Imp LemercierSC'Pans
MAC-NAB
Chansons du Chat Noir
Digitized by the Internet Archive
in 2010 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/cliansonsducliatnoOObaro
,^M«>»!/'?«. H^t|'{?ÎB
PAR
Gamidde Ba^on
u i_ u s T R AX I O N s DE H. G E ï^ B A U D T
oo u V E RT u RE'iET TITRE DE Ferdinand BAC
Prix net : 6 fr.
PARIS
AU MÉNESTREL 2''" rue Vivienne HENRI HEUGEL
ÉDITEUR- PROPRIÉTAIRE POUR TOUS PAYS
Tous droits de reproduclion et. de traduction réservés.
//Iia/f/.cr, K.
Al
1131
n
j
MAURICE MAC-NAB
Né à Vierzon le 4 janvier i856, Mac-Nab est mort à
Tâge de trente-deux ans.
C'était un poète masculin singulier. On l'a défini aussi :
un binocle dans de la barbe, et enfin : un gentilhomme
écossais qui a une figure en bois, une voix en bois et qui
se moque du clan dira-t-on.
Mac-Nab n'avait que trois gestes, de même qu'il n'avait
que trois notes dans la voix; mais quels gestes! mais quelles
notes ! l'effet était irrésistible, sans qu'il se déridât lui-même.
Chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour réciter ses vers, il
avait l'air de prononcer une oraison funèbre.
Mac-Nab a fait ses premières armes aux réunions des
Hydropathes qui prirent plus tard le nom d'Hirsutes. C'est là
qu'il débita pour la première fois sa fameuse ballade des
— 8 —
Poêles mobiles qui est bien le plus beau monument d'inco-
hérence ahurissante qu'on ait jamais entendu.
Qu'on se figure une façon de poème dithyrambique pur,
soigné, littéraire, classique, sur les frimas, le printemps, les
pervenches, le souffle printanier, la pâle froidure, les Pari-
siennes, le gazon vert, les lèvres roses et l'amour, aux quatre
coins duquel revient, avec la persistance d'un refrain de bal-
lade, cet avis qui vous tombe lourdement sur la tête comme
une tuile glissée d'un toit :
Le Poêle mobile se distingue de tous les autres en ce que, muni de
roues, il peut se déplacer comme un meuble, etc.
Qu'est-ce que cela veut dire? Mystère !
D'où cela sort-il ? Sphinx et rébus. Pourquoi est-ce
drôle? On n'a jamais pu le savoir, on ne le saura jamais.
Pourtant personne n'a entendu cette fantaisie sans rire aux
larmes.
Quand les Hirsutes eurent cessé de se réunir, Mac-Nab
se dirigea sur Montmartre, cette butte sacrée qui est, comme
chacun sait, le paratonnerre des idées bourgeoises.
Mac-Nab fut la pointe du paratonnerre dont la tige est
le Chat-Noir.
Quelquefois au cœur des tumultueuses soirées de l'in-
stitut du Chat-Noir^ Mac-Nab, long, maigre, étriqué, porteur
du faciès tragique de ceux-là qui ont reçu du ciel la haute
mission de venir jeter un peu de joie en ce siècle d'habits
noirs et de chapeaux funèbres, Mac-Nab prenait place devant
le piano et, avec ce zézaiement qui n'était pas vm des
moindres charmes de son talent déclamatoire, il annonçait
solennellement :
« L'Expulsion ! »
Aussitôt une clameur d'enthousiasme emplissait la salle,
cassait les vitres, couvrait le brouhaha des échanges de bocks
et l'organe tonitruant de Salis.
Mac-Nab possédait la voix la plus rauque et la plus
fausse qu'il soit possible d'imaginer; on croyait entendre un
phoque enrhumé. Mais cela l'inquiétait peu. Il chantait tout
de même, sans se préoccuper des gestes désespérés d'Albert
Tinchant, son accompagnateur ordinaire.
Ainsi chantée, l'Expulsion était une véritable source de
joie.
Il en était de même de la complainte du Bienheureux
Labre.
Mac-Nab a publié chez le bibliopole Léon Vanier un
très joli et très coquet volume pour lequel Coquelin cadet a
écrit six pages de préface, et qui porte ce titre étrange :
Poèmes mobiles.
Les trouvailles et les fantaisies y pullulent, et l'on n'y
compte pas moins de trente-sept pièces, presque toutes heu-
reuses, réussies, débordantes de la gaieté et de l'originalité les
plus pures, lesquelles sont fort spirituellement illustrées par
l'auteur.
Parlons un peu du caractère de Mac-Nab.
C'était un rêveur, très distrait, qui joignait à l'horreur
des mathématiques une grande atfection pour les animaux. Il
recueillait les chiens errants qui le comblaient d'ingratitude.
