
restreignait beaucoup les vues, les pièces allemandes ouvri- 
rent le feu au jugé sur le Mans. Une batterie de la 19* divi- 
sion et les dix pièces de la 14* brigade de cavalerie vinrent 
les renforcer. 



1. A la brigade Pereira, les i«' et 2» balaillons du 76* mobiles s'ëlaienl re- 
tirés sur Pontlieue vers minuit. Le 3® resta en position, jusque vers il heures, 
avec 1 compagnie du 39^ de marche. Il se retira alors vers Pontlieue sur Tordre 
du colonel Ribell et passa l'Huisne vers i heure. Il avait perdu 4 tués, 7 blessés 
dont 1 officier, et 5 disparus. 

2. Qui perdit 15 tués ou blessés seulement le 12 janvier (Historique du ii* 
chasseurs). 



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BATAILLE DU MANS. 287 

APontlieue, depuis la perte de la Tuilerie, le désordre 
était extrême. Après avoir constaté, de ses yeux, Tétat des 
armes des mobilisés du général Lalande, l'amiral s'était 
décidé à les renvoyer à l'ouest du Mans. Vers 9 heures du 
matin, ils se mirent en marche pour traverser la ville. 

Quant aux troupes de Le Bouôdec, elles « fondaient » lit- 
téralement « à vue d'œil » . Le peu d'hommes que l'amiral 
Jauréguiberry avait pu rallier la nuit précédente l'abandon- 
naient d'instant en instant. Il finit pourtant par disposer aux 
issues de Pontlieue la brigade Jobey, le 36® de marche et 
trois mitrailleuses. C'est à ces troupes, fort réduites depuis 
la fin de décembre, que revint l'honneur de couvrir la 
retraite. Heureusement les Allemands mirent peu d'énergie 
dans leur oflfensive. Vers 2 heures seulement, au moment où 
la pointe de la 19® division s'approchait de la lisière est de 
Pontlieue, le général von Kraatz porta la 20® division en 
colonne serrée contre ses abords sud. Une courte escarmouche 
lui livra la partie de ce village située au sud de l'Huisne. 
Restait à enlever le pont qui traverse la rivière en cet endroit * . 
Il avait été miné et une barricade en sacs d'avoine interdisait 
l'accès de la rive opposée. Au moment où l'ennemi débou- 
chait sur l'Huisne, une explosion se produisit. Le capitaine 
du génie Legros, qui n'avait voulu laisser à personne le soin 
de mettre le feu aux mines, était même grièvement blessé en 
ce moment. Malheureusement l'effet produit était incomplet 
et deux bataillons allemands ne tardaient pas à s'aventurer 
sur les débris du pont pour pénétrer sur la rive nord. 

Au viaduc du chemin de fer nous étions plus heureux, et 
l'ennemi n'apparaissait qu'après la destruction complète de 
cet ouvrage. La veille au soir, il y avait encore dans la gare 
du Mans 1,200 véhicules, dont près de moitié chargés de 



1. Il existait en outre une passerelle à hauteur d'un moulin situé en amont. 
C'est peut-être à elle que se rapporte le fait suivant, mentionné par VHislo- 
rique du 3' du génie. Avec quelques hommes de la i'« section de la 4^ com- 
pagnie biSf le capitaine Bernard chercha à faire sauter « le pont ». Cette opéra- 
tion fut manquée, un sapeur ayant été blessé au moment de mettre pour la 
deuxième fois le feu à la mine. Le capitaine Bernard fut tué eu rassemblant 
sa section. 



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288 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

vivres. Le 12, à 5 heures et demie du matin, on reçut Tordre 
de commencer Tévacuation, en ne laissant en gare que des 
trains vides, sous vapeur, destinés aux blessés. Pendant la 
nuit, il était arrivé sept nouveaux trains militaires qu'on 
avait arrêtés aux signaux les plus avancés. On les fit rétro- 
grader et on se hâta d'évacuer le reste du matériel, malgré 
30 centimètres de neige glacée, en dépit de Tépuisement du 
personnel exténué par quatre mois de travail incessant et 
par la maladie \ Des milliers de soldats débandés, rompant 
le cordon de la gendarmerie, envahissaient les voies, prenant 
d'assaut les voitures, couvrant les marchepieds, les toitures, 
même les tampons. Les employés de TEtat chargés du ser- 
vice télégraphique avaient déjà disparu. Pourtant, grâce à 
Ténergie du chef du mouvement, M. Piquet, la plus grande 
partie du matériel put être sauvée et, lorsqu'un bataillon 
ennemi atteignit la gare (2 heures 45), un train s'éloignait 
encore sous les balles et les éclats d'obus. Six locomotives et 
212 wagons, la plupart chargés de vivres, tombèrent entre les 
mains des Allemands. 

Cependant deux de leurs bataillons s'étaient engagés dans 
la rue principale de Pontlieue, celle qui conduit à Sainte- 
Croix. Suivis de celui qui revenait de la gare, ils gagnaient 
d'abord rapidement du terrain. Dans le faubourg de Pont- 
lieue, ils s'emparaient de 150 voitures de vivres, d'un ma- 
gasin contenant 1,000 quintaux de farine, de nombreux 
prisonniers. A l'entrée de la ville même, dont les rues, en- 
combrées de ti'oupes et de convois, étaient devenues impra- 
ticables, la résistance fut plus vive. Sous les ordres du général 
Bourdillon, le régiment de gendarmerie à pied fit tête quelque 
temps \ Sur la place des Jacobins, le 13^ chasseurs de marche 



1. A la gare du Mans 65 agents étaient atteints de la variole. 
L'évacuation du Mans présentait d'autant plus de didicultés que les lignes de 

Rennes et d'Angers, seules, étaient encore ouvertes. De plus, un tel encom- 
brement s'était produit sur la première, à dater du 10 janvier, qu'il avait fallu 
interdire la voie descendante entre Noyai et Rennes, sur une étendue de il 
kilomètres, pour y placer du matériel. Cette situation devait durer jusqu'au 22. 
(Jacqmin, Les Chemins de fer français pendant la guerre.) 

2. 11 perdit 2 offlciers et 83 hommes (Chanzy). 



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BATAILLE DU MANS. 289 

fit même un retour offensif, pour couvrir rartillerie de la !'• 
division et la réserve d'artillerie du 17* corps. Une partie fut 
sauvée, mais un grand nombre de voitures, parmi lesquelles 
une pièce de la 2® batterie bis du 2* régiment *, furent cap- 
turées. 

Pendant que le combat se continuait ainsi dans les rues du 
Mans, nous tentions de faire sauter les ponts de la Sartlie. 
Mais l'encombrement était tel qu'il fut impossible d*y parve- 
nir. Aux abords du pont Napoléon, pour arrêter un instant 
l'ennemi, le capitaine Joly fut contraint de se jeter sur lui 
avec une section de la 3® compagnie lis du 1" du génie. II 
refoula les Allemands dans la rue Basse, jusqu'au delà de la 
place de la Halle, et sauva un grand nombre de voitures. 

Une partie du ni® corps (lO** brigade), venant du Tertre, 
était entrée à son tour dans la ville '. Quelques-uns de ses 
bataillons, d'autres appartenant au X* corps, pénétrèrent 
jusqu'à la lisière ouest du Mans, en capturant du matériel 
et un grand nombre de prisonniers. Mais le combat de rues 
continua jusque dans la soirée, surtout à la place des Halles;: 
la résistance s'était concentrée dans un café, et deux batail- 
lons allemands ne parvinrent à s'en rendre maîtres que lors- 
qu'une pièce eut tiré à plusieurs reprises contre cet établis- 
sement '. 

Le X** corps et une division du HP cantonnèrent dans la 
ville ; la 14* brigade de cavalerie entre Pontlieue et Ruau- 
din ; la 15^ dans Teloche et Mulsanne. Quant au reste du 
m*' corps, il s^établit de Changé à Yvré-l'Évêque. 

Cependant, à l'extrême droite de notre armée, les troupes 
sous les ordres de Bany avaient quitté Arnage vers 11 heures 
du matin, avec 800 mobilisés du général Lalande (colonel 



1. VÉtat-major prussien dit une pièce, et Chanzy dit 6. Nous avons nalii- 
rellement adopte la premiôre version. 

a. Un fait caractéristique : aprôs le combat du Tertre, cette brigade fit halto 
pour recevoir une distribution de viande, la première depuis 3 jours, et so 
remit en mouvement vers t heure et demie. 

S. Une contribution de 4 millions, réduite ensuite à 2, fut imposée au Mans. 
Les Allemands brûlèrent en outre sept maisons de la rue Basse, où des coups 
de feu les avaient atteints (Mallet, ouvrage cité). 

CAMPAQBE DB LA LOIRE. II. 19 



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290 JOSKESy VENDOME, LE MANS. 

d'Elteil), venus des abords de la Tuilerie, et les 4,000 mobi- 
lisés du lieutenant-colonel Lebrun. Cette colonne, fortement 
réduite par les désertions, traversa THuisne sur le viaduc au 
moment où les Allemands entraient dans Pontlieue. Elle 
s'établit à quelques kilomètres à Touest du Mans, sur laroute 
de Laval'. 

La bataille du Mans, ou plutôt les sept jours de combat 
qui s'étaient écoulés du 6 au 12 janvier, nous avait coûté 
plus de 6,200 hommes hors de combat, 20,000 prisonniers, 
17 pièces et un important matériel. Cinquante mille fuyards 
au moins couvraient les routes*. L'ébranlement moral causé 
par cette grave défaite, succédant à tant d'autres, ne pouvait 
avoir que des conséquences désastreuses. La victoire de 
l'ennemi rendait illusoires les efforts faits jusqu'alors par 
Chanzy et ceux qu'il devait faire encore. Toute offensive 
sérieuse nous était dorénavant interdite sur la Loire comme 
elle allait l'être dans l'Est, dans le Nord, à Paris. Nousavions 
joué et perdu notre dernier coup de dé dans cette grandiose 
partie contre l'ennemi d'outre-Rhin. 

Pourtant la victoire de la IP armée n'avait pas été sans lui 
imposer des sacrifices ; 200 officiers et 3,200 hommes environ". 
Beaucoup de ses compagnies d'infanterie étaient comman- 
dées par des sergents-majors. Elle était en marche depuis le 
commencement de novembre ou même la fin d'octobre; équi- 
pement, habillement, armement même, tout avait grande- 
ment souffert de cette dure campagne. Une partie de l'in- 
fanterie était en vêtements de coutil; les chaussures hors 
d'usage, les sabots, les objets d'uniforme français, sauf le 
pantalon rouge, trop dangereux, étaient nombreux dans ses 



1. Le 3i« de marche perdit 34 hommes dans cette journée (Historique du 
Si*). Diaprés les évaluations du docteur Chenu (Aperçu sur le service des am^ 
bulances et des hôpitaux pendant la guerre de 1^0-1871), nous n'aurions eu 
que 550 hommes hors de combat le 12. 

2. Lettre de Chanzy, citée par M. de Freycinet, p. 283. 

3. Dont 129 officiers et 2,033 hommes pour la bataille du Mans proprement 
dite (39 officiers tués, 87 blessés, 3 disparus; 518 hommes tués, 1 ,383 blessés, 
132 disparus). Le X» corps perdit 6 oillciers et 125 hommes le 12. V. derGoltz 
cite un bataillon qui fut réduit à 280 fusils, et commandé par un lieutenant 
du 6 au 12. Le I1I« corps avait perdu plus du quart de ses officiers. 



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BATAILLE DU MANS. 291 

rangs. La persévérance et Ténergie de Chanzy n'avaient 
donc pas été inutiles. Mais il y a lieu de revenir sur cette 
période de la campagne, pour essayer d'en tirer quelques 
enseignements. 

Lors de sa marche sur le Mans, Frédéric-Charles avait dis- 
posé son armée en trois colonnes principales, suivies d'une 
réserve au centre et couvertes aux ailes d'une forte cavalerie, 
surtout à la droite. Son front de marche mesurait plus de 
100 kilomètres, chiffre assurément excessif; il aurait justifié 
un mouvement offensif de Chanzy contre l'une des fractions 
qui lui étaient opposées. 

Cette dispersion semblait indiquer l'intention d'opérer une 
attaque enveloppante, du genre de celle exécutée à Sedan. 
H n'en fut rien et les Allemands n'obtinrent que des résultats 
imparfaits, dus beaucoup plus à l'extrême démoralisation de 
nos troupes qu'à la supériorité tactique et stratégique de 
leurs adversaires. Une bataille de trois jours leur livra nos 
positions, mais la plus grande partie de l'armée, la presque 
totalité de son artillerie leur échappèrent. Pourtant, la pré- 
sence du Xin® corps sur nos derrières compromettait singu- 
lièrement notre retraite dès le soir du 11 janvier. Il semble 
que la droite allemande aurait dû jouer le rôle de l'aile agis- 
santé, tandis que la gauche se serait bornée à une démonstra- 
tion pure et simple. Du moins la stricte application des règles 
de la stratégie l'exigeait. Telle qu'elle fut dirigée, l'offen- 
sive du in* corps ne pouvait avoir que des résultats incom- 
plets, car il était contraint de défiler au pied des hauteurs 
d'Yvré pour marcher sur Pontlieue; et ces hauteurs, forte- 
ment garnies d'artillerie, couvertes sur leur front par l'Huîsne, 
étaient inattaquables pour lui. En poussant avec énergie sur 
Saînt-Hubert d'abord, puis sur Changé, ce corps d'armée 
avait fait acte d'initiative et d'audace, mais cet acte ne ren- 
trait pas dans le cadre général de l'opération, telle qu'elle 
aurait dû être exécutée. 

Surtout dans un terrain aussi difficile, l'étendue du front 
de Frédéric -Charles était trop grande. Comme divers inci- 
dents le démontrèrent, il pouvait en résulter des dangers 



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292 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

sérieux pour ses troupes. L'état-major de la II® armée avait 
commis une erreur fréquente en pareil cas, celle de mécon- 
naître les forces de son adversaire. En réalité elles étaient 
suffisantes pour nous permettre de prendre Toffensive contre 
une importante fraction des troupes de Frédéric-Charles. 
Peut-être Chanzy eût-il été battu, comme von der Tann à 
Coulmiers ; le résultat final aurait-il été plus fâcheux? Il est 
permis d'en douter. 

. Cette offensive, la formation des colonnes mobiles semblait 
Tannoncer. Mais dans les conditions où elle eut lieu, elle 
fut plus nuisible qu'utile*. Les échecs subis par les généraux 
de Jouffroy et Rousseau contribuèrent même grandement à 
notre défaite finale. Leurs colonnes étaient trop fortes, elles 
s'avançaient à trop grande distance pour jouer le rôle de 
simples reconnaissances. Comme corps distincts, elles étaient 
au contraire trop faibles et trop peu concentrées. Elles pou- 
vaient, tout au plus « chicaner » le terrain, en risquant de se 
compromettre, comme fit Jouffroy. C'est même à un concours 
de circonstances exceptionnelles que plusieurs des détache- 
ments de ce général durent de ne pas être coupés de leur 
ligne de retraite. Dans cette situation, le moral de nos co- 
lonnes mobiles devait fatalement s'affaiblir, au détriment de 
l'armée entière. On peut donc regretter que Chanzy ne se 
soit pas borné à détacher vers Vendôme etNogent-le-Rotrou, 
les deux directions à obsers^er, de la cavalerie simplement 
soutenue par des avant-gardes. Leur retraite n'aurait pas 
compromis notre position principale, comme le fit celle de 
Jouffroy et de Rousseau. 

Ainsi, pour Chanzy, il y avait à faire choix entre deux 
partis, tous deux plus avantageux, semble-t-il, que celui 
auquel il s'arrêta : prendre l'offensive dès la fin de décembre, 
mais avec la presque totalité de l'armée, contre les détache- 
ments allemands restés sur le Loir, les culbuter et agir 
ensuite selon les circonstances ; ou se borner à occuper le 
plus solidement possible les lignes autour du Mans, en se 



1. Lecomte, ouvrage cité, tome 4, p. 163. 



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BATAILLE DU MANS, 293 

préparant à livrer une bataille défensive, comme c'avait tou- 
jours été son intention. 

■ En elles-mêmes ces lignes étaient assez bonnes, mais trop 
étendues, et nous exagérâmes encore ce défaut en poussant 
nos troupes bien au delà, du moins à l'ouest de l'Huisne. 
D'ailleurs leur occupation se fit à la hâte, dans de mauvaises 
conditions; la défense du Chemin-aux-Bœufs, la partie la 
plus menacée, fut confiée à un véritable ramassis des troupes 
les plus disparates ; des éléments déjà affaiblis par plusieurs 
échecs, par une série de marches pénibles, tels que les 
colonnes Jobey et Marty, y coudoyaient les mobilisés bre- 
tons, plus embarrassants qu'utiles, des brigades Lalande et 
Lebrun. Entre ces fractions des trois divisions du 16* corps, 
de la prétendue armée de Bretagne, des 1" et 3* divisions du 
17® et même du 15' corps, il n'y avait aucun lien commun, 
aucune organisation d'ensemble. Enfin le véritable centre 
des positions de la rive gauche de l'Huisne, la Tuilerie, fut 
confié aux moins solides de ces troupes improvisées, aux moins 
capables de tenir un fusil. Cette circonstance, le désordre 
causé par la rentrée précipitée de l'amiral Jauréguiberry, le 
retard de la division Curten, expliquent surabondamment la 
perte de la Tuilerie. Comme le décousu de nos mouvements 
du 6 au 11 janvier, cet échec tient, avant tout, à l'envoi des 
colonnes mobiles •, il est aisé de s'en convaincre. 

D'ailleurs, le colonel Lecomte le dit justement, l'énergie 
et la confiance de Chanzy dépassaient de beaucoup celles de 
ses subordonnés. Quand les meilleurs élémentsd' une armée, 
les régiments de gendarmerie du général Bourdillon, n'ont 
d'autre rôle que celui de maintenir les autres au feu^ il faut 
désespérer du succès. En janvier, nos troupes ne montraient 
plus rien de l'enthousiasme qui, un instant, les avait galva- 
nisées au commencement de novembre. Trop de souffrances, 
trop de désillusions, dont certaines auraient pu être évitées, 
les avaient éprouvées. Depuis les premiers jours de décem- 
bre, nous ne nous battions plus que pour l'honneur. Le nom- 
bre des partisans de la « lutte à outrance » se restreignait 
toujours davantage. 



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294 JOSNES, VENDOME, LE MANS, 

Nous avons dit que Chanzy avait rintention de se retirer 
vers le nord, de manière à s'établir entre Alençon et Prez-en- 
Pail. Au besoin, s'il était trop vivement poussé, il s'abrite- 
rait derrière les lignes de Carentan, sinon il referait son 
armée et la renforcerait du 19® corps. Puis il pivoterait sur 
sa gauche, avec les éléments réellement résistants de ses 
forces et marcherait rapidement sur Dreux et Evreux, par 
Argentan, en appuyant sa gauche à la Seine. Il forcerait 
ainsi le passage de l'Eure dans la partie qu'il croyait le plus 
abordable et se dirigerait ensuite sur Versailles. 

Ainsi, notre défaite n'avait pu aflfaiblir l'indomptable éner- 
gie de Chanzy. A peine chassé du Mans, il reprenait l'idée 
d'une marche vers Paris, telle qu'il l'avait exposée avant les 
échecs des derniers jours. Sans doute, l'idée même de cette 
retraite latérale était heureuse ; nous évitions d'abandonner 
à l'ennemi une nouvelle zone de territoire : nous restions à 
proximité de Paris ; nous gênions les progrès de nos adver- 
saires beaucoup plus qu'en nous retirant sur Laval. La 
retraite vers Alençon était celle d'un maître *, la plus difficile 
à exécuter, mais la plus profitable. 

Toutefois Chanzy ne persista pas dans cette première idée . 
Il dut y renoncer sur les représentations de Gambetta * qui 
craignît pour l'armée, dont la retraite pouvait être compro- 
mise, pour Rennes et Nantes qui seraient à découvert. Dans 
les circonstances présentes, la marche sur Paris devait néces- 
sairement être ajournée '. D'aiHeurs la vue des milliers de 
fuyards qui couvraient les routes ne tarda pas à convaincre 
Chanzy de son impuissance. Le soir même du 12 janvier, il 
changea la direction de notre retraite. Le 16® corps suivrait 



1. Lecomte. 

2. Télégramme du 13 à 6 heures du matin. Gambetta faisait remarquer fort 
justement que la marche sur Paris serait impossible en présence de Frédéric- 
Cliarles. Du Mans à Versailles, il parcourrait la corde dont Chanzy suivrait 
l'arc. 

3. Un ballon parti le il de Paris apporta le 12 une dépêche annonçant la 
fin de la résistance pour le 27 et donnant des renseignements défavorables 
sur la situation militaire de la grande ville (Enquête, tome VII, p. 21, dépo- 
sition Dupuis). 



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BATAILLE DU MANS. 295 

la route du Mans à Laval ; le 17% celle de Conlie à Sainte- 
Suzanne. Si le 21® corps avait passé la Sarthe en aval de 
Montbizot, il se dirigerait sur Conlie ; sinon il irait à Sillé- 
le-Guillaume, Le centre et la gauche de Tarmée feraient une 
courte étape, huit à dix kilomètres seulement. 

Cette brusque modification dans les dispositions prises la 
veille ne pouvait que compliquer davantage une retraite déjà 
fort difficile. 



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IV« PARTIE 



CHAPITRE XXIX 

RETBAITE DE l'ARMÉE 

Etat moral de la 2« armée. — La ponrsaite* — Retraite du 16« corps. — Évacuation dit 
camp de Conlie. — Retraite du 21* corps. — Ordres de Chanzy pour le 14. — Nouveaux 
ordres. — La journée du 14. — Combat de Beaun:ont. — Combats de Longue et de 
Ghassillé. 

Pour la 2® armée de la Loire, la journée du 13 janvier 
commençait dans les pires conditions. Nos troupes, entière- 
ment démoralisées, presque toutes en complet désarroi, cou- 
vraient les routes qui rayonnent du Mans vers le nord et 
Touest. Heureusement Tennemi fut lent à nous poursuivre. 
Le 12 janvier, Frédéric-Charles avait reçu, à 11 heures et 
demie du matin seulement, un compte rendu daté de Ruau- 
din, le 11 à 7 heures et demie, et faisant connaître la situation 
sur le front du X* corps. Aucune allusion n'était faite à Tinci- 
dent de la Tuilerie. Aussi, en raison de l'épuisement géné- 
ral, le prince crut-il d'abord nécessaire d'attendre au 14 jan- 
vier pour l'action décisive qu'il prévoyait en avant du Mans. 
Le 13 on se bornerait à reconnaître les positions de Chanzy. 

C'est d'après ces considérations que furent arrêtés ses pre- 
miers ordres (4 heures du soir) à Saint-Hubert, Mais avant 
qu'ils fussent communiqués aux troupes, la situation se mo- 
difiait entièrement et il en suspendait l'envoi. C'est à 8 heures 
du soir seulement qu'il apprit au château d'Ardenay la prise 
du Mans*. 



1. V. der GoKz. 



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298 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Après les marches et les combats des jours précédents, la 
fatigue des troupes était extrême; Frédéric-Charles crut de- 
voir leur accorder du repos. Déplus, il jugeait nécessaire de 
se conformer à celles des instructions du général de Moltke 
qui fixaient des limites à son action. Sous le spécieux pré- 
texte que la présence de la II* armée pourrait devenir indis- 
pensable sur un autre théâtre d'opérations, il décida de ne 
lancer derrière Chanzy qu'une faible partie de ses troupes*. 
Est-îl besoin d'ajouter que, s'il ménageait ainsi leurs forces, 
il facilitait grandement la tâche de Chanzy? Grâce à ces cir- 
constances, la poursuite éprouva des retards considérables. 
D'ailleurs, la cavalerie allemande y prît une part insigni- 
fiante. Le même fait devait se présenter au bout de quelques 
jours, après la bataille de Saint-Quentin. La configuration 
du pays et l'état des routes se prêtaient mal à son action, il 
est vrai. Mais, surtout, elle ne faisait plus preuve de son 
initiative et de son audace des débuts de la campagne. Les 
pertes subies dans les grandes batailles sous Metz, puis dans 
des escarmouches journalières contre nos troupes régulières 
ou autres, n'avaient pas été sans la rendre sensiblement moins 
aventureuse. 

Suivant les ordres de Frédéric-Charles, le X** corps mit 
quatre bataillons à la disposition du général von Schmidt, 
commandant la 6* division de cavalerie, qui avait déjà sous 
ses ordres onze escadrons et dix pièces. Le 13, il ne commença 
son mouvement sur la route de Laval que vers midi, après 
avoir reçu des vivres et du fourrage. Dès la sortie du Mans, 
des voitures abandonnées, des armes, des objets d'équipe- 
ment épars sur la chaussée montraient assez le désordre de 
notre retraite. L'arrière-garde du 16* corps, qui suivait cette 
route, prit position à l'Arche et essaya un instant de tenir 
tête. Mais il suffit de trois compagnies et de quatre pièces 
allemandes pour l'en déloger; puis la colonne von Schmidt 
cantonna à Chauffeur*. 



1. État-major prussien, page 902. 

2. Barry et Le Bouëdec couvraient la retraite du 16<> corps ; ils se rendirent 
le 13 de Ghauffour à Chassillé et Longne. Une partie seulement de leurs troupes 



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EETRAITE DE L'aRMÉE. 299 

En même temps, des fractions de la 6® division de cavale- 
rie éclairaient les routes de Sillé-le-Guillaume et de Ballon. 
Dans la première de ces directions, un escadron de dragons 
signala la présence auprès de Conlie d'une forte colonne qui 
avait abandonné un grand nombre de voitures chargées de 
vivres ou même de munitions. Près de la Milesse, il en cap- 
tura une centaine, presque sans résistance. En eflfet, le 
17* corps, qui suivait la route de Sillé-le-Guillaume, avait 
déjà dépassé Conlie malgré les ordres de Chanzy. Dans la 
soirée, il était établi vers Saint-Remy-de-Sillé, Sillé-le-Guil- 
laume ou Parennes *, c'est-à-dire fort en avant des positions 
occupées par le 16' corps. 

Le camp de Conlie avait été le théâtre des scènes les plus 
regrettables. Il contenait encore 100,000 rations de vivres et 
plusieurs milliers de fusils, pour la plupart, il est vrai, en 
mauvais état. Outre divers détachements, sa garnison con- 
sistait en 2,200 mobilisés de la Loire -Inférieure (légion de 
Paimbœuf-Saint-Nazaire, trois bataillons) arrivés le 9 jan- 
vier de Saint-Malo". Le général de Marivault, parti pour 
Rennes, avait laissé le commandement au général Morin. 

Dès les premières nouvelles de la retraite de Tarmée, on 
chercha, sans beaucoup d'ordre ni d'entente, à évacuer les 
armes et les vivres que contenait le camp. On y réussit en 
partie; on commença même à distribuer des rations aux 
troupes qui défilaient sur la route de SîUé. Mais les bandes 
de fuyards ne tardèrent pas à s'ameuter. Elles défoncèrent 
les caisses de biscuits ou de sucre, les ballots de café, les 



fut engagée, notamment le 3ie de marche, qui perdit i ofïicier et 39 hommes 
et n'atteignît son cantonnement qu'à 3 heures du malin [Historique du Si''). 
Le 75® mobiles, qui avait bivouaqué à Chauffour et marchait avec Le Bouëdec, 
n'eut pas à combattre. 

1. Les ae et 3® divisions étaient à Sillé-le-Guillaume et Saint-Remy-de-Sillé ; 
une partie de la réserve d'artillerie, à Parennes. 

2. Enquête parlementaire, tome II, Déposition de Vauguion, p. 283 ; Rapport 
La Borderie, etc. 

Un bataillon de Saint-Malo, arrivé le 8, était reparti le 12 pour Rennes. La 
légion de Vitré-Fougères (3,000 hommes), partie de Redon le il au soir et 
arrivée le 12 à Évron, s'y était arrêtée; elle retourna le 14 à Rennes. 

Le général Morin était commandant supérieur des mobilisés de la Loire- 
Inférieure. 



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300 JOSNES, 

tonneaux d'eau-de-vie ou de vin épars dans là neige. En un 
instant, les abords furent couverts d'une foule déguenillée, 
ivre-morte. Vers 4 heures, les mobilisés de la Loire-Inférieure 
se dirigèrent sur Sillé, abandonnant les armes et les vivres 
que contenait encore le camp *. L'ennemi allait s'en emparer 
le lendemain. 

Pendant que ces événements se passaient sur les routes de 
Laval et de Sillé-le-Guillaume, sur celle d'Alençon l'une des 
reconnaissances de von Schmidt trouvait Souligné-sous-Bal- 
lon occupé par une forte colonne', qui paraissait se diriger 
vers Ballon. Ce renseignement fut ensuite confirmé par le 
XIIl* corps. 

Le grand-duc avait reçu l'ordre de passer la Sarthe en 
amont du Mans, pour nous poursuivre vers la Mayenne. La 
17® division se dirigea le 13 par Savigné sur Neuville et son 
avant-garde franchit la Sarthe, tandis que la 22* division 
poussait sur Ballon une forte colonne (trois bataillons, un 
escadron, une batterie et un détachement de pionniers). 
Après une première escarmouche à Courcemont contre des 
traînards du 21® corps, elle attaqua Ballon, encore occupé 
par un millier d'hommes. Aux premiers obus, ils se retirèrent 
sur Beaumont, non sans avoir été chargés plusieurs fois par 
les hussards allemands \ 

Le soir du 13, la 4® division de cavalerie, qui éclairait dans 
la même direction, établit la 8® brigade à Ballon et la 10® au 
sud de Perray, où nous avions encore des détachements. 

Quant au 21® corps, il se dirigeait sur Beaumont, en plu- 
sieurs colonnes, quand, dans la nuit du 12 au 13, il reçut 
l'ordre de marcher sur Sillé-le-Guillaume. La division Gou- 
geard atteignit ce point à 3 heures et demie du soir le 13, 
après vingt heures de marche et trois jours de combat; la 



1. Chanzy attribue le pillage de Gonlle aux mobilisés du général Morin, mais 
il résulte du rapport de Tinteudant du camp, Descrimes, qu'Us n'y furent pour 
rien. 

Le 14, Chanzy invita le général de Marivault à revenir pour mettre un terme 
à la débandade de ses troupes. Mais l'ennemi était déjà à Gonlie. 

2. La 1" brigade de la 2^ division du 3i« corps. 

3. Ce combat coûta une quinzaine d*hommes aux Allemands. 



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RETRAITE DE L'ARMÉE. 301 

l** et la 2* division, qui venaient de Beaumont, allèrent à 
Saint-Remy-de-Sillé et Ségrie ; la S"" à Neuville-la-Lais et la 
réserve à Sillé-le-Guillaume \ 

Ainsi toute Tannée, découvrant entièrement Alençon, 
était répartie à Touest de la Sartbe. Grâce à l'inaction de 
Tennemi, notre retraite, commencée dans les pires condi- 
tions, continuait d'une façon un peu moins désastreuse. 
Toutefois il était indispensable de gagner la Mayenne le plus 
tôt possible, afin de bâter notre réorganisation derrière cette 
rivière. Du moins Cbanzy en jugea d'abord ainsi, comme le 
montrent ses premières instructions du 13 au soir. 

En raison de la fatigue des troupes, on parcourrait le 14 
une très courte étape, dix à douze kilomètres au plus. Le 
16" corps, qui suivrait la route de Laval, porterait son quar- 
tier général à Saint-Denis-d'Orques; le 17® corps irait à 
Sainte-Suzanne par Parennes et Neuvillette; le 2V corps 
marcberait sur Assé-le-Bérenger, en suivant la ligne ferrée 
du Mans à Laval. De Sillé-le-Guillaume, le grand quartier 
général se rendrait à Evron. 

Ces instructions, complétées par les recommandations or- 
dinaires au sujet des fuyards et des convois, étaient à peine 
expédiées qu'elles durent être modifiées. Comme il le télé- 
grapbiait (13 janvier), Gambetta jugeait indispensable qu'on 
disputât le terrain pied à pied, au lieu de se retirer le plus 
tôt possible à l'abri de la Mayenne*. Dans l'état de nos 
troupes, ce conseil était au moins aventuré, ainsi que la suite 
le fit voir. Pourtant Cbanzy crut devoir y déférer. Il suspen- 
dit la retraite sur Laval et prescrivit que toute l'armée de- 
meurerait en position, en se bornant à rectifier ses emplace- 
ments et à s'établir en cantonnements, s'il était possible. 



1. D'après des Moulis, ouvrage cilé, la 2» brigade de la 2» division, arrivée 
le 13, à 10 heures du soir, à Boaumont, y stationna toule la nuit, sur la route 
couverte de 40 centimètres de neige, et n*arriva à Ségne que le 14, à lO heures 
du matin. 

2. Chanzy, ouvrage cilé, page 389. Le général ne marque aucune séparation, 
page 844, entre les instructions envoyées à deux reprises le 18, mais Texls- 
tence de ces instructions distinctes résulte suffisamment de la lecture des pages 

S43, 344 et 345. 



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302 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

La cavalerie légère se reporterait en avant pour éclairer 
jusqu'à la Sarthe; Tamiral Jauréguiberry appellerait à lui 
Curten, que Ton supposait être vers la Suze. Le quartier gé- 
néral de Chanzy resterait à Sillé, ainsi que celui du 21^ corps ; 
ceux des 17* et 16* corps seraient à Parennes et à Joué-en- 
Chamie. 

Dans les voitures qu'ils avaient capturées ou aux archives 
du télégraphe du Mans, les Allemands avaient trouvé les 
copies des premiers ordres de Chanzy pour la retraite. Fré- 
déric-Charles prescrivit donc au XIIl* corps de poursuivre 
le 21* corps jusqu'à Alençon et de rester ensuite en observa- 
tion dans cette ville. La colonne von Schmidt continuerait à 
suivre les routes de Sillé-le-Guillaume et de Laval. Le 
IX* corps demeurerait au nord du Mans, entre Coulaines et 
Château-Chapeau, et la 2* division de cavalerie à Monttbrt. 
De même, le III* corps et le reste du X* garderaient leurs 
cantonnements du 12. 

Comme le voulait Chanzy, les 17* et 21* corps consacrèrent 
la journée du 14 à rectifier leurs positions, ce qui eut lieu 
sans incident. La 1'* division du 21* corps s'établit à Saint- 
Remy-de-Sillé ; la 2*, à Montreuil-le-Chétif, qu'elle allait 
quitter dans la nuit du 14 au 15 pour se rendre à Sillé-le- 
Guillaume; la 3*, au sud de Sillé-le-GuillaumC; à cheval sur 
la route du Mans. Enfin, la division de Bretagne était à 
Mont-Saint-Jean et la réserve du corps d'armée à Sillé. Le 
17* corps, fort disséminé le soir du 13, eut grand'peine à s'é- 
tablir derrière la Vègre, de Saint-Symphorien à Rouez; sa 
2* division avait pris les devants jusqu'à Sainte-Suzanne; 
elle dut se reporter à Tennie; la 3* division, qui encombrait 
Sillé-le-Guillaume depuis la soirée du 12, allait à Rouez. 
Ces faux mouvements achevèrent la dislocation des troupes, 
dont la démoralisation, comme l'épuisement, étaient ex- 
trêmes. De nouveau le temps devenait très froid; la neige 
continuait à tomber. Les cantonnements étaient insuffisants; 
les convois que l'ennemi n'avait pas encore capturés ne par- 
venaient pas à suivre les troupes ; les distributions étaient 
l'irrégularité même. Vêtus de haillons, marchant sans cesse 



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RETRAITE DE l' ARMEE. 303 

avec de brusques à-coups et des haltes interminables \ mal 
chaussés, constamment mouillés, les soldats présentaient le 
plus lamentable aspect. Les malades étaient innombrables. 
Partout retentissaient des accès de toux déchirante. Les traî- 
nards qui suivaient nos colonnes ou s'efforçaient de les de- 
vancer étaient si hâves, si défaits, de mine si lamentable 
qu'on n'osait leur reprocher d'avoir quitté les rangs. Quant 
aux chevaux, leur état défiait toute expression. Quantité 
d'animaux morts couvraient les routes; d'autres, respirant 
encore, étalaient des maigreurs de squelette et des plaies 
hideuses. 

Cependant des rencontres assez sérieuses se produisaient 
aux deux ailes de l'armée. Le grand-duc avait reçu pendant 
la nuit l'ordre de marcher sur Alençon. Il prescrivit à la 
22* division de pousser son avant-garde jusqu'à la Hutte, et 
son gros au nord de Ballon. La 17* division suivrait la même 
direction ; la 4* division de cavalerie cantonnerait le long de 
la route de Ballon à Mamers. 

Beaumont et ses abords sud étaient occupés par une partie 
des 9,000 mobilisés de la Mayenne. C'est à eux et sans doute 
à des traînards du 21® corps qu'allait se heurter l'avant-garde 
de la 22* division. Dès 6 heures du matin, elle dirigea trois 
compagnies par Maresché sur Beaumont et une autre, au 
sud, sur Teille et Saint-Marceau. Vers 8 heures, les premières 
rencontrèrent un détachement de mobilisés au sud de la 
Sarthe et l'attaquèrent aussitôt; il se dispersa en perdant 
trois cents prisonniers, deux cents têtes de bétail et des 
voitures de vivres. Cependant, comme des masses nom- 
breuses semblaient occuper la route entre Saint-Marceau et 
Beaumont, ainsi que la lisière sud de cette ville, les Alle- 
mands ne firent tout d'abord aucun effort pour traverser le 
pont de la Sarthe'. 



