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Full text of "Chansons"

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LES  CLASSIQUES  FRANÇAIS  DU  MOYEN  AGE 

publiés  sous  la  direction  de  Mario  Roques 


LES  CHANSONS 

DE 

CONON  DE  BÉTHUNE 

ÉDITÉES    PAR 

AXEL  \C^ALLENSKÔLD 


PARIS 
LIBRAIRIE    ANCIENNE     HONORÉ    CHAMPION,     ÉDITEUR 

5,    QUAI    MALAQUAIS    (vi*) 
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INTRODUCTION 


I.  —  Vie  de  Conon  de  Béthune. 

Monseigneur  Conon  de  Béthune  appartenait  à  une  famille 
illustre,  descendant  peut-être  des  anciens  comtes  d'Artois  2. 
On  considère  comme  le  fondateur  de  la  maison  de  Béthune 
Robert,  surnommé  «  Faisseux  »,  seigneur  de  Béthune,  de 
Richebourg  et  de  Carency,  et  avoué  de  l'abbaye  de  Saint- 
Vaast  à  Arras,  mort  en  io36.  Cette  dignité  d'avoué  d'Arras 
appartint  dès  lors  toujours  au  chef  de  la  famille.  A  Robert 
Faisseux  succédèrent,  de  père  en  fils,  Robert  II  (f  en  1072), 
Robert  III,  dit  le  Chauve,  compagnon  de  Godefroy  de  Bouil- 
lon dans  la  première  croisade  (f  en  iioi),  Robert  IV,  dit 
le  Gros  (f  en  1128),  Guillaume  1er  (-]-  en  1144)  et  Robert  V, 

1.  J'ai  déjà  publié,  en  iSgijUne  édition  des  chansons  de  Conon 
de  Béthune,  qui  fut  ma  thèse  de  doctorat;  la  présente  édition 
n'en  est  pas  seulement  une  réduction,  mais  une  revision  soi- 
gneuse. J'ai  abrégé  la  biographie  du  poète  et  les  chapitres  sur  la 
filiation  des  manuscrits  et  l'attribution  des  chansons.  J'avais, 
dans  ma  première  édition,  tenté  une  reconstruction  de  la  langue 
littéraire  du  poète  :  j'ai  renoncé  à  cette  restitution  arbitraire  et 
j'ai  adopté  l'orthographe  des  manuscrits  que  j'ai  indiqués  pour 
chaque  chanson.  Enfin,  j'ai  estimé  inutile  de  réimprimer  les 
chansons  dont  je  tiens  pour  erronée  l'attribution  à  Conon  de 
Béthune. 

2.  Voir  A.  Du  Chesne,  Histoire  généalogique  de  la  maison  de 
Béthune  (Paris,  lôSg),  p.  4.  Les  indications  généalogiques  qui 
suivent  sont  empruntées  au  même  ouvrage  (voir  le  tableau, 
p.  74  et  passim). 


IV  VIE    DE    GONON    DE    BETHUNE 

dit  le  Roux  (f  en  1191  au  siège  de  Saint-Jean-d'Acre). 
Gonon  de  Béthune,  notre  trouvère,  était  le  cinquième  fils 
de  Robert  V  et  d'Adélaïde  de  Saint-Pol.  C'est  d'un  frère 
aîné  de  Conon,  Guillaume  II,  surnornmé  le  Roux  (f  en 
1214),  que  descend,  entre  autres,  le  célèbre  ministre  de 
Henry  IV,  Sully.  Depuis  Guillaume  1er,  grand-père  de 
Gonon,  la  maison  de  Béthune  était  apparentée  à  la  maison 
de  Hainaut  et  de  Flandre,  Guillaume  ayant  épousé  Clé- 
mence d'Oisi,  petite-fiUe  d'Ade  de  Hainaut.  Ainsi,  Gonon 
eut  pour  parents,  entre  autres,  Baudoin  IX,  le  premier 
empereur  français  de  Gonstantinople,  et  ses  successeurs 
sur  le  trône  byzantin.  Gette  parenté  contribua  sans  doute  à 
le  désigner  pour  les  hautes  dignités  qu'il  obtint  à  la  suite 
de  la  quatrième  croisade. 

On  ne  connaît  pas  la  date  précise  de  la  naissance  de 
Gonon  de  Béthune,  qui  doit  se  placer  vers  le  milieu  du 
xiie  siècle.  De  sa  jeunesse,  nous  savons  seulement  qu'il  eut 
pour  «  maître  »  dans  l'art  de  «  trouver  »,  comme  il  nous 
l'apprend  dans  une  de  ses  chansons  (V,  5i-52),  son  parent 
Huon  d'Oisif  La  première  mention  du  nom  de  Gonon  de 
Béthune  se  trouve  dans  une  charte  de  1180  (ou  1181)  par 
laquelle  Robert  V,  avec  ses  enfants  Robert,  Guillaume, 
Baudoin,  Jean  et  Conon,  octroie  plusieurs  donations  et 
immunités  à  l'abbaye  de  Saint-Jean-Baptiste  de  Ghoques^. 
Vers  la  même  époque,  Gonon  a  dû  séjourner  à  la  cour  de 
France,  puisque,  dans  une  de  ses  chansons  (III,  5-14),  il 
raconte  comment  les  «  Français  »,  la  reine  (Alix  de  Cham- 
pagne) et  son  fils  (Philippe-Auguste)  en  tête,  ont  blâmé  son 

1.  11  s'agit  de  Huon  III  d'Oisi,  châtelain  de  Cambrai,  qui  prit 
en  1181-1182  le  parti  du  comte  Philippe  de  Flandre  dans  sa  guerre 
contre  Philippe-Auguste.  On  a  conservé  sous  son  nom  un  petit 
poème,  le  Tournoiement  des  dames  (Raynaud,  n»  1024,  p.  p. 
A.  Jeanroy,  Romania,  XXVIII,  p.  240  et  suiv.),  et  une  chanson 
lyrique  (Raynaud,  n°  io3o,  p.  p.  J.  Bédier,  Les  chansons  de  croi- 
sade, Paris,  1909,  p.  5i  et  suiv.). 

2.  Voir  Du  Chesne,  ouvr.  cité,  p.  i32;  preuves,  p.  49. 


VIE    DE    CONON    DE    BETHUNE  V 

langage  artésien  en  présence  des  Champenois  et  d'une  cer- 
taine «  Comtesse  »,  dans  laquelle  il  est  facile  de  reconnaître 
la  célèbre  Marie  de  Champagne,  fille  de  Louis  VII  et  d'Éléo- 
nore  d'Aquitaine  ^ 

Les  deux  chansons  de  croisade  qu'on  a  de  Conon  de 
Béthune  (nos  IV  et  V)  se  rapportent  à  la  troisième  croisade 
(1189-1193),  à  laquelle  il  a  pris  part  lui-même,  mais  d'où  il 
paraît  être  revenu  dès  1189,  à  en  juger  par  un  «  serventois  » 
(Raynaud,  no  io3o)  où  se  trouvent  de  violentes  diatribes 
contre  un  Quenes'^,  qui  ne  peut  être  que  notre  poète^.  Dans 
la  quatrième  croisade  (1202-1204),  au  contraire,  il  joua  un 
rôle  prépondérant,  comme  nous  l'apprend  la  chronique  de 
Villehardouin^.  Il  fut  le  chef  de  la  mission  qui,  en  1201, 

1.  Voir,  pour  la  vie  de  Marie  de  Champagne,  E.  Winkler, 
Fran:{ôsische  Dichter  des  Mittelalters  :  II.  Marie  de  France  {Sit- 
pmgsber.  der  Akad.  d.  Wiss.  in  Wien,  t.  188,  mém.  3),  p.  79  sq. 

2.  Cas-sujet  de  Conon. 

3.  Ce  «  serventois  »,  déjà  mentionné  ci-dessus  (p.  iv,  n.  i),  est 
attribué,  par  les  deux  mss.  apparentés  de  près  qui  le  donnent,  à 
Huon  d'Oisi.  Or,  celui-ci  était  déjà  mort  en  1189  ou  1190  (voir 
l'argument  décisif  apporté  par  O.  Schultz,  Arch.  f.  d.  Stud.  d. 
neu.  Spr.  u.  Lit.,  LXXXIX,  p.  448).  Par  suite,  dans  ma  première 
édition  (p.  loi,  n.  3),  supposant  que  Conon  était  revenu  de  la 
croisade  avec  Philippe- Auguste  à  la  fin  de  1 191 ,  j'avais  dû  admettre 
la  possibilité  que  l'attribution  de  la  chanson  à  Huon  d'Oisi  fût 
erronée  :  quelque  copiste  y  avait  vu  une  riposte  aux  paroles  par 
lesquelles  Conon  de  Béthune  rejette  la  responsabilité  de  son 
blâme  des  barons  croisés  sur  son  «  maître  d'Oisi  »  (V,  envoi). 
M.  Bédier  {oiivr.  cité,  p.  58  et  suiv.;  cf.  <\é]k  Romania,  XXXV, 
p.  384  et  suiv.)  a  trouvé  moyen  de  concilier  l'attribution  des 
mss.  avec  le  fait  que  Huon  d'Oisi  était  déjà  mort  en  1191  :  il 
suppose  que  Conon  de  Béthune  est  revenu,  en  1 189,  avant  le  départ 
retardé  de  Philippe-Auguste  pour  la  Terre-Sainte,  ce  à  quoi,  en 
effet,  ne  s'oppose  pas  le  texte  de  la  chanson  R.  io3o  (v.  14  :  Si 
remaindroi:{  avoec  vo  roi  failli). 

4.  La  conquête  de  Constantinople  par  Geoffroi  de  Ville-Har- 
douin,  p,  p.  N.  de  Wailly  (Paris,  1872). 


VI  VIE    DE    CONON    DE    BETHUNE 

eut  à  négocier  avec  les  Vénitiens  le  transport  des  croisés  en 
Palestine,  et  ce  fut  lui  qui,  en  i2o3,  adressa  la  réponse 
hautaine  des  barons  croisés  au  vieil  empereur  de  Constan- 
tinople,  Alexis,  qui  les  avait  sommés  de  s'éloigner  de  ses 
terres.  Quand  le  nouvel  empereur,  le  jeune  Alexis,  que  les 
croisés  avaient  placé  sur  le  trône  grec,  fit  mine  de  ne  pas 
vouloir  tenir  ses  engagements,  ce  fut  de  nouveau  Conon  de 
Béthune  qu'on  chargea  de  parler  au  nom  des  barons  cour- 
roucés. Le  chroniqueur  Philippe  Mousket*  raconte  que 
Conon  de  Béthune  assista  à  la  seconde  prise  de  Gonstanti- 
nople  en  1204,  et,  à  l'avènement  de  Baudouin  de  Flandre 
sur  le  trône  de  l'empire  grec,  Conon  fut  promu  grand- 
maître  de  la  garde-robe  impériale  ou  «  protovestiaire  w^. 
Par  la  suite,  Conon  de  Béthune  fut  intimement  mêlé  aux 
événements  politiques  et  militaires  de  l'empire  latin  de 
Gonstantinople.  Par  les  chroniques  de  Villehardouin  et  de 
Henri  de  Valenciennes^,  nous  apprenons  quel  rôle  impor- 
tant il  joua  sous  la  régence  et  le  règne  de  Henri  de  Flandre, 
frère  et  successeur  de  Baudouin.  A  partir  de  l'année  1209, 
au  milieu  de  laquelle  finit  la  chronique  de  Henri  de  Valen- 
ciennes,  il  n'y  a  que  très  peu  de  renseignements  sur  la  vie 
de  Conon  de  Béthune.  L'on  sait  cependant  qu'après  que  le 
nouvel  empereur,  Pierre  de  Courtenai,  eut  été  fait  prison- 
nier par  le  despote  d'Épire,  Théodore  l'Ange'  (en  1217)^, 
Conon  de  Béthune  occupa,  sous  la  régence  de  Yolande  de 
Flandre,  femme  de  Pierre  de  Courtenai,  le  poste  de  «  séné- 

1.  Éd.  Reifténberg,  t.  II  (Bruxelles,  i838),  p.  3o8,  v.  20451. 

2.  Voir  Du  Gange,  Histoire  de  l'Empire  de  Gonstantinople  sous 
les  empereurs  françois  (Paris,  lÔDy),  t.  II,  p.  14. 

3.  La  chronique  de  Henri  de  Valenciennes,  remaniement  en  prose 
d'un  poème  historique  (voir  G.  Paris,  Romatiia,  XIX,  p.  63  et 
suiv.),  a  été  publiée  par  N.  de  Wailly  à  la  suite  de  la  chro- 
nique de  Villehardouin. 

4.  Il  s'agit  bien  de  Théodore  l'Ange,  et  non  pas  de  Théodore 
Lascaris,  comme  je  l'avais  admis  par  erreur  dans  ma  première 
édition  (p.  20)  ;  voir  O.  Schultz,  ouvr.  cité,  p.  447. 


LES    MANUSCRITS  VII 

chai  »,  et  qu'à  la  mort  de  l'impératrice  Yolande  (août  1219), 
les  barons  élirent  Gonon  «  bail  »  ou  régent  de  l'Empire  ^. 
Dans  les  Annales  ecclesiastici  de  Raynaldus^,  on  le  trouve 
encore  mentionné  à  la  date  du  i5  décembre  1219.  Il  mou- 
rut le  17  décembre  3  de  la  même  année  ou  de  l'année  sui- 
vante. Cette  dernière  date  est  bien  le  terminus  ad  quem  de 
sa  mort,  puisque,  dans  une  lettre  du  mois  de  juin  1221,  le 
nouvel  empereur,  Robert  de  Gourtenai,  lui  donne  l'épi- 
thète  bonae  memoriae^. 


II.  —  Les  chansons  attribuées 

A    CONON   DE    BÉTHUNE. 

Les  manuscrits.  —  D'après  la  Bibliographie  des  chanson- 
niers français  de  G.  Raynaud  (Paris,  1884),  les  quatorze 
chansons  suivantes  sont  attribuées  à  Gonon  de  Béthune  par 
un  ou  plusieurs  mss.^  : 

Raynaud  i5  :  Chanter  m'estuet,  car  pris  m'en  est  courage. 

R.  3o3  ;  Si  voirement  con  celé  dont  je  chant. 

R.  629  :  Chanson  legiere  a  entendre. 

R.  II25  :  Ahi,  amours,  con  dure  départie. 

R.  1128  :  Se  rage  et  derverie. 

R.  i3i4  :  Bien  me  deiisse  targier. 

R.  i325  :  Bêle  douce  dame  chiere. 

R.  1420  :  Tant  ai  amé  c'or  me  convient  haïr. 

R.  1574  :  L'autrier  avint  en  cel  autre  païs. 

1.  Voir  Du  Gange,  ouvr.  cité,  t.  II,  p.  73. 

2.  T.  XIII  (Rome,  1646),  p.  3i3  b. 

3.  Voir,  pour  ce  jour,  le  Martyrologe  de  Saint-Barthélémy  de 
Béthune  (Du  Chesne,  ouvr.  cité,  p.  i63;  preuves,  p.  76). 

4.  Voir  Raynaldus,  Ann.,  l.  c. 

5.  Les  mss.  donnent  les  rubriques  suivantes  :  Mesire  Quenes 
(12  fois),  Mesire  Quenes  de  Betune  (5  fois),  Quenes  de  Betune 
(5  fois),  Mesire  Quenes  chevalier  (2  fois),  Quenes  (2  fois).  Sire 
Quenes  (i  fois)  et  Maistre  Quenes  chevalier  (i  fois). 


VIIÏ  CHANSONS    DE    CONON    DE    BETHUNE 

R.  1628  :  L'autrier  un  jour  après  la  saint  Denise. 
R.  1837  :  Moût  me  semont  Amours  que  je  m'envoise. 
R.  1859  :  Voloirs  de  faire  chanson, 
R.  i960  :  Au  comencier  de  ma  nouvele  amour. 
R.  2000  :  Amis  Bertrans,  dites  moi  le  meillourK 
De  ces  quatorze  chansons,  on  peut  immédiatement  rayer 
la  dernière,  qui  est  un  jeu-parti  entre  Sires  Guichairs   et 
Amis  Bertrans  ;  elle  n'est  attribuée  à  notre  poète  que  par 
un  ms.  (C  =  Berne  889)  dont  les  attributions,  ajoutées 
après  coup,  sont  souvent  erronées  2.   Les  treize  chansons 
qui   restent  sont   réparties  entre    dix-sept    manuscrits;   le 
tableau  ci-contre  résume   cette   répartition  et  indique  les 
attributions  faites  par  les  mss.^. 

1.  M.  Alfred  Jeanroy  {Romania,  XXI,  p.  418  et  suiv.)  a,  en 
outre,  fait  observer  que  les  chansons  anonymes  R.  ii3i  et  R.  iiSy 
ne  font  qu'un  avec  R.  i325,  ainsi  que  la  chanson  anonyme 
R.  895  avec  R.  1420.  —  Je  laisse  de  côté  le  jeu-parti  provençal 
(Bartsch,  Grundriss,  p.  184,  n°  892,  29)  entre  Rambaut  (de  Vaquei- 
ras)  et  un  certain  Seingner  Coine,  dans  lequel  M.  V.  de  Bar- 
tholomaeis  {Romania,  XXXIV,  p.  44  et  suiv.)  a  cru  reconnaître 
notre  trouvère.  Ce  jeu-parti,  publié  en  dernier  lieu  par  M.  de 
Bartholomaeis  {ouvr.  cité,  p.  4.5  et  suiv.),  aurait  été  composé  en 
Remanie  entre  les  années  1201  et  1207. 

2.  Ce  qui  peut  expliquer  l'erreur,  c'est  que  le  jeu-parti  suit 
immédiatement  une  chanson  (R.  11 25)  attribuée,  avec  raison,  à 
Conon  de  Béthune. 