Très observateur, il découvrait un côté gai aux choses
les plus banales de la vie.
— 10
Enfin, c'était une physionomie et une personnalité très
originales, à qui la postérité sera reconnaissante d'avoir
cultivé le rire.
Nous ne pouvons mieux terminer qu'en citant l'axiome
déjà célèbre formulé par Coquelin Cadet dans la préface des
Poèmes mobiles : « Les hommes bons seuls sont joyeux; les
méchants ne rient pas, c'est leur punition ! »
Extrait des « Hommes d'Aujourd'hui. »
N° 1
L'EXPULSION
L'EXPULSION
Mouv'. de Marche.
On n'ea fi.iii . radouc ja -mais A . vec tous ces N.de D.d'Piiii . cesl
L'EXPULSION
On n'en finira donc jamais
Avec tous ces N. de D. d'princes!
Faudrait qu'on les expulserait
Et r sang du peuple il cri' vingince!
Pourquoi qu'ils ont des trains royaux,
Qu'ils éclabouss' avec leur lusque
Les conseillers ménicipaux
Qui peut pas s' payer des bell' frusques?
D'abord les d'Orléans, pourquoi
Qu'ils marie pas ses fill' en France,
Avec un bon vieux zig comm' moi
Au lieur du citoyen Bragance?
C'est-il ça d' la fraternité,
C'est-il ca d' la délicatesse?
— i6 —
On leur donn' l'hospitalité,
Qu'ils nous f... au moins leurs gonzesses!
Bragance, on l'connaît c't' oiseau-là.
Faut-il qu' son orgueil soy' profonde
Pour s'êt' f... un nom comm' ça!
Peut donc pas s'app'ler comm' tout 1' monde?
Pourquoi qu'il nag" dans les millions
Quand nous aut' nous sons dans la dèche?
Faut qu'on l'expulse aussi... mais non,
Il est en Espagn', y a pas mèche!
Ensuit' y a les Napoléons,
Des muff' qu'a toujours la colique
— 17 —
Et qui fait dans ses pantalons
Pour embêter la République !
Plonplon, si tu réclam' encor,
On va t' fair' passer la frontière.
Faut pas non plus rater Victor,
Il est plus canaiir que son père!
Moi j' vas vous dir la vérité :
Les princ' il est capitalisse
Et r travailleur est exploité,
C'est ça la mort du socialisse.
Ah! si l'on écoutait Basly,
On confisquerait leur galette,
Avec quoi qu' l'anarchisse aussi
Il pourrait s'fianquer des noc' chouettes !
— i8 —
Les princ' c'est pas tout : Plus d' curés,
Plus d' gendarmes, plus d' mélétaires,
Plus d' richards à lambris dorés
Qui boit la sueur du prolétaire.
Qu'on expulse aussi Léon Say,
Pour que 1' mineur il s'affranchisse.
Enfin, qu' tout 1' mond' soye expulsé :
Il rest'ra plus qu' les anarchisses!
N° 2
LE BANQUET DES MAIRES
LE BANQUET DES MAIRES
Mouv'. de Marche.
/&!>' f • 0 '\ i 1 J J J*- #b>- > 1 ff- B ^ ff r-ff^ J'M> 1 1 - Il
^ — \ —
. tè .
.. —
Il
y v'v
me convie au gr
1
— ^M-^^ — f y y V f y^ -
nd ban.quet Que nousof.l're le mi.nis
1 1
. tè .
. re!
-PT» * 1
— s — *
—
-4 i — ^
— t—
-^ i
-^
—\
i;
-d-
1
4
a
■g*
-s-
è
V\ \> ,] =
\ r "r —
— h" ']
— 1
—
—
^-6-
f—^
_
tJ
LE BANQUET DES MAIRES
Enfant gâté de mon canton,
Depuis quatorze ans je suis maire,
Bien que je me flatte, dit-on,
D'être un peu réactionnaire.
Un beau matin, monsieur Floquet
Me dépêche une circulaire :
Il me convie au grand banquet
Que nous offre le ministère !
« Je t'en prie, Hector, n'y va pas,
Me disait en pleurant ma femme.
— 24 —
Ils ont inventé ce repas
Pour se faire de la réclame ! »
Mais je lui répondis : a Tais-toi,
Joséphine, c'est mon affaire.
Je ne suis pas fâché, ma foi,
De voir de près ce ministère! »
Je pars la veille du grand jour
Suivi de toute la fanfare.
Les pompiers viennent à leur tour
M'accompagner jusqu'à la gare.
Mille gamins poussent des cris :
Faut-il que je sois populaire!
Le voyage est à moitié prix!
Un bon point pour le ministère!
Nous étions quatre mille et plus
Entassés dans la grande salle.
Un vrai festin de Lucullus !