1. Le 14, par exemple, le 30« mobiles fui en route durant il heures pour 
faire deux lieues. En arrivant au gîte, il dut bivouaquer sans vivres, ni bois 
(R. de Mauni). 

S. Ce dernier n'avait pas été détruit malgré la curieuse dépêche suivante du 
préfet de TOrne au maire de Beaumont (12 janvier): a Je vous préviens que 
si, à la réception de cette dépêche, vous n*avez pas fait sauter les deux ponts 



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304 JOSKES, VENDOMB, LE MANS. 

Cependant le reste de l'avant-garde arrivait et deux pièces 
tiraient quelque temps sur le pont. Les mobilisés lâchaient 
pied aussitôt; après une faible tentative de résistance dans 
la ville, ils s'enfuyaient vers le nord, sous les obus. L'ennemi 
les suivit jusqu'à Piacé, où il s'arrêta en se couvrant d'avant- 
postes établis à la Hutte. • 

Durant cette escarmouche, la compagnie dirigée sur Saint- 
Marceau s'emparait de 380 prisonniers et de 48 voitures, 
chargées surtout de munitions. Le pont de la Sarthe restait 
également à l'ennemi, qui avait fait environ 1,400 prisonniers 
dans ces petits combats ; ses pertes totales s'élevaient à neuf 
hommes. 

Le gros de la 22^ division s'établit à Beaumont en se cou- 
vrant vers Sillé-le-Guillaume et Fresnay. La 4* division de 
cavalerie poussa jusqu'à Dangeul, à l'est, et la 17* division 
jusqu'à Saint-Marceau et Ballon. DeBellême, la 12® brigade 
de cavalerie s'était avancée sur Mamers, que les mobilisés 
de la Mayenne et les corps-francs de Lipowski avaient éva- 
cué pour se concentrer vers Alençon. Sur les instances de 
Chanzy, le ministre prenait le même jour des dispositions 
pour transporter dans cette ville les deux premières divisions 
du 19® corps\ Mais le mouvement du grand-duc allait empê- 
cher l'exécution de ce projet, d'ailleurs irréalisable dans les 
conditions où il fut conçu. 

A l'autre aile de notre armée, la retraite du 16* corps s'é- 



de Beaumont, celui du chemin de fer et celui de la route, et les autres, s'il 
en existe, vous serez immédiatement saisi, traduit devant une cour martiale 
et fusillé sur-le-champ. » (Enquête, tome IV, page 458.) Il est presque inutile 
d'sgouter qu'on ne détruisit pas les ponts et que les jours précieux du maire 
de Beaumont n*en furent pas moins épargnés. 

Le préfet de l*Ome, plus tard ministre, M. Ântonin Dubost, était plus 
accommodant pour lui-môme que pour ses administrés. Il avait succédé en 
janvier à M. Albert Christophe ; dés le 7, il se faisait expédier M. Durand- 
Savoyat, sergent au i«r bataillon du iV mobiles (Isère), pour en faire un 
conseiller de préfecture (Enquête citée). 
1. Le Ministre à Protais, agent général de la Compagnie de l'Ouest : 
« Les deux divisions du 19« corps s*embarqueronl à Garentan demain jeudi, 
à 5 heures du soir, et seront expédiées sans interruption de jour et de nuit 
sur ÂleuQon, de manière que l'embarquement total soit terminé en 48 heures... » 
Il s'agissait de 30,000 hommes, avec 12 batteries, « de la cavalerie et des ac- 
cessoires ». (Chanzy, ouvrage cité, page 587.) 



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BETBAITE DE l'ABMÉE. 

tait accomplie jusque-là avec un ordre relatif, en dépîl 
difficultés présentes. Depuis le 13, Jaiiréguiberry avait 
quartier général à Joué-en-Charnie; la division Barr 
couvrait à Chassillé, où elle était protégée elle-même 
Le Bouëdec, en position à Longue avec 1,100 hommes < 
fanterie, un escadron, deux mitrailleuses, deux section 
génie*. Quant à Curten, arrivé le 13 à la Flèche, il y i 
vaît un'télégramme de Chanzy Tînvitant à marcher sur g 
pour rallier Famiral le plus rapidement possible. Il s'y re 
en effet le 14. 

Avant même d'arriver à Coulans, Tavant-garde de 
Schmidt (un bataillon, un escadron, deux pièces) fut j 
tée par une fraction de la colonne Le Bouëdec, embus< 
dans un chemin creux. Malgré un feu vif, mais rendu 
incertain par le brouillard, les Allemands poussèrent 
ment jusqu'à Longue, après avoir enlevé deux compa^ 
du 40® de marche qui défendaient les abatis de la rout 
Mans. Le gros de Le Bouëdec ne tint guère plus longti 
et se replia sur Chassillé (vers midi '), où Barry avait 
position, derrière la Vègre. Le combat recommença 
2 heures, et deux mitrailleuses arrêtèrent quelque te 
l'ennemi, mais leur feu fut bientôt éteint par celui des pi 
allemandes. Puis un bataillon ennemi marcha sur la Bn 
nière et la Plante, pour déborder Barry; un autre poussi 



1. La brigade Ribell (37®, 62« de marche et 83» mobiles) avait quitté ( 
four le 13 à 9 heures du matin. Elle alla bivouaquer à Joué-en-Charni 
elle resta jusqu'au 14, à 2 heures du soir. A ce moment elle prit ses pos 
de combat, qu'elle garda jusqu'à 9 heures. Puis elle cantonna à Joué, 
reprit presque aussitôt ses positions de la journée. Elle se remit en m 
la même nuit et arriva le 15 à s heures du matin près de Saint-Joan-sui 
(de la Touanne, ouvrage cité). 

2. Il aurait perdu 16 tués et 97 blessés (Mallet, la Bataille du Mans). ] 
de marche eut 4 tués et 27 blessés à Chassillé, et le 38» de marche une S( 
taine d'hommes hors de combat (Historiques des 36' et 38'), 

Les Allemands firent 480 prisonniers dans ces deux affaires ; ils per 
1 officier et 17 hommes. 

La brigade Lalande avait pris les devants; elle était le 14 à Évron, se 1 
à Laval le 16 et repartit pour Rennes, où elle arriva le 18. Elle fut ei 
dispersée en Bretagne, non sans force tiraillements entre le Ministre, qui 
voyait aux lignes de Carentan, Marivault, qui la réclamait pour achevé 
instruction, et Chanzy, qui la trouvait indispensable sur la Mayenne. 

CAMPAGNE DE LA LOIRE. — II. 20 



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306 JOSNES, VENDOME, LE MAKS. 

rectement sur ChassîUé. De nouveau, nos troupes tinrent à 
peine; Chassillé fut enlevé et la Vègre franchie. Après un 
retour offensif du 3V de marche, sans aucun résultat, nous 
nous repliâmes en désordre sur Montreuil, à deux kilomètres 
de Joué-en-Chamie (vers 4 heures). 

Tandis que von Schmidt cantonnait dans Longue et Chas- 
sillé, tout le 16* corps suivait le mouvement de retraite de 
Barry. Quelques cavaliers ennemis ayant paru vers Vallon 
et Loué, Jauréguiberry craignit d'être tourné sur sa droite*. 
Dans Tétat de démoralisation où étaient tombées nos troupes, 
il ne crut pas devoir vérifier ce rapport et se mit en re- 
traite vers Saint- Jean-sur-Erve. Il fit même filer ses impedi- 
menta au delà, sur Laval. Les débris de son corps d'armée 
n'atteignirent TErve que vers minuit, après avoir encore 
perdu du peu qui leur restait de force morale et physique. 
Les extraits suivants d'une lettre écrite, le soir même, à 
Chanzy par Jauréguiberry, disent assez quel était leur état : 
« Quelques régiments ont opposé une vigoureuse résistance; 
d'autres, et c'est le plus grand nombre, se sont débandés. La 
cohue des fuyards est inimaginable ; ils renversent les cava- 
liers qui s'opposent à leur passage; ils sont sourds à la voix 
des officiers. On en a tué deux et cet exemple n'a rien fait 
sur les autres.... Je trouve autour de moi une telle démorali- 
sation que les généraux du corps d'armée m'affirment qu'il 
serait très dangereux de rester ici plus longtemps.... Si je 
n'avais pas avec moi un matériel considérable qu'il faut es- 
T de sauver, je m'efforcerais de trouver une poignée 
mmes déterminés et de lutter même sans espoir de suc- 
Mais ce serait, il me semble, insensé de sacrifier huit 
Bries pour n'arriver, en résumé, à aucun résultat utile, 
e me suis jamais trouvé, depuis trente-neuf ans que je 
au service, dans une position aussi navrante... '. » 



3haDzy dit môme que le commandanl Picory, qui avait été poussé vers 
avec deux escadrons de chasseurs d'Afrique, y trouva de l'infauterie 
einde qui le suivit malgré la nuit. Ce fait paraît invraisemblable, car von 
idt n'avait que de la cavalerie dans cette direction. 
]lhanzy, ouvrage cité, page 352. 



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BETBAITE DE l'aBMÉB. 307 

Pourtant la plupart de ces troupes avaient brillamment 
combattu à Coulmiers, à Loigny, à Josnes. Il fallait que leur 
moral se fût singulièrement déprimé depuis les premiers 
jours de décembre. 

Pendant que von Schmidt nous refoulait ainsi sur TErve, 
le général von Voigts-Rhetz envoyait un détachement de la 
19* division à Conlie pour s'assurer de Tévacuation du camp. 
Elle était complète depuis la veille. Malgré le pillage qui 
avait eu lieu, l'ennemi put encore recueillir quantité de ma- 
tériel : 8,000 fusils, 5 millions de cartouches, un canon, des 
affûts. 

Frédéric-Charles avait décidé le 14 janvier que le X® corps 
et la 6® division de cavalerie marcheraient sur Conlie. Puis 
il apprit que le camp avait été évacué, mais que, par contre, 
von Schmidt rencontrait une résistance plus vive qu'on ne 
s'y était attendu. Avec son approbation, Voigts-Rhetz décida 
que le X® corps prendrait également, le 15, la direction de 
Laval. 



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CHAPITRE XXX 

COMBAT DE SILLÉ-LE-GUILLAUME 

Combat de Saint-Jean-snr-Brye (15 janvier). — Combat de Sillé-le-GlailIaame. — Combat 
d'Alençou. — Ordres de Cliaiizy pour le 16. — Arrêt de la poursaite. 

Cependant la colonne von Schmidt continuait son mouve- 
ment sur la même route. Partie de Chassillé, le 15 à 9 heures 
du matin, elle apprit qu'un convoi important était en marche 
devant elle. Deux escadrons et une section à cheval prirent 
les devants pour l'enlever. Mais ils se heurtèrent bientôt à 
une vive résistance. En eflfet, l'amiral Jauréguiberry, qui ne 
continuait la retraite qu'à contre-cœur, avait étudié dans la 
matinée la position de Saint- Jean-sur-Erve. La trouvant fa- 
vorable, il décida d'y tenir tête encore une fois. 

Le village de Saint-Jean, qui est construit dans la vallée 
même de l'Erve, est dominé par les hauteurs des deux rives 
et surtout par celles de la rive droite, qui dessinent une sorte 
d'amphithéâtre. De là, on peut battre avec avantage le fond 
de la vallée, ses abords vers l'est et la route du Mans sur une 
grande longueur. L'amiral répartit les quatre batteries de sa 
r® division dans un chemin creux qui contournait les hau- 
teurs. Deux sections du génie pratiquèrent dans les talus les 
embrasures nécessaires 5 une autre prépara la destruction du 
pont de l'Erve *. 

La V^ division forma la gauche de notre ligne au-dessus 



1. Nos 12 pièces de 4 et dos 9 mitrailleuses prirent les positions suivantes 
de la droite à la gauche : la 24« batterie du 15® régiment (4, lieutenant 
Micaëlli) ; la 23« du io<> régiment (4, capitaine Thiébault) ; la 19® du io« régi- 
ment (3 mitrailleuses, capitaine Delahaye) ; la 19^ du 8® régiment (6 mitrail- 
leuses, capitaine Perret), 4 pièces dans le chemin creux et 2 à 100 mètres en 
avant. 



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COMBAT DE 8ILLÉ-LE-GUILLAUME. 309 

et en arrière de Saint-Jean ; les débris de la 2® division s'éta- 
blirent à droite. On jeta en avant une forte chaîne de tirail- 
leurs qui s'établit à mi-cÔte, derrière des haies et des talus. 
Le 4:Çf de marche, réduit à six compagnies, occupa Saint- 
Jean ; deux d'entre elles gardèrent les abords du village vers 
le Mans. Nos troupes, déjà fort affaiblies, fondaient de plus 
en plus par la désertion. Jauréguiberry avait eu le matin près 
de 19,000 hommes sous ses ordres; dans l'après-midi, il eut 
peine à mettre 6,000 à 7,000 combattants en ligne. 

L'action s'engagea vers 11 heures et demie, au moment 
où nos troupes achevaient de prendre leurs positions. Après 
un échange de coups de fusil, deux pièces allemandes ou- 
vrirent le feu à 4,000 mètres, sur la chaussée, sans aucun 
effet. Puis elles se portèrent à 2,500 mètres et entamèrent la 
lutte avec nos deux batteries de 4, qui n'eurent aucune peine 
à leur tenir tête. Après avoir été renforcées de six autres 
pièces, elles allèrent s'établir au nord de la route, pendant 
qu'un bataillon se déployait devant Saint-Jean. Cependant 
le combat d'artillerie se prolongeait, sans donner de résultats 
positifs. Nos canons de 4 entretenaient un feu vif contre les 
pièces allemandes ; les mitrailleuses agissaient efficacement 
sur l'infanterie. Malheureusement un obus prussien, qui ve- 
nait de traverser le cheval de l'amiral, blessait mortellement 
le colonel Béraud, son chef d'état-major. 

Les détachements de cavalerie envoyés par von Schmidt 
vers Vallon et Bemay, sur ses deux flancs, lui signalaient la 
présence de troupes françaises dans l'une et l'autre de ces 
directions; il se contenta d'y détacher des pelotons d'infan- 
terie. Puis, son attaque ne faisant aucun progrès, il essaya de 
dégager sa droite, en envoyant vers Sainte-Suzanne un ba- 
taillon, deux escadrons et deux pièces. Cette colonne laté- 
rale, qui allait se heurter à des fractions du 17* corps, ne 
pouvait exercer qu'une action indirecte sur l'attaque de 
Saint-Jean. Au contraire, un bataillon du 41®, porté vers 
3 heures et demie sur notre flanc droit, rencontra une faible 
résistance. En l'absence de toute réserve, Jauréguiberry ne 
put renforcer la division Barry, et celle-ci n'arrêta quelque 



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310 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

temps rennemi que grâce au tir très précis des trois mitrail- 
leuses de la 19* batterie du 10* régiment*. 

Vainement le colonel Ribell fit occuper la ferme des Noues 
par des fractions de ses trois régiments (4 heures). L'un des 
bataillons de mobiles de Barry se replia en désordre sur la 
ferme, en annonçant que nous étions tournés. La brigade 
Ribell se mit presque aussitôt en retraite avec une partie du 
75® mobiles. 

Après avoir repoussé à la baïonnette une contre-attaque 
dirigée sur son flanc droit, le bataillon allemand refoula 
sans diflSiculté le 22* mobiles (Dordogne) et atteignît la lisière 
de Saint- Jean. Les six compagnies du 40® de marche défen- 
dirent avec vigueur ce village, mais sans pouvoir empêcher 
une compagnie ennemie d'arriver jusqu'à l'église. Les suc- 
cès des Allemands s'arrêtèrent là. Voyant l'impossibilité de 
nous déloger, von Schmidt mit sa colonne en retraite et alla 
cantonner entre Sainte-Suzanne et Thorigné. Le reste du 
X® corps était déjà vers Longue. 

A l'intérieur de Saint- Jean, le combat finit à 9 heures 
seulement; malheureusement l'amiral, craignant maintenant 
pour sa gauche, avait déjà ordonné la retraite. Dans la nuit, 
tout le 16* corps se porta sur Saint- Jean-le -Bruant, sous les 
torrents d'une pluie glaciale, qui rendait les routes encore 
plus impraticables. 

Cet échec de l'ennemi aurait dû être plus complet ; néan- 
moins il eut pour résultat de rendre un peu de confiance à 
nos troupes et d'obliger les Allemands à plus de circonspec- 
tion*. Malheureusement le 17® corps avait à peine fait mine 
de résister sur l'Erve. 



1. Chanzy dit mâme qu'une de leurs décharges réduisit au silence une 
« section de montagne » allemande ; or il n*en existait pas à la II® armée. 

2. Le 40* de marche perdit une centaine de tués ou de blessés ; le 3® ba- 
taillon du 75* mobiles (850 hommes), 3 hommes seulement ; le 31« démarche, 
17 hommes ; la 19® batterie du lO» régiment tira 377 coups ; la 23* du lO®, 
180 coups ; elle eut l officier, 7 hommes et 6 chevaux hors de combat ; la 19« 
du 8* tira 576 boites et perdit 3 hommes, 4 chevaux ; la IS^^ du 15« tira 450 
coups et eut i officier blessé, i homme blessé et 8 chevaux tués. 

Les Allemands firent plus de 500 prisonniers ; ils n'auraient perdu que 
1 officier et 36 hommes {État-niajor prussien). Chanzy dit 8,000 tués ou blessés. 



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1 



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COMBAT DE SILLE-LE-GUILLAUME. 311 

On se rappelle que von Schmidt avait poussé une colonne 
latérale vers Sainte-Suzanne. Elle rencontra un détache- 
ment français dans un bois au sud-est, le refoula après une 
heure de combat et occupa ce village en faisant 100 pri- 
sonniers. L'ennemi se contenta de ce succès ; de leur coté, 
sans chercher à opposer une plus longue résistance, les 
troupes du 17® corps s'étaient retirées sur Chammes ou Evron. 
Chanzy, qui avait quitté Sillé à 4 heures et demie, trouva 
à 8 heures Evron rempli d'une multitude de fuyards. Cette 
débandade achevait la dislocation du 17* corps. Certains 
de ses régiments étaient réduits au delà de toute expres- 
sion. Le 45* de marche, par exemple, ne comptait plus que 
400 hommes \ 

Le 21® corps gardait une attitude plus fière, et Jaurès lui 
donnait Tordre de tenir le plus longtemps possible, tout en 
acheminant ses impedimenta sur Mayenne ou Laval, 

Le général de Villeneuve, qui était chargé de la défense 
de Sillé-le-Guillaume, avait placé le 78® mobiles (Vendée, 
Lot-et-Garonne, Gironde) à Tembranchement des routes de 
Crissé et de Conlie. Sa l'* brigade était au centre; la 2® sur- 
veillait la voie ferrée et un chemin de traverse venant de 
Conlie*. Le 6® bataillon de fusiliers marins était déployé 
en tirailleurs sur le front ; les autres bataillons se tenaient 
groupés à l'abri des plis du terrain. La difficulté du sol avait 
obligé de laisser l'artillerie en colonne sur la route d'Evron, 
hors des vues et de l'action de l'ennemi. Toutefois une coupure 



1. Les mouvements du 17® corps furent singulièrement confus le 15 janvier. 
Ainsi le 51® de marche revint à 2 heures du matin de Tennie pour occuper 
le défilé de Torcé et y resta jusqu'au soir, à 8 ou lO kilomètres à l'est de 
Sainte-Suzanne. Il se retira ensuite sur Évron {Hiêtorique du 5P). Le 45® de 
marche, qui était au sud de Sillé-le-Guillaume avec la division JoufiTroy, partit 
à 5 heures du soir pour Sainte- Suzanne, par Rouessé, Vassô et Voutré où il 
arriva à 9 heures. Sainte-Suzanne étant déjà occupé, il marcha sur Évron, où 
il fut vers minuit. 

2. Le 90® mobiles (5® bataillon de la Sarthe et 2 bataillons de la Gorréze) était 
établi en avant de Saint-Remy-de-Sillé, sur le chemin qui conduit à la route 
du Mans à Sillé ; une compagnie du 5® bataillon de la Sarthe défendait la voie 
ferrée ; une autre le chemin de Sillé à Crissé ; quatre autres les fermes de 
Villiers et de la Philippière. Une compagnie de fusiliers marins du 6® bataillon 
(l" brigade) soutenait les deux compagnies do la Philippière. Enfin, une 
compagnie était placée à i kilomètre en avant sur la route de Sillé à Crissé. 



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312 JOSNES) VENDOME, LE MANS. 

avait été pratiquée sur cette chaussée, à hauteur d'une crête 
dominant le terrain à Test de Sillé. Une section de mitrail- 
leuses (21* batterie du 12** régiment) enfilait la route à 200 
mètres en avant; une section de 4 (21* batterie du 10® régi- 
ment) tirait par-dessus; une section de 8 (32* batterie de 
Tartillerie de la marine), placée sur la crête même, voyait 
tout le terrain avodsinant. Enfin, au nord de SîUé, une autre 
section de 4 enfilait la voie ferrée. En dehors de ces empla- 
cements, il avait été impossible de mettre des pièces en bat- 
terie. Des talus et des fossés entouraient en effet tous les 
champs ; les chevaux enfonçaient parfois jusqu'au poitrail 
dans la neige. 

Laissant deux compagnies et un demi-escadron à Conlie, 
le détachement du colonel Lehmann était parti à 9 heures, 
par un épais brouillard, pour marcher sur Evron. Vers le 
Point-du-Jour, le 2* escadron d'éclaireurs algériens, qui cou- 
vrait la division Villeneuve, fit tête un instant à Tavant- 
garde allemande; puis il se replia sur Rouez pour relier le 
17* au 21* corps. 

Derrière lui l'ennemi continua d'avancer, sans paraître 
croire à une résistance sérieuse. Il était à 1,500 mètres de 
nos mitrailleuses, quand leur tir l'obligea de déployer un ba- 
taillon, de mettre quatre pièces en batterie sur la route, à 
hauteur de Fortaport, et deux autres en arrière. Mais la por- 
tée de nos pièces de 8 leur assura l'avantage dans ce duel. 
Quant au bataillon qui marchait sur Sillé, il ne tarda pas à 
être dans une situation si précaire que Lehmann dut le ren- 
forcer successivement de huit compagnies ; deux seulement 
restaient disponibles. 

Une partie des renforts allemands s'avancèrent le long de 
la voie ferrée et d'un chemin parallèle, en face des positions 
occupées par la division Rousseau (l*"* du 21* corps). Ils se 
heurtèrent à deux compagnies du 5* bataillon de mobiles de 
la Sarthe, qui, soutenues par une compagnie du 26* de ligne, 
leur résistèrent vigoureusement. L'ennemi continuait pour- 
tant à se porter en avant, quand le commandant Bonnefond- 
Pédulans se jeta sur lui , à la baïonnette , à la tête d'un 



\ 



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T' 



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LÉ-LE-GUILLAUME. 

Après une courte 
Lsonniers, jusqu'à u 
battit ensuite vers 
asser Tennemî avec 
biles de la Loire-I 

e, survenue pendan 
et le flanc gauche 
yant Tinutilité de s< 
le combat et à battr 
îr sans avoir été pou 
pûmes mettre son éc 
luvrait notre droite ; 
davantage au sud- 
Après s'être assuré 
suflSsante sur la roi 
ettre en retraite à h 
lllé. Ainsi, à Tissue 
e après celui de Sai 
B retiraient dans d( 

le corps Catheline 
retira sans combat si 
lençon depuis le 14 

de cette ville. 11 a 
huit pièces de moi 
m outre, 4,000 mo 
rent subordonnés, 
létachement sur Bea 

Mais déjà les AU 



e récit du commandant Sa 
le 1 tué et 5 blessés, 
le l'artillerie de la marini 
emands perdirent 8 officiel 

ait venue à Sillé dans la : 



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314 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

étaient emparés et on signalait Fapproche d'une forte colonne 
venant du Mans. 

Le lendemain, Tavant-garde de la 22* division heurta 
versBéthon deux bataillons de mobilisés venus d'Alençon. 
Ils furent mis en fuite par quelques obus et entraînèrent dans 
leur retraite la plus grande partie des autres bataillons. Tou- 
tefois Tennemi rencontra une résistance plus sérieuse au nord 
d'Arçonnay. Deux compagnies de francs-tireurs de Paris et 
deux pièces étaient établies sur une crête dominant la route ; 
à Test, quatre compagnies gardaient F embranchement des 
chemins de Mamers et de MaroUes. Une autre compagnie 
occupait la Chevallerie, une ferme isolée à Pouest. 

Le combat s'engagea vers 11 heures et demie ; un bataillon 
allemand, déployé à cheval sur la route, marcha vers Alen- 
çon, sous la protection d'une batterie placée à Test. Malgré 
l'arrivée à Arçonnay d'un bataillon et d'un escadron, qui 
avaient suivi un chemin parallèle à la route, et l'interven- 
tion de deux autres batteries, placées, l'une à côté de celle 
de l'avant-garde et l'autre à Saint-Biaise, l'ennemi ne fit 
que des progrès insensibles. Les francs-tireurs prirent même 
l'offensive, après avoir été renforcés sur la route de quatre 
nouvelles compagnies et de deux pièces. Cependant, vers 
4 heures, les Allemands se reportaient en avant, quand, d'un 
cimetière situé à l'ouest de la route et occupé par sa com- 
pagnie, le capitaine Ducamp se jeta au-devant d'eux et les 
arrêta par un feu vif. Il fut mortellement blessé, mais le reste 
de notre ligne, entraîné par son exemple, reprit l'offensive 
et refoula les Allemands. 

En même temps, ceux-ci dirigeaient une autre attaque à 
l'est de la route. La 10* brigade de cavalerie, qui venait 
d'Ancines avec un bataillon et une batterie, se montrait vers 
la Chaussée à 3 heures. Elle s'emparait de ce hameau et ar- 
rêtait une contre-attaque, mais sans pouvoir aller au delà. 

Enfin, après avoir laissé à Mamers la plus grande partie 
de la 12* brigade de cavalerie, le général von Bredow s'était 
porté sur Alençon avec trois escadrons, un bataillon, une 
batterie. Quelques obus lui suflSrent pour refouler des déta- 



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COMBAT DE SILLE-LE-GUILLAUME. 

chements rencontrés près de Saint-Remy-du-Pla 
Neufchâtel. Mais, vers 3 heures, la résistance de 
vive devant les Evants et Saint-Paterne. Toutefois 
s'empara de ces deux points à la nuit, mais sanf 
atteindre Alençon. 

Ainsi, malgré leur supériorité numérique, les A 
n'avaient pu déloger que nos avant-postes \ Avec 1 
tion du grand-duc, von Wittich jugea prudent d 
Tattaque au lendemain. Il cantonna la 22® divisic 
de Béthon ; la 10® brigade de cavalerie s'établit dam 
et Louvigny; la 17® division, sur la ligne Assé-l 
Rouessé, Fontaine. 

Toutefois, Lipowski ne jugea pas possible de < 
plus longtemps la résistance 5 notre artillerie avail 
épuisé ses munitions; les barricades établies aux isi 
lençon se prêtaient mal à la défense. Le soir m< 
troupes se retirèrent sur Saint-Denis, dans la dir 
Prez-en-Pail. 

Les trois échecs subis simultanément par les coloi 
mandes décidèrent Frédéric-Charles à porter le IX 
la 2® division de cavalerie sur Conlie. Seul, le III® c( 
rester au Mans. Quant à Chanzy, il jugea que le re 
portun du 1 7® corps rendait indispensable la contin 
notre retraite. Déjà il avait à résister aux instances < 
généraux demandant qu'on se retirât la nuit mêi 
rendît compte au ministre, le priant de diriger le 
de Fiers sur Domfront. Quant à notre armée, suivai 
tructions du 15 au soir, elle continuerait le lende 
mouvement vers la Mayenne*, après s'être fait devi 
rant la nuit par ses convois. On passerait cette rivi 



1. Leurs pertes n'auraient été que de i officier et 24 hommes 
prussien). Chanzy dit 800 à 900 hommes. 

Nous aurions eu 40 artilleurs et 120 francs-tireurs hors de ci 
S officiers). 

La 2e batterie de montagne de Tartillerie do la marine perdit 
12 hommes; elle eut 4 pièces démontées (Historique du corps). 

2. D'après ces instructions, qui sont très confuses, le 17® corp 
d'abord réoccuper Sainte-Suzanne (Chanzy, ouvrage cité, p. 364). 



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316 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

seulement, en se bornant à faire douze ou quinze kilomètres 
au plus pendant la journée du 16. Le 16* corps serait établi, 
le 17, à cheval sur le chemin de fer et la route de Laval à 
Vitré, la gauche à Changé, le centre à Saint-Berthevin ; le 
17® corps, après avoir passé la Mayenne à Saint-Jean, s'éten- 
drait de Changé à hauteur de Montgeroux, avec son centre 
à Saint-Germain-le-Fouilloux. Enfin le 21* corps serait placé 
entre Contest et Mayenne, en se reliant par sa cavalerie au 
17® corps. Celle du 16® corps, qui était déjà à Laval, en par- 
tirait le 16 pour THuisserie, où elle prendrait position, de 
façon à surveiller le cours inférieur de la Mayenne, entre 
Laval et Château-Gontier. Quant à celle du 17* corps, elle 
serait cantonnée en arrière de celui-ci. 

On porterait les convois et les parcs derrière nos lignes ; 
enfin, l'intention de Chanzy étant de tenir tête aussi vigou- 
reusement que possible sur la Mayenne, on préparerait l'exé- 
cution de dispositions défensives le long de cette rivière. 

Les mouvements indiqués plus haut s'exécutèrent le 16, 
non sans désordre. Chanzy, qui s'était rendu directement à 
Laval, s'efforça aussitôt de remédier à l'encombrement de 
cette ville, où affluaient des milliers de fuyards et d'isolés. 
En même temps il faisait préparer la destruction des ponts 
et étudiait les positions à occuper. Dans la soirée du 16, 
l'arrivée de Curten à Laval apportait à son armée un complé- 
ment de forces assez sensible. 

La 3" division du 16' corps était arrivée à Sablé le 14. 
Déjà Joué-en-Charnie, où elle devait rejoindre l'amiral, 
était occupé par l'ennemi. Curten se débarrassa de ses impe- 
diTYienta, qu'il engagea sur la route de Laval \ puis il marcha 
vers Saint-Jean-sur-Erve par Auvers-le-Hamon et Thorigné- 
en-Charnie (15 janvier). Toute la journée le canon retentit 
dans la direction de Saint-Jean; d'ailleurs on signalait la 
présence à Brûlon d'un détachement allemand. Il se porta 
donc sur Chéméré, qu'il atteignit dans la soirée. Le 16, il 
marchait sur Bazougers; à l'entrée de Soulgé, une partie du 
1" escadron du régiment de marche de chasseurs d'Afrique 
chargeait des dragons prussiens, auxquels il prenait six ca- 



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COMBAT DE SILLÉ-LE-GUILLAUMB. 317 

valiers dont le lieutenant de Moltke. Enfin le même jour, à 
6 heures du soir, Curten arrivait à Laval. 

De leur côté, les Allemands reconnurent dans la matinée 
seulement que nous avions évacué Saint- Jean-sur-Erve, 
Sillé-le-Guillaume et Alençon. La colonne von Schmidt suivit 
le 16® corps jusqu'au ruisseau de Vaiges, non sans ramasser 
des milliers de traînards. Elle ne trouva un semblant de 
résistance qu'à Soulgé. Derrière elle, le gros du X® corps s'a- 
vança jusqu'à Saint-Denis-d'Orques. 

Quant au détachement du colonel Lehmann, il occupa 
Sillé'le-Guillaume en faisant nombre de prisonniers. La 
2® division de cavalerie marcha jusqu'à Vernie, et le IX® corps 
atteignit Conlie. Enfin le XUP corps entra dans Alençon et 
une colonne qu'il poussa vers Domfront ne rencontra que 
des traînards. 

Cependant l'état-major du roi Guillaume venait d'être in- 
formé du mouvement entrepris par Faidherbe vers Saint- 
Quentin. Il jugea indispensable de concentrer de nouveau 
la I" armée sur la Somme. Afin de rendre disponibles celles 
de ses troupes qui occupaient la Seine-Inférieure, il invita 
Frédéric-Charles (15 janvier) à porter le XIIP corps vers 
Kouen. 

Dans ces conditions, Frédéric-Charles décida de ne pas 
pousser les IX* et X* corps au delà de Conlie et du ruisseau 
de Vaiges, Le premier fut chargé d'évacuer les approvision- 
nements du camp et de détruire les travaux, demeurés si 
complètement inutiles, que nous y avions entrepris. Pour 
couvrir la droite de ces deux corps d'armée, la 4* division de 
cavalerie dut prendre position vers Alençon, au sud de la 
Sarthe. 



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CHAPITRE XXXI 

l'armée s'installe sur la MAYENNE 

La ligne de la Mayenne. — Laval. — Répartition de l'armée. — Combat de Sainte- 
Mélaine (18 janvier). — Nouvelle répartition de l'armée. — Projets de Chanzy. 

La Mayenne coule d'abord de l'est à l'ouest, puis tourne 
brusquement au sud pour passer à Saint-Fraimbault-de- 
Prières, à Mayenne, à Laval, à Château-Gontier et à Daon. 
Au sortir du département de la Mayenne, elle pénètre dans 
celui de Maine-et-Loire, reçoit la Sarthe et, sous le nom de 
Maine, va se jeter dans la Loire en aval d'Angers, après un 
parcours total de 190 kilomètres. 

Dans la majeure partie de son cours, sa largeur et sa pro- 
fondeur en font une ligne de défense très sérieuse. Mais, 
lorsque Chanzy prit position derrière elle, l'étendue à occu- 
per aurait été trop grande pour des troupes aflfaiblies et en 
complet désarroi. De plus, leur réorganisation exigeait 
qu'elles fussent groupées à proximité des voies principales 
de communication. Enfin un autre ordre de considérations 
limita les emplacements à occuper. Pour notre 2® armée de 
la Loire, deux opérations étaient encore possibles : la marche 
au nord-est dans la direction de l'Eure, ou la continuation de 
la retraite, si l'ennemi forçait nos positions le long de la 
Mayenne. Afin de parer à ces deux éventualités, Chanzy 
décida de répartir le gros de ses forces de Laval à Mayenne, 
sur un espace de trente kilomètres environ, traversé par les 
principales voies de communication. Laval était le point le 
plus important de cette ligne, la tête du chemin de fer de 
Rennes, le seul qui assurât encore notre ravitaillement; 
c'était aussi le nœud des routes traversant la région ; enfin 
un embranchement le reliait à Mayenne. Le 16* corps dut 
être chargé de sa défense. Malheureusement, Laval est bâti 



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L'ABMEE S INSTALLE SUR LA MAYEimE. 

sur les deux rives de la Mayenne, que traversent le vh 
de la ligne ferrée et trois ponts, Tun en bois et les deux ai 
en pierre. Il était indispensable de conserver la gare, si 
sur la rive gauche ; il fallut se décider à porter la déf 
assez loin vers Test, pour que la ville n'eût point à soi 
directement du feu de Tennemi. D'ailleurs le terrain àet 
virons, coupé de haies, de talus, de chemins creux, de ra^ 
convenait à la défense ; la rive droite dominait la gauche 

De nos trois corps d'armée, le 17* avait le plus sou 
depuis les premiers jours de janvier. Chanzy décida ^ 
serait placé tout entier sur la rive droite, son centre à & 
Germain-le-Fouilloux et sa cavalerie à Andouillé. Il ga 
rait les ponts de Saint-Jean et de Montgiroux. 

Le 21" corps aurait deux divisions à cheval sur la r 
d'Emée et une troisième à Test de Mayenne, sur la 
gauche. A Saint-Fraimbault-de-Prières, la division Goug 
observerait jusqu'à Ambrières, en se reliant au 19* cî 
dont les têtes de colonne atteignaient Domfront et dont 
division gardait Argentan. 

Comme nous l'avons dit, de Laval à Château-Gontiei 
cavalerie du 16® corps surveillerait le cours inférieur d 
Mayenne. Cathelineau organiserait la défense de cette 
nière ville à l'aide de ses corps francs et des ressou 
locales. Sa droite serait appuyée aux troupes du gér 
Cléret, qui n'avait pas cessé de couvrir Angers \ 

La situation exigeait que les ponts fussent détruits e 



1. Le colonel Cléret était à Saint-Aigaan le 16 janvier ; il fut nomi 
même jour général de brigade au litre auxiliaire, avec le chef d'esc 
Lallemand pour chef d'état-major. On l'invitait à marcher sur Tours. Le 
ministre télégraphiait au commandant Lallemand : « La colonne du g( 
Cléret m'a donné plus de mal qu'une armée. Chaque fois que je lui ai < 
l'ordre do rester sur un point, elle s'est transportée siu: un autre. J'avais ( 
général de rester à Chinon ; il n'a pas eu de paix qu'il ne fût allé à Sai 
Depuis qu'il y est, il ne cesse de se plaindre tellement que j'ai pris le 
de télégraphier à M. Oambetla à Laval, pour qu'il replace la colonne 
sous les ordres de Chanzy. » {Enquête, tome IV, p. 129 et 184.) 

Le 22 janvier Cléret était vers Ch&teauneuf et Beaugé, avec 4,000 ho 
environ. 

Le 23, Cathelineau disposait de 600 volontaires vendéens et de 1,70 
biles, dont i,ooo de la Dordogne et 700 de la Haute-Garonne. 