3.  J'ai  adopté  les  sigles  de  Schwan  conformément  à  la  Biblio- 
graphie des  chansonniers  français  de  M.  A.  Jeanroy  {Classiques 
français  du  moyen  âge,  n"  18),  où  l'on  trouvera  sur  les  divers  mss. 
toutes  les  indications  utiles.  J'ai  dû  cependant  désigner  par  x  et 
y  deux  mss.  qui  n'ont  pas  de  sigles  dans  cette  bibliographie  :  x 
est  le  fragment  de  Stuttgart,  aujourd'hui  perdu,  p.  p.  Fr.-J.  Mone 
dans  An:^eiger  fur  Kunde  der  teutschen  Vor:(eit,  t.  VII  (Carlsruhe, 
i838),  p.  411;  j  est  le  ms.  prov.  O  (Rome,  Vat.  32o8),  p. "p.  C.  de 
LoUis  dans  Atti  délia  Reale  Ace.  dei  Lincei,  4*  série,  partie  1, 
année  1886,  p.  4  et  suiv.;  cf.  P.  Meyer,  Romania,  XVII,  p.  3o2  et 
suiv.,  et  A.  Jeanroy,  Bibliographie  des  chansonniers  provençaux 
[Classiques  français  du  moyen  âge,  n°  16). 


LES    ATTRIBUTIONS  IX 


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X  CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 

De  ce  tableau,  il  résulte  que,  K  N  P  X —  qui  forment  un 
groupe  très  étroitement  lié  —  ignorant  le  nom  de  Conon  de 
Béthune  et  H  I  O  U  V  e  y  ne  donnant  jamais  de  nom  d'au- 
teur, seuls  peuvent  entrer  en  ligne  de  compte  pour  l'attri- 
bution d'une  chanson  à  Conon  de  Béthune  les  mss.  M R  Ta, 
qui  appartiennent  à  une  même  famille,  et  les  mss.  C  x,  qui 
appartiennent  à  la  même  famille  que  K  N  P  X,  mais  non 
au  même  groupe;  malheureusement,  les  attributions  de  C 
sont  en  général  douteuses  elx  ne  peut  nous  servir  que  pour 
une  chanson. 

Dans  ces  conditions,  l'attribution  à  Conon  des  chansons 
R.  i5  et  R.  i960,  pour  lesquelles  R  est  contredit  par  MT, 
est  peu  vraisemblable,  et  il  en  est  de  même  pour  R.  iSSg, 
pour  laquelle  l'attribution  de  C  est  contredite  par  M  T  a; 
j'ai  donc  rejeté  ces  trois  pièces ^ 

Pour  les  dix  autres  chansons  que  j'ai  recueillies  dans 
mon  édition,  l'attribution  de  II  (par  C)  et  de  III,  VI,  VII 
(par  M  T,  mss.  apparentés  de  près)  était  discutable,  mais 
elle  n'est  pas  contredite  par  la  tradition  manuscrite;  il  en 
est  de  même  pour  V  et  VIII  [M  T),  malgré  l'anonymat 
de  l'une  de  ces  pièces  dans  C  et  de  l'autre  dans  K  N  X; 
l'attribution  de  I  est  mieux  assurée  par  R  T,  et  plus  encore 
celle  de  IX  par  C  et  M  T,  ainsi  que  celle  de  X  par  C  et 
M  T,  malgré  l'indication  contraire  de  A"  iV  et  l'anonymat 
de  P;  enfin  IV  est  attribuée  à  Conon  par  C  M  R  T  a  x,  ce 
qui  ôte  beaucoup  de  vraisemblance  à  l'attribution  de  cette 
pièce  au  châtelain  de  Coucy  par  K  N  P  X^- 

D'après  le  contenu  des  chansons,  seule  l'attribution  des 

IV  et  Va  Conon  reçoit  une  confirmation  du  rapprochement 
avec  R.  io3o  (voir  ci-dessus,  p.  v),  qui   nomme  Conon   et 

1.  On  les  trouvera  imprimées  en  appendice  à  ma  première 
édition. 

2.  De  la  place  qu'occupe  la  chanson  IV  dans  V,  ms.  apparenté 
de  près  au  groupe  K  N  P  X,  on  peut  conclure  que  la  source  de 

V  attribuait  aussi  cette  chanson  au  châtelain  de  Coucy. 


LES    ATTRIBUTIONS  XI 

fait  évidemment  allusion  à  ces   deux   pièces^.   Comparez 
Conon  de  Béthune,  IV,.  10-12  : 

Car  je  ne  doi  faillir  mon  Creator. 
Ki  li  faura  a  cest  besoig  d'aïe, 
Saiciés  ke  il  li  faura  a  grignor, 

et  R.  io3o,  7-8  (éd.  Bédier)  : 

Quant  Dex  verra  que  ses  besoin:^  ert  granz, 
11  \ï  faudra,  car  il  li  2i  failli) 

Conon,  IV,  33-34  : 

Ki  chi  ne  velt  avoir  vie  anuieuse 

Si  voist  por  Dieu  morir  liés  et  joieus, 

et  R.  io3o,  12  : 

Ne  vousistez  por  Diu  morir  joian:^; 

Conon,  IV,  41-42  : 

Dieus  !  tant  avons  esté  pj-eiis  par  huiseuse, 
Or  i  parra  ki  a  certes  iert  preus, 


et  R.  io3o,  17-18  : 


Moût  fu  Quenes  preus,  quant  il  s'en  ala, 
De  sermonner  et  de  gent  preechier; 

Conon,  IV,  47-48  : 

S'or  i  laissons  nos  anemis  morteus, 
A  tos  jors  mais  iert  no  vie  honteuse, 

et  R.  io3o,  II  : 

Or  menrez  vous  honteuse  vie  ci; 

I.  Confirmation  d'autant  plus  intéressante  qu'elle  contredit  l'at- 
tribution de  IV  au  châtelain  de  Coucy  par  K  N  P  X  {V)  et 
affaiblit  la  valeur  du  témoignage  de  ce  groupe  contre  l'attribu- 
tion de  X. 


XII  CHANSONS    DE    CONON    DE    BÉTHUNE 

Gonon,  V,  Sy-SS  : 

Dehait  li  bers  qui  est  de  tel  sanblance 
Con  li  oixel  qui  conchïet  son  nit, 

et  R.  io3o,  21  : 

Or  est  venuz  son  lieu  reconchïer. 

Contenu  et  style  des  chansons.  —  Les  chansons  de 
croisade  IV  et  V,  qui  sont  sûrement  de  Conon  de  Béthune, 
se  distinguent  par  un  style  vif  et  énergique,  avec  le  mélange 
traditionnel  d'enthousiasme  religieux  et  de  regrets  amers 
d'être  obligé  de  quitter  la  dame  aimée.  C'est  dans  V  (v.  5i) 
que  se  trouve  l'allusion  à  Huon  d'Oisi,  mentionnée  plus 
haut.  La  pièce  X  est  un  spirituel  débat  entre  un  chevalier 
et  une  dame  qu'il  avait  jadis  aimée  d'un  amour  malheureux. 
La  dame,  vieillie,  est  prête  à  céder,  mais  trop  tard  :  le  che- 
valier renonce  à  ses  faveurs.  Dans  cette  chanson  sont  nom- 
més deux  grands  personnages  de  la  fin  du  xne  siècle  :  // 
Marchis  (v.  89),  probablement  le  marquis  Boniface  II  de 
Montferrat,  un  des  héros  de  la  quatrième  croisade,  qui  a 
régné  de  1192  à  1207,  mais  devait  être,  au  moins  depuis 
1187,  corégent  de  son  frère  aîné  Conrad,  parti  cette  année-là 
pour  l'Orient  et  mort  assassiné  en  1192^,  et  //  Barrais 
(v.  40),  Guillaume  des  Barres,  connu  pour  sa  force  prodi- 
gieuse et  qui,  vers  1188,  vainquit  Richard  Cœur  de  Lion 
dans  un  combat  singulier^. 

Toutes  les  autres  chansons  sont  des  «  chansons  d'amour  », 
qu'on  peut  diviser  en  deux  catégories  :  celles  où  le  poète 
apparaît  comme  l'amant  fidèle  et  humble  (I,  II,  III)  et  celles 
où  il  accuse  sa  dame  de  trahison  et  de  félonie  (VI,  VIII  et 
IX).  Dans  VII,  le  couplet  i  appartient  à  la  première  catégo- 

1.  Voir  L'Art  de  vérifier  les  dates,  3'  éd.,  t.  III  (Paris,  1787), 
p.  632  b;  cf.  O.  Schuliz y  ouvr.  cité,  p.  448. 

2.  Voir  H. -F.  Delaborde,  Œuvres  de  Rigord  et  de  Guillaume 
le  Breton,  t.  II  (Paris,  i885),  1.  III,  v.  431-435  et  485  et  suiv. 


CONTENU    ET    STYLE  XIII 

rie  et  le  couplet  ii  à  la  seconde,  ce  qui  a  fait  supposer,  non 
sans  raison,  qu'il  y  a  là  deux  chansons  incomplètes,  dont 
l'une  serait  l'imitation  extérieure  de  l'autre  ^.  Dans  ces 
«  chansons  d'amour  »,  qui,  pour  le  style,  montrent  beau- 
coup de  différences,  se  rencontrent  quelques  renseignements 
personnels  :  dans  III  (v.  5-14),  la  petite  scène,  rapportée 
ci -dessus  (p.  iv),  où  la  reine  mère  et  son  fils  Philippe- 
Auguste  raillent  le  poète  de  son  langage  dialectal,  et  (v.  7) 
la  mention  de  la  «  Comtesse  »,  Marie  de  Champagne,  dont 
l'opinion  a  tant  de  valeur  pour  le  poète  et  dans  qui  on  a 
même  voulu  voir  l'objet  de  l'amour  courtois  du  jeune  gen- 
tilhomme^;  la  chanson  I  est  adressée  à  un  certain  Noblet 
(v.  43)3,  probablement  le  même  qu'on  retrouve  dans  l'œuvre 
de  Gace  Brûlé-'.  Dans  VII  (v.  16-18),  il  y  a  une  allusion  à  la 
participation  de  Conon  à  la  troisième  croisade.  IX  débute 
par  les  vers  : 

L'autrier  un  jor  après  la  Saint  Denise 
Fui  a  Betune,  ou  j'ai  esté  sovent. 

Des  chansons  II,  VI  et  VIII,  il  n'y  a  rien  à  dire,  sinon  que 
VIII,  que  deux  bons  mss.,  Met  T,  attribuent  à  Conon  de 
Béthune,  est  remplie  d'allusions  obscures  et  écrite  dans  un 
langage  singulièrement  contourné. 

Quant  aux  chansons  que  j'ai  rejetées  (R.  i5,  1869  et 
i960),  la  première  est  une  violente  diatribe  contre  l'amour, 
les  femmes  et  les  faux  amants.  R.  1859  et  i960,  dont  le  style 
est  particulièrement  vague  et  incolore  (dans  R.  1859,  il  y 

1.  Voir  A.  Jeanroy,  Romania,  XXI,  p.  421.  Il  ne  semble  guère 
possible  d'admettre  avec  A.  Scheler  {Trouvères  belges,  p.  2']2) 
qu'il  s'agisse,  dans  la  même  chanson  primitive,  de  deux  amies 
différentes,  de  la  nouvelle  (couplet  i)  et  de  l'ancienne  (couplet  11). 

2.  Marie,  née  en  1145,  aurait,  quant  à  son  âge,  bien  pu  être 
l'inspiratrice  amoureuse  du  poète. 

3.  Le  ms.  R  donne  Robers. 

4.  Voir  Chansons  de  Gace  Brûlé,  éd.  par  G.  Huet  (Paris,  1902), 
Table  des  noms  propres,  p.  149. 


XIV  CHANSONS    DE    CONON    DE    BETHUNE 

a  notamment  un  abus  surprenant  de  la  construction  péri- 
phrastique  avec  aler  et  le  gérondif),  contiennent  quelques 
indications  personnelles.  L'auteur  de  R.  iSSg  se  réfère  aux 
chansons  d'amour  de  Monseigneur  Gasson  (v.  14),  qui  est 
sans  aucun  doute  le  trouvère  Gace  Brûlé,  contemporain  de 
Conon  de  Béthune^  et  antérieur  à  Guillaume  le  Vinier^,  à 
qui  les  mss.  M  T  a  attribuent  la  chanson.  Cette  dernière 
attribution  peut  cependant  bien  être  exacte  :  Guillaume  le 
Vinier  a  pu  mentionner  Gace  comme  un  de  ses  prédé- 
cesseurs célèbres  dans  l'art  de  «  trouver».  Enfin  R.  i960  est 
adressée  à  un  certain  comte  de  Gueldre  (v.  36),  dans  lequel 
on  est  tenté  de  voir  Othon  III,  connu  pour  s'être  intéressé 
à  la  poésie,  mais  qui  n'a  régné  qu'après  la  mort  de  Conon 
de  Béthune  (1229-1271)3. 

Versification,  —  Le  nombre  des  couplets  est  variable  : 
6  dans  I,  IV,  V  et  X  (avec  envoi  dans  I  et  V),  5  dans  II  et 
VI,  4  dans  VIII  et  IX,  3  dans  III  et  2,  sûrement  authen- 
tiques, seulement  dans  VII -•. 

Rapport  des  couplets.  —  I,  III,  IV,  VI,  VIII,  X  sont  à  coblas 
doblas,  I  et  VIII  donnant  en  partie  les  rimes  des  couplets 
pairs  dans  l'ordre  inverse  de  celles  des  couplets  impairs. 
Dans  IX,  les  trois  premiers  couplets  sont  sur  les  mêmes 
rimes,  le  quatrième  est  isolé,  construction  strophique  rare 
dans  la  poésie  lyrique  française  du  moyen  âge  s.  Dans  V,  les 

1.  Pour  l'époque  où  a  vécu  Gace  Brûlé,  voir  G.  Huet,  Chansons 
de  Gace  Brillé,  p.  i-xvii. 

2.  Guillaume  le  Vinier,  religieux  d'Arras,  ne  mourut  qu'en 
1245;  cf.  A.  Guesnon,  dans  Bulletin  hist.  et  philol.  du  Comité  des 
travaux  hist.  et  scient.,  année  1894  (Paris,  1895),  p.  432-434. 

3.  Voir  P.  Paris,  dans  l'Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XXIII 
(i856),  p.  619  et  685. 

4.  Dans  C,  il  y  a  à  la  fin  de  IV  un  demi-couplet  qui  semble 
avoir  été  ajouté  après  coup;  V  a  dans  U  un  second  envoi  sûre- 
ment apocryphe. 

5.  Mais  il  n'est  pas  impossible  que  le  couplet  m,  qui  ne  se 


VERSIFICATION  XV 

six  couplets  se  répartissent  par  trois  entre  deux  types,  dont 
la  tradition  manuscrite  ne  permet  pas  de  retrouver  sûre- 
ment l'ordre  :  je  me  suis  arrêté  à  la  combinaison  aab  ab  b. 
La  chanson  II  est  à  coblas  capcaudadas.  VII  est  à  coblas  sin- 
gulars,  mais  ce  peut  être  par  suite  d'une  erreur  de  la  tra- 
dition manuscrite  (voir  ci-dessus,  p.  xii  et  suiv.)^. 

Structure  strophique.  —  Les  couplets  ont  8  vers  dans  II, 
IV,  V,  VI,  Yîfî<  IX  et  X,  7  dans  I  et  III,  12  dans  VIL  Le 
vers  est  le  décasyllabe  dans  II,  III,  IV^  IX  et  X;  il  est  de 
7  syllabes  dans  I  et  de  6  dans  VI  ;  il  y  a  un  mélange  de  vers 
de  10  et  de  7  syllabes  dans  V  et  VIII,  de  7  et  de  3  syllabes 
dans  VIL  Le  vers  de  3  syllabes  est  remplacé  par  un  vers 
de  4,  lorsqu'il  commence  par  une  voyelle  devant  laquelle 
s'élide  Ve  final  du  vers  féminin  de  7  syllabes  qui  précède, 
de  sorte  que  ces  deux  vers  ont  toujours  ensemble  11  syl- 
labes2. 

La  structure  strophique  de  IV  et  IX  (et  aussi  de  R.  i5)  est 
identique,  mais  la  musique  diffère  complètement,  comme  me 
l'a  indiqué  M.  A.  Jeanroy. 

Césure.  —  Les  décasyllabes  sont  en  général  coupés  à  la 
4e  syllabe,  souvent  avec  césure  lyrique  (c'est-à-dire  après 

trouve  que  dans  les  mss.  C  et  U  (apparentés  de  très  près),  soit 
apocryphe. 

1.  La  même  explication  ne  peut  s'appliquer  à  R.  i5,  dont  la 
construction  à  coblas  singulars  est  ainsi  inconnue  des  pièces  d'at- 
tribution certaine. 

2.  Les  mss.  ont  des  leçons  très  différentes  pour  ces  vers  courts 
et  les  savants  ont  différé  d'avis  sur  le  compte  de  3  ou  4  syllabes. 
Dans  ma  première  édition  (p.  ni  et  suiv.),  j'avais  admis  que  ces 
vers  étaient  uniformément  de  4  syllabes.  Mon  opinion  s'est  modi- 
fiée devant  les  observations  de  M.  J.  Bédier  sur  la  pièce  I  de 
Colin  Muset  (éd.  des  Classiques  français  du  moyen  âge,  1912, 
p.  33)  et  devant  les  cas  analogues  que  j'ai  trouvés  dans  Thibaut 
de  Champagne.  Cf.  F.  Gennrich,  Musikwissenschaft  und  roma- 
nische  Philologie   (Halle,   1918),   p.  47,   et   Zs.  f.  roman.  Phil., 

XXXIX,  p.  354. 


XVI  CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 

une  finale  féminine);  II,  V,  VIII  et  X  présentent  des  déca- 
syllabes sans  césure  après  la  4e  syllabe,  mais  il  n'y  a  aucun 
cas  certain  de  césure  épique'. 

Rime.  —  Contrairement  à  l'opinion  que  P.  Meyer  fondait 
sur  l'examen  de  certains  mss.,  Conon  de  Béthune  ne  s'est 
pas  permis  des  assonances  au  lieu  de  rimes  2.  Il  y  a  de  nom- 
breux exemples  de  rimes  équivoques  ^homonymes)  et  iden- 
tiques. On  rencontre  aussi  quelques  cas  de  rimes  dites  gram- 
maticales (III,  8  et  12  :  cortoise,  cortois,  10  et  11  :  franchoise, 
franchois;  IV,  44  et  48  :  honteus,  honteuse).  Mais  il  n'y  a 
aucun  exemple  de  rime  riche. 