A sa place chacun s'installe.
Un grand laquais d'un air narquois
Sans cesse me remplit mon verre :
C'est du bordeaux de premier choix,
Ne blaguons plus le ministère!
« Monsieur, murmure, près de moi,
Un maire habitant des montagnes.
Vraiment, je ne sais pas pourquoi
Ça va si mal dans nos campagnes! »
« Oui, m'écriai-je tout à coup.
Chez nous non plus ça ne va guère!
En attendant buvons un coup
A la santé du ministère! »
On n'entendait plus d'autre bruit
Que le craquement des mâchoires.
Floquet n'avait pas d'appétit,
Mais il calculait ses victoires!
Nous sommes joliment traités.
On nous prend par la bonne chère.
— 26 —
Passez-moi les petits pâtés,
Vive à jamais le ministère!
Neuf heures! Il faut s'en aller,
Tant pis, car la cuisine est bonne.
Je sens mes jambes flageoler,
A mes voisins je me cramponne.
Cahin, caha, chacun partait,
Trébuchant et roulant par terre :
« Braves gens, murmurait Floquet,
Ils soutiendront le ministère ! »
N" 3
UN BAL A L'HOTEL DE VILLE
UN BAL A L'HOTEL DE VILLE
ÀJIegro.
pas Irop d'bi . lel» «Mais mon homm", qu'ell'_. dit,. Tu n'as, pas d'ha. . bitli» .«Bahlc'est pas
çà qui m'gê - ne: Pass' moi mon com - plet Qu't'as ra .-fis . to , lé Pour la noce
UN BAL A L'HOTEL DE VILLE
Un soir j' dis à ma femm' : « Faudrait
Qu' j'aille à l'hôtel de ville :
Y'a z'un bal épatant, paraît
Qu'on n' s'y fait pas trop d' bile! »
« Mais, mon homm', qu'ell' dit.
Tu n'as pas d'habit! »
« Bah! c'est pas ça qui m' gêne:
Pass' moi mon complet
Qu' t' as rafistolé
Pour la noce à Ugène! »
— 32 —
J'arrive à la porte du bal,
J' vois des gens qu'on salue,
C'est tout r conseil municipal
Debout en grand' tenue :
Des complets marrons
Et des chapeaux ronds,
Dam, c'est pas d' la p'tit' bière ;
Tous ces gaillards-là,
Ils ont pigé ça
A la Beir Jardinière!
J'entre et j' tomb' dans un restaurant
Où d'un coup d'œil rapide
J'avise un' espèc' de croquant
Qui versait du liquide.
J'avale un d'mi-s'tier
Et j' tends pour payer
Quarant' sous au bonhomme.
Il me dit : « Monsieurr,
Vous faites erreur,
C'est à l'œil qu'on consomme! »
Quand j'ai vu ça, j' m'en suis flanqué
Par-dessus les oreilles;
Jamais j'avais tant tortillé
Ni tant sifflé d'bouteilles.
Comme on peut pas tout
Manger d'un seul coup,
J'en ai mis plein mes poches.
Quand on a bon cœur.
On pense à sa sœur,
A sa femme, à ses mioches!
Après ça j'arrive en m' prom'nant
Dans r fumoir où qu' Ton fume.
- 34-
Je m'asseois et j" tir' tranquiirment
Mon brûl'gueur que j'allume.
Mais v'ià qu'un larbin,
Pour fair' le malin,
M' tend un' boît' de cigares;
J" la mets sous mon bras.
Des panatellas!
Quel coup pour la fanfare!
Soudain j' me dis : « C'est pas tout ça,
T' es au bal, faut qu' tu danses
Et qu' tu montr' à tous ces mufî'-là
Qu' tu connais les conv'nances! »
J' fais r tour du salon
Comme un papillon,
Et j' dégote un' bell' brune :
« Madam', que j'y dis,
V'ià mon abatis,
Nous allons en suer une! »
<i. Pardon, fait un vilain gommeux.
C'est moi qui l'a r'tenue. »
Alors on s'attrap' tous les deux,
J'arrach' sa queue d' morue.
Y m' pouss' dans un coin
Et m' colle un coup d'poing
Sans mêm' que j'y réponde.
Et voilà comme on
R'çoit des coups d' tampon
Quand on va dans 1' grand monde!
J'ai l'œil poché, mais c'est égal,
J'ai rioolé tout d' même.
— 35
Car, voyez-vous, un pareil bal,
Faut avouer qu' c'est la crème.
Le nec plus ultra,
C'est qu'à c't'endroit-là
Ça coût' pas un centime.
Aussi, nom d'un chien,
.Te r'piqu' l'an prochain
Avec ma légitime!
N° 4
COQUIN D' POPULO!
COQUIN D" POPULO!
Allegretto.