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320 JOSN] 

Laval et Château-Gontier; ceux situés en amont devaient 
être minés, afin qu'on pût les faire sauter au premier signal. 
Ces sacrifices n'étaient pas sans mécontenter la population, 
très peu sensible aux considérations de pur patriotisme. A 
peine Chanzy était-il descendu de cheval le 16, que le con- 
seil municipal de Laval venait lui demander de ne pas 
détruire les ponts et surtout de ne pas exposer la ville aux 
conséquences d'une action de guerre \ Ailleurs le maire de 
Saint-Jean-d'Assé se vantait auprès du général von Colomb 
de n'avoir pas fait quitter leurs foyers aux mobilisés de son 
village. Presque partout les Allemands entendaient les ha- 
bitants maudire la guerre à outrance. Devant eux, on allait 
jusqu'à affubler Gambetta d'un sobriquet encore plus odieux 
que ridicule^. Il semblait qu'une partie de la France eût dé- 
pouillé toute fierté nationale. Elle ne voyait que les maux 
présents, sans prévoir ceux qu'une paix mal assise lui réser- 
verait pour l'avenir. 

Le 17 janvier toutes nos troupes occupèrent les positions 
indiquées; les IV et 2V corps achevèrent de passer la 
Mayenne ; le 16® l'avait franchie la veille ^. Tous avaient 
fondu dans des proportions effrayantes. Ainsi le 45® de marche 
qui comptait 1,100 à 1,200 hommes avant la retraite, n'en 
avait plus que 400 dans le rang. « Mais c'étaient des héros 
admirables de courage et de résignation », dit un témoin ocu- 
laire. D'autres, restés en arrière par suite de fatigue ou de 
maladie, cherchaient cependant à suivre tant bien que mal. 
Ainsi 200 traînards du 45® se constituèrent eux-mêmes en 
détachement à Evron, afin de rejoindre plus tôt leur corps. 

Cependant les Allemands se contentaient deporteràSillé- 
le-Guillaume l'avant-garde du IX* corps, tandis que le déta- 



1. Chanzy, ouvrage cité, page 376. 

2. Von Colomb, ouvrage cité, page 178. 

3. La 2^ division du li^ corps, partie d'Évron, couclia le IQ à Monteurs; elle 
en repartit le 17, pour s'établir d'Andouillé à Saint-Germain-le-Fouilloux ; la 
3^ division, partie d*Évron, arriva le soir du 17 à Mayenne et se rendit le 18 
à Ândouillé. 

La 2^ division du 21« corps passa la nuit du 16 au 17 à fiais et arriva le 17 
à Mayenne ; elle s'établit de cette ville à Âmbriôres. 



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l'armée s'installe sur la mai 

chement du colonel Lehmann rejoignait soi 
Quant à la colonne von Schmidt, elle recevf 
tions de poursuivre le 16® corps, tant qu'il n 
venir à un combat sérieux. La 20^ divisic 
Vaiges pour la soutenir. 

Le 17, von Schmidt atteignit le ruisseau ( 
envoya un détachement latéral à Argentré 
retraite d'une colonne du 17® corps, en marc 
Montsurs. Mais elle put gagner Châlons san 
même temps, la cavalerie allemande renc 
résistance au sud de la route de Laval et s 
Schmidt l'arrêta et la cantonna derrière la J 
Chanzy s'était rendu compte de la faibl 
lancées à sa poursuite; il allait même jui 
l'ennemi opérait sa retraite derrière un ride 
de cavalerie. Cette supposition n'était pas t( 
nous l'avons vu. Quoi qu'il en soit, les cire 
tude des positions autour de Laval conduit 
en chef à porter la défense de cette ville pli 
blit sur la rive gauche les 1^® et 3® divisi 
(Deplanque et Curten), et ramena sur la riv( 
sion (BaiTy), qui avait surtout besoin d'être 
premières furent chargées de défendre la 
hauteurs qui s'élèvent entre la Jouanne et ] 
entre le Quartier et la Mayenne dont ces de 
les affluents. 

Un petit combat troublait encore la réor^ 
troupes. D'après les ordres de Frédéric-Cha 
devait se reporter sur Vaiges, en ne faisant < 
tions que par sa cavalerie. Mais les mouven 
autour de Laval lui firent croire que nous t 
positions. On lui annonça même la destruc 
la Mayenne. Afin de vérifier l'exactitude 
dirigea sur Laval deux colonnes, l'une (un 
escadrons) par la route du Mans ; l'autre (u 
escadrons et deux pièces) par Argentré (18 
Dans la matinée, les grand'gardes du 88 

CAMPAONB DE LA. LOIBB. II. 



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322 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

et-Loire) arrêtèrent quelques cavaliers venant de ces deux 
directions. Puis, vers une heure et demie, la colonne qui 
suivait la route se déploya devant nos avant-postes et les 
rejeta sur Sainte-Mélaine. A ce moment deux mitrailleuses et 
une batterie de 4 établies à la ferme du Pressoir Tarrêtèrent. 
D'ailleurs, avec la 2* brigade de la division Deplanque, le 
colonel Thiéry se portait en avant pour menacer la gauche 
allemande, et le 88' mobiles, vigoureusement enlevé par le 
général de Curten, remontait les pentes en face de Sainte- 
Mélaine. Il couronna les hauteurs et en délogea Tennemi, 
qui se retira aussitôt et alla cantonner derrière la Vaige*. 

A la suite de cette aflPaîre, nos troupes prirent leurs empla- 
cements définitifs. Le soir du 18 janvier, elles étaient ainsi 
réparties : 

De Changé à la route du Mans, la !'• division du 16' corps 
dessinait autour de Laval un demi-cercle de quatre kilomè- 
tres de rayon. Ses positions étaient marquées par six batte- 
ries ', et la ligne ainsi tracée suivait la crête des hauteurs qui 
bordent la rive gauche de la Mayenne; les mobilisés de 
Maine-et-Loire, le 3* chasseurs et le 39* de marche, le 
33' mobiles et le 37' de marche étaient en première ligne ; 
le 75' mobiles et le 62' de marche, en réserve pour chacune 
des brigades. 

Quant à la 3' division du 16' corps, elle s'appuyait à la 
droite de la 1" et à la Mayenne ; elle devait garnir les hau- 
teurs de la rive droite de la Jouanne ; les ponts et les passe- 
relles de ce ruisseau avaient été détruits ou pouvaient l'être 
rapidement. Comme il n'est pas guéable en cette saison, il 
constituait un obstacle assez sérieux. 



1. Cette affaire nous coûta 2 officiers et 87 hommes hors de combat. Les 
Allemands auraient perdu une centaine d*hommes (Chanzy). VÉtat-major 
prussien dit i officier et 9 hommes ; il assure que von Schmidt fit 100 pri- 
sonniers. 

2. 4 mitrailleuses sur la route d*Âlençon; 6 pièces de 4 de montagne entre 
cette route et le chemin de fer ; sur la voie ferrée, 2 mitrailleuses et 2 pièces 
de 4; à la ferme des Pressoirs, battant la roule du Mans, 2 mitrailleuses et 
3 pièces de 4 ; au château de Sainte-Mélaine, une batterie de 4 ; enfin une 
dernière batterie de 4 sur la route de Tours. 



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l'armée s'installe sur la MAYENNE. 323 

La 1" brigade de cette division défendait l'espace compris 
entre la route d'Argentré et la ferme de la Lézerie; un^- 
réserve de deux bataillons, soutenus par un troisième, était 
au village de Bonchamp. La 2' brigade s'étendait de la Lé- 
zerie à la Mayenne*. Le 23* chasseurs de marche était en 
réserve générale au Point'du-Jour. 

Sur la rive droite de la Mayenne, l'infanterie de la 2* divi- 
sion occupait une ligne allant de GrenouxàSaint-Berthevin, 
par la Gondonnière, la Haye-Beau vais, la Croix-des-Landes. 
Deux batteries de 7, deux batteries de 4 et trois mitrailleuses 
croisaient leurs feux sur les ponts de la Mayenne, enfilant 
la voie ferrée et la route de façon à permettre au besoin l'é- 
vacuation de la rive gauche. 

A droite du 16' corps, tous les ponts étaient détruits de 
Laval à Château-Gontier ; la cavalerie et des détachements 
d'infanterie surveillaient les gués. 

A gauche, le 17* corps n'avait à l'est de la rivière que des 
avant-postes ; il gardait les ponts de Changé, de Saint-Jean, 
et s'étendait jusqu'à Montgiroux. Le 21® corps, en position 
de ce point à Ambrière, avait une division seulement sur la 
rive gauche ', Enfin le 19* corps était installé vers Briouze, 
Saint-Gervais, Ecouché et Argentan. 

Ce corps d'armée avait été formé à Cherbourg ; il ne fut 
établi sur la Mayenne qu'avec les plus grandes difficultés. 
Le 12 janvier, la compagnie de l'Ouest reçut l'ordre d'en 
transporter une partie de Cherbourg à Alençon (32,000 
hommes, 3,000 chevaux, 300 voitures environ). Les disposi- 
tions furent prises le jour même, mais le soir du 12 le mou- 
vement était suspendu. Le 14, nouvel ordre: cette fois l'em- 
barquement devait avoir lieu à Carentan, dans des conditions 
techniques très désavantageuses. En outré Alençon était 
fortement menacé. 



1. Le 71« mobiles (Haute-Vienne) défendait Forcé, le château de Poligny, 
les Gondiniôres et la Groiz-Gondin. Le 27® mobiles (Isère) gardait la route de 
Cbàteau-Gontier. 

2. Avec des batteries à Montecouple, la Vaissière, la Sérardiôre, la Breton- 
niôre, la Chaconne, la Rabatiére. 



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324 

On fit donc passer les trains de Carentan à Argentan, 
Fiers, d'où les troupes gagnaient Domfront à pied. L'embar- 
quement se fit avec une extrême lenteur, dans un complet 
désordre. Le 16, à 5 heures du soir, on n'avait transporté 
que 16,615 hommes, 971 chevaux, 74 voitures. A 6 heures 
arriva l'ordre de suspendre le transport. On croyait Argentan 
menacé. Le lendemain matin, l'opération fut reprise, mais 
pour l'infanterie seulement. Deux trains avaient déjà été 
dirigés sur Lison et Saint-Lô, quand survint un nouveau 
contre-ordre. Cette fois il fallait débarquer à Fiers. Le dernier 
train partit de Cherbourg dans la nuit du 18 au 19 à 1 heure 
15 minutes. Il avait fallu 80 heures pour expédier 37 trains. 
Par les routes, le 19* corps se serait rendu du 13 au 20 à 
Fiers, sans aucun inconvénient *. 

Un instant, sur une démonstration opérée d'Alençon, la 
division Girard du 19* corps évacua Argentan. Mais Chanzy 
l'y reporta, en la faisant soutenir par la division Saussier. La 
cavalerie de ce corps d'armée éclairait de Ranes vers Alen- 
çon, soutenue par les corps francs de Lipowski. Les mobilisés 
de la Mayenne (colonel Bournel) étaient encore à Prez-en- 
Pail. 

Pendant que l'armée prenait ainsi position sur la Mayenne, 
Chanzy se hâtait de la réorganiser. Avec la concours actif de 
Gambetta, qui accourait à Laval dès le 19 janvier, il complé- 
tait les vivres et les munitions de ses troupes ; il reconstituait 
leurs convois, entièrement disloqués par la perte d'un grand 
nombre de voitures ou par la fuite des charretiers civils. 
Enfin il faisait ramener par la gendarmerie les fuyards, dont 
la cohue remplissait les villes de la région jusqu'au. delà de 
Rennes. Nos effectifs, très réduits le 17 janvier, s'élevaient 
de nouveau. Des épurations indispensables étaient faites 
parmi les officiers. Grâce à la distribution de chaussures et 
d'effets, à l'établissement de cours martiales dans chaque 
division, à l'installation des troupes dans des cantonnements, 
elles reprenaient des habitudes d'ordre et de discipline qui 



1. Jacqmin. 



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^-.. 



L ARMEE S INSTALLE SUR LA MAYENNE. 

leur étaient devenues étrangères. Malgré la profondeu; 
leurs plaies, la confiance revenait peu à peu parmi e 
Mais ces bonnes apparences auraient-elles persisté ave 
reprise des opérations actives? 

Pendant que Chanzy cherchait ainsi à refaire son an 
le Gouvernement ne restait pas inactif. Des renforts, 
vivres et des munitions étaient envoyés journellement si 
Mayenne. On faisait les plus grands efforts pour dimi] 
Tencombrement des voies ferrées, qui avait pris des prc 
tiens inouïes entre Laval et Rennes. Vers le 15 novembr» 
ministre du commerce avait prescrit la concentration à L 
d'une quantité de bestiaux destinés au ravitaillemen 
Paris. Leur nombre, d'abord fixé à 2,500, fut ensuite poi 
3,500. Le 2 décembre, 1,175 furent envoyés à Orléam 
vue de la sortie du général Ducrot. Ils revinrent à Lava 
à Mayenne six jours après, sans avoir pu être débarqué 
presque morts de faim. 

Le 12 janvier, quelques cas de typhus se montrèrent pi 
eux et on les expédia aussitôt sur Landemeau, par terr 
par voie ferrée. Partout sur leur passage ils propagèrei 
peste bovine. A Landemeau ils moururent par centaii 
400 hommes de troupe étaient en permanence occupés i 
enfouir. On finit par embarquer ce qui restait sur deux 
vires qui furent coulés à coups de canon au large d'O 
sant. Cette expérience avait coûté 30 millions. 

Elle SLYSiït aussi contribué à l'encombrement des lij 
ferrées. Celles-ci étaient suivies par deux courants inver 
d'une part, le ravitaillement de l'armée et l'envoi de renf( 
de l'autre, le transport des denrées réunies à Laval ( 
Mayenne en vue du ravitaillement de Paris et que le mi 
tère du commerce voulait mettre en sûreté. Le ministère 
la guerre dut envoyer un délégué qui prit la haute main 
tous les services (18 janvier). La situation ne s'améliora < 
dater du 22 ^ 

L'attitude de l'ennemi demeurait énigmatique pour Chai 



1. Jacqmin. 



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326 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Des renseigneiuents confus et contradictoires que lui faisaient 
parvenir sa cavalerie et les autorités civiles, il déduisait que 
le grand-duc concentrait des troupes vers Alençon et que 
Frédéric-Charles restait au Mans, derrière des avant-postes 
passant par Souigé et Bazougers. Mais il fallait prévoir le 
cas où ce prince sortirait de cette inaction apparente. Aussi 
dès Tarrivée de Gambetta à Laval, Chanzy lui exposa Tétat 
de ses troupes, leurs besoins et ses projets pour Tavenir. 

Ses inquiétudes étaient vives : il avait à couvrir Tospace 
de 200 kilomètres situé entre la Loire et rembouchure de 
rOrne. Il avait été renforcé du 19* corps, mais ses effectifs 
s'étaient réduits de plus de moitié depuis six semaines ; le 
moral de ses troupes avait souffert encore davantage. Dans 
ces conditions, il était naturel qu'il craignît de nouveaux 
échecs. 

En ce cas, la retraite sur la Bretagne aurait permis d'uti- 
liser plusieurs lignes successives de défense. Mais une fois la 
Vilaine perdue, les Allemands pouvaient masquer les lignes 
de Carentan, s'emparer de Nantes et de la Basse- Loire, en 
menaçant même Bordeaux et le sud-ouest. Chanzy croyait 
préférable de se retirer sur le Cotentin. Il courrait, il est 
vrai, le risque d'y être aisément investi, de ne plus pouvoir 
prendre part aux opérations actives. Mais il s'éloignerait 
ainsi beaucoup moins de Paris ; il couvrirait la Normandie le 
plus longtemps po£sible et pourrait, au besoin, se reporter 
sur la Seine. Seulement, dans ce cas, il fallait organiser la 
défeuse de la Bretagne d'une façon indépendante ; on pour- 
rait faire appel aux ressources locales, en tirant parti de la 
configuration du sol, si appropriée à la guerre de partisans. 

Chanzy voulait y consacrer les mobilisés bretons, qui, 
jusque-là, n'avaient été que d'une faible utilité, en dépit de 
leur bonne volonté constante. Il réussit à faire approuver ces 
idées par Gambetta et par M. de Freycinet. Sur sa demande 
le grand orateur affirma éloquemment, devant les officiers 
généraux réunis, la nécessité de combattre, non dans un 
mesquin intérêt de parti, mais pour la patrie elle-même. Il 
annonça l'intention de confier à Charette et à Cathelineau, 



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L ARMEE S INSTALLE SUR LA MAYEIi 

en dépit de leurs opinions politiques, le comn 
troupes destinées à défendre la Bretagne. C 
nommé général au titre auxiliaire, recevrait 1 
fiés qu'il réunirait à ses corps francs. Le res 
nationaux bretons serait réparti entre les généri 
qui commandait alors les mobilisés de la Loire- 
Lipowski, qui viendrait s'établir à Textrêm 
Chanzy. 

Mais après le départ de Gambetta pour Lille 
22 janvier), diverses influences intei'vinrent 
Texécution de ces projets. Il fut définitivemen 
Chanzy et M. de Freycinet qu'en cas de ret 
drait la direction des lignes de Carentan\ 1 
proposée pour les mobilisés bretons rencontra 
cultes. On craignit Taction politique que ce ce 
donnerait à Charette et à Cathelineau *. D'autre 
rai de Marivault prétendit s'opposer à l'envoi ( 
ses sur la Mayenne, et il dut être relevé de so 
ment par le télégraphe (22 janvier)'. Après p 

1. Le commandement de ces lignes, d*abord attribué an { 
pais au général de Blois après le départ du 19« corps, était ( 
ment le 24 par le général Sée. On espérait porter sous peu : 
Teffectif de ses troupes (Enquête, tome III, p. 31 1). 

2. «... Quant à TaOraire Charette, je vous prie de faire sa\ 
que ridée de ce grand commandement régional ne me pan 

« Je veux bien que l'on pensé à donner à M. de Charette 
lises à commander, mais non à Tinvestir d*une autorité auss 
dont on m'a parlé. Vous avez dû voir déjà certaines dé 
d*Angers qui s'effraye du commandement donné à Gathelini 
que seraient les réclamations. Écrivez en ce sens. La comm 
Charette a reçue de vous est d^ailleurs suffisante. » (Dépécl 
M. de Freycinet, 22 janvier, Enquête, tome IV, p. 138.) Une 
conçue dans le môme sens. 

Le préfet d*Angers était M. Maurice Engelhard, que Ton dt 
ment, dans Tentourage de Gambetta, sous le nom de Mauri 
avons déjà parlé de cette remuante personnalité à propos 
Pisani. 

3. Le 20 janvier, lo Ministre lui prescrivit d'envoyer 18, 
général de Noue, commandant la subdivision de la Loire-I 
Carentan, 5,000 à Ghàteau-Gontier et de réunir le reste en i 
à Touesl de Rennes. 

Le 21, la dernière partie de cet ordre fut modifiée; 11 ne 
de répartir le reste des mobilisés entre les départements br 

Le même jour, Marivault protesta en ces termes : a Je tien 
qu*aucun de ces bataillons n'est capable d'aucun service e 



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328 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

perdus à échanger des dépêches, on ne fut d'accord sur l'or- 
ganisation des troupes de Bretagne que le 27 janvier, à la 
date même où était signé l'armistice. 

Malgré ce contre-temps, Chanzy poursuivait la réorgani- 
sation de Tarmée. Il donnait des ordres pour qu'on achevât 
l'instruction des soldats les plus récemment incorporés. Beau- 
coup n'avaient jamais pris part à aucun exercice de tir, et il 
leur fit brûler quelques cartouches. Nos batteries recevaient 
un grand nombre d'auxiliaires venant de l'infanterie ou de 
la garde mobile ; on hâtait également l'instruction de leur 
personnel. 

La voie ferrée de Laval à Mayenne avait dû être abandon- 
née lors de notre arrivée sur la Mayenne ; elle fut remise en 
exploitation le 22 janvier, à la suite de la réoccupation de 
^ Louverné et de Chapelle-Anthenaise ; le ravitaillement de 
notre gauche en devint plus facile. 

Cependant le grand-duc de Mecklembourg semblait pro- 
noncer un mouvement d'Alençon vers le nord-est ; en même 
temps des troupes allemandes parties du Mans se montraient 
dans la direction de la Flèche et du cours inférieur de la 
Loire. Les vraies intentions de l'ennemi demeuraient encore 
obscures. Néanmoins, l'évacuation d'Alençon, l'inaction rela- 
tive de Frédéric-Charles vers le Mans paraissaient indiquer 
que certaines préoccupations rappelaient vers Paris une par- 
tie des forces allemandes *. Dans cette prévision, Chanzy, qui 
avait déjà fait réoccuper Argentan, poussa sur Briouze la 
partie du 19* corps demeurée à Domfront et porta la division 
Gougeard d'Ambrières à Couterne (22 janvier). Elle fut 
relevée dans ses positions par la division Villeneuve, qui 
venait de Mayenne. Les francs-tireurs de Lipowski étaient 



les armes sont pires que nulles.... que les mettre devant Tennemi, avant que 
chaque homme ait eu quinze jours d'instruction, avec une arme qui parte, 
ne sera que répéter le sacrifice inutile et criminel que vous avez fait au 
Mans. » (Enquête, tome II, p. 864 ; la Borderie, rapport cité.) 

Totite celte atTaire du commandement des mobilisés bretons fui encore 
compliquée par l'envoi en mission dans les Côtes-du-Nord d'un certain général 
Le Luyer, ancien capitaine (?), qui mit au jour les idées les plus extravagantes 
et finit par être révoqué. 

1. Télégramme de Chanzy au Ministre (22 janvier). 



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L ARMEE S INSTALLE SUR LA MAYENNE. 

alors à la Ferté-Macé, à Prez-en-Pail et à Carrougei 
cinq bataillons de mobilisés de la Mayenne, ils cou 
la gauche du 21* corps et se reliaient au 19* par la < 
de cavalerie de ce dernier, encore à Ranes. Ils r 
Tordre de se porter vers le Merlerault, en observant 
vement du grand-duc. 



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CHAPITRE XXXn 

COMBAT DE BRIABE 
(14 janvier). 

La situation au sad d'Orléans. — Le corps de la Nièvre. — Combat de Briare. — Ordres 
de Frédéric-Charles. — Ocenpation de Tours. — Répartition des troupes allemandes. 

— Le grand-duo à Rouen. — Réorganisation de la 2^ armée. — L'armée de Bretagne. 

— Situation morale et matérielle de nos troupes. — L'armistice. 

Pendant que ces événements se succédaient dans l'ouest 
de la France, les troupes allemandes demeurées aux abords 
d'Orléans (25* division d'infanterie) étaient d'abord restées 
inactives. De cette ville, un régiment de cavalerie se diri- 
geait le 3 janvier sur la Ferté-Saint- Aubin. De là, soutenu 
par un bataillon de chasseurs, il envoyait des patrouilles dans 
la Sologne. Un fort détachement cantonné au faubourg Saint- 
Marceau devait le recueillir en cas de besoin, en occupant 
des positions défensives organisées au sud d'Orléans. 

Dans les premiers jours de janvier, les cavaliers hessois 
rencontrèrent à plusieurs reprises des mobiles et des francs- 
tireurs. Mais les Allemands apprirent bientôt, d'une façon 
positive, que les dernières troupes de Bourbaki s'étaient à 
leur tour dirigées sur l'est de la France ; Vierzon avait été 
évacué par elles le 8 janvier. 

Au contraire, un détachement allemand, à Briare depuis 
le 4 sous les ordres du général von Rantzau, et qui avait reçu 
mission d'éclairer dans les directions de Nevers et de Clamecy , 
restait en contact permanent avec des troupes françaises. Le 
général de Pointe de Gévigny, commandant supérieur de la 
Nièvre, avait en eflfet sous ses ordres dix à douze mille 
hommes, presque tous mobiles ou mobilisés. Le 12, l'un de 
ses détachements, porté de Trézée vers Ouzouer-sur-Trézée, 
s'en empara. Les Allemands y rentrèrent ensuite, mais pour 



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COMBAT DE BRI ARE. 331 

être de nouveau obligés de se retirer ; ils se concentrèrent à 
Briare. 

Le matin du 14, par un épais brouillard, Rantzau apprit 
que des francs-tireurs occupaient la route de Montargis et 
que des troupes françaises marchaient plus à Test, venant 
d*Ouzouer-sur-Trézée. La colonne allemande (trois batail- 
lons, trois escadrons, une batterie *) prit les armes et trois 
pelotons d'infanterie, poussés sur la route de Montargis, re- 
foulèrent les francs-tireurs. Néanmoins nos troupes mirent 
une batterie en ligne et continuèrent à marcher vers le nord- 
ouest, dans l'intention évidente d'envelopper les Hessois. En 
même temps des masses assez fortes se montraient à Ousson, 
au sud-est. Voyant sa retraite compromise, Rantzau décida 
de s'ouvrir un passage sur Gien . Déjà nos tirailleurs s'éten- 
daient de la route de Gien à la Loire; il se fit précéder de 
deux escadrons en fourrageurs, dont la plus grande partie 
réussit à traverser notre ligne. Puis un petit détachement d'in- 
fanterie (une compagnie et un peloton), venant du château 
de £eauvûis, ouvrit un feu rapide sur notre droite et ne tarda 
pas à frayer un chemin pour le gros de l'ennemi. En suivant 
la route et la ligne ferrée, il put atteindre la ferme Rivotte 
et finit par arriver à Gien, après avoir subi des pertes mi- 
nimes*. Rantzau ne crut pourtant pas devoir s'y arrêter et se 
retira jusqu'à Ouzouer-sur-Loire. 

A la première nouvelle de cet échec, Frédéric-Charles 
prescrivit au prince Louis de Hesse de ne laisser qu'un ba- 
taillon et un escadron à Orléans, et démarcher avec le reste 
sur Châteauneuf. En même temps il ordonnait au général 
von Hartmann de diriger la 38* brigade d'infanterie de Châ- 
teau-Renault sur Blois, de façon que l'on pût envoyer à Or- 
léans le régiment qui occupait cette ville. Puis il apprit que 
Rantzau s'était retiré sans trop de peine ; il renonça donc à 
pousser les Hessois sur Châteauneuf, en se bornant à faire 



1. 1 escadron était à Gien. 

2. a officiers et 25 hommes, dont 10 disparus (Élat-major prussien). Les 
documents d*origine française contiennent très peu de renseignements sur 
cette affaire. 



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332 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

soutenir Rantzau par un détachement porté derrière le canal 
d'Orléans. D'ailleurs nos troupes n'avaient pas dépassé Ne- 
voy, à quelques kilomètres au nord-ouest de Gien. 

On laissa donc à von Hartmann la disposition de la 38® bri- 
gade, et on le chargea de garder Blois, tout en couvrant 
l'espace compris entre la Loire et le Loir. Il établit six com- 
pagnies et trois escadrons à Blois, et porta le reste de la 
38* brigade à Monnaie, où se rendit aussi le gros de la 1" di- 
vision de cavalerie. Le 19 il entra dans Tours, sans la 
moindre résistance, et son avant-garde poussa jusqu'au Cher. 
Nous avions quelques troupes à Villandry et vers Monts, 
mais elles n'empêchèrent pas l'ennemi de détruire les ponts 
de Saint-Cyr, de Saint-Mars et de Savonnières, sur la Loire 
et le Cher. 

Cependant la cavalerie hessoise remarquait un redouble- 
ment d'activité en Sologne. Dès le 16, on savait à Orléans 
qu'un nouveau corps d'armée se formait à Vierzon. Puis des 
patrouilles rencontrèrent nos troupes au nord du Beuvron. 
Sur un ordre venant de Versailles, Frédéric-Charles se hâta 
de diriger le IX® corps de Conlie sur Orléans (22 janvier). 

Au contraire, en face de Rantzau, les troupes du général 
de Pointe ne tardaient pas à se retirer ; elles évacuèrent Gien 
le 24 et Briare le 25. Cependant de nombreux corps francs 
avaient récemment paru sur la partie supérieure du cours de 
l'Yonne et de la Seine. Obéissant à un ordre venu du grand 
quartier général, Rantzau se dirigea vers Châtillon-sur-Loing 
(28 janvier), d'où, après un petit combat, il délogea quel- 
ques centaines de francs-tireurs. Des environs de Paris, une 
brigade d'infanterie du Vr corps venait d'être envoyée par 
voie ferrée à Montargis et à Joigny. Soutenu par elle, Rantzau 
continua sa marche vers l'est; le 30 janvier il était à mi- 
chemin entre Saint-Fargeau et Auxerre. 

Le départ du IX® corps pour Orléans ne laissait à Frédéric- 
Charles que des forces restreintes (27,000 combattants d'in- 
fanterie, 9,000 chevaux et 186 pièces). Il avait déjà porté 
vers Angers une partie du UI® corps, afin d'y couper les 
voies ferrées qui unissaient encore le nord et le sud de la 



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COMBAT DE BRI ARE. 333 

France ; il dut arrêter ce mouvement et concentra autour du 
Mans la masse principale de ses forces ; le X"* corps cantonna 
aux abords de cette ville, couvert du côté de la Mayenne par 
le IIP corps et par les trois divisions de cavalerie de la 
IP armée. 

La 6* division occupait la gauche, à Pontvallain, la Flèche, 
le Bailleul, Malicorne, Noyen-sur-Sarthe (24 janvier). Au- 
tour de la Flèche, elle avait à livrer plusieurs escarmouches 
contre des fractions de la brigade Cléret, notamment les 24, 
26 et 27 janvier. 

Le 23, le IIP corps portait ses pointes d'avant-garde au 
delà de Sablé et de Sillé-le-Guillaume; à Sablé, sa gauche 
se reliait à la 6® division de cavalerie. En avant de lui, la 
2® division gardait le cours de TErve. Au cas d'une attaque, 
le général von Alvensleben aurait pris position à Test de la 
Vègre. Sur son front, les escarmouches étaient fréquentes, 
car notre cavalerie se montrait beaucoup plus entreprenante. 
Le 27, nos chasseurs d'Afrique se heurtaient à Vaiges contre 
des hussards prussiens ; le 28, un autre combat avait lieu au 
même endroit, entre un escadron d' éclaire urs algériens et les 
Allemands. Enfin, le 29, une colonne des trois armes allait 
déloger d'Evron un détachement de notre cavalerie qu'elle 
refoulait vers Montsurs, 

A droite, la 4® division avait évacué Alençon le 20, après 
le départ du grand-duc pour Rouen (19 janvier). Elle occu- 
pait Teille, Ballon, Beaumont et Fresnay. Dès le 23, des 
mobilisés de la Mayenne, qui s'étaient montrés à l'ouest d'A- 
lençon, se heurtèrent contre un détachement venu de Fres- 
nay. Il les repoussa d'abord, mais fut bientôt arrêté àGesvres, 
sur le chemin de Villaines. A la suite de cette aflfaire, nos 
mobilisés rentrèrent dans Alençon le 26, pour en être délo- 
gés le lendemain par une colonne venue de Beaumont. Fré- 
déric-Charles fit même définitivement réoccuper Alençon le 
29 janvier^. 



1 . Il avait appris la signature de Tarmistice le soir du 28 et voulait étendre 
sa zone d'occupation, par un procédé d'une correction discutable. 



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334 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Cependant, après avoir laissé la 22* division à Elbeuf, au 
sud de la Seine, et la 5* division de cavalerie entre Mont- 
fort-sur-Rille, Brionne et Bernay, le grand-duc était entré 
dans Rouen avec Tavant-garde de la 17* division (25 jan- 
vier). Sa mission consistait à défendre la rive gauche du 
fleuve, en soutenant au besoin le P' corps sur la rive droite. 

Dès le 23 janvier, Chanzy se rendait compte de l'objet 
de ce mouvement. Frédéric-Charles en était notablement 
aflfaibli, et cette circonstance parut à notre général en chef 
de nature à justifier la reprise des opérations actives. H pro- 
posa au Ministre (24 janvier) de donner au général de Co- 
lomb la mission de couvrir la Bretagne ; on lui laisserait deux 
des divisions du 17* corps, la troisième passant au 16*, alors 
très affaibli ; on grouperait sous ses ordres les mobilisés bre- 
tons répartis en trois ou quatre groupes de 10,000 à 
15,000 hommes chacun, ainsi que Gambetta l'avait décidé. 
Une fois cette nouvelle armée en position, Chanzy se repor- 
terait en avant avec les 16*, 19*, 21* corps ; il marcherait de 
Caen vers la Seine, et se tiendrait prêt à reprendre l'offen- 
sive sur Paris dès que Faidherbe serait en état de l'imiter. 
. Cette dernière éventualité était d'une réalisation tout à fait 
improbable depuis la défaîte de l'armée du Nord à Saint- 
Quentin. D'ailleurs, la présence seule de Frédéric-Charles 
au Mans aurait suffi à rendre singulièrement aventurée, pour 
ne pas dire plus, la marche de Chanzy. En outre, la Déléga- 
tion savait que la capitulation de Paris n'était qu'une ques- 
tion d'heures. Pourtant le Ministre parut adopter les projets 
de Chanzy; il donna même les ordres nécessaires pour la 
constitution de l'armée de Bretagne. 

Le 28 janvier, Chanzy déterminait de la façon suivante la 
nouvelle organisation de ses troupes. La 1'* division du 
17* corps (Roquebrune) passait au 16*; les 2* et 3** divisions 
restaient sous les ordres du général de Colomb et consti- 



1. Le général de Jouffroy élait relevé de ses fonctions et remplacé par Mo- 
randy, l'ancien chef de la 3« division du le® corps. Deplanque, appelé au 
commandement des lignes de Carenlan, laissait au général Gérés celui de la 
l'o division du 16® corps. 



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COMBAT DE BRI ARE. 

tuaient les bases de sa future armée. Elles allaient remp 
les !'• et 3* divisions du 16* corps dans leurs positions à 
de la Mayenne, De même, la cavalerie du 17* corps re 
rait celle du 16" sur les deux rives de cette rivière \ 

Ce double mouvement devait commencer le 29 pour s< 
miner le matin du 30 ; à mesure qu'elles seraient rele 
les troupes du 16" corps repasseraient la Mayenne et ii 
s'établir, la 1" division, de Saint- Germain -d'Auxi 
Âlexain, la 3*, de Saint-Germain-le-Fouilloux à Ando 

Quant aux divisions Barry et Roquebrune, elles gardei 
provisoirement leurs positions. 

Chanzy se proposait de couvrir Lisieux, alors menac 
le grand-duc; en même temps, il craignait que Fréc 
Charles ne jetât des troupes sur Prez-en-Pail, la Ferté- 
et Fiers, de façon à couper le 19" corps du reste de l'ai 
Le prince y aurait eu d'autant plus de facilités, que le 
de ses troupes était massé entre la Vègre et le Mans, t 
que les nôtres s'éparpillaient de Château-Gontier à Jort 
plus de cent quarante kilomètres. Cette répartition étai 
gulièrement imprudente, il faut le reconnaître. 

Pour atteindre le double but qu'il se proposait, Cl 
crut devoir accroître encore l'étendue de son front, ei 
tant Lipowski vers Lisieux et la division Saussier (19® c 
de Jort à Mézidon. Le général Dargent reçut l'ordre de 
appuyer sur Jort une partie des troupes d'Argentan, 
s'établir lui-même de Briouze vers Ecouché et Argenta 
maintenant de la cavalerie à Ranes pour se relie 
2V corps. 

A sa droite, les mobilisés de la Mayenne et de l'Orn» 
lonel Bournel), répartis de la Ferté-Macé à Prez-en- 
étaient rattachés à la division Gougeard*. 



1. Les éclaireurs algériens, l'escadron du capitaine Bernard, le le^ré 
de marche de chasseurs d'Afrique et le 8» hussards, quoique rattachf 
cavalerie du 16® corps, étaient établis srur la rive gauche. Les chasseu 
frique passèrent à la réserve de l'armée et le 8® hussards au 21« corps 
tructions du 25 janvier.) 

3. Au nord-est do Falaise. 

3. Celle-ci venait d'être affaiblie par le départ pour Rennes des 2 
pontificaux qui allaient constituer le noyau du corps de Gharelte. 



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336 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Quant à l'organisation de Tarmée de Bretagne, elle était 
commencée. Charette recevait à Rennes sept bataillons de 
mobilisés, et il ne demandait que huit jours pour les amener 
à Vitré et à Fougères, en arrière des positions qu'il occupe- 
rait au départ de Tarmée. A Château-Gontier, Cathelineau 
avait reçu six de ces bataillons. A Nantes, le général Béran- 
ger réunissait 18,000 mobilisés sous ses ordres; il avait pour 
instructions de se porter sur la Mayenne pour se relier à Ca- 
thelineau et concourir avec la brigade Cléret à la défense du 
VaP. 

Enfin quelques bataillons de mobilisés de la Mayenne, en- 
core à Ernée (colonel Ramatowski), étaient également mis à 
la disposition du général de Colomb. 

Malheureusement tout cet étalage de forces était beaucoup 
plus apparent que réel ; malgré la bonne volonté des mobili- 
sés bretons, ils restaient des non-valeurs, ou peu s'en faut. 
Dans une dépêche du 30 janvier au Ministre, le général de 
Colomb les signalait comme étant en sabots, mal armés, en- 
cadrés par des officiers sur lesquels il n'était pas permis de 
compter. Légions et brigades étaient encore dispersées. 

On réclamait avec insistance pour eux des souliers et des 
armes autres que des springfields. Quant à la 2* armée pro- 
prement dite, son état continuait à s'améliorer. Malgré la 
variole et la fièvre typhoïde, les malades étaient devenus 
moins nombreux. Régulièrement nourris, suffisamment vêtus, 
bien chaussés, à l'abri des intempéries, les soldats oubliaient 
leurs misères passées et reprenaient confiance. 

Un moment, une nouvelle calamité, le typhus des bêtes à 
cornes, menaça d'une entière destruction les troupeaux de 
l'armée. En une seule nuit, celui d'une division du 17* corps 
perdit ainsi 60 bœufs. Mais on parvint à enrayer les progrès 
de cette maladie, grâce à des mesures énergiques. 