Langue.  —  Conon  de  Béthune  ayant  dit  lui-même  que 
sa  parole  n'était  pas  franchoise  (III,  10)  et  qu'il  avait  dit 
mos  d'Artois,  parce  qu'il  n'avait  pas  été  norris  a  Pantoise 
(III,  i3-i4),  il  y  a  lieu  de  rechercher  les  traits  artésiens 
(picards)  qui  peuvent  se  rencontrer  dans  les  rimes  et  la 
mesure  des  chansons  qui  lui  sont  attribuées. 

1.  -en-  distinct  de  -an-  (avec  les  exceptions  connues). 
Rimes  pures  en  -ance  dans  I,  V  et  IX,  en  -ans  dans  I  et  V, 
en  -endre  dans  I,  en  -ens  dans  II,  en  -ent  dans  I  et  1X3. 

2.  -s  :  -f.  Rimes  mêlées  en  -aus  dans  VIIH,  en  -ens  dans 
II,  en  -eus  dans  IV,  en  -is  dans  VIII  et  X,  en  -ois  dans  III. 
Au  contraire,  il  y  a  des  rimes  pures  en  -an^  dans  I,  en  -an^ 
et  -le^  dans  V,  en  -is  et  -ous  dans  VIP. 

1.  Les  cas  où  il  serait  possible  d'introduire  une  césure  épique 
(II,  17  et  23;  IV,  26;  V,  5o)  sont  des  erreurs  de  copiste. 

2.  Les  mss.  C  I  U  en  particulier  présentent  des  assonances, 
mais  il  n'y  a  là  que  des  fautes  de  copiste  que  la  comparaison  des 
autres  manuscrits  suffit  le  plus  souvent  à  faire  rejeter. 

3.  R.  i5  a  des  rimes  pures  en  -ent;  R.  i960  a  quatre  rimes 
pures  en  -ente^  mais  mêle  ailleurs  -en^  avec  -a«^;  R.  iS5g  a 
aient  :  -ant. 

4.  Je  suppose  que  le  mystérieux  sans  (VIII,  ig)  vient  de 
salïcem. 

5.  R.  i960  a,  comme  I  et  V,  des  rimes  pures  en  -an^^  (-en;^)  à 
côté  de  la  confusion  de  -V^  et  -/^  (comme  dans  VIII  et  X). 


V  LANGUE  XVII 

3.  -iee  :  -ie.  Les  chansons  I,  IV,  VI,  VII  et  X  ne  présentent 
que  des  rimes  pures  en  -ieK 

4.  -eine  :  -aine.  Rime  mêlée  dans  VIII  (v.  5  :  paine  < 
pœna  :  -aine)^. 

5.  Le  pronom  ceaus  (e  c  c  e  -  i  11  o  s)  :  -aus  dans  VIII  (v.  17). 
Dans  les  chansons  qui  sont,  selon  toute  probabilité,  de 

Conon  de  Béthune,  il  y  a,  en  outre,  à  la  rime  quelques 
formes  qui  attestent  Pabsence  de  certains  traits  picards  pro- 
noncés :  lieus  (et  non  lius)  :  -eus  IV,  45;  entière,  manière 
(et  non  entire,  manire)  :  -iere,  VII,  2  et  10 3. 

La  mesure  du  vers  nous  atteste  aussi  quelques  traits 
«  picards  »  dans  les  chansons  d'attribution  certaine  :  1°  la 
désinence  monosyllabique  -iés  de  la  2e  pers.  du  plur.  de 
l'imparf.  de  l'ind.  et  du  cond.  (V,  19  :  sériés;  X,  22  :  sariés; 
X,  44  :  estiés)*;  20  la  forme  abrégée  de  l'adjectif  possessif  de 
la  ire  pers.  du  plur.  no  (IV,  45  et  48),  à  côté  de  nombreuses 
formes  non  abrégées^. 

Conon  de  Béthune  s'est  donc  servi,  dans  ses  chansons, 
d'un  langage  qui  tenait  le  milieu  entre  le  francien  et  le  dia- 
lecte picard  prononcé,  donc  probablement  Vartésien,  mitigé 
peut-être  par  des  traits  franciens.  Les  chansons  R.  i5,  iSSg 
et  i960,  dont  les  rimes  et  la  mesure  attestent  des  traits  de 
langue  divergents,  ne  peuvent  donc  pas  lui  appartenir; 
ainsi  se  trouvent  confirmées  les  indications  fournies  par  les 

1.  Il  en  est  de  même  de  R.  i5  et  R.  i960,  mais  R.  1859  mêle 
les  deux  finales  (v.  55  :  atachie  :  envie,  etc.).  R.  i5  fait,  par 
contre,  rimer  le  parfait  en  -ut  avec  le  part,  passé  en  -u  (v.  18  : 
connut  :  -«),  trait  caractéristique  du  picard. 

2.  Cette  rime  se  trouve  aussi  dans  des  textes  franciens. 

3.  R.  i5  fait  rimer  au  cas-sujet  coraige  (v.  i)  avec  -aige. 

4.  Le  classement  des  mss.  permettrait  cependant  aussi  les 
formes  savïés  et  estîés. 

5.  Le  classement  des  mss.  permettrait,  à  la  rigueur,  d'admettre 
une  altération  de  la  leçon  primitive.  —  La  chanson  R.  1859  pré- 
sente deux  traits  inconnus  aux  pièces  attribuables  à  Conon  : 
chute  de  e  en  hiatus  (v.  i5  :  ramentu  pour  ramenteû)  et  contrac- 
tion de  ne  la  en  nel  (v.  42). 

Chansons  de  Conon  de  Béthune.  2 


XX 


CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 


IV  33-34  01  or  vuet  avoir  horfte  et  vie  enuiouse  Si  voist  morir 
lie^  et  bau^  et  joian^  Ox  —  Ki  chi  ne  velt  avoir  vie 
anuieuse  Si  voist  por  Dieu  morir  liés  et  joieus  TMRa  + 
CKNPVX.  La  leçon  de  Ox  est  un  non-sens,  et  le  mot 
joiani[  (qu'a  aussi  adopté  V)  pèche  contre  la  rime. 

Le  ms.  y,  de  son  côté,  se  rattache  de  très  près  à  H.  Les 
preuves  en  foisonnent  dans  la  chanson  IV. 

J'arrive  ainsi  à  établir  pour  les  dix-sept  mss.  les  filiations 
suivantes  : 


Mais  il  faut  ajouter  que  plusieurs  mss.,  notamment  C,  O, 
P  et  U,  sont  des  mss.  «  contaminés  »  et  ont  ainsi  une  valeur 
relativement  peu  importante  pour  le  rétablissement  du  texte 
supposé  primitif.  Ce  texte,  il  faut  en  général,  d'après  notre 
classification  des  mss.,  le  chercher  dans  le  groupe  I 
(=  Schwan  :  s^),  et  c'est  de  préférence  le  bon  ms.  M  que 
j'ai  pris  comme  base  de  mon  texte  critique.  Cependant, 
j'admets  en  règle  dans  le  texte  une  leçon  commune  à  deux 
des  groupements  principaux  de  II  (Schwan  :  ^n  et  5"i). 

La  graphie  du  texte  critique  est,  autant  que  possible,  celle 
du  ms.  T,  dont  le  langage  est  légèrement  «  picard  ». 


BIBLIOGRAPHIE  XXI 

Bibliographie.  —  Je  donne  ci-dessous  la  liste  des  ouvrages 
qui  contiennent  des  chansons  de  Gonon  de  Béthune  : 

Aubry  (P.),  Le  chansonnier  de  V Arsenal,  reproduction  pho- 
totypique du  ms.  5ig8  de  la  Bibl.  de  l'Arsenal;  Paris,  191 1 
et  suiv.  (=  Aubry). 

Auguis  (P.-R.),  Les  Poètes  françois  depuis  le  Xlh  siècle, 
t.  II;  Paris,  1824  (=  Auguis). 

Bartsch  (K.),  Chrestomathie  de  l'ancien  français;  Leipzig, 
1866;  3e  éd.,  1875;  5e  éd.,  1884;  8e  éd.,  1904  {=z  Bartsch, 
Chrest.). 

Bartsch  (K.),  Altfram^ôsische  Romani^en  und  Pastourellen  ; 
Leipzig,  1870  (=  Bartsch,  Afr.  Rom.  u.  Past.). 

Bartsch  (K.)  et  Wiese  (L.),  Chrestomathie  de  Vancien  fran- 
çais; Leipzig,  9e  éd.,  1908;  12e  éd.,  1920  (=  Bartsch-Wiese). 

Bédier  (J.),  Les  chansons  de  croisade;  Paris,  1909  (=  Bé- 
dier). 

Bertoni  (G.),  La  sepone  francese  del  manoscritto  pro- 
vençale estense,  dans  Archivum  romanicum,  t.  I  (1917), 
p.  307-410  [repr.  photot.  et  dipl.  du  ms.  H]  {=  Bertoni, 
Arch.  Rom.). 

Brakelmann  (J.),  Die  altfran^ôsische  Liederhandschrift 
Nro.  38g  der  Stadtbibliothek  s^u  Bern,  dans  Archiv  fur  das 
Studium  der  neueren  Sprachen  und  Literaturen,  t.  XLI 
(1867),  p.  339-37^;  t.  XLII  (1868),  p.  73-82  et  241-392; 
t.  XLIII  (1868),  p.  241-394  [repr.  dipl.  du  ms.  C]  (—  Brakel- 
mann, Arch.). 

Brakelmann  (J.),  Les  plus  anciens  chansonniers  français  ; 
Paris,  1870-1891  {=:  Brakelmann,  Chansonniers). 

Buchon  (J.-A.-G.),  Recherches  et  matériaux  pour  servir  à 
une  histoire  de  la  domination  française  aux  XIII^,  XIV^  et 
XFe  siècles  dans  les  provinces  démembrées  de  l'empire  grec 
à  la  suite  de  la  quatrième  croisade,  t.  I;  Paris,  1840 
(=  Buchon). 

Dinaux  (A.),  Trouvères,  jongleurs  et  ménestrels  du  Nord  de 
la  France  et  du  Midi  de  la  Belgique^  t.  III  (Les  Trouvères 
artésiens)  ;  Paris  et  Valenciennes,  1843  (=  Dinaux). 

Grùtzmacher  (W.),  reproduction  partielle  du  ms.  y  dans 


XX 


CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 


IV  33-34  Q^  0  r  vuet  avoir  horfte  et  vie  enuiouse  Si  voist  morir 
lie:(  et  bau^  et  joian:^  Ox  —  Ki  chi  ne  velt  avoir  vie 
anuieuse  Si  voist  por  Dieu  morir  liés  et  joieus  TMRa  + 
CKNPVX.  La  leçon  de  Ox  est  un  non-sens,  et  le  mot 
joian^  (qi^'a  aussi  adopté  V)  pèche  contre  la  rime. 

Le  ms.  y,  de  son  côté,  se  rattache  de  très  près  à  H.  Les 
preuves  en  foisonnent  dans  la  chanson  IV. 

J'arrive  ainsi  à  établir  pour  les  dix-sept  mss.  les  filiations 
suivantes  : 


H       y     C      U     I     O        X     V 


N       K      X 


Mais  il  faut  ajouter  que  plusieurs  mss.,  notamment  C,  O, 
P  et  U,  sont  des  mss.  «  contaminés  »  et  ont  ainsi  une  valeur 
relativement  peu  importante  pour  le  rétablissement  du  texte 
supposé  primitif.  Ce  texte,  il  faut  en  général,  d'après  notre 
classification  des  mss.,  le  chercher  dans  le  groupe  I 
{=  Schv^^an  :  s^),  et  c'est  de  préférence  le  bon  ms.  M  que 
j'ai  pris  comme  base  de  mon  texte  critique.  Cependant, 
j'admets  en  règle  dans  le  texte  une  leçon  commune  à  deux 
des  groupements  principaux  de  II  (Schwan  :  .y"  et  .yi"). 

La  graphie  du  texte  critique  est,  autant  que  possible,  celle 
du  ms.  T,  dont  le  langage  est  légèrement  «  picard  ». 


BIBLIOGRAPHIE  XXÏ 

Bibliographie.  —  Je  donne  ci-dessous  la  liste  des  ouvrages 
qui  contiennent  des  chansons  de  Gonon  de  Béthune  : 

Aubry  (P.),  Le  chansonnier  de  V Arsenal,  reproduction  pho- 
totypique  du  ms.  5ig8  de  la  Bibl.  de  l'Arsenal;  Paris,  igii 
et  suiv.  (=  Aubry). 

Auguis  (P.-R.),  Les  Poètes  françois  depuis  le  XI I^  siècle, 
t.  II;  Paris,  1824  (=  Auguis). 

Bartsch  (K.),  Chrestomathie  de  l'ancien  français]  Leipzig, 
1866;  3e  éd.,  1875;  3e  éd.,  1884;  8e  éd.,  1904  (—  Bartsch, 
Chrest.]. 

Bartsch  (K.),  Altfran^ôsische  Roman'^en  und  Pastourellen  ; 
Leipzig,  1870  (=  Bartsch,  Afr.  Rom.  u.  Past.). 

Bartsch  (K.)  et  Wiese  (L.)?  Chrestomathie  de  Vancien  fran- 
çais: Leipzig,  9e  éd.,  1908;  12e  éd.,  1920  (r=  Bartsch-Wiese). 

Bédier  (J.),  Les  chansons  de  croisade-,  Paris,  1909  (=  Bé- 
dier). 

Bertoni  (G.),  La  sepone  francese  del  manoscritto  pro- 
vençale estense,  dans  Archivum  romanicum,  t.  I  (1917), 
p.  807-410  [repr.  photot.  et  dipl.  du  ms.  H]  (=  Bertoni, 
Arch.  Rom.). 

Brakelmann  (J.),  Die  altfram^ôsische  Liederhandschrift 
Nro.  38g  der  Stadtbibliothek  ^u  Bern,  dans  Archiv  fiir  das 
Studium  der  neueren  Sprachen  und  Literaturen,  t.  XLI 
(1867),  p.  339-37^;  t.  XLII  (1868),  p.  73-82  et  241-392; 
t.  XLIII  (1868),  p.  241-394  [repr.  dipl.  du  ms.  C]  (—  Brakel- 
mann,  Arch.). 

Brakelmann  (J.),  Les  plus  anciens  chansonniers  français  ; 
Paris,  1870-1891  (=  Brakelmann,  Chansonniers). 

Buchon  (J.-A.-G.),  Recherches  et  matériaux  pour  servir  à 
une  histoire  de  la  domination  française  aux  XIII^,  XIV^  et 
XFe  siècles  dans  les  provinces  démembrées  de  l'empire  grec 
à  la  suite  de  la  quatrième  croisade,  t.  I;  Paris,  1840 
(=  Buchon). 

Dinaux  (A.),  Trouvères ,  jongleurs  et  ménestrels  du  Nord  de 
la  France  et  du  Midi  de  la  Belgique.,  t.  III  {Les  Trouvères 
artésiens);  Paris  et  Valenciennes,  1848  (=  Dinaux), 

Grùtzmacher  (W.),  reproduction  partielle  du  ms.  y  dans 


XXII  CHANSONS    DE    CONON    DE    BETHUNE 

Archiv  fur  das  Studium  der  neueren  Sprachen  und  Litera- 
turen,  t.  XXXIV  (1864),  p.  368-385  {=  Grûtzmacher,  Arch.). 

Hofmann  (K.),  Fine  An^ahl  altfraniôsischer  lyrischer 
Gedichte  aus  dem  Berner  Codex  38 g,  dans  Sit^^ungsberichte 
der  Kgl,  bayer.  Akad.  der  Wiss.  jw  Miinchen,  année  1867, 
t.  II,  p.  486-527  {z=  Hofmann,  Siti^ungsber.). 

Jeanroy  (A.),  Sur  deux  chansons  de  Conon  de  Béthune, 
dans  Romania,  t.  XXI  (1892),  p.  418-424  (=  Jeanroy,  Rom.). 

Keller  {A.),  Romvart.  Beitrâge  sur  Kunde  mittelalterlicher 
Dichtung  aus  italienischen  Bibliotheken;  Mannheim  et  Paris, 
1844  (=  Keller). 

La  Borde  [i.-B.),  Essai  sur  la  musique  ancienne  et  moderne^ 
t.  Il;  Paris,  1780  (=  La  Borde). 

Leroux  de  Lincy  (A.-J.-V.),  Recueil  de  chants  historiques 
français  depuis  le  XII^  jusqu^au  XVI^  siècle,  t.  I  ;  Paris,  1841 
(=:  Leroux  de  Lincy). 

Lollis  {C.  de),  Il  Canponere proven!j[ale  0(Cod.  Vat.32o8), 
dans  Atti  délia  R.  Accademia  dei  Lincei,  anno  CCLXXXIII 
{Roma,  1886),  série  quarta,  parte  la,  p.  4-1 11  (=  Lollis,  Atti 


Màtzner  (E.),  Altfran^ôsische  Lieder,  berichtigt  und  erlàu- 
tert;  Berlin,  i853  {■=  Màtzner). 

Meyer  (P.),  Rapport  sur  une  mission  littéraire  en  Angle- 
terre, dans  Archives  des  missions,  2e  série,  t.  III  (1866), 
p.  247-328,  et  V  (1868),  p.  154-162  et  216-244  (=  Meyer, 
Arch.  des  missions). 

Meyer  (P.)  et  Raynaud  (G.),  Le  chansonnier  français  de 
Saint-Germain-des-Prés  [Bibl.  nat.  fr.  2  0o5o),  reproduc- 
tion phototypique,  t.  I;  Paris,  1892  {■=  Meyer-Raynaud). 

Michel  (Fr.),  Chansons  du  Châtelain  de  Coucy;  Paris,  i83o 
{=  Michel). 

Mone  (Ft.),  reproduction  du  ms.  x  dans  An^eiger  fur 
Kunde  der  teutschen  Vor^eit,  t.  VII  (i838),  col.  411  (=  Mone, 
An^.). 