U^
t k 1
■^ K 1 < r
.-4
l^\'i ^ 1^ 1 J^ J^ J' J' 1 ^' ^' J^ J' 1 J ^ ==i
-d- -è-
Vral . ment
l.j ..
de don .
ne
r des
fe
. les Nous soram'
d
1 —
- goû-
1—
^i\n t -- 1 j' 7 ,
) 1
A — t S
P-s-i
à 1
^^•\ ^
léger.
-n
f '
f — S 1
T* ■
1' ^ 1
:-4-
f^
-n — n —
— f,
h — fr
=f=]
^
^=H
» «
, * * 1
trou . ve
Jof . frln .
J' .i
bf_._t
P — Ji
e. Et
—é
Cha .
be
rt pas
^«^ —
beau.
Ils ont
bla
gué .flof bi .
i^ J «i ^ ■! —
-J S
g
—S
Tï S
-t 1
■V-
1
^f
-«
1 '
ten.
£
-^
^•k^'» 1
-t —^
-t S
H- — s
COQUIN D' POPULO!
PLAINTE d'un conseiller MUNICIPAL APRES LE BAL DE l'hOTEL DE VILLE
Vraiment, de donner des fêtes
Nous somm' dégoûtés.
Qu'est-c' qui s'est payé nos tètes:
C'est nos invités !
Ils ont trouvé Jeoffrin bête
Et Chabert pas beau.
Ils ont blagué not' binette,
Coquin d' populo !
D'abord j'aperçois Lisbonne,
Rev'nu d' l'île des Pins,
— 42 —
Qui reconnaissait plus personne
Parmi ses copains.
Il avait un' queu' d'morue
Comme un aristo,
On l'acclamait dans la rue...
Coquin d' populo!
Ensuite, à la ritournelle
D' la premier' polka,
On voit arriver Poubelle :
Qu'est-c' qu'il vient fair' là:
Au lieu d' le mettre à la porte,
Comm' c'était son lot,
V'ià la foule qui l'escorte...
Coquin d' populo!
Pendant un' valse charmante,
Faisant un p'tit r'pos.
-43 -
A ma danseus' je présente
L'assiette aux gâteaux :
« — Merci, j'ador' la brioche
Mais j'en ai bien d' trop,
J'vas mett' tout ça dans ma poche! ».
Coquin d' populo!
Moi qui ne r'çois, je 1' confesse,
Que du mond' très bien,
J' m'étonn' de voir un' jeunesse
Coitfée à la chien.
La voilà qui lèv' sa quille
De plus en plus haut...
Y avait là tout' sa famille.
Coquin d' populo !
- 44 —
Les enfants d' la République
A qui Ton apprend
Qu' la plus beir vertu civique
C'est d'êt' tempérant,
Ils ont raflé nos sandwiches
Et bu tout r sirop
En disant qu' c'était pas riche..
Coquin d' populo !
Ils sont partis la bouch' pleine
En cassant nos fleurs
Et sur not' beau parquet d' chêne
Laissant des horreurs.
-45 -
Enfin, pir' qu'un lundi d' paye!
C'est pas rigolo
D' fair" danser un' cliqu' pareille !
Coquin d'populo !
N" 5
LES SOUVENIRS DU POPULO
LES SOUVENIRS DU POPULO
Moderato
Devant la ()lio - to . gni phi , e D'un mi . li . taire à elle . val,
En lia
.bit de ge.né . rai. Songeait u . no femme at . ten . dri . e Ses qua . Ire pe . titsen.
. faatâ Disaient; Il quel est donc cet hom . ine/ti_Mes fils, ce fut, dans le temps, Un bra .
mè . re, Pailez-nousde luil ferlez-nous de lui, grand mè . re, grand mè . re,Parlez-nous de luili
LES SOUVENIRS DU POPULO
Devant la photographie
D'un militaire à cheval,
En habit de général,
Songeait une femme attendrie.
Ses quatre petits enfants
Disaient : « Quel est donc cet homme ?
— Mes fils, ce fut, dans le temps.
Un brave général comme
On n'en voit plus aujourd'hui.
Son image m'est bien chère ! »
— Parlez-nous de lui, grand' mère,
Grand' mère, parlez-nous de lui !
— 52 —
— Il me souvient de sa gloire,
Car, partout où l'on entrait.
Etait cloué son portrait.
Les chansons disaient son histoire.
. Il était sur les journaux,
Dans les pièces d'artifice,
Aux quatre points cardinaux.
Je l'avais en pain d'épice...
Mais où donc l'ai-je rangé?
Il n'est plus, sur l'étagère ! «
— Nous l'avons mangé, grand' mère.
Grand" mère, nous l'avons mangé!
— De l'armée il fut le père,
Donnant à chaque repas
Bonne morue aux soldats ;
Ça rendit leur mine prospère.