De nouveau, nos eflfectifs s'étaient beaucoup accrus ; les 
quatre corps de la 2* armée comptaient près de 150,000 hom- 



1. En outre sept bataillons de mobilisés bretons avaient été dirigés sur Ca- 
rentan. 



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^z\.m^j.^^:^-i 



COMBAT DE BRIAl 

mes d'infanterie, plus de 6,000 cavi 
Avec les mobilisés bretons, le total de 
235,000 hommes \ Le 28 janvier, au 
l'organisation de ses troupes, Chanzy c 
de tenter de nouveau un mouvement '^ 
ments ne lui en laissèrent pas le tem 
moment où le général Loysel lui anno 
mouvement du grand-duc semblait I 
communication d'un télégramme da 
28 janvier, à 11 heures 15 du soir. M 
çait à la Délégation la conclusion d'un 
d'une Assemblée nationale pour le 11 
de la guerre ou de la paix était définit 
le pays. 



1. Chanzy, ouvrage cité, p. 895. 



CA.MPA.aNE DE LA LOIBB. — II. 



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CHAPITBE XXXIII 

COMBAT DE VIENNE 
(28 janvier). 

ets concsmant le 25* corps. — Ordres et contre-ordres. — La division Broat. 
Diversion sur Blois et Tours. — Combat de Vienne. 

pendant le mouvement de Bourbaki vers Test donnait 
ésultats tout autres que ceux attendus. Des lenteurs 
eution, des fautes graves pennettaient au général von 
er de ralentir la marche de la 1'® armée et bientôt même 
Krêter, tandis que des troupes parties des environs de 
marchaient rapidement vers le sud-est et venaient me- 
notre retraite, 

dernier mouvement n'était pas resté inaperçu de la 
:ation. A la suite du combat de Brîare et de la réoccu- 
L de Gien, elle voulut entreprendre dans la direction 
:erre et de Joigny une démonstration plus accentuée, 
on à ralentir, sinon arrêter complètement, la marche 
mteuflfel vers la Saône ^ On résolut d'y consacrer le 
rps, qui était alors en formation à Vîerzon, à Bourges 
isoudun, sous le commandement du général Pourcet. 
14, le Ministre invitait ce dernier à se mettre en mou- 
lt sur Sancergues le 17 janvier, avec tout son corps 
§e, sauf à laisser un rideau devant Tennemi; 8,000 
es envoyés de Bourges viendraient le remplacer à 
)n. Sa mission consisterait à se porter vers Troyes et 
ttont par la Charité et Clamecy, de manière à troubler 
che des colonnes allemandes qui descendaient vers le 
t, et même à les couper de leur base. S'il était trop 
é dans la direction de Paris, il se rabattrait sur sa 



Freycinet, la Guerre en province, p. 293. 



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COMBAT DE VIENNE. 

droite. Chemin faisant, il détruirait les moyens 
nication de l'ennemi et notamment la voie de 
à Châtillon-sur-Seine ^ 

Même s'il avait pu être exécuté, ce mouvem 
tardif, car l'armée allemande du Sud allait être 1< 
entre Dijon et Langres. D'ailleurs le 25* corps i 
en état d'entrer en campagne; la moitié de soi 
n'avait pas encore rejoint; cavalerie, services adi 
ambulances, convois, tout cela lui manquait. Un' 
paas encore d'états-majors régulièrement consti 
cavalerie, ni les 2^ et 3* division ne comptais 
officier général désigné. 

Le général Pourcet fit connaître cet état ai 
Ministre, qui consentit, non sans difficulté, à 
mouvement du corps d'armée*. A ce moment, lei 
nouvelles se succédaient ; Chanzy était battu au ^ 
peine à arrêter sa retraite sur la Mayenne ; Bourbe 
devant les lignes de la Lisaine et se retirait sui 
après une campagne longtemps restée indécise, 
était entièrement défait à Saint-Quentin ; enfin L 
plus inquiétants arrivaient de Paris. De là, sai 
situation d'esprit révélée par les ordres et les C( 
qui se succédèrent presque journellement pour 
dans la seconde moitié de janvier '. Le Ministre 
bord sur Blois un détachement du 25® corps, da 



1. Voir le texte de ce télégramme dans Touvrage de Pourcel 

2. Le 14 janvier, il télégraphiait à Pourcet : « Prêts ou pas 
faudra partir le 17 courant, au matin. Les Prussiens n'attenc 
terminait en Tinvitant à Taviser, s'il ne pouvait partir à tem 
lui-môme. 

S. Pourcet, ouvrage cité, pages 93 et suivantes : 

iô janvier, ordre de diriger la meilleure des brigades di 
Blois. 

i7 janvier. La i'® brigade de la i'« division part de Vier: 
ranlin, avec i batterie et 2 escadrons pour déboucher le 19 d 

i8 janvier. Ordre d'arrêter ce mouvement et de se tenir pn 
tout le corps d*armée, le 20 janvier, pour une destination incc 

i9 janvier. La mise en marche du 25« corps n*aura pas lie 
se tenir prêt à partir d*un moment à Tautre. 

W janvier. Tout le 2ô« corps se mettra en mouvement le 2: 

Si janvier. La division Bruat, seule, marchera sur Clamecy, 



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340 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

détruîre le pont de la Loire ou d'obliger Tennemi à le dé- 
truire lui-même. Puis ce projet fut abandonné, et on ne 
parut plus songer qu'à porter rapidement tout le 25* corps 
sur Clamecy, par la Charité. Les généraux Mazure (qui 
commandait la division militaire à Bourges) et de Pointe de 
Gévigny garderaient les derrières et le flanc droit de 
Pourcet, qui serait rallié à la Charité par les troupes du 
25* corps encore avec le général de Pointe. De même, un 
régiment de garde mobile à cheval, en formation sous les 
ordres de M, de Bourgoing, rejoindrait son corps d'armée à 
la Charité ou à Clamecy. 

Mais le Ministre se rendit compte que la retraite de 
Chanzy sur la Mayenne laissait aux Allemands toute liberté 
de se renforcer à Blois ou à Orléans. Il décida, par suite, 
qu'une seule division du 25* corps, celle du général Bruat, 
se porterait sur Clamecy avec son artillerie et le régiment 
de garde mobile à cheval. Elle serait placée sous le comman- 
dement supérieur du général de Pointe de Gévigny. Pourcet 
demeurerait en position sur l'Yèvre avec ses deux autres di- 
visions, soutenues par les mobilisés du général Mazure. 

En effet, la division Bruat quitta Vierzon le 23 et se ren- 
dit à Nevers par Bourges. Le 27, elle était à la Charité et 
commençait ses opérations le 28, sous les ordres du général 
de Pointe. Elle marchait sur Clamecy et sa cavalerie était 
déjà à Avallon quand survint la nouvelle de l'armistice ^ 

Au moment où elle quittait Vierzon, le Ministre prescrivait 
de nouveau une démonstration, non plus sur Blois, mais vers 
Tours (22 janvier). Cette fois, le général Pourcet se porterait 
lui-même dans cette direction avec une division d'infanterie 
et une brigade de cavalerie. Il aurait à nettoyer de partis 
ennemis la région comprise entre Amboise, Blois et Romo- 
rantin ; il ne s'arrêterait que devant des forces supérieures 
ou s'il était menacé sur sa droite. 

La dernière de ses divisions et les troupes du général Ma- 



1. Le 10« régiment de cavalerie légère mixte remplaçait à la division Bruat 
le régiment de garde mobile à cheval qui rejoignit à la fin de janvier seule- 
ment. 



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COMBAT DE VIENNE. 

zure garderaient Vîerzon, soutenues au besoin par un 
gade, bientôt une division en formation à Poitiers. 

L'organisation des 2* et 3* divisions du 25* corps 
encore si incomplète, que Pourcet fut réduit à constitu< 
division mixte à leurs dépens \ Son mouvement comi 
le 23 janvier. Tandis qu'il s'exécutait, le général '. 
Pisani restait à Vierzon avec deux régiments de marc! 
78" et 79% qui furent bientôt notablement renforcé 
demi-escadron du 9® dragons de marche, trois légions d 
bilisés (Dordogne, !'• et 3* des Landes), un bataill 
mobilisés de la Côte-d'Or et sept batteries arrivèrent er 
ques jours. 

A la suite d'escarmouches entre sa cavalerie et des f 
tireurs, Tennemi dirigea une reconnaissance d'Orléai 
Salbris (24 janvier)*. Après un petit engagement elle d( 
de la Motte-Beuvron Tun de nos détachements, qu'elle 
suivit jusqu'à Nouan. Le général Ferri-Pisani se crut 
tement menacé \ il rassembla sa division le 26 et s'étal 
avant de la forêt de Vierzon, derrière le ruisseau delà 
Mais déjà la reconnaissance hessoise s'était retirée ^ 
nord. Il regagna donc ses cantonnements sur l'Yèvr 
resta sans autre incident jusqu'à la fin des hostilités. 

Cependant les troupes placées sous les ordres dire 
Pourcet s'étaient portées le 23 entre Villefranche et \ 
sur-Cher, en se couvrant du 9® mixte et de l'escadre 



1 . Pourcet écrivait le 20 au Ministre qu*il n'avait pas un mulet d'am 
et pas de chevaux de trait pour les voitures régimentaires ; bon non 
généraux ou de chefs de corps, presque tous les officiers d'ordonnance 
à pied. Les cavaliers du 9« de cavalerie légère mixte et de Tescac 
Deux-Sèvres ne tenaient pas à cheval, ignoraient tout maniement d'à 
n'avalent jamais tiré. 

La division qui prit part au mouvement sur Blois était ainsi constiti 

1'^ brigade : 77« de marche et mobilisés du Cher. 

2» brigade : 7« chasseurs de marche hist 6« bataillon des mobiles du 
Dôme, mobilisés de Tlndre. 

8 batteries de la 2® division [25« du 15« (4), 26® du 12e (4), 2e« du 
et 1/2 section du génie. 

9« de cavalerie légère mixte, éclaireurs des Deux-Sèvres (l escadroi 

1 batterie de 4 à cheval (20® du 18®) et l batterie de 12 (26e da 14 
gnirent ensuite la division. 

2. 1 compagnie, 2 escadrons, 2 pièces (État-major prussien). Pou 
1,800 hommes. 



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342 JOSNBS, VENDOME, LE MANS. 

Deux-Sèvres, jetés à Romorantin et dans la direction de 
Tours. Le 24, nos deux brigades d'infanterie se concen- 
traient, la 1" à Villefranche et la 2* à Romorantin. L'ar- 
tillerie était réunie à Langon ; la cavalerie occupait Miir, 
Rougeon, Qty, Selles-sur-Cher. Le 25, cette dernière res- 
tait en position et les deux brigades d'infanterie s'établis- 
saient avec trois batteries sur la ligne Pruniers-Gièvres. Deux 
batteries restaient à Romorantin. 

Jusqu'alors, on avait à peine parcouru quelques kilomètres 
par jour; il fallait terminer en marchant l'organisation et 
l'instruction des troupes. Les corps de mobilisés surtout, 
dont les officiers provenaient de l'élection, laissaient grande- 
ment à désirer sous ce dernier rapport. II arrivait fréquem- 
ment que leurs sentinelles fissent face à l'intérieur des lignes 
ou aux corps voisins. 

Le 26 janvier, la !'• brigade se portait de Gîèvres à Noyers 
et Saint- Aignan par la route de Tours ^ la 2', de Pruniers, 
Lassay et Lanthenay sur Chémery et Mebers. La cavalerie 
cantonnait de la Trouannes à Saint-Aignan, face à Blois. 
Elle se gardait si mal qu'un peloton ennemi pénétra jusque 
sur la place de Contres, devant la maison habitée par le géné- 
ral Delhorme. Ce coup d'audace n'eut pas d'autre suite, mais 
les cavaliers allemands purent se retirer sang trop de peine. 

Sur les entrefaites, M. de Freyoinet prescrivait au général 
Pourcet de continuer son mouvement sur Tours, en opérant 
une diversion vers Blois et surtout en y faisant sauter le 
pont de la Loire (25 janvier). La confiance du commandant 
du 25* corps en «es troupes était si restreinte, qu'il préféra les 
porter toutes vers Blois, quitte à marcher ensuite sur Tours. 
Le Ministre y consentit, et il fut de nouveau convenu qu'une 
brigade venant de Poitiers appuierait ce dernier mouvement. 

Le 27 , la division mixte opéra un changement de direction 
à droite, pour s'établir de Cour-Chévemy à Contres*. Déjà 



1. 2« brigade, i batterie de 4 et i de 12, de Coar-Cbéverny àCormeray; 
9« mixte à Tour-eD-Soiogne, Gelletles, Seur ; 

1^ brigade à Contres avec S batteries ; l«' escadron du 9® dragons de marche 
▼ers Tours. 



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COMBAT DE VIENNE. 

les patrouilles de la cavalerie allemande avaient signalé 
mouvement. En se retirant de Cormeray, un escadron 
uhlans attira trois escadrons du 9" mixte dans une embusc 
tendue à Collettes par une centaine de fantassins. Malgré 
vive fusillade, le lieutenant-colonel Masson ne voulut 
tout d'abord faire demi-tour de peur d'amener une panic 
Il déploya son escadron en tirailleurs et tenta de péné 
dans le village. Après avoir franchi une première barric 
ébauchée par l'ennemi, il se heurta à une seconde, éle 
au delà du Beuvron et ne put la dépasser. Il dut alor 
replier sur Cormeray, sans trop de pertes*; de son côté, 1 
nemi se retira sur Vienne. 

Suivant les ordres de Pourcet, nous devions opérer le 28 
quatre colonnes ; le général Delhorme partirait de Contr 
6 heures et demie du matin avec le 77® de marche, Tescac 
du 9* dragons de marche, deux escadrons du 9* mixte, d 
batteries. Il se dirigerait sur les Montels, Chailles, ] 
remonterait la Loire vers le faubourg de Vienne. 

A sa droite, le général Pourcet quitterait Cormeray 
10 heures et demie, avec les trois bataillons de l'Indre, d 
batteries, l'une de 4 et l'autre de mitrailleuses. Il se po 
rait par Collettes sur la Patte d'oie de l'Aubépin. 

Le général de Chabron, parti de Cour-Chévemy à 10 hei 
et demie, marcherait sur le même point avec le 7* chasse 
his, deux bataillons du Cher, le 6* bataillon de mobiles 
Puy-de-Dôme et deux batteries, l'une de 4 et l'autre de 

Enfin un escadron du 9* mixte et les éclaireurs des De 
Sèvres s'engageraient dans les forêts de Boulogne et de Bu 
pour mieux nous couvrir vers l'est. 

Au sortir de la forêt de Bussy, les deux colonnes du cec 
se déploieraient et attaqueraient de front le faubourg < 
celles des ailes menaceraient de flanc ^ 



1. 1 officier blessé mortellement, 8 cavaliers blessés et 18 cbevaux tués 
blessés ; nous fîmes trois prisonniers. 

Vienne était alors occupé par i bataillon d'infanterie ; il y avait à l 
1 bataillon et demi, et s escadrons. 

s. 1 bataillon du Cber, resté à Contres, gardait le parc et le convoi ; i 
taillon du 78» de marche avait été détaché de Vierzon à Selles-sur-Gher. 



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344 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Ces mouvements, fort compliqués pour des troupes novices, 
ne furent pas exactement exécutés. Un retard de près de 
trois heures, qui se produisît à la !'• brigade, obligea de dif- 
férer Tattaque d'autant. De plus les deux escadrons de droite 
s'égarèrent et ne parurent même pas aux abords de Vienne. 
Il en résulta que Tennemî ne fut pas surpris et coupé de 
Blois, comme il l'aurait dû être. 

La colonne du général Pourcet atteignit la Patte d'oie 
sans résistance et déboucha vers 4 heures seulement devant 
Vienne. Son avant-garde (une compagnie du 7® chasseurs bis, 
une section de 4, un détachement du génie), vigoureusement 
enlevée par le colonel Fourchault, chef d'état-major du corps 
d'armée, traversa le pont du Cosson et arriva à deux cents 
mètres du faubourg ; son entrée était défendue par une forte 
barricade, à hauteur d'une digue qui l'entoure. On chercha 
vainement à mettre nos deux pièces en batterie et le feu de 
l'ennemi les mit un instant en danger. Plusieurs chevaux 
furent tués ou blessés, d'autres s'abattirent sur la chaussée 
couverte de verglas. Les chasseurs durent faire un eflfbrt 
pour dégager cette section *. La colonne se déploya ensuite 
derrière le Cosson, où elle ne tarda pas à être renforcée par 
celle du général de Chabron. Deux autres sections de 4 pri- 
rent position sur une hauteur à gauche de la route, et la bat- 
terie de mitrailleuses en avant et à droite. On battit ainsi 
l'issue du faubourg. 

La colonne Delhorme, qui était partie à 10 heures seule- 
ment, avait 28 kilomètres à faire sur le verglas. Elle n'attei- 
gnit les abords de Vienne qu'à la nuit, et déploya aussitôt un 
bataillon le long du Cosson et un autre le long de la Loire. 
Le dernier restait en réserve, tandis que la 20* batterie du 
18* régiment (4 à cheval) s'établissait sur la route et canon- 
nait le pont de Blois *. Malgré cette intervention, l'attaque 
des deux autres colonnes progressait très lentement. La 



1. Elle appartenait à la i!6« batterie du 13« régiment et perdit 8 hommes, 
4 chevaux tués ou blessés. 

2. Détruit une première fois par nous au moment de la retraite de Vendôme, 
et rétabli provisoirement par l'ennemi. 



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Goqgl^ 



COMBAT DE VIENl 

légion de l'Indre, officiers compris, m 
mollesse ; il fallait en finir. Les généi 
bron réunirent quelques mobilisés d 
compagnie de chasseurs du lieutenan 
reuil et se jetèrent sur la barricade, 
instant et ses défenseurs s'enfuirent 
reins, vers un retranchement en pa 
Taccès du pont de la Loire. Au mo 
arrivaient, une explosion retentit : le 

Le combat était terminé ; il nous ; 
82 blessés, dont 5 officiers. Les p 
ennemi étaient à peu près égales*, 
beaucoup inférieur. Si nos troupes, 
avaient montré un peu plus d'entrair 
ment détruit. 

Malgré ce succès, Pourcet crut 
Ministre (29 janvier) Tajoumement d( 
tant il redoutait un échec qui aurait c< 
future de son corps d'armée. D'aill 
jour la signature de l'armistice. 

Quant à Frédéric-Charles, à la m 
faubourg de Vienne, il plaça les tro 
ordres du général von Manstein, ( 
Orléans avec le IX' corps (28 janvier 
bataillon battu à Vienne fut envoyé à 
un nouveau détachement. C'est à ce 
cessation des hostilités. 



1. Pourcet dit 96 hommes, dont 64 prisonni 
lui-môme, et 150 fusils. Il ajoute qu'un grand i 
de la nuit pour s'échapper, sans que la populal 
pêcher. 

VÉlat-major prussien donne comme chiffres ( 
cier et 63 hommes, dont 47 disparus. 11 y a liei 
ont été réduits avec intention. 

Du 4 au SI janvier la II« armée aurait perdu 
seulement, dont 121 officiers et i,698 hommes i 



\ 



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CHAPITRE XXXIV 



l'armistice 



Avant^coarears de 1« capitulation de Paris. — L'armistice. — Limltef de notre zone 
d'ooeapation. — La guerre i outranoe. — Nos ressources. — Projets de Ohanzy. — La 
S« armée au «ud de la Loire. — Le 25« corps. -<- Situation i la fin de Parmistiee. — 
Moral des troupes» — Les Allemands. — Les préliminaireB de paix. — Réflexions 
finales. 

La signature de l'armistice et la capitulation de Paris n'a- 
vaient point surpris la Délégation ; depuis plusieurs semaines, 
les dépêches qu'elle recevait de Jules Favre ou du général 
Trochu lui laissaient pressentir cette fatale nouvelle. Toute- 
fois, Gambetta ne permettait pas que le dernier acte du 
drame se terminât ainsi sans une protestation suprême : 

« Vous voyez s'approcher tous les jours de vous, de la 
France, de la République, l'horrible catastrophe, écrivait-il 
le 16 janvier à Jules Favre, et vous vous résignez en gémis- 
sant... plutôt que de vous défaire résolument du seul homme 
qui, quelle que soit d'ailleurs sa vertu, est inférieur à sa si- 
tuation, à son rôle, aussi bien qu'à son mandat. 

« De mesquines considérations de personnalités vous en- 
traînent à ce point de rendre stériles les efforts gigantesques 
de Paris et de la France. Depuis quatre mois, vous vous 
laissez acculer à la faim et à la capitulation par votre inac- 
tion. Vous avez ainsi laissé passer l'heure et l'occasion favo- 
rables pour une victorieuse trouée et, avec des intentions plus 
pures, vous tomberez comme ceux qui sont tombés à Metz et 
à Sedan. » 

Un peu plus tard (27 janvier), en écrivant à Jules Favre, 
Gambetta dépeignait le général Trochu comme « n'étant 
qu'un discoureur infatigable et un militaire in'ésolu ». Il 
protestait énergiquement contre la pensée que la capitula- 
tion de Paris pourrait entraîner celle de la France. 



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L ARMISTICE. 

« Qu'allez-vous faire à Versailles? Capituler comm 
vernement? Vous ne le pouvez ni en fait, ni en drc 
fait, bloqués dans Paris depuis quatre mois, réduits 
disette à ouvrir les portes à l'ennemi, vous ne pouvez 
1er que pour la ville et exclusivement comme représe 
de la ville. C'est Paris qui est réduit en effet, ce n'< 
la France, et toute immixtion sur un autre terrain 
amènerait à consentir à l'ennemi des avantages qu 
loin d'avoir conquis. En droit, vous ne pouvez dispo 
titre de gouvernement sans le supprimer, comme il ( 
rivé après la capitulation de l'homme de Sedan. La c( 
vite même, la pluralité de notre gouvernement impli 
dévolution de tout le pouvoir aux survivants d'entre 
que leurs collègues aient été frappés de mort naturelle 
mort politique. 

« Ces principes posés, tout ce que vous accomplir 
dehors des intérêts propres de Paris, sans notre cor 
ment ou notre ratification, serait nul et de nul effet... 

« Au moment de finir, nous recevons à l'instant u; 
pêche de Londres qui annonce votre retour de Versa 
Paris, avec les conditions de la capitulation. 

« La précision de la dépêche ne laisse plus guère de 
pour mon esprit, et je reste muet devant une telle 
trophe,..^ » 

Ainsi, aux yeux de Gambetta, une fois la résistance 
grande ville terminée , le Gouvernement devrait 
d'exister. Il ne pourrait, en aucun cas, s'engager p 
pays tout entier. Dans leurs dépêches des 9, 10, 14 ja 
Jules Favre et le général Trochu avaient déjà dévelof 
mêmes idées ^ 

On sait trop qu'il n'en fut rien et que la convention 
Bée par M. de Bismarck à la faiblesse de Jules Favre s 
quait à la France beaucoup plus qu'à Paris. Non seul 
elle laissait l'armée de l'Est en dehors de l'armistice 



1. Enquête, tome IV, p. 127 et suivantes. 

2. De Freycinet, ouvrage cité, p. 326. 



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' *^'-'*>l^J?^3?»!5i||Bip? 



348 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

elle nous obligeait à céder, sur un grand nombre de points, 
le terrain qu'occupaient encore nos armées de province. 
Chose inouïe, elle nous dépouillait d*une partie de nos forces, 
en nous obligeant au licenciement immédiat de tous les corps 
de francs-tireurs \ Jamais un Français n'aurait dû donner 
son consentement à une pareille condition, contraire à l'idée 
même d'un armistice, 

L'Histoire impartiale sera sévère pour le gouvernement 
de Paris et surtout pour son chef : elle dira qu'ils ne surent 
pas mettre en œuvre les énormes ressources militaires dont 
ils disposaient; elle dira qu'ils ne tirèrent aucun parti du 
patriotisme parfois égaré, mais toujours sincère, d'une popu- 
lation de deux millions d'hommes; elle dira enfin qu'après 
avoir conduit Paris jusqu'à la catastrophe finale, ils ne surent 
rien faire pour en préserver le reste du pays et pour le lais- 
ser en état de continuer la lutte, si elle était jugée indispen- 
sable. C'est grâce à leur défaut constant d'énergie, à leur 
inaction persistante, à leurs continuelles capitulations de cons- 
cience, que les armées de province jouèrent, de beaucoup, 
le plus beau rôle dans ce grand drame. 

Chanzy reçut le 30 janvier seulement le texte de la con- 
vention du 27. En même temps, Frédéric-Charles se décla- 
rait prêt à se retirer le 31, à midi, en deçà de la ligne de 
démarcation, si Chanzy prenait par écrit le même engage- 
ment. D'après l'article 1*', les zones occupées par les deux 
armées devaient être limitées par une ligne partant de Pont- 
rÉvêque, pour se diriger sur Lîgnières*, en passant entre 
Briouze et Fromentel. Elle suivait ensuite jusqu'au nord de 
Morannes la limite des départements de l'Orne et de la 
Sarthe, puis laissait ce dernier à l'occupation allemande, 
ainsi que l'Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, le Loiret, l'Yonne, 

Il est à peine besoin de faire ressortir combien cette déli- 



1. Art. 7. On tourna cet article en faveur de certains corps francs, les 
zouaves pontificaux et le corps Cathelineau par exemple, en les faisant rentrer 
pour la forme dans les troupes régulières. Mais le bataillon de francs-tireurs 
de la Sarthe, qui avait rendu de bons services, fut désarmé (Cathelineau, ou- 
vrage cité). 

2. Ligniôres est un peu au nord de Prez-en-Pail. 



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L ARMISTICE. 

mitation nous était défavorable. Les Allemands acqi 
le droit d'occuper complètement l'Indre-et-Loire, le 
Cher, le Loiret et l'Yonne, qui étaient encore, en 
partie, entre nos mains. L'importante ville de Vierz 
nous occupions, allait être évacuée comme étant c 
dans la ^one neutre destinée à séparer les deux armi 
lignes du Cher, de l'Indre, de la Creuse ne pouvaii 
être défendues par nous, l'ennemi tenant leur pari 
rieure. Les négociateurs de la convention n'auraient 
davantage, s'ils avaient voulu rendre impossible la p] 
tion de la guerre. 

D'ailleurs les Allemands prétendirent encore, sur p 
points, altérer à leur profit le texte d'une conven 
leur était déjà si avantageuse. Le grand-duc, surtout 
la plus grande raideur et menaça de reprendre les li< 
si on n'acceptait pas ses conditions. Mais Chanzy lu 
une fin de non-recevoir tout aussi absolue. Pourtai 
une conférence du 2 février, les deux partis finiren 
mettre d'accord. On nous concéda l'occupation de TA 
les patrouilles allemandes ne durent même pas vig 
gentan et Lisieux. 

Quant à Frédéric-Charles, il installa, du 31 jai 
3 février, ses troupes en deçà de la zone neutre. La 
sion de cavalerie s'établit entre Sées et Alençon, le I] 
et la 2* division d'Alençon au Mans, le X® corps, les 
divisions du Mans à Montrichard ; le IX* corps rests 
d'Orléans et le détachement Rantzau à Auxerre *. 

Les élections allaient avoir lieu; l'Assemblée n 
aurait bientôt à trancher la redoutable question de la 
gation de la guerre. Après tant de désastres, de s 
inutiles, il était permis de se demander si la lutte ( 
core possible. Sans doute un peuple qui ne veut pai 
trouve dans son désespoir des forces inépuisables. L< 
gnols l'ont amplement prouvé, en résistant, de 1808 



1. État-major prussien. Le détachement Rantzau fut réparti le 
entre Bléneau, Gien et Ch&lilIon-sur-Loing, tandis qu'une brigade 
VI® corps occupait seule Auxerre. 



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350 JOSNES, 

à plusieurs de nos armées et au plu» grand capitaine des 
temps modernes. Mais, pour une pareille résistance, il faut 
la presque unanimité de tout un peuple ; il faut du moins que 
la majorité des citoyens soit disposée à tous les sacrifices 
pour chasser l'ennemi du sol national. D'ailleurs l'intérêt 
bien entendu du pays est le plus souvent d'accord'avec les 
impulsions de la fierté nationale. On peut même dire, avec 
quelque raison, que le parti de la guerre à outrance aurait 
été le plus sage en 1871. Quand on tient compte des dé- 
sastres de la Commune, du paiement de l'indemnité de 
guerre, des sacrifices de tout genre entraînés par l'état de 
paix armée où nous vivons depuis vingt-trois ans, on est en- 
traîné à croire que le « fou furieux » avait raison et que 
mieux aurait valu combattre jusqu'à notre dernière cartouche 
que de signer la paix dans les conditions imposées par l'en- 
nemi. 

Mais la grande majorité de la nation ne voulait pas la con- 
tinuation de la guerre, et ce fait seul rendait la paix indis- 
pensable. Malgré la trêve consentie par tous les partis devant 
l'ennemi, les groupes révolutionnaires exceptés, les Fran- 
çais de 1870 n'étaient pas disposés à tout sacrifier à la grande 
cause de la Patrie. Le goût du bien-être, la soif des jouis- 
sances matérielles, l'absence de tout idéal, de toute croyance 
fermement assise, le dégoût des occupations viriles avaient, 
depuis des années, exercé leur influence dissolvante sur la 
nation. L'enthousiasme de Gambettaet de ses collaborateurs, 
leurs prodiges d'activité ne parvenaient plus à réagir sur la 
lassitude générale, c Mon opinion personnelle a toujours été, 
a dit M. de Freycinet, qu'après la chute de Paris la guerre 
serait fort difficile à soutenir, moins à cause de l'insuffisance 
des ressources du pays que des dispositions morales de la 
population ^ » Chanzy disait de son côté : « Il faut bien le 
dire, s'il y avait des gens qui ne voulaient point se battre, 
c'est que la nation ne les y poussait plus. L'armée est le 
reflet du pays. Si le patriotisme s'amoindrit dans la nation, 



1. De Freycinet, ouvrage cité, p. 826. 



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>tlî^''!?T7^ 



l'armistice. 

il est difficile qu'il s'exalte dans l'armée. La pi 
dans ce qui se passait autour de nous. Lorsqu 
fuyaient le champ de bataille, au lieu de les 1 
nous les ramener, on les cachait. Lorsqu'il s'agis 
de nouvelles levées, au lieu d'encourager ceux qi 
on les plaignait et on leur répétait : « On vou 
« boucherie. » Enfin les autorités elles-mêmes di 
les fuyards qui retournaient dans leurs commune 

c Mais si la guerre ne devait pas être poursui 
du moins très important qu'elle parût susceptil 
afin de contenir les exigences du vainqueur *. » I 
préparer en vue de la reprise des hostilités, que 
bable qu'elle fût. 

La 2* armée de la Loire était la seule en état d 
immédiatement la campagne. Mais on ne pouvaii 
à la porter sur Paris, comme Chanzy l'avait p 
projeté. Maintenant la question capitale était è 
sud de la Loire, de ralentir le plus possible le 
l'ennemi, de façon à permettre l'organisation c 
armées. Nous possédions encore des ressources coi 
222,000 hommes d'infanterie, 20,000 cavaliers, 
tilleurs, 1,232 bouches à feu avec 242 coups 
4,000 voitures. A ces forces organisées s'ajoutai 
hommes répartis en Algérie ou dans les dépôts, 
crues de la classe 1871 encore dans leurs foyers, 
disposait de 12,000 chevaux; 443 canons, avec 
jectiles, et 1,200 voitures attendaient des at 
départements allaient mettre à la disposition de 
si ce n'était déjà fait, 98 batteries de divers calil 
et munies de leur personnel. Nos fabriques d'ari 
25,000 chassepots par mois et nos cartoucheries d 
de cartouches par jour '. D'énormes quantités d' 
munitions ne cessaient d'affluer de l'étranger, 
surtout. Enfin la partie de la France que n'avai 



1. Dépotition devant la commission d'enquête, tome IV, p. i 

2. De Freycinet. 

3. Chanzy, ouvrage cité, p. 416. 



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352 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

foulée Pennemi comptait 25 millions d'habitants; nos res- 
sources étaient donc loin d'être épuisées. 

Chanzy proposa au Ministre (3 février) de les utiliser comme 
il suit. L'armée de Bretagne était encore fort mal organisée 
et les cinq groupes dont le général de Colomb avait proposé 
la formation (30 janvier) se reliaient à peine entre eux. Le 
commandant en chef avait leur « direction stratégique » , 
mais, chose qu'il est difficile d'admettre, son autorité sur le 
territoire était nulle. Chacun des généraux sous ses ordres 
conservait une initiative et une indépendance relatives. En- 
fin, jusqu'à nouvel ordre, de Colomb restait sous l'autorité 
suprême de Chanzy*. Des influences politiques rendaient 
son autorité encore plus précaire. Ainsi, sur la demande d'un 
préfet, M. Engelhard, et contre la volonté de Chanzy et de 
Colomb, Cathelîneau, alors dans le Maine-et-Loire, était en- 
voyé dans la Mayenne (2 février). 

11 fallait donc créer de toutes pièces cette armée, lui 
donner l'armement, l'équipement, l'habillement, le personnel 
administratif qui lui manquaient. 

Les lignes de Carentan, qui auraient dû couvrir Cherbourg 
et une partie de la Normandie, n'étaient point en état de dé- 
fense ; travaux et armement devaient être complétés. Aux 
yeux de Chanzy, cette situation présentait des dangers évi- 
dents : il était possible que Frédéric-Charles cherchât à cou- 
per la 2* armée de la Loire et à la refouler en Bretagne, où 
elle serait isolée du reste du territoire, tandis que le grand- 
duc pourrait occuper entièrement la Normandie. 

D'ailleurs nos troupes n'avaient ni la solidité, ni la cohé- 
sion, ni l'organisation nécessaires pour qu'on pût leur imposer 
des mouvements de large envergure. Il fallait éviter tout 
engagement décisif. On devait se proposer simplement d'affir- 
mer l'idée de la résistance, sur tous les points où ce serait 
possible. On obligerait ainsi l'ennemi à se disperser, à main- 
tenir en France des forces considérables, à accroître la somme 
des sacrifices de tout genre qu'il s'était déjà imposés. On at- 



1. Télégrammes du Ministre au général de Colomb (31 janvier et 1®' février). 



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L ARMISTICE. 

tendrait ainsi le moment de reprendre roflfensîve : « < 
les Allemands redoutent le plus, ajoutait Chanzy d 
rapport du 2 février au Ministre, c'est la guerre de 
la défense du sol pied à pied, la résistance derrière 1 
obstacles. » Il voulait l'obtem'r du patriotisme quelq 
assoupi des populations. A ses yeux, les armées, les ^ 
constitués devaient servir uniquement à appuyer L 
tance locale, à profiter des fautes de l'ennemi. Sans 
nous le répétons, ce programme eût présenté de grand 
tages. Mais il exigeait, comme condition première, 1( 
fice de tous les intérêts privés ou, du moins, la bonne 
du plus grand nombre, et aucune de ces conditions ne 
être réalisée en ce moment. 

Quoi qu'il en soit, Chanzy voulait quitter ses positi 
tuelles, laisser sur la Mayenne le strict nécessaire pour 
une base solide aux troupes de Bretagne et porter le i 
sud de la Loire. 

À cet eflfet il renforcerait les deux divisions du 17 
dont disposait déjà le général de Colomb, des divisioi 
sier et Gougeard, composées surtout de mobilisés ori| 
de la région. Jointes aux corps de Lipowski, de Cath 
et de Bérenger, elles prendraient les emplacements 8 
à Test de la Bretagne. 

Le général Saussier s'établirait derrière TOme, 
treham à Harcourt, pour couvrir Caen. Avec ses corp 
et 15,000 mobilisés bretons, Lipowski défendrait le t< 
droite jusqu'à Argentan ; puis viendrait la division Go 
d'Argentan à Domfront, et celle de Charette, de D 
à Mayenne ; à Laval, les deux divisions du 17* corp 
8,000 mobilisés de la Mayenne ; à Château-Gontier e 
cours inférieur de cette rivière, le corps Cathelineau 
par les mobilisés de la Loire-Inférieure (général Béi 
Quant à Cléret, qui avait alors 14,000 hommes, il j 
sur la rive gauche de la Loire. 

De son côté, le reste de la 2® armée (deux divis 
19* corps, 21* et 16* corps) se mettrait en marche de 
être établi, avant le 18 février, date convenue tout 

CAMPAONB DE LA LOIRK. II. 



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354 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

pour rexpiration de l'armistice, sur une ligne allant de Vi- 
hiers à Issoudun, par Thouars, Poitiers, Montmorillon. Sa 
droite se relierait au 25* corps, qui occuperait Tintervalle de 
Bourges à Nevers ; enfin le général de Pointe, renforcé des 
troupes encore disponibles dans le Midi, tiendrait le pays de 
Nevers à Chagny. 

Ainsi, suivant les projets de Chanzy, nos troupes devaient 
dessiner un vaste demi-cercle entre l'embouchure de l'Orne 
et Cbagny. Cette disposition en cordon, qui rappelle celle 
de l'armée du Rhin au début de la guerre, présentait des 
dangers multiples. L'ennemi pourrait aisément enfoncer une 
ligne uniformément faible sur tous ses points. Après avoir 
écrasé l'un de ses éléments, il n'aurait aucune peine à en finir 
avec les autres. Tout au plus cette répartition aurait-elle pu 
être admise pour l'armée de Bretagne, dont les divers groupes, 
à peu près indépendants, avaient à organiser la défense locale, 
tout en cédant le terrain dès qu'ils courraient chance d'être 
compromis. Mais ce système de guerre, qui convient à des 
partisans, à des troupes irrégulières, n'était pas applicable à 
une armée de 150,000 hommes, encombrée d'un important 
matériel. D'ailleurs les propositions de Chanzy subirent plu- 
sieurs modifications avant d'être appliquées. 