Oulmont  (Gh.),  La  Poésie  Française  du  Moyen  Age  ;  Paris, 
1913  (=1  Oulmont). 


BIBLIOGRAPHIE  XXIII 

Paris  (G.)  et  Langlois  (E.),  Chrestomathie  du  moyen  âge; 
Paris,  1897;  loe  éd.,  1917  (=  Paris-Langlois). 

Paris  [P .),  Le  Romancero  français  ;  Paris,  i833(=P.  Paris). 

Scheler  (A.),  Trouvères  belges  du  XII^  au  XIV^  siècle; 
Bruxelles,  1876  {=  Scheler). 

Sinner  (J.-R.),  Catalogus  codicum  mss.  Biblioihecae  Ber- 
nensis,  t.  III;  Berne,  1772  (=  Sinner). 

Steffens  (G.),  Die  altfran^ôsische  Liederhandschrift  der 
Bodleiana  in  Oxford^  Douce  3o8,  dans  Archiv  fur  das  Stu- 
dium  der  neueren  Sprachen  und  Liieraturen,  t.  XCVII  (1896), 
p.  283-3o8;  t.  XCVIII  (1897),  p.  59-80,  343-382;  t.  XCIX  (1897) 
p.  77-100,  339-388;  t.  c"lV  (1900),  p.  33i-354  (=  Steffens, 
Arch.). 

Sudre  (L.),  Chrestomathie  du  Moyen  Age;  Paris,  1898 
(=  Sudre). 

Wackernagel  (W.),  Altfran:[dsische  Lieder  und  Leiche; 
Baie,  1846  (=  Wackernagel). 

Wallenskold  (A.),  Chansons  de  Conon  de  Béthune,  ti'ou- 
veur  artésien  de  la  fin  du  XII^  siècle.  Édition  critique  pré- 
cédée de  la  biographie  du  poète;  Helsingfors,  1891  (=  Wal- 
lenskold, C.  de  B.). 

Wallenskold  (A.),  Un  fragment  de  chansonnier,  actuelle- 
ment introuvable,  du  Xllh  siècle,  dans  Neuphilologische  Mit- 
teilungen,  1917,  p.  2-17  [repr.  dipl.  du  ms.  e]  (=  Wallenskold, 
N.  Mit  t.). 


^ 


LES  CHANSONS 

DE 

CONON     DE     BÉTHUNE 


I.  —  Chançon  legiere  a  entendre. 

I.  Chançon  legiere  a  entendre 

Ferai,  car  bien  m'est  mestiers 

Ke  chascuns  le  puist  aprendre 

Et  c'on  le  chant  volentiers;  4 

Ne  par  autres  messaigiers 

N'iert  ja  ma  dolors  mostree 

A  la  millor  ki  soit  née.  7 

II.  Tant  est  sa  valors  doblee 
C'orgeus  et  hardemens  fiers 
Seroit,  se  je  ma  pensée 

Li  descovroie  premiers;  ii 

Mais  besoins  et  desiriers 

Et  çou  c'on  ne  puet  atendre 

Fait  maint  hardement  emprendre.  14 

III.  Tant  ai  celé  mon  martire 
Tos  jors  a  tote  la  gent 
Ke  bien  le  devroie  dire 

A  ma  Dame  solement,  18 


LES  CHANSONS 

DE 

CONON     DE     BÉTHUNE 


I.  —  Chançon  legiere  a  entendre. 

I.  Chançon  legiere  a  entendre 

Ferai,  car  bien  m'est  mestiers 
Ke  chascuns  le  puist  aprendre 
Et  c'on  le  chant  volentiers; 
Ne  par  autres  messaigiers 
N'iert  ja  ma  dolors  mostree 
A  la  millor  ki  soit  née. 

II.  Tant  est  sa  valors  doblee 
C'orgeus  et  hardemens  fiers 
Seroit,  se  je  ma  pensée 

Li  descovroie  premiers; 

Mais  besoins  et  desiriers 

Et  çou  c'on  ne  puet  atendre 

Fait  maint  hardement  emprendre. 

III.  Tant  ai  celé  mon  martire 
Tos  jors  a  tote  la  gent 
Ke  bien  le  devroie  dire 
A  ma  Dame  solement, 


2  CHANSONS    DE    CONON    DE    BETHUNE 

K'Amors  ne  li  dit  noient; 

Ne  por  quant,  s'ele  m'oblie, 

Ne  l'oublierai  je  mie.  21 

IV.  Por  quant,  se  je  n'ai  aïe 

De  li  et  retenement, 
Bien  fera  et  cortoisie 

S'aucune  pitiés  l'em  prent.  25 

Au  descovrir  mon  talent 
Se  gart  bien  de  l'escondire, 
S'ele  ne  me  velt  ochirre.  28 

V.  Fols  sui  ki  ne  li  ai  dite 

Ma  dolor,  ki  est  si  grans. 

Bien  deùst  estre  petite 

Par  droit,  tant  sui  fins  amans;  32 

Mais  je  sui  si  meschaans 

Ke  quanques  drois  m'i  avance 

Me  retaut  ma  mescheance.  35 

VI.  Tous  i  morrai  en  soffrance, 

Mais  sa  beautés  m'est  garans, 
.  De  ma  Dame,  et  la  samblance 
Ki  tos  mes  maus  fait  plaisans,  39 

Si  ke  je  muir  tous  joians; 
Ke  tant  désir  sa  mérite 
Ke  ceste  mors  me  délite.  42 

VII.  Noblet,  je  sui  fins  amans, 

Si  aim  la  millor  eslite 
Dont  onques  cançons  fust  dite.  45 


SI  VOIREMANT  CON  CELE  DON  JE  CHANT. 


II.  Si  VOIREMANT  CON  CELE  DON  JE  CHANT. 

I.  Si  voiremant  con  celé  don  je  chant 

Valt  melz  que  totes  les  bones  qui  sont, 

Et  je  l'aim  plus  que  rien  qui  soit  el  mont, 

Si  me  doint  Deus  s'amor  senz  décevoir;  4 

Que  tel  désir  en  ai  et  tel  voloir, 

Ou  tant  ou  plus,  Deus  en  seit  la  verte, 

Si  con  malades  desirre  santé. 

Désir  je  li  et  s'amor  a  avoir.  8 

II.  Or  sai  je  bien  que  riens  ne  puet  valoir 
Tant  con  celi  de  cui  j'ai  tant  chanté, 
Cor  ai  veû  et  li  et  sa  bealté 

Et  si  sai  bien  que  tant  a  de  valor  12 

Que  je  doi  faire  et  outrage  et  folor 

D'amer  plus  hait  que  ne  m'avroit  mestier; 

Et  non  por  cant  maint  povre  chevalier 

Fait  riches  cuers  venir  a  halte  honor.  16 

III.  Ainz  que  fusse  sospris  de  ceste  amor, 
Savoie  je  autre  jent  conseillier, 

Et  or  sai  bien  d'altrui  geu  enseignier 

Et  si  ne  sai  mie  lo  mien  juèr;  20 

Si  sui  con  cil  qui  as  eschas  voit  cler 

Et  qui  très  bien  ensengne  as  autres  gens. 

Et  kant  il  jue,  si  pert  si  son  sens 

Qu'il  ne  se  seit  escore  de  mater.  24 

IV.  Hé!  las,  dolanz,  je  ne  sai  tant  chanter 
Que  ma  Dame  parçoive  mes  tormenz, 
N'encor  n'est  pas  si  granz  mes  hardemanz 


CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 

Ke  je  li  os  dire  les  mais  que  trai,  28 

Ne  devant  li  n'en  os  parler  ne  sai; 

Et  kant  je  sui  aillors  devant  autrui, 

Lors  i  paroi,  mais  si  pou  m'i  dedui 

K'un  anui  valt  li  deduiz  que  j'en  ai.  32 

Encor  devis  comment  je  li  dirai 

La  grant  dolor  que  j'en  trais  senz  anui, 

Ke  tant  l'ador  et  désir,  kant  g'i  sui. 

Que  ne  li  os  descovrir  ma  raison  ;  36 

Si  va  de  moi  con  fait  del  champion 

Qui  de  Ion  tens  aprent  a  escremir. 

Et  kant  il  vient  ou  champ  as  cous  ferir, 

Si  ne  seit  rien  d'escu  ne  de  baston.  40 


MOUT    ME    SEMONT    AMORS    QUE    JE    M  ENVOISE 


III.    —    MOUT    ME    SEMONT    AmORS    QUE    JE    m'ENVOISE. 

I.  Mout  me  semont  Amors  ke  je  m'envoise, 
Quant  je  plus  doi  de  chanter  estre  cois; 
Mais  j'ai  plus  grant  talent  ke  je  me  coise, 

Por  çou  s'ai  mis  mon  chanter  en  defois;  4 

Ke  mon  langaige  ont  blasmé  li  François 

Et  mes  cançons,  oiant  les  Champenois 

Et  la  Contesse  encoir,  dont  plus  me  poise.         7 

II.  La  Roïne  n'a  pas  fait  ke  cortoise, 

Ki  me  reprist,  ele  et  ses  fieus,  li  Rois. 
Encoir  ne  soit  ma  parole  franchoise, 
Si  la  puet  on  bien  entendre  en  franchois;  n 

/    Ne  chil  ne  sont  bien  apris  ne  cortois, 
S'il  m'ont  repris  se  j'ai  dit  mos  d'Artois, 
'  Car  je  .ne  fui  pas  norris  a  Pontoise.  14 

III.        Dieus!  ke  ferai?  Dirai  li  mon  coraige? 
Li  irai  je  dont  s'amor  demander? 
Oïl,  par  Dieu  !  car  tel  sont  li  usaige 
C'on  n'i  puet  mais  sans  demant  riens  trover;     18 
Et  se  jo  sui  outraigeus  del  trover, 
Se  n'en  doit  pas  ma  Dame  a  moi  irer. 
Mais  vers  Amors,  ki  me  font  dire  outraige.       21 


CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 


IV.  —  Ahi  !  Amors,  com  dure  départie. 

I.        Ahi!  Amors,  com  dure  départie 
Me  convenra  faire  de  la  millor 
Ki  onques  fust  amee  ne  servie! 
Dieus  me  ramaint  a  li  par  sa  douçour,  4 

Si  voirement  con  j'en  part  a  dolor! 
Las!  k'ai  je  dit?  Ja  ne  m'en  part  je  mie! 
Se  li  cors  va  servir  Nostre  Signor, . 
Mes  cuers  remaint  del  tôt  en  sa  baillie.  8 

II.        Por  li  m'en  vois  sospirant  en  Surie, 
Car  je  ne  doi  faillir  mon  Creator. 
Ki  li  faura  a  cest  besoig  d'aïe, 
Saiciés  ke  il  li  faura  a  grignor;  12 

Et  saicent  bien  li  grant  et  li  menor 
Ke  la  doit  on  faire  chevallerie 
Ou  on  conquiert  Paradis  et  honor 
Et  pris  et  los  et  l'amor  de  s'amie.  16 

III.  Dieus  est  assis  en  son  saint  iretaige; 
Ore  i  parra  con  cil  le  secorront 
Cui  il  jeta  de  la  prison  ombraje, 

Quant  il  fu  mis  ens  la  crois  ke  Turc  ont.  20 

Honi  soient  tôt  chil  ki  remanront,]^ 

S'il  n'ont  poverte  ou  viellece  ou  malaige  !  ' 

Et  cil  ki  sain  et  jone  et  riche  sont 

Ne  poevent  pas  demorer  sans  hontaige.  24 

IV.  Tôt  li  clergié  et  li  home  d'eaige 

Qui  ens  ausmogne  et  ens  biens  fais  manront 
Partiront  tôt  a  cest  pelerinaige, 


AHI  !    AMORS    COM    DURE    DEPARTIE.  7 

Et  les  dames  ki  chastement  vivront  28 

Et  loiauté  feront  ceaus  ki  iront; 

Et  s'eles  font  par  mal  consel  folaige, 

A  lasques  gens  mauvaises  le  feront, 

Car  tôt  li  boin  iront  en  cest  voiaige.  32 

V.        Ki  chi  ne  velt  avoir  vie  anuieuse 

Si  voist  ppr  Dieu  morir  liés  et  joieus, 

Car  celé  mors  est  douce  et  savereuse 

Dont  on  conquiert  le  resne  presïeus,  36 

Ne  ja  de  mort  n'en  i  morra  uns  sels, 

Ains  naistront  tôt  en  vie  glorieuse; 

Et  saiciés  bien,  ki  ne  fust  amereus, 

Moût  fust  la  voie  et  boine  et  deliteuse.  40 

VI.        Dieus!  tant  avons  esté  preus  par  huiseuse,  '' 
Or  i  parra  ki  a  certes  iert  preus; 
S'irons  vengier  la  honte  dolereuse 
Dont  chascuns  doit  estre  iriés  et  honteus;         44 
Car  a  no  tans  est  perdus  li  sains  lieus 
Ou  Dieus  soffri  por  nos  mort  angoisseuse. 
S'or  i  laissons  nos  anemis  morteus, 
A  tos  jors  mais  iert  no  vie  honteuse.  48 


CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 


V.  —  Bien  me  deûsse  targier. 

I.  Bien  me  deiisse  targier 

De  chançon  faire  et  de  mos  et  de  chans, 

Quant  me  convient  eslongier 
De  la  millor  de  totes  les  vaillans,  4 

Si  em  puis  bien  faire  voire  vantance, 
Ke  je  fas  plus  por  Dieu  ke  nus  amans, 
Si  en  sui  moût  endroit  l'ame  joians, 
Mais  del  cors  ai  et  pitié  et  pesance.  8 

II.  On  se  doit  bien  efforchier 

De  Dieu  servir,  ja  n'i  soit  li  talans, 
Et  la  char  vaintre  et  plaissier, 
Ki  tos  jors  est  de  pechier  desirans;  12 

Adont  voit  Dieus  la  doble  penitance. 
Hé!  las,  se  nus  se  doit  sauver  dolans, 
Dont  doit  par  droit  ma  mérite  estre  grans, 
Car  plus  dolans  ne  se  part  nus  de  France.         16 

III.  Vous  ki  dismés  les  croisiés, 
Ne  despendés  mie  l'avoir  ensi; 

Anemi  Dieu  en  sériés. 
Dieus!  ke  porront  faire  si  anemi,  20 

Quant  tôt  li  saint  trambleront  de  dotance 
Devant  Celui  ki  onques  ne  menti! 
Adont  seront  pecheor  mal  bailli. 
Se  sa  pitiés  ne  cuevre  sa  puissance.  24 

IV.  Ne  ja  por  nul  desirier 

Ne  remanrai  chi  avoc  ces  tirans, 
Ki  sont  croisiet  a  loier 


BIEN    ME    DEUSSE    TARGIER  9 

Por  dismer  clers  et  borgois  et  serjans;  28 

Plus  en  croisa  covoitiés  ke  créance. 

Et  quant  la  crois  n'en  puet  estre  garans, 

A  teus  croisiés  sera  Dieus  moût  soffrans, 

Se  ne  s'en  venge  a  peu  de  demorance.  32 

V.  Li  Quens  s'en  est  ja  vangiés, 

Des  haus  barons,  qui  or  11  sont  faillit. 

Cor  les  eùst  anpiriés, 
Qui  sont  plus  vil  que  onques  mais  ne  vi!  36 

Dehait  li  bers  qui  est  de  tel  sanblance 
Con  li  oixel  qui  conchïet  son  ni-t! 
Po  en  i  a  n'ait  son  renne  boni, 
Por  tant  qu'il  ait  sor  ses  homes  possance.  40 

VI.  Qui  ces  barons  empiriés 

Sert  sans  eùr,  ja  n'ara  tant  servi 

K'il  lor  em  prenge  pitiés; 
Pour  çou  fait  boin  Dieu  servir,  ke  je  di  44 

Qu'en  lui  n'afiert  ne  eùr  ne  kaance; 
Mais  ki  mieus  sert,  et  mieus  li  est  meri. 
Pleiist  a  Dieu  k'Amors  fesist  ausi 
Ensvers  tos  ceaus  qui  ens  li  ont  fiance.  48 

VII.       Or  vos  ai  dit  des  barons  ma  sanblance; 
Si  lor  an  poise  de  ceu  que  je  di, 
Si  s'an  praingnent  a  mon  mastre  d'Oissi, 
Qui  m'at  apris  a  chanter  très  m'anfance.  52 


Chansons  de  Conon  de  Béthune. 


10  CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 


VI.  —  Se  raige  et  derverie. 

I.  Se  raige  et  derverie 

Et  destrece  d'amer  i 
M'a  fait  dire  folie  '  \ 

Et  d'amors  mesparler,|l|  4 

Nus  ne  m'en  doit  blasmer. 
S'ele  a  tort  m'i  fausniej 
Amors,  qui  j'ai  servie/ 
Ne  me  sai  ou  fier.     [  8 

II.  Amors,  de  félonie 

Vous  vaurai  esprover; 

Tolu  m'avés  la  vie 

Et  mort  sans  defFier.  12 

La  m'avés  fait  penser 

Ou  ma  joie  est  perie; 

Celé  qui  jou  em  prie 

Me  fait  d'autre  espérer.  16 

III.  Plus  est  belle  k'imaige 
Gelé  ke  je  vos  di, 
Mais  tant  a  vil  coraige, 

Anuieus  et  failli,  20 

K'ele  fait  tôt  ausi 

Com  la  leuve  sauvaige 

Ki  des  leus  d'un  boskaige 

Trait  le  pieur  a  li.  24 

IV.  N'a  pas  grant  vasselaige 
Fait,  s'ele  m'a  traï; 

Nus  ne  l'en  tient  por  saige 


SE    RAIGE    ET    DERVERIE  I  I 

Ki  son  estre  ait  oï;  28 

Mais  puis  k'il  est  ensi 

K'ele  a  tort  m'i  desgaige, 

Je  li  renc  son  homaige 

Et  si  me  part  de  li.  32 

Moût  est  la  terre  dure, 

Sans  eve  et  sans  humor 

Ou  j'ai  mise  ma  cure, 

Mais  n'i  keudrai  nul  jor  36 

Fruit  ne  foille  ne  flor. 