— 53 —
C'est lui qui des trois couleurs
Orna les guérites blanches;
On eût dit de loin des fleurs
Et ce n'étaient que des planches !
Mais, depuis qu'il n'est plus là,
Tout noircit sous la poussière. »
— On les repeindra, grand' mère,
Grand' mère, on les repeindra
— Quand on brisa son épée.
Je disais : « II reviendra
Lorsque le tambour battra ! »
Mais comme je m'étais trompée!
Dès ce jour, ô désespoir.
On ne vit plus dans la plaine
Galoper son cheval noir.
Si profonde fut ma peine
Que ma tète s'égara.
Et depuis, je désespère... »
— Dieu vous la rendra, grand' mère,
Grand' mère, Dieu vous la rendra !
— Un soir, oh, je l'ai vu presque,
A la gare de Lyon ;
Il a passé comme un lion !
Ce fut un tableau gigantesque :
Chacun courait se coucher
Devant la locomotive.
Moi, je voulais le toucher,
(J'étais plus morte que vivei.
Mais Paulus m'en empêcha;
II me mit bien en colère... »
— Paulus était là, grand' mère,
Grand' mère, Paulus était là !
- 54
— Un matin, dans notre rue,
Avec Laguerre il passa.
On se pressait pour voir ça.
J'étais aussi dans la cohue.
Oh! voir ses bottes de cuir.
Oh ! contempler sa moustache,
Sa barbe blonde... et mourir!
On se bouscule, on se fâche,
Et je laisse sous les coups
Quatre dents, mais j'en suis fière! »
— Quel beau jour pour vous, grand' mère.
Grand' mère, quel beau jour pour vous !
N° 6
LE GRAND MÉTINGUE
DU MÉTROPOLITAIN
LE GRAND MÉTINGUE DU MÉTROPOLITAIN
LE GRAND MÉTINGUE
DU MÉTROPOLITAIN
C'était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts.
J'avais déjà vidé plus d'un' bouteille.
Si bien qu' j'm'avais jamais trouvé si rond.
V'ià la bourgeois' qui rappliqu' devant 1' zingue :
« Feignant, qu'ell' dit, t'as donc lâché 1' turbin? »
Oui, que j' réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu' du métropolitain !
Les citoyens, dans un élan sublime.
Etaient venus guidés par la raison.
— 6o —
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quat' municipaux qui clilingue
Et trois sergots déguisés en pékins.
J'ai jamais vu de plus chouette métingue.
Que le métingu' du métropolitain!
Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l'orgiieille du pays...
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais, tout à coup, on entend du bastringue;
C"est un mouchard qui veut fair' le malin !
Il est venu pour troubler le métingue.
Le grand métingu' du métropolitain!
Moi j' tomb' dessus, et pendant qu'il proteste,
D'un grand coup d' poing, j'y renfonc' son chapeau.
Il déguerpit sans demander son reste.
En faisant signe aux quat' municipaux.
6i —
A la faveur de c'que j' étais brind'zingue
On m'a conduit jusqu'au poste voisin...
Et c'est comm' ça qu'a fini lé métingue,
Le grand métingu' du métropolitain!
MORALE
Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y a z'encor des cachots pour tes fils !...
Souviens-toi des géants de quarante-/n///e
Qu'étaient plus grands qu' ceuss' d'au jour d'aujourd'hui.
Car c'est toujours 1' pauvre ouverrier qui trinque,
Mêm' qu'on le fourre au violon pour un rien...
C'était tout d' même un bien chouette métingue,
Que le métingu' du métropolitain!
N" 7
L'ÉLECTEUR EMBARRASSÉ
N° 8
MARCHE DES SCOLAIRES
MARCHE DES SCOLAIRES
Mouv*. de Marche.
Il é . tait un' fois quat' mio . rhes, Conduits par un ea . (lo . rai " Ce. lait
l'ba . tail . Ion sans r'pro . ches Des sco.lair' de Bou - gi . val
les mains dans mes po . ches, jem'di.sais, en voyant çà:
Oh! lai lai Qu'est c'qui niouch'ra tous ces mio . ches! Ohl la! la! Qu'est c'qui mouch'ra ces mioch' là!
A ^ f A- mil
9- 1' r If 4-j I LJ:/LJ 'u^LJ 'r r '; u 'u;j'U' 'r
*— H
Pjrti, d, Tamfcnur daprès U rigl-oent du 12 Jlllo tS7S H fifi7f;
MARCHE DES SCOLAIRES
II était un' fois quat' mioches,
Conduits par un caporal.
C'était r bataillon sans reproches
Des scolair' de Bougival.
L'un mangeait du pain d'épice,
Le deuxièm' du chocolat,
L' troisièm' suçait du réglisse
Et r quatrièm' son p'tit doigt.