La délégation de Bordeaux, absorbée par des préoccupa- 
tions plus politiques que militaires, ne fit aucune réponse à 
la dépêche qui vient d'être résumée. Mais, sur les entrefaites, 
Chanzy fut convoqué à Paris par le général Le Flô. Arrivé 
dans la nuit du 7 au 8 février, il assista aux deux séances du 
conseil, tenues les 9 et 10 sous la présidence du général 
Trochu. Des membres du gouvernement de Paris, aucun ne 
connaissait la situation de la province, ni les événements qui 
s'y étaient succédé. Chanzy développa ses idées, qui furent 
admises dans leur ensemble. On décida que la 2* armée pas- 
serait la Loire, tandis que Colomb assumerait la défense de 
la Bretagne*. 



1. D'après Chanzy, le 4 février, nos troupes étaient ainsi réparties : LIpowski 
était entre Mézidon et Tembouchure de la Seine ; le général Saussier, à Mé- 



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L ARMISTICE. 

Rentré à Laval le soir du 10, Chanzy prépara Fex 
du mouvement projeté. Il voulait établir ses troupes < 
larges cantonnements, pour assurer leur bien-être ; il 
aussi rester le plus longtemps possible en communicati 
Tarmée de Bretagne et avec les corps placés sur TIi 
Cher et la Nièvre. Dans ce double but, il fit choi 
ligne différant sensiblement de celle dont il avait 
l'adoption le 3 février. Cette fois, il s'agissait d'occ 
front Saumur, Loudun, Châtellerault, Le Blanc, C 
roux, Issoudun, Bourges, Nevers. La dernière partie 
ligne serait défendue par le 26* corps, que le généra 
organisait vers Poitiers et qui allait se porter sur Châte 
ainsi que par le 25* corps, alors à Bourges, et par le < 
général de Pointe, à Nevers. 

zidon ; les l'^^et 2« divisions du 19<> coips, de Falaise jusqu^àrouest d*Éc 
mobilisés de la Mayenne (colonel Bournel), à hauteur de Coulernes ; 
Gougeard, à Couptrain ; le reste du 2i« corps, jusqu'à Montgiroux ; le 
ju8qu*à Saint-Berthevin ; les deux divisions du IV corps, autour 
jusqu'à l'Huisserie ; Cathelineau, à Chàteau-Gontier ; Cléret, jusqu'à ] 
nerie. 

Le 8 février, d'après les revues de l'intendance, la 2« armée pré 
effeclifs suivants y compris l'armée de Bretagne : 

États-majors. ... 23i officiers, 1,889 hommes, 897 ch< 

Infanterie 1,124 — 44,170 — 1,207 

Marine 96 — »,308 — 43 

Garde mobile. . . . 1,443 — 62,163 — 410 

Garde mobilisée . . 663 — 79,845 — 68 

Francs-tireurs ... 247 — 5,ii6 — 79 

Cavalerie 632 — 9,813 — 9,030 

Artillerie 229 — 12,639 — 11,476 

Génie . 60 — 2,425 — 229 

Gendarmerie. ... 68 — 1,727 — 817 

Services divers . . 164 — 4,767 — 2,541 

Total. . . . 4,952 — 227,361 — 26,797 

128,733 hommes, 20,048 clievaux et 54 batteries devaient passer 

Des 74 batteries de l'armée, 5 étaient de 1 2, 4 de 8, 4 de 7, 29 
4 de montagne, lO de canons à balles, 15 de calibres non définis. 

Presque tous les corps de francs- tireurs furent licenciés le lO 
ordre du ministre. 

En outre le 25® corps comptait 29,870 hommes vers le 28 janv 
corps, 83,335 ; le corps de Nevers 18,3 18 ; les troupes du Coten 
bientôt portés à 53,797 par l'adjonction du 22* corps, venu de 
Nord. (Capitaine Dumas, La guerre sur les communications alleman 

1. Le général Billot, commandant le IS^ corps, avait pu éviter 
Suisse avec le reste de la I" armée. 



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3Ô6 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Chanzy projetait d'établir le 16* corps du Blanc à Châtel- 
lerault; le 21®, de Châtellerault à Loudun ; le 19*, de Lou- 
dun à Saumur. Ce dernier serait renforcé de la division 
Olérety qui passerait la Loire dès que Cathelineau serait en 
état de couvrir Angers et les Ponts-de-Cé. 

Ainsi, rétendue du front de l'armée proprement dite ne 
devait pas être moindre de 120 à 130 kilomètres, chiffre assu- 
rément excessif; si, comme il était à prévoir, elle ne pouvait 
se maintenir dans ces premières positions, elle se retirerait, 
en se resserrant davantage, la gauche et le centre sur le 
plateau de Gâtine, de Saint-Maixent à Confolens, la droite 
aux monts du Limousin. Cette aile resterait liée aux 26* et 
25* corps, dont la retraite s'opérerait sur l'Auvergne, le centre 
futur de la résistance. 

Les instructions du 11 février réglèrent la première partie 
du mouvement de l'armée. Les 2* et 4* divisions du 16* corps 
devaient quitter Laval le 11 et se porter sur Angers,. où 
elles seraient le 15, par les deux rives de la Mayenne, Les 
1" et 3* divisions les suivraient à un jour de distance, ainsi 
que la cavalerie, les parcs et les réserves. Le grand quartier 
général, y compris les troupes du général Bourdillon \ par- 
tirait de Laval le 13 et se dirigerait sur Poitiers, qu'il at- 
teindrait le 19. Le 21® corps se mettrait en mouvement le 12 
et marcherait sur Doué et Saumur, en suivant les itinéraires 
du 16" corps. Enfin le 19' corps partirait également le 12, 
pour être à Mayenne le 15 et à Angers le 21. Les grands 
parcs de l'artillerie et du génie iraient s'établir à Montmoril- 
Ion, et la réserve générale d'artillerie à mi-chemin de Poitiers 
à Lussac. 

En sa qualité de député des Ardennes, Chanzy allait se 
rendre à Bordeaux le 13. Le général de Colomb, qui devait 
prendre le commandement provisoire de la 2® armée, aurait à 
faire relever par les troupes de Bretagne les avant-postes 
abandonnés par celles de Chanzy. 



1. Régiments de gendarmerie à pied et à cbeval ; i^^ régiment de marclie 
de chasseurs d*Afrique, éclaireurs algériens, éclaireurs Bernard, compagnie 
Taillandier. 



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i/armisticé. 357 

Cependant, à roccasion d^un conflit survenu entre Gam- 
betta et le gouvernement de Paris, le général Le Flô s'était 
rendu à Bordeaux le 8 février. Le 15, après entente avec lui, 
Chanzy compléta les instructions qui précèdent, en les modi- 
fiant sur certains points. 

Le 16* corps continuerait sa marche de Saumur et de Doué 
sur Loudun et Châtellerault, où il arriverait le 20. Il aurait 
à couvrir le pays entra Châtellerault et Le Blanc, en s' établis- 
sant derrière TAuzon et la Gartempe. Le 21* corps, qui sui- 
vrait le même itinéraire que le 16*, atteindrait Loudun le 20 ; 
il défendrait la région comprise entre Loudun et Châtelle- 
rault; ainsi que le 16* corps, il devrait être en position le 22. 
Le IQ*» corps, qui atteindrait Angers le 21, arriverait à Sau- 
mur et à Doué le 23, pour s'établir de Saumur à Loudun. 
A sa gauche, le général Cléret se tiendrait prêt à passer la 
Loire et à prendre position des Ponts-de-Cé à Saumur. L'é- 
tendue totale du front de l'armée, de Saumur au Blanc, ne 
dépasserait plus soixante kilomètres. 

Sur ces entrefaites, on apprit (18 février) que l'armistice 
était prolongé de cinq jours ; Chanzy put donc accorder un 
séjour aux troupes en marche. En outre, il donna le 19 de 
nouvelles instructions dans le but de concentrer l'armée encore 
davantage. Le général Cléret, définitivement rattaché au 19* 
corps, prendrait position de Saumur à hauteur de Saint-Cyr- 
en-Bourg, derrière le Thouet, en observant la Loire des Ponts- 
de-Cé à Saumur. Le 19* corps s'étendrait de Saint-Cyr à 
Loudun ; le 21', de Loudun à Lencloître ; enfin le 16*, de 
Lencloître à Châtellerault et à Monthoizon, à cheval sur la 
Vienne. La cavalerie de ce dernier corps d'armée le relierait 
au 26*, qui quitterait Poitiers pour se porter derrière la Creuse 
et l'Indre, du Blanc à Châteauroux. 

Forcé d'évacuer Vierzon, situé, comme nous l'avons dit, 
dans la zone neutre, le 25* corps s'était d'abord établi à cheval 
sur le Cher, sa 3* division à Melun, la 3* autour de Reuilly , de 
façon à couvrir les routes de Bourges et de Châteauroux. La 
1'* division, qui avait été détachée vers Nevers, on s'en sou- 
vient, reçut le 5 février l'ordre de rallier le général Pourcet. 



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358 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Elle vint s'établir en deuxième ligne, à Charost et à Saint- 
Florent-sur-Cher. La cavalerie du corps d'armée était au nord 
de TYèvre, d'Henrichemont à Bourges \ 

En cas de retraite, le 25* corps devait d'abord se retirer 
sur Châteauroux et Limoges. Puis on lui assigna comme di- 
rection générale l'Auvergne, ce qui l'aurait éloigné sensible- 
ment de la 2* armée. D'ailleurs Pourcet, qui n'était pas en- 
tièrement subordonné à Chanzy, ne partageait pas ses vues 
au sujet du rôle futur du 25** corps. Il craignait d'être coupé 
de l'armée et se proposait d'évacuer Bourges, en se retirant 
derrière le canal du Berry, de Charenton à Saint-Amand. 
Mais le Ministre l'invitait à défendre Bourges (20 février). 
Il prit donc des mesures pour réoccuper Vierzon et faire 
sauter les ponts du Cher, de l'Yèvre et du canal, dès la dé- 
nonciation de l'armistice. Le gros du 25* corps se serait établi 
au sud de Bourges, en se reliant à droite au général du 
Temple, qui commandait alors dans la Nièvre et devait dé- 
fendre le pont de la Guerche, sur la route de Bourges à Ne- 
vers. 

On se hâta de terminer les travaux de défense ébauchés 
autour de Bourges ; ils dessinaient deux lignes, la première 
allant des Rivages, sur l'Yèvre, à la route de la Charité, par 
Asnières, la deuxième formant réduit aux abords mêmes de la 
ville. Mais les emplacements du 25* corps devaient être encore 
une fois modifiés. Sur une nouvelle demande de Pourcet, le 
général Le F16 l'autorisait à se retirer derrière le canal du 
Berry ; le général du Temple se conformerait à ce mouvement 
le long de l'Allier. Enfin on commencerait l'évacuation de 
Bourges (25 février). Au moment de la conclusion des préli- 
minaires de paix, la 2*^ division était à Dun-le-Roi et la 3* à 
Levet. 

A l'autre aile de Chanzy, l'armée de Bretagne dessinait un 



1. L* effectif du 85« corps était le 5 février de 29,870 Hommes, dont 15,800 
appartenant à la ligne, aux chasseurs, aux troupes de la marine, 8,600 à la 
garde nationale mobilisée et 2,300 à la cavalerie (Pourcet, ouvrage cité). 

Le 10 février, la division Bruat fut désignée pour la garde de l'Assemblée, à 
Bordeaux. Le 26* corps perdait ainsi le meilleur tiers de ses forces. 



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l'armistice. 359 

chapelet de sept groupes distincts, répartis de rembouchure 
de rOme à la Loire en suivant la Mayenne ^ Les mobilisés 
de la Loire-inférieure, général Bérenger, couvraient la Basse- 
Loire et Nantes*. Puis venait le général de Cathelineau, qui 
gardait la Mayenne, de la Loire à Château-Q entier, avec ses 
volontaires, des mobilisés de la Bretagne ou de la Vendée, 
quatre batteries et trois escadrons de chasseurs ^. 

Au centre, les deux divisions d'infanterie du 17* corps, 
renforcées de la brigade des mobilisés de la Mayenne, sa 
division de cavalerie, sa réserve d'artillerie *, formaient un 
corps de réserve établi en avant de Laval et derrière la ri- 
vière, de Laval à Mayenne. 

Avec la légion de l'Ouest, des mobilisés bretons et une 
batterie de montagne, le général de Charette s'étendait de 
Mayenne à Domfront*, en se reliant à la division Gougeard. 
Celle-ci, renforcée de mobilisés de la Mayenne et de l'Orne, 
gardait avec trois batteries le terrain compris entre Domfront 
et Fiers. Elle se reliait au général de Lipowski®, qui joignait 
à ses corps francs des mobilisés bretons et une batterie de 
montagne. Enfin le dernier anneau de cette longue chaîne, 



1. Voir les instniclions du gtSnéral de Colomb, en date du 19 fëvrier. 
Clérel avait passé la Loire le 8 février. 
3. Il y avait le 9 février dans la division militaire de Nantes : 
55 officiers, 2,677 hommes d*iDfanterîe de ligne, 



lis 


— 


5,522 mobiles, 




754 


— 


19,743 mobilisés, 


72 chevaux, 


17 


— 


449 francs-tireurs. 




54 


, — 


1,868 cavaliers, 


1,003 — 


15 


— 


458 artilleurs, 


290 — 


33 


— 


2,076 hommes du train d*artillerie, 


2,056 — 


6 


— 


668 hommes de la remonte, 


346 — 



1,045 — 34,446 hommes 3,766 — 

Dépêche du 9 février au Ministre. 

3. Son effectif, fort le 5 février de 5,800 hommes, dont 2 escadrons et i bat- 
terie de montagne, atteignait le 19 18,000 hommes répartis en 4 brigades. 
Il avait 2 batteries de mitrailleuses, i de 4, i de 4 de montagne. 

4. Réduite de 8 batteries (2 de 8 et l de 7) passées à la 2« armée. 

5. Le 13 février, il avait 10,4 16 mobilisés sous ses ordres (Télégramme au 
Ministre). 

6. Le 12 février, Colomb signalait au Ministre cet officier général comme 
ayant quitté Tarmée sans autorisation pour une destination inconnue. 



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360 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

la division Saussier, gardait la Dive jusqu'à son embouchure, 
avec quatre batteries. 

Comme on le voit, les corps Saussier et Lipowski formaient 
échelon en avant de notre gauche. Le général de Colomb 
n'avait pas Tintention de défendre toute cette ligne : la tâche 
eût été impossible. Il se proposait simplement de couvrir les 
principaux débouchés, de ralentir le plus possible les progrès 
de Tennemi. Il voulait faire une guerre de partisans qu'aurait 
facilitée la configuration du sol. En cas de retraite, chacun des 
coupes sous ses ordres se serait retiré, aussi lentement que 
possible, derrière la Vilaine, Fille et le canal, de manière à 
couvrir la Bretagne * et la voie ferrée de Saint-Malo à Rennes 
et à Redon. Notre front se serait étendu de l'embouchure de 
la Vilaine à la rade de Cancale. Seule, la division Saussier 
aurait opéré sa retraite sur les lignes de Carentan. 

Il faut ajouter que le ministre de la guerre avait pris le 
parti fort sage de renoncer à continuer les opérations actives 
dans le nord de la France. Il fit transporter par mer à Cher- 
bourg le 22* corps : 21,000 hommes et dix batteries qui avaient 
formé la meilleure part des troupes de Faidherbe. Le 26 fé- 
vrier, ce corps d'armée atteignait les environs de Saint-L6 et 
de Bayeux. Dans sa retraite, la division Saussier aurait donc 
été soutenue par des forces sérieuses. 

Telle était notre situation vers la fin de février. Une grande 
partie des troupes que nous avons énumérées étaient de valeur 
très contestable. Beaucoup des mobilisés destinés à l'armée 
de Bretagne n'avaient pas encore rejoint ; la plupart étaient 
mal chaussés, mal équipés, c déplorablement armés ». La si- 
tuation du général de Colomb n'était aucunement définie. II 
réclamait inutilement des pouvoirs assez étendus pour qu'il 
pût fondre en une seule masse des éléments absolument hété- 
rogènes*. 

Le moral des nouveaux corps d'armée de Chanzy laissait 



1. Dos le 89 janvier, le ministre avait fait étudier rétablissement de camps 
retranchés à Quiberon et à Brest (Télégramme au général commandant la di- 
vision militaire de Rennes), 

2. Télégramme au Ministre, 12 février. 



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l'armistice. 361 

non moins à désirer. An 25* corps, les mobilisés ne se faisaient 
aucun scrupule de déclarer à haute voix c qu'ils en avaient 
assez», et leurs officiers laissaient dire. A Châteauroux un 
grand nombre firent une manifestation publique aux cris ré- 
pétés de « Vive la paix » . A Issoudun, ils commandèrent un 
train pour retourner dans Isurs foyers. Dans la Nièvre, 400 
mobilisés du général de Pointe désertèrent en une nuit, offi- 
ciers en tête, avec armes et bagages. A la légion de Tlndre, 
qui avait compté 2,300 hommes le 14 janvier, 400 disparurent 
du 5 au 8 février. Sur un total de 14,500 mobilisés, le géné- 
ral Pourcet comptait plus de 2,000 absents ; près de 4,000 
étaient indisponibles, vingt jours après leur arrivée au corps. 
D'ailleurs Torganisation de ces bandes armées ne valait 
même pas celle des mobilisés de Bretagne. Les 2,900 gardes 
nationaux des Landes formaient trois légions, commandées 
chacune par un colonel et comptant deux bataillons à huit 
compagnies, le tout sous les ordres d'un général. La qualité 
de leurs effets était déplorable ; certaines paires de souliers 
étaient trouées en quinze jours ^ 

Jointes à la lassitude du pays, toutes ces causes faisaient 
que nos forces, numériquement importantes^, étaient plus ap- 
parentes que réelles. Quant aux Allemands, après avoir mis 
en batterie devant Paris, à courte portée, un total de 680 
pièces de gros calibre, ils croyaient pouvoir disposer de deux 
ou trois des corps d'armée qui faisaient partie des troupes 
d'investissement. Il était inutile de renforcer la I" armée et 
Tannée du Sud, qui n'avaient plus devant elles que des ri- 
deaux. Au contraire, Frédéric-Charles avait besoin de renforts. 

Le 9 février, le V* corps fut donc dirigé sur la Loire pour 
relever le IX* et, le 10, le IV* corps se porta vers Chartres. 
Puis, l'armistice ayant été prolongé jusqu'au 21 février à 
midi, on prévit la cessation finale des hostilités, et le général 
de Moltke arrêta le IV* corps autour de Nogent-le-Rotrou, le 



1. Pourcet, ouvrage cité, L*une des causes qui contribuôrent le plus à la 
médiocrité des bataillons de mobilisés fut le versement dans Tarmée active 
des anciens militaires qui en faisaient partie. Le peu d'éléments susceptibles 
de former des cadres disparut du môme coup. 



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362 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

IX* entre Vendôme, Vouvray et Blois, le V* entre Orléans, 
Blois et Gien. Une nouvelle prolongation étant encore sur- 
venue, Frédéric-Charles prescrivit que le IV* corps et la 4* 
division de cavalerie s'établiraient de Fresnay-sur-Sartho à 
Bonnétable ; le III^ corps et la 2* division resteraient au Mans ; 
le IX* corps prendrait place entre les III* et X* corps*. 

Le 24 seulement, on apprit à Versailles la concentration 
de l'armée de Chaiîzy en avant de Poitiers. Néanmoins la 
conclusion des préliminaires de paix pouvait déjà être consi- 
dérée comme à peu près certaine. Le général de Moltke re- 
nonça donc à prendre aucune mesure en prévision de nou- 
velles hostilités. 

Quant à Chanzy, il revenait de Bordeaux le 25, après 
avoir vigoureusement plaidé la cause de la prolongation de 
la guerre. Il supposait à Frédéric-Charles Tintention de cou- 
per Tarmée de Bretagne de la 2* armée, en écrasant notre 
centre à Chinon et à Loudun. Il donna des ordres afin que, 
le 27 février, dès Taube, Barry s'avançât jusqu'à la Creuse : 
si l'armistice n'était de nouveau prolongé, il s'établirait so- 
lidement au confluent de la Creuse et de la Vienne. 

Telle était la situation générale, quand, le soir du 26, sur- 
vint l'ordre tardif de s'abstenir de toute hostilité : la signature 
des préliminaires de paix était assurée. Elle eut lieu en effet 
dans la même soirée. 

11 restait à peine le temps nécessaire pour prévenir nos 
avant-postes, tout prêts à reprendre la lutte. La suspension 
définitive des hostilités eut pourtant lieu sans incident et, 
dès le 7 mars, la 2* armée était licenciée. 

Tous ses efforts, tous ses sacrifices ', n'avaient pu la con- 



1. Le V« devait rester affecté à la III* armée. 

2. Ils furent particulièrement lourds pour certains corps. Le 5i«de marche, 
organisé à 4,200 hommes, perdit 27 officiers tués ou blessés, 8 disparus, plus 
de 1,000 hommes tués ou blessés, 1,100 disparus, 850 entrés aux hôpitaux. 

Sur un effectif de 4,708 hommes au 27 novembre, le 49* mobiles (Orne) eut 
8 officiers tués, 20 blessés, 450 sous-officiers et soldats tués, 945 blessés, 950 
disparus, prisonniers ou malades aux hôpitaux. 

Le 83* mobiles (Sarthe) eut 20 officiers tués, 17 blessés, i,ioo hommes tués 
ou blessés sur un effectif de 2,700. 

Le 75« mobiles (Loir-et-^her et Maine-et-Loire] eut 7 officiers tués, 30 blessés, 
352 hommes tués et 873 blessés. 



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l'armistice. 363 

duîre aa résultat cherché. Paris avait capitulé et la France 
sortait mutilée de cette grande lutte, si légèrement entreprise, 
si follement conduite pendant plusieurs semaines, puis si 
vaillamment poursuivie contre tous les obstacles. Mais en 
dépit de sa jeunesse, malgré tout ce qui lui faisait défaut ^, la 
deuxième armée de la Loire avait su se faire respecter d'un 
ennemi accoutumé à vaincre. Au cours de cette dure cam- 
pagne d'hiver, dans les combats autour du Mans, sur le Loir 
et surtout à Villorceau, pendant une bataille de cinq jours, 
elle avait, malgré des défaillances trop explicables, bien 
mérité de la patrie. 

Quant à son digne chef, « très certainement le meilleur 
des généraux que les Allemands aient eu à combattre pendant 
cette campagne ' », son immortel honneur sera de n'avoir point 
désespéré, comme tant d'autres, après la défaite d'Orléans. 
Au lieu de déserter la lutte, ainsi que fit la 1" armée, il dé- 
fendit le terrain pied à pied jusqu'au delà du Loir. Cette 
retraite d'Orléans au Mans, si magistrale dans sa conception, 
d'une exécution si difficile dans les conditions où elle fut en- 
treprise, restera parmi les faits les plus marquants, non seule- 
ment de la guerre de 1870-1871, mais aussi de notre histoire 
militaire tout entière. Elle fait que le nom de Chanzy mérite 
d'être associé à ceux de Denfert-Rochereau, de Faidherbe, 
de M. de Freycinet et de Gambetta dans l'œuvre de la dé- 
fense nationale en province. Elle lui assurera toujours une 
place d'honneur parmi nos généraux de même que dans les 
rangs de nos plus dévoués patriotes. 



1. II y avait à Tarmëe six modèles de fusils français et onze modèles de 
fusils étrangers (Chanzy). 

2. De Moltke, Histoire de la guerre de 1870-1871. 



<^Of>. 



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ANNEXE 1. 



II* ARMÉE DE LA LOIRE 



ÉTAT-MAJOR ET TROUPES ADJOINTES AU GRAND QUARTIER 
GÉNÉRAL ^ 

Commandant en chef : Général de division CHANZY. 

Aides de camp : Chefs d'escadron Le Mouton de Boisdeffîre et 
Marois, 

Chef d'étatrmajor général : Général de brigade Vuillemot. 

Commandant l'artillerie : Général de brigade Bobinot-Marcj. 

Chef d'étairfnajor : Lieutenant- colonel (À) Le Serrée de Kervilly 
(artillerie de marine). 

Commandant le génie : Général de brigade Javain. 

Chef d' état-major : Colonel (Pr) de Lagrenée ; chef de bataillon 
Boitel. 

Intendant en chef : Intendant militaire Bouché. 

Médecin en chef : Médecin principal de l*** classe Combarieux. 

Commandant du trai(i des équipages : Lieutenant-colonel Biérent. 

Grand prévôt : Lieutenant-colonel Mora; chef d'escadron (Pr) 
Bourdineau. 

Vétérinaire en i*' : Décret. 

Ingénieur en chef des ponts et chaussées : de Vézîan. 

Payeur principal : Leclerc. 

Directeur des postes : Desgranges. 

Directeur des télégraphes : Tamisier. 

Aumônier : Abbé de Beuvron. 



1. Uindication (Pr) signifie à titre provisoire ; (A) indique à litre auxiliaire. 
Les tableaux qui suivent résultent de la comparaison d*un grand nombre de 
documents et surtout des historiques des corps. 



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366 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

TROUPES ADJOINTES AU GRAND QUARTIER GÉNÉRAL^ 

Général de brigade Boubdilloit. 

Régiment de gendarmerie à pied : Lieutenant-colonel de Morgan* 

1'' régiment de gendarmerie à cheval : Lieutenant-colonel Re- 
guault, Geille. 

1*' régiment de marche de chasseurs d'Afrique (2 escadrons du 
V régiment, 4* et 5* escadrons du 3') : N... 

Eclaireurs algériens : Lieutenant-colonel Goursaud (constitués à 
3 escadrons le 27 décembre). 

Compagnie Talandier. 

Compagnie d'aérostiers : Gaston et Albert Tissandîer. 

Total : 3 bataillons, 11 escadrons. 

£n outre, 2 batteries de montagne fournies par Tartillerie de la 
marine, la 2*^, sous-lieutenant Cuzenier, et la 3*, sous-lieutenant 
Martin, ainsi que la 29® batterie du 12* régiment (7), capitaine 
André, paraissent avoir été rattachées à la r^^erve ^^ra^raZe d'ar^tV^rte 
mentionnée par Chanzj dans ses instructions pour le passage de la 
Loire, pendant rarmistice. 



1. Après la Un de décembre seulement. Dans son annuaire de la guerre de 
1870, M. J. Richard mentionne parmi ces troupes le i^' régiment de marche 
de chasseurs ; mais c^est par erreur, ainsi qu'il résulte de documents précis. 
Avant d*ôtre adjoint au grand quartier général, le i" chasseurs d'Afrique de 
marche fit partie des colonnes Gurten et Gléret. 



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ANNEXE 2. 
16* CORPS 



Général de division D'AUKELLE DE PALÀDINES (4 au 13 
octobre), POURCET, CHÀNZY (2 novembre); contre-amiral JAU- 
RÉGUIBERRY (16 décembre). 

Chef d'état-major général : Général de brigade Rehault (n*a pas 
rejoint), Lallemand, Vuillbmot (V* novembre); lieutenant- colonel 
Béraud, Loizillon, 

Sous-chef d'état -major général : Lieutenant-colonel (Pr) de Lam- 
biUy. 

Commandant V artillerie : Colonel Robinot-Marcj ; lieutenant-colo- 
nel de Noue. 

Chef d'état-major : Lieutenant-colonel Suter ; chef d'escadron (Pr) 
Keim. 

Commandant le génie : ColonelJavain ; lieutenant-colonel Berryer; 
colonel (Pr) de Lagrenée. 

Chef d'étdt-major : Lieutenant-colonel de Lagrenée ; chef de ba- 
taillon Boitel. 

Intendant militaire : Brou. 

Prévôt : Chef d'escadron Mora, Bourdineau (Pr). 

Médecin principal de 2* classe : Combarieux, Levié, Mouillac. 

Vétérinaire : Juge. 

Payeur : Condamine, Prétet. 

Aumônier : Abbé de Beuvron, Loizelier. 

ire DIVISION D'INFANTERIE» 

Général de division Poubcet; contre-amiral JAUBioniBEBBT; gé- 
néral de brigade Deplanque. 



1. Celte division fut constituée, avant Coulmiers, au moyen do la i" bri- 
gade de la 3« division et de la 2« de la i'« ; on adopta cette combinaison en 
raison de Tabsence de la i'» brigade de la !>*« division primitive, général Mo- 
randy, retenue à Gien par les événements. Elle ne fut modifiée qu*aprés la 
retraite de Vendôme. 



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368 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Chtf d'état^major : Colonel Vuillemot; chef d'escadron de Lam- 
billy, Boiflgard (n*a pas rejoint). 

Commandant V artillerie : Chef d'escadron Rabatel. 
Commandant le génie : Chef de bataillon Boitel, Poulain. 
Soua-intendant militaire : Mérj, Ligneau. 
Prévôt : Capitaine Bourdineau. 

ire Brigade. 

Général Boubdillon. 

3* bataillon de marche de chasseurs : Chef de bataillon Labrune. 

39* régiment de marche : Lieutenant- colonel N... 

75* régiment provisoire (Maine-et-Loire et Loir-et-Cher) : Lieute- 
nant-colonel : N... 

Bataillon de mobilisés de Maine-et-Loire : Chef de bataillon 
Bounhoure. 

Total : 8 bataillons'. 

2« Brigade. 

Général DEPLANdUE. 

37* régiment de marche : Lieutenant-colonel Graziani, Mallat. 
62* régiment de marche : Lieutenant-colonel Cahart'. 
33* régiment provisoire (mobiles de la Sarthe) : Lieutenant-co> 
lonel de la Touanne. 

Total : 9 bataillons. 

ARTILLERIE 

18* batterie (4) du 8* régiment : Capitaine Procht. 

19* batterie (à balles) du 8* régiment : Capitaine Perret, Tbiou. 

18* batterie (à baÙes) du 10^ régiment : Capitaine Chauliaguet^. 



t. La !'• brigade comptait en outre, le 9 novembre, le i«r bataillon du 40» 
de marche, destiné à la 3* division du 16« corps. Il y figura jusqu*au 15 no- 
vembre. 

Le 75« provisoire était formé de 2 bataillons du Loir-et-Cher et du 4« de 
Maine-et-Loire. Ce dernier ne rejoignit que le 13 novembre. 

2. Le bataillon de mobilisés de Maine-et-Loire et le 6S« de marche furent 
rattachés à la division à dater de la fin de décembre. 

8. La 18« batterie du io« régiment fit partie de la 3« division du 16® corps 
jusqu'au 4 décembre ; elle se dirigea sur Blois avec le général Peylavin et fut 
définitivement rattachée à la 2» armée. 



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ANNEXES. 369 

19* batterie (à balles) du 10* régiment : Capitaine Delahaye. 
24* batterie (4) da 15* régiment : Capitaine de DbuTres. 

Total : 12 pièces, 24 mitrailleuses. 

GÉNIE 

1'* section de la 20* compagnie du 3* régiment '. 
Total : 17 bataillons, 36 pièces. 

2* DIVISION D1NFANTERIE 

Général de division Barbt. 

Chef d'étcU-major : Capitaine Masson. 

Commandant VartUlerie : Chef d'escadron de Noue, Desruols. 

Commandant le génie : Chef de bataillon Coste, Cauroy. 

Souê-intendant militaire : Malet, Gatumeau. 

Prévôt : Lieutenant Oudin. 

Aumônier : Abbé Bénard. 

ire Brigade. 

Généraux Gaulabd (4 au 11 octobre), Séatblli, Minot, ds Vil- 
LSNBUYB (n'ont pas rejoint) ; colonel Dbsm aisons (à). 

7* bataillon de marche de chasseurs : Chef de bataillon Galli- 
mard*. 



1. D*aprÔ8 Ghanzy rartillerie de la i^* division était ainsi composée le 15 
janvier : 

19* batterie du 8^ régiment, capitaine Perret. 

19* et 98« batteries du 15« régiment, capitaines Delahaye et Thiébaull. 

94* batterie du io« régiment, lieutenant Micaëlli. 

Pendant rarmistice la i'« division eut la composition suivante : 

fr« brigade, colooel Ribell, 87« et 69* de marche, 33« mobiies (5,S88 
hommes) ; 

fp brigade, général (Pr) Le Bouêdec, 3<» chasseurs de marche, 39« de marche, 
76* mobiles, mobilisés de Maine-et-Loire (6,121 hommes] [J. Richard, ouvrage 
cité]. 

9. Fort de 1,288 hommes à sa formation (i9 octobre). D*après Touvrage de 
Ghanzy, le 8* bataillon, et non le 7«, aurait fait partie de celte brigade. En 
réaUté, le 7« fut un Instant détaché à la brigade BourdUIoo, mais, le 9 no- 
vembre, il opérait avec la division Barry. Il fut supprimé à la suite de la 
bataille d*Orléans (3 et 4 déc.) et ses débris passèrent au 8« chasseurs ou au 
?• bis. 

OAMPAOHE DK LA LOZBB. II. 21 



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370 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

31* régiment de marche : Lieutenant-colonel Couderc de Fou- 
longue, Boude, Gueytat, Leclaire. 

22* régiment provisoire (mobiles de la Dordogne) : Lieutenant- 
colonel Desmaisons; chef de bataillon de Chadois*. 

Total : 6 bataillons. 

2« Brigade. 

Général Babby ; colonel Bébar (A), de Chadoib (A), Baillb. 

38® régiment de marche : Lieutenant-colonel Baille ; chef de ba- 
taillon La Flèche. 

66® régiment provisoire (mobiles de la Mayenne) : Lieutenant-co- 
lonel Brunot de la Charce. 

Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

22® batterie du 2® régiment (à balles) : Capitaine Raymond'. 
22® batterie du 8® régiment (4) : Capitaine Clairac. 
19® batterie du 9® régiment (4) : Capitaine Fournier. 
ô® batterie du 12® régiment (4) : Capitaine Labori, Ferreux. 
6® batterie du 12® régiment (4) : Capitaine Desruols ; sous-lieute- 
nant Lachaume. 

Total : 24 pièces, 8 mitrailleuses. 

GÉNIE 
2® section de la 20® compagnie du 3® régiment ®. 
Total : 12 bataillons, 32 pièces. 



1. 2 balailloDs seulement, le d<>, détaché au 16« corps (corps Gathelineau), 
suivit ce dernier à la 2® armée après le 5 décembre. 

2. La 6® batterie du 12« régiment fut dissoute le 28 décembre, à la suite de 
grosses pertes. Ainsi que la précédente, elle avait fait partie de Tannée du 
Rhin avant d*étre attachée au le» corps. 

Lee 226 batteries des 8® et 8« régiments ne rejoignirent le 16® corps qu'après 
le 5 décembre. 

3. Pendant l'armistice la 2® division du 16® corps fut ainsi constituée : 

i'® brigade, colonel Desmaisons, 3i® et 56® de marche, 22® mobiles; effectif 
5,638 hommes ; 

2® brigade, colonel Baille, 8® chasseurs de marche, 33® et 38® de marche, 
8® et 66® mobiles ; effectif ii,ioo hommes (J. Richard). 



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ANNEXES. 



3« DIVISION D'INFANTERIE* 



Général de brigade Chanzy, Mobandt, de Cueten (4 jj 
1871). 

Chef d'état-major : Chef d*escadron Populaire. 

Commandant V artillerie : Chef d'escadron Delahaye, Cazal. 

Commandant le génie : Chef de bataillon de la Raelle, B 
Haxo. 

Sous-intendant militaire : Vergnes. 

Prévôt : Lieutenant Barbier. 

ire Brigade. 

Général Mobandy, Le Bouedec (A). 

8^ bataillon de marche de chasseurs : Chef de bataillon Ant 
Bertrand*. 

36® régiment de marche' : Lieutenant-colonel Marty. 

8® régiment provisoire (mobiles de la Charente-Inférieure *) : 
tenant-colonel Wast-Wimeux, Noirtin. 

Total : 7 bataillons. 

2^ Brigade. 

Généraux Séatelli, d'Abies; capitaine de frégate Bébab ( 
joignirent pas) ; colonel Thiebby. 

40® régiment de marche'^ : Lieutenant-colonel Bonnet, J 
Bassery. 



1. Cette division fut constituée, après Couimiers, au moyen des V^ \ 
de la 1" division et 2« brigade de la 3® division primilive ; sa comi 
fut complètement modifiée après la retraite de Vendôme. 

2. Ce bataillon, très éprouvé le il octobre, à Orléans, fut renvoyé à 
son dépôt, pour s*y reconstituer ; il prit part aux combats dans Toues 
rejoignit Tarmée que le 2 décembre à Orléans {Historique du 8^ hataill 

3. Ce régiment était détaché au nord du Mans ; il prit part aux affa 
novembre dans cette région et ne rejoignit le le® corps qu'à la fin 
mois. 

4. Ce corps resté à Gien et à Orléans ne rejoignit le 16^ corps que 1( 
vembre (d'Aurelle, ouvrage cité, pages 153 et 263). 

6. Le 1«' bataillon du 40« de marche fut un moment détaché à la 
gade de la 1« division (Voir plus haut). Les 2 compagnies qui représe 
le 2® bataillon opérèrent avec le général Paye et le 3« avec la colon 
randy. Le 40* ne fut constitué que le 16 novembre et son 2® bataillon 
complet que le i^f janvier [Historique du 40' de ligne). 



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372 

71® régiment provisoire (mobiles de la Haule-Vienne) * : Liente- 
nant-colonel Pinelli. 

Total : 6 bataillons. 