S'est  bien  tans  et  mesure 

Et  raisons  et  droiture 

Ke  li  rende  s.'amor.  40 


12  CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 


VII.  —  Belle  doce  Dame  chiere. 

Belle  doce  Dame  chiere, 
Vostre  grans  beautés  entière 

M'a  si  pris 
Ke,  se  iere  em  Paradis,  4 

Si  revenroie  je  arrière, 
Por  convent  ke  ma  proiere 

M'eiist  mis 
La  ou  fuisse  vostre  amis  8 

Ne  vers  moi  ne  fuissiés  fiera, 
Car  aine  ens  nule  maniera 

Ne  forfis 
Par  coi  fuissiés  ma  guarriara.  12 

Ne  lairai  ke  je  ne  dia     *- 
De  mes  maus  une  partie 

Come  irons. 
Dehaiz  ait  cuers  covoitos,  16 

Fausse,  plus  vaire  ke  pie, 
Ki  m'envoia  en  Surie  ! 

Ja  por  vous 
N'avrai  mais  les  ieus  plorous.  20 

Fous  est  ki  en  vous  sa  fie, 
Ka  vos  estes  l'Abeïe 

As  Soffraitous, 
Si  ne  vous  amarai  mie.  24 


TANT    AI    AMÉ    c'OR    ME    CONVIENT    HAÏR 


VIII.  —  Tant  ai  amé  c'or  me  convient  haïr. 

I.        Tant  ai  amé  c'or  me  convient  haïr 

Et  si  ne  quier  mais  amer, 
S'en  tel  lieu  n'est  c'on  ne  saice  traïr 

Ne  dechevoir  ne  fausser.  4 

Trop  longement  m'a  duré  ceste  paine 

K'Amors  m'a  fait  endurer; 
Et  non  por  quant  loial  amor  certaine 

Vaurai  encoir  recovrer.  8 

II.        Ki  or  vauroit  loial  amor  trover 

Si  viegne  a  moi  por  coisir! 
Mais  bien  se  doit  belle  dame  garder 

K'ele  ne  m'aint  pour  traïr,  12 

K'ele  feroit  ke  foie  et  ke  vilaine, 

S'em  porroit'tost  mal  oïr, 
Ausi  com  fist  la  fause  Ghapelaine, 

Gui  tos  li  mons  doit  haïr.  16 

III.  Assés  i  a  de  celés  et  de  ceaus 

Ki  dient  ke  j'ai  mespris 
De  çou  ke  fis  covreture  de  saus. 

Mais  moût  a  boin  droit  le  fis,  20 

Et  de  l'anel  ki  fu  mis  en  traîne, 

Mais  a  boin  droit  i  fu  mis, 
Car  par  l'anel  fu  faite  la  saisine 

Dont  je  sui  mors  et  trais.  24 

IV,  A  moult  boen  droit  en  fix  ceu  ke  j'en  fix. 

Se  Deus  me  doinst  boens  chevals! 
Et  cil  ki  dient  ke  i  ai  mespris 


14  CHANSONS  DE  CONON  DE  BETHUNE 

Sont  perjuré  et  tuit  fauls.  28 

Por  ceu  dechiet  bone  amor  et  descline 

Que  on  lor  souffre  les  mais, 
Et  cil  ki  cellent  lor  faulse  covine 

Font  les  pluxors  deloiauls.  32 


l'aUTRIER    un    JOR    après    la    saint    DENISE 


IX.    —    L'aUTRIER    un    JOR    APRES    LA    SaINT    DeNISE. 

I.        L'autrier  un  jor  après  la  Saint  Denise 
Fui  a  Betune,  ou  j'ai  esté  sovent. 
La  me  Sosvint  de  gent  de  maie  guise 
Ki  m'ont  mis  sus  mençoigne  a  entïent  :  4 

Ke  j'ai  chanté  des  dames  laidement; 
Mais  il  n'ont  pas  ma  chançon  bien  aprise  : 
Je  n'en  chantai  fors  d'une  solement, 
Qui  bien  forhst  ke  venjance  en  fu  prise.  8 

II.         Si  n'est  pas  drois  ke  on  me  desconfise, 
Et  vous  dirai  bien  par  raison  coment  : 
Car  se  on  fait  d'un  fort  larron  justise. 
Doit  il  desplaire  as  loiaus  de  noient?  12 

Nenil,  par  Diu!  qui  raison  i  entent; 
Mais  la  raisons  est  si  arrière  mise 
Ke  çou  c'on  doit  loer  blasment  la  gent 
Et  loent  çou  que  nus  autres  ne  prise.  16 

m.        Dame,  lonc  tans  ai  fait  vostre  servise, 
La  merci  Deu  !  c'or  n'en  ai  mais  talant. 
Que  m'est  ou  cuer  une  autre  amor  assise 
Que  me  requiert  et  alume  et  esprant  20 

Et  me  semont  d'amer  si  hatement, 
C'an  li  n'en  a  ne  orgoil  ne  faintise; 
Et  jel  ferai,  ne  puet  estre  autrement, 
Si  me  métrai  dou  tout  an  sa  franchise.  24 

IV.       A  la  millor  del  roiaume  de  France, 
Voire  del  mont,  ai  mon  cuer  atorné, 


CHANSONS    DE    CONON    DE    BETHUNE 

Et  non  por  quant  pavor  ai  et  dotance 

Ke  sa  valors  ne  me  tiegne  en  vilté,  28 

Car  tant  redoc  orgelleuse  beauté; 

Et  Dieus  m'en  doinst  trover  bone  espérance, 

K'en  tôt  le  mont  n'a  orgoill  ne  fierté 

K'Amors  ne  puist  plaissier  par  sa  poissance.     32 


l'autrier  avint  en  cel  autre  païs  17 


X.  —  L'autrier  avint  en  cel  autre  païs. 

I.        L'autrier  avint  en  cel  autre  païs 

C'uns  chevaliers  eut  une  dame  amee. 

Tant  com  la  dame  fu  en  son  bon  pris, 

Li  a  s'amor  escondite  et  veee.  4 

Puis  fu  un  jors  k'ele  li  dist  :  «  Amis, 

Mené  vous  ai  par  parole  mains  dis; 

Ore  est  l'amors  coneiie  et  provee. 

Des  or  mais  sui  tôt  a  vostre  devis.  »  8 

II.  Li  chevalliers  le  regarda  el  vis, 

Si  la  vit  moût  pale  et  descoulouree. 

«  Dame  »,  fait  il,  «  certes  mal  sui  baillis 

Ke  n'eiistes  piech'a  ceste  pensée.  12 

Vostres  cler  vis,  ki  sambloit  flors  de  lis, 

Est  si  aies,  dame,  de  mal  em  pis 

K'il  m'est  a  vis  ke  me  soies  emblée. 

A  tart  avés,  dame,  cest  conseil  pris.  »  16 

III.  Quant  la  dame  s'oï  si  ramprosner, 
Grant  honte  en  ot,  si  dist  par  sa  folie  : 

«  Par  Dieu,  vassal,  jel  dis  por  vos  gaber. 

Quidiés  vos  dont  k'a  chertés  le  vos  die?  20 

Onques  nul  jor  ne  me  vint  em  penser. 

Sariés  vos  dont  dame  de  pris  amer? 

Nenil,  par  Dieu!  ains  vos  prendroit  envie 

D'un  bel  vallet  baisier  et  acoler.  »  24 

IV.  —  «  Dame  »,  fait  il,  «  j'ai  bien  oï  parler 
De  vostre  pris,  mais  ce  n'est  ore  mie; 
Et  de  Troie  rai  jou  oï  conter 


l8  CHANSONS  DE  CONON  DE  BÉTHUNE 

K'ele  fu  ja  de  moût  grant  signorie;  28 

Or  n'i  puet  on  fors  les  plaices  trover. 

Et  si  vous  lo  ensi  a  escuser 

Ke  cil  soient  reté  de  l'iresie 

Qui  des  or  mais  ne  vous  vauront  amer.  »  32 

V.        —  «  Par  Dieu,  vassal,  moût  avés  fol  pensé, 
Quant  vous  m'avés  reprové  mon  eaige. 
Se  j'avoie  tôt  mon  jovent  usé, 
Si  sui  iou  riche  et  de  si  haut  paraige  36 

C'om  m'ameroit  a  petit  de  beauté. 
Encoir  n'a  pas  un  mois  entir  passé 
Ke  li  Marchis  m'envoia  son  messaige. 
Et  li  Barrois  a  por  m'amor  josté.  »  40 

VI.        —  «  Par  Dieu,  dame,  ce  vos  a  moût  grevé 
Ke  vos  fiés  tos  jors  ens  signoraige; 
Mais  tel  set  ont  ja  por  vos  sospiré. 
Se  vos  estiés  fille  au  Roi  de  Gartaige,  44 

Ki  ja  mais  jor  n'en  aront  volenié. 
On  n'aime  pas  dame  por  parenté. 
Mais  quant  ele  est  belle  et  cortoise  et  saige. 
Vos  en  savrés  par  tans  la  vérité.  »  48 


VARIANTES  ET  NOTES  ^ 


I.  —  Ghançon  legiere  a  entendre. 

Raynaud  62g. 

Manuscrits  :  R,  f.  10  (Mesire  Guesnes);  T,  f.  loi  (Mesire 
Quenes);  e,  /.  2;  musique  notée  dans  R  et  T.  —  Graphie 
de  T. 

2  que  b.  T;  c.  il  m'est  R  —  5  Gar  p.  autre  messagier  e 

—  8  montée  e  —  9  Orgieus  e  —  10  se  ja  T"  —  i3  Et  con 
c'on  T —  19  dist  Te  —  20  Et  non  pour  q.  ce  m'oublie  R 

—  21  m'oublirai  R  —  22  se  manque  dans  R  —  23  ne  r.  e; 
recouvrement  R  —  25  aucume  T  —  29  Faus  R;  fui  quant 
e  —  3o  dolors  r—  35  Ne  r—  37  M.  la  e  —  38  dame  a 
R  —  41  ma  m.  i?  —  42  amors  T  —  43  Robers  R  —  44  Si 
ai  /?  —  45  fu  T. 

Éditions  :  Buchon,  I,  423;  Dinaux,  III,  386;  Scheler,  i5; 
Brakelmann,  Ghansonniers,  71;  Wallenskôld,  G.  de  B.,  218, 
et  N.  Mitt.,  1917,  12. 

II.  —  Si  voiremant  con  celé  don  je  chant. 

Raynaud  3o3. 

Manuscrits  :  C,  /.  224  (Gunes  de  Betunes);  i/,  /.  22^ 
(couplets  i,  II,  V,  m);  U,  f.  28.  —  Graphie  de  U. 

I.  Les  variantes  des  mss.  (sont  omises  les  variantes  purement 
graphiques)  sont  toujours  données  avec  la  graphie  du  ms.  placé 
en  tête  de  la  liste.  Le  commencement  d'un  vers  est  indiqué  par 
une  majuscule.  Je  sépare  par  une  virgule  les  variantes  qui  se 
correspondent,  par  un  point-virguIé  celles  qui  ne  se  correspondent 
pas.  Les  mots  abrégés  ont  exactement  la  graphie  du  texte  cri- 
tique. 


20  VARIANTES    ET    NOTES 

I  de  cui  ge  H  —  2  les  altras  H  —  3  Et  cum  eo  l'am  p. 
de  r.  de  ces  H  —  ô  Deus  t.  et  iï"  —  7  Gom  li  C,  Cum  hom 
H;  désira  H;  la  s.  C  —  9  E  si  sai  b.  q.  nom  pot  valer  tant 
H —  10  Cum  fai  celi  H;  celé  U;  gié  ai  canté  //,  j'a  {ou  i  a) 
ch.  U  —  II  Que  je  ai  bien  w.  \i  H  —  12  q.  la  a  t.  de  H  — 
i3  je  doz  U,  j'en  d.  C;  cuit  f.  oltrage  H —  14  si  h.  L^C;  que 
manque  dans  C;  ne  m'averoit  C,  non  avreit  H —  i5  no  per 
tantii/" — lôpoieradi/ —  17  que  je  C;  che  je  sui  de  cest 
amor  apris  H  —  18  Saveie  bien  H;  ensignier  C  —  19 
manque  dans  H;  d'  manque  dans  C  —  20  E  savoit  bien 
de  lo  meillor  H  —  21  Aissi  cum  H  —  22  Quant  il  sor 
enseigne  al  altra  gen  H;  e.  l'autre  gent  UC  —  23  si  per  p. 
C  ;  p.  isi  H;  sen  {dernier  mot  du  vers)  UCH  —  24  Qui  U  ; 
défendre  H  ;  dou  maiter  U  —  25  iriés  C  —  26  mon  tor- 
ment  UC  —  32  manque  dans  C  —  33  Trestout  C  ;  Gié  pens 
assez  ço  que  je  H  —  34  Mas  quant  je  sui  a  présent  devant 
lei  H —  35  Gié  ne  li  pos  rien  dire  ne  no  sai  H;X.  la  dout 
C  —  36  Que  manque  dans  H  —  37  Chel  es  de  H;  comme 
dou  C,  cum  es  del  H —  38  longamen  après  H —  39  Mais 
H;  k.  ceu  f/,  quant  se  C;  al  colp  al  champ  H;  a  cols  C 
—  40  II  H;  bast[on]  U. 

Éditions  :  Dinaux,  III,  405 ;  Wackernagel,  41;  Scheler, 
28;  Brakelmann,  Chansonniers,  90;  Wallenskôld,  G.  de  B., 
220;  Meyer-Raynaud,  28;  Bertoni,  Arch.  Rom.,  I,  340,  391. 

III.    —    MOUT    ME    SEMONT   AmORS    QUE   JE    m'eNVOISE. 

Raynaud  jSS'j. 

Manuscrits  :  M,f.  45  (Quenes);  T,f.  gg  (Mesire  Quenes); 

e,  f.  2  (couplet  lu);  musique  notée  dans  M  et  T.  —  Graphie 

de  T. 

4  s'ai  nus  TM  —  8  ne  fist  pas  T —  16  Et  irai  a  li  por 
merci  e  —  17  Oie  e;  teus  est  li  usages  e  —  18  G'on  ne 
done  mais  riens  sans  demander  e  —  19  se  g'i  e;  de  parler 
e;  trover  etc.  jusqu'à  la  fin  du  couplet  manque  dans  M  par 
suite  d'une  mutilation;  le  tus.  e  ajoute  le  vers  :  Si  m'ait  Dieus 
n'i  doi  avoir  damage  —  20  Ne  s'en  e  —  21  M.  a  e;  fait  e. 


CHANSONS    II-IV  21 

Éditions  :  P.  Paris,  83;  Buchon,  I,  ^20  ;  Leroux  de  Lincy, 
I,  3o;  Dinaux,  III,  889;  Bartsch,  Ghrest.,  i83;  5e  éd.,  235; 
Scheler,  20;  Brakehnann,  Chansonniers,  74;  Wallenskôldy 
G.  de  B.,  223;  Paris-Langlois,  281;  Bartsch-Wiese,  i58; 
Wallenskôld,  N.  Mitt.,  191 7,  12. 

Remarque.  —  Pour  la  petite  scène  racontée  aux  vers  5-14, 
voir  ci-dessus,  p.  iv. 

IV.  —  Ahi!  Amors,  com  dure  départie. 

Raynaud  1 125.  —  Chanson  de  croisade,  composée  après  la 
prise  de  Jérusalem  par  les  Sarrasins  en  iiSj  (cf.  ci-des- 
sus, p.  xvin).  Il  y  en  a  une  imitation  évidente,  Raynaud  1022 
(Oies,  seigneur,  pereceus  par  oiseuse),  attribuée  à  Richard 
de  Fournival  par  le  seul  ms.  (a)  qui  la  donne,  et  publiée  en 
dernier  lieu  par  M.  J.  Bédier  (Les  chansons  de  croisade, 
Paris,  1909,  p.  2g3  et  suiv.).  La  musique  même,  telle  qu'elle  est 
donnée  par  les  mss.  M,  T  et  O  (il y  a  encore  deux  autres  mé- 
lodies, partagées  entre  les  mss.  comme  suit  :  R  et  KNPX,  V,  a; 
voir  Bédier,  ouvr.  cité,  p.  2g  et  suiv.),  a  servi  de  modèle  à 
Raynaud  1022  (cf.  F.  Gennrich,  Zs.  f.  rom.  Phil.,  XXXIX, 
33g,  et  Musikwiss.  und  roman.  PhiloL,  Halle,  igi8,p.  10). 

Manuscrits  :  C,f.  i  (Cunes  de  Betunez;  couplets  i,  11,  vi, 

V,  IV,  m);  H,  f.  22  j  [couplets  i-iii);  K,  p.  g3  (Ci...  com- 
mencent les  chançons  le  Ghastelain  de  Gouci;  couplets  i, 
II,  V,  m,  iy);  M,f.46  (Quenes);  N,f.  3g  (Gi...  commencent 
les  chançons  au  Ghastelain  de  Gouci;  couplets  i,  11,  v,  m, 
iv);  O,  f.  go  [couplets  i,  11,  vi,  v,  iv,  m);  P,  f.  2g  (Li  Ghas- 
telains  de  Gonci  [sic];  couplets  i,  11,  v,  m,  iv);  R,  f.  40 
(Mestres  Quesnes  chevalier;  couplets  i-y) ;  T,  f.  100  (Mesire 
Quenes);  V,  f.  y 4  [couplets  i,  11,  v,  m,  iv);  X,  f.  6 y  (Gi... 
commencent  les  chançons  le  Ghastelain  de  Gouci;  cou- 
plets i,  II,  V,  m,  iv);  a,  f.  23  (Mesires  Quenes  de  Bietune; 
couplets  i-v);  x  (Messires  Quenes  de  Betune;  couplets  i,  11, 

VI,  V,  iv);y,  f.  54  (couplets  i-iii);  musique  notée  dans  K,  M, 
N,  O,  P,  R,  T,  V,X  et  X  (?).  —  Graphie  de  T. 