Refrain.
Et moi, les mains dans mes poches.
Je m' disais en voyant ça :
Oh ! là ! là ! Qu'est c" qui mouch'ra
Tous ces mioches !
Oh ! là ! là ! Qu'est c' qui mouch'ra
Tous ces mioch'-là !
Soudain la troupe héroïque
Voit un bout d' cigare éteint
- 78-
Qui gisait, mélancolique,
Abandonné du destin.
Tous quatre avec frénésie
Tomb' dessus comm'' des vautours.
L' premier dit : « Pas d' jalousie,
On r fum'ra chacun son tour. »
Et moi, les mains, etc.
Tout en faisant d' la fumée.
Ils entrent chez V mastroquet,
L' deuxièm' dit : a C'est ma tournée.
Moi i' m'enfile un perroquet! »
« Patron, servez-nous du raide, »
Fait rtroisièm'. un p'tit pâlot ;
L' quatrièm' dit : « J'intercède
Pour un verr' de picolo ! »
Et moi, les mains, etc.
— 79 —
Les voilà près d' la boutique
Au grand épicier du coin,
Qui faisait d' la politique
A cent pas d' son magasin.
Tout à coup r premier s'écrie,
En montrant un grand baquet :
« C'est d' la mélass', je 1' parie,
Mince c' qu'on va s'en flanquer ! »
Et moi, les mains, etc.
Saisissant 1' moment propice,
Ils font semblant d' se cogner
Pour fair' sauver la police
Qui commence à les lorgner.
Le plus grand, l'ivress' dans l'âme,
Plong' son sabre dans l' tonneau,
Y en a deux qui suc' la lame
Et deux qui suc' le fourreau.
Et moi, les mains, etc.
« Sapristi, j'ai la colique,
Fait r quatrièm' tout d'un coup ;
Faut qu'on s' soit trompé d' barrique,
C'était pas sucré du tout ! »
— « Et moi j'ai V feu dans la tête,
J' crois qu' c'était du savon noir ;
Faut-il qu' l'épicier soit bête.
Nous allons mourir ce soir ! »
Et moi, les mains, etc.
— 8o
Vint à passer Déroulède ;
II aperçut les gamins
Qui criaient tous quatre : A Taide !
En s' tordant ï ventre à plein' mains.
D'un geste patriotique
Les réchauffant sur son cœur,
Il dit : « Viv' la République,
J'ai sauvé quatr' z'électeurs ! »
Et moi, les mains dans mes poches,
Je m' disais en voyant ça :
Oh! là! là! Qu'est c" qui mouch'ra
Tous ces mioches!
Oh! là! là! Qu'est c' qui mouch'ra
Tous ces mioch'-là!
N° 9
LE PENDU
LE PENDU
Moderato
L j^j' ■. j) j iJ J' ; i' JMr r I' M I I' ^^
Pour u oe fil . lette au coeur (en . dre Dont on lui re . fu .sait la
main Va pas . saut, le cœur pleio d'à . lar . mes, Eu vo^ . aot qu'il soufflait eu .
Dit:<tAl - Ions cher-cher les gen . dar . mes. Peut- e . tre bien qu'il n'est pas
nortli» Dit:((A] . Ions chercher les gen . dar. nies,Peut-e . tre bien qu'il nVsl pas mortl») Le Bri .
LE PENDU
^Yi^^" %;/p^'^^/r'>
Un garçon venait de se pendre,
Dans la forêt de Saint Germain,
Pour une fillette au cœur tendre,
Dont on lui refusait la main.
Un passant, le cœur plein d'alarmes,
En voyant qu'il soufflait encor.
Dit : « Allons chercher les gendarmes,
Peut-être bien qu'il n'est pas mort! »
— 86 —
Le brigadier, sans perdre haleine,
Enfourcha son grand cheval blanc.
Arrivé chez le capitaine,
Il conta la chose en tremblant :
(c Un jeune homme vient de se pendre,
A son âge, quel triste sort !
Faut-il qu'on aille le dépendre ?
Peut-être bien qu'il n'est pas mort ! »
L'officier, frisant sa moustache.
Se redresse et répond soudain :
« Vraiment, c'est une noble tâche
Que de soulager son prochain ;
Cependant, je n'y puis rien faire.
Ça n'est pas de notre ressort.
Courez donc chez le commissaire,
Le pendu vit peut-être encor ! »
Le commissaire sur la place
Descendit, c'était son devoir.
D'un coup d'œil embrassant l'espace,
II cria de tout son pouvoir :
« Un jeune homme vient de se pendre.
Villageois, debout, courez fort,
Emportons de quoi le dépendre,
Peut-être bien qu'il n'est pas mort ! »
Vers le bois on arrive en troupe.
On s'arrête en soufflant un peu.