ARTILLERIE 

19® batterie du 13® régiment (4) : Capitaine Berquin, Delahaye ; 
8oas-]ieutenant Micaëlli*. 

19* batterie du 14® régiment (4) : Capitaine N... 

20® batterie du 14® régiment (4) : Capitaine Bemy. 

21* batterie du 15® régiment (4): Capitaine Vivier des Vallons. 

Total : 24 pièces. 

GÉNIE 

1'* section de la 18« compagnie du 1®' régiment. 
Total : 13 bataillons, 24 pièces. 

Après le 1®' janvier 1871, la 3® division du 16® corps eut la com- 
position suivante : 

i'® Brigade. — Général Le Bouëdec \ 

16® chasseurs de marche : Chef de batiûllon Béchet. 

40* de marche : Lieutenant-colonel Jobey, Bassery. 

88* mobiles (Indre-et-Loire) : Lieutenant-colonel de Cools. 

2* légion des mobilisés de la Sarthe : N... 

Bataillon de mobilisés des Bouches- du-Rhône : N... 

2® Brigade : Colonel Thierry. 

23® chasseurs de marche : Chef de bataillon Obrj. 



1. Formé à 8 bataillons le 23 octobre, fait partie des troupes du général 
Paye à Salbris et rejoint le 16« corps le 14 novembre. Il est désorganisé à 
Lumoau (s décembre) et à Chambord (8 décembre), retourne à Limoges pour 
se refaire et ne reparait au Mans que le 2 janvier. 

2. Dissoute après le i décembre, à la suite de pertes considérables à Loigny 
et à fioulay. 

La 2i« batterie du i&<> régiment, qui avait fait partie de la colonne de Tours, 
fut versée au 16* corps après le 15 décembre. 

S. Cet officier général, qui venait des mobilisés de Conlie, figure aussi 
comme chef de la 2« brigade de la i" division (J. Richard). 



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ANNEXES. 373 

16' de ligne* : N... 

33* de marche : N... 

27* mobiles (Isère) : Lieutenant-colonel Vial. 

71* mobiles (Haute- Vienne) : Lieutenant-colonel Pinelli. 

23* batterie (4) du 7* régiment : Capitaine Bernardin. 

23* batterie (4) du 14* régiment : Capitaine Bellery. 

21* batterie (4) du 15* régiment : Capitaine Vivier des Vallons. 

Génie : 1'* section de la 18* compagnie du 1*' régiment. 



DIVISION DE CAVALERIE 

Général Ressaybb, Michel (après la blessure de Ressayre à Coul- 
miers). 

Chef d' état-major : Chef d'escadron Séguier. 
Souê-intendant militaire : Gatumeau, Berneval. 
Prévôt : Lieutenant Moriot. 

ire Brigade. 

Général Tripabd, db Tuoé. 

V de marche de hussards : Lieutenant-colonel Guyon-Vernier. 

2* de marche de cavalerie légère mixte : Lieutenant-colonel Dijon. 

Total : 8 escadrons. 

2® Brigade. 

Général Bbiand, db Soxis, Dioeabd. 
6* lanciers : Lieutenant- colonel Leroy de Lanauze. 
3* de marche de cavalerie légère mixte : Lieatenant-colonel de 
Bonie. 

Total : 8 escadrons. 



1. 1 bataillon seulement d*après Poudras, le reste ayant suivi le 15^ corps. 
Ce détachement avait pris part à la retraite de la 2» armée avec le général 
Peytavin. 

La fraction du ss« de marche qui suivit également Peytavin forma 2 batail- 
lons de 500 hommes, réorganisés en i bataillon seulement au delà de la 
Mayenne. Le reste du régiment (lO officiers et 1200 hommes) continua de faire 
partie du 16« corps (l'« brigade, 8« division). 

Pendant Tarmistice Teffectlf de la s« division du 16« corps était de 5,753 
hommes pour la i^® brigade et de 5,916 hommes pour la 2^ 



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374 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

3^ Brigade. 

Général Abdelal, de Tucé, Guépratte. 

3* de marche de cuirassiers : Lieutenant-colonel Tréboute. 

4® de marche de dragons : Lieutenant-colonel Roze. 

4* de marche de cavalerie légère mixte : Lieutenant-colonel N. 

Total : 12 escadrons V 



ARTILLERIE 

1'* batterie bis du 20* régiment (4, à cheyai) : Capitaine N... 
Total : 28 escadrons, 4 pièces. 

RÉSERVE D'ARTILLERIE 

Lieutenants-colonels Chanal, Cabbé, de Mibibbl (auxiliaire), 
2* batterie bis (mixte) du 7' régiment (12) : Capitaine Movet, 
Perraud *. 

14® batterie (mixte) du 7* régiment (12) : Capitaine Gauthier. 

24® batterie du 7® régiment (7) : Capitaine Girault. 

22® batterie du 15® régiment (7) : Capitaine Rostaing ^. 

12® batterie (mixte) du 16® régiment (1^2) : Capitaine Brouet^ 

17® batterie (mixte) du 16® régiment (12) : Capitaine Devrez*. 

15® batterie du 18® régiment (4, à cheval) : Capitaine Mourin. 



1. Le 2 janvier, cette division reçut rorgamsalion suivante : 

P^ brigade (de Tucé), 2® chasseurs de marche, 8® hussards de marche. 

^ brigade (Digeard), i« dragons de marche, 2« cuirassiers de marche. 

3« brigade (Guépratte), 2« et 6« de cavalerie légère mixte. 

La brigade du colonel de Lacombe (8® hussards, i escadron du l*' cuiras- 
siers, 1 escadron du 6* cuirassiers de marche, 2 escadrons du i®' chasseurs 
d'Afrique de marche) fut attachée du 31 décembre au 17 janvier à la division 
de Gurten. Elle fut ensuite répartie entre le quartier général, les 17« et 2L<> 
corps. 

2. Le personnel des batteries mixtes était fourni par rartillerie et par le train 
d'nrtillerie. 

S Ces deux batteries de 7 et les deux batteries de montagne rejoignirent 
le 16® corps après le 5 décembre. 

4. La 12« du 16® (pontonniers) fut enlevée tout entière le 2 décembre à 
Loigny. 

5. La 17® du 16® (pontonniers) fut prise également à Vendôme le 16 d(^- 
cembre. 



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ANNEXES. 

6* batterie du 20* régiment (4, à cheval) : Capitaine Gaul 
7® batterie du 20* régiment (4, à cheval) ; SouB-lieutenant 
l'*' batterie de montagne du 8* régiment : Sous-lieutenant 
quier. 

2* batterie de montagne du 8* régiment : Sous-lieutenant ] 

Total : 60 pièces. 

PARC 

Lieutenant-colonel Astbuo . 

14® compagnie bis du V régiment du train d*artillerie. 
5® et 15® compagnies bis du 2® régiment du train d'artilleri 
Détachement à pied de la 2® batterie du 2® régiment. 
Détachement de la 2® compagnie d'ouvriers d'artillerie. 

RÉSERVE DU GÉNIE 

2® section de la 18® compagnie du 1®^ régiment. 
Détachement de sapeurs conducteurs du 3* régiment. 

TRAIN DES ÉQUIPAGES MILITAIRES 

14® et 20® compagnies du 3® régiment. 
21® compagnie légère du train. 

Total pour le 16® corps : 42 bataillons, 156 pièces, 2 
drons, 2 compagnies du génie. 

CORPS FRANCS 

Francs- tireurs de Paris : Lieutenant-colonel de Lipowski. 
Francs-tireurs de Seine-et-Marne (3® corps franc) : Comn 
Lien art. 

Francs-tireurs de la Sarthe : Commandant de Fondras. 
Francs-tireurs des Deux-Sèvres : Capitaine Poinsignon*. 
Francs-tireurs du Calvados (Pascal, Adeline). 
Francs-tireurs des Hautes-Pyrénées (Girardin). 



]. Plusieurs de ces corps francs disparurent avant la fin de la a 
ou passèrent à d'autres corps d^armée, ceux de la Dordogne et du Loli 
par exemple. 



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376 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

FrancB-tireurs de la Dordogne (Legros). 

Francs-tirears d'Indre-et-Loire (5 compagnies). 

Francs- tireurs des Alpes-Maritimes (5 sections). 

Francs-tireurs de Saint-Denis et de Neuilly (Blanchard, Sageret). 

Francs-tireurs d'Oran (7* compagnie, Grosjean). 

Francs-tireurs de Brioude (Paul). 

Francs-tireurs du Loir-et-Cher (3* compagnie, Dambricourt), 

Corps franc de la Vendée : Colonel de Cathelinean. 



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ANNEXE 3. 



\T CORPS 



Général de division DURRIEU, DE SONIS (22 novembre, Pr) ; 
général de brigade QUÉPRATTE (2 décembre) ; général de division 
DE COLOMB (21 décembre). 

Chef d'état-major général : Général de brigade Beunot db Rouvre ; 
colonel DE Bouille; général de brigade Forgemol de Bostquénabd 
(Pr). 

SotU'Chef d'état-major général : Colonel de Boaillé; chef d^esca- 
dron Boisgard. 

Commandant Vartillerie : Colonel Barbarj de Langlade, de Gresset. 

Chef d'état-major : Lieutenant-colonel de Gresset ; chef d'escadron 
Béra. 

Commandant le génie : Colonel Charrier. 

Chef d'état^major : Lieutenant- colonel Noché, chef de bataillon 
Pavillon. 

Intendant militaire : AiroUes, Costé. 

Médecin principal : Folie-Desjardins. 

Prévôt : Chef d'escadron Le Doyen. 

Aumônier : Abbé Roudil. 



ire DIVISION D'INFANTERIE 

Général de division de Bbémond d'Abs, de Yaibbe-Roqubbbune (A). 
Chef d*étalHfnajor général : Lieutenant-colonel Béraud ; chef d*es- 
cadron Linet. 

Commandant Vartillerie : Chef d*escadron Chanal. 
Commandant le génie : Chef de bataillon Segoing d'Augis. 
SouS'intendant-militaire : de Brunier, Keller. 
Prévôt : Capitaine Fourrier. 



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378 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 



1^ Brigade. 

Colonel (A) Paris ; général (A) Bébab (capitaine de frégate). 

41® régiment de marche : Lieutenant-colonel Tartrat, Chevreuil, 
Bérard. 

74* régiment provisoire (mobiles du Lot-et-Garonne) : Lieutenant- 
colonel Falcon. 

Total : 6 bataillons. 



2* Brigade. 

Général (A) de Yaissb-Roqub brune ; colonel Faubsemagke. 

tl* bataillon de marche de chasseurs* : Commandant Fouineau. 

43* régiment de marche : Lieutenant-colonel Faussemagne, Fa- 
riau. ... 

72* régiment provisoire (mobiles du Cantal et de ITonne) : Lieu- 
tenant-colonel Cournier. 

TotAl : 7 bataillons. 



ARTILLERIE 

19* batterie du 6* régiment (4) : Capitaine Fichaux. 
19* batterie du 7* régiment (4) : Capitaine Rouvillois. 
19* batterie du 15* régiment (4) : Capitaine Daudier, sous-lieute- 
naat Goullon '. 

Total : 18 pièces. 

GÉNIE 

l'^* section de la 3* compagnie bis du l*^ régiment. 
Total : 13 bataillons, 18 pièces. 



1. Effectif de 1,838 hommes, réparti en 4 compagnies, le 8 novembre. Re- 
joint le 17* corps à Vendôme le 18 (Historique du il* chasseurs), 

2. A la fin de décembre, cette batterie, réduite à 4 pièces, fut affectée à la 
colonne Jobey. 



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ANNEXES. 379 



2« DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade Dubois de Jakciqkt ; général de division 
Crouzat; général de brigade Basdin, Paris (à) ; général de divi- 
sion Gérez*. 

Chef d'étalHfnajor : Chef d'escadron de Mecquenem. 

Commandant l' artillerie : Chef d*escadron Petitjean. 

Commandant le génie : Chef de bataillon Guillemot. 

SotUHntendant militaire : Retault. 

Prévôt : Lieutenant Suplice. 

l'"" Brigade. 

Colonel KocH. 

10^ bataillon de marche de chasseurs ' : Chef de bataillon Tar- 
rillon. 

48* régiment de marche : Lieutenant- colonel Koch; chef de ba- 
taillon Bourrel. 

64* régiment de marche, l*'^ bataillon : Chef de bataillon Jollivet. 

80® régiment provisoire (mobiles de l'Isère), l*"^ bataillon ' : Chef 
de bataillon de Quinsonas. 

Total : 6 bataillons. 

2* Brigade. 

Général Dubois de Jamciokt, Charvet ; colonel (A) Thibouville 
(chef de bataillon du génie). 

61* régiment de marche : Lieutenant-colonel Thibouville. 

85* régiment provisoire (mobiles du Gers) : Lieutenant-colonel 
Tabern. 

Total : 6 bataillons. 



1. Les généraux Crouzat et Bardin ne parurent pas au 17« corps. Le général 
Paris démissionna le 25 janvier. 

La 8« division du 17® corps se compose d*abord des brigades Bonnet [9« chas- 
seurs de marche, 42« de marche et 19® mobiles (Gher)J et Hainglaise [44<> de 
marche et 73* mobiles (Loiret et Isère)] qui passèrent toutes deux au 
18* corps. 

8. Effectif de 9S6 hommes à son arrivée au 17* corps en novembre. 

8. Ne rejoignit Tarmde qu'après le 6 décembre. 



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380 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 



ARTILLERIE 

3* batterie du 3* régiment (4) : Capitaine Cresp j. 

4* batterie du 3* régiment (4) : Capitaine Croux. 

20* batterie du 13* régiment (4) : Capitaine Chabaury. 

Total : 18 pièces. 

GÉNIE 

2* section de la 3* compagnie bis du 1*' régiment. 
Total : 12 bataillons, 18 pièces. 



3« DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade D£flandbe% de Jouffboy n'ABBiiirs (A). 
Chef d* état-major : Colonel Forgemol de Bostquénard, Burr-Porter 
(A) Américain, tué à Yillorceau); chef d^escadron Mourlan. 
Commandant V artillerie : Chef d*escadrou Serron, Lefèvre. 
Commandant le génie : Chef de bataillon Pavillon, Bernier. 
Soia-intendant militaire : Thouroude. ' 
Prévôt : Sous-lieutenant Boucheseiche ; capitaine Delettre. 



1^ Brigade 

Colonel DB Jouffboy d'Abbans, Didieb, Tabtbat. 

1®' bataillon de marche de chasseurs : Chef de bataillon Kodde, 
Léreau, Strohh 

45^ régiment de marche : Lieutenant-colonel Didier, Hodde, 
Prudhomme. 

70* régiment provisoire (mobiles du Lot) : Lieutenant-colonel Es- 
portelle ; chef de bataillon Feuilhade : lieutenant-colonel Vigou- 
reux, Delgal. 

Total : 7 bataillons. 



1. Blessé mortellement à Yillorceau le 8 décembre. 



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ANNEXES. 381 

2'' Brigade. 

Colonel Sautebeau. 

46* régiment de marche : Lieutenant-colonel Sautereau, Tartrat, 
Renier, Goetschy. 

76* régiment provisoire (mobiles de TAin, de TAude*, de Tlsère) : 
Lieutenant-colonel d*Haussonyille. 

Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

20* batterie du 8* régiment (4) : Capitaine Gradoz. 
20* batterie du 10* régiment (4) : Capitaine Freschard. 
21* batterie du 14* régiment (4) : Capitaine Bacque. 

Total : 18 pièces. 

GÉNIE 

1'* section de la 4* compagnie bis du 1*' régiment. 
Total : 13 bataillons, 18 pièces. 

DIVISION DE CAVALERIE 
Général de division Galland db Lonouebue ; général de brigade 

DE SONIS, GuéPBATTB, DE ViEL d'EsPBUILLBS. 

Chef d'état-major : Chef d*escadron Le Guem, Moutz. 
Souê-mtendarU militaire : Pemot, de Ponte vès. 
Prévôt : Lieutenant Gîrvès. 

1'* Brigade. 

Général de Somib, Maillabd de Landbe ville. 
4* régiment mixte de cavalerie légère : Lieutenant-colonel de J07- 
bert. 

6* régiment mixte de cavalerie légère : Lieutenant-colonel Vata. 

Total : 8 escadrons. 



1. Ce bataillon ne rejoignit que le 11 janvier i87i (Bois, ouvrage cité). 



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3S2 JOSNES, VEKDOME, LE MANS. 



2* Brigade. 

Général Guépbatte, Babbut (Pr). 

4® de marche de cuirassiers : Lieutenaut-colonel de Tinseaa. 
7® de marche de cuirassiers : Lieutenant-colonel Bergeron. 
5* de marche de cavalerie légère mixte : Lieutenant-colonel Boul- 
ligny. 

Total : 12 escadrons. 

Total pour la division : 20 escadrons ^ 



RESERVE D'ARTILLERIE 

Lieutenant-colonel Smet (artillerie de marine). 

32® batterie (mixte) du régiment d'artillerie de marine (8) : Capi- 
taine du Pan. 

33® batterie (mixte) du régiment d'artillerie de marine (8) : Capi- 
taine Bouteron. 

V^ batterie bù du 2® régiment (8) : Capitaine Délaissez. 

2® batterie bis du 2® régiment (8) : Capitaine Marion. 

20® batterie du 12® régiment (canons à balles) : Capitaine Deba- 
tisse. 

22® batterie du 13® régiment (canons à balles) : Capitaine Schuhler, 
lieutenant Wolf*. 

14® batterie (mixte) du 15® régiment (7) : Capitaine (A) Boné*. 

15® batterie du 18® régiment (4, à cheval) : Capitaine Béra. 

16® batterie du 18® régiment (4, à cheval) : Lieutenant Coutures. 

Total : 38 pièces, 16 mitrailleuses. 



1. Cette formation paraît avoir été modifiée dans le courant de la cam- 
pagne ; d'après certains renseignements, la i" brigade aurait été formée des 
6* mixte de légère, 4« lanciers de marche, 5* mixte de ligne ; la 2^, du 
4fi mixte de légère, A^ et 7^ cuirassiers de marche. En outre, le 8® hussards, 
venant d'Algérie, aurait rallié le 17^ corps après la bataille du Mans et avant 
de passer au 3i«. 

2. Cette batterie compta d'abord à la colonne de Tours, puis à la 8^ division 
du 16« corps (16 déc), enfin à la réserve du 17 corps (29 déc.) [nistorique du 
corps], 

3. Cette batterie, arrivée le il janvier au Mans par voie ferrée, rétrograda 
le môme jour sur Vitré et passa ensuite au 2i« corps (26 janvier). 



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ANNEXES. 383 



PARC D'ARTILLERIE 

Chef d'escadron Rabot. 

15* compagnie du 3® régiment du train des équipages. 

RÉSERVE ET PARC DU GÉNIE 

2* section de la 4* compagnie bis du 3* du génie. 

Total général pour le 17* corps : 38 bataillons, 20 escadrons, 
108 pièces, 2 compagnies du génie'. 

CORPS FRANCS 

Kégiment de volontaires de TOuest (zouaves pontificaux) : Colonel 
de Charette*. 

Les Amis de Paris : Capitaine Lebloys. 
Eclaireurs de la Gironde. 
Francs- tireurs de Blidah (Brun). 
Francs-tireurs de la République à Tours (Husson). 
Francs-tireurs de la Haute- Vienne (Soudanas), 
Tirailleurs toulonnais (Clair). 



1. Le 17* corps comptait environ 26,000 hommes le 2 décembre. 

2. Fort de 2 bataillons et d*un peloton d*éclaireurs le 2 décembre; le 8« ba- 
taillon était en formation. Au moment de Tarmlstice ce corps était composé 
de 3 bataillons, i batterie de montagne, i peloton d'éclaireurs à cheval. 



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ANNEXE 4, 

19- CORPS» 



Général de division DARGENT. 

Chef d'état'tnajor : Lieutenant-colonel Colik. 

Sous'chef : Chef d'escadron Chrétien. 

Commandant VartiUerie : Capitaine dé vaisseau Schwerer. 

Chef d'état-major : Lieutenant-colonel Poizat, Wartelle. 

Commandant le génie : Lieutenant-colonel Bourgeois. 

Chef d'état-major : Chef de bataillon Follie. 

Sous-intendant militaire de 2^ clause : Rossignol. 

Médecin principal : Ehrmann. 

Prévôt : Chef d'escadron Azaïs. 

Payeur principal : Mathieu. 

!'• DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade Boubdillon, Daboekt, Luzeux (A), Babdin 
(divisionnaire pr.). 

Chef d'étai-major : Lieutenant-colonel Mangin (A). 

Commandant VartiUerie : Chef d'escadron Faure-Durif, capitaine 
Karlskind. 

Commandant le génie : Chef de bataillon Gazel. 

Sous-intendant militaire : De Pérnssis. 

Prévôt : Capitaine Populus. 

1'* Brigade. 

Général Camô, Rittbr*, lieutenant-colonel Fibcheb. 
55* de marche : N... 



1. Le 19* corps fut d'abord destiné à Tarmée du Nord. 

Le duc de Chartres figurait dans son étal-major comme capitaine auxiliaire 
sous le nom de Robert Le Fort. 

2. N'ont pas rejoint. 



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ANNEXES. 

66* de marche : Lieutenant-colonel d*Arbo, Lecorbeiller. 
96* mobiles (1 bataillon de la Gironde et 1 de la Charei 
Lientenant-colonel Ganterean. 

Total : 8 bataillons. 

2* Brigade. 

Général Luzbux (A). 

71« de marche : Lieutenant-colonel Alessandri. 

1'* légion de mobilisés de la Gironde : Lieutenant-colonel Co 

2* légion de mobilisés de la Gironde : Lieutenant-colonel Bai 

Total : 9 bataillons. 

ARTILLERIE 

25* batterie (4) du 7* régiment : Capitaine Karlskind. 
18* batterie (4) du 8* régiment : Capitaine N... 
1'* batterie (4 de m.) de Tartillerie de marine : Sous-lieut 
Degniau. 

Total : 18 pièces. 

GÉNIE 

!'• section, 14* compagnie bis du 3* régiment. 
Total : 17 bataillons, 18 pièces. 

2* DIVISION D'INFANTERIE 

Général de division Gibabd (A), général de brigade Saubin. 
Chef d'étaUmajor : Chef d'escadron Chrétien, Sénault. 
Commandant Vartillene : Chef d'escadron Schuhler. 
Commandant le génie : Chef de bataillon Monchablon. 
SotiS'intendant militaire : Sérant. 
Prévôt : Lieutenant Deneure. 

1'* Brigade. 

Colonel Laperrine (mobilisés). 

22* chasseurs de marche : Chef de bataillon Gattu-César. 

CAMPAGNE DE IiA LOIRE. II. 25 



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386 JOSNES, VENIX)ME, LE MANS. 

64** de marche : Lieutenant-colonel Cahart, chef de bataillon 
Jacques*. 

r^* légion de mobilisés de la Seine-Inférieure : Colonel Laperrine. 

Total : 7 bataillons. 

2^ Brigade. 

Général Robbbt (A)*, Desmaisons (A). 

5« bataillon de mobiles de la Charente-Inférieure : Chef de ba- 
taillon Wast-Vimeux. ^ 
65* de marche : Lieutenant-colonel de Brème. 
70® de marche : Lieutenant-colonel Peyfant*. 

Total : 7 bataillons. 

ARTILLERIE 

25* batterie (4) du 10* régiment : Capitaine N... 
25® batterie (4) du 13* régiment : Capitaine Vachier. 
4® batterie (4 de m.) d'artillerie de marine : Sous -lieutenant 
Roussel. 

Total : 18 pièces. 

aÊNIE 

2*^ section, 14® compagnie bis du 3® régiment. 
Total : 14 bataillons, 18 pièces. 

3« DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade Saussieb^ Clâbet-Lakoalevant. 
Chef d'état-major : Chef d*escadron Harel, lieutenant-colonel Le 
Gonîdec (A). 



1. 1 bafailloQ de ce régiment fut quelque temps détaché à la 2® division du 
17« corps (i'® brigade). 

2. N*a pas rejoint. 

3. Ghanzy. D*aprés Thistorique du 70« de ligne, le 70« de marche aurait fait 
partie de la 8« division (2* brigade). Il était le 17 janvier à Argentan. 

4. Le colonel Saussier, du 4i«, s*évada de la citadelle de Qraudenz et revint 
eu France où il fut nommé brigadier le 6 janvier. Le 27 février il partit pour 
l'Algérie. 



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ANNEXES. 387 



Commandant Vartillerie : Chef d*escadroii Wartelle. 
Commandant le génie : Capitaine Schwab. 
Sous-intendant militaire : Dauvergne. 
Prévôt : SouB-lieutenant Grissonnanche. 



l'« Brigade. 

Général Roy (A). 

àV mobiles (Ardèche) : Lieutenant-colonel Thomas. 

39^ mobiles (Eure) : Lieutenant-colonel Power. 

3^ légion de mobilisés du Calvados : Lieutenant- colonel I 

Douaniers (410 hommes) : Chef de bataillon Taradon. 

Marins (40). 

Eclaireurs de Normandie (60). 

Guérilla rouennaise (Buhot) [50]. 

Francs-tireurs de Ruyles (Bonnet) [90]. 

Francs-tireurs de Dreux (Laval) [50]. 

Eclaireurs de Seine-et-Oise (Poulet-Langlet) [200]. 

Francs-tireurs de la Canaise (50). 

Total : 10 balaillons, 7 corps francs. 

2" Brigade. 

Colonel GouvoN de Bbaucobps (A). 

6^ bataillon de mobiles de la Loire-Inférieure : Chef de 
Monot. 

1<" et 3* bataillon de mobiles des Landes : Chefs de 
Condamy et Bétat. 

1^ légion des mobilisés du Calvados : Lieutenant-colonel 

2^ légion des mobilisés du Calvados : Lieutenant colonel I 

Francs-tireurs saintais (40 hommes) [Plantj], 

Francs-tireurs du Puy-de-Dôme (44) [1'®, 2* ou 3* compi 

Francs-tireurs de Louvîers-Neubourg (160) [Golvin, Blai 

Francs-tireurs de Lisieux (28). 

Eclaireurs de Breteuil (Glaçon) [lOOj. 

Eclaireurs de Caen (Benoist) [70]. 

Eclaireurs de TEure (Lortie) [90]. 

Corps franc du Calvados (Pascal, Adeline) [100]. 

Total : 9 bataillons, 8 corps francs. 



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388 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 



ARTILLERIE 

25« batterie (4) du 12* régiment : Capitaine Piffan. 

5** batterie (4 de m.) d'artillerie de marine : Capitaine Bouffaj \ 

Total : 12 pièces. 

aÉNIE 

2*^ section, 2® compagnie bù du 3* régiment. 

Total : 19 bataillons, 12 pièces, 15 corps francs. 

DIVISION DE CAVALERIE 

Général de division Abdblal. 
Chef d'état-major : Chef d*escadron Heilmann. 
Sou8-irUendant militaire : De Pérussis, François. 
Prévôt : Lieutenant Chevry. 

1'^ Brigade. 

Colonel Cbamezbl de Kbbhué (3* hussards). 

3" hussards : N.. 

4® hussards de marche : Lieutenant-colonel Bauvieux. 

Total : 8 escadrons. 

2'' Brigade. 

Général de Vouqes db Chanteclaib. 

5® dragons de marche : Lieutenant- colonel Loîzîllon. 

9® cuirassiers de marche : Lieutenant-colonel Grandin. 

Total : 8 escadrons. 

Total pour la division : 16 escadrons. 



1. 1 batterie de 12 était détachée au Havre (J. Richard). 



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ANNEXES. 389 

RÉSERVE D'ARTILLERIE 

Lieutenant-colonel Geille. 

25^ batterie (12) du 8^ régiment : Capitaine Sireau. 

19^ batterie (4, à cheval) du 18* régiment : Capitaine N... 

1^0 et 2** (à balles) des mobiles de la Gironde, N... et N... 

16* bis mixte (8) de Tartillerie de marine : Capitaine Vial. 

22® mixte (8) de Tartillerie de marine : Capitaine Viviès *. 

Total : 38 pièces. 

PARC D'ARTILLERIE 
Chef d'escadron Faure. 

RÉSERVE ET PARC DU GÉNIE 
V section, 2® compagnie bis du 3® régiment. 

TRAIN DES ÉQUIPAGES MILITAIRES 

8* compagnie du 3*^ régiment. 

Total général : 50 bataillons, 86 pièces, 16 escadrons, 
2 compagnies du génie. 



1. 1 batterie de 12 était détachée au Havre (J. Richard). Le même auteur 
fait figurer à la réserve du 19« corps les 29* et 30« batteries de l'artillerie de 
marine, qui faisaient partie de la réserve du 15« corps. 



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ANNEXE 5. 

COLONNE DE TOURS ^ 



Général de brigade Camô. 

Chef d'état-major : Lieutenant-colonel Colin. 

Commandant V artillerie : Chef d'escadron Cazal. 

l'*' Brigade. 

Lieutenant-colonel Millot. 

16* chasseurs de marche : Chef de bataillon Béchet. 
59* de marche : Lieutenant-colonel Barille, Isnard de Saiute-Lo- 
rette. 

72* mobiles (Cantal) : Lieutenant«colonel Cambfort*. 
88* mobiles (Indre-et-Loire) : Lieutenant-colonel de Cools. 

2* Brigade. 

Lieutenant-colonel de Mobqan. 

Régiment de gendarmerie à pied: N... 

27* mobiles (Isère) : Lieutenant-colonel Gustin, Vial. 

Compagnie de l'Ain on franco -suisse : Capitaine Jayr. 

Francs-éclaireurs de Tannée ' : Capitaine Bonnet. 

BRIGADE DE CAVALEBIE 

Général Tripabt. 

4* lanciers de marche : Lieutenant-colonel de Ruot. 

3* hussards de marche : Lieutenant- colonel Noirtin. 



1. Elle comptait 16,000 hommes le 37 novembre 1870 ; elle fut dissoute le 
16 décembre, à Vendôme, et répartie entre le quartier général de Tarmée, la 
S® division du 16« corps et le 2i« corps. 

2. Ce régiment ne rejoignit que le soir du 7 décembre. 

3. D*aprè8 Chanzy. Le général Camô dit ne les avoir jamais vus. 



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ANNEXES. 391 

2" chassears de marche: Lieutenaut-colonel Bohîn. 
7* cuirassiers de marche : Lieutenant-colonel Bergère 
!•' régiment de gendarmerie à cheval : Lieutenant-co 

ARTILLERIE 

23® batterie (4) du 7® régiment : Capitaine Perret. 
22® batterie (4) du 8® régiment : Capitaine Clairac. 
22® batterie (à balles) du 13® régiment : Capitaine Sel 
23® batterie (4) du 14® régiment : Capitaine N... 
21® batterie (4) du 15® régiment: Capitaine Vivier des 
17® batterie (4) du 18® régiment: Capitaine N... 

Total : 16 bataillons, 20 escadrons, 38 pièces. 



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ANNEXE 6. 

21* CORPS 



Général de division (A) Jaurès (capitaine de vaisseau). 
Chef d'état-major général : Général de brigade Lotsel, lieutenant- 
colonel Magkan. 

Sous'Chef : Lieutenant- colonel Magnan. 
Commandant Vartillerie : Colonel Sûter. 
Chef d'état-major : Lieutenant-colonel Portes. 
Commandant le génie : Colonel Eudes d*Eudeville. 
Chef d* état' mxijor : Lieutenant- colonel Dorment, Besnier. 
Intendant militaire : La Chevardière de la Grandville. 
Grand prévôt : Lieutenant-colonel Perrotin. 
Médecin principal : Lecomte. 
Payeur principal : De Courcy. 



!'• DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade Rousseau (Pr). 
Chef d'état-major : Chef d'escadron (A) de May. 
Commandant VartiUerie : Chef d'escadron Chaumet (artillerie de 
marine). 

Commandant le génie : Chef de bataillon Pierre. 
SotM'intendant militaire : De Planaz. 
Prévôt : Capitaine Allemand. 



l're Brigade. 

N... 

13" chasseurs de marche : Chef de bataillon Lombard. 

58® de marche : Lieutenant-colonel Roux. 

3*^ bataillon de mobiles de TAube : Chef de bataillon Allègre. 



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ANNEXES. 

4t^ bataillon de mobiles des Deux-Sèvres : Chef de bataillon ( 
2® bataillon de mobiles de la Loire-Inférieure : Chef de hî 
Hérivean. 

5® bataillon de mobilisés de la Sarthe : Chef de bataillon La 

Total : 8 bataillons. 

2^ Brigade. 

Lieutenant-colonel Dutillet de Villars, Colonel Etienne. 

4^,7* ,8** compagnies de marche du 26^ de ligne : Capitaine Ba 
Fessé. 

2^, d'^, 4^ compagnies actives du dépôt du 94* de ligne : Ca 
de Verdilhac. 

90® mobiles (Corrèze *) : Lieutenant-colonel Feugeas. 

Bataillon de mobilisés de la Sarthe : Chef de batailloi 
loume *. 

Total : 5 bataillons. 

ARTILLERIE 

25* batterie (4) d'artillerie de marine : Capitaine Choblet. 
25* batterie bis (4) d'artillerie de marine : Capitaine Drevet 
25* batterie ter (4) d'artillerie de marine : Capitaine Fourni 
1 section de 12 de Maine-et-Loire et une section de cai 
balles. 

Total : 22 pièces. 

aÊNIE 
2* section, 4* compagnie bis, 2* régiment. 

CAVALERIE 

Chef d'escadron Dubucquois. 

Un escadron du 11* chasseurs: Capitaine de Christen. 



1. D'abord à a bataillons seulement (i^^ et a« de la Corrèze), ce r< 
fut ensuite renforcé d*un bataillon de la Sarthe, le 5«. 
8. Paraît n*avolr pas rejoint. 



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394 JOSNES) VENDOME, LE MANS. 

Un escadron du 1*' hussards : Capitaine Biilton. 
Deux escadrons du 6* dragons de marche : Capitaines de Coniac et 
Varoquier *. 

Total : 4 escadrons. 

CORPS FRANCS 

Volontaires de la Dordogne (Legros). 

Légion franco-montéyidéenne (CoUin, 1 compagnie). 

Ëclaireurs de la Sarthe : Capitaine Leturny. 

Éclaireurs de la Ferté-Bemard (N...). 

Ëclaireurs à cheval de ]*Orne (Du May, Rouleau-Dugage). 

Total : 13 bataillons, 4 escadrons, 22 pièces. 

2« DIVISION D'INFANTERIE 

Général de division (A) Colin. 
Chef d'état-major : Capitaine Laborie de Labatut. 
Commandant Vartillerie: Chef d*escadron de Vauguyon (garde mo- 
bile). 

Commandant le génie: Chef de bataillon Debons. 
Sous-intendant mUUaire : Vialet de Presles. 
Prévôt : Capitaine Lalois. 

l'« Brigade. 

Lieutenant-colonel Vilain (56* de marche). 

ôG" démarche* (N...). 

10® bataillon de marche dlnfanterie de marine (4 compagnies du 
1®' régiment) : Chef de bataillon Herbillon. 

4® bataillon de mobiles dlndre-et-Loire : Chef de bataillon Cas- 
tillon. 



1. J. Bichard. D'après d'autres documents, le 8« de cavalerie légère mixte 
aurait été attaché à la i^ division du 31^ corps dés la fia de novembre. 

a. Dés sa formalioo, ce corps fut partagé en trois fractions qui marchèrent 
avec trois corps d'armée différents ; le i<>' bataillon seul était présent au Si« 
corps dans la première semaine de décembre. 



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ANNEXES. 395 

6** bataillon de mobiles d'Ille -et- Vilaine : Chef de bataillon Sisson. 
3* bataillon de mobilisés de la Sarthe (N... '). 

Total : 7 bataillons. 

2'' Brigade. 

Lieutenant-colonel des Moutis (49^ mobiles). 
59* de marche, lieutenant-colonel Barille. 
41* de ligne, 1 bataillon : Capitaine Lévy. 

9* bataillon de marche d*infanterie de marine (4 compagnies du 
!•' régiment*) : Chef de bataillon Meunier. 
49* mobiles [Orne, 4 bataiUons] (N...). 
4* bataillon de mobilisés de la Sarthe (N...). 

Total : 10 bataillons. 

ARTILLERIE 

22* batterie (4) du 7* régiment : Capitaine Mugnier. 
23* batterie (4) du 13* régiment : Capitaine Nié, Lenfant. 
25* batterie (4) du 13* régiment : Capitaine Vachier. 
1 section (12) de Maine-et-Loire. 

Total : 20 pièces. 

aÉNIE 
2* section, 8* compagnie hts, V régiment, 

CAVALERIE 

1 escadron du 6* hussards (fit ensuite partie du 8* mixte de cava- 
lerie légère). 



1. D'après ChaDzy, le 68« mobiles (Eure-et-Loir), UeutoDant-colonel de la 
Marliôre, aurait fait partie de cette brigade. 

a. Ce bataillon et le 69« de marche entrèrent au commencement de Janvier 
seulement dans la brigade des Moutis. 

Le 87 novembre elle se décomposait ainsi : 

49e mobiles, 4,700 hommes ; 4i« de ligne, 1 bataillon, 1,800 hommes ; 8 ba- 
taillons de mobiles de Tlsôre, 3,600 hommes ; 8 bataillons de mobilisés de la 
Sarthe, 8,400 hommes. 

Les mobiles de Tlsére passèrent dans un autre corps d'armée le 8 décem- 
bre et furent remplacés par les francs-tireurs d'Argentan et par 5 compagnies 
de francs- tireurs de Paris. Ces derniers devinrent ensuite indépendants du 8i« 
corps. 



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396 JOSNESy VENDOME, LE MANS. 