Les  quatre  premiers  vers  manquent  dans  y.  —  i  Oimi 


22  VARIANTES    ET    NOTES  . 

Ojc,  Hé  R;  si  dure  Ox  —  2  Moi  a;  covient  f.  a  perdre  la 
C;  sofrir  per  H;  pour  KNPVX  —  3  fust  manque  dans  x 

—  4ramaine  T;  a  lui  V —  5  vraiement  RVXa;  ke  m'en  p. 
TMRa,  corn  ..em  vait  x;  pert  F  —  6  Deus  CKNOP 
VXax;  k'a  je  T;  je  ne  O,  et  ne  R,  che  ne  Hy;  départ 
m.  Hy  —  7  Ainz  va  mes  cors  KNPVX;  mos  c.  Hy  — 

8  Li   TMRa;  Tous  li   miens   eu  ers   remaint  en  COx  — 

9  lui  R;  sulie  Rx  —  10  Ke  COPx;  nuls  ne  doit  f.  son 
CKNOPVXax  —  11  Quant  V;  Ki  la  a;  Quar  qui  le  {Wy) 
faut  en  ses  besoignes  un  dia  (besoing  s' d^idi  y)  Hy  ;  faudra 
cest  besougne  V  —  12  Saiche  COx;  Ben  cre  que  deus 
(c'adés  y)  li  faldreit  al  Hy;  de  voir  faurait  li  CO.r,  de 
voir  q'il  faudra  KNPVX—  i3  Si  a;  sachiez  KNOPXx 

—  i5  G'on  en  COx,  G'on  i  KNPVX,  On  i  i?  —  16  Et 
los  et  pris  CHVay;  a  l'amor  y;  V  manque  dans  H;  sa  vie  x 

—  17  haut  O,  droit  V,  gran  ^  —  18  Or  parra  bien  O,  E 
raparra  H  ;  se  cil  TM^  se  il  a;  cum  li  secorreront  Hy  — 
19  Que  KNRVX;  A  ceus  qu'il  (Iceu  q'el  y)  trais  Hy; 
jeté  Ta;  pr.  de  ombrage  Hy  —  20  Dont  Hy  ;  mors  e. 
TMRa;  quill  t.  H,  qel  t.  >^;  tuit  o.  COV  —  21  Bien  sont 
h.  KNPVX;  Certes  tuit  cil  sont  h.  ki  n'i  vont  CO, 
Saichiés  chil  sont  trop  h.  ki  n'iront  TMRa  —  22  Si 
a;  Se  nés  retient  povretez  ou  malage  KNPVX,  Si  veill 
non  es  (n'estoitj')  paubretés  e  (o  y)  malatge  Hy;  ou  mellee 
ou  maillege  C  —  28  Mas  y;  cil  manque  dans  V;  tut  li  ries 
que  sans  e  jovne  Hy  ;  qui  jone  et  sain  O;  qui  riche  et  sain 
€t  fort  seront  KNPX,  qui  riches  et  fort  et  sain  seront 
V;  riche  et  jonne  s.  R  —  24  N'i  KNPVX;  poront  CHO; 
remaner  Hy  —  25  Tous   (Tout  a)   li   clergiés   TMRax 

—  26  de  bien  (biens  O)  fais  et  d'amones  vivront  COx; 
aumosnes  KPVa;  bien  fet  KNPRX;  mauront  a,  mor- 
ront  TMR  —  27  tuit  en  C  —  28  chasteé  tenront  KNPVX, 
chastes  se  tendront  O  —  29  manque  dans  MRTVa;  Se 
l.  font  a  ceus  qui  i  vont  KNPX;  loialteis  C;  porte  C, 
portent  Ox  —  3o  Et  manque  dans  V;  celles  CPRX —  3i 
As  TPVX;  Elais  keilz  C,  Ha  les  quelx  O,  Ha  las  queus 


CHANSON    IV  23 

jc;  lasses  R;  recreanz  et  mauvais  M;  g.  et  mauvais  Ta^ 
g.  et  a  mavez  R,  genz  mauvese  x^  g,  menasces  C;  les  f. 
O,  lor  f.  C  —  32  s'en  vont  KNPX;  cel  v.  C  —  33  Ki  or 
COx;  ne  manque  dans  Ox ;  mener  A'';  a.  honte  et  {ce  mot 
manque  dans  x)  vie  Ox  ;  vie  honteuse  KPVX,  honteuse 
vie  A^  —  34  S'aille  morir  pour  dieu  KNPVX;  v.  m.  1.  et 
baus  et  COx;  joianz  OF^r  —  35  Ke  TMRa;  ceste  KNPVX, 
telle  R;  bone  et  glorieuse  KNPVX  —  36  manque  dans  P; 
Qu'en  i  KNV,  G'on  en  X;  Ou  conkis  est  paradis  et  honor 
COx;  glorïeus  KNVX  —  37  manque  dans  V;  des  mors 
n'en  i  avrait  un  soûl  C  —  38  manque  dans  V;  vivront 
COx;  naisteront  en  TMRa;  précieuse  A^  —  39  manque 
dans  a;  Je  n'i  se  plus  KNPVX;  Ki  revenra  moût  sera 
(par  ert  R)  eùreus  TMR  —  40  manque  dans  a;  Trop 
KNPVX;  A  tos  jors  mais  en  iert  honors  (a  honneur/?) 
s'espeuse  TMR;  v.  bêle  O;  V  ajoute  le  vers  :  Pour  dieu 
vengier  le  père  precïeus  —  41  Lonc  tens  a.  COx;  por 
oxouse  Cx  —  42  Or  verra  on  T  —  43  K'il  voist  Cx ;  Vescu 
avons  a  h.  O  —  44  tous  li  mons  est  COx  —  45  Qu'a  nostre 
M,  Quant  a  (en  x)  nos  COx  —  46  soffri  et  por  nos  inter- 
vertis dans  COx;  glorieuse  TM,  engoisse  C,  et  engoisse 
X  —  47  Or  ne  nos  (vos  x)  doit  retenir  nulle  honors  COx 
—  48  D'aleir  vengier  ceste  perde  COx  —  C  donne  à  la  fin 
de  la  chanson  (rimes  du  couplet  précédent  de  C)  le  demi- 
couplet  suivant  : 

Lais!  je  m'en  voix  ploranr  des  eulz  del  front 
Lai  ou  Deus  veult  amendeir  mon  coraige, 
Et  saichiés  bien  c'a  la  millor  dou  mont 
Penserai  plux  ke  ne  fais  a  voiaige^. 

Éditions  :  Sinner,  III,  36j;  La  Borde,  II,  3o2;  Michel,  85; 

I.  J'ai  exclu  ce  demi-couplet,  d'abord  parce  que  son  admission 
exigerait  un  ordre  des  couplets  qui  me  semble  moins  bon,  et 
ensuite  parce  que,  par  la  façon  vraiment  choquante  dont  le  poète 
exprime  son  indifférence  à  l'égard  de  la  croisade,  ces  vers 
semblent  être  en  contradiction  avec  le  reste  de  la  chanson. 


24  VARIANTES    ET    NOTES 

P.  Paris,  g3;  Mone,Anz.,  VII,  411;  Buchon,  I,  421  ;  Leroux 
de  Lincy,  I,  ii3;  Dinaux,  III,  897;  Keller,  254;  Wacker- 
nagelj  89;  Màt^ner,  7,  86,  87,  88,  90,  91;  Griit^machery 
Arch.,  XXXIV,  3y6;Bartsch,  Ghrest.,  184;  3e  éd.,  222;  5e  éd., 
236;  Scheler,  2;  De  Lollis,  Atti,  1886,  62,  no  87  (cf.  P.  Meyer, 
Romania,  XVII,  3o2  et  suiv.;  Wallenskôld,  G.  de  B.,  32, 
n.  i);  Brakelmann,  Chansonniers,  yb;  Wallenskôld,  G.  de  B., 
224;  Sudre,  140;  Bartsch-Wiese,  ibg;  Bédier,  25;  Oulmont, 
286;  Bertoni,  Arch.  Rom.,  I,  840,  892;  Aubry,  g3. 

Remarques.  —  Dans  la  chanson  Raynaud  io3o  il  est  fait 
allusion  aux  vers  10-12,  33-34,  4i~4^  ^^  47--48  (voir  ci-des- 
sus, p.  xi).  —  Le  début  de  Raynaud  1022  (voir  ci-dessus, 
p.  21)  fait  allusion  au  vers  41. 

V.  —  Bien  me  deusse  targier. 

Raynaud  i3i4.  —  Chanson  de  croisade,  composée  après 
l'établissement  de  l'impôt  du  mois  de  mars  1 188,  connue  sous 
le  nom  de  «  dîme  saladine  »  (cf.  ci-dessus,  p.  xviii^. 

Manuscrits  :  K,  p.  3g 8  {couplets  i,  iv,  11,  vi,  v);  M,  f.  47 
(Sire  Quenes;  couplets  i-iii,  vi,  iv);  N,  f.  j83  (couplets  i,  iv, 
II,  VI,  v);  O,  f.  18  (couplets  i,  iv,  11,  vi,  v,  vu);  T,  f.  100 
(Mesire  Quenes;  couplets  i-iii,  vi,  iv);  U,  f.  g6;  X,  f.  255 
{couplets  i,  IV,  II,  VI,  v);  musique  notée  dans  K,  M,  N,  O,  T 
et  X.  —  Graphie  de  T,  pour  les  couplets  v  et  vu  celle  de  U. 
I  a  taisir  U  —  2  chançons  KMX;  et  f.  X;  dis  U  — 

3  moi  T;  je  me  doi  KNOX,  il  m'estuet  U;  aloingnier  U 

—  5  Et  s'en  U;  Et  si  en  puis  f.  KNOX  —  6  p.  certes  TM 

—  7  suix  bien  U  ;  m'arme  U  —  8  S'en  ai  a  cuer  U;  j'ai 
du  cors  KNOX  —  9  L'en  X;  Ghascuns  se  doit  enforcier 
C7—  II  En  KNOX;  fraindre  TM;  plaier  T  —  12  Que 
KNUX;  adés  T;  de  pechier  (péchiez  N)  est  adès  KNOX; 
pechiés  U —  i3  Et  lour  U;  le  noble  U —  i5  doit  estre 
la  mérite  (li  mérites  O)  mult  KNOX,  doit  bien  estre  ma 
meriteit  U  —  16  Que  U;  si  dolenz  nus  se  part  KNOX;  ne 
s'en  U —  17  robeis  U —  19  en  manque  dans  U —  20  Las 


CHANSONS    IV-V  25 

U;  dire  U  —  21  Lai  ou  li  s.  torbleront  U  —  28  A  icel  jor 
s.  tuit  m.  U  —  24  pesance  U  —  26  remainrat  si  U;  r. 
avecques  KNOX  —  27  aloigniés  U  —  28  doner  KNOX, 
daimmier  U;  le  premier  et  manque  dans  NT;  et  cheva- 
liers et  ^  —  29  Por  an  creûxe  anvie  c'an  cr.  U;  en  croit  sa 
KNOX;  et  cr.  N  —  3o  Pues  que  la  creus  an  U;  Mais  celé 
cr.  ne  leur  iert  ja  TM;  gardans  X  —  3i  A  sous  U;  A  nul 
croisié  ke  (quar  M)  d.  est  si  poissans  TM;  trop  s.  U —  32 
Ke  il  se  TM;  poi  sanz  N  —  33-36  manquent  dans  KNOX 
—  33  Li  ques  U^  —  35  vosist  anpirier  U^  —  36  qu'onques 
U  —  37  Si  mal  d.  b.  de  si  faite  U;  fiance  N  —  39  Po  i  a 
ceus  n'a  U — 40  Puis  qu'il  i  ait  fors  U — 41  les  b.  KNOX; 
si  ait  baron  anpiriet  U —  42  C'est  TM;  ja  n'en  ara  s.  T,  ja 
tant  n'avra  (A^X  ajoutent  jor)  s.  KNOX^  —  43  Que  lour  f/, 
Que  jor  A^,  K'il  vous  TM —  44  doit  on  KNOX,  vaut  mues 
U;  servit  U,  s.  et  amer  KNOX;  ke  le  T;  ke  je  di  manque 
dans  K—4b  Que  1.  U;  Q'il  n'i  couvient  KNOX;  1.  ser- 

1.  C'est  avec  hésitation  que  j'ai  rejeté  la  leçon  de  l'unique  ms. 
{Li  ques  =  lequel,  c'est-à-dire  Dieu)  en  adoptant  l'ingénieuse 
conjecture  de  M.  Bédier  [Chans.  de  crois.,  p.  43),  selon  laquelle 
il  s'agirait  du  comte  Philippe  de  Flandre,  qui,  vers  le  mois  d'oc- 
tobre 1188,  avait  refusé  le  service  à  Philippe-Auguste  et  déclaré 
qu'il  ne  se  servirait  de  ses  armes  contre  des  chrétiens  qu'après 
avoir  accompli  son  vœu  de  croisé. 

2.  M.  Bédier  {ouvr.  cité,  p.  46;  cf.  p.  49)  propose  la  leçon  Cor 
les  veïsse  empirie:^. 

3.  M.  Jeanroy  {Romania,  XXXVIII,  445)  propose  de  corriger, 
contre  la  leçon  de  tous  les  mss.,  sans  eûr  en  en  eilr,  en  interpré- 
tant le  passage  de  la  façon  suivante  :  «  Il  est  clair  que  le  poète 
oppose  le  service  de  Dieu  à  celui  des  barons  empirie:{  :  l'un  est 
soumis  à  tous  les  risques,  l'autre  ne  l'est  à  aucun.  »  Scheler 
{Trouvères  belges,  p.  274)  me  semble  cependant  déjà  avoir  bien 
expliqué  ce  passage  :  «  L'auteur  veut  dire  qu'en  servant  de  tels 
mauvais  barons  sans  succès,  il  ne  faut  pas  s'attendre  à  la  moindre 
indulgence  de  leur  part,  tandis  que  Dieu  ne  fait  pas  dépendre  sa 
récompense  de  la  bonne  ou  mauvaise  chance,  mais  rémunère 
tout  homrne  qui  bien  le  sert  (v.  46).  » 

Chanson.i  de  Canon  de  Réthiine.  4 


20  VARIANTES    ET    NOTES 

vir  n'a  (  T  ajoute  ens  lui  ne)  eûr  TM ;  chevance  U  —  46 
Ki  bien  le  TM;  bien  TM  —  47  Car  pleùst  d.  KNOX;  ansi 
U —  48  qu'en  li  ont  sa  f.  U  —  49  Or  ai  je  0;  de  b.  la  U 
—  5o  je  le  di  0,  ju  ai  dit  f/  —  5i  praingne  U  —  52  des 
enfance  O  —  U  ajoute  à  la  fin  les  vers  : 

Par  Deu,  compains,  adés  ai  ramanbrance 

Conques  aùst  amin, 

Ne  tous  li  mons  ne  vadroit  riens  sans  li; 

Magrei  Gilon,  adés  croif  {lire  croist)  sa  vaillance  1. 

Éditions  :  P.  Paris,  gb;  Buchon,  I,  422;  Leroux  de  Lincy, 
I,  109;  Dinaux,  III,  398;  Scheler,  12;  Brakehnann,  Chanson- 
niers, 78;  Wallenskôld,  C.  de  B.,  228;  Meyer-Raynaud, 
96;  Bédier,  89;  Aubry,  398. 

Remarques.  —  Dans  la  chanson  Raynaud  io3o,  il  est  fait 
allusion  au  vers  38  {voir  ci-dessus,  p.  xiiy.  —  Les  vers  5i- 
52  contiennent  une  allusion  ironique  à  l'enseignement  dans 
l'art  de  «  trouver  »  qu'avait  reçu  Conon  de  Béthune  de  la 
part  de  Hiion  d'Oisi  (cf.  ci-dessus,  p.  iv), 

VI.  —  Se  raige  et  derverie. 

Raynaud  11 28, 

Manuscrits  :  M,  f.  46  (Mesire  Quenes  de  Betune);  T, 
f.  gg  (Mesire  Quenes);  e,f.  2  ;  musique  notée  dans  M  et  T.  — 
Graphie  de  T. 

I  C'est  Te,  dans  M  un  grattage  après  Se  —  6  Se  a  M  — 

7  qe  j'ai  e  —  11  Tolue  m'as  e  —  i3  Ki  L.  m'as  e  —  18 

I.  Il  est  toujours  possible,  comme  le  croit  M.  Bédier  {puvr. 
cité,  p.  5o),  que  ce  demi-couplet  défiguré  ait  formé  un  second 
envoi.  Le  fait  qu'il  est  adressé  à  un  compains  non  nommé,  et 
qu'il  y  est  également  question  d'un  ami  inconnu,  semble  cepen- 
pendant  indiquer  qu'il  s'agit  d'une  addition  de  copiste,  peut-être 
d'un  fragment  de  sotte  chanson,  comme  l'ont  supposé  J.  Brakel- 
mann  {Les  plus  anc.  chansonniers  français,  p.  80  et  suiv.)  et 
O.  Schultz  {Arch.f  d.  Stiid.  d.  neu.  Spr.  u.  Lit.,  LXXXIX,  449). 


CHANSONS    V-VII  27 

C.  dont  e  —  19  M.  molt  (?)  e  —  21  ansi  e  —  28  oï  illisible 

dans  e  —  3o  dechasce  T  —  84  sève  e;  amor  e  —  35  Ou  ai 

e;  gure  (?)  e. 

Éditions  :  Buchon,  I,  421;  Dinaux,  III,  892;  Scheler,  27; 
^raAre/manw,  Chansonniers,  88;  Wallenskôld,  C.  de  B.,  282, 
et  N.  Mitt.,  1917,  10. 

Remarque.  —  Le  trait  singulier  de  la  vie  des  loups  auquel 
il  est  fait  allusion  aux  vers  22-24  ^^^  souvent  mentionné  dans 
les  écrits  du  moyen  âge;  voir,  par  exemple,  Brunetto  Latini, 
Li  Livres  dou  Trésor,  éd.  Chabaille  (Paris,  i863),  p.  24'j 
(l.  I,  part.  V,  chap.  CXCII)  :  Et  quant  li  tens  de  sa  luxure 
vient,  plusor  masle  ensuient  la  louve,  mais  à  la  fin  ele 
regarde  entre  touz,  et  esleist  le  lait  qui  gise  o  li.  Cf.  Sche- 
ler, Trouvères  belges,  p.  280. 