On saisit la corde, on la coupe.
Le cadavre était déjà bleu !
Sur l'herbe foulée on le couche.
Un vieux s'approche et dit : « D'abord
Soufflez-lui de l'air dans la bouche.
C'est pas possible qu'il soit mort ! »
Les amis pensaient : « Est-ce drôle
De se faire périr ainsi ! »
La fillette comme une folle,
Criait : « Je veux mourir aussi ! »
Mais les parents, miséricorde.
Disaient en guise d'oraison :
« Partageons-nous toujours la corde,
C'est du bonheur pour la maison! »
N° 10
COMPLAINTE
DU BON SAINT LABRE
COMPLAINTE DU BON SAINT LABRE
Andaiite.
. iiieil Vint à ^)as . scr un (jnuvre hnni , nie, Tout nu, qui trem . bl.iif de
COMPLAINTE
DU BON SAINT LABRE
^W -^^- ~^'^"^---'^-
^
Un jour le bienheureux Labre
Se promenait au soleil ;
Il s'assit dessous un arbre,
Pour se livrer au sommeil.
— 94 —
Vint à passer un pauvre homme,
Tout nu, qui tremblait de froid,
En faisant des gestes comme
Un ministre sans emploi :
« Ah ! pauvre homme, je devine
Pourquoi tu trembles si fort.
Prends, pour couvrir ton échine.
Ma chemise en toil' d'Oxford.
yT^V'^Ari^Sc
Voilà quinze ans que j' la traîne
Jour et nuit par tous les temps!
Que Dieu sous sa garde prenne
Les puces qui sont dedans I »
-95 -
Quand le pauvre eut mis la ch'mise,
Il tremblait toujours autant :
« Maintenant, faut contre la bise
Garantir ton bienséant.
Ami, voilà ma culotte,
Garde-la comme un trésor :
C'est la premier' fois que j' l'ôte
Depuis mon tirage au sort. »
Quand il eut couvert son torse,
Le pauvre tremblait encor.
Mais, sous une rude écorce.
Le saint cachait un cœur d'or :
-96-
/^
« Tiens, dit-il, dans ces chaussettes
Mets tes pieds avec respect;
C'est celles des grandes fêtes,
J'ai fait ï tour du monde avec! »
Quand il eut mis les chaussettes,
Le pauvre tremblait encor :
<i Ami, couvre-toi la tète
De ce modeste castor.
97
Garde-toi de mettre en gage
Ce souvenir précieux,
Car c'est Tunique héritage,
Que m'aient laissé mes aïeux!
Quand il eut coiflfé le feutre
Le pauvre tremblait encor :
« Ah, dit r saint, quoi donc lui feutre,
Pour l'arracher à la mort?
Dis-moi quelle est ta souffrance,
Pourquoi que tu trembl' ainsi? »
— « C'est que depuis ma naissance
J'ai la danse de saint Guy ! »
N" 11
UNE PLEINE EAU
UNE PLEINE EAU
Allegretto.
De lia . g'-'r et dTair' la plan . die Dans l'eau qui coule à Pa
A Pa . ris, la Stiue est trou', ble Et çà n'est pas drûl' du
tout. D'bar . bo . ter dans du gras dou ..ble:J'ni'en vas m'bai . gner à Cha . tou .. A Cha
UNE PLEINE EAU
La semaine et surtout V dimanche,
Ça devrait pas et' permis
De nager et d' fair" la planche
Dans Teau qui coule à Paris.
A Paris, la Seine est trouble
Et ça n'est pas drôl' du tout,
D' barboter dans du gras double :
J' m'en vas m' baigner à Chatou.
— I04 —
A Chaîou, près d' la rivière,
Je me transporte aussitôt;
Mais j' me dis : « L'eau n'est pas claire,
Allons nous baigner plus haut. «
Je marche et j'arrive en face
Du dépotoir de Saint-Ouen ;
Alors je fais un' grimace,
La Seine est jaun' comme un coing.
Je r'mont' le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l'eau,
En m' disant tout bas : « Pas d' veine.
Allons nous baigner plus haut ! »
Plus haut, près du pont d'Asnières,
J' m'apprête à faire un plongeon;
Mais le fleuv', chos' singulière,
Est plus noir que du charbon !
io5 —
Je r'mont' le cours de la Seine
Toujours sur le bord de Teau,
En m'disant tout bas : « Pas dVeine,
Allons nous baigner plus haut! »
Au détour de Courbevoie
Je m'écri' : « C'est là, parbleu,
Que j' me baign'rais avec joie,
Mais le liquide est tout bleu ! »
— io6 —
Je r'mont' le cours de la Seine
Toujours sur le bord de l'eau,
En m' disant tout bas : « Pas d' veine,
Allons nous baigner plus haut ! »
Bientôt j'arrive à Suresne
Près d'un site ravissant ;
Mais soudain je vois la Seine
Qui devient couleur de sang!