CORPS FRANCS 

Francs-tireurs de la Sarthe : Commandant de Fondras (passèrent 
ensuite au 16® corps). 

Francs- tireurs du Gard (1^ compagnie, Desplaces), 

Volontaires de Mamers (Chariot). 

Francs-tireurs d* Argentan (Dubuisson). 

Francs-tireurs du Mans (Demorîeux). 

Eclaireurs à pied d'Angers : Commandant Beaupré *. 

Total : 17 bataillons, 20 pièces, 1 escadron. 

3« DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade Guillok, de Villeiieuve. 
Chef d* état-major : Capitaine de Champflour. 
Commandant VartUlerie: Chef d*e8cadron de Magallon, Faure- 
Durif. 

Commandant le génie : Chef de bataillon Benier. 
Souè-intendant militaire : Bai*atier. 
Prévôt: Capitaine Mignot. 

1'" Brigade. 

Lieutenant-colonel Stéfani. 

6* bataillon de fusiliers marins : Capitaine de frégate Michaud. 
lô** mobiles (Calvados): Lieutenant-colonel de la Barthe. 
78® mobiles (Vendée, Lot-et-Garonne et Gironde) : Lieutenant- 
colonel de Lautrec. 

4® bataillon de mobilisés du Finistère : Chef de bataillon Rigalau. 

Total : 8 bataillons. 

2"* Brigade. 

Général (A) du Temple, capitaine de frégate. 

3® bataillon de fusiliers marins : Lieutenant de vaisseau Picot. 



1. Ces 2 derniers corps figuraient à la 2® brigade de la 2« division le 12 
janvier. 



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ANNEXES. 397 

30^ mobiles (Manche) : Lieutenant-colonel Lemoyne des Mares, 
de Grainville. 

92® mobiles (2 bataillons de la Manche, 1 du Calvados) : Lieute- 
nant-colonel de Tocqne ville. 

2* bataillon des mobilisés de la Sarthe [l"' légion] (N...). 

Total : 8 bataillons. 

ARTILLERIE 

21® batterie (4) du 10* régiment : Capitaine Barbé. 
21® batterie* (4) du 12* régiment: Capitaine Faure-Durif, Mour- 
ret. 

24® batterie (4) du 1 4® régiment : Capitaine Marquet. 
1 section (8) artillerie de marine. 
1 section (12) de Maine-et-Loire. 

Total : 22 pièces. 

aÉNIE 

1'® section, 4® compagnie 6w, 2® régiment. 
Total : 16 bataillons, 22 pièces. 

4« DIVISION D'INFANTERIE » 

Général de brigade (A) Gouoeard, capitaine de frégate. 
Chef d'étalHfnajor : Colonel Bernard (A). 
Commandant l'artillerie : Lieutenant de vaisseau Coq. 



1 . Cette batterie changea son matériel pour des canons à balles le 5 janvier. 

2. Le 28 novembre cette division se composait de 14,000 hommes répartis en 
6 demi-brigades (10 bataillons de mobilisés, 4 de mobiles, 4 dMnfanterie de 
ligne, 1 batterie de 12, 14 pièces de 4 de montagne, 10 mitrailleuses Gatling, 
1 escadron du 2» lanciers, i escadron de gendarmerie, 1 demi-escadron d'éclai- 
reurs des Gôtes-du-Nord, 6 compagnies de francs-tireurs). A partir du 21 dé- 
cembre on la reconstitua en 2 brigades ; une S« brigade, dite de réserve, 
comprit 4,000 malingres ou éclopés, etc. Pendant Tarmistice la division fut 
rattachée à Tannée de Bretagne ; son effectif, de 10,000 hommes le 8 janvier» 
était réduit à 7,600 le 17. 

1 bataillon des volontaires de TOuest (chef de bataillon de Moncuit) et le 
6* bataillon de mobiles des Gôtes-du-Nord rejoignirent la 4« division à la fin de 
décembre. 



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398 JOSNES, 

Commandait le génie : Chef de bataillon Lejeune. 
Sous-^ntendant militaire : Bonnamy. 
Prévôt : Sous-lieutenant BonUenger. 

1'* Brigade. 

Colonel Bel, Jehekkb. 
1^ demi-brigade : Colonel Bel, Riffaut. 

1*^ 2", 3* bataillons de mobilisés de la Loire-Inférieure : Chef de 
bataillon de Trégomin. 

1 bataillon mixte des 25* et 86* de ligne : Capitaine Salle. 
2* demi-brigade : Lieutenant-colonel Daguet. 
1 bataillon du 62* de ligne : Capitaine Germain. 
1 bataillon du 97* de ligne : Capitaine Darmoix. 
1 bataillon de mobilisés d'Ille-et-Vilaine (N...). 
Total : 7 bataillons. 

2* Brigade. 

Colonel DE Pineau. 

3* demi-brigade : Lieutenant-colonel Riffaut. 
1 bataillon du 19* de ligne : Capitaine Cavallié. 
5* et 6* bataillons des mobilisés de la Mayenne (N...). 
4* demi-brigade : Lieutenant^colonel Perrin. 
1 compagnie de la légion étrangère. 
1 bataillon de mobilisés du Morbihan (N...). 
1 bataillon de mobilisés de la Loire-Inférieure (N...). 
Total : 5 bataillons. 

ARTILLERIE 

18* batterie (4 à cheval) du 8* régiment : Capitaine N... 
22* batterie (12) du 10* régiment : Capitaine Canton. 
1 batterie (4 de montagne) : Capitaine d*Osteja. 
1 batterie (8 pièces de 4 de montagne) : Capitaine Normand. 
1 batterie (10 mitrailleuses Gatling) * : Enseigne de vaisseau de 
Laforte. 

1 batterie (8) de rartillerie de marine (N...), 
Total : 40 pièces. 



1. Les batteries de montagne et de Gatling étaient servies par des marias. 
(Rapport du lieutenant de vaisseau Coq.) 



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ANNEXES. 399 

1 compagnie du génie auxiliaire. 
1 escadron du 2® lanciers (N...). 

1/2 escadron des éclaireurs bretons : Capitaine Carré-Kërisouet* 
Total : 12 bataillons, 40 pièces, 1 1/2 escadron. 

DIVISION DE CAVALERIE « 

Général de brigade (Pr) Guillon. 

Chef d'état-major : Chef d*escadron Périgord de Villechenon. 

Sous-intendant militaire : Cosson, Berneval. 

Prévôt: N... 

1'' Brigade. 

Général de Tucé. 

1*^' hussards de marche : Lieutenant-colonel Bonne. 
3^ de cavalerie légère mixte: Lieutenant-colonel Bonie. 
Total : 8 escadrons. 

2'' Brigade. 

N... 

8* cuirassiers de marche : Lieutenant- colonel Humblot. 
6® dragons de marche : Lieutenant-colonel Dutillet de Villars. 
8^ de cavalerie légère mixte : Lieutenant-colonel Palanque. 
Total : 12 escadrons. 

17*^ batterie (4, à cheval) du 18" régiment : Capitaine Arguet. 
18" batterie (4, à cheval) du 18" régiment : Capitaine Aymès. 
Total : 20 escadrons, 8 pièces. 

RÉSERVES * 

Général de brigade Collet (A) [capitaine de vaisseau]. 
Commandant en second: Chef d'escadron ËfiFantin. 
Chef d' état-major : Chef d'escadron Lallemand (A). 
Sous 'intendant : Mallarmé. 



1. Le 7 mars 1871, au moment de la dislocation de l'armée, cette division, 
provisoirement sous les ordres du colonel de Lacombe, avait la composition 
suivante : 8«» cuirassiers de marche, 3« de cavalerie légère mixte, l»' hussards 

e marche, 8® hussards. 

2. Ces réserves furent disloquées après la fin de décembre et leurs éléments 
répartis dans les divisions. Le générât Collet fut tué à Fréteval le 15 décembre. 



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400 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

4'* bataillon des mobiles des Deux-Sèvres : Chef de bataillon Chi- 
rac. 

1**' bataillon des mobiles du Gard (N...). 

6** bataillon des mobiles des Côtes-dn-Nord (N...). 

4® bataillon de fusiliers marins : Capitaine de vaisseau Collet. 

5^ bataillon de fusiliers marins : Capitaine de frégate Sarlat. 

9® bataillon d*infanterie de marine : Chef de bataillon Meunier. 

Légion des volontaires de TOuest : Colonel de Charette '. 

2 escadrons de gendarmerie de marche : Chef d'escadron Seigle. 
2 escadrons du 6* dragons de marche : Chef d'escadron de Jessé. 

1 escadron du 5' hussards : Capitaine de Montholon. 

2 escadrons de hussards : Capitaines de Conlac et de Chatillon. 

V batterie (4) des mobilisés de Maine-et-Loire (N...). 

2" batterie (12) des mobilisés d'IUe-et-Vilaîne : Capitaine Cocheret- 
Lamj. 

3' batterie (12) des mobilisés d'Ille-et-Vilaine (N...). 

20*^ batterie (à balles) du 6* régiment : Capitaine Bègue. 

19' batterie (à baUes) du 14« régiment (N...). 

14* batterie mixte (7) du 15® régiment : Capitaine Boné *. 

21* batterie (4) d'artillerie de marine (N...). 

1'" batterie (à pied) des mobilisés de Maine-et-Loire : Capitaine 
Léger, Jocanitz. 

21* batterie bta (4) d'artillerie de marine : Capitaine Hugot. 
Total : 8 bataillons, 7 escadrons, 58 pièces. 

PARC D'ARTILLERIE 

Chef d'escadron de Saint-Gebmain. 

21* compagnie, 21* compagnie bis, 22* compagnie du V^ régiment 
du train d'artillerie. 

21* compagnie du 3* régiment du train des équipages. 
2* compagnie d'ouvriers constructeurs. 

Total général : 66 bataillons, 170. pièces, 33 1/2 escadrons, 
2 1/2 compagnies du génie. 



1. Plusieurs de ces corps figurent également aux divisions du ai« corps, où 
ils furent versés à la un de décembre. 

2. A dater du 26 janvier. 



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ANNEXE 7. 

25* CORPS V 



Général de division Poubcet. 

Chef d'état-major général : Colonel Fourchaalt. 

Soti9-chef: Chef d*escadron Lespinas. 

Commandant r artillerie: Colonel Ch&]^]^e. 

CAe/d^to^ma^or: Chef d'escadron Zurlînden. 

Commandant le génie : Colonel Granier. 

Chef df état-major : Chef de bataillon Aubry. 

Intendant : Louet (A). 

Médecin principal : Marchessanz. 

Grand prévôt : Chef d'escadron Harel. 

Payeur principal : Gisbert. 

Aumônier : Abbé Bpudil. 

!'• DIVISION D'INFANTERIE 

Général de division Bbuat (A) [capitaine de vaisseau]. 
Chef d'état-major : Lieutenant-colonel Martin des Pallières (infan- 
terie de marine), capitaine Miramond, lieutenant-colonel de la Haye- 
Commandant V artillerie : Chef d'escadron Peyrac. 
Commandant le génie : Chef de bataillon Cavarois. 
Prévôt : Capitaine Chatellier. 

1'' Brigade. 

Général db Bbbnabd db Seigneubens (A). 
74^ de marche : Lieutenant-colonel Laurence, Suchel. 
Bégiment de marche d'infanterie de marine (2 bataillons) : Lieu» 
tenant-colonel Fiize, Azan. 
Total : ô bataillons. 



1. Â la date du 87 janvier; une grande partie de ses éléments ne rejoignirent 
pas avant les derniers jours de janvier et il ne fut rattaché à la 8^ armée que 
pendant Tarmistice. 



CAMPAONB DB L\ LOIRB. H. 26 



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402 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 



T Brigade. 

Général Lb Mobdan de Lanqoubiah (A). 
75* de marche : Lieutenant-colonel Blot, Gnichard. 
1*' régiment de fusiliers marins (2 bataillons) : Capitaine de frégate 
Ansart, Dubrot. 

Total : 5 bataillons. 

ARTILLERIE 

26« batterie (4) du 2« régiment (N...). 

25* batterie (4) du 9* régiment : Sons-lieutenant Blanche. 

27* batterie (4) du 14* régiment : Capitaine Guillaume. 

Total : 18 pièces. 

GÉNIE 

1^ section, 11* compagnie hù, 2* régiment. 
Total ; 10 bataillons, 18 pièces. 



2* DIVISION D'INFANTERIE 

Général de division de Chabbok. 

Chef d'état-major : Chef d'escadron Bourgeois. 

Commandant Vartillerie : Chef d*escadron Demaj. 

Commandant le génie : Chef de bataillon Grillières. 

8ou8-intendant militaire : Massiot. 

Prévôt : Lieutenant Levrard. 

1'* Brigade. 

Colonel Chaulan, général (A) Cabbol-Tévis (Américain)*. 
7* bataillon bis de chasseurs de marche : Chef de bataillon Du- 
bois. 



l. A commandé également la i^ brigade de la division Gremer. 



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ANNEXES. 403 

6* bataillon des mobiles du Puy-de-Dôme : Chef de bataillon FU 
gnol. 

Légion des mobilisés de Tlndre : Lieutenant-colonel Gaubert. 

Total : 5 bataillons. 

2^ Brigade. 

Colonel Leclaibe (ne rejoignit pas). 

77* de marche : Lieutenant-colonel Duval. 

Légion des mobilisés du Cher : Lieutenant- colonel Vermeil. 

Total : 5 bataillons. 

3' Brigade'. 

N... 

3* légion des mobilisés de la Gironde : Lieutenant-colonel Baingot. 

4* légion des mobilisés de la Gironde : Lieutenant-colonel Pellias. 

Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

26® batterie (4) du 12* régiment : Capitaine Zimmer. 
26* batterie (4) du 13* régiment : Capitaine Gobillard. 
25* batterie (4) du 15* régiment: Capitaine Laude. 

Total : 18 pièces. 

GÉNIE 

2* section, 11* compagnie bis, 2* régiment. 
Total : 16 bataillons, 18 pièces. 

3* DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade Febbi-Pisani-Joubdan de Saint-Anâstase. 
Chef d'état-major : Capitaine Fickelschérer. 
Commandant V artillerie: N... 



1. Cette brigade ne rejoignit que le 20 février. 



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404 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

Commomdantle génie: Capitaine Court. . 
8ùU8'int€ndawt milttaire : de France. 
Prévôt : Lieutenant Nicol. 



1" Brigade. 

Lieutenant-colonel Laubenb. 
78* de marche : Lieutenant-colonel Barbier. 
Légion des mobilisés de la Dordogne (N...). 
Total : 6 bataillons. 

2'' Brigade. 

Lieutenant-colonel Blot. 
79* de marche : Chef de bataillon Blanc. 

1 bataillon des mobilisés de la Côte-d'Or : Chef de bataillon Grrim- 
blot. 

Total : 4 bataillons. 

3' Brigade*. 

Général de brigade Bourovade. 

1'* légion des mobilisés des Landes: Colonel de Montgaillard. 
2* légion des mobilisés des Landes : Colonel de Boëto. 
8* légion des mobilisés des Landes : Lieutenant-colonel Castera. 
Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

24* batterie (4) du 6* régiment : Sous-lieutenant Berrier. 
26* batterie (4) du 9* régiment (N...). 
24* batterie (4) du 10* régiment (N...). 

Total : 18 pièces. 

• GÉNIE 

1" section, 8* compagnie 6w, 2* régiment. 
Total : 16 bataillons, 18 pièces. 



1. Cette brigade rejoignit du 26 janvier au 9 février. 



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ANNEXES. 405 



DIVISION DE CAVAIiERIE 

Général de division (A) Tbipabt. 

Chef d'état-major : Lieutenant-colonel de la Haye, chef d'escadron 
Hacquart. 

SouB'intmdant militaire : Macquin. 
Prévôt: Lieutenant Lauga. 

l'* Brigade. 

Général Dblhorhb (â) [colonel de gendarmerie). 
9* de cavalerie légère mixte : Lieutenant-colonel Maason. 
9* dragons de marche: Lieutenant- colonel Castanîer. 
EclaireurB des Deux-Sèvres (1 escadron) : Capitaine Bouchon. 
Total : 9 escadrons. 

Q? Brigade. 

Général db Bbuchàed (A). 

10^ de cavalerie légère mixte : Lieutenant- colonel de Barbançoîs* 
Régiment des mobiles à cheval de la Dordogne : Lieutenant-co- 
lonel de Bourgoing. 

Total : 8 escadrons. 

Total pour la division : 17 escadrons. 

RÉSERVE D'ARTILLERIE 

Chef d'escadron Vidal. 

26® batterie (12) du 14* régiment: Capitaine Talayrach. 

20* batterie (4, à cheval) du 18* régiment: Capitaine Ardilouze. 

20* batterie (12) du 19* régiment : Capitaine de Pontuch. 

21* batterie (12) du 19* régiment : Capitaine Berguin. 

22* batterie (4, à cheval) du 19* régiment : Capitaine Patureau. 

1** batterie (à balles) des mobiles des Basses-Pyrénées : Capitaine 
Bergeret. 

2* batterie (à balles) des mobiles des Basses-Pyrénées : Capitaine 
Delaigne. 

Total : 42 pièces. 



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406 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

PARC D'ARTILLBRIE 
Chef d'escadron Bouel. 

PARC ET RÉSERVE DU GÉNIE 
2^ section, 8^ compagnie bis, 2^ régiment: Capitaine Renard. 

TRAIN DES ÉQUIPAGES MILITAIRES 

Chef d'escadron Cliaossade ' . 

Total général : 42 bataillons^ 96 pièces, 17 escadrons, 2 com- 
pagnies du génie. 



1. Le 27 Janvier, Teffectlf du 26» corps atteignait 1,028 officiers, 33,684 
hommes de troupe, 6,423 chevaux. Avec les absents, le total dépassait 4i,ooo 
hommes. 

Le nombre des cartouches élalt de 60 à 90 par homme. 

Celui des gargousses et des projectiles de 48 à 60 par pièce. 



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ANNEXE 8. 

2& CORPS' 



Général de division (Pr) Billot. 
Chef d'état-major général : Colonel du génie GouBi. 
SouB'Chef: Chef d'escadron de Bastard d'Ëstang, Mieulet. 
CommandaiU r artillerie : Colonel Dartiguelongae, lieutenant -co- 
lonel Massenet. 

Chef d'état^major : Lieutenant-colonel Pion. 
Commandant le génie : Lieutenant-colonel Dorment. 
Chef d'état-major : Chef de bataillon Girardin. 
Sous'intendant militaire : Millon. 
Prévôt : Chef d'escadron Vuillermet. 

!'• DIVISION D'INFANTERIE 

Général de division (Pr) D'Abies. 
Chef d* état-major : Chef d'escadron (A) d'Ollone. 
Commandait Vartillerie: Chef d'escadron Wilmet (train d'artil- 
lerie). 

Commandant le génie : Chef de bataillon Barisien. 
Sous-intendant militaire : d'Amade. 
Prévôt : Capitaine Delguey-Malavas, 

1" Brigade. 

Général (A) Hue de la Colombe. 

27*^ chasseurs de marche : Chef de bataillon Fauquignon *. 



1. n n'est pas exact, comme l'affirme M. J. Richard, que le %6^ corps ait été 
organisé à Lyon pendant rarmistice. 

Son organisation, commencée dés la fin de janvier, s'est faite à Poitiers ou 
aux environs. 

ï. Arrivé le 17 février à Argenton.- 



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408 JOSNES, VENDOME^ LE HANS. 

80* de marche : Lieutenant-colonel Grémion. 
1^ légion des mobilisés des Bassea-Pyrénées : Lieutenant-colonel 
Michel-BenaUd. 

Total : 7 bataillons. 

2* Brigade. 

Colonel Dblatouchb (infanterie de marine). 
81* de marche : Lieutenant- colonel Marié. 

2* légion des mobilisés des Basses- Pyrénées : Lieutenant- colonel 
de Saint-Gandens. 

Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

27* batterie (4) du V régiment (N...)- 

27* batterie (4) du 13* régiment (Casugnol). 

Batterie (à balles) des mobiles de la Charente-Inférieure (N...). 

Total : 20 pièces. 

GÉNIE 

1'* section, 2* compagnie bis, V régiment. 
Total : 13 bataillons, 20 pièces. 

2« DIVISION DINFANTERIE 

Général de brigade de Fobht de là Bla.kchbtâb. 
Chef d' état-major : Chef d*escadron Decosmi. 
Commandant l'artillerie : Chef d'escadron Gardot (train d'artil- 
lerie). 

Commandant le génie: Chef de bataillon Gilles. 
Sous-intendant militaire : Guillemin. 
Pr^véf; Lieutenant Rousseau. 

1" Brigade. 

Lieutenant-colonel Villàix. 

28° chasseurs de marche : Chef de bataillon Vandenputten. 



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. ANNEXES. 409 

82* de marche : Lieutenant-colonel Chevreuil. 

1'* légion des mobilisëB du Gers : Lieutenant-colonel Këva. 

Total : 7 bataillons. 

2' Brigade. 

Colonel (A) Collin. 

85* de marche : Lieutenant-colonel Thomas. 

2* légion des mobilisés du Gers : Lieutenant-colonel Dufau. 

Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

26* batterie (4) du 7* régimeilt : Capitaine Caries. 
26* batterie (4) du 15* régiment : Capitaine Colas '. 
Batterie (à balles) des mobiles de la Vendée. 

Total : 20 pièces. 

GÉNIE 

2* section, 2* compagnie bis,. V régiment. 
Total : 13 bataillons, 20 pièces. 

3* DIVISION D'INFANTERIE 

Général de brigade db Bouille. 

Chef d'état-major : Lieutenant-colonel Gallj-Passebosc (infanterie 
de marine). 

Commandant V artillerie : Chef d'escadron Lebas. 
Commandant le génie : Chef de bataillon Tessier. 
SouB'intendant militaire : Virouz. 
Prévôt : Sous-lieutenant Pasquier. 

1'* Brigade. 

N... 

29* chasseurs de marche: Chef de bataillon Defaucamberge. 



1. Arrivée le lO février seulement à Poitiers. 



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410 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

86* de marche : Lieutenant-colonel Gerder. 
1^ légion des mobilisés d'Indre-et*Loire : Lieutenant-colonel Fes- 
cheuz. 

Total : 7 bataillons. 

2" Brigade. 

N... 

87® de marche : Lieutenant-colonel Lesur. 

2* légion des mobilisés d*Indre-et-Loire (N...). 

Total : 6 bataillons. 

ARTILLERIE 

28* batterie (à balles) du 2* régiment : Sous-lieutenant Venus. 
28* batterie (4) du 13* régiment : Capitaine Cirbeau (Pr). 
29* batterie (4) du 14* régiment (N...). 

Total : 20 pièces. 

GÉNIE 

1** section, 3* compagnie bis, 3* régiment. 
Total : 13 bataillons, 20 pièces. 

DIVISION DE CAVALERIE 

Général de brigade de Boëbio. 
Chef d'état-major : Chef d*escadron Vincent. 
Sous-intendant militaire : Durand de Grossouvre. 
Prévôt : Lieutenant Jonquière. 

1'* Brigade. 

Général (Pr) LixuvÉ. 

1*' cuirassiers de marche : Lieutenant-colonel BaîUod. 

11* cuirassiers de marche : Lieutenant-colonel Tondon. 

Total : 8 escadrons. 



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ANNEXES. 411 

2** Brigade. 

Général (Pr) Pollabd. 

10® dragons de marche : Lieutenant-colonel Simard de Pîtray. 

6' lanciers de marche : Lieutenant-colonel Pierre. 

Total : 8 escadrons. 

Total pour la division : 16 escadrons. 

RESERVE D'ARTILLERIE 

lieutenant-colonel Avril. 

27® batterie (7) du 9« régiment (N...). 

27* batterie (7) du 12® régiment : Capitaine Prieur. 

27® batterie (7) du 15* régiment : Capitaine (A) Le Prévost '. 

22® batterie (7) du 18* régiment : Capitaine (Pr) Froment. 

23® batterie (4 à cheval) du 19® régiment : Capitaine (Feldmann). 

Total : 28 pièces. 

PARC 
Chef d'escadron Olive. 

RÉSERVE DU GÉNIE 

2® section, 3® compagnie bis, 3® régiment. 

Total général : 39 bataillons, 88 pièces, 16 escadrons, 2 com- 
pagnies du génie. 

Total général pour la 2® armée : 277 bataillons, 704 pièces, 
130 escadrons, 12 1/2 compagnies du génie *. 



1. Arrivée le 4 mars seulement à Argenton. 

2. Total parement approximatif, en raison des mutations continuelles et 
des doubles emplois. D'ailleurs, il ne fut atteint qu'à la fin de rarmistice. 



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ANNEXE 9. 

FRACTION D'ARMÉE 

(Armee'Abtheilunp) 

DU GRAND-DUC DE MEGKLBMBOURG-SGHWERIN 
Au 15 novembre 1870*. 



Général d'infanterie FREDERIC - FRANÇOIS , grand-duc de 
Mecklembourg- Schwerîn . 

Chef d'état-major : Colonel v. Krenski. 
Commandant V artillerie : Lieutenant-colonel Wiebe. 
Commandant le génie et les pionniers : Colonel Braun'. 



I" CORPS D'ARMEE BAVAROIS 

Général d'infanterie baron VON UND ZU DER TANN-RATH- 
SAMHAUSEN. 

Chef d'état-major : Colonel v. Heinletb. 

Directeur de l'artillerie de campagne : Général- mig or v. Malaisé. 

Directeur du génie de campagne : Lieutenant-colonel Riem. 

1" DIVISION D'INFANTEMB 

Général-lieutenant v. Stephan. 

Officier d'état-major : Lieutenant-colonel OrC 

1'' Brigade. 

Général-mdjor v. Dibtl. 
Leib-régiment d'infanterie. 
!•' et 2« régiments^ 
2* bataillon de chasseurs. 



1. D*aprô8 rétat-major prussien, Annexe 92, page 166. 

2. Remplacé ensuite par le major Schumann. 

3. Le !«' et le 11« régiment n'avaient que 2 bataillons. 



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ANNEXES. 413 

or Brigade. 



Général-major v. Obpf. 

2* et 11* régiments d'infanterie. 

4*^ bataillon de chasseurs. 

9® bataillon de chasseurs. 

3® chevau-légers. 

2 batteries de 4, 2 batteries de 6. 

1 colonne de munitions. 

Total : 13 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces. 

2* DIVISION D'INFANTERIE 

Général-lieutenant v. Maillingsb. 

Officier d'état-major : Lieutenant-colonel v. Muck. 

3* Brigade. 

Général-major Roth. 

3* et 12® régiments d'infanterie. 

V bataillon de chasseurs. 

4*^ Brigade. 

Général-major baron von xtkp zu dbb Tàitn-Bathsauhausen. 
10* et 13* régiments d'infanterie. 
7® bataillon de chasseurs. 

4* chevan-légers. 

2 batteries de 4, 2 batteries de 6. 
1 colonne de munitions. 

Total ; 14 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces. 

BRIGADE DE CUIRASSIERS 

Général-major v, Tausoh. 
!•' et 2* cuirassiers. 
1 batterie à cheval de 4. 

Total : 8 escadrons, 6 pièces. 



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414 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

RÉSERVE D'ARTILLERIE 

Colonel Bboxzbtti. 

1 batterie à cheval de 4. 

8 batteries de 6. 

1 batterie de 12. 

1 batterie de mitrailleuses (4 pièces)'. 

1 colonne de munitions. 

Total : 64 pièces. 

GÉNIE DE CAMPAGNE 

Major Staudàchbb. 

3 compagnies du génie, 2 équipages de pionniers, 3 équipages de 
ponts, 1 équipage de télégraphes de campagne. 

Total pour le I*' corps d'armée bavarois : 27 bataillons, 
16 escadrons, 18 pièces. 

!?• DIVISION D'INFANTERIE 

Général-lieutenant y. Schimmblmank, von Tresckow XI* 
Officier d^ état-major : Major Fischer. 

33« Brigade. 

Général-major baron v. Kottwiti. 
75' et 76^ régiments (hanséatiques). 

34* Brigade. 

Colonel V. Màkteupfel. 

89* et 90* régiments (mecklembourgeois). 

14*^ bataillon de chasseurs (mecklembourgeois). 

17" BRIGADE DE CAVALERIE 

Général-major v. Rauch, 

17* et 18* dragons (mecklembourgeois). 

11* uhlans (brandebourgeois). 



1. Cette batterie fut renvoyée le 21 novembre aux corps d'investissement 
sous Paris, comme impropre à la guerre de campagne. 



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ANNEXES. 415 

2 batteries légères, 2 batteries lourdes, 2 batteries à cheval. 
1 compagnie de pionniers de campagne. 

3 colonnes de munitions. 

Total : 13 bataillons, 12 escadrons, 36 pièces. 



22« DIVISION DINFANTBRIB 

Général-major v. Wittich. 

Officier d*état-major : Major v. Holleben, 

43« Brigade. 

Colonel V. Konski. 

32* et 95* régiments (Thuringe). 

44* Brigade. 

Général- major v. Schkopp. 

83* et 94* régiments (Hesse et Thuringe). 

13* hussards (Hesse). 
4 batteries légères, 2 batteries lourdes. 
1 compagnie de pionniers de campagne. 
.5 colonnes de munitions. 

Total : 12 bataillons, 4 escadrons, 36 pièces, 1 compagnie de 
pionniers. 

2* DIVISION DE CAVALERIE 

GépéraMieutenant comte zu Stolbebq-Webniqebode. 
Officier d'état-major : Capitaine Kahler. 

3* Brigade. 

Général-major v. Colomb. 

1*' cuirassiers, 2* uhlans (Silésie). 

4* Brigade. 

Général-major baron v. Babnekow. 

1*' hussards (Leib), 5* hussards (Poméranie). 



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416 JOSKES, VENDOME, LE MANS. 

5* Brigade. 

Général- major v. Baumbaoh. 
4* et 6^ hussards (Silésie). 

2 batteries à cheval. 

Total : 24 escadrons, 12 pièces. 

4* DIVISION DE CAVALERIE 

Général de cavalerie prince Albert de Prusse (père). 
Officier d'état-major : Major v. Versen. 

8* Brigade. 

Général-major v. Hontheim. 

Ô® cuirassiers (Prusse occidentale), 10" uhians (Posen). 

9" Brigade. 

Général-major v. Berne ardi. 

1*^'' uhians (Prusse occidentale), 6" uhians (Thuringe). 

10« Brigade. 

Général- major v. Kbosigk. 

5® dragons (du Rhin), 2* hussards (Leib). 

2 batteries à cheval. 

Total : 24 escadrons, 12 pièces. 

5" DIVISION DE CAVALERIE 

Général-lieutenant v. Kheinbaben. 
Officier d'étaUmajor : Capitaine v. Heister. 

Il*' Brigade. 

Général-major v. Baebt. 

4® cuirassiers (Westphalie), 13® uhJ ans (Hanovre), 19* dragons 
(Oldenbourg). 



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ANNEXES. 417 

12'* Brigade. 

Général-major v. Bbedow. 

V cuirassiers (Magdebourg), IG*' uhlans (Altmark)*, 13® dragons 
(Schleswig-Holstein) . 
2 batteries à cheval. 

Total : 34 escadrons, 12 pièces. 

6* DIVISION DE CAVALERIE 

Général-lieutenant duc von Mecklembubg-Schwebin. 
Officier d' état-major : Major v. SchSnfels. 

±A^ Brigade. 

Général -major v. Schmidt. 

6* cuirassiers (Brandebourg), 3® uhlans (Brandebourg), 15® uhlans 
(Schleswig-Holstein). 

15® Brigade. 

Général-major v. Bauch. 

3« hussards (Brandebourg), 16® hussards (Schleswig-Holstein). 

1 batterie à cheval. 

Total : 20 escadrons, 6 pièces. 

Total général pour T Armée- Abtheilung : 52 bataillons, 
134 escadrons, 39 batteries (232 pièces). 



1. Ces 2 régiments à 3 escadrons seulement depuis la célôbre charge du 
16 août. 



CAUPAOKE DB LA LOIRE. — ir. 27 



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ANNEXE 10. 
IV ARMÉE' 



Général-feldmaréchal FRÉDÉRIC-CHARLES, prince de Prusse. 
Chef d'étcU-maJor : Gënéral-major v. Stiehle. 
Commandant VartiUerie : Génëral-lieuteuant v. Colomîer. 
Commandait le génie et les ptonmers : Colonel Lenthaas. 



III* CORPS D'ARMÉE 

Général-lieutenant v. ALVENSLËBEN II. 
Chef d' état-major : Colonel v. Voigta-Rhetz. 
Commandant l'artillerie : Général-major v. Btilow. 
Commandant le génie et les pionniers : Major Sabarth. 

5« DIVISION D'INFANTERIE 

Général-lieutenant v. Stulpnaoel. 
Officier d'état-major : Major Lovinski II. 

9"" Brigade. 

Colonel V. Conta. 

8' et 48* régiments (Brandebourg). 

lO"* Brigade. 

Général-major y. Schwerin, colonel v. Wulffen. 
12^ et 52^ régiments (Brandebourg). 



1. Au 16 novembre 1870, d'après Télal-major prussiea. 



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ANNEXES. 419 

3** bataillon de chasseurs (Brandebourg). 

12*^ dragons (Brandebourg).. 

2 batteries lourdes, 2 batteries légères. 

1 compagnie de pionniers. 

Total : 13 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces, 1 compagnie 
de pionniers. 

6» DIVISION DINFANTERIE 

Général-lieutenant v. Buddenbbock. 
Officier d^étainnajor : Major v. Greissler. 

11^ Brigade. 

Général-major v. Rothmalbr. 

20® et 35' régiments (Brandebourg). 

12® Brigade. 

Colonel V. Bismarck. 

24® et 64® régiments (Brandebourg). 

2® dragons (Brandebourg). 

2 batteries lourdes, 2 batteries légères. 

1 compagnie de pionniers. 

Total : 12 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces, 1 compagnie de 
pionniers. 

AKTILLERIE DE CORPS 

Colonel y. Dbeskt. 

2 batteries lourdes, 2 batteries légères, 2 batteries à cheval. 
1 compagnie de pionniers. 

Total pour le III® corps : 25 bataillons, 8 escadrons, 84 pièces, 
3 compagnies de pionniers. 



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420 JOSKES, VENDOME, LE MAKS. 

IX- CORPS D'ARMÉE 

Général d'infanterie v. MANSTËIN. 
Chef d'état-majar : Major Bronsart v. Schellendorf . 
Commandant Vartilltrie : Général-major v. Pnttkamer. 
Commandant le génie et les pionnière : Major Hutîer. 

18« DIVISION D'INFANTEBJE 

Général-lieutenant v. Wranobl. 
Officier d'état^major : Major Last. 

35* Brigade. 

Général-major v. Blumenthal. 
36* régiment (Magdebourg). 
84* régiment (Schleewig). 

Se^ Brigade. 

Colonel V. Falkenhauben. 
11* régiment (Silésie). 
85** régiment (Holstein). 

9® bataillon de chasseurs (Lauenbourg). 
6* dragons (Magdebourg). 
2 batteries lourdes, 2 batteries légères. 
2 compagnies de pionniers. 

Total : 13 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces, 2 compagnies 
de pionniers. 

25» DIVISION D'INFANTERIE (Grand-ducale hessoise) 

Général-lieutenant Louis, prince de Hesse. 

Officiers d'état-major : Major v. Hesse ; capitaine prussien v. Hac- 
kewîtz. 

!'• (4O0 Brigade. 

Colonel prussien v. Winckler. 

1*' et 2* régiments hessoîs. 

V bataillon de chasseurs hessois. 



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ANNEXES, 421 

2« (50") Brigade. 



Colonel V. Lynckbb. 

3^ et 4* régiments hessois. 

2*^ bataillon de chasseurs hessois. 



25^ BRIGADE DE CAVALERIE 

Général prussien v. Ramtsau. 
1" et 2« reiter. 

1 batterie à cheval. 

2 batteries lourdes, 3 batteries légères (hessoises). 

1 compagnie de pionniers. 

Total : 10 bataillons', 8 escadrons, 36 pièces, 1 compagnie 
de pionniers. 

ARTILLERIE DE CORPS 

Colonel V. Hagemaiin. 

2 batteries lourdes, 2 batteries légères, 1 batterie à cheval. 

Total : 30 pièces. 

Total pour le IX* corps : 23 bataillons, 12 escadrons, 90 pièces, 
3 compagnies de pionniers. 



X* CORPS D'ARMÉE 

Général d'infenterie v. VOIGTS-BHETZ. 

Chef d'étair-major : Lieu tenant- colonel v. Caprivi*. 

Commandant V artillerie : Colonel v. d. Becke. 

Commandant le génie et les pionnier» : Lieutenant-colonel Cramer. 



1. Les régiments hessois n*avaient que a bataillons. 

2. Actuellement chancelier do Tempire d* Allemagne. 



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422 JOSKES, VËNDOHE, LE MANS. 



19» DIVISION D'INFANTERIE 

Général-lieutenant 7. SoBWABTSKOPPBN, général-major v. Wojna. 
Officier d'état-major : Major v. Scherff». 

37* Brigade. 

Colonel Lehmann. 

78*^ régiment (Frise orientale). 

91*^ régiment (Oldenbonrg). 

38* Brigade. 

Général-major y. Wedbll. 

16'' et 6V régiments (Westphalie). 

9* dragons (Hanovre). 

2 batteries lourdes, 2 batteries légères, 1 compagnie de pionniers. 

Total : 12 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces, 1 compagnie de 
pionniers. 

20* DIVISION D'INFANTERIE 

Général-major v. Kbaatz-Koschlau. 
Officier d'étcU-maJor : Capitaine v. Willisen. 