VII.  —  Belle  doce  Dame  chiere. 

Raynaud  i325,  i  i3i,  i  iSj.  —  Le  second  couplet  du  texte 
est  peut-être  le  fragment  d'une  autre  chanson  parodiant  le 
premier  couplet  (voir  ci-dessus,  p.  xn). 

Manuscrits  :  M,  f.  46  (Mesire  Quenes  de  Biethune);  0, 
/.  S  g  (couplet  II  et  un  second  couplet  adventice);  T,  f.  g  g 
(Mesire  Quenes);  U,  f.  36  (couplet  i,  en  troisième  lieu,  avec 
trois  couplets  adventices);  musique  notée  dans  M,  O  et  T. 
—  Graphie  de  T. 

3  si  sospris  TMU^  —  4  Se  j'estoie  U  —  5  S'en  T;  ven- 

droie  U  ;  je  manque  dans  T  —  6  Par  U  —  7  la  mis  TMU^ 

—  8  Ke  f.  TM,  Que  je  fusse  ^—  9  N'a  moi  TM;  frère  T 

—  10  Conques  U —  12  Ke  f.  TM  —  i3-i4  Por  une  k'en  ai 
haïe  Ai  dit  as  autres  folie  TM —  16  Mal  ait  vos  TM —  17- 
18  Ki  m'envoia  en  surie  Fausse  estes  voir  plus  ke  pie  TM 

—  19  Ne  mais  p.    TM  —  20  N'avérai   mes  i.   TM  —  21 

I.  Pour  les  corrections  apportées  aux  vers  3  et  7,  voir  ce  qui  a 
été  dit  ci-dessus  (p.  xv)  sur  le  nombre  des  syllabes  des  vers  courts 
de  cette  chanson. 


28        .  VARIANTES    ET    NOTES 

manque  dans  TM  —  22  Vos  estes  de  TM  —  23  Au  O  — 
24  nomerai  TM. 

Second  couplet  de  O  (les  rimes  seulement  en  partie  iden- 
tiques à  celles  du  couplet  i)  : 

Hé!  bêle  très  douce  amie 
Qui  semblez  rose  espannie, 

Aiez  merci 
De  vostre  leal  ami,  4 

Qui  de  si  fin  cuer  vos  prie 
Que,  s'il  a  troite  florie 

Au  vanredi, 
N'a  pas  le  bec  si  jauni  8 

Que  de  vos  ait  grant  envie; 
S'aimme  mieuz,  que  que  nuns  die, 

Oisel  rosti 
Que  la  vostre  compaignie.  ,  12 

Voici  les  couplets  i,  11  et  iw  de  U*  : 

I.  Talent  ai  que  je  vos  die 

De  mes  mais  une  partie  2 

En  autre  {corr.  autrui)  chant, 
Q'ensi  me  vient  a  talent;  4 

Mais  ma  chiere  dolce  amie, 
Por  cui  mes  cuers  s'umelie, 

Maintenant 
Q'ele  me  face  créant  8 

De  sa  dolce  compaignie  ; 
Ne  por  riens  que  nus  m'en  die 

A  mon  vivant 
N'istrai  de  sa  seignorie.  12 

II.        Fine  amors  n'esgarde  mie 
A  savoir  nen  a  folie 

N'au  melz  {corr.  N'a)  vaillant, 
Ainz  fait  de  tôt  son  talant,  16 

1.  D'après  M.  A.  Jeanroy  {Remania,  XXI,  428),  ces  couplets 
seraient  une  imitation  de  R.  i325,  dans  laquelle  s'est  glissé  le 
premier  couplet  du  modèle. 

2.  Ce  vers  est  le  vers  14  du  texte  critique. 


CHANSONS    VII-VIII  29 

Et  cil  {corr.  cel)  qui  plus  l'a  servie 
Et  qui  ne  la  triche  mie 

Doit  faire  {corr.  Face)  tant 
Que  nuns  ne  s'en  voist  plaignant,  20 

Mais  chescuns  jure  et  affie 
Que  nus  hom  qui  soit  en  vie 

N'aime  tant; 
Por  ce  nés  conoist  hom  mie  24 

III  (vers  25-36/  =  le  couplet  i  du  texte  critique. 

IV  (manquent  les  vers  37-40^ 

Por  tôt  l'or  de  Saint  Denise 
N'istroie  de  son  servise, 

Ainz  faz  savoir 
C'ancor[e]  la  cuiz  veoir  44 

.    Tote  nue  en  sa  chemise, 
Si  k'entre  ses  deus  braz  gise 

A  mon  voloir; 
S'iert  del  tôt  a  ma  devise.  48 

Éditions  :  P.  Paris,  88;  Buchon,  I,  421  ;  Leroux  de  Lincy, 
1,  43;  DinauXy  III,  3g3 ;  Scheler,  10;  Brakelmann,  Charnson- 
niers,  86;  Wallenskôld,  G.  de  B.,  284;  Jeanroy,  Romania, 
XXI,  419,  422;  Meyer-Raynaud,  36. 


,       VIII.  —  Tant  ai  amé  c'or  me  convient  haïr. 

Raynaud  1420,  8g5. 

Manuscrits  :  C,  f.  23 j  {couplets  i,  m,  iv,  11);  M,  f.  45 

(Mesire  Quenes;  couplets  i-iii);  O,  f.  ii'j  (couplets  11,  m); 

^j  /•   99   (Mesire   Quenes;   couplets  i-iii);  musique  notée 

dans  M,  O  et  T.  —  Graphie  de  T,  pour  le  couplet  iv  celle 

de  C. 

2  ne  répété  dans  C  —  3  leu  non  C  ;  mentir  C  —  5  ai  souf- 
fert C  —  7  Maix  C  —  8  Poroie  C  —  9  Ki  vauroit  or  TM; 
amin  C,  amant  O  —  10  a  mon  loz  choisir  C  —  11  Maix 
belle  dame  se  doit  bien  C;  boine  d.  TM  —  12  Ke  ne 
m'ainst  pais  C  —  i3  com  f.  et  com  C  —  14  Si  l'em  por- 
roit  maus  venir  TM;  bien  m.  C  —  i5  Ensi  C  —  17  Or  i 


30  VARIANTES    ET    NOTES 

a  moût  O;  de  ceus  et  de  celles  [fin  du  vers)  C  —  i8  Par 
.  cui  je  sui  moût  laidiz  0;  je  m.  M  —  19  Por  0;  A  ceus 
k'ai  fait  C;  covretures  TM;  des  eulz  O —  20  Mais  manque 
dans  M;  Et  dient  tuit  j'ai  m'espris  O,  Maix  li  pluxor  ont 
mespris  C;  a  moût  b.  T —  21  De  son  anel  ke  je  mix  en 
terainne  C  —  22  Car  C,  Et  m.  O;  Dont  li  miens  cors  fu 
traïs  TM  —  23  Que  O;  p.  celui  TM  —  24  Par  que  je  s. 
entrepris  O;  s.  mal  baillis  T,  s.  si  mal  baillis  M  —  26  boen 
cheval  C  —  28  perjur  C  —  3o  Car  C  —  3i  les  fauls  co- 
vines  C. 

Éditions  :  Buchon,  I,  420;  Dinaux,  III,  390;  Brakelmann, 
Arch.,  XLIII,  Sjb ;  Schelerj  3o ;  Brakelmann,  Chansonniers, 
82;  Wallenskôld,  G.  de  B.,  235;  Jeanroy,  Romania,  XXI, 
423. 

IX,  —  L'autrier  un  jor  après  la  Saint  Denise. 

Raynaud  1623. 

Manuscrits  :  C,  /.  128  (Gunes  de  Betunes);  M,  /.  47 
(Mesire  Quenes;  couplets  i,  11,  iv);  T,  f.  100  (Mesire  Que- 
ues; couplets  i,  II,  iv);  Z7,  /.  97;  e,  /.  2  [couplets  i,  11,  iv); 
musique  notée  dans  M  et  T.  —  Graphie  de  7",  pour  le  cou- 
plet III  celle  de  U. 

2  1ère  C,  Eire  U;  butunes  CU  —  3  G'i  (?)  fui  rep[ris]  e; 
Remenbrait  (Ramanbre  U)  moi  des  gens  CU\  gens  T" — 
4  mis  et  sus  intervertis  dans  CU  —  5  Ke  ja  T;  folement 
C  —  7  K'ains  CU;  ne  Ue;  ke  d'une  TM  —  8  Mais  tant  U; 
Ke  me  fist  tant  C;  fust  TMe  —  9  Ge  e,  Il  CU;  d'un  home 
[U  ajoute  a)  desconfire  CU;  desconfisse  TM —  10  Se  Ce; 
Et  se  d.  U;  b.  la  r.  CZ7,  b.  r.  et  e  —  11  Por  ce  s'en  e;  S'on 
prant  per  droit  d'un  lairon  la  CU  ;  justice  tous  les  mss.  — 
12-  K'en  afiert  il  a  loiaul  C  ;  il  manque  dans  f/,  ce  (?)  e;  a 
leals  U;  mellors  e;  de  la  gent  U —  i3  Niant  C;  N.  certes 
U;  a  droit  ce  (?)  e  —  i5  cou  ke  d.  T;  blasmer  loent  TM] 
blâme  U  —  16  Si  M;  ke  li  saige  moins  prisent  (s.  des- 
prisent U)  CU  ;  a.  mesprise  (?)  e  —  17  a  f.    U  —  18  c' 


CHANSONS    VIII-X  3l 

manque  dans  C —  19  C'une  autre  amor  m'est  el  c.  si  C;  ou 
cors  U  —  20  Ke  tous  li  cors  m'en  a.  C  —  22-23  interver- 
tis dans  les  deux  mss.  —  22  K'en  moy  ne  truis  C  —  28  Et 
j'amerai  C  —  24  sa  manque  dans  C  —  23  En  C  —  26  métrai 
(ai  mis  U)  tout  mon  penseir  CU —  27  Et  ne  e;  Maix  ceu 
me  fait  sovent  estre  en  CU  —  29  Quant  trop  M;  Maix 
ceu  m'en  ait  mainte  fois  conforteit  C  ;  l'orguillouse  U  — 
3o  manque  dans  C  ;  Or  m'i  doint  dieus  M  ;  Mais  ce  me  fait 
avoir  U;  vraie  TM —  3i  K'el  monde  n'ait  nulle  si  grant 
f.  CU— 32  plaierT. 

Éditions  :  La  Borde,  II,  169;  Auguis,  II,  21;  P.  Paris, 
89;  Buchon,  I,  422;  Leroux  de  Lincy,  I,  41;  Dinaux,  III, 
396;  Hofmann,  Sitzungsber.,  1867,  II,  607;  Brakelmann, 
Arch.,  XLII,  368;  Scheler,  24;  Brakelmann,  Chansonniers, 
87;  Wallenskôld,  G.  ne  B.,  l'i-j ;  Meyer-Raynaud,  97;  Wal- 
lenskôld,  N.  Mitt.,  1917,  11. 

X.  —  L'autrier  avint  en  cel  autre  païs. 

Raynaud  i5j4.  —  Débat^fictif  entre  un  chevalier  et  une 
dame. 

Manuscrits  :  C,  f.  g 8  (Messirez  Gunes  de  Betunes);  H, 
f.  22g  ;  I,f.  i55 ;  K,p.  22^  (Mestre  Richartde  Fornival;coM- 
plets  i-v);  M,  f.  45  (Mesire  Quenes,  d'après  la  table  du  ms.); 
N,  f.  log  (Mestre  Richars  de  Fornival;  couplets  i-v);  O, 
f.  74  (couplets  i-\);  P,f.  i52  (couplets  i-v);  T,  f.  g8  (Mesire 
Quenes);  U,  f.  i36;  musique  notée  dans  K,  M,  N,  O,  P  et 
T.  —  Graphie  de  T. 

I  II  avint  jai  C;  Ce  fu  l'autrier  en  un  KNP;  au  c.  U  — 
3  Et  lai  dame  tous  jors  an  lOU  —  4  Li  out  H;  vee 
TCHKNPU—  5  Tant  k'a  un  jor  C,  Jusqu'à  un  jor  KNP; 
Kant  vint  après  ce  (si  O,  se  U)  li  ait  dit  lOU  —  6  Moneit 
C,  Amé  O;  Par  parolles  vos  ait  (ai  U)  meneit  lU;  m'avez 
K,  nos  ai  A^;  parolles  CH;  tous  /,  tôt  U  ;  Jors  / —  7  donee 
KNP,  moustree  M,  grée  T,  esprovee  lU  —  8  Très  P; 
D'ore  en  avant  serai  a  vo   TM,  Si  ferai  mais  dou  tout  v. 


32  VARIANTES    ET    NOTES 

O;  soiez  li  miens  amis  H,  seux  a  (an  U)  v.  plaisir  CIU  — 
9  l'esgardait  ens  el  C  —  lo  Moût  la  vit  paule  tainte  et  0; 
V.  tinte  p.  U;  m.  tainte  et  T  —  ii  Par  dieu  d.  HKNP; 
dit  0;  fait  il  manque  dans  KNP;  certes  manque  dans 
CHIKNOPU;  bien  sui  morz  et  trahiz  O,  mort  m'aveis 
et  trait  CIU,  mort  [répété  dans  P)  sui  et  entrepris  KNP  — 
12  Quant  CIKNOPU;  des  l'autrier  ne  soi  KNP,  des  (de 
lU)  l'autre  an  n'ostes  (ne  sai  /,  ne  soi  U)  CIU  ;  l'autrier 
O;  vostre  lU  —  i3  Li  vostre  vis  KNP;  Ke  vostre  vis  me 
lU;  biauls  v.  C  —  14  M'est  si  torneis  dou  tout  de  CKNOP, 
Qui  or  est  si  (ci  U)  aleis  de  lU  —  i5  Ce  m'est  IKNPU; 
k'il  C,  vos  lU;  que  vos  m'estes  H —  16  avés  a  moi  cest 
M,  avez  vers  moi  cest  HO;  quis  H —  17  s'oï  et  si  inter- 
vertis dans  T  —  18  Vergoigne  CIU;>  Honte  en  ot  grant 
O;  duel  KNP;  et  a  (au  /)  cuer  l'en  prist  ire  CIU,  si  res- 
pondi  marrie  O;  p.  félonie  HKNP  —  19  Danz  chevaliers 
KNP;  ge  di  H;  on  (l'an  /)  vos  doit  bien  CIKNPU,  je  vos 
sai  bien  0;  vous  dis  pour  g.  M;  ameir  CIU  —  20  Ne  cui- 
diez  pas  H;  donkes  U;  lou  deïsse  CIU — 21  Conques  H; 
Nenil  per  deu  CIOU,  Nenil  certes  KNP;  onc  (ainz  0) 
ne  l'oi  KNOP  —  22  Voulez  KNP;  C'onkes  nul  jor  je 
vos  doignaisse  CIU;  dont  manque  dans  HO  —  28  Ke 
vos  aveis  sovent  (par  deu  lU)  gringnor  CIU;  certes 
TKNOP  (répété  dans  le  premier  ms.);  plus  avez  grant  H, 
ains  avrïez  KNOP  —  24  Du  NP;  garçon  HO;  escoleir  / 
—  25  Par  deu  dame  j'ai  CIU,  Certes  dame  j'ai  O;  conter 
H —  26  vo  biaulteit  CIU;  mies  IU—1-;  troies  TCIU;  ai 
CIKNPU;  roï  je  ja  H;  oïr  c.  (7  —  28  Qui  fu  ja  dis  O; 
grant  manque  dans  N  —  29  l'on  HM;  que  lU ;  la  plaice 
CIOU  —  3o  Si  vos  lo  bien  par  tant  H,  Por  ceu  vos  lo 
(loz  I,  loi  U)  dame  CIU,  Par  tel  reson  vous  lo  KNP, 
Ensi  dame  vos  lo  0  —  5r  Kil  cil  U,  Ke  tuit  cil  I;  repris 
HO,  roteit  C,  arresteit  /,  aratteit  U;  de  iresie  T,  d'ere- 
sie  U,  d'azérie  /,  de  tricherie  C  —  32  ne  voldroient  H  — 
33^Danz  chevaliers  KNP;  trop  T;  mar  nos  (vos  HIOU) 
vint  en  CHIOU;  mar  i  avez  gardé  KNP;  penser  TCIU 


CHANSON    X  33 

—  34  Ke  CHIOU;  m'  manque  dans  KNP  — 35  Car  se  H; 
j'eusse  ja  O;  tôt  et  mon  jovent  intervertis  dans  TM;  tens 
O  —  36  je  si  (tant  KNOP)  riche  (bêle  KNP)  et  de  h. 
HKNOP;  de  moult  h.  CIU;  grant  TM  —  3;  On  CU, 
L'on  /;  a  mult  pou  KNOP;  d'avantage  0—38  Qu'oncor 
KNP;  N'a  pas  ancor  H,  Ne  il  n'a  pas  encor  O,  Certes 
aincor  n'a  pas  CU,  Certes  n'ait  pas  ancor  /;  p.  ce  cuit  un 
[le  dernier  mot  manque  dans  N)  KNP;  deus  CIU;  entir 
manque  dans  CIKNOPU  —  40  barvois  P,  baviers  O,  bre- 
tons C,  borjois  /;  alait  por  moi  josteir  C;  p.  moi  moût  U; 
ploreit  IKNOPU  —  41  Certes  H;  Dame  fait  il  TM;  puet 
bien  (moût  lU)  greveir  CIU  —  42  gairdeis  CIU;  f.  ens 
vostre  s.  TM;  a  lU —  43-48  se  trouvent  dans  CIU  dans 
l'ordre  4-5-6-1-2-3  —  43  Car  teil  cent  ont  por  vostre  amor 
josteit  (ploreit  lU)  CIU;  t.  -XIIII-  ont  ^.  H  —  44  S'or 
estiez  H,  Ke  c'estïés  (s'estïeiz  /,  s'astïez  U)  CIU — 45  N'en 
averoient  (N'an  avront  il  /,  N'an  n'avront  il  U)  ja  maix  la 
(lour  lU)  CIU  —  46  Out  [sic]  £/,  L'en  H;  por  signoraige 
C  —  47  Ains  (An  U)  l'aimme  l'om  (on  /)  quant  elle  est 
belle  (prous  lU)  et  CIU;  est  cortoise  et  preus  e\.  H  —  48 
saveis  C,  savriez  /;  per  tenson  [ce  mot  biffé)  la  verteit  C. 