Je r'mont' le cours de la Seine
Toujours sur le bord de Teau,
En m' disant tout bas : « Pas d' veine,
Allons nous baigner plus haut! »
Plein d'une ardeur opiniâtre,
Je pousse jusqu'à Meudon ;
Mais là le fleuve est blanchâtre
Et roui' des flots d'amidon !
Je r mont' le cours de la Seine
Toujours sur le bord de Teau,
En m' disant tout bas : « Pas d'veine,
Allons nous baigner plus haut ! »
Enfin, trouvant l'eau moins grasse,
Je m' décide à Billancourt :
J' pique un' têt' dans la carcasse
D'un chien crevé d'puis quinz' jours !
— io8 —
Depuis c' jour-là je m' méfie
Et, chaqu' soir, de huit à neuf,
J' m'en vais sans cérémonie
Tirer ma coup' sous 1' Pont-Neuf!
N° 12
WJE SOLI!
VAE SOLI!
Andantino.
CHANT.
=4=
r^*- ■ ■
^—^-
, ri''
F=^
:—» »
~X-
* ' r g=
/
*J
1h ^
Qui!
T'i *r-
— *—
est
ti-e d
de
se 11
. t
r dans
p k — ^ k'
sa main Fris.soii .
uer
1 g
a.
ue
1
\
TJ~
^
Ul^
^
S
b^
ULr-
— P— * F ? —
f
^^ ] =
-f s
— P
._ :
\
^^^-iA, — ' ^
1 — \ ^ 1
-J
1 f J
■' f f r
Sans qu'un se soit dou . né le plai. sir^ d'ê.tre
W lE S O L I !
Qu'il est doux d'être deux, de sentir dans sa main
Frissonner une main que l'amour a bénie !
Qu'il est doux d'être deux, deux hier, deux demain,
Deux toujours au banquet d'amour et d'harmonie!
i5
— 114
S'il est vrai qu'ici-bas l'on ne puisse être heureux
Sans qu'on se soit donné le plaisir d'être deux.
Il faut bien l'avouer, dans la nature entière,
L'être le plus à plaindre est... le ver solitaire.
TABLE
7-
8.
9-
10.
Pages
L'Expulsion ii
Le Banquet des maires ig
Un Bal a l'hôtel de ville 27
Coquin d' populo 37
Les Souvenirs du populo 47
Le Grand métingue du Métropolitain 55
L'Électeur embarrassé 63
Marche des scolaires 73
Le Pendu 81
Complainte du bon saint Labre 89
Une pleine eau 99
V^ soLi! 109
Paris. — Maison Quantin. — L.-H. May, directeur
7, rue Saint-Benoît, Paris.
El^ "VEITTE CHEZ :
Déon VANIER bibliopole, quai S'-Michel, 19, PARIS
tE)fî(i-DfîB
POÈMES MOBILES
Nouveaux monoloojues comiques en vers et en prose
avec nombreuses illustrations de l'auteur, précédés
d'une étincelante préface de Coquelin cadet. Un joli
vol. •in-i8, broché 3 fr. 50.
POEMES INCONGRUS
Suite aux Poèmes mobiles. Monologues nou-
veaux avec cette épigraphe de Coquelin cadet u Ils
sont tous rigolos! » Plaquette in-i8 . . , 1 fr. 50
MONOLOGUES OU CHANSONS
TIRÉS A PART EN BROCHURE
EXTRAITS DES DEUX VOLUMES CI-DESSUS
L'Expulsion 60 cent.
La Complainte du Bienheu-
reux Labre 50 cent.
Les Foetus, avec illustrations. . . 1 fr. »
Plus de cors! 50 cent.
Un Drôle de dîner ! 50 cent.
Retoquée I , . . 50 cent.
Les Poêles mobiles ..... 50 cent.
L'Invalide de la science . . . 50 cent.
Le Crabe 50 cent.
Le Merlan .50 cent.
Ma femme est élue ! 50 cent.
Les Imprécations de Ninil. . 50 cent-
DERNIERS MONOLOGUES OU CHANSONS
NON COMPRIS DANS LES DEUX VOLUMES CI-DESSUS
Le Bal de l'Hôtel de Ville. Brochure 60 cent.
Le Banquet des maires. Brochure 60 cent.
«.Si, Le Grand metingue du Métropolitain. Brochure 60 cent.
I
»
I
1732
327
cop.2
Baron, Canille
Chansons
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
..s^itî.
O
CO
5
— .^—i-
g
lU
>
o
O
(n
z
5
T
rv.
o
o
>-
)-
CM
<
m
o
-1
1-
NGE
3
==<
^_
Œ
O
CO