39« Brigade. 

Général-major v. Woyka, colonel v. Valentini. 
56" régiment (Westphalie). 
79* régiment (Hanovre). 

40' Brigade. 

Général-major v. DiBinasqoFBir. 
17" régiment (Westphalie). 
92* régiment (Brunswick). 



1. L'écrivain militaire bien connu, aujourd'hui géaéral-lieutenant. 



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ANNEXES. 423 

10* bataillon de chasseurs (Hanovre). 

16* dragons (Hanovre). 

2 batteries lourdes, 2 batteries légères, 1 compagnie de pionniers. 

Total : 13 bataillons, 4 escadrons, 24 pièces, 1 compagnie de 
pionniers. 

ARTILLERIE DE CORPS 

Colonel VON dea Goltz. 

2 batteries à cheval, 2 batteries lourdes, 2 batteries légères. 

Total : 36 pièces. 

Total pour le X*' corps : 25 bataillons, 8 escadrons, 84 pièces. 

l'* DIVISION DE CAVALERIE 

Q^néraUlieutenant v. Habtmann. 
Officier d'état-major : Major v. Saldem. 

ir« Brigade. 

Général-major v. LUdebitz. 

2* cuirassiers, 4* et 9' uhlans (Poméranie). 

2^ Brigade. 

Général-major Baumgabth. 

3* cuirassiers et 8*^ uhlans (Prusse orientale). 

12*^ uhlans (Lithuanie). 

1 batterie à cheval. 

Total : 24 escadrons, 6 pièces. 

Total pour la 11^ armée : 73 bataillons, 52 escadrons,. 
264 pièces, 9 compagnies de pionniers. 

Ensemble des forces allemandes actives entre la Seine et la Loire r 
125 bataillons, 186 escadrons, 496 pièces, 15 compagnies de pion- 
niers. 



C*^^^t> ' l C S> »- 



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INDEX 



Albert de Prusse (prince), 53. 
Alençon (combat du 15 janvier), 

314. 
Alvensleben (général von), 193, 

206, 240, 251. 
Arche (combat de V, du 13 janvier), 

298. 
Ardenay (combat du 9 janvier), 217. 
Aube (capitaine de vaisseau), 59. 
Aurelle (général d*), 1, 2. 
Auvours (plateau), 251. 
Azay (combat du 6 janvier), 193. 



Baille (lieutenant-colonel, colonel), 
18, 148, 196, 226,^61. 

Ballon (combat du 13 jauger), 300. 

Bapaume (combat), 176. 

Barby (général von), 116. 

Bailile (lieutenant-colonel), 37. 

Barry (général), 2, 7, 16, 39, 54, 
67, 71, 100, 109, 127, 136, 192, 
207, 212, 214, 224, 309, 362. 

Baumgarth (général), 188, 198. 

Bazin (sous-lieutenant), 267. 

Bazoche-Gouet (la, combat du 29 dé- 
cembre), 162. 

Beaugency (ville), 3, 4. 

Beaugency (combat du 8 décembre), 
29. 



Beaumont (combat du 14 

303. 
Beauvert (combat du 9 dé< 

43. 
Beckendorff (colonel von), S 
Bel (colonel), 252. 
Belfort, 171. 
Belle-Inutile (combat de la, ( 

vier), 221. 
Bellème (combat du 8 janvi 
Bellème (combat du 9 janvl 
Bérard (lieutenant-colonel 

228. 
Béraud (colonel), 309. 
Bérenger (général), 336, Si 
Berge (major von), 279. 
Bernard (capitaine de caval 

78, 90, 137, 163. 
Bernard (capitaine du géni( 
Billot (général), 60, 82, 35i 
Bismarck (comte de), 347. 
Blois (combat du 10 déceml 
Blois (général de), 327. 
Boisdeffre (capitaine de), 1 
Bois-Montbrun (colonel de), 
Boltenstern (lieutenant-coloi 

143. 
Bonnefond-Pédulans (comm 

162,312. 
Bonnet (général), 60. 
Borderîe (de la), 75, 81. 
Borel (général), 60. 
Bouché (intendant général) 
Bouêdec (général Le), 183,2 



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426 



JOSNËS, VENDOME, LE MANS. 



Bounhoure (commandant), 109, 236. 
Bourbaki (général), 2, 58, 64, 72, 

81, 99, 113, 170, 186, 209, 338. 
Bourdilion (général). 88, 232, 288. 
Bourges^ 82, 358. 
Bourgoing (lieutenant-colonel de), 

340. 
Boarnel (colonel), 824, 335, 355. 
Bredow (général von), 314. 
Bressoles (général), 171. 
Briare (combat du l*' janYter), 165. 
Briare (combat du 14 Janvier), 330. 
Brisson (ferme, surprise), 138. 
Brives (combat du 9 Janvier), 226. 
Bniat (général), 340. 
Burr-Porler (colonel), 25. 
Buzenval (bataille), 178. 



G. (capitaine Robert), 69. 

Camô (général), 3, 5, 7, 29, 58, 76, 

101. 
Garentan (lignes de), 327, 352. 
Gathelineau (colonel, général de), 

136, 140, 162, 206, 252, 319, 327, 

352, 353. 
Gecilia (commandant La), 48. 
Gellettes (combat du 27 janvier), 

343. 
Gernay (combat du 9 décembre), 42. 
Ghabron (général de), 843. 
Ghabaignes (combat du 9 janvier), 

224. 
r4hambord (combat du 9 décembre), 

45. 
Champagne (combat du 10 janvier), 

248. 
Gbampagné (combat du il janvier), 

252. 
Gbampigny (bataille), 169. 
Ghangé (combat du 10 janvier), 239. 
Gbanteioup (combat du 10 janvier), 

246. 



Gbanzy (général), 2 et passim, 
Gharette (colonel, général de), 327. 
Charles (capitaine), 81. 
Ghassillé (combat du 14 janvier), 

305. 
Ghenu (docteur), 17. 
Cherbourg, 176, 352. 
Christophe (Albert), 304. 
Gléret (général), 142, 148, 152, 188, 

319, 353, 357. 
Colin (général), 10, 19, 43, 52, 244, 

262, 282. 
Collet (colonel), 5, 66, 87. 
Colomb (général de), 11, 231, 232, 

256, 334, 336, 352, 853. 
Colomb (général von), 98. 
Gonlie (camp de), 84, 179, 299. 
Coq (lieutenant de vaisseau), 75. 
Gorcelet (commandant), 223. 
Gouléon (combat du 10 janvier), 

245. 
Goui(Nnbon (lieutenant), 69. 
Courcebœufs (combat du 12 janvier), 

282. 
Gourtalain (combat du 3 1 décembre), 

163. 
Couturier (capitaine), 29. 
Gravant (combat du 8 décembre), 

23. 
Gremer (général), 171. 
Grémieux, 98. 
Croix (combat de la, du 12 janvier), 

281. 
Grouzat (général), 60. 
Curten (général de), 100, 127, 136, 

141, 152, 160, 187, 214,. 228, 

268, 316,321, 



Danzé (combat du 31 décembre), 

157. 
Dargent (général), 335. 



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INDEX. 



427 



DeflaDdre (général), 22. 
Dehhaye (capitaine), 236. 
Delhorme (général), 342. 
Delorme (Amédée), 23. 
Denfert-Rochereau (colonel), 363. 
Deplanque (général), 12, 28, 37, 76, 

334. 
Desmaisons (colonel), 55, 136, 213, 

257. 
Didier (lieutenant-colonel), 24, 261. 
Djgeard (général), 331. 
Diringshofen (général von), 149, 

153. 
Droué (combat du 17 décembre), 

116. 
Dabost (Antoain), 304. 
Dnbaquoy (commandant), 219. 
Ducamp (capitaine), 314. 
Damas (lieutenant-colonel), 69. 
Dumas (capitaine), 355. 
Duquel (Alfred), 30. 
Durand-Savoyat (sergent), 804. 



Favre (Jules), 168, 337, 346. 

Feillet-Pilatrie, 60. 

Ferri-Pisani (général), 100, 130, 136, 
141, 142, 341. 

Feugeas (lieutenant-colonel), 220. 

Flô (général Le), 354, 357. 

Fooirieau (commandant), 106. 

Fourcliault (colonel), 344. 

Fourche (La, combat du 6 janvier), 
203. 

Foumier (capitaine),. 2 f . 

Frédéric-Charles (prince), 5, 10, 18, 
34, 49, 61, 67, 77, 82, 92, 98, 
ni; 1«4, 185, 201, 209, 215, 
229, 250, 251, 261, 278, 291, 
297, 302, 315, 348, 861. 

Frémiot (capitaine), 192. 

Frète val (combat du 14 décembre), 
86. 

Fréterai (combat du 15 décembre), 
97. 

Freycinet (de), 2, 33, 56, 59, 64, 
72, 82, 99, 142, 172 à 177, 181, 
319, 327, 339, 350, 363. 



Écommoy (combat du 11 janvier), 

268. 
Egrot (commandant), 264. 
Elteil (colonel d'), 290. 
Engelhardt (préfetj. 142, 170, 327, 

352. 
Épuisay (combat du 17 décembre), 

115. 
Épuisay (combat du 7 janvier), 206. 
État-major prussien, 6. 
Évron (escarmouche du 29 janvier), 

333. 



Faidherbe (général), 172 à 176, 334, 

360, 363. 
Falcon (lieutenant-colonel), 158. 



Gambetta, 39, 48, 55, 59, 72, 82, 
99, 142,168, 175 à 178, 180,247 
294,301, 319, 347, 357, 363. 

Garibaldi (général), 171. 

Garionnièrô (La, combat du 7 jan- 
vier), 191. 

Gamier (lieutenant), 256. 

Gélormini (capUaine), 115. 

Gibet (combat du 7 janvier), 20:». 

Gien (combat du 15 décembre), 111. 

Girard (général), 324. 

Goltz (von der) , 6. 

Gougeard (général), 3, 16, 66, 76. 
115, 13i, 161, 179, 221, 242, 
253, 305, 353. 

GouUon (sous-lieutenant), 161. 



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428 



JOSNES, VENDOME, LE MANS. 



Goursaud (colonel), 156, 199, 212. 

Grisot (général), 69. 

Grôben (colonel Yon der), 81. 

Guépratte (général), 51, 96, 101. 

GuUbaud, 184. 

Oaillon (général), 1 5. 



Uaca (général), 181. 

Hartmann (général tod), 191, 214, 

228, 331. 
Helvig* (von), 8. 

Hesse (général prince de), 55, 331. 
Uônig (capitaine Fritz), 188. 
Huisne (rivière), 124. 



Izarny-Gargas (capitaine d'), 7. 



Jacquemont, 256. 

Jacqmln, 288. 

Jauréguiberry (amiral), 3, 9, 10, 

76, 101, 210, 227, 256, 305, 308. 
Jaurès (général), 10, 21, 43, 86, 

247, 266, 313. 
Jayr (capitaine), 31. 
Jobey (lieutenant-colonel), 47, 161, 

188, 189 et suivantes. 
Joly (capitaine), 105, 289. 
Jouffroy (général de), 23, 51, 140, 

148, 193, 206, 237, 247, 257, 

292, 334. 
Jouve (lieutenant), 140. 



Kéralry (de) 75, 179. 
Kraatz (général von), 143, 149, 153, 
185. 



Lacombe (colonel de), 143, 160, 

189. 
Lalande (général), 257, 269, 289. 
Lallemand (commandant), 319. 
Lambilly (lieutenant-colonel de), 

161, 258. 

Lancé (surprise du 2 janvier), 160. 

Landreville (général de), 67. 

Langlochère (combat du 7 décem- 
bre), 11. 

Laval, 318. 

Layes (combat du 9 décembre), 43. 

Lebrun (lieutenant -colonel), 273, 
290. 

Lecomte (colonel), 266. 

Legros (capitaine), 287. 

Lehmann (colonel), 312. 

Lévy (capitaine), 283. 

Lipowski (lieutenant-colonel, colo- 
nel, général de), 100, 137, 140, 

162, 204, 313, 353. 
Loir (rivière), 75. 
Lombard (commandant), 219. 
Longue (combat du 14 janvier), 304. 
Lorges (combat du 8 décembre), 20. 
Loysel (général), 337, 

Lttderitz (général von), 120, 130, 

153. 
Luyer (général Le), 328. 
Lynar (lieutenant-colonel zu), 221, 

243. 



Malherbe (général de), 140. 

Mallet, 241. 

Mans (Le), 123. 

Mans (bataille du, des 10, 11, 12 

janvier), 234. 
Manstein (général von), 345. 
Manteuffel (général von), 110, 13$. 



1. Orthographié à tort Helwig. 



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INDEX. 



429 



Manteuflfel (colonel von), 279. Motte (ferme de la, combat du 8 dé- 

Marchénoir (forêt), 3, 4, 15, 29, 63. cembre), 21. 

Marivault (général de), 180, 299, Moutis (lieutenant-colonel des), 3, 

327. 21, 44, 245, 283. 
Marois (capitaine), 1G8. 

Marty (lieutenant-colonel), 46, 148, «^ 

256, 272. 

Masson (lieutenant-colonel), 343. j^j^Q^^g (capitaine V.), 165. 

Mauni (R. de), 120. jj^i^ji^ (lieutenant-colonel), 213. 

Maves (combat du 12 décembre), wuj sèment (combat du 12 décembre). 



70. 



70. 



Mayenne (rivière), 318. 

Mazangé (combat du 6 janvier), 197. 

Mazure (général), 34o. ® 

Meckenheim (capitaine de), 236. 

Meckiembourg (grand-duc de), 8, Origny (combat du 9 décembre), 

16, 34, 57, 117, 137. -42. 

Meckiembourg (général duc de), Origny (combat du 10 décembre), 



5t. 
Oucques (combat du 13 décembre), 

78. 
Ousson (combat du 31 décembre), 

165. 



190. 
Messas (combat du 7 décembre), 11. 
Messas (combat du 8 décembre), 31. 
Meung (combat du 6 décembre), 9. 
Micbaud (général), 46, 56. 
Michaud (capitaine de frégate), 97. 
Michel (général), 18, 150, 273. p 

Moltke (général de), 33, 83, 97, 113, 

166, 202, 361, 363. Pallières (général des), 56, 58, 60. 

Moltke (lieutenant de), 317. Parigné-rÉvêque (combat du 10 jan- 
Monnaie (combat du 20 décembre), vier), 235. 

131. Paris, 168. 

Montlivault (combat du 9 décembre), Paris (colonel), 184. 

47. Paris (général), 5, 96, 100, 109, 136, 
Montoire (combat du 27 décembre), 222, 253. 

143. Pereira (lieutenant-colonel), 235. 

Morandy (général), 2, 7, 45, 55, 71, Peytavin (générîfl), 46, 71. 

127, 334. Pias (combat du 7 janvier), 192. 

Morée (combat du 14 décembre), Picory (commandant), 306. 

88. Piquet (chef du mouvement), 288. 

Morée (combat du 16 décembre), Poinsignon (commandant), 268. 

1 07 . Pointe de Gévigny (général de) , 1 1 1 , 
Morin (général), 299. 172, 330, 353. 

Mortais (combat du 11 décembre), Poirier (Le, combat du 7 janvier), 

62. 206. 

Moi-van (massif), 167. Poisly (combat du 8 décembre), 20. 



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430 



JOSNËS, VENDOME, LE MANS. 



PoDt-Noyelles (bataille), 172. 
Pourcet (général), 167, 338, 358. 
Protais (agent général), 304. 
Prudhomme (commandant), 96. 
Przychowski (major), 273. 



Rabatel (commandant), 272. 

Rauc, 39. 

Rantzau (général von), 164, 330. 

Rauch (général von), 211, 244. 

Renon (abbé), 69. 

Reuss (prince de), 170. 

Uheinbaben (général Yon), 97, 132. 

Bibeil (colonel), 239, 309. 

Richert (capitaine), 156. 

Roches (combat des, du 6 janyier), 

198. 
Rond (lieutenant-colonel), 213. 
Roquebrune (général), 13, 27, 37, 

238. 
Rothmaler (général von), 195. 
Rouleaux-Dugage (capitaine), 21. 
Rousseau (général), 53, 88, 107, 

138, 162, 203, 292, 312. 
RouTiilois (capitaine), 14. 
Roux (lieutenant-colonel), 219. 
Riiillé (combat du 8 Janvier), 213. 

S 

Saiut-Agil (combat du 18 décembre), 
119. 

Saint-Âmand-Montrond, 82. 

Saint-Ày (combat du 6 décembre), 
9. 

Saint-Gatals (combat du 15 décem- 
bre), 142. 

Saint-Célerin (combat du 1 1 Janvier), 
264. 

Saint-Cyr-du-GauIt (combat du 8 Jan- 
vier), 214. 



Saint-Dié (combat du 9 décembre), 
46. 

Saint-Hdbert (combat du 10 Janvier) , 
242. 

Saint-Jean-sur-firve (combat du 15 
Janvier), 308. 

Saint-Quentin (bataille), 339. 

Sainte-Mélaine (combat du 18 Jan- 
vier), 321. 

Sainte-Suzanne (combat du 15 Jan- 
vier), 311. 

Sarthe (rivière), 124. 

Saussîer (général), 324, 335, 353, 
360. 

Sceaux (combat du 9 janvier), 219. 

Schmidt (général von), 207, 298, 
308, 821. 

Sée (général), 327. 

Sillé-Ie-Guiilaume (combat du 15 
janvier), 311. 

Sol (général), 79, 90, 100. 

Soulgé (escarmouche du 16 Janvier), 
316. 

Stolberg (général zu), 94. 

Stttlpnagel (général von), 197, 239. 



Tanu (général von der), 165. 

Tavers (combat du 9 décembre), 40. 

Temple (capitaine de frégate du), 
87, 1G5, 358. 

Tertre (combat du 11 Janvier), 259. 

Tessier (commandant Le), 264. 

Thiéry (colonel), 148, 156, 194, 206, 
226, 322. 

Thiron-Gardais (combat du 6 jan- 
vier), 204. 

Thorigné (combat du 9 Janvier), 220. 

Touanne (lieutenant-colonel de la), 
285. 

Tours, 79, 132, 135, 337. 

Trégomin (commandant de), 252. 



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INDEX. 



431 



Tresckow (général yoq), 31, 38,244, Vigoaroax (lieutenant-colonel), 24. 

280. Villain (lieutenant -colonel), 128, 

Tripart (général), 32, 39, 67. 140, 244. 

Trochu (général), 168, 34g. Villebois de Mareuil (lieutenant de), 

Tucé (général de), 246. 345. 

Tuilerie (combat de la, du 1 1 jan- Villechaumont (combat du 8 décem- 

Yier), 269. bre), 27. 

Villechauve (combat du 7 janTÎer), 
191. 

^ Yillecoulon (combat du 9 décem- 

Vaiges (combats des 27 et 28 jan- ^^*' ^^• 

vier) 338 Viliejouan (combat du 10 décem- 

Yalentini (colonel Ton), 227. ^^^^^ ^^' j*^' 

Vallière (combat du 7 décembre), ViUeneuve (généjral de), 311. 
15. 



Vallons (capitaine des), 190. 

Vancé (combat du 8 janvier), 212. 

Vauguion (de), 299. 

Vauvineux (sous-lieutenant de), 45. 

Vendôme, 76. 

Vendôme (combat du 15 décembre), 

93. 
Vendôme (combat du 16 décembre), 

106. 
Vendôme (combat du 31 décembre), 

149. 
Vernon (combat du 8 décembre), 

32. 
Vernon (combat du 9 décembre), Wiltich (général von), 21,41,241, 



Villeporcber (combat du 5 janvier), 
188. 

Villeporcber (combat du 6 janvier), 
189. 

Villorceau (butaille des 8 et 10 dé- 
cembre), 20. 

Villorceau (combat du 9 décembre), 
38. 

Voigts-Rhetz (général von), 92, 115, 
130, 135, 150, 191, 198, 224, 304. 

w 

Werder (général von), 166, 338. 



37. 

Vial (lieutenant-colonel), 228. 

Vibraye (combat du 8 janvier), 24. 

Vienne (combat du 28 janvier), 343. 

Vicrzon (combat du 13 décembre), 
81. 

Vieille-Haye (La, combat du 7 jan- 
vier). 207. 



315. 

Woyna (général von), 132, 135, 211, 
224. 



Zastrow (général von), 84, 1 1 1, 166, 
170. 



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TABLE DES CARTES 



^ I. — Bataille de Villorceau et combat de Meung (du 6 au il dé- 
cembre 1870) 9 

^ II. — Combats du Loir (du 14 au 16 décembre 1870). 87 

^III. — Combat de Monnaie (20 décembre 1870) 137 

•' IV. — Combat de Montoire (27 décembre 1870) 145 

^ Y. — Combat de Saint-Amand (6 janvier X87i) i84 

^ VI. — Combats aux abords de Nogent-le-Rotrou (6 janvier i87i). . . 2M 

^ Vil. — Combat de Ghahaignes et de Brives (9 janvier 187 1) 224 

'VIII. -— Bataille du Mans ( 10, ii et 12 janvier i87i) 241 

-^ IX. — Combat de Salnt-Jean-sur-Erve (15 janvier 1871) sio 

^X. — Combat de Sillô-le-Guillaume (16 janvier 187 1) 812 

"XI. — Combat d'Alençon (15 janvier 1871) 814 

^ XII. — Retraite du Mans à Laval et positions sur la Mayenne S2o 

' XIII. — Combat de Vienne (28 janvier i87i). . su 



CAMPAONB DIS LA LOIRS. II. t8 



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TABLE DES MATIÈRES 



^»<00 

r PARTIE 
J08NE8 



CHAPITRE I" 

COMBAT DE MEUNO 

Situation générale le 5 décembre. — Formation do la 2^ armée. — Le 
21» corps et la colonne Gamô. — Ghanzy arrête son mouvement de 
retraite. — Instructions du 5 décembre. — Ordres de Frédéric-Charles. 
— Combat de Meung. — Instructions du 6 décembre 

CHAPITRE II 

COMBATS DE LANGLOCHÈRE ET DE MESSA8 

Mouvements de la 2« division de cavalerie et de la 17« division. — 
Combat de Langlochôre (7 décembre). — Prise de Foinard et de la 
Bruére. — Intervention des divisions Deplanque et Roquebrune. — 
Le !«*■ corps bavarois. — Retraite de Camô et de Deplanque. — La 
4e division de cavalerie et le 2i« corps. — Retraite de Barry. — Ré- 
sultats de la journée. — Instructions pour le 8 décembre 

CHAPITRE III 

BATAILLE DE VILLOUCEAU. PUEHIERE JOURNÉE (8 DECEMBRE) 

Combats de Poisly et de Lorges. — Combats de Cravant et de Layos. — 
Combats de Beaumont et de Villechaumont. — Prise du Mée. — La 
colonne Camô. — Évacuation de Beaugency. — Positions occupées 



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436 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 

par GamÂ. — Perte de Messas» de Beaugency, de Vemon. — Le IX* 
corps. — Résultats de la journée. — Ordres de Gbanzy pour le 9. — 
Ordres de Frédéric-Gharies et du grand-duc 



CHAPITRE IV 

BATAILLB DE YILLOBCEAU. DEXTZIÈMB JOUBKÉB (9 DÉCEMBBb) 

Tentative sur Vernon. — Offensive de Roquebrune vers le Mée. — Re- 
traite des divisions Deplanque et Roquebrune. — Attaque de Ville- 
marceau par le IT corps. — Combat sur le ravin de Tavers. — Perte 
de Gemay et de Villejouan. — Reprise de Layes et de Beauvert. — 
Leur perte définitive. — Perte de la Villette. — Reprise de Villecou- 
lon. — Gombats de Montlivault. — Surprise de Chambord. — La Délé- 
gation se retire à Bordeaux. — Instructions du 9 décembre. — Ordres 
de Frédéric-Charles et du grand-duc 87 

CHAPITRE V 

BATAILLE DE YILLOBCEAU. TBOISIÈMB JOURNÉE (10 DÉCEMBRE) 

Reprise d*Origny et de Villejouan par le 17« corps. — Combat de Mon- 
tigny. — Échec de Villemarceau. — Perle de Villejouan. — Défense 
de Blois. — Résultats de la journée. — Situation des deux armées. 
— Réflexions. — La l'« armée. — Chanzy se décide à la retraite. — 
Ses instructions pour le il. — Instructions de Frédéric-Charles ... 6i 

CHAPITRE VI 

RETRAITE DE l'aRMÉE 

Journée du il décembre. — Nos positions dans la soirée. — Difficultés 
à prévoir. — Chanzy réclame Taide de Bourbaki. — Instructions du 
11 décembre. — Ordres de Frédéric-Charles. — Journée du 18 dé- 
cembre. — État moral et physique de Tarmée. — Positions occupées 
dans la soirée. — Évacuation de Blois. — La i'« armée. — Instruc- 
tions de Chanzy pour le 13 décembre 6S 



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TABLE DKS MATIERES. 437 

II* PARTIE 
VENDOME 



CHAPITRE VII 

L*ARMéE B^ÉTABLIT SUR LE LOIB 

La ligne du Loir. — Ses avantages. — Nos posilions au sud de Ven- 
dôme. — Ordres de Frédéric-Charles pour le 18. — Mouvement de 
notre armée. — Nos positions le soir du 13. — Instructions de Ghanzy 
pour le 14. — Pointe de Bourbaki sur Yierzon. — Ordres de Frédéric- 
Charles. ~ Instructions du général de Mollke. — Emplacements des 
Allemands le soir du 13 76 

CHAPITRE VIII 

COMBATS DE MOBÉE ET DE FRÈTE VAL (14 DÉCEMBRE) 

Mouvement de la 17* division sur le Loir. — Combat de Fréteval. — 
Échec dos brigades du Temple et Collet. — Combat de Morée. — Ré- 
sultats de ces deux affaires. — Instructions de Chanzy pour le 16. — 
Ordres de Frédéric-Charles 86 

CHAPITRE IX 

COMBAT DE VENDOME (15 DÉCEMBRE) 

L*ennemi parait au sud de Vendôme. — Nos troupes repassent sur la 
rive gauche. — Combat de Sainte-Anne. — Combat de Bel-Essort. — 
Nouveau combat à Fréteval. — La 6* division de cavalerie. — Ordres 
de Frédéric-Charles pour le 16. — État do nos troupes. — Instructions 
de Chanzy. — Danger des dispositions prises. . 93 

CHAPITRE X 

l'armée se REMET EN RETRAITE (16 DÉCEMBRE) 

Situation de nos troupes. — La retraite devient indispensable. — Mou- 
vement du 16* corps. — Le 17« corps. — Nouveau combat de Morée. 
— Retraite du Si« corps. — Résultats des combats du Loir. — Causes 
de notre échec .104 



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438 



CHAPITRE XI 



BETBAITE SUR LB MANS 



Retraite des 16«, 17» et ai« corps. — Positions occupées le soir du 16 
décembre. — Ordres de Chanzy pour le 17. — Échec des Allemands 
à Gien. — Frédéric-Charles reporte les IX* et III« corps vers Orléans. 
— Situation générale de Tennemi. — Instructions du général de 
Moltke. — Combat d*Épuisay (17 décembre). — Combat de Drouo. — 
Opérations du grand-duc 109 



CHAPITRE XII 

l'armée s'établit autour du MANS 



Instructions de Chanzy pour le 18 décembre. — Instructions pour le 19. 
— Mouvements opérés par les Allemands. — Nouvelle répartition du 
X« corps. — Fin de notre retraite. — Souffrances de Tarmée. — Son 
élal moral et physique 118 



m* PARTIE 
IjE MANS 



CHAPITRE XIII 



NOS POSITIONS AUTOUR DU MANS 



Importance du Mans. — Sa situation géographique. — Ses environs. — 
Plateau de Sargé. — Hauteurs d'Auvours. — Secteur entre la Sarlhe 
et la route de Calais. — Chemin aux Bœufs. — Danger de ces posi- 
tions. — Instructions pour le 20 décembre. — Répartition des troupes. 
— Inconvénients de cette répartition 123 



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TABLE DES MATIERES. 439 



CHAPITRE XIV 



COMBAT DE MONNAIE 



Mouvement du X« corps sur Tours. — Combat de Monnaie (20 décem- 
bre). — Évacuation de Tours. — L*armée occupe ses nouveaux empla- 
cements. — Sa réorganisation partielle. — Projets de Chanzy. — Nos 
postes avancés autour du Mans. — Mouvement du grand-duc sur 
Chartres 130 



CHAPITRE XV 



COMBAT DE MONTOIBE 



Formation des colones mobiles Rousseau et JoulTJroy. — Leurs objectifs. 
— Les colonnes Ferri-Pisani et Curlen. — Répartition du X« corps 
prussien. — Combat de Monloire. — Situation au 28 décembre. . . 139 



CHAPITRE XVI 

'2® COMBAT DE VENDOME (31 DÉCEMBKE) 



Mouvement de Jouffroy sur Vendôme. — Les Allemands se concentrenl. 
— Emplacement des troupes françaises. — Dispositions prises par 
Jouffroy. — Curten et Cléret. — Combal de Vendôme. — Échec do la 
colonne Tliiory. — Retraite de nos troupes. — Divergence des vues 
de Chanzy et de .îoufTroy. — Renforts envoyés à Jouffroy H 9 



CHAPITRE XVII 

COMBAT DE B It I A K K 

La colonne Rousseau. — Combat de Courlalain (31 décembre). — For- 
mation du X1II« corps allemand. — Frédéric-Charles autour d'Or- 
léans. — Départ pour Élampes du I*^ corps bavarois. — Combat de 
Rriare (31 décembre). — Frédéric-Charles reçoit l'ordre de marcher 
sur le Loir. — Le VII« corps prussien. — Départ du 16® corps pour 
Besançon. — Formation du 25« corps 162 



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440 JOSNES, VENDOME, LE MANS. 



CHAPITRE XVin 

PROJETS DE CHAKZT ET DE OÀMBETTA 

Arrivée dû Lavoiiier. — Nouvelles de Paris. — La campagne de TEst. 
~ Situation générale. — Échange de dépêches entre Ghanzy et Gam- 
betta. — Projets de Gambetta. — Projets de Ghanzy. — Gambetta 
persiste dans si!S intentions l<>3 

CHAPITRE XIX 

LECAMPDECOKLIE 

Son emplacement. — Difflcultés politiques. — Armement des mobilisés. 

— M. de Marivault demande Tévacuation. — Refus de Gambetta. — 
L*évacuation est commencée. — Envoi d*une brigade de mobilisés au 
Man» ne 

CHAPITRE XX 

COMBAT DE SAINT-AMAND 

Ordres donnés par Frédéric-Charles. — Concentration de la II* armée 
sur le Loir. — Combat de Villeporcher (6 janvier). — Combat de Saint- 
Amand (6 janvier). — Combats de Yillechauve et de Villeporcher 
(7 janvier). — Retraite du général Barry '. 18* 

CHAPiTRE XXI 

COMBATS d'azAT, DE MAZANOÉ ET DES ROCHES 

Diversion tentée par.Jouffroy (6 janvier). — Combat d'Azay (6 janvier). 

— Combat de Mazaogé. — Retraite de la colonne Baille. — Combat 

des Roches. — Résultats d'ensemble I9t 

CHAPITRE XXII 

COMBAT DE LA FOURCHE 

Ordres de Frédéric-Charles (« janvier). -^ Il apprend le mouvement de 
Bourbaki. — Combat de la Fourche (s janvier). — Combat de Thiron- 



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TABLE DES MATIÈRES. 441 

Gardais. — Emplacements du XIII* corps. — Combat du Gibet (7 jan- 
vier). — Combat du Poirier. — La colonne Jouffroy soi 



CHAPITRE XXIir 

COMBATS DE TANCÉ ET DE RUILLB 

Envoi de Jauréguiberry sur le Loir. — Le XIII« corps à la Ferté-Bemard. 

— Combat de Bellôme (8 janvier). — Surprise de Vibraye. — Combat 
de Yancé. — Combat de Ruillé. — Combats au sud de Saint-Amand. 

— Ordres de Frédéric-Charles pour le 9. — Ordres de Chanzy. ... tio 

CHAPITRE XXIV 

COMBAT d'arDENAT 

Combat de fielléme (9 janvier). — Combat de Sceaux. — Combat de 
Thorigné. — Combat de la Belle-Inutile. — Combat d'Ardenay. — Com- 
bat de Chaliaignes. — Combat de Drives. — Jauréguiberry à Chàteau- 
du-Loir. — Betraite de Curten. — Ordres de Frédéric-Charles. — Ins- 
tructions de Chanzy xi« 

CHAPITRE XXV 

BATAILLE DU MANS (jOURNÉE DU 10 JANVIER) 

Opérations du III* corps. — Combat de Parigné. — Intervention de 
Jouffroy. — Retraite de Pereira et de Jouffroy. — Combat de Changé. 

— Combat de Saint-Hubert. — Reprise de Champagne. — Le XIIÏ» 
corps. — La division Colin. — Combat de Chanteloup. — Retraite de 
Barry et de Jauréguiberry. — Projets de Chanzy. — Situation de 
Tarmée. — Instructions du lo janvier. — Ordres de Frédéric-Charles. 234 

CHAPITRE XXVI 

BATAILLE DU MANS (jOURNBE DU 11 JANVIER. OFFENSIVE 

DES m* ET IX* corps) 

Reprise de Champagne par le 1II« corps. ^- Perte du plateau d^Auvours. 

— Intervention de Gougeard. — Reprise d'une partie du plateau. — 

La division Jouffroy. — Perte du Tertre 260 



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442 JOSNES, VKNDOMK, LK MANS. 

CHAPITRE XXVn 

BATAILLE DU MANS (jOURNBE DU 1 1 JANVIER . XIIP ET X* CORPs) 

La division Colin et le XIII» corps. — Reiraite de Colin. — Combat de 
Saint-Célerin. — Combat de Pont-de-Gennes. — Résultats de la jour- 
née pour le 21« corps. — Le X» corps. -^ Combat des Châteaux. — 
Retraite de Curten. — Combat d'Écommoy. — La brigade Lalande. 
— Perte de la Tuilerie. — Tentative de relours offensifs. — Surprise 
des Épinetles. — Situation générale. — Instructions de Chanzy. — 
^'ouveaux ordres pour le 12. — Ordres do Frédéric-Cliarks 262 

CHAPITRE XXVIII 

BATAILLE nu MANS (jOURNÉE DU 12 JANVIEr) 



Mouvement du XIII« corps. — Combat de la Hyre. — Combat de Chan- 
teloup. — Combat de la Croix. — Combat de Ballon. — Le IX» corps. 
— Le III» corps. — Combat du Tertre. — Le X» corps. — Combat aux 
Épinettes. — Perte de Ponllieue. — Combat dans les rues du Mans. — 
Rcsullats de la bataille. — Héflexions 279 



IV PARTIE 
LAVAIj — L'ARMISTICE 



CHAPITRE XXIX 



retraite de L ARMEE 



Élat moral de la 2» armée. — La poursuite. — Retraite du 16» corps. — 
Évacuation du camp de Conlie. — Retraite du 21» corps. — Ordres do 
Chanzy pour le 14. — Nouveaux ordres. — La journée du U. — Com- 
bnt de Beaumont. — Combats do Longue et Cliassillé. . *97 



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TABLE DES MATIERES. 443 

CHAPITRE XXX 

COMBAT DE SILLÉ-LE-GUILLAUME 

Combat de Saint-Jean-sur-Erve (i5 janvier). — Combat de Sillé-le-Guil- 
laume. — Combat d*Alençon. — Ordres de Clianzy pour le 16. — 
Arrôt de la poursuite 308 

CHAPITRE XXXI 

l'armée s'installe sur la MAYENNE 

La ligne de la Mayenne. — Laval. — Répartition de l'armée. — Combat 
de Sainte-Mélaine (18 janvier). — Nouvelle répartition de Tarmée. — 
Projets de Chanzy 318 

. CHAPITRE XXXn 

2" COMBAT DE BRIARE (14 JANVIER) 

La situation au sud à*Orléaus. — Le corps de la Nièvre, — 2^ combat do 
Briare. — Ordres de Frédéric-Charles. — Occupation de Tours. — 
Répartition des troupes allemandes. — Le grand-duc à Rouen. — 
Réorganisation de la 2« armée. — L*armée de Bretagne. — Situation 
morale et matérielle de nos troupes. — L'armistice 330 

CHAPITRE XXXIII 

COMBAT DE VIfcNNE (28 JANVIER) 

Projets concernant le 25« corps. — Ordres et contre-ordres. — La divi- 
sion Bruat. — Diversion sur Blois et Tours. — Combat de Vienne . . 338 

CHAPITRE XXXIV 

l'armistice 

Avant-coureurs de la capitulation de Paris. — L'armistice. — Limites 
de notre zone d'occupation. — La guerre à outrance. — Nos res- 
sources. — Projets de Chanzy. — La 2« armée au sud de la Loire. — 
Le 26® corps. — Situation à la fin de l'armistice. — Moral des troupes. 
— Les Allemands. — Les préliminaires de paix. — Réflexions finales. 346 



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444 JOSKES, VENDOME, LE MANS. 



ANNEXES 

1. — II* armée de la Loire. — État-miâor et troupes adjointes au grand 
quartier général 366 

2. — 16« corps 867 

s. — IT corps 877 

4. — 19« corps 384 

6. — - Colonne de Tours 890 

6. — 21« corps 398 

7. — 26« corps 401 

8. — 26« corps 407 

9. — Fraction d*armée du grand-duc de Mecklembourg-Scbwerin ... 412 

10. — !!• armée 4i« 

Ihdbx, '. 425 

TaBLB DBt CARTifiS 488 

TaBLB DBB MATlàBRS 485 



Nancy. — Imprimerie Ber^r-Levrault et 0*«. 



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