Éditions  :  La  Borde,  II,  194;  P.  Paris,  107;  Buchon,  I,  419; 
Leroux  de  Lincy,  I,  36;  Dinaux,  ÎII,  394;  Meyer,  Arch. 
des  missions,  2e  sér.,  V,  226;  Bartsch,  Afr.  Rom.  u.  Past., 
76;  Brakelmann,  Arch.,  XLII,  33o;  Scheler,  20;  Brakel- 
tnann,  Chansonniers,  84;  Wallenskôld,  C.  de  B.,  239;  Meyer- 
Raynaud,  i36;  Steffens,  Arch.,  XCVII,  293;  Bertoni,  Arch. 
Rom.,  I,  344,  401;  Aubry,  226. 

Remarques.  —  Pour  le  contenu  des  vers  23-24,  cf.  Eneas, 
p.  p.  J.  Salverda  de  Grave  (Halle,  i8gi),  p.  3i8, 
vers  8567-J7. 


INDEX  DES  NOMS  PROPRES 


Artois  III 1 3  ;  pour  les  mos  d'Ar- 
tois, voir  ci-dessus,  p.  xvi. 

Barrois  (li)  X  40,  Guillaume 
des  Barres;  voir  ci -dessus, 

p.   XII. 

Betune  IX  2,  Béthune;  le  pas- 
sage montre  que  le  poète, 
lors  de  la  composition  de  la 
chanson,  vivait  en  Artois. 

Cartaige  X  44;  fille  au  roi  de 
C,  jeune  fille  extrêmement 
riche. 

Champenois  III  6. 

Chapelaine  (la  fause)  VIII  i5. 
Allusion  obscure;  peut-être 
s'agit-il  de  quelque  fabliau 
perdu. 

Denise  (la  Saint)  IX  i,  fête  de 
saint  Denis,  apôtre  des  Gau- 
les, probablement  celle  du 
g  octobre;  l'or  de  Saint  D., 
VII  var.  {ms.  U,  add.  v.  41J, 
les  richesses  de  l'abbaye  de 
Saint-Denis. 

France  V  16  ;  la  millor  del 
roiaume  de  France  IX  25 
montre  l'importayice  de  la 
cour  de  France  pour  un 
grand  seigneur  artésien  de 
la  fin  du  XIII'  s. 


François  III  5. 

GiLON  V  var.  (fin),  personnage 
inconnu. 

Marchis  (li)  X  39,  le  marquis 
Boniface  II  de  Montf errât; 
voir  ci-dessus,  p.  xii. 

NoBLET  I  43,  personnage  incon- 
nu; voir  ci-dessus,  p.  xiii. 

Oissi  (mon  mastre  d')  V  5i, 
Huon  III  d'Oisi;  voir  ci-des- 
sus, p.  IV. 

Pontoise  III  14;  on  voit  que, 
déjà  vers  11 80,  Pontoise 
(Seine-et-Oise)  était  renom- 
mée pour  sa  bonne  pronon- 
ciation du  français.  Cf.  E. 
Schwan,  Rom.  Stud.,  IV, 
362  et  suiv. 

Robert,  I  43  [var.),  personnage 
inconnu. 

Surie  IV  9,  VII  18,  Terre- 
Sainte. 

Troie  X  27. 

Turc  IV  20,  Sarrasin. 


GLOSSAIRE 


aferir  V  45,  convenir,  falloir. 
aint  VIII  12,  3^  pers.  sing.  prés. 

siibj.  de  amer, 
anpirier,  voir  empirier. 
anuieus   VI    20,   qui  cause    du 

chagrin,  désagréable;  IV  33, 

triste. 
arrière;  mètre  a.  IX  14,  né^^liger. 
asseoir  IV  17,  assiéger. 
ausmogne  IV  26,  charité. 
autrier  (!')  IX  i,  X  i,  Vautre  jour, 

naguère. 

baillir,  voir  mal. 

baston  II  40,  lance. 

bers  V  37,  c.-s.  sing.  de  baron. 

c'  devant  or  V  35,  introduisant 
un  souhait  ;  voir  aussi  ke. 

certes,  chertés  (a)  IV  42,  X20, 
sérieusement. 

chant  V  2,  mélodie. 

clergié  IV  25,  clerc. 

coisier  III  3,  réjl.,  rester  tran- 
quille. 

conchiier  V  38,  souiller. 

consel,  conseil  IV  3o,  X  16,  dé- 
cision. 

convent;  por  c.  ke  VII  6,  à  con- 
dition que. 

covine  VIII  3i,  manière  d'être; 
le  sens  des  vers  3i-32  est  peut- 
être  :  «  Ceux  qui  cachent  leur 
fausseté  rendent  beaucoup  de 
gens  déloyaux.  » 

covoitié  V  29,  convoitise. 

covoitos  VII  16,  égoïste  (?). 

cuevre  V  24,  3"  pers.  sing.  prés, 
ind.  de  covrir. 


dechiet  VIII  29,  3^  pers.  sing, 
prés.  ind.  de  decheoir,  dimi- 
nuer. 

defois-  mètre  en  d.  III  4,  renon- 
cera. 

dehait  V  37,  dehaiz  ait  VII  16, 
maudit  soit.  Cf.  Romania, 
XVIII,  46g  et  suiv. 

delitier  I  42,  réjouir. 

deliteus  IV  40,  agréable. 

départie  IV  i,  séparation. 

derverie  VI  i,  folie. 

desconfire  IX  9,  détruire,  décré- 
diter. 

desgaigier  VI  3o,  donner  congé. 

destrece  VI  2,  désir  violent. 

devis  X  8,  désir. 

deviser  II  33,  méditer. 

dismer  V  17,  28,  frapper  d'im- 
pôts; au  V.  17,  le  poète  veut 
sans  doute  dire  que  les  «  ba- 
rons »,  en  employant  la  «  dî- 
me saladine  »  pour  leurs 
querelles  particulières,  impo- 
saient indirectement  les  croi- 
sés eux-mêmes.  Cf.  J.  Bédier, 
Chans.  de  crois.,  p.  42. 

doint,  doinst  II  4,  VIII  26, 
3^  pers.  sing.  prés.  subj.  de 
doner;  avec  un  inf.  IX  3o, 
permettre  de. 

dotance  V  21,  IX  27,  crainte. 

embler  X  i5,  enlever. 

empirier,  anpirier  V  35,  mettre 
dans  un  état  inférieur,  anéan- 
tir; ptc.  p.  V  41,  méchant  . 

emprendre  I  14,  entreprendre. 

encoir  III  10,  encore  que. 


36 


GLOSSAIRE 


entïent  (a)  IX  4.,  à  dessein. 

entir  X  38,  entier. 

eschas  II  21,  jpl.^  jeu  des  échecs. 

escondire  I  27,  X  4,  refuser. 

escore  II  24,  re/Z.,  se  préserver. 

escremir  II  38,  s'exercer  à  Pes- 
er ime. 

eslite  I  44,  ptc.  p.  fém.  de  es- 
lire. 

espérer  {avec  de)  VI  16,  être 
dans  l'attente  de,  attendre  (?); 
d'autre  espérer  signifie  peut- 
être  «  attendre  une  autre 
[4). 
convaincre. 


joie  »  {cf.  V.  li 
iprover.Vl  10,  < 


esprover 

failli  VI  20,  trompeur. 
fausrriier  VI  6,  tromper. 
fausser  VIII  4,  agir  faussement. 
folaige  IV  Zo,  folie. 
folor  II  iZ,  folie. 

gaber  X  lO,  se  moquer  de. 
garant  I   By,  V  3o,  protection, 

sauve- garde. 
guerrière  VII  12,  ennemie. 

hatement  IX  21,  en  haut  lieu. 
hontaige  IV  24,  honte. 
huiseuse  (par)  IV  41,  oiseuse- 

ment. 
humor  VI  34,  humidité. 

iresie  X  3i,  sodomie,  immora- 
lité. Pour  le  sens  exact  du 
mot,  comparer  v.  23-24. 

iretaige  IV  17,  héritage;  le  saint 
iretaige  de  Dieu  est  Jérusa- 
lem. 

jeter  IV  19,  délivrer. 
jovent  X  35,  jeunesse. 

ke,  k',  c'  I  19,  41,  V  6,  VIII  i3, 
IX  18,  car;  III  8,  VIII  i3, 
comme  hoir  A.  Tobler,  Verm. 
Beitr.,  I,  p.   11  et  suiv.). 

keudrai  VI  36,  i'  pers.  sing. 
fut.  de  coillir. 

ki,  qui  IV  11,  si  quelqu'un;  IV 
39,  IX  i3,  si  l'on. 


lascjue  IV  3i,  lâche,. 

legier  I  i,  facile. 

leu  VI  23,  loup. 

leuve  VI  22,  louve.  Pour  le  sens 

des  vers  22-24,  ^^'^  ci-dessus, 

p.  27. 
loër  X  3o,  conseiller. 
loier  (a)  V  27,  contre   salaire, 

par  intérêt. 
los  IV  16,  louange. 

mal;  m.  bailli  V  23,  X  11,  dans 
.  une  mauvaise  situation,  mal- 
heureux; m.  oïr  VIII  14,  se 
faire  un  mauvais  nom. 

malaige  IV  22,  maladie. 

manrônt  IV  26,  3'  pers.  plur. 
fut.  de  manoir,  persévérer, 
rester  appliqué  {peut-être 
avec  le  double  sens  de  «  res- 
ter [en  France]  »;  cf.  J.  Bé- 
dier,  Chans.  de  crois.,  f.  3j). 

merir  V  46,  récompenser. 

mérite  I  41,  V  i5,  récompense. 

mesparler  VI  4,  médire. 

mesure  VI  38,  occasion  favo- 
rable. 

mont  II  3,  VIII  16,  IX  26,  3i, 
monde. 

muir  I  40,  /•  pers.  sing.  prés, 
ind.  de  morir. 

norrir  III  14,  élever. 

ombraje  IV  19,  obscur;  la  pri- 
son ombraje  est  l'enfer. 

outrage,  ouiraige  II  i3,  pré- 
somption,  extravagance;  III 
21,  paroles  extravagantes. 

outraigeus  III  19,  téméraire. 

paraige  X  36,  parenté,  rang. 

partir  IV  2-],  prendre  part;  réfl., 
IV  6,  VI  32,  se  séparer;  V  16, 
partir. 

pelerinaige  IV  27,  croisade. 

penitance  V  i3,  souffrance  ;  la 
doble  penitance  est  la  par- 
ticipation à  la  croisade  et  la 
séparation  de  la  dame  aimée. 

perjuré  {ms.  perjur)  VIII  28, 
parjure. 


ENTÏENT-TRAINE 


37 


pesance  V  8,  chagrin. 

pieur  VI  2a,  c.-rég.  de  pire.  Pour 

le  sens  aes  vers  22-24,  voir  ci- 
dessus,  p.  2  7. 
pitié  V  8,  souci. 
plaissier  V  11,  IX  32,  dompter. 
plorous  VII  20,  en  larmes. 
pluxor  (li)  VIII  32,  la  plupart. 

Cf.  sous  covine. 
poise  III  7,  V  5o,  3"  pers.  sing. 

prés.  ind.  de  peser,  causer  du 

chagrin. 
por  tant  que  V  40,  pourvu  que. 
poverte  IV  22,  pauvreté. 
praingnent  V  5i,  prenge  V  43, 

3"  pers.  plur.  et  sing.  pré^. 

subj.  de  prendre, 
preu  IV  41,  42,  brave. 

quens  V  33,  c.-s.  de  conte,  com- 
te. Pour  cette  forme  conjec- 
turale, voir  ci-dessus,  p.  25, 
note  I. 

qui,  voir  ki. 

quier  VIII  2,  i"  pers.  sing.  prés, 
ind.  de  querre,  désirer. 

rai  X  27,   i"  pers.  sing.  prés. 

ind.  de  ravoir,  avoir  de  même. 
raison  II  36,  pensée. 
ramaint   IV   4,    J»  pers.    sing. 

prés.  subj.  de  ramener, 
raniprosner  X  17,  railler. 
redoc  IX  29,  l' pers.  sing.  prés. 

ind.  de  redoter, 
renne,  resne  IV  36,  V  39,  règne, 

seigneurie.  Le  resne  presïeus 

IV  36  est  le  Paradis. 
reprover  X  34,  reprocher. 
resne,  voir  renne, 
retaut  I  35,  3^  vers.  sing.  prés. 

ind.  de   retolir,  tirer  en  ar- 
rière. 
retenement  I  23,  soulagement, 

bon  accueil. 
reter  X  3i,  accuser. 
riche  II  iD,  noble,  généreux. 

samblance,  sanblance  I  38, 
apparition,  figure;  V  37,  ca- 
ractère] V  49,  opinion. 


saus  VIII  19,  plur.  de  sauz, 
saule  (?)',  V  expression  co- 
vreture  de  saus  m'est  in- 
compréhensible. M.  R.  Ber- 
ger (Canchons  und  Par- 
tures  des  altfr.  Trouvère 
Adan  de  le  Haie  le  Bochu 
d'Aras.  /,  Halle,  igoo, 
p.  407)  est  enclin  à  voir  dans 
saus  la  forme  picarde  de 
solidos,  «  sous  »,  et  rattache 
de  l'anel  {y.  21)  à  covreture 
[v.  19"),  coordonnant  ainsi  de 
saus  (qu'il  imprime  à  tort  des 
saus)  et  de  1  anel,  et  tradui- 
sant covreture  par  «  Unter- 
schlagung  »  (accaparement); 
mais  sa  traduction  du  couplet 
reste,  elle  aussi,  obscure.  — 
Voir  aussi  traîne. 

sauver  V  14,  réfl.^  faire  son  sa- 
lut. 

se,  s',  conj.,  I  10,  20,  28,  V  24, 
etc.,  si. 

sels  IV  37,  c.-suj.  sing.  masc. 
de  seul. 

signoraige  X  42,  seigneurie,  do- 
mination. 

soffraitous  VII  23,  misérable. 
Les  vers  22-23  contiennent 
uneallusionobscure  ;M.Jean- 
roy  (Romania,  XXI.  421) 
propose  de  traduire  l'Abeïe 
as  soffraitous  par  «  le  ren- 
dez-vous des  misérables  »  : 
le  poète  aurait  voulu  dire  que 
la  situation  que  lui  a  faite  sa 
dame  n'est  pas  de  son  goût. 

soffrance  I  36,  patience. 

soffrant  V  3i,  patient. 

talent,  talant  I  26,  III,  3,  V  10, 
IX  18,  désir. 

tans  IV  45,  VI  38,  temps;  par 
t.  X  48,  bientôt. 

targier  V  i,  réfl.,  tarder. 

tart  (a)  X  16,  trop  tard. 

tirant  V  26,  tyran,  bourreau. 

traîne  (mettre  en)  VIII  21, 
Comme  il  s'agit  de  quelque 
chose  qu'a  fait  le  poète  (voir 
V.  19^  cette  expression  ne  peut 


38 


GLOSSAIRE 


guère  avoir  le  sens  défavorable 
de  «  s'approprier  traîtreuse- 
ment »  que  lui  donne  Sche- 
ler  (Trouvères  belges, j?.  2 82). 
Le  sens  général  du  couplet 
doit  être  :  «  Beaucoup  de  per- 
sonnes disent  que  j'ai  commis 
une  erreur  à  propos  d'une 
covreture  de  saus,  que  je  fis 
à  bon  droit,  et  d'un  anneau, 
ki  fu  mis  en  traîne  à  bon  droit, 
et  cela  parce  que  l'anneau  a 
amené  ta  prtse  de  possession 
qui  a  causé  mon  malheur.  » 
Voir  aussi  saus. 
traire  VI  24,  attirer;  II  28,  34, 
souffrir. 


très  V  52,  dès. 

trover    III    19,    subst.,   art   de 
faire  des  chansons. 

vaintre  V  11,  vaincre. 
vair  VII  17,  changeant. 
vantance  V  5,  vanterie. 
vasselaige  VI  25,  prouesse. 
vaurai  VI  10,   VIII  8,  vauront 

X  32,  vauroit  VIII  9,  fut.  et 

cond.  de  voloir. 
veer  X  4,  refuser,  interdire. 
voie  IV  40,  voyage. 
voist  IV  34,  3'  pers.  sing.  prés. 

subj.  de  aler. 


TABLE  DES  MATIERES 

Pages 

Introduction iii-xxiii 

I.  —  Vie  de  Conon  de  Béthune m 

II.  —  Les  chansons  attribuées  à  Conon  de  Béthune,  vu 

Les  manuscrits vu 

Contenu  et  style  des  chansons xii 

Versification xiv 

Langue xvi 

Ordre  chronologique  des  chansons    .     .     .  xviii 

Établissement  du  texte  critique     ....  xix 

Bibliographie xxi 

Les  chansons  de  Conon  de  Béthune 1-18 

I  (R.  629)  :  Chançon  legiere  a  entendre   ....  i 

II  (R.  3o3)  :  Si  voiremant  con  celé  don  je  chant.     .  3 

III  (R.  1837)  :  Moût  me  semont  Amors  que  je  m'en- 

voise 5 

IV  (R.  II25)  :  Ahiî  Amors,  com  dure  départie     .     .  6 
V  (R.  i3i4)  :  Bien  me  deûsse  targier 8 

VI  (R.  1128)  :  Se  raige  et  derverie 10 

VII  (R.  i325,  ii3i,  1137)  :  Belle  doce  Dame  chiere  .  12 

VIII  (R.  1420,  895)  :  Tant  ai  amé  c'or  me  convient  haïr.  i3 

IX  (R.  1023)  :  L'autrier  un  jor  après  la  Saint  Denise.  i5 

X  (R.  1574)  :  L'autrier  avint  en  cel  autre  pais  .     .  17 

Variantes  et  notes 19 

Index  des  noms  propres 34 

Glossaire 35 

Table  des  matières 39 

NOGENT-LE-ROTROU,    IMPR.    DAUPELEY-GOUVERNEUR. 


r 


PQ      Bê thune,  Gonon  de 
14.31       Chansons 
B23 
1921 


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